CA 52 3 SET Le CR CA Cu U ou anse LEE S-g041 MÉMOIRES MATHÉMATIQUE DE PES COUE, Préfentés à TAcadémie Royale des Sciences, par divers Savans, & lûs dans fes Affemblées. & Tome. Cinquième. AS: PERS DS g" \ 4 D Sdenstime ve PR] at Des Mémoires contenus dans ce Volume. | DM de trois Lettres de M. BouiLLeET, Correfpondant de l'Académie, écrites à M. de Mairan. Page 1 Obfervation de 1 Éclp e de Lune, faite à Béfiers le 1 3 Janvier 1759: Par M.° BouizeT, BARBIER & FoRës. 10 Mémoire fur la théorie de la Cométe de 1759. Pa M. BaiLy, Garde des Tableaux du Roi en furvivance. 12 Mémoire fur * Éther marin. Première Partie. Par M. le Marquis DE COURTANVAUX. 19 Obfervation de la Cométe de l'année 1759, faire à Lifhonne. Par M. CHEVALIER, Prêtre de la Congrégation de Oratoire de Saint- Philippes- Néri, Correfpondant de l'Académie. 37 Obfervation de la Comète du mois de Janvier 1760, faire a Lifbonne, à la Maifon des Prétres de l'Oratoire. 44 Obfervarions Jur un banc de Terre crétacée à" de Pierres bran- chues, qui eff aux environs de Riom. Pax M. pu Tour, Correfpondant de l'Académie. s4 Defcription d'une nouvelle Machine exécutée aux Mines de Schemuitz en Hongrie, au mois de Mars 1755. Par M. Jars, Correfpondant de l'Académie. 67 Mémoire fur la Concentration à Congélation du Vinaigre radical. Par M. le Marquis de COURTANVAUX. 72 Obfervations de la Comète qui paroît préfeutement entre la grande cie 1] TA BEN Oufe € la conffellation du Lynx, faites à l'Olfervatoire de la Marine, pendant les mois de Mai à Juin 1762. Par M. MESSIER, attaché au Dépôt des Plans de la Marine, de la Société Royale de Londres, & de celle des Sciences de Hollande. 81 Phénomènes affronomiques obfervés à Rouen dans le cours de l'annee 1759. Par M. Bouin. 94 Expériences par lefquelles on démontre dans le Borax un prin- cipe cuivreux arfenical © une terre vitrifiable. Pa: M. CADET, ancien Apothicaire-major des Invalides & des Armées du Roi. : 105 Obfervarion des Eclipfes des 39 Mai & 13 Juin 1700. Par M. Boulet, DE MansE & DE FoRës, de l Académie de Béfiers. 115 Expériences qui n'ont paru pouvoir Jervir à démontrer que le Borax contient véritablement une terre vitrifiabk. Par M. CADET, ancien Apoihicaire-major des Invalides & des armées du Roi. 117 Olfervations des troifème à quatrième Satellxes de Jupiter, Jaites au mois de Novembre 1761. Par M. Baupouin, Maitre des Requêtes. 124 Memoire pour fervir à l'hifloire naturelle à médicale des Eaux de Plombieres. Pa M. Moranp, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris. 128 Vincemtii Riccati Societaris Jefu prefhyteri, de Termino generali ferierum recurrentium cum appendice, Difquifitio analtica. 153 Addiion au Mémoire fur la Comère de 1762, imprimé dans ce volume, page 81. Par M. MEssieR, attaché au Dépôt des Plans de la Marine, de la Société Royale de Londres, & de celle des Sciences de Hollande. 175 Obfervations fur la Choroïde, Px M. DESCcEMET, Médecin de la Faculté de Paris, . 177 TABLE Mémoire Jur la navigation de France aux Zudes. Par M. Darrès DE MANNEVILETTE, Correfpondant de Y Académie. 190 Mémoire [ur les Sourds à Muers. Pa M. ERNAULD. 233 Recherches [ur la Matrice, Pa M. Sue, Chiurgien de Paris. 247 Mémoire fur quelques Inflrumens propres à niveler, nommés niveaux. Par M. CHezy, Ingénieur des Ponts & Chauffées. 254 Mémoire Jur la Colle de poiffon. Px M. MuLLeERr, de l'Académie Impériale de Péterfbourg , Correfpondant de Ÿ Académie. 263 Mémoire fur la pofition de l'orbite de Venus dans Jon paflage fur le Soleil, du 6 Juin dernier, en ÿ employant les obfer- vations de Gotingen. Pax M. BaAupouin, Maitre des Requêtes. 270 Recherches fur la refpiration des Chenilles. Pa M. BOoNNET, Correfpondant de l'Académie. 276 Olférvations affronomiques faites dans l'Olfervatoire de la Marine, à Paris, pendant l'année 1762. Par M. MEssier, attaché au dépôt des Plans de la Marine, des Académies d'Angleterre, de Hollande & d'Italie. 304 Mémoire fur les Solfatares des environs de Rome ; Jur l'origine & la formation du Virriol romain. Pax M. Abbé MazÉas, Correfpondant de l’Académie. 319 Olfervation du paffage de Vénus fur le difque du Sokil, faire à Paris dans l'Obfervatoire de la Marine, le 6 Juin 1761; . avec des remarques fur ce Paflage, & les réfulats des Ob- : fervations pour la théorie de Vénus. Par M. MESSIER, attaché au Dépôt des Plans de la Marine, des Académies d'Angleterre, de Hollande & d'Italie, 331 Anafe du Gypfe. Pa M. Lavoisier. 341 NU T À BNBNE. Obfervations Jur l'Alkali des plantes marines, à les moyens dé le rendre propre aux mêmes ufages que la Soude, Px M. l'Abbé MazÉas, Correfpondant de l'Académie, 358 Obfervations affronomiques, faites à Touloufe en 1761; avec des remarques fur la variation du foyer des Téléfcopes. Par M. D'ARQUIER, Correlpondant de l'Académie. 367 Obfervation fur la mine d'Al de la Tolfa, dans le voifinage de Rome, € fur celle de Polinier en Bretagne. Px M. l Abbé MazÉas, Correfpondant de l'Académie. 379 Manœuvre imaginée 7 employée pour retirer une Carcaffle de navire qui etoit échouee dans le Chenal au bout de la Foffe, depuis quatre-vingts ans, à qui y génoit beaucoup la navi- gation de la Loire au-defjous de Nanies. Pax M. BoONvoux, Infpeéteur de la Navigation de la Loire à Nantes. 392 Pafage de Mercure fur le Soleil, obfervé à l'Obfervatoire royal, le 6 Mai 1753. Pa M. KERANSTRET, Enfeigne des Vaiïfleaux du Roi. 396 Premier Mémoire fur le refroidiffement que les liqueurs produifent en s'évaporant. Px M. BAUMÉ, Maître Apothicaire de Paris. 405 Second Memoire fur le refroidiffement que les liqueurs Produifent en s'évaporant. Pa M. BAUMÉ, Maître Apothicaire de Paris. 425 Obfervarions faites à Lille en Flandre, fur les différentes 1em- pératures de l'air; fur l'état de la campagne des environs & de fes produtions, & Jur les maladies épidemiques qui ont règné dans la Province, depuis la fin de l'hiver de 1752 jufqu'au printemps de l'année 175 3. Pw M. BOUCHER. 44l Mémoire fur le coquillage appelé Datte en Provence. Par M. FoucEroux DE BoNDparor. 467, TABLE Ufage des divifeurs d'un nombre, pour réfoudre un. Problème d'Arithmétique. Par M. RALLIER DES OURMESs. 479 Méthode facile pour decouvrir tous les Nombres premiers con- tenus dans un cours illimité de la fuite des Impairs, & 1out d'un temps les Divifeurs fimples de ceux qui ue le font pas. Par M. RALLIER DES OURMES. 485 Obfervations fur les Sourds & Muets, & fur quelques endroits du mémoire de M. Ernaud, imprimé page 233 de ce volume, concernant la même matière. Par M. PEREIRE, Penfionnaire & Interprète du Roi, de la Société Royale de Londres. 500 Mémoire fur le Salicor. Par M. MARCORELLE, Correfpondant de l'Académie, seu ” Extrait des Obfervations faites à Rouen le 12 Juillet 17 7 au matin. Par M.° PINGRÉ & Bouin. 549 Zmmerfion d'Aldebaran fous le difque éclairé de la Lune, ob- Jervée à Paris le 12 Juillet 17 S7, au matin, Par M. LE MoNNIER. ibid. Méthode nouvelle de Divifon, quand le dividende eft nudiple du divifeur; © d'Extradlion quand la puifflance eff parfaite. Par M. RALLIER DES OURMES. 550 Mémoire contenant toutes les Éclpfes de Soleil, vifibles à Paris depuis 1767 jufgu'en 19 0 0. Pa: M. pu VauceL. 575 Diverfes comparaïfons de la Lune avec des Etoiles fixes, faites à Rouen dans le courant de l'année 1756. Pa M. Bouin. 593 Objfervations faites à Rouen, dans le cours de l'année 1 AS Par M. Bouin. 598 Obfervation de l'Échpfe de Soleil, faite à Rouen le 1 3 Juin 1760. Pa M. DuLacue, Profeffeur d'Hydrographie, 605 T A'BCRLE: Mémoire Jur un Enfant monffrueux. Par M. BETBEDER. 6 07 Catalogue à notice des principales Obférvations affronomiques, faites dans l'Olfervaioire. de la Marine à Paris, depuis le mois d'Août 1752 jufqu'en 1762. Px M. Messier, attaché au Dépôt des Plans de la Marine, des Académies d'Angleterre, de Hollande & d'Italie. Grt. Olfervarion de la plus courte durée du troifème Satellite de Jupiter dans l'ombre, faite à l'Olfervatoire de la Marine, de 25 Janvier 1763 au foir. Par M. Messie, attaché au Dépôt des Plans de là Marine, des Académies d'An- gleterre, de Hollande & d'Italie. 615$ Mémoire Jur les Pyries &7 fur les Vitriols, pour fervir de confrr- mation aux idees qu'a fait naître la Chimie, fur la formation uaturelle de ces fubflances minérales, à de quelques autres matières qui réfulrent de leurs combinaifons. Pax M. VALMONT DE BOMARE. G17 Problème, Pa M. DE SAINT-JACQUES DE SILVABELLE. 631 De la diffradion de la Lumière. Premier Mémoire. Pax M. pu Tour. 635 PRÉFACE, (8e BU ve 38 ve de. 9?e La g$0 a se 1 La CL ee ET à = ES J D E cinquième Volume comprend quarante-quatre Mémoires & dix Obfervations détachées. De ces quarante-quatre Mémoires, douze appar- tiennent à la Phyfique ou à lHiftoire Naturelle, trois à l’Anatomie , fept à la Chimie, un à la Bota- nique, trois à l’Arithmétique , un à lAlgèbre, douze à l’Aftronomie, un à l’Hydrographie, un à l'Hy- draulique, un à Optique & deux à la Mécanique. Le premier de la partie PHYSIQUE & D'HISTOIRE NATURELLE, contient les Obfervations de M. du Tour ; Correfpondant de l’Académie, fur un Bane de terre créracée à de Pierres branchues , qui eft aux environs de Riom. On y verra avec plaifir fa manière fimple & ingénieufe avec laquelle M. du Tour ex- —— === Page 54. plique la formation de cette terre & la figure branchue . des pierres qui la couvrent par la feule aétion des eaux pluviales , qui ont abfolument décompoié les bancs inférieurs, découpé, pour ainfi dire, celui qui étoit le plus élevé, & opéré les changemens qu’on obferve dans la nature de l’une & de l’autre fubftance. Le fecond, communiqué à l’Académie, par M. Morand fils, Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, a pour objet l’Æfoire Naturelle à Médicinale Say. étrang. Tome V. .a ?. 233 ij P R É F'ANGNE. des eaux de Plombières : Ceux qui avoient examiné ces eaux avant lui s’étoient plutôt appliqués à en découvrir la nature par l’analyfe chimique qu'à re- chercher ce qu’elles peuvent tirer du terrein qui les avoifine & des différentes matières qu’il renferme ; c’eft à quoi s’eft principalement appliqué M. Morand, & fesrecherches l’ont conduit à la découverte d’une efpèce de terre qui eft vraifemblablement la caufe de la qualité favonneufe des eaux de Plombières; il y a de même trouvé des plantes utiles & plufieurs fingularités d’hifloire naturelle , qui rendent fon Mémoire très - intéreffant; c’eft au refte le dernier de M. Morand fils, qui paroitra dans ce recueil : L'Académie, en l’admettant au nombre de fes Membres, lui a ouvert une nouvelle carrière, & fes ouvrages feront déforimais partie des Mémoires qu'elle publie fous fon propre nom. Letroifième, préfenté par M. d’Ernaud, contient les Principes de l'art de faire parler ceux des fourds & inuels, qui ne font muets que parce que leur furdité leur a üté toute 1dée de fon à d'ärticulation : cet art, qui, au- premier coup-d’œil, paroit fr fmgulier, remonte à peine à un fiècle; encore les A ne qui ont été faites fur ce fujet font-elles en très-petit nombre. M. Ernaud fait part au public dans ce Mémoire des principaux moyens que fes recherches & les expé- riences qu'il a faites depuis plufieurs années fur divers fujets, lui ont fournis pour l'avancement de cet art, par lequel on rend, pour ainfi dire, à la fociété un grand nombre de fujets qui lui feroient demeurés inutiles. PRÉFACE. iij L'ordre des matières nous oblige à parler à la p- 500. fuite de cet article d’un Mémoire de M. Pereyre fur le même fujet, quoiqu'il ne foit qu'un des derniers dans celui de l’impreffion. Cet écrit de M. Pereyre, contient des réponfes à plufieurs articles de celui de M. Ernaud, tant pour revendiquer quelques-uns des procédés que ce dernier énonce, que pour ex- pliquer quelques-uns des principes de cet art, & quoique M. Pereyre n’y explique pas en entier en quoi confifte fa méthode, on verra dans un grand nombre d’endroits de ce Mémoire une infinité de traits échappés, qui peuvent fournir à un lecteur intelligent des réflexions & des idées fur cet impor- tant objet. Le cinquième contient des Recherches fur la ref p. 276. piraion des Chenilles à” des Papillons, par M. Bonnet, Correfpondant de l’Académie, l’Auteur y prouve par une grande quantité d’obfervations délicates & ar des procédés ingénieufement variés, que les Chenilles, auffi-bien que les Papillons, ont dix-huit fligmates ou bouches ouvertes fur leur corps, def- tinées à recevoir & à rendre l'air, c’eft-à-dire, à refpirer, que ces ouvertures une fois bouchées par l'huile ou par l’eau, dans laquelle on plonge l'animal, il périt en plus ou moins de temps, mais qu'il ne périt pas s’il en refte quelques-unes de libres; on y verra aufli avec plaifir la délicate anatomie de ces petits animaux , f1 différens des autres & dont les organes finguliers font fi difficiles à reconnoitre & à démontrer. Le fixième, préfenté par M. l'abbé Mazeas, p. 319. ay PE 72: iv PRÉFACE. Correfpondant de l’Académie, a pour objet de donner la Deferiprion des Solfatares des environs de Rome , à l’origine àr la formation du Viriol Romain : Li Nature, toujours admirable dans fes productions, J'eft peut-être encore plus dans ces contrées où l’action des feux fouterrains excite fon activité ; on vérra avec un plaifir mêlé d'horreur la defcription que fait M. l'abbé Mazeas de ces goufires immenfes d’où fortent les eaux foufrées, les incruftations qu’elles forment, les vapeurs qui en fortent & qui, en retombant fur des terres ferrugineufes, y pro- duifent le vitriol que l’art des habitans en fait féparer, & enfin les ufages médicinaux qu’on fait de ces eaux pour la guérifon de plufieurs efpèces de maladies , toutes obfervations d'autant plus curieufes, que l’hif- toire naturelle des environs de Rome eft très-digne d’être connue, & que cependant cette matière eft à peine entamée, Le feptième du même Auteur , contient fes Obfervations fur la mine d'alun de la Tolfa, près de Rome : on y voit les difiérentes formes qu'emprunte l'alun dans fes mines qui le contiennent, celle de pierre aflez dure qu’il prend dans celle de la Tolfa, la manière dont on l'en dégage par une calcination modérée, fuivie d’une efpèce de leffive de faquelle on retire enfuite l’alun par la crifallifation ; mais ce qui rend encore ces obfervations de M. l'abbé Mazeas plus intéreflantes, c’eft qu’elles lui ont fait reconnoitre une mine prefque femblable à Polinier en Bretagne ; & que cette mine, quoique moins abondante que celle de la Tolfa, pourroë, fi on la travailloit, produire une quantité confidérable de ce PRÉFACE. v minéral fi néceflaire à un très-grand nombre de nos manufaétures, & que nous fommes obligés de tirer à grand frais de l'étranger. Le huitième & le neuvième font de M. Baumé, PP. 405 & maitre Apotlicaire à Paris , ils contiennent fes 425: Expériences & fes Réflexions fur le refroidiffement que les liqueurs produifent en s'évaporant : On connoifloit déjà la propriété qu'ont les liqueurs de refroidir en s’évaporant, les corps qui en font imbibés ; M. de Maïran en avoit fait mention dans fa differtation fur la glace”, & M. Baux, de Nifmes, dans quelques obfervations envoyées à l’Académie, & qu’elle a a Voy. Difert, Jur la Glace, édit. de 1759, publiées en 1753; mais elle ignoroit encore les 7 25° Ÿ fiv. loix de ce fingulier refroidiflement, les expériences de M. Baumé les lui ont apprifes; celles qu'il rap- porte dans fon premier Mémoire lui ont fait voir que le refroidiflement étoit toujours d’autant plus grand que l’évaporation étoit plus prompte, & qu'on pouvoit le porter à un degré très-confidérable ; Je lecteur fera fûrentent flatté de voir l’art & la fineffe avec lefquels M. Baumé a fu varier fes expériences pour découvrir ce fecret de la Nature; il effaie même d’en donner une explication, mais à laquelle il ne paroît pas beaucoup tenir, & qui eft d’autant moins néceflare,. que fans ce principe on peut également expliquer ce fingulier phénomène. b Vo, Hifl. 1753» P: 79 Le fecond Mémoire contient les expériences que | l’auteur a faites dans le vide, defquelles il réfute que comme l’évaporation y eft beaucoup plus rapide, Je degré de refroidiffement y eft aufli beaucoup plus grand , il va quelquefois jufqu’au double ; en général a 17 P- 44 Le p. 467. vj PRÉFACE. les Mémoires de M. Baumé contiennent un grand nombre d’expériences très-curieufes , & les connoif- fances qui en réfultent font certainement un grand pas dans l'étude de cette partie de la Phyfique. Le dixième a pour objet les Obférvarions faites à Lille en Flandre, px M. Boucher, fur les diffe- rentes températures de l'Air, fur l'état de la campagne des environs à de fes productions , à [ur les maladies épidémiques qui ont régné dans la Province depuis la fin de l'hiver 1752, jufqu'au commencement du printemps 1753: Une defcription courte, mais précife de la nature du fol & de la fituation de la province, des réflexions prudentes fur ce que ces caufes doivent roduire dans l’économie animale où végétale, & enfin des obfervations fuivies avec foin fur ces deux objets, rendent la publication de cet ouvrage d’au- tant plus utile qu’il peut fervir de modèle à un grand nombre d’autres qui en multiplieroient beaucoup les fruits & l'utilité. LA Le onzièmé contient les Obférvarions de M. Fou- geroux ; für le Coquillage appelé Date en Provence : on y verra avec étonnement un animal dépourvu en apparence de tout inftrument propre à percer, fe creufer cependant dans une pierre très-dure des retraites profondes, dont l'entrée très- étroite n’a pu donner paffage à l’animal que dans fa première jeuneffe, & dans lefquelles il fe voit parfaitement en füreté , fr d’autres animaux ne trouvoient le moyen d’y pénétrer quelquefois pour le dévorer. Ce Mémoire fera le dernier de M. Fougeroux qu'on verra paroître dans ce recueil, fes ouvrages feront PRÉFACE vi déformais partie des Mémoires de l’Académie, qui Va admis au nombre de fes Membres. Le douzième & dernier Mémoire de PHYSIQUE ou HisrToire NATURELLE, eft de M. Valmont de Bomare. Il a pour objet la Formation naturelle des Phyrires èr des Vüriols, à celle de quelques autres matières qui réfulent de leurs combinaifons : Cet ouvrage ef le fruit de plufieurs voyages que l’amour de l'Hiftoire Naturelle a fait entreprendre à M. de Bomare; il réfulte de fes obfervations , faites avec la plus fcru- puleufe attention : 1.” Qu'un des caractères généraux de ces pierres qu’on nomme Pyrites, & celui qui les diftingue le plus des Marcaflites, eft d’être prefque toutes déliquefcentes , c’eft-à-dire de fe réfoudre à l'humidité & toutes celles-ci font vitrioliques: 2.” Que les différences qu’on obferve entr’elles viennent des différentes matières que f’acide vitriolique a ren- contrées & avec lefquelles il s’eft corporifié, & des différentes affinités que ces matières avoient entr’elles & avec l'acide: 3.° Que fuivant les différentes ma- tières que trouve la déliquefcence des pyrites ou le fluide qui en réfulte, il fe forme au-deflous des lits de pyrites détruits une infinité de corps différens, même des vitriols de toute efpèce, du foufre, de la félénite, des fchiftes, des ardoïfes, des glaifes marbrées, des argiles vitrioliques. M. de Bomare s’eft afluré de tout cela par les obfervations qu'il a faites dans les endroits où il a pu voir l'intérieur du terrein à découvert ; il range même les gypfes dans la claffe des corps produits par la déliquefcence p. 617. 77e f vil DP'R. EF 'ANCUE des pyrites, ce même acide dégagé des pyrites , peut encore felon lui caufer avec les matières qu’il rencontre des fermentations qu'on pourroit employer pour expliquer Les tremblemens de terre, les éruptions des volcans, la naiflance & la compofition des eaux thermales, la coloration des marbres, même, des pierres précicufes ; il faut avouer que les confé- quences qu'on peut tirer du Mémoire de M. de Bomare, étant ainfi rapprochées paroïffent trop fyfté- matiques; mais en lifant le Mémoire, on trouvera des reftrictions & des modifications qui donnent de la force aûx conjectures, & il eft toujours utile au rogrès des Sciences que les objets foient confi- dérés fous différens points de vue. La partie ANATOMIQUE contient trois Mémoires. Le premier, de M. Defcemet, contient plufieurs obfervations qu'il a faites fur la Choroïde & fur-tout fur l'origine de cette membrane, qu’il diftingue en plufieurs parties ; la première, qui s’étend depuis le nerf optique jufqu’au cercle ciliaire, auquel elle eft attachée intérieurement comme elle left poftérieu- rement à un faifceau de fibres blanchätres qui repré- fente affez bien le pédicule d’une vefle de loup ; la feconde partie de cette membrane fe rabat par- deflus le cercle ciliaire pour former l’uvée ou cette membrane qui forme le blanc de l’œil & la prunelle; jufque -là M. Defcemet fuit ce qui a été dit par les Anatomiftes & fe contente d'ajouter à ce qui a été fait plufieurs obfervations délicates ; mais ce qui eft abfolument nouveau, c’eft une membrane qui fe détache de la choroïde dans fon attache avec le cercle P RÉ FVAICLE. xj cercle ciliaire, & qui tapifle intérieurement toute la cornée tranfparente ; cette membrane eft adhérente à la cornée dans le fœtus, elle s’en détache peu à peu avec l’âge, en forte que vers foixante ans, celle en eft tout-à-fait féparée. M. Defcemet remarque que cette membrane, auffi tranfparente que la cornée, perd comme elle fa tranfparence, fi elle eft imbibée d’eau & la reprend en féchant; ïl eft fingulier que malgré toutes les recherches qui ont été faites fur les yeux, une partie aufli confidérable que celle dont nous venons de parler ait pu échapper aux regards des Anatomiftes. Le fecond, de M. Suë, Chirurgien de Paris, contient fes Recherches fur la Marrice : H y examine ce vifcère dans tous fes différens états, depuis l’en- fance jufqu’à la puberté, & dans les temps qui pré- cèdent & qui fuivent l'accouchement: fon travail n'a pas été inutile, & il a découvert plufieurs mufcles jufqu’àa préfent inconnus, dont les uns paroiffent deftinés à porter les trompes vers les ovaires ; d’autres fervent à abaifler le fond de ce vifcère; d’autres contribuent, lors de l'accouchement, à fure fortir le fœtus & à exprimer le fang des vaiffeaux après fa fortie; d’autres enfin concourent avec les mufcles orbiculaires décrits par Boërhaive, à détacher l'arrière -faix ou placenta; toutes découvertes inté- reflantes & qui donnent de nouvelles connoiflances fur la conformation de la matrice. Le troifième & dernier Mémoire Anatomique, eft la Defcription d'un Enfant monftrueux, par M. Betbeder, Médecin de l'Hôpital de Saint-André de Bordeaux : Sa. érrang. Tome V. » à Pe 247 P: 72. x PRÉFACE. ce fujet monftrueux étoit compofé de deux corps, joints par le côté dans toute la partie fupérieure jufqu’aux lombes, où il cefloit d’être double; il avoit deux têtes, deux épines, quatre bras répondans à autant d’omoplates ; malheureufement | Accoucheur, qui avoit reçu ce monflre, en avoit vidé le ventre & la poitrine, qui vraifemblablement auroient offert quelques fingularités remarquables, & M. Betbeder n’a pu donner la defcription que de ce qu'il a vu. Sous la CHIMIE, font rangés fept Mémoires. Le premier, contient les Recherches & les Expé- riences de M. le marquis de Courtanvaux, fur l'Ether marin, C'eft-à-dire, l'Ether dans la fabrication duquel on a employé l'efprit-de-fel pour décompofer l'efprit-de-vin : On y verra avec plaifir avec quelle adreffe M. de Courtanvaux corrige la trop grande lé- gèreté & la trop grande volatilité de cet acide en em- ployant la liqueur fumante de Libavius, qui, comme on fait, contient de l’étain, mêlé avec l’efprit-de-fel ; ce métal augmente confidérablement le poids de Jacide & lui donne une bien plus grande aétion fur l'efprit-de-vin, en forte qu'on en retire une bien plus grande quantité d’éther. Ce Mémoire eft d'autant plus intéreffant, que M. le marquis de Courtanvaux y donne, non-feulement le procédé de fon opéra- tion dans le plus grand détail, mais encore l’hiftoire de ce que les Chimiftes avoient fait avant lui fur cette matière. Le fecond, a pour objet les expériences du même M. le marquis de Courtanvaux, fur la congélation à la concemration du Vinaigre radical. On fait que PRÉFACE. xj ee vinaigre, dont M. le comte de Lauragais a déjà parlé dans un Mémoire, cité par M. de Courtanvaux lui-même, eft celui qu’on retire par la diftillation du verdet ou vert-de-griss M. de Courtanvaux donne tout le détail de l'opération néceffaire pour l'obtenir, & des précautions néceflaires pour le déflegmer & le concentrer; il réfulte de fes expé- riences, que plus ce vinaigre eft déflegmé, plus il eft facile à congeler, en forte que quand il l’eft au dernier point, il faut un degré confidérable de chaleur pour le tenir fluide, & que dans cet état il eft extrêmement inflammable, d’où il penfe pouvoir inférer que le vinaigre radical eft une combinaifon de l’acide végétal avec une huile très-fubtile pro- duite par la fermentation; ce fera au refte le dernier ouvrage de M. de Courtanvaux qu'on verra paroître dans ce recueil, ceux qu’il donnera dans la fuite fe trouveront déformais dans les volumes de: l’Aca- démie, qui lui a donné depuis celui-ci place au nombre de fes Honoraires. Dans le troifième & le quatrième, M. Cadet, ancien Apothicaire-major des Invalides & des Armées du Roi, rend compte de fes travaux fur le Borax : I] prouve dans le premier, que ce fel contient de l’arfenic, ce qui n’avoit été obfervé par aucun Chimifte; qu'il contient du cuivre, qui y avoit bien été à la vérité déjà foupçonné, mais jamais démontré : qu'il contient une terre vérita- blement vitrifiable; que l’alkali volatil n’eft pas un moyen für & infaillible pour découvrir le cuivre, comme on J’avoit cru jufqu’à préfent;, & qu’enfin Pacide du borax eft celui du fel marin, He on 7 P« 105. * Voy. Mén. 1753:p20r P- 117 xij PRÉFACE. Javoit déjà préfumé & avancé dans un Mémoire ; fur le fel fédatif, de M. Bourdelin , imprimé dans le volume de l’Académie de 1753. * Le fecond, eft defliné à prouver encore plus récifément l’exiflence d’une terre vitrifiable dans le borax, il y fait voir la différence entre le prétendu verre qu’on fait avec le borax & le verre ordinaire. Il enfeigne à fe procurer avec la terre de ce fel un verre véritable , il obferve que ce verre a toutes les propriétés du verre commun & même du criftal ; & pour prévenir l’objection qu’on lui pourroit faire. que fon verre tiré du borax eft en quelque forte difloluble à l’eau bouillante & aux acides, il fait voir que la parité fubfifte entre ce verre & le criflal; que ce dernier mis en poudre fe laifle difloudre par les acides & mème en partie à l’eau bouillante, & que fa diffolution par les acides donne des criftaux foyeux, comme celle du verre de borax. Ces travaux jettent un très-grand jour fur la nature de ce fel, qui avoit jufqu'ici exercé prefque inutilement fa conftance des Chimiftes ; mais nous ne verrons plus M. Cadet, paroître dans cette carrière, l’Académie lui en a ouvert une nouvelle , en l’adoptant au nombre de fes Membres. Le cinquième Mémoire , eft de M. Muller, Secrétaire de l’Académie Impériale de Péterfbourg & Correfpondant de l’Académie. Il y donne dans le plus grand détail la fabrique de la Colle de Poiffon, qu'on fabrique en Ruflie & qu’on tranfporte dans prefque toute l'Europe. Cette matière n’eft pas, à proprement parler, l'ouvrage de l’art, on la tire PREFAUE xiij prefque toute préparée de la veflie de quelques poiflons du genre de l’Accipenfer dont l'Eflurgeon eft une efpèce & qui fe trouvent en grande abondance dans une rivière de Ruflie nommée Yuix. M. Muller décrit exaétement tous les procédés néceffaires pour tirer cette matière de l'animal, pour la préparer, pour faire cuire celle qu'on deftine à de certains ufages, car la plus grande partie n’eft que féchée; en un mot, pour la mettre en état de fe conferver, d’être tranfportée & de devenir un objet de commerce. Le fixième, contient l'Arabfe du Gypfe, par M. Lavoifier: Il y fait voir que la pierre fpéculaire, qui eft, comme on fait, le gypfe le plus pur, eft un véritable fel difloluble dans l’eau, pourvu qu’elle foit bouillante & en très-grande quantité, & que ces folutions évaporées jufqu'à pellicule donnent des criftaux femblables aux fragmens de la pierre fpécu- lire groflièrement pilée; que la calcination ne fait que lui enlever l’eau de fa criflallifation qu'il reprend avidement lorfqu'on la lui rend, & qu’alors il fe criftallife de nouveau & forme un corps dur qu’on appelle du plärre; que ce fel a pour acide l'acide vitriolique, ce qu’il prouve par les expériences les plus décifives ; qu'enfin pour faire voir que le plâtre eft un véritable fel qui fe criflallife en fe prenant, il eft pofhble de faire avec de la craie difloute & faturée d’huile de vitriol affoiblie un gypfe artificiel, qui, à la figure des criftaux près, a toutes les propriétés du gypfe naturel, ce qui fournit à l’auteur quelques vues pour procurer du plâtre artificiel aux cantons qui n’en ont pas de naturel; la plupart de ces vérités ne font pas abfolument nouvelles. M. Margraff en b iy P- 347: P. 358. xiv PR EF FILE a détaillé quelques-unes, d'autres avoient déjà été données par M. de Montigny dans les Mémoires de J'Académie, & M. Lavoilier a foin de citer lun & l’autre; mais perfonne n'avoit traité cette matière avec le même ordre & la même étendue que lui, & on lui doit fur-tout l'ingénieufe explication, par laquelle il réduit le phénomène de l’endurciflement du plâtre aux fimples loix de la criflallifation, & la détermination de la quantité d’eau néceflaire à la diffolution du gypfe. Le feptième & dernier Mémoire Chimique, eft de M. l'abbé Mazeas, Correfpondant de lAca- démie; il y expofe les recherches qu’il a faites fur l'alkali des plantes marines. On fait que la plante, des cendres de laquelle on tire l’alkali, qui fert à faire le favon, eft celle qui eft connue fous le nom de Kali maus cochleato femine, qui croit fur les côtes d’Efpagne & du bas Languedoc, & qu'on feme aufli en pleine terre; l’alkali qu'on tire de ces cendres eft très-abondant, il eft analogue à la bafe du fel marin, fe criftallife aifément & attire très-peu l’hu- midité de l'air; il étoit affez naturel de penfer que J'alkali, tiré des cendres des autres plantes marines ou maritimes auroit les mêmes propriétés & feroit également propre à la fabrique du favon ; M. l'abbé Mazeas , s’eft afluré par l'expérience, qu'il n’y étoit nullement propre; mais il ne s’eft point rebuté, & fes recherches l’ont conduit au moyen de donner à l’alkali des plantes marines toutes les propriétés de la meilleure foude par la fimple addition de la bafe du falpêtre. On verra dans fon Mémoire tout le détail de fes expériences; cette nouvelle foude PRÉFACE. XV eft un véritable préfent que M. l'abbé Mazeas fait aux arts & au commerce; le public eft déjà en poffeffion d’en recevoir de pareils de fa main. La BOTANIQUE n'a fourni qu’un feul Mémoire. Il y eft encore queftion de 11 même plante, dont . nous venons de parler. M. Marcorelle, de l’Aca- démie Royale des Sciences & Belles-Lettres de Touloufe, & Correfpondant de l’Académie, y décrit la manière de cultiver le Ka, connu en Lan- guedoc fous le nom de Sahicor; & celle d’en tirer cette efpèce de pierre de cendres, connue fous le nom de Soude ; 11 y indique la nature des terreins qui lui font propres & la manière de les difpofer à produire cette plante; il y rapporte le détail & la fuite des expériences qu’il a faites pour s’aflurer de la nature du fel qu’elle produit, & finit par une courte énumération des plantes qu’on peut employer aux mêmes ufages, toutes connoiflances utiles & curieufes, & qui peuvent mettre fur la voie d’une infinité de découvertes. A lPARITHMÉTIQUE, appartiennent trois Mémoires, tous trois de M. Rallier des Ourmes, Confeiller d'honneur au Préfidial de Rennes. Le premier a pour objet la folution du problème fuivant : Trouver un nombre n de nombres de chacun defquels on connoït le produit par la fomme de tous les autres. Cette folution ef affez facile par les mé- thodes ordinaires, quand le nombre demandé n’ex- cède pas trois, mais quand ce nombre devient plus grand, la difficulté de la folution s’augmente au point de devenir prefque infurmontable. M. Rallier des Pe 531: Ro 72 D p. 485. xv) PRÉFACE, Ourmes enfeigne à attaquer ce problème par le moyen des divifeurs. En arrangeant deux à deux, & dans un certain ordre qu’il prefcrit, tous les divifeurs de ce produit qu’on connoit, il n’eft prefque plus néceflaire d'employer aucun calcul, un feul COup- d'œil , dirigé par les règles qu'il donne, offre à Pinflant la folution du problème qui fe trouve pour emprunter le langage même de l’Arithmétique réduite à fes moindres termes. Le fecond, contient une Méhode facile pour dé- couvrir tous les nombres Premiers, contenus dans la fuite des impairs , à en même temps les Divifeurs finples de ceux qui ne le font pas: On fait que les nombres premiers font ceux qui ne font divifbles que par eux-mêmes ou par l'unité; on avoit formé depuis Jong-temps des tables très-étendues de ces nombres, parmi lefquelles l’Académie pourroit citer celles qui lui ont été préfentées par le P. Mercaftel de l’Ora- toire & par M. du Tour, fon Correfpondant ; mais le travail néceflaire à la conftruétion de ces tables étoit long & pénible, & on verra avec plaifir dans le Mémoire de M. Rallier des Ourmes , qu’en marquant feulement dans la fuite des impairs tous les nombres compofés, on parvient indireétement par une efpèce de méthode d’exclufion à trouver les nombres premiers qu'on cherchoit; il donne un exemple de cette méthode, qui, indépendam- ment de fa fimplicité, préfente aux yeux de l’efprit un fyftème lumineux & très-fatisfaifant. Le troifième & dernier Mémoire, de M. Rallier des Ourmes, & de la partie Arithmétique , eft deftmé à l'explication PRÉFACE xvij à l'explication d’une Mérhode nouvelle de Divifion, quand le Dividende ef! muliple du Divifeur, à Je peut par conféquent divifer fans vefle, à" d'extraction de racines guand la puiflance eff parfaite : Cette méthode n’a prefque rien de commun avec la méthode ordi- naire, elle eft extrêmement facile, & elle a cette fingularité, que pourvu qu’on connoiffe autant de chifires fur la droite du dividende ou de la puifflance que le quotient ou laracine doivent avoir de chiffres, on peut fe pafler des chiffres qui les précèdent, & obtenir de même le quotient. Quelques réflexions fur la nature des nombres qui terminent les expref- fions numériques des produits ou des puiflances ont ouvert à M. Rallier des Ourmes cette nouvelle route qu’on pourra toujours tenter avec fuccès toutes les fois qu'on fera für que la divifion ou l’extraction de racines devront être exactes, & qu’on doit même cflayer à caufe de fa grande facilité, fi on n’eft pas für qu'elles ne le foient pas; l'avantage d’ailleurs de pouvoir ignorer fans conféquence une partie des chiffres du dividende ou de la puiflance n’eft pas à méprifer, il peut fe trouver dans des titres ou des infcriptions précieufes des nombres néceflaires dont les premières figures foient détruites ou effacées, & qu’on retrouvera par cette méthode, pourvu qu'on puiffe être für qu'ils font dans le cas du problème. L’ALGÈBRE, n’a donnée qu'un feul Mémoire. Ce Mémoire du P. Ricati Jéfuite, contient une Mérhode pour dérerminer le terme général des Séries récurrentes avec appendice : On nomme féries récurrentes celles dont chaque terme eft formé d’un nombre Say, érrang. Tome V. nr Pe 153 pP: 1; 10, 115; 304; 367; 396; 549; 593» 598, 605. Xvii] P R É F'ANCE, déterminé des termes précédens, combinés enfemble ou avec d’autres quantités données fuivant une cer- taine loi, & le nombre de ces termes eft ce qui détermine l’ordre de cette férie. Le P. Ricati avoit donné dans un ouvrage publié en 1756, une méthode pour déterminer le terme général de ces fortes de féries; celles dont il s’agit ici font bien du même genre, mais elles en différent. en ce que le produit des termes compofans qui forme le nou- veau terme éft toujours augmenté d’une quantité conflante, ce qui a engagé HjtteUr à donner une méthode de trouver aufli le terme général de ces féries récurrentes avec appendice ; il y parvient par un arrangement de leurs termes en colonnes verti- cales, & cet arrangement eft tel que les termes qui fe trouvent dans chaque bande horizontale, ou à la . même hauteur dans chaque colonne, forment une férie récurrente fans appendice, d'ou il fuit que le terme général de la férie fera la fomme de tous les termes généraux de chaque férie partiale, & que comme elles font toutes fans appendice, on pourra aifément l'obtenir; c’eft par cette ingénieufe mé- thode que leP. Ricati rappelle à la règle qu'il avoit donnée, les féries récurrentes avec appendice qui paroifloient s’en écarter. La partie ASTRONOMIQUE eft compofée de douze Mémoires & de plufieurs obfervations d’éclipfes de Lune & de Soleil, d’Etoiles & de Planètes par la Lune ; de hauteurs dires , d’oppofitions de Planètes , d’éclipfes de Satellites, du paflage de Mercure fur le Soleil, & de quelques obfervations Météorologiques, faites par M." Bouillet, Barbier , PRÉFACE. xix de Manfe, Meffier , de Kéranftret, d’Arquier, Bouin & Dulague. Dans le premier, M. Bailly donne la Théorie de la fameufe Comère de 1759 , telle qu’elle réfulte des obfervations de feu M. l'abbé de la Caille, faites au collége Mazarin ; il y difcute la précifion à laquelle les obfervations de cette efpèce peuvent parvenir; il détermine la diftance périhélie de la Comète, le lieu de ce périhélie, celui du nœud afcendant & l'inclinaifon de l'orbite ; il emploie prefque par- tout la méthode donnée par M. l'abbé de la Caille, en 1746, & ne s’en écarte qu’en un feul point, où il étoit en effet très-néceflaire de s’en éloigner; mais une des remarques les plus curieufes de M. Bailly dans ce Mémoire , eft, qu’en fuppofant deux ellipfes qui aient la même diftance périhélie, dont la première foit parcourue en vingt-fept mille neuf cents jours, & la feconde en vingt-fept mille fept cents trente- cinq; le temps que la Comète mettra à parcourir 180 ou 90 degrés de part & d’autre du perihélie fera le même à 6’ 20" de temps près dans les deux ellipfes ; d’où il fuit que quelque longue qu’ait été l'apparition d’une Comète, il n’eft pas poflible d’er conclure la durée de fa révolution; remarque ingé nieufe & bien propre à épargner des tentatives inutiles fur ce point ; ce fera au refte le dernier Mémoire de M. Bailly qui paroîtra dans ce recueil : Ceux qu'il a donnés depuis, & qu’il donnera par la fuite appar- tiendront aux Mémoires del’ Académie, qui l’a admis au nombre de fes Membres. Pe 12: Les fecond & troifième Mémoires font du p. 37: € 7 P. #4: xx P À LA ANGLE P. Chevalier, Prêtre de l’Oratoire de la Congrégation de Saint-Philippe de Néri, Membre de la Société Royale de Londres, & Correfpondant del Académie. L'auteur donne dans le premier les obfervations qu’il a faites à Lybonne de la même Comète, dont nous venons de parler : comme le P. Chevalier l’a obfervée dès le $ Avril, & qu'elle avoit même été aperçue à Lifbonne dès la fin de Mars; les obfervations qu'il en donne font extrêmement précieufes, parce qu'in- dépendamment de leur exactitude, elles prolongent beaucoup la durée de lapparition ou plutôt des appa- ritions de cette Comète, car le P. Chevalier l’a ob- fervée devant & après fa conjonction avec le Soleil. Le fecond contient les obfervations faites aufli à Lifbonne, par le même P. Chevalier, de la Comète qui parut en 1760 au mois deJanvier, & qui a été remarquable par l’extrême rapidité de fon cours. Le P. Chevalier a encore eu l'avantage de l’apercevoir le + Janvier, un jour plus tôt que prefque tous les Aftronomes de l’Europe: circonftance d'autant plus avantageufe que cette Comète avoit un mouvement apparent d'environ 35$ à 40 degrés par jour. Le -P. Chevalier ne s’eft pas contenté de faire les obfer- vations néceflaires pour fixer la route & les élémens de la théorie de cette Comète, il a de plus obfervé avec foin fes diamètres & ceux de la chevelure qui l’entouroit, que la grandeur & la proximité de cet aftre lui ont permis de déterminer. Le quatrième & le fixième contiennent encore des obfervations de la Comète de 1759, faites à PObfervatoire de la marine, par M. Mefier , attaché PRÉFACE. xx} au dépôt des plans de la Marine, Membre de {a Société Royale de Londres & de l’Académie des Sciences de Hollande. Le premier eft employé par M. Meflier à rendre compte des obfervations qu'il a faites de cette Comète depuis le 28 Mai jufqu’au 25 Juin qu'on a ceflé de la voir. Dans les neuf premiers jours, M. Meflier obferva exaétement le pañlage de la Comète au méridien & la compara à diverfes Etoiles qui pafloient devant & après elle par le plan de ce cercle ; les autres jours il compara la Comète hors du méridien à des Etoiles qui en diféroient peu en déclinaifon , & comme dans le nombre de ces Etoiles il y en avoit, dont la pofition n’étoit pas connue, il l’a déterminée en les comparant à d’autres Étoiles dont le lieu étoit bien certain, ce qui lui a donné moyen de déterminer l'afcenfion droite & la décli- naïfon de la Comète pour tous les inflans de fes obfervations, & d’en déduire fa longitude & fa lati- tude pour tous ces inftans ; toutes fes obfervations & la potion des Etoiles auxquelles il a comparé la Comète font préfentées aux yeux & rangées dans deux tables qui accompagnent ce Mémoire; & les politions des Etoiles connues font tirées des cata- logues de Flamftead & de M. l’abbé de la Caille, fûürs garans en pareille matière. Le fecond Mémoire de M. Meffier, contient les mêmes réfultats, mais augmentés de celui de l’ob- fervation que M. Klinkemberg, Correfpondant de l’Académie, avoit faite de la Comète dès le 17 Mai, antérieurement à toutes celles qui ont été faites à 1 p. 81. P+ 175e P: 2704 xxij PRÉFACE. Paris & de ceux des obfervations faites par M. Meffier depuis le 25 Juin jufqu'au ÿ Juillet, & les différences en longitude & en latitude entre ces lieux de fa Comète tirés de l’obfervation, & ceux qui ont été déduits du calcul fondé fur la théorie. Ce font autant de moyens que donne M. Meffier pour perfectionner la théorie de cette Comète & cette partie impor- tante de l’Aftronomie. Le cinquième Mémoire Aflronomique eft de M. Baudouin, Maître des Requêtes; il y rend compte de deux obfervations de l’immerfion & de l’émerfion des 3.° & 4.° fatellites de Jupiter, faites les 19 & 28 Novembre 1761, avec une lunette & des télefcopes de forces différentes : Il en eft réfulté, 1.” Que les plus fortes ont toujours donné la demeure dans ombre moindre que les plus foibles: 2° Que le nœud du 4.° Satellite paroifloit être flationnaire au 10. degré du Verfeau: 3° Que le nœud du 3.° Satellite étoit auffi fixe & comme flationnaire au 16° degré du même figne : 4° Enfin que linclinaifon du 4.° Satellite a augmenté toujours depuis le com- mencement de ce fiècle; les obfervations rapportées par M. Baudouin femblent mettre ces aflertions hors de doute. On voit aflez de quelle importance font de pareilles recherches, & combien de reconnoif- fance on doit à ceux qui veulent bien, comme M. Baudouin, y confacrer les momens que des occu- pations d’un autre génre leur laiflent libres. Le feptième, du même auteur, a pour objet de déterminer la pofition de l'orbite de Vénus dans fon paflage fur le Soleil, arrivé en 1761, par les PRÉFACE. xxiij obfervations de Gottinghen, ces obfervations font au nombre de quatorze; & quoique le peu de temps qu'avoit eu M. Mayer pour s’y préparer, lui eût infpiré à lui-même quelque défiance für leur exacti- tude, l’accord que ie calcul de M. Baudouin, à fait remarquer en elles, montre que M. Mayer avoit eu tort de les foupçonner ; l'élément que M. Baudouin a recherché avec le plus de foin, eft la plus courte diflance des centres, & la méthode qu'il a choifie pour calculer les obfervations, eft telle que chaque obfervation donne fon réfultat féparé, & qu’ainfi il a eu quatorze réfuliats différens qui lui ont tous donné à très-peu près la même diflance, c’eftà-dire, en prenant un moyen entre les petites différences 9 230" pour la plus petite diflance des centres abfolument conforme aux meilleures obfervations qui aient été faites. Il réfulte encore des calculs de M. Baudouin, que la longitude de Gottinghen étoit très-mal connue, & il la détermine de oh 29° 5$" à l’orient de Paris, cette détermination de la pofi- tion d’une ville devenue célèbre & intéreffante par le grand nombre d’obfervations qui y ont été faites & par l’établiffement d’une Académie, eft un fruit comme furnuméraire des calculs de M. Baudouin. Le huitième Mémoire Aftronomique, du même M. Mefer, duquel nous avons déjà parlé, contient le détail de l’obfervation qu'il a faite du pafage de Vénus fur le Soleil, il y donne treize diftances de Vénus au bord du Soleil, mefurées avec un bon micromètre adapté à un télefcope de quatre pieds & demi, & la fortie de la planète du difque du Soleil; ce méme Mémoire comprend tout le calcul néceffaire P: 3318 PHD751 pe étre XXiV P RÉ" ENANONE, pour tirer les conféquences de ces obfervations; mais ce que nous ne pouvons nous difpenfer de re- marquer, €ft la méthode ingénieufe qu'il y démontre, de trouver à l’aide d’une figure de projeétion qu'il enfcigne à conftruire, l’eflet de la parallaxe fur la diftance de Vénus au Soleil, fans aucun calcul & avec le feul fecours du compas, & cela avec la pré- cifion des dixièmes de fecondes : facilité immenfe qu’il procure aux Aflronomes. De fes obfervations, corrigées par ce moyen, M. Meflier déduit la plus courte diflance des centres de 9° 31”+, précifément la même que celle qui a été tirée des obfervations de Stockholm, & de celles qui ont été faites au Luxembourg par M. de la Lande : accord qui fait l’éloge des unes & des autres. Le neuvième eft de M. du Vaucel, l’auteur y donne le calcul qu'il a fait fur les tables de M. Mayer de toutes les éclipfes de Soleil, vifibles à Paris jnfqu’en l'année 1900; l’inftant de toutes ces conjonctions écliptiques, la latitude au moment de la conjonétion, le commencement , le milieu, la fin & la grandeur de toutes ces éclipfes à Paris; il a de plus fupputé, mais pour ce fiècle-ci feulement, les longitudes & les latitudes, fous lefquelles ces éclipfes feroient centrales au lever du Soleil, à midi & à fon coucher, ce qui donne une grande facilité pour marquer fur un Globe la trace de l'ombre. On voit aifément com- bien ce travail €ft intéreflant, & combien on doit favoir gré à M. du Vaucel d’en avoir pris fur lui la peine & la fatigue poûr faire jouir le public duréfultat. Le dixième Mémoire Aflronomique eft d’une efpèce PRÉFACE. XXV efpèce très-fingulière. M. Meffier y donné la Norice des Obférvarions qu'il a faites depuis 17 ÿ 2 jufqu'au com- mencement de 1763: ces obfervations font contenues en trois Volumes, manufcrits #-folio & deux in-4, d'environ quatre cents pages chacun, qu'il a fait voir à l’Académie: cette précieufe collection comprend huit cents trente -cinq paflages de la Lune au mé- ridien, des obfervations des Planètes fupérieures, faites vers le temps de leur paflage par leurs nœuds, & d’autres qui ont fervi à conflater le lieu & l’inftant de leurs oppofitions au Soleil ; plufieurs’ compa- raifons, tant des mêmes Planètes que de la Lune, avec les Etoiles fixes les plus voifines de leurs paral- lèles; deux éclipfes de Soleil; fix éclipfes de Lune; le pañlage de Mercure fur le Soleil du 6 Mai 1752, & celui de Vénus du 6 Juin 1761 ; quarante -trois. éclipfes de Planètes & d’Etoiles par la Lune ; deux cents cinquante-fept immerfions ou émerfions des . fatellites de Jupiter; les obfervations de cinq des dernières Comètes qui ont donné lieu à la détermi- nation de cent quatre-vingts Étoiles qui n’étoient dans aucun catalogue ; les obfervations de quelques Etoiles changeantes & de quelques nébuleufes qu'on ne connoifloit pas encore. À toutes ces obfervations. Aftronomiques , M. Meflier à joint celles de plufieurs aurores boréales, de taches dans le Soleil , & de feux extraordinaires dans l’atmofphère : Ce travail immenfe eft une preuve fans replique de l'intelligence & du zèle de l'Obfervateur, & on ne peut que lui favoir gré de la générofité avec laquelle il invite par cette notice les Aflronomes à en par- fager les fruits. ! LE RE Say. érrang. Tome V. - à Pr 61$. * Voy. Mém: de 1732» ?: 419: pe 631. ?. 190: xxY) BREEAGE Le onzièmé, du même Auteur, contient l’obfer- vation de la plus courte durée du pañfage du troifième fatellite de Jupiter dans l'ombre de cette Planète ; indépendamment de l'importance des obfervations faites dans cetie circonflance pour déterminer la plus grande latitude des Satellites, celle de M. Mefler, offre encore une utilité d’un autre genre, il s'eft bien afluré qu’en employant deux télefcopes de force inégale, on ne trouvoit pas la même durée du pañlage du Satellite dans l'ombre; les deux télefcopes qu'il ‘employoit lui ont donné 7 10" pour cette différence, d’où il fuit qu’on ne fera jamais a portée de comparer des obfervations femblables que lorfque l’on fera für de légalité des lunettes ou des télefcopes qui ont été employés à les faire : tout ceci rentre dans l'idée de la théorie donnée en 1732*, dans les Mémoires de l’Académie, & fait voir qu'on doit être attentif à ne pas négliger cet élément. Le douzième & dernier Mémoire, de la partie Aflronomique, eft de M. de Saint-Jacques de Sil- vabelle, il y donne la folution de ce problème : 7rois obfervations d'une tache du Soleil érant données, déterminer le parallèle que décrit la tache à le temps de [a révolution : On voit bien que dans la folution de ce problème, on doit faire entrer pour beaucoup le mouvement de la Terre fur fon orbite; c’eft aufii fous ce point de vue que M. de Saint-Jacques a envifagé le pro- blème, dont la folution ne laiffe rien à defirer fur ce point. Un feul Mémoire appartient à l'HYDROGRAPHIE. M. Daprès de Manneyillette, Capitaine des vaiffeaux PRÉFACE. xxvij de la Compagnie des Indes, qui en eft l’auteur, y donne un fecond fupplément à fon ÂNeprune oriental, publié en 174$ : cet ouvrage n’avoit pris la navigation des Indes qu’à la rivière de Los-fugos, ‘fituée à la côte orientale d'Afrique, & le premier fupplément l’avoit donnée depuis le cap de Bonne- efpérance jufqu’à cette rivière. Le Mémoire dont nous parlons, comprend le refte de,la navigation aux grandes Indes, c’eft-à-dire, depuisÎes mers d'Europe jufqu'au Cap; il y donne toute l’hiftoire des vents alizés ou réglés, & des mouflons; la manière d’abréger les routes qui étoient beaucoup alongées par des roches, des vigies, &c. que fes propres obfervations. lui ont fait voir imaginaires; & au lieu de celles-là,. il établit la pofition de quelques dangers qui feroient. véritablement à craindre. Ce travail eft terminé par: une Carte très-détaillée des iles du Cap-vert, que tous les Vaifleaux qui vont aux Indes où à la côte: d'Afrique ne manquent jamais de reconnoitre,. &. par un plan exaét du cap de Bonne - efpérance que reconnoiflent au moins tous les vaiffeaux des: Indes, quin’y relâchent pas. On fent aifément com-- bien un pareil ouvrage, fruit de la longue pratique: & des nombreufes obfervations de M. Daprès- peut: étre utile à la: Navigation. L'HYDRAULIQUE n’a auffi donné qu'un feul Mémoire : Ce Mémoire, dont l’auteur eft M. Jars, Corref- pondant del’ Académie, contient ladefcription d’une Machine Hydraulique , inventée par M: Hell: cette machine , qui n’eft qu’une application: ingénieufe d'y P. 67:- P. 635. xxvii PRÉFACE, de la fontaine de Héron, élève l’eau d’ellemême & fans aucun pifton à la hauteur de quatre-vingt-feize pieds dans les mines de Schemnitz, où M. Jars l'a vu exécuter; il en donne ici tout le détail fr bien circonftancié qu’on en pourroit aifément faire conftruire une ln à l’aide de cette defcription: on y verra de plus un phénomène fingulier , qui confifle en une efpèce de neige ou 15 grêle, qui frappe les corps expofés au jet de l'air qui fort d’un des robinets de la machine, & qui ne paroit que lorfque l’eau qu’on a employée pour la faire jouer eft celle d’une fource minérale qui en fournit quel- quefois à cet ufage & jamais lorfqu'on y a employé de l’eau commune. Dans le feul Mémoire qui appartient à Optique, M. du Tour, Correfpondant de l’Académie, donne le commencement de fon travail fur la Diffraction : le P. Grimaldi le premier , & après lui M. Newton, ont connu cette propriété de la lumière, par laquelle les rayons qui rafent la furface d’un petit corps folide, tel qu’une épingle, fe détournent de leur route, de manière que l'ombre fe trouve -plus grande qu’elle ne devroit être, & qu'aux deux côtés de cette ombre on aperçoit les couleurs prifmatiques, mais dans un ordre contraire à celui qu’elles obfervent dans la réfraétion. M. de Mairan, avoit donné en 1738, un Mémoire, dans lequel il effaie d’exp'iquer ce phénomène au moyen de petites atmofphères qu’il fuppofe autour des corps, ce qui ramène le tout à la réfraction ; mais comme il s’étoit moins appliqué à découvrir de nouveaux faits qu’à expliquer par fon hypothèfe ceux qu’on connoifloit déja, M. du Tour PRÉFACE xxix eft parti de-là, & il a enrichi cette matière de nou- veaux phénomènes, defquels il donne l’explication par le moyen de l’hypothèfe de M. de Mairan qu'il adopte, mais en fuppofant les couches qui com- pofent les petites atmofphères toutes d’une égale denfité, ce Mémoire & celui qui le doit fuivre, & duquel nous parlerons dans les volumes fuivans font très-propres à mettre le lecteur au fait de toute cette partie de l'Optique, & celui-ci en particulier ne peut que faire defirer que M. du Tour s’acquitte au plus tôt de fon engagement. La partie MÉCANIQUE a fourni deux Mémoires : Dans le premier, M. de Chézy, Ingénieur des Ponts & Chauflées, donne les moyens de perfec- tionner les Meaux à bulle d'air : ces inffrumens font, comme on fait, compofés d’un tuyau de verre cylindrique rempli d’efprit-de-vin, & dans lequel on a laiffé une bulle d’air affez groffe, qui par fa légèreté gagne toujours le bout du tuyau le plus élevé, & ne s'arrête au milieu que lorfqu'il eft horizontal. On voit bien par cette defcription que ce niveau exige que le tuyau foit bien cylindrique, s’il étoit plus large par les bouts, jamais la bulle ne fe tiendroit au milieu, quoique l'axe du tuyau fût horizontal, & s’il étoit renflé dans le milieu, la bulle y refteroit quoiqu'’on inclinât le tube; il eft cependant utile que le tuyau foit un peu dans ce dernier cas pour modérer l'extrême fenfibilité de l’inftrument que lui donne la figure parfaitement cylindrique : mais ce renflement doit être une efpèce d’infiniment petit & dégradé régulièrement & également de part diÿ P. 254 * Von Sav. Étrang, Till, Door xxx PRÉFACE. & d'autre; c’eft ce qu’on ne peut guère éfpérer d'obtenir en fe fervant des tuyaux fortant de laverrerie, comme on avoit fait jufqu’ici; le hafard ne garde pas ordinairement des proportions fi juftes. M. de Chézy enfeigne à travailler ces tuyaux, comme on travaille les verres de lunettes, & à donner à cette efpèce de niveau le degré de fenfibilité qu’on defire & toute la perfection poffible. C’eft un véritable fervice qu'il rend à tous ceux qui font dans les cas de faire des. nivellemens, & aux Aflronomes qui emploient cet inftrument dans plufieurs occafions. Lefecond & dernier Mémoire eft de M. Bonvoux,. Infpecteur de la navigation de la Loire à Nantes: il contient la defcription de la manœuvre qu’il a ima- ginée & exécutée pour retirer une carcaffe de Navire échouée au bout de la Foffe depuis quatre-vingts ans, & qui génoit beaucoup la navigation de la Loire. L'Académie a déja préfenté au public le récit d’une opération de cette efpèce, faite par M. Goubert *,. mais bien plus en grand &: pour relever un galion envafé depuis quarante-deux ans dans la rade de Redondelle près Vigo ; quoique la méthode de M. Bonvoux tende au même point, cependant fes moyens font beaucoup moins difpendieux , plus fimples & plus proportionnés à l’objet qu’il avoit en vue. On verra dans fon Mémoire, comment avec un équipage très-peu compofé, & à l'aide d’une aiguille circulaire de fer, il eft venu à bout de pañfer fous la carcafle qu'il vouloit enlever, quatre cables à l'aide defquels, des gabares auxquelles ils ont été amarrés & duwjeu des marées, il eft parvenu à l’arracher PRÉFACE, xxx) de fa fouille & à la conduire à terre, fans avoir dépenfé au-delà de la douzième partie de la fomme qu'on demandoit pour cette opération. Les routes indiquées par des Mathématiques & par le Génie, feront toujours les plus courtes & les moins dif. pendieufes. . Li FAUTES à corriger dans le troifième Volume des Savans etrangers. Pics 640, ligne 7, au lieu de 0" mt, lifez O" mt, ac EAN Een) 2 x = Z 2x — Gr Page 645$, ligne 30, au lieu de i00", lifez Zoo”. Page 646, ligne 1, au lieu de i en 6”, liféz Z en 0”. ligne 18, au lieu de fo”, lifez Zow’’, ligne 27, au lieu de À en À, lifez Z en À, Page 648, ligne 22, au lieu de ioo”, lifez Zoo”. Planche X XV, fie. 2, il faut mettre O à la place de #, & r à la place de O. Page 647, ligne 7, au lieu de FAUTES à corriger dans le quatrième Volume. Page 289, ligne 11, au lieu de vers les verres, lifez vers kes bords, Page 290, ligne 17, occupoit, Afez occuperoit. Page 297, ligne dernière, porteroit, Lfez partageroit. Page 295, ligne 22, de Ken L, lifez de R en L, Page 299, ligne 73, la pente, lifez la perte. Page 641, en lifant, il faut omettre les quatre dernières lignes de la page 641 & les dix-huit premières de la page 642 & porter ces vingt-deux lignes à Ja fin du Mémoire. FAUTES à corriger dans ce Volume. Page 257, ligne 27, après le mot fenfible, fupprimez &. Page 258, ligne 17, au lieu de Le tube que l'on a travaillé a un, lifezg On a travaillé fuivant cette méthode un tube d’un. Page 259, ligne 17, après le mot repréfenté, ajoutez par. Page 260, ligne 4, au lieu de Soit cet efpace AB, AC fig. 2 le rayon , lifez Soit cet efpace AB, fig. 2, AC le rayon. , ; Page 261, ligne S$, au lieu de de matière, Lftz d’une matière. ligne 15, au lieu de eft, üfez feroit. Er au lieu de ce qui, lifez mais cela. Page 262, ligne 17, au lieu de le vale, lifez ce vale. MÉMOIRES = SE ?! MÉMOIRES D E MATHÉMATIQUE DE PHYSIQUE, Préfentés à l'Académie Royale des Sciences par divers Savans, & ls dans fes Affemblées. ÆXTRAITS de trois Lettres de M. BOUILLET, Correfpondant de l’Académie , écrites à M. de Mairan. A Béfers, le 22 Juillet 175 8. 71 L y a quelques jours, Monfieur, que je vous aurois envoyé nos Obfervations aftronomiques, | fr je n'avois voulu auparavant vérifier notre | quart-de-cercle par le retournement, ce que &29 1] nous aurions exécuté, M. Forès, mon fils & moi, avant-hier au foir, en prenant du côté du Nord l'étoileæ Sav. érang. Tome V. . À 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIÉ de la queue du Cygne, qui pafle à un degré quelques minutes de notre zénith, & en prenant du côté du Midi cette hauteur le lendemain ou le fur-lendemain ; mais quoique tout le jour eût été fort ferein & le vent nord-oueft, vers les dix à onze heures le ciel fe couvrit de nuagés, qui ont duré jufqu’à aujourd’hui, mais nous ticherons de mieux rencontrer un de ces jours; & {1 nous réuffiflons, je vous ferai part du réfultat de notre obfervation ; car quoique notre quart-de-cercle, fait par Langlois, muni d’un micromètre & divilé par tranfverfales de minute en minute, & par points de 10 minutes en 10 minutes, ait été vérifié par le renverfement, nous ne fommes pas aflurés qu'il ne haufie ou ne baifle la mire de quelques fecondes: nous ne voudrions pas répondre aufli qu'il ne fe foit gliflé quelques erreurs dans les divifions, ce que nous n'avons pu encore vérifier; enfin nous ne favons pas non plus à laquelle des Tables , ou de M. de la Hire, ou de M. Caffini, ou de M. l'abbé de la Caille nos réfraétions font les plus con- formes; ce qui nous oblige à vous envoyer nos obfervations telles que nous les avons faites & fans aucune correction ; & quoique nous y ayons apporté tous les foins dont nous fommes capables , nous ne répondons pas qu'elles foient toutes d’une égale exaétitude; mais par le moyen des obfervations cor- refpondantes qu'on aura faites à Paris, on pourra juger du plus où du moins de leur juftefle, & corriger l'erreur de notre inflrument s'il haufle ou baiffe la mire. L'expofition de notre maifon au midi étant favorable pour obferver les hauteurs méridiennes, nous en avons profité, mon fils & moi, toutes les fois que nos occupations & la férénité du ciel nous l'ont permis. Nous nous fommes principalement attachés à celles de Vénus, par rapport à fa conjonétion écliptique ui doit arriver en 1761 ; & parce que nous remarquames: d'abord que fa déclinaifon , calculée dans la Connoiflance des Temps, différoit confidérablement de celle que nous obfer- vions, en fuppolant la hauteur de notre Équateur de 464 & 40° ; nous avons aufli oblervé les hauteurs méridiennes. du Soleil & de quelques Étoiles, & quelquefois celles de la DES SCIENCES. Lune. Si nous avions eu un quart-de-cercle mural ou un inftrument des paflages, nous aurions obfervé le moment précis des culminations de Vénus & de quelques Etoiles, ou fi nos occupations nous avoient permis de tranfporter 1e quart-de-cercle au bout de notre terraffe, pour en déterminer, par des hauteurs prifes avant & après la culmination de Vénus ou des Etoiles, le moment précis. Tout ce que nous avons pu faire, avec le fecours de M. Forès, qui sadonne tout de bon à l’Aflronomie, a été de prendre des hauteurs correfpondantes du Soleil, le 17 de ce mois, pour nous aflurer du temps vrai à notre pendule, que nous avons eu foin de régler par les étoiles fur le mouvement moyen, de façon qu'elle marque, à une feconde près, 23h $6' 4" pour la révolution journalière d'une étoile; obfervations que vous trouverez ci-après avec quelques autres que nous avons faites depuis. Le 17 de ce mois, nous primes, avec M. Forès, des hauteurs correfpondantes des bords fupérieur & inférieur du Soleil avant & après midi, pour {avoir de combien notre pendule s'écartoit du temps vrai. Le 17 Juillec 1758 | Haut. appar. du bord | Le même jour avant midi. fupér. du Solcil. après midi. OGM (2 [2 TOO 5822/2240 10. I4 $ 58. 58. o. I. 46. 57: Haut. appar. du bord. infér. du Solcil. 10. 17. 24. 58. 56. o. I. 43. 42. 10-122. 20- 59+ 39. o. 1. 38. 48. En comparant ces obfervations, on trouve que fa pendule avançoit pour le moins de 31 fecondes, & pour le plus de - 38 fecondes ; de manière que prenant la différence & ajou- tant la moitié, on aura 34°+; & ajoutant encore 3"1 pour la correction, il viendra 38 fecondes, dont a pendule anticipoit fur le midi vrai. À i MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le 20 dudit mois, nous obfervames la hauteur HÉLe apparente du bord fupérieur de Vénus, vers les 9" 4 du matin, de 674 18’ 9"; le 22, de 674 3 5' 45": le même: jour, hauteur méridionale apparente du bord fapérieur du. Soleil, 674 1 3° 40”. Nous continuerons les obfervations de Vénus, autant que: le temps & nos occupations le pourront permettre; & après que nous aurons fait le retournement de notre quart-de-cercle,. & vérifié, fi nous pouvons, les réfractions, nous applique- rons la correction néceflaire aux obfervations précédentes. Haut. méridiennes| Haut, méridiennes| Temps du apparentes * [du paflage de à bord fupérieur |du bord fupérieur ANNÉE, du Soleil , de Vénus, fie affctécs affectées de la paral. par le méridien, MOTS PAR TŒUR ECC parallaxe ,| de la réfraétion tiré de la réfraétion & a levis Rd de la Connoïff. de linftrument. | de l'inftrument. des Temps. ERRON E 1757. Octobre 19] 36. 46. 30. | 25. 15. 00 20| 36. 26. 00. | 24. 58. oo. 2 34: 40. O0. 26| 34. 20..00:. 2705550: 521N25-21020; 29| 33. 20. 00. | 22. $4. 00. Novembre 5! 31. 5. 30. 7| 30. 31. 00. | 21. 26. 15. 2. 40.5 So: 4-00 1P2re2 rex 15:| 28. 19. 30. Décembre 4| 24. 37. 40. 712456 DoN|R2 4070 0: D. 10! 23: 58: 40. | 24: 7. 30. 14|°23. 41. 20. | 26. 17. 00. 2%|,25430 100: 22| 23. 30. 10. pD'Elst SACHINEUNNICHENS $ Haur. méridiennes | Haut. méridiennes| T£mps du apparentes d : ne me u. paflage de NNÉES bord fupéricur |du bord fupérieur pra A + du Soleil, de Vénus, Vénus affedées affectées de la paral.! par le méridien, MOIS & JOURS. |& fa parallaxe , ! dela-réfraétion Ne | de da réfraction & : & des erreurs des erreurs [de ft Connoiff. des Temps. de l'inftrument. | de l'inftrument. D. M. S. D. MS 1757. Novemb.23| 23. 31. 00. | 28|.23.-41. 00. |. 31. [N] à (e] a VU) 11758. Janvier 19 Lo OO VO) em mm ND + a % O D La D CN . V9 VA LA Ls h de) Février 6 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 8 PSE TPE EST ANR UT CRETE | Haut. méridiennes | Haut. méridiennes| TEMPS { du apparentes US d ANNÉE bord fupérieur {du bord fupérieur un F ” du Soleil , de Vénus nr | affedées affectées de la paral. | par e méridien , MOIS & JOURS. de Ja parallaxe ,| dela réfraction tiré de la réfration & La Connof & des erreurs des erreurs de finftrument. | de l'inftrument. des Temps. M. S H. M. 15250 MArSve en Lirfeteeeiese ie fo lare S9: 42. 22. ns idhbooloe cetro 59- 36. 30. EE RAS MSIE Ledit jour 21 , le diamètre de Vénus étoit de 45 parties du micromètre, {qui valent 1° 7” de degré: le 27 dudit, un peu avant midi, nous aperçumes Vénus avec la lunette, mais des nuages qui furvinrent , nous empêchèrent d'en prendre la hauteur méridienne. 2101 SO Ee AG: 0IES Ce dent (NS UE) ARR IE HIOE S4+ SUÉAESEN RE SE : ZA cemacdens SO 20; : 17| 57 29. 26. | so. 10: 18. 5 bodies Done 49: 45 18. 3e Die rte0 0.308 48. 53: o. Mai. "MINS 4 0: ET AU 133: DIRAASE ras ete 48. . 3| 62.40. 36. | 48. è Ille... 49 18| 66. 32. 30. | 50 : LOIRE PUISE RAD ol 20. 9-219:M 26 Be eee 24 23, O:. 9.4. M SONGS Po 53-43 30 ON Al EN EE Ce SOM2NUTO: 8. s7.M 106) POIDS HONOR SZ: STI 15- 8. 55-M Ledit jour 1 3, diamètre vertical de Vénus, 4 5” de degré. Co) ENS CE 60. o. o. 21| 70.24, 24 22,70. 24. 24. D ES SCrENCES. 7 RE ANNÉES, | Hauteur méridiennes du bord fupérieur du Soleil, &c. MOIS & JOURS. D. _M. S 1757. Oct. 19/25. 58 o . 46 56. 58 Di des tropiques, 2,3- 261. 29, obliqi de l’éclip. qui,ajouté à la moindre haut, ERP 23: 28, 29 donnes "il 46. 39: 41 pour la haut. de l'Équat. à Béfiers, & par con- pôle de4 31201 y". 1758. Juil. 11/51. 8, o 12146. 33. 30 14137. 22.30 Haut. folft, fi de. } 4135 38 ee déc 1757: ONNOIC.e-E réfra. 2. 28 demi-diam. 1 6. 20 il reftera. . .. 23. 11. 12 Hauteur du centre. 2 À Haut, folft. RAC EE CIO M2AE GER 1758. on Ôte..... réfract. 26 demi-diam. 1 5. 48 ‘ Eauteur # y 3 Miro il reftera.!. (70 821 doprrr Dbrene féquent la haut. du ANNÉES, [Haut méridin.| TEMPS du paffage Mois &sours.| ‘PParentes par de Vénus, &c. le mérid. &c. mes M. EN HO M: de Phomahan. 1757- Déc. 13540 Mol s de la queue | de fa Baleine. DA AIG + 20. 74 haut. mérid. ap. d’Aldebaran, PER EN COUR RE SN CR de l'épaule orient. d'Orion. Mars 1/54 7. 37| €. de Syrius, GB 070 de Procyon. 652. 31. o Avril de l'Épi de Ja m. 6 36.48. o!| 8. 9,36. 48. o | d'A) Gurus, Juillet 11167. 7. 24] 6. 41. S d’Antares, 20. $o. 18 Juin 14. S II SÉRSITUS De ces hauteurs , ayant égard à la ré- fraction & à la déclinaifon de chaque étoile, on, conclura la moindre hauteur ! de notre Équateur, de 464 39° 5", & la \plus grande hauteur de 46% 40° 21". } & ajoutant à la moindre hauteur la moitié de la différence , on aura 464 39’ 430- Q MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE A Béfiers, le 1" Août 1758, \ ous devez, Monfieur, avoir reçu nos Obfervations aftronomiqués, cc. Depuis ce temps, voici ce que nous avons fait, M. Forès, mon his & moi. Le 25 Juillet, hauteur méridienne apparente du bord fapérieur de VÉLO RS Mio AS ÉTÉ O2 72 Son/diamètre vertical de... &. ...,..... o. 0. 39 de deg. Le même jour, haut. mérid.appar. d'Aréurus. , 67. 7. 45: Et colendAnreress nn ee ecrlet eee 20. 49. 42+ Il faut qu'il y ait une faute d'impreffion dans la Connoiffance des Temps, où l'on ne donne que 204 20° de déclinaifon feptentrionale à Vénus le 2 $ Juiliet, au lieu de 214 19' 0", que nous donne notre obfervation, & celle du 26 dudit mois, qui nous donna 634 6° 16" pour la hauteur méridienne apparente du bord fupérieur de ceite planète, & 214 26° pour la déclinaifon feptentrionale. Le même jour 26 Juillet, après avoir calculé fur la Con- noifflance des Temps, les hauteurs méridiennes de Ja luifante de la Lyre & de la queue du Cygne, nous eflayames d'en prendre les hauteurs méridiennes apparentes ; & M. Forès, qui a fort bonne vue, nous dit que la Lyre raloit le fil horizontal du quart-de-cercle, qui donnoit alors 8 $4 1 5” de hauteur apparente, ce qui fe trouva fort approchant de notre calcul : enluite, après avoir tourné le quart-de-cercle vers le Nord & l'avoir placé de façon qu'il donnât 881 44’ de hauteur, nous attendimes, après minuit, que la queue du Cygne culmint; & pour la faire rafer, il fallut haufler le quart-de- cercle de 10 minutes de plus, & qu'il donnât 884 $4+ M. Forès nous dit que l'étoile culminoit, ce qui me fit d'abord croire qu'il s'étoit trompé ; mais le lendemain, ayant calculé, fur fes Tables de M. de là Hire, fur celles des Inf titutions de M. le Monnier & fur le Livre que nous a donné M. l'abbé de la Cuille , la déclinaifon de cette étoile, je trouvai qu'il DE Ss Sc r'EUNrCtENS 9 qu'il y avoit dans la Connoiffance des Temps de cette année une erreur d'environ 10 minutes ; & qu'au lieu de 444 32" de déclinaifon qu'elle donne à cette étoile, il ne falloit que 444 2 s'; laquelle erreur fe trouve auffi dans la Connoif. fance des Temps des années précédentes. Le 28 Juillet, hauteur méridienne apparente du bord fupérieur de AASRL 22.0 001610 OO ER MERS NON ENRRREN 684 17° rise Lemême jour, hauteur méridienne apparente du bord fupéneuride Jupitére EEE RENE TO EURE 21502. OS Le même jour, à 8" 58’ 50” du foir, temps vrai, émerfion du 1.” fatellite de Jupiter, avec une lunette de 2r pieds, ce qui a été le premier coup d’efflai de M. Forès, qui me parut avoir ‘aflez bien rencontré. Le 1. Août, hauteur méridienne apparente du bord fupérieuniden Vénus 1er remet ele NÉ PAR OISE 34+ Où Nous continuerons d'obferver Vénus jufqu’à ce qu'elle ait acquis fa plus grande déclinaifon feptentrionale & qu’elle commence à fe rapprocher de l’Équateur. Nous répèterons auffi un de ces jours les obfervations de la Lyre & de la queue du Cygne, & nous ne manquerons pas de vous en faire part, nous flattant que {es Aftronomes de l’Académie nous feront l'honneur de nous dire leur avis là-deflus & de nous aider de leurs lumières. Sav. étrang. Tome V. : B 10 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OBSERVATION DE CE EEC PPS EP CD ET TDR Faite à Béfiers le 13 Janvier 1759. Pa M. BouizLeT, BARBIER & FoRrès. à lise point du ciel où devoit commencer l'Écliple, n'étant pas vifible de la terrafle contigue à {a falle où font placés nos inftrumens aftronomiques, nous fimes tranfporter des lu- nettes chez M. Forès, où d’une de fes fenêtres on pouvoit voir le commencement de l'éclipfe; & avec deux bonnes montres , nous primes l'heure fur la pendule, que nous avions eu foin de bien régler fur le mouvement moyen du Soleil , nous réfervant de faire après l'écliple des obfervations correfpon- dantes, avant & après midi, pour avoir l'heure vraie au temps de l'obfervation, ce qui fut exécuté avec beaucoup d'exaétitude ; de forte que fi nous avions pu nous fervir de la-pendule, nous aurions eu exactement le temps vrai jufqu’aux fecondes; mais avec nos montres, il nous fallut contenter des minutes, peu sen fallut même que nous ne viffions pas lécliple, car les nuages , répandus en grand nombre dans l’atmofphère, nous déroboient la Lune, & ce ne fut que vers les 6 36° du matin qu'elle s'en dégagea tout-à-fait, auquel temps l'écliple auroit dû commencer ici, fi le calcul du Calendrier de la Cour avoit été exact: mäis avec toute l'attention dont nous fumes capables, nous ne doutames du commencement de l'écliple que vers les 6h 43°, temps vrai, réglé enluite fur la pendule corrigée par des obfervations correfpondantes ; à quoi ajoutant 3° 30” pour la différence des méridiens, l'éclipfe a dû commencer à Paris vers les 6 47’ du matin, comme il eft marqué dans la Connoiffance des 'l'emps de cette année. M. Forès continuant d'obferver, quoiqu'avec peine, à caufe de la clarté du jour & du peu d'obfcurité de l'ombre, nous donna les phafes fuivantes. D'E st S'CTENcCES : UE EE : Vers les 6h 54’ du matin, temps corrigé, Grimaldi dans l'ombre. Vers les 7" 2’, temps vrai, tout Tycho dans l'ombre. Vers les 7h 13’, temps vrai, Copernic dans l'ombre. Peu de temps après la Lune fe cacha derrière les montagnes qui font vers notre couchant. Il nous tardera de favoir fi notre obfervation cadre avec celle des Aflronomes de l’Académie, La veille de l'éclipfe, ceft-à-dire le 12 Janvier 175 9, vers les $" 7’ 47" du loir , nous primes la plus grande hauteur méridienne apparente de l'étoile polaire, que nous trouvamés de 454 20'15",& le lendemain 13 dudit, vers les $° 7° du matin, nous primes la moindre hauteur méridienne appa- rente de la Poire, que nous trouvames de 414 22° 0”; defquelles hauteurs corrigées par la réfraction, on déduiroit la hauteur de notre pôle de 43% 20° 6", moindre de 14" que celle que nous avions établie il y a long-temps par plufieurs obfervations réitérées; mais comme par la hauteur méridienne apparente du bord fupérieur du Soleil, prife exaétement le 12 de ce mois, & trouvée de 254 19° o", on en déduit, après les corrections néceflaires, la hauteur de notre Équateur, de 464 39° 40", nous nous en tiendrons à 439 20’ 20", hauteur de notre pôle déterminé autrefois. Nous avons pris plufieurs hauteurs méridiennes de Vénus, que nous avons continuées jufqu'au 22 Décembre dernier, & que nous communiquerons fi l’Académie paroît le fouhaiter. Bi 32 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ME M.O LI RE SUR LA THÉORIE DE LA COMÉTE DE 17ÿ9. Par M. BaizzY, Garde des Tableaux du Roi en furvivance. | avec liquelle je nv'applique à tout ce quiappartient aux Mathématiques, & particulièrement à l'Aftronomie, m'a fait fair avec empreflement l'occafion d'obferver la Comète, autant que cela ne détournoit pas M. l'abbé de Ia Caille, & que cela pouvoit fe concilier avec la règle établie dans le Collége où il demeure; mais n'étant pas encore affez exercé dans les obfervations aftronomiques pour produire celles que j'ai faites comme des melures exactes, j'ai cru qu'il valloit mieux que je me fervifle de celles de M. l'abbé de la Caille, qui a bien voulu me les communiquer toutes. C'eft donc fur fes obfervations que font établis les élémens de Ja théorie de cette Comiète, dont je me hâte d'apporter les réful- tats à l'Académie, ne defrant rien davantage que de mériter fon approbation. Cette Comète, pendant le temps qu’elle a paru fur notre horizon, qui a été d'environ fix mois, a parcouru plus de 180 degrés dans fon orbite, puifqu'en fe fervant des élémens que j'ai l'honneur de préfenter à l'Académie , on trouve qu'elle avoit 11 204 de longitude héliocentrique vers le 24 Décembre 1758, qu'elle a été aperçue la première fois en Allemagne; & à la fin du mois dernier, dans le temps où vue de la Terre elle n’avoit prefque de mouvement qu'en latitude, fa longitude héliocentrique étoit de 6f 1 84, I n'eft pas füurprenant qu'elle ait été aperçue dès ce temps-là ,. puifque fa diftance à la Terre étoit beaucoup moindre qu'elle m’étoit les derniers jours de Mai, qu'elle fut obfervée au Collége Mazarin. Le 28, fa diflance à la Terre étoit 1,21 2 parties, dont le rayon de l’orbe de la Terre en contient 1000 , & DIE 7 CURE OMS 13 on ne trouvera pour le 24 Décembre que 1,09 $ des mêmes parties : il paroït donc qu'on auroit dû l'apercevoir beaucoup plus tôt fi le temps avoit été plus beau, où plutôt fi 'incer- titude de quelques jours fur le temps de fon paflage au pé- rihélie n’avoit empêché de connoitre aflez exactement fon lieu dans le Ciel * pour difcerner un corps de fr peu d'apparence, & qui étoit privé de la marque diftinétive qui fert d'abord à les reconnoître. On fait qu'un mois de différence eft fort eu de chofe quand on confidère l'efpèce de calcul qu’il faut Pr pour déterminer le temps du retour de la Comète après une f1 longue période; on fait, dis-je, qu'un mois influe beaucoup fur les lieux géocentriques, & fur-tout à proportion de Ia diftance à la Terre. Car fi Von fuppole le paflage au périhélie le 1 $ Avril, tandis qu’il arrivera le 1 3 Mars, & que fur cette fuppofition on calcule le lieu de la Comète le 24 Décembre, il eft clair que non-feulement fon lieu héliocentrique fera très-différent, mais. «que le mouvement direct de fa Terre, & le mouvement rétro- grade de la Comète, qui tendoient alors à les éloigner l’une de l'autre, ont dûrendrelelieu géocentrique encore plus différent. Quoiqu'elle ait été vue fi long-temps , on n'a pas fait, ou du moins on n'a pas encore publié un grand nombre d'oblerva- tions : il feroit à fouhaiter qu'on eût celles qui ont été faites avant fon pañlage au périhélie & à la même diflance que celles qui ont été faites dans le mois de. Mai. Le temps, dans ce mois, a Cté aflez favorable, il a permis d'en faire prefque tous les jours, mais ces obfervations f1 près les unes des autres, ne font utiles que pour vérifier la théorie: il faut pour détermi- ner les élémens qu'elles foient placées dans des temps aflez éloignés pour que l'inégalité du mouvement foit très-fenfible & fafle mieux connoïre la courbe qu'elle décrit, Dans:le nombre des obfervations que M. Fabbé de la Caille laifloit à ma difpolition, j'ai choïli celles du 13 Avril, du a. & du 21 Mai, dont les intervalles font à peu près les mêmes ; mais Ja première chofe dont il a fallu s'aflurer, étois: * La Com£te n'avoit pas de queue, & très-peu de chevelure, B ii] Li 14 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de favoir fi la parabole de même foyer & de même périhélie que l'elliple donnoit des différences aflez confidérables dans les mouvemens héliocentriques. C'eft dans cette vue que la Table fuivante a été drefite. Anomalie vr,| QUANTITÉ dans additive Différence. la parabole. | pour l'ellipfe. Deg. TOUS MINS 90. 11.) 30. ue 1. T2+, 36° FRE : ; as 109 2 SACS 9) 93: LAON PC Sue 94. DÉ-NASS = Te 95: 1710: 5 a 96. 18-1542 Do Ten O Fa 19. 50. cAdtE 98. 2 RSe : * de Te 10e “2 RNA 1210 100. DNA vie IOI DIS 6 ie 102 26. DOME Den F2 Re f 1257 104 AGE AS ele 105. 30. 56. ILE RS | Elle fert d’ailleurs à abréger confidérablement les calculs dans l'ellipfe, qui font aifément fufceptibles d'erreurs, en faifant trouver lanomalie vraie, qui répond à un temps donné par une fimple correétion additive à l'anomalie vraie correfpon- dante dans là parabole; elle s'étend depuis le 90.° degré jufqu’au 105$. ce qui a fufh pour toutes les obfervations faites dans le mois de Mai, H a fallu Avoir enfuite fi l'incertitude d'une révolution pério- dique précife pouvoit influer confidérablement fur 1e calcul es élémens de la théorie de la Comète. Pour cela, en prenant la diftance périhélie qui convient, à très-peu près, à lorbite DES SCIENCES. 15 e la Comète a réellement décrite, j'ai calculé les dimenfions de deux ellipfes, dont l'une feroit parcourueen 27900 jours, & faute en 27535: j'ai calculé en combien de temps Ia Comète parcourroit 1 80 degrés d'anomalie vraie dans chacune, en prenant 90 degrés de part & d'autre du périhélie, & j'ai trouvé que dans la première orbite la Comète auroit employé 97:0308 jours, & dans la feconde 07,0264, de forte que la différence n’eft que de -##- de jour, qui valent 6° 20° de temps; d'où l'on peut conclure, premièrement qu'un an de plus ou de moins fur la révolution périodique qu'on em- ploiera pour calculer les élémens de la théorie de cette Comète, ne peut caufer aucune erreur fenfible ; en fecond lieu, qu’en vain tenteroit-on d'employer les obfervations d'une Comète, qui auroit été vifible plufieurs mois & qui auroit décrit plus de 180 degrés dans fon orbite, pour rechercher par un calcul le temps de la révolution périodique. Quoique fuivant ce que nous venons de dire, il füt affez arbitraire de mettre un an de plus ou de moins fur la révo- lution périodique, cependant comme il falloit en employer une , il n'a paru plus à propos de prendre le tiers de l'intervalle entre les pañlages de la Comète par fon périhélie en 1531 & en 1759 qui fe trouve précifément de 27700 jours. Pour parvenir à la détermination des élémens de la théorie des mouvemens que la Comète a fuivi cette année, j'ai com- mencé par calculer , fur les élémens déterminés par M. Halley, & en fuppofant fon paffage au périhélie Le 13 Mars à midi, quels ont dû être les lieux géocentriques de la Comète, tant dans la parabole que dans l'ellipfe, pour ces trois jours de mes obfervations choifies, favoir ie 13 Avril, le 1.” & le 21 Mai, afin d'avoir, par leur différence, ces réductions approchées qu'il convenoit de faire aux oblervations pour les avoir telles qu'elles auroient été faites fr la Comète eût fuivi une parabole. Ces réduétions font très-confidérables , & elles ne viennent pas tant de la différence d'anomalie vraieentre l'ellipfe & la para- bole, que de l'excès des deux diflances de la Comète au Soleil, 16 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE calculées dans ces deux courbes pour le même intervalle de temps, compté depuis le paflage au périhélie. Aux trois obfervations corrigées de la parallaxe & de l'a- berration de la lumière, j'ai appliqué ces réductions précé- dentes, & je m'en fuis fervi pour calculer la théorie de Ja Comète comme fi elle eut décrit réellement une parabole, J'ai employé les élémens trouvés de ceite manière à recommencer le calcul des réductions, que j'ai trouvés à peu près les mêmes que les premières. J'ai eu pour le 13 Avril*, — 147" 38"en longitude, & — 3° 39" en latitude; le 1.® Mai, + 3427" 12"en longi- tude, &— 14 1° 28"enlatitude; le21 Mai, + 1431° 31" en longitude, & — 5’ 31” en latitude. On voit quele 1.” Mai, cette réduétion eft beaucoup plus forte, à caufe de la plus grande proximité de la Terre. Après avoir appliqué ces nouvelles réduétions aux trois mêmes obfervations, J'ai refait entièrement le calcul des élé- mens, que jelpère, à force de corrections & d'épreuves, avoir mis en état d’être offerts à l'Académie, J'ai trouvé la longitude du nœud afcendant, 11 234 44 5 5”, le lieu du p‘rihélie 10f 34 23" o”; le temps du page, le 12 Mars, 13 22°, temps moyen; le logarithme de la diftance périhélie, 9,765176; & l'inclinaifon de l'orbite, az ane. | J'ai calculé dans l'ellipfe toutes les obfervations qui ont été faites au Collége Mazarin, j'en ai dreflé une Table qui eft à la fin de ce Mémoire, où l'on trouve la comparaifon des lieux obfervés aux lieux calculés: les différences ne vont guère au-deffus de 2”, & ne font fouvent que de quelques fecondes. Elles font plus confidérables dans la latitude, & cela ne paroîtra point extraordinaire à ceux qui favent combien il eft difficile de déterminer la durée du paflage de corps aufli mal terminés que les Comètes, entre les fils du réticule. Ces erreurs * Ces quantités font applicables aux Jongitudes & aux latitudes obfervées, pour les réduire aux fongitudes & aux latitudes qu’on eût oblervées ff la Cométe avoit décrit une parabole, {ont D'E si SCAN EN oies T7 Sont moins fenfibles dans d'afcenfion droite, parce qu'il et plus aifé d'eflimer le milieu du paflage, mais elles portent toutes entières fur la déclinaifon, & il n’eft pas rare de voir plufieurs minutes de différence dans la latitude d'une Comète, prife au même inftant par deux Obfervateurs différens. J'ajouterai fur les élémens que n'ont donnés mes calculs, qu'ils ne peuvent pas différer fenfiblement des véritables, puif- qu'ils donnent les lieux obfervés à fi peu près. Je me fuis {ervi, pour les déterminer, de la méthode de M. l'abbé de la Caille, rapportée dans les Mémoires de cette Académie, année 1746 ; mais pour employer l'obfervation du 13 Avril, il m'a failu fubftituer à la diftance accourcie du Soleil, dont il eft enfeigné qu'on doit fe fervir, l'angle à la Comite, réduit à l’écliptique entre le Soleil & la Terre. Cette füubftitution eft fort commode, & même néceflaire, toutes les fois que cet angle eft d'environ 90 degrés, parce qu'alors les finus croiflent fort lenternent, & que pour faire varier la diftance accourcie , il faudroit la fuppoler plus grande qu’elle ne peut être par ces conditions du problème, fans compter l'incertitude du figne, qui ne laifle pas diftinguer fi l'angle eft aigu ou obtus. Cette fubftitution nYa été indiquée par M. l'abbé de Ia Caille; il a eu la complaifance de faire le double de mes calculs, afin qu'après les avoir comparés je pufle être plus für de leur exaclitude. Il voudra bien me permettre que je faififfe ici Voccafion de lui marquer publiquement ma reconnoiffance : depuis que je me füis appliqué-à l’Aftronomie, j'ai trouvé chez lui tous les fecours qui n''étoient nécefaires : l Académie reconnoftra avec plaïfir fon amour pour les Sciences, & c'eft à cet amour, qu'il porte à tous ceux qui les caltivent, que je dois ce que je n’aurois jamais efpéré mériter. Il ne sagiroit plus, pour donner à ces élémens toute fa précifion dont ils peuveut être fufceptibles, que de les com- parer à d'autres Obfervations faites dans des temps & par des Cbfervateurs différens. On n’a encore rien publié là-deffus, & mon emprefement de faire hommage à l'Académie de Jar. étrang. Tome V. IC 18 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE mon travail, ne nia pas permis d'attendre plus long- temps. Mais ce que j'offre auiourd'hui pourra avoir du moins cette utilité, d'abréger les AIO de ceux qui entreprendront le même ouvrage fur des Ob! ervations multipliées &c qui auront toutes les Conditions néceflaires. Re A SRE SRE SRE EE RE ER ACER TEE | Femps moy Loncin nel LONGIFUDE | LATITUDE | LATITUDE LS obfervée: calculée, ra obfervéc. calculée. pren | malo D ms |M 5 | Dam | D MS Avril, auftrale. 13- 16. 12. | 10. 20. $1+ 42» LO.. 205 $3. 49. |—2. 07. | 2. 8: 27. | 2. 7: 20 Mai. 1e Mon23 ls 22-81-40")M50 22720 5402; 06. |13:1. 26. 32. |31: 28. à CT NE AAC ERNST AEURE 56. |+o. 14. |26. 47. 5. |26. So: 527 HeNBreso— ste St: Se 14e 14 $e |—o. 30. |23. 41. $5. |[23. 43. 59 6, 9. 40. $+ 12: $0: 14e $- 12. $1.26. |—1. 12. |22. 26.20. |22. 29, So CONTE PE PAL DD ou DEL DE CON ES CE LCR LS CS re 9. ge 1] $e 10.332 5e | 5-10. 33-32. |-Fo.27. |19.,49c45. [19 52: 6% 12. 9.38. | 5e 9.10. 40. | Se +11. s7=|+1..172118: 2. $. |18. 3: 47+ 14. 8. 53e | 5+ 8:31. 20. | 5. 8. 36. 322 |1.12. [ue 8. 25. 17:10: 15. 18. ge 2. | 5e 821. So. || 5- 8.22. 17. |-o. 27. | 16. 46. 20. |16. 47. 30+ ténor 37e lise 8840. hS.1 8 ho 52e Eprere. |16. 2233 |100 25%" 6 Palo no Se 70 Be 70 no ETES NINE "ES SENTE 2849 1185 110.0 10. .|lL5. 47-5020 Se 7. $1. 34. |—r. ne lis. 46 229 |. 48. 435 20. 9.29: | $+ 7: 38.20 Se 7e 39- 9. Vpo.ggs 19216: 18. |ns.-17. 58 SE 217. 9. 59 $S+ 7- 35-22 Se 7 34 43» |— 0. 39+ | 1S. 4 Oo. |15 3: 433|—0 22. 9.49: | 5 7: 31-25 $+ 7- 31+ 0. |— 0.25. | 14:49. 30. [14 50. 52 23. 9. 56. | 5 7- 28.42 Se 7-28: 20. |—0..22. |14437- 10. | 14. 38: 46 24. 9.30+| 5- 7- 26. $2 $- 7-26. 34. |o. 2. 14.26. 56. | 14. 27. 49% 2$- 9. 49-|. 5- 7-24: 46. | 5. 7-25. 44 |+o 58: |14: 16. o. |14. 17. 5. 26. 9.53 $+ 7-24: 30 $>+ 7: 25° 23: |—o0. 7e |14 172 7e pliée 7e 3° 27. 10, 1e | 5: 7e 25-530 [05507 ar 46. |—0. 7.13: 57. 28. |13: 57- 44> 28 10 ÿ.. 712632 Se 7: 26. 36. |—o0. 4. |13.49. 0. 13.481 58. D'EUS PUSVCUI ENNI CES, 19 M É MOIRE SU R'ELCETHER "MARIN. PREMIÉRE PARTIE. Par M. le Marquis DE COURTANVAUX. È 'ÉTHER MARIN, qui eft l'objet de ce Mémoire, n’eft pas une découverte que j'annonce comme nouvelle; on trouve dans plufieurs Auteurs des procédés qui en démontrent la pofbilité *: on la même défigné fous le nom d'huile ou de naphie. Je n'indiquerai que quelques-uns de ces procédés, en citant les auteurs qui fes ont donnés. C'eft d'après ces auteurs & mes tentatives particulières que je fuis parvenu à faire de léther marin à a pinte. Ce qui me paroit avoir retardé Îles Chimiftes dans leurs ‘expériences fur l'éther marin, c'eft le peu de fuccès qu'ils ont eu en traitant l'efprit de vin & l'efprit de {el fumant ; le peu d'action de l'efprit de fel fur l'efprit de vin & Ia volatilité des matières qui ne prennent pas un degré de chaleur affez fort pour que la combinaifon fe fafe , en font la principale caufe, & jai même tenté plufeurs fois cette expérience fans fuccès. Glauber donne quelques procédés par lefquels il a obtenu une huile très-odorante & bien pénétrante: fi le fait eft vrai, ce ne peut être que de féther. Je nai point répété ces -expériences. M. Pott, dans fon Mémoire fur le mélange de l'acide vi- äriolique & du fel ammoniac, inféré dans l'Hiftoire de l Acadé- mie de Berlin (1752, page 6 1), dit: « filon prend de l'efprit de vin Je mieux rectifié, deux jufqu'à trois parties, ou même davantage, qu'on le mette dans un vaifleau & qu’on diflie du fel ammoniac & de l'huile de yitriol fans eau, d'efprit de fel fumant dans cet efprit de vin plus reifié, cela # Comme on y trouve celle de l’éther vitriolique & de l'écher nitreuxe C ji 30 Avril 1762: > Ÿ > ÿ » $ 1€ 260 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE donnera un efprit dulcifié de fef très-pénétrant. Il dit, quelques lignes plus bas, que fi on fépare l'acide groffier par un fel alkalin,.. cela produit une forte de naphte de fel ». L'auteur ne donne point les dofes de-fel ammoniac nid’acide vitriolique qu'il a employées, ce qui efl d’une conféquence très-grande dans ces fortes de procédés : il°ne dit pas non: plus, qu'après avoir faturé fa liqueur d’atkali fixe il ait mêlé cette efpèce d’éther à de l'eau pour voir sil nageoit. On trouve dans fa Differtation fur l'efprit de fel vineux, où il parle d'un même mélange, qu'il met fept à huit parties d'efprit de vin dans le récipient, & dans une cornue tubulée quatre parties de fel ammoniac & deux parties d'acide vitriolique, il fait difliller l'efprit de fel fur l'efprit de vin. Ce procédé eftle même que le précédent, la différence peut être dans la quantité de l'efprit de vin. M. Ludolf, dans fon Cours de Chimie, chap. X1,p. 10743. s'exprime de la manière fuivante fur l'éther marin ; saplte ou. ler marin. « Comme pour obtenir de l'éther il faut employer des acides très-concentrés, on 4 eu jufqu'ici beaucoup de peine à obtenir un éther de fel marin: on féroit tenté de croire que l'on pourroit s'en pafler, ayant déjà l'éther vitriolique & l'éther nitreux ; mais comme ces deux éthers différent par le goût & par l'odeur, & comme cette différence vient de a diverfité de Ja nature des acides, c'eft-à-dire de la nature du foufre : avec lequel chacun d'eux eft combiné, il s'enfuit que l'acide du fel marin (que nous avons dit ci-devant différer des autres acides par un foufre métallique) doit donner un éther difié- rent ; la feule difficulté eft d'obtenir cet acide parfaitement concentré. J'ai fait ufage des plus grands récipients ; J'ai mis du fel marin décrépité dans un matras, j'y luttai un chapiteau. garni d'un bouchon de verre bien ufé; l'un des récipiens avoit une tubulure pour en recevoir un autre: le tout étant bien lutté, je mis trois livres d'huile de vitriol blanchi fur quatre livres de fel marin décrépité, mais les vapeurs ne vou- lent point fe condenfer; elles pafsèrent par les luts, &'le: Dre S S'C-T'ENN'CE S 21! eu de liqueur fluide qui fe condenfa, étoit gâté par le lut u’elle avoit diffout. Je mis dans le récipient de l’efprit de vin bien rectifié, & je crus que l'acide s'y condenferoit, mais Yacide pafla toujours au travers des jointures, & l'efprit de vin n'étoit guère augmenté de poids. Voici la feule manière qui n'ait fait obtenir un peu d’éther : je mets dans une retorte deux livres de fel marin décrépité ; je verfe par-deffus une livre d’efprit de vin reétifié; je laiffe le tout en repos pendant quelques jours, au bout defquels j'y ajoute une livre d'huile de vitriol blanchi; je fecoue le tout fortement; j'adapte un grand récipient, & je diftille très- doucement d'abord, en donnant un feu violent à la fin jufqu’à ficcité : par-hà je trouve quelquefois une très-petite quantité d'éther nageant à la furface, mais fouvent je ne trouve rien du tout; mais je fuis obligé d'y verfer gouttes à gouttes de l'huile obtenue dè la chaux par le fel ammoniac, alors il fe forme à la furface une portion d’éther affez fenfible. On voit donc que la diflillation au feu fait perdre une grande quan- tité de l’éther. J'ai indiqué dans ma Chimie viétorieufe, une autre manière: d'obtenir l'éther marin: pour cela, on met dans une retorte deux livres de beurre d’antimoine; on verfe par-deflus une livre d'efprit de vin très-redifié ; on laïfle le-tout en digeftion pendant quelques jours, en bouchant bien les vaifleaux, &: alors on diftille ; ce beurre: contient non-feulement un acide: du fel très-concentré, mais encore il s'en désage facilement à l'aide de Lefprit de vin ». On voit, par les deux expériences que M. Ludolf propofe, qu'il a obtenu de léther. Quant à la première, qui eft fa diftillation du fel marin, de f'acide vitriolique & de l'efprit de vin mis enfemble, l'auteur a mal obfervé ce qui-fe pañle : P & quand il auroit obtenu de l'éther, il ne peut pas dire que: ce foit de léther marin, du moins il ne feroit pas feul, ce: feroit, pour la plus grande partie, de l'éther vitriolique. Il ne dit pas un mot de la couleur de la liqueur ni du caput mortunr: L'auteur. françois de la-Differtation fur Féther , rapporte ce: C ü, A ñ An # An n n n « A n A ñ An ñ A A n A n « 22 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE même procédé (qu'il donne comme de Jui) : il n’a pas mieux obfervé que Ludolf: ce procédé, que j'ai répété, m'a prouvé qu'il eft infufhfant pour démontrer la poffibilité de l'éther marin, puifque le peu d’éther que l'on peut obtenir eff prefque tout dû à l'acide vitriolique, pour ne pas dire tout entier ; les preuves de ce procédé que je pourrois rapporter me jet- teroient dans une difcuflion critique qui feroit ici déplacée. La deuxième expérience de M. Ludolf, qui eft avec le beurre d’antimoine, donne bien à la vérité une très- petite quantité d’éther, encore faut-il opérer avec bien du foin pour lavoir; fouvent on n'a rien. L'expérience fuivante, qui eft en partie celle dont je viens de parler, eft plus füre, fur-tout fi on cohobe. J'ai dit, il ya un moment, que l'on trouvoit dans quelques uns de ces mêmes auteurs cités , des procédés qui font plus propres à démontrer la poffibilité de l'éther marin : M. Pott me fournit deux exemples dans fa Differtation fur l'efprit de fel vineux; de premier eft deux parties de (el bien concentré, une partie de beurre d’antimoine & deux parties d'efprit de vin. Il re- commande de diftiller ce mélange au bain-marie, il faut au contraire le diftiller au bain de fable. La deuxième expérience eft le mélange des parties égales de liqueur fumante & d'efprit de vin, qui m'a toujours donné de l'éther, mais peu, eu égard aux expériences que j'ai faites, en augmentant la liqueur fumante. Je vais entrer dans ce détail. J'ai fait différens mélanges de liqueur fumante & d'efprit de vin à différentes dofes , j'ai toujours obtenu de l'éther, mais à des quantités différentes ; les réfidus n'ont prefque pas de couleur à des poids égaux ; ceux où la liqueur fumante eff à une partie & demie contre une d'efprit de vin, ou deux parties de liqueur fumante contre une d'efprit de vin, rendent le réfidu plus coloré & léther bien plus abondant, On fait que la liqueur fumante tient en diffolution une cer- taine quantité d'étain, ce qui fert d'entrave à une partie de Yelprit de fel & l'empêche d'agir fur lefprit de gÿjn; mais DES SC I-ENNICNEUS 2 auffi cet étain donne à la liqueur fumante un plus grand poids, une denfité plus confidérable, ce qui fait qu'elle acquiert dans la diftillation de l'éther un plus grand degré de chaleur que par l'efprit de fel, ce qui concourt plus vite à la décompo- fition de lefprit de vin, & conféquemment à la formation de l’éther. On fait que l'efprit de vin mefuré ou pefé fait une grande différence; une pinte de cet efprit ne pèle qu'environ vingt- fix onces, poids de marc, & cette même melure contient trente-deux onces d’eau. Je n'ai dans les expériences fuivantes employé l'efprit de vin- qu'à la mefure, & la liqueur fumante au poids, perfuadé , par fes expériences précédentes, qu'en augmentant la dofe de la liqueur fumante, je parviendrois à une décompofñtion de Fefprit de vin; & que plus cette dé- compofition feroit abondante & prompte, plus auf j'en obtiendrois, comme on en obtient par l'acide vitriolique. IE eft néceflaire que je rapporte le procédé que j'ai employé pour faire la liqueur fumante ; c'eft celui de Stalh: étain quatre onces, mercure cinq onces. On fait fondre l'étain dans une cuiller de fer; l’étain fondu, on ajoute le mercure; l'amalgame faite, on le verfe dans un mortier de fer ou de marbre; après: qu'il eft refroidi, on le met en poudre, en y mélant neuf onces de mercure fublimé corrofif en poudre fine; on broye bien le tout, on le met dans une cornue de verre, & on en fait la diftillation fuivant l'art. C'eft d'une liqueur fumante faite fur ce procédé que je me fuis fervi dans mes expériences : je n'entre point dans le détail de tous les phénomènes de la diftillation de la première expérience qui fuit, car les phénomènes font à peu près les mêmes que ceux de la deuxième expérience, É GuPhÉ.RN EI ELN: CUE L Liqueur fumante deux livres & demie, efprit de vin une pinte; les liqueurs mélées enfemble fuivant l'art & avec les précautions qui feront décrites dans la féconde expérience ,. foit pour l'attention dans le mélange, foit dans l'appareil-des: 34 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’ACADÉMIE vaifléaux, foit enfin dans l’obfervation : la feule différence dé cette opération à celle qui fuit, eft que dans celle-ci le pre- nier ballon n’a pas été placé dans une terrine, ce qui a empêché de mettre de la glace autour, on seft contenté de ferviettes tempées dans un mélange de glace pilée & de fel ammo- niac; eette opération a été finie en deux heures & demie au plus. La liqueur des deux ballons, vidée & mife dans un flacon, pèle dix-neufsonces ; il ne nage pas d'éther. J'ai 2 ajouté trois onces d'eau, pour lors Féther seit bien partagé : J'ai retiré quatorze onces d'éther par ce procédé, quantité plus confi- dérable que par des mélanges à poids égaux d'efprit de vin & de liqueur fumante: cette expérience ne me donnant pas d’éther, tout nageant dans les ballons, me fit foupçonner que la liqueur fumante n'étoit pas encore en afiez grande quantité, ce qui m'engagea à faire l'expérience fuivante, en employant une ee long & affez gros pour faire l'eflet d'une alonge; précautions que je fuis obligé de prendre, quand mes cornues font trop petites, pour éviter la chaleur qui peut faifir mon premier ballon. Sans toutes ces précautions on perd beaucoup. ERSBMEMROTMEMNECE MINI: Prenez une pinte d'efprit de vin ; mettez-là dans une cornue de verre d'environ quatre pintes; verfez par-deflus peu à peu, à différentes reprifes & de fuite, trois livres de liqueur fumante de Libavius, ayant foin. de remuer chaque fois la cornue pour favorifer l'union des deux liqueurs; chaque fois que l'on verfe la liqueur fumante, il fe fait une efpècé de fifflement , accom- pigné d'un grand bouillonnement avec Pie il fort pour lors béaucoyp de fumée blanche par de col de la cornue; c'eft de la liqueur fumante mélée d'un peu d'efprit de vin qui eft en ‘xpanfion. Ce mélange na paru s'échaufler auffi fort que celui de Facide vitriolique & de l'efprit de vin; la cornue acquiert un tel degré de chaleur, qu'à peine peut-on la toucher. La liqueur fumante que lon verle fur l'efprit de vin ne gaange rien à la tranfparepce; le mélange, achevé en 1. à UX x De :s2 Sicur Ein alEts 2 dix minutes, a pris une belle couleur d’ambre aflez forte. J'ai placé ma cornue fur un bain de fable échauffé à peu près au même degré que le mélange: j'ai pouffé le feu vive- ment pour faire bouillir la liqueur, & j'y fuis parvenu au bout de dix à douze minutes. “aliliai adapté à la cornue deux ballons, dont un à double bec, pour recevoir le fecond ; je me fuis fervi de lut gras recouvert d'une bande de linge enduite d’une couche de chaux vive & de blanc d'œuf : le fecond ballon a une tubulure en place d'un petit trou; & cela pour deux raifons, Ja première pour donner de fair aux vaiffeaux, & la deuxième pour appliquer une veflie à cette tubulure. J'ai placé mes deux ballons dans deux terrines fur des ronds de paille faits de nattes treffées, où ces ballons font fixés pat une corde en croix attachée à [a terrine: on ne les place ainfi que pour les entourer dans leur plus grande partie de glace pilée, dans laquelle on peut ajouter du fel ammoniac en poudre pour occafionner un plus grand froid, ce que j'ai pratiqué dans quelques expériences. J'ai auflr tenu ce premier ballon enveloppé, dans fa partie fupérieure, de férviettes trempées dans un même mélange de glace pilée, d'eau & de fel am- moniac, ayant foin de renouveler les ferviettes toutes les trois à quatre minutes, toutes ces précautions ne fervant qu'à con- denfer les vapeurs & à perdre le moins qu'ilelt poflible. Quand je n'ai pas employé ces moyens, j'ai trouvé une difKrence très-marquée pour les produits: de plus, cet appareil empêche d'ouvrir le foramen ou la tubulure auffi fouvent qu'on eft obligé de le faire; bien éloigné fur cet objet de penfer comme certains Chimifles, qui traitent les précautions de minuties, abandonnant ce détail au commun des Ariiftes, J'ai dit plus haut que la liqueur de la cornue à bouilli dix à douze minutes après avoir été placée fur le bain de fable; Ja liqueur alors diftille très- bien ; il paroît fort peu de vapeurs dans le ballon , & les flries qui {e raffemblent dans le col de fa cornue, font des ftries inégales, qui à la vue paroiflent hüileufes. Le feu étant toujours. continué vivement, toutes les fois que Sav, érrang. Tome V, F : 26 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L' ACADÉMIE l'on donne de Fair ils pouflent vivement, les premières fois: ne répandent qu'une odeur d'efprit de vin: j'ai continué d'en vider l'air; j'ai même mis auprès des ballons du feu dans des poëles de fer, afin de les bien chaufler pour aider à le vider : lorfqu'ils font bien chaufés, & qu'il a paffé environ deux onces de liqueur dans le premier ballon, on bouche la tubulure du fecond avec un bouchon de liége; c’eft alors que j'ai mis læ glace & les ferviettes autour de mes deux ballons. De cette: manière, je fais en grande partie ma diftillation fans être obligé d'ouvrir fi fouvent, & fuis même en ctat d'évaluer ce qui fe perd, en appliquant à cette tubulure une veffie bien ficelée , débouchant & rebouchant mon vaifleau à volonté; je retiens par ce moyen ce qui fort des vaiffeaux , & je puis changer de veflies autant de fois qu'il eft néceffaire, ce qui me met en: état d'évaluer à peu près la perte. La liqueur qui diftille, continue à faire des ffries, & on: voit très-diftinétement deux liqueurs qui paflent; lune, qui: eft en petite quantité, fait de petits globules huileux, la liqueur de la cornue paroït un peu plus épaifle; il y a beaucoup de- vapeurs blanches dans tout le vide de la cornue, dans fon col & dans le premier ballon ; il en paffe même quelque peu dans le deuxième: la liqueur de la cornue a prefque la: couleur de la biére rouge: Le feu toujours continué & la liqueur toujours bouillante, . on a été obligé d'ouvrir plufieurs fois la tubulure du deuxième: ballon : environ: une heure & demie après que la cornue eft fur le feu, les ftries qui: fe forment dans le col ont l'air plus: huileufes , & c’eft alors que les giobules huileux qui pañient font plus gros & en plus grande quantité. Dans le fecond ballon , il. peut y: avoir quatre à cinq onces: de liqueur; la liqueur de la cornue a pris plus de couleur;. cette liqueur s'épaiflit un peu davantage. Deux heures après que la cornue a été mife fur le fable, les vapeurs ceflent dedans ; jai remarqué qu'il fe forme à cette liqueur, quoiquà un degré d'ébullition ordinaire, des bulles qui augmentent aflez vie pour fuire craindre que le réfidu ne monte, Quand ces. DES SCIENCES. da bulles paroïflent, il faut ôter tout le feu & laifler les portes du fourneau ouvertes ; on eft même obligé, pour prévenir cet accident, de déranger le fable qui eft autour de la cornue: dès que la matière ceffe de monter, on rapproche le fable & on l'éloigne alternativement; cette chaleur fuffit pour faire encore paffer un peu de liqueur où il paroît toujours des glo- bules huileux. Souvent la chaleur du fable eft affez forte pour faire pañler le réfidu dans le premier ballon; c'eft ce qu'on doit éviter , foit en Ôtant le feu plus tôt, foit en le modérant fur la fin ou en foulevant la cornue au-deflus du fable. ; A ce point de diftillation , le réfidu eft prefque de la couleur du fucre cuit au caramel; cette opération dure environ trois heures, mais on peut la faire en moins de temps, cela ne dépend que du degré de feu. Les vaifleaux refroidis étant délutés & les liqueurs des deux ballons étant mélées enfembie, l'éther s'eft trouvé nageant ; il ya au-deflous un peu de liqueur : Je tout pèfe dix - neuf onces fix gros. La liqueur qui eft fous l'éther étant féparée , pèle une once; Yéther pèfe une livre deux onces fix gros non purifié. J'ai aperçu dans le premier ballon, fous l'éther, un peu de liqueur, qui formoit en partie une criftllifation rangée en rayons partant du centre : ces criftaux font très-minces & d'un goût acerbe ; c'eft un beurre d’étain. Le réfidu que nous avons dit être prefque de la couleur de fucre cuit au caramel, pèfe deux livres quatorze onces; ce réfidu eft fi dur qu'il faut un marteau pour le caffer. Le réfidu des mélanges de deux livres & demie de liqueur fumante fur une pinte d’efprit de vin, préfente dans la diftillation, des phénomènes différens de ceux faits à poids égaux de liqueur fumante & d'efprit de vin : les réfidus de ces derniers mélanges ne montent pas dans da diflillation comme les autres, & ils font bien moins colorés. RECTIFICATION de l'Éther. Deux livres d'éther, produites des deux opérations précé- dentes , ont été mifes dans deux flacons, ont été placées dans D j 28 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE deux terrines féparément avec de la glace pilée & de l'eau ; afin de les rafraichir: on a mis dans ces flacons, à différentes eprifes, de l'huile de tartre par défaillance , afin d’abforber tout l'acide furabondant à Féher ; chaque fois qu'on en met il fe fait une vive eflervefcence,, il fe précipite une matière blanche, & cela après que l'on à mis plufieurs fois de l'huile de tartre par défaillance. Le précipité paroït dès les premières fois; Ja liqueur et fi acide qu'elle le rediflout : enfin ce précipité eft très-abondant & blanc, & on eft obligé d'en ôter une partie par le moyen d'un fiphon à huile effentielle ; pendant l'effervefcence, l'éther pouffe vivement le bouchon du flacon, il faut le bien ferrer ou le tenir avec la main, afin de l'empêcher de fauter; car s'il venoit à fauter on courroit rifque d'en perdre une grande partie qui fort pour lors avec bruit, formant un jet du diamètre du col du flacon : il eft cependant néceflaire de donner de l'air de temps en temps à fon flacon, mais avec précaution ; on continue , comme nous l'avons dit, de mettre peu à peu de l'huile de tartre par défaillance & d'agiter le flacon jufqu'au point que l'acide furabondant foit tout ablorbé, ce qui fe connoit en trempant dans cet éther un morceau de gros papier bleu à fucre; sil ne rougit plus, c’eft une preuve que l'acide furabondant. ef abforbé. Pour bien féparer ce précipité, on eft obligé d'ajouter un peu d'eau ; Péther des deux flacons mêlé enfemble & bien partagé de la liqueur qui eft deflous & du précipité, pèle une livre deux onces : on voit que la perte elt très-confidérable, & ce par la grande quantité de beurre d'étain ou de liqueur fumante qui eft uni à l'éther, qui ne fe partage point par Veau, du moins l'eau mêlée à cet éther ne blanchit point, ce qui eft une preuve qu'elle ne précipite point cet. étain uni à l'efprit de fef: l'eau enlève cependant à Féther non purifié une portion de cette furabondanee d'acide, où plutôt de beurre d'étain, puifqu'elle fait effervefcence avec l'huile de tartre & qu'il fe fait un précipité. On peut encore débarraffer l'éthex d'une grande partie de ce beurre d’étain, en le reGifiant feul,. ce qu'il {eroit avantageux de pratiquer quand on en a quatre DES: SCIENCES. 29 à cinq livres de non purifié, en employant le même appareil de vaifleaux qui a fervi à le faire. L'éther qui eft ainfi purifié avec de Fhuile de tartre par défaillance, a befoin d'être reétifié; j'ai fait cette rectification au même appareil qui a fervi à le faire: j'ai fait cette rectifi- cation au feu de charbon, que l’on ménage à volonté en l'ôtant quand on veut: j'emploie deux ballons , parce que l'éther le plus pur eft toujours celui du deuxième , que j'ai foin de mettre à part pour des expériences de comparaifon aux autres éthers, Je n'entre point dans le détail de ce qui fe pañe dans cette rectification, elle eft très-femblable à celle de l'éther vitriolique , il eft au moins aufii volatil, REMARQUES. J'ai remarqué que ce mélange de la liqueur fumante avec Tefprit de vin, s'échauffe au moins auffi fort que celui de Pacide vitriolique avec l'efprit de vin, il fe fait également un bruit, une efpèce de fiflement, accompagné d’un bouillonne- ment aflez vif: ce mélange prend. une couleur d’ambre fi-tôt qu'il eft fait, quoique l'efprit de vin foit bien reétifié & la liqueur fumante bien claire & fans aucune couleur. Tous les autres mélanges de liqueur fumante que j'ai faits avec l'efprit de vin, à poids égaux, ou avec une partie d’efprit de vin fur une & demie de liqueur fumante, ne prennent pas de couleur: deux parties de liqueur fumante fur une partie d'efprit de vin, prend une couleur à peine remarquable, fou- vent même elle n'en prend pas du tout. On entretient toujours la liqueur bouillante, fans danger, juqu'à la fin de l'opération; on s'aperçoit qu'elle finit à l'épaife fflement que prend le réfidu, ainfi qu'a la chaleur, à une quantité de vapeurs qui pafient même dans les deux ballons, que lon doit regarder comme une grande partie de beurre d'étain, & aux bulles qui fe forment à la furface & qui commencent à s'élever: pour lors il faut ôter le feu, & même D ïj 3o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE le fable qui eft autour de fa cornue; le réfidu monte, mais moins vite que celui de l'éther vitriolique. J'ai dit qu'il pañle de l'huile, il en pañle en effet, mais moins abondamment que dans l'éther vitriolique, cependant on peut en avoir une certaine quantité en ceffant le feu plus tôt & en vidant les vaifleaux. En continuant le feu, on a de T'huile citrine de bonne odeur , que l’on peut purifier avec de l'huile de tartre par défaillance ; on la rectifre même fr l'on veut. Où obtient plus où moins d’éther, fuivant que l'on procède dans l'appareil de Y'opération : avec un feul ballon on a bien moins d'éther qu'avec deux, fr on obferve bien toutes les chofes que j'ai prefcrites. J'ai encore deux mots à dire, favoir de bien chauffer les deux ballons, en promenant autour des capfules ou poëles de fer pleines de charbon allumé; par ce moyen on fait fortir Fair des deux ballons & de la cornue: la liqueur qui diflille, qui n'eft qu'une portion d’efprit de vin, fe répandant dans les deux ballons, raréfie & concourt à faire vider fair; pour lors je bouche mon dernier ballon & je les laifle refroïdir quelques minutes pour les entourer de glace. On voit, par cet appareil, que je dois ouvrir bien moins mes vaifleaux , que ce n'eft qu'après bien des expériences réi- térées que j'ai préféré tet appareil à tout autre, par les diffé- rences fenfibles que j'ai obfervées. L'appareil des deux ballons eft celui que M. Rouelle emploie depuis près de vingt ans dans fes Cours particuliers & au Jardin du Roi. . Nous avons dit qu'il s'étoit trouvé dans le premier ballon, fous l'éther, environ une once de liqueur, & qui étoit en partie crifallifée & rangée en rayons qui partent du milieu de la liqueur : ces criflaux ne font que de l'efprit de fel uni à l'étain, qui rougifient le firop de violette, font eflervefcence avec les alkalis fixes, & donnent un précipité blanc qui eft de l'étain; ce qui démontre qu'il pañle du beurre d’étain. On a vu, en parlant de la purification de l'éther, la grande quantité de précipité blanc d'étain qui fe fait, qui eft accom- pagné d'une vive effervefcence : que dans les commencemens ge précipité eft rediflout par la furibandance d'acide & qu'if DES SCIENCES. 31 pañle une aflez bonne quantité de liqueur fumante: on n’en fera pas cependant étonné, vu la grande volatilité de la liqueur fumante, celle de lefprit de vin, le degré de chaleur que prennent ces deux matières dans le mélange & celui qu'on leur applique en tenant le mélange toujours bouillant; c'eft fur-tout vers la fin que le réfidu prend une confiftince plus épaifle, par corféquent il acquiert un plus grand degré de cha- leur, ce qui fait paffer du beurre d'étain. Je fuis perfuadé que trois livres de liqueur fumante font trop pour une pinte d'efprit de vin, & je me fonde fur ce qued'éther non purifié en contient une fi grande quantité: il faut ajouter cinq à fix onces d’efprit de vin mefuré, ou ne fuivre que la première expérience, favoir, “deux livres & demie de liqueur fumante fur une pinte d’efprit de vin. Je fai bien qu'il refte encore quelque chofe à dire pour déterminer abfolument une dofe bien jufte de ces deux liqueurs, quoique j'aie fait bien des expériences fur cette matière, que je fapprime, & qui demanderoient plufieurs Mémoires ; les deux procédés que je donne en fourniffent abondamment, J'ai dit au commencement de ce Mémoire , que le beurre d'antimoine étoit auffi propre à démontrer la poffibilité de l'éther marin; céla eft vrai, mais il faudroit des quantités de beurre d’antimoine plus grandes que celles que Ludolf a employées, fs on vouloit avoir une certaine quantité d'éther; il faut de plus des manipulations particulières : 1e beurre d’antimoine a: bien une furabondance d'acide, mais-elle eft bien moindre que celle de da: liqueur fumante, ce qui la rend moins propre à faire l'éther ; le beurre n'étant pas tout mifcible à l’'efprit de vin, il ne prend qu'une légère chaleur, c’eft d'où dépend tout le fécret d'en avoir plus ou moins. J'ai rapporté une expérience de M. Pott fur le beurre d'anti- moine, il met-une addition. d’efprit de fel à ce beurre , il de- vient plus propre à faire l'éther. On peut encore donner au beurre d'antimoine une furabondance d'acide, en le mettant au point d'être fluide; il approcheroit par ce moyen de l'état de la liqueur fumante. Le réfidu de l’éther marin par le beurre d’antimoine, fuivant: 32 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Ludolf, eft de couleur de biére rouge, fi on n'a pas trop pouffé la diftillation. J'ai dit encore au commencement de ce Mémoire, que fa liqueur fumante tient en diffolution une certaine quantité d'étain ; c'elt cet étain qui donne à la liqueur fumante une caufticité que n’a pas l'efprit de {el fumant feul : ce même étain donne à la liqueur fumante plus d'aétion , ce qui donne dans l'ébul- lition un plus grand degré de chaleur que ne prend pas l'efprit de fel avec l'elprit de vin. Une preuve que cette liqueur fumante a un poids affez confidérable, c'eft qu'une petite bou- teille, qui contient une once d’eau jufte, contient deux onces deux gros de liqueur fumante, & la même bouteille ne con- tient d'efprit de fe fumant qu'une once deux gros ou deux gros & demi; ce qui démontre que la liqueur fumante doit agir plus vite fur l'efprit de vin: l'on peut conclure que fr on pouvoit procurer à l'efprit de fe un degré de chaleur plus fort que celui qu'il prend avec l'efprit de vin, on obtiendroit de V'éher. ANALYSE du réfidu. J'ai dit que le réfidu, qui refte après que l’éther eft pañlé étant refroidi, eft fi dur, qu'il faut un marteau pour le cafler, c'eft une mafñle d’un brun clair, on ne peut la tirer de la cornue qu'en la caffant ; cependant, quand la diftillation de léther eft faite, en ne laiflant pas refroidir totalement la cornue, on en peut vider une grande partie, & ce qui refté dans 1a cornue peut fe difloudre par l'eau. Ce réfidu ne peut point être diftillé dans la même cornue, parce qu'il faudroit un grand feu, qu'il pourroit monter, & que la cornue eft trop grande & trop élevée. Ce réfidu eft un beurre d’étain avec furabondance d'acide; mais à moindre quantité que dans la liqueur fumante: l’on en peut féparer un peu de chaux : ce réfidu ne répand point de vapeurs blanches. J'ai pris huit onces de ce réfidu, caffé par pet'ts morceaux ; que jai mifes dans une cornue de verre lutée, d'environ pinte, D'E S./ SCIE M'e'ENE 37 d'environ pinte, elle a été placée dans un petit fourneau de réverbère, j'y ai adapté un petit ballon ; le feu donné peu à peu, il a pafié d'abord une liqueur claire; le feu entretenu la même liqueur continue de pafler; & toutes les fois qu'on donne de fair, il fort par le petit trou du ballon des vapeurs ou fumées blanches, comme à la liqueur fumante, mais bien moins fortes. Quand il a paflé environ deux onces ou deux onces & demie de liqueur , elle commence alors à fe figer: fi on vide cette liqueur dans un flacon, elle eft ordinairement chire, fans couleur, elle fume un peu; fouvent au bout de quelques jours elle fe colore un peu & elle fe criflallife en petites aiguilles. La diflillation continuée, la liqueur qui pañle fe fige où elle tombe, dans le ballon, au bec de la cornue & dans le col s'il ef long ; pour lors les vapeurs qui fortent par le petit trou du ballon font plus abondantes ; le beurre d’étain qui fe fige dans le ballon eft une mafle, qui fait une efpèce de criftal- lifation qui a à peu près la fermeté du beurre d'antimoine, mais cependant un peu moins ferme & fume un peu: la cornue caflée , il s’eft trouvé dans le col un peu d'un füblimé, partie beurre d'étain, partie mercure fublimé corrofif ; le capur mor- zuuin eft noir, rempli de petits points blancs ; il pèfe une once fx gros. On voit, par la diftillation de ce réfidu, que ce n’eft qu'un beurre d'étain avec furabondance d'acide : ce beurre, foit fe fluide, foit le folide, rougit le papier bleu à fucre & fait effer- vefcence avec les alkalis fixes & volatils. Däns cette diftillation on n'aperçoit point d'huile, le beurre eft cependant coloré; le caput morruum eft noir, preuve de la décompofition d’une portion d’efprit de vin. Le beurre d'étain , qui eft folide, attire l'humidité de l'air & prend à l'air plus que fon poids d’eau ; de ce deliquium on en peut précipiter l'étain par l'huile de tartre par défaillance, en ne mettant que le point de faturation jufte: fon met une furabondance d'huile de tartre par défaillance, tout le précipité fe redifiout & la liqueur devient claire. Si on laiffe cette liqueur & le vale où l'expérience seft faite, en repos plus ou moins Say, étrang, Tome V., * E 34 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de temps, la liqueur devient opaque blanchâtre, & le tout fe prend comme une gelée de viande, ce qui marque une grande divifion de l'étain. Le caput mortuum, par la réduction, donne de Fétain. Le réfidu de l'éther étant, comme je l'ai dit, un beurre d'étain avec furabondance d'acide, il étoit naturel de penfer qu'il attireroit l'humidité de Fair; c'eft ce qui lui arrive fi on Yexpofe à l'air dans un lieu frais ou dans tout autre endroit ; il n'attire point l'eau de fair en auflr grande quantité que le beurre d’étain tiré de ce même réfidu dont nous avons parlé : ce réfidu contient plus d'étain que le beurre: ce dliquium décanté à différentes reprifes, laifle une chaux d’étain, grisätre à peu près comme de fa cendre qui eft infoluble à l’eau; cette chaux d'étain bien lavée, féchée, traitée par la réduction , donne de l'étain; le deliquium de ce réfidu eft très-acide, il rougit le firop de violettes comme lacide pur: avec l'alkali fixe il fait une vive eflervefcence & un précipité fr on ne met que le point de faturation ; fr on met de fhuile de tartre par furabondance, le précipité {e diflout de même qu'avec le beurre d'étain. Toutes les fois que l'on précipite ces diffolutions de réfidu ou qu'on les diftille, elles répandent une odeur aromatique très - fuave. Si on compare le rouge que fait ce deliquium fur le papier bleu, aux trois acides minéraux, on trouve que le rouge pro- -duit par le dliquium eft plus beau, ce qui eft dû à l'étain. On pourroit tenter des expériences fur la teinture avec cette liqueur ; il eft poflible même de lui ôter cette furabondance d'a- cide, ce qui la rendroit d'autant plus propre à la teinture, qu'elle détruiroit moins l'étofe & n'agiroit pas fi vivement für la couleur. La liqueur qui {e retire des lavages du précipité du d/iquium par l'alkali fixe, évaporée, donne un {el marin régénéré, Le réfidu de l'éther mis en poudre, mêlé avec de l'eau, s'é- chauffe & fait monter le thermomètre de plufieurs degrés. En faifant ce mélange, il fe fait un petit mouvement d'efier- vefcence ; la chaleur qu'il produit eft bien moins forte que celle que produit la liqueur fumante mêlée à l'eau: ce mouvement D'EUS Serre NC Es 3s d'effervefcence eft une preuve de la réaétion de cette furabon- dance d'acide fur la chaux d’étain. Nous avons dit que ce réfidu, après être tombé en dhguium, laifle une chaux d’étain qui eft infoluble à l’eau: une nouvelle preuve de cette réaction, fe voit bien en appliquant de l'eau bouillante à ce même réfidu en poudre ; il fe fait une effervefcence qui eft vive & qui fait élever & gonfler Ha liqueur : ce réfidu lavé à l'eau bouillante, laiffe moins de réfidu ou chaux d'étain que celui fait à l'eau froide où par déliguium , toutes chofés égales, Ces expériences démontrent que le-réfidu n'eft qu'un beurre d'étain avec fur- abondance d'acide , auquel eft mêlé un peu de chaux d’étain qui ne lui eft point unie : le de/iquium du réfidu, évaporé à confiftance d'huile, donne des crifiaux, qui font un amas de petites aiguilles qui forment des efpèces de houpes & font une mafle aflez dure. La diflolution de ce même réfidu , faite par l'eau bouillante évaporée, donne des criflaux tels que les précé- dens. Si l'on prend le même poids des criflaux produits des deux expériences précédentes, & qu'on les foumette à da diftillation féparément, ils produifent à peu près les mêmes beurres, patie fluides & partie folides. Le caput mortuum de ces deux expé- riences eft différent , tant par la couleur que par le poids: celui du deliquium eft en moindre quantité que celui fait par l'eau bouillante ; nouvelle preuve qu'il fe diflout plus de chaux d’étain par la réaction de l'acide. Nous avons dit que ce &liquium, où la folution du réfidu de l'éther, foit par l'eau bouillante ou par l'eau froide, a été précipité par F'alkali fixe : ces précipités, préparés avec foin, peuvent être réduits en étain, comme nous l'avons dit; mais fi avant cette réduction on les foumet à la difillation dans une cornue de verre lutée & qu'on les fafle bien rougir, en caflant la cornue on trouve dans le col quelques petites gouttes de mercure coulant ; ce qui confirme ce que nous avons dit en parlant de la diftillation du réfidu de l’éther, qu'il fe fublime dans le col de la cornue un peu de mercure fublimé corrofif mêlé au beurre d'étain: ce mercure fublimé corrofif s'eft vola- tilifé avec la liqueur fumante, E j 36 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE On a vu, par les expériences précédentes, la grande folubilité de ce réfidu par l'eau; j'ai foupçonné que l'efprit de vin devoit être un diflolvant de ce réfidu; j'étois conduit encore à le’penfer en voyant la liqueur fumante s'unir fi bien à f'efprit de vin, à très-grande dofe , fans qu'il e précipität rien ou prefque rien; il m'a paru que ce réfidu s’y diflout même mieux que par l'eau. Je ne me fuis pas afluré exactement des différences, n'ayant pas fuivi celles de l'efprit de vin comme celles de l'eau. J'aurai occafion d'en parler dans la fuite, fi les expériences que j'ai rapportées font trouvées fuffifantes, D'E s' SiC:T'EIN © ES 37 O,BÉENBIT AT I ON DE LA COMÉTE DE L'ANNÉE 17y9, FAITE À LISBONNE, Par M. CHEVALIER, Prêtre de la Congrégation de lOratoire de Saint- Philippes- Neri, Membre de la Société Royale de Londres, Correfpondant de l’Académie. A première fois que j'aperçus cette fameufe Comète, fut le $ du mois d'Avril 1759, à 4h 45’ du matin; le ciel étoit en partie couvert des nuages; la Comète paroifoit, à la vue fimple, comme une étoile de la première grandeur, fa queue étoit longue d'environ 2 degrés & affez large : par la comparaifon aux deux étoiles a & B du Verfeau , fa longitude nous a paru de 24 degrés au figne du Verfeau, & fà latitude feptentrionale de 3 degrés. A la fin du mois de Mars, des Matelots avoient aperçu la Comète, mais les jours (uivans le ciel avoit été couvert, Le 6 Avril, la Comète fe leva à notre horizon fenfible fur les 4h 28’ du matin, fa queue wrès-diftinéte & longue de plus de 3 degrés: le noyau, obfervé par le télefcope Grégorien de fix pieds, nous a paru elliptique & affez mal terminé. Tout le corps de la Comète avoit un diamètre d'environ 8 minutes de grand cercle, fa longitude apparente de 2 3 degrés du Verfeau, & fa latitude feptentrionale de 24 20’, Le 7, la Comète étoit plus claire, & 1a queue plus grande & plus brillante, touchoïit à l'étoile C de la queue du Capri- corne: la longitude de la Comète, à $ heures du matin, a été eflimée de 224 40’ du Verfeau, & fa latitude feptentrionale de 14 0°. Le 8 & le 9, le ciel a été couvert. Le 10, on apèrçut la Comète entre les nuages , fa queue très-larce & d’une lumière affez claire & brillante ; fa longitude de 224 8° du Verfau, f latitude 58 minutes, E ij 38 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Les 11, 12, 13 & r4 Avril, le ciel étant couvert; nous ne pumes rien obferver. Le 15, le Ciel étant beau, a Comète étoit brillante & claire, fon noyau aflez bien terminé du côté de a queue, mais non pas auffi bien de Fautre côté; fon diamètre de prefque 1° 10", la queue longue de 3%+, fa longitude de 194 48° du Verfeau, & fa latitude méridionale 3% 14. Le 16 à 4 heures du matin, la Comète a été obfervée à peu près comme le jour précédent, mais la queue un peu plus petite & moins brillante; elle s'alongeoit cependant jufqu'à l'étoile n de la queue du Capricorne ; fa longitude de 184 30° du Verfeau, & fa latitude méridionale de 44 $ 2°. Le 17, le ciel fut couvert. Le 18, la Comète fut obfervée près des étoiles « & € du Capricorne, & comparée avec elles, fa longitude a paru de 14 30° du Verfeau, & fa latitude méridionale de 84. Le: 9, nous vimes là Comète , mais très-près de l'horizon , à caufe de fa grande latitude méridionale; elle paroifloit plus petite & la queue de 2 degrés, comparée avec les étoiles pro- chaines de la queue du Capricorne; fa longitude a paru de 114 25’ du Verfeu, & fa latitude méridionale de 104 45° à 4P+ du matin. Le 20, nous vimes très-peu de temps la Comète, l'horizon étant couvert & la Lune affez claire; cependant à 4} 40" on la voyoit à la fimple vue, & la queue longue de-2 degrés ; & comparée avec l'étoile 4 du Capricorne, fa longitude a paru de 64 40' du Verfeau , & fa latitude méridionale de 1 34 30°. Le 21 à 4h 30° du matin, nous vimes la Comète aflez brillante, quoiqu'affez près de la Lune, la queue plus petite, mais plus luge; comparée avec l'étoile 4 du Capricorne, fa longitude à paru de 284 20° du Capricorne. Le 22 Avril à 4° 40 du matin, nous aperçumes {a Comète avec une petite élévation fur l'horizon; {a queue étoit plus petite & moins claire que les jours précédens ; les nuages nous empéchèrent de faire des obfervations exactes, mais par celles que nous fimes, nous déterminames le lieu de la Comète à DES SCIENCES. 39 peu près de 23 degrés du Capricorne, & fa latitude méridio- nale de 22 degrés. Ce fut la dernière fois que nous aperçumes la Comète dans cette apparition, fa déclinaifon méridionale étant trop grande - Îes jours fuivans pour pouvoir être aperçue fur notre horizon le matin. Les obfervations faites tous ces jours, pour ce qui regarde le lieu de la Comète, ne font pas d’une grande précifion, la fituation génante des inftrumens , les nuages & les vapeurs de l’horizon, la clarté du PRES , & quelques autres circonf- tances, nous ayant empêché de les pouvoir faire avec toute l'exactitude néceflaire. OBSERVATIONS de la même Comère, faites dans Ja troifiéme apparition. La Comète ayant, par fon mouvement apparent, monté une autre fois fur notre horizon, le 28 d'Avril au foir, on l'aperçut dans cette ville, & quelques perfonnes la virent à la fimple vue avec une queue aflez fenfble, mais pour moi je ne l’obfervai pas, étant au lit malade. Le 29 à 8" 30’ du {oir, les nuages s'étant diffipés, on aperçut la Comète, qui, à la vue fimple, paroifloit très-claire & très-éclatante, étant fort élevée fur l'horizon ; je l'obfervai par le grand télefcope, fon noyau m'étoit pas fi grand & fi bien terminé que dans l'autre apparition. Quoique je n'aie pas obfervé fon pañlage par È méridien, “néanmoins par quelques autres obfervations faites à la hâte, je conélus que fon afcenfion droite étoit à peu près de 1654 21’, fa longitude 34 15’ de la Balance, & fa latitude méridionale de 394 5’. Le 30 Avril à 8 heures du foir, j'aperçus la Comète très- claire , fa queue longue d'environ $ degrés: j'obfervai le paffage de la Come au méridien avec un quart-de-cercle de trente pouces de rayon ; le noyau paffa au méridien à 88 13° $1”,. fon afcenfion droite de 1614 10’, & fa déclinaifon méridionale 40 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de 304 so’; ce réfultat étant tiré de la différence de 0724, obfervé entre la déclinaifon de la Comète & de l'étoile 2 du pied de la Coupe, que je fuppofe de 214 29°. Le 1.” Mai, j'obfervai le paflage de la Comète au méridien à 8h $' 52", & par-là fon afcenfion droite 160€ 7'; Ha différence de déclinaifon entre la Comète & l'étoile + de l'Hydre de 114 20”, donne la déclinaifon méridionale de l'étoile de 261 16’. Les 2, 3 & 4 Mai, le ciel a été couvert. Le $ à 9 heures du foir, nous vimes la Comète, mais les nuages la déroboient très-fréquemment à la vue ; la queue étoit vifible, mais très-peu claire, à caufe des nuages & de la clarté de la Lune, qui étoit dans fa première quadrature. Le pañage au méridien ne fut pas oblervé; fa déclinaifon méridionale, comparée à celle de l'étoile @ de l'Hydre, a été déterminée de 164 Le 6 à 8 heures du foir, nous vimes la Comète ; la clarté de a Lune diminuoit la lumière de la Comète & de la queue, laquelle cependant étoit longue de 3 degrés. J ‘obfervai le paflage de l1 Comète au fil vertical de la lunette du quart-de-cercle, elle pañla à 8° 40’ 20", & une étoile au même fil à 8h 42° 58"; la différence de 2° 38”, donne 39° 30" de grand cercle, de laquelle quantité la Comète étoit plus orientale que J'étoile, laquelle je crois être celle appelée la premiere @ de l'Hydre dans le Catalogue britannique : lafcenfion droite de l'étoile fuppofée de 155% 16’, celle de la Comète fera de M5 01515 0e Le 7 & les jours fuivans jufqu'au 14, il y a eu des pluies & des nuages tous les foirs, qui empêchèrent toute obfervation. Le 14 à 8° 20’ du foir, j'oblervai la Comète par le grand télefcope ; fa grandeur apparente étoit beaucoup diminuée ; la queue étoit peu fenfible, elle paroifloit à la vue fimple comme une étoile de la quatrième grandeur, moins brillante & moins claire. J'obfervai le paffage de la Comiète au fil vertical de fa lunette du quart-de-cercle à 8° 28° 11° du foir, & le pañage de Fétoile y du Corberu à 10h 15° 4"; la différence D. ES /; Si IE: NC ES LE différence 1" 46° 53" ou 264 43° 15" de grand cercle, lefquelles fouftraites de Fafcenfion droite de fétoile 1 804 52° 3", donnent f'afcenfion droite de la Comète 1 544 8° 42”, &. la différence de hauteur non corrigée de la réfraction, de 848’, fouftraite de la déclinaifon méridionale de l'étoile 1 64 12° 20", donnent la déclinaifon méridionale de la Comète de 84 4' 20”. Le 15, nous obfervames la Comète avant le lever de Ia Lune, la queue étoit bien fenfible, déliée & d'une petite largeur, mais longue de plus de 5 degrés. Pañage de la Comète au fil vertical de Ja lunette à 8° 54° 47": paffage du cœur de l'Hydre à 7" 54° 14". La différence 1 54 8° 1 5", ajoutée à l'afcenfion droite du cœur de l'Hydre, qui, fuivant la Connoifance des Temps, réduite au mois de Mai, eft de His 56’ 40”, donne l'afcenfion droite de la Comète de I 54° 4 55 & fa déclinaifon méridionale de 74 22° 3 Le 1 6 Mai, par la comparaifon avec la mème étoile , l'afcen- fon droite de la Comète à 8° 10° 47" du joe étoit de 1 s4“ o’ 40”, & fa déclinaifon méridionale FROM 35° Les apparences de la Comète étoient les mêmes que le jour précédent. Le 17 Mai au foir, la Comète étoit affez brillante, & fa queue longue de plus de 6 degrés, & même quelquefois elle s ‘alongeoit jufqu'à 10 degrés & touchoit les étoiles de la Coupe; elle étoit cependant étroite & déliée comme un trait de lumière, & non pas en ligne droite, mais un peu courbe, la partie convexe regardant É zénit du “eu La chevelure de la Comète, examinée par les télefcopes & grandes lunettes, paroïffoit comme un nuage blanc, & fon diamètre étoit à peu près de 25”. A 8" 50 29 "du {oir, l’afcenfion droite de la Cons compa- rée avec l'étoile du cœur de l’ Hydre, étoit de 1 544 0’ 20°. Le 18, là Comëte fe voyoit à peu fs comme le jour RÉ “fon afcenfion droite de à pes 5 728" à 8h 40" , & fa déclinaifon méridionale 64 …. 19, la lumière de la Comète & ni eue apparente étoient un peu diminuées, le noyau affez mal terminé ; f Sav. etrang. Tome V. . F 42 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE déclinaifon méridionale, à 9" 22° 24”, étoit de 64 1 5”, & fon afcenfion droite 153% 54° 58”. Le 20, la Comète a paru d’une lumière pâle, encore que le Ciel fût fort ferein; la longueur de la queue de 441. A 9° 29 32" du foir, l'afcenfion droite de la Comète a été déterminée de 153% 52° 27", & fa déclinaifon méridionale derédire Le 21 à 8" 57° 53" du foir, l'afcenfion droite de fa Comète, de 153% 51° 20", & fa déclinaifon méridionale de 547. Le 22, la lumière de la Comète encore plus foible, fa queue longue d'environ 342, examinée par une petite lunette très-claire ; l'afcenfion droite, à 9h 2" o", der NI 227 à & la déclinaifon méridionale de 54 3 3°. Le 23 Mai, les mêmes apparences à peu près; l'afcenfon droite, à 9" 2’ du foir, étoit de 1534 54° 58", & la dé- climaifon de 54 22°. Les 24,25, 26 & 27, nous noblervames point Îa Comite. Le 28 Mai, on obferva à Comète à 9 heures du foir, mais par la lunette du .quart-de-cercle je ne pus pas diflinguer le noyau de la chevelure, & tout le corps paroifloit comme üne tache blanchâtre, la queue cependant étoit encore aflez longue , mais fort déliée, fa fongueur de prefque 2 degrés ; par la différence du pafage du cœur de l'Hydre & de la Comète au même fil vertical, à 9" ro’ $2", l'afcenfion droite de la Comète de 1544 11° 15”, & fa déclinaifon apparente de 4 5" Le 29, je vis la Comète entre les nuages avec fa queue, mais il ne me fut pas poflible de faire aucune obférvation , le ciel étant couvert : les jours fuivans, jufqu'au $ Juin, le ciel a été couvert. Le $ Juin, la Comète a été aperçue près les étoiles de la cinquième grandeur, au fextant d'Hévélius, elle paroïfioit à peu près de li même grandeur de ces étoiles, mais moins chire & moins brillante. DES/ SCIENCES 43 Les jours fuivans, après que le ciel a été frein, la lumiere de la Lune dans ps oppolition nous empêcha de voir la Comète déjà très-éloignée de nous & du Soleil, & j'avois prelque perdu toute efpérance de la revoir, quand le, 1 5. de Juin à o heures du foir, après avoir pris ex de peine à la chercher, je l'aperçus par le télefcope Grégorien , dans le champ duquel la queue occupoit aflez d’efpace ; fa couleur étoit pale & peu vifible dans les petites lunettes, J'oblervai fon pafage au fil vertical de Ha lunette à 9" 24 20° , & le paffage. d'une étoile de la cinquième grandeur à oh 20' 0”: la diflérence 4/ 20" de temps ou 145’ de nd cercle, donne la différence d’afcenfion droite entre la Comète & fétoile laquelle je crois être celle qui, dans le Catalogue britannique, fe nomme prima än regula ad pad dium ; & fuppofant l'afcenfion droite de cette étoile de 15 FÈ 45 10", celle de Ja Comète fera de154% $o’ 10"; & fa dates étant de 14 30’ 30", la déclinaifon de la Comète fera 14 22° 30" méridionale. Le 16, j'obfervai la Comète avec les mêmes apparences à & Ge dans le même lieu du ciel. Le 17, je ne pus pas voir la Comète, le ciel étant couvert. Le 1 8, entre des nuages je vis encore la Comète, fa lumière très - Ro iblte & la longueur de la queue très-diminuée. be 195 one: vai la Comète & fon paflage au fil vertical de la lunette à 9h 15° 0” ; & celle de la même étoile du faut & de k différence j'ai conclu {on afcenfion droite de 155120" 10", &.fà déclinaifon méridionale de 52.30". Le 20 auiar le ciel bien ferein, à 9 heures du foir j'obfer- vai la Comète par le grand télefcope,, car par les autres lunettes je ne la voyois pas, & par cetté raifon j je ne pus pas obferver fon paffage au fil vertical de la lunette; mais par la diftance d’efpace au champ du télefcope entre la Comète & l'étoile du fextant d'Hévélius, laquelle étoit de 1421’, jai conclu fon aléssfonedieide 1554 6’ 10”, & fa déclinaifon méri- dionale de 47 30". - Le 2r, le ciel fut couvert, ; Fi 44 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le 22 Juin, ayant eu affez de peine à trouver là Comète, je l'aperçus encore, mais d’une lumière trop foible, & fem- blable à une petite tache dans laquelle on ne diftinguoit plus le noyau ni la queue; fon lieu dans le ciel étoit à peu près comme le 20 Mai; mais les vapeurs nous empêchèrent de pouvoir faire d'autres obfervations dans une fi foible lumière, & nous perdimes efpérance de la revoir les jours fuivans, &c en effet cela arriva, l'ayant cherchée inutilement. Ce font là cependant les dernières obfervations que fon a, faites de cette fameufe Comète, parce que dans les pays plus feptentrionaux on a ceflé de la voir dès le commencement du mois de Juin. OBSERVATION de la Comère du mois de Janvier 1760, faite à Lifbonne, à la Maifon des Prétres de l’Oratoire. Nous avons vu cette Comète pour a première fois e 7 Janvier après les o heures du foir; le ciel avoit été couvert les jours précédens, mais cette nuit le ciel étoit clair & fe- rein; à la vue fimple on voyoit la Comète & fa chevelure, elle paroifloit plus grande que toutes les étoiles, & encore plus que Jupiter & Vénus. Nous la comparames d'abord aux étoiles fixes , qui en étoient plus proches ; la Comète étoit un peu au-déflus de deux étoiles qui {ont dans la poupe du Navire & en bas des pieds du Monoceros ; elle faifoit un triangle avec les deux étoiles : & e du Navire : la Comète a l'angle du fommet & le côté de la Comète jufqu'à l'étoile +, plus grand que autre côté de fa Comète jufqu'à l'étoile e. Par ceite comparaifon , faite à la vue fimple, nous jugeames la Comète au 5.° degré du Lion, fa latitude méridionale de 38 jufqu'à 39 degrés, & fon afcenfion droite entre les 118 & 119 degrés. Depuis, avec la lunette du quaït-de-cercle , nous déterini- names plus exactement fa fituation par le paffage de la Comète & des étoiles connues, à diverfes reprifes, par un même vertical, DIE S' SE/FEIN GES 45 & nous aperçumes d’abord fon mouvement rétrograde & très- rapide. La Comète à rot 17° 0”, étoit à l'orient de Syrids de AA EE EE HD ASE D EMTEC L'afcenfion droite de cette étoile étant , par le Livre de la Connoiffance des Temps pour la préfente inter Adele ee EUR ea Re FA EN ID AC BA 984 38’ 45° Nous avons conclu que l'afcenfon droite de Îa Gometeletoitide. mine culihrepeh re DAC LEE L'Étoile » de la queue du grand Chien au fil vertical de RIRETIE LE AN ÉROMANA EPET AR eee nl RO 2607101 La Comète au même fifa... .......... SUD Te 20e Différence en temps 34° 40”, ou en degrés de Srandieercie. Le MERE 84 4125" Lefquels ajoutés à l'afcenfion droite de l'étoile.... 108. 39. 1. donnent l'afcenfion de 1x Comète de. ......... F17. 20. 26. La différence de déclinaifon étant de........ -IDTOMT0 10. Donc la déclinaifon méridionale de la Comète... 18. 35. 2. 17) La Comète au vertical à...,......... cet GT T7 PU2 Une étoile de la 6.° grandeur, qui eft la 12.° de 12 conftellation du Navire, dans le Catalogue de M. Flamfteed , & fon afcenfion droite réduite à a la préfente année. ...... Drop le Roue T7 T2 TO PAU MEME AIMAOrUTE Le elles etes pieiete + LT Ie TO 22 Donc l'afcenfion de la Eomète de... ......... 11615725" La Comète au vertical à. .... DT NE Rs one MATE La même étoile du Navire au vertical a ....... 12. 11. 58. Donc l'afcenfion droite de la Comëte de...... 115448 14° La Comète & une Étoile dela 5.° grandeur , laquelle eft 11 7° de la conftellation du Navire dans Flamfteed , au vertical à............ - IWALEATAUNTr L'afcenfion de cette étoile, & par conféquent ee Ja Comète , eft pour cette année, felon le même Flamfteed de.......... Saee do 114457" 31” Ta Cometelauiverticallas), ee ME OR ET MEDAD LEON La même Étoile 7.° du Navire, à. ...:...,.. D A7 0 Ce Donc f'afcenfion droite de la Comète de........ Tina 2 62e Ea:Cométesau vertical ass longe AT Al DE er 46 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE La même Étoile, 7.° du Navire au vertical à.... 14h 20° 10" Différence en temps 9’ 8", ou de grand cercle... 241723" Donc l'afcenfion droite de la Comète de... ..... 1H2. 140 RO. La différence de déclinaifon étoit de.......... Cds t de La déclinaifon de l'étoile étant de............ 24 PT ON2 4. Donc la déclinaifon méridionale de la Comete de.. 17. 23. 22. Nous examinames Ja Comète avec le télelcope Grégorien de fix pieds ; le noyau étoit fort brillant, bien terminé & rond; la chevelure grande & d'une lumière. blanchâtre: nous ne pumes pendant toute la nuit apercevoir aucune queue, & depuis nous jugeames que cela devoit arriver ainfi, la Comète étant dans fon oppofition avec la Terre & le Soleil, Nous mefurames le diamètre de la Comète par un micro- mètre, & aufli par le champ de la lunette, & nous trouvames le diamètre de toute la chevelure de 20 jufqu'à 21 minutes d'un grand cercle, & le diamètre du noyau de 45 fecondes à 110 45° à peu près. Nous n'obfervames pointle paflage de la Comète au méri- dien, n'ayant pas pu fixer le quart-de-cercle au plan du méridien, cette nuit, mais elle aura paflé à 12P 26° 35”. Le 8 Janvier, d'abord au commencement de la nuit nous aperçumes la Comète à l'Orient avant les 6 heures du foir; elle fe leva à peu près 12 degrés au fud du véritable point de left; on la voyoit fans peine à la vue fimple; le ciel étoit clair & frein; la lumière de fa Comète étoit claire & fon noyau bien terminé. Nous mefurames le diamètre de la Co- mète & de fa chevelure à 7 30” du foir, & nous le trouvames de 16 minutes de grand cercle; il paroifloit un peu plus grand du côté d'en haut, mais nous n'aperçumes aucune queue : le diamètre du noyau étoit près de 36 fecondes. Voici les obfer- vations de fon afcenfion droite & de fa déclinaifon que nous avons faites cette nuit. La Comèête au fl:vertieal à: : 5:00... +1: INGE PRO Aron nil Ang 08 5 molaiois via MoQMslo toit: à 72 T4 NS 0e Différence en | temps sntis 9% routes ee NEA DES SICHIIEN CES 47, L'afcenfon droite de Syrius étant... ,..,... +. 98438 45" Nous avons conclu l’afcenfion droite de la Comète dE 90. 37: 42: Et de la différence de la déclinaifon , la déclinaifon auftrale de la Cométe de.......... ARNO TRUNE 1'O.MAMEUTIA: La Comète au flvertical à.:::..::......... 742 301 Neo EM 0e Een MAS 8. 20. 23 Différence en temps 37° 53", ou la Comète plus Hccidentaletde ke 24 anis DURE MEN HT en 9129" 48° Donc fon afcenfion droitede........,.. ro. 89. 8. 53. Eridécimanon auttrate de. MAN ERA A Gr Ga LUS ge La Comète au verticala.,....., MERE 8! 42° so”, (SPriZS AU NVETtICAl dttelele alle e oi letale ele RATER RUE 9.126.123. Différence d’afcenfion droite en temps 43°43”,ou.. 101 57 32" Donc l'afcenfion de la Comète de.......... es 87e 4e I 3e Et fa déclinaifon auftrale de... ...... Le etdiel No ina e. PAComereumméridientattnu a el rs he ut FOR 21" 54° Donc fon afcenfion droite de........... se... 8512" 30° Fihétdécimasonauttrale de nee LUE 8.40. o. L'Étoile K au genou droit d'Orion au vertical à. ... 10" 37 o” La Comète au même fil verticala............. 10. 40. 8. Différence de ERe 3° 8", ou en degrés de grand CONCERNANT SAR A nee fe La ATOME L'afcenfion droite de l'Étoile pour cette année, par le Catalogue de M. l'abbé de la Caille, de... .. 844 5$° 18" Donc l'afcenfion droite de la Cométede........ 84.152: 25. La Comète & l'Étoile K d'Orion prefqu'enfemble au Mifliventcal à ae te eh lens à +. 11874 40" Mais la Comètc plus occidentale ............. MONA Donc l'afcenfion droite de Ia Cométe de........ SATA 427 HCometelaut Hliventicalrtess te .oehere elle Le TEE 12105130. Lai même étoile d'Orion à:..... Biel CAN APS APN 22e Différence en temps 444% oûen degrés... Wrdirr rt Donc l'afcenfion de la Comète à cette heure, de.. 82, 54 7. Le 9 Janvier , au commencement de la nuit, le ciel fut couvert, depuis. les. nuages fe diffipèrent & le -cicbdevint clair &: pu nous -obfervames 11 Comte, fa lumière étoit plus foible ; nous aperçumes une petite queue dirigée vers 48 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À LACADÉMIE l'eft, longue d'environ 30 minutes & affez large: le mou- vement propre de 1 Comète étoit beaucoup diminué. Nous avons fait les obfervations fuivantes. La Comète au fil vertical à ........... cine AO ONE OS L'Étoile P, la première du Baudrier d'Orion à.... 9. ©. 16. Différence en temps 54 6", ou....4........ MEET L'afcenfon droite de cette Étoile étant de. ...... 79» 56 31. Par le Livre de la Connoiffance des Temps pour cette année, on conclut l'afcenfion droite de la Gomete/de:: ste ee NI ANNEES, Ar ... 66.22. 46. Et ajoutant à 29° 43”, déclinaifon de l'étoile, 24 10 de différence, la déclinaifon auftrale de la Gomete crade nero EC Rr Er 22/2090 43 TalComete auivertical a te ee certe eee OMAN AIS L'Étoile P d'Orion au même filà....... D É 6 0 ous 10. 8.49. Différence en temps 57° 44", ou en degrés . ..... 14128220 Donc l'afcenfion droite de la Comète à cette heure, de 65428° 9" La Comète au verticalà........ Ha sida opel To EZ 24085 Lu L'Étoile 4 de l'Éridan de la 4.° grandeur à...... 10. 39. O. L'afcenfion droite de cette Étoile,fuivant Flamftecd,de. 684 22° 29° Donc l'afcenfon de la Comètede............ 64. 17. 50. Le ro Janvier, nous obfervames la Comète d'abord au commencement de la nuit; elle étoit déjà affez élevée fur l'horizon, fa lumière encore un peu plus foible que le jour précédent, mais encore bien fenfible à la vue fimple: on voyoit une petite queue longue de 15 jufqu'à 20 minutes, & large de 20. Le diamètre de la Comète avec la cheve- lure fut trouvé de 8° 9" de grand cercle, La Comète au fil vertical après midia........ MAO 324304 L'Étoile Rigel d'Orion au fil vertical à....,..., 7. $4. 15. Différence en temps. . . .. MARS PC dr ble RICHE nero à dû do Te Cine israel ets 20403 918508 L'afcenfion droite de cette Étoile, pour cette année, elidenrane 0. 25e St siute At 5 -H00715 4e Sa déclinaifon méridionale, de...,,......,...., 8. 29. 46, Donc l'afcenfion droite de Ja Cométede,.,..,., 55. 15, 47: tfa D'E S°! SAC MIE NN IcrEIS 49 . Et fa déclinaifon feptentrionale de. . . .. Fee ei PNR ? La Comète au fil horaïre à. .... sl oo ete ITEMS a L'Étoile Z de la peau d'Orion au même fil a..... 9. 3. ro. Différence en RSS BED or a) 6 moi 3.640 cibtbIO Lo Ed NL lys goi-tot GE pan notaméelo CES PA AR SP PETER ERA UE 8 L'afcenfion droite de cette étoile étant de....... 70.26. ro. Donc l'afcenfion de la Comëête de............ S4l29:032t La Comète paffe par le méridien à............ 8b 10° ro” Donc fon afcenfion droite de. ..... DR D ES SNS A2 2032 EGometelausverticallan isa: PA NME AT ee 9! 26° 20" ZOO TO na er AURAS ERA NC, Te PROTEIN AE en 10+ 33. 20. D 9 PÉIAENE NET ANA SES SM QE arr Patent LION MES 2 Donc fon afcenfion droite de....... SE AURA sea 4e 24 Et fa déclinaifon feptentrionale de........... NA TATENE Le 11 Janvier, 11 Comète nous a paru un peu plus petite que le jour précédent, fa lumière moins claire &. le noyau mal terminé, l: queue à peu près de la même grandeur que le 9 Janvier: le diamètre appparent de toute la chevelure 6 minutes, , L'Étoile P, la plus occidentale de la queue d'Ariés, au fil horaire, temps vrai après midi, à ....... 6" 29° 32° La Comète au même filà...... VER A RM 5:..1006. 34- 24% Biférence enitempsie 2e Ut RL oo. l4k52e EnNde gr PAR AR An FEES NT RATS L'Afcenfion droite de cette Étoile étant , fuivant Flamficed , de......... ASE AUTOS ERA TATE 44 27: 59. Donc l’afcenfion droite de la Comète de,...,... 45. ATSINES Et fa déclinaifon feptentrionale de .,........ 104-120-1200: La Comète au méridien à .,.., na SERA SH te L'AER 7" 29 8” Donc fon afcenfion droite de .......... BAIE QUAISUES SREE La Comète au vertical à........,..., PET ME AE LB TIGE 4" L'étoile Rigel d'Orion à ..... REC NTONNTNSE 45) Différence en temps2 2,3", ou... 34:35"46" Donc l'afcenfion droite de la Comète de ....... 45. 9. 37 Et fa déclinaifon feptentrionale de.....,.,..,. 4+ 4el Qe Sav. érang. Tome V, : G o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le 12 & le 13 Janvier, le ciel fut couvert. Le 14 du même mois, le ciel fut aufft couvert en grande partie , mais nous pumes encore obferver la Comte à $h 30’; elle étoit proche de l'étoile 4 de la tête de la Baleine; fa lumière peu claire & la chevelure mal terminée, & fon diamètre apparent avoit beaucoup diminué, mais nous ne pumes pas le mefurer exatement. La Comète au vertical à ..... oc een iele ei OI UE OT L'étoile2ede la Baleine 21-14. 10 000. ER Différence 4° 1”, la Comète plus occidentale. L'afcenfion droite de cette étoile étant, par Île Crrloptenbritannique deteste 37 07100 Et fa déclinaifon feptentrionale de............ alice Gui Nous avons conclu l’afcenfion droite de 11 Comète fBovcbeacosescolcencoionstedo os PO 05 64.6 Et fa déclinaifon feptentrionale de............ ©. AIT Se. Le 1$ Janvier, le ciel fut couvert. Le 16, le ciel a été couvert prefque toute la nuit, mais nous avens encore pu obferver & faire les obfervations fuivantes. La Comète étoit confidérablement diminuée en grandeur &..en lumière: fa figure, dans le télefcope Grégorien, paroifloit affez irrégulière & mal terminée , & fa chevelure peu diftinéte du noyau. } La Comete”au verticallas. mme At 8h58 L'Étoile à de la tête de la Baleineà........... 9. 9. 19. ID MONERL L'e D lo Adatior 0600 10 oo CHENE L'afcenfion droite de l'Étoile étant de........... HI ONCE Et fa déclinaifon feptentrionale de. ............ DOME On condlut l'afcenfion droite de la Comète de. .... ASS Et fa/déclmailon dette Da EE D hi 40 ue 92/80 Le 17 Janvier, encore que le ciel füt fort clair, on voyoit avec peine, à la vue fimple, là Comèe, fa lumière étant très- foible; le noyau. fe diflinguoit mal de la chevelure, mais le diamètre apparent étoit encore de près de 4 minutes de grand DES SCIENCES FE. sà cercle, Dans la lunette du quart-de-cercle on voyoït Ia Comète enfémble avec cinq Étoiles qui font aux pieds d’Aries, avec lefquelles nous la comparames. Nous obfervames auffi le paflage de la Comète au métidienpast liner Li plie re liréihnsh ee 6h at 2150 Ce qui donne fon afcenfion droite de.......... 33438" 45" Et par la ‘hauteur méridienne corrigée, fa dédi- RCE LITERIE ARR MARNE EN MCE L'Étoile plus brillante des cinq comprifes dans le champ de la lunette, laquelle eft 12 24° d’Aries dans Hamfteed,, païe le vertical à .....:.... REG OR S 548315 La Comète au même vertical à. ......:...... CRCTA LEE CE Ce qui donne l'afcenfion droite de: ........... 2 37 x 2 Parce que l'afcenfion droite de l'Étoile eft, felon Elmiéedeidet ee nl nee EE 2. 56.55: EnBidéchnonpde strict 993145" Et par conféquent celle de la Comète, de... .... Jronos La même Étoile, 24.° d'Ariès au vertical à...... 8r 2° 6” La Comète au même vertical ARR ON AE mc Deere OR d- 4-4 Différence 2° 34”, la Comète plus orientale. Donc l'afcenfon droite de Ia Comète de........ 33435" 31 Le 18 Janvier, nous obfervames pendant la nuit la Comète avec une petite queue longue d'environ une minute; le ciel étoit bien'clair & ferein : par le télefcope Grégorien, on voyoit encore le noyau, avec quelque diftinétion de la chevelure, mais mal terminé; la lumière très -foible & pâle. La Comète avoit déjà paflé les cinq étoiles, avec lefquelles nous l’obfer- vames le jour précédent ; elle étoit encore très-proche de la première, qui eft la 24.° d’Ariés, La Comte au vertical à.......... CIE ES CAE NIET ER Fig La 24.° Étoile d’Ariés au même vertical à. ...... 613612. Différence $4"ou 1 3° 32” de degré, la Comète plus occidentale, Donc fon’afcenfion droite de........... ERA EN AT ED Et fa déclinaifon de...... db 6 SD 6E Sr MIEL 2e #Be La Comète au vertical à...,.,,.,..,,..,,6 7h 4 a! G i 52 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE La 24° Étoile d’Ariés au même vertical à..,.... 7h 41‘ I Différence MEME CRREC ET ETERTE “LarereIoNO:259s Donc l'afcenfion droite de la Comète de. ....... SRE 18€ Le 19 Janvier, la Comète au vertical à........ 7281 2° La 24. Étoile d'Ariës au même vertical à... ... 7e 4e 26e Donc l'afcenfion droite de la Cométe de........ 324 5° 48" Et par la différence de déclinaifon entre les deux, la déclinaifon dé la Comte étoit de......... DNS 71 08 La Comte étoit proche d’une étoile obfcure, qui ne fe trouve pas dans Flamfteed. Le 20 Janvier, {a lumière de la Comète étoit cette nuit très-foible; on voyoit déjà, avec peine , pañler la Comète par le fil vertical, illuminé : à figure, vue par le télefcope, pa- roifloit aflez irrégulière & mal terminée, à la manière d'une tache blanchûtre. à La Comète au vertical à....... Re MO ES L'Étoile 24.° d'Ariès au même vertical à..,..,.. 6.20. 54. Différence 5” 54”, la Comète plus occidentale. Donc fontalcentonidroite de eee ME AO Et fa déclinaifon feptentrionale de............. HO 20 2 Le 21 Janvier, la Comète au vertical à. ........ CHANSON L'Étoile 24.° d'Ariès au même vertical à........ 6.13. 2. Différences Lee a CM eee te HE Bo LS RL ON Donc l’afcenfion droite de la Comète de........ 3®% 53e 35e Et fa déclinaifon feptentrionale de...... 4 2- TO SACRÉ Ta Comete2uentilla EE EEE EC Cie PASSE L'Étoile a de la tête de la Baleine à.......... ZS Ts 13e Ditiérencelentdenrés LEE EE ec ier TE CO Lefquels ôtés de l'afcenfon droite de l'Étoile. . .. . 42: 20.213 Donnent l'afcenfion droite de la Comète de ..... 30.50.1115 Le ciel étoit bien clair & ferein, mais la lumière de fa Comète très-foible & pâle ; à la vue fimple je ne pouvois la voir prefque pas même avec aucune forte de lunette. Près de la Comète on voyoit une petite étoile inconnue , plus occidentale que la Comite de 8 minutes de grand cercle, & plus méri- dionale de $ minutes. D'EUS :S'IGHHAUENN CHE Le 22 Janvier, nous avons obfervé 11 Comète cette nuit avec aflez de travail, à caufe de fa lumière très-foible & auf de la clarté de la Lune, qui étoit affez proche de Ja Comète. Le diamètre apparent de la Comète & fa chevelure, étoient de 40 fecondes; on ne voyoit aucune queue: nous obfervames le paffage de la Comète au fil vertical avec aflez de précifion. LA La Comète au verticala....,..... us... 6h $4 42 L'Étoile 24.° d'Ariès au même vertical à........ TONNES Différence en degrés de grand cercle. ......:.. 2 s'oM27* Donc l’afcenfion droite de la Comète de........ 30° 00032. Et par la différence des déclinaifons, la déclinaifon feptentrionale de la Comète étoit de...,..... to. 46. 20. Le 23 Janvier, le ciel a été prefque tout le jour couvert, mais nous avons encore aperçu la Comète entre les nuages, à peu près au même lieu du jour précédent ; nous ne pumes faire aucune autre obfervation : les jours fuivans le ciel a’ été couvert, & depuis, la clarté dela pleine Lune nous a empêché de voir une autre fois la Comète: & après que le ciel a été ferein, & fans la clarté de la Lune, nous ne pumes pas re- trouver là Comète, quoique nous ayons fait toute la diligence pofñble pour la trouver, Suivant donc les obfervations que nous avons faites de cette Comète, dans l'efpèce de feize jours dépuis le;7 Janvier jufqu'au ‘22 du même mois, fon mouvement apparent à l'égard de la Terre, a été d'environ 88 deurés en afcenfion droite, contre Ja fuite des fignes; & le mouvemént apparent en déclinaifon a été de 2942, du midi vers le nord: & en longitude 93%, par les fignes du Lion, del” Écrevifle, des Gémeaux & du Taureau. ” Cette Comète a été vue & obfervée le 8 Janvier au foir, à Paris, en Hollande, en Angleterre & dans les autres pays; mais jufqu'à préfent on ne fait pas qu'elle ait été aperçue le 7 ailleurs que dans cette ville, où nous l'avons obfervée pour la première fois ce jour-là, & dans un temps où elle avoit déjà paflé {on perihélie, SET s4 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 1OBUSAE LR 2 A TI O NS SUR UN BANC DE TERRE CRÉTACÉE °tET DE PIERRES BRANCHUES, Qui efl aux environs de ÆRiom. Par M. pu Tour, Correfpondant de l’Académie. EF NVIRON à une lieue & demie de Riom vers le Nord, il y a un banc de terre crétacée, que le fuccès des ten- tatives qu'on a faites pour en tirer parti, m'a engagé à aller examiner : les obfervations qu'il n'a fournies m'ont paru inté- reffantes pour la Minéralogie & m'ont conduit à des conjeétures que je me permettrai d'expofer dans ce Mémoire. Ce banc eft fitué à l'extrémité d’un marais, appelé le marais d'Oranche, le long du chemin de la Moutade à Beaurepard- Vandon, près de l'endroit où il eft croifé par celui du Mas à Artonne: il a affez d'étendue ; la terre crétacée dont il eft formé eft très-peu compaéte & fe partage par grumeaux : molle & couleur de cendre dans la carrière, elle devient blanche & friable lorfqu'elle a refté expolée à l'air aflez de temps poux fe dépouiller de fon humidité: {1 on la touche alors, il s'en Candère derattache aux doigts des particules qui font farineules : mife dans marne, l'eau, elle s'y délaye prefque dans le‘moment, & le fédiment des particules les plus fines, féparées par la décantation , forme une pâte qui paroît un peu grafle tant qu'elle conferve une efpèce d'humidité, & à qui, lorfqu'elle eft bien sèche, on trouve à peu près la même confiftance qu'au blanc de Troies. Les habitans des villages circonvoifins fe font avifés, depuis quelques années, d'empioyer cette terre crétacée pour en faire du mortier, en la mélant telle qu'ils la tirent de la carrière, avec du fable, Les murs qu'on en conftruit, & qu'on a l'attention DE $ S:CcME)N«crENS: de crépir enfuite extérieurement avec du mortier fait avec de la chaux, paroiffent affez folides. II y en a qui, pour plus de précaution, font entrer dans le mortier deftiné à lier les pierres, à peu près autant de chaux que de terre crétacée. C'eft-là précifément, je crois, la chaux native de Woodward ; qui, dans la Minéralogie de Wäallerius, eft appelée crera pulve- rulenta , humavea, alba, vel cinerea, fi ce n’eft que notre terre crétacée paroît aflez pure & n'eft pas mêlée avec une quantité de terreau ou d'autre matière étrangère bien confidérable; elle contient une pouflière noire fort fine, que, malgré le contrafte de la couleur, on ne diftingue que lorfqu'on fait difloudre Ja terre crétacée dans l'eau-forte, qui nattique pas cette pouflière noire que J'ai prife pour du fable. Dans les creux qu'on a faits pour tirer de la terre crétacée, la couche de terre végétale qui la couvre a un pied & demi ou deux pieds d'épaiffeur : je n’ai pu déterminer celle de la couche de terre crétacée, parce qu'elle s'étend jufqu'au fond des creux qui-exiflent aétuellement, & dont les plus profonds ne vont pas au-delà dé quatre pieds & demi. Un lit de pierres, dont je parlerai ci-après, fépare la terre végétale de la terre crétacée. Dans le fond de plufieursde ces creux, j'ai aperçu une efpèce de bouillie blanche comme du lait, qu'on peut qualifier du nom de gurh , car il me femble que c’eft la même chofe que le gurh album de Wallerius, que Henckel défigne fous ta déno- mination de /ac lmæ berlehemeticum : cette bouillie ne peut être formée que par les particules les plus déliées de la terre cré- tacée, dont fe chargent les eaux de pluie qui percent au travers: & qui les entraînent avec elles au fond de ces creux, où elles fe ramañfent & d’où elles s'évaporent enfuite en: partie, Une terre labourable , contiguë à cet endroit du marais d'Oranche où l'on a creufé pour en tirer de la terre crétacée, & qui n'eneit (éparée que par un foflé, eft toute parfemée de pierres calcaires branchues baroques ; quelquetois percées de part en part; par des trobs ronds; intérieurement elles: font compacles ;, nulléèment farimeules & de couleur ou grife ou bleuätre ; & extérieuremént elles ont une écorce plus ou moins: 56 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE épaifle, tantôt allez dure, tantôt friable, toujours blanche, & telle que fi on les avoit trempées dans de la chaux éteinte, ou plutôt dans ce gurh dont je viens de faire mention. J'oblérvai en mème temps dans ce foflé qui fert de f'pa- ration , la coupe d'un lit de pierres blanches, qui eft horizontal & à la profondeur d'environ un pied & demi: j'en fis découvrir une portion, & je vis que ce lit étoit compoté de pierres branchues totalement femblables , pour la matière & pour la forme, à celles qui étoient répandues fu: la terre labourable voifine, & fi exactement enclavées & emboitées les unes dans Jes autres, qu'il en réfulte un banc continu en apparence; fa furface fupérieure eft feulement raboteule. Je fis creufer dans Le foffé pour reconnoître l'épaifleur de ce lit de pierre, il n'étoit là que de dix à onze pouces, & il y avoit immédiatement au-deflous une couche de terre crétacée. Je jugeai que cette dittribution devoit être commune aux fouiiles dont on avoit tiré de la terre crétacée, c'eft-à-dire que le lit de terre crétacée devoit aufli y être recouvert par un lit de pierres branchues: je ne l'avois pas remarqué d'abord, parce que la blancheur extérieure de ces pierres, qui eft {a même que celle de la terre crétacée, qui de plus remplit leurs interftices, ne laiffoit apercevoir aucune différence entre ces deux lits; mais ayant fait fonder en plufieurs endroits les bords de ces fouilles, on y trouva par-tout entre li terre végétale & la terre crétacée le même lit de pierres branchues, difpofées auf régulièrement & aufli exactement appliquées les unes aux autres que dans la fouille que j'avois fait faire. Ces pierres branchues font-eiles faites aux dépens de la terre’ crétacce , auquel cas il faudra les regarder comme des flalactites? Wallerius remarque que le gurh, c'efl-à dire la craie liquide, eft propre, lorfqu'il découle ou dégoutte continuellement , à former des flalactites; mais cela n'a pu avoir lieu ici, attendu qué les pierres branchues fe rencontrent par-tout au-deflus de la terre crétacée; l'eau n'a pu aller dépofer les particules dont elle fe feroit chargée au-deflus de la couche de terre crétacée, à laquelle elle les auroit enlevées, Il feroit plus naturel de croire DÔE s4 S'ÉMEMENNICNERRS croire qu'au contraire la terre crétacée elt formée des débris des pierres branchues. Scheuchzer dit que le Zthomarsa n'eft fouvent qu'une flalhaétite décompolée; or cette fubftance mi- nérale, qui eft le lait de lune fofile de Wallerius, eft une craie très-fine , très-déliée , très-légère, fort blanche, & dont les particules né tiennent pas les unes aux autres, c'eft-à-dire qu'elle reflemble beaucoup à la terre crétacée du marais d'Oranche: celle-ci peut donc auffi être regardée comme le rélultat d'une décompofition des pierres branchues, que je ne qualifie cependant pas de flalaétites, quelque favorable que foit d'ailleurs leur forme pour leur faire accorder cette déno- mination, Voici ce que je conjecture fur la formation de ces ierres & de la terre crétacée qu’elles recouvrent. Selon moi, l'efpace occupé par l’une & l'autre de ces couches, ne l'étoit originairement que par un banc homogène & fans interruption dans fon étendue de pierre calcaire, d'une qualité & d'une dureté égales à celle de la fubftance qui fait le fond des pierres branchues: les eaux de pluie & autres qui, après : avoir percé la couche de terre végétale, étoient d'abord arrêtées par ce banc de pierres, l'ont entamé par fucceflion de temps, y ont pénétré par différens endroits & en ferpentant en toutes fortes de fens , s’y font frayé des canaux tortueux. Raffemblées ainfi en abondance au fond de la carrière, elles font venues à bout de diffoudre peu à peu & de réduire en pouffière totalement, ou prefque totalement , les couches inférieures de ce banc de pierres; mais dans les couches fupérieures, où les filets d'eau ne failoient que pañler, & qui n'en étoient bai- gnées que de temps à autre , ils n'ont diffout que ce qui occupoit les canaux qui les tranfmettent atuellement, & ils ne font encore qu'effleurer fa pierre qui fe trouve dans Îles - intervalles de ces canaux , laquelle cependant, à caufe de leur muliplicié & de leur entrelacement , eft partagée en une infinité de petites maffes de toutes fortes de formes irrégulières, & qui, malgré cela, ne font pas moins bien arrangées entr'elles. * 3 : Ce qui rend cette explication vraifemblable, c'eft, 1° que Jar, érang, Tome V. - « 583 Mémoires PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE l'écorce blanche qui enveloppe ces pierres, & une pouffière fine qui en remplit les intervalles, font de [1 même nature que la terre crétacte. , 2.7 Que la finface de ces pierres n'eft pas unie ni life comme le feroit celle des caflures, mais comme criblée par- tout de cavités irrégulières, qui marquent qu'elle a été rongée & entamée : elles ont tout-à-fait l'air d'avoir perdu une quan- tité confidérable de leur fubftance. 3 Que dans la mufle de terre crétacée, on trouve par-ci par-là des noyaux de la nature de la pierre branchue, & tels qu'on juge ailément que ce font des refles de la pierre calcaire qui ont échappé à action de l'eau. Il me paroît donc aflez bien conftaté que ces pierres bran- chues doivent leur forme aétuelle à l'eau, qui a fait à leur égard précifément l'office de Sculpteur, mais elles ne lui doivent point la réunion de leurs parties, ce qui feroit né- ceflaire pour qu'elles fuffent de vraies flilactites. Loin d'être des dépôts formés par l'eau, elles ne font que des débris échappés à l'eau, dont la partie fur laquelle fon aétion a eu toute fon efficacité , eft la terre crétacée qui occupe le bas de la carrière du marais d'Oranche, ou remplit les interflices des pierres branchues qui font au -deflus. On me demandera peut-être pourquoi le bloc de pierre calcaire n'a pas été détruit & réduit en terre crétacée dans fa totalité, & par quel privilége les couches fupérieures ne l'ont été qu'en petite partie, & confervent encore des vefliges de leur état primitif dans les pierres branchues qui les forment ? fur cela j'ai déjà fait remarquer que les eaux- n'ont pas dû, & ne doivent pas non plus jufquà préfent, féjourner dans ces couches fupérieures comme elles le font dans les inférieures, où elles font arrêtées & où elles fe raflemblent. Les premiers ont donc été moins en prife à l'aétion de ieau que ne l'ont été les autres: le plan horizontal, qui dans la fouille que je fis faire au bord du foffé, fépare la couche de pierres bran- chues d'avec la couche de terre crétacée, eft apparemment au niveau du plan, où durant la faifon des pluies eau fe tient DES SCIENCES le plus élevée dans le fofé, & il en doit être dé même du plan de féparation de ces deux différentes couches dans les autres fouilles qu'on a faites & dans tout le refle du banc, ce plan indiquant par-tout la hauteur ordinaire de l’eau qui y flagne: peut-être aufli que par ka fuite la couche de pierres branchues deviendra de plus mince en plus mince, & que l'eau, à force de dégrader les parois des canaux qu'elle traverfe, achèvera de détruire les pierres branchues qui forment aétuel- lement: les interftices de ces canaux, & qué tout fera enfin converti en terre crétacée. Cette dégradation ne fe reftreint pas ici à rompre les liens qui réunifloient les particules des pierres branchues & à réduire ces pierres en une pouflière farineule, elle en altère en même temps les propriétés les plus effentielles : Ja pierre branchue en a qu'on ne retrouve plus dans la terre crétacée qui en provient. Un Payfan, que J'employai pour creufer dans Îa carrière du marais d'Oranche, & qui a fouvent fervi des fours à chaux, Îe favoit lui-même: il me dit qu'on feroit d'affez bonne chaux avec la pierre branchue, mais que la terre cré- tacée n'en donnéroit pas. Il m'étoit aifé d'en faire l'épreuve par rapport à la pierre branchue: il y a des fours à chaux tout près de ma maifon de campagne à Davayat ; je fis mettré dans un four une de ces pierres branchues, qui, après y avoir été calcinée, fondit promptemient & complettement dans l'eau & me donna une chaux d'un beau blanc, tenace '& bien lice, autant que j'en pus juger au coup d'œil. J’aurois bien voulu foumettre à la même épreuve la terre crétacée; on le tenta # mais on ne put diftinguer au fortir du four le morceau de terre crétacée parmi les pierres à chaux avec lefquelles il y avoit été placé; on jugea qu'il sy étoit brifé. J'en ai tenu un autre morceau au feu de ma cheminée pendant deux reprifes de douze heures chacune: cette calcination incomplète ne fit que mettre un frein à la difpofition qu’elle a naturellement _de fe mettre en pouflière dans l'eau. Au refte, V'affertion du Payfan n'avoit pas befoin, à cet égard, d'être juftifiéé par Fexpérience; la craie pure, quoiqu'elle foit une fubftance calcaire, H j ATEN, ppe 1 # È 96 b Mém, Acad. 175 41 p:4 0 64 €Jdem.1747» ge 63: d Lich, de Port, T,11,p235. 60 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE n'a jamais été rangée parmi les elpèces de pierre à chaux : M. Poit‘ dit cependant que la calcination change affez prompte- ment la craie en une vraie chaux ; maïs par-là il n'entend pas une chaux propre à bäir. En are à Troiés, où la craie fe trouve par-tout, on fait venir la chaux du village de Fouchères, qui en eft cloigné de cinq lieues, ce qu'on ne feroit pas affu- rément fi on pouvoit tirer de la craie une chaux convenable b. M. du Hamel a éprouvé que l’'eflervelcence que la chaux de craie fait avec les acides lorfqu'on jette de l'eau deflus, n'eft pas fi vive que celle de la chaux de pierre dure°: de plus, M. Henckel prétend que les ftalactites peuvent bien être calcinées comme les pierres à chaux , mais qu'elles ne peuvent être employées aux mêmes ufages que celles-ci d, Si {on fen- timent eft fondé, la terre crétacée du marais d'Oranche, qui, comme les élémens des flalactites, eft le produit des débris d'une pierre décompolée, ne fauroit encore de ce chef être converti, par la calcination , en une chaux d'ufage : ajoutons cependant à ce dernier égard , que M. Pott a penfé qu'il feroit néceflaire qu'on examinät avec exactitude jufqu'à quel point le fentiment de M. Henckel s'accorde avec l'expérience. La commodité que j'avois de faire des recherches à cet égard & le rapport qu'elles me parurent avoir avec l'objet que je waite, me déterminèrent à en entreprendre. Les environs de Davayat fourniflent des flalaétites en divers endroits; & comme tout ce canton eft rempli de bancs de pierre à chaux, on peut prélumer que ces dépôts font formés de particules que l'eau sa détachées de ces bancs, & qu ‘ainfi ces flalaétites, fi ces parti- cules ont confervé les propriétés de la fubftance dont elles ont fait partie en premier lieu & n'ont pas changé de nature après la décompofition, feront de la pierre à chaux toute pure, Je choifis pour mes épreuves trois morceaux de différentes flalacites, qui furent calcinés dans un four à chaux. Le premier provenoit d'une flalactite formée dans un petit canal fouterrain qui fert à l'écoulement du trop plein des baffins de mon jardin: mis dans l'eau au fortir du four, il fondit très-vite & en entier, & là chaux qu'il donna étoit fort DIE -S. SNCHIMENNCNENS 61 blanche & me parut auffi bien liée que celle que j'avois tirée de la pierre branchue du marais d'Oranche, 1 Le fecond étoit d'une ftalaétite, dont une portion de fa furface repréfente un aflemblage de mamielons aflez femblables à des boutons de chouxfleurs: on en trouve beaucoup de cette efpèce de parfemées fur une petite plaine qui eft vers le haut de la montagne fur laquelle ef fitué le village de T'elhede; j'ignore le lieu de leur origine: il ne fondit que lentement, mais com- plettement ; da chaux qui en provint étoit moins,liée que la précédente, fort brune d'abord, quoique par la fuite elle devint d’une couleur de gris de perle en féchant : on y remarquoit ce- pendant quelques veines blanches; ce qui donne lieu de croire que cette flalaétite eft compofée d'élémens différens, quoique toutes les parties de la chaux paruffent d’une fineffe égale. Le troifième avoit été détaché d’un très-gros rocher adoffé à la butie de Gimeaux, & qui eft l'ouvrage des eaux qui y ont leur fource & dont il eft parlé dans l’Hifloire de l’Aca- démie de l'année 1745, au fujet des dépôts qu'elles font en plufieurs endroits *, Cette flalactite eft en certaines parties poreufe comme une éponge, & en d’autres difpofée par couches qui fe recouvrent les unes les autres & enveloppent des débris de plantes. La chaux que j'en tirai ne fe fondit que par gru- meaux , je ne pus jamais en faire du mortier comme j'en avois fait avec celle des deux autres flalaétites. Le réfulat des épreuves faites fur la troifième, feroit fa- * Ces dépôts ont formé , par fuc- ceffion de temps , des bancs de pierre fort étendus ; on l’emploie en guife de moellon & on en voit dans les à coup, fe firent fur la pente de cette butte une nouvelle route , & peu de temps après cette route étoit de- venue un canal pierreux continu qui murs de tous les bâtimens du village de Gimeaux & des villages voifins. L’accroiffement de ces dépôts fe fait affez rapidement : au mois de No- vembre 1755, époque du tremble- ment de terre f1 funefte à la ville de Lifbonne, les fources de la butte de Gimeaux , & qui font celles qui contribuent le plus à la formation de ces dépôts, ayant augmenté tout a beaucoup épaifli depuis; mais ce qu’on a dit, que les habitans du lieu ont foin de tirer fur les bords de la fource une écume rougeâtre qui en provient & qui devient pierre , n’eft rien moins qu'exaét; on a mis dans le rapport qu'on en a fait à l’Aca- démie # merveilleux qui n’a pas de réali H iij 62 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE vorable à l'aflertion de M. Henckel : des deux autres, fa pre: mière au moins lui fait perdre de fa généralité & exige des exceptions ou dés interprétations ; elle nous apprend que les particules que l'eau détache d'un banc de pierre à chaux pour en aller former ailleurs des dépôts ou flalaétites, ne perdent, du moins pas toujours totalement, là propriété qu'elles avoient en premier lieu , d'être conveities en une chaux qui fût d'ufage. HI eft à préfumer cependant que cette propriété doit en être affoiblie à un certain point. La chaux que j'ai obtenue de Ia flalactite de mon jardin, feroit probablement plus propre à blanchir des murailles qu'à en conftruire qui euflent à efluyer les injures de l'air: elles en feroient endommagées à la longue; j'en juge par la chaux qu'on fait quelquefois dans les fours de Davayat, avec des pierres branchues d’une carrière qui eft aux environs de Beaurevard-Vandon, & différente de celle que j'ai décrite ci-devant. La gelée & la pluie viennent bien- tôt à bout d'entamer le mortier dans lequel on l'emploie & de le faire écailler lorfqu'il eft en dehors des bâtimens ; auffi ne la deftine-t-on qu’à en blanchir les dedans: à cet égard on lui donne la préférence fur la chaux produite par d'autres pierres, dont les bancs font d'un feul bloc homogène & fort commun dans ces cantons: la première eft d'un blanc plus éclatant que celui de la feconde ; en revanche celle-ci pofsède à un point éminent toutes les qualités requifes pour rendre un bâtiment folide & à l'épreuve des injures de l'air; ce n'eft pas qu'on ne püt, en cas de befoin , employer la première à toutes fortes d’ufages. On ne cuit dans les fours à chaux des environs d'Ébreville, petite ville fituée fur la Scioule, que des pierres dont la chaux a les qualités & les inconvéniens de celle de la pierre branchue de Beauregard, c'eft-à-dire, qui eft mer- veilleufe pour le blanc & qui fe dégrade à l'air: faute d'autre on s'en contente, & elle fe débite à quatre ou cinq lieues à la ronde. Mais toujours pourra-t-on dire que la chaux de la ftahactite de mon jardin, nonlus que celle des pierres branchues de Beauregard & celle d'Ébreville, ne font pas abfolument d'une Dre s! S\CHEIN c'es 6 bonne qualité & qu'elles font fort inférieures à celle qu'on appelle & Davayat, qui provient de ces bancs, qui ne font formés que d'un bloc homogène fans interruption & où l'on ne trouve aucun veftige de décompolition. La propofition de M. Henckel, entendue en ce fens, pourroit peut-être être admife. Revenons à la pierre branchue du marais d'Oranche: fes débris ont été plus altérés par l'eau qui l'a entamée, que ne Vont été par le même agent ceux qui ont fervi à former les ftalaétites de Telhede & de mon jardin , puifque les premiers font réduits en une pouffière crétacée, qu'on ne doit pas fonger à convertir en chaux. La fituation du banc de terre crétacée offre des raifons fuffifantes de cette différence: le marais d'Oranche étant inondé pendant une partie de l’année, elle ne difcontinue guère d’être expofée aux impreffions de l'eau, qui la noie, la pénètre, la leflive & en pouffe laltération jufqu'au dernier période; elle n’a pu manquer de fubir tous les inconvéniens d'une fituation fi défavantageufe, Celle des ftalac- tites de Telhede & de mon jardin n’eft pas telle à beaucoup près ; le terrain de ces deux derniers endroits eft fort élevé, & ces ftalaétites , après leur formation, n'avoient été baignées tout au plus que par l'eau de pluie & par quelqu’eau courante. La ftaladite de Gimeaux provenoit d'un endroit plus élevé, du moins que ne left mon jardin, & fi elle n'a fourni qu'une chaux fi imparfaite, il faut l’attribuer fans doute à la moufle & aux débris de plantes qui, comme je l'ai déjà oblervé, y font enclavés, & peut-être aufli à la nature des terres qui entrent dans fa compofition. Les pierres calcaires, d'où font enlevées les particules, qui fe réuniffent enfuite & produifent des ftalaétites, peuvent être plus propres les unes que les autres à donner une chaux convenable, & les ftalaétites produites de leurs débris doivent fe reflentir de ces différences. Je vais ofhir des preuves de celles que l1 diverfité de fituation peut occafionner par rapport au degré de décompofition dont les pierres font fufceptibles, en comparant la carrière du 64 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE marais d'Oranche avec celle de Beiuregard, qui ont cela de cominun touies deux, que les pierres qu'elles renferment font branchues : la dernière elt à côté du chemin de Davayat à Beauregard & tout près d’un petit ruilféau qui vient du côté de Gimeaux dans un endroû fec, graveleux , entouré de vignes & confidérablement plus clevé que celui qu'occupe l'autre, Dans une fouille que je fis faire, la couche de terre végétale n'a que huit à dix pouces d'épailieur ; le lit de pierres en a trois pieds ; elles font branchues & d'une forme baroque, la plupart d'un blanc jaunâtre & quelques-unes bleues en dedans & toutes couvertes d'une écorce blanchätre plus ou moins épaille, enclavées les unes dans les auties: les interftices en font remplis par une pouflière groffière, jaunätre & qui paroît de même nature que leur écorce, qui ef aflez friable. On trouve immédiatement au-deflous une couche de gravier & de terre noire mélées enfemble, avec des friymens de quartz & des paillettes de tale dorées. La forme des pierres de cette carrière & la pouffière jau- nûtre qui eft entr'elles, font des indices d’une décompofition opérée de la même façon que dans celle du marais d'Oranche, mais qui n'a pas été pouflée fi loin; car on ne trouve pas ici comme dans l'autre, de couche, où les pierres que je crois aufli n'avoir formé originairement qu'un feul bloc, aient été entièrement détruites & où il n'en refte que les pariicules en forme de poufliere; & de plus celle qui remplit les in- tervalles dés pierres branchues , n'eft pas atiénuée au point où elle pourroit l'être : auf cette carrière n'efl-elle pas fujetie, comune celle du marais d'Oranche, à être noyée; les eaux ne féjournent point, ou que très-peu & très-rarement , {ur le fol au-deflous duquel elle eft, & celles qui li pénétrent peuvent s'écouler aifement par la couche de gravier qui eft au - deffous. Plus haut encore, & à peu de diflance de la carrière de Beaureuard , on voit le long du chemin de Davayat à Cam- bronde, à l'endroit où il efl coupé par le petit ruifleau qui vient DE s.S CT TN McErS 65 vient de Gimeaux, un grand nombre de rochers qui s'élèvent à un ou deux pieds au-deffus de terre, & qui offrent quelques marques de décompofition , mais plus légères encore que celles qu'on trouve aux pierres de la carrière de Beauregard. Aucune partie de ces rochers n'a été entamée au point d'être réduite en pouffière ; leur écorce & quelques morceaux blancs & crétacés qui lardent leur mafie, font les feuls effets apparens des impreffions qu'elles ont efluyées de la part des pluies. * La pierre de ces rochers, les pierres branchues de Beau- regard & celles du marais d'Oranche, paroiflent être égales ment compactes & d’une même pâte, qui eft très-fine; tout au plus diffèrent-elles par quelques" nuances dans la couleur : les degrés de décompofition qu'elles ont refpectivement efluyés, font proportionnés aux défavantages refpectifs de leurs fitua- tions. On fe fert auffi de la pierre de ces rochers pour en faire de la chaux, mais qui, non plus que celle qu'on tire de fa pierre branchue de Beauregard, n'eft guère propre ni jamais deftinée que pour blanchir: lune & fautre exigent plus de charbon pour acquérir le degré de calcination requis, & communément le double de temps que ne fait la chaux appelée de Davayat, qui provient d'une pierre grife difpolée par feuillets, affez compacte, aflez fine & qui éclate au feu. Ne feroient-ce pas les impreflions de l'eau qui ont plus ou moins affecté la pierre de Beauregard & celle de ces rochers, qui les a rendues toutes deux moins propres à fe convertir en chaux d'une bonne qualité! conféquemment on devroit s'attendre qu'on n'obtiendroit qu'une chaux encore inférieure de la pierre du marais d'Oranche, dont on n'a pas fongé encore à tirer parti à cet égard *. La terre crétacée de cette dernière carrière, débris d’une pierre dégradée par l'eau , & qui en font encore depuis très- fouvent imbibés, eft celle de toutes les fubftances minérales * Il eft à obfcrver que les rochers | nommant; & que le petit ruifleau du chemin de Cambronde, lacarrière | qui pafle près de ces rochers & de de Beauregard & celle du marais | la carrière de Beauregard , va fe d'Oranche, font fur la mêmeligne, | perdre dans le marais d'Oranche. felon l’ordre que j'obferve en les Sav. étrang. Tome V,, Al 66 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dont il a été queflion dans ce. Mémoire, qui a été le plus intimément altérée, & peut-être même a-t-elle efluyé à cet égard toutes les altérations poflibles. 1. Les particules qui la compolent ont ceflé d'être liées les unes aux autres; & fi la confiflance de la pierre branchue dépend de quelque gluren, on pourroit dire que dans ce dernier état de terre crétacée, elle.a perdu ce gluten, ou quil a été décompofé ; 2.” elle n'a plus la propriété de donner une chaux d'un bon ufage, & il y auroit lieu de préfumer que c'eft encore ici une fuite de la perte de ce gluten *, & de dire que la craie diffère principalement de la pierre à chaux, en ce qu'elle en eft dépouillée, puifque d'ailleurs il eft évident que la même terre peut également fervir- de bafe à lune & à autre : conféquemment, felon qu'il (e fera diflipé plus de ce gluten qui lioit enfemble les particules de la pierre à chaux, il en réfultera une craie plus ou moins friable ; ce ne fera qu'une pouflière crétacée, un lait de lune, ou bien ce fera une craie plus compacte, propre à en faire des crayons, ou mème à être employée en guife de moellon dans les bâtimens. * On prétend que quand, à l’aide de l’eau bouillante , on a enlevé à la chaux ce qu’on appelle fa créme , cette chaux ainfr lavée ne prend pas corps avec le fable & qu’on n’en fauroit faire du mortier. AMém. Acad, 1747 » gage 69 DES SCIENCES. 67 D. E SOMRIPET ON D'une nouvelle Machine exécutée aux Mines de Schemnitz en Hongrie, au mois de Mars 175 5. Par M. Jars, Correfpondant de l’Académie. D ANS le cours d'un voyage de deux ans & demi, que M. du Hamel & moi avons fait par ordre du Roi dans diverfes mines d'Allemagne, j'ai féjourné fix mois dans les mines de Schemnitz en Hongrie, d'où lon tire or, argent & plomb ; j'ai eu occafñion d'y voir une nouvelle machine à eau & à air pour épuiler les eaux du puits nommé Amalie : cette machine, qui n'a été exécutée jufqu'à préfent que dans ce feul endroit, m'a paru aflez ingénieufe pour mériter d'être connue de l'Académie des Sciences, ainfi qu'un phénomène remar- quable que j'y ai obfervé. La permiffion que j'obtiens de lui en rendre compte, eft une récompenfe flatteufe de mes tra- vaux & un encouragement néceflaire pour més études. _ La machine dont je joins ici le plan, eft placée à plus de quarante toifes de profondeur perpendiculaire depuis la furface du térrain qui répond au-deflus : la caifle de bois À eft une efpèce de réfervoir, placé à la fuite d’un canal qui amène l'eau extérieure pour faire agir la machine. Les tuyaux n'ont pu être deffinés, fuivant l'échelle, par la hauteur dont ils font; ceux B, qui portent l’eau de la caifle À dans le réfervoir D, ont vingt-deux toifes de hauteur ou profondeur perpendicu- laire ; ils defcendent jufque tout près du fond dudit rélervoir, ainfi que le défigne la digne pondluée ; c’eft afin que l'air enfermé dans le réfervoir foit élevé de bas en haut pour être conduit dans le référvoir 7, en paffant par les tuyaux A: les tuyaux A, par où les eaux des fouterrains font élevées, _ ont feize toifes de hauteur ; ils partent de tout près du fond du réfervoir Z, afin que l'air qui arrive par ceux /7 ne puiffe s'échapper qu'autant que toute l’eau à été élevée. Ji 63 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Les tuyaux 8 & AN ont quatre pouces & demi de diamètre pris intérieurement; ceux #/, pour fair, ont feulement trois pouces de diamètre à la fortie du réfervoir D, & n’en ont plus que deux & demi lorfqu'ils entrent dans le réfervoir Z d'en bas, ainfi que le tuyau 2. La cifle de bois L, eft à la fuite d’un canal où font re- çues les eaux d'une autre machine, qui les élève d’une plus grande profondeur : on y a mis un tuyau avec un robinet #, c'et afin de pouvoir faire entrer à volonté les eaux du réfer- voir Z dans celui /, & interrompre la communication lorfqu'i eft néceffaire. L Le réfervoir D, qui eft fait avec un alliage de cuivre & étain, ainfi que celui /, & tout ce qui eft marqué en jaune, eft d'une capacité double de celui 7 ; il a huit pieds & demi de haut fur cinq pieds de diamètre pris intérieurement; fon épaifleur eft de deux pouces. Le réfervoir Z d'en bas a quatre pieds de diamètre fur fix pieds & demi de haut intérieurement, & un pouce & demi d'épaiffeur, Chacun de ces réfervoirs a été fondu en trois pièces, ainfi qu'on peut le voir par le plan, mais qui ont été réunies avec des vis & des écrous : on a mis une rondelle de plomb & du cuir entre deux, afin qu'elles puiflent mieux fe joindre fans laifler perdre de l'eau ni de Fair. Les tuyaux feroient beaucoup mieux s'ils avoient été aflemblés de même: l'ufage eft dans ce pays-là, comme on peut le voir par le plan, de le faire avec des petits cylindres de bois dans lefquels on chaffe avec force les tuyaux , lefquels cylindres font liés avec trois cercles de fer. Comme on emploie du bois très- fec pour ces cylindres d'aflemblage, ils durent affez long-temps & joignent bien. On a misune pièce fupérieure à chacun des robinets CEE qui eft arrêtée avec des vis, ceft afin que la pièce qui joue foit moins füujette à fe déranger & qu'il y ait plus de folidité. Lorfque lon veut faire agir la machine, on ferme tous les robinets ; le réfervoir À doit être toujours plein d'eau ex- térieure, par conféquent le tuyau Z en eft plein auffr jufqu'au BE; s-/ Sc: FAN CE ENS 69 robinet €: le réfervoir L eft continuellement rempli d'eau intérieure , qu'il s’agit d'élever de feize toiles jufqu'en O ; à cet effet, on ouvre le robinet Æ°: pour lors l'eau du réfervoir ZL fe rend dans celui de cuivre /; & afin qu'elle puifle y entrer, on ouvre le robinet 47 pour la fortie de Fair renfermé dans ledit réfervoir : on connoît qu'il eft plein quand l'eau vient à fortir par le tuyau P; pour lors on ferme ledit robinet & celui À, pour ôter la communication du réfervoir / avec celui L. Cela fait, on ouvre auffi-tôt le robinet C & celui G, Veau extérieure venant par les tuyaux 2, entre dans le fond du réfervoir D; & comprimant l'air qui eft contenu dans ledit réfervoir , loblige à enfiler les tuyaux A}; cet air vient fe rendre fur la furface de l’eau contenue dans le réfervoir inférieur /, & contraint l'eau dont il eft rempli à monter par le tuyau /Vjufqu'à la hauteur ©, qui eft celle de la galerie d'écoulement, nommée Heilige dreyfalighei *, où elle s'écoule. Cette eau étant élevée & le réfervoir Z étant vide, on ferme les robinets C & G ; le premier afin qu'il ne puifle plus venir de l'eau extérieure du réfervoir À dans celui D ; on ouvre enfuite le robinet Æ pour faire écouler l'eau du réfervoir D ; & comme il ne fe videroit point affez promptement fans une communication libre d'air, on ouvre le robinet 7, par où l'air extérieur entre avec force pour remplacer l’eau qui fort par le tuyau Æ: étant entièrement vide d'eau, on bouche l'un & autre robinet. Dans le mème temps que cela fe fait, il y a un homme au réfervoir d'en bas qui ouvre le robinet #, afin que l’eau intérieure du réfervoir L puifle fe rendre dans le réfervoir /; on ouvre auffi le robinet 47, par où l'air fort avec une impétuofité dont il fera parlé ci-après: cela fait & les robinets d’en bas refermés, dn ouvre de nouveau ceux € & G, pour que l'eau extérieure du tuyau À vienne dans le réfervoir comprimer l'air & l'obliger d'enfiler le tuyau 4, crc. & ainfi de fuite. Cet machine va ainfi continuellement, mais elle emploie toujours environ trois minutes à chaque fois qu'elle élève x C'eft-a-dire, Za Sainte - Trinité, Li 70 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de l'eau, & à chacune elle donne de vingt- neuf à trente pieds cubes d’eau: il faut deux hommes pour conduire cette machine, un près du réfervoir D pour ouvrir & fermer, quand il efl néceffaire, les robinets €, G,F, £, & un près du réfervoir d'en bas pour les robinets Æ & M. Lorfque celte machine va fans interruption, elle élève en vingt-quatre heures , de la profondeur de feize toiles, douze à treize mille pieds cubes d'eau, & dépenfe pour cela vingt-cinq à vingt-fix mille pieds cubes d’eau extérieure, Quoique cette machine exige deux hommes pour Ja di- riger, on épargne d'un autre côté, puifque l’on n'a point les dépenfes des autres machines pour le cuir, la graifle, les vis & écrous qu'il faut continuellement refaire ; elle eft enfin d’un très- petit entretien & eft très-bonne à exécuter dans les en- droits où l'on n'a pas plus de quinze à vingt toifes à élever Jes eaux & où l’on a peu d'eau extérieure & une chute plus grande que la profondeur de celles à élever: car on peut la faire aller feulement quelques heures & enfuite l'arrêter, ou même ne la faire opérer que tous les quarts-d’heure une fois; par-là on n'a beloin que de très- petits réfervoirs pour raflembler les eaux extérieures & les intérieures, ce qui ne peut avoir lieu dans les machines à roue, même dans toutes celles où l’on emploie des pompes. Les vingt-deux toifes de chute que l'on a données à l'eau extérieure, n'étoient pas néceffaires, mais les tuyaux Z ont été faits pour élever l'eau de vingt-une toifes, ce qui ne put être exécuté , le réfervoir D ayant crevé lorfque l'on voulut faire agir la machine la première fois, & avec un eflort qui annonça toute la force que l'on devoit attendre d'une colonne d’eau f1 élevée & d’une bafe auffi confidérable, fur-tout com- primant une mafñle d'air qui, à caufe de fon élaflicité, peut occafionner des fecoufles. Lorfque la machine eft {ur la fin de fon opération , c'eft-à- dire que prefque toute l'eau du réfervoir / d'en bas a été élevée, fr lon ouvre le robinet #7 pour donner iffue à Fair comprimé, & que l'on préfente à fon-embouchure ? un DES; SC MEN CHE’: 7 chapeau ou bonnet de mineur, les vapeurs aqueufes répandues dans Fair comprimé, & peut-être auffi une partie de celles de l'air extérieur, font condenfées fur ledit bonnet en forme de glace très-blanche & très-compaéte; elle reflemble beaucoup à la grêle, on la détache difficilement du bonnet; elle fe fond aflez vite, ce qui n'eft pas furprenant, puifque l'endroit où fe forme cette glace eft tempéré. M. du Hamel & moi ayant féjourné dans ce pays-là depuis le mois de Janvier 1758 jufqu'au mois de Juillet de la même année, nous avons obfervé que le même phénomène avoit lieu dans toutes les faifons : comme nous ne nous étions pas précautionnés d'un thermomètre, il nous a été impoñfible de faire nombre d'expé- riences qui auroient pu être utiles. Il faut remarquer que l'air fort avec une très-grande im- pétuofité du tuyau , & que fi l'ouvrier qui lui oppofe le bonnet n'étoit pas appuyé par- derrière, il lui feroit impoffible de pouvoir le tenir à quelques pouces de l'embouchure, comme il le fait: de plus, que fi l'on ne tourne le robinet qu'en partie, ” la glace eft beaucoup plus compaéte que fi on l'ouvre entière- ment, ce qui prouve que plus l'air efl preffé dans fon paffage, plus ce phénomène eft apparent. . On pourroit évaluer jufqu'à quel point Fair ef comprimé, en faifant attention qu'il foutient une colonne de la valeur de 1206 pieds 8 pouces cubes d’eau, qui pèfent 84466 livres. La première réflexion que ce phénomène n'a fait faire, ceft qu'il nous repréfenioit peut-être la manière, ou une des manières dont la gréle fe forme dans Fair; mais je ne hafarderai point de propofer des conjectures & des doutes devant une Compagnie fi remplie de connoiffances pofitives , & de qui l'on eft en droit d'attendre des lumières fur les phénomènes de la Nature les plus difficiles à expliquer. Je la fupplie de me permettre d'y avoir recours quelquefois &- de me continuer {a permiflion de lui rendre compte des obfervations que je trouverai dignes d'elle, TERRE 72 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MÉMOIRE CONCENTRATION ET CONGÉLATION DÉTONUIEN AMIE RIEN RE ASD IC ALT, Par M. le Marquis DE COURTANVAUX. our rectifier du Vinaigre radical tiré du verdet de Hollande , je me fervis d'une grande cornue à l'angloife de verre blanc au bain de fable; le premier jour je ne fis pas difliller tout mon vinaigre radical; le lendemain je trouvai le haut & le col de la cornue remplis & traverfés d’une criftal- lifation en grandes lames & en aiguilles. Ces criftaux n'étoient qu'une congélation de vinaigre radical, que l'examen m'a fait reconnoître ; le fait me furprit, je l'attribuai au grand froid que l'on reffentit ce jour-R *, le thermomètre étant à plufieurs degrés au-deflous du terme de la glace. Je remis à un autre hiver à faire des expériences fur ce que le hafard nr'avoit réfenté: au commencement de cette année 1762 j'eus befoin de plufieurs livres de vinaigre radical pour faire de l'éther aceteux. Je me préparai à faire des expériences qui pufient me faire obferver le produit du hafard : je diftillai cinq livres de verdet de Hollande dans une cornue de terre ; je donnai un feu très-doux ; en plufieurs heures il paffa dans le ballon trois à quatre onces de liqueur très-claire, ayant une aflez forte odeur de vinaigre. Je mis à part cette prenmière liqueur; je continuai le feu & l'augmentai peu à peu jufqu'à faire rougir la cornue. Tout le vinaigre radical qui pafla étoit d’un aflez beau vert: je vidai ce vinaigre dans un flacon, qui refta un jour ou deux dans le laboratoire ; enfuite je l'expofai une nuit à l'air fur une fenêtre fituée au nord , au premier étage & à côté d'un thermomètre qui defcendit à zéro : le lendemain, fur les * Le 8 Janvier 1754. huit Jcav Æbranger Tom. VPa9 2, Jeav Elranger Tom VPag. 72 LUE TANT ZE aanrard Jadp DE. À SÉCUISENNACR ENS huit heures du matin, j'examinai le flacon & le débouchai pour fentir la force de la liqueur: & le remettant à la même place, environ un quart d'heure après je n''aperçus qu’une partie de mon vinaigre radical étoit congelée; je fus étonné de cette efpèce de criftallifation, mais ma furprife diminua, en ce que la première portion de liqueur qui avoit paffé d'abord dans la diftillation, également expolée à l'air à côté de l'autre, ne s'étoit pas congelée, quoique le flacon, non plus qu'un autre flacon de vinaigre radical tiré d’un femblable verdet, dont je n'avois pas féparé la première portion de liqueur, eût été remué. Je foupçonnai que des deux vinaigres radicaux tirés de mes cinq livres de verdet, l'un étoit plus acide que l'autre, & que le pèle-liqueur pouvoit m'en aflurer : en effet, je trouvai une différence marquée qui me fit croire que cette première portion de liqueur étoit plus flegmatique que l'autre; je me reflouvins alors d’avoir Ià dans les Cahiers de Chimie de M. Rouelle, que le verdet criftallifé expofé au grand foleil de l'été, fe réduifoit en poudre, blanchifloit un peu & perdoit de fon eau. Le flacon de vinaigre radical, que j'ai dit être congelé en partie, placé dans une chambre où le thermomètre étoit à 9 degrés au-deflus de zéro, fe liquéfia aflez vite. Pour que ce vinaigre fe congèle, il faut que le thermomètre approche du térme de la glace; à 1, 2 ou 3 degrés au-deflus de zéro il lui arrive quelquefois de fe congeler, mais fi le froid eft plus fort il fe congèle promptement. Le vinaigre radical dont on na pas féparé la première portion de liqueur fe criflallife moins vite; mais fi le thermomètre eft à quelques degrés au- deffous de zéro, il fe congèle fans avoir befoin d'être débouché, &? même fans être remué: quand le froid n'eft pas affez fort, il faut mettre le flacon dans de l'eau & de la glace pilée; il j a des variétés & une efpèce d’inconftance qu'il eft im- poffible de fixer. M. le Comte de Lauraguais, dont le goût pour la Chimie eft fi connu, a vu toutes ces difficultés, a expliqué cette criflallifation, ce qui la lui a fait ranger au nombre des arcanes chimiques: il m'a précédé fur ces expé- riences, auxquelles j'étois occupé dans le même temps, & a Say, érang. Tome V. . K MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fait part à l’Académie de {es obfervations, qu'il a publiées depuis dans le Mercure d'Avril, Les nouvelles diftillations du verdet que j'ai répétées depuis, ont été faites avec beaucoup plus de foin, ‘en féparant les premières portions de vinaigre radical, dans la vue d'obtenir l'acide le plus concentré; je n'ai fait en cela que ce qui eft re- commandé par les Chimiftes qui ont travaillé. Toutes les fois que l'on diftille une matière qui donne de la liqueur, il faut en examiner les premières portions qui paflent & les mettre à part; c'eft ce que Jai obfervé dans plufieurs diftillations du verdet. Je n'en rapporterai qu'une pour exemple. Le 9 Janvier, je mis cinq livres de verdet de Hollande en poudre groffière dans une cornue lutée, que je plaçai dans un reverbère; j'adaptai à cette cornue une grande alonge de verre, & à cette alonge un ballon de verre blanc tubulé, qui peut fe fermer avec un bouchon de liége; les vaifleaux lutés avec du dut gras, le lut recouvert d'une bande de linge enduite de blanc d'œuf & de chaux éteinte à l'air, le tout bien féché. Je mis à dix heures du matin, fous ma cornue, fept à huit char- bons moyens bien allumés; je les laïflai éteindre, je continuai ainfr le même feu jufqu'à quatre heures après midi : pendant ces fix premières heures il n’a paflé que deux gros de liqueur au plus. En appliquant la main fur le col de la cornue à l'endroit qui fortoit du fourneau, à peine pouvoit-on s'apercevoir de la chaleur; je mis alors quelques charbons de plus, que je ne laiflai point éteindre, mais je les entretins {1 modérément, qu'entre chaque goutte de liqueur qui pafloit , on pouvoit com- pter cinquante battemens d'artère ( c'eft ainfi que je compterai déformais dans cette opération) : à cinq heures un quart les gouttes fe fuivoient à compter quarante battemens entre les unes & les autres, le feu foutenu à peu près au même degré: à fix heures & demie, les gouttes fe fuivoient à compter trente entre chacune, ce qui m’obligea de fermer l'ouverture du dôme & le cendrier du fourneau. A fept heures je retirai la liqueur du ballon par le moyen d'un fiphon à huile eflentielle, j'en obtins une once deux gros peu acide, & ayant à peine le goût DES SCIENCES de vinaigre ; elle étoit claire comme de l'eau : j'augmentai très- peu mon feu, ouvrant & fermant le dôme & le cendrier tour à tour. Sur les huit heures, les gouttes fe fuivoient à vingt-quatre battemens de diftance: à neuf heures du foir je retirai la liqueur, qui pefoit une once trois gros; cette liqueur étoit plus acide que la première, mais de peu ; elle étoit fort claire. Je faiffai toute la nuit le feu tel qu'il étoit, en fermant le dôme & le cendrier jufqu'au lendemain neuf heures du matin; je tirai du ballon une once cinq gros de liqueur; le peu de feu faifé le foir fous la cornue & la chaleur du fourneau , ont fuffñ pour faire paffer cette quantité, qui eft plus acide que la feconde. Sur les neuf heures je remis le feu à la cornue; je le pouffai plus fort, afin de l'échauffer plus vite. Dès, que les premières gouttes de liqueur commencèrent à pafler, je fermai le cen- drier & le dôme du fourneau tour à tour, à defein de mé- nager le feu, ce que. j'ai toujours pratiqué dans le cours de l'opération. Je retirai du ballon deux onces de liqueur plus acide que la troifième : à l'odeur, elle commençoit à avoir fe montant du vinaigre radical. Le feu exactement continué, à fix heures du foir, je retirai la liqueur, qui pefoit deux onces quatre gros; elle étoit plus acide que la quatrième & plus pénétrante. Le feu toujours continué, fur les neuf heures, les gouttes fe fuivoient à la diftance de huit à neuf battemens : la liqueur retirée du ballon pefoit une once un gros ; elle eft beaucoup plus pénétrante à l'odeur & plus acide que da cin- quième : elle approchoit du vinaigre radical pour la force. Ces fix premières portions de liqueur font très-claires & fans aucune couleur ; il y en a dix onces fept gros. Le feu ayant été un peu fupprimé, le vinaigre radical qui pafla étoit coloré d’une légère teinte de vert. À onze heures, da liqueur , qui à la vue paroifloit du poids de deux onces, étoit plus acide que la précédente : c'eft de très- fort vinaigre radical & qui en a toutes les propriétés. Le feu, - comme je viens de dire , ayant été fupprimé en partie, il paffa peu de chofe pendant la nuit: le lendemain, la quantité de liqueur n'étoit que très-peu augmentée: je remis du feu à neuf heures K i 76 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE du matin; je le pouflai plus fort qu'auparavant : fur les trois heures le ballon me donna environ fept onces de liqueur. Le feu continuant au point que les gouttes fe fuivoient à la dif- tance de huit à dix battemens (il étoit pour lors environ fix heures) : alors le vinaigre radical a commencé à fe congeler dans le ballon &c au bout de l'alonge qui donnoïit dans le ballon , où le vinaigre tomboit de manière qu'il faifoit comme une ftalaétite, La congélation s’eft faite également dans l'alonge, tant de la li- queur qui couloit du bec de la cornue, que de celle qui pañloit en vapeur & qui fe condenfoit dans l'alonge , ce qui faifoit tout le long une crifallifation continuée jufque dans le ballon : an thermomètre placé dès le matin auprès du ballon, étoit à 6 degrés au-deffus dg terme de fa glace; je pouffai le feu jufqu'à rougir la cornue en partie, ce qui liquéfra Le vinaigre radical de l'alonge, lequel paña dans le ballon, où la congélation continuoit de fe faire. Les vaifleaux étant prefque refroidis, je les délutai: le vinaigre radical fe congela tellement, que pour le faire fortir du ballon, je fus obligé de le mettre au bain-marie: vidé dans un flacon, il fe congela de nouveau quelques heures après. Le fendemain je fis liquéfier cette con- gélation au bain-marie; je l'expofai enfuite à l'air à côté du thermomètre, qui marquoit 7 degrés au-deflus du terme de la glace : le vinaigre radical fe congela prefque totalement en trois heures. La feptième portion de vinaigre radical pefoit deux livres trois onces deux gros; le caput momuum peloit une livre onze onces ; la perte et donc d'environ {pt onces. Pour ôter au vinaigre radical le peu de cuivre qu'il a vo- Rtilié & qui lui donne cette belle couleur verte, il faut avoir recours à la rectification. Je reétifiai cette feptième liqueur feule , tirée de mon verdet, dans une cornue de verre blanc lutée; j'y adaptai la même alonge & le même ballon qui avoient fervi à l'opération précédente, lun & autre lutées avec autant de foin. On procéda à la diftillation très - doucement, ainfr qu'il a été recommandé pour le verdet, mais avec encore moins de feu: DES: SCIE) Ne CE: 5: 77 on mit à part les deux premières onces de vinaigre radical qui pa(sèrent ; elles étoient au pèle-liqueur un peu plus lévères que celles qui paffent après, mais de peu: dans cette rectification, le vinaigre fe congela dans le ballon , dans l’alonge & au bec de la cornue à tel point, qu'après la diftillation faite on fut obligé de chauffer le vinaigre radical avec un charbon, pour le faire liquéfier & le faire couler dans le ballon. Cette con- gélation fe fit le 24 Janvier, quoique le thermomètre fut de 2 degrés au-deffus du terme de la glace, placé dans une autre partie du laboratoire à l'oppofite du fourneau: en touchant avec la main le col de la cornue qui fortoit du fourneau & qui m'étoit pas lutée, on fentoit une légère chaleur, c'eft à quatre ou cinq travers de doigt de cet endroit que le vinaigre radical fe congèle, comme je l'ai dit; de {orte que pour le retirer du ballon , on fut obligé de le mettre au bain-marie: ce vinaigre eft très-clair & fans aucune couleur. Si on rectifie plufieurs fois du vinaigre radical dans la même cornue, fouvent les dernières portions ont une teinte de vert, fur-tout fi le feu eft poulfé trop vite REMARQUES. Si je fuis entré dans un fi grand détail figce diftilla- tion du verdet, c'eft que j'ai cru le devoir, pour démontrer qu'il contient une certaine quantité d'eau; & que faute d’une diftillation exaéte, on n'auroit pas tous.les faits qui fe pré- fentent, qui fixent la congélation du vinaigre radical à volonté, & qui peuvent donner de nouvelles connoiflances fur fon inflammabilité. Quoique j'aie recommandé de bien ménager le feu, je fuis perfuadé qu'il eft encore poffible de faire paffer plus de liqueur fans aucune couleur, point inflammable & plus chargée de fiesme ; il faut échauffer très- lentement la cornue, afin que tout le verdet s'échauffe jufqu'au centre, autant qu’il eft poffible, parce que le feu étant donné trop vite, le verdet qui touche aux parois de la cornue, efl à Ja fin de fa diftilation & donne fon acide le plus fort quand le centre eft à peine échauffé, ce qui rend inflammables les K ii 78 MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'ACADÉMIE premières onces de liqueur qui paflent , comme il m'eft arrivé, Si on pouvoit avoir des cornues plates du fond & ayant une grande furface où le verdet ne feroit qu'une couche de trois ou quatre lignes d’épailleur, on feroit mieux fa diftilla- tion; on fépareroit mieux auffi fa partie la plus flegmatique & on auroit un vinaigre glacial encore plus concentré que celui que jai fait : quelques expériences m'ont fait apercevoir de cette vérité, !Il eft néceffaire d'examiner toutes ces diffé- rentes liqueurs que j'ai tirées de mon verdet, elles ont toutes une nuance d’acidité; les premières font moins acides que les dernières: à volume égal, elles diffèrent par le poids. Si on foumet les fix premières à un pèle - liqueur qui contienne une once d'eau diftillée, la première ne pèle que fept grains de plus que l'eau, la feconde onze grains de plus, la troifième quatorze, li quatrième trente-deux, la cinquième trente-cinq, la fixième quarante-fept. On voit aflez la gradation du poids que prend cette liqueur, ce qui indique une gradation d'acidité, qui fe reconnoit au oût & à l'odorat, & encore mieux en faturant toutes ces liqueurs d'alkali fixe. Une once de la première liqueur ne demande que quarante grains d’alkali fixe concret pour ablorber tout l'acide ; une once de la deuxième abforbe un gros quatre grains ; une once de la troifième, un gros huit grains; une once de la quatrième, quatre gros douze grains ; une once de la cinquième, quatre gros quarante-huit grains; une once de la fixième, cinq gros & demi. On voit, par ces expériences, une gradation bien mar- quée de la quantité d'acide qui fe trouve dans ces différentes liqueurs ; la dernière, qui eft la feptième, demande par once plus de fix gros d'alkali fixe: toutes ces liqueurs rougitlent le firop de violettes, plus ou moins, & font effervefcence avec l'alkali fixe, en raifon de leur différente quantité d'acide, Les cinq premières liqueurs ne font nullement inflammables, quoique bouillantes. Si on en jette fur les charbons embrafés, elles les éteignent comme feroit l'eau. La fixième liqueur bouil- Jante donne quelque figne d'inflammabilité , encore faut-il être DES SCIENCES dans l'obfcurité pour s'en apercevoir : on peut donc la regarder comme non inflammable, je fuis même perfuadé que fi j'eus ménagé le feu davantage, elle n'auroit donné aucun figne d'in- flammabilité. I rélulte de ces expériences , qu'il eft poffible de retirer environ onze onces & même plus de liqueur, quoique très-acide, quand on a employé cinq livres de verdet criftallifé. La feptième portion de liqueur, qui fait le dernier vinaigre radical, lequel eft coloré d'un beau vert, eft très - inflammable étant bouillante : ce dernier vinaigre eft plus acide que la fixième liqueur , & il eft cependant plus léger. Si on féparoit les quatre dernières onces qui paffent dans la diftillation du verdet, elles fe trouveroient encore plus légères que les premières. Tout Chi- mifte qui connoît bien la nature du vinaigre radical , ne fera pas embarraflé d'expliquer ce fait: ce dernier vinaigre radical eft encore plus inflammable, & s’enflamme avant de bouillir ; le vinaigre radical tiré d’un femblable verdet, dont on n'a pas féparé les premières portions de liqueur , eft moins inflam- mable que celui qui eft privé de cette portion flegmatique. Pour obtenir la congélation du vinaigre radical à volonté, il faut obferver deux chofes ; premièrement, de bien féparer les premières portions de fleome acide du verdet, en le dif- tillant ; fecondement, que le thermomètre foit depuis le terme de la glace jufqu'à 10 & 1 1 degrés au-deffus de la congéla- tion. Pour que ce vinaigre radical fe liquéfie , il faut que la chaleur de latmofphère faffe monter le thermomètre à 13, 14 & 15 degrés, & qu'il refle à ces mêmes devrés plufieurs jours; car s'il baiffe au-deffous, comme de 10 à 11, il refte congelé en grande partie, il y en a même qui ne reftent pas congelés à ce degré, parce qu'ils n'ont pas été bien déflegmés. En parlant de cette rectification, j'ai dit que la première portion qui pañle eft plus légère que celle qui la fuit; on croiroit peut-être que ce moindre poids eft dû à cette portion d’efprit de vin, que beaucoup de Chimiftes ont dit que l’on retire du verdet : cette première portion du vinaigre radical, tirée par da rectification, ne contient pas plus d'efprit de vin que celle qui pañle après; il n’a des propriétés de fefprit de vin = 80 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que la feule inflammabilité, S'il y a dans le vinaigre radical de l'efprit de vin, il eft tellement combiné par la fermentation acide, qu'il ne lui refle de toutes ces propriétés que celle de l'inflammabilité. La légèreté du vinaigre radical le plus con- centré fait foupçonner cette vérité ; mais comme d’ailleurs on peut faire de bon vinaigre fans liqueur fpiritueufe , le foupçon s'évanouit. Si on confidére le vinaigre radical fous un autre point de vue, & qu'on le regarde comme une combinaifon de l'acide végétal, auquel s'eft unie une petite quantité d'huile très-fubtile, que la fermentation a combinée & qui conftitue le vinaigre radical, on peut décider cette queftion par des expériences bien fimples. Je demande encore aux Chimiftes pourquoi l'acide végétal ne feroit-il pas, par fa nature , auf propre à fe combiner avec le phlogiftique , que les acides minéraux qui s'uniflent au phlogiftique & qui font des corps folides ou fluides? le même acide minéral peut faire ces deux combinaifons. Pourquoi acide végétal n'auroit-il pas la propriété de s'unir au principe inflammable? OBSERVATIONS DES ! S CM E MUC ETES 8r ———————— O BISMERRERPANT TO N De la Cométe qui paroi Préfentement entre la grande Ouwrfe à la conflellation du L Jnx, faites à l’Obfervatoire de la Marine, Pendant les mois de Mai à Juin 1762. Par M. MESSIER, attaché au Dépôt des Plans de [a Marine, de là Société Royale de Londres, & de celle des Sciences de Hollande. J E n'ai découvert cette Comète que fur l'avis que l’Académie en avoit reçu de Hollande le 23 Mai 1762; M. de l'Ifle m'ayant fait part de la note qui s'exprimoit ainfi: L'on à vu dans ce pays’ une Comete la Jemaine paflèe, qui paffoit par la confkllation du Cameleopardalis. Le foir mème du jour qu'on reçut cet avis, je la cherchai , aux environs de la conftelluion indiquée , au moyen d'une petite lunette d'un pied’ qui eft fort claire: je la découvris (le 28 Mai) fur les neuf heures du loir, proche la‘iête du Lynx, quoique la Lune fût déja élevés de quelques degrés fur fhorizon. Je la vis enfuite à la vue fimple; elle égaloit l'Étoile qui eft placée au nez de cette conftellition & qui eft de fa quatrième grandeur; c’eft la féconde du Lynx, fuivant le Catalogue de Flamftead : elle étoit en Vvironnée d’une nébu- lofité fenfible aux inftrumens: le noyau étoit brillant, blanchatre & aflèz bien terminé Pour en pouvoir déterminer exatement la grandeur, ce que Je fis, au moyen d'un micromètre à fil de foie appliqué à un télefcope Newtonien, de quatre pieds & demi de longueur, qui groffifoit les objets foixante - fix fois. Je trouvai que le noyau de Ja Comte contenoit deux fois l'épaifleur d'un des fils de ce micromètre, ce qui répond à 8 fecondes de degré; le diamètre de la nébulofité qui environnoit ce noyau, étoit de 7 minutes, C'efl avec le même télefcope de quatre pieds & demi que J'ai obfervé la pofion Say, rang. Tome V. JE 82 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de la Comète à l'égard des étoiles voifines, & cela hors du méridien. Quant aux obfervations qui ont été faites au méridien, c'a été avec un télefcope Newtonien de trois pieds & demi, qui y eft fixé & polé folidement; ce font ces deux Inflrumens, garnis chacun de fon micromètre à fil de foie, qui m'ont fervi à déterminer les pofitions de la Comète & des Etoiles, telles qu'on les trouvera dans les deux Tables fiivantes. Le 28 Mai, le ciel fut ferein toute la nuit; à 11 heures environ de temps vrai, la Comiète fe trouvoit proche d'une petite étoile qui n'eft point dans les Catalogues, que j'eftimois de la huitième grandeur : j'ai obfervé cette Etoile quatre fois au méridien les jours fuivans avec Capella. J'ai déterminé, par ces différens pafages, fon afcenfion droite de 9 24 2 3" 5 8”, avec 624 47° 23" de déclinaifon boréale. A 1 1h 26° 42", temps vrai, là Comète précédoit cette étoile de 9° 45" de deoré; elle étoit plus feptentrionale de 17° $ 5": de ces diflérences, j'en ai conclu l'afcenfion droite de la Comète de 924 14° 13", & fa déclinaifon boréale de 634 5° 18”. A 14h 43'23", la Comète fuivoit là mème étoile de 14° 7" de degré; elle étoit plus feptentrionale de 12° 1 8": de cette feconde obler- vation réfulte l poftion de la Comète en afcenlion droite, de 924 38° 5”, & fa déclinaifon boréale de 624 5941". Le 29, le ciel fut partie couvert jufqu'à minuit, il devint enfuite parfaitement ferein; je revis là Comète & je l'obfervai au méridien fous le pôle: elle y pañfa à 13" 56° 1"; elle y fuivoit une étoile de la feptième grandeur, qui fe trouve fur les Cartes de Flamflead, mais dont la pofition n'eft point rapportée dans fon Catalogue. Je pris Le parti de déterminer fa pofition par fon pañage au méridien; ce que je fis les jours fuivans , en l'y oblervant avec Capella. Par cinq de ces paffages, j'ai urouvé fon afcenfion droite de 94% 34° 3", & fa décli- naifon boréale de 614 SOL: l'Etoile précédoit la Comète au méidien de 14 10°: la Comète étoit plus feptentrionale que l'étoile de 20" 9”; j'en ai conclu la pofition de là Comète en afcenfion droite de 9 54 44° 3", & fa déclinaifon boréale de 624 19 47: DIE S ‘SNGUMNEUNT QI 83 Le 30 Mai, le ciel fut parfaitement ferein toute la nuit: à 148 4° 10" j'obférvai la Comète au méridien avec l'étoile Capella ; Yétoile précédoit de 244 1” 30”, la Comète étoit feptentrionale à l'étoile de 154 $0' 31”; de F'afcenfion droite de Capella, calculée pour le temps préfent, de 744 46' 48", & fa déclinaifon boréale de 454 44' 12", j'en conclus la pofition de la Comète à fon pañlage au méridien, de 984 48" 18" pour fon afcenfion droite, & 614 34° 43" pour fa déclinailon boréale, Le 31,le ciel parfaitement beau; la Comète paffà au méridien à 14% 11° 35"; l'étoile Capella l'y précéda de 264 54" 0", & la Comète étoit feptentrionale à l'étoile de 1 54 1° 48": de ces différences entre la Comète & l'étoile, j'en ai conclu l'afcenfion droite de la Comête de 1014 40° 48", & fa déclinaifon boréale de 604 46' 0"! Le 1.” Juin, le ciel écalement ferein; la Comète fut ob- fervée au méridien à 14h 1 8° 1 $"avec l'étoile Capela ; l'étoile précédoit de 29% 36° 22": la Comète étoit feptentrionale à l'étoile de 1 41 9” 48" : il en réfulte de ces différences l'afcenfion droite de la Comète à fon paflage au méridien de 104% 2 36 10", & fa déclinaifon boréale de 594 54’ 0". Le 2, le ciel fut couvert. Le 3, le ciel parfaitement beau; j'obfervai la Comète au méridien à 14h 29° $7" avec Capella ; Y'étoile précédoit la Comète de 344 35° 0"; la Cométe étoit plus feptentrionale que l'étoile de 124 17° 57": de ces différences réfulte lafcenfion droite de là Cométe de 1094 21° 48", & fa déclinaifon boréale de $ 84 2" 9". Le 4, le ciel également ferein; la Comète paffa au méridien à 14° 34 51”, elle y fut comparée avec li 24° étoile de la conflella ion du Lynx, que Flamftead fait de la cinquième grandeur : eile a été obfervée plufieurs fois au méridien les Jours fuivans avec l'étoile Capella : de ces paflages j'en ai conclu fon afcenfion droite de 1104 43' 6", & fa déclinaifon boréale de $ 94 14° 30”; l'étoile précédoit la Comète au imé- ridien de $ 4° 1 1" de deuré; la Comète toit plus méridionale L ij AT. JL di ol DAMES titata ati: 84 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que l'étoile de 24 1 1° 34": de ces différences de pañfages, il en rélulte la polition de la Comte, à l'écard de cette toile , de 111437 17 ,& fa déclinaifon boréale de 574 2! 56". Le s Juin,elle y a paffé à 14h 39° 8" avec la même étoile 24° du Lynx ; Tétoile préc édoit de 34 0° 26"; la Comite plus méridionale de 34 12° 1 8": de ces sr à il en vient J'afcenfion droite de 11 Comete de riad43 32e déclinaïfon borcale de $64 2° 12". Leciela été parfaitement ferein toute la nuit. Le 6, je n'ai point vu la Comète à caufe du ciel couvert, Le 7, le ciel fut couvert prefque toute la nuit, & ce ne fut qu'à 13 6’ 48" que je pus comparer la Comète avec l'étoile 27. du Lynx , que Flamitead fait de la cinquième grandeur: la Comète précédoit l'étoile de 14° 16" de degré; elle toit plus feptentrionale de 24 1° 59”: de ces différences j'en conclus lafcenfion droite & la déclinaifon de la Comète, par le moyen de la pofition de l'étoile que j'ai obfervée plufieurs fois au méridien , & comparée avec Capella . fa pofition pour le temps préfent a été trouvée de 1174 40° 3 3" en afcenfion droite, & 524 10° 26" pour fa déclinaifon boréale. Il en réfulte celle de la Comère de 1174 26° 17" pour fon afcenfion droite, & 4° 2 2258 pour fa déclinaifon. Les nuages ont un peu nui à cette obfervation & on doit la regarder comme douteufe. Les8,9,10& 11, je nai point oblervé la Comète, à caufe du ciel couvert. Berre par un beau temps, jai revu la Comète & je l'ai comparée trois fois avec l'étoile + d'une des pattes de la grande Oùurte, qui cit de la troifième grandeur : j'en ai pris la polition dans le Catalogue de feu M. l'abbé de la Caille, que Jai réduite enfuite au temps préfent: fon afcenfion droite conclue de 130%41" 31",& fa déclinaifon boréale de 484 57° 37". A 114230" 13", la Comète précédoit Fétoile de 54 34’ 30"; elle étoit plus méridionale de 10° 18". Il en PL la pofr- tion de la Cométe en afcenfion dhoite, de: 42 SA me 18e fa déclinaifon boréale de 484 47” 19". Les deux autres po- fitions fuivent celle-ci dans k première Table, DES SCIE NTEMEUS: 85 La Lune, qui avoit toujours été fur l'horizon , ne m'avoit pas permis de m'aflurer fi la Comète augmentoit ou diminuoit de lumière, Ce foir, fur les ro heures, le ciel étant parfaite- ment beau & la Lune n'étant pas levée, la Comète n'a paru encore très- brillante, c'eft-à-dire le noyau, mais bien moins terminée que le premier jour de la découverte. J'ai eflayé d'en mefurer le diamètre, én le comparant à l'épaifleur d'un des fils du micromètre, je fai trouvé de $ fécondes environ: fa nébulofité qui l'environne eft toujours peu fenfible. La queue, mefurée du noyau à l'extrémité, na été trouvée que de 7 à 8 minutes. Le 13, le ciel paffablement beau; à 12h ao it; ejai comparé la Comète avec l'étoile x de la grande Our, qui eft de la 3° à la 4° grandeur : fa pofition, prife de même que la précédente dans le Catalogue de M. l'abbé de la Caille, cit réduite au temps préfent; fon alcenfion droite conclue de 131949" 4’, & fa déclinaifon boréale de 484 $' o": la Comète précédoit l'étoile de $4 19" o"; elle étoit plus méri- dionale de 26’ 4”. Il en vient la pofition de la Comète en afcenfion droite de 1264 30’ 4”, & fa déclinaifon boréale déigy. 3 866": Les 14& 15, le ciel ne m'a pas permis de voir a Comite, à caufe des nuages. Le 16, dans un intervalle des nuages, j'ai obfervé la Co- mèête, en la comparant trois fois avec la 3 $.° étoile de la conitellation du Lynx que Flamfiead fait de {a 6.° grandeur, & qui { trouve dans fon Catalogue, J'ai réduit fa polition au temps préfent, & j'ai trouvé {on afcenfion droite de 1 284 58 41", & fà déclinaifon boréale 444 35° 20". À 10h 52" 8", la Comète fuivoit l'étoile de 5 6" 48" de degré; elle &oit plus méridionale de 7° 47". Il réfulie de ces pañages, que l'afcenfion droite éloit de 1294 55 29", & M décli- naifon boréalede 444 27° 3 3". Les deux autres obf&rvations de la Comète avec li méme étoile font rapportés dans la première ‘Fable, Le 17, le ciel entièrement couvert, L ijj 86 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le 18 Juin, le ciel partie couvert: furles 1 1 heures étant devenu paflablement beau, j'ai revu la Comète & je Tai comparée quatre fois avec l'étoile » de la grande Ourfe, qui eft la dixième de cette conflellition , & que Flamftead eftime de la 4° à la $ grandeur: j'en ai pris la pofition dans le Catalogue & je l'ai réduite enfuite pour le temps préfent, Son afcenfion droite efl der rdiyt 42", & fa déclinaifon boréale de 42° 42! 12". À 11h 16° 52", la Comète fuivoit l'étoile de 42° 37" de der elle étoit plus méridionale de 21° $9". De ces différences, il en réfulte pour l'afcenfion droite 132 24 0° 19", & pour k (décinaifon (bercale 42412 oUliefeles trois autres déterminations de la Comèteavec cette étcile font rapportées dans la première ‘Table à la fuite de celle-ci. Le 19, le ciel paflablement beau ; la Comète paroït encore belle, quoique déjà proche de l'horizon; elle fe trouvoit fur le parallèle de la 42.° étoile de la confiéllation du Lynx, que Flamflead fait de la 6° grandeur ; la pofition eft rapportée dans fon Catalogue. Je l'ai réduite enfuite pour le temps pré- fent; fon afcenfion droite conclue de 1404 5 3" 9", & fa déclinaifon boréale de 419 17° 48". La Comète, à 111 42° 44", précédoit l'étoile de 74 so" 7"; elle étoit plus fepten- trionale de 1° 12". De ces quantités Jen ai conclu fon afcenfion droite É 133432", & fa déclinaifon boréale de AT HOMO Le 20, les nuages ont empêché de revoir la Comète. Le 21, j'ai revu la Comète, & je d'ai comparée avec la 17." étoile du petit Lion, que Flamflead, dans fon Catalogue, eftime de la 6.° grandeur : fa pofition y ef rapportée pour le temps de fes obfervations en 1690, que j'ai ÈLE enfuite pour le temps prefent ; {on afcenfion droite de 1444 29 23" à & fa déclinaifon boréale de on s0' 47°. ALARME la Comète précédoit l'étoile de 94 41° 19", plus feptentrionale de 17° 54". De ces différences, il en réfulte lafenfion dite de E Comète de 134% 48° 4", & fa déclinailon boréale de 39° 8° 41". Le 22, le ciel entièrement couvert avec pluie. D LE 15 # SL CNIMENNUIQNENNSS 87 Le 23 ,il ne m'a pas été poñfible de revoir la Comète avant 11 heures, à caufe des nuages: à 1 1h 10° 40” je l'ai comparée à une étoile de la conftellation du Lynx, que Flamftead eftime de la quatrième grandeur, & qui eft la 38." de cette conftel- lation; fa pofition eft rapportée dans fon Catalogue, que jai réduite enfuite pour le temps préfent, & que j'ai trouvée de 135458" $7" pour fon afcenfion droite, & 374 47' s2" pour fa déclinaifon boréale. La Comète fuivoit l'étoile de 2 20201 de degré ; elle étoit plus méridionale de 31° 13"; de-là j'ai conclu l'afcenfion droite de la Comite de 1364 22’ 17", & fà déclinaifon boréale de 374 16' 3 os Le 24, je nai point vu la Comète, le ciel s'étant couvert avant 10 heures. Le 2 5, le ciel fut partie couvert vers l'occident; je n'ai pu voir là Comète qu'après 10 heures; elle fe trouvoit fur le parallèle d’une étoile qui eft la 40.° de la conftellation du Lynx, que Flamflead eftime de la 4.° grandeur : j'en ai pris la potion dans le Catalogue & je fai réduite enfüite pour le temps préfent : fon afcenfion droite eft de 1 364 37' 44", & fa déclinaifon boréale de 35423" 11". L'étoile, à 108 24 31", précédoit la Comète de 14 1 3° 6”; la Comite étoit plus méridionale que l'étoile de 2° 37". De ces diffé- rences, il en vient pour Fafcenfion droite, 1374 $o' 50", & pour la déclinaifon boréale, 3 $4 20° 34". La Comète a encore été comparée deux fois avec la même étoile; on en trouvera la pofition à {a fuite de celle-ci dans la première Table, La Comète, quoique près de l'horizon à 10?+, paroifloit encore très -fenfible dans mon inftrument. À la fuite des afcenfions droites & des déclinaifons obfrvées, dont je viens de rendre compte & rapportées en Table , j'ai ajouté les longitudes & les latitudes de la Comète calculées, en fuppofant 23428’ 20" pour lobliquité actuelle de l'écliptique, & j'elpère y joindre encore dans peu de temps la comparaifon de ces longitudes avec la théorie, en même temps que Je pré- fenterai à l'Académie k fuite de mes obfervations, 88 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE TABLE des lieux de la Comète de 1762, découverte la nuit du 28 EC OP pates ste DE Temps Temps ASCENSION vrai, moyeil. droite obfervée. | boréale obfervée obfervée. En LE tes al 2 2 0 A 2 1762. Mai... 28|r1. 26. 42/11. 23. 34| 92. 14. 13,63. 14. 43- 23|14. 40. 14 438-0562. au méridien... 29|13. 56. 1|13. 53- 1| 95. 44 3162. au méridien... 30/14 4 1OÏr4 I. 19| 98. 48 18.61 au méridien... 31/14. 11. 35ké 8. s2|ror- 40. 48/60. au mérid. Juin 1/14. 18. 15|14 15: 421104. 23- 10|$9. au méridien... 3/14: 29. 57|14+ 27. 43|109 21. 48158. au méridien... 414. 34. 51|r4. 32. 46|rr1. 37: 17|57. au méridien... 5|t4. 39. 8[14. 37+ 13|113- 43. 32|<6. 7113 6. 48|13. 44 14|r17. 26. 17154. 1210-20 1311.19 37 |125. 7- 1148. ÊÉ 14. 1|12.13-25|125. 61048045 05/2 CD ESE TL UN EME RU 17 les DOUÉ AT IC NE AE EC 13/12. 35. 39/12. 35. 16|126. 30. 4147. 38. 56|: 26° 57.50 16|r0o. 52. 8110. 52. 20| 129.155: 29/44. 27.339 o:123-28 SN MEME 38/11. 11. S0|129. 55. 29/44. 27. 4 o. 23- 36 11e 19- III: 1923/1129. 55° 29/44. 26.57 0.253.590 A TUTO NS 2-40) 2 MOTO 201 2202650 RM En oran He |02es Te 0) A 237.56] TT SO SOIT 30e. NUT-126)42- 20005 2+ 40.06 n2. 2. 612. 2-43 Test be 18. 33 2. 40. 16 10 Er 42. 44|17. 4390341193..." 2)41./109. 0 3-46. 55 2 Nr nt) TT 2-2 7254400041 20 OA SSL MAP tre 0-40). r2. 2215 6-822-27;7| 37. 10-2210) 7- 42. 48 CNRS 10. 249 mI10- 206428112750. so] 20024 ON 22 Lo: :solMo ms) 050-5420 ee 952-1210 10. 41 nn A PES 10. 4h16 |13;7: -5ir.tun|25 2018 9. 32:43 Re th em os mie DES S'ECORMEUNNIGAENSS 89 au 29 Mai, conclue de [a fiuation obfervée à l'égard des Etoiles. nouv. Étoile obferv. 4 fois au mérid. la même Etoile. obfervée au méridien $ fois. | Capella. Capella. Capella. Capolla. du Lynx obfervé au méridien. la même au méridien. du Lynx obferv. dout. nuage. de l'Ourfe. Ja même Étoile. la même. de la grande Ourfe. du Lynx. la même étoile. la même étoile. n de la grande Ourfe. la même étoile. la même étoile. | la même. . $4+| 6 | 17 | du petit Lion. la même. Parmupe DIFFÉRENCE DiFFÉRENCE 2° < en afcenf. droite | endédlinaïon | L>2| € Boni obfervée, par les Étoiles. | par fes Étoiles. &u E DIM. D. M S, PEILE 39e 37 0. 17. 55—+| 8 I 39+ 32. o. 12. 18+| 8 I . 55: O0. 20. A7] 2 50. 31 1| « 1. 48+-| 1 | « 9.484] 1 | « Mn Some 12. 18—| $ | 24 ao EU 10. 18—| 3 | « 12. 24—| 3 | 1 RP EN TETE 26. 4—| 3 | x 7-47—| 6135] 4 ne 35 8.23—| 6 | 35 ; 21. 59—| 4/10 | 0-43- 37] 0. 22. 56—| 4 | 10 0. 43- 44+| 0.23. 18—| 4 | 10 0.43: 474] 0.23. 39—| 4 [10 Hole. din à 2 6 42 | du Lynx. 9. 41. 19—| ©. 17 0. 23. 20+| o. 31. 13—| 4 | 38 | du Lynx. 12 13-1M6-E|No.n 2, ee 40 | du Lynx. I. 13. 10+| ©. 2.49—| 4 | 40 1.13. 17+| ©. 2. 58—| 4 | 40 = Jay, érang, Tome V, la même étoile. “Nora. Le figne + qui eft aux deux colonnes ci- deffus, fignifie qu'il faut ajouter ces différences aux politiors Étoiles pour avoir celles de fa Comète, Il en eft de même du figne — à ôter. o 90 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE TABLE des pofitions des Étoiles , tant nouvelles que des Catalogues de M. l'abbé de la Caille & de Flamflead, avec lefquelles la Comète de 1762 a été comparée, dunes au temps des Obfer TES vations. CR Dédlinailon| Fo boréale. TE TN ne rm TR An € droite, ‘SJIOJA Sap EEE M. S Étoile nouv. obf. 4 fois au méridien.| ; | 92.23.58)62.47.23 Étoile qui eft fur les Cart. de Flamf.| , | 94.34. 3161.59.38| 7 obferv. s foisau méridien. Capellas M Re æ | 74.46. 48l4s. 44. 12| 1 |obfervée au méridien. Ét. 24.° du Lynx du Catal. Flanf.| 24 |110.43. 6/5. 14.30] 5 |obf. plufeursfoisau I | Étoile du Lynx obfervée au mérid..| 27 |117. 40. 33 | 52.10.26| S Étoile de la grande Ourfe...... 1 |130.41,31148. 57. 37 Es calculée sq par Rae, le 12 Juin. Étoile de la même conftellation. . x |131.49. 4! 148. s- o|3-4 calculée etes même. Étoile 35.° du ynxeneeelete 35 l128. 58. 41/44. 35.20 6 Étoile » de la grande Ourie, la. 10) ||13 1. 17: 42 | 42-420 2 Étoile de la conftell. du Eynx , la., PE | 140, 93. DR 17. 48 Étoile de la conftell. du petit Lion. 17 Étoile de la confiellat. du Lynx. 38 135258. 57137. 47. 52 4 6 144 29.23|38. 50. 47 6 4 Æ Étoile de la confiell. du Lynx , la... | 40 | 136. 37. 44! 3523011 SUITE des Obfervations de la Comète de mien comparées avec le calcul d'une orbie parabolique. : be À dernière Obfervation rapportée dans mon premier Mémoire, eft du 25 Juin dernier: le 26, le ciel fut couvert, ce qui mempêcha de revoir là Comète; mais le 27 le ciel s'étant éclairci entre 9 & 10 heures du foir, je retrouvai Ja Comète, près de laquelle il y avoit une étoile de la huitième grandeur, qui ne fe trouve fur aucune Carte célefte. J'en dé- terminai la pofition, en la comparant avec ia 20.° du petit Lion, que Flamfiead , dans fon Catalogue, fait de la fixième grandeur : je trouvai fon afcenfion droite de 1394 0° 20", DOE' St S'ICMMESN CHENE CE: & fa déclinaifon boréale de 3 34 3° 46". À oh 56’ 49", temps vrai, la Comète {uivoit l'étoile de 9 minutes de degré; elle étoit plus feptentrionale de 2 2° 44": ilen réfulte pour fon afcenfion droite 139% 9° 20", & pour fa déclinaifon boréale 3 34 26’ 30”. La lumière de la Lune effiçoit en grande partie celle de la Comète , & ce n'étoit pas fans peine qu'on pouvoit la voir. Le 28, le ciel fut couvert; mais le 29, fur les ol du foir , le ciel devint frein vers le couchant: je revis la Comte avec affez de lumière pour pouvoir la comparer deux fois avec l'étoile f du Lion, que Flamftead, dans fon Catalogue, eflime de la fixième grandeur : fa pofition, pour le temps préfent, eft de 1424 22° 46" pour fon afcenfion droite, & 314 3" 38" pour fa déclinaifon boréale. A 10h 24 31", la Comète précédoit l'étoile de 14 $ 8° 2"; elle étoit plus fptentrionale de 1° 0": de ces différences , il réfulte pour la pofition de la Comète en afcenfion droite, 1404 24' 44", & pour fa déclinaifon boréale 314 34° 38". Depuis le 29 Juin jufqu'au 4 Juillet compris, il ne m'a pas été poflible de pouvoir prendre la poftion de 1 Comite, ‘quoique je l'aie revue plufieurs fois pendant cet intervalle de temps; maisle $ Juillet, à 0" 26’ du foir, je la retrouvai, au moyen d'un télefcope Grégorien d'un pied, monté fur une ma- chine parallaétique, je la comparai deux fois avec l'étoile 4 du Lion, de la troifième grandeur. À 9" 49° 57", la Comète pré- cédoit l'étoile de 17° 1 $"; elle étoit plus méridionale d'environ 45 minutes +, ce dont je n'ai pu n'affurer plus exactement, parce que cette différence de déclinaifon n'a été prife que fur un arc de cercle d'un trop petit rayon, quoiqu'on y eût ap- pliqué une divifion de nonius. Ces différences de paflages & de déclinaifon, ont donné pour la pofition de la Comète, 1434 40" 49" pour fon afcenfion droite, & 264 21! 36? pour fa déclinaifon boréale; la pofition de l'étoile 4 du Lion, pour le temps préfent, étant de 144% 48" 4" pour fon af- cenfion droite, & 274 7’ 6" pour fa déclinafon boréale, Le 1 2 Juillet, j'ai encore revu la Comète, qui fe trouvoit fur le parallèle de y du Lion, mais elle étoit fi foible, que fa lumière M i) 92 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE étoit prefque éteinte; de forte qu'il ne m'a pas été pofflible d'en pouvoir prendre la pofiion , ainft mes obfervations fur cette Comète fe font terminées au $ de ce mois. Je donne ici le réfultat de ces Obfervations. PRET TR TIRE IR ERTIEIT ICHTALS) 5 “HE sera 24e S$% | “Tr! [q) Z Ter aNltne re Afcenfion Déclinai(on Longitude Latitude Ditérence Différence = | I 762. ; droite boréale k boréale enafc. dr. | en dédin. |& | 5 PE Ds obfervée. | obfervée. SEEN obfervée. |par les Ér.| par les Étoil.| | 7 lAeMms|Amaloemalnonre | pers om 0 ms.) D». ms | 5 —_—_——— td ET TT fn Al mate à » ] É Juin 27 | 9.56.49| 9.59.20l139. 9.20|33.26.30 ONE SENTE 0.9. 0—+|0.22. 44 8 3 Nouv, 29 |10.24.31|10.27. 27| 140.24. 44 MRERx ER) 12.53. 5615. 18.43|1. 58.2—\0.31. 0+ 6 | f |Lion. 6 ; | 3 |# Lion. Juillet $ | 9.49.57| 9-53. 59 143.40.49 126.21. 3 ge 24. 54/11. 17. 44/17: 55) 0: 45:30 RE CCD CENTS ESEERERES : Re : , 5 / 5 ü ' Pofitions des Etoiles qui ont fervi à déterminer le lieu de la Comte. ASCENSION | DÉCLINAISON droite. boréale. n fa Étoile nouvelle. . .:.... 1300MNo 01 (53 3 46"| 8 TE Ét, de Flamf. petit Lion... | 146. 49. 33 |33. 5. 14 | 6| 20 Étoile nouvelle. . . . . 42 UT No Bi tr Fo 7 eZ Étoile du Lion f.......|142. 22) /40N| 302-3816 Étoile du Lion w....... DA AAA Ne 77-00 ;| 24 Voici les élémens de la théorie de cette Comète, que M. de fa Lande m'a communiqués, & fur lefquels j'ai calculé fon vrai lieu en longitude & en latitude pour chaque jour de mes obfervations : la comparaifon des deux réfultats devoit fervir non-feulement à vérifier la théorie, mais encore à re- connoiue sil y avoit quelques erreurs confidérables dans les obfervations. J'ai refait plufieurs fois le calcul des obfervations qui s'écartoient le plus de la théorie. On peut voir leurs accords dans les deux dernières colonnes de la Table qui va fuivre. Le nœud afcendant. .. X 19423" 0° Helpénhéle. rie + GS 15: 14e O L'inclinaifon.t 2," re 84.45. o Log. de la dift. périhélie 0,005 389 = 1,01249 durayon de l'orbe an. fup, = Pañage au périhéliele 28 Mai à 1 5" 272, temps moy. au mérid. de Paris. Le mouvement direct. DNE S: SyCUN/EINUICIENS. 93 RER RE nn ne PET] DUPNPITNNEET ET TENTE TETE TRS one nm UNE TEMP5 Dédm: Lieydu Soleil Log. de la Longitude [Latit. fept. Longitude Latitude Différ, a Différ. en moyen au temps dift. du © de la [dela Comète|feptentrion. | longit. de | latitude de de Fo A au temps |de la Comète CS Pre édite la théorie|l1 théorie 1762. |de chaque 3 EE dique | 4. chaque EL met ec Pre Aie obfervation. | JOUrS. | Obfervation.| obfervation| 2LIETVÉE. | obfervéc. là la parabole. | à [1 parabole| l'obfervat. l'obfervat. TIRE US) PEN 1 D'MS|D MS | D MS TD MS [MS M. Mai 28 1142534 0,4746 { 7- 27: 18 0,006136 Sr.18. 5130. 37° -34 &S1.21.21 39-34. 4ol 2.30+ 24 $4— 29/13.53. 1/0,5785| 8. 30.45|0,006205 25e 8 38.55. 32 3-26.27138. 54. 11| 1. 194] 1. 21— 3ol1 .19 0,5 842 | 9-28. 3410,006269! -19:29 38. 16. 10 5-19. 51138. 15. 33| 0.224 | 0. 37— 2/0,5895| 10.26.22 0»5942| 11.24. 4 3 5 0,006329 7-10. 1137. 35e 8 7- 946137. 35.17 0. 1$—| o. 0,006404| 8.57.40|36. 2.34] 8. 56.59 36: 53-35] o.41—| 1.- 2 3| 06026 13-19-18} 5135-23-51] 12.23.32|35.26.33| 2.33— 2. 424 3 3: 55 4 Ll 3al1æ 8 Jun. 114715 3 [1427 6 4|14:32.46|0,6061| 14.16.49|0,006568| 14. 5- 50/3437: 54| 14 2.42/|34. 41.20 3. 88) 5 37 Ê 3 8 0,006$15$| 12. -13/06091| 15.14.20|0,006618| 1$.42.14|33.51. 8] 15.309. 17 3Be 713 4 14105446] 17. $-18/0,006707| 18.38. 5|32.29. 52 18.38. 11/32. 24. 38| o. 6+ PAL iii ro. 37|0»4720| 21.47.38/0,006909| 25.35. 2128.23. 4| 25.31.15 28.26. 17| o.13+| 3 13112.35.16|0,5245| 22.47. 53[000604$| 26.51. $0|27.31.43| 26. 52: 4127: 34. 53| o.144| 3. 10+ 16|10, $2. zolo,4530| 25.35. 40/0,007036 8 o. 23-28125. 6. s521@ 0.24. 52l25.11. 531 Fa 18|11.17.29/0,4704| 27.31. 8|0,007090| 2.38. so 19|11.43.34/0,4885;| 28.29.29|0,007114| 3.46.55 21/11. 2.27|0,4600| 5% 0.22. 19|0,007155 S-51.17 23-30. 51 2.36. 023.33. 8 2.$0—| 2, 22.46. 0! 3.50. 38/22. 40.20 3-43+| 3. 20+ 21. 5:29] 5.48.45{21. 14. ç7| 2. 32— 9: 28+ 19.41. 12 7: 46. 56 19.42. 57| 4, 8+ 1. 45—+ 18.12.48) 9.36. 55|18. 14. so 4284 | 2. 16.44.43] 11.22. 7116.48. 36 7-46HT 3° 53+ 23[11.12.22/0,4668| 2.17.11|0,007188| 77.42.48 25/10.26,38/0,4352| 4. 9.$1|o007210| 09.32.27 27| 9-59-20/0,4162| 6. 3. 9|0,007219| 11.14.21 29|10.27.27|0,4358| 7.58. RTE 12-53. 56|15:18.43| 13. 4. 17115. 23. 14l10. 21+)44. 31+ Juillet, 9- 53-59 0,4128| 13: 40. 290,007178 17: 24. 34 11. 17: 44 17: 40.26|11. 25-23]15. S2+| 7. 39+ Le figne + marque que a théoric donne plus que l'obfervation. Mai. 17|11:49. 604924] #26.54.42/0,005338| 18. 15. 044. 10. ER RSR ER PE SE 39: 5843. 54 37]24. 584 [15.23 a Cette dernière Obfervation (du 17 Mai 1762), eft celle qui a été faite à la Haye par M. Dirck Klinkemberg , comparée, de même que ies miennes, avec les élémens de Ia théorie. Voyez l’Addition à ce Mémoire, page 175. Je joins à ce Mémoire une Carte de la route apparente de cette Comète dans le ciel, que j'ai definée & conffruite exaélement fur mes Obférvations, Ex R o4 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE PLANPENNCONA.E NIFANS ASTRONOMIQUES, Obfervés à Rouen dans le cours de l’année 175 9. Par M Bouin. "AT eu l'honneur de préfenter à l'Académie, au mois de Juin 1759, les obfervations que nous avions faites, M. Dulague & moi, du cours de la fameufe Comète prédite par le célèbre Halley. J'y joignis plufieurs calculs des lieux où nous avions trouvé la Lune & la planète de Vénus dans le courant du mois de Mai; j'offre aujourd'hui le réfultat des “obfervations que nous avions faites devant & après pendant cette même année. ONBSIEUR PAT IIO NS SUR: LAS DIVINE. \Occuliarion de l'étoile de l'Ecreviffe , nommée ». Le $ Avril, le ciel étoit chargé de brouillards. Nous profitames d’un heureux intervalle pour comparer la Lune avec l'étoile, & prendre 11 différence en afcenfion droite & en déclinailon entre ces deux aflres, environ trois quarts d'heure avant l'occultation. Les nuages ayant continué, Nous ne pumes voir limmerfron. Sur les neuf heures, il f forma autour de la Lune un gragd cercle d'Tris, dont le diamètre étoit d'environ 5 8 degrés, & l'épaifleur, d'un demi-depré. Après l'émerfion , les vapeurs s'étant diffipées, nous primes plufieurs différences d’afcenfion droite & de déclinaifon entre la Lune & l'étoile, DiŒÆ:S ‘ SUCHINENN CES: 95 De l'obfervation faite avant l’émerfion, nous avons conclu qu'à 7h 30° 44" temps vrai à Rouen, la diflance des centres étoit 1298”,6. Par un milieu pris dans trois obfervations faites après lémerfion, à 9" 56’ 36”, Ia diflance des centres étoit de 2439 4 Le vrai lieu de la Lune, cherché pour ces deux inflans par les Tables des Inflitutions, & réduit en apparent far la méthode des parallaxes, donne le mouvement apparent de la Lune fur l'orbite, de 3368",5. De ces trois diflances, & de Finclinaifon apparente de Vorbite, déduite auffi des Tables, on conclut pour 7h 30° 44" temps vrai, méridien de Rouen, la différence en longitude apparente, de 17’ 49",6, dont le centre de fa Lune étoit moins avancé que l'étoile; & la différence en latitude, de 12° 16",8, dont le centre de Ia planète étoit plus auftral, Si, avec l'auteur du Catalogue du nouveau Zodiaque, on fuppole la longitude apparente de 1 de l'Écreviffe, de 24 SAGE dans le figne du Lion , & fa latitude boréale, de 14 32028400) on aura la longitude apparente de la Lune de 14 ASE 5 dans le même figne, avec une latitude boréale de 14 20’1 res * La longitude du nonagéfime étoit pour lors dans 31 264 46° 48"; par conféquent, la parallaxe en longitude, de Aro fouftrative, & celle de latitude, de 2 S 54”,9 additive. Le $ Avril 1759, à 7" 30° 44" à Rouen, la longitude véritable de la Lune étoit donc dans le Lion, 19 41' 215 & fa latitude boréale, de 14 46’ 1 1”,6. Le 1. Mai, l'étoile D des Gemeaux fut éclipfée par la Lune. J'ai fait le rapport de cette obfervation cette méme année; je ne répéterai pas ici le calcul. Appulfe de la Lune à e du Taureau le 9 Odobre 17$9. À 921 57", le bord fuivant dela Lune étoit plus oriental que l'étoile du Taureau marquée e, de 19 24° 24", s, & le bord boréal, plus nord de 5’ $4’, 3° 2 6 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le demi-diamètre apparent étant de 16" 29”,1, on aura pour la différence en déclinaifon entre les centres, 10' 34",8, dont l'étoile étoit plus nord. L’afcenfion droite apparente de l'étoile, fuppofée de 634 39° 5,9, & fa déclinaifon boréale, de 184 37° 40",5, on aura l'afcenfion droite apparente du bord oriental de Ia Luneg 654 3° 30",4, & pour la déclinaifon apparente du centre de cette planète, 189 27° 5",7 boréal ; retranchant de Fafcenfion droite du bord le demi-diumètre en afcenfion droite, 17° 18”,o, on aura pour le centre de la Lune 644 46° 12°,4. L'obliquité apparente de l'écliptique étant de 2 3428" 14",4, la longitude apparente de la Lune eft 2° 64 7’ 0,2, & la latitude, 24 56" 56"+ auftrale. La parallaxe en fongitude étoit — 30° 54,7; celle de latitude — 48" 41,8 ; la longitude vraie de la Lume, ào 21° 57’, étoit donc de 2f $4 36" 5”,5, & fa latitude auftrale, 24 8° 14",5. Vrais lieux de la Lune obfervés en 17f9. # Longitude. Latitude, D'eRPAVTT A7 A 4 MO TAN Z ES NT A ORRTUO RE Le 1 Mai à A AD NS SDS 20 US LT NO. 20 RNB: LENOIR CNT 2 0 SC DO SAS OBSERVATION SUR MERCURE. Le 16 Avril, Mercure & Vénus étant prefque fur le même parallèle, nous les comparames enfemble; leur éloigne- ment ne nous permit de prendre qu'une fois leur différence, À 7h 31° 24" temps vrai, y paña au fil horaire, SOMBRE CE 9 paña au même fil, AREAS 2 ES 9 toit plus boréale que 3 of 1° 1°. La révolution des fixes à la pendule étant de 23" 56° 20”. OBSERVATIONS DES SCIENCES. 97 OBSERVATIONS SUR VÉNUS. Nous obfervames cette planète les 14, 1 5 & 16 Mair> 59; &les 24, 25 & 26 du même mois. J'ai donné dans le temps les calculs de ces obfervations ; je n’en rappellerai ici que les réfultats, que je mettrai dans la Table ci-après Comparaifon de Vénus avec l'étoile n de 1 "Ecreviffe. Le 7 & le 8 Juin, environ une heure avant le coucher de Vénus, nous comparames cette planète avec une étoile de la 7.° grandeur, la plus boréale des 4 placée dans le nouveau Zodiaque de d'Heulland, dans une des pattes de 'Écrevife. Lez, à 9" 46° o"tempsvrai, 9 précédoitl'étoile de... 34 49’ 45"£ & étoit plus boréale de o% 17° 42",4. Le 8, à 9. 44. 20 la planète étoit plus occidentalede . . 2. 34 2 & plus boréale de. .. 0. 6.1 9,9. L'afcenf. dr. appar. de l'étoile étant de.......... 117. 59. 582 & fa déclinaifon appar. boréale de 2 3. 17. 203. L'afcenf. dr. appar. de 9 ferale7 de ............ 114. 10. 13È & fa déclinaïfon boréale de.... 23. 35. 3. Le 8, l'afcenf. dr. dela planète ferade.....:...... 115.25. 56 avec une déclinaifon boréale de 23. 23. 40,5. Si aux afcenfions droites ainfi trouvées, on ajoute pour Ja déviation 1 8”,1, pour aberration 3 1",7, & pour la parallaxe de a planète, 6”,8, on aura les quantités refpectives de fon afcenfion droite vraie. Pour corriger de même la déclinaifon, il faudra retrancher pour la déviation 1”,7, & pour laberration 4”,8, & ajouter au contraire 7”,8 pour la parallaxe, ET Les parallaxes ont été trouvées par les méthodes ordinaires, en fuppofant celle du Soleil de 12” _ ASay. étrang, Tome Y.. UN 98 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’ACADÉMIE Comparaïfon de Vinus avec > du Lion, les 18, 19 7 20 Juillet 179. Le 18, 8h 59° 3° © étoit plus occidentale quel’* de 24 ro° 15” &rpluborcalende tirer trier 2700 Le 19,à 8" 45° 19", elle étoit plus occidentale de.. 1. 10. 2 Gpiussboreale de PEER 0 0. 44,6. Le 20, à 8! 43° 48”, elle étoit plus occidentale de 0. 9. 344 épplisauitralede "Feet Ce: 2070: L'afcenfion droite apparente de l'étoile, fuppofée. ..163. 8. roi & fa déclinaifon boréale . ....... 84 37° 39"2. On aura pour g ........ Dédlinaifon appar. bor. Afcenfion droite appar.. See pa rholo Là pue 9 AMD See LÉGUME Etodocoromauooas ST ONS S0e HOTTES 0- MONS 20 ace Gien 8 8. 321....162. 58: 36,6 Déviation.. 5.0. OP eee sable + 15,8 Aberration . ....... OO Ne iele de le + 19,2 Parallaxess 210. MR OT elaie e-reuare + 8,9 Comparai[on de Vênus avec y de la Balance, le 27 Décemb. À 18" r0°47" la planète étoit plus occid.queP*de r4 58° 40,7 éciplus: auftrale de © MEET 22 Are L'afcenfion droite apparente de l'étoile > & étant 230. 37. 34,1 & fa déclinaifon auftrale ...... 13 50108 L’Afcenfion droite apparente de $ devoit être...228. 32, 44,4 & fa déclinaifon auftrale....... 14 21, 32, Déviation + 16”,8 + 38 En afcenfion droite. Aberration + 10,9 + Endécin.< + 2,7 Parallaxxe — 9,0 — 18,5 En fuppofant l'obliquité moyenne de l'écliptique pour cette dernière obfervation, de 23% 28° 14,6, & pour celles des mois de Juin & de Juillet, de 234 28° 14",8 , on a conclu les lieux de Vénus, comme les donne la Table fuivante. DIE 5 SICANIE NI C'ELS Lieux de Vénus objervés en 1759. à Rouen. vraie de ©, " fer Temps vrai | Afcenfion droite 95e 59 7-| 9: 46. oo |114. 11. 10,0 |2 8.| 9. 44. 20 lis. 26, 52,7 |2 07-77 98. 36. 824 46° 16",0 CHERS 85. 23. 139 524 - 17,90 Ti,t 3651 527 20,5 Juillet. 18.1 8. so. 3 |160. 58. 39,7 19.| 8. 45. 19 |161. 58. pal 8. 43. 48 |162. 59. Décemb 27-|18. 10. 47 |228. 33. 30 Dédlin. boréale vraie. Longitude vraie 24â 42” 3"ol DUREE 24: 47: 24,9 24 52. 3,5 2$+ 4. 41,2 . 38,8 2$e “O0. 18,2 23° 35+ 413 9e 4: 545 8. 36. $o,r 8. 8.27+ Auftrale, 14. 21. 20,0 99 ‘de g: 26% 21/T0)aTd HEIN RE 2. 25. 49. 26,5 | 1. 3e 5-25. 27 + |1. 3. 6.27 44 r HO OO TONI 3e 22 4. 3,0 | r. 3- 23. 14 26,9 | 1. a — $- 10. 11, 9. 0. 6. 12. St o O. 33»3 |0- 40,4 | o. —————_—_— 7> 20% ot te | EE boréale. 23 25: 27- 43: 44. RAT aU 56. 59 57° 23 57° 53° LE 32- Latitude vraie Es 31,6 OBSERVATIONS SUR MARS. Comparaifon de cette planète avec l'étoile des Gémeaux, appelée Propus, L 26 © le 27 Juiller, étoile informe, le 1. Août 1 fé 759 d avec une autre Le 26 Juillet, à r$* 16’ 39" temps vrai de mon méridien, Mars étoit plus occidental que l'étoile nommée Propus, qui précède le nel Cor ICONS: BONEE SNMP ARS Fc PIUSHDOrCAAE bare ee tele Ve Le 27,à 15" 2310" « étoit devenu plus oriental de o. 32. & plus boréal He cette étoile de. CHRONO PENSÉES RADARS Le 1." Août, a rh 15° 13° ‘ la planète fuivoit de une autre étoile de Ja feptième grandeur au-deflus du pied de Caftor, & étoit plus nord que cette étoile dE SE UN. Mes PO ds 0 /$. 40,7 ol 11° 32,0 18,6 0. 58..40,f N ÿ 100 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Suppofant l'afcenfion droite apparente de Propus.... 874 22° 2°,5 fa déclinaifon boréale de. ..... 2/3 NAN EALS l'afcenfon droite apparente de l'étoile de 7° gr... 90. 33. 24,9 fa déclinaifon aufli boréale. . .... 23. 46. 58,3, on aura la pofition apparente de d'en déclinaifon boréale. | en afcenfion droite. ACL a ete PO AO EPS ‘23047037 018744018015 (SEM E SusoueRdE 1::23 49. 4,4 |87. S4+ 21,1 OMAN MENT dec i23-1522030,000 2650 Déviation, .. + 1”,1 + 18",3 Pour les 26 & 27 Juillet.? Aberration... + 1,1 . + 32,4 Parallaxe.. . 44,0... —N4,0 o,61-... HE 18,4 O,5:... + 32,2 450) NA 1 Déviation... Pour le 1.‘ Août.... € Aberration... +++ Parallaxe .… - - Suppofant enfin l'obliquité moyenne de l'écliptique, de 234 28° 14,8, on aura les lieux comme dans la Table: fuivante. Vrais lieux de Mars obfervés en 175$ 9- SPAS PRÉ DC “DORENT EEE RES TRE SI ED AECIRE ERNEST ES Temps vrai | Afcenfion droite | Dédlin. vr.bor.| Longitude vraie | Eatitude vraie à Rouen. vraic de d'. de à. de &. de g. A nn md rh 16039 87/2025 47 432 202742540318 01 15.23.10 | 87. 55. 7,8 |23- 494 10,6 | 2. 282 5..46,1 lo. 21° 45,4 Jours. Juil. 26. 27. Août. 1. od 20! 59,0 1$. Se 13 | 91-132. 57,5 23.52. 44,1 3 (ue 24: 54,610. 24 56% OPERA DE LEURS ANRT ST AU PU 2 DRE PRE ME RU ANT Vi AA DR OBSERVATIONS SUR JUPITER EN OPPOSITION. Le 7 JuiHet, à roh 56° 20” temps vrai de mon obfervatoire, Jupiter étoit plus oriental qu'une étoile de la 6.° grandeur dans la conftellation dASagittalre de SET ERA ue ele 1d 26° 14/2 & plus méridional que cette étoile, de 19° 52”,6 Le*8 Ho Sr iplus oneutalide 1e eo ici Te NLIO 10773 0 & plus méridianal de.,......,,... 19. 41,6. DES SCIENCES. IO!I Le 9,à 9" 32° 50" % plus oriental de.......... 1% 10° 5,9 & plus méridional de............ 20° 49". Éer2,à9" 34° 35" la planèteplusorientalede. ..... O. 45 14,3 & plus auftrale dé NN NEC EN 24 rar. Ler3;àag9"1 45" & plus oriental de.......... 0. 36. 515 & plus auftral de............... 25. 20,1. En fuppofñant la pofition apparente de cette étoile, Afcenfion droite, Le 7...... 2871 59° 46,9 Déclinaifon auftrale. CARMEN E SAUT MEANS APCE 221402305354 Dee 287. 59. 47,2 “PANTIN 287. 59. 475 SANTA DEN De ma eue NE 2077 LI0-147720 on aura les pofitions apparentes de la Planète, Temps vrai. Afc. dr. appar. de 7%. Dédi. appar. de 7% A Lel7 se To 2022801, 260) 1%5....,221,32) 457 8... 9.:58..38....289.17. 54,6....22. 331..34,7 D, 19.132 So. -2809 095 5351 —.. 22. 34. 42,8 12, 9. 34 35-:.:288. 45 2,0.:..22.138. $> m3, (ON 45.-:.1288.136 3051. .:.22. 30: F3,1 On aura les quantités de lafcenfion droite vraie de Jupiter, ? en ajoutant à Jafcenfion. droite apparente 18” à caufe de a déviation, & retranchant pour f'aberration 1 1”, SVT; 11,8, 12%, 2,3. Pour avoir les déclinaifons vraies, il faudra retrancher 1”,2 pour la déviation, & ajouter à caufe de faberration 1",4 aux trois premiers jours, & 1”,6 aux deux autres. Enfin, fuppofant lobliquité moyenne de l'écliptique, de 234 28" 14,8, on aura les pofitions vraies de Æ, comme on le verra dans la Table ci-après. Pour trouver l'inftint de l'oppofition, jai cherché par les Tables folaiires de M.° Mayer & l'abbé de ta Caille, le lieu de Ni} Temps vrai Alcenfion droite | Déclin. de 102 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE loppofite du Soleil pour le 9 Juillet à oh 32° 50"; je l'ai trouvé en 9! 174 12° 56”. Le lieu de # alors étant 9! 174 38° 49,6, cette planète étoit plus avancée que loppofie du Soleil de 25° 53,6. Le mouvement horaire du Soleil étoit. .............2" 22"3 . dl Le CENTRE NA PANEC RTE eeiehelels ele este ele eleeioire 19 + Par conféquent, le mouvement compofé. ...... FEI NARUICE Ainfi 25° 53",6 répondront a. ... gl 3514" Et cette quantité ajoutée 2.....:. 9. 32. 50, donnera l'eppoñition le 9 Juillet a 19" 8° 4" La planèteayant pourlorsenlongitude ......... DAS AE A: avec une latitude auftrale de, ......... BE o. 16. 36,1 Vrais lieux .de Jupiter obfervés en 1759. Longitude de 7. Latitude de 7 4 JOURS:| " ; Rouen vrae de Y. auftrale. auftrale. Juil. 7. |roh 56” 20"|280d,26/. 7,6 1224 325 45,9 of 174 sy 5" .| UE 347 8. . 58. 38 ]289. 18 1,0 d22. 33. 349 1 17. 46. 19,4 | 0. 16. 23,9 9 + 32-50 289. 9. 59,3 |22. 34.143,01) 9. 17: 38. 49,6 | Q. 16. 33,2 9- 8. 4 | Oppoñition de 7% au © ..... 9- 17: 35- 444 |o. 16. 36,1 12. | 9. 34 35 [288.45 74 |22. 38. 5 +| 9. 17. 15. 38,0 Ë 16. $5,9 3 1. 45 |208. 36. 44,8 |22. 39. 13,5 | 9. 17 7: 49,0 |.2 17-0330 RENE RENE LC TRES DCS MERE | Le 17 Septembre, ciel ferein. Émerfion du L® Satellite à 6" 2’ 38”, Le 9 Odobre, ciel moins ferein. Émerfion du IL° Sat. à 8. 55. 57 vues avec une lunette de 16 pieds médiocre. OBS EN R IAA CIN SUIS DIR OS A TIR INDE Le 7 Décembre, nous comparames la planète de Saturne avec une étoile du Verfeau, la première, c'efl-à-dire, fa plus occidentale & la plus boréale des trois étoiles marquées # dans la Carte du nouveau Zodiaque, DIE: 5, SGEN GEÆSni 103 À 5% 19° o" la planète étoit plus orient. que l'étoile de of 16° o"+ & plus auftrale de... .......:1... c{ 10° 30° L'afcenfion droite appar. de l'étoile, fuppolée alors de 343. 8. s1,1 & fa déclinaifon auftrale de. ...... +8. 58. 59. On 2 pour l'afcenfion droite appar. de b..:...... 743: 24. 51 a & pour fa déclinaifon auftrale. . ..... 9e 9. 29. Ajoutant à l'afcenfion dr. pour la déviation. ........... + 15À Gponrlabenation eee ee ete rec + 14. on à l'afcenfion droite vraie de p ......... SAINTE Side la décl. app. on retranche pour la déviation — 6“,6 Pour AbEHBUON lee eme te — 6,6 Lu ——— Ja déclinaifon vraie fe trouve... .... % 9’ 16,3 À. D'où l'on conclud 11 longitude vraie de 5 ,.::, 119 rt 13° 14,7 & la latitude vraié auftrale .. . .... >. TAC I. 56. 2+ pour le 27 Décembre 1759, à 5" 19° 0°, AURORE BORÉALE cos le 20 Février 1759. Cette aurore étoit femBlableà à un jour naïflant. I avoit fait très- beau depuis midi ; ‘elle parut d’abord vers le nord- nord-oueft ; elle s'étendit afiez promptement, & occupa depuis Foueft jufqu’a left. Biemôt elle gagna le zénith, & même tout le ciel, fe faifant apercevoir très - fenfiblement à l'horizon du côté du midi, où le ciel Ctoit fans nuages: celui du nord étoit bordé d'un noir très- foncé & très- informe , à travers lequel on ne voyoit pas les étoiles ; ce qui marque que c'étoit de véritables nuages. Autour de ces brouillards, & fur - tout entre deux, le clair étoit plus vif que par-tout ailleurs ; il ne tarda pas à s'en former partout le ciel. Ce qui me parut de plus fingulier, c'eft que je vis à plufieurs reprifes, &:dans plufieurs endroits, de petits nuages fort noirs paroître & dif- paroitre tout-à-coup, avec la même promptitude que l'on 104 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE remarque dans les feux des aurores boréales : la même chofe arriva par rapport à d'autres nuages clairs que je vis fe former & difparoître fort vite; les véritables nuages dont j'ai parlé, fubfiftérent toujours, fimon qu'ils changeoient de figures & de place. H étoit entre fept & huit heures du foir. H fouffloit un vent de nord-eft affez fort. Le ciel enfin fut couvert de ces nuces qui occupoient tout l'hémifphère à 8h+, & qui fubfiftèrent tout le refte de Ja nuit; ce qui mempècha de poufler plus loin mes obfervations. EXPÉRIENCES Jav Llranser Tom.F, Pac104 . 125 120 4] 410 105 190 5 1 9 | :\\| OR GA | LOnt droi S | * \| \ _Ve-28--M& 3, | REA , 4 NISEEA Mès Malin au Yérid. 6 st V3 Mai Malin au Med S.… | *\ 2 Zur Matin dy Mer =" © lu \ SER (LA LE Le +- \ F au Merdd, L * 7% \ \ 3. Jun, Soir OT ù lnäison € a) CARTE dela Route dela COMETE 1 de 1762 Obfervee a l'Obfervatr© | de la Marine a Paris, depuis le 28 Mai jufqu'au 5. Juilet.Par MR MESSIER. s ar _ Grandeur des Étoiles. A1 shit. UT 1 120 115 z10 108 30 VE Cuh£ Haglard Sup. FLY / Ja _L'tranoer Tom. Paac10 4 4 Jun Malin dy gr [GRAN pr Où RSE 2 air Hat tu Hoi Le YA Juin Matin) aù, Merid € Jun tn pa 7 È \ 2 à “e Ë | " } L Juin, Soir _fpÆÆnlrionale HE —NEÈEI mu & SL SE J } Juin) Soir | .Pécnäiron | 1 als, Le : Ÿ Û CARTE | S ps ol 3 È ba dela Route dela COMETE =: 5 ; GREAT 8 de 17 62 Obfervee a l'Obfervatr® de la Marine a Paris, depuis le Ascensuwn V? | | IVZ S 28. Ma jufqu'au 5. Jullet.Par MR MESSIER. Grandeur des Ltoies OH EE # + 4 < HE 6 SNGNTNIE ES 138 GhE Tagiard Seule D'EÉ's: S'C'T FIN c'ENS: Tôs EUX ePHEMMINEN:C E S% Par lefquelles on démontre dans le Borax un principe cuivreux arfenical à7 une terre vitrifiable. Par M. CADET, ancien Apothicaire-major des Invalides & des Armées du Roi. AUL HERMANN, dans fa Matière médicale, attribue Vorigine du Borax à certaines pierres nitreufes qu'on tire des entrailles de fa terre, qu'on calcine enfuite, & dont la leffive mife à criftallifer, donnele Borax : cependant l'opinion la plus commune des Naturaliftes, tant ancieris que modernes, eft que le borax prend naiflance dans différentes mines, principale- ment dans celles de cuivre, d'où on le tire en plus grande abon- dance , & que ce borax eft fupérieur à celui des autres mines. Ce dernier fentiment fur l'origine du borax , paroit d'autant plus probable, que j'ai reconnu que le cuivre entroit effentiel- lement dans la texture du borax, & que plufieurs Chimiftes qui ont traité le borax, y ont foupçonné le cuivre, quoique perfonne n'ait encore pu l'y démontrer. Les travaux que M.° Homberg, Geoffroy, Lémery, Pott, Baron & Bourdelin ont faits fur le borax ou fur fes produits, ont jeté un très-grand jour fur la nature de ce fl; mais comme perfonne n'a encore démontré dans le borax l’exiftence du cuivre, déguifé par un principe arfenical, j'ai cru que je pouvois jeter un nouveau jour fur l’analyfe du borax, en publiant ce qui m'a conduit à rendre fenñble ce principe arfenical &c cuivreux. La décompofition des fels par l'eau, fuivant {a méthode de Kunckel , m’ayant paru le meilleur moyen qu'on pût employer pour défuir des principes du borax, j'ai pris le parti de tenter la décompofition de ce {el par cette voie, & j'ai eu la fatisfaction d'en féparer par ce moyen une terre, dont les produits feront le fujet de ce Mémoire, Sav. rang. Tome V., »: A ss 306 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE J'avertis d'avance que ka terre dont je vais parler, & qu'on pourroit foupçonner étrangère au borax, n'efl pas un accident, mais qu'elle lui eft eflentielle, puifque de quelque pays qu'ait été tiré le borax purifié qui m'a fervi, j'en ai toujours retiré la même terre. Pour tirer cette terre du borax, je prends celui que les Marchands vendent ici fous le nom de borax de la Chine ; je le fais fondre dans une grande quantité d’eau ; je filtre enfuite la diflolution toute bouillante, il refle fur le filtre une matière grafle & muqueufe, fur laquelle je verfe de l'eau chaude pour la laver ; j'enlève de deflus mon filtre cette matière, que je life {cher d'elle-même; alors elle perd fa qualité vifqueufe & fe convertit en une terre blanche, légère & très-friable fous les doigts: cette terre, bien examinée, paroït infipide ; elle s'attache à la langue comme de fa craie, & quoiqu'on la mâche un certain temps, on n'y développe aucun caraétère falin qui foit fenfible : cette matière, que je regardois d'abord comme une terre pure, eft cependant celle qui a fourni toutes les expériences dont je vais rendre compte. C'eft d'elle que je tire le régule de cuivre arfenical, que j'ai dépofé dans cette Académie le 6 Septembre dernier, & dont je donnerai le procédé dans un autre Mémoire : c'eft auffr de cette terre que je tire un être falin, que je regarde comme le principe eflentiel du borax, puifque fa jonction avec la bafe du fel marin donne le borax. Pour avoir cette matière faline, je prends quatre livres de ma terre, que je mets en poudre très- fine; je verfe deffus vingt pintes d’eau bouillante, il s'en élève aufli-tot une odeur terreufe , telle que celle que l'on fent lorfque lon délaye dans de l’eau une terre argileufe ou bolaire : je fais bouillir ke mélange pendant plufieurs heures, ayant foin d'y ajouter de l'eau bouil- lante de temps en temps pour remplacer celle qui s'évapore. Pendant l'ébullition , il s'élève fur la liqueur une quantité de groffes bulles d'air, qui la gonflent au point de la faire paffer par-defüs les bords du vaifleau, fi l'on n'avoit foin de modérer le feu : lorfque la liqueur a été médiocrement réduite, je la DES ' S'C' TE NUTÉENS 107 filtre à travers le papier gris ; elle eft alors limpide & d'une belle couleur jaune : mife enfuite à évaporer au degré de l'eau bouillante, mais fans bouillir elle-même , elle donne à fa fu- perficie une pellicule très-fine qui repréfente l'iris par la variété de fes couleurs. Si j'enlève cette pellicule avec une cuiller, elle reffemble à une mouffe blanche légère, qui mile à fécher, fe convertit en petites lames argentines , afiez femblables par leur figure aux criftaux de fel fédatif fublimé: à mefure que cette pellicule fe forme, elle fe précipite au fond de la liqueur; & lorfque je m'aperçois qu'il y en a une certaine quantité, je la fépare par le filtre, parce que fans cette précaution, la liqueur, fur la fin de l’évaporation, en diffoudroit la plus grande partie. Lorfque la liqueur ceffe de donner l'iris pendant l'évapora- tion, il fe forme une autre pellicule fans iris, beaucoup plus épaile , & alors la liqueur mife à criftallifer donne du borax. Si on continue à faire évaporer la liqueur, elle prend une couleur brune, & elle donne, par la criftallifation , un borax gras : enfm, après avoir fourni tout fon fel, elle fe convertit en une eau-mère, des propriétés de laquelle je parlerai dans un autre Mémoire: cette première leflive faite, j'en refais plu- fieurs autres avec le refle des quatre livres de terre, que je réduis à ne plus pelèr que fix onces, & dont la dernière lefive me fournit conftamment les mêmes produits que la premiere, mais j'ai cru devoir interrompre ces leflives pour avancer le travail que je projetois de faire. Dans les différentes leffives que j'ai faites de ma terre, j'ai obfervé que les dernières ont fourni en plus grande quantité de cette pellicule qui forme Firis, & une moindre quantité de borax & d’eau-mère. Dans les premières leflives de cette terre, la pellicule qui forme l'iris m'en impofa jufqu'à me faire croire que la liqueur étoit au point de criftallifation; mais j'eus beau attendre, je ne trouvai aucune apparence de fel criftallifé, fi ce n’eft la pellicule qui s'étoit précipitée & une autre pellicule qui nageoit à fa fuperficie. J'évaporai de nouveau, j'eus une pareille pelli- cule, un même précipité; enfin, après avoir répété ce travail O ÿ 108 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE & porté une de ces liqueurs à un certain point d'évaporation, je vis difparoître la plus grande partie du précipité & j'eus du borax en quantité. Je reconnus alors que cette pellicule avec iris étoit néceffaire à la formation du borax. Les réflexions que je fis fur la décompofition de la terre précipitée du borax & fur les phénomènes que je venois d'aper- cevoir dans fà diffolution, me firent préfumer que cette terre étoit le borax même, deftitué du principe aqueux nécefaire à fa criftallifation , & dont la texture & l'aggrégation des parties, avoient été rompues par les différentes ébullitions que j'en avois faites. Cette décompofition du borax en une terre infipide, na rien de furprenant: on fait que les alkalis fixes peuvent être changés en eau & en terre; que le fel marin, par des diflo- lutions & des évaporations répétées, fe convertit en une terre infipide; & Kunckel aflure que les fels neutres les plus fixes peuvent être décompofés de là même manière, Cette première pellicule faline accompagnée d'iris , m'ayant paru digne d’un examen particulier, j'en recueillis une certaine quantité, je choïfis par préférence celle qui sétoit précipitée au fond de la liqueur , pour faire mes expériences, La première que je tentai, fut d'en jeter fur des charbons ardens :, elle fe volatilifa & fe diffipa avec une promptitude fr fingulière, qu'il me fut impoflible d'y reconnoître la moindre odeur. Voulant enfuite examiner fi cette grande volatilité étoit dûe, au contaét immédiat du phlogiftique, ou fr cette ma- tière avoit par elle-même quelque propriété volatile; j'en mis quatre gros à diftiller dans une cornue de verre garnie d'un récipient; je donnai le feu par degré, j'aperçus qu'il s'élevoit au commencement de la diftillation une quantité de vapeurs blanches qui fe fublimoient au col de la cornue; je vis paffer en même temps plufieurs gouttes d'une liqueur très-claire , qui à mefure qu'elle tomboit dans le récipient, s'y defléchoit d'elle-même fous la forme d’une poudre blanche: ce petit incident , que j'attribuai d'abord à la chaleur que ‘recevoit le récipient me fit recommencer l'opération ; alors je me fervis DE s ‘Se r EN CHE NS 109 d'une autre cornue, dont le col étoit plus long, pour mettre une plus grande diflance entre le fourneau & le récipient ; je pris outre cela la précaution de mettre un peu d'eau diflillée dans le récipient , afin de pouvoir retenir les gouttes de liqueur : je donnai à la cornue un feu gradué, comme dans là première opération , & j'obfervai pendant la diflillation que ces gouttes de liqueur fe méloient avec l'eau du récipient & qu'elles fui communiquoient une foible couleur jaune. Lorfque la matière a ceflé de difliller, j'ai augmenté le feu jufqu'à faire rougir la cornue; je l'ai entretenu à ce degré pendant deux bonnes heures, & j'ai trouvé au col de la cornue un fublimé très-blanc, que j'ai féparé après avoir fait refroidir les vaifleaux. La liqueur du récipient n'a donné, par lexamen que j'en ai fait, aucune marque d'acidité, je n’y ai reconnu qu'un goût fade, que j'ai trouvé femblable à celui que j'ai remarqué quelquefois dans quelques expériences que jai tentées fur l'arfenic ; ce goût fade m'a fait préfumer que cette liqueur diftiliée,, ainfi que le fublimé , pouvoient contenir de l'arfenic, c’eft pour- quoi je pris le parti de laiffer évaporer cette liqueur à l'air libre ; elle s'y eft defféchée en peu de temps & a laiflé une matière blanche que j'ai recueillie avec foin. Pour me convaincre de l'exiftence du principe arfenical que je foupçonnois, je pris cette matière blanche, je la mis entre deux lames de cuivre rofette, que j'aflujettis avec un fil d'archal; j'en lutai les bords avec de Ja terre franche: je fis la même chofe avec le fublimé qui s'étoit attaché au col de la cornue; mes lames de cuivre ainfi arrangées & expolées pendant quelque temps à l'action du feu, s'y font blanchies comme fi on les, eût expolées à la vapeur de larfenic. J'ai examiné la matière reftante dans la cornue, je l'ai trouvée cellulaire & fpongieule ; la fixité que j'y avois remarquée pendant Fopération m'a fait imaginer que cette pellicule faline ne devoit la volatilité que je luis avois obfervée dans l'expérience fur le charbon ardent, qu'au principe arfenical que je venois de lui enlever par la diftillation ; cette fixité & fon adhérence dans j O ii 110 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la cornue, m'ont fait aufli préfumer qu’elle pouvoit étre d'une nature vitrifiable , c’eft pourquoi j'en aï tenté la vitrification. J'ai mis de cette matière dans un creufet à patte, que j'ai placé dans un fourneau convenable; j'ai employé un feu mès- vif; & auffitôt que le creufet a été parfaitement rouge, je Vai découvert & y ai aperçu la matière fondue en un bain très-clair: j'ai laiflé refroidir le creufet , je l'ai café & j'y ai trouvé un beau verre tranfparent & très-refflemblant à une topafe foible en couleur: ce verre expolé à l'air, y conferve toute fa beauté, fans y prendre d'humidité ni éprouver aucune altération. Cette expérience eft d'autant plus curieufe, qu'elle fert à démontrer dans le borax l'exiftence d’une terre vitrifiable, que Becher & M. Pott y ont foupçonnée: j'admets, comme eux, cette terre vitrifiable, & mon opération en fournit une preuve bien convaincante ; mais je ne penfe pas de même que ces Chi- miftes fur la nature de l'acide qu'ils ont affigné à cette terre : c'eft ce que j'elpère démontrer dans la fuite de ce Mémoire. Voulant m'aflurer, par de nouvelles expériences , du principe arfenical que j'avois reconnu dans la pellicule faline, j'ai effayé de la traiter avec le foufre. J'ai pris deux gros de cette pelli- cule faline ; je l'ai mêlée avec un gros de foufre; j'ais mis ce mélange dans une petite cornue de verre blanc lutée ; je lai placée dans un fourneau à feu nu, il a pañlé d’abord une liqueur qui exhaloit l'odeur d'acide fulfureux volatil : il s’eft fublimé enfuite du foufre, qui, par fa couleur, ne m'a point paru altéré; & en continuant le feu au même degré, il s'eft fait une autre fublimation de foufre de couleur grife, parfemée de quelques petits points rouges que la loupe m'a fait apercevoir. Craignant alors que le foufre que j'avois employé ne füt pas fidèle, j'en fis la fublimation, & je le trouvai exempt de tout foupçon de matière étrangère. Les réflexions que je fis fur mon opération , me firent penfer que j'avois employé trop de foufre, & que par ce défaut de proportion je pouvois avoir enveloppé une partie des principes de la pellicule faline: jemployai donc des dofes différentes, DES SGrENCESs TIT & je mélai deux gros de cette pellicule faline avec douze grains de foufre: ce mélange expofé dans une cornue au feu nu, comme dans l'opération précédente, donna un peu de liqueur qui avoit l'odeur d'acide fulfureux, & qui expolée à l'air libre, acquéroit une odeur d’aigre défagréable , laquelle fe changea en odeur d'ail: il fe fublima enfuite au col de ha cornue une poudre blanche & une poudre grife , qui toutes deux ont la propriété de blanchir le cuivre, & à la fin le col de la cornue fe garnit d’un foufre rouge. Je retirai la cornue du fourneau ; j'en coupai le col, & je reconnus dans cette dernière fobli- mation une odeur d'ail des plus fortes : examen que j'ai fait de cette dernière fublimation, a achevé de me convaincre que le fublimé blanc que je tire de la première pellicule faline n’eft que de l'arfenic, & que l'odeur d'ail qui fe fait fentir dans cette opération, eft produite par le principe arfenical qui s’eft combiné avec le phlogiftique du foufre. Le fublimé rouge que je tire aufli par cette opération, & que je regarde comme un réalgal, me fait penfer que f couleur rouge n’eft dûe qu'au cuivre, puifque dans les préparations du réaloal, décrites dans différens Auteurs, les uns emploient avec le foufre & l'arfenic , des pyrites cuivreules, & les autres la mine de cobolt tenant du cuivre, qu'ils appellent sine d'arfenic d'un rouge de cuivre. Comme cette couleur rouge du réalgal, que je crois n'être düe qu’au cuivre, n'a pas encore été prouvée par les Chimiftes, je ne nr'arrêterai pas à cette feule expérience pour démontrer la préfence du cuivre dans le borax, & je quitte un inftant mon opération de la fublimation avec le foufre pour donner les preuves füuivantes de l'exiftence du cuivre. Ainfi » pour dé- montrer ce métal, j'ai fait tremper des lames de fer bien polies dans mes dernières leflives de la terre du borax, que j'avois fait évaporer au point de criftallifation, & dans lefquelles j'avois confervé la pellicule avec iris; au bout d’un certain temps je les ai trouvé couvertes de petits criftaux & enduites d’une matière cuivreufe, qui y étoit fi peu adhérente, qu'elle pouvoit être em- portée par le plus léger frottement ; mais voulant fixer le cuivre fur les lames de fer, je n'y fuis parvenu qu'en les faifant bouillir 12 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE toutes chargées de cuivre & de criftaux, & les plongeant fubité: ment dans de l’eau froide; alors le froid qu'éprouvent les pores du fer dilaté par la chaleur, leur caufe une conftriétion fubite qui y incrufle, pour ainfi dire, le cuivre & l'y fixe au point de ne pouvoir plus être enlevé qu'avec peine. Comme j'avois eu la précaution d’éprouver mes leflives par Falkali volatil , & de ne me fervir que de vaifleaux de fer de fonte pour mes éva- porations , je n'ai eu aucun doute que l’enduit de ces lames de fer ne fût du cuivre, & j'ai été pleinement confirmé dans l'opinion où j'étois, que ce métal exifloit dans le borax. Lalkali volatil ,que lon regarde comme un moyen infaillible pour reconnoître le cuivre, n'ayant donné aucun figne de : l'exiflence de celui que je tirois de la difiolution de ma terre; je jugeai qu'il étoit poffible de combiner le cuivre avec certaines matières falines fans qu'il pût y être démontré par l'alkali vo- ltil; en conféquence } j'ai tenté plufieurs expériences, dont le détail feroit ici trop long. Je reviens à l'examen de la matière reftante de Ia fubli- mation avec le foufre; elle étoit d’un petit gris -de- perle ; j'en ai mis fur un charbon ardent, elle avoit perdu la pro- pricté de fe volatilifer. J'ai fait Ja diffolution d’une portion de cette matière dans l'acide vitriolique; j'en ai mêlé avec de l'efprit de vin, la flamme de ce mélange a donné une belle couleur verte. Cette petite expérience me faifant reconnoître que le foufre n'avoit pas épuilé les principes de ma pellicule faine , j'en aï fublimé le réfidu avec les mêmes proportions du foufre, & j'ai obtenu de cette feconde fublimation du foufre rouge, & du foufre d'un beau jaune qui m'a paru être de la nature de lorpiment. J'ai répété fix fois mes fublimations fur le même réfidu & avec les mêmes proportions de foufre, & chaque fois j'ai retiré du foufre rouge, Le réfidu de ces fublimations avoit pris une couleur grife très-foncée ; changement que j'attribue au principe phlogiftique du foufre que la pellicule faline a retenu dans les différentes diflillations: je m'en fuis afluré en mettant ce réfidu dans une COrnue OL M RER DE s' SCMEN'CENS 11% cornue de verre lutée , fous laquelle j'ai appliqué un feu affez vif pour faire fondre en partie ma cornue; je l'ai kiflé refroidir & j'ai trouvé fon col garni de taches noires, & R matière qui étoit au fond s'eft trouvée d’un beau blanc. Il faut obferver que dans la feconde fublimation, ainfi que dans les fuivantes, il ne s'en élève que des vapeurs d'acide falfureux volatil, & qu'on n'en retire point de liqueur qui donne l'odeur d'ail comme le fait la première fublimation ; mais voulant examiner en particulier cette liqueur, je m'en fuis procuré une certaine quantité pour faire les expériences fuivantes. J'ai pris d’une diflolution de mercure dans l'acide nitreux ; je l'ai affoiblie avec de l'eau froide ; j'ai verfé dans cette diffo- luion quelques gouttes de la liqueur acide fentant V'ail, il s'eft fait auffi-tôt un coagulum jaune : cette couleur & le coagulum n'ont été que momentanés, puifque dans l'inflant ils fe font convertis en un précipité blanc. Craignant que ce précipité ne füt un turbith minéral, à caufe de la couleur jaune qu'il avoit prie d'abord, jen ai décanté la liqueur & j'y ai verfé de lea chaude ; fa couleur blanche n'a pas changé: différentes expériences que j'ai par-devers moi m'aflurent d'ailleurs que ce précipité blanc n'eft pas Îe produit de l'acide vitriolique, mais celui de facide marin; ce qui me paroît quadrer à mer- veille & fervir de preuve aux expériences de M. Bourdelin, ar lefquelles ce favant Chimifte à cru reconnoître l'acide marin dans le fel fédatif; mais fa modeflie ne lui a pas permis de prononcer fur l’exiftence de cet acide, ce qui prouve combien cet habile homme eft fcrupuleux dans fes découvertes & attentif à ne rien avancer qui puille faire courir le rifque à fes expé- riences d’être démenties. C'eft cependant le travail qu'a fait M. Bourdelin & l'ex- périence que je viens d'annoncer qui donne , avec la diffolution de mercure, un précipité blanc, qui me font prononcer fur lexiflence de l'acide marin dans le borax: d’ailleurs, la bafe alkaline propre à cet acide, exiflante & adoptée par tous les Chimiftes, comme partie néceflaire à la concrétion du borax ; Say. étrang. Tome V. , P 114 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE le cuivre joint au principe arfenical que je viens de démontrer ; tout cela me fait préfumer avec quelque fondement que le fel marin & le cuivre entrent eflentiellement dans la compo- fition du borax. Cette préfomption, que je crois pouvoir hafarder , ne de- viendra une certitude que lorfque j'aurai fait du véritable borax en uniflant les principes que je viens d'annoncer; c'eft auffi ce que je me propole de tenter lorfque j'aurai foumis aux lumières de l'Académie une fuite d'expériences, que j'ai déjà fur la pellicule faline, fur l'eau-mère du borax & fur fa terre, ainfi que le procédé que j'ai employé pour tirer du borax le régule de cuivre arfenical qui eft ici dépolé. Ce font ces dif férens objets qui feront la matière d’un fecond, & peut-être d'un troifième Mémoire. DES SCIENCES 115 OBSERVATION D ES ÉCLIPSES DES 29 MAI & 13 JUIN 1760. Par M. BoOUILLET, DE MANSE & DE FoRës, de l’Académie de Beéfiers. N OUS nous étions préparés pour obferver l'Écliple de Lune du 29 Mai dernier; mais le ciel nous fut fi contraire & les nuages dont il étoit couvert furent fi épais, que nous ne pumes pas même apercevoir le corps de la Lune, de forte que nous eumes beau contempler le ciel depuis neuf heures du foir jufqu'à dix, il ne nous fut pas poflible de découvrir feulement sil y avoit éclipfe ou non. * Nous ne fumes pas tout-à-fait fi malheureux à l'égard de l'éclipfe de Soleil du 13 Juin, mais peu s'en fallut ; le ciel & quelques autres circonftances ne nous ayant pas été bien favorables, nous obfervames feulement quelques phafes de cette écliple le mieux qu'il nous fut poflible, mais non pas auffi exactement que nous aurions fouhaité, Nous nous étions bien aflurés de l'état de notre pendule par des hauteurs cor- refpondantes du Soleil, prifes les jours précédens, & nous avions porté au bout de la terrafle contiguë à la falle de l'Aca- démie, où notre pendule eft placée; nous avions, dis-je, porté notre machine parallaétique , qui foutenoit une lunette de dix pieds de longueur, au foyer de laquelle étoit fixé pa- rallèlement à l'objectif un papier très-fin , fur lequel étoit tracé un cercle qui contenoit exaétement le difque du Soleil, & dont le diamètre étoit divifé en douze parties égales par fix cercles concentriques pour marquer les doigts éclipfés. Comme vers les fix heures du matin, le Soleil étoit trop bas pour être aperçu de notre terrafle, qui eft bornée vers lorient d'été par quelques maïlons, nous fumes obligés, après avoir mis d'accord une montre avec notre pendule, de montex P i 116 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE à une chambre d’une maifon voifine dont a fenêtre regarde Orient; mais le Soleil, qui avoit été caché tout le matin fous des nuages fort épais, n'entra dans un nuage plus clair, à travers lequel nous ne pumes le voir, que vers les 635"; &, à 6h 35° 30" M. de Manfe, qui obfervoit avec une lunette de fix pieds, armée d’un verre enfumé, jugea qu'il y avoit déjà plus de trois quarts de doigt éclipfé; ce qui nous fit pré- fumer que lécliple avoit dû commencer vers les 6 30 ou 1' du matin. Cette phafe obfervée, nous revinmes à notre terrafle; mais le Soleil ne s'étant découvert qu'après 7 heures, nous jugeames à 7h 4 so", qu'il y avoit environ fix doigts éclipfés, car le Soleil étant alors fort élevé, nous ne pouvions pas bien aflu- jettir notre lunette un peu trop longue pour la machine qui la portoit , ni la tenir fixement dirigée au Soleil; ce qui rendit la détermination de cette phafe & des fuivantes un peu moins exacte, foit pour le temps, foit pour la grandeur. A 7h 16", l'éclipfe nous parut de fept doigts, nous jugeames même qu'elle alloit encore en augmentant; mais le Soleil étant entré dans un nuage fort épais, nous ne le revimes qu'à 7h 41", & alors il ne nous parut éclipfé que d'environ fix doigts. Le Soleil difparut encore, & ne reparut au travers des nuages qu'un peu avant 81 24°, auquel temps l'éclipfe n'étoit pas encore finie; mais le Soleil s'étant de nouveau caché fous un nuage fort épais, il tomba quelques gouttes de pluie, qui- nous obligèrent à nous retirer & nous empêchèrent de voir la fin de l'éclipke. ® DES SCIENCES. TI7 EX PE SRUEIN C E 9 Qui m'ont paru pouvoir fervir à démontrer que le Borax contient véritablement une terre vitrifiable. Par M. CADET, ancien Apothicaire-major des Invalides & des Armées du Roi. pe 20 Décembre 1758, j'ai préfenté à l Académie une fuite d'expériences fur le borax: ces expériences m'avoient conduit à démontrer dans ce fel une terre vitrifiable, telle que Beker & M. Pott Py ont foupçonnée ; mais les preuves que Jen apportois n'ayant pas été jugées fuffifantes, j'ai cru devoir entreprendre un travail particulier fur le verre que Jai retiré de la terre du borax: & je me flatte, d’après les expériences dont je vais rendre compte, que la nature de ce verre ne me fera plus conteftée. Le verre que je retire de la terre du borax, a pour lui toutes {es apparences du verre ordinaire; il en a la tranfi parence, la dureté, l'éclat & la fragilité: foufflé très-mince à la lampe de l'Emailleur & expofé enfuite à l'air humide, il n’y éprouve aucune altération. I n’en eff pas ainfi des faux verres de borax & de fel fédatif, qui ne font que des fels fondus. = Le faux verre du borax, en fortant du creufet, eft d'une belle couleur d'ambre & reffemble, par fa tranfparence, à une topale foncée en couleur; en cet état, expolé à l'air, il devient en peu de temps terne & opaque ; mis dans la bouche il S'y fond infenfiblement & a le goût de borax : réduit en poudre fubtile, il { diffout dans l’eau, même froide : cette diflolu- tion rapprochée par l’évaporation & portée dans un lieu frais ,. fournit en: très-peu de temps des criftaux de borax: cette efpèce de verre eft fi fufble , que ce n'eft qu'avec beaucoup de peine que l'on parvient à le fouffler à la lampe. Le verre du fel fédatif fort du creufet auffi beau & auffi diaphane que le criflal: on diroit même, à en juger par les Pi 118 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE apparences, que ce prétendu verre eft du criftal; mais il ne conferve pas fong-temps cet extérieur ; Fair Jui fait bientôt perdre toute fa tranfparence: il fe forme fur fa furface une efHorefcence blanche, & alors on le prendroit pour un mor- ceau d'alun qui auroit été Jong-temps expofé à fair: réduit en poudre & mis dans la bouche, il sy fond entièrement, & on y diflingue un vrai goût fälin : diflout dans l’eau froide ou chaude, cette diflolution évaporée fournit de très - beaux criflaux de fel fédatif: tous ces accidens & l’impoffibilité où lon eft de le fouffler à lalampe, empêchent qu'on ne le regarde comme un verre. Ces efpèces de vitrifications ne font donc autre chofe que ces fels mêmes, auxquels le feu a enlevé l'eau néceffaire à leur criflallifation ; caractère qui diftingue effentiellement ces faux verres de borax & de fel fédatif, d'avec le verre de fa terre du borax, ainfi que je vais le prouver par les expériences fuivantes. Le verre de la terre du borax a, comme je viens de le dire, la tranfparence, la dureté, l'éclat & la fragilité du verre ordinaire; Pair ne fait fur lui aucune impreflion , l’eau froide & eau chaude n'y caufent aucune altération : bouilli pendant un certain temps dans l'eau diftillée, il en fort fans avoir rien perdu de fon poids, la vivacité de fon brillant en eft feulement un peu altérée. Telles font les différences que j'ai obfervées fur ce verre en morceaux, je vais maintenant rendre compte de Faétion des différens menflrues fur ce même verre divifé. J'ai mis ce verre en poudre fine; j'ai fait bouillir quatre gros de cette poudre dans une grande quantité d'eau diflillée ; après un certain temps d'ébullition, j'ai laiflé repofer la liqueur, qui, devenue claire, a té filtrée à travers un papier gris: cette liqueur filtrée étoit très-limpide, fans couleur & fans au- cun goût fenfible. Je Fai fait évaporer à une douce chaleur, pour la concentrer au point de la faire criftallifer :’en cet état, je l'ai portée dans un lieu frais, & au bout de vingt-quatre à trente heures je l'ai examinée très fcrupuleufement, fans avoir eut < Di € CCHRAE EN. Cris 11 pu y apercévoir la plus petite apparence de criftallifation : alors je l'ai defféchée, & les parois de la capfule fe font trouvées couvertes d’une matière blanche abfolument infipide & en fi petite quantité, que je n'ai pas of la raffembler, de crainte d'en perdre; mais voulant connoître la nature de cette terre, j'ai verfé deflus de l'eau bouillante, qui n'a pu la difloudre; jai décanté cette eau & j'y ai fubflitué de F'acide vitriolique, qui en a fait la diflolution: cette diflolution mélée avec de l'efprit-de-vin, a donné à la flamme du mélange une couleur verte; ce qui m'a fait augurer que cette terre n'étoit autre chofe que la partie la plus fubtile du verre, dont l’eau s’étoit chargée pendant la longue & forte ébullition que je lui avois fait éprouver. La poudre de verre reftante fur le filtre, a été féchée & pefée ; fon poids s’eft trouvé prefque le même; vue à la loupe, jy ai remarqué quelques particules brillantes que l'œil n'avoit pu me faire apercevoir. Cette poudre de verre, traitée fucceflivement par les acides minéraux, en a été attaquée de la même manière, c'efl-à-dire qu'ils l'ont convertie en une efpèce de matière gelatineufe. Je mai pas été furpris de cet accident, n'ayant jamais regardé ce verre comme un compolé de fable & de fel alkali: mais de ce qu'il eft attaquable par les acides minéraux, fe croira-t-on autorifé à conclure que ce n'eft pas du verre? Le verre d'antimoine réduit en poudre fubtile, eft entière- ment difloluble par l'eau régale, les acides minéraux agiffent fur lui; l'acide végétal l'attaque auffi très-fenfiblement. Si on fait bouillir le verre d'antimoine en morceaux dans de l'eau ,. ily perd toute fa tranparence ; c'eft en vain qu'on veut le fouffler à la lampe, il s'y fond & y coule comme feroit de la cire & il s'y volatilife entièrement. Malgré toutes ces imperfetions très-connues, on ne leflime pas moins_verre, & on n'en: admet pas moins dans lantimoine une terre vitrifiable. En 1724, feu M. Geoffioy communiqua à cette Académie une fuite d'expériences qu'il avoit faites fur différens verres :- il avoit été chargé par M. le Conte d'Argenfon d'examiner: « 12%o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE des carafons d'une nouvelle fabrique, dans lefquels les vins fe gütoient. M. Geoffroy a oblervé que l'eau-de-vie & l'eau ne faifoient éprouver aucune altération au verre de ces carafons, mais qu'il n'en étoit pas de même du vin; que fon acide attaquoit ce verre au point que les parois des bouteilles étoient hérifiées de petits criflaux verts tranfparens, & que les acides minéraux convertifloient ce verre en une matière mucilagineufe, Dans un autre endroit de fon Mémoire, M. Geoflroy dit qu'il a traité toutes fortes de verres par les acides minéraux, & qu'ils ont tous réfifté à leur action; mais vraifemblablement les expériences de M. Geoffroy n'ont été faites que fur les verres en poudre groffière; car elles euffent été bien différentes sil eût réduit ces verres en poudre impalpable: à fe feroit convaincu que les verres, tels qu'ils foient, font altérables, non-feulement par les acides , mais même par l'eau; ce que je fuis en état de prouver par quelques tentatives que j'ai faites & qui vont être rapportées. J'ai pris des vailieaux de criflal fatice, dont la plupart avoient fervi à renfermer des efprits acides fans en avoir été altérés ; ils étoient tranfparens, fans taches & fans couleur * après les avoir bien lavés à l'eau chaude, j'en ai pefé fix livres, que j'ai fait mettre en poudre; j'ai brouillé cette poudre dans l'eau, qui, repofée un inflant, a été décantée & filtrée : cette manœuvre a té répétée plufieurs fois, & par ce moyen je me fuis pro- curé une certaine quantité de poudre très-fubtile de criftal ; J'ai fait fécher cette poudre, & j'en ai pefé huit onces que j'ai fait bouillir pendant plufieurs heures dans l'eau qui avoit fervi aux lotions ci-deflus, ayant eu attention d'ajouter de l'eau bouillante pour remplacer celle qui s'évaporoit. Après cette Jongue ébullition , j'ai filtré la liqueur; elle étoit d’une couleur ambrée & avoit pris un goût douceitre: je l'ai fait évaporer pour la réduire à une petite quantité; alors elle avoit contracté une couleur de bière rouge & une forte odeur de leflive ; mélée avec les acides, il s'eft excité une vive effervefcence ; quelques gouttes de cette liqueur verfces dans un verre d’eau de puits de F'Hôtel des Invalides, y ont fur le champ démontré la ns. DE s (SPcr'EN'C'ENS T2T fa félénite : cetie liqueur évaporée à ficcité, a fourni près de quatre gros de fel alkali fixe de couleur brune. La matière reftante fur le filtre ayant été féchée, a pefé fept onces trois gros & demi. Cette opération prouve évidemment que l'eau a de l'action fur le criflal; en vain objecteroit-on que les vaiffeaux de criftal que j'ai employés étoient d'une mauvaife qualité, & que dans leur compofition il étoit entré trop d'alkali fixe. Si cela eût été, ces vaiffeaux auroient été non-feulement fufceptibles de l'impreffion de l'air, mais encore altérés par les différens acides qui y avoient été renfermés: ce qui n'étant pas avé, ce n'eft donc qu'à la grande atténuation dans laquelle j'ai réduit ce verre, que je dois tout le fuccès de cette opération. L'expérience fuivante fera encore une nouvelle preuve de la préfence de l'alkali fixe dans le criftal ainfi atténué. Prenez deux onces de criftal avec une demi-once de fel ammoniac purifié; humectez le tout avec un peu d’efprit de vin, ce mélange fournira à la diftillation un efprit volatil très- pénétrant & de l'alkali volatil concret. Après avoir ainf1 éprouvé ce verre de criftal, je voulus le traiter par les acides; mais auparavant je crus qu'il n'étoit pas inutile d'en féparer, par la pierre d'aimant, tout le fer dont il avoit pu fe charger pendant la pulvérifation qui avoit été faite dans un mortier de fer : cette opération finie, je fis porphyrifer cette poudre avec de l’eau, jufqu’à ce que réduite en pâte, mile entre les dents, elle n’y fit plus fentir le moindre craquement, & qu'entre les doigts elle fe païîtrit comme du maftic. Ce criftal réduit à ce point de divifion, je lai féché & pelé, pour m'aflurer file porphyre n'en avoit point augmenté le poids; mais au lieu d'avoir été augmenté, je l'ai trouvé un peu diminué, J'ai pris quatre gros de cette poudre, que j'ai mis dans une cornue de verre lutée; j'ai verfé deflus une once & demie d'huile de vitriol très-blanche & j'ai diftillé jufqu’à fec; j'ai laiffé refroidir les vaitféaux pour verfer dans la cornue trois Jar. rang, Tome Ÿ.. 1Q: 22 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE onces d'eau diftillée, J'ai fait bouillir cette eau, que j'ai en- fuite filtrée : Ja liqueur qui a pañlé étoit claire, fans couleur & avoit un goût très-acide ; je Fai fait évaporer au-deflus d’un four, & j'ai trouvé dans la capfule une quantité de petites aiguilles foyeufes. La poudre reftante fur le filtre , après avoir été bien lavée & féchée, avoit perdu trente-fix grains de fon poids. J'ai pris d'autre poudre de ce même criftal divifé, pour en faire l'effai avec les autres acides minéraux ; & comme je n’avois intention que de connoître la configuration des criflaux que pourroient donner ces différens mélanges, je n’en fis point de diflillation, je me contentai de les faire bouillir quelque temps : après les avoir laiflé repofer, j'en tirai les liqueurs à clair, je les fis évaporer, & jeus, comme dans la première opération , des criflaux en aiguiiles foyeufes. Cette parité dans la configuration des criflaux me furprit d'autant plus, que je n'étois affuré de la pureté de mes acides ; c'eft pourquoi je ne répétai pas mes expériences fur ce même verre, mais Je les fis de nouveau fur le verre à vitre de France & fur plufiéurs efpèces de verres tranfparens non colorés. Les uns & les autres atténués, comme il a été dit en parlant du criftal, bouillis de même dans de l'eau, ont fourni auffi de lalkali fixe, mais en beaucoup moindre quantité que le criftal : leur mélange avec le fel ammoniac a donné, à la dif- tillation, de l'alkali volatil: traités par les acides , ils ont de même donné des criflaux en aiguilles foyeufes : ces fels ne font point des fels fédatifs, comme on pourroit l'imaginer ; ils ne fe diffoivent pas dans l'efprit de vin, quoiqu’on les y fafle bouillir, & ils ne colorent pas en vert la flamme de Fefprit de vin. Cette propriété des acides , de donner avec le verre ordinaire des fels d’une même configuration, eft très-fingulière. Si on admet dans le borax une terre vitrifiable, comme on ne peut s'en difpenfer; on ne féra plus étonné que dans la décompo- fition du borax par les différens acides, il en réfulte toujours un même fel fédatif, 4 DES SGrtENMC:ES 123 Après avoir prouvé l'altération & la décompofition des verres par les différens menftrues, je finirai en difant, d'après des faits, que les verres de la meilleure qualité font altérables par l'air, felon les endroits où ils font expolés. Je me conten- . trai de citer, des exempies que tout le monde fait ou eft à portée de favoir: les vitres des écuries, celles des Imprimeries, celles des infirmeries d'hôpitaux , & notamment les vitres des falles des bleffés & des fcorbutiques de l'Hôtel des Invalides , font la preuve de ce que j'avance; mais celles qui méritent le plus d'attention, font les vitres des falles de ces infirmeries ; elles font chargées de taches blanchâtres, qui font autant d’in- cruftations dans le verre & que l'on diroit avoir été gravées. Tous ces verres ainfi altérés, ne font plus fufceptibles d’être nettoyés, & alors ils ne font plus propres que pour la fonte, Plufieurs Vitriers que j'ai confultés fur le fait de ces différens verres, m'ont certifié la même chole. I réfulte de toutes ces expériences , que le verre que je tire de la terre du borax a la plus grande partie des propriétés du verre ordinaire, puifqu'il en a féclat, le brillant & la fragilité; qu'il n'eft point altérable à fair, & qu'à la lampe de l'Émailleur il { fouftle & fe travaille comme le verre or- dinaire. Je fuis donc fondé à conclure que le borax contient véritablement une terre vitrifiable. | 124 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OSBISCESR V. À HMIONNES DES TROISIÉME & QUATRIÉME SATELLITES DER U PAT OETRE Faites au mois de Novembre 1761. Par M. BaupouIn, Maitre des Requêtes. q N a vu à la fin du mois dernier, & dans l'efpace de neuf jours, quatre Obfervations intéreflantes des Satellites de Jupiter; favoir, limmerfion & l'émerfion du 4.° Satellite le 19, aida & l'émerfion du 3° Satellite le 28. Je fouhaitois avec impatience que le beau temps me permit de les faire, parce que ces obfervations complètes font affez rares, parce qu'elles jettent un grand jour fur la théorie des inclinai- fons & des nœuds, & parce qu'enfin dans ce moment peut-être, des Obfervateurs attendent aux extrémités du monde ces occa- fions de déterminer les longitudes des lieux où ils obfervent. Le ciel nous a été favorable; une lunette de vingt-fix pieds, placée fur les bains de Julien, m'a fervi à faire ces quatre obfervations ; je les ai comparées avec celles qui ont été faites en même temps dans l'Obfervatoire de la Marine par M. Meffer, & dans le cloître Notre-Dame par M. le Préfident de Sarron : j'ai eflayé d'en tirer quelques conclufions pour la perfeétion, ou du moins pour la confirmation des Tables de M. Wargentin & de celles dont M. Maraldi nous a donné les élémens dans les favans Mémoires qu'il a écrits fur cette matière. Le 19 Novembre au foir, immerfon du 4.° Satellite, obfervée avec un objectif de Borelli, de vingt-fix pieds, qui groffiffoit cent fois e/diametreides Objet Fe MERE 0. nl SHATAIS OU Avecun excellent télefcope Grégorien detrente pouces de foyer, É RE RE 2 a fois, M. Meffer OPICFVA a MIE RE LUS eines icIelEe COMENT DES SCIENCES 125$ Avec le grand télefcope de M. le Monnier, fait à Londres par James Short , dont le foyer eft de quatre pieds, & qui groffit cent douze . fois, M. le Préfident de Sarron obferva à....... 5" 2°16” Quoique le crépufcule, qui duroït encore, dût rendre cette obfervation difficile à bien faire, les trois obfervations ne diffèrent pas de plus de 20 fecondes ; quantité peu confidérable, eu égard à la lenteur du quatrième Satellite, qui emploie beau- coup de temps à entrer dans l'ombre. Le même foir, émerfion du Satellite avec Ia lunette de MINp ES TE NPIEdS ANSE ee lei cicleleiete 6" 53° 20" Avec le télefcope de trente pouces. ............ GCMSTANNEE Avec le télefcope anglois de quatre pieds. ....... 6. 51. 51. Ainfi la durée de l'éclipfe a été de 1} 49° 5” avec le télef- cope de trente pouces, de 1h 1’ 24” avec la lunette de vingt-fix pieds, & 1" 49" 35" avec le télefcope de quatre pieds : j'ai cru devoir prendre pour milieu 1° $ 1°, pour me rapprocher davantage des lunettes ordinaires, avec lefquelles M. Maraldi a coutume d’obferver les Satellites depuis un grand nombre d'années ; ainfi Ja demi-durée fera $ 5” 30". En calcu- lant la longitude héliocentrique de Jupiter pour ce jour-là, on trouve of 44 2 3"; fuppofant enfuite le demi-diamètre de ombre, 24 8° 2”,avec M.* Maraldi & Bradley , linclinaifon de 24 36, on pourra déterminer le lieu du Nœud , c'eft-à- dire la ligne d’interfection des deux orbites de Jupiter & de fon quatrième Satellite, La latitude d’un fatellite qui traverfe l'ombre de Jupiter ou fa diftance au centre de l'ombre, eft égale à l'inclinaifon de l'orbite multipliée par la diftance de Jupiter au nœud du Sa- tellite ; cette latitude eft le côté d’un triangle reétiligne rectangle, dont l'hypothénufe eft le demi-diamètre de ombre, & Fautre côté la corde parcourue par le Satellite dans le cône d’ombre proportionnelle à la demi-durée de l'éclipfe. Cette demi-durée étant fuppofée de $ 5’ 30”, on trouve 48% 1 6" pour la diftance de Jupiter au Nœud, ce qui donne aof 164 7° pour le lieu du nœud , moins avancé de 14 33° Q ii 126 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’'ACADÉMIE que fuivant le Mémoire lü à l'Académie en 1758 par M. Maraldi, & dont on trouve une note dans la Connoiffance des Temps de 1760. Si au contraire on vouloit fuppofer le lieu du nœud ‘bien établi, on trouveroit 4 minutes à ajouter à Finclinaifon. M: Wargentin remarque dans la préface de fes Tables, qu'on Fa remarqué en eflet de 24 40° par certaines obfervations ; mais comme le plus grand nombre s'accordent à donner 24 36‘ pour linclinailon, il femble que la correction devroit tomber préférablement fur le lieu du Nœud; dans ce cas, elle feroit de 1of.164 pour cette année, ce qui s'accorderoit, foit avec linclinaifon déterminée par M. Maraldi en 1758, loit avec la fituation du nœud, déterminée par le même en 1745, foit avec le fentiment de M. Wargentin, qui croit que les nœuds du quatrième Satellite font prefque flationnaires. Le 28, l'éclipfe du 3.° Satellite a été obfervée avec foin & le ciel étant tres-favorable ; limmerfion m'a paru fe faire dans ma lunette de vingt-fix pieds, à..... 8" 10° 46" M. Meffier, avec le télefcope de 30 pouces, lamarqueà. 8. 11, 14 L'émerfion, felon moi, eft arrivée a............. 10. 40. 58 Riivant Me EMEMICrS Ae cie-e -relieleleelelieee 10. 40. 33 Ainfi Ja durée eft de 2h 29° 19" avec le télefcope de trente pouces, & 2" 30" 12" avec la luneite de vingt-fix pieds : je m'arréterai à cette dernière, qui m'a paru fort exacte &c qui donne la demi-durée 1° 1 5’ 6". L'inclinaifon du troifième Satellite a paru depuis bien des années un paradoxe d'Aftro- nomie; M. Wargentin a été obligé d'en faire quatorze Tables différentes pour les dificrentes années , & ne {avoit même encore fur quoi compter pour l'avenir : il penfoit, il y a quelques années, que cette inclinaïfon , qui au commencement du fiècle avoit été de 34 o', & étoiten 1747 de 34 24’, avoit enfin ceflé d'augmenter, elle lui fembloit parvenue à fon maximum & prête à diminuer, comme fi elle eût dû avoir ainfr une variation périodique & alternative, mais je crois que notre oblervation prouve tout le contraire. DIE S' S'CELINGES 27 En effet, M. Maraldi a fait voir dans les Mémoires de PAcadémie pour 1732, que le mouvement du nœud du troifième Satellite étoit direct, & qu'en 1727 la longitude de ce nœud étoit d'environ 1of 1 6d; il devroit donc être au- jourd’hui plus avancé, ainfi je ne faurois fuppofer la longitude du nœud moindre que rof 1 64. Or, dans cette fuppoñition, que M. Wargentin lui-même a adoptée dansfes nouvelles Tables, je trouve l'inclinaifon de 3% 34, au lieu de 3% 24’ que M. Wargentin fuppofoit en 1757. Ainfi je crois pouvoir conclure de mon obfervation, que l'inclinaifon du troifième Satellite continue d'augmenter autant qu'elle a fait dépuis le commencement du fiècle, bien loin d’être ftationnaire ou de diminuer, comme on avoit foupçonné : pour conferver la même inclinaifon qu'en 1757, il faudroit reculer le nœud de 3420", ce qui n'eft aucunement probable, & ce qui eft contraire même , foit à la théorie de M. Wargentin, foit au réfultat du Mémoire de M. Maraldi que je viens de citer. 123 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MÉMOIRE POUR SERVIR À L'HISTOIRE NATURELLE ET MGE D, LCA LE DES EAUX DE PLOMBIÉRES. Par M. MoranD, Doéteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris. P LOMBIÈRES eft un bourg de Lorraine, affis au pied de deux montagnes fort élevées & très-efcarpées, qui appartiennent aux Vofges; la gorge qu'elles produilent eft fr étroite, qu'elle ne comporte dans le bourg qu'une feule rue, bordée par les maifons qui s'étendent le long de chaque côte & par le lit de la petite rivière d'ÆEaugrogne , laquelle divife Plombières en deux parties, une feptentrionale, du diocèfe de Toul, & une méridionale du diocèle de Befançon. Pauvre, rude & morne dans quelques endroits, riante & cultivée dans d’autres, la Nature fur ces montagnes annonce à la fois la richeffe & la difette : fi lon en fuit la chaine, on y remarque un mélange très-diverfifié d’éminences, de col- lines, de tertres, de côteaux, de vallons: dans beaucoup de cantons ces montagnes chauves font jonchées d'amas de pierres, de rocs vifs ou durs qui en occupent de très-grands efpaces, & dont je n'en ai reconnu aucuns qui fuflent difpofés par couches : à confidérer la quantité prodigieufe qui s'en trouvent éboulés & comme entaflés; on les prendroit, même vus de près, pour des débris de vieux édifices abandonnés aux injures du temps. La plus grande partie de ces éclats de cornes de montagnes fe fait auffi apercevoir de très-loin, par la couleur brune ou noirâtre que prennent toutes les pierres expofées depuis fong -temps au grand air; mais j'aflurerois DME Us . SIC-11E NACUE NS. 129 reconnu à un affez grand nombre ( même dans des endroits couverts & où le Soleil ne pénètre jamais) quelque chofe de plus que cette couleur; c'eft une noirciflure abfolument ex- traordinaire , & telle qu’elle pourroit être fi ces pierres avoient été fumigées; elle fait aufli enduit luifant & vernifié, ou plutôt croûte diftincte, approchant d’une calcination, je dirois prefque de la vitrification, qui, quoique mince, a une épaifleur dé- cidée; cela n'a fouvent paru très-marqué. Au furplus, cette furface hériflée de roc vif, de pierre fière, qui forme prefque toute la mafle des montagnes des Vofges, recèle d’autres produétions utiles en ce genre : on a tiré des pierres, bonnes pour les bâtimens, de la côte fepten- trionale, appelée le Chanor. Le Naturalifte n'y rencontre pas le moindre veflige de coquilles, mais il y trouve des criflaux quartzeux, des bandes fchiteufes & métalliques, pr ‘efque confondues avec des couches talqueufes & des bancs de granit. Le fchite s'y rencontre de trois efpèces, un gris, tendre, parfemé de paillettes talqueufes argentées ; un autre dur, couleur de tartre rouge, parfemé de très-petites paillettes tlqueufes argentées ; un Éahème fort compaét & comme veiné de lignes blanches, qui paroïffent à à l'œil femblables à une efpèce de moififlure, dont la plus grande partie de fa mafle eft compofée. Le granit abonde également dans la partie orientale & dans la partie occidentale de Plombières; il eft à gros gr ain, jaunâtre & noir, femé de paillettes talqueufes argentées & de portions quartzeules : on le pile pour en faire du ciment avec Ja chaux, Sur le chemin montagneux qui conduit à Remiremont, on en trouve une autre efpèce à petits grains blancs & noirs très - ferrés. Ce compolé différent , d'une ftruéture impénétrable, femble couvrir fa minière & mettre à l'abri des vents & des neiges les canaux des eaux minérales, qui, du fein de ces montagnes , viennent au-devant des befoins de l'humanité ; la pente efcarpée Say, érang. Tome V. ° R 130 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de leurs collines, en facilitant un écoulement aux eaux, qui ne font point médicinaes, & les obligeant de fe précipiter fans avoir le temps d'y refler, empêcheun mélange qui ne pourroit qu'altérer la qualité des eaux thermales. Ces côtes hériffées d’efpace en efpace, & qui femblent ne pouvoir offrir qu'une perfpective trifle & fauvage, préfentent néanmoins une confufion agréable de terres cultivées & de terres en friche ; non-feulement {a plupart fe terminent à leur fommet, par de belles & vafles plaines cultivées & ornées: de prés, mais encore leurs pentes en maints endroits, ou font parées de fütaies où de bois, ou brillent de pâturages verdoyans , émaillés de fimples de toutes les faifons, parmi lef quelles je crois devoir nommer le doronic, connu fous le nom: d'arnica, où doronic des Allemands *, que M. Geofiroy range parmi les plantes étrangères, quoique fréquent dans la Sologne, dansles Alpes, & abondant dans plufieurs endroits de la forêt d'Orléans, où je l'ai obfervé : les Bücherons, qui s’en fervent comme de tabac, l'appellent grande bétoine, & on la nomme à Plombières zabac des Vofges , parce qu'elle y eft extrêmement commune: on lui donne aufli le nom de fur de tabac, parce que c’eft la fleur que l'on met en poudre & dont on fait ufage ordinairement dans ce canton. Je ne n'arrêterai point aux propriétés de cette plante , que l'on pourroit appeler paracce de notre chmat , comme le tabac eft nommé panacée antarique : en attendant que je puifle communiquer fur fes effets quel- ques obfervations qui me font particulières, j'obferverai feule- ment en paflant, que je l'ai adoptée affez heureufement dans ma: pratique , pour la trouver de manque chez nos Apothicaires , d'autant plus qu'il eft aifé de fe la: procurer. Bien loin même que le penchant de ces collines, dans # Doronicum plantag. fol, alrerum. €. B, P. Doronicun germanicum foiis femper ex adverfo nafcentibus Villof. J. B. Alifina Matrhiol. feu plantago montana ejufd.. Damafo- nium primum, Diofc. tab, icon. Arnica Schroder. Lagea lupi ejufd. Arnica lapforum panaceas Fehrii ÆEphem, natur, Curiof. ann. 1X ©T X. Prar- mica montana Flift, Lugd. alifma: alpinum, feu herba plantag. folis , flore doronici, fternutament a movente, Gefn. de hort, Calta alpina ejufd. Nardus Celrica altera. Lob. adverf.. chryfanthem. larifoli. Dodon.. hédbuz. à DVE 5 \S'CUNME UNI GE le 131 quelques parties & aflez étendues, foit aride, il y eft entière- ment noyé dans l'eau; & foit qu'à uie certaine profondeur la terre ne foit pas d’efpèce à imbiber les eaux, foit qu'elles en fortent plutôt qu'elles n'y entrent, les côtes les plus élevées de Plombières font arrofées de ruifleaux très-abondans d’une eau fort claire, qui les changent en prairies graflès & fertiles. C'eit fans doute ce qui contribue aux brouillards fréquens dont on eft incomimodé à Plombières, & ce qui produit de très-bonne heure un ferein mal fain & contraire aux rualades qui y viennent : c’eft peut-être où il faut chercher Ja raifon des difformités dont le plus grand nombre des ha- bitans de Plombières font incommodés : il y en a bien {a cinquantième partie d’eftropiés ou contrefaits. Je ne ne décide pas cependant sil ne feroit pas plus naturel de l'attribuer à Finattention des pères & des mères qui négligent fort leurs enfans, particulièrement dans l'été: pendant quatre ou cinq mois de l'année, ces derniers font abandonnés à eux-mêmes & couchés dans les Jogemens les plus mal fains. Perfonne n'ignore que les eaux de Plombières font de deux efpèces, fivoir, des eaux froides & des eaux thermales. Les eaux froides , dites favonneufes, font froïdes, fins l'être néanmoins autant que l’eau ordinaire & naturelle : elles ont un degré de chaleur au-defius ; il y a des jours où elles ont une tiédeur & même une chaleur marquée , laquelle s’exhale en fumée dans la force de l'hiver: elles ne gèlent jamais &c participent toujours fenfiblement des variations que l'on ob- ferve dans a chaleur des eaux thermales, dont je ferai dans le cas de dire un mot. On pourroit, par cés raifons, appeler les fources favonneufes fources tièdes , & M. Geoffroy le Médecin, les a indifféremment appelées Jources froides (a) & Jources tièdes (b). La principale fontaine de cette efpèce fort de la montagne fur Je chemin qui conduit à Luxeuil, au-deffus de la partie de Plombières, appelée Plombieres-ban-dajol, & va fe rendre (a) Hiftoire de l’Académie des Sciences, année 1700, p. 60, (®) Mar. medic,c,1r, arr, 3, De ag. Japon, Plomber. t. B P-5 6 57- 1] 132 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dans le grand bain avec la fource la plus chaude: cette fource eft la première de fon efpèce qui ait été découverte, & on peut la regarder comme fa mère-fource de toutes les eaux favonneufes qui viennent de la côte méridionale de Plombières ; on la nomme aufli a fource de deffus la route de Luxeuil, pour la diflinguer des autres fources favonneufes qui font dans plufieurs maifons du bourg; car elles ne s'y rencontrent pas en moindre quantité que les eaux thermales, & j'imagine qu'on pourroit en faire un plus grand ufage que celui qui eft reçu jufqu'à préfent. Les Capucins en ont dans leur jardin une qui eft confidé- rable & très-fréquentée; elle fe fait jour fous une petite voûte de maçonnerie. Le rocher qui en fait le fond eft tout garni d'hépatique (a) , qui forme un tapis très-agréable par fa belle & fraiche verdure, variée par des pieds de fougères, de capil- laires , d'allelya , de raiponce , de chamænerion & d’une petite moufle foyeufe, déliée comme une toile d'araignée, d'un verd gai /b). Toutes ces plantes entremélées produifent un effet des plus agréables. Ce que M.” Geoffroy & Malouin ont avancé fur lhépa- tique qui foifonne dans les fources favonneules, en difant qu'on y trouve beaucoup d'hépatique, qui ne vient point dans les autres fources chaudes ni froides /c), a befoin de quelqu'expli- cation, & fans doute ces célèbres Acadéniciens n'ont voulu que rapporter une opinion vulgaire. I eft de fait que dans la fource des Capucins , Vhépatique croit, non-feulement fur le rocher & autour de la voûte de la grotte, mais encore qu'on y en retrouve jufque fur une rigole de bois qui reçoit l’eau favonneule à fa fortie du rocher, pour la verfer dans une auge. (a) Hepatica terreftris, Germ. (b) Mufcus terreffr. arborum fli- off. lichen five hepatica vule. Park. | piribus ad naftenf. maj. 7 ereélior. lichen , five hepatica fontana. J. B. | Raï. hift. 3, 47. Jecoraria , feu hepatica fontana , (c) Hift. de l'Acads an. 1700, trag. S2?. Lichen petrœæus latifol. ; ; Jive hepatica fnrane Ce B, Fegatel. p. 60. Mém, del’Acad, an, 17460 Cafalpin,. 60 7. P: 120 DE s'S,C'LEUNC ES 133 C'eft principalement de cette fource & de cette grotte que le préjugé auquel je m'arrête, tire toute fa force, parce que l'hépatique ne croit pas en aufi grande abondance auprès des autres fources favonneufes qu'auprès de celle-ci, & fur-tout parce qu'on en retrouve des traînées dans tout fe chemin que la fource parcourt fous terre jufqu'au réfervoir. C'eft fur cette trace que les gens du pays appuient & mo- tivent leur admiration ; c'eft de-là qu'ils partent pour faire marcher le préjugé avant les raifons, & pour aflurer hardi- ment que cette plante ne fympathife qu'avec les eaux dites Javenneufes : ils font fi fort entètés de cette fingularité ima- ginaire, que fi lexpofition des fontaines qui fournifient à la boiflon & aux ufages domeftiques de Plombières , permettoit à l'hépatique de s'y produire, il ne feroit pas poffible d'em- pêcher le peuple de les déclarer /ources fayonneufes, fans autre examen. La difette de fources d’eau naturelle dans Plombières même, où il ny en a qu'une dans un pré attenant la Maifon des Dames, & qu'on nomme Fontaine godelle , fon expofition au grand air, la nature du folsù elle fe fait jour & qui n'eft point propre à cette plante, Ôtent tout moyen de contredire le préjugé en même temps qu'ils le fortifient, & autorifent par-là les gens du pays à le tranfmettre avec confiance à qui veut bien 'adopter. Ces diflicultés ne n'ont pas empêché dé chercher à trouver en défaut cette fympathie prétendue de lhépatique & des eaux favonneufes: j'ai mis M. Defguerres * à portée de démentir le préjugé , en lui faifant voir de cette même hépatique fur la muraïlle antérieure de l'étuve du grand bain, du côté par lequel on entre dans la gallerie couverte, à fa- quelle elle tient. H eft à remarquer qu'en appliquant la main fur cette muraille, fa chaleur de l'intérieur de l'étuve, qui dans le plus grand chaud de l'été fait monter la liqueur du thermomètre d'efprit de vin à 40 degrés, s’y fait reflentir à un degré beaucoup plus que tiède: aufi lhépatique y eft * L’un des Médecins ordinaires du Roi de Pologne, Duc de Lorraine; Médecin ftipendié de la ville & des Dames de PRE à ü * An 1700, page Go, 134 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE comive avortée, fes écailles ne font ni fr belles ni fi vertes qu'elles doivent l'être; on y aperçoit encore la petite moufie dont j'ai donné la phrafe, & qui vient à fa grotte des Capucins. Quant aux paillettes d'or ou dorées qu'on a tirées de cette fource, felon la remarque de M. Geoffroy, ce ne font in- dubitablement que des feuilles talqueufes, la plupart des pierres de Plombières en contenant beaucoup, que charient avec eux les filets d'eau qui fe font jour en différens endroits. Autour de ces fources d'eau favonnenfe de Plombières, on rencontre une produétion minérale, dont M. Géoffroy le Médecin, dans le même endroit de l’Hiftoire de l’Acadé- mie *, ne fait qu'une fimple mention. Comme certainement l'examen des terres , des pierres, du terroir fur lefquels paffent les eaux , tant fimples que minérales, n’eft ni étranger ni indif- férent à lhifloire & à la connoiffance des fources, je n'arré- terai un peu fur ces produétions foffiles, qui peuvent influer fur la qualité du fol de Plombières Dans le voifinage des fources favonneufes , tout le fable, & même le rocher le plus dur, font mêlés de morceaux quel- quefois confidérables, d’une terre blanchâtre, pefante, ferme & compacte, luifante, polie, très-douce & comme favonneule au toucher. Ces pierres varient dans leur couleur extérieure; tantôt elles font toutes blanches fans aucun mélange, tantôt elles font un peu plus ou un peu moins couleur de noilette ; & comme dans le plus grand nombre, c'eft cette couleur qui paroit à leur furface, les gens du pays appellent cette fubftance gris moifi, pour exprimer fans doute l'efpèce de couleur de gris tiché & comme gâté qu’elle a aflez communément. Lorfque cette matière eft fraichement tirée de terre, elle prète tant foit peu fous les doigts ; dans la bouche, elle femble tenir du favon dont elle a l'apparence; elle tient un peu à la langue: mife dans l'eau, elle paroïît devenir plus grafle, tant foit peu limonneufe & gluante; elle fe ramollit même au point de fe réduire en une efpèce de bouillie ou de vale, fans néanmoins DE s ‘Se LELNrCuE AS ke fe diffoudre vifiblement en entier: quoique gardée depuis long-temps, elle.ne perd au tact rien de {on poli ni de fon onétuofité: mile au feu en mafle, elle s'éclate en décrépitant & acquiert une qualité gypfeufe. Cette matière, qui eft une argile durcie, inattaquable par les acides, {e retrouve loin des fources, par-tout dans les pierres fchiteufes dont j'ai parlé, & qui font très-communes, mais elle y eft éparfe en petite quantité fous la forme d’une marne où d'une chaux fufée, qui s'étant peu à peu defféchée, faute d'humidité, ne préfente qu'une couche ou des petites veines de poudre fine, très-remarquables & très-fenfibles néanmoins dans les pierres les plus dures, qui paroïfient en être entièrement compotées & comme chargées de cette efpèce de chanfifiure. On en trouve auffi, dans ces endroits, des maffes de gris & de noir ; ce dernier eft plus dur & moins onétueux, comme Yobferve Dom Calmet *. Quelle que foit cette production minérale, elle méritequelque attention, en tant qu'elle pourroit être regardée, à jufie titre, comme J'annonce de la qualité favonneule des eaux froides de Plombières & de leurs propriétés. En effet, quoiqu’on concoive que la plupart des matières fofliles font de nature à ne pouvoir pas être facilement mélées avec les eaux froides ou chaudes, ileft pourtant difficile de croire ces eaux exemptes de mélange de fubflances étrangères, puifque le goût les décèle ; onféquemment on ne pourra guère nier que les fources d’eaux minérales ne puiflent tirer leurs vertus des veines de terres qui leur fervent de filtres, en s’imprégnant de particules de différens minéraux : de-à il peut être important, lorfqu'on veut faire l'examen des eaux médicinales, de faire entrer celui du fol qui leur fert de lit & de conduite. Comme en reconnoiffant dans ces eaux du fer, du foufre, &c. on tire railonnablement des induétions à priori de l'effet & des vertus de ces eaux: on peut pareillement trouver dans Fefpèce de terre, de fable où de pierres qu'elles traverfent ou quelles pénètrent, de quoi appuyer des conjeétures plaufibles * Fraité hiftorique des eaux & bains de Plombières ; chap, IV, p. 25,9: 136 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fur leurs propriétés, déterminer fi elles font propres à fervir de boifion, ou fr elles doivent être rejetées \ou'fi elles peuvent ofliir des fecours contre les maladies : ainft on décidera fürement que les eaux qui paflent par des terrains d'une mau- vaife qualité, par exemple, fur des pierres de plâtre, de craie, ue font point propres à être prifes en boiflon. La preuve qu'à la première vue on peut raifonnablement juger de cette manière des eaux médicinales, fe trouve dans celles qu'on appelle férrees : voit -on une fource d'eau fe faire jour au milieu d’un terrain mêlé de rrarcaffite où de rerre ferru- gineufe , À eft à préfumer ( quoïqu'elle vienne de plus loin ) que fes eaux participent de la nature de ce minéral, qui eft celui dont l'eau fe charge le plus facilement & fe dépouille le plus difficilement. On faura donc d'avance, en partie, de quoi eft compofée principalement une eau de cette efpèce, les opérations chi- miques n'étant enfuite néceflaires que pour en démontrer les combinaifons & pour Îa recherche de quelques parties falines dont ces eaux font ordinairement chargées, ou d'autres prin- cipes qui ne forment pas la bafe de ces fources. Les fources minérales de Plombières, dont je parle adtuel- lement , peuvent fervir de fecond exemple. Toute la terre adjacente des fontaines d'eau favonneufe , eft mêlée de mor- ceaux d'argile durcie, telle que je l'ai décrite; rifqueroit-on de fe tromper, en foupçonnant que les eaux qui rencontrent dans leur trajet beaucoup de ces pierres, en détachent par le frottement les particules les plus tenues, leur doivent en partie la qualité favonneufe qui y domine? cette préfomption ne devient-elle pas enfuite une efpèce de certitude, lorfqu'en exa- minant un verre rempli d'eau de ces fontaines, l'œil y fait remarquer une couleur louche & opaque, le goût quelque chole d'onétueux, abfolument analogue à cette fubftance minérale qui {e rencontre dans une portion de terre qu'elle parcourt ? Cette imprégnation de matière minérale favonneufe, eft démontrée aux yeux de différentes manières: fi à la fource on enlève du fable, ou du roc par lequel les eaux fe font jour , Des -S:cr EN CES 137 jour, on obferve qu'ils ne font qu'un compofé de cette ma- tière que les eaux y ont dépolé dans les vides ou dans les interflices, jufqu'à y produire des morceaux d'un très-gros volume, felon que le vide la permis; il m'a été affuré qu'on en avoit trouvé des mafles du poids de trois livres : ce qu'il y a de conftant, c'eft que les plus confidérables fe trouvent autour des fources dans le fable ou dans le roc graveleux, qui eft fort tendre & aifé à détacher avec la main: cette matière eft auffi plus belle, plus nette & prefqu'entièrement blanche, étant plus expofée à être lavée fans cefle. A la fortie des eaux du roçher, cette matière favonneufe fe montre fous une forme différente, mais cependant recon- noiffable ; les quartiers de roc font, dans les points de leur furface que mouille la fource, couverts d’une crême fort tenue, fort légère & du plus beau blanc. Il eff inconteftable que cet enduit n'eft que le gris moiff mis en détrempe; que cette crème eft comme l'huile de ces eaux, que lon pourroit très-bien appeler le pétrole de la montagne où des eaux de Plombières ; ce qui paroït démontré d’ailleurs par Fanalyfe que M. Malouin a donnée de ces eaux *. Le détail dans lequel je viens d'entrer, me donne lieu de diftinguer autour des eaux favonneufes deux efpèces de cette matière minérale : il feroit facile de les approprier aux ufages de la Médecine, & j'en ai travaillé des échantillons. La première eft une efpèce de véritaBie terre bolaire ; elle fe tire d’une lotion & d’une macération de la terre fablonneufe ou du roc graveleux qui font baignés par ces eaux, & dont jai dit que le grain eft tendre. Après avoir retiré le fable qui fe précipite au fond de l’eau, & laiflé enfuite repofer la même eau, elle dépofe un limon très-fn, qu'on n’a plus qu’à former en trochifques cette fécule ou cette efpèce de lie, qui eft d’une couleur jaunâtre, prenant de la folidité par la defficcation. La feconde terre, moins affinée que la précédente, eft le gris moifi en maffe, qui peut être mife à côté de la craie de Briançon, du bol d'Arménie & des différentes terres de cette efpèce les plus communes. L’analogie autoriferoit à faire ufage Sar, étrang. Tome V, PS * Mém, Acad, aœmée 1746, PI13, 111$ 438 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de ce favon minéral, fur-tout dans la pratique médicinale des eaux de Plombières, en le préparant de la même manière que les différentes terres figillées, dont les boutiques d’Apothicaires font fournies : c'eft l'idée de M. Charlés, Profeffeur de Befançon. On trouve encore dans diflérens endroits de la côte de Plombières une autre efpèce de pierre, qui paroît devoir tenir quelque place dans les recherches relatives aux eaux thermales de cet endroit ; c’eft un fpath diaphane, compofé de molécules formées pour la plupart en lofange & unies enfemble avec le fable ou la terre, dans laquelle on les trouve liées quelquefois de manière à former des maflés pierreules de différens degrés de dureté & de pefanteur, qui ont fair de vitrification. Tous les Auteurs qui ont traité des eaux de Plombières, ont parlé de ce foffile, mais fuperficiellement : aux environs de Plombières, & même dans ce lieu, dit de Rouvroi /a), il Je zrouve quantité de minéraux, © particuhérement une certairie pierre, laquelle étant jetée dans le Jeu s'allume comme le Joufre d n'en a cependant point l'odeur. Richardot les défigne fous le nom de certaines pierrailles , qui mifes fur un charbon ardent, s'enflamment comme le foufre (b). M. Geoffroy, dans la note que j'ai citée, en parle en ces termes : on trouve à Plombières des pierres, qui mifes en poudre & jetees fur les charbons ardeus , brülent comme du foufre fans en avoir l'odeur (c). Dom Calmet, abbé de Senones, dit que c'e? une efpèce de criflal mineral, © qu'étant mis avec les parcelles du roc même , Jur des charlous ardens, il fait un feu bleudire Jans odeur, du moins fenfible (4). Feu M. Lemaire, Médecin des eaux de Plombières, dans des Remarques qui font partie du Traité de Dom Calmet, (a) Petit Traité enfeignant la vraie | &c. chapitre 111, page 23. & ‘affurée méthode pour boire les Ja » 2p* : £ LE 4{c) Hifoire de l’Académie, année eaux chaudes & froides minérales () ” de Plombières, &c. 3.”° édition, | 7°°7P48€ fée , Æfpinal, 1720, chap. X1, p. 81. (d) Traité hiftorique des eaux & (b) Nouveau. Syflème .des veäux a é Fonte , de Bourbonne. chaudes de Plombières en Lorraine, CRÉOLE PARETS ENTRE DES SCIENCES. 139' dit: # fe rencontre dans le voifinage des fontaines minérales de Plombieres , une efpèce de pyrite.d'un blanc tirant fur le vert, qui étant mife fur un fer rouge ou fur les charbons ardens, donne une flamme bleue : certe pierre fe caffe facilement € fe divife en grains anguleux r irréguliers comme du chenevis , plus où moins *, H paroît que ceft ce dont la plupart des Traités fur Les eaux de Plombières font mention comme de pyrites, mais mal-à-propos ; ce foffile n'en a aucun caraétère, c'eft un for dont la bafe eft un /parh d'un goût alumineux : j'en ai fait calciner pour le foumettie à l'aétion des acides, qui n’y ont excité aucune effervelcence, nôn plus que fur les portions qui n'avoient pas été calcinées. « Pour peu qu'on en ramafle, il eft aifé de remarquer qu’il fe rencontre diverfement coloré : on en trouve des morceaux tout blancs, d'autres verdâtres, enfin il y en a de couleur violette, & tous plus ou moins foncés. Ces couleurs & ces teintes différentes dépendent, felon toute apparence, d'un mélange &. d'une combinaifon acci- dentelle de vapeurs ou rouilles minérales qui font entrées dans leur compofnion, comme il arrive à beaucoup d’émeraudes bâtardes, qui ne font que des criftaux & des fpaths teints dans les mines de cuivre, de différentes couleurs des vraies pierres précieufes & de la même manière; celles d'Europe font même, à proprement parler, des criftaux colorés plutôt que des véritables émeraudes: c’eft ainfi que dans les mines de fer & aux environs, on voit des criflaux & des /paths communs, qui font teints comme l'améthyfte. Les lames qui compolfent le for de Plombières étant plus ou moins rapprochées les unes des autres, ont fourni un paffage ailé à ces particules fuligineufes, qui les ont pénétrées £n proportion de leur dureié & de leur folidité, Pour en venir à ce qui en «ft dit dans les citations que jai données, ces flors diverfement colorés , mis fur le feu, ont, ainfi que prefque tous les fpaths, une propriété pholphorique , cefkà-dire qu'ils produifent le même eflet, qui neft point de brûler comme du foufre ou autrement, ils rendent feulement S ij * Page21fs 140 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE une lueur que l'on prendroit effectivement pour une flammé ; fans cependant qu'on puifle remarquer de vapeur ni d’exhalaifon fenfible. Les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris & de Berlin, renferment des détails intéreflans qui ont rapport à cette matière *: je me contenterai de placer ici quelques remarques particulières que j'ai faites fur cette lueur qu'ils ré- pandent ; elle eft différente, felon que la mafle ou les molécules que lon met dans le feu ont une couleur blanche, faragdine ou améthyflée : en tout elle imite la couleur, Ja beauté & en quelque façon l'éclat de piérres précieufes, mais pour un moment ; ajnfi le for, qui eft blanc & fans couleur, brille dans l'obfcurité comme le bois pourri, c’eft-à-dire d’une lumière pile ; le fhror fmaragdin paroîtra d'une belle couleur d'aigue- marine ou d'émeraude ou de turquoife ; le for amethyfle paroîtra d’une couleur de foufre enflammé. Si l'on ne jette fur les charbons ardens que des grains d'un morceau de fluor, leur effet étant très-prompt, il n'eft pas poffible de bien obferver ce qui fe pafle dans ces molécules, qui dès qu'elles ont jeté leur éclat , s'éparpillent en décrépitant comme du fel marin. C'eft en plaçant fur un charbon feul & ifolé un morceau de ce fluor choiïfi & bien compact, qu'on voit à fon aile ce fpectacle : on le voit par degrés prendre un brillant qui répond à la couleur qu'on lui a remarquée avant de l'expofer à l'aétion du charbon enflammé: ce fluor jette une lueur pâle s’il étoit blanc, émeraude s'il étoit vert, bleuâtre ou violet s'il étoit amérhyflé. On voit diflinétement cet éclat pañler fucceffive- ment entre chaque petite lame qui compofe le morceau, avec différens accidens dans ces couleurs; & comme fardeur du charbon n’augmente point , l'effet de cette pierre luifante fe foutient aflez long-temps jufqu'à ce qu'elle vienne à décrépiter & à fe difperfer en même temps que fe fait l'efpèce de détonation dont j'ai parlé. * Mémoires de M. du Fay, für un grand nombre de phofphores nouveaux, année 177 0 ; fur la lumiere des diamans & de plufieurs autres matières ; année 1735 3 Mém. de M. Marggraf, Acad, de Berlin , année 175 0+ DES SCIENCES 14T Si on vient enfuite à examiner toutes ces parcelles qui fe font éclatées, on ne leur retrouve plus la couleur qu'elles avoient , le feu les en a privées; comme le faphir, l'émeraude & l'améthyfte, qui perdent auffi les leurs de la même façon, & non-feulement la contexture du for eft détruite, mais encore la matière /patheufe , devenue opaque, a perdu fa tranfparence. Par les recherches que j'ai faites fur la côte de Plombières, je me fuis convaincu qu’on y trouve par-tout, en plus ou moins grande quantité, de ce fluor fpatheux : des terres fablon- neufs, prifes dans des endroits éloignés des fources & afez haut fur la côte, en contiennent en grain ou en mafle; il s’en trouve parmi les rochers graveleux des fontaines favonneufes, de mème qu'autour des fources chaudes. On rencontre auffi du gris moifi , feulement de moindre confiftance & en beau- coup moindre quantité que dans le voifinage ou dans le trajet des fources favonneufes; mais la plupart des endroits où l'on peut ramaffer une grande quantité de ce fluor font des lits fur lefquels coulent des eaux chaudes. Je pafe maintenant aux eaux thermales, fur lefquelles rou- leront des obfervations & des éclairciffemens que le même féjour à Plombières m'a donné occafion de faire, relativement à la note inférée dans les Mémoires de l’Académie, & que d’ailleurs je n'ai pas trouvés dans les différens Traités qui ont été donnés fur ces eaux. Je n'entrerai dans aucun détail fur les fontaines, fur Îes baffins, fur les étuves ; les defcriptions en font connues, & .on fait que c’eft de cette manière, ceft-à-dire, employées feulement différemment, ou en boiflon ou en bain ou en -étuve, que les eaux chaudes offrent un feul & même remède à beaucoup de différentes maladies. Ce qui donne matière aux obfervations fuivantes, fe trou- vant dans les bains de Plombières , je dirai feulément qu'il y a dans cet endroit trois bains. . Le plus vafte, appelé par cette raifon le grand bain , eft un baflin long , couvert feulement {ur les bords; il reçoit entre autre de l'eau favonneufe de Ia fontaine de deffus la route de Si 742 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Luxeuil & des fources chaudes, dont une l'eft au point de n'être pas potable. M. Defguerres, lequel depuis quinze ans vient pafler la faifon des eaux à Plombières, n'a jamais vu que deux Allemands en boire: autrefois ce bain n'étoit ouvert qu'aux Allemands & aux perfonnes de diflinétion qui y reftoient la plus grande partie du jour: il eft maintenant devenu le bain des Pauvres, & il n'y a guère qu'eux qui s'y baignent , l'hiver ils y couchent même dans l'eau. C'eft uniquement, à mon avis, dans l'efpèce & la qualité des baigneurs qui le fréquentent aujourd'hui, que l'on doit chercher la caufe d’une odeur forte & infupportable qui frappe d'abord quand on vient en temps chaud vifiter ce bain avant d'être nettoyé; on peut néanmoins la comparer à celle que donne lhepar fulphuris, & elle me femble à peu-près la même que celle qui fé remarque dans tous les Lains d'eaux minérales ; Rouvroi la décide odeur de foufre & de bitume /a) ; Richardot (b) tourne en ridicule ceux qui font affez fins pour l'y diffinguer. En confidérant la quantité de pauvres & de petites gens qui fréquentent feuls ce bain, j'ai cru n'y reconnoïtre rien de plus qu'une odeur de faguenas confondue avec lexhalaifon des urines, dont le pied des murailles des galeries de ce bain eft fans cefle baigne. Ce qui me porteroit encore à ne rien chercher de particulier dans cette odeur, c'efl qu'on démêle quelque chofe d'approchant fous une petite voûte, où il y a un baffin d’eau chaude dans une maïlon particulière de Plombières, où Jon s'en fert de lavoir pour blanchir du linge : la boue qui fe ramaffe au fond du grand bain ne participe pas précifémentt de cette odeur. Ce que l'on appelle la Zoe du baffin du grand bain, & de laquelle Dom Calmet parle fous a fimple défignation d'une matière fpongieufe (c) , eftune véritable excroïffance végétale. M. de Secondat /4) fait mention d’une plante qui croît (a) Petit Traité, enfeignant la (ec) Traité hiftorique des eaux &c vraie méthode, &c. chap. X1,p. 77. | bains de Plombières, chap. XV1, (E) Nouveau Syftème des eaux | 748€ 97: chaudes de Plombiéres, chap, 141 , (d) Obfervations de Phyfique & page 23% d'Hiftoire Naturelle. | î DES SCIENCES. 14 fur les parois & au fond du baffin de la fontaine bouillante de Dax, dont la chaleur à la furface eft de 49 degrés, felon le thermomètre de M. de Reaumur ; & dans les fources les'plus chaudes de Bagnières, comme font la fontaine de la Reine, le bain des pauvres & la fource nouvelle, il l'indique fous le nom de fiicus thermalis fubflantiä veficular, fuperfie reticulari ; c'eft, flon ce Phyficien , la même que l'on trouve dans les eaux de Bah en Angleterre, & que M. Hill appelle zremella reticulata. M. Springsfeld en a fait la matière d'une Differtation *, dans laquelle il Jui donne le nom de Zremella thermalis gela- tinofa , reticulata fubflanti& veficulofä ; À Ya rencontrée autour de la fource {a plus chaude de Carlfbad , appelée la Sprondel, & dans les endroits où les eaux s'écoulent, de même qu'autour des eaux chaudes de Toeplitz & d’Aix-la-Chapelle. Autant qu'il eft poflible d'en juger, ces productions dif- fèrent beaucoup de celle dont je parle ; voici comme on pourroit la décrire : elle eft très-adhérente au fond du baflin fous la forme. d’une lame plate de Fépaiffeur d’une feuille de papier très-unie jelle eft d’une fubftance homogène fans former abfolument (à ce qu'il m'a femblé) aucune efpèce de réfeau ou de véficule, j Cette excroiffance végétale fe reproduit très-promptement & en grande quantité, tant dans le fond que fur les parois du baffin, avec cette différence qu'elle s'attache plus intimé- ment fur la vafe; elle y eft fi abondante, que quoiqu'on vide le baffin deux fois la femaine pour le nettoyer, il s’en détache fans ceffe de grands lambeaux qui viennent sélever fur l'eau ; alors fa fubflance fe rétrécit de manière que fa furface eft irrégulièrement parfemée d’élévations : dans ce même état ,que je crois être très-prochain de la putréfaction, fi on la regarde à la lumière, elle paroît verdâtre, affez tranfparente & d'une fibftance uniforme. Les pauvres recueillent cette efpèce d’écume pour l'appliquer fur les vieilles plaies fifluleufes & ulcérées, que des efquilles empêchent de venir à cicatrice. * Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1752, 144 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIF Si on veut la garder lorfqu'elle a été ainfi ramaflée à Ja fuperficie de l'eau, elle donne en peu de temps une odeur infecte : long-temps après qu'elle a été defféchée, fr on la remet dans l'eau, elle lui fait contracter la même odeur & la teinte d’une couleur d’indigo foible. M. Geoffroy {e cadet /a) a obfervé les mêmes chofes fur le zo/och, auquel plufieurs Auteurs ont aufi attribué de la vertu pour les ulcères. D'après ces divers caraétères, je croirois qu'on peut regarder cette produétion comme we efpêce de Byffus, qui ne reflemble au noftoch ordinaire, qu'en ce qu’il donne comme lui, dans fon état de putréfaction, une couleur violette, & qui en dif- fère, en ce que dans fon état naturel fur le-fond du baflin il ne forme pas une lame ondée comme celui-ci ; il paroït feu- lement fe rapprocher davantage de f'efpèce de byffus qui croit pareillement fur les pierres & fur la terre au fond des ornières où l’eau a féjourné depuis long-temps. Je n'ai point vérifié fi cette dernière efpèce a les mêmes propriétés du noftoch & de la plante en queftion. M. Adanfon , que jai confulté, ayant examiné au microfcope un morceau du byflus de Plombières, la reconnu pour être le Zemella palufiris , vulgari marine fimilis, fea minor 7 tenerior Dillen. mufc. 2, 8, fig 2: c'eft encore le conferva gelatinofa omnium tenerrima minima aquarum limo innafcens. Raï Syn. LIL, app. n° 477) Dillen. mufc. p. 15, fans figure (b). Le mars, qui fe trouve en très-petite quantité dans cette excroiffance du grand bain lorfqu’elle eft defléchée, ne mérite aucune attention, on fait qu'on en découvre dans toutes les boues des eaux médicinales. Au pied de la muraille d'enceinte du grand bain, prefque derrière la porte de la galerie, une des pierres fe trouve creufée de manière à pouvoir contenir environ fix onces d’eau : celle qui sy trouve ef férieufement mife au nombre des fources médicinales tièdes de Plombières , fous le nom de fontaine (a) Mémoires de l’Académie, année 170 8. (b) Voyez fon Caraétère, familles des Plantes, Partie II, par M. Adanfon, page 2, Sainte-Catherine. D'E s' S°C'TEN CES! 145 Sainte-Catherine. Je n'attaquerai ni ne confirmerai la propriété de cette fource, qui ne laifle pas que d'être accréditée pour quelques maladies des yeux, comme inflammations, douleurs, demangeaions, chaffie, tayes. Si j'ai cru ne point devoir paffer fous filence cette eau prétendue minérale, c’eft qu'il n'eft pas indifférent de remarquer que la fituation de cette fontaine À précilément dans un endroit où le plus grand nombre des baigneurs vont uriner, expofe manifeftement fon eau à être fouvent altérée ; j'ajouterai à cela ce que je n'ai pu n'empé- cher de diftinguer, favoir que l'odeur qui s'y fait reconnoitre a une odeur croupie femblable à celle de Fhépar, & plus encore, felon moi, à celle du fel volatil urineux , telle qu'en donne l'urine gardée long - temps. La couleur trouble & comme grisätre de l'eau que l'on y puife, ne combat pas non plus l'idée & les foupçons qui naiflent d'abord de l'odeur forte & défagréable qui lui eft particulière, rapprochée de Ia fituation de cette fontaine. Son eau perd néanmoins fort aifément cette odeur à fair, elle ne la conferve pas méme dans une bouteille Jorfqu'on néglige de la boucher avec foin; alors elle devient limpide & tranfparente, & donne à la longue un dépôt d’une couleur Prune fentant la vale; c'eft du moins ce que J'ai remarqué fur celle que j'avois fait venir à Paris, qui avoit été puilée après avoir fait laver la fource, pour être für de l'avoir plus pure. En éprouvant, par les mélanges fuivans , de l’eau de 12 fontaine Sainre - Catherine, puifée avec la même attention na -Je n'y ai vu opérer aucun changement notable: l’eau de chaux première n’y a produit aucune odeur d'alkali volatil : l'alkali fixe y a développé un très-léger dépôt blanc floculeux: 1a diflolution mercurielle n'y a rien précipité, L'alkali volatil n'y a produit aucune altération : a quantité d'environ deux grains de dépôt, qui s'eft formé dans fix onces de cette eau, a été inattaquable par les différens acides , de même que par les alkalis. Î{ ef à préfumer qu'une plus grande quantité de ce réfidu traité au feu, donneroit une odeur d'Aepar fulphuris. Jar. rang. Tome V. À 146 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le petir bain nommé le bain des Capucins, parce qu'il eft devant l’hofpice de ces Religieux, étoit autrefois le bain des goutteux & des pauvres avant que le grand bain füt ouvert à tout le monde: dans ce temps on l'appeloit le Dai des ladres ou des lépreux, & porte encore le nom de bain des pauvres , parce que les pauvres s'y baignent, s'y retirent & s'y tiennent même une partie de la journée, L'eau y aborde par trois fources, qui font dans le {of même du baffin ; la plus confidérable fe fait jour dans le dernier degré qui règne dans le tour du baflin: pour cela, on y a pratiqué une excavation exactement ronde de fept pouces & demi de diamèrre & d’un pied huit pouces de profondeur. Cette ouverture a à Plombières Ia même célébrité que celle qui eft dans le baflin public des eaux de Baden en Suitle ; l'eau qui y eft reçue, à mefure qu'elle arrive & avant qu'elle fe répande dans le baflin, fournit un bain vaporeux, auquel on attribue la propriété de rendre la fécondité aux femmes. Comme le plus grand nombre en fait un badinage, celles qui eflayent ce moyen choififfent le temps de la nuit; elles attendent pour cela que l'on ait vidé le baffin, & vont re- cevoir la chaleur de l’eau direétement au fortir de Ja fource, avant que fes principes foient étendus ou altérés. Le bain des Capucins eft encore remarquable par deux remèdes chirurgicaux qu'on y pratique dans Fadminiftration des eaux de Plombières ; ce font les véntoufes & la faignée poplitique: ces moyens font fort en ufage parmi les pauvres, qui de leur chef & fans confeil, ont recours à lun & à F'autre en finiflant les eaux. Les ventoufes sèches où fcarifiées y font trop familières pour n'être pas fouvent infruéteufes ou même nuifibles. La /aignée popliique, ainft nommée du rameau interne de la veine crurale, fituée vers le jarret, ce qui la fait appeler la veine poplitée où popltique, fe fait comme la faignée du pied, avec une lancette ordinaire, la ligature appliquée immédiatement au - deflus du genou, toute la jambe plongée | | De s S'CrEN CES 147 dans l'eau avant & après l'ouverture du vaifieau; elle leur eft diétée pour la goutte par une routine établie entr'eux, & on n'obferve point qu'ils s'en trouvent mal. N'ayant point fait une analyfe en règle des eaux de Plom- bières, je crois devoir retrancher de ce Mémoire l'examen chimique que j'en ai fait; il n'eft ni aflez complet ni aflez exact pour être préfenté à l'Académie, après les analyfes qui en ont été données par plufieurs Savans *. Je n'ai d'ailleurs tenté ce travail que pour ma propre fatisfaction, afin de connoître ces eaux un peu mieux que fi je n'y avois pas été: c'eft à ce deffein qu'en même temps que je remarquois leur effet fur les malades qui les prenoient, je les ai prifes de mon côté, afin d’obferver leur effet fur moi-même. Je me fuis occupé à examiner les différens degrés de cha- leur & de pefanteur des fources de Plombières; j'en donne la Fable à la fin de ce Mémoire: il eft à propos feulement de favoir que leur chaleur n’eft point toujours la même, & qu'elle augmente ou diminue en proportion des changemens de temps & de la différence du poids de fatmofphère. Avant la pluie, l'eau des fources eft plus chaude, & vingt-quatre heures avant le retour du beau temps elle redevient moins chaude: cet effet eft le même dans les fontaines de Saint- Amand en Flandre, qui s’'échauffent & bouillonnent plus qu'à Fordinaire aux approches des orages. Je dois encore obferver que les fources de Plombières, auxquelles lufage a reftreint la confiance des malades, ne font pas les feules : l'hiver démontre l'abondance d'eaux ther- males dont la Nature a favorifé ce vallon. On voit dans cette faifon Ja même chofe qu'à Carls-bad; tandis qu'il tombe beaucoup de neiges & que les montagnes en font couvertes, elle fe fond à mefure dans les rues de Plombières, & il n'en refle jamais fur le pavé: les chambres bafles de quelques maifons font dans cette faifon de petites étuves adoucies, & * Analyfe des eaux favonneufes de | & chaudes de Plombières : Quæffio= Plombières, par M. Malouin, &c. | nes medicæ circa fontes medicatos Mém. de l’Académie, an. 1746, | Plumbariæ, Vefuntione, 1746. page 109 : Analyfe des eaux froides dk T ji 148 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE a‘lez échauffées naturellement pour qu'alors on puille fe pafler d'y avoir du feu. 311 Il eft de notoriété publique qu'il y a de tout côté dans le bourg des fources dont on ne fe fert que pour des ufages communs, fur lefquels la Médecine pourroit & devroit étendre {on domaine, eu égard aux différens degrés de chaleur ou de légèreté qu'elles ont toutes en partage. Plombières, dans lequel on trouve des fources chaudes depuis Je 14° degré jufqu'au 65. pofsède une efpèce de compendium d'eaux ther- males, par conféquent un genre de trélor , dont il eft d'autant plus étonnant qu'on n'ait pas tiré parti, que tous ceux qui ont traité des eaux de Plombières y ont fait attention. La quantité de toutes ces eaux chaudes eft telle, qu'une partie remplit en dix-huit heures le grand bain, qui eft de cent foixante pieds de longueur, trente-neuf de largeur & quatre de hauteur. M. Titot, dans une thèfe latine fur ces eaux minérales, ne fait point difficulté d'avancer que toutes les fources de Plombières jointes enfemble, pourroient former une petite rivière *. Par l'utilité évidente que l'on retire de la différente tem- pérature dans les fources & dans les bains que lon fréquente à Plombières , on imagine aifément celle qui réfulteroit d'un grand nombre de fources de différente chaleur dans un feul & même endroit. Outre l'avantage de pouvoir par-là convenir à plufieurs perfonnes, on feroit à même, dans les temps que les Eaux perdroient de feur chaleur par les pluies eu par les autres variations dans la température de l'air, de faire paffer les malades qui prendroient des eaux ou des bains d’une moindre cha- leur à d’autres qui en auroïent une fupérieure, enfin ces derniers à d’autres qui en auroient une plus confdérable. Dans Ja füppofition , & même dans la certitude que ces autres fources ne font imprégnées d'aucun minéral, elles n’en, feroient pas moins propres à remplir les vues des Médecins & des malades, en tant que douces & légères: des malades, par exemple, qui auroient befoin d'être difpofés & préparés * Nature 7 ufus thermarum Plumbariarum Brev, deferiptio. Bafil , 1706, cap. 1, coroll. III. DE ss. S'CÉEUN C'EST MTS par des eaux foibles à des eaux plus chaudes & plus actives, n'auroient pas befoin de fe tranfplanter, comme font ceux qui. vont d'abord pafier une quinzaine de jours où ün mois à Luseuil, à Bains , d'oùils-viennent-enfuite à Plombières. Cette reflource à Plombières feroit méme d'autant plus néceffaire , que les eaux thermales de Luxeuil, & par Jeur fituation éloignée de fa ville, & par l'état où elles font, ne peuvent plus fouffrir le parallèle avec celles de Plombières, Quant aux eaux de Bains, on peut les mettre au rang de celles auxquelles les fources qui fe trouvent à Plombières pourroient fuppléer ; en:en exceptant , fr l’on veut, la Jontaine des Vaches ,appekée aufli la fontaine. du perit Pavillon, à laquelle on attribue une propriété laxative, qui. ne m'a point -paru bien conftante. à OBSERVATIONS fur le Thermomètre plongé dans les Sources thermales à froides de Plombières , à fur l'immerfion de l'Aréomèire dans les mêmes eaux. L E 23 Septembre 1755, à 11 heures du matin, temps couvert , le thermomètre étant au 1 5." degré & demi. Thermomètre à l'efprit-de-vin, felon M. de Reaumur, plongé dans le baffin près de la décharge : :....:,..:. 3421. Il peut aller jufqu'au...... seshserosisese 37e Mais cela eft rare, & ne s’obferve que deux ou trois jours de l’année, & Ie matin, Préfenté fur la fource tombante dsnsMsseoee 44 Éprouvé avec le pèfe - liqueur. . . .. NAT AIS 8. Fait monter le mercure-dans un thermomètre conf2 - - : - truit auffi felon les principes de M. de Reaumur... 9. Fontaine du Crucifix. Therm, expofé à Ia fource coulante du robinet...-43% oo! Fait monter le mercuïé. ..:...::.... AVES AT SAN TE 7e TO T ii Pèfe - liqueur. ,... ...., PR LR MP ATEN LE 1$o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Source favouneufe de M. Fleuranr. Theimabietre she eee eue cr... 14% & plus, Pèfe-liqueur...............1....,,.4. 5 & plus Fontaine Jacotel, Elle fumoit alors. Fhenmometre. . |. : - « o 0 re o « a» e + 0 le heree TO Se Péfe-liqueur. .................... RO ES Fontaine. de Pierrot. Thermomètre, près de......... ART UPS Pèfs- liqueur 12.00 M NE M6 € A Ja fuite de ces Eaux, j'ai fait les mêmes examens fur celles des fontaines qui fourniffent à la boiffon, & qui viennent du bois fitué fur la côte occidentale de Plombières, où elles font apportées par des tuyaux de bois, pourquei ces fontaines font nommées Fontaines des corps. Fontaine des trois corps de la Tour de l'horloge. Thermomètre... .......,. EN nee an lue à oo! Pèfe-liqueur................. Malle ll 'OMRIO Fontaine des trois corps de la place de: la fource du Chêne. Thermomètre: ...:....... LV elelc ie iclele S8E GG LICE Pèfe-liqueur ne va pas ä...... RS a rene ON] OS L Eau difüllée. Pèle-liqueur. ..,...e.....s...e.se.... 16 & demi. Eau de Seins fitrée. Pèfe-liqueur.............. sn me tioielciels » IL TION EIUENe Eau de Seine trouble, Péfe- Tiqueur. à « sosroerero ere oroeréree sortes te TG Où | DES SCIENCES TS ÆEau de Seine repofée à devenne claire, Péfe-liqueur................ ce-cpececes: TUNER Le 23 Septembre, à 2 heures & demie après midi, paf un très-beau temps, le thermomètre étant au 1 5. degré 1 Grand Paiu. Thermomètre plongé au milieu du baflin du côté de l'étuve...... Me ccleclele ele cie 20 NO) Pèfe - liqueur. ...... nid ee te Hô DE OOE DANSE M. Defguerres, Médecin des eaux, a obfervé que dans l'étave de ce bain, la liqueur du thermomètre monte à 40 degrés dans les plus grandes chaleurs de l'été, & à 61 degrés dans le baflin de cette étuve. Source chaude du Pilier gauche. Pefe-liqueur. .............. derree-rearer 19 Source de deffous l'éruve. $ MheunOmÈrC.-Le,. ne...» de -leleics ele ee niopele 5 Sen LOS Péfe-liqueur..l. so 0 uses séenremr ose 9 © Li Grande Source du fond, rez le pavé à main gauche en entrant. Thermomètre . .... SES EE NS alors SE AC OO Pefanteur relätive à fon degré de chaleur, ou commun à toutes fortes d'eaux. Eau de la Source, fous le pavé de la rue. Æhérmomètre.-.... #06... 101658) o! Bain des Capucins. Thermomètre... ..... AAA MO LA DER MOMENT Ars Pèfe-liqueur........... ER be Oo péloe .... 6 &demi, Source favonneufe des Capucins, Thermomètre en tout temps. . .... Déc HEtee SONT LPèfe-Jiqueurs se. 4 sep see so nesseonosenvs 19 & 3e 52 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Source favonneufe fur la route de Luxeuil. ThemMOomMeMe since les dome be cie 0e ee ee OUT AU T2; Pèfe-liqueur.......... UNE POS ONE EP se x SO: Fontaine Godet. Thermomètre, au-deflous de ....... dsl 00 8.40 Pefe- liqueur , au bas du rond de........... st AOITÉCZ Fontaine de la Blanchiffeufe. INErMOMEIT CR lee ceci ci 27 & demi. CRTC BTE NEL AOC CAT UE 62:10: Du 24 Septembre, à 6 heures après midi. Source du Bain des Capuans , le Laffin vide. Iphermmometretimontélasce sie ciel icleieiele ee 40. oO. Pefe-liqueur.:-...... MR RME AT ET Source tiède du jardin fleurifle des Capucins. LA Thermomètre dans un verre fous la chute de Îa fource, tombante en grande partie fur le tuyau ou fur le globe, la liqueur a monté à................ 22. 8 Péfe-liqueur. . ..... bic: Cotoiiei ie oi toini: ti SENOIONS je "©. VINCENT11 DES SCIENCES. 157 RAT N° CRE NIET R I C'C'AFRP SOCIETATIS JESU PRESBYTERI, D'E TER MI NON CG'EN ER A L'I SERIERUM RECURRENTIUM CUM APPENDICE, BALSQUTSITIO AN ALYTIC À N capite quarto Comihentarii de Sériebus recipientibus fum- mam algebraicam aut exponentialem, quem edidi Bononiæ anno 1756, methodum exhibui, per quam omnium ferierum recurrentium determinatur terminus generalis: quo invento ex methodis traditis ferierum fumma pariter invenitur. Series recurrentes illæ appellantur, quarum termini finguli determi- nantur per aliquot proxime antecedentes duétos in quantitates conftantes. Verum aliud ferierum recurrentium genus fpeétari poteft, quarum termini finguli determinantur, fi aliquot an- tecedentibus per conftantes multiplicatis addas, vel demas quantitatem item conflantem. Has autem propter terminum conftantem, qui additur, licet nominare feries recurrentes cum appendice. Gradus autem feriei defumitur ex numero termi- norum antecedentium , per quos fubfequens definitur. Ad exemplum propono feriem Hi, 2,4,0:21, $0,120,289;, dc ‘Ad inveniendum tertium hujufce feriei terminum, multiplica fecundum per 2, primum per 1 & deme 1: fimiliter fr mul- tiplices tertium terminum per 2, fecundum per 1 & demas r, obtinebis terminum quartum, atque ita deinceps. Quare qui- libet terminus determinatur per antecedentes duos, quorum fecundus, hoc eft propior termino inveniendo, ducitur in 2; -primus in 1, & horum fummæ additur appendix — 1. Hæc feries eft fecundi ordinis, quia ad quemlibet terminum for- mandum duo termini antecedentes requiruntur. Say. étrang, Tome V. .V 154 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE De hoc férierum genere in meo commentario ne verbum quidem feci, quia nondum methodum detexeram inveniendi earum terminum generalem , fine quo earumdem fumma de- terminari non potéft. Hanc autem methodum quæ poft editum commentarium fefe obtulit, exponens docebo in præfens, quifnam fit terminus generalis ferierum recurrentium cum ap- pendice; ex quo conftubit eas coalefcere ex folis feriebus alge- braicis, geometricis & algebraico-geometricis, quæ omnes ut in commentario demonflravi in fammam colliguntur. Ordior a feriebus ordinis primi. Primus terminus, qui ex libito fumitur, fit — 4; quantitas, per quam multiplicandus eft præcedens , ut generetur terminus fubfequens, fit = 7; appendix addenda — 7; feries recurrens cum appendice con- tinetur in fequenti tabula, que quomodo formetur, poft aperiam fn —1 aÙt eat aPdlatallile SU LE rime ZUNE PR TN A DCE RTPE An 1 AO RP RO Ne sc SE 27 PANTte ete dedatelee RE AR one Oe I TAINRE RE TNEn see ZE Z Si primus terminus aflumptus — 4 multiplicetur per z, eique addatur appendix 7, nafcetur terminus fecundus —ar+7, qui in verticali columna diftribuatur, prout in tabula fuperiore fatum eft: fimiliter ft fecundus terminus ducatur in 7, tum addatur appendix 7, orietur teftius terminus — 412 71 +7, qui in tabula tertiam verticälèm columnam conftituit. Hoc modo reliquos frief tenmirios inveniemus, atque in vertica- bus éolumnis collocabimus. Nunc ad tâbulæ feries horizontales animum adverte. Iftæ DES (SC) DEAN ,C Ris 155 omnes funt féries recurrentes ordinis primi, in quibus terminus quilibet eft æqualis antecedenti multiplicato per z. Primæ ter- minus primus — 4, aliarum — 7. Quare, fi primam exci- pias, reliquæ omnes funt una eademque feries ; fed numerus terminorum gradätim minuitur. Ex his facile eft cognofcere columnam illam verticalem quæ poft punéta pofita eft, exhi- bere terminum generalem fériei primi ordinis recurrentis cum appendice. Species #, ut mos eft, terminorum numerum indicat. Columna hæc, atque adeo feriei terminus generalis, conflat ex termino af" ", atque ex ferie recurrente primi ordinis Din DE Ur CANNES eo mletehe 9 HA, QUA éFMINOTUM, nu- merus —= # —— 1, five mutato terminorum ordine ex ferie La tits a0......28" Adverte in hac férie primum terminum non # — 1, fed — 2 relpondere; itaque qui fommam hujus feriei habeat, quod facile eft per ea quæ docui in commentario, cognofcet terminum generalem feriei recur- rentis cum appendice, Sir— 1, evidens eft hujus feriei fummam — /1 — 1).7; igitur terminus generalis feriei recurrentis cum appendice = a + (un — 1) .7, qui indicat feriem efle algebraicam primi ordinis, five arithmeticam , cujus differentiæ primæ conflantes funt. Sinon fitz —7, fries zhigraiger à. 4h. 77m eft « DE Cr eometrica, cujus re DEN geometrica, cujus fumma expreffa per TE 2 feriei recurrentis cum appendice terminus generalis habebitur RS DIE TR 2 nn est Nr Î Ê — 1 1 — 1 Exemplum primum fufficiet feries qua utor in commentarii capite fecundo, nempe 1, 3, 7, 15,31, 63, 127, DSi EEE in qua quilibet terminus æquat antecedentem bis: fumptum addita. unitate; quare erit a — 1,1 = 2,7 = 1: igituy feriei terminus generalis = 2° — 1. Ai In exemplum fecundum propono feriem 2, 3, 6, 15, 43, 223, 366, dc que polito primo termino = 2, formatur, TVA 156 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fi quilibet terminus præcedens multiplicetur per 3, eique addas — 3, feu demas 3. Habebimus itaque à — 2, : — 3, dE = = — 3; igitur terminus generalis fiet — ; == 5 n —1 le, 12 = (3 2) 3 ae s Exemplum tertium præbeat feries 1 » + rs ar LL 54 c. quæ nafcitur, fi aflumpto primo termino — 1 accipiatur di- midium termini præcedentis, eique addatur appendix = +; quare erit a — 1,1 — +, 7 — +: hifc valoribus fubfti- . . . . (1 tutis, orietur terminus generalis = —— + +, atqué 3-2 n—1 adeo terminus in infinite remota fede pofitus — <. Tranfeo ad feries fecundi ordinis, quarum natura eft ut quilibet terminus fit æqualis duobus antecedentibus duétis in quantitates conftantes, addita appendice pariter conflante. Quan- titates ducendæ in duos terminos antecedentes fint s, #, id ef z ducenda fit in terminum propiorem termino inveniendo, s in remotiorem. Appendix conftans vocetur — 7, primus feriei terminus — a, fecundus ita exponatur 6 - 7, ut à æquet fecundum terminum feriei dempta appendice. Pono tibi ob oculos tabulam cujus genefim mox intelliges: deb Paye Bi Be Pal CPE PS 2 14 Q eh Q' 1 o “HAN AN CAEN TE CE Q z 1 Q' je CHAT [A 17 t Difpofitis duobus primis terminis, prout in tabula, ut fe- cundus formet columnam verticalem binomiam, ad tertium terminum detegendum neceffe eft multiplicare a per s, 8 per r, & exfurget sa + 10, quam voco — P, tum multiplicare 1 per 7, & fiet 7; demum addere appendicen = 7: igitur DES SCIENCES 15 tertius terminus erit 2 + 27 + g, qui in tabula fcribatur in columna verticali. Similiter ad inveniendum quaïtum ter- minum, multiplica à per s, P per z, ut fiat sb + 1P, quam fac — P'; deinde z per 5, 17 per £, ut fitsz+ 77, quam voca — Q; demum Z per #, quibus quantatibus appone ap- pendicem 7: erit itaque quartus términus P° + Q 177 + 7, quem conflitue in quarta columna verticali, Hac ratione pro- gredere ad determinandos reliquos feriei terminos, hanc con- ditionem fervans, ut quæ quantitates proveniunt ex multipli- catione terminorum primæ feriei horizontalis in eadem ferie ponantur, æquando illas fucceffive ?, P', P", P", P®, re idem facito de reliquis fcribens in eadem ferie horizontal eas quaniitates quæ oriuntur ex multiplicatione terminorum antecedentium, quas quantitates voca Q, Q', Q', Q'", &a füunt enim iftæ in omnibus: feriebus -eædem. Hoc paéto, diftributa ferie recurrente cum appendice, perf picuum eft cuilibet attendenti, feries omnes horizontales effe {eries recurrentes fecundi ordinis, quæ formantur multiplicatis duobus terminis antecedentibus per 7, 5 faéto initio ab ultimo. Verum primæ termini duo primi funt à, b, aliarum F5 Gi SI numerus términorum prime fit — #, fecundæ erit = # — 7, tertiæ — 7 — 2, atque ita deinceps ; fed hoc advertendum eft, primum terminum feriei primæ haberi fata n — 1, fecundæ pofita » — 2, tatiæ pofita » — 3, atque ita de reliquis. Demonftravi pluribus verbis in commentario terminum generalem omnium iflarum ferierum horizontalium dependere a refolutione æquationis xx — 1x — 5 — 0, cujus radices font x = 22 + W— + 5), x = 2 — M2 5), 2 4 2 4 quas brevitatis caufa vocabimus #, Æ. Duo cafüs diftinguendi funt; in primo ponemus duas radices , H inæquales, in altero autem æquales. Si radices Æ, H inæquales funt, terminus generalis primæ horizontalis feriei hac formula continetur À. "+ 8.1". Indeterminatæ 4, B ex duobus primis feriei terminis erunt V ï 158 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À, L'ACADÉMIE definiendæ ; aliarum vero ferierum ,horizontalium termini ge- nerales funt hujufmodi, nimirum fecundæ CAE D. HT, tertie Ci KT HD, Hi iquarte CA H4-D.HTS, atque ita deinceps. Hoc unice obfervandum eft, harum ferie- rum terminos primos haberi, pofita # = 2,3, 4, dc. Indeterminatæ C, D quæ in omnibus feriebus funt eædem, definiendæ funt per primos terminos 7, 17. Determinemus quantitates 4, B, C, D. Primæ duæ defi- nientur per æquationes AK + BH=— a, AK°+ B. H° =; multiplicetur prima per #7, & nafcetur AH + BH° — ah, quæ dematur ex fecunda, ut fiat A°: (K — H) = b — aH: bb — 4H Ki lErH) obtinebis AA° + BKH — ak, ex qua detrahens fecundam, invenies B . H, (K — H) = akK — b: Erpo A . Item multiplicans primam per Æ, ab FO" EE, 0 ergo B HI(K= H) Similem methodum fequens determinabis C, D ope duarum equationum CK + DH = 37, CK° — DH = 13; mul- tiplica enim primam per /7, üt habeas CXH + CH — 7H, quam ex fecunda detrahens invenies CH.(K—H)=4.(1—ñ): z.(t — H) ut oriatur CX° + DKH = 7 K: ex hac demens fecundam nancifceris DH. (K— H)—=7.(K— 1); eg à. MR D= Hifce probe intellectis, evidens eft terminum gencralem feriei recurrentis cum appendice efle hujufmodi, ARC CE GR A CRT 2 RSA CIRE PAS D A Sur) se: 7) PES EE in quo quantitates omnes À, B, C, D, K, Æ, funt determi- natæ. Quapropter idem terminus generalis æquabit binomium AK' + BH” addita fumma duarum ferierum recurrentium primi ordinis, quæ tranflatis ultimis terminis in primas fedes Muliplica deinde primam per À, ED C — Loin ce. DE st Se rE NN Cr 159 CKNCKNCRECME SE CASE DA, DH, DH... DUAL Ds prinus terminus non habetur faéta » — 1, fed pofita » — 2. erunt hujufmodi Si alterutra ex duabus radicibus velut Æ, fit æqualis unitati, primæ feriei quæ coalefcet ex terminis conflantibus, exiftente éorum numero — Z — 1, fumma erit — (a DIE Gr fumma vero fecundæ ex reoulis traditis in commentario pro- me DH" — dibit — Aqes rentis cum appendice fiet DH" = DH = A+ (n— 1). .C + BH* + = BH°*" + (D — B).H° — DH — A Cr nC NE en CEE, NL Si neutra ex radicibus æquet unitatem duarum ferierum, CK®—CK, DH'— DH, K— 1: H — 1 ergo hic habebitur terminus generalis feriei recurrentis cum. appendice. METOURe à . de . Igitur terminus generalis feriei reécur- ! fummæ ex loco citato erunt hujufmodi ; . CK — CK + DH" — DH AK"* + (C— A). K°—CK : BA*'+(D—B).H—DA me CNT 22 LE Te Venio nunc ad cafum alterum, ubi æquales funt radices Je [4 S due K#, H, quod accidit cum 5 — — — . In hoc cafu 4 primæ feriei horizontalis, quæ habetur in tabula, ut conftat ex méo commentario , terminus generalis hanc formam habebit À + Bn). K”", in quo quantitates À, B ex primis fériei terminis funt determinandæ. Aliarum vero ferierum horizontalium hi erunt termini generales, nempe fecundæ [C++ (1 — 1)D]. KT", tertiæ [C — {nr — 2)D]"47", quartæ [C + (un — 3)D1. K°7 5, aique ita deinceps. Quantitates €, D, quæ in omnibus feriebus eædem funt, ex primis duobus terminis funt definiendæ. 160 MÉMOIRES PRÉSÉNTÉS À L'ACADÉMIE Per duas hafce æquationes / A + B).K — a, (A + 2B) . K° — b, determinemus quantitates À, B; ex fuperioribus æquationibus, hæ nafcentur À + 8 — — (A + 2B) — Fr Ex prima multiplicata per 2, deme K—Ph ; fecundam, ut habéas 4 — 2"; primam detrahe a K= P fecunda, ut fiat B — : = : tionibus C + D). K—z7 (C+2D).K =, ze (K—7:) D z-(t— K}) re PUS KA His præmiflis perfpicuum eft feriem recurrentem cum ap- pendice habere pro termino generali (A+uB). K + [C++ (n— 1). D]. KT +[C+(n— 2). D]. AT.....4+(C+D).K; itaque noftræ feriei terminus generalis æqualis erit (À +-1B)K", addita famma feriei recurrentis fecundi ordinis, quæ transfe- rendo ultimos terminos in primas fedes erit hujufmodi, (C+D).K (C+2B).K,(C+3D).A..... CRT? [EC + (a — 1)D]. A". Si utraque radix fit unitas nempe { — 1, feries hæc eft feries algebraica primi ordinis, cujus differentiæ primæ funt conflantes. Hujus feriei fumma ex capite fecundo mei com- ; fimili modo ex duabus æqua- invenies € — PR ds D mentarii facillime invenitur, nempe (C +-——). (u — 1) D : E ; é ne OU orme à er recurrentis CUM a + — + (ù— 1)": quare feriei recurre ppendice À : D terminus generalis fiet À + Br + (C+4—).{(n— 1) 2 + . (u— 1) five À + Bu+ Zun— C+Cn— A U, qui cum fit terminus generalis feriei algebraicæ fecundi ordinis, cujus fcilicet fecundæ differentiæ conflantes funt, palam eft hujus generis feriem iri produétum, Si # Jrav: trans Tome V. Page 263. d'à follsé hd 4 LÉ Jrav. Etrang. Tbme V Page 253, g. Tome V Page 253. Zbme V.L, e 203. lrang. 7 y Jrav. Z PL 21. Ja. Étrang. Thme V. Pyge 263. LP Hanrrard dealer DES SCIENCES. 16x Si Æ unitatem non æquet, tum feries cujus fumma capienda eff, erit algebraico-geometrica : ex methodo vero tradita capite quarto mei commentarii fammam invenies efle EK—c—D D.(n—1) k CR+CK4+DK re TE Cr 4 Mers) PIONE feries recurrens cum appendice habebit hunc terminum generatem CCD D (ax) ICE CRDI [A+ Bn+ a RE Exempla aliquot pro fingulis cafibus afferamus. Primum habe in ferie O, 1, 2 À, 1, 2, À, 3, 23 3 3, Z, 3» 4 Z, 2, de, quæ feries pofitis primis terminis o, 1, formatur fi : — o, $ — 1,7 — 3; quare habebimus a — 0, à — 2: æquatio refolvenda erit xx — 1 — 0, quæ dat duas radices Er, Cum bæ radices inæquales fint, & una æquet unitatem, conftat formulas adhibendas efle huic cafui convenientes;; quibus adhibitis inveniemus À — net oi — 3 D = — +, & terminus generalis invenietur effe HE ES, feu 2 A —I1 3 + 2 . . gg + &: { — 1)". Quod erat inveniendum. 8 : ! e ADMET + ZT Alterum exemplum præbeat feries 1, 1, 2, F5, ZZ ; 5, de quæ acceptis duobus primis terminis æqualibus EE 4 | + unitati formatur, fi fiat z = =, 5 — 10 ,12= —: jn- 10 . 11 : . VEMEUT LT Nr D — "7 Æquatio refolvenda erit 10 LA 1 . DoopAen ie LL et, — 0, qu refoluta habebis 10 10 r 9 SE Je Eur +11 Ko — —— — 2 igitur & — 227 — I, 2 , 10 Z ». 10 2 » 1Q Tr — 1 - : H = 2, — an Adhibe formulas pertinentes ad 1 cafum ubi radices funt inæquales & una æquat unitatem: inc memes autem A =", BC pp, I! 11 11 14 J aSav, étrang. Tome V. 2x « L'ACADÉMIE 142 — 114 162 MÉMOIRES PRÉSENTÉS fub{titutis rar terminus genéralis detegetur effe 2 it - = Ex quo difces ferienr poft multos pofitivos 11 {— præbere SEE negativos, quorum primus erit decimus tertius. Exemplum tertium habeatur in ferie, quæ nafcitur fi: = 6, s—=— 8 & appendix 7 — 2,exiflentea— 0,0 = 3; indigemus refolutione æquationis xx — 6x + 8 — 0, quæ dat radices duas À —4, H— 2. Neutra ex his æquat unitafëm, & fant inæquales; ergo opportunis formulis uf, determinabimus A—2,B= C1, D— LE — 1, . 2 2 +2 + . 2 2.1 à du valoribus fubititutis, obtinebimus terminam generalemr 4 = 4 4 3 L +4 Dig: LA y CL TPE ER , 2° ne E7) ï 2? LÉTSS 2, 3 2 2 five +. 4° pe 2777 = #; feries vero ifa procedit, CALE Po OM Le Per Exhibeat quartum exemplum feries 1, 2, 4, 6, 6, 2, — 6, — 14, — 14, 2, 26, de quæ acceptis primis terminis 1, 3, efformatur pofitis s = — 2,1 — 2, appendice 7 —= 2: ad inveniendos valores Æ, H, relolvatur oportet æquatio xx — 2x + 2 — o, quæ in hane mu- tatur xx = 2% 2 125 — 1; ex hac oritur x = 1 Ey{— 1): ego K— 1 + ÿf— 1), H = 1 — y(— 1); deinde déénbinantur valores Are Eiæ V—i)l.z ii) __ My —i)]:2 ne 2 2 I HV TT —i + —) ; DES 1+ W—:) Lu 1H WE 1 = PRE Te et rt nee gl = TOR aW=i1) ve Mrs À demun D —= 2. —{[1 + V{— 1/} — ee ,. His DV) Vi) = = valoribus fubilitutis in formula termini genéralis inveniemus x ns M EM ER ENS MohENvi eu Jeav. Elkrang. Tone PPave 262. Jar. Etrano. Tome Pace 362 DES S'caiE mice * 163 Hé M3) Qi vs); Vi) Lie Vi) 20 0e 1 EE mm à T-reTRn five— +. /li+ 4 in 1)77 42, qui terminus rfi adhibeas feriem jafinitam, generatim fine imaginariis non poteft exprimi. Gate exemplum defumo ex ferie o, 7, Fr D Ds ss ns ns 7, Oc, que gignitur fa + — 0, NS ige— ExifeNte gi 10, bd — Z. Æquatio refolvenda eft xx — + 0, Que at nn t) Ex his definiuntur À — BEC END qui valores pofiti in formula termini generalis exhibent a z ru Tara 213 SR GILET pre PAPA ET quæ reducitur ad fequentem 3 22 1 Es: 3 17 ARR EE ER) DE Tien bre rer Fada » infinita fit ultimus terminus feriei — _ Exemplum fextum præbeat feries 1, 0, 0, 1, 2 OST O! M5, 21, 28, 36, 45, de que aflumptis ex dibito primis duobus terminis 1, o, formatur poli 7 5, 5 — Dit & = 1; Bo a — 1, 2 — — 1. Æquatio que refol- venda eft, nempe xx — 2x + 1 — o, non folum habet duas radices inter fe æquales, fed ambas æquales unitati, hoc eft À — 1; quocirea ufi opportunis formulis determi- narmus À = 3, B8=— 2, C— 0; D — 1 : igitur factis fubffitutionibus terminus generalis oritur 3—ir1+lnr. Septimum exemplum præbeat féries 0, 0,2, 10, 34% 98, 258, dc. quæ fumptis duobus primis terminis — 0, conficitur fato 5 = — 4, : — 4 & appendice 7 —= 2; än bac hypothefi babebimus 4 — 0, b — — 2, Oportet refolvere æquationen x x — 4X +47 0, que dat utramque radicem — 2, ergo À — 2; itaque adhibentes formulas huiïc cafui accommodatas, inveniemus À — 2, 8 — __1 — 7 9 29 PE 0, DA qui valores fubflituti in formula cano- . . . 4 Rica termini generalis, dabunt (2 — NE nm Ru dug X ij , + Er 0) 1 —+- Ip 164 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE = n 4 nue col lo Gr Oftavum & ultimum exemplum fuppeditet feries o, 1, 1,2,4,12,4, dc. in qua s — = —, Ah 1) a = 0, b — 0: refolvatur æquatio xx +ixk+3—=0, quæ habet utramque radicem — Er ergo # =— . Hinc determinantur valores À — 0, B—0,C—0, D —— ;; itaque terminus generalis exfurgit 3+3° 32.3 3:3 " Je 2 ge 2 — 2], + —, five pafeéto C 4 4 2/0 ne) 4 LE — 1 n ï 3° calculo É = —) D 0 (2), JE JE 4 4 (=) 4 Hactenus de feriebus recurrentibus cum appendice, quæ fpetant ad fecundum gradum, in quibus fupervacaneum non duxi diutius immorari, quia ita patefata eft methodus inve- niendi terminum generalem ferierum graduum altiorum. In ferie tertii gradus, terminus quilibet datur per tres antecedentes multiplicatos incipiendo ab ultimo, id eft, ab eo qui propior eft termino inveniendo, per z, 5, r, quibus additur conftans appendix 7. Ad præparandam opportune feriem ita tres printi termini qui dantur funt difponendi a b € t 17 T° tum formanda fertes hos multiplicando fo initio ab ultimo per z, 5, r, cum additione appendicis 7, hac femper fervata cautione, ut quantitates ponantur in ea ferie horizontali, ubi font ilæ a quibus oriuntur, & appendix z infra {cribatur, ut fat terminus primus novæ feriei horizontalis. Confea hoc modo ferie recurrente cum appendice, omnes feries horizontales, a quibus componitur, erunt feries recur- rentes vulgares tertii ordinis, quarum prima habet tres primos terminos 4, b, £ relique 7, 12, 17 + 5% Si numerus BR he 7 af 7 DE s SCT ENNICARLS 165 terminorum. in prima — #, in fecunda eritt == 2 — 1, in tertia — #7 — 2, & fic de cæteris : advertendum tamen et, in fecunda primum terminum obtineri, cum # = 2, in tertia cum #7 —= 3, atque ita deinceps. Manifeftum eft ex meo commentario, omnium ferierum horizontalium terminum generalem dependere à refolutione æquationis x? — 1xx — 5x — r — 0. Tres cafus ac- cidere poflunt, primo ut omnes radices fint inæquales; quo in cafu vocatis tribus radicibus Æ, Æ, 1, terminus generalis primæ feriei habet hanc formam À. A" + B. H°+C. /': coeffcientes 4, B, C, definiuntur per comparationem cum primis terminis feriei. Similiter fecundæ horizontalis feriei terminus generalis erit 8. £"'+ EH RE IT"; tertiæe B. K°° + E. HT? + F. 1", atque ita deinceps. Quapropter terminus generalis fériei recurrentis cum appendice, erit æqualis À. K"+ B.H"+C.1", addita fumma trium férierum geometricarum, nimirum DRE DRE DER 2, Tes D KT OT à ee te 28 à ie RE OT 6 DST MISES ET à ktm LP OPOMEONE J'ERE NAT ORRRIIRRS LE Lis in quibus primus terminus habetur, cum » — 2; ferierum autem fummæ ex meo commentario innotefcunt. In fecundo cafu duæ radices æquales funt, tertia inæqualis ; radix duplex Æ, inæqualis Æ/: in hoc cafu terminus generalis primæ ferieï horizontalis erit {A+ Bu). K' + C.H" 1 fecundæ (D + En) . K°7' + F. H°—', teartie (D + En) . KT + 1. HT, atque ita deinceps. Quocirca terminus generalis feriei recurrentis cum appendice æquabit (A + Bn). K° + CH”, additis fummis dua- rum ferierum, quarum una eft algebraico-geometrica , fcilicet (D+E).K+(D+2E).Kk... [D+(u—1). ETAT"; altera eft geometrica, nempe FH+E + FE. H....,,F, HT, quum x ij 166 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE duarum ferierum terminus primus habetur pofito » — 2; fummæ vero ex commentario funt in poteflate. In tertio cafu quælibet ex tribus radicibus æqualibus fit — X, terminus generalis primæ feriei erit {A + Bn+-Cnn) .K”; fecundæ [D + fu —1). Et (n— 3). F]. AT"; tete [D+i—-2).E+(n— 2) .F]. Rs atque fimiliter de reliquis : igitur terminus generalis feriei re- currentis cum appendice æquabit {À + Bn + Cr). K7, addita fumma feriei algebraico - geometricæ , nempe Di NE EE) RD 2e 2 47) LEE + [D+ fi — 3) Et qu — 1). F] OS cujus primus terminus refpondet » — 2. Methodus in com- mentario tradita, te docebit quænam hujufce feriei fit fumma. Exemplum præbeat feries o, 0, 0, 1,2, 3+, 47, 5; TR 124, dc. cujus terminus quilibet datur per tres antecedentes illos multiplicando fado initio ab ultimo per TJ, 3 — + & addendo appendicem — 1. Series, ut ad récurrentes vulgares reducatur, ita eft difponenda prout fupra docuimus. s Ou), 2; ren —2+, —2-%) 2) $ $ J, I, => 17 Ds Rs 1 1 Sa 1, 1, 1% 1; 157: 1, 1, 1 1h» } Ole Li 1, I, 1%» T, 1, I, Quæ feries omnes funt recurrentes vulgares, Ut earum terminus generalis inveniatur, refolvenda eft . * æquatio À — xx — —+ + — 0, que habet tres # # . — |] . . . bafce radices x = 1, HT In =—. Hifce inventis per methodum traditam in commentario, deterfhinabimus DES SCIENCES. 167 terminum generalem feriei primæ horizontalis 8 3 n À « EM ren Se — , fecundæ a en Te ajeste 4 c t É . tertiæ 4 Dane enr dique ita dein- 3 ANIQTE 3-(— 2) : fi j LUE 8 Céps: €rgo terminus generalis noflræ feriei erit — ne 3 : us : ed NA ANA Ur, —+- Br — (= addita fumma feriei #, #, 339 ©C & detracta famma duarum ferierum tf Li LI —= Le MEL FPE CHRONO EAP TEE ï L Li — 1 FRERE re Cr us Eu ON PNRNEE 2 3«(— 3) 3.27 DUREE 3-2 in quibus feriebus numerus terminorum = y» — 1, Quoad primam patet ejus fummam efle — = "4 Ex . reliquæe duæ invertantur ut fiant x 4 n—1! — 1! Li L 1 =. om mtetelel el ele. se jsate le Fr 2437 4.3” 8.3 RAT in quibus primus terminus habetur cum 7 — 2. FEarum fummæ ex meo commentario Habentur » nempe primæ 1 3°.(— y ES récürrentis cum appendice fumma ad hanc tandem réducetur, I . — 1 . . ZI ——, alterius vero — —" igitur feriei z 3 D Er pe pe, pe #0, 5 - Ÿ 27—5 VERS 3 Altétum exemplum det fries 1, 0,0, 3,13, F5 3, Le. five 1, 0, 0, i,5, 12, 15, Te » 67 CHI QUA quilibet terminus mvenitur, fi tres termini antecedentés faélo initio ab eo qui proxime, antecedit terminum inveniendum, mul- tiplicentur per 2, — 2,+, tum addatur appendix +. Series - MU precépimus, hoc modo eft diftribüenda, 168 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE y, 2 ele tu) Dept , 4? g? 8 ? 29 64? 128? 1 3 2 2 15 9 L 4? 8? 8 ? 16? 6+ ? 32. 1 Ë nee 25 4? 8? 3.2 16? G+? 1 3 3 5 Ro as $? 16? É'Ce 2 El D: 4? 8 »- 8 ? 1 3 4 ? 8? Li 4? Series omnes horizontales funt feries recurrentes vulgares, quarum terminus generalis dependet a refolutione æquationis — À xx + À x — + — o, que habet tres ra- dices æquales, quarum fingule — +; igitur ferierum terminus generalis {A4 + Bn + Cr). ——. Pro prima ferie determinatis determinandis, prout in commentario Me ; inveniemus ter minum gener alem (4 — ee =_— ——). fecunda vero [x — 1 + fa — 1)°]. _ Pro tertia [u — 2 + /n — #71 À — Pro quarta [u — 3 + (1 — 3 Ver —; atque ita deinceps : itique terminus generalis feriei Rent cum appendice erit aequalis (4 — 2 ) LE (8 — 30 — nn). 2 addita fumma feriei algebraico-geometricæ, quæ pofita Se ordine eft},,2,-5..,.. [ui + fm —1)]: ra in qua primus terminus habetur exiftente » — 2. Summa hujufce feriei ex capite quarto commentarii hæc NY) a — 1} + eat — 7 — . . Le invenitur 2 — —= [2 + DES SCIENCES. 169 1 . . ee de ci 1) IDE recurrentis cum appendice terminus generalis hic obtinetur, (8 — 3n — nn) + 2 (4 + 34 + nn), Li five 2 + 4’ ( — 3n — nn). Q Ex. Simili ratione in aliis feriebus recurrentibus cum appendicé procedendum eft: nam fi feries fuerit quarti gradus, in qua ad ïinveniendum quemlibet terminum muliplicandi funt quatuor termini antecedentes faéto initio ab ulimo per 4, 5, T, g; ia quatuor termini difponantur, a b c d z HT CA ma z 17 £: His pofitis ita formetur feries, ut termini provenientes ex prima ferie horizontali in prima ponantur, qui ex fecunda in fecunda, atque ita de reliquis; orientur plures feries recurrentes vulgares quarti ordinis, quarum terminus generalis dependet a refolutione æquationis À — 1x9 — sxx — rx — q — 0. Omnes radices hujus æquationis neceflariæ funt ad inve- niendum terminum generalem. Si radix Ænullam habet æqua- lem , in: prima ferie præbebit terminum hujus formæ A. K°; fi duæ fint radices æquales Æ, præbebunt hujufmodi (A+ bn) .K 7; fi tres fuerint æquales, fufficient terminum (A+ Ba + Cnn) . K”; demum fi quatuor æquales , terminus generalis hanc formam habebit {A + Ba + Cr + Dr). K”. Idem dic de terminis generalibus aliarum ferierum , dammodo pro # fgribas D— 1,1 — 2,0, laque terminus generalis feriei recurrentis cum appendice æqualis erit termino generali primæ feriei horizontalis, additis terminis generalibus omnium aliarum ferierum, qui formant feries aut algebraicas, aut geo- metricas , aut algebraico-geometricas, quarum omnium fumma £€x capite quarto commentarii.determinatur. Ja procedendum eft in feriebus graduum fuperiorum. Ad Sa, étrang. Tome V.. ° « 170 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE facilem vero praxim exhibendam fatis eft ut exponam qua paéto primi termini fecundæ feriei horizontalis inveniendi fint. Quantitates quæ debent multiplicare terminos antecedentes faéto initio ab ultimo, fint £,5,7r, q ©e. primus feriei terminus eft femper appendix z; ft hunc multiplices per 4, habebis fecundum terminum ; fr fecundum per #, primum per 5, obtinebis ter- tium: hunc duc in 4; fecundum in s,primum in r, & invenies quartum , atque ita deinceps; ita ut primi ifli termini eodem modo formentur ac reliqui, negleëlis tamen illis quantitabus quæ carent terminis antecedentibus, per quos multiplicentur. Hoc modo inveniantur tot termini quot funt quantitates mul- tiplicatrices z, 5, r, dempta una; atque ifli erunt primi termini feriei fecundæ horizontalis: quibus inventis habentur primi termini inferiorum ferierum horizontalium ; funt enim iidem demum ex primis terminis feriei recurrentis cum appendice, qui dati funt, determinantur primi termini feriei primæ horizon- talis. .Reliqua peraguntur, prout anteà traditum eft. Exemplum det feries quinti ordinis recurrens cum appendice, nimirum 1, 2,4, 6, 8,10,11,12,12,12,12,13, 14, 16,70 que formatur multiplicatis quinque terminis antecedentibus fito initio ab ultimo’per 1, 1, —1,—1, 1, pofitaappendice 1. Utad noftrum canonem redigatur, necefe ef feriem ita difponere TM SMS RENTO ÉCONOMIE; JF, 02, 22,02, AU, ©, "ON OS NO: 1; T, T, 2, 2, 2, 2), I, EF, Oo, oO, O, 0, DRE DT OI Ar RG; MONO F,07,02,02,02;02; "EF; ÆS10, O0; PINS 2 VO 20 2), MUST 0) LOTS 2 02, 2 RUN EE, 4, de; 1, 1, 2, 2, 2, 2, I, up I, 2, 2, 2, 2, 1, 1, 2, 2, 2, dl, 1, 2, 2, J, 1, 2, 1, 1, DÉE:S : S © 48 NC als. az Series iftæ omnes horizontales funt feries recurrentes quinti ordinis, imo funt una eademque feries; numerus tamen ter- minorum continuo minuitur. Terminus generalis harum ferierum dependet à refolutione æquationis x — xŸ — x? = x 4 x — 1 — o, que 1- V1 —3) = ———* ), 2 prædita eft hifce quinque radicibus x = 1, x — 77 M pr NT x) : 2 quapropter feriei primæ terminus generalis fiet Aa BE} + CEE pe HD. MNT +E. ny Ad definiendos indeterminatarum valores, pofita fucceflive # — 1,2, 3, 4, $, quinque æquationes inftituendæ funt, cum quinque primis feriei terminis, quæ æquationes erurt hujufmodi, fadta facilitatis caufa 77 + PET V(—"——©- = 4) Le mAH B—C.a+kD— EF. = r 2 A+ (B+ Car (D+H+E). bb 7. 3 A+ (B— C.è + (D — E) D = 2. 4 A+ (B+C).fé+ /D+H EE). — 2. ss A+H(B— C.a+ (D — E).b = 2. Ut per has æquationes valores quæfiti determinentur, artificio opus efl ad longos moleftofque calculos evitandos. L Primam æquationem multiplicatam per 2 2, deme ex tertia ut habeas 6. A.{1—b)+fB—C).(&—abb) = 2 — b8, Tertiam multiplicatam per 44, deme ex quinta ut fiat 7e A.(1—bb) +(B—C).(i—à6)—=2— 201 Sextam, multiplicatam per aa, detrahe ex feptima ut oriatur A. (1i —bb— aa + dl) = 2— 20b — 2aa + à}, Y ij 172 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE PORTER NSP te ex qua flatim fefe offert valor À, nempe 4 — ARR TETE 1 — bb — aa + ab? fadta autem fubftitutione valorum à, b, invenitur À = 1. Subitituto valore À, fexta æquatio mutatur in 8. (B—C). (à — abb) — 1. Jam fecundam dudtam in bb déme ex quarta, in quibus tamen fac fubitituas in- ventum valorem À, & hahebis 9. (B+C).(é — bb) — 1. Oavam fi multiplices er a, & compares cum nona, ex fignorum ambiouitate hos P , 5 . . 1 + a I —4 valores invenies B—= 7" ,C— 2" , five fubf- F 2.(a%— abb)" 2 (at ab) a . . . Lis > #71 1 — 4 titutis valoribus a, b, B = > ,C— ——, “ie —3+"—3) —3+"—5) Simili modo reliquos duos valores D, Æ, determinabis; quod ut præfles, fac femper fubftituas in æquationibus inven- tum valorem A: nam fi primam multiplicabis per aa, & demes ex tertia, invenies 10. (D — FE) . (P — àb) — 1. Secundam item duétam in aa deduc ex quarta, & nafcetur 11. (DH E).(Ë — ab) — 1. Decimam multiplica per à, & compara cum undecima, atque ex ambiguitate fignorum hos valores elicies 1 b 1— à NE D ec == SR ED) ; & fata fubftitutione 1 —.9 valorum 4, b, D RE LR E'=RÈRE > M (ITR) Rte ler D Que cum ita fint, terminus generalis feriei primæ hori- 1 + V{ HR à italis erit DATE AE RAR ER Ne alert )° Zontaus Ent TT EE TEL hs) (wl n ] : ; YL: D, per rs 2 1+W — 3) Éd A 7 PA 2 1 1 + Y[ Pr ere: 3); DES $ CrEN C'E\s. 173 au HE 57 2 t— VW — 3) té R . Éoonrne t i SRE UNS ——" | )}. Re LIVRET (T = 1) Le feries horizontales eumdem terminum generalem habebunt , dummodo pro # fucceflive fubftituas # — 1,17 — 2, U — 3, dc Ex his omnibus colligitur terminum gencralem feriei re- currentis cum appendice æquare fommamyplurium ferierum, dome prima eft quantitatum æqualium = 1, & habet fum- mam — #, relique quatuor funt geometricæ , quarum ter- mini generales fupra habentur. Quæ habet terminum generalem 1 — 3) oo: Là é 2 1+W— 3) æ : ne eo ne obtinet 1 ï U+1 fummam — RE bu On, 1 + W — + AT y) es Va cm L W— LI —_—— He pe é 5) I 2 3) — Du Im Alia, cui eft ter- CV mu le M #1 . 1 —V[ _ SA, minus generalis — il ke VIT ———— 4 colligitur in hanc fummam I Y 1 VE U+i nr SE mo MU LE HSE PA ERNEST I M — 1 LS 12 IEC RU RUE EEE er Tee = COTE VE, Q Que mt NS el confequitur habet terminum enrAEn ee M Re dl GT Re (M ai —— j)": huic erit fumma Y ii 174 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 1 M — 3) U mn W{ = 3 ) 7 f URI + W 3 V. { 3 / 1) Si = RE TRE RME) GA — 5) 1 — V{ — 1 — V( — gs AT 7) = #/; 2 . Demum " test) Up yon œi+ ri — fumma illius cui ferminus generalis ef 1e Yr LL = J'. erit hujufmodi — 3; = —3) N\ Et) Gad #7 cs + 1 VU — RS SP = W— 1 W— rene pondre : itaque fi harum a TE à a A ferierum fummas fimul conjungas, habebis terminum gene- ralem feriei recurrentis cum appendice. Hæc autem, reor, fatis indicare, qua methodo inveniendus fit terminus generalis ferierum recurrentium cum appendice. Hujufce autem termini formula patefacit feries iftas coalefcere ex pluribus feriebus vel Algebraicis, velGeometricis, vel Alge- braico-geometricis. Quapropter cum harum omnium ferierum fumma ex methodo tradita in meo commentario fit in po- teflate, perfpicuum eft omnium ferierum recurrentium cum appendice fummam generalem obtineri, dummodo æquationis illius, quæ refolvenda eft ad generalem terminum invenien- dum, radices omnes poflint exhiberi. D'£ s (S êTE NLe ELs 175 A, DD 1.0 .N Au Mémoire fur la COM ÈTE de 1762, imprimé dans ce Volume, page 81. Par M. MESSIER, attaché au Dépôt des Plans de la Marine, de la Société Royale de Londres, & de celle des Sciences de Hollande. C: "EST en Hollande, comme je l'ai dit dans mon Mémoire, qu'on avoit découvert cette Comte le 17 Mai: l'auteur de cette découverte eft M. Klinkemberg, Aftronome de la Société des Sciences d'Hollande, Correfpondant de l'Aca- démie Royale des Sciences de Paris, que j'ai cité dans mon Mémoire, à l’occafion de fon Obfervation du 17 Mai, faite à la Haye à 11h 40° 6", temps moyen; la longitude de la Comète obfervée de 84 1 $’ dans les Gemeaux, & fa latitude boréale de 444 10’. M. Klinkemberg m'a envoyé dans une de fes lettres, du 2 Janvier 1764, en même temps que fon obfervation que je viens de rapporter, une nouvelle théorie de cette Comète, qu'il a déduite , tant de fa première obfervation que des miennes , faites depuis le 28 Mai jufqu'au $ Juillet au foir. Voici cette théorie. Lieu du nœud afcendant...... RNA BEL e 11118435" 23,6 Lieu du périhélie. .. . 4 +2,11 «..,. oc 3. 13-142-038,5 Enrclinalldnes fic. lus. Srate ail est si 85. 40. 10,2 Logarithme de Ia diftance périhélie, 0,0029691 = 1,0068601. Paffage de la Comète au périhélie le 28 Mai, à 2h 1° 542, temps moyen au méridien de Paris. Le mouvement direct. En conféquence de cette théorie, M. Klinkemberg a cal- culé les longitudes & les latitudes de la Comète pour les temps de mes obfervations, qu'on trouvera dans mon Mémoire & fur la fienne du 17 Mai. Les ayant comparées enfuite avec 176 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE les obfervations, c'eft-à-dire, les longitudes & les latitudes obfervées qui {e trouvent dans mon Mémoire, les difiérences fe font trouvées comme dans la Table fuivante : le figne +- & le figne —— marquent ce que la théorie donne plus ou moins que'Obfervation. DiFFÉRENCE | DIFFÉRENCE ; en longitude en latitude ANNÉE 1762. |de fa théorie | de la théorie avec lobfervat.{avec l'obfervat. RE TRUE TER TE ET MS NPA ET 17 INSEE NICE 280 [NO 5 13 0SOT 2 O0. 52 + | 4. 29 + 30M|MO T1 "4 201 31 | o 4—| 4 18 + DRUTINT ere 1 | o 17 + | 4 8 + 3 | 0. 57 — | 4 22 + trs 15 UNE RS EC er DE 5 AE MGR IE RS ETC 12 | 0.47 + | 0. 56 — 13 | © 20 + | 1. 26 — 16 | oO 7+L|o 8— d 18 | Oo. 52 — | 1. 20 — DO ASS AMIS ROLE 2 7e 14 — |.2.,51 + 2 1. 50 — | 4 53 — 25 I, 56 — | 4 44 — NN OSOREN EE 2 O2 NTI — JUILLET eee $ 1, 46 + | 2. 16 + OBSERVATIONS DES: 1 1CT'RLE AN CHIENS) 177 OBSEBRBARDILONS TP AG NA RO DE. Par M. DESCEMET, Médecin de la Faculté de Paris L n'y a aucune partie du corps humain fur laquelle fes Anatomiftes ajent autant travaillé que fur l'œil; Galien nous a tranfmis ce qu'on en favoit de fon temps, & fon fen- timent fur l'origine des membranes de l'œil n'a éprouvé aucune contradiction de la part des Anatomiftes qui ont précédé Albinus & Heïfter : tous ont dit, comme Galien, que la fclérotique vient de la dure-mère, la choroïde dela pie-mère, & la rétine de la fubflance médullaire du nerf optique. Ruifch (a) a divifé le premier la choroïde de fhomme en deux lames /4), une externe, continue avec la fclérotique, à laquelle il a laïfié le nom de choroïde, & une interne, à laquelle fon fils a donné le nom de #embrane Ruifchienne. H ne paroït pas être du ,fntiment de Galien fur Porigine de là choroïde ; il femble mème s'en écarter, en difant que les Auteurs penfent qu'elle vient de la pie-mère. M. Winflow (€) ne prononce pas non plus fur origine de la choroïde, mais il forme un doute fur ce que la pie-mère, lorfqu'elle entre dans le globe de l'œil, ne répond pas demeure à la choroïde; ce font fes termes, Albinus dit que la choroïde ne vient pas de la pie- mère, parce qu'il y a ungntervalle entre la fin de la pie-mère & lecommence- ment de la choroïde, dans fequel la rétine eft à nu, recouverte feulement par la fclérotique. Heïfler 4) n'admet pas cet inter- valle dont parle Albinus: il aflure que ‘la choroïde ne vient pas plus de la pie-mère que la fclérotique ne vient de la dure- (@) Epiftol. anatom, 7 problemat. | depuis le nerfoptique jufqu’au cercle de tunicis occulorum ad clariffimum | ciliaire. wedelium, (e) Expofñition anatomique , Traité (2) 11 entend par choroïde ce qui de la tête. s'étend dans l'intérieur de l'œil, | (d) Diffprcatio de tunica choroxeà, Sa, étrang. Tome V. 178 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE mère; « premièrement, parce que ceux qui font de cet avis ne l'ont pas démontré; fecondement, parce que l'épaiffeur, l'in- fenfbilité & la dureté de ces membranes prouvent le contraire, mais la choroïde naît, dit-il, de la circonférence du nerf optique, auquel elle eft fortement attachée, de l'endroit où il entre dans le globe, immédiatement avant qu'il forme la rétine par fon expanfion : que de-là elle s'étend fur la concavité de la fclé- rotique jufqu'à la cornée. Lorfqu'elle eft arrivée à la circonfé- rence de la cornée , elle y adhère fi fort qu'on ne peut prefque pas la féparer fans la déchirer, ce qui arrive aufli lorfqu'on veut la féparer de la circonférence du nerfoptique; mais dans tout l'efpace intermédiire entre fon origine de la circonférence du nerf optique & celle de la cornée, on la fépare aifément de la fcléro- tique par l'introduction de fair, excepté dans les endroits où elle reçoit des vaifleaux artériels & veineux & des nerfs. Ja choroïde, continue cet auteur, ne fuit pas la fclérotique dans toute fon étendue ; elle ne revêt pas la cornée, mais les deux membranes qui la compofent, étant arrivées à la grande circonférence de la cornée, fe foudent & forment un rebord, qui paroît compofé de vaiffeaux liés par des membranes très-fines & très-déliées ; enfuite elles s'éloignent de la cornée, pour former de nouveau deux membranes très-diftinétes, qui de vafculaires deviennent mufculaires. La première de ces deux membranes, qui paroît à travers la cornée, eft connue par les Anatomifles fous le nom d'uvée; & la feconde, placée derrière l'uvée, eft auffi connue fous celui de ligament ciliaire. La face externe de la choroïde, dans les yeux de baleine , eft inégale, noirâtre & d'un tiflu fiche; la face interne, life & polie, denfe, blanche, comme on peut l'apercevoir après avoir enlevé la matière colorante, mais on ne remarque pas fi bien cette texture dans l'homme ». Je ne fuivrai pas plus loin la defcription qu'Heifler fait de la choroïde, parce que ce n'eft que fur ce qu'il dit de l'origine de cette partie & fur la manière dont elle {e termine, que mes obfervations font fondées ; mais avant que de les propoler, il faut que je rapporte le fentiment de Zinn *, qui admet #7 De oculo humano, Ds SCENE e I celui de Galien & celui d'Heïfler, & par-là concilie les Anciens avec les Modernes. Voici comme il s'en explique; « auffi-tôt que la pie-mère eft arrivée à l'origine de la rétine, elle forme « un cercle un peu élevé au-deflus du niveau de la fclérotique, <« d'où elle fe réfléchit pour tapifler la face interne de cette « membrane, C’eft à ce cercle que la choroïde eft attachée par un « tiflu cellulaire très-fort & très-court : on voit aifément ce cercle, « dont la trace eft noirâtre, en coupant le nerf optique dans fa « longueur jufqu’à la fclérotique ». Par les oblervations que J'ai faites, je me füis afluré, 1° qu'il n'y a pas d'intervalle entre la fin de la pie-mère & le com- mencement de la choroïde, comme Albinus l'a dit: car fr l'on coupe le nerf optique dans fa longueur jufqu’à la fcléro- tique, on voit aifément le contraire ; 2.° j'ai obfervé que la choroïde ne vient pas feulement de la circonférence du nerf optique avant fon épanouiffement dans le globe de l'œil, mais de toute l'étendue de la fclérotique; 3.° qu'elle ne fe termine pas au grand cercle de uvée, comme Heifler & tous les Anatomifles l'ont cru, mais qu'elle forme un globe parfaite- ment femblable à celui que la cornée fait avec la fclérotique. Le complément de la choroïde fe fait par le moyen d'une mémbrane, que je dois regarder comme nouvelle, puifque aucun Anatomifte n'en a donné la defcription: M. Ferrein feulement parle dans fes Leçons d’une pellicule qui fe trouve derrière la cornée, mais il avoue qu'il n'en a pas connu l'origine ni la nature, & Saint-Y ves a vu une bande membraneufe au bord fupérieur du ligament ciliaire, qu'il prend pour un commencement de cataracte membraneufe, L'objet de ce Mémoire eft, 1.” de déterminer , d’une manière plus pofitive que n'a fait Heifter, l'origine & la nature de fa choroïde ; 2.” de démontrer que la choroïde ne fe termine pas à l'uvée, comme on l'a cru jufqu'à préfent, mais qu'elle forme avec la membrane, dont je donnerai la defcription, un globe femblable à celui que la cornée fait avec la fclérotique ; 3." que l'humeur aqueufe a une membrane propre, quoique M. Winflow lui en ait refufé: mais avant d'entrer en matière, Z ij 180 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L' ACADÉMIE je dois avertir que ce que je dirai de la choroïde ne regardera que fa fubftance fibreufe, & que je nommerai la membrane dont j'ai parlé, la membrane de l'humeur aqueufe , parce qu'elle contient cette humeur, comme la membrane du criftallin con- tient cette lentille: à l'épard des vaifleaux , Ruifch les a très-bien injectés & en a donné d'excellentes figures. Quoique Hovius * ait prétendu furpafler ce célèbre Anatomifte dans l'art d'injeéter les vaifleaux de l'œil, cependant plufieurs de fes figures pa- roifient plutôt étre le fruit de fon imagination que celui de fes injections chimiques : Fimpoflibilité qu ‘il y a de féparer dans l'homme la membrane de Ruifch en cinq feuillets, comme il aflure l'avoir fait, fournit au moins une préfomption bien forte contre fes injections. Pour ce qui eft des nerfs, Zinn, dans fon excellent Traité de oculo humano , a joint à tout ce qu'en ent dit les Anatomiftes beaucoup d’obfervations particulières. Pour procéder avec ordre, je diviferai la choroïde en partie antérieure & en partie poftérieure : la partie poftérieure s'étend depuis le nerf optique jufqu'au cercle ciliaire, que M. Ferrein nomine anneau de la choroïde, & dont il a donsé le premier une bonne defcription. La partie antérieure de la choroïde s'étend depuis cet anneau jufqu'à la cornée exclufivement , & comprend le cercle ciliaire, le ligament ciliaire, luvée & la membrane de l'humeur aqueufe. I ne faut pas confidérer la partie poftérieure de la choroïde comme une membrane formée par des fibres qui s'étendent depuis la circonférence du nerf optique, un peu auparavant fon expanfion jufqu'au cercle ciliaire, mais comme un tiflu de fibres difpolées en tout fens, lefquelles fibres lui viennent de toute l'étendue de la face interne de la fclérotique: M. Ferrein n'en excepté pas même les intervalles de la lame cribleufe , par où pañle le nerf optique. Quoique la choroïde ne foit pas naturellement divifée en deux lames, comme Ruifch le prétend, cependant j'admettrai cette divifion pour l'intelligence de ce que je dirai dans la fuite, & j'appellerai comme lui, lame externe la partie de la choroïde qui tient à la face interne de #: De circular, humor, motu in oculo pes | S'ET'ENN © re T87r ka fclérotique, & lame inrerne où membrane de Ruifch, la partie de la choroïde qui porte fur la rétine. J'ai remarqué que la membrane de Ruifch eft formée des mêmes fibres que la lame externe, mais plus ferrées & plus rapprochées; que la lame externe eft blanche quand on en a enlevé la matière colorante, & que probablement la membrane de Ruifch n'eft blanche naturellement, que parce qu'en devenant plus denfe avec l’âge, elle exprime vers la lame externe la matière co- lorante qui étoit interpofée entre fes fibres, au lieu que la lame externe, qui eft d'un tiflu très-lâche, la retient. J'ai encore re- marqué que la lame externe de la choroïde eft continue à la face interne de la fclérotique, & que ce que Zinn a pris pour le prolongement de la pie-mère, n'eft autre chofe qu'une portion de la lame externe de la choroïde qui eft reftée attachée à la fclérotique : dans le cheval, elle ef prefqu'auffi épaife: que la lame externe, Ce qui prouve que la choroïde eft formée par des fibres qui lui viennent de la fclérotique dans toute fon étendue , c'eft . que l’on voit la continuité de ces deux parties dans leurs furfaces qui fe touchent, 2.” que ia choroïde s’épaiflit avec: l'âge & proportionnellement à l'accroïflement de la fclérotique, 3 que l'adhérence de la choroïde avec la circonférence du nerf optique, avant fon épanouiflement , n'eft ni la feule ni la plus forte que lon aperçoive dans les différens"animaux & dans les différens âges. Pour fe convaincre de la continuité des fibres de la {clé- rotique avec la choroïde, il faut prendre l'œil d'un adulte, écarter avec précaution la choroïde de la fclérotique, on aper- cevra quantité de fibres très-déliées , qui vont de la fclérotique à la choroïde; ces fibres font très-aifées à rompre, puifqu’en introduifant de fair entre ces deux membranes, on les fépare, c'eft ce qui a fait croire à Heiïfler que la choroïde n'étoit- attachée à la fclérotique qu’à l’entour du nerf optique avant fon épanouiffement dans le globe & à la circonférence de la cornée, mais que dans le refte de fon étendue elle ne tenoit à la fclé- rotique qu'aux endroits où elle en reçoit des vaiffeaux, On Z Ÿ Mémoires de L'Academie, 1:82 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE voit beaucoup mieux la continuité dont je parle dans le cheval ue dans fhomme. Pour voir les différens degrés d'épaifleur de la choroïde & fes différens points d’adhérence avec la fcléro- tique, je l'ai examinée dans tous les ages: dans les enfans nouveaux nés, je lai trouvée prefque tranfparente, comme font toutes les membranes fort minces, abftraction faite de la matière colorante, que j'enlevois avant que d'examiner la choroïde : je ne diftinguois pas la membrane externe de l'interne, mais je voyois des fibres très - fines qui venoient de la fclérotique & qui alloient dans la choroïde, Après avoir introduit de l'air entre la choroïde & la fclérotique, je ne trouvai aucune autre adhérence que celle dont parle Heïfler: dans un âge un peu plus avancé, j'ai trouvé la choroïde moins tranfparente, & les fibres qui viennent de la fclérotique plus fortes & plus aifées à apercevoir. Les points d’adhérence les plus fenfibles étoient aufli dans les endroits où Heifter les a obfervés. Dans l'adulte, j'ai vu la choroïde plus päle & les fibres qui viennent de la fclérotique plus fortes & plus vifibles que dans l'état précédent ; Jadhérence la plus grande étoit encore dans les endroits que Heïfter indique; mais j'en ai remarqué une autre à une petite diflance de l'origine de la rétine, à peu-près où répond l'axe du globe de l'œil : cette adhérence ef formée par un faifceau de fibres blanchâtres, dont l'aflemblage repréfente le pédicule d'un Lycoperdon. J'ai remarqué que la membrane de Ruifch eft plus épaiffe & plus blanche dans cet endroit, qu'elle devient plus mince & moins blanche, à mefure qu'elle s'en éloigne, & qu'elle eft prefque tranfparente proche le cercle ciliaire ; enfin j'ai obfervé, comme M. Petit le Médecin *, que la choroïde eft prefque blanche dans les vieillards. L'adhérence que j'ai re- marquée près du nerf optique eft plus forte que celle qu'Heifter a vue à fà circonférence, & moindre que celle qui eft à la circonférence de la cornée. Les changemens qui arrivent à la choroïde dans l'homme, par rapport à la couleur & par rapport à l'adhérence, s'oblervent de même dans les animaux, où ils font beaucoup plus fenfibles, Je les ai auffi fuivis dans le cheval dans prefque tous fes ges: DES SCIENCES 18 dans un poulain, j'ai trouvé la choroïde plus blanche qu'elle ne l'eft dans les gens âgés; j'ai aufli remarqué près du nerf optique la même adhérence que javois obfervée dans homme; au lieu que dans homme, c’eft un corps figuré à peu près comme un pédicule de Lycoperdon ; dans le cheval, de même que dans le bœuf, le mouton, le cochon, &c. où je lai aufli trouvée, c'eft une bande oblongue, placée tran{verfalement & plus ou moins large dans les diférens animaux & dans les différens âges. La force d’inhéfion de la choroïde à la fclérotique dans cet endroit, eft aufli plus “forte que celle de cette même choroïde à la circonférence du nerf optique avant fon épanouiflement, & moindre qu'à la circonférence de la cornée. À mefure que l'animal avance en âge, cette bande s'étend, & l'adhérence devient f1 forte qu'on ne peut féparer la choroïde de la fclérotique fans la déchirer : je l'ai trouvé auffi adhéreme à Îa fclérotique dans toute fon étendue, dans un cheval de vingt-deux ans, qu'elle Feft à l'âge d'un an par la bande dont j'ai parlé. Quelle peut être la caufe de la couleur blanche de la choroïde dans les vieillards, fi ce n'eft le rapprochement des fibres qui fe font accumulées avec l'âge; & quelle autre raïfon peut-on donner de l'adhérence que j'ai remarquée près du nerf optique, que la réunion d'un plus grand nombre de fibres dans cet-endroit que dans le refte, qu'on a regardé comme féparé? Ce qui me confirme dans mon opinion, c'eft que j'ai imité, avec des portions de la fclérotique, les différens changemens de couleur qui arrivent à la choroïde dans différens âges; j'ai détaché d'abord ce tiflu de fibres qui refte à la face interne de fa fclérotique quand on en a enlevé la choroïde : après en avoir enlevé la matière colorante, je l'ai trouvé aufli tranf- parent que la choroïde left dans les enfans nouveaux nés. Enfuite j'ai enlevé une feconde partie de la fclérotique, auffi mince que la première ; elle étoit plus tranfparente que la première, parce qu'elle n'avoit pas de matière colorante: je l'ai appliquée fur celle que j'avois enlevée d’abord , elles ont formé un tout opaque, qui l'eft devenu encore davantage pas 584 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE l'addition d'une troïfième portion : mais ce qui prouve encore plus que cette tentative, c'eft une propriété fingulière commune à la choroïde & à la fclérotique. La fclérotique & la choroïde étant parfaitement defléchées, deviennent prefqu'auffi wan(pa- rentes que la cornée; mais fi on les met tremper dans l'eau, elles reprennent leur couleur primitive. Cette propritté de la {clérotique m'engage à faire ici une réflexion un peu étrangère au fujet, mais qui fert à l'explication de plufieurs phénomènes que lon remarque dans la cornée dés enfans nouveaux nés & dans celle des vieillards , & qui probablement peut être de quelque utilité pour le traitement des maladies de la cornée & de la fclérotique. On fait que les yeux des enfans nouveaux nés font blan- châtres; on fait auffi que les yeux des vieillards ont un cercle blanc: or voyant que les cornées que j'avois fait macérer dans d'eau devenoient blanchâtres & qu'elles perdoient leur tranfpa- rence , J'ai été porté à croire que la couleur blanchâtre des yeux des enfans nouveaux nés vient de ce que leur cornée eft füurchargée d'humidité. Pour vérifier ma conjecture, j'ai fait deflécher en même temps des cornées d'enfans nouveaux nés & des cornées d'adultes, que j'avois rendu blanches par la macération. Lorfqu'elles eurent perdu toute leur humidité, elles devinrent auffi tranfparentes qu'elles le font naturellement. J'ai fait auffi deffécher l'œil d'un vieillard qui avoit le cercle blanc dont j'ai parlé, la cornée devint tranfparente par-tout. La fclérotique ne doit fa blancheur qu'à l'humidité dont elle eft pénétrée, puifqu'en la defléchant elle devient tranfparente comme la cornée, & qu'en lui rendant Feau qu'elle a perdue, elle reprend fa couleur primitive, Quoique Ruilch ait divilé le premier la choroïde de l'homme en deux lames, il n’eft cependant pas le premier qui l'ait féparée dans les animaux , puifque Guellonius avoit fait l'obfervation dans les poiflons nommés afelhi : il en a même donné la defcription & la figure dans les Mémoires de la République littéraire /a): Morgagny /b) Favoit aufli remarqué dès fa (4) Ann, 1686 ymenf. Marts | (b) Æpifl.anatom. XVIII, S. 7, jeunefle Dr: 57 Sen Pi CEss 18 jeunefle fur les yeux de difiérens animaux, & Parifini (a) a féparé dans une lionne une lame de la choroïde, qu'il appelle le tapis: Verheyen /b), Heïfler & Zinn nient qu'on puille féparer dans l’homme la choroïde en deux lames, cependant Jy ai réufll en Ja difléquant dans l'eau après une légère macération, Il me refte à prouver que la choroïde ne {e termine pas à l'uvée, mais qu'elle forme, par le moyen de la membrane de’ l'humeur aqueufe, un globe femblable à celui que la cornée fait avec la fclérotique. Avant d'aller plus loin, je rappelerai que j'ai divifé la choroïde en partie antérieure & en partie poftérieure : j'ai dit que la partie poflérieure s'étend depuis Vorigine du nerf optique jufqu'au cercle ciliaire , & que la partie antérieure commence au cercle ciliaire & fe termine à la cornée exclufivement. La partie antérieure de fa choroïde commence au cercle ciliaire: ce cercle eft compolé de fibres circulaires qui fe dé- tachent de la face interne de la fclérotique. On doit y confidérer, x. deux faces, une externe, convexe, inégale, blanchître, & une interne, concave, liffe & noirître; 2.° deux bords, un antérieur , auquel font attachées la membrane de l'humeur aqueufe & l'uvée /c), & un poftérieur, d'où le ligament ciliaire prend naiffance. J'ai remarqué que le ligament ciliaire vient d'un bourlet circulaire blanchûtre, placé au bord poftérieur du cercle ciliaire: ce bourlet eft plus large du côté du grand angle de l'œil que du côté du petit angle. L'uvée, qui eft com- polée de vaifleaux blancs artériels & veineux, comme M, Ferrein l'a démontré (d ), vient d’une portion de la face interne du bord antérieur du cercle ciliaire; elle eft recouverte par une membrane très-fine, qui ne fe termine pas au grand cercle de Fuvée, mais qui fe prolonge pour former, avec l'extrémité du bord antérieur du cercle ciliaire auquel elle s’unit, (a) Mémoires pour fervir à | de la choroïde qui fépare les deux J'Hifloire naturelle des animaux. chambres de l'œil. (b) Anatomia corp. humani (d) Mémoires de l'Académie (c) J'entends par uvée la partie Royaie des Sciences, Paris, 1741 Say. érang. Tome V. , Ad 186 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE une membrane tranfparente élaftique, femblable à la membrane du criftallin. M. Tenon a vu un prolongement circulaire, formé par la réunion de la membrane qui couvre luvée & le bord antérieur du cercle ciliaire : il fui a donné le nom de ligament de l'iris *; c'eft proprement l'origine de la membrane dont je vais donner la defcription, mais il ne la pas connue comme telle. La première fois que j'aperçus la membrane de l'humeur aqueufe, ce fut dans l'œil d'un cheval, dont je difiéquois la cornée, pour favoir en combien de lames on peut la divifer : comme je conduifois ma diffection avec beaucoup de ména- gement, j'aperçus une membrane tranfparente qui étoit adhé- rente au cercle de la choroïde, & qui faifoit le même effet qu'un verre de montre dans fon chaffis. J'aurois bien voulu la conferver en entier, mais un coup de fcalpel louvrit; les deux parties s'écartèrent l'une de l'autre & fe roulèrent comme un parchemin mouillé. Je confultai tous les Livres d'Anatomie, fans en trouver aucun qui fit mention de cette membrane : je foupçonne que la petite bande membraneufe, que Saint- Yves dit avoir trouvée au bord fupérieur du ligament ciliaire, eft une portion de la membrane de l'humeur aqueufe. Certain de l’exiftence de la membrane de l'humeur aqueufe dans le cheval, je voulus auffi m'aflurer fi elle fe trouveroit dans les yeux des autres animaux ; je la découvris dans ceux de bœuf, de mouton, de cochon, de chien, de loup, de lièvre, &c. mais je ne pus la détacher en entier de la cornée que dans les yeux de chevaux & de moutons. Perfuadé que Anatomie comparée peut jeter un grand jour fur celle de l'homme, & fachant d’ailleurs qu'il y a dans les animaux des parties qui ne fe trouvent pas dans l'homme, je doutai de lexiftence de la membrane de l'humeur aqueufe dans l’homme jufqu'à ce que je m'en fuffe convaincu par la diflection d'un grand nombre d'yeux humains. J'eus beaucoup de peine à déterminer l'origine de cette membrane ; tantôt elle me paroifloit continue avec le bord antérieur du cercle # Voy. Thef, de catarac, DES SCTIENCES 187 ciliaire, tantôt avec l'uvée; & quand elle refloit attachée au cercle aies j'apercevois au grand cercle de l'uvée une em- preinte circulaire qui me faifoit foupçonner qu elle y étoit aufii adhérente. Comme je n’avois encore examiné la mem- brane de l'humeur aqueufe que du côté de la cornée, je ne pouvois me décider fur la continuité de cette membrane avec le cercle ciliaire qu'après être parvenu à l'enlever avec ce cercle ciliaire, & former avec la choroïde un globe femblable à celui que la cornée fait avec la fclérotique. Après plufieurs tentatives inutiles, j'ai enfin réuffi fur des yeux de chevaux, de mouton & de lièvre, mais il ne m'a jamais été poflible d'y réufir dans homme, parce que la membrane de l'humeur aqueufe eft très-mince & très-facile à féparer du cercle ciliaire : dans les animaux même dont j'ai parlé elle s’en fépare par le moindre effort. Dans les difféétions, je m'aperçus que la membrane de l'humeur aqueufe avoit tantôt plus, tantôt moins d'adhérenceavec la cornée ; je voulus favoir d'où elle procédoit : je foupçonnois qu'elle varie fuivant les différens âges, mais il m'eût été impoflible de me fatisfaire fur ce point, fans le fecours de M. Moreau, premier Chirurgien de l'Hôtel - Dieu, qui ayant pris intérêt à ma recherche, m'a procuré à cet égard tous les fecours qui dépendoient de lui, en me faifant donner des yeux de tous les âges. Je vais rapporter ce que j'ai obfervé dans ces difleétions. Dans les yeux de fœtus humains, la membrane de l'humeur aqueufe étoit adhérente à la cornée dans toute fon étendue, mais dans des yeux de veaux & de poulains mort-nés je la fouievois dans une petite étendue de fa circonférence. Dans les yeux des enfans âgés de quatre ans, la membrane de fhumeur aqueufe fe foulevoit à peu près comme dans les veaux mort-nés; & dans les veaux qu'on tue à la boucherie je la trouvois détachée de la cornée, par fes bords feulement, dans l'étendue d’une ligne. Quoique le plus ou le moins d 'adhé rence varie dans les difiérens fujets, je puis dire, fans craindre de me tromper, qu'elle diminue à mefure que les animaux avancent en âge: dans les bœufs, les bords fe détachent de Aa i 183 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la cornée dans l'étendue d'une ligne & demie : dansun homme âgé de vingt-cinqans, elle eft féparée dans l'étendue d’une ligne : à quarante ans, l'adhérence de la membrane de l'humeur aqueufe avec la cornée eft beaucoup moindre; & à foixante ans elle en eft, pour l'ordinaire, entièrement léparée. J'ai encore remarqué qu'elle eft plus épaifle dans les gros animaux que dans les petits, & dans ceux qui font âgés que dans les jeunes. La membrane Hebuen aqueufe a cela de commun avec toutes les membranes qui fe touchent immédiatement, qu'elle s'unit & qu'elle fe foude avec les membranes voifines quand elle a foutfert une grande inflammation; car: ayant difféqué un cheval de vingt-deux ans, qui avoit eu une ophtalmie confidérable fur un œil, je trouvai là membrane de l'humeur aqueufe adhérente à toute 1 cornée ; je trouvai auflr l'uvée collée à la membrane du criftallin, tandis qu'il n'y avoit au- cune adhérence dans l'œil qui n'avoit point été malade. Comme on pourroit foupçonner que ce que j'annonce comme une membrane particulière n’eft qu'un feuillet de la cornée, qui s'en détache avec l'âge, je rapporterai les raifons qui me font regarder la membrane de lhumeur aqueufe comme auffi d'Ainée de la cornée, que la membrane du criftallin left de cette lentille. 1. Dans les animaux âgés, particulièrement dans les che- vaux , la membrane de humeur aqueufe {e trouve entièrement Rue de la cornée. La membrane de Fhumeur aqueufe eft de la même nature que celle du criftallin. 3.” Dans la vue de comparer la membrane de l'humeur aqueufe avec là cornée, j'ai détaché une portion de la cornée à peu-près de f'épaifleur de la membrane de l'humeur aqueufe: à mefure que je détachois cette portion de là cornée, elle rentroit fur elle-même par une force élaftique, comme le fait un tendon qu'on a tiré par les deux bouts & qu'on abandonne enfuite à lui-même. La mernbrane de l'humeur aqueufe n’a pas cette forte de contraction, mais elle {e roule fur elle-même comime un morceau de parchemin mouillé: il y a lieu de DAÉ :s / S''cmdE Nic ie 189 _eroire que la propriété qu’elle a de fe rouler lui eff particulière & qu'elle n'eft pas l'effet de l'exficcation , puifqu’elle la conferve dans l'eau fans la perdre par la macération. 4 Ayant fait macérer la membrane de l'humeur aqueufeavec une portion de la cornée, la cornée devint fort épaiffe; elle blanchit & perdit fa tranfparence, au lieu que la membrane de l'humeur aqueule ne fouffrit aucune altération dans l'eau. ‘ La portion de la cornée devint blanche & s'amollit dans l'eau bouillante ; au lieu que la membrane de lhumeur aqueufe y conferva fa tranfparence & fon élafticité. 6.” Si on roule la membrane de l'humeur aqueufe, qu'on la chiffonnne, pour ainfi dire, & qu'on la faffe deflécher dans cet éat, elle conferve fa tranfparence de même que la cornée; mais {1 on les jette dans l’eau, la membrane de l'humeur aqueufe s'étend avêc une rapidité étonnante, ce que la cornée ne fait point. Je regarde la membrane de l'humeur aqueufe, la membrane du criftallin & ja tunique du corps vitré comme étant de même nature. Les preuves que je viens de rapporter me pa- roiffent fufhfantes pour étabiir que la membrane de l'humeur aqueufe eft abfolument d’une nature différente de la cornée : jai prouvé la continuité de la membrane de l'humeur aqueufe avec la partie antérieure du cercle ciliaire & le grand cercle de fuvée. J'ai donc démontré que la choroïde fait un globe feinblable à celui que la cornée fait avec la {clérotique. J'ai fait voir au commencement de ce Mémoire lorigine de la choroïde d'une manière plus précife que n'a fait Heifter ; mais la partie la plus utile de mon travail, c'eft la découverte d’une membrane qui me paroit être le fiége de la cataraéte membra- neufe dans la chambre antérieure de l'œil. Cette matière eft affez importante pour faire l'objet d’un autre Mémoire, que je foumettrai au jugement de l'Académie, CETTE | Aa ii LS 190 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MEME. OR SUR LA ‘ NAVIGATION DE FRANCE AUX INDES. Par M. DAPRÈS DE MANNEVILETTE, Capitaine des Vaifleaux de la Compagnie des Indes, & Correfpondant” de l’Académie. C° MME il eft effentiel au Navigateur de connoître Ia direction des vents qui règnent dans l'étendue des mers qu'il doit parcourir, afin de diriger fa route en conféquence, on traitera d’abord ici de ceux qu'on rencontre le plus ordi- nairement , tant fur Océan feptentrional ou atlantique , que fur l'Océan méridional, compris entre la ligne équinoxiale & le cap de Bonne-efpérance. Dans les mers d'Europe, & jufqu'au 2 8.° degré de latitude, les vents font variables, & foufHent tantôt de la partie du nord ou de celle du fud, de f’eft ou de l’oueft, fans paroître affujettis à aucune loi ou règle conftante, en quelque faifon que ce foit: cette même inconftance des vents a lieu égale- ment dans lhémifphère méridional, au-delà du 28. degré. Depuis 28 deurés de latitude nord jufqu'aux environs de Ja ligne équinoxiale , on trouve des vents réguliers qu'on appelie communément les vents alizes, qui foufflent du nord-nord-eft à left pendant toute l'année. Cette règle, quoique générale dans toute l'étendue de la mer atlantique, eft néanmoins fuf- ceptible de plufieurs exceptions , tant fur la direction différente des vents aux environs des côtes & des ifles qui en font voifmes, que fur les limites des vents alizés. Lorfqu'on examine avec attention Îles Journaux des Navi- gateurs qui fe piquent d'exactitude , on remarque en général que les côtes des grands continens, qui fetrouvententreles tropiques, font prefque toujours frappées obliquement du côté de la mer par des vents, dont la direction eft relative à ceux qui règnent be. — DE $ :S°c nr E NC EN I9E fur les grandes mers qui les environnent: c’eft par une fuite de cette loi, dont la caufe phyfique eft d'ailleurs connue, que fur la côte d'Afrique, depuis le cap Blanc jufqu'à Serra-leoa où Sérra-lione , à l'exception des brifes de terre & des orages, les vents y foufflent plutôt du nord au nord - oueft que du nord vers left, De Serra-lione au cap des Palmes, le cours ordinaire des vents eft à l'oueft-nord-oueft; & au-delà du cap des Palmes, de l'oueft-fud-oueft au fud-oueft. Quoique les Canaries foient fituées dans Ja région des vents alizés, on y voit régner des vents de l'oueft & du fud-oueft, qui durent quelquefois huit jours de füite fans interruption. Les vents de fud & de fud-oueft foufflent auffi entre les ifles du cap Verd, & aux environs, dans les mois de Juiller, Août, Septembre & Ofobre, & leurs rades en cette fafon ne font pas bonnes à fréquenter. La plupart de ceux qui ont traité des vents alizés, leur ont fappofé des bornes vers la ligne équinoxiale très-différentes de celles qu'ils ont réellement en chaque faifon ; & comme les conféquences qu'on peut tirer de ces principes font plus propres à induire les Navigateurs à erreur qu'à les inftruire fur un objet qu'il leur importe de connoître, jai cru qu'il valoit beaucoup mieux préférer l'expérience à l'opinion commune, que de la fuivre à cet égard , ainfi qu'à beaucoup d’autres, où elle fe trouve également contradiétoire. Après avoir examiné avec foin dans plus de deux cents cinquante Journaux de Navigation , par quel degré de latitude les vaitleaux qui vont aux Indes avoient quitté les vents alizés, & fur quel parallèle ils les avoient trouvés à leur retour , il m'a paru que dans le courant du mois de Janvier les fimites des vents alizés {e trouvent entre le 6° & le 4. degré de latitude nord; en Février on les rencontre entre le 5 & le 3. degré; en Mars & Avril, ces limites fe trouvent entre le s- & le 2° degré de latitude; au mois de Mai, entre le 6.° & le A degré. - Pendant les mois de Juin, Juillet, Août & Septembre , 192 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE l'action des rayons du Soleil fur les terres, ainfi que fur les mers de la partie du nord, changeant l'état de l'atmolphère, y rend les vents moins conflans; de forte qu'au mois de Juin les vents alizés ceffent de fouffler au 1 0.° degré de latitude ; en Juillet, Août & Septembre , entre le 14° & le 1 3° degré, &'ils ne reprennent enfin des bornes moyennes qu'en Dé- cembre & Janvier. Lorfqu'on quite les vents alizés, on trouve des vents variables, des calmes & des orages caufés par le concours des vents alizés avec les vents généraux, & par plufieurs caufes particulières qui ne permettent pas d'en fixer en chaque faifon ni l'étendue ni la durée; on remarque feulement que plus on eft voifin de la région ordinaire des vents alizés, plus cette variété en eft afleétée, & que d'ailleurs quand on eft près de l'Équateur , les vents varient plus fouvent de left vers le fud que de l'eft vers le nord; cela n'empêche pas que dans les mêmes parages on n’y voie quelquefois régner des vents de l’oueft au fud, & principalement dans les mois de Juillet, Août & Septembre, mais ils procèdent prefque toujours des orages & ne doivent être regardés que comme des vents étrangers , deftinés feulement à rétablir l'équilibre lorfque l'air eft trop raréfié du côté de l'eft. De la ligne équinoxiale au tropique du Capricorne, règne un vent alizé & régulier, qui foufile généralement & per- pétuellement des points de l'horizon compris entre le fud & left; & comme ces mêmes vents ont lieu non - feulement fur l'Océan compris entre l'Afrique & l'Amérique, mais en- core dans toute l'étendue des mers méridionales, on les nomme vents généraux , pour les diftinguer des vents alizés du nord-eft, qui fur certaines mers font fujets à des variations périodiques. M. Edmond Halley, dont le témoignage fur tout ce qui concerne Ja Navigation, mérite d'autant plus d'égards , que ce grand homme Jjoignoit la théorie à la pratique, remarque que les faifons influent fenfiblement fur la direétion des vents alizés, ainfi que fur celle des vents généraux ; que quand le Soleil gft beaucoup élevé au nord de l'Équateur , c'eft-à-dire qu'il cit DIPELS À SNCNMENNA CES 197 eft au tropique du Cancer, alors le vent de fud-eft, particu- lièrement dans l'Océan entre le Brefil & la côte d'Afrique, varie d’un quart de rumb ou de deux quarts plus vers le fud, & que le vent alizé du nord-eft fe détourne auffi davantage vers left. C'eft tout le contraire, dit-il, quand le Soleil eft vers le tropique du Capricorne, les vents qui foufflent du fud-eft tournent un peu plus à l'eft, & ceux du nord-eft, qui règnent du côté du nord, dépendent un peu plus du nord que de f'eft. Pendant une année de féjour que fit M. Häalley à l’'ifle Sainte-Hélène, l'ouvrage dont il étoit chargé l'obligeant d’être attentif aux divers changemens du temps, il obferva que les vents généraux y régnoient conftamment du fud-eft ou des environs, c'eft-à-dire que le vent qui fouffloit le plus fréquem- ment tournoit plutôt du fud-eft vers left que du fud-eft vers le fud ; que quand il venoit de l'eft le temps étoit fombre, & qu'il ne devenoit ferein que lorfqu'il retournoit au fud-eft, M. Halley aflure auffi n'y avoir jamais vu le vent fouffler du fud vers l'oueft ni du nord au nord-ouef. Au furplus, fi par l'effet d'un orage ou de quelque caufe particulière, les vents prennent une direction différente de celle qu'ils ont ordinairement dans le même parage; ces fortes d'évènemens ne méritent pas de faire exception aux loix conflantes & générales. | L'étendue des vents généraux ne fe borne pas à la ligne équinoxiale, on les rencontre encore jufqu'à 2 degrés du côté du nord, & quelquefois même au-delà fuivant les faifons. Les vents généraux , ainfi que les vents alizés, prennent toujours aux environs des continens un cours différent de celui qu'ils ont au large. Tout le long de la côte d'Afrique, depuis le 28.° devré de latitude méridionale jufqu’au cap de Lopo-Gonzakez , fitué près de la Ligne, la direction du vent eft prefque toujours du fud au fud-fud-oueft, & même au fud-ouelt en certains endroits, felon le gifement particulier des terres. Suivant l'examen que j'ai fait d’un très-grand nombre de Journaux de la Navigation des côtes de Guinée & d’Angole Jar. érang. Tome V. do 594 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE à l'Amérique, jai remarqué que cette même affection des vents du fud au fud-oueft fe rencontroit aufi à une très-grande diflance de la côte d'Afrique, & qu'en général elle paroît avoir pour bornes du côté de Foueft les parages compris entre cette côte, & la ligne qu'on pourroit imaginer du cap de Bonne- efpérance au cap des Palmes, côte de Guinée. A la côte du Brefil, les vents généraux y font fujets à des variations périodiques relatives aux faifons ; ils y fouflent du nord-eft à l'eft-nord-eft depuis Septembre jufqu'en Mars, & du fud-fud-eft à l'eft-fud-eft du mois de Mars à celui de Septembre. Sur a route que tiennent ordinairement les vaïfleaux qui vont de la ligne équinoxiale au cap de Bonne-efpérance, on remarque encore qu'au-delà du parallèle de 16 degrés les vents généraux tournent vers le nord, de façon qu'on les voit plutôt venir de left au nord-eft que de left vers le fud-eft. A l'égard des limites de ces mêmes vents, qu'on fixe com- munément au 28. degré de latitude, ceci eft encore une règle générale qui a fes exceptions, puifqu'on trouve fouvent des vents différens avant d’avoir atteint ce parallèle, & quel- quefois même en deçà du tropique du Capricorne; mais pour l'ordinaire, du parallèle de 28 à 40 degrés de latitude fud , les vents y font variables & beaucoup plus inconftans que dans les mers d'Europe; à peine, en quelque faifon que ce fit, les voit-on régner pendant trois jours de fuite du même côté: on remarque feulement que ceux qui y font les plus fréquens viennent du nord au nord-oueft & du nord-oueft à l'oueft-fud-oueft, & que dès qu'ils s’'approchent du fud, le calme y fuccède. Aux environs du cap de Bonne-efpérance, les vents du fud-eft à l'eft-fud-eft foufflent quelquefois plufieurs jours de fuite fans interruption. Comme jai traité fuffifamment, dans mon Routier des Indes, des vents qui règnent dans les mers orientales, & que ceux qui voudront s'en inftruire, peuvent y avoir recours ; je me difpenf de répéter ce que j'ai dit à ce fujet; j'avertis nn dé dé, CR PER ds me, DAELS 0 SC t-F NvÔ:E T feulemént ici que je crois devoir réformer dans Finftruétion pour aller à fa Chine *, ce que j'ai avancé touchant les vents ‘oueft qui règnent au fud du parallèle de 3 $ degrés, & de la route qu'on doit tenir en conféquence , les obfervations qui m'ont été communiquées, jointes à l'expérience que j'ai moi- même acquife depuis que j'ai mis cet Ouvrage au jour, m'ont fait connoître que les vents d'oueft ne font pas auffi conflans au-delà de 3 5 degrés que je l'ai fuppofé, & qu'on y voit plus fouvent régner ceux du nord-oueft au nord & du nord au nord-eft, Je pafle maintenant à ce qui concerne la route, INSTRUCTION POUR LA ROUTE. Lorsqu'on fait voile de l'Orient ou de quelqu'un des autres ports de France fitués fur l'Océan , on doit d'abord diriger la route pour paflér environ à vingt-cinq ou trente lieues du cap de Finiftère : cette diftance eft fuffifante en quelque faifon que ce foit; on peut même le doubler de plus près, fuivant les circonftances ; mais de fa hauteur on cinglera toujours vers lifle de Madère. Quoique la vue de cette ifle ne {oit pas abfolument, dans ce trajet, d'une néceffité indifpenfable, il eft bon cependant d'en prendre connoiflance, ou de celle de Porto- Santo qui en eff voifine , afin de gouverner enfuite avec plus de certitude, foit pour pafér entre les Canaries, foit pour les laïfier du côté de left, ainfi qu'on le jugera à propos. À vingt-huit lieues d'éloignement, au nord quart nord-oueft de la pointe du nord de f'ifle de Porto-Santo, il y a plufieurs roches à fleur d’eau , dont les Cartes ne font point mention ; elles ont été vues par le Capitaine Vobonne, de Londres, & par un vaiffeau de Bordeaux qui alloit aux ifles de l'Amérique en 1732: le premier rapporte en avoir diftingué huit, dont la plus fud eft par 34 30’ de latitude, & la plus nord par * Colonnes 92 & 93 du Routier in-folio; Page 204 du Routier in-4.° au premier alinea, qui commence par ces mots: Dans l'Océan oriental inéridional ; de même, Bb ij Roches au nord quartnord-ouefà de Porto-Santa, Différences a l'eft £n allant aux Canaries, Différences du çoté de l'oucft. “ 196 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 341 45'; de lorte que l'étendue de cet écueil eft de cinq lieues du nord au fud, & de trois lieues de left à foueft. Ce Navigateur ajoute que la roche la plus vers le fud eft à quarante lieues au nord, s degrés Eft de la pointe de l'eft de Madère. Trois lieues au nord-eft du milieu de Porto-Santo, il y a aufli un banc de roches fous l'eau , fur lequel s'eft perdu un vaiffeau Hollandois. Dans le trajet des côtes de France aux Canaries, on trouve très-fouvent des différences à left, qui proviennent vrai-fem- blablement de la tendance des courans vers le détroit de Gibraltar : quelques vaifleaux ont attéré à la côte de Barbarie, aux environs du cap de Non, lorfqu'ils s'attendoient à voir Ténériffe, ce qui fait une différence de plus de quatre-vingts lieues : d’autres vaiffeaux ont vu Alégranceau lieu de Ténérifle; & quoique les erreurs ne foient pas toujours auffi confidérables, il eft bon d'être fur fes gardes quand on s’eftime par la latitude de ces ifles, fur-tout pendant la nuit, lorfqu'un défaut de Lune ou un brouillard épais ne permettent pas d'apercevoir les dangers d'aflez loin pour les éviter. Les différences du côté de l'oueft, quoique beaucoup plus rares, ne font pas fans exemple, & principalement lorfqu'en foriant des ports de France ou d'Angleterre on a eu pendant quelque temps des vents contraires. On peut pañler entre les Canaries & dans les principaux canaux de ces ifles, on ny connoît aucun danger qui ne foit vifible. Ê En partant des Canaries, fi on vouloit aller au Sénégal ou à Gorée, la route qui paroît convenir le mieux à cette deflination, c’eft de prendre connoiffance de la côte d'Afrique au cap Blanc, entre 21 & 22 degrés de latitude; & comme cette côte porte fonde à cinq ou fix lieues au large, l'attérage n'en eft point à craindre, foit de jour, foit de nuit, lorfqu'on aura foin de fonder fouvent; on peut même la prolonger jufqu'au cap Blanc *. x Quelques Cartes marquent un | Barbas & le cap Blanc, & qui paroît banç qui cerne la côte entre le cap | s'étendre en quelques endroits à trois fl RE DME(S 0 SAC ENG, Eu UN x De Ia vue de ce Cap, à trois lieues au large, on fera d'abord valoir la route fud-fud-oueft fix à fept lieues , tant pour s’écarter du banc qui git au fud du cap Blanc, que pour prévenir ou compenfer l'effet des marées, dont le flux porte dans la baie d'Arguin : on gouvernera enfuite au fud, au fud-fud-eft & au fud-eft pour attérer au nord de l'habitation du Sénégal, afin de ne pas la manquer. Si on vouloit feulement relâcher à lifle de Gorée fans aborder au Sénégal, de la vue de la côte d'Afrique ou de fonde, il faudroit faire route pour prendre connoiflance du cap Verd, en fe donnant de garde des courans qui portent dans une efpèce d’anfe ou enfoncement qui eft vers le nord, qu'on appelle communément la baie de Yof. lieues au large. Les Journaux ne font aucune mention de ce danger ; & quoique j'aie parcouru cette côte à une lieue d’éloignement, je n’en ai eu aucune connoiffance : on voit feulement à fix ou fept lieues au nord du cap Blanc un gros rocher envi- ronné de quelques autres, mais il n’eft tout au plus qu’à trois quarts _ de lieue du rivage. Une autre Carte à grand point, qui contient la côte d'Afrique depuis 1e cap de Bofador jufqu’a Serra-leoa, donne à cette côte trente-neuf lieues d'enfoncement entre le cap Blanc & le cap Verd, tandis qu’elle n’en a tout au plus que vingt; & cette erreur eft d’autant plus importante à la füreté de la Navigation, qu’un vaïfleau qui feroit ufage de cette Carte pour aller du cap Blanc au Sénégal , aborderoïit la côte lorfqu'il s’en croiroit encore à dix-neuf lieues d’éloignement. Les ifles du cap Verd que contient la même Carte, y font également très- mal marquées , tant à l'égard de leur latitude qu’à celui de leur grandeur, de leur figure & de leurs “gifemens refpectifs. L'auteur joint une note au-deflous du nom de ces ifles , par laquelle il avertit que leurs latitudes è7 leurs gifemens ne fonc pas connus ; cette note elt très-fage. En effet, il eft certain que dans tous les’ Journaux de ceux qui ont fré- quenté ces ifles on ne trouve pas un feul relèvement qui fe rapporte à la fituation que leur donne cette Carte. Comme ces ifles ne font pas mieux. placées fur une Carte réduite de l'Océan, qui eft entre les mains de prefque tous les Marins, & qui a été dreffée en 1757, il eft bon d'y faire attention : maloré cela, cette Carte étant plus exaéte à beaucoup d’autres égards que les Cartes pré- cédentes, elle mérite Ia préférence. Les Navigateurs ne devroïent pas ignorer que les Cartes ont'cela de commun avec les Dictionnaires, que les dernières éditions font toujours réputées être les plus correctes : ceux qui font chargés de la conduite des vaifleaux , ainfr que ceux qui peu- vent y contribuer par leurs confeils , ne devroïent pas népliger de s’en pourvoir & de les confulter au pré- judice des anciennes , dont l’ufage & la comparaifon ne férvent qu’à induire en erreur. ; Bb ii Route ur aller à Gorée; Le cap Verd. Baie de Yof, Cap Maud. 198 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le cap Verd eft reconnoiflable par deux montagnes er forme de mamelles qui en font voifines ; il eft efcarpé du côté du fud, mais au nord-oueft de ce Cap il y a une baffle terre qui s'étend d'une lieue à ce rumb de vent, & à fon extrémité une chaîne de rochers deflus & deflous l'eau, qui s’'avance d'une demi-lieue en mer, qu'on nomme la pointe d'Almadie. Les rochers les plus écartés, font précifé- ment au nord-oueft quart oueft, 3 degrés oueft du cap Verd: cette pointe & la côte qui s'étend de-là au nord-eft, forment la baie de Yof dont je viens de parler, & dans laquelle il eft d'autant plus dangereux d’être affalé, que le fond y eft très-rapide, & par conféquent peu propre au mouillage ; c'eft pourquoi quand on vient du nord & qu'on a la vue du cap Verd, on ne doit gouverner pour s'en approcher que quand il refte à l'eft-fud-eft. On peut ranger la pointe d’Almadie à la diftance de trois quarts de lieue, & le cap Verd à une moindre diflance, fur- tout quand les vents font de la partie du nord-nord-eft. En doublant ce dernier, on découvre le cap Manuel, qui en eft éloigné de quatre lieues au fud-eft 3 degrés fud. On ren- contre entre l'un & f’autre les ifles de la Magdeleine, dont la plus au nord-oueft eft la plus grande : celle du fud-eft, qui en efttrès-proche , n'eft qu'un rocher; on peut les ranger à un demi-quart de lieue fans rien craindre: la plus grande paroît traverfée par une caverne. Il y a un canal profond à terre de ces ifles, dans lequel j'ai paflé, en rangeant la plus grande de plus près qu'une pointe bafle de la terre ferme qui eft vis-à-vis, au pied de laquelle il y a des brifans. Cependant je ne confeille point à un vaifeau de s'engager dans ce détroit. Lorfque le cap Manuel refte à l'eft-nord-eit, on aperçoit l'ile de Gorée, qui en eft éloignée à une demi-lieue à ce rumb de vent: on rangera le cap Manuel, & la roche qui en eft au pied, à une portée de boucanier, & on cinglera enfuite pour pafler un peu plus loin de la pointe du fud de Gorée, à caufe d'une pointe de roches qui s'étend au fud-eft d'une bonne portée de fufil, 1 DE: SÛ Sr C/DEr NO ES 199 Comme le mouillage ordinaire des vaifleaux eft au nord-ett de la pointe du fud de Gorée, & que le vent vient fouvent de cette partie, fi on ne pouvoit pas s'y rendre à fa bordée, il faudroit la continuer vers la terre ferme jufque par douze braffes de profondeur, revirer enfuite, & louvoyer ainfi jufqu'à ce qu'on foit aflez au vent pour mouiller à une demi-lieue de l'ifle par quatorze braffes fond de fable & de vafe. Les marques du meilleur endroit, c'eft de tenir la pointe du nord de Gorée féparée du cap Manuel de {a grandeur d’une voile. Lorfque les vaiffeaux n'ont aucune deftination particulière, ni pour le Sénégal ni pour Gorée, & que le befoin d’eau & de rafraichiffement leur fait préférer de relächer à l'ifle de Saint-Yago au lieu d’aller reconnoître la côte d'Afrique, il convient mieux qu'en partant des Canaries ils dirigent leur route vers le fud, pour fe mettre vingt-cinq ou trente lieues à left de l'ifle Bonavifta, & de la latitude de 16 deyrés, qui eft celle du milieu de cette ifle: ils cingleront à l'oueft pour la reconnoître. L'ifle de Bonavifla ou Bonnevue a fept lieues de longueur du nord-oueft au fud-eft & environ quatre lieues de largeur ; fon terrein eft fort inégal, on y voit plufieurs mornes & montagnes difperfées, avec des vallées & des bafles terres au bord de la mer: fa pointe du fud-eft eft une langue de fable fort baffe, dont on n'aperçoit toute l'étendue que quand on en eft près. Quoiqu'il foit affez naturel de ne pas foupçonner des erreurs d'eflime importantes dans le trajet des Canaries aux ifles du cap Verd, on en a cependant des exemples , tant du côté de l'eft que de celui de l'oueft : c'eft par rapport à ces dernières que je confeille de fe mettre trente lieues au vent de Bonavifta avant de gouverner pour la reconnoître, dans la crainte qu’en faifant route plus direétement pour attérer, on ne pafsit entre l'ifle Saint-Nicolàs & l'ifle de Sel; & fe trouvant enfuite à l’oueft de Bomavifta, lorfqu'on croiroit en ètre encore à left, on ne manquit la relâche de Mouillage de Gorée, Route pour relâcher à Saint- Yagoi Ifle Bonavifts; Erreurs à l'attéragedesifles du cap Verd, Brouillards fréquens aux environs. Bancderoches entre Bonnevue & S.-Yago. fe de Mai, Fauffe baie de la Praye, 2:00 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Sainf-Yago , ce qui eft arrivé à plufieurs vaiffeaux *. L'attérage à ces ifles eft fouvent difficile, à caufe des brouil- lards qui font très - fréquens aux environs, & ces mêmes brouillards font fouvent les indices de leur proximité; c’eft pourquoi quand on vient du nord on doit naviguer en ce parage avec toute la prudence poffible, Entre Bonnevue & Saint-Yago, dont la diftance eft d’en- viron vingt lieues, & le gifement au fud-oueft, il y a un banc de rochers très-dangereux à fix lieues de Bonnevue, auquel le Routier portugais donne deux encablures de longueur & une de largeur. L'ile de’ Mai eft à quatorze lieues au fud-fud-oueft de Bonnevue; fon terrain s'élève principalement vers le milieu : à fa pointe du nord, il y a une chaine de rochers qui s’avance près de trois quarts de lieue en mer. Quand on traverfe de Bornevue à Saint-Yago & qu'on eft obligé de louvoyer pen- dant Ja nuit, il faudra prendre garde de approcher, de même que le banc de roches dont on vient de parler. Après avoir doublé là pointe du nord de f'ifle de Mai, on cinglera au fud-oueft pour accofter Saint-Yago, & on prolongera la côte jufqu'à la rade de la Praye, qui ef le mouillage ordinaire. Trois lieues avant d'y arriver, on voit une anfe bordée de cocotiers avec quelques maifons; elle reffemble à l'anfe de la Praye: plufieurs vailleaux, trompés par cette apparence, fe font trouvés en rifque de fe perdre {ur les dangers qu'elle renferme. Quoique le fort de la Praye, fitué fur une monticule, foit un indice pour diflinguer l'une de l'autre, la marque la plus certaine, c'eft que la’ pointe du nord ou de l'eft de cette * Je me fuis trouvé dans un cas pareil en Décembre 1750, fur le vaifleau le Glorieux , que je com- mandois : je pañlai pendant la nuit, fans le favoir, entre l’ifle de Sel & celle de Saint-Nicolas , par l'effet d’une différence d’eftime de quatre- yingts lieues à l’oueft. Ayant fait route enfuite à l’oueft de la hauteur de Bonnevue, j'aurois traverfé ces ifles fans én voir aucuse, fi l'obler- vation que je fis de l'écliple de Lune du mois de Décembre, ne m’avoit fait connoître mon erreur: lorfque j'en fus certain je cinglai vers le fud, & la vue de l’ifle de Feu me la confirma: à la vérité je n’avois vu ni Madère ni les Canaries. fauffe Des" Slé TE N'C'ErSs 207 faufle baie eft baffle & cernée de brifans, au lieu que celle de la Praye, qui fuit celle-ci, eft haute, efcarpée & fans écueils. On doit toujours ranger celle-ci de près pour aller au mouillage; le pavillon du fort doit refter au nord-oueft, MeuREe k x / . , C jayCe 3 à 4 degrés nord du compas, & la pointe de l'oueft de lanfe, à l'extrémité de laquelle on voit brifer un récif, reftera alors à l'oueft-fud-oueft. Au dedans de cette baie ou anfe , & du côté de l’oueff, Ifesaux Cailles. il y a un iflot nommé le aux Cailles, & par -deflus les terres de Ja grande ifle, on découvre pendant fa nuit le volcan de l'ifle de Feu. Je lai relevé de cette rade à loueft du , Volan cd de l'ifle de Feu: Monde. I! convient toujours mieux de mouiller plus près de la côte du nord & de l'eft que de cet iflot aux Cailles, pour la facilité d’appareiller fans courir rifque d’être porté par les courans fur la pointe de roches de bas - bord, avant que. le vaifleau ait acquis affez d'erre pour s'en écarter. On peut auffi pafler au fud de l'ifle de Mai pour aller à la rade de la Praye; il fuffra, après avoir doublé la pointe du fud de cette ifle, de gouverner pour attérer au vent de la pointe de l'eft de la Praye. k La route la plus convenable aux vaiffeaux qui continuent Route leur traverfée fans relâcher aux ifles du cap Verd ni à Gorée, a doivent tenir les c'eft de gouverner dela vue des Canaries pour paffer à quarante- ) SERRE cinq lieues au large du cap Blanc: de cette pofition on fera din valoir la route le fud jufque par 12 degrés de latitude nord, ou PUR & enfuite le fud-eft quart fud, jufqu’à la rencontre des vents variables qui fuccèdent aux vents alizés ; par ce moyen on tiendra le mi-canal entre les ifles & le cap Verd, & on pro- Jongera la côte d'Afrique, qui git au-delà de ce Cap à une diftance toujours fuffhfante, quand bien même on auroit une erreur de quinze ou de vingt lieues à feft. Je crois qu'il eft - ingtile de prévenir des modifications : ou changémens dont cette route feroit fufceptible dans le cas d'une plus grande différence à left : au furplus, comme la fonde de la côte d'Afrique au-delà du cap Verd s'étend aflez au large pour = Jar. rang. Tome V. QE Réfutation de l'opinion de ceux qui paffent la lisneéquinoxiale plus à l'occident gu'on ne le doit. 202 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIÉ qu'on puille en reconnoître la proximité, on préviendra, par cette précaution , les divers incidens qu'on ne peut pas pré- voir ici. : Les Navigateurs, qui du parallèle de 1 2 degrés de latitude nord & dans l'éloignement de foixante ou foixante-dix lieues de Ja côte d'Afrique, fe contentent de gouverner au fud quart fud-eft & de couper la ligne équinoxiale par 20 degrés de longitude à l'occident de Paris, ces Navigateurs, dis-je, ne font pas attention à la fituation refpeétive de l'endroit d'où ils partent à celle du lieu où ils vont, ainfr qu'aux vents qu'ils font certains de rencontrer entre l'un & l'autre, un coup d'œil fur la Carte fufht pour s'en convaincre. fs Je fuppofe pour un moment, qu'on pt traverfer du parage dont il eft queftion au cap de Bonne-efpérance fans aucune oppofition de Ja part des vents, la route la plus directe feroit fans doute celle qui conduit à pañfer la Ligne par 11 degrés de longitude : or, puifqu’il eff certain queles vents qui y mettent obftacle viennent de la partie de left *, on doit donc plutôt s'élever de ce côté-R que de s’en éloïgner de cent quatre-vingts lieues plus à l'oueft. Ceux qui dirigent ainfi leur route, agiflent au contraire de la maxime la plus généralement reçue dans la Navigation, qui confifte à fe mettre plutôt au vent que fous le vent des endroits où lon veut aller. Voici ce qui a donné lieu à s'en écarter. Lorfque les voyages aux Indes étoient rares, ceux qui dreffoient les Cartes hydrographiques à cet ufage, pour fe conformer à l'opinion de ceux à qui deux voyages fufhfoient pour faire refpecter leurs préjugés , même Les plus ridicules, avoient coutume d'y tracer des bornes par des traits, & on ne pouvoit aller au-delà, felon eux, fans s'expofer à des évè- nemens préjudiciables au fuccès des voyages. L'une de ces bornes répondoit à 30 degrés de notre lon- * Indépendamment des vents gé- | ceux-ci, fi on en excepte les mois néraux de fud-eft & d’eft-fud-eft, | de Juillet, Août & Septembre, dent la région occupe une grande | foufflent plus fouvent de left que partie de cet intervalle, les vents | de loueft. variables entre les vents alizés & D'E $ 'SICHENOCENS 203 gitude occidentale, & l'autre au 13.° degré. La première indiquoit que fi on pañloit la Ligne plus à l'oueft, on couroit rique de ne pouvoir doubler la côte du Brefil; & la feconde, qu'en paflant la Ligne par moins de 1 3 degrés, on y trouvoit des calmes de longue durée & des courans qui portoient ra- pidement vers le Gabon. Le premier de ces deux inconvéniens eft Je feul que l'ex- périence jufifie; quant au fecond, on ne trouve pas un feul exemple qui y foit favorable. La navigation aux côtes d'Angole & de Guinée, fournit actueilement un affez grand nombre de moyens de comparaifon pour fe convaincre du contraire ; au lieu que dan$ ces- temps reculés, ces fortes de voyages étoient prefqu'aufli rares que ceux des Indes, & peut-être fe trouvoit-if encore plus rarement de ces hommes afféz bien intentionnés pour facrifier gratuitement leurs veilles & leurs travaux à fintérêt du bien public. Quoi qu'il en foit, fr de tels courans & de pareils calmes avoient lieu, on ne verroit aucun vaifleau qui eût pu remonter la côte de Guinée, ni fe rendre de l'ifle du Prince ou de Saint-T'homé aux ifles de l'Amérique, tandis qu'on voit tous les jours le contraire, & en toutes faifons; & quand on examine les Journaux de leur traverfée, on n’en trouve pas un feul qui ait manqué de vent dans les paragés mêmes qu’on avoit fuppolé être les plus fujets aux calmes. Si la folidité des preuves de raifonnement dépend des faits qu'on peut rapporter pour les foutenir, on en trouvera plus qu'il n’en faut à cet égard, en confultant les Journaux, & l'on verra en même temps que les courans qui vont vers le Gabon, n’ont lieu qu'au-delà du cap des Trois - pointes. Le fentiment des Navigateurs qui pañlent la Ligne à l'oueft du 20.° degré, fous prétexte d'y trouver plus de vent, eft également mal fondé; & quoique j'en aie été autrefois par- tifan, le grand nombre des exemples contraires moblige à penfer maintenant très-différemment: au refte, quelques an- ciens que foient les préjugés que je viens de combattre, on doit leur préférer les connoiffances plus récentes & plus parfaites Ceci Route de Saint- Yago ou de Gorée Vers Ja Ligne, Route qu'on doit faire pour pafler p'omptement la ligne équinoxiale, Précaution que Tondoit prendre lorlqu’en partant de France on ne rec mnoît point l'ifle de Madère ou les Canaries. “ 204 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que donne l'expérience : une faufle opinion ne change jamais de nature, & l'erreur eft toujours erreur, de quelque laps de temps qu'on puifle l'appuyer. Je reprends la fuite de a route que Jai indiquée, dont cette difcuflion m'a écarté.’ Les vaifleaux qui feront voile de Saint-Yago, gouverne- ront au fud-eft jufque par 12 degrés de latitude, enfaite au fud-eft quart fud jufqu'aux vents alizés *. Quant à ceux qui partent de Gorée, ils cingleront au fud - fud - oueft s'ils veulent s'écarter de la côte jufqu'au parallèle de 10 degrés, & de-là au fud-eft quart fud. Lorfque les vents variables fuccèdent aux vents alizés, la meilleure manœuvre qu'on peut faire pour couper prompte- ment la ligne équinoxiale, c'eft de profiter de la variété des premiers pour atteindre le plus vite qu'on le pourra le parage ordinaire des vents généraux, & pour cet effet de tenir in- difléremment la bordée qui mène le plus vers le fud, fans s'attacher à pafler la Ligne par aucun point déterminé, pour ne pas augmenter inutilement la durée de la traverfée. Ce que jai dit précédemment ne regarde que les vaifleaux qui feroient favorilés des vents juiqu'à la Ligne; j'invite feulement les autres de préférer aux environs Ra route de l'eft-fud-eft à celle de l’oueft-fud-oueft, Si les circonflances ne permettoient pas en partant de France où d'Angleterre, de prendre connoiflance de Madère ou de Porto-Santo, il faut au moins, pour vérifier l'eflime de la longitude, faire fon poffible pour voir ou l'ifle de Palme, ou l'ifle de Fer, qui font les plus occidentales des Canaries ; aol quand de la hauteur de ces ifles on cingle vers le fud, on doit aux environs des ifles du cap Verd naviguer avec une extrême précaution, dans la crainte de les rencontrer inopinément. Au Jurplus , dans quelque circonftance que ce * J'avertis en général que dans exemple, fi dans le cas dont il s'agit, cette inftruction, lorfque je fixe un | l’une & l’autre faifoient prendre à à la rumb de vent, ou bien que je dis | route un quart plus vers l’eft , il eft faire valoir la route tel ou tel rumb | cenfé qu’au lieu de gouverner au de vent, j’entends la route corrigée | fud-eft quart fud, il faudroit porter de la variation & de la dérive : par | au fud-fud-eft, BLUE :S | Si Gr I 18 INC ESS 205 foit, je ne confeille point d'en pañler du côté de l'oueft, ce feroit très-mal à propos alonger la route, & le pañlage à l'oueft ne doit tout au plus avoir lieu, même en temps de guerre, que quand on eft moralement certain de rencontrer les enne- mis aux environs de ces ifles. J'ai ci-devant fait obferver en général, à la note de la page 187, que les ifles du cap Verd étoient très-mal mar- quées fur des Cartes modernes que j'ai indiquées, fur-tout à l'égard de la latitude; j'aurois pu ajouter, de méme que fur plufieurs autres Cartes, mais comme celles dont j'ai parlé font , ou doivent être maintenant préférées aux Cartes de Pietergoos & de Vankeulen, qui leur font beaucoup inférieures; c'eft aux premières que je dois référer mes remarques. Je dirai donc ici que la latitude où elles fuppofent les ifles Saint- Antoine, Saint-Vincent, Sainte-Lucie & Saint-Nicolas, qui font les plus feptentrionales, eft fort différente de celle où on doit les placer. Suivant les Journaux & es Mémoires que jai examinés à cet égard, la latitude de la pointe du nord de f'ifle Saint-Antoine, d’où dépend celle des autres, ne va pas au-delà de 174 1 2 au lieu que fur une Carte de 1 742; elle eft par 174 55’; & fur une autre de 1757, qui elt la dernière, on l'a placée par 17% 27 à 28": cette erreur & la préférence qu'on donna mal-ä-propos à la Carte de 1742 fur celle de 1757, furent la principale caufe du naufrage du vaïifleau de la Compagnie des Indes, le Dromadaire, {ur la partie du nord-eft de l'ifle Saint-Vincent, vu qu'il croyoit avoir paflé fa latitude avant la nuit. La pointe du nord de l'ifle Saint-Yago eft par 154 18" au plus, & non pas par 1 $ $0' comme elle eft tracée fur la Carte de 1757. J'ai pour garans une latitude obfervée à la vue de cette pointe, & une courfe faite par le parallèle de 15440" fans la rencontrer ni lapercevoir. J'ai aufli obfervé en rade de la Praye, qui eft à la partie du fud de Saint-Yago, 14% 42° de latitude au lieu de 15 degrés que lui donne la Carte. Les vaifleaux qui ont deflein de relâcher à la côte du Brefil, Cc ii 3 Erreur descartes fur la fituationdesifles du cap Verd. Route pour relcher à la côte du Brcfil. Vents& courans périodiques a côte du Brefil, Inconvéniens de cette reliche, Ondoitpréférer la relâche au cap de Bonne- f'pérance ou à k baicde Fal(e. Hauts fonds & écueils vers la Ligne, « 206 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE foit à la baie de tous les Saints, foit à Rio‘Janeiro, ou bien à l'ile Grande, peuvent couper la Ligne par 25 à 26 degrés de longitude occidentale, & diriger leur route vers l'endroit où ils veulent aborder, en faifant attention pour attérer aux vents périodiques qui fouflent fur cette côte & qui y déter- minent ordinairement la direction des courans ou vers le nord ou vers le fud, Ces vents règnent du fud-fud-eft & de l'eft-fud-eft depuis le mois de Maïs jufqu'au mois de Septembre, & alors les courans vont du côté du nord. Au contraire, depuis le mois de Septembre jufqu'en Mars, les vents qui viennent du nord-eft & de l'eft-nord-eft, font prendre aux eaux leur cours vers le fud; c’eft pourquoi, dans le premier cas, on doit attérer au fud de l'endroit où l'on veut aller, & du côté du nord dans le fecond cas. Je ne puis m’empécher d'oblerver ici que les reliches à la côte du Brefil font extrêmement préjudiciables aux voyages des Indes & de Ja Chine; on s'expofe à manquer a deftina- tion principale par le retardement qu'elles occafionnent , fur- tout lorfque le temps du trajet eft limité, où du moins on rifque à y arriver plus tard qu'il ne convient. On peut ajouter à cette raifon celle dela perte des fujets par les maladies épi- démiques, qui font fouvent les fuites de cette reliche; c'eft pourquoi j'eftime qu'on doit y préférer celle du cap de Bonne- efpérance lorfque la faifon le permet; Fair y eft beaucoup plus falubre, les vivres en plus grande abondance, ainfi qu'à meilleur compte; & dans te cas d’un dégréement on y trouve plus de reflources. Je ne prévois que deux motifs qui peuvent faire opter en faveur du Brefil, la néceflité abfolue de caréner & la difette extrême de l'eau. On fait que l'ahord n'eft interdit au cap de Bonne-efpérance, à caufe du mauvais temps, que depuis le 15 de Mai jufqu'à la fin d'Août, encore peut-on alors aller ‘à la baie de Falle, qui en eft voifine & dans Jaquelle on eft en füreté pendant cette faifon. On foupçonne quelques hauts fonds au fud de Ha ligne ————————————— DE" S / SiCi' LUE INC ES 20 équinoxiale, vers Îes parages où on la paffe pour aller au Brefil, ainfi que fur ceux qu'on fréquente mal Y'propos au retour des Indes. Voici ce qui eft rapporté à ce fujet dans les Journaux. Le $ Février 17 54, on reflentit fur le vaifféau le S/houerte, commandé par M. Pintault, une fecouffe ou trembiement extraordinaire, comme f1 le vaifleau avoit touché fur un haut fond : il étoit alors $ ‘heures après midi; & fuivant la latitude quon avoit oblervée le même jour, ce danger feroit 20 minutes au fud de la Ligne, & par 234 10° de longitude occidentale, fuivant l'eflime continuée fur la Carte françoile depuis Ja rade de la Praye en l'ifle de Saint-Yago. Le 13 Avril 1758, la frégate 1 Fee, Capitaine M. le Houx, étant auf par 20 minutes de latitude fud & par 2 34 20’ de longitude, réflentit de femblables fecouffes. Le 3 Mai 1761, le vaifleau le Vailanr, Capitaine M, Bouvet, vit une petite ifle de fable à une heure après midi, elle refloit au nord quart nord-eft ; la latitude eftimée à midi, étoit de 23 minutes fud, & la longitude eflimée depuis Ja vue de l'ifle de Fer, que ce vaiffeau avoit reconnue le 8 Avril, étoit de 21% 30°. . Le 17 Oëtobre 1747, le vaifleau le Prince, Capitaine M. de Beaubriant, en allant aux Indes, reflentit une ou deux fecouffes, comme sil eût touché fur un haut fond; il étoit alors par 1% 3 5 de latitude fud & par 204 1 0’ de longitude, eftimée depuis la vue de f'ifle Brave, en attérant au cap Frio que ce vaifleau reconnut quelques jours après : fà longitude Saccordoit à Ja fituation réelle de ce Cap *. Quand on fait route vers la côte du Brefil, fi on aperçoit lifle Fernande de Noronha, il faut prendre garde que cette ifle n'eft éloignée que de foixante-deux lieues du cap * La fituation de Rio-Janeiro, | oul'iflot qui le forme, eft d’un degré tant en latitude qu’en longitude, a été exactement déterminéeen 1751, parles Obfervations de M." Godin, de la Caille & les miennes; ainft l'entrée de cette baie eft par 45 degrés de longitude occidentale, mé- ridien de Paris. Comme le cap Frio, plus oriental , il s’enfuit que ce cap eft par 44 deorés. À l’égard de la latitude, fuivant l’obfervation que j'en ai faite étant eft & oueft de ce Cap, il eft fitué par 224 54’ mé- ridionale, he Fernande de Norenhas fe de la Trinité. « 208 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Saint-Roch, & non pas de cent cinq lieues comme elle eft marquée fur quelques Cartes : cette érreur a penfé caufer la perte du vaifleau le Jengeur en 1757. J'ai dit ci-devant que les vents généraux sétendoient du côté du nord de la Ligne, & les vaifieaux qui vont aux Indes les rencontrent prefque toujours entre 1 & 2 degrés de cette latitude ; c’eft pourquoi ceux qui veulent continuer la traverfée, fans aborder à la côte du Bref, doivent pour cet effet pro- fiter de ces mêmes vents pour cingler d'abord le plus près du fud qu'il eft poffible & enfuite vers left, fans toutefois tenir exactement le plus près du vent. On fait que dans les longs trajets , lorfque l'éloignement des terres le permet, il eft plus avantageux de faire courir un où deux quarts largue, & qu'on gagne plus en viteffe qu'on ne perd fous le vent. Si les vents conduifoient tellement à l'oueft, qu'on eût connoiffance de l'ifle de la Trinité, on pourroit paffer entr'elle & les quatre iflots ou rochers, qui en font diftans de huit lieues à left quart nord-eft, ou bien à l’oueft de tout, fuivant la fituation où l'on fe trouveroit & les vents qui règneroient, Cette ifle eft à deux cents vingt-quatre lieues du cap Frio, par 209 25’ de latitude & par 324 45° de longitude occi- dentale; fon terrain eft fort inégal, & n'eft, à le bien prendre, qu'un amas de rochers avec quelques arbrifleaux dans les vallées ; le mouillage eft du côté de l'oueft à une portée de moufquet du rivage, par dix-huit à vingt brafies de profondeur : ont voit de ce côté-là un haut rocher en forme de pyramide; quoiqu'il paroïfle confondu avec l'ifle quand on vient du large, il en eft cependant féparé par un canal dans lequel une chaloupe peut pafler. On trouve de eau douce fur fifle de Ja Trinité, mais la defcente au rivage eft fort difhcile à caufe du refflac de la lame *, Après * Les Cartes, de même que le | même latitude (que la Trinité), « Routier portugais, placent une ifle | & diftante de cent vingt lieues de « entre la Trinité & la côte du Brefil, M la côte du Brefil; elle fut décou- « fous le nom de l’Afcenfion: voici | verte par Jean de Nove, en allant « ce qu’en dit le Routier portugais; | aux Indes en 1 501 : elle eft très- « g l'ile de l’Afcenfion eft par la | haute, & du côté du Nord il y « à une DRE S ASJCLR EINFE Ets 209 Après avoir paffé la hauteur de L'ifle de Ja Trinité, comme les vents variables qu'on trouve au-delà foufflent plus fréquem- ment & plus long-temps de la partie du nord que de celle du fud, on ne doit point en allant vers le cap de Bonne- efpérance, s'élever par une haute latitude fous prétexte d'y trouver des vents plus conflaus de la partie de l'oueft. J'ai déjà remarqué, & Je le répète ici, que l'expérience eft abfolument contraire à cette fuppofñition; ce n'eft qu'en approchant du cap de Bonne-efpérance , & tout au plus deux cents lieues en-decà quand on veut le doubler, qu'on peut fe maintenir entre 3 & 36 degrés de latitude, à caufe des vents de fud -cft qui foufient fréquemment en ces parages. à Après ayoir quitté ceux qui femblent être les plus ordinaires aux vents généraux , fi la route prend beaucoup plus du fud » a une anfe dans laquelle tombe » une rivière d’eau douce. Joint à » ceute anfé, il y a une caverne où » la mer entre; elle eft fituée au >» pied d’une haute montagne , en : » forme de pic ou pain de fucre, » qui répond à peu-près au milieu » de l’ifle. On voit à la partie de » l’eft une autre montagne à peu- » près de la même forme, mais » moins élevée, & ces deux mon- » tagnes font les plus hautes de cette » ifle. Du côté de l’oueft, il y a » cinq petits iflots ou rochers, dont » Je plus au large ef le plus élevé » & le plus apparent; il reflemble » à un vaiffeau à la voile. Cette ifle » eft déferte, couverte d’arbrifleaux » d'épines ; il y a beaucoup d’oi- feaux & de poiflons ». Malgré le cas qu’on doit faire d'une defcriptionauffi circonftanciée, plufieurs Navigateurs ont cru que cette ifle étoit la même quela Trinité, que l'inégalité de fon terrain fait apercevoir fous autant de formes différentes qu’on change de fituation à fon égard. Plufeurs de céux qui difent avoir vu l’Afcenfion, n’ont pu voir que la Trinité, vu le che- Jav, étrang. Tome V.. min qu'ils ont fait enfuite jufqu’au cap de Bonne-efpérance : de forte que j'ai cru avoir en mon particu- lier les mêmes raifons de douter de fon exiftence ; mais ayant appris que l'A fcenfion dont il eft queftion, avoit été vue en 1760 par M. Duponcel, qui commandoit la frégate la Rerom= mée , expédiée de l'ile de France pour aller à Rio-Janeiro, je crois devoir plutôt déférer à cette autorité récente qu'aux foupçons qui m'ont fait jufqu’ici penfer autrement. Ce Navigateur rapporte qu'ayant vu les quatre iflots qui font à left quart nord-eft de la Trinité, & pafié en- fuite au fud de cetteifle, après avoir fait environ cent dix lieues fur le même parallele, il avoit aperçu l'A fcenfons & qu'ayant fait encore autant de chemin vers l’oueft , il avoit attéré au cap Frio.'La capacité de ce Navigateur rend ce rapport encore plus authentique. : Il n’en eft pas ainfi desifles Martin- vaz, que les Cartes & le Routier portugais placent cent vingt lieues à l’elt de l’ifle de la Trinité ; ils en diflinguent quatre, dont trois fous le nom de première , feconde, troifième Route qu'on doit tenir de la hauteur de l'ifle de la Trinité au cp de Bonne- efpérance. Ifles de Triftan d'Acunha. 210 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que je ne le foupçonne ici & qu'on ait connoiflance des ifles de Triftan d'Acunha, il convient d'en pañler au large, quoique plufieurs vaifieaux aient paflé entr’elles fans y rencontrer de danger : les canaux qu’elles forment ne font pas affez bien connus pour y naviguer avec füreté. Ces ifles font fituées entre 374 10° & 374 4 s' de latitude méridionale, & environ 33 degrés à l'occident du cap de Bonne-efpérance, c'eft-à-dire à 164 30’ ou 17 degrés de longitude occidentale, méridien de Paris, fuivant le réfultat moyen des routes des vaifleaux. Elles font au nombre de cinq, & la plus haute fe peut aifément découvrir de vingt à vingt-cinq lieues en mer: on verra dans la note fuivante * ce quen dit le Pilote anglois, page 15, col. 7, @& l'Extrait lieues de la côte du Brefil, & je mai vu niles Martinvaz ni aucun indice qui m’en püt faire foupçon- ner la proximité; j'étois cependant pourvu d’inftructions des Portugais qui en afluroient Flexiftence, de même que la fituation, & qui aflu- roient qu’on pouvoit aifément les Les bateaux , l’Æirondelle & | apercevoir à quinze lieues de diftance POifeau , en 1731, ont parcouru | d’un beau temps. On pourra voir Martinvaz , & Vautre fous celui de left à l’ouet, par ordre de la le détail & les circonftances de cette de Sanéla- Maria-d’ Acofta , qui feroit de quatre-vingts lieues plus à l’occident ; ils placent leur latitude entre 20 & 21415". Pietergoos, fur la foi des anciens Routiers por- tugais, les trace entre 184 so! & ZOMMSÉ Compagnie, le parallèle entre 19 | Navigation dans le quatrième tome & 20 degrés de latitude, pour cher- | des Mémoires préfentés à l’Acadé- cher les Martinvayz, fans aucun | mie des Sciences, par divers Savans. fuccès. F M. Deflofers-Bouvet , en partant du cap de Bonne-efpéranceen 1739, a füivi le parallèle de 204 30’ jufqu’à Vifle de la Trinité, fans en voir aucune autre. En 1752, partant du même endroit, fur le vaifeau les 7reize- Cantons , que je commandois, j'ai parcouru , avec toute la précaution qu'exigent les découvertes, & princi- palement avec celle de ne faire route que pendant le jour , le parallèle de 204 ço' à 214 15’, l'efpace de fept cents vingt lieues, d’un temps îrés- ferein, jufqu'à quatre-vinets * DESCRIPTION de l'ifle Triflan d'Acunha. L'ile Triftan d'Acunha eft par 371 7” de latitude fud, & environ par 1012 de longitude ;du cap Le- zard (c'eft fans doute de la plus grande dont le Pilote anglois entend. parler) ; fes terres font bafles; à un à quatorze brafles de fond, & tou- jours en diminuant plus on approche, jufqu'à trois brafles près de terre : le fond n’eft ni fale ni mauvais, finon un peu au large des pointes : demi-mille de la côte on trouve treize- DUR es à SAC HIE)NICHENS 2115 du Journal d’un vaiffeau qui les a reconnues en allant aux Indes. Les approches de ces ifles fe manifeftent fouvent par de grandes branches de goimon qu'on voit flotter fur l'eau, & qu'on rencontre quelquefois fort loin en mer. En cinglant vers le cap de Bonne-efpérance, la variation , quand on peut l'obferver, eft d’un grand fecours dans ces mers pour conhoître à peu-près la diftance où l'on eft de ce Cap : je l'ai obfervée en 17 5 2 de 19 degrés nord-oueft dans la rade de Table-Baye , & je la crois actuellement de plus de 20 degrés; elle augmente en allant vers left, & diminue au contraire du côté de l’oueft. dans quelques endroits il eft très | EXTRAIT du Journal de le difficile de débarquer, y ayant tout Frégaté du Roi l'Adekïde, contre terre de gros arbres qui croif- commandée par M. Houffaye, ARTE fent fous l’eau, dont la tige vient - armée à Toulon en 1711, prefqu’à la furface de la mer; de forte 3 qu’en allant à terre on eft contraint allant aux Indes avec les vaif- deramier à force de bras pour fe dé- Jeaux du Roi l’Eclatant 7 le barraffer de cette efpèce de marais. Fendant, commandés par M. le Ontrouve de l'eau douce à une petite Chevalier de Roquemadbor. portée de fufil du rivage, mais le terrain qui y conduitefttrès-piérreux, de façon qu’il n’eft guère poffible d’embarquer l’eau qu'on y fait, à moins de mâter les futailles pour les renverfer bout fur bout, & pour cet effetil faut les maniér avec dextérité. On trouve dans cette ifle quantité de tortues, dont beaucoup font de la groffeur des veaux marins : comme DA qe: IC 1 elles ne font aucune réfiftance, on | trois lieues à l’eft ; la PIECE PARGIE peut ou les prendre vivantes, ou bien | avoir environ une lieue & demie d’é- Le 26 Marsi712, à 11 heures les aflommer à coups dé haches. II tendue, & la feconde , qui eft la plus du matin, on vit les ifles de Triftan d’Acunha; d’abord on en vit deux qui reftoient à l'eft & eft quart fud- elt du compas, dans un éloignement qu’on jugea être de vingt à vingt- deux lieues : ces Ifles font hautes, la plus occidentale l’eft moins que la plus grande, qui en eft éloignée de y a auffi beaucoup de bois , & parmi grande, trois lieues & demie : on les rochers nombre de fources; on | les approcha à CHR fix lieues, peut dans quelques endroits mettre & on LCA Ua cles font arides à terre: on n’y trouve ni cochons, | & efcarpées. apreniae forme un ni chèvres, ni aucune créature qui | 8'0S morne, allez femblable pObE ait vie, fr ce n'’eft la tortue & une | l'apparence à un tas de foin, & fui- "1 ÿ LE trouvre dans cet endroit, m'ont femblé indiquer que la peau eft là moins épaifle qu'ailleurs, & qu'ainfi l'air y peut avoir plus de facilité à s'échapper. J'ai été encore confirmé dans mon foupçon par l'expérience que vous avez faite, de plonger de ces chenilles dans l'efprit-de-vin; vous avez vu, Monfieur, alors beaucoup de bulles d'air s'élever de ces faux ftigmates. Sans douter le moins du monde de la vérité de ce fait, j'ai été bien aife de fairé moi-même lexpérience : je n'ai pu par- venir à rien voir de bien concluant ; les bulles qui font forties ne m'ont pas paru fortir plus de ces faux ftigmates que du refte du COrps ; quelquefois même je n'y en ai vu aucune: mais comme J'ai penfé que les poils dont chaque faux ftigmate eft garni pouvoient contribuer à m'empêcher de bien voir, j'ai jeté dans la liqueur quelques-unes de nos chenilles, dont Favois foigneufement cpilé les faux ftigmates. Pendant qu'elles sy font agitées, j'ai obfervé quelques petites bulles fur plufieurs des faux fligmates ; j'ai cru même remarquer qu'il en eft forti principalement de ces deux efpèces d’enfoncemens, que j'ai dit être aux deux extrémités de l'ovale, mais les plus DPE ST OC MPMENN CO EEE GS groffes font forties conflamment de la bouche, de l'anus & du deflous du ventre: j'ai vu auffi la tête s’en couvrir, mais ces bulles n'étoient pas plus groffes que celles que laifloient échapper les faux fligmates du dos. J'ai obfervé à peu-près la même chofe dans celles de mes chenilles que j'ai plongées dans l'eau , ‘après avoir épilé, comme à mon ordinaire, chaque faux fligmate ; quelquefois il m'eft arrivé de voir paroître une affez groffe bulle aux environs du premier fligmate, mais fans que je pufle difcerner fr c’étoit véritablement de celui-ci qu'elle fortoit, comme les apparences fembloient l'indiquer. J'ai effayé quelquefois de preffer l'infecte pour voir fi je forcerois quelque bulle à s'élancer des faux fligmates du dos, comme j'en ai fait fortir par ce moyen des ftigmates du papillon de fa chenille fingulière du faule, mais ç’a été fans effet, au moins bien fen- fible ; le fuccès a été le même par rapport aux vrais ftigmates. J'ai fait encore l'expérience d'appliquer de Fhuile avec un pinceau fur chacun des faux ftigmates du dos; la chenille n'a pas paru en fouffrir; mais lorfque je l'ai plongée toute entière dans l'huile, elle s’y eft beaucoup agitée; & l'en ayant retirée prefque {ur le champ, je lai vu marcher quelque temps avec vitefle, après quoi elle eft tombée fans mouvement & fans vie, J'ai remarqué au refle que de celles que j'ai plongées ainf dans l'huiie, il y en a eu qui ont rendu quelques petites bulles d'air par les faux fligmates, & principalement par les deux bouts de lovale qu’ils forment. Une autre expérience que j'ai tentée fur ces chenilles, c’eft celle qu'a faite M. Bazin & qui eft rapportée dans les Mémoires de l'Académie pour l'année 1738 ; favoir, d'en ouvrir après les avoir huilées à fond & leur avoir ainfi donné la mort: j'ai vu même dans des chenilles étouffées depuis environ une heure & ouvertes fur le côté, l'intérieur fe ranimer en quelque forte, fe donner des mouvemens pareils ou analogues à ceux d’une chenille qui veut marcher, mais je n'ai pas vu la même chofe dans des chenilles de cette efpèce ouvertes quelques heures plus tard, après avoir auffi été étouffées », PSS A n ñ a ñ 304 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OLD SEEUR. VA TP ORAN T ASTRONOMIQUES, Faites dans l'Obférvatoire de la Marine , à Paris, pendant l'année 176 2. Par M. MESSIER, attaché au Dépôt des Plans de fa Marine, des Académies d'Angleterre, de Hollande & d'Italie. ES Obfervations ont été faites avec plufieurs Inftrumens; favoir , les paflages par le méridien avec un très-folide inftrument placé dans le plan du méridien, qui eft un fort bon télefcope newtonien de 3 pieds 2 pouces de foyer; il y a à ce télefcope deux oculaires, placés l'un au-devant de l'autre & qui fe touchent prefque; la fomme de leurs foyers réunis n'a que onze lignes & groffit quarante-deux fois le diamètre de Vobjet. Il eft garni d’un micromètre avec lequel on ut obferver, avec autant de facilité que d’exaditude, les différences de déclinaifon des Planètes avec les plus petites Étoiles fixes. Par rapport à fa pofition dans le plan du mé- ridien, elle eft fr exacte que l’on peut être affuré d'avoir les temps vrais & moyens des paffages par le méridien jufqu'à la précifion d’une feconde, lorfque les nuages n'auront pas empêché d’oblerver lès paflages du Soleil par le même Inf- trument ; & fa pofition dans fe plan du méridien a été vérifiée par des hauteurs correfpondantes du Soleil, prifes fréquem- ment dans tous les temps de l'année, depuis douze à treize ans que cet Inftrument a été placé, par M. de fffle, fur un appui fort folide. Les autres Inftrumens qui m'ont fervi hors du méridien, font deux télefcopes, lun newtonien de 4 pieds & demi de longueur, fait en Angleterre par George Hearne il y a plus de trente ans, garni d’un micromètre à fil de foie; if groffit foixante- fix fois le diamètre de l'objet. Il m'a fervi à obferver l'Éclipfe de Lune du 8 Mai de cette année. : L'autre PP EP US TT DES SCIENCES. 305 L'autre télefcope eft grégorien, ayant 30 poucés de foyer, & groffit cent quatre fois; c'eft un excellent Inftrument , peut-être le meilleur de ceux qu’on a faits en France de cette longueur, comme on peut aifément en juger par cette grande amplification comparée à la longueur de fon foyer, aufli-bien que par la grandeur de fon ouverture, qui eft de 6 pouces : il repréfente les objets céleftes avec la plus grande netteté, Je m'en fuis fervi pour obferver les occultations des Étoiles fixes par la Lune les plus difficiles, de même que pour les immerfions & émerfions des quatre Satellites de Jupiter. La pendule qui a fervi aux Obférvations que contient ce Mémoire, eft de Julien le Roy, M. de lfle fe l'étant pro- curée à fon retour de Ruffie en 1747: depuis ce temps elle a été conflamment réplée fur le mouvement des fixes, & fa marche a été aflez régulière. Le r.% Odtobre de cette année, quelques minutes avant midi, on a avancé l'écuille des minutes de la pendule, de 17 minutes fans toucher à celle des fecondes; c'étoit a quantité qu'elle retardoit à peu-près fur le mouvement des fixes depuis le 29 Août 1761 qu'on y avoit touché. L'article IV de ce Mémoire contient les Obfervations des paflages de la Lune au méridien, obfervés en 1762, avec ceux du Soleil & des Étoiles fixes qui ont paffé près de fon parallèle ; les différences de hauteurs prifes en même temps, ont été mefurées fur un demi-cercle de 3 pieds & demi de diamètre, attaché folidement dans le plan du méridien, & qui eft divifé de 10 minutes en 10 minutes. L'Obfervatoire de la Marine eft 52 fécondes au Nord de l'Obfervatoire royal, & 272 fecondes de degré à l'Orient. Say, rang. Tome V. : Qq 306 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ANPRAÈNSC CLIENT OBSERVATIONS faites dans l'OL fervatoire de la Marine à l'hôtel de Chigny: à Paris, pour l'oppofition de Mars au Soleil, annoncée dans la Connoïfance des Mouvemens Celefles , pour le 1 $ Avril 1762, à 2h 20° dy matin. Le centre de & a toujours été obfervé au méridien avec les Étoiles « & x de la m, de la 1." & 4.° grandeur. EEE SENS SSII RENE EE RE EEE FRE AMIAPES DirrÉrencE | TEmPs vRAt | DIiFTÉRENCE | DiFFÉRENCE ë ; des de ges des pañlages des paffages des pañlages de RAS 0 1 LS = entre Îc centre a nuit du I GHANA PENDULE.| à Ja pendule. au méridien, en temps vrai. | de Mars & l'étoile. A VRIL. coment | "cnrs | ecceooccaran | eme Paff. du cent. de g' au mér:|13. 36. 50+ ,ÿ12+ 224 174 3 Pal, de l'Étoile & dela m.l13- 9. 24 (°° 27° AGENT re NS Le UE Différ. de haut. g' fupér..|.......... | = Le 20. a Le Le 29 4+ ; or a wremalllos 585009 | Paff. du cent. de g' au mérid.| 13. 36. $o PaiT de l'étoile x dela m.|13. 56. 57 Différ. de haut. g° fupér.| ......... La nuit du II au 12. Paff. du cent. de gt au mér.|; Ce à Paff, de l'étoile & de la m. 13% 09e tu Différ. de haut. &* fupér. “nie de Mars au mérid…... 1320 vi Paff. de l'étoile x dela n9.| 13. 56 55 Différ. de haut. g fupér.|. “ti: 1. 3e 24 La nuit du 14 au 15. Paf. du cent. de g aiwmérid. | 13. 30: s1+ PaiT. de l'étoile & de la m. 32-1900 CORER EE Diff. de haut, g* fupér. ) F7 tree La nuit du 15 au ré | | F: Fe | 1 Paff. du cent. de & au mérid.| 13. 29. 18+ 11. S6. 224 190: 20. 13+ 5°: 45 Pa. de l'étoile & dela m.lr3. 9. 5$+ AURA urt 36. 34 0. 20. 11 Différ. de haut. g‘ fupér.|...... Dee | DRE DEN] RE RS Â.. É 2. 13: 14 PafT. du cent.de gt au mérid.| 13. 29. 18+ 11. 56. 45 Paff. de l'étoile x m.. ... 13. 56: 39 SES EEE 24e CN Cdi Difkr, de haut, gt fupér.. Pass | Sie NPD ut E Ve r2 Bot DES SicrtÉNie ps 307 A RUDULICUE EN UNE Oëférvations faites au méridien, pour l'oppofition de Saturne au Soleil, annoncée dans la Connoiff. des Mouvemens célefles , pour le 1 4 Olobre x 762,a 1! du foir, Le centre de Bb à toujours été obfervé au mérid. avec les étoiles & %, y & a dela Bafème, & y de Pégafe. TEMPS DirFÉRENCE | 'Temrs vrai | Dirrérence | Différ. de haut, des Pafliges HR à entre le ; es paflages des pafläges des patlages | ent dela Planète La nuit du 11 au 12|PENDuLE. |à la Pendule. au méridien, | en temps vrai, & l'Etoile, OCTOBRE. PTE EEE 2 . de l'étoile æ des x ....| 1.49. 32 A r2 are D Sr apr ieri4 de Le 26. 7441 à ; € 26. 33 Diff. de haut. cent. de b fup.|......…. soufre... PART fSRaeESe 4 8.25 PafT. de l'ét, y dela Baleine..| 2, 30. 1 îr 7. ni 22. 12 fr PIN Palfige deb en Lun 1.22. 26 2. 144 31 Différ. de haut. Bb fupér.| .......,,. RARE | SÉRIE AA 3: 31. 45 Paff. de l'ét. & dela Baleine..| 2. 49. 10 Ê. 26. 44 je 2 d DER Paffagede b...,....., 1. 22: 26 12. 14 31 Différ. de haut. b fupér.| .......... | MS 1 Line à RRQ OL SAT La nuit du 12 au 13. | Paffage du centre dé bi: #5 1.22. 6 Fe At mr 10, 32 { De | Paflage de y de Pégafe...| 0. o. 17: dio. 48. 56 Dif. de haut. étoile fupér.| ...,,..... fes... ARE l'ardéocene 8. 8. 36 Paffage de l'étoile æ des X..| : ï Page du centrede b.,| 1 A 6 da 26. 55 fe 4 ss Lo 26, 51 Différ. de haut. b fupér..|...,...,... | MPADUER ist | sense. 4 6. 39 Paff. de l'ét. y dela Baleine.| 2. 30 1$ Î: ae L 18. A gr PafagerdeNb}. 4 1,22. 6 12. 10, 32 APE Différ. de haut, B fupér.|........,. | SO DO Gate fine RER E EP EN Es ds 3- 29. 59 Paff. de l'ét. « de Ja Baleine.| 2 Tale Pifpedet. 0.7 1 “e 6 { 27: 40 LA À 26. 48 Différ. de haut. b fupér.| . dé in oi | GAPRA EE EE ANA dax 2, 34x 29 La nuit du 13 au 14. | FafhipedeMDE AE -0. 5 f vs a1. 30 je: 6. 31 1 Paff. de l'ér, y de Pégafe.| o. o. 14 (10. ASeU3e Le T7 Diff. de haut. étoile fupér.| ...,,...., | L rt ea MT CE So né La nuit du 19 au 20. | Pafflage de! DIRE UNE T. 19. 45 be 19. 45 LA Paff. de l'étoile > de Pégafe.| o. 0. o 10.22, 50 p'° 19: 327 Différ. de haut, étoile fup.| ...... s.. , ap) 4 Le stream Me eu ie 8-21. tar Paffage de l'étoile & des X ..| 1. 48. 12. 11, 18 Page CONS AE ge cr de M ni 4e 28. 552 Difiér, de haut, b fupér. PATENT rare | ee : 3: $4 13 « 308 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE APRATATNC LUE" TNE OBSERVATIONS faites au méridien, pour l'oppofition de Jupiter au Sokil, annoncee dans la Connoiflance des Mouvemens Célefles , pour le 2 9. Octobre 1762, à 3" 20° du matin. Le centre de Jupiter à toujours été obfervé au méridien avec Ies étoiles a du Bélier, ; de la Baleine, & > de Pégafe. É Etes | Dirrérence | Pemps vrat | Dirrérence | Diffr. de ra FR TES des pafläges des paflages des pafläues RO La nuit du 27 au 2 S'PENDULE, | à la pendule, au méridien. | en temps vrai. & l'Etoile, OCTOBRE. rar nr Vonerenlemerrers (EDS MES Paffage de % au méridien .,.| 2: 14: rl 22e 324 12° 7: 16 Vo. RAS Paffage de lét. & du Y%.,.| 1-52. 20 11. 44e 477 Différ. de haut. ét. fupér. tn ste LE ed. la re] oies | 10.012, 1x Paff. de l'ét. y de la Baleine.| 2: 29. 30 3612.21. 52 O. F4 373 4 Pañage de Jupiter... ..…. | 2. 14 523 N 7 12. 7 16 ke 4: 36 D'iffér. de haut. 1 fupér. crade me 0e pielelole loto ele tools sie es le cie «nur rep 9. 54 49 La nuit du 6 au 7 NOVEMBRE. Paffage der et een GP ||E SC RO Kite 22099 ë Paff. de l'ét?y1de Pégafe 23. 59. x (019 9%) 0.13. 6 RES Différ. de haut. ét. (hpé) SHARE Fes. cecage ESSOR Paffage de Jupiter... | 2009110 É( 22-055 ÉD E OST NET 0. 47e 17 Paif. de l'étoile & du %...| 1. sr. 492 Lie Se 310 Différ. de haut. ét. fupér.. | ........ secs |. .. ce fasses 10. 38, 4 PafT. de l'ét. y de fa Balcine. | 2.29. o! 11. 42. 40% Pafige de Jupiter. … ... a. No ro (ir 12050 ue ne EDR Différ, de haut. 77 fupér.|....... . COLE EE EECEEE EEE PEREEEE | 9. 28.57 La nuit du 9 au ro. ! Paffage de Jupiter... ,.. 20 7 31+ Tr. 9. 19 PafT. de l'étoile & du y... | 1. sr. do (° 15 51%) ro. 53° 30 Lo. LE Différ. de haut. ét: fupér.. |... 2. ÉD ve | seche | Sem actere 10. 45+ 31 Paff. de l'éroiley de fa He 2.25. $1 ( ee) LOSC ER Palace del NZ 7 Ge Li AMC = j: - L Dé, de haut. 3 tapé. error | cnnneteféedensese 9e 21. 30 ‘ DIE S SCIENCES, 309 ANRT ENTCNTLE IEMIENE OBSERVATIONS des pafages de la Lune, du Sokil 7 des Etoiles fixes par le Méridien, avec leurs différences de hauteurs apparentes ; prifes en même - temps. 2 | yours DE MPS' | en vrai | DirréRENCE| 1762! de | il été el % Nous DES ASTRES. . [Mois |PEN D ULE.| au méridien. hauteur. etienne HEVR er arr ose 22 SUR nn 1. bord de la Lune au méridien, le {oir. 2.29. 26+|......:.5.| 10.14 3|Baleine y infér.au bord'infér. de la Lune. 4 20, 45rlreee.s.s 3. 33- 41 | Aldebaran fupér. au méme bord de €. $ | 6 6. 5711.........../1 4. 26. 18! Pollux 4e inf. au bord füupér. de la Lune. és e 8+| 9. 3. 212 Need 1 €" bord de la Lune, le {oir. J 6.22. 235... +....| 10. 28. 26|Pollux y infér. au bord fupér. de la Lune, 6. 27. 43+lers.sreu 1. 42. 12 | Caftor € infér. au mème bord de la Lune. 02 uzs 19. S5+leesm..... 13- 54. 9|Corbeau dinf. au bord inf. de la Lunc. 12,27. $8 |........ de 1. 9. 131 m > fupér. au méme bord de la Lune, 12, 36. 3S 2. 85. 7 |..........12.4 bord dela Lune, le matin. 21. 42. 57 |... ...1..........|Paffage ducentre du Solcil au méridien. 17 -|16, 56. $9+| 6-55. ap ses... 12.4 bord de la Lune, le matin. p as ET see Rpossoosee Centre du Soleil. Mars. $ 6. 58.13 FACE CEE 1e 11." bord de la Lune, le {oir, 7e 344 den .…...| 4. 39. 48/1 d'infér. au bord füupér. de la Lune. 7e 244 40 |resssrs.s 21, 1. 27 | Procyon infér. au mème bord dela €. AVRIL.| 2 7. 40. 54 | 6:55. 5651..,...,...|1.° bord de la Lune, le foir. 8.26. 35 |‘... 2058020 l'Afne bor. y inf. au bord fupér. de la € 8.28. 17 re 7... 42 24 [l'Afne auftral d'infér, au même bord. $ Os 43 lee b emails cul Centre du Solci. 10. 3.49 |- SAGE 8. 40 29|Lion y fupér, au bord fupér. de & €. | | 10. 43. 49 | 9:47: 44%. e 2 1." bord de la Lune, le foir. 1015825 nee es. 9.28. 4|Lion d\ fupér. au même bord de Ra €. 291] 2.22, 9, |-:--....., ......... le centre du Soleil. 7- 19-45 | 4-56. So1|........ . 1. bord de la Lune, le (oir. n. Mal... 3 |11. 16. 50 | 8. 38.26 |..........|1.° bord de la Lune, le foir. ‘4 RU 7 lemme eee 7-37" 35 tb l au bord fup. de 14 Lune, ! 60102-48000 her -rsillee +... [Centre du Soleil. h 13/51 NO LL NT Ales e [1% bord de fa Lune, le foir. 4 13: 55-14 |........] 2,24. 1$|Vierce x fup. au bord füup. de fa Lune, ti : 14 OM are ten re A LE 42, 20 | Vierge À infér. au bord fupér, de la Lune. Qq ii EPST MER TT CS OR TR Jours des Mois. 1762. 28 22. JUIN... I 30 310 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE TEMPS | Temps vrai | DiFrÉRENCE à Re de Noms DES ASTRES. PENDULE:| au méridien. hauteur. am lee | DOM 22 820 47 renesessllessenes ee Centre du Soleil au méridien. 14 43: 2H 11: 49. 43zle.s....... 1, bord de la Lune au méridien, le foir, 14150 MIE eme 8. 48. 10 | Balance B fupér. au bord fup. de à €. Ts 12e Name none 3. 19+ 5 |Balance y fup. au même bord de la C. 22.48. 36 | 7-18. 39 |...... 2. « [21 bord de la Lune, le matin, 3. 30.43 |--........ 32. 18. Fo fup. fup. au même bord dela €. 4.10, o |.......... 3° 38. 18! ©. bord fup. inf, au bord fup. de la €. Sr 7 3 50. 59 |... 2. 1,7 bord de la Lune, le foir. 4e 13e 57 |ecrcc..... 0. 20. 46 | ©. bord fup. fup. au même bord de la Ç. 9. 44 | 4 50. 4sfrrses.s... 1." bord de la Lune, le foir. 4e 17e 56 |... 5- 40. 56| ©. bord fup. fup. au même bord de la €. 10. 3.43 | 5-44 50%|.......... 1." bord de la Lune, le foir, 429: 55 |----....e.. 25: 22. 26] ©. bord fup. fup. au même bord de la €. 12.40. ÿr | 8e 9. 34rl.......... 1.7 bord de la Lune, le foir. 12. 43e 19 ee... 15. 14. 27| m € fupér. au bord fupér. de à €. 12. $0. 322/e-es...s 1. 15. $8| 1m 4 infér. au bord fupér. dc la €. PRE ONG 110 9 O0 Er OPTIQUE le centre du Soleil. 13. ÿe 30 |--.-....... 0. 30. 16|m «æ inf. au bord fup. de la €. 13. 30. 56 8. 55-32 |--........ 1." bord de la Lune, le foir. 13e 0e 13 il Jonoore 0. 16. 25 | m x douteufe, fup. au bord up. de la €. 4e 37e 55 ler... 37: 54: 38 | ©. bord füp. fup. au même bord de la C. 13. 58. rl... 3. 1. 10! nm À fupér. au bord fupér. de la €. 14. 21. $4 9e 42. 271 |seusreis.s 1." bord de la Lune, le foir. 14. 30. 28 |+-sesre.e. o. 14. 55 | Balance fupér. au bord fup. de là €. 4. 41. 56 |+-........ 43. $- 4|O©. bord fup. fup.au même bord de la €. 1$. 14 42 |10+ 30. 59È1--........ 1. bord dela Lune, le foir. 15e 38. 55 freres HSE 1. 34 12] m d\infér. au bord fup. dela €. 15e 44. 15 Jesse... 1.12. 52|m Ê fup. au bord fup. de la €, 4e 45. 58 |+........ 47. 9- 8|O©. bord fup. fup. au même bord de la €. 15. 59 17 ess... o, 40. 53] m © infér. au bord fupér. de la €. 16. 7.22 es... 1. 33. 30] m & infér. au bord fupér. de lh €. 16. ge ær |1t.21. 48 1.......... 1.7 bord de la Lune, le foir, 6. 23.26 |... lose. le centre du Soleil. 13.13.11 | 6.48. 36 |.......... 1° bord de la Lune, le füir. 6. 27: 29 |-esperrse 37. 8. 56| ©. bord füup. fup. au même bord de la €. 14. 3e 34 | 7: 34e 48%l turcs 1,7 bord de la Lune, le foir, need nn à cmt mé naine APR ERP TRE CESR SERRE Ie LU AOÛT: SEPT. Jours des Mois. 13 17 PE 26 Le 2 12 2 25 | re ee | D'E S EE 0 RPC AE 0. 17. 37| Balance } infér, au bord fupér. dela €. 6. 31. 32 + | 42: 20. 24| ©. bord fup. fup. au méme bord de la €. 14e 55e 11 SNz2-n40l eee or bord de la Lune , le {oir. SECHE SERRE LE 2. 58. 411 m À infér. au bord fupér. de la Lune. DANONE isie lee see CIE 0. 11, 19|1n 8 infér. au bord fupér. de la Lune. LR OPALLEE CA AMEN AS CONTE 13. m y fupér. au bord fupér. de la Lune. GORE D NAS AREAS 46. 31. 45 é - bord füup. fup. au même bord de la €. (LE LR TAC PE AS ERA 13. 17. 19| np & fup. au bord fup. de la Lune. r3e v4-oMn:sttel. | 13-23. 30|d cent. le cent. iup,au bord fup. dela €. HO4 PE MAO Ml = Ier er 2 Lee 4+ 4. T9 z & fup. au bord fup. de la Lune. 15. 48. 45 DRAC ace «7 bord de la Lune, lc foir. LOS PSS TENNIS Eve niet 2. 39- 14m @ inf. au bord fup. de la Lune, O2 Te 22 À] Se 25 SO ee coenms ee 2.4 bord de fa Lune, le matin. POLE ÉPETERES - 22. 1. 47) ©. bord up. fup. au même bord de h Ç. 339245 MN 6 Ma srl. 2 2.-bord de 1 Lune , le matin. TS MAO de Net 3: 38. 38| ©. bord füup. fup.au même bord dela €. Su" me ASUe Nantes 12. 9.23 | ©. bord fup fup, au même bord dela €. SRE NS Dre Ales solcersrole 1.% bord de la Lune, le foir, OZ OM Rte L'ÉCTRTE +... [Centre du Soleil. 12: 53-22 | 4-42. 16%|..,...,.11.% bord de la Lune, les nuages empêchent (re prendre fa hauteur fe {oir, BH NNOmezr is read 1. bord de la Lune, le (oir, 1027060 A ha wrer colee 1.40. 7 # c (up. au bord {üp. dela Lune. Bras ts n MeR ne 43: 27: 21] ©. bord füp. fup. au bordinfér, dela €. 20. 7. 34 |11. 24. 44 |.......... 1.7 bord de la Lune, fe foir. D) LORS GTR TER ETES ETS 7: 58: 48| % > fupér. au bord infér. de la Lune. 21.21, 3 |.......... 8. 30. 23| 3 d\ fupér. au bord infér. de la Lune. r023 0 Een 00 22: 32. 32 | ©. bord füp. fup.au mémeborddela €. bin aie 48 ne hu de. 3: 18. 26| ÿ > infér, au bord fupér. de la Lune. 245 MB BB li dien tie 2. 46.441 7 inf. au bord fup. de la Lune. 22. 16,42 |11.44 17 |. ++. [1% bord de Ja Lune, le foir. S- 49-46 | Ga. 31 |.,........ 2.4 bord de la Lune, le matin, ROLE ES EEE Cl PPS Le Le Centre du Soleil. Ti AA MP rer eMenlee tapes ae Centre du Solcil, 4:36. 17 | 14. i50.:4821......,... r.% bord de 1 Lune, le {oir. Le S1e 50 Joussrsssse] 28.16, 14! ©. bord fup, fup. au bordinf, del €. S'HENR'ESNR UC ENS TEMPS | Temps vrai |Dirrérencr| à Ja RENE à de ta pair. de a € E IPENDUI E| au méridien, auteur. DIF Noms DES ASTRES. I 312 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE APTE RTE D LL GOONOR SI TE CPC NET 0 jours | TEMPS | Temps vrai | Dirrérence dé des de | rte de Noms DES ASTRES. Mois. | PE N DULE.| aù méridien. bauteur. fnæameneses | cannes | ns orssremeee | mremerrneecss | ON ET TN RE SEPT.…| 25 RO PEN OT ON TE Mn 1, 13. 11] »# Ü infér. au bord infér. de la Lune. 18-02-0020 |... ….... | 1. bord de la Lune, le foir. THB ONIE EE terers o 58.22|» 7 fupér. au bord infér. de la Lune. DO Sa eee reel 7-33. 56!» 7 fupér. au bord infér. de à Lune. 29 |12: 6. o |.......... 14. 26. 54| ©. bord fupér. fupér. au bord inf. de la €. | AE SONO EL2NIEERERE EE. 1." bord de la Lune, le foir. 3o |22. 24. 53 |.......... Se 34- 15 |# d\'infér. au bord infér. dela Lune. 22. 44 2 10-38-2200 e Pere ..|1.% bord de la Lune, le foir. OCT 1 12. 30. $ |.......... 2. 52. 1|O©. bord fup. fup. au bord infér. de la €. 23e ADN cleinrele potes 1.26. 53 | x @ infér. au bord infér. de la Lune. 22 AN 2z DU 7 |EPeREI CRE 1." bord de la Lune, le foir. 205-687 MIe0e ce ....[.,........|Centre du Soléil. 0 3 O4 UN US 7 Line ecE Centre de la Lune, le foir. 20 7e 5 le... 4. 33- 58! Baleine o chang. inf. au bord fup. de la C. 2.270 3 mener relie 1. 12. 24| Baleine d\ infér. au bord fupér. de la €. $ | ï 41.10 |.......... 7- 26. 58 | Bélier B fupér. au bord fupér. de la Lune. Ie 49. 23 |-......... 10. 34. 42 | Poiflons & infér. au bord fupér. de la €. AN TEE ÉZO NUS lire een 2.4 bord de la Lune, le matin. 12044208] 0ter-ctr 16. 44. 29 | ©. bord fup. infér. au bord fup. dela €. 8 | 4 21. 47 |..........[ 9. 33. 49 | Aldebaran infér. au bord fup. de la Lune. PO A PRE corne 2.4 bord dela Lune, le matin, 124 55. 12 |--........ 31. 17. 27| ©. bord fup. infér. au bord fup. de la €. 12 lie 22200 eee +. | 16. 23. $3[ D centre. le centreinf. au b. inf. dela €. 1. 49. 37 SARL EC 32. 16| Poiffons & inf. au bord inf. de la Lune. 24 30: 17zf-+see +... 19. 55. 33 | Baleine > inf. au bord infér. de la Lune. 2.49. 10 |..........[| 19. o. S8|Balcine « infér. au bordinfér. dela €. 8.55. 33 | 7- 46. 28+1.,.........|2.4 bord dela Lune, le matin. 29 [14 13. 19 |.......... 10. 59. 36[ ©. bord {up. infér. au bord infér. dela €. oo 11e20|N0 156-534. c-cee 1. bord de la Lune, Île {oir. NOV. 12 [12.17 51 | 9. 9. 594 .. [2.9 Bord de la Lune, le matin. 15e 02120] mel eeoe 17. 10. 43 | ©, bord fupér. inf. au bord inf. de la €. 19-8370 2 Are .......|Ccentre du Soleil. 18. s4. qu | 3. 17. 5 |.,.....,.. | 1.97 bord de la Lune, le foir. D OS LOONI ORAN égouts ... [Centre du Soleil, 19e ST 55 N4TO- 20] ER [1% bord dela Lune, le foir. 2 lez 5948 fu, 2 57. 25 | ? infér,au bord ipfér, de k Lune. 1762: OS te Ex de — té out + mb onde") D DE «DES SCIENCES, 313 RE ERA TD LE DESINE MERE ONE EVENE ns | TEMPS | Te mpS Vrai | DIFFÉRENCE 1762. de | àh [éranel de |Nons Des AsTREs. Mois. |PEN DULE, pe méridien, | hauteur. Nov..….| 25 l23. sr. 447. 48110}. 22.4 2] rTbord dela Lune, le Loir. DEG. Mitolenas So: 541] 745. 651... [2.4 bord de a Lune, le matin. (ar On AE AR SEA AE S: 31. 53] m @infér. au bord infér. dela €. ET |13 «9. 19 SCC DUNCAN «| Vierce &. 12147200 Et le oo ....| Vierge €. 13. 42:29 | 8.32, 10 |.......... 2.4 bord de Ia Lune, le matin. \ UT EN EE EE 10. 45. 58 ©. bord fup. infér. au bord inf. de la €. DELA OMIE TEE OLIS 1. bord de la Lune, le foir. CRE OC PR RO PRE SC ET 59- 23 | ©. bord fupér. inf. au bord inf. deja €. ZEN S 7er Dallas r 15: 3- 22|Pégafe > fup. au bord inf. dela C. DES NOT 2 2e lle Lie ten 1. bord de la Lune, le (ir. Î 25 |18. 12. 52 prete... 33: 31° 47} ©. bord fupér. inf. au Eord inf. dela €. DOMRIEELT dr RS ENT RARE ÿ+ 46. 42] B centre. lecentreinf. au b. inf. dela €. 1.36. 59 |..........] 744 s|Bélier; füup. au bord inf. de la Lune. 1: 4$. 07] 7e 30. 451|.......... 1." bord de la Lune, le foir. LES AP AS D rl en ree =icte 0. 13. 38! 7% centre. le cent. fup. au b'inf. de la Ç. 2. 27.26 |..........1 8. 10:21 |Baleine } infér. au bordinfér. de la Luné. AE ulEPENNS s.f38 56. 11]. bord füp. inf au bord inf. de 1 Lune. RE aire a0ate .. | 22. 45613 | Lyre fupér. au bord infér. de Ja Lune, | M2253;750 M6 TS are lee. 1. bord de la Lune, le foir. | 2.4.6: 100): ps. 2e. | Mnl2t 41. 291 Baleine & infér. au bord infér. dela €. RTE EL CTE DITES AÉRN TENU CARS LE NC OBSERVATIONS des Occultations des Étoiles fixes par la Lime, faites avec un télefcope grégorien de 30 pouces de foyer, qui groffit de cent quatre fois. Temps vrai. 1762. FÉVRIER.| 11 |oh41t 56"2|limmerfion de l'Étoile double de y de la Vierge par Je bord éclairé de la Lune ; bonne obfervation , quoiqu'il y ait du brouillard, Je n'étois pas au télelcope dans le temps de lémerfion. AvRil….| 7 |6.56. 193 [Immerfion de fa première étoile 3 de Ja Vierge, qui eft Ë À FREE double & qui efkla plus feptentrionale par le bord obfcur ” de la Lune. : | 6: 56. 254|Immerf, de la plus méridionale, vis-à-vis Héraclides, ? Say. drang. Tome V. RUE 314 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE EEE EEE SRE TEEN, LEE RÉ ÉELENTEZ + Temps vrai. 1762, AVRIL,.| 7 [7h34 14 Émerfion de la plus feprentrionale du bord éclairé de la Lune vis-à-vis la tache de Hermès. 7e 3422 Émerfion de la plus méridionale ; ces quatre momens ont été obfervés avec tout le foin imaginable, M. Caflini obferva en 1720,le21 Avrilau matin, une femblible occultation de la même étoile, avec une lunette de 16 pieds; il en a tiré des conféquences , tant pour l'atmofphère de la Eune que pour la grandeur des Étoiles. Voy. fon Mémoire imprimé dans les Mém. de lAcad. de 1;;20, page 141. ART Fr CALME SAV]. OBSERVATIONS de l'écipfe de Lune au 8 Mai 1762 au matin , faites avec un télefope newtonien de 4 pieds à demi de grandeur, qui groffiffoit Joixante-fix fois , auquel étoir attaché un micrometre à fils de Joie. Le ciel éoir parfaitement ferein, à l'ombre bien terminée. TEMPS VRAI. 28 12° Oo” | a pénombre fur la Lune paroit déjà fenfiblement. 2. 22. O© | elle eft fort augmentée. 2.N2 4 IUT l'Éclipfe paroît commencer, 2. 25. © | commencement certain. 2. 30. 11 | l'ombre éclipfe Galileus. 2. 30. 46 | Ariflarchus dans ombre. 2. 33. 20 | l'ombre à Grimaldus. 2. 33. 43 | Harpalus dans l'ombre. 2. 34 58 | Grimaldus à moitié dans l'ombre. 2: 35. 56 | Grimaldus entièrement entré. 36. 41 | Keplerus entre dans l'ombre. 2. 41. 24 | Erathoflenes entre dans l'ombre. 2. 42. 24 | Plate entre dans l'ombre. 2. 43. 30 | Copernicus commence à entrer dans l'ombre. Plato paroit tout entré dans l'ombre. Bb ES Fu h Ve] 2. 45. S$ | Copernicus à moitié entré. 2. 46. 30 | Copernicus entièrement entré dans l'ombre. 2. 50. 48 | Mare humorum commence à entrer dans l'ombre. 2. 51. 18 | Gaffendus entièrement entué, te So de a — DFE 5 Se n'ENN'CNENS 315 TEMPS VRAI. 24 51° 44" | Mare imbrium entièrement entré, 2. 52. 9 | Arifloteles entièrement dans l'ombre. 2. 53. 44 | Exdoxus dans l'ombre. 2. 53. 44 | Mare ferenitatis commence à entrer. 2. 59. 1 | /nfula-finus-medii entre dans l'ombre. 2e 59. 44 | Manilius entré. 3e 1. 24 | Bulliardus entièrement dans l'ombre. 3e 3 1 | Menelaüs dans l'ombre. 3. 3°. 28 | Pofidonius dans l'ombre. 3+ 6. 18 | Plinius entièrement entré. 3- 10. 20 | diamètre de la Lune, 2 1 64 parties du micromètre = 320 3° 14. 10 | Clecmedes dans l'ombre, 3° 17. 40 | Mare crifium commence à entrer. 3. 22. $ | Praclus entièrement dans l'ombre, 3e 25. 40 | Mare crifium entièrement dans l'ombre. 3- 26. 50 |..... reflant de la partie éclairée de la Lune SN 3- 29.49 | l'ombre à Tycko. ; 3. 33° 20 | Tycho à moitié entré. 3 33- 21 | Fracaflorius commence à entrer. 3e 34+ 46 | Fracafforius entièrement entré. Ass D DEEE Partie reftante du bord éclairé de la Lune 446 = 6’ 278 3° 37 39 | Tycho entièrement entré. 3-%4:9-1'2 Qi partie reflante du bord eclairé de Ia Lune, 375 = 5’25". 3: 59* © | Il ne reftoit de Ia partie éclairée de la Lune qu'un fegment , dont la largeur a été mefurée de 3° 54”, ce qui a donné pour la plus grande quantité de l'éclipfe, 10 doigts 1° 19”, c'eft-à-dire ro doigts<; car à 4h 2° l'éclipfe avoit déjà diminué de grandeur, ayant trouvé la largeur du fegment éclairé de 4" 2". Jufqn'à ce moment, l'ombre à paru toujours bien terminée, enfuite on avoit pcine à en pouvoir reconnoître les limites, à caufe du jour & des vapeurs qui s’élevoient de l'horizon, dans lefquels la Lune étoit plongée, n'ayant pour lors que 3 à 4 degrés de hauteur. EP MCE CPE Avant que le jour füt grand, j'ai remarqué que la partie éclipfée de fa Lune parut d'une couleur qui tiroit fur l'orangé brun, & qui fur 1 fin, ceft-à-dire 20 minutes avant le lever du Sol 2:, changea & parut d’une couleur grisâtre. La Rr i | oi 316 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Lune a été obfervée au méridien la même nuit de l'édipfe avec les étoiles 8 & + de la Balance, Voyez ces obfervations aux pallages de la Lune rapportés ci- devant. ANR IT II C DIE NAATE s OBSERVATIONS des Echpfes des quatre farellites de Jupiter, faites avec un excellent télefcope grégorien de 30 pouces de fl Joy er, le grand miroir ayant 6 pouces de Ho n groffit cent quatre fois, pendant l'année 176 2. (Jours | TEMPS es Mois. | MERE « Lu = s} VA — 1762. JANVIER 7 | 9: 47 31 |Immerf du 2°, fe ciel ferein, % danses vapeurs de Fhorizon. 10 7: 21: 35 | Emerf, du 1%, ciel ferein, mais la Lune étroit dans fon plein. 8. 9. 19 |Immerf. du 3°, ciel frein, bonne obfervation. 2$ 6. 28. 55 |Immerf. du 4°, ciel (ere, bonne obfervation, 7 4. 40 lÉmerf du 4 ciel ferein, bonne obfervation. FÉVRIER..... L 6. 46. 8 |Émerf du 2 HS affez beau, la Lune dans fon r.£" quartier. AOÛT 3 |12. 47. 21 |Immerf. du 1°, ciel ferein aux envir. de la plan. bonne obfer. 26 |13. 1. so |Immerf. du 1°’, ciel partie couvert, obfervat. douteufe, SEPTEMBRE) 2 f10. 19. 3 Immerf. du 2°, ciel ferein aux environs de % , bonne obferv. 14. $7. 20 |lmmerf. du 1%, ciel un peu nébuleux, cependant bonne obierv go 4 | 9. 26. 11 |Inmmerf. du 1%, ciel ferein, 7; dans les vapeurs de l'horizon obfervation douteufe. tt |rr. 22. 37 |mmerf. du 1, ciel ferein , bonne obfcrvation, DS] 4 3e 18.157 |Immerf. du 1°, ciél (ércin , bonne obfervation. 25 9: 33-41 nerf du 3°, ciel fercin, bonne obfervation. Ft. $. 12 |Emerf. du 3°, ciel ferein, bonne obfervation. 15. 15. 10 Mmmer f. du 1%, ciel ferein , bonne obfervation. OCTOBRE.. 2 |13. 372 12 (linmerf. du 3° , ciel ferein aux env. de 7% , bonne obferv. 4 |ro. 18. 54 |Imimerf. du 2°, ciel çouvert en grande partie, obferv. deut, | 11. go. 12 |fmmerf. du 1°, ciel partie couvert, doutcufe à quelques fecondes. 11 12. 58. 55 |Immerf. du 2°, cicl ferein , bonne obfervation. | 13- 36. 46 |[mmerf. du 1°, ciel ferein, bonne obfervation. . : 27 ti. 56. 11 |Immerf du 1°, ciclfercin, le Satellite très-prèsde fa planète NOVEMBRE! 52 |12. 20. 50 | Émer(. du 1°, ciel fercin aux environs de 3 , Satellite près de Jupiter. FOI AS SE Émerf. du 1°, ciel ferein , bonne obfervation. 21 | 8. 42. 13 [Émerf. du 1%, ciel frein aux environs dé % ; bonne obfervat. Es dé, | RE TEMPS VRAI, 1762. DÉCEMBRE 5 2. Émerf. du 1%, ciel ferein, bonne obfervation. IS 7° 33 7 6. 55: 38 |Émorf. du 1°, ciel partie couvert, obfervation .douteufe à 4 ou $ fecondes, 20 | 9. 45. 54 |Immerfdu 3°, ciel affez beau, bonne obfervation. 23 FÉNZ Lre Émmerf. du 1°’, ciel ferein, bonne obfervation. 2$ | 6058155 Émerf. du 2°, ciel ferein, bonne obfervation. l AR TUE CRE NV LE Phénomènes obfervés pendant l'année. 17 F2. Le 23 Février, à 5"? du foir, un feul coup de tonnerre s'éft fait entendre, il étoit confidérable ; le bruit avoit été précédé de quelques fecondes par un éclair brillant. Le ciel étoit pour lors entièrement & également couvert; il tomboit de la pluie mêlée d'une petite grêle avec un peu de vent: le thermomètre de M. de Reaumur ne marquoit alors qu'un demi-degré au-deflus de la congélation, & le baromètre étoit à la hauteur de 27 pouces 9 lignes & demie : cette hauteur n'a varié que d'une demi-ligne dans le temps du tonnerre. La nuit du 21 au 22 Maï; j'ai obfervé avec beaucoup de foin une Aurore boréale fingulière : j'ai eu Fhonneur de l'an- noncer à l'Académie, dans le temps, par un Mémoire & par une figure qui repréfentoit l'étendue de ce phénomène, Le 28 Mai, jai commencé à obferver la Comète que M. de Klinkemberg, Aflronome à la Haie, avoit aperçue par hafard le 17 du méme mois dans la confieliation de la Giraffe. J'ai eu l'honneur de donner à l'Académie mes obfer- vations fur cette Comète, Le o Septembre, étant fur le pont de Neuilly, à 6 heures & demie du foir; le ciel étant partie couvert au fud-eft, Rr üij « 318 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE j'aperçus un globe de feu plus grand & plus brillant que Vénus quand elle a toute fa lumière: ce globe, d'une lumière blan- châtre & vive, me parut fortir d’un nuage qui étoit à la hauteur d'environ 30 degrés, tombant perpendiculairement à l'horizon, en paflant derrière d'autres nuages qui me le cachoient de temps à autre; il a mis 2 fecondes environ à tomber : le crépufcule étoit pour lors confidérable, es DUE 8 S,CyRENNC:E.s. 319 HP AS ONETRE Sur les SOLFATARES des environs de Rome ; Sur l'origine à la formaiion du Vitriol romain. Par M. l'Abbé MAZEASs, Correfpondant de l’Académie. Le: portion de l'État eccléfiaftique, comprife entre fa mer de Tofcane & la chaîne de montagnes formée par {es Apennips, contient , de diflance en diftance , des efpèces de goufires d'où jaillifient des eaux fulfureufes : on leur donne communément le nom de Solfatares, & les plus renommées font celles de Tivoli & de Viterbe. Comme c'eft à l'acide vitriolique du foufre décompofé dans ces eaux que le vitriol romain doit fon origine, je commencerai par donner une idée de ces bouches fouterraines. De la Solfuare de Tivoli. Ce gouffre eft fitué à quatorze milles environ de Rome, dans le voifinage des montagnes qui formoient l'ancien pays des Sabins : je n'y tranfportai, pour la première fois, avec Son Éminence M.£" [e Cardinal de Luynes, après le Conclave de 1758: à un mille de diflance de cette folfatare, nous fentimes une odeur infupportable de foie de foufre:; & arrivés à l'endroit, nous trouvames un lac d’une figure irrégulière, qui peut avoir trente à trente-cinq toiles dans fà plus grande largeur. Nous aperçumes l'embouchure du gouflre vers le milieu du lac, à cinq'ou fix pieds au -deflous de la furface des eaux ; elles fervoient de bains aux anciens Romains; & Jon y voit encore les veftiges d'un édifice conftruit pour cet ufage par Agrippa. L'hifloire ne s'étend pas beaucoup fur les qualités qu'on attribuoit à ces eaux : Pline * leur donne la propriété de guérir * Juxta Romam Albule aquæ vulneribus medentur : Egelidæ he, fed cutiliæ in Sabinis gelidifimæ, Pln. Hif, Nat, Üb. XXXI, cap. 2. 320 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE les blefures; du temps de Strabon* on en buvoit & l'on s'y baignoit po différentes maladies; elles font analogues à défpèce de foie de foufre que l'on forme en faifant bouillir enfemble des fleurs de foufre & de la chaux. Celles de Tivoli contiennent en outre une portion de bitume, qui fe manifeite par des fcories fpongieufes & noirâtres qui Séévertan iles face des eaux, ce qui leur donne un œil laiteux, qui ne leur Ôte pas néanmoins leur tranfparence ; elles font feble- ment froides, & elles étoient telles du temps de Pline & de Strabon : M. l'abbé Nollet, pendant fon féjour à Rome, dé- termina le degré précis de leur chaleur en été, & trouva 4 degrés au-deflus de la chaleur de l'air à té te dans lequel il et tenu fon thermomètre avant de le plonger dans le lac. Dans quelques endroits de la furface de ces eaux on aperçoit un phénomène bien digne d'attention; c'eft un frémifiement continuel, que je ne puis mieux comparer qu'à l'effervefcence que fait l'eau-forte lorfqu'elle diflout des métaux : cet eflet fe manifefte tantôt dans un endroit du lac & tantôt dans un autre, & il eft produit par des bulles d'air qui s'élèvent con- tinuellement du fond des eaux. Nous vimes de ces bulles d’une groffeur affez confidérable - en jetant des pierres dans le gouffre ; lair monte après un certain intervalle de temps plus ou moins grand, fuivant celui qu'emploie la pierre à parvenir au fond de la folfatare, mais ce temps ne pañle pas ordinairement 25 à 30 fecondes : dès que l'air eft à la furface, l'eau frémit, Ê trouble, devient blanchâtre, & cette fermentation ne cefle que lorfque {es bulles d'air ceflent de monter. ï Nous eumes une preuve bien fenfible que cet air, qui fermente ainfi avec l'air pur de l'atmofphère qui touche la furface du lac, fort immédiatement de la terre calcaire qui a fervià la décompofition du foufre; car en remuant légèrement le fédiment dans l'endroit où le lac n'a que trois à quatre pieds * Planitiem illam per quam delabitur Anio, Albulæ etiam perfluun£ aquæ , frigidæ , mmulris fontibus exorientes , ad varios morbos potæ, aut pro balneo ufurpatæ , remediun ad feréntes. Stwab. lib, V. d $ Dés: .S cie NtUCl ENS: ut de profondeur , nous vimes l'air élever & produire le même frémiflement, quoiqu'avec moins de force. J'ai tiché depuis d'analyfer ce fédiment, & il ne m'a offert dans l'examen qu'une terre blanche infipide, qui, par la calcination , devient une très-bonne chaux. J'ai fait bouillir enfémble parties égales de foufre & de ce fédiment blanchâtre:; l'odeur de foie de foufre s’eft manifeftée, mais la diffolution avoit une teinture jaunâtre, ce qui prouve qu'elle n'étoit pas parfaite comme elle l'eft dans la folfatare, & que dans ce goufire il y a par conféquent quelque chofe de plus qu'un fimple mélange-de foufre & de terre abforbante pour opérer cette diffolution. Lorfque les eaux de ces folfatares font chaudes, comme celle de Viterbe dont nous parlerons bien-tôt, l'air produit dans#la décompofition du foufre, ne fermente point avec l'air extérieur; ce qui me fait croire qu'il perd , par la dilatation qu'il reçoit de la chaleur, le principe qui le fait fermenter avec l'air pur de l'atmofphère. Les eaux du lac débordoient & fe répandoient dans Ia plaine, avant que le Cardinal Hyppolite d'Efte, vers le milieu du fiècle paflé , eût fait creufer un canal de trois à quatre milles de longueur pour ia décharge de ces eaux dans le Teverone, Ce canal, qui fut creufé en partie dans Îes terres labourables & en partie dans le Zéfñno, ou efpèce de croûte formée par les eaux du lac fur la furface de la campagne, eft aujourd’hui prefque entièrement pétrifié. Dans les endroits où ces eaux pénétroient aifément le terrain, on trouve des car- ières de pierres, connues fous le nom de 7raverrino ; elles Rx ordinairement à peu de profondeur & formées par couches: elles paroiffènt rongées & trouées; mais fi fon y regarde de près, on aperçoit que ces trous font l'effet de trois matières hétérogènes qui interrompent la continuité de la pétrification : 1.” une fubftance friable & blanche, qui eft le fédiment des eaux , ou leefäno dont nous venons de parler ; 2.° des morceaux de terre argilleufe que les eaux ne peuvent pénétrer; 3.° du fer réduit en crocus & qui {e précipite pour peu queles eaux Say. rang. Tome V. 5 w 322 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE féjournent. Ces matières fédimenteufes font quelquefois fi abondantes, dans l'intérieur même de la pierre, qu’elle devient inutile, & on ne s’en aperçoit fouvent qu'en Îa taillant. Du temps de Kircher * on trouva dans l'intérieur de ces pierres des uftenfiles de fer, des marteaux & autres inftrumens, ce qui prouve évidemment qu'elles fe renouvellent par la fuc- ceflion des temps. En examinant l'eau qui fe filtre dans ces carrières, on ne peut méconnoître celles de la folfatare; leur odeur, leur fédiment, l'identité de ces pierres avec les incruf- tations que forment ces mêmes eaux au fortir du lc, font des preuves palpables de leur origine. On ne trouve d’ailleurs aucune folfatare en Italie de l'efpèce de celle de Tivoli, fans trouver en même temps dans fon voifinage du sravertino de la même qualité & de la même configuration. Les incruflations que forment ces eaux & les carrières quielles produifent en fe filtrant fous terre , font l'effet de la félénite qu'ellestiennent en diflolution:; cette {élénite eft l'acide vitrolique du foufre, lequel a pour bafe la terre abforbante qui a fervi à le décompoler. Lorfque la félénite eft pure & fans aucun mélange des terres, à travers lefquelles l'eau s’eft filtrée , elle forme fur les parois des voûtes de flalaétites très-blanches ; elles diffèrent de celles de Aonte-Mario, dont j'ai parlé dans le Mémoire précédent, en ce que celles de Tivoli fe réduifent, par la calcination, en une chaux parfaite: les unes & les autres exigent, pour leur criftalifation, une évaporation très -lente, & mème fort au-deflous de celle qui eft requife pour la criftalli- fation des fels chimiques. J'ai rempli deux vafes d'eau puifée dans la folfatare ; j'ai placé l'un dans un endroit frais, où la liqueur du thermomèti ne montoit qu'à 1 o degrés au-deflus de zéro; j'ai daiflé l'autre à l'air libre pendant les grandes chaleurs: au bout de quinze jours, celui-ci ne confervoit plus fon odeur de foie de foufre, avoit précipité fa terre calcaire, & n'avoit incrufté que foible- ment fes parois: les incruflations du premier vale étoient beaucoup plus fenfibles, & l'odeur de foie de foufre fe con- fervoit encore. * Latium vetus à7 noyurm, DYE.s * SLCUINENNICIENS 323 Cette obfervation me fait conjeturer que facide qui s’unit avec la terre abforbante pour former la félénite, eff très-volatil, & que cette volatilité peut venir d’une portion de phlogiftique dont il n'aura point été entièrement dégagé lors de la décom- pofition du foufre. La manière dont ce minéral fé décompofe dans la folfatare de Tivoli, me paroït le phénomène le plus difficile à expli- quer ; il le feroit moins fi l'on pouvoit y fuppoler, avec Kircher, la combuftion du foufre ou une chaleur violente caufée par quelque fermentation ; mais toutes les épreuves que j'ai tentées pour m'en aflurer, ont été inutiles. Kircher rapporte deux faits pour conflater la chaleur ex- ceffive des eaux au fond de ce goufre. « Le Cardinal H yppolite d'Efte, dit-il, propofa des récompenfes à deux Plongeurs pour examiner l'intérieur de ce puits; ils sy précipiterent, mais des deux il y en eut un qui ne reparut plus; l'autre ne defcendit pas à plus de dix palmes, & rapporta qu'à cette profondeur il avoit fenti une chaleur fi violente qu'il en avoit les plantes des pieds prefque brülées ». Le même auteur rapporte une autre expérience faite par lui-même. «Je fis defcendre, dit-il, un vafe de plomb, conftruit de manière que par le moyen d’une ficelle je pou- vois l'ouvrir & le fermer: je puifai de l'eau à la profondeur d'environ vingt pieds ( duarum decempedarum), & je trouvai : u’elle étoit chaude ». J'ai fait defcendre pareïllement au fond de ces eaux, à Ia profondeur de quarante à cinquante braffes, des matières qui pouvoient aifément recevoir limpreflion de a chaleur , tels que des filamens de fuif, de cire, de thérébentine cuite, en- fermés dans une fiole bien bouchée ; ces filamens quoique longs de deux pouces & aflez minces pour saflaifler à la moindre impreflion de la chaleur, confervèrent la pofition où je les avois mis: au refte, ces eaux préfentent des phéno- mènes fi finguliers, comme nous le verrons dans la folfatare de Viterbe, que je m’abfliens de prononcer fur ceux que le P. Kircher a avancés. Sf ij é an A € An a A (4 A € 324 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Quant à la profondeur du gouffre, c’eft une opinion com- munément reçue, qu'on ne fauroit en déterminer le fond. Le Cardinal d'Efle * employa, mais inutilement, une quantité prodigieufe de cordes avec un boulet, qui continua toujours à defcendre fans que les cordes puffent fufiire. Je me fuis fervi d'une groffe pierre avec une ficelle de près de cent brafles, fans que j'aie jamais pu parvenir à filer au-delà de foixante- douze brafles; mais il fe peut très-bien faire qu'à une certaine profondeur le puits perde fa direction perpendiculaire, & que l'inégalité du fond ait été un obfacle à la defcente de la pierre. À un demi-mille du gouffre dont nous venons de parler, il s’en trouve deux autres, mais dont les eaux font douces, limpides & bonnes à boire. Comme elles ne fe répandent pas au-delà de l'ouverture qui termine le puits, on peut en appro- cher & en confidérer l'intérieur aufli avant que la lumière peut y pénérer. C'eft un fpedacle qui faifit d'horreur : on aperçoit un précipice dont l'étendue va toujours en s'élargiffant vers le fond , formé par des rochers dont les pointes fe perdent dans lobfcurité du gouffre: ces eaux, quoique douces, in- cruftent comme celles de la folfatare: peut-être ont-elles été autrefois dans le même cas que ces dernières, & que les mines de foufre fur lefquelles elles pafloient fe font épuifces à la longue. On regarde aflez communément ces bouches fouterraines comme des refles de volcans qui ont autrefois vomi des flammes , mais cette opinion ne me paroît pas fondée, puifque dans le voifinage de ces gouffres on ne trouve aucun veftige des laves & des pierres calcinées qui devroient attefter le fait: au refte lhiftoire de l'ancienne Rome ne nous hiffe aucun monument qui puifle nous décider là-deflus. Je pañle {ous filence ce qui concerne les ifles flottantes de ces folfatares , la nature du terrain & les autres phénomènes qu'on trouvera détaillés dans un Mémoire que M. l'abbé Nollet fit fur cette matière en 1750 ; je me fuis uniquement attaché aux phénomènes que ce favant Obfervateur n'eut pas le temps d'examiner, * Kircher, Zarium vetus àT novum, D'E s SNCF Ne CHEN Das De la Solfatare de Verbe. | Dans la plaine qui termine à l'occident les montagnes de PUmbrie, à trois milles environ de Viterbe, on trouve une folfatare, connue fous le nom de Bulicame , nom qu'elle tire du bouillonnement de fes eaux. La grandeur de {on embou- chure n'efl que de trois à quatre pieds de diamètre, & fon fac forme un quarré dont chaque côté peut occuper en- viron vingt pieds; elle exhale la même odeur de foie de foufre que la folfatare de Tivoli, tient en diffolution la même efpèce de félénite, pétrifie fes canaux & forme des carrières de travertino : fes eaux font plus chires & plus limpides que celies de Tivoli; différence qui peut venir de deux caufes, 1. de ce qu'elle ne contient point de bitume, 2.° de la chaleur de fes eaux, qui peut contribuer à rendre la décompofition du foufre plus parfaite; mais elle contient beaucoup plus de fer que la folfatare de Tivoli, & ce fer fe précipite en crocus dans les canaux & dans tous les endroits où fes eaux féjournent. La chaleur de cette folfatare eft au degré de l'eau bouillante, mais fouvent au-deffous de ce degré, fur-tout vers les bords. L'air qui en fort ne fermente point avec celui de l'atmofphère. On aperçoit quelquefois de deffus les montagnes de Viterbe des tourbillons de fumée qui s'élèvent de cette folfatare; ils annoncent une chaleur plus confidérable qu'à l'ordinaire; & lorfqu'elle efk au point qu'on ne fauroit y tenir la main, on s'emprefle d'y faire une expérience devenue fort célèbre, c'eft d'y mettre un œuf frais ; quelque temps qu'on l'y laifle, on l'en retire fans aucune apparence de cuiflon. Je répétai la même expérience, le réfultat fut le même: on la répéteroit moins fouvent fi l’on examinoit le fond du baffin; il eft tapiflé des mêmes plantes qui croiflent au fond des lacs & des marais. Ce phénomène eft ici d'autant plus curieux, que la chaleur la plus forte que puifle recevoir l'eau, non-fèulement épargre les fibres délicates des plantes aquatiques, mais n'eft pas même un obftacle à leur végétation, tandis que ces mêmes eaux brülent le poil des animaux que l'on y jette & les excorie. SE iÿ 326 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Cette obfervation vérifie celle que Pline le Naturalifte avoit faite fur les eaux de Padoue: Patavinorum aquis calidis herbe viremtes innafcuntur ; c'eft à la félénite, que ces eaux tiennent en diflolution, qu'on doit rapporter la caufe de ce phénomène, puifque les eaux crues produifent à peu près le même effet fur les légumes ; mais comment cette félénite vient-elle à bout d'empêcher que la végétation ne foit interrompue ? c’eft un mécanifme fur lequel nos connoiffances paroifient encore bien bornées. La pétrification des terres s'aperçoit ici de la manière fa plus fenfble: lorfqu'on éleva des murs autour de cette folf tare pour en contenir les eaux, on forma plufieurs conduits ou rigoles pour en diriger le cours ; les parois de ces rigoles font élevées au-deflus de la furface du terrain d'environ un demi-pied & furent formées du fédiment dépolé par les eaux du lac dans tout le voifinage: ces canaux font aujourd’hui entièrement pétrifiés, & ne différent du #ravertino qu'en ce que la pétrification eft beaucoup plus régulière & moins fujette aux cavités qui fe forment dans les carrières. Ces eaux n'ont aucune action fur le bois ; elles ne font fim- plement que l'incrufter fins pénétrer dans l'intérieur des fibres ; & ces incruftations fe font par couches : la pétrification du bois proprement dite me paroît dépendre d’un autre principe. Ces incruftations s'aperçoivent fur-tout dans les bains ou caveaux fouterrains conftruits anciennement pour recevoir les eaux de cette folfatare & celles des environs auxquelles on a reconnu des qualités médicinales : celles qui ont l'odeur de foie de foufre forment des incruftations très- blanches au fortir de leurs canaux & dès qu'elles reçoivent l'impreflion de fair extérieur. Parmi ces eaux, il y en a une qui exhale une odeur d’ambre des plus fortes, mais le peu de temps dont je pouvois difpofer m'ôta la fatisfaction d'en faire lanalyfe. Je termine ce qui concerne la nature de ces eaux par une obfervation fur leurs félénites & fur la manière dont ces élé- mens {e rapprochent pour former un corps dur. Si lon examine à la loupe, où même au microfcope, les bords d'un verre qui l «+7 DE 5; SLCHGEUNYCaENS: 327 s'incrufle, l'eau paroît claire & limpide, & on ne diflingue ces élémens que lorfque la goutte d'eau s’eft évaporée fufifim- ment pour apercevoir faction de ces corps les uns fur les autres : ils font difpofés en wès-petites lames minces & tran£ parentes ; ils commencent par fe toucher en un point vers l'extrémité angulaire de la furface, tandis que le refle du corps flotte encore dans la liqueur. Sf cette Évaporation eft très- lente, les deux petites furfaces fe touchent infenfiblement en un plus grand nombre de points, & lon conçoit que ces points feront d'autant moins diflans les uns des autres, que le fluide fe fera évaporé avec plus de lenteur. Mais ce mécanifme na lieu que lorfque ces élémens font joints à un acide, & j'ignore quelle eft ici la fonélion de cer acide. IL eft probable qu'il réduit les corps à des furfaces afez minces & en une configuration convenable pour donner lieu à leur action mutuelle lune für l'autre: au refle cette matière ne peut s'éclaircir fufifamment que par une fuite d'expériences très - délicates & très-fouvent répétées. De la formation du Viriol romain. Revenons maintenant aux avantages que produifent ces eaux fulfureufes dans les terrains ferrugineux ; l'un de ces avantages €fl la formation du vitriol: la Nature l'opère de trois façons. La première, par les vapeurs qui s'élèvent des folfatares & des ruiffeaux fulfureux : ces vapeurs en retombant {ur les terres ferrugineufes, les recouvrent peu à peu d'une eforefcence de vitriol; mais ces fortes de mines n'ayant tout au plus qu'un demi-pied de profondeur, ne pourroient compenfer les frais & font ordinairement abandonnées. La deuxième manière dont la Nature forme le vitriol, fe fait par la filtration des vapeurs à travers les terres: ces fortes de mines font beaucoup plus abondantes & fe trouvent communément fur le penchant des montagnes dont les terres contiennent du fer & qui fourniffent des fources d’eau ana- logues à celles des folfatares, En prétant une oreille attentive 328 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE dans lun de ces endroits où les Ouvriers alloient chercher leurs terres vitrioliques, j'entendis le bouillonnement des eaux fouterraines : plus l'on creuloit dans ces endroits, plus la terre étoit bleuâtre & aflringente ; mais les terres qui font lavées par ces eaux , dont le foufre eft toujours décompolé, ne font bonnes à rien; le fer {e précipite auffi-tôt en rouille; de-là la quantité de crocus dont tous les ruifleaux du voifinage font remplis. Le vitriol fe forme encore d’une troifième manière ; lorfque les terres ferrugineufes contiennent en même-temps beaucoup de foufre, on s'aperçoit, dès qu'il a plu, d’une chaleur fur la furface de la terre, caufée par une fermentation intefline: le terrain, plein de fentes & de gerçures, eft abfolument dé- pouillé d'herbes, mais il arrive fouvent que la fermentation ne rend pas les terres propres à donner une abondance de vitriol capable de compenfer les frais, parce que le fer & le foufre difperfs irrégulièrement dans les terres, n'ont point contracté une union aflez intime : les Ouvriers y remédient par l'ufage où ils font de faire fervir deux fois les mêmes terres, en leur faifant éprouver la deuxième fois un degré de fermen- tation qui facilite la combinaifon de l'acide vitriolique & du fer. C'eft en amoncelant les terres dans le magafn & en les changeant fouvent de place pour diftribuer plus également la chaleur, qu'on vient à bout de les rendre encore vitrioliques, mais on a l'attention d'avoir dans le voifmage la commodité d’une fontaine ou d'un réfervoir, parce que fouvent ces terres amoncelées prennent feu, l'acide vitriolique fe diffipe & on p'en retire que peu de vitriol. Cette mine une fois épuifée ne fe renouvelle plus : elle eft très-dangereufe, & quelquefois les vapeurs en font fi perni- cieufes qu'elles fuffoquent les animaux. La caufe de ces accidens s'aperçoit d'abord ; le terrain eft parfemé d’arfenic, & il en eft de même de l'intérieur, au rapport des Ouvriers. Defcriprion de la Manufadture de Viriol. Cette manufacture eft fituée fur le penchant d’une coline, dans le voifinage de Mome-Fiaftone, & confifle en fept rélervoirs ——— DES SÇUIEN CES 229 réfervoirs attenant les uns aux autres, bâtis de briques & difpolés par étages, de façon que les terres vitrioliques ayant été fuffifämment lavées dans le réfervoir fupérieur, on en ôte le bondon & les eaux s’écoulent dans le fecond, du fecond dans le troifième, ainfi de fuite. Chaque réfervoir a quarante pieds environ de longueur fur huit de largeur & cinq de profondeur ; ils font recouverts d’un toit qui les met à Fabri de la pluie. Les Ouvriers tranfportent les terres dans un magafin fitué dans la partie fupérieure de la colline, & qui eft féparé des réfervoirs par une plate-forme dont les rebords font élevés d’un pied ou deux : c’eft fur cette plate-forme que l'on étend les terres vitrioliques ; on ouvre le robinet d’une fontaine, qui lave ces terres & les entraîne dans le premier réfervoir: on les y laifie féjourner, en re- muant fouvent le fédiment qu'elles dépofent. On retire enfuite le bondon , qui eft fitué au bas du réfervoir à un quart environ de fa hauteur; le fédiment refte, & il ne paffe dans le fecond réfervoir que la partie de l'eau la plus claire & la plus chargée de fel. On fait paffer ainfi les eaux fuccef fivement dans le troifième & le quatrième réfervoir. Pendant ce temps on recharge les réfervoirs fupérieurs avec de nouvelles terres, & l'on continue l'opération comme ci-deflus. Lorfqu'on juge que les terres ont fourni tout le vitriol qu'elles conte- noient, on les retire pour les accumuler dans le magafin & leur faire fubir une deuxième fermentationf, qui développe encore F'acide vitriolique du foufre qui ne s’étoit point décompofé. Le paflage fucceffif des eaux d’un réfervoir à l'autre produit deux effets; 1.° les terres fines qui fe diffolvent aifément, & les ferrugineufes qui ne font point impregnées d'acide vitriolique, fe précipitent à la longue; par ce moyen, il ne pañfé dans le dernier réfervoir qu’une eau dépouillée, le plus qu’il eft poffible, des parties hétérogènes qui feroient obftacle à la criftallifation: 2.° comme chaque réfervoir ne fournit à celui qui le fuit que l'eau la plus claire & la plus chargée de vitriol, il fe pañfe au moins quinze jours avant que le dernier réfervoir fe trouve rempli; pendant ce temps il s’y fait une évaporation infenfible Say, étrang, Tome V. Lee DE 330 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE qui rapproche peu à peu les parties élémentaires du vitriol ; on le voit même fe criftallifer autour des morceaux de bois qu'on y laifle: lorfque ces eaux font en état de foutenir un œuf frais, on procède à l'évaporation. On fait pañfer les eaux du dernier réfervoir dans une grande cuve de plomb; on les fait évaporer jufqu’à ce qu'une goutte de la liqueur répandue par terre, donne promptement des fignes d'un vitriol tout formé: alors on procède à la criftallifation; on laïfle couler les eaux de la cuve dans des caiffes de plomb peu profondes, divifées en compartimens ou cellules qui com- muniquent les unes aux autres; parce moyen les caifles pré- fentent plus de furfaces à la liqueur, & ces furfaces reçoivent les criftaux verdâtres qui viennent sy dépoler. H fe faittrois efpèces de crifallifations ; l'une, qui eft la plus pufaite, contient, comme on Îe voit par la tranfparence & la régularité des criflaux, la jufte proportion de fer, d'acide vitriolique & d'eau; l'autre, dont les criflaux font plus opaques & dont on diflingue à peine les plans; enfin là troifième, qui eft une matière grafle & fédimenteule, tellement impregnée de l'eau-mère de viriol qu'elle coule & tombe en d/quium, eft rejetée comme inutile. On fait couler dans un puifard l’eau où la criftallifation s’eit faite ; elle fert une feconde fois à arrofer les terres qu'on étend fur la plate-forme. Les Ouvriers féparent les criflallifations les plus pures de celles qui font plus imparfaites, & vendent Îes premières à un plus haut prix : ils réduifent ces criflaux en poudre, dont 1x couleur eft d'un verd clair, & des confervent dans des boîtes de fapin, en foulant bien cette poudre pour la garantir des impreffions de l'air & l'empêcher de tomber en eflorefcence. Telle eft l'origine & la fabrication du Vitriol romain ; bien des perfonnes le croient préférable à celui qui nous vient d'Angleterre & d'Allemagne, mais je penfe que fon avantage le plus réel, eft d'être retiré des terres en plus grande quantité & à moins de frais qu'on ne le retire des pyrites dans les autres parties de l'Europe. Lin as DES SCIENCES 33% OBSERVATION DU PAS SAIGRENDLEUTE NU SUR LE DISQUE DU SOLEIL, Faite à Paris, dans l’Obférvatoire de la Marine, le 6 Juin 1761; avec des Remarques fur ce Pafage, à les réfultats des Obférvations pour la théorie de Vénus, Par M. MESSIER, attaché au Dépôt des Plans de la Marine , des Académies d'Angleterre, de Hollande & d’lualie. J E m'étois difpofé pour faire cette Obfervation importante avec deux télefcopes, dont l'un étoit de 4 pieds & demi de longueur , de la forme neWtonienne, qui avoit un équipage qui groffifloit foixante-fix fois, & qui étoit garni d'un micro- mètre à fil de foie : j'ai déjà eu l'honneur de faire la defcrip- tion de cet [nftrument à l’Académie , en rapportant la décou- verte de Ja Comète de 1758, de celle de 1759 & des deux Comètes de 1760 : l'autre télefcope, qui eft de la forme gré- gorienne, a 30 pouces de foyer & groflit cent qBatre fois : c'eft un excellent Inftrument ; j'en ai déjà rendu compte dans un Mémoire qui fe trouve imprimé dans cet Ouvrage, page 304 l'ayant employé pendant Fannée 1762, pour obferver les immerfions & émerfions des quatre fatellites de Jupiter, ainfr que pour les occultations des Etoiles fixes par la Lune. Je me füis fervi dans cette Obfervation, d'une pendule à fecondes, réglée fur le mouvement des Fixes par le moyen d'un {nfrument des paffages qui eft à l'Obfrvatoire de la Marine, & dont il a été fait mention dans un Mémoire que j'eus l'honneur de lire à l Académie le 27 Février 1760, en rendant compte des Oppofitions de Saturne & de Jupiter, que j'obfervai en 17 59. Les déviations de cet Inftrumenñt ont Tti 32 MÉMOIRES PRÉSENTÉS +" A L'ACADÉMIE été connues & corrigées , au moyen d'un affez grand nombre de hauteurs correfpondantes du Soleil, prifes avec un quart- de-cercle de 3 pieds & demi de rayon, deux jours avant & deux jours après ce paflage, qui ne diffèrent entr'elles que d’une feconde. Voici la life des temps du midi, déterminé par des hau- teurs correfpondantes du Soleil, qui ont fervi à connoître la fituation de lInftrument des pañlages. Midi vrai le 4 Juin... else) MIDI VRAI. 4} 49° 4 53 FNOION HO Différence, Hauteurs correfpondantes du bord fuperieur du Sokil, prifes 4 Juin, à un quart-de-cercle de 3 pieds © demi de rayon. MATIN. FD PCR 100) 6 TNAURTOE TOMENRES TS TEE 1. 33° 92 15324 nuage. I. 35° 32 1. 37+ 243 1 37 39% HAUTEURS. Soir. gh 12‘ SS"E 8:Un2. 40 8. 10: 502 8. 10. 352 8. 8. 43- 8. 8. 29+ SMS 7 NL 8. 4. 29+ 8. 4. 14 SI: 122 7 2° 73 MILIEU. 4h 49 153" 4 49- 53% 53 EDS # 53 + 49. 53 SE 4 4: 49- 49+ 4 4° 49: 49* 49: 49» 49e DES SCIE NC E%.,.1 11/1333 MATIN. HAUTEURS. S'ONUR: Milieu 1. 032" L ? 123 h ’ M 39 32 % 44 50 ViRA RE el “+ 4° 49 ge I. 39° 47% 7e 59 50% | 4 49 522% nuagé. TALE) 8. 4 : esse L . 10 : £ ENT AS 7: 57: 504 | 4 49. 534 Milieu entre les quatorze hauteurs. . .... …... 4h49! 53" 9" Correction fouftraétive , . . as see nv ae 4. 18 Midi vrai par les hauteurs. ............... 4e 49. 48. SE Midi obfervé à l’Inftrument des pañlages. . .... 4. 49. 55. 20 Erreur fouftractive de l’Inftrument des paflages... 6. 29 LS CS 5} Hauteurs correfpondantes du Lord fupérieur du Soleil, le 8 Juin, MATIN. HAUTEURS. SOIR. MILrEu. o' 56’ 35 À , €’ te oO. 56. 49% SIA LAON EN etre NP Re NE RAR E O. 58. 41 CNE 0. 58. 541 Tue 63 1.10 Æ2 6 Lula, 13e 36. 20 6: r02 4 6 2 2254080040 6% 1. #4. 47% … SE 1. | ÿs 03 PAU 54 Milieu entre les neuf hauteurs. .............. HN CEN To Correction fouftractive . RENE IP RENE PT ENS EE OO SSI Midi vrai le 8 par les hauteurs .............. GONMEMNES Midi obfervé à l’Inftrument des pañlages........ 5. 6. 8: 30 Erreur fouftractive de l'Inftrument............. 6. 12 pe Le ciel fut couvert le jour du pañlage de Vénus jufqu'à fix heures, fans aucune efpérance de voir ce paflage attendu, Ttii TEMPS PENDULE* H. à la M. S. Hat 44° Le) 11. 45+ 19 TT, Oo. ST- 8. 334 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE mais quelques momens après le ciel commença un peu à s'échaircir, & à 6 heures trois quarts, en me fervant du té- lefcope newtonien, j'aperçus Vénus fur le Soleil au travers de quelques nuages foibles; la Planète avoit déjà parcouru près des trois quarts de fa route: je commençai à mefurer fes dif- férentes pofitions fur le Soleil & fon diamètre , par le moyen du micromètre appliqué au télefcope de 4 pieds & demi, que Yon pouvoit incliner dans tous les fens : je mefurai la diflance du bord méridional de Vénus au bord méridional du Soleil; & pour mefurer le diamètre du Soleil, je me fervis de deux oculaires mis à côté lun de l'autre, qui rendoient les deux bords beaucoup plus diftinéts & mieux terminés qu'avec un feul oculaire. J'ai auffi mefuré le diamètre de Vénus, au moyen d'un micromètre objectif coupé par le milieu, qui a 80 pieds de foyer & qui étoit monté au télefcope grégorien de 30 pouces. Le diamètre de la planète a été trouvé de 59 ,9 par deux mefures différentes. Voici la lifte de mes Obfervations , le 6 Juin au matins Partie Partie du de | microm. [grand cercle, a AUS M 5 Û : 6. 44. 18|....|.......]moment où j'ai commencé à voir Vénus fur le Soleil. .- 12 |diflance du bord méridional de Vénus au bord méridional duSoleil, 2 \feconde diflance. j TEMPS VRAI. . 27 |troifième diflance. - 20 [quatrième diflance, douteufe, 7 |cinquième diftance. . 32+[....diamètre du Soleil. 54 [fixième diftance, + 35 |feptième diftance. + 59. |....diamètre de Vénus, 28 [huitième diflance. 16 [neuvième diftance, . = EN = N Le] Los (e) D D O RD D VU LU Ls 1h +R DES SCIENCES. 335 TEMPS|ITEMPS | Partie Partie à du de He VRAI . PENDULE. microm. |grand cercle. —— Es ue TON CAE AIS 0. 46. 59| 7. 49. 45] 130 %. 53 dixième diftance. 0.49. 20| 7. 52. 6] 68 Oo: 59 |....diamètre de Vénus, 0. 55. 35] 7 58.20] oz 1.29 [onzième diftance. o. 58. 5i5| 8 1. 4012179 | 31. 32 |....diamètre du Soleil Mao s-0To | 80 1. 10 |douzième diftance. IIS 39] 8 14271 49 o. 43 [treizième diftance. 1.25. so! 8.28. 30|contaclt intérieur des deux bords exatement obfervés. 1.25. o| 8. 37. 38/|eflime du pañage du centre. 1. 43. 55| €. 46. 32 /|contact extérieur dans la couleur blanche. 1.44 o| 8.46. 37/|contact extérieur dans la couleur rouge. Pour ce qui eft de la fortie de Vénus, je ne népligeai rien pour-en faire une bonne obfervation ; j'employai l'excellent télef- cope grégorien de 30 pouces de foyer, dont ileft fait mention au commencement de ce Mémoire: j'avois eu foin de laifler repofer ma vue pendant quelques minutes, & j'étois placé dans la fituation la plus favorable. Le ciel étoit ferein, le Soleil bien terminé, lorfqu'à 8h 28” 30" de temps vrai, je vis le bord de Vénus toucher celui du Soleil: je me fervois alors d'un verre enfumé qui me rendoit l'image du Soleil d'une couleur rouge ; j'eflimois le paflage du centre à 8h 37’ 38"; le contaét extérieur fe fit à 8F 46° 32”, en rendant le difque du Soleil d’une couleur blanche, au moyen d’un verre verd, légèrement enfumé, combiné avec un verre bleu ; & en rendant Timage du Soleil rouge avec le feul verre enfumé, le contact extérieur eft arrivé cinq fecondes plus tard, c’eft-à-dire à 8P 461237". Vénus fur le difque du Soleil, y a toujours paru très-noire, excepté vers la circonférence , où l'on remarquoit un rouge clair qui fe diflinguoit de la couleur du Soleil en forme d’an- neau , qui avoit peu de largeur fans être terminé à la circonfé- rence : cette couleur étoit agitée confidérablement, & il fembloit 336 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que c'étoit un fluide qui bouilloit autour du difque de la planète, entrainé du Levant à l'Occident, paflant par le Nord : ce qui a eu lieu pendant tout le temps que Vénus a été vifible fur le difque du Soleil. Vénus fur le Soleil, n'a paru conflamment d'une figure ovale, dont le grand axe étoit perpendiculaire à l'orbite. . Ji ne me refte plus qu'à tirer des Obfervations que je viens de rapporter, les conféquences aftronomiques pour la théorie de Vénus. La première opération confifle à corriger toutes les diflances obfervées, à raifon de a parallaxe qui rapprochoit Vénus du bord du Soleil. Voici la route que j'ai fuivie pour trouver cet accourciffement, dont le calcul eft très-long par les méthodes ordinaires. MÉTHODE pour trouver graphiquement la Parallaxe de diflance , ou l’accourciffement des Diflances obfervées, di à la Parallaxe. Soit C le centre du Soleil, CYle rayon du difque fokaire, qui étoit le jour du paflage, de 15° 46"; foit C À égal à 25"+, différence des parallaxes de Vénus & du Soleil, je fuppofe en nombres ronds 10 fecondes pour Ia parallaxe du Soleil. IE faut concevoir, fuivant la méthode ordinaire des projections, que du centre du Soleil il parte une infité de rayons qui embraffent la circonférence du difque de la Terre & forment un cône de lumière, dont le Soleil eft le fommet & dont la Terre eft la bafe, ce cône étant coupé dans la région de Vénus par un plan perpendiculaire à fon axe, il en réfulte un cercle, que lon appelle Cercle de projeclion *. Le rayon de ce cercle de projection eft vu de Ia Terre fous un angle égal à la différence des parallaxes, c’eft-à-dire dans le cas aétuel, fous un angle de 25” 2: ainfr le cercle NBAN (figure r), lequel eft repréfenté plus en grand , mais * Voy. Mém. de Halley, dans les Tranfactions Philofophiques de 1716, n.° CCCXLVIIT; & M. de l’Ifle dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1723. avec DES SCIENCES. "64 avec Jes mêmes lettres, dans la figure 2, fera le cercle de projection: foit le lieu de Vénus fur fon orbite au moment d'une Obfervation qu'il s'agit de réduire, C X fa diftance vraie au centre du Soleil, ZQT le parallèle de Paris, repréfenté dans la projection, P le lieu de Paris au moment de l'obfer- vation , Îe centre du Soleil, vu de Paris, paroîtra au point P, ou fi lon veut, Paris vu du Soleil, répondra en P; ainfi PX fera la diftance apparente de Vénus au centre du Soleil vue de Paris. Si du point 4 & du rayon XC, on décrit un petit arc C A, ou, ce qui revient au même, fi fon tire par le centre C une petite perpendiculaire C A fur les lignes XC & XP, qui font peu différentes l'une de l'autre, on aura XC = X'H pour la diflance vraie de Vénus au centre du Soleil; & PA, différence entre XP & XA, fera la paral- laxe de diflance. Mais comme le rayon CY feroit trop grand pour pouvoir décrire le difque du Soleil dans une figure où C À auroit une certaine étendue, voici un moyen pour tirer la ligne CH fans le fecours du point X. Soit AS & D F parallèles à l'orbite ZS de Vénus, foit pris D F & FG égaux aux doubles de CM & MR, afin que le triange DFG foit femblable aux triangles CAR ou CZX; alors DG fera perpendiculaire à CX, & CH étant parallèle à DG, fera néceflairement perpendiculaire à C, ce que l'on s’étoit pro- polé de faire. La raïon pour laquelle je me fers du triangle D FG au lieu du triangle CAZR, confifte en ce que le centre C pouvant être un point variable , fuivant les diflérens pays, comme je le dirai dans une autre occafion, je n'ai voulu conferver de fixe que le centre D de l'ellipfe. La figure 2 repréfente le petit cercle de projeétion tracé fur une plus grande échelle, & auquel je vais appliquer le calcul de mes obfervations. Soit prife pour exemple la treizième Obfervation, faite à 8° 14", c'eft-à-dire 2h 44 après le milieu du pañlage; du centre D de l'ellipfe ayant tiré une parallèle D F'à l'orbite AZS de Vénus, on prendra un Say, érang, Tome F. Yu LS 338 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE point Æ à volonté fur cette ligne, on tirera ÆG perpen- diculaire à D F, on prendra fur ÆG pour chaque heure & minute des points, tels que les angles À 2G' foient égaux aux angles RCA, c'eft-à-dire que D F étant confidérée comme la plus courte diflance des centres 9" 30", on prendra FG égal au mouvement de Vénus, à raifon de 4 minutes par heure; ainfi lon peut très-bien divifer FG de 5 en $ minutes de temps, en y prenant 20 fecondes pour chaque divifion, la ligne totale D F étant de 9° 30", c'eft-à-dire que divifant D Fen 28 parties + pour $ minutes de temps, on peut prendre une de ces parties & la porter fur #G pour un certain intervalle donné, comme 2h 44’ après le milieu du paflage , on marquera le point G qui répond à cet intervalle, on tirera a ligne occulte DG par le centre C de la projeétion pour Paris, on tirera une parallèle CA, du point P, où eft marqué 8} 14’, heure de l'oblervation fur le parallèle, on tirera la perpendiculaire PH, & cette ligne PH fera Ja parallaxe cherchée en parties du rayon CN de la projection: on portera donc cette quantité PA fur les di- vifions de CN, & l'on trouvera 3”,6 pour l'accourciflement de la parallaxe cherchée. Ayant auffi trouvé S /7 par chaque Obfervation , je l'ai réduit en temps, & j'en ai conclu treize fois le milieu du paflage, tel qu'on le voit dans la Table fuivante. PL es ares Lt dti DES SCTENCES V'e39 TABLE ps ÉLÉMENS POUR LA THÉORIE DE VÉNUS. au matin. |{u cerc.| x FLE o{2 si vrâies. dift, H M, S. T3 H M A déc: | Sr déc. Sec. déc. D dy | # nr déc | H M. S AICE 49. 16/4. P2lr. 18. 5: 11,6 6534 | 400,9 |36. 35. 2819. 320 |s. 30. 18 2 6 54. | 2fr: 232 46| 10,7 664,3 3773 138. 26. 4519. 30,2 $- 30. 40 3: [7° ru. auf. 27/tr4or 56] 9,0 7010 | 312,6 |3&{43 59/9. 33,8 |S. 30. 40 4 y. 14. 1713. 20[u. 43. 521 8,s 708,5 | 300,9 |38. 44. 2410. 33,8 |s. 30. 31 5 [7. 0. 3415. 7h10. 9] 79 72 2757 |384 321 18/9. ur |$. 30. 11 6:|7. 26::3ofb, s4lue,515;:l 15 + 7 7359 | 252,0 |38,,n6.,1 619. 28,0 | 5. 29. 31 7 |7- 33: 3412: 3512. 3- 91 6,4 75516 | 223,7 |38. 44. 4010. 33,9 |$. 30. 40 8 |7. 36. 49/2. 2812. 6. 24] 6,16 |762,9 | 210,8 138. 18. 1619. 28,4 |5. 29. 35 9 |7+ 41. 102 1612. 10. 45 5,8 77572 19353 38. 32: 58 9e 315$ 15e 30° 13 10 |7. 49. 451. 5312. 19. 20 nc 798,9 | 159,0 |38. 34. 4019. 31,8 |$. 30. 17 11 |7. 58: 201. 29/2. 27. 55| 4,6 823,4 | 124,7 |38. 41. 43 |09. 33,3 |s. 30. 34. 12 [8 5. 10|1. 10[2. 34. 45| 4,0 843,0 973 |38- 28. 3119. 30,5 |5. 30. 1 13 [8. 14. 2110. 43/2. 43. 56] 3,6 | 870,4 60,6. | 38. 32. 22/9. 31,3 |s: 30, 11 EISA-SERLALES En prenant un milieu entre les treize déterminations de la plus courte diflance des centres C #7, il vient 9" 3 1",5 dixièmes pour cette diflance, & $} 30° 2 5" pour le temps du milieu du paflage. Ayant pris de même un milieu entre les treize rélultats, de ces quantités j'en ai conclu la latitude de Vénus, au temps de fa conjonétion CZ, de 0° 37,8, & le mou- vement de Vénus, en temps, de /f en L, de 21° 18", & le temps de la conjonction à $h $ 1° 43”. J'ai cru devoir rapporter ici Ja méthode très-expéditive & très-facile que j'ai employée pour trouver les accourciffemens de la parallaxe, tels qu'ils font dans la cinquième colonne de na Table, I fera aifé de l'appliquer à tout autre pays, & cela fe pourroit faire par une feule figure générale, dont j'efpère donner la defcription dans un autre Mémoire *, Connoiffant la vraie diftance CF des centres de Vénus & * Depuis que ce Mémoire a été donné à l’Académie, en 1762, M. de l’Iflea publié cette Méthode: on en trouve l’explication & la figure générale dans le fecond volume de l’Aftronomie de M. de la Lande. Vu ü Le) . f Dit, Accourcifl, : g 1 | Temps vr. ordl TEMPS de Vraie dift.|, Diflance l'A nples GS 4] Plus courte n du bord 2 UpLEIES x AT AGP [à l £ de compté a Parallaxe | des centres ; OS de sue Véaus EE le | à ajouter | de Vénus FRERES conclus diflance ce e b. d if: auxdiflanc, | & du Soleil Re D œ Obfervat, net. milieu FES bords | à chaque | 44 Er de abus Fe S 7 | Je 6 Juin pl.proc. du paffage » | pour avoir | Obfervar, Ole qque nm crpart.| Arrive les C. Fr. DR Obfervation. | cent. CM. Temps vrai du milieu du Pañaye, 340 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE du Soleil, il s'agit d'en conclure la plus courte diflance C 4#- & la quantité 1 qui doit donner le milieu du pafage ; ur cela je me fers du triangle CSY/, dans lequel on connoît CS, différence des demi-diamètres de Vénus & du Soleil au moment du contact intérieur des deux bords vu du centre de la Terre à 8h 29° 30”, VS mouvement de Vénus dans l'intervalle de l’obfervation F & du contact S; enfin CF, diftance corrigée déduite de l'Obfervation. En réfolvant ce triangle, je trouve l'angle CSY dans le triangle CSM: connoiffant CS & l'angle S, il aifé de trouver CM & SM}; ainfi la quantité CM, où la plus courte diftance, qu'il nous importoit fur-tout de bien connoître, fe trouve par chaque oblervation comparée avec celle de Ja fortie , qui par fa nature, eft la plus exacte & la plus propre à fervir de terme de comparaifon. Jeav. Etranger Tom. V'Pag. 340 : à “Lercle Le RE A) Crele de declinairon 2 Equateur 7. fécondes et décimales de FI TR LS 180 il Vu) dé cle de declinaron Gre DES ScrEeNcCcESs 341 AN AL TS ENDU, CG} PSE Par M. LAVOISIER. M ALGRÉ les découvertes dont la Chimie a enrichi l'Hifloire Naturelle, il eft une infinité de corps dans le règne minéral dont la nature nous eft entièrement inconnue: la plupart des terres, des pierres, des criftallifations, font des êtres abfolument neufs pour le Chimifte, & dont l’examert peut fournir une fource inépuifable d'expériences & de dé- couvertes. Prefque tous ceux qui ont travaillé jufqu'à ce jour, fmblent avoir oublié cette partie fi efentielle, commune à l'Hiftoire Naturelle & à la Chimie, h plus propre à porter la lumière dans l'une & l'autre de ces deux Sciences. Entraînés par un objet d'utilité plus fenfible, ils ont épuifé les reflources de leur Art & de leur génie pour approfondir la nature des fubftances métalliques ; on diroit que le refle étoit étranger pour eux : fans doute ils auroient porté plus loin feurs découvertes en ce genre, fi plus attentifs à füivre es opérations de la Nature, ils f fuffent toujours appliqués à faire marcher l'art de concert avec elle. M. Poit eft un des premiers qui ait tourné fes vues vers * Ce travail étoit déjà fort avancé, lorfque j’ai appris que M. Baumé avoit fait mettre dans une feuille de la Gazette d'Épidaure, quelques remarques fur les pierres | à plâtre: quelques perquifitions que J'aie faites, je n’ai pu me les pro- curer que lorfque ce Mémoire étoit prefque entièrement achevé. J'a- voueraï que l’Ouvrage qu'il annonce & la conformité du réfultat de fes expériences avec les miennes, m’a- voient d’abord déconcerté; j'avois réfolu- de facrifier ce Mémoire & de ke condamner à l'oubli. Cependant des perfonnes qui veulent bien s'in- téreffer à moi, m’ayant repréfenté que des expériences exactes, faites fur un même fujet par deux perfonnes différentes, ne pouvoient que fe fervir de confirmation réciproque ; que d’ailleurs l'annonce de M. Baumé ne contenoit rien que de général, & que l’Ouvrage dont il parloit n’avoit point encore paru. Je me fuis rendu à leurs obfervations, & je me fuis déterminé à préfenter ce Mémoire tel qu'il étoit alors & fans y rien changer. J'ai cru qu'il fufh{oit d'y ajouter cette remarque. Vu üj 342 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Yanalyfe du règne minéral: ce favant Chimifle nous à frayé une route nouvelle; & par une multitude prodigieufe d’ex- périences, il eft parvenu à compléter en grande partie un travail qui manquoit à fa Chimie, & dont on mavoit point eu d'idée jufqu'à lui. Cependant li méthode qu'il a adoptée, celle de traiter tout par le feu, en nous apprenant quelques propriétés fingulières des corps qu'il a foumis à fes expériences, nous a laïflé prefqu'auffi peu inftruits qu'auparavant {ur leur nature & leur compofition. .… La voie que j'ai fuivie dans F'analyfe des fubftances minérales eft tout-à-fait différente; j'ai tâché de copier la Nature. L'eau, ce diflolvant prefque univerfel, cet être à qui rien ne réfifle, eft Le principal agent qu'elle emploie; c'eft aufli celui que j'ai adopté dans mon travail. J'en vais donner un exemple dans l'analyfe du gypfé; j'en donnerai d'autres par la fuite, à mefure que, par des expériences répétées, j'aurai tâché de rendre mes travaux dignes de l'attention des Savans. Je ferai voir que le plitre, cet être fi réfraGtäre, que la violence du feu ne fauroit altérer , traité par des voies plus douces, peut fe décompofer dans la paume de la main (a). . Le gypfe que j'ai employé dans mes expériences, eft Ia pierre fpéculaire, le gypfe criftallifé de Montmartre /b): cette efpèce m'a paru ia plus pure, la plus à ma portée, & par conféquent la plus propre à répondre aux vues que je me propolois. C’eft uniquement Fanalyfe de ce corps que je vais donner ici: je parlerai dans un autre Mémoire, non-feulement des différentes pierres à plâtre de Montmartre, mais encore de toutes les autres efpèces que je pourrai raffembler; je les rapprocherai de la pierre fpéculaire; je tächerai de démontrer ce qu'elles ont de commun, d'affigner leurs diflérences. Ce travail me conduira infenfiblement à la defcription des (a) Expreffion dont s’eft fervi Sthal Gypfum lamellis Romboïdalibus dans fon fameux Problème fur la | pellucidhm. W. 50. décompofition du tartre vitriolé. Gypfe-felenires. Selenitesfpathofo- . (b À Lapis fpecularis , Plinit | gypfea cuneiforuus. Lion: 3. gricolæ. \ DES :S (CHEN C Es: 343 pltrières, à l'arrangement du gypfe dans la Nature, aux phé- nomènes qu'il occafionne ; enfin je m'attacherai à développer le myftère de fa formation. Ce fera la matière d'un troifième Mémoire. | À Avant d'entrer dans l'analyfe de la pierre fpéculaire, je vais placer ici quelques expériences préliminaires; elles ferviront comme de lemmes aux propofitions que j'ai à démontrer. La pierre fpéculaire * groflièrement pilée dans un mortier, conferve encore une forme régulière ; prefque toutes es parties font autant de parallèlépipèdes de figures parfaitement fem- blables , conftimment compofées des mêmes angles: on voit auffi de petits triangles ifofcèles un peu alongés, dont {a pointe eft toujours tronquée. Si l’on continue de piler, bien- tôt le porte-à-faux du pilon émouffe les angles des paralèlé. pipèdes ; la plupart font mutilés & fe couvrent d’une pouffière qui ne provient que de la deftruétion de ces mêmes angles : enfin fi l'on poufle plus loin l'opération, on parvient à n'avoir plus qu'une pouifière très-blanche, qui, vue au microfcope , eft compolée de fragmens criftallins abfolument défigurés. La pierre fpéculaire ainfi réduite en poudre & pañlée au tamis de foie, mife enfuite dans un chaudron de fer fur le feu, acquiert, par un degré de chaleur affez doux , plufieurs propriétés des liquides; elle fe met de niveau comme eux : comme eux elle offre très-peu de réfiftance aux corps qu'on y plonge; quelquefois même on voit à {à furfice un mouve- ment femblable à celui de l’eau qui bouillonne : ce mouvement n'eft point occafionné, comme on pourroit le penfer d’abord, par des particules d'air dilatées qui s’en échappent. La caufe de ce phénomène fera développée dans la füuite de ce Mémoire (a). Pendant toute cette opération, on voit s'élever de la matière une vapeur , une fumée légère ; mais peu à peu, à melure que la chaleur augmente, on la voit diminuer, puis cefler enfin tout-à-fait: en même -temps le fond du chaudron (a) Sila pierre fpéculaire n’a pas été mife en pouffière trés-fine, on a des phénomènes tous différens, elle décrépite fur le feu & acquiert pas de fluidité fenfible, * Mém. Acad. des Scienc. année 1719P9 0e 344 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE commence obfcurément à rougir , cette fluidité apparente dimi- nue, la matière ne cherche plus le niveau comme auparavant, elle devient plus lourde, plus difficile à remuer. A ces fignes, qui ne font pas difhciles à faifir, retirez le chaudron du feu , il a acquis précifément le degré de calcina- tion néceflaire pour être employé dans {a Sculpture & dans les bâtimens. Si les petits criflaux qu'on a mis à calciner. étoient réguliers, ils ont confervé, la plupart, leur forme & leur figure, ils ont feulement perdu toute leur tranfparence ; ils font auffi beaucoup plus friables; de forte que pour peu qu'on les frotte entre les doigts, ils fe réduifent en une pouflière très-fine, irrégulière & un peu rude au toucher. Que de nouvelles propriétés la pierre fpéculaire vient d’ac- quérir en un inflant ! une heure d'un degré de feu peu fupérieur à l'eau bouillante, femble avoir changé fa nature; ce corps, qui n'avoit qu'une foible analogie avec l'eau, maintenant mêlé avec elle, s’en faifit avec avidité, s'y unit & forme une mafle dont la dureté furpaffe celle de la plupart de nos pierres. Quelle eft donc la caufe d’un changement fi fubit? le feu a-t-il formé quelque nouveau fel? s'eft-il opéré quelque décompofition , quelque combinaifon nouvelle? Rien de tout cela nef arrivé. Le plâtre eft tel qu'il étoit auparavant, il a feulement perdu ‘fon eau de criftallifation : fi on la lui rend, il la reprend avec awidité, il recriftallife avec elle. Cette explication n'eft pas feulement une conjedture, elle fera complètement démontrée dans la fuite de ce Travail; mais avant que d'entrer dans le détail des expériences qui me {erviront de preuve, je vais pafer tout de fuite à fanalyfe du gype, l'intelligence de ce que j'ai à dire en deviendra plus facile. Je me hûte donc d'entrer en matière, Si le gypfe eft fufceptible de perdre & de reprendre fon eau de criftallifition, le gypfe eft donc un fel? c’eft ce que je vais démontrer, ; J'entends , avec tous les Chimifles, par un fel une fübftance capable d'union avec l'eau qui a la propriété de s’y difloudre, qui privé de cetig même eau par l'évaporation, {e nant (3 DES SCIENCES 34$ de nouveau fous une forme faline, prefque toujours régulière & propre à chaque fel. La pierre fpéculaire, & en général le gypfe, a toutes ces propriétés; calciné ou non calciné, il fe diflout en totalité dans l'eau: cette même eau lentement éva- porée, donne des criflaux réguliers, Pour favoir précifément combien il falloit de parties d’eau pour en difloudre une de gyple, j'ai mis fur un filtre de toile bien lavée, fix onces de pierre fpéculaire exactement pilée & paffée au tamis; j'y ai fait paffer, douze pintes à douze pintes, de l'eau de rivière qui étoit alors fort pure; j'avois même foin de Ja repañler plufieurs fois, afin qu'elle fût chargée de fel autant qu'il étoit poflible; cette eau, pefée avec l’aréomètre de M. Homberg, fe trouvoit à peu près augmentée de = de fon poids. A chaque fois que j'en repafiois de nouvelle, je voyois la matière fenfiblement diminuer; enfin à la quatre- vingt-douzième pinte tout étoit diflout, il ne reftoit abfolument rien fur le filtre. Si l'on divife Les fix onces de pierre fpéculaire que j'ai em- ployées, par le nombre de pintes qu'il a fallu pour les diffoudre, on trouvera que chaque pinte d'eau s’eft chargée de trente-fept grains de matière faline, ou, ce qui eft la même chofe, qu'il faut environ cinq cents parties d’eau pour en diffoudre une de pierre fpéculaire: cette expérience, plufieurs fois répétée, m'a toujours donné, à très-peu de chofe près, le même réfultat. J'ai eu le même fuccès avec le gyple calciné, c’eft-à-dire avec le plâtre ; l'eau s’eft chargée d’une pareille quantité de {el. Je fuis parvenu auffi à difloudre la totalité, avec cette dif- férence cependant que j'ai été obligé d'employer une plus grande quantité d'eau pour diffoudre le plâtre que je n’en avois em- ployé pour le gyple, non pas, comme je l'ai dit, qu'elle fe, chargeät d'une plus grande quantité de fel, mais parce qu'à poids égal le plâtre contient plus de matière faline que le gyPfe, puifqu'il a l'eau de criftailifation de moins de F Après avoir ainfi diflout le plâtre dans l'eau & l'en avoir * Toutes ces folutions de fel ont été faites à l'eau froïde par une tem- pérature fupérieure de quelques degrés à celle des caves de l'Obfervatoire, Sar. étrang. Tome :1XX 346 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE chargé autant qu'il étoit poflble, j'en aï mis vingt-fix pintes à évaporer au bain de fable dans un grand vafe de verre ; j'ai entretenu, par le moyen d'un feu de lampe bien ménagé, la chaleur à 30 degrés du thermomètre de M. de Reaumur, c'eft-à-dire à peu près telle qu'on éprouve dans les jours les plus chauds de Pété : au bout de quelques jours il s’eft formé à la furface de la liqueur une pellicule très-légère, qui a augmenté peu à peu jufqu'à la fin de l'opération; cependant elle étoit encore fi mince, que je ne faurois mieux en donner idée qu'en la comparant à un feuillet de pain à chanter. Cette pellicule féchée étoit life dans fa partie fupérieure ; celle au contraire qui regardoit le fond du vale étoit hérifice de petits criflaux extrèmement fins, qui à la lumière paroif- foient autant de petites pointes de diamant : le fond & les côtés du vafe étoient tapiffés d’une pellicule toute femblable, appliquée contre les parois du verre & qu'on pouvoit facile- ment en féparer : cette pellicule étoit pareillement hérifiée de petits criflaux du côté qui regardoit l'intérieur du vafe *, Malgré la lenteur de l'évaporation, malgré la grande quan- tité d'eau que j'avois employée, ces criflaux étoient encore fi petits, que ce n'étoit qu'à laide du microfcope qu'on pouvoit en diftinguer la figure ; c’étoient de petits parallelépipèdes régu- liers, la plupart fort alongts, mêlés de quelques triangles ifofcèles tronqués, précifément comme je l'avois oblervé dans la pierre fpéculaire groffièrement pilée : toute la pellicule, examinée avec attention, étoit compolée de ces criftaux. D'après ces exp'riences, il ctoit bien démontré que le gypfe étoit un fel: bien plus, avant & après la calcination, mème pouflée à la dernière violence du feu, il ne faifoit aucune effsrvefcence ni avec les acides ni avec les alkalis; je m'en étois fouvent afluré par des expériences : c’étoit donc un fe neutre ; fon analyfe fe réduifoit donc, pour ainfi dire, à l'opé- ration la plus ordinaire & communément la plus fimple de toute la Chimie, * La folubilité du gypfe dans l'eau étoit déjà connue. Vote ajoutée ar M. de Montigny, Commniffaire nommé par L'Acalémie pour d'examen de ce Mémoire (Voyez la note à la fin de ce Mémoire), DES SCIENCES. 347 Tout fel eft compolé de deux, d'un acide & d'une bafe. Pour m'aflurer de la nature de l'acide que je préfumois, comme il étoit naturel de le faire, être celui du vitriol, j'ai mis dans un creufet de la pierre fpéculaire calcinée avec de la poudre de charbon; fi-tôt que les matières ont commencé à rougir, le couvercle du creufet s’eft trouvé entouré d’une petite flamme bleue; cette même flamme, lorfqu'on le découvroit, occu- poit toute la furface de la matière, & l’on fentoit une odeur légère d'acide fufureux volatil. Lorfque la matière ainfi cal- cinée a été refroidie, j'y ai verfé un acide; aufli-tôt il s'eft exhalé une odeur très-vive d'œuf pourri, qu'il étoit facile de reconnoître pour celle du foie de foufre. J'ai refait le même mélange de plâtre & de charbon, en y joignant de fatkali fixe: il en a réfulté un véritable foie de foufre. Ces deux expériences fufhifent pour démontrer que l'acide du gypfe eft le même que celui des pyrites martiales , celui de l'alun & celui du foufre, c'eft-à-dire l'acide vitriolique, puifque lui feul dans la Nature, uni à la matière du feu, eft capable de faire le foufre & l'acide fulfureux volatil. Pour démontrer la nature de fa bafe, j'ai fait difloudre de la pierre fpéculaire dans l'eau ; j'y ai enfuite verfé goutte à goutte un alkali fixe très-pur en dhquiun ; auffi-tôt l'acide vitriolique a quitté fa bale pour s'unir à l'alkali fixe & former avec lui un tartre vitriolé; en même-temps la liqueur s'eft troublée, il s’eft fait un précipité blanc, qui lavé & édulcoré, étoit une terre calcaire très-pure femblable à la craie : comme elle, elle fe réduiloit en chaux vive par la calcination; comme elle, unie à l'efprit de nitre, elle formoit une eau - mère de falpêtre, qui évaporée, donnoit un fel déliquefcent *. La pierre fpéculaire eff fr peu foluble dans l'eau , qu'il eft fort difficile d'avoir par cette voie affez de terre calcaire & de tartre vitriolé pour les foumettre à des expériences; il faudroit * On favoit déjà que la pierre fpéculaire, le gypfe, plufieurs ftalaétites & incruftations , font compolés de acide vitriolique uni à une bafe ter- reufe, & que ces matières font folubles dans l'eau. JVore ajoutée par M. de Montigny, Commiffairé nommé par l’Académie pour l'examen de ce Mémoire (Voyez la note à la finde œ Mémoire), j X x ij 348 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE employer une quantité d'eau prodigieufe, & les vafes de verre où de grès, les feuls qu'on doive employer dans des expé- riences, ne pourroient jamais en contenir un volume afiez confidérable, Pour remédier à cet inconvénient, j'ai eu recours au moyen fuivant : j'ai mis de la pierre fpéculaire pilée fur un filtre bien lavé; j'ai fait paffer deffus une diffolution d’alkali frxe étendue d'une grande quantité d'eau. Dès là première fois elle avoit perdu de fon goût lexiviel, & par des cohobations répétées je fuis parvenu à la neutralifer entièrement. D'un côté, cette eau lentement évaporée, m'a donné des criftaux très-réguliers en aiguilles à fix faces, terminées en pointe de diamant, en un mot un véritable tartre vitriolé: de l'autre, au lieu de la pierre fpéculaire que j'avois mile fur le filtre, je n'ai plus trouvé qu'une terre calcaire, mêlée feu- lement d'un peu de fdénite ; l'acide vitriolique qui la neutra- lifoit lavoit abandonné pour s'unir à l'alkali fixe. H ne füfhloit pas d'avoir décompoté le gypfe, d'avoir montré féparément les mixtes qui le compolent, d'avoir démontré qu'il étoit formé par l'union de l'acide vitriolique avec une terre calcaire, en un mot que le gypfe n'étoit autre chofe que de la félénite , il falloit encore prendre les matériaux qu'emploie la Nature, recompofer de toutes pièces un nouveau gyple, qui produisit les mêmes eflets, qui donnât les mêmes phénomènes. J'ai donc pris de l'acide vitriolique concentré, dont fe poids étoit, à peu de chofe près, double de celui de l'eau, & de la pureté duquel J'étois par conféquent für ; je l'ai étendu dans de l'eau jufqu'a ce qu'étant goûté il ne fit plus fentir qu'une acidité agréable; j'y ai enfuie jeté peu à peu de la craie en pouffière üès-fine, jufqu'à ce qu'il ne fe fit plus d'effervefcence & que je fufñle afluré, par le moyen du firop de violettes & par les autres expériences ordinaires, que j'avois attrapé le point exact de la faturation. Dans cette expérience, que j'ai plufieurs fois répétée, j'ai toujours employé à peu près partie égale d'acide yitriolique & de craie, DIE \'s SYICUITE IN CNENS 349 La plus grande partie de Ia félénite que je venois de former, étoit difloute dans l'eau; quelque peu étoit tombé au fond du vafe fous la figure d’une pulpe blinche. J'ai filtré exaétement l'eau furnageante ; j'en ai mis quinze pintes à évaporer au feu de lampe : au bout de quelques jours il s’eft formé à la fürface de la liqueur & fur les parois intérieures du vafe une pellicule ou feuillet, précifément comme il étoit arrivé dans la criftal- lifation de la pierre fpéculaire. Si-tôt que l'évaporation a été finie, & que les criflaux ont été fecs, mon premier foin a été de les examiner à la loupe & au microfcope; je m'attendois à les trouver compolés, comme ceux du ptre, de parallélé- pipèdes & de triangles, mais je fus fort étonné lorfque je trouvai à la place, de petits criflaux en colonnes à fix pans, terminés par fix facettes, fémblables à ceux du tartre vitriolé ou aux petites aiguilles de criftal de roche qu'on trouve fré- quemment dans les pays de montagnes *. Cette différence commençoit à m inquiéter d'autant plus, qu'ayant recommencé plufieurs fois l'évaporation , j'avois toujours eu fe même réfuliat : cependant , à force d'expériences & de réflexions, je fuis enfin parvenu à rendre raifon de cette différence; & cette même expérience qui m'avoit déconcerté d'abord, s'eft trouvée pré- cifément celle qui m'a conduit à l'explication d’une infinité de phénomènes qu'on obferve dans le règne minéral, & no- tamiment à la caufe des difftrentes formes fous fefquelles Le gyple fe préfente dans la Nature. Ce détail feroit déplacé ici, il fera le fujet du prochain Mémoire que j'ai annoncé plus - haut. Au refle, malgré la différence des criflaux, cette félénite n'en eft pas moins un véritable gypfe : pilée & phicée enfuite fur le feu, elle prend le caractère de la fluidité, elle paroit ar es & par une calcination bien ménagée, dll acquiert la propriété de prendre corps avec l'eau , comme feroit le * Tous les Chimiftes qui ont parlé | pas. étonnant : à moins d’avoir jufqu'ici des criltaux de la félénite, | employé beaucoup d'eau dans les ont ignoré fa véritable figure; ils | opérations, il eft impoilible de les ont décrit l’affemblage des criltaux | apercevoir. pour le criftal lui-même; cela n’eft Xx ii 350 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE plâtre le plus parfait. Il eft inutile d'entrer ici dans le détail des opérations que j'ai faites fur ce gyple artificiel, il me fuffira de dire que toutes les expériences que je donne fur la pierre fpéculaire, répétées fur la félénite, m'ont toujours donné le mème rélultat. Après avoir donné le complément de Ja démonftration chimique, la décompofition du gypfe & fa recompofition, me refle à parler de quelques phénomènes, dont l'explica- tion deviendra facile d'après ce qui vient d'être dit. J'ai annoncé plus haut que l'endurciflement du plâtre avec leau wétoit autre chofe qu'une véritable criflallifation, que le gypfe privé de fon eau par le feu, fa reprenoit avec avidité & recriftallifoit de nouveau : cette explication fera complet- tement démontrée, fi je fais voir qu’il m'eft poflible d'enlever au plâtre ou de lui donner à volonté la propriété de prendre corps avec l'eau, fuivant que je lui Ôte ou que je lui rends fon eau de criftallifation. Je prends du plôtre calciné, comme il a été dit ci-deffus ; & qui fe durcit promptement avec l'eau; je le jette à grande eau dans une terrine ou dans un grand vale : chaque molécule de plître, en traverfant la liqueur , reprend fon eau de crif- talifation & tombe au fond du vafe fous la figure de petits filets brillans, vifibles feulement avec une forte loupe: ces filets, féchés à l'air libre ou par le fecours d’une chaleur très- modérée, font extrémement doux & foyeux au toucher, Si on les porte au microfcope, on s'aperçoit que ce qu'on avoit pris à la loupe pour des filets, font autant de paralellépipèdes extrêmement fins, tels qu'ils ont été décrits ci-deffus, feule- ment beaucoup plus minces & beaucoup plus alongés: le plâtre dans cet état n'eft plus füufceptible de prendre corps avec l'eau ; mais fi on le recalcine de nouveau, ces petits criftaux reperdent leur tranfparence & leur eau de criftallifation & deviennent un véritable plâtre auffi parfait qu'auparavant. On peut, de cette façon, faire fucceffivement calciner & recrif- tallifer le plûtre jufqu'à l'infini, & par conféquent lui ôter & Jui rendre à volonté la propriété de prendre corps avec l'eau, Des] SicaEtnTCrE sr AIT x Cette expérience m'a donné l'idée d'un moyen très-fimple, de faire le plâtre plus en grand que par l'évaporation & la crif- tallifation ordinaire: il ne feroit peut-être pas même imprati- cable dans les pays où le plâtre eft fort rare & dans fefquels il eft poffible de fe procurer l'huile de vitriol à bon compte en la tirant des pyrites. On prend de fhuile de vitriol, qu'on étend dans vingt où trente fois fon poids d'eau ; on y jette peu à peu de fa craie en poudre avec un tamis fin: il fe fait une vive effervefcence accompagnée d'une odeur pénétrante. On continue ainfi à jeter de la craie jufqu'à ce qu'on ait atteint le point de faturation. Les premières portions de félénite qui fe forment, fe diffolvent dans la liqueur; mais lorfqu'elle en eft,chargée autant qu'elle en eft capable, elle tombe au fond du vafe à mefure qu'elle eft formée & s'y dépofe en filets criftallins extrêmement fins, qui vus avec une forte loupe du microfcope , font autant de petites portions irrégulières d'aiguilles à fix côtés, telles que nous les avons décrites plus haut dans la criftallifation de la félénite. Ces petits criftaux , féchés & calcinés enfuite, de- viennent un véritable plâtre qui prend parfaitement corps avec d'eau *, Quoique, d'après ce que je viens d’expofer, il ne puifle refter aucun doute fur la caufe de l'endurciffement du plûtre, je vais cependant rapporter une expérience de M. Pott, que jai répétée & d'après laquelle il ne reflera plus, à ce qu'il me femble, rien à defirer fur l'explication de ce phénomène, J'ai mis dans une cornue de verre à feu nu, au fourneau de réverbère, neuf onces de pierre fpéculaire très-fine, réduire en poudre & patlée au tamis; j'ai échauffé lentement les vaiffeaux , afin de mieux fuivre les progrès de la diftillation. Dès les premiers inflans, il eft forti par le bec de la cornue quelques gouttes d’une liqueur limpide: à melure que le feu a augmenté, elle eft devenue plus abondante; elle a diminué œïfuiie peu à peu vers les trois quarts de l'opération, puis elle a ceflé tout-à-fait un peu avant que le fond du vaifieau eût # Ce plâtre fait à Paris, reviendroit à quinze ou vingt fous la livres 352 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE commencé à rougir : lorfque les matières ont été refroidies ; j'ai défappareillé les vaifleaux ; j'ai trouvé dans le récipient deux onces juftes /a) d'un flegme infipide , auffi pur que peut être de l'eau diflillée, elle avoit feulement une légère impreffion de feu ou d'empyreume. J'ai répété plufieurs fois cette opé- ration, & j'ai toujours obfervé que cette odeur étoit d'autant -moins fenfible qu'on avoit apporté plus de foin pour employer de la pierre fpéculaire pure & qui n’eût point été expolée à la pouflière: je ne doute pas même qu'avec beaucoup de précautions on ne püt parvenir à bannir entièrement cette odeur. Mon but avoit été, dans cette opération, d'examiner cette vapeur qui s'élève du gypfe pendant la calcination, de m'af- furer fi ce n'étoit précifément qu'un flegme, enfin sil ne perdoit par la calcination rien autre chofe que fon eau de criftallifation : mon objet étoit rempli; j'avois d'un côté la matière faline calcinée, de l'autre le flegme qu'elle avoit donné. Alors j'ai pelé féparément deux parties du plâtre & une partie de cette même eau que j'en avois tirée /2) ; je les ai mêlées enfemble, en peu de temps le plâtre a pris corps & la mafle eft devenue très-dure : n’efl-ce pas précifément comme fi je difois, la matière faline a repris fur le champ cette même eau qu'elle avoit perdue & pour laquelle elle a tant d'analogie; chaque molécules, par une critallifation fubite, {e font unies, fe font confondues & n'ont formé qu'une feule mafle criflalline irrégulière, (a) J'ai toujours obfervé que la pierre fpéculaire perdoit à peu-près Je quart de fon poids dans la calci- nation, ou, ce qui eft fa même chofe , que fon eau de criftallifation failoit un quart de fon poids. Il feroit à foubhaiter que nous euflions des ex- périences précifes qui déterminaflent d’une manière exacte la quantité d’eau de diflolution & de criftallifa- tion propre à chaque efpèce de fel. (b) Cette proportion de deux parties de plâtre & d’une d’eau, efl celle qu’on obferve communément pour gacher le plâtre ; il ne faut pourtant pas croire qu'il foit capable d’en abforber une fi grande quantité, il n’y a que la moitié qui entre dans la combinaifon, tout ce qui eft fu- perflu demeure interpofé entre les parties ; cell cette même eau, qui ne s'évapore qu'à la longue, qui produit une humidité dangereufe & qui rend mal-fains les bâtimens de platre nouvellement conflruits, Jai Fe vs * ‘ DES SCIENCES. 353 J'ai parlé dans le commencement de ce Mémoire, d'un mouvement femblable au bouillonnement des liquides qui s'excitoit dans la pierre fpéculaire en poudre lorfqu'elle étoit fur le teu: fi l'on obferve ce mouvement avec attention, on s'aperçoit que ce font des parties fines du plâtre qui s'élèvent du fond du vafe à la furface & qui y forment une efpèce de petit jet ou de petite fufée. La caufe de ce phénomène n’eft pas difficile à faifir : avant que toute la mafle ait pu s'échauffer fuffñifamment, les parties qui touchent immédiatement les parois du vafe ont déjà reçu une chaleur capable de leur enlever leur eau de criftallifation ; alors devenues plus légères, fans avoir changé de volume, elles font portées naturellement à s'élever à la furface & à y occafionner le mouvement qu'on y obferve. On peut rendre ce bouillonnement plus fenfible, en mélant avec la pierre fpéculaire de la poudre de charbon très-fine, dont la pefanteur fpécifique eft beaucoup moins grande : dès que la matière eft fufffamment échaufiée, elle acquiert une fluidité beaucoup plus grande que fi le plâtre eût été feul; en même-temps il sexcite un mouvement confidérable dans ce faux liquide ; on voit à fa furface grand nombre de petits jets, ui font autant de petits courans par lefquels la pouffière de charbon fe fépare du plâtre, précifément comme il arriveroit dans deux liqueurs dont la pefanteur fpécifique feroit différente. Peut-être ces expériences, fuivies avec attention, auroient-elles faire naître quelques idées fur la caufe du bouillonnement des liquides, fi M. fabbé Nollet n'eût pris les devans dans un excellent Mémoire qu'il a donné fur cette matière, & n'eût mis au clair d’une manière irrévocable toute cette partie de lx Phyfique. Il me refte ici une difficulté que mes expériences n’ont pu éclaircir : le plâtre, lorfqu'il a été trop calciné, n'a plus la même propriété; fi on a Jaiffé rougir le vaifleau , il ne prend plus corps avec l'eau; mélé avec elle, ä ne forme plus qu'une mafie friable qui fe réduit très-facilement en pouffière, Du plätie parfaitement calciné qui prenoit bien corps avec Say. étrang. Tome V. .Yy Mén. Acads 17420574 … Lirhog, trad, franc. Page Dh Jr. Ca MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE l'eau, pouflé au feu dans les vaifleaux fermés, ne m'a doriné que quelques atomes d'eau, qu'on peut même regarder come zéro, en compuraifon de la quantité de matière que javois employé ée : ce plâtre, quoique trop calciné, n'avoit fouffert au- cun changement apparent, cependant if ne prenoit plus dot avec l'eau. Je pourrois hafarder ici quelques conjeélures , peut -être mème parviendrois-je à les rendre probables, mais je les regarde comme déplacées dans un Mémoire de Chimie, où il n’eft jamais permis de marcher que l'expérience à la main : peut-être la fuite de mon travail me donnera-t-elle quelques lumières fur ce phénomène. Je ne manquerai pas d’inférer dans les Mémoires qui doivent fuivre, ce que mes expériences m'en auront appris. Quelques Chimifles ont avancé que dans la calcination du plâtre, on apercevoit quelquefois une matière fulfureufe qui s'enflammoit : cette obfervation ne peut être vraie que pour le plâtre calciné à feu ouvert, comme celui de nos Pltriers; alors une portion de l'acide vitriolique s'uniflant au phlogiftique des charbons ou de l'huile empyreumatique du bois, forme un véritable foufre: partie de ce foufre s’enflamme & fe diffipe ; putie s'uniflant à la bafe calcaire du plâtre, forme un foie de foufre à bafe terreule : c'eft ce même foie de foufre qui oc- cafionne l'odeur défagréable qui fe fait fentir lorfqu'on mêle le plâtre avec l'eau; au refle, on n'obferve aucuns de ces phénomènes lorfque le plâtre a été calciné dans des vaiffeaux & qu'on a eu foin de n'y laifler introduire aucunes faletés qui. puffent fournir de la matière charbonneufe : c'eft de quoi je me fuis afluré par diverfes expériences. Je terminerai ce Mémoire par quelques courtes réflexions fur ceux qui ont travaillé avant moi fur le gypfe. M. Pott, le premier qui ait examiné ce corps dans des vues analytiques, après avoir rapporté dans la première partie de fa Lithogéognofie, plufieurs expériences, dont quelques-unes fembloient favorifer l'opinion de ceux qui foupçonnoient que la pierre à plâtre étoit de la flénite, s'explique ainfi dans la feconde : « Pour ce qui DES SCIENCES. 355 eft de fon origine (du gvpfe), J'ai bien de la peine à croire, avec Linnæus, Walerins & quelques Auteurs françois, qu'il fe forme en effet dans la terre par l'union de lacide vitriolique avec la craie ou avec a chaux » : il ajoute enfuite quelques expériences, par lefquelles il prétend prouver que la félénite eft différente du gypfe. Cette différence vient, à ce que je pen{e, de ce que M. Pott nes’eft point aflez appliqué à chercher le point de faturation dans les-combinaifons qu'il à faites de l'acide vitriolique avec la terre calcaire. I n’a pas fallu d'autre caule pour empécher le fuccès de fes expériences. Depuis l'Ouvrage de M. Pott, qu'on vient de citer, M. Cromfted , dans les Mémoires de l'Académie d'Upfal , a donné fur la même matière des expériences exactes & faites dans de bonnes vues chimiques: il a fait une félénite exactement faturée, qui, calcinée, prenoit corps avec l'eau; il a auffi uni le gyple à la pouffière de charbon, & il a eu, par le feu, du foie de foufre & de l'acide fulfureux volatil. J'ai été un peu plus loin qu'eux, puifque j'ai donné. une - analyfe complerte de la pierre fpéculaire, & je fuis bien éloigné cependant de croire que j'aie épuifé la matière; je fais au contraire qu'il refte une infinité d'expériences à tenter. L'argent, par exemple, & le mercure précipités de Tacide nitreux par le gypfe, préfentent des phénomènes finguliers dignes de l'atten- tion du Chimifte: quelques expériences me portent encore à croire qu'il eft pofhble, par la voie des combinaifons, dé débarraffer dans le gypfe l'acide vitriolique de fa bafe térreufe, de le rendre libre & de l'avoir en liqueur fmblable à l'huile de vitriol du Commerce. Je ne perdrai pas de vue toutes ces expériences; & fi je m'aperçois qu'elles forment un corps trop confidérable pour trouver place dans les Mémoires que jai annoncés, je les donnerai féparément ; j'y joindraï aufft par la fuite quelques Mémoires d'Hifloire Naturelle fur les effets que produit la folubilité du gypfe dans la Nature, fur Les fontaines incruftantes, qui en font une fuite, & dont j'efpère donner une aitiologie complète, enfin fur les phénomènes que doivent produire Yy i « Contin. de la Lithol trad. frangp.20 7, LOS Idèm, pp, 202, dr fu. Vol. XV, an& 1753: » » » » ÿ 2 »n » ÿ 56 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fes eaux féléniteufes des fleuves lorfqu'elles fe mélent aux eaux falées de la mer. Je donnerai féparément chacun de ces Mémoires à mefure qu'ils feront achevés ; ils fourniront par la fuite un corps d'Ouvrage complet, qui répandra de nouvelles lumières fur THifloire de cette partie bafle du globe qui a été couverte par les eaux de Ja mer, & que quelques Naturaliftes ont appelé la bande ou le sradus calcaire. D. la feéture de ce Mémoire, j'ai appris que M. Margraf, dans une Differtation qu’on trouve dans les Mémoires de l’Aca- démie de Berlin, année 1 75 0, page 1 44, avoit donné, à l’occafion de différentes pierres qui ont la propriété de devenir lumineufes, quelques expériences {ur la pierre fpéculaire. Il réfulte de ces expériences, premièrement, que [a pierre fpé- cukire eft compofée d'acide viriolique , de terre calcaire & de flegme ; fecondement , qu’elle a une partie foluble dans l’eau : M. Margraf ajoute même; je ne doute pas qu'il ne s'en püt faire une folution entière, en la faifant bouillir fortement dans une grande guantité d'eau. Depuis cette Differtation, M. de Montigny , dans un Mémoire fur les falines de Franche - Comté, lü à l'Académie en 1762, a fait voir /page 1 0 7) que les puits falés de Salins & de Montmorot, outre le fel marin, tiennent en diflolution des gyples ou félénites £ypfeufes : ces fubftances terreufes en apparence, font, d’après les expériences, détaillées dans le Mémoire des fels virioliques (page 113): elles fe diflolvent dans l’eau & donnent , par l’éva- poration , des aiguilles criftallines & régulières. Voici le paflage qui en fait mention. « Ces aiguilles brillantes & tranfparentes de- viennent d’un blanc opaque lorfqu’on les met fur une pelle rouge ou dans la flamme d’une bougie ; elles ÿ rougiffent fans fe fondre ; enfin fi l'on détrempe ces fubftances dans un peu d’eau, après les avoir calcinées au creufer, elles abforbent avec avidité le fluide & prennent en peu de temps la dureté du plâtre. C'eft donc un vé- riable gyple; & je me fuis affuré que l'on en pourroit faire de très-bons enduits, fi les gypfes ne fe trouvoient pas abondamment aux environs des falines : ces gypfes font formés de Pacide vitrio- lique engagé dans une bafe terreufe qui leur eft propre; c'eit la même fubtance gypfeule qui forme les incruftations des épines DE s S'cren cer: 357 qu'on voit aux bâtimens de graduation de Montmorot; c’eft elle qui forme aufli les flaladtites qu’on aperçoit en quelques endroits fous les baflins des mêmes bâtimens. . .. . . Ces ftalactites & ces incruftations calcinées , prennent avec l’eau fa dureté des plâtres ; elles font folubles dans l’eau bouillante avant la calcination. . I! en eft de même de la partie terreufe qui s'accumule , s'attache & s'endurcit avec le fel au fond des poêles ». Voy. les Mém, de l’Acad. des Siienc. année 1762 , pages 113 &r 114. Ceux qui defireront trouver un détail plus intéreffant, pourront recourir aux Mémoires ; ils ne peuvent que perdre en paflant par une autre main. Yy ÿ 358 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OBS ER VAT I ON SUR L'ALKALI DES PLANTES MARINES, Et les moyens de le rendre propre aux mêmes ufages que la Soude. Par M. l'Abbé MAZÉAS, Correfpondant de l'Académie, E pauvres Infulaires, forcés pendant la dernière guerre de quitter leurs habitations, vinrent fe réfugier à Saint Milo, & y demandèrent du travail: des Citoyens zélés pour le bien public, voulurent les employer à faire du favon par le moyen de lalkali des plantes marines: on confüulta la Société d'Avriculiure, des Arts & du Commerce établie dans la Province: on me chargea de faire des obfervations à ce fujet, & c'ett de ce travail dont j'ai Phonneur de rendre compte. Les cendres dont l’alkali fert à faire Ie favon de Marfeille, font connues fous le nom de /oude, & tirées du Ka majus cochleato femine, C. B. 289, qui croît fur les côtes d'Efpagne & que lon sème aufli en pleine terre. L’alkali que donne cette plante par la combuftion diffère de tout autre, en ce qu'il eft analogue à à bafe du fl marin, qu'il fe criftallife aifément, qu'il attire très peu l'humidité de air, qu'il eft très- abondant dans les cendres de cette plante, & qu’il donne une leffive propre, à l'exclufion de tout autre alkali, à former le favon dur & blanc, & fur-tout l'efpèce de favon animal, néceffaire à la teinture rouge des Indes & d’Andrinople. Les avantages que ce même alkali procure dans beaucoup d'autres Arts, & fa néceflité dans la plupart de nos Manufaétures, ont fait naître bien des tentatives pour limiter ou en appro- cher le plus qu'il feroit pofñble. Je ne m'étendrai pas fur ce qu'ont dit à ce fujet M. Henckel &. l'auteur du Difpenfaire anglois : perfonne ne croira, comme ads à 4... “Ladies metsihé . dom. DES SCIENCES, 359 Je premier /a), que les faux 4añs , tels que les efpèces de fahcornia, puifient , par la feule combuflion, fuppléer au défaut de celui d’Efpagne, comme nous le verrons dans la fuite : ni comme le dernier (b), qu'on puiffe faire une véritable foude avec le fel extrait de tous les bois & de toutes les plantes prifes indifléremment. Le fentiment de l'auteur Anglois, eft une méprile copiée de plufieurs Auteurs, mais que l'excellence & l'utilité de fon Ouvrage doivent faire excufer. Celui de M. Henckel paroît mériter plus d'attention ; car il eft certain, 1° que les plantes maritimes contiennent beaucoup de {el marin; 2.° qu'après leur combuftion , ce {el donne des fignes non équivoques d’un véritable alkali : c’eft là nature de cet alkali que je vais exa- miner; & comme le principal but de cet examen a été de le rendre utile aux Arts & aux Manufaétures, je confidérerai ce fel, non-feulement en lui-même, mais relativement aux effts produits par une égale quantité de la meilleure foude d'Alicante, que je prendrai pour terme de coimparaifon dans les faits que Je vais expoier. J'ai fait brûler à feu ouvert les plantes fuivantes , tant fé- parément que conjointement. PLANTES MARINES. Fucus maritimus , vel quereus marina veficulas habens. C. B. Pin. 365. Fucus anguflifolius vefculis latis fliquarum æmulis. Raï, Hift. 7 3. Fucus longifimo , latiffimo , craffoque folie. C. B. Prod. 1 54. PLANTES MARITIMES. Salicornia annua geniculata. Tourncf. s1 3- Salicornia gramineo folio candicami , ibid. Seu kali minus album femine fplendente. C. B. Pin. 28 9. Crithmum maritimum flore afferis atiici. C. B. 288. Cneoron album folio oles argenteo melli. C. B. Pin. 463. (a) Flora ficurnifans , ubi de kali | from this plant only , but now from Jaxonum. fundry forts of woods and others (b) Kali (najus femine cochleato, | vesetablis indiflerendly. The Engish €. B.) ïts leaves and the alkaline difpenfatory improved, materia me- falt called cmeres clavelatior Porash, | dica, pe 145: which ufed formerly to be prepared 1 ere Oblervations La 2. Obfervarion. 360 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Ces plantes, après fi combuflion, m'ont donné des cendres chargées de beaucoup plus de fel que ne le font celles des autres végétaux , & ce fel faifoit effervefcence avec les acides. J'ai rendu ces cendres plus cauftiques par la chaux, & j'en ai fait une leflive, aiaft que d’un poids égal de foude d’Aïicante ; j'ai verfé féparément ces deux leflives dans deux verres qui contenoient parties égales d'huile d'olive : fa {foude d'Alicanie a blanchi parfaitement fon huile, & la leflive des cendres des plantes que je viens de nommer n'a produit aucun change- ment dans la fienne. ; Perfüadé que la combuftion pouvoit n'avoir point enlevé tout l'acide marin uni à fa bafe dans les eaux de la mer, pompées par ces plantes, je remis ces cendres dans un creufet ue je fis rougir: la leffive qui en p'ovint fit un peu plus d'effet ; l'huile fembloit fe diviler quand on agitoit fortement le mélange, mais elle furnageoit & reprenoit fi forme uatu- relle En que le mouvement t cefloit. Je fis les mêmes épreuves féparément {ur les différentes efpèces de plantes rapportées ci-deflus, & les réfultats furent rent a les mêmes. Je brülai les mêmes plantes à feu étouffé, dans deux pots de terre, qui faifoient la fonétion de retorte, percés de façon à pouvoir y introduire un long tuyau qui conduiloit les va- peus dans un récipient. I fortit d'abord une eau très-falée, enfuite une eau fort äcre & d'un goût empyreumatique, enfin beaucoup d'huile jaunâtre & bitumineufe, qui expofée à l'air devint fort noire. Je penfi que de quelque façon qu'on fit brûler des plantes qui contiennent autant de bitume, il feroit bien difficile d'empècher union du principe inflammable avec falkali pendant la combuftion, & que c'eft peut-être à cette union quil faut attribuer le peu d'activité de falkali des plantes Marines, Je me confirmai dans cette idée par un fait que le hafard moflit il y a cinq ou fix ans. Je venois de faire du bleu de Prufk; & n'ayant plus befoin de ma leffive alkaline fulfureufe, BE rs SG LUE NL C.E, S. 36€ fulfureufe, je la verfai dans un vale qui contenoit de l'eau de favon; le lendemain je trouvai le favon coagulé & nageant en mafle dans l'eau qui le tenoit auparavant en difiolution, Ayant été confulté quelque temps après par des perfonnes d’une Manufalure de favon, établie près de Fontainebleau , {ur la manière de rende leur opération plus expéditive, je leur fis part du phénomène ; elles m'apprirent dans la füite qu'elles avoient employé falkali fulfureux (la foude calcinée avec le fang de bœuf}, & qu'il réduiloit le favon en maffe bien plus vite que ne le failoit la leffive des cendres de varec *, qui leur {ervoit auparavant au même procédé, mais que ce phénomène avoit feulement lieu dans le cas où l'huile étoit parfaitement divifée par la foude, & que fi on verfoit trop tôt là leflive de varec, où même la leffive alkaline fulfureufe, l'huile mon- toit à la furface de la cuve & ne contraétoit plus d'union avec l'alkali. Cette analogie de l'alkali des plantes marines avec celui qui contient un principe inflammable, ne me laifloit entrevoir que des difficultés infumontables ; cependant je leffivai le caput mortum de l'expérience précédente, je fis évaporer la Tiqueur & la mis dans un lieu frais, pour en obtenir les crif- taux & les comparer à ceux de la foude, mais je ne pus parvenir à la criflallifation. M. Henckel avoit éprouvé la même diffi- culté pour le {el de la falicornia: Voici la feule opération qui me réuflit, J'avois confervé pendant deux mois la leffive des plantes marines aiguifée par la chaux, fur laquelle nageoit l'huile qu'elle n'avoit pu divifer: cette huile conférvoit encore fa forme naturelle, mais la leffive avoit dépofé de gros criflaux, qui, pour la configuration, approchoient affez du fel de Glauber, & qui dans les épreuves donnèrent des fignes d'al- Kali pur : ces criflaux étoient pleins d'eau & enduits d'un peu d'huile; je les fis fécher, mais à limpreffion de là chaleur, * Ce font les cendres tirées indifféremment de toutes les plantes marines que la mer jette fur la côte; on en fait un grand commerce en Normandie. Say. érang. Tome V. je 2 .v 2 Obfervations 362 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE leurs furfaces fe couvrirent d'une eéfHorefcence qui gagna bien- tôt l'intérieur, & ils fe réduifirent enfin en une poudre blanche & impalpable, qui fe diflolvoit encoré dans une nouvelle eau. . La defcription que je viens de faire fe rapporte Gens préfque toutes {es circonflances à celle que fait M. Margiaf, de la bafe du fel marin, qu'il tira du fel de cuifme , en le faturant d'acide nitreux pour en former un nitre cubique, qui, comme om fait, détone fx les charbons & laïfle fi bafe du fel marin dégagée de toute fubftince hétérogène *. : JE répétai fi même expérience fur mes cendres, je les arro- fai d'elprit de nitre; & aÿant atteint peu après le deyré de faturation, je les leffivai pour en extraire le fel, que je fis dé- toner enfuite avec une quantité fufhfante de charbons pul- vérifés : j'obtins un alkali qui divifa l'huile mieux que ne Tavoient fait mes leflives précédentes, mais beaucoup plus impatfaitement qu'un poids égal de foude d’Alicante. Soit que cet alkali fût empreint d'une portion de phlogif- tique, foit que la grande quantité d'eau qu'il retient dans fa criflalliation fût la caufe de fon peu d'aétivité , il ne répondit point aux expériences que j'en avois conçues : une livre de feize onces de cet alkali criflallifé, contient dix onces d'eau, fuivant M. Margraf. Un autre inconvénient, c'eft la difficulté de faifir le point de faturation; mais un obflacle bien plus grand , c’eft la dépenfe qu'exige cette opcration pour produire un alkali bien inférieur dans fes effets à celui de la foude; dépenfe qui fuffroit feule pour l'écarter de nos Manufaétures. * De la conformité qui fe trouve entre l’alkali des plantes marines & celui que M. Maroraf tira du fel de cuïfine , il paroît évident que le feldes faux 4a/is, tels que les efpèces de falicornia , doit fon origine à l’eau de la mer, & qu'il appartient par conféquent au règne minéral: en effit, la falicornia, tranfportée même à de tres- petites diftances de Ja mer & dans un terrain à l’abri des va- peurs falines, ne réuffit pas, comme: je l'ai fouvent éprouvé. C'eit tout le contraire pour le vrai ka/i ; on fait qu'il végète & donne la même quantité de lel quand on le ‘ème dans des terres fort éloignées de la mer, pourvu que le climat foit chaud ; par conféquent, ce fel ne doit pas fon origine aux eaux de la mer, mais il appartient entièrement au règne végétal, bEes ScrenNces 363 Je voulus éprouver ce qui réfulteroit de {a combinaifon des autres alkalis fixes avec celui du fel marin. Je pri: deux onces de falpêtre , que je fis fondre à un feu modéré dans une terrine verniflée ; j'y joignis enfuite autant de grains de fel marin que le falpêtre liquide en put diffoudre; & quand le tout fut incorporé, je retirai le vafe de deffus le feu : il en téfulta une fubfiance dure très-compaéte & d'un beau blanc de lait. Je réduifis cette mafle en poudre & la mélai avec le quart de fon poids de charbons pulvéifés : après la déto- hatjon il me refta une fubftance blanche, poreufe & fiable, qui difloute dans l’eau, dépofa beaucoup de terre blanche &c donna des fignes d'alkali , foible à la vérité, mais qui n’atti- roit aucunement lhuinidité de d'air. Son peu d'aétivité {ur Thuile venoit évidemment de quelques criflaux de fel marin, qui paroifloient n'avoir point cédé à la détonation , puifqu'ils {e criftallisèrent de nouveau fous la forme propre à ce fel. Je répétai la même expérience, en pulvérifant enfemble les mêmes dofes de falpêtre, de fel marin & de charbons ; je _fis rougir un creufet & projetai peu à peu la matière pulvé- rifée, il en réfulta une fubftance dure, poreufe & bleuâtre, qui avoit la même odeur que da foude de nos boutiques ; elle avoit cependant encore peine à blanchir l'huile, & J'y trouvai quelques criflaux de {el marin fimplement décrépités, qui, fous la forme d’une efflorefcence , couvroient la furface de la matière qui avoit détoné, Comme le {el marin eft beaucoup plus atténué dans les fibres des plantes marines qu'il ne left dans l'eau de la mer, qu'il y et même réduit à {es parties élémentaires; que dans cet état la violence du feu contribue de plus en plus à féparer l'acide de fa bafe, je répétai fur les cendres de ces plantes l'expérience que je viens de rapporter. J'en pris une livre que je mélai avec fix onces de fapêtre & fix gros de charbons pulvérifés ; je jetai le tout dans un creufet sougi au feu; la détonation finie, j'eus une mafle aufli dure & auffi compañe que la foude, entièrement alkaline, d'une couleur tirant un peu fur le bleu: cette maffe aiguifée par da chaux, donne une CA L2 4. Obfervations 264 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fefive fi active que cinq à fix gouttes fuffifent pour blanchir une demi-once d'huile & la rendre conftamment Jaiteufe. La foude d'Alicante , que je mis à la même épreuve, ne fit pas plus d'eflet, & celle de nos boutiques, d’une qualité inférieure, en fit beaucoup moins: enfin ces deux fubflances miles lune & l’autre à la même température d'air, n'en attirèrent point l'humidité, & dans des lieux très - humides Fattiroient également. Je me fervis de cette nouvelle foude, au lieu de celle d'Alicante, pour faire le favon animal, néceflaire dans les pré- parations du coton qu'on veut teindre fuivant le procédé des. Indes où d’Andrinople; cette épreuve fatisfit & furpaffa même « mes efpérances : le fuccès de cette opération dépend entière- ment de la nature de lalkali, non-feulement if ne doit point attirer lhumidité de Fair, mais de plus il doit être tel que l'eau ; huile & da fubftance animale faffent un compolé, dont les parties ne fe défuniflent pas, autrement la défunion fe fait aufft dans les pores du fujet qu'on veut teindre & les atomes colorans ne s'y fixent plus. Mes échevaux de coton préparés avec *cette nouvelle foude, furent teints en un rouge très- adhérent & qui réfifla parfaitement à toutes les épreuves. Loïfque le mélange des cendres des plantes marines, du falpètre & du charbon pulvérifé a été bien fait, je n'ai aperçu aucune différence dans la configuration des criflaux de ma foude & de celle d’Alicante : on trouve néanmoins quelquefois parmi les premiers dés criftaux femblables à ceux du nitre prifma- tique, mais qui ne rendent point la leflive moins alkaline ni fon aétion: fur les-huiles moins attive. Ainfr de deux fubflances réunies par la détonation , il en réfulte une troifième qui n'a plus les propriétés des deux priles féparément, qui ne tombe point en défaillance à l'air commé V'alkali du tartre & le nitre fixé, mais qui n’y perfévère point non plus dans une parfaite ficcité, comme la bafe du {el marin purgée de fon eau. * Et puifque la bafe de ce fel, telle que nous l'avons tirée | du règne minéral, acquiert, par l'addition d'un nouvel alkali, Be DMES! LS PCM AE ENAC MERS ANA des propriétés analogues à celles de la foude, ne pourroit-o1R pas conjecturer que toute la différence de cette bafe, conft- dérée dans les deux règnes, confifle en ce que dans le temps de la végétation du kali, la bafe du fel marin y eft modifiée par l'addition d'un autre alkali commun à tous les végétaux qui croiflent dans des endroits éloignés de la mer ? Sans adopter aucune opinion dans une matière où la Nature eft fi voilée, je m'en tiens aux faits qui ne font pas douteux; c'eft que les effets produits par la foude naturelle, c'eft-à-dire la bafe du fel marin tirée du règne végétal, & l'artificielle dont nous venons de parier, qui eft cette même bafe tirée du règne minéral & modifiée par le nitre fixé, font exactement les mèmes. Ï[ ne refle plus qu'à expoler aux Artiftes quelques précautions néceffaires à la perfection de cette nouvelle foude. 1. La dofe du falpêtre peut varier depuis un quart jufqu'à li moitié du poids des cendres ; au -defius d'une moitié, la leffive m'a paru trop cauftique & trop brülante; au -deflous d'un quart, la détonation eft trop foible & f'alkali fait peu d'effet; la dofe d'un tiers du poids des cendres eft celle qui m'a paru tenir un jufte milieu & que j'ai toujours employée avec fuccès. 2.° Les plantes, foit marines ou maritimes, doivent être cueillies en été & dans des temps fecs. Il y a une différence fenfible dans la quantité de fel qu'elles renferment pendant les temps chauds ou dans les faifons pluvieufes: la détonation doit f faire dans un vaifleau qui puiffe contenir au moins une livre de cendres, n'étant plein que jufqu’à la moitié ou aux deux tiers. Quand la détonation eft achevée, on prend, par le moyen d'une cuiller de fer, la matière encore rouge & liquide, pour la verfer & la faire refroidir {ur une pierre bien unie; on procède à une nouvelle détonation, & ainfi de fuite: de cette manière on en peut faire une très-grande quan- tité en peu de temps. 3° Quand F'incinération n'eft pas bien faite & qu'il y refte trop de charbons des plantes marines, ce qui arrive quand on. les brûle avant qu'elles foient bien sèches, l'aikali qui em Zz ü) » 366 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE provient eft très-foible, parce qu'il le trouve combiné, tant ave le phloyiftique des charbons qu'avec l'acide qu'ils renferment encore. En effet, la détonaon, quelque violente qu'elle foit, dure trop peu pour réduire ces charbons en cendre, & par conféquent pour Îles dépouiller entièrement de {eur principe inflammable. Quand cet inconvénient arrive, on ne tarde pas à s'en apercevoir par la couleur noire du mélange, par l'odeur de foie de foufre qu'il exhale & par la couleur ver- dâtre que prend Ja leffive. | Je termine ici mes recherches. Les principes que je viens d'expofer , futhifent pour fe procurer à peu de frais une nou- velle foude, qui, pour la force & l'abondance de f'alkali, n’a pas paru dans mes effais le céder à la foude de nos boutiques; ainfi cette prodigieufe quantité de plantes que la Nature nourrit dans les mers qui nous environnent , & dont elle femble nous inviter à faire ufage en les jetant continuellement fur nos côtes, pourroit, dans des mains plus habiles que les miennes, fournir de nouvelles richefles à nos Arts & de nouveaux fecours à nos Manufactures. DES SCIENCES 367 GB, Si EUR M ANTUT ON SE ASTRONOMIQUENS, Faites à Touloufe en 1 D'OÛT | Avec des Remarques fur la variation du foyer des Télefcopes. Par M. D’A RQUIER, Correfpondant de l’Académie: mors: au temps de fon oppofition, s'étant trouvé cette année à peu-près dans le parallèle de l'étoile & du Verfeau, je l'ai comparé avec cette étoile les Fo'k2a512i3 & 23 Septembre, & le 24 j'ai cherché fon pallage au méri- dien par fix bonnes hauteurs correfpondantes. Le 21, jour de l'oppofition, le temps fut couvert. J'ai fait ces obfervations avec mon Inftrument des pañlages, qui confifle en une lunette de deux pieds, garnie d'un bon micromètre, montée fur un axe de cuivre, tourné par le fieur Hallot, & qui roule fur deux appuis auffr de cuivre, inva- riablement fixés fur une forte potence de fer, fcellée à un très- gros pilier de pierre placé au milieu de mon obfervatoire dans le plan du méridien : l'axe de cet inflrument porte à une de fes extrémités une alidade de cuivre avec un nonius qui marque les hauteurs fur un quart-de-cercle mural de dix-huit pouces, au moyen d'un micromètre femblable à ceux des muraux de M. le Monnier. Voy. l’Affronomie de M. de la Lande, liv. x111. Quoiqu'ab'olument parlant, je puffe me fervir de ce petit mural pour prendre les hauteurs abfolues, je ne l'employai cependant qu'à prendre leurs différences, en faifant païier un ‘ des Aftres {ur le fil immobile du micromètre de la lunette, & allant chercher les autres avec le curfeur: c'eft ainfi que Jai comparé Jupiter en déciinaifon avec & du Verfau. Je me füis afluré de l'invariabilité de la lunette, en arrêtant L'alidade 368 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIF fur le limbe du mural à la hauteur nécefaire avec une vis qui fert à cet ufage. Je me fuis affuré aufli que le fil horaire elt dans un vertical, & de plus qu'il n'en fort pas par la rotation de la lunette, parce qu'outre le niveau d'air ordinaire, le calcul du paffage par le méridien de plufieurs étoiles de h première grandeur, Mdiff rentes hauteurs, s'eft accordé av-c Y'inftant de leur paflage oblervé; & que par ce paflage, pris plufieurs jours de fuite, j'ai retrouvé conflamment par chaque retour d'étoile au méridien, le même intervalle de icmps pour la révolution journalière de ma pendule. La lunette a té, par une première opération, placée fi près du méridien, qu'il m'a fufh de faire faire de très-petits mou- vemens à l'objectif autour de lui-même pour l'y placer exac- tement, de manière qu'à préfent elle ne dévie pas d'une feconde ; elle en étoit plus éloignée lors de l'obfervation de l'oppofition de Jupiter, aufli n'ai-je employé que la diff‘rence de fon pañlage avec & du Verfeau pour conclure fon alcenfion droite. Comme l'alidade de mon Inflrument n'eft fixée à l'axe qu au moyen de deux vis, je puis, en les déroulant, faire mouvoir la lunette feule; & la potence de fer qui la fupporte eft faite de façon qu'elle peut fire un tour entier fur fon axe, ce qui me donne la facilité de prendre le pañlage des aftres dans toute l'étendue du méridien, mon oblervatoire étant par= tagé dans fon entier par une ouverture de huit pouces. J'ai pris la précaution d'oblerver la hauteur ablotue de Jupiter & de à du Verfeau, avec un excellent quart-de-cercle de cuivre de deux pieds & demi, & cefl la déclinaifon qui én a rélulté, comparée à celle que me donnoit Finflrument des pafhges, que j'ai employée dans mon calcul. Les lieux du Soleil, le mouvement journalier de Jupiter, ainfi que la dédli- naifon & f'afcenfion droite apparente de & du Verleau, font pris de la Connoiffance des Temps, où M. de la Lande les a inférés avec la dernière précifion: la façon dont fes obfervations font rangées dans les Tables fuivantes, n'a pas befoin d’expli- ation; elles y font détaillées de façon à pouvoir être vérifices & miles en œuvre par tous ceux qui en auroient befoin. De DIE s/ SCENE 369 De chacune des cinq obfervations rapportées ci-après, il réfulte un moment différent pour le temps de l'oppofition : les deux plus éloignées diffèrent de 22 minutes; mais n'ayant aucune raifon de préférence pour l'une plutôt que pour l'autre, je les ai rapportées toutes. Les Aftronomes favent que le mouvement propre des Planètes fupérieures étant très - {ent , les erreurs inévitables dans l’obfervation peuvent produire des différences affez grandes dans le moment de loppofition : celui de loppofition de Saturne, du 18 Juillet 1755, conclu des obfervations de M. l'abbé de la Caille, rapportées dans le volume de l'Académie de cette annéelà, diffère de 41° 47”, du même moment conclu des obfervations rapportées dans la Connoiflance des Temps de 1762, par M. de la Lande. Il eft vrai que le mouvement de Saturne eft plus que fous-double que celui de Jupiter, & qu'à précifion égale, les différences doivent être beaucoup moindres dans le dernier cas: mais d'un autre côté, le mouvement de Mars, au temps de fon oppofition , eft de plus de 20 minutes, & cependant les obfervations de M.° de la Caille & le Monnier, de 1745, rapportées dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de 1755, page 214, donnent encore plus de 13 minutes de différence pour le moment de loppofition, Au refte, je n'ai cité ces deux exemples, pris des obfervations des plus célèbres Aftronomes de l'Europe, que pour m'autorifer à rapporter mes cinq obfervations, n'ayant, comme je fai déjà dit, aucune raifon de préférence pour l'une plutôt que pour l'autre, Sav. étrang, Tome V. + Aaa 370 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OPPOSITION de Jupiter, le 21 Séptembre 1701, déterminée par fa comparaïifon avec &« du Verfeau. . DIFFÉRENCE HEURES DiFFÉRENCE | en degrés, | DIFFÉRENCE Le 19 SEPTEMBRE, | de la Pendule. | en Temps. de ag en déclinaifon. pour 3604, ; FER DT UE NME lED INT DIN ÉRONTE Entre 9. 51° 46 ? 2 Ze + 2 1. 20. O0. 22. I JUPITER...-.. TF7) 5 3 #4 5 Le 20 ÉTOILE. ee 9. 47e 46< | 92e Æe S52|31. 19. 0. 26. 10 UPITE RE le T1. 52e 42 RE NOTE Le 22. ÉTOILE: 2-0 Cie ES OS EE EE 9: 39: 47 ÿ TUPIPERS ce 1? :43- 47 Ter23. ÉTOILE: NON Er : JUPIRER RE. T0 7e Fnn3039 2130353747 ln 00 Afcenfion droite apparente de l'Étoile. . 328.23. 10 Déclinaifon apparente de l'Étoile. . .... Te 2002 Ts VC } Afcenfion droite | Déclinaïfon aufirale, LONGITUDE. | LATITUDE. de Jupiter. É DNA SRI ED AE ANS SPD EM IRD Le 19 à 12h 9’ 40”, temps vrai.....|359. 49. 5411. 50. 54 |11.29. 6. Le 20 à 12. 5.35, temps vrai.....|359. 42. 13 Le 22 à 11. 57. 28, temps vrai... ..|359. 28. 2112. 0.28 |11.28.42. solr. 37. 54 3[1: 37- 42 2] 1. 53. 57 |r1.28. 58. 17|1. 37. 26 Lens omis} i temps vrai..-..|359. 20. 57|2. 3. 38 |r11.28. 34. 56|1. 37. so ERP EEE ER SEE UT GE RCE ER RENNES TRUE RS TRI EU CESR TER NESOERCE ENCRES — DES ScrIENCESs, 371 OPPOSITION de Jupiter par fon palage au Méridien, le 24 Septembre. Par fix hauteurs correfpondantes très-bonnes, Jupiter à paflé au méridien à 11" 34° 47"2 de la pendule, 11" 49° 6"X après Le Soleil, qui valent en degrés, en tenant compte de 4” de retard de la pendule fur le mouvement moyen........ 177146" 11° L'afcenfion droite du Soleil, à midi à Touloufe, ÉTOHdE RE cn PEt- ice cie cercle 181. 27. 31 359- 13: 42 Hilhidécinalontdenr RER Sn ee bei 2. 6. 56 Le 24, j ASCENSION DécLin AIsoN| LONGITUDE. | LATITUDE. temps vr. du {oir. droite. rthgg" 17" | 359% 13° 42" |2d 6 56" |11f 2842647 |14 38° 23" Oppofition | Épar Oblervation. du no. IE ER s" 31° 28” |11. 28. 52.29 du 20..... RE dontone 5. 28. 18 111.28. 52.23 Hidu22... ao RE s- 48. 52 20 ne RE dui23..---1|Ne 2140-00 5: 50.39 |r1.28. 53.19 fdu 24... 90 MoN bee 5-38. 44 [11.28.53.23 Avec une latitude auftrale, de....,....... 1 I. 37- 42 EEE a US | Aaa ij 372 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE D RE LEE ETAT DRE ELLE TS UNE (SN CE SN AP LT MEET Dares,| TEMPSIrEmps| PASSAGE |ASCENSION | Déclimin Latitude “BA droite à LONGITUDE. ; 1762 | penpuse. | YRAL [DES ASTRES.| A centre. boréale, boréale. | A MU | AMEN DMSÎDMS|S D MS IDMSE ME 8.10. 9 | 7.59. so|bord précédent dela Lune..| 78.49. 3125.51.43|2. 19. 56. | 2. 46. 48 diflance au zénith SE bord fupér.. :... 1744523" 10. 1$«1T ess... |æ des Gémeaux. j 10.22.36 | eee .... Procyon. 10,26. 30 |...... +. [8 des Gémeaux. Révolution RASE des Aftres...... 23h 56! 7" | 21,.,.....|Midi vr. par 6 haut. corref] ae LCA Ma SO. F 10. 3.028+|..1 .e ...|aæ des Gémeaux. 10.10. s#| + ce etfieicies Procyon. 10. 14e 47... oc B des Gémeaux. diffance au zénith du bord fupérieur. .. 204 16° 36” 1 30. 31° 32 Révolution RATE ne Aftress tte 23h 56 CA LLESMER ER Rae PES one ,- | Midi vrai par cinq er RS 2323 He 6. 46. 17]4 56.51 11e 24 | .14 3 | bord précédent de ka Lune. . PS ie correfp. du Soleil. ÿ-44.26 |........ a de Perfée. geule Grleesse... s... Jyriuse CES EEE PEER « des Gémeaux. Los tgeni7r fe ereielhies|trent Procyon. 10. 7 OZls.oseree bord fuivant de la Lune. ...1161.56.32|12.28.5$0|$. 8, 32. 31|4.35.40 13.24.43 |13°13: 58 |diflance au zénith du bord inférieur. .. 3144445" Révolution jouralère des Afres, .... 23h 36 6"+ EE Les Obfervations précédentes ont été faites à l'inftrument des paffages , dont j'ai donné ci-deflus la defcription. Pour avoir lafcenfion droite du centre de la Lune, j'ai pris un milieu entre les différences d'afcenfion droite, conclues du pafage des Aflres qui font marqués dans la Table précédente: j'ai DES LSAGAI SE NN CHIENS, F4 pris le demi-diamètre de la Lune, en temps, des Éphémérides de M. l'abbé de la Caille, & j'ai fuppolé la hauteur du pôle de mon Obfervatoire, de 434 35° so", telle que je fai conclue de plufeurs obfervations que j'ai faites à cet effet. OBSERVATIONS DIVERSES, faites en 1701, avec un télejcope à réflexion, de M. Short, de 18 pouces de foyer. Le 11 Août 17671, occultation de @ du Sagittaire dans Ia partie obfcure boréale de la Lune, temps vrai....., L'LAM2/2 452 Le 17 Octobre 1761, émerfon du premier Satellite de Jupiter, temps vrai. ........,....... NISSAN Le 11 Novembre, émerfion du fecond Satellite de Jupiter, temps vrai. ......,......,..,. 13 10. 23 Ce Satellite étoit éloigné de Jupiter de deux tiers de fon diamètre, lorfqu'il a commencé à étre vifible avec mon télefcope, Aaa ii 374 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OBSERVATIONS qui conflatent la variation des foyers des Télefcopes catadioptriques , dans les différentes heures de la journée. DPARTPETS Valeur des diamètres [INDEX DU PETIT Miroir. du Soleil des Ï ’héliomè Ce NP en parties de f’héliomètre OBSERVATIONS. & en minutes. le matin./| à midi. le loir. Le 27 Mars 1761..4| 3401 241 = 32° 8"|+ 6. |+ 3. ; @) Le 28 dudit........|34o. 24 — 32 8 | 12 |.......]+ «7 Le 29 dudits....... 340. 22 — 32. 6 | 11. [+ 4 |+ 10. Le 2 Avril........l340. 20 — 32. 4 + 9. |+ 3. Le 1° Maï.........| 340 $ — 31. 47 |+ 4 [+ 14 s-. Le 72 dudit... 340. .$ — 3x. 47 Ne. 0 0 0x PeMatdudit ee... o. = 314 46 | + — 1. 4 BHO JUSTE “ 7 = Le 15 dudit........| 340. 2 — 31. 44 |.....|— 2 [+ 7 Le ré"dudit. 7... 340 10 — 031. 43 | 7h | 4 Le 28 dudit...... 183522 Br. 38024; Le 16 Septembre. ...| 340. 16 — 31. 59 [+ 9. + 3° |+ 10 Le 28 Odobre...... 345 17 — 132 280 ES nro. Le 17 Novembre... ..| 345. 17 — 32. 28 | 11. | 11. [4 12. Lee dudits., 15" .| 345. 18 — 32. 30 |+ 12. |+ nr. Le ,6 Décembre....| 345. 22 — 32. 36 |.......|<+ 11. | nr Le 16 dudit........ 345. 23 = 32. 37 [+ 13. |+ 11. | 1 Le 20 Février 1762. 345. 12 — 32, 23 | 11. | 8. Le 2 Mars..,..... 34$e 9 — 32. 19 [+ 12, [+ 7. Le 7 dudit,...,... 345+ 9 — 32. 15 [+ 9. [+ 5. da CE Le 11 dudit......1.| 345. 6 — 32. 16 |+ 10. [+ 6. |+ 20 Le 12 dudit... .".., 345. 6 — 32. 16 [+ 10. |+ 8, |+ 12 EEE VE SP EEE NE VISE TRE CRE EEE SR MERE (a) Ayant remis à midi l'index du ‘petit miroir à + 12 parties, comme à huit heures, j'ai été obligé, pour remettre les bords du Soleil en contact , de faire marcher l'index de l'héliomètre juiqu'à 350 me , ce qui rendoit le diamètre du Soleil de 32 37", plus prand que le vrai de 3o fecondes : il eft vrai que quoique l’une des images parût nette, l'autre ne l'étoit pas. (&) En laïffant l'index à + 2 parlies, comme à midi, Îes deux images n'ont été en contat qu'en rapprochant les objeétifs jufqu'à n'avoir que 311 9 pour valeur du diamètre du Soleil. Les images n'étoient pas nettes, (:) À ÿ heures. Pour l'intelligence des Obfervations précédentes, je ne M DE ST Sie HMENacCr ES dirai qu'un mot fur ce qui y a donné lieu & fur Finftrument avec lequel elles ont été faites. - Ayant efpéré d'obferver le paflage de Vénus fur le Soleil, en mefurant fa diftance au bord le plus voifin de cet Aftre, avec un télefcope à réflexion de 18 pouces, de M. Short, auquel eft adapté un héliomètre compolé de deux moitiés d'un objectif de 32 pieds de foyer, je m'exerçai au commence- ment du mois de Mai de l'année dernière, à mefurer, avec cet inftrument, le diamètre du Soleil, de même que la diftance d'une de fes taches à un de fes bords. Ayant meluré le diamètre ho- rizontal vers les o* du matin, avec toute [exactitude poffible, les deux images du Soleil me paroiffant bien nettes & bien tranchées, je pris le même diamètre à midi, mais je fus bien étonné de le trouver fenfiblement plus grand que le matin, fans que je m'aperçuffe d'aucune différence dans la netteté des images. N'imaginant pas d'où provenoit cette différence, je refis la même opération les jours fuivans, ayant attention à ne pas toucher à l'héliomètre, & à le laiffer pour l’obfervation de midi tel que me l'avoit donné celle du matin, mais je trouvai conftamment que les images du Soleil fe mordoient réciproquement , & j'étois toujours obligé d'écarter les deux demi-objectifs, ce qui donnoit néceffairement 4e diamètre du Soleil trop grand. Enfin, à force de chercher d’où provenoit ces différences , je crus m’apercevoir que les images n’étoient pas aufli parfaitement tranchées à midi que le matin; & en rapprochant le petit miroir du grand, je vis avec plaïfir qu'en obtenant une plus grande netteté dans les images, je les re- mettois exactement en contaét fans toucher à l’héliomètre. Je ne doutai plus alors que le foyer des objectifs ne fouffrit une variation du matin à midi & du midi au foir, ou, pour parler plus exactement ( car je crois les foyers invariables), que le petit miroir, par une caufe que je ne connoiflois pas encore, s'éloignoit ou fe rapprochoit alternativement du foyer. Dans le premier cas, les rayons réfléchis l'atteignoient plus loin de leur foyer de réflexion, & voilà pourquoi les images, augmentées par celte œufe, paroifloient fe mordre réciproque- LI 376 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ment: dans le fecond, ils l'atteisnoient plus près, & les images devoient paroitre écartées, comme cela arrivoit en effet. J'attribuai ces variations à fa plus grande chaleur à midi, d'où s'enfuivoit néceflairement une dilatation du tuyau , qui eft de cuivre, & conféquemment une augmentation fur la diftance du grand miroir au petit, qui devoit participer à ces variations, le petit miroir étant fixé fur le tuyau. Cette-caufe me parut d'autant plus vraifemblble, que, comme on le verra par les obférvations, j'ai été conftamment obligé de rapprocher afez confidérablement à midi le petit miroir pour avoir le même diamètre du matin & les images parfaitement nettes. Le plus grand nombre de parties avec le figne + indique l'éloignement du miroir; le contraire in- dique fon approchement: au refte, c'eft toujours du diamètre horizontal dont il eft queflion. Je me hûtaï, quelques jours avant le pañlage de Vénus, de faire part à M. dela Lande du fait & de la caufe foupçonnée: je crus l'avertiffement utile à ceux qui fe préparoient à l’obferver avec l’héliomètre, en mefurant fa diftance au bord le plus voifin du Soleil, Ï eft certain en effet, que fi comptant fur le diamètre tiré des Tables, où même obfervé au lever du Soleil, on avoit, fans varier la fituation du petit miroir dans le cours de lobfer- vation , méfuré les diflances de Vénus au bord, on n’auroit eu que des faufles mefures, relativement au diamètre: je n'ai pas pu moi-même profiter de cette remarque, le temps plu- vieux nous ayant privés de la vue de ce phénomène à Touloufe. Ne pouvant donner à l'Aflronomie que très-peu de mo- mens, ceux que me laiflent des affaires très - multipliées, il ne m'a pas été pofflible d'apporter dans ces obfervations toutes les précautions qui auroient pu les rendre vraiment utiles; telles font, d'avoir, au moment de chaque obfervation, examiné la hauteur d’un thermomètre expoé aux rayons direéts du Soleil, d'avoir marqué le temps pendant lequel le télefcope y a refté expolé. DES SCIENCES. expolé. Il froit avantageux auffi de faire ces obfervations avec des télefcopes différens, de cuivre, de bois, de fer, &c. on pourroit, par des moyens aifés à imaginer, réchauffer ou re- froidir le tuyau fubitement : peut-être feroit-on bien de répéter ces obfervations avec des lunettes dioptriques : n'y pourroit-on pas retrouver la caufe de ces variations fubites dans les foyers, remarquées par d'habiles Aflronomes! Enfin je crois qu'un Obfervateur exercé, patient, éclairé, pourroit trouver dans cette matière un vafle champ à d’utiles recherches. Les obfer- vations que je rapporte, toutes incomplètes qu'elles font, apprennent un fait, & elles feront du moins un avertiflement, qué le hafard fait découvrir quelquefois des fources d'erreur qu'il eft difcile de prévoir. On remarquera que les variations ont été moins fenfibles en hiver qu'en été; il y a même des jours où elles ont été nulles. OBSERVATION de l'Oppofirion de Jupiter, arrivée le 14 Août 1700. Le temps frein m'ayant permis d'obferver Jupiter le 12 Août, je pris fon paffage au fil horaire d’une lunette de deux pieds, garnie d’un très-bon micromètre & fixée, à très- peu près, dans le plan du méridien, & je pris la hauteur exaéte de fon centre au curfeur du même micromètre. La lunette fixée & fcellée à un très- fort pilier de pierre, n'ayant pas dû changer, j'ai pris, le 13 au foir, le paflage & la hauteur de 8 du Capricorne, qui paroifloit dans le même champ de la lunette, Je voulois prendre le même foir le paflage & la hauteur de Jupiter, mais le temps s'étant cou- vert, je me fuis fervi de l’obfervation du 12, de Jupiter, & du 13 pour l'Étoile : j'avois l'heure vraie par des hauteurs correfpondantes prifes le 1 2, & le mouvement de la pendule par le paflage d'une étoile ( qui pafloit au méridien peu de temps avant @ du Capricorne au fil d’une lunette fixe), pris 1260 ieir 3. J'ai pris tous les Élémens dont j'ai eu befoin pour le Jar, érrang, Tome V... . Bbb 78 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AÂCADÉMIE calcul de œette obfervation, dans la Connoiflance des Temps de cette année. Le PATES de Jupiter au fil horaire, le 12 Août, temps vrai, an D ÉLS oice DSP REC CE A OfOtC TA T2FVOTT + Le DD FA 8 du Capricorne au même fil le 13, temps wraia......:........ 10. 41. 15 Elle yavoit donc paffé le 12 (en tenant compte “ mouvement de la pendule, qui retardoit de 1 fur le mouvement moyen) à. ..... - 10. 45. 12 le 12,à 126 9° 112 de temps vrai, Jupiter étoit diflant de cette Étoile en afcenfion droite, de........ d'oldlocai : I. 34+ 19% ce qui, à raifon de 360 degrés pour 2 3 56" 1 CRE MEN GREE Ge CRE RE EP ER ETES : 23212845 0" NKrañon droite de l'Étoile 8 du Cross le 12 Août, en tenant compte de la pré- ceffion , aberration & nutation......... 301. 43. 10 Afcenfion droite de Jupiter. ........ ere 32-12 0 Déclinaifon auftrale de ladite Étoile, corrigée commerdelits ee tte Go le io E1 Différence en déclinaifon de Jupiter plus fep- tentrional que l'étoile. ............. : OR27e 210 Déclinaifon de Jupiter. ........,...... TS Re 042 Donc lieu de Jupiter le 12 Août, à 12h 9° TT NTEMpS NAT els cire rioleie de TOM 20 A0 A2 Taritudetantrale RE TUENCM ER Tele MERTITS N EC CAicuz DE L'OPPOSITION. Lieu de Jupiter obfervé. . . .... PO AIEMIIN Oo eat AGNA Lieu du Soleil, le 12 Août à 12h 9°11".... 4. 20. 34. 24 Mouvement diurne de Jupiter. . .... 02 0e 7. 40 Mouvement diurne du Soleil. ........... 57 44 Moment de loppoñition à Touloufe , déduit des Elémens précédens, le 14 Août, temps vrai. Das ge Lieu de l'oppofition.. :. .....:,.:...:.110. 22° 31.412 Latitude aufales 4. 44 4. ns desserte à 148-235 CARE DES SCIENCES: 379 OBS E RÉ ANMT Ad ON S SUR LA MINE D'ALUN DE LA TOLFA, DANS LE VOISINAGE DE ROME, ET SUR CELLE DE POLINIER EN BRETAGNE. Par M. l'Abbé MAZÉAS, Correfpondant de l’Académie. A TozrFaA, bourg fitué près de Civitta-Vecchia, diftant de Rome d'environ dix lieues communes de France, eft célèbre par es Manufactures qu'on y a établies pour tra- vailler l'alun de roche: cet alun , ainfi appelé pour le diftinguer de celui qu'on retire des pyrites, eft un minéral utile aux Arts, curieux dans fon origine & dans les différens états où il doit pafler avant de fe réduire en criftaux. Tout le monde fait qu'il n'entre que deux fubftances dans fa compofition , Tacide vitriolique & une terre blanche, fur la nature de laquelle les fentimens font partagés, J'ai eu occafion d'examiner cette terre dans des mines différentes , tantôt ifolée, tantôt unie à fon acide: peut-être les formes variées fous lefquelles je l'ai aperçue & les phénomènes qu’elle m'a offerts, pourront-ils répandre quelques lumières {ur un objet auffi intéreffant, en fourniffant aux connoiffances que nous en avons déjà un plus grand .nombre de rapports & de combinaifons. C’eft dans cette vue que je me fuis appliqué aux détails les plus circonf tanciés & les plus exacts qu'il-m'a été poflible, des faits que le hafard & Fobfervation m'ont préfentés. is Toutes les mines dont on retire l'alun peuvent fe réduire à trois clafles; 1.” les mines pyriteufes, communes en Angleterre & en Allemagne, où l'alun fe trouve confondu avec des mi- néraux de différentes efpèces, qu’on eft obligé d'extraire fépa- rément ; 2.” les mines pierreufes, qui font de véritables rochers Bbb ji 8o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE femblables à ceux de nos montagnes, & dont les plus renommés font ceux de la Tolfa; 3.° les mines terreufes, qui font de véritables terres alumineufes, quelquefois unies à l'acide vitriolique, & quelquefois dépourvues de cet acide. La pre- mière efpèce de ces mines fe trouvant décrite dans prefque tous les Minéralogiftes, ainfi que le travail néceflaire pour en extraire lalun, je n'en parlerai point; je me bornerai aux deux dernières efpèces qui font moins connues, & où la terre de l'alun eft moins enveloppée des fubftances hétérogènes qui la mafquent par -tout ailleurs. De la Mine d'Alun de la Tolfa. Je me tranfportai de Rome à la Tolfa au mois d'Avril 1759: le voifinage de ce bourg a trois ou quatre milles de circuit, c'eft un pays entrecoupé de collines efcarpées, dont la chaine du côté de l’oueft va fe terminer à la Méditerranée & va fe perdre du côté du nord -eft aux montagnes de Viterbe : ces collines font autant de grouppes de rochers recouverts de terre, & ce font ces rochers qui donnent l'alun. Leur furface extérieure n’a rien qui les diftingue des pierres ordinaires, ce n'eft qu'en examinant l'intérieur qu'on en voit la différence ; le grain eft d’une finefle que l'on pourroit com- parer à eelui de fa craie, de la marne ou de la glaife. Cette pierre laiffe, comme ces terres, des taches blanches fur la main; comme elles elle s'attache à la langue, mais fans lui imprimer aucun goût: elle a la pefanteur des pierres ordinaires & la dureté de nos moëllons des environs de Paris. Lorfqu'on a fait fauter les éclats de ces rochers par le moyen de la poudre, les ouvriers choififfent les morceaux dont le grain eft le plus fin & d’une fubflance plus homogène : ces mor- ceaux forment dans le rocher des efpèces de veines , ou, comme le difent les ouvriers, des filons {/foni) , qui s'élargiflent à mefure que l’on creufe & qui aboutiflent comme autant de ramifications à un tronc principal , lequel va fe perdre fort profondément fous terre. | Ces veines ou filons ne font diflingués du refle de Ja mañle , Dies | S'CMMENN cr EtS 38r avec laquelle ils font un corps continu , que par la fineffe de leur grain: l nuance qui fépare la partie alumineufe de celle qui ne l'eft pas ef prefqu'imperceptible. Les morceaux de rochers con- tigus aux flons donnent aufii de l'alun, mais en très-petite quantité, & on ne les emploie jamais dans la Manufadure, parce qu'ils ne compenferoient pas les frais: quelquefois les filons paroiflent fur la furface extérieure du rocher, & alors ils font recouverts d'une croûte qui fait feu contre l'acier, ce que ne fait jamais la pierre alumineufe. Après avoir mis à part les morceaux fortis du filon, on les tranfporte au four de calcination ; ce four eft un trou fait en terre, du diamètre de quatre à cinq pieds & de la profondeur de cinq à fix. On choïfit pour ces trous un terrain fitué de façon à pouvoir recevoir la forme d'un fourneau: on y jette le bois par une ouverture pratiquée à la partie inférieure du terrain, & on arrange les pierres fur la partie fupérieure, de façon que, pofées artiftement les unes fur les autres , elles s'élèvent en formant une voûte. Alors on allume le feu; & dès que la flamme fort par les interftices que les pierres laiffent entr'elles, les ouvriers obfervent avec attention l'effet du feu & le jufte degré de calcination ; les trois, quatre & cinq premières heures fe paffent en tourbillons de fumée épaifle & noirâtre; mais lorfque la flamme commence à séclaircir, à s'atténuer & qu'elle donne une odeur de foufre, on juge que la calcination eft au degré requis ; ontécintdefui£c où bite refroidir les pierres: dans cet état, elles donnent déjà un goût auffi douceître & auffi afl'ingent que fi c'étoit de F'alun criftallifé, Les ouvriers tranfportent enfuite ces pierres dans la cour de la Manufacture & les y difpofent en talus le long d’un foflé plein d'eau, qui fert à les arrofer de temps en temps. L'eau qui a paffé fur les pierres retombe dans le foffé & ac- quiert en peu de temps un goût alumineux. Par ces fréquentes lotions, qui durent quelquefois quatorze & quinze jours, les pierres Re gercent, fe fendent, & fe réduifent enfin en pâte comme de la véritable chaux, BDb ii 382 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L' ACADÉMIE On tranfporte cette pâte dans une cuve de plomb qu'on remplit d’eau: on allume le feu & on agite fans ceffe la matière pour l’empécher de féjourner au fond & de caufer la fufion du plomb. Lorfqu'on juge que l'eau eft fufhfamment imprégnée d'alun, on éteint le feu, on laifle la matière fe précipiter & l'on fait écouler l’eau dans une feconde cuve deftinée à la rendre encore plus claire & plus limpide par le féjour qu'elle y fait ; la douce évaporation qu'on lui proeure pendant ce temps, difpole Yalun à fe criftallifer. De cette féconde cuve l'eau pañfe, par le moyen d'un ro- binet, dans une gouttière qui la porte dans un magafin fort fpatieux, fitué dans l'endroit le plus bas de la Manufacture : on y trouve foixante à quatre-vingts baquets de fept à huit pieds de hauteur & de quatre à cinq de large, d'une forme quarrée, mais beaucoup plus évalés par le haut, conftruits de planches que l'on peut démonter, & enduits d'une terre grafle propre à fermer tout paflage à l'eau. La gouttière conductrice de l’eau alumineufe règne au-deffus de routes ces cuves ou baquets; & comme ce n'eft qu'un compolé de petites gouttières ajoutées les unes aux autres, on les alonge ou on les raccourcit, fuivant l'endroit où l’on veut porter l'eau. C'eft contre les parois de ces baquets que l'alun fe criflallife, & cette criftallifation fe fait en grofles mafles, fans aucune forme régulière dans les criflaux : en rompant néanmoins ces mafles , on trouve prefque toujours dans leur épaifleur de petits criflaux en tombeau de la forme particulière à alun. On fait enfuite écouler l'eau, qui fe rend dans un puifard, & elle fért une feconde fois dans la cuve où l'on met la pâte alumineufe. Tel eft le travail en grand qui fe fait à la Tolfa; ce qui m'a paru y mériter le plus d'attention, c'eft la précaution fcru- puleufe avec laquelle les ouvriers conduifent l'aétion du feu fur les pierres alumineufes : ils évitent avec plus de foin une calcination trop forte qu'une calcination imparfaite : dans le premier cas, il n'y a plus de remède; dans le fecond, il faut tranfporter une feconde fois les pierres au fourneu. Ce degré précis de calcination n'eft néceffaire que dans le 1 DES : SGIENNICEUS. 38 travail en grand, où, pour éviter les frais, il faut éviter les opérations réitérées. Il fufit de préfenter une de ces pierres à la flamme même d'une bougie pendant une minute ou deux, de la laïfler refroidir & de porter à la langue l'endroit touché par la flamme, pour y apercevoir un goût alumineux très: fenfible : c'eft ainfi qu'une véritable pierre fans odeur ni faveur change tout-à-coup de forme à un degré de chaleur très- modéré. Mais fr fon expofe cette même pierre à un feu de réver- bère continué trop Îong-temps, on remarque, 1.° qu'elle acquiert une dureté plus grande que celle des pierres de même efpèce qui n'ont reçu que le jufle degré de calcination ; 2. qu'elle ne donne fur la langue aucun goût alumineux : 3° que par les fréquentes lotions , elle ne fe réduit jamais en pâte, mais en petites écailles, comme ïl arrive au tripoli & aux ardoifes que l'on fait rougir au feu & éteindre dans l’eau. On peut conclure de cette obfervation, que de quelque nature que foit la terre qui fert de bafe à l'alun, la matrice où cette terre eft contenue n'eft pas de la chfle des cakaires ou abforbantes. Si l'on examine ce qui refle de cette pierre après qu'on en a retiré falun, on ny trouve plus que deux fubftances: 1.° un fable très-fin, mélé d'une terre qui fe durcit au feu, & qui me paroît être de la clafle des argiles; 2.° une matière grafle, blanchätre & acide, qui étant expolée à l'air, fleurit, en attire l'humidité, & préfente à cet égard les mêmes phénomènes que la matière grafle qui refte dans l'eau-mère du vitriol après a criflallifation. Ces deux fubftances étrangères à f'alun forment à peu-près la moitié de {a pierre alumineufe réduite en pâte ; on ne peut néanmoins rien établir de fixe 1à- deffus, parce qu'il trouve des filons plus abondans fes uns que les autres. De tout ce que je viens d’expofer , on peut conclure, avec aflez de vraifemblance, 1° que l'acide vitriolique exiftoit déjà dans la pierre avant la calcination, & que cet acide n'eft pas un produit du feu , autrement la terre blanche de l'alun, en- tièrement dépouillée de cet acide, en la faifant bouillir avec * Lichogéognofie, Par, 1, 86. 84 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE un alkali fixe & l'édulcorant enfuite, dévroit reprendre cet acide par la feule action du feu, ce qui n'arrive jamais; 2.° que la calcination fert principalement à développer facide vitrio- lique & à le combiner d'une manière plus intime avec la terre de l’alun ; combinaifon que les fréquentes lotions perfeétionnent encore , en rompant l'union étroite qui fe trouvoit entre la terre alumineufe & les matières hétérogènes. 6 Quant à l'origine de l'acide vitriolique de ces pierres, je n'ai rien trouvé dans le voifinage qui püt me la dénoter: on voit, il eft vrai, dans cette contrée des eaux fulfureufes femblables à celles des folfatares des environs de Rome, mais elles font éloignées des mines d'alun & ne paroiflent avoir aucune communication avec elles: je n'ai aperçu dans les environs aucun veftige de bouleverfement ou de volcans, ni foufre, ni pyrite, ni aucune trace de feu, telle que cet élément en a laiffé dans plufieurs contrées d'Italie: je n'y aï point trouvé non plus des pétrifications, des flalactites , des coquillages foffiles, comme on en voit dans la plupart des endroits mon- tagneux de la campagne de Rome: ce qui domine le plus dans ce terrain, ce font les mines métalliques, mais les plus voifmes font à deux milles de Ja mine d’alun. M. Fougeroux, de l’Académie des Sciences, me commu- niqua la découverte d’une pierre qui lui avoit fourni beaucoup d’alun : la carrière d’où cette pierre a été tirée, eft fituée à Polinier en Bretagne, fur le chemin de Rennes à Nantes : cette pierre eft difpofée en forme de vénules ou flous dans une carrière de Tripoli; & par l'examen que j'ai eu occafion, depuis mon retour d'halie, de faire fur le lieu, je l'ai reconnu pour être une mine parfaitement analogue à celle de la Tolfa. Le tripoli, comme M. Pott* l'obferve, eft une argile blanche, durcie, parfemée de veines rougeitres qui viennent d'une fubftance ferrugineufe. Les éboulemens caufés par les fouilles des ouvriers qui viennent chercher le tripoli à Polinier, font paroître & difparoître des filons de la terre alumineule ; elle eft d’un blanc tirant un peu fur le citron, couleur qui devient plus fenfible lorfqu’on délaye cette terre dans de l'eau; elle eft grafle, DUE SG D ÉN CIE :S. 386$ grafle, & cette graifle diffère de celle des terres bolaires, en ce que celles-ci font douces au taét, au lieu que celle de Polinier donne une fenfation rude & défagréable : elle reflémble parfai- tement à la terre alumineufe de la folfatare de Naples, dont Je parlerai bientôt. II n'y a d'autre différence entr’elles, finon que celle de Naples eft combinée au point de faturation avec l'acide vitriolique & a un véritable goût d'alun, au lieu que celle de Polinier ne donne fur fa langue aucun indice de Ia préfence de cet acide. Je tiens de M. Fougeroux , qu'ayant combiné cette terre avec l'acide vitriolique, il fa converti prefqu'entièrement en alun. La Nature nous offte donc ici la bale de ce minéral, ifolée & féparée de prefque toute fub- tance hétérogène? Je pris les morceaux les plus durs de cette terre & une épale quantité de tripoli tiré de la même carrière, pour favoir en quoi ces deux fubftances pouvoient convenir ou différer entr’elles : l'une & l'autre s’attachent à la langue comme les terres bolaïres; l'une & l'autre produifent avec l'efprit de vitriol, & même avec l'eau commune, un fiflement accompagné de quantité dé petites bulles d'air, dont les jets continuels durent aflez long-temps. Ce font-là les feules qualités communes à ces deux efpèces de terre; voici maintenant en quoi elles diffèrent. 1.° Si on les expofe à un feu violent, lune & l'autre rou- giflent, mais le tripoli conferve fa dureté, & la terre alumineufe la perd: fi lon humecte d’eau là terre de Polinier & qu'on R pole fur du papier bleu, elle y laifle une tache rougeitre, ce que ne fait pas le tripoli: ce phénomène me fit penfer que la terre de Polinier pouvoit contenir de l'acide vitriolique, ainfr que les rochers de la Tolfa, & qu'il ne s'agifloit que de développer cet acide par une calcination modérée. L'expérience eut tout le fuccès que je pouvois defirer; je mis les grumeaux les plus durs de cette terre fur un brafier ardent, & je les en retirai lorfqu'ils furent prêts à rougir : ces morceaux refroidis, appliqués fur la Jangue, me donnèrent un goût d'alun très- Ænfible. En les expolant à Fair dans un vale & les arrofant Sav, étrang, Tome V., CCC 386 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE deu de temps en temps, je vis la terre de l'alun fleurir fur leur furfice fous la forme d’une poufière blanche très-fine: en continuant d'humecter ainf ces morceaux de terre pendant plufieurs j jours, je m'aperçus que le goût acide s'añoiblifloit, mais le goût douceître augmentoit à proportion. Jai répété plufieurs fois cette expérience, & le réfultat a toujours été le même; elle me perfuade que les fréquentes lotions ufitées à la Tolfa, n'ont pour but que de développer l'acide vitriolique en le difperfant fur toute la terre alumineufe, & que cet acide étant en petite quantité dans la terre de Polinier, la fnfaion du goût alumineux doit diminuer par ces mêmes Jotions. 2. Une circonftance remarquable, & que jai toujours obfervée dans la terre de Polinier, c'efl qu'au fortir du feu, & pendant le temps qu elle conferve fa chaleur, elle donne une odeur empyreumatique qui approche de celle du charbon de terre, & encore plus du fer que lon fait fondre ou des pyrites que l’on grille : cette odeur cefle lorfque la terre fe refroidit, mais on peut la lui faire reprendre plufieurs fois de fuite, pourvu qu'on évite à chaque fois une calcination trop Fe car non-feulement elle perdroit l'odeur accoutumée , mais elle n'imprimeroit fur la langue aucun goût nee alors elle fe réduit en une poufhère flérile, qu'on expole inu- tilement à l'air, & qui étant humeétée ne rougit pas même le papier bleu. Ce phénomène fait voir que l'aétion du feu, pouffée à un certain degré, dépouille entièrement a mine d'alun de fon acide; d'où je conjecture que cet acide n’eft point uni immé- diatement à fa bafe, puifqu'en expofant des criflaux d’alun au même degré de feu, je n'ai pu les dépouiiler entièrement de leur acide ; au contraire, la terre blanche de l’alun n’en devenoit alors que plus cauftique , comme on le voit d'ailleurs par Valimen uflum de nos boutiques. L'odeur que donne la mine d'alun lorfqu'on la grille fur les charbons, me feroit foupçonner que acide vitriolique y eft uni à un principe inflammable, qui formeroit par conféquent B'utst. SGEN NCENS 87 un foufre, mais plus fübtil, plus épuré, plus atténué œuf ne Y'eft dans les térres vitr ioliques de Monte-fiafcone, dont je donnai la defcription en 1759; que faction du feu bien ménagée fait fur la mine d'alun, dont il eft queftion, le méme eflet que produit h chaleur caufée par la fermentation fur les terres imprégnées de fer & de foufre, c'eft-à-dire que fi cette chaleur eft trop forte, le foufre, dont la terre vitriolique tire fon acide, loin de f déconipoler ; brûle, fe confume & fe diffipe avec fon acide, & il ne refte qu'une terre ferrugineufe qui contient peu, quelquefois même aucune portion de vitriol. Pour ce qui concerne l'origine des filons renfermés dans le tripoli de Polinier, ainfi que dans les rochers de la Tolfa, c'eft fans doute l'objet qu'il feroit le plus intéreffant de bien connoître, mais c'eft aufir celui que la Nature dérobe le plus à nos chere Je me fuis bien afluré que le tripoli en lui- même ne renferme aucune portion de terre alumineufe, puifque combiné, foit avec le foufre brûlant, foit avec l'huile de vitriol, il ne donne aucune portion d’alun: il en eft ainfi des parties des rochers de la Tolfa féparées des filons, ce font des fubflances tout-à-fait différentes, & qui ne paroiflent avoir d'autre rapport entrelles que celui qui fe trouve dans les mines métalliques entre le métal & la matrice qui le renferme. M. Henckel, dans fà Pyritologie , fait une defcription de quelques mines d'alun , qui feroït foupçonner que la bafe de ce minéral doit fon origine à des matières végétales. « La mine d’alun, dit-il, fu-tout celle qui tire fon origine du bois, qui fouvent même en contient réellement, comme celle que l'on trouve à Commotau en Bohème, a la propriété fingulière de s'échauffer à l'air libre lorfqwelle y a été quelque temps entaflée & expofée aux injures de l'air, au point que non- feulemenit il en part beaucoup de fumée, mais encore qu elle fait un charbon & produit une véritable A fi l’on n'a foin de prévenir cet effet en l’arrofant très-fouvent avec de l'eau». Dans la Différtation du même auteur, fur le fuccin foffile de Saxe, il eft dit «que près de Schmideberg, on trouve dans une terre vitriolique & alumineufe, quantité de fragmens de bois ». Ccc i Drirobogie ; chap, XIII, 2: 3121 Aa Pyfico- medica , Acad wat. curigh vol. 1Vs Oil]. 87% 388 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Le même phénomène fe retrouveroit auffi à Polinier, s'il eft vrai que les carrières de Tripoli ne font que des amas de bois foflile, comme plufieurs Modernes le prétendent, mais ce fentiment, qui feroit remonter origine de l'alun à des végétaux putréfiés & réduits en terre par la fucceflion des temps, fouffre bien des difficultés : les mines d'alun pyriteufes, la magnéfie, de certaines ardoifes communes en Allemagne, &c. paroiflent ‘être autant d'exceptions à ce fyflème. Quinze jours avant mon départ de Rome, Je découvris une carrière de bois foflile aux environs de cette ville ; elie fe trouve {ur les bords du Fibre, à un demi-mille au-delà de la porte du Peuple, dans l'endroit appelé Papa-giubo ; elle forme une fuite de collines en face de Monte-mario , fituée de l'autre côté du fleuve, & ces collines font compofées d'un amas confidérable de bois, ainfi que. Aonte-mario Yeft de coquilles. Parmi ces morceaux de bois entaflés les uns fur les autres d'une manière irrégulière, les uns font fimplement fous la forme d’une terre durcie, & ce font ceux qui {e trouvent dans un terrain léger, fec & qui ne paroit nullement propre à la nourriture des végétaux ; les autres font pétrifiés & ont la couleur, le brillant & la dureté de l'efpèce de réfme cuite, connue dans nos boutiques fous. le nom de colophane : ces bois pétrifiés fe trouvent dans un terrain de même efpèce que le précédent, mais plus humide ; les uns & les autres font parfaitement bien confervés ; tous fe réduifent par la calcination en une véritable terre, aucuns ne donnent de l'alun, foit en les traitant au feu, foit en les combinant avec Facide vitriolique. I me paroîtroit plus naturel de penfer que la terre alumi- neufe, de quelque nature qu'elle foit, fe trouve répandue par-tout; que femblable aux mines métalliques, fur-tout à celle de fer, elle eft tantôt produite d’une manière régulière & en filons, comme nous Favons vu jufqu'à préfent, tantôt répandue dans Vargile, comme M.” Hellot & Pott Font prouvé par là com- binaifon de l'huile de vitriol avec des argiles blanches, tantôt jetée comme au hafard aux environs des volcans, & fouvent confondue avec des matières où on ne la foupçonneroit point. DE: ss) SC EN: CES 339 Il ne me refle plus qu'à parler de la mine d'alun de fa folfatare de Naples, la plus ancienne que l’on connoïffe en Italie. Pline le Naturalifte, dans la defcription des différens endroits dont on retiroit l'alun de fon temps, ne fait pas mention de la Tolfa, fituée près du Centum celle des Anciens; preuve fufhifante que la découverte de cette mine «ft d’une date plus moderne, mais il n'oublie pas l'alun de fa folfatare de Naples , appelée par les Anciens Forum vulcani, Campi leucogei : cet endroit, dont on peut voir le plan dans la def- cription du Cabinet d'Hifloire Naturelle de Clément XI, intitulé Aerallorheca Varicana , eft une plaine fituée environ à quatre milles de Naples & parfemée de foupiraux qui exhalent continuellement des vapeurs: les ouvertures, dans plufieurs de ces foupiraux, font incruftées de foufre, de cinabre, de {el ammoniac, &c. fublimation qui dénote affez la force & la violence de la chaleur fouterraine. Jamais la Nature ne raffembla dans un même efpace des phénomènes auffi curieux & aufli variés : le defir que j'avois de me tranfporter fur les lieux pour y exécuter le plan d'obfer- vations que je m'étois propofées, ne put être fatisfait, & je tâchai d'y fuppléer par les échantillons que je me fis apporter. Un fac de terre alumineufe, du poids de fix livres, me donna par de fimples lotions, deux livres & demie de criftaux d’alun ; cette terre eft la même que celle de Polinier, d’un grain auffi fin, mais d'une blancheur plus parfaite : après les leffives elle laifle un réfidu, qui eft le même que celui des pierres de la Tolfa, c'eft-à-dire des débris d’une terre argileufe avec un fable très-fin. Les inftructions que j'avois demandées fur l'origine de cette terre n'toient ni aflez claires ni affez détaillées pour me fa- tisfaire ; on me dit feulement que les ouvriers alloient la prendre dans les coilines de la: plaine pour la tranfporter dans le voi- finage de la folfatare , ce qui s'accorde affez avec a Defcription du P. Della Torre. Voici ce qu'il en dit: « On explique, dit-il, par les mêmes principes que j'ai Æÿf. de Vue, rapportés ci-deffus, l’origine & fa continuation de l'effervefcence, «2 77’ À Ccc ii « 390 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'A€ADÉMIE » a fumée, les petites flammes noéturnes, le gonflement de la » terre & le bouillonnement des eaux de la folfatare & des » collines d'alentour : l'effervefcence y eft beaucoup moindre » que celle que lon obferve dans le Véfuve; & quoique fa » chaleur de la terre y foit très-confidérable en quelques endroits, » elle ne va néanmoins jamais jufqu'à produire des flammes » comme celle du Véfuve & à fondre les matières. Cette dif- » férence vient de la qualité des corps qui compofent les collines » de la folfatare; ce font, en grande partie, des pierres très- » blanches qui ne paroïfient pas contenir de vitriol, des pyrites » dont on tire du foufre en abondance par le moyen du feu, » & enfin une terre très-blanche & calcinée, qui après avoir » été expofée long-temps fur le plan de la folfatare, produit » beaucoup d'alun lorfqu'on la fait bouillir dans l'eau. Les pierres » blanches des collines qui font autour de Ia folfatare, ont été, » pour le plus grand nombre, calcinées infenfiblement par une » longue & douce eflervefcence; en forte qu'elles fe réduifent » aifément en pouffière. On voit de la fleur d'alun fur plufieurs » de ces pierres; quelques endroits de ces collines font d'une » couleur de fer, d'autres d’un beau vert; fignes évidens de fer, » de vitriol & de cuivre: auffi la chaleur de ces pierres eft-elle » plus fenfible qu'ailleurs, & par conféquent l'effervefcence y ef plus grande ». Cette Defcription laïffe ignorer ff certe pouffière rès-blanche © calcinée, qui eft la terre alumineufe, eft un deiritus des rochers calcinés infenfiblement ou une véritable terre renfermée dans les collines, comme leur appartenant originairement, Quoi qu'il en foit, il paroit certain qu’elle n’eft point d’abord fiturée d'acide vitriolique, puilqu'on eft obligé de la laiffer long-temps expolée aux vapeurs de la folfatare; ce qui eft conforme à l'oblervation que j'eus occafion de faire en 1759 à Monte- Rozi, fur le chemin de Rome à Viterbe, où je m'apercus que les vapeurs de a petite folfatare qu'on y trouve rendoient les terres du voifinage vitrioliques où alumineufes, fuivant la qualité du terrain fur lequel retomboient ces vapeurs après le foleil couché, En géneral, les terres alumineufes font | . , 1 6 D, ES: S CITANICIES 391 fort communes aux environs des volcans, où lon voit fouvent, comme le remarque le P. Della Torre, dans les interftices de la lave du mont Véfuve: peut-être même en découvririons- nous plus fréquemment dans le fein de la terre, fi l'acide vitriolique nobs donnoit occafion de les diftinguer. La.terre dont on m'avoit envoyé des échantillons de Naples, expofée fur un brafter ardent, ne fe laifloit point dépouiller de fon acide avec 11 même facilité que les rochers de la Tolfa & la terre de Polinier ; circonftance que j’attribue à la manière dont la terre de Naples reçoit fon acide fur le plan de la fol- fatare: elle y a tout le temps de s'unir, de fe combiner plus étroitement avec ce même acide, qui ne paroît point adhérer immédiatement à fa bafe dans les carrières de la Tolfa & de Polinier. : Telles font les obfervations que des voyages plus courts que je ne defirois, m'ont permis de faire: on ne fauroit trop exhorter ceux qui ont du goût pour l'étude de la Nature, d’exa- miner les produétions minérales de leur Province, fur -tout celles qui ont quelque rapport à Fobjet que je viens de traiter. Une mine femblable à celle de la Tolfa feroit une découverte bien avantageufe au Royaume, puifqu'il en fort annuellement des fommes confidérables pour achat d'un minéral dont on ne peut fe pafler dans nos Manufadtures : le goût que nous avons pour les collections d'Hiftoire Naturelle peut contribuer à ces fortes de découvertes; ce goût, déjà très-utile par lui- même, le feroit encore plus s'il étoit toujours accompagné de remarques, d'obfervations, d'expériences. Raffembler le plus de principes qu'il ft poffible fur l’objet de nos recherches, c'eft le moyen le plus für de les rendre utiles, d'étendre nos connoiffances & de voir de plus près la beauté du fpectacle que nous donne la Nature. NT) 392 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MAN ŒUVRE Imaginée 7 employée pour retirer une Carcaffe de navire qui étoit échouée dans le Chenal au bout de la Foffe, depuis quatre-vingts ans, à7 qui y génoit beaucoup la navigation de la Loire au- deffous de Nantes. Par M. Bonvoux, Infpecteur de Ia Navigation de la Loire à Nantes. | re Carafe, FF (fig. 1) avoit environ cinquante-cinq pieds de longueur & dix-huit de fargeur : les hauts de ce navire étoient détraits, & ce qui totaies de a carcafle étoit enfoncé d'environ fix pieds dans le fable, le galet & la vale : fa carcafe étoit recouverte de trois à quatre pieds d'eau lorfque l rivière étoit fort baffle, & de dix pieds dans fa haute mer ; non-feulement elle étoit enfoncée dans le fable & le caillou, mais elle en étoit entièrement remplie. Pour effayer de déga- ger, le plus qu'il feroit poflible, cette carcafle des fables qui one & de ceux dont elle étoit remplie, je fis frapper de forts pieux au-deflus de cette carcaffe & j'y ajuflai un vannage, qui interrompant en partie le cours de l'eau, augmentoit la rapidité du courant lorfque la marée fe retiroit; alors je faifois draguer les fables tout autour & dedans la carcafle & enlever le plus de pierres que je pouvois. Je compte en avoir emporté environ cent cinquante tonneaux, & pendant ce temps le courant entrainoit beaucoup de fable & de vale, Quand la carcafle fut ainfi un peu dévagée, je fis frapper à la mañle de petits pieux tout autour, pour fe mettre en état de connoître au-deffus de l'eau fa vraie pofition. Alors j'entrepris de pafler fous la quille de ce bâtiment, malgré lobftacle que le fable y formoit, quatre grelins. C'eft dans l'exécution de ceite manœuvre qu'on peut principalement apercevoir DES SCIENCES. 393 apercevoir quelqu'induftrie; j'imaginai de conduire le grelin au moyen d’une aiguille courbe OT (fig. 1). Cette aiguille étoit une barre de fer de quinze lignes de gros & de trente quatre pieds de longueur ; elle étoit appointie par un bout, & à l'autre elle avoit un œil dans lequel devoit entrer un bout du grelin qu'il falloit paffer fous la quille. Je fis prendre à cette aiguille une courbure, telle qu'en faifané tourner cette portion de cercle fur fon centre, la pointe de l'aiguille décrivoit l'arc abc (fig. 1). Ayant troûvé la courbure convenible , j'imaginai de former avec cette aiguille la jante d'une portion de roue, & d'y ajouter des rais ou rayons PPPP, qui feroient attachés par une de leurs extrémités à daiguie qui faifoit l'office de jante; & l'autre extrémité 47 de ces rayons étoit enfilée par un boulon qui failoit l'office de l'aiflieu, mais il falloit que ce boulon füt placé dans le centre de révolution de l'aiguille affez folidement pour que les eflorts qu'on devoit faire pour faire entrer l'aiguille ne puñlent rien déranger. Pour cela, je pris une efpèce de mâtereau //7, que je fis garnir par en bas d'une fourche de fer qui embrafloit da carlingue Z du navire, comme le repréfente fa Bure I : le mâtereau qui formoit fe manche de cette fourche, s'devoit donc perpendiculairement, & au moyen de la fourche il étoit folidement attaché par en bas: il s’agifloit de lui donner par en haut un point où il fût arrêté folidement ; JY parvins, en plaçant à flot au-deflus de la carcafle un ponton ££ (fig. 1}, dont la longueur,croifoit à angle droit Ha longueur de la carcafle, dont on voit la coupe en FF: fur ce ponton étoit établi. une efpèce d'engin GG, dont on voit le profil à la feure 2; & le mâtereau Z /, qui étoit folidement afujetti par en bas au moyen de la fourche L, étoit lié par en haut à Ja pièce GG par le chapeau À (fig. 1 & 2). Si on entend bien ce que je viens d'expliquer, & qu'on imagine que j'ai folidement amarré à de bons pieux le ponton £ Æ dans la fituation que nous avons dit, il fera aifé de concevoir qu'un fort boulon placé en A7, qui enfile l'extrémité des rayons, leur fournit un aiflieu, autour duquel on peut faire tourner fa portion de Jar. étrarg. Lome V., + Ddd 394 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OT; ainfi, par l'effort des hommes Ze qui agiffoient immé- diatement fur l'aiguille ou fur la jante de la roue, ainfi que de ceux fg, qui agifloient plus bas fur la même aiguille au moyen du croc À, la portion 7 devoit entrer dans le fable, en füuivant {a direction de la ligne ponétuée 4 4, jufqu'à ce que le bout p du premier rayon portit fur le fable ; alors je faifois Ôter le rayon p', & les hommes de, 3, continuant à agir de même, on faifoit entrer l'aiguille toujours fuivant la direétion de la ligne ponétuée a D, jufqu'à ce que le rayon p° touchât au terrain : pour lors on Gtoit ce rayon p”, enluite celui p?, puis enfin celui p*; & la pointe de l'aiguille étant rendue en e, fe montroit au-deflus du terrain. H eft bon de faire remarquer, 1° que quand l'aiguille refufoit d'entrer, on fa faifoit reculer d'une petite quantité pour la faire enfuite entrer de nouveau dans le terrain avec plus de force. C'eft à ce travail que font employés les hommes hikl: 2 lorfque la boucle © de l'aiguille fut rendue à la furface de l'eau, les hommes de ne pouvant plus agir direc- tement fur l'aiguille, après avoir attaché mon grelin à la boucle O de l'aiguille, comme on le voit figure 3, je faifois frapper avec une mafle fur le manche À du croc; c'eft à ce travail que font occupés les ouvriers »1 7 (fig. 3), & auffi-tôt que le bout de l'aiguille fut forti du terrain, comme on le voit en 7° (fig. 3), je parvins à engager la pointe de cette aiguille dans une boucle de corde, & on la retint au moyen d'un croc à trois dents, dont celle du milieu entroit dans des trous faits au bout de l'aiguille: alors plufieurs hommes femblables à op, faifant force fur le manche S & fur la corde P, agif- foient, de concert avec ceux #7, pour faire entrer l'aiguille; mais bien-1ôt les hommes #7 # ne pouvant plus travailler, la force de ceux repréfentés par op n'étoit plus fufhfante pour vaincre Îe frottément de l'aiguille & du cable ; on leur fubftitua une caliorne & un cabeflan établis fur une chaloupe, comme on le voit figure 4, mais il faut imaginer ceite chaloupe placée perpendiculairement fur la pointe 7’ de l'aiguille (fig. 3 © 5). Quoique nous fuppofions l'appareil /fg. 4) dans la pofition que Jeav. Elrang Im. 17 749.394. E————— pv eau d'Eau 5. p. de lie Jiuv. Ltrny Tm. 17 Pa 94. Æchelle de 3o.Prrdr 12 2 Veau d'Eat CE 2 Riviere CE Faursard Seul DES!) SCT ANT ES 395 nous venons de dire, on conçoit qu'il eft avantageux que le point d'attache 9 (fig. 5) foit placé tout près de l'endroit où l'aiguille fort du terrain, j'y fuis parvenu d’une façon bien fimple; après avoir fait defcendre lamarrage 4 tout auprès du terrain, j'enflois l'aiguille dans les boules de racage, comme le fait l'homme r; & quand j'avois mis de ces boules jufqu’à la pointe de l'aiguille, j'arrètois la dernière avec une clavette qui entroit dans les trous de l'aiguille; & par ce moyen l'amarre g ne pouvoit remonter le long de l'aiguille, & en ajoutant des boules à mefure que l'aiguille fortoit du terrain, je vins à bout de Ia retirer en entier & d’avoir le bout du grelin F, qui embrafloit le deffous de la carcafle. Ayant paflé de même quatre grelins dans la longueur de la carcafle, je mis (fig. 6) deux barques à l'à-plomb du bord de la carcafle, je les entraverfai avec quatre mâts & auxquels je liai les grelins en Z pendant que la mer étoit baffle : la marée étant venue à monter, les barques pontées /fig. 7) foulevèrent {a carcafle, qu'on échoua fur un terrain plus élevé, & en quelques marées on fe trouva en état de la démolir. On voit (fg: 8) les inftrumens dont on s’eft fervi pour cette opération. Ddd ij 396 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE PASSAGE DE MERCURE ICRA RSS CL ERRPEE Obfervé à l'Obfervatoire royal, le 6 Mai 175 3. Par M. KERANSTRET, Enfeigne des Vaifleaux du Roi. *A1 fait porter quelques jours d'avance fur la plate - forme de lObfervatoire, un excellent quart-de-cercle de trois pieds de rayon, & j'ai pris toutes les précautions néceffaires pour le garantir du vent : j'ai enfuite placé, le plus près qu'il a été pofhble, une pendule du fieur Galonde, que j'ai réglée par des hauteurs correfpondantes, prifes au Soleil deux jours devant & le jour même de lobfervation. Le 6 Mai, le ciel étoit net & m'a affuré un temps favo- rable pour mes opérations, malgré le vent qui étoit toujours fort. Ayant aperçu Mercure au lever du Soleil, aflez près de fon bord oriental , j'ai jugé que j'aurois le temps de faire un affez grand nombre d’oblervations; c'eft pourquoi j'ai préféré d'obferver les deux bords du Soleil & de Mercure au fil hori- zontal & au fil vertical de la lunette du quart-de-cercle, plutôt que de faire un plus grand nombre d'obfervations, en n'obfervant qu'un des bords du Soleil, d'autant que cette méthode m'a paru avoir la même exactitude dans l'obfervation & être moins longue à réduire pour la fuite: car l'une & l'autre ont cela d'avantageux , qu’elles ne font point fujètes aux réfraétions. Comme il étoit effentiel d’obferver le temps de l'émerfion, Jai quitté le quart-de-cercle un quart d'heure auparavant pour établir une lunette de dix-huit pieds, de manière que le vent y eût le moins de prile qu'il {eroïit poffible. A 6h 52", j'ai cru voir autour de Mercure une efpèce de nébulofité ou d’atmolphère, mais j'ai été bien-tôt détrompé de cetie apparence; Mercure pañloit alors fort près d'une tache site coms DES / SICAME IN CES 7 du Soleil & étoit entouré d'une efpèce de nébulofité qui ac- compagne ordinairement ces taches, de forte que fiôt qu’il en a été forti, je ai vu, comme auparavant, net & bien terminé, fans aucune apparence d’atmofphère. J'ai enfin ob'ervé le contact intérieur de Mercure au bord du Soleil, à 10" 19° 1”, temps vrai, & le contaét extérieur à 10h 21° 31", ce qui m'a donné 10h 20° 16" pour le temps du milieu de l'émerfion, & 2° 30” pour fa durée. Les obfervations fur lelquelles j'ai établi mon calcul , ont été réduites en différence d'afcenfion droite & de déclinaifon, fuivant la méthode de M. Maraldi *, qu'il m'a paru qu'on peut beaucoup abréger, en calculant direétement le triangle £GO (fig. 1) fembiable au triangle 4 D B, déjà connu par la première ana- logie qu'enfeigne M. Maraldi : Fhypothénufe O E Tl'eft auf, puifque c'eft toujours la différence des côtés 4 £ & AO, ou bien leur fomme. Connoifflant donc l’un des côtés £G ou OGC, on aura les élémens néceffaires pour réfoudre G PE ou GPO, femblables entreux, & au triangle £GO. Le côté G P fera toujours la déclinaifon, & PO ou PE, ajouté ou fouftrait de lun des côtés À O ou AE, fuivant les cas, fera la différence en afcenfion droite de Mercure au Soleil. Quoique je naie employé qu'un petit nombre d'obferva- tions pour déterminer la route apparente de Mercure, elles ne font point les feules dont les lieux calculés fuivant la mé- thode précédente, tombent fur la même ligne: la plupart ne s'en écartent que de peu de fecondes. J'ai donné la préférence à celles que j'ai faites vers les 7 heures, temps auquel M. de lle avoit annoncé la conjonction, parce que j'y ai apporté une attention plus particulière, d'autant qu’on en peut déduire l'heure de fémerfion, telle que je l'ai obfervée; car ayant calculé le mouvement horaire en différence d’afcenfion droite & de déclinaifon, & l'heure de la conjonétion par rapport au parallèle, j'ai cherché la différence de déclinaifon & d’afcen- fion droite de Mercure au Soleil pour le temps de émerfion : ce point rapporté fur une figure de fix pouces & demi de rayon, €ft tombé non-feulement fur la ligne que j'ai décrite Ddd iÿ * Mén. Acad, des Science, année 173 0» 398 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE par les quatre points que m'ont donnés les obfervations aux- quelles je me {uis arrêté, mais encore au point où elle ren- contre l'image du Soleil, que j'ai tracée fuivant les Tables avec un rayon de 15° 54". I fuit, en inverfant, qu'on au- roit l'heure de l’émerfion telle que que l'ai obfervée, Au refte, j'ai fuivi une route différente des Aftronomes pour arriver au même but; je n'en ai confervé que les élé- mens qui doivent entrer néceflairement dans le calcul du paflage de Mercure fur le Soleil. Il m'a paru que moins je m’écarterois des premiers réfultats , déduits immédiatement des obfervations, j'en devois d'autant plus attendre d'exactitude dans les derniers ; c'eft pourquoi je me fuis uniquement fervi des différences en afcenfion droite & en déclinaifon obfervées, qui m'ont donné quatre déterminations pour le mouvement horaire, tant en afcenfion droite qu’en déclinaifon , de même pour lheure de la conjonétion par rapport au parallèle & pour la déclinaifon dans le mème temps. La moyenne entre toutes ces déterminations, m'a donné le mouvement horaire en différence d’afcenfion droite, de 330046 Tb)ÉELER déclinaifon de 1° 50" 50°"; l'heure de la conjonétion à 6h 43”, & la déclinaifon dans le même 1 LL LE temps de 2°33" 20". De ces élémens, j'ai déduit l'inclinaifon de la route apparente de Mercure avec le parallèle de 274 4", & avec l'écliptique de rod 13° 30", la plus petite diftance au centre de 2° 16° 33°", le milieu de l'éclipfe à 6h 25° 17", le commencement à 2h 30° 18", & la fin à 10h 20° 16", telle que je l'ai obfervée; la latitude de Mercure, vu de la Terre en conjonc- tion vraie, 2° 18" 45”, le temps de la conjonction à 6h 31° s7', le pañlage de Mercure fur lécliptique à 3h 19° 14", & le lieu du Nœud à 1 54 24° 1" du Taureau vu de la Terre, ou 154 24 1" du Scorpion vu du Soleil. J'ai enfin déduit Finclinaifon vraie de l'orbite de Mercure avec l'écliptique de 64 52° 52”, fon mouvement horaire dans fon orbite de us 7! ax & fon diamètre de 9" 2 ° DIE S SCIE N.C.Æ 5 399 Je donnerai premièrement mes Obfervations, & enfuite {a manière dont je les ai calculées. Hauteurs correfpondames prifes au Soleil. EE Heures du matin.|. Haureurs. | Heures du foir, 8* 21° 42" | 34° 20° | 3" 39° 10°" 8. 25: 573] 36. © | 3. 34. 55 8. 29. 075| 36. 30 FAN E ! DERE A4 NET © 28. 31 Le 4 Mai 1753... LME 15. 30 F2, 412 MX © UJj Li Lo y US Un Ban ce Halte der ue NL MTOM IN ANZONIN 3. 46. £ 8. 17. 29 | 35. o | 3. 41. 535 8. 21, 39 | 35. 40 | 3. 37. 412 Le $ Mair753.:. À 8: 45. 19 | 39. 20 | 3. 14. 17 CS O2 ON MAT OR E2- 57e 9. 7- 41+| 42. 40 2. SI. 40 9. 11. 82] 40. 10 | 2. 48. 15 7+ 38. 15 | 29. o | 4. 19. 45 7e 45. 26 30. 10 | 4. 12. 33 Le 6 Mai 1753... FSI CE IR EN ON Re TE DEN EC ME NO NME 8. 9. 112] 34. oo | 3. 48. 474 Objervations du pallage de Morts Jur le Sokil, le 6 Mai 1753, à l'heure de la péndule. LE FIL HORIZONTAL. FIL VERTICAL À Soleil. 4422 6% 4526" Soleil.r. 2... GAS i22t A... < Mercure. ,.. 6. 47. 14 | Mercure... 6. 46. 42 Soleil....., 6, 48. 38 2] Soleil. ..:,. 6. 48, 26 400 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE RRÈTE, GABA ET RTL ER DCI ES FIL HORIZONTAL. FALAVIERIQNIC/A Le RE ee AUDE CE | ED SR EDS 9 SL OT Soleil... .. 74) 37.29%] Sole... .,4 72 2° BI M ércure EE MS Es Mercure: 7 ANT SOLE Lette e 7e NCIS no HS ra 7. 6. 27% Sole. À 9. 24 22 | Soleil... .. 9. 24. 44€ C.... 2 Mercure... 9: 26. 20 | Mercure..." 9. 25- o4 Soie 9-28. 09-|Solcil. "9 270268 Soleil etre 09-45-20 |ISolcil, 0er 9. 45. 242 Di. eNMercure- 609-4577 304 Mercure... 9. 45. 362 Soleil. : .. 9. 49. 23 2 Soleil. 2. 9+ 48. o1+ Ces Obfervations réduites en différences d’afcenfion droite & de déclinaïfon, comme je l'ai déjà dit, & après avoir eu égard à la diflance à l'équateur du parallèle où fe trouvoit alors le Soleil, m'ont donné les réfultats fuivans, DIiIFFÉRENCE en déclinaïfon. DiIFFÉRENCE d’afcenfion droite. HEURES VRAIES. A. 6h 48° 42° Br NO GNT CAD LES 2 D. 9. 47. 43 DRE ©: 3/1. SO 9. 54. oO TT NO RO 40 7 o e 2) o defquels j'ai déduit, au moyen de l'intervalle entre les obferva- tions extrêmes, comparces alternativement : 1.” le mouvement horaire en différence d'afcenfion droite, en faifant; comme la différence des heures entre les obfervations eft au chemin de Mercure en différence d’afcenfion droite dans cet intervalle, ainfi une heure eft au mouvement horaire. 2% Le mouvement horaire en déclinaifon: comme Îa différence d'heures entre les obfervations eft au chemin de Mercure en déclinaifon pendant cet intervalle; ainfs une heure £f au mouvement horaire. 3- L'heure DES SCrEeNCE's 40 3° L'heure de fa conjonction en afcenfion droite : le che- min de Mercure en différence d'afcenfion droite, eft au temps compris dans l'intervalle comme l'une des différences eft au temps compris entre la conjonétion & celui de cetteobfervation. 4 La déclinaifon au temps de la conjonétion; en faifant comme une heure eft au mouvement horaire en déclinaifon, ainfr le temps compris entre la conjonction & l’une des obfer- vations, eft à la différence de déclinaifon entre celle de la conjonétion & celle de la dernière obfervation, en fuppofant qu'on s'en foit fervi pour avoir la conjonction. Ces quatre analogies fe peuvent exprimer bien plus fim- plement par le fecours de l'Algèbre: fi l'on fait 7° égal au temps compris entre deux obfervations extrêmes, J {e chemin en afcenfion, & W le chemin en déclinaifon parcouru dans cæt intervalle, w 1a différence en afcenfion droite au temps de la première ou dernière obfervation , & égal une heure, on aura pour l'expreffion de Ja première & feconde analogies, WA Ta x VA 2 \ Tu T V Se —7 ; & en füivant —= & - ainf comparé alternativement les deux premières obfervations avec ces deux dernières, j'en ai tiré les quatre déterminations füivantes. . Ayant , ne ul É Diva is vement Mouvement HEURES |DiFFÉRENCE oraire horaire Der 2e 2 De PE de de déclinaifon comparées.| en différence en différence d’afcenf. droite, | de dédlinaifon. | Ja conjonétion. |en conjonétion. nl nn À ‘ AD::.157 36" 30" |1° 50" 20"| 6" AO TEA A 2 RS 2 AC...]3. 37 o |r1. $o. 30 |6. 43- 14 |2 BD..:.13: 36 oo |r1. 50. 30 |6. 424 39 |2. 33. BC...13 37* o |r1. sr: 30 |6. A2 0 Meh38ate Et prenant une moyenne entr’elles, j'ai conclu le mouve- ment horaire en différence d'afcenfion droite, de JB 1: & en déclinaifon de 1° $0" 5 0", la conjonétion à 6h 4 DE “Sav. etrang. Tome V. FES 402 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE & la déclinaifon en conjonction 2° 33" 20"; d'où j'ai déduit Tinclinaifon de la route apparente avec le parallèle de 274 4’, en faifant comme le mouvement horaire en différence d'af cenfion droite eft au mouvement en différence de déclinaifon, ainfi le rayon eft à Ia tangente de l'inclinaifon apparente. J'ai enfuite calculé l'inclinaifon de l'écliptique av & le parallèle pour fheure de la conjonction, qui, ôté de 274 4’, donne 104 13° 30” pour l'inclinaifon de fa route HS de Mercure avec l'écliptique. Avec ces élémens, j'ai cherché 1° la plus petite diflance du cenire du Soleil à la route apparente, 2.° le temps du milieu de l'édiple, 3.° la latitude de Mercure vu de la Terre en conjonétion, 4° la conjonétion vraie, 5." le paflage de Mercure fur l'écliptique, & enfin le lieu du Nœud. Soit {figure 2) le difque du Soleil, PP le parallèle, EQ Yédiptique, M E la route apparente de Mercure, AD la déclinaifon au temps de la conjonétion par rapport au parallèles le triangle rectangle À 8 D, dont on connoit l'hypothénufe AD; & angle 8 4D égalà AG D, indlinaifon de la route apparehte avec le paralièle étant déterminé, on trouvera 4 B plus petite diflance du centre du Soleil à la route apparente de 224760 33" Si l'on mène Ze parallèle à AD, le triangle reétanglé B e A fera encore déterminé, & l'on trouvera le côté 4e, qui, réduit en heures & minutes, à raifon de 3° 36" 45" par heure, & retranché de l'heure de la conjonétion par rapport au parallèle, donnera le temps du milieu de Féclipfe à 6h END Le triangle reftangle & angle 4 BC, dans lequel on connoit AB & BAC = BE A, inclinaifon de l'éciptique avec le paralèle, eft aufli déterminé, & donne AC, latitucle de Mercure en conjonction vraie vue de lx Terre, de 2“ 18" 45". Enfin, dans le triangle reftangle CFA, dont on connoît un côté, & dont l'angle en Cdt égal à l'inclinaiton du pa- rallele avec l'écliptique, où trouvera le côté AE qui, réduit DES SCIENCES. 403 en heures & minutes, comme ci-devant, & ôté de la con- jonétion par rapport au parallèle, donnera la conjonction vraie AO 1157 « Maintenant, pour trouver l'heure du paflage de Mercure fur lécliptique & fa diflance au centre du Soleil dans le mème temps, foit mené £P parallèle à 4 D, les triangles retangles £ AC & A PE feront fucceflivement déterminés; car dans le premier triangle AC'eft égal à la latitude de Mercure vu de la Terre en conjonétion, & l'on connoît l'angle en £. On trouvera done le côté À £ , diffance de Mercure au centre du Soleil, lors de fon paflage fur l’écliptique, de 12° 40" 12", vu de la Terre, & 15° 41" vu du Soleil, après avoir été réduit par la proportion de la diflance de Mercure au Soleil & de Mercure à la Terre, que j'ai tirée des Tables de M. Caffini, dans le rapport de 4544 à 5557. Dans le fecond triangle, dont on vient de connoître l'hypothénufe AE, on trouvera le côté P À de 12° 16" 10°”, qui, réduit en heures & minutes comme ci-devant, donne le pañlage de Mercure {ur l'écliptique à 3P 19° 14”. Enfin, fi de 1° 154 39° 42", lieu du Soleil calculé pour ce temps, on retranche 1 5" 41", reftera UNSS 24017 pour le lieu du Nœud vu de la Terre, où 7f 154 24° 1" vu du Soleil. Ce procédé paroïtra bien fimple fi l'on fait attention que le lieu du nœud de Mercure n'eft autre chofe que le point où fon orbite coupe l'écliptique. - Or étant donnée l'heure & la diftance de Mercure au centre du Soleil, lors de fon pañage fur Técliptique, on a le lieu du Soleil pour le même temps, & l'on voit que le lieu de Mercure, qui eff aiors le même que le lieu de fon Nœud, fera égal au lieu du Soleil, plus ou moins fa diftance au centre du Soleil. J'ai enfin déduit des mêmes élémens l'inclinaifon de l'orbite de Mercure, fon mouvement horaire dans fon orbiie & fon diamètre; mais pour y parvenir, j'ai cherché en premier lieu le mouvement horaire de fa route apparente. Soit dans le triangle rectangle ABC (fg. 3) AB le Fee y 464 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE mouvement horaire en différence d’afcenfion droite, BC Ie mouvement horaire en déclinaifon, on trouvera AC, mou- vement horaire de la route apparente, de 4° 3" 35", & 4‘ 57" 53” vu du Soleil. Maintenant, fi lon fait 4 Æ égal 2° 25°, mouvement horaire du Soleil tiré des Tables, le triangle AÆC fera déterminé, l'angle en À étant égal au fapplément de l'inclinaifon de la route apparente avec l'éclip- tique: partant, l’on trouvera l'angle en £ de 64 52° 52”, in- clinaifon vraie de l'orbite de Mercure, & le côté EC de 7° 21", mouvement horaire vrai de Mercure dans fon orbite. On aura enfin le diamètre de Mercure de 9" 2°”, en faifant comme une heure eft à 3° 36" 45"", mouvement horaire en différence d'afcenfion droite , ainfi 2° 30", durée de l'im- merfion au diamètre de Mercure. Jeav LEA Tome V Tag OT, 2" | 4 Jrav Efrang Tome V l'ageyo4 TS RE C'Haufiard S'eulp + = DES ScI1ENCESs. 40 ÿ PREMIER MÉMOIRE SUR LE REFROIDISSEMENT QUE LES LIQUEURS PRODUISENT EN S'ÉVAPORANT. Par M. BauMÉ, Maitre Apothicaire de Paris. UOIQUE les Chimiftes & les Phyficiens aient diflérens 22 Janvier points de vue dans leurs recherches, la Chimie & la 1757- Phyiique fourniflent néanmoins des fecours mutuels à ceux qui ont pour objet l'étude de lune ou de l'autre Science : combien en effet les travaux des Chimiftes n'ont-ils pas développé de myftères fur les phénomènes du feu, de“l'air & de l'eau? combien n'ont-ils pas découvert de propriétés dans les différentes fubflances, qui en révélant les fecrets les plus cachés de la Nature, ont donné tout à la fois aux Phyficiens la connoiffance & la preuve de nouvelles vérités; ce que j'aurai l'honneur de vous rapporter, fur le refroidiffement produit par des liqueurs fpiritueufes & très-inflammables , peut, ce me femble, fervir de preuves à ce que j'avance? En effet, qui l'auroit jamais cru que des liquides qui contiennent une aufli grande quantité de matière ignée, duflent exciter un froid d'autant plus grand, que la fubftance qui le provoque eft plus évaporable, I paroït que les Phyficiens ont attribué à une autre caufe qu'à celle de l'évaporation, le refroïdiffement que les liqueurs produifent lorfqu'elles font appliquées fur les boules des ther- momètres : il y a tout lieu de conjeéturer que fi l'on n’a pas fait plus de recherches fur cette partie intéreffante de la Phyfique, & qui devoit donner, à ce que je crois, de plus grandes Aumières fur les caufes des phénomènes de la congélation, c'eft qu'il n'eft pas venu en idée aux Phyficiens qui ont le plus travaillé fur cette matière, d’effayer des liquides qui produififient Eee ii 406 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’ACADÉMIE de plus grands effets. Les expériences en ce genre, qui font venues à ma connoiffance, n'ont été faites qu'avec l'eau feu- lement : le peu d'effet qu'elle a produit dans les difiérentes expériences auxquelles elle a été foumife, a été vraifembla- blement la raïfon pour laquelle on a expliqué ces phénomènes autrement que par l'évaporation:; cependant les expériences que je me propole de rapporter ici, prouveront, d'une manière démonftrative, que c'eft l'évaporation qui eft la vraie caufe de ce refroidiflement, & qu'il y a des liqueurs qui le portent fi loin, qu'il va au-delà de la congélation, même dans les chaleurs de l'été, & cela fans aucun mélange de fel, ni deglace. De toutes les liqueurs que j'ai éprouvées, j'ai remarqué que l'eau étoit, en quelque forte, celle qui faifoit le moindre effet : je ferai voir qu'il y en a qui s'échauffent aflez pendant leur évaporation pour faire élever le thermomètre confidérablement, mais que cet effet vient de deux caufes qui fe compliquent, dont une eft l'inverfe de la caufe du refroidifiement occafionné par les autres liqueurs, Ce Mémoire eft, en quelque forte, une fuite des expériences que j'ai inférées dans ma Différtation fur l'Ether: celles que je vais rapporter ne pouvoient y être placées, comme n'étant plus du même fujet,. D'ailleurs, mon intention n'étoit point de donner une Diflértation fur le refroidiflement, je me fuis contenté de faire voir que les liqueurs éthérées ne différoient de l'efprit de vin que par leur degré de reélification: préfen- tement je vais m'étendre davantage fur cette partie intéreflante de la Phyfique, & qui, je crois, na été traitée par perfonne de li manière que je me propole de le faire. Je ne diffimulerai pas ici que la favante Differtation fur la glace, de M, de Mairan, m'a donné lieu de faire beaucoup d'expériences & d’obfervations que je n'aurois peut-être pas faites fans cela: je dirai même qu’en employant quelques-unes des manipulations que cet habile Phyficien a imaginées pour faire fes expériences avec l'eau, j'ai tiré un meilleur parti de’ celles que j'avois faites auparavant. Les expériences que je vais rapporter, feront donc traitées, en grande partie, de la même DES, S'CA4E N CES, 407 manière que celles de M. de Mairan, avec cette différence feulement que j'ai employé plufieurs liqueurs. Afin de donner quelqu'ordre à ces expériences, je préfen- terai fucceffivement celles dont les effets vont à peu-près en augmentant: je paflerai rapidement fur les liqueurs qui ne produifent qu'un foible refroidiflement , afin de ne point faire de répétitions inutiles. Les conféquences & les applications feront la dernière partie de ce Mémoire. Dans une chambre où l’on ne faifoit point de feu & qui étoit toujours fermée, j'ai expolé les liqueurs nommées ci-après avec plufieurs thermomètres à mercure & à efprit de vin. La monture de ceux qui me fervoient pour mes expériences étoit brifée; les boules des uns & des autres avoient fix lignes de diamètre : ces thermomètres étoient divifés fuivant les principes de M. de Reaumur; ceux à efprit de vin marquoient 108 degrés depuis le terme de la congélation jufqu'au degré de chaleur de Peau bouillante ; ceux de mercure étoient divifés en 8o degrés, en partant du même terme, jufqu'au degré de chaleur de l’eau bouillante: les uns & les autres pouvoient marquer jufqu'à $o degrés au-deflous de là congélation. Tous ces thermomètres avoient, à très-peu de variation près, la méme marche. Les liqueurs dont il eft queftion, font : De l'eau de rivière filtrée. De cette même eau diftillée dans des vaifleaux de verre & gardée depuis un an. Du vinaigre ordinaire. Du vinaigre ordinaire diftillé. De ce même vinaigre diftillé, & qui avoit été concentré pat la gelée de 1757, à 9 degrés au-deflous de la congélation. De l'efprit de vénus. De l'efprit de nitre fumant. De l'efprit de fel fumant. Du fecond acide volatil fulfureux, retiré de l'opération de l'éther vitriolique dont j'ai parlé dans ma Differtation fur l'éther. De l'huile ou effence de térébenthine ordinaire, 408 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE De cette même huile bien rectifiée, De l'huile animale de Dippelle bien reclifiée. De l'efprit volatil de cornes de cerf. De l'efprit volatil de fel ammoniac} fait par la chaux, éteint à l'air. De Pefprit volatil de fel ammoniac vineux. De l'eau-de- vie, De l'efprit de vin ordinaire. De l'efprit de vin très-rectifié. De ce même efprit de vin, chargé de camphre autant qu'il a pu en difloudre. De l'éther vitriolique. De l'éther nitreux, La première expérience que j'ai à rapporter, eft connue de tout le monde, depuis que M. de Mairan l'a rendue publique ; elle eft mème décrite dans fa Différtation fur la + Pge 248 Qace *. De toutes les liqueurs que je me fuis propolé & fJuivames, 4 édirivn, Première EXPÉRIENCE, d’effayer , l'eau eft la première. Je me fuis cru fondé de placer celle expérience, que j'ai répétée, à la tête des miennes, pour faire remarquer plus particulièrement que la manipulation que j'emploie appartient entièrement à M. de Mairan: cette manipulation, dont je me fuis fervi avec beaucoup de fuccès, eft d'envelopper le thermomètre d'un linge. C’eft à peu-près de cette manière que feront faites toutes les expériences qui vont fuivre, lefquelles ont été répétées plufieurs fois avec tout le foin & l'exactitude poffibles. Les thermomètres étant à 6 degrés au - deflus de la con- gélation, j'ai plongé un thermomètre à mercure dans de l'eau, l'un & l'autre à Ja même température ; ce thermomètre eft refté fixé au même degré, mais en le retirant il eft defcendu d'un quart de degré ou d'un demi-degré: en le balançant, pour lui faire parcourir en fort peu de temps une mafle d'air de l'étendue de deux ou trois pieds, il eft defcendu quelque- fois encore davantage. Enfuite ce thermomètre enveloppé d’un peu de linge, affujetti avec du fil en formie de nouet, a été plongé de nouveau dans celte DES SciENCESs, 409 cette mème eau, lorfqu'il a été remis à fà température ; il eft refté fixé au même degré tant qu'il a été dans l'eau, mais en le retirant & en le balançant rapidement, comme Je viens de I dire, le mercure a defcendu d’un degré & demi bien complet, & quelquefois plus, comme M. de Mairan la obfervé. Dans ma Difiértation fur l'éther , où il eft parlé de fa première partie de cette expérience, c'efl-à-dire de celle où lon n'enveloppe pas le thermomètre d'un linge, je n'ai of marquer cet effet qu'à un fixième de degré, par {a crainte de me tromper, tant cela m'a paru furprenant. M. de Mairan, dans l'ouvrage déjà cité, page 250, fait voir, par de très-belles expériences, qu'on pourroit, par d’autres manipulations qui appartiennent entièrement à cet habile Phyficien, faire des refroidiffémens confidérables avec l'eau, en dirigeant, par exemple, le vent d'un foufflet fur la boule d'un thermomètre garni de linge & trempé dans l'eau. J'ai remarqué que le foufflet produifoit un bon effet {ur toutes les liqueurs qui font de la nature de l'eau ; mais le balincement ayant produit à peu-près les mêmes efets, je m'en fuis tenu entièrement à cette manipulation, & cela d'autant plus volontiers, que j'ai obfervé qu'il n'en étoit pas de même à l'égard des liqueurs fpiritueufes qui font plus évaporables : Je vent du foufflet, quoiqu'agiffant fur les thermomètres enve- loppés de linge bien imbibé de ces liqueurs fpiritueufes, faifoit remonter le thermomètre de même que Jorfqu'il agit fur la boule à nu, comme fa obfervé M. de Mairan : ainfi je m'en füis tenu au feul balancement, qui répond affez bien à une des expériences de M. de Mairan, laquelle eft de faire tourner en rond, à la manière d'une fronde, un vale cylindrique de verre rempli d’eau & enveloppé de linge mouillé; l'eau du vafe s’eft refroidie de 2 degrés en trois minutes. Voyez Ja Diferration, p. 254. De ces expériences, M. de Mairan pale à celles qu'il a faites avec une des machines pour rafraichir l'eau, qui font ‘en ufage dans la partie méridionale de la Chine , à Quanton : ces expériences lui ont démontré que toute l'eau de fa machine Say, rang. Tome V. ANT Deuxième EXPÉRIENCE. Troifième EXPÉRIENCE, Quatrième EXPÉRIENCE. 410 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE s'étoit refroidie de 2 degrés en huit heures. Cette manière de refroidir l'eau ou les liqueurs n'eft point nouvelle, dit M. de Mairan ; on s'en fert dans plufieurs endroits de l'Inde, en enveloppant de paille ou de toile mouillée les bouteilles, mais les plus grands effets que l'eau peut produire avec ces machines ne peut faire baifier les thermomètres que de 2 à 4 degrés tout au plus. Ces obfervations, que je rapporte à deffein, portent entièrement fur le principe où j'en veux venir. De l'eau de rivière, diftillée dans des vaifleaux de verre & gardée depuis un an, foumife à la première expérience dont nous avons parlé, m'a fait apercevoir fenfiblement un effet un peu plus grand, c'eft-à-dire que le thermomètre plongé à nu dans cette liqueur, a defcendu d’un degré: après en avoir été retiré, ce même thermomètre enveloppé d’un linge mouillé de cette eau, a defcendu de 2 degrés bien complets. Afin d'éviter les redites, je ne ferai dans cette expérience qu'un article des liqueurs qui font de même nature & dont les effets font à peu-près les mêmes: je fuivrai le même plan à l'égard des autres liqueurs. i Les thermomètres étant à 2 degrés au-deflus de la con- gélation , j'ai balancé un thermomètre qui venoit d'être plongé à nu dans le vinaigre ordinaire; il a defcendu d'un demi- degré avec peine: ce thermomètre enveloppé d’un linge, n’a defcendu que d’un degré en le balançant après avoir été plongé dans cette liqueur. Le même vinaigre diflillé dans des vaifleaux de grès, n'a pas fait plus d'effet , eflayé des deux manières. Le même vinaigre diftillé & concentré à la gelée de 1757; par un froid de o degrés au-deflous de la congélation, n'a pu faire baiffer le thermomètre que d'un degré, effayé des deux manières. Les thermomètres étant à 2 degrés au-deflus de la congé- lation , jai plongé un thermomètre à mercure dans de l'éfprit de Vénus; dès qu'il a été enlevé, il a remonté fenfiblement d'un quart de degré : le balancement n'a fait aucun change- gement à fa marche. DES SCYEN CES AIT * Le même thermomètre lavé, bien efluyé & remis à fa température, plongé dans de l'efprit de nitre fumant , s’eft élevé d'un demi-degré en le retirant; il a continué de monter juqu'à 3 degrés au-deflus de fa température primitive, L'efprit de fel bien fumant , a produit le même effet que lefprit de nitre fumant. Sans chercher à expliquer ici pourquoi ces liqueurs s’é- chauffent à Pair, ce qui nous éloigneroit trop de notre fujet, je dirai feulement que ces acides étant très-concentrés , attirent l'humidité de l'air avec laquelle ils s’échauffent : il eft aifé de s'en aflurer, en mélant environ partie égale d'eau & d'efprit de Vénus, qui fait élever le thermomètre de 2 degrés bien complets. À l'égard des autres acides, fi l'on plonge dans de l'eau feulement la boule du thermomètre qui a été trempé dans ces liqueurs, on remarquera que cet effet eft beaucoup plus fenfible. Je n'ai point répété ces expériences avec l'enveloppe de linge au thermomètre, on doit même en fentir l’inutilité. Les thermomètres étant à 4 degrés au-defus de la congé- lition, j'ai expofé un thermomètre à mercure dans un flacon d'acide fulfureux volatil, en prenant bien garde qu'il ne touchât cette liqueur ; la fimple vapeur qui s’en élevoit à fait defcendre le mercure d'un degré très - promptement. Ce thermomètre plongé & retiré enfuite de cette liqueur, n'a pas defcendu davantage. Les thermomètres étant à 3 degrés au - deflus de la con- gélation, j'ai plongé un thermomètre à mercure dans de l'huile animale de Dippelle bien rectifiée ; il a defcendu de 2 degrés en le retirant & le balançant, & de 4 degrés lorf- qu'il a été enveloppé d’un linge. Par les expériences qui vont fuivre, on pourroit attribuer cet effet à un peu de fl volatil contenu dans cette huile, mais je puis affurer le contraire, parce que j'ai répété cette expérience avec de cette même huile bien rectifiée plufieurs fois fur du vinaigre difillé & concentré à la gelée, laquelle huile m'a donné les mêmes effets : d'où je conclus que c'eft à raifon de fa rectification & de fa nature évaporable, Fff ÿ Cinquième EXPÉRIENCE, . + Sixième EXPERIENCE4 Septième EXPÉRIENCE, Huitième EXPÉRIENCE. 412 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE L'effence ou huile de térébenthine ordinaire, a fait baifr fenfiblement le thermomètre d'un demi-degré, Cette même huile bien reéifiée n'a pas fait apercevoir une différence bien fenfible ; elle n’a pu faire baifler Le thermomètre que de près d'un degré. Ces deux huiles de térébenthine ont été effayées des deux manières ; elles n’ont pas fait de plus grands effets avec le thermomètre enveloppé de linge que lorfqu'il étoit à nu. Les thermomètres étant à 3 degrés au-deflus de la congé- lation , j'ai plongé un thermomètre à mercure dans de l'efprit volatil de corne de cerf, il a reflé fixé au même devré; en le retirant & le balançant , il a defcendu de 2 degrés; l'enve- loppe de linge au thermomètre n'a pas fait un plus grand effet. J'ai plongé ce méme thermomètre dans de lefprit volatil de fel ammoniac, fait par la chaux éteinte à l'air ; il a baiffé d'un degré bien complet & y eft refté fixé: en enlevant cet inftrument, le plongeant & le balançant alternativement, if a continué de defcendre jufqu'à $ degrés au-deflous de fa température primitive. Le thermomètre enveloppé d'un linge, n'a defcendu que de 6 degrés. L’elprit volatil de fel ammoniac vineux , effayé des deux manières, a produit le même effet. Cette liqueur eft celle qui difille en faifant le fel volatil d'Angleterre ; elle eft un efprit de vin qui tient en diflolution du fel volatil ammoniac. Lorfque nous en ferons aux expériences fur les liqueurs éthérées, nous y ferons remarquer plus particulièrement pour- quoi les thermomètres baiflent lorfqu'ils reflent plongés dans ces liqueurs. Les thermomètres étant à 4 degrés au-defluis de la congé- Jation, un thermomètre à nu, plongé, retiré & balancé fucceffivement dans l'eau-de-vie, a baiffe de 3 degrés & demi. De Fefprit de vin ordinaire a fait baifier un thermomètre à nu de 4 degrés & demi: avec l'enveloppe de linge, DE s Slerr'ENNt chers 413 Tefprit de vin très-rectifié, eflayé des deux manières, a fait baiffer le même thermomètre de $ degrés. Le même efprit de vin très-rectifié & chargé d'autant de camphre qu'il en a pu difloudre, n'a fait defcendre le ther- momètre que de 3 degrés, eflayé de l'une & de l'autre manière. Je remarquerai que pendant la diffolution du camphre, le thermomètre que j'y avois plongé a baiflé d’un demi-degré, ce qui devoit faire efpérer un plus grand refroidiffement; cepen- dant cette matière réfineufe en a diminué l'effet de 2 degrés. Jufqu'à préfent je n'ai préfenté que des refroidiffemens très- médiocres, occafionnés par l'évaporation des liqueurs, puifque les plus grands effets n'ont été qu'à 6 degrés. Suivant ce que j'ai dit au commencement de ce Mémoire, on auroit peut - être cru que je ferois parvenu avec d’autres liqueurs à produire, par degrés infenfibles, des effets plus grands pour arriver à mon but; mais en attendant que la Chimie nous fourniffe des liqueurs intermédiaires , je vais pafler à celles dont les effets font dans une difproportion confidérable: ces liqueurs font Yéther vitriolique. & léther nitreux. C'eft dans cette partie de mes expériences que je me pro- pofe de démontrer plus particulièrement que les liqueurs, en s'évaporant , produifent du refroidifflement. Les Chimiftes qui ont parlé de la qualité froide de l'éther , fe font contentés de dire que cette liqueur fait une impreffion de froid au toucher, fans déterminer fi cette fraicheur étoit réelle ou feulement appa- rente, comme celle de plufieurs autres corps. Ce phénomène m'a paru aflez important pour m'engager à l'examiner d'une manière plus précife; ceft pourquoi j'ai fait les expériences fuivantes, lefquelles ont été répétées un grand nombre de fois avec toute l'exactitude poffible : en été & en hiver j'ai toujours eu conftamment les mêmes réfultats, Les thermomètres étant à 1 1 degrés au-deflus de la con- gélation , j'ai plongé un thermomètre à mercure dans un flacon d'éther vitriolique; il a defcendu d'un degré. . L'éther nitreux produit le même effet. F{£ if Neuvième EXPÉRIENCE, Dixième EXPÉRIENCE. 414 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE J'ai cependant remarqué qu'il y avoit des variations, & que ces liqueurs produifoient alternativement plus où moins de refroidiflement, mais ces variations ne doivent être attribuées qu'aux circonflances différentes, comme plus ou moins de liqueurs dans le flacon, l'ouverture plus ou moins large qui facilite une évaporation plus ou moins grande, &c. J'ai verfé féparément deux ou trois onces de ces éthers dans deux verres bien nets; j'ai plongé dans l’un & dans fautre des thermomètres à mercure & les y ai laiffés; j'ai remarqué un effet bien plus grand, ces thermomètres ont defcendu de 4 degrés en deux ou trois minutes; ils y ont demeuré conflamment, quelque long qu'ait été le temps de leur féjour dans ces liqueurs. Ces thermomètres ont fuivi après cela les viciflitudes de la température de l'air, mais toujours en reflant 4 degrés plus bas que ceux de comparaifon qui étoient à côté. J'ai mis dans un verre deux ou trois onces d’éther vitrio- lique, jy ai plongé à nu un thermomètre à mercure à la température du lieu, qui étoit 14 degrés au-deflus de la con- gélation ; j'ai enlevé le thermomètre après qu'il s’eft arrêté, il a defcendu confidérablement : je l'ai replongé, il a remonté de quelques degrés; mais en le retirant Po a il a defcendu de nouveau: en continuant de le plonger & de le retirer, je fuis parvenu à le faire defcendre un peu au-deflous du terme de la congélation. L'éther nitreux fait le même effet. J'ai répété cette expérience en hiver, lorfque le thermomètre étoit à 4 degrés au-deflus de la congélation; j'ai eu 1 5 degrés de refroidiffement bien complets. Il eft bon d’avertir que quand on fait cette expérience, fur-tout en été, il ne faut tremper que la moitié de la boule lorfqu'il approche du terme de la congélation, parce que fi on la plonge entièrement, ou bien fi on laiffe le thermomètre trop long-temps dans l'éther, if remonte plus haut qu'il n'étoit; & en le retirant , il defcend quelquefois moins bas qu'il n'étoit auparavant. Les réfultats de ces expériences font moins confi- dérables toutes les fois qu'on les répète dans des flacons, principalement quand il fait bien chaud, au lieu de fe fervir Des S er EN CES 415 de verre, comme je l'ai éprouvé plufieurs fois, à moins qu'ils ne foient pleins jufqu'au gouleau & qu'ils n'aient de très-larges ouvertures : ces effets finguliers font d'autant plus grands, que la liqueur qui refte appliquée aux thermomètres s’évapore plus vite chaque fois qu'on les enlève des verres. Ces expériences font auffi plus longues à faire avec l'éther nitreux qu'avec l'éther vitriolique. J'ai fait voir dans ma Diflertation que le dernier s’évapore beaucoup plus vite que l'éther nitreux. Les thermomètres étant à 4 degrés au-deflus de la congé- lation ; cette expérience eft la même que la précédente, avec cette différence que le thermomètre a été enveloppé d'un linge; elle m'a donné 20 degrés de refroïdiffement au-deflous du terme de la glace, c'eft-à-dire que le thermomètre à baiflé de 24 degrés. L'éther nitreux a produit exaétement le même effet. Pour produire ces 24 degrés de refroidiffement , j'avois rempli d'éther un chalumeau de verre renflé par le milieu , dont la boule plongeoit dans un verre plein de ces liqueurs éthérées ; je tournois ce chalumeau de temps en temps, par ce moyen féther qu'il contenoit étoit beaucoup refroidi : if me fervoit à arrofer le linge du thermomètre & me procuroit par-là un refroidiffement plus prompt, mais d'un degré de plus feulement. On croiroit peut - être qu'en enveloppant le thermomètre avec une plus grande quantité de linge on pro- duiroit un plus grand refroidiffement ; mäis je me fuis afluré du contraire, l'abaiflement eft. prefque de moitié moindre, & même le refroïdiffement eft beaucoup plus long à fe faire, mais aufli le thermomètre refte bien plus long-temps au degré où il eft defcendu. Les thermomètres étant à 1 3 degrés au-deffus de la con- gélation , j'ai ramené par de la glace un thermomètre à mercure au terme de la congélation ; je l'ai plongé à nu dans de l'éther vitriolique , qui étoit à la température de l'air : je l'ai retiré & plongé alternativement, il a defcendu de 3 degrés au-defious de la congélation. L'éther-nitreux a produit le même effet. Onzième EXPÉRIENCE, Douzième EXPÉRIENCE, Treizième EXPÉRIENCE. 416 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Dans ma Differtation , je fais voir que ces liqueurs éthérées produifent un refroidiflement confidérable lorfqu'elles font mêlées avec la glace, & qu'on pourroit attribuer cet effet à un peu de glace qui auroit été adhérente aux boules des ther- momèlres, mais je puis aflurer qu'ils ont été bien efluyés avant que de les plonger dans ces liqueurs & qu'on ne peut me rien reprocher de ce côté-là, Les thermomètres étant à 13 degrés au-deflus de la con- gélation, j'ai fait refroidir par de la glace de léther vitriolique & un thermomètre plongé dans cette liqueur : lorfque le tout a pris cette température , j'ai enlevé enfuite le thermomètre & l'ai plongé fucceflivement ; il a defcendu de 7 degrés au-deffous de la congélation. L'éther nitreux fait le même effet. Un thermomètre d'éther vitriolique , coloré par la racine d'orcanette & traité de l1 même manière, a defcendu dans Jun & dans l'autre éther, de $ degrés au-deflous de Ia congélation. D'après ces expériences , on foupçonneroit peut-être que ces liqueurs éthérées feroient plus froides que les autres corps, ce qui contrediroit confidérablement le fyflème reçu parmi les Phyficiens fur la nature du feu, lorfqu'ils difent que cer élément efl dans un parfait équilibre dans la Nature, dc. mais en faifant attention à ce que j'ai déjà commencé d'infinuer dans le détail de ces expériences, on reviendra fans peine de cette erreur: l'abaiffement que ces liqueurs occafionnent aux thermomètres, n'a lieu que dans Île temps que fe fait l'éva- poration. Cet abaiflement eft d'autant plus grand, que les liqueurs s'évaporent plus vite, mais aufli l'effet eft beaucoup moins durable qu'avec toutes les liqueurs qui s’'évaporent plus lentement. J'ai cru devoir fupprimer la durée du froid, occafionnée par chaque liqueur, parce que cela dépend de plufieurs circonftances difficiles à obferver, comme d'une plus ou moins grande quantité de liqueur qui refte appliquée aux boules des thermomètres, le linge plus ou moins épais, &c. & d'autres variations qui demandent une étude particulière ; mais DVE SÙ S'CHI FINIC ENS 417 mais je crois que l’on peut en toute füreté établir ces deux loix générales: plus Les liqueurs feront évaporables, moins feræ durable le refroidifemenr qu'elles occafiomeron ; & plus les H- queurs feront évaporables , plus le refroidiffement fera grand. M eft donc prouvé, par toutes ces expériences, que le plus grand abaiflement des thermomètres ne fe fait qu'en raïfon de la plus grande évaporabilité des liqueurs, & non pas en raifon du plus ou du moins de feu qu’elles contiennent : cela eft fi vrai, que dès que l'évaporation cefle, la marche des thermomëtres ceffe auffi; ils font même rappelés à la température de fair & fuivent exactement , de même que ceux de comparaïfon, les viciflitudes de la température du lieu. C'eft ce que je me propofe de confirmer par les expériences fuivantes. Les thermomitres étant à 13 degrés au-deflus de la con- gélation, j'ai mis dans un flacon d'éther vitriolique , qui étoit à la température du lieu, de petits thermomètres à mercure & à efprit de vin; j'ai bouché enfüite le flacon; ils font reftés l'un & l'autre conftamment fixés au même degré de tempé- rature. Lorfque ces thermoïnètres étoient échauffés avant que de les plonger dans ces liqueurs, ils étoient également rappelés à la température du lieu, L’'éther nitreux a produit le même effet. Les thermomètres étant à 13 degrés au - deflus de la con- gélation, j'ai fait refroidir de l'éther vitriolique par de la glace; J'y ai plongé, comme dans l'expérience précédente, de petits thermomètres à mercure & à elprit de vin, échauffés aupa- ravant entre les mains ou rappelés au terme de fa congélation, cela eft égal; ils font fixés & font reftés au terme de la congélation. fi L'éther nitreux produit le même effet. Ces deux dernières expériences répétées dans de petite cucurbites de verre découvertes, au lieu de flacon bien bouché, n'ont fait apercevoir aucune différence, malgré qu'il y ait une évaporation bien fenfible: il fuffit qu'il y ait une aflez bonne quantité de liqueur pour recouvrir entièrement les thermomètres, parce que le froid qui nait à la furface du Jar, rang. Tome V, . Geg + Quatorzième EXPÉRIENCES Quinzième EXPÉRIENCE: 418 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE vaiffeau par l'évaporation, f communique à une trop grande mafle, laquelle eft réchaufée à mefure par le contaét de l'air qui touche le vaifleau. Peut-être me demandera-t-on préfentement comment il fe peut faire que des liqueurs qui ne font pas plus froides que les autres corps, produifent aflez de refroidifiement pour faire baifler des thermomètres de 24 degrés par la fimple évaporation. 4 Sans chercher à contredire le fentiment de qui que ce fit,’ je vais tâcher de répondre à cette queftion par des conjedtures qui me paroiflent avoir de la vraifemblance: je crois qu'il eft difficile de répondre à cette queftion & d'expliquer d’une manière fatisfaifante ces phénomènes finguliers, fans admettre un fluide frigorifique dans la Nature, lequel pourroit fe dé- gager plus facilement des liqueurs fpiritueufes que des autres corps ; ce fluide frigorifique ne pafleroit-il pas à travers le verre pendant lévaporation des liqueurs, & ne feroit-il pas introduit & pouffé dans les thermomètres par le feu élémentaire répandu dans l'air ambiant qui tend à fe mettre en équilibre? Ce qui pourroit faire foupçonner que les chofes fe paflent ainfi, & que ce fluide frigorifique eft comprimé de toutes parts à mefure que l'évaporation fe fait, ceft que les vapeurs de ces mêmes liqueurs qui s'en élèvent naturellement, ne donnent aucun indice de froid, comme je m'en fuis affuré, en introduifant un thermomètre dans de très-grands flacons à moitié remplis d’éther & en prenant garde que le thermomètre ne touchät ces liqueurs. La vapeur de ces mêmes liqueurs, ex- citée artificiellement par le moyen d’un foufflet, dont le canal recourbé avoit été introduit dans un flacon dans lequel j'avois fufpendu un thermomètre, n'a pas fait plus d'effet; cette éva- poration, dis-je, ainfi excitée & bien réfléchie autant qu'il m'a été poffible fur la boule de l'inftrument, n'a pas plus donné d'indice de froid que la vapeur qui s'en élève naturellement. J'ai remarqué que le refroidiffement fe faifoit toujours dans une direction contraire au côté où fe faifoit l'évaporation; ce qui pourroit fervir à démontrer a force avec laquelle le feu + ET SO PT, ra SD dt is on. DE sÙ S'C'RE N CES 419 élémentaire répandu dans l'air, qui tend à fe mettre en équi- libre, comprime de toutes parts ce fluide frigorifique: cela paroît d'autant plus vraifemblable, qu'il n'eft pas néceffaire pour exciter ce refroïdiflement, que l'évaporation fe faffle immé- diatement fur la boule du thermomètre, il fufhit de placer cet inftrument de manière qu'il foit direétement oppolé au côté où fe fait l'évaporation de la liqueur. Cette oblervation me mit à portée de fatisfaire à une demande que fait M. de Maiïran dans l'Ouvrage déjà cité; mais avant de répondre à la demande de cet habile Phyficien, il eft à propos de dire ce que j'entends par fluide frigorifique. J'entends une forte d'élément de froid ou une matière auffi fubtile que a matière électrique , & je n'admets aucunes parties falines aériennes, foit vitrioliques, foit nitreufes, &c. Perfonne ne peut nier l'exiftence du feu élémentaire contenu dans tous les corps, depuis qu'on l'a démontré par un très-grand nombre d'expériences : ne pourroit-il pas fe faire qu'il y eût dans la Nature un fluide aufi fubtil qui fût le principe & Ja caufe de la congélation? Le peu d'expériences que je viens de rapporter, femblent fufhfantes pour fervir de fondement à un fyflème nouveau, qui vraifemblablement aura befoin d’être manié par un efprit plus habile que le mien pour paroître moins extraordinaire. On trouvera peut-être que ce fluide frigorifique ne fera pas fufifant pour expliquer les phénomènes ci-deffus & pour répondre à la queftion que je me fuis faite, mais je protefte de bonne foi que je nai aucune attache pour ce nouveau fyflème, & que je recevrai avec plaifir explication qu'il plaira aux Phyficiens d'y fubflituer fi l'on démontre clairement que je fuis dans l'erreur. Mais auffi j'avertis qu'on ne fafle entrer. pour rien dans explication de ces phénomènes les parties vitrioliques & nitreufes qu'on croiroit être dans ces liqueurs éthérées, parce qu'on s'en eft fervi pour les faire : il faudroit pour lors en admettre auffi dans toutes les’ autres liqueurs qui produifent le même effet, proportionnellement à leur degré d'évaporabilité, dont quelques-unes font alcalines. D'ailleurs, Geg i 420 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE l'analyfe chimique prouve que lorfque ces liqueurs éthérées font bien faites & bien reétifiées, elles n'en contiennent pas plus que l'efprit de vin. Toutes ces obfervations me paroiffent niriter l'attention des Phyficiens; je fuis très-fatisfait d’avoir tracé le chemin aux obfervateurs. Je pañle à la demande que fait M. de Mairan * : cet habile Académicien dit, «fi lon » trouvoit jamais le moyen de ramaffer en un point tout le froid » d'un grand efpace, comme on a déjà eu l'art de rafiembler » en un foyer les rayons du Soleil, fr lon trouvoit, dis-je, » une machine pour augmenter le froid, équivalente aux miroirs » dont on fe fert pour augmenter la chaleur, je ne doute pas qu'on ne vit en ce genre des phénomènes auffi curieux & » aufli furprenans que ceux qu'on à vus au miroir ardent du Palais royal, &c. ». La machine que demande M. de Maiïran ne me paroït pas difficile à conftruire. IL faudroit avoir un vafe de verre choifi, d'une forme avantageufe, que l'expérience indiqueroit, monté fur deux pointes, de la même manière que le font les globes deftinés à exciter l'électricité artificiellement , dans l'axe duquel on fufpendroit des thermomètres ou les corps qu'on voudroit refroidir ; envelopper ce vale de linge bien garni d’un mélange de glace & de fel ammoniac, bien imbiber le tout d’éther, le faire tourner enfüuite plus ou moins rapidement, fuivant que le cas le requerroit: du moins voilà de quelle manière je ferois la première expérience, fi j'en avois les faci- lités & les machines à ma difpofition ; après cela l'expérience indiqueroit les changemens néceflaires à ce genre de travail, foit en rectifiant , foit en augmentant. Ce font des expériences qui deviendront toujours fort coûteufes, & qu'un particulier qui neft pas à portée de faire de fi grandes dépenfes, ne pourra jamais poufler auffi loin qu'il faudroit pour en tirer tout l'avan- tage qu'il y a lieu d'attendre des eflets que peuvent produire ces liqueurs éthérées dans cet efpèce de travail, qui demandera fûrement beaucoup d'expériences pour venir à fa perfeétion & pour produire les plus grands effets poffibles; mais en * Dans l'Ouvrage déjà cité, page 87- u LI Li DES" S'ICAAE NTC'ENS. 421 attendant, je vais donner une image de l'expérience que je propofe, laquelle fera faite fans glace ni fel, attendu que je n'ai pour objet dans ce Mémoire que de ne rapporter les effets que ces liqueurs éthérées produifent par là fimple évaporation fans aucun mélange. Cela fera le fujet d'un fecond Mémoire qui eft prefque fait; on y verra des effets qui ne feront pas moins furprenans que ceux dont il vient d'être fait mention. Les thermomètres étant à 2 degrés au-deflus de la congé- lation, j'ai fufpendu un thermometre à mercure d'un pouce de diamètre dans le milieu d'une bouteille de quatre pouces de diamètre: ce thermomètre a été afluré par le moyen d'un bouchon de liége, que j'avois percé dans le milieu avec un poinçon & fendu par un des côtés pour livrer paflage au tube du thermomètre & aflujettir linftrument de manière qu’il ne touchât aucunement la bouteille, laquelle feulement pleine d'air a été garnie de linge à l'extérieur, jufqu'à quatre lignes au-deflus de la boule du thermomètre, & aflujetti avec du fl. J'ai plongé dans de l'éther vitriolique la bouteille ainfi préparée; j'avois foin de l'arrofer à mefure qu'il étoit néceffaire; le mercure a baiflé de 1 $ degrés au-deflous de fa température, & cela en moins d’une demi-heure : l’intérieur de cette bou- teille s'étoit garni d'un peu de frimat, produit par humidité de lairiqui y avoit été renfermé & de celui qui avoit pu y entrer, car cette bouteille ne bouchoit pas fi exaétement qu'elle ne laifsät perdre l'eau autour du bouchon en la fecouant, comme je m'en fuis afluré en la rempliffant d'eau après que mon ex- périence a été finie: d'où je conclus que fi cette expérience étoit répétée dans le vide, toutes chofes d'ailleurs égales, elle devroit donner un plus grand refroidiflement; c'eft ce que je ne fuis pas à portée d’eflayer. Cette expérience en petit, répond, comme on voit, affez bien à la demande que fait M. de Mairan & peut remplir les vues de l'expérience que je propofe en grand; ce qui fait une commodité pour refroidir certains corps qui feroient fufcepubles de changer de nature ou d'être altérés s'ils étoient plongés dans ces liqueurs éthérées, & pourroit peut-être fervir Gags üj Seizième EXPÉRIENCE: « 422 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE à donner quelque vraifemblance à l'exiftence du fluide frigo- rifique, car ne pourroit-on pas foupçonner que c'eft une matière froide, telle qu’elle foit, qui paie à travers le verre & fait baiffer le termomètre qui eft plongé au centre de la bouteille? Peut-être ces conjeétures acquerront-elles par la fuite un peu plus de vrailemblance, Le hafard fit apercevoir à M.* Fahrenheit, Tiewald, que de l'eau expofée à la gelée pouvoit acquérir un refroidiflement bien au-deflous de la congélation fans fe geler: M° Mufchenbroek, Micheli, Jallabert, qui ont répété ces ex- périences , ont obfervé la même chofe: mais M. de Mairan ayant jugé ces phénomènes finguliers dignes d'un examen plus approfondi que ce qu'on avoit fait avant lui, a traité cette partie de la Phyfique ex profeffo ; il a répété ces expériences d'un grand nombre de manières, qui font entièrement par- ticulières à cet habile Académicien. Le détail raifonné des expériences qu'il a faites fur cet objet, eft rapporté dans fa Difiertation fur la glace avec fon exactitude ordinaire, C'eft pourquoi je me difpenferai de faire ici un extrait de ce qui n'en eft guère fufceptible, je dirai feulement que M. de Mairan seft afluré que cela venoit du repos de mafle, Ayant eu occafion dé répéter ces expériences cet hiver, je dirai en peu de mots ce que j'ai remarqué fur le mème füjet, afin de ne point charger ce Mémoire de faits. connus de tout le monde depuis que ces habiles Phyficiens ont rendu leurs découvertes publiques, Sur la fin de Décembre 1756, j'avois rempli, à.un doigt près du bouchon, quarante-huit bouteilles de verre, de pinte d’eau de rivière bien limpide: ces bouteilles ont. été expofées à Fair dans un lieu ouvert & à l'abri du vent; le 6 Janvier de l'année fuivante, à dix heures du matin, les thermomètres à 4 degrés au-deflus de la congélation dans le même endroit, en vifitant mes bouteilles, j'en trouvai dix de gelées, les autres ne l’étoient point & avoient pris la température du lieu. Je n'en fuis affuré en plongeant des ther- momètres dans plufieurs de ces bouteilles: dès que le ther- momètre touchoit la furface de l'eau , elle geloit jufqu'à deux nie — dé DE 6 A SCT TE N'ES 423 pouces au-deffous de la boule feulement ; j'en ai tranfporté plufieurs pendant plus d'ün quart-d'heure, & même tenu ferrées fous les bras fans qu'elles gelaflent; cependant elles y recevoient un mouvement fort confidérable, qui ne l'étoit pas affez pour troubler le repos de mafle. Je fupprime le détail des autres expériences, d'autant plus que M. de Mairan les a rapportées dans fa Differtation avec plus d'exaétitude que je ne pourrois le faire. Je prie qu'on me permette ici encore une conjecture à ce fujet: on fait que l’eau en fe refroïdiffant perd une partie de fon feu élémentaire & acquiert plus de denfité qu'elle n'en avoit auparavant : le repos de mafle eft néceflaire pour empêcher la congélation, comme M. de Mairan Ya remarqué. Ne feroit-ce pas ce fluide frigorifique qui feroit comprimé par le poids de l’eau & qui a befoin d’un peu de mouvement pour entrer en action, ceft-à-dire pour faire congeler l'eau ? ne feroit-ce pas ce fluide frigorifique qui ceflant d’être comprimé par l'abfence d’une partie du feu élémentaire, feroit caufe de tous les dégâts que la gelée fait ordinairement ? Paflons préfentement à d’autres expériences qui ne feront pas moins curieufes, à ce que je crois, que les précédentes & qui peuvent avoir leurs applications. Nous avons affez fait voir le refroïdiffement que les liqueurs éthérées occafionnent en s’éva- porant & les eflets qui les produifent fur les thermomètres ; je vais rapporter à préfent leurs effets fur certains corps. Les thermomètres étant à 13 degrés au-deflus de la con- gélation, la boule d'un verre de thermomètre à moitié remplie de bonne huile d'olive, a été plongée & retirée fucceffivement de l'éther vitriolique, qui étoit à Ja température du lieu, l'huile n'a pu fe figer qu'impaufaitement, de même que celle qui auroit été plongée un quart-d’heure dans de la glace; mais ce petit vaifleau étant enveloppé d’un linge, l'huile s’eft figée entièrement jufqu'à fe grainer. L'éther nitreux produit le même effet. Cette huile a été introduite dans le thermomètre par le moyen d'un chalumeau de verre renflé par le milieu fans avoir été chauflé auparavant, À Dix-feptième EXPÉRIENCE, Dix-huitième EXPÉRIENCE. 424 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Les thermomètres étant à 1 3 degrés au-deffus de {a congé- lation, un verre de thermomètre rempli d'eau pure, enveloppé d'un peu de linge & traité de même que dans l'expérience précédente, s'efl gelé en dix minutes. Cette expérience, ré- pétée en hiver lorfque le thermomètre n'eft que de 3 à 4 degrés au-deflus de la congélation, eft d’un plus heureux fuccès; l'enveloppe de linge au thermomètre eft inutile, l'eau fe gèle en moins de quatre à cinq minutes, & quelquefois en moins de temps. s L'éther nitreux fait le même effet. Je n'ai point eflayé d'autres corps, je réferve cette partie de mes expériences pour le Mémoire que j'ai annoncé. De toutes ces expériences, il me paroît aflez prouvé que prefque toutes les liqueurs produifent du froid en s'évaporant ; tâchons préfentement d'en faire des applications à des choles familières & connues de tout le monde, mais cependant auxquelles il me paroit que lon n'a pas encore fait beaucoup dattention. Lorfqu'on fe baigne ou qu'on plonge feulement la main dans de l'eau qui eft à la température de l'air, on fent en fortant de l'eau ou en retirant fa main, un plus grand froid qu'on ne fentoit lorfqu'on étoit dans l'eau, Si l'on fe répand de l'efprit de vin fur les mains, on fent également ce froid, mais plus grand & qui ne paroit pas tel, parce qu'il eft moins durable : il en eft de même de l'éther. Les Chimiftes font dans l'ufage d’enve- lopper de linges mouillés les balons ou récipiens pour condenfer les vapeurs des matières qu'ils diflillent, mais je crois que Jon n'a guère fait attention à l'effet de l'évaporation, On doit fentir préfentement combien d'utilités on retire de cette mé- thode , dans laquelle on croyoit qu'il n'y avoit que l'humidité du linge qui rafraichifloit. Toutes ces expériences, qui d’abord paroifloient indifférentes, peuvent avoir une application fort utile pour la Médecine. Une perlonne bien en fueur mouille, de fa propre tranfpiration , les linges qui lenveloppent. Cette eau en s'évaporant doit occafionner, dans de certains cas, de funeftes accidens dont on n'auroit peut-être pas foupçonné la caufe ; DE SNS CPENN IC ES 425 caufe; du moins tout cela me paroït affez prouvé par tout ce que j'ai dit. Toutes les expériences qui font rapportées dans ce Mémoire, ont été faites également avec des thermomètres à efprit de vin; mais comme ils étoient moins fenfibles, j'ai cru devoir les fupprimer dans le détail de mes expériences, pour Îles fimplifier davantage, SECOND MÉMOIRE SUR LE REFROIDISSEMENT QUE LES LIQUEURS PRODUISENT EN S'ÉVAPORANT. Par M. BaAuUMÉ, Maitre Apothicaire de Paris. J E crois avoir affez prouvé dans fe premier Mémoire que Jai donné fur cette matière, que toutes les fois qu'une li- queur s'évapore, elle occafionne du refroidiffement, à l'exception cependant de celles qui contiennent un acide aflez concentré pour attirer l'humidité de l'air, avec laquelle elles s'échauffent pendant qu'une partie s'évapore ; telles font les liqueurs acides. Mon objet pour lors ne tendoit feulement qu'à confidérer les effets qui pouvoient provenir de lévaporation la plus ordi- maire, c'eft-à-dire celle qui fe fait dans l'air libre: je crois n'avoir Jaiffé rien d'équivoque quant à la manière dont ce refroidiffement fe fait, & avoir prouvé que c’eft toujours dans la direction oppofée à celle dans laquelle fe fait l'évaporation, puifque la vapeur de ces mêmes liqueurs excitée, & portée par le vent d’un foufflet fur la boule d'un thermomètre, ne donne aucun indice de fraîcheur *, C'eft un phénomène re- marquable , car il me paroît qu'on devoit s'attendre à les trouver échauffées par le feu qu'elles enlèvent aux corps dont elles occafionnent le refroidifièment. * Voyez le premier Mémoire fur cette matière, Page 4054 Sav, étrang, Tome V. . Hhh Lù fe 21 Mai 1757° 426 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE C’eft un fait connu de tous les Phyficiens, que toutes les liqueurs s'évaporent, avec cette différence feulement qu'elles font plus ou moins évaporables; mais la nature des liqueurs qui peuvent montrer quelques variations dans la manière de s'éva- porer, ne fait, à ce que je crois, aucune exception à la loi générale, & leur évaporation dépend toujours des mêmes caufes. Plufieurs Phyficiens ont travaillé à nous faire connoître la mécanique de l'ébullition & de lévaporation des liquides , & particulièrement M. l'abbé Nollet, dans un fiavant Mémoire imprimé parmi ceux de l'Académie pour l'année 1748, fous ce titre: Recherches fur les caufes du bouillonnement des liquides. Quoique ce Mémoire ait été fait dans un temps où les phé- nomènes finguliers de lécher n'étoient pas encore connus, je ne doutois pas qu'en le lifant, je n’en tirafle des connoiflances qui pouvoient me fournir de nouvelles vues par rapport aux liqueurs éthérées, au moyen de quoi je pourrois beaucoup augmenter leurs effets, car j'étois bien perfuadé que fi l'on pouvoit parvenir à procurer à f'éther une plus prompte & plus grande évaporation , il devroit donner de plus grands re- froidiflemens, puifque c’eft de ces deux principes que dépend cet effet. Je n'ai point été trompé dans mes efpérances; dif- érens moyens qui ont été tentés, ont fait reconnoitre qu'en fupprimant la preflion de Fair environnant, qui retarde en partie l'évaporation , on augmente fenfiblement le refroïdi{- fement, comme on le verra dans un inflant. Cet objet im- portant qui me refloit à examiner, fera la partie la plus intéreffante de ce Mémoire; j'efpère qu'il répandra beaucoup de lumières fur les caufes & les phénomènes de la congélation ; les expériences faites dans le vide feront la première partie ; je détaillerai dans la feconde les expériences que j'ai faites en mêlant différentes liqueurs avec de la glace : tels font les deux objets que je me propole d'examiner féparément. Je n'aurois pu remplir le premier felon mes defirs, malgré les connoif- fances que j'ai pu puifer dans le Mémoire de M. l'abbé Nollet, fi je n'avois encore été conduit par lui-même; cet habile Phyficien a bien voulu m'aider de fes machines pour les ex- DES SCIENCE:S 427 “périences que je defirois faire, & encore plus particulièrement de fes lumières : on connoît aflez le zèle avec lequel il fe prête à tout ce qui peut contribuer à l'avancement des Sciences ; nous avons fait enfemble un grand nombre d'expériences dans le vide, dont je ne rapporterai que les principales, c'efl-à-dire celles qui font relatives à mon fujet; c'eft pourquoi la première partie de ce Mémoire doit être regardée comme étant com- mune entre lui & moi. Avant que de rapporter ces expériences, je ne crois pas inutile de citer ici un endroit effentiel du Mémoire de M. l'abbé Nollet ; il devoie naturellement conduire à faire les expériences qui vont fuivre ; il fera mieux connoître la théorie des refroidiflemens dont il va être fait mention. Cet habile Phyficien dit, page 80 ; «on auroit pu prévoir un fait que le hafard fit obferver à Fahreinheit, & qui a été vérifié depuis par beaucoup de perfonnes, & particulièrement par M.° de Thury & le Monnier ; fivoir, qu'une liqueur bout d'autant plus difficilement & reçoit avant que de bouillir une chaleur d'autant 4 plus grande, que fa furface eft comprimée davantage par le poids de l'atmofphère, car il eft naturel de penfer que cette compreffion devenant plus grande , doit retarder lexpanfion des bouffées de vapeurs d'où procède le bouillonnement: on le pouvoit d'autant mieux prévoir, que fon favoit déjà un autre phénomène qui dépend, au moins en partie, de la « même caufe ; favoir, que les liquides bouillent dans le vide avec un degré de chaleur beaucoup inférieur à celui qu’il faut pour les faire bouillir dans l'air libre. Le fameux digefteur de Papin nous fait voir que l'eau qui y eft renfermée eft capable d'acquérir des degrés de chaleur confidérables & bien au-deflus de leau bouillante à l'air libre ». If feroit à fouhaiter qu’on nous eût déterminé la différence de ces degrés de chaleur, ce que je ne crois pas abfolument impoñlible : on pourroit , par exemple, placer au centre de cette machine un thermo- mètre à mercure, dont le tube fortiroit par un trou fait au couvercle ; cette expérience que je propofe me paroît aflez praticable, peut-être même a-t-elle déjà été faite. Hhh ij 428 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Ce Mémoire n'ayant d'autre objet que les refroidiffmens * occafionnés par l'évaporation des liqueurs, on me difpenfera volontiers de parler ici des autres caufes qui concourent à les faire évaporer avec celles de la ceffation de preffion de l'air, & cela d'autant plus, que cette dernière caufe fufhit pour l'intelligence de mes expériences. Je renvoie pour le refte au Mémoire de M. l'abbé Nollet, d'où j'ai tiré les obfervations dont j'ai parlé plus haut, qui me paroiffent donner une théorie bien lumineufe fur mes expériences, & doivent même dif pofer d'avance à prévoir les refroidiffemens que les liqueurs doivent produire dans le vide, puifque nous avons fait re- marquer que les liqueurs bouillent plus tôt où plus tard & s'évaporent plus ou moins lentement, à proportion que leurs furfaces font plus ou moins comprimées. On fait que de l'eau qui bout à gros bouillons & à Fair libre , a en cet état la plus grande chaleur qu’eile peut fupporter:,. parce qu'elle s'évapore continuellement, dit-on ; mais cette évaporation n'occafionneroit-elle pas du refroïdiflement à l'eau qui refle dans le vaifleau? & ne fe feroit-il pas une forte de compenfation avec la chaleur qu'elle peut acquérir, ce qui Ja maintiendroit toujours à la même température? Ce qu'il y a de certain, c'eft que toutes les fois qu'on facilitera fon éva- poration, on lui ôtera les moyens de s'échaufler autant qu'elle en eft capable : je n'en veux point citer d'autre exemple qu'une expérience de M. Fabbé Nollet, dans le Mémoire déjà cité. Cet habile Phyficien a plongé dans un bain chauflé à 30 degrés, un matras à moitié rempli d'eau; & l'äyant enfuñte vidé d'air, autant qu'il lui a été poflible, par la machine preumatique, il a remarqué que feau contenue dans ce matras ne pouvoit acquérir que 21 degrés de chaleur, ce qui étoit cependant fuflifant pour la faire bouillir : lorfque l'eau du bain a été échauffée à 40 degrés, celle du matras n'en pouvoit re- cevoir que 2 5 : lorfque ce même bain étoit échauflé à $o degrés, l'eau du matras n'en pouvoit recevoir que 30 ; & enfin , quelque degré de chaleur qu'on ait donné à l'eau du bain, celle du matras eft toujours demeurée confidérablement DES. )SVCHTENN © 4). Vers le milieu, à la partie la plus renflée du corps, on voit un appendice, qui après avoir formé une efpèce de pédicule, s'évafe à fon extrémité en forme de langue /o, fig. 3,4 & 6); on l'a nommée dans les moules, £ pied, parce qu'on croyoit qu'elle fervoit à leurs mouvemens progreffifs. Nous dirons Pufage que M. de Reiumur lui a encore découvert. A l'origine de cette partie, on trouve, comme aux moules, un groupe de filamens déliés o, qui leur fervent à sattacher à l'intérieur des loges qu'ils fe forment dans la picrie; lappendice ou la langue dont nous venons de parler, eft percé d'un trou en deffous. M. de Reaumur nous a appris que dans les moules, comme dans les poiflons qui font pourvus de ces fils dont nous venons de parler, cette partie étoit leur filière & leur fervoit à arranger la foie & à s'attacher à la pierre. La dute dont nous parlons ne file que peu & n'a pas befoin de fortes attaches pour s'aflujettir à la pierre; cet appendice prend fon origine d'un tendon qui fe divife en deux & remonte vers la tête du poiflon, l'autre fuit le corps & forme ce gros ligament qui traverfe le poifflon {cc, figure 6) & retient les deux côtés de fa coquille à fon extrémité inférieure: fur les côtés de l'eftomac, fuivant fa longucur, on aperçoit ce qui répond aux ouies des autres poiffons; ce font de chaque*côté deux rangs de filets (g. fig 3 © 4) ou deux lames frangées, qui font. beaucoup pis diflirétes dans nos dattes que dans les moules ordinaires: chaque lame fun, fig. $ & 7) et encore double, & forme, quand Panimal le veut, deux efpèces de poches /fig. 7), qui s'ouvrent en des fns difKrens. Il en eft de inême de celles CS nn om dt ti dés D'Eilse S'CT'E N'ES N rs ui font de l'autre côté du corps du poiflon; ces lames font attachées fur des filets ou réfeaux /4, fig: 3 &” 4), qui font l'office de qu'on appelle aies dans les autres poiffons: enfin Ton fuit, comme dans les moules, le canal inteftinal depuis la téte jufqu'à l'anus, qui eft caché dans celui-ci fous une efpèce de crête /i, fig. 3). Pour bien voir la bouche, il faut ouvrir le poiflon davan- tage & relever en deffus ie ligament de attache /4, fig. 3) contre la tête; pour lors on l'aperçoit compofé de deux ma- melons (//, fig. 4) & de quatre petits appendices, garnis en dedans de filets comme les antennes de certains papillons /m). L'on ne peut découvrir dans ces poifions les parties de Îa génération ; ils font probablement androgynes comme beaucoup d’autres poiflons à coquilles, & lanalogie qu'ils ont avec les moules nous les fait croire vivipares. Adtuellement que l'on connoît le poiflon & fa coquille, reprenons les obfervations faites fur les pierres qui le renferment. Les pierres de Toulon (/fg. 8), comme nous l'avons dit, font un vrai marbre très-dur qui prend un beau poli; nos dattes cepen- dant les percent & s’y creufent des demeures, puifqu'on trouve celles qui font baïgnées des eaux de fa mer toutes criblées par ce coquillage. I eft très-certain que nos dattes peuvent les percer dans cet état de dureté; que la pierre a toujours eu cette confiflance depuis qu’elle eft dans la mer, & qu'elles ne s’y font pas introduites pendant que la pierre étoit encore molle &c tendre; 1° parce qu’il faudroit bien des fiècles pour former un bloc de marbre, & que nous y trouvons des dattes fort petites; 2. parce qu'il faut qu'elles augmentent leurs loges fuivant leurs crües, puifqu'on les trouve toujours proportionnées à la grandeur de leurs coquilles; 3. enfin, ce qui lève tout doute, c'eit, comme nous l'avons dit, que les pierres des fortifications de Toulon, où ces poiffons fe trouvent aujourd'hui en auf grande quantité, ont été tirées d'une carrière fort éloignée de la mer, où fürement il ne sen rencontroit point : l'ouverture étant toujours plus étroite que le poiflon, il eft aifé de fe convaincre qu'il y entre jeune; qu'après avoir formé un tuyau de commu- Ooo ij 476 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE nication jufqu'à fa loge, il n'y touche plus & qu'il ne travaille plus à l'augmentation de fa demeure qu'autant qu'il groffit : qu'il s'en fait une prifon, qui mérite bien ce titre, puifqu'il fe met dans limpoffibilité d'en fortir & qu'il y doit refter toute fa vie. On trouve dans l'intérieur de la pierre des dattes de toute grandeur, & les loges des grandes comme des petites, ne jaifent à la coquille qu'elles contiennent qu'un très-petit jeu; elles repréfentent exaétement en creux la forme extérieure de la coquille: l'ouverture, depuis la furface de la pierre, forme un entonnoir jufqu'à la demeure du poiffon , qui étant proportionnée à fa grandeur , ne lui laifle pas la liberté de s'y retourner; la tête du poiflon étant toujours oppofée à cette ouverture, il faut croire qu'il l'introduit la première, & que par conféquent eile a dù fervir dans fon travail: la coquille de ce côté eft arrondie, auffi le fond de fa loge l'eft-il. Nos dattes n'aflectent point dans les pierres une pofition uniforme, les unes font plus parallèlement à l'horizon, d'autres font en pofition verticale, & la plus grande partie font inclinées fous difiérens angles; ce qui fait que fouvent la loge d’un ancien fe trouve dans le chemin d'un fecond {v, fig. 8 DAS dans ce cas il en coûte la vie au voifin: ce nouvel ouvrier forme fa loge aux dépens de la fienne, il la traverfe, en détruit la coquille jufqu'au niveau de l'augmentation qu'il defire faire à fon habitation. Ces dernières obfervations prouvent encore qu'elles y entrent en différens temps, & qu'elles creufent & augmentent leurs loges peu à peu. Ces animaux , quoique renfermés dans un bloc de marbre, ne font pas à l'abri de quelques ennemis qui leur font la guerre ; il y a des vers ou efpèces de fcolopendres, longues depuis un pouce jufqu'à cinq, fort menues, qui parviennent à leurs loges par leurs communications & qui dévorent les dattes. J'ai encore trouvé dans leurs trous des efpèces de cloportes de mer & une petite chevrette ou puce de mer, affez femblable à celle que l'on trouve dans nos eaux douces dormantes : celle- ci eft très-vorace & commune fur les bords de la mer; elle fait aufh G nourriture de notre poifion. DES SCIENCES. 477 On feroit fans doute curieux de favoir comment ces ani- maux fi délicats, & en apparence fi foibles, peuvent fe creufer une demeure dans une pierre auf dure, j'avoue que je n'ofe fur ce fait que propofer des conjetures. Ne peut-on pas dire que dans les pierres, certaines parties font plus tendres que d’autres? que la mer, par le choc con- tinuel de fes eaux , fuffit pour commencer à les miner & les creufer ? que pour lors le moindre petit trou peut fervir d’ori- gine à la loge de la jeune datte, qu’elle s’y attache ( car il faut croire, par analogie, que même dans leurs premiers âges elles ont une coquille) ? ne pourroit-on pas préfumer qu'étant attachées par les fils que nous avons décrits, qu’à l'aide de ce point fixe & du mouvement occafionné par les vagues, qu'elles changent encore conformément à leur but, elles ufent la pierre & s'y forment leurs habitations? qu'une fois établies dans ce premier trou, elles ont plus de facilité à l'augmenter à mefure qu'elles grandiffent , en ouvrant leurs coquilles & rempliffant l’efpace de leurs loges à l’aide du feul frottement ! Cette conjeéture devient très-probable quand on Fappuie de quelques réflexions : l'on fait que l'unique occupation de ce poiffon fe réduit à prendre la nourriture que la mer lui apporte, à multiplier fon efpèce & à creufer fa demeure, & qu'ainfi fi peu qu'il opère (fon accroiffement étant probable- ment fort lent), il a le temps d'y proportionner fa demeure : que l'eau, & fur-tout l'eau falée de la mer, peut attendrir la fuperficie de ce marbre: que les flries que j'ai fait remarquer fur la coquille de ce poiffon, peuvent faire l'office d’une lime ou d'une râpe. Enfin lon n’ignore pas que toutes les moules ont un mouvement progreflif, qu’elles fe creufent des demeures dans le fable; j'en ai trouvé qui approchoient, pour l'efpèce, de nos dattes de Provence, & qui confervoient encore, attachées à leurs coquilles, une partie du limon féché & durci qu'elles avoient miné & détaché de la pierre dans laquelle elles s'étoient loges. Toutes ces confidérations donnent une grande probabilité à cette conjecture; mais quand on compare le peu de force de la coquille avec la dureté du marbre, quand on confidère O oo iij 478 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que dans les jeunes dattes cette coquille eft extrêmement mince, & que les ftries en font très-fines & très- moufles, il faut convenir qu'il eft toujours difficile de concevoir que le feul frottement puiffe produire cet effet, à moins que de l'attribuer à la répétition d'un mouvement continué pendant un long temps, puifque nous voyons tous les jours qu'il équivaut à de très-grandes forces qui opèrent plus précipitimment. L'on ne peut avoir recours à l'action d'une liqueur corro- five qui ronge la pierre, qui enfuite peut être emportée par le moindre frottement, car on mange ces coquillages ; ils ont un goût falé, plus agréable encore que celui des huitres; & quelqu'attention qu'on y apporte, on n'aperçoit aucune im- preflion fur la langue qui puifle faire foupçonner la préfence d'un fuc corrofif. Dans plufieurs circonflances les faits bien obfervés font évanouir le merveilleux ; mais c’eft tout le contraire à l'égard des dattes, nos oblervations rendent la mécanique qu'elles emploient pour percer leurs loges dans le marbre, & plus fingulière & plus difficile à développer: mais n'eft-ce pas avoir fait un pas vers la vérité que d'être parvenu à préfenter la difficulté dans tout fon jour & d’avoir fait apercevoir l'état de la queflion avant que d'en chercher l'explication. Nos dattes ne font pas les feuls coquillages qui aient l'induf- trie de percer les marbres; j'en ai trouvé plufieurs autres efpèces qui sy étoient auffr creufé leurs demeures, & qui n'ayant pas, comme nos dattes, leurs coquilles cylindriques, offrent encore plus de difficulté à expliquer la conftruction de leurs loges. Je me propofe de les examiner, dans l'efpé- rance que quelques-uns de ces animaux me pourra procurer les éclairciffemens que je defire & me fournir une occafion de donner à l Académie de nouvelles preuves de mon zèle pour le progrès des Sciences. M D RCA DES Sc'r N CESOMUN 420 US AGE DES DIVISEURS D'UN NOMBRE, Pour réfoudre un Problème d "Arithmetique. Par M. RALLIER DES OURMES. La O N fuppofe qu'après avoir trouvé tous les divifeurs, tant fimples que compolés, d’un nombre, on les range par ordre deux à deux fun fous l'autre; de forte que chaque paire contienne deux divifeurs correfpondans où deux co- facteurs du nombre auquel ils fe rapportent, ainfi qu'on 23 » : | 2 PE a Ce n’eft pas au refle ici a feule rencontre où l'on connoîtra l'utilité de cette pratique. 2. Le problème dont il s'agit, elt celui-ci : I voit ici ceux de 12 É 1204 Trouver n nombres de chacun defquels on connoft le produit par la Jomme de ous les autres. La folution en eft aflez facile par les méthodes connues, quand 7 n'excède pas 3; mais de ce point, la d'ficulté augmente avec #, jufqu'à devenir prefque inlurmontable ; comme on s'en convaincra en leffayant : au lieu que la folu- tion par les divifeurs, quelque valeur qu'on veuille donner à #, conferve toujours la mème fimplicité. 3. Ne fuppofons d'abord que trois inconnues /7, y, x); les conditions du Problème donnent pour zx(y—+x)=a Ÿ LP + zx —a Premières égalités À y x (2 + x) —b ARR xX(7 +7) =c | LD +yx—=b T+ + x —=C Nous nommerons la dominante d'une égalité, linconnue qui y multiplie dans le premier membre la fomme des autres, & correfpondantes, deux grandeurs , l'une inconnue, l'autre: LP » 480 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE connue, dont celle-ci fait le fecond membre de l'égalité où celle-là eft a dominante; ainfrz & a,y & b, &e. font des grandeurs correfpondantes. IL eft évident que la plus grande inconnue a pour correfpondante la plus grande des connues. SOLUTION par l’Analyfe. 4. Des deux premières égalités, on tire deux valeurs de zy, & ces deux valeurs comparées donnent yx —=7x +- b — a, F 7 TZ Müis de la troifième égalité, on tire auffi y x 0 De ces deux valeurs de yx comparées, rélulte 7x —= a+c—b = Rae He è 27° ; & cette valeur, fubflituée où il convient, détermine celle de 7y & de yx, & l'on a Rate a+b—c M —" By) = (LS de Es? SECONDES A pou pour abréger TX — 1 Égalités. b+c—a ——° DEN EST eee 2 [II eft aifé d'obferver que chaque produit partiel zy, zx, &c. formé de deux inconnues , éft égal à la moitié de la fomme de leurs correlpondantes, diminuée de la corref- pondante de celle qui en eft exclue |. se Opérant fur les fecondes égalités, comme on à fait fur les premières; des deux premières on tire deux valeurs de 7, 1/4 lefquelles comparées donnent x = y. —. à nl Mais la troifième donne auffi x — À, » De ces deux valeurs de x comparées, réfulte en grandeurs pm toutes connues y — V / ) ; & cette valeur, fubftituée où a il convient, détermine celles de z & de x, & l'on a enfin "THE mn Eunt a — (ci— #4)? tv" ? ) La les. J — pes" Secir El Nc'EUs 48 rt = PU Li F—/c— a) JS K( 7 / ou reflituant les valeurs de En [ (a+c—b),2 dés pu (ma, n, p), & fimplifiant. DIU CAN NE x —V( #1 ) Ve [ On peut encore obferver dans la feconde expreflion des incennues , que chacune d'elles eft la racine quarrée d'un * nombre exprimé par une fration, dont le zumerateur contient le quarré de fa correfpondante, rois le quarré de la différence des deux autres connues; & le Ænominateur contient la fomme des connués non correlpondantes, diminuée de celle qui l'eft, & enfuite multipliée par 2 ]. 4 = 24 Slonduppoler iii Lt DR) Cut 49 AR ==NRIO) ON aura ABOU be ln da tolere crie en WE TA PUR I6R AU 2 & enfüite............,,...,2.: 4y — Le 07 SOLUTION par les Divifeurs. x ï 2 3 4 GC Ccux (dé 24) Ont. VE 3 12 x 1 3 $ ASS NET Sa DES On fe difpenfe de faire la lifle de ceux de 49 (/a plus grande des connues }, parce que , comme on le verra bien- tôt, ce feroit un foin fuperflu. Voici maintenant fur ces liftes le raïfonnement qui fe préfente à faire. s Chaque lifte contient tous les nombres, qui, pris deux à deux, peuvent être co-facteurs de la connue à laquelle elle Jar. érang. Tome V., - Ppp Ceux de 45 font 482 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fe rapporte ; mais chaque connue repréfentant le produit de fon inconnue correfpondante par la fomme des: deux autres, cette inconnue fimple & la fomme des autres, eft néceffaire- ment une des paires de fes co-facteurs. Il y a donc en chaque lifle une paire de co-faéteurs, dont lun étant l'inconnue fimple, l'autre eft la fommre des autres ; de forte que tous deux, pris enfemble, faffent la fomme totale des inconnues. L De plus, la fomme des deux co-faéteurs qui portent ce caractère, eft la même dans chaque ifte, puifqu’elle y repré- fente également celle de toutes les inconnues. On faifira donc à coup für les paires de co-faéteurs utiles à la recherche pré-- fente, fi l’on obferve celles qui, prifes chacune dans fa lifte, donnent la même fomme: il fe trouve que c'eft ici 2, dans la première, & > dans a feconde (dont la fomme commune eft 14). Refte à déterminer en chaque lifte Tequel des deux co-facteurs repréfente l'inconnue fimple, & lequel repréfente la fomme des autres. Il eft naturel que ce foit le plus petit ou le fupérieur qui repréfente l'inconnue fimple; mais ablolument le contraire peut arriver, & ne peut arriver qu'à l'égard de feule des inconnues , en quelque nombre qu'elles foient: car pour que le cas ait lieu, il faut qu'une des inconnues, prife folitaire- ment, excède la fomme de toutes les autres, & il implique que deux aient cette propriété: de plus, cette-inconnue, plus grande que toutes les autres enfemble , a néceffairement pour correfpondante /a plus grande des connues. Ce n’eft donc que dans la lifle relative à celle-ci que pourroit fe trouver l'indé- termination entre les deux co-faéteurs, mais c'eft précifément celle qu'on a fupprimée. L'indétermination ne peut donc avoir lieu à l'égard de celles qui reftent, & il eft décidé que c'eft dans chacune d'elles le plus petit co-faéteur qui repréfente l'inconnue fimple. On a donc déjà par leur moyen, d'une part, la fomme totale des inconnues, & de l’autre, cette même fomme, moins la plus grande : on aura donc celle-ci, indépendamment de fa life, en Otant là fomme partielle de la fomme totale. DES SCIENCES. 433 Dans notre exemple, où la fomme totale eft 14, & la fomme partielle (2 + 5), où 7, la valeur de la plus grande inconnue qui refle à trouver, eft 14 — 7 = 7, L'N < ANS es toisbntue chere er clniele slots € 15 GA 7. On voit que, quel que foit le nombre des inconnues ou », ce fera toujours le même procédé : on fera la lifte des divifeurs pour chacune des {n — 1 ) plus petites connues : on remarquera les diverfes paires de co-facteurs qui, priles chacune dans fa lifle, donnent la même fomme; cette fomme commune fera la fomme totale des inconnues. Le plus petit co-facteur de chaque paire donnera une des (n — 1) plus petites inconnues, & leur fomme, ôtée de la fomme totale, donnera la plus grande. Pofons un exemple de cinq inconnues (7, y, x, V,T). qui aient entrelles un rapport tel que xG—+x + V HT) = 180 3x(i+x + V + T) = 294 | xX(GH-)J+VHT) = 418 : Vrxfi+y + x + T) = 444 { Trxfj—+y+x +) = sr0 L 1 ui L 2 3 4 $ 6 9 16 12 Les divifeurs de 180, font ,g6e do + ot 45 * 36° 30° 20 °18°15 Li 1 2 3 6 7 de 294... 394 * 147 ° 98 * 49 * 42 * 21 L 1 Li 2 11 22 de AE ae ang laaieus 9 L] 1 2 3 4 6 2 AAA EE ana = rate nie 37 Les paires de divifeurs qui, dans leurs liftes refpetives, donnent la même fomme, font dans le même ordre de lifle Ppp i 484 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’'ACADÉMIE en Re RER) Leur fomme commune (49) ft aufli la fomme totale des inconnues: les quatre plus petites font (4,7, 11, 12); & leur fomme (34), ôtée de la fomme totale, donne 1$ pour la plus grande, ; 5 L plus £ 1 Un QNEMRDAES ENS PEN PS DEA PRE 17 fe CFA SNL je LA ES LS émis am ait omtsth à - of. dns. + D'E s.9 CTELNC rs 485 ME Ti ALOLD EMEA CN LE Pour découvrir tous les Nombres premiers contenus dans un cours illimité de la fuite des Enpairs, or tout d’un temps les Divifeurs fnples de ceux qui ne le font pas. Par M. RALLIER DES OURMES. [Te ANS quelqu'un des Volumes des Mémoires de l'Académie, que nous ne pouvons citer avec -plus de précifion, n'en ayant pas actuellement la collection à notre portée , l'Hiflorien * vante berucoup fütilité dont feroit une Table où tous les nombres de Ia progreffion naturelle, prife dans une certaine étendue, féroient exprimés en nombres premiers, c'eft-à-dire repréfentés chacun par fes divifeurs fimples, affectés des expofans convenables. Si cette idée n'a pas eu d'exécution, il eft à croire que la difficulté de déterminer tous les nombres premiers (préalable néceffaire pour la conflruétion de la Table), en 2 été la principale caufe : en effet, pour parvenir à cette détermination, on n'a, que nous fachions, connu jufqu'ici d'autre moyen que d'effayer fucceflivement fur chaque nombre tous les divifeurs fimples dont il fe peut faire qu'il foit compolé; travail, il en faut convenir, des plus rebutans, & qui, entrepris fur une fuite d'un cours un peu étendu, exigeroit une patience qui n’eft pas ordinaire. Maïs au lieu de sobftiner à vouloir connoître directement. & par eux-mèmes, les nombres prémiers , ce qui entraine dans des opérations très-longues & très-ennuyeufes, qui ne font encore qu'un tätonnement perpétuel ; n'eût-il pas mieux vallu chercher à les connoître érdireffement, en déter- minant d'abord les nombres compofés, ce qui, comme on le va voir, eit très-facile ? 2. Pour fixer l'imagination, nous allons mettre fous les: Ppp üi * M. de: Fontenelle, 486 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE yeux les cinquante premiers termes de la fuite des impairs : qu'on ne faffé pas attention, quant à préfent, aux chiffres furnuméraires placés au-deflus de quelques-uns de ces termes. Leur génération & leur ufage vont bien-tôt être expliqués: en attendant, on prévient que, pour abréger , on les nommera divifeurs, parce qu'en effet ils font cette fonction à l'égard des termes auxquels ils correfpondent. 3 3° 3° See FDA 7. OT NT 3e TS 7e LI9 223 25-1277 12003Le 3: 5: 3. 3° ZA: S+ 3. 33: 35: 37+ 39- 41+ 43« 45. 47+ 49: SI. 53. 55. 57: 59. 6re SiNGe 3. 7e 3. ALES 63. 65. 67. 69.71.73. 75. 77. 79. 81. 83. 85. 87. 89. 7e BUS: 3. 91. 93+ 95e 97- 99e 3. Nous fuppoferons les deux premiers termes de la fuite (1 & 3), connus pour premiers. 1 l'eft éminemment, puif- qu'étant le premier terme de la progreffion naturelle , il n’a d'autre divifeur que lui-même: 3 l'eft au terme de la défini- tion , puifqu'étant le troifième terme de la progreffion naturelle, & ne pouvant, comme impair, être divifé par 2, il fuit qu'il ne peut l'être que par l'unité à par lui-même, ce qui caracté- rife le nombre premier. 4 Chaque nombre premier a fous lui, dans Ja fuite des impairs, un certain ordre de termes dont il eft divifeur commun: ils forment tous enfemble une progreffion arith- métique, dont il eft lui-même le premier terme, & fon double la différence ; de forte que p repréfentant un nombre premier quelconque, la progreffion exemplaire eft /—= p.3p.5p, dc). Tous fes termes font féparés entreux dans la fuite par autant de termes de celle-ci qu'il y a d'unités dans p, & dès-là aifés à reconnoitre. Maintenant, fuppofons qu'on donne fucceflivement & par ordre à p pour valeur tous les nombres premiers, pour en former autant de progreffions, & que laifant fubfifter fans altération dans la fuite le premier terme de chacune, on l'écrive | DES) SNCAINEANCHESS 487 au-deffous de tous ceux qui le fuivent & qui appartiennent à fa progreflion ; qu'arrivera-t-il ? 5- Si l'on fait p — +, la progreflion exemplaire devien- dra la fuite même des impairs = 1.3.5, &c & fon premier terme (1), reflant d'ailleurs à Ja place qu'il occupe, fera à porter comme divifeur au-deflous des termes (3.5.7, &c.), c'eft-à-dire généralement fur tous les autres termes de la fuite. Mais comme on fait d'ailleurs que 1 divife tous les nombres, & que ce divifeur (tant qu'ils n’en ont pas d'autre difitrent d'eux-mêmes) ne les empêche pas d'être premiers ; on s’épar- gnera cette opération comme fuperflue. Faïfant p — 3, la progreffion exemplaire devient —— 3.9.-15.21, &c. & fon premier terme (3) fera porté comme divifeur dans Ja fuite fur les termes fubféquens (9-15.21, &c.) (Voy. la fig. du n° 2). Or il eft évident que fi l'on procède de la même manière fur les nombres pre- miers fuivans , il arrivera, au bout d'un certain nombre d'opéra- tions, que la fuite polée fe trouvera partagée en deux clafles de termes, les uns ne feront point affectés de chiffres furnu- méraires ou de divifeurs, & ce feront les nombres premiers ; les autres en auront, & ce feront les nombres compofes. 6. Mais, dira-t-on, comment donner à p pour valeur la fuite des nombres premiers, qu'on ne conuoft pas, puifque c'eft précifément ce que l'on cherche? à cela nous répondons que 3,au moins, eft /#° >) connu pour premier. Or, on va voir que c'en eft aflez, & que l'opération même détermine les autres à mefure qu’on en a befoin, & même en beaucoup. plus grand nombre qu’on n’en a befoin. En effet, foit nommé # le nombre premier (encore in- connu), qui fuit immédiatement 3 dans l’ordre de ces nombres, il eft vifible que tous les nombres compris dans la fuite des. impairs, entre 3 & le quarré de w, étant plus petits que ce quarré, ont néceflairement 3 pour faéteur ou pour divifeur, s'ils font compofes: 3 a donc, par l'opération précédente , été placé comme divifeur au - deflus de tous les nombres com- polés compris dans cet intervalle, Ceux qui ne s'en trouvent 488 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’ACADÉMIE pas affectés font donc premiers : ileft vrai que 7 n'étant point encore déterminé, on ignore l'étendue précife de cet inter- valle; mais puifque tous les nombres , depuis 3 jufqu'à 1, qui ne font pas affectés du divifeur 3, font premiers; à plus forte raifon ceux qui fe trouvent dans le même cas , entre 3 & fon quarré 9 (plus petit que #'), le font-ils: $ & 7 le font donc. De plus, $ eft la valeur de » ; & par cette pre- mière opération , les nombres premiers, compris dans la fuite jufqu'au terme 25 (quarré de 5 ), font déterminés. Le méme raifonnement aura lieu d'un divifeur quelconque au nombre premier, qui en doit faire les fonctions dans l'opération fubféquente : ainfi le divifeur $ déterminera les nombres premiers jufqu'au terme 49 ; le divileur 7 jufqu'au terme 121, ceftà-dire déjà beaucoup au-delà de la fuite que nous avons prie pour exemple, &c. 7. Sile même terme de la fuite appartient à plufieurs progieflions , il fera dans le cas de recevoir plufieurs divifeurs ; mais comme un feul fuffit pour lui imprimer le figne de compofition (ce qui eft tout ce qu'on fe propofe ici), on fe difpenfera d'écrire le nouveau divifeur, quand le terme fur lequel l'ordre de compter le fit tomber, en a déjà un: mais on vient de voir que tous les nombres compofés, com- pris dans la fuite entre le nombre premier, qui a fervi noviffime de divileur, & le quarré de celui /#) qui en doit fervir dans l'opération immédiatement fubféquente, font déjà déterminés, c'eft-à-dire qu'ils font tous affeétés de quelque divifeur. Quand donc on viendra à employer le divifeur #, il feroit inutile de chercher à le placer fur aucun des termes qui fe trouvent en deçà de fon quarré, puifque ceux qui pour- roient le recevoir en ont déjà un autre. On le placera donc direétement fur fon quarré mème, & de-l fur les autres termes de fa progreffion, felon que l'exige 1 différence qui y règne. Ainfi, dans l'exemple du ».” 2, le divifeur $ ne commence à figurer que fur fon quuré 25; le divifeur 7 que fur fon quuré 49e Cette abréviation, au refle, devient confidérable lorfque le divifeur RL DES SCIENCES. 439 divifeur eft un peu grand. Suppofons, par exemple, qu'on ait à employer comme divifeur le nombre premier 101, on le portera direétement fur fon quarré 10201, c'eft-à-dire qu'on fautera les cinq mille cent premiers termes de la fuite. VIIL. Refte à déterminer combien il y a de progreffions à inftituer ou de divifeurs à employer pour parvenir au but qu'on fe propofe. Que » repréfente ici le nombre premier, dont le quarré, comme trop grand, ne fe tiouve pas dans fa fuite, celui du nombre premier, immédiatement précédent, s'y trou- vant encore. Lorfqu'on aura employé ce dernier comme di- vifeur, les nombres premiers & compolés feront /1° 6) déterminés jufqu'à 2°, c'eft-à-dire au-delà même de la fuite, & à plus forte raifon dans la fuite entière: le point où il convient de s'arrêter eft donc, lorfque le nombre premier employé en dernier lieu eft tel, que fon quarré fe trouve encore dans la fuite, mais de forte que celui du nombre premier, immédia- tement fuivant, ne s'y trouve plus. Pour le reconnoître fans tâtonnement, on tirera du dernier terme de la fuite fa racine uarrée , foit exacte, foit approchée ez deffous. Si cette racine eft nombre premier, elle fera elle-même le dernier divifeur à employer; finon ce fera le nombre premier prochainement plus petit. Dans notre exemple, la racine approchée de 99 eft 9, nombre non premier: ce fera donc 7 (nombre premier prochainement plus petit) qui fera le dernier divifeur ou le premier terme de la dernière progreffion, IX. Ce qu'on a vu jufqu'ici ne doit être regardé que comme l'expolé des principes fur lefquels eft fondée la nouvelle. mé- thode: la voici maintenant elle-même dans toute fa fimplicité, 1.” Écrivez la fuite des impairs jufqu'au terme auquel vous vous êtes borné; vous laiflerez affez d'efpace d’un rang de termes à l’autre pour qu'on puifle,. fans confufon , placer quelques chiffres au-deffus de ceux qui en exigeront. 2. Négligeant le premier terme (1), preneZ fucceffive- ment & par ordre chacun de ceux qui le fuivent (fous une certaine condition néanmoins, qui va être expliquée par la troifième règle) ; & le laiffant lui-même fubfifter tel qu'il eft, sSav. étrang. Tome V.. Qcq * 490 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE écrivez-le comme divifeur, d'abord fur fon quarré & de-à fur les autres termes de la fuite, féparés entreux par l'inter- valle que défigne le nombre de fes unités; c’eft-à-dire, écrivez 3 d'abord fur 9, & enfuite de trois en trois termes; 7 d'abord fur 49 , & enluite de fept en fept termes , &c. Quand Fordre de compter fera tomber un divifeur plus grand fur un terme qui en a déjà reçu un autre plus petit, vous vous difpenferez d'écrire celui-là. 3 I n'y a que les termes qui n'ont point eux-mêmes, reçu de divifeur qui foient propres à en faire les fonctions, ainfi vous pafferez ceux qui s’en trouvent affectés; ce qui veut dire fimplement qu'ils ne feront point portés fur ceux qui les fuivent dans un certain ordre; car d’ailleurs ils font nombre dans la fuite, & l'on doit zumérer fur eux comme fur les autres. 4 Continuez l'opération jufqu'au terme exclufivement » dont le quarré, comme trop grand, ne fe trouve plus dans la fuite; alors les nombres premiers & compofés qu'elle ren- ferme dans fon cours feront tous exactement déterminés. Les nombres premiers feront les termes qui feront reflés nus & fans divileur : les compofes feront tous les autres. De plus, chaque divifeur fera le plus petit facteur du nombre compolé qu'il affecte ; & par une fuite, le plus propre à en fimplifier la divifion, fi quelque circonflance vient à exiger qu'on là fafe avec un divifeur arbitraire, X. On conviendra que la recherche des nombres pre- miers, entreprile par cette voie, fe réduit à une opération des plus fimples & purement mécanique , dont les yeux & la main font tous les frais, fans que l'efprit y entre prefque pour rien. Ellen’eft pas d'une plus pénible difcuflion pour les grands nombres que pour les petits : le peu de travail qu'elle exige peut encore être abrégé par diverles petites induftries , que la pratique elle-même ne peut manquer de fuggérer. On fera en forte, par exemple, en écrivant la fuite des impairs, qu'il y ait dans chaque ligne le même nombre de termes & le même nombre de lignes dans chaque page; nombres qu'on DES : SYCYL IE NYC ES 491: choifira d'ailleurs les plus propres à faciliter la numération , &c. En un mot, nous ne craignons pas d'avancer, d'après exp rience, qu'on expédiera en un jour, & en fe jouant, par la nouvelle méthode, ce qui par l'autre coûteroit ds mois, & une forte contention d'efprit. Elle a enfin, pour achever de la caraétérifer, cet avantage précieux d'offrir à chaque pas des moyens Eee de vérifier l'opération, & en cas d'erreur, de remonter à coup für à la fource: c’eft d'examiner de temps en temps dans le cours de la numération, mais fur-tout à la fin, fi le divileur aétuel l'eft en effet du terme fur lequel l'ordre de compter le fait tomber. Dans le cas où il ne le feroit pas, En comptant à rebours, on ne peut manquer de découviir le point d'où l'on a commencé à s'égarer. La forme feule fous laquelle fe prélentent certains multiples, s'explique affez à un œil exercé pour lui faire reconnoitre, fans être obligé d'en venir à la divifion aétuelle, s'ils le font en effet du divifeur fuppolé, Ces multiples, répandus régulièrement dans le cours de la fuite, y feront donc comme autant de points de connoïflement fux lefquels on vérifiera fa route & fon eftime. XI. En appliquant la règle du 7.” 8, & prenant > pour le premier des nombies premiers, on trouve que pour avoir tous ceux de la première centaine des nombres naturels, if n'y a que rois opérations à faire ou trois divifeurs à employer, que dix pour ceux du premier millier, que vingt-quatre poux ceux des dix premiers milliers, que foixante-quatre pour ceux des cent premiers milliers , rc. de forte qu'il s'en faut bien que le nombre des opérations croifle dans la même raifon que les fuites fur lefquelles on opère. XII. Suppofons maintenant qu'il s’agifle de conftruire la Table dont il a été parlé au commencement de ce Mémoire: cette Table une fois ébauchée (fi peu qu'on voudra, ne fût-ce qu'avec le premier nombre impair & le premier pair), on fera en état, avec la lifte des nombres premiers & compolés, telle que la donne fa méthode, de la continuer & de la pouffer auffi loin qu'on le jugera à propos; il ne fera befoin, tout Qgq ji 492 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE au plus, pour les nombres même les plus compofés, que d'une unique & très-fimple divifion dont le divifeur eft donné. En effet, le nombre à exprimer eft pair ou impair. Premier cas. Sa moitié fe trouvant déjà dans la Table, vous m'avez qu'à ajouter le nouveau facteur 2 à Pexpreffion de cette moitié s'il n'y entre pas, où à augmenter fon expofant d'une unité s'il y entre. Second cas. La lifte vous fera connoiître fi le nombre impair dont il s’agit eft premier où compofé: s'il eft premier, il n'a d'autre expreflion que lui-même, S’'ileft compolé, vous le diviferez par le divifeur qui l'afflééte & qui farr. > du n° 9) eft le plus petit qu'il puiffe avoir : alors le quotient fe trouvant déjà dans 1 Table, vous ajouterez à fon expreflion le divifeur dont vous vous ferez fervi s'il ny entre pas, ou vous aug- menterez fon expofant d'une unité sil y entre, + XIE La loi qu'on s'ft faite, de fe borner à un feu divifeur pour chaque terme compofé de la fuite, paroîtra peut- être une économie mal entendue: on pourroit penfer qu'err admettant tous ceux que l'ordre de compter y fait tomber, on auroit, à fa fin de l'opération, tous les divifeurs fimples de ce terme, & dès-à {on expreffion en nombres premiers , qu'on n'auroit plus qu'à franfporter tout de fuite dans la Fable, fans étre obligé de paffer par aucune divifion. Mais outre que ce procédé multiplieroit les opérations au point de faire perdre de ce côté, pour Æ remps , beaucoup plus qu'il n'y auroit à gagner de, l'autre par la fuppreffion de la divifion, il n'eft pas vrai qu'avec tous les divifeurs d’un terme, tels que les donne la méthode ;'on fût en ‘état d'exprimer ce terme en nombres premiers, fr ce n'eft dans le cas où tous ces divifeurs n’au- roiéht dans Pexpreffion du terme d'autre expofant que l'unité; és qu'on: m'auroit d'ailleurs nul moyen de reconnoitre. En éflet, un divifeur quelconque a, qui affeéte un terme, marque uniquement que cé terme ef divifible par a; mais un nombre divifible par 4*, 4?..4,: 4", 'eft aufir par & ; & comme Îa méthode ne donûe poiñt l'expofant du divifeur, on ignoreroit toujours laquelle de {es puiflances il reprélente, & par une DES SCIE N CES 49% fuite on feroit hors d'état d'exprimer complètement le terme auquel il correfpond. XIV. On a joint à ce Mémoire une ébauche de Ia Table en queftion, quon na pouflée que jufqu'à 500; elle eft compofée de trois colonnes ; la première contient par ordre les nombres naturels; la feconde contient leur expreflion en nombres premiers ; & quand quelqu'un de ces nombres eft une puiflance, l’expofant de celle-ci fe trouve vis-à-vis en chiffre romain dans la troifième, après quoi le même ordre recommence. XV. Le nombre eft premier quand fon expreffion eft Ia même dans {a première & dans la feconde colonne: ïl eft puiflance quand les facteurs qui entrent dans fon expreflion ont tous le même expofant, ou s'ils en ont de différens , quand le plus petit eft divifeur de tous les autres (c'eft Fexpofant commun dans le premier cas, & le plus petit dans le fecond qui détermine celui de la puiflance). Le nombre eft fimple- ment compofé. dans tous les autres cas. On reconnoitra, par exemple , que le nombre exprimé par : 2°, 3% & 7° eftun quarré, puifque le plus petit expofant (2) eft divifeur des deux autres. En divifant en effet tous les- expofans par 2, on aura la raciné quarrée du nombre propofé "2,9, moe) og 7 = 502. De faite que lextraétion fe réduit à une feule & très-fimple divifion, fuivie d'une multiplication. XVI. La Table eff fuivie d'un dépouillement qu'on a fait des nombres premiers qu'elle contient ; ils font diftribués par: clafles, relatives aux centaines de la progreflion naturelle d'où ils ont été tirés. Ïl feroit aifé, au moyen de la troifième colonne de Ia Table, de faire un dépouillement des puiffances, qu'on ran< geroit felon leurs expofans, en faifant correfpondre à chaque: puiflance fa racine. CONCIUSTON. Si l'Académie juge qu'en effet ce Travail mérite d'étré Qaqgq üj rene b | ExprefMon ten Nombres Non 494 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE continué, qu'elle veuille bien le faire connoître à l’Auteur du Mémoire, & dès-à-préfent , il s'engage à l'entreprendre : elle ne lui refuferoit pas fes avis fur les additions qu'il pourroit y avoir à faire à la Table pour la rendre d'une plus grande utilité, für la forme peut-être plus commode qu'on pourroit lui donner, & fur le terme à peu-près jufqu'où il conviendroit de Ja poufler (cette Table pourioit fervir de pendant à celle des logarithmes). La fatisfaétion d'entrer dans les vues de l’Aca- démie, tiendra lieu à l'Auteur de la gloire qu'il fent bien qu'il y a peu à efpérer pour lui d'une pareille tâche; gloire que {on Mémoire tendroit à diminuer, quand objet par lui-même en pourroit être fufceptible, | Expreffion Expo- | Nomb. | Expreffion x omb: Expo- [N en Nombres en Nombres Expo- natur. | premiers. | fition. Ÿnatur. | premiers. fition. L natur. | premiers. fition. ES TE | 1eiUTe 2 IN 23e 47. (47 2-1102- RATE Social OA 48, | 24 3 3-.103c 26. | 2:13. 49-1170 . Aa te etes lIRLE Era] MS Do AO) |, 10 Ê EN PE SAIS 28.1|V207. 51e | 3-17. COMMENTE 29. |29 2. ant 77e 304 53° |53 812 etre 31 31° SA | 2° 524 CIM nicoe II. 32. | 25...) V. seuls ete 10. | 2. $. 33- | 3-11. $C | 237. Ile 11e 34: 2:17 57° 3: 19e 12.1|N253: NET IC 58. | 2.29. 13. |13 36.122032. HE 59: |59- NME LE 37° |37- 60. | "2305 15. | 320$. 38. | 2.19. 61. |61. 16.1 2Ee este IV. 39e | 3-13 62e | 2-31 17. | 17e 40. | 225 63 a C 18: 11N25038 41. |4r. Cala eue VE 19. | 19. 42. | 2. 3e 7e 65 S+13e 20-1| 2 us 43. |43. 66. |" 2. 3.17 21 3.7 44. [2° 11 67 | 67: 22°1102. 11 25-13 NS 68. | 2°17. 23. [23° 46. | 2.23 69. | 3:23 | L DES SCIENCES. 495 ST RE EI TEEN CEST Nonb/ Ron | Er [Nent. Porn] Euro. vent.) Eten | ro natur, | premiers. | fition.:ÿ natur. | premiers. | fition. E natur. | premiers. | fition. 70: 2. 05-177 108. 2:,,37 145 $- 29. 71 | 7re 109. | 109. 146. 273 72. 23.34 110. 2,:$e.11 147, OU 5 73° | 73. ELI. 3e 37° 148: 2? 37» 74» 2.37: 112. 24 7. 149. | 140. 81. HÉcrare EV. 82. 2. 41e 83. | 83. 84. 203.7 85. $-17- 86. 2.43: 87. 3- 29- 88. 2311. 89- | 89. m WW) D'un D ww “ . = » be D © % WW (7e Q . NO —_—_——————_—_—_—_—_— 106. 2: 53e 107 | 107e 496 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE pa EE EE] | Expreffion | Expreflion Expreffion Nomb, en pren | Expo- [Nomb. en Nombres Expo- [Nomb. en Nombres Expo- natur. | premiers, fition. À natur. | premiers, fition. natur. | premiers. fition, cœurs | Rene | GOSSES | CARS | ARE 182. (703 220. 2/71E<. F) 183. Ze 343 7- 37° RES AS SR EE 2. 131e 263. 23/30 5:58e AGE S 3- 89. 2° 67- 269. 225 27% 2417. 37-13 2.137 sr. 23-25 277e sÆle 255+ 3° S- 17 PR 256412382260). DB RD = = = O Oo 9 5. 9 b — © © NN a —— —————————————————— — o 9 D LA D NJ N° OR D pb ] D & R PRE Ne ae Ve LL nil a S ù ñ 9 O J w NJ da NI o Ju DS : D CET À Rite HE ES FRS B = tn me qe emmener meme + Le F D N D N° NN NN NN JO D Ly gl Lo OL Ô VO GN ou rR LL pb $ Nomb. F désrn Expo- font LÉPErE Expo- FNomb,. Expreffion | 4 natur.| premiers, | fition, À natur. | He EU fition, k natur. FRET ë | nr: | Ù Hu premiers, 294. 2e 0 332. | 2°83, Les. 24 295: | 5-59. 333- | 3*37- ve [Nes 296 23374 334 2. 167 Le + nn 297 3311. LE 6 fa 12e A4 ; n. = 335: Je Os ANS 7° 53: 98 2. 149. 336: 24 3 372. as 299 13-236 337: 337 mar 22 A D a ue 138 2/2 FX) ACAINERRE dE Eee 302. Ze 151. 339: ge EE me : à 303- 3- 101. 64 JE di “a 304. 2419. 3 INEURENT- SATA MS 305. | 5.61. 342. |, 2. 3*r9 nl r ei 3oû | 2. 317 AM PATES 6e. je 307: |307. 344. | 2543. I Nc 308. 2° 7. 14 SOON 105 25 À HIER 309 | 3.103. 346. | 2.173. D UE 310. 2e $+ 31 347: 347: a 12 31r. |3rr. 348. 2° 3-29 3ère #3: Dre. Nate 349. |349 D: 313. |313. 25 0° 2. 5° 386. 28: 3 14 2e 157» 2er D A + 315. SEE 3 52e 2571 388. | "a 97. 316. | 2279. A PES ne 317. [317 354 | 2. 3.59 RAS LS Bal 3053 PET en | rie 6e Ha 356. 2° 89. 392. 23 7° PRE AR 157 | NAN 1 UE 358. 2. 179. 394 2.197 322 2: 7223 ME 1 4 323: | 1719 po6o A de cje ie 324. FOUT; nr 361 Fee der HA + 325 $T 23 362 2.181 F4 k pe 326 2. 163. TE 4 He 327. 3- 109. 363 3m 4904 ait 328. | 241. AN 201 RÉ EE 7 Cu 365 $-73 402, 2. 3. 067 559 Zee 5e 1T nee sind si 5 33 | 331. 367: 367. NE ee 405. 3+ [È Say, étrang. Tome V.. Rrr 498 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’'ACADÉMIE EEE: Expreffion | Nom Exprefion | 5 | , » Tomb: en Nombres} Expor en Nombres! Eapo ÉNamb. Fxpreon | Expo- natur, | premiers, fition. j natur, | premiers. fition. À nature. | premiers. fition. creme |: cammmommnss | acer contenus | cu mé nO ERCRNRANEN( ENTIER ERNECNENETT | URL 406 | 2. 7-29 438. | 2. 3:73 470. | 2. 5-47 407. | 11.37 439. |43) 4710 | 3197 408. 2 Be17 440. ANG 72e 2359. 409. 409. 441. D Pirate NULS 4730 43e #10. 2+ 5.41 442: 2. 13.17 AT 4 2 3-79 11 | 032137" 443: |443 475 5” 19 412. 2° v03 444 2.135.137 476 2007, 17 413e | 7-59. 445. | 5-89 77 NNS se 414 2e 191023 446. 2.0223 470 2,239 415. | 5.83. 447: | 3-14, 479: |479 416. 2513. 448. SE 480. DO als 417: 3 139 449. |449. 481. 13.37 418. 2. 11. 19 450. | 2 AUS 482. 2. 241 41 419. FOTO NI TOLITE 483. 307023 420.257 452 2 LUS 484. ÉT 11. 421. 421. +5 485 5-97 DES SGtENcESs 499 NOMBRES PREMIERS contents des la Lien naturelle, depuis 1 jufqu 4 j00: Yo 2e 3e Sole 0l Lo 136 17e 19-23 29. 31, 370 4e 43e 47e 56 S31S0 NOR 07e 7h 7 Sn OM ANR C7 1600 Ho IbIeAIaIe OM TO MTO7S 109. TS NT 7e TL T2 TRIO NT QeUTAS Le 157: 163. 167. 173. 179: T81. I9I. 193 197+ 199... Abe 212.223. 227. 229. 233-239. 241. 251. 257. 263. 2609. 6 Ba 7er 8 29 NE ia Re ARS Cu Lo 307+ 311. 313: 317: 331: 337+ 347349: 353. 359. 367. 6 222222 7210 2 000201020310 CPE SEE NE CPE ASS 3 401. 409. 419. 421: 431: 433. 439: 443: 449: 457. 461. 17 463. 467: 479. 487. AO. 499... SAR ANR ETAPE NAT " PSS ME rer RER Rrr ij soo MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE OBS ER PIANT JF ONNESE SURVIE ES EOMRDAS ET MUPENTER, Et fur quelques endroits du Mémoire de M. Ernaud. imprimé page 233 de ce Volume, concernant la même matiere. Par M. PEREIRE, Penfonnaire & Interprète du Roi, de la Société Royale de Londres. LT *A1 à parler de deux points qui me regardent plus par- ticulièrement dans le Mémoire de M. Ernaud ; le premier confifle en une découverte qui m'appartient en propre, que cet auteur n'a fait qu'entrevoir en pue, dont même il avoue devoir l'idée à M. de Fontenay, un de mes anciens Élèves, & dont il femble néanmoins vouloir fe donner pour auteur. Je n'ai pour but, dans le fecond point, que de juftifier la de- mande que je fis à l’Académie le 7 Janvier de l'année dernière (1761), tendante à conflater Fétat actuel de l'inftruction de- M. Solier, qui, après avoir été entre les mains de M. Ernaud,,. alloit on mon Élève. Outre la difcuffion de ces deux points, on trouvera dans * Page 516, ces oblervations * , une courte réfutation de la critique que M. Ernaud a cherché à faire de ma méthode d'apprendre à parler aux muets: c'eft un abrégé de ma réponfe, qui, avec ce que j'en ai retranché, comme moins intéreflant, & avec mes repré- fentations à l'Académie à ce fujet, faïfoit la première partie de cet écrit; partie que J'ai fupprimée comme n'étant plus nécef- faire à ma défenfe, depuis que cette Compagnie a bien voulu s'expliquer à l'égard de ma méthode, de la manière qu'elle la fait dans le Certificat du2 Mars 1763, dont elle ma honoré. M." les Commifiaires qui firent le rapport du Mémoire de M. ÆErnaud parlent ainft dans ce certificat : « Lefdits ES ES DLE, SJ SYeLR EE Ne CIEL S, sort Commiflires déclarent, pour rendre à M. Pereire la juflice « qui lui eft dûe, que dans les encouragemens qu'ils ont cru « pouvoir donner dans leur rapport à M. Ernaud, ils n’ont « point entendu improuver en aucune manière la méthode de « M. Pereire, ni qien diminuer des juftes éloges que l'Académie « lui a ci-devant donnés, & qu'il mérite de plus en plus par « {es nouveaux fuccès ». : IL La découverte dont il s’agit, c’eft que prefque tous les fourds & muets peuvent parvenir, au moyen d'une inftruc- tion convenable, à diftinguer, même fans le fécours de fa vue, un nombre plus ou moins confidérable de mots, & qu'il y ena parmi eux qui pourront être mis en état d'étendre cette connoiflance à tous les mots en général (a). (a) Voici tout ce que M. Ernaud dit à cet égard. Il rapporte d’abord dans le corps de fon Ouvrage (Voyez ci-defjus page 228), que M. de Fontenay lui ayant déclaré qu'il y avoit telle voyelle dont le fon l’af- feétoit plus vivement que celui de toute autre, il avoit conçu par-là que fi ce fujet, malgré fa grande furdité, étoit plus ou moins fenfible à des fons produits près de lui, il étoit nécef- faire qu'il les diftinguät ; fur quoi il ajoute ces mots, qui feront, ainfi que le refte, amplement difcutés ci-après: J'ai profité de cette découverte pour en faire l'application fur le neveu de 1. le Chevalier d’Arcy, à j'ai eu la Jarisfaétion de lui apprendre à diflinguer todtes les lettres de l’al- pPlhabet avec plufieurs mots, 7 méme des plrafes entières. L'auteur, qui n’a d’abord dit ceci que comme par occafion , revient directement à cet objet fur la fin de {on Mémoire (page 245) , & il en parle dans les termes fuivans, que je tranfcris mot pour mot. « Il me refte à préfent quelque >» chofe à dire fur la manière d'aider > l’audition d’un fourd de naïflance ; à Ja vérité je n’aï encore fait l’effai « de ce moyen trés-fimple, que fur « le neveu de M. le Chevalier « d’Arcy, parce que c’eft celui de « mes Élèves qui s’eft trouvé le plus « heureufement difpofé du côté des « organes de l’ouïe *; mais je n’en « crois pas cette méthode moins « avantageufe, fr on a le courage « de la pratiquer fur ceux à qui elle « peut convenir. Voici comme je « m'y pris: après lui avoir enfeigné « à prononcer aufli-bien que fon état «e pouvoit le permettre (ce qui eft « d’abord indifpenfable ), je lui « montrai premièrement. quelques- « uns de nos caractères, & il les ce connoïfloit déjà tous; je les arti- ce culai enfuite, chacun en particu- « lier, près de fon oreille & à diverfes «e reprifes ; le premier jour fon ouïe « diftinguoit déjà bien la pronon- « ciation deplufieurs dè ces élémens. ce Enhardi par le fuccès, avec ces « mêmes lettres je formai non-feu- « lement des mots , mais des phrafes ce à fa portée, & je vis qu'illes en- « * L'Ouvrage porte : Oiganes de la parole. mais c’eft vifiblement une faute d’impreflion oui de copiite, Rrr üj * Voy. "/ Térrr fur ls Jourds à muets , ci- deffus PALE 23 7: s02 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE © Je comimencerai par l'expofition de quelques - unes des obfervations qui m'ont conduit à cette découverte, & que je crois pouvoir regarder comme autant de découvertes par- ticulières : par - à mes preuves fe multiplieront & je pourrai répandre un peu d'intérêt {ur une matière qui, fans cela, féroit purement polémique & peut-être faflidieufe. IT. Tous les muets qui font l'objet ordinaire de mon Art, c'elt-à-dire tous les muets qui ne font tels qu'à caufe d'une furdité plus ou moins parfaite qui les empêche d'ouir & d'imiter d'eux-mêmes les fons des paroles, fe diftinguent naturellement en trois efpèces ou trois claffes. Les fourds & muets, dont la furdité eft totale ou abfolue, conftituent a première efpèce ; fa feconde comprend tous ceux qui ont l'ouie fenfible à des bruits plus où moins grands, fans pouvoir néanmoins avoir aucune idée des fons de la voix; & enfin les muets qui compofent la troifième claffe , font ceux qui joignent à la fenfibilité des bruits , {a faculté de diftinguer quelques-uns de ces fons. Tout ceci va fe développer. IV. Les fourds abfolus ou de {a première efpèce, font les moins communs, & je ne fuis point furpris {1 l'auteur du Mémoire croit qu'il ny en a point *: il fe peut faire qu'il n'en ait jamais vu, mais il me paroït plus probable qu'il les » tendoit clairement, puifqu'il me » les répétoit avec exactitude & qu'il » s’en fervoit à propos. Ce nouvel » exercice lui fut fr agréable, que » S’imaginant peut-être que fa furdité » alloit cefler, car les fourds ont le » malheur de connoître de très- » bonne heure leur état, il m’acca- » bloit de careffes pour me témoi- » gner fa joie. Je me fattois de le » conduire au point d'entendre tout » ce qu'on lui eût dit à l'oreille ; » mais la mort, en me l’énlevant, » m'a fait preflentir toutes les tra- » verfes qui m’étoient réfervées dans cette carrière obfcure & pénible». Quoique tout ceci loit difcuté ci- après, je crois devoir ne pas omettre ici ces trois obfervations, auffr courtes que naturelles : 1.° que c'eft à l’occafion de ce que M. de Fontenay , mon ancien Elève, avoit appris à l’auteur du Mémoire, que celui-ci dit avoir penfé à la décou- verte en queltion: 2.° que quoique les expreffions de cet auteur faflent juger qu’il cherche à en paffer pour l'inventeur , néanmoins il ne dit pas l'être expreflément : 3.° enfin qu'il n’apporte aucune preuve de ce qu'il avance fur cet article, & qu'au contraire il prévient qu’il n’a aïdé l'audition que d’un feul fourd, qui n'eft plus vivant. o DUE s "SIC EINICPES 503 ait confondus avec ceux de la féconde clafe, auxquels ils reflemblent à quelques égards ; car de même que quequelois la cécité Ia plus parfaite n'emipèche pas un aveugle de fentir la lumière, à caufe de la chaleur & d’autres effets qui fouvént l'accompagnent, de même la privation totale de l’ouie ne fauroit empêcher ceux qui en font affigés de s'apercevoir de certains bruits, par une forte de taét qui leur tient, en quelque façon, lieu d'ouïe ,& que fans la fagacité qu'une longue expé- rience peut feule faire acquérir , il eft aifé de prendre pour l’ouïe même, [l y a mille occafions où, fans être avertis par la vue, ces fourds s’'aperçoivent, non-feulement d’un canon qu'on tire ; d’une voiture qui marche, d’un tambour qu'on bat, mais encore d'une porte qu'on ferme, d’une chaife qui tombe, d'un gros inflrument à corde dont on joue, même d'une : perfonne qui parle à l'ordinaire, pour peu qu'ils la touchent, ou feulement le fiége où elle fera aff; & tout cela, parce que ces bruits caufent, dans tout ce qui nous touche exté- rieurement, peut-être même dans la partie tendineufe du dia- phragme, & dans l'air renfermé dans toutes les cavités du corps, des trémouflemens, des commotions, qu'on peut dire être chez ces fourds une efpèce de treffaillement beaucoup moins fort, mais à peu près de même genre que celui que nous éprouvons lorfqu'un carroffe pafle rapidement fous une voûte dont nous fommes voifins. Non-feulement nous fentons nous-mêmes quelquefois, quoique diftraits par l’ouïe, ces trémouflemens extérieurs & intérieurs qui accompagnent ces fortes de bruits, mais il n'eft pas même bien rare que nos yeux en foient avertis par le frémiflement de l'eau d’un vale, par le branfement d’une vitre ou des pièces d'un luftre, &c, (a). (a) Le paffage fuivant vient ici trop à propos pour que je le pañle fous fi'ence ; il ef pris dans les deux dernières pages d’un Ouvrage de M. Abraham Æaau, Doéteur en Médecine , & neveu-du, célèbre Boërhaave, ayant pour titre, Perf Piratio diéla Hyppocrati, L'auteur devint fourd à l'âge de vingt-un ans, à la fuite d’une maladie aux oreilles, & publia fon Ouvrage deux ans aprés. Voici ce pañage: Cui Joni déficit perceptio , illi vifus | fit acurior; êT Per totum corpus audit cremulun dum in ambitu ejufdem : nervi fiunt auditori, Dinbelli cirharà : * Voy, ci-après x XV 504 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Il y a encore une autre efpèce de tact que l'articulation occafionne, & par le moyen duquel il eft même poflible de faire diftinguer pluñieuis incis à ces muëts; mais ce n’eft pas encore ici le lieu d’en parler *. V. La feconde efpèce de fourds & muets eft incompara- blement plus nombreufe que les deux autres; elle comprend, comme je l'ai indiqué, tous ceux qui indépendamment de la fenfation dont je viens de parler, ont l'organe de fouie plus ou moins acceflible à diverfes efpèces de bruits, & font capables de connoître & de comparer en certains cas, le degré de force & quelques autres qualités de ces bruits, dont leur oreille eft même bleflée affez fouvent, mais qui, malgré cela, ne peuvent percevoir aucun des fons dont la parole eft compolte, ni s’en former feulement la moindre idée; car, comme je le ferai voir, la faculté d'entendre & même de difcerner le bruit du tonnerre, le {fon d’une cloche, le cri ou la voix d'un homme (ce qui eft le cas le plus général des muets de cette efpèce), ne fuppofe pas néceffairement en eux la faculté, dont quelques- uns jouiffent, de reconnoître des diflemblances entre différens tons de mufique, ni la faculté de percevoir avec diftinétion les fons des paroles; faculté dont le défaut eft ce qui conititue cette feconde efpèce. De quelque façon qu'on prononce au- près d'eux différentes fyllibes, ou feulement deux voyelles carmina vix dividet Muficus, quo- run ille meminit numeros , quin ap- pefito digiri apice, tremulam fenriat vibrarionem non tantum, fèd 7 tonos diféinguat ac modulamen, àT quidem ita quafi è longinquo, fonum caperet ipfum, Quadrupedante pede fonitu vix guatit viarum ftrata equi ungula, quineminus jam furdo indicet, locum cedat equiti feliciori : àno vero êT craffiora rerrent hominum vefligia ; non cadet de frinis liber , cujus non ille fonum -pedibus percipit : fi vel loquentis manum tenet , vel ejus lu- mneris Juas imponit manus, omnes zremulas vocum articulationes nume- rat, 7 quidem quot funt ia vocibus loquentis fyllabas diflineuir. Hec omnia ipfe £T plura ex infuvfto, quod tam diu affiixic, malo infelix per- cipio, Il faut çonvenir pourtant que le cas de cet auteur étoit fingulier : on fe tromperoit fort fi l'on fuppooit tant de facultés dans les fourds de naiffance. Le cas du muet de Chartres, dont je parle ci-après aux n.® VI, VII & VIT, & qui fait un contrafte frappant avec ce qu'on vient de voir de M. Xaau, ne s’é- loigne pas moins, en fens contraire, de tout ce que j'ai obfervé jufqu’ici fur les fourds & muets ordinaires. différentes, DES S'CTENCES 505 différentes, comme a &°, ils n'y fauroient trouver d'autre difflemblance que celle d’un bruit plus ou moins grand, tel à peu-près, que le produifent à nos oreilles des coups plus ou moins- forts, frappés fur une table. On peut, par analogie, fe former une idée affez jufte de cette ‘furdité, en fermant les yeux & faifant attention que quoiqu'il {oit facile de reconnoître à travers les paupières une différence fenfible entre le jour & les ténèbres , &: même entre une petite clarté & une autre plus grande, on cherche- roit en vain à apercevoir des couleurs; ce qui, pour le dire en paflant, eft le cas où fe trouve le plus grand nombre des aveuples-nés, Si en appliquant à louie ce que je viens de dire de la vue, on fubftitue le bruit à la lumière & les fons articulés aux couleurs, on éprouvera par foi-même la fenfition 1a plus gé- nérale des lourds de cette feconde efpèce: leurs différens degrés de furdité pourront être comparés aux effets que produit un œil plus ou moins fortement fermé; & 1a faculté que j'ai oblervée en plufieurs fourds de cette claffe, de fentir quelques différences dans les variétés que donnent à la voix les divers tons muficaux, pourra fe comparer à la facilité qu'une pau- pière bien tranfparente peut procurer de reconnoître, l'œil fermé, diflérens degrés de clarté dans une même lumière, réfléchie fucceflivement par des corps de diverfes couleurs. Beaucoup d'aveugles font dans le cas d’apercevoir ces diflérences. VI. Les fourds & muets, qui compofent la troifième & dernière efpèce, font ceux qui non-feulement entendent des bruits plus ou moins confidérables, mais qui peuvent encore diftinguer les fons de quelques voyelles, où concevoir au mains des idées un peu diftinétes de ces fons, quoiqu'on les prononce avec les précautions que j'indiquerai *. * Voyeci- aprés Je compare cette fenfation à ce que nous éprouvons par *” #77: rapport à la vue, fi en tenant les veux ouverts nous inter- polons entre l'œil & les objets une ou plufieurs gazes, en forte que fans cefler de voir ces objets, les couleurs en foient plus ou moins effacées: leur affoibliffement, opéré par le LE Sav. érrang. Tome V. ; * Hif, de l’Ac, année 1703) page 1 8, 506 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE nombre plus ou moins grand des gazes interpofées, peut donner l'idée des divers degrés de furdité compris dans cette troifième efpèce de muets. IF y en a même parmi eux, dont nous pouvons nous repréfenter plus immédiatement & plus exactement encore la fituation, en nous bouchant fimplement les oreilles ; leur furdité ne différe de celle que nous nous pro- curons par-là, qu'en ce que la leur étant de naïflance, ils ne pourront jamais , fans une inftruétion particulière, diftinguer , & moins encore imiter, ce que l'on dit auprès d'eux, fur quelque ton qu'on par le ; tandis que nous, à qui les paroles font familières , il nous fuflit qu'on élève la voix pour nous le faire difcerner. Cette troifième claffe feroit 1 plus nombreufe de toutes, fi je ne la confidérois que fur les enfans encore à la mamelle & jufqu'à l'âge de trois ans ou environ, fur-tout à caufe de cette matière mucilagineufe dont les parois du conduit exté- rieur de leurs oreilles fe trouvent recouverts lorfqu'ils viennent au monde : matière qui quelquefois y refte collée plus où moins long-temps ; mais dans le cours de ces trois premières années beaucoup de ces enfans meurent des infirmités qui cufent leur furdité, & beaucoup en guériflent, de forte qu'il ne refte guère plus de cette efpèce de fourds parmi les adultes qu'il n'y en a de la première, Cette -gucrilon peut encore arriver après ce terme, & l'on voit dans le Recueil de l'Académie lhiftoire d'un fourd & muet de naiflance qui recouvra l'ouïe, à Chartres, & apprit de lui-même à parler à l'âge de vingt- trois à vingt-quatre ans *, Mais malgré cet exemple & quelques autres, on peut dire en général que l'enfant qui et fourd jufqu'à quatre ans, reftera tel toute fa vie. VIT. Mes conjeétures fur les caufes de ces diverfes efpèces de furdité, font, que la première vient d'une obftruction ou pa- ralyfie totale du nerf auditif; la feconde, de quelque embarras ou défaut de conformation dans les diverfes parties des cavités Jes plus internes de l'oreille; je veux dire dans les canaux demi-circulaires, le limaçon ou le veftibule ; enfin je penfe que ha troilième efpèce vient de quelque amas de matières dans D'E S {SCT EN c Æ si 507 Ra caïfle du tambour, d’un relâchement du timpan, où de Vobftruétion du conduit extérieur de l'oreille: & c’eft à cette dernière caufe que je crois devoir attribuer la furdité du muet de Chartres, vu les circonftances dont fa guérifon fut accom- pagnée: elle fut opérée , fuivant toute apparence, par la fup- puration des matières qui gonfloient les parois de ce conduit & dont la fortie devint enfin fenfible par l'oreille gauche, comme le dit l’hiflorien de l'Académie. L'offification de la peau du tambour, ou de la partie mem- braneufe de la lame fpirale du limaçon, aiaf que plufieurs autres maladies de l'oreille, qu'on peut voir dans la troifième partie du Traité de l'organe de l'oure de M. du Verney, produifent encore fouvent les mêmes effets dans un âge avancé & fur des fujets parlans; mais ce n'eft pas de quoi il eft ici queltion. VIL Ces conjelures, formées d'après tout ce que j'ai Iû & tout ce que j'ai examiné par moi-même fur cette matière, peuvent fervir à rendre raifon d'une chofe qui me furprit beaucoup la première fois que j'eus occafñon de la remarquer, & que j'ai obfervée depuis plufieurs fois; c'eft qu'il y a des muéts de la troifième elpèce ( & auxquels par conféquent if eft poflible de faire difcerner des fons de la “voix ) qui ce- pendant font confidérablement plus fourds que d'autres de a feconde , auxquels, par la nature de leur furdité, on ne peut faire diflinguer que des bruits, ou tout au plus des tons. La raifon en eft que chacune des diverfes caules de furdité peut interdire plus ou moins parfaitement l'ufage des parties qu'elle affecte ; & c'eft ainfi, par exemple, que le muet de Chartres, dont je fuppolfe que la furdité provenoit d'une obftrution totale du conduit extérieur de l'oreille, qui ne le rendoit fourd que de la troifième efpèce, a pu néanmoins, jufqu'au temps de fa guérifon, n'avoir pas entendu le fon des cloches, auquel les muets de la feconde efpèce font fenfibles, méme à quelque diftance des clochers. C'eft auffi, fuivant toute apparence, à caufe de quelque vice du labyrinthe, mais qui n'affectoit point , ou affeétoit très - peu, le nerf auditif, qu'une S{f ï s08 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fille-fourde & muette, à laquelle feu M. Élie, Chirurgient de Paris, avoit enlevé le timpan d'une oreille, a pu parvenir à entendre par cette oreille le battement d’une montre qui ne touchoit point fon vifage, fans que néanmoins cela ait pu lui procurer aucune oiTiLes des fons articulés. Affuré- ment pour qu'un muet de la troifième efpèce cefsût naturellement d'être muet, il lui fufhroit d’une ouie moins fenfible * Il ne faut pourtant pas s’imaginer que le muet de Chartres füt incapable, avant {à guérifon, d'entendre les cloches de s: dès que fa furdité étoit guériflable, il n'eft pas poffible qu'ellé pût rendre fon organe infenfible à ce point: mais pour ne rien taire fur cet article, ce n'eft pas là la feule chofe où ce qu'on rapporte de ce jeune homme laiffe beau- coup à deftrer, Il fut, dit-on, examiné par de favans T'héo- logiens ; c'eft dominage quil ne fait pas été par quelque Métaphyficien habile ; Locke vivoit alors. Maïs revenons à nos obfervations. i IX. Tous les fourds & muets, fans excepter ceux de la première efpèce, forment des cris & articulent d'eux-mêmes, plus ou moins clairement, quelques fyllabes, d'ordinaire lbiales & dentales, avec un accent plus ou moins nafal; & cette facuité nè laifle pas de leur être fouvent fort utile. On concevra cominent des fujets qui n'ont pas l'idée des fons de la voix peuvent néanmoins en former & s'en fervir à propos, en faifant réflexion qu'ils n'ont pas plus befoin que tous les autres enfans de rien apprendre pour crier dès qu'ils viennent- au monde; & que pour produire certaines articulations, il leur fuffit de chercher à imiter une conformation d’ organe , que le ta & la vue, dès leur plus tendre enfance, leur rendent fenfible fur les autres, & dont mille circonftances journalières leur font voir & connoître dans la fuite l'utilité; car la furdité, de quelque efpèce qu'elle foit, ne fauroït L: * C’eft M. Élie lui-même, qui peu Élie, qui vit encore, ‘m'a depuis de temps avant fa mortm'inftruifit de | confirme ce fait, & m'a offert de ce phénomène, étant venu chez moi | me faire voir la muette en queition : me confulter à ce fujet. Madame | cependant je ne l'ai pas vues DES SCIENCES. s09 empêcher un enfant, ni de fentir fur le {ein de fa nourrice le trémouflement que caufe en elle l'émiflion de la voix, ni de remarquer les mouvemens des lèvres, dont elle accompagne conftamment ce trémouflement ; au contraire, plus un enfant fera fourd , plus il aura d'aptitude pour fentir de bonne heure ces effets de la voix, étrangers à l’ouie, & il ne lui en faut pas davantage pour fe trouver bientôt en état de prononcer lus ou moins clairement papa , mama, taba, ababa, & d’autres fyllabes qu'on entend d'ordinaire aux muets, &c dont le mécanifme eft également fenfible à la vue. Cette confidération m'a fait croire que plufieurs fourds & muets, qu'on s’imagine n'êwre tels que par accident, à caufe qu'on les a entendu prononcer d'abord quelques mots ou quelques fyllabes plus diftinétement ou en plus grand nombre que dans la fuite , font néanmoins de vrais fourds de naiffance, mais auxquels il eft arrivé qu'en quittant les bras qui les ont portés, ils oublient, en tout ou en partie, ce qu'ils n'y ont appris que par le tact, & ne retiennent guère que les articu- lations que leur vue a pu leur faciliter. Je fuis également perfuadé que ce n'eft pas moins par le: fecours du taét & de la vue que par celui de l'ouïe que tous les enfans en général apprennent à prononcer les premiers. mots ou demi-mots qu'on entend fortir de leur bouche, & qu'incapables encore de lapplication d'efprit que demande limitation des diverfes articulations qu'ils ne feroient qu'ouir,. ils demeureroient plus long-temps qu'ils ne le font fans favoir: rien dire, fi on avoit foin de fe cacher la bouche & de ne: les porter ni toucher quand on leur parle. Je ne narréterai pas cependant à en expliquer ici les raifons, de peur de trop m'écaiter de mon objet. X. Le plus ou le moins de fyllabes ou de mots entiers qu'un fourd & muet, non inftruit, prononce, & le plus ou le moins de netteté de fa prononciation, peuvent faire deviner Ja naturé de fa furdité: le ton de fa voix l'indique encore mieux, ce ton étant d'ordinaire glapiffant dans les plus fourds,, fenfiblement moins aigre chez ceux de la feconde clafe, &- SE so MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE aflez naturel dans ceux de la troifième: néanmoins on {€ tromperoit aifément fur l'elpèce de leur furdité, fi Von n'avoit pas des fignes moins équivoques pour la reconnoître. Les différens degrés qu'il peut y avoir dans chaque efpèce; le plus ou le moins d'efprit, de vivacité, de pénétration des fujets; leur âge, leur tempérament, leur fexe; le plus ou moins de foins qu'on en aura pris; tout cela peut concourir à produire en eux tant d'exceptions à la règle, que fouvent ceux de même efpèce paroïtront d'efpèces différentes, & ceux d'efpèces différentes fembleront être de la même. Ces fortes d'erreurs s'étendent quelquefois jufqu'aux divers genres de mutifme: jai vu des muets purement fourds qu'on prenoit pour des imbécilles, ou pour des fujets qui auroient des défauts dans les organes de la parole, & des muets purement imbé- cilles qu'on croyoit fourds. C’eit fa crainte de tomber dans de pareïlles méprifes (qu'il n'eft important d'éviter pour le meilleur & le plus für effet de mes inftructions), qui ma fait imaginer plufieurs moyens de connoïître avec exactitude dans chaque fourd & muet le genre du mutifme, & l'efpèce & le degré de la furdité. Je n'en dirai cependant, que ce qui fuffit pour prouver le fondement des diflinctions que j'ai marquées, & pour faire voir combien ces obfervations étoient propres à me conduire, comme d’elles- mêmes, à la découverte en queftion. XI. L'expolé ci-deflus, concernant la furdité abfolue, n'eft que le réfultat de mes obfervations, tant {ur M. Dazy d'Etavigny, le premier de mes Elèves que l'Académie à vu, que fur un autré muet {fourd de même efpèce) , fur lequel j'avois fait à la Rochelle, en 1744, des épreuves de mon Aït, qui me procurèrent les éloges de l'Académie des Belles-Letires de cette ville, & me välurent la confiance du père de M. Dazy d'Étaviguy pour l'inftruction de fon fils. Je n'ai été convaincu de la parfaite privation de l'ouïe de ces deux fujets, qu'après avoir conflamment obfervé que quoique je leur” bouchafle exactement les oreilles, que quelquefois je leur {errafle le nez entre mes doigts, & qu'ils fermañent en même -temps la DIE S :S:CYH EN: C Ejs s'i bouche , leur fenfibilité aux bruits dont ils s’apercevoient ha- bituellement, demeuroit toujours la même. Il m'étoit aifé néanmoins de diminuer en eux cette fenfbilité à l'égard: du roulement des voitures & de tous les autres bruits de cette efpèce, qui ne les affectoient fenfiblement que par le tré- mouflement que les corps qui les caufent communiquoient aux parties folides des lieux où ils fe trouvoient. I] me fuf- fifoit pour cela de faire placer le fourd fur quelque chofe de propre à amortir ce trémouflement : mais pour ce qui eft des bruits de la nature de ceux du canon ou du tonnerre, lefquels font beaucoup plus fenfibles à la poitrine qu'aux pieds, cette précaution devenoit inutile, 4 Les fourds de cette clafle font donc incapables de rien comprendre par louïe , mais je ferai voir*, comme je V'ai déjà annoncé P, que le taét pur & fimple peut aller chez eux juiqu'à fuppléer, pour quelques mots, à cette incapacité. XI, M. de Fontenay, le muet fur lequel l'Académie examina, en 1751, les eflets de mes premieres leçons , & que M. Ernaud avoue être des plus fourds qu'il ait vus, n'eft cependant qu'un fourd de la feconde efpèce, ainfi que le font M. Solier & une jeune fille, qu'un Miniflre bienfaifant a confiée à mes foins. Quoique l'oreille du premier foit moins fenfible que celle de ces deux autres fujets, il entend néan- moins comme eux, des bruits, & connoît s'ils font plus ou moins grands ; il compte le nombre de claquemens de mains un peu forts qu'on fait derrière lui, lors même que l'on ufe des pré- cautions néceflaires pour qu'il n'en foit pas averti par l'air que Vaétion des mains met en mouvement : mais fon ouïe, comme il va être expliqué, ne peut malgré cela diflinguer aucun fon vocal, & ce neft pas ma faute fi cela ne quadre pas avec ce que M. Ernaud avance, fur le compte de ce jeune homme, en confondant comme lui toutes fortes de bruits & de fons. Cette erreur au refte étoit, en quelque façon, inévitable fans le fecours d'une longue expérience. XIII. Quoique les fourds & muets de 1 feconde efpèce foient dans limpuifflance de diftinguer les divers fons de la SN b N° 1, in fines Vuu bPoy, ci-deffons meXX. ° Voy, ci-deffus pages 237 d 23 ba * Note dun Z1, 22 ÿ y ÿ » L>2 522 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE encore bien plus extraordinaire qu'il n'ait pas fait attention que fon expérience n'offre abfolument rien qui n'arrive à tout le monde, Il n'eft pas furprenant aflurément que quelqu'un qui entend un peu, cefle d'entendre, ou entende moins qu'à fon ordinaire dès qu'on lui bouche les oreilles : cependant Vau- teur, dans la crainte apparemment que la chofe ne parût difficile à croire, a eu foin d'avertir que la même expérience lui a réuffi fur d'autres fourds : & il ajoute, d'un ton qui fait fentir tout le poids qu'il donne à cette épreuve, les paroles que voici: «Il faut d'abord, comme je l'ai infinué, tâter le decré de furdité du fujet fur lequel on opère; fans cette précautions l'expérience feroit inutile, mais il ne faut pas crier avec tant de force que le fourd entende, malgré les enveloppes & le coton dont j'ai parlé; c'eft un inconvénient qu'il faut éviter». L'Académie ne devoit pas s'attendre qu’on seflorçit de lui prouver qu'une oreille fourde jufqu'à un certain degré, dans {on état naturel, püût le devenir davantage étant bouchée, ni qu'il fallût tant d'appareil & de précautions pour s'aflurer, par l'expérience, de cette vérité. Je ne prétends pas pourtant m'approprier l'invention du. coton & du morceau d'étoffe dont M. Ernaud dit s'être fervi dans cette occafion: mais fuivons l’auteur dans fon raifonnement. Il continue ainfi : « M. de Fontenay, filleul de M. le Duc de Chaulnes, m'a- déclaré, après les expériences que j'ai faites fur lui, qu'il y avoit telle voyelle dont le fon l'aflectoit plus vivement que celui de toute autre & dont l'audition lui étoit même infupportable : cependant , ajoute M. Ernaud , je puis aflurer que parmi les fourds que je connois, il n'en efl point qui ait l'oreille plus dure que lui. J'ai conçu par-là que fi un fourd de cette claffe eft plus ou moins fenfible à des fons produits près de lui, il eft néceffaire qu'il les diftingue (laveu fuivant, que: j'ai déjà rapporté”, eft fur-tout remarquable ici). J'ai profité, dit-il, de cette découverte pour en faire l'application fur le neveu de M. le Chevalier d'Arcy, &c. » I ft donc vifible, 1.° que dans l'expérience que l'auteur DES : SCIE N'C'ENS. 523 du Mémoire dit avoir fait d'abord fur l'ouïe du jeune Freinch , if n'avoit eu pour objet que de voir f1 la fenfibilité de cette ouïe, dont il nous prévient qu'il s’étoit précédemment afluré , né diminueroit pas lorfque ce fujet auroit les oreilles bouchées, On voit également, en fecond lieu, que la découverte dont l'auteur du Mémoire prétend avoir profité, il avoue la tenir de ce que M. de Fontenay (mon ancien Elève) lui avoit déclaré. IH eft vrai qu'il préfente cette déclaration comme le fruit des expériences qu'il dit avoir faites fur lui, & il eft clair que ce n'eft que pour en relever le prix qu'il ajoute que fà furdité eft des plus fortes qu'il ait obfervées /a) ; mais, comme je le démontre dans la note que je joins ici, tout l'éclairciflement que l'auteur du Mémoire dit avoir tiré de mon Élève, ne lui a pas coûté d'autre peine que de le lire dans la lètre que celui-ci avoit écrite à M. de a Condamine. Cette lettre avoit pourtant de quoi deflller les yeux de M. Ernaud, fur le véritable état de l'ouïe de M. de Fontenay : en voici l'endroit qui fait connoître cet état de la manière la moins équivoque. « En un mot, dit mon Elève dans ce paflage, tout bruit ou fon qui frappe mon oreille & mon corps me fait éprouver des ondulations, des trémouflemens dont le mouvement paroït être femblable au tremblement des (a) J'aurois pris cet aveu de la | ce qu'on avance ici de mon Éléve, grande furdité de M. de Fontenay pour un trait de générofité, fi Fauteur n’eût pas affecté de taire que ce fujet avoir été mon Élève. Quant aux expériences dont il parle, il eft à confidérer qu’en les fuppofant d’abord réelles , elles n’ont pu avoir lieu avant le mois de Mai ou de Juin 1757, temps où il eft arrivé à Paris & a vu pour la première fois M. de Fontenay, ainfi que celui- ci m'en a fait l’obfervation & qu'il me fera aifé de le prouver. Or M. le Duc de Chaulnes & M. de la Condamine , dont j'ofe réclamer les sémoignages, pourront aflurer que fur la différente impreflion qu'il re- cevoit de difiérens fons, il l’avoit dit: lui-même dès le 19 Décembre 1756, dans une lettre qu’il écrivit a M: de la Condamine, en réponfe à des queftions que ce favant Aca- démicien lui avoit faites fur ce fujet; lettre dont M. le Duc de Chaulnes conferve une copie, ainfi que M. de Ja Condamine l'original. Comme j’en pofsède une autre copie, je vais en tranfcrire des paroles qui ont pu faire: illufion à M. Ernaud , & qui font ‘propres à produire cet effet, quoi- qu'il n'y ait rien, comme on le verra bien-tôt, qui foit incompatible : Vuuïi «24 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE planchers des maifons , caufé par les carroffes & les charrettes ». Ce ne font pas-là des idées des fons, propres à faire croire que M. de Fontenay entendoit ceux de la langue. M. Ernaud n'auroit- il donc pas dû reconnoître , ou du moins foupçonner, qu'il étoit pofhble qu’on entendit des bruits fans être fenfible pour cela aux fons de la voix, & que ce pouvoit être là le cas de mon Elève? mais prévenu en faveur de toutes mes idées (à caufe fans doute des fuffrages dont l'Académie m'avoit honoré), il femble n'avoir pris dans la lettre de mon Elève que ce qui pouvoit le confirmer dans fes erreurs. XXI. Au refte, je crois pouvoir juftifier M. de Fontenay des inconféquences apparentes de fa lettre. On connoiît le trait rapporté par M. Lock, d'un aveugle de naïffance, qui après avoir beaucoup rêvé fur les couleurs, crut avoir au moins faifr Fidée de lécarlate, en la comparant au fon de la trompette. Je trouve une analogie fingulière entre ce trait & celui par lequel mon Élève compare les fons aux sremblemens'des planchers, caufés par les voitures, & rien ne me paroït plus propre à faire évanouir l'efpèce d'ablurdité que préfente cette compa- avec la nature de la furdité de mon Elève. Voici ces paroles: « un fon > trop fort, trop grand, trop aigu »ou trop perçant, dit-il, blefle > l'oreille; c’eft ce que fait aux yeux » une lumière trop brillante. Ce fon » me fait reculer la tête & femble » me donner des coups d'épingle : > quelquefois il me fait venir une » efpèce de tourbillon à la rête: Et » plus bas; limpulfron des fons a » différens degrés de force ; par » exemple, le fon de l’o pénètre plus x avant dans l'oreille que celui de >» l'a, & il y a des fons qui ne fe font pas entendre aflez clairement ». En voilà plus qu’il n’en faut pour prouver que M. Ernaud auroit tort d'attribuer à la fagacité de fes re- cherches, les éclairciflemens qu'il avance tenir de M. de Fontenay, & dont il dit avoir profité. Mais ce n’eft pas tout; mon Élève. à qui j'ai donné a lire l’article en quef- tion du Mémoire de M. Ernaud, nie abfolument que cet Auteur ait jamais fait des expériences fur lui ;. il aflure que ce que le Mémoire en dit, l’auteur n’a pu le prendre que dans la minute de fa lettre, qu'il lui montra-en plufieurs occafions : M. de Fontenay m'a offert même d'affirmer fon expolé auflr formellement qu'on voudra; mais les circonflances rap- portées, me paroiflent rendre cela fuperflu. Ileft donc plus que douteux que les expériences en queition aient jamais eu lieu, fi l’on entend: des expériences formelles , faites avec quelque appareil. Quoi qu'il en foit,. ileft encore plus évident que l’auteur du Mémoire n’en avoit que faire pour la formation de fon article. D E:S SAC ELN, CHEUS: s25 raifon, que de faire voir combien il eft probable que celle de cet aveugle étoit fenfée. ? La cécité de cet homme étoit vraifemblablement celle du lus grand nombre des aveugles-nés , laquelle ne les empêche ni de diftinguer le jour d'avec les ténèbres, ni de percevoir des différences dans une même dlarté réfléchie par des corps diverfement colorés, à peu-près comme jai dit ci-deflus ( n° y), que nous pouvons l'éprouver nous-mêmes en fermant les yeux. Cela polé, pour que aveugle dont il s'agit ait dû naturellement juger de l'écarlate de la façon qu'il le fr, il fufit qu'une lumière réfléchie fur un corps qu'on lui aura appris être de cette couleur l'ait vivement affecté par les yeux d'une manière analogue à celle dont le fon de la trompette affeoit fon oreille: auft quoique fa comparaifon démontre qu'il ignorât parfaitement ce que c'étoit que les couleurs, tout comme je dis que mon Élève ignore ce que c'eft que les fons vocaux, on ne fauroit, je penfe, ne pas convenir que cet aveugle auroit pu raifonner jufte, d'après fes perceptions, en parlant de la lumière & des couleurs comme M. de Fontenay Va fait à l'égard du bruit & des fons de fa voix, dans les deux premiers paflages que j'ai rapportés de fa lettre *. En effet, je ne vois rien qui eût pu empêcher cet aveugle de dire; « Une lumière trop vive, trop brillante, blefle les yeux ; c'eft ce que fait à l'oreille un bruit trop éclatant: cette lumière me fait reculer la tête & femble me donner des coups d'épingle, &c. & tout de même, Fimpreflion des couleurs a plufieurs degrés de force, par exemple, la couleur de lécar- late pénètre plus avant dans les yeux que la couleur verte, & il y a des couleurs qui ne fe font pas affez fentir». Je fuis perfuadé que la plupart des aveugles-nés, pour peu quon les mit fur la voie, ne raifonneroient guère autrement fur la lumière & les couleurs, & qu'il ne féroit pas pius difhcile de leur apprendre à connoître un certain nombre de couleurs, par la comparaifon du plus où du moins de lumière qu'elles réfléchiffent, qu'il ne me la été d'inftruire des muets de la feconde efpèce à fentix aflez de différences dans un certaur Vuu ii; * Pa, préc, 10{C3 526 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE nombre de mots & de phrafes pour les reconnoître lorfqu'on les leur répète, foit à l'oreille, foit contre le vifage, ou même fimplement fur la main. XXII. Maintenant, quand l'auteur du Mémoire auroit fait diftinguer , comme il le dit, plufieurs mots & plufieurs phrafes au neveu de M. le Chevalier d'Arcy, on en verroit fi fen- fiblement la caufe, & dans toute la lettre de M. de Fontenay qui lui en a fait naître l'idée, & dans la nature de la furdité du jeune Freinch, qui, jufqu'à un certain point, pouvoit difpenfer l'auteur de toute méthode, que de quelque façon qu'on veuille regarder la chofe, on ne trouvera pas qu'elle ait pu étre l'effet de fon invention. XXII Voici des circonftances qui rendent ce raifonne- ment inconteflable. Lorfqu'on m'a engagé à donner mes foins au jeune Solier, M. Ernaud, ainfi que fon Ecrit le prouve, l'avoit eu chez lui pendant vingt-fept mois ; & il ne lui avoit appris à rien comprendre par l'ouie dans tout le cours de ce * Voy. more du temps * : cependant j'ai trouvé ce fujet, pour le moins, aufñt n° 11, à" Mém. N > A. Q: Et Ajx far les fard & capable de cette efpèce d'inftruétion que la jeune Élève dont muets; ci-defus j'ai fouvent parlé, & je n'ai pas tardé à le mettre en état de P°8° 233! diflinguer auriculairement plufieurs mots & plufieurs phrafes: c'eft ce que j'ai offert de juflifier devant f Académie, en lui préfentant le fujet même. Or, fi M. Ernaud avoit fu lui trouver cette capacité, certainement il n'auroit pas manqué d'en parler dans fon Ouvrage : on voit qu'au lieu de cela, il dit pofi- tivement n'avoir fait ufage du moyen d'aider Faudition des fourds & muets de naiffance, que fur le neveu de M. le Chevalier d'Arcy, & qu'il en donne même pour raifon que c'étoit. celui de fes Élèves qui s'étoit zouvé le plus heureufement difpofé * Vis. ci-defs du côté des organes de l'ouïe * ; ainfr il devient fenfible que. Pepe 0} quand même ce jeune homme auroit diftingué quelque chofe par l'oreille, il en auroit été redevable plutôt à la qualité de fa furdité qu'à l’habileté de fon Maitre, Pour mieux fentir encore la force de cet argument, il eft à oblerver que lorfqu'on confia le jeune Solier à M. Ernaud, celui-ci avoit déjà perdu le jeune Freinch; & que partant, DE s IStcrnE Ne zæts s27 fr effettivement il avoit aidé fon audition ; il étoit de fon intérêt de ne pas négliger de redonner fur le nouveau difciple les preuves (qu’il ne pouvoit plus faire voir fur le premier) d'une invention curieufe & utile, de laquelle, quoiqu'il avoue que M. de Fontenay lui a fait entrevoir la poffibilité, il ne montre pas moins avoir en vue de fe donner pour auteur. Si donc il ne l'a point fait, il eft vifible que ce n'a pu être que parce qu'il ignoroit la manière de sy prendre, & que cette manière, qu'il fuppole srés-fimple *, left bien moins qu'il ne fe left imaginé, guidé peut-être en cela par la facilité qu'il peut avoir trouvée à faire our & diftinguer quelques mots au jeune Freinch, fuppofé pourtant que réellement if les lui ait fait diftinguer ; chofe qui ne doit point être admile fans preuve. XXIV. Mais je vois qu'après toute cette difcuflion, on pourra n''objecter de m'être peut-être battu contre un vain phantôme que je me fuis moi-même formé, attendu que l'auteur du Mémoire ne s’eft dit nulle part auteur de cette découverte, au moins d'une manière politive, & qu'il eft poflible qu'il n'ait feulement pas fongé à fe faire pañfer pour tel. J'y réponds, que fi malgré tout cela je me fuis tant occupé de prouver ma propriété exclufive fur cet objet, c'eft que les expreflions de l’auteur du Mémoire, à cet égard, m'ont paru induire à lui attribuer mes droits en cette partie, XX V. Il me refte à prouver ( c'eft mon fecond point ) que jai eu de bonnes raifons pour prier l'Académie, le 7 Janvier 1761, de vouloir bien examinerd’état du jeune Solier avant que de me charger de fon inftruétion. Deux motifs me firent demander cet examen : le premier, que Le fujet qu'on m'engageoit d’inftruire avoit été plus de deux ans entre les mains de M. Ernaud, & qu'il étoit à craindre que cet Inftituteur ne {e fit illufion fur les effets de fon édu- cation, & ne prétendit y avoir fait au moins une partie de ce qu'il me laïfloit à faire: mon fecond motif étoit que les parens du jeune homme demeurant loin de Paris, & m'étant inconnus, il me parut convenable de tâcher de prévenir les * Vos, ci-deffus page Sur, col 2 de la note, * Voy, ci-deffus gage 2371 b Novembre 3762, 528 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE difficultés que pourroit occafionner entre nous l'ignorance où ils fe trouvoient du desré aétuel de Finfhruétion de leur enfant. XXVI. J'aurois eu tort d'importuner l'Académie par rap- port à ce dernier objet, qui pourtant étoit le principal, fr Javois pu préfumer toute la probité & toute la candeur que je trouverois dans la famille de mon Élève & a bonne har- monie qui régneroit entre nous. Ce bonheur, que ma recon- noiffance me fait un devoir de publier, mavoit bien été annoncé par des perfonnes refpeétables, dont je voyois la bonne foi, mais dont les liaifons intimes avec la famille du jeune homme & un empreflement exceffif à me charger de fon inftruétion, me faifoient craindre de a prévention dans les éloges qu'ils me faifoient de fes parens; éloges que j'ai re- connus depuis juftement mérités, mais qui n'en reflembloient pas moins à des exagérations, Quant à mes craintes fur la haute idée que M. Ernaud voudroit peut-être donner du fruit de fs foins fur M. Solier, elles n'étoient déjà que trop fondées fur les relations qu'il en avoit envoyées à fes parens, & dans lefquelles je ne puis m'empécher de dire qu'il n'étoit pas poffible de reconnoitre l'état de ce jeune homme. Du refte, M. Ernaud n'a pas tardé à me juflifier fur ce chef, & je n'ai beloin, pour le prouver, que de réclamer le témoignage de l’Académie elle-même. En eflet, quelle différence n'a-t-elle pas dû trouver entre ce qu'elle oblerva fur le jeune Solier, à la féance du 14 Janvier 1761, où il parut avec fon ancien Maître, & ce que celui-ci s'eft permis d'en dire à cette Compagnie, dans {on Mémoire, deux ou trois femaines après”! à la vérité on ne voit pas dans cet Ecrit un feul mot fur la prononciation de l'enfant, & cela eft bien digne de remarque; mais, à en croire l'auteur, ce fujet en fortant de fes mains, il y a près de deux ans, avoit déjà acquis entrautres chofes, routes les connoiffances. néceffaires pour fe procurer les beloins de la vie ( connoiflinces qu'il eft encore aujourd'hui P bien éloigné d'avoir), & favoit, ajoute-t-il, re parrie de l'Aflronomie vulgaire, DES SCIENCES), 529 vulgaire, qui doure la connoïffance des années , des mois , des femaines, des quantièmes, des heures © des minutes ; Aftro- nomie que M. Solier ignorera vraifemblablement toute fx vie & dont il n’a pas eu jufqu'ici la moindre notion. J'ai fulement eu à cœur de prouver que ce n'étoit point dans la vue de nuire à M. Ernaud, mais par un efprit d'équité, & pour conflater fes droits & les miens, que Je defirai , comme il dit le defirer lui-même, que l'Académie prit con- noiflance du degré d'inftruétion de fon Difciple, lorfqu'il me fut remis entre les mains. Si j'euffe négligé cette précaution, on auroit bien plus lieu de me foupçonner d'avoir en vue de m'approprier ce que fen Maitre lui avoit appris, ou plutôt tout ce qu'il prétend dans fon Écrit lui avoir enfeigné. XX VII. Je fens que j'aurois mieux fait, tant pour ma tranquillité que pour éviter à l’Académie toute importunité à cet égard, de me refufer conflamment à Jinftruction de ce fujet. J'avois bien pris d'abord ce parti, & ne m'en ferois jamais défiflé fr les circonflances n’euflent pas changé ; mais comme je n'avois eu d'autre motif dans mon refus que ma répugnance à nuire à M. Ernaud en lui enlevant fon difciple, je n'ai plus eu de raifon à alléguer, depuis que M. Solier père, fe fut déterminé à retirer fon fils des mains de fon premier Inftituteur. Alors on me protefti, de la manière {a plus forte, que le jeune homme alloit être renvoyé à la maifon paternelle fi je n'avois pas la complaifance, ou pour me fervir du propre terme qu'on m'a mille fois répété à ce fujet, la charité de vouloir linftruire, & dès ce moment je ne vis pas plus de raifon de perfifter dans mon refus, que n’en auroit un Médecin ui refuferoit fon fecours à un malade, parce qu'il auroit été vifité d’abord par un autre. XXVIH. Au furplus, pour rendre juflice à M. Ernaud & mieux prouver mes fentimens, je dois déclarer qu'il vint me voir à fon arrivée à Paris, avec le jeune Freinch qu'il avoit amené de Bordeaux : je trouvai que cet enfant prononçoit intelligiblement nombre de mots ; j'en fis compliment au Sav. étrang. Tome Y. SUR 539 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Maître, & je n'ai manqué dans aucune occafion de louer fon talent à tous ceux qui m'en ont parlé, même à plufieurs Membres de l'Académie. Enfin jai toujours dit, & je le répète encore aujourd'hui, que M. Ernaud mérite d'être encouragé ; ç'a été là le jugement de l'Académie, par elle-même ajouté au rapport du Mémoire qui m'attaque, & jadopte ce jugement *, J'ajouterai même fans peine, que f1 jamais le fage Miniftre qui préfide aux Sciences, fous un Monarque qui ne cefle de les protéger , trouve à propos de m'engager à rendre publique ma méthode, ation digne de la bienfaifance de Sa Majefté, & dont l'idée, autrefois conçue par M. le Duc de Chaulnes, eft demeurée juqu'ici fans effet , je ne croirai pouvoir être mieux fecondé dans la pratique de mon art, que par des fujets auf capables que M. Ernaud. * II eft conçu en ces termes : | cette Compagnie par festalens dans ce « Nous avons dit un mot au com- | le même genre. Sur les queftions « » méncement de ce Mémoire de | qui lui ont été faites, & eu égard « » l'Élève que M. d’Ernaud a pré- | au peu de temps qu’il a refté « » fenté depuis peu à l’Académie ; | entre les mains de M. d'Ernaud, « » ce fujet a pañfé depuis entre les | l’Académie a conclu que ce der- « » mains de M. Péreire, connu de | nier méritoit d’être encouragé, « DUE ss À S CINE NC ES $31 MÉMOIRE SO PT A ER OU Par M. MARCORELLE, Correfpondant de l’Académie. Pc Salicor eft une efpèce de kali ou de foude: il femble que les Anciens ne font connu que de nom; s'ils en ont aperçu les avantages, ils les ont du moins bien négligés, peu en parlent avec quelque détail : ils confondent fouvent le falicor avec le kali ou foude propre , avec le varec & autres plantes falées. Tout induit à croire que la culture de la plante du falicor eft moderne: on ne voit aucun ancien rôle de dixme & on ne trouve aucun vieux titre qui en faffent« mention. Le premier aéte public où il en eft parlé, eft de l'année 1 616; ce qui donne lieu de croire que c'eft à peu près à cette époque que doit être fixée l'origine de cette culture en Languedoc. La plante de falicor eft utile par le revenu qu'elle rapporte, précieule par fes ufages, curieufe par fes diverfes métamor- pholes, & agréable à la vue par la variété de fes couleurs & fa forme régulière; elle figureroit dans un parterre & y réufliroit très-bien, pourvu qu'on la mit dans la terre qu'elle exige, Elle eft connue en Latin fous le nom de Kaki majus cochleato femine. C. B. Tournef. Inft. p. 247. Safola (kaki). Linn. Spec. plant. vol. [, pag. 222, n.° 1: en Arabe, fous celui de kali: en François fous celui de /oude ; & en Languedoc & Rouffillon fous celui de fahcor. La graine eft roulée en fpirale comme la coquille d’un lima- çon, voilà pourquoi on l'appelle cochleatum femen. Lorfqu'on la déroule, elle reflemble à un petit ferpent de couleur verte, terminée par deux queues qui font le germe: elle eft couverte de trois enveloppes , la première eft tranfparente avant que d'être defléchée & eft plus déliée que la fine peau de l'oignon; X xx i) 2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la feconde eft obfcure, membraneufe & contient une humeur vifqueufe & falée entr'elle & ha troifième enveloppe , lorfque cette humeur vient à fe deffécher, elle fe colle fi fortement à la dernière enveloppe & à la graine, qu'on ne peut la dé- velopper fans la rompre ; la troifième enveloppe eft divifée en cinq feuilles taillées en forme de côte; elles font d'un jaune pâle où approchant d'un vert extrêmement clair, Dans la végétation, la graine fe développe; les deux queues percent les enveloppes, fe fichent dans la terre, tandis que ha tête poufle fes enveloppes au dehors & en eft couverte comme d'un bonnet: quelques jours après elle les rejette & life voir deux branches en forme de fourche; du milieu de ces deux branches il en fort deux autres égales, & la tige femble partagée en quatre : plufieurs autres paroiffent fuccef- > fivement ; ainfi dans quelques jours la plante reffemble à une petite aigrette, Elle s'élève pendant quelques mois à la hauteur de deux pieds ou deux pieds & demi; fa racine eft mince, unie, un peu oblique, couverte d’une peau obfcure longue d'environ fix pouces, percée par une moëlle douce au goût, & n'eft qu'un aflemblage de plufieurs petites fibres , qui fe termine par trois ou quatre barbes courtes, fines & déliées comme des cheveux. Ï part le long de la tige, à la diftance d’un pouce & demi ou de deux pouces, deux branches parallèles qui fortent de deux nœuds égaux & qui deviennent rougeitres ; ces branches fe fous-divifent dans leur longueur en plufieurs petits rameaux alternes articulés par des nœuds; chaque tige poufle dix à douze de ces branches, & vingt ou trente tiges fortent quel- quefois de la même racine : le tiflu peu folide des tiges & leur propre poids, font que quoiqu'elles fortent droites de la terre, elles ne confervent pas cette direction verticale, qu'elles font dégauchies de leur perpendiculaire à l'horizon & qu'elles lui font inclinées. Des nœuds, des tiges & des branches fortent les feuilles difpolées par paquets alternes plus ou moins écartés, fuivant DRE s.SAGUR EI NICE) 33 l'âge de la plante, & qui à l'extrémité des branches deviennent plus ferrées qu'à leur naiffance; les feuilles font à trois faces, plus larges vers la bafe & fe terminant en pointe : elles font rangées trois à trois le long des tiges, celle du milieu eft plus longue que les deux latérales ; elles font bordées par le bas d'une petite membrane pellucide très-déliée, large d’une ligne, & qui fe termine en diminuant infenfiblement vers la qua- trième partie de la feuille; elles font d’un vert cendré, ce qui vient d'une continuité de points blancs que l'on difcerne à Yaide du microfcope; & lorfqu'on les reoarde à travers le jour elles paroiffent féparées par quatre raies blanches & tranfpa- rentes; elles font charnues, fpongieufes & remplies d'eau, n'ayant qu'un petit nerf blanc auffi fin qu'un cheveu & caffant. Il eft facile de les écrafer dans les doigts quand elles font vertes, mais elles acquièrent plus de confiftance à mefure qu'elles approchent de la maturité: l'eau qui en fort, lorfqu'on les preffe, n'a aucune mauvaife odeur : on pourroit s’en fervir en guile de fel ; les feuilles même ne font pas défagréables au goût. Les gens de la campagne en mangent avec du pain. Vers la fin du mois d'Avril ou le commencement du mois de Mai, on voit fortir des aiffelles des feuilles une, deux, trois & plufieurs leurs, qui font petites & fort peu apparentes : chacune d'elles eft compolée d'un calice à cinq feuilles ovales, d'abord vertes & enfuite Jaunes ou rouges, qui ne tombent point après la fleuraifon; elles renferment cinq étamines, dont les filamens très-petits font furchargés chacun d’une anthère, qui a fa figure d’une flèche de couleur jaune, & poudrée d’une pouffière de la même couleur: le germe , prefque de figure ronde, eft placé au milieu & furmonté de deux fliles très-déliés, terminés par un fligmate un peu recourbé : la caplule eft de même figure que te gerine, mais plus groffe & enveloppée exacte- ment par le calice ; elle n’a qu'une loge, dans laquelle fe trouve enfermée une feule graine , extérieurement noire & tournée en fpirale : cette defcription de la fleur du falicor fait affez comprendre que cette plante eft fans pétales. M. de Tournefort en à fait un genre quil a mis dans la fixième clafle de {es Xxx üj 34 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Élémens de Botanique, qui comprend les plantes rofacées ; mais comme celle du falicor a une fleur à étamines dénuée de pétales, fon genre doit être mis dans la quinzième claffe des mêmes Élémens, qui comprend toutes les fleurs à étamines. Si l'on veut anatomifer la plante, on trouve d'abord la tige couverte d'une première enveloppe, qui eft une membrane très-déliée, enfuite une feconde enveloppe qui eft plus épaifle & qui n’eft qu'un tiflu de fils collés fur le bois: en divifant le bois en deux, on voit qu'il renferme une moelle dans laquelle on aperçoit des réfervoirs remplis d'une eau falée; cette moelle fe sèche à mefure qu'elle mûrit : à chaque nœud l'écorce, la moelle & le bois fe divifent exaétement en croix. La plante de falicor, dont on vient de donner la defcription, ne croit que fur les bords de la Méditerranée ; il n'y a mème que des terres imprégnées de certains fels qui puiflent la produire : celles qui font trop falées*, qu'on appelle /alubre blanc, celles qui font tout-à-fait douces & limonneufes, ne font pas propres au filicor ; les unes trop calcaires dévorent la femence, les autres trop foibles ne renferment pas dans leur fein une aflez grande abondance de fels, il faut des terres fortes & fufhfamment falées, telles, par exemple, que celles autrefois occupées par la mer & attéries enfuite, au moyen du limon & des fables qui y ont été jetés par les vagues de la mer & les vents du midi, ft fréquens & fi impétueux fur les côtes du Languedoc, & les terres où des marais, des lacs & des étangs falés fe font defléchés & qui ont été couvertes de fable, de limon & de divers engrais entraînés par le débordement des ruifleaux ou des rivières qui vont fe dégorger de ce côté-là. Ces terres de dépôt font formées de différentesterres détruites & difloutes par les pluies, & par elles entraînées dans les * Les gens voifins de ces terres en mettent dans un vaifleau de cuivre, où ils verfent une certaine quantité d’eau, & font bouillir le tout fur le feu: au moyen de cette opération ils tirent de ces terres du fel marin qui fert à leur ufage. hi à en na DE s :SICHENCETS 535 ruifleaux & les rivières, qui, groffiflant en les recevant, fortent de leurs lits, débordent dans les plaines, y dépofent pèle- mêle les diflolutions & comblent fucceffivement les endroits creux & enfoncés. Il fuit de-là que ces terres dépofées font un amas, un compolé de diverfes matières mêlées enfemble; comme de fable, de limon, des foffiles, d'argile, des molécules de parties animales & de parties végétales, & qu'elles tiennent plus où moins de la nature & de la qualité des unes & des autres de ces matières, félon les différentes proportions dans lefquelles font faits leurs mélanges : elles doivent auffr parti- ciper néceflairement de la falure du fond fur lequel elles font arrêtées & être plus ou moins falées, felon que le fond left plus ou moins, qu'elles s'imbibent plus ou moins des fels dont il eft imprégné, & fuivant encore la qualité des matières dont elles font compofces, la durée des temps pendant lef quels les eaux fubmergent les attériflemens par le plus ou le moins que ces eaux font bouiBeufes ou claires, qu'elles pé- nètrent plus ou moins le fond, & qu'elles diflolvent plus ou moins les {els dont il eft chargé. Les différens degrés de falure de ces terres de dépôt ont donné lieu de les divifer en trois claffes: dans la première on range les moins falées, qui font deftinées, à caufe de leur fertilité, au blé & au falicor: dans la feconde, on met celles qui font un peu plus falées & propres uniquement au falicor ; le blé y pcrit: on place dans la troifième les terres les plus imprégnées des fels ; ces dernières font infertiles, leur furface eft unie, polie, rafe; il n’y croît aucune plante, rien n'y véoète: outre les productions & le goût qui font diftinguer ces terres, on les reconnoît encore à d’autres caraétères extérieurs, fenfibles & vifibles. Pour cette connoiffance , une phyfique groffière , à ortée des cultivateurs, fufhit, & peut-être en eft-elle par-là plus précieufe & plus füre. Quand la féchereffe fuccède à une pluie, à une inondation, la furface des terres à blé eft de couleur grile, celle des terres à falicor de couleur blanche, & celle des terres ftériles eft comme faupoudrée d'une couche de mafles falines; les fentes ou gerçures des premières font plus « 526 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE grandes que celles des fécondes: les terres infertiles ne gercent point, ou gercent bien peu. Lorfque ces terres font {égèrement pénétrées par un brouillard & un temps humide, la furface des terres à blé perd un peu de fa couleur grife; celle des terres à falicor, de blanche devient brune, & les flériles le font comme fr elles euflent été pénétrées par une grande pluie: en marchant fur les premières on n’y laïffe point de traces, ou on n’y en laifle que de bien légères ; les fecondes reçoivent fenfiblement l'impreflion des pieds, & les ftériles donnent un peu de boue. Si au contraire les unes & les autres font péné- trées par de grandes pluies & pleinement imbibées, on s'enfonce plus avant dans les terres à blé que dans celles à falicor, & dans ces dernières plus que dans les terres infertiles : ces variétés & ces différences proviennent fans doute du plus ou moins de diffolution des fels qui fe fait dans ces terres. Cependant le falicor demande un terrain plus gras & plus humide à la fuperficie que Ê froment: il naît dans les bas- fonds, où périroit le froment par un certain degré d'humidité : auffi dans quelques cantons de terres fujets à être inondés par jes pluies, par quelque rivière, on sème tout enfemble du froment & du falicor : fi l'hiver eft fec, le falicor n'ayant pas une humidité fuffifante, eft furmonté & étouffé par le blé: fi au contraire le temps eft pluvieux jufqu'à un certain point, Ja racine du blé pourrit, & le falicor fe fortifiant l'emporte fur le froment, qui n'eût été d'aucun revenu. Par-1à une moiffon- eft toujours aflurée : quelquefois, mais rarement, le blé & le falicor, femés enfemble dans une même terre, réufliffent, pourvu qu'après la récolte du blé, qui fe fait deux mois avant celle du falicor, il furvienne des pluies qui favo- rifent l'accroïffiement de cette plante. Sans ce fecours elle refte petite, fe sèche & périt. Les terres propres au falicor, foumifes à la plus violente action du feu de nos fourneaux , fe font calcinées fans fe vi- trifier ; elles ont été dans leurs différentes parties de diverfes couleurs, grifes, jaunes, rouffes, brunes, ce qui vient fans doute de la différente qualité des matières dont elles font compofées & de DES SCrENCES. 537 & dela différente manière que le feu exerce fon aëtion fur elles. Il n'a pas été poflible de les faire diffoudre dans eau après leur cuite, quelque temps qu'on les y ait tenues fubmer- gées. De l'eau répandue fur ces terres à falieor y excite un petit trémouffement ; des acides, tels que le vinaigre, le jus de citron, l'efprit de nitre, verfés par égale quantité fur des quantités égales de ces terres, y ont produit une effervefcence : celles caufées par le vinaigfe & le jus de citron ont été à peu-près les mêmes ; mais l’effervefcence la plus fubite, la plus vive, la plus forte & la plus longue, a été celle excitée par l'efprit de nitre, elle a étéaccompagnée en même tenps d’une ébullition fi confidérable que la terre foumife à cette épreuve a été couverte fur le champ d’une écume épaifle qui s'eft élevée aflez haut & d’où eft forti aflez de fumée : ces effets font encore plus fenfibles, lorfque les mêmes acides font verfés fur des terres de la même qualité qui ont été calcinées. Le falicor ne croit pas fans culture dans les terres qui lui font deftinées, comme quelques-uns l'ont cru; il exige, pour qu'on puifle en retirer un certain profit, autant de foins & de travail que les grains néceffaires à la vie. La culture de ces terres eft à peu-près la même que celle des autres: pen- dant l'année de jachère on les faboure trois & quatre fois ; plus on multiplie les labours, & plus on les rend fertiles, parce qu'on les réduit en molécules plus petites & qu'on les met plus en état de fournir à la plante des fucs nourriciers, On à l'attention pourtant de ne-les labourer que fuperficiel lement, fans doute pour ne point retourner le fond & amener à fa furface une trop grande quantité de fels dont il eft im- prégné, qui détruiroient les plantes : on obferve encore de tracer les fillons à une plus grande diflance les uns des autres que ne le font ceux des terres à blé, Par cette forme de labour à filons larges & fuperficiels, la furface de ces champs eft plus grande & offre aux pluies qui y tombent ou qui coulent deflus plus de voies pour y pénétrer & fe raffafier d’une plus grande diflolution de fels que l'écoulement emporte: de cette manière, on parvient tôt où tard à deffaler ces terres & à les Sav. étrang. Tome V’, Te US 538 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE rendre plus propres pour le blé. Néanmoins, lorfque dans une certaine étendue on trouve quelquefois des terres des trois claffes dont il a été parlé, des terres à blé, des terres à falicor & des terres infertiles, on les laboure toutes enfemble, & on y fait un libour uniforme, continu & fuivi, pour ne pas ralentir le libourage. Comme le falicor vient à maturité plus tard que le grain & qu'il eft moins précieux , on ne fait le premier labour aux terres qui lui font deftinées qu'après le premier labour des terres à grain: on fuit la même méthode pour tous les autres labours. Les mêmes raifons déterminent à ne faire es femailles du falicor qu'après celles du blé. Les mois de Février & de Mars font les plus propres pour femer la graine de cette plante ; on le peut encore, dans certaines terres, en Avril & Mai, pourvu que dans ce temps-là les pluies foient légères & fré- quentes. On jette la graine de falicor fur la terre, à 1 volée, de la même manière qu'on répand les blés. Pour enfemencer une étendue à peu-près de cinq cents toifes quarrées , il faut environ trois pieds cubes de graine: dès qu'on l'a répandue , on la couvre en paflant la herfe fur la terre enfemencée : comme cette terre eft plus falée, elle en eft plus meuble, & cette opération eft fufhfante pour éparpiller légèrement la terre fur la graine, d'autant plus que la forme des fillons, plus diflans entr'eux qu'ils ne le font dans les autres terres, fait que leurs crêtes fe renverfent dans l’entre - deux, & que la plus légère caufe , les pluies, l'humidité, les vents, fuflit pour procurer le roulis des molécules de ces terres & leur faire recouvrir la femence : fi on la couvroit par un labour avec le foc de la charrue, ainfi que cela fe pratique dans les terres à blé, le germe de la plante de falicor eft fi délicat & fi difficile à fe développer, qu'il feroit fuffoqué par un trop grand poids : on unit enfuite le terrain & on brife les mottes; fi le foible germe en rencontroit quelqu'une, il ne pourroit la percer & périroit deffous. Quinze jours après les femailles, on voit la plante germer & croître sil n'y arrive point d'accident : le temps trop humide DNE s° BCE /N CES 539 ou trop fec lui eft également contraire ; dans le premier cas elle pourrit ; dans le fecond cas, elle ne peut pas pomper les fels dont elle fe nourrit, & le germe refle alors trois ou quatre mois, quelquefois un an dans la terre fans y pourrir, à caufe de la force de fon enveloppe; elle fert, ainfr que fon goût falé, à le préferver pendant ce temps-là des infcétes & des oifeaux : il n’y a que les pigeons qui s'en accommodent. Pour que le filicor rapporte un revenu fufffant, il faut qu'il foit d'une certaine grandeur, qu'il sélève à Ja hauteur d'environ deux pieds & demi; sil refte foible, languiflant & peu élevé, on emploie plus de temps à arracher, ce qui augmente les frais de la récolte; on n'en a pas une fi grande quantité & il produit moins. Un moyen propre à favorifer l'accroiflement & le produit de cette plante, eft de la farcler & d'arracher toutes les herbes parafites; par ce travail, qu'on fait au mois de Mai, & que la largeur & la diflance des fillons facilite, on brife entièrement les mottes & on divife telle- ment les molécules de la terre, qu'elles laïffent entr'elles une infinité de petits efpaces dans lefquels les racines peuvent s'infmuer, de manière que touchant immédiatement ces mo- lécules elles en pompent les fucs nourriciers. On objecteroit inutilement que le farcloir doit rompre les racines, puifqu'une partie de ces racines font feulement changées de place & portées dans une terre nouvelle, & que celles qui font rompues ne le font que par une extrémité, ce qui leur fait produire un plus grand nombre de nouvelles racines plus propres que les anciennes à tirer de la terre la nourriture du falicor ; auffi remarque-t-on que le falicor qui a été fardé eft d'un plus grand produit que celui qui ne fa pas été: cette obfervation favorife le fentiment de M. Tulh & du Hamel, fur l'avantage qu'il y a à labou- rer, à travailler & à cultiver les plantes annuelles pendant qu'elles végètent, comme on laboure, on travaille & on cultive les plantes vivaces. Après la farclure, on ne fait plus d'autre travail durant Ja végétation du faicor : celui cultivé dans nos champs offre des variétés qu'on n'aperçoit qu'un certain temps après fa naiffance ; Yyy à s4o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE quelquefois il eft d’un jaune-æillet, jette une tige plus longue, plus robufte & fait moins de branches; d’autres fois la membrane qui couvre fa tige eft d'un rouge pourpre, fes feuilles d'un vert plus foncé; il ne monte pas auffi haut, jette une plus grande quantité de tiges & de branches; il eft plus gras & plus aqueux : le falicor eft dans fa, parfaite maturité lorfqu’il eft tout-à-fait jaune ou tout-à-fait rouge & qu'il commence à fécher, ce qui arrive à la fin du mois de Juillet ou au com- mencement du mois d'Août. On préfère le falicor jaune au rouge , parce qu'il contient fans doute plus de {el aikali, la couleur jaune dénotant aflez fouvent l'alkali, & la couleur rouge l'acide. Pour retirer les fels qui pourroient être contenus dans la plante du falicor, connoitre leur qualité & leur nature, & dé- couvrir s'ils réfidoient en plus grande quantité dans le fuc que dans la partie ligneufe, je fis ramaffer au commencement du mois de Juin 1764, vingt livres de kalï; je fis piler en- fuite dans un mortier cette plante jufqu'à confiftance de pâte & je l’exprimai fortement : après l'expreffion, j'eus quinzelivres une once de fuc ou d’une liqueur épaifle verdâtre, d'un goût très-falé, & quatre livres dix onces de marc ou partie ligneufe. Ayant pris d'abord ce fuc ou cette liqueur, je tâchai, en fuivant la méthode de M. Boulduc, de détruire, autant qu'il me fut poflble, la partie colorante par le moyen de la chaux; je la fis enfuite évaporer à feu fent jufqu'à la diminution de la moitié, & je l'expofai pendant quelque temps dans un lieu frais: après plufieurs évaporations réitérées, j'obtins cinq onces deux gros de fel en criftaux, dont les uns étoient trop petits pour en déterminer la figure, & les autres avoient une forme cubique. Ils ont perdu infenfiblement de leur régularité à mefure qu'ils ont été expofés à l'air & font tombés, en partie, en efflorefcence ou en poudre. Il eft à obferver que pendant le temps de ces expériences il fouffla un vent du fud-eft aflez violent & fort humide. Le fel extrait de ce fuc avoit quelque rapport avec le fel de Glauber: l'examen que j'en fis, & fon goût, me firent aifément DE S:; SdGLNELNUNCEEUS s41 connoître qu'il contenoit beaucoup de fel marin. En effet, ayant mis fur fe charbon alumé des criftaux cubiques, ils décrépitèrent au feu fans s'y enflammer ; & en ayant fait fondre d'autres dans de l'eau & verfé cette diffolution fur une diflo- lution d'argent dans l'efprit de nitre, il s’y fit un caillé blanc, lequel, amaflé & expolé au feu, fe changea en argent corné tranfparent. Le même fel extrait du fuc, contenoit encore la bafe du fel marin, qui eft V'alkali de la foude, puifque la fufion du vinaigre y excita une effervefcence fenfible *. Après ces expériences fur le fuc du kali, j'en fis fur le marc de cette plante; je le fis brûler dans un pot de grès à petit feu & le vaiffeau couvert, il s'y convertit en charbon, que je calcinai à feu ouvert pour le réduire en cendres; je fis enfuite la leflive de ces cendres: avant de l’évaporer pour en retirer les fels qu’elle pourroit contenir, je la mélai avec le firop violat & elle le verdit ; je la paffai enfuite à traversun filtre, & je la fis évaporer jufqu’à la diminution de la moitié : ayant réitéré ces évaporations prefque jufqu'à ficcité, je retirai de ce marc trois onces cinq gros de {el en criftaux de figure cubique ; il étoit plus blanc que celui qu'avoit donné le fuc, mais il étoit de la même nature, produifit les mêmes effets & caufa la même effervefcence aux acides: la feule différence qu'on remarquoit étoit que les maffes en étoient plus groffes Æ& d'un goût plus amer. Les mêmes expériences, faites fur la graine de la plante du falicor, ont produit les mêmes fels & donné à peu-près les mêmes réfultats. * Des expériences à peu- près Lorfque je fis au mois de Juin: 764, femblables, faites par M. Montet, , les expériences rapportées dans ce de la Société royale des Sciences de Montpellier , font voir également que le fuc du kali contient du fel marin & une grande quantité d’al- kali de la foude, & qu'on retrouve, après la combuftion & la calcination de cette plante, dans la matière qui en provient & qui eft connue fous le nom de falicor, ces mêmes fels qui ne font nullement décompolés, Mémoire, je havois aucune con- noiflance de celles de M. Montet, inférées dans le Volume de l’Aca- démie Royale des Sciences , pour l’année 1762, qui ne parut qu’à la fin de l’année 1764 ou au commen- cement de celle de 1765 , & quine parvint en Province qu’au mois d'Avril de cette dernière année, Yyy ü 542 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Au mois d'Août, où le falicor eft dans fa parfaite maturité, on l'arrache & on le laiffe étendu fur le fol jufqu'à ce que celles des plantes qui n’étoient pas affez müres aient acquis le degré de maturité néceffaire; alors on tranfporte toutes ces plantes au lieu deftiné à les brüler : à on en détache la graine avec des fléaux & l'on met l'herbe en gerbier, auquel on donne la forme d’un parallélipipède. On pratique enfuite près du gerbier, dans un terrain ferme, un creux rond , dont le diamètre & la profondeur doivent être proportionnés à la quantité du falicor qu'on veut y brüler. On fait les creux plus ou moins grands, felon qu'on doit y brüler plus ou moins de falicor & qu'on veut que la pierre qui provient de la cuite foit d'un poids plus ou moins grand: par exemple, pour cent quintaux de pierre de falicor, pour lefquels il faut deux mille cinq cents quintaux d'herbe, on fait un fourneau de quatre-vingt-un pouces de diamètre fur trente-fix pouces de profondeur: les brûleurs, pour hâter la cuite, donnent quelquefois, fi le propriétaire n'a l'œil à Ja befogne, plus de diamètre qu'il ne faut à la fournaife. II réfute de-là que le falicor n'eft pas bien préparé & qu'il m'acquiert pas la confiflince & la dureté néceflaires. On commence par échauffer la fournaife avec des fagots de menu bois, puis avec une fourche de fer ou de bois, on y jette l'herbe de faficor qu'on prend du gerbier :. elle s'enflamme à l'inftant; on continue ainfi, à mefure qu'elle fe confume, d'en jeter des couches pendant trois où quatre heures , après lefquelles on unit les cendres enflimmées avec un rateau: alors des gens armés de grands pilons de bois vert, d'environ quatre pieds de longueur, pêtriflent le falicor en fufion & le preflent en tournant autour du fourneau, jufqu'à ce qu'il prenne quelque confiftance ; ils retirent leur pal enflammé & l'éteignent dans la terre: on remet de l'herbe de la même manière que ci-devant, qui eft repêtrie de quatre en quatre heures , jufqu'à une entière combuftion, & ainfi couche par couche on jette la plante de falicor dans le fourneau juf- qu'à ce qu'il foit à peu-près rempli. Au moyen de ces opé- BDILE. SN HSACUMENN elE1S 43 rations, tous les principes de là plante font défunis par le feu & s'envolent, excepté fa terre & fon fel fixe: la terre grafle fuit aufli la même impreffion de mouvement, fe fépare du mixte comme les autres principes & ne laifle après elle que la terre & le fel alkali contenu dans les cendres ; ces parties s’uniflent & s’accrochent tellement les unes aux autres, qu'il s’en fait, à mefure qu'elles refroidiffent, une pierre fort dure, une efpèce de roc, Si la cuite du falicor fe fait le jour, on n'aperçoit de loin qu'une elpèce de fumée, & de près cette herbe brülée paroît une pâte noire ; fi la cuite fe fait de nuit, les fournaifes femblent de loin autant d'étoiles difperfées dans la campagne, & de près on voit avec furprife dans la fournaife un feu liquide comme du bronze fondu, mais plus obfcur & qui femble pouvoir être jeté au moule. Les ouvriers employés à ce travail ont le vifage d’une couleur foufrée. Dès que toute l'herbe eft confumée , incinérée & réduite en pâte, on fait, avec la pointe d’une perche, un trou vers le milieu de cette pâte, & on la laiffe refroidir pendant deux fois vingt-quatre heures ; durant cet intervalle elle refte expofe à l'air libre, à moins qu'on ne craigne la pluie : dans ce cas, on la couvre en bâtiffant autour du fourneau un couvert, au moyen de quelques branches d'arbres qui foutiennent une couche de terre, fur laquelle on jette de la paille; fi on a négligé cette précaution, & que la pâte foit furprife par les eaux, on les fait écouler en pratiquant quelques petits canaux autour de la fournaife: cette pâte, pendant les quarante-huit heures de fon refroidiffement , fe convertit en pierre noire; on met enfuite dans le trou, fait au milieu de cette pierre avec la pointe de la perche, un coin de fer qu'on enfonce avec une mafle; par-là on divife en parties la pierre qui ne faifoit auparavant qu'un tout, & qu'il eût été, dans cet état, très-diffcile d'enlever & de tranfporter: on abat auffi les côtés du fourneau en creufant lout autour, afin de la retirer commodément par pièces, quelquefois de cinquante, quarante, wente, vingt livres, mais plus ordinairement de douze, dix, 544 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE huit & cinq livres: celles qui font d'un plus petit poids ne font paint recherchées & leur prix en eft moitié moindre; ce n'eft pas qu'elles foient d’une qualité inférieure aux autres, puifqu’elles font des éclats d’une mafe qui a été toute en fonte où en liquéfaétion dans un feul & même fourneau ; mais comme elles fe réduifent plus facilement en pouflière, qu’elles déchettent davantage , qu'elles ne fe confervent pas fi bien ni fi longtemps, & qu'il eft de l'intérêt de l'acheteur de fe les procurer au meilleur marché qu'il le peut, il ne veut s'en charger qu'autant qu'on les lui cède à un bas prix. On dépofe la pierre de falicor nouvellement tirée du fourneau dans un lieu fec, fur des farmens de vigne ou fur de la paille, afin que l'humidité de fa terre ne la ramollifie pas. Le falicor demeure en cet état jufqu'au temps de la vente, qui commence à la fin de Septembre où au commencement d'Oétobre: l'intérêt du propriétaire eft de la preffer, afin que les déchets qu'effuie la pierre de falicor ne foient pas à fa charge : chaque année il fe forme fur la furface de cette pierre une nouvelle croûte qui fe réduit en pouffière. On vend ordinai- rement le falicor fur les lieux ; quelquefois on en envoie à Marfeille, d'où il pafle à l'Etranger. Voici à peu-près le revenu qu'il donne: un arpent de terre * enfemencé peut produire, communément chaque année, vingt-cinq quintaux d'herbe, qui ne rendent qu'un quintal de pierre, lequel vendu à neuf livres, diftraétion faite du tiers pour les ouvrages & les impo- fitions, donne fix livres quittes. Ce produit peut être plus ou moins grand, felon que le falicor fe vend plus où moins; il eft des années où il a été vendu jufqu'a douze ou quinze Jivres le quintal: on en recueille dans la partie du diocèfe de Narbonne, où on le cultive, de douze à quinze mille quintaux. On retire encore un certain profit des cendres qui font reftées au fond ou fur les bords du fourneau, & de la graine, dont le fac fe vend trente fous. Le produit du falicor, dans le feul diocèfe de Narbonne ,eft actuellement, année commune, * L'arpent de terre ou la fétérée, contient environ 280 ou 300 toifes; cette mefure varie. un DE S,, SC 1E Ni C ES $45: un objet à peu-près de quatre-vingts mille livres : autrefois, & en 1734, il n'étoit dans l'entière province du Languedoc, fuivant les Mémoires de M. Bafville, que de cinquante mille livres: l'augmentation vient fans doute de celle du prix des denrées & des nouveaux attérifflemens * dans lefquels on cultive du falicor. Pour que la pierre de falicor foit réputée de benne qualité, il faut qu'elle foit unie, sèche, tintante, caflante , d'un goût falé, d'un bleu très-foncé & approchant du noir: l'avidité a porté quelquefois à la falfifier, en la mélant avec la pierre faite de fa plante connue fous le nom de ka fpinofum cochleatum, & dans le pays fous celui de /zffovie. Comme par ce mélange, le vrai falicor diminue de bonté, on ne fauroit prendre affez de précaution pour l'empêcher: la bonne foi, l'intérèt du commerce & celui des particuliers qui cultivent le falicor, exigent qu'on lui conferve la réputation dont il jouit. Je n'entreprendrai point d'expliquer ici les ufages auxquels le falicor peut être employé & les divers avantages qu'on en peut retirer: outre que ce détail me mèneroit trop loin, if froit en quelque forte étranger à mon Mémoire. Je me bor- nerai à dire qu'on emploie à la verrerie, à la favonnerie, à la blanchifierie, qu'on en retire du fel de verre utile aux Fayenciers, aux Vernifleurs de terre, aux Emailleurs, aux * Rien n’eft plus certain que les | vient qu’on y voit des étangs deffe- attériflemens fur les côtes du Lan- | chés & attéris, qu’on y en voit guedoc ; l'infpeétion des lieux fuffit pour en convaincre; ils font formés au moyen du fable, du limon des terres détruites par les ruifleaux & les rivières (fur-tout lorfqu’elles débordent) , qui les entraînent dans la mer, où elles fe dégorgent: ces matières, rejetées enfuite par les vagues & le vent du midi fur les côtes, s’y attachent peu à peu, y comblent fucceffivement les endroits creux & enfoncés, & y produifent infenfiblement ces accroiffemens, qui les ont déjà fi fort étendues & qui les étendent journellement : de-Jà Jay, éirang, Tome V, d’autres qui faifoient autrefois partie de la mer, & qui en font aujourd’hui féparés par un banc de fable. De-là vient encore qu'on y trouve des lieux qui étoient jadis fitués près de la mer ou fur fes bords, & qui en font actuellement éloignés : de-là vient auffi qu'il eft difficile de former de bons ports fur les côtes du Langue- doc, que plufieurs de ceux qui y avoient été formés fe font comblés ; & que pour conferver ceux qui ÿ exiftent, il faut avoir une attention fingulière à les nettoyer & à les creufer chaque année. Lo ZzE 546 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Lapidaires, à ceux qui imitent les pierres précieufes, qu'on s’en fert aufli pour la teinture, la peinture , & qu'on entire quelque peu de bleu femblable au bleu de Prufle. Si le falicor eft d'une fr grande utilité pour des Arts im- portans, il l'eft encore pour la Médecine; il donne le fe! alkali; on en fait des pierres à cautère & divers favons pour deffécher les plaies : la décoction de fes feuilles eft purgative, apéritive, diurétique, utile dans les maladies d’embarras & d'obftruc- tions caufées par l'épaifliflement des liqueurs & la diminution du reflort des folides : fes cendres, indépendamment de ce qu’elles font un excellent engrais, mêlées avec de l’eau, font em- ployées utilement pour les daitres & autres démangeaifons de la peau; elles fervent dans les leflives à décraffer le linge; les Blanchifeufes & les Dégraiffeurs d'habits ne fauroient s'en pañer. La propriété qu'a le fel qu'elles renferment, de s'unir avec l'huile pour en faire un favon, rend raifon de leurs effets. La graine eft très-utile aux beftiaux pendant l'hiver; les bœufs & les brebis en font avides à caufe de la falure ; elle leur donne de l'appétit & conferve leur fanté, Enfin, la plante de falicor peut être employée à beaucoup d'ufages qui la rendent préférable à toutes fortes de foudes & de cendres; elle mérite de fixer l'attention du Gouvernement, fur-tout de ceux qui font à la tête de la province du Languedoc, où elle croît, où on la cultive, & où on en fait un commerce affez confidérable, Quoique le falicor, envifagé fous un certain point de vue, ne foit qu'une efpèce de kali ou de foude, if faut cependant le diftinguer foigneufement d’une autre plante qui croît fans culture fur nos bords, appelée vulgairement foude ; c'eft le Kali geniculaum majus. C. B. Salcornia articulis apice craffio- ribus, Linn. H y en a de deux efpèces, l'une eft le Jalicornia annua, Yautre eft le falicornia femper virens. La foude eft vivace, jette de longues branches droites & parallèles, compofées de plufieurs tuyaux qui fmblent fortir les uns des autres; les tiges fort plus sèches, toutes articulées & deviennent, avec k temps, comme ligneufes : leur couleur eft d'un vert plus DNE 57 SICHHENN. CÆNS chir & leur goût moins agréable & moins falé: Les feuilles rondes ne font pas ramaflées en aigrettes, elles font moins caffantes & tiennent à la tige par un nerf folide & blanc. La différence qui fe trouve dans la fleur eft encore plus mar- quée: le calice forme quatre angles, il eft tronqué & un peu renflé; il ne renferme qu'une feule étamine, dont l’anthère eft ronde; le germe eft de figure ovale, le flile fimple & le fligmate court & partagé en deux: la graine, qui neft point tournée en fpirale, n'a pas de capfule propre , c’eft le calice qui la renferme. La pierre qui rélulte de la foude, eft d’un ris-bleu cendré, percée par une infinité de trous en forme d'œil de perdrix, facile à brifer; elle a plus de croûte & fe conferve moins. Au moyen de ces différences, on ne rifque point de confondre la plante du falicor & la pierre qui en provient avec la plante de foude & la pierre qu'on en tire. La foude d’Alicante en Efpagne paffe pour la meilleure efpèce: on peut lire dans les Mémoires de l'Académie pour Yannée 1717, l'hifloire de cette plante qu'en a donnée un de M.5 de Juffieu, qui ont fi fort contribué à aider, à hâter, à perfectionner le progrès de la Botanique & à en reculer les limites. Après la foude d'Alicante vient celle de Cartagènes elle n’eft pas fi bleue, a plus de croûte & les trous en font plus petits. I! y a encore une foude , appelée foude de Bourde, ui eft d’une très-mauvaife qualité; elle ne fert qu'à mélanger la véritable : elle eft humide, noirâtre, parfemée de taches vertes & d’une mauvaife odeur. On fait en Normandie une foude, appelée varec, inférieure encore à la bourde; elle tache le linge & caufe de grands dommages aux blanchifieufes qui l'emploient dans leurs leffives. Ce n'eft pas feulement de ces diverfes plantes qu'en retire la pierre de falicor; les Égyptiens en retirent du Mefembrian- themum fois alernis reretiufculis obtufis, ciliatis. Linn. les Anglois, de la falfola, Linn. les Italiens & les Suédois, de fa Jalicornia articulis apice craffioribus obtufis. Linn. & les Efpagnols, du chenopodium foliis linearibus , terretibus carnofis caule fruti- cofo. Linn, Zizziÿ 548 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Indépendamment des plantes dont je viens de parler, ïl n'eft pas douteux qu'on n'en trouve fur nos bords quantité d'autres qui font falées & qui feroient le même eflet : en général elles donnent une grande quantité de {el alkali; & peut-être qu'en les analyfant, on trouveroit que certaines contiennent des fels d’une autre efpèce. À combien de décou- vertes ces analyfes ne pourroient-elles pas donner lieu ! pour- quoi donc aller chercher chez l'Etranger des richefles que nous foulons aux pieds! l'attention à découvrir les préfens de la Nature, à les faire valoir, fert à les doubler. Cependant toutes les plantes qui fourniflent beaucoup de fel alkali ne feroient pas également propres à faire de bonne foude: l'effen- tiel eft d'étudier leurs vertus, de découvrir leurs propriétés & de connoître les ufages auxquels chacune d'elles eft propre : cette étude ne peut pas manquer de procurer des avantages d'un grand prix, mais elle doit principalement avoir en vue les plantes de notre pays; elies valent fouvent autant que les étrangères, & nous fommes aflurés de les avoir toujours & plus commodément : leur malheur, ou plutôt le nôtre, vient peut-être de ce qu'elles font communes, qu'elles haiffent fur nos bords & qu'elles croiflent dans nos champs. DE ss SCrEN'cUE's 549 EXTRAIT DES OBSERVATIONS Faies à Rouen le 12 Juillet 1757, au matin. Par M. PINGRÉ & Bouin. Temps de la Pend, | Temps vrai, Immerfion de 8 des Pleyades, la 1.*°...|2# S2036 41221 30" LaldenxiEnE Eee M LMI 3 00. 32 |2. 39.262 Émerfion un peu douteufe de la 2.....13. 36. 37 3e 15: 31% Praedion de la 2" 0. 00 …../3. 45. S1:/3. 24. 452 Immerfion de » du Taureau........ 6: $3- 27216: 32. 19£ Émerfon de « ou d'A/debaran. . ...... s. 11. $O |7. 50.41 On ne peut répondre , quant à Fémerfion d’Adebaran, d'autre chofe, finon que c’eft la première fois qu’on l'a aperçu depuis fa fortie du difque. IMMERSION D'ALDEBARAN SOUS LE DISQUE ÉCLAIRÉ DE LA LUNE, Obférvée à Paris le 12 Juillet 1757, au matin. Par M. LE MONNIER. 6h 38 20"+ l'Étoile m'a paru, avec la lunette de a pieds, entamer le difque éclairé de la Lune, malgré Île grand jour & le peu de lumière de cette planète, qui étoit au dernier octant. Aldebaran a difparu après quelques fecondes, en un inftant, s'étant alongé dans le moment de limmerfion H qui n'a pas même été douteux d’une demi -feconde. LNÉ RE Zzz ii s5° MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE MÉTHODE NOUVELLE De DIVISION, quand le Dividende eft multiple du Divifeur; à d'EXTRACTION quand la Puiffance eft parfaite. Par M RALLIER DES O.URMES. he LLE n'a de commun avec la méthode connue que la divifion par 2, & l'extraétion de la racine quarrée, qui font refpectivement les cas les plus fimples de ces deux opérations : les autres plus compolés s'y réfolvent avec la plus grande facilité & d’une manière qui na nul rapport avec le rocédé ordinaire, (2.) Elle a de plus cette fingukrité, qu'il fufht de con- noître, foit dans le dividende, foit dans la puiflance, autant de chiffies vers la droite qu'en doivent contenir le quotient ou la racine ; de forte qu'on réfout fans peine les: deux queftions fuivantes & d’autres femblables. PREMIÈRE Question. Le rapport d'un dividende à fon divifeur ef? tel, qu'il en doit réfulier trois chiffres au quotient: le divifeur efl 63957; les trois derniers chiffres du dividende Jont 136; quel eff le quotient ! SECONDE Question. Une feprième puiffance contient dix- huit chiffres, dont les trois derniers Jour 363; quelle en ef la facine ! (3-) L'énoncé ful de ces queftions fait affez connoître que la double opération à laquelle elles fe rapportent fe fait à contre-fens de la pratique ordinaire; je veux dire qu'elle fe commence par la droite, & même qu'elle s'y confomme. Le refte eft une application de H théorie des chifftes terminans, dont il ne paroit pas que jufqu'ici l'on ait fait grand ufage. (4) On diflingue les chiffres terminans des fimples produits DYE :S : SCENIC E SH, 557! & ceux des puiffances. Je donnerai la Table des uns & ceile des autres, mais je me difpenferai de démontrer celle de produits, parce que je fais qu'elle l'a été; il fuffira d’en indi- quer lufage par rapport à l'objet préfent. TABLE I. Des rerminans des Produirs. nn . 12.022) 44 5e 67. 8. 0.0 2. 4 6. 8. 0. 2., 4. 6. 8. 0 3e 6. 9. 2. 5. 8. 1. 4. 7e O 4-8. 2: 6.102148. 2. 6..0 SOLS AIO OS OSEO) R 162,814. 0. 16:12./8-. 4 00pe als VI NO MSC NO NO AIO 8:06: 4. Marhoi 806. 4tare CO TAN ENV RETeMMOle ©. 0. 0. O. O. 0. 0. 0. ©. @ (5-) La première bande verticale & fa première horizontale contiennent par ordre les terminans À & 7 des deux racines d’un produit quelconque : À repréfentera toujours celui de Ia racine comme , quand il n’y en aura qu’une qui le foit. (6.) R & r étant déterminées, le terminant p de leur produit fe trouve au point de concours de la À” horizontale . .p R,= 6 . & de la 7” verticale. Si l'on fuppofe ; 2, qui fe trouve oi 7 au point de concours de la fixième horizontale & de la feptième verticale, eft le p ou le terminant du produit (6 x 7), & de celui de tous autres deux nombres , terminés lun par 6, l'autre par 7. (7-) Trois termes correfpondans /R.p.r), comme (6.2.7), forment donc entreux, dans la Table, une efpèce d'équerre, dont la branche horizontale eft terminée par À, la verticale par r, & dont p occupe l'angle droit. Quand À ou r — 1, l'équerre dilparoït & il n’en refte qu'une feule branche; c’eft dans le premier cas la première À s2 MEMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE horizontale, & dans le fecond la première verticale : dans Jun comme dans l'autre, p fe confond avec R ou r, c'eft-à- dire que le terminant du produit eft le même que celui de l'une ou de l'autre des racines. I fuit que f R—7r— 1, l'équerre fe concentre en un point, qui eft le terme angulaire commun à la première ho- rizontale & à la première verticale. /R.p.r) fe confondent, & tous trois font 1. (8.) À & r connues, donnent toujours p. / Voy. n° €). (9.) À & p étant donnés, le chiffre repréfenté par À eft impair, fans être s, ou pair ou 5. Dans le premier cas, r eft déterminée, parce que dans les bandes impaires (la cinquième exceptée), nul terme n'étant répété, à chaque p répond privativement fon 7 particulière. LL Ainfr étant donnés ; E : , fi dans la féptième horizontale on cherche 2 (qui ne s'y trouve qu'une fois), 6, qui lui correfpond verticalement dans la première, eft 17 cherchée. Dans les deuxième à rroifh eme cas, r eft indéterminée, parce que dans les bandes paires & dans la cinquième , chaque terme étant répété plus ou moins de fois, au même p cor- R=—6 refpondent différentes 7: ainfi étant donnés , » Comme æ 2 fe trouve deux fois dans la fixième horizontale, r a deux valeurs & peut également être 2 ou 7. (10.) Quand divers produits ont une racine commune À, leurs terminans refpectifs fe trouvent tous dans la même bande horizontale de la Table; on la nommera pour cette raifon diredtrice ; c'eft celle dont fe rang eft défigné par le terminant de Îa racine commune, MÉTHODE de Divifion. [On fuppefe d'abord le terminant du divifeur i impair, ou autre que 5] Je {11:) Tout dividende étant Je produit du divifeur par le 7 quotient, DA SX EURE GERS var 5% quotient, fi lon nomme {a.b.c) dans le même ére les chiffres du divifeur connu, &.{x.y. 1) auffi dans lé même ordre ceux du quotient inconnu, & qu'on multiplie fucceffive: ment le divifeur entier par. chacun des chiffres ‘du quotient; on aura les trois produits ci- après, dont la HIT repréfente le dividende. 5 1) PNRT LS EE divifeur. er DA RCTEE. ve ÿà ‘quotient. AX» DA .EXx. s 15h ay. by.cy dividende. PFATEAT T0 EE tie JTEDS Le premier des trois produits Combe fous la fe eft celui du divifeur par x, le fecond celui du même ivifeur par y, & le troifième celui du même divifeur par 74 & ils font .entr'eux difpolés, de foite que Je dernier déborde le fecond, & celui-ci le premier ‘d'un rang vers à droite. (12:) Dans le produit partiel (cz) , on connoït c June des racines, & de plus’lé terminant da produit même; qui ne diffère pas de celui du dividende numérique, c’eft-à-dire; Pour ramener la chofe à l'expreffron de la Table, qu'on y:a À & p connus; d'où (premier, cas du x p):fe tirer ou 7, premier chiffre da quotient ,e comptant x droite A gauche. Maintenant , fr fon multiplie le. divifeur par 7:1& que. le, produit foit foufraît du dividende, le:dernier rang horizontal (az-bz.cz) de celui-ci difparoîtra, & il reftera terminé par ey-On connoit; encore dans ce, nouveau produit c l'une.de {es.racines | &., de plus le terminant du produit "même, qui n'eft autre que celui de la différence numérique, c'eft-à-dire R.& p; d'où fe tire r ou y, fecond chiffre re du quotient. : Enfin, multipliant le: divifeur par y, & Ôtant le produit du dividende reftant ou de la première différence, le fecond 1ang horizontal (ay . by .cy) difparoitra à fon tour, & Îa feconde différence reftera terminée par cx, produit fur lequel on fera le même raifonnement que fur les précédens, pour en tirer la valeur de x, troifième chifiie du quotient; & en Say, étrang. Tome V..: + Aaza ’ $54 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fuivant le même procédé , de tant d'autres qu'en comportera l'exemple; chaque opération, én dépouillant de l’uné en l’autre le dividende, met fous les yeux le terminant d'un produit, dont, on connoît d’ailleurs uné dés racines. {13.) I réfulte que tous les chiffres du quotient fe trouvent par le moyen d'une diredrice conftante, qui eft l'horizontale de la Table, dont l'expofant du räng eft « où le terminant du divifeur. 1. On y cherchera le terminant du dividende; fr cor- refpondanie fera la valeur de 7. 2° Après avoir fait le produit du divifeur par 7 & l'avoir fouflrait du dividende, on y cherchera le terminant de la pride différence; lr correfpondante fera la valeur de y. | 3. Après avoir multiplié le divifeur par y & ôté le pro- Le de la première différence, on y cherchera le terminant de Ja feconde différence ; Vz correfpondante fera la valeur de x; & ainfi de fuite tant qu'il reftera des chiffres du quotient à trouver. . * (14) Au refle, en faifant les divers produits du divifeur pir le chiffre ærrier 1rouvé du quotient, on voit qu'il feroit inutile de les poufler vers la gauche au-delà de ce qu'on.a de chiffres donnés dans le dividende:.on ne fera donc plus que les ébaucher jufqu'à cette limite, ce qui abrégera confidéra- blement l'opération. Par le même motif d'économie, on fe difpenfera d'écrire Ie premier chiffre de chaque produit, toujours femblable à celui qui lui correfpond, foit dans le dividende, foit dans les différences fucceffives qui le repr éfentent ; on fe contentera de défigner fa place par un point, fans même écrire le géro qui devroit réfulter de la fouftraétion fubléquente, & qui ne feroit propre qu'à caufer de l'équivoque,, en mafquant le termi- nant réel de la différence. Tout cela fe comprendra mieux par l'application qu'on en va faire à l'exemple du ».° 2. DE s SGCHENCÇCES LR, SSS (15-) Dividende tronqué. 1 36 j' .* produit (du divifeur parz)40 65, 1. différence... NEA 481 639574 divifeur., S2.° produit (du divifeur par y). 2 CHeYUT Miles 2 AH HÉTENC ER ue cles à 2 64 84 “ARE La directrice eft ici la feptième horizontale dé 1a Table, parce que le terminant du divifeur eft 7.’ 1.” J'y cherche 6 (terminant du dividende); 8, qui lui correfpond verticalement dans là première horizontale, eft la valeur de z 2.° Je multiplie le divifeur par 8, le produit (abrégé, n° 1 4) eft 65, qui, Ôté des chiffres correfpondans du dividende, laiffe pour première difference 48 : j'en cherche le terminant 8 dans fa directrice; 4, qui lui correfpond verticalement , eft Ja valeur de y. 3. Je multiplie le divifeur par 4, le produit abrégé eft 2, qui, fouftrait du chiffre correfpondant de la première dif: férence, laiffe pour /éconde différence 2, qui eft lui-même fon terminant: je cherche 2 dans fa direétrice ; 6 , qui lui cor- refpond verticalement, eft la valeur de x, Tout cela au refte, dès qu'on eft un peu au fait, s'exécute bien plus rapidement qu’il ne s'explique. (16) On emprunte, en cas de befoin, fur les chiffres mêmes fupprimés dans le dividende , tout comme s'ils paroif- foient : on l’a fait ici en prenant la première différence, & c’eft de quoi fon voudra bien fe fouvenir, fans qu'il foit befoin de le répéter, lorfqu'il s'agira de l'extraction. En multipliant le, quotient trouvé par le divifeur, on aura le dividende emier, & Von fera en état de reftituer les chiffres qui y avoient été fupprimés, Ce font dans notre exemple les cinq qui fe trouvent ici en deçà du point 41444. 136. Au refte, les chiffrés qui entrent dans l'expreffion, foit du divifeur, foit de la partie donnée du dividende, peuvent, tant pour le nombre que pour da valeur, être pris au hafard: Aaaa i] 556 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE pourvu que le divifeur ait la condition fuppofée, on eft für _de trouver un quotient exact, dont le produit par le divifeur donnera un dividende, terminé en effet comme on aura voulu qu'il le foit. (17.) Obfervez qu'en formant les divers produits du chiffre dernier trouvé du quotient par le divifeur, on n’a employé de celui-ci même qu'anant de chiffres qu'en devoit contenir le quotient. On pouvoit donc auflt ignorer les autres fans con- féquence, c'efl-à-dire qu'on trouve le quotient complet, quoi- qu'on ne connoifle qu'en partie (& en partie qui peut n'être même que très-petite), foit le dividende, foit le divifeur ; paradoxe , au premier coup d'œil, aflez fingulier : il eft vrai qu'en ce cas les chiffres fupprimés reftent irdérerminés ; je veux. dire qu'ils varient dans le dividende, felon qu'on voudra fuppléer ceux qui ont été omis dans le divifeur, & réciproquement. (18.) On voit que la compofition du divifeur (circonf- tance qui, dans la pratique ordinaire, rend l'opération épineufe & fujette au tâtonnement) n'apporte ici nul embarras: on n'a d’ailleurs employé que fix chiffres pour une opération qui en emporteroit au moins trente par la méthode ufitée, & Ia dépenfe n'en feroit pas plus grande, augmentât-on à l'infini le nombre de ceux du divifeur & du dividende, pourvu que le nombre de ceux du quotient reftät le même. En général, nommant # le nombre des chiffres du quotient, celui des chiffres employés pour parvenir à le trouver n'excède jamais An + A ë : . ——— (ou, fi Fon veut, le »”* nombre triangulaire), & 2 quelquefois il eft au - deflous. (19:) On peut réduire en formule tout le détail de l'opé- ration : pour cet effct, la partie donnée du dividende. . ..... Rires € D RTE AMAR BE no a ee ARE PET NE: « d Nommant € les chiffres du quotient cherché... ... se VX) t le quantième (en comptant de droite à gauche) d'un chiff. quelconque du quotient, .... g DIE: S:1 SG EN C. ES ÿS7 Dans la bande horizontale de {a Table, dont l'expofant du - rang eft le terminant de 4, cherchez celui de la fomme d'autant de termes de cette fuite (D — dz — dy — dx — dr) que g exprime d'unités; fr correfpondante fera le chiffre du quotient , dont le quantième eft 7. Comme la recherche d'un chiffre quelconque du quotient fuppofe déjà connus tous ceux qui le précèdent, on voit que l'application de la formule doit fe faire par ordre: d’ailleurs, en formant les produits 47, dy, dre on fe fouviendra de abréviation indiquée #° 14. (20.) On a jufqu'ici fuppofé le terminant. du divifeux impair & autre que 5 ,: &'en voici la raifon : comme c’eft lui qui détermine dans la Table le rang de Ja direétrice, s’il eft pair ou $, on y fera renvoyé à une bande paire ou à la cinquième; c'eft-à-dire que lon tombera dans l'un ou l'autre des deux cas défavorables du #.° 9 : les terminans de D, de (D — d3}), de (D — dy — dy, dc) fe trouve- ront chacun plus d'une fois dans cette bande, & les chiffres corréfpondans du quotient refleront indéterminés. L'obflacle n'eft pourtant pas infurmontable : pour le lever, divifez le divifeur par 2 ou par $ (felon le cas), autant de fois # qu’il fera néceffaire pour qu'il cefle d’être terminé pai- rement ou par $ , & avant que de rien connoître dans le dividende , faïesle divifer auflr par 2 ou par $ le même nombre # de fois, ou ung feule par 2° ou par s”; après quoi faites-vous en donner les 7 derniers chiffres, & opérez * fur eux à l'ordinaire avec le divifeur réduir . .…. Il eft évident que vous obtiendrez le même quotient qui vous feroit venu avant la réduétion, puifqu'elle a eu également lieu pour le dividende & pour le divifeur. Soit , par exemple, 1 3 $ propolé pour divifeur : ce nombre ne peut fouffrir qu'une feule divifion par $, & le quotient eft 27. Je fais donc divifer le dividende (encore inconnu } une feule fois par $, & je demande les 7 derniers chiffres du quotient, qui feront, fi fon veut, 49; j'opère fur ces deux chiffres avec le divifeur 27 ; vient le quotient 87, qui Aaaa ii} 553 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE eft également celui du premier dividende (duquel je n'ai eu directement rien à connoître) divifé par 135: [ On auroit tort, ce femble, de vouloir traiter ceci de petit tour de pafle-pafle, fous prétexte qu'on eft fuppofé l’em- ployer vis-à-vis de quelqu'un qu'on pourroit avoir intention de furprendre & d'étonner : qu'on le regarde fimplement comme un moyen dont chacun peut très-bien ufer 4 part foi pour faciliter une divifion où le dividende feroit connu en entier ; le merveilleux qu'on y peut joindre n'eft qu'un acceffoire qui ñe détruit point ce que la méthode a de bon en foi. C'eft une remarque que je prie qu'on ait équité de fe rappeler lorfqu'il s'agira de l'extraction ]. (21) On voit aflez ce qu'il y auroit à faire fi le divifeur étoit terminé pairement au lieu de l'être par $, ou même s'il étoit en même-temps multiple de 2 & de $ ; en ce dernier cas, le dividende & le divifeur feront néceffairéement terminés par un même nombre de zéros, qu'il n'y aura qu'à fupprimer dans l’un & faire fupprimer dans l'autre. Si l'expofant 77 eft le même pour 2 & pour 5, dès-R le divifeur aura la condi- tion qu'exige la méthode; mais dans le cas contraire il fera encore multiple de celui des deux nombres auquel appartient le plus fort expofant, & il fera néceffaire d'appliquer la préparation, ; H eff clair que fi le divifeur n'étoit pas fimplement multiple, mais de plus une puiflance quelconque de 2 ou de $, la préparation le réduiroit à être 1, & par une fuite, le dividende réduit feroit lui-même fon quotient. (22.) Mais je me fuis engagé /n.” 1) à ne retenir de la méthode ordinaire que la feule divifion par 2 : or, comme on vient de le voir, la préparation du dividende & du divifeur en exige quelquefois une par $ ; Ceft donc pour moi une obligation d'opérer celle-ci par une voie aufli fimple que la divifion par 2, & même, sil fe peut, qui lui foit analogue: la voici, Doublez le multiple de $, & du double retranchez Ja dernière figure, qui dans le cas préfent eft toujours zéro, le - DES SNG I E INC.E. Si 559 refte fera le quotient cherché. La raifon en faute aux yeux , car divifer un nombre par 5 , ou, ce qui eft la même chofe, par <=, c'eft en effet le multiplier par cette même fraction renverfee &. devenue -, c'eft-à-dire le doubler & en retrancher le zéro final. On conçoit que pour divifer le multiple par $ , élevé à une puiflance quelconque #, il n'y a qu'à répéter l'opération le nombre # de fois; & quoique je ne me flatte pas d'in- troduire cette pratique, je ne puis m'empêcher d'obferyer en pañlant, qu'outre fon extrème fumplicité, elle a encore pour elle l'épargne du temps & de l'écriture, Comme on peut fe difpenfer d'écrire le zéro final (qui feroit fur le champ à efficer), chaque opération n’exige tout au plus qu'autant de chiffres qu'il y en a dans le multiple, & fouvent moins. Quand le dividende n'eft pas multiple exat de $, le numérateur de la fraction , qui exprime le refte-de la divilion, eft donné même avant Topération ; c’eft le terminant même du dividende sil eft plus petit que $, ou fa différence de s$ s'il eft plus grand. TABLE IL. Des trerminans des Puiflances. a I. II. III. IV TON CT NAT IUT 2 Us MEN EG Eau ON 7 ble à a OLA ENG > CMP LUE Cie” 6. 6. 6. 6 - AO PE HUE: Mr Na EE pe CAL ES ACL: O9. 00 (23) La première bande verticale contient par ordre les divers terminans 7 d’une racine quelconque : les chiffres romains mis en dehors de la Table, défignent lexpofant e de la 560 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE puiflance, dont les chiflres contenus dans les colonnes cor- refpondantes, font les terminans relativement aux différentes J'ACINES. Ù (24.) r & e étant déterminés, le terminant p de la puif- fince fe trouve au point de concours de 1 #"* horizontale : : = J & de la verticale correfpondante à e ; fi k =, 32,qui fe trouve au point de concours de la huitième horizontale & de la verticale correfpondante à IT, eft le terminant de 8? & de fa troifième puiflance de tout nombre terminé par 8. (25-) L'équerre fe retrouve donc encore ici entre trois termes correfpondans /r.p .e), comme (8 .2.1I1I). La Pranche horizontale eft terminée par r, la verticale par e & poccupe fangle droit. (26.) Quand r où e — 1, l'équerre difparoït, & äl n'en refte qu'une feule branche: c’eft dans le premier cas la pre- mière horizontale, & dans le fecond la première verticale: dans fun comme dans l'autre, p fe confond avec r, c'eft-à- dire que le terminant de la puiflance eft le même que celui de la racine. (27) r & e connus, donnent toujours p /Voy. n° 24). (28.) e & p étant donnés; pour avoir 7 dans la verticale correfpondante à 2, cherchez p: le terme qui lui correfpond horizontalement dans la-première, eft l’7 cherchée. Si p ne fe trouve qu'une fois dans la verticale correfpon- dante à e (ce qui a lieu quand e eft impair) , r eft déterminée: fi p s'y trouve plus d’une fois (comme il arrive quand e eft pair, à moins que p ne foit. $ ou o), r refte indéterminée. (29.) Maintenant, pour démontrer que la Table ci-deflus ef la Table complete des terminans des puiffances , il faut faire voir qu'elle a lieu. | 1. Pour toutes les racines poffibles élevées à la même puiflance. 2. Pour toutes les puiflances poflibles de ia même racine. Quant au premier article ; comme le! même ordre de chifires terminans recommence de dix en dix dans la progreffion naturelle, DNE :s À SÉCUMENICLES s6x naturelle , il eft clair que les avoir pour les dix premières racines, c'eft les avoir pour toutes. Pour la preuve du /econd article, jai befoin du Lemme fuivant. LEM M E. Le terminant d'un produit eft Je même que celui de fa première racine, 1.° quand la feconde racine eft 1, & cela dans tous les cas; 2.° quand la feconde racine eft 6, mais q , feulement dans le cas où la première racine eft paire. La première partie n’a pas befoin de preuve. Démonflration de la feconde Parie. Soit le terminant d'un nombre pair quelconque repréfenté par r, & fon co-faéteur 6 par (5 + 1), le produit fera S7 + r; maisr étant un chiffre pair par fuppoñition, le terme sr fera nécefliirement un multiple de 10, & par une fuite, il fera rejeté au rang des dixaines: il ne reflera donc à celui des unités que 7 même, ou le terminant de la première racine, CoOROLLAIRE. Laiffant à part $ & o (qui, comme on fait, font inva- riablement les mêmes dans la racine & dans la puiffance), les terminans de la quatrième puiflance /voy. la Table) font précifément dans le cas de la propofition, c'eft-à-dire 1 pour les racines impaires, & 6 pour les paires. Quand donc on viendra à multiplier la quatrième puiflance par fa racine, pour avoir 1 cinquième, le terminant de celle-ci fera celui de la racine même ou de la première puiflance ; lequel, par une nouvelle multiplication, deviendra celui de la feconde pour former la fixième, & ainfi de fuite jufqu’à la huitième ; après uoi le même ordre recommencera. (30.) Toutes les puiflances, en ce qui concerne les chiffres terminans, fe rapportent donc aux quatre premières; de forte que fi l'on prend chacun des quatre premiers expofans pour Sav, étrang. Tome . Bbbb 562 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE premier terme d'une progreffion arithmétique, dorit la différence foit 4, on aura les quatre progreflions ci-après, dont chacune contient dans fes L 1. 5. 9. &c. termes fucceflifs la fuite des expofans des | 2. 6. 10. &c. puiffances fubordonnées à celle dont Fexpo- À 3. >, 11. &c. fant eft le premier terme de la progreffion. 4. 8. 12, &c Étant donc propolée une puiffance dont lexpofant foit >4, divifez celui-ci par 4; & négligeant le quotient, n'ayez égard qu'au refle, qui fera l'expofant de celle des quatre puiflances de la Table à laquelle fe rapporte la propofée : sil ne refle rien, il eft évident qu'elle fe rapporte à la quatrième, dont zéro pourroit être pris pour le premier térme. ATÉTH'O D'EX TOME XITR ACTION: On fuppofe d’abord l'expofant & le terminant de Ta pui fance impairs & autres que s. (31.) Soient les chiffres de [a räcine cherchée repréfentés dans le même ordre par /x, y, z), les deux derniers termes de la puiffance feront généralement, le 'pénultièmé. 2.4 42. 7.20 SN ee SE SE RME EN 1 de forte que le dernier 7° déborde l'autre d'un rang vers la droite. = Le point mis entre deux grandeurs tient lieu ici du figne de multiplication, & lon prévient qu'on lui attribuera la même fonction dans toute la fuite de ce Mémoire. (32.) Le terminant de 7 n'eft autre que æelui de Ja puiflance numérique, ainft il eft donné: mais l'expofant de la puifance l'eft auffi, c'eft-à-dire, pour ramener la chofe à lexpreflion de la féconde Table, qu'on y a e & p connus; d'où fn.” 28, e étant fuppolé impair) fe tire 7 ou 7 par le moyen de cette même Table. (33) Faifant 7, & Fôtant de la puiflance, la différence fera terminée par (e.y.g—"); ceft un produit de trois DE ss SicrmeiNcuEus 56 racines , mais les deux connues /e.7°— ") peuvent fe réduire. au terminant de leur produit; qu'il foit nommé À. On a donc le produit Ly, dans lequel, outre le terminant À d'une des racines, on connoit celui du produit même, qui n'eft autre que celui de la différence numérique; d'où (premier cas du #° 9, parce que € & Z étant impairs, le terminant À de leur produit left aufli) on tirera y par le moyen de a première Table. 4.) Pour trouver x, il n’y a qu'à faire ce qui fe pra- tique à l'égard de la formule d'un binome élevé à une puiffance indéterminée, pour la rendre applicable à tout polynome, c'eft-à-dire qu'on imaginera que les deux chiffres trouvés de la racine n'en font qu'un feul terme, repréfenté par y7; & comme les deux chiffres défignés par y7, ne font point cenfés multipliés Fun par l'autre, mais polés fimplement de fuite, lun /y) au rang des dixaines, l'autre /7) au rang des unités, il fuit que le terminant d'une puiflance quelconque de yz (ou même de xy7, & de tant d'autres chiffres qu'on en voudra fuppofer rangés de la même manière à la gauche de 7) ne diffère pas de celui de la même puiflance de 7, On fera donc /yz/°; & l'ôtant de la puiflance, la nou- velle différence fera terminée par [e.x./y2) 7], qui f réduit, par la raifon qu'on a vu (#33), à Rx; produit où Yon connoit encore, outre le teminant À d’une des racines, celui du produit même, qui ne diffère pas de celui de la feconde différence numérique ; doù l'on tirera x par le moyen de la première Table. En fuivant le même procédé, on trouvera par ordre tous les autres chiffres de la racine, lorfque l'exemple en comporte davantage. (35-) Obfervez qu'en formant les puiflances partielles L, (tu), (xyr)", de. on n'y a befoin que d'un feul chiffre, ui eft toujours le correfpondant (quant au rang) de celui qu'on cherche däns la racine; c'eft-à-dire Le fecond, fi c'eft le fecond de la racine que lon cherche; le troifième, fi c'eft le troifième, &c. On peut donc fe difpenfer de pouflér l'opé- Bbbb ij 564 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ration au-delà de ce chiffre : on fe difpenfera de même d'écrire ceux qui le précèdent vers la droite, toujours femblables à ceux qui leur correfpondent dans la puiflance, & l'on fe comtentera de défigner leurs places par des points. La raifon en eft la même que celle qu'on a donnée (1° 14), lorfqu'il s'agifloit de la divifion; mais il y a cette différence entre les deux opérations , que dans l'extraction la fouftraétion des puiffances partielles 7, /yz)', &7c le fait dircéement fax les chiffres donnés dans la puiffance principale, fans qu'on tienne compte dans une fouftraétion poftérieure des altérations qu'ils ont fubi par les fouftractions précédentes; au lieu que dans Ja divifion la fouftraétion des divers produits 47, dy, dc. fe fait toujours fur des quantités différentes, celle du premier {ur les chiffres donnés dans le dividende, celle du fecond fur la première différence, celle du troifième fur la feconde différence, &c. (36.) On a remarqué /” 34) que le terminant d'une puiflance quelconque de y7, de xy7, dc. ne diffère pas de celui de la même puiffance de 7. Les terminans de {e.7 —"), dem "], ce quon a plus haut défignés par À, font donc le même chiffre: les produits Ry, Rx, &c« ont donc une racine commune: leurs terminans refpedtifs fe trouveront donc tous /1.” 10) dans une même bande hori- zontale de la première Table, c'eft-à-dire qu'on y a pour tout le cours de l'opération une directrice conflante ; favoir l'horizontale, dont le rang eft exprimé par À ou par le ter- minant du produit {e.7 — "). 7-) De ce qu'on a vu jufqu'ici, il réfulte que des divers chiffres /x, y, z), dont eft compolée une racine quelconque, z feul fe trouve par la féconde Table, & tous les autres par la première, où l'on a une directrice conflante, 1. Ainfi, pour avoir 7, dans la bande verticale de Ja feconde Table, dont l'expofant du rang eft e, réduit (n.” 30), cherchez le terminant de la puiflance, Fr correfpondante fera z. 2° Pour avoir y; faites 7, & Ôtez fon fecond chiffre DES NSUIC'ATE UN IC TES 565 du correfpondant de la puiffance, puis prenant pour direétrice l'horizontale de la première Table, dont Yexpofant du rang eft le terminant du produit /e.# 7"), cherchez-y la diffé. rence; l7 correfpondante fera y. 3. Pour avoir x; faites /y7)°, & après avoir ôté fon troifième chiffre du correfpondant de la puiffance, cherchez la différence dans la directrice ; 7 correfpondante fera x. 4 Pour avoir F, faites (xyz)°, rc. : (38.) Pour en faire l'application à l'exemple du ».° 2, Puiffance tronquée....6....... 363 Second chiffre de 77..... He AMArANE Dite nu Dos ro oe EES 2 347.:.,., racine7."° cherchée, Troifième chiffre de (47)7........ 4 Etre Ha ie SO Gr BAD GE EMUETG IEC Eu 1.” Dans la bande verticale de Ia féconde Table correfpon- dante à lexpofant III (parce qu'ici e réduit — 3), je cherche 3 (terminant de la puiflance) ; 7, qui lui corref pond horizontalement dans la première verticale, eft la valeur de 7. 2.° J'ébauche la feptième puiffance de 7 pour en avoir le Jecond chiffre (4), que j'ôte du correfpondant de la puiffance; Je cherche la différence (2) dans la direétrice (laquelle en cet exemple eft la troifième horizontale de Ia première Tabk, parce que le terminant de {e.# — ‘), ou de (7.7‘), ou de (7-7), oude(7.40)eft 3): 4, qui lui correfpond ver- ticalement dans la première horizontale, eft la valeur d'y. 3° J'ébauche la feptième puiffance de 47 pour en avoir le troifième chiffre (4), que j'ôte du correfpondant de la puiflance; je cherche la différence (9) dans la directrice ; 3 , qui lui correfpond verticalement, eft la valeur d’x. (39-) On conviendra que cette méthode, une fois bien entendue, eft très-fimple, très-expéditive, exempte de tout titonnement, & fur-tout qu'elle va beaucoup à l'épargne de l'écriture, Bbbb iÿ 566 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE C'eft aux dépens de quatre chiffres qu'on vient d’extrairé Ja racine 7% d'une puiflance qui en a jufqu'à dix - huit : la dépenfe n'en feroit pas plus grande, augmentät-on fans fin lexpofant & par une füuite le nombre des chifires de la puif fance, pourvu que le nombre de ceux de la racine reflät le mème; en un mot, ce dernier étant », celui des chiffres à employer pour parvenir à l’'extraétion eft Himité à [{4—1 . 2)]; je n'y comprends pas, il eft vrai, les puiflances à former, mais le nombre n'en eft que 7 — 1, & encore n'en a-1t-on à former qu'un petit bout & le moins compolé. (40.) Les chiffres qui entrent dans l’expreffion , foit de la partie donnée de la puiflance , foit de fon expofant , peuvent, tant pour le nombre que pour la valeur, être pris au hafard, & pourvu que ni l'un ni fautre ne foient terminés ni pai- rement ni par $; on eft für de trouver une racine qui, multipliée par elle-même le nombre de fois indiqué par lexpofant, produira une puiflance terminée comme on aura fuppofé qu'elle l'étoit. (41) Pour réfumer en deux mots tout le détail de Fopération, nommant La partie donnée de la puiffance................,..... P Le nombre des chiffres déja trouvés de la racine. ......... 7 La puiffance partielle formée de ces r chiffres, ....,....... p 1. Sir — o, c'eft-à-dire fi c'eft le premier chiffre de fa racine que lon cherche, dans la verticale de la Jeconde Table correfpondante à e réduit, cherchez le terminant de, le terme qui lui correfpond horizontalement dans la premiére , fera ce premier terme cherché. 2° Si r a quelque valeur, de l/r+- 1.”°) chiffre de P, (en comptant de droite à gauche) ôtez le chiffre corref- pondant de p & cherchez la différence dans l'horizontale de la première Table, dont l'expofant du rang eft le terminant de /e.7°— ‘), le terme’ qui lui correfpond verticalement dans fa première, fera le /r + 1.) terme de la racine. + DIE S { S 'CGISE UN CES s67 (42.) J'ai fuppolé (1° 3 1) Fexpofant & le terminant de la puiflance impairs & autres que $ : voyons d'abord ce qui peut réfulter du défaut de cette condition. 1.” Si e eft pair, e réduit le fera auffi (puifque la réduétion ne confifte qu'à en Ôter un multiple indéterminé du nombre pair 4): or comme c'eft lui qui détermine dans la féconde Table le rang de la verticale où il faut chercher le terminant de la puiflance, on y fera renvoyé à une bande paire; le terminant de la puiffance s'y trouvera plus d’une fois /7.° 28), & le chiffre correfpondant de la racine, ou 7, reflera indé- terminé. 2. Si e eft terminé par 5, le produit /e.7* — !) le fera par o ou par $, felon que z fera pair ou impair. 3 Si la puiffance eft terminée pairement, fa racine le fera auffi; 7 fera donc un nombre pair, 7°" pareillement, & par une fuite le terminant de /e.7° 7). 4° Si la puiflance eft terminée par $, 7°" le fera auf; & conféquemment le terminant de /e.7°— ") f&aoous, felon que e fera pair ou impair. Les trois derniers articles s'accordent à rendre le terminant de {e.7°") pair ou $; mais c'eft lui qui détermine dans la première Table le rang de Ia directrice où À: on tombera donc dans l’un ou dans l'autre des deux cas défavorables du #.° 9; les terminans des différences qu'on aura fucceflivement s'y trouveront chacun plus d'une fois, & le chiffre correfpondant de la racine reftera indéterminé. ANota. L'obftacle qui naît du premier article, ne regarde que le chiffre premier à trouver de a racine, ou 7, qui fe trouve par la /econde Table ; celui qui naît des trois autres articles, n'influe au contraire que fur ceux qui fuivent le premier & qui fe trouvent par la premiere Table. . ... Refts à voir ce qu'il y a à faire en ces différens cas. (43) PREMIER CAS. Lorfque l'expofant de la puiffance eft pair... .. Avant que de rien connoiître dans la puiffance, . faites-en extraire la racine carrée autant de fois confécutives que e peut fubir de divifions par 2; fi le nombre en eft 568 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE nommé r, la dernière racine carrée fera elle-même une puil- 3 e Ë à a fance de l'expofant —— , nombre impair (par conflruction) : 2 c'eft de cette dernière puiffance que vous avez à vous faire donner les # derniers chiffres; opérez à l'ordinaire , la regardant ; e 5 comme une puiflance de fexpofant ——, & la racine que vous trouverez fera directement fa première qu'on avoit “_ dela puifance réduite ne diffère demandée; car la racine 20 pas de la racine e de la puiflance propolte en premier lieu ; */(a*) eft toujours a, quelque valeur qu'on donne à l'ex- pofant x, dès qu'elle fe conferve la même pour la racine & pour la puiflance. . . . Cela eft trop clair pour avoir befoin d'exemple. Si l’expofant e n'’étoit pas fimplement pair, mais de plus une puiffance quelconque de 2, la préparation le réduiroit à être 1, & la puiffance réduite feroit elle-même fa racine. . . Ce cas eff parfaitement analogue à celui du dernier article du n° 21, relatif à la divifion; mais, ici comme là, l'exemple feroit mal choifi & ne fourniroit rien à la méthode. (44) SEconD cas. Lorfque l'expofant de la puiflance eftrerminé par $ . ... le premier chiffre de la racine fe trouve à l'ordinaire, car l’obftacle ne le regarde pas / Voy. la note du n° 42); d'ailleurs divifez par s d'abord e (non réduit) autant de fois c qu'il fera néceffaire pour que le $ final difparoife, & enfuite la différence le même nombre « de fois ou une feule fois par 5°: de cette façon, ce ne fera plus le produit {e.77"), . € — . 2 . mais {— . 7°") dont le terminant déterminera, dans la 5 première Table, le rang de la directrice, comme ce ne fera plus le terminant de la différence elle-même que vous aurez à y chercher, mais celui de fon quotient, après que vous l'aurez divifée par 5°. On conçoit au refle que le plus fouvent cette divifion ne tm ns me, et FPS ON OO DST PSE ER DES SCIENCES 569 ñe pourroit s'effectuer fur la différence, fi, conformément à ce qui a été établi / 7° 35), elle m'étoit repréfentée que par un feul chiffre; on la prolongera donc vers la gauche d'autant de chiffres de furcroit que « exprime d'unités, &, pour cet eflet, on s’en fera donner dans la puiffance le même nombre es fus de ce qu'en doit contenir la racine, & Yon étendra à proportion du même côté les puiffances partielles Z, (77), &c. qui doivent en être fouftraites. n propofe, par exemple, d'extraire d’une puiffance fa racine 15-"", laquelle doit avoir deux chiffies. , .. Comme 1 S ne peut fubir qu'une feule divifion par $, « n'eft ici que 1, & vous n'avez à vous faire donner dans la puiflance qu'us chiffre en fus des deux que doit contenir la racine; c’eft-à- dire qu’il vous fufhit d'en connoître trois : ils feront, fi l’on veut, 60 7. » Puiffance tronquée. ......... 6 o 7° YT Troifième & fecond chiffres de 3°. 9 o. 2 3...Raciners "* Dr AO Différence. ..... sesssesses 7 Ov OU ——=I4 5 (Suppofant trouvé le premier chiffre de la racine, que la difficulté ne regarde pas), = = ee 0351 d'unyautre côté le terminant de 7°‘, ou de 3°, ou de 3° eft o: or celui de 3. eft 7; la directrice fera donc la 7. horizontale de la première Table. J'ébauche la 1 5.” puiffance de 3 pour en avoir les fecond & troifième chiffres (90), que j'ôte des correfpondans de la puiffance ; la différence (70) étant divifée par $°, qui n’eft ici que $' ou s, donne pour quotient 14; j'en cherche le terminant 4 dans la directrice: 2, qui lui correfpond ver- ticalement dans Ja 1.* horizontale, eft la valeur dy. (45+) Sile multiple impair de 5, repréfenté par e, en eft en même temps une puiflance quelconque, alors 7, ou le terminant de a racine, eft fans autre recherche Xe même que celui de la puiffance; de plus, chacun des autres chiffres de Jar. rang. Tome V, HT +. Cccc >o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE la racine ef directement le terminant du quotient de la difltrence correfpondante divifée par HE : la première & la feconde Table deviennent donc également inutiles, & lopération {e trouve abrégée & facilitée par Fobflacle même qui fembloit devoir Tarrèter. En effet; 1.° toute puiffance de s, divifée par 4, laifle r pour le refle. Pour démontrer cette vérité, il fufhit d'ex- primer $ par (4 + 1): on aura donc e réduit — 1; mais (n° 26) c'eft Tun des cas où, dans la féconde Table, p fe confond avec r, c'eft-à-dire où le terminant de la racine eft le même que celui de la puiflance. , À £ e #3 2. C'eft (1 44) le terminant du produit sc PATENT ui détermine dans {a première Table le rang de la direrice; mais d'abord f1 e eft une puiflance de $ , l'expofant de cette puiflance ne peut \être: que « (puifque, par fuppofition, € exprime le nombre des divifions confécutives par $ que peut Ê - e , £ 31 £ fubir e). Ainf = == — 1; d'ailleurs, puifque $° ou GR e, divilé par 4, laïfle 1 pour refte; n'en laifle point. Z°—" fe rapporte donc à la quatrième puiflance, dont le terminant eft toujours 1 quand Z ou la racine eft impaire, comme elle left ici par fuppofñtion. Le terminant de Gr Z°7") n'eft donc que celui de (1.1) où 1, cefl-à- dire que la direétrice eff la première horizontale de la Fable, & que R, ou la racine connue — 1. Or en ce cas /n.° 7) le terminant de fa feconde racine fe confond avec celui du produit, repréfenté ici par le quotient de la différence divifée [4 FH Soit propolé, par exemple, d'extraire d’une puiflance fa racine cinquième, laquelle doit avoir trois chifires [5 étant lui-même une de fes puiflances, cet exemple eft choïfi comme le plus fimple], $ ne pouvant fubir qu'une divifion par 5, vous n'avez à demander dans la puiffance qu'un chiffre en fus de ce qu'en doit contenir la racine, c'eft-à-dire qu'il vous à DÉS 2 SÈcrE 18 ENrac LE S.0 M: M 574 fuffit d'y en connoître quatre :| qu'ils foient 6 s074 Puiffance tronquée. ....... #1 605 © 7 #J et Troifième & fecond chiffres de75..:. 80. 347. racine j% Diticrcnce semelle ait M mA ON etais = ent OX Pere LR NAT STE ‘ Quatrième &troifième chiffres de (47)'.. 50 Différencé!:22 2 NAN Pa 4 RENNES re deal Sans qu'il foit befoin d'entrer dans le détail de l'opération, la figure feule fait voir que les trois chiffres de la racine font diredlemem: le premier (7); le terminant de la puifance ; le fecond (4), le terminant du quotient dé la première différence _divifée pars; le troifième (3), le terminant du quotient de _ Ja feconde différence, auffi divifée par $ ; de forte qu'on na fait ufage ni de l’une ni de l'autre Table, (46) TROISIÈME ET QUATRIÈME Cas. Lorfque le terminant de la puiffance eft pair ou 5: avant que de vous y faire rien donner, faites-là divifer par 2° ou par $‘, felon le cas, autant de fois m qu'il fera néceflaire pour qu'elle ceffe d'être terminée pairement ou par 5. Cela fait, demandez le nombre des chiffres du dernier quotient, fur quoi vous ju- gerez ce que vous avez à vous y en faire donner (car le plus fouvent on en a befoin de moins après la divifion qu'avant). Opérez à l'ordinaire fur les chiffres donnés, mais fouvenez- vous de multiplier #1 fois par 2 ou par $, ou une feule fois par 2” ou par s”, le quotient qu'ils vous feront trouver. Cette pratique eft fondée fur ce que la racine de toute puiffance, terminée pairement ou par 5, peut être repréfentée par (a à b”) ; a étant un nombre impair quelconque (autre que 5, ou l'un de fes multiples), & à étant 2 ou s élevés à une puiffance m auffi quelconque. La puifance e de cette racine eft a°.{4"), ou, fi don veut, ({a.b""). Or, da divifer.par 4° le nombre #1 de fois, c'eft la divifer une feule par 8"*, & la réduire à fà première partie af, qui a la con- dition qu'exige la méthode. Mais après avoir obtenu la racine 4 de cette partie, on voit que, pour avoir fa racine complète, Cccc ij 572 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’ACADÉMIE il eft nécefaire de multiplier à par la racine 4” de l'autre partie, c'efl-à-dire par 2 ou par $ autant de fois # que la puiflance primitive a fubi de divifions par 2° où par s + Si la puifance eft en même-temps multiple de 2 & de s, elle fera terminée par des zéros, dont le nombre fera né- ceflairement divilible par c. Faites-en donc retrancher & zéros autant de fois qu'il fe pourra, & fouvenez - vous d'ajouter autant de fmples zéros, à la racine que vous trouverez par après que ce retranchement aura eu fieu de fois. Si l'expofant m eft le même pour 2 & pour $, la feule fuppreflion des zéros donnera à la puiflance la condition que requiert la méthode : dans le cas contraire, elle fera encore multiple de celui des deux nombres auquel appartient Le plus fort EXpo- fant, & elle exigera à cet égard une préparation. (47-) I peut arriver que les quatre cas ci-deflus fe com binent entr'eux de différentes manières, où même que tout fe complique dans le même exemple: alors on y appliquera fucceflivement fa préparation qui convient refpectivement à chacun d’eux. Pour ne rien liffér à defirer, on va raffembler dans l'exemple fuivant toutes les difficultés qui fe peuvent rencontrer. On demande fa racine dixième d’une puiffance multiple en même-temps de 2 & de 5. 1.” Cette dernière circonflance indiquant que la puiffance eft terminée par des zéros, j'en fais retrancher dix zéros autant de fois qu'il fe peut : il fe trouve que cela ne fe peut qu'une fois, mais la puiflance refle terminée pairement. 2. Je la fais divifer par 2°° ou par 1024 autant de fois qu'il peut être néceflaire pour qu'elle cefle d'être terminée pairement. Une feule divifion fuffit. 3 Comme l'expofant 10 peut fubir une divifion par 2, & n'en peut fubir qu'une, je fais extraire du dernier quotient une feule fois la racine quarrée ; ce qui dégrade la puiflance de lexpofant 10 à l'expolant 5. - [Ces opérations au refte, qu'on fuppofe ici fans nulle né- ceflité, faites par un témoin, on iés feroit foi-même en fon DE si STCLRMENN ICE 573 Paticulier, pour faciliter l'extraction d'une racine dont on connoîtroit en entier la puiflance ]. 4 Je demande le nombre des chiffres reflans dans la puifflance après la dernière opération; il s’en trouve huit + d'où je conclus (puifqu'il sagit d’une cinquième puiffince) que la racine en aura deux: mais, parce que f'expofant $ peut fouffir une divifion par $, c'eft un chiffre de plus que jai à me faire donner dans la puiflance, c'eft-à-dire, trois en tout. Qu'ils foient 9 57. Puiffance tronquée ......,...., 0 $7 ve t _ Troifième & fecond chiffres de 7°.. 80. | 7 3 7--racine $°* DIRÉLCNGE re mean vel Dane mie FEES do NOT EE ed 5 .. € : o Comme I — eft une puiflance de $ (voy. n° 45), les deux chiffres de la racine font diredfemeur le premier ( 7) le terminant de fa puiflance, l'autre (3) celui du quotient de fa différence divifée par 5; mais parce que Ka divifion par 2° &. la fuppreffion de e zéros ont eu lieu chacun une fois, je multiplie la racine 37 par 2, & au produit j'ajoute un zéro, e qui me donne 740 pour Îa racine dixième de la puiflance propolée en premier lieu, & dans laquelle je n'ai eu directe- ment rien à connoître. | (48.) Comme les trois derniers cas en particulier n'in- fluent que fur les chiffres de la racine qui füivent le premier; fi la racine n'en doit avoir qu'un, qui fera conféquemment ce premier, il fémble inutile d'avertir que l'opération n'en fera point arrêtée, fe compliquaffent-ils tous trois, & que la puiflance n'exigera nulle préparation. L2 CON CL US" r Om) (49.) Puifque le quotient de tout dividende & la racine de toute puiflance réfident effentiellement, & prefqu'à décou- vert, dans les chiffres qui terminent vers la droite le dividende ou la puiflance, pourquoi eft-on dans f'ufage de les chercher, fouvent avec beaucoup de peine & de longueurs, par le côté Ccec ii MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE oppolé? Il n’y auroit, ce femble, nulle bonne réponfe à fairé à cette queftion, fi, comme je l'ai fuppoté, le dividende toit toujours multiple du divifeur & la puifflance parfaite ; mais comme cela n'eft pas, & qu'on ignore même le plus fouvent fi cela eft ou fi cela n’eft pas, on a fagement préféré la mé- thode ufitée, qui emporte par fa generale. Mais c'eft auf tout ce qu'elle a pour elle, car à tous autres égards, on con viendra que celle qui vient d'être expolée mérite la préférence, On ne doit donc pas héfiter à l'employer quand on fait qu'elle peut être de mife; j'ajouterai, même ne le füt-on pas, quand le divifeur eft fort compolé ou la puiflance d'un degré fort élevé. En effet, le temps qu'on rifque de perdre eft fi peu de chofe, vu la fimplicité de la méthode, & celui qu'elle épargne quand l'exemple lui donne prife, eft fi confidérable, qu'il femble qu'il y ait plus à gagner qu'à perdre à l'effayer. Ce qui aide à le perfuader, c'eft que dans les cas où eile ne peut avoir lieu, on a le plus fouvent dès l'entrée des fignes certains pour le reconnoitre, du moins lorfqu'il s'agit de l'extraction ; comme il me feroit aifé de le faire voir, fr je ne craignoïs de donner trop détendue à ce Mémoire, déjà trop long. (so.) L'avantage de pouvoir ignorer fans conféquence la plus grande partie des chiffres du dividende ou de la puiffance , n'eft pas non plus à méprifer: une époque précieufe , ou le réfultat d’un calcul intéreffant (qu'on faura d'ailleurs être ou une puiffance d'un degré déterminé, ou le produit d'une racine connue par une autre inconnue), peuvent fe trouver efficés en partie fur quelqu'ancien monument où dans quelque vieux manufcrit, mais de façon que ce qui en refte puiffe, avec le fecours de la méthode, faire découvrir ce qu'on ne décou- vriroit pas autrement. pEs Sicu-EiN c'Es MUK7S ME MIO IR E CONTENANT TOUTEMLES ECLIPHES DE SOLEIL. Vifibles à Paris depuis 1 767 jufqw'en 1900. Par M: D U VA DCE à Fe Éclipfes de Soleil ayant toujours été des phénomènes intéreffans pour Aftronomie, on ne peut annoncer trop tôt jeur retour; c'eft ce qui m'a fait entreprendre de calculer, pour Paris feulement, tant celles qui arriveront dans ce qui refte à écouler du fiècle préfent que celles qui arriveront dans l'autre. Dans un fi grand laps de temps, il ne s'en trouve qu'une qui y fera annukire, & aucune de totale. A l'égard des écliples de Soleil de ce fiècle, j'ai cherché les routes de leurs ombres ou pénombres, & l’on verra que la première éclipfe dont la centralité fera la plus proche de Paris, fera celle du 9 Janvier 1777, qui fe trouve être annulaire en Efpagne vers le cap Finiftère, quoique l'éclipfe ne foit pour Paris que d'un doigt 37’, attendu qu'elle commen- cera vers le coucher du Soleil. Pour ce qui concerne l'écliple de 1769, qui arrivera le lendemain du paflage de Vénus fur le difque du Soleil, cette écliple fera totale, avec demeure dans l'ombre d'environ 4 de temps; mais l'obfervation n'en fera pas facile à faire, il n’y aura que fur les côtes feptentrionales du Labrador, à l'entrée de la baïe d'Hudfon, que lobfervation pourroit avoir lieu. Ceux qui s'y trouveront y verront les deux phénomènes, favoir le paffage de Vénus & l'éclipfe de Soleil. Dans le relle de ce fiècle, la plus grande écliple qui aura lieu à Paris, fera celle du s Septembre 1793; elle fera de 8 doigts 56”. Dans le fiècle prochain, il y aura, comme j'ai dit ci-deflus, une écliple annulaire, qui arrivera le 9 Oétobre 1847. 76 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIÉ Pour les autres éclipfes, les plus grandes feront de 10 doigts & 10 doigts + environ, favoir celles de 1816, 1820, 1836, 1842, 1858, 1860 & 1870. Énfin le nombre de toutes les éclipfes de Soleil, dont on aura quelques phales vifibles à Paris, tant dans ce fiècle que dans le fiècle fuivant, eft de cinquante-neuf , dont la première eft celle du 4 Juin 1769. Eclipfe de Soleil du 4 Juin 1769. La conjonétion arrivera à 8F 33° 23" du matin; la latitudé de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 5 $' 45” B. L’'éclipfe commencera à 6h $2° du matin, fon milieu fera à 7 46" 30", la diflance des centres étant alors de 17° 1 5"; a grandeur fera de 1 5 26" ou 5° 22'; la finarrivera à 81 42°. Cette éclipfe fera centrale & totale, avec demeure dans Vombre au lever du Soleil, fous le 3 104 3; de longitude, & 57 degrés de latitude boréale, ce qui répond dans la terre du Labrador: cette ombre coupera le Cercle polaire fous le 3 27 de longitude, traverfera le Groenland , aura lieu à midi fous le 694 30’ de longitude & 874 15° de latitude; elle coupera de nouveau le Cercle polaire fous le 1774 de lon- gitude, & finira au coucher du Soleil, fous le 1904 s' de longitude & le 53." degré de latitude boréale. Éclipfe de Soleil du 23 Mars 1773. La conjonétion arrivera à $P 31" 28" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 42° 17" B. Le commencement ni fe milieu ne feront point vifibles, on ne verra que la fin. Le Soleil fe lèvera à sh 5 2', écliplé de 2'30o"ou 1 doigt; l'éclipfe finira à $° 58”. Cette éclipfe fera centrale & annulaire au lever du Soleil, fous le 414 33° de longitude & le 3 3.° degré de latitude bo- réale, ce qui répond à ‘Folometa (anciennement Ptolémaïde), fituée à left du royaume de Tripoli : cette pénombre rafera lile de Chipre, paffera par Alexandrette, coupera la mer Calpienne, fera centrale & annulaire fous le parallèle de Paris, fous DES SCIENCES 7 . fous le 964 de longitude, aura lieu enfuite à midi fousle 1 074 37 45" de longitude & le $4.° degré de latitude boréale, & remontant toujours vers le nord ; elle finira au coucher du Soleil, fous le 1874 so’ de longitude & 674 de latitude boréate, Éclipfe de Soleil du 9 Jamie 1777: La conjonction arrivera à 3° 48" 35" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion , fera de 40" 2 5" B. L'éclip@ commencera à 4" 3° 30” du foir; le Soleil fe couchera à 4h 14’, éclipéé de 4° 30" ou 1 doigt 37°. Cette éclipfe fera centrale & annulaire au lever du Soleil, fous le 2684 35’ de longitude & 38% de latitude boréale; ce qui répond dans le nord du Nouveau-Mexique : cette pé- nombre traverfera la Louifiane, y fera centrale à peu-près vers la Nouvelle-Orléans , entrera dans le golfe du Mexique, paflera au milieu des îles Lucayes, fera centrale & annulaire à midi, fous le 3204 2° de longitude & 224 de latitude boréale, aura lieu aux Açores, & viendra finir au coucher du Soleil, fous le 94 50’ de longitude & 434 30 de latitude boréale; ce qui répond en Efpagne vers le cap Finifière. Éclipfe de Soleil du 24 Juin 1778. La conjonétion arrivera à 3h 46° 38" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 1 8° $ 6" B. L’'éclipfe commencera à 3h 55" 10” du foir; le milieu arrivera à 4h 47’ 20", fa diflance des centres au milieu de léclipfe étant de 1 5° 45": grandeur 1 6° $ 1” ou 6 doigts 28; elle finira à $h 43" 40". Cette éclipfe fera centrale & totale, avec demeure dans ombre au lever du Soleil, fous le 2524 30” de longitude & le 1 3.° degré de latitude boréale; ce qui fe trouve être dans Ja mer du fud: cette ombre traverfera e Nouveau-Mexique, la Louifiane, le nord de la Caroline, la Nouvelle-Angleterre , rafera la Nouvelle-York , fera centrale & totale à midi, fous le 3224 59° de longitude & 414 de latitude boréale , rafera enfuite le nord des îles Açores, aura lieu à l'entrée du détroit Say, étrang. Tome V. +. Dddd 578 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de Gibraltar, entrera en Afrique par le cap Spartel, y fera totale à ‘Tanger, paffera à l'extrémité boréale du royaume de Maroc & dans la partie méridionale du royaume d’Alger , traverfera le défert de Barbarie, & finira au coucher du Soleil, fous le 39. deuré de longitude & 204 30° de latitude boréale, Éclpfe de Soleil du 14 Juin 1779. La conjonction arrivera à 9h 12° 59" du matin, la latitude de la Lune , au temps de la conjonétion, fera de 144’ 41" B. L'éclipfe commencera à 7" 33° 20" du matin; fon milieu arrivera à 8P 18 40”, la diflance des centres au milieu de Yéclipfe étant de 25 minutes : grandeur 7° 20" ou 2 doigts o'; elle finira à of 3° 45". La grande latitude boréale de la Lune, fera qu'elle ne fra point totale fur la Terre. Éclipfe de Soleil du 23 Avril 1787. La conjonction arrivera à $h 30° 39" du foir, la fatitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 3° 40" A. L'éclipfe commencera à 6h 44° 45" du foir; le milieu ni la fin ne fe verront point; le Soleil fe couchera écliplé de 3° 34 ou 1 doigt 2 5’; Ja diflance des centres étant alors de 27 040% Cette éclipfe fera totale & annulaire au lever du Soleil, fous le 244% 5° de longitude, & le 324 de latitude auftrale, ce qui fe trouve être dans la mer Pacifique: cette pénombre coupera le tropique du Capricorne fous le 267.° degré de longitude, aura lieu à midi fous le 2984 de longitude & le 84 45" de latitude auftrale, ce qui fe trouve être aux environs de Truxillo dans le Pérou, coupera la rivière des Amazones vers le commencement de fon cours, traverfera la Guyanne, fera annulaire à Cayenne, aura lieu aux îles du cap Vert & au cap Blanc, & finira au coucher du Soleil, fous le 4.° degré de longitude & le 224 de latitude boréale, ceft-à-dire environ foixante lieues à left du cap Blanc. " DES SCIE NEC: ES: © 579 Éclinfe de Soleil du 17 O&obre 1781. La conjonétion arrivera à 9 20° 49" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion , fera de 6’ 1" B. L'éclipfe commencera à 7h 3° du matin, fon milieu arri- vera à 7h 55", la diftance dés centres au milieu de l’éclipfe étant de 22 minutes: grandeur 10° $7"ou 4 doigts s'; elle finira à 8h 34 Cette éclipfe fera totale, avec demeure dans l'ombre au ever du Soleil, fous le of 1 5’ de longitude & le 3 1. degré de latitude boréale; ce qui fe trouve être un peu au fud de ‘le de Madère: cette ombre paflera par l'ile Lancerotte, lune des Canaries, entrera en Afrique dans la partie méridionale des États de Maroc, rafera la ville de Tombut du côté du fud , traverfera l'Éthiopie, fera totale & centrale à-midi, fous le 6od 49' de longitude & le 3.° degré.de latitude auftrale ; elle entrera alors dans la mer des Indes, paffera un peu au nord de l'ile Alphonfe, & finira au coucher du Soleil, fous le 127415" de longitude & le 2 1." degré de latitude auftrale, ce qui fe trouve étre dans la mer des Indes, à l'eft de la Nouvelle- Hollande. Éclipfe de Soleil du 12 Avril 1782. La conjonction arrivera à $* 41° 21" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 37° 17" B. L’éclipfe commencera à 6 29° du foir; le milieu ni fa fin ne fe verront point ; le Soleil fe couchera à 6h 45’, la diftance des centres étant de 24 minutes : grandeur 6’ 47" ou 2 doigts 35°. Cette écliple fera centrale & annulaire au lever du Soleil, fous le 2 2 5° degré de longitude & le 1 5. degré de latitude boréale, ce qui fe trouve être dans la mer pacifique; cette pé- nombre viendra gagner le nord de F Amérique feptentrionale, fera centrale & annulaire fous le parallèle de Paris, fous le 273.° degré de longitude à 10" 36’ du matin, & à midi fous le 28 64 1 5’ & le 59 de latitude boréale proche la baie Dddd ji 80 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’'ACADÉMIE d'Hudfon, enfuite elle la traverfera, ainfi que la baie de Baffins, la terre du Groenland, la mer du Nord, & viendra finir au cou- cher du Soleil, fous le 3 $d 1 $' de longitude & 694 de latitude boréale; ce qui répond fur les côtes de la Lapponie Danoile. Eclipfe de Soleil du 19 Janvier 1787. La conjonction arrivera à 10h $ 6” du matin, la latitude de la Lune, au temps dela conjon@ion, fera de 14 21° 40" B, L'éclipfe commencera à o? ço' du matin; le milieu arri- vera à 10h 44, la diflance des centres étant de $” 10”: grandeur 6° 24” ou 2 doigts 22'; elle finira à 111 13°. La grande latitude boréale de la Lune fera qu'elle ne fera point totale fur la Terre. Éclipfe de Soleil du 1$ Juin 1787. La conjonction arrivera à 4h 2° 48" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 60° 6" B. L'écliple commencera à 4 31° du {oir ; le milieu arrivera à $° 11°, la diftance des centres au milieu de l'éclipfe étant de 1912": grandeur 13° 28" ou $ doigts 7'; elle finira à 6 7°. Cete écliple fera totale, avec demeure dans l'ombre au lever du Soleil, fous le 1414 1 $' de longitude & le 64.° degré de latitude boréale ; ce qui fe trouve étre au nord de l'Afie: cette ombre traverfera enfüite l'océan feprentrional, aura lieu à minuit, fous le 110% 57" de longitude & le 7 8.° degré de latitude boréale, coupera la Nouvelle-Zemble, & finira au coucher du Soleil , fous le 694 45’ de longitude & le 63% de latitude boréale. Éclipfe de Soleil du 4 Juin 1788. La conjonétion arrivera à 8P $ 3° 47" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjon@ion , fera de 15° 11" B. L'éclipfe commencera à 7 1 0’ du matin; le milieu arrivera à 7h 55’, la diflance des centres étant alors de 19° 45": grandeur 1 2° 46" ou 4 doigts s 1’; elle finira à 8h 56% Cette écliple fera totale, avec demeure dans l'ombre au DES SCIENCES. 581 fever du Soleil, fous le 3 $ 54 de longitude & 1 34 de latitude boréale, c’eft-ä-dire environ vingt-cinq lieues au fud des îles du cap Vert: la route de l'ombre pallera par le cap Vert, Tripoli, la Méditerranée, rafera le nord de l'île de Chipre, aura lieu à midi, fous le 654 42’ de longitude & 364 30! de latitude boréale, traverfera la Perle, les frontières fepten- trionales des Indes, paffera un peu au nord de l'ile de Hainan, proche le golfe de Cochinchine, & finira au coucher du Soleil, fous le 1374 1 5° de longitude & le 1 5.° degré de latitude boréale ; ce qui fe trouve être vers la partie occiden- tale de File Manille. Éclip e de Soleil du 3 Avril 1791. La conjonétion arrivera à une heure du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction , fera de 44 50" B. L'éclipfe commencera à midi 45"; le milieu arrivera à 2h 13", la diflance des centres au milieu de l'éclipfe étant de 12° 10": grandeur 18° 48" ou 7 doigts 3’; la fin arrivera ah 3e Cette éclipfe fera centrale & annulaire au lever du Soleil, fous le 28 s.* degré de longitude & le 36. degré de latitude boréale; ce qui fe trouve être dans la Louifiane: cette pé- nombre traverfera le nord de la Nouvelle- Angleterre, le golfe de Saint-Laurent, y coupera le parallèle de Paris, fous le 3284 39'de longitude, pañfera enfuite entre l'ile de Terre- neuve & la Terre du Labrador, traverfera la mer du Nord, {era annulaire à midi, fous le + degré de longitude & le 6od 30'de latitude, rafera les îles de Ferro, qui font au nord de TÉcofle , coupera la Norvège, fera annulaire à Torneä, & a au coucher du Soleil, fous le 884 48’ de longitude & € 69.° degré de latitude boréale. Éclipfe de Soleil du 16 Septembre x 792: La conjonétion arrivera à 9} 28" 28" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 1° 1 2" A. L'éclipfe commencera à 7° 44’ du matin, fon milieu Dddd ii s82 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE arrivera à 7" 57, la diflance des centres étant de 31 minutes: grandeur 2 1° ou o doigt 7'; elle finira à 8h 12° Cette éclipfe fera centrale & annulaire au lever du Soleif, fou# le 353445" de longitude & le 17° degré de latitude boréale; ce qui fe trouve être vers le milieu des îles du cap Vert, entrera en Afrique par l'embouchure du Sénégal, tra- verfera la Nigritie, les royaumes de Medra & de Gingiro, aura lieu à midi, fous le 57 27° de longitude & y 30° de latitude boréale, ce qui fe trouve être fort proche de Brava, entrera enfuite dans l'océan Indien, fera annulaire à V'ile Francifco, & finira dans la mer des Indes, fous le 1 174 39" de longitude & le 22.° degré de latitude auftrale. Éclipfe de Soleil du $ Seprembre 1793. La conjonction arrivera à midi 1° 9”, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 41° 19" B. L'éclipfe commencera à 9" $0°" 10" du matin; fon milieu arrivera à 118 25° SO la diflance des centres étant alors de 7° 10": grandeur 23’ 41" ou 8 doigts 5 6"; la fin de l'éclipfe arrivera à 11 2° du foir. Cette éclipfe fera totale & annulaire au lever du Soleil dans la baie d'Hudfon, fous le 2964 45’ de longitude & 6 34 de latitude boréale: cette pénombre travérfera le détroit d'Hudfon, l'extrémité méridionale du Groenland, paflera entre l'Iflande & l'École, fera centrale & annulaire à midi, fous le 284 12° de longitude & 57“ de latitude boréale, raféra Copenhague du côté du midi, aura lieu en Pologne & coupera le parallèle de Paris en Silfie, fous le 434 de longitude, traverfera en- fuite la mer Noire, la Perfe, & ira finir au coucher du Soleil dans les Fiats du Mogol, fous le 954 42° de longitucéihéc 2 24 de latitude boréale. Éclipfe de Soleil du 31 Jamier 1794. La conjonélion arrivera à 1 1h 32° $7" du matin, la latitude de la Lune , au témps de la conjonction, fera de 1420" $ 3" B. L'écipfe commencera à 11° 10° du matin; le-milieu DNE:S)-S GNE:N.C ES 533 arrivéra à midi 3’, la diflance des centres étant de 2 5° 35": grandeur 733 ou2 doigts 4 3"; la fin de l'éclipfe arrivera à midi 47. La grande latitude boréale de la Lune fera que cette éclip{e ne fra point totale fur la Terre. Éclipfe de Soleil du 24 Juin 1797. La conjonction arrivera à 4} 32° 40" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la chaonEtOn fera de 14 0° 1 8"B L'éclipfe commencera à 4 59’ du foir, finira à 6h 25": le milieu arrivera à 5" 40’, la difance des centres étant de 22 minutes: grandeur ro’ 33" ou 4 doigts. Cette écliple fera totale, avec demeure dans l'ombre au lever du Soleil, fous le 1704 9’ de longitude & 6 34 de latitude boréale; ce qui fe trouve dans le nord oriental de l’Afie: cette ombre paflera à minuit, fous le 13 14 14 de longitude & 7 51 de latitude boréale, & finira au coucher du Soleil, fous le 117< de longitude & 664 délatitude, toujours boréale, Éclipfe de Soleil du 28 Août 1802. La conjonction arrivera à 7h 17° 37" du matin, R latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 41° 10" B. L'édiipie commencera à 5" 10° du matin; fon milieu arrivera à 6P 2’, la diflance des centres étant de 19° 50”, grandeur 10° 49" ou 4 doigts $'; la fin arrivera à 6h $4". Éclipfe de Soleil du 17 Août 1807. La conjonction arrivera à 8h 24’ 8" du matin, la latitude dela Lune, au temps de la cononion: fera de $ 1” A. Commencement de l'éclipfe à $" 57’ du matin, milieu à 6h40, 11 diflance des centres étant Ag de 22 45": grandeur 8° 13” ou 3 doigts 7°; la fin à 7h 55°. Éclipfe de Soleil du 11 Février 1804. La conjonétion arrivera à 1 1 22° 1 0" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 42”. 1" B. 584 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Commencement de léclipfe à 10h 34° 30" du matin, milieu à 11h ço', diflance des centres au milieu de l'écliple 7° 10": grandeur 2 5" 14" ou 9 doigts 21’; la fin à 11 16’ du foir. Eclinfe de Soleil du 16 Juin 1806. La conjonétion arrivera à 4h 28° 41" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 1 8° $4" B, Re ANT Le Commentement de l’éclipfe à 4h so’ du foir, milieu à $* Cor pe à 4 50' du 32", diflance des centres au milieu de l'écliple 24° 15": grndeur 8' 6" ou 3 doigts 7'; la fin à 6 7°. Éclipfe de Soleil du 29 Novembre 1807. La conjonction arrivera à midi 3° 36”, la latitude de fa Lune, au temps de la conjonétion, fera de 31° 33" B. Commencement de l'écliple à 10" $o” du matin, milieu à 11" 45", diftance des centres au milieu de F'éclipfe 24° 20°: grandeur 8° 17" ou 3 doigts 7'; la fin à midi 42°. Eclipfe de Soleil du 17 Février 1813. La conjonétion arrivera à 8" 40° 54” du matin, la fatitude de la Lune, au temps de la conjon@ion , fera de 41° 13" B. Le commencement de l'écliple ne fe verra point ; le Soleil fe lèvera éclipfé de 1 0° 34" ou 3 doigts $ 5’; le milieu arrivera à 8h 2°, la diflance des centres étant de 10” 1 5": grandeur 21° 43" ou 8 doigts 3”; elle finira à oh 15°. Éclipfe de Soleil du 17 Juillet 1814. La conjonéion arrivera à 6h 42° 1 5” du matin, fa latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 10° 1" B. Commencement de l'éclipfe à 6" 28° du matin, milieu 6h 31°, la diftance des centres étant de 32° 20”: grandeur 41 à 22" ou o doigt 8'; la fin à 61 35°. Éclipfe de Soleil du 19 Novembre 1816. La conjonction arrivera à 10P 28” 1 6” du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 51° 6" B. Commencement DES SCrTENCES. 585 Commencement de l'éclipfe à 8h 24 du matin, milieu à 9" 28", la diftance des centres étant de 7 mautes: gran- deur 25° 47" ou 9 doigts 33'; la fin à roh 41°, Eclipfe de Soleil du ÿ Mai 1818. La conjonction arrivera à 7° 3 8° 19" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion , fera de 30° 32" B. Commencement de l'éclipfe à 6° 3’ du matin, milieu à 6h 55’, diflance des centres au milieu de l'écliple 17° 30": “grandeur 13° 12" ou 3 doigts 1’; la fin à 7° 55". Eclip & de Soleil du 7 Septembre 1820. La conjonétion arrivera à 1h $ 5’ 15" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 44° 43" B. Commencement de léclipfe à midi 33°, milieu à 1h. 59"; la diflance des centres étant de 3 minutes: grandeur 27° $o" ou 10 doigts 38; hfñ à hrs" Eclipfe de Soleil du & Juillet 1823. La conjonction arrivera à 6h $0' 36” du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 14 8” so" B. L'éclipfe aura lieu dans le nord de l'Europe: pour Paris, il n'y aura que le contact, qui arrivera à." 40’ du matin. Éclipfe de Sokil du 29 Novembre 1826. La conjonéion arrivera 1 15 42" 14" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 14 12° 2 3" B; Commencement de l'éclipfe à 10" 5” du matin, milieu à 11h 11/, la diftance des centres étant de 1 5 22": grandeur 17° 44" ou 6 doigts 34'; la fin à midi 21”. Éclipfe de Soleil du 27 Juiller 1872. La conjonétion arrivera à 28 0’ 8" du foir, la latitude de Ja Lune, au temps de la conjonétion, fera de s’ 46” B. Commencement de léclipfe à 2h 20' du foir, milieu à Say. étrang. Tome V, . £cce 86 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 2h 43", la diflance des centres étant de 30’ 50": grandeur a” $4” ou o doigt 45'; la fin à 3 heures. Éclipfe de Soleil du 17 Juillet 1833. La conjonction arrivera à 7h 22° 10" du matin, la latitude J 7 , de fa Lune, au temps de la conjonétion, fera de $ 1° 28" B. Commencement de l'écliple à $° 7° du matin, milieu à 6P 1°, la diftance des centres étant de 12° 5": grandeur 20° 21” ou 7 doigts 47'; la fin à 6h 53°. Éclipfe de Sokil du 15 Mai 1836. La conjonction arrivera à 2 heures du foir , la latitude de la Lune, au temps de la conjonction , fera de 26° 24” B. Commencement de léclipfe à 1» 40° du foir, milieu à 3» 12’, la diftance des centres étant de $" 15": grandeur 25° 37° ou 9 doigts 40'; la fin à 4h 32°. Li Éclipfe de Soleil du 18 Juillet 1847. La conjonction arrivera à 2h 2 1° du foir, la latitude de fa Lune, au temps de fa conjonétion, fera de 14 13° 14" B. Commencement de l'écliple à 3h 1” du foir, milieu à 3P 14”, la diflance des centres étant de 31° 25": grandeur 1° 19" ou o doigt 30’; la fin à 3h 1°. Eclipfe de Solil du 8 Juiller 182. La conjonction arrivera à 7h # 1° $ 2" du matin, la latitude de hi Lune, au temps de la conjonétion , fera de 27' 44" B. Commencement de Féclipfe à $" o’ 30” du matin, milieu à 5" 54’, la diflance des centres étant de $' 30": grandeur 26" 44" ou 10 doigts 9": la fin à 6h 52”. Éclip & de Soleil du 6 Mai 1845. La conjonction arrivera à ro 6’ 2 1” du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 54 59" B. Commencement de l'éclip{e à 8 24° du matin, milieu DES | SICILE NICE LS 587 à 9" 40’, la diflance des centres étant de 17 1 5": grandeur 13° 48" ou 5 doigts 12'; la fin à roû 43°. Éclipfe de Soil du 25 Avril 1846. La conjonction arrivera à $ heures du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 1 1°46" B. Commencement de l'écliple à sh 42° du foir, milieu à 6h 30’, la diftance des centres étant de 21° 50": grandeur 9° 48" ou 3 doigts 42’, la diflance des centres au coucher du Soleil, étant de 30° 15": grandeur, aufli au coucher du Soleil, 1’ 23" ou o doigt 30’. Éclipfe de Soleil du 9 Oltobre 1847. La conjonétion arrivera à 9h 22° 2 6" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion , fera de HAL Commencement de l'éclip{e à 6° 27 du matin, milieu à 7h 42'; la fin à ob 3”, la diflance des centres étant de 1 0 fecondes : grandeur 30" 40" ou 11 doigts 30’; elle fera annulaire; le Soleil débordera du côté du midi de 1° 24”, & du côté du nord de 1° 4". Éclipfe de Soleil du 28 Juillet 1857. La conjonétion arrivera à 3P 48” $" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 47° 7" B. Commencement de l'éclipfe à 2" 14° du foir, milieu à 5h 18'; la fin à 4h 17’, la diflance des centres au milieu de l'éclipfe étant de 8° 10": grandeur 24’ 2 1" ou 9 doigts 1 5". Éclipfe de Soleil du 15 Mai 1858. La conjonction arrivera à midi 15° 6”, la latitude de Ja Lune, au temps de la conjonction, fera de 38" 13" B. Commencement de l'éclipfe à 1 1" 39° du matin, milieu à 1h 6';lafin à 2h 22’ du foir; diflance des centres au milieu de l'écliple 3° 20’: grandeur 28° $1” ou 10 doigts 45”. Eece ij 598 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Éclipfe de Soleil du 18 Juillet 1860. La conjonétion arrivera à 2h 27° 21" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 31°45" B. Commencement de l'éclipfe à 1° $ $” du foir, milieu à 3h s’; la finà 4h 5’, la diflance des centres au milieu de léclipfe étant de 7° 10": grandeur 25° 7" ou 9 doigts 32’. Éclipfe de Soleil du 31 Décembre 1867. La conjonétion arrivera à 1h $ 6” 3 8" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonéion, fera de 30" 43" B. Commencement de l'éclipfe à 2h $' du foir, milieu à 3h 4’, diflance des centres 1 5" 50": grandeur 16° $ 3" ou 6 doigts 13’; le Soleil fe couchera, la diftance des centres étant de 32° 13": grandeur 30 fecondés ou o doigt 11°. Éclipfe de Soleil du 17 Mai 1863. La conjonéion arrivera à $h 4° 1 3" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 58° 5" B. _ Commencement de l'éclipfe à 6 heures du foir, milieu à 6h 46", la fin à 7h 30", la diflance des centres étant de 20° 30": grandeur 10° 27" ou 3 doigts 58”. Eclipfe de Sokil du 19 OGobre 1865. La conjonction arrivera à 4h 47° 1 2" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 36° 36" B. Commencement de Féclipfe à 4h 23" du foir, la diflance des centres au coucher du Soleil étant de 1 $" 10”: grandeur 1538" ou $ doigts 52’: le milieu ni la fin ne fe verront point, attendu que le Soleil fera couché, Éclipfe de Soleil du 8 Oétobre 1866. La conjonction arrivera à $P 24° 46" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 1*8°42" B. Commencement de 'éclipfe à 5} 2’ du foir, La diflance des DES ScrENGCESs.: 539 centres au coucher du Soleil, qui arrive à $b 34’, fera de 30° 30": grandeur 10° 34” ou 3 doigts 58’: le milieu ni la fin ne {€ verront point , attendu que le Soleil fera couché. Éclipfe de Soleil du 6 Mars 1867. La conjonction arrivérà à 9h 19° 21” du matin , la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 44’ 48" B. Commencement de l'éclipfe à 7° $ 1” du matin, milieu à 9h 8’, lafin à roh 29, la diftance des centres, au milieu de léclipfe, fera de 6° 30": grandeur 2 $' 20" ou 9 doigts 26’. Éclipfe de Soléil du 23 Février 1868. La conjonction arrivera à 2h 15° 27” du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 4° 12° B. Commencement de Féclipfe à 3h 42’ du foir, milieu à 3h 54, la diflance des centres étant de 30° 45": grandeur ‘24" ou o doigt 9'; la fin à 4h 6’, Éciipfe de Soleil du 22 Décembre 1870. La conjonction arrivera à midi 31° 21”, la latitude de fa Lune, au temps de la conjonétion, fera de 52° 19" B. Commencement de l'éclipfe à 1 1° 24’ du matin, milieu à midi 45°, la fin à 2P s'du foir, la diflance des centresau milieu de l'éclipfe étant de $” 45": grandeur 27° 12" ou 10 doigts 3°. Eclipfe de Soleil du 26 Mai 1873. La conjonétion arrivera à 9 38° 30” du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 14 o” 56" B: Commencement de l'éclipfe à 7h 56" du matin, milieu à 8h 48’, la fin à oh 34, la diftance des centres au milieu de Y'éclipfe étant de 2 3° 2 5": grandeur 8° 10" ou 3 doigts 6”, Éclipfe de Soteil du 10 Odobre 1874. … Laconjon&tionarrivera à 1 15 24/48" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de $ 3'1 s'B. Ecce ij so MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L’ACADÉMIE Commencement de l'éclipfe à 9 heures du matin , milieu x 10h 29, la fin à 1 11 46’, la diftance des centres au milieu de éclipfe étant de 2 1° 1 5": grandeur 9 41" ou 3 doigts 36. Éclipfe de Soleil du 29 Septembre 1875. La conjonétion arrivera à 1h 13° 5 3" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 12° 53" B. Commencement de l’écliple à 1 1h $ 6° du matin, milieu à midi 37',la fin à 1h 7' du foir, la diflance des centres au milieu de l'éclipfe étant de 2 $” 40": grandeur 5” 40" ou 2 doigts 7. Eclipfe de Soleil du 19 Juill 1879. La conjonction arrivera à oh 40° 2 1" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 8° 4" B. Commencement de léclipfe à 7° 45° du matin, milieu à 8h 39, la fin à oh 41’, la diflance des centres au milieu de l'éclip{e étant de 20° 30": grandeur 10° $2" ou 4 doigts 8, Éclip e de Soleil du 31 Décembre 1880. La conjonction arrivera à 2" 1° 41" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 14 11° 32"B. Commencement de l'éclipfe à 1° 49’ du foir, milieu à 2h 47, la diflance des centres au milieu de l'éclipfe étant de 20 5 0": grandeur 12° 18” ou 4 doigts 28; la fin à 3h 36 Éclipfe de Soleil du 17 Mai 1882. La conjonction arrivera à 7h 54 37" du matin, la latitudé de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 19° 16" B. Commencement de l'éclipfe à 6h 22° du matin, milieu à 7 heures, la diflance des centres étant de 23° 8"; grandeur 8 43" ou 3 doigts 19'; la fin à 7h 49. Éclipfe de Soleil du 19 Août 1887. / La conjonétion arrivera à 6h $” 14” du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonélion, fera de 39° 4" B. . DES ScrENCES. s91 Le commencement ni le milieu de l'éclip{e ne feront point vifibles; le Soleil fe lèvera éclipfé de 2 1° 38" ou 8 doigts 13, la diftance des centres étant alors de 10° 40"; l'éclipfe finira à 5h 30° du matin. Éclipfe de Soleil du 17 Juin 1890. La conjonction arrivera à 10h 8° 3 1” du matin, la latitude J ae s de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 1 3 58" B. Commencement de l’éclipfe à 8h 10’du matin, milieu à ’ . P On », Je 2 h 22°, la diftance des centres au milieu de l’éclipfe étant de L) P 45" 45": grandeur 1 $’ 10" ou 5 doigts 46’; la fin à 10h 48’. Éclipfe de Soleil du 6 Juin 1891. La conjonétion arrivera à 4h 39° 57" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion , fera de $6° $ €" B. Commencement de lécliple à $° 14 du foir, milieu à 5 55’, la diftance des centres étant de 22 minutes: grandeur 9° 40" ou 3 doigts 40'; la fin à 6P 40°. Éclipfe de Soleil du 26 Mars 1895. La conjonction arrivera à 10h 10° $ 1” du matin, lalatitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 14 1 3° 50" B. Commencement de l'éclipfe à 9h 25’ du matin, milieu à > 55 la diftance des centres étant de 28° 1 5”: grandeur 2° 57" ou 1 doigt 6'; la fin à 10h 57°. Ecliyfe de Soleil du 9 Aoû 1896. La conjonéion arrivera à $* 12° 20” du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonction, fera de 41” 9” B. Le commencement ni le milieu de l'éclipfe ne fe verront point, on ne verra que la fin; ke Soleil fe lèvera à 4h 40° éclipfé de 39” ou o doigt 1 5’, la diftance des centres étant de 3125"; elle finira à 4h 42°. Cette éclipfe auroit été de 7 doigts fi la conjonétion füt arrivée une heure plus tard, Li 592 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Éclipfè de Soleil du 8 Juin 1899. La conjonction arrivera à 6h 43" 2 3" du matin, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion , fera de 14 $' 50" B. Commencement de l'éclipfe à 4° 58’ du matin, milieu à s" 35’, la diflance des centres étant de 24° 10”: grandeur 6° 48" ou 2 doigts 25°; la fin à $h 35°. Éclipfe de Soleil du 28 Mai 1900. La conjonétion arrivera à 3" 16’ 41" du foir, la latitude de la Lune, au temps de la conjonétion, fera de 2 1° 22" B. Commencement de l'éclipfe à 3° 21° du foir, milieu à 4h 30', la diftance des centres étant de 11° 10": grandeur 20°46" ou 7 doigts 53"; la fin à $h 28°. Pour rendre les apparences plus fenfibles, j'ai tracé la figure de fa principale phafe de chaque éclipfe, afin que l'on puiffe voir d'un coup d'œil l'effet de chacune, Iota. Pour l'intelligence des figures, il eft à obferver que la Lune va toujours de la droite à la gauche; ainfi l’on voit, Planche 1" par la figure de l'éclipfe du 9 Janvier 1777, que cette éclipfe feroit annulaire à Paris, puifque la route apparente de la Lune fe dirigera fort proche du centre du Soleil, mais on fera privé de Ce phénomène, le Soleil étant couché lorfque le milieu de léclipfe arrivera. DIVERSES Jcav .Etrang Tome V.Fage $02. - A | grandes phases de toutes les Eclipses de Sole | depuis 1 Janvier 1707. jusques EL coMprE 1900. -g. Janvier 1777. | 24. Juin 2778. 28. Mars 2778 Z2, Apvrili782. 27: Octobre1 1781 : 4. Jun 2788, 3, Avril 2791. 24 Juin. 1797: . Janvier 1 794. 1. Fevrier 2804. 17: Aousrt 1803. 26. Jun 1806, CE Haussard Jeulp Jtav.Etrang Tome VTu9e $02 1%Planche des plus grandes phases de toutes les Eclpses de So vasibles a Paris depuss Li Janvier 1707. Jusques etcompris 1900. 7) D Hu ar 69 23, Mars 9 Januter 1777 24. Jun 17 1. Juin 19779 23, Avril 2781 22. Avr 1782 19. Janvier 171 plmbre 1792 28. doust 180 Jun 1788 3. Avril 1791 dB. Janvier 1794 24. Juin.1797 Z 1p 17. Aoust 1803 1. Fevrier 180 f 16. Juin 1806. CE Haursart Jeulp Jcav. Elrang Tome 7 Page 92, as grarutles phases de toutes Les Eclipses de Soleil visibles | “us lei Janvier 1767. Jusques etcompris 1900. UC 7 ? 19 21% Fevrier 1813. 27: Juillet 1814. mes. 19 Novembre 1816, 7. déptembre18 20. 8. Juillet 1823, 29 Novembre 18 26! 25, May 18867. 20. Avr 28Z67. 28. Juillet: 18 41, g-Octobre 2847 . ne 2) 18. Jullet 1860. 31. Decembre 18621. LA Haussard Julp. RS tav. Etrang Tome Page So2 — er * toutes ler Eclipsar de. fol vuribles 707. Jusques etcompris 1900. 2° Planche des plur grande as phases 4 a Parts depuis Li lanvier 2 ——— = = 29. hovembrezWo7. 1% Fevrier 1813 7 Juillet 1834 19 Novembre 1816. \ | == | | | ee | - 1 | Le | —__— —+——— — — — 5. Uay 1818 7-Jéptembrei820. | 8, Juillet 1823 29 Novembre 18 26! Î IE 7- Jullet:1833 | nm | | S | | | | = | | Fe | 27. ullet 1832 ss 15. May 1886 18. Juillet 38 1. 8. Tullet- 832 25 Avr 1846 28. Juillet 1851 | 15. Mars 1858 18. Juillet 1860 31. Decembre 1861 BA Hausrard ulp | Jeav. Ptrang Tome V':Prge So2 ler grandes Phases de toutes Les Eclipses de Soleil) s depurs 1 Janvier 1767. Jusques e£ Compris 1900 ; = / 29, Octobre 1866, 8. Octobre 1866. 6. Mars 18 67 ; 22, Decembre18 70. LS May 1873. 19. 0ctbre 287 4. 31. Decembre 1880. 17-May 1882. 27: Juin 2Bgo. 6. Jun 1892. 26. Mars 1896. 8. Jun 1899. 28.May 1900. LC Aaussard Seul 3° Planche des plus gr'ane vurthles a Var 27. May 1868 Jav Etrang Tome VPrge So2 ur dopuur Le1! 19 Octobre 18 s Phases de toutes les £ lpses de Joli) vf rh danvier 1767. Jusques et COIRPTES IQ 00 . 8 Octobre 1866 Ê Mars 1867 23, Fevrier 1868 Decembre183o. 26. ay 1873 29 Octobre 187 ÿ 29. Septembre 1875 19. Tullet 18 7 9 31. Decembre 1880 19. Aourt 1887 17. Juëv 1890 6. Jun 1891 9. dourt18 96 8. Jun 1899 28. May 1900 Ce Zausunt Sodp DES SCIENCES. 597 0 OR DER PCENRS ETS COMPARAISONS DE LA LUNE AVEC DES ÉTOILES FIXES, Faites à Rouen dans le courant de l’année r 256 Par M. Bouin. "AT fait les Obfervations fuivantes avec M. Dulague, Profeffeur d'Hydrographie; lInftrument qui nous fervoit étoit une excellente lunette de 4 pieds, à deux verres, de la façon de M. Canu, de l'Académie de Rouen : au foyer de ces verres étoient des fils croifés à angles de 45 degrés. J'avois dreffé dans mon Obfervatoire, à Saint-Lô, un plan du méridien, dans lequel font tendues des ficelles d’une ligne d'épaitleur ; ces ficelles n''avertiffent du paffage du Soleil par ce plan: l'ombre des cordes eft coupée alors en deux par une trace de lumière, qui ne me laifle pas en fufpens plus de 2 à 3 fecondes de temps fur le paffage du centre du Soleil par ce méridien. M. Pingré, dans un voyage qu'il a fait à Rouen, s’eft afuré de la juftefle de ce plan; & par plus de vingt hauteurs correfpondantes, prifes à chaque fois & en différens jours avec un quart-de-cercle, qui n'a à la vérité que 9 à 10 pouces de rayon, il na trouvé qu'une demi-feconde de différence pour la plus grande erreur. C'eft par ce méridien que je règle la pendule qui fert pour nos obfervations; & comme le bâtiment dans lequel j'ai tire ce plan m'eft pas en pierres, J'examine de temps en temps, par des hauteurs correfpondantes du Soleil ou des Étoiles. fi les bois ne varient point: depuis plus de cinq ans qu'il ef fair, la plus grande erreur que j'aie trouvée, a été de 8 à 10 fecondes : erreur à laquelle nous avons eu égard, lorfqu’i Ja fallu dans la füite. Jar, rang. Tome V,, . FfFf "| 594 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Occultation de m du Capricorne, le 27 Novembre, Avant l'immerfion, nous primes trois fois le paflage de la Lune & de l'Étoile par les fils obliques & par l'horaire: nous en avons déduit la différence d'afcenfion droite & de décli- naifon entre ces deux aflres pour chaque inftant du paffage du centre de la Lune au fil horaire. Pour plus de précifion, nous avons pris un milieu dans le réfulat de ces trois obfervations, de même que dans l'heure. Par ce moyen , nous avons trouvé qu'à 7" 8° 5 5",temps vrai, méridien de mon obfervatoire, la diftance des centres étoit "n Nr ent nn NS ot io ES D Dot 1256",4 L'immerfon eft arrivée à 7" 32° 45". Par conféquent la diflance des centres pour ce mo- ment, cft égale au demi-diamètre apparent de la Lune, que les Tables des Inflitutions donnent De ces deux diflances , & du mouvement vrai de la Lune, tiré des mêmes Tables & converti en mouvement apparent... .....-..-.... A1 “ 643,4 on déduit la route obfervée de la Lune à l'égard de l'étoile. De ces Élémens & de la déclinaifon apparente de l'orbite, prife auffi dans ces Tables, trouvée de... 14 59" 21° I fuit que le centre de la Lune, à l'inflant de limmerfion , étoit plus occidental que l'étoile deto.. 3. 26% & plus boréal de............... ©. 1. 4757 La longitude apparente de # du Capricorne, prife dans le nouveau Zodiaque gravé par Dheulland, étoit'alorsien 8.1. MM: 0 Mes. 1. .22.124.143,2 | fa latitude auftrale de. ........... o: 9. 1032 Donc la longitude apparente obfervée de la Lune, étoit, à l'inftant de l'immerfion, en ...... D2ENST. 11054: fa latitude apparente obfervée....... o. 23. Le nonagéfime au même inflant, étoita.......22. 57. 23 La Lune étoit donc moins avancée de. ....... 60. 36. 7 Ainf la parallaxe en longitude additive, étoit. ... + 35. 50,5 D'E S SCIE NC ES 595 en latitude fouftractive. .......... — 41° 282 Donc Ia vraie longitude obfervée de la Lune, étoit Occultarion de « du Taureau. Le $ Décembre, la Lune pañlà par les Hyades & éclipfa l'œil du Taureau; le ciel étoit beau avant l'immerfion : nous primes donc trois différences en afcenfion droite & en décli- naïfon, mais le mauvais temps füurvint lorfque l'étoile étoit près de fe cacher derrière le difque. Nous ne vimes ni l'im- merfion ni l'émerfion; & les nuages nous dérobant même la vue de l'étoile, il ne nous fut pas poffible de prendre après lémerfion des différences de paflages. Par un milieu pris entre les temps, & les différences trouvées, avant l'immerfion , nous concluons qu'à 9h 32° 4°, temps vrai, l'étoile étoit plus orientale que le centre de la Lune, de of 222 6% & plus méridionale que le bord boréal de.,... o. 8. 49 Le demi-diamètre horizontal de la Lune en ce moment, felon l'Etat du ciel, étoit de...., O. 14. 49 Ainfi le demi-diamètre apparent étoit de..... 0. 15. 0 Si on le diminue de 8° 49”, le refte........ rojs MAC à fera la différence en déclinaifon entre l'étoile & le centre de la Lune, qui fera plus auftral de cette quantité. L'afcenfon droite d'e du Taureau étoit alors... . 65. 30. 92 Sa déclinaifon boréale étoit.. ,.......... ne ANS NS 0 NS 6 Donc l’afcenfion droite obfervée du centre de Ia LORCLOG SA OA GR NT QE ee 64: 56. 43,6 Et fa déclinaifon obfervée............. re. US: 57 45 B Suppofant l'obliquité apparente de l'écliptique... 23. 28. 81 La longitude apparente obfervéc de la Lune fera 65. 50. 50,8. Sa latitude apparente obfervée ........ ARE La longitude du nonagéfime à ce moment (en prenant la parallaxe dans l'État du ciel) étoit, .. 51. 7. 36 Donc diflance apparente de Ia Lune au no- HabÉMEA Deco else eiete ee NT de 43 15 LA D 5 + (e] Û LA > 596 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Ainfi parallaxe en longitude fouétractive. ..... — 11° 30”,1 en latitude auffi fouftractive. ...... = 3177 Par conféquent, longitude vraie de la Lune obfervée Ent te ANTENNES El EE bidon à To bRe LL Da C2 74 Jatitude :obiervées. 1 Rene 4. 56. 22,8 A Occultarion de w de la Baleine. Le 30 Décembre fuivant, par trois différences de paflages, prifes entre Pétoile de la Baleine, appelée m, & le centre de la Lune, j'ai conclu à 9h 36° 23", temps vrai, que la diftance apparente des centres téloitidente il ee teinte : 1428",6 L'étoile fut éclipfée fous Ja partie obfcure de la Lune à roh 2° 8", Le diamètre apparent, felon les Tables des Infti- tutions, étoit alors de.......... rc 912,5 Nous n'avons pu faifir linflant de l'émerfion ; la clarté de la Lune effiçoit dans linftrument la lumière de l'étoile: mais ces obfervations étoient fufhfantes pour déterminer le lieu de la Lune, en empruntant fon mouvement dans les Tables. Cependant, pour plus de précifion , nous avons pris après ’émerfion quatre autres différences de paflage, par lefquelles je trouve à 11° 32 49", la diffance des centres de. 444000. 15004 Le demi-diamètre de la Lune, fon mouvement apparent fur fon orbite, & l'inclinaifon apparente de l'orbite, étant tirés des Tables, avec chaque diflance obfervée , j'ai eu deux différences de longitude & de latitude apparentes entre le centre de la Lune à l'inftant de l'immerfion & l'étoile. Par un milieu dans ces Calculs, on trouve qu'a 10h 2° 8” la différence de longitude entre les CENTS MÉLOID IDE Na ne Ua NE PATAE sa LOT A MAC dont la Lune étoit plus occidentale. £t qu'elle étoit plus feptentrionale de. . ... HONOR 2DE) Selon le Zodiaque de Dheulland , la longitude apparente mGlOIte Lie Miele lee HR 38. 30: 40% DIE SN SNCNITENNUCLE Et fa latitude apparente auftrale. ...... PE ne Donc longitude apparente de la Lune........ Sa latitude apparente... .... M RAP RER RAY Nonagéfime pour cet inftant.............. Donc la Lune moins avancée de....,...,.., Par conféquent, parallaxe en longitude additive.. en latitude fouftractive . .......,.. Donc vraie longitude obfervée de la Lune en *’.…. Vraie latitude obfervée. ..,......,,,.,... Ffff 598 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE 0:B SE-RV'AT I ON.S Faites à Rouen, dans le cours de Mannée 1757. Par- M. Bouïrn. AT déjà eu l'honneur de préfenter à l’Académie, dans des Mémoires détachés, plufieurs phénomènes céleftes que nous avons obfervés cette année. Je lui aï rendu compte de l'Oppofition de Jupiter, arrivée au mois de Juin, du paf fage de la Lune par les Hyades, & de l'éclipfe arrivée au mois de Juillet, de la Comète qui a paru dans les mois de Septembre & d'Oftobre, d'une Aurore boréale obfervée au mois de Novembre, enfin de l'Occultation de l'Etoile nommée £ dans Ja Baleine, éclipfée par la Lune au mois de Décembre : en voici quelques autres, que des occupations inévitables m'a- voient empèché de foumettre au Calcul. Occularion de y du Taureau, le 7 Août. L'immerfion arriva à 17h 2° 18", ou très-peu après, fur une ligne tirée le long de la tache appelée Schikardus par Riccioli; le jour faifoit qu'on avoit peine à diftinguer la lumière de l'étoile dans une lunette de 9 pieds. Appulfe de w du Sagütaire, le 24 Août. Pendant que j'étois à Paris, où je rendois compte à l'Affem- blée de quelques-unes des obfervations dont je viens de parler, M. Dulague obferva cet appulfe & la conjonétion dont je vais parler ci-après. Il prit entre la Lune & x du Sagittaire fept différences de patfages , defquelles il a déduit la route obfervée de cet aftre à l'épard de l'étoile , en empruntant des Tables des Inflitutions le mouvement vrai de la Lune & l'inclinaifon apparente de fon orbite. D; É 5: | SC AAE NC Es: _ 599 Avec ces élémens, il a conclu à 8h 44’ 26”, temps vrai, la différence - de longitude entre les centres, de........ oO" éd dont l'étoile étoit plus occidentale. Et la différence de latitude de...........,. o. 20. 8,4 dont elle étoit plus méridionale, La longitude apparente de l'étoile pour ce jour, BEN SE MO do A BE do GE het 29. 49. 51 Sa aritude apparente HAN EEUT RE CEET 2, 22, 21 B Donc la Lune avoit pour longitude apparente EUR SAS AIR Me EN In UaLele CHA PEUT 29, 58. 19,3 Et pour latitude auffi apparente. ....,...... 2. 42. 29,4 B Le nonagéfime étoit alors................ 301. 18. 11 La diflance de la Lune à ce point, ........ PUNTO NS ES La parallaxe en longitude par conféquent de... + 9. 52,4 en latitude auffi additive. . ....... + 55. 12 Ainfi a longitude vraie obfervée de la Lune étoit.. 270. 8. rt PEN Etude: REMISE AL TA rATE LEtEt % 3. 37. 41,4B Coronttion apparente de la Lune avec € de 1 Écreviffe. Le 8 Septembre, M. Dulague fit cette obfervation en te- nant le fil fixe du micromiètre fur l’extrémité des cornes de Ra Lune: lorfque l'étoile fe trouva dans le fil, il fit couler le fil mobile jufqu'à l'étoile, pour avoir la diflance du bord méridional de la Lune à l'étoile, qu’il trouva de 2 révolutions & 10 centièmes de ce micromètre, c’eft-à-dire que l'étoile étoit plus méridionale que le bord auftral de la Lune de od 4 at 7 : Or, comme d’un côté la Lune eft à une très-grande diftance du Soleil, & que de l'autre elle s'éloigne peu de l'écliptique, on peut regarder la ligne des cornes comme perpendiculaire à l'écliptique, fur-tout lorfqw’elle n'efl pas loin de Pétoile; car alors la ligne mefurée étant très-courte, l'erreur devient infen- fible, & on peut la regarder comme repréfentant une portion du cercle de latitude qui paffe par le centre de la Lune, Ces Aflres, lors de lobfervation, étoient donc en conjonction apparente & avoient la même longitude: ainfi fa diftance du bord méridional à l'étoile étoit la différence de la latitude 600 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE entre l'étoile & ce même bord; & pour avoir celle des centres, il ne s’agit que d'ajouter le demi-damètre apparent de la Lune, qui felon les Tables, étoit de 14° 48",4; ce qui donne pour différence de latitude des centres apparens, 18° 52". Le Catalogue de Dheuland donne la longitude HN de l'étoile ; CNNES ele cles ele buse tee 274 S6M2/2 12 SABHUdERpPpAEN TC EL EEE TOC 2. 17. 51,4A La longitude apparente obfervée de la Lune eft Core Bad so 'obinaitat Sos le clorats bec 27-05 CU22,2 Ftiañiatitudertapparente ec cmeree I. 58. 59,4A Lorfque la Lune avoit la men longitude obfervée que l'étoile, la pendule marquoit 15 o' 0”; elle avançoit pour lors de 27° 41", ce que l'on déduit des paffiges du Soleil par le méridien, tant le 8 de ce mois que le 11, en fup- polant Je mouvement de la pendule uniforme durant ces trois jours: il étoit donc au temps vrai 14h 32° 19". Or à cette heure Île nonagéfime étoit à...... 43% 44° 40° La difflance de la Lune à ce point étoit..... ZAC (42 La parallaxe en longitude fouftraétive........ — 41. 50 Celle de latitude auf fouftracive.. ......... — 31. 42 Donc longitude vraie obfervée en & ........ 27. 14: 92 Latitude vraie tauftrale. . +... .. .. NS ToN27 01724: Paffage de la ‘Lune par les Hyades. M LA 25 Novembre, la Lune étant dans les Hyades, nous primes fept fois la différence d'afcenfion droite & de décli- naifon entre cet Aftre & 8 la plus boréale du Taureau. En prenant un milieu dans les quatre premières différences avant la conjonétion , on trouve que le centre de la Lune, à 6? sisi 22 DES temps vrai, précédoit l'étoile de 49" — où ra 20 ro & que fon bord méridional étoit plus SAUT deio 1531559 D'un autre milieu, pris entre les trois dernières après la conjonction , il fuit que l'étoile à 7" 34° 4 "5, précédoit le centre de la Eune de DOS AMNIERS, So ETC EC IAE ché 7e ee & étoit TE auftral que ni bord méridional de.. ©. 21. 48,1 D Er st S'CUrIE' NC ES: J'ai employé avec ces différences le demi-diamètre tiré des Tables, & j'ai eu la différence d'afcenfion droite & de déclinaifon entre les centres pour chacun de ces deux inflans. J'en ai déduit leur diftance au premier, de. .... auPecondéde sentence tir MÉAMRRUTÉ Ces diftances, le mouvement apparent & l'incli- naifon apparente de Porbite, tirés des Tables, m'ont donné à 6h 56° 22”, la différence de longitude entre les centres, l'étoile étant plus OA S NE PE tr tn Celle de latitude, l'étoile étant plus auftrale.. . . La longitude apparente de l’étoile étoit en x., Sa latitude apparente auftrale de... ... PENSE Ainfi la longitude apparente de 1a Lune étoit en x Saglatitade tee LME SOS D CONS NES Le nonagéfime, à la même heure, avoit en longitude, 2 à SÉRRSM A AONT CTIT ONE PETER RATE La diftance de la Lune au nonagéfime étoit.. .. Donc Îa parallaxe en longitude fouftractive étoit Celle de latitude auftrale fouftractive , de... ... Ailnfi la longitude obfervée de Ia Lune, étoit CET Ne lea TRIER UE AEURRE PSE) & fa latitude vraie obfervée . . ... ARTE Fo Le même jour, nous primes neuf différences de paffages entre la Lune & x du Taureau: un moyen réfultat, tiré des quatre premières avant 12 conjonction , nous donne le centre de la Lune à ro" 17° 37°=, plus occidental de 2° CHIC ONSEE SALE: ANS EN RE ME I O, dada io & le bord méridional plus boréal de......... La diftance des centres alors fe trouve de..... Par les cinq dernières différences , prifes après la conjonction, on trouve que l'étoile à 12h 44° 7"+, précédoit le centre de la Lune de 1° 41°” Eesessesessrose io SE LEE : & que le bord auftral étoit plus boréal que l'étoile dé LL Tele NP A La Hp es EE PRO La diftance des centres à cette heure étoit de. . . O+ 30. 41. Cor 551 3 23757 25. 28. 26,4 35 3025",1 Sav. érang. Tome V. . Gegg Co2 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE Avec ces deux diftances & les autres élémens tirés des Tables, nous trouvons le centre de la Lune, à 12" 44° 7", de oriental que l'étoletdente craie ME HS NAN. 9 31° $6”,9 & plus boréal Lo TRS AS IE rod 0. 39. 5,8 Longitude apparente de l'étoile , alors en x.... 6. 24. 28,6 Sa latitude apparente "Me CEA Re uns 2: sd A Donc longitude apparente obfervée de la Lune CHE eee chere cicfelefu secte eleiei ecole AE CEE GES Latitude apparente obfervée .............. 4. 49. 51,6A Le nonagéfime étant à cette heure... ....... 77. 44. 23 La diflance apparente de la Lune à ce point. . 47. 58 La parallaxe en longitude étoit additive de... 10. # 9. 20,6 Celle de latitude fouftractive, de......... .. — 28. 59,2 Donc longitude vraie obfervée de la Luneen x.. 7. 5. 46 & aatitudentud-ELPERErR ER HO no cowor 4. 20. 52,4À Autre paflage par les Hyades le 22 Décembre. Nous primes, avant Ja conjonction de la Lune ec l'étoile du Taureau, cinq paflages & trois après la conjonétion. Le milieu dans les cinq premières nous donne à roh 23° 26”, le bord occidental de la Lune plus occidental que l'étoile de 2’ SM EE CCC 5n8 0 0e 0 où 42 ,:52:,8 & le bord méridional plus nord de.......... Oo. 19. ‘1,8 Demi - diamètre de la Lune en afcenfion droite, tirétdes "able MIE PIRE Re ME RMC NS SI Donc le centre étoit moins avancé que l'étoile de 127: 10008 Le demi-diamètre en déclinaifon étoit........ CRT 2UPZ Donc le centre étoit plus boréal que l'étoile de NON 27 Dritancer descentes Re PRES AR PERTE 2590",9 Les trois différences , prifes après la conjonction par un milieu pris de même dans les réfultats & dans l'heure, donnent à 11" 39° 1", le bord occidental de la Lune moins orientalde... o. 13. 47,3 & le bord méridional plus nord'de.......... O:127-120% Donc le centre de la Lune plus avancé que l'étoile < PAT PO ROUE Hoceole ré dune OL ZAC & plus nord de..... TALBOT TRE O0. 42- 425 Diflance des centres. ....... ee. 2577 53 D E;S. SC I 'ENC E S 60; Ces diflances & Jes autres élémens pris dans les Tables, donnent au moment de la première diflance, TO M2 3112042 La différence en longitude apparente entre ces Aites Me MN PAR PANIERS où 19! 11”,3 . dont le centre de la Lune étoit moins avancé. La différence en latitude, dont il étoit plus boréal. 0. 38. 43 + La iongitude apparente de l'étoile alors étoit.... 62. 25. 7,8 Sa latitude apparente auftrale de........... PHRASE 2 Ce qui donne la longitude apparente obfervée de de LR re. AMEN ARTE 62 NS CS GS & fa latitude apparente auftrale de.......... SANNOENLS 2 Longitude du nonagéfime à ce moment...... 73- SOUS La Lune étoit donc moins avancée de...... UNIES NO Ainf la parallaxe en longitude additive de.... + "9. $2,5$ Celle de latitude fouftractive de. .......... FOI NZ9 209 Donc longitude vraie de la Lune obfervée alors.... 62. 15. 49 Latitude vraie obfervée méridionale. .,...... 4 37 191ÂÀ Phénomènes météorologiques arrivés cette année. Le 19 Juillet, il y eut un météore affez fingulier : je n'en ai pas été témoin, mais il m'a été rapporté par M. Trouvain, Chanoine régulier du Mont-aux-Malades proche Rouen, homme refpectable, qui la vu, accompagné de plufieurs perfonnes curieufes & dignes de foi, qui l'ont aperçu comme lui. Je lui ai lû la defcription fuivante, & il l'a trouvée con- forme à ce qu'il avoit vu. Sur les neuf heures du foir, le ciel étoit beau &K les étoiles jetoient un très-grand éclat ; feulement l'horizon étoit chargé de quelques nuages d'où il fortoit des éclairs, fans qu'on en- tendit aucun bruit de tonnerre. Il parut tout-à-coup vers le midi, tirant un peu à lorient, une efpèce d'étoile plus bril- Jante & d'un diamètre plus grand que Jupiter, qui étoit alors fur l'horizon , & à la hauteur duquel parut le phénomène : fon éclat étoit femblable à celui des étoiles d'artifices que l'on met dans nos fufées volantes. Sans paroître prefque changer de place, fon globe jetoit des élincelles qui formoient comme Gegg i 64 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE une efpèce de queue de comète: ce miétéore dura quelques fecondes, & s'éteignit comme il s'étoit allumé. J'ai donné dans un Mémoire particulier, la defcription d’une Aurore boréale, qui a paru cette année le 1 2 Novembre, mais. je trouve dans mon Journal, fous une date aflez poftérieure, que M. Fouray, Profefleur royal d'Hydrographie, l'avoit auffi vue commencer à Dieppe fur les fix heures & demie du foir,. & qu'il avoit trouvé que fon étendue occupoit Fhorizon, depuis l’oueft-nord-oueft jufqu’à left-nord-eft , & que fa hau- teur excédoit celle du pôle : que cette Aurore, affoiblie vers les neuf heures, augmenta en force & en étendue vers les dix heures : elle fe ralentit de nouveau fur les onze heures, qu'il cefla de l’obferver. Le 28 Octobre, il y eut au Havre un tremblement de terre pendant Ja nuit : il fe fit fentir aufli à Rouen, où un très-grand nombre de perfonnes s'en aperçurent & en furent effrayées. I en arriva encore un au Havre le 9 Décembre de cette même année: il fut fenfible à Montivilliers, qui n'en eft éloigné que de quelques lieues. DES SCIENCES. 6os OP PEUR PAUL OÙN DE) LÉ CL LPALE) DEN OLA NL" Faite à Rouen le 13 Juin 17600. Par M. DuLacuEr, Profeffeur d'Hydrographie. our m'aflurer de la pendule, j'avois pris exaétement le midi tous les jours depuis le 8 Juin; le 12 & le 13 je pris de plus des hauteurs correfpondantes : a pendule marqua toujours midi au même inflant , & elle retarda continuellement fur le temps vrai de 9422 Le 12,Jje mefurai deux fois le diamètre du Soleil avec Yinftrument qui devoit me fervir: je fis la même chofe le devant & après l'éclipfe. J'ai toujours trouvé le même télultat, c'eft-à-diré 1 6 révolutions oo centième: ce diamètre eft celui de déclinaifon, car j'avois fait fuivre aux deux bords du Soleil les fils du micromètre éloignés de cette quantité. M." Ballières & Ligot, de l'Académie de Rouen, me prètèrent fecours, & comptoient les fecondes à la pendule : M. Jamard , Chanoine régulier de la Congrégation de France, avoit, pour obferver l'entrée, une lunette de 8 pieds, dont loculaire eft de 29 lignes : j'en avois une de 16, avec un oculaire de 33 lignes. Comme elle eft fufpendue à des cordes & qu'il régnoit ici un vent de nord très- violent, je tâchai de la conduire de mon mieux, fmais elle vacilloit tellement que je ne pouvois m'aflurer fi la partie du difque, vue dans la lunette, étoit celle où devoit commencer l'écliple. M. Jamard s'aperçut le premier à 6" 18° 16", temps vrai à Rouen, que léclipfe étoit déjà commencée, Je pris enfuite les phafes fuivantes, en mefurant avec le micromètre la partie vifible du Soleil dans une lunette de 4 pieds: il y eut pendant l'écliple des nuages dont le mouve- D ment étoit fort rapide, mais on ne laiffa pas de voir le Soleil Gygg i 606 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE à travers ces nuages, même fans le fecours de la lunette & à R vue fimple. Temps vrai, Parties vifibles ©, Temps vrai, Parties vifibles ©, a 6" 44° 38° du matin 14,22 à 6" 56° 13" du matin 12,00 CRIME APR MINE CERN E ASE 2 11,50 CNAT A2. eee 13:70 TL LE PE Qoot 11,00 6. 48. 4te....ee HAE RSS UT ER ,10,50 CONS TON OLA SFR 13,00 TAUPE MNT 10,00 SMS ONE PEINE PES 12,50 7e 17:: 18 min.dout. 9,20 La machine parallatique étoit placée à la fenêtre du nord- eft de l'Obférvatoire de Saint-Lô; mais alors une cheminée me cachant le Soleil, je fus contraint de tranfporter mon inftrument à une autre fenêtre, Je n'aperçus en reprenant mes opérations , que le milieu de l'écliple étoit arrivé durant le temps que j'avois mis à faire ce changement. Voici les autres phafes. + Temps vrai, Parties vifibles ©, Temps vrai, Parties vifibles © ÉTOILE 0,20 EU SC RETENUE TES 12,00 7e 37e Bee 9,50 7058-10 eE ID2)50 TNA3 9: EN IMEO/00 Bebe 48 PEER; 00 7e AC NIS Be ee 10,50 CANTINE HONOR IE PT» SOINS I TIRE 11,00 S'IL P PET Loan 7.53: 18.1 99. RINT 1550 ; M. Jamard a jugé la fin, avec la Junette de 9 pieds, à 8% 15 53’; avec celle de 16 pieds, je l'ai trouvée à 8h 1 5" 59% CG DES SCIENCES 607 ML ER: Os A) EM | SUR UN ENFANT MONSTRUEUX. Par M. BETBEDER. -E 17 Décembre de l'année 17 5 6, une inconnue, âgée d'environ ‘vingt-cinq ans, d'une complexion robufle, ayant été furprife dans une paroiffe de campagne, à deux lieues de Bordeaux, par les douleurs de l’enfantement, fut forcée de s'arrêter dans une chaumière , où, après trois heures de travail, elle accoucha de l'enfant dont je vais parler. L'accouchement fut naturel; l'enfant fe préfenta par Ia téte, ce qui fit efpérer que la mère feroit bien-tôt délivrée: cepen- dant lestravail devenoit long & la tête s'engageoit de plus en plus au paflage ; alors le Chirugien qui fut appelé saperçut du rifque que couroit l'enfant d'être étranglé; il faifit fa tête, & la tirant avec prudence, il délivra enfin la mère, qui n’éprouva dans cette occafion que des douleurs égales à celles qu'elle avoit déjà fouffert dans un premier accouchement. Ses douleurs fe calmèrent peu de temps après, & fes couches n'ont rien eu de particulier; mais quelle füt la furprife du Chirurgien {orfque l'enfant fut entre fes bras! il na pu me le diflimuler, & l'Académie ne la trouvera point fans fondement, après qu'elle aura 1ü {es obfervations que je vais avoir l'honneur de lui communiquer dans l'ordre & avec la méthode que j'ai fuivie dans l'examen que j'ai fait fur les lieux le 31 du mois de Mars. 1.” L'enfant venu à terme, a dix-huit pouces de long ; if ft épais, mefuré fur les épaules, d'un pied trois pouces & demi. 2.° Il a deux têtes, que je nommerai 1ée droite & 1ée gauche, afin de ne point laifier d'équivoque fur quelques par- ticularités qu'elles préfentent : ces deux têtes font placées fur ‘deux cous bien diftinéts, compofés de vertèbres, munis vrai LL ” 6o8 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIF femblablement des mufcles & recouverts des tégumens com- muns : leur articulation n'offre rien de particulier, & lun & l'autre auroient fans doute exécuté tous les mouvemens ordi- naires fi l'enfant eût vécu. La tête droite paroît un peu plus groffe que la gauche, & celle-ci eft de quelques lignes plus élevée que la droite; la circonférence de la droite porte un pied trois lignes en pañfant fur le coronal, les temporaux & terminant {a mefure à l’oc- cipital. La tête gauche n'a de circonférence que onze pouces dix lignes. Ces deux têtes font exaétement conformées; fa partie che- velue eft garnie de cheveux; elles n'ont aucune difformité fur la face, les organes des fens , les yeux, le nez, la bouche, les oreilles & les autres parties font dans l'ordre naturel & très-bien marquées. Chaque bouche eft garnie d'une langue particulière, & j'y ai obfervé l'origine d’un Por & d'un œfophage, Les vertèbres des deux cous qui fapportent les têtes, font la fuite de deux colonnes offeufes qui forment deux épines bien diftinétes jufque vers la feconde ou la troifième vertèbre des lombes , & celle-ci paroît être l'affife des deux épines: au- deflous des vertèbres des lombes, je n'ai trouvé qu'un os facrum commun aux deux épines , terminé par un coccix unique. En continuant mes obfervations par la partie poftérieure, jai reconnu que cet enfant étoit un compofé de deux corps, que la Nature, par une bizarrerie fingulière, avoit réunis feu- lement par les tégumens de ce côté ; un fillon profond qui règne entre les deux épines depuis les omoplates jufqu'aux vertèbres des lombes, fait aifément diflinguer ces deux corps: il paroït un peu plus de confufion vers les épaules, où les deux corps font intimément unis. Pour fe former une idée de leur fituation dans cette partie du tronc, il faut fe repréfenter deux enfans appliqués par le côté & qui sembraffent récipro- quement, ayant lun & l'autre un bras derrière le dos ; cette pofture repréfente le compofé dont il s'agit. En effet, ce corps double a quatre bras, deux antérieurement & deux poftérieurement ;* DE S SEL EUN, Cine 609 poftérieurement , avec cette différence que les poftérieurs font enveloppés depuis la tête de l’humerus jufqu'aux poignets dans une gaine commune, formée par la peau ; que depuis le poignet, je veux dire depuis le carne jufqu’à l'extrémité des doigts, les deux mains font très-bien féparées, bien diflinétes & compolées chacune de cinq doigts. Les extrémités fupérieures, qui, fuivant ce que je viens de dire, font doubles, répondent à quatre omoplates & à un pareil nombre de clavicules. Les vertèbres dorfales font articulées dans chaque épine , avec le nombre ordinaire de côtes, de forte qu'on doit diflinguer les côtes en antérieures & pofkérieures : les côtes poftérieures font plus courtes que les antérieures; je n'ai pu fuivre celles-là, mais celles-ci, qui appartiennent aux deux corps, vont fe terminer à un flernum commun, cartilagineux & beaucoup plus étendu qu'il ne left: ordinairement dans un enfant naif- fant: il fe termine par un feul cartilage xyphoïde ; de forte que ce corps, qui paroît diftinctement double dans fa partie poftérieure, eft fimple dans l'antérieure. Les deux bras, que j'ai nommés ænérieurs & dont je n'ai point encore parlé, font placés latéralement dans la fituation ordinaire; de manière que le bras droit appartient au corps droit & je gauche au corps gauche: leur conformation eff irès-régulière & n'a d’ailleurs rien de particulier. Le Chirurgien entre les mains de qui ce fujet tomba, voulant le conferver dans l'eau-de-vie, crut qu'il étoit néceffaire de lui arracher les entrailles, uniquement frappé de ce qu'il avoit aperçu extérieurement , il ne fe mit point en peine d'exami- ner la conformation des vifcères: il vida le ventre & la poi- trine fans précaution, il n’y laiffa qu'un rein placé fur le côté gauche de lépine gauche & un cœur dans la poitrine du corps droit à peu-près dans fa fituation ordinaire, ce qui m'a empéché de pouffer mes obfervations jufque dans la ftruéture intérieure, fur laquelle .je ne puis que jeter des conjeétures, IL y a lieu de préfumer que les vifcères de fa poitrine s'y ‘trouvoient doubles. Je ne puis non plus rien dire des vifcères Say. étrang, Tome V. . Hhhh 610 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE du bas-ventre, puifqu’ils avoient été également enlevés lorfque je me rendis fur les lieux. Le Chirurgien m'a affuré n'y avoir aperçu rien de particulier. Quelque délabré que foit ce fujet, fa conformation extérieure le rend fi particulier, que je le crois digne d’être placé dans le Cabinet d'Hiftoire Naturelle de l'Académie; le Chirurgien feroit difpofé à le lui apporter pour peu qu'il füt afluré qu'elle lauroit pour agréable, DAELSU SNGUIÉEMNAICHERS: 61:r CATALOGUE ET NOTICE DES PRINCIPALES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES, Faites dans l'Obfervatoire de la Marine à Paris, depuis le mois d’Août 175 2 jufqu'en 1762. Par M. MESSIER, attaché au Dépôt des Plans de Ia Marine, des Académies d'Angleterre, de Hollande & d’Iralie. M DE LIsLE me déermina, il y a plus de dix ans, à , mappliquer à l'Afronomie, en me fervant des Inf trumens qu'il avoit placés à l'Hôtel de Clugny peu après fon retour de Ruffie. La plus grande partie a été acquife par l'Aça- démie : j'ai donc cru qu'il étoit de mon devoir de lui donner le Catalogue des principales obfervations que j'ai faites jufqu’à préfent avec ces inflrumens & avec ceux que M. de fl'Ifle y a fucceflivement ajoutés. Je donnerai une defcription par la fuite, tant de la conftruétion de ces inftrumens que de leurs vérifications, à l'occafion des obfervations particulières dont j'aurai l'honneur de rendre compte à l'Académie. La difpofition que j'ai fuvie dans le Catalogue de mes obfervations, confifle à donner, en douze cahiers, tous Îles paffages des Planètes & des Étoiles fixes par le méridien, depuis le mois d'Août 1752 jufqu'en 1762, faites avec un inftru- ment des pañfages, très-folide & compolé d'un très- bon télef cope Newtonien de 3 pieds 2 pouces de foyer. Les pañlages du Soleil au méridien, font rapportés dans fa première colonne de ma Table, afin d’apercevoir plus facile- ment les jours auxquels on a pu régler des pendules au Soleil pour avoir les temps vrais & moyens des paffages des Planètes au méridien, qui font marqués dans les fix colonnes fuivantes, favoir, les obfervations de la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter & Saturne, Hhhh ï 612 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE La Lune eft la planète à laquelle je me fuis le plus appli qué, ayant oblervé, autant qu'il m'a été poflible, tous fes paflages au méridien, de jour & de nuit. Pendant la fin de l'année 1752, je n'ai pu en obferver que trente-trois, en 17 53 foixante-dix, en 17 5 4 quatre-vingt-quatorze, en 1755 quatre-vingt-quinze, en 175 6- quatre-vingt-neuf CRT 75% cent deux, en 1758 cent trois, en 17 $o quatre-vingts, en 1760 cinquante-trois, en 1761 foixante- quatre, en 1762 cinquante-deux ; en tout huit cents trente-cinq paffages. Comme on n'obferve pas fi fréquemment les autres planètes au méridien, mais feulement les trois planètes fupérieures vers le temps de leurs oppofitions au Soleil ou de leurs paffages par leurs nœuds; je n'ai obfervé au méridien les paflages de Mars, Jupiter & Saturne que dans ce temps-là pour avoir leurs oppofitions : favoir, celles de Mars, en Novembre 175 3, en Décembre 1755, en Février 1758, en Mars 1760 & en Avril 1762; celles de Jupiter, en Décembre 1752, en Février 1754, en Mas 1755, en Avril 1756, en Mai 1757, €n Juin 1758, en Juillet 17509, en Août 1760, en Septembre 1761 & en Oftobre 1762; & enfin celles de Saturne ,en Juin 1753 , en Juillet 1754, en Juillet 1755, en Juillet 1756, en Août 1757, en Août 1758, en Septembre 17 59, en Septembre 1760 , en Septembre 1761 & en Oéclobre 1762. J'ai eu l'honneur de préfenter à l'Aca- démie une partie de ces oppofitions, & je lui en donnerai inceflamment le refle, de même que la pofition de la Lune déduite de tous fes paflages au méridien, principalement dans fes oppofitions, quadratures, paffages par les nœuds, &c. Dans tous ces paflages par le méridien, j'ai eu foin d'obferver les diftances au pôle par le moyen d'un micromètre attaché à l'inftrument des pañlages. | Je n'ai pas nont#plus néoligé d'obferver au même inftru- ment les paffages & diflances au Pôle des étoiles fixes les plus voifines du parallèle de Ia Lune & des autres Planètés, pour en conclure leur différence de déclinaifon. L'on voit dans les deux dernières colonnes de la Table que je préfente, les D'EIS S CHE NC ENS Far Etoiles fixes qui ont été obfervées en même-1emps que de Soleil, la Lune & les autres Planètes, A l'égard de mes autres obfervations faites hors du méri- dien , elles confiftent en deux écliples de Soleil, des années 1753 & 1760, fix éclipfes de Lune des mois de Mars 1755, Juillet 1757, Janvier 1758, Novembre 1760, Mai 1761 & Mai 1762. : Les pañlages de Mercure fur de Soleil Le 6 Maï 175 3 & de Vénus le 6 Juin 1761: jai déjà eu Fhonneur de pré- fenter à Académie mes obfervations fur ce dernier paflage avec les réfultats que j'en ai tirés, Les occultations des Planètes & des Étoiles fixes par Ja Lune, que le ciel m’a permis d’obferver, font au nombre de quarante- trois. Les obfervations des immerfions & émerfions des quatre fitellites de Jupiter, obfervées depuis le mois de Septembre 1752 jufquen 1762, vont au nombre de deux cents cinquante-fept, faites avec les meilleures lunettes & télefcopes que j'ai pu avoir. L'ot On trouvera auffi dans le Catalogue ci-joint, trois pages d'obfervations diverfes, que j'ai écrites fur mon Journal, comme taches remarquables au Soleil, phénomènes aériens, comme Aurores boréales, autres fumièyés extraordinaires dans le ciel, &c. Comme j'ai eu l'avantage , pendant de cours de mes obfer- vations, d'obferver les cinq dernières Comètes, j'ai marqué dans une feuille à part du Catalogue que je préfente les jours que chacune de ces Comètés à été obfervée ; favoir celle de 1758 pendant trente-un jours, celle de 1759 pendant quarante-fept , la première de 1760 fix jours feulement, la feconde de la même année pendant vingt jours, & enfin celle de 1762 pendant vingt-un jours. Les obfervations de ces cinq Comètes m'ont donné occafion de déterminer la pofition de cent quatre-vingts nouvelles étoiles qu'on ne trouve dans aucun Catalogue ni fur aucune Carte célefle, les mêmes ob- fervations m'ont fait découvrir auffi plufieus étoiles nébuleules Hhhh iïij 614 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE afléz confidérabies & reconnoître quelques étoiles changeantes, Il y en a une aflez remarquable dans le fextant, qui eft marquée dans le Catalogue de Flamftead , de la cinquième grandeur. Je me propofe de continuer de la même manière mes obfervations, {1 je puis me flatter d'être approuvé par l’Aca- démie, & de lui donner à fa fin de chaque année, comme je vais le faire fi elle veut bien me le permettre, mes prin- cipales obférvations, faites pendant l'année dernière 1762, comme M. l'abbé de Ia Caille avoit coutume de le faire tous les ans, & comme les Aflronomes de la Société royale de Londres le feront à l'avenir, par un règlement que cette Société vient de donggr. DES SCIENCES 615 TEE ITATES DRRCR ETRTRe à Te ce ee UE ee LE RUE UOC ROR QU A OBS EUR MMANT D OESN De la plus courte durée du troifième Satellite de Jupiter dans l'ombre, faire à l'Obférvatoire, de la Marine, le 25 Janvier 1763 au foir. Par M. MESsiEr, attaché au Dépôt des Plans de la Marine, des Académies d'Angleterre, de Hollande & d'Iulic, *0°N fait que la plus courte durée des éclipfes des fatel- lies de Jupiter arrive vers les limites de ces ftellites ou à la diftance de 90 devrés de leurs nœuds: les fitellites devoient fe trouver dans cette fituation à la fin du mois de Janvier où au commencement de Février de a préfente année; c'eft ce qui m'a déterminé à obferver, avec tout le foin pof- fible, léclipfe du troifième Satellite, qui devoit arriver le 25 Janvier au foir & qui devoit être vifible dans toute fà durée à Paris, ne devant durer, fuivant le calcul de la Connoif- fance des mouvemens Céleftes , que 1" 24 14". Cétte durée devoit être encore d'autant plus courte, que la lunette que l’on auroit employée à l'obferver auroit été longue où d’un grand effèt, en faifant paroître l'immerfion plus tard & l'émerfion plus tôt, comme cela nr'étoit déjà arrivé dans d'autres obfervations du troifième & du quatrième Satellite. J'ai donc employé pour cette obfervation deux télefcopes, lun Newtonien de 4 pieds & demi de longueur, qui groffifoit foixante- fix fois, & l'autre Grégorien de 30 pouces de foyer, le grand miroir ayant 6 pouces de diamètre, & groffiffant cent quatre fois: avec le Newtonien, j'ai trouvé la durée du Satellite dans l'ombre de 18 2 9° 6", & avec le Grégorien, feulement de 1h21" $6", ce qui donne pour différence des durées 7! 10° plus grande au télefcope Newtonien qu'au Grégorien. II ma été aifé de me fervir de ces deux Inftrumens & d’en reconnoître les effets, & cela par la grande fupériorité que 616 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE le Grégorien avoit fur le Newtonien, qui me laifloit le temps de faire l'obfervation à un télefcope & enfuite à l'autre; ils étoient placés lun à côté de l'autre. Voici les obfervations faites avec ces deux Inftrumens : le ciel étoit ferein dans le temps de l'immerfion, mais il y avoit un peu de brouillard dans l'émerfion ; cependant Jupiter étoit parfaitement bien terminé, les Satellites très-clairs, & l'une & l'autre obfervation ont été faites avec foin. Le Satellitea mis plus d’un quart d'heure à perdre fa lumière avant que d'entrer dans l'ombre, L'immerfon eft arrivée au télefcope Newtonien à... 5" 38° 39" & au télefcope Grégorien. . .......... PEN: M S-4T-090 Différence de l'effet des deux inftrumens........ di, be L'émerfon eft arrivée au télefcope Grégorien à ..... 7e APT & au télefcope Newtonien à................. UN AUEIS Différence de l'effet des deux télefcopes. . . . ...:. 0.11 3? 4o On remarque dans cette obfervation la fupériorité qu'a un télefcope fur autre, puifque le Grégorien a fait voir limmerfion 3" 30° plus tard qu'au télefcope Newtonien, & 3° 40" plus tôt dans l'émerfion. Ces Obfervations font voir la néceflité qu'il ya de bien examiner l'effet des lunettes & télefcopes, en les comparant les uns avec les autres pour pouvoir tirer parti des obfervations. | MÉMOIRE nets! Sicrnie alor ets 617 M ÉMOIRE SUR LES PYRITES ET: SUR: LES VITRIOLS, Pour fervir de confirmation aux idées qu'a fait naître la Chünie, fur la formation naturelle de ces Jubfiances minérales, àr de quelques autres matières qui réfultent de leurs combinaifons. Pa M VALMONT DE BOMARE. ii ee que je cultive l'étude de l'Hifioire Naturelle, Jai été encouragé par plufieurs Membres de cette Académie; j'ai entrepris des voyages dans différentes parties de l'Europe, afin d'y obferver les productions de la Nature; j'ai parcouru cetteannée 1760 la Suiffe , une partie de l'Allemagne, & pour la deuxième fois la Hollande: mais dans le nombre des remarques que j'ai eu occafion de faire jufqu’ici, le hafard m'en a procuré une entrautres qui ma paru importante, il s'agit de Ja vitriolifation en général, objet auquel je me fuis principalement attaché dans tous mes voyages, & j'ai cru devoir la foumettre au jugement de l’Académie. La formation de certains*fels minéraux eft, avec les pro- duits de leurs combinaifons dans les entrailles de a terre, une matière très - importante à traiter; fi je me contentois d'en parler ici en Naturalifte, je laïfiérois encore beaucoup à dire fur cette matière, mais je crois devoir parler le langage des Chimiftes & emprunter leur doétrine des affinités des corps; c'eft ainfr qu'aidé de l'expérience, le Naturalifte peut écarter les abus qui réfultent des décifions précipitées, c’eft par l'étude réfléchie des phénomènes, par leur comparaifon combinée que nous pouvons parvenir à connoître la Nature: en ne nous rendant quà l'évidence des faits, on peut Sav, rang. Tome V. A EUr 618 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AGADÉMIE établir invariablement des principes fondés fur des foix fimples & conitantes. Suivons le trait de lumière que jai cru apercevoir dans les environs des ardoifières de Caop & d'Obwefel fur les bords du Rhin dans le Palatinat: eflayons de dévoiler les affinités des fubflances qui s'y trouvent , leur étiologie, enfin les fecrets les plus importans du mécanifme de la Nature dans la partie que je me propofe d'expliquer. Avant de confülter l'expérience, confultons la Nature- le - même, rafflemblons nos matériaux, allons les chercher dans les fouterrains qui les contiennent. Les terrains de Caop & d'Obwefel font tous montagneux, on peut même dire que depuis Bonne proche Cologne jufqu'à Bingh & Risdesheim, ce font deux chaînes conti- nuelles de montagnes efcarpées , au milieu defquelles fe Rhin paffe ; elles font prefque toutes compol&es de granite, de fchite lamelleux, d'arjalètre, que lon nomme fchite en filets, & dont la pofition des maffes eft prefque verticale; j'ai remarqué de diftance à autre que le fommet de quelques-unes de ces montagnes eft tout pelé, calciné,tronqué, terminéen cônerenverfé & comme. aflaiffé; les filons qui en partent font tantôt une pierre noire vitriolique, peu dure & feuilletée, de laquelle fort une eau vitriolico-martiale légèrement tiède; tantôt ladoffement de la montagne, tel qu'à Andernach, n’offre que de groffes ardoifes ou fchites brunâtres entremélés d'un amas prodigieux d’une efpèce de pierre noirâtre, grifz-poreufe comme volcanifée & refflemblant entièrement à la pierre de Volvic en Auvergne ; elle eft affez. dure pour faire feu avec le briquet, & les blocs en font fi im- menfes, qu'on s'en fert dans le pays pour bâtir, & notamment pour faire des meules: ces pierres font quelquefois alliées à des corps graveleux, noirâtres, informes & qui ont l'odeur ou d'#epar Julphuris où même de la piffafphalte. Ces montagnes, qui con- tiennent abondamment des pyrites vitrioliques, du foufre,. des terres ferrugineufes, des bois devenus pyriteux , des eaux aëriennes , joint à d'autres circonflances locales, me firent foup- çonner quelque fermentation intefline ou au moins un volcan qui avoit produit autrefois ces ravages extérieurs. Tacite, dans le D EST SUICIDE N C'ErS 619 treizième livre de fes annales, fait mention d’un feu forti L la terre, qui ruina la ville de Hoëy & continua fes ravages jufque fous les murs de Cologne, fans pouvoir être éteint ni par de grofles pluies ni par l'eau du Rhin. Il faut que les éruptions des montagnes aient été des plus violentes, puifque 1 la navigation n'eft dangereufe en plufieurs endroits, tel qu'à Rhinfelds & à Sangwer, qu'à raifon des mafles énormes de rochers, qui en s'éboulant ont été charriées jufque dans le milieu de fon cours; on dit même qu'alors le Rhin changea de lit; il couloit fur un monticule dont le niveau correfpondoit au fol qui fait aujourd'hui partie de la mon- tagne, & qui eft, comme je viens de le dire, tout chargé de pyrites vitriolico-martiales, la plupart effeuries, de fchite & de fpath fufible: quelques perfonnes difent que lon y voit fouvent du feu la nuit, & que les pierres qui s'en détachent roulent en faifant un te uit fingulier; toutes ces confidérations m'impofent la néceffité de joindre au corps de ce Mémoire, par forme d’appendix, les obfervations particulières que j'ai faites fur ces objets. J'ai dit, il y a un moment, que je m'étois attaché dans tous les pays que j'avois parcourus à faire des obfervations fur les pyrites & fur les vitriols. Si quelque chofe peut piquer notre curiofité & fervir à notre inftruétion, ce feroit de connoître la formation de ces fels; jufqu’ici l'expérience ne nous a point démontré fi c'eft à la deftruction des pyrites que nous devons la formation des vitriols & des aluns, ou fi c’eft à la diffolution de ceux-ci que nous devons la naiflance des pyrites ; il entre probablement dans ces compofés quelqu'autre principe & un moyen de mixtion qui n'eft pas encore à notre connoiflance , & qui leur donne une configuration & des propriétés fpécifiques : je vais tâcher d'en éclaircir quelque chofe, je commence par les pyrites. Je donne, avec Henckel, le nom de pyrites à toutes fubf- Aances terreftres, falines, acides, minéralifées & criflallifées dans différens états; j’en excepte cependant les marcaffites, fous lefquelles je comprends ces corps minéraux qui tiennent autant liii à 620 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'AGADÉMIE aux pyrites qu'aux métaux, mais qui en diffèrent efientiellement en ce qu'ils ne font pas fufceptibles d'éxarion & de fe difloudre dans les Huides comme les vraies pyrites en général. Henckel dit que le mot de marcaflite, marchaffira eft dû aux Arabes, & qu'il dérive du mot hébreu marak, flavelcere où expolivit, terfir , ou de morika rouille, ou de warkah, gluten. Les pyrites font communément feu avec le briquet, aufir les appelle- t-on pierre à feu, laps iguifer, aut igniarius, five lapis luminis, feu pyrimachus ; elles {ont aigres, caffantes, leur couleur eft ordi- nairement d’un jaune foncé, alors fulfureufes, ou d'un blanc fale, alors arfénicales: ce font ces efpèces de pyrites qui, au premier coup d'œil, en impofent par leur belle couleur, mais qui perdent bientôt leur faux éclat métallique pour peu qu'elles foient expofées à l'air ; car les parties falines, leur lien commun , fe diffolvant, elles éprouvent alors une manière d’efflorefcence qui écarte & défunit de plus en plus leurs criflaux. Les py- rites que j'ai eu occafion d'obferver le plus fréquemment font de neuf à dix efpèces par rapport à la figure & aux propriétés. Pour la figure, les unes font fymétriques ou ovales, on les appelle érourias ; les autres font alongées, terminées en coin ou en pyramide, ceraunias; ou mamelonnées comme une grappe de raïfin, borryites ; aplaties ou anguleules, auri-chalcum foffile aut chakco-pyrites où quis du mot allemand keff, qui fignifie pyrite cuivreufe : il y en a qui femblent être compofes d'un aflemblage de petits grains pififormes ou de globules, rayonnées intérieurement & unies en leur fuperficie, ffrahflein aut lapis martialis pyfoles referens ; d'autres, mais plus rarement, ont une criflallifation prifmatique ou quadrangulaire, prifmatieus Jeu zetraëdros Jydero - pyrites. Les pyrites les plus communes font fphériques & ftrices intérieurement, c'eft-à-dire com- polées d'éguilles ou de pyramides qui partent d'un centre commun ; ces pyramides débordent fouvent la circonférence de la fphère & y terminent en angles & en facettes de diffé- rentes figures; on appelle encore ces pyrites, pierres de cara- bines, pyrites radiatus fubflavus aut fulghureo - pyrites ; | y en a d'écailleufes difpofées en côtés inégaux ou trapèze, quelque- DES SCIENCES, 621 fois en parallélipipèdes, pyrites arfenicalis, communément en cubes, pyrites ofangularis five teffularus , où encore elles font dans l'état de poudre ou d'une maffe ochracée fragile, friable, aride, tendre, quelquefois caverneufe & s'uniflant facilement à des corps hétérogènes, ochra arida, fragilis 7 cellularis ; celles enfin qui paroiffent marbrées nn criftallifées & informes font ordinairement confondues dans une pierre groffière & feuilletée, on les appelle pierres d'alun, fa/fugo-pyrites. Pour la propriété, W y en a qui conviennent aux ufages phyfiques & mécaniques ; par exemple, la pyrite cubique femblable à un dé à jouer, & qui eft connue ici fous le nom de pierre de fanté, eft brune noirâtreà fon extérieur, d'un jaune de laiton intérieurement, c’eft une minéralifation d’un métal & d'une fubflance fulfureufe mélée d'arfenic, ce qui l'empêche de fe détruire aux impreffions de l'air, au contraire elle eft fi dure que les riverains de Bohème & les marchands de Genève qui la tirent du Piémont, la taillent & la polifient en facettes au moyen de la roue pour en produire des ouvrages d'ornémens, même des boutons & des pierres de boucles ; d’autres font brunes en dehors & en dedans, & reflemblent affez à l’hé- matite conglomérée de Suède: celles au contraire qui font blanches, font minéralifées par f'arfenic, ce qui les rend en quelque forte réfractaires aux expériences docimafliques & même dans les travaux en grand : les minéralogiftes Allemands appellent cette pyrite mmfpickel où gift - kif, ce qui fignifie pyrite de poifon, c’efl une marcaffite qui reffemble beaucoup à la pierre des Incas, dont on fait des miroirs & des colonnes: il y a des pyrites interpoftes dans une pierre grisâtre fchiteufe ou d'ardoile, & que les Allemands appellent #iechen, ces pyrites, ainfi que la pierre qui leur fert de matrice, entrent aflez promptement en fufion, en formantun verre noir & un peu tranf- parent. Je crois avoir vu que ces pyrites en petits cubes jaunes étoient formées par l'excès de liqueur acide fulfureufe & martiale qui avoit pénétré la glaife, l'avoit colorée en ardoife & s'y étoit criflallifée ; il na paru encore que cette fufbilité ou difpo- fition à fe fondre venoit ‘des parties ferrugineufes qui font liii i 623 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE charriées par des eaux & mélées à ces ardoifes: on fait qu'il y a même des endroits où l'on fait fondre ces pierres pour en faire des boutons & des petites balles, on en obtient aufft un verre femblable à celui des bouteilles. Les pyrites alumi- neufes que j'ai nommées /a/ugo-pyrites, {ont défignées dans Agricola & Henckel pag /apis affus ubi nafcitur farcophagus comme qui diroit pierre d'où l'on tire une fubflance propre à confumer les chairs. La bizarrerie des différentes formes que les pyrites affetent de prendre & les propriétés dont elles font fufceptibles, doivent, ain{i que celles des fels, leur origine à la diverfe combinaifon, enfuite au degré de tenuité de leurs parties conftituantes, même à la diflolution & à l'état des liqueurs, c'eft à-dire à l'ef- èce de mouvement qu'elles ont reçu au moment qu’elles pafloient de l'état de fluide à celui de folide pour paroître ou fous la forme qui leur eft propre à chacune ou avec les varictés de cette forme: par exemple, fi on traite la pyrite alumineufe, elle produira des criflaux d'alun dont la fiure eft oftaëdre, c'eft-à-dire un folide à huit pans taillé en py- ramides triangulaires dont on a coupé les angles, de forte que quatre de fes fürfaces font hexagones & les quatre autres trian- gulaires ; fi lors de la formation de cette pyrite elle rencontre dans fon état de fluidité une bafe martiale, fa terre fe préci- pite en partie ou tout-à-fait; dans le premier cas il en réfulte un vitriol alumineux, dans le fecond il fe produit des criflaux de mars d'une figure rhomboïdale décaëdre, dont les lofanges font aplaties : enfin f1 la matière de la pyrite a rencontré tout-à- la-fois du fer & du cuivre, il en aura réfüulté un vitriol d'un bleu verdâtre, appeié par excellence viriol des adeptes, dont la figure fera dodécaëdre, &c. Ces exemples, que je touche légèrement & en pafant, font une nouvelle preuve du mécanifme des opérations na- turelles & des affinités des mixtes qui s’y traitent; j'ai eu occafion de Île remarquer ailleurs, lorfqu'étant à Lille j'en examinai les falingues; la figure des fels neutres en général eft pour le plus fouvent feflét d'un: arrangement * mécanique, DIE S ASAENPIENNNC ENS 62; puifqu’elle dépend du tour de main & de la manière dont on fait évaporer la diffolution. Le degré du feu, la quantité d'eau, la lenteur de l'évaporation, la précaution fur - tout d'empêcher qu'une impulfion étrangère & forcée n'en dérange l'économie, décident de la figure régulière, de la grandeur des criflaux, & nous prouvent qu'elle n'eft pas moins occa- fionnée par un certain degré de purification, de pefanteur & de mouvement; c'eft donc par ce mécanifme que toutes les ef- pèces de fels neutres criftallifés ont une configuration qui leur eft propre, & fans doute que la Nature agit de même à l'évard des fels naturels & des pyrites quand elle n’eft pas troublée dans fon opération, obfervant néanmoins que chaque fel conf tituant ayant fa tendance naturelle à fe criftallifer de telle ou telle manière, influe pour ainfr dire fur les variétés des fioures & en détermine les genres. J'ai trouvé toutes les pyrites dont je viens de donner {a defcription ci-deflus, dans les environs d’Andernach, d'Obwelfel, à fa hauteur de Caop & dans différens ravins; j'ai examiné la nature du fol qui les renfermoit, & j'ai remarqué que toutes celles qui s'éAxenr ou fe gercent & fe détruifent aux im- preffions de l'atmofphère, font vitrioliques & enfermées dans. une efpèce de glaife grisâtre qui les conferve pendant un eer- tain temps, mais humidité qui enfin filtre par des méandres, les oblige à éprouver des déliquefcences ; le fluide qui en ré- fulte fe combine ou s'interpole enfuite dans la glaïle, de-1à naïflent les {chites ou les glaifes marbrées des ardoifières ou les argiles vitrioliques qui font pofées au-deffous. Je me laiffai en- traîner à la première idée que me fit naître ce’phénomène, mais ce n'étoit pas tout; je rétrogradai vers le premier de ces ravins, j'en examinai {crupuleufement les pyrites, elles font alumi- neufes & femblables à celles qu'on exploite en Angleterre, en Suède & en Efpagne pour en extraire l'alun. Le fol de ce premier ravin eftune terre argileufe abforbante ou empâtante à [a manière des glaifes, & non métallique: ne pourroit-on pas conjeturer que les pores de cette terre ouverts à l'acide vitriolique répandw dans les environs en reçoivent fufffamment pour y produire 624 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ces pyrites alumineufes qui font des maffes informes de terre cendrée & grisâtre? Le fol du deuxième ravin eft une terre noirâtre ferrugineule qui peut recevoir au moment des pluies la diflolution de ces premières pyrites alumineufes qui occupent le fol fupérieur, & former par la fuite un vitriol martial; auffi y ai-je trouvé des flalactites de couperofe verte. Cette remarque ne pourroit, ce me femble, qu'appuyer ce qu'avoit autrefois dit M. Homberg; ce célèbre Chimitte prétendoit que la bafe terreufe & l'acide vitriolique étoient communs au vitriol, à Valun & même au foufre: on pourroit cependant faire abf- traction de la bafe terreufe dans le foufre, où elle femble être inutile. Le fol du troifième ravin ne contient que des bois py- riteux brunâtres & très-vitrioliques, ces bois ont confervé leur tiffu, mais l'intervalle des couches ligneufes eft rempli d'une quantité de petits floccons déliés de fl vitriolique martial, verdâtres, frifés & crenelés; jufqu'ici même obler- vation, pareil phénomène que ce que j'ai vu dans ce même voyage aux environs des charbonnières du pays de Liége, à cette différence près que la deuxième couche qui à Liége eft fous le lit alumineux eft en cet endroit une efpèce de calamine qui produit beaucoup de zinc, auffi y trouve-t-on en place de couperole verte, du vitriol de zinc, appelé couperofe blanche. J'ai encore obfervé ce même phénomène près de Goflar. On ne doit plus être furpris de la couleur jaune & ochracée de la calamine, qui annonce vifiblement Ja déftruétion d’une pyrite martial. Les environs des charbonnières de Liége, de Valenciennes, de Saint - Étienne en Forès & de toute l'Angleterre, font, comme je l'ai remarqué il y a quelqués années, remplis de bois pyriteux, de glaifes vitrioliques, de terres alumineufes, communément de pyrites fulfureufes & quelquefois même de foufre: ne pourroit -on pas préfumer que ce foufre n'eft dû qu'à la décompofition de ces pyrites, à l'acide qui s'en dégage par le fecours des chaleurs confidérables qu'elles éprouvent DES STIENCES. 625 éprouvént alors au moyen de l'eau, cet acide dégagé fe combine de nouveau avec le phlogiftique du bois minéralifé, ils fe fubliment enfemble, de-là le foufre fous différentes formes & couleurs : lon pourroit m'objetter que cette opération devroit plutôt produire les ambres Karabés, le jayet, les pé- tréoles & le charbon de pierre, aux environs defquels on trouve fréquemment des pyrites; je conviens que ces diverfes fubf- tances ont une certaine homogénéité entr'elles, que fa marche en eft à peu près la même, mais le foufre eft le réfultat de l'acide concentré uni à une fubftance volatile appelée pAlogif- rique, tandis que ces autres corps participent beaucoup plus de la terre groffière. Je me rappelle un autre phénomène que j'ai obfervé en 17 5 3, dans les environs de Corck en Irlande, & que j'ai depuis reconnu dans une fouille que je fis faire en 1757, près d'une mine de charbon entre Saint-Étienne & Saint-Chaumont en Forès ; je trouvai dans ces dernières fouilles, d’abord beaucoup de pyrites détruites qui avoient confervé le tiffu du végétal, la terre des environs étoit toute noire, tantôt fpongieufe, tantôt charbonneufe ; je trouvai enfuite une couche de coquilles fluviatiles comme perforées par la déliquefcence acide des pyrites qui étoient deflus, & plus bas encore je rencontrai deux cavités glaifeufes qui avoient deux iffues différentes; la première contenoit fur les parois du gypfe criftallifé blanchâtre, & dans le fond des groupes de félénites tranfparentes, Ces obfervations me firent naître le foupçon que les gypfes n'étoient que des ef- pèces de félénites plâtreufes qui provenoient en partie de l'acide vitriolique des pyrites faturé par le corps calcaire des coquilles, ce qui fembleroit donner beaucoup de force à la conjeéture de quelques Chymifles Suédois qui ne regardent le gyple que comme une combinai{on de l'acide vitriolique avec une terre caicaire. Les félénites gypfeufes de l'Irlande ne fe trouvent au contraire que dans la mine de charbon ; elles proviennent fans doute de l'acide vitriolique qui fe dégage de la mine bonne du charbon de pierre & qui fe combine dès l'inflant avec le lit du charbon calcaire dont ces mines font ordinairement recou- Sar. étrang. Tome V., . KKkKKk 626 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE vertes : les charbons, comme on le fait, abondent tant en terre calcaire que la plupart en produifent après leur uftion, & l'on eft même dans l'ufage en certains pays de brûler diverfes efpèces de charbons très-maigres pour en obtenir une chaux propre à l'architecture; je dis très - maigres en phlogiftique, car fi ces charbons contenoient une égale abondance de phlogiflique & de chaux, l'acide préféreroit à sunir au phlogiftique & laif- feroit la fubflance calcaire. Il eft donc conflant qu'en général l'acide vitriolique a plus d'affinité avec le phlogiftique qu'avec toute autre fubftance, & que plus cet acide a de parties homo- yènes & plus il a de fpontanéité à fe joindre à fes analogues, Je reviens à la deuxième cavie'; celle-ci étoit remplie d'une terre dure blanchtre demi-jaunâtre, non métallique en apparence, d'un goût légèrement fliptique , happant à a langue & ar- gileux, les parois étoient tapifées de petites flalacites de vitriol de mars; J'examinai de nouveau les environs du terrein, j'y trouvai des petites pyrites alumineufes, d'autres vitriolico-mar- tiales, il ne m'en fallut pas davantage pour me convaincre que e dépôt blanc dans cette deuxième cavité n'étoit qu'une terre d'alun précipitée par la rencontre du fer au moment que ces deux pyrites étoient en diflolution: or on fait que ce métal a la propriété de précipiter la terre de Falun & de fe fubffituer en fa place; rien d'étrange dans ce phénomène, qui avoit déjà été ob'ervé par M. Geoffroy le jeune. Ce célèbre Artifle dont l’auto- rité eft d’un grand poids en Chimie, à montré que de Falun bouilli dans un vaifleau de fer fe convertifloit en vitriol martial, parce que la terre de l’alun étoit précipitée par le fer du vaiffeau qui étoit diflous par l'acide vitriolique; ce phénomène loin de contredire la règle des rapports ne fait que la confirmer, l'acide vitriolique eft plus difpolé à s'unir au fer qu'à la terre de l'alun, qui d'ailleurs n’a qu'un diflolvant, qu'un menftrue particulier, tel que les acides, au lieu que le fer, comme le cuivre *, eft * JVota. Que le cuivre a cependant moins d’affinité avec les menftrues acides que n’a le fer, puïlqu'il ne faut pas autant d’acide pour diffoudre une once de fer que pour un gros de cuivre; auffi les pyrites martiales fe décompofent-elles bien plus promptement que celles de cuivre, DAENS 4 SNCMÉHENTCNENS 627 un métal que difivlvent généralement tous les fluides, les huïles & même les diflolutions alkalines, l’eau feule & lhumidité de l'air fufhfent pour les faire rouiller, ce qui rend toujours raifon de leur grande affinité avec l'acide vitriolique. D'après ce que je viens de rapporter fur les pyrites les plus fujettes à efflorefcence, on doit croire qu’elles font compoltes du même acide, qu’elles ont la propriété effentielle de varier entre elles par la feule addition des corps étrangers qui S'y joignent, ainfr que je l'ai dit ci-deffus. On fe rappellera fans doute que dans le commencement de ce Mémoire, en expofant la nature du terrein où j'ai fait les obfervations qui précèdent, j'y ai indiqué des fubflances qui, ou par leur pofition aétuelle où par leur état, annoncent qu'elles font les effets d'un ancien volcan: tels font l’état du fommet & de l'adoffement des montagnes, la tranfpofition des mañlès de pierres différemment altérées, le changement du lit du Rhin, les phénomènes rapportés par Tacite & confirmés par l'ob- fervation journalière des habitans, ce font ces divers objets qui donnent matière à la fin de ce Mémoire. Je crois donc pouvoir ajouter que tout ce qui précède nous explique bien fenfiblement pourquoi l'acide vitriolique fe dégageant de la mafle purement pyriteufe qui fe décompofe au moyen de fair & de l’eau, & venant à rencontrer, comme il m'arrive que trop fouvent, ou des charbons de pierre ou des parties ferrugineufes, if fe produit alors une chaleur, une effervefcence confidérable & un bruit violent, d’où réfultent les ofcillations fouterraines , les fubflances continuant à fe pénétrer mutuelle- ment, à s'échauffer de plus en plus, opèrent des calcinations, des füblimations, des fufions, le feu raréfie l'air encore davan- tage & l'oblige à {e dépager & à fe faire jour par des crevaffes ou par quelques voies fecrettes; c'eft ainfi que la matière mife en jeu dans fon foyer fort tout enflammée & peut donner origine aux volcans ; mais fi le zeéZum du fouterrain fous lequel ces efforts de raréfaction s’exercent n'a aucune crevafle pour donner iflue à l'air renfermé & dilaté, la matière augmentant de plus en plus d'éfafticité, d'expanfibilité, il fe fait une explofion Kkkk ï 628 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE terrible accompagnée de lames de feu, de grands tremblemens de terre, de bouleverfemens, d'embrafemens, &c. cette gra- dation d'effets & de puiffance diférente eft encore fondée fur une mécanique qui eft propre à chaque mixtion; la même chofe arrivera encore fi la pyrite eft purement ferrugineufe & fulfureufe ou vitriolique, & qu'elle foit mife en diffo- lution par l'acide foible où aqueux qui exude de R terre. Tout le monde chimique fait que les altérations qu'éprouve cette dernière efpèce de pyrite ne font dûües qu'à la propriété fin- gulière qu'a le fer de décompofer le foufre au moyen de l'eau; ce feul intermède les pénètre d'abord, les échaufle confidéra- blement & leur fait fubir des effervefcences qui enflamment le phlogiflique, & produit enfuite des détonations &: des ex- plofions. Nous opérons tous les jours les mêmes phénomènes dans nos laboratoires au moyen des mixtions artificielles, il fuffit de verfer de l'eau fur de l'huile de vitriol mêlée avec de la limaille de fer; par ces moyens nous imitons en petit les tremblemens de terre, les volcans, les foudres, enfin l'art chi- mique ne change point {es Joix invariables de la Nature, il les étudie, & sil parvient à s'en fervir pour fes defleins, c'eft qu'il a reconnu qu’elle-même concentroit aufli le feu élémen- taire dans les pyrites. Je le répète, ces mêmes pyrites qui fe détruifent par la feule action de l'air en s'échauffant, fe couvrant de flocons de fels vi- trioliques, & exhalant des vapeurs acides, font une des caufes principales qui nous procurent les eaux chaudes ou #ermales; des eaux qui coulent dans les lieux fouterreins où ces pyrites font renfermées leur font éprouver la même altération, la fuite des mêmes phénomènes. L'eau eft un menftrue fufceptible dé pénétrer ces corps, de s'empreindre de leurs qualités, c'eft en cet état qu'elle les charie jufqu'à l'endroit où elle fort, & qu'elle y paroît fous les couleurs & le goût analogues à chaque corps qu'elle a pu difloudre dans fon trajet fouterrain. J'ajoute, fans rien dire d'extraordinaire, que cette eau ainfr chargée d'acides minéraux pénètre plus facilement les terres, D'E.s À ScrEdNNoCNEr"S 629 les pierres encore tendres, les végétaux, les parties d'animaux devenues foffiles, ce qui nous procure des glaifes marbrées, les couleurs dans les marbres blancs, les albâtres & les fpaths, les ardoifes veinées, les bois minéralifés , les turquoifes : pourquei {eroit-il ridicule de croire que la diflolution des pyrites mé- talliques eff la caufe des couleurs qu'on remarque dans les fluors, les quartz, les criftaux, les pierreries mêmes qui ont certai- nement été dans l'état de fluide avant d'acquérir la forme & la dureté que nous leur voyons ? En vain voudroit-on conjeéturer que la naïffance des fels naturels, foit alumineux ou vitriolico-martiaux , n'eft pas dûe à Ja déliquefcence de ces pyrites où à leur totale diffolution; j'ai remarqué dans un nombre infini de terreins que l'eau miné- ralifée par cette diffolution paffant au travers des terres leur en communiquoit le goût & augmentoit leur pefanteur fpéci- fique en y dépofant une partie de la bafe métallique, mais que l'excès de cette liqueur fe filtroit dans des cavités où elle formoit des flalaétites vitrioliques & des phénomènes fem- blables à ceux dont j'ai déjà fait mention. Cependant pour ne rien omettre dans un objet que le défaut de recherches rend obfcur, je crois devoir dire pour- quoi ces différentes fubftances peuvent fe convertir l’une en l'autre, c'eft-à-dire les pyrites en terres minéralifées & celles-ci en feis minéraux. L'expérience apprend que les corps de la Nature font ou fufibles ou non fufñibles, diffolubles ou indiflolubles, la même expérience nous montre les moyens de rendre fufble un corps réfractaire & de donner ingrès à un menftrue fur un corps qui réfiftoit à tous : il paroît donc aflez naturel que les terres une fois empreintes d’un acide quelconque, étant d’ailleurs toutes propres à attirer ou à reproduire fi lon veut le même acide; il arrive aux pyrites, aux terres minérales, aux eaux acides, aux fels fofliles la même chofe; les terres attirent ou reproduifent le même acide, celui-ci eft entraîné par les eaux, il fe combine avec des fubftances minérales & donne la pyrite; celle - ci s’élixe, donne les fels qui fe décompofent naturellement par l'air Kkkk ii 630 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE ou artificiellement par les travaux chimiques où mécaniques, & une fois dégagés ils font faifis avidement par leur terre analogue, & ainfr de fuite. Toute la théorie que je viens d'expofer fur les pyrites & la vitriolifation, eft fondée fur les principes de la meilleure Chimie; il eft démontré par lexpérience & par le raifon- nement , que tous Ces Corps fubiffent les alternatives que jai détaillées, & je n'ai avancé aucune propofition qui ne nait paru prouvée par un enchaînement de faits & d'expériences connus : je l'ai répété plufieurs fois, tous les changemens qui peuvent arriver aux corps ne viennent que des différentes combinaifons de leurs parties conflituantes, qui changeant leurs formes, leurs mouvemens, leurs modifications, leur den- fité & leurs autres qualités refpetives, entraînent leurs diférens rapports. J'ai donc rempli Fobjet que je me fuis propolé dans ce Mémoire; j'ai expolé ce que j'ai vu & examiné fur les lieux : quand je n’aurois fait que confirmer les conjec- tures des Savans qui ont pu traiter cette matière avant moi, j'eflimerois toujours avoir beaucoup fait pour la Phyfique. Le ut D Vlr I DES L'SGASE RICE 631 PRO PB TL 'E'M E Par M. DE SAINT-JACQUES DE SILVABELLE. ROIS obfervations d'une tache du Soleil étant donnees , déermidér le parallèle du Soleil que décrit la tache, & le temps de Ja révolution. SOL LAUTAINO Ne Soit C le centre du Soleil, £°, Æ, FE, les lieux obfervés de la tache; 7°, 7, 7, les lieux de la Terre dans les trois obfervations; e°, e, e’ font les projections des lieux Æ°, £, E" de la tache fur le plan de l'écliptique: les lignes 7°”, Te T'ée marquent les longitudes de la tache. Nous regardons ici, pour fimplifier les expreffions, Îes points 7°, Tÿ T' de orbite terreftre comme placés dans un arc de EAIER dont le Soleil eft le centre. D N eft la ligne d’interfeétion du plan de 'écliptique & du plan du cercle que décrit la tache; D eft le point où le sayon 7° C rencontre cette ligne, Par le point 7°, ayant mené la lione 7° N perpendicu- culaire à C 7°, on élèvera fur le même point la perpendicu- jaire 7° æ au point de l'écliptique ; 7 ft le point où cette perpendiculaire rencontre le plan du cercle que décrit la tache, lequel fe trouve déterminé par la pofition des trois points x, N, D. Du point e, ayant abaïffé fur la ligne C 7”, la perpendi- culaire eB, qui rencontre en À la ligne des nœuds, on abaiffera du point 7 fur cette ligne eB la perpendiculaire TF, qui fera parallèle au rayon CT”. Enfin on mènera la ligne CG perpendiculaire à T'e, & Yon tirera les lignes C7, Ce, CE, EK, Ee, x N. Nommant 1 le rayon C7” ou CT, que lon prend pour le finus total, FB fera égal au finus de Farc 77°, que nous 632 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE nommerons 2, & fon cofinus 4; CG fera le finus de l'angle CTe, que nous nommerons G, & fon cofinus g, Soit encore nommé Z le finus de l'angle FTe, & f fon cofinus, Z la tangente de l'angle eT°£, ou de la latitude de la tache lorfqu'elle fe trouve en £. On nommera les lignes 72° N, a; T'x, +; T'eNLE CEAGDrS: Onfaura ADI, PÈRE) = Nr (eF) = Fxr (TF) = fxg, (eB) — (FB)}) —{F),=8B, Ex (CB) = Et—ÿfz, (Ce) = Ge GG] = V(i — 283 +71); donc (CE) ur MU age LL Dre g Ewi(rn— 1)x{1 + LL) + gg] NULL laquelle valeur de il n'entre que des grandeurs données, r étant ici le rayon du Soleil qui eft connu. one 2 — , dans C'eft pourquoi, afin d’abréger les expreffions, nous ferons eB)—E (CB) =e", eE — +, puifque dans les va- leurs de ces lignes trouvées ci-deflus, il n'entre que des grandeurs connues, & 7 qui devient connu. Les triangles femblables rectangles D7T°N, DBK donnent {B K) — + — — X (BD) = = x (B+-x); d'où l'on tire {eK) ou (BK) — (Be) = —— x(B+ x) — a; & les triangles femblables rectangles ° (CEA NT° >», KeËE, donnent eE où y — FN * (ER) —= . x [ —— x (B+ x) — a]; d'où lon tire ny RE ——— . x (B + #) —a Cor OPEPENANIR € AL L'équation qu'on vient de trouver pour lobfervation du point DES,S CIE N CES. 633 LA x(B+x) —a , convient point £, & qui eft 7 — L + x également à toute autre oblervation, en mettant au lieu de (EB), (CB), (eE), ou a, 8,7, les lignes analogues qui con- viennent à cette een. les grandeurs », x, x demeurant invariables & les mêmes pour toutes les obfervations. Ainfi pour loblervation faite en 7” du lieu Æ” de la tache, ny! , & pour l'obferva- on aura 7 — x (BP + x) — x 1H x tion faite en Z° du lieu £°, x = ny — : [L° o à Er 8 + 4) — à CNORR OMC TA MERME AIT, Si l'on compare entr'elles les deux premières valeurs de + (ay — ay )x(1 + x) PB + x) —yx(B +3) & filon compare entr’elles la première & la troifième valeur (y —ay)x (1 +) AB Es) (BE) & comparant ces deux valeurs de #, on aura pee (#y—ay )x (Pr —Ry) + (ay —ay)x(By — y) Er (y —ay)x(y — y) + (#7 — a) x (y — y) £ cé qui donne la valeur de x, & conféquemment on aura, par les équations ci-deflus, les valeurs de # & de x, & tout fera connu dans le problème. du corollaire précédent, on aura — de æ du même corollaire, on aura — Clotr'o ser asrnie, l'HL Par le moyen du problème précédent & des deux premiers corollaires , il eft aifé de réfoudre tout ce qu'on peut fouhaiter là - deffus. Par exemple, pour déterminer le rayon « £ du parallèle que décrit la tache, il n'y a qu'à abaïffer du centre C du Soleil la perpendiculaire C A à la ligne des nœuds D N. Alors dans le triangle rectangle CAD, femblible au Say, étrang. Tome V. . Lill * 634 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L' ACADÉMIE trangle D T° AN, qui eft tout connu, connoiffant le côté CD, on aura la valeur de CA. Et fi du centre c du parallèle que décrit la tache, on mène par le point # la ligne CH, on aura le triangle reélangle CcH, dans lequel il fera ailé de connoître, par %e problème, l'angle C He, qui eft l'angle d’inclinaifon du plan du cercle de É tache avec le plan dE l'écliptique: car fi du point 7° on mène une perpendiculaire 7° P à à la ligne des nœuds D W, & qu'on prenne cette perpendiculaire pour rayon, la ligne T°æ fera la tangente de cet angle; de forte qu'on connoîtra Oo dans ce triangle CAe les trois angles & le côté «A, ce qui donnera le côté C €, que l'on auroit également pu trouver encore plus fimplement par cette proportion, 7° P eft à 7° æ comme cHeæatàiCe. Dans le triangle rectangle Ce E, connoiffant l'hypothénule CE, qui eft le rayon du Soleil, & @le côté Ce, qui eft la diflance des centres du Soleil & du cercle que décrit la tache, on connoîtra le côté c £, qui eft le rayon de ce cercle, Il fera aufli aife de connoitre les lignes ee, Æ E”, paifque (ee')° eft égal à la fomme des quarrés des différences des lignes e’ B° eB &cB,cB'; de lorte que dans le triangle foede cE£}', on connofîtra les trois côtés, & par conféquent l'angle £c£" ; d'où il fera facile de conclure le temps de fa révolution de la tache par cette analogie, l'angle £c £” eft à 360 degrés, comme le temps écoulé entre les deux obler- vations en Æ & Æ' Et au temps de la révolution de la tache, Jeav, Etrang. Tome V Pige 634. Véav. Etrang. Tome 1! Page 634 DES SCIENCES 635 DELA DIFFRACTION DE LA LUMIÉRE. Premier Mémoire. Par NT." bu VE Ou À. js lumière qui fe plie & fe décompofe lorfqu’elle pafle obliquement d'un milieu dans un autre de différente denfité, fe plie & fe décompofe auffi dans des circonftances où l'on ne voit pas qu'elle change de milieu. Ce qu'on a appelé réfraction dans le premier cas, a été dans le fecond appelé diffraction par le P. Grimaldi, & inflexion par Newton, qui n'a pas cru que les effets abfolument femblables qui font produits dans ces deux cas, le fuffènt par la même caufe; ce- pendant de grands Phyficiens ont préfumé que le changement de milieu avoit lieu dans le fecond, quoiqu'il ne füt pas apparent, & que la diffraétion , regardée comme le nom d’une caufe qui occafionnoit les inflexions de la lumière dans celui-ci, ne différoit aucunement de la réfraétion confidérée aufli comme le nom d’une caufe qui les occafonnoit dans l'autre. Des re- cherches & des expériences que j'ai faites à cet égard, con- firment ce dernier fentiment, & j'en ai déduit une théorie, qui, pour l'explication des phénomènes de la diffraction , confidérée comme un effet qui confifte dans les inflexions que fubit la lumière fans paroître changer de milieu, n'exige que des fuppofitions fimples & que l'intervention des loix connues de l'Optique, « IL Je fuppoferai dans les détails que je vais donner de mes expériences, qu'on fe rappelle celles qu'a faites Newton fur cet objet, & qui font décrites dans le troifième Livre de fon Optique, C'eft à f fagacité que nous devons une mul- titude de découvertes qu'il a fu foumettre à cet efprit de calcul Lil ÿ Première EXPÉRIENCE. Fig. Le 636 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE qui lui étoit propre: le P, Grimaldi a cependant revendiqué l'honneur de lavoir mis fur la voie. IL. Une obfervation dûe au hafard, m'ayant appris que les iris, ou fuites de couleurs prifmatiques qui bordent les côtés de l'ombre d'un cheveu, d'un fil de métal, &c. expolés à un rayon de lumière dans une chambre obfcure, & qui ne S'Y étoient encore montrées qu'au nombre de trois de chaque côté, dont les dernières font même peu fenfibles, pouvoient être prodigieufement multipliées, & de façon à devenir prefque toutes très-diflinctes; je dreflai le petit appareil que je vais décrire, afin de me procurer une idée plus précife de ce nouveau phénomène. A B E D repréfente une planche circulaire de treize pouces de diamètre & dont on a noirci la furface, excepté vers le bord, où on a laïffé un anneau revêtu de papier blanc, & d'environ trois lignes de largeur, pour y tracer une circonfé- rence de cercle, qui a pour centre celui de la planche & qui eft divifée en 360 degrés, numérotés de façon que depuis o, qui fe rencontre au point À, on compte de part & d'autre, c'eft-à-dire fur le demi-cercle À B E & fur le demi - cercle ADE, 180 degrés jufqu'au point £, les deux divifions oo étant en B & en D fur les deux points oppofés du diamètre BD, perpendiculaire au diamètre À Æ. Une bande de carton de trois pouces de largeur, & difpofée en forme de cerceau , eft clouée autour de la planche & lui forme un rebord qui eft percé vis-à-vis du point Æ d’un trou quarré de quatre à cinq lignes de côté, defliné à laifler pañler un rayon de lumière : enfin au centre C de la planche on a fixé perpendiculairement à fon plan, une grofle épingle quia un tiers de ligne de diamètre. Cette efpèce de cerceau À B ED étant placé horizontale- ment, & les chofes difpofées de façon qu'un rayon de lumière qui entroit dans la chambre obfcure par une fente verticale de deux lignes & demie de longueur fur une largeur à peu près égale au diamètre de l’epingle, pafloit par le trou pratiqué en Æ fur le rebord du carton, & s'avançant parallèlement au r# BAT Ca l'ry À < DIE S NS TCUIMENNEC EEE 637 plan de la planche, alloit former en À, fur le même rebord de carton, l'image folaire, où fe projetoit en même temps l'ombre de l'épingle qui fe rencontroit fur la route du rayon, j'ai obfervé: IV. 1.° Qu'il s'étoit développé tout autour de la concavité du carton une zone, qui {ur toute l'étendue de l'arc BE Dn étoit formée par une multitude d'iris contiguës, & que celle de Farc reflant #7 An, qui étoit d'environ 1 8 degrés, & dont Je milieu étoit occupé par l'image fohire, n'étoit teinte que d'une lumière fort diffufe. V. 2.° Que l'ordre des couleurs, dans ces iris, étoit généra- lement tel, que c'étoient les rayons les plus réfrangibles qui s’écartoient le moins de la direétion prolongée £C À du rayon incident, en forte que la bande violette étoit la plus rappro- chée du point 4, que la jaune l’étoit moins, & que la rouge étoit la plus éloignée, felon l’ordre qui fe manifefte dans les phénomènes de la diffraétion obfervés par Newton, Je re- marquai cependant que dans quelques-unes de ces iris, c’étoient au contraire les rayons les moins réfrangibles qui étoient les moins écartés de la direction £C A du rayon incident, en forte que dans celles-ci la bande rouge étoit la moins éloignée du point À, & que la jaune qui l'étoit davantage , précédoit la violette qui l'étoit encore plus. VI. 3.° Que l'image folaire qui étoit projetée autour du point À du cerceau, diamétralement oppofé au trou £, étoit coupée par l'ombre del'épinglebordée dedeux lifières lumineufes, VII. 4° Que les bandes colorées dont les iris étoient compolées, étoient plus étroites, & par conféquent les iris moins développées en certains endroits de la zone qu'en d'autres, & que généralement elles alloïent en décroiffant de largeur de part & d'autre du point À, depuis celle qui en étoit la plus rapprochée jufqu'à celle qui en étoit la plus éloignée, VIIL. $.° Que la zone colorée étoit quelquefois comme coupée par des bandes blanches d'une ligne ou une ligne & demie de largeur, lefquelles étoient toujours liférées de part & d'autre, d'une frange de couleur orangée, du moins quand LI iÿ Fig, 1. 638 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L' ACADÉMIE Ja lumière du Soleil étoit bien vive, & que la chambre où fe faifoit l'expérience étoit fufhfamment obfcure, IX. Le premier des réfultats /».” 1) que m'a fourni cette expérience, que, pour abréger, je défignerai dans la fuite fous le nom de l'expérience du cerceau, nous apprend que les rayons de lumière qui cotoyant l'épingle, s'avancent au-delà vers la Fig. 1. portion poflérieure 8 4 D du cerceau, ne font pas les feuls qui foient décompolés ; ceux qui font renvoyés en deçà vers la portion antérieure BED, le font aufii : on ne peut manquer de reconnoître que ceux-ci fe font réfléchis fur la furface de l'épingle; & de ce qu'ils font décompolés, il eft cenfé qu'ils doivent de plus avoir effuyé quelque réfra&ion. Sur quoi jai été porté à préfumer que les autres qui, décompolés de même, s'écartent moins de leur première direction, & qui après s'être réfraétés aux environs de l'épingle , viennent aboutir fur la portion poftérieure B 4 D, ont de plus efluyé fur la route quelque réflexion; én forte que le fort des uns & des autres foit à peu-près pareil à cet égard. X. En fuppofant cette préfomption fondée, c'eft-à-dire en admettant que ces rayons, dans ces circonflances, font tous & réfractés & réfléchis, il ne fera pas néceflaire, pour rendre raifon de leurs inflexions & de leur décompofition, de recourir à d'autres caufes que celles qui opèrent dans le prifme a ré- fraction & la décompofition des rayons. Voici ce que je conçois à cet égard: j'adopte le fentiment de M. de Mairan, qui accorde des atmofphères aux corps qui infléchiflent la lumière (propriété qui probablement eft générale), & je fuppofe que ces atmo- fphères ont une vertu réfraétive inférieure à celle de l'air, c'eftàdire telle qu'un rayon de lumière qui pañlera oblique- ment de l'air dans une de ces atmofphères, fe réfractera en s'écartant de la perpendiculaire, &7 vice versä ; que celui qui au fortir de cette atmofphère entrera dans l'air, fe réfraétera en s'approchant de la perpendiculaire, XI. Soit FGH la coupe de Fépingle; FGHIPLX Fig. 2. la coupe de l'atmofphère qui l'enveloppe, 47/7 ML un trait de lumière, qui pañlant par le trou AM pratiqué au volet DES \SUCI AE Nic els 6 de la chambre obfcure, ait un diamètre à peu-près égal à celui de la circonférence extérieure / P L K de l'atmofphère. Tous les filets de ce rayon qui font parallèles, où comme parallèles entreux, tombent, à l'exception du filet O P qui fe dirige vers le centre C de l'épingle, obliquement für la demi- circonférence ZPL, & d'autant plus obliquement, qu'ils tombent fur des poims de cette demi-circonférence, plus éloignés, de part ou d'autre, du point P; ils s'y réfractent dans un fens qui les écarte de la perpendiculaire : de ceux-ci, il ny en a qu'une partie qui fe porte fur la furface de l'épingle, à favoir ceux qui font compris entre les lignes QS, RAT, dont la diflance de chacune à l'axe O P du rayon incident eft FH moindre que le demi - diamètre de l'épingle *: ces derniers, qui après leur première réfraction abordent à la fur- face de l'épingle, s'y réfléchiffent fous des angies égaux à ceux de leurs incidences refpectives, & détournés vers la circonfé- rence extérieure de latmofphère, ils y fouffrent une feconde réfraction en pañlant dans l'air ou en s'approchant de ta per= pendiculaire; & en s'éloignant par conféquent de l'axe pro- longé © P E du rayon incident, ils divergent tous les uns à l'égard des autres. XII. Pour le prouver, fuppofons que dans la figure 3 les mêmes lettres défignent les mêmes chofes qu'elles défignoient dans la figure 2: foient pris à volonté deux filets de lumière compris dans l'efpace OFQS, tels que ab & cd: étant réfradtés, ils s'écarteront des perpendiculaires C4, C4 refpedivement, & fuivant les directions 4 f, dg divergentes emrelles, puifque flon les loix de la Dioptrique, les rayons parallèles qui d’un milieu denfe paffent dans un milieu plus rare, terminé par une furface convexe, deviennent divergens, ils fe dirigeront refpeétivement aux points f & g de la furface de l'épingle ; ou fe réfléchiffant fous des angles égaux à ceux de leurs in- cidences relpeétives, ils reviendront , felon les dire&tions fk, gi, encore plus divergentes entr’elles que n'éoient les précé- dentes 4f, dg (puifque, flon les loix de la Catoptrique, des Fig. 2. * Voys n° XII. Fig. 2. 64o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE rayons divergens qui tombent fur une fuifice convexe, le deviennent davantage après la réflexion) ils reviendront, dis-je, à la circonférence extérieure de l'atmofphère en Æ & en i, ou fe réfratant encore, mais dans un fens oppolé, & en fe rappro- chant des perpendiculaires refpeétives Co, C5, ils prendront en rentrant dans l'air les directions {m, in, qui ne difcon- tinueront pas d'être divergentes; car il rélulte encore des loix de la Dioptrique, que fr le point de difperfion des rayons fh, gi étoit au centre C de la concavité de la furface refringente 1KL, les rayons Am, in auroient la même divergence qu'auparavant ; que fi leur point de difperfion étoit plus loin que le centre ©, ils divergeroient davantage, & que s'if étoit plus près, ils perdroient feulement de leur divergence précédente, fans pouvoir devenir parallèles où convergens. Il eft donc démontré que ceux des filets du trait de lumière MIM L qui font dans le cas d'aller fe réfléchir fur la furface de lépingle, divergent tous entreux après la feconde réfrac- tion, & qu'ainfi ils font propres à aller illuminer une furface concavo-circulaire qui entourera épingle, comme il arrive dans l'expérience du cerceau. XIII. Selon ce qui a été remarqué au #.° #7, des filets parallèles du trait de lumière A77ML, qui tombent fur fa demi-circonférence antérieure / PL de l'atmofphère de l'épingle, il n'y a qu'une portion qui, après la première réfraction, fe dirige à l'épingle; & cette portion eft celle qui eft la plus rapprochée, de pat & d'autre, de fon axe O P, lequel on fuppofe pañler, étant prolongé, par le centre € de l'épingle ou la portion QS RAT, dont fa largeur S 7° eft moindre que le diamètre À 4 de l'épingle. En effet, il eft évident que les rayons VX, YZ, dont la diflance à l'axe O P eft égale au demi - diamètre Æ#C de l'épingle, ne fauroient parvenir à l'égingle; car fe réfradant en # & en Z, & s'écartant des perpendiculaires refpeétives CX, CZ plus qu'ils ne l'euffent fat en fuivant leur première direction, ils ne peuvent man- quer de s'éloigner de l'épingle qu'ils auroient rafée s'ils n'avoient pas été détournés de cette première direction. Il en doit ère de DE 'S , S'ETLENECES Gi de même de quelques-uns des filets voifins de ceux-ci, du côté de l'axe O P; & à plus forte raifon les filets de lumière extérieurs, compris dans les efpaces A//VX, MLFYZ, doivent-ils fe détourner de l'épingle. XIV. Il refte de plus à favoir fi ceux des filets du trait de lumière A77 Â1 L, qui après la première réfraétion abordent à la fürface de épingle, ou de tout autre corps cylindrique qui en occuperoit la place, & qui s’y réfléchiflent, font les feuls qui peignent {es bandes colorées qui fe manifeflent, tant dans l'expérience du cerceau que dans diverfes autres expériences, que Newton rapporte dans le troifième livre de fon Optique, où il traite de la diffraction de a lumière; & par conféquent fi de ces filets de lumière réfléchis il y en a qui après leur feconde réfraction, puiffent avoir une direction qui les détourne affez peu de leur direétion primiive, parallèle à l'axe OPE prolongé, pour peindre fur le plan qui les intercepte les bandes colorées aufli près de l'ombre de ce corps qu'elles le font dans certaines circonftances, Mais ce n’eft pas encore ici le lieu de difcuter cette queftion , fur laquelle j'ai à faire ufage de quelques obfervations, qui ne feront rapportées que ci-après (voy. n° XLIX © flivans) ; xemarquons feulement en attendant, qu’il paroït réfulter des obfervations, que toutes les bandes colorées indiftinétement, qui s'étalent dans les phéno- mènes de ce genre, ne peuvent être produites par des rayons qui auroient été fimplement réfraétés & non réfléchis. XV. Au refle, comme les filets de lumière qui après avoir fubi, en traverfant l'atmofphère de l'épingie, deux réfractions & une réflexion, rentrent dans l'air, font aflurément dans le ças d'être décompolés, il eft aifé de concevoir comment ils peuvent former fur la concavité du cerceau de carton cette fuite d’iris contiguës qui s'y développent ; & nous nousarréterons à préfent à examiner dans quel ordre mes fuppofitions exigent que les coufeurs de ces iris foient difpofées, &-fi elles peuvent fe concilier avec le fecond des réfultats de l'expérience du cerceau fn” V). Soient dans la figure 4 les mêmes lettres deftinées à défigner Say. rang. Tome V.. 2 Mmmm 642 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂCADÉMIE les mêmes chofes qu’elles défignoient dans fa figure 2 ; prenons à volonté un rayon tel que ab, compris dans le rayon total QSRT, lequel rayon ab tombe obliquement fur la circon- férence extérieure de l'atmofphère 7 P L de l'épingle en 2, ik s'y pliera & sécatera de la perpendiculaire C2; mais les filets violets de ce faifceau étant plus réfrangibles que les rouges, s'écarteront davantage que ceux-ci; en forte que tandis que les rouges tomberont fur fa furface de l'épingle en 7, les violets tomberont en , en un endroit plus rapproché de celui où va { projeter l'ombre de Fépingle, lequel eft für la lig KE, prolongement de l'axe O P du rayon incident. Or chacur de ces filets du faifceau a & décompofé, fe réfléchiffant fur l'épingle fous un angle égal à celui de fon incidence, & felon es loix de la Catoptrique, des rayons divergens qui tombent fur une furface convexe, étant encore plus divergens après Îa réflexion, il s'enfuit que fi après la réflexion les rayons rouges aboutifient fur la concavité de la circonférence extérieure 1PL K de Famofphère en s, les violets y aboutiront en z, & néceffairement toujours plus près de l'endroit où l'ombre de l'épingle f projette: enfin en 5 & en les filets rouges & les violets fe réfraéteront de nouveau, & continueront encore dans leurs nouvelles direétions sx, 1y à être divergens, puifque, felon les loix de la Dioptrique, fr leur point de dif- p£rlion étoit au centre de la concavité de la circonférence de l'atmofphère , ils divergeroïent autant qu'auparavant ; que s'il étoit plus loin que le centre, ïls divergeroient encore plus ; & que s'il étoit moins loin que le centre, ils divergeroient _ feulément un peu moins, & par conféquent le filet violet continuera encore à s’écarter moins de la ligne ÆÆ, où l'ombre de l'épingle f projette, que ne le fait le filet rouge; ce qui eft abfolument conforme à ce que j'ai obfervé à l'égard de la difpofition des couleurs dans la plus grande partie des iris, qui forment la zone développée fur la concavité du cerceau. La même chofe aura lieu à l'évard du rayon cd, &c. XVI. J'ai dit dans la plus grande partie, & non dans toutes, parce que, ainfi qu'il eft exprimé au #.° y, cet ordre UNE ot ie tell DE. S-S-C.I1 EN C E$ 43 des couleurs eft renverfé quelquefois dans quelques-unes de ces iris, dont la bande rouge fe trouve tournée du côté de l'ombre de l'épingle, tandis que la bleue en eft plus éloignée; ce qui paroît dériver de quelque caufe accidentelle: & ne pour- roit-on pas l'attribuer, par exemple, à quelque irrégularité dans Ja furface de l'épingle? on peut légitimement foupçonner qu'eHe n'eft pas toujours & par-tout également cylindrique; il peut s'y rencontrer des enfoncemens & de petites éminences, & cela fuffiroit pour changer l'ordre des couleurs dans les iris formées par ceux des rayons qui fe {eroient réfléchis fur ces endroits irrégulièrement conformés. XVII Pour le concevoir, remarquons que fi le rayon cd, réfraté & décompolé en d, fe dirige fur la furface de l'épingle en un endroit où il fe rencontre une cavité qui lui préfente deux plans plus ou moins inclinés entreux, il peut fe faire que le filet des rayons rouges tombe en r fur Fun de ces plans inclinés /o, tandis que le filet des rayons violets tombe en # fur l'autre plan incliné 10, & que conféquemment à l'angle d'inclinaifon de ces deux petits plans, les deux filets réfléchis fe croifent au débouché de cette cavité & fuivent les directions 1 V, r R, felon lefquelles le filet des rayons violets s'écarte plus de a ligne KE, où l'ombre de f'épingle {e pro- jette, que ne le fait le filet des rayons rouges : au refle nous aurons occafion ci-après de citer d'autres obfervations où l'irrégularité de conformation dans la furface de l'épingle fe manifefte évidemment (/Voy. uw XXXVI, XXXVII © VAT) XVIII. Au refle toutes ces iris, dont l'aflemblage forme la zone colorée, exigent, pour fe manifefter avec tout l'éclat dont elles font fufcepibles, que le ciel foit pur & qu'il n'y ait pas trop de vapeurs répandues dans l'air; celles qui font même imperceptibles, font capables de ternir une partie des bandes colorées & d'effacer plus ou moins les autres, fur-tout fur cette portion antérieure du cerceau, qui s'étend de part & d'autre autour du trou Æ, qui livre paflage au trait de lumière, & fur laquelle , dans les temps même les plus favorables au fuccès Mmmm ji Fig. $. Fig. 1. 644 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE de cette expérience, les iris font teintes beaucoup plus foible- ment qu'ailleurs, & ne fe font bien diftinguer qu'autant que avec des cartes noircies on rétrécit le trou Æ, de façon à ne laifer pafler que la partie du trait de lumière qui peut parvenir à Fépingle, qu'on en oppofe une au-delà de l'épingle pour amorür les filets de lumière qui vont y tracer l’image folaire, & ‘qu'on en difpofe de pareilles autour de l'épingle , afin qu'il ne fe dirige vers cette portion antérieure du cerceau que les feuls rayons qui peuvent y produire des iris, XIX. Jufqu'ici nous n'avons confidéré que les inflexions des rayons, qui après leur première réfraétion peuvent fe porter fur la furface de épingle, & qui concourent à produire la zone colorée: c'eft à d'autres rayons qu’eft dûe Ha partie de l'apparence qui eft projetée autour du point À dans l'expérience du cerceau {Woy. le quatrième de fes refuhats, n° vr). Ceux qui avant leur incidence fur fa demi-circonférence antérieure 1 P L de Fatmofphère de l'épingle, ne fe dirigent pas à l'épingle, à favoir les rayons compris dans les efpaces A1/V°#, MLYZ, & mème une partie de ceux qui fe dirigent vers les bords Æ° & H de l'épingle, lefquels font compris dans les elpaces QSYX, RTYZ, comme je l'ai obfervé ci-devant, fe détournent plus ou moins loin de lépingle, en conféquence de 1 première réfraétion qu'ils fouffrent en pénétrant dans fon atmofphère; & ils s'en détournent tous, de façon qu'à l'évard de l'épingle ils fe portent en dehors de leur diretion primitive, & s'avancent enfuite immédiatement vers les limites poñlérieures ZÆL de latmofphère : ïls y font rompus de nouveau dans un fens qui les écarte encore davantage de leur direction primitive & de la ligne PAZ, où fe projette l'ombre de Fépingle. XX. Soit fuppolé que dans la figure 6 les mêmes lettres défignent les mêmes chofes que dans la figure 2, prenez dans Fefpace 111Q S deux rayons à volonté, tels que a à & cd; ces rayons parvenus aux points à & d, s'écarteront, en fe réfraétant, des perpendiculaires refpectives C6, Cd, & fe porteront, fans toucher l'épingle, fur la demi-circonférence DE 6 /S'elr E°NIE, ES OM UM Gps poftérieure ZX L de 'atmofphère en e & en f, ou réfraétés pour la feconde fois, & pañlänt dans Fair ils fe rapproche- ront des perpendiculaires relpeétives Cem, Cfn, & fuivront les directions eg, fh; & je dis, 1° que chacun de ces deux rayons s'écarte en dehors de la ligne prolongée dé fa direction primitive, relativement à l'épingle & à la ligne CXE de la projection de fon ombre ; car leurs dire&ions primitives étoient les lignes droites prolongées ab, cdl; mais les angles de réfraction Che, Cdf étant plus grands que les angles Cb5, Cal, qui font des angles oppolés au fommet à l'égard des angles d'incidence, il s'enfuit que les directions 4e, df que ces rayons parcourent dans l'atmofphère FG H/PLK, s'écartent de leurs directions primitives a bi, cd] dans un fens qui les détourne de l'épingle & de Ia ligne CKE, où fon ombre fe projette, & il efb évident de plus que les dernières directions eg, fh, que ces rayons prennent après leur feconde réfraétion, & en rentrant dans l'air, les écartent encore plus de la première, & toujours dans le même fens & par dés raifons femblables à celles que je viens d'alléguer. XXI. Je dis 2.° que ces rayons divergent entr'eux, tant après la première qu'après la feconde réfraétion, & c'eft une conféquence des principes de Dioptrique déjà enoncés. au n° x11, & qu'il fuffit de rappeller ici. XXII. Je dis 3.° que de ces rayons, celui qui paffe le plus loin de l'épingle, à favoir ici le rayon cd, eft celui qui eft le plus détourné de fa direction primitive ; car if eft évident: que la petite face 4 de la circonférence extérieure de Yatmo- fphère où il aborde, fe préfente à lui plus obliquement que ne le fait la petite face 4 où aborde le rayon ab à l'égard de celui-ci, & qu'ainfi l'angle de réfraétion, que la nouvelle direction 4f du premier fait avec la perpendiculaire Cd; doit excéder davantage fon angle d'incidence, que l'angle de ré: fraétion que la nouvelle direétion 4e du fecond'fait avec la perpendiculaire C6, n'excède: fon angle d'incidence: il eft évident auffr que le premier c4f tombée encore fur la ° petite: face f plus obliquement que ‘ne -le’ fait le fecond 44e fur Ja. Mmmm ii] v 646 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE petite face e de la circonférence de Fatmofphère, & qu'ainfi l'angle de réfraction que la dernière direction fA du premier fait avec la perpendiculaire C7, Ten rapproche d'une plus grande quantité que l'angle de réfraétion que la dernière di- rection eg du fecond fait avec la perpendiculaire Cm, ne le rapproche de celle-ci; au moyen de quoi, le premier rayon adfh, qui pañle le plus loin de lépingle, doit être emporté ou écarté plus loin de fa direétion primitive, que ne l'eft de la fienne le fecond abeg qui a paffé plus près de l’épingle. XXII. Ces rayons, qui fans rencontrer l'épingle traverfent fon atmofphère, doivent certainement être décompofés en conféquence des réfraétions qu'ils fubiffent à l'entrée & à la fortie de cette atmofphère; car foit le rayon ab (fig. $, où les mêmes lettres défignent les mêmes chofes qu'elles défi- gnoient dans la figure 2), qui en venant de air aborde fur . Ra circonférence extérieure de l'atmofphère en 2, fa réfraction y fera accompagnée de fa décompofition; les rayons violets de ce faifceau s'écarteront plus de la perpendiculaire C4 que les rouges ; ils fe porteront fur la portion oppolée de la circon- férence de latmofphère en , tandis que les rouges iront en r, où les uns & les autres fe rompant encore en rentrant dans fair, ne cefléront pas d'être divergens par les raifons déjà al- léguées au 2° X11; mais l'expérience nous apprend que la décompofition de ces rayons n'eft pas affez complète & ne les développe pas affez pour être bien fenfible ; les bandes colo- rées qui en devroient réfulter & fe manifefter fur le plan où on reçoit ces rayons, à une certaine diftance au-delà de l'épingle, ne font pas afiez dévagées les unes des autres : tout au plus fémble-t-il que la blancheur de endroit qu'elles occupent en # Vins xxrx, EE un peu altérée *, Mais il n'eft pas étonnant que ces rayons diffèrent à cet égard de ceux qui font réfléchis par l'épingle & dont la décompofition ft fi marquée. Cette réflexion que ceux - ci efluient à l’exclufion des premiers , occafionne une augmentation confidérable de divergence dans les filets hété- rogènes des rayons qui fe font déjà décompofés eñ entrant dans l'atmofphère: ce qui achève de faire connoitre combien | DEUS À S\C'IIELNMCLENS, G47 peu les réfractions que fubiffent les rayons qui n'ont pas de réflexion à efluyer, des fait diverger les uns des autres, c'eft que dans les circonftances de l'expérience du cerceau ; la largeur de chacun des efpaces que leur projection occupoit de part & d'autre à côté de l'ombre de F'épingle, n'étoit, autant que j'en ai pu juger, que le quart de la largeur de l'ombre de l’épingle; & cette place que leur projection occupoit, joignant l'ombre de l'épingle, indique qu'ils fe détournent fort peu de leur direction primitive, X XIV. Si le développement de ces rayons occafonné par Jes deux réfractions qu'ils efluient , alloit au point que fur le plan. qu'on leur oppofe, les bandes colorées fuffent bien féparées les unes des autres, la bande rouge de chaque iris feroit de toutes la plus rapprochée de l'ombre de fépingle [2° xx7r1), XXV. Ileft aifé de concevoir que quand le trait de lumière M1 /IL n'a, lorfqu'il aborde fur la demi-circonférence ZPL Fig. 2, de latmofphère de l'épinole, qu'une largeur égale au diamètre de la circonférence extérieure de cette atmofphère, & que de part & d'autre il ne pañle à côté de l’atmofphère aucun autre rayon introduit par le trou 7 pratiqué au volet, alors ceux des filets de lumière qui traverfent 'atmofphère dire&e- ment fans rencontrer l'épingle, viennent tomber {ur le cerceau de carton à côté de l'ombre de Fépingle ; en forte que celui de ces filets de lumière qui pafie le plus près de fa furface fans {e réfléchir, rafe l'ombre qui fe projette derrière elle & va fe peindre fur le cerceau tout contre Îe bord de l'ombre, XXVI. Au refle, dans ces circonftances où la largeur du trait de lumière 277 41 L, au moment qu'il pénètre l'atmo- fphère de l'épingle, ne fait qu'égaler, comme je viens de {e dire, le diamètre de a circonférence extérieure de cetie at- mofphère, & même lorfqu'elle ne le furpaffe que de peu de chofe , les efpaces que les rayons non réfléchis, parvenus à travers l'atmofphère, occupent fur le cerceau de carton, font aifés à diflinguer : ce font dèux lifières lumineufes nettement ter- minées, tant intérieurement du côté de l'ombre qu'elles tordent, qu'extérieurément. Dans l'obfervation dont il s'agit ici, je leur 648 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ÂACADÉMIE ai jugé une largeur égale au quart de celle de l'ombre, comme je lai dit ci-devant : au refte on fe procure cette apparence toutes les fois que dans une chambre bien obfcure on reçoit fur un carton la projection de l'ombre d’une aiguille ou d’un cheveu qu'on oppole à un rayon de lumière d’un fort petit diamètre, XX VIT. [left fenfible que les rayons qui forment ces deux lifières lumineufes, croifent prefque tous ceux qui forment la zone où les iris font étalées, puilque ce font les portions MIQS, MLRT du trait de lumière M/ML, qui illu- minent refpeétivement de part & d'autre les lifières, & que ce font en revanche les portions Q SO P, RTOP, qui de part & d'autre refpectivement peignent les bandes de là zone colorée. XXVIIT. Ces deux lifières lumineufes qui bordent l'ombre de l'épingle, font fufceptibles d'être effacées lorfque la fente par où s'introduit le trait de lumière dans la chambre obfcure étant trop large, en admet un trop gros, & dont la partie qui paffe en dehors & de côté & d'autre de latmofphère de l'épingle, & fans être détournée de fa direction, croife tant les rayons qui ont été réfléchis fur lépingle que ceux qui n'ont effluyé que des réfraétions en traverfant fon atmofphère, va aborder fur le plan placé vers Æ, où elle produit une image fohire, laquelle eft coupée par l'ombre de l'épingle, & dans l’efpace où elle s'étend de part & d'autre, englobe une paitie ou le tout de celui qu'occupent les deux lifières lumi- neufes, échancrant même quelquefois l'ombre de l'épingle. XXIX. Au refte ces mêmes lifières lumineufes, fi elles ne font pas abfolument effacées par une trop grande abondance de cette lumière qui a pañlé librement fans rencontrer lépingle ni fon atmofphère, ne féront pas confondues, lorfqu'on les obfervera attentivement avec l'image folaire qui les avoifine immédiatement d'un côté. La ligne de divifion, où du moins les limites des fifières lumineufes, font très-marquées dans le cas même où l'image folaire anticipe un peu fur la lifière lumineufe ; la blancheur de ces deux différentes parties de l'apparence n’eft pas la même, on en faifit la différence, quoiqu'on ne puifle la fpécifier ; D» Es Sci PEN ic ES 649 fpécifier : apparemment les lifières illuminées par les rayons à demi décompolés, qui ont traverfé l'atmofphère de l'épingle, ont une teinte autre que celle que donne la fumière pure & nullement réfractée qui forme l'image folaire, laquelle teinte des lifières lumineufes, n’eft pas même toujours effacée par une certaine quantité de cette lumière pure qui s'y mêle lorfque l'image folaire s'étend fur ces lifières. XXX. L'ombre de lépingle qui, bordée des lifières Ju- mineules, quelquefois fenfibles, quelquefois non, coupe l'image folaire (qu'on peut cependant faire évanouir entièrement , en rétréciflant Ja fente pratiquée au volet, ou en difpofant tout auprès de l'épingle & en deçà du côté de la fente, des cartes noircies pour intercepter la partie du rayon qui ne tombe pas précifément fur l'atmofphère de l'épingle) , occupe ainfi le milieu de l'arc de 18 degrés, que jai dit n'être pas décoré d'iris, ainfr que left le refte de ta concavité du cerceau, Dans lobfervation dont il s'agit ici, l'efpace que contenoit l'ombre de épingle, les deux lifières lumineufes & les deux portions de Pimage folaire, occupoit moins de deux degrés de la circonférence du cerceau : il reftoit donc de part & d'autre, entre les limites de l'image folaire & la première des bandes colorées , un efpace d'environ 8 degrés, qui très-foiblement illuminé, n'offroit qu'une trace produite par une lumière ex- trêmement diflufe & à peine fenfible en quelques endroits. Ceux des rayons du trait de lumière A/ML, qui illumi- noient ces deux arcs de 8 degrés, n'étoient pas ceux qui pâflent tout droit à côté de Yatmofphère de l'épingle, & qui forment l'image folaire, qui eft très-éclatante & qui a des limites bien marquées; mais c'étoient, ou des rayons qui ré- fléchis & décompofés fur la furfice de épingle, fe portoient de ce côté-là en trop petit nombre & étoient trop éparpillés pour y produire des apparences diftinctés, ou des rayons, qui traverfant l'atmofphère fans toucher l'épingle, efluyent peut-être des réflexions fur les limites qui féparent l'atmofphère d'avec ‘air où elle eft plongée, & fur lefquelles j'aurai occafon ci- après de m'expliquer plus particulièrement (Voy.n 1xxx1). Say. étrang, Tome V, + Nnon 650 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE XXXI. Au reflé, pour fe procurer une idée plus jufle de cette dernière circonftance de Fexpérience du cerceau , il eit à propos d'intercepter les rayons de lumière, étrangers au trait de lumière A//ML, qui s'introduifant par l'ample ou- verture pratiquée au cerceau en Æ, fe dirigent fur une grande étendue de la portion oppofée de fa concavité vers À, où fe rencontrent les deux arcs de 8 degrés, qui en font vivement illuminés , ainfi que les parties contiguës du cerceau, & par conféquent infiniment plus que s'il n'y parvenoit que les feuls filets de lumière qui fe font réfléchis {ur les extrémités de la demi-circonférence antérieure de l'épingle où fur la portion corréfpondante de la circonférence extérieure de fon atmofphère. Pour intercepter ces rayons étrangers, il faut, comme je viens de le dire, avec des cartes noircies rétrécir l'ouverture Æ, de façon qu'il ne pafle que le feul trait de lumière qui atieint l'atmofphère de épingle, XXXII J'ai cru qu'il ne pourroit qu'être avantageux de voir d'un coup d'œil les directions refpeétives & les décufa- tions de tous ces difiérens rayons de lumière qui produifent les diverfes parties de l'apparence que m'a donnée l'expérience du cerceau : elles font marquées dans la figure 7, où N E repréfente le trou pratiqué au volet. fh, Yelpace qui, für la concavité du cerceau, occupe la proietion de Fombre de Fépingle. fi & 47, place des deux lifières Jumineufes produites par les rayons réfraét's & divergens entr'eux, compris entre les lignes QS FF & Mi d'une part, & entre les lignes RTHh & M LI de fautre part. mn & me, la place des deux portions de l'image (olaire, coupée par l'ombre de l'épingle, qui font formées d’une part par les rayons direéts, compris entre des lignes 47 72m & - Nn,-& de l'autre part les rayons aufft direéts, compris entre les dignes 47 Lm & ÆEe, delquels rayons une patie croile, comme on voit, une partie de ceux qui illuminent les Lifières 1, 41. ng, ep, à placæ où s'étendent les deux arcs d'environ DES; $S C'11E N° € E!81) 6s1 8 degrés, foiblement illuminés, qu'on peut foupçonner l'être, Jun par quelques rayons Q SF", qui réfléchis vers Æ°{e font partagés en divergeant fur l'efpace »g, & Fautre par quelques rayons À TH, qui réfléchis vers Æ/, fe font partagés en di- vergeant fur l'efpace ep, lefquels rayons croiferoient , tant ceux qui forment les deux lifières f3, 4, que ceux qui forment l'image folaire en #10 & me; lefquels efpaces 2q, ep, peut- être aufi font-ils iluminés, favoir le premier par des rayons tels que Lr, réfléchis fur la circonférence extérieure de l'at- mofphère en L, & l’elpace ep par des rayons tels que /5, réfléchis fur Ja même circonférence en Z /Voy.n xx x1). Enfin 4 À, p A*, les efpaces réunis & contigus en À, où fe développe Ki zone compofée de bandes colorées, & formée par les rayons compris entre les lignes QSF & RTH, dont après la réflexion qu'ils effuient fur la finface Æ°G H de l'épingle, une moitié fe diftribue en divergeant fur Farc 4 À, & l'autre moitié fur Farc p À ; lefquels rayons croifent les rayons fimplement réfraétés qui illuminent les deux lifières fi, 1, & les rayons non réfraétés ni réfléchis qui forment l'image folaire. XXXIIT. Je ne faurois me refufer d'obferver qu'ici l'exif- rence de Fatmofphère, que, conformément au fentiment de M. de Mairan & de divers autres Phyficiens du premier ordre, j'ai fuppofé envelopper l'épingle, f manifefte de Ia fiçon la plus fenfible, & que fa projeétion eft comme tracée par les rayons de lumière qui la traverfent fur le plan qu'on leur oppofe; car le concours des diverfes circonftances de lexpé- rience du cerceau, me paroït indiquer affez clairement qu'on doit prendre pour cette projection les deux lifières lumineufes f?, A1 qui bordent Fombre de l'épingle, & je prélume qu'elle ne fera pas méconnue par ceux qui voudront fe donner la peine de les examiner & de répéter cette expérience. * Ces arcs 9 À, p À ne font pas | eft tracé en entier, & que le point exprimés dans la figure : il faut | .4 eft le point diamétralement oppofé imaginer que le cercle dont l'arc gp | au point #, milieu de l’ombre. fait partie, & dont C eft le centre, pr Nnnn ji 2 Foy. XII, 652 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE XXXIV. Je pafle à l'inégalité des iris qui compofent la zone étalée fur la concavité du cerceau, & c'eft le quatrième des réfultats de cette première expérience, J'ai remarqué qu'en général les plus larges, les plus développées de ces iris, font celles qui font placées le plus près de la projection de l'ombre de Fépingle, & que, felon qu ‘elles en font plus éloignées, elles en font de plus en plus étroites. XXXV. Pour en fentir la raifon, foient dans la figure 8 (où les mêmes lettres défignent les mêmes chofes que dans la figure 2) f & g deux petites faces de la furface de épingle, dont les rayons réfléchis par chacune d'elles, forment une iris fur la concavité du cerceau en S & 7'; lon ce qui a été établi ci-devant * de la divergence des rayons qui fe réfléchifient fur la furface de Fépingle, l'iris S formée par les rayons abf réfléchis fur la petite face f qui eft plus près de la projection de l'ombre de l’épingle que ne l'eft la petite face g, doit être placée fur la concavité du cerceau plus près de la projection de l'ombre de Fépingle que l'iris 7, formée par les rayons cdg réfléchis fur la petite face g. Les rayons ab, cd, qui font partie du trait de lumière MI1M EL, pour parvenir aux petites faces f & 8 de la furface de l'épingle, ont eu à traverfer les liiites qui féparent fair d'avec f'atmofphère de l'épingle , c'eft-à-dire la circonférence extérieure de cette atmofphère en 4 & en d: or il eft évident que la petite portion à de certe circonférence eft plus. inclinée à la direction des rayons 44, que la petite portion d ne l'ef aux rayons cd; d'où il réfulte qu'après la réfraétion qu'ils efuient les uns & les autres en pénétrant dans l'atmofphère, le développement de leurs filets hétérogènes, l'écartement, par exemple, des rouges d'avec les violets, doit être plus conf- dérable pour les rayons a 4 f réfraétés en que pour les rayons cdg réfraétés en d *. Or ce qui a lieu à cer égard dans la traverfée de l'atmofphère avant la réflexion de ces rayons fur les petites faces f & g, a lieu encore après l1 réflexion, & même après la feconde réfraétion qu'ils fubiflent, lorfqu'au. * Voyez le Traité d'Optique de Newton, Part, I, fe, >, prop.11.. D'ESNS'CNEN CES 653 fortir de l'atmofphère ils rentrent dans air * : dès- lors les rayons réfléchis par la petite face f doivent embraffer fur la concavité du cerceau un efpace plus étendu que celui qu'y occupent les rayons réfléchis par la petite face g, & par con- féquent l'iris S la plus rapprochée de la projeétion de ombre de l'épingle furpaffèra en amplitude Tiris 7. XXXVI. Mais j'ai cependant obfervé quelquefois que cet ordre dans le décroiffement de l’efpace occupé par les iris, pro- portionnellement à leur diftance de la projection de l'ombre, étoit interverti, ou du moins troublé, & que de larges iris étoient placées en des endroits où il n’y auroit dû en avoir que de plus étroites, qui fe trouvoient plus près que les premières de la projection de l'ombre, En faifant alors tourner l'épingle fur fon axe, je diflinguois ces larges iris pafler des endroits où elles étoient d’abord à d’autres plus où moins éloignés de a projeétion de l'ombre, felon le fens de la rotation de l'épingle. Cette dernière obfervation me fit voir que cet intervertifle- ment de l’ordre oidinaire dérivoit d'une caufe accidentelle & fans doute de quelque irrégularité de conformation dans l'épingle. D'autres obfervations qui feront rapportées dans mon fecond Mémoire”, fourniront une explication fort natufelle de ce dérangement dans l'ordre des couleurs des iris. XXXVIL Nous voici arrivés au cinquième & dernier des réfultats que m'a préfenté l'expérience du cerceau {1° v111) ; ce font ces bandes blanches que j'ai dit fe montrer quelquefois parmi les bandes teintes des couleurs prifmatiques qui forment la zone: cet effet pourroit provenir de ce que li petite face de la furface de l'épingle, d'où, fr elle étoit conformée comme les autres, il fe réfléchiroit des rayons qui formeroient une iris à l'endroit du cerceau où fe rencontre la bande blanche, eft une cavité affez profonde pour n'en point réfléchir, ou du moins pour les éparpiller ;.en forte que cet endroit occupé: * Car plus les rayons qui fe portent | qui d’un milieu rare paffent dans un: Yüur une furface convexe font diver- | milieu denfe, terminé par une furface- gens, & plus ils le font encore après | concave , ont de divergence, & plus la réflexion; & auf plus lesrayons | ils en ont encoreaprès la réfraction. Nnann iij, * Ven CXII: S Pont CX, by LXXVIIL. Deuxième EXPÉRIENCE. Figure 654 MÉMOIRES PRÉSENTÉS-À L'ACADÉMIE par la bande blanche, ne foit illuminé que par des rayons perdus , c'eftà-dire par des rayons irrégulièrement répercutés de diverfes parties de la furface & de l'atmofphère de l'épingle, J'en affignerai encore une caufe plus fimple dans mon fecond Mémoire *. XXXVIIT. Quand ayant aperçu quelqu'une de ces bandes blanches parmi les autres bandes colorées de la zone, je faifois tourner l'épingle fur fon axe, la bande blanche, avec fes filets orangés, changeoit de place fur la concavité du cerceau, & S'y mouvoit dans le fens de la rotation de l'épingle ; ce qui confirme que cette apparence dépend de la conformation de certaines portions du contour de l'épingle, différente de celle des autres. J'aurai occafion ailleurs de parler des filets de couleur orangéeP, dont ces bandes blanches font liférées. XXXIX. J'ai pratiqué au rebord de carton qui forme le cerceau, une efpèce de petite fenêtre de deux lignes en quarré vers P, en détachant de trois côtés une portion du carton, qui tenant au refte par le quatrième côté, peut fe lever & fe remettre comme le volet d'une fenêtre; en forte que ceux des rayons qui vont en cet endroit former des bandes colo- rées, puiflent s’avancer au-delà du cerceau , lorfque le petit volet ef levé: ils fe dirigent alors felon la ligne CP prolongée; & en tenant une feuille de papier à différentes diflances dans cette direction, j'y ai toujours aperçu le même nombre d'iris qui fe montroient fur le petit volet, lorfqu'il n'étoit pas levé, & qui augmentoient de largeur en raifon de la longueur des rayons qui mefuroient la diflance du papier à épingle. L'ordre des couleurs y étoit aufli toujours le même: le rélultat de cette expérience s'accorde avec ce qui réfulte de ma théorie fur la divergence des rayons, qui décompolés & réfléchis par l'épingle , fe diftribuent tout autour en tous fens. Remarquons cependant ici que cette divergence, qui a lieu néceffairement entre les axes des maffes de rayons qui forment les diverfes iris, & même dans chaque iris entre les axes des gerbes des rayons hétérogènes ( des rouges, des orangés, des jaunes, &c.) qui concourent à fa produétion, ne s'étend D'E's! SCIE Nc ENS 6 pas abfolument à tous les rayons réfléchis fur le corps réfrin- gent; car je ferai voir ailleurs * qu'il y a auffi néceffairement des décuflations entre certaines portions de ces gerbes de rayons hétérogènes. XL. J'ai expolé à un trait de lumière, qui entroit dans la chambre obfcure par une fente fort étroite, des épingles & des aiguilles d’inégale groffeur, un fil d'argent tel qu'on l'em- ploie pour faire des boutons, un cheveu, un poinçon de fer qui a deux lignes de diamètre, un miroir cylindrique de métal, dont le diamètre eft de trois pouces & demi, une carte à jouer, &c. & recevant fur un carton la projection des ombres de ces différens corps, toujours à une même dif tance, il me parut que les lifières lumineufes qui les bordoient étoient à toutes fenfiblement de la même largeur ; ce qui donne lieu de juger que les atmofphères de ces corps font de la même épaiffeur, malgré l'inégalité de leurs diamètres & malgré la différence des fubftances. X LI. La projection de l'ombre d'une épingle d'un tiers de ligne de diamètre, expofée au trait de lumière à environ cinq pieds de là fente, étant reçue fur un carton placé fuccef fivement à fix pieds & à douze pieds de diflance au-delà de l'épingle, il me parut qu'à cette dernière diftance la largeur des lifières lumineufes étoit double de ce qu'elles avoient à la diflance de fix pieds. A celle-ci leur largeur étoit, autant que je pus en juger, de trois quarts de ligne, & à l'autre d’une ligne & demie, XLII. Il eft certain que fi l'épaiffeur de l'atmofphère étoit confidérable, la largeur de fa projeétion à douze pieds auroit dû très-fenfiblement être moins que double de celle que fà projection avoit à fix pieds : cependant, comme il m'étoit guère poffible de juger à la vue avec précifion du rapport des lar- geurs des lifieres lumineufes à ces différentes diflances, cette expérience eft moins propre à déterminer Pépaifieur de l'at- mofphère de l'épingle, qu'à faire entendre que ces limites extrieures ne s'étendent pas bien loin de la furface de épingle, # Dans le fecond Mémoire, 4° XCI117. Troifième EXPÉRIENCE, Quatrième EXPÉRIENCE: Oprique, lb, III, ebferr. ÿ 656 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE mais peut-être pourroit-on employer quelque procédé qui mèneroit à quelque chofe de plus exact fur cette melure. XLIIT. Quoi qu'il en foit, je crois pouvoir avancer que Newton a vu ces atmofphères dont les expériences précédentes nous offrent la projection. Ætenim collocans, dit-il, après avoir rapporté une expérience où il avoit employé la lame d'un couteau pour infléchir un rayon de lumière, oculum meum eo in lumine, ultra extremitatem radiationis illius quæ effet poft tergum cubri ; oculumque dirigeus ad cultrum , difeernere poteram in aciè jus lineam quandam luminofam ; idque non modo cum oculus meus in eadem fitus effer line cum ipfis radiationibus illis ; verum etiam cunr extra lineam iflam pofitus effet, five ad mucronem cubrri, five ad manubrium verfus : videbatur linea illa luminoa contigua effe aciei culiri ; angufhor que erat quäm lumen fimbriæ interioris, & angufäffima quidem tum ef? vifa, cum oculus meus à dire&lo lu- mine magis diffaret ; ideoque tranfire videbatur inter lumen fimbriæ tllius interioris , ac aciem culrri. XLIV. Lescirconflances qui font énoncées dans ce pañlage, à favoir la contiguité de cette ligne Iumineufe au tranchant du couteau, le peu d'épaifleur qu'on lui trouve, de quelque dif tance qu'on la regarde, l'origine de la lumière qu'elle darde, qui paroiït s'élancer d'entre le tranchant du couteau, & le rayon qui va peindre fur le carton la frange la plus intérieure, conviennent, on ne peut pas mieux , aux atmofphères parti- culières dont il eft queflion & aux rayons qui les traver{ent : mais ce que Newton ajoute au pañlage que je viens de citer, que les rayons provenans de cette ligne lumineufe, qui pafient le plus près du tranchant du couteau, lui ont paru les plus in- fléchis, quoique non pas tous {quæque ejus pars proxime acient tranfiret , eam judicavi effe maxime inflexam, quanquam non quidem ommem ). Cette dernière circonftance, dis-je, ne fe concilie pas fi bien avec ce que j'ai établi ci-devant, 2° x x11, conformément à mes fuppofitions, que des rayons qui traverfent Jatmofphère du corps cylindrique fans efluyer de réflexion ; ce font ceux qui pañlent le plus loin du noyau, qui s'écartent le plus de leur direction primitive. Tout ce que je puis alléguer x a cet | ' DES SCIENCES. 657 à cet égard, c'eft que Newton dit fimplement qu'il a jugé ainfr, fans donner autrement cette oblervation pour une obfervation bien conflatée. XLV. Cette ligne lumineufe, pour me fervir des termes de cet illuftre Phyficien, {e diftingue en quelque endroit que l'œil foit placé; ce qui indique qu'outre la lumière qui fe ré- fracte régulièrement en traverfant ces fortes d’atmofphères, & qui produit les apparences variées qu'on aperçoit fur le carton qu'on lui oppole, il y a des rayons qu’elles éparpillent en tout fens, comme il arrive à un prifme mis en expérience dans une chambre obfcure, qui indépendamment des rayons qu'il réfraéte & qu'il réfléchit régulièrement & vers certains points déterminés, en difperfe beaucoup d’autres en tout fens & de toutes parts, au moyen defquels on y diftingue, en quelque canton de fa chambre qu'on fe rencontre, les endroits par lef£ quels la lumière s'y fraye un pañlage. XLVI. Du peu d'épaifleur des atmofphères /° xz11), de ce que malgré ce peu d'épaifleur, il y a des rayons, à favoir ceux à qui eft die la production des lifières lumineufes, qui abordant à leur circonférence extérieure fous des direétions très-inclinées, y pénètrent & n’efluient pas de réflexion; de ce que ceux-ci ne fe détournent que fort peu de leur direction rimitive (2 xx111) , & enfin de ce que leur décompofition n'eft pas ferfible (ibid. ); il rélulte qu'il n’y a pas une grande différence entre la vertu réfraétive de fair & celle du fluide dont ces atmofphères font compofées, & que leur rapport eft infiniment moindre, par exemple, que celui qui exifle entre les vertus réfraétives de l'eau & de l'air. XLVIT. Deux épingles d’épale groffeur & d’un tiers de ligne de diamètre, étant placées, l’une à cinq pieds, l’autre à onze pieds de diftance de la fente étroite par où le rayon de lumière pénètre dans la chambre obfcure, leurs ombres reçues chacune fur un carton placé à une diftance égale de fix pieds au-delà de chaque épingle, n'étoient pas à beaucoup près de la même largeur : la largeur de l'ombre de la première étoit d'une ligne & demie, & celle de l'ombre de la feconde n’étoit Sa, étrang. Tome V. + Oooo Cinquième EXPÉRIENCE» 1 658 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE que d'environ une ligne feulement , ce qui provient de 'iné- galité des angles de divergence qu'embraffent les gerbes de rayons qui tombent fur les atmofphères des épingles à ces deux différentes diftances de la fente. XLVIHT. M faut faire attention que les filets du trait de lumière admis dans fa chambre obfcure, n'étant pas parallèles entr'eux au débouché de la fente, mais divergens à un certain point, il en arrive que des deux épingles d'égal diamètre, mais inégalement éloignées de la fente, l'une eft atteinte en fon atmofphère par des rayons qui divergent plus entr'eux que ne divergent les rayons correfpondans qui atteignent latmofphère de autre, comme il eft aifé d'en juger par la figure 9 , dans laquelle À repréfente la fente où les rayons émanés du foleil f croïfent, C l'atmofphère de l'épingle placée à onze pieds de À, & B Fatmofphère de fépingle placée à cinq pieds de À, fur la demi-circonférence antérieure de laquelle tombent les rayons Ag, A4, qui divergent fenfiblement plus entr'eux que les rayons correfpondans À d, Af, qui tombent fur la demi- circonférence antérieure de l’atmofphère C. IL eft évident que conféquemment la paire de rayons qui traverfant l'atmofphère 2, rafera de plus près le corps cylin- drique qui en forme le noyau fans s'y réfléchir, & qui font ceux qui fur le carton aboutiffent de part & d'autre fur ks deux points contigus aux extrémités de l'ombre de ce corps, doit avoir plus de divergence que n'en a la paire de rayons cor- relpondans , qui traverfant l'atmofphère €, rafent de même de plus près fon noyau fans s’y réfléchir, & qui font ceux qui pareillement fur le carton aboutiffent de part & d'autre aux deux points contigus aux extrémités de l'ombre de celui - ci : dès-lors, à d'égales diftinces de chaque épingle, la première de ces deux paires de rayons ne peut manquer d’embraffer fur le carton un plus grand efpace que celui qu'embraffe la feconde paire. Or ces efpaces, embraffés par chaque paire de rayons, font ceux où fe projeétent les ombres des deux épingles & qui en melurent les largeurs. L'ombre de l'épingle 2, qui [e] eft la moins éloignée de k fente À, doit donc ainfr avoir plus n D: BAS S ChtIEINtCE, & 6 de larger que celle de Fépingle €, qui Feit davantage. XLIX. Cette inégalité dans la divergence des rayons qui abordent fur des atmolfphères d'égal diamètre, qui fe rencontrent à d’inéoaies diflances du trou par lequel la lumière eft reçue dans la chambre obfcure, peut être employée encore à expliquer comment dans la première expérience du troifième Livre de l'Optique de Newton, il fe forme des iris tout près de la pro- jection de l'ombre du corps cylindrique expofé au trait de lumière, tandis que dans l'expérience du cerceau il y a 8 à 9 degrés de diflance entre l'ombre & la première des bandes colorées, tant à droite qu'à gauche. L. Dans jexpérience de Newton, le corps cylindrique expolé au trait de lumière, étoit à douze pieds de diflance du trou pratiqué au volet, & fon diamètre n’étoit que de 335 de pouce; au lieu que dans mon expérience la diflance entre la fente & l'épingle n'eft que de douze à quinze pouces, & que le diamètre de l'épingle eft d’un tiers de ligne. LI Il réfulte 1.° de la différence qui a lieu à l'égard des diftances des corps cylindriques au trou qui donne accès à la lumière dans ces deux expériences, que dans celle de Newton les filets de lumière qui fe portent aux environs des extrémités m, u de la demi-circonférence antérieure #7 7» du corps cy- lindrique D, qui eft le plus éloigné du trou À, divergent Fig. 10. moins de la direction À / de l'axe du trait de lumière, & par conféquent moins auflr entr'eux que ne le font les filets corref- pondans, qui dans mon expérience fe portent aux environs des extrémités o & p de li demi-circonférence antérieure a / p de lépingle Æ, plus rapprochée que l'autre du trou À. 2.° De la différence, qui dans ces deux expériences com- parées, a lieu à l'égard des diamètres des deux corps cylindriques, que les premiers de ces filets, en fe dirigeant vers les bords # & n de la demi-circonférence antérieure du corps D, abordent fur des portions de fon atmofphère moins inclinées à leur direétion que ne le font les portions de l'atmofphère du corps Æ, où tombent les autres filets qui fe dirigent vers les bords a & p de la demi-circonférence antérieure de ce dernier corps Oooo ij 660 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE à l'égard de ceux-ci, ainfi que je l’établirai ci après (n° LV). LIT. En conféquence, après les deux réfractions & la réflexion que les uns & les autres de ces filets de lumière effuient en traverfant les atmofphères refpetives des corps D & E, ceux qui ont traverfé celle du corps D doivent étre, à diflances égales, moins écartés de leur direction primitive que ceux qui ont traverfé celle du corps Æ. Les premiers de ces filets, ceux de l'expérience de Newton, peuvent donc aborder & former des iris plus près de la projeétion de l'ombre du corps cylindrique que ne le font les feconds, à favoir ceux de l'expérience du cerceau. LI. Il paroît par-là qu'une des conditions effentielles pour fe procurer fapparence obfervée par Newton, confifte en ce que certains rayons infléchis & réfléchis par le corps cylindrique ne foient pas trop détournés de leur direction pri- mitive; & c’eft fe mettre fur la voie de l'obtenir que de faire en forte que l'angle formé par les rayons, qui du trou fe di- rigent aux extrémités du diamètre du corps cylindrique, foit le plus petit qu'il foit poflible: or il eft d'autant plus petit que le corps eft plus menu & plus éloigné du trou. Mais malgré ces précautions, on réuffit encore très-difficilement à fe pro- curer des iris contiguës à la projeétion de l'ombre du corps cylindrique; car beaucoup d'autres rayons réfléchis irrégulière- ment & qui tombent fur les endroits du carton où ces iris fe projètent, les altèrent & les efficent. La furface du corps qui paroît le mieux poli, eft raboteufe; & fes afpérités réelles, _quoique non apparentes, & très-confidérables à cet égard, éparpillent un grand nombre de rayons en tout fens. Nous. avons précédemment remarqué (/.” xLVy)que même fon atmolfphère peut en difperfer auffi de toutes parts, & il eft certain que ces iris ne peuvent fe préfenter dans tout l'eclat dont elles font fufceptibles, qu'autant que tous ces rayons irré- guliers font écartés de la place qu'elles occupent. LIV. Au refle, il eft certain aufir que ces iris ne fauroient être produites que par des rayons qui fe font réfléchis, & nullement par ceux qui traverfent l'aimofphère du corps Don 5. / Slcur bin Cents 66: cylindrique fans effuyer de réflexion , 1.° parce que la décom- pofition de ceux-ci ne paroît pas pouvoir devenir bien fenfible (n° XXII) ; 24° parce qu'au cas qu'elle le fût, ce feroit la bande rouge de chaque iris qui feroit tournée vers la projec- tion de Fombre, comme je l'ai ci-devant remarqué /».° xx1v). Or le fait eft que c'eft la bande violette de ces iris qui eft toujours tournée du côté de l'ombre. LV. Il faut maintenant prouver que, conformément à ce qui a été avancé au 7.” L7, les filets du trait de lumière qui le dirigent vers les bords : & » de la demi-circonférence antérieure 1 /n d'un corps menu, tombent fur des portions de fon atmofphère, moins inclinées à eur direétion que ne le font les portions de l'atmofphère du corps Æ qui eft plus gros , fur lefquelles tombent les rayons qui {e dirigent vers les bords o & p de celui-ci à l'égard de ces derniers rayons. LVI. Soient les deux cercles ABD, EFG Îles coupes de deux épingles , dont les diamètres 4 D, EG font très- inégaux, & AH1K, MNO les coupes des circonférences extérieures de leurs atmofphères refpectives, dont les Jargeurs HA, ME font égales /1.° xL), enfin que /L, NR repré- fentent les directions & Îes axes des deux traits de lumière qui tombent chacun fur la demi-circonférence antérieure de chacune de ces atmofphères. Comparons un rayon quelconque qui traverfe l'une de ces atmofphères avec fe rayon correfpon- dant qui traverfe fautre : par exemple, le rayon ab, qui prolongé direétement , toucheroit la furface circulaire de la grofle épingle en À avec le rayon ef, qui prolongé directe- ment aufli, toucheroit la furface circulaire de la petite épingle en £': prolongez direétement ces rayons ab, ef, jufqu'à ce qu'ils rencontrent la concavité des cercles refpedtifs 4 ZK, MNO en m & s, & menez les diamètres AK, MO per- pendiculaires à la direétion des traits de lumière incidens. Puifqu'en vertu de Ja fuppofition, les fegmens & Hm, JMS des cercles inégaux /K, MNO ont des flèches À H, E M égales entr'elles, l'angle au fegment ? Am appartenant au plus grand des deux cercles, fera plus grand que l'angle au Oo0o ii Fig. 10% Fig. 119 Sixième EXPÉRIENCE, 662 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE fegment f Ms, & par conféquent l'arc Æ/6, complément de l'arc DK, qui mefure l'angle 6 Am, fera plus petit que l'arc Mf, complément de Farc fo qui mefure l'angle f A5; donc la diftance du point à au point /, auquel fe dirige l'axe du trait de lumière total, mefurée en degrés, fera plus grande que la diflance du point f au point V, auquel {e dirige l'axe de l'autre trait de lumière; d'où il fuit que la petite face 2 de la circonférence extérieure de l'atmofphère de la groffe épingle fe préfente plus obliquement au rayon ab que ne le fait la petite face f de la circonférence extérieure de f'atmo- fphère de la petite épingle à l'égard du rayon ef. Ce que je dis ici de ces deux rayons correfpondans 44, ef, auroit lieu de même à l'égard de toute autre paire de rayons qui fe dirigeroient à deux points correfpondans des furfaces des deux épingles. I eft donc conflant qu'à proportion que le diamètre du corps cylindrique expofé au trait de lumière eft plus petit, la portion de la circonférence extérieure de fon atmofphère, où aborde un filet de lumière qui fe dirige à un point de la fur- face de ce corps, dont la diftance en degrés au point Æ', où paffe l'axe du trait de lumière, eft déterminée, en eft d'autant moins inclinée à la direction de ce filet de lumière. LVIL Ayant fait entrer dans la chambre obfcure, par un trou de deux lignes & demie de diamètre, percé dans une laque de plomb ajuftée au volet de la fenêtre, un rayon de Lure qui, réfléchi fur un miroir placé au dehors, fe diri- geoit parallèlement à Fhorizon, l’image folaire reçue fur un carton placé à trente-trois pouces de diftance du volet, avoit cinq lignes de diamètre. Je plaçai entre le volet & le carton, & à environ fix pouces de diflance du volet, deux bandes de papier blanc * difpolées dans le mème plan & parallèlement au volet , qui rapprochées, * Les bords oppofés des deux bandes de papier doivent être fans afpérités, & être coupés bien nettement avec des cifeaux : elles font ajuftées fur une efpèce de chaflis, où on peut aifément les approcher & les écarter l’une de l'autre. DURS. À S ICT UN ICE 66; Vune de Fautre formoient une fente verticale, que je jugeai être d'environ un dixième de ligne de largeur, & à travers laquelle pafloit alors la partie du rayon de lumière qui parve- noit au carton Jaiffé dans fa première pofition ; il sy forma une apparence , dont la portion qui tenoit la place de l'image folaire, & qui étoit plus foiblement & inégalement illuminée, avoit près de quatre lignes de largeur. Les rayons tangens des lèvres de la fente ne continuoient donc pas à s'étendre au-delà felon cette direction, puifque dans ce cas cétte portion de l'apparence n’auroit pas dû avoir autant de largeur; & il en réfulte que le papier doit être rangé dans la clafle des fubftances qui font pourvues d'atmofphères propres à opérer {a diffraction de la lumière. LVIIL. De chaque côté, au-deflus & au-deflous de cette même portion de J'apparence que j'ai dit occuper la place de l'image folaire, s'étendoient des pénombres dont la lumière aHoit en safloibliflant à mefure qu'elles s'éloignoient davantage : elles avoient quatre à cinq lignes de longueur chacune & étoient formées par des rayons, qui de la furface du miroir placé en dehors, fe dirigeoient obliquement dans la chambre obfcure par le trou pratiqué au volet : car ces pénombres difparoifloient lorfqu'on couvroit avec du papier noirci les portions du mi- roir, autres que celle qui réfléchifloit régulièrement vers le trou la lumière venue directement du foleil. LIX. J'avois d'abord pris ce que j'appelle ici des pénombres, pour ces traces de lumière alongées *, que Neuwton a obfér- vées en des circonftances à peu près pareilles & qu'il compare à des queues de comète. Les deux pénombres des côtés oc- cupent fur le carton où on reçoit l'apparence, la même place qu'y occupent ces autres traces de lumière, qui ont encore cela de commun avec les pénombres, que leur lumière va en Safloiblifflant de plus en plus du bord intérieur vers le bord extérieur ; mais comme elle eft beaucoup plus foible que celle des pénombres, ces traces de lumière ne peuvent fe manifef- ter qu'en labfence des pénombres qui les couvrent & les effacent. Des cartes noircies, difpofées convenablement entre * yadiationes, ” 664 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE le miroir & le trou pratiqué au volet, qui font difparoître Jes pénombres , laiflent diflinguer les traces de lumière qui font produites par des filets du trait de lumière réfléchis ré- gulièrement fur le miroir, lefquels font infléchis en paflant près des lèvres de la fente; au lieu que les pénombres le font, comme je viens de le dire, par des rayons obliques irrégu- lièrement repréfentés par le miroir, & qui effuient de pareilles inflexions au paflaige entre les lèvres de la fente. LX. Les traces de lumière dont il eft queftion ici, ne font -elles pas la même chofe que cette lumière diflufe qui, dans l'expérience du cerceau, occupe de part & d'autre de ombre de Fépingle un arc de 8 à 9 degrés {n° xxx)! elles me fourniront encore quelques obfervations ci-après, (n° 1x XAN). LXI. Lorfque je faifois mouvoir horizontalement de fa droite à Ja gauche entre le trou pratiqué au volet & la fente formée par les bandes de papier, une carte noircie, de façon que le trait de lumière fût intercepté peu à peu & par degrés, / ombre avançoit de la gauche à la droite fur l'apparence {or- mée fur le carton, tant fur les pénombres que fur la partie intermédiaire plus illuminée; & quand au contraire la carte “toit menée de la gauche à la droite, c'étoit alors de la droite à la gauche que l'ombre fe dirigeoit fur l'apparence: dans le cas où les pénombres fupprimées laiffoient diflinguer ce qu'on a appelé les zraces de lumière, Tombre les couvroit auffi felon une direction contraire à celle du mouvement de la carte. LXIL Il en réfulte que, tant les rayons directs qui pro- duifent la partie intermédiaire de l'apparence & les traces de lumière, que les rayons obliques qui produifent les pénombres, & qui les uns & les autres font détournés de leur route en paflant par la fente, le font de façon que la portion de ces rayons qui a paflé près de la lèvre droite de la fente, fe porte fur le carton à la gauche de l'axe, qui du centre du trou fait au volet fe dirige au centre de l'apparence; & que la portion de ces rayons qui rafe la lèvre gauche de la fente, va aboutir fur le carion à {a droite de cet axe. Ainfi ces deux différentes gerbes LA A: MES Sienne CRE 665 gerbes de rayons fe croifent dans l'intervalle qui eft entre la fente & le carton. LXIIT. Et ceft en effet ce qui doit arriver fi le papier a auffi une atmofphère propre; car confidérons dans un plan la coupe horizontale de ces bandes de papier , repréfentées par les lignes À & PB, dont les atmofphères en cette partie auront leurs limites tracées par les lignes ponétuées fz 0, hi d. Or, flon ce que nous avons obfervé à l'égard de f'atmofphère de l'épingle dans l'expérience du cerceau, le rayon ab qui tombe vers l'extrémité de la partie de l'atmofphère correfpondante à li ligne À, doit s’y réfracter deux fois, une lorfqu'il y entrera, & l'autre lorfqu'il en fortira (2. X1X), & peut-être même y efluiera-t-il de plus une réflexion contre le bout de cette ligne À, qui fe rencontre fur la lèvre de la fente (n°1); & dans chacun de ces cas if doit s’écarter de fa direction primitive dans un fens qui le détournera vers m. Par de fem- blables raifons, le rayon cd ne peut manquer auffi d’être détourné de fa direction primitive & de fe diriger vers », en forte que ces deux rayons doivent néceflairement fe croifer. LXIV. Le point où ils fe croifent eft extrêmement près de la fente; car j'ai éprouvé, en employant une carte noircie pour intercepter dans l'intervalle qui fépare le carton de la fente les gerbes des rayons détournés, que quelque près de la fente que je tächafle de tenir cette carte noircie, l'apparence lumineule produite fur le carton s'éclipfoit toujours du côté analogue à celui de la fente, auquel cette carte étoit appliquée, c'efl-à-dire que l'apparence étoit, par exemple, échancrée par l'ombre vers la droite lorfque c'étoit la lèvre droite de la fente u'on couvroit avec la carte noircie. EXV. I réfulte de ce qui a été expolé au ».° zx7r1, que même dans le cas où le trou, ou la fente par où pañle un trait de lumière, a un affez grand diamètre pour que les filets du trait de lumière paroïflent s’avancer au-delà felon leur di- reétion primitive, & être parallèles ou diverger un peu entre eux, cette marche n'eft pas générale, & que ceux de ces filets Sav, étrang, Tome V4 + Pppp Fig. -12, 666 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE qui rafent les bords du trou, font détournés de la direction primitive que les autres fuivent, en font détournés, dis-je, dans un fens qui leur fait croifer ceux qui paffent vers le milieu du trou, comme on le voit dans la figure 1 3, où À repréfente le trou pratiqué au volet, B un autre fort large pratiqué dans une bande de carton, vers les bords intérieurs duquel les rayons ac, ad qui les rafent, fe plient; & fe dirigeant le premier en f & le fecond en g, fe croifent entr'eux & croifent tous les autres, qui, comme am, an, pañlent plus loin des bords du trou fans s'écarter de leur direction primitive. LXVI. J'obfervai, après avoir bien rapproché les fèvres de la fente, que la portion de Fapparence, que j'ai dit ci-devant occuper la place de l’image {olaire , étoit bordée de deux franges de couleur orangée, dont la teinte alloit, en s'affoibliffant, des bords extérieurs vers les bords intérieurs & qui la féparoient de part & d'autre d’une fuite de trois iris, dans chacune def uelles la bande violette étoit tournée du côté du milieu de l'apparence : de plus, l'iris de chaque fuite qui en étoit le plus près, étoit la plus développée. LXVIL J'obfervai encore qu'en rapprochant ainfi les deux lèvres de la fente, les rayons de lumière qui pafloient dans l'intervalle qui les fépare, en étoient bien plus détournés de leur direction primitive. La portion intermédiaire de lappa- rence fimplement lumineufe, qui d'abord navoit qu'environ quatre lignes de largeur {n° zv11), en avoit fix & demie quand j'eus rétréci cet intervalle; & en y comprenant les deux franges oranges & les deux fuites d'iris, l'apparence totate avoit plus de deux pouces de largeur dans ce qu'on en diftinguoit nettement. Ce font ici au fond les mêmes obfervations qu'on trouve dans le troifième Livre de l'Optique de Newton, du moins n'en diffèrent-elles qu'à l'égard des deux franges de couleur orange, dont il n'y eft fait aucune mention ; cepen- dant elles fe font conflamment repréfentées dans ces circonf- tances, & elles fe repréfentent même lorfque la fente trop peu rétrécie ne permet pas aux iris de fe manifefter. DE USE SOIN PENT Ce tres 667 LXVITI. On pourroit rendre raifon de ce que les rayons de lumière s’écartent davantage de leur direction primitive, quand par ie rapprochement des deux bandes de papier la fente eft rétrécie, en fuppofant qu’en conféquence de ce rapproche- ment leurs atmofphères, qui n'étoient que contigués d'abord, viennent à fe comprimer mutuellement & en changeant de forme, en forte que les coupes horizontales de leurs périphé- ries extérieures, au lieu d’être autour des lèvres de la fente des arcs circulaires, comme dans la figure 12, {ont des portions de courbes à peu- près elliptiques & aplaties en partie comme dans la figure 14, ainfi qu'il arrive à deux gouttes d’eau qui fe touchent: car au moyen de cette nouvelle conformation , les rayons de lumière qui les traverfent dans le fens qu'ils le font dans ces expériences, doivent s'écarter de leur direction primitive encore plus qu'ils ne faifoient auparavant , quand ces atmofphères étoient ifolées & dans leur état naturel. LXIX. En effet, foit le cercle ZPL, qui repréfente la coupe de Fatmofphère du corps cylindrique dans fon état naturel, & l'llipfe AZNO qui repréfente celle de la même atmofphère comprimée, ainfr qu'elle peut l'être par d'autres atmofphères femblables qui l'avoifinent: foit a & un des rayons quelconques du trait de lumière, dont faxe fe dirige fur la demi-périphérie antérieure felon une direétion parallèle à PO, il rencontreroit l'ellipfe en & & le cercle en c, & il eft évident que R petite face 4 de l'ellipfe fe préfente à lui plus oblique- ment que la petite face « du cercle, & par conféquent que dans le cas où Ja coupe de la périphérie extérieure de l'atmo- fphère eft une ellipf, le rayon 44 doit, après la première réfraction , s'écarter davantage de fa direction primitive que dans le cas où elle feroit circulaire : enfin ce rayon prenant une direction quelconque inclinée à la première ab, fortiroit de Felliple vers 7 ou D, & du cercle vers f ou Æ. Or il eft évident encore que les petites faces J ou D de l'ellip{e font plus inclinées à la direction du rayon d ou à D que ne le font les petites faces refpectives f ou Æ du cercle: donc en Pppp i Fig. A 668 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE rentrant dans l'air, après la feconde réfraétion , le rayon de lumière doit continuer à s'écarter davantage de fa direction pré- cédente, f la coupe de la périphérie extérieure de l'atmofphère eft une elliple, que fi elle étoit un cercle. LXX. On rend dans cette expérience les bandes colorées plus éclatantes & mieux terminées, fr on diminue jufqu'à un certain point louverture du trou fait au volet, pour fupprimer une multitude de rayons, qui fe dirigeant fous des direétions inclinées à la fente, vont, après l'avoir franchi, tomber fur les - endroits du carton décorés de bandes colorées qu'ils terniflènt ou qu'ils effacent. LXXL Pour expliquer ce que j'ai prétendu dire, lorfque putant de la partie intermédiaire de Fapparence dans cette expérience, je l'ai qualifiée de porrion de l'apparence qui occupe la place de l'image folaire , Jai à obferver que quand la fente eft fi étroite que les atmofphères qui en revêtent les deux lèvres en font contiguës, il n’y a pas en effet d'image folaire proprement dite, puifqu'il ne pafle alors entre les bandes de papier aucun rayon qui n'y foit réfracté, & par conféquent fenfiblement ou infenfiblement décompolé, ce qui peut aller au point, que felon la fixième expérience du troifième Livre de lOptique de Newton, qui eft analogue à celle dont il eft queftion ici, & où il a employé des lames de couteau pour faire la fente que je forme avec des bandes de papier, une ombre fort noire & fort large fépare fur le carton les projec- tions des rayons de lumière qui font pliés & détournés en paflant entre les lames de couteau, en partie d’un côté & en partie de l'autre. LXXIL Cette ombre ne fe manifefte que lorfque la fente eft prodigieufement rétrécie : dans les circonftances où Newton Ta obfervée, les deux lames de couteau n'étoient diftantes l’une de l'autre que de = de pouce ; mais il réfulte des oblervations, que fans que la fente foït rétrécie au point que le milieu de l'ap- parence foit obfcurcie par ombre, les atmofphères de fes lèvres peuvent être contiguës, £ preffer, & réciproquement s'aplatir d N'ES st ut dire Mobans € LE md dci D ES S\e:1 EN; CE.6 669 & infléchir les rayons, qui traverfant l'une ou l'autre des deux, vont aboutir fur Îe carton dans l'intervalle qui fépare les deux fuites d'iris, & alors en cet endroit les deux lifières lumineufes qui reprélentent chacune la projeétion de l'atmofphère d’une des deux lèvres de la fente, font réunies enfémble, comme le font les atmofphères, & tiennent la place de l'image folaire qui eft fupprimée, en ce qu'il n’y a plus de rayons qui du foleil viennent aboutir direétement fur le carton : & quoique la teinte des deux lifières fumineufes réunies paroiffe blanche & uniforme, comme left celle de l'image folaire, il eft aifé d'en faire Ja diftinétion; car la teinte de l'image folaire eft bien plus vive & plus éclatante, comme on l'a déjà remarqué au TNA PTS LXXIIL Cependant il fembleroit que dans le cas où les atmofphères des deux lèvres de la fente fe refoulent mutuel- lement, il devroit toujours y avoir une bande d'ombre dans le milieu de l'apparence , puifqu’en conféquence de l’écarte- ment des directions des deux gerbes de rayons, qui eft tel que les iris formées fur le carton par les rayons réfléchis fur les lèvres de la fente, y font féparées par un intervalle qui eft quelquefois de plus de 3 degrés, c'eft-à-dire qui OCCUpE un pouce d'étendue à une diftance detrois pieds de la fente, les lifières lumineufes, formées par les rayons qui traverfent leurs atmofphères fans y efluyer de réflexion, devroient auffr y ètre féparées par un efpace fenfible que ombre occuperoit : & en eflet, tous ceux des rayons dont les inflexions régulières ont été tracées ci-devant, divergeant d'avec l'axe O PE, pro- longé du rayon incidant les uns à droite, les autres à gauche, aucun ne fauroit aller illuminer le point Æ & les points voifins; mais dans le cas où les deux atmofphères rapprochées changent de forme en fe comprimant mutuellement, il peut y avoir pour quelques-uns de ces rayons une marche toute différente, En effet, il eft aifé de concevoir qu'alors des filets du trait total de lumière, qui, tels que ab, tombent für une des at- molphères près de la ligne qui la fépare de l'autre » peuvent Pppp iÿ Fig, r4 67o MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE en entrant dans la première & en s'y écartant de la perpen= diculaire cb, prendre une direction 44 qui les conduife dans l'autre atmofphère jufque fur le bord en 4, où étant réfraétés de nouveau en paflant dans l'air & en s'approchant de Ja perpendiculaire f 4, ils y fuivent une dire&ion /g convergente ou parallèle à l'égard de l'axe O PE du rayon incident. LXXIV. De plus, les lèvres mêmes de la fente, comme il a été obfervé au n° zIII, peuvent en raifon des afpérités dont elles doivent être plus ou moins hériflées, difperfer en tout fens un grand nombre de rayons , qui quoiqu'irréguliè- rement éparpillés, n'en font pas moins propres à illuminer les endroits où ils { portent, & par conféquent f'efpace intermé- diaire que l'ombre devroit occuper : ce qui me fait penfer que ceux-ci contribuent pour quelque chofe à empêcher la manifeftation de l'ombre, c’eft que je n'ai encore pu réuffir, en rapprochant les deux bandes de papier où deux lames de couteau que je leur fubflituois pour rétrécir la fente autant qu'il m'étoit poffible , je n'ai pu réuffir, dis-je, à faire naître une bande d'ombre entre les deux fuites d'iris, & j'ai cru ne pouvoir n'en prendre du manque de fuccès, à autre chofe qu'à ce que les bords de mes bandes de papier & de mes lames de couteau étoient revêtus d'afpérités propres à éparpiller en tout fens une grande quantité de ces rayons, qui dérangent l'effet de l'expérience en illuminant la partie du carton où l'ombre doit être projetée; au lieu que peut-être les lames dont Newton s'eft fervi, plus finement travaillées & plus unies fur leur tranchant , étoient moins difpofées à occafionner ces réflexions irrégulières : cependant des fentes, dont des aiguilles très-fines, & en apparence extrèmement bien polies, formoient les lèvres, ne m'ont pas procuré ces projections d'ombre que Je cherchois, LXXV, I peut enfin fe réfléchir fur la concavité de la circonférence extérieure de Fatmofphère des rayons qui fe dirigent vers la partie intermédiaire de l'apparence & y em- pêchent la production de la bande d'ombre, J'ai déjà avancé Lt à D ’ DES SCIENCES. 67r ci-devant mes préfomptions fur lexiflence de ces rayons (n° xxx),& j'en fournirai ci-après /1.° zx xx1) des preuves très - plaufibles. LXXVI. La diverfité des direétions des principaux de ces rayons, rehtives à l'inclinaifon des portions des atmofphères des lèvres de la fente où üls abordent , fera vue d’un coup d'œil dans la figure 16, où MG repréfente la coupe des deux lèvres de la fente & de la circonférence extérieure des atmofphères qui les recouvrent & qui font aplaties fur Ja ligne de contact. Les lignes continues & infléchies AB, AD, AF ab, ad, af, ceux des rayons qui fe dirigeant d'abord jufque fur les lèvres de la fente, s'y réfléchiffent & vont former les deux fuite d'iris 2, D, F & b, d, f. Les lignes tracées en points ronds, & aufli infléchies CQ, CN, cg, cn, les rayons qui abordant vers les extrémités contiguës des deux atmofphères paffent en fe réfraétant de Tune dans l'autre, d’où ils fortent en convergeant vers l'axe O E du rayon incident qu'ils croifent, les uns plus près, les autres plus loin de la fente. Et enfin les lignes marquées en points longs, & infléchies PS, PT, ps, pt, les rayons qui abordant fur lune & l’autre des atmofphères entre les premiers & les feconds, ne fubiffent aucune réflexion, & ne fortent de celle des atmofphères où ils ont abordé que pour rentrer dans l'air; lefquels rayons en débouchant de la fente, s’écartent de leur direction primitive en dehors, relativement à l'axe de la projection de l'ombre du noyau de f'atmofphère qu’ils ont traverfé. LXXVII. Je reviens enfin aux franges orangées, fur la formation defquelles j'ai furfis à m'expliquer, pour ne pas trop interrompré la fuite des obfervations précédentes: je n'ai encore rien de bien conflaté à cet égard, & voici les conjec- tures auxquelles je me fuis arrêté. Soient V, # deux corps employés pour former une fente où pafle un trait de lumière, dont O P repréfente l'axe; Fig. 19: 672 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE foient AB D, abd leurs atmofphères qui font contiguës. De ce que les rayons en entrant dans l'atmofphère ABD font réfractés & décompofés, & que les plus réfrangibles, comme bc, s'écartent plus de leur direction primitive en dehors à l'égard du noyau A, que ne font les moins réfrangibles comme À, il paroît qu'il doit y avoir fur là furface du noyau M un point ou petite face quelconque vers À, où il ne pourra parvenir aucun des rayons {es plus réfrangibles, & fur laquelle cependant il en aboutira encore quelques-uns des moins ré- frangibles , comme DR}; & ce feroient ces rayons À, les moins réfrangibles , qui réfléchis fur cette petite face À, qui à l'égard du rayon, eft la plus reculée de celles de la furfice du corps / qui en font atteintes, iroient après avoir croifé l'axe © P, former fur le carton une des franges orangées en 47, dont la couleur ef le produit du mélange des rayons les moins réfrangibles, les rouges, les orangés & les jaunes; & par le défaut ou abfence des plus réfrangibles, les violets, les bleus & les verts, qui n'ont pu aborder en À, ni par conféquent en aucun point du corps Vau-delà de À. Cette frange orangée ne pourra être accompagnée du côté de P d'aucune bande de ces dernières couleurs, & fera, pour ainfi dire, une iris tronquée. En même temps, & conféquemment de pareils rayons réfléchis en r, la plus reculée des petites faces du noyau », qui foit atteinte par Îes rayons qui compolent le trait de lumière, & qui ne le feroit de même que par ceux de la claffe des moins réfrangibles , iroient en croifant l'axe OP former fur le carton en #1 une feconde frange orangée qui borderoit de ce côté l'image folaire ou la portion de Fappa- rence qui en tient la place, laquelle le feroit de l'autre par a frange orangée M. LXXVIIHL Cette même explication pourroit auffi s’'appli- quer aux franges orangées, qui dans l'expérience du cerceau bordent les bandes blanches qui fe rencontrent quelquefois parmi les bandes colorées de la zone fx” xxxvI11) ; car fuppofant | | | | | | LA Do SAS CID EN ELNIS 673 fuppofint que ce foit une cavité dans la furface de Tépingle, qui abforbant les rayons occafionne l'interception de la zone colorée à l'endroit où on n'aperçoit qu'une bande blanche, on pourroit dire des deux bords, ou parties faillantes qui ren- ferment cette cavité, ce qu'on a dit dans l'artigle précédent de la petite face À, à favoir, qu'en conféquence du plus grand écartement en dehors de la direction primitive, qui a lieu à l'égard des rayons les plus réfrangibles relativement aux moins réfrangibles, les extrémités des bords faillans de Ja cavité, qui ne feront en prife à aucun des rayons es plus réfrangibles , peuvent l'être cependant à quelques-uns des moins réfrangibles, qui en étant réfléchis feuls, produiront fur le cerceau les franges orangées aux deux côtés de l'efpace auquel les rayons font interceptés par la cavité de l'épingle. Et fi on demandoit ce que deviennent les rayons les plus réfrangibles £c, la réponfe {eroit que traverfant l'atmofphère A BC tout droit, fans efluyer de réflexion fur fon noyau , ils en fortent vers 4 en un point de la circonférence extérieure plus éloigné de l'axe OP que ne F'eft le point où les rayons LR M la coupent en rentrant dans Fair, & vont aboutir fur le carton vers / au-delà de l'axe O P, entre P & M, mais très-loin du point 47, puifqu'ils font .de tous les rayons qui traverfent l'atmofphère À 8 D fans fe réfléchir, ceux qui doivent tomber le plus près du point P & y être contigus aux limites de la projection de l'ombre du corps A, fi cette projection n'étoit pas effacée par les rayons non fenfiblement où nullement-décompolés qui fe dirigent aux environs du point 2, par lefquels encore la teinte violette qu'y pourroient produire les rayons 2c feroit de même effacée, On pourroit même alléguer des circonftances où l'influence de ceux-ci devient fenfible; car ne feroit-ce pas d'eux que les bords de l'ombre d'un corps cylindrique, expofé à un trait de lumière, tiennent une teinte bleuâtre qu'on y obferve quelquefois? je renvoie fur ce point à mon fecond Mémoire {1° cxxx1), LEXXIX. Les chofes étant difpofées comme dans la fixième E Sar. érrang. Tome V, + Qgqqgq Fig. 19. Septième. XPÉRIENCE: 674 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE expérience , & la fente formée parles bandes de papier rétrécié autant qu'il me fut poflible, de forte que les deux franges orangées & les deux fuites d'iris étoient développées fur le carton oppolé aux rayons infléchis, je plaçai d'autres bandes de carton noirci en dehors de la chambre obfcure, entre le miroir & le trou pratiqué au volet, de façon à intercepter les rayons obliques qui auroient pu former les pénombres, & même ceux des rayons réfléchis régulièrement par le miroir, qui ne fe dirigeoient pas précifément à la fente, mais feulement à côté, & alors les franges orangées & les iris n’en furent que plus brillantés, LXXX. Cette expérience a été faite dans Ja vue de re- connoître fi les rayons réfléchis irrégulièrement par le miroir, & que j'ai dit former les pénombres /x.° zy 711), wétoient pas de ceux qui contribuoient à former les deux franges orangées & les autres bandes colorées: le réfultat de cette expérience, qui s'accorde avec ce que j'ai obfervé au n° 1xx, nous apprend qu'ils font plutôt propres à les altérer & à les ternir ; & par conféquent que les rayons que le miroir réfléchit régulièrement vers [a fente formée par les deux bandes de papier, & diflibuent fur toutes les parties du carton qui font décorées de bandes colorées, dont la produétion leur doit être attribuée. LXXXI. Je reviens aux rayons qui produifent ce que j'ai défigné au n° zrx fous le nom de sraces de lumiéres , fur lef- quels il y a une remarque affez importante à faire ; à favoir qu'ils fourniffent de nouveaux exemples de rayons que leurs inflexions n'écartent pas d’abord de l'axe de la projection de ombre du noyau dont ils traverfent l'atmofphère /Woy. n.° zxx111). Newton nous a appris qu'une lame de couteau étant oppofée à un trait de lumière, de façon qu'une partie tombe fur la lame du côté du tranchant, & que l'autre paffe au-delà, on aperçoit fur le carton placé à deux ou trois pieds de diftince derrière le couteau, & moyennant quelques pré- cautions qu'il fpécife, deux traces de lumière qui s'étendent DES SCIENCES 675$ aux deux côtés de l'image folaire ; une eft produite fans dif- ficulté par des rayons qui fe font réfléchis fur le tranchant du couteau , & je conjecture que l'autre l'eft par des rayons, qui, tels que ab, joignant la circonfrence extérieure de Fatmofphère en 8, vers la partie la plus faillante, s’y réfrac- tent en s’écartant de la perpendiculaire cb, fe dirigent vers à, où tombant fort obliquement , ils gliflent & fe réfléchiffent par la même raifon qu'une pierre fancée fort obliquement fur la fuperficie de Veau , y fait des ricochets, & parvenant en f, entrant dans l'air en fe rapprochant de la perpendiculaire c fg ; mais fans cefler encore de converger vers l'axe de la pro- jection de l'ombre du noyau de cette atmofphère, LXXXTII. Et rien n'empêche qu'on n'imagine que de ces rayons de lumière qui tombent vers 2, fort près de la partie la plus faillante de l’atmofphère, les uns au fortir de Fatmofphère vers f, convergent un peu plus, les autres un peu moins vers l'axe de la projection de l'ombre du noyau, & u'il peut même y en avoir qui lui foient parallèles, LXXXIIL La direction des rayons dans cette obfer- vation, qui eft la°W du 111 livre de 1 ‘Optique, eft repréfentée par la figure 18, où M reprélente la fente par où entre le trait de lumière €, la lame de couteau de, fg les deux traces de lumière projetées fur le carton, & formées, l'une de par des rayons tels que pd, pe réfléchis fur le tranchant de la lame €, & l'autre par des rayons tels que rf, rg réfléchis, comme je l'ai fuppolé en r, fur la concavité de a circonfé- rence extérieure de l'atmofphère, LXXXIV. Je me fuis afluré, en paflant une carte derrière la fente 27 en dehors de la chambre obfcure, que les rayons P4, Pe provenoient de la partie 4 P du trait de lumière incident, & que les rayons rf, rg provenoient de la partie dr du trait de lumière: la partie gd du carton eft oc- cupée par l'image folaire, c'eft-à-dire, par la projection des rayons qui paflent direétement à côté de la lame, fans entrer dans fon atmolphère ; mais on peut préfumer qu'il y parvient Qggqq i Fig, 17° Huitième EXPÉRIENCE, 676 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE en même temps d’autres rayons, qui, comme les rayons 24, rg, ont été réfléchis, ou par le tranchant de la fame , ou par la circonférence extérieure de fon atmofphère, mais qui y font effacés par la concurrence des rayons non infléchis. LXXXV. Ayant ôté les deux bandes de papier employées à former la fente, & laïffé à la même diflance de 3 3 pouces du volet, le carton defliné à recevoir l'image folaire qui y tomboit fur un index divifé en pouces & lignes, entre deux points que je marquaï ; j'appliquai fur le bord. du trou pra- tiqué au volet, & qui étoit quarré, une bande de papier blanc coupée bien nettement avec des cifeaux , & que je fis avancer fur le trou de la gauche à la droite : lorfque le trou fut cou- vert prefqu'en emier, &-qu'il n’en refloit qu'un intervalle extrêmement étroit de libre à l'accès de la lumière, j'obfervai 1.° que l'apparence blanche & fumineufe, mais moins bril- Jnte que n'eût été l'image folaire dont elle tenoit la place, & qui étoit auparavant renfermée entre les deux points marqués fur le carton, s’étoit étendue prefque tout-à-coup de deux lignes au-delà de celui des deux points qui étoit marqué à la droite , & qu'au-delà de ces nouvelles limites, on diftinguoit fur une longueur de plus d’un pouce, d'abord une frange de couleur orangée, enfuite des bandes colorées ou iris, & enfin une trace de lumière qui alloit en s’affoibliffant de plus en plus vers les bords extérieurs. LXXX VI. I n'eft pas douteux que cette extenfion de l'image folaire ou de la projeétion qui en tenoit la place, au- delà de lefpace où elle étoit renfermée avant que j'eus rétréci le trou pratiqué au volet, ne fut produite par des rayons qui fe dirigeant auparavant à peu près parallèlement à l'arc du rayon incident, furent forcés de s'infléchir lorfqu'ils vinrent à fe rencontrer dans l'atmofphère de la bande de papier que je faifois gliffer fur le trou. LXXX VIE J'obfervai, 2. qu'en même temps que la projection blanche & lumineufe du milieu de l'apparence, s'étendoit vers la droite, elle s'étendoit aufli vers la gauche DES TS Ci RUN CES 677 au-delà des bornes marquées fur le carton, & que de ce dernier côté ii fe forma auffi une frange orangée , des iris, & une trace de lumière, d'où il réfute que les rayons qui rafoient les bords de la droite du trou, en étoient plus infléchis qu'ils ne l’étoient auparavant ; ces derniers bords n'avoient cependant pas changé de place; ces rayons ne les rafoient pas de plus près : celte augmentation dans leur divergence , relativement à l'arc prolongé du rayon incident, peut-elle être donc attri- buée à autre chofe qu'à la compreffion ou au changement de forme que doit fubir l'atmofphère des bords de la droite du trou , de la part de l'atmofphère des bords de Ki bande de papier que j'en avois approché, & n'établit-elle pas la néceffité de cette fuppofition que j'ai propolée ci-devant , 2° XVIII ? LXXXVIHL Je termine ici ce Mémoire, que le nombre des oblervations , dont il me refte à rendre compte, rendroient exceflivement long ; elles me fourniront la matière d’un fecond, qui préfentera des notions plus étendues & plus précifes, tant fur la difpofition que doit avoir la furface du corps diffringent, pour produire des zones colorées, que fur le développement des rayons qui en peignent les différentes bandes , & en même temps l'explication de quelques phénoniènes rapportés dans celui-ci, qui ne pourroient fe déduire que de certaines obfer- vations, qui n'ont trouvé place que dans le fecond. APPENDICE à un Mémoire d'Oprique de M. pu TOUR, tmprimé dans le volume précédent. Voicr encore une expérience fort fimple & qui me paroît décifive fur la queftion que j'ai traitée dans ce Mé- moire. Percez dans une feuille de papier noirci, deux trous ronds, de 12 à #5 lignes de diamètre, & qui ne foient féparés que par un intervalle de 4 ou $ lignes; colorez les bords de fun de ces trous en rouge, & ceux de l'autre em blanc; vous plaçant enfuite à 4 ou $ pieds de diflancg Ce ’ ‘ 678 MÉMOIRES PRÉSENTÉS À L'ACADÉMIE, &e, d'un objet d'une grofieur médiocre, tenez cette feuille de papier entre Fobjet & vos yeux, de façon que de lun de vos yeux vous voyez l'objet bien au milieu du cercle rouge, & que de l'autre œil vous voyez l'objet bien au milieu du cercle blanc; il en arrivera que vos deux yeux étant ouverts & leurs axes optiques dirigés fur objet, vous ne le verrez cependant jamais dans les deux cercles à la fois, quoiqu'on les diflingue tous deux, ni derrière l'intervalle qui les fépare , mais toujours au milieu de lun des deux cercles feulement. Cela ne prouve-til pas évidemment que des deux images de l'objet, il n'y en a qu'une qui nous affecte fenfiblement, & en même-temps que l'objet eft vu dens la direétion de l'un des axes optiques ! FIN du Tome cinquiènte. — 78, Jcav. Eanger Tom. V.Pag. 6 CHaurard Jeulp Jean. Etranger Tom .7 7 Pag. BETE Jrav. Etranger Tom .VPag. 670. CE Hawsrard Jeugp Jeav. Etranger Tom . V: Pag 6778. cav. Ehranger Tom . V: Pag Fig . 10 À L | een Et meet MSN N LUE Jea» . Etranger Tom .V. Pay. 678, T SA QNe Ë I] Jeav . Etranger Tom .F Pag. 678 | Page TR à = | rs e Ces Ë : ne PAPE # «