RE a — SES SRE RS RER (l SEE ET HE (el au n Fr HE IES IE TEST A TRES _ Rs : SES RE T ni Ë k +! fi } sn | Hi NATION ! bi 1}! p HUE AN dE ï (INAUUE HE À ; di HRpuny À BONE il CHABCENNTN NN h ke ns ph } k 3. |} HN HE pi ii j 1 1 ii fu (NEO RAT il He aie f | ï fui ( | fl 1 Hit là te {le ; ! À HOT nn nu #4 he MANCHE ns a a a 4} h \ ii ENT SITES ! je tn ! i ' Hi IH pire ji | | lu ns ti r f A + ju RHAUUS il int jus in pi je pe M jh DOME i : Fu 5 cu js | pu ur 0 UL 10 } A } ne GAU, lt c # ) | O1 Book sai 16 2. dat SMITHSONIAN. DEPOSIT [ie sf MAN A APE AE 2 j: “fl A RAR fe HRLINUNM LE MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. NOMS DES PROFESSEURS. (PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ) Messieurs PorRTAL . . . . . . Anatomie de l’homme. DE Jussieu. .« . . . Professeur honoraire. DESroNTAINES. . . . Botanique au Muséum. DE Lamarck. . . . Insectes, coquilles, madrépores, etc. GEorFroy-ST.-HiLaiRE . Zoologie. Mammifères et oiseaux. CuviER « + . . . . Anatomie des animaux. Laucien . . . . . Chimie générale. ConDiEr . . . . . Géologie, ou Histoire naturelle du globe. BRONGNIART . . . . Minéralogie. DumÉRiL . . . . . Zoologie. Reptiles et poissons. DE Jussieu Fils. .- . Botanique à la campagne. Culture et naturalisation des végétaux. DELEUZE . < . . . Secrétaire de la Société des Annales du Muséum. MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU RO. TOME DIX-SEPTIÈME. A PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATAURINS S.-J., HÔTEL DE CLUNY. 1828. IMPRIMERIE DE A. BELIN, rue des Mathurins Saint-Jacqnes, n°. 14. REVUE DE LA FAMILLE DES CACTÉES. PAR M. A. P. DE CANDOLLE, Professeur d'Histoire Naturelle et directeur du Jardin de l’Académie de Genève, associé étranger des Instituts royaux de France et des Pays-Bas, des Sociétés royales de Londres et d'Edimbourg, des Académies royales de Munich, Turin, Naples, Copenhague, de la Société des Curieux de la Nature, etc. , etc. + INTRODUCTION. Les plantes grasses sont en possession d’étonner les bota- nistes par la bizarrerie de leurs formes ; mais parmi les genres qui appartiennent à cette classe physiologique, il n’en est point qui présente des formes plus variées et plus remar- quables que le genre Cactus de Linné. Ce genre, entièrement indigène des parties chaudes de l'Amérique, a commencé à être connu en Europe peu de temps après sa découverte, par l'importation de l'Opuntia qui s’est naturalisé dans la région de la Méditerranée, et par l'introduction de quelques autres espèces dans les jardins. On les désigna alors par des noms qui, tirés d'ouvrages plus anciens que leur découverte, ne leur appartenoïient point. Ainsi les espèces à rameaux articulés et comprimés furent nommées Opuntia, du nom d'une plante épineuse citée par Mém. du, Mus. t. 17. I 2 REVUE Théophraste, et qui croissoit près d’Opus, dans le pays des Opuntiens voisins de la Thessalie, ou près d’Opuntium en Béotie; celles à sillons ou angles verticaux furent nommées Cactus, d’un ancien nom sous lequel Théophraste désignoit une plante épineuse de Sicile, qu’on croit être l’Artichaut. Cette comparaison des Cactes avec les Cinarocéphales épi- neuses a souvent été introduite soit dans le langage botanique (melocarduus, etc.) soit dans le langage vulgaire ( #istle des Anglais, etc. ). Tournefort classa le peu d'espèces qu’on connoissoit de son temps sous deux genres, Opuntia et Melocactus, qu'il plaça très-loin l’un de Pautre dans sa méthode. Plumier, qui observa un grand nombre d’espèces de Cactus dans les Antilles, établit un troisième genre, le Pereskia, pour désigner les espèces à feuilles planes. Hermann en proposa un quatrième sous le nom d'Epiphyllum, pour celles à tige aplatie comme une feuille; et plusieurs auteurs rétablirent le nom de Cereus déjà cité par Bauhin et tiré du nom vulgaire de Cierge, pour désigner les espèces cannelées qui s’élevoient droites comme des cierges. Linné, qui avoit d’abord admis deux genres, le Cactus etle Pereskia, s’aperçut sans doute que s'il sanctionnoit la sépa- ration du Pereskta, il faudroit en admettre plusieurs autres; voyant d’ailleurs combien les caractères floraux de ce groupe étoient difficiles à établir, il réunit tous les genres des anciens en un seul sous le nom de Cactus. Dans l’état où la science étoit à cette époque, c’étoit probablement le meilleur parti, surtout dans un système artificiel. Cette opinion fut admise par tous les botanistes, et l’est encore aujourd’hui par Ja plu-. part. Nous reviendrons sur le système de division des Cactus a DE LA FAMILLE DES CACTÉES. ô en sections ou en genres, lorsque nous aurons examiné ce qui est commun à tout le genre Cactus de Linné. Celui-ci plaça le Cactus dans son ordre des Szcculenteæ à côté des Mesembryanthemum , et reconnut ainsi l’une de ses aflinités les moins douteuses. Bernard de Jussieu adopta la même opinion. Adanson placales Cactus divisés en trois genres dans sa famille des Portulacées à côté des Mesemnbryan- themun , et très-près des Groseillers; mais en indiquant ce rapprochement ingénieux, il n’en fit point comprendre l’in- térêt. M. A.-L. de Jussieu le rendit plus saillant, mais l'exa- géra un peu en établissant une famille des Cacti qui ne com- prenoit que deux-genres, le Groseiller et le Cactus séparés en deux sections, dont la première se caractérise par le nombre défini, et la seconde par le nombre indéfini des pétales et des étamines. Ventenat, dans son Tableau du Règne végétal, ré- duisit les Cactus à constituer seuls une famille à laquelle il donna le nom de Cactoïdes, qui signifie semblables aux Cac- us, et qui sembleroit indiquer que le Cactus n’en fait pas partie. Il rejeta le Groseïller parmi les Saxifragées, malgré son fruit charnu. En 1805, j admis la famille des Cactoïdes de Ventenat, en lui conservant le nom primitif de Cac, et je formai une fa- mille particulière des Grossulariées, qui depuis a été admise par la plupart des auteurs ; quelques uns ont changé son nom en celui de Ribésiées , qui seroit aussi admissible , si celui de Grossulariées n’étoit pas le plus ancien. M. de Jussieu, voulant supprimer les noms de familles identiques avec les noms de genres, proposa, dans le Diction- naire des Sciences naturelles ( en 1825 ), de donner à la fa- 4 RÈVUE mille (toujours composée du Cactus et du Rrbes ) le nom de Nopalées en français ou Opuntiaceæ én latin, et j'avois inséré ce nom dans la liste des familles de la théorie élémentaire. Considérant cependant qu’il convient, pour la fixité de la nomenclature, de s’écarter le moins possible des noms pri- mitifs, qui sont ici Cacti et Cactoideæ ; ne pouvant admettre le premier parce qu'il est identique avec le nom de genre, ni le second parce qu'il entraine une idée fausse, je me suis décidé à admettre le nom de Cacteæ qui est facile à com- prendre et conforme aux règles ordinaires. Cette famille se compose, selon moi, du seul genre Cactus de Linné, qu'on peut commodément diviser en sept genres (Mamnullaria, Melocactus, Echinocactus, Cereus, Opun- ta, Pereskia et Rhipsalis), comme je le montrerai tout à l'heure. Je ne donne à aucun de ces genres le nom de Cactus, afin que ceux qui pensent qu’il est opportun de conserver lé genre de Linné dans son intégrité, puissent le faire sans em- barras, et conserver mes genres comme des sections. Pour cela j'ai eu soin que le même nom spécifique ne se répétät point dans aucun des sept genres. Après avoir ainsi indiqué ce qui tient à l’histoire nomen- claturale de la famille, j'exposerai successivement : 3 Ses caractères; d Sa division en genres; L'histoire particulière de chaque genre; Des considérations sur les affinités des genres etpde la famille, et sur la distribution géographique des espèces ; Et je terminerai par quelques observations sur la végétation et la culture des Cactées et des Plantes grasses en général. DE LA FAMILLE DES CACTÉES. : Dans tout ce travail, je me réfère, pour la nomenclature, la synonymie et les caractères, au tableau abrégé que j'en ai présenté au troisième volume de mon Prodromus, p. 457 à 456, etje prie le lecteur de considérer cette dissertation comme le commentaire de cette portion du Prodromus. CHAPITRE PREMIER. Caractères généraux de la famille des Cactées. S I. Organes de la végétation. . La racine des Cactées n’offre rien de remarqueble; elle est généralement petite, tantôt simple, tantôt rameuse et modé- rément fibreuse, toujours blanchâtre et vivace. Son tissu est facilement altéré par une trop grande humidité, et elle n’ab- sorbe l’eau ambiante qu'avec lenteur. On n’a tiré jusqu'ici de cet organe aucun caractère digne d’attention. La tige, au contraire, présente des variétés de forme très- singulières, et qui concourent éminemment à la division des Cactées en genres et en sections. On a coutume de considérer ces végétaux comme appar- tenant à la classe des arbrisseaux où sous-arbrisseaux, et cette opinion s’étaie sur le fait que leur tige est permanente autant que la racine elle-même; mais son tissu interne présente deux structures: différentes. Dans les Cierges, les Opuntia, les Pereskiaet les Rhipsalis, l'axe de la tige et celui des branches est occupé par un corps ligneux très-compacte dans les Cierges et les Pereskra, plus mince dans les RAipsalis, lâche et à fibres sinneuses et écartées dans les Opuntia: au con- traire, chez les Melocactus et surtout chez les Mammillaria, 6 REVUE cet axe ou corps ligneux semble manquer complétement, ou _ plutôt se trouve reduit à quelques fibres éparses au milieu d’un tissu cellulaire abondant. Et ce qui est plus singulier, c’est que cette différence qui semble capitale affecte si peu les formes générales, que les vrais Mélocactes qui n’ont point d’axeligneux, et plusieurs Cierges qui en ont un,se ressemblent d’ailleurs complétement quant à l'apparence extérieure de leurs tiges. Les tiges des Cactées sans axe ligneux ( Melocactus et Marnmillaria), sont dèsle momentdeleur germination arron- dies, presque globuleuses; les autres sont toujours plus alon- gées, tantôt cylindriques, tantôt comprimées. Les premières sont toujours simples, les secondes sont presque toujours plus ou moins rameuses. Les branches et les jeunes tiges des Cactées destinées à se ramifier offrent des formes très-variées, et qui paroiïssent tenir essentiellement au développement extraordinaire de l'enveloppe cellulaire de l’écorce. Cette enveloppe est dans toute cette famille remarquablement épaisse, et c'est ce qui donne aux Cactées un rang si prononcé parmi les plantes grasses. L’axe ligneux est cylindrique dans les RAzpsalis, les Pereskia et les Opuntia; il. est à peine anguleux dans les Cierges qui présentent les angles les plus prononcés à l’ex- térieur, et il offre une coupe ovale dans les rameaux com- primés des Opuntia. À mesure que la branche avance en âge, l’axeligneux grossit lentement en diamètre, mais d’après des lois semblables à celles des Dicotyéldones; peu à peu les angles extérieurs des rameaux s'effacent, soit par la lente distension produite par l'accroissement de ce corps ligneux, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 7 soit par l’oblitération de l'enveloppe cellulaire produite par l'action de l’air. Ainsi au bout d’un nombre d’années variable selon les espèces, toutes les branches des Cactées les plus anguleuses ou les plus comprimées finissent par former des troncs, ou parfaitement cylindriques, ou qui n’offrent que des angles très-peu prononcés. Cette métamorphose est une des causes qui rend si difficile à reconnoitre l'identité de certaines espèces décrites, les unes dans leur pays natal où le tronc prend toute sa grandeur, les autres dans les jardins d’ Europe, où l’on ne voit que des rameaux ou des tiges dans leur première forme. Le centre de l'axe ligneux des Cactées est occupé par le canal médullaire , lequel est rempli par une moelle abondante et assez permanente; les rayons médullaires qui partent de cette moelle centrale, et viennent se joindre à ceux de l’enve- loppe cellulairé ou moelle extérieure, sont en général assez gros, et l'identité de nature des deux moelles se voit dans la plupart des Cactées avec une singulière facilité, Lorsqu’on les coupe en travers, la moelle extérieure, qui est verte, se prolonge à l’intérieur en rayons verdâtres, et il n’est pas rare, surtout dans les Opuntia, que la moelle intérieure présente aussi dans sa jeunesse une teinte verdâtre. La consistance ou le degré de solidité de l'axe ligneux varie beaucoup d’une espèce de Cactée à l’autre, et c’est à cette cause qu'il faut rapporter la direction For , grimpante ou couchée des tiges alongées de ces végétaux : ainsi les Pereskia ont tous le bois ferme et la tige droite; les Rhzpsalrs ont le bois mou et la tige pen- dante; les Cierges à grands angles ont le bois très-dur et la tige dressée, ferme et rigide; ceux à angles petits ou peu nom- breux ont l’axe ou trop mou ou trop grêle pour se soutenir et REVUE d'eux-mêmes, et sont où grimpans ou couchés. Les Opurtia ont le bois à fibres lâches et les rameaux très-pesans: aussi la plupart des espèces forment des sortes de buissons diffus ou couchés; quelques unes cependant finissent par s'élever avec une tige presque cylindrique, ce qui arrive principalement aux espèces dont les rameaux sont les moins charnus (0. brast- lzensis, etc. ); circonstance d’où résulte, en effet, et que ces - rameaux sont moins pesans et que leur partie ligneuse est plus ferme. Quelle que soit la forme arrondie, cylindracée ou com- primée des branches ou jeunes tiges des Cactées, leur surface extérieure est le plus souvent munie de tubercules charnus et saillans qui portent les feuilles : il n’y a que le Pereskia et le Rhipsalis dans lesquels ces tubercules sont peu ou point vi- sibles; ils sont au contraire au plus haut degré de dévelop- pement dans les Mammillaires; on les retrouve sous forme d’aréoles proéminentes dans les Opuntra etles Cierges tuber- culeux; ils paroissent enfin plus ou moins saillans sur les angles des Cierges anguleux ou ailés. On pourroït peut-être soutenir que les angles ou ailes des Mélocactes et des Cierges ne sont autre chose que des tubercules soudés en séries lon- gitudinales. Ces tubercules sont toujours disposés en plusieurs séries spirales et parallèles autour de la tige. Dans les espèces à angles verticaux le nombre des spires est égal à celui des angles, et le nombre des tubercules de chaque spire varie d’une espèce à l’autre; quelquefois le nombre des ‘spires à des tubercules de chaque spire varie dans la mème espèce, mais entre des limites bornées : de sorte que ce caractère, quoique légèrement variable, est souvent utile. Ainsi dans DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 9 l’'Opuntia cylindrica, on compte dix spires parallèles, com- posées chacune de vingt-cinq tubercules. La direction même des spires, qui n’a encore été observée que dans un petit nombre d'espèces, pourra bien fournir aussi quelques dis- tinctions utiles. Ainsi j'ai observé, parmi les Mammillaria, que les spires tournent autour de la tige de gauche à droite dans les ÂZ. flavescens et discolor , et de droite à gauche dans le M. prolifera. Les tubercules sont toujours situés à l'extrémité d’un rayon médullaire, et les fibres du corps ligneux, qui sont en général très-sinueuses dans les Cactées, s’écartent à la place où ce rayon médullaire les traverse; d’où résulte que dans le squelette d’une tige de Cactée on observe des trous régulièrement distribués qui indiquent la place où étoient les tubercules. Le corps ligneux de l'Opuntia cylindrica présente ces trous d’une manière très-remarquable. Nous reviendrons sur le rôle des tuberculés lorsque nous aurons examiné les feuilles et les faisceaux d’épines dont la description est intimement liée avec celle des tubercules. Les feuilles n'existent que dans un petit nombre de Cac- tées, et manquent complétement dans plusieurs. Le genre où elles sont les plus grandes et les plus visibles est celui des Pereskia. Ceux-ci portent des feuilles planes, charnues, et qui ne ressemblent pas mal à celles des Pourpiers. Elles pa- roissent essentiellement disposées en spirale-quinconce, mais offrent souvent des aberrations de position. On rencontre aussi des feuilles dans les Opuntia, mais elles sont extrême- ment caduques, de sorte qu’on ne les trouve que sur les jeunes rameaux; leur forme est cylindrico-conique fort sem- Mém. du Muséum. 1. 17. 2 10 REVUE blable à celle de certains Sedum, et elles sont disposées en spirale multiple. Dans ces deux genres on trouve à l’aisselle des feuilles un faisceau d’aiguillons ; tantôt ces aiguillons sont nombreux comme dans les Opuntia,tantôt ils sont solitaires et très-alon- géscomme dans les Pereskia: parmi les Opuntia, lesaiguillons sont tantôt très-inégaux, les uns longs, durs et fermes comme de vraies épines, et on leur en donne abusivement le nom; les autres courts, fragiles et semblables à des soies ou des poils roides: dans tous ces cas ces aiguillons naissent entre- mêlés d’un duvet laineux plus ou moins abondant. L'existence de ces faisceaux de poils et d’aiguillons à l’aisselle des feuilles se retrouve dans deux familles voisines: 1° les Grossalariées, où les aiguillons, quand ils existent, prennent la consistance épineuse; et 2° les Portulacées, où les faisceaux axillaires sont formés de poils soyeux et blanchätres. Si des Cactées munies de feuilles nous passons aux genres qui en sont totalement dépourvus, savoir: Rluipsalis, Cereus, Echinocactus, Melocactus et Mammullaria, nous yretrou- verons les faisceaux dont nous venons de parler distribués avec la mème régularité que s'ils naissoient à l’aisselle des feuilles. Ces faisceaux observés dans les R/zpsalis sont composés, comme dans les Portulacées, de poils soyeux quelquefois peu nombreux, et qui tombent de fort bonne heure. Si nous pas- sons au genre des Cierges, nous trouverons que ces faisceaux sont distribués le long des angles verticaux, et composés d’ai- guillons épineux de grandeur très-diverse et entremêlés d’un duvet laineux très-peu abondant, quelquefois nul. La même chose absolument a lieu le long de la tige des Melocactus, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. II qui, sous ce rapport, ne diffèrent pas des Cierges. Dans ces trois genres, il paroït évident que les faisceaux de poils et d’aiguillons indiquent réellement la place de laisselle des feuilles avortées. En voici la preuve : Chez les Opuntia, la fleur naît toujours du centre d'un faisceau c’est-à-dire, à l’aisselle des feuilles, et chacun sait que cette position axillaire des fleurs est très-fréquente dans le règne végétal. Or, dans les Rzpsalis ei les Cereus, les fleurs naissent aussi du centre des faisceaux, et par conséquent on est autorisé à penser que ces faisceaux représentent vérita- blement les aisselles des feuilles, quoique celles-ci manquent absolument. Si maintenant nous examinons les Marmmillaria, nous y trouverons une organisation en apparence analogue, en réa- lité différente. Ces Cactées à mamelons ont bien des tu- bercules rangés en spirale et terminés par des faisceaux d’ai- guillons, mais, 1° ces mamelons sont beaucoup plus longs et plus saillans que ceux des Cierges et des Opuntia; et 20 les fleurs ne naissent point au centre du faisceau d’épines qui termine le mamelon, mais à l’aisselle de ces mamelons: dans cette aisselle on trouve souvent un duvet laineux, tan- tôt très-rare, tantôt très-abondant, et la fleur naît dans ce du- vet. De ces deux considérations, je crois pouvoir conclure que les mamelons des Mammillaria sont leurs véritables feuilles; et leur ressemblance avec les feuilles des Ficoïdes barbus est si frappante, que je doute qu’on puisse nier leur extrême analogie. Le genre Melocactus me paroit offrir une organisation plus régulière encore, en ce quil offre à la fois les deux organisa- ÿ 12 REVUE tions que je viens de décrire. La tige proprement dite, c’est-à- dire la partie ovoide ou globuleuse qui est marquée de côtes verticales, offre sur cescôtes des faisceaux d’épinessemblables à ceux des Cierges, et que je considère comme indiquant l’aisselle des feuilles caulinaires avortées. Le spadice ou cette portion cylindrique qui semble toute formée de laine et de soies en ai- guillons, et qui porte les fleurs, est organisée comme une Mamn- mullaria, c'est-à-dire qu’elle est formée de mamelons très- serrés, terminés par des poils soyeux. À l’aisselle de ces mame- Jons naîtune bourrelaineusetrès-abondante, delaquellesortent les fleurs : les mamelons sont donc les représentans des feuilles florales qui portent des fleurs à leur aisselle; et l’on pour- roit dire, pour exprimer la structure des Melocactus, qu'ils sont composés d’une Mammullaria qui croîtroit au sommet d’un Cereus à üge ovoide ou d’un Æchinocactus. Les Marmmuillaria ont le suc propre laiteux, et tous les autres genres de Cactées ont le suc aqueux: il seroit curieux de savoir si le spadice des Mélocactes seroit laiteux comme les Mammillaires, et si la base auroit le même suc aqueux comme les Cereus. Je le présume; mais n'ayant pas de Mélocacte vivant sous les yeux, je ne puis le vérifier, et je recommande cette observation à ceux qui sont à même de le faire. Il résulte de cette analyse des formes des Cactées, que l’on doit distinguer les tubercules et les mamelons; que les pre- miers sont les supports des feuilles qui, existantes ou avor- tées, portent à leur aisselle un faisceau de poils et d’aiguil- lons ; que les seconds sont les feuilles elles-mêmes, quiportent un faisceau d’aiguillons à leur sommet et la fleur à leur ais- selle; que ces deux classes d'organes sont ordinairement sépa- DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 13 rées, mais qu'on les trouve tous deux dans Îles deux parties qui composent les Mélocactes. S Il. Orsanes de la fructification. L’inflorescence des Cactées présente des diversités que nous avons déjà indiquées en parlant de leurs tubercules. Dans les Cereus , les Opuntia et les Rhipsales , les fleurs naissent des faisceaux d’aiguillons ou de poils, et sont par conséquent toujours situées sur les angles des tiges lorsque celles-ci en ont. Chez les Opuntia qui n’ont pas d’angles, les fleurs naissent de préférence sur les faisceaux d’aiguillons si- tués sur les bords ou vers le sommet des articles. Dans les Mammullaria ei les Melocactus, les fleurs naissent à l’ais- selle des mamelons , mais avec cette différence que dans les Marnmillartia la ge tout entière est mamelonnée et porte ses fleurs sur un ou deux rangs circulaires près du sommet, tandis que dans les Melocactus la tige proprement dite est cannelée, et que les fleurs ne se trouvent que vers le haut du spadice , lequel est mamelonné à mamelons serrés et très- laineux. Enfin dans les Pereskia, les fleurs, soit solitaires, soit à l’aisselle des feuilles, soit au sommet des rameaux, dans tous les cases fleurs des Cactées sont sessiles, dépourvues de vraies bractées, et la plupart sont remarquables par leur grandeur et leur beauté : elles sont presque toutes blanches ou offrant toutes sortes de teintes de rouge depuis le rose pâle au rouge le plus vif ou au pourpre. Le seul Cereus: grandiflorus. et quelques Pereskia et toutes les Opuntia, présentent des pétales en tout ou: partie d’un jaune doré. Aucune espèce de Cactées n’a de fleurs bleues. 14 REVUE La structure de ces fleurs ne rentre qu'avec peine dans les lois ordinaires de l’organographie, etmérite un examen détaillé. Examinons d'abord l’organisation florale des genres RArp- salis, Mammullaria et Melocactus. Dans ces trois genres on trouve un ovaire soudé intimement avec le tube du ca- lice, parfaitement lisse, et couronné par le limbe de ce calice. Cette structure ne diffère point de celle des Grossulariées et en général de toutes les plantes à fruit charnu adhérant au calice; mais si nous examinons le Cereus, nous trouverons que les sépales du calice sont en nombre très-considérable, disposés en spirales multiples, adhérant entre eux et avec l’o- vaire de manière à recouvrir celui-ci par des espèces d’écailles dont la partie inférieure est soudée et la supérieure libre. On remarque dans plusieurs espèces qu’à l’aisselle de ces sépales on retrouve les faisceaux de poils et quelquefois d’aiguillons qu’on observe sur la tige des Gierges, et que nous avons établi plus haut représenter l’aisselle des feuilles, quoique celles-ci manquent. Voici donc une confirmation de cette ob- servation: les feuilles calicinales sont développées en lames et ont encore quelques poils ou quelques aiguillons à leur ais- selle; il semble que dans ce genre les feuilles se développent d'autant plus que les faisceaux de poils tendent à avorter, et avortent d'autant plus complétement que les faisceaux de poils tendent à se développer. La mème organisation existe dans les Opuntia et les Pe- reskia, avec cette différence que les sépales inférieurs sont écartés les uns des autres, de forme semblable à celle des feuilles ordinaires de la tige, par conséquent planes dans le Pereskia, cylindrico-coniques dans l’'Opuntia, plus ou moins (SA. DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 1 caduques dans tous deux : à mesure qu'ils approchent du haut de l'ovaire, ces sépales perdent l’apparence des feuilles, deviennent planes, un peu colorés et s’approchent des pétales par leur nature aussi bien que par leur position. Mais quel est le corps auquel adhèrent tes sépales? leur base prolongée peut-elle être considérée comme formant un tube soudé avec l'ovaire ? je n’ose l’admettre, vu la parfaite similitude des feuilles qui naissent sur l'ovaire et des feuilles ordinaires. Il semble plus vrai de dire que dans les Opuntia et les Pereskia la fleur se compose d’un rameau dans un état particulier ; ce rameau , qui représente un article d'Opuntia se dilate en un corps en forme de toupie, porte ses feuilles dis- posées en spirales multiples comme à l'ordinaire, et qui se transforment peu à peu en limbes pétaloïdes, puis en éta- mines; lasommité du rameau, déprimée et concave, reçoit les feuilles carpellaires nichées dans cette concavité , et par con- séquent les sépales in férieurs ne sont pas immédiatement adhé- rens sur l’ovaire, mais naissent sur la partie extériéure du rameau qui, dans sa concavité, reçoit l'ovaire. Ainsi le nom de Figue d'Inde populairement donné à ces plantes, n’ex- prime pas trop mal leur nature, car une figue ordinaire est aussi un rameau développé en toupie, qui ést devenu charnu et qui renferme une multitude de petits ovaires dans l’inté- rieur: la différence essentielle entre la figue et l’'Opurnéia, c’est que la figue est un réceptacle qui renferme un grand nombre de petites fleurs distinctes, et l'Opuntia un réceptacle qui ne renferme qu'une seule fleur. Îl est à remarquer que ces deux genres se ressemblent en particulier par la présence de pe- tites écailles qui existent en dehors du réceptacle comme sur 16 REVUE une branche, et qui tendent à prouver l’analogie de leur na- ture. Tous les vrais tubes calicinaux, au contraire, qui sont formés par la soudure des pétales entre eux, ne portent de Timbes libres qu’à leur sommet, comme cela a lieu dans les Rhipsals, les Mammuillaria et les Melocactus. Je livre cette théorie des fleurs d'Opuntia et de Pereskia à ceux qui ont l'habitude de la comparaison des organes vé- gétaux; et s'ils trouvent une méthode plus simple de faire rentrer ces singulières fleurs dans les lois générales, je suis prêt à l’admettre. Poursuivons l'examen des fleurs de Cac- tées sous d’autres rapports. Il n’est peut-être aucune famille où le passage des sépales en pétales se fasse d’une manière aussi graduée; on voit bien que les tégumens de ces fleurs sont formés par un grand nombre de pièces disposées en spirales et embriquées les unes sur les autres; que de ces rangs superposés les exté- rieurs sont évidemment calicinaux, que les intérieurs soudés par la base avec les précédens, sont évidemment colorés et de nature pétaloïde. Mais où finissent les sépales? où com- merncent les pétales? c’est ce qu'il est impossible de dire. Tous les auteurs se sont contentés de ce vague, et nous sommes obligés d’en faire autant. En effet , lorsque les pièces du calice ou de la corolle forment deux verticilles, on peut dire que le premier de ces verticilles est le calice, et le se- cond la corolle ; mais lorsqu'au lieu d’être verticillés ils sont disposés en spirales multiples, il ny a plus aucun moyen de distinction rigoureuse : ainsi danses Nymphæa, dans les Cactées, et probablement partout où les pièces florales sont en spirale , :a limite précise des deux organes ne peut se fixer, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. A7 et on doit se contenter de dire que les rangs extérieurs jouent le rôle de sépales, et les intérieurs celui de pétales. La différence, sinon la plus essentielle, au moins la plus claire, que les fleurs des Cactées comparées entre elles nous présentent, c’est d’être en tube ou en roue; elles sont dites en tube lorsque les sépales et les pétales sont soudés en- semble au-delà de l'ovaire, dans une longueur assez sensible pour former un corps tubuleux : c’est ce qui arrive dans les genres Mammullaria , «Melocactus et Cereus ; elles sont dites en roue lorsque les sépales et les pétales, quoique soudés ensemble par leur base, s’étalent en limbe plus ou moins ou- vert immédiatement au-dessus de l’ovaire, comme cela ar- rive dans les genres Opuntia, Pereskia ex Rlupsalis : J'ai admis cette considération comme l’une des bases de la dis- position des genres dans la famille, parce qu’elle s'accorde aussi bien avec le port. Les étamines sont disposées en plusieurs séries, soudées par la base des filets avec les pétales et les sépales, dans une longueur considérable quand la fleur est en tube, et dans un espace fort court quand elle est en roue. Les filets sont grêles, libres entre eux, amincis en pointe subulée à leur sommet, et portent de petites anthères dressées, ovales et à deux loges. Les filets de l’Opuntia sont remarquables parce qu’ils sont doués, pendant l'orgasme de la fleuraison , de la fa- culté de se déjeter vers le centre de la fleur lorsqu'on les irrite. : L’ovaire est, comme nous l'avons déjà exposé, adhérent avec le calice et peut-être enveloppé par un prolongement du rameau dans les genres Opuntia et Pereskia. Cet ovaire est Mém. du Muséum. 1 17. 3 19 REVUE à une seule loge, qui est ordinairement vide vers le centre à l’époque de la fleuraison, et se remplit ensuite plus ou moins complétement par un tissu cellulaire pulpeux; les ovules sont nombreux et adhérens à des placentas pariétaux dans les six premiers genres qui composent la tribu des Opun- tiacées: lorsque ces placentas sont écartés, on reconnoît que leur nombre est égal à celui des stigmates; lorsqu'ils sont très-rapprochés, cette disposition est peu visible, mais il est vraisemblable qu'elle existe réellement. On peut donc croire que l'ovaire des Opuntiacées est formé d’un nombre de car- pelles verticillés qui varie de trois à vingt, dont les ovaires- partiels ont leurs bords rentrans très-courts (comme dans les Pavats ou les Passiflores), et qui laissent ainsi le centre du fruit vide et les graines adhérentes aux bords de chaque car- pelle ; de telle sorte que chaque placenta visible se compose réellement de deux placentas collés provenant des deux car- pelles voisins. Au contraire, dans le sixième genre, le RAzpsalrs, qui forme seul la tribu des Rhipsalidées, les graines sont attachées à un axe central, et il est encore douteux si l'ovaire est réelle- ment à une loge comme cela paroït être dans le fruit, ou s’il est à trois loges dans son origine. ; Le style qui s'élève de l'ovaire est toujours simple, le plus souvent cylindrique, quelquelois, comme dans les Opuntia, an peu resserré , où comme étranglé à sa base. Ce style est tantôt plein, tantôt fistuleux à l’intérieur; cette cavité in- terne , lorsqu'elle existe, est close en forme de cul-de-sac à la base du style : elle tend, avec une multitude d’autres exemples, à démontrer que le style, en apparence simple, est DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 19 réellement formé comme le reste de la fleur par des organes disposés en verticilles. Au sommet du style se trouvent les stigmates qui sont li- bres, garnis de légères papules. Leur nombre varie de trois jusqu’à vingt dans les diverses espèces de Cactées, et n’a même rien de bien régulier dans les genres. Ces stigmates sont tan- tôt étalés en rayonnant, comme dans les Cierges; tantôt dressés, comme dans plusieurs Opuntia ; quelquefois rappro- chés en tête, ou plus rarement serrés et tordus en spirale les uns sur les autres, comme dans les Pereskia. Le fruit des Cactées est constamment une baie charnue, pul- peuse, uniloculaire et polysperme : sa surface extérieure est lisse dans les genres Marmmillaria, Melocactus et Rhipsalis, où les limbes des sépales sont tous réunis au sommet; elle est, dans les autres genres, couverte d’écailles à l’aisselle des- quelles se trouvent souvent des faisceaux de poils ou d’ai- guillons, comme je l'ai expliqué en parlant du calice. Cette baie est à peine légèrement marquée à son sommet dans les genres où elle est lisse, parce que les parties florales s’en dé- tachent complétement; elle est marquée de tubercules et un peu ombiliquée à son sommet dans le genre Cereus; mais cet ombilic est beaucoup plus large et plus remarquable dans les genres Opuntia et Pereskia. Ces baies ont en général une saveur acidule assez agréable, surtout dans les pays chauds, où l’on en fait usage comme rafraichissemens. C’est sans doute cette saveur acide du fruit qui, jointe à sa consistance pulpeuse et aux aiguillons situés à l’aisselle des feuilles, a fait donner aux Pereskia des An- üilles le nom populaire de Groseiller d’ Amérique , nom dont 20 REVUE les botanistes ont reconnu la sagacité en plaçant ces deux genres très-près l’un de l’autre. Les baies des Cactées sont toutes salubres, avec des différences notables quant à l’agré ment de leur saveur. Celles qui sont lisses sont généralement petites et dédaignées; celles qui sont hérissées de faisceaux d’aiguillons sont généralement plus grosses et plus estimées, mais ne peuvent servir d’aliment que lorsqu'on les a soi- gneusement débarrassées de ces aiguillons ou des poils fra- giles qui les recouvrent. La baie de l'Opuntia vulgaris pos- sède, au rapport de M. J. P. Pictet, la singulière propriété de colorer en rouge vif les urines de ceux qui en mangent, sans cependant nuire à leur santé. J’ignore si cette pro- priété se retrouve dans d’autres espèces. Les graines des Cactées sont situées horizontalement et attachées au placenta par un funicule quelquefois roulé en volute d’une manière assez singulière. Dans la jeunesse du fruit, on les voit clairement naître des parois de celui-ci dans les Opuntiacées, du centre dans les Rhipsalidées. Lorsque le fruit , en vieillissant, devient tout-à-fait pulpeux, les funicules sont facilement confondus dans la pulpe, et on se contente de dire que les graines ÿ sont noyées, semuna in pulpé nidulantia. Ces graines n’ont été jusqu'ici étudiées que sur un petit nombre d'espèces, soit parce qu’elles mürissent rarement dans les jardins d'Europe, soit que leurs fruits charnus ne se conservent pas facilement dans les collections, soit que la facilité qu’on trouve à multiplier les Cactées de bouture aie fait négliger de recueillir leurs graines. Toutes celles qui ont été observées sont à peu près ovoides, dépourvues d’albu- DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 27 men. L’embryon s’est présenté sous des formes assez di- verses. Dans les Opuntia(:), où il est le mieux connu, il est roulé en cercle et presque en volute autour de la cavité de la graine; sa radicule est longue, cylindrique; ses cotylédons demi-cy- lindriques et incombans. A la germination, la radicule s’en- fonce en terre, les cotylédons se changent en feuilles sémi- nales planes, charnues, vertes et étalées, et la plumule pré- sente un premier article semblable en petit à ceux dont la plante entière sera composée. Dillenius a figuré cette ger- mination de l'Opuntia à la figure 381 de son excellent Horus Elthamensis : Yai revu des formes parfaitement analogues dans plusieurs espèces. Le Rhipsalis (2) présente un embryon droit, à radicule courte, grosse, obtuse, à cotylédons dressés, épais, fort courts, et entre lesquels on n’aperçoit pas la plumule. Sa germination n’est pas connue: je présume que sa grosse ra- dicule pousse des fibres latérales. Le Melocactus (3) a passé long-temps pour être monoco- tylédon; mais ayant eu occasion de voir sa germination, jai pu m’assurer de la fausseté de cette opinion : il présente une radicule grêle, pointue et verticale, et une plumule globu- leuse, énorme si on la compare à la grandeur de la radicule, dépourvue d’angles saillans, et portant seulement au sommet quelques petits faisceaux d’aiguillons peu apparens. C’est pro- G) Voy. Gærtn., Fruct. 2, p. 265, t. 138. (2) Gærtn., Fruct. 1, p. 137, t. 28. Hook. Exot. FI. , t. 2. (83) DC: Organogr., pl. 48, f. 3. 22 REVUE bablement cette énorme plumule qui aura été prise pour un cotylédon; maisles vrais cotylédons sont au nombre de deux, opposés, situés très-près du collet, et cachés sous la plamule. - Lesgraines des Marmmullaria n’ont pas encore été décrites. M. Nuttal, qui a vu la germination de l’une d’entre elles, assure qu'il n’y a point de cotylédons, et que la plante ger- mante ne présente qu'un tubercule semblable à celui de la plante-mère. Il seroit intéressant d’avoir une figure et une description détaillée de cette germination, pour vérifier si les mamelons sont, comme je le présume, les représentans des feuilles. La structure des graines et la germination des £chrno- cactus , des Cereus et des Pereskia, sont encore inconnues. Je présume que dans les deux premiers genres elles seront analogues à celles des Melocactes, peut-être avec la plumule moins grosse, et dans le troisième analogues à celles des Opuntia, avec la plamule plus cylindrique et plus grêle. CHAPITRE IL De la division des Cactées en genres et en sections. Personne ne nie que les Cactées comparées entre elles ne présentent des différences de port qui sont plus grandes que celles qu'on observe entre les genres les plus universel- lement admis; mais si on a préféré ne considérer ces groupes que comme des sections, cela tenoit à deux causes : 1°. Tant que les Cactus étoient mélangés dans une même famille avec d’autres genres, comme cela avoit lieu dans les méthodes de Linné , d’Adanson et de Jussieu, on remarquoit CE DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 29 que leurs espèces , malgré la différence du port, avoient entre elles des rapports beaucoup plus marqués qu'avec aucun des genres voisins, et on devoit les laisser réunies en un seul genre. Mais dès qu’on admet les Cactées comme une famille distincte, il convient alors de la diviser en genres si l’on trouve des caractères suflisans ; c’est la marche qu’on a suivie soit par instinct, soit par réflexion dans des cas analogues : ainsi depuis que les Valérianées, les Polygalées, etc. , etc. ,ont été élevées au rang de familles, personne ne conteste l’op- portunité de les diviser en genres. 2°. Tant qu’on n’avoit étudié les Cactus que d’une manière légère, on avoit cru que les différences de leur port n’avoient aucune relation avec la structure de leurs fleurs et de leurs fruits; par conséquent on devoit croire, et je l’ai cru lons- temps moi-même, que les groupes de Cactées n’étoient que des sections d’un genre unique. Les essais de division générique des Cactées qui avoient été présentés pouvoient autoriser cette opinion; ainsi, quand à l'exemple de Tournefort ou de Linné on ne distinguoit que deux genres dans toutes les Cactées, il restoit encore tant d'objets hétérogènes dans chacun d’eux, qu’autant valoit ne faire aucune division. Les premières tentatives de division vraiment générique des Cactées ont été proposées d’abord par Miller, puis en 1812 par M. Haworth, auquel l’histoire naturelle des Plantes grasses à tant d’autres obligations. La division de M. Ha- worth diffère peu de celle de Miller, et elle est exactement la même que celle que j'ai indiquée à peu près à lamême époque que lui, dans les notes du Catalogue du jardin de Mont- 24 REVUE pellier. Miller et M. Haworth, tout en éleyant leurs groupes au rang de genres, paroissent avoir été essentiellement guidés par les caractères déduits de la tige et des feuilles. Tout ce qu'ils disent, en effet, sur les fleurs ou les fruits seroit insuf- fisant pour établir des caractères génériques. M. Haworth établit sept genres, savoir: Cactus, Mammillaria, Cereus, Rhuipsalis, Opuntia, Epiphyllum et Pereskia. Mais: 10, Son caractère du genre Cactus, déduit du seul C. Me- locactus, ne convient point à toutes les autres espèces de son genre, et ne le distingue du Marmmillaria que par des caractères étrangers à la fructification; en effet, si dans le Cactus il distingue un calice et une corolle, et les réunit dans le Mammullaria sous une seule dénomination, cette diffé- rence ne peut être admise, car les deux genres sont identiques sous ce rapport : la différence de ses stigmates est trop peu constante pour motiver une séparation générique. 2°. Le genre Cereus ne se trouve distingué de l'Epphyl- Lum que par la forme des tiges, car la longneur du tube ne peut en aucune manière les séparer, surtout depuis qu'on est obligé de réunir le C. phyllanthoides au €: phyllanthus. 30. Le caractère du Rupsalis, tiré de Gærtner, est insuf- fisant, en ce qu'il ne mentionne la structure ni de la corolle, ni des étamines, ni du style. J’expose ces objections contre les genres de M. Haworth, avec d'autant moins de crainte de paroître ne pas lui rendre la justice qui lui est due, qu’elles tombent en même temps sur la division des Cactus, que j'avois moi-même proposée à la même époque. J'ai donc cherché à meître plus de précision dans les ca- DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 25 ractères des genres déduits de la fructification, et je crois y être parvenu : au moins ai-je certainement réduit le champ des incertitudes qu'offre encore cette famille paradoxale. Profitant du travail récent de M. Otto sur l’Echinocactus, j'admets sept genres de Cactées, savoir: Mammillaria, Me- locactus, Echirocactus, Cereus, Opuntia, Pereskia et Rhipsalis. Je vais en exposer les caractères et les sous-di- visions, et reprendre ensuite quelques considérations sur leurs rapports réciproques. Indiquons d’abord le plus brièvement possible les divisions de la famille. Ie Tribu. OPUNTIACÉES. Graines attachées aux parois de la bate. A. Tube du calice lisse; corolle tubuleuse; point de vraies feuilles. 1. Mamurraria. Point de Cotylédons. Tige laiteuse ma- melonnée. 2. Msrocacrus. De petits cotylédons. Tige verticale non laiteuse. B. Tube du calice écailleux. Point de vraies feuilles. 3. Ecainocacrus. Tube du calice court. Corolle non prolon- gée au-delà de l'ovaire. 4. Cereus. Tabe du calice et de la corolle évidemment pro- longé au-delà de l'ovaire. C. Tube du calice écailleux. Corolle en roue. De vraies feuilles. 5, OpunriA. Stigmates dressés mais non agglomérés. Feuilles cylindriques. ù Mém. du Muséum. 1. 17. A . S 26 REVUE 6. Pereskra. Stigmates agglomérés. Feuilles planes. Ime_7ribu. RHIPSALIDEES. _ Graines attachées à l'axe central. 1. Rarpsauis. Tube du calice lisse. Corolle en roue. Point de feuilles. CHAPITRE III. Du genre MammircarrA ou Mammillaire. Le genre Marmmillaria correspond à la section des Cactes mammillaires du catalogue de Montpellier, et à celle des Echinocacti de Willdenow. Ses caractères de végétation sont très-frappans : la tige est toujours simple, charnue, rem- plie d’un suc propre, doux et laiteux, dépourvue d’axe li- gneux, en forme de boule arrondie, obovée ou oblongue, et tout uniformément hérissée de mamelons coniques, obtus, terminés par une houpe d’aiguillons. Les fleurs sont solitaires et sessiles à l’aisselle des mamelons, le plus souvent dispo- sées en une zone circulaire vers le haut de la tige; mais à quelque distance du sommet, ces fleurs sont petites, rouges, ou d'un blanc sale. Quant aux caractères de la fructification, le tube du calice, et par conséquent la baie, est lisse, terminée à son sommet par le limbe des tégumens floraux qui, souvent, tombe à la maturité absolue. Ce caractère de la baïe lisse distingue les Mammillaires des genres Cereus, Opuntia et Pereskia. Les tégumens floraux se composent de dix à douze lobes réunis à leur base en un tube cylindrique, caractère qui les dis- DE LA FAMILLE DES CACTÉES. - 27 tüngue du genre Rhzpsalis, mais qui les rapproche du Melo- cactus. De ces dix ou douze lobes floraux, les cinq ou six extérieurs peuvent être considérés comme formant le calice, et les intérieurs comme formant la corolle, bien qu’on doive avouer qu'il n'existe entre eux aucune ligne de démarcation tranchée. Les étamines sont, dans ces deux genres, disposées sur plusieurs rangs, et plus courtes que la corolle; le style y est filiforme, terminé par cinq, six ou sept stigmates. Hors ce qui tient au port, je ne connois d’autre caractère pour distinguer les Mammillaires des Mélocactes, que l’ab- sence des cotylédons mentionnée par M. Nuttal; mais n'ayant pas vu moi-même la germination, je conserve quelque doute à ce sujet. Je présume que les cotylédons y sont représentés par les deux premiers mamelons développés; et si ce soup- con est vérifié par l'observation, il deviendra un bon carac- tère entre ce genre et le suivant. Je compte actuellement douze espèces de Mamimillaria bien connues, et douze autres à peine indiquées dans les ca- talogues; toutes rentreroient dans le Cactus inammillaris de Linné,gmais les douze premières sont bien caractérisées par les auteurs modernes. Les seules sur lesquelles il me paroisse nécessaire de donner quelques détails sont les suivantes : 10, M. flavescens. J'ai publié en 1813 la description de cette plante dans le catalogue du jardin de Montpellier, sous le nom de Cactus Jflavescens ; dès lors M. Haworth l’a reproduite sous le nom de Mammullaria straminea, et M. Sprengel l'a insérée deux fois sous les noms de Cactus flavescens et stramineus. . Cette espèce est plus petite que le AZ. stmplex dont j'ai 28 REVUE publié la figure à la page 111 des Plantes grasses, et ne passe guère quatre pouces, soit un décimètre de hauteur; elle se rétrécit peu à sa base, de sorte qu’elle n’a pas l'apparence pyriforme; les séries de ses tubercules sont au nombre de treize ou quatorze, et se dirigent de gauche à droite. Chaque tubercule est couronné par une rosette d’épines jaunes, roides, divergentes, inégales entre elles, et qui atteignent jusqu’à vingt millimètres de longueur. A la base des tuber- cules et à leur sommet, se trouve un duvet blanc, mou, cotonneux, très-abondant dans la jeunesse, et qui ne se perd jamais entièrement. Je n’ai pas vu sa fleur. C'est la var. 8 de mon Cactus marmmillaris, pl. 51, no 111, dont il faut exclure la planche de Tournefort, qui appartient au Melocactus. 20 M. discolor. PI. un, fig. 2. J'avois décrit cette espèce dans le Catalogue du jardin de Montpellier, sous le nom de Cactus depressus , mais comme M. Haworth l’avoit désignée quelques mois auparavant sous le nom de 1. discolor, je dois adopter ce nom, qui est le plus ancien; les noms de C. pseudomammillariset de C. Spinu qui lui ont été donnés postérieurement doivent, à plus forte raison , être supprimés. Le nom de depressus fai- soit allusion à ce que la sommité de la plante est comme déprimée, surtout si on la compare au MT. simplex. Celui de discolor fait allusion à ce que les’ aiguillons de chaque faisceau sont de deux teintes, les extérieurs blanchâtres, les intérieurs bruns. La figure ci-jointe complétera la descrip- tion de cette jolie espèce aujourd’hui assez répandue dans les jardins. EE AAA DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 29 Cette espèce est plus petite que la précédente, et ne s’é- lève guère au-delà de sept centimètres; elle a une forme demi-globuleuse, aplatie et déprimée par le sommet; les séries de tubercules s’y dirigent de gauche à droite, et sont au nombre de treize à quinze. Chaque tubercule porte une rosette d’épines où l’on peut en distinguer de deux sortes: celles du bord sont au nombre de quinze à vingt, blanchà- tres, disposées sur un rang, et toutes étalées circulairement, de sorte qu’elles s’entrecroïisent avec celles des tubercules voisins; du centre de la rosette partent cinq épines roiïdes, longues de quinze millimètres environ, d’abord blanches, puis brunâtres, moins étalées que les précédentes. Les tu- bercules n’ont point de duvet à leur base; celui qu’elles por- tent à leur sommet disparoîit assez promptement , et ne se voit que dans les jeunes tubercules du sommet de la plante. Les fleurs dépassent la longueur des tubercules, sortent d’entre les épines, et ont le limbe fort épanouï ; elles sont blanches, avec une bande d’un rouge-violet pâle sur le dos des pétales externes. Les pétales sont linéaires, un peu obtus. Expl. des figures. — 1. Corolle ouverte, laissant voir les organes sexuels. — 2. Style et stigmates. — 3. Etamines. — 4 et 5. Pétales. — 6. Tubercule cou- ronné par une rosette d’épines. 30. M. pusilla. PI. n, fig. 1. J’avois aussi décrit dans le Catalogue du Jardin de Mont- pellier cette espèce sous le nom de Cactus pusillus, qui fait allusion à ce qu'elle est la plus petite de tout le genre. Il paroït que c’est cette espèce que M. Loddiges a publiée sous le nom de Cactus stellatus, et que c’est aussi à elle que se rapporte la fig. 2 de la planche 29 de Plukenet; cepen- 30 REVUE dant en ayant une bonne figure faite par M. Node-Veran, comparativement avec le M. discolor, je crois devoir la conserver ici pour faire connoître cette jolie espèce. Elle est la plus petite de toutes celles de cette section, et par conséquent de tout le genre. Sa hauteur ne passe pas trois à quatre centimètres ; sa forme est presque globuleuse; on ne compte qu'environ six rangées de tubercules disposées de gauche à droite; ces tubercules sont d’un vert glauque ; les faisceaux ou rosettes qui les terminent sont composés de deux sortes d’épines : celles du rang extérieur sont molles comme des poils étalés, très-nombreuses, blanches, souvent crêpues au sommet; celles du rang interne sont droites, roides, d’un blanc tirant sur le jaune, et remarquables parce que, vues à la loupe, elles sont couvertes d’un duvet court et serré. Il y a un peu de duvet cotonnenx à la base et au sommet des tubercules. Les fleurs sont grandes comme dans le M. discolor ; elles sortent entre les tubercules qu’elles dépassent de toute la longueur du limbe. Leur couleur est d’un blanc jaune-abricot pâle, avec une bande rougeûtre sur le dos des pétales externes. Les pétales se terminent par une pointe fort acérée. Expl. des figures. — 1. Corolle ouverte, laisant voir les organes sexuels. — 2. Style et stigmates. — 3. Etamines. — 4 et 5. Pétales. — 6. Tubercule couronné par une rosette d’épines. 4o. M. geminispina. PI. 11. Il y a douze ans que M. Mocino, l’un des auteurs de /a Flore du Mexique, m'a communiqué la figure et la de- . scription de cette plante originaire du Mexique , et nous con- DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 31 vinmes alors ensemble de la nommer Cactus columnaris ; dès lors M. Haworth a eu occasion de voir la plante sans fleurs, rapportée du Mexique par M. Bullock , et l’a publiée dans le Phrlosophical Magazine, vol. rxnx, p. 42, sous le nom de M. germuraspina. Je crois convenable de conserver ici la figure inédite de Mocino, puisqu'il n’en a été publié aucune, et que les fleurs même n’ont pas été décrites. Cette plante est fort remarquable par sa forme cylindri- que; par la laine abondante qui comble, pour ainsi dire, l'intervalle des mamelons ; par ses faisceaux composés de soies blanchâtres et d’une ou deux épines roïdes et brunes. Ses fleurs sont rouges, un peu saillantes, à lobes plus pointus que dans la plupart des espèces. bo. M. lanifera. PI. 1v. Cette plante faisoit aussi partie de celles dont mon excel- lent ami Mocino m'avoit communiqué le dessin et la descrip- tion, sous le nom de Cactus coronatus. Comme ce nom étoit déjà employé pour une espèce toute différente, nous con- vinmes de le changer en celui de Cactus canescens ; mais . M: Haworth l’ayant vue parmi les plantes rapportées du Mexique par M. Bullock, lui a donné celui sous lequel je l'indique ici. Ces deux noms font allusion à la laine abon- dante qui comble les intervalles des mamelons. Elle a les fleurs rouges comme la précédente, dont elle diffère, surtout par sa forme obovée et non cylindrique. 6°. M. Helcteres. PI. v. Je dois la figure et la description de cette espèce à M. Mo- cino, et elle me paroit avoir échappé aux botanistes modernes. Elle est de forme obovée, très-obtuse aux deux extrémités, 32 REVUE chargée de mamelons glabres à leur aisselle, et terminés par une houpe de soies roïdes et branätres. Ce qu’elle offre de plus singulier, c’est que les séries de mamelons y sont plus nombreuses et mieux disposées en spirales que dans toutes les autres espèces; sous ce rapport, elle rappelle un peu la disposition des côtes de l'£chinocactus intortus : ses fleurs sont roses. CHAPITRE IV. Du genre Merocacrus, Mélocacte. Sous le nom de Melocactus Tournefort réunissoit toutes les Cactées qui ne faisoient pas partie des Opuntia. Dans les temps modernes, on a seulement désigné sous ce nom les Cactées à tige ovoïde et sillonnée par des côtes longitudinales. M. Haworth, tout en admettant cette opinion quant à la cir- conscription de son genre Cactus, indique qu'il la regarde comme douteuse, et pense que le Cactus Melocactus seul pourroit bien former un genre différent de toutes les autres espèces ; mais comme il ne connoïssoit pas la fleur de celles-ci, il n’a donné aucune suite à ce soupçon. Ayant eu occasion de voir les dessins des fleurs de plusieurs espèces de ce groupe, je me suis convaincu qu'il doit être divisé en deux: l’un qui comprend les vrais Mélocactes, et l’autre qui forme le genre £chinocactus d'Otto. J'ai admis pour le premier de ces groupes le nom de Melocactus, et non celui de Cactus adopté par M. Haworth. Mes motifs sont, 1° de réserver le nom de Cactus dans le sens linnéen pour l’ensemble de la famille; 2° si on devoit le donner à un genre particulier, il DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 33 appartiendroit évidemment aux Cierges ( Cereus), qui sont très-nombreux, et non à celui-ci, qui ne comprend qu'un très-petit nombre d’espèces; 30 le nom de Melocactus ex- prime très-bien leur forme, et leur appartient d’ancienne date. Les Mélocactes ressemblent aux Gierges et aux Æ£chino- cactus par l'apparence de leur tige, maisils en diffèrent par des caractères importans: 1° leur tige n’a pas d’axe ligneux dans le centre, comme celle des Cierges ; 20 leurs fleurs naissent vers le sommet d’une espèce de spadice laineux formé de ma- melons très-serrés, et non sur les côtes saillantes de la tige; 30 leur ovaire est lisse, couronné par les lobes floraux, et non couvert d’écailles embriquées. Sous ces trois rapports, les Mélocactes diffèrent des Cierges et des Echinocactes, et se rapprochent beaucoup des Mammillaires. Comparés avec ce dernier genre, ils en diffèrent, r° quant au port, par leur tige cannelée surmontée d’un spadice mame- lonné et laineux, et qui semble formée d’une tige de Cereus surmontée par une Mamimillaria, comme je l’ai exposé en détail plus haut; 2° quant aux caractères de la fructification, par leur embryon à grosse plumule ovoïde et à deux petits cotylédons cachés sous elle. Je mettrois peu d’obstacle à la réunion de ces deux genres, surtout si le spadice a le suc propre laiteux ; mais dans l’état actuel, il convient peut-être mieux de les conserver séparés. Je ne connois bien qu’une espèce de ce genre, le Cactus Melocactus de Linné, dont j'ai publié la figure à la pl. 112 des Plantes grasses, et la germination à la planche 48, fig. 3, de l’Organographie : je la désigne sous le nom de Melo- cactus communs , et jen présente ici une nouvelle figure Mém. du Muséum. 1. 17. 5 >= 34, REVUE (pl. vi), soit pour réunir plusieurs détails omis dans celle des Plantes grasses, soit pour servir d'exemple de genre dans cet essai spécial sur les Cactées : c’est à elle qu’on doit rapporter les descriptions des Cactus Melocactus et coronatus de La- marck. Il est possible cependant que nous confondions ici, sous une seule dénomination, plusieurs espèces distinctes. De sept individus que j'ai eu à la fois sous les yeux, il y en avoit un à douze angles, trois à quatorze, un à quinze et deux à dix-huit, sans que ce nombre d’angles fût en rapport avec leur grandeur totale; ainsi les trois à quatorze angles varioient de neuf à trente-cinq centimètres de hauteur, et les deux à dix-huit angles avoient vingt centimètres. Celle à quinze angles étoit de forme conique, plus alongée, et atteignoit près de cinquante centimètres de hauteur. J’ai peu de doute que si ces plantes sont mieux étudiées dans leur pays natal ou plus répandues dans nos jardins , on y recon- noitra des espèces distinctes. Déjà M. le prince de Salm-Dyck, qui, comme on sait, à fait des plantes grasses une étude ap- profondie, et en a formé la plus riche collection du conti- nent, en a établi deux espèces distinguées du précédent par la forme et la disposition de leurs épines, savoir : les C. ma- crocanthos, et pyramidalis. Ces deux espèces ont été dé- crites et figurées en 1827, par MM. Link et Otto, sous le nom générique de Melocactus. Lies mêmes auteurs ont en- core publié deux £chinocactus ( E. Sellowx et E. polya- cañthuis ) qui, selon M. le prince de Salm-Dyck, doivent être réunis aux Mélocactes, la première espèce surtout à raison dé son analogie avec le AZ. placentiforinis dont il va être question: DE LA FAMILLE DES CACTÉES. : 35 M. Lehman, dans son catalogue des graines du jardin de Hambourg pour 1826, a indiqué deux espèces nouvelles de Melocactus (M. Langsdorfiier placentiformis). Cette der- nière espèce a été reproduite sous le nom de M. Beslerz par MM. Link et Otto; c’étoit le Cactus Melocactus figuré par Besler dans l’Æortus Eystetensis. Mais j'ai dû admettre le nom proposé par M. Lehman comme ayant la priorité, quor- que la description et la figure données par MM. Link et Otto fussent excellentes. Enfin j'ai placé avec doute parmi les Mélocactes le Cactus melocactoides de M. Hoffmansegg, à cause de son port qu est exactement celui du Melocactus COMImMUNuS. Expl. des figures de la Planche FT. — 1. Coupe transversale du spadix. — 2. et 3. Tubercules mammiformes qui composent le spadix. — 4. Une fleur vue extérieurement. — 5. La même, ouverte. —.6. Ovaire apres la fécondation. — 7. Pistil. — 8. Germinatiou de grandeur naturelle. — 9. La même grossie, pour faire voir la grosse plumule ovoïde et les deux petits cotylédons. — 10, La même un peu plus âgée. CHAPITRE V. Du genre Ecxinocacrus, Echinonacte. J’avois long-temps hésité pour savoir si je devois considérer les espèces de ce groupe comme formant un genre propre ou une section des Cierges. M. Otto, qui vient de publier une excellente dissertation à ce sujet, a pris le parti de les con- sidérer comme un genre: je me range à cette opinion, afin de ne rien innover sans preuves suflisantes; mais en faisant remarquer, cependant, que si les Echinocactes ont un axé ligneux au centre de la tige, ils sont bien peu distincts des Cierges, dont ils ne diffèrent que par l’extrème brièveté du De | 36 REVUE tube de leur fleur. Leur port suffit assez bien pour les faire reconnoitre, en ceci, que leur tige est absolument semblable pour sa forme à celle des Mélocactes, mais avec cette diffé- rence capitale, qu’elle ne porte point de spadice , et que les fleurs y naissent sur le haut des angles de la tige comme dans les Cereus. On ne connoissoit, avant la dissertation de M. Otto, qu’une seule espèce de ce groupe, le Cactus gibbosus d'Haworth, figuré en fleur à la planche 137 du Botanical register. M. Otto en a fait connoiître douze espèces, mais malheu- reusement sans avoir vu les fleurs de la plupart. Sous ce rap- port, les botanistes trouveront peut-être ici quelque intérêt aux figures que je joins ici, de quatre espèces en fleur tirées des dessins de la Flore du Mexique, savoir : 10, Echinocactus corrigerus. PI. vi. Cette espèce faisoit partie des dessins de M. Mocino, et avoit reçu le nom de cornigerus. Il est possible que ce soit elle que depuis M. Haworth a décrite sans fleur sous le nom de Cactus latispinus ; mais comme sa phrase ne lui convient pas complétement, je persiste à lui conserver le nom sous lequel je l’avois d’abord désignée, et qui lui convient très- bien. | Cette plante a des racines nombreuses, peu rameuses, petites et ligneuses. Sa tige est simple comme toutes celles de la section, presque globuleuse, marquée de côtes à peu près verticales, formées par de larges tubercules interrompus et déprimés : chacun de ces tubercules porte une houppe d’ai- guillons bruns, divergens et inégaux; la plupart sont droits en forme d’aiguille; l’inférieur est divisé en bas, plus épais, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 37 plus long et un peu recourbé en forme de corne à son som- met. Les fleurs naissent vers le sommet de la tige au nombre de trois à quatre, sessiles, longues d’un pouce environ; leurs sépales sont nombreux, embriqués, roussâtres, appli- qués les uns sur les autres; les pétales, au nombre de vingt- cinq à trente, sont pourpres avec le bord blanchâtre, disposés presqu'en simple série, oblongs, linéaires, pointus, peu éta- lés. Les étamines sont très-nombreuses, plus courtes que les pétales. Le stigmate n’est pas saillant entre elles. Cette espèce s'approche un peu des Mammillaires par ses tubercules, mais appartient certainement aux Cierges mélo- cactoïdes. 2°. Echinocactus crispatus. PI. vur. Cette espèce se trouve dans les planches de la Flore du Mexique sous le nom de Cactus crispatus, et ne paroît pas avoir été connue des botanistes. Sa tige est épaisse vers la base, obovée, tronquée, et même un peu déprimée à son sommet, marquée d’une vingtaine de côtes verticales, étroites, ondulées où crépues, qui portent çà et là des tubercules chargés d’aiguillons fasciculés, rayonnés, divergens, droits, très-inégaux en épaisseur et en longueur, et d’un gris-brun foncé; les fleurs sont d’un pourpre violet, au nombre de huit à dix, sessiles, étalées et rapprochées vers le sommet de la tige, très-semblables à celles de l'espèce précédente, mais plus petites; leur tube est un peu plus prononcé. 30. Echinocactus obvallatus. PI. 1x. C'est encore aux dessins de la Flore du Mexique que je suis redevable de la connoissance de cette espèce; quoique nouvelle pour les botanistes, elle n’étoit pas entièrement in- 35 REVUE connue, et Hernandez en a publié une figure à la page 4ro de son T'hesaurus novæ Hispaniæ sous le nom de T'epenex- comiétl. Elle pousse plusieurs racines ligneuses fasciculées, peu ra- meuses : sa tige est obovée, presque globuleuse, déprimée au sommet, marquée d’une vingtaine de côtes verticales peu saillantes ; ces côtes portent des faisceaux d’aiguillons longs, aigus et divergens; les fleurs sont solitaires ou en très-petit nombre au sommet de la tige, entourées d’aiguillons nom- breux, dressés, qui atteignent à peu près sa longueur, et l'entourent comme des espèces de bractées. Ces fleurs ont leurs pétales pourpres avec le bord blanc; elles ressemblent beaucoup à celles des deux espèces précédentes, et ont un tube court mais bien distinct. Lo. Echinocactus melocactiformis. PI. x. Cette espèce faisoit partie de la Flore du Mexique, et avoit reçu le nom de Cactus multangularis , mais comme dès lors ce nom a été employé par M. Willdenow pour désigner une espèce tout-à-fait différente de celle-ci, j'ai dû lui donner un nom nouveau. Elle mérite plus spécialement encore que les précédentes le nom de melocactiformus, car sa tige, en forme d’ovale arrondi, et marquée d’environ trente côtes longitu- dinales, a la plus grande ressemblance avec celle du AZelo- cactus : les côtes portent des faisceaux d’aiguillons bruns, divergens, droits et aigus. Les fleurs, au nombre de dix à douze, forment une espèce de verticille irrégulier vers le som- met de la tige; elles sont de couleur blanche, un peu rou- _geâtres en dehors; leur ovaire est couvert de sépales embri- qués, nombreux et très serrés; les pétales sont nombreux, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 59 étalés, réunis en un tube court à leur base. Les étamines forment un faisceau jaunâtre duquel sortent huit ou dix longs stigmates divergens. CHAPITRE VL Du genre Cereus, Crerge. Le genre des Cierges est le plus nombreux de la famille, et celui peut-être dont, si l’on fait abstraction de leurs rap- ports très-intimes avec les Echinocactes, les caractères sont les plus tranchés. Par son port, il est irrévocablement placé entre les Echinocactes et les Opuntia : la première de ses sections se rapproche par le port des premiers, ei la dernière est semblable aux Opuntia, excepté par les caractères floraux. Ceux-ci sont faciles à saisir. Les sépales, qui sont nombreux. et embriqués, forment un long tube adhérant à l’ovaire par sa base, et se prolongeant au-delà en se soudant avec les pé- tales : la baie se trouve donc porter extérieurement des écailles ou des tubercules qui sont les restes des sépales, et qui s’y font remarquer de la base au sommet. En d’autres termes, les Cereus différent du Mammillaria, du Melo- cactus et du Rhupsalis par leur baie écailleuse ou tubercu- leuse et jamais lisse; de l’Opuntia et du Pereskia par leur fleur tubuleuse et non en roue. Quant au port, ils se distin- guent du Mammillaria, du Melocactus , et peut-être de l'Echinocactus, parce qu’ils ontun axe ligneux; del Opuntia . et du Pereskia, parce qu'ils n’ont jamais de feuilles, et du Rlupsalis, parce que leurs tiges ne sont pas cylindriques. Il est remarquable qu'avec un cc:actère générique aussi 4o REVUE simple , les différences dans le port des espèces soient aussi remarquables. Je divise sous ce rapport, avec M. le prince de Salm-Dyck, les Cierges en quatre sections qui me parois- sent assez naturelles, soit pour leur caractère , soit pour leur série, mais qui pourront bien être un jour subdivisées. La première de ces sections, qui comprend les vrais Cierges ou les Céréastres, se caractérise par sa tige dressée, ferme, et n'étant ni articulée, ni grimpante, ni étalée. Elle correspond à peu près aux Cierges à grands angles de M. Haworth : leurs côtes larges et saillantes leur donnent quelque ressemblance avec les Echinocactes, particulièrement par l’intermédiaire de la variété monstrueuse du Cactus Peruviañnus dont je parlerai plus tard, mais elle en diffère parce que sa tige est beaucoup plus alongée, quelquefois au point de former une sorte d'arbre; cette tige est munie, dans le centre, d’un axe ligneux, épais et solide, et marqué à l’extérieur de côtes ver- ticales dont le nombre est variable de dix-huit à vingt jus- qu’à trois ou quatre. Ces côtes sont chargées de faisceaux d’aiguillons alongés, disposés, les uns relativement aux autres, en autant de séries parallèles que la tige a de côtes. Les fleurs sont grandes, blanches, ou souvent mêlées de vert et de pourpre du côté extérieur. Les étamines sont très-nom- breuses, ordinairement droites. Le nombre des stigmates y varie de cinq à quinze. Les caractères communs aux Cierges céréastres sont, comme on vient de le voir, assez nombreux; aussi cette sec- tion est-elle réellement naturelle, et ses espèces très-difficiles à distinguer entre elles. Linné avoit déjà signalé l’histoire des Cierges angulenx comme très-obscure , et en avoit recom- Zorn . 27. | # PO 5 %e ARUM. plus C C7 *j CACTE 2 27h dp FHovqaraos = 4 Tom , A , : PJ. où 1. MAMMILLARIA PUSILLA, — 92. MAMMILLARIA DISCOLOR. DANS Tom. 17. HINIS PINA, % MAMMILLARIA GE Tom. 17: 2 GAYS D) DEA MAMMILLARIA LANIFERA. ALL |/) PL. 4. | WW, AL) D! * RES, 5 LICTE 1 UE MAMMILLARTA Tom. 17. MELOCACTU COMMUNIS, VAL TA Zont. 17. ORNIGERUS, (4 LCHINOCACTUS Tom .. 74, 7 ZCHINOCACTUS crisp atus. / . Ve es Zom 17e ÆECHINOCACTUS obvallatus. PL. > LS Tom. 17: 4e Fl.70; ECHINOCACTUS MELOCACTIFORMIS, DE LA FAMILLE DES CACTÉES, 4x mandé l'observation aux voyageurs (Sp. pl. 1, p. 666); et quoique le nombre des espèces ait beaucoup augmenté , leur obscurité n’a guère diminué. La principale cause de cette obscurité est l'importance trop grande qu’on a assignée dans les caractères spécifiques au nombre des angles ou côtes de la tige. Tous les observa- teurs ont pu s'assurer que ce nombre n’est pas rigoureuse- ment constant, et en particulier M. Danizy a inséré une note à ce sujet dans le Bulletin de la Société de Montpellier pour 1811: Il montre qu'un pied de Cereus Peruvianus, qui, dans sa jeunesse, n'avoit que six côtes, en a pris gra- duellement jusqu’à neuf en étant cultivé dans un bon ter- rain, et qu'un Cereus tetragonus qui en avoit quatre, en a pris six : de là il paroïit disposé à conclure que ces deux espèces n’en forment qu'une, et que les espèces désignées par les noms de pentagonus, hexagonus et heptagonus sont encore la même plante, Ce soupçon pourroit bien être vrai pour l’exagonus et l’heptagonus qui, peut être, ne sont que des variétés du Peruvianus , mais je ne le erois pas admissible pour les autres, vu que le nombre des angles y est plus régulier, et que les aiguillons et le port même pré- sentent des différences. Il doit cependant résulter de l’obser- vation de M. Danizy une grande défiance sur les caractères déduits du nombre des angles, et une raison de plus pour recommander, soit aux voyageurs, soit aux cultivateurs, d’ob- server attentivement ces variations de nombre, et de décrire plus exactement les autres organes, et en particulier les or- ganes floraux. Quant aux espèces que je réunis ici sous le nom de Cé- Mém. du Muséum. t. 17. 6 42 REVUE réastres, je dois faire observer qu’il est vraisemblable. que je réunis ici des objets peut-être en réalité hétérogènes : ma première idée avoit été de les diviser en deux groupes, ceux © à grands angles et ceux à petits angles; j’ai dès lors aban- donné cette division bien que je la croie naturelle, parce que les auteurs n'ayant pas décrit leurs espèces avec détail, il m'eût été impossible de rapporter à leur place les espèces que je n’ai pas vues par moi-même : je la signale aux obser- vateurs comme digne de quelque attention. Parmi les trente-sept espèces que je rapporte actuelle- ment à la section des Cierges céréastres, il n'y en a que cinq sur lesquelles je doive donner quelques détails, savoir : 1°. Cereus Peruvianus monstrosus. PI. xx. Le Cierge que je désigne ici est celui que j'avois jadis indiqué comme variété monstrueuse du Cierge du Pérou, et que Willdenow avoit décrit non-seulement comme une es- pèce, mais comme une espèce appartenant à la section des Mammillaires. Je suis bien assuré que ce Cierge n’est point une Mammillaire, et que si c’est une espèce distincte du _ C. Peruvianus, elle en est au moins très-voisine. Les incer- titudes à ce sujet tenoïent principalement à ce que cette plante ne fleurit pas dans les jardins; mais j'ai eu occasion de la voir fleurir dans le jardin de Montpellier en 1814, et j'en présente une figure dont l'inspection comparée avec la planche 58 des Plantes grasses pourra servir à reconnoître la vérité. La tige du Cereus Peruvianus monstrosus n'a jamais plus d’un pied de hauteur; au lieu d'offrir des côtes verticales régulières, elle présente tantôt des tubercules isolés, irrégu- liers, tantôt des tubercules soudés ensemble, tantôt des côtes DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 43 interrompues: é’est principalement en vue de cette singulière plante que j'ai dit, dans l’exposition des caractères de la fa- mille, que les côtes des Cierges pourroient être considérées comme des séries de tubercules soudés. Les tubercules du Cereus Peruvianus monstrosus, ou ses côtes irrégulières, portent sur leur dos des faisceaux d’aiguillons courts, noi- râtres, droits, divergens, très-roïdes et munis à leur base d’une bourre cotonneuse très-peu apparente. Les fleurs naissent sur le dos des côtes ou des tubercules près du som- met. Dans le pied que j'ai vu fleurir, il en naissoit deux l’une à côté de l’autre; mais j'ignore si cette particularité est constante. Ces fleurs ont un long tube vert jusque près du sommet; ce tube est formé par les sépales, soudés par leur base avec l'ovaire, et ensuite les uns avec les autres. Ce qui distingue éminemment cette espèce de tous les Cier- ges, c’est que les sépales y sont moins nombreux et moins inégaux , d’où résulte que le jeune fruit et le tube de la fleur sont plutôt marqués de séries ou de sillons qui indiquent la soudure des sépales ; qu'il n’est couvert d’écailles ou de tubercules. Le limbe est plus grand et plus ouvert que dans le vrai Cierge du Pérou; les lobes extérieurs sont d’un rouge prononcé, les intérieurs d’un blanc pur. Les premiers sont plus courts, plus fermes, ovales-oblongs, terminés en pointe, entiers sur les bords; les seconds sont plus pétaloïdes, plus longs, plus ovales, également pointus et dentelés en scie sur les bords. Les étamines sont très-nombreuses, saillantes hors du tube, plus courtes que le limbe, un peu étalées dans la cavité de ce limbe. Le style est long, cylindrique, déjeté du côté inférieur , terminé par des stigmates verdâtres, pointus, 44 REVUE : divergens, et dont le nombre varie de neuf à treize. La cavité de l’ovaire montre des ovules nombreux attachés aux parois. Je n’ai pas vu le fruit à maturité. Je viens de décrire la plante telle qu’elle s’est présentée à moi, mais lors même qu’on viendroit à penser que la struc- ture de la fleur démontre sa différence d’avec le vrai Cereus Peruvianus, je n’en persiste pas moins à regarder notre plante comme étant dans un état monstrueux, seulement ce seroit une monstruosité de quelque espèce ou inconnue ou mal connue dans son état naturel. Ce soupçon est fondé, 10 sur l'apparence même de la plante qui s’écarte évidem- ment de la régularité propre aux Cactées; 20 sur ce que le catalogue du jardin de Dyck fait déjà mention d’un autre Cierge monstrueux rangé comme variété du Cereus eburneus. Je pense donc que tous les Céréastres sont sus- ceptibles de ce genre de monstruosité, etje me confirme ainsi dans la nécessité d'établir dorénavant leurs caractères sur la nature des faisceaux d’aiguillons, et surtout sur la structure des fleurs. Tout le reste de la classification actuelle me paroit provisoire. 20, Cereus repandus. PI. x. — DC., Prod. 3, p. 466. Cette espèce est une de celles qui est le mieux connue. Trew en a donné une bonne figure; et on en retrouve une autre dans le Botarical register, pl. 336. Celle que je donne ici n’a guère d'autre but que de servir de comparaison avec le Cereus serpentinus, et de montrer quelques détails échap- pés à mes devanciers. La tige de ce Cierge est droite et non flexueuse, alongée, simple, d’un vert foncé, marquée de huit à neuf côtes très- DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 45 obtuses, sinueuses, et portant dans l’aisselle de ses sinuosités des faisceaux d’aiguillons assez roides, et plus courts que dans le Cierge serpentin ; ces aiguillons sont divergens, blan- châtres, sortant au nombre de huit à dix d’un duvet très- court. Les fleurs naissent sur le dos des côtes et de ces fais- ceaux d’épines, où elles sont sessiles et solitaires. Une tige de deux pieds de hauteur a porté jusqu’à huit fleurs à la fois. Celles-c1 sont dressées avant la floraison, étalées horizon- talement à l’époque de leur épanouissement; elles sont ino- dores ou exhalent une odeur douceûtre; leur longueur est de six pouces; elles s’épanouissent comme celles du Cierge à grandes fleurs sur les sept ou huit heures du soir, et tom- bent avant le soleil levant, lorsque, comme dans nos jardins, elles ne nouent pas leurs fruits. Les sépales sont très-nombreux, disposés en spirale et embriqués avec régularité; les inférieurs sont courts, oli- vâtres , pointus, et portent à leur aisselle non des aiguillons comme le précédent, mais un peu de bourre laineuse. Les sépales plus supérieurs sont plus longs, plus pâles, plus poin- tus, plus glabres à leur aisselle; ceux du sommet sont très- étroits, très-pointus, presque amincis en filets à leur extré- mité, trés-étalés et même roulés en dehors à la fin de la fleuraison. Les pétales sont d’un blanc pur, de forme oblongue, pointus à leur sommet, amincis à la base, plus courts que le calice, et très-nombreux. Les étamines sont encore plus courtes que les pétales, très-nombreuses, blanches, avec les anthères jaunes. L’ovaire est ovoide, adhérent au calice, un peu déprimé 46 REVUE au sommet, à une seule loge. Le style est cylindrique, blanc, fistuleux dans toute sa longueur, terminé par huit à dix stig- mates rayonnans, un peu épais, pointus et verdàtres. Je nai pas vu le fruit. 30. Cereus monocLonos DC. Prod. 3, p. 464. Melocactus mnonoclonos flore albo fructu atro-purpureo des Cat. 19; ed. Burm., t. 195. + Linné a indiqué avec doute cette phrase et cette figure de Plumier parmi les synonymes de son Cactus hexagonus. Burmann , en publiant les planches de Plumier (auxquelles il a eu la malheureuse idée de joindre un texte dans lequel on ne peut pas distinguer ce qu’il dit d’après Plumier qui avoit vu les plantes, ou d’après lui-même sans les avoir vues), Burmann, dis-je, a rapporté cette espèce au Cactus Peruvia- nus ; mais elle diffère certainement de toutes deux, comme on peut s’en convaincre en comparant la figure de Plumier avec la pl.1de Bradley, qui représente le Cereus hexagonus, et la pl. 58 des plantes grasses, qui représente le Cereus Peruvianus. Son caractère le plus évident est d’avoir les pétales obtusément échancrés en cœur à leur extrémité, au lieu d’être pointus. Le limbe de la fleur est court, mais ou- vert. Le style est extrêmement saillant hors de la fleur, et n’a que cinq stigmates ; enfin la tige est parfaitement simple. Tous ces caractères ne permettent pas de confondre cette espèce avec aucune de celles qui sont bien connues. 4e. Cereus uxpuLosus DC. Prod. 3, p. 467. Melanie arborescens trigonus undulosus doutes validis munitus fructu subviridi Plum. Cat. 19. ed. Burm., t. 194. Cette espèce est un nouvel exemple du peu de confiance DE LA FAMILLE DES GACTÉES. 47 qu'on doit donner aux assertions que Burmann a ajoutées au texte de Plumier: il a rapporté cette figure au Cactus ficus indica de Linné, qui est un Opuntia, et qui ne ressemble en rien à la figure de Plumier. M. de Lamarck s’est fort approché de la vérité en la rapportant comme variété 8 au Cactus pita- jaya de Jacquin; mais il me paroît qu’elle mérite, dans l’état actuel de nos connoiïssances, d’être considérée comme une espèce distincte. Elle en diffère en effet, r°. par son fruit d’un vert-jaune et non d'un rouge vif, de la grandeur et de la forme d’une pomme, au lieu d’être de la grandeur et de la forme d’un œuf de poule; 20. parce qu’elle paroït s'élever à une hauteur plus grande, puisque Plumier l'appelle arborescente, et que Jacquin ne donne à la sienne que huit à dix pieds. So. Cereus sAmAcARU DC. Prod. 3, p. 467. Je place à la fin de cette section, non pour la faire con- noître, mais pour appeler sur elle l'attention des voyageurs, le Cierge que Pison décrit et figure sous le nom de Jamacaru à la fig. 1 de la page 100 de l’Hsstotre naturelle du Brésil. Sa tige n’a, dit-il, que trois ou quatre angles, et d'après la figure les angles ne sont pas sinueux; les aiguillons sont longs, droits. La fleur est tubuleuse, blanche, à pétales dressés et pointus. Il est possible que ce soit à cette même espèce qu'on doive rapporter la quatrième espèce des Jamacaru de Marcgraf (fig. 3 de la page 126 du même ouvrage), mais elle paroît s'élever peu, prendre la forme d’un petit buisson, et si les fleurs sont bien représentées, elles semblent différentes de celles de l'espèce de Pison. 48 - REVUE $S 2. Cierges serpentins. Je réunis sous ce nom, qui fait allusion à la fois au C. ser- pentinus de Lagasca et au C. flagelliformis que les jardi- niers appellent Czerge serpent; je réunis, dis-je, toutes les espèces à tige couchée ou volubile qui ont des côtes au nombre de trois à douze. Mais cette réunion, commode pour l’état actuel de la science, est probablement insuflisante et artifi- cielle. Je me suis borné pour le moment, dans le Prodromus, à distinguer les espèces en séries d’après le nombre des côtes, mais il y aura des groupes plus naturels à établir : tels sont les suivans : 10. Les Crerges couchés, qui sont remarquables par le très-petit nombre de leurs angles, la consistance presque foliacée de ceux-ci, la largeur de leurs faces, la faculté qu’elles ont de pousser des racines très-facilement, la grandeur re- marquable de leurs fleurs et leur couleur blanche ou ver- dâtre, la petitesse de leurs aiguillons, du milieu desquels partent les fleurs. Le Cierge triangulaire, fort anciennement connu , peut donner une idée du port de cette division. Je dirai ici, en passant, que j'en ai une très-belle figure copiée de celle de la Flore du Mexique. Je w’ai pas cru nécessaire de la reproduire ici, parce que celle de Plumier (édit. de Burmann, pl. 200, f. 1) m'a paru suflisante; mais elle prouve évidemment, avec plusieurs autres exemples, la confiance qu’on peut avoir en cette collection, lorsqu'on y rencontre des plantes qui nous sont inconnues. Les deux variétés de Cierges triangulaires indiquées par Jacquin sont considérées DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 49 aujourd'hui, et avec raison, ce me semble, comme deux es- pèces distinctes. Sa variété 4phylla est le vrai Cereus trian- gularis dont le fruit n’est pas chargé d’écailles; la variété feuillée, Folosa, est, probablement d’après la figure de Plumier, le Cereus trigonus d'Haworth. Cependant comme Plumier dit le fruit d’un rouge-violet, et Jacquin d’un rouge vif, il seroit peut-être encore possible qu’il y eût ici deux espèces mélangées. La seconde sous-division des Cierges serpentins est celle des vrais Cierges serpens (Cerez flagellacer); ceux-ci sont, pour ainsi dire, décrits lorsqu'on sait que cette sous-division renferme le Cereus flagelliformis si commun dans les jardins, et quatre autres espèces observées en Amérique par MM. de Humboldt et Bonpland, et desquels M. Kunth remarque la grande affinité avec le Flagelliformuis, au point de douter s'ils en sont vraiment distincts. Toutes ces espèces ont pour caractères communs d'avoir une tige foible ou couchée, ou un peu grimpante, ou presque dressée dans sa jeunesse, pous- sant souvent des racines adventives, marquée de côtes cour- tes, obtuses, nombreuses, à dos arrondi et à sinus étroit, : d’où résulte que la tige, quoique anguleuse, semble eylindri- que (1). Ges côtes sont chargées de faisceaux nombreux de soies peu ou point épineuses. Les fleurs sont d’un rouge vif, de forme alongée et comme cylindracée, même à leur déve- loppement parfait, parce que leur limbe est très-peu ouvert. Les stigmates varient en nombre de quatre à huit. (x) C’est ce système de côtes courtes et serrées que M. Haworth désigne par l'épithète de Cerei parvangulares. Mérm. du Muséum. t. 17. 7 5o REVUE La troisième sous-division pourroit porter le nom de Cierges microgones. Telle qu’elle sé présente à moi, elle comprend les espèces couchées parmi celles que M. Häworth a désignées sous le nom de parvangulares. Déjà les Cierges serpens sont bien caractérisés par leur fleur rouge peu ou point ouverte. Nos Cierges microgones ont la tige tantôt couchée ou volubile comme les précé- dens, tantôt presque dressée comme les suivans : le €. ser- pentinus lie sous ce point de vue les espèces couchées et dressées d’une manière plus intime que la classification ne l'indique. Ce qui distingue éminemment notre section des C. microgones est leur fleur très-grande , à limbe fort étalé. On peut ajouter que ces fleurs ne sont jamais d’un rouge vif, et que les stigmates varient en nombre de sept à vingt. Les côtes de leur tige sont fort semblables à celles des Cierges serpens. Les faisceaux sont composés de soies molles dans les espèces rampantes, et qui deviennent de vrais aiguillons dans les espèces un peu dressées. Lés limites de cette section sont très-claires pour toutes lés espèces que j'ai vues ou vivantes, où seulement peintes. Mais quant à celles qui ne sont connues que par des phrases abrégées, il est impossible de reconnoitre si elles appar- tiennent à cette section ou à quelqu'une de celles où les côtes de la tige sont nombreuses. Aïnsi quelques unes des espèces rapportées à cette section mériteront un nouvel examen. Parmi les espèces qui appartiennent, sans aucun doute, à cette division, je dirai quelques mots des trois suivantes : 1°. CEREUS GRANDIFLORUS. Le Cierge à grande fleur est l'espèce du genre qui paroît DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 51 la mieux connue. Les figures. publiées soit dans le jardin d’'Ebret par Trew, soit dans les planches de Miller, soit dans mes Plantes grasses, laissent, ce me semble, peu à dési- rer. La description que j'ai publiée dans les Plantes grasses, n°52, me paroît suffisante, et je n’y ajoute que quelques détails: 1° les filets des étamines sont chargés dans leur partie supérieure de quelques glandes stipitées et globuleuses qui ne se trouvent pas, à ma connoissance, dans les autres es- pèces; 2° les ovules sont portés le plus souvent plusieurs en- semble sur un funicule rameux, ou pour parler plus exac- tement peut-être, on pourroit dire que les funicules de plu- sieurs ovules sont soudés ensemble dans une partie plus ou _ moins considérable de leur étendue : j'ai déjà signalé cette soudure des funicules entre eux dans mon Mémoire sur les Crucifères, mais dans l’£wromia où je l'ai cité, il n’y a que deux funicules soudés; ici on en trouve jusqu'à quatre ou cinq. 2°. Cereus sERPENTINUS. PI. x. — DC. Prod. 3, p. 467. Cette espèce a été indiquée avec une courte description, par M. Bagasca, dans les 4nnales des Sciences naturelles, publiées à Madrid en 1801; dès lors on en trouve une men- tion succincte dans le Supplément de l’énumération de Will- denow, et dans quelques catalogues modernes, mais on n’en possède encore ni description complète, ni figure. Ayant eu occasion de voir fleurir cette espèce dans le jardin de Mont- pellier, où elle provenoit de celui de Madrid, je tâcherai de remplir cette lacune. La tige est surtout remarquable en ce qu’elle tient le inilieu entre les espèces grimpantes et les espèces droites, 52 REVUE et passe presque de l’un de ces états à l’autre en étant plus ou moins flexueuse. Le nom de Serpentinus que M. Lagasca lui a donné est assez propre à peindre cet état plus où moins flexueux. Cette tige semble cylindrique, mais elle est rele- vée de onze à douze côtes obtuses, rapprochées, peu pro- fondes , marquées de petites dentelures; de l’aisselle de celle- ci partent des faisceaux d’aiguillons très-fins, très-longs, un peu piquans et de couleur rougeàtre. La longueur et la fi- nesse de ces aiguillons distinguent principalement cette espèce du Cereus ambiguus figuré par M. Bonpland à la planche 36 du Jardin de Navarre. Les fleurs naissent en petit nombre le long de la tige, dont elles s’écartent sous un angle aigu; elles sont sessiles, et sor- tent du dos des côtes; elles sont à peine odorantes, longues de six pouces, avec un diamètre de quatre pouces au mo- ment de leur complet épanouissement : leur couleur est, à l'extérieur, d’un vert olivätre tirant sur le pourpre, et blan- che à l’intérieur. Les técumens floraux se composent d’un très-grand nombre de pièces embriquées, soudées par leur base avec l'ovaire, et soudées entre elles en un tube cylindracé, sillonné, d’un vert sale, long de quatre pouces, large de six à huit lignes dans sa partie la plus rétrécie, et épanoui à son sommet en un limbe étalé, formé principalement par Îles pièces les plus intérieures et les plus pétaloïdes. Les sépales ou pièces extérieures de ce système floral sont, les inférieures très-courtes, puis graduellement plus longues, soudées ensemble dans presque toute leur étendue ; ia partie libre est très-courte, linéaire-lancéolée, très-aiguë, verdâtre; DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 53 à son aisselle elle porte un faisceau de soies, ou aiguillons mous, rougeûtres à leur base, d’un blanc jaunâtre vers leur sommet, longs de six à sept lignes, et munis à leur base d'un duvet très-court. Ces faisceaux sont très-nombreux et très-rapprochés sur l’ovaire et dans la partie inférieure du tube; ils sont disposés en spirales assez régulières autour du tube de la fleur, comme les sépales eux-mêmes. Les sépales intérieurs, ou pétales extérieurs (car ces deux noms peuvent leur être donnés indifféremment), sont plus longs que les précédens, dépourvus de soïes et d’aiguillons à leur aisselle, purpurins ou d’un rouge sale à l’extérieur, blancs à l’intérieur, oblongs, presque linéaires, Là au sommet; leur partie libre varie de deux à quatre pouces de longueur. Les pétales intérieurs sont semblables aux précé- dens, mais d'autant plus blancs sur les deux surfaces, qu'ils sont plus près du centre de la fleur. Les étamines sont extrêmement nombreuses; leurs filets sont blancs, disposés sur plusieurs séries, soudés avec les pétales dans la plus grande partie de la longueur du tube; les rangs extérieurs sont les plus longs, et les intérieurs sont graduellement plus courts; la partie libre de ces filets est droite, en forme d’alène: tous sont sensiblement plus courts que les pétales; les anthères sont dressées, ovales, d’un jaune très-pale, avec un pollen de même couleur : la partie inté- rieure du tube de la fleur est, dans le bas de son étendue, de couleur jaunätre, et suinte un nectar miellé. L’ovaire, qui est soudé avec les tégumens floraux, est ovoide, presque globuleux, hérissé par les faisceaux de soies roides qui naissent de tubercules très-obtus, disposés en 5% REVUE spirale et à peu près en ordre quinconcial. La chair de cet ovaire est épaisse, de couleur verte; l'intérieur offre une seule loge; les graines sont très-nombreuses, attachées aux parois de la loge, excepté à sa base : on peut, avec quelques soins, reconnoître qu’elles forment autant de séries verti- cales qu’il y a de stigmates; l'intérieur de la loge est comme tapissé par une membrane blanche ; les funicules sont grèles, tortillés en spirale, ou plutôt en volute, et enveloppant ainsi l’ovule dans leur circonvolution. Le style est cylindrique, long de cinq pouces, plein et non fistuleux, de couleur blan- che, un peu jaunâtre au sommet, à cause de l’adhérence d’une or e pollen; ce style est un peu épaissi au sommet, divisé en sept stigmates étalés, charnus, mous, presque cy- lindriques, glanduleux et visqueux à leur surface. Le fruit n’est pas parvenu à maturité. 30. CEREUS SPECIOSISSIMUS. Quoique cette belle espèce ait déjà été plusieurs fois dé- crite, je ne puis résister à la tentation d’en dire ici quelques mots. Je regrette de n'oser y insérer une belle figure faite dans le jardin de Montpellier par M. Node-Veran. Ce Cierge est originaire du Mexique, et faisoit partie des dessins inédits de M. Mocino. Il a.été primitivement introduit au jardin de Madrid ,où.Cavanilles l’a mentionné sous le nom de Cactus speciosus; c'est sous ce nom que je le trouvai en 1807 dans la jardin de Montpellier, envoyé par Cava- nilles. Ayant expédié moi-même au jardin de Malmaison des boutures de ce Cactus speciosus et de mon Cactus phyllanthoides , il paroît que les étiquettes s’égarèrent, et M. Bonpland publia le Cactus phyllanthoides sous le nom \ DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 55 de Spectosus. M. Desfontaines erut alors, pour éviter toute équivoque, devoir donner à celui-ci le nom de Speczosissimus que j'adopterai par le même motif, et sans crainte que les ama- teurs le trouvent trop pompeux pour cette magnifique es- pèce. Dès lors M. Haworth l’a désigné sous le nom de C. bz- frons, qui ne peut être conservé. La tige du Cereus spectosissimus est droite, mais souvent rameuse dès sa base, un peu foible, et ne se soutient pas avec la rigidité propre aux Cierges céréastres; elle est à trois ou quatre angles peu saillans, assez fortement sinueux et à faces un peu concaves; les faisceaux d’aiguillons naissent au-dessus de chacune des dents saillantes et obtuses qui semblent ainsi tenir la place des feuilles. Ces faisceaux sont composés de sept à dix aiguillons droits, roides, divergens, brunätres, qui naissent d’une bourre blanche et cotonneuse; l'écorce même des rameaux est glabre et d’un beau vert. Les fleurs naissent solitaires à l’aisselle des dents de la tige, c’est-à-dire à la même place où devroient être les faisceaux d’aiguillons, et dans ce cas les aiguillons manquent. Ces fleurs sont sessiles, grandes, inodores, d’un très-beau rouge; elles s'ouvrent de jour et restent en fleur pendant trois journées. Les sépales sont nombreux, soudés avec l’ovaire et entre eux de manière à former un tube cylindrique, verdâtre à l'extérieur, long d'environ quinze lignes; le tube est garni d’écailles qui sont les portions libres des sépales; ces écailles sont disposées en spirale multiple, oblongues-linéaires, pointues, d’un vert olivâtre tirant sur le brun; elles vont en s’alongeant à mesure qu’elles approchent du sommet, et la plupart portent à leur aisselle une houpe de soies qui tend 56 REVUE à confirmer que les houpes d’aiguillons de la tige représen- tent bien les aisselles des feuilles. Les pétales sont soudés dans le tube avec les sépales, et distribués dans le limbe en triple rangée spirale. Ceux de la rangée extérieure sont les plus courts, les plus épais, les plus pointus, et, quoique de couleur rouge, rappellent encore un peu la nature calicinale; ceux de Îa rangée du milieu sont plus larges, oblongs, presque ovales, obtus, d’un rouge vif; ceux enfin de la rangée intérieure sont un peu plus étroits et plus obtus, d’un beau rouge en dehors, et revêtus en dedans, sur leur bord, d’une teinte vive d’un rouge-violet changeant, très-difficile à rendre par la peinture, et un peu analogue à celle de certaines étoffes moirées. Le bouton de la fleur est ovale-oblong, d’abord pointu, puis ovoide; à la fleuraison le limbe est très-ouvert. i.es étamines sonttrès-nombreuses, adhérentes à l’intérieur du tube de la fleur, disposées sur plusieurs rangées, remar- quables par leur éclatante blancheur qui contraste avec la vive et singulière teinte de la corolle. Les filets sont grêles, tous déjetés en un faisceau lâche du côté inférieur; leur base est légèrement verdâtre. Les anthères sont ovales-oblon- gues, attachées par leur base à deux loges de couleur blan- châtre, pleines de pollen blanc. Le style est long, cylindrique, de couleur rose, ou même rouge vers sa partie supérieure, déjeté du côté inférieur avec le faisceau des étamines, ter- miné par dix stigmates blancs, un peu épais, longs de deux à trois lignes. En les examinant de près, ils semblent réunis par leurs bases deux à deux, de telle sorte, qu'il seroit peut- être plus exact de dire qu'il y a cinq stigmates bipartites. - DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 57 Le fruit, que je n’ai pas vu à maturité absolue, est une baie ovoïde d’un jaune brun sale , portant à son sommet les débris de la fleur qui finissent par se détruire, et sur sa sur- face des faisceaux de soies débarrassés à cette époque des écailles à l’aisselle desquelles ils avoient pris naissance; l’in- térieur est une pulpe mucilagineuse qui renferme un grand nombre de graines: celles-ci étoient primitivement pariétales. 4. $ 3. Cierges ailés. La section des Cierges à tige ailée a été considérée comme un genre, d’abord par Necker, sous le nom de PhyUlarthus (Ælern. x, p. 85), puis par M. Haworth, sous celui d’Epr- phyllum que Hermann leur avoit jadis donné; mais je crois plus conforme aux principes de ia classification de considérer ce groupe comme une simple section des Cierges. Le seul ca- ractère déduit de la fructification que les auteurs aient cité pour motiver une séparation générique est, disoient-ils, que les Cierges ailés ont le tube floral d’une longueur extraordi- dinaire. Mais, 1°. ce caractère n’est vrai que du Cereus phyl- lanthus, et ne peut s'appliquer aux quatre autres espèces de la section, qu'on ne peut cependant en séparer sans rompre tous les rapports d’analogie. 2°. Füt-il vrai de toutes, il n’est pas assez précis pour déterminer la formation d’un genre, car la longueur absolue est un caractère qui admet tous les intermédiaires. Ce qui a le plus influé pour engager les auteurs à séparer les Cierges ailés des Cierges anguleux, c’est la considéra- tion de leur tige fortement comprimée et comme aplatie en forme de feuilles. Mais qu'est-ce donc autre chose qu’une Mém. du Muséum. . 17. 8 58 REVUE tige qui, au lieu d’avoir trois angles ou ailes saillantes comme celles des Cierges sinueux, ou des Cierges triangulaires, n’en a que deux ? Or, si le nombre des angles est peu important, considéré isolément de tout autre caractère, peut-on lui donner ici une si grande gravité? Miller s’est encore plus, selon moi, éloigné de la vérité en réunissant les Cierges ailés aux Opuntia : ils en diffèrent en effet, et se rapprochent des Cierges par trois caractères importans : 1° leur fleur est en tube et même en tube plus long que dans les autres Cierges, tandis que les Opuntia ont la fleur en roue; 20 ils n’ont point de vraies feuilles, tandis que les Opuntia en ont; 3° les fleurs n’y naissent que sur les crénelures des ailes, tandis que dans les Opuntia les rameaux aplatis n’ont point de vraies crénelures, et portent les fleurs aux faisceaux d’aiguillons sans régularité réelle. Je pense, d’après ces motifs, que l’on ne peut réunir ce groupe aux Opuntia, et qu'on ne peut le séparer des Cierges. Je l’insère parmi ceux-ci à la suite des Cierges serpens à trois angles, dont il se rapproche à plusieurs égards. On ne connoiïssoit d’abord de cette section que le seul Cereus phyllanthus figuré par Dillenius (7. Ælfh. f. 74), et dans mes Plantes grasses (pl. 145). Swartz fit ensuite connoitre son C. alatus, qui en paroît très-distinct , mais dont on n’a pas de figure : dès lors on a découvert trois espèces de la même section, savoir : le €. éruncatus figuré dans le Bot. reg., pl. 696, et très-remarquable par ses rameaux tronqués à leur sommet, et portant ses fleurs dans la tronca- ture; lé C naked etleC: oxyperature sur lesquels je donnerai qusiques détails. DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 59 10, Cereus phyllanthoides DG Prod. 3, p. 469. Cette belle plante est originaire du Mexique, comme j'en suis assuré d’abord par les deux figures qu’on en trouve dans l’ouvrage d'Hernandez (p. 393, £. 3, et p. 457), et par celle que jen ai vue parmi les dessins inédits de la Flore du Mexique. Il paroït qu’elle existoit depuis plus ou moins long-temps dans les jardins de botanique, mais tellement semblable, quand elle est dépourvue de fleurs, au €. phyllanthus, que personne ne pensoit à l’en distinguer. , Ayant eu occasion de la voir fleurir en mai 1811, au jardin de Montpellier, je reconnus ses différences, et la décrivis sous le nom de €. phyllanthoides. J'en envoyai des boutures au jardin de la Malmaison, où, par une transposition d’éti- quettes, M. Bonpland la désigna sous le nom de C. spe- ciosus (Jard. nat. et Malm., pl. 3). A peu près à la mêine époque, Willdenow crut que cette espèce étoit le ©. alatus de Swartz; mais cette opinion est évidemment erronée, puisque Swartz dit que sa plante a des fleurs petites, d’un vert ürant sur le blanc, tandis que la nôtre les a grandes et d’un beau rose; qu'il dit ses baies noirâtres, tandis que notre plante les a rouges. . Parmi les auteurs subséquens, M. Colla a suivi l'erreur de Willdenow; M. Link l’ayant reconnue, a donné à cette plante le nom nouveau et inutile de €. elegans. Les auteurs du Botanical register ex de l'Herbier de l’Arnateur ont adopté le nom de C. speciosus, et M. Sims a conservé celui de Phyllanthoides. Je persiste dans cette dernière opinion, non parce qu’elle est mienne, mais parce qu’elle a le mérite 60 REVUE d’être la nomenclature la plus ancienne, d’indiquer claire- ment l'aflinité de la plante, et de ne pouvoir se confondre avec aucune autre espèce. 2°. Cereus oxypetalus. PL. xiv. — DC. Prod. 3, p. 470. C’est aux dessins de la Flore du Mexique que je dois la connoissance de cette nouvelle espèce de Cierge ailé. Elle paroit croitre sur le tronc des arbres comme les R/upsalis. Ses rameaux aplatis ressemblent beaucoup à ceux du C. phyllanthoides, mais ils sont plus courts, à peine pétiolés, moins sinués sur les bords. Les fleurs naissent solitaires des crénelures supérieures; elles sont dfessées, légèrement tor- dues, rougeîtres en dehors, blanches à l’intérieur; remar- quables parce que leurs sépales et leurs pétales sout très- pointus, et leur limbe connivent à peu près comme dans le C. flagelliformus. S 4. Cierges opuntiacés ou Faux opuntia. Cette dernière section des Cierges est éminemment établie sur le Cactus moniliformis. Celui-ci, quoique mentionné dans tous les auteurs, n’a été véritablement observé que par Plumier, qui l’a découvert à Saint-Domingue sur les rochers du bord de la mer. La description et la figure que Burmann en à publiées d’après ses manuscrits, sont donc les seuls do- cumens authentiques que nous possédions à son égard. D’après l’aspect de cette figure, tous les auteurs ont classé le Cactus moniliformis parmi les Opuntia, et je ne nie pas en effet qu'il n’aie du rapport avec ce genre ;mais il me paroît appartenir plutôt au genre des Cierges. En effet, 1° la fleur DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 6x est tubuleuse comme dans les Cierges, et nullement en roue comme dans les Opuntiaæ; 20 quant au port, cette espèce se rapproche encore des Cierges, et s’éloigne des Opuntia, en ce qu'elle manque complétement de feuilles, caractère important, puisqu'il est généralement lié avec la structure de la graine. Il faut avouer cependant que la tige est formée d’articles globuleux placés bout à bout, et qui rappellent beaucoup plus la structure des Opuntia que celle des Cierges, mais ne ressemble exactement ni aux uns ni aux autres. Il est donc possible qu’un jour la structure mieux connue de la fleur et du fruit nécessite pour cette plante la formation d’un genre particulier, qui seroit placé entre les Cereus et les Opuntia:s mais il seroit contraire à tout principe de classification géné- rique de ne pas placer aujourd’hui cette plante, sans feuilles - et à fleur tubuleuse, parmi les Cierges. Je place à sa suite, avec beaucoup de doute, le C. serpens de Kunth, parce qu’il dit les fleurs tubuleuses ; mais l’espèce est trop peu connue pour oser rien aflirmer. CHAPITRE VII. Du genre Opunria ou /Vopal. Tant qu'on n’a considéré les divisions des Cactées que comme des sections, il étoit assez naturel qu’on se contentât de les distinguer par des caractères de port tirés des organes de la végétation, et c’est dans ce sens qu’on a génériquement classé sous le nom d'Opuntia toutes les espèces à tige com- posée d'articles plus ou moins comprimés; ce caractère est 62 ._ REVUE encore vrai dans sa généralité ; mais il s’est présenté des motifs pour le modifier dès qu’on a désiré d’élever les groupes des Cactées au rang de genres. Déjà nous avons vu tout à l'heure que les Cierges opuntiacés ont à peu près le port des Opuntia, et nous trouverons de même ici des Opuntia à rameaux cylindriques qui ont le port analogue à celui des Cierges et la fleur des Opuntia. Le caractère classique du genre Opuntia, comparé au Ce- reus, est d’avoir la fleur en roue et non en tube; les sépales des Opuntia sont généralement moins nombreux que ceux des Cierges; les inférieurs sont insérés sur l'ovaire, et parfai- tement semblables aux feuilles, de la plante, soit pour leur forme, soit pour leur disposition spirale, soit pour les fais- ceaux d’aiguillons de leurs aisselles : c’est ce qu’on ne peut dire des sépales des Cierges, puisqu'ils n’ont point de feuilles. Les sépales supérieurs des Opuntia sont planes, ovales, un. peu colorés, situés au sommet de l'ovaire, toujours plus courts que les pétales; ceux-ci sont disposés sur plusieurs rangs au sommet du tube qui enveloppe l'ovaire, et repré- sente le tube du calice; ces pétales sont plus ou moins étalés, peu ou point adhérens entre eux, et constituent une véritable fleur en roue. Les étamines sont aussi nombreuses, et sur plusieurs rangs; leurs filets sont libres entre eux, ou à peine soudés, toujours sensiblement plus courts que les pétales, remarquables dans un grand nombre d'espèces par leur faculté de se contracter en se déjetant vers le centre de la fleur lorsqu'on les irrite avec la pointe d’une aiguille. Les anthères sont jaunes, ovales, à deux loges. L'ovaire est ovoide , à une seule loge, comme enfermé DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 63 dans une masse charnue qu'on peut considérer comme la partie corticale d’un rameau. Le style est cylindrique, le plus souvent resserré à sa base, et fistuleux dans le centre ; il se termine par plusieurs stigmates courts et épais, qui, au lieu d’être étalés comme dans les Cierges, sont dressés, mais non soudés ni entortillés ensemble comme dans les Pereskia. Le fruit est une baie ovoide, charnue dans le bord, pul- peuse vers le centre, couverte de tubercules plus ou moins saillans, desquels partent des faisceaux d’aiguillons de soies ou de poils en duvet. L'intérieur de la baie offre, avant la maturité, une loge dont les parois sont tapissées d’ovules ran- gées en autant de séries verticales qu'il y a de stigmates. A la maturité, cette loge se remplit de pulpe où les graines sont comme noyées. Celles-ci sont plus grosses que dans les autres genres de Cactées : elles offrent à l’intérieur un embryon courbé ou roulé en spirale, à peu près cylindrique, à radi- cule alongée, à cotylédons demi-cylindriques. Ceux-ci à la germination se changent en deux feuilles séminales, grandes, épaisses, ovales ou oblongües, d’un beau vert, et entre les- quelles s’élève une plumule qui a déjà toute apparence des arucles ordinaires de la plante. Les organes de la végétation sont variés dans les diverses sections de ce genre, mais ils offrent quelques caractères com- muns. 1° Leur axe ligneux est moins solide, et a des fibres plus sinueuses que celui des Cierges: 2° Les jeunes rameaux portent toujours de petites feuilles articulées sur la tige, ca- duques, cylindriques ou coniques, pointues, charnues, et assez semblables à celles de certains Sedums; ces feuilles 64 REVUE mauquent complétement dans les autres genres précédens. 30. Les rameaux toujours, quelle que soit leur forme, sensi- blement rétrécis à leur base, ce qui les a fait dire articulés sur leur tige. 4°. De l’aisselle de chaque feuille naït un faisceau composé le plus souvent de diverses sortes de poils, savoir: 1° d’aiguillons fermes, roides, prolongés, et semblables à de véritables épines; 2° de soies fragiles, moins redoutables à la vue que les aiguillons, mais qui, en se brisant dans la peau, déterminent souvent des démangeaisons pénibles ; 30 d’une bourre cotonneuse, blanche, très-courte, et située à la base des deux autres sortes de poils : ces trois sortes exis- tent à la fois dans la plupart des espèces; quelquefois l’une ou l’autre manque dans certains faisceaux. L’insecte précieux qui fournit la cochenille vit sur les Opuntia, et, autant qu'on peut l’aflirmer, sur plusieurs es- pèces d’Opuntia. En général on recherche pour la culture les espèces les moins épineuses, parce que la cueillette de l'in- secte y est plus facile ; mais cette circonstance, qui est utile à l'homme, ne paroit pas déterminer le choix de l’insecte livré à lui-même. Celui-ci me paroît, d’après les récits des voyageurs, rechercher de préférence les espèces à fleurs rouges, et dédaigner les espèces à fleurs jaunes; du moins les trois espèces, éminemment cultivées sous ce rapport, sont TOpuntia tuna qui paroit le plus répandu au Pérou, FO. Hernandezt qui est le plus célèbre au Mexique, et l'O. co- chenillifera, dont la localité est moins déterminée. Cette circonstance, jointe à la constance de la couleur des fleurs observée dans nos jardins, me fait penser que les deux sec- tions d'Haworth, dites à grandes et à petites épines, seront DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 65 peut-être mieux divisées par la couleur des fleurs que par un caractère aussi vague que la longueur des aiguillons. Au reste les fleurs qu'on appelle rouges dans les Opuntia, sont, en général, d’un rouge sale et faux; c'est ce que Dille- nius a assez bien désigné en latin, par l’épithète de Gzlpus, que les anciens appliquoient aux vins rougeâtres. Je divise les Opuntia en six sections, d’après la structure générale des organes, savoir : S 1. Nopals cylindriques (Opuntiæ cylindraceæ). Les espèces qui composent cette Section ont été long-temps confondues avec les Cierges, à cause de leurs rameaux cy- lindriques dès leur jeunesse; mais j'avois dès long-temps concu des doutes sur ce rapprochement, en considérant que ces plantes ont de véritables feuilles semblables à celles des Opuntia, et que ces feuilles manquent dans les Cierges. Ce soupçon a pris une nouvelle force par la connois- sance que je dois à M. Mocino d’une espèce de Cactée qui a la tige cylindrique et tuberculeuse comméle Cactus cylin- dricus, et qui a les fleurs en roue comme les Opuntia. J'ai conclu de là que les plantes cylindriques et feuillées devoient se classer dans les Opuntia et non dans les Cierges. Cette section présente des rameaux cylindriques, un peu articulés à leur base, revêtus de tubercules oblongs, peu saillans, dis- posés en plusieurs séries spirales autour de la tige, et dont chacun porte, dans sa jeunesse, une feuille sédiforme, et à : aisselle de la feuille un faisceau d’aiguillons. Ces tubercules représentent assez bien l'organe que les botanistes modernes ont nommé pulpinus, ou en français coussinet. Mém. du Muséum. 1. 17. 9 66 L49 SRENUE Je ne connois que deux espèces qui appartiennent avec certitude à cette section, et dont je parlerai tout à l'heure. Le Cactus imbricatus y est réuni provisoirement et sans être suffisamment connu : les deux espèces qui méritent quelque intérêt sont les suivantes : 10. Opunria ROSEA. PI. xv.— DC. Prod 3, p. 471. Cette belle espèce, qui explique la nature du Cactus cylin- dricus de nos jardins, faisoit partie des planches inédites de la Flore du Mexique, où elle se trouvoit désignée sous le nom de Cactus subquadrifiorus. Elle a une tige droite, divisée à son sommet en fameaux très-ouverts : la tige et les rameaux sont à peu près cylindriques, revêtus d’aréoles oblongues disposées en spirales, bombées et séparées par des raies déprimées; chaque aréole porte à son sommet une feuille caduque, et à l’aisselle de cette feuilie une houpe d’aiguillons blancs, droits, inégaux. Les fleurs naissent trois ou quatre rapprochées les unes des autres vers l'extrémité des rameaux, sessiles, de couleur rose assez vive; les pétales sont sur trois à quatre rangées, étalés, obovés , presque en coin, tronqués et surmontés d’une pointe; les filets des éta- mines sont roses, de moitié au moins plus courts que les pétales, et surmontés d’anthères jaunes. Le pistil est rose; le fruit est une baie ovoïide, tuberculeuse, terminée par un large ombilic concave, de couleur jaunâtre, et rempli d’une pulpe abondante dans laquelle les graines sont noyées; les tubercules de la surface de la baie ne portent pas de vrais ai- guillons, mais de petites soies en faisceaux. 20, Opunria cyrinprica. DC. Prod. 3, p. 471. Cette plante est fort commune dans les jardins d'Europe, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 67 où elle na pas encore fleuri. Elle a été désignée par M, de Lamarck sous le nom de Cactus cylindricus, mais il ne faut pas la confondre avec le Cactus cylindricus d’Ortega, que nous avons vu plus haut appartenir au genre Mammillaria, et être synonyme du 7. coronaria. L’Opuntia cylindrica diffère de la précédente par ses aréoles rhomboïdales plutôt qu’oblongues, ses rameaux plus étalés, et parce que sa stature paroît plus alongée. $ 2. Nopals divariqués (Opuntiæ divaricatæ). Cette section, établie par M. Haworth, comprend des es- pèces en général couchées ou peu élevées, décidément arti- culées, à articles oblongs lancéolés, ou même linéaires, non pas cylindriques comme dans la précédente, mais épais et presque cylindracés, de manière à établir une sorte de tran- sition des Nopals cylindriques aux Nopals comprimés; les ra- meaux sont très-divergens; les aiguillons assez forts pour la grandeur de la plante; les fleurs toutes jaunes; les stigmates, au nombre de trois à cinq seulement. C’est ici que se rap- portent les Opuntia curassayica, fragilis de Nuttall, et pu- silla d'Haworth. S 3. Nopals à grandes épines (Opuntiæ grandispinosæ ). Cette section est établie par M..Haworth, et comprend toutes les espèces qui ont, outre la bourre ét les petits aiguil-" lons soyeux, des aïguillons très-longs, très-durs, et comme épineux. Que ce caractère soit bien constant, que l'absence de ces aiguillons épineux ne soit pas produite par la culture, c’est F_ d 68 REVUE ce que je n’oserois affirmer. Je conserve cette section comme méthode de commodité pour l'état actuel de la science, et sans me dissimuler qu’elle pourra bien un jour se confondre avec la suivante. J’indiquerai immédiatement les caractères de ceux-ci, et je reviendrai ensuite sur quelques unes de leurs espèces. $ 4. Nopals à petites épines. (Opuntiæ parvispinosæ ). Ils ne diffèrent des précédens que parce que les aiguillons ‘sont ou nuls et réduits à la seule bourre cotonneuse, ou séta- cés, ou peu prolongés. Ces deux sections offrent, l’une et l’autre, des espèces à fleurs rougeâtres ou à fleurs jaunes, et je crois en devoir dire ici quelques mots. Les Nopals à fleurs rougeâtres ont été confondus entre eux, sous le nom de Cierge à cochenille; mais il paroït au- jourd’hui qu'on peut en distinguer trois espèces, dont deux appartiennent aux OÜpuntia à petites épines, et une à celles à grandes épines; ces espèces ont été confondues jadis en une seule par M. de Lamarck, et j’avois suivi son opinion dans mes Plantes grasses. Je crois pouvoir la rectifier comme il suit: À 10. OPUNTIA COCHENILLIFERA. Cette espèce est connue par la figure que Dillemius en a publiée dans son Æortus Elthamensis, pl. 297, f. 383; et c’est d’après l’assertion de ce savant que Linnæus lui a donné le nom de Cactus cochenillifer. M. Hooker en a donné de- puis une excellente figure dans la nouvelle série du Botanical magasin, pl. 2741 et 27942. Cependant malgré le nom, c’est DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 69 celle des trois espèces où cette propriété est la moins avérée. Dillenius ne dit point en avoir une connoissance directe, etsemble n'avoir admis cette épithète que parce qu’il regarde sa plante comme identique avec celle d'Hernandez, quoi- qu’il indique bien leur différence. Je présume que ce Nopal est celui que Thierry de Menon- ville mentionne sous le nom vulgaire au Mexique de Nopal de Castille (1), et qu'il dit la plus estimée pour l'éducation de la cochenille. Si ce soupçon se vérifie (ce que la brièveté de la description de Thierry ne permet pas de faire), alors il sera vrai de dire que cet Opuntia est le vrai Nopal à co- chenille. Considérée comme espèce, elle se distingue assez bien de l'O. tuna par ses aiguillons presque auls; de l'O. Hernan- dezit par ses articles beaucoup plus alongés, et de tous deux par sa fleur dont le limbe est peu ou point étalé, dont les étamines sont saillantes hors de la corolle, et le style encore plus long que les étamines. 3°. OpunriA HERNANDEzZI. PI], xvr. Cette espèce a été assez bien figurée et décrite, pour le temps, par Hernandez sous le nom vulgaire mexicain de Nopalnochetz (p.78 co, etp.450, f. 1). Dès lors M. Thierry, dans son voyage à Guaxaca, en a publié une dou et une figure sous le nom de Nopal sylpestre, et enfin j'en trouve dans les dessins de la F/ore mexicaine une troisième (3) Ce nom ne veut pas dire que la plante vient de Castille, mais les Améri- cains espagnols avoient l'habitude de donner cette épithète à tout ce qui leur paroissoil de race supérieure. 70 REVUE figure, que je joins ici pour lever les doutes que les deux précédentes avoient encore laissés. On voit, par cette figure, que la cochenille vit sur ce Nopal, et les assertions de Thierry et d'Hernandez, aussi bien que l’assertion de M. Mocino, ne me laissent aucun doute à cet égard. Ce dernier dit qu'on la cultive principalement dans les parties tempérées de la Nouvelle-Espagne, voisines de la mer Pacifique. Le Nopal d'Hernandez diffère très-clairement de l'espèce précédente par sa fleur ouverte, à étamines plus courtes que les pétales et que le pistil; il s’en distingue encore par ses articles plus petits, plus courts, plus épais et sensiblement ovales. Si on le compare à l’espèce suivante, il s’en rapproche par la structure de sa fleur, mais il a la corolle de moitié plus petite, et ses articles entièrement dégarnis d’aiguillons. 30, OPUNTIA TUNA. Cette espèce a été figurée par Dillenius dans son Aorth. Elth., fig. 380, et c’est d’après cette figure que Linné l’avoit admise sous le nom de Cactus tuna. Dès lors on avoit réuni avec celle-ci, comme variétés, plusieurs espèces qui ont la fleur jaune. M. de Lamarck avoit réuni sous le nom de Cactus cochenillifer toutes les Opuntia à fleur rouge, et javois, dans mes Plantes grasses, adopté cette opinion. Cette espèce s’y trouve donc figurée comme variété épineuse du Cactus co- chenillifer. Depuis, M. Kunth me paroît l'avoir reproduite de nouveau sous le nom de Cactus Bonplandu, et enfin M. Haworth l’a ramenée à sa nomenclature originelle en la nommant Opuntia tuna,nom qui me paroït devoir être con- servé. Elle diffère clairement des deux précédentes par les DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 71 longs aiguillons blanchâtres dont ses articles sont armés, par ses articles très-grands et de forme ovale, par sa fleur étalée comme dans l'Opuntia d Hernandez, mais bien plusgrande. Cette espèce a, pendant plusieurs années, nourri, au jardin de Paris, la cochenille sylvestre; et si, comme je le pense, elle est la même que le Cactus Bonplandü de Kunth, nous apprenons par le témoignage de MM. de Humboldt et Bon- pland qu’elle nourrit, au Pérou, une espèce de cochenille assez estimée. C'est aussi du Pérou que sont venus les pieds du jardin de Paris, qui, si la tradition est fidèle, sont dus au voyage de Dombey. Quant aux Nopals à fleur jaune, quoïqu'ils soient les plus répandus dans les jardins, l’étude deleurs espèces est peut-être plus embrouillée que celle d'aucune autre section : il paroît bien constant aujourd’hui que M. de Lamarck et moi avions réuni, comme variétés, sous le nom de Cactus opuntia des espèces véritablement distinctes, mais il me paroït aussi que dès lors on est allé beaucoup trop loin en décrivant comme espèces une multitude de variétés probablement dues à la culture, et dont les fleurs sont encore inconnues. Les descrip- tions d’Opuntia faites dans leur pays natal cadrent si mal avec celles qu’on fait dans les jardins, qu’il est presque impos- sible de s’y reconnoître avec le degré de négligence que les voyageurs ont mis à ces descriptions. Thierry de Menonville, qui, il est vrai, étoit foible botaniste , mais qui s’étoit unique- ment consacré à l'étude des Nopals, dit expressément (Foy. à Guax., vol. 2, p. 274) Q que si Linné se plaint avec raison « que la section des Cierges’anguleux soit décrite peu exac- « tement, on peut assurer que la description des Opuntia 72 REVUE « est encore plus incomplète, tant pour le nombre que pour « les formes : il en est au Mexique trente espèces très- « différentes de toutes celles décrites; on n’a eu, dit-il, ni « le temps, ni la liberté de les décrire. » Les principaux caractères employés jusqu'ici sont la forme des articles et les aiguillons. Le premier de ces caractères n'est vrai que lorsqu'on prend une moyenne entre tous les articles d’une plante, car il est peu de Nopals un peu gros où l’on ne trouve sur le même pied des articles de forme diffé- rente. Quant aux aiguillons, leur nombre est souvent variable dans les mêmes individus, et tous les voyageurs disent que les mêmes espèces peuvent en avoir ou en manquer; leur longueur n’est pas plus constante, et varie dans des limites tellement larges, selon le mode de culture, qu'on ne peut guère y donner de l'importance: nos Nopals de jardin les ont généralement moins nombreuses et plus petites que les Nopals sauvages. La couleur de ces aiguillons semble un peu moins variable, mais on n’a encore, à cet égard, que des ob- servations de jardin faites sur des individus qui proviennent de bouture les uns des autres, et on ignore si ces caractères se conservent de graines. Je regarde donc la plupart des espèces établies parmi les Nopals à fleur jaune comme très-douteuses, et je ne sauroïis trop engager les voyageurs à décrire et à figurer ces plantes dans leur pays natal. Cette circonstance fait que je m’abstiens d’entrer ici dans aucun détail sur les espèces de cette section. $ 5. Nopals à lobes minces (Opuntiæ tenuilobæ ). Cette section, établie par M. Haworth, ne comprend que DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 73 le Cactus brasiliensis de Willdenow, soit Cactus para- doxus d'Horneman. Elle est remarquable parce que les ar- ticles sont planes, minces, peu épais, et presque foliacés, et que la tige et les rameaux sont au contraire très-promptement cylindriques. On n’a point encore vu la fleur de cette espèce dans nos jardins, et on n’en possède encore qu’une figure très-grossière, publiée par Pison dans son Æistoire naturelle du Brésil, pl. 100, fig. 2. Elle s'élève au Brésil à la hauteur d’un arbre, et y porte le nom vulgaire de Ururumbeba. CHAPITRE VIN. _ Du genre PERESKIA. Ce genre a été découvert aux Antilles par Plumier, qui lui a imposé le nom de Pereskia en l'honneur de Nicol. Fabric. Peiresc, membre du parlement d'Aix en Provence, homme très-savant, grand bibliographe, et amateur de botanique. Dès lors M. Sprengel a proposé de modifier le nom en celui de Petrescia pour mieux rappeler son origine. Linné avoit admis le genre de Plumier dans son Hortus diffortianus, puis l'avoit réuni au grand genre Cactus. Il avoit eu raison, en ce sens qu'on ne peut pas admettre le genre Pereskia seul, si on laisse toutes les autres divisions des Cactées réunies en un seul genre. Miller, et ensuite M. Haworth, admettant la divi- sion des Cactées en plusieurs genres, ont, avec raison, admis le Pereskia, et je me range, sans hésiter, à leur opinion. Les fleurs du Pereskia ont de grandes analogies avec celles de l'Opuntia, et on ne trouve de caractère pour les distin- guer que dans les stigmates, qui sont libres entre eux dans Mém. du Muséum. 1. 17. 10 74 REVUE l'Opuntia, et agglomérés en'un seul faisceau, souvent même tordus ensemble en spirale dans le Pereskia. Lie nombre des pétales est, en général, moins considérable dans le Pereskia que dans l'Opuntia. Le port du Pereskia est très-différent de celui des autres Cactées : ce sont des’arbrisseaux ou de petits arbres à tiges et à rameaux cylindriques dès leur naissance, et qui se rappro- chent un peu du port des Portulacées ligneuses. Les feuilles sont éparses le long des rameaux, un peu charnues, mais planes, d'apparence vraiment foliacée, et beaucoup plus grandes que dans l’Opuntia ; elles portent à leur aisselle des aiguillons tantôt courts et en faisceau, tantôt solitaires et très-alongés. | Les fleurs naissent solitaires au sommet des rameaux, et par leur union forment quelquefois une petite panicule. Les baies sont globuleuses où ovoïdes, pulpeuses à l’intérieur, souvent garnies par des écailles foliacées qui sont les sépales persistans. Ces baies ont une saveur acidule, et dans plusieurs espèces ne renferment qu'un très-petit nombre de graines. Celles-ci n’ont point encore été décrites. Les baies du Pereskia aculeata sont acidules, et l’arbris- seau a reçu dans les Antilles le nom de Groserllier d’'Amé- rique, à cause de la ressemblance de son fruit avec le Gro- seillier épineux d'Europe. ‘On n’a, pendant long-temps, connu que deux espèces de Pereskia, savoir : les P. aculeata et portulacifolia des Antilles, découverts par Plumier; dès lors M. Kunth en a décrit deux autres, les P. bleo et horrida, observés dans le continent de l’Amérique méridionale par MM. de Humbold DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 75 et Bonpland, et M. Haworth en a indiqué une cinquième, originaire du Brésil, savoir : le Pereskia grandifolia. La Flore. inédite du Mexique, dont j’ai déjà tiré tant de docu- mens sur cette famille, me donne le moyen d’ajoutér quatre belles espèces de Pereskia aux cinq qui étoient connues. 10. Pereskia sinriæflora. PI. xvir. Cette espèce, originaire du Mexique, et étiquetée dans les dessins de la Flore Cactus zinniæflorus, a de grands rapports avec le P. portulacifolia figuré à la planche 197, f. 1 de l’édi- tion de Plumier par Burman, mais elle s’en distingue surtout par son ovaire, qui est chargé d’écailles foliacées au lieu d’être nu. C’est un petit arbre dont les feuilles sont ovales, poin- tues, ondulées, d’un beau vert, et rétrécies à leur base en un pétiole très-court. Les feuilles raméales ont à chaque coté de leur aisselle un seul aiguillon droit et d’un brun-rougeûtre; les. cicatrices des vieux rameaux sont bordées. par trois ou cinq de ces aiguillons. Les fleurs sont solitaires, terminales, et ne ressemblent pas mal à celles de la Zinnie élégante. Leurs pétales sont de couleur pourpre, verdàtres en dehors, étalés, profondément et obtusément échancrés en cœur à leur sommet. Les étamines sont courtes, nombreuses, à filets rougeâtres et à anthères d’un beau jsnte, Le style paroit plus court que les étamines. Le fruit, n’a pas été observé. 20, Pereskia brchnidi Lfiora. PI xvur. Cette belle espèce étoit dans les dessins de la Flore du Mexique sous le nom de Cactus fimbriatus ; mais j'ai cru de- voir changer ce nom inédit pour éviter la confusion avec le Ce- reus fimbriatus. Elle à des rameaux cylindriques, ligneux, un peu charnus; les feuilles sont grandes, ovales, pointues, 76 REVUE sessiles, caduques, planes, munies d’une nervure longitudi- nale. De leur aisselle part un long aiguillon solitaire roide et étalé. Les fleurs sont solitaires et terminales : l’ovaire ou le renflement du rameau qui renferme l'ovaire est chargé de sépales foliacés, semblables aux feuilles, mais plus petits et dépourvus d’aiguillons à leur aisselle. La fleur est grande, en forme de rose, à quinze ou vingt pétales en forme de coin, tronqués, et fortement dentés ou frangés à leur sommet; leur couleur est d’un jaune abricot tirant sur la couleur de feu, et approchant de celle du Lychnis grandiflora, à laquelle la fleur de notre plante ressemble assez bien. Les étamines sont très-courtes , à anthères jaunes. Le stigmate est en tête, au milieu des anthères. 3° Pereskia opuntiæflora. PI. xix. La tige de cet arbrisseau ne ressemble pas mal à celle du Portulacaria afra. Ses feuilles sont obovées, mucronées, planes, un peu rétrécies en pétiole à la base, longues de huit à douze lignes; quelquefois géminées ; de l’aisselle de la plu- part sort un aiguillon grêle, roide, solitaire, étalé, et deux fois plus long que la feuille. Les fleurs sont terminales et comme légèrement pédicellées : elles ressemblent à celles des Opuntia, en ce que leur ovaire, au lieu de porter des écailles foliacées , ne présente que de petits tubercules ou faisceaux de poils avortés; les sépales sont sur deux rangs au sommet de l'ovaire, ovales, obtus et verdâtres; les pétales sont d’un jaune-rouge sale et incertain, ovales, ouverts, entiers; la fleur n’a guère que huit à dix lignes de diamètre. Les éta- mines sont nombreuses, très-courtes, à anthères); jaunes, ser- rées autour du stigmate qui est en tête. DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 77 4°. Pereskia rotundifolia. PI. xx. C’est encore à la Flore du Mexique que je dois la con- noissance de cette espèce ; elle y étoit sous le nom de Cactus frutescens que j'ai cru devoir changer parce qu'il convient à toutes les espèces du genre Pereskia. Sa tige est ligneuse, cylindrique, rameuse. Ses rameaux sont étalés. Ses feuilles alternes, planes, sessiles, caduques, orbiculaires, avec un très- petit mucro; à leur aisselle sont des aiguillons solitaires, et plus longs qu’elles. Les fleurs naissent sur des rameaux courts et latéraux; leur ovaire est chargé de sépales étalés, sem- blables aux feuilles; les pétales sont au nombre de huit à dix, arrondis, ouverts, un peu mucronés, d’un jaune vif tirant cà et là sur le rouge de feu. Les étamines sont courtes, mais moins serrées que dans les espèces précédentes. Le style est épais, rougeâtre, terminé par des stigmates en tête. Le fruit est une baie obovée, tronquée et ombiliquée au sommet ; de couleur rouge, dépourvue d’écailles, mais chargee de petits tubercules, desquels naissent des faisceaux de soie peu apparens. CHAPITRE IX. Du genre Rurpsauis. Ce genre a été primitivement établi, par Adanson, sous le nom d’'Hariota ; dès lors Gærtner, ignorant sans doute son établissement par Adanson, l’a décrit un peu plus com- plétement sous le nom de Rhrpsalis, qui a été adopté par M. Haworth. Comme ce dernier nom est seul connu aujour- d'hui, j'ai era devoir admettre pour me conformer à l'usage, 78 REVUE et en regrettant de n’oser rétablir le nom primitif. Ceux qui ne divisent pas les Cactus en genre.ont admis ce groupe comme section; je l’avois appelé Cacti parasitici, M. Will- denow Rhipsalides, et M. Link Cac teretes. Les Rhipsalis sont des sous-arbrisseaux qui naissent sur les vieux arbres, mais qui paroissent de faux parasites, car on les élève très-bien en terre dans nos jardins. Leur tige et leurs rameaux sont cylindriques, verts, charnus, compléte- ment dépourvus de feuilles : à la place où elles auroient dû naître se trouvent, dans la plupart, de petites houppes de poils blancs qui rappellent les faisceaux axillaires des autres Cactées et des Portulacées. Ces faisceaux sont disposés en ordre spirale quinconce autour de la tige. Les fleurs naissent sur les côtés des rameaux, sessiles, petites, blanches et peu apparentes. Leur ovaire est lisse comme dans les Mammillaires et les Mélocactes, couronné par les lobes du calice, qui varient. en nombre de trois à six, et sont de consistance membraneuse; les pétales sont au nombre de six, disposés sur deux rangs, blancs ou jaunes, très-petits, oblongs, étalés et marcescens. Les étamines, au nombre de douze à dix-huit, naissent à la base des pétales. Le style est filiforme, terminé par trois à six stigmates grèles et étalés. Le fruit des Rhpsalis est une baie presque globuleuse, pulpeuse, blanche, demi-transparente, lisse, couronnée par les débris marcescens du calice et de la corolle, assez sem- blable à celle du Guy, ou si l’on veut à la variété à fruitblanc du Atbes rubrum. La structure interne de cette: baie mérite un nouvel examen. Gærtner et Hooker l'ont décrite comme DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 79 uniloculaire, et la figure que j’emprunte à la Flore du Mexique la représente comme triloculaire; lun et l’autre s'accordent en ce qu'ils indiquent les graines attachées au centre: cette circonstance sépare complétement le RAzpsalrs de:toutes les autres Cactées, et lui donne un: rapport pro- noncé avec les Portulacées. Il seroit fort possible que l'ovaire, dans sa jeunesse, fût réellement à trois lobes, et que, dans un âge avancé, les cloisons vinssent à s’oblitérer, la pulpe à se confondre, et alors les graines seroient noyées dans la pulpe, et attachées à un filet central peu apparent, situé dans l'axe du fruit, et formé par les placentas réunis provenant des cloisons. C’est un doute qui reste à éclaircir. Les graines décrites par Gærtner et Hooker sont dépour- vues d'albumen ; leur embryon est droit; la radicule est épaisse, obtuse, dirigée vers l’ombilic; les deux cotylédons sont obtus, courts, très-petits; la plumule n’est pas visible dans la graine, La germination n’a pas été observée. On connoît actuellement sept espèces de Rhzpsalis, savoir: 10, le À. cassytha, sur lequel je reviendrai tout à l'heure; 20. le À. fasciculata que j'ai décrit dans les Plantes grasses, pl. 59, sous le nom de Cactus parasiticus , et qui peut-être est la vraie espèce qui avoit reçu ce nom; 3°. le À, parasi- tica, qui est fondé sur la figure 2 de la pl. 197 de Plumier, mais qui n’a point été revu, et qui pourroit bien être le même que le précédent mal dessiné; 4°. le À. salicornioides d’'Haworth, remarquable par ses fleurs jaunes; 5°. le À. fu- nalis de Salm, que M. Haworth a appelé Grandiflorus, et qui est la plus grosse du genre; 60. le À. mesembryanthe- moides , dont les fleurs ne sont pas connues; 70. le R. re * 80 REVUE crantha de Kunth, qui semble anomal dans le genre par ses rameaux qu’on dit anguleux ou comprimés. Je n’ai quel- ques détails à donner que sur la première de ces espèces. Rlupsalis cassytha. Cette plante a été indiquée pour la première fois, mais sans description suflisante, par Patr. Browne, comme une espèce de Cactus. Dès lors Phil. Miller la confondant avec le Cassytha filiformis, qui appartient à une famille toute dif- férente, la désigna sous ce nom dans son dictionnaire. John Miller diminua l'erreur en la distinguant au moins comme espèce sous le nom de Cassytha baccifera. Gærtner, qui en fit un genre, lui donna le nom de Rhipsalis cassytha, pour rappeler cette origine; et Swartz, qui l’observa à peu près à la même époque, la nomma Cactus pendulus, à cause de sa manière de pendre des arbres. Dès lors on a rapporté à cette espèce plusieurs plantes qui ont entre elles, il est vrai, des ressemblances, mais qui pour- roient bien constituer autant d’espèces différentes. Je les indiquerai ici succinctement, non pour les faire compléte- ment connoître, mais pour appeler sur elles l'attention des voyageurs. Les caractères de l'espèce, communs à toutes les variétés, sont d’avoir la tige pendante, les rameaux complé- tement nus et dégarnis de soies en faisceaux, et les fleurs blanches. Les variétés connues sont: 1°. Rhipsalis cassytha Srwartziana. Cette première variété, qu’on peut considérer comme le type de l'espèce, est originaire des Antilles, et repose sur la description de Swartz. Elle a les rameaux un peu verticillés; son calice est à six lobes, ses pétales au nombre de cinq à DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 81 six, et ses stigmates varient, dit-on, de trois à six. La baie renferme plusieurs graines disposées, dit Swartz, comme en six loges. 2°. Rhipsalis cassytha Hookeriana. Cette variété est bien figurée par M. Hooker à la pl. 2 de son Æxotic flora. Je présume qu’elle est originaire du Mexique; car il est probable qu’il cite les Antilles parce qu'il la croit identique avec celle de Swartz, et qu'il ajoute le Mexique parce qu’il l’en auroit recue. Cette variété se distingue de la précédente par son calice à quatre lobes obtus, ses pétales au nombre de quatre, son stigmate à trois lobes, et ses graines au nombre de douze à vingt. 3°. Rhipsalis cassytha Mociniana. PI. xxr. Cette variété, sûrement originaire du Mexique, et dont je donne ici la figure copiée de celle de Mocino, a son calice à trois lobes aigus, ses pétales au nombre de six, son stig- mate à trois lobes, et paroit avoir six graines distribuées en trois loges. 4°. Rhipsalis cassytha dichotoma. Je désigne sous ce nom le Cactus pendulus de Kunth, qui a été trouvé par MM. de Humboldt et Bonpland dans le continent de l'Amérique méridionale, à la Nouvelle- Andalousie et à la Nouvelle-Grenade. Sa tige a les rameaux dichotomes et non verticiilés; le calice est à trois parties, et les pétales au nombre de six. Sa baïe est aussi grosse que celle du Groseillier épineux, et renferme trente à quarante graines. 5°. Rlupsalis cassytha Mauritiana. Mém. du Muséum. 1. 17. 11 82 . REVUE Cette variété est encore mal connue quant aux détails de sa fructificat'on. On dit qu’elle est rampante, et qu’elle a ses rameaux ramassés et plus décidément articulés que dans les précédentes. Ce qu’elle offre de plus remarquable c’est de croître aux iles de France et de Bourbon : Commerson l’y a le premier observée, et en a rapporté des échantillons. M. Du Petit-Thouars paroit parler de notre plante lorsqu'il dit (Fragmm. bot.) que le Cactus parasiticus est commun dans ces îles. M. Bory m’en a commuriqué des échantillons re- cueillis par lui, et elle se trouve parmi celles de la Flora Mauritiana de M. Sieber, sous le nom de Cactus pendu- linus. Cette plante est-elle vraiment originaire de ces îles? et dans ce cas, elle seroït la seule espèce de Cactée qui croitroit hors de l'Amérique. Y a-elle été naturalisée? Est- elle une espèce distincte des plantes américaines que je viens de décrire? Ou constitue-t-elle une simple variété de l’une d’elles? Ce sont autant de questions à recommander aux voyageurs. CHAPITRE X. De la distribution des genres dans la famille, et des rap- ports de celle-ci avec les familles voisines. Si l'on considère les rapports réciproques des genres que nous venons d'exposer, on ne tardera pas à reconnoître, 1°. Que le Mamnullaria et le Melocactus sont liés par des caractères fort intimes, et ne peuvent en aucune manière être séparés; qu’en particulier leurs fruits lisses, leurs fleurs tu- buleuses naissant à l’aisselle des mamelons, l'absence de DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 83 feuilles ou leur remplacement par les mamelons, la petitesse ou la nullité des cotylédons, sont des caractères qui les séparent des autres Cactées. 2°. Que l’Opurtia et le Pereskia sont de mème liés entre eux par des caractères de premier ordre, savoir : la fleur en roue, l’ovaire comme enfermé dans un rameau dilaté et chargé de sépales foliacés, la présence de véritables feuilles, la graine munie de cotylédons foliacés, etc... 3, Que les genres Cereus et Echinocactus sont exacte- ment intermédiaires entre ces deux groupes, tenant au Me- locactus par l'absence des feuilles, la fleur tubuleuse, la tige ordinairement munie de côtes verticales, et au second per l'ovaire chargé de sépales, et par quelques espèces ar- ticulées. 4°. Que le Ripsatis forme un groupe isolé des trois autres, à fleur en roue comme l’Opuntia et le Peresktia, à fruit lisse comme le Mammullaria et le Melocactus, mais qu'il diffère de toute la famille, 1°. par sa tige vraiment cy- lindrique; 2°. par ses graines attachées au centre du fruit. J'ai tenté de représenter ces divers degrés d’aflinité par le tableau graphique,:pl. 7. La famille y est représentée sous la forme d’un cercle en- touré de quatre anneaux; chacun d’eux est divisé en deux bandes, et le caractère écrit dans la bande indique qu’il est commun aux genres situés au-dessous d'elle: les caractères les plus importans occupent les bandes extérieures, et les moins importans les intérieures. Le disque même du cercle est di- visé en deux grands compartimens qui comprennent, l’un les Cactées à graines pariétales, l’autre les Cactées à graines 8/4 REVUE centrales qui forment deux tribus bien distinctes, les Opun- tiacées et les Rhipsalidées. Les Opuntiacées sont elles-mêmes divisées en trois groupes, sous-divisés chacun en deux genres; chaque. genre est lui- même, s’il y a lieu, sous-divisé en sections. Le même tableau sert encore à indiquer les rapports de la famille des Cactées avec ses voisines les plus immédiates, les Portulacées, les Grossulariées et les Ficoïdes. La section des Rhipsalidées en particulier s'approche des Portulacées, à cause de ses graines attachées à l’axe du fruit et des houpes de soies qui naissent aux places qu’on doit con- sidérer comme les aisselles des feuilles. Cette section ne dif- fère mème des Portulacées que par son ovaire entièrement adhérent, par son fruit charnu, par l’absence de l’aibumen, et par son embryon droit à grosse radicule : sous ce dernier rapport les Opuntia, par leur embryon courbé, ressemblent mieux aux Portulacées, et les Rhipsalidées, par leur embryon droit à grosse radicule, mieux aux Grossulariées. La section des Opuntiacées s'approche particulièrement des Grossulariées, à raison de ses graines pariétales, et en particulier, les genres Opuntia et Pereskia ressemblent aux Groseilliers par leurs aiguillons axillaires et de la présence vé- ritables feuilles. Le tube du calice des Groseilliers est habi- tueilement lisse comme dans les genres Mammullaria et Me- locactus ; mais il arrive de temps en temps, surtout dans les variétés cultivées de la groseille à maquereau, que la baie porte cà et là quelques écailles foliacées qui semblent rap- peler les écailles des Cierges, des Opuntia et des Pereskia. La principale différence entre ces deux familles consiste, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 85 19 dans le nombre défini des pétales, des sépales et des éta- mines, qui sont chacun sur un seul rang dans les Grossula- riées et sur plusieurs dans les Cactées; 20 dans la baïe qui n’a que deux ou trois placentas pariétaux dans les Groseilliers, et un plus grand nombre dans les Cactées ; 3° dans les graines dont le spermoderme est pulpeux, presque gélatineux à l’ex- térieur dans les Groseilliers, sec dans les Cactées; 4° dans l’albumen qui existe à l’état corné dans les Groseilliers et manque dans les Cactées. La famille des Ficoïdes, et en particulier le genre Mesemn- bryanthemum , a aussi des rapports &vec les Cactées, à raison de l’ovaire adhérent, des pétales et des étamines en nombre indéfini. Mais la structure du fruit est très-différente dans ces deux familles. Si les mamelons du Mammullaria représen- tent les véritables feuilles, on pourroit les assimiler aux feuilles des Ficoïdes barbus, et rendre ainsi le rapport de ces deux familles un peu plus sensible. CHAPITRE XI. De la distribution géographique et topographique des Cactées. Toutes lés Cactées paroissent indigènes de l'Amérique. Cette loi n'offre que quatre exceptions probablement plus apparentes que réelles, savoir: les Opuntia vulgaris et amy- clæa qu'on trouve aujourd’hui sauvages sur les bords de la Méditerranée, le Rupsalis cassytha qu'on a observé aux iles de France et de Bourbon, et le Cereus flagelliformis qu'on dit sauvage en Arabie. Quant aux Opuntia, je sais 86 REVUE que quelques botanistes ont cra reconnoître en elles le vé- gétal dont Théophraste fait mention au chapitre x11 de son 1er livre; mais cette opinion, quoique adoptée sans hésitation par M. Sprengel ( Hist. re herb. 1, p.92), me paroiît bien problématique. « La racine du Figuier d'Inde, dit Théo- € phraste, & une force particulière ; elle sort en effet des « germes et se fiche en terre; il se fait ainsi autour de € l’arbre un concours de racines qui n'atteignent pas la « fige, mais s'en écartent peu : un végétal semblable à « celur-cr est peut-être plus merverlleux , puisqu'il pousse « des racines de ses feuilles est une petite herbe (rowpiov ) S qu’on dit croitre près d'Opuntium. » La première partie de ce passage semble indiquer assez bien le Ficus religiosa ; mais qu'est-ce que cette petite herbe dont les feuilles pous- sent des racines? Théophraste ne dit point l'avoir vue, et pour y reconnoitre notre Opuntia, il faudroit quelques autres données. Sibthorp, qui a parcouru la Grèce, n’y a pas même trouvé notre Opuntia; et tandis que dans les livres anté- rieurs à la découverte de l’Amérique, on ne trouve qu'un passage aussi obscur à appliquer à l'Opuntia , peu de temps après sa découverte, tous les auteurs en parlent de la manière la plus claire, et la plupart la mentionnent sous les noms de Nopal ou de T'una, qui sont l’un et l’autre d’origine améri- caine. Il me paroit donc de toute certitude que la plante à laquelle, sur un indice aussi léger que le passage de Théo- phrate, nos devanciers ont donné le nom d'Opuntia, pro- vient de l'Amérique, et s’est naturalisée dans le midi de l'Eu- rope, comme l'ont fait depuis l’Ægave americana, le Mays, le Phytolacea decandra, \Erigeron canadense, etc. Ce DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 87 que dis de l'O. vulgaris peut se dire de l'O. amnyclea à d'au- tant plus juste titre, qu’on ignore si ce n’est pas une simple variété de la précédente. Quant au RAipsalis des îles de France et au Cereus fla- gelliformis ‘d'Arabie, rien ne peut prouver s'ils y sont sau- vages ou naturalisés, et nous sommes obligé de les consi- gner comme des exceptions douteuses, et comme des points de recherche pour les voyageurs. Les parties de l'Amérique où l’on a trouvé le plus grand nombre des Cactées sont les Antilles, le Mexique, l'isthme de Panama, la Colombie, le Pérou et le Brésil. Il est quelques espèces qui s'étendent dans le sud des Etats-Unis jusques au trente-deux ou trente-troisième degré de latitude nord, et quelques autres vivent dans le Chili, à peu près à la mème distance de l'équateur. En Europe, le point le plus septentrional où l'Opuntra se soit naturalisé est le rocher qui domine la ville de Final, à quarante-quatre de- grés de latitude. Les Cactées, comme le plus grand nombre des plantes grasses, croissent dans les lieux secs, bien exposés au soleil, et sur les rochers : aussi dans la partie équinoxiale de l’Amé- rique, qui est leur véritable patrie, on les trouve dans les parties sèches et rocailleuses, et ils manquent presque com- plétement dans les grandes plaines humides du continent de l'Amérique méridionale. Il est à remarquer que plus on obtient de renseignemens détaillés sur leur patrie, plus il paroit que chaque espèce est propre à certaines régions américaines. Si l’on fait abstrac- tion, 1° des espèces transportées par la main de l’homme 83 REVUE pour l’ornement de ses jardins ou la culture de la cochenille, 20 de celles dont la patrie est indiquée d’une manière vague dans les livres, on trouve qu’il y a peu et peut-être point d’espèces vraiment communes à divers pays, et que tout au moins les Antilles, le Mexique, le Pérou et le Brésil, ont chacun des espèces de Cactées qui leur sont propres. Voici le tableau de la distribution géographique des cent vingt-sept espèces de Cactées connues, en suivant l'Amérique du nord au sud. 1°. GEORGIE, LOUISIANE, et autres parties méridionales des Etats-Unis, 4. Marminillaria simplex, s'il est Mammillaria vivipara. bien réellement identiqueavec Opuntia fragilis. celui des Antilles. ——— IMIssOuriensis. = 2°. Etats-Unis mexicains et peut-être ceux de la république centrale de Guatimala, 26. Mammillaria coronaria. Echinocactus recurvus. MASTNÈMAIMNIME. Cereus reductus. ————— geminispina. — senilis. ———— lanifera. ——— speciosissimus. ————— helicteres. ——— phyllanthoides. ——— nuda ?. ——— oxypetalus. Echinocactus cornigerus. ———triangularis,quiestaussi ———— crispalus. des Antilles. ——————— obvallatus. Opuntia (1) rosea. —————— melocactoides. cochenillifera. (1) Thiéry de Menonville dit avoir vu trente espèces d’Opuntia au Mexique, et DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 89 Opuntia Hernandez. Pereskia zinniæflora. — lichnidiflora. ———— opuntiæflora. 2 _Mammillaria simplex. — _ glomerata. ? Melocactus spectabilis. Cereus gibbosus. P—— hustrix. intortus. monoclonos. ——— Haworthit. ——— yndulosus. ——— paniculatus. ——— phyllanthus, qu'on dit aussi du Brésil et de Surinam. ——— alatus. ——— iriangularis. _———t#rigonus. reptans. Cereus Peruvianus. — lætus. —-—— pita]jaya. Humboldtii. iCOSAgOnus. Pereskia rotundifolia. Rhipsalis cassytha Hookeriana. a _—— Mocint ana. 3°. ANTILLES, 31. ?—— grandiflorus. ——— repandus. ——— Royer. lanuginosus. ——— subrepandus. ——— polygonus. ——— fimbriatus. ——— divaricatus. ——— momiliformis. Opuntia curassavica. ——— spinosissima. Pereskia aculeata. ————- poriulacifolia. Rhipsalis cassytha Swartziana. ———— /asciculata. - parasitica. 4°. Coromsre et Pérou, 16. Cereus sepium. ——— caripensis. ——— lanatus. — chlorocarpus. seTpens. peut-être devrois-je rapporter ici toutes ou presque toutes celles citées sans dési- gnation dans l'Amérique équinoxiale. Mém. du Muséum. 1. 17. 12 90 REVUE Cereus nanus. Pereskia horrida. Opuntia cy lindrica. Rhipsalis cassytha dichotonta. tuna. ———— jnicrantha. Pereskia Bleo. 5°. Brésiz, 5 (1). Cereus Jamacaru. Cereus tenuis. ——— phyllanthus (aussi des Opuntia brasiliensis. Antilles ). Pereskia grandifolia. 6°. Guru, 2 (2). Cereus eburneus. sue Cereus Chiloensis. 7°. AMÉRIQUE EQUINOXIALE, sans désignation de pays, 53. Mammillaria flavescens.… Cereus niger. — —————— discolor. ——— pentagonus. ———— prolifera. ——— telragonus. | —————— stellata. — obtusus. ———— PAT VINANIMAe ——— truncatuse Melocactus macrocanthus. — triqueter. pYramidalis. —. ———/lagelliformis, qu’on dit - bradypus. aussi dans les déserts — Langsdorfi. d'Arabie. ———-——— placentiformis. _ serpentinus. Cereus heptagonus. ——— anbiguus. ——— hexagonus. — griseus. ——— sirictus. jt ——— fulvispinosus. ART (1) Le nombre des espèces du Brésil est beaucoup plus considérable d’après une note inédite que M. Martius m’a communiquée, mais elles n’out pas encore été décrites. (1) On m’apprend qu'il existe actuellement, dans les jardins d’ SE TERTES RU sieurs autres espèces du Chili non encore décrites. j DE LA FAMILLE Cereus regalis. ——— euphorbioides. flavispinus. —-— albispinus. ——— multangularis. Opuntia imbricata. scopa. pusilla. ZTLETTNISe vulgaris, aussi natura- lisé dans le midi de l’Europe. lanceolata. Maxima: tuberculata. decumana. amy clea , supposé d’A- Li DES CACTÉES. 91 mérique et naturalisé au sud de Ptalie. Cereus ficus Indica. tomentosa. nigricans:. humilis. polyantha. elongata. monacantha. diacantha. Dillenir. elatior. Jerox. Rhipsalis salicornioides. ——— funalis. ——— mesembryanthemoides. Cette dernière liste des espèces, dont la patrie exacte est inconnue, doit être présente à l'esprit des collecteurs et des voyageurs pour tâcher de lever ces sujets de doute. Presque toutes ces espèces ont été décrites dans les jardins d'Europe, et plusieurs sont peut-être de simples variétés dues à la cul- ture. ou à l’hybridité. Quant à celles qui sont de véritables espèces, on ne peut trop déplorer l'espèce de négligence avec laquelle les patries des plantes sont enregistrées dans la plupart des jardins. J’ai lieu d’espérer que les nombreux voyageurs botanistes qui ont parcouru dans ces derniers temps et parcourront encore le Brésil, le Mexique et le Chili, leveront ces sujets de doutes par des observations précises. Il résulte des tableaux ci-dessus, que sur cent vingt- g2 REVUE sept espèces de Cactées connues, il n’y en a que soixante- dix-sept dont la patrie le soit avec quelque précision, et que” sur ce nombre on en trouve soixante-neuf au nord de la ligne équatoriale et quatorze au sud. La différence de la somme de ces deux chiffres en sus de soixante-dix-sept, tient à quel- ques espèces répétées dans deux pays et aux variétés du Rhupsalis cassytha, qui ont été comptées comme des espèces, parce qu’elles ont des patries différentes. Au reste je ne terminerai point cette partie de méthode et de classification de ma dissertation sans témoigner ma recon- noissance aux naturalistes qui ont bien voulu y coopérer par des communications bienveillantes, et particulièrement à S. A. le prince de Salm-Dyck, qui possède la plus riche collec- tion de plantes grasses vivantes, et qui a bien voulu me com- muniquer les observations que son expérience lui avoit suggé- rées sur le diagnostic et l’ordre des espèces de chaque genre. CHAPITRE XIL Observations sur la végétation et la culture des Cactées et des autres plantes grasses. Pour exposer rationnellement la culture des Cactées, il convient de se faire une idée exacte de leur mode de végé- tation; et comme cette végétation ne diffère pas beaucoup de celle des autres plantes grasses, nous exposerons ici ce qui est commun à toute cette classe physiologique de végétaux. On sait qu’on appelle en général plantes grasses celles dont les feuilles ou les branches offrent un parenchyme plus épais qu’à l'ordinaire. Cette circonstance n’est pas essentiellement DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 9 liée avec le reste de l’organisation; de telle sorte qu’on peut trouver des plantes plus ou moins grasses ou charnues dans tous les systèmes donnés de structure, et il en existe en effet dans un grand nombre de familles: quelques unes offrent toutes les espèces plus ou moins grasses, telles sont celles des Portulacées, des Fouquiéracées, des Crassulacées, des Fi- coïdes et des Cactées; ailleurs on trouve seulement certains genres dont toutes les espèces se présentent à l’état de plantes grasses, tels sont les genres Szapelia, Aloe (en prenant ce mot dans le sens Linnéen), Ægape, Bulbine, Basolla, etc. Quelquefois une seule section d’un génre se compose d'espèces charnues et les autres sont foliacées; c’est ce qu’on observe parmi les Arenaria, les Piper, les Cacala, les Euphor- bia, ete. Enfin il n’est pas impossible de rencontrer des es- pèces grasses, isolées pour ainsi dire, dans des familes ou des genres à feuilles membraneuses, comme, par exemple, dans les Cyranchum, les Ceropegia , les Saxifraga, les Othon- na, les Begoria, etc. Il résulte de cette observation triviale que les limites entre les plantes grasses et foliacées sont diffi- ciles à établir, et il devient assez curieux de rechercher sil n’y a point, indépendamment de l’épaisseur des feuilles, quelqu’autre caractère anatomique qui puisse être considéré comme la base de cette distinction populaire et commode, plutôt qu’exacte et raisonnée. Ce caractère me paroïit facile à déduire du nombre pro- portionel des stomates ou pores corticaux qui se trouvent sur Ja surface des feuilles, ou des organes corticaux destinés à remplacer les feuilles. J'ai déja fait remarquer ce fait soit dans mou Mémoire sur les pores corticaux (imprimé parmi ceux 94 4 REVUE des Sapans Etrangers de l’Institut, vol. 1 ;et par Extrait dans le Bull. de la Sociéte Philomatique, ann. 18or ), soit dans mon Orsanographie végétale (vol. 1,p. 73), mais je le présenterai ici avec plus de détail. Pour donner une idée de cette différence numérique, je citerai quelques exemples pris dans les plantes vasculaires qui offrent le plus ou le moins de stomates sur une surface donnée. Je ne mentionnerai aucune plante cellulaire, puis- qu’elles n’ont jamais de stomates, et suivent, quant à leur végétation, des lois fort différentes des autres. Je me suis servi jadis pour ces comparaisons d’un microscope dont le verre, n°. 1, embrassoit un espace que j'ai estimé à peu près égal à deux millimètres carrés, et s’il s’étoit glissé quelque approximation un peu trop vague dans cette estimation, elle n’auroit aucune importance sous le rapport actuel, puisqu'il ne s’agit que de comparaisons faites avec le même appareil. Voici une note des espèces dont les feuilles m’ont présenté le plus grand nombre de stomates dans l’espace approximatif de deux millimètres. Je note, pour abreger, par une * les espèces chez lesquelles je me suis assuré que la surface supé- rieure des feuilles est dépourvue de stomates. Celastrus buxifolius, surf. sup............... 60 *Camelliajaponica, SUEÉ. 1nf..: :.- 90 : Nymphæa lutea, SUBÉ SUD ec HAE Le 40 Idem , SUD VIN Se a à à 0 ea ee ee (a) * | Eugenia uniflora, Surf nf... ...0 en... 100 et plus. Hledéera kel) surf inf MEANS ee RER 50 Lilium candidum , surf. inf.......:..,....... 4o Amaryllis reginæ, surf. inf. et sup............. 4o DE LA FAMILLE DES CACTÉES. * Saxifraga umbrosa, surf. inf.........,..... 35-40 Cydonraeulsarts Sur. nt... 40 35 Æsculus hippocastanum , surf. inf............ 30 Hydrocotyle vulgaris, surf. inf............... 26 Idem , surf. inf,..... RE a en 12 Mathiola incana, surf. inf...... ...,........ 25 * Quercus robur, surf. inf......... MAR à 70-80 % Pæonra lobata surf Ant, ere 25-30 Brassica oleracea, surf. inf. et sup............ 20-25 Iris germanica, les deux surf........ ........ 35 Astragalus asper, surf. inf. ........,.:.. .... 30-40 Astragalus falcatus, surf. inf.......... ..... 25-35 MCofleauarabica, suri: ant... 1... 35 * Galium glaucum, surf. inf.......... Sue : 30 Thymus serpyllum, surf. inf................. 40-50 Plantago lanceolata, surf. inf..... PA PERS DER 25-30 Idern , SUE SUD. CL 20-25 Tragopogon pratense, surf. inf................ 40 Idem, SUrF. SUD. Re RE EE Citrus aurantium, surf. inf.........6, 0.1: 1185-00 * Ranunculus acris, surf. inf........ see niat aie DO AD Michauxia campanuloides, surf. inf........ .. 35-40 Idem, SUEL- SUP tee cite bee 10-20 Mimosa sensitiva, surf. sup...... MERE 45-50 * Dioscorea sativa, surf. inf...... 1e ARE 40 * Cucurbita melopepo, surf. inf..........,.... 70-80 Chrysophyllum cainito, surf. inf........ ee 40-50 * Cerasus mahaleb, surf. inf..... RE MO ne 40 Arislotelia maqui, surf. inf........,... ..... 20-25 Crotalaria arborescens, surf. inf. et sup........ 40 96 REVUE Chez les plantes grasses nous trouvons au contraire les nombres suivans. Opuntialenlsaris ; feuillet... 242 18 Idem , jeuneifise RER ARE 22 Idem , calicelext. lt; such A EO Er 5 Sempervivoum arboreum, sup. inf. et sup....... 18-22 Nolana prostrata, surf. sup. et inf............ 19 Aloe arborescens, surf. inf. et sup...........:. 10 En IDICIGS SUTL. NÉ- ELISA ele trirlelehialare Blelole 5 Lave americanas idee MMNNMENRNENER ETIENNE Crassula cordata, surf. inf............ PORTER 18 Mesembryanthemum veruculatum , feuille...... 8-10 —_ —————— aureum, feuille. ......... 15 Crassula spathulata, surf. inf................ 15-18 Idem , SUD EEE CCPEGE 5-6 Sedum altissimum, feuille............ sl see. (COSTA Mesembr. linguiforme, feuille..... ......... 1e 10 Mesembr. splendens, idem................. Ni: 10 Cacalia Kleinia, surf. sup. etinf........... 2 14 3 laciniata, surf. inf.......... SHARE 20 Stapelia sp. inc., LÉ AOUIOENG COS ANC ARLES RES LIU 23 Aloe arachnoidea, surf. sup. et inf............ 7-10 Ce fait que les plantes grasses sont en général celles qui ont le moins de stomates, concourt avec un autre qui est bien plus prononcé, savoir: que les fruits charnus n’ont point de stomates, tandis qu’on en trouve en nombre variable et quelquefois très-grand sur les péricarpes foliacés. Comme les stomates paroissent être les organes de la transpiration aqueuse des végétaux vasculaires, il est assez naturel de pen- ser que la diminution du nombre de ces organes évaporatoires diminue la transpiration, et que c’est à cette circonstance DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 97 que les fruits charnus, les feuilles grasses et les jeunes pousses doivent leur état d'épaisseur et, pour ainsi dire, d’embon- point. Ce sont des végétaux ou des organes qui conservent plus long-temps que les autres l’eau qu’ils ont absorbée. L'examen des stomates de plusieurs plantes grasses pré- sente une circonstance curieuse. Quelques espèces de coty- lédon et de Crassula, telles que Crassula portulacea, etc. , offrent sur la surface de leurs feuilles des taches arrondies très-remarquables à la vue simple. La cuticule de ces taches, vue au microscope, offre un amas de stomates, tandis que le reste de la surface n’en offre que quelques unes éparses. Si on examine l'intérieur de la feuille, on voit qu’une fibre aboutit directement à chacune de ces taches : on peut con- clure de là qu'il existe une relation entre les stomates et la terminaison des fibres et fibrilles des feuilles, et que ces or- ganes évaporatoires sont peut-être la terminaison des vais- seaux ou des méats intercellulaires des fibres. Cette relation entre les stomates et les fibres est encore confirmée par cette considération, que les feuilles qui ont beaucoup de fibres offrent beaucoup de stomates, et que _célles qui, comme les feuilles charnues, ont beaucoup de parenchyme et peu de fibres, ont aussi peu de stomates. Les poils naissent sur les nervures et sur toutes les rami- fications, ou, en d’autres termes, sur le cours longitudinal des fibres. Les plantes grasses, ayant peu de fibres, doivent avoir très-peu de poils; la plupart, en effet, sont tout-à-fait glabres, ou lorsqu'elles ont quelques poils, ce sont plutôt des soies ou des eils qu'un véritable duvet. Je crois avoir prouvé dans mon Organographie (vol. 1, p. 107-110) que les poils, dits lym- Mém. du Muséum. 1. 17. 13 98 REVUE phatiques, sont dus aux organes qui protégent la surface des feuilles contre l’ardeur directe du soleil, et modèrent ainsi l'excès de lévaporation. Ces organes étoient donc inutiles dans des végétaux qui sont déjà naturellement munis d’un petit nombre d’organes évaporatoires, et leur présence en trop grand nombre auroit pu, en diminuant outre mesure l’évaporation, favoriser l’état de pléthore hydropique, qui est le caractère particulier des plantes grasses. Celles-ci ont pour la plupart recu une protection particu- lière contre l’action de l'humidité extérieure, qui tend si facile- ment à corrompre leur tissu, c’est qu’elles secrètent de la pous- sière glauque par toutes leurs surfaces foliacées : on sait que cette poussière, de nature cireuse, est une espèce d’enduit im- perméable à l’eau, et qui empêche celle-ci d’adhérer à la surface des feuilles ou des jeunes écorces. Mais on ignore encore le mode de sécrétion de cette poussière. J’ai observé que si l’on brosse légèrement une feuille de plantes grasses, couverte de poussière glauque, celle-ci ne se reproduit point ou presque point. Ce n’est donc que dans le jeune âge de la feuille que le glauque tend à se former. Cette circonstance seroit favorable à l’opinion de ceux qui pensent que le glauque est produit par les stomates, car ceux-ci, dans la jeunesse de l’organe, étant très-rapprochés, pourroient transsuder cette matière cireuse qui, dans un âge plus avancé, sembleroit uniformément répar- tie. Mais on peut citer contre cette opinion, 1°. que le glauque existe quelquefois sur les nervures qui n’ont pas de stomates; 20, que dans celles des plantes grasses où les stomates sont ag- glomérées en de certains points, le glauque n’en est pas moins uniformément répandu; 30. que dans les fruits charnus, tels d DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 99 que les prunes, qui sont dépourvus de stomates, le glauque ne s’en forme pas moins à la surface. I faut cependant avouer que le glauque des prunes diffère de celui des feuilles grasses en ceci, que lorsqu'on l’enlève il se reproduit. Malgré cette différence spéciale entre les fruits et les feuilles couvertes de pousssière glauque, je suis porté à croire à leur identité d’origine, à cause de leur identité de nature et d'usage, et je pense par conséquent que le glauque n’est pas sécrété par les stomates, mais par la superficie entière de la cuticule. La foiblesse de la transpiration des plantes grasses se lie naturellement avec une autre circonstance de leur manière de vivre, savoir : la lenteur et la foiblesse de leur absorp- tion. Si l’on coupe une branche de Cactus ou de toute autre plante grasse ligneuse, et qu'on la mette dans l’eau compara- tivement avec une tige ordinaire de la même grosseur, la dis- proportion d'absorption est immense; mais il faut remarquer que dans une tige de Cactus l'écorce occupe proportionnel lement un espace beaucoup plus grand : or comme l’absorp- tion ne s'opère que par le corps ligneux, il doit y avoir par par ce seul fait une absorption bien plus foible dans le Cac- tus. Si on fait l’expérience, en choisissant pour terme de comparaison une tige dont le corps ligneux soit égal à celui du Cactus, on obtient une appréciation plus exacte de l’ac- tion vitale de celui-ci, et même alors on observe que les plantes grasses absorbent moins d’eau que les autres dans un temps donné, En leur faisant pomper de l’eau colorée, j'ai vu qu'il étoit rare qu’elle s’élevât, dans les tiges ligneuses, à plus de deux centimètres en trois jours, tandis que dans les 100 x REVUE plantes ordinaires elle s'élève beaucoup plus haut dans le même temps. | Les plantes grasses, considérées sous ce rapport, présen- tent d’assez grandes différences, selon que les cellules de leurs parties foliacées sont dans un état de plénitude ou de vacuité; dans le second cas elles pompent plus vivement que dans le premier : c’est sur ce fait qu’est basée la pratique des jardiniers de les arroser rarement et abondamment. En effet, quand on les arrose souvent, quoique modérément, comme elles pompent peu d'humidité, elles en laissent séjourner au- tour de leur collet, ce qui tend à les pourrir; tandis qu’en attendant qu’elles soient légèrement fanées, elles pompent plus rapidement l’eau qu’on leur présente, et ne craignent pas la pourriture. Il résulte encore des considérations précédentes et de la manière de vivre des plantes grasses à l'état de nature qu’elles ont en général besoin d’être exposées le plus possible à une grande clarté et à l’ardeur directe du soleil. On excite par là leur transpiration; l’accroissement de celle-ci rend leur succion plus vive, et ces deux opérations donnent en général plus d'activité à leur végétation : il est superflu d’ajouter qu'on doit les arroser d'autant plus souvent qu'elles sont plus exposées aux rayons directs du soleil. Cette infiuence fâcheuse de l'humidité stagnante autour de ces plantes si faciles à pourrir, explique sans peine pourquoi il faut en général les tenir dans une atmosphère sèche, et éviter de les mélanger dans les mêmes serres avec des plantes qui évaporent beaucoup ou qui ont besoin d’arrosemens fré- DE LA FAMILLE DÉS CACTÉES. IOI quens. Cette loi, très-générale, présente cependant quelques exceptions. Il est certaines plantes grasses, et ce sont surtout les es- pèces annuelles, qui souffrent difficilement la sécheresse, et ont besoin de beaucoup d'humidité. Quelques unes d’entre elles offrent, quoique charnues et pulpeuses, un nombre de stomates aussi grand que les plantes foliacées : telles sont les Tetragoria expansa et echinata, le Sempervwum dicho- tomumn, qui ont jusqu’à cinquante stomates environ sur deux millimètres carrés. Ces plantes doivent être beaucoup plus souvent arrosées que celles à tige ligneuse. Il est de plus quelques plantes grasses monocotylédones qui, par la consistance particulière et probablement sili- ceuse de leur cuticule, peuvent supporter le contact de l’eau à un point extraordinaire; ainsi feu M. Jean Thouin a con- servé souvent des Aloès complétement immergés dans l’eau pendant plusieurs mois. J’ai eu occasion de voir un fait ana- logue sur une autre plante monocotylédone. Pendant que je dirigeois le jardin de Montpellier, un vase d'Æmomum zingiber tomba, en automne, dans l’un des bassins, où il fut oublié; il y passa l'hiver; l’eau du bassin gela à la surface; et au printemps nous fümes très-étonnés de retirer du fond de l’eau ce vase où les tiges du Gingembre avoient commencé à pousser comme à l'ordinaire. Les plantes grasses dicotylé- dones craignent beaucoup plus l'humidité extérieure que les -monocotylédones. La chaleur m'a toujours paru beaucoup moins importante que la lumière et l'absence de l'humidité extérieure pour la santé des plantes grasses : il suflit en général de les préserver 102 REVUE de la gelée, et dans les climats secs on peutconserver en pleine terre la plupart des Cactus et des Mesembryanthemum : ainsi M. Danizy est parvenu, sous le climat de Montpellier, à leur faire passer plusieurs hivers avec le simple abri d’une toile de serpillière qui les abritoit contre le froid sans empé- cher l’évaporation. Ce procédé est préférable à Fempaillage qui entretient trop d’obseurité et d'humidité autour des jeunes pousses. Mais chacun sait que de pareïlles précautions sont insuflisantes pour des climats plus septentrionaux où toutes les plantes grasses du Cap ou de l'Amérique ont be- soin d’être rentrées dans l’orangerie ou dans la serre. Il y a long-temps qu'on a observé que la plupart des plantes grasses peuvent vivre très-long-temps détachées de leur racine, et privées par conséquent de tout moyen de ürer leur nourriture du sol. C’est ainsi que des rosettes de Joubarbe croissent et fleurissent quelquefois détachées des racines, et que les paysans du Jura suspendent dans leurs chambres des branches de Sedum telephium qui fleurissent quelquefois dans cette position singulière. De ces faits et de la rareté des arrosemens que les plantes grasses réclament, on avoit conclu qu’elles tiroient de l'air une grande partie de leur nourriture. Déjà cependant à la fin du siècle dernier M. Gough avoit présenté des expériences (voyez B:bl. Britann., n°. 88, et Nicholson Journal, avril 1799) qui tendoient à infirmer ce résultat : il a montré que diverses plantes suspendues en l'air y perdent habituellement de leur poids, mais qu’elles en récupèrent une partie lorsqu'on les immerge dans l’eau; je me suis aussi assuré par expérience que les plantes grasses, DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 103 suspendues en l'air à l’abri de la pluie, perdent toujours une quantité notable de leur poids : ainsi en un mois d’été, j'ai vu les déperditions suivantes: à Sempervivum arachnoideum, de 21 grains, réduit à 13. Sempervivum arboreum , de 662 grains, réduit à 480. Cacalia ficoides n°. 1, de 5oo grains, réduit à 366. Cacalia ficoides n°. 2, de 459 grains, réduit à 270. Aloe margaritifera, de 4o1 grains, réduit à 329. Maïs toutes ces plantes, et plusieurs autres analogues sur lesqueiles j'ai fait l’expérience, repompoient assez prompte- ment une partie notable de leur poids, soit lorsqu’on les plon- geoit dans l’eau, soit surtout lorsqu'elles avoïent poussé quel- ques racines en l'air, et qu'on plaçoit celles-ci dans l’eau. Dans ce dernier cas l’absorption étoit à proportion très- considérable. Les quantités absolues étoient trop variables, selon l’état des individus, pour qu'il vaille la peine d’en con- server les nombres. Les plantes grasses tendent donc, comme toutes les plantes vasculaires, à se nourrir par l'absorption des racines, mais elles en différent, -10. par la lenteur et la foiblesse de leur transpiration, qui fait qu’elles perdent moins dans un temps donné; et 20. parce que leur parenchyme, très-développé et gonflé de sucs, est pour elles une espèce de réservoir de nourriture qui se vide lentement, et soutient ainsi la vie de l'individu pendant qu’il ne reçoit pas de nouveaux alimens. Ce fait rappelle dans le Règne végétal la manière dont les animaux dormeurs et ceux où le tissu cellulaire est gonflé - de graisse peuvent vivre long-temps sans manger, en réab- sorbant leur propre graisse. 10/4 REVUE On possède déjà une foule d'exemples qui constatent la faculté des plantes grasses de vivre long-temps détachées de la terre et sans prendre d’alimens. M. Th. de Saussure en particulier a conservé une branche d'Opuntia vivante pen- dant plusieurs mois. J’ai déjà fait connoitre ( A/em. soc. Ge- nep., vol. 2) un fait qui semble être l’un des plus remar- quables que l’on ait recueilli sur la conservation de la vie dans les parties détachées des végétaux qui ne sont ni des graines, ni des tubereules; celui d’un Sernpervipum cœspti- tosum, recueilli à Ténériffe par M. Christian Smith, con- servé dix-huit mois comme plante sèche dans l’herbier, et qui, planté au bout de ce terme, a recommencé à végéter, et aété la souche de ceux que je cultive au jardin de Genève. Les plantes grasses vivaces sont donc éminemment suscep- tibles d’être multipliées de boutures, mais elles présentent sous ce rapport une particularité qui leur est propre, c’est de reprendre plus sürement lorsqu'ôn ne les plante pas im- médiatement après les avoir coupées; les jardiniers ont l’ha- bitude , surtout pour les Cactus, d'exposer les branches pen- daut quelque temps au grand soleil avant de les planter. Cette méthode est utile sous plusieurs rapports: 1°. la tranche de la coupe se dessèche un peu, et il en résulte que le tissu cellulaire cortical est moins susceptible de pourrir. 20. Cette partie desséchée de l'écorce forme comme une espèce de bourrelet qui arrête les sucs descendans et favorise le dé- veloppement des racines. 30. La branche entière ayant perdu une partie notable de son humidité par l'évaporation est disposée à pomper l’eau avec plus d'activité, et à reprendre ainsi plus vivement ses fonctions végétatives. DE LA FAMILLE DES CAGTÉES. 105 Outre les tiges et les branches, toutes les parties de cer- taines plantes grasses sont susceptibles de reprendre d> bou- ture avec facilité : ainsi les organes qu'on appelle ovaires dans les Opuntie ;-et desquels j'ai cherché plus haut à appré- cier la vraie nature, peuvent reprendre de boutures; les feuilles du Rochea falcata,mises en terre par leur base après avoir été exposées à l'air pour que la base soit à demi-dessé- chée, poussent des bords de leur face supérieure plusieurs jeunes plantes : ce qui donne un moyen assez lent, mais assez abondant pour multiplier cette belle Crassulacée. Les singu- guliers phénomènes que présentent les feuilles du Bryophyt- lurn sont trop connus pour les mentionner ici de nouveau (voyez Organographie vég., vol. 1, p. 277 et 353, pl. 22, fig. 1 et 2). Parmi les conséquences pratiques qui résultent de la facilité avec laquelle ces Cactées reprennent de bouture, il en est une qui mérite d’être mentionnée à cause de son im- portance, c’est la manière dont on se sert de lOpuntia pour fertiliser les vieilles laves du pied de P£fna. Dès qu’on y aperçoit une fissure, on y place un rameau ou ar- ticle d'Opuntia; celui-ci y pousse des racines qui se nour- rissent de l’eau que la pluie a pu y déposer, ou de la poussière et des débris organiques qui ont pu y former un peu de ter- reau ; ces racines une fois développées s'introduisent dans les moindres petites fentes qu’elles rencontrent, les dilatent et finissent par diviser la lave en menus fragmens, Ces Opuntia produisent beaucoup de fruits qui se vendent comme nourri- ture rafraichissante dans toutes les villes de Sicile. J'ai dit plus haut que les plantes grasses, détachées de leur Mém. du Muséum. 1. 17. 14 106 REVUE üge et suspendues, peuvent quelquefois se développer au point de fleurir comme à l'ordinaire; maïs dans ce cas même elles n’augmentent pas de poids; elles tendent au contraire à diminuer, et il arrive seulement que la nourriture déposée dans certaines parties de la plante est déplacée par la succion qu'exercent d’autres parties. Ce transport des maüères nutri- tves d’un point à l’autre des végétaux est un phénomène d’une haute importance, et sans lequel toute la théorie de leur nutrition seroit inintelligible. La lymphe monte dans les parties foliacées; elle y est élaborée et redescend surtout dans les parties corticales; là la nourriture se dépose cà et là dans certaines parties éminemment celluleuses, et s'y fixe sous les divers états de mucilage, fécule, etc. Lorsque de nouvelle lymphe, attirée par l’activité spéciale d’un organe vivant, traverse ces dépôts, elle dissout et délaie ces matières, et les entraine avec elles; alors les parties semblent être nourries par la sève ascendante, et le sont en effet sous un rapport déterminé. Dans les plantes ordinaires, où tous les dépôts de nourriture se font le plus souvent sous une forme presque-sèche, il faut que de nouvelle eau introduite dans le végétal vienne délayer les matières nutritives préalable- ment déposées. C’est ainsi que la plupart des bulbes et des tubercules développent de nouvelles pousses sans interven- tion de feuilles actuellement existantes, et le font seulement au moyen de l’eau pompée par les racines ; cette eau s'empare de la nourriture préparée, et la porte au lieu où elle est elle- même appelée par l’excitation vitale. Mais dans les plantes grasses l’eau renfermée en grande abondance dans le tissu cellulaire suflit pour opérer ce résultat ; appelée vers les fleurs DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 107 ou les jeunes pousses qui se développent, elle entraîne avec elle les dépôts d’alimens qu’elle contient ou qu’elle rencontre. J'espère, dans une autre occasion plus opportune, déve- lopper les conséquences de ces dépôts de nourriture prépa- rée dans les végétaux. Je n’ai voulu, dans cet exposé rapide de la végétation des plantes grasses, que donner un exemple de la manière dont on peut, ce me semble, dans plusieurs cas, de la connoissance organographique des plantes, déduire celle de leur végétation et de leur culture. POSTCRIPTUM (r). Au moment où le Mémoire précédent étoit presque achevé d'imprimer, j'ai reçu de M. le docteur Coulter, établi au Mexique, un envoi de Cactées vivantes qu’il avoit bien voulu m'adresser, sachant que je m'occupois de cette famille. Cet envoi consiste en cinquante-sept espèces de Cactées mexi- : caines qui sont presque toutes arrivées dans un état parfait de conservation, et sur lesquelles je crois avoir reconnu qua- rante-sept espèces qui ne font pas partie de celles dont j'ai consigné les caractères dans le Prodromus. Ne pouvant don- ner ici une description complète de toutes ces plantes, je me bornerai à joindre à ce Mémoire l’énumération des espèces nouvelles, faite dans le style et la forme adoptés pour le Prodromus. Il seroit bien possible que quelques unes d’entre elles, arrivées dans d’autres jardins, y eussent déjà recu des (1) Présenté à la Société Helvétique des Sciences Naturelles, séante à Lausanne le 22 juillet 1828. 105 REVUE noms, mais il est impossible de connoître ces nomenclatures, qu’on doit considérer comme provisoirestant qu’elles ne sont pas appuyées sur une description imprimée. Je noterai ce- pendant le peu d’indications que j'ai pu recueillir à ce sujet. Avant d'entrer dans le détail des espèces, je dois faire remarquer l'importance de l’envoi de M. Coulter; il forme une addition à la famille des Cactées égale à peu près à la moitié du nombre de celles qui étoient bien connues. Un pa- reil accroissement auroit pu modifier les caractères génériques admis, et au contraire toutes ces espèces sont rentrées dans les genres avec facilité, soit quant à leur port, soit quant aux caractères de celles que j'ai déjà vues en fleurs ou en fruit. L'une d'elles (Æchinocactus cornigerus. DC. Prod.) est arrivée chargée de fruits mürs; j’ai semé sa graine immédia- tement, et sa germination m'a fourni un nouveau type dis- tinct de celles que j’avois observées soit dans le Welocactus, soit dans l'Opuntia. La jeune tige est un corps cylindracé ou presque globuleux (car les mèmes graines ont présenté ces deux formes dans des serres différentes); au sommet de cette tige se trouvent deux petits cotylédons épais, courts, pointus, peu apparens. Ainsi le genre Æchinocactus est par la germi- nation seule déjà bien distinct du Wz2locactus, dans lequel les cotylédons sont très-près du collet, et où la partie renflée ‘de la tige est située au-dessus d’eux. Il est vraisemblable que la germination du Cereus se rapprochera de celle de l'£ZcAz- nocactus ; mais quoique ce genre soit le plus nombreux dans les jardins, sa germination est encore inconnue. L'envoi de M. Coulter modifie beaucoup les rapports nu- mériques établis plus haut quant à la distribution géogra- DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 109 phique des Cactées : il prouve évidemment que les genres Marmmillaria et Echinocactus sont presque entièrement composés d'espèces mexicaines. On retrouve aussi dans cette partie de l'Amérique un assez grand nombre de Cereus et d'Opuntia, et en particulier la section des Opuntia à tige cylindrique, qui étoit composée d’un petit nombre d’espèces déjà toutes mexicaines, a recu de grands développemens par les découvertes de M. Coulter. Quelques Pereskia paroïssent avoir fait partie de l’envoi; mais moins charnus ou plus dé- licats que les autres, ils n’ont pu résister au voyage, et je n’en juge que par leurs débris. Les Melocactus et les Cas- sytha doivent être très-rares, ou manquer dans la partie cen- trale du Mexique, puisque une aussi riche collection n’en présentoit aucune espèce. M. Coulter n’avoit joint aucun nom à ses plantes, et les avoit simplement désignées par des numéros. J’ai dû, pour les faire connoître, créer la nomenclature suivante que je présente ici, afin de faire prendre date aux découvertes de mon savant ami, et dans l'espérance qu’à son retour il com- plétera ce que je ne puis qu'ébaucher ici. Cette énumération pourra, en attendant, servir de complément soit au Mémoire précédent, soit à l’article correspondant du Prodromus (vo- lume ur, p. 457—476). MAMMILLARIA. M. sconcara, basi sæpius multiplex, cylindracea , elongata, subra- mosa, axillis latis nudis, mammis brevissimis basi latis, apice obtu- sis, areolà juniorum subtomentosà, aculeis setiformibus 16-18 110 REVUE radiantibus flavidis mammä multo longioribus, centralibus nullis. p in Mexico. Coulter, n° 33 (1). M. scHnarrA, basi sæpius multiplex, cylindracea , elongata, axillis latis nudis, mammis nudis basi latis brevissimis apice obtusis, areolà juniorum subtomentosä, aculeis setiformibus 16-18 radian- tibus patulo-recurvis flavidis mammä multd longioribus, centrali- bus 2 rigidioribus subfuscis. B in Mexico. Coulter, n° 35. Flores basi barbati, in axillis sessiles, parvi, pallidi. M. suscrocea, basi sæpius multiplex, cylindracea , axillis angustis, sublanatis, mammis ovatis brevibus, areolà juniorum subtomentosä, aculeis setiformibus 16-18 radiantibus mammä longioribus flavidis, nascentibus croceis, centralibus nullis. B in Mexico. Coulter, n° 36. Flores inaxillis solitarii, zonam circà caulem subejus apice formantes, sessiles, parvi; stylus persistens; stigma plurifidum. Bacca ovata piso triplo minor virescenti-albida , reliquiis floralibus coronata. Semina rufa. Planta 2-3 poll. longa 9-11 lin. diam. mammæ 12-15 in quâque serie; series sinistrorsæ. M. renuis, basi sæpè multiplex, cylindracea, axillis angustis nudis, mammis ovatis, areolà juniorum sublanatä, aculeis setiformibus 20-25 flavidis radiantibus mammä pauld longioribus, centralibus nullis. B in Mexico. Coulter, n° 34. Planta 3-4 poll. longa, 5 lin. diam. B. media, caule crassiore , aculeis centralibus nullis aut solitariis. B in Mexico. Coulter. Caulis 10-12 lin. diam. An fortè species pro- pria? an M. cespitosa hort. Berol. ex ill. Pr. de Salm-Dyck? CI. Coulter suspicatur has 4 imd cum sequente unicam speciem con- stituere. M. intertexTA , basi sæpè multiplex, cylindracea , axillis angustis, (1) D’après la lettre de M. Coulter, les Mamimillaria elongata, echinaria, subcrocea, tenuïs , et intertexta ne formeroient peut-être qu’une seule espèce ; les rapports de ces plantes entre elles sont en effet très-frappans, maisleurs différences me paroissent réelles, et je les considère comme formant dans les Mammillaires une petite section remarquable par sa tige alongée et par son aspect jaunâtre. DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 111 mammis ovatis confertissimis, aculeorum congerie omnind occul- tatis, areolà glabriusculà, aculeis 20-25 rigidis flavidis radianti- bus ob mammarum vicinitatem intertextis. Bb in Mexico. Coulter, n° 37. Planta 4 poll. longa, 1 poll. diam.; aculei 3-4. lin. longi, interdum subechinati. M. CYLINDRACEA , simplex, cylindrica, axillis parcè setosis, mammis ovatis, areolà glabriusculà , setis 25-30 radiantibus albis mammà brevioribus, aculeis centralibus 2 rigidis divergentibus setas duplè superantibus. P in Mexico. Coulter. Ab omnibus prioribus facilè dif- fert colore mammarum intensè viridi nec flavicante. Planta 5 poll. longa , 1 poll. diam. ; setæ 1 :-2 lin. longæ; aculei 3-4 lin. M. ezecaxs , simplex, obovata, apice subumbilicata, axillis nudis, mammis ovatis, areolà juniorum tomentosà, setis 29-30 albis ra- diantibus subrigidulis, aculeis 1-5 rigidis erectis setas pauld supe- rantibus. 5 in Mexico. Coulter, n° 48. PI. 2 poll. longa et lata. B. minor exactiüs obovata, dimidid minor.-Eadem junior? 7. globosa subglobosa major, axillis superioribus barbatis.-Eadem vetustior ? M. ranrans, simplex, subglobosa, axillis nudis, mammis ovatis ma- gnis, areolà glabriusculà , aculeis 16-18 radiantibus albidis rigidis, junioribus subtomentosis, centralibus nullis. B in Mexico. Coulter, n° 55. Variat apice obtuso aut subdepresso, aculeis albidis aut sub- flavidis. PL. circiter 3 poll. alt. et diam. ; aculei 5-6 lin. longi. - M. smReGuLaRis, basi subtuberosa, multiplex, surculis ovatis, axillis nudis, mammis oblongis , areolà glabriusculà , setis 20-25, radian- tibus subreflexis albidis, aculeis centralibus nullis. B in Mexico. Coulter,n°3r.Pl.2 poll. alta ; rami pollicem lati ; setæ vix 2 lin. longæ. M. creprisrina, basi multiplex, surculis ovatis, axillis nudis, mam- mis ovatis brevibus confertis, areolà glabriusculä, aculeis rectis, ex- terioribus 16-17 radiantibus albis, centralibus 3 fuscis erectis. B in Mexico. Coulter, n° 14? PI. 2 poll. longa r > poll. diam. Aculei ob mammas confertas caulem ferè occultant. 12 REVUE M. coxoira, simplex, ovata, conica, axillis junioribus lanatis, mam- mis ovatis confertis, areolà juniorum subtomentosä, aculeis rectis rigidis exterioribus 15-16 radiantibus, centralibus 3-5 erecto-diver- gentibus fuscis longioribus. 5 in Mexico. Coulter, n° 52. Affinis M. cre- brispinæ. An M. conica Haw ? Flores rubro-violacei, ferè ex apice caulis orti, pauci. M. comvressa , simplex , clavato-cylindracea, axillis junioribus la- natis setosisque, mammis ovalis brevibus basi angulatis et subtus quasi compressis, areolà subtomentosä, aculeis rigidis 4-5 inæqua- libus albidis, inferiore longiore. B in Mexico. Coulter. PI. 5 poil. Jonga, basi 1 poll. lata , apice 1 + poll, diam. M. convirera, simplex, globosa, axillis nudis, mammisovatis crassis, confertis, areolâ glabriusculà, aculeis exterioribus 16-17 radiantibus griseis, centrali 1 valido longiore erecto subincurvo. B in Mexico, Coulter. PI. 3 poll. diam. 2 + poll. alta; aculei radiantes 5-6 lin. longi centralis 7-8 lin. M. crinira, basi multiplex, globoso-depressa, axillis nudis, mam- mis ovalis, areolà glabriusculâ, setis 15-20 albidis subradiantibus elongatis , aculeis centralibus flavidis rigidis apice uncinatis longi- tudine setarum. B in Mexico. Coulter, n° 28. Planta 1 poil. alta 1 > poll. diam. Setæ 8-0 lin. É. pauciseta, axillis sublanatis, setis 8-10. Interdum setæ ferè omnes deciduæ. Coulter, n° 29. M. cesrrriria, basi multiplex, cespitosa, aggregata, globosa, axillis nudis, mammis paucis ovatis, areolà glabriusculà , aculeis rectis rigidis, junioribus , albido-flavidis, adultis griseis, exterioribus 9-11 radiantibus, ceatralibus 1-2 longioribus erectis. B in Mexico. Coul- ter. Cespes 4 poll. latus, Surculus quisque pollicem diam. M. supañcuraris, simplex aut basi submultiplex, subglobosa, de- pressa, axillis plerisque lanatis, mammis ovatis crassis brevibus mutuà pressione angulato-tetragonis, areolà juniorum tomentosà , aculeis 6-8 erecto-divergentibus inæqualibus albido-subgriseis.fP DE LA FAMILLE DES CACTÉES. bn in Mexico. Coulter. Pl. 3 poll. ferè lata, 1 2 alta. Aculei sie lin. longi. M. macracantra, simplex, globoso-depressa, axillis aliis nudis, aliis densè lanato-barbatis, mammis ovato-subtetragonis, areolà junio- rum subtomentosà , aculeis 1-2 longissimis pungentibus albidissub- fuscisve. B in Mexico. Coulter, n° 44. An fortè M. magnimamma Haw ? Aculei bipollicares. Planta 1 2-2 poll. alta 5- 6 poil. diam. Aculei subangulati. M. roncrmamma , simplex aut basi submultiplex, ovata ant subcy- lindracea, axiilis lanatis , mammis ovato-oblongis dissitis, areolà tomentosà, aculeis 9-10 pungentibus cinereo-fuscis sub lente scabro- velutinis. B in Mexico. Coulter, n° 30. PI. 3-4 poll. longa, 2 poll. lata ; aculei 6-9 lin. longi. M. ocracanrua, simplex, ovato-oblonga, subcylindracea, axillis nu- dis, mammis oblongis subtetragonis, areolà juniorum subtomen- tosà, aculeis rigidis, exterioribus 7 radiantibus albidis, centrali 1 longiore rigidiore subfuscescente. R in Mexico. Coulter, n° 39. PI. 3. poil. longa, 2 poll. lata; aculei ext. 3-4 lin., centralis 6 lin. M. reucacantaa, basi multiplex, ovata, axillis nudis, marnmis paucis ovato-tetragonis, juniorum areolà glabriusculà, aculeis 6-7 albis rigidis, nunc omnibus radiantibus, nunc uno centrali erecto. 5 in Mexico. Coulter. PI. sesqui-poll. longa, vix policens lata. Aculei 4=lin. M. nivercens, basi multiplex, subglobosa, depressa , axillis lanatis setosisque , mammis ovatis confertis, areolà juniorum lanatâ, acu- leis 5-6 inæqualibus pungentibus albis apice subfuscis divergenti- bus subtetragonis. L in Mexico. Coulter. An fortè M. macracanthæ var. ? Cespes 6-7 poll. latus. Caulis 2-poll. alt. et latus. Aculei mino- res 3-4, majores 18-30 lin. longi. M. rrracanta, simplex, obovata, subcylindracea, obtusè truncata, axillis parcè lanatis setosisque, mammis ovatis brevibus confertis, areolâ juniorum tomentosà, aculéis 3 rectis albis, inferiore longiore Mém. du Muséum. 1. 17. 15 114 REVUE deorsum tendente, 2 lateralibus brevioribus. B in Mexico. Coulter, n° 46. PL. 3 poll. ferè longa 1 + lata; interdum aculeus quartus bre- visSimüs:amelseilliss sect 10Ë | M: Seurervivr, simplex, basi attenuata; supernè depressa;, discifor- mis, axillis lanatis, mammis erectis, ovato-tetragonis , areolà gla- briusculà; setis 3-4 rigidis brevibus albidis, aculeis 2 crassis bre- vibus divengentibus. 5 in Mexico. Goulter, n°57. PI: 2+ poll. lata 1 - alta. B. tetracantha, axillis densius bärbatis, setis nullis:, aculeis 4 brevibus divergentibus. Bin Mexico. Coulter. M. piscrormis, simplex, depressa, disciformis , axillis nudis mam- mis confertis brevibus depressa-tetragonis , areolà juniorum subto- mentosà , adultorum subinermi , aculeis (in mammis centralibus) 5 rigidis albidis erectis. B in Mexico: Coulter, n° 50. PI. 3:poll. lata, vix 3 poil. alta. LM. rarimamma, simplex, depressa, subdiscoïdea ; axillis junioribus lanatis, mammis brevibus, latè ovatis,demum depressis, transversè oblongis, areolà juniorum lanatà, aculeis 16-17 rigidis flavicantibus, apice subfuscescentibus , divergentibus, inæqualibus. B in Mexico. Coulter, n° 54. PL 5 + poll. diam., vix 1 +alta. | ECHINOCACTUS, . E. orxarus, subglobosus, costis 8 profundis compressis vertica- libus, floccis albis seriatis transversè ornatis, fasciculis cujusque costæ 5, aculeis 7 rectis flavidis et 1 centrali. B in Mexico. Coulter, n° 40. PL: diam. 5 poll. An flocci constantes , an morbidi ? Fasciculi intervallo 1 5-2 poll. Aculei 10-12 lin. E. rusércurarus (Otto. t. 26), subglobosus, costis 8 subverticalibus, sinu angusto, cristà obtusissimà ad fasciculos tuberculatä, fasciculis, cujusque costæ 8-10, areolà juniore subvelutinà,, aculeis 12-13 gri- seis, unico centrali recto valido, cæteris radiantibus. B in Mexico. Coulter. Fasciculi intervallo 9-8 lin. Aculei pollic. longi. DE LA FAMIÉLÉE!DES CACTÉES. F15 B. spiralis, costis spiraliter contortis dextrorsis. In Mexico. Coulter, n° 99. An var. @ status senior. E? cererrormis, subcylindraceus viridis, costis 13 compressis ,Sinu acuto, cristà subobtusà, fasciculis in quaque cost 3 , areolà sub- velutinà, aculeis subgriseis rigidis tenuibus, r ‘centrali réclo, 7 radiantibus. B in Mexico: Coulter. Specimén'mancum , 4 poll. lon- gum. An Cereus quidam junior ? E. raucescens, subgloboso-depréssus, glaucescens, costis 11-15 ver ticalibus compressis, obtusis, fasciculis cujusque costæ 6, areolà ovali-oblongä juniore densè velutinà , aculeis flavis recti$, 6-7 ra- diantibus et r centrali. P in Mexico. Coulter. Flores in apice cu- jusque costæ solitarii antè fascieulos orti. Cal. squammæ imbricatæ, læves, ovales, acuminatæ, margine membranaceo ciliolatæ.PI. 3 poll: alta, 5 poll. diam. Fasviculis intervalle semi-pollicari. Aculei poili- cem longi. ) E. Hisrix, subgloboso-depressus, virescens, costis 13-18 vertica- libus , sinu et costâ acutis, fasciculis cujusque costæ 3, areol4 ovali juniore velutinà , aculeis flavidis rigidis , 7-8 radiantibus, 1 central erecto cæteris duplù ferè Jongiore. B in Mexico. Coulter, n° 43. PE. 5-8 poll. diam., 3-4 poll. alta. Aculeï pollicem long, ses bi- pollicaris. Fasciculi intervallo 12-18 lin: E. crisparus. (DC. Prod: 3, p.467). Costarummumerus variat 30-60. : B. horridus, fasciculis approximatis, aculeis validioribus mais erectis longioribus Hire D in Mexico. Coulter. CEREUS. C?micracanTaus, basi multiplex, ovato-oblongus, subvirens,obtusus, costis 15 verticalibus subobtusis, sinu jato vix acuto, fasciculis ap- proximalis, areolà tomentosà , aculeis 9 brevibus setaceis divergen- tibus. p in Mexico. Coulter, n° 56. An fortè Echinocacti species ? Cau- lis vix pollicem longus et crassus. C. poryropaus, simplisimus, erectus, viridis , cylindricus, costis 116 REVUE 19-18 verticalibus , sinu acuto, cristà subrepandà , fasciculis ap- proximatis, areolà juniore tomentosà convexà, aculeis 7-8 flavidis rectis divergentibus, centrali longiore ereclo. B in Mexico. Coulter, n° 19. Alta (ex Coult. in litt.). 30-40-pedes, sine ullo ramo! C. crnErascens, simplex, erectus, griseo-viridis, costis 8 obtusis, tuberculosis, sinu angusto, areolâ juniore convexà velutinà, aculeis 14 albis setaceis rigidis, exterioribus 10 radiantibus , centralibus 4 erecto-divergentibus longioribus. B in Mexico. Coulter, n° 23. Caulis 6 poll. longus, 2 poll. diam. Aculei ext. 6-9 lin., centrales 12 lin. longi ; fasciculi 5-6 lin. distantes. B. crassior fasciculis magis distantibus , caule crassiore. y. tenuior, caule tenuiore, costis magis approximatis. Accedit ad pentalophum, sed 8-nec 5-costatus. C. cazvescens, simplex autapice subramosus, erectus, viridis, apice obtuso subumbilicato, costis 7-8 verticalibus obtusis, sinu acuto, areolà juniore convexà tomentosà demum glabriuseulà, aculeis 8-9 fuscis rigidis divergentibus, centrali ab exterioribus vix distincto. B. in Mexico. Coulter. Affinis C. peruviano. Fasciculi intervallo 6-0 lin. distantes. C. marcinarus, simplex autapice sabramosus, erectus, viridis, apice obtuso, costis 7 verticalibus, sinu acuto, cristà obtusà areolisovalibus confluentibus albo Lomentosis per totan longitudinem lanatä, aculeis 7-9 conicis rigidis, griseis brevibus centrali à cæteris vix distincto. D in Mexico. Coulter, n° 13. Caulis 2 3 poll. diam. Aculei 1-2 lin. longi. Species distinctissima. 1 C. virens, simplex, erectus, læte virens, costis 5 verticalibus crassis obtusis, fasciculis remotis, areolà juniore velutinà, aculeis 4 ri- gidis , conicis griseis, subnigricantibus, 3 brevissimis subdivergen- tibus, 1 magno horizontali. R in Mexico. Coulter. Aculeus major 8-10 lin. longus, minores vix 2-lin, nunc inferiores, nunc superiores, undè forsan major centralis et exteriores 6 radiantes, 3 sæpius abortivis. C. amsacanraus, simplex, erectus, intensè viridis, costis 5-6 sinu DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 117 etcristà acutis, fasciculis confertis , areolà juniore convexà velutinä, aculeis 10-20 selaceis flavescentibus rigidis valdè inæqualibus, ex- terioribus divergenti-radiantibus. B in Mexico. Coulter. a. ortholophus, costis 6 verticalibus, aculeis 10. CR subspiralis, costis 5 subspiraliter intortis, aculeis 20. C. PENTALOPaUS, erectus cinereo-viridis obtusus, costis 5 vertica- libus obtusis , fasciculis approximatis, areolà juniore velutinà , acu- leis 5-7 setaceis divergentibus junioribus albido-flavidis, adultis gri- seis. b in Mexico. Ci.-Coulter hic conjungit tres varietates in poste- rum forsan separandas, nempè : a. sümplex, caule simplici non radicante, sinubus latis obtusis , costis parum prominulis , aculeis albidis. B. subarticulatus, caule ramoso subarticulato non radicante, cos- tis irregularibus subrepandis, sinubus angustis, aculeis junioribus flavescentibus. ue >. radicans, caule radicante, costis latis brevibus, aculeis junio- ribus flavescentibus. C. ceproris, subradicans, cylindraceus, serpentinus, costis 7-8 obtusissimis subrepandulis, areolis velutinis, etiam adultis convexis, aculeis 12-15 setaceis vix rigidulis, flavidis expanso-radiatis, 2-3 ceniralibus erectiusculis. P in Mexico. Coulter, n° 32. Habitus caulis est C. flagelliformis , sed tripld tenuior. C. spinuzosus, subramosus, radicans, subserpentinus, teretiusculus, costis 5-6 vix exsertis acutiusculis, sinubus latis obtusissimis, areo- lis junioribus velutinis , aculeis 8 brevissimis rigidis conicis, junio- ribus flavidis dein subfuscis, lateralibus radiantibus. B in Mexico. Coulter, n° 27. Habitus caulis C. grandiflori sed aculei diversissimi. OPUNTIA. SECTIO PRIMA. — Cylindraceæ. O0. Srareuiz, ramosa, irregulariter cespitosa, articulata, intensè vi- ridis, articulis ovatis oblongisve, areolis parvis tomentosis ad axil- 2 110 REVUE l2s tuberculorum , aculeis 5-6 rigidis stramineis setaceis , senioribus epidermide secedente exuviatis. B in Mexico. Coulter, ne 38. Caules vix pollicares. Habitus ferè Sta peliæ cespitosæ aculeis omissis. OÔ. ExuvIATA , ramosa , erecta , teretiuscula , ramis tuberculis com- pressis irregulariter cristatisve-instructis ferè pentagonis, areolis orbiculatis velutinis ad axillas tuberculorum , aculeis 6-12 strami- neis rigidis rectis, senioribns epidermide secedente exuviatis. B in Mexico. Coulter, no 18. Cactus tunicatus hort. berol. ex ill. Pr. de Salm-Dyck. Truncus pedalis sesqui-poll. crassus. B. angustior, trunco tenuiore, aculeis pastis ateolà angus- tiore. Coulter, n° 17. y- spinosior, caule nano, aculeis longioribus crebrioribus spino- sissimo. O. pecipress , erecta , ramosa, viridis > ramis cylindricis basi atte- nuatis, tuberculis paucis subspiraliter dispositis , areolà parvä, aculeis biformibus, uno inferiore maximo patenti-deflexo, cæteris 5-4 ininimis setiformibus subradiantibus. B in Mexico. Coulter, n° 20. Folia parva, ovato-oblonga, decidua.Aculeus major, pollicaris, demum epidermide secedente exuviatus , cæteri 1-2 lin. longi. Con- fer cum Op. imbricata Haw. ex ill. Pr. de Salm-Dyck in litt. O. KzeNIÆ, erecta , ramosa, cinereo-viridis , ramis erectis cylin- dricis etuberculatis, fasciculis ordine spirali sinistrorso dispositis, areolà velutinâ, aculeis biformibus, aliis setosis innumeris ex al- bido rufis, uno maximo inferiore patenti-deflexo gracili albido. 5 in Mexico. Coulter, u° 21. Caulis digiti majoris crassitie, éaulem Cacaliæ Kleiniæ referens. Folia minima, oblonga , decidua. Aculeus major, pollicaris. Ad priorem sp. accedit. O. reprocauus, erecta, ramosa, ramis cylindricis erectis etuber- culatis, fasciculis lineà spirali sinistrorsà dispositis, areolà subto- mentosà , aculeis biformibus, aliis circiter 3 inferioribus setaceis ni- érescearipns patenti-deflexis , cæteris setosis confertis rufescentibus. b in Mexico. Coulter, n° 22. Caulis crassitie digiti minoris. Refert priorem. Specimina duo subemortua video. DE LA FAMILLE DES CACTÉES. 119 O. zeucorricA, articulis oblongis erectis, junioribus sub lente ve- lutinis, areolà juniore convexà velutinà, aculeis biformibus, 2-3 longissimis setaceo-capillaceis inermibus albis patentibus, 4-5 mi- nimis setosis rectis flavidis. B in Mexico. Coulter, n° 2. Aculei ma- jores 10-12 lin. longi. Fasciculi intervallo 2-lin. distantes. O. PuLvinaTA, articulis ovalibus erectis sub lente velutinis, areola convexà pulvinatâ, totà setulis innumeris flavidis rectis fragilibus confertissimis occupatàä, aculeis veris nullis. B in Mexico. Coulter. Species inter Opuntias veras distinctissima videtur. O, microdasys Lehm. hort. hamb. ex ill. Pr. de Salm-Dyck in Litt. [ee : £ } 14 “ EE Ke ÿ UT AN ll =) ie [INOS MESA { : L pas "pe 4 ÿ 1e A à ‘ i ( LUCE ER { 1h. l We d pH A 0 LOG RE HAT hi toi … - 19 # ‘4 tra PL 11: Zone.17. \ AS EN jh DANS 3 ÉAXA MANS À ; CEREUS PHRUVIANUS HONSTROSUS. en - D 7 a Zon?r.17. CEREUS PEHRUVIANUS HONSZROSES. Va NE e NZ SN CEREUS S£RPENTINUS. Fa CT Zom..17 / , : Huy 1019: : CEREUS REPANDUS. Coigret seupf Zom 17. AN Ne CA 91 | N Ÿ A . D CEREUS REPANDUS. sé tte dites tubes jt de à né RS at Here 2e 7 dors joubio "S21VLALIXO SAT 27 40 7 om ir. OPUNTIA ROSA. » + 4 ? CAL // 24 Ce «grue cup di rc PL 2272 € + TALZ Q/à OXZPZÆ CLREAUS s… NE nr | ENT ET anis >: strong ge nn ee sd OPUNTIA HERNANDEZIL. om : 27: PERESAZAH NNLZEFLORA. LYCHNIDIFLORA. PARIS ATA TU D CUT HAUTES LR Min) Zom . 27. L0.19. (TTÆFLORA. Ont 17 Pl, 207 PERESAIA ROTUNDIFOLIA. ot DARAUS 7er RAIPSALIS C! SSYT/A MOCINTANA. REMARQUES SUR LES CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES SINGES AMERICAINS. ET DESCRIPTION D'UN GENRE NOUVEAU, SOUS LE NOM D'ÉRIODE, PAR M. ISID. GECFFROY-SAINT-HILAIRE. {Mémoire In à la Société d'Histoire naturelle, le 19 décembre 1828.) Le but le plus noble des travaux scientifiques , c’est la dé- couverte des faits généraux. Une observation individuelle, une remarque spéciale, peuvent offrir en elles-mêmes un intérêt réel; mais pour qu'elles soient élevées à toute leur inportance, pour qu'elles soient portées à toute leur valeur scientifique, il faut qu'on ait déduit toutes les conséquences | qu’elles peuvent fournir; il faut qu’elles aient été générali- sées. À une époque où la connoïssance des lois de l’organisa- tion et des plus grands faits de la nature vivante et inanimée, est le but vers lequel se dirigent les recherches des plus illustres naturalistes de l’Europe, cette vérité est devenue presque triviale ; et il seroit tout-à-fait inutile de la rappeler encore, si quelques hommes, dont cependant le nom se re- commande par d'honorables travaux, n’essayoient de faire revivre parmi nous des doctrines qui semblent nous avoir été Mém. du Muséum. 1. 17. 16 122 CARAGCTÈRES léguées par un autre siècle, et qui ne tendroient à rien moins qu'à retenir la science dans une éternelle enfance. Accoutumés à diriger tous leurs efforts vers des observations tontes spé- ciales, les partisans de ces doctrines surannées (1) semblent ne pas concevoir qu’il existe quelque.chose au-delà de l'horizon borné où s'arrêtent leurs regards; et condamnant à un rôle inactif la plus noble de leurs facultés, ils rejettent sans exa- men toutes les conséquences auxquelles peurroient les con- duire les déductions de leur esprit, et ne veulent admettre, comme véritables, que les faits qui leur sont révélés d’une manière directe et immédiate par leurs yeux. Il faut, disent- ils, des faits, mais point de théories : c’est par l’observation seule que la science peut et doit faire des progrès, et non par le raisonnement; car le raisonnement est une source féconde d'erreurs, et ne peut qu'égarer dans de fausses routes. Mais, pour être conséquent à ce principe, fondé sur un peu de vérité et beaucoup d'exagération, ne faudroit-il pas proscrire les faits que révèle l'observation, comme on pros- erit ceux que révèle le raisonnement? Tous les faits que l’on a donnés'comme des résultats d'observation se sont-ils trouvés exacts? Ont-ils tous été reconnus pour vrais? Non, sans doute : car celui qui observe mal est tout aussi exposé à l’er- reur que celui qui raisonne mal ; et toute méthode est comme un instrument dont un homme adroit tire un parti avanta- geux, mais qui, entre les mains d’un ouvrier inhabile, reste inutile, et peut devenir dangereux. (x) Ces doctrines sont surtout en faveur parmi les personnes qui s'occupent, d’une maniere exclusive, de l’étude d’une seule branche de l'Histoire naturelle, où qui se livrent spécialement à des travaux d’anatomie humaine. DES SINGES AMÉRICAINS. 7 123 On pourroit dire, il est vrai, en forçant un peu les consé- quences d’un tel système, que si l’on s'en tient aux résultats directs de l'observation, un fait pourra être reconnu faux sans autre préjudice pour la science qu’un fait de moins : si, au contraire, les faits sont liés entre eux, s'ils sont généra- lisés, un fait faux est infiniment plus nuisible, parce qu'il en- gendre d’autres faits faux, et que toute théorie élevée sur une telle base est nécessairement erronée. Dans le premier cas, les faits sont comparables à des matériaux épars: on peut en retrancher un sans causer un grand dommage; mais quand ils ont été mis en œuvre, vient-on à enlever l’un d'eux, on peut faire écrouler tout un édifice. Cette distinction seroit sans aucun doute fondée; mais prouveroit-elle qu'il soit sage de s'abstenir de touté théorie? On ne peut le penser; et cette seule conséquence devroit en être déduite, qu'il faut éviter les théories qui ne reposeroïent pas sur une base solide, qu'il ; faut craindre les généralités établies sur un trop petit nombre de faits. En effet , ici, comme dans presque toutes les questions qui divisent les hommes, la vérité ne se trouve tout entière dans aucun part; elle est entre les deux opinions extrèmes. Presque toujours les doctrines exclusives doivent être réputées dan- gereuses (1), e cela est surtout vrai en histoire naturelle. (1) Cette question vient d’être traitée ex professo par M. Choizy, pasteur de Véglise de Genève, dans une brochure intitulée: des Doctrines exclusives en philo- sophie rationelle (Geneve 1828). La seconde partie de ce savant ouvrage est con- sacrée à l’examen des doctrines que les Allemands embrassent sous le nom de philosophie de la nature , et contient des remarques immédiatement applicables à la question que je viens d'indiquer. 124 CARACTÈRES S'il est contraire à la raison de proscrire sans examen toute théorie, de repousser aveuglément toute généralité, il est évident que ce seroit tomber dans un écueil non moins dan- gereux que de vouloir embrasser tous les faits dans des théo- ries improvisées, que de vouloir ériger en lois générales de la nature les résultats d’un petit nombre d'observations: Quelques hommes de génie, Buffon, par exemple, l’ont osé, et plusieurs.fois le succès a couronné leurs tentatives; mais, le plus souvent, de telles théories n’ont pas tardé à s’écrou- ler, renversées quelquefois par leurs auteurs eux-mêmes. C’est principalement sur de semblables remarques qu’est établie l’opinion de ceux qui se déclarent les partisans exclu- sifs des faits d'observation : c’est surtout en rappelant ces erreurs de quelques hommes de génie, qu’ils combattent ce qu'ils appellent l'esprit de système, et qu’ils en montrent les dangers. Cependant on ne sauroït nier qu’un grand nombre de théories, même parmi celles qui sembloient établies sur une base peu solide, et que l’on pouvoit considérer comme de simples hypothèses, sont restées debout, et que le temps n’a fait que leur donner un appui qui leur manquoit d’abord. Or qui ne voit que la possession d’une théorie, que la dé- couverte d’une loi générale, sont infiniment plus utiles à la science que ne peuvent lui être nuisibles quelques pro- positions avancées trop légèrement, et que l'impulsion vive que lui donne nécessairement l'acquisition d'une grande vé- rité compense avec avantage lembarras momentané qui peut résulter de admission de quelques erreurs? El y a plus : l’histoire de la science prouve par plusieurs exemples que ces erreurs elles-mêmes ont quelquefois d’heureux résultats, DES SINGES AMÉRICAINS. 125 en devenant la cause d'importantes découvertes. Toute idée générale, toute théorie nouvelle, fñt-elle dénuée de tout fondement, fait voir sous un nouveau point de vue les ques- tions auxquelles elle se rattache, et ouvre une nouvelle voie d'exploration. On cherche des faits pour la défendre; on en cherche aussi pour l’attaquer; et du choc des opinions jaillit toujours une vive lumière. On voit donc que les théories et les faits généraux exer- cent sur la marche des sciences une influence quelquefois heureuse, quelquefois malheureuse, mais toujourstrès-srande. Or, s’il en est ainsi, il est évident que l’on doit non-seule- ment s'attacher à établir les théories, à généraliser les faits, mais que l’on doit aussi soumettre toutes les idées nouvelles à un examen scrupuleux , et ne les adopter qu'après avoir employé tous les moyens scientifiques, toutes les méthodes à l’aide desquelles on peut éclairer son jugement. De sem- blables résultats sont d’une telle évidence, qu’il est inutile d’insister sur eux; et si ces règles de conduite, qu’on peut appeler élémentaires et toutes logiques, ne sont pas mises en pratique par tout le monde, du moins peut-on assurer que leur justesse n’est contestée par personne. Ce qu'il est plus important de rappeler, c’est la nécessité de soumettre même à un examen rigoureux les théories déjà admises et les faits généraux déjà établis depuis long-temps, et que l’as- sentiment unanime des auteurs semble avoir en quelque sorte consacrés. C’est en histoire naturelle surtout qu'il faut toujours avoir présens à la mémoire les préceptes de Bâcon. Dans cette branche des sciences, toutes les preuves que l’on peut apporter à l'appui d’un fait sont des preuves par induc- 126 CARACTÈRES tion (1). Or toute induction suppose une hypothèse: c’est que toutes les.observationsque l’on pourra faire seront conformes à celles que l’on a faites : d’où il suit qu'une induction ne peut êtreque probable, et qu'il est impossible d’arriver par elle à cette certitude absolue dont une vérité mathématique offre un exemple. Souvent , il est vrai, la somme des proba- bilités est telle qu’elle équivaut à la certitude; mais dans beaucoup de cas'aussi elle est infiniment moindre; et mal- heureusement ces derniers cas sont les plus fréquens enhis- toire naturelle , parce qu'on ne connoït encore qu’une très- foible-partie de ce qui est à connoïître. Aussi voyons-nous très-souvent que l'hypothèse sur laquelle repose l'induction ne se vérifié pas, et qu'un fait, bientôt suivi-de plusieurs autres, vient renverser une théorie établie-cependant suriune multitude d'observations. La nécessité de soumettre de temps en temps à un nouvel examen des théories-et des faits généraux dont la vérité est cependant universellement reconnue, et qui semblent avoir reçu la sanction du temps; la nécessité de douter quelque- fois de choses que l’on donne pour certaines, sont les con- séquences rigoureuses des remarques que je viens de pré- (1) Je ne veux pas dire ici que l'induction est la seule forme de raisonnement dont l'usage soit possible et utile en histoire naturelle : je pense, au contraire, et je l’établirai ailleurs, que toutes les autres, principalement le dilemme, peuvent conduire à des notions auxquelles il seroit peut-être impossible d’arriver par une autre voie. Mais toutes ces formes-supposent la connoïssance préliminaire de faits qui ne peuvent guère être révélés que par l'induction ; et, c'est ce qui mw’au- torise à dire que toutes les preuves que l’on peut apporter en histoire naturelle à l'appui d’une proposition, se ramènent en dernière analyse à des preuves par induction. , DES SINGES AMÉRICAINS. 125 senter. C'est principalement en histoire naturelle que le con- sensus Omnium west point une preuve démonstrative, et que Ze principe de l'autorité ne peut être érigé ent règle su- prême des jugemens et des croyances. En effet, le nombre des faits s’'augmente chaque jour, et notre conviction pouvant ainsi s'asseoir sur des élémens de plus en plus nombreux, un mouvement quelquefois lent, quelquefois rapide, mais toujours progressif, nous rapproche sans cesse de la vérité. C’est ainsi que des hommes d’un talent secondaire, mais in- struits par les découvertes de-leurs contemporains et de leurs devanciers, peuvent réfuter des erreurs commises par des hommes riches de génie, mais pauvres de faits, et que la solution d’un problème sur lequel les maîtres de la science avoient épuisé inutilement toute leur sagacité, peut, dans le siècle suivant, tomber sous la plume d’un de leurs obscurs successeurs (1). (1) Je me suis écarté dans cet article de l’opinion de: quelques, métaphysiciens qui prétendent que les idées générales sont seulement utiles à cause de la limi- tation de notre esprit, et qui disent que Dieu n’en ainullement besoin, parce que sa connoissance infinie comprend tous les individus. Suivant eux, c’est parce que notre inteiligence est bornée que nous généralisons (Gondillac, #rt de penser). Cepen- dant toute idée générale suppose un rapport saisi entre.les différentes idées indi- viduelles dont elle se compose: d’où il suit que dans une: idée générale est renfer- mée, outre la connoïssance de plusieurs idées particulières, la connoissance d’un rapport. De même un fait général a une valeur scientifique plus considérable que la somme des faits particuliers dont il se compose; car outre ces faits, il suppose nécessairement la connoïssance d’un rapport entre. ces, faits. On pourroit aussi remarquer, s’il étoit besoin d’une autre réfutation:, que si.c'étoit à cause de la limitation de notre esprit que nous généralisons nos idées, les hommes, dont l'intelligence est la plus bornée , devroient avoir le plus d’idées générales, et que _” 125 CARACTÈRES REMARQUES SUR LES CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES SINGES, ÆT SPÉCIALEMENT SUR CEUX DES SINGES AMÉRICAINS. | Les remarques générales que je viens de présenter m'ont été suggérées par quelques faits très-curieux de l’organisation 55 | 5 de mon nouveau genre Ériode, et par les conséquences aux- quelles ces faits m'ont conduit. Buffon , d’après l'examen d’un très-erand nombre de Singes des deux continens, a montré 2 que toutes les espèces américaines appartiennent à des genres qui ne se retrouvent pas dans l’ancien monde, et récipro- quement : fait d’une haute importance, et que jusqu'à ce jour aucune exception n’est venue infirmer (r). C’est égale- les animaux en auroient ur bien plus grand nombre encore. Or, qui ne sait que le contraire a lieu? Ce n’est donc pas parce que notre esprit est borné que nous généralisons nos idées. La limitation de notre esprit peut, il est vrai, nous rendre éminemment tile la possession d’un grand nombre d'idées générales, mais surtout elle tend à en empêcher la production; et s’il est vrai que les intelligences les moins déve- loppées soient celles qui ont le plus besoin de généraliser, il est certain que ce sont aussi celles qui se trouvent le moins en état de le faire. (1) Les lois de géographie zoologique reçoivent donc ici une application remar- quable. Mais de plus, il est à observer que chaque genre de l’ancien monde appar- tient exclusivement , ou presque exclusivement, soit à l’Afrique, soit à l'Asie, en sorte que les genres ont, aussi bien que les tribus, leur patrie particulière. Ainsi, sans parler du genre Troglodyte formé d’une seule -espèce africaine , et du genre Orang dans léquel on ne connoît encore d’une maniere bien certaine qu’une espèce asiatique, tous les Gibbons et tous les Semnopithèques appartiennent à l'Inde , soit à son continent, soit à quelqu’une de ses îles : tous les Colobes sont au contraire originaires de Sierra-Leone et de la Guinée. Les Macaques, à une ou deux exceplions pres, ont la même patrie que les Gibbons et les Semuopithèqués ; tandis que les Gynocéphales et surtout les Guenons sont généralement des espèces africaines. Ces remarques confirment, d’une manière frappante, un fait général DES SINGES AMÉRICAINS. 129 ment d’aprèsun très-grand nombre d'observations que Buffon a établi la proposition suivante : tous les genres de l’ancien continent présentent, dans la formé de leur nez et la position de leurs narines, des caractères communs et précisément in verses de ceux que l’on rencontre dansles genres du nouveau mondé. Ainsi tous les Singes de l Afrique et de l’Asie ont les uarines oùvertes au-dessous du nezet la cloison étroite; d’où leur nom de Catarrhinins : tous les Singes américains ont, au contraire, suivant Buffon, les narines ouvertes latéralement et la cloison large; d’où leur nom de Platyrrhinins. Depuis l’époque à laquelle cette division générale a été indiquée par Buffon, époque qui remonte à plus de soixante ans, un grand nombre d'espèces nouvelles ont été découvertes, une multitude d'observations ont été faites, et toujours, jusqu'à ces derniers temps, les idées de l’illustre auteur de l'Histoire que j'ai indique dans un autre travail (Ann. des Sc. nat.,t. 5, avril 1824); c’est que plus on remonte dans l'échelle des êtres, plus la distribution géographique se montre soumise à des lois exactes. Or, un tel fait ne peut guëre se concevoir que si l'on suppose que les animaux supérieurs ont été créés les derniers de tous, et n'ont paru sur nôtre globe que postérieurement à la formation des continens actuels : hypothese-dont la vraisemblance frappe vivement, lorsqu’on se rappelle les résultats des admirables-travaux de M. Cuvier. Dans ce monde antique qui à précédé l’homme , et-dont l'homme, à force de science , a conquis l’entrée et s’est fait le contemporain ; dans Ce monde que l’homme ne vit jamais, et dont il a su écrire l’histoire et connoître les habitans, notre espece ne fut pas seule absente : aucun Singe, aucun Quadrumane n’y parut'également , puisque aucun débris n’est venu, à travers les siècles, nous montrer les traces et nous apporter les preuves de ” Jeur existence. Ainsile même fait nous est révélé et par l'étude de la distribution géographique des animaux de l’âge actuel, et par celle des débris de l’ancien ordre de choses : remarque qui montre mieux que de ‘longs raisonnemens combien tous les faits de géographie zoologique doivent être recueillis avec soin, et dans quel vaste champ de méditation ils peuvent nous introduire. Mém. du Muséum. ?. 17. 17 i 30. 1411 GARAOTÈRES : natürelle ont reçu, par ces nouvelles acquisitions delascience, une éclatante confirmation. De plus, par l'examen de toutes. ces espèces, par les résultats de toutes ces observations, on a été conduit à ces autres faits généraux, que tous les Singes américains, à l'exception des Ouistitis qui forment un groupe particulier (1), ont les ongles aplatis, et six molaires de chaque côté et à chaque mâchoire. k Tels sont les trois caractères qui distinguent les Singes américains. Leur existence constante, indiquée par Buffon, établie bientôt après d'une manière positive, admise par tous les auteurs modernes, enfin vérifiée par un nombre immense - d'observations, semblait. désormais mise à Vabri'de toute contestation. Il n’est aucun fait général dont la démonstra- tion parût reposer sur des preuves aussi certaines ‘et aussi multipliées, et un doute à cet égard eût presque été regardé comme absurde. Et cependant cette opinion-que parta- geoient il y a peu de temps encore tous les naturalistes (2), et dont la justesse étoit en apparence si bien démontrée, il est nécessaire aujourd’hui de reconnoître qu’elle étoit inexacte, (1) Les Ouistitis que Buffon avoit réunis, sous le-nom de Sagouins, avec des Singes américains à six molaires, ne doivent pas être considérés seuleinent comme une section particulière du groupe des Singes Platyrrhinins; mais ils doivent , dans une méthode naturelle, composer à eux seuls l’une des divisions primaires de la grande famille des Singes. C'est ce que j’ai cherché à démontrer dans l’article que j'ai publié sur ce genre remarquable dans le Dictionnaire classique d'Histoire na- turelle. Î (2) J’exprimois moi-même , il y a moins de: deux ans, cette opinion : voyez le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, article Ouistiti, t. 12, p. 516. Voyez aussi, dans mon Mémoire-sur-une Chauve-Souris américaine du genre Nyctinome (Ann. dés Sciene. natur:;t. à, avril 1824), les considérations générales que j'ai présentées sur la distribution géographique des Mammifères. DES SINGES AMÉRICAINS. 137 et qu’elle ne peut être admise d’une manière absolue. Un fait indiqué par Spix dans son ouvrage sur les Singes du Brésil, et auquel personne n’a donné attention; une obser- vation faite par mon père, une autre faite par moi-même; enfin un examen attentif de l’organisation du nouveau genre auquel je donne le nom d'Ériode , me éonduisent à cette conséquence, que’sur les trois grands caräctères attribués au groupe des Singes américains, il n’en est pas un seul qui soit vrai sans aucune exception, pas un que l’on doive admettre désormais d’une ‘matière générale et absolue. Ce n’est pas sans quelque regret que j'avance ce fait, et que.je vais-en exposer les preuves : car une telle démonstration aura pour premier résultat, et pour suite inévitable, d'introduire du désordre dans une classification en apparence simple et ré- gulière autant qu'exacte et précise, et de faire faire en quelque sorte à la science un pas rétrograde. Je présenterai successivément quelques remarques sur Fe cun des trois caractères attribués à la famille des Singes Pla- tyrrhinins. 10. Cloison du'nez large et narines ouvertes latérale- ment. L'un des principaux traïts disunctits du nouveau genre Ériode est précisément de présentér:une exception à ce ca- ractère général de la: famille. Déjà dans-toustles genres voi- sins, c’est-à-dire chez tous les Sapajous à queue nue et cal- leuse, la cloison nasale offre une largeur beaucoup moins considérable que chez les autres Singes américains : cepen- dant les narinies , de forme alongée, sont encore 'tout-à-fait latérales, et diffèrent beaucoup parleur position de celles des Singes de l’ancien monde. Il Wen est plus de même chez 132 cAIAGCARAGTÈRES les Ériodes : non-seulement la cloison nasale est encore beau- coup plus étroite que-chez les autres Sapajous, mais de plus, les narines sont de forme,arrondie, et se trouvent plutôt in- férieures que:latéralés., Les Ériodes, tiennent ainsi le milieu, parla conformation de:leur nez, entre les Singes de l’ancien continent ou Catarrhinins;.et.lesiSinges du nouveau monde où Platyrrhinins; et.il, estmême exact,.de, dire.qu'ils sont, sous ice rapport, plus voisins des-premiers.que.de .la plupart desisecondssiob ao sup 1 esq,moigsox i62 ES UY Ce fait remarquable;de, [l'organisation des Eriodes, acété, découvert, il y a quelques années, par, Spix, sur une espèce qu'il a observée au Brésil »ëtil.a été indiqué par cet auteur, dans son grand'onvrage,sur les Singes et les Chauve-Souris duBrésil (1): Depuis; on ne lui:a donné aucune attention, et il n’est mentionné dans aucun autre:travail, très-probable- ment parce que Spixn'en:avoit.pas fait sentir, et sans doute n’en avoit pas senti lui-même toute l'importance. Peut-être aussi quelques autéurs.se séront-ils refusés à admettre comme certaine, avant de l'avoir vérifiée, une observation aussi peu conforme aux: idées-reçues; mais je ne, crains pas de me porter garant de: son exacütude, ayant retrouvé et constaté le même fait sur:deux autres espèces du:genre Eriode. 120, «Dents iwolaires\au nombre de six. Personne n’eût osé; il:ycaà peine-quelques mois, révoquer en doute Ja con=. stance et: la généralité de ce, caractère : cependant deux.ex-! ceptions: remarquables -me sont déjà connues; l’une a été, trouvée par-mon-père,chez-un Sajou appartenant à l'espèce, TRI T1 17 - == ee (1) Simiarum et Vespertilionum, Brasiliensium species nevæ. à ) : DES SINGES AMÉRICAINS. 133 du Cebus variegatus , et indiquée par lui dans ses leçons sur l’histoire naturelle des Mammifères (1). « Semblable, dit:l, & par sa force et par la saillie de son front au Sajou robuste, «cette espèce, ou du moins l'individu que j'ai sous les yeux, « en diffère, comme de tous les Singes, par la présence d’une « molaire de plus de chaque côté à la mâchoire supérieure : « ce nombre de quatorze dents molaires forme l’une des plus « singulières anomalies de la zoologie des Singes. » L'individu qui a présenté cette exception remarquable étoit très-vieux, comme l’annonçoit la présence sur le crâne des crêtes très-prononcées (2), et peut-être auroit-on pu penser, d’après cette observation, que le nombre de sept molaires est le nombre normal des molaires chez les Sa- jous, mais que c'est seulement dans la vieiliesse que vient à se développer la dernière de ces dents. Cependant d’autres sujets, également très-vieux, ne m'ont présenté que six mo- laires comme à l'ordinaire; et une anomalie non moins re- marquable que j'ai moi-même trouvée il y a quelque temps chez un Atèle à peine adulte, est aussi une preuve qu’une telle explication est inadmissible. L’Atèle qui ma présenté cette exception, appartenoit à l'espèce du Chameck ( Zzeles pentadacty lus , Geoff. S.-H.). Il mavoit point, comme le Sajou dont je viens de parler, sept molaires sur chaque côté de la mâchoire supérieure, (1) Dixième leçon, p. 9. (21 Ces crêtes très-prononcées existent chez tous les vieux individus. C’est tout à-fait à tort que Spix, dans son ouvrage cité, a fait de leur existence le caractère distinctif de l'espèce qu’il a désignée sous le nom de Cebus macrocephalus, Cette prétendue espèce me paroît un double emploi du Cebus robustus. 134 CARACTÈRES mais sept molaires sur le côté droit de l’une et de l’autre mà- choire. Cette différence, ainsi que celle qui existe entre l’âge des deux individus et le genre auquel ils appartiennent, sont des circonstances intéressantes par elles-mêmes, et qui de- vront surtout fixer l’aitention des naturalistes qui croiroient pouvoir donner l’explication de telles anomalies (1). 30. Ongles aplatis. Ce troisième caractère est plus gé- néral encore que les précédens, puisque, bien loin d’appar- tenir en propre aux Singes du nouveau monde, il se retrouve sans aucune exception chez tous ceux de l’ancien continent : on va voir cependant qu'il manque chez plusieurs Sapajous. Ces mêmes Eriodes qui nous ont déjà présenté, par la dis- position de leurs narines, une exception si remarquable, s’é- loignent des Atèles, avec lesquels on les avoit jusqu’à ce jour confondus, par la forme de leurs ongles, qui bien loin d’être aplatis, sont très-comprimés, et presque semblables à ceux des Chiens. Quelque chose d’analogue a aussi lieu chez les Lagothriches. Dans ce genre, les ongles des mains antérieures sont un peu comprimés, même ceux des pouces, et ils tien- nent ainsi le milieu, par leur forme, entre ceux des Eriodes et ceux des Atèles. Lies ongles des mains postérieures sont, à l’exception de ceux des pouces, plus comprimés encore, et ressemblent encore davantage à ceux des Eriodes; ce qui est surtout apparent à égard des trois derniers doigts. J’in- siste avec quelque détail sur ces faits, non-seulement dans (r) Je n’ai pas besoin de dire que souvent l’on ne trouve chez les Singes améri- cains que cinq ou même quatre molaires : c’est seulement un fait de jeune âge dont je n’ai pas à m'occuper ici, et qui, au reste est généralement connu. DES SINGES AMÉRICAINS. 135 le but de démontrer l'existence des exceptions que j'ai an- noncées, mais aussi afin de prévenir l'accusation d’inexacti- tude qu’on ne manqueroit pas de diriger contre moi, en me voyant donner ici des indications toutes contraires aux des- criptions des auteurs les plus recommandables. Les remarques que je viens de présenter suffisent pour démontrer l’assertion que j'ai émise, et pour établir que, sur les trois caractères généraux attribués aux Singes américains, il n’en est pas un seul qui soit constant. Et (ce qui rend ce fait encore plus digne d'attention) c’est qu’en l’absence de ces caractères fournis par la considération d'organes impor- tans, il est quelques caractères négatifs qui se retrouvent tou- jours, et qui persistent au milieu de toutes les variations : telles sont l'absence des callosités et l’absence des abajoues. Voilà donc (ce qu’on peut regarder comme une sorte d’ano- malie) deux caractères négatifs par lesquels les rapports natu- rels se trouvent indiqués d’une manière assez exacte : remar- que qui est surtout vraie à l'égard du premier. Parmi les Singes de l’ancien continent, il est plusieurs genres qui manquent d’abajoues, comme les Singes du nouveau monde; maisil n’est qu’une seule espèce qui manque de callosités : c'est l’Orang- Outang. Elles existent en effet, malgré les assertions de Buffon, et chez le Douc (1), ce que tous les naturalistes ont pu vé- rifier depuis quelques années, et chez le Chimpanzé (Tro- glodyte ou Orang noir) (2), quoique le contraire se trouve (1) Zoyez Geoffroy-Saint-Hilaire, Cours sur l’Histoire naturelle des Mannni- fères , huitième lecon , p. 7. — Il suit de l'existence des callosités chez le Douc , que le genre Pygathrix ou Lasyopyga doit être supprimé. (2) Voyez, àcesujet, l'article Singes du Dictionnaire classique d'Histoire natu- 136 CARACTÈRES affirmé dans tous les ouvrages, même les plus modernes. Ainsi de tous les caractères propres à faire distinguer au premier aspect les Singes américains, il n’en est peut-être point de plus sûr que l’absence des callosités : remarque qui, avec quelques autres preuves qu’il n’est pas de mon sujet de développer ici, établit d’une manière presque incontestable J’importance de ces parties. D’autres résultats beaucoup plus dignes d'attention, et sur lesquelsil importe d’insister, quoiqu'ils soient loin d’être nou- veaux, découlent également des faits que j'ai exposés, et des considérations que j'ai présentées à leur sujet. C’est qu’une classification parfaite, c’est-à-dire une classification qui seroit toujours l'expression heureuse des rapports naturels des êtres, est une sorte de pierre philosophale à la recherche de la- quelle on consumeroit en vain son temps et ses efforts (1): relle. Dans cet article général, et dans l’article Sapajou (qui renferme un extrait de mon travail sur les Ériodes), j'ai présenté avec quelque détail des considéra- tions que je n’ai pu qu’'indiquer ici, ou même que j'ai dû passer entièrement sous silence, à cause du but plus spécial du présent Mémoire. (1) Les personnes qui doutent encore de cette vérité peuvent s’en convaincre d’une manière tres-simple. Lorsqu'on embrasse, dans un examen général, toute une classe ou même un ordre entier, l’esprit se perd dans l’immensité des détails, et les résultats auxquels on arrive laissent toujours quelque incertitude : mais que Von s'attache uniquement à une famille composée d’un pelit nombre de genres, etil ne sera plus possible de douter. Ainsi, pour citer un exemple, je crois qu’après quelques essais, les personnes même les plus difficiles à convaincre, reconnoîtront comme moi qu’il est absolument impossible deplacer dans une série naturelle les sept ou huit sous-genres que M. Cuvier a établis parmi les Pies-grièches. J'ai aussi présenté, dans mon Aistoire des "Reptiles et des Poissons d'Égypte (qui fait partie du grand ouvrage sur l'Égypte), quelques faits et quelques remar- ques qui fournissent, à l'appui de celte vérité, des preuves d’une autre sorle. Forez Varticle des Sargues, celui des Hétérobranches, etc. DES SINGES AMÉRICAINS. 137 c'est qu’une classification, d’une bonté relative, est tout ce qu'il est possible d'espérer, et tout ce qu’il est raisonnable de chercher (1). Enfin, c’est que, pour approcher d’un tel but, il faut se laisser guider par l’ensemble de l’organisation, et qu'il est nécessaire, lorsqu'il s’agit d'attribuer à un animal la place que lui assignent dans les cadres zoologiques ses rap- ports naturels, de faire entrer en ligne de compte un grand nombre de considérations. Toute méthode basée sur un caractère exclusif est nécessairement vicieuse; elle peut être ingénieuse et d’un usage facile, mais elle n’est jamais et ne peut être qu'un système purement artificiel. Et si après les essais infructueux tentés par un si grand nombre d’auteurs il étoit besoin de présenter une nouvelle preuve, l'examen du nouveau genre Ériode m'en fourniroit une bien frappante. Ce genre, ainsi qu'on le verra, ne peut être séparé des Atèles et des Lagothriches, et il n’est personne qui ne le pla- çcât avec eux dans le groupe des Singes Platyrrhinins. Et ce- pendant, si l’on s’en tenoit à l'examen des caractères qui sont donnés comme essentiels, si l’on s’attachoit à la lettre au lieu de se pénétrer de l'esprit des classifications naturelles, on va voir combien seroit différente la conclusion à laquelle on seroit inévitablement conduit. Un Ériode ne pourroit appartenir à la tribu des Platyrrhinins ; car il n’a pas la cloison nasale large et les narines ouvertes latéralement: il ne pourroït même ap- (1) Une classification est semblable à ces problèmes géométriques dont il est impossible de donner une solution exacte, mais qui peuvent être résolus d’une manière approximative par des calculs à l’aide desquels on se rapproche sans cesse du nombre exact, sans jamais y arriver. Mém. du Muséum. 1. 17. 18 : 138 CARACTÈRES DES SINGES AMÉRICAINS. partenir à la famille des Singes; car il n’a pas les ongles apla- tis : et bien plus encore, il ne pourroit appartenir à l’ordre des quadrumanes; car, comme on le verra, il est privé, ainsi que les Atèles, de pouces antérieurs, et n’a par conséquent que deux mains. Ainsi, chez des animaux dont les rapports naturels sont cependant évidens, nous voyons manquer à la fois l’un des caractères essentiels de leur tribu, de leur famille et de leur ordre, comme si la nature s’étoit plue à réu- nir toutes les anomalies dans un seul genre, et comme si elle vouloit nous montrer, par une triple preuve, que les mé- thodes sont des créations de l’homme, qu’elle ne connoît et n’adopte pas. Je passe maintenant à la description du genre Ériode, qui établira d’une manière certaine quelques unes des proposi- tions que je viens d'avancer. DESCRIPTION DU GENRE ÉRIODE (£RIODES ). Les espèces que je réunis sous ce nom générique ont jus- qu'à ce jour été confondues avec les Atèles, auxquels elles ressemblent par l’extrème longueur de leurs membres, par l’état rudimentaire de leurs pouces an‘érieurs, toujours en- tièrement ou presque entièrement cachés sous la peau; enfin par quelques autres conditions organiques d’une importance secondaire. Toutefois si le nouveau genre, dont je propose aujourd’hui l’adoption, n’a point été établi plus tôt, on doit sans aucun doute l’attribuer à ce que les espèces qui doivent le composer ont été jusqu’à ce jour peu étudiées, soit parce qu’elles sont en général assez rares et connues depuis un petit nombre d'années, soit par d’autres causes. En effet, les MÉMOIRE SUR LES ÉRIODES. 139 caractères qui distinguent les Ériodes des Atèles sont à la fois très-multipliés et très-importans, comme on le prévoit déjà d’après ce que j'en ai dit dans la première partie de ce travail, et comme le montrera la description suivante. J’examinerai successivement le système dentaire, le crâne, les organes des sens, ceux de la locomotion et de la préhen- sion, enfin ceux de la génération. Système dentaire. Les Ériodes ont, comme tous les groupes voisins, trente- six dents, savoir : douze molaires (1), quatre incisives et deux canines à chaque mâchoire, et le nombre des dents étant ainsi un caractère de famille, ne peut fournir aucune donnée pour la distinction du genre. Îl en est tout autrement de leur forme, de leur disposition, et surtout de leur gran- deur proportionnelle. Les molaires sont de forme quadrandulaire et générale- ment très-grosses; les canines sont assez petites; les incisives sont, aux deux mâchoires, rangées à peu près sur une ligne droite, égales entre elles, et toutes fort petites: elles sont beaucoup moins grosses que les molaires. Ces seuls caractères sufliroient pour distinguer les Eriodes de tous les autres Sapajous, les Hurleurs excepté. Chez les Atèles, par exemple, les molaires sont, aux deux mâchoires, petites et à couronne irrégulièrement arrondie; et ce qui est (1) Les deux exceptions que j’ai indiquées plus haut sont les seules connues. 140 MÉMOIRE surtout à remarquer, les incisives supérieures sont de gran- deur très-inégale, celles de la paire intermédiaire étant à la fois beaucoup plus longues et beaucoup plus larges que celles de Îa paire externe : les inférieures, rangées à peu près en demi-cercle, sont au contraire égales entre elles, et toutes assez grandes; elles surpassent sensiblement :en volume les molaires. fa Les Hurleurs sont ceux de tous les Singes qui se rappro- chent le plus des Ériodes par le système dentaire. Cependant il ne faudroit pas croire qu'il y ait entre eux une entière res- semblance, comme on pourroit le penser en comparant ma description avec une figure que M. Frédéric Cuvier a donnée dans son ouvrage sur le Système dentaire des Mammifères, et qu'il indique comme faite d’après le crâne d’un Alouate fauve. Ce prétendu Alouate ou Hurleur fauve, est l'Eriode arachnoïde, comme il m’a été facile de le constater, le crâne et la pelleterie d’où il a été retiré existant encore dans les collections du Muséum royal d'Histoire naturelle. L/ouvrage de M. Frédéric Cuvier étant consulté chaque jour avec toute la confiance dont il est digne, il est important de noter cette petite erreur, dont la cause est une fausse indication placée sur le crâne de l’Eriode. Crâne et mâchoire inférieure. La boîte cérébrale est arrondie et volumineuse , et forme les deux tiers environ de la longueur totale du crâne : cepen- dant sa portion postérieure est proportionnellement peu dé- veloppée; caractère commun à tous les Sapajous à queue nue SUR LES ÉRIODES. 141 et calleuse. I’angle facial est à peu près le même que chez les Atèles. Les orbites, larges et profondes, sont remar- quables chez les vieux individus par un rebord saillant qui se montre surtout à la portion supérieure et à la portion - externe de leur circonférence. Tous ces caractères existent également chez les Atèles et les Lagothriches; et les Ériodes ressemblent également à ces deux genres par la forme de leur mâchoire inférieure qui est assez haute, et dont les branches sont très-larges , quoique beaucoup moins que chez les Hurleurs. On peut conjecturer, d’après cette circonstance, que l’hyoïde des Eriodes, qui n’est point encore connu, res- semble à celui des Atèles, et que son corps a la forme d'une lame très-étendue de haut en bas, et recourbée sur elle-même d'avant en arrière. Un autre caractère ostéologique (1) qui se retrouve éga- lement chez les Atèles, et qui même est commun à tous les Sapajous à queue nue et calleuse, est le suivant : l’os malaire ou jugal est percé dans sa portion orbitaire d’un trou très- considérable, au lieu du trou assez petit qui existe ordinai- rement. La grandeur de ce trou n’est pas sans quelque importance, parce que, d’après l’analogie, il doit donner passage à une branche du principal nerf de la face, le triju- meau ; et il est à remarquer que le trou sous-orbitaire, qui donne également passage à une branche de la cinquième paire, est tout au contraire très-petit, ou plutôt se trouve remplacé par plusieurs ouvertures très-petites. Au reste, cette (1) Ce caractere a déjà été vu et indiqué par mon père, qui le mentionne dans son Tableau général des quadrumanes. Voyez Annales du Muséum, t. 19. 142 MÉMOIRE dernière remarque est également applicable à la plupart des Singes. | Tous les caractères précédens sont communs aux Atèles et aux Ériodes. Il me reste à indiquer une différence ostéo- logique très-remarquable qui existe entre ces deux genres. Chez les Atèles, l’ouverture antérieure des fosses nasales est de forme ovale, et une partie de sa circonférence est formée par les apophyses ascendantes des os maxillaires, parce que les intermaxillaires ne montent pas jusqu'aux os du nez, et ne s’articulent pas avec eux comme à l'ordinaire. Chez les Ériodes, au contraire, l'ouverture antérieure des fosses nasales est à peu près cordiforme, et les os maxillaires ne concourent en rien à la circonscrire, parce que les intermaxillaires mon- tent jusqu'aux 05 du nez et s’articulent avec eux: On seroit porté au premier abord à croire cette disposition liée d’une manière nécessaire avec celle que présentent les narines des Eriodes , et que j'ai déjà indiquée dans la première partie de ce travail: une telle conjecture sembleroit même d'autant mieux fondée, que les os du pourtour des fosses nasales sont, chez les Singes de l'ancien monde-ou Catarrhinins, dans les mêmes rapports que chez les Eriodes. Il n’en est rien cepen- dant ; car lemême arrangement existe aussi très-généralement chez les Singes américains ou Platyrrhinins; et les Atèles sont même les seuls, à ma connoiïssance, qui ne le présentent pas. Organes des sens et pelage. Dans l’article précédent, j’ai présenté quelques remarques sur les fosses orbitaires et les fosses nasales: j'aurois mainte- nant à décrire les organes sensitifs eux-mêmes. Je n’ai malheu- SUR LES ÉRIODES, 143 mn que peu de détails à donner à leur sujet, n ayant eu à ma disposition que des pelleteries desséchées. L’œil et la langue ne me sont pas connus; mais de toutes les lacunes. que le défaut de matériaux m’obligera de laisser dans mon travail, celle-ci est celle qui me cause le moins de regret; car je ne doute pas que les organes de la vue et du goût ne pré- . sentent une structure très-analogue à celle que tous les natu- ralistes ont pu examiner, soit chez les Lagothriches, soit sur" tout chez les Atèles; Singes que l’on a très-fréquemment Poccasion d'observer dans l’état de vie, et qui ont été plu- sieurs fois étudiés anatomiquement. - Je n'ai que très-peu de chose à dire des oreilles : elles sont très-petites, en grande partie velues et presque entière- ment cachées dans le poil; caractères qui se retrouvent seu- lement chez les Lagothriches. Les narines sont; comme je lai déjà indiqué, de forme arrondie, et surtout remarquables par leur position : elles “sont très-rapprochées l’une de.lautre, et ouvertes plutôt au-dessous du nez que sur ses parties latérales. On a déjà vu que Spix a le premier, sur une espèce qu’il a observée au Brésil , aperçu cette disposition qui est commune à tous les Ériodes, et qui fournit au genre l’un de ses caractères, si- non les plus apparens , au moins les plus remarquables. En effer, 1l est exact de dire que les Ériodes, par la position de leurs narines et la forme de leur nez, tiennent le milieu entre les Singes de l’ancien continent ou Catarrhinins et ceux du nouveau monde ou Platyrrhinins, et qu'ils sont même plus voisins des premiers que de la plupart des seconds: ce qui 144 MÉMOIRE est de toute évidence, si l’on prend pour terme de comparai-* son un Saki ou même un Sajou (1). Au reste, les Singes de l’ancien monde sont eux-mêmes sujets à quelques variations sous le point de vue qui nous occupe ici, et ne se trouvent pas tous rapprochés au même degré des Ériodes. Sans entrer dans des détails qui ne sont pas de mon sujet, il est évident que les Cynocéphales et sur-. tout le Kahau en sont plus éloignés que tous les autres. Je citerai au contraire comme celui qui en est le plus voisin (du moins parmi les espèces que j'ai pu examiner avec soin), la Guenon ‘Falapoin de Buffon; espèce que j'ai eu l’occasion d'observer vivante à la ménagerie da Muséum, et dans la- quelle la position des narines est tellement incertaine, que je l'ai vu prendre plusieurs fois pour un Singe américain. Quant au sens du toucher, ila pour organes chez les Ériodes, non-seulement les quatre mains, mais aussi la longue callosité qui existe à la partie inférieure de la queue, et qui comprend les deux derniers cinquièmes. En effet, la peau qui recouvre la partie nue à laquelle on donne improprement le nom de callosité, présente une organisation analogue à celle de la paume des mains, est pourvue de nerfs nombreux, et est le siége d’un toucher délicat; c’est du moins ce qu’on peut con- clure des observations faites sur tous les autres Sapajous à queue nue et calleuse. Les mains sont très-étroites, mais en revanche très-longues, et la paume ne manque pas d’étendue. (1) On a vu plus haut que ces Singes et les genres voisins ont les narines beau- coup plus écartées l’une de l’autre que les Sapajous à queue nue et calleuse. SUR LES ÉRIODES. 145 Ces dernières remarques sont également applicables aux Atèles : c’est au contraire aux Lagothriches que les Ériodes ressemblent par la nature de leur pelage. Tous leurs poils sont moelleux, doux au toucher, laineux et assez courts. Ceux de la tête, plus courts encore que ceux du corps et de la queue, sont dirigés en arrière: caractères précisément inverses de ceux que présentent les Atéles, et qui donnent aux Eriodes une physionomie toute différente. C’est à la nature laineuse de leurs poils que se rapporte le le nom générique que j'ai adopté pour ces Singes (1), et par lequel j'ai cherché à rappeler le plus apparent de leurs traits distincts. è Les caractères qu’offrent la nature du pelage et même la disposition générale des couleurs, ont plus d'importance que ne le pensent un grand nombre de naturalistes. Il est bien rare qu'il n’y ait pas, sous ce rapport, une grande analogie entre toutes les espèces d’un même genre natu- rel(2); et c’est même parce que je ne trouvois pas cette analogie entre toutes les espèces placées dans le genre Atèle, que j'ai été conduit à soupçonner la nécessité d’une coupe nouvelle, et à faire un examen plus attentif des Singes à mains imparfaites. (1) Eriodes, du mot grec tpsadys, laineux. (2) Plusieurs genres, composés d’espèces à pelage uniforme et d’espèces dont le pelage est orné de taches, forment des exceptions; mais j'ai fait voir ailleurs que ces exceptions se ramènent elles-mêmes à la règle. En effet, les espèces, dont le pelage est uniforme dans l’état adulte, ont souvent une livrée dans leur premier âge, et il arrive ainsi que les jeunes représentent d’une manière transitoire ce qui a lieu chez leurs congénères d’une manière permanente. Voyez, à ce ce sujet , le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, t. 11, art. Mue. Mém. du Muséum. 1, 17. 19 146 MÉMOIRE Organes de la locomotion et de la préhension. Les organes de la locomotion et de la préhension sont les membres antérieurs et postérieurs, et le prolongement cau- dal qui peut être comparé à un cinquième membre, et qui en remplit véritablement la triple fonction. La callosité est le siége: d’un toucher délicat, et elle saisit les corps aussi bien qu'une main, quoique par un mécanisme différent, en même temps que la queue, prise dans son ensemble, contribue puissamment, dans certains cas, aux mouvemens de progression. Au reste, ce sont là des faits communs à plu- sieurs genres, et sur lesquels il est inutile d’insister. Je passe à l’examen des membres eux-mêmes. Liés de la manière la plus intime avec les Lagothriches, les Eriodes diffèrent cependant d’une manière très-remar- quable de ces derniers, en ce qu’ils manquent du principal caractère, non-seulement de la famille des Singes, mais mème de l’ordre des Quadrumanes. Les Ériodes n’ont point de pouces; ou n’ont que des pouces excessivement courts aux mains antérieures, ou, pour parler plus exactement, ils ont des pouces tellement rudimentaires, qu'ils restent en- tièrement ou presque entièrement cachés sous la peau. Déjà chez tous les autres Sapajous, chez les Hurleurs, par exemple, les pouces antérieurs sont courts, peu Jibres dans leurs mou- vemens, peu opposables aux autres doigts, et par conséquent de peu d’usage dans la préhension. Ghez les Ériodes, leur usage devient tout-à-fait nul, aussi bien lorsque leur extré- mité se montre à l'extérieur que lorsqu'ils sont entièrement eachés sous les tégumens. Il semble que chez les Sapajous SUR LES ÉRIODES. 147 le prolongement caudal n’ait pu entrer en partage des fone- tions ordinairement dévolues aux mains, sans que celles-ci en perdissent quelque chose, et que l’extrême richesse du dé- veloppement de la queue soit liée nécessairement à l’atrophie plus ou moins complète des pouces antérieurs. La loi du ba- lancement des organes, loi si féconde en applications, paroît donner la clef de ces faits; mais surtout elle explique d’une manière frappante et toute directe ceux qui me restent à indiquer. Chez les Hurleurs, les membres sont proportionnés au corps, et les pouces sont seulement un peu plus courts que chez les Singes à queue non prenante; chez les Ériodes, les membres, et plus spéciatement les mains, sont d’une ex- cessive longueur, ét les pouces avortent presque compléte- ment. Et il est si vrai que ces deux conditions organiques sont liées l’une à l’autre, que chez les Lagothriches on voit en même temps les pouces reparoître et les mains se rac- courir. ! Au reste, si les membres ont une longueur considérable chez les Ériodes, ils sont aussi excessivement grêles; d’où l’on a donné à celle des espèces du genre qui est la plus an- ciennement connue, les noms de Szge araignée et d'A4- rachnoïde. s Les anomalies qui rendent si remarquables les membres des Eriodes, sont loin d’appartenir en propre à ces animaux. D’autres Singes, très-éloignés entre eux par leurs rapports naturels, et dont les uns appartiennent à la tribu des Catar- rhinins, les autres à celle des Platyrrhinins, les présentent également. lies premiers sont les Colobes, genre encore 148 MÉMOIRE très-peu connu, et composé d’un petit nombre d'espèces. Les seconds sont les Atèles, dont les Ériodes se rapprochent beaucoup par leurs organes du mouvement, et avec lesquels, pour cette raison même, ils avoient été confondus jusqu'à présent. Voilà donc entre les membres des Ériodes et ceux des Atèles de nombreux et importans rapports. Cependant la ressemblance n’est pas complète. Il existe une différence, et une différence si remarquable qu’elle sufiroit seule pour motiver la séparation des uns et des autres. Les ongles des Atèles sont élargis et en gouttière, comme ceux de la plupart des Singes. Ceux des Ériodes sont au con- traire comprimés, et on peut les regarder comme composés de deux lames réunies supérieurement par une arête mousse. Il est certain qu’ils ressemblent autant et peut-être plus à ceux de plusieurs carnassiers, tels que les Chiens, qu’à ceux des Atèles et de la plupart des Singes. Les Lagothriches sont même les seuls qui présentent quelque chose d’analogue.. Il est cependant, chez les Ériodes, un doigt dont l’ongle retient les caractères propres aux quadrumanes ; c’est le pouce de la main postérieure : son ongle est large et plat comme les ongles de l’homme. Ce fait et quelques unes des observations qui précèdent, confirment d’une manière frap- pante une remarque générale que j'ai présentée récemment dans le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, et que je reproduirai ici, en citant textuellement un passage de mon article (1). Rite (1) Vorez tome 16, art. Quadrumanes. SUR LES ÉRIODES. 149 « C’est un fait bien digne d’attention que les anomalies par lesquelles divers quadrumanes s’écartent du type de leur ordre, portent toujours sur les membres anté- rieurs, et jamais sur les postérieurs. Chez l’homme, les extrémités antérieures ont seules un pouce libre et oppo- sable; chez les quadrumanes, au contraire, le pouce existe constamment aux membres postérieurs, et il y est toujours très-développé et très-opposable aux autres doigts, quand, dans un très-grand nombre d'espèces, les pouces anté- rieurs s’atrophient et deviennent rudimentaires, ou même tout-à-fait nuls. Rappelons ici que tous les Marsupiaux pédimanes ont des pouces libres et opposables à leurs extrémités postérieures, et jamais à leurs extrémités anté- rieures; et il en est de même d’un mammifère placé par les naturalistes prés des Écureuils, mais qui nous semble bien plutôt (suivant l'opinion de M. de Blainville) un quadrumane voisin des Tarsiers qu’un Rongeur: nous voulons parler de lAye-aye. Aïnsi il est un très-grand nombre d'animaux de différentes familles qui ont des mains aux extrémités postérieures, sans en avoir aux antérieures : tels sont les Atèles, les Colobes, les Didelphes, les Pha- langers, l’Aye-aye, etc.; mais il n’est qu'un seul être chez lequel on trouve le système inverse, et cet être remar- quable par une telle anomalie, c’est l’homme. » Organes de la génération. Les organes de la génération des Ériodes ne me sont connus que par l’examen des parties extérieures faites d’a- près quelques pelleteries; et seulement sur des individus 150 MÉMOIRE femelles; et cependant ce seul examen a sufli pour me pro- curer la connoissance de quelques faits d'organisation très- curieux. On sait que les femelles des Atèles sont remarquables par le volume considérable de leur clitoris, et qu’elles sont sou- vent même, à cause de cette circonstance, prises pour des mäles. Le clitoris des Ériodes femelles est aussi très-déve- loppé, quoique l’étant moins que celui des Atèles; mais ce qui le rend surtout remarquable, c’est le caractère suivant : il est couvert sur ses deux faces de poils soyeux un peu rudes, très-serrés les uns contre les autres, pour la plupart parallèles entre eux, noirâtres et longs (chez un individu adulte) d’un demi-pouce environ sur la face postérieure, et de près d’un pouce sur l'antérieure. La disposition de ces poils est telle que le clitoris ressemble à une brosse ou bien à un pinceau élargi transversalement ; et il est à remarquer que ceux de la face postérieure se portant obliquement de dehors en dedans vers la pointe de l’organe, laissent d’abord entre eux un petit espace triangulaire qui semble former la continuation du sillon de l’urètre. Je ne doute pas, au reste, que l'urine ne coule entre ces poils, non-seulement parce que leur dispo- sition lindique, mais aussi parce qu'ils sont comme agglu- tinés entre-eux, et qu'ils adhèrent légèrement les uns avec les autres, comme le font, après avoir été mouillés ensemble, des corps ténus qui se trouvent en contact. Cette disposition du clitoris se lie évidemment avec la disposition suivante : au-dessous de l’anus on remarque un espace triangulaire correspondant à la région périnéale, et plus ou moins étendu, qui se trouve nu ou couvert de poils SUR LES ÉRIODES. 11 excessivement courts, et présentant d’ailleurs le même as- pect que ceux du clitoris; et tout le dessous de la queue, dans la portion qui répond à cet espace, et qui s'applique sur lui lorsque l'animal rapproche sa queue de son corps, est couvert de poils excessivement ras, dirigés de dehors en de- dans, &t formant, au point où ils rencontrent ceux du côté opposé, c'est-à-dire sur la ligne médiane, une sorte de petite crête longitudinale. L'aspect gras et luisant de toutes ces par- tes, semble annoncer la présence d’un grand nombre de follicules sébacés ; mais n'ayant eu à ma disposition que des pelleteries desséchées, je n’ai pu constater leur présence. Je n’ai pu également, faute de sujets, et à mon grand re- gret, examiner chez le mâle le pénis et les parties environ- nantes. J'aurois trouvé sans doute, en examinant cet organe, quelque chose d’analogue à ce que présente le clitoris (1), mais avec de notables différences ; car on concevra facilement combien un gland pénien hérissé de poils rndes et dirigés vers sa pointe, comme l’est le gland du clitoris de la femelle, seroit une condition défavorable ‘pour l'acte de l’acconple- ment. Deux motifs me font supposer cette analogie, savoir, le rapport anatomique qui existe entre le pénis et le clitoris (2), (x) Il n’en seroit rien cependant si l’on s’en rapportoit à une figure d'Ériode qui se trouve dans les Æbbildungen du prince de Wied-Neuwied, et d’après laquelle Je pénis seroit semblable à celui d’un Sajou. Peut-être cet organe, ajouté seulement comme indice du sexe, n’a-t-il point été dessiné d’apres un Ériode, mais d’après un autre Singe que l’on présumoit ne pas devoir différer sous ce rapport. (2) Le clitoris de la femelle est parfaitement analogue au pénis du mâle: il suit les mêmes lois de formation, il présente généralement la:même structure et les. 152 MÉMOIRE et le rapport physiologique que l’on observe constamment entre les organes génitaux d’un sexe et ceux de l’autre. Les organes de la reproduction, quoique répartis sur deux indi- vidus, sont véritablement, sous le point de vue de leurs fonctions, des parties d’un même appareil, et il y a toujours pour cette raison une harmonie parfaite entre ceux de l’un et de l’autre sexe, et une liaison intime entre les'diverses mo- fications dont ils sont susceptibles. Je ne connoïs encore dans aucun genre des caractères semblables à ceux que je viens d’indiqner chez les Ériodes. Il est certain que les Atèles ne présentent rien d’analogue. Quant aux Lagothriches, j’ai cherché inutilement à m'en as- surer par l’examen des pelleteries qui existent au Muséum; et les ouvrages des voyageurs ne contiennent aucun renseigne- ment qui puisse suppléer aux observations qui me manquent. Résumé des caractères des Ériodes. En passant en revue les différens organes des Eriodes, et en présentant sur eux diverses remarques, j'ai cherché non- seulement à faire connoître les caractères de ces Singes par des descriptions exactes, mais aussi à les faire apprécier par des comparaisons avec les genres voisins. De cette manière : À ï 2 : on a pu voir ce qu'il y a de commun et ce qu'il y a de dif- mêmes modifications. Ÿ’oyez mes Considérations générales sur les Mammiferes, p. 163 et suiv., ou l’art. Mammifères du Dictionnaire classique d'Histoire natu- relle , p. 104. ï ' ï 2 53 1e SUR LES ERIODES. 19 férent entre les Ériodes et les Atèles avec lesquels ils avoient été confondus, et on aura sans doute reconnu combien la somme des dissemblances l'emporte sur la somme des res- semblances génériques. Cependant, s’il pouvoit enéore rester quelques deutes, je pense qu’il me sera facile de les lever entièrement, en présentant le résumé des caractères princi- paux des Eriodes. IT suit de tout ce qui a été dit précédemment, que le genre Éricde, Æriodes, peut être caractérisé de la manière suivante: Pouces antérieurs nuls ou extrémement courts. Membres très- longs. Mains grêles et alongées. Queue forte, prenante, nue et cal- leuse en dessous dans sa portion terminale (ces caractères sont les seuls qui se retrouvent chez les Atèles). Molaires très-grosses, qua- drangulaires. Incisives supérieures et inférieures rangées à peu près sur une ligne droite, égales entre elles, et toutes moins grosses que les molaires. Ongles comprimés, excepté ceux des pouces posté- rieurs. Oreilles petites, et en grande partie velues. Narines arron- dies, très-rapprochées l’une de l’autre, et plutôt inférieures que latérales ; cloison nasale très-peu épaisse. Clitoris volumineux, cou- vert sur ses deux faces de poils rudes, pour la plupart parallèles entre eux, qui le rendent comparable à un pinceau élargi transver- salement. Dessous de la base de la queue et région périnéale nus ou couverts de poils excessivement courts. Pelage entièrement composé de poils moelleux, doux au toucher et laineux. Rapports naturels des Ériodes. Les Eriodes appartiennent évidemment, par l’ensemble de leur organisation, au groupe des Sapajous, et plus particu- lièrement à cette première section que caractérise sa queue Mém. du Muséum. t. 17. 20 154 | MÉMOIRE en partie nue et calleuse, et à laquelle on peut donner avec Spix le nom de Gymnurti. Trois genres de Sapajous gyninures étoient déjà connus : les Hurleurs ou Alouates, les Atèles et les Lagothriches. Les Ériodes ont des rapports assez nombreux avec les Hurleurs, et j'ai même fait remarquer que par quelques caractères, notamment par ceux que fournit le système dentaire, ils se trouvent beaucoup plus rapprochés de ceux-ci que de tout autre groupe. Cependant il est vrai de dire que par l’ensemble de leur organisation ils sont en général voisins des Atèles et des Lagothriches, et qu'ils se trouvent intermédiaires entre les uns et les autres, sans qu’it soit possible, au reste, de les confondre ni avec les premiers ni avec les seconds. Les Ériodes n’ont avec les Sapajous à queue entièrement velue, ou Sajous, que des rapports beaucoup plus éloignés; cependant ces rapports sont réels, et ne doivent pas être méconnus. Malgré la position plus avancée du trou occipital chez les Sajous, et plusieurs autres différences, peut-être seroit-il possible de démontrer ces rapports par desremarques faites sur les crânes eux-mêmes, surtout si au lieu de se borner à l'étude des crânes des adultes on embrassoit dans un examen comparatif ceux de tous les âges. Des observa- tions faites sous ce point de vue m'ont déjà fait apercevoir de nombreuses ressemblances entre la tête des Sajous adultes et celle des jeunes Atèles, et de plus, entre celle des Atèles et des Ériodes adultes et celle des jeunes Hurleurs. Il sem- bleroit ainsi que le même type crânien, se reproduisant chez tous les Sapajous, nous apparüt dans un premier degré de développement chez les Sajous, dans un second chez les SUR LES ÉRIODES. 155 Atèles, les Ériodes et les Lagothriches, et enfin dans un troi- sième et dernier chez les Hurleurs (1). Les Ériodes ont aussi quelques rapports avec plusieurs genres de l’ancien monde. Par l’état rudimentaire de leurs pouces antérieurs, ils se rapprochent des Colobes, et par la longueur de leurs membres, de ces mêmes Colobes, des Semnopithèques, et surtout des Orangs et des Gibbons. Enfin leurs phalanges paroissent être courbes comme celles des Atèles; ce qui a lieu également chez les Orangs et les Gib- bons, et ce qui établit ur rapport de plus et un rapport très-remarquable entre tous ces Singes. Habitudes. Les habitudes des animaux étant dans un rapport néces- saire avec leur organisation, il est souvent facile, lorsque celle-ci est connue, de se faire une idée exacte des habi- tudes, et quelquefois même l'inverse peut être fait. Ainsi, pour ce qui concerne les Ériodes, on peut regarder comme certain qu'ils vivent en troupes, se tiennent habituellement sur les arbres, sautent avec une grande agilité, se nourrissent principalement de fruits, et ressemblent en général aux Atèles et aux Lagothriches par leurs mœurs comme par leur organisation. Les observations faites au Brésil par le prince de Wied- Neuwied et par Spix confirment ces données générales. Le (1) On peut faire des remarques analogues à l’égard des hyoïdes des différens genres de Sapajous. 156 © MÉMOIRE premier de ces célèbres voyageurs rapporte en effet (x), en décrivant un Ériode dont la connoissance lui est due, que « ce Singe habite les hautes forêts primordiales, et se trouve « dans les régions désertes couvertes de bois, et que « trouble rarement la présence de l’homme. » Spix donne aussi quelques détails (2). D’après ses obser- vations, les Ériodes vivent en troupes, et font pendant toute la journée retentir l'air de leur voix claquante. À la vue du chasseur, ils se sauvent très-rapidement en sautant vers le sommet des arbres. C’est à ce petit nombre de faits que se réduit ce que nous savons sur les mœurs des Ériodes. Tous paroissent avoir été observés sur la même espèce, et l’on ne possède absolument aucun renseignement sur les autres Ériodes. Historique et Synonymue. Les Ériodes, semblables aux Atèles par l’atrophie de leurs pouces antérieurs, ont été placés jusqu’à ce jour dans ce genre. L'espèce la plus anciennement connue est celle que mon père rapporta, il y a vingt ans, du Musée de Lisbonne, et qu'il décrivit sous le nom d’Æteles arachnoïdes (3). Assez long-temps elle fut la seule connue : ce ne fut que plusieurs années après que deux autres espèces furent découvertes, l’une par le prince de Wied-Neuwied, l’autre par M. Dela- (1) Voyez Abbildungen zur Naturgeschichte Brasiliens, 1°°, livr: On trouve aussi quelques détails dans le Voyage au Brésil de lillustre zoologiste. (2) Sémiurum et Fespertilionum Brasiliensium species novæ. (3) Annales du Muséum, t. 13. SUR LES ÉRIODES. 157 lande. Toutes deux ont été depuis confondues sous le nom d’Ateles hypoxanthus. En 1820, M. Desmarest, dans son Traité de Mammalogie, partagea les Atèles en deux sections : l’une comprenant les espèces dans lesquelles on n’aperçoit aux mains de devant aucune trace extérieure de pouce, l’autre celle où l'extrémité du pouce se montre au dehors. Dans la première se trouvoit l’Ateles arachnoides avec plusieurs véritables Atèles; la se- conde étoit composée seulement de l’Æeles hypoxanthus et du Chamek (Ateles pentadactylus, Geoff.-S.-K.) Ces deux sections n’avoient été instituées que pour faci- liter les recherches: M. Desmarest ne les donnoit lui-même que comme des coupes artificielles, et remarquoit avec juste raison que l’#{eles arachnoïdes ne diffère guère de l’ Ateles hypoxanthus que par l'absence du pouce rudimentaire qui existe chez celui-ci. La même remarque avoit aussi été faite par Kuhl (r). Cependant, en 1823, Spix, dans son ouvrage sur les Singes du Brésil, ne se contenta pas d'adopter les deux sections éta- blies par M. Besmarest; il les érigea en genres. Laissant à la première le nom d’Atèle, Æfeles, il donna à la seconde celui de Court-pouce, Brachyteles; et l'Ateles hypoxan- thus du prince de Wied-Neuwied devint le Brachyteles MNACFOLATSUS. Ce changement de nomenclature, cette division du genre Ateles, ne pouvoient être adoptés, et ne l’ont pas été en effet. Rien de plus facile que de montrer combien cette inno- (1) Beytrage zur Zoologie, p. 23. 158 MÉMOIRE vation étoit peu heureuse, et combien son admission eùût rompu d’une manière fàcheuse les rapports naturels. On à déjà vu que chez les Singes tétradactyles, chez ceux même où l’on w’aperçoit aucune trace extérizure de pouce, ce doigt existe cependant en rudiment : seulement il est tellement court, que toutes les pièces qui le composent ne paroïssent point en dehors des tégumens. Or, que le pouce rudimen- taire soit entièrement caché sous la peau, ou qu’il vienne porter à l’extérieur son extrémité, qui ne voit que c’est là une circonstance qui ne peut avoir aucune influence sur les habitudes d’un animal, et, par conséquent, un caractère sans ‘ aucune valeur générique? S'il pouvoit rester quelque doute à cet égard, il sufliroit pour le lever entièrement, des re- marques suivantes. Sur les trois espèces qui composent le genre Ériode, il en est une chez laquelle il n’y a aucune trace extérieure de pouce aux mains de devant; une autre chez laquelle ce doigt se montre au dehors sous la forme d’un tubercule sans ongle; une autre enfin chez laquelle il est même onguiculé : et cependant toutes trois sont liées par des rapports si intimes, et se ressemblent même telle- ment par les couleurs de leur pelage et par leurs propor- tions, qu'on seroit presque tenté de ne les considérer que comme de simples variétés. La mème ressemblance existe, parmi les Atèles, entre le Chameck et le Coaïta, le premier pourvu d’un pouce rudimentaire, le second à mains anté- rieures tétradactyles, et tous deux tellement rapprochés, que l’on a quelque peine à trouver entre eux un second ca- ractère différentiel. RT 3 On doit donc continuer à ne point admettre le genre SUR LES ÉKIODES. 159 Court-pouce de Spix; genre qui comprendroit l'Hypoxanthe et le Chameck, et qui romproit doublement les rapports naturels; savoir, en associant au Chameck, l'Hypoxanthe qui appartient, comme il résute de ce Mémoire, à un genre très-différent, et de plus, en séparant le premier du Coaita et le second de l’Arachnoïde, si rapprochés d’eux par tout l’ensemble de leur organisation, que ce n’est guère que par la présence ou l'absence du pouce rudimentaire qu’on dis- tingue les uns et les autres. Ainsi, quoique d'accord avec Spix sur la nécessité de subdiviser les Atèles, je trouve, dans les résultats même de mon travail, de nouveaux motifs pour rejeter le genre Court- pouce proposé par ce naturaliste. J’ai cru devoir adopter des bases toutes différentes de subdivision, et je suis arrivé, comme cela devoit être, à des conséquences toutes diffé- rentes aussi. J’ai pris pour guide l'ensemble de l’organisa- üon, en n'attachant qu'une importance très-secondaire à l’a- trophie plus ou moins complète du pouce, etSpix a fait pour ainsi dire l'inverse (1): aussi la coupe nouvelle dont je pro- pose l’adoption est-elle toute autre que celle du naturaliste allemand. J’insiste à dessein sur cette remarque, afin d’éviter tout embarras de nomenclature, et de prévenir l’erreur de ceux qui confondroient le genre naturel que j'appelle Eriode, avec la coupe purement artificielle que Spix a nommée Court- pouce. En effet, on ne peut rapporter au genre Æriodes CE (1) Voici les caractères que Spix assigne à son genre Brachyteles ; je cite textuel- lement : Subpentadactylus, longimanus , larynge non tuberoso. Ainsi sur les trois caracteres qu’il mentionne, le premier seul manque chez les Ateles. 160 MÉMOIRE tous les Brachyteles ; car le Chamek ( 4feles pentadacty- lus) (1), malgré ses pouces antérieurs rudimentaires, est un véritable Atèle; et d’un autre côté, on doit rapporter au genre Æriodes une espèce qui est, pour Spix, un véritable Atèle, l’Arachnoïde. Espèces du genre Eriode. Je conserverai à l’espèce la plus anciennement connue, le nom spécifique d’/rachnotïdes, qui lui a été donné par tous les auteurs, et qui n’a jamais été donné qu’à elle seule. Je crois au contraire ne pouvoir adopter le nom spécifique d’'Hypoxanthus, non-seulement parce qu’ilconviendroit éga- lement à tous les Ériodes, mais aussi et surtout parce qu'il a éte attribué à deux espèces. J’appellerai l’espèce qui a un petit pouce onguiculé, Æriodes hemidactylus, et espèce dans laquelle le pouce est représenté par un petit tubercule sans ongle, Æ£riodes tuberifer. L'ERIODE ARACHNOÏDE, ÆÉRIODES ARACHNOIDES. Ateles arachnoides, Geoff. S.-Hik. , Ann. du Mus., t. 13, pl.0,et t. 19. — Humb. , Obs. zool.,t. 1.— Kuhl, Beyt. zur Zocl. — Desm. Dict. d’'Hist. nat. , t. 5, art. 4tèle ; Mamm. n°. 49, et Dict. Sc. nat. t. 49, art. Singe.— Lesson, Man. Mamm. n°. 63. 1) Le pouce du Chameck étant moins complet que celui de l'Hypoxanthe, M. Desmarest avoit proposé de modifier son nom spécifique, et l’avoit appelé Sub- pentadactylus ; mais l'Hypoxanthe devant être reporté dans le genre Ériode, le Chameck se trouvera de nouveau le seul Atele à pouces antérieurs, et devra reprendre son nom primitif, 4teles pentadactylus. SUR LES ÉRIODES. 16 Ogs. Tous les auteurs donnent comme synonyme le Singe mentionné par Edwards, Glan. d'Hist. sat., 5°. partie, et que lon montroit à Londres sous le nom de Singe araignée, et le Singe à pelage brun dont parle Brown, Hist. de la Jamaïque. Ces deux indications doïvent . être considérées comme très-douteuses. L'Ériode arachnoïde ne présente aux mains de devant au- cune trace extérieure de pouces; caractère qui permet de le distinguer au premier aspect des autres espèces connues. Son pelage est généralement d’un fauve clair qui passe au cendré roussâtre sur la tête, et au roux doré sur l’extrémité de la queue et sur les pates, principalement aux talons. Quelques individus sont d’un fauve clair uniforme. Ses dimensions ont été indiquées avec exactitude par mon père, dans le tome x des Annales du Muséum, et je renvoie à son Mémoire, où lon trouvera une description détaillée. La figure qui accompagne ce Mémoire est la seule que Von possède. Les formes générales de l’animal y sont bien rendues; mais plusieurs caractères ont été omis ou mal ex- primés. Cette espèce habite le Brésil, où on la connoît sous le nom de Macaco vernello. Plusieurs individus existent dans la collection du Muséum royal d'Histoire naturelle, qui les doit à mon père, à MM. Quoy et Gaimard, et à M. Auguste de Saint-Hilaire. - L'ÉRIODE A TUBERCULE, ÉRIODES TUBERIFER. LeMiriki, 4teles hypoxanthus, Pr. de Wied Neuw., Reise nach Bras. (trad. fr., t. 1), et Æbbild. zur Naturgesch. Brasil. , 1°*°. liv., pl. 1. Kuhl, Beyt. zur Zool. — Schintz, Thierrheich, t. 1. — Mém. du Muséum. 1. 17. 21 162 MÉMOIRE Brachyteles macrotarsus, Spix, Sim. et Vesp. Bras. sp. nov., pl. 27. Oss. Suivant le prince de Wied-Neuwied, Kuhl et Spix, cette espèce portoit dans le Musée de Paris le nom de Lagothrix Hum- boldtii ; d’où il suit que les descriptions du Caparro, qui ont été faites par plusieurs zoologistes francais, devroient être rapportées à l’Eriodes tuberifer. Je puis aflirmer qu’il n’en est rien, et que les naturalistes du Musée de Paris n’ont jamais commis l'erreur qui leur est attribuée (1). Cette espèce ne m'est connue que par les descriptions très-incomplètes de Kubl, du prince de Wied-Neuwied et de Spix. Elle est caractérisée de la manière suivante par le prince de Wied-Neuwied : Pelage fauve gris-jaunâtre; face couleur de chair, mouchetée de gris; base de la queue et région anale d’un roux jaunâtre; un rudiment de pouce aux mains anté- rieures. Ce petit nombre de détails suffit pour montrer que lEriode à tubercule diffère à peine, par les couleurs de son pelage, de l’Arachnoïde, et ne peut en être séparé que génériquement. Spix est le seul des auteurs allemands qui nous apprenne d’une manière positive que le pouce rudimentaire de l'£- riodes tuberifer ne se montre à l'extérieur que sous la forme d’un tubercule sans ongle, comme celui de l’4zeles pen- tadactylus. Le prince de Wied-Neuwied se borne à dire qu’il existe un rudiment de pouce; et Kuhl, dans sa description , re- marque seulement que l’espèce est très-semblable à l’'Arach- (1) Cette prétendue erreur'est l’un des motifs qui ont porté Spix à ne pas adopter le nom générique de Lagothrix, et à lui substituer le nom de Gastrimargus, qui 8 I (4 Ù BUSEUT n’a point été adopté. SUR LES ÉRIODES. 1 #09 noïde, mais qu’elle en diffère par la présence d’un rudiment de pouce (rudimento pollicis quo caret Arachnoides). Cependant ce dernier auteur, dans l’exposé des caractères génériques des Atèles, s'exprime ainsi: Police aut nullo aut verrucé pollicart; mots qui ne peuvent laisser aucun doute, le pouce onguiculé de l’£riodes henudactylus n'ayant au- cun rapport de forme avec une verrue. Les deux figures de l’Ærzodes tuberifer, qui ont été pu- bliées par le prince de Wied-Neuwied et Spix, sont très- imparfaites, et laissent à désirer sous presque tous les rapports. L’Eriode à tubercule habite le Brésil, entre le treizième et le vingt-troisième degré. Les Brésiliens lui donnent les noms de Mono, Miriki et Mourikr , et les Botocoudes l’appellent Koupo, d’après le prince de Wied-Neuwied. Cest à ce cé- lèbre voyageur que la découverte en est due. L/ÉRIODE HÉMIDACTYLE, ÆRIODES HEMIDACTYIUS. Ors. Cette espèce a été confondue avec la précédente par les z00- logistes français. C’est l’Ateles hypoxanthus de M. Desmarest , Mamm., n°. 44, et Dict. Sc. nat., t. 49, art. Singes; de M. Lesson, Man. de Mamm. , n°. 57, et de mon père, Legons sur l'Histoire nat. des Mamim., 0°. lecon. Cette espèce se distingue par l'existence aux mains anté- rieures d’un petit pouce onguiculé, très-court et surtout très-grêle, atteignant à peine l’origine du second doigt, et tout-à-fait inutile à l’animal. Le pelage est en général d’un fauve cendré qui prend une teinte noirâtre sur le dos; la queue et les mains sont d’un fauve plus pur que les autres parties. Les poils qui entourent l’espace nu ou à peine velu 164 MÉMOIRE que j'ai dit exister à la base de la queue et près de l’anus, ‘sont d’un roux ferrugineux qui ne diffère de la couleur des poils du clitoris que ‘par une nuance plus claire. La face, qui n’est complétement nue que dans le voisinage des yeux, paroït être, comme dans l'espèce précédente, tachetée de gris sur un fond couleur de chair. L’Eriode hémidactyle, très-voisin des espèces précédentes _par les couleurs de son pelage, leur ressemble également par sa taille et ses proportions, comme on pourra le voir en comparant les mesures suivantes avec les descriptions et les figures que divers auteurs ont dunnées de celles-ci : : & Pieds. Pouc. Lig. Longueur totale, depuis la partie antérieure de la tête jusqu’à l’origine de la queue........... CNT) ————- de quéue, 5.058 ion se A I) du brasi: nes eur an Anne Lyme » 6 6 ———— de l’avant-hras........,..... snsher ae tal ir ———— de la main de devant.............. nt ». 1553 ——— Qu pouce.:,.., 29,040, alsnshe ebelleretee » » 9 ————— du second doigt........... de He 02 Meta cuisses 44 00, 1H DE NAUE PAE C » 5 6 —— de Natïjambpe rss ARE Mn RES FRA AL DAME = — de le main de derrière. ....... 4219204808 ES, ———— du pouce...... SA EP MEN FR Se A PE ST CS Cette espèce remarqüable habite, comme les précédentes, le Brésil : elle a été découverte en 1816 par Delalande, dans l’un de ces voyages par lesquels il préludait dignement à cette mémorable expédition dans l'Afrique australe, qui depuis a immortalisé son nom. |} AE LRU Ne Jome 17 flerner Pin. ét db. Pre W CR 4 V4. de uat. l = SUR LES ÉRIODES. 165 Fic. 1. 3 EXPLICATION DE LA PLANCHE. L'Ériode hémidactyle; un quart de grandeur naturelle. . Ongle de l’Ériode hémidactyle , vu de face. . Le même vu de profil. . Crâne de l’Ériode arachnoïde; moitié de grandeur naturelle. Cette figure montre l’articulation des os propres du nez avec les inter- maxillaires, la forme générale et la grandeur proportionnelle des incisives , et la position des trous malaires. Dents de l’Ériode arachnoïde. : AA. Dents supérieures vues de profil. — BB. Dents inférieures vues de profil. — C. Couronne de la quatrième molaire supérieure. Dents de l’Atele chameck. à | AA,BB,C. Comme dans la figure précédente. La figure 5 et la figure 6 sont faites d’après des crânes de même gran deur : elles montrent la différence considérable qui existe, sous le rapport des dimensions , entre les molaires des Ériodes et celles des Atèles. . Forme et position des narines chez un Singe de l’ancien monde , la Guenon Talapoin. . Forme et position des narines chez l'Ériode hémidactyle. Forme et position des narines chez un Singe du nouveau monde, l’Atele Coaita. Les figures 2, 3, 5, 6, 7,8 et 9 sont de grandeur naturelle. DESCRIPTION DE DEUX ESPÈCES NOUVELLES DE SINGES A QUEUE PRENANTE, PAR M. ISID. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. C’Esr en préparant, pour le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, une histoire générale des Singes à queue prenante, que j'ai reconnu, par un examen attentif de leurs caractères, la nécessité de séparer les Ériodes des Atèles. C’est aussi en m'occupant de ce travail que j’ai déterminé comme nouvelles les deux espèces dont je vais donner la description. L'une appartient au genre Hurleur ou Alouate; l’autre au genre Atèle. Je donne à la première le nom de Senior ou My- cetes chrysurus, à la seconde celui d'Æteles hybridus. Le HurLEUR À QUEUE DORÉE, STENTOR CHRYSURUS. Cette espèce paroît avoir été confondue avec le Hurleur ordinaire ou l’Alouate de la Guyane (Szentor seniculus), qui lui ressemble en effet par la nuance de ses couleurs, mais qui en diffère constamment et d’une manière remarquable - par leur disposition. La dernière moitié de la queue et le dessus du corps, de- puis l’origine de la queue jusqu’en arrière des épaules, est, dans l'espèce nouvelle, d’un fauve doré très-brillant; le reste de la queue est d’un marron assez clair, et le reste du corps, la tête tout entière et les membres sont d’un marron très- ESPÈCES NOUVELLES DE SINGES À QUEUE PRENANTE. : 167 foncé, principalement sur les membres, où il prend une teinte violacée. La face est un peu moins nue que chez le Hurleur de la Guyane. Le Hurleur à queue dorée sera distingué très-facilement au moyen des remarques suivantes de cette dernière espèce, la seule avec laquelle il seroit possible de le confondre : la tête et les membres sont d’une seule couleur, et la queue et le dessus du corps de deux couleurs chez le Stentor chry- surus, tandis que chez le Szertor seniculus l'inverse a lieu: ce sont la tête et les membres qui sont de deux couleurs, et la queue et le dessus du corps, d’une seule. Le premier est aussi sensiblement plus petit, et diffère un peu par ses pro- portions : la queue forme seulement chez lui la moitié de la longueur totale, et elle est par conséquent un peu plus courte que chez le S£entor seniculus. La callosité est au contraire sensiblement plus étendue. - Cette espèce m'est connue par l’examen de trois individus parmi lesquels se trouvoient deux adultes entièrement sem - blables entre eux, et un jeune différant seulement par la nuance un peu moins claire de sa queue. Peut-être le Hurleur à queue dorée est-il dans son premier àge généralement brun. C’est d’après l'examen de leurs pelleteries que j’ai d’abord déterminé ces individus commie se rapportant à une espèce non encore décrite. Depuis, la comparaison de leurs crânes avec ceux de leurs congénères m'a confirmé dans mon opi- nion. Il existe en effet plusieurs différences ostéologiques, dont les plus remarquables sont les suivantes: La partie antérieure de la tête a moins de largeur que chez 166 ESPÈCES NOUVELLES le Séentor seniculus , et se détache ainsi davantage de la partie moyenne. Par suite de cette modification, le palais devient plus étroit; mais, en revanche, il s’étend davantage en arrière, d’où il suit que les arrière-narines sont plus cou- vertes, et que leurs orifices sont placés dans un plan presque vertical, au lieu de l'être dans un plan très-oblique. Les ran- gées des dents, plus longues que dans les autres espèces, sont parallèles entre elles, principalement à la mâchoire inférieure. La symphyse de cette mâchoire est aussi remarquable par sa direction très-oblique en arrière, et son bord inférieur est tellement sinueux qu'il ne peut soutenir la tête sur un plan horizontal, tandis que chez le S/entor seniculus la màächoire inférieure, en posant sur sa symphyse et son bord inférieur, fournit à la tête une base très-solide. Enfin, chez le Szentor chrysurus, les apophyses zygomatiques sont plus larges que chez aucun autre Hurleur. L’ATÈLE MÉTIS, ÂTELES HF BRIDUS. Je donnerai à cette espèce le nom spécifique d’Atèle métis, qui est relatif à la couleur de son pelage, et qui est la traduc- tion littérale de l’un de ses noms de pays. Il m’eût été difficile en effet d’empranter à quelqu'une des circonstances orga- niques qui la caractérisent une dénomination qui lui convint exclusivement, et qui en même temps convint à tous les in- dividus. Le principal caractère de cette espèce consiste dans une tache blanche placée sur le front, et de forme à peu près semi-lunaire, qui a environ un pouce de large sur la ligne mé- diane, et se termine en pointe de chaque côté, au-dessus DE SINGES A QUEUE PRENANTE. 169 de l’angle externe de l'œil. Le dessous de la tête, du corps et de toute la queue jusqu'à la callosité, et la face interne des membres, sont d’un blanc sale, et les parties supérieures sont généralement d’un brun-cendré clair qui, sur la tête, les membres antérieurs, les cuisses et le dessous de la queue, passe au brun pur, et qui, au contraire, prend une nuance jaune très-prononcée dans la région des fesses, sur les côtés de la queue et sur une partie du membre inférieur. L’Atèle métis est à peu près de même taille que la plupart de ses congénères. Sa longueur, depuis la partie antérieure de la tête jusqu’à l’origine de la queue, est d’un pied dix pouces; mais sa queue, plus courte que chez les autres es- pèces, mesure seulement un peu plus de deux pieds. Cette espèce m'est connue par l'examen de plusieurs fe- melles et d’un mâle encore jeune. Celui-ci diffère seulement par la teinte plus claire des parties supérieures de son pelage, qui sont d’un cendré roussâtre. Comme l’Afeles hybridus ne m’est point encore connu à _ l’état de mâle adulte, et qu'il paroîtroïit que quelques Atèles, cendrés dans leur premier âge, deviennent noirs dans leur état adulte, on pourroit peut-être supposer que les diffé- rences sur lesquelles j’ai basé ma détermination ne sont que des différences d'âge ou de sexe, et que les individus que j'ai examinés, ou du moins le jeune mâle, auroient pa, par suite des développemens de l’âge, prendre les caractères de quelqu’une des espèces connues. Cette supposition ne seroit nullement fondée. L’Æéeles hybridus conserve toute sa vie la couleur que j'ai indiquée. En effet, les femelles de toutes les espèces sont bien connues, et toutes sont noires Mém. du Muséum. 1. 17. 22 170 ESPÈCES NOUVELLES comme leurs mâles; et d’ailleurs aucun des individus que j'ai eu à ma disposition, même le jeune mâle, ne m'a présenté la plus légère trace de poils noirs. Enfin, s’il étoit besoin d’une autre preuve, je puis citer le témoignage de M. le doc- teur Roulin, auteur d’un important Mémoire sur les animaux domestiques transportés d'Europe en Amérique. Ce savant voyageur, qui à fait en Golombie un séjour de plusieurs an- nées, m'a confirmé dans mon opinion que le mâle est sem- blable à la femelle par les couleurs de son pelage. Mais il y a plus. En admettant même que l’Atèle métis devint noir à l’état adulte, il ne seroit pas moins certain qu’il doit former une espèce distincte de toutes celles qui sont déjà connues. Il en est deux seulement avec lesquelles il se- roit peut-être possible de le confondre alors, l’Æzeles Bel- zebuth et \ Ateles marginatus. Or le Belzébuth n’a point de tache blanche au front, et les poïls du côté de la tête et du cou sont disposés un peu différemment. Leur principal centre d’origine est toujours, chez le Belzébuth, à l’occiput ou à la région supérieure du cou; chez l’Atèle métis, il est toujours à la partie inférieure de la région cervicale. Dans les deux espèces, l'oreille est en grande partie cachée par des poils; mais chez le Belzébuth, c’est par de très-longs poils naissant sur toute la joue depuis la commissure des lèvres et se dirigeant en arrière. Chez l’Atèle métis, c'est par des poils assez courts qui naissent du centre commun d’origine et se portent en avant. .… Quant à l’Æteles marginatus, il sufliroit presque de dire qu'on en connoit le jeune mâle et la femelle, et que tous deux sont noirs comme le mäle adulte. J’ajouterai cependant DE SINGES A QUEUE PRENANTE. 171 que la portion du dessus de la tête, qui est couverte de poils blancs et courts, est beaucoup plus étendue chez l’Afeles marginatus que chez lÆteles hybridus; aussi la petite huppe qui résulte de la rencontre des poils du front et de ceux du reste de ia tête est-elle placée sur le milieu du crâne chez le premier, et au contraire très-rapprochée des orbites chez le second. Patrie et habitudes. Les deux Singes dont je viens de donner la description sont au nombre des découvertes dues à M. Plée, et ils ont été envoyés des Antilles au Muséum royal d'Histoire natu- relle après la mort de ce zélé et savant voyageur. Ce n’est que tout récemment que j'ai appris quelle est la véritable patrie des Singes découverts par M. Plée. Comme il n'existe aucun quadrumane aux Antilles (1), je pensai que ce voyageur avoit dû se les procurer dans la Guyane espa- gnole ou dans la Colombie, régions qu'il avoit visitées 1l y a quelques années; et dans le dessein d’éclaircir les doutes que je conservois à cet egard, je m’adressai à M. le docteur Roulin, qui reconnut en effet les deux Singes pour des espèces colombiennes, et qui a bien voulu me transmettre quelques renseignemens sur leurs habitudes. Le Hurleur à queue dorée est commun dans la vallée de la Madeleine : on le désigne sous le nom d’Æraguato, nom (1) Ce fait résulte du témoignage de tous les auteurs qui ont écrit sur les An- tilles, et il m'a été confirmé récemment par M. Moreau de Jonnèés, dans une note sur les Singes américains, que ce savant a bien voulu me communiquer. 172 ESPÈCES NOUVELLES que l’on donne aussi non-seulement à d’autres Hurleurs, mais aussi à d’autres Singes barbus de genres différens. Cette espèce, comme toutes les autres, vit en troupes. M. Roulin, qui a eu oecasion de l’observer plusieurs fois, a remarqué que lorsqu'une troupe doit passer d’un arbre à l'autre, tous les individus qui la composent agissent d’une manière toute semblable, sautent successivement au même point, et posent leurs pieds à la même place, comme si cha- cun d’eux cherchoit à imiter celui qui le précède. L’Atèle métis est également très-commun dans la vallée de la Madeleine (1) : on lui donne le dom de Marimonda, que l’on applique aussi à beaucoup d’autres Singes, et celui de ÆZambo ou Mono Zambo (2), c'est-à-dire Singe métis. Zambo est en effet le nom créole du métis du Nègre et de lIndien, et on l’a donné à l’Æteles hybridus, parce que sa couleur diffère peu de celle de ce métis. Les Mono Zambo vivent par troupes de douze ou quinze individus. Quand on marche dans les bois, leur présence s’an- nonce de loin par le bruit qu’ils font en se jetant d’une branche sur une autre. Lorsqu'ils voyagent, les femelles, qui paroissent très-attachées à leurs petits, les portent sur le dos. Quand une mère, embarrassée de son petit, a un saut considérable à faire, un mäle se place sur la branche où celle-ci doit passer, et il la fait osciller de manière à l’amener au niveau (1) Il existe aussi en Colombie, suivant M. Roulin, d’autres Atèles à pelage brunâtre et très-semblables à l’Æteles hybridus, maïs sans tache blanche sur le front. Ces Atèles différent-ils spécifiquement de celui dont j’ai donné la description ? ? (2) On nomme généralement Mono tous les gd Singes, et Mico tous ceux qui sont de petite taille. DE SINGES À QUEUE PRENANTE. 175 de la femelle, qui profite de ce moment pour sauter. Si au contraire un jeune individu déjà fort, mais retenu par la peur, refuse de sauter, sa mère fait devant lui le saut qu'il s’agit d'exécuter, recommence à plusieurs reprises s’il est néces- saire, et tâche de le décider par son exemple. Le fait suivant a été rapporté à M. Roulin par un témoin oculaire. Une femelle qui portoit son petit, tomba frappée d’une balle. Le petit la quitta au moment de sa chute, s’ac- crocha à une branche de palmier, et se mit à crier. Presque au même moment, un mâle qui l’entendit s’élança ou plu- tôt se laissa tomber à côté de lui sur la branche de palmier, qui, trop foible pour supporter un double fardeau, se brisa. Les deux individus tombèrent à terre : le petit se plaça à l'instant mème sur le dos du mâle, mais celui-ci resta quel- que temps comme étourdi. Quelqu'un s’avança alors vers lui comme pour le prendre : aussitôt le mâle se releva, courut à quatre pates vers une liane qui descendoit du haut d’un arbre, et la saisissant comme une corde, monta et disparut bientôt avec le petit. rex. “ ke OBSERVATIONS POUR SERVIR A L’'HISTOIRE DE LA FORMATION DES PERLES, PAR M. VICTOR AUDOUIN, Aide-naturaliste au Jardin du Roi. (Lues à la Socicte d'Histoire naturelle de Paris, juin 1828.) Le phénomène de la formation des Perles, soit libres dans le manteau de l’animal, soit adhérentes à son test calcaire, est assez remarquable et encore assez peu connu, malgré un bon nombre de recherches et d’expériences, pour qu'on doive s'attacher à recueillir les moindres faits dans l'espoir qu'ils pourront un jour l’expliquer. Les deux observations que je soumets à la Société tendent à ce but. La première a pour objet la découverte d’une petite Perle du genre de celles qu'on nomme Semzence de perle chez un mollusque, dans lequel je ne crois pas qu’on en ait mentionné jusqu'à ce jour. En effet, on ne paroît avoir encore trouvé de Perles adhérentes ou libres que chez certains mollusques bivalves ou univalves, dont le test calcaire est plus ou moins foliacé, en général épais, à couches intérieures nacrées ou irisées, et susceptibles de se boursouffler. Telle est essentiel- lement la Pintadine mère-perle, si abondante sur les côtes OBSERVATIONS SUR LA FORMATION DES PERLES. 175 de Ceylan, dans le golfe Persique, au Mexique, etc., et qui fournit les Perles les plus belles et les plus recherchées : tels sont encore les Haliotides, les Patelles, les Huitres, les Jam- bonneaux, les Mulettes. Nous allons voir qu’on devra ajouter une nouvelle coquille à cette liste. Ayant eu occasion de faire quelques recherches sur des mollusques du genre SoZen (vulgairement nommé Manche de couteau), j'ai trouvé chez un individu que je disséquois une très-petite Perle qui ne dépassoit pas en volume la gros- seur d'un grain de millet. Elle étoit d’une belle couleur blanche assez brillante, mais sans aucun reflet chatoyant ou irisé; sa forme générale étoit irrégulièrement arrondie, et sa surface boursoufflée. En tout cette petite Perle n’avoit en elle- même rien de bien remarquable ; seulement il me parut assez curieux de la rencontrer dans une coquille à test aussi mince, aussi dense et aussi cassant que l’est celui des Solens. Sans doute, il suflira de faire sous ce point de vue, quelques re- cherches dans un grand nombre d’espèces, pour trouver que le phénomène de la formation des Perles est très-général. Comme je disséquois avec assez de soin, et dans un autre but, le Solen qui m’a fourni cette observation, j'ai pu con- stater d’une manière précise le lieu où s’étoit développé la petite Perle, et cette circonstance n’est pas à dédaigner; car on n’est guère instruit sur le mode de formation, et, si je puis m’exprimer ainsi, sur le gisement des Perles libres, tandis qu’on a des notions très-précises sur plusieurs circonstances qui déterminent la création des Perles adhérentes à la co- quille. La petite Perle en question n’étoit point libre, elle n’ad- 176 OBSERVATIONS héroit pas non plus aux lames du manteau de l’animal; mais elle étoit contenue dans l’intérieur du muscle transverse que Poli, dans son Histoire naturelle des Mollusques, a nommé Muscle pyramidal. Je fus'averti de la présence de cette Perle par une petite élévation à la-surface inférieure et lisse.du muscle, et je ne la mis à découvert qu'après avoir enlevé les fibres charnues qui la masquoient. Elle étoit particulièrement située dans l'épaisseur d’un petit trousseau de fibres qui l’enchässoient exactement de toutes parts, de telle sorte qu'ayant été en- levée à ses deux extrémités ou points d’attache, cette masse musculaire représentoit assez exactement une navette ou mieux un fuseau dont la partie renflée étoit occupée par la petite Perle, Je ne crois pas devoir insister davantage sur ce premier fait qui méritoit d’être noté, non parce qu’il signale une co- quille pouvant produire des Perles libres, mais parce qu'il indique d’une manière précise un organe susceptible de les produire. La seconde observation que je communiquérai à la So- ciété est relative à une monstruosité singulière d’une Huître de nos côtes : elle consiste en un tubercule calcaire énorme, : situé à l’intérieur de cette coquille sur la valve supérieure, et qui occupe exactement et presque en entier l'impression musculaire. Son élévation est telle qu’elle a dû nécessaire- ment produire une concavité sur la valve opposée, et qu'en toùt l’animal devoit être fort incommodé de sa présence. Sa surface qui est d’une belle couleur blanche avec des reflets argentins ou satinés, est rendue inégale et comme ‘SUR LA FORMATION DES PERLES. 177 montueuse par des boursoufilures dans tous les sens. Ce tu- bercule, plus large à sa base qu’au sommet, plus étroit d'avant en arrière que transversalement, m’a offert à l'extérieur les dimensions suivantes : f Pouc. Lig. Hauteurfen avants2.s eee sisi cietsstelstels seiefe » 9 MER ATFIETO se cieloiale en ein plots olele lola lois + » Lopyueur eee ee iieeletelsioleclele shletstelete LOU à arseuLss ee ANR RNA SRE RRTEENT La longueur et la largeur sont prises dans chacun des sens de la coquille. | Je n’insiste pas autrement sur ces détails. La figure que je donne suppléera à ce que je passe sous silence. Voulant connoître d’une manière plus exacte les rapports de ce tubercule avec la coquille, ses connexions avec les couches sur lesquelles il reposoit, et par suite son mode d’accroissement, je le sciai longitudinalement en deux. Cette opération fut longue à cause de son extrême dureté. Etant enfin parvenu à l’achever au bout d’un grand quart-d'heure, je pus étudier, sous les divers points de vue qui m'intéres- soient, cette monstruosité singulière. Je m'assurai d’abord qu’il n’existoit à l’intérieur de la masse aucun corps étranger qui auroit déterminé l’accumu- lation de la matière calcaire vers ce point, et que la coquille n’offroit, soit au dedans soit au dehors, aucun trou, aucune dépression ni aucun accident du même genre qu'on eût pu regarder comme la cause occasionelle de cette produc- tion (1). La valve de l’Huitre à laquelle elle adhéroit étoit (1) J’insiste sur ce point, parce que, se fondant sur les expériences de Réaumur, Mém. du Mus. 1. 17. 23 4 178 OBSERVATIONS bien conformée , et en tout semblable à celles qu'on sert ha- bituellement sur nos tables, J’observai ensuite, quant à l’âge de ce tubercule, qu'il étoit postérieur au développement des premières couches de la coquille sur lesquelles il sembloit reposer, et dont il étoit séparé par une lame très-mince, qui, indiquant la terminaison des couches d’accroissement à la surface interne de l’huitre, donnoit réellement l’image de. sa forme normale ou naturelle. Je pus alors me convaincre que ce tubercule étoit venu en quelque sorte se surajouter à la coquille, lorsque son développement étoit déjà avancé, et qu'il étoit resté indé- pendant du manteau proprement dit, lequel avoit secrété comme à l'ordinaire des couches ininces qui avoient accru successivement et uniformément la coquille; je, pus ensuite m’assurer qu'il avoit été formé exclusivement par le muscle qui unit le mollusque aux valves, soit que l’on suppose que les fibres charnues lui aient donné directement nais- sance, soit que l’on attribue sa production à une portion du manteau intermédiaire entre le muscle et la coquille. Quoi qu’il en soit les lames d’accroissement de la coquille, exami- nées en avant, au-dessous et en arrière de l’excroissance, w’offroient aucune altération sensible; et ce n’étoit qu'au point où se voit ordinairement l'impression musculaire que laltération des couches se remarquoit. Je dis l’altération des couches, parce que le tubercule mons- et sur la manière dont on produit artificiellement certaines Perles, on a dit, d’une manière trop exclusive, que ces productions, lorsqu'elles étoient adhérentes au test, étoient toujours dues à quelque déformation ou solution accidentelle de la coquille. SUR -LA FORMATION DES PERLES. 279 trueux dont il est question n’est point dû à un dépôt de ma- tère calcaire qui se seroit fait subitement, et dans lequel on ne distingueroit aucune structure. Quoiqu'il soit très-dense, il n'est pas difficile, en faisant jouer la lumière dans un cer- tain sens, et en le regardant à travers jour, de reconnoitre qu'il est formé de plusieurs couches qui toutes partent du bord supérieur du muscle, et semblent se continuer avec les lames qui descendent de la charnière de la coquille. J’ai tracé sur une des moitiés du tubercule les couches qui n’ont paru les plus distinctes : on en compte une dizaine qui ont une éten- due d'autant plus grande qu’elles sont plus excentriques : ce qui se concoit, puisqu'elles se sont emboîtées successivement. Au reste elles viennent toutes se terminer au devant les unes des autres sur la paroi interne de la coquille, et elles occu- pent exactement et presque entier, ainsi qu'il a été dit, l’es- pace sur lequel se fixe le muscle circulaire de l’animal. Enfin je remarquerai que les dimensions en hauteur du tubercule sont plus grandes intérieurement qu’à l'extérieur , et que les couches de la coquille sur lesquelles il repose, offrent une dépression sensible. La figure 2 rend très-bien cette dispo- sition. Cette valve supérieure d’Huître m’a été donnée par M. Bron- gniart, qui l’avoit reçue de Marennes aux environs de Ro- chefort. J'ai pensé que cette observation et celle qui précède pour- roient un jour, lorsqu'on les aura liées à des faits du même genre, servir à éclairer le phénomène de la sécrétion des coquilles et des perles, et c’est pour ces motifs que je les ai décrites avec quelques détails. ; 180 OBSERVATIONS. SUR LA FORMATION DES PERLES. Dès à présent on peut en tirer ces conséquences : 1° que des coquilles ayant un test à la fois mince et très-dense, peuvent donner naissance à des Perles; 2° que des Perles peuvent se développer. entre les fibres charnues et au milieu même d’un muscle. Quant à la seconde observation, on en conclura, 30 que des protubérances de même nature que les Perles peuvent se développer à la surface intérieure des coquilles, sans que ces coquilles présentent aacune déformation ou accident sensible qui ait. déterminé. leur naissance; 4° que l’affection morbide qui occasione ce développ erhent peut être localisée vers un point très-circonscrit, sans que l'animal paroisse avoir été malade dans aucune- autre: partie de son corps; boenfin que le muscle d'attache est susceptible de produire, ainsi qu'on peut s'en convaincre, un dépôt calcaire considé- rable , et cela à plusieurs reprises. ; CODE Te ‘ EE... — EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fi. 1. Valve vue en dedans, et montrant le tubercule perliforme A, vu eñ dessus. 2. La même vue de profil, et coupée pour montrer la hauteur et la structure du tubercule A. Les différentes couches qui'se constituent indiquent clairement qu’il.doit.sa naissance à des dépôts successifs. Cr: coquille: qui a fourni cette SN ne a FÉMÉbEES dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle. ) Fi M. Aud. VAE Éi (4 . 4 _ Me voir 70 mon (er eo er à Sumo ri ml à : ci ne sas E . eo: LL) ko bo a ge si ps des . ao! - ge siloq soûtnie £ aibnonis taoe vet) el sb sxolliso EC: _asid Ha da .loe ub'oselirre sl ue’ ebetsqui 5 ebloël s0stont | re 18g'diov aol nO usiibint mis “im a sida bé es 7 PARA AE FC CP OU ET RN je 2 OBSERVATIONS Se LA CAR ALL PAR M. MARCEL DE SERRES. La Crav, connue des anciens sous le nom de Campus la- pideus ou Campus Herculeus, en mémoire d’une pluie de pierres que Jupiter fit tomber sur les fils de Neptune que combaitoit Hercule (1), est une vaste plaine triangulaire, célèbre par la grosseur et l'énorme quantité de cailloux rou- lés dont elle est couverte. Cette plaine a la forme d’un triangle dont le sommet, tourné vers la mer, a sa base à peu près de l’est à l’ouest. Sa surface est d'environ vingt lieues. carrées. Cette surface, entièrement recouverte par des cail- loux roulés, est remarquable par sa parfaite horizontalité. Les cailloux de la Crau sont arrondis, à surface polie, se montrent isolés, dispersés sur la surface du sol, et en bien plus grand nombre que dans son intérieur. On les voit par- fois pressés les uns contre les autres, comme accumulés à plaisir sur un même point, et en si grande quantité, que l’on aperçoit à peine des traces du sol qu’ils recouvrent. Dans (1) Ainsi, d’après leur style métaphorique , on peut dire que les anciens avoient très-bien remarqué que les cailloux de la Crau ne venoïent ni du Rhône, ni dela Durance. 102 OBSERVATIONS d’autres parties on lesrvoit s’éclaircir, diminuer sensiblement, et former comme des espèces d’ilots au milieu d’une mer de cailloux. Cette expression, toute figurée qu’elle puisse pa- roitre, donne cependant une idée assez juste de aspect de la Crau, qui, quoique cultivée sur ses bords, Surtout au nord, ressemble assez bien à un vaste désert, où l’on n’aperçoit que le ciel et les cailloux roulés. Les cailloux de la Crau offrent le plus souvent au dehors une couleur qui tire sur le jaune, le rouge ou la couleur de rouille plus ou moins rembrunie, en sorte qu’on les diroit tousde la mémeuature. Ce n’est donc qu’en les cassant qu'on peut la déterminer, et reconnoître leurs vrais nuances, qui sont toutes aussi brillantes que si leur surface n’avoit pas été altérée. La plupart d’entre eux sont quarzeux, et M. de Saussure (1) observe avec raison que les cailloux de cette nature composent presque les sept huitièmes de ceux de la Crau. Le quarz commun blanchâtre, les quarzites ou quarz rupestre sont, avec des quarz talqueux légèrement verdâtres, les variétés les plus communes qui composent ces cailloux : le reste est formé par des galets d’amphibolite, de por- phyre, de jaspe, de fer peroxidé mêlé de quarz, de granite, de gneiss, et de quelques cailloux calcaires, maïs en petit nombre. Les variolites verdâtres, si communes sur les bords de la Durance, sont au contraire assez rares parmi les cailloux de (x) Voyage dans les Alpes, t.3 , p. 395,n°. 1594. J’oyez également le MK- moire de M. Dubois Aymésurla Crau, dans les Annales de Chimie, t. 17, juin 1821, p- 220. SUR, LA CRAU. 183 de Ja Crau. M. de Saussure n'en put trouver. qu'une seule dans sa traversée qui eut lieu de l’est à l’ouest, ou de Salon à Arles, parçourant ainsi la Crau dans sa plus grande éten- due, laquelle est vers la base des montagnes qui courent d'Orgon à Saint-Remi. Nous-mêmes qui avons traversé la Crau du sud au nord, ou des Martigues au mai de Pernes pendant un espace d’environ cinq lieues, à peine, avec toute l'attention possible, en avons-nous découvert deux ou trois échantillons. Les galets de la Grau sont généralement plus volumineux que ceux des bords du Rhône et de la Durance, surtout du côté de Mirabeau. Le contraire devroit cependant avoir eu lieu, en raison de la plus grande distance de la Crau à la source de ces rivières, si, comme on l’a supposé, la Crau étoit l’ancien lit de la Durance. En effet, deux tiers des galets de la Crau sont céphalaires ou péponaires, et l’autre tiers pugillaire, tandis.que ceux de la Durance dépassent peu cette dernière dimension, Du reste, les cailloux les plus nom- breux des bords de la Durance sont calcaires, tandis que les quarzeux dominent essentiellement parmi ceux de la Crau, qui appartiennent en général aux roches primordiales et de transition. , | Si les cailloux roulés qui couvrent la plaine de la Crau, n'ont aucun rapport de nature ni de volume avec ceux ap- portés dans la Provence, par les atterrissemens du Rhône et de la Durance, ils ne peuvent pas non plus être considérés comme le résultat de la désagrégation des gompholites mo- nogéniques, sur lesquels ils reposent parfois d’une manière immédiate. En effet, d’après ce que nous venons d'observer, 184 OBSERVATIONS les cailloux roulés de la Crau sont très-rarement calcaires, tandis que ceux qui sont réunis par le ciment des gompho- lites le sont à peu près tons. D'ailleurs le volume des galets calcaires des gompholites est de moitié moindre que celui des cailloux roulés qui forment le diluvium de la Crau. La position de ces gompholites exclut également l’idée émise par divers géologues, que les cailloux dispersés sur le sol puissent provenir de la désagrégation des roches de gompholite. Ces roches ne sont pas toujours recouvertes immédiatement par le diluvium de la Crau, puisqu'elles se trouvent souvent au- dessous de bancs puissans de calcaire moëllon, ou second calcaire tertiaire formé en grande partie de débris de co- quilles, de madrépores et d’aimaux marins; et dans les points où les gompholites sont recouverts par le calcaire moellon, les cailloux roulés ne sont ni moins nombreux ni moins ag- glomérés sur le sol, n'ayant jamais, avec ceux des gompho- lites, les moindres rapports de nature ni de dimension. Il en est de même des cailloux roulés saisis par le calcaire moellon; ceux-ci restent toujours calcaires, comme les galets dissémi- nes dans la pâte des gompholites. Ces gompholites paroïssent appartenir, d’après leur position et la texture minéralogique des galets qu’ils ont empâtés, aux terrains d’eau douce moyens, et se rattacher à ceux qui, dans diverses parties du midi de la France, et spécialement dans les environs de Mont- pellier, ne sont recouverts que par le diluvium. Ces faits prouvent assez que les cailloux isolés'et détachés du sol qui couvrent la plaine horizontale et unie de la Crau, ne peuvent être considérés comme des terrains d'atterrisse- ment charriés par la Durance et le Rhône, lors même que ï SUR-LA CRAU. 189 l’on donneroit à ces fleuves une force d’impulsion et un vo- lume d’eau double ou triple de celui qu'ils ont maintenant. . Ces cailloux n’annoncent pasdavantage qu’ils yaient ététrans- portés et disséminés par .la mer, quoiqu’ils reposent par- fois immédiatement sur des dépôts marins, puisque l’on ne trouve jamais avec eux des galets de calcaire marin ni d’au- cun débris d'animaux ou de coquilles de mer. Ces cailloux dispersés dans l’époque alluviale ancienne, et lors de la grande inondation qui a disséminé le diluvium sur une grande éten- due de la partie la plus basse de la terre, ne sont qu’un amon- cellement réellement remarquable et presque extraordinaire du diluvium sur un même point; ainsi leur grosseur, l’uni- formité de leur dispersion, leur nature totalement différente des roches qui les entourent, et des atterrissemens qui les circonscrivent, ne permet pas de les considérer comme accu- mulés, pendant l’époque alluviale actuelle, sur la plaine où ils ont été répandus. Ce qui le prouve, c’est que le diluvium de la Crau existe avec la même nature de ‘cailloux roulés, mais en moindre quantité à l’ouest, au sud et au nord de la plaine unie où il est accumulé, et qu’en sortant vers le nord-ouest de cette mer de cailloux, on le voit constamment recouvrir les vallées entrecoupées qui séparent Ârles de la Crau, s’étendre ensuite jusqu’à Nimes et Montpellier, pour se terminer presqu’aux bords dela Méditerranée, etneprésenter dans tout cet espace, -et probablement encore dans une plusgrande étendue, de dif- férence que dans l’amoncellement plus ou moins grand des cailloux qui le composent. Du reste, il ne faut pas perdre de vue que si les caïlloux roulés paroïssent en si grande quan- Mém. du Muséum. 1. 17. 24 186 OBSERVATIONS tité sur le sol de la Crau, c’est que cette plaine, considérée à tort comme stérile (1), est encore dans son état primitif, tandis que les vallées qui l'entourent ou les plaines qui l’en- vironnent ont subi de grandes modifications par l'effet d’une culture aussi active que soignée. Ainsi ont disparu du sol cultivé la plupart des cailloux roulés qui le couvroient, et surtout les plus volumineux. Cependant, malgré cette cause de changement dans l’état primitif du sol, l’on peut encore suivre au loin les traces du diluvium caillouteux que lon a eru jusqu'à présent être exclusivement propre à la plaine de la Crau. On se demandera peut-être comment Îles cailloux roulés de la Crau, de la même date et de la même nature que Île diluvium des vallées et des plaines environnantes, y sont en si grand nombre et plus accumulés que partout ailleurs? I est possible et même assez probable que cette circonstance tienne , d’une part, à ce que la Crau est encore dans son état primitif, et de l’autre, à ce que cette plaine, dont la surface est à peu près plane et unie, par suite de l’horizontalité des couches de calcaire moellon et de gompholyte qui en forment la base, ait facilité la dispersion du diluvium d’une manière plus égale, et en plus grande quantité que sur le sol environ- nant, découpé et raviné par des scissures plus ou moins profondes. Ceci est d’autant plus admissible que, quoique le diluvium n’ait pas été répandu sur la terre, par une cause 1) Si la Crau étoit cultivée comme.elle pourroit l’être., elle produiroit certaine- P P ment des vins délicieux , ainsi que les autres terrains environnans où existe le dilu- vium caillouteux. SUR LA CRAU. 187 universelle , il y a été cependant disséminé par une cause aussi active que puissante, et dont les effets ont été très-étendus dans les points peu élevés au-dessus du niveau des mers. D'ailleurs la plaine de la Crau n’ayant aucune pente sensible vers un point déterminé, et n'étant traversée par aucune eau courante, niravinée par aucune scissure, n’a pu éprouver aucune modification pendant l’époque alluviale actuelle; en sorte que le diluvium qui y a été disséminé dans la période alluviale ancienne y est resté sans altération et dans son état primitif, Toutes ces circonstances réunies peuvent bien avoir eu une grande influence pour produire ou conserver l’amon- cellement remarquable des cailloux roulés qui couvrent la Crau. Quant à l’origine de ces cailloux, on doit la chercher dans les montagnes primordiales et de transition les plus rapprochées; car il paroît assez prouvé que le diluvium change de nature dans les diverses contrées, et qu’il est gé- néralement formé par des galets ou des cailloux provenant de la désagrégation des roches des montagnes dont il est le plus rapproché, Ce changement dans la nature du diluvium qui suit celle des roches environnantes annonce. assez que sa dispersion n’a pas été produite par une cause universelle, lors même que d’autres preuves ne viendroiïent pas confirmer cette induction, telles, par exemple, que la présence des ossemens fossiles qui l’accompagnent parfois, et qui ne se trouvent guère sur les plateaux un peu élevés, mais unique- ment dans les parties les plus basses du globe, comme le diluvium qui les enveloppe. TT Par suite de nouvelles recherches, nous: ferons connoître l’origine probable des cailloux de la Crau, ainsi que des di-. 108 OBSERVATIONS 2 vers points du midi de la France, où le diluvium caillouteux analogue à celui .qui.couvre cette plaine a été également disséminé. Ce qu'il. y a de certain, c’est que le diluvium caillouteux qui s'étend. depuis Ja Crau jusqu’à la Méditerra- née, dans la direction de l’est à l’ouest, pendant un espace d'environ vingt lieues, a les-plus grands rapports:avec le di- luvium de la Crau ; seulement .on.le voit se:charger de plus en plus de cailloux calcaires, et devenir.moins quarzeux à mesure que l’on s'éloigne de cette ping: Les igalets secon- daires et même tertiaires commencent à. se. mêler aux galets quarzeux à une dizaine de lieues de la Crau, et on suit le même diluvium, qui se modifie de plus en plus, jusque dans les cavernes à ossemens de Lunel-Vieil. Là le diluvium de- vient plus limoneux et plus sableux, ce qui peut tenir à la petitesse des ouvertures par lesquelles il, a pu s’introduire dans ces cavités souterraines. Il offre en même temps june certaine quantité de galets calcaires d’eau, douce, à raison des formations de ce genre qui entourent, la caverne de Lunel-Vicil, sorte de galets dont on ne voit aucune trace parmi ceux de la Crau. Mais parmi ces galets tertiaires qui s'ajoutent aux galets quarzeux essentiellement dominans, l’on n’observe point de cailloux d’une formation plus récente que le calcaire d’eau douce moyen; observation dont nous ferons saisir plus tard l'importance. Ces faits, etune foule d’autres TRANS pourrions citer, nous conduisent à cette observation , c’est qu'il existe plusieurs sortes de diluvium aussi distincts par leur nature et la forme des fragmens deroches qu’ils renferment, que par leur posi- tion; on peut cependant les réduire à trois sortes principales : SUR LA CRAU. 199 1°. Un diluvium chargé d’une quantité plus ou moins con- sidérable de cailloux roulés, soit quarzeux, soit calcaires, dont le maximum sur une surface est donné par la Crau, et qui, à cause de cés galets} pourroit être désigné sous le nom de diluvium caillouteux. 2°. Un diluvium chargé d’une quantité plus ou moins con- sidérable de roches fragmentaires jamais roulées ni arron- dies, mais disposées en fragmens anguleux et irréguliers ; lesquelles roches fragmentaires sont généralement plus rap- prochées des terrains d’où elles proviennent que les cailloux roulés du diluvium caïllouteux : on pourroit l'appeler d/lu- vin fragmentaire, à raison de la disposition irrégulière des portions de roches disséminées au milieu du lHimon. 30. Un diluvium limoneux, presque dépourvu de caïlloux roulés et de roches fragmentaires, occupant à la fois les points les plus élevés et les plus bas des montagnes ou des vallées, où l’on voit des traces de diluvium. Sa nature limoneuse pourroit le faire désigner sous le nom de dzluvium limonceux. Ces diverses sortes de diluvium distinguées par leur nature minéralogique, le paroïssent également par leur position géographique; leur situation dans une même contrée peut assez bien donner la mesure des effets produits lors de la dernière période géologique qui a précédé les temps actuels. Si par l'effet de la culture, il est souvent difficile de les dis- cerner, cette culture elle-même peut fournir nie ee éclair- cissemens au géologue. En effet, les terrains cultivés, et qui étoient couverts de diluvium caullouteux ARR aujourd'hui les vins les Rite recherchés; et dans le principe ou avant que la culture s’en 199 OBSERVATIONS emparât,ils présentoientunsolcouvert debruyères,de plantes aromatiques où dechènes verts, et par conséquent propre à la nourriture des bêtes à laine. Ceux qui étoient recouverts parle diluvium fragmentaire donnent du vin d’une qualité inférieure, mais ils en fournissent avec. plus d’abondance. Enfin le diluvium limoneux présente les terres les plus fertiles et.les plus propres aux, prairies, soit naturelles, soit artifi- cielles, comme aux grandes cultures des céréales. Pour prouver da justesse de ces rapprochemens, nous rap- pellerons que, dans plusieurs contrées montagneuses. de, la France, la culture du:seigle et du blé peut à elle seule faire distinguer les divers ordres de formations. En effet, l’on ne cultive le seigle en grand que dans les roches feuilletées, et le blé dans les terrains calcaires, rommant segala les pre- miers de ces terrains, et causse les seconds. Si, par suite-de sa position, il.est presque toujours pos- sible de distinguer le duvium caillouteux des atterrisse- mens opérés dans l’époque actuelle, il n’en est pas de même pour les diluvium fragmentaires et limoneux. Le diluviam fragmentaire, placé souvent au pied de collines calcaires, dont les roches brisées forment la masse principale des frag- mens solides disséminés dans le limon., est très-difficile à dis- cerner, dans une multitude de circonstances, de celui qui, pendant l’époque alluviale actuelle, provient.de la décompo- sition ou de la désagrégation des roches-secondaires, au pied desquelles se trouve le diluvium fragmentaire: La distinetion est d'autant plus difficile:à faire, que les roches secondaires se désagrégent avec une:assez grande /promptitude, à raison de leur disposition en:feuillets où en lits peu-adhérens, ex- N SUR LA CRAU. < TOX trêmement multipliés, et que, par conséquent, elles sont facilement attaquables par les agens actuels. En un mot, les cailloux roulés et polis qui couvrent en si grand nombre la plaine de la Crau, ne sont quan amon- cellement réellement remarquable du diluvium sur un même point, amoncellement produit dans la période alluviale an- cienne, et qui paroît provenir des montagnes peu éloignées du lieu où est répardu le diluvium caillouteux. Cet étrange rassemblement de cailloux roulés sur un aussi petit espace que la plaine de la Crau, est certainement antérieur à la période alluviale actuelle; car on ne peut guère l'expliquer par des causes qui n’auroient pas plus d'intensité que celles qui régissent en général les phénomènes géologiques de notre temps. Du reste , comme tous les diluvium, celui de la Crau, quoique disséminé par une force aussi active que puissante, n’annonce pourtant pas une cause totalement différente de celles qui ont encore lieu, mais seulement une cause qui agissoit avec plus d'énergie que celles dont l’action s'exerce sur le globe. Ici tous les effets produits rentrent dans les limites des alluvions, en se rattachant seulement à ces allu- vions anciennes, qui, dans la violence de leur action, ont disséminé sur une assez grande étendue de la partie la plus basse de la terre les roches qu’elles avoïent arraché aux mon- tagnes préexistantes. à En terminant ces observations, qu'il mé soit permis de payer un juste tribut d’admiration au célèbre auteur du voyage dans les Alpes, qui, dans les plus petites comme dans les plus grandes choses, a répandu les vues les:plus lumi- neuses, et à si puissamment contribué à porter la géologie 192 4 OBSERVATIONS SUR.LA CRAU. positive au point où elle est maintenant. Si les observations que lon vient de lire ont quelque intérêt, elles le doivent sans doute aux vues inspirées par les judicieuses réflexions de M. de Saussure, sur la plaine caillouteuse de la Crau. OBSERVATIONS A L'HISTOIRE NATURELLE DE LA TAUPE (. à PAR M. FLOURENS. J’avors mis deux Taupes, que je destinois à des expériences de physiologie, dans un vase dont le fond avoit été rempli de terre, afin de leur en rendre le séjour plus commode; et où, pour qu’elles n’eussent pas à souffrir de la faim, j’avois mis aussi quelques racines de carotte et de raifort. Le len- demain, quand je fus chercher mes deux Taupes pour m’en servir, je n'en trouvai plus qu'une; mais je vis en même temps que les racines n’avoient point été mangées. Après m'être assuré que la Taupe qui me manquoit n’avoit pu sortir du vase où je l’avois mise, non plus que de l’appartement où étoit le vase, je vidai toute la terre de ce vase, et je trouvai enfin la peau de la Taupe, mais la peau seule, ouverte lon- {) M. Geoffroy-Saint-Hilaire ayant bien voulu citer ces Observations sur La Taupe dans son Cours de l'Histoire naturelle des Mammiftres, ouvrage d’un ordre transcendant, et qui à déjà pris un si haut rang en zoologie, j'ai cru qu’il pruvoit n'être pas inutile de les publier (Voyez Cours de l'Histoire naturelle des Mammiféres, par M. Geoffroy-Saint-Hilaire, 192. leçon, p. 6 et sui.). Mém. du Muséum. 1. 17. 25 194 OBSERVATIONS gitudinalement du côté du ventre, et dans toute son étendue: les os et les chairs avoient été dévorés. | ‘Ce fait me frappa : dans tous les livres d'histoire naturelle on lit que la Taupe est.un animal omruipore : assertion qui s'accorde pourtant fort peu avec l’organisation, d’ailleurs si remarquable, soit de son appareil digestif, soit de son système dentaire. À n’en juger, en effet, que par son canal intestinal court, que par ses dents ou tranchantes, ou hérissées de pointes coniques, la Taupe sembleroit beaucoup plutôt de- voir être un animal essentiellement carnassier. Il étoit donc important de voir ce qui en étoit. À cet effet, je mis cette Taupe dans un vase vide. Elle étoit fort agitée, fort inquiète, ne se reposoit pas un seul in- tant, et paroissoit affamée. Le moment étoit favorable : je pris un moineau vivant, des ailes duquel j’arrachai les pennes, et je Le mis dans: le vase avec la Taupe. D'abord le moineau commença par donner des coups de bec sur le museau de Ja Taupe chaque fois qu’elle s’approchoit de lui. La Taupe s’approcha et se retira deux ou trois fois, après avoir ainsi recu quelques coups de bec; mais enfin elle s’élança sur le moineau, avec impétuosité, en portant son museau dans les entrailles de l'animal, et de ses deux pates de devant écar- tant et détachant la peau du corps à mesure qu’elle le dévo- roit. Elle eut bientôt dévoré, avec une espèce de fureur, à peu près la moitié du moineau. Je mis alors dans le vase un verre plein d’eau; dès que la Taupe, en tournant dans le vase, eut rencontré l’eau qui baignoit les paroïs extérieures du verre, elle se dressa par ses pates de devant sur les bords du verre, et but beaucoup, et avec: la plus grande avidité. Elle revint 5 SUR LA TAUPE. 190 ensuite au cadavre du moineau, en mangea un peu, et. l’a- bandonna; j'approchai le verre de son museau, elle but en core un peu; et puis elle ne voulut plus ni boire ni man- ger : elle étoit assez repue, et son ventre étoit en effet fort gonflé. Je dois faire observer que je n’ai jamais remarqué, dans les allures de l’animal , qu'il s’aperçüt de ma présencé, ou que ma présence, s’il s’en apercevoit, le gênât le moins du monde, j8 Je désirai renouveler ce qui venoit de se passer. J’enlevai donc l’eau et le reste du moineau, afin que la Taupe se trouvât soumise à un jeûne forcé durant mon absence. Une heure après, je fus la voir: elle étoit couchée au fond du vase, et ne bougeoït pas. Mais cinq ou six heuresplus tard je la trouvai extrêmement agitée , et très-affoiblie : elle tratnoit avec peine son train de derrière; son ventre étoit rentré; ses flancs dépri- més et essoufflés ; son museau dans un mouvement de flairer perpétuel : elle paroïssoit enfin affamée, et sur le point de périr de besoin. Je mis un nouveau moïineau vivant dans le vase, et je l’approchai de la Taupe qui, cette fois-ci, ne l’eut pas plus tôt rencontré, qu’elle s’élança sur lui pour le dé- vorer, en commençant toujours par lesentrailles. À près qu’elle eut mangé à peu près la moitié de l'animal, elle but encore . beaucoup et avec avidité; son ventre s’étoit gonflé de nou- veau, et elle étoit redevenue tranquille. Je laissai dans le vase l'eau et le reste du moineau: le lendemain je trouvai le moi- neau complétement dévoré, il n’en restoit que la peau, ren- versée du côté des plumes. La Taupe n’en paroïssoit pas moins déjà agitée et tourmentée de besoin : je mis une grenouille dans le vase; dès que la Taupe l’eut rencontrée, elle s’élança 196 OBSERVATIONS vivement sur elle, et la dévora, en commençant toujours par les entrailles (1). J’attendis ce jour-là que la Taupe m’offrit des indices de faim très-prononcés, et je mis un crapaud vivant dans son vase. La Taupe l’eut bientôt rencontré'en tournant : mais chaque fois qu’elle le rencontroit, le crapaud se gonfloit, et la Taupe détournoit son museau comme par un mouvement de dégoût invincible. Je mis alors des, racines de carotte, de choux , de laitue, etc., dans le vase, et n’y mis que cela, pour voir si la Taupe en mangeroïit. La Taupe eut ainsi à passer la nuit sans autre provision. Le lendemain je la trouvai morte : elle n’avoit pas, ou presque pas touché aux racines : les mor- ceaux même de racine, qui avoient été mordus, me parurent se retrouver en débris dans le vase. La Taupe ne seroit done point herbivore : et si elle détruit tant de racines de végétaux, ce ne seroit pas pour les manger effectivement, mais pour y chercher les vers, les insectes, surtout les larves d'insectes qui s'y logent. Je me procurai trois Taupes que je soumis, dans trois vases séparés, à un régime purement végétal : aucune d’elles ne mangea ni des racines, ni des feuilles que je leur donna, ou du moins n’en mangea assez pour s'en nourrir. Parmi ces trois Taupes, une mourut sans y avoir absolument touché ; les deux autres moururent après y avoir produit quelque dégât : mais, je le répète, ce dégât me parut dù plutôt à (1) Quand la Taupe est-près de son trou, après s'être élancée sur l’animal destiné à lui servir de proie, elle recule en cherchant à l’entraïner dans ce trou où elle doit avoir sur lui tout avantage. SUR LA TAUPE. 197 l'effet d'une recherche qu’à une véritable consommation. J’ai conservé, au contraire, très-long-temps vivantes plu- sieurs/Taupes que je nourrissois avec des moïineaux ou des grenouilles, animaux que je leur donnois ordinairement vi- vans, pour mieux observer les habitudes voraces des Taupes. J’en ainourri plusieurs simplement avec de la viande de bou- cherie, J’en ai nourri quelques unes avec des vers ou lom- brics de terre, et surtout avec des cloportes, petits crustacés dont elles m'ont toujours paru excessivement friandes. - J’avois mis deux Taupes dans un appartement, où il ny avoit point de nourriture. Quelques heures après étant allé les voir, je trouvai lune des'deux poursuivant l’autre sans relàche. Ma présence n'interrompit nullement cette pour- suite : la plus foible fuyoit toujours, sans se défendre ;'et plus elle fuyoit, plus l’autre mettoit d’opiniätreté et de violence à la poursuivre. Le lendemain, je trouvai la plus faible dé- vorée par l’autre. J’ai cherché à voir, sur plusieurs Taupes, quel temps.elles pouvoient résister à la privation de toute nourriture ‘jenen ai jamais trouvé qui aient passé impunément une nuit entière sans manger. Dix ou douze heures sont à peu près le #2axr- mnuin du temps qu'une Taupe peut survivre au manque de nourriture. Toutes les fois qu'une Taupe’est demeurée seule- ment trois où quatre heures sans manger, elle paroït affamée; et au bout de-’cinq ou six heures elle commence à tomber dans un état de débilité extrème. Il est très-aisé de-recon- notre qu'une Taupe à faim à son excessive activité: quand elle est repue, ellé est tranquille. Apeiné la Taupe a-t-elle souffert quelques heures de la faim, que ses flancs se dé- 198 OBSERVATIONS priment, et qu'elle semble comme expirante. Mais dès qu’elle a mangé, Sa force renaît, comme aussi son assoupissement la reprend dès qu’elle est repue. J'ai toujours vu les Taupes très-avides de boire, comme tous les animaux qui se nour- rissent de sang et de chair : le contraire s’observe chez les herbivores. Je ne sais s’il existe un autre animal qui offre un pareil besoin de manger à des heures si rapprochées; et il est dificile de se faire une idée de l’impétuosité avec laquelle la Taupe, pressée par la faim, se jette sur sa proie ét la dé- vore. | On voit, par ce qui précède, que la Taupe, comme son organisation l'indique, est, sinon exclusivement, du moins essentiellement carrvore : ce qui est tout à la fois et un nouvel exemple de ce rapport admirable qui lie si constam- ment l’organisation aux mœurs, ou les fonctions aux organes; et une nouvelle preuve que toutes les fois qu'il y a contra- diction effective entre l’une de ces choses et l’autre, c’est que lune de ces choses ou l’autre, l’organisation ou les mœurs, a été mal observée. j + Ainsi, par exemple, la physiologie expérimentale a montré, depuis peu, que les lobes cérébraux, ou cerveau proprement dit, sont le siége exclusif de: l'intelligence : d’où il suit néces- sairement que plus ces organes sont développés, dans la série des animaux, et plus l'intelligence doit l'être aussi. | Les carnassiers qui ont des lobes cérébraux plus dévelop- pés, devront: done avoir plus d'intelligence, ét par suite plus de qualités sociables que les. herbivores. Cependant presque tous les naturalistes ont dit jusqu'ici précisément le con- traire. Selon eux, ce sont les herbivores qui ont un caractère SUR LA TAUPE. 109 plus doux, des inclinations plus érattables, un naturel plus affectueux que les carnassiers : ee qui revient: en d’autres termes, à dire que la sociabilité est. en raison inverse de l’#- telligence; \intelligence en raison inverse, des lobes cére- braux ; l'organisation en sens contraire des 2œurs. Mais il n’en est point ainsi: « L'observation plus intime, « plus circonstanciée, plus propre à nous. faire voir ces ani- maux tels qu'ils sant en réalité, dit un auteur récent, à qui «la Science des mœurs des animaux doit.déjà de si grands € progrès(1),nous oblige de renverser complétement Fappli- € cation de ces idées, et de transporter aux uns.ce.que nous « appliquions aux autres. ...,. 1. . . «C’est que les-uns « (les herbivores) ont une z+felligence grossière et bornée, € tandis que les autres (les carnassiers) ne sont pas moins C remarquables par l'éfendue que per la finesse et l'acti- « vité de la leur. » Je pourrois multiplier les exemples; j'en aurois pu prendre tout autre : j'ai choisi celui-ci parce qu'il se rattache à un grand fait de physiologie. Je reviens à la Taupe. Les expériences qu’on vient de lire montrent qu’elle est _essentiellement carnivore : il seroit curieux de voir jusqu’à quel point les autres z2sectivores , tous classés, en effet » par M. Cuvier (>), dans la grande famille des aa le sont aussi; et surtout à quelles modifications déterminées de leur el digestif répondent les modifications diverses de —— (1) Voir Essai sur la domesticité des Mammiftres, par M. Frédéric Cuvier : Annales des Siences nat. , 1826. (2) Voir Règne animal, t. 1,p. 13r. 200 - OBSERVATIONS SUR LA TAUPE. leur régime: du régime du hérisson, par exemple, qui peut mêler les fruits à sa nourriture d'insectes, de celui de la Mu- saraigne qui doit, au contraire, se nourrir uniquement de proie, si on en juge du moins par la brièveté de son canal intestinal qui, comme chez les animaux les plus essentielle- ment carnassiers, le tigre, le lion, la belette, etc., n’a que trois fois la longueur du corps, etc. (x). On sent enfin combien il seroit curieux, dans ce cas parti- culier, comme dans tant d’autres, et sur de nouvelles obser- vations plus exactes, plus précises, mieux combinées que la plupart de celles que l’on possède-encore, de suivre dans tous leurs détails ces /oës de l’organisation établies par M. Cu- vier (2), qui permettent de conclure toutes les parties de l’a- nimal les unes des autres, des dents l’appareil digestif, de l'appareil digestif le régime, du régime les sens, la locomo- tion, etc.: grandes lois qui, déduites d’abord d’un certain nombre de faits ; semblent ensuite gouverner et prédire tous les autres faits. Q) Voyez M. Cuvier: Lecons d’Anat. comp. ,t. 3, p. 448 et suiv. (2): Voyez ses Récherches sur les ossemens fossiles. RAPPORT Fait à l'Académie royale des Sciences, sur ur Mémoire de M. Roulin, ayant pour titre : Sur quelques change- mens observés dans les Animaux domestiques transportés de l’ancien monde dans le nouveau continent. PAR MM. GEOFFROY SAINT-HILAIRE ET SERRES. M. 15 pocreur Roux a lu à l'Académie, le 29 septembre dernier, un Mémoire sur quelques changemens qu'il a observés dans les Animaux domestiques transportés de l’ancien monde dans le nouveau continent. Vos commissaires, MM. Serres et Geoffroy Saint-Hilaire, se sont réunis pour examiner ce travail, et rédiger ensemble le présent rapport. Deux théories sur le développement des parties organiques existent dans la science : l’une suppose la préexistence des germes et leur emboîtement indéfini, l’autre admet leur formation successive et leur évolution dans le cours des développemens. La première de ces opinions perd tous les jours de ses partisans; la seconde en compte de plus en plus, à mesure que l’organisation, mieux étudiée, est aussi mieux connue. Dans le système des préexistences, la question traitée par M. Roulin seroitsans objet, et ne pourroit conduire à aucune Mém. du Muséum. 1. 17. 26 202 - RAPPORT SUR QUELQUES CHANGEMENS légitime conséquence. En effét, du moment que l’on admet cette préexistence, les êtres sont et restent ce qu'ils ont tou- jours été. L'observation ne peut constater que leur passage du petit au grand. Toutes leurs métamorphoses se réduisent, en dernier résultat, à une espèce de déboïitement. Cette manière ee de considérer l'organisation des animaux en abrége beaucoup l'étude; elle dispense de la recherche d’une multitude de rapports nés de la variation continuelle des êtres vivans, soit pendant, soit après leur développement; elle dispense, au besoin, de toute philo- sophie. Car, en bornant ses considérations à l’infiniment petit et à l’infiniment grand, les travaux qu’elle peut produire, loin de faire connoître la beauté, la puissance et l'harmonie de la nature, n’aboutissent tout au plus qu’à nous étonner par le spectacle confus de son ensemble : ce seroit de lhis- toire naturelle traitée à la manière de Pline. Dans la supposition contraire, c’est-à-dire, d’après le système de l'épigénèse, la science s'agrandit en raison de l'étendue des recherches; les rapports se multiplient et naissent, pour ainsi dire, sous les pas de l'observateur Celui-ci est-il obligé de se rendre compte de ce qu'il voit et de ce qu'il observe? la comparaison des êtres devient l'ins- trument nécessaire de ses déductions. Ce n’est qu’à ce prix, price moyen qu il peut essayer d'en donner une expli- cation probable. On ne sauroit trop le répéter, dans l’état présent des sciences anatomiques et zoologiques, ce n’est qu'en compa- rant les formes coexistantes et successives des êtres organisés que l’on peut parvenir à déterminer leur période de forma- DANS LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 203 tion et l'influence des causes qui tendent à les produire ou à les anéantir. Depuis long-temps on a remarqué que toutes les parties de la matière exercent un effet continuel et réciproque les unes contre les autres; mais c’est surtout chez les êtres vivans que cet antagonisme se manifeste. Aux forces qui tendent à les développer sont opposés, comme conditions de résistance, des effets d’aflinité, et généralement l’action des agens phy- siques qui pèsent sur eux de toute leur force. Cette résistance, tenue en dehors de la science jusqu'à ces derniers temps, n’a été examinée ni dans ses actions, ni dans ses effets; son étude même ne pouvoit être entreprise que dans l’idée que les êtres se forment et se développent conformément aux données de l’épigénèse. Tout le monde connoiît les belles recherches de M. Edwards à ce sujet. Celles de M. Zsidore Geoffroy Saint- Hilaire sont moins connues ; et comme elles ont un rapport direct à la question traitée par M. Roulin, nous devons en rappeler ici le résultat. Dansses Considérations générales sur les Mammufères , publiées en 182, ce jeune zoologiste établit que les variétés nombreuses du Bœuf, du Cheval, du Porc, de la Chèvre, du Chien, etc., sont un produit de la domesticité, dans ce sens qu’elles se sont développées sous l’action lente, mais continue, d’un système de résistances conditionnelles dépen- dant de notre régime économique, et modifiant, à quelques égards, les résistances simples et naturelles qui, dans l’état sauvage , sont les nécessités du 77sus formatipus ; et par cette expression, on comprend les efforts où la tendance de l’organisation, pour se développer d’une seule et même ma- 204. RAPPORT SUR QUELQUES CHANGEMENS nière, pour donner les résultats que nous disons ceux de la règle, pour faire réapparoître des produits qui répètent exactement les formes des anciennes races. C’est l’inverse ou la contre-épreuve de cette révolution que M. le docteur KRoulin se propose de faire connoître. Son but étant de suivre les changemens que peuvent subir ces mêmes animaux en repassant de la domesticité à l’état sauvage, l’idée seule de ce travail prouve que M. Roulin a bien saisi une des lacunes de la science, en ce qui concerne l’état primitif de nos es- pèces domestiques. On voit manifestement, dans ce qu’elles sont aujourd'hui, que, parmi leurs caractères, les uns sont acquis, et les autres naturels. Distinguer les premiers des seconds, et remonter ainsi aux caractères primitifs de ces espèces, tel est le but que s’est proposé l’auteur. La question ainsi posée, il n’y avoit point deux manières de la traiter. On conçoit en effet que, si la longue servitude de nos animaux domestiques à développé en eux certains caractères , les caractères acquis devront disparoïtre en ren- dant ces animaux à la vie sauvage : la première condition à remplir étoit donc de substituer à leur vie douce la vie er- rante et dure des montagnes et des forêts. à Depuis long-temps cette expérience étoit toute préparée en Amérique : en s’emparant de cet immense continent , les Européens y transportèrent avec eux les animaux qui sont devenus les auxiliaires de notre état de civilisation : ce sont le Cheval, le Bœuf, le Mouton, le Porc, la Chèvre, PAne, le Chien, etc. Au bout d’un certain temps, la fécondité de ces espèces donna des produits supérieurs aux besoins que l’on avoit d'elles. Cette surabondance rompit leur servitude, OBSERVÉS DANS LES ANIMAUX DOMESTIQUES. - 205 et une partie des individus fut rendue à:la vie sauvage. Ge sont ces individus et ceux qui jouissent d’une demi - liberté que M. Roulin compare et oppose aux individus qui n’ont pas quitté la tutelle de l’homme. Les résultats fournis par ce parallèle sont, des plus précieux pour la zoologie. On y voit, en premier lieu , que les variétés nombreuses du pelage du Cheval, de l’Ane et du Porc sont ramenées, par la vie sauvage, à une uniformité presque con- stante. Pour le Cheval, c’est la.-couleur baie-châtain; pour V'Ane, le gris foncé, et le noir pour le Porc; d’où l’on peut conclure que les nuances de coloration qui s'éloignent de ces couleurs natives sont des produits manifestes de la domesticité. En second lieu, l'allure de ces animaux acquiert quelque chose d’analogue à leur indépendance; les oreilles du Porc se redressent, son crâne s'élargit; l’agilité du Cheval se déve- loppe; le courage de l’Ane reparoît, surtout parmiles étalons; enfin la pétulance de la Chèvre, semble augmenter encore avec l’aisance et la prestesse de ses mouvemens. Toutes ces observations sont bien présentées par M. Roulin; elles sont accompagnées de remarques très-judicieuses sur le mode de nutrition de ces animaux, sur,le changement de leurs habitudes , et sur l’action réciproque que d’autres condi- tions physiques peuvent exercer sur chaque espèce en parti- culier. Car c’est bien moins l’ancien animal sauvage qui est exactement reproduit par le passage de la vie domestique à Ja reprise de la vie indépendante, qu’un être mixte qui est définitivement établi. Des traces plus ou moins profondes de la deuxième époque d'existence se perpétuent dans cette 206 RAPPORT SUR QUELQUES CHANGEMENS OBSERVÉS troisième , quand les influences nouvelles ne devroient rame- ner que la première. Telles sont quelques unes des curieuses remarques de l’auteur ; les toutes rapporter, ce seroit entreprendre de re- produire tout son Mémoire. Nous en distinguerons deux seulement, à cause de leur intérêt pour la physiologie. La première concerne la transmission par voie de généra- tion de certaines habitudes acquises. Aïnsi, les Chevaux sau- vages provenant d'individus qui marchoient l'amble ont transmis à leurs: rejetons ce mode singulier de progression; ainsi , les Chiens, provenant de ceux que l’on avoit exercés à la chasse du Pécari, ont acquis, comme caractère appartenant à la race, les moyens d’allure, d'attaque et de défense qu'exige cette chasse. Notre seconde remarque est relative à la sécrétion du lait de la Vache. On sait qu'en Europe cette sécrétion est rendue permanente par l'acte du trait. Chez les Vaches acclimatées en Amérique, cette fonction n’est que passagère; sa durée est rigoureusement soumise à la durée des besoins du Veau : si celui-ci meurt, ou est soustrait à la mère, les mameélles se dessèchent. Ce fait curieux, auquel du reste il est difficile d’assigner une “cause suffisamment précise, semble prouver que la lactation permanente de nos Vaches est une fonction maintenue artificiellement par la domesticité. On voit, par cette analyse succincte, que M. le docteur Roulin à tiré un heureux parti de son séjour en Amérique. Son Mémoire est écrit avec clarté et précision, et il a su lui donner beaucoup d'intérêt, sans sortir des limites rigoureuses DANS LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 20 a | de l'observation : les résultats qu'il renferme sont résumés dans les conclusions suivantes : 1°. Que lorsqu'on transporte des animaux dans un climat nouveau, ce ne sont pas les individus seulement, mais les races qui ont besoin de s’acclimater. 2°, Que, dans le cours de cette acclimatation, il s’opère communément dans ces races certains changemens durables qui mettent leur organisation en harmonie avec les climats où ils sont destinés à vivre. HU 30. Enfin, que les habitudes d'indépendance font promp- tement remonter les espèces domestiques vers les espèces sauvages qui en sont la souche. Voilà, sans doute, des résultats utiles, précienx en eux- mêmes, mais dont l’intérèt peut croître encore en fournissant quelques aperçus dans des questions plus compliquées. Car admettez l’action non interrompue du même zsus forma- tivus , c'est-à-dire les mêmes efforts de formation pour pro- duire le fond organique des animaux vertébrés, mais ces influences s’exerçant toutelois au sein de résistances plus grandes, plus profondément modificatrices qu’elles ne le sont aujourd’hui sur les divers points de la terre, et l'esprit conce- vra sans péme un autre ordre de choses et des effets tels qu’il en subsiste des traces dans les entrailles de la terre : un autre système de zoologie suit de ces données. Or, que la terre, avant qu’elle ait revêtu ses formes actuelles, ait été placée sous le régime de milieux atmosphériques et thermomé- triques différens, et qu'elle aït alors nourri d’autres habitans qne les espèces aujourd’hui vivantes, la géologie et la z00- logie sont d’accord sur ces faits. Ainsi les résistances auront 208 RAPPORT SUR QUELQUES CHANGEMENS, ETC. autrefois pesé davantage sur le même fond organique, beau- coup plus en effet qu’ellesme S’exercent aujourd’hui d’un lieu à l’autre dans les contrées les plus différentes. Voilà ce que laissent entrevoir les recherches de M. Roulin, et comment elles portent à comprendre de quelle manière les animaux perdus sont, par voie non interrompue de générations et de modifications successives, les ancêtres des animaux du monde actuel. | Mais, sans plus nous arrêter sur ces réflexions, dont M. le docteur Roulin a eu la sagesse de s'abstenir, nous revenons aux faits positifs et à l'intérêt de son Mémoire, pour recom- mander cet écrit à l’estime de l’Académie, et pour donner cette conclusion définitive, que important travail de M: Rou- lin mérite d’être approuvé et inséré dans le Recueil des Savans étrangers. À Paris, le 8 décembre 1828. Signé au Rapport, Georrrox Sant-HiLAIRE et SERRES. MÉMOIRE Où lon se propose de rechercher dans quels rapports de structure organique et de parenté sontentre eux les animauxdes âges historiques, et vivant actuellement, et les espèces antédilu- viennes el perdues. PAR M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. C'ssr là une question que j'entends poser seulement, mais non résoudre aujourd’hui : je me défends même d’avoir pensé à écrire à ce sujet, et je désire m'en faire absoudre en racontant comment je m’y suis engagé. Je venois de lire un rapport sur d'importantes observations communiquées à l’Académie par M. le docteur Roulin. L'esprit préoccupé d’an- ciennes méditations sur les animaux antédiluviens, il m'é- chappa, en finissant, une réflexion qui, pour être bien com- prise, auroit nécessité de plus grands développemens. On en fit la remarque, et l’on voulut bien insister pour que j’ac- ceptasse de les donner : je le promis; promesse peut-être imprudente ! Car je pensois alors, et je crois toujours, que les temps d’un savoir véritablement satisfaisant en géologie ne sont point encore venus. Et en effet, c’est s’engager dans une discussion interminable que de poser la question, si Mém. du Muséum. 1. 17. 27 210 DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES l’ordre actuel des générations qui se succèdent s’est toujours maintenu, sil y a eu transmission non interrompue des êtres antédiluviens aux animaux des temps modernes. . Cependant l’important ouvrage sur les Ossemnens fossiles tient sur ce point tous les esprits éveillés. Ge que l'on se pro- pose sous son inspiration, c’est de savoir ce qui fut à l’ori- ‘gime des choses. Des fouilles se multiplient : ces recherches occupent, dans la pensée que les moindres vestiges des an- ciens animaux sont d’autres et de très-précieuses médailles offertes à notre sagacité: ce sont vraiment des débris donnant l'idée d’une sorte de résurrection des prémiers habitans de la terre, puisque déjà ces découvertes fournissent les élémens d’un fait irrécusable, savoir, que la plupart de ces animaux, si ce n’est tous, furent différens des espèces de l’ordre actuel. Mais convient-il toutefois de partir de ce fait pour pro- noncer que Îles animaux des premières époques de la terre ne furent point liés à titre d’ancêtres à ceux présentement vivans ? il y auroit quelque témérité, je crois, à laflirmer. L'idée contraire nait plus naturellement dans tous les esprits ; car autrement il faudroit que r'osuvre des six jours eût été reprise, que de nouveaux êtres eussent été reproduits par une nouvelle création. Or, cette proposition, déjà contraire aux plus anciennes données historiques, répugne tout autant aux lumières de la raison naturelle qu'aux spéculations plus réfléchies des sciences physiques. Avec un peu plus de confiance dans l’industrieuse persé- vérance de l'intelligence humaine, on eût, je crois, abordé plus tôtet avec plus de franchise ce grand sujet de réflexions. Mais ona paru s’effrayer du trop d'événemens, de cataclysmes, ü ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES. 211 de siècles, qui nous séparent d’une si haute antiquité; on s’est effrayé, comme si ce passé ne devenoit pas journellement de plus en plus accessible à notre observation, comme si chaque nouvelle fouille n'en ramenoit point chaque jour quelquechose de plus significatif. Soyons en effet plus con- fians en nous-mêmes, car il ne faut pas perdre de vue que l'homme supérieur peut ajouter à de telles et premières res- sources celles qu’il peut et sait puiser dans sa valeur d’être intelligent : abandonnent sans timidité aux légitimes consé- quences de Vanalogie, à leur judicieuse direction, il acquiert bientôt quelques termes quiluimanquent, et desquels sortent des inductions, ordinairement où peut-être même nécessai- rement méconnues du vulgaire, lequel ne sauroït s'intéresser et ne se confier qu’au témoignage de ses sens. Tels sont effec- tivement et le propre et le droit du génie, qu’il tient comme existant véritablement ce que, dans sa force de conception, ik a déjà jugé devoir être; ainsi, que les faits soient néces- saires, ils sont pressentis., préaperçus, conclus. Or, partez de ce point, et vous êtes bientôt fixé sur les données suivantes; car, laissant de côté les principes méta- physiques d’une philosophie raisonneuse, qui prend à tâche de douter de tout, vous apercevez une réelle parenté entre les espèces perdues et les animaux de l’ordre actuel. Effec- tivement, tous ne sont-ils pas entrés sans difficulté dans les cadres des grandes classifications? tous, comme étant formés d'organes analogues, ne vous semblent-ils pas les modifica- tions d’un même être, de cet être abstrait , ou type commun, qu'il est toujours possible de désigner par un même non, et que présentement vous appellez anzmal vertébré? 212 DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES Est-il, d’ailleurs, quelques différences dans le détail des formes, servant à caractériser et à partager en deux sortes les êtres des deux époques? examinez dans quel degré. Il n’est là introduit, pour élémens de différences, qu'un principe, soit d’altération du fort au foible, soit d'extension du foible au fort; maistel ilest dans son essence comme dans son activité, que les différences ne consistent au fond que dans un simple changement qui porte sur la proportion de volume des parties, et rarement sur leur nombre. Cependant comparez aux débris qui ont échappé aux ra- vages du temps ce qu’on y peut rapporter parmi les choses existant présentement, vous n'avez point, si vous en jugez d’un point de vue élevé, à considérer des différences à en être beaucoup surpris; car il n’est toujours question que d’or- ganes analogues, que d’organes susceptibles d’un même ordre de modifications. Effectivement, recherchez les plus grandes différences parmi celles qui caractérisent les animaux des époques exirèmes, vous n’en citerez point qui passent en anomalies ce que dans un autre ordre de faits nous sommes journellement appelés à constater. Je veux parler de ces autres faits que tant de difficultés pour leur coexistence sem- bloient devoir condamner à ne jamais apparoître, de ces productions que l’on tient seulement pour ébauchées, ne re- cevant d'organes que pour la vie utérine, et quiont peut-être déjà cette importance, que d'aussi curieuses formations, étant mieux connues, doivent nous disposer un jour à plus d’indé- pendance d'idées, quant aux questions abordées dans cet écrit. Et en effet, l’histoire de la monstruosité accidentelle ou provoquée nous fait connoître que le plus léger empèche- - ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES. 313 ment qui intervient durant la gestation ou l’incubation y dévie le développement de l'embryon, y produit un grand désordre, au moins dans la partie affectée, y occasionne enfin un trouble dont les résultats augmentent et s’accomplissent avec l’âge; perturbations qui deviennent parfois extrêmes, et qui vont jusqu’à la suppression d’un et même de plusieurs systèmes d'organes. Ce ne sont pas des différences aussi considérables qui distinguent les animaux des deux âges, les espèces de l’ancien et du nouveau monde. Chaque système d’organes est au contraire chez tous renfermé dans une limite quelconque de. variation: les déviations sont et furent toujours plus con- tenues qu'à l'égard des faits de la monstruosité; faits qui, pour appartenir à un autre ordre de considérations, n’en sont pas moins réels et importans, qui réapparoïssent jusque dans les temps actuels favorisés et rendus plus fixes par des com- binaisons mieux arrêtées et coordonnées, qui acquièrent de plus en plus des observateurs parminous, et qui méritent effectivement l'intérêt qu'on leur accorde, en tant qu’ils sont aussi entrés dans les desseins de la Providence, en tant qu’ils sont de même accomplis par l’active et toute puissante in- fluence de la nature créatrice. Lies limites de la variation, pour les êtres réguliers, sont effectivement restreintes : toute la variation possible admet seulement le plasiou le moins de volume dans les élémens organiques, une alternation dans la combinaison respective de chacun d’eux. Tantôt ce change- ment est proportionnel en raison directe, tantôt en raison inverse , et d'autres fois d’une manière mixte : mais d’ailleurs une compensation qui s'établit remédie à tous les écarts; car ’ 214 DES ANIMAUX DES (AGES (HISTORIQUES si des matériaux restent, quant au volume, én déçà d'u terme moyen d’autres sont extraordinairement accrits. Cependant résulteroit-il de l'observation des pi que ée jeu des variations se fût exercé avec’ plus de ‘violence autré- fois que de nos jours, qu’en devroit:on alors conclure?! qu'a- vant que les choses dé notre globe eussent pris une assiette aussi affermie qu’actuellement, les modificateurs externes, selon l'expression de la nouvelle école physiologique, ou les milieux ambians, étoient anciennement, plus qu’ils ne le sont aujourd'hui, différens de ressort et d'action; qu'ils étoient plus profondément modifiés que cela n’a eu présentement d'un bout de la terre à l’autre. Que les modificateurs ex- ternes soient aujourd’hui dans le cas d'opposer-une résistance moins eflicace, nôtre zoologie nous paroîtra plus homogène , tout effet demeurant proportionnel à l'intensité de sa cause. Ce qui tend à démontrer encore la parenté manifeste des anciens et des nouveaux habitans de la terre, c’est le principe qui préside: à l’ordre successif des générations, au retour obligé des mêmes formes, et par conséquent à la réapparition des mêmes espèces, c’est-à-dire cette tendance à des déve- loppemens réguliers, que je comprends et que j’exprime par le mot de z1sus formativus. Evidemment ce principe se montre comme ayant dominé les événemens tout au travers les siècles : cette cause y a conservé son énergie, mais dans: l'étendue de sa portée, toujours et seulement selon sx capa- cité d'action. Et en effet, cette cause, pour que les animaux fussent successivement et dans les lignes de filiation une même répétition les uns des autres, n’avoit de valeur effective, de ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES: 215 capacité, qu'antant que les milieux, où des développemens organiques auroient à s’opérer, restassént les mêmes : dans ce cas seulement, le pouvoir inhérent à l’organisation se maivtient; alors point de faits d’habitudes qu’ils ne dérivent des. faits de structure : autrement il tombe sous de sens que les organes ne ‘sont point invariables, étant placés sous l'influence de milieux modifiés, et par conséquent modi- fians; car c’est là qu'ils s’alimentent. Et d’ailleurs n’est-ce point déjà un fait avéré, qu'ils sont variés d’un animal à l’autre? Avec plus d’études concernant les squelettes pierreux obtenus par des fouilles, et avec un sentiment plus profond etplus vrai des rapports zoologiques de ces précieuses dé- pouilles, une sorte de chronologie pourroit être essayée, si même elle m'a été déjà proposée : certains degrés d’organi- - sation fixeroient des âges au monde antédiluvien. Et pour faire voir ici sur iquoirepose cette espérance, il suffira, bien que très-Imparfaitement sans doute, de rappeler ‘une série progressive, comme la suivante ypar exemple : Zcthyosau- vus , Plesiosaurus ; Pterodactylus, Mososaurus, Teleo- saurus, Megalonix, Megatherium ; Anoplothertum, Pa- leotherium, etc. Par les Mastodontes, nous rattacherions à ces plus anciens habitans du globe les animaux venus enz suite ; et qui sont composés d'espèces des mêmes genres, les unes ‘perdues et antédiluviennes ; et les autres aujourd’hui vivantes, comme ayant pu s'accommoder, sans doute sous la raison de: quelques modifications partielles; deb eonditions du monde actuel : et ces animaux des mêmes genres, dont il y a une partie dans l’état fossile,et lauire partie dans l’état ‘ 216 DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES vivant, sont les Éléphans, les Rhinocéros, quelques Didel- phes , des Hyènes, des Ours, etc. Car enfinilest notoire que la terre a été exposée à beau- coup de bouleversemens, que son écorce a été à plusieurs reprises accidentée très-diversement, que les eaux occupoient plus d’espace en superficie, et étoient d’abord stagnantes et non sous un régime de circulation comme aujourd’hui, et que son immédiate enveloppe formée de atmosphère n’est qu’a- près de longues tourmentes entrée dans ses conditions et qua- _lités actuelles, soit thermométriques, soit hygrométriques. C’est sur un théâtre aussi mobile avant ses formes actuelles, c’est au sein de cette atmosphère, laboratoire immense d’étendue et de puissance, que les corps régis dans leur construction par le principe du 7wsus formativus, se trou- vent avoir successivement puisé des élémens d’assimilation. S’exerçant à l’égardde matériaux d'une autre sorte, et comme ils furent autrefois mêlés aux parties des êtres organisés, la lutte du zsus formativus fut différente. Différens effective- ment se trouvoient les résultats de la respiration, et généra- lement tous les actes de lavie, quand ils étoient nécessaire- ment influencés par la nature et l'essence diverse de ces élémens d’assimilation; et autres sont aujourd’hui les causes de réaction, les modificateurs externes. Voilà, je crois, dans quelles limites M. de Lamarck a pu écrire (1) un chapitre où il traite de l’/nfluence des circon- stances sur Les actions et les habitudes des animaux , et de celle des actions et des habitudes des corps vivans, comme ’ Liu SH à #4 FAOUS ÉTAPES 2 TT 96:92 f } a ——————_—_—]_———— — —… ————"———— ©" ————————— © ————————— {1) Philosophie zoologique) t 1, p: 218. ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES. 217 causes qui. modi ifient l’organisation et leurs. parties. En publiant ces idées, notre savant et vénérable collègue ne s’étoit point abusé sur la manière dont elles seroient ac- cueillies: il croyoit bien marcher en avant de son siècle, pré- senter de nouvelles vues. Alors ce qui n'appartenoit pas. au mouvement actuel des esprits, et ne devoit rien ajouter à la masse des faits particuliers, étoit repoussé à titre d'innovation dangereuse. Toutefois, tel n’étoit pas entièrement le caractère des écrits de M. de Lamarck : la théorie qu'il avoit conçue avoit, plus ou moins semblablement, été imaginée ei propo- , sée dans tous les âges de grande civilisation; et Pascal lui- même, si attentif à retenir dans de justes bornes les inspira- tions de son puissant génie, l’avoit aussi reproduite dans les termes suivans : € Les êtres animés n’étoient-ils, dans leur « principe, que des individus informes et ambigus, dont les « circonstances permanentes au milieu desquelles ils vivoient « ont décidé originairement la constitution ? » Cependant les idées de M. de Lamarck ont-elles été heureu- sement combattues dans le Discours préliminaire de l'œuvre admirable dite Ossemens fossiles (x ). Là sont discutées quel- ques unes des plus hautes questions de la zoologie, mais celles seulement de la science comme on l’avoit faite à ce moment. On y insista beaucoup sur certaines conventions de nos écoles, sur les définitions qu’on y donne du caractère de l'espèce ani male; et l’on crut à un nombre suffisant d’efforts et de preuves pour autoriser la conclusion, que les azimaux fossiles n’ont (1) Voyez le fragment intitulé : Les espèces perdues ne sont pas des variétés des espèces vivantes, p. 57, t. 1, de l'édition de 1821. Mém. du Muséum. 1. 17. 28 218 DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES pu être la souche de quelques uns des animaux d'aujour- d’hut, lesquels n'en différeroient que par l'influence du temps et du climat (à). Les deux auteurs se sont portés sur la même thèse égale- ment de deux façons différentes : 1°. en cédant à de hautes et propres inspirations, qui dans chacun d’eux étoient causées par la somme d'attention qu’ils avoient accordée aux faits généraux, et par la diversité d'influence qu’ils en avoient re- çue, et 2°. en caractérisant autrement quelques faits particu- liers plus spécialement applicables à la question. Plusieurs de ces derniers, comme ils sont présentés dans la Philosophie zoologique, auroiïent-ils, par les résultats de la controverse, été écartés à juste titre? [rons-nous aussitôt conclure de l'insuffisance de ces faits apportés en preuve à la condamnation de la doctrine qu'ils devoient étayer? Cette conséquence paroît de droit, mais n’est cependant point lo- bligée conclusion de tous les cas. Ainsi Buffon voit, avec une toute puissance d'intelligence et d'avenir, qui est un don du génie, que les animaux des contrées équatoriales habitent l'an des continens à l’exclusion de l’autre : c’est l’auteur des Æpoques de la nature qui a “conçu cette prévision, et qui plus tard, pour la présenter comme un fait basé sur des preuves incontestables, s’aide de tout le savoir du naturaliste. Mais, ce qu'il n’est sans doute donné qu’à quelques esprits de comprendre, aucune des preuves alléguées n’est admissible ; et, toutes reconnues fausses (1) Voyez le fragment intitulé : Les espèces perdues ne sont pas des variétés des espèces vivantes ; p. 63,t. 1, édition de 1821. y ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES 8259 qu’elles soient, le fait prévu et généralisé n’en reste pas moins établi : c’est décidément une loi qui reçoit du temps le sceau d’une entière confirmation. Egalement, le génie de Lamarck traite, pour toute struc- ture organique, avec la même sûreté d'esprit et de jugement, toutes les questions relatives aux influences du monde exté- rieur comme cause de réaction; mais il se seroit aussi très souvent mépris, quand il passe des déductions ou des re- marques générales à la considération des faits particuliers. On pourroit reprocher au chapitre précité d’avoir donné les jugemens avant les moufs, si l’état trop pauvre encore de la science, si le dénuement d’observations précises n’en avoient fait un devoir à l’auteur. 0 Fixé sur l'insuffisance des recherches dans cette direction, je n’avois pas attendu que les travaux de M. Roulin nous donnassent l'éveil, et j’avois déjà pensé que quelques expé- riences de physiologie pourroïent être entreprises au profit des questions de la géologie antédiluvienne ; j’ÿ consacrai tout le printemps de l’année 1826. Le joli village d'Auteuil près Paris possédoit alors un éta- blissement où l’on faisoit éclore des poulets sans mère, en y employant la chaleur de fours construits à cet effet. Là, je cherchois à entraîner organisation dans des voies insolites. Une idée sommaire de mes résultats dans lécrit ayant pour titre : Dépiations organiques provoquées et observées dans un établissement d’incubations artificielles, à paru dans le présent recueil , tome 13, page 280. J’ai entendu, dans le temps, discourir sur la prétendue futilité de ces recherches. Il régnoit alors dans la société une 4 220 DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES susceptibilité tracassière, peut-être plus affichée que réelle; c'étoit donc recourir à un expédient nécessaire que de pa- roître plutôt bizarre que profond, et je n’annoncai , je n’a- vouai qu'un laborieux passe-temps, m'en remettant à un fragment des écrits de Bacon que j'ai cité, page 295, pour révéler l'esprit et le but de ces recherches à qui vouloit sé- rieusement et utilement connoître mes motifs. Chacun supposa que j'avois expérimenté pour son point de vue. Les agronomes, voyant pour tout résultat des poulets viciés, trouvèrent que mes recherches reproduisoient seule- ment, et d’une manière tout aussi malencontreuse, d’anciens travaux qui avoient autrefois fixé sur Réaumur l'attention publique. Et en effet, cet académicien, qui avoit voulu en- richir l’économie domestique de procédés plus expéditifs , de la méthode depuis si long-temps et toujours pratiquée en Ég gypte de produire l’incubation des œufs artificiellement , n’avoit pas laissé ignorer qu'il éprouvoit assez fréquemment un fâcheux désappointement. Il ne produisoit pas toujours de bons poulets; des désordres imprévus dans ses disposi- tions changeoient le rapport des modificateurs externes ; d’où il arrivoit que de fâcheuses perturbations lui procuroient des poulets non viables et mal venans. Les naturalistes, à leur tour, trouvoient tout simple qu'ayant soumis à diverses entraves une œuvre organique en voie de développement, j'eusse obtenu pour résultat un fait d’aberration, l’une de ces organisations irrégulières généra- lement connues sous le nom de 720onstres. Enfin les phystologistes se croyoient appelés à connoître, ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES. 291 par mes expériences, le jeu possible ou non possible de plu- sieurs nouveaux systèmes d'organisation. Cependant le but secret de mes recherches , que je ne crains plus d’avouer dans ce temps de rerlleurs jours, fut l'examen d’un principe qui dominoit les plus hautes questions de l’organisation animale : je veux parler de la théorie philoso- phique connue sous le nom de préexistence des germes (1). Tant que cette question fut l’objet de discussions métaphy- siques, l’on trouva des argumens aussi puissans pour laffir- mative que pour la négative; mais quelques positions sociales avoient trouvé plus conforme à leurs intérêts de l’admettre comme réelle, et saint Augustin y avoit puisé la raison de cette proposition : Momo est, quod futurus est. Mais tout récemment une révolution dans la médecine , le désir de rendre cette science rationnelle, et la nécessité de la fonder alors sur les perfectionnemens de la physiologie, ont créé une autre position sociale, où la question de la pré- existence des germes se trouve intéressée, et est contradictoi- rement exposée et résolue. Les médecins de la nouvelle école veulent être éclairés sur le jeu et la condition physiologique de chaque organe, et cette étude les engage dans celle des for- mations organiques à toutes les époques de développement : voulant et croyant entrer dans une carrière toute de science et de vérités, ils se mettent d’abord à l'aise par un premier PIE TANT E ADO TR R ———— (1) On avoit fini de Jassitude, dans ces derniers temps, par ne plus s'occuper de cette grande question ; mais je ne partageai jamais cette indifférence : j'engage à revoir Ce que j'écrivois à ce sujet dans le deuxième volume de ma Philosophie anatomique, pages 497 à 490. 229 DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES à priori qu'ils s'accordent, ils considèrent la question de la préexistence des germes commeun vieux préjugé dont ils ne doivent tenir aucun compte, dès que son point de départ répugne à toute recherche d'anatomie transcendante; et en effet qu'ils ne doutent pas de la formation des organes, le” succès de leurs investigations croit dans ce cas, comme la conviction qui les anime. Cependaut les physiologistes engagés dans cette voie n’ont peut-être pas assez connu, ou bien avoient peut-être trop négligé d'apprécier la force d’argumentation de leurs adver- saires : qu'ils eussent rejeté toutes les déductions, tous les débats de la métaphysique, ils pouvoient s’y croire autorisés. N'’apercevant là qu’un fait des développemens organiques, ils se jugèrent seuls compétens pour décider de telles questions. Mais qu’elle soit-ainsi entendue, la préexistence des germes devient une question d'histoire naturelle. Alors, transportée sur ce terrain, ne devoit-on point espérer de la trouver sai- sissable par les procédés d’étude de cette science, par ses moyens ordinaires, qui sont l’observation et l’expérience? Dans cette confiance , et autorisé par ce tordre de réflexions, je m’occupai sans relàche de rechercher ce que jy pourrois découvrir d’observable : car non-seulement la physiologie, mais de plus aussi les plus hautes notions de philosophie naturelle se trouvoient intéressées dans les résultats du point : à examiner. C'étoit l'unique moyen de savoir si les organes se modifient, et si, se transformant les uns dans les autres, ils sont pour ce fait une source infinie de diversité, s'ils consti- tuent les élémens de variation des êtres vivans: c’étoit enfin LT DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES. 233 l’unique moyen de répanäre quelques lumières sur la question principale de cet écrit, en ce qui concerne les rapports de fa- mille de tous les animaux anciens et modernes. Or, j'en vins à croire que des expériences faites sur une grande échelle pour faire dévier l’organisation de sa marche naturelle me donneroient les résultats cherchés; de là les soins que j'ai pris, durant plusieurs mois du printemps et de ’été de 1826 dans l’établissement des incubations artificielles d'Auteuil, pour entrainer les développemens organiques dans des voies insolites, pour provoquer des embryons à mons- truosité, c’est-à-dire, pour appeler en de certaines places des organes d’une autre forme que celle attendue. Ex quoi ces provocations à la monstruosité m'ont -ellesparu pouvoir atteindre expérimentalement quelques élémens de l’importante théorie de la préexistence des germes? je l’aurai expliqué, st je réussis à faire bien comprendre le point diffi- cultueux de la question. Cette théorie, d’origine athénienne, date du grand siècle dela philosophie; ce ne fut d’abord qu’une simple thèse de métaphysique ; mais il fut plus tard impossible de la res- treindre à ce seul caractère; l’on $’aperçut que l’on ne pou- voit avec elle abstraire entièrement, c’est-à-dire écarter toute idée de matérialité d’uue définition où le germe étoit pré- senté comme préexistant; en sorte que l’on tient pour germe présentement tout corps qui, séparé de sa gangue, est prédis- posé à reproduire tous les phénomènes vitaux de celle-ci : et comme cette portion de substance doit à la circonstance de son isolement de commencer sa vie d’individu, il ne sauroit arriver que, recevant son état d’être à part, elle ne soit pourvue 22/ DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES de qualités propres, qui sont celles de sa souche originelle. Des propriétés seroïent donc transmises à ce nouvel étreavant qu'il fût. Ici le langage s’embarrasse, et il faut sans doute se résigner à jouer sur les mots, quand il s’agit de préexistence, car ce terme se compose effectivement d'élémens qui se dé- truisent , si on les combine et réunit ensemble. Seroit-ce sau- ver cette confusion que d'appliquer cette expression à ce que l’on conçoit exister en conséquence de futures qualités et conditions d'existence? Voilà sans doute pour discourir long- temps, mais non pas pour se beaucoup mieux comprendre. Voyons le fait en physicien , et, s’il se peut, en le soumet- tant à nos méthodes d’expérimentation et d'observation. Un germe, comme émané d'un corps organisé, est nécessaire- ment composé d’élémens multiples et compliqués. Ce qui en tombe sous nos sens et donne un premier emploi à la pensée, c’est la révélation de ses deux premières conditions d’exis- tence, son état d'isolement, et la nature connue de sa pro- venance : et déjà ces notions introduisent dans notre langage quelque chose d’arrêté et de positif. Car c’est notre confiance dans ces données qui motive la netteté et la justesse d’expres- sion de ces termes : germe de lapin, germe ou œuf d'oiseau, — de poisson, — de plante, etc. Cependant diraï-je comment, se flattant d’avoir ainsi légitimé leur théorie par plus de clarté et de simplicité de langage, cer- tains physiologistes définissent le germe, ce qu’ils concoivent de son développement, et ce qu’ils donnent finalement pour une toute parfaite explication de sa préexistence ? Le germe est déjà un être vivant, une miniature renfermant toutes les par- ties de celui qu’il est appelé à représenter. On ne peut encore ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES, 225 l'äpereevoir, maisil est sur le momentde passerde Vinfiniment petit à un volume perceptible par nos sens; et alors sous un développement déjà apparent, il est complet dans sa person- nalité, parce qu'il étoit, peu avant, caché dans un extrème resserrement de parties, parce qu'il n’est depuis survenu qu’un événement de déboîtement. Et pour montrer comment ce sont choses parvenues seulement à plus d’extension, ou en quelque sorte sorties d’un encaissement, on présente cette idée sous une image sensible; on apporte en exemple l’insuf- flation des matières vitrifiables en fusion, lesquelles, sous une influence ménagée et progressive, se gonflent et se dessi- nent en boule. Les boules soufflées, de petites qu’elles sont d’abord, grossissent graduellement. Il y a dimension diffé- rente, mais. non changement d'état. On ne s'arrête pas là; ce qui est ainsi posé a des racines : ce système donne de soi-même foutes ses conséquences; toutes les générations passées et futures ont été accumulées et créées dans un point impalpable: ce qu’on demande que notre imagination accepte à titre d’unique solution du problème. Il y a autant de ces points établis que d'espèces; ainsi, quant à l'espèce humaine, un premier homme a contenu ensemble, non confondus, tous les hommes qui ont paru et qui paroï- tront sur Ja terre. Chacun fait ainsi le roman à sa manière. Des opinions, sans racines dans l'ordre physique, sont mises à la place des choses; et, bien que j'en reconnoisse toute la portée , lorsqu'un grand talent est appelé à les faire valoir, et que la discussion devient forte et lumineuse, je les tiens pour s'écartant de mon sujet, et je crois devoir m’abstenir de les rappeler davantage. Mém. du Muséum. t. 17. : 29 220 DES ANIMAUX DES AGES HISTORIQUES. Car, commee l'ai dit plus haut, je ne dois m’intéresser à la question, que si elle offre un côté accessible pour une obser- vation directe. Or je savois que les plus zélés partisans de l’é- volution tenoient l’apparition des monstres, parce qu’il falloit bien les compter pour quelque chose, comme le fait le plus fâcheux et le plus concluant contre leur doctrine. Cependant cette objection sembloit détruite sous l'appui d’une suppo- sition : et l’on se flattoit, effectivement, de produire une argumentation victorieuse, en admettant que les monstres avoient été créés au même titre de préexistence que les es- pèces régulières, c’est-à-dire qu'ils provenoient de germes originairement monstrueux. Cela posé, il seroit de rigueur que vous étendissiez cette conséquence aux maladies héré- ditaires : et, voilà les viabilités assignées à chaque sorte de tempérament prévues, ou mieux, réglées de toute éternité. Cette objection des monstres reste au contraire tout en- üère, et même elle devient de plus en plus embarrassante: car on ne les dédaignera plus à titre d’exceptions rares, au- jourd’hui qu’on ne fait plus un mystère de leur nombre; et que, pour mon compte, il ne se passe point de semaines que je n’aie avis de la naissance de trois ou quatre nouveaux. On n’y peut être non plus indifférent, depuis qu’ils jouent le rôle de matériaux précieux où la science de l’organisation puise de nombreux et utiles documens. Mais enfin il falloit lutter contre ce dernier retranchement, combattre de front, et rendre évidente la proposition qu’il n’existe point de germes originairement monstrueux : et de plus c’étoit aussi se donner les avantages d’un à fortiort irrécusable que de s'attaquer à des germes placés hors des mères, d’une composition finie, ET DES ESPÈCES ANTÉDILUVIENNES. y et qui n’avoient plus qu’à satisfaire au mécanisme du déboi- tement; tels sont les œufs des oiseaux. LA Mes expériences d'Auteuil ont eu ce résultat, J'ai procédé sur un grand nombre d'œufs de poule. Ayant opéré sur des masses, j'ai toujours obtenu le produit cherché. Là donc j'ai fait des monstres à volonté; et mieux, c’est qu’éclairé par la variété de mes procédés et le succès de plusieurs essais et tâtonnemens, je les ai fait de telles et telles qualités. Chan- geant. les conditions des modificateurs externes, en dirigeant sur l'œuf plus ou moins des fluides élastiques qui sont son ordinaire atmosphère, j'entrainai les développemens dans une voie inaccoutumée ; et finalement je n’avois point, objet prévu et cherché expérimentalement, je n’avois point le poulet attendu, ou du moins tous les organes qui caractéri- sent un poulet dans l'état régulier. Je ne crois pas que l’on songe à attaquer ces résultats, en leur opposant que l’on observe quelquefois des monstruosités parmi les poulets couvés:et élevés par leurs mères, et que ce seroit ces cas. que fortuitement j'aurois rencontrés en grand nombre dans les incubations arüficielles d'Auteuil. Nous nous trouvons aujourd’hui avoir fait trop de progrès dans la théorie des calculs de probabilités pour que cette argumentation jouisse de quelque faveur. Cependant seroit-il vrai que lexpérience des monstres produits à volonté vint impliquer de contradiction et frapper d’une objection, accablante le système de évolution? Je crois devoir distinguër ;et ma réponse ne devient et n’est af- firmative que si l’on, entraîne la question de la préexistence des germes dans d’extrèmes conséquences, que si.elle est en- 228 DES AFIMAUX.-DES AGES (HISTORIQUES tendue-dans un sens abstrait. et, enfin, que si elle est voulue et faite, telle que porteroient à la comprendre un déboîtement sans modifications possibles, une opération de simple gros- sissement commençant de J’infinie petitesse pour ne donner rien autre par la suite qu’un être dans une grandeur finie. Mais dans un autre cas, voici qui motive ma réserve. Il est dans toutes contestations, où des esprits ardens et sincères s’abandonnent sans réserve à toutes les conséquences d’une première inspiration, il est'un moment à saisir : c’est l'instant durant lequel chaque parti se trouve mentalement et réciproquement frappé de la valeur de quelques raisonne- mens qui lui ont été opposés; durant lequel il donne, sans se l'avouer encore à lui-même, mais par la pàleur de ses ré- pliques, la mesure d’une conviction naissante. On à battu plusieurs fausses routes pour ne plus sy RÉRCREUS l'heure de la conciliation est venue. Ceci n’est point douteux : pour que les physiologistes se soient aussi long-temps divisés au sujet du développement du germe, c’est que d’assez nombreux argumens avoient paru favorables à chaque sorte de système. Quelques idées entrevues comme nécessaires, le retour des mèmes faits d’or- ganisation, mais surtout la rigueur de plusieurs raisonnemens, avoient formé la conviction des partisans du système de l’é- volution. C’est de quoi paroissent aujourd’hui fort peu s’in- quiéter les partisans du système contraire : affectant une par- faite indifférence pour ce qui est raisonnement et explica- tion, ils soutiennent qu'ayant multiplié les faits d’observa- tion et puisé aux véritables sources, soit dans toutes les classes d’animaux., soit dans les organes d’âges différens, la science “ET DÉS ÉSPÈGES ANTÉDILUVIENNES 239 dell organisation en est venue au point d’être en dr oit de pro- noncer souverainement, die F Nu Cependant, des deux côtés, on évite le combat, non pas peut-être qu’on lé redoute maintenant, mais parce qu'on Je. juge sans résultat probable. Châque parti suit ses faits, il Jes multiplie, il conclut avec eux, et, ce qui tient aûx progrès de la science sous tous les rapports, il conclut avec eux acquis. en plus grand nombre, et avec eux seulement, pour ce qu'ils ont certainement de portée. L'on se veut et l’on se croit indépendant; mais cette indépendance est plus voulue que réalisée. Des deux côtés l’on sait très-bien ce qui se passe dans l’autre imp, ét les opinions s’en ressentent au profit de la vérité. S'il en est ainsi, nous touchons au moment de ne plus trouver ces opinions hostiles que dans les termes: peut-être que, nous aidant de cé qu'il ÿ a de vrai dans chacun des deux systèmes, là conciliation est possible sur le fond des choses. Il suffiroit pour cela, je érois, de revoir sous une face nouvelle et d’üne manière plus satisfaisante (non complète encore, car plusieurs élémens manquent toujours), l’un des _ plus grands phénomènes de l’organisation vivante, celui des premiers développémens de l'être. Cette entreprise est péril- leuse : mais elle est wzzle, et je vais en courir la chance. Cette discussion et l’applicätion à en faire X la question principale de ce Mémoire seront le sujet d’un sécond article. CORRESPONDANCE. Nouvelles des médecins naturalistes Quor et GAIMARD, en retour de leur second »oyagede découvertes scienti- Jiques autour du monde (1). c Notre corvette l’Astrolabe, sous les ordres de notre excel- lent commandant M. Durville, revient sur France: elle est maintenant au repos, et se ravitaille, hommes et choses, à l'Ile de France. Nous n'avons pu visiter le détroit de Torrès, mais l’histoire naturelle n’y a rien perdu : car ayant pris notre route par les Moluques, nous nous y sommes chargés de deux Babtroussas mâle et femelle, que nous espérons vous amener vivans. Nous vous apportons des Célèbes un Æré#lope à cornes droites. | Nous avons observé sur un Échidné vivant, et dessiné la glande qui va s'ouvrir dans son ergot, comme cela a lieu chez l'Ornithorynque. Le tube auditif de l'Échidhé nous a aussi paru devoir fixer l'attention. ob: Nous vous soumettrons aussi quelques recherches curieuses sur le Dugong. (x) Lettre écrite de l'Ile de France, et adressée à M. Geoffroy Saint-Hilaire, sous la date du 18 octobre 1828. Le TRADUCTION INÉDITE TRIBUS MONGOLES DE PALLAS, ET D'UN VOYAGE DE B. BERGMANN CHEZ LES KALMUKS (1); PAR J.-B. F. Srévn. AJASSON DE GRANDSAGNE. (DEUXIÈME EXTRAIT : PALLAS.) Aspect physique, costumes, mœurs, vie, usages domes- tiques, et maladies des Kalmuks et. des. peuples Mongols. Des Kalmuks en particulier. Avranr il est difficile de baser sur les traits du visage quel- ques différences caractéristiques remarquables entre les na- tions européennes qui se sont tant de fois mélangées et alliées, autant on trouve de facilité à distinguer au premier aspect les grandes nations de l’Asie qui se sont rarement unies par De (1) D’après les conseils de MM. Abel Rémusat et J. Klaproth, juges bien com- pétens en celte matière, nous rétablissons Vorthographe que nous avions adoptée d’abord comme plus conforme à la prononciation réelle, mais que nous avions rejetée à cause de son air étranger. (Note du Trad.) 232 : TRADUGTION. INÉDITE mariage. Mais de tous ces dus nul nese dessine plus nette- ment que les Mongols. À la couleur près, ils forment une exception presque aussi prononcée parmi les formes hu- maines ordinaires que les Nègres en Afrique : cette confor- mation singulière se remarque visiblement au çràne mème. Les Mongols proprement dits, et les Bourèts, ont dans toutes leurs manières, dans leur constitution physique, dans leurs mœurs et dans leur économie domestique, une telle analogie, qu'il y a peu dé choses à dire d’une des deux na- tions sans les appliquer à autre. Jie, vais donc, pour éviter des répétitions inutiles, poser comme base une exacte des- cripüon des Kalmuks, et je la terminerai en énonçant les différences qui séparent les Mongols et les Bourèts. Les Kalmuks sont, généralement parlant, de taille moyenne, et peu d’entre eux arrivent à une haute stature. Les femmes en particulier sont presque toutes petites et de formes déli- cates, Toutes sont bien faites, et je ne me rappelle pas avoir vu un enfant qui {üt estropié. L'éducation, qui est entière- ment abandonnée à la nature, ne peut former que des corps sains et sans défauts. Le seul vice de conformation qui soit assez fréquent chez eux est une courbure extérieure des bras et des jambes, résultat d’une espèce de cuiller sur la- quelle ils ne cessent d’être comme à cheval dansleur berceau, et de ce que, dès qu'ils ont apris à marcher, ils se trouvent à chaque déménagement obligés de s’habituer à l’équitation. Les Kalmuks ont souvent le cou assez fort, mais les membres sont presque toujours grèles et maigres. Il est rare de trouver parmi le bas peuple un homme gras, et même les riches, les premiers de la nation, qui passent une vie molle | xs es MONGOLES DE PALLAS. 243 au sein de l'abondance, n’acquièrent jamais une corpulence excessive, tandis qu'au contraire chez les Kirghiz, et autres nomades tatars, dont la vie et le régime diffèrent peu, beau- coup d'individus deviennent extraordinairement gros. Naturellement les Kalmuks sont passablement blancs de corps et de visage : au moins telle est la couleur de tous les enfans. Mais l'usage où est le bas peuple de laisser courir les enfans nus, soit au soleil , soit sous la fumée dé leurs tentes de feutre, et celui où sont les hommes faits de dormir l’été sans autre vêtement qu'un calecon, font que, communément, leur teint est basané. Au contraire, les femmes ont souvent le corps très-blanc. Dans la classe élevée on voit même des figures délicates et blanches que relève encore la noirceur des che- veux; et en cela comme dans l’ensemble des traits, les Mo- goles ressémblent aux portraits chinois. Les traits généraux de la physionomie kalmuke sont assez connus, même chez les étrangers. D’après les descriptions de quelques voyageurs, on devroit croire que toutes les figures chez ce peuple sont d’une difformité effrayante : quelques unes sont dans ce cas; mais, en général, la physionomie de tous les peuples mongols a quelque chose d’ouvert, d’insouciant, de franc, de social. On trouve même dans les deux sexes beaucoup de visages ronds et agréables, et parmi les femmes il est des beautés dont les traits charmans trouveroient des adorateurs, même dans une ville européenne. Les caractères des visages kalmuks, et généralement de tout visage mongol, sont, outre les coins de l’œil qui descendent à plat et en biais le long du nez, des sourcils bruns, étroits et peu arqués, un nez de forme par- ticulière, plat, petit, écrasé, du moins pour l'ordinaire, et Mém. du Muséum. t. 17. 30 234 TRADUCTION INÉDITE qui semble ne faire qu’un avec le front (1); les pommettes saillantes, la figure et la tête rondes; des pupilles le plus communément d’un brun noir, des lèvres grosses et char- nues, un menton court, des dents blanches qui restent iné- branlables et saines jusqu’à une extrême vieillesse; enfin de longues oreilles très-écartées de la tête complètent ce tableau. Ces signes, qui existent chez tous, quoique diversement re- marquables, se trouvent quelquefois dans un rapport parfait. Il est à noter que souvent du mélange des Russes et des Tatars avec le sang kalmuk ou mongol, mélange fréquent, même par mariage dans les contrées de la Sibérie, au sud du Baikal, résultent des enfans qui ont d’agréables et quelque- fois de superbes figures, tandis que ceux d’origine purement kalmuke ou mongole conservent dans leur bas âge, et quel- quefois jusqu’à dix ans, une figure difforme et bouffe, un aspect cacochyme, qu’enfin la croissance du corps totalement développé fait disparoitre. J’ai parlé ici d’après nos idées européennes de beauté; car'il faut remarquer que les Kal- muks regardent presque généralement comme de la plus grande beauté le type dont leur nation approche le plus, et que nous sommes portés à nommer difformité. Relativement à la noirceur des cheveux ne présentent même les enfans qui viennent au monde, je n’ai jamais par moi-même remarqué d'exceptions parmi les Mongols et les Kalmuks; je n’ai même jamais vu le noir faire place à la nuance brune. Cependant j'ai connoissance d’un exemple (1) Khammour signifie nez en kalmuk : d’où Ahanrmartaï, pelit nez écrasé ; ce mot rappelle le français camard , qui, avec le même sens, a presque le même son. 2 DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 235 qu'offrit une petite Kalmuke de cinq ans : à une physiono- mie totalement mongole, elle réunissoit des cheveux décidé- ment blonds. De plus on m'a assuré qu'il se trouvoit aussi quelques chevelures brunes. Pour les Bourèts, j'en aï aperçu un dont la chevelure étoit de cette nnance; mais ces exemples sont d’une telle rareté, qu’à peine on doit les prendre en con- sidération. [y a plus, presque tous les enfans que produisent les mariages des Russes avec les femmes bourètes (ces enfans se nomment Karymi dans le pays de Selinginsk et de la Daou- rie) ont les cheveux noirs comme de la poix, et ressemblent par là, comme par les traits du visage, à leur père. Tousles peuples du sang mongol ont, lorsmème que l’homme est arrivé à son développement, la barbe moins fournie que les nations européennes et tatares : elle est aussi plus tar- dive. Plus abondante chez les Kalmuks que chez les autres, elle y est encore rare et chétive. Communément ceux-ci laissent pousser de petites moustaches, et quelquefois une légère touffe de poils sous la lèvre inférieure. Les vieil- lards seuls, principalement s'ils sont moines ou ecclésias- tiques, laissent croitre, outre les moustaches aux coins des lèvres et la mouche de la lèvre inférieure, quelques poils clair-semés du menton jusque sur le tour du cou; tous les autres sont soigneusement arrachés. Rarement ils en ont sur le corps, parce que dès leur jeunesse les enfans sont épilés par leurs mères. Les femmes même en font autant sur elles, sauf quelques lieux qu’elles laissent intacts. Dans l’exercice de certains sens physiques, les peuplades qui mènent la vie pastorale ne le cèdent guère aux nations sauvages ou chasseresses les plus habiles. Les Kalmuks sur- 236 TRADUCTION INÉDITE tout possèdent l’odorat le plus fin, l’ouïe la plus parfaite, et une vue extraordinairement perçante. Dansles voyages et les expéditions militaires, lodorat leur rend de grands services : il leur révèle de très-loin un feu allumé, l’odeur d’un camp; il leur indique et le lieu favorable pour camper eux-mêmes, et l’objet qui peut devenir leur proie. Il suffit à un grand nombre d’entre eux d’être près du terrier d’un renard ou de la retraite de quelque animal pour savoir si le possesseur y est ou n’y est pas. Par l’ouie, ils découvrent à des distances bien plus exor- bitantes encore le bruit de la cavalerie en marche, le lieu qu’occupent un ennemi dont il faut se méfier, un troupeau ou une bête égarée solitaire: pour tout cela ils se bornent à se coucher à plat contre terre, et à appliquer l'oreille au sol. Mais rien n’est plus admirable que l'excellence de leur vue et l'éloignement extraordinaire auquel, d’une modique hau- teur, la majeure partie des Kalmuks decouvre sur la Step plate les objets minimes, la poussière que fait lever un trou- peau ou un corps de cavalerie, etc., quelques difficultés qu’y opposent pendant l’été, et l’ondulation singulière des sur- faces, et les vapeurs qui s'élèvent au sein d’un air pur et de grandes chaleurs dans ces contrées. Lors de l’expédition qu'Oubachi, vice-khan des Torgots, fit contre les peuples qui habitent au-delà du Kouban, certainement l’armée kal- muke auroit manqué l'ennemi sans un Kalmuk de la classe commune qui faisoit paître un parti de chevaux, et qui d’un point peu élevé, à une distance évaluée trente verstes, découvrit la fumée et la poussière de l’armée ennemie. Il la montra sur-le-champ à des yeux non moins exercés, tandis DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 237 que le colonel Kichinskoï, armé d’une longue vue, ne pou- voit rien apercevoir. C’est aussi à cet exercice perpétuel de la vue qu'il faut attribuer l’habileté des Kalmuks à chercher et à retrouver à la trace, dans des solitudes nues de plusieurs milles, soit les bestiaux volés ou perdus, soit le gibier; car cet art que possèdent tous les nomades ne doit pas, comme le prétend à propos des Arabes le capitane Niebubr (1), être attribué à l’odorat. Kalmuks, Kirghiz, et même Russes, sont hahitués, dans les déserts de lEmpire,.à suivre les traces de lœit, et à décider en conséquence; rien de plus facile, sans doute, sur un sol tendre ou sur une neige dur- cie. Mais choisir parmi des traces qui se croisent la trace véritable, et cela sur un sable ou une neige mobile, ne point les perdre de vue parmi des marécages ou des herbes épaisses; enfin conclure, soit de l’inclinaison que l'herbe a subie, soit de la foiblesse de la trace imprimée sur le sable ou la neige, l’âge de l’animal poursuivi, tout cela exige et des sens parfaits et une expérience achevée. Les troupeaux forment, pour les Kalmuks comme pour presque tous les peuples de l’Asie, la base de la nourriture et le principal élément de richesse. Beaucoup de riches comptent jusqu’à cent et jusqu’à mille têtes dans leurs troupeaux. Un homme à l'aise est celui qui a dix vaches, un taureau, huit ju- mens et un étalon. Quant aux pauvres (baïgouch)ils vivent plus chichement, gardent les bestiaux des riches, vont dans les villes exercer toute espèce de métiers, ou même se vendent à leurs compatriotes, plus heureux en qualité d'esclaves (iassir). (x) Description de l'Arabie, p. 380. 238 | TRADUCTION INÉDITE Les bestiaux les plus communs sont les Chevaux, les Vaches et les Brebis. Les Chameaux, dont le nombre augmente peu, tant à cause de la délicatesse de leur tempérament qu’à cause de leur lente croissance, ne sont la propriété que des riches et du clergé. La horde Torgote jadis avoit beaucoup de Mou- tons; mais les Oulous, qui étoient restés près du Volga, en ont vu le nombre considérablement restreint par une épi- démie. Les Chevaux des Kalmuks sont de taille un peu moins haute que ceux des Kirghiz, toujours en plus bel état, et par la supériorité des pâturages, et par l’amélioration qu'introdui- sent dans les races les étalons volés aux Touccomans et sur les frontières de la Perse. Cet aspect a même souvent tenté les amateurs kalmuks qui passent l’Iaïk, et volent à leur tour les troupeaux des Kirghiz : c’est ainsi que lOulous de Bombar, prince Torgote, avoit, aux dépens des Kirghiz, les Chevaux les plus magnifiques et les plus robustes. Les Chevaux kalmuks sont ordinairement d’une hauteur médiocre. Peu forts en os, ils ont des formes, sinon belles, du moins incapables de choquer. Ils ont trop peu de force et trop de fougue pour être aptes à tirer ; mais en légèreté ils ne le cèdent à aucune race, et soutiennent long-temps la fatigue. Ils peuvent sans être incommodés courir au galop pendant des heures entières, et au besoin ils passent deux fois vingt- quatre heures sans boire. Grand nombre d’entre eux vont bien l’amble. Quoique sauvages, ils ne sont rétifs ni méchans, mais ils s’'épouvantent facilement. Leur sabot, petit et dur, permet de les monter en toute saison sans les ferrer. Comme ils sont habitués à n’avoir d’autre nourriture en hiver que Es DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 239 les pâturages de la Step, on peut les emmener partout comme les Chevaux des Kirghiz et des Bachkirs sans les charger de fourrage. Il est même difficile souvent de les accoutumer à une nourriture régulière, et on courroit risque en augmen- tant leurs forces d'ajouter aussi à leur fougue. Ni épizooties ni maladies destructives n’attaquent les Chevaux kalmuks. Totalement abandonnés à la nature, ils vivent dans un endroit où sont aussi des Chevaux sauvages tout-à-fait exempts de la surveillance de l'homme. On voit encore parmi les Kalmuks du Volga un seul DESPHAAUE posséder de trois à quatre mille Chevaux, ce qui n’étoit peine rare du tout dans la horde Torgote. La castration de la plupart des Poulains s'exécute par la résection du serotum qu’on écorche et qu’on coupe avec les ongles, en soutenant d’une main le cordon spermatique, dont ensuite on brüle lextrémité avec un fer rouge. On opère de même les Veaux et les Agneaux. On fend en même temps les naseaux des Poulains pour qu’ils prennent plus d’air par cet orifice. Pour que jamais les Jumens (Guun )ne manquent de lait, on laisse toujours l’étalon (adjirga) avec elles. On compte ordinairement un étalon par dix ou au plus dix-sept Jumens. Ils marchent en tête du troupeau (adon), et parcourent ainsi des solitudes lointaines, défendant avec le plus grand courage ceux qui les suivent, contre les attaques des Loups. Les Kalmuks tiennent beaucoup pour leurs Chevaux aux couleurs que leurs prêtres indiquent comme les plus heu- reuses, d'après les constellations sous lesquelles ils sont nés. Dans certains cas aussi, ils font sacrifier un cheval à telle ou 240 2 11 TRADUGTION ANÉDITE telle idole; mais il sera parlé de tout ceci à l’article de l'ido- lâtrie et des superstitions ( dans l’ouvrage complet). Ils dressent les jeunes Chevaux à se laisser monter sans bride, et attrapent les Poulains, qui n’ont pas encore deux ans, avec un nœud coulant (orga } adapté à l'extrémité d’une longue perche mince. C’ést aussi le moyen qu'ils emploient pour attraper les Chevaux qui se promènent librement au milieu du troupeau, lorsqu'ils veulent les monter. Au lieu de leur mettre la selle sur-le-champ, on leur serre le corps avec une forte sangle, sur laquelle le cavalier peut se tenir ferme. Si le Cheval ne veut pas se laisser monter, on lui lie les pieds, on le jette par terre, le cavalier monte, on délie ensuite les pieds du rebelle, et on le laisse se livrer à sa fureur dans le désert jusqu’à ce qu'il se fatigue. Lie cavalier, pendant ce temps, n’a qu’à se tenir ferme; et quand le Cheval commence à s’apaiser et à coutir plus lentement, il le fouette jusqu’à ce que ses forces soïent épuisées. Alors on lui met la selle, on lui passe la bride, on le fait encore un peu marcher:Il n’en faut pas davantage pour Papprivoiser. Le gros bétail, éhez les Kalmuks, est d’une belle gran- deur, et l’on trouve des Bœufs et des Taureaux qui ne le cèdent nullement aux plus gros de la Podolie. Lies Derbets ont toujours conservé la supériorité pour leurs énormes Tau- reaux qui valent jusqu’à trente roubles, et probablement ils doivent ces avantages aux vols qu'ils commettent dans l'U- kraine. Presque tous ces animaux sontrouges ou tachés de rouge : ils ont dés cornes magnifiques. Les Kalmuks gardent, disent-ils, plus de Taureaux qu'il ne leur en faut pour reproduire la race, quand ces Taureaux DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 241 [ sont de belle taille. Ils s’en servent, lorsqu'ils quittent un campement, pour transporter et les huttes, et les feutres, et les autres ustensiles. Un Taureau suffit à cinquante Vaches. Les Kalruks cherchent à séjourner en hiver dans les en- droits où il y a beaucoup de roseaux , parce que les Vaches n’ont l'habitude ni de se nourrir dans les terrains secs des débris de plantes, ni de gratter la neige comme les Chevaux pour y trouver leur pâture. Les Jumens et les Vaches ne se laissent traire qu'en pré- sence du Poulain ou du Veau. En conséquence ils attachent le jeune animal toute la journée près de la cabane, entre des cordes qui rampent contre terre les unes à côté des autres, et on ne les laisse téter que de nuit. Les Kalmuks prétendent que par cette abstinence sévère les Poulains deviennent plus forts et durent plus long-temps. On mène les mères au pâtu- rage dans les environs, et elles ne s’éloignent pas de leurs petits. Quand on veut les traire, on les réunit près de l’habi- tation où les petits sont attachés. Quelques uns habituent les bestiaux à se réunir à un certain cri. On trait les jeunes au moins trois ou quatre fois par jour, et dans le temps des bons pâturages, de deux heures en deux heures : chaque fois elles donnent une chopine et demie, et même une pinte de lait. Le temps qui s'écoule d’une de ces opérations à l’antre se nomme guunzam , et est presque toujours employé utilement par les Kalmuks. Celui qui trait la jument lui entoure un des pieds de der- rière et la queue avec le bras droit; d’autres leur tiennent les pieds de derrière écartés avec une courroie. On trait les vaches deux fois le jour; toujours le petit Mém. du Muséum. 1. 117. 31 24e LR TIGTRADUCTION IN ÉDITE : commence. à sticer-le pis, ensuite unsaide:s‘empare du'jeune animal. et le tient devant-les Jeans de sa mère, ou-du moins à peui-de distances c1if0bnoiroeoo et > : 1 faut'avec-lesJumens une atténtion: her pour em- séshet qu’elles ne deviennent rebelleset ne-refusent leur lait. Pourles Vaches il suffit ordinairement:de leur faire voir leur veausiét sicelui-cb est mort‘en-naissant; le propriétaire en empaillela peau de son mieux, et le. tient-attaché à la hutte pour le faire-voir à la mère Laos on veut-latraire. Quand la Vache est entêtée et’refuse son: lait, onlui-enfonce forte- ment: dans: l'anus un: bouchon de bois rond'et glissant; la Vache serre-alors de toutes ses forces pour:s’en débarrasser, et pendant cetemps le lait lui échappe. Les Brebis (Khoïn) kalmukes:sont-de-la même race que celles de tous. les peuples pasteurs: de la grande Tatarie. Une grosse, queue très-grasse, dont le suif est aussi tendre que: du beurre, de: grandes oreilles pendantes et une forte courbure à la tête dans les Béliérs , tels: sont leurs caractères. Leur stature, beaucoup plus haute que celles:des Moutons russes, tient. comme le milieu entre ceux-ciet les Moutons kirghiz. Lieux laine grossière est mêlée de poils. Rarement lescmères ont:des cornes. La couleur ordinaire :est le blanc sémné dé taches à latête, parce que les propriétaires qui s'ap- pliquent à conserver cette race, ne laissent saillir que des Béliers de cette couleur: Pour l'accouplement, un Bélier suffit à cent Brebis.q.ivies o: ti | Rarement.on les:trait; leur Land . suif, Eu peaux, leur laine sont seuls en usage. De celle-ci. on forme le feutre ; on. la coupe:avee des: ciseaux) aigus. Pour les traire, on les © DES TRIBUS MONGOLES (DE: PALLAS. ; 243 attache, la tétesen-avant, toutes dans un cercle formépar une cordei; puision: va successivement à chacune d'elles. Le lait sert surtout pour la confection de fromages: 51010014 8 Beaucoup de mères et de jeunes Agneaux périssent l'hiver faute de soins «et d’une nourriture: suffisante. De la peau des plus jeunes;-et surtout de ceux que la mère n’avoittpas encore mis bas, on prépare ces belles-fourrures d’Agneaux qui, en Russie etailleurs; sont si estimées. Ces peaux déli- cates se nomment-en-kalmuk kowriskha ; celles des grands Agneaux à laine déjà longue, saksæ;enfin celle des gros Mou- tons, zzeke. Parmi les maladies qui ravagent tropcommuné- ment les PA npea mongols, figurent le:tac et la petite vé- role, qui s’'appesantissent sur les bêtes à laine sans que les Mongols usent d'aucun remède. Les Kalmuks ont aussi des Chèvres parmi leurs troupeaux; mais elles sont en petit nombre: Elles ont:les oreilles -pen- dantes, le pelage varié, des poils longs aux cuisses, souvent les cornes manquent. Lies Chameaux (Tèmèhn), comme je 7 ai ln dit, passent chez les Kalmuks pour un signe de richesse; tant:à cause de leur cherté-que parce qu’ils sont peu féconds et souffrent beaucoup de maladies. Dans la horde du Khan, il y en avoit une bosse , mais ordinairement les-Kalmuks-n’en ont guère qu'à deux bosses, peut-être parce qu'ils:vivent plus long- temps, ou plutôt-parce qu'ils sont indigènes en Asie, et:qu’on les trouve aussi communément dans cette partie:du monde qu’il est rare de les voir en Arabie et en Afrique ,:où semble être la patrie du Chameau à une bosse. Les Steps du Volga et presque toutes celles du sud dela: grande; Tatarie sont une 244 : 1! TRADUCTION: TXÉDITE excellente pâture pour les Chameaux , à causé des fleurs ‘et des plantes salées dont-elles abondent. Mais outre les soins extraordinaires enshiver;| il learifaut un‘pâtre qui veille per- pétuellement à leur sûreté; car malgré leur grosseur, ils sont .de tous les animaux les:moins'aptes à se défendre des Loups. L’hiver.on les couvre de vieux feutres ou de nattes, ou.bien on dresse peur eux des muraillestetdes toits en jonc qui les mettent à l’abri de la tempête et dufroid. Néanmoins beaucoup meurent d’unamaigrissement accompagné de diar- rhée, dont la cause semble être l'humidité du-pâturage'et du fourrage : ils languissent ainsi six mois et plus; en outre ils sont si délicats que la moindre secousse, le moïndre coup leur.est mortel. Nul animal non plus n’a tant à souffrir de la vermine, et souvent l'été ils crèvent pour avoir avalé des insectes. en mangeant des feuilles de chène et de tremble, oùde méloïdes colorées éparses sur l’herbe. Au printemps ils perdent souvent leur poil, et alors il n’est pas rare que la peau. dépouillée: soit mordue par l’Araignée-scorpion, fré- quente dans les pays septentrionaux : ce venin les fait périr en moins d'une.semaine. L'hiver, et spécialement au bout du mois demars, époque de Paccouplement;,'ils'sont harassés et maigrissent; leurs: bosses tombent à doite et à gauche - comme. des haillons:mous, et le redressement n’a lieu qu'en été, à l’époque où ils reprennent leur embonpoint. Leur re- production, exige aussi. des soins particuliers: FH faut forcer les femelles en chaleur de se mettre à genoux, et amener près d’elles lemâle, auquel encoreil fautaider. Fous les Chameaux sont habitués à: se-_laisser conduire par une-corde qui leur traverse le nez: dès qu’on:la tire en bas, ils plient le genou; % DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 245 ils se redressent dès qu’on la tire en haut. Au mot #chouk- tchouk, tous les vieux Chameaux se couchent: À époque de l'amour, il, faut veiller à ce:que les mâles ne soient pas en- semble; sinon ils selmordent la bosseetne lâchent plus prise. cherchent à se terrasser sur les pieds:de devant, et finissent par tuer ou blesser grièvement celui qui tombe. Le vieux khan Oubachi donnoit souvent de ces combats de Chameaux pour divertir sa cour, Les Kalmuks utilisent surtout leur lait et leur poil. Le premier est épais, hüileux et salé, surtout quand le Chameau paît dans un pâturage salé. Dans ce cas la sueur même forme sur la peau de l’animal une. croûte dersel qui'est léchée avec”: avidité parles Moutons. Gette particularité le fait aussi recher- cher de préférence pour le thé. Le poil sert à confectionner des. matelas, des coussins, des cordons , des cordes et du feutre. IL est utile aussi pour faire de beaux camelots, et de plus. il.est la base de cette toile:si belle-et'si fine que font les peuplades du Koubans, et qu’on a Le ‘de tisser à Kazan. | Les Chameaux ne valent rien comme monture; parce que dans leur trot pesant, etrmême dans la course, ils seheurtent et chancèlent si souvent que Von a peine à‘se tenir ferme sûr l'animal, et que l’on s'imagine être au moment de perdre les entrailles. fi \N9TGST LE HO 9 Ce développement année à Péducation des béstiaux force les Kalmuks, comme tous les peuples pasteurs, à changer de temps en temps d'habitation pour donner à leurs troupeaux de nouveaux pâturages au lieu de ceux qu'ils ont épuisés. Tous ces peuples, dans leurs. voyages, ont l'avantage de pouvoir passer 246 © TRADUCTION INÉDITE l'hiver dans des contrées méridionales, où la chaleur est plus grande, laneigemoinsépaisse, etlesbestiaux moinsembarrassés pour trouver leur nourriture. Ils s y/sentent aussi plus tôt'des douceurs du printemps vers le mois de juin, et quelquefois plus tôt'encore; l’herbage des Steps'méridionales s'y trouve desséché, et ‘les nomades cherchent à se transporter vers les contrées du nord quiabondent en verts pâturages. Nul pays ne peut mieux convenir à la vie pastorale de ces nations que les déserts qui s'étendent entre le Volga ét l’Taik, et qui, habités dans le dernier siècle par la horde Torgote; sont au- jourd’hui sans habitans. Les nombreux golfes (Morchagi ou Motsak) de la mer Caspienne, et le tour du lac de Kamich- samar, ainsi que les belles contrées méridionales de la Step de la Kouma où il n'y a pas de neige, fournissoïient aux Tor- gots, sous un climat nu, l'asile d'hiver qu'ils souhaïitoient; et quand de là ils se rendoient à l’époque du printemps vers des parages plus au nord, ils trouvoïent, entre les verdoyantes vallées du long désert sablonneux de Naryn, et les montagnes sablonneuses du bas Volga, un pâturage mûr et abondant, ainsi qu’une eau de source excellente qui coule partout dans des puits d'à peine deux aunesde profondeur. Enétéils s’avançoient jusqu’à Irghis et à la Samara; et quand les Steps plus hautes commencçoient à se dessécher, ils trouvoient de nouvelles prairies fraîches aux environs du Volga, et en profitoient jusque bien avant dans l’automne. Pour éviter toute espèce de désordres et de risques, les princes s’étoient accordés re- lativement aux contrées qui serviroient de séjour à leurs peuples et à eux pendant toutes les’ saisons. L’oulous, dont Bambarétoit le chef, occupoit toujours la partie est du désert DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 247 de Naryn; la horde du khan campoït dans la partie orientale, et _passoit l'hiver dans la Step de la Kouma. D’ordinaire le khan établissoit sa cour pour le mois de novembre dans les plaines basses de Sassi-kol, près du bas-fond de Tsagan-aman : aussi étoit-il-défendu d’user des pâturages voisins. C'est là et: à cette époque que setenoit Ja foire la plus considérable des Kalmuks; elle ne finissoit que quand le Volga, pris par les glaces, laissoit un passage à.la horde pour se rendre vers la Kouma. L’oulous Forgot Kerèt, qui finit par être soumis au prince landyk, séjournoit l’été non loin d’Astrakhan, sur un bras du Volga nommé Bouzän, et en hiver entre-la Kouma et le Térek. L’oulous de like-Fsookhor, sous les princes Assaz rakhou et Machi, habitoit l'été au-dessus de Dimitrevsk dans la Step, de l’autre côté du Volga, et vers l'hiver, il.se-réndoit en montant la Sarpa au Manytch et près des sources de la Kouma. Les Derbètesse tenoïent ordinairement entre le Don: et la petite Sarpa, eic., etc. Les Kalmuks volgaiques qui existent. encore sont forcés de rester dans la Step entre le Don et le Volga. Ils hivernent ordinairement près du cours le plus bas des deux fleuves, ainsi que sur les bords du Manytch.et de la Kouma qui arrosent la Step jusqu'à la mer Caspienne. Le printemps arrivé, ils se rendent de bonne heure le long du Don et de la Sarpa, passent l’été dans la plus haute portion du cours du Don, descendent vers le bas du Volga et de la Sarpa en automne, puis aux mois d'octobre et de: novembre s’approchent de leurs prairies d'hiver. Les Steps où errent ainsi les Kalmuks ont peu de ruisseaux ou de lacs qui contiennent de l’eau douce, .et c’est en grande 248 TRADUCTION INÉDITE partie pour cela qu’elles ne peuvent être habitées par des peuples dont la demeure seroit stable. Les Kalmuks savent à merveille distinguer à l'herbe ou aux jones dans les Steps sèches les lieux où il y a des sources cachées. On creuse alors dans ces lieux des citernes ou des puits (khoudouk), qu’on distingue par des noms différens, et que chacun sait très-bien retrouver malgré l’uniformité de la Step. Mais comme les puits sont peu profonds et n’ont pas d’entourage, ils tarissent en été; d’autres ne contiennent que de l’eau eroupie; enfin il y a nombre de plaines salées où il est impossible d'établir des puits, et il faut que les bestiaux errent çà et là des jour- nées entières sans boire, ou qu'on les conduise à vingt verstes et plus pour les abreuver. ) Quand une horde ou oulous kalmuk voyage avec ses troupeaux pour choisir de nouveaux pâturages, ce qui en été a lieu tous les quatre, six ou huit jours, on envoie en avant des hommes chargés de choisir les meilleures places pour le khan ou les chefs, pour le lama et les tentes d’idoles. Puis après avoir notifié le départ par un héraut, ceux-ci partant, tout le peuple les suit, et chacun choisit la place qui lui semble la plus commode. Tout, dans ces émigrations, est tranporté à dos de Chameaux etde Taureaux. Dèsla veille on emballe les effets, et si le temps est bon on démonte en partie les cabanes. On serre ensemble les grillages des côtés, et on lie les perches du toit en quatre ou plusieurs paquets, dont le bout est couvert d’unecalote en feutre pour empêcher les bestiaux de se blesser. Une cabane ordinaire de quatre grillages est chargée ainsi sur deux Taureaux ou sur un Cha- meau. Les grandes cabanes font la charge de denx et même DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 249 d’un plus grand nombre. Le matin du départ les hommes réunissent les bestiaux près des cabanes; les femmes harna- chent les Chevaux nécessaires au transport, et les chargent à l’aide des hommes et des enfans. Les bêtes de somme reçoi- vent d’abord les feutres; les parties en bois de la cabane sont suspendues de chaque côté, et par dessus on charge encore toute espèce de paquets, de cassettes, d’ustensiles de mé- nage. Sur les Chameaux on met la couronne de la cabane. Le bagage du riche est suspendu au-dessus et soigneusement arrangé; des tapis ou des feutres de couleur le recouvrent ; des grelots et de petites sonnettes pendent souvent au cou des Chevaux. Les Chameaux, attachés les uns à la suite des autres, sont conduits par un homme à leur tête, tandis qu’on chasse devant soi les Taureaux. Les femmes et les filles se parent et se fardent alors de leur mieux pour se montrer en : public. Ge sont elles qui avec les garçons conduisent les trou- peaux et les bestiaux de charge, et chemin faisant elles s’a- musent à chanter. Les mères, montées sur des Chevaux, por- tent les enfans à la mamelle. Ceux qui sont un peu plus grands sont mis dans des paniers profonds suspendus aux Chevaux et aux Taureaux. Ceux qui sont capables de se tenir à cheval sont forcés d'y monter. Les enfans des riches y sontassis sur des selles particulières qui, sur quatre branches ou cornes four chues, portent un ciel orné de rideaux de soie, avec des bandes rembourées entre les colonnes du toit pour empêcher que l'enfant ne puisse tomber. On choisit en même temps des Chevaux doux que la mère de l'enfant ou une parente con- duit par la bride. Les hommes se bornent à indiquer à leur fas mille l'endroit où elle doit les suivre, puis montent à Cheval, Mém. du Muséum. 1. 17. 32 250 l * TRADUCTION INÉPITE prennent les devants ;'éamusent à chasser où attendent leur cortége tranquillement assis sur le gazon et la pipe à la main: Quand le temps et leschemins sont mauvais, ils restent près de leurs familles, et prennent soïn dés bestiaux qui s'embourbent ou qui tombent. Ils aident aussi à charger et à monter les tentes, nettoient les puits s’il est nécessaire, et procurent du feu. Quant à traire les bestiaux, à préparer les mets et le thé; et à arranger les ustensiles de ménage, ce travail regarde: les femmes. Disons à cette occasion de quelle manière les Kalmuks fixent les distances. Ils comptent d'ordinaire d’après des jour: nées (khonokho-gazour) qu’on peut faire aisément envoya: geant avec le bagage, et qui sont de vingt-deux à vingt-cinq verstes. Une légère cavalcade d’une journée est de cinquante à soixante-dix verstes. Quant aux distances plus petites, les Kalmuks les mesurent par kharaané, c’est à peu près l'in- tervalle que l'œil, en se dirigeant vers lhorizon, peut saisir. et distinguer nettement : intervalle qui, d’après l'excellence de leur vue et la plate uniformité de la Step, peut s'étendre à dix verstes. Un espace moindre de beaucoup s'appelle illé- gazour. On distingue ensuite un éloignement encore moindre, celui auquel on entend le beuglement des Bœufs ou des Cha- meaux, ou le bêlement des Moutons par un temps calme. Enfin muri désigne celui auquel se fait entendre le son n d une coquille de Limaçon. Le clergé dansses livres, et celà aussi bien-chez les Mongols que chez les Kalmuks, se sert d’une mesure plus fixe : vingt- quatre nemokho ou joiutures (équivalant à peu près à un de nos pouces) forment un. tokhoï ou coude, quatre tokhoï une DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS, 251 alda ou toise, cinq cents alda une demi-berée, mille alda une berée, et quatre berée un golokhon. rt : J is lorsque les hordes traversoient d’une rive à Pure le Volga à l’époque où il n’étoit pas gelé, l’officier russe (pristav), qui se trouvoit toujours à côté du prince, donnoit avis par écrit aux villes voisines situées sur le fleuve, pour que ceux des habitans qui auroient envie de faire quelque gain au passage des Kalmuks, se rendissent avéc des bateaux sur les points les plus connus, les plus fréquentés et les plus favorables au trajet. Ce sont les lieux où le fleuve est étroit et semé d'îles où les Chevaux qui traversent à la nage peu- vent se reposer : car dans les endroits où il est large (et cette largeur va souvent à une verste), le cheval ne sauroit tra- verser tout d’une haleine. Lies Bœufs et les Vaches nagent très-bien, et on leur fait traverser la rivière sans nulle diffi- culté. Mais pour les Moutons, les Chameaux, le bagage, il faut avoir des bateaux. On exigeoit des Kalmuks pour un Chameau dix kopeks, six pour un Cheval, de cinq à sept pour un Bœuf, deux ou trois pour un Mouton. Le trajet duroit quelquefois un mois, et les bateliers se faisoient un gain as- sez considérable. Les Kalmuks pauvres louoient de petites barques que des Chevaux, attelés à des cordes, traînoient en nageant; les jeunes gens traversoient en s’attachant aux Chevaux. Il est avéré que partout où un oulous kalmuk s'arrête avec ses bestiaux, on s'aperçoit à peine des cousins et des fre- lons, qui partout ailleurs remplissent l'air le long du Volga inférieur. On en est redevable aux bestiaux qui attirent ces insectes, mais qui en écrasent une grande quantité sous leurs 252 ‘ TRADUCTION INÉDITE pieds et les tuent. De là ce proverbe kalmuk : « Quandles € Chameaux se postent l’uncontre l'autre, il meurt beau- € coup de cousins, analogue au Quidquid delirant reges, € plectuniur Achivt des latins. » On voit aussi se rassem- bler autour des troupeaux nombre de corbeaux , de merles, d’hirondelles et d’autres ‘oiseaux, etimême des bandes en- üères de sibèles qui donnent la chasse aux insectes dont sont tourmentés les bestiaux. La fumée des cabanes et l’o- ‘deur des Moutons contribuent beaucoup à disperserdes cou- sins, car on a remarqué qu'ils ont pour ceux-ci une telle ‘aversion, que les Russes, quand ils voyagent parmi les Kal- muks, et qu'ils n’ont pas de tentes, se couchent.au milieu des Moutons pour se garantir des insectes. Enhiver, les Kal- -muks ont coutume de se tenir long-temps dans les lieux qu'ils ont choisi pour séjour, et même ils laissent leurs ‘bestiaux aller fort loin pour chercher leur nourriture. Le désir de donner aux bestiaux délicats, particulièrement aux Brebis et aux Chameaux, un abri contre les tempêtes et les intempéries de l'air, les engage à faire choix pour hiverner d’un endroit profond'et fertile en joncs. Cependant l’hiver leur emporte pour le moins un tiers de leurs troupeaux, et quelquefois davantage. Les plus mauvaises années sont celles où dès l'automne la Step, couverte de pluie et de neige, se gèle, de sorte que les bestiaux ne peuvent plus atteindre leur nourriture. Communément alors laperte des bestiaux est générale, et les Kalmuks pauvres ne ‘peuvent: éviter la famine. Ce qui met souvent, pendant l'hiver, le comble à leur misère, c’est queiles troupeaux de Chameaux qui errent dans des endroits éloignés, s’égarent dans Îa Step à quel- DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 253 qués centaines de verstes, surtout pendant les longues tem- pêtes et lorsque d'énormes tourbillons de neige empêchent que pérsonne se hasarde dans la Step. Les Chevaux aussi s’épouvantent à l'aspect des monceaux de tiges de plantes sèches que le vent ramasse et roule sur la plaine , et ils fuient tant que ces ‘tiges remuent : le tourbillon efface ensuite les traces, et personne ne sait ce que le troupeau est devenu. Voilà comment s’est formée la plus grande partie des Che- vaux’ sauvages qui errent dans les Steps des Kalmuks. et des Kirghiz. C’est principalement de leurs troupeaux que les Kalmuks tirent de quoi suflire à leur subsistance. et à leurs premiers besoins. C’est à leurs richesses pastorales qu’ils doivent le lait, l’eau-de-vie, le fromage, le beurre, les viandes, les peaux dont il confectionnent toute espèce de vêtemens ; la laine et le poil qu’ils transforment en feutre, en coussins, en rubans, en sangles, en cordes, en boyaux tant pour coudre que pour broder; enfin, en cas d'absence des autres matériaux, leurs troupeaux leur fournissent du fu- mier à brüler. Un Kalmuk a donc par ses bestiaux tout ce qui lui est indispensable pour vivre et pour s'habiller; et dans les Steps éloignées de toute nation civilisée, ils for- ‘ment toute sa ressource. Mais comme les hordes dans leurs voyages s'approchent souvent des villes, et que d’ailleurs il y a souvent des marchands qui s'arrêtent parmi elles, les nomades peuvent, en échange de leurs bestiaux, se munir de toute espèce de choses utiles et agréables que produit l'industrie, comme par exemple d’étoffes damassées de toute variété, de mercerie, de tabac qu'ils aiment beaucoup, de thé en briques, de toute espèce de gruau et de farine. 254 ! {TRADUGTION- ANÉDITE ‘La viande (makhän) est leur mets le! plus commun, le‘plas ordinaire, et celui dont ils ne se dégoütent jamais. Hs ne se bornent mêmetpas à toutes: celles que leur four- nissent leurs troupeaux, Chévaux, hameaux, etc. ; ils man gent aussi beaucoup d'animaux qui sont en horreur chez les autres peuples : par exemple, des Loirs, des Souris, des Castors, des Blaireaux , des Loutres, des Loups-cerviers , et nés abstiennent que du Chien, des Belettes, du Renard ét du Loup; encore, en cas de nécessité, ne respectent-ils plus ces deux derniers. Ils aiment aussi les Sangliers, les Chèvres de Step ;'et tous les grands oiseaux sauvages, sauf les oiseaux de proie, soit qu'ils les tuent à la chasse , soit que ces animaux V’aient été par une bête féroce. Remarquons que la Souris passe éhez les riches pour un morceau friand. Le plus souvent on la cuit dans du lait aigre, et quelquefois on la met cuire dans le chaudron où'se distulle l’eau-de-vie de lait. ÉLUS TÉ Les gens du ‘commun et mème lés riches n'aiment pas à tuer leurs bestiaux, non par avarice, mais parce que donner la mort à un être vivant leur semble un grand péché. Quant aux bestiaux volés, ils ne les tuent que de peur qu’on les ré- connoïsse, et qu’on découvre leur vol. Il n’est donc nulle- ment en usage de tuer un cheval bien portant; ceux qui sont hors de service, ou que quelque blessure, quelque accident rendent inutiles, fournissent seuls à la cuisine kalmuke. Tout le monde chez eux fait ses délices de la chair des animaux morts naturellement, pourvu que ce ne soit pas de conta- gion ou de langueur comme les chameaux. Quant à ceux que frappe la foudre,'il en sera parlé plus tard. Les pauvres: maugent donc souvent de la viande pourrie et puante que } DES TRIBUS MONGOLES! DE PALLAS. 255 vendent publiquement à à Astrakhan, ét dans tous les marchés publics, des espèces de gargotiers. Ils ne dédaignent pas même F arrière-faix des bestiaux.1Les moutons offrent ordinairement la: viande la plus fraiche, parce qu'on est dans’ l'habitude de les tuer. Pour cela; on les jette sur le dos, puis ouvrant par une longue fente à travers la peau et les long du péri- toine, la cavité du cœur, on ÿ enfonce la maïn, et on arrache ce viscère et tous les vaisseaux auxquels il est attenant. Cette manière de faire périr l’animal, en l’assommant, a été, d’après ce que disent les Kalmuks, introduite sous le grand Tchinghiz: khan chez tous les peuples mongols. On ramasse soigneu- sement.le sang de tous les bestiaux tués, et on en remplit des boyaux. Quelquefois on y: ajoute du grnau. C’est aux yeux des Kalmuksun mets des plus friands. On ne: mange jamais la viande crue. On la fait bouillir, souvent sans sel, etrquelquefois on'épaissit le: bouillon avec de la farine ou du gruau: En outre, on se sert de farine achetée en Russie pour faire du pain sans levain, cuit sur la cendre chaude. En hiver, et quand les pauvres sont réduits à la dernière extrémité, ils mangent de la bouillie claire faite. avec lamème farine. Pour rôtir la viande, on la perce d’une broche de bois, qu'on tourne et retourne assidüment près du feu. Mais ceci a lieu surtout en voyage, lorsqu'on n’a pas sous la main de vase propre à la faire cuire, et que la chasse a fourni quelques viandes. Quant à cette fable des Kalmuks portant un morceau de viande so us léur selle, et la mangeant après l'avoir ainsi malaxée, fable que soutient Witsen, elle-, n'a d'autre fondement que l'usage où sont tous les peuples. des Steps d’accrocher pour leur provision an morceau de: 256 TRADUCTION INÉDITE viande fraîche derrière leur selle, mais jamais ils ne la man- gent crue. ‘ Si le gros bétail crève, ou qu’une maladie contagieuse oblige de-le tuer, les Kalmuks, comme tous les nomades, les découpent en bandes étroites, et les sèchent à l’air ou au coin du feu, à la famée, dans leurs tentes, pour leur servir de provision. On sèche de même les boyaux et les estomacs des Vaches, Chevaux et Chameaux. Les Kalmuks d’un rang inférieur les retournent, les gonflent en y soufflant, les: fu- ment, et les conservent comme vaisseaux à lait. … Les Kalmuks excellent à trouver dans leurs Steps tout ce qui, dans les racines sauvages ou dans la pousse des herbages, est propre à être mangé, et ils s’en servent pour satisfaire soit leur goût, soit leur faim. Parmi celles qui, recucillies au printemps ou en automne, offrent les alimens les plus nourrissans, les principales sont le Toolaïn-toïn (Genou-de-Lièvre), Chærophyllum bulbosum, dont la racine crue ou cuite a le goût agréable de la Carotte, et devient délicieuse quand on la joint au poisson; la Boolyk ou Alisma plantago aquatica, dont on mange le nœud in- férieur; le Kussik, racine à nœuds qui croit en abondance sur les bords des rivières argileuses et sèches et sur les hauteurs de la Step méridionale, et qu’on peut voir dans Rauwolf et dans la troisième partie de mes Voyages, p. 757, planche v, fig. 3 (éd. AI. ); le Tsoonok ; racine rapiforme de la : Scorzonera graminifolia ou pusilla (2e. part., p. 744, planche ); le Khourgoun-Tsonok, qui ne croit que dans les lieux les plus méridionaux du pays, et qui paroît être le Leontodum tuberosum ; le Tèkènde, Tragopogon rillosum, DES TRIBUS{MONGOLES DE PALLAS. ag dont.les petites;queues, laiteuses se mangent cruës, et dont se régalent les Chevaux; le Bodmontsok ; nom donné aux tubercules.de la Sagittaire, qui sont ronds et pourvus -de queues. Lorsque, les, Kalmuks, au printemps, vont vers le bas, Volga donner la chasse aux Cygnes, ils ne prennent ni vivres ni fourrages, tant à cause du grand nombre de racines qu'ils savent devoir trouver, et qui, cuites ou crues, leur conyienneut, que par. la confiance qu'ils ont dans leur fusil: En cas de besoin, ils ont aussi-recours à l’Altsankho ou racine de roseau (typha), que, les, Tangliers déterrent avec leur nez, dans les marais qui leur servent de retraite. Les racines de la Fulmaria bulbosa ei les Tulipes sauvages sont regar- dées comme une grande friandise, mais ne se mangent que | crues. Quand les Kalmuks riches ou pauvres recoivent nom- breuse société à diner, on sert la viande avec l’écume et-le bouillon dans des terrines ou des plats, sans oublier, si c’est du mouton, la queue, qui est toujours grosse et grasse. Lies conviés, assis les jambes croisées, forment un cercle. Un d'eux place la. terrine devant lui, tient la viande ferme dans sa main, et la divise en petits morceaux qu'il trempe dans le liquide. Chez quelques uns, on sert la viande toute coupée. Chez les riches, on donne à chacun un plat en bois, et comme les fourchettes et les cuillers ne sont ni dans les usages ni dans-les, mœurs des Kalmuks | les convives n’emploient que leurs mains. Quand.il n’y; a qu'un plat-.ou qu’une terrine, chacun. prend un-morceauset le mange sous le pouce, ou bien le plat fait le tour de;la table, et le plus ancien se sex le premier :les. valets prennent ce quiireste. Pour la sauce Mém, du Muséum. À. 17. 33 258 TRADUCTION INÉDITE épaisse (boudan), on la verse, avec l’écume et le gruau, dans des tasses où on la boit. Pour se nettoyer les mains, on emploie de l'écorce de saule râclée ou du bois pourri écrasé. Avant comme après le diner, on présente à boire. La vaisselle dans laquelle on sert le repas est aussi propre à inspirer l'appétit que le repas même; car, d’après la loi du grand Tchinghiz, mentionnée par Aboulghazi, et devenue chez eux un usage sacré, on ne lave jamais un vase dans Teau. De l'herbe ou lun morceau de feutre y supplée. Jamais ils ne souffrent, de plein gré du moins, qu’un Chien lèche les plats : rien ne leur inspire plus d'horreur. En général, cependant, les Kalmuks, ainsi que tous les peuples de mêmeespèce, sont gourmands et insatiables pour le boire comme pour le manger sitôt qu'il s'offre à eux une occasion, et surtout une occasion gratuite. En revanche, ils savent, en cas de besoin, supporter patiemment plusieurs jours de suite la faim et l'inquiétude, non moins que les in- jures du temps, les intempéries des saisons, le froid, auquel ils sont si bien habitués. ‘Eia boisson ordinaire des Kalmuks, boisson qui fait partie essentielle de leur nourriture, consiste dans les préparations diverses du lait fourni par leurs bestiaux. Les Jumens en donnent autant que les Vaches, et ils le préfèrent pour plusieurs raisons. Frais, ce lait a un goût de ciboule et re- poussant; mais à mesure qu'il saisrit, si l'opération se fait avec propreté, il devient plus liquide que l’autre, ‘äcquiert un goût vineux agréable, et ne forme ni érêmemi masse caillée. De là une boisson saine, rafraîchissante, etqui, lors- qu’elle est en assez grande quantité, mousse à an dégré re- \ LES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 259 marquable. Le lait de Vache, au contraire; tant'à cause des matières caséeuses, qu'à cause d’un goût qui répugne, devient, à mesure qu'il s’aigrit, désagréable à boire, et cause aux gens qui n'y sont pas habitués des coliques, des diarrhées, quoi- que les Kalmuks n’en éprouvent eux-mêmes aucun incon- vénient, à moins qu'ils nomettent de le faire bouillir. Aussi commencent-ils par là, et ne s’en servent-ils jamais avant cette opération, sans laquelle ils seroient exposés à l’incom- modité dont le lait aigre aflige les Européens. Les Kal- muks n'aiment pas non plus l’eau qui n’a pas bouilli. Les pauvres, pour ne pas se trouver réduits à la boire pure, la mêlent à leur lait, dans la proportion d’un tiers ou d’une moitié pour: dons la boisson. On fait donc chauffer le lait sitôt qu'il est tiré, et quand il est chaud on le verse dans une grande outre de peau (orrot), dont la cabane la plus pauvre est pourvue, et où se trouve toujours un reste de lait aïgre suffisant pour faire aigrir le lait nouveau dès qu’on/les agite avec certain bâton (billur) appartenant à l’outre, et destiné à cet usage. Ces outres ne sont jamais nettoyées, jamais rincées; aussi y a-til toujours comme une incrustation de fromage et de crasse, et l'odeur seule indique-t-elle ce qu’elles contiennent. Mais c'est justement en cela que consiste le secret pour faire subir au lait la modification vinense. Veut-on faire aïigrir le lait dans des outres vides ‘ou neuves, il ne s’agit que d’y mettre le moindre reste de la Met Se de Peau-de-vie de lait dont il va être parlé, ou un peu du lait caillé qu’on trouve dans l'estomac des jeunes Agneaux. Tout le laitage est compris sous le nom de Tchigän. On 260 TRADUCTION INÉDITE nomme Guunña Tchigân,ou Fchigän de Cheval les boissons préparées avec du hit dé Jument pur (le Koumys des Tatars); Besrek, celles où entrent le lait de Jument et le lait de Vache; Airèk, le lait de Vache aigre; et Éonnp tout laitage frais. L'été, et généralement toutes les fois que leurs troupeaux leur donnent beaucoup de lait, les Kalmuks ne manquent pas de s’enivrer de la forte boisson qu'ils en retirent. Le plus spiritueux est celui de Jument; le lait de Vache donne bien moins d’eau-de-vie, surtout hiver, lorsque le. FHarrAas est sec. On ne se: sert jamais du lait de Brebis, ai n’est point spiritueux. 9 LOTO [OC La quantité de la destinée à la Ellen ne doit rester, en été, que vingt-quatre heures dans les outres sales pour y aigrir. Mais, en hiver et par un temps frais, on peut l'y laisser deux outrois jours pour le rendre propre à la distil- lation. On ne retire pas lacrème : au contraire, on la remue de temps en temps très-fortement avec le bâton au beurre, On retire le beurre, qui se forme de lui-même soit sur le lait, soit même sur le Fchigân ordinaire, et on le serre pour d'au- tres usages. Malgré les témoignages et l'expérience ro dl non- seulement des nomades, mais encore de tous les Russes, bien des gens en Europe ne peuvent encore, concevoir et croire que du lait on retire un liquide spifitueux et enivrant. Cependant on ne peut soupçonner que ces voyageurs qui, tous et plus d’une fois; ont vu de leurs yeux;ces peuples pasteurs distiller leur eau-de-vie de lait sans ajéuter au li- quide primitif les moindres végétaux, puis dans leür passion DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 261 effrénée pour la débauche, boire jusqu’à ce que l'ivresse les fasse chanceler et tomber, se soient donné le mot pour en imposer au public. On ne peut objecter non plus que la foi- blesse de leur tête les rend propres à se laisser facilement enivrer par les vapeurs du lait; car les Kalmuks savent fort bien prendre de notables quantités d’eau-de-vie de grain, sans perdre l’usage de leurs jambes; et tels Russes font pro- fession d’être grands buveurs, que l’eau-de-vie de lait, et Souvent même le lait aigre des Jumens, enivre plutôt que les Kalmuks, et pourtant ils sont passionnés aussi pour cette espèce de boisson. Je sais que les étrangers ont essayé vaine- ment de faire de l’eau-de-vie de lait : il y a plus, j’avouerai que moi-même j'ai fait faire sous mes yeux, à Selenginsk, un essai par de véritables Kalmuks, et qu'il a si peu réussi, que je n'ai obtenu qu’un liquide aqueux qui avoit l’odeur du lait aigre; mais l’on avoit employé des vases trop propres. Toutes les fois, au contraire, que je permettois à ces gens d'opérer dans leurs vaisseaux, il en résultoit d’abondantes vapeurs alcooliques. C’est donc un point capital que de dé- terminer, à l’aide des vases salis par un long usage, de l’odeur forte et des restes de lait aigre, cet aigrissement subit qui dé- veloppe un principe spiritueux. Cette fermentation d'espèce rare et totalement su generis ne peut arriver à la perfection désirable que par la fréquente répétition du procédé; ide même que, selon les recherches de Russell (1), le lait épais (léban) dont se servent habituellement les Arabes pour faire le fromage, ne peut être obtenu qu’en opérant la QG) Hist. nat. d'Alep. p. 54. 262 : TRADUCTION INÉDITE coagulation du lait frais, au moyen d’un lait caillé préalable- ment, ou, en d’autres termes, par la cohobation bien des fois répétée du lait caillé. Venons maintenant à la distillation ordinaire du lait chez les Kalmaks. Comme toute opération culinaire, elle est du ressort des femmes. Voici quel est l'appareil : Sur un trépied, placé au milieu de la hutte et au-dessus d’un petit feu, on place un grand chaudron en fer, avec un peu d’eau qu’on fait chauffer et qu'on agite. On l'emplit en- suite jusqu'à peu près deux pouces du bord, de lait aigre bien travaillé : ces chaudrons contiennent à peu près trois seaux russes et plus. Sur ce chaudron (khaïzoun) on pose un couvercle (chapchak) un peu creux qui s y adapte bien, et qui, formé d’un ou de deux morceaux de bois, a deux ouvertures carrées. D’ordinaire, dans la Step, on bouche le bord et les rainures avec du fumier de Vache frais, quand il n’y a pas de terre glaise dans les environs, ou qu'on n’en peut pas obtenir à cause de la gelée. Les Kalmuks baptisés de Stavropol, qui ont la farine à meiïlleur marché et plus en abondance, se servent, en hiver, au lieu de la terre glaise, d’une pâte dure faite avec de la grosse farine. Chez la plupart des peuples des Steps, et même chez les Mongols et les Bourèts, le fumier est la matière la plus usitée pour atteindre ce but; ils la trouvent sans peine près de leurs habitations. Au lieu du récipient, on se sert pour la distillation d’un petit chaudron dont le couvercle a une grande ouverture , et n’a qu'un trou pour donner de l'air. Ses bords sont mastiqués. On le pose à côté du trépied dans un réfrigérent plein de neige ou d’eau froide. Le tuyau (tsorros, et en mongol DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 263 tsorgo ) qui conduit l’eau-de-vie du grand chaudron dans le récipient est ordinairement une branche d’arbre courbée en demi-cercle , fendue et creusée au milieu de manière que les deux moitiés rejointes sont couvertes de peau rouge ou de boyaux. On en pose une extrémité sur l’ouverture du récipient et l’autre sur une des deux ouvertures du grand chaudron , et on le mastique solidement. Enfin on doit avoir formé préalablement une paire de grandes quilles (arèken khapchék) en terre glaise ou en fiente de Vache mélée de cendres et de sable, dont la grandeur et la beauté enor- gueillit les femmes qui cherchent à se surpasser en cela, parce qu’elles croient que le lait des Jumens prospère ou décroît selon la beauté et les dimensions de ces quilles. Aussi en fait- on plus qu’on n’en a besoin , et en laisse-t-on toujours au- près du feu. Aussitôt que les apprêts sont finis, on pousse Le feu, et on tient l'ouverture du grand chaudron ouverte, jusqu’à ce que le lait entre en ébullition. F’ouverture alors laisse échapper une vapeur d’odeur très-forte, et telle que, quand le lait de Jument est bon, on peut l’allumer. On pose alors sur cette ouverture une de ces quilles, et on serre fortement, puis on diminue le feu; la petite ouverture seule est laissée ouverte, quoique par là il s'échappe beaucoup de vapeurs spiritueuses; car, disent les Kalmuks, sans cette ouverture la distillation ne réussiroit pas. Ah Au bout de moins d’une heure et demie, la vapeur di- minue; alors toute l’eau-de-vie (arki) est passée. Si elle est faite en lait de Vache, ce qu’on retire équivaut au trentième, ou tout au plus au vingt-cinquième de la masse; du lait de 264 TRADUCTION INÉDITE jument on retire un quinzième Le nouveau liquide est clair, aqueux , et ne s’enflamme pas; mais il se conserve, sans se gâter, dans des bouteilles en verre comme la petite eau-de-vie de blé. Les Kalmuks riches la rendent plus forte par plu- sieurs distillations, et ils ont des noms pour les produits de chaque rectification. 1’arki se nomme, après la première distillation , dang ; après la seconde, arza; après la troisième, khortsa. Il est rare qu’on aille plus loin: cependant on pousse les rectifications jusqu’à six ; chingtsa et dingtsa sont les noms des deux dernières. Ordinairement les Kalmuks se conten- tent du produit de la première distillation. A peine le récipient a été ôté, que l’on verse l’eau-de-vie toute chaude du récipient dans une grande tasse en bois qui a un bec, puis on en remplit des bouteilles en cuir ou des -gourdes. Il est d'usage que l'hôte chez qui est la société verse alors de l’eau-de-vie dans une tasse; puis en jette partie dans le feu, partie vers le trou par où sort la fumée pour rendre pro- pices les esprits aériens ou son ange tutélaire. Ensuite on creuse la pointe des quilles de terre, et on y verse un peu d’eau-de-vie. Enfin l’eau-de-vie chaude fait le tour de la société, composée de parens et d'amis, dans de grandes tasses qui souvent ne tiennent pas moins d’une bouteille. S'il en reste un peu, on ne le boit qu'après l’avoir réchauffé. Cette eau-de-vie de lait, à cause des parties aqueuses qu’elle contient, n’enivre pas si facilement quand on en prend une petite quantité que l’eau-de-vie de grains; mais on voit, par l'exemple des Russes et de tous les peuples de Steps, que l'ivresse qu’elle cause dure plus long-temps, et ôte tout DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS: 265 l'appétit. En revanche, elle ne produit pas de maux de tête violens comme l’eau-de-vie de blé Les riches Kalmuks et Mongols sont dans Msbitude lorsqu'ils passent l'hiver près des villes, de distiller avec ou sans lait de l’eau-de-vie de pain de levain. Le produit, dit-on, en est plus fort et a un goût plus aigre que l’eau-de-vie de lait. Le reste de la distillation de l’eau-de-vie de lait, qui est aigre et qui a une odeur analogue à la lie d’eau-de-vie (ce reste s'appelle bosson, et en mongol tsakha), a diverses utilités : tantôt on le mêle avec du lait frais, et on le mange sur-le- champ; tantôt on s’en sert pour apprêter les peaux de Brebis et d'Agneaux; tantôt, si l’on a distillé en grande partie de l’eau-de-vie, les femmes font bouillir ce reste soit seul, soit, en cas qu'il soit trop aïgre, avec un mélange de lait doux, jusqu’à ce qu'il s'épaississe, versent sa matière caséeuse dans des sacs, et quand ils sont bien secs, ils les laissent en mon- ceau ; souvent ils les forment, comme les peuples tatars, en gâteaux ronds, qu'ils sèchent au soleil et qu'ils conservent principalement pour les voyages et pour l'hiver. En monceau, ce fromage aigre s'appelle choûrmyk; en gâteaux, on le nomme thorossoun. Ils composent encore une autre espèce de fromages, prin- cipalement avec du lait de Brebis et de Chèvres. Ce fromage se nomme êsèghè. On met le lait frais dans un chaudron avec un peu de lait aigre (èdèrèksèn ussun) ou quelque restant d’eau-de-vie (bossah); on mêle bien, puis on laisse reposer quelque temps pour aigrir. On fait ensuite du feu sous le chaudron, et on remue le mélange pendant qu’il bout rapidement, pour que les masses caillées tant par l’ébullition Mém. du Muséum. 1. 17. 34 266 TRADUCTION INÉDITE que par l'agitation se changent en une écume (koozoun). Quand toutes les parties aqueuses du lait sont chassées par la cuisson, on y joint un peu de beurre; on remue de nouveau le tout, et on le laisse sur le feu jusqu’à ce que l’écume com- mence à sécher et à devenir brunâtre. Alors le mets est prêt, et si l’on opéroit proprement, il pourroit avoir un goût agréable. Voici comment les Kalmuks s’y prennent pour faire leur beurre. On met dans un chaudron une quantité suflisante de lait de Vache ou de Brebis, qu’on fait cuire quelque temps, et auquel on joint un peu de erêmé de lait aigre (arèyn). On le retire ensuite pour le faire aigrir, ce qui n’exige pas une journée entière; puis on bat ce lait avec une espèce de bâton à beurre, et on le verse dans une terrine ou tasse, où le beurre décomposé se rend à la surface, et on le place dans des vaisseaux en cuirs où dans des estomacs de bestiaux desséchés , où on les conserve. Si le lait semble encore con- tenir du gras, on l’y remet encore une fois, et l’on agit de la même manière. Ce lait s'appelle, dans leur langue, tossoun, et en mongol œrœmcee. Les Kalmuks sont grands amateurs de thé et de tabac, et leurs femmes même font grand usage du dernier. Pour faire leur thé, ils choisissent de préférence ces ta- bleties pressées que le commerce chinois amène en Russie, et qui s y vendent sous Le nom de kirpitchnoï-tchaï, c’est-à- dire thé en brique. L’habitude ordinaire est d’en faire bouillir dans leurs chaudières, avec huit livres d’eau, à peu près une once, pilée grossièrement avec du lait de Chameau préféra- blement à d’autres et un peu de sel de cuisine, et non, comme DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 267 chez les Kalmuks, de le mêler avec d’autres. Par économie, l’on retire les feuilles avec un petit sac en toile, adapté à un anneau que porte un manche on noir et on les emploie de nouveau avec un peu de thé frais. Comme ce thé, à cause du long transport qu’il subit, se vend très-cher près du Volga, qu'on l’a difficilement, les gens du peuple recueiilent quelques plantes sauvages pour le même usage. Mais des plantes stériles que produisent les Steps, je n’ai vu employer qu’une petite espèce de bois de réglisse (Glycyrrhiza asperrima, Voyage de Pallas, pre- mière partie, pag. 490, et troisième partie, pag. 754). Ils y joignent la semence du Lapathum acutum, qu’ils appel- lent temèhn-chike; la racine du jaune glaive de marais, ou le faux Calamus aromaticus ( uldo-ebessun ); ainsi que les semences constrictives de l’{cer tataricum, dont ils sé- parent les ailes en les frottant ou en les battant dans un sac. Cet arbre, à cause de ses ailes, est nommé 7'sartra ou arbre des sauterelles. MÉMOIRE SUR LES DIVERSES ESPÈCES D'HYÈNES FOSSILES DÉCOUVERTES DANS LES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL (HÉRAULT), Par MM. Marcz ne SERRES, DUBRUEIL, Professeurs, et B. JEAN- JEAN, Docteur-Médecin, Préparateur de Zoologie à la Faculté de Montpellier. Lx Mémoire que nous publions aujourd’hui fait partie de l'ouvrage que nous avons annoncé depuis long-temps sur les cavernes à ossemens de Lunel-Viel; ouvrage dont la publi- cation a été retardée par des circonstances indépendantes de notre volonté, et qui seules ont donné une apparence de priorité aux observations publiées par différens géologues sur ces cavernes. C’est donc à la fois pour donner une idée de notre travail, et prendre enfin date des faits généraux aux- quels a dû nous conduire l'examen attentif des nombreux fos- siles retirés des cavernes de Lunel-Viel, que nous publions ce premier Mémoire. Puisse-t-il remplir ce double but, et nous faciliter ainsi les moyens de faire connoïître l’ensemble de nos travaux! 270 HYÈNES FOSSILES CHAPITRE PREMIER. Description des cavernes de Lunel- Viet. Les cavernes de Lunel-Vieil sont situées au pied de la col- line de Mazet, à quatre petites lieues à l’est de Montpellier, et à un quart de lieue à l’ouest du village de Lunel-Vieil, à peu près à la même distance de la grande route de Lyon. Elles sont éloignées d’environ huit kilomètres de l'étang de Mauguie, qui borde la Méditerranée, et leur élévation est de quinze à dix-huit mètres au-dessus des eaux moyennes de l'étang; ce qui donne à ce sol, du nord au sud, une pente moyenne d’environ deux mètres par kilomètres. Ces cavernes sont ouvertes dans un calcaire marin tertiaire qui appartient probablement au calcaire moellon, si, comme les faits semblent l’indiquer, les calcaires marins du midi de la France sont tous supérieurs aux marnes argileuses bleues ; ou, dans le cas contraire, elles seroient placées dans le pre- mier calcaire tertiaire, ou dans le calcaire grossier propre- ment dit. Toujours est-il à remarquer que les cavernes à os- semens de Lunel-Vieil, liées à d’autres cavernes percées dans le calcaire marin tertiaire, et découvertes plus tard à peu de distance de celles-ci (1), ont été les premières. des terrains tertiaires où l’on a observé des ossemens fossiles. Quoique (1) Ces dernières sont situées dans les environs de Sommieres ( Gard), à deux lieues au nord-est des premieres. Leur découverte est due à M. Dumas de Som- mières, jeune géologue fort instruit, et rempli de zele pour les progres de la géologie. DES GAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 271 la formation des roches où existent ces grandes cavités, rem- plies après coup, n'ait aucune relation avec le phénomène de leur remplissage, cette observation n’en à pas moins d'intérêt. ci Les cavernes de Lunel-Vieil, dont les issues actuelles s’ou- vrent toutes dans les jardins de M. Gautier, dont l’obligeance a été si grande pour nous, sont au nombre de trois. l’une d'elles, le Couloir, ou la plus anciennement connue, est une sorte de boyau tortueux et étroit, dont la plus grande lon- gueur est d'environ cinquante mètres, avec une largeur moyenne de deux mètres, et une hauteur de quatre mètres au plus: c’est la plus orientale des trois; quoique fort étroite, elle n'en contenoïit pas moins une grande quantité d’osse- mens de carnassiers et d’herbivores disséminés et confondus dans le limon rouge qui en recouvroit le sol. Ce couloir of- froit également, vers l'entrée actuelle, une certaine quantité d’ossemens fossiles, fixés et liés au rocher par des stalagmites calcaires. La seconde de ces cavernes, découverte en 1824, a été l’objet des premières recherches faites par l’un de nous; son étendue l’a fait nommer la Grande Caverne. C’est aussi sous ce nom que nous la désignerons. C'est une vaste galerie précédée d’un petit vestibule, dont l'étendue est au moins de cent cinquante mètres, avec une largeur moyenne de dix à douze mètres, et une élévation de trois à quatre, au-dessus du sol de transport qui y est disséminé de manière à annoncer que le courant d’eau, qui y a entraîné ce sol de ‘transport, devoit avoir la direction du nord au sud; car il n’existe guère que des sables assez fins vers extrémité méridionale de la 272 HYÈNES FOSSILES * caverne, tandis que les cailloux roulés et les gros galets abon- dent vers l'extrémité septentrionale. La Grande Caverne semble comme partagée en deux par- ties de directions différentes, dont les arcs font néanmoins entre eux un angle très-obtus. En partant du sommet de cet angle, la partie la plus septentrionale se dirige vers le nord- nord-est dans une longueur d'environ soixante-quatre mètres, tandis que la partie méridionale se dirige vers le sad-ouest, et n’a pas moins de quatre-vingt-six mètres. C’est à peu près vers la moitié de la longueur de la partie septentrionale, et du côté de l’est, que l’on pénètre dans la caverne PAË une issue artificielle, car la véritable ouverture est encore à trou- ver. D’après la disposition des limons, on peut supposer que cette ouverture devoit être vers l'extrémité septentrionale, et qu’elle a été bouchée soit par léboulement des rochers, soit par les cailloux roulés dont les limons sont constamment mêlés lorsqu'ils renferment des ossemens. ss La troisième caverne, découverte en 1827, est encore un boyau étroit et tortueux, et à tel point que l’on ne peut guère la parcourir que pendant un espace d’environ soixante-dix à quatre-vingts mètres. Le reste de son étendue, qui paroiît considérable, est tout-à-fait inaccessible à raison des énormes blocs de roches éboulées et de sables qui s’y sont accumu- lés. Ces trois cavernes, qui toutes contenoient un assez grand nombre d’ossemens fossiles, surtout les deux premières, ont cela de particulier, d’être toutes dans la même colline, et tellement rapprochées, que les plus distantes ne sont pas à plus de cinquante mètres les unes des autres. Elles étoient remplies en partie par des limons de diverses DES CAVERNES DE LUNEL-VIEÏL. 273 natures d'autant moins sableux, et d’autant plus chargés de galets de cailloux roulés et d'ossemens fossiles, que ces li- mons étoient moins éloignés du point par lequel ils paroïssent être arrivés dans les cavernes. En général, les limons les plus inférieurs graveleux n’offroient guère que de petits cailloux roulés à peine ovulaires, et presque point d’ossemens fossiles. Les seuls débris de corps organisés que l’on y a observés se sont bornés à des dents de squale, et à des coquilles marines détachées de formations tertiaires préexistantes. Ce limon dont les couches étoient moins nombreuses, et moins dis- tinctes que celui qui lui étoit superposé , reposoit immédiate- ment sur le rocher ou sur ie sol ancien, tel qu'il se trouvoit antérieurement au dépôt des limons. Le limon supérieur présentoit beaucoup plus de différence, selon qu’on l’examinoit dans les cavités latérales des rochers qu'il avoit plus ou moins remplies, ou dans telle ou telle partie de ces cavernes. Très-tenace, d’un rouge prononcé, presque sans mélange de corps étrangers, comme d’osse- mens, lorsqu'il obstruoït ces cavités, on le voyoit graveleux, sableux, ou très-chargé de cailloux roulés pugillaires, lors- qu'on l’examinoit dans les diverses parties du sol supérieur. Là il se montroit d’autant plus distinctement stratifié, qu’il contenoit moins de cailloux roulés pugillaires, et que ceux qui y existoient étoient au plus ovulaires. C’étoit alors qu’on le voyoit plus chargé d’ossemens, qui ne se sont jamais ren- contrés dans les sables proprement dits; en sorte qu'il y avoit une relation manifeste entre la présente, le nombre des os- semens et la nature des limons. Les cailloux roulés pugil- laires annonçoient la présence des ossemens dans les couches Mém. du Muséum.t.17. 35 274 HYÈNES FOSSILES de limon inférieures, à celles où ils abondoiïent, tout comme les couches sableuses indiquoient l’absence totale de ces mêmes ossemens. Les ossemens se sont montrés parfois disposés par couches inégales au milieu du limon rougeâtre, graveleux, quoiqu’en général ils étoient en plus grand nombre, et comme amon- celés contre les parois des rochers dans les points les plus bas et vers les côtés de la plus grande pente. Epars et dis- persés au milieu du limon rouge, du diluvium, ils étoient mé- lés, sans distinction de genre, de famille, ou d'espèces, mi sans aucun rapport de position avec celui qu’ils occupoient dans le squelette. Ainsi, certains fragmens osseux, découverts dans des fouilles faites dans des points opposés, et à des inter- valles de temps fort différens, se sont raccordés avec d’autres, et d’une manière si parfaite, que tout porte à croire qu’ils avoient appartenu au même individu. D’un autre côté, l’on a trouvé un plastron de tortue terrestre immédiatement ap- pliqué sur un humérus de rhinocéros, des dents de ce pachy- derme dans le centre d’un bassin de cerf, dont les os avoient cependant conservé leur position normale respective. Dans un canon de ruminant, nous avons observé un métacarpien d’hyène et des fragmens de maxillaire de cerf, ainsi que des coquilles marines dans:une vertèbre de cheval. Enfin nous avons vw assez souvent le même fragment de ciment stalag= mitique réunir des ossemens d'animaux très-disparates, avec des excrémens d’hyène ou d'album græcum. Les ossemens disséminés et épars dans le limon rouge gra- veleux ne paroissent pas avoir été roulés, mais seulement brisés et fracturés par l'effet d’un choc plus ou moins: vio- DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 27D lent. Leurs angles ne sont pas généralement émoussés, ni leurs contours nettement arrondis, comme ils devroient l'être s'ils avoient été entraînés de loin. Seulement les nombreuses fis- sures qui existent sur leur surface extérieure feroient sup- poser que ces ossemens avoient séjourné au dehors déjà dé- pouillés des chairs qui Îles recouvroient, et avant d’avoir été entraînés dans les cavernes où ils gisoient. Ces fissures, souvent très-profondes, sont aussi nombreuses sur les os des carnassiers que sur ceux des herbivores, de même que les traces des coups de dents que l’on ne peut confondre avec ces fissures. En un mot, les ossemens des carnassiers n’ont paru ni plus entiers, ni moins fendillés, en tous sens, que ceux des herbivores, et les plus petites cavités des uns et des autres se sont montrées remplies d’un limon plus ou moins grave- leux, qui n’avoit pu y pénétrer que par un effort assez grand. Il est à remarquer que les os qui résistent le plus à l’action destructive des agens extérieurs sont ceux dont le nombre relatif s’est montré constamment le plus grand. Au premier rang, l’on doit signaler les métacarpiens et les métatarsiens qui, par leur dureté et leur compacité, ont le plus résisté aux causes qui tendoient à les détruire. Après eux nous si- gnalerons : | 10. Les tibia. 20. Les astragales. go. Les radius. 4o. Les humérus. Z be. Les calcanéums. 60. Les fémurs. 70. Les vertèbres. 276 HYÈNES FOSSILES 8. Les cränes. Ce rapport, qui sans doute n’est qu'approximatif, quoi- qu'il repose sur l'observation de plus de deux mille pièces osseuses, a été calculé autant sur les ossemens des carnas-- siers que sur ceux des herbivores; ce qui indique que les uns et les autres ont été exposés aux mêmes causes d’altération comme de conservation. Les animaux dont les débris ont été entraînés dans les cavernes de Lunel-Vieil devoient avoir les âges les plus op- posés, quoiqu’en général le plus grand nombre fût tout-à- fait adulte. Certains étoient tellement jeunes, qu'ils étoient réduits à leurs dents de lait, et que toutes n'étoient point en- core sorties de leurs alvéoles, tandis que d’autres présentoient des dents tellement usées, qu'il n’en restoit plus que la base. Mais parmi ces débris, qui signaloient des animaux d’âges très-différens, il n’y en avoit aucun qui püt être rapporté à des fœtus. Ces débris, véritablement fossiles, ne se sont jamais ren- contrés à la surface du limon graveleux ou du diluvium, mais ) bien disséminés entre les lits multipliés et assez distincte- ment stratifiés de ce même limon: aussi ne doivent-ils pas être confondus avec les ossemens frais des chiens ou des re- nards et des lapins qui y étoient allé périr naturellement de- puis peu, et encore moins avec ceux des coqs, des moutons, et d’autres espèces de nos jours, que les ouvriers y avoient apportés, croyant donner le change, et faire prolonger les travaux. ; Quant aux limons ou diluvium qui enveloppoient les os fossiles, ils avoient les plus grands rapports avec ceux non DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 277 solidifiés qui composent la pâte des brèches osseuses, ainsi qu'avec le diluvium des plaines qui couvre une grande partie de notre sol. L’on y remarquoit les mêmes galets ou cail- loux roulés, quartzeux ou calcaires, et parmi iceux-ci il en existoit un grand nombre qui appartenoit aux formations d’eau douce. Sous le rapport de leur nature, les limons, même ceux qui occupoient les cavités latérales, si nombreuses dans les cavernes de Lunel-Vieil, et qui, par leur finesse et leur téna- cité, ressemblioient assez bien à de l'argile, l’analyse a démon- tré qu'ils étoient plutôt siliceux qu’argileux. Les uns et les autres contenoient une certaine quantité de matière orga- nique, dont on ne trouvoit aucune trace dans les sables où Von n’observoit pas d’ossemens. Cependant la quantité d’a-. lumine que ces limons rouges, onctueux, tenaces et à grains fins contenoient étoit assez considérable pour avoir permis de les utiliser pour en faire des briques. La population antédiluvienne des cavernes de Lunel-Vieil se compose essentiellement de mammifères terrestres, d’oi- seaux et de reptiles. Les débris de poissons et de mollusques de mer, qui se trouvent mêlés avec les premiers, n’y existent que d’une manière accidentelle, ayant été détachés des for- mations prééxistantes. Îls n’en est pas de même de ceux qui se rapportent à des mollusques terrestres; ceux-ci paroissent de la même date que les ossemens avec lesquels ils sont mé- langés. Du reste, les débris de mammifères terrestres ont réelle- ment seuls de l’importance, en raison de leur nombre et de la grandeur des espèces auxquelles ils se rapportent. Ils signalent 278 HYÈNES FOSSILES environ quatorze espèces de carnassiers sur dix-neuf her- bivores; ces derniers se composent de cinq rongeurs, sept pachydermes et sept ruminans, c’est-à-dire dix-neuf sur trente-trois, par conséquent moins des deux tiers. Les es- pèces les plus abondantes en individus de cesdiverses families se rapportent aux cerfs, aux bœufs et aux chevaux, et parmi les carnassiers aux genres carus et felis. Les blaireaux sont, parmi les carnassiers, les genres les plus rares, comme les castors parmi les rongeurs, tandis que les espèces caractéris- tiques des terrains à ossemens de nos cavernes seroient les cerfs, les bœufs, les chevaux et les hyènes. Sans doute les détails dans lesquels nous venons d’entrer sont insuflisans pour donner une idée complète de l’état dans lequel ont été trouvées les cavernes de Lunel-Vieil; aussi renverrons-nous à cet égard à notre ouvrage. CHAPITRE IL Des diverses espèces d’hyènes vivantes. L'on sait qu’il existe plusieurs espèces d’hyènes vivantes, distinguées sous les noms d’hyène du levant ou rayée (canrs hyæna Linn.), d’hyène du Cap ou tachetée (canis crocata Linn.), et enfin d’hyène brune, la plus petite des trois, qui viten Nubie et en Abyssinie (1). Il paroït en être de même des espèces fossiles ; il est du moins facile d’en discerner deux (1) Recherches sur les Ossemens- fossiles de M. le baron Cuvier, t. 4, p. 384- 385. \ DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 279 espèces bien tranchées, et peut-être une troisième qui pour- roit fort bien être le résultat du croisement des deux espèces précédentes, ce que semblent indiquer les caractères qui tiennent de l’une et de l’autre de ces espèces: mais les es- pèces fossiles d’hyènes sont-elles réellement analogues et identiques avec les espèces vivantes, ou bien constituent- elles des espèces différentes avec les espèces vivantes ? c'est ce qu'il convient d'examiner; et pour le faire avec quelque précision, qu'il nous soit permis d'entrer dans quelques dé- tails sur les caractères ostéologiques de l'hyène rayée vivante, la seule dont nous possédions un squelette complet. Nos comparaisons ne porteront guère que sur les carac- tères tirés de la tête et des dents, parce que nous possédons peu d’autres parties du squelette, et que d’ailleurs il est fort difficile de les rapporter positivemerit à telle ou telle espèce fossile. Aussi pour rendre ces caractères plus faciles à saisir, nous en avons dressé un tableau comparatif propre à en faire ressortir les analogies comme les différences (x). (Gi) Nous ferons observer que nous avons puisé dans les ouvrages de M. Cuvier les caractères relatifs à l’hyene tachetée vivante, ne possédant pas de squelette de cette espece. ‘saqueara s292ds2 so suep anb epueis snd 39 onpuoo-sauT, e[ Suep oub issne ooouou -014 snjd Jo foqueara 99 4er ougÂqj suep anb soououord sud Jo ayueqouer] snId ‘S22qUI0Q 12 SOJUE]]TES-S2LT, *SOJUEAIA saoadso sa[ suep saououoid issue quiod 7so,u uorysodsip PTUQU 2797 ‘xnejoued so] uesisA8A17 u ‘je71dr090 ] e [81 “UO4J np juepuao,s tab snurs S2p sed snossop-ne ssodn990 Steu ‘sorpuorie sn[d 30 soque —Ires surour ourdo 79 319) S199 sa] ans 29quioq snjd ste ‘ounof snjd nprarpur un Ans apansou anbronb ‘oo Lex e[ p 2199 nb oyroy snjq LS ‘FATHIS VNYXH "ATISSOA AALAHOVI. ANTAH | : ‘aynnoq mnÿq “vos e| ap anb væyods e[ op sud oyooadder aç “payods vuæ y] enb 9197981689 [nos 99 aed pos DUD AY] v souejquossax op sujd e À [1 1-2jj00 sue “vaæods 19 Dos21d vulæy sap no ‘sois -SOJ 2979498; e[ op 4e o9Âex el] ep 2129 enb opueiS snçq "FISŒANUTLNI FNYXH ‘41ISSOT ALXIN ANTAH *a]in119 ‘aqueara 99 {ex 299dsa | ap ayooidder oç *2JUBATA 299452 | e zasse o[quossay *aJUeATA #9 £e1r ef ap ‘owuaoyz ej e quenb ‘ quegooudder os ‘ voszid e[ op oçerdwoo eurda onb isute ‘ajeqii8es 9J919 eT ‘equeara 999dse omotm ef op 21[09 onb opuers snjd ae T, ‘VOSIUd FNEXH "ATISSOA AAAVY ANTAH “aquapooaud 299ds ] suep onb sjqueaopisuos snjq “oofeiel Suep onb ajueqouer snçq "Sapqur0q J9 sajuerreg ‘29 Lex ouaÂq | suep anb “aeyrdro90 ouida onb 1SUre € HAUE[LES SUTOU 79 a1p -uoire sand apenises 21947) *S9109 Sa[ Ans oquoq sud ougio ‘so13 snjd nessnyy ‘FLVFOO0U2 SINFO “AALAHOVL ANTAH onb s1purou ‘uarqo af suep onb opuerg snjd opesodtuo) 2SS07 e] 2p An281eL et *9 ‘1endi00 nou np sassap -ne o1puorre sud 79 € 291949 —t} ef suep onb sjueqouen Surour 9je71d1990-Js0d no oje] -1d190 ouuo Lou 21919) ‘oG ‘3919498 euaÂq suep onb soqueyqres sutouu sofejotied 525504 "#7 "191$Seu +ivo unone suep onb ayue] tes snjd ofeyrdisso aouetoq -njo41d no auids [0 ‘oyueyo ur 2[81119S 91910 ET € “29209 E[ 2P 2[29 onb oyned sud ae, ‘x *‘FNYXH SINFO “ALNVATA AAAVY ANTAH *Soyissof sous Afy ,p sa09dsa S054941P S9p X29 904D So]UD419 9p307907 10 2pÂD1 SOUPÂTT D 59791 S9p S9197901D9 SO(T ATLVAVANOI AVAIAVEL RSR BEIC ÉREE, RES 999496} JUJAU,[ SUEP “AUPATA 09 er -eL-0p arqmop 159 imp ‘oseq es e jnoqans “osier end ‘osstedo Que "SOJUPATA. 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D; °9 10 9 0; ia non usée. | usée. usée. usée. Deuxième molaire inférieure: ë Diamètre antéro-postérieur. ....... 0,017 0,021 0,022 0,021 Diamètre transversal. ...........+ | 0,010 0,013 0,015 0,016 Hauteur de la couronne.........+ | 0,013 0,012 0,018 0,017 Troisième molaire inférieure! Diamètre antéro-postérieur........ | 0,018 0,02 0,024. 0,023 S , , 5024 , Diametre transversal...,....,.... | 0,010 0,013 0,014 0,014 Hauteur de la couronne........... 0,014 O,011 0,016 0,017 Quatrième molaire ou carnassière. Diamètre antéro-postérieur, compris le talon RER AA cr rer 0,019 0,024 0,029 0,030 Diamètre antéro-postérieur sans ta- | Jon A Se RAT AE ER ete el 0,015 0,01 0,026 0,026 À ’ ? , ès ? ? Diamètre transversal.........:.. 0,009 0,011 0,012 0,012 Hauteur de la couronne au lobe an- térieuraer elslente eee lie rdsler 0,012 0,014 0,017 0,018 Hauteur du tubercule interne de la carnassiere, prise du fond de la rainure qui le sépare du talon à la pointe dudit | tuberculer MM NE to, 006 0,007 0,004 | o L Tableau comparatif des dimensions de plusieurs os des extrémités antérieures. Humérus droit. Longueur de la tête au condyle in- lernestsdeecilecstlLusererrhbecssni ONTO0 o Longueur du même os de la grosse tubérosité au condyle externe....,... | 0,188 \ 0 0,210 0 o 0,220 DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 303 3 3 à < =] É < = PIE me 41e = és E 4 & a 2 Ci A = wa LUE < AE < 4 = 2 En FA + Æ A = Be! > = = = ee] L'état pathologique des deux condyles na pas permis de mesurer leur écarte , « O Us m m ment dans l’espece vivante......... 0 0 0 0,054 Longueur totale du radius........ + | 0,200 0 0 0,237 Largeur du radius à son extrémité humérale.............. Teener. a1l0:029 o 0 0,030 Largeur du radius à son extrémité CATPIENNE. ..s.sssesoss ee ent ceill 0087 0 o 0,043 Nous n’avons pu donner les dimensions des autres os faute d'en avoir observé d’entiers. $ IT. Des os du tronc. Vertèbres. Parmi les vertèbres d’hyènes que nous possédons, il y en a sept de diverses grandeurs, qui se rapportent à l’atlas. Dans un seul de ces atlas, divisé en plusieurs fragmens, les apophyses transverses ayant en quelque sorte la forme d’ailes latérales très-développées, existent. Les caractères les plus saillans de cette première vertébre cervicale, sont r°. l’échan- ? 2 crure placée au devant de l’apophyse transverse, et dont la profondeur est très-considérable, ainsi que l’a déjà fait remar- quer M. Cuvier; 2°. les deux troncs qui se trouvent devant et près du centre de la face supérieure, lesquels sont réunis A? à 304. : HYÈNES. FOSSILES par le canal de l'artère vertébrale. Le trou interne commu- nique avec le canal vertébral, l'autre se dirige vers la partie inférieure de l'aile latérale. Celle: ci affecte une direction trans- versale, et présente beaucoup moins d’obliquité que son ana- logue dans le chien et dans le loup. … La Seconde vertèbre cervicale ou l'avis ne ressemble pas autant à celles ss caractérisent les différentes espèces du genre canis qu'on pourroit le supposer. En effet, dans les axis d'hyène, la bifurcation, qui provient de la terminaison de l’apophyse épineuse, est extrêmement marquée’, les fa- cettes qui servent à l'articulation de l’axis avec Vatlas si sont Fra disposition , elles semblent supportées, dans le genre hyène, par une sorte de pédicule. La disposition des surfaces articu- laires est également toute particulière dans le genre hyène; la partie Ja plus large de cette surface est inclinée en dehors et en bas, tandis que dans le chien, elle se rapproche de V a ésalement plus isolées du corps de l'os. Par suitede pophyse odontoïde. * Les vertébres dorsales et lombaires que nous avons à notre disposition ne paroissent pas pouvoir être distinguées, par aucun caractère certain, des mêmes vertébres dugenre cars proprement dit. a, SN # LE ‘ Côtes. $ Les côtes d'hyènes que nous possédons, soit droites soit. gauches, ne semblent pas avoir des caractères assez particu- liers pour devoir être décrites judilleurs aucune de celles, retirées des cavernes des Lunel-Vieïl ne s’est présentée assez Zont-.1 SSS À 4 1 f,, // A ñ \ TETES LT DENTS D'ATLNES FONSSILES. iv or We A CAS VAITUE AE ETES ACTE NS Zoom .17. = STE LISE SS RSS HAN 41) 11} D) W 5 Wa :) À TETES ET DENTS D HYENES FOSSILES. ll ” LEUR 1104 HE NX À are a nn te hnitemen trs ermentets Lure an 0 pe rage mr er à ï $ : : : x % ; L A ee LRU Fe NRA NAN AE A ENCRES, 77.20. Zom..1 P 2 L CRE CN fi De . œil nl (n KA == \ f\ il \ 4, w un À Al LE 4 \ \ ni Ni Ni x qu ANR TËTES ET DENTS D HYENES FOSSILES. DES CAVERNES DE LUNEL=VIEIL. 30 S IV. Des os des membres. Omoplate. Nous possédons cinq portions d’omoplate, qui toutes sont du côté gauche, et réduites à la cavité glénoïde et à une partie de la crête de cet os. Humérus. Nous n’avons découvert, parmi les ossemens retirés des ca- vernes de Lunel-Vieil, que treize humérus d’hyènes, ce qui prouve que les individus de ce genre n’étoient pas aussi nom- breux qu’on l’a supposé, d'autant que les humérus sont un des os des membres qui se conservent le mieux. Parmi ces treize humérus, il en est onze, dont quatre appartiennent à de jeunes individus, qui sont totalement privés de l'extrémité supérieure. Deux de ces humérus sont assez intacts pour laisser voir un caractère qui les sépare des humérus du chien et du loup. Ce caractère consiste en ce que la portion de la poulie articulaire inférieure externe, qui s'articule avec le ra- dius, est beaucoup plus prononcée et plus arrondie que chez le chien et le loup. La fosse destinée à recevoir l’olécrâne, dans le mouvement d’extension de lavant-bras, semble également présenter un plus grand développement dans l’hyène que dans les différentes espèces du genre chien. Le trou placé au-dessus et entre les condyles offre aussi une grande ouverture de forme cylindrique. Cet humérus droit paroît avoir appartenu ou à l’,yæna spelæa, ou à l'hyène mixte, à raison de sa force et de sa gran- Mérmn. du Muséum. 1. 17. 39 306 HYÈNES FOSSILES deur ; car quoique moins long que l’humérus de l’hyène de Kirkdale, il a cependant cinq millimètres de plus que celui du grand squelette d’hyène tachetée, qui a servi de terme de comparaison à M. Cuvier. | Cubitus. Nous avons recueilli six cubitus, dont trois de droite et trois gauches. Un seul de ces cubitus a été trouvé à peu près entier, ne présentant guère que quelques traces de coups de dents (si l’on veut cependant que toutes ces éraillures soient réellement des empreintes de dents), et aussi s’est-il articulé avec l'humérus que nous venons de décrire. Ge cubitus offre une crête très-développée, laquelle se prolonge au-dessous de l’olécrâne et jusqu’à la moitié postérieure de l'os. Cette crête, comparée à celle des autres cubitus, nous paroît, par son exagération, annoncer un état pathologique, soit qu’elle tienne ou non à l’altération du tissu osseux: cette crête est saillante, fort élargie à sa partie moyenne, et légèrement aplatie sur les côtés. Nous remarquerons en passant que ce cubitus, comme du reste les autres os d’hyène, est tont aussi couvert de fissures et de marques supposées des coups de dents que les os d’herbivores. Radius. Nous n’avons que quatre radius d’hyènes, dont un seul à q ; appartenu à un jeune individu. Deux de ces radius sont en- tiers, l’un droit.et l’autre gauche. Ils sont épais et recourbés; DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. - 307 l'extrémité carpienne très-large, et les coulisses destinées à loger les tendons extenseurs très-profondes. La erète de l’ex- trémité infériéure, qui sépare la coulisse des extenseurs et des abducteurs, est placée à la partie moyenne chez l’hyène, tandis quelle est plus rapprochée du bord cubital dans le chien. Métacarpiens. Quatre métacarpiens entiers ont été retirés de nos cavernes, trois du côté droit et un du côté gauche. Fémur. Nous n'avons découvert parmi les ossemens des carnas- siers que deux seuls fémurs droits d’hyènes, chez lesquels l'extrémité inférieure manquoit antérieurement par suite de cassures anciennes; car ces sortes de cassures sont bien aisées à distinguer de celles faites lors de l'extraction des os. Ces fémurs ressemblent assez à leurs analogues dans le genre chien. Tibia. Nous n'avons pu découvrir qu'un seul fraginent inférieur de übia d’hyène. Métatarsien. Nous possédons trois métatarsiens droits d’hyènes. Gisement. La présence des hyènes et de leurs excrémens dans les ca- vités longitudinales des rochers ou des cavernes a porté cer- 308 HYÈNES FOSSILES tains observateurs à considérer ces cavités comme des repaires où ces carnassiers alloïent dévorer leur proie, et entassoient ainsi successivement les ossemens dont ils avoient fait leur pâture. En adoptant cette opinion, a-t-on fait attention que les restes des hyènes sont ensevelis dans les cavernes avec d’autres débris de carnassiers encore plus terribles, tels que le sont les énormes lions ou les grands felis des souterrains de Lunel-Vieil, et qu’il est assez diflicile que des animaux aussi féroces, ayant vécu en société dans des lieux fréquentés également par des lynx, des ours, des panthères et des loups, a-t-on bien réfléchi, en la proposant, que les excrémens s0- lides des hyènes ne sont pas les seuls que l’on y découvre, et qu'il en est une foule qui ont appartenu à d’autres carnas- siers du genre chien. Or, si d’après la présence des excrémens des hyènes, facilement transportables cependant à raison de leur solidité et de leur forme arrondie, on suppose que ces ,carnassiers ont vécu dans les cavernes où l’on trouve leurs débris, ne doit-on pas le présumer pour les carnassiers qui leur sont associés ? à Mais une pareille réunion est-elle admissible, d'après lor- ganisation de nos hyènes fossiles, supérieures en taille et en force à nos Hyènes actuelles, et dont la férocité encore plus grande ne leur a certainement pas permis d’habiter les mêmes repaires fréquentés par d’autres carnassiers. Cette association est d'autant moins admissible que, d’après les observations de M. Knox, les lions et les panthères sont les seuls carnas- siers qui emportent leur proie dans leurs repaires, et que les hyènes, la dévorant sur place, ne se réfugient jamais dans des cavités souterraines. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. . 509 Nous ferons encore remarquer que les hyènes, ainsi que la plupart des carnassiers et des herbivores ensevelis dans les cavernes, se trouvent dans une infinité de terrains remaniés par les eaux, et y sont accompagnées de leurs excrémens, lors- que ces excrémens sont assez durs et assez solides pour avoir résisté aux agens extérieurs. En effet, les restes des hyènes en particulier, et leurs excrémens, abondent dans les terrains de transport et d’eau douce de l’Auvergue, et l’on en retrouve également des traces dans les sables marins tertiaires des en- virons de Montpellier, où l’on découvre aussi certaines es- pèces de earnassiers que l’on voit dans nos cavernes, tels, par exemple, que le grand lynx, et un autre félrs très-rappro- ché du jaguar. Les lions, les tigres, ou les grands fes, se rencontrent également au milieu des brèches osseuses, et l’on ne peut supposer que ces animaux aient vécu dans ces fentes étroites où leurs débris sont confondus avec des ossemens de bœufs, de cerfs, de rhinocéros, et de tant d’autres mammi- fères terrestres. Aussi comme ces faits sont contraires à la supposition qui feroit dépendre des phénomènes géologiques d’une cause toute zoologique, on a été jusqu’à considérer les sables ter- tiaires à ossemens de Montpellier et le second calcaire marin tertiaire comme le commencement du dilupium, afin de faire même supposer que ces différens terrains, produits par une cause, peuvent fort bien recéler les mêmes espèces d’ani- maux. Mais le dzlupium semble avoir été produit après la re- traite des mers de dessus nos continens, soit le diluvium dis- séminé à la surface du sol, soit celui qui a comblé en tout ou en partie les fentes des rochers, tandis que les terrains 310 HYÈNES FOSSILES marins tertiaires, dont les sables à ossemens de Montpellier font partie, ont été déposés dans le bassin de l’ancienne mer, ainsi que l'indique leur position et les fossiles qu’ils renfer- ment. Dès lors peut-on supposer qu'il y ait quelque chose de commun entre le dépôt tumultueux de terrains aussi régu- liers que le déluvium , et le dépôt tranquille et successif des sables et des calcaires marins tertiaires aussi remarquables par l’horizontalité que par le parallélisme de leurs couches? Ici nous sommes forcés, pour ne pas donner à ce Mémoire une étendue qu’il ne doit point avoir, de renvoyer à notre ouvrage. Qu'il nous suflise de rappeler, pour le moment, que la présence des ossemens dans les cavernes est un fait telle- ment géologique, et tellement général, que, d’après nos ob- servations, l’on peut présumer, avant de pénétrer dans des cavités souterraines, si l’on peut espérer ou non d'y trouver des ossemens fossiles, S'il y a une certitude à avoir à cet égard c’est, celle qui tend à affirmer la non existence d’ossemens dans une cavité souterraine. Après des faits aussi positifs, parlerons-nous des empreintes de coups de dents souvent aussi multipliés sur les os des car- nassiers que sur ceux des herbivores, ce qui paroitroit an- noncer que ces traces n’ont pas été produites par les hyènes seulement ? et en inférerons-nous que les animaux, sur les os desquels elles se trouvent, ont été rongés et dévorés dans les cavernes? Non sans doute, car les carnassiers qui rongent au- jourd’hui les os des animaux dont ils font leur pâture, les dé- vorent tout aussi bien sur place qu’après les avoir entraînés dans leurs repaires; ce qui prouve que ces traces n’ont aucune importance pour la question qui nous occupe, pouvant tout DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. STI au plus faire supposer que les animaux qui portent ces mar- ques n’ont pas vécu loin des lieux où se montrent leurs os- semens. En disant que l’étrange rassemblement des nombreux ani- maux confondus dans les mêmes cavités n’a pas été produit par des carnassiers, nous n’entendons point supposer que les lions, les rhinocéros que l'on y découvre y ont été trans- portés des climats où l’on observe aujourd’hui leurs analo- gues. Il nous paroït, au contraire, qu’ils ont vécu dans nos contrées, et que la cause qui a disséminé le dzluprum les a également répandus à la surface du sol, ainsi que dans les cavités qui pouvoient s’y rencontrer. À EXPLICATION DES PLANCHES. Prancne XXIV. Fi. 1. Tête de l’hyæna prisca, vue de profil (moitié grandeur). Carnassière supérieure gauche de l’hyæna prisca, vue par sa face interne. . Même carnassière, vue par sa face externe. . Tête de l’hyæna intermedia , vue de profil. Tête de la même espèce , vue par la face palatine. . Carnassiere supérieure droite de l’hyæna intermediu, vue par sa face D + & h interne. 7. Carnassière supérieure droite de la même espèce, vue par sa face externe. Prancue XX V. Fic. 1. Maxillaire inférieur gauche de l’hyæna prisca, vu par sa face externe (moitié grandeur). 312 Fic. 2. 3. 4 Gi 6. 7- Fic. 1. Nota. A l'exception des dents, qui ont été dessinées de grandeur naturelle, tous HYÈNES FOSSILES DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. Carnassière inférieure gauche de la même espece, vue par sa face interne. Carnassière inférieure gauche de l’hyæna prisca, vue par sa face externe. Maxillaire inférieur gauche de l’hyæna intermedia, vu par face externe (moitié grandeur). Carnassiere inférieure gauche, vue par sa face interne. Même carnassière de l’hyæna intermedia, vue par sa face externe. Crâne d’hyæna spelæa, ayant éprouvé une blessure qui pénètre dans les sinus pariétaux (moitié graudeur ). Atlas d’hyèene fossile (moitie grandeur). . Axis d’hyène fossile (moitié grandeur). Prancue XX VI. Tête d’hræna spelæa, vue par la base du crâne ( moitié grandeur). Carnassière supérieure gauche, vue par sa face interne, de l’hyæna spelæa. - Même carnassière, vue par sa face externe. . Maxillaire inférieur gauche de l’hÿæna spelæa, vu par sa face externe (moitié grandeur). Carnassiere inférieure gauche de la même espece d’hyène, vu par sa face interne. 5 Même carnassière, vue par sa face externe. . Carnassiere inférieure droite de l’hyæna intermedia, présentant deux petits tubercules pointus à sa face interne, entre le talon et le lobe pos- térieur. . Même carnassière, vue par sa face externe. . Tête d’hyæna spelæa, vue de profil, et dessinée à moitié grandeur. les autres os ont été réduits à la moitié de leur grandeur. LT nié PREMIER MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES, CONTENANT DES RECHERCHES SUR LA SYMÉTRIE DE LEURS ORGANES, PAR MM. AUGUSTE DE S.-HILAIRE ET ALFRED MOQUIN-TANDON. (Présenté à l’Académie royale des Sciences. ) LL est peu de familles dont les affinités aient été indiquées avec autant d’hésitation que celle des Polygalées, où certains organes soient aussi imparfaitement connus, où enfin l’arran- gement relatif des parties présente autant d’obscurités. Ce sera donc rendre à la science un véritable service que d’étu- dier de nouveau cette famille sous ces rapports. Un examen attentif des organes dans tous les genres nous a fourni les moyens de reconnoitre la véritable nature de la crête et de l’arille, de déterminer ce qui, dans le singulier appa- reil du style, est véritablement stigmatique, etc... .. Nous nous sommes attachés surtout à indiquer d’une manière pré- cise la position relative des parties de la fleur, genre de recherches trop souvent négligé, et qui pourtant est fécond Mém. du Muséum. 1. 17. 4o 314 ss MÉMOIRE en aperçus si intéressans, Enfin nous nous sommes livrés à l'étude de la symétrie, qui rend plus méthodique et plus précise la fixation des rapports, et qui révélant ce qui manque dans les plantes, comme l’autopsie fait connoitre ce qui s'y trouve réellement, conduit à écarter tous ces rapports ima- ginaires, résultat de suppositions gratuites. Nous allons présenter des détails sur la géographie des Polygalées, l'examen des organes de la nutrition et de ceux de la reproduction, la revue des genres de la famille, des recherches sur la symétrie et l'application de ces recherches. Dans un second Mémoire, nous offrirons l’histoire des genres, la critique des affinités attribuées à la famille, la comparaison de la symétrie avec celle de plusieurs autres groupes, et enfin l’exposition des caractères des genres, exprimés en termes techniques (1). Géograplue. La plupart des genres de la famille des Polygalées sont limités à une ou deux des cinq parties du globe. Le Salo- monia ne croit qu’en Asie; le Soulamea ne sort point des Moluques; le Muraltia Au cap de Bonne-Espérance; le Ærameria et le Securidaca des deux Amériques; enfin Je Monnina etle Badiera de l'Amérique méridionale. Jusqu’à présent, le Comesperma ne s’étoit rencontré qu’à la Nou- velle-Hollande, où il est le seul représentant de la famille “ (G) Les principaux matériaux de nos deux Mémoires nous ayant été fournis par l'analyse des nombreuses espèces du Brésil, on ne s’étonnera pas si ce sont elles que nous citons le plus souvent. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES, 315 des Polygalées; mais, ce qui est fort remarquable, la Flore du Brésil a ajouté à ce genre trois espèces; et, ce qui ne l’est pas moins, nousavons aussi augmenté d’une espèce brasilienne le genre Mundia, limité jusqu’à présent au cap de Bonne- “Espérance. Ainsi, de tous les genres que nous venons de citer, il n’en est que deux ‘qui soient communs à deux des cinq parties du monde. Le genre Polygala, au contraire, se trouve disséminé dans quatre de ces cinq parties. On le rencontre sous la zone torride et dans nos climats tempérés, à Cayenne et dans les montagnes de la Suisse ; cependant les nombreuses espèces de ce genre ne sont pas également réparties entre-les différentes parties du globe. Ainsi, sur les cent cinquante-neuf espèces citées avec une patrie connue (1) par M. De Candolle, dans son Prodromus, il n’y en a que onze à quinze qui appartiennent à l’Europe; vingt-huit croissent en Asie; quarante-six en Afrique, dont la plus grande partie (trente-cinq espèces) se trouvent au cap de Bonne-Espérance ; enfin, trente-quatre dans l'Amérique du nord, et trente-six dans l'Amérique méridionale. Si donc nous joignons les deux Amériques, ce sera la quatrième partie du monde qui en contiendra le plus. Mais ce calcul devient aujourd’hui incomplet; car sur les cinquante espèces du Brésil, il en est environ quarante qui nous paroissent nouvelles (2); donc, pour la seule Amérique méridionale, {i) Trois especes seulement ont été signalées sans indication de localité. (2) Les Polygalées brasiliennes nouvelles, appartenant aux autres genres, sont au nombre de dix-neuf, nombre presque aussi considérable que celui des espèces connues du temps de Linné. Ce célèbre naturaliste n’en a décrit que vingt-trois. 316 MÉMOIRE nous avons soixante-seize espèces, c’est-à-dire que dans les deux Amériques réunies, il s’en trouve autant que dans le reste du globe, et à peu près un quart en sus, et qu'aucune partie, prise iselément, n’en contient autant que |’ Amérique du sud. » La famille des Polygalées n’est pas seulement répandue dans les diverses parties du globe, mais encore on trouve des espèces appartenant à cette famille dans des stations et à des hauteurs fort différentes. A la vérité les Comesperma du Brésil ne se présentent que dans les bois, et les Mornina, ainsi que les Âramnerta, dans des lieux découverts; mais les Polygala se rencontrent également dansoles-sablesiiet les terrains fertiles, les marais-et les lieux secs, les bois vierges et les carnpos. Au Brésil, il existe une espèce appartenant à ce genre, sur les bords du lac Araruama, voisin de la mer. MM. de Humboldt et Bonpland ont recueilli deux espèces de Polygala à la hauteur de treize: cents toises, près Santa- Rosa; ils ont observé deux Monnina à celle de deux cent quarante aux environs d'Ayavaca, et ils en ont trouvé une troisième espèce à dix-huit cents toises sur la montagne d'Assuay. 1°, Organes de la nutrition. Racine. Les racines des Polygalées qu'il nous:a été permis d'examiner ne nous ont rien offert de particulier sous le rapport des caractères botaniques. Nous ferons seulement £ d M. De Candolle en a indiqué deux cent soixante-cinq dans son Prodronie. La Flore du Brésil porte aujourd’hui ce nombre à celui de trois cent quatre JHETTE SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 315 observer qu'une des espèces du Brésil, le Polyg. poaya Mart., nous en a présenté d'énormes relativement à la gran- deur de cette plante. Mais cette particularité ne surprendra plus, quand on :saura que les échantillons que nous avons eu sous les yeux ont été cueillis dans ces pâturages (campos) où l’on met le feu tous les ans, et où plusieurs plantes, ne se développant qu'imparfaitement par leurs tiges, doivent acquérir dans leurs racines un accroissement qui remplace en quelque sorte celui des autres organes. Trier. La famille des Polygalées ne fournit aucun arbre. Les tiges ligneuses de plusieurs Securidaca et Comesperma sont grimpantes, et forment d’élégantes lianes. Dans le genre Polygala, le plus nombreux:en espèces, on trouve tout à la fois des arbrisseaux, des sous-arbrisseaux et des herbes. Les tiges sont simples ou plus souvent chargées de rameaux presque toujours alternes, et quelquefois opposés ou dicho- tomes. Ordinairement elles sont solitaires; mais quelquefois il-en naît plasieurs d’une mème racine. Ces tiges sont assez généralement cylindriques, mais quelquefois elles sont angu- Jeuses ou même ailées. Les unes sont:glabres, les autres sont vélues ; quelques unes laissent apercevoir des points rési- neux. On en voit de lisses; d’autres sont pourvues de tuber- cules d’où naissent les pétioles. De ces mêmes tubercules, il ‘descend quelquefois une ligne saillante qui semble être un prolongement de la nervure médiane de la feuille. Dans une espèce ( le Polyg. Pseudocrica Nob. (1)), oùles feuilles f .(1) PoLYGALA PSEUDOERICA, P. . caulg s suffruticoso, bancs ramulis brevissime hittello-pubesceutibus;. fois, numerosissimis , confertissimis PEUR auguste 318 MÉMOIRE sont nombreuses, la tige et les rameaux empruntent un aspect assez singulier de ces tubercules et des lignes qui enémanent. Dans le genre Mundia, le bourgeon terminal des jeunes ra- meaux ne se développe pas, et se montre sous la forme d’une épine acérée. Feuirces. Dans la famille qui nous occupe, les feuilles sont généralement alternes ou ÉPERSESS cependant le genre Poly- gala présente des espèces à feuilles opposées et d’autres es- pèces à feuilles verticillées. Les feuilles des Polygalées sont sessiles ou soutenues par un pétiole généralement fort court. Elles sont toujours simples (1); on les a décrites comme en- tières, mais dans quelques espèces nous avons vu de petites dentelures produites peut-être par des glandes marginales. Un bord calleux ou élevé se fait remarquer dans quelques uues, et entre autres dans tous les Xrarnerta du Brésil. Des Polygalées ont des feuilles menues, d’autres en ont de char- nues comme la plupart des végétaux qui croissent sur nos plages; chez d’autres enfin, elles sont coriaces et’ épaisses comme celles des Ruscus. La grandeur de ces feuilles est extrêmement variable; ainsi l’on aperçoit à peine celle des Polyg. atropurpurea Nob. (2), et Subtilis Kunth, réduites linearibus, acutis, punctato-pellucidis; racemis parvis, terminalibus axillaribusque, spiciformibus ; alis ellipticis, obtusis, medio glandulosis, carinà sublongioribus; seminibus oblongis, subincurvis, villosis, pilis apice penicillum submentientibus. — Crescit in prov. Minas Geraës. (1) Cavanilles a signalé un Krameria à feuilles composées de trois folioles ( Kram. cytisoides) ; est-ce bien une Polygalée? © (2) PoLyGALA ATRO PURPUREA. P. caule herbaceo, subvirgato, subaphyllo, parce dichotomèque ramoso; foliis squamiformibus, vix conspicuis , teretiusculis, acutis ; SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 319 à la forme d’une écaille, tandis que les feuilles du Polyg. grandifoliaæ Nob. (1 )ne cèdent guère en grandeur à celles des grands Rumex ou des Nicotianes. La figure des feuilles des Polygala est presque aussi variable que leurs dimensions; cependant c’est la forme linéaire qui, dans ce genre, se ren- contre le plus ordinairement. Plusieurs Mozrina de la Flore du Brésil ont des feuilles cunéiformes échancrées à leur sommet. Les Krameria, que nous avons observés et qui appartiennent à la même contrée, ont tous les trois des feuilles en forme de lance, et terminées par une petite pointe épineuse. Les nervures manquent quelquefois, ou du moins ne sont pas apparentes. Quand elles existent, les latérales sont pa- rallèles; et dans les Securidaca brasiliens, elles se joignent au sommet. Nous devons citer une exception pour deux es- pèces de Polygala, où les nervures sont convergentes comme celles des Mélastomées. Les feuilles des Polygalées ne sont point accompagnées de stipules; cependant on observe de chaque côté du pétole, dans les Securidaca et les Monnina, une petite glande saillante, arrondie, déprimée dans son milieu, et qui semble tenir lieu de stipule. Dans laisselle des feuilles du Æram. tomentosa Nob. (2). Nous avons vu trois à six petites épines racemis spiciformibus, subpyramidatis; alis orbicularibus, carinæ subæqualibus ; seminibus ovato-globosis, sub hirtellis, brevissimè appendiculatis. (1) PorycaLa GRANDIFOLIA. P. caule suffruticoso, simplici, apice vix puberulo; foliis maxünis, lanceolatis, breviter acuminatis, glabris ; racemis suprà axillaribus, incurvis paucifloris ; alis oblongo-ellipticis, acuminatis ; carinà longioribus. (2) KRAMERLA TOMENTOSA, K. caule suffruticoso, erecto, tomentoso, ramoso : foliis 320 MÉMOIRE droites, roides et fort aiguës, d’une couleur noirâtre, ana- logues en un mot à celles qui terminent les feuilles; mais la position de ces épines tend à les faire considérer comme des bourgeons avortés plutôt que comme des stipules. : Organes de la reproduction. Inrrorescence. Des fleurs disposées en grappe se trouvent presque généralement dans la famille des Polygalées. Ges grappes sont le plus souvent étroites, alongées, et prennent la forme d’un épi; mais quelquefois elles sont courtes, serrées et réduites à une simple tête qui ressemble à celles des Gom- phrena ou des Globularia. La grappe est toujours termi- nale. Dans les espèces dichotomes, il en existe une dans la bifurcation des branches de la dichotomie; mais, comme cela a toujours lieu en pareille circonstance, cette grappe termine véritablement la tige, et les bifurcations, quoique s’élevant beaucoup plus haut que cette derniére, ne sont que des rameaux axillaires qui masquent sa position. Dans certains cas, on à aussi attribué aux Polygalées des grappes latérales; mais quoique ces grappes aient réellement fini par devenir telles, elles ont commencé par être terminales, et n’ont pris une position latérale que par le développement d’une pousse plus récente qui s'est élevée au-dessus de la pousse ancienne, en paraissant la continuer. Le plus souvent les feuilles s'étendent ; jus à la base de ovatis, quandoque ellipticis, spinulosis, tomentosis ; racemis spiciformibus, bre- vibus, paucifloris. — Crescit in Prov. Minas Geraës, parte desertà vulgd Certao. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 321 la grappe, et quelquefois même elles l’embrassent comme une sorte d'involucre. Dans d’autres espèces, il existe entre les feuilles et la grappe un intervalle nu; qui alors peut être appelé pédoncule. Cet intervalle nu, extrêmement long dans les Monnina du Brésil, leur donne un port particulier. _ Quelquefois les grappes terminales de différens rameaux forment par leur ensemble une sorte de panicule ou de co- rymbe, comme dans les Polyg. paniculata li. et corymbosa Mich.; mais ce n’est qu'une simple apparence. Nous n’avons remarqué de véritable panicule que dansles Comesperma du Brésil ; et si l’on a attribué cette sorte d’inflorescence à cer- tains Polygala brasiliens, c’est que probablement, n'ayant pas sous les yeux les fruits de ces Comesperma, on a pris ceux-ci pour des plantes appartenant au premier des deux genres. Dans le genre Mundia, formé par M. Kunth, il n’existe plus ni grappes ni panicules; l’inflorescence, aussi simple qu'il est possible, devient axillaire et solitaire. Freurs. Les fleurs, irrégulières dans tous les genres, sont ordinairement petites, surtout dans le genre Polygala, où quelquefois elles atteignent à peine la grandeur de celles des Chenopoduun ou des Rumezx. Elles sont souvent rappro- chées, et quelquefois même tellement serrées les unes contre les autres, qu'elles semblent embriquées : par exemple, dans les Polygala hygrophila Kunth et Tmoutou Aubl. D’autres fois les grappes sont très-lâches, et les fleurs se touchent à peine, comme dans le Polyg. Brizoides Nob. (1), et (x) PoryeaLa Brizomes. P. caule herbaceo, erecto, simplici, pubescente, inferne Mém. du Muséum. t. 17. A 3292 MÉMOIRE les Securidaca. Presque toutes les nuances de couleurs se trouvent dans les fleurs des Polygalées; mais la même teinte se présente rarement dans chaque espèce avec une complète uniformité. Ascendantes dans le bouton, les fleurs deviennent, lors de l’épanouissement, à peu près horizontales, et quelquefois pendantes par l’inclinaison du pédicelle. Le pédicelle est ordinairement très-court, et manque même à peu près dans les Polyg. kygrophila Kunth et 7mou- tou Aubl. Au contraire, il est d’une longueur remarquable dhns l’espèce que nous ayons nommée Polyg. pedicel- laris (1). Dans plusieurs ‘autres, ‘il:lest articulé à sa: base; dans une seule, le ram: tomentosa Nob., l'articulation se trouve placée vers le milieu. Le:pédicelle est glabre ou plus rarement velu, ‘et quelquefois accompagné d’une ou deux petites glandes latérales absolument semblables à celles qui se rencontrent sur les côtés du pétiole. Le pédicelle de chaque fleur est accompagné de trois Hans tées, dont l’une plus grande est intermédiaire et placée plus extérieurement. Ces bractées sont persistantes ou caduques, glabres ou chargées de poils sur leur surface ou sur leurs bords. Lie Xram. tomentosa Nob. présente une exception Fa nudiusculo; foliis linearibus, acutis, superioribus longioribus approximatis ; race- mis extra axillaribus, subangustis, laxis, paucifloris ; floribus pendulis; alis cunei- TUE oblique truucatis: carinam æquantibus ; seminibus oblongis, villosis- simis|)11( ÿL HU ( (1) PoLYGALA PEDICELLARIS. P. caule suffruticoso, horizontali, sublerraneo ; ramis pubescentibus ; foliis ‘lanceolatis , acuminatis, glabriusculis; racemis capitato- umbellatis, laxiusculis; floribus longe pedicellatis, oblongo-ovatis;-obtusis, sub- pubescentibus. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 323 sous le rapport de la position de ses bractées; car c’est par le pédicelle que sont portées les deux latérales. Nous de- vous dire aussi que les auteurs ont indiqué deux bractées seulement dans plusieurs Xrameria; maïs nous en avons trouvé autant que chez les autres Polygalées dans les trois espèces du Brésil. Les bractées scarieuses, membraneuses ou de consistance pétaloïde dans toutes les espèces que nous avons observées, sont cependant foliacées dans nos trois Kramerta. Ordinairement très-petites, elles ne sont guère apparentes que lorsqu'elles accompagnent le bouton, parce qu’alors elles le recouvrent, et que l'intermédiaire le dépasse le plus ordinairement. Dans le Polyg. cuspidata DC., où les boutons terminaux avortent, les bractées prennent un développement sensible, et forment une touffe au sommet de la grappe. ; Cazrce. Le calice, dans les genres Po/ygala, Mundia, Comesperma, Monnina et Securidaca, se compose de cinq folioles parfaitement distinctes et irrégulières, persistantes dans le premier genre, caduques dans les autres. Trois de ces folioles sont extérieures et deux intérieures. Des trois premières, l’une est isolée et supérieure dans la fleur pen- chée ou supposée telle; les deux autres , inférieures, sont rap- prochées l’une de l’autre , et ordinairement moins concaves et plus petites. Les deux folioles intérieures, désignées par les auteurs sous le nom d'ailes (a/æ), alternent avec la foliole supérieure, et sont constamment plus grandes que les autres, latérales, d’une consistance pétaloïde, et ordi- nairement colorées, au moins à l’extérieur. / Dans les genres Penœæa, Salomonia et Muraltia, on 324 MÉMOIRE trouve aussi cinq folioles placées comme dans les genres précédens, mais à peu près égales entre elles. Elles sont ca- duques dans le Penæa, persistantes et rejetées du même côté dans le Salomonia, persistantes et glumacées dans le Muraltia. Dans le genre Ârameria, il existe encore cinq folioles; mais elles sont toutes colorées et disposées d’une manière différente; elles naissent sur trois rangs, et affectent la dis- position quinconciale : deux sont extérieures et opposées; deux autres, à peine plus petites, sont intermédiaires et également opposées; la cinquième, supérieure, est solitaire, petite et extrèmement étroite; le plus souvent elle manque tout-à-fait. Nous ne l’avons observée En dans le ram. grandifiora Nob. (x). Corozre. Toutes les Polygalées présentent une corolle ir- régulière, hypogyne et caduque. En apparence monopétale, cette corolle se compose réellement de plusieurs pétales, dont les limites sont faciles à distinguer, mais qui sont plus ou moins soudés par l'intermédiaire du tube staminal. La plupart des genres n’ont que trois pétales. L’un d’eux, qui a reçu des auteurs le nom de carène (carina ), est situé inférieurement, si on le considère dans la fleur penchée ou réputée telle; il alterne avec les folioles inférieures du calice; il est ordinairement fort grand, le plus souvent onguiculé, (1) KRAMERIA GRANDIFLORA. K. caulibus suffruticosis, prostratis sub simplicibus, infernè glabratis, superne hirsutis ; foliis lanceolatis, acutissimis, spinulosis, infe- rioribus glabratis, superioribus hirsutis, racemis spiciformibus, secundifloris ; flo- : ribus magnis.— Ibab. prope Vicum contendas parte dexträ prov. Minas Geraës, vulgd Certao. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 325 concave, et en forme de casque, comprimé, tantôt unilobe, et en même temps nu ou muni d’une crête à son sommet, tantôt sans crête et trilobé. Les pétales supérieurs, au nombre de deux, alternent avec les folioles calicinales inférieures et. les ailes; ils présentent un de leurs bords au centre de la fleur. Ils sont toujours rapprochés l’un de l’autre, inéquila- téraux, ordinairement plus:courts que la carène quand elle est pourvue d’une crête; égaux à elle ou à peine plus grands, quand elle en est privée. Dans le genre Monnina, le bord externe de l’un des deux pétales recouvre le bord de l’autre, et par leur réunion ils forment ainsi une sorte de carène op- posée à la carène véritable, et renfermée en grande partie dans celle-ci. On doit citer comme une particularité, que toujours, dans ce genre, ces mêmes pétales-présentent à la partie moyenne de leur surface intérieure une sorte de du- plicature formant un petit sac placé obliquement, et dont le bord. est très-souvent orné de poils. Cette prétendue dupli- cature, dont on a jusqu'ici méconnu l’origine, est simplement due à une portion libre du tube staminal, soudée plus bas avec le pétale. Outre les trois pétales que nous venons de décrire, on en trouve encore deux autres dans les genres Come et Securidaca, dans plusieurs Monnina, et dans le Mundia spinosa DC.; mais ils sont extrêmement petits et difficiles à voir. Quant à leur position, on les observe entre les ailes et les folioles inférieures du calice. Chez les Âramertia la corolle est aussi ne de cinq pétales. Les deux supérieurs sont placés comme dans les genres cités plus haut; mais en même temps ils sont fort 326 MÉMOIRE courts, charnus, et d’une forme irrégulièrement carrée. Lies trois autres, qui représentent la carène et les petits pétales que nous venons de signaler, sont à peu près égaux entre eux. Ils sont munis d’un onglet légèrement charnu et fort alongé. Les trois onglets sont rapprochés et soudés à leur partie inférieure : la lame de ces mêmes pétales est irrégu- lière, rhomboïdale, en forme de lance ou bien de couteau; elle est fort petite, et manque même entièrement dans un des pétales du Æram. grandiflora Nob., qui se réduit à un simple rudiment, Crère. En parlant des pétales, nous nous sommes contén- tés de dire que, dans ün grand nombre de Polygalées, la carène portoit une crête à son sommet. Nous croyons qu'il ne sera pas inutile de donner une idée précise de cette partie. Elle se compose ordinairement d’un certain nombre de la- nières charnues, droites, linéaires ou capillaires, pointues ou légèrement obtuses, inégales, et disposées de manière que les plus courtes se présentent toujours antérieurement. Le nombre de ces lanières, quelquefois très-considérable, ne dépasse pas le plus souvent six à huit. Elles sont constam- ment placées sur deux rangs, et ne sont pas toujours bien distinctes, comme on peut le voir dans les Polyg. Moqui- riana St.-Hil. (1) et /ancifolia Nob. (2), où elles sont seu- (1) Poryeaza Moquinrana. P. caulibus suffruticosis, prostrato-ascendentibus, sub- 4-gonis, puberulis; foliis numerosis, distichis, lanceolatis, mucronulatis, puberalis, obsolete punctato-pellucidis ; racemis capitatis, obtusis, densifloris, longe peduncu- latis ; alis lanceolatis, acutis, carinà longioribus ; seminibus cylindricis, molliter pubescentibus. (2) PoLycALA LaANcIFoLiA. P. caule suffruticoso, puberulo ; foliis ovato-lanceolatis, SUR LA FAMILLE DFS POLYGALÉES. 327 lement divisées au sommet. Dans beaucoup d’espèces, les deux divisions antérieures sont élargies, planes, triangulaires ou ovales, et de consistance pétaloïde; et dans le Polyg. Du- - raliana Nob. (r), les lanières, au nombre de huit, sont toutes planes, pétaloïdes, lancéolées, et plus ou moins élargies. Cette description donnera une idée exacte des caractères les plus ordinaires de la crête; mais si nous nous bornions seulement à la faire connoître, nous croirions avoir rempli imparfaitement notre tâche: nous devons chercher encore à quoi doit être assimilée une partie qui, existant dans un grand nombre d’espèces, ne se retrouve plus chez les autres. IL est à remarquer d’abord que l’on ne rencontre de crête que dans les espèces dont la carène est à un lobe simple, ou échancrée ;'et au contraire, il n’en existe pas chez les Polyga- lées dont ia carène est à trois lobes. Puisqu'il n’y a plus de lobe intermédiaire dans les espèces à crête, il semble natu- rel de conclure que celle-ci représente ce même lobe. A cette conclusion, fondée sur les règles du raisonnement, le genre Securidaca va ajouter des preuves de fait non moins évidentes. Fidèle à la loi générale, le Securid. tomentosa longe angustato-acuminatis, acutissimis; racemis spiciformibus ; alis obovatis, obtusissimis , carinâ vix longioribus ; seminibus clavatis, vix tomensis. — Crescit in prov. Minas Geraës. (tr) PorycaLa DunaranA. P. caulibus gracillimis; folis parvulis, adpressis, oyato-lanceolatis, acuminatis, mucronulatis, basi cordatis; racemis spiciformibus, gracilibus ; alis ovato-rhombeiïs, carinä vix longioribus ; seminibus subcylindricis, incurvis, glabris. Var. 8 (alba) foliis basi minüs aut vix cordatis, minus puberulis ; floribus albis. 328 MÉMOIRE Nob. (1), où l’on n’observe qu'un seul lobe, présente, au som- met de ce même lobe, une sorte de crête pétaloïde, plissée et denticulée sur les bords. Au contraire, les Securid. acu- minata Nob.(2), ovalifolia Nob. (3), etrinæfolia Nob. (4), offrent trois lobes à leur carène, mais l’intermédiaire, extrè- mement petit, plissé en éventail, crénelé et déchiré sur ses bords, est analogue à la crète de l'espèce précédente, avec cette différence qu’il est placé horizontalement. Donc la crête du Securid. tomentosa doit être assimilée au lobe intermé- diaire des trois autres espèces, et l’analogie exige qu’on tire la même conclusion pour toutes les plantes qui composent la famille. Nous avons dit que, dans beaucoup de Polyga- lées à crête, la carène étoit échancrée ; l’échancrure sépare évidemment les deux lobes latéraux qui accompagnent le lobe intermédiaire ou crête; et quand ces deux lobes ne sont pas distincts, ne semble-t-il pas naturel de croire qu’il existe une sorte de soudure? En décrivant la crête, nous avons (1) SECURIDACA TOMENTOSA. S. ramis lignosis, hirsuto-tomentosis; foliis sub- elliptico-ovatis, basi;subemarginatis, apice obtusis vel subemarginatis, cihatis, suprà glabris, nitidis, subtus tomentosis ; racemis capitatis, sessilibus ; alis obovyatis, obtusissimis, ciliatis. — Nascitur in prov. Minas Geraës. (2) SECURIDACA ACUMINATA. S. caule fruticoso, scandente ; ramis hirto tomentosis ; foliis ovatis, acuminatis, suprà glabris, subtüs pilosiusculis; racemis subconicis, laxiusculis; alis irregulariter orbicularibus, medio dorso puberulis. (3) SECURIDACA OVALIFOLIA. S. caule suffruticoso, scandente, ramoso ; foliistenui- bus, ovatis vel orbiculari-ovatis, obtusissimis, tenuiter nervosis, supra glabris, subtus pilosiusculis; alis obovatis , imâ basi vix ciliatis. (4) SECURIDACA RIVINÆroLtA. S. caule fruticoso , scandente; ramis tomentosis ; foliüs ellipticis, interdum suborbicularibus, brevissime acuminatis, supra gla- briusculis, subtus tomentosis; alis obovato-orbicularibus, obtusissimis vix ciliatis. SUR FA FAMILLE DES POLYGALÉES, 329 fait observer que ses parties étoient disposées sur deux rangs. Quelques espèces de Securidaca(r), en fournissant la preuve de l'identité de la crête avec le lobe intermédiaire, tendent aussi à expliquer cette singulière disposition, et en même temps le redressement des parties de la crête. Dans ces es- pèces, en effet, le lobe moyen de la carène, plié en deux et découpé sur ses bords, se réfléchit en arrière, et se soude plus où moins par le dos; alors ses bords découpés se trou- vent redressés, et forment un ensemble absolument analogue à la crète disposée sur deux rangs. Éramnes. Toutes les Polygalées ont des étamines hypo- gynes. Celles-ci sont généralement au nombre de huit, sou- dées dans une partie de leur longueur, ascendantes et iné- gales. Dans les Krameria, où Von en voit seulement quatre, elles ne sont point soudées, deux d’entre elles sont droites, et leur inégalité est très-sensible. Loureiro a avancé que le genre Salomonia n’avoit qu'une seule étamine. Nous n’a- vons pu observer que le Salom. ciliata DC., et nous y avons trouvé quatre étamines. ; Les genres où les étamines sont réunies présentent des filets qui, libres à l'extrémité supérieure, forment inférieure- ‘ ment uv tube alongé, à côtes plus ou moins saïllantes, et fendu du côté qui regarde la foliole calicinale extérieure et (1) Securin. vorumiis L., moLuis et compricaTA Kunth. — LANCEOLATA Nob. Cette dernière espèce est caractérisée de la manière suivante : S. caule fraticoso, scan- dente; ramis (maculatis), apice puberulis; foliis fanceolatis, inferioribus obovatis vel suborbicularibus, omnibus suprà glabriusculis, subtus puberulis, tenuiter ner- vosis; racemis laxiusculis ; alis subelliptico-orbicularibus, tenuiter ciliatis, — Crescit prope R10 Janeiro. Mémm. du Muséum. t 17. 42 330 $ 2 UMÉMOIRE isolée, Les filets, ordinairementiglabres, sont cependant velus au sommet de la partie soudée dans les Monnina, et de là le nom de Æebeandra donné à ce genre par un célèbre voyageur. Nous avons aussi trouvé des poils dans les Co- mesperina , les Securidaca du Brésil, les Badiera , etc Un Polygala à grandes fleurs, originaire du cap de Bonne- Espérance, nous a présenté, à l'extérieur de son tube sta- minal , cinq angles opposés chacun à une foliole du calice, et lanalogie nous porte à croire qu'il en est à peu près de même de toutes les espèces du même genre et des genres voisins. - Les anthères sont immobiles et attachées par: leur base. Elles sont ordinairement obovées ou en forme de massue, rarement cylindriques ( Polyg. corisoides Nob. (1), ou co- niques (les Ærameria), Onn’y observe qu’une loge, à l’ex- ception pourtant de celles des Æramerta, où l’on en trouve deux. Dans quelques espèces uniloeulaires, on observe ce- pendant un sillon longitudinal; mais nous le croyons sim- plement formé par la cloison qui existe dans chaque loge d’une anthère biloculaire, et qui doit se trouver dans l’anthère à une seule loge. | La déhiscence s'effectue par un pore terminal, simple dans la plupart des genres, et double dans le Xrameria. Dansles Monnina, Vanthère s'ouvre par une fente oblique et termi- nale, dont les bords forment deux petites lèvres après la (1) PorvGaLa corisomes. P. caule herbaceo, procumbente; ramis simplicibus, angulosis, supernè laxiusculis et complanatis, glabris; foliis carnosis, numerosissi- mis,.deflexis, linearibus obtusis, mucronatis ; racemis capitatis sessilibus; alis ovato- ellipticis, obtusis, mucronulatis, carinà longioribus. SUR LA FAMILLE: DES: POLYGALÉES. 331 fécondation; enfin la déhiscence est longitudinale dans le Muraltia ( Muralt. heistéria DC). Disque. Le disque n’existe point dans les genres Salomo- ua, Muraltia, Krameria; ni dans la plupart des Polygala; mais cet organe se rencontre! dans les Mundia, Penæa, Monnina, Comesperma et Securidaca. I est généralement assez difficile de-le bien voir dans la fleur, surtout dans celle de ce dernier genre; mais on peut le remarquer avec facilité à la base du fruit. Lies espèces des genres cités plus haut, où l’ovaire est à deux loges, ont un disque régulier ou presque régulier; mais celles où le jeune fruit est uniloculaire n’offrent qu’un disque souvent tellement irrégulier, que M. Kunth l’a décrit chez les Monnina du Pérou et du Mexique comme une simple glande bypogyne et latérale. Nous avons très-bien observé cette glande dans le Monn. stenophylla Nob. (1), et surtout dans le Monn. Richardiana Nob. (2). Elle est opposée à la foliole calicinale extérieure et isolée. Un disque à peu près semblable à célui de ces dernières plantes se remarque dans la section Chamaæbuxus DC. du (1) Monxiva sTenoPpayra. M. caule lignoso, substriato, glabro, parcè ramoso; foliis linearibus, obtusiusculis, mucronulatis, integerrimis, glabris; racemis spici- formibus , alis orbicularibus, capsulà uniloculari, pubescente, alat4, (2) Mona Ricuarprava. M. caule suffruticoso simplici, apice subanguloso, pubescente ; foliis ellipticis , obtusissimis, mucronatis, intégerrimis, glabriusculis, superioribus oblongo-linearibus vel linearibus, pubescentibus; racemis spiciformi- bus laxis ; alis orbicularibus; capsulà uniloculari, ellpuco- orbiculari, pubescente, alatâ. Var g (angustior), foliis subdistantibus, anguste linéaribus, infimis oblongo= ellipticis, glabris. 332 CA DENON ÉAMO FINE AT genre Polygalu, où comnre onsait Fovaire est à deux loges. OvaiRE. Supérieur et solitaire, l'ovaire est plus où moins comprimé, demmanière que sesl di faces sont parallèles aux ailes, un des bords opposé à la carène,'et l’autre alterne avec les pétales supérieurs. Dans le-genre:Ærameria , où la com- pression est moins sensible; si même’elle existe toujours, chaque face est parallèle à unie des grandes étamines. Dans les Polygala, Salomonia, Muraltia,; Comesperma ; les Mundia Brasiliensis Nob. (1), et deux Monnina fort re- marquables ( Monn. resedoides (2)evcardiocarpa Nob:(3), l'ovaire.est à deux loges, l’une opposée la earène, et Pautre alterne avec les pétales supérieurs (4). Une des loges marque dans les Penœæa , les Securidaca, et presque tous les H#on- nina et celle qui:subsiste: est constamment là loge opposée QG) Muxon BrasILIENSIS. M. ramulis patulis, ARE foliis lanceolatis, basi acutis, apice obtusis vel” bete tenuibus; floribus haud cristatis : alis sub- rhombeis, in unguem attenuatis, obtustusculis, carinam subæquantibus. —Tbab. inprovincià Sancti Pauli. ILeu est. de même du M. spinosa DC. (exKunth). ! (2) Moxxiwa Resrooines. M. caule subherbaceo, parcè ramoso, subdichotomo ; foliis oblongo-lanceolatis, acutis, undulato-dentatis, glabriusculis ; racemis spicifor- mibus, laxifloris; alis obovatis;-capsulà biloculari, cordiformi, glabra, RAR simè alatä. à / (3) Moxniva CARDIOCARPA. M. caule suffruticoso, hirsuo ; foliis late ter basi attenualis, oblusissimis, quandoque emarginals, denticulatis, punctato- glandulosts; racemis spiciformibus laxifloris ; alis obovato-orbicularibus , obtusis- simis ; capsulà biloculari,, cordiformn , glabra,; apterà, 52,5 rs (4) Dans les caracteres de la famille des Pol jgalces, présentés er le de de M. De Candolle, l'ovaire est indiqué comme brloculair 6, et plus rarement 1-3- loculaire. Nous ne connoissons aucune Polygalée pourvue d’un ovaire à trois loges , et M. De Candolle lui-même n’en a ciléaucune dans les caractères génériques ou spécifiques. SUR LA FAMIBLE -DES POLYGALÉES. 333 à la carène, commeon peut s’en assurer en observant Pat- tache de l’ovule. En:effet, dans les espèces à deux loges, la face d’un .ovule regarde l'intervalle qui se trouve entre les pétales supérieurs, et l'autre regarde la carène; or, c’est tou- jours du côté des pétales supérieurs qu’est tourné l’ovule dans les Polygalées, uniloculaires; c’est done la loge alterne avec les pétales supérieurs qui manque dans ces espèces. L’ovaire est régulier. dans les espèces à deux loges; cepen- dant on observé que la loge alterne avec les pétales supé- rieurs.est un peu plus petite que l’autre, et c'est précisément cette même loge qui avorte chez les Polygalées uniloculaires. Le jeune fruit est toujours irrégulier, quand il est composé d’une seule loge, ce qui est la conséquence nécessaire de avortement de l’autre. Dans Îes Securidaca), la loge unique de l'ovaire est chargée, du côté qui regarde la carène, d’une gibbosité que nous avons trouvée velue dans les espèces bra- siliennes, et qui n’est autre chose que l'aile naissante du fruit. La cloison, toujours placée dans le sens le plus étroit de lovaire, est parallèle à la carène, et alterne avec les pétales supérieurs. À proprement parler, il n'existe de cloison que dans les espèces biloculaires; cependant, puisque c’est par l'avortement d’une loge que les autres espèces deviennent uniloculaires, la paroi à laquelle l’ovule est attaché dans ces mêmes espèces peut réellement être considérée comme une cloison. Ce qui prouve même que ceci n’est point purement hypothétique, c’est que, dans plusieurs Polygalées unilocu- laires, le bord de l'ovaire présente du côté du point d'attache un épaisissement qui ne peut être que le rudiment de la loge 334 MÉMOIRE avortée, et alors il devient évident que la partie interne de cet épaississement est une vraie cloison. | Un seul ovule existe dans chaque loge; il est attaché un peu au-dessous de l’extrémité supérieure de la cloison , ou du côté qui la représente dans les espèces uniloculaires. Le Âra- mneria seul fait exception pour le nombre des ovules, car il en a deux également suspendus. STYLE et sriemare. Le style est toujours unique. Ordinai- rement terminal, il n’est latéral que dans le genre Securi- daca, où il se trouve adossé à la bosse au-dessus: du côté qui porte l’ovule, et ceci achève de confirmer l’analogie où li= dentité de ce côté avec la cloison; car, dans les Polygalées à ovaire biloculaire, c’est la cloison qui porte le style. Cet organe est presque toujours plus ou moins courbé; mais sa courbure est fort variable; tantôt elle représente une faucille, tantôt elle se fait à angle droit, et tantôt elle imite une S droite ou renversée. Toujours ou presque toujours le style est comprimé, et l’aplatissement se présente dans le sens de la cloison : le seul Polyg. corisoides Nob. nous a offert un aplatissement dans le sens des faces de l'ovaire. Chez les Securidaca et les, Comesperma, le style est à peu près égal dans toute sa longueur; chez nos Âramertia , il di- minue graduellement de bas en haut, et prend la forme d’une alène; dans nos Monrinail.se dilate au contraire peu à peu, et prend la figure d’une hache. Celui des Polygala à crête présente une organisation plus singulière: 1l'offre à son som- met un renflement concave de forme bizarre, qui rappelle plus ou moins celle d’une cuiller. Ce renflement est tantôt droit et continu avec le corps du style; tantôt/libre à la partie SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 335 inférieure et comme pendant. De chaque côté de cette es- pèce de cuiller, on observe un bord très:mince, membraneus, arrondi ou sinueux. A la partie supérieure, on voit ordinai- rement un corpuscule arrondi, hérissé de poils, et muni d’un pédicelle courbé ou ascendant; enfin, à la base, se trouve une glande ovoide ou globuleuse, ascendante ou inclinée, quelquefois portée par un petit pédicelle. On demandera sans doute ce que peut être un appareil aussi extraordinaire? Il a été décrit, par de savans auteurs, comme un stigmate bilobé , bifide, ou à deux lèvres; mais nous pensons qu'il est enfin temps de rendre au style ce qui en fait réellement partie, et de ne point considérer comme appartenant au stigmate toute déviation de forme dans la partie terminale de lorgane qui le porte. Ce n’est pas encore le lieu d'examiner ce qui, dans les Pol/ygala dont il s’agit, est véritablement stigmatique; mais il est incontestable que le renflement ne l’est pas tout entier, car il n’est point par- tout dépourvu d’épiderme, garni de papilles, où de consi- stance glanduleuse. Des espèces moins compliquées nous ap- prendront peut-être ce qu'est la structure que nous avons décrite plus haut. Déjà, dans plusieurs Polygala, la boule du sommet est sessile; dans d’autres elle est remplacée par des poils, et ceux-ciisont portés par un bord distinct des deux latéraux. Enfin le Polyg. lancifolia Nob. achève de nous dévoiler la vérité; ear il nous présente un style dont le som- met est graduellement dilaté ‘en \entonnoir, et términé par quatre bords ou lobes minces à peu près égaux entre eux. Or nous avons, dans les Po/ygala les plus compliqués, deux bords semblables à ces derniers; la boulette, déjà représen- 336 MÉMOIRE tée ailleurs par quelques poils, sera un troisième bord, et la glande qui lui est opposée, souvent sessile et peu saillante, mais assez large, sera nécessairement le quatrième lobe. I résulte de ce qui précède, que le style des Polygala à crête doit être considéré comme un style à quatre lobes. Mais 1l n’en est pas ainsi de celui de toutes les Polygalées. . Dans les genres que nous venons de citer tout à l'heure, le style est bilobé chez les espèces qui, n'ayant pas de cavité, ne sauroient présenter quatre lobes. L'organisation des styles bilobés se rattache pourtant à celle des styles pourvus de quatre lobes. Le lobe superieur est tronqué et dentiforme; mais dans le Polyg. hirsuta Nob. (r), cette partie présente quelques poils, indice de la boule hérissée, et le lobe inférieur, toujours glanduliforme dans la section des Polygala sans crête, nous retrace évidemment la glande basilaire des Poly- gala à style quadrilobé. IL y a plus : dans les Monnina, où le style est à deux lobes , on retrouve à l’extrémité du bord inférieur une glande bien saillante, quelquefois pédicellée. Nous observons donc un style quadrilobé dans les Poly- gala à crête, et un style bilobé dans la plus grande partie des Polygala sans crête et dans les Monrina. Les deux lobes existent encore dans les Badiera, Comesperma, Muraltia et Securidaca, mais ils sont fort peu sensibles; enfin les lobes disparoissent, et le style devient simple dans les {ra- ’ (1) Por.ycaLa HIRSUTA. P. caule vix digitali, suffruticoso, hirsuto; foliis lanceolato- ovatis, breviter acuminatis, hirsutis, longè cilialis; racemis laxis, paucifloris; flo- ribus pendalis; alis orbiculari-cuneiformibus, obtusissimis, carinà longioribus; seminibus oblongis, villosissimis. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 337 meriaæ et dans quelques Polygala, comme, par exemple, les Polyg. violacéa Vahl. et Brizoides Nob.; mais, chose re- marquable, on trouve encore dans ces dernières espèces une collerette de poils à la base du stigmate latéral. | Il s’agit actuellement d’éxaminer quelle est la partié véri- tablement stigmatique du pistil. Dans les Xrameria, où le style est subulé, le stigmate, facile à reconnoître à sa con- sistance et à sa couleur, est évidemment simple et termi- nal. Il est encore terminal dans les Securidaca, les Come- sperma, les Monnina et la plupart des Polygala sans crête; mais, dans ces genres, il est en même temps tronqué ou bi- lobé. Au contraire, dans les Polyg. riolacea et Brizoides déjà cités, où le style est parfaitement simple et analogue à celui de plusieurs Papilionacées, le stigmate est charnu et latéral. Essayons maintenant de détermiuer quelle est la partie stigmatique des pistils des Polÿgala à crête, et ici l’analogie nous servira encore de guide. Dans le Polyg. lancifolia Nob. le style sé termine, comme nous l'avons dit, par un entonnoir à quatre lobes où il n'existe ni poils, ni boulette. Là, il n’y a donc de stigmatique que la surface de la cavité comprise entre les lobes. Or, dans les Polygala, où le style est le plus compliqué, nous retrouvons une cavité comprise entre quatre lobes déguisés; donc cette cavité sera stigmatique, et en effet, l’un de nous y a vu dans une espèce un paquet de pollen. On pourra demander actuellement si la glande et la boulette ne sont pas également stigmatiques. Il est difficile, quant à la glande, de ne pas se prononcer pour l’aflirmative, non-seulement à cause de la nature mème de cette partie, Mém. du Muséum. 1. 17. 43 338 MÉMOIRE mais parce qu’elle se retrouve dans les Monnina ; que là elle doit être nécessairement considérée comme un stigmate, et qu’enfin on doit encore la reconnoître dansle lobe inférieur des styles ou des stigmates de la plupart des Polygala sans crête, et même de quelques Securidaca et des Comesperma. Quant au corpuscule terminal, il ne sauroit être regardé comme un stigmate; car dans beaucoup d'espèces de Polygala privées de crête, il est réduit à quelques poils, et l’on ne retrouve rien d’analogue dans plusieurs autres Polygala, et dans des genres tout entiers de la même famille. Ne seroït-il pas permis de croire que la boulette ou les poils qui la remplacent sont analogues aux poils balayeurs des Composées, où mieux encore à la touffe qui accompagne le stigmate de certaines Papilionacées? Cette dernière opinion seroit d'autant plus vraisemblable que, dans les deux espèces dont nous avons déjà parlé (Polyg. violacea et Brizoides), je style est absolu- ment semblable à celui des Lathyrus. Frurr. Le fruit est globuleux dans les Ârarmeria. Com- primé dans tous les autres genres, il présente une forme orbiculaire, elliptique ou obovée; quelquefois il a la figure d’un cœur, d’une spatule ou d’une sorte de coin, et en gé- néral, dans les espèces biloculaires, il est échancré à la partie supérieure. Considéré sous le rapport de la consistance, le péricarpe est capsulaire dans la plupart des genres. Assez membraneux dans les Polygala et les Salomon, il devient légèrement : charnu dans le Comesperma Kunthiana Nob. (1), coriace (1) ComesPerma KunrTaiana. C. caule fruticoso; ramis subpatulis, tomentosis ; SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 339 dans les Xramertia, et drupacé dans les Mundia. I] se pré- sente aussi comme un véritable drupe dans un grand nombre de Monnina; mais il conserve la consistance membraneuse dans les espèces du Brésil. La surface du péricarpe est lisse ou réticulée, glabre ou couverte de poils. Dans les Ârameria, la capsule est hé- rissée de piquans (g/ochidata) qui, dans le Xrarn. tomen- tosa Nob., et peut-être aussi dans les autres espèces, portent eux-mêmes de petites épines dirigées de haut en bas. Dans les fruits capsulaires de la section Psychanthus DC., du genre Polygala, on remarque à la périphérie un petit bord plus ou moins élevé. Une autre section du même genre (Blepharidium DC.) se distingue par des cils placés autour de la capsule. Les bords de celle-ci, dans les Salomon, sont découpés en petites lanières cékformes. Quelques Po- lygala portent deux petites dents au sommet d’un fruit bordé et échancré. Enfin on voit dans les Muraltia quatre petites cornes, ou tubercules droits ou divergens, qui cou- ronnent la capsule, et qui sont tantôt plus longs, tantôt plus courts que celle-ci. M. De Candolle, soit dit en passant, croit avoir observé seulement deux petites cornes dans son Muralt. trinervia : ce fait paroît lier ce genre avec les Po- brgala à capsules bidentées. Dans plusieurs Monnina, presque tous brasiliens, on ob- serve autour du péricarpe une membrane à veines rayon- foliis lanceolatis vel suborbicularibus, acutis vel obtusissimis, quandèque emargi- natis, interdum mucronulatis, utrinque molliter pubescentibus ; paniculis subpyras midatis , densifloris, inferne foliosis; alis orbicularibus, ciliatis. 340 MÉMOIRE nantes qui forme une aile, et qui est fendue à la base pour l'insertion du pédicelle, et au sommet pour le passage du style. Mais cette aile, rudimentaire dans le Monn.resedoides Nob., disparoit entièrement dans un grand nombre d’es- pèces de ce genre. Il existe aussi chez les Securidaca une aile déjà indiquée dans l'ovaire par une bosse placée vers son sommet. Cette dernière aile présente une expansion membraneuse, veinée, en forme de hache ou de couteau. Son bord extérieur, c’est-à-dire celui qui, dans l’ovaire, re- gardoit la carène, est mince et plus ou moins arqué; l’autre bord est droit et épaissi. L’aile que nous venons de décrire n'appartient qu'à la partie supérieure du fruit; à côté d’elle on voit une sorte de bord terminé par une dent ou crête qui n'est autre chose que la base du style latéral. Indéhiscent dans les Mundia, Monnina, Securidaca et Kramerta, le fruit s'ouvre par les deux bords extérieurs chez tous les autres genres, de manière que la cloison reste le plus souvent indivise et que la loge se partage dans son milieu. Quant à l'intérieur du péricarpe, il est, dans les Polygalées, semblable à celui de leur ovaire, et par conséquent nous n'avons rien à en dire dans cet article. Semence. Nous avons annoncé que, dans la loge ou Les loges de l'ovaire des Polygalées, il n’existoit qu’un seul ovule, mais que le genre Frame ons. avoit ee par disparoit entiérement ‘dans le fu car ne aus genre que vous venons de .citer, ne présente, qu’une, seule semence, comme le drupe des Monnina, Securidaca, etc.; mais à SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 341 côté d’elle on retrouve, avec un peu d’attention, celle qui n’a pas continué de se développer. La semence des Polygalées est ovoide ou cylindrique, et plus souvent en forme de massue. Quelquefois elle est entiè- rement globuleuse; plus souvent on la trouve légèrement aplatie d’un côté, surtout dans les Polygala ; enfin elle est très-comprimée dans nos Monnina brasiliens, dans les Se- curidaca et les Cornesperma. Quelques Polygala présen- tent dans leur graine une forme parfaitement conique. Celle du Polyg. laureola Nob. (r) est une petite pyramide à quatre pans. Des Polygalées ont une semence parfaitement droite; celle d’autres espèces est plus ou moins courbée.: Nous avons observé des poils sur la surface de celle de presque tous nos Polygala. Nous en avons aussi vu dans les Comesperma du Brésil; mais les genres Salomoria, Monnina, Securidaca et Ârameria nous ont présenté des graines glabres. Les poils, quand ils existent, sont dirigés de bas en haut; et si M. Kunth les indique comme dirigés de haut en bas, c’est qu'il considère le sommet et la base de la semence relative- ment au péricarpe, tandis qu’avec Richard le père nous pre- nons l’ombilic pour la base de la graine. L’ombilic est placé un peu au-dessous de celui des deux bouts de la semence qui ordinairement est le plus étroit. Une (1) PozxGaLa LAUREOLA. P. caule suffrulicoso, parcè ramoso, vix pubescente ; foliis lanceolatis, oblongis, acuminatis ; racemis paucifloris ; alis oblongo-triangu- laribus, obtusis, carina vix longioribus; seminibus oblongis, 4-gonis, piloso-hirsutis, —Crescit circa Rio Janeiro 342 MÉMOIRE ligne plus ou moins saillante, et que nous avons vue dans plu- sieurs Poygala s'étendre à la face de la graine depuis l’om- bilic jusqu’à l’autre extrémité de la semence, est évidemment un raphé, et par conséquent cette autre extrémité doit être considérée comme le sommet de la graine. Ce sommet est arrondi dans la plupart des Polygalées; cependant nous l’a- vops trouvé un peu aigu dans un de nos Polygala brasiliens. Les Polyg. stellera DOG. et variabilis Kunth présentent dans une semence conique un sommet tronqué, un peu concave, mamelonné dans le milieu, et entouré d’une couronne élé- gante de poils. L’analogie nous porte à croire quele mamelon du milieu est seul le véritable sommet auquel aboutissent les vaisseaux du raphé. l'extrémité de la semence placée immédiatement au-dessus de l’ombilic est, dans les Polygalées que nous avons étudiées, le plus souvent aiguë. Chez quel- ques Polygala, elle présente un petit tubercule ou mamelon, et dans un nombre peu considérable d’espèces, par exemple dans les Polyg. equisetoides Nob. (1) et Znoïdes Pois ce mamelon devient un véritable bec. À cette même extrémité, plusieurs Polygalées offrent un corps charnu, extrèmement saillant dans le genre Badiera, où il remplit tout le sommet de la loge; assez développé et en forme de casque dans les Polygala privés de crête et dans quelques Comesperma ; enfin réduit à un simple rudiment (1) PozycaLa EQuUISETOIDES. P. caule herbaceo, ‘ubaphyllo, ramis dichotomis; ramulis foliosis ; foliis angustissime lincaribus, acutis ; racemis spiciformibus, sub- conicis ; alis ellipticis, obtusis, carinä longioribus ; seminibus elongatis, cylindricis, rostellatis , subpubescentibus. — Crescit propè Contendas, parte desertà prove Minas Geraës. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 343 dans:la plupart des Polygala à crête. Ce corps a été désigné par les auteurs sous le nom de caroncule (caruncula). Dans la plupart des Polygala sans crête, il donne naissance à un appendice libre , charnu, ascendant, plus ou moins long, à peine sensible dans le Poly g. Pohliana Nob.(1), assez déve- loppé dans plusieurs autres espèces, toujours appliqué au dos de la semence et d’une forme linéaire. Chez les Po/ygala où il existe une crête, on voit deux appendices ascendans, aplatis, linéaires ou oblongs, rapprochés ou écartés, égale- ment libres, mais appliqués à la partie antérieure de la se- mence. Ces derniers appendices sont quelquefois égaux à la graine, et plus souvent ils n’atteignent que la moitié de sa longueur. Dans le Polyg. atropurpurea Nob. ils sont extrè- mement petits et presque rudimentaires. Le Poly. paludosa Nob. (2), qui n'est pas sans rapport avec le Polyc. atro- + (r) PozycaLa Pouzrawa. P. caule vix digitali, suffruticoso, hirsuto; foliis oblongo- ovalis, subacutis, pilosis, longe ciliatis; racemis laxis, paucifloris ; alis cuneatis, oblique truncatis, carinä longioribus ; seminibus oblongis, villosissimis. (2) PorycaLa pALUuDosA. P. herbacea, glabra ; caule erecto, ramoso aut subsim- plici; foliis anguste linearibus, acutis vix aut minime punctato-pellucidis, quandè- que subnullis; racemis spiciformibus ; alis oblongis, unguiculatis, carinâ sublon= gioribus; seminibus hirtellis, globosis, inappendiculatis, aut subcylindricis et rar minute appendiculatis. Var 8. (myurus) caule ramisque multd brevioribus ; racemis longioribus, angus- tioribus ; floribus minutissimis; seminibus ovato-globosis. Var. y: (amethystina) cauïe subfiliformi, subsimplici ; racemis pauld longiori- bus, subangustioribus; floribus amethystinis ; seminibus ovato-globosis. Var. d. (ambigua) caule subsimplici; racemis elongatis, crassioribus; floribus majoribus ; capsulà oblongâ ; seminibus ovato-globosis, loculamento brevioribus. Var. «. (longespicata) caule ramisque brevioribus ; foliis multo longioribus, planiusculis ; racemis longicribus angustioribus ; floribus vix majoribus, amethys- 34/ _ MÉMOIRE ; purpurea , tantôtprésente deux appendices égaux ou inégaux, tantôt n’en offre qu'un, et plus souvent en est entièrement dé- pourvu;enfin nous n’avons trouvé que dans un petit nombre d'espèces des semences inappendiculées. Chez les Comesperma, l'appendice est représenté par des poils soyeux extrèmement longs qui, naissant du corps charnu, enveloppent entièrement la graine. La semence de deux Monnina nous a montré une aigrette de poils à la place du corps charnu et de ses prolongemens. Enfin nous n’avons plus retrouvé de traces de ces parties dans les autres Mon- nina du Brésil, dans les Securidaca, Kramerta, et enfin dans le Mundia spinosa DC. et le Salom. ciliata DC. Il importe actuellement de déterminer ce que peut être le corps charnu dont nous venons de nous occuper. Les bota- nistes l’ont généralement considéré comme un artlle; mais ce mot, comme celui de z2ecfarre , a été appliqué à des parties entièrement différentes, et il est enfin temps de le limiter au seul organe auquel il convient. Le véritable arille, comme l'a dit Richard père, et comme l’un de nous l’a répété dans ses considérations sur cette partie des plantes (1), est une tinis ; alis magis ellipticis, carinâ vix longioribus; capsulà oblongâ; seminibus.sub- cylindricis, apice truncato-obtusis. - Var. # (appendiculata) caule. fiiformi, subsimplici, subaphyllo; racemis laxi- floris; capsulä oblongä ; seminibus suhcylindricis, apice truncato-obtüsis, inappen- diculatis, vel præditis appendicibus minutis, nunc geminis et subæqualibus, nunc solitariis uno abortivo. : Var. : (gigantea.), caule giganteo.,. sat ramoso,..subaphyllo; floribus approzi- matis, longioribus; capsulis;, oblongis;, seminibus .cylindricis, apice truncato- obtusis, apendicibus brevissimis subæqualibus, ovatis. Crescit in Prov. Sancti Pauliet Minas Geraës. {1) Voyez Plantes usuelles des Brasiliens, art. Oxalis. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 345 expansion immédiate du cordon ombilical, et n'appartient réellement qu’à ce dernier. Or, dans les Polygalées, le corps charnu n’a rien de commun avec le cordon ombilical; il est placé hors de l’ombilic. A la vérité, dans beaucoup d'espèces, il en est fort rapproché; mais il s’en éloigne dans d’autres, surtout dans celles où la semence a son extrémité terminée par un tubercule ou bec. Enfin, c’est du tégument propre qu'il naît , ainsi que cela a lieu chez les Euphorbes, par con- séquent il doit être considéré comme une caroncule appar- tenant à l'enveloppe de la graine. Nousne pouvons nousempècher de faire remarquer, comme un fait singulier, la coïncidence d’un appendice unique dans la caroncule d’une partie des Polygala, avec une corolle sans crête, et de deux appendices avec les corolles munies d’une crête; mais en même temps il nous paroît impossible d’expli- quer cette coïncidence, sur laquelle on pourroit au reste, ce nous semble, établir d’excellens caractères de sections. Comme M. Kunth, nous avons reconnu dans les Polygala deux tégumens, dont l’extérieur est crustacé, et dont l’inté- rieur beaucoup plus mince est membraneux. Nous avons constaté l’existence du même caractère dans le Badiera et le Salomonia, et nous pensons qu'il appartient aussi au genre, Comesperma. Quant aux Monnina , Securidaca et Krameria, ils nous ont offert une enveloppe membranense, et nous croyons qu’elle est unique. Il est'assez remarquable que le tégument double se trouûve dans les espèces à fruit déhiscent, et que l’enveloppe séminalé simple’ et membra- neuse se rencontre dans celles où la graine est PIOIie re par un péricarpe indéhiscent. Mém. du Muséum. t. 17. L4 346 MÉMOIRE Le genre Polygala présente un périsperme ‘charnu assez abondant. M. Labillardière en a signalé un de même nature dans le Comesperma. Chez les Badiera et les Monnina'} le périsperme se trouve réduit à une lame peu épaisse et géla- tineuse, adhérente au tégument. M. Kunth a élevé ‘des doutes sur la nature de cette lame qu il avoit très-bièn bb: servée dans ce dernier genre; mais on ne peut guère consi- dérer comme un fégument interne une substance purement gélatineuse. Au reste, ce profond observateur à lui-même levé les doutesqu'il avoit émis dans'ses TPE des Moñ- nina, puisque dans celles des Securidaca,il n'y siguale qw une substance mucilagineuse appliquée contre le tégument. Or cettesubstance est la même dans l’un et l’autre genre; etpuis- qu’elle n’est pas un tégument, que seroit-elle si Ce n’est un périsperme? Peut-être existe-t-il aussi une pareille couche de substance gélatineuse sur l'embryon du Salon. ciliata.” Il est cependant un genre de Polygalées où nous n’avons vu aucune trace de périsperme : c’est le Ærameria: mais cette anomalie, dans un genre dont la déviation du type symétrique est si particulière, doit étonner d’autant moins que déjà, comme on l’a vu, le périsperme tend à Re chez les Monrina et les cr Ra S Un embryon droit ou à peine arqué se retrouve sans ex- ception chez toutes les Polygalées, où il occupe l’axe du pétiSDerne quaud celui-ci existe. La radicule aboutit à peu près à l’ombilic, et elle est toujours supérieure. Elle est quelquefois comprimée, plus souvent arrondie dans ses contours, ordinairement cylindrique, rarement en forme de: cône. Les cotylédons sont le plus communément un peu SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 347 convexes à l'extérieur; ordinairement ovales ou elliptiques, ils deviennent quelquefois oblongs ou orbiculaires; enfin dans le Sad. penæa DC., ils prennent à peu près la forme d’un cœur. Leur longueur dépasse en général celle de la radicule; û nur = quelquefois ils sont continus avec elle; presque toujours its sont beaucoup plus larges, et même engénéral ils descendent sur les côtés un peu plus bas que le point d’attache. Pans le Kram. tomentosa Nob., et probablement dans d’autres espèces, ces sortes d’oreillettes, ailleurs simplement ébau- chées, se prolongent jusqu’à l'extrémité de la radicule; et, rapprochées entre elles, elles emboîtent cette dernière à peu près comme cela se voit dans la Capucine (1). Ainsi que nous l’avons déjà dit, nous n’avons point vu de périsperme dans les Xrameria. MM. Desvaux et Kunth ont également signalé l'absence de ce corps dans ce mème genre; et si MM. de Jussieu et De Candolle, au contraire, lui attribuent un périsperme charnu, c’est que sans doute ils auront dissé- qué une espèce où la radicule, aussi emboitée par les oreil- leties des cotylédons, aura pu rigoureusement paroitre un embryon inclus dans le corps périspermique. Prércoraison. Dans la préfloraison du calice des Poly- gala, Securidaca, et probablement de tous les genres ana- logues, une des ailes recouvre par son bord celui de l’autre aile: ces deux mêmes folioles sont cachées à leur base par les trois divisions extérieures; enfin de ces dernières, la grande et l’une des petites sont à nu, et la troisième est re- (x) Voyez le Mémoire de l’un de nous sur cette plante, dans les Annales du Muséum. 348 Vo MÉMOIRE ( couverte par-un des bords.de l’autre:\ tout cet ensemble montre assez que la préfloraison du calice ést quinconciale. Quant à la corolle, les deux bords de carène sont, dans le bouton, appliqués l’un contre l’autre, et l’un de ceux-ci re- couvre le bordide l’autre. Il est bien évident que cette pré- floraison n’a rien de commun avec la préfloraison contorte ni avec la valvaire; mais qu'elle se rattache à la quinconciale. En effet, nous avons ici un pétale intérieur, un extérieur et un semi-intérieur; et l’on peut juger, d’après les lois de la symétrie, que si les deux autres existoient, ils seroient l’un extérieur et l’autre intérieur. Ces pétales se trouvent: à la vérité dans le genre Securidaca , et cependant ils restent nus appliqués sur la carène; mais il faut se rappeler que ces pétales, à l’état rudimentaire, ne s'étendent assez ni à droite ni à gauche pour avoir pris leur véritable position. 3°. Organes accessorres. GzLanves £r Porrs. Nous ne croyons pas les glandes com- munes dans là plupart des genres de la famille qui nous oc- cupe. Cependant les Po/ygala présentent ici une exception. Les glandes que nous avons pu remarquer ne sont point extérieures; elles existent sous l’épiderme, et font partie du parenchyme même de la plante, comme celles des Myrtées, des Orangers ou des Millepertuis. Petites, arrondies, plus ou moins élevées et transparentes, elles sont verdâtres, jau- nâtres, jaune de saffran ou rougeätres. Les Po/yz. stellera DC. et subtiles Kunth nous en ont offert quelques unes sur la üge. Le plus grand nombre des espèces nous en a montré SUR LA FAMILLÉODES POLYGALÉES. 349 d’éparses:sur les feuilles où quelquefois ellésisont disposées sur deux rangs (Polyepaludosa Nob:). es bractées pré- sentent rarementides glandes ;-mais il n'en est pas de même du calice: elles ysoht placées en petite qnantité sûr la base dela grande foliole-extérieure, et en plus grand nombre vers la partie moyenne des deux autres folioles. Les. ailes en sont presque toujours dépourvues. Les glandes de ces dernières folioles du‘ calice forment, dans le Poly. molluginifolia Nob. (1), unerangéélongitudinale; dans le Poyg: galioides Poir. elles sont arrangées sur deux rangs, et dans le Polye. atropurpurea Nobsellés en présentent quatre disposés ‘en éventail. Nous avons: aussi remarqué des glandes dans la ca- rène; mais ce n’est quesur son dos où elles &ont placées lon- gitudinalement sur deux rangs: l'ovaire présente quelquefois des glandes fort nombreuses : tantôt'elles couvrent toute sa surface (exemple: Polyg: galioides Poix.iet Aéro purpurea Nob. ); tantôt elles offrent deux rangs à l'endroit de la cloi- son (Polyg. creorum Nob. (2)); tantôt elles forment de petits groupes à sa partie supérieure ( Polyg. rigide Nob.(3)). {(1) POLYGALA | MOLLUGINIFOLIA. P. ‘caule ‘dichotomo, 4-angulari; foliis {-ternis, linearibus, vel oblongo-linearibus.,, mucronulatis, pellucido-slandulosis, glabris; racemis spiciformibus ; a ; alis Up is, carinæ ITS pomaibus oblongis, pu— bescentibus: É - (2) PozycaLA cNEoRUM. P. bre suffraticosis, ascendentibus; foliis numero sissimis , angusl, linearibus ; inferne attenualis, apice mucronulalis , ,subpanctato= pellucidis ; racemis capitatis; densifloris ;, alis ovato-lanceolatis, mucronulatis,; ; carinam subæquantibus; seminibus cylindricis, L pubescentibus. -(3) PorycaLa RIGIDA. P. caulibus suffruticosis, subdichotomis, stricti$, RATE foliis numerosissimis , subimbricatis, rigidis , lanceolato-linearibus, imucronal1s); punctato-pellucidis ; racemis capitatis, : densifloris; alis elliplicis , mucronatis , carina longioribus. Î 350 LILOVLOUMÉMOIRE En général on peut dire quelles, glandes!se ñonirantedauté moins abondantes queles organes deviennent pluspétaloïdes. Ayant déjà parlé des glandes stipulaires qu’on observessur le côté des feuilles deicertaines Polygalées, nous ne revien- drons point sur ce qui les concerne. Nous nous contenterons de, dire que,.dans plusieurs espèces où {ces glandes se, ren- contrent, on en remarque d'analogues sur les côtés des brac- tées; ce qui démontre l'identité de ces dernières parties avec les feuilles, même lorsque celte identité -est ch ÉTREN déguisée, , Les poils sont simples us toute léffnnillé a Bolygelées, et 1ls! y sont généralément counts et mous. On les trouve surtout abondamment sur les tiges; les folioles calicinales ex- térieures nous en ont présenté quelquefois, les ailes plus rarement, les pétales presque jamais. Nous avons eu soin} aux articles Etamine, Pistil, Fruit.et Semence, de: prier des poils; qe: l’on voit sur ces parties. ealls. dns oi di 1, (fc) dal swiss pero, \Revhe des genres. Ji Après avoir fait connoître en: détail l’organisation des Po- Iygalées, nous'croyons qu'il ne sera pas hors de propos ‘de jeter un coup d'œil rapide sur les genres qui composent cette, famille, et:de montrer en quoi ils différent les:uns des autres. Nous considérerons comme type | le genre Polygala, qui est lé mieux connu et le plus ancien de Ja famille. Nous ne, reviendrons pas, ii sur les caractères, de ce genre; nous ferons seulement observer que dans certains exposés de caractères génériques, on lui a quelquefois attribué cinq pétales : nous SUR LA FAMILLE DES! POLYGALÉES, 351 n’enavons jamais rencontré que trois dans les cinquante es- pèces du Brésil; et M. Kunth, qui a décrit toutes les parties des'siennes-avectant de soin, n'indique pas une seule espèce avec cintp pétales’ Îl'est donc vraisemblable que lorsqu'on a dit'que lles-Potrgalasofiroient quelquefois cinq pétales, on avoit en vué des plantes qui appartenoïent probablement auxgenres $Securidaca', Monnina ou Comesperma: : Le genre Badiera DC. ne diffère des Polygala que par son port, Son inflorescence, ses folioles calicinales presque égales et caduques, par son disque régulier, enfm ‘par le vo- lume prodigieux de la caroncitle de sa graine, ét'par ün péri: sperme géltineux, Ce génre repose sur des caractères si foibles; qu il mérite à peine d’être conservé. Encore très-voisin des Polygala, les Comespernia Labill. s’en distinguent par un calice caduc, la DRREUSES du disque, où fruit cunéiformé: oùen épatule, et des semences vers la base desquelles nait 'unétouffe de longs poils qui les re- ebuvre. M, Labillardièréñe parleïque de trois pétales dans ses Comnesperma d’Australasié, et nous n’en avons pas vu davantage dans son Cornesp! virgata Quant aux espèces du Brésil, elles noûs ônt offert constamment cinq pétales; mais’ ce caractère ne suffit pas pour séparer nos Cornespérma brasiliens de ‘ceux de la Nouvelle-Hollande, puisque le genre Monnina offre aussi tout à la fois des corollés à trois et cinq pétales. Nos espèces n’ont pas non plus les graines en partie ceintes de la caroncule linéaire qui a été observée dans quel- ques. Comesperma des terres australes: mais cette partie n’ayant pas été signalée dans toutes les espèces décrites par 352 VAADLTONMEMTORRELT LI AUS . M, Labillardière, doit être aussiipew indiquée comme carac- tère générique. que le/nombre des; pétales (x): Hit Un calice égal et rejeté du même côté june capsule: daciniée sur ses bords, -des semences :sans caroncule et: sans: péri- sperme, ou.presque, sans périsperme;, caractérisent principa+ lement le genre: Sa/omonta. Loureiro, auteur:de-ceigenre, lui attribue uneseule étamine, et M, De: Candolle:quatre; c'est ce dernier nombre que nous. avons remarqué: dans le Salom. ciliata DC. , espèce sur laquelle nous avonsifait nos observations. Nous dédie ajouter que M Robert Brown, Y a reconnuaussi quatre étamines.; 165 51 0 uotuibougottel Dans le Muraltia Neck. on.trouve: pour,caractères dis- tinctifs un calice glumacé et presque égal, des étamines, qui s’ouvrent-parune fente longitudinale,-et une soie à quatre cornes. , So an rep aer 0 nrenbr msi : Le, Mundia. en dneaarnl nine avec, en Deals en a été séparé à cause de son inflorescence-axillaire,; de ses rameaux épineux, de.la présence. d'un. disque: régulier, et de son fruit indéhiscent.et drupacé.. 4}, ue ioene à Le genre Monrina Ruiz. et. Pav.'s éloigne plus. du, Fe brgala que les genres précédens. Il en diffère par un calice caduc, (PAR des pétales quelquefois au nombrede, cinq, dont les, supérieurs, sont en partie. renfermés dans Ja carène. per un tube staminal velu au sommet, par des:anthères qui s'ouvrent ; : WT: ù 1j LIVU200 48 60480 pre Q@) Il est à remarquer due tous pr Comesperma du Brésil ont . Fee re pantés , tandis que sur neuf espèces d'Autralasie * décrite dans le Prodrome de M. De Candollé, il n'en est qu'une‘qui soit volubileil: 11 1e 949 eng JE ET SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 353 en deux lèvres àla partie supérieure, par la présence d’un disque irrégulier ou régulier, :parun ovaire souvent à une seule loge, par d'absence d’une véritable caroncule, par un tégument simple et membraneux, par un périsperme mince et decorisistance gélatineuse; enfin par son fruit souvent uni- loculaire-et souvent drupacé, toujours indéhiscent. Comme la plupart des espèces brasiliennes-présentent un fruit sec entouré d'un aile membraneuse, nous avions cru d’abord pouvoir en former un genre particulier. Déjx M. De Can- dolle avoit fait, sous le nom de Pferocarya, une section de trois espèces à fruit sec et ailé, dont une lui appartient, et dont les deux autres, déjà décrites par Ruiz et Pavon, avoient été considérées par eux comme de véritables Mornina. Plus anciennement M. Kunth avoit demandé si la présence de l’ailemembraneuse ne devoit pas décider à créer un genrenou- veau pour les Monnina qui présentent ce caractère, et nous trouvions dans cette question une sorte d’autorité en faveur de la séparation que nous avions projetée. Cependant nous avons reconnu que, parmi nos espèces, il en est une ( on: cardiocarpa Nob.) qui, avec un fruit sec; offre une absence complète d’ailemembraneuse; et nous avons pensé que cette espèce, qui seroit également repoussée par le nouveau genre à cause de ce même fruit, et par l’ancien à cause dù manqué d’aile, formoit un lien intime entre les espèces qu’il faudroit répartir entre ces deux genres, et indiquoit par conséquent la nécessité de laisser réunies ces mêmes espèces. A la vérité le Mon. cardiocarpaine ‘se distingue pas seulement des autres Monnina par son fruit sec et privé d'ailes, mais‘en- core il en diffère par un ovaire et par un fruit biloculaires et Mém. du Muséum. 1. 17. 45 354 d49) © MÉMOIRE dispermes, et l'on pourroit dire que non-seulement il faut faire un genre ‘des Monrura à fruit secret ailé, un autre genre de ceux'à fruit drupacé et sans ailes, mais encore que l’on doit en former un troisième du Mon: cardiocarpa: On voit que cette séparation seroit aussi peu admissible que la première plus anciennement projetée.! Eneffet, nous avons . une espèce, le Mon. resedoides Nob., qui, comme le: Mon. cardiocarpa, a un fruit sec et biloculaire, mais avec une aile très-étroite et presque rudimentaire; enfin l’on trouve des traces d’une loge avortée dans les autres Monnina aïlés. Nous pouvons donc présenter ici tous les passages, et démontrer par là que l’on ne sauroit même diviser le genre Monrina en deux sections parfaitement tranchées. Les différences qui distinguent les Securidaca Tinn. con- sistent dans les caractères suivans : un calice caduc, des pé- tales au nombre de cinq, la présence d’un disque plus ou moins irrégulier, un ovaire uniloculaire, monosperme et gib- beux au sommet, un fruit indéhiscent, qui présente d’un côté un petit bord mince et aigu, et qui de l’autre côté se deve- loppe en une aile:mince, longue et analogue à celle des Erables, une semence dépourvue de caroncule, un tégument simple et membraneux ; enfin un périsperme analogue à ce- lui des Morrina. De tous les genres que nous avons cités, celui qui présente l'organisation la plus remarquable, c’est le Xrarmneria Loœfl. Ayant déjà signalé successivement toutes les différences qui le caractérisent, nous nous contenterons d'indiquer ici les plus essentielles. Les quatre divisions les plus extérieures du calice sont presque égales, et aucune d’ellesne peut être as- SUR LA FAMIÈLE DES POLYGALÉES. 355 similée aux ailes des Polygala ; la corolleone-présente point de carène; les pétales sont: au nombre de cinq, dont un avorte quelquefois; deux d’entre eux sont:charnus et courts, et lesiautres onguiculés et longs: Æesétamines, au nombre de quatre'»sont libres, et présentent des anthères coniques, biloculaires, et s’ouvrant par-deux pores terminaux. L’ovaire est uniloculaire et disperme; le fruit est indéhiscent, globu- leux, coriace, couvert de piquans, et ne renferme qu'une graine. | le: tégument de:celle-ci. est membraneux, et le pé- rispermérnulks ct te es e26i8 0x Nous reviendrons sur les-caractères ma genre Ârameria à la: fin de l’article Symétrie et affinités des genres entre eux, afin de faire sentir les rapports qui le font entrer dans la famille des Polygalées. Nous nous occuperons aussi dans le mème article d’un autre genre ( Z'zgonia Aubl. ) qui a été placé par les auteurs, tantôt parmi les Malpighiées, tantôt parmi les Hippocratées, et que nous avons réuni à la famille qui fait le sujet de ce mémoire. Nous ne dirons rien du genre Soulamea Lam., que nous n'avons pu étudier;tet auquel on a attribué un pétale unique, six étamines? une capsule tubéreuse indéhiscente, et des se- mences privées de périsperme. Nous ne parlerons pas davan- tage du genre Bredemeyera Wild., qui n’est probablement qu'un Monnmina où un Mundia. Symétrie et rapports des genres entre eux. On sait que les plantes Phanérogames peuvent être rap- portées à certains types symétriques, et que deux genres ou 356 LAON MÉMOIRE deux famillesauront entre lellés des rapports ou ‘des:diffé- rences d'autant plus sensibles, qu’elles se rapprocheront ou s'écarteront plus ou:moins du même type. Il est donc:très- important de rechercher.én:quoi les fleurs non symétriques s’éloignent du type régulier; puisque:si-cette recherche ne mène pas toujours: à la connoïssance: certaine: des affinités | elle fait au moins découvrir celles -quine sont qu'imagi- naires. Le nombre cin{,-que nous trouvons dans le calice: de presque toutes les Polygalées, nous révèle d’abord lertype numérique des parties-de la: fleur de ces plantes, puisque, avec un calice à cinq folioles, nous devons avoir, danse type régulier, une corolle à autant de pétales, et des étamines dans un nombre semblable ou multiple. Le calice, dans la plupart des genres, attire l'attention par ses grandes ailes intérieures, par une foliole extérieure isolée et fort petite, et par deux autres également extérieures en- core plus petites et rapprochées. Ge calice est tout simple- ment un calice quinconcial, comme nous l'avons déjà prouvé ailleurs. Sa différence avec un calice iquinconcial régulier consiste uniquement dans le développement très-grand des deux folioles intérieures, et dans la légère inégalité qui ea- ractérise les folioles de l'extérieur. Cela est si vrai que, dans le Muraltia, par exemple, où les positions restant les mêmes les développemens ont presque cessé d’être inégaux, nous trouvons un. calice, simplement quinconcial, disposition la plus commune peut-être chez les dicotylédones polypétales. Dans les genres Polygala, Mundia, Muraltia, ete………, nous ne découvrons que trois pétales à la corolle. Comme SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 357 nous l'avons déjà dit, un calice à cinq parties en nécessite autant dans la corolle du type régulier; donc il manque ici - deux pétales , let l’idée du type doit servir à nous faire re- connoitre leur position dans le cas où elles existeroient. Les deux pétales supérieurs alternent avec la foliole supérieure et extérieure du calice et avec les deux aïles; la carène al- terne avec les deux folioles extérieures et inférieures du ca- lice. Nous reconnoissons donc ici l’alternance de la corolle avec le calice; mais l'alternance de trois avec cinq ne peut être complète. Or nous ne trouvons rien entre les deux aîles et les folioles inférieures et extérieures du calice; c’est donc là qu’il manque deux pétales, et quand nous n’aurions exa- miné que le genre Polygala, nous pourrions affirmer d’a- vance que, s'il se trouvoit des Polygalées à corolle symé- trique, le quatrième et le cinquième pétales se montreroient aux places que nous venons d'indiquer. L'observation dé- montre ce que nous avançons; car, dans les Securidaca, dans plusieurs Monnina et plusieurs Cormnespermaoùil existe cinq pétales, les deux complémentaires se trouvent réellement entre les ailes et les deux folioles inférieures et extérieures. On voit, d’après ceci, que le nombre cinq est le nombre type du calice et de la corolle des Polygalées, et que ’al- ternance des parties de ces deux verticilles sera un des carac- tères essentiels de la famille. Cette connoissance peut nous mettre en état de répondre à une question faite par M. De Candolle, qui demande si la carène des Polygalées n’est pas composée de deux pétales (1)? Dans ce cas il faudroit ad- (1) Prodr. Syst. nat., pars 1, p. 321. 358 : MÉMOIRE mettre six pétales dans les Securidaca, etc..…., et alors ces plantes offriroient une absence de symétrie sans exemple dans le règne végétal. Mais, dira-t-on peut-être, la carène des Papilionacés est certainement composée de deux pétales, pourquoi n’en seroit-il pas de même de celie des Polygalées? parce qu’en admettant, comme cela est en effet, deux pétales x la carène des Papilionacées, nous avons cinq pétales al- ternes avec le calice, et nous rentrons dans le nombre et la position normales démontrés par les Cassia , Adenan- thera, ele, tandis que l’admission de six pétales dans les Polygalées nous conduiroit à une disposition de parties et un rapport de nombre qui sortiroient de toute règle (x). Nous ferons observer en passant que, dans les Polygalées les plus irrégulières, le défaut de développement des parties d’un verticille semble compensé par un développement plus considérable dans les parties les plus voisines du verticille inférieur ou supérieur. Ainsi les deux grandes folioles du ca- lice (ailes) sont placées auprès de deux petits pétales ou de leur place, quand ils n’existent pas, et, d’un autre côté, le pétale le plus grand (carène ) se trouve entre les divisions les plus petites du calice. Cette remarque ne semble-t-elle pas rappeler une loi qui a été proclamée pour la zoologie parun: célèbre professeur. né Au premier coup d’œil, les étamines de la plupart des genres de Polygalées semblent s’écarter bien plus encore de {) S'il étoit possible que l’on trouvât deux ou plusieurs pétales à la place de la carène du Polygala, ils n’auroient réellement, dans l’examen des rapports, que la valeur d’un seul, puisqu'ils n'auroient qu’une même position. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 359 Ja marche ordinaire que le calice et la corolle. En effet; quel rapport de nombre et de position peut-on apercevoir entre huit étamines réunies en un tube fendu et des pétales au nombre de trois ou de cinq? On verra bientôt cependant, qu'ici comme ailleurs on peut, avec de l’attention, rattacher toutes ces anomalies à un plan général. Une grande espèce de Polygala, originaire du cap de Bonne-Espérance (Polyg. myriifolia L.), nous a présenté un tube staminal à quatre angles, comme cela a généralement lieu; mais ici ces angles étoient fort prononcés, et par conséquent leurs rapports de situation faciles à découvrir. Sur la coupe horizontale de ce tube, nous avons reconnu que les huit filamens d’étamines naissoient d'autant de faisceaux qui ne se trouvoient point placés à des distances égales, mais qui étoient disposés par paires. Deux de ces paires de faisceaux, ou, pour parler plus clairement deux paires de filamens , alternoient avec la ca- rène; les deux autres alternoïent avec les deux pétales supé- rieurs; et si les deux pétales latéraux qui se trouvent dans le Securidaca , mais qui manquent dans le Polygula, eus- sent existé ici, il y auroit eu alternance complète des paires de filets avec les pétales, deux paires étant alors alternes avec la carène et les pétales latéraux, et les deux autres avec ceux-ci et les pétales supérieurs. Il est donc évident, d’après ce qui précède, que l'alternance des étamines et des pétales est un des caractères essentiels de la famille des Polygalées. Mais, dira-t-on, nous avons dans ces plantes cinq pétales ou la place de cinq pétales, et nous ne trouvons dans le Poyg. myrtifolia (et par analogie dans la plupart des espèces) que quatre paires d’étamines. Cela est parfaitement vrai, et par 360 MÉMOIRE conséquent l'alternance n’est pas complète; mais il suffit que nous l’ayons reconnue dons les parties existantes pour être sûrs du caractère, et il nous est facile de dire où devroit être la paire de filets qui manque, puisque nous avons determiné la place des quatre autres. C’est seulement entre les deux pétales supérieurs que s’observe l'absence d’une paire de filets, et si l’on en rencontroit une à cette place, la symé- trie seroit complète. Au reste, ce défaut ne doit pas surpren- dre, puisque le tube staminal est fendu ou incomplet à l’en- droit où devoit être la paire de filets reclamée par la symé- trie (1). Un Securidaca, par exemple, a donc une fleur où cinq pétales alternent avec un calice à cinq folioles, où quatre paires d’étamines alternent avec autant de pétales, et où la cinquième paire, si elle existoit, se trouveroit entre les pé- tales supérieurs, Ce qui précède conduit à une question bien importante dans l’étude des rapports. Nous avons dans les Polygalées huit étamines, ou, en supposant qu'aucune n’eût avorté, dix étamines alternes par paire avec les pétales. Si nous mettons une telle fleur à côté d’une autre qui auroiït dix étamines opposées par paire aux pétales, ou bien dont cinq seroient alternes et cinq opposées, ces diverses sortes de fleurs dé- candres auroient-elles plus d’aflinités entre elles que la fleur décandre à étamines alternes par paires n’en auroit avec une - (1) On voit dans un certain nombre de Polygalées, à la base de la fente du tube staminal, la petite glande ou disque irrégulier dont nous avons parlé, comme si la nature, en s’écartant du type régulier, avoit voulu laisser des traces qui pussent rappeler la symétrie. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 361 autre dans laquelle cinq étamines seulement alterneroiïent avec les pétales? Cette question se réduit, dans la réalité, à demander si les caractères tirés du nombre l’emportent sur ceux tirés de la position, et M. de Jussieu en a donné la so- lution il y a déjà un grand nombre d’années. La fleur de Securidaca, à huit ou dix étamines alternes par paire avec les pétales, a plus de rapport avec une fleur pentandre, où se montre également cette alternance, qu avec une autre fleur où dix étamines seroient opposées par paire aux pétales. Donc les huit ou dix étamines des Securidaca sont analo- gues pour l’importance des rapports à quatre ou cinq éta- mines placées de la même manière, et chaque paire d’éta- mines n'en représente en quelque sorte qu’une seule (1). Le genre Ârameria, dont nous pronverons bientôt l'affinité avec le genre Polygala, achève de démontrer que tout ceci n’est pas une simple théorie; car, dans ce genre, on ne trouve que quatre étamines également alternes, et il est bien évi- dent que chacune d’elles en représente deux de celles des Polygala, puisque, chez ce dernier genre, chaque étamine n’a qu'une anthère à une seule loge, tandis que l’étamine unique des Ârameria a une anthère biloculaire. (1) Il arrive ainsi que dans diverses espèces appartenant à une même famille ou à un même genre, une étamine se trouve remplacée par deux ou plusieurs élamines, C’est ce fait que l’un de nous a signalé avec M. Dunal, sous le nom de dédouble- ‘ment. Essai sur les Vacciniées, premier cahier, in-folio, avec huit planches ; Montpellier, 1819 (ouv. imprimé, mais que des circonstances malheureuses ont empêché de distribuer).—Æssai sur les dédoublemens ou multiplications d'organes dans les végétaux, in-4; Montpellier, 1826. 46 362 MÉMOIRE Si le rapport numérique des parties du pistil avec les éta- mines est si rarement exact, il ne faut point s’étonner qu'il y ait de l'irrégularité chez les Polygalées, où la symétrie est tant de fois déguisée. On doit se rappeler néanmoins que nous avons reconnu dans les Polygala à crête un style à quatre lobes au sommet; et ce nombre est remarquable, puisqu'il coïncide avec celui des étamines, qui lui-même ne s’écarte que par l'absence d’une cinquième de la symétrie parfaite. Ailleurs nous trouvons au style ou au stigmate deux lobes plus où moins distincts; mais il est à noter que ce nombre se rattache encore à celui de quatre, puisque celui ct en est le multiple; et, d’un autre côté on a déjà vu, dans notre exposé des caractères, que les styles quadrilobés très- irréguliers se nuancent avec les bilobés, par le développe- ment remarquable des lobes supérieur et inférieur Des styles à quatre lobes sembleroient demander quatre loges à l'ovaire, et nous n’en avons que deux (1); mais rien n’est aussi commun qu’une suppression de ce genre, et par conséquent elle ne doit pas étonner chez les Polygalées, où l’on trouve tant d'anomalies. D'ailleurs les deux loges de l’o- vaire ont bien un certain rapport numérique avec les divi- sions du pistil, puisque chez la plupart des espèces ceux-ci ne sont que bilobés. À présent que nous connoissons les caractères intimes des Polygalées, et que noüs savons ce qui constitue réellement leur irrégularité, il nous sera moins difficile de découvrir les / (1) Il en existe une troisieme dans un genre que nous réunissons à la famille, et dont nous parlerons bientôt. Ce genre présente trois lobes au pistil. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES 363 rapports naturels des genres entre eux. Tout le monde sentira que les genres qu’on est accoutumé à faire entrer dans cette famille se rattachent sans peine au genre Polygala. Le Kra- merta seul a donné lieu à des doutes. Pour le bien comparer avec celles des Polygalées sur lesquelles il ne s'élève aucune difliculté, résumons en peu de mots, d'après ce que nous venons de dire, les caractères appartenant bien évidemment à cette famille. Prenons un Secwridaca, par exemple; nous trouvons dans ce genre un calice à cinq folioles, cinq pétales alternes avec les folioles calicinales, huit étamines en repré- sentant-quatre alternes avec les pétales, et la place vacante de la cinquième étamine située entre les deux pétales supérieurs; enfin un ovaire uniloculaire où l’ovule est attaché du côté de ces mêmes pétales. Si le Ærarzeria présente quelquefois quatre folioles seulement au calice, nous en trouvons cinq dans le ram. grandiflora Nob., et la disposition des fo- lioles sur trois rangs est réellement la plus grande différence qui existe entre ce genre et le Secwridaca. Comme les pétales de ce dernier genre, ceux du Æ7amnerta alternent avec les folioles du calice, et sont aussi irréguliers. Il y a plus : les pé- tales du Securidaca sont, pour ainsi dire, disposés en deux groupes ; d’un côté la carène etles deux petits pétales latéraux, de l’autre les deux pétales supérieurs; même disposition dans nos Âramerta brasiliens : d’un côté deux pétales (1), et de (1) La forme et la consistance de ces pétales avoient engagé le célèbre M. Kunth à les décrire sous le nom d’écailles (squamæ). Il demande si ce ne sont pas des élamines stériles ; ce que nous disons ici nous paroît suffisamment répondre à celte question. Le même savant demande encore si le genre Xramertia n’est pas plus 364 MÉMOIRE l’autre trois, tellement rapprochés qu’ils se soudent par la base. L’alternance des étamines est la même dans les deux genres : chaque étamine du Xrameria a, comme nous l’a- vons démontré, la même importance que chaque paire dans le Securidaca; c’est l’étamine, qui devroit alterner avec les pétales supérieurs, qui manque également dans l’un et l’autre genre, et les anthères s'ouvrent aussi par le sommet. Le point d'attache de l’ovule alterne avec les deux pétales dont nous venons de parler dans l'ovaire uniloculaire du Securidaca, et les deux ovules du Ârarneria, ont la même position relati- vement aux mêmes pétales; enfin, dans l’un et l’autre genre, le fruit est également indéhiscent, la semence également unique, et la radicule également supérieure. Il est donc évi- dent que le Ârameria s'éloigne peu du Securidaca, peut- être même s’en éloigne-t-il réellement moins que celui-ci du Polygala; car l'absence de deux pétales dans ce derniergenre et une loge de moins dans l'ovaire du Securidaca constituent des différences qui assurément ne sont pas compensées par la soudure des étamines, la ressemblance du calice, etc. Nous devons donc rendre hommage ici au génie des Robert Brown et des Jussieu qui, sans être descendus dans les mêmes dé- tails que nous, avoient cependant indiqué que le genre Âra- merta doit entrer dans la famille des Polygalées. Si nous disions à présent qu’il existe un genre où le calice est à cinq folioles inégales, dont deux intérieures plus grandes, et où la corolle est à cinq pétales, dont un concave renferme voisin des Rosacées que des Polygalées ? Nous croyons avoir également répondu à cette question. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 365 les organes sexuels, dont les deux autres sont latéraux, et dont enfin deux autres supérieurs sont rapprochés et présen- tent à la face interne une petite poche comme celle des Hon- r#ina ; si nous ajoutions que les étamines hypogynes, souvent au nombre de huit, sont soudées par leurs filets et forment un androphore fendu du côté des pétales supérieurs; si nous ajoutions encore que l'ovaire est supérieur et unique et le style simple, il n’est personne qui ne dit que le genre dont il s’agit s'éloigne du type régulier absolument de la même manière que les Polygalées, etpeut-être penseroit-on qu’il doit rentrer dans le genre Monruna. Il est bien évident en effet que tous les rapports de forme et de symétrie, et surtout cette coïncidence du nombre cinq avec le nombre huit, se trouve ici avec une étonnante similitude. Cependant on sera sans doute étonné de l’entendre, le genre dont il est ques- tion n’a jusqu'ici été rapproché par personne de la famille des Polygalées : c’est le genre 77igor1a Aubl., placé par les bo- tanistes, soit dans le voisinage des Malpighiées, soit parmi les Hippocratées ou dans leur voisinage. Nous ne dissimule- rons pas que ce genre diffère des Polygalées par plusieurs caractères. D’abord ses pétales ne sont point soudés sur le tube staminal, et les anthères sont à deux loges; mais nous avons montré que le Xrarneria, qui bien certainement ap- partient aux Polygalées, comme l'ont avancé MM. Robert Brown et de Jussieu, et comme nous l’avons prouvé, ne pré- sente ni anthères uniloculaires, ni pétales soudés par l’inter- médiaire du tube staminal. A la vérité, les 7 7igonza s’éloi- guent des Polygalées par un stigmate trilobé et par un ovaire - triloculaire et polysperme; maïs on doit observer que nous 366 MÉMOIRE avons, dans cette famille, des plantes à ovaire uniloculaire et biloculaire; et un jeune fruit à trois loges ne s'oppose certai- nement pas ici à un rapprochement, puisque ce dernier ovaire est seulement un peu moins éloigné que les autres genres du type symétrique. La déhiscence est la même dans les 77z- gonia et les Polygalées (77. Juss., Gen. ); et par conséquent il n’y a de différence que dans l'existence de vraies stipules et dans le nombre des ovules. Et que sont ces différences au- près de celles qui distinguent les 7:gon1a des Malpighiacées et des Hippocratées, familles avec lesquelles notre genre n’a réellement d’autres rapports que le nombre ternaire des loges de la capsule et des lobes du stigmate? Le port même des T'rigonia se retrouve dans la famille des Polygalées, puisque leurs tiges sont grimpantes comme celles des Securidaca et Comesperma, et leurs fleurs en panicule comme dans ce dernier genre. Si cependant on trouvoit que les foibles différentes que nous avons signalées entre le genre 7 7igon1a et les Polygalées ne permettent pas de faire entrer ce genre dans la famille, on pourroit se contenter de le placer auprès d’elle sous le titre -de genus valdè affine. L'on verra, au reste, dans notre se- cond Mémoire, que, tout en rangeant le 7rzgorua parmi les Polygalées, on peut faire sentir, par la série linéaire, les rap- ports que de célèbres auteurs lui ont trouvés avec les Hip- pocratées. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 367 EXPLICATION DES PLANCHES. Piancae XX VII. 1-10. Polygala myrtifolia Linn. — 10-22. Autres especes de Polygala. Fic. 1. Bractées. 2. Bouton. 3. Fleur. 4. Folioles calicinales. a. Grande foliole extérieure. bb. Petites folioles exté- rieures. ce. Ailes. 5. Plan de la fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles calicinales extérieures. cc. Aïles. d. Carène. ee. Pétales supérieurs. g. Coupe du tube staminal. 4. Coupe de l’ovaire. 6. La carène avec les pétales supérieurs vus de profil. d. La carène. e. Pétale supérieur. g. Tube staminal, 7. Un pétale supérieur isolé. 8. A. Tube staminal, vu de profil. B, Coupe du tube staminal et de l'ovaire. d. Portion de l’onglet de la carène soudée avec le tube. gzgg. Faisceaux de fibres indiquant les filets anthériferes. ». Ovaire: les deux faisceaux les plus rapprochés en ligne horizontale indiquent la cloison, les deux autres indiquent les deux bords de l’ovaire ou les points par lesquels la déhiscence doit s’opérer. C. Une étamine isolée. 9. Pistil. 10. A. Le fruit avant la maturité. B. Coupe longitudinale du même. aa. Les ovules. bb. La caroncule. cc. La cloison. C. Ovule tres-avancé. 4. Le ‘cordon ombilical. b. La caroncule. 12. Feuille du Polyg. coriacea Nob. (1). (1) PozyxeaLA cortacea. P. caulibüs suffruticosis , apice angulosis, erectis; foliis sessilibus, coriaceis, imbricaüs, breviter lanceolatis acutissimis, punctato-pellucidis, viscosis, nervosis ; racemis capitatis, parvis; alis oblongis, angustis, acuminatis, carinà Jongioribus; seminibus oblongo-clavatis, villosissimis. 368 MÉMOIRE 13. Feuille du Polyg. Poaya Mart. 14. Grappe du Polÿg. cuspidata DC. 15. Grappe du Polyg. aspalatha Linn. 16. Grappe du Polyg. Senega Lin. | 17. Bractées glanduleuses du Polyg. subtilis Kunth. 18. A. Folioles calcinales glanduleuses du Polyg. pulchella Nob. (1). B. Idem du Polyg. cneorum Nob. C. Idem du Polyg. Moquiniana Saint-Hil. 19. Folioles calicinales du Polyg. hyssopifolia Nob. (2). a. La grande. bb. Les petites soudées ensemble. 20. A. Aile du Polyg. atropurpurea Nob. chargée de glandes sur quatre rangs. B. Aile du Polyg. galioides Poir. chargée de glandes sur deux rangs. 21. Carène et pétales supérieurs du Polyg. Moquiniana S.-Hil. ce. Pétales supérieurs. d. Carène. f. Glandes placées sur le dos de la carène, et ‘disposées sur deux rangs. g. Crête. 22. Fleur du Polyg. violacea Vahl. a. Grande foliole calicinale extérieure. Bb. Petites folioles calicinales extérieures. cc. Aïles. d. Carène. ee. Pétales supérieurs. Prancue XX VIIL Détails de diverses espèces de Polygala. Fic. 1. A. Portion de la carène et crête du Polyg. cyparissias Nob. (3). B. Idem du Polyg. lancifolia Nob. C. Idem du Polyg. Dunaliana Nob. 2. Etamine du Polyg. corizoides Nob. 3. Pistil à style simple du Polyg. violacea Vahl. 4. Pistil à style bilobé du Polyg. hirsuta Nob. . à j RM (x) PoLYGALA PULCHELLA. P. herbacea, caulibus brevibus, subcœæspitosis, filiformibus, subpube- rulis, foliis parvis, linearibus, utrinque attenuatis, acutissimis ; racemis spiciformibus, breviusculis, sublaxifloris; alis obovatis, longè unguiculatis, Ra sublongioribus; seminibus cylindricis, vix pilosièsculis. (2) Pozycaza nvyssoproLra. P. caule ten parüm ramoso, erecto, hirtello-pubescente; foliis sublinearibus, obtusis vel acutis, subpubescentibus; racemis spiciformibns, laxifloris; alis obovatis, obtusisimis, carinam subæquantibus. P. hebeclada? DC. Prod., pars. 1, pag. 331. Crescit in campos propè t.-Joao del Rey, prov. Minas Gcraës. (3) PozycaLA CxPARISSIAS. P. herbacea ; caulibus apice sæpè? umbellatim ramosis ; foliis nume- rosis, teretinsculis, linearibus, angustissimis, breviter mucronatis ; racemis capitatis, obtusissimis; alis obovatis, obtusissimis, carinam æquantibus ; seminibus globosis, breviter pedicellatis, pilo- siusculis. Tom. me Pl 27. A CA fl) ne } po à 2 APN) E NY ie, = UD =— 2 ë 16 19 20 21 22 AIT. HE Rebel re. POLYCALA. fe Gi or \ 1 t sn VAMT, S HMAebel ve: POLYCAZA. SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 369 Fig. 5. Pistils à style quadrilobé et irrégulier de diverses formes. aa. Bords ou lobes latéraux. 5. Boulette ou poils qui en occupent la place. c. Glande. A. Polyg. densifolia Nob. (1). B. Polyg. subtilis Kunth. C. Polyg. atro- purpurea Nob. D. Polyg adenophylla Nob. (2). E. Polyg. herbiola Nob. (3). F. Polyg. rigida Nob. G. Polyg. stricta Nob. (4). H. Polyg. eqgursetoides Nob. I. Polyg. stellera DC. J. Polyg. Dunaliana Nob. 6. Pistil à style quadrilobé et régulier du Polyg. lancifolia Nob. 7. Pistil du Polyg. corizoides Nob., où le style, par une exception singulière, est comprimé en sens contraire de l’ovaire. 8. Ovaire du Polyg. Chamæbuxus Lin. , avec sa glande hypogyne. 9- Fruits de diverses formes. A. Fruit de Polyg. Laureola Nob. B. Idem de Polyg. resedoides. a. Une des semences au moment où elle sort de sa loge. C:. Fruit de Polyg. Cyparissias Nob. D. Idem de Polyg. pulchella Nob. chargé de quelques glandes. E. Idem de Polyg. cuspidata D€., tout couvert de glandes. F. Fruit de Poylg. Duartiana Nob., dont une loge a avorté. 10. Semences de diverses formes, munies d’une caroncule avec ou sans appen- dices. a. caroncule. bb. Appendices. c. Cordon ombilical. d. Raphé qui (1) Pozycaza Densirozra. P. caule subherbaceo, erecto, subvirgato ; ramis umbellatis, sæpiùs 2-3 chotomis; foliis numerosis, imbricatis, linearibus, acutis, punctato-pellucidis ; racemis spici- formibus, subpyramidatis; alis ellipticis, obtusis, breviter mucronatis, carinà longioribus ; semi- nibas oblongis, villosis. Var. 8 (Zutescens). Caulibus crassioribus; foliis longioribus et latioribus ; floribus majoribus ; obtuasis, lutescentibus. Var. 7 (minor). Caulibus multà ein alato-quadrangularibus, nullomodÔ virgatis nec rectissimis ; foliis rigidioribus et sublatioribus; spicis multè brevioribus, (2) PozycaLa ApenoPayLLA. P. caule suflruticoso, erecto, 5-angulari, glabro; folis Son obovatis, obtusis, breviter mucronatis, tuberculato-pellucidis ; racemis spiciformibus elongatis; Qi oblongo-ellipticis, obtusis, carinà vix brevioribus seminibus oblongo clavatis, villosis. Var. 8 (parvifolia). Foliis multoties minoribus, numerosissimis , subimbricatis , lanceolatis, acutis, mucronatis. (3) Pozxcaza nenstoLA. P. caule herbaceo, filiformi, subaphyllo, parcè ramoso; foliis parvali , angustissimè linearibus, acutis; racemis capitatis, subdensifloris ; alis oblongo-ellipticis, carinä longioribns ; seminibus oblongo-couicis, subpubescentibus, inappendiculatis. (4) PozycaLa sraicra. P. caulibus brevibus, strictis; foliis, imbricaus, carnosis, linearibus, mucronulatis ; punctato-pellucidis; racemis capitatis, obtusissimis ; alis oblongo-ellipticis, carinâ longioribus ; seminibus subcylindricis, hirsuto-villosis. (5) Pozyeaza Duantiawa. P. caulibus herbaceis, puberulis; foliis linearibus, acutis, breviter petiolatis, glabris ; racemis spiciformibus, angustis, laxifloris; alis ellipuicis vel obovatis, obtusissimis, carinæ subæqualibus, iu fructu angustis, lineari-spathulatis, acutis ; seminibus clavatis, pilosiusculis, Mém. du Muséum. \ 17. 47 370 MÉMOIRE se trouve à la face antérieure de la graine. e. Mammelon représentant le sommet de la semence. ABC. Semences de Polyg. paludosa Nob., l’une privée d’appendices (var. y arrethystina Nob.), l’autre (var. & appendicu- .. lata Nob.) ayant deux petits appendices inégaux , la troisieme (var. h. gi- ! gantea Nob.) avec deux appendices égaux. D. Semence de Polyg. atro- purpurea Nob.) E. Idem de Polyg. equisetoides Nob. FG. Idem de Polyg. resedoides Nob. H. Idem de Polyg. lancifolia Nob. I. Idem de Polyg. Crparissias Nob. JK. Idem de Polyg. senega Lin. L. Idem de Polyg. Laureola Nob. M. Idem de Polrg. FAR Nob. (1). N. Idem de Polyg. Siellera DC. Fic. 11. À. Amande de Polye. Aygrophila Kunth. B. Éore longitudinale de l’amande. a. Périsperme. b. Embryon. GC. Embryon. 12. Embryon de Polyz. lancifolia Nob. Pranèus XXXE A | Détails de BADIERA, COMESPERMA, SALOMONI A et MURALTIA. TL. Détails du Badiera Penæa DC. . Fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles exté— Fic. rieures. c. Aile. d. Carène. ee. Pétales supérieurs. _ . Folioles calicinales. 2 3. Carène et pétales supérieurs. 4. À. Tube staminal ouvert. B. Une étamine isolée. _5. Pistil. 6. AB. Fruits. 7. AB. Fruits, dont une loge a avorté. 8. A. Semence avec sa caroncule. a. La caroncule. b. Cavité dans laquelle se loge le cordon ombilical sans adhérer à la caroncule. B. La graine L privée de sa caroncule. g- Embryon. a. Radicule. b. Cotylédon. (1) PozyeaLa ziGusrRoines. P. caule fruticoso, ramis vix puberulis; foliis lanceolatis, acumi- natis, glabris; racemis breviusculis; alis obovatis, obtusis, carinà longioribus ; seminibus ovatis, dorso facieque sulcatis, villosissimis. Hab. circà Rio-Janeiro. € 4 Tor .17. | V7 29. MAT. c HRebel re. 1. BADIRRA penææ. DC. LL. COMESPERMA | fortbunde nob. IL. SAZLOMONTA cilita. DC. IV, MURALTIA Pleisterte. DC. AN TUE À Fic. Fic. Fic. 9 SUR LA FAMILLE DES POI YGALÉES. 371 Il. Details du Comesperma floribunda Nob. (1). Fieur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles exté- rieures. €. Aile. d. Carene. ee. Pétales supérieurs. Folioles calicinales. Plan de la fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles extérieures. cc. Ailes, d. Carene. ee. Pétales supérieurs. ff. Petits pétales latéraux. g. Coupe du tube staminal. h. Coupe de l’ovaire. À. Carène avec les pétales supérieurs. d. Carene. ee. Pétales superieurs. B. Pétale supérieur vu en dehors. C. Le même vu en dedans. D. Carène isolée. À. Tube staminal vu de profil. B. Une étamine isolée. 6. Pistil. a. Le disque. NS I. Fruit. a. Le disque. Semence. . Pistil du Comesp. Kunthiana Nob. Pistil du Comesp. laurifolia Nob. (2). TT. Détails du Salomonra ciliata DC. Fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. b. Une des petites folioles extérieures. c. Ure des folioles intérieures (ailes). 4 Carène. e. Pétale supérieur. Pistil. . Fruit. a. Le calice persistant. Semence. + Embryon. IV. Détails du Muraltia Heïsteria DC. Fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles exté— rieures. c. Une des folioles intérieures (aïles). d. Carène. ee. Pétales supérieurs. (x) GomEsPErMA FLORIBUNDA. C. caule fruticoso, scandente; ramis crassis, angulosis, pubescen- tibus ; foliis, oblongis, basi obtusis, apice breviter acuminatis, suprà glabris, subtùs puberulis; paniculis floribundis, parüm foliosis ; alis obovatis, vix emarginatis, medio puberulis. Hab. in provincià Minas Geraës. (2) Comesperma LAURIFOLIA. C. caule fruticoso, scandente ; ramis apice angulosis, tomentosis ; foliis elliptico-lanceolatis, breviter acuminatis, suprà glabris, subtüs tomentoso-pubescentibus ; paniculis valde laxis ; alis ovato-orbicularibus, basi ciliatis. 2 372 MÉMOIRE Fic. 2. Folioles calicinales. 3. Carène et pétales supérieurs. 4. Pistil. 5. A. Fruit, avec les folioles calicinales persistantes. a. Folioles calicinales. B. Fr “ ee du Depce: à 4 + PLrancue XX X. Détails de MunDpia et de MONNINA. 1-8. Détails de Mundia spinosa DC.— 9-11. De M. Brasiliensis Nob. Fic. 1. Fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles calici- nales extérieures. c. Aile. d. Carène. 2. Folioles calicinales. 3. A. Carène, avec les pétales supérieurs. B: La : même isolée. 4. Pistil. a. Disque. 5. À. Fruit. B. Coupe verticale du même. 6. Semence. 7. Amande. 8. Embryon. a. Radicule. b. Cotylédons. 9. Carène et pétales supérieurs. 10. Tube staminal ouvert. 1. Pistil. II. 1-8. Détails de Monnina Tristaniana Nob. (1). 9-12. Détails de plusieurs autres espèces du même genre. Fic. 1. Fleur. a. Grande foliole calicimle) extérieure. bb. Petites folioles exté- rieures. cc. Ailes. d. Carèene. 2. Folioles calicinales. 3. Carène ouverte d’un côté pour montrer les deux pétales supérieurs. 4. À. Tube staminal et pétales supérieurs ouverts. aa. Pétales supérieurs. bb. Tube staminal. B. Un pétale supérieur avec la portion du tube staminal, avec laquelle il forme une petite poche. a. Portion libre du (x) Mownina TrisrantanA. M. caule sublignoso, subanguloso, puherulo, parcè ramoso; foliis * Jincaribus, basi attenuatis, obtusis, mucronulatis, integerrimis ; racemis spi ciformibus, valdè laxis ; alis brevissimè ovatis, obtusissimis ; capsulà uniloculari, cliptich, alatà. Hab. in provincià Rio-Grande. ë Zom .17. ue PL:50: 9 20 21 2. À 8 A AMT. MBebel se. I. MUNDIA. Il. MONNINA. PONT: ( EN — … AS l |) {Ill ) AT js 4207) Exce au tale AE RP ME | ' ur, jus SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 373 . pétale supérieur. b. Portion du tube staminal. c. Ouverture de la poche. C. Une étamine isolée. Fic. 5. Pistil. a. La glande hypogyne. 6. Fruit. a. Rudiment de la loge avortée. bb. Aïle. ce. Echancrure pour le passage du style, d. Rudiment du style. 7. Semence. a. Les poils qui remplacent la caroncule. 8. Embryon. a. Radicule. &. Cotylédons. 9. ABC. Feuilles du Monn. cuneata Nob. (1). o. À. Pistil du Monn. Richardiana Nob., avec sa glande hypogyne tres- saillante. B. Pistil du Aonn. cuneata Nob. C. Idem du Monn. emargi- I nata Nob. (2). D. Idem du Monn. cardiocarpa Nob. , à ovaire biloculaire coupé verticalement. aa. La cloison. bb. Les ovules. cc. Point d’attache. d. Disque régulier. E. Pistil de Monn. stenophylla Nob., à ovaire unilo- culaire coupé verticalement, a. Ovule. à. Point d’attache. F. Pistil de Monn. resedoides Nob. \ 11. À. Fruit uniloculaire de Wonn. conferta Ruiz et Pav. B. Idem de Monn. pterocarpa Ruiz et Pav., muni d’une aile. C. Fruit biloculaire de Monn. resedoides Nob. , avec une aile tres-étroite. D. Fruit idem de Monn. cardiocarpa Nob., sans ailes. 2. À. Senence du Monn. resedoïdes Nob. a. Les poils qui remplacent la caroncule. b. Le cordon ombilical. B: Embryon. a. Radicule. b. Coty- S lédons. Prancue XX XI. Détails de SECURIDACA , KRAMERIA et TRIGONIA. I. Détails du Securidaca lanceolata Nob. Fic. ‘1. Bouton. 2. Fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles exté— rieures. c. Aile. d. Carène. 3. Folioles calicinales. (x) Mownina cuneara. M. caule herbaceo, subsimplici, puberuio; foliis cuneiformi-linearibus, obtusis vel truncato-emarginatis, mucronulatis, integerrimis ; racemis spiciformibus, angustissimis, laxis ; alis oboyato-caneatis, obtusissimis ; capsulà uniloculari, ellipticä, glabr, latè alat. (2) Moxnina EmarGINATA. M. caule infernè lignoso, puberulo; foliis cuneïformibus, apice cordatis, . mucrone recurvo donatis, integerrimis, glabriusculis ; racemis spiciformibus, laxis; alis suborbicula- ribus ; capsulà uniculari, elliptica, pubescente, alatà. 374 FiG. Fi. Fire. MÉMOIRE 4. À. Carène ‘avec les pétales supérieurs et les petits pétales, latéraux. Qt d. Carène. ee. Pétales supérieurs. f. Petit pétale. g. Portion du tube staminal. B. La partie supérieure de la carene, vue en face pour montrer la crête. a. Carène. b. Crête. À. Tube staminal ouvert. B. Une étamineisolée. C. Une étamine ouverte. . A. Pistil. a. La petite bosse de l’ovaire (aile naissante). B. Coupe verti- cale de l'ovaire. a. L’ovule. b. Point d’attache. . Pisul de Securid. ovalifolia Nob. a. Aïle naissante. . Pistil de Securid. rivinæfolia Nob. a. Aile naissante. IT. Détails des Krameria tomentosa et grandifolia Nob. Portion de la tige de Xram. tomentosa Nob. aa. Epines axillaires des feuilles. + Bouton de Xram. grandiflora Nob. . Fleur du même. aa. Les folioles calicinales extérieures. D. Folioles cali- cinales intérieures. 4. Foliole calicinale extérieure. c. Les trois pétales inférieurs. . Folioles cahcinäles. aa. Gelles de l’extérieur ou du premier verticilie. bb. Celles du second verticille. d. La petite foliole du troisieme verticille. Fleur dépouillée du calice. aaa. Les trois pétales inférieurs. bb. Les deux pétales supérieurs. ce. Les grandes étamines. dd. Les deux petites éta- : mines. e. Le pistil. . Un des pétales inférieurs. . Un des pétales supérieurs. . A. Une des étamines géminées. B. Une des petites étamines. . A. Pistil. B. Coupe verticale de l'ovaire. aa. Les deux ovules 04. Les 10. TI. points d’attache. Fruit du Kram. tomentosa Nob. Plan de la fleur du Xram. grandiflora Nob. aa. Folioles calicinales du verticille extérieur. bb. Folioles calicinales du second verticille. c. Petite foliole calicinale du verticille supérieur. ddd’. Les pétales inférieurs. d' Représente un de ces pétales réduit à son onglet. ee. Pétales supé- rieurs. ff. Les deux étamines isolées. gg. Les grandes étamines géminées. k. Le pistil. IT. Détails d’un Trigonia du Bresil. Fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles exté- rieures. c. Foliole intérieure (aile). d. Carène. ee. Pétales supérieurs. f. Pétale latéral. ° Fic. AU Dar re SUR LA FAMILLE DES POLYGALÉES. 375 Foliolés calicinales. . Plan de la fleur. a. Grande foliole calicinale extérieure. bb. Petites folioles calicinales extérieures. cc. Ailes. d. Carène. ee. Pétales supérieurs. ff. Pétales latéraux. g. Coupe du tube staminal. 4. Coupe de l'ovaire. . Carène. ; . Pétale lateral. Pétale supérieur. - Tube staminal ouvert. . Pistil. a. Stigmate trilobe. PE LM Si) k Feet € SUR LA SOURCE INTERMITTENTE DE FONTESTORBE, Par M. DESTREM, Incénieunr Des Ponts ET CHAUSSÉES. (Extrait d’une lettre écrite par M. Destrem à M. L. Cordier, Professeur-Administrateur du Muséum.) LA source intermittente de Fontestorbe est située à vingt minutes au sud de Belesta, dans le département de l’Arriége, et à vingt-cinq mètres de la rive droite de l’Hers. Le jour de notre observation (10 octobre 1828 ), à dix heures du matin, la température à l'air libre étant de 180 centigrades, celle de la grotte, où la source a trouvé une issue, étant de 0° centigrades, la source a donné 50 et : Réau- mur, ou bien 60 875" centigrades. La durée de l’intermittence de la source est de 63 minutes; elle présente les circonstances suivantes : Elle croipendant:.t:.1. 0. tametatatitss6) mp. Se maintient à son maximum. . ........, 8 Décroit pendantii. tc.nuuspaaber conbe Gi sup dd Ets’interrompt pendant.) «sisiai il ab à Durée totale de l’intermittence comptée entre l’arrivée et le retour des eaux de la source. . . . 63 min. Mém. du Muséum. 1. 17. 48 378 SOURCE INTERMITTENTE La roche au travers de laquelle la source se fait jour est un calcaire gris, compact, et de transition, avec veines de spath calcaire, présentant quelques cavernosités ; c’est un vrai marbre gris qui constitue, au reste, le sol de presque toute cette partie des Pyrénées. ; | Le pays de Sault, qui domine Belesta, n’offrant d’autre issue aux eaux pluviales que l’infiltration, il est probable que la source de Fontestorbe en est alimentée. Pour expliquer son intermittence, nous supposons que les eaux d'infiltration se réunissent d’abord dans un premier ré- servoir général; que de ce réservoir elles se rendent dans un second réservoir, dans le fond duquel un siphon naturel, formé par une suite de cavités dues à la nature caverneuse de la roche, prend son origine. Pour expliquer le phénomène, il suffit d'admettre que l’o- rifice de la seconde branche du siphon communique à la partie inférieure du second réservoir. Lorsque ce second réservoir est rempli, de manière à ce que la branche du siphon qui lui correspond se trouve également pleine, alors le jeu du siphon commence, et l’écoulement des eaux à l’extérieur continue tant que l'air ne pénètre pas par l’orifice qui plonge dans le réservoir dont il s’agit. Aussitôt que l’air a pénétré dans le siphon, son jeu est interrompu pendant le temps nécessaire pour remplir le réservoir. Si nous revenons aux données de l’expérience, nous voyons que le temps nécessaire pour remplir le second ré- servoir est de huit minutes ( puisque c’est là expression que nous avons trouvée pour la durée de l'interruption de la source), et que le jeu du siphon dure 55 minutes, c’est-à- DE FONTESTORBE. 379 dire un temps qui seroit suffisant pour remplir sept fois le bassin. Cette explication fait également connoître la cause de la température de la source, que nous avons trouvée être infé- rieure à celle naturelle du sol; en effet, il suffit d'admettre que le second réservoir. est alimenté par les eaux du fond du premier réservoir général (1). La source, à son maximum, a donné pour une section de 2" 76°, prise à 10m à l’aval de la grotte, a donné, dis-je, une vitesse réduite de 1% 65° par seconde, ce qui fournit un cube d’eau par seconde, de 4,554. A son maximum , elle a donné, pour une section de o, 82°, prise au même point, une vitesse réduite de 1m 54° par se conde, ce qui fournit un cube d’eau par seconde de 1,263; c’est-à-dire le quart environ du maximum. Dans les mois d’été la source ne se réduit jamais à rien; son minimum est quelquefois le 8e seulement de son maxi- mum. (1) Le pays de Sault, qui domine Belesta, n’est, à proprement parler, qu'un immense plateau calcaire, enceint de tous côtés par des montagnes de même nature, et dont presque toutes les eaux se perdent par des infiltrations souterraines. D’après les mesures que M. Destrem a bien voulu prendre, à ma prière, ce plateau seroit à neuf cents mètres au-dessus de la Méditerranée, et par conséquent beau- coup plus élevé que le pays de Belesta. C’est à cette circonstance qu’il faut avant tout attribuer la température anomale de la source de Fontestorbe. En effet, les eaux filtrantes qui alimentent cette source apportent les moyennes températures du plateau, et proviennent, pendant une partie de l’année, de la fonte des neiges (note de M. Cordier). 24 hd 1 ire so DE :30 bre . RECHERCHES LES OSSEMENS FOSSILES DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL (HÉRAULT), Par MM. Marcez »E SERRES , DUBRUEIL , Professeurs, et B. JEAN- JEAN, Docteur-Médecin , Préparateur de Zoologie à la Faculté de Montpellier. CHAPITRE PREMIER. Historique de la découverte des cavernes à ossemens de Lunel-Vieil. A l’époque à laquelle M. Gautier acheta la campagne con- nue dans le pays sous le nom de Las rierlles Perrières, campagne voisine de celle qui est indiquée dans la carte de Cassini sous le nom de Pavillon Bouquet, on y exploitoit, depuis un temps immémorial, des carrières de calcaire ter- tiaire. Ces carrières ne fournissoient pas cependant des pierres trés-propres aux constructions, à cause de leur friabilité et de leur cassure celluleuse qui en rend le grain grossier ét irré- gulier. Ces pierres ont encore le désavantage de se désagré- gèr à l'air, et de perdre aïnsi leur solidité. Aussi lès carrières Mém. du Muséum. 1. 17. 49 38z RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES du Pavillon du Bouquet n’ont-elles été exploitées avec avan- tage que pour les constructions intérieures; leur blancheur les faisant rechercher pour cette destination. Ce fut en 1800, qu'après avoir enlevé un grand massif de ces pierres de taille, on aperçut, à environ dix mètres au-dessous du sol, une pe- tite ouverture dans le rocher; cette ouverture permettoit à peine d’y introduire la tête : agrandie par les soins du pro- priétaire, elle conduisit à une petite pièce d’environ quinze mètres de longueur, sur une largeur fort inégale de quatre à cinq mètres. On en retira des limons rougeâtres qui servi- rent à faire des briques. Le, propriétaire considéra ce souter- rain, avec celui qu’il connaissoit déjà à l’est de ses jardins comme une nouvelle curiosité à ajouter à toutes celles que présente le site pittoresque où il a placé sa jolie maison de campagne, et les curieux visitèrent avec empressement ces divers souterrains. é Personne jusqu'en 1824 ne se douta que ces souterrains continssent un grand nombre d’ossemens fossiles. À cette épo- que, MM. Prost, colonel du troisième régiment du génie alors en garnison à Montpellier, et Romphleur, capitaine dans le même régiment, visitèrent le vestibule découvert en 1800. Ce dernier distingua au milieu du limon un corps qui lui parut un os; s'étant empressé de le mettre à décou- vert, il en recueillit les débris, et l’apporta à l’un de nous, M. de Serres. Celui-ci s’assura que cet os étoit réellement fossile, et que ce n’étoit point un os d’une mule, que les gens de la campagne de M. Gautier avoient prétendu y avoir enterrée. Cet os, qu'il fit restaurer, était un fémur gau- che d’aurochs, et non de chimeau, comme il s’empresse de DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL 383 le reconnoître lui-même, ayant été trompé à cet égard par la manière fautive que l’on avoit suivie dans sa restauration. Ce fémur convainquit M. de Serres que les cavernes de Lunel-Vieil devoient être des cavernes à ossemens, analogues à celles de l'Allemagne et de l'Angleterre, et les recherches qu'il y fit de suite le confirmèrent de plus en plus dans cette opinion. Obligé de partir peu de temps après pour Paris, M. de Serres pria M. Moquin-Tandon, connu par le zèle qui l'anime pour le progrès des sciences naturelles, de sur- veiller les fouilles; il ne pouvoit en laisser le soin en des mains plus habiles. Les premières recherches que l’on fit dans le vestibule ne furent pas très-fructueuses. Il n’en fut pas de même de celles que M. Moquin-Tandon tenta dans le cou- loir. Celles-ci produisirent une si grande quantité d’osse- mens, que M. Gautier écrivit à M. de Serres que, dans une des cavités du couloir, les ossemens y étoient entassés en aussi grand nombre qu'ils le sont dans un cimetière. De retour de Paris, M. de Serres s’occupa à donner aux fouilles ane nouvelle activité; il réclama des secours du gou- vernement, secours qui lui furent accordés, à condition que les objets qui seroient découverts appartiendroiïent à la Faculté des Sciences de Montpellier. Une commission fut chargée de diriger ces fouilles (1); elles prirent bientôt une nouvelle importance par la découverte que l’on fit d’une grande ca- verne, dont l'issue étoit masquée par les limons qui remplis- {1) Cette commission, présidée par M. Gergonne, doyen de la Faculté des’ Scieuces , étoit composée de MM: Auglada , Provençal ; Flourens , Ménard | et des: auteurs des Recherches sur les cavernes à ossemens. 2 7 t 384 RECHERCHES;: SUR LES OSSEMENS FOSSILES soient la partie sud-ouest du vestibule. C’est de cette caverne qu'ont été retirés le plus grand nombre des o$semens que nous décrirons dans cet ouvrage. Les fouilles dirigées par la commission furent terminées vers le mois de janvier 1827: Nous ne perdimes pas pour cela l’espoir de faire de nouvelles découvertes; en effet, M. Ménard engagea M. Gautier à faire déblayer une fente du rocher qui avoit été bouchée par un mur en maçonnerie, afin de s'assurer si elle ne conduiroit pas à un nouveau sou- terrain. Cette fente agrandie conduisit en effet à un souter- rain étroit , mais fort étendu, et qui parut en grande partie rempli de sable. Ces sables enlevés par les soins du proprié- taire, l'on .y trouva des ossemens, soit de carnassiers, soit .d'herbivores, et des mêmes espèces que celles déjà reconnues dans le couloir de la grande caverne. L’on y recueillit, de - plus, des débris de castor , sorte de rongeur que l’on n’avoit point encore observé dans nos souterrains, mais que l’un de nous a signalé dans les brèches osseuses de Perpignan. Quoi- que ce boyau soit fort éroit, l’on y découvrit, comme dans notre grand souterrain, des débris de mammifères de la plus grande taille, tels que des aurochs, des rhinocéros, avec des ons et des hyènes, ainsi que plusieurs autres espèces qu’il seroit trop long d’énumérer. En,examinant la disposition gé- nérale des masses du calcaire. marin tertiaire où existent nos cavernes, il nous a paru que les cavités que nous connoissons sont loin d’être les seules qui y existent; probablement toutes renferment des ossemens de mammifères. Mais quel est le nombre.de: ces souterrains-qu'il reste à découvrir? c’est.ce que nous ne pouvons prévoir; aussi aVOns-nous cru qu'après DES CAVÉRNES DE LUNEL-VIEIL. 385 plusieurs annéés de recherches consécutives, il étoit temps d'en publier le résultat, d'autant qu’ellés nons ont donné les moyens de voir ét de comparer plus de douze cents pièces différentes, appartenarit aux espèces fossiles que nous signalerons dans cet ouvrage: CHAPITRE IL De la situation des cavernes à ossemens. Les cavernes à ossemens de Lunel-Vieil sont situées à un quart de lieue au nord-ouest du village du même nom, et à environ trois lieues à l’est de Montpellier. Les différentes cavernes à Osseinens sont à peu près à la même élévation au- dessus de la Méditerranée. La plus élevée se trouve, d’après les observations barométriques conjointement faites avec MM. Gergonne et Gambard, à dix-huit mètres au-dessus de cette mer, et les plus basses seulement à quinze mètres au- dessus de ce même niveau. Ces cavernes, placées au nord de la route de Montpellier à Nimes, se trouvent sur le penchant méridional d’un coteau peu élevé, bien caractérisé pourtant sur les cartes de Cassini. Ce coteau, connu dans le pays sous le nom de Côte du Ma- zet, est désigné dans les cartes que nous venons d'indiquer sous celui de Pavillon Bouquet, à raison d’un belvédère que M. Bouquet, ancien propriétaire de cette colline, y avoit fait bâtir. Il est recouvert par le diluvium des plaines, formé par un limon rougeâtre chargé de galets ou de cailloux roulés, calcaires et quarzeux, parmi lesquels les prémiers dominent 386 RECHERCHES SUR, LES. OSSEMENS FOSSILES essentiellement. Ces cailloux -roulés, pour la plupart pugil- laires, et le. limon dans lequel ils sont disséminés, ont les plus grands, rapports avec le diluvium qui 9Ecupe la partie la plus septentrionale de la grande caverne; ils n’en diffèrent que parce que les cailloux roulés y sont généralement d’une moindre dimension. Ce diluvium est immédiatement super- posé à des marnes calcaires jaunâtres qui reposent elles- mêmes sur un calcaire globuleux, auquel succède, ainsi que nous l’observerons plus, tard, le calcaire marin massif, le plus utile pour les constructions. Ce calcaire marin tertiaire, comme tous ceux qui se trouvent sur le littoral de la Médi- terranée, soit en France, soit en Italie, paroît supérieur aux marnes bleues, si caractéristiques, des collines subappen- nines; dès lors. on doit le rapporter aux seconds calcaires marins tertiaires ou à la formation du calcaire moellon qui est séparée de celle du calcaire grossier par des terrains d’eau douce, plus ou moins développés, selon les localités, et man- quant souvent, surtout sur le littoral de la Méditerranée. Le calcaire dans lequel s’ouvrent les cavernes. à ossemens de Lunel-Vieil correspondroit donc à la seconde formation marine des environs de Paris, et feroit partie de. l'étage, moyen des terrains marins supérieur. Nos cavernes à ossemens, peu distantes du bassin actuel de la Méditerranée, n’en sont séparées que par un intervalle d'environ neuf à dix kilomètres au plus; car la distance qui les sépare du bord le plus voisin: de l'étang de Manguio, étang qui borde la Méditerranée, et.qui communique avec; elle, est d environ huit kilomètres, ! Comme le sol des jardins où viennent s ouvrir les verses cavités souterraines. est-d’en-, DES CAVENNES DE LUNEL-VIEIL. 38 viron quinze à dix-huit mètrés au-dessus dés eaux moyennes de l'étang, il en résulte que la pente moyenne du sol, dans la direction du nord au sud, se trouve d'environ deux mètres par kilomètre. : FA CHAPITRE TILL Des formations où existent les capernes à ossemens. Les cavernes à ossemens de Lunel-Vieil se montrent dans la formation du second calcaire marin tertiaire ou caleaire moellon, soit dans le calcaire globaire qui en compose les couches supérieures, soit dans le calcaire moellon massif, exploité comme pierre de taille. Le premier est composé d’une infinité de nodules ou de globules arrondis de la gros- seur du poing; lesquels nodules sont noyés dans uné pâte calcaire de la même nature. Par suite de cette structure, ce calcaire présente une disposition particulière, et analogue à celle du pyroméride globaire, avec cette différence cependant que dans notre roche les globes sont plus gros, plus rappro- chés et moins réguliers, n'ayant nullément été produits par cristallisation. Ces nodules se sont formés par une sorte de dépôt successif, mais irrégulier; en sorte que les couches qui le composent, quoique concenurIqUEs, 0 ne sont ni égales entre elles, ni espacées avec symétrie. : Le nombre de ces nodules noÿés dans la pâte calcaire, qui au premier abord ressemblent à des cailloux roulés, est d’au- tant plus considérable, que les couches où orles observe sont des assises les plus supérieures. A mesure que les couches de- viennent plus basses, leurs assises prennent une plus grande 388 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES puissance, en même temps que le calcaire qui les compose devient, plus homogène, et moins chargé de ces concrétions arrondies et, si nombreuses dans les lits supérieurs. Le calcaire inférieur, disposé au-dessous du précédent, est formé par une pâte homogène calcaire , à grains cependant ir- réguliers, mais plus sérrés que dans le calcaire supérieur. Ce dernier se fond d’une manière insensible dans la pâte du se- cond, sans qu'il soit séparé d’une manière nette par aucune sorte de fissure. Aussi paroissent-ils avoir été déposés presque simultanément; et si les calcaires supérieurs présentent la forme arrondie dans uue partie de leur masse, il faut proba- blement lattribuer à l'agitation du liquide dans lequel les dereniers dépôts ont été produits. : Le plus généralement le plafond ou la voûte de nos cavi- tés est formé par le calcaire globaire; cecin’a pas été sans influence dans la production des efflorescences qui couvroïent ce plafond. Ce calcaire; par suite desa structure, ‘plus facile- ment altérable que le calcaire massif:inférieur, a éprouvé une décomposition que ce dernier ne paroît pas avoir subie. Du moins ces efflorescences n’ont été aperçues queidans les ro- chers formés par le calcaire globaire, dont les parties ont si peu. d’adhérence, que les racines des arbres ‘ont pu S'y établir, les percer, et descendre jusque dans l'intérieur den nos souterrains. ET Il est pr sque inutile de dir que les limons qui remplissent nos cavités n’ont, rien de commun, sous le rapport de leurs formations, avec les formations où on les rencontre. En:effet, le calcaire marin tertiaire; qui compose le massif des rochers où existent nos, cavernes, à ossemens, étoit déposéhien avant DES CAVERNES DE LUNEL-=VIEIL. 389 que, par un phénomène de remplissage, des limons fussent amenés dans les cavités longitudinales que leurs couches avoient laissées entre elles. Ces limons ont été introduits dans nos cavités, parce qu’elles présentoient des vides que des _alluvions ont remplis; mais quoique ces alluvions paroïssent anti-diluviennes, elles sont certainement d’une date bien plus récente que le calcaire moellon , le dernier dépôt marin qui ait eu lieu sur la terre, en bancs continus et puissans. Aussi nos terrains à ossemens véritables, dépôts les plus récens de tous ceux où il existe des mammifères terrestres, n’ont rien decom- _mun avec le dépôt du calcaire marin qui annonce un séjour tranquille de la mer sur nos continens; et l’on peut ajouter d’une mer peu profonde et peu étendue, car les débris des êtres marins que renferment nos calcaires moellons se rapportent à des espèces des rivages analogues à celles qui vivent encore sur le bord des côtes, et nullement à des espèces des hautes mers ou de leur profondeur. Les espèces pélagiques ne se montrent pas plus au milieu des couches de nos calcaires ma- rins tertiaires que les espèces marines (si ce n’est celles qui ont été détachées des formations préexistantes) ne se ren- contrent au milieu de nos limons à ossemens. En s’en tenant doncuniquement aux caractères zoologiques de ces deux formations, il s'ensuit que si nos calcaires moel- lons sont des formations marines, les terrains à ossemens qui en remplissent les cavités sont des formations de transport produites par des eaux douces et courantes, et que les unes et les autres n’ont rien de commun sous le rapport de la cause qui les a déposés. Il s’ensuit encore que les premières de ces formations ont précédé les secondes, non-seulement Mém. du Muséum. 1. 17. 5o 390 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES parce qu'il falloit que des cavités existassent pour pouvoir être remplies, mais surtout parce que les mammifères ter- restres et les oiseaux n’ont paru que fort tard sur la scène de l’ancien monde, et: qu’aussi leurs débris se montrent peu dans la masse du calcaire moellon. Les corps organisés du calcaire moellon, dans les cavités duquel se trouvent nos terrains à ossemens, ne sont pas nom- breux. Ils appartiennent uniquement à des poissons et à des coquilles de mer, Les poissons y sont représentés par des dents de squales, soit du squale-nez (squalus cornubicus), soit du squale-glauque (squalus glaucus). Les coquilles se rapportent pour la plupart à différentes espèces de pecten, d'arca d’ostrea et de balanus. C'est du moins les seuls débris de corps organi- sés marins que nous ayons découverts dans les calcaires ter- tiaires, dans lesquels sont ouvertes les cavernes de Lunel-Vieil. Les calcaires moellons que nous venons d'indiquer sont recouverts par des marnes jaunàtres et par des calcaires mar- neux disposés en lits horizontaux er parallèles. Ainsi, à partir de la terre végétale généralement argilo-siliceo-caleaire ou du limon rouge qui lui est mêlé, et dans lequel existe une grande quantité de cailloux roulés, soit calcaires, soit quarzeux, et dont l'épaisseur est de 0,50 à 0,80, l’on découvre des marnes calcaires jaunâtres peu tenaces, sans indice de stratification. Ces marnes dont la plus grande épaisseur ne dépasse pas celle d’un mètre à 1,50 sont fort irrégulières, étant souvent in- terrompues, ne se présentant pas toujours en bancs conti- nus : elles se délitent facilement à l'air, et s’y réduisent même en débris fort menus. Lorsqu’elles existent, elles surmontent un calcaire marneux en couches horizontales et parallèles DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 391 entre elles, dont l'épaisseur totale ne va guère au-delà de 1,50 à 1,80. Les couches de ce calcaire marneux, coquillier et jaunâtre, ont généralement peu d’adhérence entre elles: leur épaisseur particulière ne va guère au-delà de 0,10. L'on y voit peu de coquilles marines. Après ce calcaire horizontal, nommé Coquillou d'en aoû parles ouvriers, paroit le calcaire moellon globuleux ou globaire, dont les nuances blanchâtres tranchent avec celles du calcaire horizontal qui le surmontent. Dans certaines parties des carrières, ces calcaires globaires ne montrent aucun indice de stratification, tandis que dans d’autres points ils se présentent en couches distinctes dont l'inclinaison est très-variable, tandis que leur direction suit assez celle de la grande pente de la colline où se trouvent les cavernes à ossemens, c’est-à-dire celle du nord au sud. Lorsque le calcaire moellon ne montre aucun indice de couches, les nodules, ou noyaux concrétionnés qui le com- posent en grande partie dans la portion la plus supérieure de leurs lits, se fondent insensiblement dans la masse du calcaire inférieur. L’épaisseur du calcaire globaire est fort inégale; ce- pendant, en terme moyen, elle n’est guère au-delà de 2,50 à 3 mètres, du moins celle des masses où il existe une certaine quantité de ces noyaux arrondis:qui le caractérisent; car plu- sieurs de ces noyaux descendent à plus de 5 mètres dans la masse du calcaire homogène inférieures. Les coquilles ma- rines sont assez abondantes dans les calcaires globaires qui présentent des couches distinctes. Au-dessous du calcaire globaire, vient. le calcaire moellon massif, ou coguitlou d’en bas, dont la bilancheur est souvent éclatante. Ce calcaire, dont la dureté n'est pas considérable, 392 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES est d’une exploitation facile. Aussi fournit-il des pierres de taille propres aux constructions, qui exigent plus d'élégance que de solidité. Lies mêmes coquilles marines du calcaire glo- baire se montrent dans le calcaire inférieur ; seulement elles y sont moins abondantes. La puissance de ce calcaire ne nous est point connue; elle paroît être fort considérable, à en juger par la profondeur à laquelle on a poussé certaines exploita- tions, et qui cependant sont loin d’être parvenues au-dessous deses masses. Ces calcaires inférieurs constituent le plus géné- ralement des bancs homogènes, bien rarement interrompus par des couches minces de calcaire globuleux ou globaire. Ces calcaires, comme les autres calcaires marins tertiaires du midi de la France, reposent sur les marnes bleues, analogues aux marnes subapennines. Les cavernes à ossemens de Lunel-Vieil ne se trouvent donc pas,comme la plupart de celles que l’ona observées jus- qu’à présent, soit en Allemagne, soit en Angleterre, soit en France, dans la formation du calcaire du Jura, ou de ces cal- caires caverneux si remarquables par le grand nombre de cavités qu'ils présentent. Les terrains d’alluvion qui ont rem- pli nos cavernes sont, dans le midi de la France, plus en rap- port avec les roches qui composent les cavités où ils ont été ammoncélés, qu'ils le sont dans le nord de l'Europe. Ce sont ici des membres d’une même série; et même, ée qu'il y a de plus particulier, c’est que, d’une part, on a les plus récentes des couches solides tertiaires, et de l’autre les plus récentes des formations qui appartiennent aux dépôts d’alluvion. Mais ainsi que nous l’avons déjà fait observer, les limons à osse= mens des cavernes sont des dépôts d’alluvion ou des forma- DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 393 tions indépendantes qui peuvent se trouver dans toutes sortes de terrains. Aussi, en étudiant avec soin les cavités ou les fentes qui existent dans les rochers peu distans des terrains tertiaires, on reconnoîtra qu’à peu près toutes sont remplies de limons analogues, chargés d’une quantité plus ou moins considérable d’ossemens, lesquels se rapportent à des espèces qui ont entre elles quelque chose de commun. Nous sommes amenés à cette idée par le grand nombre de brèches et de cavernes à ossemens, que l’un de nous a décou- verts depuis la connoissance qu’il a eue des cavernes de Lunel-Vieil. CHAPITRE IV. De la grande caverne. L'entrée de la grande caverne ou de la caverne principale de Lunel-Vieil, peu distante de celles du couloir et du boyau, se trouve au bas d’un rocher coupé à pic. Ce rocher, qui a au moins dix mètres d’élévation, se déprime vers le bas, suivant sa courbure d’un quart de cylindre dont l'axe seroit horizontal. Le rocher fait face au sud-est, et l’ouver- ture qui est au bas conduit immédiatement dans une première salle que nous nommerons vestibule, et que nous décrirons plus tard. I’étendue de la grande caverne est d’environ cent cinquante mètres; nous disons environ cent cinquante mètres, parce qu'elle se prolonge au-delà de cette étendue: la longueur que nous lui attribuons est seulement celle qui est acces- sible. Sa largeur varie beaucoup; la plus considérable se maintient entre dix et douze mètres. Cette largeur est 394 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES moindre encore vers l'extrémité sud, où ce souterrain ne forme plus qu’un boyau extrêmement étroit pendant l’espace d'une vingtaine de mètres. Quant à sa hauteur, elle est fort inégale, et fort difficile à estimer d’une manière exacte, à raison des limoris qui l'ont comblée en partie, et des roches éboulées qui encombrent le le sol primitif. Tout ce que l’on peut dire à cet égard, c’est que sa plus grande élévation est vers le nord, précisément dans la partie où elle est la plus large; c’est à l'extrémité occidentale du vestibule de la grande caverne qu’on lui voit la plus grande élévation. Cette élévation est de 8,40 à 8,70; comme les limons qui s’y sont accumulés y forment des couches fort épaisses, qui ont rempli une hauteur de 5,30 à 5,40, il en résulte qu'il ne reste de vide que 3,10 à 3,30 dans les parties même les plus élevées. A mesure que l’on s’avance vers le sud, cette hauteur devient moins grande, soit à raison des limons ou des sables qui sont amoncelés sur le sol primitif, soit à raison des ro- chers éboulés qui élèvent et modifient singulièrement le ni- veau du sol ancien, soit enfin parce que la voûte s’abaisse elle-même d'une manière sensible vers l'extrémité méridio- nale. Aussi la hauteur de notre grand souterrain, par suite de ces différentes causes, paroit-elle très-inégale : si donc il est possible de fixer la plus grande comme la plus petite, il ne l’est pas également de l’évaluer d’une manière précise dans les différens points de son étendue, d'autant que nous sommes loin d'être parvenus partout jusqu’au niveau du rocher inté- rieur. D'ailleurs, il existe dans certaines parties de grandes cavités qui, en rendant le sol inférieur beaucoup plus bas DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 305 que le niveau moyen auquel il se maintient, modifient sin- gulièrement l'élévation que l’on peut fixer à notre souterrain. Cependant, en terme moyen, on peut évaluer la hauteur de cette caverne à trois ou quatre mètres, non depuis son sol antique, mais au-dessus du sol formé par l'accumulation des limons. La grande caverne a une direction qui n’est guère plus constante que son élévation; cette direction a lieu du nord au sud presqu’en ligne droite, dans la moitié de son étendue et dans le sens de la grande pente, tandis que la seconde moitié a sa direction du nord-est au sud-ouest. La pente est assez rapide dans cette dernière direction pendant plus des deux tiers de l’étendue de ce souterrain; elle de- vient de plus en plus foible à mesure que l’on approche de l'extrémité sud-ouest, où les sables sont amoncelés. Mais outre cette pente qui est la plus générale, il y en a une autre d’aussi sensible de l’ouest à l’est; c’est par suite de cette pente que le vestibule, point par où l’on pénètre dans la caverne, a été rempli par les limons qui, en l’obstruant en grande partie, masquent le souterrain principal. Quant aux ossemens, ils se montroient accumulés dans tous les points de notre grand souterrain où la pente naturelle devoit les entrat- uer. Il est remarquable que la colline où est située notre grande caverne ait son inclinaison dans le sens de cette prin- cipale pente de souterrain; ce qui dépend peut-être de ce que la plus grande étendue de celui-ci coïncide avec celle du sens des couches du calcaire marin massif. La grande caverne peut être comme partagée en deux parties de directions diverses, dont les axes font entre eux un angle très-obstu. En partant du sommet de cet angle, la partie 396 RECHERCHÉS SUR LES OSSEMENS FOSSILES la plus septentrionale se dirige ‘vers le nord-nord-est, sur une longueur d’environ soixante-quatre mètres, tandis que la partie méridionale se dirige vers lé sud-ouest, sur'une‘lon- gueur d'environ quatre-vingt-six mètres. C’est à peu près aux trois quarts de la longueur de la partie la plus séptentrionale de ce souterrain que l’on y par- vient, et cela du côté de l’est. On! n'y arrive pas cepen- dant immédiatement, car cette caverne se trouve précédée - par un vestibule assez vaste, d’une longueur d'environ qua- torze mètres sur une longueur de neuf mètres etune hau- teur de quatre à cinq. L’entrée du grand souterrain est plus basse que le sol de son plancher; aussi n’y parvient-on que par ‘une pente ascendante assez roide, que l’on arendueac- cessiblé en ÿ pratiquant des escaliers: Ainsi l'entrée du ves- tibule est plus basse d'environ quatre mètres que le: sol de la grande caverne, qui est à peu près de niveauavec les jardins et le couloir. La voûte ou plafond de la grande caverne, jetée ordinaire- ment à plein cintre et quelquefois surbaïssée, paroït solide | sur tous les points, malgré les éboulemens des rochers -qui ont eu lieu. Comme Île sol qui la recouvre va en s’abaissant d’une manière sensible du nord au sud, il s’ensuit que l’é- paisseur du terrain qui est au-dessus de cette voñte: doit aller sans cesse en décroissant dans la même direction ; aussi après de grandes pluies, les eaux s’infiltrent-elles:vers la partie sud, ainsi que les racines des müriers et des figuiers qui garnissent le sol supérieur, racines qui percent les fillures des rochers, pénètrent jusque dans l'intérieur de la grande caverne, comme du couloir. Dans la partie nord, au contraire, DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL, 307 le sol de ce souterrain, comme du couloir, doit se trouver à une profondeur de seize à dix-huit mètres au-dessus du sol supérieur, ce qui donneroiït dans cette direction, à la voûte de ces cavités, une épaisseuf d’une dixaine de mètres. Dans une grande partie de la longueur de la caverne, la voûte un peu surbaissée est tellement unie et régulière dans sa coupe, que beaucoup de ceux qui l’ont vue ont été tentés de la prendre pour un ouvrage de l’art. Cela peut surprendre” d'autant plus, que des masses de rochers en assez grand uombre qui encombrent le sol, et dont quelques uns n’ont pas moins de plusieurs mètres de longueur sur plus d’un mètre de largeur et guère moins de hauteur, se sont déta- chés de la voûte par leur propre poids. Aux deux extrémités de la caverne, la voûte s’abaisse peu à peu, et à tel point qu'on ne peut plus avancer qu’en rampant. Vers cette par- tie, comme dans d’autres, certaines des roches qui suppor- tent la voûte sont irrégulièrement découpées en saillies iné- gales et arrondies. Nulle part on ne voit lesroches du sommet de ce souterrain disposées en tuyaux de cheminée, comme celles du boyau et du couloir. Il n’en est pas de même des parois. latérales; celles-ci sont, au contraire, sillonnées d’anfractures souvent profondes, percées de cheminées ou de soupiraux qui affectent des directions obliques, verti- cales, d’où s'écoule en nappe une argile molle, pâteuse, ar- gile tenace, dont les matériaux semblent épuisés, puisqu'elle a cessé tout-à-fait de fluer. Au moment où l’on pénétra dans la grande caverne, la voûte étoit presque entièrement revêtue d’une couche épaisse d’une efflorescence d’un gris légèrement verdâtre, dont nous Mém. du Muséum. t 17. 51 398 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES déterminerons plus tard la nature. Ces efflorescences avoient une assez grande épaisseur; ellés s’étendoient sur la surface de la voûte comme une sorte de glacis. Elles éprouvèrent un Certain retrait en se desséchant, et laissèrent une partie de Ja voûte à découvert: Elles ont paru provenir de la dé- composition lente du calcaire globaire qui compose lepla- fond, et qui, formé en partie de nodules composées de cou- ches concentriques, est:par cela facilement altérable. En gé- néral, ces efflorescences, douces ‘et grasses au toucher, ont paru plus ‘épaisses, plus humides, et plus étendues au sud qu'au nord. Elles couvroïent en partie certaines roches ébou- lées, indice évident de la nouveauté de certains de ces ébou- lemens, en pénétrant jusqu’à un: certain point dans l'inté- riéur du rocher d’où elles provenoient. Leur mollesse/les en faisoit détacher avec la plus grande facilité; le rocher dont elles provenoient n’avoit guère plus de consistance que du fromage mou, et cela pendant une épaisseur de plusieurs cen- timètres. | Lie sol de la caverne, que l’on n'a reconnu que dans quel- ques parties, est très-inégal : ce sol étoit recouvert! par les limons que nous indiquerons plus tard; et par de nombreuses roches éboulées, qui rendoient le sol extrêmement irrégu- lier et d’un accès difficile. La surface de ce sol fut trouvée légèrement humide, inégale, sillonnée sur le côté gauche, prin- cipalément par un ravi peu profond, longeant les paroïs du rocher jusqu'au centre du souterrain. Ge fut sur la surface de ces limons qui recoùvroient le sol que l'on découvrit divers fragmens osseux appartenant aux animaux qui y avoient péri naturellement, et enfin, sur un bloc de roche DES CAVERNES DE: LUNEL-VIELs. - 399 extérieure, le squelette, d’un chien dont, nous parlerons plus tard. sHbus His dés Le sol le plus:supérieur ne, présenta nulle part ce glacis stalagmitique-que l’on a rencontré dans .un certain nombre dé cavernes à: ossemens. Seulement les parois latérales du rocher, principalement à l'extrémité sud ; étoient recouvertes de stalagmites calcaires plus ou moins épaisses, et disposées par bandes horizontales. Quelques parties de ce glacis sta- lagmitique se terminoient en petits cristaux aciculaires, rap- prochés du dodécaèdre métastatique. Ce. glacis ne s’élevoit pas, du reste, au-dessus du so] de, plus d’un mètre, paroissant avoir été produit par les eaux inférieures qui baignoïent.le sol de la'caverne. L'ouverture naturelle de notre grand souterrain est encore à découvrir. Celle-par laquelle on:y arrive-est tout-à-fait ar- tificielle. On la reconnut après avoir enlevé une couche des plus épaisses dei calcaire massif qui la masquoit entièrement. Elle étoit d'abord si étroite qu’un homme pouvoit à peine _yintroduire la tête; on l’agrandit peu à peu, et l’on arriva ainsi dans une petite pièce que l’on peut considérer comme le vestibule de la caverne. L’extrémité occidentale de ce vestibule étant encombrée de limon à ossemens, fut fouillée avec:soin; ces fouilles firent découvrir le grand souterrain, dont la première apparition fut un'sujet d’étonnement pour les ouvriers. Mais évidemment ce n’est point par la petite ouverture dont nous venons de parler que sont arrivés les limons ou les sables qui-ont encombré cette cavité; car lors même que son peu de largeur n’auroit pas été un obstacle à leur introduction, ces lunons l’auroient remplie partout:jus- 400 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES qu’à la hauteur du niveau de latcaverne, surtout vers lou- verture, tandis que la partie du vestibule étoit vide, excepté vers lé nord-ouest, où le courant l’avoit comblée. Nous sommes donc encore à connoitre la véritable ouver- ture de cette cavité, c’est-à-dire celle par laquelle est arrivé le courant qui l’a remplie en partie. D’après la direction'que ce courant a suivie, cette ouverture devoit être vers le nord, point où la voûte est aujourd’hui tellement surbaïssée qu’elle touche presque le sol supérieur. M: Buckland', qui a visité les lieux avec l’un de nous, a pensé que les limons devoient ÿ être arrivés du côté du nord, et qu'ils devoient avoir suivi là direction de la’ caverne, ou la penté assez rapide qui s’é- tend du nord au sud pendant les deux tiers au moins de son étendue. Aussi, près du point d'arrivée du'courant, le limon à ossemens avoit-il la plus grande épaisseur, et les galets, ou cailloux arrondis, leur plus grand volume. Vers l’extrémité opposée, tout-à-fait vers le sud, le terrain parut perdre gra- duellément de sa densité, et finir par être totalement sa- blonneux. À mesure que le terrain devenoit sablonneux, le limon ne présentoit plus d’ossemens; ou du moins en si petit nombre, qu’à peine put-on ÿ en rencontrer quelques débris isolés. Le courant ne paroît pas avoir eu une grande force d’im- pulsion, puisque dans certains boyaux latéraux du souterrain, le sédiment est assez horizontalement étendu jusqu’à leur extrémité, et qu'à droite et à gauche quelques ‘cavités sont restées vides. [l'en est une notamment assez profonde, placée ‘au milieu de la caverne, que des blocs en avancement ont lgarantié, et‘où l'on nelVoitw’un‘péu de sable; encoreïpa- DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL : 4o1 roit-il n'y être arrivé que par une sorte de reflux. Gependant à l'extrémité sud ,'le sol est, sensiblement relevé, ce, qui semble avoir: eu lieu par l'effet naturel des alluvions succes- sives, platôt que par une impulsion violente qu'auroit eu le courant ; car, si cette impulsion avoit été fort considérable, les-cailloux roulés, les ossemens et les fragmens anguleux des roches d’un médiocre volume. auroient été entraînés au loin, tandis qu'ils sont accumulés vers l’arrivée du:courant. L’argile rougeâtre se retrouveroit également jusqu'à l’extré- mité sud de la caverne, et les cavités latérales seroient com plétement bouchées, tandis qu'il en est tout différemment, Il faut cependant que le ballotement des eaux, qui ne trou- voient.point d’issue vers le sud, ait été asseziviolent, puisque les roches saillantes des deux faces du grand souterrain sont presque partout polies et arrondies comme par l'effet d’un frottement violent. De même partout, mais principalement à l’est ou à gauche, les parties nues du rocher présentent des parties creuses et des parties saillantes qui indiquent l’ac- tion d'un liquide désagrégeant, une pierre compacte et so- lide, par l'effet d’un frottement violent et prolongé. Les os eux-mêmes quise.trouvent dans le limon, quoiquils ne pré sentent point des formes arrondies qui puissent faire présu- mer qu'ils ont été transportés de loin roulés, n’en indiquent pas moins par leurs fractures qu'ils ont éprouvé un choc assez violent, choc d'autant plus admissible, que la plupart sont arrivés dans la caverne avec.des graviers ou des galets, D'un autre côté, les dépôts les plus épais du limon,prin- cipalement ceux qui se trouvent vers le nord, sont disposés -par couches successives, conservant entre eux une régularité 4o2 RECHERCHES. SUR LES. OSSEMENS. FOSSILES assez grande et un parallélisme assez prononcé, ce quiin- dique des dépôts successifs et produits avec une certaine len- teur. Ces dépots se trouvent principalement vers l’est, occu- pant les trois quarts de la caverne vers le nord, partie qu correspond au vestibule où les eaux se sont élevées jusqu’au plafond, le niveau du vestibule étant beaucoup plus bas que celui du grand souterrain. Ainsi le courant a pu s'étendre en ligne droite jusqu’à l'extrémité sud de la caverne, et y pro- duire tous les effets dépendant de l'impulsion qu'il pouvoit avoir, tandis que des dépôts lents et tranquilles s’opéroient dans les cavités dont les niveaux, inférieurs à celui. que sui- voit le, courant principal, avoient pu recevoir un grand vo lume d’eau. De’cette manière, on peut concevoir ces diverses circonstances sans qu'il soit nécessaire de les considérer comme résultant de deux courans, car le même peut avoir produit des effets différens, suivant que son.action étoit en- tière ou amortie. Du reste rien n’annonce que nos cavernes aient été tra- versées par des courans agissant en sens contraire; car. si deux courans avoient agi l’un dans la direction du nord au sud, et l’autre dans, celle de l’ouest à l’est, ce second courant auroit encombré ou au moins nivelé le sol sur son passage, ce que l’on n’observe nulle part. D'ailleurs si deux courans. avoient existé, agissant en sens contraire, l’on trouveroit certainement à leur. point de contact uné barre occasionée. par le dépôt de leurs sédimens, barre dont on n'a point aperçu de vestiges. Nos. cavernes, situées au | pied de coteaux élevés qui les do- minent de tous côtés, ont:dû recevoir les eaux qui s'en écou-. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 4o3 loient par suite dé la pente naturelle du sol, en supposant qu’à l’époque où nos animaux fossiles y ont été entrainés,, le sol eût la disposition qu'il présente aujourd’hui; ce qui est du reste ltrès-présumable, car ces -événemens géologiques paroissent bien moins anciens qu'on ne l’a supposé. Le terrain supérieur à nos cavernes est donc formé de coteaux élevés, arrondis à leurs sommets, séparés les ‘uns des autres par des ravins plus ou moins profonds, dont les bords, taillés en pente douce, ont leur versant commun vers une petite rivière qui coule à cinq ou six cents mètres à ouest. La colline, sous laquelle existent ces cavernes, (pré- sente à son sommet une arête assez prolongée, dont la plus grande pente est dans le sens de l’axe de notre souterrain principal, souterrain qui n'est guère à plus de cent vingt à cent quarante mètres au plus de ce sommet. Aussi, comme ce coteau est lui-même plus bas que ceux qui l'entourent, formant comme la première marche d’un amphithéâtre qui s'élève graduellement jusqu'à d’assez grandes hauteurs, il paroît avoir été traversé par un courant, élant recouvert en entier par un sol d’aliuvion où les galets et les cailloux roulés sont en plus grand nombre que dans les limons qui encom- brent nos cavernes. Donc si les coteaux qui s'élèvent direc- tement au-dessus de nos cavernes offrent eux-mêmes des dépôts d’alluvions analogues à ceux qui les remplissent, l’on ne doit pas chercher bien loin d’où sont arrivés les courans qui y ont réuni une si grande quantité de limon. L’on observe du moins une grande analogie entre les li- mons extérieurs et les limons intérieurs; les différences qui existent entre eux tiennent à la ténuité, à la finesse, ainsi 404 RÉCHERGHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES qu'à la couleur rouge plus prononcée des derniers, et au grand nombre d’ossemens qu’ils renferment. Les limons éx- térieurs ou ceux qui recouvrent le sol supérieur de nos ca- vernes sont assez généralement rougeâtres; on les voit mêlés d’une assez grande quantité de galets ou cailloux roulés, dont la grosseur plus ou moins considérable n’est guère cepen- dant au-delà de celle du poing. Le sol supérieur, comme des limons qui ont rempli en partie nos cavernes, est donc composé par un sol d’alluvion produit par des eaux douces et courantes. Aussi, lorsque ces limons renferment des corps organisés, et jusqu’à présent 'on u’en a observé que dans ceux des cavernes, on n’y voit que des débris de mammifères terrestres, ou des reptiles, ou des coquilles également des terres sèches. Ces débris sont accom- pagnés parfois de quelques traces de matière végétale sou- vent carbonisée, mais jamais de quelque portion végétale un peu réconnaissable. Quant aux coquilles et'aux poissons de mer dont on trouve des débris dans le sol graveleux in- férieur de la caverne, ces débris n’annoncent nullement une alluvion marine, ayant été détachés par les courans des for- mations préexistantes, c’est-à-dire du calcaire moellon. Aussi les espèces de squales et de peignes que l’on y à rencon- trées sont elles les mêmes que les caractéristiques de cette roche. Ces débris d'animaux de mer sont donc purement accidentels au milieu de nos limons; ils leur sont aussi an- térieurs qu’au calcaire: moellon, dont ils ont comblé les cavités. Fo) D’après ces faits, on sent que l'observateur le moins exercé doit être frappé, ‘en visitant nos cavernes; des traces irrécu- DES *CAVERNES: DE LUNEL VIEIL. 1 4oû sables et nombreuses du long séjour; owtout du!moins d’un séjour1plusieurs fois:renouvelé, des: eaux danst leur inté- rieur, soit queces eaux y aient été stagnantes, soit qu’au contraire. elles y aient eu un cours plus ou moins-rapide. Il est. difficile de ne pas reconnoître ce travail-intérieur des eaux;en voyante calcaire des parois présenter des alterna- tives d'enfoncement et de saillie plus ou moins apparentes, de forme arrondie, attestant l’inégale dureté du calcaire-qui a.cédé en quelques-endroits, et a résisté dans:d’autres. Gette circonstance frappe d’abord, et les-limons, les :sables, les: cailloux roulés, qui couvrent lesol, achèvent-de compléter la conviction, en. démontrant Peffet des-eaux qui ont pénétré dans ces cavités souterraines. CHAPITRE V. Du:couloir ou caperne de l’est la plus anciennement connue. Nous nommerons couloir ou caverne de l’est celui.de nos souterrains.qui est le plus anciennement connu. L'ouverture par laquelle on ÿ pénètreest, commecelledu boyauque nous décrirons plus tard, dans une sorte de: ravin profond situé au midi.des jardins de la campagne Gautier. Cétte ouverture, qui n'étoit d'abord qu'une simple fente:entre deux !rochers, a été agrandie, de manière ;à rendre: l'accès du, souterrain facile. La distance qui la sépare du boyau n’est guère au-delà de cinq mètres. Comme ce couloir offre-à peu près la même direction que le boyau;;et.que; les: deux souterrains.se ter Mérm. du Muséum. t. 17. 52 406 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES minent presque sur la même ligne, il est probable qu'ils ont été remplis par le même courant. Il est essentiel de faire remarquer que la pente du courant est diamétralement oppo- sée dans la grande caverne à celle qu’elle présente dans le couloir et le boyau. L'on se demande si le même cours d’eau qui avoit parcouru la grande caverne n’auroit pas trouvé une issue par les deux ouvertures du couloir et du boyau. La forme générale du couloir, fort irrégulière, est tortueuse par intervalle. Ce couloir est généralement étroit, sa largeur moyenne ne dépassant guère deux mètres. Sa hauteur, d’envi- ron quatre mêtres, se termine en voûte, voûte. encore plus irrégulière que dans les autres souterrains. La surface des parois de ce couloir est extrèmement inégale, présentant des alternatives d’éminences et de cavités plus ou moins consi- dérables, cavités souvent disposées au plafond comme des espèces de tuyaux de cheminée. à En entrant dans le couloir, on parcourt d'abord une lon- gueur d'environ sept mètres, dans la direction du nord-nord- est au sud-sud-ouest, après laquelle on trouve sur la droite un rameau très-étroit en retour, presque parallèle à la direc- on d'entrée d’une profondeur d'environ cinq mètres. Ce- rameau, rétréci et peu élevé, renfermoit une grande quantité d’ossemens, dont plusieurs avoient été fixés au rocher par un ciment stalagmitique calcaire, généralement peu épais. En laissant cette galerie, et continuant à marcher dans la direction du sud-sud-est après avoir parcouru une longueur d'environ trente mètres, on trouve à sa gauche une nouvelle galerie en retour, plus large et plus haute que la première, se dirigeant vers le mord-est, et présentant une profondeur DES CAVERNES DE LUNEL.-VIRIL. 407 d'environ quatorze mètres. A la hauteur de son entrée, la direction principale du couloir dévie un peu à droite, de manière à suivre presque le prolongement de celle du rameau latéral. Mais, après avoir parcouru une longueur d'environ quinze mètres, on se trouve au fond du couloir, dont la plus grande longueur est: d’un peu plus de cinquante mètres. Les deux divisions du couloir ont à peu près la même direction que le couloir principal, et leur pente est toujours vers ia galerie, en sorte que l’inclinaison du sol est sensiblement vers l'ouverture ou vers le nord-est. Aussi l'extrémité du second rameau, terminée par une cavité en entonnoir, est- elle toute remplie de sable comme les parties de ces cavernes les plus éloignées du courant qui y a apporté les limons et et les sables qui les ont comblées en partie. Comme l'étendue de la bifurcation du couloir n’est guère au-delà de quatorze mètres, cette bifurcation, lors même qu’elle ne se termineroit point par un cul-de-sac, n’arriveroit pas jusqu’au jour comme le rameau principal, en supposant partout au rocher la même épaisseur. Quant au rameau prin- cipel, il se dévie un peu vers l’ouest, et par conséquent de sa direction primitive, même au-delà du point où il se divise, se rétrécissant de plus en plus, et paroïssant se terminer par un cul-de-sac. Différentes personnes instruites de Lunel, qui ont eu si souvent l’occasion de visiter ces localités, supposent que le couloir s’ouvroit à l'endroit où il semble se terminer, c’est-à-dire dans un ravin extérieur; mais ce n’est là qu’une conjecture qu’il nous a été impossible de vérifier. Les eaux paroissent s'être élevées dans le couloir jusqu’au sommet de la voûte, à en juger du moins par sa disposition 408 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES en cheminée, par les trous nombreux que l’on y aperçoit, et enfin par le poli de la surface du rocher, qui semble comme rongé. Ces trous ou cavités ne sont pas moins nombreux sur les parois latérales du couloir, où l’action des eaux est tout aussi évidente qu’elle l’est dans la voûte du couloir. L’on y voit des parties saillantes du rocher arrondies et creusées dans leur milieu, comme par l'effet des eaux qui s’y seroient frayé un passage. Ainsi, partout dans ce couloir comme dans les autres cavernes de Lunel- Vieil, l’on observe des traces irrécusables du séjour des eaux, soit qu’elles y aient été sta- gnantes, soit qu’elles ÿ aient eu un cours dont il seroit assez difficile d’assigner la direction. Partout le calcaire des parois présente des alternatives de saillies et d’enfoncemens, de forme arrondie, attestant l’inégale dureté du calcaire, qui a cédé en certains points et qui a résisté dans d’autres. On remarque même, à l'extrémité du cul-de-sac du couloir, une espèce de cheminée verticale, où le corps d’un enfant pour- roit passer, formée de plusieurs dômes presque exactement circulaires, posés les uns sur les autres, de manière à faire penser que des eaux supérieures ont fait irruption par cette ouverture, et s’y sont engouffrées assez long-temps et avec assez d’impétuosité pour en arrondir les parois. Les mêmes cheminées, couronnées de dômes plus ou moins élevés, se font également remarquer à l'extrémité sud-ouest de ce couloir. ; Les eaux qui ont pénétré dans ce couloir, comme dans le boyau qui en est si rapproché, doivent s'être élevées jusqu’à la voûte de ces cavités, puisque les limons qu'elles y ont apportés les remplissoient en entier. Il n’en a pas été de o DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 409 même dans la grande caverne qui, beaucoup plus spacieuse, a été loin d’être comblée par les limons et les sables qui y ont été entrainés. Du reste, dans le couloir comme dans le plus grand de nos souterrains, les flancs du rocher présentoient, vers leurs parties inférieures, un ciment sta- lagmitique où une sorte de glacis plus ou moins épais et plus ou moins coloré. Ce ciment avoit la plus grande épais- seur vers l’ouverture du couloir, c’est-à-dire, à l'extrémité présumée du courant. Aussi, vers cette partie, le ciment avoit-il fixé au rocher un certain nombre d’ossemens. Ce couloir étoit rempli, un peu au-delà de la moitié de sa hauteur, par différentes sortes de limons. Le plus inférieur étoit un limon rougeâtre qui ne contenoit pas d’ossemens; sur ce limon, qui reposoit sur le sol primitif ou sur le rocher cal- caire, étoit un sédiment également rougeätre, mêlé de calcaire réduit en petits fragmens. L'on y voyoit encore quelques galets ou cailloux roulés d’un petit volume, pour la plupart pugillaires. C’est dans cette couche qu'ont été découverts les ossemens fossiles que l’on a recueillis dans le couloir. Dans certaines parties, ces deux limons étoient recouverts par une couche homogène, de quatre à six centimètres d'épaisseur, d’une terre molle, tenace, rougeâtre et comme pâteuse, terre que l’on a retrouvée avec tant d’abondance dans le grand souterrain. Lo RECHERCHES- SUR LES OSSEMENS FOSSILES É CHAPITRE VI. Du boyau, où de la caverne de l’est la plus récemment découverte (1). Nous avons nommé boyau la caverne la plus récemment découverte, parce que cette caverne est fort étroite, non- seulement à son ouverture, mais encore dans la plus grande partie de son étendue: Sa largeur moyenne n’est guère au- delà de 1Mm30 à imbo, tandis que la plus grande hauteur qu’on lui reconnoiït ne va pas au-delà de 350 à 3m70. La forme générale de cette cavité est celle d’un boyau tortueux, étroit et peu élevé. Cependant les sables qui obstruoient louver- ture par laquelle on y est parvenu, ne s'élevoient pas jus- qu'au sommet de la voüte, qui se termine généralement en ogive très-resserrée. Ces sables ne dépassoient guère les ‘rois quarts de la hauteur totale de cette cavité, dans les parties où ils étoient les plus accumulés; dans d’autres points, et prin- cipalement à l’ouest, ils n’atteignoient pas cette hauteur, la pente du boyau étant de l’ouest à l’est. He L'ouverture par laquelle on ÿ est parvenu est au nord-est de celle du couloir, en sorte que cetté ouverture tout arti- ficielle paroît avoir été l'extrémité du courant qui ya apporté les sables et les limons qui l’obstruoïent. Ce boyaü est tor- tueux et irrégulier dans la forme de ses parois latérales comme dans la disposition de sa voüte; il se continue pendant envi- ron soixante mètres dans une direction assez constante du (1) Ce boyau n’a été découvert qu’en février 1827. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. AIT nord-nord-est au sud-sud-ouést, direction qui caincide avec la pente que présente le sol inférieur ou primitif de la caverne sur lequel les sables ont été déposés. La caverne que nous décrivons se divise, vers sa partie méridionale, de la même manière que le couloir. Cette bifur- cation a lieu à une distance d’environ trente mètres de lou- verture; et, tandis que le rameau principal suit sa direction primitive, le rameau secondaire au contraire descend en ar- rière, dans une direction oblique à celle du premier. Lorsque de l'ouverture on suit le boyau, on voit qu'il se prolonge en ligne à peu près droite pendant un espace d’en- viron soixante mètres; mais qu'au-delà de ce terme, il s'élève d’une manière sensible, et devient encore plus irrégulier. On arrive ensuite à un point où l’on est d’abord obligé de se trainer sur des rochers éboulés, puis sur des sables qui s’é- lèvent presque jusqu’à la voûte du boyau. Ges sables accu- mulés dans cette partie ont une pente extrêmement rapide, ayant leur plus grande inclinaison de l’ouest à l’est. A l’aide d’une vive lumière, et en continuant à se glisser sur des sables très-inclinés qui touchent presque à la voûte, on reconnoit que ce souterrain est fort étendu, et qu’il est peut-être aussi vaste que la grande caverne. dit La partie supérieure du boyau, ou la voûte qui le cou- ronne, a été rongée par les eaux qui s’y sont introduites, aussi bien que ses parties latérales. Partout Ja surface des roches est lisse et unie, et comme usée par l'effet d’un frot- tement violent. Les inégalités de la voûte, ou les cavités comme des sortes de cheminées que l’on y voit, annoncent assez que les eaux ont dû y faire an long séjour. Il en a été 412 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES du boyau comme du couloir, c’est-à-dire que les eaux qui y ont apporté les sables qui y sont disposés par couches suc- cessives, se sont élevées jusqu'au sommet de la voûte, tandis que les eaux ne paroissent pas s'être élevées au même point dans la grande caverne. Au-dessous des sables fins et jaunâtres qui remplissoient la plus grande partie de cette cavité, l’on a trouvé une argile rougeâtre terne, disposée par assises d'environ trois centi- mètres d'épaisseur. Cette argile constitue le plancher actuel ou la couche immédiatement appliquée sur le sol inférieur. Cette argile n’a présenté ni ossemens, ni cailloux roulés, ni aucun corps étranger; partout elle s’est montrée pure et sans mélange. L'air extérieur en a fait fendre les couches les plus rapprochées de l’ouverture, en sorte aw’elles s’enlèvent par plaques avec la plus grande facilité. Les surfaces intermé- diaires de ces couches d’argile, là où existent les fissures de séparation, sont chagrinées et montrent des empreintes, mais tellement bizarres et irrégulières, qu’il est impossible de les rapporter à aucun objet déterminé. Les cavités latérales ou troncs que l’on voit sur les paroïs du boyau comme dans les autres souterrains, sont fort irré- gulières et d’une petite étendue. Leur pente a toujours lieu de l'extérieur à l’intérieur, et quelques ünes sont tapissées d'argile rougeûtre. Quant aux ossemens, ils étoient disséminés et confondus dans les limons graveleux et presque sableux, de la manière la plus irrégulière, sans distinction de genre et de famille, et absolument comme ceux de la grande caverne, quoique le Himou ne füt plus ici de la même nature. Il faut supposer au DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. k13 courant qui a apporté ces ossemens une plus grande violence, puisqu'il en a rassemblé et réuni un grand nombre si loin de son point de départ. Il ne faut pas du reste perdre de vue que l’on n’a guère pu fouiller le boyau que vers son ouverture actuelle, qui est t@ut-à-fait artificielle, et que c’est par consé- quent vers son extrémité septentrionale qu’ils ont été recueil- lis. Or la pente du boyau étant du sud-sud-ouest au nord- nord-est, le lieu où les ossemensont été découverts est assez éloigné de celui que l’on présume avoir été le point de départ du courant. Ce boyau si étroit, si irrégulier, et dont le sol d’alluvion dont il est recouvert s'élève constamment du nord-nord- est au sud-sud-ouest, a offert à peu près les mêmes espèces fossiles que la grande caverne. On y a également rencontré des hyènes, des rhinocéros, des aurochs, des cerfs, et enfin la plupart des espèces que nous signalerons, à l’exception cependant des lions et des ours que l’on n’y a point encore aperçus. Les ossemens de ces divers animaux étoient mêlés et confondus comme partout ailleurs; leur grandeur étoit ici encore moins en rapport avec le peu de largeur du souterrain où ils gisoient pêle-mèêle et sans distinction des espèces ou des individus auxquels ils avoient appartenus. L'entrée par laquelle on a pénétré dans le boyau étoit en- combrée par-un sable jaunûtre, fin, presque sans cailloux, pressé et comme accumulé dans un espace de quarante à cinquante mètres, s’élevant jusqu'à quelques pouces de la voûte. La surface de ce sédiment sablonneux avoit une pente rapide, du sud-sud-ouest au nord-nord-est, pente analogue à celle que présente le sol primitif du boyau. Mém. du Muséum. 1. 17. 53 à 414 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES CHAPITRE VII. De l'analyse des efflorescences qui existoient à la voûte des cavernes. ? Il nous à paru essentiel de soumettre à l'analyse les efilo- rescences qui tapissoient la voûte des cavernes de Lunel- Vieil au moment où l'on y a pénétré, ainsi que les divers limons ou sables qui combloient en partie ces cavités; mais pour que ces’analyses fussent faites avec l'exactitude que comporte l’état actuel de la chimie, nous avons invoqué les lumières de MM. Bérard et Balard, qui ont marqué dans la science par des travaux d’un mérite généralement reconnu. Leurs premières recherches se sont portées sur les efflo- rescences qui tapissoient la voûte de nos cavernes. Ces ef- florescences, exposées dans un vase clos à l'influence d’une température élevée, ont pris une teinte noire, et ont laissé dégager des vapeurs aqueuses qui ont ramené au bleu le papier tournesol rougi par les acides. Le premier de ces indices décèle l'existence d’une ma- tière organique; il n’en est pas de même du second. En effet, depuis que M. Vauquelin a prouvé que les oxides métalliques naturels se trouvoient parfois combinés avec lammoniaque, le dégagement de cette substance gazeuse peut indiquer ou la présence d'un oxide ammonial ou celle d’une matière organique azotée. Pour s'assurer à laquelle de ces deux causes il falloit at- tribuer le phénomène observé, on a examiné avec soin les vapeurs aqueuses que dégageoïient , aux diverses époques de ST DES CAVERNES DE LUNEL-VIRIL, 415 l'opération , les efflorescences dont on élevoit la tempéra- ture. Il ne s’est d’abord volatilisé que de l’eau pure; c’est seulement quand la matière a commencé à noircir, que l’on a pu observer la production d’ammoniaque. Ainsi ces deux phé- nomèmes, dégagement ammoniacal et couleur noire aqueuse par la calcination, semblent liés l’un à l’autre, et doivent être attribués à l’existence, dans les efflorescences, d’une pe- tite quantité de matière organique azotée. Dix grammes de ces efflorescencés ont été traités à plu- sieurs reprises par l’eau distillée bouillante. Ce liquide éva- poré à laissé 0,07 d’un résidu qui noircissoit, et dégageoit des vapeurs ammoniacales foibles par l’action du calorique. La portion inorganique de ce résidu étoit formée d’hydro- chlorate de soude, de sulfate de chaux et de traces d’hydro- chlorate de chaux. On s’est assuré qu'il n’existoit point de nitrate. | Un gramme de ces efflorescences épuisées par l’eau a été traité par l’acide hydro-chlorique étendu. Cet acide n’a oc- casioné qu’une légère effervescence, et s’est foiblement co- loré en jaune. En renouvelant cet acide, on a épuisé les efflorescences de tout ce qu’elles avoient de soluble dans ce liquide; il est resté sur le filtre, où l’on avoit laissé le mé- lange, 0,75 d’une poudre blanche, rude au toucher, soluble dans les alcalis, précipitable par les acides foibles, et pré- sentant les caractères de la silice. Le liquide filtré a été pré- cipité par l’'ammoniaque, qui n’a laissé déposer que 0,08 d’un magnat blanc-jaunâtre. Ce précipité blanc-jaunâtre a été traité par la potasse, qui en a séparé 0,06 d’alumine; il n’est 416 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES resté, comme résidu de l’action de la potasse, que 0,02 d’oxide de fer, dans lequel on n’a pu constater l'existence de loxide de manganèse. Le liquide traité par l’ammoniaque pure a été mêlé avec une solution de carbonate d’ammoniaque en excès; il s’est produit un précipité de carbonate de chaux qui pesoit 0,14. La liqueur filtrée ne donnoit avec le phosphate de soude qu'un louche douteux; ce qui prouve que si les efllores- cences contiennent de la magnésie, elles n’en contiennent du moins que des quantités très-foibles. Les expériences précédentes indiquent que les efflores- cences analysées sont formées de matière organique, hydro-chlorate de soude, Matière soluble à l’eau, composée de hydro-chlorate de chaux, 0,007 sulfate de chaux, SiliCe rs den NULS SR cs Mac ROM AU AREA EL a HS CCE oN 00 Carbonate de chaux. ....,...:....., sn dite ele een cel Na ON 10) Alunine. see ES RIRES PEUR ETES ET TRER ue Oxide de fer.......... sde ele le este etes taharele ele cte seat iielele bielle ete PAC DUO Perte. ti PSE tre MER COLA De UD GE à Did e Hoeieiere 0,033 Total: See Er 00 La nature siliceuse d’efflorescences qui tapissoient la voûte d’une caverne formée par un calcaire marin n’a rien de bien surprenant, puisque le calcaire globuleux de Lunel- Vieil contient lui-même jusqu’à 0,02 de son poids de silice, que l’on peut aisément séparer du carbonate calcaire par l’action des acides foibles. Ainsi les eaux qui transpirent à travers la voûte des :ca- DES GAVERNES DE. LUNEL-=VIEIL. 417 vernes de Lunel-Vieil ont pu dissoudre le carbonate de chaux qui compose la plus grande partie des calcaires où elles sont ouvertes, tandis que la silice, beaucoup moins soluble, sera restée et se sera accumulée successivement sur le plafond auquel elle n’adhéroit que foiblement. Quant à la petite partie de matières organiques qui composoit ces efllorescences, elle peut y avoir été entraînée par les mêmes eaux qui ont filtré à travers de la voûte de ces cavités. Les efflorescences qui tapissoient la plus grande partie de nos cavernes sous la forme d’une crasse légèrement verdâtre, très-chargée d’eau, et qui en se détachant tomboient par le centre en laissant le rocher à nu, ne paroissant pas par- tout de la même nature, ont été’ successivement examinées par M. Balard. Ces efflorescences, douces au toucher comme les premières, sans ténacité, se réduisant en poussière avec la plus grande facilité, ont toujours paru essentiellement sili- ceuses. La silice est seulement combinée avec le carbonate- chaux, et de petites quantités d’oxide de fer et de carbonate de magnésie. |A présence de la silice ÿ a été reconnue par les essais suivans : l’acide hydro-chlorique versé sur les efflorescences s’est coloré en jaune, couleur due à l’oxide de fer qu'elles contiennent; la plus grande partie de ces eflorescences est restée non dissoute. Cette partie insoluble traitée par la soude pure, s’est combinée avec elle; l'acide hydro-chlorique, versée sur la dissolution filtrée de la: combinaison, a dis- sous la soude, et lammoniaque qui a été ajoutée a préci- pité la soude sous la forme de flocons blancs gélatineux très- abondans. 418 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES La présence du carbonate de chaux a été démontrée dans ces efflorescences enles traitant par l'acide hydro-chlorique, et précipitant le carbonate de chaux par le carbonate d’am- moniaque en excès. Quant au carbonate de magnésie, on en a manifesté l’exis- tence dans certaines de nos efflorescences, en traitant par le phosphate de soude la dissolution d'où l’on avoit précipité le carbonate de chaux. Il s’est formé de suite un léger pré- cipité blanc de phosphate ammoniaco-magnésien, quidénote la présence du carbonate de magnésie; mais comme le pré- cipité n’est pas abondant, cette substance, que la première analyse n’a point indiquée, ne s’y trouve qu’en fort petite quantité. Il se pourroit même que le carbonate de magnésie fût tout-à-fait accidentel dans les efflorescences prises dans d’autres points de la caverne, et quil ne les constituât pas d’une manière générale. Aussi, en résumé, nos efflorescences sont essentiellement silicéo-calcaires, et les autres matières que les analyses y indi- quent sont purement essentielles. CHAPITRE. VII De l'analyse du limon inférieur, ou de la terre rougeätre qui enveloppoit les ossemens découverts dans les ca- vernes de Lunel-Vieul. Ce limon ou terre rougeàtre prend une couleur noire assez foncée, quand on l’expose à l’action du calorique, à l'abri du contact de l’air, en laissant dégager une petite quan- tité de vapeurs ammoniacales. __ DES CAVERNES DE: LUNEL-VIFIL. 419 Soumise à l’action long-temps prolongée de l’eau distillée bouillante, cette terre n’abandonne qu'une petite quantité de la matière organique azotée qu’elle contient, du moins la partie insoluble dans l’eau noircit presque aussi fortement qu’elle le faisoit avant d’être traitée par ce liquide; elle pa- roit également dégager tout autant de vapeurs ammoniacales par l’action du calorique, tandis que l'extrait qu’on obtient par l’évaporation du liquide ne contient qu’une très-foible partie de son poids de matière destructible par le feu. Cette substance organique azotée est insoluble dans l’al- cool qui ne peut l’enlever ni à la terre elle-même, ni à l’ex- trait aqueux qui en renferme une partie. Du reste, le peu de solubilité de cette substance organique dans l’eau bouillante, et son insolubilité dans l'alcool, s’op- posent à ce qu'on puisse l'isoler, et déterminer ainsi sa na- ture et ses proportions. Cependant, si les essais que M. Ba- lard a tentés ne peuvent point faire connoître ce qu'est cette matière organique, ils peuvent du moins servir à déterminer ce qu’elle n’est pas. M. Chevreuil, en analysant la terre qui forme le sol de la caverne de Kuhloch, en a séparé par l’action de l’eau bouil- lante un principe organique de couleur rouge orangée, un acide gras analogue aux acides stéarique et margarique, une matière grasse non acide, un acide organique soluble dans l'eau, un principe colorant jaune, et une matière azotée brune. De ces cinq substances azotées, les quatre premières n'existent pas dans le limon rouge à ossemens de la caverne de Lunel-Vieil. La matière organique qu’elle contient peut. 420 RÉCHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES tout au plus, par la nature; de'ses principes et sa couleur, se rapprocher de la substance que M. Chevreuil à désignée sous la déiommination de #2afière &zotée brune. Dix grammes de cétté terre ont été traités, à plusieurs reprisés, par l’eau distillée bouillante. Ce liquide n’a laissé, après son évaporation, que 0,0 d’un résidu bruñ qui con- tenoït uné très-pétite quantité de matière organique, du sul- fate de chaux, du sulfate de soude, de l’hydro-chlorate de soude, mais dans la dissolution duquel l’hydro-chlorate de platine ne formoit point dé précipité jaüne, et qui né conte- noit point dès lors des sels à base de potasse et d’ammo- niaque que M. Chevreuil a trouvés en très-grande abon- dance dans la caverne de Kuhloch. Une certaine quantité de cette terre, destinée aux expé- riences de l’analysé d'indication, a été traitée à plusieurs reprises par l’acide hydro-chlorique pure. Celui-ci a laissé un résidu très-abondant formé de silice; l’ammoniaque pure versée dans la solution en a précipité un grand nombre de flocons colorés, d’où la potasse a séparé une assez grande quantité d’alürine. La petite partie du précipité par l'am- momiaque, que la potasse n’avoit pu dissoudre, a ‘été reprise par l’acide hydro-chlorique, qui s’est coloré en jaune en dis- solvant de l'oxide de fer. Ce liquide, neutralisé par l’am- ioniaquel, et traité par un petit excès d’oxalate d’ammo- niique, a laissé précipiter de l’oxalate de chaux, tandis qué la liqueur, du milieu de laquelle ce précipité s’étoit déposé, ayant été évaporée à siccité ‘et ile résidu'calciné, il'est resté dés traces id'acide phosphorique. Les épreuves connues qui DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 421 tendent à constater l'existence de la magnésie n’ont point in- diqué la présence de cette base. Cette analyse d'indication prouve donc que le limon rouge qui renferme les os fossiles de la caverne de Lunel-Vieil est une argile très-siliceuse et ferrugineuse, mêlée de carbo- pate et de phosphate de chaux. M. Balard a ensuite cherché à déterminer les proportions de ces diverses substances, en opérant de la manière sui- vante : ’ Un gramme de cette terre fortement desséchée a été traité par l'acide hydro-chlorique foible; cet acide a été renou- velé jusqu’à ce qu'il ait cessé d'agir. Il est resté pour résidu 0,81 de silice, qui retenoit encore de la matière organique. La liqueur acide précipitée par l'ammoniaque a laissé dé- poser une matière floconeuse, d’où la potasse a séparé 0,03 d’alumine. ; Le résidu insoluble dans la potasse a été traité par l’acide sulfurique concentré; l’oxide de fer a été transformé en sul- fate, et le phosphate de chaux en acide phosphorique et en sulfate de chaux insoluble. Ce sulfate de chaux a été lavé avec de l’eau alcoolisée, et les eaux de lavage précipitées par l'ammoniaque. Il s'est déposé 0,06 d’oxide de fer. Le sulfate de chaux insoluble dans l’eau alcoolisée repré- sentoit 0,037 de phosphate de chaux. Le liquide d'où l’ammoniaque avoit précipité l’oxide de fer, traité par le carbonate d’ammoniaque, a donné 0,02 de carbonate de chaux. Mém du Muséum. 1 17. 54 422 RECHERCHES SUR LES OSSLMENS FOSSILES Mille parties de la terre qui environne les os seroient, d'a- près cette analyse, composées de Matière soluble à l’eau formée d’hydro-chlorate de soude, de sulfate de chaux et de matière azotée. ..... ses 0,00 Silice à DAC CRC ER US Lt Le "WOO RO 2 Alumine::...411. en AR rh Taie areas c.15. 10) 096 Oxidede) fers ee | | 103000 Phosphaterde Ichaux se ee Meet eee set DO; 087 Carborate) de chaux, AS RU RE ME RE SE IO 020 Pertes. Sean ROUES US SA PARA LE ET EMA MATE MEURT 0,038 Total. "0060 La composition du limon rouge tenace qui remplit les petites cavités latérales si abondantes dans la grande caverne, et dans lequel on ne découvre presque pas d’ossemens, est à peu près la même. Il n’y a de différence que relativement à la matière organique azotée, qui est en moindre pro- portion. . Ce limon noircit également par Îa calcination, couleur qui devient moins sensible à mesure que le limon se refroidit. Il donne également beaucoup d’eau par la calcination; aussi diminue-t-il singulièrement de volume à mesure qu'il se dessèche, soit par l'effet d’une température élevée, soit par l’évaporation ordinaire. Ce limon laisse dégager des vapeurs ammoniacales assez abondantes à mesure qu’on le chauffe, vapeurs qui répan- dent une odeur sensiblement empyreumatique. Le liquide qui se condense dans le tube bleuit le papier de tournesol rougi par les acides. Du reste, comme le limon à ossemens, celui-ci est essen- DES CAVERNES DE LUNEL-VIFEIL. 423 tiellement siliceux, contenant seulement des proportions un peu plus fortes d’alumine, de carbonate de chaux et d’oxide de fer, auquel il doit une couleur rouge plus vive, surtout lorsqu'il est humide. CHAPITRE IX. De l'analyse du linon graveleux supérieur, où l’on trouve une grande quantité d’ossemens fossiles, et de celle des sables des cavernes. Cette terre, ou limon graveleux, se trouve mêlée avec une grande quantté de fragmens d’ossemens fossiles; ces frag- mens sont à la fois si petits et si nombreux, qu'il est à peu près impossible de l’en séparer entièrement. Aussi s’est-on borné à en enlever le plus possible, et à exécuter une simple analyse d'indication. ; En soumettant ce limon aux mêmes épreuves que le précé- dent, on l’a reconnu formé des mêmes élémens, mais dans des proportions différentes. Ce limon graveleux contient en effet moins de silice, moins d’alumine, moins d’oxide de fer, et renferme une plus grande quantité de carbonate de chaux. Il ne paroït pas être plus chargé de matière organique azotée que le limon rouge; matière organique qui, comme la pre- mière, se rapproche de la matière azotée brune de M. Che- vreuil. à Comme les limons, soit argileux, soit calcaires, soit sili- ceux de nos cavernes, ne présentent aucune trace des diffé- rentes substances organiques observées dans le limon des cavernes à ossemens de Kuhloch, on a cherché à s’assurer si elles w’existeroient pas dans les limons qui ont rempli les 424 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES cavités des os. L’on a donc analysé avec le plus grand soin des limons rouges trouvés dans l’intérieur du crâne d’un cerf, limons qui y sembloient aglutinés par une sorte de mucus, et d’autres enfin découverts dans l’intérieur des os longs de diverses espèces de mammifères terrestres. Ces limons, qui auroient dû contenir une assez grande quantité de matière animale s’ils s’étoient introduits dans les différentes cavités d’où on les avoit détachés peu de temps après la mort des animaux, n’ont fait apercevoir, par la calci- nation, ni dégagement plus abondant de vapeurs ammonia- cales, ni teinte noire plus foncée que les autres limons dans lesquels les ossemens étoient disséminés. L'eau bouillante n’en a pas extrait de plus grandes proportions de matière organique; cette matière s’est toujours rapportée à la sub- stance organique brune de M. Chevreuil. La petite quantité de matière animale que renferme nos limons à ossemens a été également confirmée par une ana- lyse de ces limons faite dans le laboratoire de l’École de Médecine de Paris, sous les yeux de M. Barruel, et par un jeune chimiste, M. Barros, distingué sous plus d’un rapport. D’après M. Barros, aidé dans cette analyse par M. Casa- seca, nos limons n’offriroient que de foibles proportions de matière animale, et cent parties de ces limons calcinés seroient composées, 10. De SINGER ete shaicale eepale side delale bles 0 IN 0022009 2 D ElChaUXe ele el eeteiie cie rires dE LAON 2,2736 30/D'aluminesne lee este se Melanie ee 2,2397 K°:1D'oxideide fer see he RIRES 5,4646 5°, De phosphate de chaux......,........ 2,6560 Total....... : 98,9997 DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 425 Ainsi, d’après ces faits, nul doute que nos limons, soit siliceux , soit calcaires ne renferment qu’une petite quantité de matière animale, matière animale peu en rapport avec le nombre des ossemens qui y sont ensevelis, nombre qui, dans certaines parties de nos cavernes, y étoit aussi considérable que dans un cimetière. ss I1 étoit encore essentiel de s'assurer si les sables qui exis- tent dans nos cavernes, principalement dans celles de leurs parties que l’on suppose les plus éloignées de l’arrivée du courant, présentoient des traces de matière animale, En conséquence ces sables ont été examinés avec soin, et leur analyse a donné à peu près les mêmes résultats. Les sables les plus fins occupent l’extrémité méridionale de la grande caverne, et leur ténuité est d’autant plus grande qu'ils sont plus rapprochés du point sud où ce souterrain paroiït se terminer. Æxaminés à la loupe, leurs grains parois- sent assez ténus, et plus arrondis que ceux qui forment les premiers sables qui succèdent au limon graveleux; les grains de ceux-ci, fort irréguliers, sont assez généralement angu- leux. Les sables fins ont une couleur généralement plus claire que les sables grossiers dont les nuances, plus ou moins brun es, ou plus moins rougeâtres, dépendent en partie de celles des limons auxquels ils succèdent. Ainsi ces deux espèces de sables se distinguent à la fois par leur finesse et leurs cou- leurs. 426 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES Cent parties des sables fins que l’on observe à l'extrémité la plus méridionale de la grande caverne, ont donné à l’ana- lyse précise de détermination, 1°. Silice colorée par le fer, ......,.....0...:.. 56 2°. Carbonate de chaux. ......,...., secs 40 3°. Alumine et oxide de fer... ......ssousoerse 2 A9 MPerte scene RE celle elalois 2 Total, ,..... 100 Ces sables sont donc, comme les limons à ossemens, essen- tiellement siliceux, puisque la silice y est en excès sur le carbonate de chaux. Mais les sables qui succèdent au limon graveleux supé- rieur, et qui sont plus éloignés que les premiers de l’extré- mité méridionale de la grande caverne, contiennent encore une plus grande proportion de silice, ainsi que le prouve l'analyse suivante. En effet, cent parties de ces sables ont présenté, 10, Silice colorée par l’oxide de fer...,........... 66 2°. Carbonate de chaux... ..................... 30 3°. Alumine et oxide de fer..........sscoseoseee 3 fs. Perte...... oran sisielelseleleicliel ere lors Total,..... 100 Il est possible que la diversité de composition que l’on observe dans ces sables tienne à leur position; car les plus siliceux sont les moins éloignés du point d’arrivée du cou- rant, tandis que les plus chargés de carbonate de chaux en sont les plus distans et les plus rapprochés de l'extrémité sud de la grande caverne. Cette différence peut tenir à la diversité de solubilité de la silice et du carbonate calcaire. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 427 _ Ces sables siliceux ont un grain beaucoup plus grossier que les sables fins, qui sont plus chargés de carbonate cal- caire; ils sont assez rudes au toucher, et leur couleur est d’un brun-jaunâtre lorsqu'ils sont parfaitement secs. Examinés à la loupe, lon y reconnoïit des grains quarzeux arrondis et en grand nombre. Ces grains, qui ont tous les caractères du quarz, leur donnent une rudesse toute particulière. CHAPITRE X. De l'analyse des stalagmites qui recouvroient quelques os 1solés, ou qui en avoient rendu certains adhérens aux rochers qui formoient les parois inférieures des cavernes. Ces stalagmites ont en général une assez grande dureté; leur grain est grossier et comme rugueux. Leurs couleurs sont très-variables. Elles montrent rarement des indices de cristallisation, si ce n’est lorsqu'elles recouvrent des os iso- lés. Nous possédons, par exemple, une portion assez consi- dérable d’une tête d’hyène mixte (/yæna intermedia), dont la plupart des dents sont incrustées de stalagmites blan- châtres en partie cristallisées, quoique leur grain soit extré- mement rugueux. Le plus généralement ces stalagmites sont colorées et sans indice de cristallisation; rarement on les voit concrétionnées ôu mamelonnées. Examinées chimiquement, ces stalagmites font une vive effervescence lorsqu'on les traite par les acides. Elles ne se dissolvent pas cependant en entier dans ces menstrues; il 428 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES reste un résidu ou une poudre rougeâtre qui n’est que de la silice colorée par de l’oxide de fer. ï La solution acide traitée par l’ammoniaque ne laisse dé- poser qu'une foible quantité d’un précipité formé de traces d’alumine et d'un peu d’oxide de fer. Le carbonate d’ammoniaque versé en excés dans cette dissolution en précipite du carbonate de chaux. Le liquide qui surnage ce précipité ne se trouble point par l'addition du phosphate de soude; ce qui indique que le carbonate de magnésie n'existe pas dans les stalagmites qui recouvrent certains ossemens fossiles des cavernes de Lunel-Vieil. Cent parties de ces stalagmites traitées par les procédés que nous venons d'indiquer, et en recueillant tous les pro- duits, ont paru composées des principes suivans: 1°. Silice colorée par l’oxide de fer.....,...... 35,...0 2°. Alumine et oxide de fer................. CHATES 3°. Carbonate de chaux.................... 63,...0 ASSIPente ER eee rpieciepits detrsple tele : me 20 Motal.c rene 100,..-0 D'après la composition des stalagmites qui recouvrent nos ossemens, il se pourroit qu'elles fussent plutôt le résultat d’une agrégation des sables silicéo-calcaires qui comblent en partie nos cavernes, que le produit de la dissolution des roches calcaires qui les composent. Ces calcaires sont trop peu chargés de silice pour avoir produit ces stalagmites, d'autant que la petite portion de silice qu'elles contiennent s’est fixée à la voûte de nos cavités, sous la forme d’efflores- cences plus ou moins épaisses. Ainsi s’expliqueroit ce fait assez constant, que les ossemens = DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL 429 n’ont été fixés au rocher, ou aux parois latérales de nos ca- vernes, que dans les parties les plus basses de nos souter- rains. Du reste, si ces stalagmites assez rares sur la surface de nos os fossiles avoient été produites par des eaux qui au- roient distillé de la voûte, nous aurions trouvé dans nos cavernes quelques traces de ces glacis stalagmitiques, qui sont si abondans dans les cavités où ont lieu de pareilles dis- tillations. Ces distillations produisent, des effets si prompits, que l’un de nous a retrouvé dans la grotte des Demoiselles une mâchoire de cochon que M. de Marsolier y avoit laissée, trente-cinq ans auparavant, encroûtée d’une couche de sta- lagmite d’environ,om0o60o d'épaisseur. Cette stalagmite cal- caire, qui montroit des indices de cristallisation, et dont la blancheur étoit éblouissante, avoit une si grande dureté, que malgré nos efforts nous ne pümes jamais enlever du rocher qu'une seule moitié de la mâchoire qui avoit été saisie par les stalagmites. Comme nous laissämes un de nos marteaux, qui cassa près de ce rocher nouveau, les voyageurs qui visiteront après nous la grotte des Demoiselles auront un moyen de plus de s'assurer de la marche rapide des concrétions cal- caires; or rien de semblable n’ayant eu lieu dans les cavernes de Lunel-Vieil, dont les voûtes sont du reste peu épaisses, il est probable que les stalagmites qui encroûtent certains os ont été plutôt produites par l’agrégation des sables silicéo- calcaires, que par la dissolution des roches calcaires qui com- posent la voûte de nos souterrains. Mém. du Muséum. 1 17. 55 430 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES CHAPITRE XI. . De l’analyse de l'album græcum, ef des ossemens fossiles. è Nous avons également soumis à l'analyse ces pelottes blanchâtres, arrondies, que l’on suppose, avec raison, être les excrémens des carnassiers qui ont l'habitude de ronger les os, et principalement des hyènes. Nous avons fait nos expé- riences soit en prenant des plus grosses de ces pelottes, c’est- à-dire de celles qui ont jusqu'à oMm065 de diamètre, soit celles qui, composées de doubles ou de triples cylindres arrondis sur leurs têtes et plus ou moins aplatis à leur base, ont une forme toute particulière, soit enfin celles dont la pointe aiguë paroit avoir été produite par le sphincter de l’anus. Ces diverses sortes de pelottes, nommées a/bum græcum par M. Buckland, ont toutes présenté les mêmes caractères aux analyses d'indication. L'album græcum, pilé et mis dans un tube de verre, chauffé à la lampe d’émailleur, prend une teinte noirâtre, et laisse dégager des vapeurs ammoniacales. Le liquide volatilisé bleuit fortement le papier de tournesol rougi. En procédant à l’analyse de cet a/bum græcum, on recon- noît qu’il est essentiellement composé de phosphate et de carbonate de chaux : le premier de ces sels y est singulière- ment en excès sur le second, ce qui s'accorde parfaitement avec l’origine présumée de cette substance. Ces deux sels y sont combinés avec une matière organique azotée, cause DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIEL. 43t des phénomènes que nous avons indiqués ci-dessus; matière organique qui est du reste en moindre quantité dans l'album £græcun que dans les ossemens disséminés dans les mêmes limons. a En effet, d’après l'analyse, l'album græcum est, sur mille parties, composé, 1°. De phosphate de chaux.....,....,........... 625 2°. De carbonate de chaux. .................... 150 SMD'eaustiecenhedelenelasnenienteluit ee 4OT20 4°. De limon siliceux coloré par l’oxide de fer. .... 55 5°. Matière organique , des traces, mais en moindre quantité que dans les 05... ...se..eocess 0 ee » 6°. Fluate de chaux des traces...........,.,.... » HRMBENTE RE relate nice ceeefeteete eleslelelelle tee e lee 5o Total...... 1000 Quant aux ossémens, ils ont paru composés, sur mille parties, de 1°. Carbonate de chaux. ....s.ossosesseosesecce 105 DOMRAU SN ER ee denle nlesei ne ci et Ne rate ets el u te 88 3°. Phosphate de chaux. ...............e.e... 740 4°. Silice colorée par l’oxide de fer.............. 41 5°, Matière organique, des traces.............s ° » 6°. Fluate de chaux, des traces... . ess sue. o ee » LE PETER ne ee nie see ie dde de ee ne 26 Total... DRE Cette composition est remarquable, en ce qu’elle prouve que les ossemens ensevelis dans les cavernes de Lunel-Vieil conservent encore moins de matière animale que ceux dé- couverts par l'un de nous dans les cavernes d’Argon (Pyré- nées-Orientales), et qu'ils n’en contiennent pas plus que les 432 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES ossemens en partie pétrifiés des sables marins tertiaires des environs de Montpellier. Ce dernier point de fait est d’au- tant plus intéressant, que les ossemens fossiles de nos sables marins conservent souvent peu de traces de leur tissu, et qu’on pourroit les supposer plus complétement privés de leur matière animale, tandis que les uns et les autres n’en offrent que des traces, ainsi que les analyses comparatives que nous allons en rapporter pourront en faire juger. Ossemens fossiles de la caverne d’Argon. Ossemens fossiles des sables rnarins tertiaires. 1°. Phosphate de chaux............. ,.. 56 1°. Phosphate de chaux mélé d’oxide de 2°. Carbonate de chaux..,............ 20 11120000 De OU 010 100 0 9000 DES 58,5 BOF autetre se eme tee mielsie sie ojsteleiaieleieleiese 13 2°. Carbonate de chaux.....:.,........ 14, 4°. Gélatine et matière organique...... 21111307 Eau. 2." God done SONT RE Lb re 7, 5°, Carbonate de magnésie, silice, alu- 4°. Carbonate de magnésie et fluate de mine, oxide de fer et de manganèse 10 Achauxeeiet eee eee en eee 0,5 A EE NO "DRE 5°. Matière organique, des traces...... » D Total...... 100,0 La perte plus ou moins grande de leur matière animale que les débris des corps organisés peuvent avoir éprouvée, ne nous apprend donc rien sur l’âge relatif des dépôts où on les observe. Cette perte a plutôt dépendu, il me semble, des circonstances dans lesquelles ces débris se sont trouvés depuis leurs dépôts, que de l’époque où ces dépôts se sont opérés. Les circonstances seules ont déterminé l'absence de la matière animale; aussi l’un de nous prouvera plus tard que certains débris des corps organisés des animaux, tels, par exemple, que les coquilles, en perdent dans les temps pré- sens la plus grande partie, et se transforment complétement en carbonate calcaire cristallin qui se substitue à celui feuil- leté et amorphe, qui dans le principe forme la partie solide DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. . 433 des coquilles. La matière inorganique se substitue donc dans les temps présens à la matière organique, et la pétrification des corps organisés a lieu de la même manière qu’elle s’est opérée dans la période géologique antérieure à l’époque ac- tuelle. CHAPITRE XIT. Des diverses espèces de limons, et de la manière dont les ossemnens y étotent disséminés. Les limons qui remplissoient en partie la grande caverne vers son extrémité nord, point par où l’on suppose qu'est arrivé le courant, y formoient plusieurs sortes de dépôts. Le plus inferieur, essentiellement graveleux, s’est montré constamment dépourvu d’ossemens, ne contenant que quel- ques dents de squale; le plus supérieur se composoit le plus généralement d’une terre rougeâtre plus ou moins mélangée de galets quarzeux et calcaires, et deposée par lits successifs. Ces lits étoient si peu épais, qu’ils n’avoient guère plus de deux ou trois centimètres de puissance; et comme l'épaisseur totale de ce limon est, vers cette extrémité, de 5 mètres 25 centimètres, on peut juger du nombre de ces lits. Ce limon supérieur s’est trouvé chargé d’une quantité plus ou moins considérable de galets calcaires et quarzeux, dont la grosseur et l’abondance étoient d’autant plus consi- dérables, que l’on se rapprochoit de lextrémité nord de la grande caverne. Ce dépôt supérieur s’est montré également mêlé avec une terre rougeûtre tenace, ductile, s’attachant for- 434 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES tement aux doigts et les colorant. Cette terre rouge paroissoit rarement disposée en couches, tandis que le plus souvent on la voyoit appliquée, de la manière la plus irrégulière, contre les parois de la caverne, et remplissoit aussi les petites cavités latérales qui existent en grand nombre sur toutes les faces de nos souterrains, cavités dont la pente ordinairement a tou- jours lieu de l’extérieur à l’intérieur. Ce limon rouge paroît donc être arrivé dans certaines parties, non par une seule ouverture, comme les limons apportés par le grand courant, mais par des ouvertures partielles correspondant aux cavités d’où le limon est descendu. Ce limon rouge y étoit disposé de la manière la plus irré- gulière; quelquefois il se montroit au-dessous du limon rou- seâtre graveleux, tandis que le plus souvent il y étoit comme adossé et appliqué sur les parties latérales; quelquefois enfin il occupoit les parties les plus inférieures, se montrant immé- diatement superposé au limon graveleux à dents de squale. Lorsque ce limon n’existoit pas comme dans le couloir, le limon rouge reposoit directement sur le sol primitif ou sur le rocher inférieur. : Quant à l’extrémité nord de la grande caverne, on re- marquoit que le sol ancien ou primitif y étoit recouvert, 1° Par un dépôt inférieur graveleux, présentant de nom- breux galets quarzeux et calcaires. Ces galets, généralement arrondis n’avoient qu'un petit volume; les plus gros atteignant ‘à peine les dimensions d’un œuf de poule. Les galets calcaires se rapportoient soit à des calcaires marins de diverses for- mations, soit à des calcaires d’eau douce. Les uns et les autres sy montroient disséminés de la manière la plus irré- DES CAVERNES DE LUNEL VIEIL 435 gulière, et mêlés d’une manière confuse au limon graveleux. Ce dépôt inférieur n’a point présenté d’ossemens; on n’y a ob- servé que des dents de squale, dont nous indiquerons ailleurs les espèces. Au-dessous de ce dépôt, le rocher, ou le sol an- cien de la caverne, a paru tel qu'il existoit avant qu’elle eût été comblée en partie par les limons que des courans y ont apportés. 2° Par un dépôt supérieur également graveleux, mais com- posé de graviers plus fins et plus tenus que ceux du limon inférieur. Les galets n’abondoïënt guère que sur la surface de ce dépôt; les plus gros avoient à peine 10 centimètres de diamètre. Comme les galets du dépôt inférieur, ils étoient disséminés, de la manière la plus irrégulière, au milieu du limon rougeûtre, mais, ainsi que nous l’avons déjà fait remar- quer, à peu de profondeur au-dessous de la surface du limon on du sol d’alluvion. | Telle étoit la disposition la plus générale du sol d’alluvion qui combloit l’extrémité nord de la grande caverne, sol qui se continuoit sans éprouver de difference jusqu'à sa partie moyenne. Mais à mesure que du milieu de la caverne, on arri- voit vers l’extrémité sud, le sol d’alluvion changeoït de nature ; de graveleux il devenoit tout-à-fait sablonneux, excepté vers les parties les plus latérales, et dans les petites cavités supérieures à ce sol. Là on observoit encore le limon rouge dont nous avons déjà parlé, et avec d’autant plus d’abon- dance, qu’on étoit plus distant du sud. Ainsi, dans la grande caverne, le courant général a apporté d’abord le limon graveleux inférieur à dents de squale, puis le dépôt à ossemens, et enfin les sables. Quant au limon rouge, 436 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES il y avoit été amené en partie par le courant général et par les courans particuliers qui découloient des cavités latérales et multipliées si nombreuses sur les faces orientales et occiden- tales de la caverne. Il en résulte que le premier dépôt d’alluvion a précédé le limon à ossemens; c'est ce que prouve en particulier la ma- nière dont les limons étoient disposés dans le vestibule où se trouvoit en petit la disposition générale des sédimens de la grande caverne. Ce vestibule, situé à l'extrémité nord, forme une cavité assez spacieuse que les inondations ont comblée, et avec d'autant plus de facilité, qu’il existe près du point d'arrivée du courant. Cependant les limons qui le remplis- soient vers le nord se sont présentés en couches inclinées et nombreuses, mêlées d’argile et de cailloux roulés calcaires et _ quarzeux, tandis que le fond de ce vestibule disposé en cul de sac, et situé à 15 ou 20 mètres de distance, a présenté un dépôt considérable de sable pur sans argile, sans cailloux roulés ni sans ossemens. Or, si les alluvions qui ont apporté ces li- mons avoient été très-rapides , elles auroïent confondu tous ces divers matériaux, et avec d'autant plus de facilité, qu’elles agissoient dans un espace très-resserré. Les mêmes circonstances dans les dépôts des limons ne ne sont pas représentées dans le couloir, ou la caverne de l’est la plus anciennement connue; celle-ci présentoit le li- mon rouge reposant sur le sol primitif; et recouvert par un limon légèrement graveleux , dans lequel se trouvoient uni- quement les ossemens. Au-dessus de ce limon à ossemens l’on observoit, non pas d’une manière générale, mais seule- ment dans quelques parties, une couche homogène d’une DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 437 terre rougeâtre, tenace, dont l’épaisseur ne dépassoit guère 4 à 6 centimètres. Les limons n'étoient donc pas placés de la même manière dans le couloir, dont la principale direction est du sud-ouest au nord-est tandis que celle de la principale caverne est du nord au sud. Mais cette circonstance étant in- différente sur la manière dont les ossemens fossiles étoient disseminés dans le limon, nous la passerons sous silence. Quant au boyau ou souterrain de l’est le plus récemment découvert, il étoit presque complétement rempli de sable; quoique les sables de la grande cavité n’aient presque pas fourni d’ossemens, ceux du boyau, essentiellement plus gros- siers et plus graveleux, en renfermoient soit de carnassiers, soit d’herbivores. Ces sables remplissoient le boyau dans la plus grande partie de son étendue, jusqu’aux trois quarts de sa hauteur, hauteur qui en terme moyen est de 3m5o à 3m70. Au-dessous de ces sables on n’a trouvé qu’une argile terne et tenace disposée par lits successifs d’environ 3 centi- mètres d'épaisseur, et dont la puissance totale n’étoit pas considérable. Les limons graveleux ou sablonnenx remplissoient donc à peu près généralement les vides du boyau; très-abondans à son ouverture, ils ne l’étoient pas moins au sud-ouest, où le boyau est très-irrégulièrement découpé. Ils reposoient sur les pentes les plus déclives comme sur le sol le plus uni de ce souterrain, paroissant se continuer dans les parties où il n’a pas été possible de parvenir. Lorsqu'on foula pour la première fois le sol graveleux de la grande caverne, on trouva sur la surface quelques osse- mens d'animaux de notre époque qui ÿ avoient péri natu- Méin. du Muséum, 1. 17. 56 438 RECHERCHES: SUR LES OSSEMENS FOSSILES rellement, ou certaines portions que les renards ÿ avoient entrainées. Les ossemens de ces animaux, du reste en petit nombre, se distinguoient facilement de ceux qui étoient dans les couches du limon;, parleur intégrité parfaite, par la pro- portion de substance animale qu’ils contenoient, et enfin parce que n'ayant pas perdu leur solidité, ils n’avoient ni la fragilité ni l’aspect terne des véritables os fossiles. Ces os ne-happoient point à la langue comme les derniers, caractère qui, quoique peu sûr, n’en est cependant pas moins un premier indicateur que l’on ne doit pas négliger. Ce ca- ractère, indiqué par M. Buckland, est en effet si peu décisif, qu’un pariétal humain conservé dans la collection de la Faculté des sciences de Montpellier, et dont on ignore l’origine, happe à la langue avec une grande force; d’ailleurs cette propriété est commune à des espèces minérales de composition chimi- que très-différente. On rencontra donc sur la surface du limon différens os isolés de coqs, de lapins, de rats, de moutons et de renards, os que leur position annonçoit avoir une origine différente de ceux qu’on découvroit dans linterieur du limon. Ainsi l’on découvrit sur un bloc de roche le squelette d’un chien qui ayant pénétré dans la caverne par une ouverture que les chas- seurs ont bouchée plustard, n’en put plus ressortir, et y périt. Près de ce squelette étoit un collier en cuir avec son anneau, collier que possède la Faculté des sciences de Montpellier et qui est assez bien conservé. Enfin quelques os ayant appartenu à des animaux de notre époque furent trouvésrecouverts d’une couche légère de calcaire concrétionné, laquelle couche les rendoit légèrement adhérens au sol. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 439 On a également observé gisant sur le sol supérieur, tout comme on y a rencontré les galets ou cailloux roulés les plus considerables, quelques os de carnassiers fossiles. Ainsi nous avons rencontré dans cette position plusieurs os ne et une tête en partie brisée d’hyæna spelæa. Quant aax ossemens fossiles, on ne ‘paroït pas en avoir rencontré, du moins dans la grande caverne, dans les sables qui encombroient la partie sud. L/on en trouva également peu dans le limon rouge tenace : le plus grand nombre fut découvert dans le limon graveleux disposé par couches ou lits successifs. C’est dans les parties les plus basses, là où le limon à couches s’étoit accumulé, que leur nombre étoit le plus considérable, principalement vers l'extrémité nord, la première comblée, et la plus rapprochée du point d'arrivée du courant. Dans cette partie, la grande caverne a une hau- teur de 8m4o à 8m70; les diverses couches du limon y ont une épaisseur de 5m3o à 5mo, c’est-à-dire la plus grande qu'ils présentent d’une manière générale; car à l'exception de quelques cavités où de quelques trous peu étendus, l’on ne voit nulle part plus de puissance au limon. Ainsi, sur 8m4o à 8mM70 que notre souterrain présente en élévation vers son extrémité nord, où elle: est la plus considérable, il n’y a que trois mètres dix à trois mètres trente centimètres qui n'aient pas été remplis par les limons. Les sables de l'extrémité sud n’ont point ici une aussi forte épaisseur, soit parce que le sol ancien est moins excavé dans cette partie, soit parce que l'accumulation des roches éboulées y est plus considérable: mais ces sables, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, ne renfermoient pas d’ossemens. Ils étoient purs et aussi! dé- 44o RECHERCHES SUR LES OGSEMENS FOSSILES pourvus d’ossemens:queide galets, surtout à l'extrémité sud, où Jeur finesse et leur ténuité étoient la plus grande. Ces sables existorent dans les’ parties les plus éloignées de Par- rivée du courant, ‘et se montroient aussi bien dans les ra- meaux les plus étroits que ‘dans la caverne principale, en sorte qu'ils se montroient partout où il étoit possible de parvenir. GAULPT) a Il en étoit de: même des sables qui encombroiïent en grande partie le boyau de l’est; ces sables ont été apportés d’aussi loin que l’on a pu parvenir; comme la portion à découvrir a une étendue bien considérable, il'est possible qu'ils s’éten- dent également partout. Enfin, les limons qui obstruoïent le couloir de l’est ont paru exister partout, et s'être répandus aussi bien dans les petites cavités et les fentes les plus étroites que dans les plus grandes, avec cette particularité que, sur toute la surface de‘ce boyau, ils alloïient à de certaines élé- vations, n'ayant jamais été assez considérables pour combler en entier nos souterrains. Ces limons ou ces sables n’avoient donc d’autres limites en étendue que celles des souterrains où ils étoient disséminés; 1l n’en étoit pas de même de leurs limites en hauteur, puisque nulle part leurs couches ne sont parvenues au sommet ou à la voûte de nos souterrains. Comme ces limons s’étendoient presque partout à une hauteur bien supérieure à celle: d’un homme, et que lon n’a pu parvenir sur leur surface extérieure qu’en les enlevant en grande partie, ila été difficile de s'assurer partout s'ils présentoient;une surface inégale et irrégulière. Ce que l’on peut dire de plus général à cet égard, c'est que la surface des limonsou des sables étoit d'autant plus irrégulière et - DES CAVERNES PE LUNEL-VIEIS. 44t d'autant plus raboteuse, qu’on l’examinoit près des points où l’arrivée du courant avoit eu lieu. Le limon ne paroissoit pas partout à découvert, à raison des éboulemens successifs qui ont eu lieu dans nos souter- rains, éboulemens qui se sont opérés à différentes époques. On peut d’autant moins avoir des doutes à cet égard, que de pareils éboulemens de roche se seroient effectués pen- dant les fouilles que nous y avons fait faire, sans la pré- éaution que nous primes de faire enlever les rochers, qui, détachés en partie, menaçoient d’une chute prochaine. Enfin, ce qui prouve que plusieurs de ces éboulemens de roche étoient postérieurs au transport du limon de nos cavernes, c’est qu'’au-dessous de ces roches éboulées l’on a rencontré lesdivetses sortes de limons, ainsi que des ossemens fossiles, comme partout ailleurs ; lon pense bien qu’il en existoit éga- lement dans les vides laissés par l'irrégularité des roches éboulées. Ces éboulemens sont peu à craindre aujourd’hui, les rochers calcaires qui forment la voûte de nos cavernes, se fendant de toute part par suite du desséchement qu’ils éprouvent depuis l'accès de l'air extérieur. Nous avons éga- lement observé de nouvelles fentes assez profondes produites sur le sol inférieur de nos cavernes depuis qu’on les a fouil- lées, et que Pona enlevé les limons qui les remplissoient en partie. La surface du limon n’a présenté nulle part ce glacis stalagmitique qu’on lui voit dans un assez grand nombre de cavernes à ossemens, en sorte que, par rapport aux nôtres, lon ne peut guère admettre plusieurs époques dans les dé- pôts des limons à ossemens. Aussi rarement a-t-on trouvé des ossemens fossiles encroûtés par des stalagmites; ceux que / 442 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES nous y avons vus avec cette particularité se rapportoient à des herbivores et à des carnassiers. Nous mentionnerons spé- cialement une tête d’Ayæna prisca, dont les dents avoient été encroûtées par un calcaire concrétionné d’un blanc rous- sâtre, quoique le crâne en eût à peine quelques traces. Par suite, peu d’ossemens étoient adhérens au calcaire moellon; quelques uns ont paru pourtant fixés à la partie latérale et inférieure du couloir. Le ciment qui les fixoit au calcaire moellon étoit plus coloré que le ciment stalagmitique qui s’étoit déposé sur quelques ossemens découverts dans la grande caverne. Son épaisseur dans cette partie étoit de deux à trois centimètres; sa dureté étoit fort grande. Les os ainsi fixés au rocher ne différoient pas de ceux qui étoient dissé- minés dans le limon, soit par leur nature, soit par leur tex- ture, soit enfin par leur état de conservation. Avant de faire connoïtre la manière dont les ossemens étoient disséminés dans le limon, il est nécessaire de faire observer que l’on n’ajamais rencontré des ossemens en quan- tité notable dans les sables qui encombroient l'extrémité sud de la grande caverne, et qu’il en a été de même dans les autres de nos cavités souterraines. Partout l’on à remar- qué. une relation manifeste entre la présence et le nombre des ossemens, et la nature et l'espèce des limons dans les- quels ils étoient ensevelis. En.,effet, dans ces cavités comme ailleurs, les cailloux roulés pugillaires annonçoïent la pré- sence des ossemens dans les couches de limon inférieures : à celles où ils abondoïent, tout comme les couches sableuses indiquoient l’absence totale de ces mêmes ossemens. Nous avons dit que le limon rougeûtre graveleux à ossemens se DES CAVERNES DE LUNEL-VIFIL. 443 montroit partout en couches distinctes, souvent multipliées et inégales; il en étoit de même des ossemens. Ces ossemens étoient disposés par couches inégales au milieu du limon rougeâtre graveleux; ils étoient seulement en plus grand nombre, et comme amoncelés contre les paroïs du rocher ou sur les faces latérales des cavernes, et toujours du côté de la plus grande pente. On les voyoit également en fort grand nombre dans l’espace laissé libre entre plusieurs blocs; mais l’on en voyoit peu sous les masses un peu volumineuses des roches éboulées : ces ossemens gisoient dans toutes sortes de positions. Epars et confondus, ils étoient mélés entre eux, sans distinction de genre, de famille ou d'espèce; quelquefois des fragmens d’un même os se trouvoient à une certaine distance les uns des autres. Aussi certains os décou- verts dans des fouilles faites dans des points opposés, et à des intervalles de temps fort différens, se sont raccordés avec d’autres os en s’articulant avec eux, et d’une manière assez parfaite pour faire supposer que les uns et les autres avoient appartenu au même individu. De même des dents de sanglier et d’hyène se sont parfaitement adaptées à des maxil- laires trouvés dans des lieux très-différens; d’un autre côté, des fouilles faites à des époques diverses et à des temps dif- férens, ont fait découvrir des espèces totalement différentes des premières observées, ou un plus grand nombre de telle espèce déjà découverte. Certaines dents, soit de carnassiers, soit d’herbivores gi- soient dans le limon, hors des alvéoles des maxillaires aux- quelles elles se rapportoient; souvent l’on trouvoit des dents isolées de carnassiers à côté de pareilles dents isolées d’her- 444 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES bivores. Il en étoit dermême destos. Pour en citer des exem- ples, nous dirons que l’on'a-découvert dans l’intérieur d’un humérus de:rhinocéros des: fragmens d’ossemens de lapins, tandis que d’un autre côté l’on a trouvé dans l’intérieur d’un os Tong un:;fragment:de-coquille marine qui paroissoit n’avoir.pu y pénétrer que-par-un certain effort. Nous avons également: conservé une vertébre:cervicale de cheval, dans la cavité de laquelle existe, entre l’apophyse articulaire et l'apophyse transverse droïte, une: portion de maxillaire in- férieur de cerf avec deux dents. 1 M. Ménard, qui a dirigé les fouilles, a vuunplastron de ‘tortue: de terre: immédiatement: appliqué sur un hu- mérus de -rhinocéros, et une molaire de :ce grand pa- chyderme dans le centre :d’un:bassin -de cerf dont les os avoient cependant conservé leurposition normale respec- tive: Nous sommes nous-mêmes parvenus à recueillir une portion de-canon de ruminant, contenant dans le canal mé- dullaire, un métacarpien d’uncarnassier du genre cars, et probablement de hyène. Ces deux ossont brisés, surtout celui qui renferme le:métacarpiens ce dernier paraissant avoir été protégé par le canon dans l’intérieur duquel:il s’é- toit fixé. Enfin, il n’est pas rare de voir le même fragment de ciment stalagmitique senveloppant des ossemens. d’ani- maux les plus disparates,:avec des excrémens d’hyènesou d'album græcum: Ces faits sont loin d’être exceptionnels comme on pour- roit:le croire; leur généralité est telle que l’on peut avancer, comme un point constant relativement à-nos cavernes, que les ossemens-et les-dents qui se: trouvoient disséminés dans #5 DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 445 l'antique limon, y étoient tout épars, dispersés et confondus, sans distinction de genres, de familles , d'espèces, et sans au- cun rapport de position-avec celui qu’ils occupoient dans le squelette. Cependant, quoique ces ossemens soient de et pour la plupart brisés, fracturés et mutilés, il n’y en à qu'un petit nombre quiparoissent avoir été roulés : on ne leur voit pas souvent leurs angles émoussés, ni leurs contours nette- ment arrondis, comme ils les présenteroient probablement; ils avoient été entrainés fort loin des lieux où ils réposoient primitivement. Cet état annonce que si les ossemens épars dans:le limon y sont venus de dehors, ces ossemens n’ont pas parcouru de grandes distances, et par conséquent qué les animaux auxquels ils ont appartenus ont vécu près des lieux où l’on trouve leurs débris. Les ossemens ensevelis dans nos cavernes, y sont, avons- nous dit, disposés par couches inégales. En effet, après en avoir recueilli une certaine quantité, l’on enlevoit plusieurs couches de limon sans en rencontrer un seul. Nous ferons également observer, que vers le centre de l’epace irrégulier où les os, se montroient amoncelés, et à quelques pieds de profondeur dans les flancs du rocher, lon découvrit un boyau, d’un mètre! d'ouverture sur sept mètres de profon- deur, tout-à-fait encombré d’ossemens noyés dans un sédi- ment argileux peu abondant. Ce boyau étoit en cela remar- quable, que la plupart des espèces découvertes avant d’y être parvenues, ÿ ont été trouvées. C’est dans ce boyau qu'ont été observés les bois de cerfs les plus gros, ainsi que les dé- fenses de sangliers les mieux conservées et les plus fortes ; Mém. du Muséum. 1. 17. 57 446 RECHÉRGHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES ces débris, y étoient, plus particulièrement pressés les uns contre les autres, et comme accumulés par une cause impul- sive. Sur le premier plan formépar une couche. assez mince d’un limon argileux, on trouva une tête d'hyène en partie brisée, et divers os longs du même animal plus ou moins fracturés; l’on y aperçut également divers débris osseux d’un autre carnassier du genre du chien. A Pextrémité de ce boyau, dont,on a enlevé le sédiment à raison de la masse d’ossemens que l’on y a découverts, l’on déterra quelques pièces osseuses d’un blanc éclatant, et qui avoient. à peine la consistance de la cire. Ce. ramollissement remarquable n’avoit pas épargné l'émail des dents, et quoiqu'il se soit montré dans un grand nombre d’autres os découverts ail- leurs, nulle part il n’a paru au mème degré. Quoique ce boyau fût intérieur au sol d’alluvion quir recou- vroit le plancher de la grande caverne, il n’étoit pas cepen- dant tout-à-fait obstrué. Dans certains endroits, l’espace resté vide de la dernière couche au centre, étoit d'environ trente-deux centimètres, soit que le limon se fût affaisé à mesure qu'il devenoit moins humide, soit qu’une barre placée à son ouverture eût de bonne heure oblitéré cette cavité. Ainsi dans la grande caverne, les ossemens, les dents et les excrémens se sont rencontrés comme les galets, assez rap- prochés de son extrémité nord, ou du point d'arrivée sup- posé au courant, principalement du côté de l’est, où étoit la pente. Les ossemens étoient généralement plus abondans- dans les parties les plus déclives et les plus basses que dans les plus élevées, c’est-à-dire plutôt dans les.cavités des roches que sur leurs plateaux. Le plus grand nombre a donc été DES CAVERNES DE LUNEL=VIFIL. 447 découvert à l’est de la caverne, partie la plus’basse et la plus irrégulièrement excavée, mais toujours au-dessus du dépôt inférieur graveleux. A'peïne quelques débris osseux ont-ils été rencontrés à la surface; tous étoïent noyés dans l’inté- rieur du limon rougeâtre. Malgré les soins que nous avons mis à faire sonder à d'assez grandes profondeurs vers l’extré- mité méridionale de la caverne, où il n'existe que du sable presque pur, nous n’avons pas pu parvenir à en retirer un seul ossement, Aussi le limon rouge à ossemens ne dépasse guère les trois quarts de la longueur de la caverne, et lui seul à fourni des débris de mammifères terrestres; à peine à force dé recherches a-t-on trouvé quelques os de cerf en- foncés dans le sable pur. Ainsi les ossemens étoient rassemblés dans la grande ca- verne, dans un espace irrégulier qui s’étendoit de la base de la roche située au nord jusqu'à environ quinze mètres, en tirant vers le sud, et seulement dans une largeur de trois à quatre mètres. Le dépôt argilo-siliceux qui les enveloppoit, étoit retenu par les parois de la caverne, et par les blocs de roche qui s’étoient éboulés. La profondeur la plus consi- dérable de ce gisement étoit de 5m3o à 5m4o, tandis que sur plusieurs points elle n'étoit que de deux à trois mètres. Ce dépôt étoit composé d’un grand nombre de couches peu inclinées et disposées avec assez de régularité. L’épaisseur de ces couches varioit depuis trois jusqu’à six centimètres; elles étoient composées de limon rouge dans les partiés les plus supérieures, -et en dessous de sable argileux rougeûtre, avec des petits fragmens de quarz roulé et de débris angu- leux de calcaire-moellon et d’eau douce d’un petit volume : 448 RECHERCHES SURILES OSSEMENS FOSSILES Les Pa terrestres abondoipnt dans ces eouches-grave- leuses. 24 1 Ji0jm9e8 Hd: No ee ‘Ce que nous avons dit des ossemens doit s'entendre; éga- lement de l'album græcum ou des excrémens de carnassiers,, parmi lesquels dominent ceuxd'hyènes. Ces excrémens sé sont montrés principalement dans les parties les plus déclives.et. les plus basses. Gonservant leur forme globulaire et arron- die, ils étoient souvent en couches plus ou moins puissantes et comme réunies; leur présence annonçoit assez ordinaire- ment celle d’une grande quantité d’ossemens dans les cou- ches de limon qui leur étoient inférieures , tout comme üne grande quantité de débris osseux indiquoit que l’on trouve- roit bientôt de ces excrémens ; les débris organiques étant: pour ainsi dire accumulés dans les ‘parties les plus basses de læ caverne: :: | Un: assez grand-nombre de ces excrémens présente une forme arrondie qui peut facilement faire croire qu’ils ont été roulés et transportés de loin: Mais comme plusieurs d’entre eux ont été-trouvés agencésles uns dansles autres, comme s’ils sortoient de l'intestin; ils n’ont pas dû subir un choc violent avant d’être rassemblés dans nos cavernes, d’autant que leur forme naturellement globulaire en rendoit le transport fa- cile: Comme les os, les excrémens des hyènes n’ont pas été amenés dans nos cavernes de loin; car Ces-excrémens ne pa- roissent pas plus roulés que les :os'eux-mêmes. Lis conser- vent d'un côté leur dépression arrondie , et de l’autre leur pointetaigué produite par le sphincter de l'anus. sil Ces excrémens, au moment où on'les-retiroit: du. limon, avoient la couleur du sédiment qui les enveloppoit;! mais DES CAVERNES DE. LUNEL-VIEIL. 449 comme ce sédiment n’avoit qu’une foible adhérence , excepté lorsqu'il étoit stalagmitique, ils présentoient bientôt, par l'effet du desséchement, la couleur blanchâtre quileur est partieu- lière; ils prenoient pour lors un aspect terreux et une plus graude dureté. L'on observe quelquefois dans leur intérieur des dents de petits animaux, des coquilles osseuses, et des os assez entiers pour y reconnoitre des phalanges de rou- geurs. Lies plus grosses boules de ces excrémens ont omo65 de diamètre, et les plus petites seulement omo2b; différences qui réunies'avec- celles (des formes, annoncent que non- seulement il ÿ en à d’hyènes, mais encore de plus petits carnassiers du genre chien. Lies plus grosses de ces boules trouvées! uniquement dans le couloir ou caverne de l’est, paroissent avoir-appartenu à la plus grande espèce de nos hyènes fossiles, d'autant que leur couleur grisätre :les :dis- tingue ‘autant que leur ‘volume. Enfin, le ciment-stalagmi- tique a pénétré parfois dans leur intérieur, et en-a tapissé les vides de petits cristaux de chaux carbonatée limpide. Les os retirés du couloir, on des cavernes de l’est, étoient plus brisés que: ceux-de la grande caverne, quoiqu'ils fus- sent plus faciles à extraire, à cause du peu de cohésion des molécules argileuses qui composoient le limon du couloir, limon qui étoit plus particulièrement mêlé de débris de cal- caire fragmentaire. Il :en atété de même des os découverts . dans le boyau de Test ou dans la troisième caverne la-plus récemment fouillée, quoïque ce boyau ait été trouvé rempli d’un sable pur assez sec; à grains fins, et dont les couches, s’'ébouloient au moindre choc: Si les ossemens découverts dans le couloir et dans le boyau létoient encore plus brisés 450 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES et.plus mutilés que ceux qui gisoient dans la grande ca- verne, cela peut tenir au peu de largeur des deux premiers souterrains et au choc violent qui en est résulté lors du trans- port du limon ou des sables qui les ont comblés en grande partie. On peut d'autant plus admettre cette supposition, que le limon a pénétré dans les grandes comme dans les plus petites cavités des os, et qu’il n’a pu s’y introduire que par un certain effort, lorsque les ossemens étoient déjà dépouillés des par- ties molles qui les recouvroient. Le limon qui remplissoit la cavité de certains crânes avoit parfois acquis la plus grande dureté; aussi ne s’en détachoit-il qu'avec peine. Il en étoit souvent de même de celui qui remplissoit les alvéoles, et du limon qui recouvroit la surface extérieure des os. Cette sur- face extérieure mise à découvert, la plus grande partie des ossemens, et au moins les cinq sixièmes, soit de-carnassiers, soit d’herbivores, ont présenté de nombreuses et profondes fissures remplies, dans toute leur profondeur, par le limon. Ces. fissures, à peu près générales, surtout dans les os longs, mais dont l’étendue et la largeur éprouvent d’assez grandes variations, semblent annoncer que nos ossemens, ou du moins ceux qui en présentent, et c’est presque la totalité, ont dû être exposés à l’air avant d’être entraînés dans les ca vernes; car ces fissures ont été produites par l'effet d’un re- trait que les os n’ont pas pu éprouver dans nos souterrains dont l’humidité étoit si grande, par suite de celle du limon qui les encombroit. Ces fissures existent aussi. bien dans les os.du couloir et du: boyau que dans ceux de la grande ca- verne, ce qui prouve encore que l'humidité du limon n’en DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 451 a pas été la cause. La portion des dents qui se trouve privée d’émail offre, comme les os eux-mêmes, des fissures tout aussi sensibles quoique moins profondes. Ces fissures sent quelquefois assez larges pour avoir permis au limon de rem- plir en partie les cavités des os, lorsqu'il n’y avoit pas d'ou- verture propre à en favoriser l'introduction. Dans Îles os où il existe de grandes cavités, comme le crâne, par exemple, ces cavités étoient remplies en entier de limon que l’on n’a en- levé qu'après beaucoup d'eflorts, et lorsqu'il a été complé- tement desséché. Ces fissures prouvent donc que nos os ont été exposés à l'air, comme la présence du limon, dans les grandes comme dans les plus petites cavités des os, annonce que les animaux auxquels ils ont appartenus- étoient pour lors privés de leurs parties molles, et que leurs débris étoient réduits à des os isolés lorsque le limon les a enveloppés. Ces fissures existoient dans les os au moment de leur ex- tracüon; le limon qui les remplit en est d’ailleurs une preuve. Elles n’ont donc point été produites par le desséchement postérieur que les os ont éprouvé, quoique ce desséchement ait été fort considérable à raison de la grande quantité d’eau qu'ils contenoient. Plusieurs ossemens présentent des bosselures, de petites cavités, et diverses sortes d’usures qui semblent avoir été produites par l’action des eaux. Cette action les à comme ron- gés, en même temps qu’elle en a arrondi les angles et émoussé les arêtes; mais cette action ne paroïît pas avoir été violente ni générale, puisqu'il n’y a qu'un petit nombre de nos osse: mens qui présentent des traces d’une pareille usure. 452 RECHERCHES SUR. LES OSSEMENS FOSSILES Nous avons déjà dit que les os longs soit des.herbivores, soit des carnssaiers, offroient de nombreuses fissures, fissures que l’on voit aussi bien sur les os qui montrent les traces de coups de dents que sur ceux qui n’en offrent pas d'indices. Ainsi nous possedons un maxillaire inférieur d’un felis assez rapproché de nos pantheres , qui présente des traces de coups de dents avec de nombreuses fissures. Ces fissures existent également dans les os longs et les maxillaires d’hyènes que nous avons recueillis; en sorte que mème, relativement aux débris de ce genre de carnassiers, il paroït qu'ils ont séjourné à l'air, avant d’avoir été entrainés dans les cavernes. Il y a plus encore, les os d’hyènes incrustés d’un ciment stalagmi- tique, comme ceux de nos grands lions, ont présenté de nom- breuses fissures plus ou moins profondes et plus ou moins étendues, suivant la dureté de l'os où elles existoient. En un mot, les os des carnassiers, comme ceux des herbivores, pré- sentent de nombreuses fissures et parfois des traces de coups de dents, même lorsque leurs os ont appartenu à des car- nassiers de la plus grande taille, tels que nos lions et nos hyènes. Les ossemens fossiles accumulés dans les parties de la grande caverne, les plus basses et Les plus rapprochées de l’ar- rivée du courant supposé, se sont montrés avec les mêmes circonstances dans le couloir et dans le boyau de l’est. Si nous sommes encore à présumer le lieu où étoit l'ouverture de la première de ces cavités, il n’en est pas de même des deux petites que nous désignons sous les noms de couloir et de boyau. Aussi est-il peu certain, pour celles-ci, que les osse- mens gisoient près de leur ouverture, principalement dans les couches moyennes et inférieures du limon, et cela jusque DÉS CAVERNES DE LUNEL=VIEIT. 453 dans les plus petites cavités des roches, quelle que füt la taille des animaux auxquels les os avoient appartenus. Ces ossemens y étoient accumulés, et souvent dans des fentes fort étroites, sans distinction de genre et de famille, et d’une manière telle- ment confuse, qu'il étoit impossible de retrouver deux parties rapprochées l’une de l’autre ayant appartenu à un même individu ou à la même espèce. Or si certains des animaux qui s’y trouvent y avoient réellement vécu, leurs ossemens auroient bien pu être mélés par l'effet de l’alluvion qui y a transporté et des sables et des graviers, mais on les auroit rencontrés, en définitive, comme on l’a fait pour les autres. Supposeroit-on que ces ossemens, dont on ne voit pas de traces, étoient plus facilement altérables, et, parce motif, n’ont point été conservés comme ceux qui sont parvenus jusqu'à nous ? Cette supposition seroit peut-être admissible; si, parmi nos animaux fossiles, il n’existoit pas des espèces carnassières d’une stature supérieure à celle de nos lions, et des herbi- vores de la taille de nos rhinocéros et de nos plus grands aurochs, et dont plusieurs parties ne se retrouvent cependant pas. En effet quelque grande épaisseur qu’aient les os de ces énormes espèces, certaines pièces osseuses ont manqué tota- lement, et pour les autres on a été réduit à des portions iso- lées, plus ou moins brisées, et jamaïs en assez grand nombre pour reconstruire la moitié du squelette d’une seule de ces espèces. Mém. du Muséum. t. 17. 58 454 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES CHAPITRE XIIL De l’état de conservation des ossemens. Les ossemens découverts dans nos cavernes ont montré à peu près tous le mème état de conservation; seulement ceux enselevis dans les sables purs, et c’est le plus petit nombre, étoient moins friables et plus entiers. Les uns et les autres ont pris à l’air de la solidité etde la dureté, en perdant une grande quantité d’eau. Désséchés et séparés du limon qui leur est adhérent, les os ont acquis généralement une teinte d’un blanc rosé terne toute particulière. Ils n'ont point cet aspect luisant que présentent les os récens; cela tient probablement à la petite quantité de matière animale qu’ils contiennent. Par cela même ces 05 sont friables et cassans. Leur légèreté est plus grande que celle des os frais. Leur tissu spongieux est souvent conservé; mais sa friabilité est telle qu’il se réduit pour ainsi dire sous les doigts. Le tissu compacte, malgré sa solidité plus grande, est souvent tout-à-fait friable, et tombe facile- ment en poussière. Les os saisis par un ciment qui les a liés au rocher, comme ceux qui ont été recouverts par de stalagmites ont présenté la mème texture et la même altération. Cette uniformité dans la conservation de nos os semble annoncer qu’ils ont dû être déposés à la même époque, ou du moins à des intervalles peu éloignés. Du reste, les os fossiles dont ceux de nos cavernes se rapprochent le plus, sont les os des brèches osseuses, sur- tout ceux qui se trouvent au milieu des limons non dureis. Cette conformité dans la conservation des uns et des autres DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL | 455 n'est pas sans influence pour l'hypothèse, qui considère ces deux ordres de formation comme analogues. Nous avons dit que nos os étoient généralement fracturés avec ou sans esquilles; mais il importe de décrire la forme des cassures qu'ils présentent, et de reconnaître si on les peut con- sidérer comme produites par l'effet des coups de dent que les carnassiers, et principalelment les hyènes, y auroient im- primés. D'abord voyons si ces coups de dent présumés existent uniquement dans les ossemens des herbivores, et s’il n’y en a point sur les os des carnassiers , et en particulier sur ceux des hyènes. Si dans le principe on a pu penser que ces ossemens ne se montroient brisés que par suite de la maladresse des ou- vriers, on est bientôt revenu de cette erreur, en reconnaissant que ces ossemens l’étoient par l’effet de cassures anciennes. Celles-ci se distinguent par leur netteté, et leur couleur qui concorde avec celle des parties non brisées. C’est donc uni- quement des cassures anciennes dont nous allons nous oc- cuper. Outre les grandes fractures que montrent nos ossemens, et qui ne peuvent être attribuées à des coups de dent des car- nassiers, mème les plus terribles, certains de ces ossemens sont entamés dans leur partie moyenne et vers leurs extré- mités par des fractures peu étendues ou des sillons plus ou moins écartés et plus ou moins profonds. D’autres présentent des éclats qui semblent l'effet de la résistance que los op- posoit à l’action de l’animal qui le dévoroit, éclats dont l'é- tendue peut avoir dépendu de la force imprimée. Comme ces éclats sont aussi inégaux que la distance qui sépare les 456 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES sillons, s'ils ont été produits par des coups de dent, les hyènes n’ont pas dü être les seules à dévorer les os des animaux de l’ancien monde; car il est de ces sillons tellement fins et tellement rapprochés, qu'ils ne peuvent avoir été operés que par des animaux dont les dents étoient aussi aiguës et aussi près les unes des autres que le sont celles de nos renards. Tels sont par exemple les sillons que nous avons remarqué sur deux calcaneum de cerfs de notre plus petite espèce, 05 que nous pouvons citer comme celui où les coups de dent sont les plus apparens. Ces sillons et ces fractures, que M. Buckland considère comme l'effet des dents des carnaissers des genres chien et hyène, s’apercoivent aussi bien sur les os des carnassiers que sur ceux des herbivores. Nous en avons remarqué sur les os d'hyènes, de lions, aussi bien que sur ceux de rhinocéros, de cerfs, de bœufs et de chevaux. Les sillons ou les empreintes incontestables des dents n’existent que sur un petit nombre d’ossemens, tandis que les cassures à enfoncemens, et alterna- tivement à bords légèrement saillans, sont assez nombreuses. Si celles-ci ont été réellement produites par des coups de dent, il est étonnant que les carnassiers dont elles seroient l’ou- vrage se soient si souvent arrêtés lorsqu'ils avoient mis à dé- couvert la partie la plus molle de los, et celle qui contient le plus de sucs médullaires. Il est encore surprenant que la plu- part de ces cassures se bornent uniquement au bord et aux extrémités des os, et que le reste de leur surface ne présente pas de traces des dents qui les auroiïent saisis, comme les sillons des calcaneum dont nous avons déjà parlé. Nous mentionne- rons spécialement un maxillaire inférieur de /’Lyæna spelæa, DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 457 dont le bord de l'angle postérieur semble comme fracturé par des coups de dent, et qui n’en présente cependant aucune trace dans le reste de son étendue. Il en est de même d’un os des iles de cheval, qui n’est fracturé que dans son pourtour, comme s’il avoit été festonné, et qui n'offre aucune trace de coups de dent, à l'exception des festons. Il est cependant dif- ficile de supposer que l’animal qui y auroit imprimé ses dents, et qui auroit fait ces fractures, eût pu se borner à entamer juste le bord le plus externe des os qu’il dévoroit, sans y lais- ser d’autres traces. Aussi, comme la plupart de nos ossemens, soit ceux des carnassiers, soit ceux des herbivores, présentent de pareilles cassures, on ne peut s’empècher de douter qu’elles soient le résultat des coups de dent. Il n’en est pas de même des os qui sont sillonnés plus ou moins profondément dans leur partie moyenne, et, qui offrent des cassures arrondies vers leurs bords; ceux-ci paroïssent évidemment avoir été rongés, mais le nombre n’en est pas considérable. Les premières fouilles ont offert un fragment de tête d'hyæna spelæa, qui présente à la partie latérale, un peu en avant de l’occiput, au-dessous de la crête occipitale et du côté gauche, une ouverture profonde intéressant toute l’é- paisseur de l'angle supérieur et postérieur du pariétal gauche, résultant probablement d’un coup de dent. M. Cuvier cite également une tête d’hyène fossile de Gaylenreuth, qui a éprouvé une violente morsure à sa crête occipitale , et qui en a guéri comme la nôtre (1). Ces deux faits prouvent ou que {r) Il est remarquable que deux têtes d’hyènes, trouvées à de si grandes dis 458 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES les hyènes s'attaquoient entre elles, ou qu’elles l’étoient par ces grands lions ou tigres dont nos cavernes recèlent les dépouilles. 1l est du reste à présumer que la solution de continuité que lon observe à notre tête d’hyène a été faite par un de ces grands lions découverts dans nos souterrains, plutôt que par une hyène; du moins la profondeur de la plaie est telle, qu'il a fallu un carnassier dont les dents étoient énormes, et l’écartement des mâchoires très-considérable, pour pouvoir la produire : sous ce rapport cette plaie ne paroît pas avoir été faite par des hyènes. Certains de nos ossemens paroissent donc avoir été frac- turés par les dents des animaux carnassiers ; c’est le plus peut nombre, surtout si l’on ne considère comme rongés que ceux qui offrent des traces évidentes de coups de dent. La plu- part, au contraire, semblent avoir été brisés et mutilés par une cause violente et générale qui a agi sur l’universalité de nos ossemens. Cette cause seroit celle de leur transport dans nos cavernes, ou du ballotage qu'ils y auroïent éprouvé lors de l'arrivée des eaux qui s’y sont introduites avec les sables et les limons qui les encombroient. En résumé, quoique la plupart des fractures que l’on aper- çoit sur nos ossemens paroissent le résultat d’un choc plus ou moins violent, il en est également certaines qui semblent produites par des carnassiers. Les os de ces derniers n’en sont pas plus exempts que ceux des herbivores : les uns et les tances , aient présenté le même genre de blessure , et cela à des parties si rappro- chées ; et enfin que toutes deux aient probablement guéri de leur blessure avant de passer à l’état fossile. Ÿ’oyez les Recherches de M. Cuvier sur les ossemens fossiles, t. 4, p. 306. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 45g autres montrent aussi bien des indices de coups de dent, que des traces de fractures produites par d’autres causes. En effet, les ossemens des carnassiers, soit des lions, soit des ours, soit des hyènes, ne sont pas moins rompus et fractu- rés que ceux des herbivores; et comme certains montrent des traces de coups de dent, il faut admettre que les carnas- siers s’attaquoient entre eux ou s’entre-dévoroient. On ne peut guère imaginer que deux causes générales qui aient pu rassembler une assez grande quantité d’ossemens dans nos souterrains : ou ils y ont été réunis par des inon- dations ou des alluvions qui les y ont entraînés avec les li- mons au milieu desquels ils sont ensevelis, ou ils ont été ac- cumulés par les carnassiers dont nos cavernes étoient les re- paires. En faveur de la première hypothèse, on peut observer, _1°. que les limons qui remplissent en partie nos: cavernes, et au milieu desquels se trouvent les ossemens quelquefois au-dessous et en partie écrasés par les blocs calcaires, étant des dépôts d’alluvion, la cause qui les y a entraînés a bien pu aussi y amener les ossemens qui leur sont mêlés ; 20. qu’aussi partout où de pareils transports ont eu lieu, l’on découvre une grande quantité d’ossemens, et souvent des mêmes gen- res, lorsque ce ne sont pas les mêmes espèces, soit dans les formations produites par des phénomènes de remplissage, comme les brèches osseuses, soit dans les terrains d’alluvion, comme le sont les sables des terrains marins supérieurs (1); (1) Peu à peu les animaux des cavernes se retrouvent dans les sables des terrains marins supérieurs, même les carnassiers , tels que les ours, les lynx, les pan- thères et les hyenes. 460 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 30, que sinos cavernes avoient été habitées par des carnassiers qui s’y seroit succédés pendant des générations successives, en y accumulant les dépouilles des animaux dont ils aurotent fait leur pâture, le limon auroit dû être chargé de matière animale, comme celui des cavernes d'Allemagne et d’Angle- terre; 4°. que d’ailleurs la proportion des ours et des lions est si foible dans nos souterrains, qu’il est difficile de les re- garder comme les carnassiers qui auroient réuni tant d’osse- mens, puisque, d’après M. Knox (1), les hyènes n’ont point l'habitude d’emporter dans leurs repaires les animaux qu’elles dévorent; 50. que si certains ossemens ont réellement été rongés , il n’est pas impossible qu'ils l’aient été au dehors, comme les os que rongent de nos jours et les loups et les renards. D'un autre côté, l’on peut faire remarquer, 1°. que si les hyènes et les autres carnassiers avoient vécu dans nos ca- vernes, leurs débris devroient être plus entiers que ceux des herbivores, tandis qu'il n’y a aucune différence entre eux sous le rapport de leur conservation; 20. que les ossemens des herbivores devroient être placés au-dessous de ceux des car- nassiers, et ceux-ci sur la surface du limon supérieur, comme les ossemens des animaux de notre époque qui ont été périr dans nos souterrains, tandis que tous sont confondus et dis- (1) D’après M. Knox, les hyenes dévorent leur proie sur place, en s’attachant de préférence aux animaux morts de maladie ou à leurs débris. Il cite les ravages qu’une hyène fit en 1819, el remarque qu’elle dévoroit les animaux sur place et loin des fermes. Suivant lui, les lions et les panthères sont les seuls carnassiers qui emportent leur proie dans leurs repaires. Bulletin de Géologie de M. Férussac, t. 6, année 1825, pag. Go. . DES CAVERNES DE LUNEL-VIEILs | 461 séminés dans le même lion , et à des hauteurs fort inégales ; 30. que les limons à ossemens n’auroient pas dü ‘être accu- mulés dans les parties les plus basses de nos cavernes, comme dans leurs cavités les plus étroites et les plus profondes, c'est- à-dire dans les points où la pente naturelle avoit dû les en- trainer; 40. que si les herbivores sont en excès sur les car- nassiers, c’est qu'il en’étoit dans les générations passées, comme dans les générations actuelles, les premiers étant tou- jours supérieurs en nombre aux seconds; 20. que, du reste, ce grand nombre d’herbivores de la plus grande taille, tels que nos rhinocéros, nos aurochs et nos.grands sangliers, semble peu favorable à l’hypothèse de leur:transport dans les cavernes par les carnassiers, même aussi terribles que pou- voient l’être nos hyènes et nos lions. Enfin, relativement à la conservation de nos os fossiles, il semble, 10. que la plupart d’entre eux ne devroient pas présenter les fissures que l’on y observe, fissures qui annon- cent qu'ils ont été exposés à l’air avant leur transport; 20. que les cavités de ces os n’auroient pas dû être remplies de li- mon, limon qui n’y a pénétré dans certains qu'avec effort, puisqu'il a entrainé avec lui des graviers assez gros, des os, et enfin des coquiiles; 30. que la presque totalité de ces os ne devroit pas être mutilée, brisée et fracturée, et cela aussi bien les os les plus durs que les plus délicats. L'on peut dire au contraire, en faveur de la première hyÿ- pothèse ; 1°. que le nombre des hyènes, et surtout de leurs excrémens, est assez considérable pour considérer qu'elles faisoient leurs repaires de nos souterrains; 20. qu’on doit d’au- tant plus l’'admettre, qu’un certain nombre de nos ossemens Mém. du Muséum. 1. 17. 59 462 RECHERCHES, SURILES OSSEMENS, FOSSILES fossiles montrent des traces: éyidentés de coups de dent, et qu'iliexiste une tête d! byène qui avoit été blessée et guérie, preuve que les carnassiers s’attaquoient mutuellement; 30. que les observations de M. Knox; quoique les plus récemment faites, ne semblent pas assez concluantes pour repousser les assertions des voyageurs à l'égard des mœurs supposées à l’hyène; 40. que si les ossemens des carnassiers et des herbi- vores sont confusément mêlés au milieu de nos limons, c’est par suite des alluvions successives qui ont eu lieu dans nos souterrains ; D°. qu’enfin des os qui ont séjourné long-temps au milieu d’un limon fortement délayé ont bien pu s’en im- prégner à la longüe, surtout si, à l'époque de l'introduction de ce limon, ils étoient dépourvus des chairs qui les recou- vroient. Tels sont les principaux faits qui militent en faveur de l’une et de l’autre hypothèse; et sans se prononcer d’une ma- nière positive à cet égard, l'on peut cependant observer que l’on ne voit pas que nos carnassiers actuels réunissent une aussi grande quantité d’ossemens dans leurs DEN tandis que nous ne pouvons douter que des alluvions n’aient accumulé, dans certains points, une quantité considérable de débris os- seux, tout ecmme des débris de végétaux. Sous ce rapport, les brèches‘osseusés ont pris une nouvelle importance, puis- que lon y a retrouvé la plus grande partie des mammifères terrestres dé nos-cavernes , et. quil est impossible de sappo- ser que les animaux aient jamais vécu dans les fentes étroites uidlesréèlents co io Sidinèhienos mouss 189 per ‘Le seul'point sur lequsl onne peut seformer! des doutés, c'éstique les animaux, dont'on trouve. les débris dans nos DES CAVERNES DE LUNEL=VIEIL. = 408 cavernes, ont dû vivre près des lieux où on les observe, et qu’en les supposant transportés, ils n’ont pas dû venir de loin. Ainsi nos climats ont jadis nourri des lions ou des tigres, des hyènes et des rhinocéros, et cela en même temps que des éléphans, des aurochs, des rennes et des élans, habi- toient nos campagnes ,-ou fréquentoient nos forêts, que peuploient aussi des ours et d'énormes ssh: antique population d’autant plus remarquable, qu'avec des espèces perdues sont ensevelies des espèces semblables à celles qui habitent encore aujourd’hui le sol au-dessous duquel elles se trouvent, sol que certaines ont abandonné pour toujours. TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES : Contenus dans ce Ro Volume. M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Mémoire où l'on se propose de rechercher dans quels rap- ports de structure organique et de parenté sont entre eux les animaux des âges historiques, et vivant ac- tuellement, et les espèces antédiluviennes et perdues. 209—229 MM. GEOFFROY SAINT-HILAIRE ET SERRES. Rapport fait à l’Académie royale des Sciences, sur un Mémoire de M. Roulin, ayant pour titre : Sur quel- ques changemens observés dans les animaux domes- niques transportés de l’ancien monde dans le nouveau continent. 201—208 M. AJASSON DE GRANDSAGNE. Traduction inédite des Tribus Mongoles de Pallas, et d’un voyage de B. Bergmann chez les K are 231—267 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 465 M. VICTOR AUDOUIN. Observations pour servir à l'histoire de la formation des Perles. 174—180 M. À.-P. DE CANDOLLE. Revue de la famille des Cactées. I—119 M. DESTREM. Sur la source intermittente de Fontestorbe. 377—379 M. FLOURENS. Observations pour servir à l'histoire naturelle de la Taupe. 193—200 M. ISID. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Remarques sur les caractères généraux des Singes Amé- ricains, et description d'un genre nouveau sous le nom d'Eriode. 12 1—165 MM. Auc. DE S.-HILAIRE er Arrr. MOQUIN-TENDON. Premier Mémoire sur la famulle des Polygalées, conte- nant des recherches sur la symétrie de leurs organes. 314—375 M. MARCEL DE SERRES. Observations sur la Crau. 181— 192 466 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. MM. Marcez DE SERRES, DUBRUEIL sr B. JEAN-JEAN. Mémoire sur les diverses espèces d’Hyènes fossiles. 269— 312 Recherches sur les Ossemens fossiles des cavernes de Lunel-Vieil (Hérault). (rer. article.) 330—463 Correspondance. Nouvelles des médecins naturalistes 14 Quor et GAIMARD, en retour de leur second voyage de découvertes scientifiques autour du monde. 230 “ INDICATION DES PLANCHES DU XVIIe. VOLUME. © Pages. PI. I. Conspectus Cacrsarum synopticus. 120 IT. 1. Mammillaria pusilla. 2. M. discolor. Tbid. IT. Mammillaria geminispina. Ibid. IV. Mammillaria lanifera. * Ibid. V. Mammillaria helicteres. Ibid. VI. Melocactus communis. Ibid. VII. Echinocactus cornigerus. Ibid. VIIT. Echinocactus crispatus. : Ibid. _.IX. EÉchinocactus obvallatus. Ibid. X. Echinocactus melocactiformis. Ibid. XI. Cereus Peruvianus monstrosus. Tbid. XIT. Cereus serpentinus. Ibid. XIIT, Cereus repandus. Tbid. XIV. Cereus oxypetalus. Ibid. XV. Opuntia rosea. : Ibid. XVI. Opuntia Hernandezii. Tbid. XVII. Pereskia zinniæflora. Ibid. XVII. Pereskia lychnidiflora. Ibid. XIX. Pereskia opuntiæflora. Ibid. XX. Pereskia rotundifolia. Tbid. XXI. Rhipsalis cassytha mociniana. Tbid. XXII. Æriode hemidactyle. 165 XXIIT. Monstruosité d’une huétre comestible. 180 XXIV, XXV, XXVI. Tétes et dents d’hyènes fossiles. 312 XXVII. Polygala myrtifolia, et autres espèces de Polygala. 376 XXVII. Détails de diverses espèces de Polygala. Lbid. XXIX. Détails du Badiera, Comesperma, Salomonia et - Muraltia. Ibid. XXX. Détails du Mundia et du Monnina. Ibid. XXXI!. Délails du Securidaca, Krameria et Frigonia. Zbid. Album græcum, ou excrémens fossiles. Voyez Cavernes à ossemens. Animaux antédiluviens et perdus. Sont- ils les ancêtres des animaux actuel- lement vivans ? 209 et suiv. — Mo- tifs d'adopter cette opinion, 212 et suiv. — Modifications que le sol, le climat, la nourriture, peuvent apporter dans la structure des ani- maux, 2bid. — Les animaux per- dus paroissent appartenir à divers âges , et présenter une série , selon qu'ils s’éloignent plus ou moins des espèces vivantes, 215 et suiv. Animaux domestiques. Des change- mens qu'ils éprouvent lorsqu'ils sont transportés de l’ancien monde dans le nouveau continent, et qu’ils y sont rendus à l’état sauvage, 201 et suiv. Animaux fossiles. Voyez Animaux an- tédiluviens. — Hyènes fossiles. Animaux perdus. Voyez Animaux an- tédiluviens. Badiera. Voyez Polygalées. Bergmann. Extrait d’un voyage de ce savant chez les Kalmucks, 231 et su1v. Cactées. Revue deÿcette famille, r et Li TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. suiv. — Introduction, contenant l’histoire de la découverte des plan- tes de cette famille, des divisions qu’on y a successivement établies, des noms qu’en a donnés soit à la famille, soit aux genres qui la com- posent, et des observations sur les rapports des Cactées avec d’autres végétaux, did. — Chap. 1. Carac- tères généraux de la famille et des genres : $ 1. Organes de la végéta- tion, 5 et suiv. 62 Organes de la fructification, 13 et s. — Chap. 2. De la division des Cactées en genres eten sections, 22 etsuiv. Tribu des Opuntiacées et des Rhipsalidées, 25.— Chap. 3. Du genre Mam- | millaria, et description de six espe- ces, dont cinq sont figurées, 26 et suiv. — Chap. 4. Du genre Melo- cactus, et description d’une espèce avec la figure, 32 et suiv.—Chap. 5. Du genre Æchinocactus, avec sa description , et la figure de quatre espèces , 35 et suiv. Du genre Ce- reus, Cierge, et des divisions qu’on y a établies, avec la description et la figure de cinq espèces, 39 et s. Du genre Opuntia ou Nopal, et de ses divisions, avec la description et. SRE CL ES: ie | 469 la figure de deux espèces, ‘61. Ob- “servätions surîle genre. Peréskia , avec’ la description et Ja figure de “quatre espèces, 73 ets. Du, genre Rhipsalis, avec la description et la figure d’une espèce ou variété inédite ; 77 et suiv. De la distribu- tion des genres dans les Cactéès , et des rapports de cette famille avec les familles voisines, 82 etsuiv. De la distribution géographique des Cactées, 85 et suiv. Observations sur la végétation et la culture des Gactées et des autres plantes gras- ses, 9? et suiv. Les plantes grasses sont celles qui ont le moins de sto- mates, 96 et suiv. Voy. Stomates. Sécrétion d’une poussière glauque par les feuilles de la plupart des plantes grasses ; et faiblesse de leur transpiration et de leur absorption, 98 et s. Caractères botaniques de quarante-sept espèces nouvelles de Cactées , envoyées du Mexique à M. De Candolle par M. le doc- teur Coutter, 107 et suiv. Cailloux roulés. Voyez Crau. Cavernes à ossemens fossiles de Lunel- Veil, 382 et suiv. — Histoire de la découverte de ces cavernes, 40. — Leur situation, 385.—Descrip- tion géologique des terrains et des formations des différentes époques où elles sont placées, 387 et suiv. — Les limons à ossémens des ca- vernes sont des dépôts d’allüvion, ‘392. — Description de la grande caverne, des terrains au-dessus Mém. du Muséum. 1. 17; d’elle, et de l'effet des eaux qui y l'ontpénétré, 303 étsuiv.—Désce se tion dé la ‘caverné la plus ancienne- ment connue , et de Celle qui a été découverte en 1827 , 405 et suiv. — Analyse des eflorescences qui __existoïent à la voûte, 414.— Ana- lyse du limon inférieur qui enve- loppoit les ossemens, du limon gra- veleux supérieur où l’on en trouve une grande quantité, et du sable des cavernes, 418 et suiv. — Ana= lyse des stalagmites qui recouvrent quelques os, {27 el suiv. —‘Ana- lyse des ossemens fossiles, et des excrémens pétrifiés ou album græ- cum, 430 et suiv.— De quelle ma- niere les ossemens d’herbivores et de carnassiers sont disséminés et méêlés dansles cavernes, et dans les diverses espèces de limons, de sable et de gravier, 433 ets.; quoique les ossemens soient pour la plupart brisés , ils ne paroissent point avoir été roulés, et leur état annonce qué les animaux auxquels ilsappar- tiennent ont vécu pres des lieux où Von trouve leurs débris, 445; ils sont disposés par couches, ibid. et suiv. — Description des excrémens fossiles de divers carnassiers, 448. De l’état de conservation des os- semens, 454; la plupart des os- semens ont été fracturés par une cause générale, quelques uns l’ont été par la dent des animaux car- nassiers, 458.— Hypothèses sur les causes qui ont réuni les ossemens Go 470 dans les $outerrains, 459 et, suiv. il est, certain.que;les animaux dont les ossemens sont réunis dans les cavernes, ont vécu pres des lieux où on les trouve, 462. Cereus, Cierge. Observations sur ce gen- re, qui se divise en Céréastres, Ser- pentins, Cierges ailés, et, Cierges opuntiacés , avec la description et la figure de cinq: espèces, 39.et s. Voyez Cactées. Chameaux des Kalmuks, 243. Cierge. Voyez Cereus. Crau. Voyez la Crau. Comesperma.-Genre de la famille des Polygalées. Voyez Polygalées. Diluvium. Trois sortes principales de Diluvium, qu’on peut distinguer par les noms de caillouteux, de fragmentaire, et limoneux, 188 et suiv. Echinocactus. Observations sur ce gen- re, avec la description et la figure de quatre espèces, 36 et s. Voyez Cactées. ue Genre nouveau de singes, for mé de plusieurs espèces du Brésil qu’on avoit confondues avec les Atèles : sa description, ses rapports naturels, ses habitudes, sa compa- raison avec les autres singes, etc., 138 ct suiv. — Description de trois espèces, 160 et suiv. Géographie des plantes. Voyez Cactées et Polygalées. Géographie zoologique. Observation sur TABLE ALPHABÉTIQUE .,les résultats importans de l'étude de cette science, 128, note; — La distribution géographique, des gen- res d’animaux est soumise à des lois exactes, 120. Géologie Voyez la Crau, , Diluvium. — Cavernes ü OSSCmens. ; ra f Germes. Observations sur le système de la préexistence des germes, 221 et suiv. Hyènes. Mémoire sur les diverses espe- ces d’hyènes fossiles, découvertes dans les cavernes de Lunel-Vieil, 269 et suiv.— Déscription des ca- vernés et des divers ossemens fos- siles qu’on y trouve, 270 et suiv.— Comparaison des hyènes vivantes avec les hyènes fossiles, 280. — Description de la tête, des dents, des vertebres, etc., de plusieurs espèces d’hyènes fossiles ; compa- raison de ces os avec leurs ana- logues dans:les hyènes vivantes, et conjectures sur les habitudes des hyènes fossiles, 284 et suiv. Voyez Cavernes à ossemens. Kalmuks., Aspect physique, costumes, mœurs, Vie, usages domestiques des Kalmuks, 231 et suiv. | Krameria. Observations sur ce genre de plantes. Voyez Polygalées. La Crau. Observations sur cette plaine, qui..-est entièrement couverte de gros cailloux roulés, et presque tous quarzeux; nature et origine de ces TROT : ireailloux, »8n etsuiv.= Diluvium ‘° qui à formé a et s. cop goluy 91 fe"9[) UE ÆICRYE 1: Je ént dd ao Ê fi- gurges, 26etsuiv. Vpyez, Caciées. Melocactus., Observations, sur.çeigenre, avec la figure du, . Mcçommunis, 82 et suiv. Voy. Cactées. AGREE à Diverses, monstruosités.,"ou LE dévialions. organiques, c obtenues à à volonté: dans les: ‘incubations arli- Aciele ane) GADSAAURRCES: AR CES _:£xpér iences pour, la zoologie, 223 est 18) sceon = Monpine. Observations [sus plusieurs espèces de ce genre, Voyez Poly- : galées,. ( DST Hoie Voyez Polygalées. Muraltia. Voyez Polygalées. 16 .20DIQN EL) Nopal. Voyez Opuniia…, sa LOMME OBS OU SM IOHNANILEEL 3 SIN QE À Ossemens fossiles: Noyez Amiiaux an- tédiluviens. — Hyènes fossiles. — 2e Cavernes à 'ossemens. te 4€0 san ou Nopal. Division dede genre ::.deCactées en: cinq-sebtions, avec la description du ‘genre ,ilelcarac- ière des sections, et la description de plusieurs espèces, dont deux sont figurées, Gr et suiv. Voyez Cactées.— Comment on se sert de V’Opuntia pour fertiliser les vieilles laves du pied de l'Einalro5 1.1? Opuniiacées. Nom de l’une des deux tribus de la famule des Cactées : cette tribu comprend six genres, 25. Voyez Opunlia. LIA PDESAÉTEICTESN ITA ETLAT 45 Péreskia 'OPReivafit ons Be PO Nenre ju De Cactéass eee Ta déséription et la figure de GAME nouvelles FDA piration, et sur un-caractére ana- | tonique ‘quiles distingué des au- Lo trés o2iet-suivi Vosez Cactees. ipoliratel Voÿéz Polrgaléess Poly salées Premier Mémoire sur cette famillerde plantes, étsur la'symé- trie de leurs orgañes, 813 et suiv. — Géographie des Polygalées, 314 etsuiv.— Organes de la nutrition. 316 et suiv. — Organes de la re- production, calice, corolle, crête, étamines, disque, ovaire, style et stigmate, fruit, semence, 320 et s. — Organes accessoires, 348 et s. Revue des genres, 351 et suiv.— — Symétrie et rapport des genres entre eux, 555 et suiv, — Explica= à 72 TABLE ALPHABÉTIQUE. DES ARTICLES. \ notion des fgnres etcaractère bota- rs" nique. de plusieursespèces, 867 et Suiv. 9T8UD b o1maR Pores cprticaux. ee Stomiätes. Rhipsalis. Description dé‘ ce “genre de Tiactéés ,'Aveë des obsérvations sur es’ “epites “coues,. et sur Tes ya- I | iétés où: ‘espèces comprises ‘sous le D moriidé ipsalis cassitha,: avec la “‘Hpuré’ de celle’ qui. ‘a été désignée He par de nom de À. C. monciniana , 77 etéuiv. Voyez Cactées. Rhipsalidées. Deuxième tribu de la fa- de mille des Cactées. Voyez Cactées. op ) Salomonta. Moyés Pobigalies.o9 Securidaca. Ses rapports avéc-les: Pol y- galées. Voyez Polygaléess.. Singes. américains. Combien. ils diffe- -i:0 atent.de ceux deJ'ancien continent, enci28 re Garactéres qui. les: distin- :e guent;-129% — Ces caractères ne -sont pas eonstans, et plusieurs gen- res présentént des anomalies et des exceptions remarquables. ».131 et .-suiv, + Déscription d’un nouveau :.- genre;de,singes américains, nom rin: mé Ériode,.138.; LÆIN DE, LA TABLE ALPHABÉTIQUE, 1Stômates ou. pores côrtiçaux!\1Sont en ; moïndne-nomibre sur les tiges et les nes _. PIERRE gr mes sur 9; ‘trouve’ pôiit sur les puits charnus, di 93 et suiv. Voyez Cactées!. SE ee des organes dans les’ plantes. ‘Voyez sh EE 1, sLopyr; rues Observations qui prouvent ‘qu'ellerést trés-vorace , ét essentiel. lement! carnivore, 193 ét suiv. as De leurinfluence sur les pro- rgrès dés sciences naturelles, et comparaison de la méthode qui se Gr “boïne à l'observation des faits iso- _ éaec celle qui compare les faits pour obtenir des résultats géné- raux, 122 et suiv. Transpiration dés plantes grasses. Voy: Cactées. TR Affnité de ce Renée avec les 2. Moyeñ HAE" r. oyageurs re Dousélles de s1n02 MM: Quoi'et! Gaimard envoyées : de l'Ile-de-France au retour de “leur.second :voyage, 280. EE jt MÉMOIRES. DU - MUSÉUM : Dmsrorne NATURELLE. OUFRAGE DÉDIÉ AU ROL. M. De Cannore, — Revus sur la famille des Cactées: NEUVIÈME ANNÉE. — PREMIER CAHIER. | À PARES. | CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE. RUE DES osent SAINT-TACQUES , HÔTEL CLUNY. : Le prix de la souscription, pour l’année entière, formant 2 vol. , est de... Et franc de port pour les départemens Papier grand raisin vélin ai 1 « Ne ja deucat et de L G e* u fr " " “MOMN: “actères des oY nence: " a] dt “D à des descriptions. L 4 cel . raphie des plantes brasii:e Fe Dr * ‘tés; il donnera l'étymologi®# “à utés au langage si peu connu des #2 ” . «+ en revue les caractères généraux des familles, ? . 1 omettra rien de ce quipeutr Fa épandre quelque intérêt sur: aavail. Les descriptions seront écrites en latin » les nombreuses observatit EE qui doivent les accompagner le seront en français, et la différence U- | caractères typographiques indiquera leur degré d'importance. Donne Il n’est pas nécessaire de faire sentir que cet ouvrage n’aura rien 1séum commun avec ceux qui retracent des objets déjà décrits et figurés ; CPR" aux les fois. Pendant long-temps le Brésil avait été fermé aux étrangers : ay: * à l’Aca- M. Auguste de Saint-Hilaire, aucun naturaliste n'avait visité la plup des provinces où il a pénétré, et les deux tiers au moins des espè qu'il décrira sont entièrement nouvelles. Aucune Flore particulière n’aura embrassé un nombre aussi con“ x'° de plantes; et comme il est très-peu de familles auxquelles! ‘pporter quelques espèces brasiliennes, il est clair que vasser successivement en reyue presque tous les ty] che Forganisation végétale. _,,0pe a mis depuis long-temps à la tête des dessi : même qui a travaillé pour le Nova Genera > tracera aussi les figures de la Flore du Brésil. No: nn, C’est dire assez que ces figures réuniront à l’élégar «lité qu’on peut espérer uniquement d’un homme versé da dessin et accoutumé en même temps aux observations bo : de leurs : du Brésil sera pour la partie orientale de l'Amérique -lfe de MM. de Humboldt et Kunth pour la côte occidentale, +pprochera, autant qu'il dépendra de lui, d’un aussi be à ærre les deux ouvrages ne forment réellement qu'un € mmble, l’Éditeur de celui que nous annonçons a cru qu'il ne pourr mieux faire que d'employer des caractères semblables à ceux Nova Genera, dont il empruntera également les formats et la jus fication. L'ouvrage aura trois volumes qui paraîtront par livraisons : les 6 pi niéres sont en vente; les suivantes paraîtront de deux mois en deux mois. Ÿ 1-4. Jésus, papier satiné, huit à dix figures noires, et cinq feuilles Cfa relie 1e en tne eine eleleiele eee dHbdodos 00 Ab à Jo 03 060554 15 ® ‘olio Jésus, papier vélin d’Annonay, satiné, avec les mêmes figures col et huit feuilles de texte.......... ODA, - Ar M ABLE 6a - oport verbal sur la FLORE DU BRÉSIL MÉRIDIONA bi. * M. Aug. de Saint-Hilaire, fait à l Académie à ca séance du 19 septembre 1825, des Science: Par ALEXANDRE DE HUMBOLD T. ‘cadémie m'a chargé de lui faire un rapport verbal sur l'ouvra: auguste de Saint-Hilaire ayant pour titre : Flora Brasiliæ me) F, auctore Augusto de Saint-Hilaire ; accedunt tabulæ delineat , 10 œrique incisæ. Regiæ Majestati consecratum. r occupe un des premiers rangs parmi les grands botanist "le. Il n'avait publié jusqu'ici que des fragmens épars « l'auquel il s’est livré pendant six années de séjour au Br RE it où le sol! Aanc'ca canvame fr er DES 0: < PRRNÉES | pe si * ù mn D. à =: "UE L'ADMINISTRATION DU MUSEUM TOIRE NATURELLE. M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE AU MUSÉUM; + ET PAR M. FRÉDÉRIC CUVIER, CHARGÉ EN CHEF DE LA MÉNAGERIE ROYALE. ÉDITION IN-4°. F LES 6 PREMIÈRES LIVRAISONS SONT EN VENTE. | e édition in-folio de l'Histoire naturelle des Mammiferes , dont :,# Mrès-peu d'exemplaires, a été reçue avec empressement " ë nes qui s’occupert de l'étude des Sciences Naturelles; s à ié les recherches auxquelies cet ouvrage a donné lieu, # stice à notre entreprise, elles nous ont convaincus que à Las été sans utilité pour les Naturalistes. En effet, a on de cette Histoire naturelle, on ne pouvait étudie k Wen examinant isolément leurs diflérens systèr Île le fait l'Anatomie, ou les peaux bourrées con: à5, et auxquelles les empailleurs ont donné une figi {: qu'ils se sont faite de l'espèce à laquelle elles avaier t in, les figures faites, pour la plupart, d’après ces pe. : 5 ent préparées : on ne pouvait donc se représenter ! 4 À de ces animaux, et se faire une idée générale de le À que d’une manière fort inexacte. Aussi pourrait-on |: des Mammifères, des erreurs assez singulières où . Nort habiles se sont laissé entraîner par les plus grosse 5 ; ce qui n’aurait pas eu lieu si l’on eût eu d’autres moyens #4 Jans cette branche si importante et si riche de la Zoologie re que ces formes générales, cette physionomie , sont elle de la connaissance de toutes les productions de fut assurer qu’elles présentent les indications les plus pic} reconnaître les vraies relations qui lient les espèces entre elles le les idées qu’elles font naître ont une précision, une clarté qu’on jendrait pas de toute autre manière; c’est-à-dire que ce genre t Juüssance est indispensable pour la classification philosophique des mit 15 que l'Histoire naturelle envisage, et qu'il peut, plus que tout : . ? |, conduire à multiplier Les inductions, quisont, comme onssait. | arce la plus pure de la vérité dans les sciences d’observat: quoi la connaissance des plantes l’a-t-elle si long-temps er & ofondær et en exactitude sur celle des animaux? PourquoiJus: 1=;1 forné ses familles naturelles quand on n’avait encore qu’. cation artificielle des Mammifères? C’est qu’on avait pu culti: : Mantes, es faire vivre et les réunir de map” à omorec TES fables rapports, et à être ainsi conduit : cé L onuaître\es organes quisont commur li, par corséquent, sont propres à le écesseurs, Jussieu n’eût étudié les ; bianique, comme la Zoologie, serait : ‘ : un assemblagà d'êtres plus ou moin Ipar hasard dommr naissance à quelques ndes. lbscience des Mammifères, plus qu'aucune josie, avait besoin d’être ramenée à son vér' | dans la connaissance de l’animal tel que ! » es ses parties en mouvement, {ous ses © dans sa parfaite intégrité, et exe” ; irelles toute l’influenc : RON bnomie générale. Mais les 7 comme des plantes. L'imposs:.: 1 Sovsorr?Tions chez À. BELIN , Libraire, rue. des Mathurins Saint-Jacques, n. 14, à Pari Et chez les Libraires de France et de l’Etranger, fa HR TE ATEN FLORA BRASILIÆ MERIDIONALIS, auctoribus AUGUSTO pe Sawr-Hirainr, reg. Scient. Acad, Paris., nechon Societ. Philom, et Hist. nat. Paris., Acad. reg. Scient, Ulissip., Phys. Genev. , Gæs, Læop. Carol: Nat. Curios.; Soc. Scient. Aurel., Linn, Calvad, ; AnRiANO DE JUSSIEU, Doct. Med. Par. , Botanic. in Hort. Paris, Prof., Aca= * dem.Cæs. Leop. Carol: Nat. Gurios., Societ. Philom.et Hist. Nat. Paris, Werner. Nat. Hist. Linn. Lugd.; Jacoso Camsssenes, Societ. Philom. et Hist. Nat... * Paris., Hist. Nat. Monspel. et Linn. Burdigal. Regiæ Majestati consecratum. L’aliération de la santéde M. Ang. de Saint-Hilaire l'ayant forcé de suspendre depuis long-tempsla publication de cet ouvrage ; il a cru nécessaire d'adjoindre à ses travaux seur de Bœanique au Jardin du Roi, et M: Cambassèdes, Cette réu- mion de Collaborateurs offre la plus forte garantie aux “personnes qui désisent puiser dans cette Flore, une solide mistruction. MAT La Flore du Bréâil sera pour la partie orientale de l'Amérique, ce qu'est celle de MM: de Humboldt ét Kunth pour la côte occidéntale, Comme les denx ouv'agestne forment réellement qu'un ensemble, celui que nous annoncons est imprimé avec des caractères semblables : à ceux du ÆVona Genera , et dans les mêmes formats, | L'ouvrage)aura ‘trois volumes qui paraîtront par livraisons. La neuviènie livraison est publiée, Le 5 Tn-4e. jésus, papier satiné, huit à dix figures noires, el cmd feuilles de texte. . 4 + CRD ENT 6 JO TEE To-folio Jésus, papier vélin d'Annonäy, satiné, avec les mêmes figures coloriées, et huit feuilles de téxte. os Go fr. : HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, avec des figures originales, coloriées, dessinées d’après des ani= maux vivans. Ouvrage publié sous lautorité de l’ad- munistration du Muséum d'Histoire Naturelle, par M. Grorrrox Sainvr-Firaie, professeur de zoologie au Muséum, et par M. Fréoéric Cuver , chargé en chef de ‘a Ménagerie Royale. NOUVELLE ÉDITION 9-4. L'ouvrage, imprimé avec des cavactères neufs sur papier grand- raisin superfin sauné, ménie formatin-40. que les Ossemens Fossiles de M. G: Curier, aura six yolames qui paraitronb eu Go livraisons. Chaque livraison contient, outre le texte, 6 figures colorides avec le plus grand soin, d’après des dessins faits sur des animaux Miyane: Pre San de UM na ce Dre use ti PO te Les huit premières livraisons sonl'en vente. ; Editionin-folio.—VLes 40 premiéreshivraisons, contenant 240 figares coloriées avec le plus grand soin, forment 4 volumes, dans lesquels 1 ces figures ont clé classées d’après l'ordre méthodique, Ces quatre volumes in-{olio jésus sont livrés cartonnés ‘ou renfermés dans des cartons, au choix des acquéreurs. Prix. ... 2. . : 550 fr. Dix-huir livraisons des 5e. et G*, vol. sont en ventes prix ° de chaque’livraison. 4 4 . + + .". SRE [1 ne reste plus à publier que denx livraisons: MÉMOIRES SUR LA FAMILLE DES LÉGUMINEUSES, ax M. Auc. Pyr. DE CAnDOLLE, professeur d'histoire - naturelle et directeur du Jardin botanique de l’Acadé- mie de Genève, correspondant de l’Institut de France, membre des Sociétés royales de Londres, Edimbourg, Turin, Naples, Mw des Curieux de la Nature, etc. Ces Mémoires étaient destinés à paraître ‘dans la collection de ceux du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Mais leur nombre s'étant Anementé beancoup au-delà de ce que cette collection auroit pu faire ‘ares entiérément terminées, est en vente, Prix; « | ATLAS DES OISEAUX D'EUROPE, pour sertir 4 MM: Adrien de Jussieu, Profes- : - ches, format in-80,,lavec on sans texte. nous donnerons un squelelte-ét une ou deux planches de carac ère *neuvièrne esL en ventes: par MM. les Professeurs au Jardin du Roi. La réunion, au Mustum,, de tonues les sciences naturelles) et verses parties de l'histoire naturelle: forment un volunie; deux volumes font une année. Chaque volume e lé plus” grand soin, - NT EEE CRE Sr TN à Le ARR RE CES SOEUR volumes. Chique volume Sera divisé en dix livraisons : chaquelivrai= vraïson, nous en publierons deux à la fois; ce qui a eù lieu pour les deux premières. el Pere : a] A nich, Copenhague, de la Société : k TON M bscrire à Paris, chez A. BELIN, Imprimeur, Lil raire-Editeur ;. rue dés Mathürins Saint-Jacques, n°. 14; ou chez les principaux, ' RAR: é paraître suns de grands retards, l’auteur, de concert avec lé libraf Éditéur, s’est décidé à les réunir en un seul'corps. d'ouvrage; enilé imprimant dans le méme format in-4°., pour qu'ils puissent étre plæ cés à côté de cette colléction. . ” SIRET PRE VESTE A Les botanistes tronveront réunis dans cèt ouvrage les comm er taires qui compléteront le tableau abrégé de ceite fanrille , : ui va pa raitre/ dans de Prodromus; les détails relatifs aux caractères deà famille (des Légumineuses , aux ttibus dont-elle se compose, etai genres noünveux ouvpeu connus , seront exposés 6oit par des descrip#} tions explicites , soit par des planches (s0ïgnces.” RÉ can Ce xolüme, composé de quatorze. Méuioires ‘faisantenyiron} 560 pages in-49.4, er de ro planches , dont 26 au simple trait et 18 Fi ma . complément au Manuel d'Ornithologie deM.Temminck par J..C. Werner, peintre au Muséum d'histoire nat relle de Paris, publié sousles auspices de M: le ba Cuvier. ce Res le Cet Atlas sera publié en Ra LT de dix plan: n-tête de chaque ord pour les divisions: Chaque planche n'aura qu'unindividn, afin 4 Jes naturalistes puissent les-classer suivant le système qu’ ils. anro! adopté,” Il paraîtra régulièrement ‘une livraison dé mois en moi Le même, sur grand raisin vélin, fig. colorices et retonchées LEE PEN AS Er LOS Se SOI ER D RE ee ; Aulas apec texte, — Prix de la hvraison, 10 fig: moir ns PT D nan ee tous les moyens de les cultiver permet. à MM, les ‘Professeurs d publier des faits nouveaux en minéralogie, en botanique ; en 0010 gie, etc:; en sorte que leurs Mémoires, non-senlement font con naître les magnifiques collections confiées à leurs soins, mais encor sont le dépôt des découvertes qui se fout tous les jours Gans les di Ces Mémoires paraissent par cahier de dix. feuilles : six cabier accompagné de vingt à vingt-ciuqplanches en taille-douce gravées'ave Les Sept premières adnées sont impriméés Paix. : Chaque année, composée de a VOL. 5: © . On gouserit pour la huitième année. Le prix des deux vol paie en souscrivant LR TMANRES FAT tes ES ; HISTOIRE DES PLANTES LES PLUS REMARQUAB Æ DU BRÉSIL ET DU PARAGUAY * comprenant leur dé À cription, et des dissertations sur leurs rapports, leux usages, etc. , avec des planches noires; par M. Aucusre pe. Saint- Hipame, correspondant. de TAcadémie Sciences. Dédiée à Sa Majesté Très-Fidèle. aurä un on de L'ouvrage, iaprimé in-4°. sur grand-raisin son renfermera cinq à six feuilles de texte_et cinq à six planches. Lorsque les Mémoires seront trop considérables pour former une li Les six premières livraisons sônt-publides: er SA Chaque livraison in-{°; sur grand-raisha fin, avec fig.noit Pour étre souscripteur à chacun de ces ouvrages, 1l suffit de se faire. Libraires de France et de l'Etranger. GRAS ER RE On distribue chez le même Libraire les Prospectus plus détaillés ces imporkans onvrages, RSR NE pe es Le da “ : 5 MÉMOIRES D'Ü USÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. OUFRAGE DÉDIÉ AU RO. te "M. Dr CANDOLLE. — Revue sur la famille des Cactées (Suite). NEUVIÈME ANNÉE. — DEUXIEME CAHIER. . À PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATHURINS SAINT-JACQUES ; HÔTEL CLUNY- -Le prix de la souscription ; pour l’année entière, formant” 2 vol. , est de... 6o fr. _ fi flanc de port pour les départemens.....:...:-.....s ann annee 66 Papier et raisin vélin..... nada RO A Rise po sieeauls 120 1MPRIMERIE DE 4. BELIN, rue des Mathurins S:-J. n, 14e D da a an ve VE MÉMOIRES. DE MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. OUFRAGE DÉDIÉ AU ROL. M. Is. GEorraoY SanT-Hibame. — Re- © servir à Phistotre de la formation des marques sur les caracières généraux des Perles. 174 Singes américains, et description d'un M. MarceL DE SERRES. — Observations sur genre nouveau sous le nom d'Ériode. 125 la Crau. 181 Description de deux espèces nouvelles de’ M. Frounens. — Observations pour servir Singes à queue prenante. 166 à l’hisiotre naturelle de La Taupe. 193 M. Vroror Aupoui. — Observations pour NEUVIÈME ANNÉE. — TROISIÈME CAHIER. A PARIS, CHEZ À. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DXS MATHURINS SAINT-JACQUES , HÔTEL CLUNY- Le prix de la souscription , poùr l’année entière, formant 2vol., est de.... Gofr. Et franc de port pour les départemens...,..-............... LAB PO TR 66 Papier grand raisin vélin....... ER SO AN NP LA OR CO CIE CRD 120 IMPRIMERIE DE A. peLin, rue des Mathurins S:-J. n. 14. EEE 2 Ne A De LL à — RSR RS DE STORE RSS RS RD RU RS DEEE ER SR RE RES ms o a a ARE 7 FREE es = 7 BEST ER ‘on 9p LOU 2 4909, IN D U017011959{7 ; DTA S (Liane < y + 7 AT OG RU. SL GEST | STI ie © ur Æ PM Fe? BeAe DOZITE 7 iWUOJDUF7 P 9A1OUL2 JA] SOUS pi dd OAIU9PDOF 7 D 2of 11oddoy _: 4ANNAG KN ï CHEN ” L 40 401809 JU 2P ‘29n0p qomes our :0d2p ND So4no191S0d 972 ei SrébE AL N] 9pP 2pP1Wu np S7U1979 Mali nue ciuignye2S “LTgt 2490790 se APE ae … + 20f 24oddoy a 09 ‘NW MU uoarou ouais AG of ans co ‘ . 0471 4n0d ju ND *SPADHP TT js AIN °P 1100047 0j Ans j40ddoy ag 5 : AOUMAAOHI9 HN Berre © mb riTer 39 SUP SNUYIUO") DG Le PIS SaUIONAN S4Q SD per IE RAT 7 °SH9e1ANGIEUEI 10 UT 592 p sppielop sujd snioadsoiq sof anerqi SUP 9j, 2809 PHRASIP U() À OSUENAI 2 19 POULT 2D SOTEIQUE xnedioursd so7 740 no fr ‘où fsonboufiuieg suunHIep sep. our Eanonpr-osteiqu shomtidup ÉATINA VV 2040 SUR Crouosut S1BF9S 8p 1qjus ft “SaSeIANO 529 op UnIED F ANIIAMOSUOS 219 10 ‘18 ‘SoaIoU "20 2046 UT UiISier-paris ans | Qÿ-ur UOSIETAI Onbeyr} *saprjqud 1UOS SUOSIPAAIT SOTAUOIT IS So'F ; 9 :SQ1atmu91d XNSP s0[ MO noi no 8 Mb 99 ÉSiOf JE XROP SUbDINrpqN u9 snou uOsiEIA 1j oun otu10} mod so[qeiPpISG0P OU Auoïs Sealomo so aRPSTOrT soyoueçd xis © Durs 1991707 2p sojfiuor xs buts tiomraquat ;UOS =1EIAI anbe (jo E SUOSIPIAIT IP, U2 2S1A1p EJDS DTUNIOA onbrqr) Semn10A xnop n0 un eine fur tistel-Duris Ans oY-uL JWIiIdur FHSELANOUT "JOPAT-SLL PISOLDPI DS) 2PIPPIT "SOUS s3p. 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Lugd. ; Jacoso Camsessenes, Societ. Philom. et Hist. Nat. Paris., Hist. Nat. Monspel. et Linn, Burdigal. Regiæ Majestati consecratum. L’altératton de Ia santé de M. Aug. de Saint-Hilaire l’ayant forcé de suspendre depuis long-temps la publication de cet ouvrage, il aeru nécessaire d'adjoindre à ses travaux MM. Adrien de Jussieu, Profes- seur de Botanique au Jardin du Roi , et M. Cambassèdes. Cette réu- - nion de Collaborateurs offre la plus forte garantie anx personnes qui désirent puiser dans cette Flore une solide instructiou. La Flore du Brésil sera pour la partie orientale de l'Amérique Ce qu'est celle de MM. de Humboldtet Kunth pour la côte occidentale, Comme les denx ouvrages ne forment réellement qu'un ensemble, célni que nous annoncons estimpriméavec des caractères semblables À ceux du /Vora Genera , et dans les mêmes formats, La onzième livraison est publiée. In-40. jésus, papier satiné, huit à dix figures /noïres, et: cin , 18 3 a feuilles de textes. 41. 40e Late En 15 fr. In-folio Jésus, papier vélin d’Annonay, satiné, avec les mêmes figares coloriées, et huit feuilles de texte. . . + 6o fr, HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, avec des figures originales, coloriées, dessinées d’après des ani- maux vivans. Ouvrage publié sous l'autorité de l’ad- ministration du Muséum d'Histoire Naturelle, par M. Grorrroy SamT-HiraiE, professeur de zoologie au Muséum, et par M. Frévéric Cuvier , chargé en chef de la Ménagerie Royale. i NOUVELLE ÉDITION IN-4°. L'ouvrage, imprimé avec des caractères neufs sur papier prand- raisin superBn satiné, même format in-40. que les OSsemens Fossiles de M. G. Cuvier, aura six volumes qui paraîtront en 60 livraisons. Chaque livraison contient, outre le texte, 6 figures, colorices avec le plus grand suin, d’après des dessins faits sur des animaux vivans- Prix. 4e +. els AE DRASS RITES Les huit premières livraisons sont en vente. ! Lditionin-folio.—Wes 4o premiéreslivraisons, contenant 240 figares coloriées avecle plus grand soin, forment 4 volumes, dans lesquels s ont été classées d’après l’ordre méthodique, Ges quatre n-folio jésus sont livrés cartonnés ou renfermés dans des 550 fr. es figure volumes i 0 1 ] cartons , au choix des acquéreurs. Prix. , Dix-neuf livraisons des 5°. et 6°. vol. sont en vente; prix de chaque livraison. + + : + - DD ON AG LENS AE 15 fr. MÉMOIRES SUR LA FAMILLE DES LÉGUMINEUSES, ‘ar M. Auc. Pvr. DE Canvozze, professeur d'histoire naturelle et directeur du Jardin botanique de l’Acadé- mie de Genève, correspondant de l’Institut de France, membre des Sociétés royales de Londres, Edimbourg, Turin, Naples, Munich, Copenhague, de la Société des Curieux de la Nature, etc. Ces Mémoires étaient destinés à paraître dans la collection de ceux: du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Maïs leur nombre s'étant nté beaucoup au-delà de ce que eette collection aurait pu faire s de grands retards, l’auteur, de concert avec le libraire- t décidé à les réunir en un seul corps d'ouvrage, en les augme paraître san éditeur, 5°€s | tons les moyens de les cultiver, permet à MM: les Professeurs | accompagné de vingt à vingt-cinq planches en taille-douce grayées am imprimant dans le même format in-4°. ñ i É cés à côté de cette collection. Û : rer 7 don 4 bre Dr dr trouveront réunis dans cé onvrage les commen! nets Lu compléteront le tableau abrégé de cette famille , qui va pat aître dans Je Prodromus ; les détails relatifs aux caracteres dell famille des Légumineuses , aux tribus dont elle se compose; et auf genres nouveaux où peu connus. seront exposés soit par des descripi tions explicites, soit par des planches s0'enées. : : È Ge volume, composé de quatorze Mémoires, faisant enviroh 200 pages in-4°., et de 70 planches , dont 26 au simple trait.et le autres entiérement terminées, est en vente. Prix. +. 72 fr ; E ATLAS DES OISEAUX D'EUROPE, pour servir di complément au Manuel d’Ornithologie deM.Temminck par J. CG. Werner, peintre au Muséum d'histoire natu relle de Paris, publié sous les auspices de M. le baron Cuvirr. î : î Se À Cet Atlas sera publié en cinquante-cing livraisons de dix plan ches, format in-89., avec ou sans texte. En tête’ de chaque ordu nous donnérons un squeletie et une où deux planches\de caractèr pour les divisions, Chaque planche n'aura qu'uh individu, afin u, les naturalistes puissent les classer suivant le système qu'ils auron adopte. IL paraîtra régulièrement une livraison dé mois en mois: douzième est en vente. à Atlas sans texte. — Prix de la livraison, 10 fig. noires ser pap) ET NE Rd AUS ——————— fig. coloriées et retouchées ayec soin. . + 6 fn Le même sur grand raisin vélin, fig, coloriées’et retouchées ayel Ê CT NES AR CALE NE Atlas avee texte. — Prix de la livraison, 10 fig. noïres sur pap, VON APR RS D AR SE 3 fr 5o c ———————— fig. coloriées et retouchées avec soin. 6 fr. 50% MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE par MM. les Professeurs au Jardin du Rois La réunion, au Muséum, de toutes les sciences naturelles etc 2 publier des faits nouveaux en minéralogie, en botanique, en zoolon ie, etc.; en sorte que leurs Mémoires, non-senlement font con! naître les magnifiques collections confiées à leurs soins, mais encor sont le dépôt des découvertes qui se font tons les jours dans les di verses parties de l’histoire naturelle: HS SR Ces Mémoires -paraissent par cahier de dix feuilles: six cuhieh forment un volume; deux volumes font une année: Chaque volemeet le‘plus grand soin. f Les huit premières années sont imprimées. Prix. . - .- 4801 Chaque année, composée de 2 vol, + ., . © + 2: - -. On souscrit pour la neuvième année. Le prix dés deux volümess paie en souscrivant. ! HISTOIRE DES PLANTES LES PLUS REMARQUABLE DU BRÉSIL ET DU PARAGUAY, comprenant leur des cription, et des dissertations sur leurs rapports, Jeux usages, etc., avec des planches noires; par M. AucusTs pe SanT-Hiratre, correspondant de l’Académie de Sciences. Dédiée à Sa Majesté Très-Fidèle. L'ouvrage, imprimé in-4°, sur grand-raisin fin, aura un ou de volames. Chaque volume stra divisé en dix livraisons : chaque livra son renfermera cinq À six feuilles de texte et cinq à six planché! Lorsque les Mémoïres sèront trop considérables pour former une A vraison, nous en publierons deux àla fois; ce qui a eulién pour le deux premières. DR Les six premières livraisons sont publiées, ù Chaque livraison in-4°. sur grand-raisin fin, avec fig. noires, 8 Pour être souscripteur à chacun de ces ouvrages, il suffit de se fail inscrire à Paris, chez A, BELIN, Imprimeur; Libraïre-Editeul rue des Mathurins Saint-Jacques, n°. 14; ou chez les principael} Libraires de France et de l'Etranger. : És On distribue chez le même Libraire les Prospectus plus détaillés (f} ces importans Ouvrages. Fa £ MÉMOIRES DUÜ MUSÉUM D° HISTOIRE NATURELLE. OUVRAGE DÉDIÉ AU ROL. MM. Marcer De SERRES, DusruEIL et B. mens fossiles des cavernes de Lunel-Vieil Jean-Jran. — Recherches sur les Osse- (Hérault.). 387 A PARIS, CHEZ A. BELIN, ee RUE DES MATHURINS SAINT-JACQUES , HÔTEL CLUNY. Le prix de la souscription, pour l’année entière, formant 2 vol., est de.... 60 fr. Et franc de port pour les départemens Papier grand raisin vélin....... Se dos een ee nete 2e sat eterete ls 120 IMPRIMERIE DE A BELIN, rue des Mathurins S.-J., n. 14. CS RD RS RS RS I A TR OS RO RE TEL RL RS $ è € (Q € lé | | NEUVIÈME ANNÉE. — SIXIÈME CAHIER. | | PE 22Yd * ouvippm 20UDp Î sun IANO99P e snu9A 191221 sou assnod suoae d e{ uotquioo jueyoes Sep “jo ‘ odoan mb ooruoo oun sa ua,u SUOrJeA: LTDTU op n pas: ‘4 ‘Sonbnrjod s {122 sajd jso,u . 21}n}1sur Sos re teSouuo à Il faut secourir À 4 av. es té AL qui, par quelque ce se ju | Me de quoi satisfaire ses besoins: veux pas qu'on encourage la néantise. Quant à votre question, | k que si toute la somme de la misère , ; connue , ce serait exactement la dette & *rute richesse nationale ? L: MOI. J'entends. MON PÈRE. Si la somme de toute la richesse nationale était connue, chaque particulier saurait quelle portion de cette dette il aurait à acquitter. Il dirait : Toute Ja richesse nationale doit tant à la misère publique ; donc la portion de la richesse nationale que je pos- sède doit tant à la misère publique que j'ai à sou- lager. Me suivez-Vous ? MOI. Oui, mon père , à merveille. MON PÈRE. Vous convenez donc bien que ce qu’il donne- vait de moins serait un vol fait aux pauvres? Il * Ent à * S £ Can Dies aie FAR € l ÿ r1 ce ee bas 0 er ponte UTRÉS HAEFON) Pa EE (Us Ro Pain MCE ent £a : mai :UXx ie 24 x BAT Des dire (œ aux choses : SOS ON ER LEUR ES, 1e dites en prose. RUN PRE tête sur la langu a FR US pour tous les autr Pi:0L. à \: crire en latin, en fe" ARC es, auSk 4 sens el moi-même fL SA ? an gue ire sur le choix de mes ie A. catoire M. Wieland peut être p- and ; m traduite en francais , elle e et maussade. Le fragment intitulé Psy les Gräces n’est rien, du moins en traduction., t} is, en général, il y a dans tons ces ouvrages trop de roses, de jasmins, de bouquets, et pas assez d'idées et de finesse. Nouveau Système de Lecture applicable à toutes les langues. Un jeune ecclésiastique vient de s'occuper à rendre SowscriPTIONS chez À, BELIN, Libraire, rue des Mathurins Saint-Jacques, n. 14, à Paris; Et FLORA BRASILIÆ MERIDIONALIS, auctoribus Aucusro DE Sainr-HiLaine, reg. Scient. Acad, Paris., necnon Societ. Philom. et Hist. nat. Paris., Acad. res. Scient. Ulissip., Phys. Genev., Cæs. Læop. Carol. Nat. Curios., Soc. Scient. Aurel.,Linn. Calvad.; ADbri4no DE Jussieu, Doct. Med. Par. , Potanic. in Hort. Paris. Prof., Aca- dem. Cæs. Leop. Carol. Nat. Curios., Societ. Philom. et. Hist. Nat. Paris., Werner. Nat. Hist. Linn. Lugd.; JAcoso Cameessenes , Societ. Philom. et Hist. Nat. Paris., Mist. Nat, Monspel. et Linn, Burdigal. Resiæ Majestati consécratum, L’altération de la santé de M: Aug. de Saint-Hilaire l'ayant forcé de suspendre dépuis longtemps la publication de cet ouvrage, il'a cru nécessaire d'adjoindre à ses travaux MM. Adrien de Jussieu, Profes- seur de Botanique au Jardin du Roi, et M. Cambassèdes. Cette réu- nion de Collaborateurs offte la plus forte garantie anx personnes quidésivent puiser dans celte Flore nne solide iustructiou. - La Flore du Brésil sera pour la partie orientale dé l’Amérique ce qu'est celle de MM. de Humboldt et Kunth pour la côte occidentale: Comme les deux ouvrages ne forment réellement quan, ensemble, celni que nous annoücons est imprimé avec des caractères semblables à ceux du ora Genera ; et dans Les mêmes formats. La onzième livraison est publiée, In-4°. jésus, papier sauné, huit à dix Égures. noires, et emg feutles detente, Li A A SRE LEP NES ar 4 15 fr, In-folio Jésus, papier vélin d’Annonay, satiné, lavec les mêmes figures colorices, ethuit feuilles’de texte: + . 60 fr, . HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, avec des figuresioriginales, coloriées, dessinées d’après des ani maux vivans. Ouvrage publié sous l'autorité de lad- ministration du Muséum d'Histoire Naturelle, par M. Georrroy Sainr-Elizame, professeur de zoologie au Muséum, et par M. Frévéric Cuvier , chargé en chef de la Ménagerie Royale, NOUVELLE ÉDITION IN-4°. "L'ouvrage, imprimé avec des caractères neufs sur papier grand- raisin superfin satiné , même formatin-4°: que les Ossemens Fossiles ‘le M. G. Cupier, aura six volumes qui paräaîtront en 60 livraisons. Chaque livraison, contient, outre le texte, 6 figures colorices «vecle plus grand som, d’après des dessins faits sur des animaux NAT S NBC TES 0 TO MENT D A Re CAR PP SO fTE Les huit premicres livraisons sont en vente. , Editiontin-folio.—VWes4o premièreslivraisons, contenant 2/40 figures colorées avecle plus grand soin, forment 4 volumes, dans lesquels tes figures ont été classées d’après l'ordre méthodique. Ces quatre volarnes in-folio jésus sont livrés cartonnes ou renfermés dans des cartons , au choix des acquéreurs. Prix, . 1.11, 550 fr. Dix-neuf livraisons des 5°. 6t Ge. vol. sont en vente; prix de chaque livraison. 4544040; 4, ane ne 15 fr. MÉMOIRES SUR LA FAMILLE DES LÉGUMINEUSES, par M. Auc. Pyr. ne Canporce, professeur d'histoire naturelle et directeur du Jardin botanique de l’Acadé- nrie de Genève, correspondant de l’Institut de France, iémbre des Sociétés royales de Londres, Edimbourg : Turin, Naples, Munich, Copenhague, de la Société des Curieux de la Nature, etc. ee Ces Mémoirésrétaient destinés à paraître dans la collection de ceux du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Mais leur nombre s’élant augmenté benncoup au-delà de ce que eette collection aurait pu faite paraitre sans de grands retards’, l’auteur, de concert avec le libraire éditeur, s’est décidé à les réunir en un seul corps d'ouvrage, en Jes F2 HISTOIRE DES PLANTES LES PLUS REMARQUABLES chez les Libraires de Françe et de l'Etranger. Emprimant dans le même format in-4e., pour qu'ils puissent étre plar. cés à côté de cette collection. ; Les botanistes trouveront réunis dans cet ouvrage les commen, pe qe ane le tableau abrégé de cette famille , qui va pa= nn Te e Prodromus; les détails relatifs aux caractères dela, mille des Légumineuses , aux tribus dont elle se compose, et aux penres nOuveaux ou peu connus, seront exposés soit par des descrip= tions explicites, soit par des planches soïgnées, 5 Ce volume, composé de quatorze Mémoires faisant environ. 00 pages in-40., etde 70 planches, dont 26 au simple trait et les autres entièrement terminées, estien vente. Prix. . . 72 fr. = L ATLAS DES OISEAUX D’EURGPE, pour servir de. ; : L ; complément au Manuel d’OrnithologiedeM.Temminck, : rs . Ê S 5 | par J. C.: Werner, peintre au Muséum d'histoire natu= relle de Paris, publié sous les auspices de M. le baron. CuviEr. Cet Atlas sera publié en cinquante-cin livraisons de dix plan-’ chés,, format in-80., avec ou sans texte. £a tête de chaque ordre nons donnerons un squelette et une ou deux planches de caractères pour les divisions. Chaque planche n'aura qu'un individu, afin que | les, naturalistes puissent les classer suivant le système qu'ils auront | adopté. Il’ paraîtra régulièrement. une livraison de mois'en mois : {a douzième est en vente. ÆAllas sans texte; — Prix de la livraison, 10 fig. noires sûr pap.| vélin. DRAP RS te ————— fig. coloriées er rétouchées aveé soin. . . 6 fr. Le même, sur grand raisin vélin, fig. colorites et etouchées avec | SO TA M TE MNT Can | ÆItlas avec texte. — Prix de la livraison, 10 fig. noïres sur pap. J : yélin. . 3 fr 5o c.. ———————— fig. coloriées et retouchées avec soin. 6 fr. 50<.! — CCR MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, | par MM. les Professeurs au Jardin du Roi. ESA La réun$on, au Muséum, de toutes les sciences naturelles et deu tous les moyens de‘les cultiver, permet à MM. les Professeurs de publier des faits nouveaux en minéralogie, en botanique, en 200olo- gie, etc.; en sorte que,leurs Mémoires, non-seulement fort con} naïtre les magnifiques collections confiées à leurs sons, mais encore sont le dépôt des découvertes quissé font tous les jours dans les di- | verses parties de l’histoire naturelle. | Ces Mémoires paraissent par cahier de dix fenilles: six cahiers! forment un volume; deux volumes font nne arinée. Chaque volume est À accompagné de vingt à yingl-cinq planches en taille-donce gravées aren le plus grand soin. 5 Les huit premières années sont imprimées, Prix. . .\, 48ofr.\ Chaque année, composée de 2 vol. - : = Gofr, À se | On souscrit pour la neuvième anné:. Le prix des deux volumes paie en souscrivant, : é 5] - FR) | DU BRÉSIL ET DU PARAGUAY, comprenant leur des-\ «ription, et des dissertations sur leurs rapports, leurs usages, etc. , avec des planches noires; par M. AUGUSTE. De SanT-HiLaiRe, correspondant de l’Académie des Sciences. Dédiée à Sa Majesté Tres-Fidele. L'ouvrage, imprime in-4°, sur grand-raisin fin, aura un ou deux volumes. Chaque volume scra divisé en dix livraisons : chaque livraï= son renfermera cinq à six feuilles de texte et cinq à six planches: . Tiorsque les Mémoires seront trop considérables pour former une di vraison, nous én publicrons deux à la’ fois; ce qui a eu lieu pour les, deux premières. ; ; : ; Les six premières livraisons sont publiées, 5 ! Chaque livraison in-4°. sur grand-raisin fin, avec fig. noires. 8 fr.v Pour étre souscripteur à chacun deces ouvrages, 1l suffit de se faire! inscrire à Paris, chez A. BELIN, Imprimeur, Libraire-Editeu :, vue des Mathurins Saint-Jacques, n°. 14; ou chez les principaux! Libraires de France et de l'Etranger. 3 é LEA On distribue chez le même Libraire les Prospectus plus détaillés de ces importans ouxrages, x pe OU ES AR Ke 4% 4 x > FN “4 vu HAT El A . nn