SMITHSONIAN DEPOSIT i I r I MÉMOIRES DU MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE. NOMS DES PROFESSEURS. ( PAR ORDRE d’ancienneté. ) Messieurs , PORTAL , De Jussieu Desfontaines . . . . De Lamarck. . . . . Geoffrot-St.-Hilaire . Cuvier Laugier CORDIER Brongniart . . . . Duméril De Jussieu Fils. . . Mirbel Anatomie de l’homme. Professeur honoraire. Botanique_au Muséum. Insectes, coquilles, madrépores, etc. Zoologie. Mammifères et oiseaux. Anatomie des animaux. Chimie générale. Géologie , ou Histoire naturelle du globe. Minéralogie. Zoologie. Reptiles et poissons. Botanique à la campagne. Culture et naturalisation des végétaux. Deleüze Secrétaire de la Société des Annales du Muséum. MEMOIRES P ' DU MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PKOFESSEÜRS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROI. TOME DIX-HUITIÈME. A PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATHURINS S.-J., HOTEL DE CLUNY. 1829. I '' ■ ) ' ■ } IMPRIMEUIE DE A. BELIN, rue des Maihurins Saint-Jâcqnes , n°. i4- MEMOIRES DU MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES, PAR M. J. CAMBESSEDES. JuiNNÉ a le premier senti l’afEnité des genres que l’on peut considérer comme les types de la famille des Sapindacéesj on trouve en effet, dans ses Fragmenta methodi naturalis , les getires Sapindus, Paullinia , Cardiospermian , groupés ensemble dans le cinquantième ordre, et le Dodonœa placé avec doute dans l’ordre suivant, qui correspond aux Malpi- ghiacées et aux Acérinées réunies. Adanson, qui écrivoit vingt-cinq ans après Linné, n’adopta point le rapprochement ingénieux de l’illustre auteur suédois; les genres connus de Sapindacées sont placés, soit dans la pre- mière section des Pistachiers {Melicoccus , Sapindus, Dodo- nœa'), soil parmi les Géranium {^Corindon, nom sous lequel sont confondus le Cardiospermum, le Paullinia et le Serja- Mém. du Muséum, t. i8. I 2 MÉMOIRE nia), soit enfin dans la famille des Tithymales {^Cupania). Il étoit réservé à iM. de Jussieu de jeter, d’une manière solide, les fondemens de la famille; il réunit, dans son Gé- néra plantarwn, sous le nom de Sapindi, les genres Car- diospermum \j\.m\. , PaulUnia Linn., Sapindus Linn., Ta- lisia Aubl., Aporetica , Schmidelia\A\m., Ornitrophe Comm., Euphoria Comm., MelUcacca Linn., Toulicia Aubl., Trigonis Jacq., Molinœa Comm., Cossignia Comm., et les fit suivre de quatre autres moins connus : Matayba Aubl., Enourea Aubl., Cupania Plum., et Pakea Aubl. Peu après cetle époque (1794), M. de Lamarck publia le genre Stadmannia , e^Ruiz et Pavon firent connoître dans leur Prodrome le Llagunoa {^Amirola Pers. ). En 1800, Swartz décrivit avec soin le genre Hypelate de Brown, et le rapporta aux Sapindacées. En i8o4, M. Poiteau publia le genre Thouinia. Deux ans plus tard Kœnig fit connoître le Blighia {^Akeesia Tuss.) En 1811 (^Ann. du Mus. 18, p. 47^5)5 M. de Jussieu, passant en revue les caractères de la famille, intercalle les genres que nous venons de citer parmi ceux qu’il avoit rapprochés dans le Généra : il place auprès d’eux le Koel- reuteria de Laxmann, confondu par Linné fils avec le Sa- pindus, YEystathes de Loureiro, V Alectryon de Gærtner, et le Dodonœa rejeté auparavant à la fin des Térébintha- cées : il considère le Schleichera de Willdenow comme une espèce de Malicocca • il réunit au Molinœa le Guioa de Cavanilles, en observant toutefois que ce genre, ainsi consti- tué, est presque congénère du Cupania - enfin, persistant dans l’opinion qu’il avoit émise dans le quatrième volume des 3 SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. Annales du Muséum ^ il considère, à l’exemple de Plumier et de Schumacher, le Paullinia de Linné comme formé de deux genres distincts. ? Depuis lors, M. Runth a publié VUrçillea, voisin du Ser- jania et du Cardiospermum (iVou. Gen. 5, j). io5); il a réuni au Schmidelia (déjà formé des genres Schmidelia , Omitrophe et Allophyllus') X Aporetica de Forster; et a proposé de séparer du Melicocca, tel que l’entend M. de Jussieu {^Mém. du Muséum, 3, p. 178), les M. panicu- lata, dentata, dwersifolia Ql trijuga (^Schleichera Willd.). Le Prodrome de M. De Candolle ne fait aucune addition importante à la famille qui nous occupe: le Tma de Roemer et Schultes ( Gærtn., Pet. Th.) s’y trouve rappro- ché du Cupania- la plupart des réunions pro[)Osées par les auteurs cités précédemment y sont adoptées; mais on y re- marque encore les geiwes, Schmidelia et Aporetica séTpdiVés , et ce dernier y est confondu avec le Pometia, ^ont M. de Jussieu avoit déjà signalé l’affinité intime avec V Euphoria. Parmi les genres peu connus, placés à la suite de la famille, on trouve le Ratonia établi par M. De Candolle sur une plante découverte à Saint-Domingue par M. Bertero. Enfin tout récemment, M. Blume, dans un ouvrage publié à Java, sous le litre de Bijdragen tôt de Flora van Neder- landsch Indië, a fait conuoître cinq genres nouveaux appar- tenant aux Sapindacées : le Lepisanthes, V Aphania , YE- rioglossum, Ylrina et le Mischocarpus. Tel étoit l’état de la science lorsque l’étude de nos Sapin- dacées brésiliennes, qui ont augmenté de plus d’un quart le nombre des espèces de la famille, m’a fourni l’occasion d’a- MEMOIRE 4 nalyser toutes celles qui sont conservées dans les collections de Paris. Cet examen m’a conduit à détrure un certain nombre de genres, à en établir deux nouveaux, à caractériser d’une' manière plus précise ceux qui étoient déjà connus, et à dé- crire plusieurs espèces nouvelles, tirees, soit de mon propre herbier, soit de ceux du Muséum, de MM. de Jussieu, Des- fontaines, Delessert, Kunth , Gay et Richard. Afin de motiver les changemens que j’ai été appelé à faire, je vais, avant de donner en langue technique les descriptions qui font la base de mon travail, tracer les caractères généraux des Sapinda- cées, passer en revue les genres , discuter la valeur de leurs caractères, et dire quelques mots sur les rapports déjà bien connus des familles voisines avec celle qui fait le sujet de ce Mémoire. Caractères de la famille. La famille des Sapindacées se compose d’arbres ou d’ar- brisseaux souvent grimpans et munis de vrilles, et d’un petit nombre de plantes herbacées. Les feuilles sont alternes, pé- tiolées, presque toujours composées, souvent pourvues de stipules. Les fleurs sont polygames, disposées en grappes; leur couleur est blanche ou rose, très-rarement jaune. Le calice est formé de cinq folioles, libres ou plus ou moins sou- dées entre elles; dans quelques genres, les deux supérieures sont souvent réunies ensemble; leur préfloraison est imbri- quée. La corolle est composée de cinq pétales insérés sur le réceptacle, alternes avec les folioles du calice, simples ou munis intérieurement d’une écaille de forme variable ; leur nombre se trouve souvent réduit par avortement, et dans ce 5 SUR LA FAMILLE UES SAPIISDACÉES. cas les supérieurs disparoissent toujours les premiers^ leur préfloraison est imbi’iquée. Le disque présente des formes très- difFérentes, mais qui sont constantes dans les divers genres : tantôt il occupe tout le fond du calice, et se prolonge, entre les pétales et les étamines, en un rebord entier ou frangé; tantôt il se trouve réduit à deux ou quatre glandes situées à la base des pétales : dans tous les cas, l’avortement a lieu, ainsi que dans les pétales , du haut en bas , et détermine , dans d’autres parties de la fleur, des modifications importantes dont nous aurons à parler soüveut dans le courant de ce Mé- moire. Les étamines sont au nombre de dix (vingt dans le seul genre Prostea), ou par avortement de neuf, huit, sept, six , cinq; elles sont insérées au milieu du disque ou sur le ré- ceptacle, et entourent la base de l’ovaire; leurs filets sont le plus souvent velus, et articulés au dos ou à la base des an- thères, cjui s’ouvrent longitudinalement par le côté ou par la face interne. L’ovaire est divisé en trois, ou plus rare- ment en deux ou quatre loges; chacune d’elles contient un, deux, ou trois ovules, dans le seul Magonia elles sont pluri- ovulées. Le style est tantôt simple, tantôt divisé, plus ou moins profondément, en autant de lobes qu’on compte de loges à l’ovaire. Les stigmates sont terminaux , ou placés lon- gitudinalement sur la face interne des divisions du style. Dans les fleurs mâles, le pistil est réduit à l’état rudimentaire, ou disparoît même en entier. Le fruit présente une organisation extrêmement variable : tantôt il est capsulaire, et s’ouvre en ])lusieurs valves opposées aux cloisons ou alternes avec elles; tantôt il est charnu et indéhiscent; tantôt enfin il est composé de samares accolées, par leur face interne, à un axe cen- 6 MÉMOIRE tral. I.es graines sont souvent entourées d’un arille qui prend dans certains genres un très>grand développement. Le tégu- ment externe est souvent dur et crustacé; l’interne, lorsqu’il existe, se montre sous la forme d’une membrane très-mince. L’embryon est dépourvu de périsperme, très-rarement droit, presque toujours plus ou moins courbé, ou même roulé plu- sieurs fois sur lui-même en forme de spirale; dans ce cas, le sommet des cotylédons occupe le centre de la spire, et la ra- dicule, toujours dirigée vers le hile, est extérieure; quelque- fois les deux cotylédons sont soudés en une masse charnue. La plumule est composée de deux petites folioles. Revue des genres. Les fleurs du Sapindus ^ genre qui a donné à juste titre son nom à la famille, peuvent être considérées comme les types de toute fleur régulière de Sapindacée : elles présentent souvent cinq folioles calicinales, cinq pétales , un disque qui remplit le fond du calice, et dont le bord, légèrement ondulé, se prolonge entre les étamines et le pistil, dix étamines, et un ovaire à trois loges (i); mais déjà, dans ce genre, les avorte- mens si frequens des parties de la fleur commencent à se montrer, la plupart des fleurs ayant huit étamines au lieu de dix, et une espèce du genre, le S. senegalensis , n’ayant habituellement que deux loges à l’ovaire. Les fruits des Sa- (i) N’ayant jamais observé de fleur de Sapindacée qui eût cinq loges à l’ovaire, je n’ose considérer ce nombre comme le type de l’organisation régulière de cet organe. SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. y vooiers sont charnus, indéhiscens, souvent uniloculaires et portant sur uu de leurs côtés les traces des lobes avortés et du style. Les Cupania ont des flburs presque entièrement sembla- bles à celles des Sapmdus, mais leurs capsules déhiscentes les distinguent facilement de ce genre. La seule inspection des figures d’Aublet suffit pour démontrer jusqu’à l’évidence que son F"oua-rana et ses '‘Sapmdus arborescens ei frutes- cens ne sauraient être séparés du Cupania' on doit lui réunir encore le Tina de Roemer et Schultes {Geloniwn Gærtn.), qui n’en diffère que par ses capsules biloculaires et ses étamines réduites au nombre de cinq, caractères n’ayant dans ce cas qu’une valeur spécifique; le Blighia de Kœoig {Akeesia Juss ), dont l’arille prend un développement plus grand c{ue dans les autres espèces; le Dimereza de M. La- billardière; le Mischocarpus de M. Blume; le Ratonia de M. De Gandolle, qui a les plus grands rapports avec le C. len- tiscifolia - le Stadtnannia de M. de Lamarck, qui se lie d’un côté aux C. apetala Labill. et Lessertiana Nob. par l’absence des pétales, et aux C. aborescens ei frutescens Aubl.) par l’avortement. de deux des lobes de la capsule. Dans le Thouinia, VHjpelate, et le Melicocca, les fleurs diffèrent peu de celles des Sapindus et des Cupania'^ mais dans le premier l’ovaire est divisé profondément en trois lobes qui deviennent membraneux au sommet après la fécondation, et qui se changent plus tard en trois samares accolées par leur base h un axe central ; dans les deux autres, qui ont entre eux les plus grands rapports, les pétales avortent quelquefois MEMOJ RE 8 en entier, ainsi que dans quelques espèces de Cupania, le fruit est indéhiscent, couronné au sommet par les restes du style; mais dans le Melicocca les graines sont dressées, et elles sont pendantes dans X Hypelate. Ce caractère important, que ce dernier genre ne partage, à ma connoissance , avec aucun autre Sapindacée à loges du fruit monospermes, m’a engagé à lui réunir plusieurs des Melicocca de M. de Jussieu. M. Robert Brown avoit déjà indiqué la division de ce genre, fondée sur des observations analogues (i). Le genre Hype- late, ainsi constitué, se compose de plantes ayant tantôt des feuilles pennées sans impaire, tantôt trifoliolées; mais cet unique caractère n’a point assez d’importance, dans la fa- mille qui nous occupe, pour motiver des distinctions géné- riques, et les espèces du genre Thouinia^ que personne n’a jamais songé à diviser, présentent aussi, dans la structure de leurs feuilles, les mêmes différences. Le Talisia possède un calice fendu jusqu’au-delà du mi- lieu en cinq lobes; des pétales au nombre de cinq, munis intérieurement, au-dessus de leur base, d’un long appendice couvert de poils; un disque très-charnu, qui se prolonge entre les pétales et les filets; huit étamines insérées sur le disque, autour d’un ovaire triloculaire; un stigmate presque sessile. Les fruits de ce genre n’étant point encore connus, il est difficile de déterminer ses affinités d’une manière positive. Les fleurs des Nephelium ont quelques rapports, par la forme de leur calice et de leur disque, avec celles des 7æ- lisia'vaûs, leurs pétales sont dépourvus d’appendices, et le y Congo, p.%. Sun LA. FAMILLE DES SAPINDACEES. 9 nombre de leurs étamines varie de dix à six. Dans ce genre le fruit est indéhiscent, souvent uniloculaire par avortement; farille prend un grand développement, et fournit aux habi- lans de l’Inde un de leurs fruits les plus recherchés. Je crois , avec M. de Jussieu, qu’on doit réunir au Nephelium le Po- metia de Forster; les fleurs de ce dernier, que j’ai analysées, diffèrent peu de celles des N. longana et litchi^ et ses fruits paroissent avoir de grands rapports avec ceux de ces deux arbres. Dans \e ScJnnidelia , le calice est réduit constamment à quatre -folioles par la soudure des deux supérieures; les pé- tales ne sont qu’au nombre de quatre, et la place du cin- quième reste vide; la partie du disque opposée au pétale supérieur qui manque avorte constamment, de sorte que les étamines et le pistil n’occupent pas le centre de la fleur; le fruit est indéhiscent , divisé très-profondément en trois lobes arondis, dont un ou deux avortent très-souvent. Vahl avoit envoyé jadis à MM. de Jussieu et Desfontaines, sous le nom dCOmitrophe pinnata, une plante de Guinée, qui a été décrite sous cette dénomination jiar M. Poiret, et que M. Sprengel a confondue récemment avec le Pometia pmnataàe Forster. Ayant eu à ma disposition les échantillons originaux, j’ai pu m’assurer qu’elle différoit génériquement de toutes les Sapindacées connues. Son fruit arrondi, portant à sa base deux petits lobes avortés, lui donne des rapports avec le Schinidelia\ mais elle se distingue de ce genre par son calice à cinq folioles , par ses pétales au nombre de cinq, par son disque régulier, et par ses étamines au nombre de vingt, caractère qu’elle ne partage avec aucun autre genre Mém. du Muséum, t. i8. 2 lo MÉMOIRE de la famille. Je lui ai assigné le nom de Prostea, eu l’hon- neur de M. Prost, de Mende, qui a publié un catalogue des plantes de la Lozère, et qui s’est acquis des droits à la reconijoissaiice des botanistes, par la profusion avec laquelle il a répandu dans les herbiers les plantes de cette contrée. Une plante de Timor, qui se trouve dans la riche collec- tion du Muséum, m’a fourni les matériaux d’un autre genre, que je dédie, sous le nom de MoLilinsia , à M. Charles Des Moulins, de Bordeaux, auteur de plusieurs Mémoires inté- ressans dans diverses branches de l’histoire naturelle. Les Iruits du Moulinsia ressemblent entièrement à ceux des Cu- pania^ mais ses fleurs irrégulières l’éloignent de ce genre, et le rapprochent des Sapindacées à fleurs incomplètes. U Erioglossum de M. Blume a les plus grands rapports, par la structure de sa fleur, avec le Moulinsia’ cependant la na- ture de son fruit, décrit avec détail par M. Blume, et qui se rapproche beaucoup de celui des Schmidelia et des Sapin- diis^ ne me permet pas de douter qu’il n’en diffère suffisam- ment. C’est, sans aucun doute, à ce genre que l’on doit rap- porter une plante, très-bien décrite et figurée par Noronha, dans un ouvrage inédit conservé dans la bibliothèque de M. de Jussieu, et qui avoit reçu de ce voyageur le nom de Vitenia stilaginea. Les fruits de \Irina de M. Blume ressemblent beaucoup à ceux des Schmidelia ^ mais ces deux genres diffèrent l’un de l’autre par le port et par la structure de la fleur. Considéré d’après l’ensemble de ses caractères, le genre de Java me pa- roit presque intermédiaii'e entre le Sapindus et le Schmi — délia. SUB LA FAMILLE DES SAPINDACEES. ^ ^ Le Lepisanthes du même auteur paroît avoir aussi une affinité intime avec le Sapindus^ je ne saurois, dans l’état de mes connoissances, assigner les différences que présentent ces deux genres. Les genres Paullinia^ Serjania et UivilLea ont entre eux, soit par leur port, soit par l’irrégularité de leur fleur, une ressemblance telle qu’il devient presque impossible de les dis- tinguer sans le secours des fruits; mais après la fécondation, l’ovaire du premier se change en une capsule déhiscente, et celui des deux derniers en trois samares accolées par leur bord interne à un axe central. Dans XUrçillea, les graines sont placées au milieu de la samare, tandis que dans le Ser- jania^ elles sont situées à son extrémité supérieure. Les fruits du Toullcia ne diffèrent point de ceux des Ser- jania, et jl deviendroit difficile de distinguer ces deux genres, si l’on ne trouvoit dans l’organisation de leur fleur et dans leur port des caractères essentiels. Le Cardiosperminn a aussi une aflSnité intime avec les genres Serjania et UrpilLea, mais il en diffère par la struc- ture particulière de son fruit. Les genres Kœlreuteria, Cossignia, Llagunoa et Dodo- nœa se distinguent de toutes les autres Sapindacées par leurs ovaires, dont les loges renferment deux ou trois ovules, et par leur embryon roulé sur lui-même en spirale. Les deux premiers, munis tous les deux de pétales en nombre moindre que celui des folioles du calice, diffèrent l’un de l’autre par la nature de leur fruit. Les deux derniers, dépourvus de pétales, se distinguent par la structure du fruit, et parplusieurs autres caractères. MEMOIRE 1 2 læMagonia de M. de Saint-Hilaire a des rapports avec les quatre genres précédens; il se rapproche surtout du Lla- gunoa par son style recourbe au sommet; mais il s’éloigne de ce genre et de toutes les Sapindacées connues par ses cap- sules polyspermes, par ses gi’aines ailées, et par la forme de son embryon : malgré ces différences notables , il me paroît impossible de l’éloigner de cette famille. Il est encore quatre genres {^Aphania Bl. , Enourea Aubl., Alectryon Gærtn. et, Matayba Aubl.) qui me paroissent appartenir d’une manière évidente aux Sapindacées, mais sur lesquels je n’ai pu me procurer que des documens incomplets. Je serois porté à croire, d’après l’analyse que j’ai faite des fleurs du dernier, qùe le fruit, figuré dans l’ouvrage d’Aublet, a été dessiné d’une manière inexacte, ou appartient peut- être à une toute autre plante : il m’est toiuefois iippossible d’expliquer comment un ovaire triloculaire, contenant dans chaque loge un ovule ascendant, peut se métamorphoser en une capsule uniloculaire, bivalve, et portant sur le bord de l’une d’elles deux gi’aines péritropes et superposées. Avant de terminer la revue des genres de Sapindacées, je dois dire quelques mots sur une erreur qui s’est introduite dans la description de quelques espèces, et qui se trouve ré- pétée dans les ouvrages les plus récens. Les feuilles de quel- ques Thouinia et Schmidelia ont été décrites comme sim- ples; mais il est facile de s’assurer qu’elles ne présentent ce caractère que par l’avortement des deux folioles latérales, qui existent toujours dans les jeunes feuilles à l’état rudimentaire; ces deux folioles, plus ou moins développées, tombent quel- quefois lorsque la feuille est adulte, mais les traces de leur SUR LA FAMIIXE UES SAP]^DACÉES. l3 existence persistent toujours sur le pétiole, qui est légèrement renflé vers ce point. Il en est de même dans le Llagimoa nitida^ et l’analogie me porteroit à croire, vu la grande affi- nité de ce genre et du Dodonœa, qu’il n’y a point de Sapin- dacée à feuilles vraiment simples, et que ce caractère, lors- ({u’i! existe, est toujours dû à un avortement. Division de la famille en deux tribus. En comparant ensemble les caractères des genres qui composent la famille des Sapindacées, il est facile de voir qu’ils peuvent être divisés en deux groupes très-naturels, fondés sur le nombre des ovules contenus dans chaque loge de l’ovaire, et sur l’organisation de l’embryon. L’une de ces divisions correspond entièrement aux Dodonœaceœ de Sî. Runth, et je l’adopte telle qu’elle est établie dans les Nova Généra., en y ajoutant seulement le Cossigjiia, qui a l’affinité la plus intime avec le Kœlreuteria. L’autre, à la- quelle je donnerai le nom de Sapindées, comprend les PauL liniaceœ et \es Sapindaceœ verœ du même auteur; et quoi- que ce groupe soit beaucoup plus nombreux que le précé- dent, il me paroît impossible de séparer les genres qui le composent. En effet, les pétales, considérés comme dépourvus d’aj)pendices dans les Sapindaceœ verœ , en sont presque toujours munis , et quelquefois ce caractère, ainsi que celui de la présence ou de l’absence totale des pétales, varie dans le même genre. On ne serait pas plus heureux en tentant de séparer les genres à fleurs régulières de ceux à fleurs inégulières, puisqu’il faudroit placer dans des sections dif- MÉMOIRE férentes des genres qui ont l’affinité la plus intime, tels que Prostea et Schmidelia, Moulinsia et Cupania. L’absence ou la présence des vrilles séparerait le Serjania du Toidiciaj un Thouinia, un Cardiospermum et plusieurs Paullinia se trouveroient éloignés de leurs congénères. Ges considé- rations m’ont engagé à laisser intact le groupe des Sapin- dées, et à classer les genres qui le composent d’après une série qui me paroît assez naturelle. En général, les caractères qui varient le moins dans la fa- mille des Sapindacées, et qui peuvent par conséquent servir de base aux divisions génériques, sont : la forme du disque, qui est toujours accompagnée de modifications constantes dans les autres parties de la fleur; le nombre des ovules dans les loges de l’ovaire, et leur position; enfin l’orginisatioii du fruit et de l’embryon. La présence ou l’absence des vrilles, les feuilles pennées avec ou sans impaire, offrent aussi des ca- ractères qui, quoique d’une moindre valeur, peuvent cepen- dant, dans le plus grand nombre de cas, servir à corroborer ceux que fournissent les organes de la reproduction. Affinités de la famille. Les affinités des Sapindacées ont été signalées par tous les auteurs qui se sont occupés des rapports naturels; aussi n’ai- je presque rien à ajouter à ce qu’en ont dit MM. de Jussieu, Kunth et De Candolle. Liées de la manière la plus intime aux Acérinées , par l’ensemble de leurs cara(H;ères et sur- tout par la position particulière de leur disque, elles ne se distinguent guère de ce groupe, que l’on a considéré avec * SUR LA FAMILLE DES SAPIINDACÉES. raison comme intermédiaire entre elles et les Malpighiacées, que par leurs feuilles alternes et par leurs pétales presque toujours munis intérieurement d’un appendice. Les Ampélidées ont aussi de grands rapports avec la famille qui nous occupe, soit par l’insertion des parties de leur fleur, soit par leurs étamines en nombre déterminé, soit par leurs ovules dressés et insérés au fond des loges de l’ovaire comme dans le plus grand nombre de Sapindacées, soit par l’analogie (jui existe entre les tiges grimpantes des Cissus et celles des genres Serjania, Paullinia^ etc. Enfin, je dois signaler encore la ressemblance qu’ont, par leur port, les genres qui font le sujet de ce Mémoire avec les Méliacées et les Thérébinthacées, ressemblance telle que plusieurs plantes de ces deux familles se trouvent confondues avec eux dans presque toutes les collections. M E M O I K F. i6 SAPINDACEÆ Juss. Flores poiygami. Masc. Calyx magis minus profundè 4-5-partitus , seu 4-5-phyllus; æstivatione imbricatâ. Petala 4"^, seii rariùs imlla, foliolis calycinis alterna , receptaculo inserta , nunc imda, nunc intùs appendice duplicata; æstivatione imbricatâ. Discus carnosus ; nunc calycis fundum occnpans, regularis, subinteger, apice inter petala et stamina expansus ; nunc glandulosus , incompletus , glandnlis inter peta et stamina silis. Stamina 8-io, rariùs 5-6-y, rarissimè ao, nuncdisco, nunc receptaculo interglandula et pislillum inserta : lila- menta libéra, vel imâ basi coali ta : antheræ introrsæ, longitudinaliter déhiscentes. Pistilli rudimentum minimum vel nullum. Flores her- maphroditi : Calyx, petala, discus, stamina ut in masculis. Ovarium 5-loculare , rariùs 2-4-loculare , loculis i-2-3-rai’issimè pluri- ovulatis. Stylus indivisus , vel magis minùs profundè 3-rariùs 2-fidus. Ovula in ovariis uniovnlatis erecta vel ascendentia , rarissimè (in Hypelate) ; in ovariis 2-ovulatis superius ascendens, in- ferius suspensum. Fructüs nunc capsularis, loculicido-septicido-ve 2-3-valvis, nunc samaroïdeus, nunc carnosus et indehiscens. Semina sæpiùs arillata. Integumentum exterius crustaceum vel membrana- ceum , interius pellucidum. Perispermüm nullum. Embryo raro reclus, sæpiùs curvatus vel spiraliter convolutus. Radicula ad hilum versa. CoTYLEDONEs iucumbentes, in massam crassam aliquandô coadunatæ. Plumula dipliylla. Arbores, vel frutices sæpè scandentes et ciri'osi , rariùs herbæ scandentes. Folia alterna, composita, rarissimè simplicia, stipùlata vel exslipulata, sæpè lineis vel punctis pellucidis notata. Flores ra- cemosi vel racemoso-paniculati , parvuli, albidi seu rosei, rarissimè lutei. V TABULA ANALATYCA S APINDACEARUM. ;3 P ^ « 3-2 •£^_5.E.s^„:i:g-rs — I ^ c . ^ .— -r H3 P- 3 c c: i- -- r> • 7“ _, — ca »P P P,£ ^ = 2 P- P Sh ^ ^ ^ ^ Uj rS U ^ P-ffi _ca ^ • «Q ^ CÇ C« «J - O . P tu O «« y P P 2 c *P C Qj hr\ P ^ P U U .°f O P^ P ir ^ t/i r= tlC tD "5 8 O O — JS tn c/: • ^ P £ ’*' i? 2 &D fc" • r> ca O) Q JS - ci ■p a.^ 3 — s?s s fc- O' o> tæ^ CO ^ ^ U “tî U O S S 1— fl} £ 8 “ 2 «a en . I-. q; U « ca O P .t: _! g^5 EJ £ ci Ci, ü «a bclP ’p ffl O I c D ÿ § s.S Ca <Ü * ^ O ^ ^ eC wi =S-5 5 S O g . O'E S 3 P w Me m. du Muséum, t. i8. .5^ c ‘o eu C je ne puis , dans Teiat actuel de mes connoissances , distinguer d’une manière tranche'e du Sapindus. I MÉMOIRE l8 SECTIO PRIMA. SAPINDEÆ. Ovarii loculamenta uuiovulala; embryo curvatus, rariùs reclus. ' - CAHDIOSPERMUM Linn. — Tab. I, A et B. ■ O : . , , ■ , T •5 Calyx (fofiisduobus superioribus coalitis)4-phyllus, foliolis 2 ex- terioribns minoribus. Petala quinti superioris deficietitis sede vacuâ; 2 lateralia sæpè foliolis calycinis subadhærentia, intùs supra basitn squamâ aucla; duo inferiora a staminibus remotiuscula : squamæ petalorum inferiorum æquilaleræ, apice ci’islâ glandulosâ iustructae, infx’a apicetn in appendicem inflexam desinentes ; squamæ petalorum laleraliura inæquilateræj lateraliter emarginatæ, appen- dice et cristâ destitutæ. Discus : glandulæ 2, petalis inferioribus oppositæ, rotundatæ yel lineares. StamiwaS, imæ basi ovaiûi cir- cumposita, exeentralia , 4 quss glandulis proxima sæpè paulo bre- viora. Pistillüm excentrale. Stylos trdidus, segmentis longitudina- liter intùs stigmata gerentibus. Ovarium triloculare, loculis unio- vulatis. OvüLA angulo interno ad medium loculorum affixa, ascen- dcntia. Fructus ; capsula trigona, membranacea, vesiculosa, stylo persistente coronata, basi calyce suffulla, trilocularis , loculicido- trivalvis : dissepimenta tenuissima, valvis opposita^ axi centrali adnata, in düas lamellas partibilia, seriùs decidua et tune lamellæ biuæ vicinoinim dissepimentorum conjunctæ foliota tria medio ad suturam longitudinalem seminifera referentes : axis centralis trigo- nus. Semina globosa, ascendentia ; fnniculo ci’asso, sæpè in arillum parvulum bilobum expanso. Integumektüm exterius crustaceum. Embrvo curvatus; radiculà brevi; cotyledonibus magnis, incum- bentiibur. Herbæ volubiles (rarissimè suffrutices non volubiles), cirrosæ. Folia bitei’nata vel supradecomposita, exstipulata. Flores in race- SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 19 mos brèves composites dispositi : pedunculus communis apicesæpis- simè biciri’osus. Hujus -generis species sunt : C, Halicacahum ! (i)L. , microcar- piimi Kunth , inollel Kunth, Loxense\ Kunth, parviflorum Nob. Flor. Bras., anomalum Nob. 1. grandiflorum Swartz, elegans\ Kunth, Duarteanum Nob. 1. c., coluteoides! Kunth, macrophyl- /«77Z Kunth , hispidum! Kunth, hirsutum Willd., corindum Linn., pubescens Lag. Species i3 ex Americâ intertropicalij i è Guineâ; i ex America intertropicali , Indiâ orientali, et Africâ. URVILLEA Kunth. Calyx 5-phyllus, foliolis 2 exterioribus minoribus. Petala 4» quinti superioris deficienlis sede vacua, supra basim squamâ aucta, duo inferiora a staminibus remotiuscula : squamæ petalorum infe- riorum infra apicem in appendicem inflexam desinentes ; squamæ petalorum lateralium appendice destitutæ. Discus : glandulæ 4? petalis oppositæ , duæ inferiores majores. Stamina 8 , imæ basi ovarii circumposita , excentralia. Pistilltjm excentrale. Stylus 3-fi- dus, segmentis longitudinaliter intùs stigmata gerentibus. Oyarium 3-loculare, loculis uniovulalis. Ovula angulo interno ad medium loculorum affixa, ascendentia. Frügtus membranaceus, basi calyce sutTultus , styli reliquiis coronatus, trialatus, medio parùm inflatus ibique trilocularis, compositus è samaris tribus , axi centrali adna- tisjtardiùs solubilibus, dorso alatis, unilocularibus, monospermis, indehiscentibus. Semina globosa, ascendentia; funiculo crasso, in arillum parvulum bilobum expanso. lNTEGUMErn*OM exterius crusta- ceum. Embryo vix curvatus : l’adicnla parvula, conrica, paTÙm in- curva : cotyledones rectæ, crassissimæ. ' ■ eau- ! (l) Je marque d’un point d’exclamation les espèces, que j’ai été à même d’exa- miner. ■i 20 MEMOIRE ' Fructices scàridèntes, volubiles, cirrosi. Folia tevnala. Flores in racenios spicæformes dispositi : pendunculus commuais apice sæpis- simè bicirrosus. ' Hujus generis species sunt : U. ulmacea! (i) Kuntli, glabra Nob. Flor. Bras. , rtifescens Nob. 1. c., ferruginea Lindl. — Omnes ex Americâ intertropicall. SERJANIA Plum. ^ i ; -'i. . Paulliiiiæ spec. Lmn. — ^ Juss. Qen. — Seriana Schiim. Calxx 5-vel (foliolis duobus superioribus coalitis) 4-pliybus , fo- liolis 2 exterioribus:, minoribus. Petala 4> quinti superioris defi- cientis sede vacuâ:, supra basim squamâ aucta , duo inferiora a sta- minibusiremotiuscula : squamæ petalorum inferiorum infra apicem in appendiceni inbexam desinentes; squamæ petalorum lateralium appendice destitutæ. Discus ; glandulæ 2-4 ad basim petalorum , 2-superipres sæpè abortivæ. Stamina 8, receptaculo inserta, imæ basi ovarii circumposita, excentralia. Pistillum excentrale. Stylus trifidus, segmentis longitudinaliter intùs stigmata gerentibus. Ova- RiuM triloculai’e, loculis uniovulalis. Ovula angulo interno loculo- rum affixa, ascendentia. Fructus basi calyce suflTultus, styli reliquiis eoronalus,,.trialatus, cqmposit;us è samaris tribus axi centrali fili- forrai adnatisijsamaræmembranaceæ, basi in alam productæ, apice uniloculares et monospermæ. Semen angulo interno affixum , ascen- dens , funiculo crassissimo , sæpè in arillum bilobum paryulum dilatato. iIntegumentum efterius crustaceum. Embryo curvatus : radi- culat bre^'is,: qqtyledone^, incn^l^entes; exterior curvata; interior subhamosa, biplicata, apicçm exteripris amplectens. %)^Wt?'RunthVàÿanl\isçif’dié‘-M^ B'albis un exeriiplaire de VÜndllea Berteriana, s’est assuré que celle espèce ne ditfère pas suffisamment de VU. ulmacea. SÜR LA FAMILLE DES SAPINDACEES. Al Frutices scaudentes, volubiles, cirrosi. Folia ternata, bilernata , rariùs triternala vel impari-piunata , slipulata. Flores racemosi : pedunculus communis apice sæpissimè bicirrossus. Hujus generis species sunt : S. siniiata! Schum., Plumeriana Spreng. , mollis! Kunth , ncapulcensis ! Kunth , emarginatal Kunth , cuspidata Nob. Flor. Bras-, lanceolata^oh . l. c. divaricata^c\\\im., Caracasana! Willd., glabratall^MnÛi , raceinosa Schum., specta~ bilis Schum. , paucidentata DC. , Ossana DC. , pubescens! Kunth, mexicana Willd. , angusiifolia Willd. , paniculata! Kunth, lupu- lina Sclinm,, liicida! Schum., oxyphylla ! Kunth., velutina Nob. 1. c., elegans Nob. L c., reticulata Nob. 1. c., grandiflora Nob. 1. c., clematidifolia Nob. 1. c., communis Nob. 1. c., ^^o.v^a Nob. 1. c.,Z)om- beyana Nob. 1. c., multijlora Nob. 1. c., meridionalis Nob. 1. c., lethalis! hx\^. de S.-Hil., hirsuta Nob. 1. c., haruotteana Nob, 1. c., triternala! iWà. , paludosa Nob. 1. c., parvifolia! Kunth, hetero- pliylla DC. Species 5y ex Americâ intertropicali; i è Brasiliæ meridionalis provincià Missionum. TOULICIA Aubl. — Juss. Ponæa Schreb. Calïx 5-partitus, foliolis subæqualibus , 2 exterioribus. Petala 5 (an semper?), intùs ad basim appendice longiusculâ, bipartitâ, pilosà instructa. Discus calj'^cis fundum occupans , apice breviter 5-lobus, lobis 2 inferioribus majoribus. Stamina 8, disco inserta. PiSTiLLUM subcentrale. Stylus brevis, trifidus. Ovarium triloculare, loculis uniovulatis. Ovula angulo interno loculorum affixa,ascen- dentia. Früctus styli reliquiis corenatus, trialatus, compositus è samaris tribus axi cenlrali üliformi adnatis: samaræ membranaceæ, 22 ]\1 É M O 1 R E basi in alam productæ, tardiùs longitudinaliler in duas lamellas solubiles, apice uniloculares et monospermæ. Semen angulo interne affixum , ascendens. Integomentüm crustaceum. Embeyo curvatus : radicula parvula: cotyledones incuinbentes; exterior curvata , inte- riorem amplectens; interior transversè intùs plicata. Arbob. Folia abrupte pinnata, foliolis snboppositis, exslipulata? Racemi ad apicem ramorum paniculam magnam efFormantes. Hnjus generis species unica : T. guyanensis ! ^\xh\. FAULLINIA ScHUM. — Juss. Ann. Mus. Paulliniæ spec. Lmn. — Juss. Gen. — Gururu Plurn. Calyx 5-vel (foliolis 2 superioi’ibus coalitis) 4-pbyIlus, foliolis 2 exterioribus minoribus. Petala 4 5 quinti superioris deficientis sede vacuâ, intùs supra basim squamâ aucta, duo inferiora a stami- nibus remotiuscula : squamæ petalorum inferiorùm infra apicem in appendicein inflexam desinentes; squamæ petalorum lateralium appendice destitutæ. Discus : glandulæ 2-4 ad basim petalorum , 2 superiores sæpè abortivæ. StaSiina 8, receptaculo inserta, imæ basi ovarii circumposita, excentralia. Pistillum excentrale. Stylus trifidus, segmentis longitudinaliter intùs stigmata gerentibus. Ova- KiuM triloculare, loculis uniovulatis. Ovula angulo interno loculorum affixa, ascendentia. Fructus : capsula basi calyce persistente suf- fulta, styli reliquiis coronata , pyriformi-trigona, apice sæpè bre- viter trialata , 3-locularis, septicWo-trivalvis : dissepimenta raem- branacea, axi centrali adnata. Semina angulo interno ad basim locu- lorum alFixa , arillo bilobo serai-tecta. Integumentum exterius crusta- ceum. Embryo curvatus : radicula brevis : cotyledones incumbentes, magnæ. Frutices scandentes, volubiles, cirrosi. Folia ternata, biternata, SUR LA FAMILLE DES SAPINDACEES. a3 triternata, pinnata, bipinnata vel decomposita, stipulata. Flores racemosi : pedunculus communis apice sæpissiraè bicirrosus. Hujus generis species suot : P. Turhacensis ! Kunth, cururu! Linn. , nitida! Kunth, riparia ! , pinnata ! Linn., grandiflora Nob. Flor. Bras., rubiginosa Nob. 1. c., elegans Nob. 1. c., macro- phylla! Y^wnÛi, tetragona Aubl., vespertilio! Swartz, acutangula Pers., meliæfoliaî Juss. , micrantha Nob. 1. c., sericea Nob. 1. c., velutina DC. , obovata Pers. , tomentosa! Jacq. , Senegalensis Juss. , cupana! Kunth , sphœrocarpa ! Juss. , subrotunda Pers. , pteropoda DC., curassavica! Linn., Barbadensis\ Jacq., macrophylla^oh. {Ornitrophe macrophylla! Poir, ), carpopodea Nob. Flor. Bras., affinis Nob. 1. c., inultiflora Nob. 1. c., polyphylla Schum., aus- Aug. de S.-Hü. , thalictrifolial Juss., nodosa Jacq., den- siflora Smith, Carthaginensis Jacq., car'ibæa isiCq^. y fuscescens ! Kunth, 77zo//is.^ Kunth, triternata! , diversifolia Jacq., his- pida Jacq., eauliflora Jacq., cupaniœfolia\ Juss., connarifolia\ Juss. , fibulata! Juss. , rufescens! Juss., ingœfolia! Ju.ss. Species 44 Americâ intertropicali; i è Brasiliæ meridionalis provinciâ Missionum ; i è Senegaliâ ; i è Senegaliâ et Americâ inter- tropicali. SGHMIDELIA JAunth. Schmidelia et Allophyllus Linn. — Aporetica Forst. — Toxicodendron Gœrtn.Vion Toum, — Aporetica, Schmi- delia et Ornitrophe Juss. — Gemella Lour. — Schmidelia et Aporeticæ spec. DC. Prodr. Calxx (foliolis 2 superioribus coalitis) 4~p3i’dtus , foliolis inæ- qualibus. Petala 4? quinti superioris defîcientis sede vacuâ, intùs nuda vel sæpiùs supra unguem sijuamâ aucta. Discos incompletus, 4-glandulosus 5 glandulæ petalis oppositæ. Stamina 8, receptaculo ME MOIRE .4 inserta, imæ basi ovarii circumposila, excentralia. Pistillum excen- trale. Stylus inter lobos ovarii iramersus, axi sæpè incidens, 2-3- fidus, segmentis longitudinaliter intùs stigmata gerentibus. Ovakium niagis minus altè 2-5-lobum , lobis rotundatis, 2-5-loculare, loculis uiiiovulatis. Ovula erecta. Früctus indehiscens, 1-2-rariùs 3-lobus, lobis rotundatis, monospermis, carnosiis vel subexsuccus, putamine crustaceo. Semina erecta, arillata seu arillo destituta. Iwtegumentum exterius membranaceum. Embryo curvatus : radicula brevis : cotyle- dones incumbentes, transversè biplicatæ. Arbores, vel frutices cirris destituti. Folia trifoliolata, raro abortu foliolorum lateralium subsimplicia , exstipulata. Flores racemosi. Hujus generis species sunt : S, integrifolia I DC. , serrata! DC., africcina \ DC. , Coèèa/ DC., racemosa ! Linn., cominia! Swartz, distachia DC. , occidentalis ! Swartz , spicata ! DC. , Timoriensis DC. glahrata ! Kunth , mollis ! Kunth , Guaranitica ! Aug. de S.-HiL, CochinchinensisDC. , ternata\ {Aporelica ternata'Soï%\.') , Gemella i^Gemelia trifoUata Lour. ), viticifolia \ Kunth, sericea Nob. Flor. Bras., edulis Nob. 1. c. , puherula Nob. 1. c., levis Nob. 1. c., JBo- jeriana Nob., Bantainentis Blume, fulvinervis Blume, Javensis Blume, littorcdis Blume, heterophylla Nob. Flor. Bras., rigida\ Swartz, allopliyllus DC. Species 1 1 ex America intertropicali; i è Brasiliæ meridionalis provinciâ Missionum ; 2 ex Africâ; i ex insulâ Madagascar; i ex iiisulâ Borboniâ; 10 ex Indiâ orientali ; 2 è Cochinchinâ ; i è nova Caledoniâ. IRINA Blume. Calyx 5-partitus, persistens. Petala 5, intùs nuda, longitudine calycis. Discus emai’ginatus, genitalia cingens. Stamina 5, pistillo approxiinata (in floribus masculis longissima). Ovarium didymum, biloculare, loculis i-sporis. Stylus i , stigmate obtuso. Carpella abortu solitaria, coriacea , sicca, indehiscentia. Semina solitaria, SUR LA FAMILLE DES SAPINDACEES. exarillata. Cotyledoines crassæ, in radideiii descendéntetn attemiatæ. Arbores foliis abruptè pinnatis, spicis paniculàîis^ terniinalibus.; Species 3 Javenses : J.glabra Blume, tomentosalè\\mie, integer- rima Blume. Character ex Blume, Bijdragen tôt de Flora van Nederlandsch Indië, p. 229 — 25i., j;. t' . c ■ . I' ■ Ji. mu' Ç,' ; , PROSTEA Nob. Tab. i;'d. " ■ -i . . Calyx 5-partitus,i;foliolis 2 exterjoribus. Petala 5, intùs ad basim squamà parvulâ aueta- Discus annularis, calycis fundum occupans. Stamina 20! disco inter ejus marginem et oyarium-duplici sérié in- serta, Pistillum centrale. Stylus inter lobos ovarii immersus, indi- visus. Stigma subtridentatum. Ovaeiüm profundè 3-lobatum , lobis rotundatis, 3-loculare , loculis uniovulatis. Ovula erecta. Fructus indeliiscens , abortu i -loba tus, ad basim lobos abortivos et styli reliquias gerens, carnosus?, abortu unilocularis. Semina ignota. Abbor, seu Frutex cirris destitutus. Folia impari-pinnata, exsti- pulata. Flores in racemis fasciculati. Hujus generis species unica Guineensis : P, pinnatçi (Ornitrophe pinnata Poir. ). LEPISANTHES Blume. Calyx 4“sepalus, sepalis inæqualibus, imbricatis. Petala /\.-5 , calyce parüm longiora, intùs squamâ aucta> Discus emarginatus, genitalia cingens. Stamina 8, brevissima, pistillo approximata. Ova- RiuM 3-gonum^ 3-loculare, loculis i-sporis. Stylus subnullus, stig- mate obtuso.ÜRUPA? tetragona, nucleo triloculari , loculis i-spermis. Arbor, foliis abruptè pinnatis, foliolis suboppositis ; racemis sim- plicibus, axillaribus lateralibusque. Species unica ( L. inontana) Javensis. Mém. du Muséum, t. 18. 4 ' 'MEMOIRE / 26 C'b'âracter ex Blume, Bijdragen tôt de Flora van Nederlandsch, Indiè'i P- iSy — 238. ■ 1 SAPINDUS Linn. Calyx 5-partitus. PetalaS, intivs nuda vel supra unguera squaniâ aucta. Discus calycis fundum occupans, regularis, integer seu cre- nulatus. SxAMiNA 8-10, disco inter ejus marginem et ovarium in- serta. Pjstillüm centrale. Stylus indivisus. Stigma terminale, 3-ra- riùs 2-lobum. Ovarium 3-rariùs 2-loculare, loculis uniovulatis. OVuLA érecta seù àscèndentîa. Fructùs carnosus', abortu 1-2-lobus, rarissimè 3-lobus^, lobis rotundatis , indéliiseehs', abortu r-2-sper- niüsV rarissime 3-spermus, 'putà’miné‘ driisfàcé'o. SEMiNÜ àrillo desPi- tüta (an sempér?). Ïntegumentum exterlus membranàceurai Embryo curvatus vel rectus : radicula brevis : cotyledones crassissimæ, in- curabentes seu réctæ. Arbores. Folia exstipulata, abrupte pinndla, vel abortu unius folioli subimpari-pimiata, fôlîolis ô'(ipositis alternisve. Hujus generis species su'nt : S. sapondj'iàl Linii., margi'natus Willd.^ Forsythii DC., stenopteriLs\ DC'., rigiclus ! k\\., , Surinamensis Poir., inæqualis \ DC., angiilUtus Poir., Scnegalensisl Poir., tetra- phylliis Vahl , salicifolius DC., laurifolius ! Vahl , longifolius Valil , /«ciV/ws Hamilt., emarginatus^ dXA , ruhiginosus Roxb., divaricatus Nob. Flor. , juglandifolius Nob. 1. c., esculentus Nob, 1. c., Rarak DC. *^Species i ex Americâ seplentrionali; 8 ex America intertropicali; I è Senegaliâ ; l'ex America intertropicali et insulâ Borboniâ ; 8 ex Indiâ orientaii. . r 'fC- O ■ ' ( r ^ ‘ ^ - '■ ' V. 'loaC.- - A'.kili.J. M f',i i 1 'i • ; I • 5 •«* ’ ' ’ ■ 1 ' , - - - SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 37 ERIOGLOSSUM Élume. Sapiudi spec. Blume, Çat. Hort. Buitenz. Calyx 5-sepalus, sepalis 2 interioribus ininoribus. Petai-a45 cou- cava, basi intùs aucta ligulâ bifulâ villosà. Stamina 8, inæqualia, villosa. OvABiA 3, stylo couuata, i-spora. Stylus i , stigmate obtuso. Cahpella elliptica, baccatà, bâsi connata, ex abortu sæpè solitaria. Frutex habitu Sapindi , foliis pinnatis, 3-4-jugis sæpè cùtn im- pari. Species unica (£■. Javensis. / Cbaracter ex Blume, Bijdragen tôt de Flora van- Nederlandscli liidië, p. 229. MOULIWSIA.,Nob. Calyx 5-partitus. Petala 4 5 quinti superioris deficientis sede va- cuâ, intùs supra basim squamâ cucullatâ aucta; squamæ apice çris- tatæ, infra apicem in appendicem inflexam desinentes. Discus in- completus, lobi pelalis oppositi. Stamina 8, exceutralia, imæ basi ovarii circumposita. Pistillüm excentrale. Stylus indivi- sus, inter lobos ovarii incidens. Stigma subtrtlobum. GvARiUM.3-lo- batum, 3-loculare, loculis uniovulatis. Ovula erecta. Frugtus : cap- sula 3-vel abortu 2-lobàta, styli reliquiis apiculata, 3 ■‘xæ! abortu 2-locularis, loculicido 2-3-valvis. Semina...... . \ Arcor, sen frutex cirris destitutus. Folia exstipulata?, abriiplè pinnata , foüolis alternis seu oppositis. Flores racemosi. Species unica Timoriensis : M. cupanioïdes Nob. {Sdpindus fr.axi- DG.) ■ . j- Obs. Il seroit possible qug le Sapinclus rubiginosus de Roxburg dût être réuni au VlouUnsia -, je n’ose cependant, n’àyant point eu à ma disposition d’échantillon authenticjue , le rapprocher de ce genre. '' , ..a j/ : >îW/<-.MÉMOIEE CUPANIA Plum. . I-' t I it ' Voua-rana et Sapiudi spec. Aubl. — Trigonis Jacq. — Cu- pania, Molinæà et Trigonis Gen. — Gelonium Gœrtn.^ Pet. Th. y non Roxh. — Guioa Cw. — Stadmannia Lani. “ — Blighia^A'^/zzlo'. — - Akeesia Tiiss. — Bonaiinia Rqf. — „ Tina et Schuli. — Gupania, Blighia, Tina, Stad- mannia, ïlatonia, Sapindi'spec. DC. Prodr. — Dimereza . eti Gupani^a — Tina etAIischocarpiis Plume. Calyx magis minus profundè 5-fidus, vel 5-partilus. Petala 5 , supra ungue,m s(^uaraà parvulâ aucta (:an semper?), raro nulla. Discus calycis fuudum occupans, l’egularis, integer seu crenulatus. Stamina io vel abortu g-5 , disco inter ejus marginem et ovarium inserta. Pistillum centrale. Stylus trifidus seu indivisus. Ovarium 2-5-loculare, loculis i-ovulatis. Ovula erecta. Fructus : capsula pyi’iformis, 2-3-gona, styli reliquiis coronata, loculicido-a-S-val- visy ,2‘i3-lacularis. Semina erécta, arillata. Integumeutum exterius crustaoeuni. Embryo ifaagiis ininiisieurvatus : radicula parvula ; coty- ledones inciimbentes-i cr.assissimæ.i I Arbores, vel Frutices eirris destîtuti. Folia exstipulata?, abruptè- pituiata' iveL abortu unius folioli subimpari-pinnata , foliolis oppo- sitis alteïTïisve. Flores racemoso-paaiculati vel racemosi. Hujusgeueris specîes sunt,: G tomeniosaJ Swartz., excelsa I Kunth, latifolia! Kunth, sc7-ob.icuietiià Pliantli, glabra! Swartz, saponaria ! P^rs.', geininatai^‘0\\;,'.^'glauca {.Himereza glauca Labill.), Poi- retiil Kuntb, Ndbi. Flor. Bras., zanthoxyloides Nob. •i. c. }i,f(2>înaA's''Nob. 1. c:, eüplioriæfollallk^^.i L e., paniculata Nob. 1. c., punctata Nob. 1. c. , reticulata Nob., Voua-ramÆoh. , levisl Pers., alterni^olia ! Pers. , venulosaUQ., canescensŸers.y Tolamhitou ^^ob., 7^^.ss,ç/’^i’^7zaNob., sjderoxjlon!' (Stadmannia Larn.), apetala Labill. J dentata DC. , lentiscifolial Pers., Ratonia ^oh. (Ratonia J SUR LA FAMILLE DES SAPINUACÉES. 2Q DomingensisXiÇf')^Perrottetii Nob., cupanidîdes (Gelonium cupa- nioïdes Gærtn.), Thouarsiana Nob., Chapelieriana Nob., rupestris {Tina rupestris Blume). Species yex insnWs Madagascar, Eorboniâ et Mauritianâ; 4 bicliâ oriental!; i ex insulà Maïu’itianâ et Indiâ oi’ientali , 5 exAmicoruni insulis et novâ Caledoniâ; 17 ex America intertropicali ; i è Brasiliæ meridionalis provinciâ Rio Grande de S.-Pedro do Sul. Obs. Le C. nitida, rapporté avec doute à ce genre par M. De Candolle, doit être intercallé parmi les Paullinia : il me paroît extrêmement voisin du P. coii- narifolia ( Rich. in Juss. Ann. Mus. 4 , p. 34g), et je crois qu’avant de l’admettre définitivement au nombre des espèces , il faudra le soumettre à un nouvel examen. M. Du Petit-Thouars n’a décrit aucune espèce de son genre Gelonium : en proposant le nom de Tina Madagascariensis , M. De Candolle ne peut donc avoir eu en vue que de fixer l’attention des voyageurs sur les espèces de ce genre qui se trouvent à Madagascar. Mais comme deux de nos Cupania originaires de cette île ont des fruits biloculaires, et rentrent par conséquent dans le genre Tina de MM. Roemer et Schultes, il devient nécessaire, afin d’éviter les confusions, de supprimer l’épitbète àe Madagascariensis , qui pourvoit se rapporter également à tous les deux. TALISIÀ Aubl. Calxx pofundè 5-fidus. Petala 5, intiis supra basini squamà lim- bum æquante densissimè pilosâ aucta. Discus carnosissimus, totum calycis fundum occupans, regularis, creaulatus. Stamina 8, disco inter ejus marginem et ovariam inserta. Pistillüm centrale. Stigma subsessile, obsoletissimè 3-dentatum. Ovaridm 3-loculare (4-loculare ex Aubl.), loculis uniovulatis. Ovula fundo loculorum affixa, erecta. Fructds ignoti. Arbores, vel Frutices cirris destituti. Folia exstipulata, abruptè pinnata , foliolis altérais. Flores racemoso-paniculati. Hujus generis species sunt : T. hexaphylla Vahl., Gujanensisî Aubl., mollis \ Kuntb ined., Acladodea DC. — Omnes ex Americâ intertropicali. NEPHELIUM Linn. Poinetia Forst. — Euphoria et Nephelium Juss. Gen. — Scytalia Gœrtn. — Dimocarpus Lour. — Aporeticæ spec. et Euphoria DC. Calyx inagis minus profundè 5-6-dentatus. Petala 5-6 seu(in N. lappaceo) nulla , intùs dense pilosa et appendice destituta. Disons annularis, calycis fundum occupans. Stamina 8-io, rariùs 6, disco inter ej us marginem et ovarium inserta. Pistillüm centrale. Stylus indivisus. Stigma bilobum vel bifidum. Ovarium obcordato-didymura , 2-ioculare, loculis uniovulatis. Ovula erecta. Früctüs indehiscens, sæpè abortu i-lobatus et ad latus lobum alterum abortivum ge-^ rens,.tuberculatus seu muricatnsj rariùs levis. Semina crassa, arillo carnoso vestita. Integümentum exterius crustaceum. Embryo rectus : radicula parvula : cotyledones crassissimæ, coadunatæ. Arbores. Folia abruptè pinnata, foliolis oppositis alternisve, ex- slipulata. Flores racemoso-paniculati. Hujus generis species sunt : N. lappaceum ! Linn., informe (^Eu- phoria informis DC.), Iongann \ (_E. longana Lam.), Lit-chi! (Î5. Lit-chi Desf.) , glahrum {E. glabra Blume), Noronhianurn (E. No- ronhiana Blume), xerocarpum {E. xerocarpa JSXnme ), pinnatum\ ( Pometia pinnata Forst. ). Species 7 ex Indiâ orientali. China et Cochinchinâ ; i ex insulis Hebridis. THOUINIÀ PoiT., DC. , non Thunb. nec Smith. — Tab. I, D. Thyana Hamilt. Prodr. Calyx 4~5-partitus. Petala 4-5 , intùs nuda (an semper?). Disons calycis fundum occupans, regularis, crenulatus. Stamina 8-10, disco SUR LA FAMILLE DES SAPINDACEES. 3l inter ejus marginem et ovarium inserla. Pistillüm centrale. Stylus inter lobos ovarii immersus, breviter 3-fidus, segmenlis longilu- dinaliter intùs stigniata gerentibus. Ovakium 5-lobuni , lobis fæcun- datione peractâ in alam productis, 3-locuiai’e, loculis uniovnlatis. Ovula erecta. Fructus constans è samaris 3 axi centrali adnatis : sa- maræ dorso et apice in alam inembranaceam produclæ, basi unilo- culares et raonospermæ. Semina erecta, arillo destiluta (an seinper?j. Integumentum exterius membranaceum. Embryo curvatus : radicula brevis : cotyledones sublineares, incumbentes^ Arbores, veiFRUTicES rarissime cirrosi. Folia exstipulata, abruptè pinnata-, trifoliolata, aut abortu foliorum 2 lateralium subsimplicia. Species hujus generis sunt : T. simplicifolia ! Poif. , integrifolia Spreng. , trifoliata\ Poit., scandens Nob. Flor, Bras., tomentosa DC., villosa DC., pinnata Turp., polygama Meyer, decandra Bonpl, Omnes ex America intertropicali. HYPELATE P. Brown. Melicoccæ spec. Juss. — Hypelate et Melicoccæ spec. DC. Calyx 5-partitus. Petala 5 seu nuila, intùs nuda. Disons calycis fimdum occupans , subinteger lobatusve. Stamina 8-10, disco inter ejus marginem et ovarium inserta. Pistillüm centrale. Stylus bre- vissimus, indivisus. Stigma sub-2-3-lobum. Ovarium 2-3-loculare , loculis 2-3-ovulatis. Ovula pendula!. Fructus apice styli reliquiis coronatus J subexsuccus, indehiscens, abortu 1-2-locularis. Semina pendula, arillo destituta? Integumentum exterius coriaceum. Em- bryo curvatus : radicula parvula, supera : cotyledones crassæ, cur- vatæ , incumbentes. Arbores. Folia exstipulata, trifoliolata seu abruptè pinnata, fo- liolis oppositis alternisve. Flores glomerati, seu in paniculas brèves dispositi. 32 MÉMOIRE Hujus geueris species sunt : H. trifoliatal Sw. , paniculata\ {M, paniculata Juss.), dentata ! {M. dentata Juss.), diversîfolia\ ÇM. diversifolia Juss-). Species 2 ex America intertropicali ; 2 ex insulâ Mauritianâ.’ MELICOGCA Linn. Melicoccæ spec. Juss., DC. — Schleichera FFilld. Calyx 4-5-partitus. Petala tôt quot foliola calycina, seu nulla, intùs nuda. Discus calycis fundurn occupans, integer lobatusve. Stamina 8-10, disco inter ejus marginem et ovarium inserta. Pistillum centrale. Stylus indivisus. Stigma 2-3-lobum. Ovarium 2-3-loculare, loculis uniovulatis. Ovula erecta. Fkuctus apice styli reliquiis coro- natus, indehiscens, subexsuccus, abortu 1-2-Iocularis, 1-2 spermus. Semina erecta, substanciâ carnosâ (arillo) involuta. Integümentum exterius coriaceum. Embryo rectus; radiculâ parvulâ ; cotyledonibus crassis, coadunatis. Arbores. Folia exstipulata, abruptè pinnata, foliolis suboppositis. Flores racemosi, racemis spicæformibus. Hujus generis species sunt : M. bijuga ! Linn., olivæformis ! Kunth, trijuga ! Juss. Species 2 ex America intertropicali; i ex India orientali. Obs. Il me paroît, ainsi qu’à M. Dé Candolle, très-douteux que le M. pubei-r cens Roth appartienne à ce genre. SUR RA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 33 SECTIO SECUNDA. DODONÆACEÆ. Ovarii loculamenta a-3-ovulata; embryo spiraliter con- volutus. ROELREUTERIA Laxm. non Murr.— Tab. 1, E. Sapindi spec. Linn.fîl. Calyx 5-partitus. Petala aborlu 3-4} intùs ad unguem appendice parvulâ bipai’titâ aucta. Discus carnosissimns, totum calycis fundum occupans, regularis , 8-crenatus. Stamina 8, rariùs S-ô-y, disco inter ejus margincm et ovarium inserta. Pistilldm centrale. Stylus indivisus, apice truncatus, acutiusculus. Ovarium 3-loculare, loculis 2-ovulatis. Ovula angulo interno ad medium loculorum affixa, infe- rius suspensum, superius ascendens. Fructus : capsula vesiculosa, inflata , apice styli reliquiis apiculata, supernè subunilocularis, in- - fernè 3-locularis, loculicido-3-valvis , val vis infra medium semi- niferis. Semina arillo destituta. Integumentum exterius crustaceum. Embryo spiraliter convolutus; radiculâ extrariâ ad hilum spectante. Arbor parva. Folia exslipulata, impari-pinnata, foliolis oppositis alternisve. Flores racemoso-paniculati. Species unica Cbinensis : K. paniculatal Laxm. COSSIGNIA CoMiM. in Juss. Gen. Calyx 5-partitus. Petala 4j apjiendice destituta. Discus irregula- ris , calycis fundum occupans, margine bine longior, indè sub- evanidus. Stamina 6-5, disco inserta. Pistillum excentrale. Stylus longiusculus, stigmate capitellato terminatus. Ovarium 3-loculare, Mém. du Muséum L. i8. 5 MEMOIRE 34 lociilis 3“Ovulatis. Ovula angulo interno supra medium loculorum affixa , superius ascendens, intermediura subperitropum , inferius suspensum. Fructus : capsula basi calyce suffulta, styli reliquiis coronata , loculicido-trivalvis , 5-locularis , loculis 3-seu abortu 2-ovulatis. Semina receptaculo centrali persistent! triangulari affixa, arillo destituta. Tntegümentüm exterius crustaceum. Embryo spiraliter convolutus; radiculâ extrariâ, ad hiluni spectante. Frutex cirris destitutus. Folia exstipulata, impari-pinnata, 1-2- juga. Flores paniculati. Species unica ex insulis Borboniâ et Mauritianâ : C. Borhonica ! DC. LL AG UN OA Ruiz et Pav. Amirola Pers. Calyx 5-fidus. Petala o. Discus cai’nosus , calycis fundum occu- pans, tubi interna latera induens, apice lo-lobatus. Stamina 8, ra- riiis 9-10, disco inserta. Pistillum centrale. Stylus indiyisus, apice incurvus, stigmate subtrilobo terminatus. Ovarium 3-loculare, loculis 2-ovulatis. Ovula angulo interno loculorum affixa, ascendentia. Fructus : capsula basi calyce persistente suffulta, subtricocca, 3-lo- cularis, loculicido-3-valvis , valvis medio septiferis, loculis 1-2- spermis. Semina arillo destituta. Integumentum exterius crusta- ceum. Embryo spiraliter convolutus; radiculâ extrariâ, ad hilum spectante. Arbores. Folia exstipulata, trifoliata vel sæpiùs abortu foliolo- rum lateralium subsimplicia. Flores in racemos brèves, pauciflo- 10s , axillares dispositi. Species 3 ex Americâ intertropicali : Ll. nitida\ Ruiz et Pav., prunifolia \ Kunth , mollis \ Kunth. ■I' I SUR LA FAMILLE DES SAPIMDACÉeS. 35 DODONÆA Linn. Calyx 3-4-rariùs 5-pavtitus. Petala o. Discüs hypogynus, sæpè evanidus. Stamina 8, rariùsg-io, disco vel receptaculo Inserta. Pis- TiLLUM centrale. Stylos breviter 2-3-rariùs 4-fi(lus, segnientis lon- tudinaliter intùs stigmata gerentibus Ovarium 2-3-rarissimè 4-cfue- trum , 2-3-rarissimè 4“loculare, locidis 2-ovulatis. Ovola angulo interno ad medium loculorum affixa , superius ascendens , infeiûus suspensum. Fkuctus : capsula membranacea, 2-3-4-quetra , 2-3-4- alata, 2-3-4-Iocularis, septicido-2-3-4-valvis; valvis carinatis, dorso alatis : axis centralis 2-3-4~gonus , breviter 2-3-4-alatus. Semina arillo destitula. Integümentüh exterius crustaceum. Embryo spira- liter convolutus : radicula extraria : cotyledones lineares. Arbores parvæ, seu frotices cirris destituti. Folia exstipulata, simplicia! Hujus generis species sunt : D. viscosa! Linn., spathulata Smith. Jamaïcensis^ DC.j bialata ! Kunth, B urmammiana DC., microcarpa\ (D. microcatpa et salicifolia DC.), dioïca Roxb. , triquetra! Andr., cuneata Smith, asplenifolial Rudg. , eriocarpa Smith, attenuata Cunningh. Spec. 2 ex Americâ intertropicali ; i ex America et Africa ; 2 ex India orientali ; i ex insulâ Borboniâ; 2 ex insulis Sandwich; 4è nova Hollandiâ. GENUS ANOMALUM. MAGONIA Aug. de S.-Hil. Phæocarpus Mart. et Zucc. Calyx 5-partitus, foliolis inæqualibus. Petala 5, appendice des- tituta. Discos calycis fundum occupans, irregularis , margine hinc lorigior et duplex, indè brevior et simplex. Stamina 8, disco inserta. PisTiLLUM excenfrale. Stylus curvatus. Stigma terminale, subtrilo- 36 MÉMOIRE bum. OvARiUM Iriloculare , loculis pluri-ovulatis. Ovula angulo in- teriîo aftixa , subperitropa , imbricata. Fructus : (teste Aiig. de S. capsula magna, lignosa, 3-valvis, polysperma. Semina magna, valdè complanata, alâ undiquè cincta. Umbilicus marginalis, medio diametro majori respondens. Integümentum duplex. Embryo rectus, valdè complanatus : radicula parva, umbllicum subattingens : coty- ledones magnæ, suborbiculares. Arbores. Folia exstipulata , abrupte pinnata. Flores racemoso- paniculati. Species 2 ex Amei’icâ intertropicali : M. glab rata! et pubescenst Aug. de S.-Hil. GENERA MIHI NON SATIS NOTA. ENOUREA Aubl. Calyx 4-partitus , foliolis 2 oppositis majoribus. Petala 4> calyci inserla?, inæqualia, inlùsadunguem squarnâ aucla.Discus: glandulæ 2 ad basini petalorum majorum. Stamina^iS, receptaculo inserla, inæ- qualia, basi connata. Pistillum excentrale. Styuso. Stigmata 3. Cap- sula sphærica, 3-valvis, i-locularis, i-sperm;i. Semen erectum, pulpâ farinosâ vestitum. Frutex scandens, cirrosus. Folia impari-pinnata. Flores racemosi. Character ex Aublef. Genus verosimiliter Paulliniœ affine. Species unica Guyanensis : E. capreolala Aubl. MATAYBA Aubl. Ephielis Schreb. Calyx profundè 5-fidus. Petala 5, intùs ad basim breviter appen- diculata. Discus calycis fundum occupans, 8-crenatus. Stamina 8, disco inter ejus mgarinem et ovarium inserla. Pistillum centrale. Stigma sjibsessile, subtridentatum. Ovarium 2-loculare , loculis Uni- SUR LA. FAMILLE DES SAPINDACÉES. ovulatis. Ovula angulo interno ad medium loculorum a£fixa, ascen- dentia. Fructus non satis notas. Arbor. Folia exstipuiata, abruptè pinnata. Flores racemoso-pani- culati. Spec. unica:.Æf. Guyanerisis \ Aubl, (v, s. in herb. Juss.) Obs. Le M. Guyanensis ne se trouve pas à Saint-Domingue, où il est indiqué par M. De Candolle , sur l’autorité de M. Bertero. La plante que ce voyageur a communiquée à M. Kunth, sous le nom è.' Ephielis fraxinea , est une Méliacée qui appartient probablement au genre Trichilia. Ou a vu plus haut que le Voua-rana d’Aublet ne pouvoit être rapporté au Matajba\ je crois qu’on doit en séparer encore le M. Patrisiana de M. De Candolle , qui s’en éloigne par ses feuilles pennées avec impaire , et qui, vn l’organisation de son fruit , pourvoit bien appar- tenir à une toute autre famille. APHANIA Blume. Calyx 4-paFtitus^ inæqualis. Petala4j ciliata, basi intùs bis- quammata. Discus hypogynus, genitalia cingens. Stamina 5, pistillo approximata. Ovaridm ovatum , compressum , a-loculare, loculis i-sporis. Stylus subnullus, stigmate emarginato. Fructus Arbor, foliis abrupte pinnatis, foliolis suboppositis; racemis ter- minalibus, compositis. Species unica Javensis : A . montana Blume. Character ex Blume, Bijdragen tôt de Flora van Nederlandsch Indië, p. 236. ALECTRYON Gærtn. Flos Bacca coriacea, globosa, in vertice et ad alterum latus di- midium m^rgine coriaceo in cristam compresso aucta, unilocularis. Bec. tuberculum parvum supra basim loculamenti in latere baccæ cristato. SEiiENunicum, erectum, basi arillo cinctum. Integumemtum duplex : exterius crustaceum, interius membranaceum. Embryo spi- raliter convolutus; radiculà extrariâ, inferâ, hilum spectante. Character ex Gærtner. Species unica : A. excelsum Gærln. 38 MEMOIRE Species novœ, s eu minus cognitæ. SCHMIDELIA BOJERIANA Nos. S. foliis ternatis, glabriusculis, supra lætè viridibus, subtùs pallidis; foliolis oblongis, subsessilibus, subintegris; termi- nali cuneato, subacuminato 5 lateralibus obtusiusculis; ra- cemis ramosis. Nom. vulg. LefFoun-doula Kami teretes, glandulosi, iufernè glabrati, supernè puberuli. Folia trifoliolata : foliola oblonga , subsessilia, integra vel obsoletissimè sinuato-dentafa , supra lælè viridia, subtùs pnllida, glabra nisi subtùs ad nervum medium prominentem puberula ; terminale lŸ poil, longum , 6-8 1. latum, cuneatum, subacuminatum ; lateralia triente minora, basi et apice gradaüm angustata, obtusiuscula : pe- tiolus communis circiter 6 1. longus, supra canaliculatus, subtùs convexus , pube brevissimâ pruinosus. Racemi axillares, solitarii, raraosi, folio longiores; rachi ramulisque teretiusculis, puberulis. Calyx 4-ps*'t'tus , glabriusculus ; foliolis rotundatis , cilioliilatis ; 2 exterioribus minimis;2 interioribus lineam circiter longis, supe- riore latiore. Petala et Stamina non suppetierunt. Discus 4-glandu- losus, incompletus. Fhuctüs calyce persistente sufFultus, breviter pedicellatus, 2-vel sæpiùs abortu i-lobus, lobis rotundatis, dia- metro 2-lineari , glaber. Stylus persistons, fructu triplo brevior, bifîdus, axi incidens. Semen erectum, rotundatum, funiculo crassis- simo. Integdmenium exterius membranaceum; interius pellucidum. 39 SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉeS. Radicüla parvula. Cotyledones longæ, sublineares. Habitat in provinciâ Eminna prard Ra~masuna in insulâ Mada- gascar {Bojer.) (v. s. in herb. Mus.). PROSTEA PINNATA Nob. P. foliis impari-pinnatis , 6-7-jugisj foliolis oblongis , subacu- minatis, glabriusculis; racemis compositis; floribus fasci- culatis. Ornitrophe pinnata Pair. Dict. 8 , p. 266. — Schmidelia ? pinnata DC. Prodr. 1, p. 6iî. Kami teretes , lomento brevi rufescente vestiti. Folia iinpari-pin- nata, 6-7-juga : foliola i5 1.-5 poil, longa, 8 l.-i poil, lata, oblonga, basi et apice graclatim angustata, subacuminata , integerrima, sub- sessilia, glabra nisi subtùs ad nervos proniinulos puberula : petiolus communis rachi adjectâ 8 poil, longus, suprà obsolète canaliculatus , subtùs convexus, rufescenti-tomentosus. IIacemi ad apicein ramoruin paniculano magnam folio longiorein efformantes, raclai ramis rainu- lisque toraento rufescente vestitis. Flores ramulis brevissirais sub- fasciculati, subsessiles, basi bracteâ minimâ tomentosâ sulfulti. Calyx 5-partitus, foliolis rotudantis; concavis, subæqualibus intùs glabris, extùsdensè tomentosis. Petala 5, calyce paulô breviora, ro- tundata, concava, utrinquè pilosa, intùs ad basim squamâ parvulâ longe barbalà iuslructa. Discos annularis, integer. Stamina 20, disco inserta : filamenta brévia, pilosa : antlieræ basi alfixæ, oblongæ, filainenlis paulo longiores, basi eniarginatæ, glabræ, à latere déhis- centes. Stylus glabriusculus , subtrigonus. Otarium profundè 5-lo- batum , pilis longissimis vestitura. Froctüs cerasi magnitudine , glabratus. (Flos ante apertionem observatus.) In Guineâ [Vahl.) (v. s. in herb. Juss. et Desf. ). i MOULIN SIA CUPANIOIDES Nob. M. foliis abrupte pinnatis; folioliis 4-5-jugis, oblongis, basi et apice angustatis, subacuminatis, petiolulatis, integerrimis; racemis compositis. Sapindus fraxinifolius ? Z)C. Pr, i,/?. 608. Kami inferuè teretes et subglabrati, supernè sulcati et tomento brevi l’ubiginoso vestiti. Folia abrupte vel aborlu uniusfolioli impari- ])innata : foliola 4~5-juga, sæpissimè opposita, rariùs alterna, ij- 5 poil, longa, 8-21 1. lata, oblonga, basi et apice angustata, acuta vel subacuminata, petiolulata, petiolulo i 1. longo, integerriina; juniora ad nervos rubiginoso-tomeutosa , supra pilis brevibus scabriuscula, subtils iisdem densioribus longioribusque subtoraentosa, ; adulta sub- glabrata nisi supra ad nervum medium rubiginoso-tomeutosa : pe- tiolus cominunis racbi adjectâ 3^-6 pollicaris, teretiusculus, rubi- ginoso-tomentosus. Ragemi ad apicem ramorum foliis superioribus abortantibus panicnlam efformantes; singuli 3-5-pollicares, spicæ- formes : pedunculus ccunniunis brevissimus, subnullus : rachis sul- cata, rubiginoso-tomeutosa. Flores polygami, in racemis fasciculati : pedicelli brevissimi , tomentosi, basi bracteà lineari tomentpsâ suf- fulti. Masc. Calyx 5-partitus, tomentosus ; foliolis rotundatis, obtusis, inæcjualibus ; 2 exterioribus minoribus. Petala 4j quinti superioris deficieiitis sede vacuâ, subinæqualia , calyce duplo longiora, 3 1. longa , 2 1. lata, obovato-oblonga, apice rotuudata et erosa, glabra, llabellato-venosa , intùs supra basim aucta squamâ limbo diinidio bréviore,: margine ciliatà, apice cristatâ, infra apicem appendice brevi longe barbatâ inflexâ instructâ ; cristâ bifidâ , ciliatâ. Discus incompletus, 4'Lbus; lobi crassi, acutiusculi , petalis oppositi. Stamina 8, excentralia, libéra, petalis paulô breviora ; 4 glandulis opposita paulo minora : filamenta dense pilosa : antheræ infra me- SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 4^. dium dorsum affixæ , glabræ, subrotundæ, à latere déhiscentes. Pis- TiLLi rudimentum excentrale, pilosiusculuin. Flores hekmaphroditi : Calyx, petala, discus, stamina ut in masculis. Pistillum dense pilo- sum. Stylus 1. longus, indivisus, inter lobos ovarii incidens. Stigma subtridentatiim. Ovariüm 3-lobatum. Capsula (quæ immatura suppetiit) 3-vel abortu 2-lobata, lobis obtusis, subcompressis, styli reliquiis apiculata, glabrata , loculicido-trivalvis, valvis inlùs ad marginem hirsutis. In insulis Timor et Java? (v. s. in herb. Mus. et Kunth. ) CUPANIA RETIGULATA Nob. G. foliolis 2-3-jugis, ellipticis, breviter acuminatis vel apice rotundads, integerrimis, pedolulads, reticulato-nervosis , glabris; calyce persistente, 5-pardto , tomentoso; capsulâ obcordatâ, pyriformi-trilobatâ, tomentosâ Kami infernè teretes , subglabi’ati , cinerei ; supernè sulcati, to- mento brevi ferrugineo vestiti. Folia abruptè pinnata : foliola 2-5- juga, alterna, 2-5 poil, longa, 1-2 poil, lata, elliptica, basi et apice angustata, breviter acuminata vel rariùs apice rotundata, petiolulata, petiolulo 1-2 1. longo, integerrima, reticulato-nervosa, glabra, nervo medio lateralibusque subtùs prominentibus : petiolus communis rachi adjectâ 3-5 poil, longus, supra obsolète canaliculatus, subtùs convexus , glabratus, cinereus. Racemi ad apicem ramorum foliis su- perioribus abortantibus vel deciduis paniculam magnam efformantes. Flores non suppetierunt. Calyx persistons, 5-partitus, foliolis ovatis, obtusiusculis , tomentosis, i 1. longis. Capsula breviter pedicellata, 5-6 1. longa, totidem et ampliùs lata, pyriformi-trilobata, obcor- data, styli reliquiis coronata, basi valdè angustata tomento brevi denso ferrugineo vestita, ab apice ad medium loculicido-trivalvis , Mém. du Mus. t. i8. 6 MÉMOIRE 4a trilocularis , loculis uniovulatis : pedicellus i-i^ 1. longus, tomen- tosus, basi bracteâ parvulâ tomentosâ suffultus. Semina arillo sacci- formi , apice pervio cincta. Integomentdm crustaceum , nitidum. Embryo immaturus suppetiit. In Guyanâ. Descriptio ex specimine ab amicissiino Gay conimu- nicato. CUPANÎA VOUA-RANA Nob. ' C, foliolis 2-3-jugis, eîlipticis vel oblongo-obovatis, obtusis seu brevissiinè acuminatis, obsolète sinuatis, petiolulatis, glabris; calyce 5-partito, tomentoso, persistenie, demùm glabrato 5 capsula obcordato-bilobatâ, glabratà. Voua-rana Guyanensis Aubl. Guyan. siippl.p. tab. — Matayba? Voua-rana DÜ. Prod. \^p. 609. — Cupauia lævigata Rich. ined. Kami teretes, glabrati , glandulis creberrimis scabriusculi. Folia abrupte pinnata : foliola 2-3-juga, alterna, 3-6 poil, longa, i-^-S poil, lata, petiolu'ata, petioluîo 2 I. longo, elliptica vel obbngo-obovata , l^asi et apice angustata, obtusa seu breviter acuminata , obsoletis- simè siiîuata , glabra, supr,à lætè viridia, subtùs pallidiora, nervo medio lateralibusque subtùs proniinentibus : peliolus communis rachi adjectâ 3~4 pollicaris, pube brevi scabriusculus , demùm gla- bratus, glandulosus. Racemi axillares, ramosi; floriferi folio bre- viores , fructiferi folio sæpè longiores : racbis tei’etiuscula, glandulis creberrimis scabriuscula, pube brevi lomentosa, demùm subglabra- ta : ramuli inferiores i-a pollicares, superiores gradatim abbreviati. Flores in racemis subfasciculati, polygami, subsessiles, basi bracteâ rainimà subulatâ tomentosâ circiter i 1. longâ suffulti. Masc. Calyx 5-partitus, tomentosus; foliolis ovatis , obtusiusculis , i 1. longis. PETALAcaîyeem paululùm superantia, spatludata, longé unguiculata. SUR LA FAMILLE DES SAPINDACEES. 4-^ extùs glabriuscula, inliis supra unguem appendice bipartilâ barbatâ limbo paulo longiore aucta. Discus crassus, integer. St amusa 8, petalis duplo longiora , æqualia : filamenta a basi ad medium pilosa, su- perne glabra ; antheræ subrotundæ, medio affixæ, basi breviter emar- ginatæ, glabræ. Pistilli rudimentum minimum, pilosum. Flores FEMiNEi non suppetierunt. Capsula breviter pedicellata, pedicello cras- siusculo, vix I 1. longo, basi calyce persistente suflfulta, 6-7 1. longa, 7-8 1. lata , obcordato-bilobata , basi valdè angustata , styli reliquiis coronata , glabrata, ab apice ad medium loculicido-bivalvis , 2-I0- cularis , loculis uniovulatis, uno sæpè vacuo. Semiisa arillo sacci- formi , apice pervio ciiicta. Integumentum crustaceum , nitidum. Radicdla minima. Cotyledones incumbentes, crassissimæ , inter se coalitæ. In Guyana. CUPANIA TOLAMBITOU Nos. C. foliolis 2-3-jugis, oblongis, basi et apice angustatis, sub- acuminatis, integerrimis, subsessilibus, glaberrimis; calyce deciduo; capsula obcordato-3-lobatâ, glabrà. Nom. vulg. Tolambitou. RAMiteretes, cinerei, glandulosi, glabri. Folia abruptè pinnata : foliola 2-5-juga, alterna vel opposita, poil, longa, 10-16 1. lata , oblonga,basi et apice angustata, acuta vel subacuminata , subsessi- lia, integerrima, glaberrima, reticulato-nervosa, sub lente pellucido- punctata, supra lætè viridia, subtùs pallidiora: petiolus communis rachi adjectâ circiter pollicem longus , angulosus, glaberrimus. Racemi axillares, solitarii, folio mullo breviores, vix pollicares : pe- dunculo communi rachique teretibus, glabris. Calyx deciduus. Pe- TALA, Stamina et PiSTiLLUM nou suppetiei’unt. Discus regularis , basi fructum cingens. Capsula breviter pedicellata, pedicello 5 1. circiter MÉMOir.E 44 longo glabro, trilobata, lobis rotundatis snbcompressis üno alterove sæpè vacuo, apice profundè emarginata et styli reliquiis apiculata, basi valdè attenuata, i poil, longa, totidem et anipliîis lata, glabra, loculicido-trivalvis , valvis intùs glabris, Semina ( quæ immatura suppetierunt) arillo carnoso, sacciformi, apice pervio cincta. Inte- GüMENTOM crustaceum nitidurn. In insulâ Madagascar (^Chapelier^j. CUPANIA GHAPELIERIANA Nob. G. foliolis 3-7-jugis, elliplico-oblongis, basi et apice angusta- - tis, dentatis, glabris, supra iiitidis^ calyce persistente, pu- berulo j capsulâ obovoïdeâ, glabratcà. Kami teretes, pube brevi rubiginosâ pruinosi. Folia abruptè vel abortu unius folioli impari-pinnata : foliola S-y juga, opposita vel subopposita; inferiora citciter i poil, longa, 7 1. lata, elliptica; superiora duplo majora, oblonga; omnia sessilia, basi et apice gra- datim angustata, acutiuscula, dentata, glabra nisi subtùs ad nervos sub lente pube rarissiraâ inspersa, suprà nitida; nervo medio latera- libusque subtùs prominulis : petiolus communis, angulosus, pube rarâ inspersus, rachi adjectâ 2^-4 pollicarisj rachis angustissimè marginata. Racemi axülares , folio paulo longiores, ramosi, pube brevi rubiginosâ pruinosi. Flores Calyx persistens, i 1. longus, puberulus, foliolis inæqualibus rotundatis. Discus brevis, undulatus. Capsula pedicellata, pedicello 3*4 1. longo, obovoïdeâ, apice stylo conico integro persistente i4 1. longo rostrata, basi valdè angustata, 8 1. longa, 6 1. lata , glabrata, 2-locularis , abortu sæpè monosperma, 2-valvis , valxis intùs glabris. Semina matura non suppetierunt. In parte oriental! xmvXæ Madagascar ah indefesso Chapelier Iccia. SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉeS. 45 CUPAWIA THOUARSIANA Nob. G. foliolis 2-jugis, obovato-oblongis, cuneatis, emarginatis, integerrimis, glaberiimis ; calyce persisteiite , puberulo; capsulà obovatâ, glabrâ. Kami tereles, pube brevi cinerei. Folia abruptè pinnata ; foliola 2-juga, subopposita, 2-24 poil, longa, 10-12 1. lata, obovato-oblonga, graclatim in petiolulum angustata, ciineata, apice emarginata, in- tegerrima, margine subtùs revoluta, glaberrima, levia; liervo niedio subtùs prominente, lateralibus utrinquè prominulis : petiolus com- raunis racbi adjectâ i-4 polUcaris, supra complanatus canaliculis- que duobus exaratus, subtùs convexus, glaber nisi ad basim pube rarâ pruinosus. Racemi axillares, folio breviores, densè puberuli. Flores Calxx persistons, il. longus, pubei’ulus, foliolis ovatis. Discüs brevis, undulatns. Capsula obovata, apice styli reliquiis api- culata, subcompressa, 6 1. longa, 5 1. lata,glabra, 2-locularis, abortu sæpè monosperma, 2-valvis, valvis medio septiferis, intùs pube- rulis. Semina obvoïdea, levia, nitida, brunea, 3~4 1. longa, 17 1. lata. Integumentum crustaceum. Embryo haud xisus. In insulâ Madagascar a clar. Du Petit-Thouars lecta (v. s. in herb. Juss.). Obs. Cette espèce est voisine de notre C. emarginata (Flor. Bras, i, p. 386) , mais elle s’en distingue par la forme de ses folioles et de ses capsules. CUPANIA PERROTTETII Nob. C. foliolis 2-3 jugis, ellipticis, acutiusculis vel obtusis , inte- gerrimis, petiolulatis, glabris; calyce deciduo, 5-partito, hirtello; capsulà obovatà, apice subemarginatà, subbilo- batâ, glabratâ. Kami teretes, pube brevi pruinosi. Folia abrupte pinnata : foliola MÉMOIRE 46 2-5 juga, opposita vel suboppositâ, 3|-6 poil, longa, poil, lata, elliptica, basi et apice aiiguslata, acutiuscula velobtusa, petiolulata, petiolulo I l. longo, integei’rima, glabra, suprà lætè viridia, subtùs pallidiora; iiervo medio lateralibusque subtùs pi’ominulis : petiolus conimunis l’aclii adjectâ 2-4 pollicaris, glabriusciilus. Flobes in axillis folioruin racemosi; racemis brevissimis ; rachi dense pilis brevibus rubiglnosis Testitâ : pedicelli 1-2 1. longi, birlelli, basi bracteà parvulà hirtellâ instmcti. Calyx 5-partitus, hirtellus, fo- liolis ovatis , acutiusculis , 5 lineæ quadrantes longis. Petala 5 calyce vix longiora, obovat», basi infùs appendice brevissimâ ciliatâ aucta. Drscus calycis; fundiini occupans. Stamina 8, petala parùm superantia, æqualia, pubenila : antheræ basi alExæ, subrotundæ, a latere déhiscentes.. Pistillum stamina superans, hirtellum. Stylus brevis , indivisus. Stigma subbilobum. Ovarium ovoideo-oblongura , 2-lociilare, 2-ovuilîatum. Capsula 8 1. longa, 6 1. lata, obovata, sub- compressa, subbilobata, baal parùm angustata, apice subemargi- nata et styli reliqudls apiculata, glabrata, loculicido-bivalvis, valvis itttùs densè hlrsutis. Semiî)a non suppetierunt. In insulis Philippiniis, — (Perrottet.) (v. s. in herb. Mus.). CUPAFIA LESSERTIANA Nos. C. foliis 2-3-jugis, oblongo-lanceolatis, basi et apice angusta- tatis, acuminatis, integerrimis , petiolulatis , glaberrirais ; calyce persistente, 5-fido, hirtello j capsulâ pyrif’ormi, gla- bratà. Mischocarpus Sundaicus Blume Bijdragen tôt de Flora van Nederlandsch Indië, p, 238. Arror. Kami teretes,glabi’i, rubelli, glandulis parvulis scabriusculi. Folia abruptè pinnata : foliola 2-3-juga, opposita alternave, 3-5 poil, longa , i-i^poU. lata , oblongo-lanceolata, basi et apice angus- sua LA FAMILLE DES S APIîNDACÉES, 4? tata, acuminata, petiohilata, petiolulo 2 1. longo, integerrima, gla- beri'ima, nervo medio lateraiibusque subtils prominentibus : petiolus commuuis rachi adjectâ i4-3 pollicaris, teretiusculus , rubelîus. Racemi axillares, solitarii seu gem'mati, spicæformes, 3-4 poil, longi : pedunculus commUnis brevissimus : rachis angulata , pubescens. Flores in racemis fasciculati : pedicelli i 1. longi, hirtelli, basi bracteà parvulà deciduâ sufFulti. €alyx profundè 5-fidus , lobis acu- tiusculis , vix ^ longas, hirtelius. Petala nulla. Discus calycis funduni occupans, brviter 8-crenatus. Stamina 8, disci crenis alterna, calycem æquantia, glabra : filamenta brevissima : antheræ basi af- fixæ, a latere déhiscentes. Pistilldm densè hirtellum. Stylus brevis- simus. Stigma trilobum. Capsula calyce persistente sulFulta, styli re- liquiis coronata , pyriformis, basi valdè angustata et quasi pedicel- lata,apice ovoïdea, costis 3 pariira elevatis notata , glabrata, 6-7 1. longa, 3 1. lata, 3-vel abortu 2-locularis, loculicido 2-3-valvis, valvis intùs glabris. Semina arillo carnoso, supra basim pervio involuta. Integumentum crustaceum. Embryo curvatus : cotyledones crassissimæ, incumbentes : radicula parvula, curvata. In insulis Javâ et Nasa Kambanga. CUPANIA RATONIA Nob. C. foliolis 2-3-jugis, oblongo-spathulatis, subcuneatis, obtiisis vel apice brevlter emargiaads , integerrimis, glaberrimis, petiolulatis: calyce 5-pardto, persistente; capsulà obcor- dato-2-lobatà, glabrâ. Ratonia Domingensis Z)C. Prodr. \,p. 6i8. Nom. viilg. Raton. Kami leretes, glabrati. Folia 2-3-juga : Foliola petiolulata, alterna vel subopposita, i5-i8 1. longa, 6-8 1. lata, oblongo-spathulata , integerrima, apice rolundata vel breviter emarginata , basi valdè 48 MÉMOIRE augustata et subcuneata, glaberrima, suprà nitida, nervo medio lateralibusque sublùs promiaulis : petioluli 1-2 1. longi : petiolus communis rachi adjectâ 2-2Ÿ-ipoHicaris, suprà obsolelè sulcatus, subtùs coovexus. Racemi fructiferi simplices, axiüares, solitarii, folium æquantes: rachis sulcata, puberula. Calyx pei’sistens, 5-par- titus, puberulus ; foliolis ovatis, aculiusculis. Capsula (quæ imma- tura suppeliit) breviter pedicellata , pedicello basi bracteâ parvulâ acutiusculà sufFulto, apice styli brevis bifidi reliquiis coronata, basi valdè angustata , obcordato-2-lobatâ, lobis compressis, altero sæpè abortivo, 6 I. loiiga, totidem lata, glabra. Affinis C. lentiscifoliœ , sed foliolorum forma et fructu 2-non 3-lobato distincta. In insulâ Domingensi. (v. s. in \igy\>. Kunthcomn\.a.c\aLY Bertero). TALISIA MOLIAS Kunth herb. T. floribus raceraoso-paniculatis ; foliolis oblongis, basi et apice gradatim angustatis, acuminatis, subttxs molliter hir- sutis; calycibus petalis brevioribus, molliter hirsutis. Talisia Guyanensis DC. Prodr. i,^. 609 excl. synon. Folia 5-multijuga : foliola alterna, brevissimè petioluiata, 5-8 poil, longa , 2-2Ÿ poil, lata , oblonga, basi et apice gradatim angus- tata , acuminata, sæpè subinæquilatera , integerrima , suprà nitida et levia, subtùs molliter hirsuta ; nervis suprà subimpressis , subtùs promineutibus : petiolus communis teres, crassitie pennæ anserinæ, glabratus. Flores racemoso-paniculati , in racemis subfasciculati -, pedunculo communi rachique molliter hirsutis, pilis rufescentibus. Calyx campanulatus , 2 1. longus , profundè 5-fidus, pilis rufescen- tibus molliter hirsutusj lobis obtusis. Petala 5,3 1. longa, i| 1. lata, sublinearia, basi in unguem angustata, apice obtusa, 5-venia, glabra SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 49 nisi ad basim ciliolulata, intùs ad unguem squamâ lineari liinbum æquante densè rigidèque pilosâ aucta. Discus carnosissinius, calycis fimdLim occupans, 5-lobus, densè pilosus. Stamina 8, medio disco in- sei ta, centralia, glabra, petala subæquantia : filamenta filifonnia : antheræ basi affixæ, subsagittatæ , lineares, acutæ, il. longæ , à latere déhiscentes. Pistilli rudimentum nulliim. Flores feminei non suppetierunt. In Guyana. Obs. Cette espèce diffère de celle d’Aublet par ses feuilles , dont les folioles sont plus grandes et velues en dessous , par ses pétales plus larges , par la forme de son disque, etc. C’est probablement le T. Guyanensis qui a été décrit dans le Pro- drome de M. De Candolle, sous le nom de T. glabra. EXPLICATION DES PLANCHES. Table I. A. Cardiospermum Halicacabum. — i. Fleur mâle très-grossie , vue en dessus. — 2. La même dont les pétales ont été enlevés. ^ 3. L’un des pétales inférieurs vu par sa face interne. — 4- L’un des pétales latéraux, vu par sa face interne. — 5. Etamine vue par devant. — 6. La même vue par derrière. — ■j. Fleur herma- phrodite dont les pétales ont été enlevés. — 8. Coupe longitudinale du pistil. B. Cardiospermum cohiteoides. — i. Fruit de grandeur naturelle. — 2. Cloisons après la chute des valves. — 3. Axe central. — 4- Graine groissie, munie à sa base d’un funicule épais. — 5. Embryon. C. Prostea pinnala. — i. Coupe longitudinale de la fleur, afin de montrer la position relative de ses divers organes ; les pétales et les folioles calicinales ont été coupés au-dessus de leur base. — 2. Petale vu par sa face interne. — 3. Etamine vue par devant. — 4- Etamine vue par derrière. — 5. Fruits. D. Tliouinia trifolinta. — i. Ovaire très-grossi , peu après la fécondation. — 2. Fruit très-grossi, dont une des samares a été enlevée, afin de montrer plus Mém. du Muséum, t. i8. 7 5o MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. clairement l’insertion des deux autres. — 3. L’une des samares , dont l’aile mem- braneuse a été supprimée, coupée longitudinalement , afin de faire voir la forme et 1 insertion de la graine. — 4* Samare de grandeur naturelle. — 5. Embryon dépouillé de ses tégumens. E. Kœlreuteria paniculata. — i. Fleur hermaphrodite très-grossie. — i. La meme coupee verticalement.— 3. Pétale vu par sa face interne. — 4- Etamine vue par devant. — 5. Etamine vue par derrière. — 6. Coupe transversale de l’ovaire. 7. Fruit de grandeur naturelle. — 8. L’une des valves après la déhiscence. — g. Coupe de la graine, afin de montrer l’embryon roulé sur lui-même , et le tégu- ment interne qui se prolonge Jusqu’au centre de la spire. TaSle II. Moulinsia cupanioides . — r. Fleur très-grossie, vue en dessus. — 2. La même dont les petales ont ete enlevés. — 3. Pétale vu par sa face interne. —4. Jeune fruit coupe longitudinalement. — 5 et 6. Fruits à l’époque de la maturité. Table III. Cupania Lessertiana. — 1. Fleur entière très-groissie. — La même coupée verticalement. — 3. Stigmate très— grossi.— *4. Fruit. — 5. Le même coupé trans- versalement, afin de montrer les trois loges, dont une est plus petite et ne con- tient pas de graine. — 6. Graine entourée de son arille, vue de face. — ’j. La même vue par le dos. —8. La même dépouillée de son arille et vue de face. 9. Embryon vu de face. — 10. Le même vu par lé dos. .iS. /y.y. Tat . I ■ (A7i/f/OS/‘E/(Afl^jlI //STK A pi/>fur7rr . )) . 7’I/()(ri]\/A /rj/o/ùt/u . Va . L/iKl^TK/UA /'!■/). t/e/- e/ i/cTt / // / / / V« Tl I / Vf /VN\ 1 / V i ?^-l \ } / / \i( 1 1 ■ a V' I \\ 1 1 # I l / ^ nX^i 1 al) II . 3T(^7 ^LJNS /A 'l'ah.III. <'(^/>AX/A /.,-.v.rcr/Ar/Ki . (k'y'M 'i h ii: / I \ MÉMOIRE SUR LES HIELLA, NOUVEAU GENRE DE CRUSTACÉS AMPHIPODES. PAR M. HERCULE STRAUS-DURCKHEIM. Ees deux ordres de Crustacés , désigné sous les noms dTso- PODES et d’ Amphipodes , sont assez peu distincts l’un de l’autre pour qu’on ne puisse leur assigner de caractère bien tranché , et il faut nécessairement en rassembler plusieurs, chacun à part n’étant pas assez important pour indiquer une différence telle entre les animaux de ces deux ordres, qu’au moins l’une des principales fonctions soit changée, ou bien l’un des ap- pariels essentiels autrement conformé. En laissant les Cja~ mus parmi les Isopodes , comme l’ont fait les zoologistes jusqu’à présent, il seroit encore plus difficile de trouver des caractères communs à tous les genres de ce même ordre; mais déjà, dans un autre ouvrage (i), nous avons proposé de séparer ces animaux des Isopodes, et de les réunir aux Di- chelestian-) aux Njmphon Pycnogonum, aux Ler- nœa, etc., pour en former un ordre à part sous le nom de Crustacés parasites. (i) Considérations générales sur V Anatomie comparée des animaux 54 MÉMOIRE contre le premier segment du tronc, avec l’intérieur du- quel elle communique par une large ouverture occipitale (fig. 4 ? De chaque côté on aperçoit une grande tache rou- geâtre, ovale (lig. 3, a, a), alongée de haut en bas, consti- tuant un oeil composé, mais dont les cristallines sont à peine visibles à la loupe. Au milieu du front est une profonde dé- pression qui s’étend jusqu’au bord inférieur de la tête, et dans laquelle sont insérées les quatre antennes; les deux su- périeures placées au milieu du front, égalent en lon- gueur à peu près la moitié de la largeur de la tête : elles sont en forme d’alène et composées de quatre articles, dont le premier très-gros, ovoïde, les deux suivaus courts en anneau, et le dernier en cône fort alongé, égalant à lui seul plus des- deux tiers de toute l’antenne. La paire inférieure ( c,Cj et fig. 6), sont placées immédiatement sous les mandi- bules, mais un peu plus en dedans; elles sont formées de trois pièces, dont l’une (a) est le corps de la mâchoire, et les deux autres des appendices terminaux dirigés obliquement en de- dans, et ciliés à leur extrémité. L’appendice interne (3) étant très-peu mobile, pourroit être considéré comme une simple continuation du corps de la mâchoire; mais l’extérieur (c), dont l’articulation est bien distincte, doit être regardé comme un véritable palpe. La seconde paire de mâchoires (fig. 4 et fig. 7), pla- cée au-dessous de la pi’emière, et un peu plus petite, est également terminée en deux branches courtes, ciliées [a fi'), mais dont l’externe (æ) est fixe, et l’interne mobile. La lèvre (fig. !\,d,e,e) est très-grande, triangulaire, et s’avance jusqu’au bout des mâchoires. Elle porte à sou ex- trémité deux petits appendices triangulaires foliacés, mobiles fi,e), représentant des palpes d’une seule pièce, comme ceux des mâchoires. Les sept premiers segmens du corps formant le tronc sont , MEMOIRE 56 comme dans tous les Isopodes et les Amphipodes , parfai- tement mobiles, et ne diffèrent entre eux que par l’étendue de leur circonférence, mais sont d’ailleurs d’égale longueur d’avant en arrière. Les arceaux supérieurs sont seuls cornés, les inférieurs entièrement membraneux et nullement distincts entre les pâtes; en dehors de celles-ci on en aperçoit seule- ment une petite partie solide (fig. 2, fixée en forme d’appendice aux deux extrémités de l’arceau supérieur, et c’est avec ces pièces que s’articulent les pâtes. Les arceaux supérieurs augmentent de grandeur depuis le premier jus- qu’au quatrième, et diminuent ensuite graduellement jus- (ju’au dernier, qui est un peu plus petit que l’antérieur, de manière que le tronc, vu en dessus, présente une forme ovale. La face ventrale du tronc étant membraneuse, est entière- ment plane et même un peu concave. Les sept paires de pâtes ambulatoires (fig. 8 — 12) sont à peu près semblables, ne diffe'rant que dans les proportions des diverses parties dont elles sont composées, ainsi que dans la disposition qu’elles affectent. Les quatre paires anté- rieures sont, comme nous l’avons déjà fait remarquer, diri- gées en avant, et les trois autres en arrière; mais celles-ci non réfléchies sur le dos comme dans les Gammarus^. Chaque pâte est composée de six articles sussessifs, dont le premier, très-grand (<2) et alongé, forme la hanche, qui se porte verticalement en dessous. Elle est fortement com- primée, et l’on aperçoit facilement au travers des tégumens les muscles moteurs du second article. Le trochanter (/5>) est une pièce fort courte et parfaitemeu|^ 5UKLESHIELLA. 5'] mobile dans ses deux articulations, comme cela est assez or- dinaire chez tous les Crustacés et les Arachnides. L’article suivant (c), qui occupe la place de la cuisse , est également court, surtout dans les deux premières paires de pâtes, mais il s’alonge davantage dans les suivantes, et de- vient même la pièce la plus grosse dans le quatrième : nous la considérons en conséquence comme l’analogue de la cuisse, quoiqu’on trouve chez les Décapodes macroures réellement deux trochanters à la suite de la hanche. Le quatrième article (t^), correspondant à la jambe, est di- rigé dans le même sens que la cuisse, mais il est un peu plus long. Dans les deux paires antérieures il forme la pièce la plus forte, tandis que dans les autres il est plus grêle et un peu plus long que la cuisse. Le tarse (e) n’est composé que d’une seule phalange, ronde, mince et alongée, légèrement courbée en dessous, et terminée par un crochet unique, peu arqué (J^). A l’origine de chaque pâte, excepté la première et la der- nière, sont fixées, à la face interne, deux grandes lames membraneuses en forme de larges feuilles très-minces, di- rigées en dessous et faisant face en dehors. Une de ces feuilles trouve son analogue dans les femelles des divers genres du même ordre, ainsi que dans celles des Isopodes. Les pâtes de la seconde, troisième, quatrième et cinquième paire ont chacune deux de ces lames qui s’étendent jusqu’au-delà de la hanche; l’externe (g) est blanchâtre et renflée à son bord postérieur; l’interne (h) grêle et mince dans toute son éten- due. A la cinquième paire (fig. ii), cette dernière feuille est très-courte, étroite à son origine, et élargie en palette à son Mém.du Muséum . t. i 8. 8 MÉMOIRE 58 extrémité; dans la sixième (fig. 12), elle n’existe pas du tout, et dans la septième, les deux lames ont également disparu, mais la pâte elle-même ne diflere en rien de celle de la paire précédente. L’abdomen (fig. 2, c,f) est comme dans tous les Amphi- podes, beaucoup plus grêle que le tronc, assez fortement comprimé et fléchi en dessous. Il est composé de sept seg- raens, diminuant de grandeur du premier au dernier; l’ar- ceau inférieur de chacun est corné et bien distinct, mais fort étroit d’avant en arrière. Chaque segment porte deux fausses pâtes branchiales (fig. i3 et i4)j formées d’une longue hanche en prisme carré (a), dirigée en dessous, et terminée par deux appendices lancéolés (/^,c) , ciliés sur leurs bords. Dans les trois paires antérieures ( fig. i3) , les hanches sont très-grosses, et moins longues que leui’S deux branches, tandis que dans les quatre postérieures (fig. î4) elles sont de plus en plus alongées, plus grêles, et leurs lames terminales proportionnellement plus courtes et non ciliées. Dans les hanches des unes et des autres on voit distinctement, au travers des tégumens, les muscles qui meu- vent les appendices. Les deux fausses pâtes de la première paire sont fort rapprochées, et les autres d’autant plus écar- tées qu elles sont plus postérieures. Le canal alimentaire (fig. i5) n’est composé que de deux parties bien distinctes, l’œsophage et l’intestin: le premier entièrement contenu dans la tête, est grêle et court, se porte verticalement en dessus, se recourbe légèrement en -arrière, et s’abouche avec l’intestin dans le trou occipital. L’intestin {b,d), qui ne fait aucune circonvolution, forme SUR LES HIELLA. 5g dans les quatre premiers segmens du tronc une très-forte di- latation déprimée qu’on peut considérer comme le gésier, mais qui d’ailleurs ne renferme aucun appareil de rumination, comme on en remarque dans beaucoup d’autres Crustacés, et se continue insensiblement avec le reste de l’in- testin, sans que rien n’indique le point où finit l’un et où commence l’autre , tandis qu’au cardia cette espèce de gésier se distingue de l’œsophage par sa dilatation subite, et c’est là aussi où s’ouvrent les canaux excréteurs du foie. L’intestin proprement dit (^c,d), qui s’étend du quatrième segment du tronc jusqu’à l’extrémité de l’abdomen, est très- gros, partout du même calibre, et se trouve formé, ainsi que le gésier, d’une membrane épaisse et musculeuse, tapissée intérieurement d’une muqueuse peu dictincte. L’anus s’ouvre à l’extrémité du dernier segment abdominal, comme cela est ordinaire chez les Crustacés. Dans le septième segment du tronc, le canal alimentaire présente de chaque côté un large ligament fibreux (e,e') qui va se fixer aux parties la- térales du même segment, et sert à maintenir l’intestin en place. Nous n’avons pu apercevoir qu’une seule espèce de glande dépendant de l’appareil digestif, qui est probablement l’ana- logue du foie Elle forme autour du cardia un petit anneau de chaque côté duquel part un long appen- dice en forme de vaisseau (j^^) , longeant la face latérale de l’intestin jusqu’au septième segment du tronc,* où il se ter- mine en cul-de-sac. Cet anneau, ainsi que -ses prolonge- meus, ont une couleur jaune d’ocre, et présentent une suite de rétrécissemens assez réguliers qui les font paroître comme MÉMOIRE 6o articulés. De chaque côté du cardia l’anneau forme un canal excréteur excessivement court, qui s’ouvre dans la partie la plus voisine de l’intestin. Quoique nous ayons eu l’occasion de voir un assez grand nombre d’individus de l’espèce dont nous donnons ici les détails anatomiques, nous n’en avons pas rencontré un seul qui ne fut chargé d’œufs ; soit que nous les ayons trouvés dans l’intérieur du corps, soit qu’ils fussent placés entre les lames membraneuses qui adhèrent aux pâtes, où ces animaux por- tent leurs œufs après la ponte jusqu’à ce qu’ils soient éclos; et nous sommes de là dans l’impossibilité de donner quelques détails sur la différence des sexes. Il n’est toutefois pas pro- bable que ces animaux soient hermaphrodites, car nous n’a- vons aperçu aucun organe qui puisse être considéré comme sécréteur du sperme. Les ovaires, dont nous n’avons pu voir que des fragmens, ont la forme d’une grappe très-complexe, remplissant toute la cavité du corps, et pénétrant jusque dans les hanches des pâtes; mais nous n’avons jamais pu apercevoir l’orifice de l’oviductus. Les œufs sont très-petits, parfaitement ronds et d’une cou- leur rouge pâle. Le système nerveux (fig. i6) est composé, comme dans tous les Crustacés à corps multiarticulé , d’un encéphale («, a, h, b) situé dans la tête, au-dessus de l’œsophage, et d’une suite de ganglions pacés le long de la face ventrale du corps, et formant la moelle épinière, de laquelle partent tous les - nerfs du corps. L’encéphale est formé de deux ganglions séparés par un fort étranglement, et dont chacun est composé de deux ren- SUR LES HIELLA. 6l flemens placés au devant l’un de l’autre {^a,h,a,b'). Des deux antérieurs naissent les nerfs optiques qui éga- lent chacun le cerveau en grosseur. Ces nerfs sont d’ailleurs très-courts, et s’élargissent bientôt pour se diviser en une infinité de petits nerfs simples {^d,d) c[ui se rendent en di- vergent vers leurs cristallines respectifs, où chacun fait les fonctions du nerf optique propre, à l’instar de ceux des yeux des insectes. Les nerfs des quatre antennes naissent au-dessous des mêmes parties du cervau. Les renflemens postérieurs de l’encéphale se prolongent en arrière en deux gros troncs nerveux (e,ej qui contour- nent l’œsophage dont ils forment le collier, et se réunissent ensuite sur la première paire de ganglions inférieurs (J^) placée immédiatement au-dessus du cardia, dans l’intérieur de la tête. Cette paire de ganglions fournit des nerfs aux deux pâtes antérieures, et, par analogie avec ce qui se remarque chez les autres animaux articulés, elle doit fournir aussi les nerfs des organes de la hanche. Immédiatement en arrière de cette première paire se trouve la seconde (^) , qui n’en est séparée que par un simple étranglement; elle produit les nerfs cruraux de la deuxième paire de pâtes. La troisième paire de ganglions, un peu plus grosse que les deux premières, est placée dans le premier segment, près de sou bord antérieur; les deux ganglions sont entièrement confondus en une seule masse, et produisent chacun deux troncs nerveux , dont l’antérieur est le nerf crural de la troi- sième paire de pâtes, et le postérieur, plus foible, se rend dans les muscles du segment correspondant. 6?. MÉMOIRE La quatrième paire de ganglions, semblable à la troisième, mais un peu plus grosse, est placée au milieu du troisième segment; la cinquième, plus forte encore que la quatrième, est située entre le quatrième et le cinquième segment. Enfin la sixième et la septième paire, graduellement plus petites, mais toujours semblables aux trois jirécédentes , sont placées au niveau du bord antérieur des sixième et septième seg- mens. Les cordons de la moelle épinière qui unissent ces diverses espèces de ganglions sont parfaitement isolés l’un de l’autre. La disposition que présente les ganglions de la moelle épi- nière dans les Hiella n’est relative à aucune des lois de rela- tion du système nerveux que nous avons indiquées dans nos Considérations générales sur V anatomie comparée des ani- maux articulés , les rapports dans lesquels se trouve le corps et la moelle épinière de ces animaux ne nous ayant pas été connus au moment où nous avons publié cet ouvrage; mais cette espèce d’exception, que semble offrir les Hiella, rentre toutefois dans le principe général duquel découlent ces lois, et se trouve prévu par exclusion dans l’énoncé de ces der- nières. La disposition de la moelle épinière cfe ces animaux semble, au premier aperçu, se rapporter à la seconde ou à la qua- trième loi, la première des deux conçue en ces termes : Lors- que le tronc est composé de segmens soit mobiles, soit immobiles , soit même soudés , mais toujours distincts dans leur région sternale , tandis que V abdomen est foiiné de segmens bien mobiles , les paires de ganglions se répètent dans chaque segment de V une et de Vautre partie , en SUR LES HIELLA. 63 suivant, pour la grosseur, la proportion des organes de la '^de animale renfermés dans chaque segment. M ais il y est dit que les pièces sternales doivent être distinctes , ce qui n’a pas lieu pour le tronc dans les liiella. La quatrième loi est ex- primée comme il suit : Dans les espèces où le ti'onc est composé de segmens entièrement réunis et confondus en un seul , sans quil soit possible d’ apercevoir aucune trace de suture qui distingue les diverses pièces sternales (alors les pâtes rayonnent autour du sternum commun), et que V abdomen est également formé de segmens entière- ment soudés , quils soient d’ailleurs encore distincts ou non, on ne trouve dans le tronc qu’une seule paire de gan- glions fournissant tous les nerfs de cette partie du corps. Cétte paire de ganglions se trouve placée au centre sur lequel rayonnent les pâtes. Dans cette dernière loi, qui concerne plus particidièrement les Arachnides, il est dit, entre parenthèses, que les pâtes rayonnent sur un sternum commun, ce qui n’est également pas chez les Hiellaj mais on verra facilement que ces animaux rentrent, relativement au tronc, dans la condition que nous avons énoncée pour l’ab- domen dans la cinquième loi, qui est de la teneur suivante : Lorsque le tronc est composé de segmens , soit mobiles , soit immobiles , soit soudés, mais distincts dans leui's par- ties sternales, tandis que ceuxformant V abdomen sont bien mobiles, les ganglions se répètent dans l’une et dans l’autre partie , avec cette différence que dans le tronc ils sont tou- jours fort gros , et chaque segment a sa paire propre , tan- dis que dans V abdomen ils sont beaucoup plus petits, sou- vent moins nombreux que les segmens , et leur situation moins constante : ces ganglions étant presque toujours placés en avant de leurs segmens respectifs. Nous aurions néces- sairement dû indiquer encore une nouvelle loi qui aurait pu comprendre le système nerveux desHiella, et conçue en ces termes : Toutes les fois que le tronc est composé de seg- mens mobiles, ou immobiles , ou soudés , non distincts dans leur partie steriiale , et sans que les pâtes rayonnent sur un même point, les ganglions de la moelle épinière s’y ré- pètent, mais ne se trowent point rigoureusement dans leurs segmens respectifs , et d’ordinaire plus en aidant. Cependant on conçoit que ce n’est point d’après un seul exemple qu’on peut établir une loi: et il faut attendre que d’autres animaux , dont le corps se trouve dans le même cas que celui des Hiella, viennent confirmer ou modifier l’énoncé de la loi que nous venons d’indiquer. Dans les quatre premiei’S segmens de l’abdomen qui sont bien mobiles, et distincts dans leurs régions sternales, on trouve une paire de ganglions, mais plus petits que celle du tronc, et dont la dernière paire fournit les nerfs des quatre segmens postérieurs, qui sont fort petits et très-mobiles, ainsi que leurs appendices: c’est-à-dire que dans cette partie du corps la moelle épinière suit également la cinquième loi que nous avons indiquée, et les ganglions des trois derniers seg- mens sont portés plus en avant et confondus avec ceux du quati’ième. Les Hiella approchant des Isopodes plus que tout autre genre d’AMPHiPoncs, nous les plaçons en tête de ce dernier ordre, immédiatement h la suite des Sphœroma, qui termi- nent ceux-là. Ces animaux ont beaucoup de rapport avec le SDK LES HIELLA. 65 .genre Thernisto, récemment décrit par M. Guérin {Mémoire de la Société d’ Histoire naturelle de Paris, tome 4)> dont ils diffèrent toutefois d’une manière notable : les Themisto n’ayant que douze segmens, dont cinq à l’abdomen, des an- tennes, dont la dernière partie est multiarticulée, et des pâtes tout- à-fait différentes; mais d’ailleurs la forme générale du corps et les organes de la bouche ressemblent beaucoup à ceux des Hiella. Ce dernier genre paroît avoir aussi beaucoup d’analogie avec un petit Crustacé que M. Latreille a figuré dans VEncjcl. méth.. Crustacés, pl. 828, fig. 17 — 19, sous le nom de Phronime...., et déjà figuré par Montagu {Trans. linn., tome xi, pl. 2, fig. 3), sous le nom de Cancer mono- culoïdes , mais qui n’a que cinq paires de pâtes au tronc, au lieu de sept. Plus tard, M. Latreille fit de ces Crustacés un « genre à part sous le nom àHjperia, dont M. Desmarest a le premier indiqué les caractères de la manière suivante, d’a- près une communication de M. Latreille lui-même : Quati^e antennes sétacées , les dix pieds , pro^mement dits, médio- crement longs, et tous terminés par un article simple et pointu; tête assez petite, ronde , plaiie au deuant , point prolongée en rostre ; corps conique, terminé par deux lames triangulaires, alongées , horizontales (Desm., Cons. gé- nérales sur la classe des Crustacés.) pag. 258). Quoique la forme générale du corps des Hyperia approche (d’après la figure de l’Encyclopédie) beaucoup de celle des Hiella, les caractères que M. Latreille lui assigne montrent suffi- samment combien ces deux genres diffèrent. Nous caractérisons le genre Hiella de la manière suivante ; Tête hémisphérique , quatre antennes courtes en alêne Mém. du Muséum, t. 18. 9 66 MÉMOIRE de quatre articles^ bouche saillante y composée d'un labre, d’une paire de mandibules , de deux paires de mâchoires et dune lèçre inférieure terminée par deux lobules, le tronc et V abdomen chacun de sept segmens mobiles^ sept paires de pâtes ambulatoires, dont quatre dirigées en a\mnt et trois en arrière^ une paire dé fausses pâtes à chaque segment abdominal. H. Orbignii mihi. Cette espèce, type du genre, a été decouverte dans l’O- céan, près de la Rochelle, par M. d’Orbigny, à qui nous la dédions. Sa longueur est de ©,oi5“ au plus; sa couleur d’un brun pâle. Ces animaux ont été trouvés dans les ovaires d’une espèce de Rhùostome.. Tojn . J (9. 1 ^urr /'Anfettr. SUR LES HIELLA. 67 EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. i. UHiella Orbignii, Ae grandeur naturelle, vue en dessus. 2. La même deux fois grossie , vue de cote, a^b La tete. a,c Le tronc. c,f L’abdomen, b La saillie que forment les organes de la bouche, d Les quatre pâtes antérieures, e Les trois postérieures, g Les fausses pâtes. i,i,i Les appendices latéraux des segmens du tronc. 3. La tête, vue de face, a, a Les yeux. 6,6 Les antennes supérieures. c,c Les inférieures, d Le labre. e,e Les mandibules. f,fLes mâchoires de la pre- mière paire, g Les appendices de la lèvre. 4. La même, vue en dessous, a Le trou occipital. 6,6 Les mandibules. c,c Les mâchoires de la première paire. Celles de la seconde, d La lèvre. e,e Ses deux appendices palpiformes, 5. La mandibule droite, vue en dessous. a,b,c Son bord incisif, d Son palpe. 6. La mâchoire droite de la première paire, vue en dessous, a Son corps. 6 et c Ses appendices. 7. La mâchoire droite de la seconde paire, vue en dessous, a et 6 Ses deux appendices. 8. La pâte de la première paire. ■ 9. Celle de la seconde paire. 10. Celle de la troisième et de la quatrième. 11. Les lames membraneuses de la cinquième, la pâte ayant la même forme que celle des deux paires précédentes. 12. La pâte de la sixième paire; celle de la septième n’en diffère que par l’absence de la lame g. Dans ces diverses figures de pâtes , a représente la hanche , 6 le tro- chanter, c la cuisse,, d la jambe , e le tarse, y le crochet , g la lame membraneuse externe, et h la lame interne. 13. La fausse pâte gauche de la première et de la seconde paire, a La hanche. 6,c Les deux appendices, d Le milieu de l’arceau inférieur. 14. La fausse pâte de la quatrième paire, a La hanche. 6 Ses appendices. dLe milieu de l’arceau inférieur. 15. L’appareil digestif vu de côté. a,b L’œsophage. 6,c Le gésier. c,d L’in- 68 MÉMOIRE SUR LES HIELLA. testin proprement dit. e,e Ligamens latéraux qui fixent l’intestin dans le- sixième segment. b,f,g Le foie. L’anneau qui entoure le. cardia. f,g Son appendice gauche. i6. Le système nerveux. a,a^b,b Les quatre renflemens du cerveau. c,c Les nerfs optiques primitifs. c?,. Paris i8o3 et 1804, et la 2'. édit., en 36 vol. , i8i6-ï8ig. (2) Nouveau Cours complet d’Agriculture théorique et pratique, ou Dictionnaire raisonné et universel d’Agriculture, par les membres de la section d’Agriculture de l’Institut de France , i3 vol. Paris, i8og. La 2'. édit. 16 vol., 1821-1823. DE M. B 0 S C. 85 « passé un livre sous les yeux, écrivoît-iî, lorsque cette édi- te tion se préparoit; je n’ai pas assisté à une séance de société; (( je n’ai pas fait un pas dans les jardins ou dans la campagne « sans prendre des notes, et ces notes sont rédigées de ma- te nière à être intercalées, en peu de jours, dans les articles te qu’elles concernent. » C’est avec la même conscience c[u’il a constamment tra- vaillé, soit à ses notes sur l’edllion d’Olivier de Serre, don- née .par la Socie'te d’Agriculture , soit aux Mémoires cju’il a insérés dans les collections de cette Société (i), dont il étoit un des membres les plus actifs, soit dans les Annales de l’Agriculture française (2), dont il partageoit la rédaction avec notre respectable confrère M. Tessier, soit enfin dans les Mémoires de l’Institut (3). Une grande partie de son temps étoit employée , et tou- jours par le même sentiment d’utilité, à ses fonctions pu- bliques, et il n’y mettoit pas seulement son temps : toute la fermeté, la roideur même de son caractère n’y étoient pas de (1) Observations sur les différences qu’il y a entre les marais proprement dits, et les terrains marécageux. Mémoire de la Société d’Agriculture de Paris, t. 17, 1814. Rapport sur une maladie des pommiers à cidre, ibid. , 1821, p. 421, et d’autres écrits cités dans les rapports généraux des travaux de cette Société. (2) T^ojez à la fin de cet Eloge les titres des Rapports divers et Extraits d’ou- vrages insérés par M. Bosc dans ses Annales. (3) Mémoire sur les difTérenlêsmspèces de chênes qui croissent en France, et sur ceux, étrangers à l’empire, qui se cultivent dans les jardins et pépinières des environs de Paris , etc. Lu le 2 juin 1806, imprimé .dans les Mémoires de l’Institut, 1". sera. 1807. Notice agronomique sur les diverses espèces des frênes qui se cultivent, en ce moment, dans les jardins et pépinières de Paris. Lu le 2y février 1808, imprimé dans le vol. de 1808. Mém. du Muséum, t. i8. 12 86 ÉLOGE HISTOnrQUE trop; car, du moment où l’on sort du cercle de la pure théo- rie, ce ne sont plus de simples erreurs qu’il faut combattre, mais des erreurs alliées à des passions. M. Bosc en fit l’expé- rience dans plus d’une occasion , et nous voyons dans ses Mé- moires qu’il se plaint avec amertune d’avoir eu, pendant quel- que temps, pour supérieur, un homme d’un caractère indéfi- nissable, qui sembloit se plaire h détruire à mesure tout ce dont il le voyoit occupé avec intérêt. Ailleurs, du moins, et soutenu par un ministre éclairé, il obtint le pouvoir de faire quelque bien. Chacun a pu voir la belle collection qu’il avoit fonnée, près du Luxembourg, de nos principales variétés de vignes. Le royaume en produit plus de i,4oo. Les comparer, fixer leurs caractères, constater pour chacune d’elles les conditions de leur prospérité ; pro- pager alors de préférence les plus avantageuses, relativement à chaque sol, à chaque exposition, à chaque latitude, seroitun travail de la plus haute importance, et dont les conséquences pourroient être immenses pour notre richesse territoriale : M. Bosc l’avoit entrepris. Déjà, en trois années, il avoit décrit ou fait représenter plus de 4oo de ces variétés; mais il lui aurait fallu dix ans, et en France il est bien rare eju’un projet qui n’est c[u’ utile trouve dix ans de suite de l’appui dans l’administration supérieure. Il faudroit c]ue le chef fût aussi instruit que son subordonné, ou cju’il eût la modestie de ne pas vouloir mettre du sien dans la direction ; et lorsqu’il pos- sède l’une ou l’autre de ces cjualités. déjà si rares, ii faudroit qu’il restât dix ans en place: chacun voit bien que la réunion de ces conditions est la chose imposible. •C’est dans les voyages qu’il foisoit pour compléter son tra.- vail que M. Bosc a pris le germe de la maladie qui a abrégé' T)E m. EOSC. 87 ses jours; il les faisoit toujours à pied comme dans sa jeunesse; surpris en 1824, dans le département du Var, par un violent orage, il fut saisi d’une fièvre qui, mal soignée, se convertit en affections chroniques, dont la mort seule devoit le délivrer. Cette triste perspective, sur laquelle il perdit promptement toute illusion, l’affligeoit d’autant plus, que le désintéressement le plus constant ne lui avoit rien laissé faire pour l’avenir de sa famille. Une occasion cependant se présenta d’ajouter quel- que chose à son aisance pendant les années qu’il cspéroil en- core pouvoir travailler pour elle. Ce fut la vacance de la chaire d’horticulture au Jardin-du-Roi, lors du décès de notre con- frère M. Thouin. Aucun titre assurément ne mancjuoit à M. Bosc pour y prétendre , et toutefois il n’obtint pas la plu- ralité des suffrages des corps qui av oient droit d’y présenter : non qu’il n’y fût généralement aimé et respecté; non qu’on ne lui reconnût au plus haut degré toutes les lumières et l’ex- périence nécessaires, mais parce qu’à sou âge et avec des souf- frances qui déjà étoient devenues très-vives, on n’en espéroit plus l’activité qu’exigeoit plus que jamais un établissement aussi vaste, et depuis trop long-temps conduit par un vieillard. L’autorité cependant l’y nomma, par un procédé dont il n’y a eu qu’un autre exemple, et qui dut paroître alors d’autant extraordinaire, que l’on n’apercevoit pas comment M. Bosc s’étoit attiré une telle faveur. Aussi n’eu étoit-ce pas une. L’é- loignement pour son concurrent l’avoit servi plus que son mérite; et à peine avoit-il pris possession de son nouvel em- ploi, que l’on s’empressa, en supprimant les pépinières, de lui apprendre que ce n’étoit ni pour l’enrichir, ni pour lui plaire, que l’on s’étoit écarté de tous les usages. Trompé ainsi dans un espoir si légitime, le chagrin qu’il en conçut donna 88 ÉLOGE HISTORIQUE plus d’activité au mal qui le rongeoit : les douleurs lus plus vives l’accublèrent souvent, et, malgré toute son ardeur à remplir ses devoirs, il ne put l’aire les cours publics dont il étoit chargé. L’administration du Jardin occupa seule tous les momens que ses maux lui laissèrent, et du moins, en cette partie, il lit de grands efforts et obtint de vrais succès. Ses souffrances, devenues intolérables, l’enlevèrent enfin le I O juillet 1828, à l’àge de soixante-neuf ans. Sans les chagrins et les accidens qui se combinèrent pour détruire sa santé, il auroit pu long-temps encore se rendre utile aux sciences et à son pays. La nature l’avoit créé vigou- reux 5 une stature robuste, une figure noble et calme annbn- çoient à la fois la force du corps et la pureté de l’ame. Etranger aux intrigues du monde, on pourroit dire qu’il l’a été quel- quefois aux ménagemens c[ue la société réclame j mais tou- jours aussi il a été plus sévère encore pour lui-même que pour les autres. Sa jirobité inflexible, son dévouement entier à ses amis, un désintéressement poussé jusqu’à l’exagération, et qui, après tant de travaux et tant d’occasions légitimes d’améliorer sa fortune, ne laisse à sa famille d’autre ressource que la justice du gouvernement, ne marqueront pas moins sa place parmi les hommes que leur caractère désigne au res- pect de la postérité c|ue parmi ceux que leurs services dési- gnent à sa reconnoissance.. M. Bosc avoit épousé en 1800 mademoiselle Susanne Bosc, sa cousine. 11 laisse deux fils, dont un officier de marine, et l’autre docteur en médecine, et trois filles, mesdames Pilâtre et Soubeiran, et mademoiselle Clémentine Bosc. Sa place à l’Académie a été remplie par M. Flourens, et sa chaire au Jardin du Roi, par M. de Mirbel. DE M. B ose. 89 LISTE .'A’ DES AKTIGLES INSÈRES PAR M. BOSC DANS LES ANNALES DE l’agriculture FRANÇAISE. -I ' 1807. Rapport sur le Mémoire de RI. Fébiirier , relatif à la culture de l’ané- mone. (Fait à rinslitut, le 22 juin 1807.) (T. 3o, p. 346'.') i8io. ' Rapport' sur l’Essai relatif aux abeilles , par M. Féburier. (Institut 22 jan- vier 1810 ) (T. 42, p. 3o.) 1810. Rapport sur un Rléinoire de M. Deslandes : Observations sur les sols et terres de bruyères. (Soc.. d’Agricult. , ig sept. 1810.) (T. 43, p. 348.) 1812. Rapport sur la dessiccation des châtaignes. (T. 5i, p. 257.) 1821. Rapport au èonscil d’Agriculture sur l’éducation des oiseaux. (T. i5, p. 329.) 1823. Rapport à la Soc. d’Agriculture (le 20 août 1828), sur une presse propre à retirer le miel des gâteaux de cire. (T. 24, p. 129.) 1824. Rapport fait à l’Académie des Sciences (en 1S24), sur une Notice de M. Dejean , relative à la conservation des blés dans des vaisseaux her- métiquement fermés. (In-8“.) (T. 26, p. 262.) 1824. Rappoitfaità la Soc. centrale d’Agricult. (1 824), sur l’emploi du muriate de chaux et du chlorure de chaux en agriculture. (T. 26, p. 827.) 1806. Notice sur la vie et les travaux de J. M. Gels. (Lue à la Soc. d’Agricult. du dépt. de Seiue-et-Oise, le 22 juin i8c6.) (T. 27, p. 356.) 1806. Notice sur le traité des arbres et arbustes qu’on cultive en France en pleine- terre, par Duhamel.) (Lue à l’Institut, le 26 janvier 1807.) (T. 28, p. 388.) 1807. Note sur le sucre du rosage ponliqiie (rhododendron ponticum). (Lue à l’Institut, ) (T. 3o, p. 418.) J807. Mémoire sur l’utilité des clôtures en. général, et sur celle des haies vives en particulier. (Lu à la société d'Agricull. de "Versailles , en 1807.) (T. 3i, p. 2.4.') 1807. Exposition faite à la Soc. centrale d’Agricult. de la Seine, du plan de tra- vail adopté pour étudier et classer les diverses variétés de vignes culti- vées dans les pépinières du Luxembourg..(T. 32, p. 100.) 1808. Mémoire .sur les ditlérentes espèces de chênes, etc. (Lu en extrait à l’Ins- titut, le 2 juin i8o6.) (T. 33, p. i83.) go ÉLOGE HIS^TORIQUE T 808. Note sur le Kermès, et instruction sur sa récolte. (Avec MM. Olivier et Tessier.) (T. 34, p. aSi.) i8o8. Consicléralions sur le plant, _et sur leî_principes qui doivent guider ceux qui l’arrachent et le replantent. (T. 35, p. i3o.) j8o8. N Ext. du Mémoire de M. Pajet Descharmes, snr la culture de la betterave ' à sucre. (T. 63, p. 102.) 1815. Ext. d’un Mémoire sur les fonds ruraux du dépt. de l’Escaut , par M. de Lichtervelde. (i vol. in-8“.) (T. 64, p. 214.) 1816. Ext. de V Essai sur l’amélioration des- principaux animaux domestiques du dépt. de la Charente-Inférieure’, -par M.. Cliambert. ( i vol. in-8°.) (ï. 6g,p. 57.) 1817. Extrait de la Topographie de tous les 'éignobles connus , parM.-A. Jul- lien. (In-8“.)(T. 70, p. 3i.) Analyse do la partie agricole du Journal des maires et des habitons des campagnes. 1816. (T. 65, p. 1 12 et 2o5 ; t. 66, p. 1 16; t. 68, p. 266 et 387.) ■ l . 1818. Ext. de l’ouvrage de M. L. Reynier -. De l’Economie publique et rurale des Celtes, des Germains, et autres peuples du Nord et du centre de l’Europe. (111-8°.) (T. 2 , p. 38o.) 1818. Ext. de la Description du dépt. de la Vendée, et considérations sur la guerre civile de 1798 à 1797 , par M. Cavaleau. (In-8°., 1818.) (T. 3, p. 64.) 92 i8i9- ÉLOGE HISTORIQ'UE DE M. BOSC. Ext. de l’cuvrage de M. Trouvé: Stalisiique du dëpt. de l’Aude. (In-S”.) (T. 6, p. 384.) 1821. Ext. du Rapport des travaux de la Soc. d’Agricult. , d’Hist. naturelle , et arts utiles de Lyon , en 1S20 , par M.'Grognier. (In-8“.) (T. 12, p. iia et 2i8.) 1822. Ext. des Principes sur la culture de la vigne en cordons, sur la conduite des treilles , et la manière de faire le vin ( Anonyme )i (In-8°.) (T. lo, p. 118.) 1822. Ext. de l’ouvrage de M. d’Harcourt : Réflexion sur l’état agricole et com- mercial des provinces centrales de France. ( In-8°.) (T. ig , p. 260.) 1822. Ext. de l’ouvrage intitulé : De la disette et delà surabondance en France, et avec un Mémoire sur les réserves à domicile, par M. Laboulinière. (Iu-8'>.) (T. 19, p. 388.; 1823. Ext. de l’ouvrage de M. Çhaptal : De la chimie appliquée à V agriculture. (2 vol. in-8“.) (T. 33, p. 299.) 1824. Ext. de l’ouvrage intitulé : Nouveau IraitFsur là laine et sur. les moutons , par MM. Perrault de Jalcmps, Fabry et F. Girod de l’Ain. (In-8".) (T. 26 , p. 345.) 1824. Ext. de l’ouvrage de M. Guyetaut ( couronné par la Soc. d’Emulation du Jura): Essai sur l'état actuel de V agriculture dans le Jura. (14 juin 1822, in-8'’.) (T. 26, p. 362.) 1826. Ext. de l’ouvrage de M. Delamarre , intitulé : Traité pratique dé la culture des pins à grandes dimensions , de leur aménagement , de leur exploi- tation, et des divers emplois de leurs bois. (In-8“.) (T. 33, p. 238.) 1827. Ext. de l’ouvrage de M. Puvis , ayant pour Rire : Essai sur la marne (In-8°.)(T. 35, p. III.) 1828. Ext. du Mémoire de M. Gasparin (lu à la Soc. cent. d’Agricult. de Paris , le 2 nov. 182,5) : Des effets du climat sur les assolemens , considérés dans la région des oliviers. (In-8'’.) ( T. 38 , p. 97.) 1828. Ext. du Mémoire de M. Théodore de Saussure (communiqué à la Soc. d’Hist. nat. de Genève, le 17 mars 1825 ) : De l’influence du dessèche- ment sur la germination de plusieurs graines alimentaires. ( In-8®.) (T. 38, p. 108.) 1828. Ext. du Cours de culture et de naturalision des végétaux, par A. Thouin publié par son neveu Oscar Leclerc. ( 3 vol. In-8®., 1827). (T. 38, p. 379.) RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL (HÉRAULT), Par MM. Marcel de SERRES, DUBRUEIL , Professeurs, et B. JEAN- JEAN, Docteur-Me'decin , Pre'parateur de Zoologie à la Faculté' de Montpellier. ( DEUXIÈME AR TI CLE. ) CHAPITRE XIV. Du rapport qui existe entre les limons à ossemens des cacernes et les brèches osseuses. Nous avons déjà fait observer que les antiques' alluvions avoient entraîné dans les grandes cavités des calcaires secon- daires et tertiaires les limons qui les obstruent , et nous ajou- terons que ces alluvions ont produit les mêmes effets dans les fentes verticales où se sont formées ces brèches osseuses. Les fentes longitudinales, ou les cavernes dont les cavités sui- vent la direction des couches, comme les fentes verticales qui coupent, sous divers angles, ces couches, paroissent avoir été comblées par des phénomènes analogues, c^est-à-dire , Mém. du Muséum, t. i8. i3 94 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS EOSSILÉS par des courans extérieurs qui y ont entraîné les limons, ou tout au moins la plus grande partie des ossemens qui leur sont mêlés. Les fentes de nos terrains secondaires et tertiaires ont donc probablement été obstruées par des phénomènes de remplissage, qui ont produit des effets tellement analogues, qu’ils semblent avoir dépendu d’une seule et même cause. Cette analogie est sensible , soit que l’on en observe les effets relativement aux espèces d’animaux réunis par ces an- tiques alluvions, soit à la nature des limons qui les ont saisis. Mais pour mieux faire sentir le rapport qui existe entre les limons à osseihens des cavernes et les brèches osseuses, in- diquons les différentes espèces de mammifères terrestres, re- connus au milieu des brèches et des cavernes en général, afin de s’assurer s’il y a quelque identité entre ces deux an- tiques populations. Pour mettre de l’ordre dans cet examen, nous passerons d’abord en revue les espèces fossiles recon- nues dans les brèches osseuses et les cavernes situées hors du territoire de la France, et nous étudierons ensuite celles de la France elle-même. § I. Brèches osseuses situées hors du territoire de la B' rance. Les brèches osseuses de la Dalmatie , ainsi que celles du cap de Palinure, dans le royaume de Naples et de l’île de Gerigo, offrent à peu près les mêmes espèces d’herbivores; ce sont partout des cerfs et des chevaux , dont on retrouve également des représentans dans nos cavernes. Les brèches osseuses de Sardaigne ont de plus un genre DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. q5 de rongeur particulier, les lagomys^ les espèces en sont plus grandes que le lagomys ogotonna , mais un peu moindres que le lagomys alpinus et celui de Corse. On y observe de plus des rongeurs du genre des campagnols et des lapins d’un tiers plus petits que les nôtres. Avec ces herbivores, l’on dé- couvre une espèce de carnassier insectivore du genre des mu- saraignes. Les brèches de Sicile et du Véronais présentent également des cerfs, des bœufs, dont une espèce est peut- être analogue à l’aurochs, des chevaux, et enfin des débris de carnassiers du genre chien qui annoncent que ces brèches ont réuni des animaux d’habitudes et de mœurs très-dispa- rates. Les brèches osseuses d’üllivetto , près de Pise , en sont encore une preuve, puisque avec les rongeurs et les cerfs que l’on y découvre (dont certaines espèces se rapprochent des cerfs de l’archipel des Indes) , l’on voit des carnassiers de la taille de nos ours et de nos lions. Il n’est pas moins remar- quable d’y rencontrer le cyclostoma elegans^ dont on re- trouve de si nombreux débris dans les terrains à ossemens des cavernes, et en particulier dans celles de Lunel-Vieil. Les mêmes espèces se remontrent dans les brèches osseuses de Nice; en effet, les cerfs, les bœufs, les chevaux, les ron- geurs du genre des lapins et des rats, y sont en grand nombre, confondus et mêlés avec des débris de carnassiers de grands felis^ et d’autres espèces assez rapprochées de nos panthères. Il paroîtqueTon y a également observé, depuis peu, d’autres genres de carnassiers, des ours, des hyènes, et avec eux des pachydermes, tels que des sangliers et des rhinocéros, dont les débris existent à la fois dans les cavernes de la France et de l’Angleterre. Les brèches de Nice ont encore présenté dif- férens vestiges de tortues de terre, plus rapprochés du ser- 9^ RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES tudo radiata de la Nouvelle-Hollande que de toute autre espèce; avec ces débris sont confondues de nombreuses co- quilles de terre, parmi lesquelles, on peut signaler le cyclos- toma elegans et les hélix algira, lapicida, vermicidata , nemoralis, nitida, cristallina , espèces d’autant plus remar- quables, que, quoique mêlées à des débris des mammifères qui n’appartiennent plus à nos régions, elles n’en sont pas moins semblables à nos espèces actuelles. Si les caractères zoologiques ont une grande importance pour réunir ou dis- tinguer les formations, la similitude qui existe entre les co- quilles de terre ensevelies dans les limons des cavernes à os- seinens, et celles qui ont été saisies par le ciment des brèches , annonce ce semble de grands rapports entre des formations qui ont les mêmes espèces pour caractéristiques. Mais n’en- ticipons pas sur les résultats auxquels nous conduiront les observations que l’un de nous a eu l’occasion do faire sur les brèches osseuses du midi de la France. Ce sont encore des ruminaus du genre des cerfs, des bœufs et des moutons de petite taille, que nous présentent les brè- ches osseuses de Concud, près de Téruel en Arragon, et avec des solij)èdes dont les espèces se rapprochent assez de nos ânes. Les ruminaus du genre cerf abondent également dans les brèches de Gibraltar; avec eux, l’on retrouve les lago- mys qui existent dans les brèches de Sardaigne et de la Corse, des rongeurs du genre lapin et des coquilles terrestres. Ainsi partout la population antédiluvienne des brèches situées hors du territoire de la France, se compose principalement des rurainans et des rongeurs, auxquels s’ajoutent parfois de grands carnassiers 'et des pachydermes que l’on retrouve dans les cavernes à ossemens. DES CAVERNES DE LUNEE- VIEIL. 97 § II. Brèches osseuses situées en France. Lors de la publication de l’ouvrage de M. Cuvier, l’on ne connoissoit guère en France d’autres brèches osseuses que celles de Sète et d’Antibes; comme ces brèches osseuses, ainsi que celles que nous venons d’indiquer, se montroient toutes dans des rochers calcaires isolés et avancés sur les côtes de la Méditerranée, l’on avoit cm que cette position étoit générale pour cet ordre de formation. Cependant quel que soit l’éloignement de la Méditerranée que présentent les rochers calcaires rapprochés des terrains tertiaires où des fentes se sont opérées , ces fentes se montrent remplies par le même ciment, lequel réunit à peu près les mêmes espèces de mammifères. L’on ayipit égalèment regardé la couleur rou- geâtre de ce ciment . comme une nuance caractéristique des brèches, tandis que cette couleur, purement accidentelle,, varie non-seulement de localité à localitOj. mais, encore dans la même localité; La formation des ; brèches osseusesi u est donc point liée, d’une manière esséutielle, ùlenr rapproche-, ment du bassin actuel de la Méditerranée, pps plus que lauh couleur, souvent rougeâtre, ne ])eiit S6rv,ir à les caractérisér; Les brèches , osseuses d’Antibes, comme celles c]uë no,us avons déjà indiquées, recèlent princi])alement des débris de ruminans et de solipèdes du genre des cerfs set des :cKe- vaux. Avec ces ruminansi, .l’op déqouvre! aussi, .des. ro.ngeurs l.' . ^ de la tmlle de nos lapins : les .unsi et les .autres sont réduits à , des débris épars et confoiidns la pàite-de la brèche. g8 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES Des fragmens d’albâtre et de dolomite compacte grise se montrent saisis par le ciment de la brèche, preuve que leurs dépôts avoient précédé celui de la roche où ils se présentent. Les brèches osseuses d’Aix en Provence, qui remplissent les fentes du second calcaire tertiaire, ou calcaire moellon, au rocher du Dragon, nous sont à peine connues; cependant nous y avons reconnu des débris de chevaux de moyenne taille, de ruminans et de pachydermes du genre rhinocéros. Les brèches de Saint-Hyppolite et d’Anduze (Gard ) , quoi- que enclavées dans les fentes du calcaire jurassique, offrent également des rhinocéros que nous avons déjà signalés dans plusieurs formations de ce genre, même dans celles qui exis- tent dans les fentes du calcaire moellon. Mais faute d’obser- vations, nous ignorons quels sont les autres genres qui ac- compagnent ces grands pachydermes. Quant aux brèches osseuses de Vendnmian, près de Gignac (Hérault) , jusqu’à présent peu observées, elles n’ont offert que des débris de rongeurs du genre de nos lapins. Les brèches de Sète, que nous avons pu étudier avec plus de soin, nous ont offert une population plus étendue, mais toujours caractérisée par les ruminans et les rongeurs. Ces derniers y sont plus en excès que partout ailleurs, du moins relativement au nombre de leurs individus, qui souvent est si considérable, c[ue les brèches en paroissent comme pétries. Ces rongeurs y sont représentés par cinq ou six espèces, sa- voir ; trois espèces du genre lapin, l’une de la taille de nos lièvreiS.ÿ l’autre de la forme et de la taille de nos lapins, et la troisième d’un tiers plus petite que notre espèce ordi- naire : avec ces rongeurs, l’on en découvre de semblables DES CAVEn^'ES DE LUNEE- VIEIL. 99 au campagnol et à d’autres espèces de rats. Ces rongeurs sont accompagnés par des ruminans, principalement du genre cerf et peut-être du genre mouton. Des chevaux sont con- fondus avec eux, ainsi que des débris de palœotherium, dont les espèces se rapprochent du Ttiedium. L’apparition de ce genre inconnu au milieu des brèches osseuses prouve que les palœothei'ium ne sont pas tous contemporains du dépôt des gypses tertiaires, et que leurs espèces se sont perpétuées sur la terre postérieurement à ce dépôt, puisqu’elles se retrou- vent encore dans l’étage le plus supérieur des terrains marins supérieurs; ce qui annonce, avec d’autres faits que l’un de nous a développés ailleurs, que les mammifères terrestres ont péri plus tard dans le midi que dans le nord de la France. Les brèches de Sète, comme les terrains à ossemens de nos cavernes, nous ont présenté des oiseaux et des reptiles. Les tortues de terre existent dans les deux formations ; mais celles de Sètê ont de plus des serpens de la taille de la couleuvre commune. Quant aux oiseaux, ils ne se rapportent pas aux mêmes genres. La famille des passereaux est représentée à Sète par des oiseaux de la dimension de nos bergeronettes, et celles des gallinacéespar des espèces de la taille de nos pi- geons , et enfin les palmipèdes par des espèces assez rappro- chées des goënlands (larus). Des coquilles terrestres accom- pagnent ces débris d’animaux vertébrés, soit des hélix, soit des pupa, soit enfin le bulimus decollatus , espèce si com- mune dans les limons à ossemens de nos cavernes. Nous pourrions également citer les fentes des seconds cal- caires marins tertiaires de Baillargues et de Vendargues (Hé- rault), que l’on voit remplies par des limons rougeâtres, et 100 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES OÙ l’on observe quelques débris osseux. Nous l’aurions fait si l’on ne pouvoit se former quelques doutes sur leurybjw- Uté; peut-être ne sont-ils que des restes d’animaux de notre époque que les alluvionsy ont entraînés : ces ossemens indi- quent la manière dont les brèches osseuses se sont formées. Si les ossemens que l’on observe dans les fentes étroites des cal- caires marins de Baillargues et de Vendargues sont réellement fossiles, et si les limons rougeâtres au milieu desquels ils se trouvent s’étoient solidifiés , nous aurions encore là de véri- tables brèches osseuses; ou si, au lieu d’être vertical, le sens de leur plus grande étendue eût été horizontal, elles re- présenteroient des cavernes à ossemens. Du reste, les fentes de nos rochers calcaires, soit secondaires, soit tertiaires, qui n’ont pas été remplies par des brèches osseuses, se comblent en partie, de nos jours, par des alluvions plus ou moins abon- dantes, lesquelles alluvions, comme celles qui ont précédé l’ordre des choses actuel, entraînent des débris osseux avec les limons et les galets quelles enlèvent au sol qu’elles par- courent. Ainsi, puisque des effets semblables à ceux que nous présentent les formations à ossemens des brèches et des ca- vernes se produisent par les alluvions actuelles, les alluvions anciennes, dont l’action étoit plus puissante encore, ont bien pu accumuler dans les bas-fonds, et surtout dans les cavités, cette antique population, dont les vestiges sont pour nous un si grand sujet d’étonnementi\ Après les brèches de Sète , nous mentionnerons les forma- tions d’eau douce graveleuse de>Pézenas (Hérault), qui, quoi- qu’appartenànt à des formationsf totalement différentes, n’en montrent pas moins des espèces de mammifères analogues DES CAVER^’ES DE LUNEL-VIEIL. lOI à celles que recèlent les brèches osseuses empâtées, dont la date paroît plus récente. Ces terrains d’eau douce graveleux ont saisi non-seulement un grand nombre de débris de mam- mifères terrestres, mais encore des fragmens de roches volca- niques, étant entourés de formations de ce genre, fort dévelop- pées à peu de distance du vallon de Riége, où ils sont situés. Ces brèches recèlent donc toujours, comme celles que nous avons déjà indiquées, des ruminans et principalement des cerfs. Avec une espèce assez rapprochée du cerf ordi- naire, l’on y découvre des débris du cerf à bois gigantesques, et diverses espèces d’élans. Les chevaux y ont aussi des re- présentans, ainsi que les pachydei’mes des genres éléphant et hippopotame. C’est du milieu des couches d’eau douce que l’on découvre de nombreux débris de Yelephas meridio- nalis de M. Nesti. Enfin, à une grande distance de la Méditerranée, à Ville- franche (Aveyron), qui en est séparée par environ vingt my- riamètres, l’on découvre, dans les fentes du calcaire juras- sique, des brèches osseuses empâtées, et avec elles toujours des ruminans du genre cerf. Des recherches fort superficielles nous y ont déjà fait reconnaître plusieurs espèces de ce genre, et avec ces débris de mammifères des hélix nemoralis con- servant encore leurs couleurs. Les ruminans caractérisent également les brèches osseuses de Villefranche (Haute-Garonne), quoique celles-ci remplis- sent les fentes du calcaire moellon. Ce sont toujours des cerfs et avec eux des moutons, ainsi que des rongeurs du genre lapin. Mais ces brèches, comme celles de Sète, recèlent un genre de pachyderme inconnu dans la nature vivante : genre Blem. du Muséinn. t. i8. i/j. 102 BECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES nomiîié chæropotame par M. Cuvier (i), et qui est peu éloigné de nos sangliers, si ce n’est par la forme de ses canines. C’est le second exemple que nous fournissent les brèches osseuses de genres totalement perdus. Avec ces mammifères terres- tres, l’on observe des coquilles terrestres et fluviatiles, parmi lesquelles il en existe de bien particulières, et entre autres des bulimes à bouche à gauche, comme le cochlogena in- ternipta de M. Daudebard, mais dont la longueur n’est pas moindre de cent cinq millimètres. Ces bulimes sont accom- pagnés de différentes espèces à’helix. Ces brèches méritent d’autant plus d’être signalées que, comme celles que nous venons d’indiquer, elles se trouvent à environ quinze ou seize myriamètres de la Méditerranée, et par consécjuent tout-à-fait dans l’intérieur des ténues. Les brèches de Perpignan (Pyrénées orientales), qui, comme les précédentes, se sont logées dans les fentes du calcaire .moellon, sont également fort remarquables. Les ruminans y dominent, soit le cerf à bois gigantesques, soit une espèce de fort petite taille , soit un ruminant assez semblable à nos moutons. Des rongeurs les accompagnent, et le genre castor y a des représentans, comme il en a dans nos cavernes. Il en est de même des carnassiers, qni y sont signalés par un ours assez rapproché de l’ours noir d’Europe, mais qui en diffère essentiellement par le grand aplatissement de son front. Ce caractère nous a porté à considérer cette esjDèce fossile comme nouvelle, et h lui donner le nom à'io^sus metopoleainiis. Les oiseaux ont également laissé de leurs débris dans les (i) Voyez Recherches sur les ossemens fossiles, t. 3, p. 36o. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. io3 brèches de Perpignan; chose remarquable, les genres que l’on y observe appartiennent à la famille des gallinacées et à des espèces de la taille du grand coq doré. Ainsi, les galli- nacéesne sont pas aussi rares, parmi les oiseaux fossiles, qu’oh l’avoit supposé, puisque nous en avons démontré l’existence dans deux de nos localités, Sète et Perpignan. 11 résulte donc des faits précédens, r». que la population antédiluvienne des brèches osseuses empâtées se composé principalement de ru- minans et de rongeurs ; les prerriiers y sont les plus générale- ment répandus, tandis que les seconds, lorsqu’ils existent, s’y montrent en nombre considérable sous le rapport de leurs individus. 20. Qu’ après les ruminans et les rongeurs, les solipèdes et les pachydermes y sont le plus généralement disséminés, surtout le genre rhinocéros, qui signale également les terrains à ossemens des cavernes, et dont une espèce est si abon- dante dans les terrains marins supérieurs. 3o. Que les carnassiers, loin d’être étrangers à la popula- tion des brèches, même ceux de la plus grande taille, la ca- ractérisent également, puisque des hyènes, des lions, des panthères et des ours se montrent dans certaines de ces brè- ches osseuses. 4°. Que les oiseaux et les reptiles, quoique moins com- muns au milieu des brèches que les mammifères terrestres qu’ils accompagnent, semblent cèpêndant en caractériser la population , comme ils le font pour celle des cavernes à osse- raens; qu’il est même remarquable que les mêmes familles de ces deux ordres d’animaux existent dans ces différentes formations. I04 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 5». Que partout l’on ne découvre, dans le ciment ou la pâte des brèches osseuses que des coquilles terrestres et flu- viatiles, principalement les cyclostoma elegans et le hulunus decollaius , si abondans au milieu des limons à ossemens de nos cavernes. 6°. Que la population des brèches se compose, i°. d’ani- maux dont les analogues ne vivent plus aujourd’hui que dans les régions les plus chaudes de la terre; i°. d’autres dont les espèces vivent encore dans les régions tempérées; 3°. enfin, d’un très-petit nombre des régions glacées du nord, tels que les lagomys ou lièvres sans cjueue. 7®. Que les genres ou les espèces perdus, ensevelis au mi- lieu de nos brèches, se rapportent presque uniquement à des genres dont les analogues ne vivent plus aujourd’hui que dans les latitudes les plus chaudes, ou à des espèces qui ont les mêmes genres d’habitation. Mais pour se faire une idée aussi générale que possible de l’ensemble de la population qui a été ensevelie dans les fentes verticales ou longitudinales des teri’ains tertiaires et secon- daires, il est nécessaire d’indiquer, d’une manière sommaire, les différentes espèces fossiles découvertes dans les cavernes de l’Europe. CHAPITRE Xy. Aperçu gene'ral sur les cwemes à ossemens. L’existence des cavernes à ossemens, cjui constitue un des phénomènes naturels les plus curieux et les plus intéressans pour la science, semble se multiplier tellement depuis que DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 1 o5 l’attention des géologues est fixée sur ce genre de phéno- mènes, que l’on ne sauroit trop multiplier les observations propres à éclaircir l’histoire de leur formation. Parmi ce grand nombre de cavernes à ossemens, celles de la Hongrie et de la Westphalie, connues depuis une époque déjà assez reculée, sont d’autant plus remarquables, qu’elles semblent liées les unes aux autres, les montagnes où elles se trouvent ayant une certaine continuité. Les diverses chaînes où elles existent n’offrent entre elles que de légers intervalles, à l’exception cependant de celles de la Westphalie, qui ne tiennent pas aux autres d’une manière aussi évidente. Les ca- vernes à ossemens de la Carniole semblent en dehors de ce premier système, à en juger par leur position, quoiqu’il soit possible qu’elles en dépendent par des intermédiaires qui ne nous sont pas connus. Quoi qu’il en soit, ces cavernes, ouvertes dans le calcaire secondaire, appartiennent, du moins pour les roches où elles se trouvent, au même système de formation. Elles renfer- ment à peu près toutes les mêmes espèces de mammifères terrestres. ^ On peut de même y signaler les herbivores que l’on voit dans les nôtres, c’est-à-dire des cerfs, des bœufs, des che- vaux et des sangliers, avec quelques débris d’éléphans. Ces cavernes diffèrent plus des nôtres, sous le rapport des car- nassiers qu’elles recèlent, que sous celui de leurs espèces d’herbivores. Les ours y sont singulièrement en excès sur les autres carnassiers; tandis que dans les nôtres, le genre hyène domine essentiellement. Aussi les cavernes de l’Allemagne recèlent-elles jusqu’à trois espèces de grands ours, le spe- Io6 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES lœus, Yarctoideus et le priscus elle, l’on observe des ours fort rapprochés du glouton. Deux espèces de grands felis, le spelœa et Yantiqua, se montrent avec ces ours; elles sont accompagnées d’autres carnassiers peu éloignés du loup ou du chien de berger, du renard et du putois. La plupart de ces espèces fossiles sont h peu près généra- lement répandues dans les cavernes de l’Allemagne, sur un espace de plus de deux cents lieues. 11 en est de même dans les cavernes de la Carniole, quoique leur position plus rap- prochée du littoral de la Méditerranée semble les éloigner de la chaîne où l’on observe les cavernes de la Hongrie, de l’Al- lemagne et de la Westphalie. Partout les os fossiles se mon- trent, comme ceux des brèches, dans leur vraie nature ani- male; partout encore ils sont accompagnés de fragraens d’un marbre bleuâtre, semblables à ceux que l’on observe dans les brèches osseuses des côtes de la Méditerranée, telles que celles de la Dalmatie, de Kice, d’Antibes, 4e Sète et de Gi- braltar. Les mêmes espèces se remontrent également, et à peu près avec les mêmes circonstances, dans les nombreuses cavernes de l’Angleterre. Ce sont toujours des herbivores, principale- ment des cerfs, des bœufs et des chevaux, associés et con- fondus dans le même limon avec des débris de carnassiers. Ceux-ci y sont principalement représentés par des hyènes, tandis que les ours, contrairement à ce que l’on observe dans les cavernes de l’Allemagne, y sont assez l’ares. D’autres car- nassiers du. genre /èZw, analogues à nos tigres et à nos lions, les accompagnent, et avec eux existent des loups, des renards, comme dans les cavernes de Lunel-Vieil. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. I Les cavernes de l’Angleterre recèlent en outre de grands pachydermes, tels que des éléphans, des hippopotames et des rhinocéros. Un squelette à peu près entier, de ce dernier genre, a été découvert dans les cavernes du Derbyshyre; en sorte que, par rapport à cet individu, on ne peut douter qu’il n’ait été entraîné par une violente inondation. Des ron- geurs des genres lapin et rat composent également cette antique population, et prouve que partout les cavernes à ossemens ont été remplies par des limons analogues, qui pre'sentent, pour la plupart, la même association d’animaux. Le nombre des ossemens fossiles qui existent dans cer- taines cavernes de l’Angleterre, est également fait pour éton- ner. On a évalué que, dans la caverne de Ruhloch, leur niasse pouvoit être d’environ cinq mille pieds cubes. Cependant cette énorme masse d’ossemens ne paroît y avoir été trans- portée de loin; car la plupart de ces os, qui appartiennent au genre ours, ne semblent ni usés, ni altérés par l’action des eaux. Dans la caverne de Banwell, l’on a trouvé un si grand nombre d’ossemens de bœufs, de daims, d’élans, mêlés à des os de loups et d’ours gigantesques, que le tout formoit une masse de plus de quarante pieds d’épaisseur. Ces os, dans un état de conservation aussi parfait que ceux de nos cimetières, paroissent avoir été entraînés par des alluvions dans cette cavité, car elle n’a d’autre ouverture qu’une issue en forme de tuyau, qui, avant d’être encombrée par du sable, du limon et des fragmens de roche calcaire, communiquoit avec le sol extérieur. Pendant long-temps l’on n’a connu en France d’autres cavernes à ossemens que le trou de Fouvent, département Io8 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES de la Haute-Saône, où Ton a rencontré des hyènes avec des débris d’éléphans, de rhinocéros et de chevaux 5 mais depuis la découverte que nous avons faite des cavernes de Lunel- Vieil, l’on a reconnu que ce phénomène étoit aussi commun en France qu’en Angleterre et en Allemagne. Les plus remarquables de ces cavernes sont celles que M. Buckland a découvertes dans le département du Doubs et dans les environs de Besançon. Ces cavernes, situées à Oi- sellesnu Quiugey, sur les bords du Doubs, à cinq lieues au- dessous de Besançon , sont ouvertes dans le calcaire jurassique compacte, comme les cavernes à ossemens de laFranconie. Le limon à ossemens, mêlé de fragmens de pierres et de cail- loux roulés, y est recouvert par une couche stalagmitique assez solide (i). Ainsi, cette caverne est du même ordre qu’un grand nombre d’excavations, dont les montagnes de la Hon- grie, de l’Allemagne, et d’une partie de la France et de l’An- gleterre sont percées , et qui toutes recèlent , en plus ou moins grande abondance, des ossemens d’animaux étrangers pour la plupart à notre climat. Les ossemens y sont éparpillés dans le limon et les cailloux roulés avec la même irrégularité que dans les cavernes d’Al- lemagne , d’Angleterre et de Lunel-Vieil. Ces ossemens ont appartenu à des animaux de tous les âges; M. Buckland y a trouvé une quantité d’épi physes éloignées des os auxquels elles se rapportoient, et mêlées confusément avec du limon, des cailloux roulés et d’autres os. Ces ossemens se rapportent, à ce qu’il paroît, principale- (i) Annales des Sciences naturelles, t. lo, mars 1827, p. 3o6. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 109 ment à l’ours des cavernes (^ursus spelœus), en sorte que M. Buckland suppose qu’il en a été de la caverne d’Oiselles comme de celles de Muggendorf et du Hartz, c’est-à-dire cju’elle avoit été habitée par ces animaux avant l’introduction du limon et des cailloux roulés qui les ont comblées. Il observe encore qu’avec ces débris d’ours, l’on découvre une certaine quantité de petites côtes d’autres animaux, en sorte que des recherches ultérieures pourroient bien y l’aire découvrir des restes de hyènes, de loups et de tigres. D’après ces laits, l’exis- tence des côtes en grand nombre, et l’absence de toute mar- que de dents sur les plus grands os ne permettent pas de, les regarder comme des repaires d’hyènes. M. Buckland dit avoir observé des dents d’ours semblables à celles qu’il avoit trouvées en si grande abondance dans la grotte d’Oiselles, dans la collection de M. Fargeau, de Be- sançon , dents qui provenoient des mines de fer oxidé pisi- forme exploitées près de cette ville. Il rappelle également que M. Brongniart avoit déjà découvert, dans un endroit peu éloi- gné de cette localité, des os placés dans des trous et dans des ouvertures à la surface d’un roc d’un calcaire tertiaire; mais il n’a pas eu le temps de constater si le minerai de fer, con- tenant les dents d’ours, venoit d’une fente, d’une caverne, ou bien d’un de ces dépôts superficiels du diluvium ferrugineux, qui abondent sur les rocs oolitiques de cette formation. Il en conclut pourtant que, dans l’un et l’autre cas, ces dents d’ours seroient antédiluviennes, et presque contemporaines de celles de la grotte d’Oiselles ; mais ne peut-on pas en con- clure également que, puisque partout les ossemens d’ours, d’hyènes et d’autres animaux sont confondus dans le même Mém. du Muséum, t. 18. i5 I I O RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES limon, c’est par ce c[u’ils y ont été rassemblés par une même cause, qui les a plutôt réunis dans dès fentes, des trous et des ca\'ités, que partout ailleurs, jiar suite du vide quelles présentoient. Du moins, s’il y a identité entre les espèces d’ours des cavernes et celles ensevelies dans des fentes ou dans des trous étroits, il est probable que les unes et les autres ont été transportées dans les lieux où on les observe aujour- d’hui par une cause du même genre, surtout lorsqu’on est forcé de considérer ces espèces comme- contemporaines. M. Buckland rapporte une observation qui confirme plei- nement ce que nous avons dit sur l’éloignement des brèches osseuses de la Méditerranée. Cet habile géologue dit avoir observé sur le côté de la route, à une lieue nord-ouest de Champlitle, une fente entièrement remplie d’argile ferrugi- neuse, et près d’elle une masse isolée, de brèches précisément identicjues avec celles qui forment la matrice des os trouvés dans des lentes à Sète et h Gibraltar. Les fragmens de pierre contenus dans cette brèche étoient du calcaire jurassique compacte; probablement elle contient des os comme toutes celles du même genre. Ainsi, à mesure que l’on observera mieux les fentes des rochers calcaires, l’on reconnoîtra de plus en j)lus combien le phénomène des brèches osseuses et des cavernes à ossemens est général; et par suite, qu’il a été produit par des causes du même genre, c’est-à-dire par une sorte de remplissage, ainsi c[ue M. Bertrand, Geslin,Huot, et un de nous l’ont supposé. Cette opinion n’est point celle rjue M. Cuvier a adoptée, en rendant compte à l’Académie des Sciences de la découverte faite à Oiselles, par M. Buckland. Cet illustre savant observe DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. I 1 I que, sans voul&ir entrer clans aucune discussion, soit sur la formation des cavernes, soit sur la manière dont on peut se rendre compte de la présence des ossemens cju’elles renfer- ment, tout porte à croire que ces ossemens appartiennent à des animaux qui y ont vécu et y sont morts paisiblement. L’état d’intégrité des débris osseux ne permet pas, selon lui, de supposer c|u’ils y aient été entraînés , soit par des courans d’eau, soit de toute autre manière. Cesdébriss’y sontaccumulés par un long séjour, et dans la suite, ilsy ont été enfouis parle limon qu’une grande inondation y a jeté. C’est ce dont on ne peut douter, quand on considère c[ue ces os conservent en- core leurs proéminences les plus déliées, et cjue si tjuelques uns ont souffert, c’est qu’ils ont été entamés par les dents d’autres animaux semblables. Si les os plats et minces sont presque toujours fracturés dans les cavernes, c’est à cause de leur fragilité, et parce C|ue le seul poids des animaux qui marchoient ou se couchoient sur eux suffisoit pour les rompre. Il paroît pourtant, observe toujours M. Cuvier, qu’à une époque quelconque l’eau a pénétré dans la caverne d’OiselIes, et y a roulé quelcpes ossemens fossiles, qui se trouvent brisés et mêlés à des cailloux arrondis; mais cette particularité ne s’observe que vers l’entrée. A mesure qu’on avance, les os sont mieux conservés; et à quatre cents mètres de l’ouver- ture, ils se trouvent dans un état parfait d’intégrité. On n’a pas poussé les recherches plus avant, quoique la cav^erne d’Oiselles ait jusc{u’h sejît cents mètres de profondeur. L’état d’intégrité de certaines parties d’ossemens fossiles ne paroît pas cependant une preuve bien positive que ces osse* I 1 2 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES mens n’ont pas été entraînés par des courans dans les lieux où on les observe, puisqu’il faudroit en dire autant des coquilles marines des terrains d’alluvion, qui conservent leurs aspérités les plus fines, et leurs parties les plus te- nues et les plus délicates. On devroit également l’admettre relativement aux anoplotherium et aux palœotherium, dont on trouve les squelettes à peu près entiers au milieu des masses de gypse qui les enveloppent; animaux qui, d’après M. Constant Prévost, n’ont pas plus vécu dans les lieux où l’on découvre leurs ossemens, que les éléphans, les rhinocé- ros, les mastodontes, les palmiers dont nos marnes, nos sables abondent, et qui tous ont été entraînés de points plus ou moins éloignés, par des courans habituels ou par des inonda- tions subites sur le fond de mer aujourd’hui à sec. Obser- vons enfin que, tous les joürs, les fleuves entraînent, dans le bassin des mers, les cadavres des animaux qui ont vécu sur les terres sèches ou dans leur propre sein; cadavres qui secon- serveroient dans un état d’intégrité parfait, non-seulement par rapport à leur squelette, mais encore relativement à leurs chairs et à leurs tégumens, s’ils trouvoient, sur les rivages lointains où ils sont rejetés, une température assez basse pour les préserver de la putréfaction, comme cela est arrivé aux cadavres des éléphans et des rhinocéros du pôle. Tous les jours la Méditerranée rejette sur ses rivages des têtes ou d’au- tres parties du squelette d’animaux vertébrés qui, malgré le ballotage qu’ils ont éprouvé, n’en conservent pas moins leurs éminences les plus délicates, et leurs apophyses les plus dé- liées. Il en est de même des coquilles fluviatiles et terrestres des Alpes que le Rhône et la Durance entraînent dans la DES CAVEUNES DE LUNEE- VIEIL. 1.3 Méditerranée. Ces coquilles, malgré leur ténuité, ne mon- trent pas plus de traces du transport qu’elles ont éprouvé que les ossemens des animaux qui leur sont mêlés. Si ces coquilles et ces ossemens passoient à l’état fossile dans les lieux où la mer les rejette, leur intégrité pourroit bien tromjier sur la cause qui les auroit disséminées, et faire présumer qu’elles auroient vécu dans les lieux où on les observeroit. Pendant que M. Buckland découvroit des cavernes à osse- mens dans les environs de Besançon, M. Billaudel en faisoit autant dans les environs de Bordeaux. Celles-ci existent au milieu des carrières en exploitation sur les bords de la Ga- ronne, auprès de Saint-Macaire, et dans des bans de calcaire tertiaire. Elles consistent uniquement en une cavité de forme irrégulière, ayant 2 mètr. à 2,35 de longueur, environ i mètre de largeur au milieu, et seulement o,5o à son ouverture di- rigée vers l’est ou vers l’origine du bassin delà Garonne, et à l’opposé du courant de cette rivière. Cette cavité, située à vingt-cinq mètres environ au-dessus des basses eaux de la Ga- ronne, étoit, suivant M. Billaudel (i), remplie d’une terre rousse très-compacte, et d’ossemens tellement enveloppés et pressés par cette gangue terreuse, qu’on ne put vider cette petite caverne qu’en y ouvrant une fouille à coups de pioche. Les ossemens y étoient presque tous brisés 5 cependant l’on y a recueilli quelques humérus et quelques fémurs de boeufs encore entiers. Le limon terreux étoit infiltré dans les racines des dents, autour des maxillaires, et dans les cavités du crâne. Du reste, les ossemens ne paraissoient pas avoir été roulés. (i) Bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux , t. i, pag. 6o , g5, 125 et 3i^ Ïl4 nECHEHCUËS SUR LES OSSEMENS FOSSILES ai avoir été amenés de loin, à en juger du moins par leur peu d’altération. Ils conservent de la matière animale, quoiqu’ils soient fra- giles. Certaines parties de ces os ont pris cependant une plus grande dureté, comme si elles avoient été pénétrées de sues lapidiliques. M. Biilaudel ne dit pas si tous les os, c|u’il décrit comme fossiles, happoient à la langue, caractère que M. Bue- kland recommande de nouveau dans son Mémoire sur les cavernes d’Oiselles. Cet habile observateur suppose que la propriété de happer à la langue provient de la perte de la gélatine animale, lorsqu’elle n’a été remplacée par aucune matière minérale 5 mais cette propriété existe souvent dans des os fossiles en partie pétrifiésj M. Buckland en donne lui- même la preuve, en faisant observer que cette faculté existoit à un haut degré dans des dents d’ours découvertes dans des mines de fer oxidé pisiforme. Quoi qu’il en soit de la cause qui rend les os antédiluviens si happans, ce caractère est es- sentiel à noter 5 lorsqu’on le joint à ceux que nous avons déjà indiqués, il permet de décider, avec plus de certitude, si les os que l’on examine sont ou non fossiles. Ce défaut de men- tion nous fait douter que les os de taupes, décrits par M. Bil- laudel comme contemporains des autres ossemens découverts dans la caverne de Saint-Macaire, soient réellement fossiles, et de la même époque que ceux de ces derniers. Quant aux animaux fossiles des cavernes des environs de Bordeaux, ils se rapportent à peu près aux mêmes espèces que ceux que l’on observe dans les nôtres : ce sont des hyènes, des blaireaux, des sangliers, des chevaux, des cerfs et des bœufs, confondus dans le même limon avec quelques co- DES CAVERNES UE LUNE1>VIEIL. I I 3 quilles terrestres. D’après les dessins queM. Billaudel a donnés de quelques uns de ces débris, il paroît qu’ils se rapportent à des animaux d’âges très-différens. Le crâne qu’il représente (pl. II, fig. 1, 2) a appartenu à une très-jeune hyène, tandis qu’il en est tout le contraire des maxillaires et des dents qu’il figure dans sa planche I^e. La plupart de ces dents sont tron- quées net, comme le sont celles des hyènes adultes. Ainsi, les espèces carnassières, et probablement les herbivores, ont été réunies dans les cavernes de Saint-Macaire, comme dans celles de Lunel-Vieil , dans les âges les plus opj)osés; il paroît que leurs débris ne sont pas plus entiers dans l’un cjue dans l’autre de ces souterrains. La première observation n’a pas échappé à M. Billaudel^ car il observe que sur huit canines qu’il a recueillies, six ont appartenu à des animaux âgés, et deux à une hyène très-jeune : d’où il conclut, avec raison, qu’il y avoit au moins trois individus d’hyène dans les ca- vernes qu’il décrit. D’après les expériences de M. Billaudel , le limon à osse- mens des cavernes de Saint-Macaire est si peu pénétré de ma- tière animale, qu’il semble n’en renfermer aucune trace; cir- constance qui , jointe à celle de leur élévation et de leur petite dimension, rend peu probable la supposition admise, qu’elles aient servi de repaire aux carnassiers, quoique certains os y présentent des marques évidentes de coups de dent. Enfin, nous devons à M. Dumas, naturaliste distingué qui habite la petite ville de Sommières, la découverte de cavernes à ossemens qui, comme celles de Lunel-Vieil, sont ouvertes dans le calcaire moellon. Ces cavernes recèlent à peu près les mêmes espèces animales; ce sont pour les carnassiers de Il6 BECHERCHE& SUR LES OSSEMENS FOSSILES grandes espèces du genre félis et des hyènes \ et pour les her- bivores, des chevauxj des cerfs et des bœufs. M. Dumas se proposant de décrire ces cavernes avec les détails quelles exigent, nous devons nous borner à faire observer que leS ca- vernes de Lunel-Vieil ne sont pas les seules qui soient con- nues dans les seconds calcaires marins tertiaires. Après les cavernes que nous venons de mentionner, nous ferons observer que les ours et les sangliers abondent égale- ment dans certaines de ces cavités. On cite de nombreux dé- bris d’ours fossiles, principalement de Vursus gulo , dans les cavernes de Sundwich , ours mêlés avec une espèce particu- lière de sanglier, nommé sus priscus par M. Goldfuss. Cette espèce diffère du sanglier ordinaire par une plus grande lon- gueur et une moindre largeur dans sa partie antérieure. Les cavernes à ossemens du nouveau continent sont en- core plus remarquables sous le rapport des débris de mammi- fères terrestres que l’on y observe, puisque ces mammifères ont appartenu non-seulement à des espèces, mais encore à des genres totalement inconnus dans la nature vivante (i). C’est dans les cavernes de Green-Briar, en Virginie, qu’a été découvert cet énorme édenté,* nommé megalonyx par M. Jef- ferson, nom que M. Cuvier a ensuite adopté. Ces cavernes recèlent peut-êtrei bien d’autres animaux inconnus, d’autant qu’elles ressemblent beaucoup à celles d’Allemagne et de (i) Nous n’osons poini parler des- cavernes des environs du Soldiers River qui se jette dans le Missouri , oii l’on a découvert up genra inconnu de grand saurien, genre que l’on a noiunaé saurocephalus , faute de données pour le faire en toute connoissance de- cause. La découverte d’un pareil reptile dans une caverne est, du reste, un fait remarquable. DES CAVEÎiNES DE LUNEE- VIEIL. I 17 Hongrie, et qu’il n’est pas présumable qu’il n’y ait péri, ou qu’il n’y ait été entraîné qu’une seule espèce (i). C’est surtout à l’égard de ces cavernes que l’on peut dire, avec MM. Bertrand-Geslin et Huot, que s’il en est qui ont servi de refuge à des carnassiers, il en est également qui, par le mélange d’animaux que l’on y observe et qui n’ont jamais pu vivre ensemble, annoncent que leurs débris ont dû y être entassés, comme dans les brèches osseuses, par des fentes, des crevasses, ou des éboulemens pratiqués aux parois supé- rieures de ces cavernes naturelles, et dans lesquelles des al- luvions les ont entraîné avec le limon rougeâtre qui les enve- loppe assez généralement. Ainsi, les terrains à ossemens des cavernes et les brèches osseuses seroient des formations ana- logues, dont la date pourroit être donnée, par le plus ou moins de différence des fossiles que l’on y observe avec nos espèces actuelles, si nous ne trouvions pas dans les mêmes formations des espèces et même des genres perdus, confon- dus et mêlés avec des races très-rapprochées de nos races ac- tuelles. Aussi, faute de caractères zoologiques suffisans pour différencier ces deux ordres de formations, les brèches os- seuses sont probablement contemporaines des limons à osse- mens des cavernes, puisque si dans les unes, l’on découvre des palœotherimn , dans les autres, l’on déterre des mega- lonyx, animaux encore plus différens de nos espèces actuelles. Du reste, la plupart des animaux fossiles des cavernes se retrouvent peu à peu dans les terrains d’alluvions les plus clairs et les moins douteux. En effet, la présence des ours. (1) Transaction de la Société philosophique de Philadelphie , l. 4 , p- 246. Mém. du Muséum, t. i8. i6 ïl8 RECHERCHES SUR LES OSSEME>S FOSSILES des tigres, des lions et des hyènes dans ces derniers terrains, comme dans les cavités souterraines, n’est point sans impor- tance pour la solution de la question qui nous occupe, d’au- tant que l’oui’s des cavernes se retrouve aussi bien dans les sables des terrains marins supérieurs, qu’au milieu du limon rougeâtre des cavernes, et qu’il en est de même des hyènes, des grands lynx et des panthères. La popuktion des cavernes, très-rapprochée de celle des brèches osseuses , n’en diffère donc que par la présence d’une plus grande quantité de carnassiers des genres ours, hyènes e\.J:elis. A part cette différence et celle qui résulte de la pré- sence de deux genres inconnus, aperçus dans certaines fentes verticales du midi de la France, il y a une analogie remar- cjuable entre les deux populations. Cette analogie peut faire supposer que la réunion de tant d’animaux de mœurs et d’ha- bitudes si différentes a été produite par une cause de même nature, et que les alluvions, dont les effets ont été si multi- pliés sur la surface du globe , peuvent bien y être étrangères. Les alluvions semblent du moins avoir entraîné les animaux des brèches osseuses dans les fentes étroites où ils sont réunis souvent en nombre immense; car l’on ne peut supposer des cerfs, des bœufs, des rhinocéros, des lions, etc., vivant dans de pareilles fentes, lors même que, comme celles de Sète, elles ne s’étendroient pas au-dessous des mers actuelles. Ces alluvions peuvent bien également avoir exercé leur action relativement à certaines cavernes, dont les issues sont très- étroites, et le niveau très-élevé au-dessus du sol inférieur; telles sont, par exemple, les cavernes de Dream-Lead que nous avons déjà signalées. DES C. VVER JJ ES DE LUNEE- VIEIL. 1 19 Or, si les brèches osseuses et certaines cavités à ossemens ont été comblées par un phénomène de remplissage, pour- quoi ne pas le supposer également pour les cavernes où rien n’indique le contraire? On le peut, ce semble, avec d’autant plus de raison, que de pareilles réunions ont été produites dans une infinité de lieux par des alluvions, et que les allu- vions dévoient surtout combler les cavités. Ainsi le dépôt de Canstadt offre des hyènes en quantité presque aussi considé- rable que nos cavernes et celles de l’Angleterre. Ce genre se retrouve également avec de grandes espèces de /e/w et d’ours, ainsi qu’avec des lynx, des panthères, dans les sables des terrains marins supérieurs, où se montrent aussi des débris d’éléphans , d’hippopotames, de rhinocéros, de cerfs, de bœufs, de chevaux et de rongeurs, et une foule d’autres es- pèces anologues à celles des terrains à ossemens des cavernes. Aussi à mesure que l’on observe les terrains d’alluvion , l’on reconnoît de plus en plus que les carnassiers sont loin d’y être aussi rares cju’on l’avoit supposé. Enfin, on ne peut plus douter que les brèches osseuses et les limons à ossemens des cavernes n’aient été produits par les mêmes alluvions, lorsqu’on les voit réunis comme dans les cavernes de Bize. Ces cavernes, découvertes par M. Tour- nai fils, à trois kilomètres au nord du village de Bize, près du lieu nommé Las Fou7Zs J présentent ce fait jusqu’à présent inaperçu, de la réunion du limon à ossemens et des brèches osseuses dans le même lieu et avec les mêmes circonstances. Ces cavernes, connues sous le nom de grottes de Bize, ou des Moulins ou de Las Founs(Aude), sont au nombre de deux: les gens du pays en comptent bien trois; mais comme 120 RECHERCHES SCR LES OSSEMEIVS FOSSILES troisième est peu étendue, qu’elle communique avec celle qui est la plus septentrionale, on doit la considérer comme une dépendance de celle-ci. Les ouvertures naturelles, par lesquelles on pénètre dans les cavernes de Bize, sont aussi vastes que spacieuses; par cela même, les limons à ossemens ont pu s’y introduire avec toute facilité ; et aussi dans certaines parties ces ossemens sont aussi abondans qu’ils peuvent l’être dans un cimetière. Ces cavernes présentent ce fait particulier, peut-être jus- qu’à présent inaperçu, de réunir une grande quantité d’osse- mens non-seulement disséminés dans le limon, mais fixés à leur voûte et sûr leurs parois latérales. Ces ossemens s’y mon- trent adhérens avec des coquilles terrestres si peu altérées, qu’elles conservent encore une partie de leurs couleurs, et cela par l’intermédiaire d’un ciment fort dur, qui n’est, du reste, qu’une sorte de limon endurci. L’on y observe égale- ment quelques ossemens humains, soit parmi les ossemens fixés au plafond, soit parmi ceux que l’on voit épars au mi- lieu du limon noir. Dans ce dernier, qui est supéi’ieur au li- mon rouge, les ossemens humains, mêlés h des anoglochis d’espèces perdues, sont de plus accompagnés par des pote- ries; en sorte que, d’après ces faits, ces cavernes présente- roient , comme la fameuse fente de Roestritz , des espèces qui semblent perdues depuis les temps historiques. Quant aux ossemens, ils sont pour la plupart brisés, frac- turés, et couverts de fissures plus ou moins profondes, les- quelles font supposer qu’ils étoient déjà séparés des chairs qui les recouvroient, lorsqu’ils ont été entraînés avec les limons et les cailloux roulés. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. I2I Ces osseuiensje rapportent presque uniquement à des herbivores 5 car parmi la grande quantité que nous eil avons retiré J nous n’avons découvert que deux ou trois fragmens qui signalent des carnassiers, soit du genre chien, soit du genre felis. La presque totalité se compose donc de chevaux, de cerfs, des sous-genres anoglochis elcatoglochis, de bœufs et de rongeurs des genres lapin et rat. Quelques débris d’oi- seaux accompagnent ces mammifères terrestres , mais ils y sont fort rares. Enfin quelques coquilles terrestres des genres hélix, cycLostoma et huliinus, sont mêlés aux débris osseux, et se montrent comme eux dans le limon ou fixés au plafond, ou enfin sur les parois latérales des cavernes de Bize. Les dernières cavernes que nous signalerons ont été décou- vertes aupi’ès du village d’Argou, dans les Pyrénées orien- tales, par M. Farines de Perpignan, et l’un de nous, M. de Serres. Ces cavernes se montrent également dans le calcaire secondaire 5 leurs ouvertures sont encore plus vastes que celles des cavernes de Bize. Les grottes d’Argou ont cela de particulier, d’être ouvertes par le haut, et d’offrir autant d’os- semens à leur extérieur que dans l’intérieur des diverses ca- vités qui en font partie. En effet, les ossemens sont répandus tout aussi bieu sur une petite plate-forme qui se trouve en avant des cavernes d’Argou, que dans ces cavernes où ils se montrent disséminés dans trois couches différentes de limons sablonneux. Ces limons sont d’autant moins solides, qu’ils appartiennent aux couches les plus inférieures, en sorte que là où ils sont pulvérulens, les ossemens et les cailloux roulés paroissent également dans une plus grande abondance. Ces ossemens sont encore plus brisés et fracturés que ceux S3!î EECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES des cavernes de Lunel-Vieil et de Bize, et à tel point, que nous n^avons pas pu y découvi^ir un os quelconque entier. Ils signalent à peu près tous des mammifères terrestres herbi- vores, surtout des chevaux c[ui là, comme dans les autres cavités souterraines du midi de la France, sont singulièrement en excès sur les autres espèces. Après les chevaux , viennent des cerfs, des bœufs, des rhinocéros et des sangliers. L’on n’y voit point de rongeurs, ni d’oiseaux , ni de coquilles ter- restres, du moins jusqu’à présent nous n’en avons découvert aucune trace. En résumé, l’on peut conclure de ces faits, que les cavernes à ossemens et les brèches osseuses sont des phénomènes analogues, et trop généralement répandus pour ne pas avoir été produits par une cause qui a agi d’une manière assez gé- nérale. Cette cause paroît être la même que celle qui a dis- persé les diverses sortes de diluvium sur nos continens. On peut d’autant plus le conjecturer, que les limons à ossemens cessent dans les lieux où, par suite de l’élévation du sol au- dessus du niveau de la mer, le diluvium n’est point parvenu. De même la présence des ossemens est liée à celle des cail- loux roulés ou des roches fragmentaires, ou enfin de tout autre dépôt d’alluvion^ car lorsque les uns et les autres n’exis- tent pas, les ossemens ne s’y montrent pas non plus de même que dans les fentes ou les cavités, dont les ouvertures sont trop étroites pour que les ossemens aient pu y pénétrer. Aussi la grandeur, mais non le nombre des ossemens disséminés dans les cavernes ou les fentes, dans lesquelles les brèches osseuses se sont formées, est-elle proportionnelle à celle des dimensions des ouvertures qui les ont reçus. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 1 23 Quant à l’accumulation des ossemens dans des espaces aussi resserrés que le sont les cavernes et les fentes où se montrent les brèches osseuses, elle n’est peut-être pas plus extraordinaire que l’amoncellement sur des points extrêmement restreins de ces bancs coquilliers, si riches en espèces et en individus, tels, par exemple, que le fameux banc de Grignon, et tant d’autres que nous pourrions citer. Cet amoncellement a été produit par des inondations opérées par les eaux courantes ou par les eaux marines, soit qu’il se rapporte aux débris des mollusques, soit c[u’il ait eu lieu pour les ossemens des mammifères. Dans d’autres circonstances cependant, il semble le résultat naturel de la retraite des mers dans le bassin cju’elles occupent aujourd’hui. Si donc l’on peut supposer, pour certaines cavités souter- raines, que cet amoncellement a été effectué par les carnas- siers, on ne peut pas du moins l’admettre pour toutes, puis- qu’il en est, comme celles de Bize et d’Argou, où l’on ne découvre presque pas de traces de pareils animaux. Du reste, dans toute hypothèse, on ne peut s’empêcher de reconnoître que des alluvions ont entraîné, dans ces cavités, les limons et les cailloux roulés c[ui les remplissent en partie, et que, dans certaines circonstances, ces alluvions ont été tellement puissantes, qu’elles ont porté jusc|u’au plafond des cavernes les ossemens, les coc[uilles, les cailloux roulés et les limons que l’on y voit fixés. Si les alluvions ne sont pas la véritable cause de cet ordre de phénomènes, il restera toujours à expliquer le rapport et l’analogie qui existent entre les animaux des cavernes, des brèches osseuses, et ceux que l’on voit ensevelis au milieu 124 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES des dépôts d’alluvion; soit qu’ils aient été produits par les eaux des mers, soit quils 1 aient été par les eaux courantes. Dans ce dernier cas, la similitude entre les espèces détruites est tellement frappante, que les terrains d’alluvion fluviatile semblent en quelque sorte des cavernes extérieures, si on a égard à la grande quantité d’ossemens et d’excrémens de carnassiers que l’on y observe. DES CAVEUÎS’ES PE LDNEL-VIEIL. Iâ5 LIVRE IL DES OSSEMENS FOSSILES DECOUVERTS DANS LES CAVERNES ' DE LUNEL-VIEIL. CHAPITRE PREMIER. Du nombre relatif des différentes espèces fossiles. Les cavernes de Lunel-Vieil ont offert jusqu’à présent trente-deux ou trente-trois espèces de mammifères terrestres, qui se composent, 1°. De quatorze espèces de carnassiers 5 > 2°. De cinq rongeurs ; 3». De sept pachydermes-; ■ 4®. De sept ruminans; ou dix-neuf espèces de carnassiers sur trente-trois, c’est-à- dire moins des deux tiers de la totalité. Ce rapport annonce que de toutes les cavernes à ossemens du midi de la France, celles de Lunel-Vieil sont celles où le nombre des carnassiers est le plus considérable relativement aux herbivores. En effet, dans celles des environs de Som- mièreSyil y en a un moins grand nombre, et l’on en voit à peine quelques débris dans les cavernes de Bize, et aucune trace dans celles d’Argou. Quant aux espèces d’herbivores ensevelies dans les cavernes Mém. du Muséum, t. 18. 17 12Ô RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES de Lunel-Vieil, elles n’y sont pas également communes; cer- taines y ont laissé de nombreux débris, tandis que d’autres y ont à peine laissé quelques traces. Parmi les genres d’herbi- vores que l’on peut signaler comme ceux dont les débris sont les plus abondans , l’on doit signaler au premier rang r I®. Les cerfs ; ... 20. Les bœufs; 3°. Les chevaux. Les espèces de ces trois genres dévoient être bien com- munes à l’époque où elles ont été entraînées dans nos cavi- tés, soit que l’on détermine leur nombre relatif par les débris osseux qu’elles ont laissés, ou par les dents que l’on en ren- contre. Il est remarquable que, même pour ces espèces es- sentiellement herbivores, le nombre des dents observées soit en proportion avec les autres parties de leur squelette, quoi- que l’on en ait rencontré de tous les âges. Parmi les carnassiers, le genre essentiellement dominant est le genre hyène; mais les débris que l’on en découvre n’an- noncent pourtant pas Un grand nombre d’individus. Généralement les têtes de carnassiers sont hors de propor- tion avec les autres ossemens, c’est-à-dire qu’elles sont beau- coup plus nombreuses, signalant un plus grand nombre d’in- dividus qu’on ne le supposeroit d’après celui des ossemens. Cette remarque s’applique presque uniquement aux carnas- siers du genre hyène. Les excrémens des hyènes, auxquels M. Buckland a appliqué le nom â! album grœciim, dont les médecins de l’antiquité se sont servi pour exprimer des objets analogues, paroissent - un peu hors de proportion. Avec le nombre d’ossemens ap- DES CA.VERNES DE LUNEL-VIEIL. 127 pai tenant à ce genre , même en faisant abstraction des excré- mens qui se rapportent à d’autres carnassiers, tels que les loups et les renards qui ont aussi l’habitude de dévorer les os (car tous les excrémens trouvés dans nos cavernes ne se rapportent pas aiix hyènes) , certains paroissent appartenir à des carnassiers du genre chien {canisy Le nombre de ces excrémens paroît assez considérable relativement aux ossemens; mais il seroit bien foible si l’on suppose qu’ils sont les restes des hyènes qui ont vécu dans les cavernes : car si les hyènes ont transporté tous les osse- mens que l’on y a rencontrés , il faut qu’elles s’y soient succédé pendant bien des générations, et que leur nombre ait été bien considérable. Après les hyènes, les carnassiers les plus abondans appar- tiennent 1®. Au genre chat (ye/z’hœujs, \es chet->aua; et \e?> hyènes. Ces quatre genres seroient donc les. pataiçtérisliqùès. des terrains; à osseraens de nos cavernes^ be^ blaireaux e;t les castors se- rqient au contraire les espèces, les/plas rares,! et dont on a trouvé le moins d’indlY.itlùS distincts. Quant aux débris deS oiseaux,; généralement peu abondans| ils y sont réduitSjà un ;petit nombre; d’espèces, ainsi !qu’|i peu d'individus. Leqrsjdébris; sont ldonc aussi rares danSj nos li- mons à ossem,ens',iqu’iIs le sont dans la plupart de nos: for- mations. Les reptiles qui. se rappqr.tent uniqneriientjjàdes reptiles chéloniens du genre des tortues sont au contraire assez abondan.s, s,i cepi’est en espèces, du moins, en lîndivi- dus. Leurs espècçs sont toutes de terre,. et analogues àioelles qui vivent encore sur le sol au-dessous duquel celles-ci'sont ensevelies. Il en est de même des coquilles; les espèces. de terre ont été trouvées en très-grandinornbre dans nos sou- terrains, principalement dans la grande cave.rne, surtout celles qui signalent un cyclostojne.Xxksr'\i\\\ à.w cjclostoma ele- gaiis, et un bulime peu différent; du hulimus decollatus de Drapariiaud. Enfin au-dessous des graviers et du limon, où se trouvoient tous ces. débris d’a'ùmaux, qui ont vécu sur des terres sèches, l’on a découvert divers débrîsde poissons et de coquilles de mer; mais ces débris générali^nient as.'jez cares, à l’exception de ceux f[ui se rapportent squalus çort;iuhicus\,. vie s’y trouvent probablement que j)arce qu’ils y ont été entraînés l3o RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES après avoir été détachés des formations antérieures au dépôt des terrains d ’alluvion , où gisent les os fossiles. Leur nombre est d ailleurs si peu considérable , compara- tivement h celui des débris des mammifères terrestres ense- velis dans les limons supérieurs, que la présence de ces eoi^ps organisés marins ne poùrroit seule faire considérer la réunion des espèces que nous venons de signaler comme le résultat d’une irruption marine, ainsi qu’on Tèf supposé. Ces débris qui signalent des productions de mer ne se‘ rencontrent dans nos 'Cavernes que parce que les couranspqui y ont entraîné les galets, les *y> ont aussi transportés ^ùprés les avoir déta- chés dès formations où ils avoient été ensevelis antérieu- rement. ’ ■ D’ailleurs la population antédiluvienne de nos cavernes se compose d’espèces essentiellement terrestres; il n’y a d’ex- ception que pour une seule, le castor. [jCS espèces de ce genre sont les seules, parmi nos fossiles, dont les représenlans ac- tuels, vivant au bord ou dans le sein des fleuves, puissent être considérées comme fluviatiles ; toutes les autres, même nos coquilles, sont des terres sècheS. Du'^resle, nos limons à os- semens sont de véritables dépôts fluviatiles, produits par des eaux douces, dont le cours ne s’est point étendu jusqu’au lit des mers. Nos cavernes ont encore présenté des vertèbres de petits poissons d’eau douce, et quelques débris d’insectes. Une dernière question qui nous reste à traiter, est celle de savoir si le nombre des herbivores est eu excès sur celui des carnassiers, nou^seulement sous le rapport des espèces, DES CAVERNES DE LUNEE- VIEIL. Ül l3l ainsi que nous l’avons déjà fait observer, inais encore sous celui des individus qui appartiennent à ces- animaux aussi opposés par leur. organisation que jiar leurs habitudes. D’abord on pourroit observer que puisque les herbivores offrent un plus grand nombre. d’espèces dans nos cavernes que les carnassiers, ils doivent aussi présenter un plus grand nombre d’individus. En effet, le nombre des individus qui se rapportent cà nos herbivores des genres cerf, bœuf et cheval est plus considérable que celui du genre de carnassiers dont on trouve le plus de débris, les hyènes. Mais dans la nature actuelle, le nombre des herbivores est singulièrement en excès sur celui des carnassiers; dès lors, ne peut-il pas en avoir été de même dans les temps géologiques. Quoi qu’il en soit, le nombre des individus fossiles qui ont appartenu aux genres cerf, bœuf et cheval, est plus con- sidérable que celui de nos individus qui se rapportent au genre hyène; quoique nous n’ayons au plus que deux espèces de chevaux, et que nous comptions jusqu’à trois espèces d’hyènes. CHAPITRE II. Du nombre relatif des différentes -pièces osseuses des squelettes de nos espèces fossiles. Après avoir examiné le.i nombre relatif des différentes espèces, étudions le nombre relatif des différentes' pièces os- seuses du squelette de nos espèces fossiles. ' 1 1®. Les os du crâne sont extrêmement rares, séparés; ils le sont même beaucoup plus que des autres portions de la lfj2 RECHERCHES SUR ÎLES OSSEMEIVS FOSSILES tête, soit pour les carnassiers, soit pour les herbivores. 2°. Six têtes seuleineiit ont été trouvées à peu près en- tières. Ces têtes appartenoient au sanglier, au cheval, au blaireau et h ll’hy^èrie. L’on a également découvert un cer- tain nombre de têtes mutilées et tronquées, ne conservant que.l’ocêiput, et ayant appartenu à des individus d’âges très- difFérens.' Jamais les maxillaires inférieurs n^ont été obsérvés en connexion avec les têtes dont ils avoient fait partie. Les branches des maxillaires inférieurs n’ont pas été trouvées non plus réunies' entre elles! Là présence' de ces têtes ou de ces portions de têtes, au milieivdés limons de nos cavernes, semble annoncer, d’une part, que! les animaux qu’elles' rap- pellent n’ont pas dû vivre loin dés lieux où on les observe; et que de l’autre, le courant qui les a entraînés n’avoit pas une grande force impulsive. Aussi ces têtes ont-elles été trou- vées près de l’arrivée du courant.' ' 3«. Les côtes sont infiniment rares, soit celles qui se rap- portent aux carnassiers, soit: celles qui ont appartenu aux herbivores. Les côtes se montrent toutes brisées, fracturées, et réduites en fragmens peu considérables. 11 n’y a d’excep- tion que pour une seule côte de lion, d’hyène, de cerf et de bœuf, Il est remarquable que , parmi tant d’osseraens, il y ait si peu de côtes., et qu’il n’y en ait que quatre d’un peu en- tières. Cette circonstance tient-elle à la fragilité, ainsi c[u’à la forme de cet os? l’on pourroit le supposer; si le rapport des os ensevelis s’éloit toujours montré en rapport avec la déli- catesse de leur tissu', ou à ce que certains de ces os, comme les côtes, par exemple, sont préférés par les espèces carnas- sières qui en font leur pâture. ' V DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. i33 4®- Les fémurs, quoiqu’ayant un tissu solide, ne sont pas fort communs, soit entiers, soit brisés : l’on ne peut citer d’à peu près entiers que deux fémurs, l’un de cerf, l’autre de cheval. Quant aux autres, on les a trouvés presque tous brisés, et réduits au corps de l’os , soit ceux des carnas- siers, soit ceux des herbivores. Le nombre des fémurs des carnassiers est, toutes choses égales d’ailleurs, moins con- sidérable que ceux des herbivores; aussi la plupart de ces derniers sont-ils brisés, et réduits en fragmens souvent peu reconnaissables. Il paroît aussi que les os qui se rapportent aux membres antérieurs et postérieurs des carnassiers sont beaucoup plus rares que ceux des herbivores. La plupart sont tronqués dans les deux ordres d’animaux, ce qui a dé- pendu peut-être de leur longueur, qui n’est pas en propor- tion avec leur dureté, comme cela a lieu pour les canons. 5°. Les péronés sont plus rares encore, en faisant abstrac- tion des espèces qui n’en présentent point; il en est de même des rotules et des phalanges onguales, surtout celles qui se rapportent aux carnassiers. 6'\ Les vertèbres ne sont pas très-communes dans les deux grandes divisions des mammifères. La plupart sont bri- sées et tronquées; rarement a-t-on pu en raccorder un cer- tain nombre, et reconstruire ainsi des portions de colonne vertébrale. Deux vertèbres lombaires de cerfs ont été trou- vées en connexion; elles étoient retenues dans leur position normale par un ciment calcaire endurci. 7°. Les humérus sont communs, quoiqu’on général il y eu ait fort peu d’entiers. Il n’en existe dans la plupart que la partie inférieure , et cela chez les carnassiers comme chez les Mém. du Muséum, t. i8. i8 l34 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES herbivores. En général le corps des os longs, comme la partie la plus compacte et la plus dure, s’est mieux conservé que les têtes articulaires qui, contenant plus de substance spon- gieuse, sont par cela même plus tendres et moins résis- tantes. 11 en est de même du pourtour des os plats; ce pour- tour est souvent entamé et fracturé, mais, comme l’on pense bien, par toute autre cause. 8«. Les radius sont plus fréquens que les humérus, et beau- coup plus que les cubitus. Lorsque les radius et les cubitus sont réunis ensemble comme chez les bœufs et les cerfs, ou sont soudés comme chez les chevaux, les deux os ont été trouvés par fois accolés; du moins en avons-nous deux ou trois exemples. Nous ferons observer que deux fragmeris d’un même radius ont été trouvés à deux pieds de distance, et comme les deux parties ontpuêtrecoaptées, l’os s’est trouvé ainsi entier, de brisé qu’il étoit avant sa jonction artificielle. 9°. Les tibias sont communs, surtout ceux de cerfs, de bœufs et de chevaux; nous n’en avons guère observé plus de cinq à six d’à peu près entiers. Les autres, tout brisés, ne conservoient que leur partie inférieure. Les os longs ont gé- néralement plutôt offert leur partie inférieure que leur ex- trémité supérieure. 10°. Les métatarsiens et les métacarpiens sont les plus communs des os des herbivores, surtout les canons des cerfs, des bœufs et des chevaux. Ceux des carnassiers ne sont pas rares, eu égard au nombre d’individus observés. Mais il ne faut pas perdre de vue que les os du métacarpe et du méta- tarse sont durs et solides en même temps que leur nombre est considérable dans le squelette. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. i35 iio. Les omoplates ne sont pas fréquentes; il y en a fort peu d’entières, si ce n’est celles des bœufs et des rhinocéros, dont on a retrouvé des portions assez bien conservées. 12°. Les os du bassin ne sont pas rares, mais jamais on ne les voit entiers; à peine a-t-on, à force de recherches, trouvé quatre ou cinq sacrums, et deux ou trois iléums un peu ca- ractérisés. i3°. Les phalanges onguales des solipèdes, sous le rapport de leur nombre, sont au-dessous de celui des canons; ceux- ci sont très-communs, tandis que les phalangès sont assez rares. Enfin les os du carpe et du tarse sont généralement fort rares, soit en raison de leur nombre dans le squelette, soit en raison du nombre de nos espèces fossiles. En résumé, quelque considérable que soit le nombre des ossemens fossiles découverts dans les cavernes de Lunel- Vieil, il seroit impossible de reconstruire la moitié seulement du squelette d’une seule des espèces dont on y a trouvé les débris. On le pourroit d’autant moins, qu’il est certains os du squelette qui n’y existent pas, ou dont on n’observe que des fragmens. L’énumération cjue nous avons faite, du nombre relatif des différentes pièces osseuses de nos espèces fossiles, prouve que les diverses jjarties de squelette n’ont pas été également conservées, puisqu’il en est certaines dont on n’a presque pas trouvé de traces; qu’il en est d’autres constamment bri- sées, et enfin certaines, comme les métacarpiens et les mé- tatarsiens, qui se présentent souvent entières. Si l’on considère la réunion de tant d’ossemens dans nos cavernes , comme produite par les carnassiers dont elles I 36 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES étoient les repaires, on pourroit supposer que si les os les plus solides sont généralement les mieux conservés, cela tient à ce c|ue les carnassiers, qui comme les hyènes ont l’habi- tude de les ronger, en étoient moins friands. Trouvant moins de moelle dans les canons que dans les autres os, ils les ont laissés dans leur d’intégrité sans les ronger, comme ils l’ont fait de ceux qui étoient les plus propres à assouvir leur ap- pétit, comme à satisfaire leur voracité. Quant aux dents, leur solidité à dû nécessairement les faire durer en favorisant leur conservation. LeS carnassiers les plus gloutons ne les attaquant jamais, elles ont dii se con- server en totalité. Cependant leur nombre n’est guère en excès sur celui des os, ce cjui devroit avoir eu lieu au moins pour les herbivores, dont certaines parties du squelette au- roient été dévorées. L’on ne voit pas cependant qu’il en soit ainsi, puisque le nombre des dents s’est montré assez en pro- portion avec les autres parties, du squelette, à l’exception pourtant des, hyènes dont les têtes, et par suite les dents, sont en excès sur les autres ossemens. Il est donc de fait, pour nos cavernes, que les dents ne sont point en excès d’une manière sensible sur les autres parties du squelette, soit re- lativement aux espèces, soit à celui des individus qu’elles rappellent. 4ussi n’a.vons-no.us pas eu l’occasion d’établir une seule de nos espèces sur des caractères fournis uniquement par les dents, puisqu’il ne s’en est point rencontré qui ne se rapportassent à diverses parties des squelettes découverts. Si les débris osseux qui se rapportent aux cerfs,, aux bœufs et aux chevaux sont les plus abondans daos nos ca- verues, il en est de même de leurs; dents. Gps dents annon- DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. iS’J cent des individus des âges les plus apposés, car tandis qu’il y en a beaucoup de la première dentition, d’autres sont usées jusqu’au collet. Cette remarque s’applique aux autres herbi- vores, même aux rhinocéros^ aussi bien qu’aux dilFérentes espèces de carnassiers, qui sont confondus avec les premiers. Quant aux bois, ils ne sont pas en excès sur les ossemens des cerfs qu’ils signalent. Peu de ces bois ont été trouvés entiers; toüs ont présenté leurs extrémités brisées : aussi ont- ils peu servi à déterminer les espèces des cerfs qu’ils rap- pellent. L’on n’a point découvert dans nos cavernes de traces de cornes de bœufs, ni du noyau intérieur, si ce n’est une seule douille que possède M. Gautier. Du reste, les crânes appartenant à ce genre se sont montrés plus rares que ceux des cerfs. En résumé, la proportion la plus constante, que l’on ob- serve entre le nombre relatif des différentes pièces osseuses de nos fossiles, semble pouvoir être établie dans l’ordre sui- vant : 1°. Au premier rang, l’on doit placer les métacarpiens et les métatarsiens. 2°. Les tibias. 3°. Les astragales. 4°. Les radius. 5°. Les humérus. 6°. Les calcanéums. Les fémurs., 8°. Les vertèbres. 9°. Les crânes. Ce rapport, qui ne peut être qu’approximatif, est le même l38 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES pour les espèces carnassières que pour les herbivores, ce qui indique que les unes et les autres ont subi les mêmes causes d’altération comme de conservation. CHAPITRE III. De ï âge relatif des dwei'ses espèces fossiles des cauemes de Lunel-KieiL En contemplant le grand nombre d’individus de mammi- fères terrestres, dont nos cavernes nous ont conservé les dé- bris, on se demande si tous ces débris ont appartenu à des animaux du même âge, soit jeunes, soit adultes. La plus simple comparaison prouve que les individus qui s’y trouvent réunis avoient les âges les plus opposés, et que si le plus grand nombre étoit tout-à-fait adulte, d’autres étoient jeunes, ayant leurs* os épiphysés, et leurs dents non encore sorties des alvéoles. Cette diversité d’âge se remarque aussi bien chez les car- nassiers que chez les herbivores. Pour en citer des exemples, nous dirons que nous avons rencontré des maxillaires de felis, dont certaines dents n’étoient point sorties des alvéoles, et d’autres ayant leurs dents en partie usées. Ainsi, les pre- miers étoient tojit-à^fait jeunes lorsqu’ils ont péri, et qu’ils ont été transportés dans nos cavernes 5 tandis que les seconds ne sont morts, non-seulement qu’après avoir acquis tout leur développement, mais encore lorsqu’ils étoient parvenus à un âge rapproché de la caducité. Ce que nous venons de dire de no?, felis, nous pouvons le dire de nos loups, delnos ours DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. ï 3g et de nos hyènes. On sait que les derniers de ces carnassiers rongent les os, et que par suite de leur voracité, ils usent le sommet de leurs dents, à raison du violent frottement qu’elles leur font éprouver. Leurs dents ont alors la forme de cônes tronqués, du moins leurs molaires; c’est ainsi que se présente le plus grand nombre de nos dents d’hyènes, qui ont assez généralement leur sommet émoussé et tron- qué net, tandis que leurs carnassières sont usées à leur face externe ou interne, suivant que leurs dents sont supérieures ou inférieures. Ainsi nos hyènes^ comme les espèces actuelles, dévoient ronger et briser les os des animaux dont elles faisoient leur pâture; et les nôtres, en particulier, avoient usé le sommet de leurs mâchelières à force de triturer des os durs et solides. Mais tandis que certaines de nos hyènes paroissent avoir été détruites déjà pai'venues à l’âge adulte, d’autres individus sont au contraire tellement jeunes, que les sutures des os de leur crâne sont très-apparentes, non ossifiées, et certaines de leurs dents ne sont point sorties de leurs alvéoles. Nous possédons plusieurs têtes d’hyènes dont le crâne est tellement arrondi, qu’au premier abord, on pourroit les prendre pour des têtes àe felis^ et qui ne sont pourtant que des têtes d’hyènes jeunes. Si ces têtes offrent le crâne arrondi, c’est par suite de la non apparition des crêtes osseuses qui se développent avec l’âge, élèvent la tête, et la rendent par cela même de plus en plus aiguë; en même temps les sinus de la face et du crâne, en se développant, donnent au dia- mètre antéro-postérieur et perpendiculaire de la tête une étendue plus grande, et la font paroître plus aîongée. C’est l40 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES par suite de celte diversité de développement que les têtes des jeunes hyènes s’éloignent par leur forme de celle que ces parties prennent lorsque l’animal devient adulte. 11 est à r€î- inarquer que les riidimens des sinus s’étendent jusqu’à l’oc- ciput. Toujours résulte-t-il dé ces faits, que nos hyènes ont péri dans nos cavernes dans les âges les plus opposés, et que les têtes des jeunes individus ne sont ni plus brisées, ni plus entières que celles des individus tout-à-fait adultes. Les mêmes différences d’âges se font remarquer dans les autres carnassiers, en sorte qu’il est de fait qu’ils se trouvent dans, nos cavernes dans les âges les plus opposés. Si donc les diverses espèces y ont réellement vécu, il est tout simple qu’on les y trouve dans un âge où la mort a pu naturellement les atteindre , mais non pas également dans un âge qui leur promettoit une longue existence. Si des carnassiers aussi ter- ribles cjue nos grands lions et nos hyènes s’étoient succédé» les uns aux autres, en disputant nos repaires aux ours, aux lynx, aux loups, aux renards, qui les auroient aussi habités, l’on ne devroit pas trouver réunis de jeunes et de vieux in- dividus de ces espèces carnassières 5 car il est difficile de les supposer vivant ensemble de bonne intelligence. Une aussi grande réunion de carnassiers, tels que des lions, des pan- thères, des ours, des loups et des hyènes, les uns évidemment jeunes, puisque certains n’ont que leurs dents de lait et leurs os encore épiphysés; les autres tout-à-fait adultes, leurs su- tures étant ossifiées, et leurs dents presque tout usées; une pareille réunion, disons-nous, n’a pu être produite que par une cause violente, qdi les aura détruits et rassemblés sans égard à leur âge, comme à leurs habitudes. DES CAVEENES DE LUNEL-VIEIL. \!\l Les herbivores nous présentent les mêmes diversités rela- tivement à leur âge; comme les carnassiers, Ton en rencontre de tout-à-fait jeunes, et d’autres adultes. Il est même un genre d’herbivores dont on peut fixer l’âge avec une grande certitude; c’est aussi sur ce genre que nous appellerons l’at- tention. On sait que par la manière dont les incisives sont creusées comme par l’espèce d’usure de la couronne des ca- nines, on parvient à déterminer l’âge des chevaux. En appli- quant ces principes à nos chevaux fossiles, et invoquant à cet égard les lumières de M. le docteur Pigeaire , nous avons reconnu que nos chevaux, comme nos carnassiers, avoient été détruits dans les âges les plus opposés; et les détails, dans lesquels nous entrerons en parlant de nos solipèdes fossiles le prouveront assez. Les autres herbivores nous ont présenté les mêmes par- ticularités que nos chevaux; nous avons rencontré des dents de rhinocéros qui n’étoient point encore sorties de leurs al- véoles; tandis que d’autres étoient plus ou moins usées. Des humérus se sont montrés avec leurs épiphyses, tandis que d’autres n’en présentoient aucune trace. Les individus de nos bœufs ont également les âges les plus opposés; plusieurs of- frent certaines de leurs dents encore dans leurs alvéoles : comme dans les jeunes bœufs, quelques uns ont la troisième molaire de leur maxillaire inférieur à trois tubercules , carac- tère de cette dent de lait; dans d’autres, au contraire, les dents sont plus ou moins usées, usure qui annonce l’âge adulte de l’animal auquel elles ont appartenu. Les diverses parties du squelette de nos aurochs, comme de nos autres espèces de bœufs, signalent également des individus d’âges Mém. du Muséum, t. i8. 19 i\t. recherches sur les OSéEMENS FOSSILES tout-à-fait difFérens; et tandis que certains os ont encore leurs épiphyses, d’autres, plus solides et plus volumineux , n’en oftVent aucune trace. Le genre de ruminans où il existe le plus de diversité sous le rapport de l’àge, c’est sans contredit celui dont les débris sont les plus abondans, c’est-à-dire le genre cerf. Les espèces dont ce genre se compose ont été réunies dans nos caver&ês dans les âges les plus différens; ainsi certains frontaux ïi’a- voient pas encore d’indices de bois, d’autres ne suppor- toient que des dagues ou des fourches, et enfin quelques uns avoient non-seulement le maître andouiller, mais encore plu- sieurs andouillers secondaires. Les meules, ou les proémi- nences de l’os frontal qui portent les bois, se montrent, dans les mêmes espèces, plus ou moins alongées, et plus ou moins larges", l’on sait que les meules prennent chaque année une plus grande brièveté et une plus grande largeur. Or, d’après ces divers caractères , tandis que certains de nos cerfs n’a- voient qu’un ou deux ans, d’autres étoient parvenus à six ou huit années, et peut-être même au-delà, à en juger par la force des os et leurs sutures effacées; aucun de nos cerfs ne s’étant présenté avec des bois assez entiers pour voir de quelle manière ils se couronnoient. A peine ces bois ont-ils conservé un ou deux andouiHers , et comme leurs cassures sont an- ciennes, ils en't dû être rompus avant d’avoir été entraînés dans nos souterrains. Ainsi , quoique les bois des cerfs adultes aient -Une 'grande solidité, ces bois ne sont pas plus entiers qiie les os; certains paroissent avoir été rongés vers leuirs ex- trémités,'si tant est que l’on puisse désigner, de cette ^ma- nière, les fractures et les cassures qu’ils présentient. ; l / . DES CAVE^\^'JiS DE LUKED-VIIÎIL. ï 4'-^ Les sangliers, comme les pachydermes du genre rhinocé- ros, ont également péri dans des âges très-différens, ce qu’an- noncent leurs dépouilles osseuses et leurs dents. Nous possé- dons une tête d’un énorme sanglier, qui a appartenu à un mdividu tout~à-fait adulte. La couronne de ses molaires est presque usée, et les canines inférieures ayant acquis un grand développement, offrent leurs faces correspondantes aux ca- nines supérieures en grande partie usées. D’autres molaires, qui dépendoient d’individus différons, ont été trouvées à l’état de simples germes, rappelant ainsi de jeunes individus. Ce que nous venons de dire des pachidermes , nous pou- vons le dire également des rongeurs et des autres espèces fossiles dont nos cavernes recéloient les débris, si les détails dans lesquels nous sommes entrés ne suffisoient pas prouver que toutes nos espèces y ont été entraînées, ou y ont péri dans les âges les plus différens. Cependant l’on ne doit pas perdre de vue que les espèces adultes y sont les plus abon- dantes. Quelle que soit donc la cause C[ui ait réuni, dans des espaces aussi resserrés, un si grand nombre d’espèces diffé- rentes, et surtout un si grand nombre d’individus, cette cause les a saisis dans un moment où les uns alloient bientôt pé- rir, et les autres pouvoient encore se promettre une longue existence. CHAPITRE IV. Du rapport des espèces fossiles des casernes avec les espèces vivantes. Le plus grand nombre des espèces observées dans nos cavernes se rapproche beaucoup des espèces actuellement l44 RECHERCHES SüR LES OSSEMENS FOSSILES vivantes. Cette identité, entre ces mammifères fossiles et ceux qui vivent encore, annonce que les limons à osseimens des cavernes sont un des derniers dépôts où ont été ensevelis des corps organisés. A Texceptiou des lions ou tigres, des hyènes, des grands lynx et des rhinocéros, les autres mammifères terrestres des cavernes ont leurs analogues dans les temps présens. La même analogie se remarque entre les espèces de reptiles, d’oiseaux et de mollusques terrestres, et nos espèces vivantes. Ces es- pèces ne diffèrent entre elles que par les caractères qui sont dans les, limites des variations qu’éprouvent les espèces en gé- néral. Les mammifères terrestres sont donc les seuls, parmi nos fossiles, qui n’aient pas tous, comme espèces, leurs re- présentans sur la terre. Nos lions ou grands tigres surpassent du moins nos plus grands lions vivans d’environ un sixième, et ils s’en éloignent seulement par leur taille; d’autres caractères qui pouvoient les différencier peuvent aussi avoir disparu. Nos hyènes fossiles diffèrent également par leur grandeur de nos espèces vivantes, dont elles s’éloignent encore par d’autres distinctions; en sorte que l’on j)eut avoir quelques doutes sur leur identité. Parmi nos petites espèces de felis , il y en a peut-être ])lu- sieurs de perdues : à la vérité les débris qui en restent sont trop incomplets pour se décider à cet égai’d. En vain cherchons-nous des espèces perdues parmi nos herbivores fossiles, à l’exception de celles qui ont appartenu au genre rhinocéros ; ce sont les seules que l’on puisse ranger parmi les races éteintes. Nos cavernes en ont montré deux espèces détruites, le rhmocéros leptorhùius , plus rappro- f BES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 145 ché de runicorne de Java que de toute autre espèce, et enfin une autre plus petite, ou le minutus , avec lequel le rhino" céros bicorne du Gap a quelques analogies. A l’exception de ces deux espèces d’herbivores, celles qui existent dans nos cavernes s’éloignent peu des espèces actuellement vivantes ; s’il existe entre elles quelques différences, elles restent du moins dans les limites des variations que les espèces les mieux établies peuvent éprouver. Ainsi, sur environ dix-neuf espèces d’herbivores que recè- lent nos cavernes, il est remarquable qu’il n’y en ait que deux de perdues, ou le neuvième de la totalité, tandis que sur quatorze carnassiers, il y en auroit quatre de détruites, c’est- à-dire plus du quart. Ce rapport seroit fait pour surprendre , si l’étude des terrains tertiaires ne prouvoit pas qu’il n’y a aucune relation de nombre entre les races détruites et les es- pèces qui ont encore leurs analogues dans les temps actuels, et qui se trouvent cependant dans les mêmes formations. C’est un point de fait, que l’un de nous a démontré relati- vement aux terrains à- fossiles du midi de la France, qui font partie des formations tertiaires les plus rapj)rochées de l’é- poque géologique actuelle. Il n’en résulte pas moins cependant que nos cavernes recè- lent à la fois des espèces peu différentes de nos races actuelles ou peut-être même tout-à-fait analogues, et d’autres qui paroissent perdues. Ce point de fait semble infirmer cette loi, beaucoup trop généralisée, que les fossiles diffèrent d’autant plus des espèces vivantes, qu’ils sont enfouis ])lus profondé- ment, ou qu’ils se trouvent dans des formations plus an- ciennes, puisqu’ici des espèces perdues se montrent dans les l4^ UECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES - fondations les plus récentes de celles qui renferment des dé- bris de mammifères terrestres, les derniers des animanx qui ont paru sur la terre. 11 est remarquable que les espèces perdues de nos cavernes se rapportent principalement à des races dont les genres ne vivent plus maintenant que dans les latitudes les plus chaudes, tandis que les espèces semblables, ou très-rapprochées de nos espèces actuelles, ont aujourd’hui leurs représentans dans les zones tempérées. Parmi les premiers, nous citerons nos hyènes, nos rhinocéros, comme parmi les secondes, nos loups, nos renards, nos ours, nos castors, nos chevaux, nos cerls et nos bœufs. Ne pourroit-on pas en conclure que si la terre avoit, à l’époque où vivoit cette dernière génération d’animaux, la plus rapprochée de la nôtre , une température plus élevée c[ue celle qu’elle a aujourd’hui, les espèces qui avoient besoin de cette temjiérature élevée ont cessé d’exister, du moins dans nos régions , lorsqu’elles n’y ont plus trouvé la même chaleur? Les espèces, au contraire, qui n’exigeoient pas pour vivre une température aussi chaude ont pu se perpétuer sur le sol même où vivoient leurs premiers repré- sentans, et lier ainsi les générations éteintes aux générations actuelles. 11 paroît du moins qùe, le plus généralement, les espèces perdues de nos formations récentes se rapportent à des races des climats les plus chauds, tandis que celles qui ont leurs analogues vivent aujourd’hui dans des régions tem- pérées. Les espèces tout-à-fait perdues seroient donc, relativement aux nôtres, des espèces délicates qui ont cessé de vivre dès qu’elles n’ont pu satisfaire aux conditions d’existence aux- DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 47 quelles elles avoient été soumises 5 les espèces conservées se- roient analogues à nos espèces robustes qui peuvent résister, sans périr, à de grandes modifications dans leurs habitudes. Parmi celles-ci, on doit essentiellement comprendre les es- pèces qui se trouvent à l’état vivant et fossile, celles-ci ayant supporté, sans périr, les températures les plus différentes. Si en général les espèces enfouies profondément dans les entrailles de la terre, ou dont les débris ont été ensevelis avec nos plus anciennes formations, sont différentes de nos espèces actuelles, les mêmes circonstances se reproduisent jusque dans les formations les plus récentes, puisque l’on y découvre également des espèces perdues , mêlées et confon- dues avec des animaux semblables à ceux qui vivent encore, et quelquefois même sur le sol où leurs analogues fossiles ont été ensevelis. Ce fait remarquable a lieu non-seulement dans les cavernes à ossemens, mais encore dans toutes les formations postérieures au dépôt du calcaire moellon, où il existe à la fois des animaux perdus, et des animaux sem- blables aux nôtres. Les derniers temps géologiques ne sont donc pas aussi éloignés des temps actuels qu’on l’a généra- lement supposé; et les modifications que le globe a éprou- vées, et qui ont anéanti tant de générations, ne remontent pas à une antiquité indéfinie, les causes qui les ont produites ne différant probablement pas des causes qui agissent main- tenant. . \ . .. • t «• ••».' là- f '; '■ ,<■ ' ‘ » î'- i • ’- \i- • ■■ ■>; i<>;v i ‘-.Uf ;i;; ■ . ■ > : Vçi;.-; ' ■ '■ ■ ■ ■ N../ ,., ■ '■»: , ' '■' '-''''X ' ' '■ ■ ■ , ; ■ ■' • • Ti-' ■■• ' >' • ,’l; 'T'il '.i' ■■" ■ . ; ■;'■)■' ' :--v‘'_.,'-.' • ,f’ • '-r : ■' ' ’v."' '". ’ ' '■ :•'''■’» . ■ t ‘î : '-Vi'*'-' ' '■" ^ ■ '■' ■ ,* . • ' f ^/i,r _ ■' <. . ï ^ J' ’ î ^ --'-1 ï-,; , t r.-'j-l jN - '■ ‘ ?r- • fî' .■ ' • ,• * ?/ ’ f ;., ' - . 't 'S'J; < . ' ,' , Il . '■' ..•• I ■' . . .: 1 !. (-■'' •'i -i'’ ■ . ' • . Il ■ \ ' ;j ) ■ . ; . '. ■ '^ ■■ .' / •■ ■ ‘ • •• ' ' ■! ,i ‘ . : ifHr ■ f . . ’ '• ! ■'■ .-jii.jii-U) •', ■ •■ ■ . '■ . . . ‘ • -V- ■ ' i V ■ ; ; if-f*'»,' - •‘r ■ ^S' / . / Lettre adressée à M. Geoffroy-Saint-Hilaire , membre de V Académie royale des Sciences , sur les races distinctes que paraissent présenter certaines espèces considérées jusqu à présent comme fossiles, PAR M. MARCEL DE SERRES. M ONSIEUK, Le sujet d’observation que je viens soumettre à vos mé- ditations m’a été inspiré par votre beau Rapport (i) sur les travaux de M, Roulin ; à ce titre il vous appartient : ce qui me donne l’espoir que vous me faciliterez les moyens de le rendre digne de l’objet auquel il s’applique, objet qui na- guère a fixé votre attention. Il résulte des faits généralement admis, que les espèces animales ont éprouvé de nombreuses variations dans leur organisation par l’influence de l’homme; et que, lorsque (i) Ce rapport, Sur quelques cliangemens observés dans les animaux domestiques transportés de V ancien monde dans le nouveau continent, est suivi de quelques nouveaux développemens devenus l’objet d’un Mémoire spécial, sous ce titre; Dans quels rapports de structure organique et de parenté sont entre eux les ani- maux des âges historiques et vivant actuellement, et les especes antédiluviennes et perdues. Yoyez le 17'. tome des Mémoires du Muséum d’Histoire naturelle, p. 209. Mém. du Muséum, t. i8. 20 LETTRE SUR CERTAINES ESPECES i5o surmontant cette influence par des causes quelconques, elles repassent à l’état sauvage, leurs différences disparoissent; en sorte qu’elles reprennent, et même bientôt, l’ uniformité de leur type primitif. Ainsi les grandes vai'iétés, ou les races diverses d’une même espèce, sont d’autant plus nombreuses, que cette espèce a subi, d’une manière plus profonde, l’in- fluence de l’homme. Les animaux que nous avons réduits à l’état de domesticité présentent en effet le plus grand nombre de ces variétés et le plus de constance dans ces variations du premier ordre, auxquelles l’on a donné le nom de races. Ces faits, puissamment confirmés par les observations ré- centes de M. Roulin , paroissent conduire à des résultats im- portans pour la counoissance des différentes espèces, résul- tats dont la géologie positive peut aussi tirer parti pour mieux saisir les causes des diverses modifications que la surface du globe a éprouvées. . Vous savez, Monsieur, que les dépôts produits sur la terre postérieurement à la retraite des mers se font remarquer par le grand nombre de corps organisés qu’ils renferment, et surtout par le nombre des mammifères terrestres que l’on y observe. Ces mammifères terrestres, différant quelquefois par leurs espèces et même par leurs genres de nos races ac- tuelles, y semblent cejiendant ensevelis depuis une époque peu éloignée de nous. On le présume du moins , puisque quelques uns d’entre eux se montrent dans une position ver- ticale, et que leurs débris sont parfois entourés de branches d’arbres concassées, dont ces animaux avoient fait leur pâ- ture. On le présume encore, parce que le plus grand nombre de ces mammifères se rapporte aux espèces dont l’homme a CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. i5i le plus particulièrement fait la conquête, et notamment à celle du cheval. Le nombre des individus de cette espèce est réellement remarquable dans les dépôts d’alluvion, soit dans ceux, disséminés à la surface du sol , soit parmi ceux qui ont comblé en tout ou en partie les fentes de nos rochers. Enfin l’on est en quelque sorte forcé de regarder cette pré- somption comme une vérité démontrée , depuis qu’avec MM. Tournai, de Christol et de Lanoue, nous avons décou- vert des ossemens humains, ou des objets de fabrication hu- maine, mêlés et confondus avec des espèces perdues, et con- sidérées jusqu’à présent comme fossiles. 11 existe également d’autres preuves, non moins positives, de la nouveauté de ces dépôts. Ces preuves se tirent non- seulement de ce que ces espèces domestiques y sont singu- lièrement en excès, du moins en Europe, sur les autres es- pèces qui n’ont jamais quitté l’état sauvage, mais encore de leur absence complète dans les contineus où elles n’ont été découvertes ni à l’état sauvage, ni à l’état domestique. En effet les bœufs, les chevaux, qui existent aujourd’hui en Amé- rique y ont été transportés d’Europe; ce qui nous fait con- cevoir comment, tandis que leurs dépouilles se trouvent, dans nos contrées, mêlées et confondues avec celles des masto- dontes et des éléphans, on n’en observe nulle trace avec celles des mêmes mastodontes et des mêmes éléphans que l’on dé- couvre en Amériqire à l’état fossile. Nous employons du reste cette expression, non dans le sens que nous lui attachons, mais uniquement dans celui qu’on lui a donné communé- ment, et peut-être sans bien s’entendre. Or, puisque les chevaux et les bœufs n’existoient pas à i52 lettre sur certaines espèces l’état vivant dans le nouveau continent, lors de sa décou- verte ; qu’on ne les y a point rencontrés à l’état fossile avec les mastodontes qui s’y trouvent en grand nombre dans ce dernier état, et aux débris desquels ils sont mêlés dans l’an- cien, il faut que la population de ces deux conlinens n’ait pas été uniforme lors de la destruction de toutes ces espèces, comme elle paroît l’avoir été à une époque antérieure, c’est- à-dire lors du dépôt des terrains secondaires 5 il falloit égale- ment que les choses fussent déjà arrangées à peu près de la même manière qu’elles le sont aujourd’hui : ce qui fait encore présumer que la destruction de ces mammifères terrestres, dont l’ancienneté ne peut pas toujours s’évaluer par les diffé- rences qu’ils présentent avec nos races actuelles, n’a pas été antérieure à l’apparition de l’homme. On est amené forcément à cette conclusion par les obser- vations suivantes. Les terrains, produits avant et lors de la retraite des mers, offrent bien quelques débris de nos animaux domestiques, mais ces débris y sont toujours épars et peu nombreux. D’ailleurs ils n’annoncent pas, d’individu à indi- vidu, des différences assez grandes pour y admettre des races distinctes et analogues à celles qui caractérisent aujourd’hui les variations de nos animaux domestiques. Les bœufs, les chevaux , et peut-être les autres espèces domestiques ense- velies avec eux dans les dépôts d’alluvion produits après la retraite des mers (i), offrent au contraire des différences (i) On pourroit donner à cet ordre de dépôt le nom de terrains quaternaires, ainsi que l’ont déjà fait plusieurs géologues ; c’est dans ce sens que nous emploie- rons cette expression. , , I CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. E' 1 53 assez grandes d’individu à individu , pour les considérer comme constituant des races distinctes et caractérisées par des formes et des proportions diverses. Les espèces aujourd’hui domestic[uesprésentoîent donc déjà des races particulièi’es, lors de leurs dépôts, dans les terrains d’alluvion ou des autres dépôts quaternaires, tandis que la même circonstance ne se rencontre point parmi les débris de ces espèces ensevelies dans des terrains antérieurs à la re- traite des mers. Parmi les restes des chevaux enterrés dans nos cavernes à ossemens, avec des rhinocéros, des hyènes, des ours, des lions et des cerfs d’espèces perdues, les uns rappellent des individus dont la haute stature étoit analogue a celle des chevaux de l’Allemagne , de la Suisse et de la Hol- lande; d’autres paroissent être intermédiaires entre ces races et les chevaux arabes, ou de la Camargue, dont on retrouve aussi des débris dans nos cavités souterraines, et se rappro- chent par ces caractères des chevaux espagnols. Il en est de même des bœufs ensevelis avec nos diverses races de chevaux ; ceux-ci paroissent également c^stituer des races distinctes et assez diversifiées. En un mot, puisque les chevaux, les bœufs' des dépôts postérieurs à la retraite des mers offrent des races distinctes et tranchées , tandis que les chevaux et les bœufs des dépôts antérieurs à cette même retraite ne présentent rien de sem- blable, n’est-il pas naturel d’en conclure que les premiers seuls ont dii ressentir l’influence de la différence des climats, ainsi que celle de l’homme , et par conséquent être contem- porains de sou apparition sur la terre. 11 nous paroît donc que l’on ne doit considérer comme l54 LETTRE SUR CERTAINES ESPECES fossiles que les seuls corps organisés ensevelis dans les ter- rains quatenaires ou dans les dépôts antérieurs à la retraite des mers; car ceux qui en recouvrent les dernières relais- sées n’ont aucun caractère qui puisse les faire distinguer des dépôts stratifiés ou déplacés pendant la période alluviale ac- tuelle. Il faudroit dès lors, et d’après la nature des choses, réserver le nom àiQ fossiles aux corps organisés antérieurs à à l’existence de l’homme; et il n’y a guère que ceux qui se trouvent dans les dépôts produits avant ou lors de la retraite des mers que l’on puisse aujourd’hui considérer comme tels. C’est donc un nouveau champ ouvert à l’observation que ce- lui d’examiner les corps organisés ensevelis dans les entrailles de la terre , sous le rapport des variations qu’ils ont pu éprou- ver dans leurs espèces, et les diverses modifications que l’homme ou les circonstances extérieures ont pu leur faire éprouver. Toujours résulte-t-il des observations que nous venons de soumettre à votre attention, que lors même que nous n’au- rions pas observé des ossemens humains ou des objets de fabrication humaine dans les cavernes à ossemens, ou des espèces d’animaux d’espèces perdues travaillés par la main de l’homme, l’on auroit pu présumer, d’après les races di- verses des chevaux et des bœufs qui y sont ensevelis, que cet ordre de phénomènes étoit postérieur ou contemporain à l’apparition de l’homme sur la terre. La destruction de cer- taines espèces, et même de certains genres, n’annonce donc pas, comme on l’a supposé, de grands changemens dans l’ordre de la nature. Elle n’empêche nullement que le passé ne soit lié au présent par une chaîne non interrompue. Des CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. î55 espèces ont pu se perpétuer, et d’autres cesser d’exister pour toujours, par le seul effet des modifications qui ont lieu sous nos yeux, et dont l’action est peut-être plus puissante qu’on ne l’a supposée, par cela même qu’elle est constante. Cet aperçu vous inspirera-t-il assez d’intérêt ^our que je puisse, à l’aide de vos hautes lumières, trouver les moyens de rendre digne de l’attention de l’Académie des Sciences un travail qui n’est encore qu’ébauché, mais dont personne ne peut mieux que vous , Monsieur, sentir toute l’importance , ainsi que les applications que l’on peut en faire, pour saisir les rapports qui lient les générations présentes aux généra- tions passées. Puisse-t-il du moins me faire obtenir cet avan- tage que j’ambitionne, d’autant plus qu’il me donnera de nouvelles occasions d’apprécier toute la profondeur de vos pensées, et toute la sagacité de vos aperçus. Addition à la lettre 'précédente. Les boeufs et les chevaux ensevelis dans les cavernes à os- semens du midi de la France, ayant paru présenter des races distinctes, et diversifiées, il étoit curieux de s’assurer s’il n’en étoit pas de même des chiens que l’on découvre avec eux. On sait que le chien est, de tous les animaux, celui dont l’homme a le plus particulièrement fait la conquête. On sait encore que cette espèce présente le plus de variations, ou de ces grandes variétés que l’on a nommées races. Aussi M. Cu- ï56 LETTRE SUR CERTAINES ESPECES vier observe-t-il que, par suite de l’influence de l’homme, il s’est développé, chez quelques chiens, une fausse molaire de plus, soit d’un côté, soit de l’autre, et chez d’autres, un doigt de plus au pied de derrière, avec les os du tarse correspon- dans (i). Mais cette même influence s’est-elle exercée sur les chiens dont les débris sont ensevelis dans les cavités souterraines de nos contrées méridionales? Pour se décider à cet égard, il faut s’assurer s’il existe quelques différences entre les divers individus des chiens enterrés dans nos souterrains, et si ces différences restent dans les limites des variations qu’éprou- vent les espèces les mieux circonscrites. Voici ce qui résulte d’une comparaison attentive des différentes pièces osseuses qui, par leurs caractères anatomiques, doivent être rappor- tées à l’espèce du chien. Certains maxillaires de cette espèce ne présentent pas de traces de la petite tuberculeuse que l’on observe dans le loup et le renard, en arrière de la dent qni suit la carnassière. Cette même tuberculeuse paroît pourtant avoir existé dans d’autres maxillaires des chiens de nos cavernes, puisqu’on y aperçoit encore les alvéoles qui les renfermoient, alvéoles qui, sur d’autres fragmens, se montrent oblitérées. La petite tuberculeuse, dont nous parlons se voit également dans plu- sieui’s maxillaires des chiens vivans de races différentes, avec cette particularité c[ue, tandis que cette dent existe sur un côté, on n’en aperçoit pas de traces distinctes sur le côté opposé. (l) Discours sur les Révolutions de la surface du globe, p. 124 — laS. N CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. iS'J L’absence de la dernière tuberculeuse, dans certains maxil- laires inférieurs des chiens vivans, comme dans ceux des chiens de nos cavernes, tient-elle uniquement à la différence d’âge des individus où elle existe, comparés à ceux où on n’en voit plus de traces ? Cette question est d’autant plus dif- ficile à résoudre, que cette dent manque quelquefois chez les chiens vieux et très-âgés, ayant été expulsée de l’alvéole où elle .étoit logée, tandis que d’un autre côté on la retrouve assez fréquemment chez la plupart des jeunes individus. D’un autre côté, cette dent existe chez certains chiens, tandis que d’autres en sont privés; en sorte qu’il n’est pas toujours clair que son absence dépende de l’âge de l’individu où l’on n’en observe pas de vestiges, ni que cette absence puisse être at- tribuée à la mastication. Par cela même, il est fort douteux que la présence de cette dent tuberculeuse tienne aux modifications que l’homme au- roit fait éprouver aux chiens où cette dent existeroit. On peut d’autant plus en douter, que les chiens ensevelis dans nos cavernes sont plus semblables au chien, tel qu’on suppose qu’il étoit avant d’avoir subi l’influence de l’homme, que la plupart de nos races domestiques. Aussi nos chiens parois- sent-ils intermédiaires entre le loup et le chien d’arrêt; leur museau, plus alongé, ressemble assez à celui des chiens qui, abandonnés à eux-mêmes, sont revenus à l’état sauvage. Toutes les parties de leur squelette sont plus fortes, toutes proportions gardées, surtout les vertèbres dorsales et lom- baires, que ne le sont ces mêmes parties dans la plupart de nos chiens, à l’exception du chien de berger. i*.^^Cependant, tandis que certains individus de nos chiens pré- Mém. du Muséum, t. i8. 21 1,58 LETTRE SUR CERTAINES ESPECES sentent de nombreux rapports avec le loup, d’autres en of- frent avec le renard, ce qui annonce que nos chiens n’avoient pas entièrement conservé Tuniformité de leur type primitif, ni une identité absolue dans leurs caractères. Ces différences ne sont pas les seules que l’on observe entre les divers individus de nos chiens. Eu effet, en compa- rant ensemble un assez grand nombre de maxillaires infé- rieurs, nous n’avions d’abord aperçu d’autres différences entre eux que dans le plus ou le moins de force des branches qui en font partie, ainsi que dans le diamètre antéro-postérieur de leur carnassière, qui varie depuis 0,023 jusqu’à 0,038 j mais un examen plus attentif no us a fait remarquer un de ces maxil- laires, qui, par sa canine plus longue et plus aiguë, ainsi que par le moins de hauteur dans ses branches dans le sens ver- tical, ressembloit assez à un maxillaire de renard. Mais outre que les dimensions et la force de cet os l’éloignoient entiè- rement de celui du renard, les autres rapports plus impor- tans, tels que ceux dépendant de la forme, rendoient impos- sible tout rapprochement , nous avons été forcés d’en conclure que quelques uns de nos chiens différoientdes autres par moins de hauteur dans les branches de leurs maxillaires, ainsi que par la forme plus aiguë de leurs canines. Nous avons également comparé les autres parties du sque- lette de nos chiens, et comme elles ont présenté entre elles des différences plus on moins grandes, ces différences signa- lent ou des races diverses, ou des espèces distinctes : ce qu’il est difficile d’admettre, les caractères différentiels n’étant pas ici d’un ordre assez élevé pour être spécifiques. Afin de ne pas donner trop d’étendue à cette lettre, nous 1 CONSlDÉaÉES COMME FOSSILES. iSg ne porterons plus votre attention, Monsieur et illustre Pro- fesseur, que sur un seul point. Nous possédons plusieurs tibias qui manifestement ont appartenu à des chiens, et cependant ils diffèrent entre eux par des caractères de variétés , mais qui n’en sont pas moins remarquables. Certains de ces tibias ont les plus grands rapports avec ceux du loup 5 ils n’en diffèrent guère que par un peu moins de force et de longueur, tandis que les autres, plus courts et moins épais, ont dû provenir de chiens beaucoup plus petits, et dont les dimensions n’é- toient pas les mêmes que celles des premiers. Ces os longs, comme les autres parties du squelette, signalent donc des chiens de diverses tailles et d’une stature entièrement diffé- rente 5 en sorte qu’ils paroissent annoncer des races distinctes dans celles de nos espèces dont nous avons fait plus par- ticulièrement la conquête. Peut-être peut-on conclure de ces faits, auxquels nous donnerons plus de développemens dans la suite, que notre influence s’étoit déjà fait ressentir sur les chiens enterrés dans nos souterrains, comme sur les autres espèces domestiques que l’on y découvre. Agréez, Monsieur, etc., Marcel de SERRES. ■M.: I ':ü;> %.iri J , I ')■ i . : '..''S • : / . - a;" ; !:'■ :' ’ ' ' ■■'I- , i H.iiJ.; , oh :oili;. .. ' 1 ! y - .' 'ff a'il-; i< .' -'tr.ro '-‘' ’V?' O ' ':i,'. r 'o -•■:) - - ^ f ,E f ' ■ '■ V-, là I • l ■ h ‘‘I; . ^ ^6:’; -jloc 'H ^ ' 'OI, > ■ii 0 (ih :o-o ,: , r.rô,^ , y.jj;' -;;'ii ?':oi?nonii.‘ ;o r çSli o • ih ■; ■; !; >0 asÇ'' -b]'> K, ')•.■;;; ,' r ' ■ ,t;C o:.0-lî yoo!' ' 'întK I f;i!> o,i .ntoi'i r' ;:o.:,; , m li^or' o'o "oi;Uv ijiüîrr'iihiîno ' J;. . O. -h., ' r - O i i': aoJ'o;:Jîi,p.;;a ),;'i ..:ùu,'i..<':joo I u; J: t p..;. ut • v ^ " '-■}jj'[ r •■:{([. effQ’, 3- :i Joob ?(fr.;V{rt ■’ ^t>:i »h-ü'''it«bao.‘3 ao-fz&r; fytJh-Jue'd .nis.},*»?-; ;•• ;* , >:•:] c afjJj .c: oi!!3({<]olt)vô',) ob <;!oi. - ,c t . .?■?',!' f 'J 'tuf. ;ûr.;Jo'3 S'orrnnLnt-.u'Uoa ■; ■;? , •. ir; •;? ?.ù-l 'îi;;: ou :w. . f.on - b .-r:'? '. <;u. r.i.ij ..9'r/'iO';>'M> Y, iio’l-.9u[» o-. o 'ta io ■ 'S.. • , ' ' ■ - • |0 ■ . ■ ■' ,'.’n • 'I «» .;i 'ià-M l* . . ,. i «tM *---'-. • lô* ■ ) ■■ r ORGANOGRAPHIE MICROSCOPIQUE, ÉLÉMENTAIRE ET COMPARÉE DES VÉGÉTAUX. OB.SERVATIONS Sur V origine ou la formation' primitive du tissu cellulaire; sur chacune des vésicules composantes de ce tissu , considérées comme autant cZTnclivicluaütés distinctes, ayant leur centre vital parti- culier de végétation et de propagation , et destinées à former , par agglomération, /^Individualité compose'e de tous les végétaux dont V organisation de la masse comporte plus d’une vésicule. PAR P. J. F. TURPIN. Depuis trente ans un concours de circonstances très-l'avora- bles, assez rares à rencontrer, m’ont mis dans le cas de sa- tisfaire mes goûts naturels, et de remplir en même temps mes cartons d’une foule d’observations sur les êtres orga- nisés du règne végétal. Deux voyages qui ont duré près de dix années, tant à Saint- Domingue que dans les Etats-Unis de l’Amérique, m’ont enrichi d’un grand nombre de matériaux. Six mille dessins de plantes que j’ai exécutés, depuis vingt- cinq ans que Mém. du Muséum, t. i8. 11 1Ô2 ORGANOGR APHIE j’habite Paris (i), d’après des végétaux d’ordres difFérens recueillis sur les divers points du globe par nos plus célèbres botanistes, ont également contribué à augmenter le nombre des faits que je possède, à étendre et à lier mes idées sur l’organisation végétale et sur la physiologie , toujours subor- donnée au mode d’organisation de chaque être. C’est en cherchant à mettre de l’ordre dans la publication successive de tous ces faits acquis, que je sentis toute l’im- portance qu’il y avoit de commencer par bien établir, par bien faire conooître dans ses élémens les plus reculés l’or- ganisation interne, ou, autrement dit, l’organisation élémen- taire des masses tissulaires des végétaux , bien convaincu qu’en- suite les divers organes extérieurs qui en dépendent s’expli- queroient, pour ainsi dire, d’eux-mêmes. Par élémens les plus reculés, j’entends ceux qu’il nous est possible d’atteindre à l’aide de nos moyens microscopiques les plus amplifians , élémens bien certainement subordonnés (i) Des images de plantes, tracées par la main d’un botaniste , sont à la science des végétaux ce que sont les analyses des corps à la science de la Chimie. L’Icono- graphie, en histoire naturelle, sera toujours la plus utile partie du signalement des objets que l’on se propose de faire connoître. Je pense, d’après cela, avoir un peu contribué à l’avancement progressif de la Botanique par le grand nombre de dessins que j’ai produits dans divers ouvrages. Que l’on ne croie pas cependant qu’en écrivant cette note j’aie cherché le moin- drement à me faire un mérite quelconque. En faisant des dessins d’histoire natu- relle, et en y ajoutant quelquefois des descriptions, j’ai fait un métier qui se trouvoit entièrement dans mes goûts; j’ai, comme tous les autres, satisfait à un besoin de plaisir, comparable à celui qui soutient la passion du chasseur, mais qui, dans les deux cas , ne peut être , selon moi , un titre à récompense. Aussi ne m’a-t- on jamais vu aux lieux oh se distribuent les avantages pécuniaires ou honorifiques. DES VÉGÉTAUX. l63 à d’aulres bien plus reculés encore, et dont les bornes défi- nitives nous resteront à jamais cachées. Ainsi, quoi que l’homme fasse, sa conception très-bornée, et plus encore le peu d’étendue de ses sens, l’obligera, dans toutes les connoissances dont il s’occupe, de partir de l’infini ou de l’inconnu, chaque fois qu’il voudra approfondir une science positive quelconque. Mais si, partant de cet infini ou de cet inconnu, il saisit promptement le premier anneau visible delà chaîne qui subordonne, et duquel dépend la formation de toutes les choses appréciables, toutes ces choses s’expli- queront à merveille l’une par l’autre; elles se rangeront na- turellement à leur véritable place, et éclaireront en même temps leurs voisines, si toutefois celles-ci couservoient encore quelques obscurités. Dans plusieurs de mes Mémoires précédons j’ai déjà com- mencé à démontrer que tout le règne végétal, considéré seu- lement dans l’organisation de ses masses tissulaires ou tégu- mentaires, nesecomposoitque d’agglomérations plus oumoius considérables de globules organisés, pleins ou devenus vési- culaires; que ces globules ou ces vésicules étoient d’abord autant de centres vitaux de végétation, et ensuite de jjropa- gation ; que chacune de ces vésicules destinées à donner nais- sance, par extension de ses parois intérieures, à de plus petites vésicules (pl. i , fig. 20, 21 et 22), pouvant, selon certaines circonstances de végétation, servir à remplacer la vésicule- mère, ou à devenir toute espèce de modifications de corps propagateur (pl. 2, fig. 8); que ces vésicules, dis-je, étoient autant diindwidualités particulières, puisque chacune d’elles, soit qu’elle vive isolément dans l’espace ( pl. 4? fi§- O r, G A N 0 G R A P H I F. soit qu’elle fasse partie de \ indwidualité composée d’une plante (pl. 4? %• 2 et 3), croissoit et se propageoit pour son propre compte, sans s’embarrasser le moindrement de ce qui se passe chez ses voisines (i). Je ne connois rien de plus analogue que ces petits et très- nombreux végétaux globuleux et vésiculaires répandus sur toutes les surfaces humides du globe, et auxquels j’ai donné le nom de globuline solitaire (pl. 4? ^ )> comparés à ces autres vésicules indwidus dont se forment les masses de tissus cellulaires des végétaux composés (pl. 4? %• 2 et 3). Ces deux sortes à’ indwidualités vésiculaises, vivant et se propa- geant en leur particulier, ne diffèrent seulement que par l’i- (1) L’indépendance organique dont jouissent les individus des trois sortes d’êtres dont se composent, par agglomération , les masses tissulaires des végéiaux, savoir : la cuticule ou épiderme, les vésicules du tissu cellulaire, et les tigellules filamen- teuses du tissu vasculaire ; cette indépendance peut seule expliquer comment , dans certaines maladies des plantes, la désorganisation des tissus s’arrête tout à coup, et d’une manière tout-à-fait brusque. C’est, dans ces cas, un vice contagieux qui règne dans une partie des êtres membraneux, vésiculaires (.-t filamenteux , qui forment la masse des tissus , mais qui , après avoir fait ses ravages en s’étendant de contre en contre, par le seul contact, finit, par épuisement, entre la vésicule de drôite et la vésicule de gauche , c’est-à-dire que la première se décompose entiè- rement, lorsque la dernière reste saine, et continue de vivre. Les tissus animaux éprouvent la même chose, soit dans leur désorganisation , soit dans leur guérison. Il arrive un moment où, dans les plaies, les tissus décomposés se décollent des tissus que la contagion n’a pu atteindre. Alors la guérison est presque terminée. Le mal qui tend à la désorganisation des tissus étant comjjarable à un incendie qui s’étend de maison en maison, le cultivateur et le chirurgien n’attendent pas que la cause du mal soit épuisée j il retranche promptement la partie gangrénée de celle qui ne S’est pas encore. Cette opération est un violent cordon sanitaire que l’on établit entre les individus malades et élémentaires des tissus et ceux qui se portent bien. DES VÉGÉTAUX. i65 soleinent dans resj)ace des unes, et par ragglomération en tissu cellulaire et en indwidualités composées des autres. On ne peut s’empêcher de voir dans ces petits végétaux univésiculaires, si nombreux et si généralement répandus dans la nature, dans celte globuline solitaire, que nous ne distinguons à l’œil nu c[ue sous l’apparence de grandes cou- ches vertes ou de toutes autres couleurs, et dont les auteurs ont Tait, d’après cette seule apparence, le genre Lepra^ on ne peut s’empêcher, dis-je, de voir dans ces amas considé- rables , dans ces forêts d’individus vésiculaires un immense tissu cellulaire à vésicules éparses (pl. 4? fig- i )• Si tout à coup les individualités vésiculaires qui consti- tuent, par agglomération, les indwidualités composées des arbres, des plantes en général, venoient à se décoller, à .s’i- soler, les forêts s’afTaisseroient, \qs indwidualités d’ aggi'éga- tion cesseroient, et nous n’aurions plus que des monceaux d’individualités particulières; ce ne seroit plus que de la glo- buline solitaire, dont les masses informes ne simuleroient pas mal celles gélatineuses de la Bichatie (pl. i , fig. i , 4 et 5), ou bien ces rochers ou bancs d’huîtres formés d’une longue suite de générations d’individus entassées les unes au-dessus des autres. Je viens de parler de la globuline solitaire, de ces petits végétaux les plus répandus dans la nature, et conséquemment de la plus grande simplicité possible, de ces petits végétaux dont toute l’organisation se borne à n’être cju’une vésicule projiagalrice comparable à l’une de celles que l’on isoleroit d’une masse de tissu cellulaire d’un végétal composé. Je désire (jue l’on me permette de saisir celle occasion i66 ORGANOGR APHIE pour répondre à un auteur qui a nié dernièrement l’isole- ment ou l’individualité de ces petits végétaux, en préten- dant qu’ils étoient toujours précédés par une membrane commune, blanche, transparente et muqueuse qui, selon lui, doit être considérée comme la base d’une plante, comme le thallus des lichens membraneux, et le globule vésiculaire qui résulteroit de l’expansion de cette membrane, comme un conceptacle propagateur. Cette idée, conçue à -priori, est entièrement calquée sur ce qui se passe dans l’organisa- tion d’un grand nombre de lichens. Cette membrane commune n’existe certainement pas; ce qui peut avoir donné lieu à cette méprise , vient de ce qu’un grand nombre de ces petits végétaux globuleux et vési- laires, en naissant les uns des autres et très-près les uns des autres, se soudent quelquefois par approche, et forment, par cette soudure, de grandes masses qui représentent une sorte de tissu cellulaire, ou de grandes masses de générations qui se surmontent, en se servant successivement de territoire, de la même manière que cela a lieu dans l’augmentation progressive des troncs d’arbres-, dans le développement d’un polypier, ou dans l’accroisement continuel du banc d’huîtres dont j’ai déjà parlé, et dont, s’il avoit été miscroscopicjue, on n’auroit pas manqué de faire un Mycoderma ou un Leprd, en niant ou en méconnoissant l’individualité particulière de chaque huître composante. Qui sait même si l’esprit de système ou de con- tradiction n’y auroit pas vu une membrane commune et vitale, liant tous les individus de manière à former du rocher d’huîtres tout entier une grosse trémelle? Cette théorie, qui considère les végétaux comme étant des DES VÉGÉTAUX. 167 individualités composées , formées de l’agglomération d’un grand nombre (ü individualités vésiculaires Q\,à’ individualités filamenteuses^ est entièrement basée sur l’observation des gradations que présentent les diverses modifications ou es- pèces végétales dans leur organisation. Elle explique parfaite- ment comment, lo, le tissu cellulaire n esx. c\\x \m amas à’ in- àxvidus vésiculaires développés les uns à côté des autres, et de l’intérieur d’une vésicule-mère qui les a précédés (pl. 4, fig. 2 et 3, b,d)'^ 20. comment ces vésicules, de sphériques et libres qu’elles étoient d’abord , se soudent ensuite les unes aux autres, et deviennent, par défaut d’espace et par la pression mutuelle qu’elles se font éprouver, plus ou moins héxaèdres dans la plupart des tissus cellulaires (pl. 4? fig- 3); 3°. com- ment chaque vésicule étant un centre vital particulier de végé- tation et de propagation, établit dans tous les points de l’or- ganisation encore vivante, d’un végétal composé, autant de points vitaux desquels on peut espérer le développement d’un corps propagateur(i), et 5°. comment, enfin, la vie vé- gétale peut être également répartie sur tous les points de la masse tégumentaire qui n’a pas encore cessé d’exister. .fe me suis assuré par des observations que je ferai con- noître ailleurs cju’ici, que, dans les masses tissulaires des vé- gétaux, les vésicules, toutes développées, du tissu cellulaire. (i) C’est ainsi qu’à la surface des écorces ou des feuilles il peut surgir un grand nombre de corps propagateurs, véritables embryons susceptibles de reproduire des individus semblables à la plante mère dans l’intéiieiir de laquelle ils sont nés. C’est ainsi, comme je l’ai déjà fait connoître, que des faces et des bords de plu- sieurs feuilles détachées d’un pied à' Ornithogalum tltjrsijlorwn , il étoit sorti un nombre considérable d’embryons, jusqu’à cent trente-trois sur l’une d’elles. i68 O K ti A N 0 G K A P H I E ne végètent plus, que leur existence vitale estténninée, et, qu’en cet état, elles ne servent plus qu’à abriter la globuline ou vésicules futures, seules capables de se coller et de s’unir dans l’action de la greffe. Les tigellules filamenteuses cessent également de vivre dès qu’elles ont atteint toute leur étendue; ^ et la cuticule ne pouvant plus s’accroître, se décompose et est peut-être remplacée par une nouvelle. Toute greffe végétale, de quelque manière qu’on l’opère, consiste toujours à mettre en contact deux masses de vési- cules pourvues de Globuline vw ante ^ ces jeunes vésicules, muqueuses de leur nature et conséquemment très-collantes, s’appliquent les unes sur les autres, la sève des deux masses entre en communauté d’existence: dès ce moment deux exis- tences particulières, distinctes, se confondent en une seule, mais sans cependant consentir à abandonner jamais le ca- ractère qui différencie chacune d’elles. C’est ainsi qu’à partir du point de l’union ou de lagreffe, l’épine, en restant toujours épine, produit ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, tandis que le Néflier, placé au-dessus, reste Néflier, et conserve, sans la moindre altération, les attributs qui le caractérisent Les divers Etats de l’Amérique du Nord, vivant sous un certain nombre de lois communes à tous, mais en conser- vant d’autres lois particulaires à chacun d’eux, offrent assez bien l’image de ce qui- se passe lorsque nous unissons, par la greffe, des masses ou des associations de vésicules et de ti- gellules de deux végétaux composés différons. I / DES VÉGÉTAUX. 169 Du Tissu cellulaire considéré comme formant la base de de tous les végétaux développés ,• comme étant composé de vésicules individus distinctes, agglomérées en masses, libres ou soudées entre elles, sphéidques , avec espaces angulaires (rnéats) (pl. "b, b), ou héxaèdres, par pression mutuelle, et conséquemment sans méats 4, fig. 3), servant de conceptactes aux vésicules futures {globuline) d’un nouveau tissu (pl. 4, fig. 2 et 3^ b, d), ou aux corps propagateur?, de V espèce (pl. %, fig. 2, 8). Ce seroit, je crois, perdre son temps et le faire perdre aux autres, que de discuter aujourd’hui pour savoir si le tissu cellulaire végétal est une masse de mucus simplement cel- lulée, ou si cette masse est, au contraire, produite par une agglomération de vésicules distinctes plus ou moins soudées entre elles. Cette dernière opinion a été celle de Malpighij elle a été confirmée depuis par les plus habiles et les plus savans anatomistes de l’époque actuelle. Les Link, les Tre- viranus, les Rieser, les Polini, les Du Petit-Thouars, les Amici, les Dutrochet, les De Candolle, les Raspail, etc., n’admettent plus aucun doute à cet égard. Mais il me semble que cette opinion, quoicpie générale- ment reçue, n’est pas encore suffisamment appuyée de preuves. Les observations qui y ont conduit, consistant toutes dans des dissolutions de tissus cellulaires, soit en arrachant mé- caniquement les vésicules, soit en employant, pour les isoler, la chaleur de l’eau bouillante ou celle de l’acide nitrique. Ces moyens artificiels ne suffisoient pas à beaucoup de per- sonnes, parce qu’en effet on pou voit supposer qu’en agis- Mém. du Muséum, t. i8. 2 3 ORGÀNOGRAPHIE 170 sant ainsi, on désorganisoit la lame unique et commune à deux cellules, comme, par exemple, la cuticule des deux faces d’une feuille (i) ou d’un péricarpe se séparent quelque- fois l’une de l’autre. Il étoit donc nécessaire d’employer d’autres moyens qui pussent, sans avoir recours à aucune rupture, prouver et démontrer la pluralité des vésicules dans la composition des masses de tissu cellulaire. C’est de quoi je me suis occupé. D’après une conviction qui m’est depuis long-temps ac- quise, j’écrivois (2), il y a plusieurs années, « l’organisation « d’un être vivant et celle de ses organes en particulier, ne (( peuvent s’expliquer qu’autant que l’on suit pas à pas le (c développement successif de cet être, depuis le premier (( moment de sa formation jusqu’à celui de sa mort. » Sans ce moyen, en effet, il est presque impossible d’arriver 'a des idées exactes sur la nature et sur les analogies des êtres organisés, soit de leur ensemble, soit seulement des diverses parties dont ils se composent. Tant que l’on a voulu, tant que l’on s’est obstiné à vouloir comprendre dés êtres tout développés, les explications que l’on en a données sont res- tées peu satisfaisantes et la plupart erronées. Si, par exemple, au lieu de s’en tenir à observer l’embryon des graminées, tout venu sous le tégument de la graine, on se fût plutôt at- taché à le voir venir, ces nombreuses discussions, pour savoir si la scutelle est ou n’est pas le cotylédon, n’auroient pas eu (1) Les feuilles du Buis offrent assez souvent ce cas de désorganisation. (2) Essai d’une Iconographie élémentaire et philosophique des végétaux, p. i5, année 1820. ■ DES VÉGÉTAUX. I7I lieu, et le temps précieux des habiles botanistes qui se sont occupés de ce point de l’organisation végétale auroit été plus convenablement employé pour l’avancement de la science. En suivant cette marche, qui consite à voir venir les choses, ces hommes célèbres auroient vu que tous les embryons des graminées, quand iis commencent, ont, comme tous les em- bryons monocotylés, une gaine cotylédonaire complète , mais qui se déchire ensuite par le développement de la gemmule qui la chasse siir le côté, où cette petite feuille, ou gaine co- tylédonaire ne paroit plus que sous l’aspect d’un appendicule latéral. Ce que je viens de dire pour l’embryon des gra- minées est applicable à tout: suivre progressivement et pas à pas les êtres organisés à mesure qu’ils se déroulent ou se dé- veloppent sera toujours le plus sur moyen de les expliquer dans leur organisation propre et dans les rapports de res- semblance qui les lient naturellement les uns aux autres. Un morceau de tissu végétal tout venu d’un chêne, d’un orme ou d’un Cactus , observé par petites tranches sous les plus forts grossissemens dumicroscope, désorganisé ou déchiré par les moyens mécaniques des instrumehs, de la chaleur de l’eau bouillante ou de celle de l’acide nitrique, ne put être suffisamment compris dans sa formation. En cet état il a dû donner naissance à un grand nombre d’erreurs; ou a du croire à des stomates ou pores corticaux, sous formes de vé- ritables ouvertures l’ondes ou en fentes, à des pores annelés sur les vésicules du tissu cellulaire, à un système nerveux dans ces petites vésicules futures contenues dans les vési- cules-mères des tissus cellulaires, et enfin à un grand nombre d’autres idées qui ne sont pas plus fondées, mais qui dévoient 1^2 ORGANOGRAPHIE naturellement découler des premières, puisqu’il est vrai de dire que si la vérité enfante des vérités nouvelles, l’erreur enfante aussi l’erreur; chaque^espèce ne peut produire que son fruit. C’est ainsi qu’après avoir imaginé un cours circu- latoire pour la sè ve, on fut obligé de se marteler le cerveau pour imaginer de nouveau deux chemins différens, l’un pour l’ascension et l’autre pour la descente : le premier de ces chemins fut établi dans le centre des troncs d’arbres, et tout près de la moelle; le second dans l’épaisseur de l’écorce. On ne voulut pas voir qu’un très-grand nombre de végétaux manquent, les uns d’écorce et les autres de bois; qu’il en est qui sont sphériques, comme beaucoup de Cactus^ qu’un énorme potiron , qui commence par un point, végète et grossit progressivement dans tous les sens, sans que cependant on puisse établir en lui une sève montante et une sève descen- dante. De celte erreur d’un cours réglé et circulatoire pour la sève, naquit encore l’idée des prétendus vaisseaux, et de toutes ces perforations prétendues, soit de la cuticule ou épiderme, soit des vésicules du tissu cellulaire, soit enfin de celles de certaines tigellules internes, du tissu tigellulaire ou fibreux. Si de voir venir les êtres organisés à mesure qu’ils se dé- roulent est un sûr moyen d’arriver aies expliquer, il en est un autre non moins certain qui est, en très-grand, le parallèle de celui-ci, mais qui exige la connoissance d’un nombre considé- rable de modifications d’êtres de tous les points de l’échelle, c’est-à-dire depuis l’état organique le plus simple jusqu’à l’état organique le plus composé. Si dans toutes les évolutions que subit l’homme depuis DES VÉGÉTAUX. 173 l’époque où il n’est encore qu’un globule muqueux et inco- lore jusqu’à celle où il est entièrement développé; si dans l’ensemble de ses tissus et des divers organes qui le consti- tuent on retrouve assez facilement, en le décomposant par la pensée, l’analogue de tous les êtres organisés plus simples placés au-dessous de lui, il est bien certain aussi que chaque fois que nous voudrons nous rendre compte de l’organisa- tion compliquée d’un être, soit de ses organes, soit seule- ment de ses tissus , le plus sûr moyen sera de descendre le plus bas possible dans l’échelle organique, et de remonter en- suite successivement jusqu’à lui. Cette manière d’étudier les êtres a quelque chose de grandiose qui élève famé, et qui nous apprend deux vérités incontestables ; la première, qu’il existe un plan unique d’organisation graduée pour tous les êtres; la seconde, qu’un être quelconque est toujours une sorte de composé d’êtres plus simples que lui. Lorsque, il y a quelques années, je voulus me rendre compte de l’organisation, très-compliquée en apparence, des végétaux composés, des arbres, je me mis à la recherche de tout ce qui pouvoit exister de plus simple dans la nature en fait de végétaux; je consultai pour cela les milieux tran- quilles, abrités et humides, mais jouissant d’assez d’air et de lumière; je visitai le sein des eaux douces et salées, l’inté- rieur des serres chaudes et humides; j’observai avec soin ces productions vésiculaires et filamenteuses cjui se dévelop- pent dans l’épaisseur des liqueurs fermentescibles, et dont, lorsqu’elles se collent les unes aux autres, composent ces coagulums informes dont on a fait ces fausses existences vé- gétales sous le nom de Mycoderma. Je trouvai dans ces vagues matières vertes des auteurs. / ORGANOGR APHIE'. et dans les diverses espèces de lepra des botanistes, des fo- rêts immenses de petits végétaux distincts, globuleux, vési- culaires, naissant, croissant et se propageant pour leur propre compte, au moyen de plus petites vésicules, nées par exten- sion de la paroi intérieure d’une vésicule-mère. Je vis, dès lors, dans ces amas d’individus globuleux et vésiculaires, une sorte de grand tissu cellulaire dont les élémens, au lieu d’être agglomérés ou même soudés, étoient libres et épars. Dès ce moment, je conçus pleinement l’organisation et la forma- tion du tissu cellulaire, puisque dans celui-ci chaque vési- cule composante a également son centre vital particulier de végétation et de propagation; et dès ce moment encore j’a- perçus de chaque vésicule, individualité con- courant, par agglomération, à constituer Y indwidualité com- posée de tous les végétaux dont la structure générale com- porte au m oins deux v ésicules propagatrices soudées ensemble. J’étois satisfait; la distance qui a lieu entre une associa- tion de petits végétaux vésiculaires libres entre eux, et les vésicules sphériques et agglomérées d’un tissu cellulaire im- parfait comme celui des Cactus (pl. i, fig. i5, et pl. 3), étoit nulle pour moi. Je voyois de part et d’autre les mêmes individus vésiculaires; je leur reconnoissois la même indé- pendance organique; je les voyois, dans les deux cas, n’avoir en commun que la masse de liquide dans laquelle les uns et les autres sont plongés, et dont chacun se nourrit par absorp- tion, sans égard pour ses voisins; mais je sentois aussi que j’a- vois besoin de convaincre les autres de cette grande vérité, et qu’il falloit encore chercher dans la nature quelques pro- ductions végétales qui tinssent le milieu entre des individus vésiculaires épars, et des individus vésiculaires agglomérés BES VÉGÉTAUX. in5 en niasse de tissu cellulaire. La nature n’ayant jamais fait de saut dans ses créations successives, je ne tardai pas à rencon- trer cette production organisée dans laquelle devoit se trouver le chaînon qui unissoit les tissus cellulaires à vésicules libres et éparses, et les tissus cellulaires à vésicules agglomérées sphériques ou hexaèdres, simplement contiguës ou soudées par approche. A la surface interne des vitres des serres chaudes et très- humides, et quelquefois au sommet de la partie intérieure des entonnoirs en verre dont on se sert pour abriter les boutures, il se développe une production végétale (pl. i , fîg. ï,b,c.) de forme irrégulière, aplatie en membrane ou relevée en masse, dont le volume varie depuis celui d’un grain de millet jusqu’à celui d’une noix. Sa substance très- molle, très-aqueuse et de la couleur d’un grain de raisin blanc bien mûr, rappelle un peu le Nostoc commun. Mais dès que l’on soumet cette production sous le microscope, au lieu des individus filamenteux moniliformes ou en chapelets des Nos- tocs, on trouve (fig. 4 et 5) que ces masses végétantes sont produites par un nombre considérable de vésicules sphéri- ques, blanches, transparentes et muqueuses, dans l’intérieur desquelles sont des vésicules futures, vertes, et variant pour le nombre de une h six. Dans ces amas de vésicules indi- vidus, parmi lesquelles il y en a d’isolées, de groupées et soudées par deux, trois, quatre, et en plus grand nombre, de sphériques et d’hexaèdres, par la pression mutuelle qu’elles se sont fait éprouver, on surprend véritablement, dans cette production, la nature s’essayant à faire du tissu cellulaire. Il étoit impossible d’arriver à une démonstration plus com- ORGANOGBAPHIE 176 plète de la formation de ce tissu. Je dirai même de tous les tissus organiques, puisque, comme on le présume, tous ont un tissu cellulaire ou au moins globulaire pour base. Dans cette production privilégiée se présentent une foule de cas qui servent à expliquer ou à dévoiler ce qui se passe dans les végétaux d’ordres supérieurs. Elle offre tous les passages quiconduisent des tissus cellulaires à vésicules éparses aux tissus cellulaires imparfaits des Cactus i5), et de ceux-ci aux'tissus cellulaires composés de vésicules sou- dées et devenues hexaèdres par pression (fig. 16). Dans plu- sieurs de ces vésicules-mères la vésicule future ou globuline, en continuant de végéter, a produit une seconde génération de globuline propagatrice 5 d’autres (fig. 7) ne pouvant plus contenir leur génération, se déchirent et accouchent de nou- veaux individus vésiculaires, dans l’intérieur desquels on aperçoit déjà une nouvelle génération contenue. La couleur verte de la globuline est ce qui, comme dans tous les autres tissus cellulaires végétaux , produit la couleur verdâtre des masses vues à l’œil nu : en se séchant les vésicules- mères crèvent, laissent couler l’eau qu’elles contiennent, et déposent, sans ordre, la globuline, comme cela se voit dans la fig. i 4; et cette même globuline, si l’humidité lui manque pour se gonfler et devenir des vésicules-mères à son tour, prend, comme la globuline des feuilles à l’automne, les cou- leurs jaune, rose, aurore, pourpre, brune et noire. C’est en cet état que cette production paroît le plus souvent aux vitres des serres chaudes, et surtout aux points où deux de ces vitres s’entrecroisent. Il est des cas, très-nombreux en histoire naturelle, où l’on DES VÉGÉTAUX. I77 se demande de bonne foi, ferai-je de cet être une espèce ou un genre? un végétal ou un animal? J’avoue qu’en étu^- diant la singulière production dont il vient d’être question , j’ai éprouvé une semblable difficulté, quoique d’un autre genre, et que cette difficulté me semble impossible à sur- monter. Dois-je individualiser la masse végétante (fig. i , hhc) ou dois-je la considérer comme un amas d’individus vésicu- laires distincts, lors même qu’ils sont soudés entre eux? Pour la vue simple, cette masse croissante et végétante seroit un individu; mais si l’on place cet individu sous le microscope, il se décompose en une foule d’individualités vésiculaires qui ont toutes leur centre vital particulier de végétation et de propagation. Reconnoissons donc ici, comme dans tous les autres végétaux, que la masse tissulaire est une individualité' composée de l’agglomération d’un grand nombre d’indivi- dualités plus simples. Cette production végétale, si féconde en faits explicatifs de l’organisation des tissus, n’ayant encore été décrite ni figurée, j’en ai fait un genre nouveau que j’ai dédié à l’im- mortel physiologiste Bichat, et auquel j’ai, conséquemment, donné le nom de Sichatia vesiculinosa. La Bichatie est encore remarquable, en ce qu’on ne la trouve jamais qu’aux surfaces du verre, où aucune autre pro- duction organisée, au moins à ma connoissance, ne se déve- loppe. Les jardiniers regardant cette végétation intéressante comme une saleté qui obscurcit les vitraux de leurs serres, ne la laissent pas toujours s’étendre autant que celle que j’ai figurée. Je dois aussi avertir que la Bichatie étant le premier terme ou l’origine de la formation du tissu cellulaire, ses vé- Mém. du Muséum, t. i8. 24 ORGANOGR APHIE 178 sicules, dont la consistance n’est guère au-dessus de celle de l’écume de l’eau, et qui laisseroient des doutes sur leur existence organisée sans la globuline propagatrice que cha- cune d’elles renferme, s’affaissent se déchirent facilement, au point que l’observateur n’a plus sous les yeux que des débris membraneux de vésicules et de la globuline éparse, comme cela se voit (fîg. 14). Il est donc utile de la détacher des vitres ou des entonnoirs avec précaution , de la déposer sur des feuilles fraîches renfermées dans une boîte de fer-blanc, et de la soumettre ensuite, le plus tôt possible, sous le micros- cope. La couleur et la foi’me des masses de la Bichatie^ vues à l’œil nu, rappellent assez bien cette production du Cambium en forme des gouttes de suif qui se développent cà et là sur la surface d’un aubier vif et décortiqué. Je ne serois pas le moindrement étonné qu’entre ces deux végétations il y eût la plus parfaite analogie, l’une et l’autre présentant le tissu cellulaire à son origine. J’avois pensé que les gommes auroient pu m’offrir quel- que chose d’organisé ayant de l’analogie avec la Bichatie. Toutes celles que j’ai observées se sont étendues, et telle- ment divisées dans l’eau qu’il n’est plus rien resté d’aperce- vable sous le microscope. Dans laBichatie se trouve toute l’explication de la formation du tissu cellulaire, par agglomération de vésicules blanches, transparentes et muqueuses, sphériques et simplement con- tiguës, en laissant entre elles des vides angulaires, ou dé- venues hexagones par pression mutuelle, et soudées entre elles sans vides angulaires. En elle est la preuve de l’indi- vidualité de chaque vésicule des tissus cellulaires, puisque DES VEGETAUX. 179 chacune d’elles a son centre vital particulier de végétation et de propagation; en elle se trouve encore ces deux autres preuves : la première, que c’est toujours, ou presque tou- tours, à la présence et à la couleur propre de la Globuline propagatrice contenue dans les vésicules-mères des tissus cellulaires que sont dues presque toutes les couleurs dont se parent les diverses parties des végétaux (pl. 1 , fig. i, c, et 5, i5, 16, 17 et 17, <2; pl. 2, 1 et I, «, 4 et 5); la seconde, que l’étendue, dans tous les sens, des masses végétales n’a lieu que par l’accouchement d’anciennes vésicules en un plus grand nombre de vésicules nouvelles (pl. i,bg. 7, 8,9, 10, ii et 12; pl. 2, fig. théorique 10), développement entièrement et ri- goureusement comparable à l’étendue des associations ani- males. La même démonstration de la formation du tissu cellulaire pourrolt encore avoir lieu dans les tissus cellulaires lâches et aqueux, comme ceux de la pulpe de certains fruits, dans lesquels les vésicules qui les composent sont grandes, flasques informes, de toutes grandeurs, libres entre elles, et jetées au hasard les unes sur les autres comme autant de petites vessies à moitié remplies d’air. Telles sont, pour exemple, les tissus cellulaires de la pulpe jaune et bien mûre du mésocarpe, du péricarpe du Chamœrops hinnilis (pl. i, fig. 17, a); du fluide raucilagineux qui devient plus tard le périsperme (fig. 19); de la chair jaune du Potiron, Cucurbita maxima (pl. 2, fig. i, a et fig. 2); delà partie la plus intérieure d’une feuille de X Aloe mlgaris (fig. 3). i8o ORGANOG n APHIE Des Méats interceUulaires ou Canaux inter cellulaires . On a nommé Méats interceUulaires, ou canaux intercellu- laires, des vides ou espaces angulaires (pl. 3, <5/^, etpl. 4, fig- 2) produits ordinairement par la rencontre ou par la conti- güité de cinq vésicules sphériques dans le très-petit nombre de tissus cellulaires imparfaits, comme ceux des Cactus {^\, 1 , fig. i5) et de quelques feuilles de végétaux monocotylés. Je m’étonne que l’on ait attaché une certaine importance à ces vides qui n’ont rien à faire avec l’organisation, et qui ne sont véritablement que de petites portions de l’espace univer- sel tout-à-fait comparables à celles qui séparent deux hommes dans la rue, ou à celles illimitées qui ont lieu entre les vé- sicules individus d’un tissu cellulaire à vésicules libres et éparses (pl. 4> fig- 1)- ®st tout aussi étonnant qu’ après avoir créé quelque chose avec rien^ on ait encore attribué à ce quelque chose des fonctions physiologiques, comme de ser- vir de passage ou de conduit à la sève. La sève, qui n’a point un cours réglé , ni de chemins différens popr monter et pour descendre, mais qui se porte tout simplement, sans canaux et sans ouvertures particulières, partout où le besoin d’assi- milation se fait sentir, se loge dans les masses tissulaires des végétaux partout où elle rencontre des vides, et ces vides sont, pour le plus grand nombre des tissus, ceux de l’inté- rieur des vésicules du tissu cellulaire, et ceux tubuleux des tigellules du tissu tigellulaire ou prétendus vaisseaux (quand elles sont creuses) j et enfin ceux angulaires (pl. 3, bh^ et pl. 4> fig- 2), c|ui ne se trouvent que dans la composition i8i DES VÉGÉTAUX. d’un petit nombre de tissus cellulaires. Ces vides, comme locaux, favorisent quelquefois la formation des raphides (pl. I, fig. i6) que l’on rencontre entre les vésicules d’un assez grand nombre de tissus cellulaires avec méats ou sans , méats, comme celui figuré pl. i, fig. i6. Les grains de Globuline ou vésicules futures (fig. i5,a), que M. Rieser a vus dans les vides angulaires des méats n’y étoient point nés; ils étoient échappés d’une vésicule- mère comme tous ceux que l’on voit en a. Mais abrités et entourés d’humidité, il est plus que probable que dans cette nouvelle situation ils continuent de végéter, et deviennent, à leur tour, une vésicule-mère, qui se soude ensuite avec celles de la masse du tissu cellulaire. De la Globuline ou vésicules futures des vésicules-mères du tissu cellullaire. La globuline naît, par extension, des parois intérieures de chacune des vésicules-mères dont se composent, par ag- glomération, les masses de tissu cellulaire; elle en est le corps propagateur, et est destinée à renouveler et à étendre, dans tous les sens, la base tissulaire des végétaux. Son insertion, sur les parois intérieures des vésicules-mères est symétrique; elle y forme des séries dont les globules de l’une alterne avec ceux d’une autre (i). La globuline est sphérique tant que son (0 Si généralement la globuline nous paroît sans ordre dans l’intérieur des vésicules, cela vient de ce que nos instrumens, au lieu de couper, ne font que déchirer ou refouler les vésicules. ORGANOGRAPHIE 182 développement n’a pas été gêné par le défaut de capacité de la vésicule-mère; c’est par cette cause que les grains les plus gros de la globuline des vésicules du tissu cellulaire de la pomme de terre (Solamnn tuberosum) présentent des formes irrégulières et angulaires. La globuline vivante est susceptible de se présenter, sous toutes sortes de couleurs, excepté la noire, et c’est sa pré- sence dans les vésicules transparentes et toujours incolores du tissu cellulaire qui occasione presque toutes celles que nous observons dans les végétaux. Elle commence toujours par être blanche; elle se colore ensuite selon les diverses espèces végétales, selon les divers organes de ces mêmes végétaux, selon l’âge de ces organes, selon leur état de santé ou de maladie, et selon leur exposition à l’humidité, à la chaleur et à la lumière. Elle est d’abord blanche dans l’origine de toutes les feuilles; en prenant de la force elle verdit généralement, et en s’épuisant elle jaunit, rougit et noircit au moment de la chute des feuilles. C’est elle seule qui blanchit ou verdit dans les salades, selon qu’on les expose à la lumière ou qu’on les en prive. On la voit quelquefois, sans sortir du sein de la vésicule-mère, du tissu cellulaire, s’étendre extraordinaire- ment, produire de ses parois inférieures une et même deux générations emboîtées (i). (1) J’ai déjà eu l’occasion d’observer plusieurs cas qui m’ont présenté des vési- cules de tissu cellulaire, dans l’intérieur desquelles un ou plusieurs des grains vésiculaires de Globuline avoient végété et pris un accroissement tel, que dans leur intérieur il s’étoit développé une nouvelle génération de globules. On peut en voir trois exemples dans les planches i, fig. 5, ee, et 2, fig. 3, a, et fig. 2,â, qui accompagnent ce Mémoire. Le plus curieux de ces faits est celui qui a été découvert par mon très-honorable DES VÉGÉTAUX. l83 C'est un grain de Globuline, plus favorisé que les autres, qui devient toujours le conceptacle propagateur de tout corps capable de propager l’espèce, tel que bourgeon, bulbille, embryon de graine (pl. 2, fig. théorique 10 et 10, ^). La Glo- buline ou vésicule future de tissu cellulaire est pleine d’un fluide gommeux ou mucilagineux très-nutritif, et ce fluide, très-probablement, est une masse de très-petits globules inapercevables. La Globuline est aux vésicules-mères des tissus, quant à la qualité nutritive, ce que sont les pois à leur cosse; plus jeune et conséquemment plus tendre cjue la vésicule, plu- sieurs insectes s’en nourrissent, et n’attaquent jamais ni la vésicule-mère ni la cuticule qui la contient, et sous laquelle ils cheminent comme sous une tente. Excitée par la piqûre des insectes, ou par une température trop sèche , trop chaude ou trop froide , elle devient malade, ami M. Le Baillif, dans les globules qui circulent librement avec le liquide con- tenu dans l’inte'rieur des méritlialles tubuleux des tiges de Cliaras. Très-souvent un grand nombre de ces globules que l’on avoit simplement conside're's comme des concrétions de matières nutritives, mais qui sont bien des centres vitaux orga- nisés, absorbent, végètent, croissent au point de remplir entièrement le diamètre du tube, et produisent, par extension de leurs parois intérieures, une nouvelle génération de globules, dans l’intérieur desquelles on en distingue une plus nouvelle encore. La végétation et l’accroissement, par absorption et par association, des globules (Globuline) végétaux développés dans l’intérieur des vésicules-mères des tissus cellulaires, ou dans le tube des Conferves et des Cbaras , la faculté qu’ont ces globules de produire dans leur sein d’autres globules, réjmnd à la première question d’organograpbie , posée , par M. De Candolle , ainsi qu’il suit : « Les grains ou globules visibles, soit dans l’intérieur des cellules, soit dans les « sucs des méats intercellulaires , peuvent-ils se dilater eux-mêmes en cellules ? » Organ. végét. , t. 2 , p. 256. ORGANOGR APHIE i84 perd sa couleur de santé, prend des formes monstrueuses, tourmente et crispe les feuilles et les écorces, reste sous la cuticule (pl 2, fig, 4 et 5), ou en sort, en la crevant, et pa- roît à la surface des végétaux sous toutes sortes d’aspects (pl. 2, fig. 6 et 7). La cloque des feuilles du pêcher, la noix de gale, les Uredo^ \es Æcidium, les Xjloma, et en général tous ces prétendus végétaux qui sont censés prendre naissance sous la cuticule, sont toujoui’s produits par un. état patho- logique de la Globuline. C’est ce que l’on pourroit appeler V ergot de cet organe. Des ouvertures en forme de pores ou des fentes destinées à V introduction des fluides et des liquides dans V épaisseur des masses tissulaires des végétaux . Ces ouvertures particulières existent-elles ? sont-elles utiles Non, et non encore, puisqu’elles n’existênt pas, et que celles que l’on a cru voir, soit à la cuticule, sous le nom de pores corticaux ou de stomates, soit aux vésicules du tissu cellulaire, sous celui #le pores annelés, n’ont été que l’effet d’une illu- sion. La cuticule générale des végétaux est une sorte de grande vésicule ou de grande enveloppe incolore , d’une minceur et d’une transparence extrême. Elle n’a d’ouverture nulle partj sa nature est la meme que celle d’une vésicule- mère du tissu cellulaire .-elle a seulement une étendue infini- ment plus grande. Les plus puissantes combinaisons du mi- croscope ne peuvent nous faire apercevoir les élemens qui la composent, mais l’analogie seule nous dit que des globules incolores, transparens et muqueux, contigus les uns des autres et susceptibles d’ouvrir ou de serrer les rangs, selon DES VÉGÉTAUX. l8S les besoins de la vie, la composent. A la surface inférieure de cette membrane est fixée une espèce de réseau dont les mailles, formées par des filets incolores, solides ou peut- être tubuleux, varient de forme et de grandeur, selon les espèces de végétaux. Les mailles du réseau de la cuticule des Fougères, du Houx de XAucuba Japonica, se com- posent de filamens sinueux et d’un aspect très-élégant. Indé- pendament de ce réseau, la cuticule des feuilles et celle des jeunes écorces du système aérien des végétaux d’ordres Su- périeurs, présentent encore des organes particuliers qui se lient avec les filamens du réseau, et qui se composent de deux vésicules remplies de globuline. Courbées de dehors en dedans, de manière à laisser entre elles une simple fente ou un espace plus ou moins large. C’est cette fente ou cet espace qui permet de voir la cuticule transparente et à nu, qui a fait croire que ce lieuétoit percé, et ce quia fait donner le nom de pore cortical ou de stomate à cet organe formé de deux vé- sicules simplement appliquées sur la face, probablement ex- térieure, de la membrane imperforée de la cuticule(pl. 3, fig 3). Je ne parlerai point des pores annelés des vésicules du tissu cellulaire; chacun sait aujourd’hui que la membrane muqueuse de cet organe est imperforée, et que des grains de globuline blanche et transparente, en se dessinant sur le porte objet du miscroscope par un bord circulaire rembruni et par un point lumineux au centre, ont donné lieu à cette méprise. Quelques personnes croient encore que certaines tigellules internes et composantes des tiges proprement dites, et qu’elles appellent desvaisseaux, sont munies d’ouvertures, de pores ou Mém. du Muséum, t. i8. 2 5 l86 ORG A N OGRA PHI E de fentes annelées ou bordées comme une boutonnière d’ha- bit; c’est encore une illusion du même genre que cclledont je viens de parler relativement aux prétendues ouvertures de la cuticule. J’ai déjà fait sentir la grande analogie qu’il y- avoit entre une tige proprement dite et les tigellules internes qui la composent, et entre les stomates de la première et les pores annelés ou bordés des soi-disant vaisseaux. On doit se rappeler que^ dans les deux cas, ce sont presque toujours deux vésicules courbées et conjointes remplies de globuline, bien conformée dans celles des stomates, et simplement puncti- forme et rudimentaire dans celles des pores annelés des vais- seaux. La membrane dont se compose le tube de ces vaisseaux ou plutôt de ces tigellules n’est pas plus perforée que la cuti- cule des tiges proprement dites; l’opacité des deux vésicules appliquées contrastant avec la grande transparence de la partie du tube que l’on aperçoit entre elles, a encore produit cette illusion. Je ne puis donner une meilleure idée de la struc- ture et de l’assemblage des vésicules conjointes des tigellules, qu’en en indiquant la figure 2 de la planche 3, qui représente un stomate (1). • Un mot sur la sèpe. De l’eau reçue par l’absorption insensible de toutes les (i) Les tigellules composantes (vaisseaux), lorsqu’elles sont tubuleuses, repré- sentent rigoureusement une lige ordinaire qui sei'oit réduite à sa cuticule. La grande analogie qui existe entre les stomates de la cuticule, soit des écorces, soit des feuilles, et ce que l’on a nommé des pores annelés sur les tigellules internes et com- posantes, me détermine à employer la dénomination de Stomatine pour ces pré- tendus pores, malgré ce que peut avoir de défectueux cette dénomination qui exprime une ouverture qui n’existe pas. DES VÉGÉTAUX. 187 surfaces aspirantes du végétal prend le nom de sève dès qu’elle est admise cà baigner la masse des tissus. Cette eau, en obéis- sant d’abord aux simples lois delà physique, tendà-se mettre en équilibre et à imprégner également toutes les parties de la masse tissulaire du végétal; mais deux causes s’opposent à cet équilibre, et font que l’on trouve toujours une bien plus grande rjuÿitité de sève dans un lieu plutôt que dans un autre. La première de ces causes naît de la différence de compacité des tissus qui permet à l’eau de se loger en plus ou en moins grande abondance, selon que les vides sont plus vastes et plus abondans. La seconde, bien plus puissante, vient du degré d’énergie de la vie qui n’est pas le même dans toutes les parties- de l’organisation végétale. Quoique toutes les vésicules du tissu cellulaire et toutes les tigellules qui végètent parmi celles-ci soient autant d’in- dividus distincts, puisque chacune d’elles a son centre vital particulier de végétation et de propagation, elles n’en forment pas moins une grande association d’assistance mutuelle, et restent toujours tributaires soumises de l’individualité com- posée de la plante qu’elles sont appelées à constituer. C’est ainsi que tour à tour on voit le système aérien et le système terrestre des arbres se faire des emprunts et dés envois réciproques de sève selon l’état des milieux dans les- quels chacun d’eux se trouve et les besoins qu’ils éprouvent. Ce n’est que dans ce cas, et dans les végétaux à longues tiges seulement, que l’on peut admettre une sève qui monte, une sève qui descend, et une sève qui stationne. Si l’atmosphère est sèche et brûlante, et que la terre soit humide, le système aé- rien demande et reçoit du système terrestre qui envoie; alors ORGANOGUAPHIE l88 lasève monte. Si long-temps après, lorsque la terre elle-même est épuissée, il survient de la pluie, le système terrestre, à son tour, implore un secours qu il a accordé quelque temps auparavant, et il le reçoit du système aérien qui se trouve dans l’abondance; alors la sève descend. Si la pluie dure, si l’atmosphère et la terre sont amplement pourvues d’humidité, les deux systèmes pouvant s’abreuver chacun dsyas leur mi- lieu, il en résulte, comme pendant l’hiver, un état de station pour la sève. S’il reste encore un peu de mouvement, ce ne peut être que des surfaces qui reçoivent plus tôt, vers le centre des tissus qui reçoivent plus tard. En effet comment pourroit-on établir une sève qui monte et une sève qui des- cend dans un végétal globuleux, comme un Cactus melocactus ou bien dans le tissu d’un fruit sphérique comme celui du Poti- ron (Cucurbitamaxima)'^ ha. sève, dans l’épaisseur des masses tissulaires des végétaux, n’a point de circulaliorr réglée; elle ne monte point par un chemin et elle ne descend point par un autre; aucuns vaisseaux conducteurs, destinés à diriger sa pré- tendue marche, n’existent dans l’organisation des tissus : elle se porte tout simplement où elle est appelée, où le besoin vital se fait sentir, et cela dans tous les sens indistinctement, comme si la forme de tous les végétaux étoit sphérique, et comme si tous ne présentoient dans leur masse tissulaire qu’une simple agglomération de vésicules. La science des végétaux a commencé par être enveloppée d’erreurs et d’idées grossières. Lorsque l’on crut reconnoitre des sexes et une fécondation dans les végétaux, on s’imagina d’abord que la vésicule pollinique, tout entière, s’introdui- soit dans l’ovaire, et puis dans l’ovule, par cette espèce de DES VÉGÉTAUX. 189 canal qui se voit au centre des styles peu nombreux dont les pistils se composent de plusieurs feuilles soudées. Plus tard on reconnut cette erreur, et on la remplaça par celle des prétendus canaux, ou des cordons ou vaisseaux pistillaires dont tout le monde cause encore, mais qui cependant n’existent pas (i). M. Adolphe Brongniart, dans son beau travail sur la Gé- nératioTi et le déi^eloppement de V Embryon dans les vé- gétaux phanérogames y a mieux aimé, et avec plus de rai- son , faire arriver les globules des vésicules polliniques dans l’intérieur du sac ovulaire , en les faisant glisser entre les vé- sicules du tissu cellulaire des stigmates, des styles, quelque- fois très -longs, et des ovaires, pour de là entrer ensuite dans l’ovule, par l’ouverture du micropyle. Je crains bien que la science n’en reste pas encore à ce point. Les êtres organisés vége'taux me paroissent encore plus simples. 11 en fut de même pour l’absorption et le transfert de la sève dans l’intérieur des tissus. On imagina sur les cuticules, sur les vésicules du tissu cellulaire, et sur certaines tigellules (i) Les faisceaux de fibres qu’on aperçoit quelquefois sur la coupe transversale des styles uniques , ou composés par soudure, ont donné lieu de penser qu’ils pou- voient être des canaux ou des vaisseaux pistillaires ( cordons pistillaires de Correa ), dont les hautes fonctions dévoient être de conduire les globules prétendus sperma- tiques depuis les vulves stigmatiques jusque dans l’intérieur de la feuille ovulaire. Les pistils, qui ne sont que l’enfance du fruit, étant toujours le produit d’une ou de plusieurs feuilles soudées entre elles, et ces feuilles ayant leurs nervures mé- dianes composées de plusieurs fibres réunies, c’est à ces paquets de fibres, qui se prolongent de la base de la fenille ovarienne jusqu’à son sommet (stigmate), que l’on a donné le nom de cordons pistillaires , et auxquels on a accordé des fonctions romantiques. ORGANOGR APHIE 190 tubuleuses du tissu tigellulaire, de petites portes rondes ou alongées que l’on orna ensuite d’une sorte de petit cham- branle (bourrelet) (pl. 3, fig. 2, b'), par lesquelles l’eau ])ût entrer ou sortir du végétal, ou passer de l’intérieur d’une vésicule dans l’autre, et de celles-ci dans les prétendus vais- seaux poreux. Nulle ouverture visible sur la cuticule des végétaux, nulle ouverture visible sur la vésicule composante du tissu cellu- laire, et nulle ouverture visible sur la tigellule du tissu tigel- lulaire. Ces trois sortes d’organes, ou plutôt ces trois sortes d’individus composans, offrent une membrane continue, transparente, incolore, et sans organisation apparente , mais qui, selon toute espèce d’analogies, se composent de très- petits globules muqueux, blancs, transparens, simplement contigus et susceptibles de s’éloigner ou de se rapprocher, pour laisser entrer ou sortir les fluides et les liquides, selon les besoins de la vie et l’état des milieux dans lesquels le vé- gétal se trouve placé (pl. 3, flg. i, <35, 3). RÉSUMÉ. Dès que la matière s’organise, elle se globulise. Ce que nous considérons, à la vue simple, comme une substance muqueuse ou mucilagineuse, soit à la surface des corps immergés, soit dans les tissus commençans ou peu faits des êtres organisés, est, sous Faction du microscope, un amas de globules distincts, muqueux, incolores, transpa- rens, indwidus, puisque chacun d’eux a son centre vital par- ticulier, toujours ou presque toujours doué d’un mouvement, DES VÉGÉTAUX. 191 sur ]a nature duquel nous n’avons encore rien de précis. Ces amas de globules, lorsqu’ils font partie dun végétal ou d’un animal, forment le plus simple comme le premier de tous les tissus : c’est le Tissu globulaire. Lorsque ces globules naissent dans l’espace, comme à la surface des corps placés sous l’eau, qu’ils enduisent d’un mucilage que l’on reconnoît au toucher, ou comme dans ce précipité que l’on trouve au fond des vases dans lesquels on conserve de l’eau; ces globules, de la plus grande simplicité possible, constituent autant à'indmdus distincts, et doivent être regardés comme formant le premier degré, visible, de l’échelle de l’organisation. C’est avec ces êtres que j’ai formé le genre Protosphœria simplex (1). Ces globules, très-probablement pleins et n’offrant aucunes granulations intérieures capables de les propager, peuvent-ils être considérés comme étant la seule production organisée spontanée ? Il est à remarquer qu’aux mêmes lieux on trouve en même temps des êtres filamenteux d’une ténuité extrême, très-longs, pleins, sans granulation propagatrice apparente, de la même substance que les globules de Protosphéries. Ces êtres forment mon genre Protonema simplex (2). Je pense que les Protosphéries montrent l’origine des tissus cellulaires, et les Protonèmes celle des tissus fibreux, soit dans les végétaux soit dans les animaux. D’autres globules analogues aux Protosphéries, mais sus- (1) Atl. Dict. Scienc. nat. , t. 2 , pl. i. ^2) Ail. Dicl. Scienc. nat., t. 2, pl. 2. ORG A NOGRAPHIE 192 ceptibles, en se 5, i5 et 17, a. Ce tissu, trè.s-lâche, se com- pose de vésicules blanches, diaphanes, molles, irrégulières, avec peu ou point d’adhésion; dans leur intérieur on voit de la globuline rudimentaire. C’est à ce tissu cellulaire raucilagineux que l’on a donné les noms de périsperme, d’endos- perme et d’albumen , quand il persiste et se condense autour de l’embryon sous le tégument de la graine. Fig. 20. La Globuline propagatrice naît, par extension, des parois intérieures des vésicules mères du tissu cellulaire ; son insertion est d’abord symétrique : c’est ordinairement des séries dont les globulins alternent entre eux. Si cet ordre ne nous apparoît pas aussi souvent que cela devroil être, la faute en est due au dés- ordre que le tranchant du rasoir apporte dans les coupes que nous faisons des tissus. Il convient mieux, après avoir coupé un peu, d’enlever le tissu en le déchi- rant au moyen d’une pince; alors on obtient quelquefois des vésicules dans les- quelles la Globuline est restée rangée comme je l’ai figurée sous le n° 20. Fig. 21. Portion d’une vésicule pour bien exprimer la véritable insertion de la Globuline propagatrice. J’ai fait voir , dans l’intérieur de cette Globuline , une nouvelle génération de Globuline , afin de bien faire comprendre sa destination future. Fig. 22. Portion membraneuse d’une vésicule-mère, étendue pour mieux mon- trer encore la disposition de la Globuline propagatrice. Les deux séries de points indiquent 1 adhérence de la Globuline avec la membrane mère. 200 ORGANOGRAPHÎE Planche II. Théorie servant à expliquer le développement , dans tous les sens et sur tous les points , des masses tissulaires des végétaux. Fig. I. Portion de tissu cellulaire provenant de la pulpe du mésocarpe de cet énorme fruit que l’on nomme Potiron (Cuciirbita maxima Diich.). a. Le même tissu vu au microscope. Il se compose d’un amas de grosses vési- cules, comme juxtaposées les unes à côté des autres, blanches, transparentes comme du verre, molles, irrégulières, de forme et de grandeur différentes, con- tenant une grande quantité d’eau et de Globuline propagatrice d’un jaune d’or. Plus il y a de Globuline dans les vésicules de ce tissu cellulaire, plus le potiron est jaune, et plus il est nourrissant. b. Trois grains de Globuline très-grossis. La Globuline du potiron a pour dia- mètre réel de millimètre. Fig. 2. Tissu cellulaire, vu au microscope , détaché de cette partie du potiron qui accompagne les graines, et qui paroît à l’œil nu comme grésillé j les vésicules- mères sont encore plus flasques et plus irrégulières que les précédentes. La Glo- buline propagatrice est remarquable en ce qu’au lieu d’être sphérique , elle est alongée , un peu oblique, pointue par les bouts, dont l’un se prolonge par un filet qui probablement servoit de point d’attache, a. Globuline qui a verdi à la lumière, après y avoir été exposée. ô,ô,ô. Grains de Globuline devenus vésiculeux, et contenant déjà une nouvelle génération de Globuline, c. Quelques grains de Globuline isolés et très-grossis. a'. Id. devenus verts par l’action de la lumière. Observation. La Globuline propagatrice reproduit tout simplement la vésicule- mère, ou devient, selon les circonstances favorables à sa végétation , un corps pro- pagateur de l’espèce ou de l’individualité composée, comme je l’ai déjà dit; mais elle est aussi susceptible de s’^étendre eu vésicule, et de donner lieu de son intérieur à une ou deux générations emboîtées. Selon qu’elle est plus on moins exposée à la lumière, elle s’étiole, blanchit, ou prend plus de consistance et verdit. C’est ce qui arrive aux Globulines blanches et jaunes de la pomme de terre et de la carotte dès qu’elles sont mises en contact avec la lumière; non-seulement elles verdissent, mais elles acquièrent encore une saveur âcre qui est un signe de santé dans ces vé- gétaux , et une chose fort désagréable pour nous. Fig. S.Portionde tissu cellulaire prise dans le centre d’une feuille de VAloë vulga-r ris. Ce tissu n’est qu’un amas de petites poches ou vessies blanches, diaphanes, flas- ques, affaissées les unes sur les autres, irrégulières, contenant une petite quantité de Globuline propagatrice avortée; mais dont quelques grains marqués a se sont déve- DES VÉGÉTAUX. 201 loppéi au point de donner naissance, dans leur intérieur, à nne nouvelle géné- lion de Globuline. Les grains de Globuline qui se sont développés en a sont remarquables par l’ir- régularité de leur forme, et par celle même de la génération contenue dans leur inte'rieur. J’ai déjà observé [dans ]es Globulma 7>iscosa , sangitinea et hotrjoides (Alt. Dict. scienc. nat. ) des formes semblables. Fig. 4- Une portion de feuille de \ Acer platanoïdes, sur laquelle est une grande tache d’un pourpre noir. Obsebvation. Les botanistes, avides d’espèces végétales, ont désigné comme telles, une foule de cas qui ne représentent que de la Globuline propagatrice al- térée, malade ou monstrueuse. C’est avec ces fausses ou prétendues espèces végé- tales, soi-disant parasites , qu’ils ont formé le genre Xyloma , Uredo, Æcidium ^ Erineum, et tant d’autres qui sont censés prendre naissance sous les épidermes ou cuticules des feuilles et des écorces. Lorsqu’on observe, sous le microscope muni d’un grossissement de cinq cents fois, les taches pourpres ou noires dont on a fait le genre Xyloma, après toutefois en avoir enlevé la cuticule, on voit qu’en cette partie la Globuline propagatrice, par une cause que je ne connois pas encore, s’est altérée j qu’elle est devenue dure, cornée et d’un pourpre noir; qu’elle n’a point augmenté de volume, et que, con- séquemment, elle est toujours restée Captive sous la cuticule, et dans l’intérieur de chaque vésicule-mère du tissu cellulaire. Fig. 5. Portion Irès-grandie de la précédente figure, dont on a enlevé la cuticule afin de mettre à nu les vésicules-mères du tissu cellulaire, et la Globuline propa- gatrice développée dans l’intérieur de ces vésicules, a. Globuline verte à l’état de santé ou à l’état normal b. Globuline malade ou monstrueuse, devenue dure, cornée et d’un noir pourpre, cl . Globuline verte, Irès-grossie. U . Globuline pourpre noire, très-grossie , malade. Fig. 6. Portion d’une feuille de Rosier sur la surface inférieure de laquelle se sont développés une foule de points saillans d’un jaune aurore. Ces points ont servi aux botanistes pour créer un être végétal auquel ils ont donné le nom d’L- redo rosœ. C’est encore de la Globuline propagatrice malade , qui diffère de la précédente, en ce que celle-ci, au lieu de rester cachée sous la cuticule et dans l’intérieur des vésicules-mères, prend plus de développement et se multiplie à un tel point que, ne pouvant plus être contenue sous la cuticule, elle la déchire irré- gulièrement, et paroit , sur la feuille, comme autant de petits mamelons pulvis- culeux. Fig. 7- Portion très-grandie de la précédente figure vue sous le microscope. a. Cuticule soulevée et déchirée irrégulièrement par le développement monstrueux Mém. du Muséum, t. i8. 27 202 ORGANOGRAPHIE de la Globuline malade. C’est avec les lambeaux de cette cuticule que les auteurs ont fait une cupule ou une collerette, b. Globuline malade et multiplie'e à l’excès, c. Globuline malade, isolée, et dont quelques grains, devenus vésiculeux, présentent dans leur intérieur, une nouvelle génération de Globuline. Fig. 8. Par cette figure, simplement explicative, j’ai voulu faire connoître comment un jeune végétal , un Embryon , se développoit par extension des tissus propres de la plante mère, et comment, à cet âge, il ne présentoit encore qu’un tissu cellulaire composé, par agglomération, d’un grand nombre de globules vésicu- laires seulement contigus les uns aux autres ; globules vésiculaires qui , considérés comme autant de centres vitaux particuliers de propagation , en contiennent d’autres destinés à les remplacer, à les multiplier, et à expliquer en même temps l’augmentation dans tous les sens et de tous les points des masses végétales. J’ai dépouillé cet embryon dicotylédon , ou cet embryon pourvu de deux petites feuilles opposées, d’une partie de sa cuticule ou de son épiderme, afin de mettre à découvert la masse progressive de son tissu cellulaire. Mais j’ai accompagné ce végétal naissant de la feuille ovulaire qui l’abrite et le protège, sous le nom de tégument de la graine, jusqu’à l’époque de la germination. On s’apercevra aisé- ment que j’ai déchiré la presque totalité de l’un des côtés de la lame de cette feuille protectrice de l’embryon , afin de découvrir celui-ci dans toutes ses parties. a,a. Bases des feuilles ovariennes, b. Article ou dernier mérithalle-de la tige du végétal-mère. Cet article, quand il existe, a été improprement nommé cordon ombilical, c. Nœud-vital, sur le bord duquel la dernière feuille d’un axe végétal terminé par un embryon se développe, d. Indique le point où l’on a cessé de couper la nervure médiane de la feuille ovulaire, d' . Sommet ou partie terminale de la nervure médiane, e, e. Bords de la feuille ovulaire soudés dans presque toute leur étendue./! Partie de la feuille dont les bords n’ont point subi de soudure , et qui , par cela même , ont ménagé une petite ouverture qui se manifeste sur presque tous les ovules, et jusque sur une grande quantité de graines parvenues à leur maturité. C’est à cette ouverture, que j’avois anciennement observée à Saint-Domingue ( Haïti), et depuis en France, que j’ai donné le nom de Micropyle, connoissant alors assez peu l’organisation végétale; nourri des idées d’autrui, croyant, avec tout le monde, à cette idée enchanteresse des amours, et conséquemment des sexes, et d’une fécondation nécessaire à la propagation des végétaux, je m’empressai de publier dans un Mémoire (i) , non-seulement le fait qui se bornoit à l’existence du Micropyle , mais encore je voulus lui assigner des fonctions d’un ordre très-élevé; celles de servir d’organe introducteur , dans l’intérieur de l’ovule , à ce fluide mys- (i) Ann. Mus., t. 7, p. 219. DKS VÉGÉTAUX. 2o3 térieux , ou plutôt à cet amas de globules , auquel on a donné le nom de Aura semi- nalis, et auquel enfin on suppose, comrne cela a lieu chez les animaux d’ordres supérieurs, le pouvoir de la fécondation. Ajouter encore à tant de choses aimables et aussi séduisantes que le sont celles qui tiennent aux amours des plantes , en expliquer, pour ainsi dire, l’énigme , en montrant l’ouverture secrète par laquelle l’agent fécondateur devoit s’introduire, c’étoit plaire aux amans de Flore, c’étoit publier un écrit qui devoit être accueilli, et faire fortune dans la science. Aussi le Micropyle naissant fut-il honorablement reçu et placé dans les ouvrages des hommes les plus distingués dans la science des végétaux: MM. Mirbel (i) , De Can- dolle (2) , Richard (3) l’admirent dans les excellons livres élémentaires qu’ils ont pjubliés depuis. Les cordons ou prétendus cordons pistillaires de Correa de Serra établirent la correspondance des papilles des stigmates jusqu’à l’ouverture du. Mi- cropjïe; rien ne manquoit alors que la vérité. M. Auguste de Saint-Hilaire ajouta encore à la célébrité du Micropjle, en le reconnoissant , avec toutes ses fonctions, dans son savant Mémoire sur les placentas libres et centraux d’un grand nombre de péricarpes (4). Enfin, tout dernièrement, M. Robert Brown, dans de très- savantes observations placées à la suite de son Mémoire sur l’établissement du nouveau genre Kingia A us trait s , a reconnu l’existence du Micropyle sur l’ovule de ce végétal , et a profité de cette occasion pour faire l’histoire de cette petite ouverture, en rappelant successivement les différens auteurs qui en ont parlé. Le Micropyle n’est point un organe; une simple lacune, un oubli de soudure, si je puis m’exprimer ainsi, ne mérite pas plus ce nom que ces Méats ou petits espaces angulaires, entièrement insignifians, dont on a fait des canaux destinés au raoûvemeut de la sève. Dans la supposition même d’une fécondation dans les végétaux , je serois loin d’admettre aujourd’hui que l’ouverture du Micropyle a été ménagée, tout exprès, pour donner passage à ce que l’on nomme le fluide fécondant. Ce moyen me sembleroit trop grossier, trop mécanique , pour l’accomplissemeut d’une fonction qui , si elle existe, doit avoir lieu par une simple absorption , sans qu’il soit besoin de canaux et d’ouvertures particulières, de même que les fluides nourriciers s’in- troduisent et se répandent dans l’épaisseur des masses tissulaires sans le secours de (1) Élc'mens de Phys. ve'g. et de Bot., i". part., p. 4g. (2) Théorie clem. de Bot. et Organ. ve'g., t. 2, p. j8. (3) Nouv. éle'm. de Bot. , 1”. e'dit. , p. 267, et 4'- e'dit., p. 292. •(4) Mëm. sur les Plantes auxquelles on attribue un placenta central libre. OKGANOGR APHIE 2o4 ces prétendues ouvertures que l’on appelle des stomates, à la surface des plantes , des pores annelés sur les vésicules du tissu cellulaire, et sur les soi-disant vaisseaux du tissu tigellulaire. Il n’y a pas plus de pores visibles dans l’organisation des végé- taux que dans celle des animaux. Cependant , comme tout ce qui apparoît dans la structure des végétaux mérite d’être signalé, l’ouverture du Micropyle restera comme un simple fait, comme un caractère , mais dont il ne faudra pas faire plus de cas que de l’ouverture , très- analogue, que l’on observe à la base de la lame soudée de la feuille rudimentaire ou bractée des Marcgravia (pl. 2 , fig. 9, a), des Nprantea , ou au sommet des feuilles ovariennes des péricarpes des Réséda, du Staphylea pinnata , etc. g-ig’>g-,gig- Points de laaiervure médiane de la feuille ovulaire d’où peuvent naître des Embryons, lesquels , par rapport au point d’attache de la graine, seroient ou horizontaux ou suspendus de manière à être considérés comme ayant la radicule horizontale ou supérieure, h. Point duquel l’Embryon a pris naissance , et s’est ensuite développé au degré où nous le voyons par une simple multiplication , par accouchement de vésicules nouvelles, comme on va le voir dans l’instant, en expli- quant la figure 10 de cette planche, h' . Tigelle ascendante ou premier mérithalle du jeune végétal , que l’on a eu tort de considérer comme une radicule. Observation. L’ernbryon de la graine entièrement analogue aux bulbilles et aux bourgeons , n’étant comme eux qu’une simple extension des tissus du végétal- mère, ne peut, en effet, s’être accru que dans le sens ascendant, tant qu’il est resté contenu sous ses enveloppes foliacées et protectrices. Ce ne peut être qu’après s’être isolé de sa mère , après avoir déchiré les tégumens qui l’ont d’abord protégé , et dans les premières évolutions de la germination, que cette extrémité peut s’étendre en un système descendant, et qu’elle peut alors, seulement, mériter le nom de ra- dicule et plus tard celui de racines. Il est bien étonnant que celte belle observation, que nous devons à la pénétrante sagacité de M. Du Petit-Thouars , n’ait pas conduit ce savant à renoncer à l’idée que l’embryon naît de toutes pièces au milieu de l’espace du sac ovulaire , sans adhérence aucune avec le tissu du végétal-mère, au lieu do voir, dans la formation d’un embryon, un véritable bourgeon terminal se développant, comme tout autre bourgeon, par continuité du tissu cellulaire de la mère et à l’aisselle d’une dernière feuille qui, plus tard, devient ce que l’on nomme le tégument de la graine. ' Je ne connois rien qui puisse mieux servir à la démonstration rigoureuse de l’embryon végétal et de ses enveloppes pro^tectrices , qu’un chou pommé et coupé verticalement, dans l’intérieur, OR wénsge le bourgeon terminal en le déga- geant et en formant autour de lui une cavité au moyen, de la suppression; d’un DES VÉGÉTAUX. ' 2o5 certain nombre de feuilles. Le bourgeon représentera exactement un embryon ascendant ou à radicule inférieure; ses petites feuilles seront, en mêmé temps, cotylédons et gemmules. Si; par la pensée, on accroît la tigelle de ce bourgeon, qu’on la fasse ramper sur la paroi intérieure de la cavité jusqu’à son sommet, ou ' aura alors dans la tigelle accrue un raphé, et le bourgeon , forcément renversé, expliquera l’embryon descendant ou à radicule supérieure. Les. feuilles extérieures du chou , que l’on aura réservées , joueitont le rôle , les plus intérieures , dei enve- loppes immédiates de l’embryon ou de la graine , et toutes les autres seront com- parables aux feuilles qui composent les péricarpes, c’est-à-dire, les phycostémes, les étamines, les pétales, les sépales des calices, les bractées, les feuilles propre- ment dites , et si on veut encore, les cotylédons ou protôpbylles. On aura enfin , dans ce chou ainsi préparé», la démonstration complète que dans l’organisation du végétal la plus compliquée, il n’y a véritablement que deux choses principales, savoir: une tige et des organes, appendiculaires parfaitement ana- logues , des feuilles. i. Nœud-vital. Point auquel s’est arrêté l’accrôissement ascendant du premier mérithalle du jeune végétal. A ce point, la nature a placé le berceau ou le concep- tacle des corps propagateurs que l’on distingue sous les noms de bourgeons, de bulbilles, de cayeux. De ce point se développent des organes appendiculaires et protecteurs des corps propagateurs qui prennent naissance, à leurs aisselles. Les premières feuilles de l’embryon végétal , mal connues d’abord , furent nommées cotylédons. M. Du Petit-Thouars les désigna plus tard sous le nom plus conve- nable de protopbylles ou premières feuilles du végétal. Au centre et entre ces deux deux protopbylles s’élève, sous forme conique, la gemmule. C’est le bourgeon terminal du petit végétal embryon. Obseevation. Tout coiyw propagateur, soit végétal, soit animal , ne peut jamais se former isolément dans l’espace d’une cavité quelconque; il est toujours produit par extension des tissus d’un individu mère qui précédé. Plus lard ce corps pro- pagateur se sépare et s’isole, si toutefois il n’est pas destiné à vivre en commu- nauté d^existence et d’organisation , comme le font la plupart des bourgeons des végétaux composés, lesquels restent entés les uns sur les autres, en se servant suc- ceseivemenl de territoire. Fig. 9. Feuille rudimentaire ou florale (bractée) détachée d’une ombelle du Marcgtavia umbellata. . Celte feuille représente exactement !n feuille ovulaire et son Micropyle. a. Ou- verture ou partie non sondée de cette feuille, comparable à celle du Micropyle des feuilles 'ovulaires (fig, 8, y.) 2o6 ■ ORGANOGRAPHIE Dans le ISorantea violacea les feuilles florales offrent le même caractère. Fig. io. Cette ligure est entièrement théorique, entièrement explicative, elle est complètement idéale; mais elle exprime, selon moi, rigoureusement et fidèle- ment le résultat d’une foule d’observations positives sur l’organisation et le mode de propagation des végétaux et des animaux, soit de leur individualité composée , soit des individualités particulières qui constituent leurs masses tissulaires. Par cette image, on verra que mon intention a été de démontrer que tous les corps organisés, ou au moins les végétaux, commencent par un point, et que de ce point aux masses tissulaires les plus étendues, l’augmentation réelle n’a jamais lieu que par la multiplication , par accouchemens continuels de vésicules propagatrices. a. Fragment d’une vésicule-mère qui peut être celle d’un végétal univésiculaire, celle d’une globuline solitaire , ou celle d’une individualité particulière et isolée de l’agglomération d’un tissu cellulaire. Dans ce fragment, j’ai figuré quelques grains vésiculaires de globuline , dont l’un d’eux en d , plus favorisé que les autres , s’est développé de manière à produire un nouvel être par suite d’accouchemens et de multiplication de vésicules. aK Point d’origine, soit d’un être simple vésiculaire, soit d’un être plus compliqué et composé, par agglomération, d’un grand nombre d’êtres plus simples, b. Progression croissante du globule a' en la vésicule b""\ dans laquelle il s’est développé deux générations visibles et comme ernboîtées. Dans les vésicules b' ,b" ,b"' ,b"" , on voit la globuline, ou vésicules futures, grossir peu à peu. c. Vésicule-mère accouchant de la génération qui doit lui succéder, c', Ca- davre membraneux de la vésicule-mère qui, dans l’intérieur des masses du tissu cellulaire, doit entièrement disparoître par émulsion et être absorbé, comme sub- stance nutritive, par les nouvelles vésicules, c". Jeunes vésicules dans l’intérieur desquelles on voit déjà de la globuline propagatrice. Tous les d simples indiquent des vésicules qui ont acquis tout leur développement, et dans lesquelles on distingue de la globuline propagatrice plus ou moins avancée. Les d' désignent les restes membraneux des vésicules-mères qui ont cessé de vivre, d" , Trois vésicules gênées dans leur développement , et formant, par cette cause, une petite masse de tissu cellulaire parfait, c’est-à-dire du tissu cellulaire sans esjiaces ou Méats. e,e. Vési- cules-mères sur le point d’accoucher d’une nouvelle génération de vésicules. Tous les e' montrent des vésicules-mères accouchant de nouvelles vésicules, dont les plus grosses contiennent déjà de la Globuline propagatrice. fjf'f- Ce mode d’augmentation, en étendue et en poids dans les masses tissulaires qui constituent la partie solide des êtres organisés, est le même que celui qui a lieu pour la formation et l’étendue des masses illimitées de certaines productions du bas de l’échelle, comme celle, par exemple, de la Bichatie vésiculineuse (pl. i, fig. i), DES VÉGÉTAUX. 207 Ou bien encore de l’augmentation, en étendue , d’une association de Végétaux ou d’Animaux libres sur un terrain donné; ce qui veut dire que, dans tous les cas, les masses n’augmentent que par des accoucliemens ou par des propagations succes- sives d’êtres agglomérés ou d’êtres isolés. Ici se présente, entre l’accroissement de ces diverses masses, une différence qui me semble digne de toute notre attention. Si je place, en un lieu , un Animal de l’espèce dont tous les individus sont propagateurs , il représentera le globule a' (fig. lo), il en résultera bientôt , par l’effet de la multiplication, par accoucbemens successifs, une masse d’individus qui ira toujours en augmentant; masse sans forme quelconque à la vérité, et dont la durée sera sans bornes , comme cela a lieu pour toutes les populations animales. Il n’en est point ainsi pour les Individualités composées de Végétaux et des Ani- maux d’ordres supérieurs. Quoique ces Individualités ne soient encore que des ag- glomérations d’individualités plus simples, celles-ci, en se propageant, sont rete- nues, dans leur débordement, par une espèce de moule mystérieux, par la cuti- cule , qui s’étend en même temps que la masse intérieure , mais qui en limite l’étendue, et donne à chaque espèce d’êtres composés, ou à chacun de leurs organes, les formes variées et constantes que nous leur voyons. C’est pour exprimer cette enveloppe destinée à contenir la multiplication aveugle et par accouchement des vésicules composantes, que j’ai tracé , arbitrairement, la ligne f,f,f- La figure g' exprime l’origine ou la formation d’un nouvel individu destiné à vivre et à se développer sur la mère; comme les bourgeons, ou à s’en isoler comme les bulbilles et les embryons des graines. On voit que cet individu émane directement d’un grain de Globuline contenu dans une vésicule-mère, et que ce grain de Globuline est, dans tous les tissus cellulaires végétaux, une véri- table séminule. Observation. A peine eus-je esquissé la fig. n° 10, que je sentis que j’avois pro- duit l’image exacte du développement de toutes les choses, soit physiques, soit mo- rales. Cela devoit être. A mesure que l’on remonte vers l’origine de toutes les choses, les principes qui règlent, qui subordonnent, diminuent de nombre jusqu’à ce qu’enfin on ait atteint le principe unique ou le principe mère duquel tout dépend. Tous les corps de la nature commencent ou ont commencé par n’être que le point a de notre figure ; en ce point est déjà ce que nous appelons un principe d’attraction ou vital : principe mystérieux qui fait que de six points parfaitement égaux pour nos sens, le premier restera ce qu’il est, le second deviendra, par des justa-positions , une Montagne ou un Globe terrestre; le troisième une vésicule organisée Végétale ou Animale, dont le développement. O RG AN 0 GRAPHIE ?o8 Jd à la multiplicatioa de nombreux globules iuapercevables, se fera du centre vers la circonférence; le quatrième, un Vers ou une Mousse; le cinquième, un Oiseau ou un Palmier; le sixième, enfin , un Chêne ou un Homme. En disant un Vers ou une Mousse, un Chêne ou un Homme, je ne veux pas dire que le même globule on le même point puisse devenir indifféremment , et d’après hes seules, influences, du milieu dans lequel il se trouve exposé, une chose ou bien une autre. Cette doctrine, déjà émise dans la science, ne peut se soutenir. Les in- fluences extérieures ou environnantes, quelque puissantes quelles soient, ne peu- vent changer la destination future du principe qui pénètre toutes les parties du point-globule et originaire de chaque espèce de chose. Elles peuvent bien en mo- difier le développement en le rendant monstrueux par excès ou en l’atténuant, ou même en détruisant entièrement l’être commençant, mais jamais elles ne peuvent faire qu’un même globule deviènne indifféremment ou une Mousse ou un Mar- ronier. Les feux souterrains qui occasionent ces éruptions volcaniques qui nous épou- vantent ont commencé par une étincelle. Les incendies qui se manifestent à la surface de la terre sont dans le même cas. Les maladies les plus sérieuses, celles qui amènent la mort, ont foutes, pour of-igine , un léger malaise. Un mot, une action, souvent très-insignifiante, suffit pour bouleverser les sociétés humaines, et y déte]'rainer des révolutions désastreuses. Un point j>ropagateur, un point-mère (fig. lo, a), marque donc constamment l’origine ou le point de départ du dévelopqjemeut de toutes les choses. Veut-on se faire l’idée la plus exacte du développement, par propagation de par- ties, d’une association d’individus végétaux ou Animaux libres dans l’espace ? Veut- on se rendre compte de l’augmentation des masses tissulaires par accouchemens successifs des vésicules-mères et Individus dont ces masses ne sont que des agglo- mérations? Veut-on savoir comment se forme, à la surface des masses tissulaires, des Exostoses ou des Broussins', comme, par eiemple , le. Bédéguar de l’Eglantier? Désire-t-on connoître l’origine de tous les corps propagateurs Végétaux? qu’on lise avec attention notrè figure lo, depuis la vésicule-mère a, qui a produit,, jusqu’à son entier développement. La figure écrite, placée à coté de celle dont il vient d’être question, exprime la même idée. Dffine sonéhe commune , que je suppose être une vésicule propagatrice de' fi'vésiculès' semblables à-ellev 6n voit que' la première génération se compose de 6 vésicules individus', la seconde de 36, lai troisième de, ai6, la quatrième de 1,296, la cinquième de>7,^'j6, et enfin la sixième de 4f>y656i Si ces, Individus vésiculaires sont destinés à vivre en communauté d’ab.sorption, et DES VÉGÉTAUX. 209 à faire partie de l’agglome'ration de la masse tissulaire d’un Individu composé, ils auront, par cette succession de générations et par cette étonnante multiplication, étendu les dimérisions , dans tous les sens, de cette masse. Mais si, au contraire, ils doivent exister isolément, comme la Globuline Végétale solitaire, comme les Ani- malcules vésiculeux, ou comme toute espèce d’animal en général, la société occupera un espace plus considérable. Fig. I r. Trois grains vésiculaires de formes différentes, extraits d’une des vésicules- mères dont se compose toute la masse du tissu cellulaire d’une pomme de terre. Cette Globuline , comme celle de plusieurs tissus cellulaires blancs qui servent à la nourriture de l’homme , se nomme fécule. C’est la plus grosse des Globulines que je connoisse ; elle est blanche, transparente et légèrement nacrée; on en trouve, dans la même vésicule, de dimensions et de formes différentes 5 les grains les moins volumineux conservent encore la forme sphérique, tandis que les plus gros, ayant été gênés dans leur accroissement , sont comprimés et souvent obtu- sément trigones ou ovoïdes. Ces grains vésiculaires de Globuline offrent un caractère extrêmement impor- tant à connaître, parce que ce caractère prouve que ces corps sont organisés, qu’ils végètent et qu’ils sont nés, par extension, des parois intérieures de la vésicule-mère qui les a produits. Ce caractère consiste en deux choses : la première en un Ombilic ou Hile par lequel le grain de Globuline tenoit à sa mère , comme une séminule ou une graine tient au placenta du péricarpe, dont elle n’est qu’une extension; la seconde en des zones progressives d’accroissement , qui partent du point d’origine ou ombilical, et qui représentent assez bien les zones analogues que l’on observe sur beaucoup de Coquilles bivalves , ou les ondes circulaires et progressives qui se forment sur une eau tranquille dans laquelle on lance une pierre. Ces ombilics et ces zones se voient parfaitement, sous le microscope, soit à l’état frais, soit a l’état sec ou de fécule prise dans le commerce. Planche III. Un Individu vésiculaire, sphérique, ayant son centre vital particulier de végéta- tion et de propagation , contenant trois Générations de globules propagateurs , emboîtées les unes dans les autres. Le diamètre réel ou naturel de cette vésicule-mère , en la supposant appartenir au tissu cellulaire du Cactus speciosus, est d’un vingtième de millimètre, et l’ampli- fication de cette figure a, a est de 3, 000 fois. Des parties de vésicules semblables l’avoisinent, mais seulement par contiguïté, de manière à laisser entre elles de Mém. du Muséum, t. i8. 28 210 OP.GANOGRAPHIE petites portions de l’espace universel limitées , sous forme angulaire , par le con- tact de cinq vésicules. C’est le Méat des auteurs. Je dois avertir que dans cette vésicule-mère j’ai anticipé sur les générations futures, afin de mieux faire sentir que la cause de tout accroissement dans les masses tissulaires des végétaux, comme du développement de toute espèce de corps propagateurs de ces êtres, étoit dans le dédoublement de l’intérieur à l'extérieur de nouvelles vésicules nées, par extension, des parois intérieures d’une vésicule-mère qui précède. Une vésicule-mère à l’état normal contient une seule génération de vésicules futures (Globuline) , dans l’intérieur desquelles on n’aperçoit point encore la géné- ration qui doit suivre et en résulter (pl. i, fig. 5, i5, i6, et pl. 2, fig. i,n). Mais il arrive souvent, que dans les tissus lâches et aqueux, on rencontre plusieurs générations emboîtées (pl. i, fig. 5-, e, et pl. 2, fig. 2, Z», 3, a, et ç, c). fl,n. Vésicule-mère individu , blanche, d’une transparence extrême, formée d’une membrane dépourvue de toute porosité apparente, et dont l’organisation n’est pas plus apercevable que celle de l’eau ou d’un morceau de cristal : c’est du mucus durci ou une bulle de savon solidifiée. Née, par extension, des parois intérieures d’une mère semblable qui l’a précédée, à son tour elle produit, de la même ma- nière, des vésicules futures (Globuline), en a' , et desquelles, plus tard, a" et a"’ doivent encore naître toutes les générations à venir. Toutes ces générations emboîtées n’y sont point en corps, au moins pour nos sens ; mais on peut affirmer quelles y sont en principes, puisqu’on les voit toujours naître, par accouchement , d’une vésicule-mère qui a précédé (pl. i, fig. 7, 8, g, 10 , et pl. 4 5 fig- et d). b, b. On conçoit aisément que cinq vésicules sphériques, simplement contiguës par quelques points de leurs surfaces, doivent laisser entre elles de petites portions de l’espace universel (pl. i, fig. i5, et pl. 4> fig- 2), et que ces espaces angulaires, que les auteurs ont nommés Méats intercellulaires ou Canaux intercellulaires , ne sont que l’espace qui sépare deux hommes ou deux oiseaux, et que n’étant rien par eux-mêmes, ils ne peuvent avoir aucune fonction physiologique à remplir. Que les liquides et les fluides profitent de ces espaces, qu’ils les remplissent, que des substances s’y concrètent, que des cristaux même s’y forment et s’y établissent quelquefois, c’est une chose' toute siujple ; dès qu’il y a localité, il y a bientôt loca- taires. Mais, que l’on ait attaché de l’importance à ces riens, que l’on en ait fait (juelque chose, et qu’à ce quelque chose on ait attribué des fonctions physiologi- ques , comme de servir aux prétendues sèves montantes et sèves descendantes, c’est n’avoir pas , selon moi , le moindrement compris ces videsj c’est n’avoir pas le moin- 2 I I DES VÉGÉTAUX. d rement compris comment est formé le tissu cellulaire ( voyez pl. 4) fig- i j ^ 3); c’est même ne pas s’être aperçu que ces vides n’avoient lieu que dans la formation des tissus cellulaires imparfaits (pl. 4? fig- 2), peu nombreux comparativement aux tissus cellulaires parfaits (fig. 3). Dans le fond ombré de ces espaces angulaires , j’ai fait sentir la vésicule placée au-dessous. 3’. Une petite quantité de vésicules échappées, par accouchement, d’une vésicule- mère réduite à l’état de chiffon membraneux. Fig. 3. Sur celte membrane, j’ai indiqué en a , quoique cela ne se voie point dans la nature, les points par lesquels les jeunes vésicules, également pouvues de points analogues, adhéroient à leurs mères. Les quatre vésicules ombrées, avec une cinquième placée en dehors, font connoîtrede quelle.manière ont lieu les Méats. 1. Une petite portion de la membrane d’une vésicule du tissu cellulaire, comme l’analogie nous indique qu’elle doit être organisée j c’est-à-dire un composé de globules blancs, transpareus et muqueux, contigus les uns auxautres, etsusceptibles de s’éloigner en h ou de se rapprocher en a, selon les besoins d’absorption ou de résorption. 2. Un petit morceau de la cuticule générale d’une plante pris à l’endroit oh sont appliquées les deux vésicules plus ou moins courbées et remplies de globuline. C’est encore par analogie que je suppose cette membrane cuticulaire ou épider- inoïdale, composée d’une foule considérable de très-petits globules incolores, dia- phanes et simjDlement rapprochés les uns des autres, mais pouvant ouvrir ou serrer les rangs pour laisser entrer ou sortir les fluides et les liquides dans l’absorption ou dans l’excrétion. La grande transparence de la cuticule et l’opacilé des vésicules, à cause de la grande quantité de globuline qu’elles contiennent , a fait croire à ces prétendues ouvertures situées à la surface des feuilles et des jeunes écorces , et auxquelles on a donné les noms de pores corticaux ou de stomates. C’est une erreur. Il en a été de même à l’égard de certaines grosses tigellules (que l’on a appelées des vaisseaux), à la surface desquelles des organes analogues aux stomates ont été décorés du nom de pores annelés. Même erreur. Ces miniatures de tiges internes et composantes, creuses ou fistuleuses pour la plupart, présentent à leur surface des vésicules géminées, que je ne pourvois mieux représenter que par celles figurées sous le n“. 2, b. Mais ces tigellules n’ont pas plus d’ouvertures ou de pores que la cuticule et que la vésicule du tissu cellulaire. Nulle part de ces prétendues ouvertures dans l’organisation végétale. Partout des globules ou des vésicules agglomérées susceptibles de s’écarter ou de se rapprocher pour laisser passer les liquides et les fluides, soit qu’ils sortent des tissus ou soit qu’ils y entrent. 212 ORGANOGEAPHIE DES VEGETAUX. Planche IV. Cette planche s’explique presque d’elle-même. Fig. I, a. Deux individus soudés par approche. Monstruosité par excès. Premier pas vers la formation du tissu cellulaire, vers les individualités composées, et vers deux arT^res qui se collent ou se greffent par approche, si ce n’est que dans ce cas-ci, au lieu de deux simples individus vésiculaires qui se soudent et établissent l’absorp- tion en commun , dans les arbres, ce sont de grandes associations d’individus qui sè collent. Remarquons bien que, dans le cas de la greffe, les vésicules qui se collent ne changent en aucune manière leur nature, chacune d’elles conserve le caractère de son espèce, et le globule qui en résulte ne peut que reproduire sa mère, ou donner lieu à des corps propagateurs de l’espèce dont ils émanent. Il n’y a donc vraiment d’autre communauté, entre ces vésicules, que celle de puiser leur nourriture au même lieu et de se servir mutuellement de territoire. 7b//i .lâ. ORIGINE OU' scfy>r'i^i/t*<<' iri»i>4- Pf Jtn>^ Z’ffjf . I U . /i / (^ // A'/'/ A of',tv^'u//y//'^j'u . /Vif/yt.j \ l'N /y. //. /o7n ,j(Ÿ. 6 ûe/i^r J,ô'â'âô\ . .Fi'j'ie. i/fz/wj^ro^hf^/f' â''^ &é/ier ùu/^h.jifroj^a^f ^' ^ (ré/u*r /,i£çâ. . . .TJ',pec. 3^^ Ûe/ii'/' 2IÔ TÇ\r/c. i/u3v .pro^?ar/vy/tr//(i/rfc<* . Zitr^'n/i ^ûi-r f^/iove/n/t. u9a{i. 7'IIK OJiŒ , ^Fùf.ioJ j‘e/-tnf//7 tr F //Ft7i’/tyy> '—(/rr/i.i- /or/s /('.v .ivv/,/; (/e.f //iir.iwj' 7y,wi'u//r//'tv /f ee/iZ/'e fjf//r/ , y>fr/'Z/<‘f//f(^/', (/Ç(r//o/f ; ('onZr>/fa/tZ A’o/,r Zrp/fertrAorf^t\ .t‘ tr/z/rt^.i'. i ïo//i .jS. IV. s. 4^^ MODE . 5^^ MODE. D/.i\ru. ce/A//Mrey joar^ht/'. ni/D. //i(/fhu///xf v&ri4M/a//'era/>ai/er /'e.i/jeee-/ tyi/f/amere/ ei iroai/ir pn/' a/>/i/'oe/te , i/e ///a/aere,' a, aa/id'û/ue/' Imlividualifes composées; f/>ae/tu.iy /re,frro/i ina/tie/ie ; mite/ia/ii wte /iûteve//e i/eiiera/io/i- i/e i//a/>ii/ed‘ pr ap ai/aieii/'d' ■ /^û/a/u/âte .J Eæentp .pre^yae. /aM‘ /e

e<)’icii/aire,i' , .rp/eriyaed-, ayani, c'/iiieim , d'o/v ce/l/re- n/iii/ c/e,, viy/e/aAiw ei a/e yirapay/ai/o/i , yaard', a. ninirid- i/e, d'oui/iireip acrrr/eyiE/Ze,/^ , co7i/ena/v/ iiaie /ieiuiie//e, ye7/eraiir?ny l/e, y/i>/ii//L ei i/e prapiy/a/ae>7i,,j'oii . i/e, . /a miricii/e, mère, d'ali 7e A?ai caryi.r cayia/i/e ' 7e y/i'o/iiiyei' / ed'pece; irimp/eme/ti eariAyu.r, ayi/ZomereiS' en mod-re 7e mnruere, a canri ■ /lier 7ed' Individualités composées eir ay /a/r-rer, en/re - eiac., 7ee//e /ene ~ raiian 7e y/a//"propayai^E.remp.E/d',p. ce//, \ /nr/teir eiaryiieUAii , Caciiid- rinripa/e,.e /nai/iyica/to7U' 7u T/s.pu re/Zii/ai/'i i . 4i -- ' - ' gyCrtITif ifctv ■- »]iA .f . . . yV' .;- , «uifti i^rraïf \ -.m ■ ;- * ■ ) >:- - •/ . . ' : -'.î: s - '■••' A'- •;’''--V H ■ ■' - - ;, , • ■ ^ ^ ■ ■ M' ^ . . ,' ^ •::4 .: h -.■ -..•f r. ri: ,i.. • :; ■ i(:i-.i. fw^'- a-.', - ■ N- , • '■' ■ '''‘V*‘!i\A^ ••rjÜw‘i<|V- ,; »*>.4».<. ■ ■•? -A ■■t-'j. àéêi^;- . ‘ u i ■ ' .. ■■."■'■ ... r "i*' ;•.;. 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Elie de Beaumont fait remarquer que plusieurs des espèces végétales des terrains d’ Anthracite des Alpes sont les mêmes que celles des couches du terrain houiller pro- prement dit. Cependant la présence de ces végétaux dans les premiers de ces terrains qui appartiennent à la formation du lias, ne doit pas faire rentrer dans la formation houillère des couches qui sous des rapports très-essentiels s’en éloignent beaucoup; mais seulement faire supposer que ces végétaux 2i4 observations générales analogues à ceux des houilles, gisant pourtant dans des ter- rains de la même formation que le lias, y ont été transportés d’ailleurs; ce qu’indique assez la manière dont se présentent ces végétaux disposés pour la plupart en fragmens incomplets, rarement bien étendus, épars, et enfin dont les mêmes espèces ne paroissent pas se trouver en grande quantité dans le même lieu. D’un autre côté, M. Adolphe Brongniart, observe, ce me semble avec toute raison, que, quoique d’après l'identité ou l’extrême analogie des végétaux du terrain houiller sur tous les points du globe il soit probable que le même genre de végétation existoit sur toute la terre à l’époque du dépôt de ce combustible, il ne faut en conclure qu’il en fut de même à l’époque de la fornaation du lias, des couches ooli- tiques de la craie ou des terrains parisiens, et que la végé- tation fut la même sur tous les points du globe. Cette dernière proposition me paroît tellement fondée sur les faits déjà observés, que c’est sur elle que j’appellerai par- ticulièrement l’attention des géologues. Il me paroît, avec l’habile observateur que nous venons de citer, qu’à mesure que la terre se couvroit d’un plus grand nombre de végétaux, et étoit habitée par une plus grande quantité d’espèces animales, elle tendoit de plus en plus vers l’état stable où elle est arrivée maintenant, et qu’ainsi les différences de climat commençant à s’établir, ou devenant plus tranchées , des végétaux différens ont dû croître sur les diverses zones de la terre, comme des animaux divers peu- pler un sol dont la végétation n’étoit plus la même. Aussi est-il très-probable qu’à l’époque où le lias s’est déposé, la SUR DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. 2 1 5 végétation des zones tempérées que nous habitons, îi’étoit probablement pas la meme que celle des régions tropicales, et que ces dernières pouvoient encore produire les mêmes végétaux qui, lors du dépôt des terrains houillers, couvroient les zones tempérées. Cette remarque, fondée sur les faits observés, me paroît appuyer puissamment cette observation que nous avons faite il y a long-temps, que d’après la distribution des débris fossiles d’animaux, les climats de la terre en se modifiant dévoient avoir conservé entre eux les mêmes rapports qu’on leur re- connoît aujourd’hui. En effet, les mêmes espèces animales ou des espèces très-voisines vivoient autrefois dans l’aucien et le nouveau continent à des hauteurs verticales très- diffé- rentes ; et d’après la nature de forgauisition animale, cette simultanéité d’existence suppose une grande conformité. dans les circonstances extérieures, sous l’influence desquelles ces espèces vivoient, notamment dans la température atmospho- rique. Or l’on sait que les régions élevées du nouveau monde qui contiennent' des débris d’animaux fossiles, jouissent par suite de leur latitude combinée avec l’élévation du sol, d’une température à peu près égale à celle des parties plus boréales, mais moins élevées, de l’ancien continent, où des débris ana- logues ont été observés. Donc les mêmes rapports de tem- pérature qui existent aujourd’hui entre ces diverses régions existoient aussi à l’époque où les animaux dont on y trouve les débris les habitoient. Si, comme plusieurs faits semblent le démontrer, cette température ancienne n’étoit pas égale, mais supérieure à la température actuelle, il faut en conclure que les causes qui ont amené ce changement de température 2i6 observations générales ont exercé une influence égale et simultanée sur les deux continens, et agi de manière à ne point troubler les rapports qu’on remarque encore aujourd’hui dans la distribution des êtres vivans sur le globe. Mais si déjà, lors du dépôt du lias, la terre étoit partagée, comme elle l’est aujourd’hui, en diverses zones de tempé- ratures inégales , dont chacune étoit caractérisée par des ani- maux et des végétaux particuliers , ne faut-il pas en conclure également que les temps géologiques sont moins éloignés de l’époque actuelle qu’on ne l’a supposé jusqu’à présent. En effet, les dépôts cristallins qui semblent s’être solidifiés antérieurement à l’apparition des êtres vivant sur le globe , et qui seuls ont quelque importance pour la solidité de notre planète, ne sont probablement que le résultat de l’abaisse- ment de la température de la terre, ou, si l’on veut, un pur effet thermométrique, tandis que les dépôts qui renferment des débris de corps organisés rentrent dans les effets pro- duits dans les limites des causes actuellement agissantes. Le globe terrestre a éprouvé, si l’on veut, des modifications dans sa formation, comme probablement les autres corps planétaires; mais il n’a point subi de grandes et de nom- breuses révolutions , à moins que l’on ne veuille donner ce nom à la dernière inondation qui a disséminé le dilwium sur une assez grande étendue de la partie la plus basse de notre planète. Ce qui paroît du moins positif, c’est que les dépôts ter- tiaires , distinctement stratifiés , ont été produits par des causes qui n’avoient rien de violent ni d’irrégulier, et que tous ont eu lieu dans le sein du même liquide, quelle que soit SUR LE DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. 21^ la diversité d’habitation que l’on puisse supposer aux animaux ou aux végétaux dont ils offrent les débris. 11 y a plus en- core, c’est que les mers étoient déjà séparées lorsqu’ils ont été formés, les mers et l’Océan ayant leur place actuelle, et les continens une configuration à peu près semblable à celle d’aujourd’hui. Ce point de fait résulte de l’observation des différences nombreuses que fon remarque entre les bàssius tertiaires dépendant de l’Océan et de la Méditerranée , et de l’analogie frappante qui existe entre les dépôts tertiaires et les fossiles qu’ils renferment dans des bassins dépendant des mêmes mers ou de mers différentes, mais limitrophes. Cela n’em- pêche pas que quelques bassins particuliers, dépendant de • l’Océan, ne communiquassent encore avec la Méditerranée, ou avec d’autres mers, lorsque les dépôts tertiaires s’y effec- tuoient, surtout quand leur niveau peu élevé coïncidoit avec leur ligne de pente vers les autres mers. C’est probablement à cause de cette dernière circonstance que l’on retrouve, dans les deux bassins de la Basse-Autriche et de la Hongrie, les formations des collines sub-appennines et du Languedoc, ou les sables marins, le calcaire moellon ou second calcaire tertiaire, réunis avec le kagelflüh suisse, lequel représentant les terrains d’eau douce moyens, recouvre le premier cal- caire tertiaire, ces bassins tenant à la fois des bassins océa- niques et méditerranéens. On en trouvera encore la preuve dans une infinité d’autres faits que nous rapportons dans notre Mémoire sur les ter- rains tertiaires du midi de la France, qui s’imprime dans ce moment par les soins de M. Huot. Elle résulte surtout de Mém. du Muséum, t. i8. 29 2i8 observations générales la position constante de ces dépôts tertiaires au fond des vallées, ne s’élevant jamais a la hauteur des contreforts, dès que celle-ci parvient à des niveaux peu considérables. Cette position des dépôts tertiaires formés dans l’ancienne mer, au pied et à la base des contreforts secondaires et sans s’é- lever avec eux, est tellement constante dans les bassins ter- tiaires dépendant de la Méditerranée , qu’à mesure que l’on s’élève vers le point culminant d’un contrefort, les forma- tions secondaires se montrent seules, tandis que l’on retrouve les dépôts tertiaires sur le revers opposé du même contre- fort qui sépare deux bassins tertiaires contigus. Cette situa- tion, fixe au bas et de chaque côté des contreforts qui sé- parent les bassins tertiaires contigus, prouve que si les dé- pôts tertiaires ne se sont pas élévés plus haut, c’est que lors de leur précipitation les eaux de la Méditerranée, qui les ont produits dans chaque bassin, ne s’élevoienÇ pas jusqu’à la hauteur des contreforts, et qu’à mesure que cette mer se retiroit dans les limites qu’elle occupe aujourd’hui, la masse de ses eaux, refoulée vers son bassin actuel, diminuoit de plus en plus. Aussi paroît-il que les dépôts tertiaires, préci- pités,dans le bassin de l’ancienne mer, ne s’élèvent pas dans le midi de la France au-dessus de quatre cents mètres du niveau actuel de la Méditerranée (i). Les terrains tertiaires, à l’exception des terrains d’eau douce supérieurs (a) et du diluvium, étant les dernières re- (i) Ce qui comprend les dépôts de calcaire lacustre et de sourcy avec les marnes et les lignites particuliers à ce système, où l’on ne voit jamais de fossiles marins, si ce n’est ceux qui ont pu être détachés des formations préexistantes. (a) Les formations tertiaires déposées après la retraite des mei's de dessus nos SUR LE DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. 2 1Q laissées des mers, lorsque déjà l’Océan et la Méditerranée étoient séparés, semblent d’autant plus anciens qu’ils sont plus éloignés des mers actuelles, et d’autant plus récens qu’ils en sont plus rapprochés. Ils paroissent encore avoir cela de particulier, que la plupart de ceux dépendant de l’Océan sont plus anciens que les dépôts tertiaires dépendant des bas- sins littoraux méditerranéens. On est amené involontairemeut à cette conséquence, en observant la différence de position qu’occupent les bancs pierreux marins dans les deux ordres de ces bassins. En effet, les calcaires marins pierreux tertiaires des bassins océa- niques sont en général inférieurs au gypse à ossemens, taudis que ceux des bassins méditerranéens sont pour la plupart non-seulement supérieurs aux gypses, mais encore aux marnes bleues sub-appennines. Les uns et les autres sont aussi distincts par leur position géologique que par les fos- siles qu’ils renferment; point! de fait sur lequel nous avons insisté dans nos travaux sur le calcaire moellon. Ainsi, en partant de ce fait positif que le second calcaire tertiaire du midi de la France est plus récent que le calcaire grossier ou le premier calcaire tertiaire, puisque le calcaire moellon se trouve constamment supérieur à des marnes, qui, dans les bassins océaniques, et particulièrement dans celui de Paris, sont elles-mêmes au-dessus du calcaire gros- sier; il en résulte que si on établit deux séries parallèles re- présentant les couches tertiaires du bassin de Paris et celles continens , sont les seules qui s’élèvent à toutes sortes de hauteurs , et qui reposent indilTéremment sur les roches d’âges les plus opposés. 220 OBSERVATIONS GENERALES des bassins méditerranéens, et partant du terme commun a, ou marries argileuses bleues , l’on aura dans le bassin de Paris a marnes bleues , a! sables marins supérieurs , tandis que dans le bassin méditerranéen on aura a marnes bleues , al calcaire moellon, a" sables marins' série qui, ayant pour son dernier terme, ou son terme supérieur, un étage plus élevé, indique par conséquent que les sables des ter- rains méditerranéens ont été déposés postérieurement aux sables du bassin parisien, ou du moins cju’ils ont suivi le dépôt de bancs pierreux calcaires, lesquels manquent dans ce dernier bassin, et ont succédé immédiatement aux marnes bleues. Mais, chose remarquable, tandis que le second calcaire tertiaire manque dans la plupart des bassins océaniques, et particulièrement dans celui de Paris, le premier, ou celui qui est inférieur au gypse à ossemens, semble ne pas avoir été déposé dans les bassins du midi de la France. En effet, la plupart de ceux que l’on y observe, et l’on peut dire presque tous, appartiennent au second calcaire marin tertiaire ou calcaire moellon; c’est avec ce calcaire que sont bâties à peu près toutes les villes du midi de la France (i), parmi lesquelles il nous suffira de citer Marseille, Nîmes, Mont- pellier, Beziers, Narbonne, et qu’ont été construits les mo- numens les plus remarquables, soit antiques, soit modernes. (i) Il paroît qu’il en est de même en Italie et en Espagne, où le calcaire moellon comme les calcaires d’eau douce sont employés en grand dans les constructions. Aussi nous paroît-il utile d’observer la nature des dilférens matériaux qui servent aux constructions, pour se faire une idée juste de l’étendue et du développement des diverses formations d’une contrée. 221 SUR LE DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. tels que l’arc de triomphe d’Orange, le pont du Gard, une certaine partie des arènes de Nîmes et le bel aqueduc du Peyrou, près Montpellier. Ce banc pierreux est tellement nécessaire pour les constructions, que lorsqu’il vient à man- quer ou qu’il reste sableux, comme dans les environs de Perpignan, on est réduit à bâtir les maisons et même les monumens avec de la brique (i). D’après ces faits, il paroîtroit que non-seulement les mers étoient déjà séparées, lors de la précipitation des terrains ter- tiaires, mais encore que l’Océan est rentré plus tôt que la Méditerranée dans ses limites actuelles; point de fait qui semble résulter aussi bien de la comparaison géologique des bassins tertiaires méditerranéens et océaniques, que des mo- numens historiques. Ainsi se lient les derniers temps géolo- giques aux temps historiques ; car la période qui se rapporte aux dépôts tertiaires n’est probablement pas éloignée des temps actuels, comme on peut le présumer, nous ne cesse- rons de le répéter, d’après les nombreuses^espèces analogues qui existent dans les couches tertiaires récentes. Si les dépôts tertiaires ont été produits successivement à peu d’intervalle les uns des autres, et à mesure que les mers se retiroient, l’on ne peut admettre que les couches (i) Si , dans notre grand Me'moire sur les terrains tertiaires du midi de la France, nous avons admis l’existence du premier calcaire tertiaire , c’est que nous avons été trompé par la jjrésence des grains verts dans les couches inférieures du second calcaire tertiaire. Mais depuis que nous avons reconnu que les grains verts existaient aussi tien dans les sables marins tertiaires que dans des couches secon- daires , nous avons senti que nous avions donné aux grains verts une importance géologique qu’ils n’avoient point. 222 OBSERVATIONS GENERALES qui en dépendent, et dont les débris organiques annoncent des habitations différentes dans les êtres quelles renferment, ont été précipitées par des liquides différenSj ou par des re- traites et des détours successifs des eaux des mers sur nos continens. Les faits qui annoncent le contraire sont telle- ment nombreux, que, pour abréger, je n’en citerai qu’un seul encore inédit, quoique le bassin où nous l’avons aperçu ait été visité par de nombreux géologues. Dans le bas du vallon d’Aix (Bouches-du-Rhône), et au sud-est de cette ville, près du moulin de Saint-Jérôme, on observe au-dessous du diluvium : 1°. Des sables marins tertiaires, caractérisés par de nom- breux débris de coquilles marines mélangées de moules, de grosses hélices et de cyclostomes. 2°. Un calcaire moellon pierreux avec de nombreuses co- quilles marines, de petites huîtres et quelques individus de Vostrea crassissima. 3°. Un calcaire d’eau douce marneux à petites paludines en gisement, contrastant avec le calcaire moellon qui le surmonte. Ce que ce calcaire d’eau douce présente de particulier, c’est qu’il a été percé en place par des modioles, ou d’autres coquilles marines perforantes. Or, comme la liaison entre le calcaire moellon et le calcaire d’eau douce est aussi intime qu’immédiate, il faut que l’un et l’autre aient été déposés dans le même liquide, c’est-à-dire dans le bassin de l’ancienne mer; car, s’il en étoit autrement, l’on trouveroit sur le cal- caire d’eau douce un dépôt quelconque, produit lors de la retraite de la Méditerranée, pendant que ce bassin n’étoit occupé que par des eaux douces, et habité par des animaux ( SUR LE DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. 2 2D terrestres. Aucune trace de surface continentale n’existant entre ces deux dépôts, et le second calcaire marin se trou- vant mêlé ou alternant avec le calcaire d’eau douce comme, par exemple, dans les bassins de Pézeuas (Hérault) et de Las- foux (Gard), il faut bien admettre que les uns et les autres ont été précipités dans le même liquide, d’autant que les dépôts marins renferment souvent des corps organisés flu- viatiles et terrestres, comme les dépôts d’eau douce des fos- siles marins , étant même parfois percés par des coquilles de mer, soit en place, comme à Aix, soit roulés, comme à Montpellier. En résumé, il semble résulter des faits observés jusqu’à présent : 1°. Qu’au moins à partir du lias, les climats déjà différen- ciés, il existoit sur la terre diverses zones habitées par des animaux particuliers, et couvertes de végétaux auxquels la température de ces zones convenoit. 20. Que lorsqu’il n’y a pas eu transport des animaux et des végétaux d’une zone dans une autre , leurs débris se trou- vent encore dans les lieux qu’occupoient les êtres dont ils rappellent l’existence; mais que lorsqu’il y a eu déplacement, il s’est produit un mélange des débris des corps organisés d’une zone avec ceux d’une autre zone. 3o. Que les dépôts tertiaires, produits dans le bassin de l’ancienne mer (à l’exception du diluvium et des terrains d’eau douce supérieurs formés après la retraite des mers), sont d’autant plus anciens que les bassins où on les observe sont plus éloignés des mers actuelles, et d’autant plus récens qu’ils en sont plus rapprochés. 224 OBSERV. GÉN. SUR LE DÉpÔT DES TERRAINS TETIAIRES. 4°. Que les dépôts tertiaires des bassins dépendant de l’Océan semblent d’autant plus anciens que les mêmes genres de dépôts des bassins littoraux de la Méditerranée, puisque le second calcaire tertiaire est presque le seul qui ait une grande étendue dans les bassins méditerranéens, tandis que le premier occupe à peu près entièrement les bassins océa- niques. 5o. Que les dépôts tertiaires ont été produits par des causes analogues à celles qui agissent encore, mais avec une moindre énergie, et que le grand nombre d’espèces semblables aux nôtres qu’ils renferment, indique que leurs dépôts n’ont pas de beaucoup précédé la période géologique actuelle. Il est d’autant plus essentiel d’insister sur les faits qui prou- vent que les phénomènes géologiques rentrent dans l’étendue des causes qui agissent encore, que la géologie positive a été retardée par cette idée assez généralement admise, que ces phénomènes dévoient avoir été produits par des causes qui avoient cessé d’agir. Par suite de cette manière d’envisager les modifications que le globe a subies, l’on ne vouloit pas re- connoître, dans les volcans éteints, des'effets semblables à ceux qui s’opèrent dans nos volcans brùlans, et encore moins voir dans les masses cristallines et les soulèvemens qui les ont portées au-dessus de leur niveau primitif, des preuves de la température élevée que l’écorce aujourd’hui solide de notre globe a eue dans son origine. NOTE SUR LES ÉLATINÉES, NOUVELLE FAMILLE DE PLANTES, PAR J. CAMBESSEDES. On sait que lors de la publication du Généra Plantarum, les genres Elatine et Bergia furent rapportés aux Caryo- phyllées. Depuis cette époque, M. de Jussieu, éclairé par l’excellente analyse de \ Elatine Alsinastrum publiée par Gærtner, émit des doutes sur la place qu’ils dévoient occu- per (i) dans la série des ordres naturels. Ces doutes ont été depnis confirmés par tons les auteurs qui se sont occupés des Caryophyllées (2), sans qu’aucun d’eux ait fixé la place que dévoient occuper ces genres. Tel étoit l’état de la question, lorsque je fus conduit, par mes travaux relatifs à la Flore du Brésil , à analyser une plante recueillie dans cette contrée par M. Auguste de Saint-Hilaire, et que, dans un arrangement provisoire de son herbier, j’a- vois classée, d’après son habitus, parmi les Arenaria. Je ne tardai pas à m’apercevoir qu’elle différoit de ce dernier genre (1) Ann. Mus. lo, p. 388. (2) Aug. de S.-Hil. Mém. Mus. 2, p. n6. — Bartling , Beitrag zur Botanik. — De Candolle, Prodr. i, p. 3go. Mém, du Muséum, t. i8. 3o 2^6 note et de toutes les vraies Caryophyllées , par son embryon droit dépourvu de périsperme. Ce caractère m’engagea à la rapprocher de X Elatine et du Bergia, et j’acquis bientôt la certitude de leurs rapports intimes. Je vis de plus que ces deux genres formoient avec la plante brésilienne un petit groupe parfaitement distinct des Caryophyllées; et je crois être fondé aujourd’hui k les distinguer, comme famille, sous le nom d’Elatinées, emprunté au genre le plus anciennement établij et dont les espèces sont les plus nombreuses. Je vais passer en revue les caractères de cette nouvelle famille, en les comparant à ceux des Caryophyllées. Les Elatinées sont des petites plantes annuelles, qui végètent dans les lieux marécageux. Leurs tiges fistuleuses poussent souvent de leurs nœuds des petites radicelles. Les feuilles, dénuées de stipules, sont opposées comme celles des Caryo- phyllées, ou paroissent souvent verticellées par l’avortement de l’axe central des jeunes rameaux axillaires. Le calice est composé de trois à cinq folioles, libres ou légèrement soudées à leur base. Les pétales, en nombre égal aux seg- mens du calice , sont insérés sur le réceptacle. Les étamines prennent naissance entre les pétales et l’ovaire; généralement en nombre double des pétales, la moitié d’entre elles leur est opposée, l’autre alterne avec eux. L’ovaire renferme trois ou cinq loges. Les styles, en nombre égal aux loges de l’o- vaire, sont terminés par des stigmates en tète (i). Jusqu’ici cette organisation ne diffère de celle des Caryophyllées que (i) Cette organisation des styles a déjà été signalée, pour l’£. Alsinastrum, par M. Aug. dé Saint-Hilaire {Mém. Mus,, 2, p. 116), SUR LES ÉLATINÉES. 22'] par l’organisation des stigmates, qui, comme l’on sait, sont toujours latéraux dans les plantes de cette famille, et placés sur la face interne des styles. L’analyse du fruit va bientôt nous offrir de nouveaux caractères distinctifs. La capsule des Caryophyllées est, le plus souvent, uniloculaire, mais dans les espèces où elle présente des loges plus ou moins complètes, il est facile de s’assurer que les cloisons sont opposées aux valves : cette organisation se montre d’une manière tout-à- fait évidente dans les Mollugo et dans le Lychnis viscosa] dans nos Elatinées, au contraire, les valves sont alternes avec les cloisons. On sait que les graines des Caryophyllées pré- sentent toutes, à l’exception d’un petit nombre d’espèces signalées par M. de Saint-Hilaire (i), un embryon plus ou moins recourbé, entourant un périsperme farineux 5 celles des Elatinées sont, comme nous l’avons vu plus haut, et comme Gærtner l’a très-bien figuré pour Y E latine Alsinastriim , dépourvues de périsperme 5 l’embryon droit, ou légèrement courbé, est immédiatement recouvert par deux tégumens de consistance différente, mais qui ne présentent aucune trace de périsperme farineux. Nos Elatinées diffèrent donc des Caryophyllées par l’orga- nisation des stigmates, par celle de leurs capsules, et par leurs graines. Ces caractères nous paroissent suffisans pour établir une famille qui s’éloigne, selon nous, bien plus des Caryophyllées que les Paronychiées, les Portulacées, et plu- sieurs autres groupes de plantes à périsperme farineux (2). (1) Mém. Mus. 12, p. 70. (2) L’opinion de M. Bartling, qui réunit en une même classe les Chénopodées, NOTE 228 Les Elatînées ont aussi des rapports avec les Hypéricinées par leurs stigmates terminaux, par la déhiscence de leurs cap- sules, par la structure de leurs graines, peut-être même par la pi’ésence de sucs résineux de même nature dans leurs di- verses parties; mais elles s’en distinguent par l’existence d’un véritable placenta central , par leurs étamines en nombre dé- terminé, etc. Cette nouvelle famille comprend trois genres, dont les espèces, liées entre elles par un port tout-à-fait identique, végètent dans les lieux marécageux des quatre parties du monde : les Elatine se trouvent en Europe, les Bergia aux Indes orientales et an cap de Bonne-Espérancè, notre genre nouveau en Amérique. Nous allons maintenant tracer en langue technique les caractères distinctifs de ces divers genres. les Phylolacées, les Amarantliacées , les Paronychiées et les Caryophylle'es , me paroît très-foncle'e, malgré l’insertion différente des parties de la fleur dans toutes ces familles. Je diffère cependant de son avis quant à l’établissement des groupes ; il me semble qu’en admettant cette classe telle à peu près qu’il la pro2aose,on pourroit laisser subsister presqu’en entier les anciennes divisions : ainsi ses Sclé- ranthées ne me paroissent pas suffisamment distinctes des Paronychiées ; les Spergulées, malgré la différence de l’insertion , sont plus voisines des Alsinées que des Paronychiées, etc. SUR LES ÉLA.TINÉES. 229 ELATINE Linn., Juss., Gærtn. Cal-ïx 3'4-paî’litus. Petala 5-4? foliolis calycinis alterna, hypo- gyna. Stamika 6-8 , rarissimè 3, hypogyna : filamenta libéra : antlieræ dorso affixæ, a-loculares longitudinaliter intùs déhiscentes. Pistil- LüM liberiim. Styli 3-4- Stigmata totidem, capitata. Ovakiüm 3-4- Joculare, loculis multiovulatis. Ovula angulo interne loculorum af- fixa. Capsula stylis persistentibus coronata, 3--4“Valvis; valvæ septis alternas J columna centralis crassa, septifera; septa placentis al- terna. Semina placentis centralibus affixa, cylindracea, pariun in- cuT’va, longitudinaliter costata lineisque transversalibus elevatis notata : hilum ad basim seininis situm : raphe ab hilo ad apicem seininis hilo contrarium ducta : integuinentum duplex j exterius chartaceum ; interius subcarnosum : perispermum nullum : em- bryo parum incurvus, cylindraceus : radicula hilum spectans. Herbæ. Gaules radicantes. Folia opposita; juniora sæpè in axillis vetulorum, rachi ramulorum lateralium abortivâ , subfasciculata. Flores axillares, pedunculati vel sessiles, solitarii vel subfascicu- lati. Characleres in £. hyclropiper, hexandrd , Alsinaslro. ' BERGIA Linn. , Juss. Calyx 5-partitus. Petala 5, foliolis calycinis alterna, hypogyna. Stamina 10, hypogyna : filamenta libéra : antheræ dorso affixæ, 2-I0- culares, longitudinaliter intùs déhiscentes. Pistillum liberum. Styli 5. Stigmata totidem , capitata. Ovarium 5-loculare, loculis multiovu- latis. Ovula angulo inlerno loculorum affixa. Capsula stylis persis- 23o note tentibus coronata, 5-valvis; valvæ septis alternas; columna centralis crassa, septifera ; septa placentis altei’ua. Semina placentis centra- libiis affixa , cylindracea , parùm incurva, longitudinaliter costata lineiscjue transversalibus elevatis notata : hilum ad basim seminis situin : raphe ab hilo ad apicem seminis hilo conlrarium ducta : integuraenlnm duplex; exterius chartacenm ; interius subcarnosum : perispermum nulliiin, rembryo parùin incurvus, cylindraceus : ra- dicula hilum spectans. Herbæ. Gaules radicantes? Folia opposita ; juniora sæpè in axillis vetulorum, rachi ramulorum laleralium abortivâ, snbfasciculata. Flores axillares, pedunculati vel sessiles, glomerati. Genus vix ah E latine distinctum, nisi numéro partiuni floris quinario. Characteres in B. verticillata. ME R IME A Nob. Calyx 5-partitus. Petala 5, foliolis calycinis alterna, hypogyna. Stamina io, hypogyna : filamenta iniâ basi coalita : antheræ dorso aflixæ, 2-loculares, longitudinaliter intùs déhiscentes. Pistillum libe- rum. StyliS, imâ basi coaliti. Stigmata totidem, capitata. Ova- RiuM 5-loculare, loculis multiovulatis. Ovula angulo interno locu- lorum affixa. Capsula slylis persistentibus coronata, 5-locularis, sep- ticido-5-valvis , valvis marginibus introflexis dissepimenta consti- tuentibus : columna centralis crassiuscnia , ad imam basim septa incoinpleta placentis alterna gerens. Semina placentas centrali 5-lobæ affixa, ellipsoïdeo-oblonga , recta, lævia : hilum ad basim seminis situm : raphe ab hilo ad apicem seminis hilo contrarium ducta : in- tegumentum duplex; exterius chartaceum ; interius subcarnosum: perispermum nullum : embryo rectus, cylindraceus : radicula hi- lum spectans. SUR LES ÉLATINÉES. 23l Herbæ. Gaules l’adicantes. Folia opposita ; juniora sæpè in axillis vetulorum , raclii ramulorura lateralium abortivâ, subfasciculata. Flores axillares, solitarii , pedunculati. Species unica M. arenarioides Nob. Genus dicatum amicissiino Prospero Mërimée, cujus nomen in littei'is nunc enitet; jam anteà in artibus notum patris laboribus, cujus chromaticæ tabulæ de botanicâ benè meruerunt. A Bergiâ distiuctum : habituj capsulæ structurâ; seminibus leevibus, nec costatis. ANATOMIE DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D’INSECTES, PAR LYONET. {PREMI ER ARTICLE.') Pou de mouton, PI. i, 2, 3. Cet insecte est un de ceux sur lesquels j’ai fait des essais, avant de me déterminer pour l’anatomie delà chenille, que j’ai publiée. Je les eusse poussé plus loin, et peut-être fussent-ils devenus tôt ou tard un traité suivi, si je n’eusse compris qu’il convenoit quelquefois de se prêter aux préjugés vulgaires ; que le nom ignoble de l’animal eût pu faire tort à l’ouvrage , et qu’ ainsi il valoit mieux débuter par un insecte d’un nom moins déplaisant. Je me contentai donc d’effleurer simple- ment ce premier sujet, qui, par sa singularité, ne déplaira peut-être pas à ceux qui portent leur attention plutôt sur les choses mêmes que sur les idées accessoires qui les accompa- gnent. Quoi qu’il en soit, l’animal dont on va parler est une des grandes espèces de sa classe. 11 a deux lignes et demie Méni. du Muséum, t. 18. 3i ANATOMIE 234 de long, sur une et demie de large. La fig. i de la première planche le fait voir de taille naturelle, et les fig. 2 et 3 le gros- sissent environ mille fois. Dans la fig. 2 on le voit du coté du dos, et fig. 3 du côté du ventre. Sa tête, ses pâtes et son corselet, sont en dehors presque partout écailleux , et couleur de gomme commune. Son corps y est membraneux, à contours ondoyans, et d’un gris sale. La loupe le montre hérissé, de même c]ue le corselet, et une partie du dessus de la tête, de piquans ou gros poils noirs très-courts. Ses pâtes en ont d’un peu plus longs. Son anus A, fig. 3, placé dans un enfoncement sous le bas du corps, ne paroît à la loupe que comme entouré d’un cercle écailleux noi- râtre, rompu transversalement chez les uns, et entier chez les autres, dont celui des premiers semble accordé aux femelles, pour que ce cercle, en écartant ses bords, pût se prêter au passage des œufs ou des petits, dans la ponte. Ces cercles paroissent donner aux excrémens de l’insecte la forme de cylindres annelés qu’ils ont. Le corps de l’animal, au-dessus de l’anus , offre un espace un peu creux, et prescjue sans poils, B,C , fig. 2. Le dessus du corselet K, fig. 2, paroît être d’une seule pièce écailleuse. Son dessous, d’où partent ses six pâtes, est composé de la réunion de plusieurs pièces écailleuses réunies. Ses pâtes y tiennent chacune par une courte articulation. Chaque pâte est écailleuse en dehors, et composée d’une cuisse à deux pièces, ou, si l’on veut, d’une double cuisse, d’une jambe et d’un pied. Les secondes cuisses des six pâtes ont chacune en dessous, vers leur articulation avec la jambe, dans l’écaille dont elles sont revêtues, une grande échan- DE DIFFÉuEKTES ESPECES d’iNSECTES. 2 35 crure, couverte d’une membrane, D,D,D, fig. 3, ménagée, sans doute, pour que la jambe, E,E,E, n’y trouvant point la résistance de l’écaille, put se replier davantage sur la cuisse, et c’est apparemment aussi pour cette raison que l’on voit en G,G, fig. 2, aux deux pâtes postérieures, sur le dessus de la première articulation de la cuisse, une échancrure pa- reille. Le pied, F,F,F, fig. 3, plus mince que la jambe, est composé, de plusieurs articulations ou pièces, dont la der- nière, plus grande et plus grosse que les autres, est armée à l’extrémité d’un double angle noir et crochu. Le dessus de la tête de l’animal paroît composé de plusieurs pièces réunies, et un peu différemment colorées. Deux sphé- roïdes H,H,fig. 2 et 3, s’y distinguent sur le devant. Elles sont convexes, ovales, entourées d’un cercle noir, et se terminent au-dessous de la tête. Leur situation les feroit d’abord prendre pour deux yeux, mais c’est un autre organe c[u’on dévelop- pera dans la suite. Le dessous de la tête est latéralement échancré, voyez fig. 3, et forme de part et d’autre une cavité propre à recevoir l’articulation par où la pâte antérieure tient au corselet, articulation qui y est souvent si étroitement appliquée, que la première paire de pâtes semble alors sortir de la tête. Celle-ci mérite d’être observée en dessous. On y voit, fig. 3, une espèce de mentonnière ou de pro- longement blanchâtre, qui avance sur le corselet en se rétré- cissant, et s’y enchâsse dans une coulisse assez profonde, qui y a été ménagée exprès. Quand l’insecte alonge le cou, la partie postérieure du creux de cette coulisse reste vide, comme on peut s’en apercevoir, fig.^3, au bas du prolonge- ment de la tête, où ce vide a été réprésenté j mais quand il ANATOMIE 236 retire la tête vers le corselet, la mentonnière en remplit toute la cavité. On seroit d’abord tenté de croire que c’est de la pointe émoussée par où la mentonnière se termine sous le corselet, que l’insecte fait sortir l’instrument qui lui sert à prendre sa nourriture, mais on se tromperoit; la menton- nière y est entièrement fermée, et elle tient tellement au fond de sa coulisse, qu’elle ne peut guère se porter en dehors. Aussi est-ce dans la trompe recourbée, I, fig. 2 et 3, qui part du devant de sa tête, qu’est renfermé cet instrument, et la mentonnière ne contient que les différentes pièces qui con- tribuent à former son jeu. Et, à parler exactement, I n’est pas proprement la trompe, c’est un étui attaché au devant de la tête, et composé de deux pièces garnies de poils très- fins, K, K, fig. 5, qui, appliquées l’une contre l’autre, comme elles le sont fig. 4 > renferment un espace à peu près cylin- drique, où loge un second étui écailleux L, fig. 5. Quand, en saisissant ce second étui avec une fine pince, on le tire jusqu’à le faire sortir environ du double de sa lon- gueur apparente, on voit enfin paroître à sa racine un ren- flement écailleux , en forme de bulbe alongé, M, fig. 6 et 7, tenant par le bas à une manière de cylindre aplati, M,W, qu’on peut faire avancer hors de la tête, jusqu’au niveau de l’étui de la trompe. On trouve alors ce cylindre soutenu vers sa racine par deux larges et courtes lames, 0,N,0,N, fig. 7, qui l’environnent en partie. Dans son intérieur on entrevoit en même temps, vers le milieu de toute sa longueur, en dessus et en dessous, deux longues lames brunes écailleuses, parallèles et près l’une de l’autre entre 0,0, fig. 6 et 7. A mesure qu’en tirant le second étui, le bulbe (c’est ainsi DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 23^ que je continuerai de nommer ce renflement) et les parties qui le suivent commencent à paroître, on observe que celles qui sont renfermées dans la mentonnière l’abandonnent suc- cessivement, et qu’ainsi la mentonnière leur tenoit lieu d’étui, ce dont on peut encore mieux s’assurer, quand on fend lon- gitudinalement la peau d’une mentonnière, comme il a été fait flg. 85 car alors on trouve le bulbe placé tout en bas en P, et la trompe P,Q, qui, sortant en Q du devant de la tête, s’introduit dans son fourreau KR, flg. 4 et 5. En con- tinuant encore de tirer, on fait renverser les parties attachées au bas du bulbe, qui alors le suivent, jusqu’à ce qu’elles soient presque étendues en droite ligne, comme les repré- sente lafig. 10, où l’espace postérieur de la mentonnière R, S est resté vide, et où l’on voit, à la hauteur de Pi,S, sortir hors des parties qui accompagnent la trompe un filet blanc, qui est le bout antérieur de l’œsophage, lequel, entre R et S , perce la mentonnière, pour aller s’ouvrir dans l’estomac. Après cet examen j’enlevai de la tête toutes les parties R,S,T, fig. 10, qui servent au mouvement de la trompe, pour en examiner mieux la structure j mais il n’y eut pas moyen d’abord. Une prodigieuse quantité de filamens blancs, assez forts quoique très-déliés, qui tenoient de toutes parts aux pièces écailleuses que je voulois connoître, m’empêchèrent d’en venir à bout. Je laissai donc tremper pendant quelques jours une autre tête dans de l’eau, et ensuite je parvins sans peine à en tirer la trompe, avec tout l’ensemble des pièces solides qui en forment le jeu, et qui, alors dégagées aisément des filets qui en ofFusquoient la vue, restèrent dans la situa- tion remarquable où je les ai représentées au microscope, ANATOMIE fig. 1 1 , situation que naturellement elles ont, ou à peu près, dans l’insecte en repos, couché à la renverse, et vu de côté. A, B est le bout du (ourreau, qui se montre couvert de son étui en I , fig. 2 et 3 , au dehors de la tête; le reste y est ren- fermé. E,F est le bulbe c[ui pendant l’inaction de la trompe occupe l’extrémité postérieure de la mentonnière en P. fig. 8. F,D, F,D, fig. Il, sont deux lames écailleuses, où probable- ment les muscles ont été insérés, qui ont servi à darder la trompe. LL sont des sortes de traverses qui, appuyant contre le crâne, soutiennent le jeu du ressort de la double lame recourbée F,C,R, pour faire retourner le bulbe E, F en place après l’action. Entre ces lames, se trouve le canal qui porte la nourriture de la trompe à l’estomac, et qui suit pour cet elFet la route circonflexe ABEFGR-, fig. 1 1 , jusqu’à K, où la lame écailleuse et convexe K, H a une échancrure, pour lais- ser le passage libre à ce canal, qui de là va percer la men- tonnière, comme il a été dit, entre Pi et S, fig. 10, et s’ou- vrir dans l’estomac. L’assemblage tracé dans sa situation naturelle et de côté, fig. Il , se voit déplié en dessus et en dessous, fig. 12 et i3. Dans ces trois figures les mêmes lettres désignent les mêmes pièces écailleuses; mais on a supprimé dans la fig. 12 et i3 l’enveloppe du bulbe, pour faire paroître les pièces écail- leuses qu’il renfermoit. H,K,I est une écaille convexe, dont la figure approche de celle d’un battant de bivalve. On voit que son milieu porte une tache ovalaire plus foncée que le reste. Les deux lames F,R,L, dans leur courbure naturelle, fig. Il, et redressées fig. 12 et i3, m’ont paru être un pro- longement de l’étui de la trompe. Elles s’élargissent un peu DE DIFFEP.EKTES ESPECES d’iinSECTES. 23g à mesure qu’elles approchent de R, bordent fe côté inférieur de la pièce convexe H,I, et y sont intimement adhérentes. Il est singulier que, bien que dans ce sujet-ci les deux lames ER, PR se soient trouvées entièrement séparées, je les aie vu réunies, et ne faisant qu’une seule pièce dans un autre sujet ; et alors elles éloient percées dans toute leur longueur d’un canal, dont la coupe transversale est représentée fig. i4, et par où passoit l’œsophage. Il est à présumer que cette diffé- rence vient de l’âge plus ou moins avancé de l’animal. Quoi qu’il en soit, après que ces deux lames se sont écartées l’une de l’autre en ondoyant le long des deux bords latéraux de la plaque H,I, fig 12 et i3, elles se terminent chacune beau- coup au-delà par une traverse LL, qui leur donne un air de 'béquille. Ces deux traverses, dans leur situation naturelle, se touchent par une de leurs extrémités, tandis qu’elles ap- puient de l’autre contre deux corps sphéroïdes écailleux, AA, pl. 2, fig. I, où est représenté le côté intérieur d’uu crâne. BB y sont les traverses, qui se touchent d’un coté, et appuient contre les deux corps AA de l’autre. On y voit, quoique peu distinctement, entre C et FF, le côté convexe de la plaque écailleuse H,R, pl. i , fig. 1 1. La situation de ces traverses paroît fournir un point d’appui pour soutenir l’ac- tion de la trompe. L’assemblage écailleux N,E,P,0,F, pl. 1, fig. 12 et i3, forme une articulation naturellement renfermée dans le bulbe E,F, fig. 1 1. Il est composé de quatre pièces écailleuses, une irrégulièrement triangulaire, ou plutôt en treffle, F,N,0, dont la base se termine ])ar deux apophyses, N et O, qui s’emboîtent dans de petites cavités, dont les têtes des deux ANATOMIE 240 lames N, D et Ô,D, qui forment deux autres pièces de cet assemblage, sont pourvues, et enfin d’une lame écailleuse grossièrement ovalaire, E,P, qui tient en place les trois autres pièces, lesquelles sont étroitement rassemblées. C’est du milieu d’elles que sort l’étui FB, fig. 12, qui renfermé la trompe jusqu’à son extrémité antérieure j étui dont on a fait disparoitre ici un morceau intermédiaire, pour mettre une partie BMG de la trompe à découvert. Cet étui , représenté encore beaucoup plus en grand fig. 9, est fendu et ouvert dans toute sa longueur. Il laisse toujours à nu une partie de la trompe, qu’on peut faire sortir en dehors par la fente de l’étui, autant qu’on le voit fig. 9, sans que je l’en aie pu faire sortir entièrement, parce que la fente ne prêtoit pas assez pour cet effet. Quand après avoir laissé sécher la trompe dans son étui on y fait parvenir une goutte d’eau, la transparence de l’étui permet de. voir monter et descendre l’eau dans la trompe, et cela se voit encore mieux aux endroits où un bout de l’étui a été emporté, ainsi qu’il l’a été depuis B jusqu’à G, fig. 12, où C et M marquent deux telles gouttes extrêmement petites, comme Pv en montre deux autres, vues au travers de l’étui même. E,Q, fig. 12, est un vaisseau plus délié vers son origine que n’est la trompe. Il s’élargit à mesure qu’il descend vers Q, où probablement il a été rompu. Il m’a paru composé de la réunion d’anneaux cartilagineux. Je le crois l’œsophage, et vraisemblablement il sert à pomper le suc nourricier qui doit passer à l’estomac. J’ai cru entrevoir à sa partie anterieure E une petite opacité, qui pourroit bien être une soupape ou DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSEGTES. 24^ vclvule, ce qui posé, et, qu’elle ouvre d’E en Q, il arrivera que lorsque l’insecte tire le vaisseau E,Q, d’E en Q,il s’alon- gera; et comme ses anneaux cartilagineux l’empecheront de se rétrécir en même temps, il s’y formera un plus grand vide qui fera ouvrir la soupape ou valvule à l’air, ou à la liqueur qui est dans la trompe, laquelle, trempée dans le suc nour- ricier, le fera monter le long de ce canal vers l’estomac, par un jeu semblable à celui des pompes communes, excepté que le vide s’y forme en élevant le piston, au lieu qu’il se fera ici en alongeant le tuyau de la pompe, qui permettra à la liqueur d’entrer, pendant que la soupape, en se fermant, l’empêchera de se retourner en arrière. Curieux de connoître les deux parties qui s’étoient offertes sous l’apparence de sphéroïdes oblongs, pl. i, fig. i et 5, HH, que l’on aperçoit sur le devant de la tête, j’enlevai le crâne, où ces parties étoient enchâssées; et après l’avoir nettoyé, je -le trouvai tel que je l’ai représenté fort en grand et vu du côté intérieur; pl. 2, fig. i, AA, sont ces deux parties s’offrant encore sous l’apparence de sphéroïdes oblongs. Ellessont très- saillantes. Leur moitié postérieure est opaque, et passable- ment remplie; l’autre en partie vide, et un peu transparente, mais moins qu’elle ne l’est à son côté extérieur, qui a la lu- cidité et la couleur d’un verre jaunâtre. Comme cet insecte est du nombre de ceux qui n’ont point d’antennes, et que ces parties AA, pl. 2, fig. i , s’y trouvent placées aux mêmes endroits où les autres en ont, i! se pourroit qu’elles en fissent les fonctions. Leurs côtés postérieurs pa- raissent communiquer ensemble au moyen d’un canal écail- Jeux très-large, qui en renferme un autre un peu moins spacieux. Mém. du Muséum, t. 18. 3a ANATOMIE 242 II rampe en arc de cercle appuyé dans l’intérieur du crâne , et est caché en partie par la plaque écailleuse G, pl. 2, fig. i, qui, comme on l’a vu, est l’écaille HI, pl. i, fig. 12 et 1 3, de même cjue BCB de cette deuxième planche en sont les deux branches écailleuses LHKRIL, vues dans un autre situation. Ayant enlevé avec un instrument très -subtil ces deux parties HH, pl. 1, fig. 2 et 3, plus grossies en AA, pl. 2, fig i, pour les examiner au microscope, je trouvai d’abord que c’é- toient deux vaisseaux écailleux, qui tenoient fort peu du sphéroïde ; qu’ils étoient obliquement arrondis par dessous, de la manière qu’on en a représenté un par le côté, pl. 2, fig. 2. On y entrevoyoit intérieurement un corps assez opaque, qui n’en remplissoit pas toute la capacité, et qui s’élevoit un peu en bosse sur la face supérieure AB du vaisseau qui le con- tenoit. Cette élévation étoit hérissée, vers A, de quelques poils longs, et dans le reste d’un très-grand nombre de poils extrême- ment courts, et presqueinvisibles, même à l’aide des meilleurs microscopes. J’ouvris un des vaisseaux AB, fig. 2, et j’en tirai un second vaisseau écailleux, fig. 3, CD, pourvu d’un appen- dice fibreux ou charnu, EC, au côté qui répond à celui de B, fig. 2, et qui est apparemment le même qui perce à cet endroit ce vaisseau AB. La moitié supérieure de ce second vaisseau étoit très-hérissée de poils blancs, les mêmes, selon toute apparence, que ceux qu’on a vus un peu plus haut sur le dessus de la fig. 2. Sa moitié inférieure D, fig. 3, étoit rase. J’y crus voir intérieurement un troisième corps. J’ouvris le second pour m’en assurer, et j’en tirai effectivement un troisième vaisseau écailleux, mais de forme très- différente des deux premiers. Il se terminoit en masse I, fig. 4? munie DE DIFFERENTES ESPECES d’inSECTES. 3-43 par devant d’un cou large et oblique, FG, qui aboutissoit par G à l’appendice charnu E, fig. 3, et B, fig. 2. Un ligament FH, qui me parut écailleux, y tenoit fortement. Je réussis encore à ouvrir la partie IF, fig. 4? et j’en fis sortir une sub- stance blanchâtre et charnue, remplie de quantité de grains sphériques, extrêmement transparens, assez durs, faciles à en séparer, et qui, vus à un microspope d’une demi -ligne de foyer, ne paraissoient pas plus grands qu’ils n’ont été repré- sentés fig. 5. Le peu de rapport que cet organe a avec ceux des sens dans les grands animaux ne nous permet pas d’en déterminer l’usage par l’analogie. S’il servoit à quelque sens que nous n’avons point, comme on seroit tenté de le croire, toutes nos conjectures Là-dessus seroient parfaitement inutiles et hasar- dées à pure perte. La fig. 6 de la pl. 2 est un corps brun, un peumou, oblong, grossièrement cylindrique, se terminant en pointe mousse et arrondie aux deux extrémités, d’où partent par un étrangle- ment alongé deux appendices, AB, de la même couleur. Quantité de petits vaisseaux noirâtres rampent sur leur su- perficie. L’autre côté de ce corps paroît avoir tenu par nombre de membranes, C,G,C,C,C,C, au dedans de la tête, d’ôù je l’ai tiré. La substance qu’il renferme est muqueuse. On peut, avec quelque vraisemblance, le prendre pour le cerveau de l’animal, et en ce cas A" et B en seroient probablement le cervelet. La fig, 7 est une lame mince et tranparente, qui semble tenir le milieui entre la membrane et l’écaille, n’ayant ni la flexibilité de l’une, ni la fermeté de l’autre. Elle couvre le 2 44 AMATOMIE milieu du côté intérieur de la partie faite en battant de bi- vaRe, pl. I, Hf, fig. 12 et i3, dont il a déjà été parlé. La tache oblongue plus foncée qui se montre au milieu de fig. 7, pl. 2, est écailleuse èt couleur d’ambre. C’est celle qui se fait aper- cevoir vers le milieu de la pièce IH, fig. 12 et i3, pl. i. A côté des sphéroïdes irréguliers AA , pl. 2, fig. 1, on voit plus en dehors, DD, deux ovales longs et encadrés, couverts de grains blancs et polis. Ce sont deux assemblages d’yeux dans leur position naturelle. La bordure large qui les en^ vîronne est écailleuse et relevée; elle descend du côté de l’occiput, par un prolongement jusqu’en E, puis elle remonte, en se dirigeant obliquement, vers le dessus de la tête, et après s’être bifurquée près de FF, elle va s’ouvrir dans le canal plus spacieux, par où les corps sphéroïdaux AA communiquent l’un avec l’autre; ce qui peut faire soupçonner que ces deux corps sphéroïdaux ont quelque raport avec l’organe de la vue. Les deux espaces écailleux renfermés entre ce canaf et les prolon- gemens EF se montrent, dans la figure, percés de nombre de trous; ce sont des ouvertures, dans lesquelles des poils ont été implantés.^ Le dessus du corselet en est criblé pareille- ment. La fig. 8 réprésente le côté extérieur d’un de ces assem- bla ges, ou plutôt d’une des deux cornées où les yeux se trouvent rassemblés, suivant la disposition qu’en offre la figure. Ce n’est qu’après avoir vidé le dedans d’une tête, et en avoir examiné le crâne dans tous les sens, que je suis parvenu k les apercevoir. J’en ai compté environ cent à chaque cornée. Ils ne se trouvent pas placés chacun dans une facette hexa- gon^, comme le sont ceux de ja plupart d^s insectes ailés, mais DE DIFFÉRENTES ESPECES o’iNSECTES. ils y sont disposés d’une autre manière, et de la façon à peu près qu’on peut l’observer fig. 8. Ayant uiouillé d’une goutte d’eau une de ces cornées, et ayant passé un pinceau sur son côté intérieur, j’en ai détaché grand nombre de grains sphériques transparens, dont une partie étoient aussi petits environ que les yeux dont il vient d’être parlé, et d’autres paroissoient avoir le double de cette gran- deur. Ces grains av oient de la consistance, etconservoient leur forme sans diminution sensible, après qu’on avoit fait évaporer l’eau dans laquelle ils trempoient. Si on confirme, après des examens répétés, que ces grains transparens de deux diffé- rentes grandeurs sont de véritables lentilles, il faudra suppo- ser, vu qu’une seule cornée en a fourni beaucoup plus de cent, que chaque œil, ou plusieurs d’entre eux, ont au moins deux lentilles; alors il se pourroit que chacun de ces yeux fût une véritable lorgnette : chose qui après tout ne seroit pas une singularité aussi grande qu’on pourroit se l’imaginer, puisque j’ai trouvé, comme on le verra dans la suite, que les yeux de la phalène, dont j’ai publié l’anatomie de la chenille, sont de véritables télescopes qui ont deux verres objectifs et un oculaire, et où il y en a encore probablement d’intermé- diaires que leur extrême petitesse et leur emplacement dans les tubes opaques empêchent d’être découverts. Là fig. 9, pl. 2, représente un stigmate environné d’un morceau de peau du corps de l’animal, vu en dehors, au travers d’une lentille d’une demi-ligne de foyer. Ce stigmate se montre percé à jour, ainsi qu’on les trouve tous lorsqu’on en a détaché et enlevé, comme ici, la trachée-artère qui s’y ouvre, et les filamens paroùelley tient : douze poils roidesou ANATOMIE 246 épines sortent de ce morcoau'de peau, et sont implantés chacun dans un tubercule écailleux percé pour cet effet, et environnés d'une membrane mince et flexible, dont aucun filet noir écailleux, semblable à ceux qui couvrent le reste de la peau, n’empêche la mobilité. Ces poils, ou plutôt ces épines, sont beaucoup trop clair-semés pour pouvoir servir de couverture à l’animal; mais ils servent apparemment à rendre chez lui le sens du toucher plus délicat : du moins ai-je observé dans plusieurst autres sortes d’insectes chez qui les poils étoient également rares, qu’ils étoient aussi implantés, comme ici, dans un anneau écailleux, environné d’une membrane beau- coup plus mince et flexible que la peau ne l’étoit partout ailleurs, et qu’à la racine de chaque poil ou épine aboutissoit un petit nerf qui y tenoit, au moyen de quoi nul corps ne pouvoit heurter contre cette épine sans qu’elle né cédât, et ne tirât, comme par une sorte de petit levier, le nerf attaché à sa racine, et n’imprimât ainsi un sentiment notable à l’animal. Ayant adapté à mon verre d’une demi-ligne de foyer les pièces qu’il faut pour en faire un microscope double, et ayant ainsi rendu la superficie de l’objet, pl. 2, fig. 9, en apparence encore du moins seize fois plus étendue, les fils noirs qui se montroient d’abord comme faisant des réseaux irréguliers sur la peau de l’animal, se découvrirent être des nervures assez épaisses, toutes plissées en ziz-zag;; afin, très-vraisem- blablement, que ces nervures n’empêchassent pas la peau de pouvoir aisément s’étendre au besoin en tous. sens. La fig. lo, qui offre une parcelle de la peau, fig. 9, grossie à ce double microscope, -fait voir en A un anneau ou tu- bercule écailleux P dans lequel un de ces poils Toides avoit DE DIFFÉRENTES DEPECES d’iNSECTES. 247 été implanté. Son ouverture circulaire à jour i marque l’é-- paisseur apparente du poil. On découvre dans cette figure comment les nervures sont pliées en zig-zag, et que toutes restent écartées à quelque distance de l’anneau A , tandis qu’elles touchent en grand nombre; le stigmate fig. 9, et y paroissent même être plus amassées qu’ailleurs : aussi les stig- mates ne concourent-ils point à l’organe du tact, comme le font, selon toute apparence, chaque poil ou épine. La fig. I est celle d’un stigmate entier vu de profil : A en est le côté extérieur, c[ui paroît comme relévé en bouton sur le dessus de la peau, CD , de l’animal. On a d’abord de la peine à reconuoître que cet organe est effectivement con- vexe en dehors. Sa superficie extérieure un peu transparente, laissant entrevoir en B l’anneau concentrique Cjui borde son ouverture à l’opposite, et fait paroître le stigmate comme concave en dessus, et ce n’est cju’en parvenant à l’exposer au microscope par le côté, qu’on s’assure pleinement du contraire. En séparant sa moitié antérieure de la postérieure, on trouve qu’il est creux en dedans , et garni de poils. Cet insecte a, ainsi que les chenilles, dix -huit stigmates, neuf de chaque côté. Ils sont écailleux. Leur emplacement n’est pas dans une même ligne latérale, comme celui des chenilles^ mais ils se trouvent disposés comme le marquent, dans les fig. 2 et 3 de la pl. i , les nombres i , 2, 3 jusqu’à 9. La première paire est sur les côtés du corselet, entre la première et la seconde paire de pâtes.. La: seconde paire de stigmates se trouve sur une pièce écailleuse, pl. 2, fig. 14, qui termine le corselet à l’endroit où il communique avec le corps, et où ces stigmates sont indiqués par les ouvertures B et C. La troi- ANATOMIE 248 sième et la quatrième paire, sont placées très- près l’une de l’au- tre, à la partie antérieure du corps, sur un assemblage écailleux^ pl. 2, fig. 17, BA , AB, qui borde l’étranglement par lequel le corps tient au corselet : ils y sont marqués A et B, et beaü- coup moins grossis que fig. ii, 12, i3, i4, i5 et 16. Les cinq autres paires se trouvent aux endroits du corps désignés par les chilFres 5, 6, 7, 8 et 9, fig. 2 et 3, pl. i. Les stigmates de la pre- mière paire sont bien quatre fois plus grands que ceux du corps. Ceux de la seconde paire, pl. 2, fig. i3, m’ont semblé ronds. Ils étoient couverts en dessus d’une membrane, sur lac[uelle paroissoient nombre de nervures ondoyantes dirigées vers un centre commun. Les autres avoient la forme de sphéroïdes obloDgs. Ils étoient aussi munis en dessus d’une membrane à nervures ondoyantes, mais avec cette différence qu’au lieu de tendre vers un centre commun (voyez pl. 2, fig. i3), ils se rappi’ochoient vers une ligne faisant parde du grand diamètre de l’ouverture, ainsi qu’il a été représenté pl. 2, fig, 12. Cette membrane sert à donner plus ou moins d’entrée à la fois à l’air, ou à en exclure l’eau au besoin, comme quand on submerge le stigmate. Leur forme étant, les uns sphériques, les autres sphéroïdes, ils sont creux en dedans, et garnis de poils dirigés vers l’ou- verture supérieure, ainsi que le représente la fig. i5 de la pl. 2, qui en offre l’ouverture inférieure. Ces poils peu- vent servir, par leur direction vers le milieu de leur ouver- ture antérieure, à empêcher les corpuscules, qui flottent dans l’air, d’entrer par les stigmates dans les bronches où ils pouiToient causer des obstructions, et à en faciliter aussi la sortie , si par hasard ils y étoient entrés. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 249 Une lame écailleuse et recourbée embrasse sous la peau une partie du stigmate, comme on le voit en A, fig. 12 et i5. La fig. 16 y montre en AG le côté du stigmate qui est sous la peau. Deux anneaux écailleux concentriques borderit son ouverture postérieure, après quoi la trachée-artère y tient en C par une membrane, qui peut-être a été ici trop alon- gée par les tiraillemens que je puis avoir fait subir involon- tairement à ce vaisseau en le séparant du corps de l’animal. CDEFGH est une partie très -considérable de la trachée exactement représentée d’après nature. Elle a été rompue en H, et a fourni dans sa lo'ngueur, GH, quatre bronches, DI,EL,EM,GN, toutes tournées du même côté, et aussi grosses, ou peu s’en faut, qu’elle-même; ces bronches, qui se sont trouvées rompues, pourroient bien aussi avoir abouti chacune à un stigmate. Toute la trachée et ses grandes bron- ches étoient entourées,^ comme on l’a représenté dans la fig. 16, d’un fil tourné en ressort à boudin, incomparable- ment plus fin et plus serré qu’il ne l’est dans les bronches de même épaisseur des chenilles. Une lentillerd’ une demi-ligne de foyer le rendoit à peine vi- sible. Il étoit impossible de l’apercevoir par ce même verre à des bronches plus minces : et ce qui est remarquable, plus celles-ci étoient déliées, et moins elles paroissoient blanches et transparentes; de sorte que celles qui ne parois- soient que capillaires à ce microscope, y sembloient presque noires. Les bronches, tant grosses que déliées qu’on trouve en nombre prodigieux dans les chenilles, s’offroient h propor- Mém. du Muséum, t. 18. 33 ANATOMIE tion en beaucoup moindre quantité dans l’animal dont il s a- glt ici. On les y distinguoit facilement d’une seconde sorte de vaisseaux très-blancs, clairs, et en quantité Innombrable qui s’y trouvoient : ces derniers avoient moins de consistance, et au microscope on ne pouvoit démêler s’ils étoient formés d’un fil roide tourné comme celui des bronches, ou non. Deux ou trois jours de macération dans l’eau les réduisoient en bouillie, au lieu que ceux qui sont sûrement des bron- ches, s’y coiiservoient plus long-temps sans se dissoudre. Tje corselet est extéiâeurement composé d’un assemblage d’au moins seize pièces écailleuses. La plus grande, pl. i, fig. 2 , R , couvre à peu près tout son dessus. A l’opposite il y en a quatorze , et son extrémité postérieure se termine par une grande pièce écailleuse, pl. 2, fig. 1 4 ^ ^5 est l’ouverture par laquelle le corselet communique avec le corps 5 B et G sont des élévations convexes, creuses et percées à jour, qui m’ont paru être la seconde paire de stigmates. Je ne puis dire si l’ouverture D est absolument une ouverture, ou si elle a été couverte, comme il est apparent, d’une membrane : son usage m’est inconnu. Onze poils ou épines occupoient les onze petits trous que l’on voit en E au-dessus de cette ouverture. La partie antérieure du corps, celle qui, à l’ouverture A, fig 14 J communique par un étranglement avec le corselet, est soutenue de deux pièces écailleuses, fig. 17, et d’une, fig. 18, qui y bordent cet étranglement. Ces trois pièces , dont deux, fig. 17, se voient par devant et presque aplomb, se joignent de façon que les apophyses E et F, fig. 18, s’appli- quent aux apophyses C et D, fig. 17 ; AB et AB sont les stig- mates de la troisième et quatrième paire. Les pièces, fig. i, CE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 25i occupent le dessus, et celles, fîg. i8, occupent le dessous de l’étranglement qui sépare le corps du corselet. Gomme cet insecte devoit pouvoir pénétrer au travers de la laine des moutons, sur la peau desquels il vit, ses pâtes ont été pourvues de pieds propres à lui en procurer les moyens. On en voit un , séparé de la jambe , et extrêmement grossi, pl. 3, fig. I. Il a six articulations, dont les quatre pre- mières A,B,G,D, quoique très-courtes, sont de grosseur et de longueur dilFérentes; la cinquième E, beaucoup plus grosse qu’aucune des autres, est à peu près aussi longue que les quatre premières ensemble. Après elle suit le bout du pied H; il est armé de deux ongles ou crochets dentés E et F, pourvus en dessous d’une languette blanche, aplatie et pointue , dont la moitié antérieure fig. 2 , est garnie aux deux côtés d’une file de lames minces écailleuses, ou d’es- pèce d’arêtes blanches assez éminentes; l’autre moitié est hérissée de picpians très-courts : elle sort de l’extrémité de la cinquième articulation du pied, et elle y tient : A,I,R, fig. i, est à l’autre extrémité du pied un tronçon du bout de la jambe. On en voit sortir en I et R deux lames écailleuses, on étoient insérés des muscles moteurs du pied. Ce bout de jambe, et les bords de chaque articulation du pied, sont hérissés de très-fortes épines. La fig. 2 de la même planche offre encore plus en grand, et dans une autre position en A,A, les deux ongles ou griffes du pied, et la languette B,I,G, qui naturellement y est pla- cée dessous; mais qu’on voit ici en plein et à découvert, parce qu’on a renversé pour cet effet à droite et à gauche l’un et l’autre des deux ongles, qui se montrent ici par ANATOMIE 25?. leurs côtés naturellement tournés l’un vers l’autre. On y aperçoit distinctement la forme pyramidale de l’extrémité antérieure B,I,I de la languette, armée des. espèces d’arêtes mentionnées un peu plus haut, et son autre bout hérissé de petits piquans; cette languette y est placée par la racine, entre deux pièces écailleuses, dont l’une D,G,G, fig. 2, est can- nelée de rainures obliques qui se rencontrent, et forment des angles à peu près droits sur la ligne où elles se brisent : l’autre pièce écailleuse a beaucoup moins de largeur, et est représentée dans le milieu de la fig. 3; une petite écaille réunit ces deux pièces en E, fig. 2 et 3, par un fort ligament. On peut remarquer à la fig. 2 que les deux ongles de l’in- secte sont armés de crochets. Chaque ongle tient à une forte pièce écailleuse FH, avec laquelle il forme un angle aigu immobile, A,L,F; cette pièce elle-même est articulée avec une autre pièce écailleuse moins large et courbe, F,G,I, qui tient en G, par un ligament très-fort, aux deux pièces écail- leuses G,D,G, fig. 2 et 3. Au reste, ou conçoit aisément que la languette écailleuse H, G, fig. I , placée à peu près comme le pouce à l’opposite des doigts d’une main, fournit à l’animal, par cette sorte de pince, un moyen d’autant plus aisé, soit de se crampon- ner à la laine du mouton, soit de se tirer au travers en la sai- sissant avec ces trois parties du pied, que les deux ongles sont garnis de crochets qui contribuent efficacement à favoriser ces procédés, en servant d’autant de points d’appui à l’ani- mal, pour l’empêcher de glisser en arrièi’e, ou de lâcher prise. Les pâtes, au nombre de six, composées d’une double 253 DE DIFFÉRENTES ESPECES d’inSECTES. cuisse L et D, pl. i, fig. 3, d’une jambe E, et d’un pied à cinq articulations F, sont intérieurement pourvues à leurs articulations de lames ou arêtes très-fortes, tenant chacune par l’une de leurs extrémités à l’écaille dont elle procède, et de l’autre à des muscles qui en sont les moteurs. Voici comme sont faites et placées plusieurs de ces lames que j’en ai tirées. A l’endroit où le pied est articulé avec la jambe, deux lames, I et R, pl. 3, fig. i , tiennent très- fortement, chacune par une épaisse tête, couleur de gomme, à cette articula- tion; de là elles entrent en forme de lame plate dans la jambe, où elles reçoivent l’attache des muscles moteurs du pied. J’ai trouvé dans le fût de cette jambe une lame ou arête, pl. 3, fig. 6, fort déliée, à l’extrémité de lacjuelle tenoit un filet AB, qui avoit la souplesse d’un nerf. Au bout de la jambe, du côté de la cuisse, tient par un ligament très- fort, la tête A, fig. 5, d’une quatrième lame AB, qui a environ le quart de la longueur de la jambe, et entre dans la cuisse. La fig. 7 représente une cinquième lame écailleuse, qui, dans la cuisse , est attachée par sa tête A à l’endroit où la jambe s’y articule. Cette lame, environ d’un tiers plus courte que la cuisse n’est grosse, a plus de largeur qu’aucune autre de ces lames. La fig. 8 offre une sixième lame écailleuse. Elle pénètre dans le corselet de l’animal , et tient par sa tête A à l’articu- lation courte qui divise la cuisse près du corselet. Quant au pied, pl. 3, fig. i, AF, j’ai vu que sa dernière AIS'ATOMIE 2 54 articulation E tenoit par deux fils écailleux très-forts, mais déliés, à l’ariiculatipn qui la précédoit, et que les quatre autres articulations de ce pied tenoient ensemble de la même façon. Je n’ai pas démêlé si chacun de ces fils traversoit toutes les cinq articulations du pied, et les enfiloit ainsi, ou si chaque pièce étoit attachée à la précédente par deux nou- veaux fils. Ce qui m’a paru certain, c’est que ces fils se bifur- quoient dans chaque articulation , et y tenoient de la façon que je l’ai représenté fig. A, qui fait voir, presque aplomb, la pénultième pièce, pl. 3, fig. 1, D, d’un pied : on y aper- çoit en dedans le fil A qui se bifurque, et tient à un autre fil courbé en cercle, et attaché à l’intérieur de l’écaille. Les fig. 9, 10 et ii sont ti’ois lames tirées d’une pâte postérieure. Sur la première, qui étoil large, et de sa cuisse, s’élevoit une apophyse couleur de gomme, qui, se fléchissant près de son origine, se terminoit par un long filet écailleux A. La seconde, fig. 10, étoit une lame effilée, qui me parut avoir aussi été dans la cuisse; et celle, fig. ii , se trouva dans la pâte postérieure, au même endroit que celle fig, 5, à l’an- térieure. La différence la plus sensible que j’aie remarquée aux pâtes de cet insecte, c’est que celles de la troisième paire étoient les plus longues, et que leurs cuisses antérieures, celles qui tien- nent au corselet, av oient en dessus, comme il a déjà été remarqué, une échancrure GG, pl. i, fig. 2, à l’écaille qui les couvre. Il m’a paru, au reste, singulier que toutes les cuisses et jambes de cet insecte, que j’ai ouvertes, se soient trouvées intérieurement doublées d’une écaille blanchâtre, moins dure que l’extérieure, et qui pôuvoit en être séparée DK DIFFERENTES ESPECES d’iNSECTES. 2^5 par éclats ; on y observoit les mêmes trous, dont l’écaille extérieure étoit percée, pour y recevoir ses poils ou épines. Je ne puis décider si les écailles de ces insectes sont constam- ment ainsi doublées , ou si elles ne l’ont été ici que parce que c’étoit le temps où l’animal se disposoit à muer, auquel temps on sait que généralement les insectes ne quittent leur dé- pouille cjue lorsqu’il s’en est formé sous elle une autre toute prête à la remplacer. Quand on suit le canal de l’œsophage qui, à la hauteur de R, S, pl. I, fig. 10, disparoît en se plongeant au travers d’une ouverture ménagée pour cet effet dans la menton- nière, l’on trouve qu’à l’opposite il entre dans un four- reau qui, du corselet, le conduit dans l’estomac. C’est ce qui est représenté pl. 3, lig. 12, où AB est ce canal très- délié qui perce en B le bout ABC de la mentonnière, et reparoît en G plus épais, parce qu’il y est enveloppé du four- reau qui l’accompagne jusqu’à l’estomac CD, dans lecjuel l’œsophage seul s’ouvre, pendant rpae ce fourreau, à l’entrée C de l’estomac, s’élargit en tous sens pour lui servir de tu- nique extérieure. Ce viscère CD tient du sphéroïde plat. Il est couvert de nombre de petits vaisseaux de couleur foncée, et semblables à ceux qui se trouvent pl. 2, fig. 6, sur la partie que je crois être le cerveau. On voit sortir de l’estomac sept canaux blanchâtres assez considérables, rompus en E,F,G,H,I,R,L, cpii pourroient bien être autant d’intestins, mais dont j’ignore les aboutissans, parce qu’ils se sont rompus lorsque j’ai tiré ce viscère du cor- selet j et ce seroit alors une circonstance bien remarquable ANATOMIE 256 qu’un estomac, ou pour me servir de son nom propre, quoi- que hors de mode, qu’un ventricule, avec sept pylores, au lieu d’un qu’ont les grands animaux , et auxquels abouti- roient autant d’intestins séparés. On trouve dans la région antérieure du corps de l’animal, à une petite distance de l’étranglement qui sépare le corps du corselet, un vaisseau en sphéroïde oblong, pl. 3, fig. 12, rempli d’une substance pâteuse couleur marron. Deux queues minces, A et B, qui se terminent en pointe, sortent des deux extrémités de son grand axe. J’ignore absolument l’usage de ce viscère. La fig. i3, pl. 3, représente un sac comme il y en a quatre dans le corps de l’animal. Ils sont membraneux, fortifiés par des fibres qui les environnent en guise de filets à mailles irré- gulières. Leur ouverture est maintenue dans la figure circu- laire qu’elle a par un cercle roide et écailleux qui l’entoure. Tous quatre étoient fermés en dessus, chacun par un cou- vercle convexe, fig. de même nature, et pareillement environné et affermi par un cercle écailleux. Ces quatre sacs m’ont paru communic]uer par un conduit large et membra- neux A, fig. i3, à une cavité plus spacieuse, qui aboutit à l’anus. Ils contenoient une substance brune, pâteuse, opaque et homogène, fig. i5, dans laquelle, après l’avoir dépurée, je n’ai découvert aucun vaisseau; ce c(ui me fait croire que cette substance pourroit bien n’être que de la matière fécale. L’anus de cet insecte, qui vu à la loupe ne me parut d’a- bord que comme entouré d’un anneau écailleux , entier aux uns, fendu aux autres, examiné au microscope, se trouva fait tout autrement , mais ausssi de deux différentes façons , DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 23’7 / pK 3, fig. i6 et 17, probablement suivant les sexes. Dans la fig. 17 tout est écailleux; sa partie A, B, C, hérissée de piquans, est la seule qui naturellement paroisse en dehors. Dans la fig. 16, cette ouverture est en partie bordée de deux écailles en forme de coime, A et B, hérissées d’épines tournées en dehors. C,D est une espèce de masse écailleuse, pareillement hérissée par son gros bout D, qui est le seul qui se montre en dehors, le reste disparaissant sous la peau. Ce gros bout occupe en grande partie l’espace supérieur que laissent entre elles les deux écailles, en forme de corne A et B. L’espace inférieur c[ui est entre leurs deux pointes n’est occupé que par une membrane; structure qui paroît indiquer que cet anus est celui de la femelle, destiné à devoir se prêter au passage des oeufs ou des petits qu’elle met bas. Quoique je n’eusse remarqué en dessinant cet insecte au- cune autre ouverture à la partie postérieure que celle dont il vient d’être parlé, cependant ayant mis tremper son corps deux jours dans de l’eau, je vis paroître immédiatement au- dessus de cette ouverture un corps qui sembloit grand comme la pointe d’une très-fine aiguille, et qui, vu en dessus avec une forte loupe, paroissoit tel c[u’A, fig. 18, et de côté, comme A, figi 19. Dans le premier sens, il se montroit blanc et membraneux; à l’opposite, il étoit écailleux et couleur de gomme commune. D’une ouverture placée sur le tubercule B, sortoit de part et d’autre une lame écailleuse , tant soit peu courbe, CG, de même couleur brune, qui sembloit des- tinée à lui servir de soutien. Une de ces lames est représentée fort en grand fig. 20; quantité de branches ou de fibres y éloient adhérentes. A chaque côté de l’élévation en forme de Mém. du Muséum, t. 18. 34 ANATOMIE 258 tubercule B, fig. i8 et 19, étoit placée une aigrette D de piquans noirs très-courts. J’essayai, au moyen d’une pince, de faire sortir davantage ce corps A du tubercule B , mais ayant trouvé trop de résistance , j’ouvris le ventre de l’insecte avec une fine aiguille aiguisée en couteau. J’en tirai cette partie, que je trouvai très-adhérente à une pièce écailleuse E,F,L,H, fig. 21, avec laquelle elle faisoit en E un angle droit. Cette pièce étoit suivie de quelques gros vaisseaux, tellement enveloppés d’un nombre prodigieux de filamens , qu’il n’y eut pas moyen de les repre'senter. La partie A, fig. i8 et 19, tracée plus en grand et de côté en A,E, fig. 21 , se voit par derrière fig. 22. Elle y est écail- leuse dans toute sa longueur, et presque dans toute sa lar- geur. Ij’ayant rompue transversalement en G, je trouvai qu’elle renferraoit un large tuyau qui contenoit un conduit blanc membraneux plus délié. Ayant examiné la situation de cette partie, fig. 21 , dans le corps de l’animal, je l’y ai vue telle qu’on l’aperçoit de côté fig. 28, et en dessus fig. 24. Elle s’y trouvoit en partie enveloppée par un assemblage écailleux, représenté tà part fig. 25, dans lequel elle étoit placée et assujétie comme le montrent en ces deux sens les fig. 23 et 24- Cette partie, qu’on ne fait qu’entrevoir en A,E,F,L,H, fig. 23, et qui se montre à nu, mais en sens presque contraire, fig. 21, y est placée dans un assemblage écailleux, ouvert depuis A jusqu’à I, fig. 23 et 24, pour lais- ser le jeu libre à la pièce A,E,F,L,H, qui n’y tenoit que par un ligament très fort en H, sans empêcher, pour peu que l’on appuyât contre le coude E, de faire sortir en avant la partie E,A, fig. 21 , jusqu’à ce que E, élevé jusqu’au niveau de A,Tj, DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 25q fig. 23, et ainsi ne faisant qu’une ligne droite, l’angle à peu près droit du coude A,E,L, fût entièrement effacé, et alors la partie E,A paroissoit presque toute hors du corps, comme elle se montre en A, fig. i8 et 19. Au reste, on aperçoit en M,I, fig. a3, une suture qui montre que l’écaille fig. n’est pas d’une seule pièce, mais qu’il s’est fait en M,I une réunion des deux cornes M,R, dont on en a représenté une à part fig. 20, avec la pièce M,L fig. 2 2, qui est marquée M,L,M fig. 25. Quoiqu’il soit assez probable que la partie qui vient d’être décrite est celle qui caractérise le mâle, il faudroit d’autres recherches, pour pouvoir le décider, que celle que j’ai faites. IVombre d’insectes sont pourvus d’un conduit qu’ils savent alonger, et au travers duquel ils pondent leurs œufs, et ce conduit peut, au premier coup d’œil, aisément donner le change, et faire prendre des femelles pour des mâles. Parvenu jusqu’ici, je n’ai pas poussé plus avant mes re- cherches sur cet insecte, qui peut encore fournir de l’ouvrage pour long-temps à ceux qui voudront les continuer, et cjui, en attendant, nous a donné occasion de reconnoître qu’il est fait sur un plan bien différent de celui des insectes dont nous avons quelque connoissance. DES POUX D’OISEAUX. L’insecte qui vient de nous occuper pendant quelque temps m’ayant rappelé que j’avois trouvé dans mon Redi, sur la génération des insectes, les figures de plusieurs poux d’oi- seaux et de quadrupèdes, j’eus la curiosité de jeter les yeux 200 ANATOMIE sur cette partie de son ouvrage. Elle m’olFrit trente-six de ces animaux représentés au microscope, mais d’une manière fci’op incertaine pour pouvoir être bien exacte. Aussi m’a- perçus-je que je n’avois pas l’édition originale, mais une tra- duction latine imprimée à Amsterdam en 1671, dont les planches pouvoient bien avoir été un peu négligées. Quoiqu’il en soit, le manque de rprécision que m’ofFiirent ces figures m’ayant fait naître le désir de m’assurer par les objets mêmes de ce qui en étoit, me fournit l’occasion d’examiner, et de dessiner avec autant de vérité qu’il me fut possible , les figures des insectes de ce genre, que l’on va voir grossies au micros- cope, mais gravées d’une autre main que de la mienne. Pour leur donner une grandeur relative un peu juste, j’eus recours aux cornées des yeux d’un de ces insectes ailés qu’on nomme Demoiselles. J’ai coupé au microscope un morceau de cornée de la longueur d’une ligne, suivant l’ali- gnement des facettes hexagones dans lesquelles elles sont divisées. Ce procédé me procura une échelle d’une ligne, divisée en trente-quatre facettes ou parties égales, dont la nature avait fait elle-même les frais. Je collai cette espèce de micromètre sur une découpure de glace de miroir des plus minces, et lorsqu’il s’agissoit de mesurer un très-petit objet, je l’y plaçai tout à côté, et comp- tant au travers d’un microscope combien cet objet et chacune de ses parties avoient de facettes de longueur, je m’en assurai ainsi exactement. M’ayant fait ensuite une seconde échelle, de deux pouces, divisés ;cba.cun en vingt parties égales, je donnai dans mon dessin à l’objet autant de ces vingtièmes parties de «pouces dé longueur que je lui en avois trouvé de 201 DE DIFFÉRENTES E&P.ÈCES d’inSECTES. trente-quatrièmes d’une ligne au microscope; ce qui rendit l’objet à peu près vingt fois plus long que dans la nature, donna à sa surface quatre cents fois plus d’étendue, et le grossit environ huit mille fois; c’est-à-dire que si un animal pouvoit croître proportionnellement jusqu’à acquérir vingt fois plus que sa longueur, il auroit acquis huit mille fois plus de poids ou de substance qu’il n’en avoit eu auparavant Après ces petites dispositions, il ne restoit que de -me pro- curer des objets; chose qui n’étoit pas sans difficulté. T.es oiseaux vivans ne se laissent pas manier comme on veut, et les oiseaux morts, en se refroidissant, écartent tellement ces insectes, qu’ils y deviennent bientôt fort rares. Un expé- dient assez simple m’y fît pourtant réussir. C’étoit de mettre sur l’oiseau mort un papier blanc, de chauffer un mouchoir devant le feu, et de le mettre alors, rassemblé en pelotte, sur ce papier. La chaleur du mouchoir se répandant ainsi aux environs, et s’y faisant sentir aux insectes, les détermina bien- tôt à quitter l’oiseau froid, à s’avancer vers l’endroit d’où venoit la chaleur, et à se rassembler petits et grands contre le dessous du papier, à l’endroit où son dessus étoit échauffé par le mouchoir. De celte manière je parvins à me procurer des sujets en abondance. Ceux que je trouvai ainsi se distinguoient naturellement en deux classes. Il y en avoit à huit pâtes , mais en petit nombre; il y en avoit d’autres en plus grand nombre à six; et dans cette dernière classe on reconnoissoit aisément deux genres remarquables par la différence de leurs pâtes et de leurs têtes. Les premiers avoient la tête courte, et tenant plus ou moins de la figure d’un trèfle. Leurs pâtes étoient ANATOMIE 262 pourvues d’un pied assez long et mince, dont l’articulation se fléchissant en dehors, fournissoit un appui à l’animal pour courir, et dont les deux ongles crochus, qui terminoient ses pieds, se tenant naturellement écartés, contribuoient à affer- mir ses pas, et à le rendre assez léger à la course. Ceux du second genre marchoient d’un pas plus tardif; leur tête étoit plus alongée, et ils n’avoient pour tout pied qu’un crochet simple ou double, mais alors ordinairement appliqué contre son pareil. Ces crochets étoient articulés au bout de la jambe, élargie à cet endroit, afin que le crochet, ramené sur ce bout, pût mieux s’accrocher aux barbes des plumes pour s’y tenir. DE LA CLASSE A SIX JAMBES. Pou d aigle. PI. 4? fig- i* Par le moyen indiqué, je trouvai sur un aigle tué sur nos rivages nombre de ces insectes, de couleur et de taille si différentes , que je ne les crus pas d’abord de même espèce; mais les ayant examinés avec plus d’attention, je trouvai qu’ils avoient tous la même forme , et que leurs variétés ne prove- noient principalement que de leur différence d’âge; que les petits étoient tout blancs, et que la couleur des écailles dont l’insecte est pourvu prenoit insensiblement une couleur plus foncée, à mesure qu’il devenoit plus grand. Celui que j’ai représenté pl. 4? fig- i? avoit acquis toute sa taille. Sa longueur étoit d’une ligne. Le fond de sa couleur étoit grisâtre; sa tête, ses pâtes et son corselet me parurent écailleux a63 BE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. en dehors : la première étoit ornée de taches noires symé- triques. Son corps étoit traversé de dix bandes écailleuses polies, et d’un brun-rouge plus foncé aux uns qu’aux autres. La dernière de ces bandes, celle qui étoit la plus près de l’extérmité postérieure , étoit intérrompue à la ligne supé- rieure^ les autres ne l’étoient pas, mais elles y avoient moins de couleur. La seconde partie de son corselet étoit traversée en dessus d’une raie de même couleur. On lui voyoit sous la tête, près de la racine des antennes, deux points noirs, qui étoient apparemment ses yeux. Ses antennes étoient d’une figure singulière. Elles ne ressembloient pas mal à un gland couronné d’une aigrette de poils roides et courts. Elles te- noient à la tête de l’animal par un pédicule assez mince, placé sur un tubercule. On voit une de ces antennes grossie plus de cinquante mille fois fig. 2. Deux barbillons, pourvus à leur extrémité de quelques poils courts pareils, débordoient tant soit peu le devant de son museau. Sa tête et son corps étoient garnis de longs poils assez rares 5 quelques uns en avoient en outre de courts et serrés à l’extrémité postérieure que d’autres n’ avoient pas, et qu’ainsi on peut soupçonner être seulement propres à l’un des deux sexes. Ses trois paires de pâtes en avoient aussi de courts. Elles étoient composées chacune d’une cuisse A, d’une jambe B et d’un pied G, représentés fort en grand fig. 3. Les pieds de ceux de ce premier genre de la classe à six jambes qui se sont offerts à mes yeux étoient remarquables par une espèce de talon ou d’ergot D, qui se trouve sous * 264 ANATOMIE l’endroit où le pied est articulé à la jambe; ce qui fait que quand ranimai court, son pied n’appuie que sur cet ergot et sur les deux crochets qui terminent son autre bout, lais- sant sous ces trois poiuts d’appui un espace arqué qui ne repose nulle part. Cette disposition sert probablement à un usage que l’on ne soupeonneroit pas; et l’on ne saura d’abord que penser, si je dis que je crois que cette élévation et cette courbure de la plante du pied leur ont été données pour y porter leurs œufs, sans qu’ils appuient, et pour qu’ils soient moins exposés à recevoir des chocs qui pourroient les faire tomber mal à propos quand l’insecte court. Ce qui pourtant doit faire passer cette conjecture,, quelque étrange qu’elle paroisse, pour assez vraisemblable, c’est que cet insecte porte souvent sous la plante du pied un corps oblong E, fig. 3, qui a parfaitement la forme d’un œuf, et que ce corps n’est pas une partie constituante du pied, vu que tous les individus de cette espèce n’en ont pas; que ceux qui en sont pourvus en portent en nombre fort inégal, depuis un jusqu’à six, et que souvent tel qui en a aujourd’hui en est dépourvu demain. Si donc ces corps étrangers, mais de forme très-régulière, ne sont pas des œufs, quoiqu’ils en aient parfaitement la figure, quel usage leur assignera-t-on? J’avoue qu’il paroît étrange qu’un animal colle ses œufs sous ses pieds; mais n’en connoît-on pas qui les ont collés sur leur dos, comme le pipa, et d’autres entre les jambes, sous le ventre, comme les écrevisses et les chevrettes? Est-il beau- coup plus étrange qu’il y en, ait qui les aient collés contre la plante du pied,, quand sou élévation concave et arquée semble 265 DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. lai avoir été donnée tout exprès? Quoique nous ignorions le but d’un emplacement si singulier, il peut pourtant avoir été très-necessaire. Qui sait si ce n’est pas de la plante du pied de l’animal que ses œufs tirent leur première nourriture, comme ceux de nombre d’espèces d’insectes la tirent pour un temps du suc des arbres et des plantes, où la mère les dé- pose tout exprès dans des entailles qu’elle y fait, et où l’on voit grossir l’œuf considérablement , avant que le petit en sorte ? ou qui sait si ces œufs n’ont pas besoin d’un degré di- diversifié de chaleur pour éclore, et si ces animaux ne les portent point collés à leurs pieds, afin d’être en état de le leur procurer, en les appliquant plus ou moins fort, ou fré- quemment, contre le corps de l’oiseau, ou en les transportant aux endroits dont les degrés de chaleur leur sont le plus con- venables? Et comme cette figure de pied est commune à nombre de poux de ce premier genre, oh peut leur soup- çonner à tous le même usage, ce qu’avec un peu d’industrie et d’application il seroit aisé de trouver moyen de vérifier ou de détruire. Pou de héro7i. PI. 4? üg- 4- 11 a un dix-septième de plus qu’une ligne de longueur. Sa couleur est grisâtre. Sa tête, son double corselet et ses jambes sont écailleuses en dehors, ce qui m’aparu être commun à tous ceux que j’ai trouvés de cette classe. Le fond gris de sa tête et de son corselet est rehaussé de raies et de taches d’un brun très- foncé. Son corps est transversalement garni de neuf bandes écailleuses du même brun. Ses pieds [sont armés chacun de Mérn. du Muse'um. t. i8. 35 ANATOMIE ^66 deux ongles crochus très-écartés. Cet insecte est blanchâtre quand il est jeune. J’ai trouvé que, parmi les vieux, il y en avoit qui étoient d’une huitième partie de ligne plus petits que les autres. Ils pourroient bien avoir été des mâles, vu que, parmi les insectes comme parmi les oiseaux de proie, les mâles sont ordinairement les plus petits. Du reste, ils ne m’ont paru différer extérieurement des autres, qu’en ce que leur partie postérieure n’étoit pas garnie à l’extrémité d’une rangée de pointes ou de poils gros et très-courts, tels qu’on les voit à l’insecte représenté pl. 4? fig- 4? crois avoir été une femelle. Le même jour que le héron fut tué, je lui trouvai beau- coup de ces insectes. Deux jours après je ne lui en vis plus. Il ne m’en a fourni que de l’espèce ici représentée , qui m’a paru très- différente de celle qui se voit dans Redi, pl. 6 : ainsi le héron est probablement infesté de plus d’une sorte de ces animaux. Poié de corbeau. Pl. 4? ^g- Cet insecte est du même genre que les deux précédens. C’est, si je m’en souviens bien, un pou de corbeau. Je ne puis l’assiârer positivement, parce qu’il y a quelques années que je l’ai dessiné, et que le papier sur lequel, j’avois pris des notes s’est égaré. Sa longueur est d’un trentje-quatrième de moins qu’une ligne. Son espèce est très-approchante de celles de l’aigle et du héron que l’on vient de faire connoître; mais le beau noir des cercles écailleux qui traversent le dessus de son corps, et qui orne les écailles de sa tête, de son corselet DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 267 et de ses pâtes, lui donne un air plus élégant. Il est pareille- ment pourvu de poils clair-seraés, longs au corps, et courts aux jambes; mais ce qui le distingue à cet égard, c’est qu’il porte à chaque côté de la tête trois poils aussi longs que son corps même. Cet insecte m’a donné occasion de connoître qu’il étoit mâle. Sa femelle le surpasse en beauté, et en diffère tellement par la distribution agréable du noir dont elle est émaillée, qu’au premier coup d’œil on la croirôit d’une autre espèce. Aussi peut-elle passer pour un des jolis animaux de sa petitesse. J’avois commencé avec plaisir à la dessiner, lorsque je fus appelé ailleurs, et une minute d’absence me la fit perdre, et me priva du plaisir de la faire connoître. Pou de coq de bruyère. PI. 4? fig- 6- 11 est du second genre de la première classe. Il a une ligne et trois dix-septièmes de longueur. Sa couleur générale est d’un blanchâtre de parchemin. Les traces qui terminent ses contours et les figures qu’on lui voit sur le dos sont noires. Ce qu’il a de moins foncé que ces taches, mais d’un peu plus foncé que sa couleur générale, comme le sont les deux ren- flemens qui terminent les deux côtés de son occiput, et la figure à trois pointes placée entre deux , est d’un feuille- morte un peu sombre. Son corps est parsemé de poils longuets fins et rares; ceux de ses pâtes sont plus courts. 268 ANATOMIE a Autre sorte du même oiseau.i^\. 4? fig- 7- yjà Il est |du même genre que le précédent, et plus court de la dix-septième partie d’une ligne. Sa couleur est d’un gris roussâtre. Les raies et taches régulièrement distribuées sur sa tête, son corselet, son corps et ses pâtes sont couleur de gomme commune, plus ou moins foncée suivant les endroits. Ce qui le caractérise particulièrement, c’est sa tète large et an- gulaire, aux deux côtés de l’occiput, et son corps court, ar- rondi, et terminé par deux éminences en pointe emoussée A A. 11 est garni de longs poils rares, comme le commun de ces sortes d’insectes. Pou de milan brun. PI. 4? fig* 8. Du second genre, de la longueur d’un de ligne, et d’un fond de couleur grisâtre; ses jambes, et la file de larges taches entrecoupées à chaque anneau qui lui passe sur la ligue supérieure, sont d’un feuille-morte diversement foncé. Une grande partie de sa tête, son corselet et son corps sont munis sur les côtés d’un rebord noirâtre. On lui voit sur les pâtes des taches de la même couleur. Son corps a neuf ar- ticulations GU anneaux, dont le dernier est fort étroit. Son corselet a, comme le commun des insectes de cette classe, deux divisions. Ses antennes, DD, en ont cinq, et l’extremité de la derniere est garnie de quatre ou cinq piquans très-courts. Elles sont d’ailleurspourvues de quelques poils presque imper- ceptibles. On en voit de pareils, en petit nombre, à ses pâtes. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. ^ 269 Du reste, tout le dessus de son corps est garni de poils longs, très-deliés et assez rares. On en trouve de moins longs à sa tète. Ses jambes sont terminées par deux ongles noirs, crochus, presque toujours tellement appliqués Fun contre l’autre, qu’ils paroissent n’en faire qu’un. Ils tiennent à l’extremité de la jambe par une double articulation très-courte A et B, fig. g. La jambe, près de son extrémité, est armée, à son côté intérieur, d’un ardillon écailleux G. Quand l’insecte marche, on ne lui croiroit que deux paires de pâtes, parce qu’il tient alors les deux antérieures cachées sous sa tête. Ses pâtes, au reste, comme le gros des espèces de ce genre, sont plus larges qu’é- paisses, et c’est ce qui fait que, dans les figures, les pâtes que l’on voit en dessus paroissent plus minces que celles qui s’y montrent de côté. Pou de hupe. PI. 5, fig. i . Cet insecte a vingt-deux facettes ou trente quatrièmes parties de ligne de longueur. Il est du premier genre de la classe à six jambes. Sa couleur est feuille-morte. Sa tête est large et plate^ tout le dessus de sou corps est écailleux, et hérissé de poils blonds, qu’on n’aperçoit qu’au microscope. On lui remarque de part et d’autre, à l’endroit où les yeux sont ordinairement placés, deux ou trois taches, qui vraisem- blablement indiquent cet organe. Son corps en laisse entre- voir intérieurement de grandes et noires, qu’on peut soup- çonner être des alimens aperçus au travers des écailles qui les couvrent, parce que ces taches ne sont pas toujours pla- cées de même. Cet insecte est ovipare. Il pond ses œufs 270 ANATOIVUE autour de la racine des plumes de l’oîseau qui le nourrit. Ils y sont attachés par petites grappes. Leur couleur est blanche. Leur forme est oblongue_, et ils paroissent comme couverts d’un réseau de facettes irrégulièrement hexagones, fig. 2. Autre Pou de corbeau. PI. 5, fig. 3. Sa longueur est de vingt-huit facettes. 11 est du second genre, et mérite d’être vu au microscope, pour la distribution élégante des figures et des traces noires qui lui ornent la tête, le corselet, le corps et les jambes. Du reste, sa couleur est grisâtre, et avec une forte loupe on le trouve hérissé de poils bl ancs. Sa forme est un peu aplatie. Sa tête est grande, son corps large et court. Ses jambes sont terminées par deux ongles ou crochets réunis qui ne s’écartent que rarement. Il s’en sert pour se cramponner aux corps qu’il a saisis, et le fait si bien, qu’on a quelque peine à l’en détacher. On lui entre- voit sous la peau du dos un viscère brun recourbé, dont je n’ai point examiné l’usage. Pou d'un oiseau qui ma paru être im tiercelet d éperAer. PI. 5, fig. 4- Il est du second genre , et a une facette de moins qu’nne ligne de longueur. Sa couleur est d’un grisâtre tirant sur le feuille-morte, rehaussé de. nuances, de figures, et de traits couleur de gomme commune. On le trouve de deux gran- deurs. Le corps des plus grands se termine comme celui que j’ai représenté fig. 4 j celui dés autres a l’extremité faite comme DE DIFFERENTES' ESPÈCES d’iNSECTES. 2” T on le voit séparément, fig. .^,en A, B, et ces derniers, comme les plus petits,' sont apparemment les mâles. ' Pou de geai.' S, ûg. 6. Il a une ligneide longueur, est du second genre, et res- semble beaucoup à celui delà fig. 3; mais il est plus grand, sa tête est plus grande à proportion, et ses écailles sont d’une autre couleur; car celles-ci sont couleur de gomme plus ou moins foncée, au lieu que le foncé de celles de la fig. 3 est noir. Tout ce qui n’est pas écailleux dans la fig. 6 est blanc. Son corps est large et courtises antennes sont composées de cinq pièces articulées bout à bout, et pourvues à chaque articu- lation de quelques épines si petites, qu’elles ne sont visibles qu’au moyen d’un bon microscope. L’extrémité de ses an- tennes sie termine par deux petites pointes, et devant chaque antenne, tout près de sa racine, la tête porte une espèce de corne émoussée, informe, et plus grosse que les antennes. La loupe fait voir sur chacune des quatorze écailles du dessus de'son corps une tache blanche; et un peu plus bas, vers les côtés, deux points de la même couleur. Du reste, ces écailles ont des contours ondoyans échancrés du côté qui fait face à la partie postérieure du corps. La fig.; 7 représente la' télé de cet animal, avec sa pre- mière paire de jambes MM, grossies plus de soixante mille fois, et vues en dessous. Le bout de son museau A est écail- leux, très-mince, et concave jusqu’en B. C est une partie charnue placée entre les rebords écailleux DD. On peut la considérericomme lai lèvre supérieure de l’insecte. EE sont 2^2 ANATOMIE '• ses deux mâchoires appliquées Tune contre l’autre. Elles couvrent ici une partie de l’ouverture de la bouche. GG sont les deux cornes, et HH ses antennes, dont il a été parlé. I est le conduit du gosier,, qu’on entt^voit au travers de la ])eau. RR sont deux élévations écailleuses, sur chacune des- quelles j’ai vu deux grains transparent, qui vraisemblable- ment sont des yeux, ou des tuberculés pour recevoir la racine d’un poil. On en voit trois ou quatre semblables sur les côtés arrondisNN de l’occiput; mais aucun de ces grains n’a pu être représenté à cause de sa petitesse; aussi ne les aperçoit-on que lorsqu’on examine une tête par le côté. DR, DR est un assemblage écailleux très-solide, dans lequel les mâchoires sont articulées. La figure 8 représente en E une de ces mâchoires encore plus en grand, et son articulation avec un morceau de l’as- semblage dont il vient d’être parlé. L est la lèvre supérieure et F l’inférieure, dont une moitié a été retranchée, et l’en-^ foncement quiparoît entre deux est l’ouverture de sa bouche. On voit que la mâchoire E est solide, et qu’elle se termine en deux pointes mousses. J’ai vu que l’animal s’en sert, comme des crochets qui terminent ses jambes, pour se tenir aux corps sur lesquels il rampe , et qu’il tient ordinairement ses jambes antérieures tellement cachées sous sa tête, qu’au premier coup d’oeil on croiroit qu’il n’a que quatre pâtes. Pou de bécasse de mer. PI. 5, fig. 9. Il a quatre facettes de moins qu’une ligne j et èst du se- cond genre de la première classe. Sa couleur esj blanche; DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 2^3 sa tête et le bout de sa partie postérieure sont marqués de quelques taches couleur de gomme , et cet insecte a du reste la tête, le corselet et la corps ornés de traits noirs comme on le voit dans la figure. Ses pâtes sont toutes blanches; son poil est de la même couleur, mais clair-semé. Pou de tourterelle. PI. 5, fig. lo. Sa longueur est d’une ligne et sept facettes. Il appartient, comme le précédent, au second genre de la première classe. Son corps est effilé et plat; sa couleur tire sur le feuille- morte ; sa tête et son corselet paroissent chacun comme transversalement divisés en deux parties, et son corps en huit. Les côtés de la tête, du corselet et du corps sont bordés d’écailles brunes; son corps est muni de plus, sur le dessus de chaque anneau, depuis la partie latérale jusqu’à une petite distance de la supérieure, de part et d’autre, d’une plaque feuille-morte assez large, qui m’a paru être écail- leuse; mais le pénultième anneau n’en avoit qu’une seule, qui couvroit presque tout son dessus. Le bout de chaque jambe s’élargissoit vers son extrémité, et étoit, au lieu de pied, pourvu de deux crochets, ordinairement si réunis, qu’ils paraissoient n’en faire qu’un. Ils étoient articulés avec ce bout, de façon que l’animal pouvoit les ramener sur la jambe, comme une jambette se replie sur son manche, jusqu’à les y faire disparoître. L’inflexion des articulations de ses pâtes est un peu tournée du côté de la tête; chose assez fréquente parmi les poux de ce genre, comme les insectes de la pl. 4? fig- b et 7, en four- Mém. du Muséum, t. 18. 36 2^^ ANATOMIE nissent des exemples; ce qui contribue, avec le défaut de pieds, à rendre leur marche tardive, mais qui en récompense facilite à ces animaux le moyen de se tenir très- fortement à ce qu’ils saisissent, de sorte qu’on a quelque peine à leur faire lâcher prise. Ses antennes sont placées sur les côtés de la division qui sépare la partie anterieure de la tete de la postérieure i elles sont composées chacune de cinq pièces jointes par des articulations. Il a des poils, mais fort rares; ceux de sa tête et de ses pâtés sont extrememeut courts. Pou de la plus grande espèce de corbeaux. PL 6, fig. i3. / 11 est du premier genre de la première classe , et diffère de tous ceux de cette classe que j’ai examinés, non-seule- ment en ce qu’il est tout d’une couleur, mais qu’il en est aussi le plus gros, ayant une ligne et sept facettes de long sur une demi— ligne de large. Sa couleur est d un brun ties— foncé et presque noire. Tout son dessus est poli , et m’a paru écailleux. Son poil est rare et grisâtre; celui du corps et de la tète est de deux longueurs ; celui des pâtes est court. Il a le corps un peu aplati, comme l’ont ceux de ce même genre. Sa figure se voit assez distinctement dans la planche, pour n’avoir pas besoin d’être décrite plus en détail. DE LA CLASSE A HUIT JAMBES- Ceux de cette classe que j’ai vus étoient tous naturelle- ment plus petits, et à proportion beaucoup plus courts, que DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 3^5 ceux de la première. Leurs pâtes avoient un plus grand nombre d’articulations, et ne pouvoient admettre la divi- sion ordinaire en trois parties principales : la cuisse, la jambe et le pied. Et ce qui les distinguoit encore -plus, c’est que pendant que ceux de la première classe avoient des têtes grandes et remarquables, on n’en voyoit point du tout à ceux-ci. Le premier insecte de cette classe que les oiseaux m’ont fourni fut le Pou de piooine. PI. 5, fig. ii. Il n’avoit que quinze facettes, c’est-à-dire une demi-ligne moins deux facettes de longueur. Le dessus de son corps et de sou corselet étoit armé de lames écailleuses, hérissées de très-courtes épines. Ces lames étoient d’un brun-rougeâtre très-foncé, dont la forme et l’arrangement se voient d’un coup d’œil plus distinctement dans la figure qu’on ne sau- roit les faire connoître par une longue description. Tout le reste de l’animal est en dessus grisâtre, excepté que les côtés du dessus de son corps, qui n’est point garni d’écailles, sont d’un blanc de lait, ce quipourroit bien n’étre que l’effet d’un corps graisseux, ordinairement de cette couleur dans les insectes, et que la transparence de la peau permet d’entrevoir. Les lames écailleuses et brunes qui environnent le dessus de son corps et en couvrent une partie, environnent une partie presque semblable de son dessous, dont le reste est aussi grisâtre et blanc. Le milieu du dessous de son corselet m’a paru d’un brun sale. Le bas de son corps rentrant par le milieu, se termine par deux éminences arrondies en forme de 2'jQ anatomie cœur. Ses pâtes m’ont paru avoir au moins sept articulations, en comptant le pied pour une. Les deux pâtes antérieures m’ont semblé être les plus longues et les plus grosses des huit. Toutes sont transparentes 5 mais aux premières articu- lations des deux antérieures, on entrevoit dans l’intérieur un corps brun, opaque et alongé, qu’on n’aperçoit point aux trois autres paires. Le corselet de cet insecte se termine, par devant, par deux antennes ou barbillons AA, entre lesquelles se trouve placé un étui longitudinalementj fendu. En pressant un peu le dessus du corselet, on fait sortir par cet étui deux bras ex- trêmement déliés, dont la ténuité ne m’a pas permis d’aper- cevoir s’ils étoient armés chacun d’une pince par le bout, moins encore d’une pince dentée, comme j’en ai vu à un autre animal de cette classe, dont il sera parlé bientôt ; mes meilleurs verres ne s’étant pas trouvés assez forts pour pou- voir m’en assurer dans ce sujet-ci. Pou d’une sorte d éinerillon. PI. 5, fig. 12. Il est de la même classe, et n’a que douze facettes, ou un bon tiers de ligne de longueur. Vu au microscope, c’est un très-joli animal. Sa couleur est grisâtre; mais les diffé- rentes grandes taches régulières et symétriques d’un brun très-foncé et noirâtre qui sont répandues sur le dessus, le font paroître avec avantage. La figuré de son corps diffère beaucoup de celle de l’insecte précédent, comme on s’en apercevra aisément en comparant les gravures qui en ont été faites. Mais quant aux pâtes, aux poils, aux barbillons, et à DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. O.J'J l’étui placé entre deux, sur le devant du corselet, leur dif- férence n’est pas fort remarquable. Lorsque j’ai pressé le devant du corps de cet insecte, j’ai fait sortir de l’étui, qui semble lui tenir lieu de tête, deux bras aplatis, armés cha- cun à leur extrémité d’une pince, que j’ai bien fait ouvrir en pressant ces bras avec une aiguille très-fine ; mais leur petitesse extrême ne m’a pas permis de découvrir si ces pinces étoient pourvues de dents ou non. Puisque non-seulement les quadrupèdes et les oiseaux , mais l’homme même, l’être le plus orgueilleux de ceux qui rampent sur la terre , sont réduits à l’humiliation de se voir destinés à nourrir malgré eux de leur substance des ani- maux parasites, qui les harcellent, faudra-t-il s’étonner que les insectes mêmes ne soient pas exempts d’une pareille dis- grâce , et qu’il n’y ait pas jusqu’aux chenilles et aux limaçons qui n’en aient à souffrir? Si l’on en do utoit, voici deux exemples entre plusieurs que l’on pourroit fournir, pour nous tirer de cette incertitude. Pou de la chenille du bois de saule. PI. 6, , fig. i j . Comme les deux précédens, il est de la seconde classe. Sa longueur n’est que de neuf facettes, ou d’un bon quart de ligne. Il paroîtici beaucoup plus grand, parce qu’au lieu de vingt fois, on lui a donné soixante fois sa longueur dans la gravure, afin de le faire mieux connoîtrej de sorte qu’il y est grossi de 216,000 fois. Son corps est écailleux par dehors, du moins en dessus, et de couleur feuille-morte. Ses quatre paires de pâtes sont ANATOMIE si transparentes, qu’elles paroissent être de verre. Je leur ai compté huit articulations à chacune, mais on n’en voit que six dans la figure, parce que les deux autres sont cachées sous le corps. La pénultième est la plus, longue, après suit la dernière j l’antepénultième m’a paru la plus courte. Le pied a une figure particulière qu’on ne sauroit distin- guer qu’à la faveur d’un fort microscope, et dans un jour favorable. Il est représenté, fig, 12, grossi 5,832, 000 fois. On y voit qu’il est pourvu de deux ongles crochus AA, au-delà desquels déborde une membrane qui y est adhérente, tra- versée de fibres qui se croisent. L’animal rapproche ses ongles, et plie ainsi cette membrane à volonté, jusqu’à la mettre en double, ou peu s’en faut, et c’est ce qui lui arrive ordinairement à chaque pas, quand il marche ou coure, ce qu’il fait avec beaucoup de vitesse. On ne lui aperçoit à l’extrémité antérieure du corps ni corselet ni tête; mais pour toute tête rien qu’un double étui placé entre deux antennes ou barbillons BB, à six articula- tions, dont les trois dernières sont un peu brunes et opaques, et les premières claires et transparentes. L’on voit sortir de cet étui double l’extrémité antérieure d’un autre étui transparent A , fig. ii, où sont renfermés deux bras cylindriques également transparens, au bout de chacun desquels on voit une sorte de tenaille ou pince den- telée, de figure approchant de celles des écrevisses. Ces pinces servent vraisemblablement de bouche et de mâchoires à l’animal, auquel on n’en découvre point d’antres, de même qu’elles en tiennent lieu à plus d’une sorte d’insectes aqua- tiques et terrestres très-voraces qui sont dans le même cas, DE DIFFÉP^E^TES ESPECES d’iNSECTES. 2'j^ iDais sans avoir leurs pinces placées au bout de bras mobiles, que l’insecte peut faire avancer hors du devant du corps. On aperçoit à l’insecte dont il s’agit dans toute la longueur de ses deux bras, et même encore au travers de leurs four- reaux transparens, un vaisseau, qui est apparemment le canal par où la nourriture passe dans son estomac. Ces bras, munis de pinces, ne paroissent, au reste, que quand il plaît à l’animal de les faire sortir, et alors il les alouge plus ou moins, tantôt l’un, tantôt l’autre, et leur donne les inflexions que bon lui^semble. Ordinairement il n’en paroît rien au dehors, comme dans la fig. i j; mais quand on presse le dessus du corps de l’insecte, on le contraint de les faire sortir, et alors on voit même souvent que ces pinces s’ouvrent et se ferment comme pour mordre. Il est très- apparent que cet insecte, et les autres espèces munies de bras armés de semblables pinces, s’en servent pour les introduire au travers des pores de la peau des animaux dans leurs corps, et qu’ils les y enfoncent jusqu’à ce qu’ayant atteint la nourriture qu’il leur faut, ils en expriment le suc avec leurs pinces et l’a- valent. La fig. i4 représente ces deux instrumens nourriciers poussés en dehors, différemment fléchis, et dont l’un ouvre sa pince pour mordre, lis sont grossis 729,000 fois. AA est le double étui brun, que l’on prendroit d’abord pour la tête de l’animal; BB sont deux fourreaux transparens, de l’extrémité desquels sortent les bras cylindriques BC , BC , qui dans leur situation de repos sont renfermés dans leurs fourreaux, et dans le corps de l’insecte; CC sont les deux pinces, l’une ouverte, l’autre fermée. Au reste, l’animal pond ses œufs sur le corps et autour de ANATOMIE 280 la tête de la chenille. Ils sont ronds et aplatis en forme de gâteaux. J’âi vu des chenilles qui en avoient bien le tiers du corps couvert. Leurs coques ont une consistance surprenante. ,T’ai vu éclore nombre de ces oeufs peu après qu’ils avoient trempé plus de deux heures dans l’esprit-de-vin. Pou de limaçon des jardins. PI. 5, fig. i3. Il est de la seconde classe, et de la grosseur d’un petit grain de sable. Il a sa demeure dans la coquille des limaçons de nos jardins. Il court fort vite, et il est si délicat, qu’on ne peut guère le toucher sans l’écraseiq ce qui, outre sa petitesse et son agilité, le rend difficile à être examiné. Il tient de la mite pour l’extérieur, mais il en diffère en ce qu’il est plus petit, et plus agile, que son corps est plus effilé par derrière, et qu’il n’est pas partout également blanc; mais étant grisâtre, une large raie ondoyante d’un blanc de lait assez vif parcourt longitudina- lement son dos, depuis la hauteur de la seconde paire de jambes jusqu’à son extrémité postérieure. Ses poils, qui sont clair-semés, sont courts et extrêmement fins. 11 a sur le de- vant, au lieu de tête, des parties qui semblent analogues à celles de l’insecte précédent; ce qui donne lieu de croire qu’il pourroit bien avoir aussi à son usage des pinces, ou quelque chose d’analogue, pour prendre sa nourriture. Les articu- lations de ces huit pâtes, armées de petits piquans, sont si courtes, qu’à voir ses pâtes séparément on les prendroit pour des antennes. L’extrémité de chaque pied est pourvue de deux ongles ou crochets séparés. Cet insecte court aisé- ment à sec sur la surface de l’eau, comme je m’en suis aperçu. DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’iNSECTES. 28 1 lorsque, voulant le fixer sous mon microscope pour le des- siner, je l’entourai d’un large cercle d’eau; car il franchit tout aussitôt cet obstacle en courant par dessus, sans s’y embarrasser ni se mouiller : qualité qui lui a apparemment été donnée pour l’empêcher d’être arrêté ou incommodé par l’eau èt l’humidité, si nécessaires aux limaçons. Troisième sorte de Pou de coq de bruyère. PI. 6, fig. i6. Cette espèce , qui est aussi de la seconde classe, a , par sa couleur blanche uniforme, la disposition de ses pâtes en deux groupes de direction opposée, et par sa petitesse, du rapport avec les mites. Il n’a que 6|- de facette de longueur; ce qui me l’a fait grossir huit fois plus qu’il l’auroit été suivant l’é- chelle qui m’a servi pour les autres poux d’oiseaux. Son museau m’a paru se terminer par deux crochets qui ont un mouvement alternatif et régulier, par lequel ils ne cessent de se porter en avant, et de se retirer l’un après l’autre, de sorte qu’ils ne restent jamais tranquilles et de niveau; c’est pourquoi l’un des deux a été représenté un peu plus alongé que l’autre dans la figure. Ses pâtes sont aplaties. On les voit ici du côté large. Leur côté étroit n’en fait pas distinguer les articulations; et vues par le côté large, elles ne paroissent encore que comme des corps tortueux pourvus de divers renflemens. Les articu- lations n’en sont pourtant pas moins réelles, et je crois leur en avoir compté cinq. Leurs pieds m’ont paru plats, ronds, et pourvus au moins d’un ongle ou crochet. On doute au premier coup d’oeil de quel côté est la partie Me'm. du Muséum, t. i8. 87 ANATOMIE 282 antérieure de l’animal. Son corps, qui vers le milieu est le plus gros, diminue presque dans le même genre, mais en sens contraire, vers ses deux extrémités opposées; et ses quatre paires de jambes, séparées en deux groupes, dont Tun paroît autant fléchi vers l’une des extrémités du corps que l’autre vers l’opposite , augmentent cette incertitude , qui ne cesse que par un examen bien attentif. Son corps est pourvu de quelques poils de differentes gran- deurs, dont il y en a deux plus longs que les autres à chaque côté de son extrémité postérieure. Ses pâtes ont aussi quel- quels poils. MITES. Les deux derniers insectes dont il vient d’être parlé ont tant de rapport avec les mites , que je n’aurois pas hésité de les ranger dans cette classe, si ce n’étoit qu’ils sont logés et nourris par des êtres animés vivans, et que pour cette raison l’autre nom paroît plutôt leur convenir. Quoique l’on ne se soit peut-être pas avisé jusqu’ici de croire qu’il y eût plus d’une espèce de mites, je ne doute pourtant pas qu’il n’y en ait de bien des sortes, puisque les trois espèces suivantes se sont offertes d’elles-mêmes à mes regards, sans que j’aie pris la peine de les chercher. La pre- mière et la plus connue est La Mite du fromage. PI, 6, fig. i5. O Elle a 6j de facette de longueur. Elle est blanche, et d’un poli btillant, excepté que son museau et ses pâtes m’ont 283 DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. paru avoir une teinte de rouge. Son corps est presque cylin- drique et arrondi par derrière; il commnuique avec le cor- selet sans étranglement fort sensible , et il a très-peu de poils. Les quatre paires de pâtes de l’animal sont Naturellement séparées en deux groupes, dont l’antérieur est dirigé du côté de devant, et semble partir du corselet; l’autre est dirigé vers l’opposite, et paroît tenir contre le dessous du corps. La dernière paire en est la plus mince et la plus courte. Elle a un seul long poil à chaque pâte, et quelques poils plus courts à chacune de leurs articulations, qiâjja ont paru être au nombre de six. Son museau est fendu. EÏÏe l’alonge quand on lui presse le dos, et alors on voit distinctement qu’il est composé de deux pièces séparées. ^ Cet insecte m’a mis bas des petits vivans en été, et pondu des œufs en novembre; de sorte qu’à cetœgard il pourroit bien tenir de la nature des pucerons , qui pendant tout l’été mettent bas des petits vivans sans s’accoupler, et qui vers la fin de l’arriere-saison s’accouplent, et pondent alors des œufs, qui n’éclosent qu’au printemps suivant. C’est un fait qu’on ne sauroit guère se dispenser d’admettre, si les mites du fromage qui m’ont fourni cette observation ont été de la même espèce; ce que je n’ai pas examiné assez attentivement pour pouvoir le garantir avec une entière certitude. Seconde espèce de Mite. PI. 6, fig. 8. Elle a huit facettes de longueur, et est ainsi plus longue que la précédente, mais sans être plus grosse. Son corps et son corselet sont séparés par un étranglement plus marqué; ANATOMIE 284 ses pâtes sont placées dans le même ordre, et les quatre pos- térieures sont sensiblement les plus courtes; elles ont pareil- lement un long poil à une de leurs articulations, et quelques poils courts aux autres : je lui ai compté le même nombre d’articulations à chaque pâte qu’au précédent. Le poil de son corps est aussi très-rare, et placé de la même façon; un ren- flement très-large parcourt la plus grande partie de la lon- gueur de son corselet et de son corps ; l’animal est tout blanc, mais on lui entrevoit souvent deux taches brunes au tra- vers de l’épaisseur du d^ qui ne sont vraisemblablement que des alimens plus ou moins digérés. On lui aperçoit deux barbillons au museau, qui sortent d’une apparence de tête, et qui pourroit bien en être une en effet ; cet insecte m’a pondu des œufs oblongs, fig. 7. J’ai entrevu quelquefois les petits au travers de leur coque. Je n’ai pas eu occasion de remarquer si cet insecte, dans d’autres temps, est vivipare; il a été représenté, pl. 6, fig. 8;, soixante fois plus long que nature; et par conséquent grossi deux cent seize mille fois. Troisième espèce de Mite, Pl. fig. 10 et ii. Cette espèce, représentée vue sur le dos, fig. 10, et de côté, fig. 11, ressemble un peu à celle du fromage; mais elle n’a pas le museau et les pâtes rougeâtres : j’ai négligé de la me- surer. Elle ne m’a pas paru plus grande qu’un petit grain de sable; mais telle qu’elle est, elle ne laisse pas que de faire souvent bien du ravage dans nos cabinets d’histoire naturelle, surtout parmi les papillons, quand on a négligé de mettre du DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’inSECTES. 205 camphre ou d’autres préservatifs contre cette vermine clans 'es boîtes et les tiroirs où l’on garde ces sortes de curiosités; ,5t quand on y trouve quelque papillon ou autre insecte tombé en poussière^ on peut compter que c’est le plus souvent l’ou- vrage de ces mites; elles sont blanchâtres et un peu transpa- rentes vues au microscope. Leur tête, si c’en est une, ce que je n’ai pas assez examiné dans les mites, se termine en pointe brune émoussée; leur corselet est fort petit; la partie anté- rieure de leur corps est plus renflée que l’autre. Cette mite a, comme les autres, huit pâtes s^arées en deux groupes, dont les quatre premières se portent en avant, et les quatre autres eu arrière ; elle est distinguée par les longs poils noirs, quoique assez rares, dont elle est hérisée, qui, grossis au mi- croscope cent vingt-cinq mille fois, paroissent pourvus de barbes, et encore alors presque imperceptibles, tels qu’on en a représenté fig. 12. TIQUE. PI. 6, fig. 1. Parmi les insectes parasites de nos contrées qui infestent la peau des animaux vivans, la tique peut certainement passer pour un des plus remarquables pour la taille. Celle qui est représentée pl. 6, fig. i, a bien trois lignes de longueur; je l’ai trouvée sur une fouine, à la peau de laquelle elle tenoit si fortement par le devant de la tête , que, pour ne pas la lui arracher, je fus obligé d’emporter avec un instrument le mor- ceau de peau auquel elle tenoit. Il m’a semblé que cette tique étoit d’une autre espèce que celle que j’ai quelquefois trbuvée attachée à la peau de l’homme et du chien; mais n’ayant pas 286 ANATOMIE eu occasion de les comparer ensemble, et n’ayant examiné et dessiné que celle-ci, je ne puis rien décider là-dessus. Quoi qu’il eu soit, la tique dont il s’agit ici a été représentée à la loupe, fig. 2, vue sur le dos, et fig. 3, du côté opposé. Son corps est d’un blanc qui approche du blanc de laitj la peau en est épaisse et dure : au microscope, on la trouve par- courue de sillons parallèles très-serrés, et également dis- tans les uns des autres, dans le genre de ceux que la loupe nous fait apercevoir au bout des doigts. Le corps de cette tique a de plus en dessus et en dessous quelques plis assez profonds, dont l’arrangement différent paroît assez dans la ligure pour n’avoir pas besoin d’explication ultérieure. Je n’ai trouvé que deux stigmates à cet animal; ils sont placés dans un petit enfoncement sur les côtés du corps, à peu près à égale distance de ses extrémités, et un peu plus près de la ligne inférieure que de la supérieure. On les aperçoit en GG, fig. 3, comme on y voit aussi l’emplacement de ses huit jambes qui sont brunes, et composées, à ce qu’il m’a paru, chacune de sept articulations. Elle a sur le dessus du corps, tout près de la tête, une plaque brune écailleuse qu’on aper- çoit fig. li .et Sa tête,, qui est fort petite,, écailleuse et de la même couleur bri|ne, est plus large vers son front que par derrière; de son front partent deux antennes AA, fig. 2 et 3 , entre lesquçlfes est placé: un instrument B qui lui tient lieu de trompe ;OU:de lÔQuche. . L’anus, fig. 3, P , de cet inseçte n’est pas placé, comme or- dinair.ement, au’fbout postérieur du Jçorps, mais à la ligne inférieure,, enyirpn ^ ùn quart'do distanée de, cette extrémité, à l’endroit où. deux: grands pilis de son corps se rencontrent. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 287 Curieux de connoître plus en détail la structure extérieure de cette dernière partie, ainsi que du pied, du stigmate, et surtout de la trompe de cet insecte, où la loupe paroissoit m’annoncer quelques singularités, j’exposai ces quatre parties succèssivement au microscope, et je vis, quant à l’anus, qu’il étoit formé comme le représente la fig. 6 j qu’environné d’une manière de cercle écailleux brun A,B, son onverture se fermoit par deux larges lames écailleuses circulaires, G et D, qui se séparoient pour donner passage aux excrémens, et ensuite retournant l’une vers l’autre, se réunissoient par leurs bords, et interceptoieut ainsi toute communication exté- rieure. Le pied, quand la tique appuyoit dessus, me parut tel qu’il se voit fig. 7 j il étoit blanc. Sa plante A est plate et ronde. Elle étoit pourvue de deux ongles crochus très-séparés l’un de l’autre, B et C, qui y tenoient. Quand l’animal lève le pied pour faire un pas, sa plante se resserre et se gonfle, ou plie de façon qu’elle n’a guère que le tiers de sa largeur; les deux ongles se rapprochent en se fléchissant en dedans, et vont se joindre vers le devant du pied : ils se séparent ensuite, le pied reprend sa forme, fig. 7, l’insecte se pose à terre, et le pas est fait. Lorsque dans son repos il tient quel- que pâte en l’air, attitude qui lui est fort familière, il ren- verse le pied, en applique les deux ongles l’un contre l’autre, et le place dans une échancrure qui semble avoir été ména- gée au bas de la pâte tout exprès pour que l’animal y pût mettre son pied en sûreté lorsqu’il n’en use point; et dans cette position le pied se fait si peu remarquer, qu’on croiroit d’abord qu’il a été emporté. La fig. 8 , qui représente la der- ANATOMIE 288 nière articulation A d’une pâte, où la tique renverse son pied B, pour le faire entrer avec les ongles joints G, dans l’échancrure D, peut donner une idée de cet arrangement. Le stigmate est représenté très en gi’and fig. 5. Il n’est ni parfaitement rond, et son ouverture n’est pas placée précisé- ment à son centre. Il est plus élevé d’un côté que de l’autre sur la peau de la tique. Il paroît brun , et comme chagriné de petits grains ronds; mais quand on a emporté un stigmate, et qu’on l’a bien lavé par dedans, tous ces grains paroissent percés à jour, et on les prend roit aisément pour un assemblage d’yeux s’ils étoient placés à la tête; mais' on se refuse à l’idée c|u’un animal les ait placés contre les côtés du corps, quoi- que ce soit un fait qui, malgré son invraisemblance, ne se- roit peut-être pas entièrement indigne d’être éclairci. L’in- secte, quand il a le museau enfoncé dans la peau de quelque animal, comme il l’a souvent pendant quelques jours de suite, ne sauroit guère alors faire usage de ses yeux s’ils étoient à la tête; mais placés à ses deux côtés, comme il a naturellement alors le corps en fair, et qu’il se tient sur la tête, ses yeux, ainsi placés, pourroient alors lui servir à ob- server ce qui l’environne. Ce qu’il y a de certain , c’est qu’au- cune trachée n’y aboutit; mais que toutes les bronches se réunissent en un tronc commun, qui s’ouvre dans le gros tubercule qui s’élève presque au centre du corps, fig. 5, et qui se montre tantôt ouvert, tantôt fermé; de sorte que le tubercule seul pourroit bien faire les fonctions de stigmate, pendant que le corps qui l’environne auroit eu une destina- tion toute différente. Enfin , quant à la partie B, fig. 2 et 3, placée au devant de DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 289 la tête, entre les deux antennes A, A, et qui paroît devoir tenir lieu de bouche ou de trompe à l’animal, je fus d’autant plus curieux de voir sa structure, que j’avois admiré plus d’une plus fois la force avec laquelle cet insecte, au moyeu de ce petit instrument, s’attache aux animaux, de façon c[u’ü est plus aisé d’arracher la tête à la tique que lui faire lâcher prise; et que le plus souvent, quand on veut user de vio- lence pour l’ôter de l’endroit ou elle s’est fixée, son corps seul reste entre les doigts, et la trompe avec la tête, séparées du corps de l’insecte, demeurent attachées à la peau de l’a- nimal, ou la tique a plongé sa trompe. Ayant donc examiné cet instrument au microscope, je le trouvai tel^que le représente la fig. 4 de la pl. 6. 11 étoit couvert par dessus de deux lames écailleuses CD, CD, armées chacune, près du bout de leur côté extérieur, de deux barbes ou crochets G. Ces lames ont été un peu amenées vers les côtés dans la figure pour les rendre plus visibles; l’instrument même est percé tout du long d’un canal BD, par où les ali- mens passent pour entrer dans l’estomac. On le voit ici pourvu de quatre rangs de dents ou crochets alignés suivant sa longueur, et dont les pointes sont obliquement dirigées vers le corps de l’animal, et je ne doute pas qu’il n’y en ait encore deux autres rangs pour le moins à l’opposite, quoique j’aie négligé de rn’en assurer. On conçoit aisément que des dents ainsi taillées en dards permettent à rinstrument BD de s’introduire avec facilité dans la peau, mais très-difficilement d’en être retiré : voilà pourquoi, quand on veut le faire brus- quement, et avec quelque effort, on ne manque pas, au lieu d’y réussir, d’arracher la tête de l’insecte; mais on ne sauroit Mé7ïi. du Muséum, t. i8. 38 ■igo ANATOMIE douter que quand on lui en laisse^ lejteqips il ne sache flé- chir, et faire rentrer les dents de sa trornpe de façon, lors- qu’il veut se dégager, que leur direction ne s’y oppose plus, ce qu’il ne peut exécuter quand on le tire par le corps, et qu’on l’empêche ainsi de pouvoir se décrocher. Mouche de Saint-Marc (i), PL 7. rr Cette mouche est fort connue dans ce pays par le dom- mage qu’elle fait aux boutons des arbres fruitiers dès qu’au printemps leurs feuilles commencent aï s’épanouir. I/on voit souvent alors ces mouches rassemblées en qualité sur les arbres, autour de leurs boutons, qu’elles paroissent sucer, après quoi le bouton languit y ne produisant que des feuilles récoquevillées et contrefaites, et l’arbre devient souvent stérile pour cette année-là. Une mouche aussi nuisible n’a pas man- qué de recevoir un nom dans ces provinces , comme on lui en adonné un en France, où elle porte celui de mouche de Saint- Marc, parce que c’est aux approches de la Saint-Marc que cette mouche y paroît communément. Ici on l’appelle la mouche noire {zwarte vlieg) , à cause que le noir est sa cou- leur dominante, et qu’elle est plus noire que ne le sont les mouches ordinairement. Le peuple, qui est peuple chez nous . JS uiJ:;. “ ’ ' ÿs (i) La Mouche de Saint-Marc est le vrai Bibio Marci Meig. Lyonet est le pre- mier qui ait découvert que c’est à elle que pous devons le dégât des arbres frui- tiers au printemps, et qui ait trouvé vingt stigmates sur les larves, et seize sur les nymphes. C’est de même à lui que nous devons la première description détaillée des parties de la bouche. DE difféiœ>'tes espèces d’insectes. 291 comme ailleurs, a sur l’origine de ces insectes une idée bien étrange, et qui semble encore tm reste *de la folle opinion dont on a été si lôpg-temps entiché autrefois, touchant les générations équivoques que l’on attribuoit aux insectes, faute de les avoir étudiés ,* et qu’un de nos antiphilosophes modernes n’a pas rougi d’étendre même à tout ce c[ui croît et vit sur notre globe. Le peuple chez nous, dis-je, croit que, comme il arrive souvent qu’^après un vent froid du nord nos arbres sont le plus infectés de ces mouches, c’est ce vent même qui les produit, quoiqu’il ne fasse autre chose que de les engourdir plus ou moins, ce qui, les empêchant de s’élever bien haut, les oblige de s’abattre sur les arbres voisins. Aussi n’est-ce pas dans l’air>, mais^sous nos j)ieds qu’il faut cher- cher leur origine jpo’est là cque les femelles ayant pondu leurs œufs, il en naît des nichées de vers qui après avoir passé, comme presque toutes les espèces d’insectes ailés, par un état moyeu, deviennent des mouches de Saint-Marc comme furent celles qui les avoient produits. Un hasard m’éclaircit sur leur origine. En novembre, un de mes gens sentit, dans une allée de mon jardin, sous ses pieds un endroit mou; il le découvrit, et trouva un nid de quelques centaines de vers rassemblés en un tas. 11 m’en avertit. Je mis dans une boîte de plomb ce nid, où n’ayant trouvé tout autour aucun aliment que le tan répandu dans cette allée, j’en mêlai avec de la terre dont je les couvris. Ils avoient déjà alors acquis toute leur taille ou peu s’en faut. Je leur offris aussi du bois pourri; ils en mangèrent jusqu’à la fin de décembre, après ^quoi je n’ai pas remarqué qu’ils aient pris de nourriture. Le 20 mars, je trouvai qu’ils avoient conn 2ga- g’/'* a eANATôi^iiîî < inencé à se changer en nyrnphes , et eoraprenant par là qu’ils avoient tout leur développement, je me niis aies examiner et à les dessiner. - ^ C’est ainsi que j’en ai représenté un-de grandeur natu- relle, pl. 7, fig. 4* 1-ieur tète est noire et écailleuse; leur corps est grisâtre : ils ont douze anneaux séparés par des étraugle- mens très-sensibles. On leur remarque, sans le secours d’au- cun verre, plusieurs piquans feuille-morte?à chaque anneau. Vus avec une loupe d’un demi-pouce de Voyer, ces piquans paroissent lisses; mais examinés avec un verre d’un foyer de demi-ligne, on les trouve tout hérissés de pointes très-ser- rées, dirigées obliquement vers l’extrémité du piquant, où ils sont implantés. J’en ai représenté un excessivement grossi, fig. q, pour en donner une idée. b • yuR g?u: La loupe fait paroître le corps de cet animal comme tout parsemé de petits points feuille-morte; mais au moyensde verres beaucoup plus forts, on trouve que ces points sont de vraies épines, et qu’entre celles-là il y eu a encore un très-grand nombre de plus petites, qui couvrent tout leur corps, et dont la direction est oblique et en arrière. La fig. 20, qui est celle du dernier anneau de l’insecte très^ grossi, peut en donner une idée. On voit qu’il se termine par un mamelon BC, charnu, fendu; et hérissé d’épines en- core plus petites que celles qui couvrent le corps. L’insecte, privé de jambes, peut faire rentrer à son gré cette partie charnue, et en faire usage, comme de jambes, pour se pous- ser en avant, ce à quoi les piquans^ dirigés obliquement vers la partie postérieure dont son corps est couvert^ contribuent principalement. lo DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’iNSECTES. SgS ' J’ai compté vingt stigmates à ce ver. Ou ne less aperçoit guère qu’à la loupe. Tous les anneaux, excepté le second et le pénultième, en ont un à chaque côté. Les dix^huit premiers sont placés sur la ligue latérale, la dernière paire l’est aux lignes intermédiaires supérieures; ils sont plus grands que les autres. On en voit un représenté fig. 20 en A. A cette dernière paire de stigmates aboutissent intérieure- ment de très-gros vaisseaux , qui m’ont paru être environ de la longueur du corps de l’animal. Ils sembloient composés d’une file d’anneaux, assez larges, qui n’avoient nullement la roideur du fil tourné en ressort à boudin qui environne ordinairement les bronches des insectes. G’étoit vers le temps que ces vers se changeoient en nymphes que j’examinai ces vaisseaux : peut-être avoient-ils alors déjà perdu de leur consistance , par la révolution intérieure que les insectes su- bissent dans cette crise. C’est un point dont il sera aisé de s’éclaircir, en examinant ces vaisseaux dans un sujet moins près de se transformer. La paire de stigmates du premier an- neau, quoique moins grands que ceux de la dernière paire, le sont pourtant davantage que ceux des huit autres paires. Leur proportion relative est exprimée par la fig. 20 A, et les fig. 1 5 et 1 6. à La nymphe de cet insecte est tracée de, grandeur natu-^ relie, fig. 5. Elle est blanchâtre; ses deux derniers stigmates y ont disparu , et on ne lui trouve plus ceux de son troisième anneau : soit que l’animal les ait perdus en changeant de forme, ou bien qu’alors les étuis des ailes les cachent. J’ai trouvé sur ce ver;deux sortes d’insectes. Je ne puis dire s’ils sont parasites, ou si le hasard les y a fait rencontrer. 394 - : -èANATGMIE’ ■ ■ 1*3 Le premier avoit environ une^jiligne dê longue'ar. IF étoit blanc, 1 plat, et&extrêmGmeint'^ mince; €î’étoife üne?'espèce de Tænia sans articulations. L’un de ses bouts me parut -rompu. II se donna beaucoxlplde mouvemens, biais sans avancerai recaler. La üg; i 4 en fait voir la forme très-en' grand, et la fig. 3 trace assez grossièrement celle de l’autre inseetè j que je ne pusjbien représenter, parce qu’ilm’échappâ lorsque je commençai} à en dessiner les contoursi^cill étoit plus petit qu’une mite, avoit huit jambes, et rextrémîté de Bon corps étoiti fourchue, dans le sens que la figure lé fait&voir.bns; -’S' Le -verude laa mouche de Saint- Marc , pour changer en nymphe,jse fait en terre de petites loges en sphéroïdes alon- gés,: qui m’ont paru construites aussi légèrement que si l’in- secte n’ty. avoit employé ni soie ni gomme. Plusieurs s’en firent dans des morceaux de bois pourri, qu’ils avaient creusés pour cet effet; mais elles n’avoientPaussi presquel^point de consistance. >3; > lol . ' oi. jS; 1 0* ,fLe i5 avril mes nymphes commencèrent à me fournir des mouches.uLe mâle et la femelle nnt*^ été représentés pi 7, fig. 2 et 6, dans leur situation de repos, et fig. i et 7 avec les ailes déployées. La femelle est plus grande que le mâle. Elle a le corps plus renflé, et l’extrémité est terminée plus en pointe ; mais sa tête est beaucoup plus petite et plus effilée. Les fig» 19 et 3i , qui montrent en dessus la tète de l’un et de l’autre grossies dans la même proportion, font voir qu’elles sppt d’une structure si différente, qu’on ne les croiroit pas de la même espèce. Dans les mâles lés yeux à réseaux ED,ED, fig^l^Qÿ en couvrent tout le dessus, ^ au lieu que dans la fe- melle, E, fig. 3i«, à peine ils en occupent le tiers. La tête du DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 290 mâle est plusjarge que longue^: et l’élargit un peuavers i’oc- ciput. Celle de la femelle est au eentraire bien plus longue que, large , et se rétrécit considérablementfvers ce côté-là ^ et y est garme de poils beaucoup plus longs. Ce u’est guère que par les anteunes et les barbillons quelles paroissent se ressembler.; , a. .u: - oor'i. . La fig.^.,1 Q offre le devant de la tête du mâle bien plus grossie que dans la fig* est un bec ou museau qui avance, et qu’on , peut regardes comme la bouche de l’animal. Elle est fendue , le long dcj^ja ligne supérieure, , et paroît dans le mâle transversalement divi'sée en quatre pièces, chacune garnie tout autour de bandes noirâtres, écailleuses. Avec le sety^tk d un bon microscope, onda trouve., de même que les deùx barbillons BB qui, l’accompagnent, et ses deux antennes CC, garnie d’un grand nombre de poils,, et entre ces poils d’une plus grande quantité . encore de piquans très-courts, que l’on ne distingue que difficillement en A,B et C, fig. lo. La partie de la bouche A, qui, joignantda tête, est un peu plus blanche que le reste, est transparente de meme que le sont les en- droits blanchâtres qu’on aperçoit sur le devant de chacune des cinq articulations de ses barbillons BB. La fig. 12 montre cette bouche ouverte et un peu plus en grand. » La fig. 8 est la bouche de la femelle. Elle est plus large que celle du mâle, et de figure très-différente. On n’y voit point ces, lames .ecailleuses qui, semblent diviser transversalement les lèvres de l’autre, en trois ou quatre parties; mais les lèvres des deux sexes, s’ouvrent dans le même sens. Les deux grandes cornées. du male, qui occupent presque tout le dessus de sa tete et y forment l’assemblage de ses yeux ■ a anatomie 296 à réseaux,, A>E,D^A,E,D, figi 1^, sioait garnies de poils plantés daais les* angles die leurs jfa®ettes hexagcmesw> On sait que ces facettes,., -qui -sont •plusieurs miMaers »eiï nombre , ‘ portent cha- eune^uue. lentille. très-tr(ansparentej>‘:qui! constitue cbacune la parti© antérieureid’ùn oeillet peut-être mém® d’un télescope. Quand on détache ces cornées d© la tête pour- en voir le dedans,- on na’y’ découvre d’abord qu’une substance* brune opaque, où l’on ne distingue rien; mais au microscope on la it'roùve; composée de corps oblongs appliqués lés Uns contre les? autres suivant leur longueur. Ce sont vraisemblablement aùtaftp.de tubes loptâques , au moyen desquels l’animal dis- tingue «d© Icfin les objets. Ce ïquï oonfirmé cette idée, c’est qiuei' quand* onufrotte avec un pinceau oet assemblage de tubes;)daus.* une goutte d’eau, on trouve ensuite au fond grand nombre de lentillpsiou de corps convexes très-trans.- par.ens, au i moins de deux dilFérenies grandeurs, qui conser- vent leur forme et leur, transparence après que l’eaii s’est entièrenaeiit évaporée;, et^que tout est parfaitement sec, et dont les plus grands égalent environ la capacité des tubes auxquels il y a tout lieu de soupçonner qu’ils ont servi de lentilles optiques. Gomme ce fait mérite d’être mieux éclairci qu’il n’a été jusqu’à présent, nous 'nous proposons d’y re- venir, et de communiquer au lecteur le résultat, de nos recherches. . - Quand on examin©la''tête du mâle par dessus, ainsi qu’elle a été représentée 7 , on est surpris ‘lorSqu’oU ignore que cela est assez commua aux mouches, de lui trouver, vers le devant des deux ' côtés 0,0, encore deux autres cornées beaucoup plus petites, et à révSeaux plus serrés que ceux qui DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 2Q'] en occupent le dessus. Ces cornées, que je n’ai point remar- quées à la femelle, y .forment une convexité plus courbe , et elles se trouvent latéralement réunies aux grandes , par har- monie. Une de ces plus petites cornées se yoit en plein fig. 28,; son côté arrondi est l’antérieur. On ne les aperçoit, que peu distinctement figi 27, où AA sont les antennes, BB les bar- billons, D l’ouverture du gosier, où EE termment,par leurs contours le bord inférieur des 'deux grandes cornées,, et où, en 0,0, on entrevoit les deux petites, mais peu distinc- tement, tant à cause, de leur position oblique, que parce quelles se trouvent placées dans l’ombre. Quand on les expose bien nettoyées, et dégagées de tout ce qui lesplFusque en dedans et en dehors, à un microscope, on les trouve plus claires et plus transparentes que les grandes cornées, qui con- servent toujours une teinte brune que celles-ci n’ont point, et qui paroît avoir été donnée aux autres, parce qu’étant expo- sées sans paupières aux rayons du soleil , il sembloit néces- saire que leur force fut tempére'e par une moindre transpa- rence de la cornée, au travers de laquelle ils doivent passer pour frapper le nerf optique. Ne devroit-on pas croire que tant d’yeux h réseaux, et même de deux sortes différentes, ne fussent plus que suffisans pour perfectionner la vue d’un si petit animal? Cependant on s’abuseroit, puisque l’auteur de la nature lui a donné une troisième sorte d’yeux plus sem- blables aux nôtres. Ces yeux sont lau, nombre de trois, et quantité d’autres espèces de mouches en ont de pareils. Ils n’ont point cet apparat télescopique des yeux à-réseaux, et n’occupent qu’un très-petit endroit de l’occiput marqué D , fig. 19 et3i , où ils sont posés dans, la femelle sur la con- Méin. du Muséum, t. 18. 3g 2q8 ^ - iSA-TOM'â; ' vérité écàillëiise dé srdà ct-ané^ aii mâle sut une crête enfon- cée, ï^iti lé long dé la Ifgne’kïpérîearécipâftagé le dessus' de la tête rongitudiaa'lériient'feif déu:!i hémisplïèfès; Gomme cette crêie, vd sa prd fondeur, n’y ’sadrôit être apè/çae jeFon en à èrilévé dd^ ttiorceaü qü’on à représenté fort gï^ossi fig. 3d. Oïl ÿ peut oijserver comment ces trois yeus"A,B,G sont enca- drés dans lin doublé cerclé écailleux, qui paroît chàgriné; qu’ils ypsoht placés en trèfle;, tant soit ped élevés sur léüi' plan' dé position y et pointés üil pen eri élévation ,* lé ptemiét B en avant, et les deux autres A et G vers les Côtés. L^a crêté sur laquelle Us sorit posés m’a paru creusé, et propre par là à donner passage à leurs nerfs optiques; elle avance jusqu’au devant de-la tête, et leS' grandes cornées y sont inarticulées le loiigrde la ligrte supérieure; 9‘ ' Quant aux femelles, leurs yeux m’ont paru différer de ceüx'du mâle; en ce que les deüx petites cohiéés du rriâle leur manquent, en ce que les deux cornées qu’elles ont soïit beaucoup plus petites que les grandes du mâle, et en ce que ces dernières ont les facettes plus grandes que ne lés Ont celles des femelles, quoique les facettes de celles-ci Surpas- sent en grandeur celles des petites cornées de l’autre sexe; Lés barbillons BB, fig. lo, 19 et 3i de cette mouché, ne m’ônt rien offert qui m’ait frappé, si ce li^ést qu’ils sont beau- coup pl’us longs que ses anténnes. Ghaque barbillon est com- posé' dé cinq pièces écaîllèuses, imparfaitement cylindriques, piacéès à îâfile lés Unes des àutfeS, hérissées dé poils, et'réü- nies pour en faciliter les mouvéméns par des interVaillès mëm- branéux qui Se distinguéiit dans les figures, en ce qu’ils y forment des interstices blanchâtrés. f DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’ INSECTES. 299 Jj^s antennes CÇ, fig. fjo;, et AA, fîg. 19 et(3i)9 du mâle et de la femelle paroissent de ,1a même forme. ;,Te n’^ii pas exammé si au micrpscope au ,y découvre des différeuces. Les antennes du mâle se voient fort grossies fig. ly^ elles pa'- roissent alors d’une (orme J;rès-élégante, et pe , ressemblent pas mal à des pyramides d’ifs artistement taillées. On voit que chacune est composée de neuf pièces séparées par des intervalles : que la plus haute a Ja forme d’un gland; les autres ,^elle de vases et, de disques de différentes grandeurs et épaisseurs; que toutes environnent une tige commune assez déliée;, que chacune des pièces est en dehors composée d’un très-grand nombre d’épines ou filets très-courts, serrés les uns contre les autres, outre lesquels on aperçoit que l’antenne est encore garnie de nombre de poils plus longuets et beau- coup plus rares. Il est difficile de s’imaginer qu’une partie extérieurement si composée ne soit uniquement donnée à cet insecte que pour lui servir d’ornement. Tant d’apparat n’y étoit pas non plus fort nécessaire, si elle ne devoit servir que pour pou- voir juger par le tact des objets qu’il rencontre de trop près pour pouvoir être distingués par ses yeux; car outre que ses barbillons, comme plus longs et plus mobiles, semblent pro- pres de reste pour cet usage, quel emploi assignera-t-on alors à l’organe intérieur que le pou de mouton, privé, comme nous l’avons vu d’antennes, paroît avoir en leur place? Ce n’y sauroit être un ornement , puisqu’il est caché dans la tête , ni par cette raison non plus un instrument pour tâtonner les corps voisins extérieurs,, Ce n’est donc vraisemblement dans les insectes que l’une de ces deux choses, savoir l’organe 3^50 ■ dë rotiïe oü'dè rbdoràtf^-d^g^tiîy^féid^'^fi niéconhbis- sable; ou bien, côhftbb* t¥ritè-d’è'lè ^iPdirë^ l’orgarie de tjûelque sëns que nëü^n’ïiv^brts pas^ '*ét nous ést par cohséx^ûen¥înipo'Ssîble‘de dévinër. ’ . i - ' Cètté' iiïoïïcbe e^li^de là classé de celTe’i^ à^dèux ailes. Ses ailés'^obt'^d’uné téînte un peu noirâtfe^ ce qui pro- vient irioijé'sMe leurs 'ner’^tiresnbirès , que dù graiid nombre de piquanstie cette 'couleur dont elles sont Semées, et qui ont 'été représérités dans la fig. i8 /où l’on en 'voit un petit inbrceauùîel qü’il paroît aù microscope. Les aile's delà fe- melle sbnt un peu pliis grandes et plus foncées en couleur que cèllés du rhâle. ^ Gette mouche j Cbmrné lé commun de celles à deux ailes, à latéralement ^'ers le bas du corselet, de part et d’autre, un balancier, qui se trouve représenté exactement et en ^fand fie. II. Son bout antérieur A se termine en forme de cuille- O ron , et est' rempli en dé'ssus par une convexité ovale. Sa base B est composée d’un assemblage singulier de pièces écailleuses noires, réunies par des membranes blanchâtres. Avec un fort microscope on le trouve couvert aussi d’un très-grand nombre de piquans, alors même presque invisibles, et de poils plus longs et plus rares. Le dedans du balancier renferme un grand vaisseau mem- braneux. Sous sa base il contient un assez gros vaisseau, dont la forme approche de la triangulaire. Il paroît se partager en trois où’''quatre branches, qui ‘pôùfroient bien être des bronches , -puisque , comme elles, un fil.roide tourné en res- sort à’ bôudin les environne. Ce balancier, sur lequel les ailes en fra|)pant causent assez' Vraisemblablement le bout- DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’iNSECTES 3oi clonn^ment que les mouches fout quand elles volent, semble devoir ‘aussi contribuer par ses mouvemens à diriger leur vol. L’extrémité du corps dù mâle ne se termine pas en pointe comme celle dé la femelle. Elle s’élargit au contraire xm peu, et est d’une structure singulière, comme le montre lafig.-^i , où elle est représentée assez en grand pour faire voir-qu’elle est latéralement pourvue de deux prolongemens terminés par deux crochetsi AA, tournés en dedans, et l’un vers l’autre. Ils sont écailleux; l’extrémité de leur pointe est un peu émoussée; ils'serv,ent dans l’accouplement à tenir la fer melle, et pour cèt effet ils sont capables de divers mouve- mens, mais dans leur état de repos l’animal les tient recour- bés en dedans, de la façon que l’exprime la figure. Deux mamelons, dont j’ignore l’usage, terminent le corps de l’animal. Le pied de cette mouche est composé , comme ordinaire- ment, de quelques articulations, dont la dernière, qu’on peut nommer la plante , est grossie au moyen d’une forte loupe, fig. 24* On l’y voit en dessus. Elle se termine par trois sortes d’orteils écartés les uns des autres. Des côtés de la racine de celui du milieu sortent deux crochets, au moyeu desquels la plante s’accroche aux corps sur lesquels elle pose. A peu près du même endroit sortent deux filets roides et courbes, qui passent par dessus l’orteil du milieu. Quand à l’aide d’un bon microscope on examine la plante du pied en dessous, comme on le voit fig. 29, on trouve que ses orteils y sont aplatis , blanchâtres et hérissés d’un très- grand nombre de petits crochets , qui servent à l’animal pour se cramponner et grimper contre des corps lisses. A, B, G re- 302 . - q ; î-t ."'TTO - présentent les ortpüs^ E e!f les 4p,^?i5prpphe|fi!^^ sous T or- teil du milieu on oit Içs deujç, fileJ^^rordes. Pap^ la üg. 39, ses orteils sont ra,ppi;ocliés, et ppeés ,(^ipipe ilsjselrppyent dans leur .état 4’inactiQ,n et %. 24j 4çaçîé$> QOipîpe quand l’insecte courtp ni ' le io^u?î. Après EUVQlr éclairci l’origine de cet inseçte^jr et lait eon? uoîti;e en grès ses parties extérieures j iOjU doit être curieux d® savoir cornment il s’y,preH!d!:penr jcajiser le dommage qu’il fait aux boutops des arbirea j «b (avec d’autant plus de raison, qu’on ne remarque pas qn’iljSeit iarraé de dents comme le sont plusieurs , antres éspèe^ de m<5mçh es. Pour éclaircir ce mystère, qui riîest pas si difficile à dévoiler qu’il le parpît, il faut considérer , que ces jmnncbes se mon- trent au même temps que les houtous des arbres fruitiers ne font que commencer à se développer; qu’alors les feuilles n’en sont que comme ébauchées,, très->pedtes, et .fort tendres; qu’ ainsi le moindre râclement, s’il jm’estjpern^is d’user.ide ce terme, suffit pour en déchirer les fibres, et mettre en désordre toute leur structure; après quoi le suc nourricier, arrêté dans un endrpit, détourné dans un autre, et mal|dis- tribué partout, ne peut que troubler le développement ré- gulier de la feuille, empêcher sa croissance, et, la faire re- coqueviller; et qu’à plus forte raison la branche ébauchée, ou la fleur renfermée dans ce bouton , comme étant alors encore plus délicate que Ips feuiUes, eo doivent soudrir un désordre irréparable pour cette année. Gela, posé,, il faut remarqner que bien que la.monche de , Saint-lVIare soit privée de dents, elle ne.laisse pas que d’avoir dansfaboufihe une sorte de langue é,qailleuse ovt d’instrument ,;au mPyven; duquel elle est de reste DE DIFFÉRENTtiè‘ ë^PÈCÊS d’iNSECTES. 3o3 en état de causer le doiümag'é’qà’dh ïai'attHbuei. Cet instru- ment est^ composé de deux lames de différentes formes j mais àssez élégantes, appliquées l’une sur l’autre , et quf diffèrent encore dans les deux sexes. Les lames de la langue du mâle sont représentées en plein, ét fort grossies fig. et 'siS'^'et cette dernière l’est un peu plus qlie l’Autre. Fig est la supérieure 5 elle est écailleuse, noire, effilée, plus claire, et couleur de gomme'fÿers sa pointe, qui est armée de filets écailleux. Sa Jàme'lùférîeurë, fig. 25, est latéralement garnie d’une plus longue suite de filets écailleux, plus serrés et plus fins, se séparant vers la pointe. Ce qui est le plus foncé dans la lame même est écailleux; le reste m’en a semblé moins solide. Ces deux lames sont réunies par le bas de leurs côtés en CD, fig. 26, où A marqué la lame supérieure et B l’in- férieure. La fig. 22 est celle de la lame supérieure de la langue de la femelle. En la comparant avec celle du mâle, fig. 23, on voit qü’ elle est hoft-seülemént plüs courte, mais autrement figurée et colorée. La fig. i3 représente en C la lame inférieure de la langue de la femelle. D est une écaille noire qu’on peut envisager comme sa racine, et EE sont les bases des antennes de la mouche. En comparant cette lame avec celle du mâle, fig. 25, on remarque aisément en quoi elles diffèrent, soit pour la forme, soit pour la figure de ses failles noires. Quoi qu’il en soit, on voit donc qu’au lieu de dents , cette mouche a la bouche pourvue d’une double dame écailleuse, armée de pointes Suffisantes pour entamer les boutons tendres des arbres qui à peine commencent à se développer, dont ANATOMIE 3o4 ensuite elle peut facilement exprimer par ses lèvres écailleuses le suc et s’en nourrir, et qu’ ainsi quand une nuée de ces in- sectes tombe ^u printemps sur les arbres, ils les doivent rendre stériles pour ceUe année-là. D’où il résulte que dans l’histoire de çette mouche, et dans les dégâts qu’elle fait, il n’y a rien que de fort naturel. EXPLICATION DES PLANCHES, PAR M. W. DE HAAN. Planche I. Fig. I . Le melophagus ovinus de grandeur naturelle. Fig. 2, 3. Le même, grossi en dessus et en dessous. A, l’anus, — B, G, espace un peu cpeux au-dessus de l’anus. — DDD, échancrure inférieure des cuisses. — EEE, les ïambes. — FFF , les tarses. — GGG, échancrure supérieure aux coxes des piedS postérieurs., — HII, les antennes. — I , la trompe.— K, le corselet divisé en dessus en qua- torze pièces, trois pour le prothorax, trois pour le métothorax, huit pour le mésothotorax. LLL , les coxes. i ,2, de stigmates. Fig. 4- La trompe I, fig. 2 et 3 grossie. Fig. 5. I.a trompe avec ses deux lames extérieures ou lèvres supérieures dis- tantes K.K, laissant entrevoir le tubè intérieur L. Fig. 6, 7. Le même organe avec le tube intérieur prolongé au moyen d’une pince du double de sa longueur visible, vu'en dessus fig. 6, et en dessous l' ! , . ... 00 , les mandibules. — M,N, le tube compose de la lèvre inférieure, qui embra.sse la trompe proprement dite, composée des deux mandibules et des palpes mandibulaires. 1 Fig. 8, lo. La partie inférieure de la tête ou celle qui se trouve sous la trompe, fendue au milieu , pour montrer la direction intérieure de la trompe. LesommetdesmandibulesM, fig. 6, 7, se tfouve dansla fig. 8 en P, à la 3,4,5,6,7,8,g , les neuf paires de DE DIFFÉRENTES ESPECES d’inSECTES. 3o5 base du prolougement de la lêle, comme dans sa situation naturelle. Celles-ci , retirées en dehors, laissent un vide R,Sj fig. lo , par lequel perce la base de la trompe qui se rend au milieu entre R et S à l’estomac. Fig.. 9. Une partie de la trompe" F, R, B, M, G, fig. 12 , où l’on remarque distinc- tement qu’elle est composée de deux tubes qui s’emboîtent, dont l’un est formé par les mâchoires, et l’autre parles palpes maxillaires. Fig. 1 1 . Le mécanisme de la trompe fig. 10, dessiné dans l’insecte couché à la renverse et de côté. A,B,L,E,F,C,K, direction de la trompe, de son sommet jusqu’à sa base , où elle se rend dans l’estomac. — A, B, la partie qui sort de la tête. — J, H, fig. 2 et 3. — L,E,F, la partie Q,P, fig. 8. — . F,C,K se trouve sous le bulbe P, fig. 8. — F,D,F,D, deux lames écailleuses qui servent d’attache aux muscles. — E,L, anneau cartilagineux par lequel glisse la trompe lorsqu’elle sort de la tête. Cet anneau est fixé par deux cartilages à la lame J, H, K, commencement de l’œsophage. Fig. 12, i3. Le même mécanisme de la trompe dans sa situation naturelle et vu en dessous. On y a coupé l’enveloppe extérieure du bulbe E,F, fig. ii, pour étaler les pièces écailleuses qu’elle renfermoit. — H, Kl, fig. II. F,K,L, F,K,L, ces deux lames ont été dessinées dans leur situation naturelle, fig. ii, formant par leur extrémité une gaîne qui embrasse la trompe en L. Ici H,K,I est déployé de la courbe qu’elle avoit dans la figure précédente en ligne droite; de là les deux lames de la gaîne L,Ij sont séparées et éloignées l’une de l’autre. — F,N.0,E,P,N,D,0,D sont les quatre pièces renfermées dans le bulbe E,F, fig. 1 1 . — N,D, N,D sont les deux cartilages F, D, F,D, fig. ii. — F,R,B,M,G, la trompe qui passe entre les quatre pièces précédentes; elle est double comme on l’a vu ■fig. 9. — B,C,M,G, partie de là trompe extérieure coupée de B jusqu’à G. — M,C,R sont des gouttes d’eau qu’on a fait monter dans la trompe en la plaçant dans l’eau après avoir été desséchée. — E,Q, une trachée. Fig. 14. Coupe transversale des deux lames F, K, fig. 12. Plahche II. Fig. I. La partie supérieure de la tête vue en dedans, et débarassée des organes qui s’y trouvent. AA, sphéroïdes creux analogues aux tubercules BH , pl. i, fig. 2 et 3, qui ont la fonction d’antennes. Ces antennes correspondent intérieure- ment par un canal circulaire. II. — C est la plaque H,I,K, fig. 1 1, 12, Mém. du Muséum, t. i8. 4^ ,3o6 ANATOMIE i3, pl. I. — les deux lames écailleuses# — L,H,K,K,I,L, ihid. ’J — DD. les yeux, munis intérieurement d’un rebord creux qui descend à la partie postérieure de la tête en E, et remonte ensuite en F, ou il se bifurque pour se rendre dans le canal qui joint les antennes. L’espace qu’embrasse ce prolongement est criblé de trous dans lesquels des poils _ont été implantés. Fig. 2. Une antenne H, pl. i, fig. 2 , séparée et grandie. — A, B, bord intérieur. — . B, muscle. Fig. 3. Faisceau de nerfs contenus dans A, B, fig. 2, qu’on peut distinguer au travers de ses parois. C, les nerfs oculaires. — E, le muscle B, fig. 2. Fio. 4* Bulbe contenu dans le faisceau des nerfs, fig. 3. — G, F, le muscle B, fig, 2, — E, fig. 3. — H, F, un ligament. Fio. 5. Grains contenus dans le bulbe, fig. 4- Fig. 6. Organe cylindrique de l’intérieur de la tête, muni de chaque côté d’un appendice A et B , couvert par une quantité de petits vaisseaux, et fixé par les muscles CCCCCC. Lyonet croit que c’est le cerveau : c’est vraisemblablement l’estomac. Fig. 7. Lame cartilagineuse qui se trouve sur la face intérieure de H,I, pl. i , fig. 12 et i3. Fig. 8. Un des yeux, vu du côté extérieur. Fig. 9. Un stigmate avec une partie de la peau couverte de poils. Fig. 10. Une pièce de la peau fig. 9, vue par un foyer plus grand : les bords des cellules sont oiidoyans. A, l’anneau ou la base d’un des poils qui environnent le stigmate : les cellules de la peau sont toujours écartées des poils , tandis qu’on les voit agglomérées autour des stigmates. Fig. 1 1 . Un stigmate entier , vu de profil. C,D, la peau extérieure. — A, la convexité extérieure du stigmate. — B, la convexité intérieure du stigmate. Fig. 12. Un stigmate du ventre, vu en dessus. La membrane qui le couvre a une ouverture oblongue, dans le sens d’un diamètre du contour, ce qui fait que les plis ne sont pas concentriques. A, une lame écailleuse qui se trouve sous la peau, et sert d’attache à des muscles. Fig. i3. Un stigmate thoracique de la seconde paire, pl. i, fig. 3, avec les plis concentriques de sa membrane extérieure. Fig. i4# Le métathorax. A,, l’ouverture postérieure du thorax. — B,G, les stigmates de la seconde Fig. I Fig. I Fig. I Fig. 1 Fig. î Fig. 2 DE DIFFÉllENTES ESPECES d’iNSECTES. 3o7 paire, marquées 2, 2, pl. 1, fig. 3. — D, ouverture qui a été couverte d’une membrane perdue par la macération. — E, les petits trous sur lesquels les poils ont été implantés. 5. Un stigmate représenté de sa partie inférieure. Par l’ouverture ou re- marque les poils intérieurs, dirigés vers le milieu de l’ouverture supé- rieure. A, la même lame que dans la fig. 12. 6. H,C, la partie d’une trachée qui adhère en C au côté postérieur d’un stigmate. Deux anneaüx concentriques bordent son ouverture. Cette trachée donne quatre branches principales, D,I, E,L, F,M, G,N, qui vraisemblablement vont aboutir à autant de trachées. 7. Le rebord inférieur de la partie antérieure du ventre, qui communique avec l’ouverture A, fig. i4, du thorax. A, B, A,B , les trachées de la troisième et quatrième paire. — C,D, sont deux apophyses du bord écailleux vertical , qui correspondent avec les deux autres , F et E , fig. 18. 8. Le rebord supérieur de la partie antérieure du ventre. F, E, deux apophyses. Voyez l’explication de la figure précédente. Planche III. . Le tarse. A,B,C,D,E, les cinq articulations tarsiennes, dont les quatre premières sont hérissées de poils à leur base , et la cinquième du côté inférieur. . — H, la sixième articulation, terminée par deux crochets FF en dessus, et par une languette G en dessous. — I,K , deux apodèmes ou lames car- tilagineuses, qui servent à l’attache des muscles, et tiennent par une tête épaisse à la place où le tarse est articulé avec la jambe. La sixième articulation H du tarse, plus grande avec les crochets FF, fig. i , éloignés l’un de l’autre, pour faire entrevoir plus distinctement la place de la languette G, fig. i, A,H , H, F, F,I, les trois articulations des crochets FF, fig. 1 , renver- sées- La première, muiiiejde dents intérieurement, est immobile. La troisième F, I , tient par un ligament GG à la base de la languette G,D,G. — B, II, la languette G, ofig. ij elle est palmée, garnie d’épines sur les côtés. — G,D,G, la racine de la languelle, placée entre deux pièces écailleuses, dont l’une est cannelée par des rainures obliques, qui se ren- contrent au milieu , et dont l’autre , G,D,G, sans cannelures, se place contre la première, étant réunie avec elle à sa base par une petite écaille EE , fig. 2 et 3. Fig 3. 3o8 ANATOTVIIE J. Fig. 4- La quatrième articulation du tarse avec 4eux fils musculeux, qui tiennent au bord cartilagineux de l’anneau, et qui se bifurquent au-delà en A. Fig, 5. Lame A, B, qui tient par la tête A au sommet de la jambe, et eiître dans la cuisse. — Fig. 6. Lame qui se trouve dans l’intérieur de la Jambe, à laquelle est attaché le muscle A, B. Fig. 7- Lame attachée par sa tête A à la base de la cuisse. Fig. 8. Lame fixée au coxe, pénétrant dans le thorax. Fig. 9, lo, ii. Trois lames prises de la cuisse d’une pâte postérieure. Fig. 12. L’estomac C,D, couvert d’un nombre de petits vaisseaux analogues à ceux qui se trouvent sur l’organe N, O, fig. 6, pl. 2. — C , l’œsophage qui perce en C dans la tête, à la place R, S, pl. i, fig.io. — E,F,G,H,I,K,L, sept .vaisseaux blanchâtres qui sortent de l’estomac, et que Lyonet regarde comme autant d’intestins, ce qui ne paroît pas probable. Peut- être que D,H est le vrai intestin, et que E,F,G,I,R,L sont des tra- chées qui se portent sur l’estomac. Fig. 12 ■*'. Organe trouvé dans le ventre, à peu de distance du thorax , muni de deux fils qui se terminent en pointe. C’est vraisemblablement un œuf. Fig. i3 et 14. Cet organe fig. i3, formé par une membrane circulaire fig. 14, est un des testicules. Ils s’eu trouve quatre semblables dans le ventre. A est un canal qui en sort et qui se rend à l’anus. Fig. i5 est le principe des œufs contenus dans l’organe fig. i3. Fig. 16. L’anus d’une femelle , formé par deux écailles arquées A et B , dont l’es- pace intermédiaire est occupé par une membrane. C,D, l’extrémité du canal intestinal , qui se termine entre les deux crochets. Fig. 17. L’anus d’un mâle , composé de deux lames à bords cartilagineux et cou- verts de poils. Fig. 18, ig. Le dard mâle, vu en dessus et de côté. CC , deux supports à la base du dard. — DD, deux aigrettes en des- sous des supports. Fig. 20. Un des supports. — CC, plus grandi. Les fils qui sortent de sa base sont des nerfs (?). Fig. 21. A,E, le même organe que A, fig. 18, 19 , vu de côté, dont les supports sont coupés. Il lient à la partie intérieure du corps , à une lame cartila- gineuse H,L,F,E, enveloppé d’un nombre prodigieux de nerfs et de trachées. Fig. 22. Encore le même organe que A, fig. i8, ig. — A,E, fig. 20, brisé en G, pour faire entrevoir le canal intérieur. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. SoQ Fig. a3, 24. Le dard vu dans sa situation naturelle de côté , fig. 23 , et en dessus , fig. 24. A,E,F,L,H, le dard courbé sur lui-même. — A,I , ouverture de l’é- caille dont il est couvert ; celle-ci tient au dard par un ligament H. Fig. 25. Le cartillage séparé du dard , fig. 24. Planche IV. Fig. I. Liolheum ( Colpocephalum) flavescens Nitzch Germar’s Magazin lll , pag. 298. ' Fig. 2. Une antenne. u Fig. 3. Un pied. A, la cuisse. — B, la jambe. — D,C, le tarse, muni en dessous d’une pointe en D. La partie concave inférieure du crocbet, entre la pointe et le bout, est destinée, selon l’observation de Lyonet, à porter les œ ufs , comme on en voit placé un en E. Fig. 4- Liolheum ( Colpocephalum) , n. sp. Pou du Héron , pag. 265. Fig. 5. Liolheum {Colpocephalum) sub œquale Nitzch, 1. 1. , pag. 299. Pou de corbeau, Lvoivet, pag. 266. Fig. 6. Philopierus {Nimnis) cameraïus. Nitzch, 1. 1. , pag. 291. Pou du coq de bruyère , pag. 267. Fig. 7. Philopierus ( Goniodes) chelicornis? Nhzch, 1. 1. , pag. 298. Pou du coq de bruyère, Lvonet, pag. 268. Fig. 8. Philopierus {Nirmus) diicocephalus ? Nitzch,!. 1. , pag. 291. Pou du ^ milan brun , Lvonet , pag. 268. Fig. g. Pied du pou précédent. A,B, le tarse biar iculé , avec une épine au sommet. Fig. 10, II. Sarcoples destrucior, Latreille (^corr/j t/ci/ri/clo/’ Schrark , Enum. Insect. Austriæ, 1067 }. Mite, Lvonet, pag. 284. Fig. 12. Un des poils ventraux grossi. Planche V. Fig. 1. Liolheum {Colpocephahmi) , n. sp. 1. 1. Pou de hupe, Lyonet. Fig. 2. Un œuf du pou de hupe. Fig. 3. Philopierus {^Docophorus) ocellaïus, Nitzch, 1. 1., p. 920. Pou de cor- beau , Lyonet, pag. 2(36. Fig. 4- Philopierus (Docophorus) plalj'rhynchits ? TÜitzch , 1. 1., pag. 920. — Pou d’épervier, Lyonet, pag. 270. ■;3A1SAT0MIE -M’as 3io Fig. 5. Fig. 6. Fig. 7. Fig. 8, Fig. 9. Fig. 10. Fig. 1 1 . Fig. 12. Fig. i3. Fig. 1 . Fig. 2 , Fig. 4- Fig. 5. Fig.,6. Fig. 7. Fig.. 8.J Extrémité postérieure d’un mâle du pou précédent. Philoplerus ( Docophorus), n. Sp. Nitzch, 1. U’ — Pou du geai {Garrulun Glandarius ) , Ltonet , pag. 271. . Tête du pou précédent grossie. A, proéminence de la têtè. — EE, les deux mandibules. — DD, lèvre supérieure. — B,D, rebord cartilagineux. — GG, deux cornes {trabecii- læ) Nitzcli. — HH, les antennes. — I, lèvre inférieure. — MM, la pre- mière paire de pâtes. Une des mâchoires. — EE, fig. 7, plus grandie. — L, la lèvre supérieure. — F, la lèvre inférieure. ibi ' Philoplerus {Docophorus) auratiis. Nitzch, 1. 1. , pag. 290.J — Pou de bécasse de mer, Lyonet, pag. 272. 9, Philoplerus {Lipeurus) baculus. Nitzch, 1. 1. , pag. 2g. —Pou de tour- terelle , Lyonet, pag. 278. Ce pou approche beaucoup du Gamasus coleopiralorum , Latreille (De- geer, vu. pl.6, fig. i5); mais il en diffère par la forme et les cou- leurs du corps. — Pou de pivoine, Lyonet , pag. 276. AA, les deux mâchoires. Gamasus ? — Pou d’une sorte d’émerillon ( Falco eesalon. Linn.) , Lyonet, pag. 276. jj. ? — Pou du limaçon des jardins, Lyonet, pag. 49- Planche VI. Ixodes ricùius, Latreille. — Tiqué , Lyonet , pag. 285. 3. La même, grossie en dessus et en dessous. AA, palpes labiaux. — B, la trompe. — CC deux stygmates. — D , l’anus. La trompé de la tique avec ses deux palpes labiaux , grandie , vue en dessous. CC, les palpes labiaux armés de deux dents. — B,D,*la trompe ar- mée de quatre rangées de dents. :a- Un des stigmates , CC , fig. 3. -of L’anus, D, fig. 3, entouré d’un cercle écailleux A>B, et s’ouvrant au moyen de deux valves C,D. La dernière articulation tarsienne , terminée par une plaque circulaire , sur laquelle sont implantés les deux crochets. ' Un pied grandi , pour faire voir comment la plaque B des pieds, se replie avec les crochets C, dans le creux inférieur de l’articulation précé- dente. ’ - : B DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 3j .I Fig. ']*. OEuf de la mite fig. 8. . ■= Fig. 8'*'. Acarus farinœl Latreille (Degeer, vu, pl. 5 , fig. i5). Seconde espèce de mite Lyonet. Fig. g, lo. Manquent. Fig. II. Pou de la chenille du bois de saule (Cossus ligniperda) , Lyonet, pag. 277. BB, les deux palpes maxillaires. — A, la trompe. Fig. 12. Crochets des tarses du pou précédent , avec une membrane trilobée , qui joint leur bord extérieur. Fig. i3. Liotlieum (Colpocephaliim) , u. sç.Hvizca. La description n’en est pas donnée. Fig. i4- Deux mâchoires renfermées dans la trompe A, fig. 1 1 , du pou de la chenille du bois de saule. Elles sont terminées par une pince. Fig. i5. Acarus domesticus , Latreille. — La mite du fromage, Lyonet, p. 282. Fig. 16. Pou du coq de bruyère, Lyonet , pag. 281. Planche VII. Fig. I. Æiâio Mhrcr , Meigen. — Le mâle , avec les ailes déployées. Fjg. 3. Le mâle en repos. Fig. 3. Pou trouvé sur le corps de la larve. Fig. 4- La larve. Fig. 5. La nymphe, vue côté. 1 Fig‘ 6. La femelle eu repos. Fig. 7. La femelle avec les ailes déployées.— Fig. 8. La bouche de la femelle , vue en devant. Fig. g. Une des épines dont le corps de la larve est hérissé. Fig. 10. La partie antérieure de la tête d’un mâle. — A, la trompe. — BB, les palpes maxillaires. — CC, les antennes. — DD, les yeux. Fig. 1 1 . Un balancier grossi, dont le bout A se termine en forme de cuilleron. Fig. 13. La trompe A, fig. 10, plus grossie , avec les parties qui la composent séparées les unes des autres. Fig. i3. La lèvre inférieure d’une femelle. CC, sa partie membraneuse. — D , sa base. — EE, les bases des an- tennes. Fig. i4- Filaria trouvée dans le ventre d’une larve. Fig. i5. Stigmate du premier anneau de la larve. Fig. 16. Stigmate des articulations moyennes de la larve, plus petites que celles du premier anneau. Fig. 17. Antennes d’un mâle à neuf articulations. 3i2 anatomie de différentes espèces d’insectes. ' t • Fro. i8. Portion des ailes tres-grossie. Fig. 19. La tête d’un mâle. AA, les antennes. — BB, les palpes maxillaires. — C, la trompe. — EE , les yeux. — D, les ocelles. Fig. 20. La dernière articulation du corps d’une larve grossie , avec les poils qui se trouvent dessus. A, stigmate plus grand en nature que ceux du premier anneau. Fig. 21. L’anus d’une mouche mâle, terminé par deux crochets AA, avec deux mamelons entre deux. Fig. 22. La langue d’une mouche femelle, avec laquelle elle perce les jeunes feuilles. Fig. 23. La langue d’une mouche mâle. Fig. 24. La dernière articulation des tarses vue en dessus. Voyez l’explication de la fig. 29. Fig. 25. La lèvre inférieure d’un mâle. Fig. 26. La même partie vue de côté, divisée en long en deux écailles A et B, qui se réunissent en C. Fig. 27. La tête d’une mouche mâle vue en dessous. 00, la partie des yeux qui se trouve à cette face de la tête. — BB, les palpes maxillaires. — AA, les antennes. — D, l’œsophage. Fig. 28. La partie des yeux qui se trouve à la face inférieure de la tête, séparée. Voyez 00 , fig. 27. Le côté arrondi est contigu aux yeux de la face su- périeure. Fig. 2g. La dernière articulation tarsienne, fig. 24, plus grandie et vue en dessous. A,B,C, trois orteils qui la terminent. — E,D, les deux crochets. — B, deux filets roides. Fig. 3o, Les trois ocelles D , fig. 19, plus grandis. A,B,C, les trois ocelles. B est l’antérieur; A et C sont les latéraux. — La ligue moyenne B,D est un peu creuse. — E,C, le bord de l’œil gauche. .Fig. 3i. La tête d’une mouche femelle, avec les yeux beaucoup*plus petits que dans le mâle. AA,BB,C, les mêmes parties que dans la fig. ig. PI. 2. rJlMiÙJdcLdfS ■ PI. 3 7b/n -iS ■ 3. P7.24.. t72iy:J2 . ■ (7, t.' B tP, y: 4. B lPÏ<2.- ’iy.- J3. PI. 6. Tom -jS . . F/.i5. ^^7^:3. 2 . ,î flUt.^T A : JJ. ^^'9- PI. 5 Fl. 7. Ù': ’i" ï* l' . I- !'■ I .j ■*3H'3Sai»3a *1?t • ' :t' *»s,’'. -'■ 'iÉ ■ ;îi 'I' ijteaol aî^iMiEêo au «% «œti w -I ■ ,fe~j%< àî©S‘ sli i- aBm^m fi -m' -- J'- a .aüîHAÎi;» # :’immàm! Mv . , 1 '?7V': V-ï-'? I jf '■ ^*' ■ ■ i"''' / ' •' ^ ’ ■ .1 ■■'VHî.fe. nm'pm ■ . "ii I '.^ v^v - • -■• à '•-ri.'v ■•..■•• ■ >:s.iê ■ .'.'••• . ,. '• •'<'• P ■ ;-V^ rkIM '^c'i> wiiü;: •? vvV;vr;|t).c> ■«<.- ^.. .. ' %VÎ - l^s,îvjt= :,^US%>/' ,. ^V»#^ .. t"A •: ''vt., ^:; ,:, : V. :: . ;V . ■■ - ■ J 4* mi?' "'■ ■■' r^’V'X ■ •'. ■•, •.:,>, r: :; ■. ^ ■S. l-‘ . RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL (HÉRAULT), • Par MM. Marcel de SERRES, DUBRUEIL , Professeurs, et B. JEAN- JEAN, Docteur-Médecin, Préparateur de Zoologie à la Faculté de Montpellier. ^ ( TROISIÈME ARTICLE. ) CHAPITRE V. DES DIFFÉRENTES ESPECES DE MAMMIFERES TERRESTRES. SECTION PREMIÈRE. Des espèces carnassières. PLANTIGRADES. i Genre Ours. Les grands ours des cavernes de Lunel-Vieil constituent deux espèces distinctes. La première se rapporte j à une es- pèce considérée jusqu’à présent comme antédiluvienne, et nommée, par M. Cuvier, ours à front bombé (ursus spe- Iceus). La seconde paroîtroit rappeler Tours noir d’Europe, Mém. du MiLséum. t. i8. 4i 3l4 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES que certains observateurs ont assimilé à Yursus arctos de Linné, et que d’autres ont distingué de cette espèce. Cette seconde espèce ensevelie dans nos cavernes, nommée, par M. Cuvier, ursus arctdideus , et caractérisée par l’apla- ti^sèiiïenl de'é(|ii frofvf, pât-dît s’êtfé fêtr'du^i^éé dan^ d’autres cavités souterraines de nos contrées méridionales. L’un de nous a, en effet f signalé cet ours dans les cavernes de Bîze (Aude), comme la première dans celles des environs du VigâÀ (Gai’d).' : NoiiS p'tt ’éôrfrfiàrët' les débtis dé ces déüils: espèces, avec trois têtes d’oui’s vivans, qui appartenoierit à tfcois es- pèces différentes. Aussi la boiïiparàison c{ue nous en avons faite nous ayant paru utile à leur exacte détermination, nous en avons tracé le tableau, afin que l’on pût mieux saisir leurs divers rapports. Nèus ferorts seulement observer cjue les têtes de l’ours noir d’Europe et de l’ours noir d’Amé- l’ique provenoient d’individus très-vieux, tandis que celle de l’ours brun des Alpes avoit appartenu à un très-jeune individu qui possédoijt cependant toutes ses dents de rem- placement. Nous mentionnerons également les rapports qui existent entre les ours 'à'é nos cavèrnes et ceux des cavités souterraines de la WestpbaMê,' mais sans trop nous y appe- santir j les excellens travaux de Mv\Cuvier nous dispensent d’entrer dans de grands détails à cet égard. Il est enfîa Une dernière observation que nous ne devoiîs point négiigf9r j’'4’est'Gelte quiiconcerne le nombre des indi- vidus de diverses espèces 'd’ours que l’on découvre dans les cavités souèerrbines. 'Il semble que les ours ou leurs dél^ris abofldëht'pttimipslem'éUt dans les bâVemês dtt nord de l’>Eu- DES CAVERNES DE LlfNELs-YitBîî., 3i5 rope, et qu’on ne les trouve avec abondapce, nos iCÇ)n- trées méridionales, que dans les cayerneg jrapprjOQhées des hautes montagnes. En .effet , nous sommes réduits à établir nos différentes espèces d’ours , de LunelrVieil avec quelques fragmens de maxillaires et quelques dents isolées, tandis que ces ours composent presqu’à eux seuls les restes des ani- maux entraînés dans les icavernes des environs du Vigan, au pied des hautes montagmies des Cévennes. Cette particu- larité remarquable paroîtroit annoncer qu’à l’époque où nos différentes espèces ont été détruités, elles s'’.étoi€ijit déjà choisi des stations en harmonie avec leurs conditions d’e;xis- tence. 1°. De Tours à Jront bombé (ursus spélæus). w Des. os de la tête. § I. Des dents et du jnaxUl.aire supérieur. Nous rapporterons d’abord à Xursus spelœus une cou- ronne de canine supérieure gauche., ainsi que trois incdsives latérales ou troisièmes, dont deux appartiennent au côté droit, et l’autre au côté opposé. L’une jde ices incisives est privée de la pointe de la couronne, l’autre a perdu l’extré- mité de sa racine, et la dernière est, auxontraire, d’une intégrité parfaite. On ne peut confondre ces inçisives avec celles des grands felis\ la pointe de leur couronne étant -très^crochue et di- rigée en dehors. Le bourrelet qu’elles présentent à la base et un peu en arrière , descend obliquement en avant et .en dehors , laissant une échancrure , à la partie 'interne de la 3l6 KECHERCHES- SUE LES OSSEMENS FOSSILES base , beaucoup pliis ofbt;;U8ô gheiz , où cette échancrure y presque- tranchâiïtei, vers lu. cô)^ externe de la couronne , remonte de sa pointe vers «la base^rj, , La racine des incisives latérales) est-'aplatie chez Jes /ù/w, tandis qu’elle est presque' arrondie dans hoscn^urs. Enfin, la face qui regarde la seconde^ incisive est; légèriement iCreiisée en gouttière, et on la voit se terminer par tmnèjpointe arron- die, en forme de crochet recourbé en haiH et; ea, arrière. L’incisive dont la racine s’est montrée la pluS:entière, et chez laquelle la cavité de4a dent ma pas rparu ;tput-à-fait oblitérée, a présenté une dongueur de ,G,o4r. La hauteur de la portion émaillée, prise à sa face postérieure, étant de o,oi6, et l’épaisseur de la partie la plus renflée de la racine de 0,012, nous ferons remarquer, en passant, que l’incisive dont la pointe de la couronne manque, doit avoir appar- tenu à un ours plus âgé et plus, fort, à en juger, du moins, par le volume plus considérable de la dent,f. Dans un ours noir d’Europe, qui noua sert de terme de comparaison, la même incisive n’offre qu’unq longueur de o,o36 ; la partie émaillée n’a plus que o^oi,5, et sa plus grande épaisseur o,oio.- Cet .ours noir étoit cependant très- vieux, ce qu’annonce assez l’usure de l’émail de ses molaires et l’oblitération entière de la cavité de. la racine de ces dents, tandis que les ours de nos cavernes n’étoient point encore parvenus à leur dernier degré d’accroissement. La même incisive de l’ours brun des Alpes, incisive qui n’avoit pas encore acquis toute sa longueur, avoit à peu près les mêmes -dimensions, sa partie émaillée ayant o,oi 5, et sa plus grande épaisseur 0,009. DES CAVERNES DE LUNEE- VIEIL. 3l7 Nous rapporterons également à IWjwj spelœus une pé- nultième et une dernière molaires supérieures gauches, dont les dimensions sont bion au-dessus de celles que présentent les dents analogues dans les ours vivans. La première de ces molaires a sans doute appartenu àjun individu plus jeune que celui dont proVenoit^ la dernière molaire 5 puisque l’é- mail de la pénultième est intact, celui de l’autre ayant été presque entièrement usé par l’effet de la mastication. Un accident résultant des fouilles a enlevé la grosse émi- nence antérieure^ étsexterhe de^la pénultième mais cette dent n’en est pas moins remarquable, en ce que la surface de sa couronne, ainsi que la partie antérieure de la face in- terne, se montre parsemée de lignes ou stries qui se croisent en différens sens. Examinées vers la face interne, ces lignes ne descendent pas tout-à-fait jusqu’au collet de la couronne. Elles s’arrêtent, au contraire, vers un petit rebord qui des- cend du milieu du tubercule ou éminence postérieure et interne-, longe le dessus du collet vers la face interne, et, après avoir contourné l’extrémité antérieure de la dent, va se terminer à la base du petit tubercule antérieur et externe qui est en avant de la grande éminence. Les mêmes stries se retrouvent dans les mêmes dents de l’ours brun des Alpes, tandis que l’on n’en voit aucune trace sur l’ours noir d’Europe et d’Amérique. Cette particularité , commune à Vursus spelœus, et à l’ours brun des Alpes actuellement vi- vant, indiquerait-elle une conformité d’habitude entre ces deux espèces? C’est ce qu’il est possible de supposer, mais non de démontrer. Il nous paroîtroit, du reste, que l’ours brun, comme \ursus spelœus , avoit le front bombé, ainsi 3l8 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES que l’ont admis les zoologistes, rapport de conformation dont il est facile de s’assurer en comparaut les crânes de ces deux espèces. Du reste, comme l’a observé depuis long- temps M. Cuvier, Vursus spelœus, ou l’ours à front bombé des cavernes, avait une taille bien supérieure à celle de l’ours brun , et des proportions bien plus fortes, puisque certains individus de la première espèce dévoient avoir une taille à peu près égale à celle de nos chevaux de moyenne grandeur. Le diamètre antéro-|jostérieur de notre pénultième molaire est de 0,028, et le diamètre transversal entre le lobe pos- térieur de 0,018. Mais sur l’ours noir d’Europe, cette dent iva plus d’avant en arrière que 0,022, et transversalement 0,0 î 5. Elle est encore plus petite dans l’ours noir d’Amé- rique, où elle ne présente plus d’avant en arrière que o,,ioj8 et traversalement que o,oi4- Enfin, dans l’ours des Alpes, la même dent ne nous a offert d’avant en arrière que 0,019, et seulement 0,014 dans le sens traversai. La dernière molaire supérieure qui a appartenu à un in- dividu plus âgé, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer, offre dans son diamètre antéro-postérieur o,o44? et dans la partie la plus étendue de son diamètre traversai 0,020. La même dent n’offre, dans l’ours noir d’Europe, d’avant en arrière que 0,082 , et traversalement 0,018. Chez l’ours noir d’Amérique, le diamètre antéro-postérieur est de 0,027, et le transversal de 0,01 5. Dans l’ours brun des Alpes, la lon- gueur dans le même sens est seulement de 0,028, et la partie la plus large seulement o,oi5, comme dans la dernière mo- laire de l’ours noir d’Amérique. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 3ig Ces comparaisons sulEsenl sans cloute pour démontrer combien notre ours à front bombé, qui né paroît pas avoir de représentans parmi nos races vivantes, était supérieur en force et en dimensions à nos espèces actuelles, et combien il devoit être terrible et formidable; car ses besoins dévoient être en rapport avec sa haute stature. § II. Des dents et dn maxillaire inférieur. Nous rapportons encore au genre ours trois condyles du ma xillaire inférieur, l’un du côté droit et les deux, autres du côté gauche, qui ont été découverts dans les limons à ' ossemens de nos cavernes. Ces condyles, comparés à ceux des maxillaires inférieurs des ours vivans, n’ont présenté d’autre différence que dans leur grandeur relative. Ces frag- mens de maxillaires auroient donc appartenu à Vursus spe- lœus, c’est-à-dire à la plus grande des espèces d’Ours qui a été entraînée dans nos cavernes. Commes ceux des ours vivans, ces condyles présentent une rainure ou gouttière qui part du côté externe du condyle. Cette gouttière descend d’abord obliquement en dedans, remonte de suite en gagnant toujours la partie interne; et en se contournant va se terminer à son extrémité interne, qui, au lieu lieu d’être légèrement pointue comme l’externe, paroît tronquée, présente le tiers d’un cercle à bord tran- chant, en laissant une dépression oblique à partir de ce bord vers le col. Dans le lion, au lieu de cette dépression , l’extrémité interne se termine par un tubercule obtus, carac- tère tranchant qui empêche de confondre nos portions de maxillaires, avec les grandes espèces du genre felis. 3aO RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES D’ailleurs la surface articulaire du condyle présente, chez les ours, une portion demi-cylindrique, qui naît immédia- tement après l’apophyse coronoide , et se porte plus eu arrière et plus en bas que chez le lion. Dans ce dernier, la surface de cette portion demi-cylindrique n’est point aussi grande, surtout dans sa partie antérieure, près de l’apophyse coronoide. En mesurant ces condyles d’une extrémité à l’autre, on trouve qu’ils ont jusqu’à 0,062, tandis que l’on n’observe plus que 0,047 dans l’ours noir d’Europe, 0,049 dans l’ours noir d’Amérique, et seulement 0,029 dans l’ours brun des Alpes. A la vérité , l’individu de cette dernière espèce qui nous a servi de terme de comparaison n’avoit point acquis son entier développement; c’est probablement à cette cause qu’il faut attribuer la petitesse de la dernière dimension que nous venons de donner. Le diamètre antéro-postérieur du demi-cylindre ne nous a présenté, dans l’ours à front bombé de nos cavernes, que 0,023. Le même diamètre a paru, dans l’ours noir d’Europe, égal à 0,016; dans celui de l’Amérique, à 0,016; et dans l’ours brun des Alpes, à 0,01 3. Nous ferons encore remarquer que l’épaisseur du cou du condyle de Yursus spelœus des cavernes de Lünel -Vieil est, proportion gardée, plus mince et plus alongée que dans le lion vivant, avec lequel nous l’avons comparé. Nous rapporterons enfin à la même espèce d’ours, 1°. une partie antérieure de maxillaire inférieur droit découvert dans nos cavernes, et qui conserve encore sa canine; 2°. deux canines inférieures du côté droit; 3°. la couronne d’une ca- DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 321 niiie gauche supérieure ; deux autres canines qui paroissent avoir appartenu à des individus tout-à-fait adultes. Le fragment de maxillaire pourvu de sa canine ne présente pas, dans l’espace qui sépare cette dent d’avec les molaires, les alvéoles qui, dans l’ours brun des Alpes, servent à loger ses petites fausses molaires de lait. On sait que ces dents disparoissent avec l’âge chez certains individus, tandis qu’on les voit quelquefois persister, soit en tout, soit en partie. Un intervalle très-grand existe donc dans notre fragment entre la canine et la première fausse molaire persistante. La hauteur du maxillaire dans cet intervalle est de o,o52, tandis qu’il n’est plus dans l’ours noir d’Europe que de o,o44î dans celui d’Amérique de o,o36, et dans l’ours brun des Alp es de 0,034. I/épaisseur de ce maxillaire , mesurée en arrière du pre- mier trou mentonnier, est de 0,028, tandis qu’elle n’est plus dans l’ours noir d’Europe que de 0,0 1 8, dans celui d’Amé- rique de 0,018, et dans celui des Alpes de 0,012. La longueur en ligne droite des canines isolées de Yursus spelœus est de o,og5,'dans l’ours noir d’Europe de 0,080, ainsi c^ue dans l’ours d’Amérique ; celui des Alpes n’a pas pu être mesuré, la racine n’étant pas encore tout-à-fait formée. Quant à la plus grande largeur de la racine de la canine de l’ours de nos cavernes, nous l’avons trouvée de 0,027; celle de l’ours noir d’Europe étant de 0,024, et celle l’ours d’Amérique de 0,022, tandis que dans l’ours des Alpes elle n’est plus que de 0,018. La portion émaillée de la dent suit les mêmes rapports. En effet, tandis qu’elle est de o,o36 dans la dent de Vursus Mém. du Muséum, t. 18. l\i 322 RECHERCHES aUK LES OSSEMEHS FOSSILES spelœus^ elle n’est iplus que de o,o3o sur celle de l’ours noir d’Europe, de 0,024 sur celle de l’ours d’Amérique, et de 0,025 dans l’ours bruH des Alpes. Nous pos§édpnSjégalement une troisième incisive du côté droit, que malheureusement nous n’avons pas pu comparer à ses analogues dans les différentes têtes d’ours qui nous ont servi de terme de comparaison , celles-ci ayant été per- dues. Cette dent n’a du reste rien de remarquable, si ce n’est sa grosseur et la forme particulière de sa pointe. Cette partie de la dent est en effet plus courte que dans l’ours brun, et aussi fait-elle paroitre le lobe latéral plus écarté et plus long. 0 Nous rapportons enfin à la même espèce d’ours deux mo- laires inférieures du côté droit, la pénultième et la dernière. Ces deux dents ont du reste les mêmes caractères que ses analogues de l’ours brun des Alpes; l’on y reconnoît les stries, et ses sillons disposés en différens sens, et enfin les petits mamelons qui couronnent la dernière. Le diamètre antéro-postérieur de la pénultième est de 0,028, et le transversal de 0,018; dans l’ours noir le dia- mètre d’avant en amère delà même dent est de 0,022 , et le transversal de 0,01 5. Dans l’ours d’Amérique, le diamètre antéro-postérieur n’est plus que de 0,017 , et le transversal de 0,01 ©. Enfin la même dent a chez l’ours brun, pour ex- pression de sa longueur, 0,021, et 0,01 3 pour celle de sa plus grande largeur. Quant à la dernière molaire inférieure droite de notre ursus spelœus, sa couronne n’a pas été usée par l’effet de la mastication. Son bord, arrondi présente comme une série de 32.3 DES CAVERNES DE LUNEL-VJlIï;. petits lobes mousses, et le centré est chargé de stries en- foncées qui la sillonnent en différens sens. Cette dent offre dans son diamètre antéro-postérieur o,023, et dans sa plus grande largeur o,oi6. La même dent n’a plus, dans l’ours noir d’Europe , que o,oi8, eto,oi5 dans le Sens transversal. Celle de l’ours noir d’Amérique encore plus petite ,-06 pré- sente, d’avant en arrière, que o,oi5, et transversalement que 0,010; proportions peu différentes de celles dé la même dent dans l’ours brun des Alpes, où on la trouve pour les mêmes dimensions de 0,016 et de 0,010. D’après la grandeur relative des deux espèces d’ours en- sevelies dans nos cavernes, nous rapporterons encore à Vursus spelœus un fragment de maxillaire inférieur gauche. Ce maxillaire a perdu son condyle, l’apophyse coronoïde, ainsi que le crochet ou apophyse angulaire. Il ne conserve donc qu’une portion de l’alvéole de la dernière molaire; mais sa forme, ainsi que celle de la racine de cette dent qui rappelle assez bien celle d’un T, ne permet pas de douter qu’il appartienne au genre ours. On en doute d’autant moins, que l’on y adapteroit très-bien la dernière molaire que nous venons de décrire, si cette molaire étoit du même côté que notre maxillaire. La hauteur de ce maxillaire est, au bord externe et posté- rieur de l’alvéole, de 0,067, tandis que cette même hauteur n’est plus, dans l’ours noir d’Europe, que de 0,047 ? dans l’espèce d’Amérique, que de o,o45>. Ce fragment de maxil- laire ressemble beaucoup plus par sa forme, ainsi que par le peu de profondeur de la fosse massétérine, au maxillaire de l’ours brun des Alpes, qu’à toute autre espèce; mais les pro- 324 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES portions sont tellement différentes, que là hauteur du maxil- laire, mesurée au même endroit que dans Xursus spelœus de nos cavernes, n’est plus que de x»,o37, c’est-à-dire, près de la moitié moindre. Cette différence entre les proportions des deux espèces peut facilement faire juger combien est fondé ce que nous avons déjà dit sur la grandeur et la sta- ture des ours à front bombé de nos cavités souterraines. Du reste, ainsi que nous l’observerons plus tard, Vursus spelœus de nos caverpes ne paroît pas avoir acquis d’aussi grandes dimensions que la même espèce ensevelie dans les cavernes du nord de l’Europe. ' 2°. Dq l’ours à front aplati (ursus arctoïdeus). § I. Des dents. Nous n’avons pu constater la présence de cette espèce dans nos souterrains que par quelques dents isolées, et un seul cubitus. Cependant, comme ces dents ont appartenu à des individus, non-seulement adultes, mais vieux, et quelles nous ont présenté des différences sensibles avec celles de Xursus spelœus , nous croyons que cette espèce est assez bien établie sur les caractères fournis par ces dents, et le cubitus dont nous avons déjà parlé. Les dents que nous signalons d’une manière spéciale sont, lo. une dernière molaire supérieure droite; 2°. deux pénul- tièmes supérieures gauches ; 3°. une antépénultième infé- rieure du côté droit. Toutes ces dents comparées à celles de l’ours noir d’Europe, qui, comme Xursus arctdideus, avoit le front aplati, n’ont pas paru différer par leur forme; DES CAVERNiNES DE EUNEL-VIEIL. 325 et il faut bien remarquer que l’individu qui nous a servi de terme de comparaison éloit très-âgé, comme les individus dont provenoient les dents découvertes dans nos cavernes. L’ours noir d’Europe dont nous possédons le squelette avoit donc pris tout son accroissement, et comme l’émail de sa dernière molaire d’en haut avoit tout-à-fait disparu de la couronne, on peut juger que cet individu étoit très-âgé. Les dimensions de ces dents, rapprochées de celles des dents de Tours noir, n’ont point paru différer; à peine ont-elles offert quelques millimètres en plus des dernières. Néanmoins notre dernière molaire supérieure présente une plus grande lar- geur vers sa partie antérieure, qui est de 0,020, et une longueur de OjoSj. La même dent n’a plus en largeur dans Tours noir que 0,018, et en longueur o,o36. De pareilles différences dans les dimensions s’observent également dans les pénultièmes supérieures, qui ont jusqu’à 0,023 pour expression de leur longueur d’avant en arrière, et de 0,018 pour celle de la largeur. La même longueur de la pénultième supérieure de Tours noir n’est plus que de 0,022, et sa largeur de 0,016. Quant à l’antépénultième inférieure du côté droit, elle offre à peu près les mêmes di- mensions dans Tours de nos cavernes, comme dans Tours noir d’Europe, c’est-à-dire, d’avant en arrière, de 0,024, et en largeur, vers la partie la plus épaisse, 0,012. Outre les dents que nous venons d’indiquer, M. Gautier, propriétaire des cavernes de Lunel- Vieil, en possède quel- ques autres qui ont été extraites de ces cavernes, et qui se rapportent à Vursus arctdideus. Elles en ont du moins tous les caractères, et, par exemple, la pénultième supérieure ne BaÔ EECHERCHES SUR LES OSSEMENS. FOSSILES présente point de stries sur la surface de sa couronne , ni à sa face interne , comme la même dent dans \ursus spelœus. •q § II. Du cubitus. “.r Sf* ; r- : ;- -T,n jjo Nous rapportons encore à Yursus arctoïdeus un cubitus gauche qui malheureusement n’est pas entier. Il y manque, en effet, une partie de l’olécrâne, ainsi que l’extrémité infé- rieure. Ce cubitus ne pourroît être confondu qu’avec celui du lion 5 mais ses caractères l’en éloignent totalement, ainsi que du cubitus des hyènes et du loup. Nous voyons du moins la cavité qui reçoit la tête du radius être, propor- tion gardée, beaucoup plus petite que dans les carnassiers dont nous venons de rappeler les noms. L’obliquité de son articulation avec l’humérus, le peu de hauteur de l’olécrâne, la petitesse de son articulation avec la partie supérieure du radius, sont autant de caractères qui doivent faire ranger notre cubitus parmi ceux du genre ours. D’un autre côté, ce cubitus étant assez rapproché par sa forme de celui de l’ours noir d’Europe, et n’çn différant pas d’une manière bien sensible par ses dimensions, il est extrêmement pro- bable qu’il a appartenu à l’espèce désignée par M. Cuvier sous le nom à’ursus arctdideus , dont les débris, ainsi que nous l’avons déjà fait observer, abondent dans les cavernes du nord de l’Europe. Les ossemens qui se rapportent à cette espèce sont, au contraire, fort rares dans les cavernes de nos contrées méridionales, et, même, à ce qu’il paroît, dans celles que l’on voit le plus rapprochées du centre des hautes montagnes. Vursus spelœus paroît du moins la seule espèce DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 827 abondante dans les cavités souterraines du midi de la France qui ont une pareille situation géographique. Mais cette es- pèce ne semble pas, cependant, avoir acquis dans nos con- trées les mêmes dimensions que les individus ensevelis dans les cavernes du nord de l’Europe, ainsi que l’annonce le tableau comparatif que nous tenons des dimensions des di- vers individus de ïursus spelœus déjà décrites. Cette diffé- rence n’indiqueroit-elle pas qu’à l’époque où les débris de cette espèce ont été entraînés dans nos souterrains, les cli- mats étoient déjà établis de la même manière qu’ils le sont actuellement.? Ces faits étant loin d’être les seuls qui amènent à la même conséquence, on peut le présumer avec quelque fondemeat. TABLEAU Des dimensions de quelques parties des têtes et des dents de trois de d’Iserlohn , près Sundwich en JVestphalie , et les dents Longueur de la tête depuis l’épine ou protubérance occipitale aux incisives Largeur du crâne entre les apohyses postorbitaires du frontal ; Distance de l’épine occipitale à une ligne qui couperoit en travers les apophyses postorbitaires du frontal d’un côté à l’autre Distance de la même ligne aux incisives Distance de cette ligne à la réunion des crêtes qui viennent des apophyses postorbitaires du frontal pour former la crête sagittale . . . . Plus grande largeur des’arcades zygomatiques Distance d’une apophyse postorbitaire de l’os malaire d’un côté à celle du côté opposé Longueur d’une incisive latérale ou troisième supérieure La même incisive mesurée à la partie la plus épaisse de sa racine Hauteur de la portion émaillée de cette incisive prise à sa face postérieure Pénultième molaire supérieure , mesurée dans son diamètre antéro-postérieur.. Pénultième molaire supérieure, mesurée dans le diamètre transversal Dernière molaire supérieure mesurée dans son diamètre antéro-postérieur. Dernière molaire supérieure mesurée dans son diamètre transversal Condyle du maxillaire inférieur d’une extrémité à l’autre Diamètre antéro-postérieur du demi-cylindre ou surface articulaire Hauteur du maxillaire inférieur prise dans l’intervalle entre la canine et la première fausse molaire Épaisseur de ce maxillaire mesuré en arrière du trou mentonnier Hauteur de la couronne d’une troisième incisive, ou latérale inférieure prise en dehors . Canine inférieure isolée mesurée en ligne droite i Hauteur de la portion émaillée de la même canine La même canine, mesurée à la partie la plus large de sa racine Antépénultième molaire inférieure mesurée dans sa longueur antéro-postérieure La même mesurée transversalement Longueur antéro-postérieure de la pénultième inférieure raolaire Même dent mesurée dans le sens transversal Longueur antéro-postérieure de la dernière molaire inférieure ou tuberculeuse Diamètre transversal de la même dent Hauteur du maxillaire inférieur en arrière de la tuberculeuse COMPARATIF nos ours vio ans , aoec celles de la tête de Z’ursus spelæus de la caoeme de Z’ursus spelæus, et Z’ursus divcidideus des caoeines de hunel-Vieïl. URSUS SPELÆUS d’Isei'thon. URSUS SPELÆUS de Lunel-Yieil. URSUS ARCTOIDEUS , de Lunel- Vieil. OURS NOIR d’eorope, Ürsus arctos. ! J OURS NOIR D ’aMÉKIQÜE. OURS BRUN DES ALPES. 0,527 ») ï) 0,325 o,3io o,23o 0 0 » )) 0,114 0,120 0,077 0,290 M )» 0,175 0,193 0,1 33 P,25o » » 0,167 0,145 0,125 0,110 » »> 0,098 1 o,îi3 0,1 o5 o,3i I » H 0,190 0,210 0,137 0,175 » M o,i3o 0,1 35 °>°97 »> o,o4i 1) o,o36 » o,o36 o,oi5 0,012 0,010 n 0,010 o,oi8 0,Ol6 » o,oi5 n • o,oi5 o,o3o 0,028 0,023 0,022 0,018 0,019 0,021 0,018 0,018 0,016 0,014 0,014 o,o5o 0,044 0,037 0,034 0,027 0,028 0,025 0,020 0,020 0,018 o,oi5 o,oi5 » 0,062 )» 0,047 0,049 0,02g » 0,023 n 0,016 0,016 o,oi3 )) 0,o52 » 0,044 o,o36 o,o34 n 0,028 » 0,018 0,018 0,012 H o,oi3 » » )) 0,010 » 0,095 >1 0,080 0,080 0,080 1» o,o36 >1 o,o3o 0,024 0,025 B 0,027 I» 0,024 ' 0,022 0,018 B » 0,024 0,024 o,oig 0,021 H ■» 0^012 0,01 I 0,00g o,oio M 0,028 M 0,022 0,017 0,021 » 0,018 n o,oi5 0,010 o,oi3 » 0,023 » 0,018 o,oi5 0,016 » 0,016 » 0,0l5 0,010 0,010 M 0 n 0,047 0 0 0,087 Mém, du Muséum, t., i8. 4'^ 33o RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES Du blaireau d’Europe (ursus meles). Notre troisième espèce d’ours a été établie sur un assez grand nombre de pièces osseuses, pour n’avoir aucun doute sur le rapprochement que nous en avons fait avec \ursus meles ^ ou blaireau d’Europe. Parmi les principales pièces osseuses qui nous ont servi à caractériser cette espèce, nous mentionnerons, i°. un museau entier que nous avons fait figurer 5 2°. une branche droite du maxillaire inférieur; 3°. trois autres branches du côté gauche du même os; 4°- un humérus droit entier, que nous avons également fait figurer; 5“. une foule d’autres pièces osseuses, dont plusieurs font partie de nos collections, ou de celles de la Faculté des sciences, ou enfin de celles de M. Gauthier de Lunel, dont l’obligeance a été si grande pour nous. D’après le nombre des fragmens qui nous restent de cette espèce, il paroît que le blaireau était, à l’époque où nos espèces ont été entraî- nées dans nos cavernes, plus abondant sur notre sol que les autres ours , tels que le spelœus et V arctdideus qui lui sont contemporains. A la vérité , le blaireau s’étend peu dans les stations qu’il s’est choisies, et il ne se transporte à de grandes distances, et d’un lieu dans un autre, qu’avec peine et difficulté. Ce point de fait peut nous faire concevoir comment le blaireau est encore si rare parmi les espèces considérées jusqu’à nous comme fossiles, c’est-à-dire, parmi celles qui, enterrées dans les dépôts quaternaires, paroissent avoir été détruites à l’époque la plus ancienne de la pé- riode alluviale actuelle. DES CAVERNES PE LÜÏJEE-VÏBIL. 33 1 Le museau du blaireau de noâ cavernes n’a rien de re- marquable, si ce n’est des proportions un peu plus fortes que le blaireau actuellement vivant. A la vérité, cette cir- constance peut tenir à l’âge qu’avait l’individu dont pro- vient notre museau. Ce qu’il y a de certain, c’est que ce fragment osseux présente toutes ses dents, lesquelles sont usées presque jusqu’à la base de leur couronne, et que, d’après cette usure, l’animal qui avoit de pareilles dents devoit être non-seulement adulte, mais fort âgé. Ce museau, rapproché de celui du blaireau d’Europe, n’a offert d’autre différence que dans son diamètre. En effet, nous avons comparé la distance qui existe entre les pointes des apophyses orbitaires du frontal à celle du côté opposé , et nous avons trouvé que cette distance est de o,o4o dans l’espèce de nos cavernes, taudis qu’elle n’étoit plus que de o,o36 dans le blaireau vivant. Nous avons fait cette compa- raison sur la plus grosse tête des divers individus de blaireau que nous possédons , ayant également le soin de choisir celles qui se rapportoient à l’individu le plus âgé. La distance que nous avons observée sur notre espèce, de- puis le bord incisif mesuré entre les deux incisives moyennes, jusqu’à la réunion des deux arêtes qui partent des deux apophyses postorbitaires pour allpr former la suture sagittale, après s’être réunies, est de 0,087, tandis que nous ne l’avons plus trouvée que de 0,084 sur notre tête de comparaison. Le trou sous-orbitaire est également beaucoup plus large dans l’espèce de nos cavernes; l’écartement du tubercule moyen et externe de la tuberculeuse supérieure d’un côté à celui correspondant de la tuberculeuse de l’autre côté, est 332 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES également plus considérable. En effet nous le trouvons de o,o44 5 seulement de 0,042 dans la tête qui nous sert de terme de comparaison. Enfin l’intervalle qui sépare la face externe d’une canine h celle du côté opposé est de o,o33 , tandis qu’il n’est plus que de o,o3o dans l’espèce vivante. Les mêmes différences de grandeur que nous avons ob- servées entre la tête du blaireau de nos cavei’nes et celles des divers individus qui nous ont servi de terme de comparai- son, existent entre celles de ces mêmes individus. Ces diffé- rences restent doue dans les limites des variations qu’éprou- vent les espèces les mieux circonscrites. Du reste, les diffé- rences qui tiennent aux dimensions sont assez sensibles dans les diverses espèces enterrées dans nos souterrains, pour nous faire présumer que ces espèces détruites, en tout semblables aux nôtres, avoient généralement de plus foi’tes proportions que celles qui les représentent dans les temps présens. Ges dimensions plus considérables tiendroient-elles à une nour- riture plus abondante, ou à une température plus élevée, que ces espèces trouvoient dans nos régions, ou à ce qu’elles étoient pour lors plus rapprochées de leur état ou de leur type primitif? ou doit-on les attribuer à toute autre cause.? c’est ce que nous n’avons nullement la prétention de décider. Il nous suffit d’avoir établi le point de fait, qui est assez cu- rieux pour ne pas être passé sous silence, persuadé que d’au- tres, placés dans des circonstances plus favorables, sauront en tirer des conclusions en harmonie avec nos connoissances, et en même temps utiles aux progrès de la géologie positive. Quant aux maxillaires inférieurs découverts dans nos ca- vernes, et qui se l’apportent à la même espèce de blaireau. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 333 ils se ressemblent tous par leurs caractères anatomiques. Ils ne diflfèrent les uns des autres que par un peu plus ou un peu moins de force: ce qui dépend de l’âge des divers indi- vidus auxquels ils ont appartenu; ce que confirme les diffé- rens degrés d’usure des dents. Les unes eu effet sont usées jusqu’au collet, tandis que les autres conservent leurs tuber- cules aigus dans une parfaite intégrité, comme les dents qui, ayant peu servi, n’ont pas encore éprouvé l’effet de la détri- tion. Enfin l’humérus entier que nous avons fait figurer ne diffère en rien de l’humérus du blaireau d’Europe, si ce n’est que, comme les autres pièces osseuses qui se rapportent au blaireau de nos cavernes, il a un peu plus de force et de volume. En résumé , la petite espèce d’ours entraînée dans nos cavernes aves les ursiis spelœus et arctoïdeus , ne différant pas d’une manière essentielle du blaireau d’Europe, doit être rapportée à cette dernière espèce. Notre blaireau avoit pro- bablement le même genre de vie et les mêmes mœurs que le blaireau vivant, à en juger du moins parle genre d’usure qu’ont éprouvé ses dents, usure qui est entièrement sem- blable à celle que l’on observe dans le blaireau d’Europe. Cette espèce étoit d’autant plus intéressante à signaler, qu’elle paroît peu répandue parmi les mammifères terrestres dissé- minés dans les dépôts diluviens; et en effet, on ne l’a guère indiquée jusqu’ici que dans un très-petit nombre de localités. Aussi le blaireau est-il assez rare parmi les espèces détruites, et celles considérées jusqu’à nous comme antédiluviennes. RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES DIGITIGRADES. ' ' ■ :l< lo. Putois (putorius Cuv. ) Nous possédons deux fragmeiis de cubitus, l’un du côté droit et l’autre du côté gauche, qui signalent un carnassier digitigrade, entre le putois et le furet. Nous étions à peu près décidés à rapporter ces deux fragmens osseux au putois {iniistela putorius') ^ lorsque M. de Christol nous a fait part d’une observation qui lui est propre, et qui nous a fait sen- tir que le rapprochement que nous avions fait devoit être fondé. En effet, cet habile observateur nous a assuré avoir découvert dans les cavernes de Lunel-Vieil une mâchoire supérieure, un humérus entier et un tibia, qui ne différoient par aucun caractère appréciable des os analogues du putois commun. Malheureusement il n’a pas pu nous montrer les pièces sur lesquelles il fondoit son opinion; mais son habileté reconnue, jointe à notre observation, suffit pour faire ajouter le putois aux débris des carnassiers qui ont été entraînés dans nos souterrains. Du reste, cette espèce avoit déjà été reconnue parmi celles qui ont été entraînées dans les cavités souterraines. 2°. Loutre (lutra). Quoique nous n’ayons pas pu établir l’existence de cette espèce dans nos cavernes par un grand nombre de pièces osseuses, le maxillaire qui nous a servi à la reconnoître a des caractères trop positifs pour douter de son existence dans les lieux où vivoient nos autres carnassiers. DES CAVERNES DE LUNEL-AaEIE. 335 La branche de maxillaire inférieur du côté droit, que nous rapportons à la loutre commune (jnustela Ultra Linn.), est privée de son apophyse coronoïde et de son condyle. On n’y voit pas non pins les incisives, la canine, ni la tubercu- leuse, mais seulement les seconde et troisième fausses mo- laires, et enfin la carnassière. Quoique ce maxillaire présente les caractères généraux de la dentition des martes, on n’y observe pas cependant, comme dans les espèces de ce genre, ni comme chez le glouton {^ursus gulo^, la première fausse molaire rudimentaire à une seule racine, qui se trouve à la base de la canine dans ces espèces. L’on y découvre seulement, comme chez le putois {miistela putorius'), le zorille {^vwerra zorilla Gm. ), le grison (^vwerra viitata Linn.), et le tayra {mustela bar- hara Linn. ) , trois fausses molaires à deux racines, lesquelles sont placées obliquement, comme dans le ratel Çmperra mellwora'). C’est surtout la première de ces fausses molaires dont la direction est oblique, et son obliquité est même beaucoup plus grande que celle de la seconde. Quant à la carnassière, elle a les mêmes caractères que la même dent dans les moufettes et le midaus, c’est-à-dire qu’elle est divisée en deux parties à peu près égales. L’anté- rieure est composée de trois tubercules pointus, formant une sorte de triangle, et dont les deux plus extérieurs, tran- chans et aigus, rappellent assez bien la carnassière des chats [felis). La partie postérieure de cette dent forme un talon creux à bord tranchant, composé de deux tubercules peu saillans, lesquels sont séparés par de petits sillons à peine distincts. Le postérieur l’est cependant beaucoup plus que 336 recherches sur les ossemens fossiles l’antérieur. La base de ces tubercules tranchans repose sur un petit rebord extérieur assez saillant, lequel est situé à la base de la couronne. Ce rebord existe également dans les fausses molaires. Du reste, le bord interne du talon présente une forme circulaire, et il est tranchant; disposition qui, comme celles que nous venons de détailler, annonce combien notre espèce devoit être carnassière. La tuberculeuse qui manque dans notre maxillaire paroît avoir été plus forte que ne l’est la même dent chez les martes; par ce caractère elle se rapproche beaucoup plus de la loutre que du premier de ces genres. Ces caractères réunis éloignent toute idée de rapproche- ment entre notre maxillaire et celui des moufettes. D’un autre côté, on ne peut douter qu’il n’ait appartenu à une espèce plus grande et plus forte. En effet, une comparaison exacte de ce fragment avec un maxillaire inférieur de la loutre commune, qui provenoit d’un individu très-vieux, a prouvé que ce fragment devoit avoir appartenu à un individu adulte du genre loutre, et fort rapproché de l’espèce qui vit dans les rivières d’Europe. Les loutres ensevelies dans nos cavernes dévoient avoir cependant des dimensions plus con- sidérables et plus fortes que l’espèce vivante, à en juger du moins par celles qu’indique le fragment que nous décrivons. Elles paraissent encore différer de notre espèce par la posi- tion plus oblique de leurs fausses molaires, et surtout de la seconde de ces fausses molaires. Mais pour mieux démontrer ce point de fait, nous avons comparé notre maxillaire avec celui de l’espèce vivante; et tandis que nous avons trouvé la distance du bord antérieur DES CAVERNES DE Lt/NEL-Vi,]?IL. Où'] alvéolaire des incisives au bord de la fosse massétérine de o,o5o, la même distance n’a plus été que de o,o4i dans le squelette de loutre le pins fort que nous possédions. La carnassière nous a présenté o,oi4 d’avant en arrière, et une largeur à la partie la plus renflée de 0,008. La hau- teur de la pointe tranchante extérieure du tubercule posté- rieur qui concourt à former le triangle a offert 0,007 j enfin le rebord placé en dehors et au-dessus de la couronne nous a paru plus saillant et plus marqué que dans l’espèce vivante, qui est loin d’offrir dans les dimensions de sa carnassière les mêmes proportions. Du moins le diamètre antéro-pos- rieur n’est, dans cette dernière espèce, que de 0,012; sa largeur dans la partie la plus renflée de 0,006, et la hau- teur de la pointe du tubercule tranchant postérieur, qui forme le triangle, seulement de o,oo5. Les autres dents comparées ensemble ont présenté les mêmes rapports, qui ont toujours annoncé de plus fortes proportions à l’espèce ensevelie dans nos souterrains. Enfin l’on ne doit pas perdre de vue que la première et surtout la seconde fausse molaire sont placées beaucoup plus obli- quement dans la loutre de Lunel-Vieil que dans l’espèce vivante, où ces dents ont à peu près la même direction. Notre maxillaire se distingue donc uniquement par sa force et ses proportions de celui de la loutre commune. Sa hau- teur prise au bord alvéolaire du milieu de la carnassière est de 0,016; son épaisseur de 0,009, que cette même hauteur dans l’espèce vivante n’est plus que de 0,01 1 , et sou épaisseur de o,oo5. La cavité de notre maxillaire dans laquelle est logée la Mém. du Muséum, t. 18. 44 338 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES tuberculeuse est plus grande que dans l’espèce vivante; il en est de même de celle qui reçoit la canine. La fosse massétériné est également plus profonde; le bord antérieur de l’apo- physe coronoïde est plus rejeté en dehors, de manière que la tuberculeuse est plus en dedans. Ces caractères réunis sem- blent annoncer que, quoique la loutre commune vivante soit très-carnassière, et quelle jouisse d’une grande force muscu- laire, la loutre des cavernes de Lunel-Vieil en jouissoit cepen- dant à un plus haut degré. Mais peut-on conclure de ces dif- férences que cette dernière constituoit une espèce distincte et bien caractérisée? c’est ce que nous n’oserions décider, sur- tout avec le petit nombre de pièces osseuses que nous avons pu réunir parmi le grand nombre de celles que leur mollesse ou leur altération n’a pas permis de reconnoître et de con- server. En résumé, le maxillaire et les dents que nous venons de décrire suffisent pour signaler un carnassier de la tribu des digitigrades. Les caractères que ces pièces osseuses fournis- sent sont plus que suffisans pour faire saisir que notre car- nassier, très-rapproché des martes par son système général de dentition , s’en éloignoit pourtant par la forme j)articulière de ses dents. Cette forme est tellement analogue à celles que présentent les dents de la loutre commune, que notre car- nassier doit être assimilé à cette espèce, dont il ne différoit probablement que par plus de force et une plus grande taille. Noscavernes recèleraient donc deux espèces demammifères terrestres qui vivent ordinairement dans les eaux douces (i) ; (i ) La loutre avoit déjà e'té observée parmi les dépôts fluvialües et ceux d’alluvion. BES CAVERNES DÉ LUNEL-VIEIL. SûQ car outre laloutre dont nous nous occupons, nos cavernes nous ont offert des débris de castor qui semblent bien rapprochés du castor fiher, ainsi que les figures que nous en donnerons permettront de s’en assurer. Si les carnassiers avoient pro- duit l’étrange rassemblement des espèces ensevelies dans nos cavernes, la présence de ces deux espèces qui vivent ordi- nairement dans nos rivières ou les fleuves paroîtroit singu- lière; mais comme nous attribuons ce rassemblement à une toute autre cause, c’est-à-dire aux alluvions qui ont dispersé le diliunum sur la surface du sol, la présence de ces animaux aquatiques dans nos souterrains ne peut pas plus nous étonner que celle des animaux terrestres qui les accompagnent, mais dont les débris sont de beaucoup les plus nombreux. GENRE CHIEN {CANIS). Les carnassiers que nous allons décrire se rapportent à la deuxième division des digitigrades, c’est-à-dire à ceux qui ont deux tuberculeuses plates derrière la carnassière supérieure. Cette tribu n’est représentée dans nos cavernes que par le genre chien (cazzw), genre qui comprend seulement deux espèces. Ces deux espèces sont fort rapprochées : la première, ou la plus grande, du chien domestique (mzzw familiaris') , et de la race connue vulgairement sous le nom de chien d’ar- rêt; la seconde paroît tout-à-fait analogue au renard (^canis vulpesy L’on auroit pu en recounoître jusqu’à trois, si les caractères tirés de la grandeur pouvoient être considérés comme spécifiques, et non comme étant dans les limites des variations qu’éprouvent les espèces les mieux circonscrites; 340 RECHERCHES SUR LES OSSEMEMS FOSSILES mais toujours résulte-t--il de nos observations que le plus grand de nos cavernes, dont ia force étoit inférieure à celle du loup (canis lupus), présentoit d’assez grandes dif- férences dans sa stature, différence sensible même sur le petit nombre d’individus qui nous restent de cette espèce. Nous allons donc indiquer ces deux espèces, en commen- çant par celle qui est fort rapprochée du chien ordinaire. I®. Chien (canis familiaris. ) Â. Os de la tête. Les plus grands individus des chiens ensevelis dans les cavernes de Lunel-Vieil semblent, d’après leur taille, avoir été intermédiaires entre le chien courant et le loup. Les os de la tête qui ont servi à établir cette espèce sont, pre- mièrement, deux fragmens de maxillaire supérieur du côté gauche : l’un de ces maxillaires offre la carnassière et l’a- vant-dernière tuberculeuse, tandis que l’autre ne conserve plus que les deux dernières tuberculeuses. Ces dents ne dif- fèrent point de celles du chien ordinaire : quoique peu usées, elles signalent cependant, comme les maxillaires dont elles dépendent, des individus tout-à-fait adultes. Pour mieux faire juger du rapport que présentent ces dents avec celles de nos espèces vivantes , nous les avons comparées, ainsi que les os que nous allons signaler, avec les squelettes du loup, du chien d’arrêt et du chien dogue. La longueur d’avant en arrière de la carnassière du chien de nos cavernes est de 0,022; celle du chien loup est de 0,024, et celle du chien courant seulement de 0,019. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. ?)[i I La tuberculeuse qui succède à la carnassière a, pour expres- sion de son diamètre transverse, 0,0193 dans le loup, 0,021 , et dans le chien courant 0,018. Quant à la dernière tuberculeuse, son diamètre transverse est de 0,0 13 3 de 0,01 2 dans le loup, et de 0,01 1 dans le chien courant. Le chien enseveli dans nos cavernes ayant sa dernière tu- berculeuse plus large que celle du loup, devoit être moins carnassier que cette espèce, conclusion qu'annonce également le peu de force des branches de son maxillaire. Outre ces fragmens de maxillaires supérieurs, nous possé- dons deux demi-maxillaires inférieurs qui paroissent avoir appartenu au même individu 3 du moins ces deux fragmens se sont parfartement joints, en sorte qu’ils nous ont donné la forme exacte du maxillaire inférieur. La plupart des dents s’y trouvent encore3 il n’y manque que la première fausse molaire du côté droit, et les deux tuberculeuses du côté op- posé qui viennent immédiatement après la carnassière. Notre maxillaire seroit donc à peu près complet , s’il n’avoit pas été privé de ses branches montantes. On cherche en vain dans ce maxillaire la petite tubercu- leuse que l’on voit dans le loup et le renard, en arrière de la dent qui suit la carnassière. Cependant cette même dent pa- roît avoir existé dans certains maxillaires des chiens de nos cavernes, où l’on aperçoit encore les alvéoles qui les renfer- moient, alvéoles qui sur d’autres se montrent oblitérées. La petite tuberculeuse dont nous parlons s’observe également dans plusieurs maxillaires des chiens vivans de races diffé- rentes, avec cette particularité, que tandis que cette dent existe 342 RECHERCHES SUR LES OSSEMEIVS FOSSILES sur un côté, on n’en voit pas de traces distinctes sur le côté opposé. L’absence de la dernière tuberculeuse, dans certains maxil- laires inférieurs des chiens vivons, comme dans ceux des chiens de nos cavernes, tieudroit-elle uniquement de la différence d’âge des individus où elle existe, comparés à ceux où l’on n’en voit plus de traces? Il paroîtroit bien que chez les chiens vieux et très-âgés cette dent manque quelquefois, parce que la dent a été expulsée de l’alvéole où elle étoit logée, taudis c[ue, d’un autre côté, on la retrouve assez fréquemment chez la plupart des jeunes individus. Mais il suffît que cette dent existe chez certains chiens, et que d’autres en soient privés, pour ne devoir pas en attribuer d’une manière géné- rale l’absence à l’âge ou à l’effet de la mastication. Sans doute les chiens ensevelis dans les cavernes de Lu- nel-Vieil sont plus semblables au chien, tel qu’on suppose qu’il étoit avant d’avoir subi l’influence de l’homme, qu’à la plupart des races domestiques, puisqu’ils paroissent inter- médiaires entre le loup et le chien d’arrêt. Leur museau étoit en effet plus alongé, comme le devient celui des chiens qui, abandonnés à eux-mêmes, retournent à l’état sauvage. Toutes les parties de leur squelette étoient plus fortes, toutes pro- portions gardées, surtout les vertèbres dorsales et lombaires, que ne le sont ces mêmes parties dans la plupart de nos chiens, à l’exception cependant du chien de berger. Les em- preintes des attaches musculaires confirment la même re- marque , et annoncent des carnassiers plus forts et plus ro- bustes que la plupart des chiens actuels. Mais tandis que certains individus de ces chiens présentent de nombreux rap- t)ES C.WERNES DE LUNEL-VIEIL. 343 ports avec le loup, d’autres en offrent avec le renard, ainsi que nous le ferons plus tard observer, preuve indépendante de la première, et qui annonce comme celle-ci que nos chiens n’avoient pas entièrement conserve l’uniformité de leur type primitif, ni une identité absolue dans leurs carac- tères essentiels, à moins que l’on ne considère ces diffé- rences comme spécifiques, et non comme des caractères an- nonçant diverses races de chiens. Nous devons aussi faire remarquer que dans les squelettes de loup que nous avons sous les yeux la dernière tubercu- leuse supérieure recouvre entièrement la dernière tubercu- leuse inférieure. De même, chez le renard, la dernière tu- berculeuse supérieure recouvre la moitié antérieure de la dernière tuberculeuse inférieure , tandis que chez les chiens cette même dent supérieure avance presque tout-à-fait sur la partie antérieure de la dent inférieure, au point que celle- ci reste tout-à-fait en arrière, et n’est point soutenue par la supérieure; disposition qui permet à cette dent de fuser hors de son alvéole, et de disparoître de bonne heure. L’on voit également sur quelques têtes de renards que cette dernière tuberculeuse a disparu d’un côté , que f alvéole est oblitérée, tandis qu’elle existe du côté opposé. Il paroîtroit donc que lorsque les dents ne sont pas soute- nues par celles qui leur sont superposées, ces dents fusent et sont chassées peu à peu de leurs alvéoles, qui, à la longue, finissent par s’oblitérer, en sorte que leur présence ou leur absence dépendant de cette disposition, et par suite de l’àge , ne peut être considérée comme un caractère spécifique, ni peut-être comme celui d’une race particulière et distincte. 344 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES Certains des chiens ensevelis dans les cavernes de nos contrées méridionales présenteroient donc la petite tuber- .culeuse qui, chez le loup et le renard, se trouve en arrière de la tuberculeuse placée après la carnassière, et d’autres en seroient complètement privés. Cette différence remarquable n’indique pourtant pas une espèce différente, ni même peut- être à elle seule plusieurs races parmi les chiens dont les dé- bris se montrent dans nos souterrains. On a admis cependant que, par une suite de notre influence, nous avions développé dans le chien une fausse molaire de plus, soit d’un côté, soit de l'autre, comme nous avions produit dans certaines races de chiens un doigt de plus au pied de derrière, avec ses os du tarse correspondans (i). Or les différences étant ici du même ordre, n’indiqueroient, si l’on adopte cette dernière opinion, que des variations d’une même espèce, ou des races diverses distinguées par des caractères déjà assez profonds. Du reste, les formes des dents de nos chiens ne paroissent pas différentes de celles des chiens vivans. .11 y a plus encore, Tusure des dents a dû s’opérer comme dans les temps pré- sens, puisqu’elle a produit le même genre de détrition dans les unes et dans les autres. Les branches des maxillaires des chiens de nos cavernes diffèrent de celles du loup par leur force moins considérable, ainsi que par le rapprochement de la carnassière d’un côté à celle du côté opposé, rapprochement qui devoit donner à nos chiens un museau plus alongé, et les rendre assez sembla- bles aux lévriers. (i) Discours sur les révolutions de la surface du Globe, par M. Cuvier, p. 124 et 125. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 345 Aussi la distance que l’on observe sur notre maxillaire in- férieur entre le bord tranchant de la première incisive et le bord postérieur de la tuberculeuse placée après la carnas- sière est-il de o,io5, tandis que l’on trouve pour la même distance dans le loup o,ii8, dans le chien d’arrêt o, loi , et dans le dogue o,i 1 1. La carnassière a dans son diamètre antéro-postérieur o,oa5^ tandis qu’elle offre 0,028 dans le loup, et seulement 0,022 dans le chien d’arrêt, et 0,024 dans le dogue. Quant à l’é- cartement qui existe entre la pointe la plus élevée de la car- nassière et celle du côté opposé, on le trouve de o,o45 dans notre espèce, et de o,o55 dans le loup. Sept autres fragmens de maxillaire inférieur, dont trois du côté gauche et quatre du côté droit, ne nous ont pré- senté des différences entre eux c|ue dans le plus ou le moins de force des branches qui eu font partie , ainsi que dans le diamètre antéro-postérieur de leur carnassière, qui varie de- puis 0,022 jusqu’à 0,028. Il est cependant un de ces frag- mens dont la canine plus longue et plus aiguë, ainsi que le moins de hauteur des branches du maxillaire dans le sens vertical des dents, pourroit faire supposer que cette portion de maxillaire avoit appartenu au renard. Mais le renard qui auroit eu un pareil maxillaire auroit été d’une taille tellement supérieure h celle de l’espèce vivante, que, comme ses autres rapports ne viennent point confirmer un pareil rapproche- ment, on pourroit, en se fondant sur ces différences, sup- poser que les chiens de Lunel-Vieil constituoient plusieurs espèces ou races distinctes. Nous possédons encore neuf canines, soit inférieures, soit Mém. du Muséum, t. 18. 4^ 346 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES supérieures, dont trois se rapportent au côté droit, et six au côté gauche, qui, ne différant entre elles que par un peu plus ou un peu moins de force, semblent avoir appartenu à la même espèce de chien. Ces dents signalent cependant des individus d’âges très-divers. Certaines de ces dents en effet ont leur pointe usée, tandis que d’autres sont au con- traire tout-à-fait aiguës au sommet. Dans l’une d’elles, la cavité de la racine n’^étoit point edcore oblitérée : les plus grosses ont toutes paru pl,us petites cjue celles du loup. Une comparaison exacte de ces canines avec celles du loup nous a prouvé que, tandis que leur longueur étoit de o,o45, celle de la portion émaillée, prise en dehors, de 0,020, et la plus grande largeur de la racine de 0,012, les mêmes dimensions dans les canines du loup étoient de o,o5o, de 0,025, et de 0,01 5. Du reste, nous ne saurions trap le répéter, il n’existe de différence entre nos maxillaires, ceux du loup et du chien dogue, que dans la taille. On peut cependant observer que les molaires sont beaucoup plus rapprochées dans le chien de nos cavernes que dans le loup , où l’intervalle qui les sé- pare varie depuis un millimètre jusqu’à trois. La quatrième molaire surtout, se portant obliquement par son bord pos- térieur en dehors, recouvre par sa face interne quelques millimètres de la face externe et antérieure de la carnas- sière, en sorte que, par l’effet de ce recouvrement, ces dents font plus que se toucher, puisque l’une avance sur l’autre. Les différentes espèces ou races de chiens ensevelis dans nos cavernes, dont les maxillaires se rapprochent le plus de ceux du loup par la force et le diamètre de la carnassière, DES CAVEENES DE LUNEL-VIEIL. 347 ont bien leurs molaires plus écartées entre elles, mais jamais autant que dans le loup, d’où l’on pourroit supposer que nos chiens, quoique généralement plus petits que le loup, avoient peut-être une force aussi considérable dans leurs mâ- choires, puisque leur maxillaire inférieur avoit une moindre longueur. B. Vertèbres. Nous ne possédons qu’une seule première vertèbre cervi- cale de notre chien. Cette vertèbre a tant de rapports avec l’atlas des chiens d’arrêt actuellement vivant, qu’elle s’est parfaitement articulée avec les condyles de l’occiput d’une tête appartenant à cette variété. Seulement les apophyses trans- verses, ou les ailes, sont plus minces et moins étendues dans l’espèce de nos chiens que dans le chien d’arrêt, quoique les autres caractères soient les mêmes. Notre vertèbre, com- parée à l’atlas du loup et du dogue, présente une dispro- portion assez grande dans sa taille. En effet, la distance qui sépare l’extrémité d’une aile à l’autre est, dans notre chien, de o,o85, et la hauteur à la face postérieure de l’anneau du canal vertébral, est de 0,018 , et de 0,011 à la face antérieure. Chez le loup, la distance de l’extrémité d’une apophyse à l’autre est de o,too, et la hauteur en arrière de 0,018, et en avant de 0,011. Quant à la distance du rebord de la cavité qui reçoit les condyles, elle est trasversalement de 0,048; en sorte qu’elle surpasse celle des chiens de nos cavernes de 8 millimètres. Nous possédons encore une vertèbre dorsale, ainsi que la septième ou huitième et trois premières lombaires qui 348 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES paroissent avoir appartenu au même individu. Ges vertèbres ont les mêmes caractères que celles du genre chien; elles sont seulement plus fortes que les mêmes vertèbres du chien d’arrêt, et ont leui’s apophyses épineuses moins hautes que celles du loup, quoiqu’assez rapprochées de ces dernières par leur force. Elles paroissent plus petites que leurs ana- logues dans le chien dogue; mais par l’ensemble de leurs caractères, on ne peut guère les rapporter qu’à une espèce du genre chien. Os du train antérieur. -I /J ; ; i.. JO ' .'. Cubitus. ■■ Un cubitus, dont il existe encore les deux tiers supérieurs, nous a encore signalé une espèce de chien assez semblable au chien d’arrêt : fait qui confirme ce que nous avons déjà avancé. , D. Os du train. postérieur. •, Tibia. Nous possédons également deux tibias quisignalent encore Vi'ci canis: l’un de ces tibias est entier et très-bien conservé, tandis qu’il ne reste que le tiers inférieur du second. Le pre- mier, plus fort et plus épais, ne paroît pas avoir appartenu au même individu, ni peut-être à la même race ou à la même espèce de chien ; car il a beaucoup plus de rapports que le premier avec l’os analogue dans le loup. H’diffère cependant du tibia du loup par un peu moins de force et de longueur. Ges différences s’accordent avec celles que présentent les DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 34g différentes parties des squelettes de nos plus grands chiens , pièces osseuses qui annoncent toutes des chiens d’une taille et d’une stature inférieure à celle des loups actuellement vivant. Calcanéum. Le calcanéum du côté droit, que nous rapportons à notre chien, ne diffère pas de celui du loup, du moins d’après ses dimensions. La tubérosité de notre calcanéum est seulement moins large que celle que l’on observe sur le calcanéum du loup; celle-ci ayant jusqu’à o,oi6 d’un côté à l’autre, tandis que dans notre chien elle n’est que de 0,014. Métatarsiens. Le premier, le second et le troisième os du métatarse du côté gauche que nous possédons, semblent avoir dépendu du même individu , puisqu’ils s’articulent ensemble. Gomme les autres os que nous avons déjà décrits, ceux-ci signalent une espèce de chien plus petite que le loup , mais n’en dif- férant que par la taille et les proportions des diverses parties du squelette. Aussi, sans terme de comparaison, l’on auroit bien pu confondre notre chien avec le loup, ce que feront encore sentir les mesures suivantes. En effet, le diamètre longitudinal du premier de ces mé- tatarsiens est, dans notre chien, de 0,075, le second de o,o85, et le troisième de 0,086. Dans le loup, le même dia- mètre est pour le premier 0,078, pour le second 0,088, et pour le troisième 0,090. Quant aux autres dimensions, elles 35o RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILpS ne diffèrent guère que d’un demi-millimètre en plus, pour les os qui se rapportent au loup. Nous rapportons enfin à la même espèce de chien un fragment supérieur de la troisième ou quatrième côte du côté gauche, ainsi qu’un os sésamoide et une phalange onguéale. En résumé, l’on a pu juger par ce qui précède que l’exis- tence du chien avec les autres espèces ensevelies dai}s nos cavernes, ne peut être contestée, d’après le grand nombre des débris que l’on en observe. Ces débris indîqueroient-ils une seule et même espèce, ou annonceroient-ils plusieurs races ou plusieurs grandes variétés dans cette espèce unique? L’on peut adopter l’une ou l’autre de ces opinions, suivant que l’on considère les différences qui existent entre nos chiens, comme des différences spécifiques, ou comme étant dans les limites des variations qu’éprouvent les espèces les mieux circonscrites. 2”. Renard (canis vulpes). Cette espèce a été établie sur un moindre nombre de pièces osseuses que l’espèce précédente, mais assez cepen- dant pour juger que nos renards ne différoient pas sensible- ment des renards vivans, si ce n’est par leur taille, qui, sou- vent la même, est aussi plus considérable. Dents. Nous possédons une canine inférieure gauche qui ressemble entièrement à celle du renard 5 elle est très-longue et pointue, à bord postérieur tranchant : caractère qui lui est commun avec le bord antérieur et interne. Sa longueur totale est de DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 35 1 o,o45; celle de la partie émaillée de 0,02 r , et enfin la partie la plus large de la racine 0,010, Ces dimensions ne sont point les mêmes que celles des ca- nines des renards, qui sont plus petites et plus grêles. La forme de cette canine est du reste tellement différente de celle du chien d’arrêt, qu’on ne peut s’empêcher de la rapporter au renard, dont elle a tous les caractères, à la grandeur près. Cette dent n’appartiendroit-elle pas au chacal , ce que nous n’oserions décider, faute d’objets de comparaison? Ce qu’il y a de certain, c’est que l’espèce qu’elle signale devoit avoir une taille supérieure à celle des renards actuellement vivant. Enfin nous ferons mention d’une branche entière de maxil- laire inférieur du côté droit qui a appartenu à nos renards. Cette portion de maxillaire ne conserve plus que la carnas- sière, et ne diffère des ^maxillaires des renards actuellement vivant que par un peu plus de hauteur dans la partie de sa branche , et surtout dans la portion qui correspond au der* rière de la carnassière du train antérieur. Os dit train antérieur^ Humérus, radius, métacarpiens.. Nous possédons un humérus entier du côté gauche , ainsi qu’une moitié inférieure du côté droit d’un autre humérus, qui offrent les mêmes caractères anatomiques et les mêmes dimensions que les humérus des divers squelettes de renard,, avec lesquels nous l’avons comparé. Il en est de même d’un, radius et d’un second os du métacarpe du côté droit trouvés avec cet humérus, et que nous avons également comparés- 352 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES avec les radius de nos squelettes. Ces difFérens os ne difFèrent pas d’une manière sensible de leurs analogues, dans nos renards vivans;il en est également d’une vertèbre caudale découverte dans les limons de nos cavités souterraines. Os du train postérieur. Nous avons également découvert dans les limons de Lunel- Vieil un os des îles entier, avec lequel s’est assez bien arti- culé un fémur gauche également entier, mais trouvé fort loin du premier, et par des fouilles dilFérentes. Ces os ont annoncé un individu adulte parvenu à son entier accroissement, et l’un et l’autre n’ont point paru différer d’une manière appré- ciable des os analogues des renards actuellement vivant. Ils ont donc servi à confirmer l’existence de cette espèce dans nos cavernes. Ce petit nombre de pièces osseuses suffît donc pour prou- ver qu’il a été enseveli dans nos cavernes, avec les autres animaux que l’on y déterre , une espèce du genre chien tellement rapprochée du renard, qu’on ne sauroit l’en sépa- rer. Ce renard variait par la taille, puisque les uns étoient beaucoup plus grands que les renards actuellement vivant, tandis que les autres étoient tout-à-fait semblables à ceux-ci par leurs dimensions. Nous avons également comparé ces débris, évidemment du même âge que ceux ensevelis dans les cavernes de Lunel-Vieil, avec difFérens restes de renard qui, dans les temps présens, avoient été périr naturellement dans ces cavités. Cette comparaison faite avec toute l’atten- tion dont nous pouvons être susceptible, n’a indiqué aucune DES CAVERNES DE ÉUNEL-ŸiElti 353 différence appréciable entré lés tins et tés'âütrés. Cés der- niers débris, presque de nos jours, se distinguoient des pre- miers par leur ténacité, par leur couleur, et parcé qu’ils ne ne happoient pas à la langue, et enfin parce que calcinés ils devenoient d’un noir foncé, se réduisant en véritable charbon animal. Les cavernes de Lunel-Vieil recèlent donc des débris de •O deux espèces au moins du genre chien. La plus grande, fort rapprochée du chien domestique , constitué ou deux espèces distinctes, ou tout au moins plusieurs races : opinion qui nous paroît plus probable que la première; la plus petite enfin, extrêmement voisine du renard , ne sauroit en être distinguée par aucun caractère positif. La présence de deux espèces semblables à nos races actuelles est une preuve de plus que les dépôts diluviens ou quaternaires recèlent à la fois des espèces perdues et des espèces semblables aux nôtres. Méin. du Muséum, t. i8. •46 354 RECHEnCSES SUR LES OSSEMEINS FOSSILES Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche XVI. GENRE OURS. Ours des cavernes (ursusispelæus). (Les divers os repre'sentc's sar cette planche ont e'te' dessine's de grandeur naturelle.) 1. Partie ante'rieure de branche gauche de maxillaire inférieur à’iirsus spelœus, offrant la canine vue par sa face externe. 2. Canine inférieure du côté droit, vue par sa face interne. 3. Incisive supérieure gauche latérale, ou troisième de cette sorte de dent, vue par sa face externe et postérieure. /}. Incisive inférieure du côté droit , la troisième ou latérale, vue par sa face correspondante à la seconde incisive, et par sa face buccale. 5. Portion de maxillaire supérieur du côté gauche, vue par sa face interne, montrant l’antépénultième molaire, ainsi que les stries de cette face , et celles de la surface triturante. 6. Dernière molaire supérieure gauche, vue par sa face interne et sa sur- face triturante , dont le bord interne est détruit, et les stries usées par la détrition. 'J. Dernière molaire inférieure du côté gauche, vue par sa face interne et sa surface triturante. Ours arctoïde (ursus arctoïdeus). 8. Antépénultième molaire supérieure gauche , vue par sa face interne et sa surface triturante, dont l’émail est usé vers le bord interne. I. Dernière molaire supérieure du côté droit, vue par sa face interne et sa surface triturante , dont l’émail est presque tout détruit par la masti- cation. DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 355 Blaireau ( ursus meles). Fig. 10. Museau et partie antérieure de crâne de blaireau, vu par sa face supe'- rieure. Fig. II. Branche de maxillaire inférieur du côté droit, vu par sa face externe. Fig. 12. Branche gauche de maxillaire inférieur, vue par sa face externe , et sa surface triturante. Fig. i3. Humérus du côté droit, vu par sa face antérieure. PLANCHE XVII. GENRE CHIEN {CANls), (Espèce intermèdi.iire entre le loup et le chien d’arrêt, mais pins rapprochée dn canis JamiliarU que du canis lupus. Tons ces fragmcns sont représentés de giandenr naturelle. ) Fig. I. Fragment de maxillaire supérieur du côté gauche , contenant la carnas- sière et l’avant-dernière tuberculeuse , vu par sa face palatine. Fig. 2. Portion de maxillaire supérieur du côté gauche, avec les deux tubercu- leuses, vues par leurs faces triturantes. Fig. 3. Maxillaire inférieur offrant toutes ses dents, la première fausse molaire du côté droit et la tuberculeuse du côté gauche exceptées , vu du côté gauche. Fig. 4- Atlas présentant les faces articulaires condyloïdiennes, et la face infé- rieure du corps et des ailes ayant appartenu à un chien de la taille de nos chiens d’arrêt, à ailes pluj minces que chez ce dernier. Fig. 5. Tibia du côté gauche, vu par sa face antérieure, et tourné de haut en bas. Fig. 6. Calcanéum du côté droit , vu par sa face articulaire avec l’astragale , et un peu par sa face interne. Fig. 7. Phalange onguéale de chien. Renard (canis vulpes). Fig. 8. Humérus du côté droit de renard , vu par sa face antérieure , dont il ne rejle plus que les deux tiers inférieurs. Fig. 9. Radius du côté droit de renard , vu par sa face antérieure. Fig. 10. Canine inférieure du côté gauche de renard , vue par sa face externe. 356 eecherches sue ees ossemens fossiles, etc. Fig. II. Carnassière inférieure de renard du côté droit, vue par sa face externe. Fig. 13. La même dent, vue par sa face interne. Fig. i3. Troisième os du métacarpe du côté droit de renard. DIGITIGRADES. Loutre (mustela lutra). Fig. 14. Maxillaire inférieur du côté droit de loutre {mustela lutra) , vu par sa face externe. Fig. i5. Le même , vu par son Lord alvéolaire, présentant toute la face supérieure de la carnassière, etc. Tome,. 18. i'L.,10, OUH.'i dos CAVEJIXKS. - OVRS AHCTOWF. - HLMHKAr. ZuA Jf Tome l8 PJ,.]/. I iiii:.\ - nr.XAtw - i.orriu: ÎL DESCRIPTION D’UN NOUVEAU GENRE DE L’ORDRE DES DOUVES. ET DE DEUX ESPÈCES DE STRONGLES^ , PAR M. KUHN, D. M. Parmi les entozoaires dont je vais donner la description, deux appartiennent au genre strongle, et deux autres for- ment un genre nouveau de l’ordre des douves ou des tré- matodes. J’ai déjà décrit ailleurs une des deux espèces de strongles (voy. le Bulletin des Sc. nat. , avril 1829) ; mais j’ai cru devoir reproduire ici cette description, parce que je l’ac- compagne de figures, et que d’ailleurs l’on a ainsi la facilité de pouvoir comparer entre elles deux espèces qui se rencon- trent sur un même animal. Les douves rentreroient dans le genre Pofystoma de M. Ru- dolplii, si cet auteur avoit conservé les caractères qu’il avoit primitivement assignés à ce genre; car dans son premier traité d’helminthologie sipe vermium intes- tinalium Histor. nat.^ 1810), il donne pour caractère du genre Polystoma : « pori antici complures ». Mais depuis 358 NOUVEAU GENRE DE l’oRDRE DES DOUVES M. Rudolphi a resserré ce genre dans des limites plus étroites, et dans son Syjiopsis il n’admet plus parmi les Polystoma que les douves à six pores antérieurs. En opérant ce chan- gement, il auroit dû transformer en même temps le nom de Polystoma, qui n’est plus assez précis, en celui à’Hexas- toma. Quoi qu’il en soit, je me vois dans la nécessité de créer un genre nouveau, pour lequel le nom à’ Octostoma se pré- sente tout naturellement, vu le nombre des pores. En voici les caractères ; GENUS OCTOSTOMA: Corpus molle depressum continuum^ caput poris sucto- riis oçto mstructum. I. O. ALOSÆ : Capite angiilato', poris antrorsîim coru^er- gentibus. — Hab. in Clupece Alosœ branchiis, L’octostoma de l’alose est un ver long de cinq à six lignes, et ayant un peu plus d’une demi-ligne de largeur dans le milieu. Son corps est mou et n’olFre pas la moindre résistance; il est aplati, continu ou sans traces d’articulations, et rétréci vers les deux extrémités : le rétrécissement antérieur cons- titue le col, qui supporte une tête plus large, aplatie et trian- gulaire ; le rétrécisssement postérieur se termine en une queue pointue. Le ver présente deux surfaces, l’une supé- rieure et l’autre inférieure, qu’on peut distinguer l’une de l’autre soit à la tête soit à la queue; la surface inférieure se reconnoît à la tête, parce que là elle est concave, et que c’est sur elle que se trouvent les suçoirs; à la queue, parce que là elle présente l’orifice de l’anus.. La surface supérieure se re- ET DEUX ESPÈCES DE- STRONGLES. 35g connoît à la convexité de la tête_, et à l’absence de l’anus sur la queue. La tête présente une espèce de triangle dont la base se con- tinue avec le col, et dont le sommet (qui est antérieur) cons- titue une sorte de museau légèrement obtus, et plus ou moins prolongé, selon les individus. Le milieu de la tête ofFre deux bandes obscures très-rapprochées, et qui se continuent dans le corps; elles sont formées par l’agglomération des matières contenues dans le tube digestif. La tête est mince et trans- parente à ses deux bords; chacun de ceux-ci est pourvu in- férieurement de quatre pores légèrement pédiculés, ou, en d’autres termes, de quatre petits mamelons percés d’un ori- fice à leur sommet. Ces huit pores sont disposés selon deux lignes qui se rencontreroient à angle aigu au devant du mu- seau: les deux postérieures, qui sont les plus écartées, corres- pondent aux angles latéraux de la tête; les deux antérieures, qui sont les plus rapprochées de la ligne médiane, sont situées à une certaine distance en arrière de l’extrémité du museau. Les pores sont d’autant plus grands qu’ils sont plus posté- rieurs; ils s’ouvrent à la snrface inférieure de l’animal, et la concavité que présente la tête à cette même surface permet à l’épizoaire d’embrasser les lames branchiales, pour s’y fixer à l’aide de ses pores qui font office de ventouses. Le tube digestif est double antérieurement et simple pos- térieurement, en supposant toutefois que la partie que je nomme la tête soit réellement la partie antérieure de l’ani- mal; il se manifeste sous l’apparence de deux bandes noires le long des côtés de l’animal. Ces bandes commencent entre les deux premiers pores par deux orifices (bouches) qui y 36o NOUVEAU GENKE DE l’oRDRE DES DOUVES communiquent, et qui sont très-peu visibles dans cette es- pèce. Après avoir été rapprochées l’une de l’autre à la tête et au col, ces mêmes bandes s’écartent en devenant plus claires et plus étroites, et suivent les parties latérales du corps de l’animal; en sorte qu’il reste une surface oblongue dans leur interstice. En s’approchant de la queue ces bandes re- deviennent plus larges et plus foncées, et se réunissent vers le commencement de la queue en un intestin simple et unique, dont on peut facilement suivre la trace jusqu’à l’a- nus. La couleur foncée de tout l’apareil digestif résulte, comme je l’ai déjà dit, de la présence de la matière alimen- taire; cette matière, vue au microscope, se présente sous forme d’un amas de corpuscules opaques et arrondis, très- rapprochés à la tête, au col et au commencement de la queue, et plus disséminés au milieu du corps et dans le voisinage de l’anus. Ce dernier se trouve sous la queue, un peu en avant de l’extrémité; son orifice, qui est légèrement triangulaire, mène dans une espèce d’intestin rectum parfaitement transpa- rent, et distinct aux endroits où il n’y a point de globules de matière fécale. Immédiatement derrière l’anus, et sur les côtés de cette ouverture, se trouvent deux pores (pores postérieurs) qui sont arrondis, et qui servent, sans doute, à fixer l’extrémité pos- térieure de l’épizoaire. L’ovaire occupe tout l’espace qui résulte de l’écartement des deux divisions du tube digestif; il est oblong et terminé en pointe à ses deux extrémités; vu au microscope, il pré- sente deux séries de corpuscules (ovules) jaunâtres, alon- gés, disposés comme les divisions d’une feuille de fougère, ET DEUX ESPÈCES DE STRONGLES. 36 1 gère, et sur les côtés d’une ligne médiane plus claire. Les plus inférieurs de ces corpuscules sout les plus développés. UOctostoma que je viens de décrire se trouve souvent en trèS‘grande quantité dans les branchies de l’alose, où il est replié entre les lames branchiales; de sorte qu’en n’y regar- dant pas de bien près, on pourroit aisément le prendre pour de petits flocons de mucosités. J’ai examiné une vingtaine d’aloses, et il n’y en a pas une seule sur laquelle je n’en aie trouvé un plus ou moins grand nombre. 2. O. scoMBRi. Capite ohtuso ^ trimcato' poris antrorsîim dwej'gentibus. — Hah. in Scombri branchiis. U Octostoma du maquereau commun n’a que trois lignes de longueur; il est aplati comme le précédent, et rétréci vers ses deux extrémités. Sa tête est obtuse antérieurement, et les deux séries de pores cju’elle offre à sa surface inférieure sont disposées de maniéré qu’elles s’écartent antérieurement, ce qui est précisément l’inverse de ce qu’on a vu dans l’espèce précédente; ces pores sont également supportés par de petits mamelons qui les rendent saillans. Entre les deux pores les plus antérieurs, et un peu plus en avant, se trouvent deux orifices (les bouches, si c’ést là la partie antérieure de l’a- nimal); chacun de ces orifices mène à son canal digestif cor- respondant. Les deux canaux digestifs, qui sont latéraux, et qui se distinguent facilement par la présence des matières alimentaires, se réunissent vers l’extrémité postérieure de l’animal; de cette réunion résulte un canal unique (rectum), qui se termine par un orifice anal arrondi : cette disposition ressemble absolument à celle de l’espèce précédente. Des Mém. du Muséum, t. i8. 4? 36a NOUVEAU GENRE DE l’oRDHE DES DOUVES deux côtés de l’anus, et un peu plus en arrière, se trouvent aussi les deux pores postérieurs; mais qui ont une forme oblongue dans cette espèce. Dans l’interstice des deux par- ties de l’appareil digestif fon remarque l’ovaire, dont les ovules présentent un arrangement beaucoup plus irrégulier que dans X Octostoma de l’alose. J’ai toujours désigné ici, sous le nom de tête, l’extrémité de l’helminthe qui est pourvue de huit pores, quoique rien ne justifie d’ailleurs cette manière de voir : en ceci je n’ai fait que suivre l’exemple des auteurs en général , ,qui pren- nent pour extrémité céphalique, dans les Polystoma , celle qui présente les six pores. Cependant il seroit fort possible que cette manière de voir ne fût pas juste, et j’ai quelque pen- chant à le croire , depuis que j’ai vu en vie des Polystoma que j’ai trouvés sur le Squalus catidus , et dont je donnerai prochainement la description. Ces Polystoma exécutent des mouvemens en tout analogues à ceux de la sangsue : fixés d’un côté à l’aide de leurs six pores, et d’une manière très- solide sur les lames branchiales, ils se meuvent en tous sens avec l’autre extrémité (qui est supposée être la queue); on les voit appliquer cette extrémité comme pour sucer, puis la porter à un autre endroit, puis quitter de nouveau, puis parcourir toute l’étendue d’une lame branchiale, et enfin la fixer lorsqu’il s’est rencontré un endroit favorable à la suc- cion. C’est absolument le mênae jeu que celui d’une sang- sue qui met quelque difficulté à prendre; fixée par son extré- mité postérieure , elle parcourt avec sa bouche différens en- droits de la peau, jusqu’à ce qu’elle finisse par en trouver un qui lui convienne. ET DEUX ESPÈCES DE STRONGLES. 363 En disséquant deux marsouins, ce printemps, j’ai trouvé les veines de la base du crâne, les bronches et les veines pul- monaires remplies d’helminthes, que j’ai vu aussitôt ne pas appartenir tous à une seule et même espèce; ils présentoient eu effet des différences telleiuent tranchées, qu’on en étoit frappé au premier coup d’oeil. L’observation microscopique est venue confirmer pleinement la réalité de cette première apparence. Parmi ces helminthes, il y avoit d’abord le Stron~ gylus iivflexus^ qui est connu depuis long-temps, et qui est le seul qu’on ait encore décrit comme appartenant an mar- souin. Il y avoit ensuite deux autres espèces plus petites, encore nouvelles, et que je vais décrire sous les noms de St. minor et de St. conuolutus. On connoîtroit maintenant, d’a- près cela, trois espèces de Strongles sur un seul cétacé : cette circonstance a dù m’inspirer de la défiance, et me faire soup- çonner que tous ces Strongles n’étoient qu’une seule espèce à différens états; mais tous étoient adultes, les ovaires étoieut pleins, les différentes espèces n’étoient point mélangées, et il y avoit des caractères tellement différentiels , qu’il ne m’a point été possible de les laisser réunies sous un seul nom spécifique, sans tomber dans le vague. Voici les caractères des deux espèces nouvelles : I. Strongylüs minor. St. corpore filiformi rectiusculo anticè parùm, posticè miiltb magis attenuato, masculo octo llneas.) feminino polUcein longo. Ore nudo orhiculari. Maris cauda leç>iter inflexa, parîim incrassans • bursa 364 NOUVEAU GENRE DE l’oRDRE DES DOUVES biloba (i) , lobo anteriore subbipariïto in corpus antrorsùm abeuntè^ lobo posteriore appendicibus tribus, binis latera- libus, tertiâ posticâ, instructo. Femiîjæ cauda simplex , acuta, ante cujus apicem tuber- culum génitale eminet. Habitat in Delphini Phocenœ bronchiis, vasis pulmo- niim , ac prœsertïm venosis cranii sinubus. C’estprobablement cette espèce deStrongle queM. Rudol- phi a vue, mais qu’il a confondue avec le Strongylus inflexus. En effet, en parlant de ce dernier, il dit qu’on le trouve dans la cavité du tympan et dans les bronches du marsouin; et il ajoute que ceux de la cavité du tympan ont un demi-pouce à un pouce et demi de longueur, tandis que ceux des bronches sont longs de six à huit pouces ; mais comme il n’avoit que des vers qui avoient été long-temps conservés dans l’alcool, il lui a été impossible de donner une description précise de la confor- mation délicate du petit Strongle, et, dans l’incertitude, il a laissé les deux espèces réunies. Le Strongylus minorée, trouve de préférence dans les sinus veineux de la base du crâne; je ne l’ai même trouvé que là sur un des deux marsouins que j’ai disséqués. Comme dans le mar- souin le sinus caverneux s’étend jusque dans l’intérieur de l’os tympanal, et que la cavité du tympan n’est qu’une dépen- (i) Dans la note que j’ai insérée dans le Bulletin des Scienc. nat., j’ai dit que la bourse étoit trilobée , parce que j’ai considéré les deux renflemens du lobe antérieur comme des lobes distincts; mais je crois m’approcher davantage de la vérité en n’admettant que deux lobes, dont l’antérieur est subdivisé par une légère dépression. ET DEUX ESpI^ÇES DE STROXGLES. 3(55 dance de ce sinus, et non de l’appareil guttural, il s’ensuit que dès qu’il y a des helminthes dans les veines du crâne, ceux-ci peuvent aussi passer dans la cavité du tympan, qui est pleine de sang au lieu d’être remplie d’air, comme dans les animaux à audition aérienne. C’est pour cette raison que K-lein et Camper ont pu dire que.le marsouin avait des hel- minthes dans le tympan. Les sinus caverneux et la plupart des autres veines de la base du crâne sont remplis de ces petits Strongles parallèle- ment agglomérés les uns aux autres, et Von est étonné de ce qu’un animal ait pu vivre ayant les veines céphaliques pour ainsi dire farcies d’entozoaires. 2. Strongylus convolutus. Sf. capillaris^ cojitortus {vermes sibi circumuoluti') j coj'pus maris pulUcejn, feinmce lineas vigenti longuni' caput tnmcatum , os nudum oj'biculare. Maris cauda leviter dilatata- hursa biloba, loho ante^ riore majore complanato , posteiàore rotimdato tribus in- cluso appendicibus, qiiannn binœ latérales, tertiaque pos- terior. Qiios inter lobos filum génitale prosilit. Feminæ cauda apice coarctata , a?itè vulaam depressam vesiculâ pajvâ sphœricâ instructa, quœ leai iractu vesicii- loso corpori contmuatur. Habitat in Delphini Phocenœ bronchiis atque vasis pulmonum. Cette espèce, qui est très- délicate, se distingue par son corps flexueux, et parce que les individus sont entortillés les uns dans les autres de telle manière qu’il devient souvent •n \ ' 366 NOUVEAU GENRE DE l’ ORDRE DES DOUVES impossible de l^s èjéparèr^fsaés les 'déchirer. Les mâles Sont partout uniformément grêles et repliés 5 les femelles ne sont grêles et flexueuses que dans la mbîtié ou lés deux tiers antérieurs; car rovairé;‘qui ‘occupé la moitié ou le tiers pos- térieur, donne a cette partie un jjeu plus de volume et de consistance. Les rhâles sé reconiioissent même à rœil nu par un petit renflement qu’ils présentent à Textrémité de la queue; les -femelles de cette espèce présentent un phéno- mène particuliër, c’ést que leur qüeue est pourvue d’une petite vésicule analogue à la bourse des mâles. Ce caractère, tant que je sache, ne se retrouve dans aucune autre espèce de Strongle. Le Strongylus conpolutüs est plus rare que les deux autres espèces du marsouin. Parmi ceux de cette espèce, que j’ai trouvés, le npmbre des femelles dépassoitde beaucoup celui des mâles. Pour mieux faire ressortir les caractères distinctifs des trois espèces de Strongles du marsouin, je les mettrai en regard ' dans le tableau c]ui suit : I ET . DEUX ESPECES DE kSTEONGLES. STRONGîLWiNFEEXUS; Long de six à huit pouces. La partie antérieure du corps est seule flexueuse , et ramassée dans de pe- tites poches qui sont dans le poumon. Le mâle seul est sensible- ment aminci en arrière. Bouèse du mâle trilobée ; le lobe postérieur profon- dément divisé, et muni de deux appendices.en forme de cornes; le lobe moyen petit , arrondi latérale- ment ; l’antérieur, grand, alongé, bosselé, et se per-' ■ C- il'’ dant S9US le corps en avant. Queue de la "femelle ren- flée et munie de deux çro-r, chets. .1.1 J i ■;i ■ ■iull -1 j:(. ' ! ; -- t \ ■ ' jxé ' . . ; ■ m "' '7. . . — i) •: ii .1 -- . ■ > ' siifi '■■ ■ STRONGTI3ÜS-MINOïîr=^"- Long de huit lignes à un pouce. Les corps est presque tout droit; les individus réunis par fascicules dans les veines ou les, bronches. , .J— .;,i . Les deux sexes sont amin- cis Y,ers les bouts ,;surtout en arrière. ■! ) ! . flj . !)' L ■ •, ’I(R r,S. Bourse bilobée ; le lobe.-pos- térieur muni de trois ap- pendices; l’antérieur of- frant deux bosselures, et •se perdant en avant sous le corps. ^ Queue de la femelle sim- plement terminée; vulve saillante. ■ ' -i .... ,1 ■ 367 STR0îîGYEBS'UOfNVOLDTüS Long de un pouce à vingt lignes. Le corps est entièrement plié , si ce n’est la partie occupée par l’ovaire de la femelle; les individus ag- . glomérés, entortillés. Le corps èst partout uni- forme'pour la grosseur; l’ovaire seul donne un peu plus de relief à la partie , po,stér.ie.urede la femelle. Bourse bilobée ; le lobe pos- térieur muni de trois ap- pendices; l’antérieuruni, aplati, nettement. termi- né; Queue de la femelle mu- nie d’une vésicule; vulve déprimée. 3Ô8 NOUVEAU GENRE DE l’ ORDRE DES DOUVES, ETC. EXPLICATION DES FIGURES. ■ s ,■ i ' I ,t; J. ■ . ■■I ,ln ' j-ro:' : ; ■:•■■■ r ■ -J;'; ■ . ; Frc. I. Octostoma alos'æ de, grandeur naturelle. — a. La tête. — b. Extrémité ■*’ eaudale. • . - ' iu î. Le mêmei^'ASsi , vu par la face inféi-téare; —fl!. Le miiîéaa. b,b,b,b ,Les-qu«^t^e poires d’un côté. — c,c,c. Canal alimentaire d’un côté, rempli de matières. — ,4. Intestin reçtutn. — e. Anus. — J\f. Pores postérieurs. — ■ g, g. Ovaires'. ' 3. La tête du' inêine', Vué obliqttéftient, 'en-^orte que les éuçoirs paroissent davantage, a. jLe museau. — bi,b,à,b..Lei quatre suçoirs d’un côté. 4. Octostoma scoinb'ri de grandeur naturelle. 5. Le même grossi, vu par la face inférieure. — ^ a,a,a,a. Les quatres pores d’inf côté; Les deux orifices alitérietirs de l’appareil digestif. — c,c,c. 'Canal- digestif d’ôn côté. — rf. Rectum; — e. AnilS, — ■ f,f^ Pores postérieurs.; — gl Ovaire. , - :ol . ' .-i : . , 6. Strongjlus convolutus de. grandeur naturelle. — A. Le . mâle. — a. La tête. — ô;'Lâ queue. — 5. Lâ femellé. — u. La tête. — b. La queue. 7. Le même, la queue du; mâle grossie et vue .de côté; on voit le pénis s’avancer entre les deux lobes de la bourse, jj , . ,g,._ ,, 8. Le même, la queue du mâle grossie et vue ;pac'' la face, supérieure; on aperçoit distinctement les trois appendices'du lobé pôstérleufde la bourse; le lobe antérieur dépasse un peu le corps des |deus côtés. . ;Ji.£ i .r • 9. Le même, la quque de ,1a femelle grossie et vue côté ; on aperçoit; un peu au devant de l’extrémité , la vésicule avec soh prolongement, qui se perd antérieureifient ; derrière la vésicule est 'uti pdtîf-enfoncement dans lequel s’ouvre la vulve. 10. Strongjlus ininof de grandeur naturelle. — A. Le rnâle. — fl; La t,ête^ b. La queue. — B. La femelle. — a, La tête. — b. La queue. 11. Le même, la quiené du ntâle ' giossie et ivUe'dè côiéj on aperçoit' de profil les deuk lobes de la bourse. ;lii ,e . 12. Le metfie , la quéue du mâle grossie et vue;par la face supérieure; on aperçoit les troi.t appendices du lobe postériéur de la bourse. 13. Le même, la queue di la femelle grossie; on voit au devant du sommet de la queue un petit renflement où s’ouvre la vulve. 14. Strongjlus inflexus mâle, de grandeur naturelle. — fl. Extrémité buccale. — b. Extrémité caudale. 15. Extrémité caudale du même, grossie et vue par la face supérieure. — fl, fl. Les deux divisions du lobe postérieur de la bourse ; on voit chacune de ces divisions munie d’un appendice charnu , destiné à la soutenir. — h, b. Lobe moyen. — c,c Lobe antérieur se perdant sous le corps. 16. Strongylus injlexus femelle, de grandeur naturelle. — a. Extrémité buccale. — b. Extrémité caudale. ly. Extrémité caudale de la même , grossie et vue de profil. — a. Grand cro- chet.— b. Petit crochet; c’est entre ces deux crochets que s’ouvre la vulve, — c. Renflement caudal. (>('h ô'à>?/ur , 7Ci//w ■ DESCRIPTION D’UN GENRE NOUVEAU DE LA FAMILLE DES GÉRANI ÂGÉES, PAR J. CAMBESSEDES. Les auteurs qui ont écrit de nos jours sur la famille des Gé- raniacées ont émis des opinions très-différentes sur ses vraies limites. On sait que les Géraines de M. de Jussieu ne com- prenoient primitivement que les genres Géranium et Mon- sonia, dont on avoit rapproché le Tropœolum , le Balsa- mina et XOxalis. Plus tard, l’illustre auteur du Généra crut devoir en éloigner ces trois derniers genres : l’un fut rapproché desRutacées, et les deux autres élevés au rang de famille. M. Runth n’a point adopté cette dernière opinion de M. de Jussieu : la famille des Géraniacées se trouve dans ses Nova Généra telle qu’elle avoit été primitivement constituée; et parmi les genres voisins figure le Rhjnchotheca , placé par M. de Jussieu dans les vraies Géraniacées (i). M. De Can- dolle, au contraire, admet dans son Prodrome les divisions (i) Mém. Mus. 3, p. 446- Mém. du Muséum, t. i8. 48 3 70 DESCRIPTION d’un NOÜVEAIT GENRE proposées par M. de Jussieu , et établit sous le nom d’Oxa- lidées (i) une nouvelle famille, qui comprend les genres Ai^eï'rhoa, Biophytum , Oxalis et Ledocarpum déjà rap- pi’oché de XOxalis par M. Desfontaines. Plus tard, M. de Saint- Hilaire, ayant étudié à fond Fen- semble de la famille, pense non-seulement qu’elle doit rester intacte, mais encore qu’on ne peut trouver de caractère suf- fisant pour élever des Oxalidées, Tropéolées et Balsaminées au rang de tribu ; il réunit de plus aux Géraniacées ainsi constituées les Linées de M. De Candolle, qui ont les plus grands rapports avec les Oxalis (2). Cette opinion de M. de Saint-Hilaire sur les vraies limites de la famille qui nous oc- cupe, à peu près conforme à celle de M. Runth, auroit ac- quis pour lui une certitude encore plus complète s’il avoit eu présente à la mémoire l’organisation d’un genre nouveau qu’il a découvert au Brésil, et que j’ai trouvé récemment confondu par mégarde avec un paquet de Caryophyllées. Je vais passer en revue ses caractères en les comparant à ceux des Géranium et des Oxalis. Notre genre nouveau se compose de deux plantes herba- cées, à rameaux dichotomes, à feuilles dépourvues de sti- pules, scarieuses et presque embrassantes à leur base, oppo- sées dans le bas de la tige, verticillées par quatre au-dessous de ses bifurcations. Les fleurs naissent trois à trois dans l’angle des rameaux J mais vers le sommet de la plante les rameaux (1) Il paroît {voyez Aug. de Saint-Hil. Flor. Bras, merid. i,p. g5) qu’en proposant le nom A' Oxalideœ , M. Robert Brown n’avoit eu en vue que de substi- tuer un mot plus harmonieux à celui de Gerania adopté par M. de Jussieu. (2) Flor. Bras, merid. i, p. 187. DE LA FAMILLE DES GÉRANIACÉES. 37 1 latéraux se raccourcissent, et l’inflorescence est alors sem- blable à celle des Oxalis dits en ombelle. Le calice est fendu jusqu’au-delà du milieu en cinq lobes aigus, dont la préfloraison est valvaire; disposition assez rare dans la famille des Géraniacées, mais que nous avons déjà signalée, M. Adrien de Jussieu et moi, dans une espèce de Tropœolum. La corolle est composée de cinq pétales insérés sur le ré- ceptacle, alternes avec les lobes du calice ; leur préfloraison est tordue , comme dans les Oxalis^ et diffère par conséquent un peu de celle des Géranium (i). Entre chaque pétale, et sur le même rang qu’eux , se trouve une petite glande abso- lument semblable à celle que l’on observe dans ce dernier genre; cet organe manque comme on le sait dans les Oxalis. Les étamines sont au nombre de dix, insérées sur le ré- ceptacle, libres; ainsi que dans les Géranium cinq sont plus courtes et opposées aux pétales, cinq sont plus longues et placées au devant des glandes. Les anthères sont caduques, articulées au sommet d’un filet en alêne, biloculaires et s’ou- vrent longitudinalement par leur face externe. L’ovaire est divisé en trois loges, chacune d’elles renferme deux ovules comme celles des Géranium. IjCS styles sont au nombre de trois, libres, ainsi que dans un grand nombre ài Oxalis. Le fruit est une capsule qui s’ouvre, comme dans ce der- nier genre, par le milieu des loges, et présente après sa dé- (i) Dans quelques Géranium que j’ai analysés, un des pétales est tout-à-fait intérieur, et les quatre autres se recouvrent mutuellement par un de leurs bords. 3^2 DESCRIPTION d’un GENEE NOUVEAU hiscence trois valves qui portent les cloisons dans leur mi- lieu. Les ovules inférieurs avortent constamment, de sorte que chaque loge ne renferme plus, ainsi que les coques des Géranium^ qu’une seule graine ascendante. Ces graines sont munies, d’un périsperme analogue à celui des Oxalis^ mais l’embryon au lieu d’être droit, ou à peu près droit et souvent incolore, comme dans ce dernier genre, est recourbé et vert comme celui des Géranium. Il est facile de voir d’après ce qui précède, que le genre qui fait le sujet de ce Mémoire tient presque le milieu entre le Gej'anium et YOxalis, quoique se rapprochant cependant davantage de ce dernier 5 de sorte qu’il semble combler l’inter- valle qui existoit encore entre les Oxalidées et les Geraniacées proprement dites, et confirmer l’opinion de M. de St-Hilaire. Je me rangerai d’autant plus volontiers de son avis, que je crois inutile, pour la facilité des recherches, d’établir cinq sec- tions dans une famille qui ne renferme que quatorze genres. Je vais maintenant tracer en langue technique les carac- tères-de mon genre nouveau. Je lui donnerai le nom de Cœ- sarea., en l’honneur de César de S.-Hiliare, capitaine de vais- seau de la marine royale, et grand-père du voyageur auquel nous devons sa découverte. Ce marin distingué, l’ami et le compagnon d’armes de Duguay-Trouin, est le premier qui ait importé aux îles de France et de Bourbon le café de Moka, et doit, par ce service éminent rendu à l’agriculture, être considéré comme un des bienfaiteurs de ces deux co- lonies. DE LA FAMILLE DES GÉRANIACÉES. 373 U. e / CÆSAREA Nob. ^ D Galtx 5-lidus, persistensj lobi sabaristatî; præfloratibne valvatà. Petala 5, lobis calycinis alterna, receptaculo inserta, libéra, unguiculata; præfloratione contortâ. Discus i glan- dulæ 5, petalis alternæ. Stamina 10, receptaculo inserta; 5 breviora petalis opposita ; 5 longîora antè glandulas inserta : filamenta libéra, filiformia, în alabastro erecta : antheræ ex- trorsæ, naobiles, 2-loculares, loculis rima longitudinali dehis- centibus. Pistillum liberum. Styli 3, longitudinaliter intùs stigmata gerentes. Ovaeium 3-loculare , loculis 2-ovulatis. Ovula angulo interno loculorum affixa, superius ascendens, inferius suspensum. Fructus : capsula obcordato-3-lobata, loculicido-3-valvis, valvis medio septiferis. Semina in loculis ( abortu ovuli inferioris) solitaria, ascendentia. Integumentum tenue. Perispermum crassum, cartilaginoso-carnosum. Embrto inclusLis, curvatus, viridis : radicula supra hilum spectans : cotyledones lineares, curvatæ. Herbæ; rarais dischotomis; foliis simplicibus, exstipulatis, oppositis, ad basirn ramulorum quadratim verticillatis, inte- gris; floribus in dichotomiâ ternatis. Species 2 brasilienses. DESCRIPTIOK D tW GENRE NOUVEAU 374 CÆSAREA ALBIFLORA. Tab, XVIII. G.S foliis oblongisj seininibus glabris. Radix ramosa, fibras plurimas capillares eniittens. Gaules ex eàdeni radice plures, i-2-y pedales, debiles, decumbentes, dicho- toml , vix ramosi , pubescentes siniulque tomento niveo densè vestiti. Folia i-i-4poll. longa, 5-8 1. lata, oblonga, basi et apice angus- lata, acuta, obsoletè dentata, supra viridia et puberula, subtùs uiveo-tomentosa ; inferiora minora, profundè dentata, petiolulata , petiolulo basi dilalato; superiora sessilia , subamplexicaulia. Fi.ores in dichotomiis superioribus ternati , ad apicem ramorum ramulis lateralibus abbreviatis umbellas g-floras meutientes : pedunculi 6-12 1. longi, filiformes, niveo-tomentosi, fructiferi deflexi. Calyx infundibuliforuiis, 5-1. longus, profundè 5-fidus, niveo-tomentosus simulque pilis sericeis vestitus; tubo lo-costato; lobis oblongo-lan- ceolatis, acutis, subaristatis , trinerviis. Petala obovata , apice rotundata et erosa, unguiculata , alba, pennivenia , calyce triante longiora. Glandulæ parvulæ, bilobæ, lobis rotundatis. Stamina gla- bra, 5-petalis opposita calyce duplo breviora, 5-glandulis opposita calycem subæquantia : filamenla filiformia , subulata : antheræ medio affixæ, subrotuudæ, bilobæ, basi ernarginatæ, a latere déhis- centes. PisTiLLUM stamina breviora æquans. Styli filiformes, pube- ruli, longitudinaliter intùs stigmata gerentes. Ovarium ovoïdeum, •densè hirsutuiu. Capsula obcordato-trilobata, hirsuta, calyce brevior, loculicido-trivalvis, valvis obcordatis, medio septiferis. Semina ro- tundata, scabriuscula, glabra. Radicula cylindrica, obtusa : cotyle- dones radiculam æquantes, lineares, obtusæ. \ Non infrequens prope præsidium S. Theresa et urbem Rocha , necnou in monte Paô de Assucar, in parte orientali provinciæ Cis- platinæ. Lecta cùm floribus fructibusque maturis Octobri. 'M. f' a CÆSAREA ALBIELORA oar. JrrRe/W .n i, //..A r .-t. eaa ajJiMA?, ,aa .<;vr ëiiioi t af mosadisq ^oa^ie^^^oœs^i aioaa s i'aoùi/àS .B, »ai;*.oma zi^aoi. ziliq tOiTîiri 93yIj«) jai-taîias çaîgolrïgato' il'j'yi fti . ïiîSooSl ntaihsf aqo-îq ^o-i'qfeîc» OT\ffpaif4iî3fïi3' aüdJToft «na? atO'sJ ^esoûtfilqsO asiaaÎTO'tq Hatasn' ..îidoioO abwtfir- r3(j.î‘; ^^Jni flîimfwfoKeîg ta 9:i1(;1j63 , «sBilaedeL/i ,*”.ïii7x .^ssT oi«p: nttq _->.a)h mua'iimËl?. iti îi)bî<î* ajiB.lst<ï vM .4 =~,>'SBîa6bïqa79q oiJËiolb5'ï^’'-îft»-^'- -vHi-arf 6iqca mjpéîi/iïi'q'saYif'j' .• arÏB'.wt'.d» oàpai ahoR ji — -oftî-cnsSfH .7 — v(jj«Ldfl tcuhxS ..d"-" „£jijry>3lZlàdo , rjtliJX ,|d SxlxhA; ■ ■• ^ ' . ; :-)|f iOix^ J.‘î _ DE LA FAMILLE DES GÉrANIACÉES. 5'] 5 /3. Ramosa : Gaule ramosissimo, pubescenle fcvliis subfùs vix toinentosis, sericeis; calyce birto, pilis iongis sericeis. In collibiis vulgo Cerro aspro, prope urbem Rocha , in parte orientali provinciæ Cisplatinæ. Lecta cum floribus fructibusque maturis Octobri. Expi. Tab. xviii. — i. Alabastrum , calyce ablato, ut glandularum situs et peta- lorum præfloratio perspiciantur. — 2. H. petalis ablatis ut staminum situs pers- piciatur. — 3. Petalum. — 4- Floris sectio verticalis , calyce petalisque supra basrm resectis. — 5. Capsula calyce vestita. — 6. Eadem calyce ablato. — 7. Eadem lon- gitudinaliter resecta. — 8 Seminrs sectio verticalis. CÆSAREA RUBRIFLORA. C. foliis lanceolatis oblongove lanceolatis \ seminibus pilosis. Radix fibras plurimas capillares emittens. Caulis sesquipedalis, herbaceus , dichotomus, teres, infernè hirtellus, supernè incano- tomentosus. Folia5-io 1. longa, !• lata, lanceolata oblongove- lanceolata , sessilia , subamplexicaulia , gradatim apicem versus angustata, obtusiuscula , basi cordata et scariosa, sinuato-dentata , supra viridia et hirtella, subtùs incano-tomentosa, penninervia, nervis subtùs prominulis. Flores in dichotomiis superioribus ternati, ad apicem ramorum ramis lateralibus abbreviatis umbellas g-floras menlientes : pedunculi 6-1 2 1. longi, filiformes, incano-tomentosi, fruc- tiferi deflexi. Calyx infundibuliformis, 5>fidus, 3 1. longus, hirtellus simulque tomento incano vestitus; tubo lo-costatoj lobis lanceola- tis, acutis, subaristatis , 3-nerviis. Petala apice rotundata et denti-" dilata, obovato-oblonga , subcuneiformia , unguiculata, purpurea, calyce duplo ferè longiora, pennivenia. Glandulæ parvulæ, sub- truiicatæ. Stamina glabra , longiora calyce triente breviora : filamenta filiformia : antheræ, infra medium affixæ, subrotundæ, basi emar- DESCRIPTION d’un GENRE NOUVEAU, ETC. ginatæ, extùs rima longitudinali déhiscentes. Pistillüm staminibus brevius. Styli filiformes, glabri. Ovariüm ovoïdeum , hirsutissimura. Capsüla obcordato-trilobata , hirsuta, calyce brevior, loculicido- trivalvis; valvis obcordatis, medio septiferis. Semina ascendentia, obovoïdea, pilosa. Radicula cylindrica, obtusa : cotyledones radi- eulam æquantes, lineares. Nascitnr prope urbiculam do (Jcistro in paite piovincise S. Pauli dicta Campos Geraës , et in paludosis haud longe ab urbe Curityhba in parte australi ejusdem provinciæ. Lecta cum floribus et fructibus maturis Februario Martioque. ANATOMIE DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D’INSECTES, - PAR LYONET. (^DEV XIÈME ARTI CLE.y Araignées. PI. 8. L’aversion qu’on nous inspire dès le bas âge pour les animaux venimeux, et entre autres pour les araignées, est vraisemblablement la cause qu’on ne les a pas examinées de si près que plusieurs autres sortes d’insectes. Aussi n’est-ce pas, je l’avoue, un animal qui nous y invite fort par sa figure, son caractère, ni par l’utilité qu’on en peut tirer pour les usages de la vie. Sa figure est ordinairement assez hideusej son caractère est méchant, et sa soie, outre qu’elle est fort difficile à recueillir, ne vaut pas à beaucoup près celle du ver qui nous en fournit. Faut-il après cela s’étonner si messieurs les académiciens de Paris, qui furent chargés de la part de leur roi d’étudier cette sorte d’insecte, pour voir si l’on Mém. du Muséum, t. i8. 49 ANATOMIE 378 pourroit tirer parti de leur soie, n’y aient pas découvert ce qu’elle avoit peut-être de plus remarquable , et qui fait exception à une des règles les plus générales de la nature, savoir: que les mâles, au moins d’un très- grand nombre d’espèces, ont les parties qui les caractérisent placées près dmbout de leurs antennes, au-delà de leur tête, et que, ce qui est encore plus singulier, et dont on ne connoissoit pas d’exemple, que je sache, ces parties sont, à tous égards, parfaitement séparées et doubles 5 deux singularités qui peuvent bien avoir été en partie la^ cause que, quoique d’autres naturalistes eussent bien aussi remarqué que les mâles avaient au bout de leurs antennes des boutons dont celles des femelles étoient privées, ils ne se sont point avisés de soupçonner que ces boutons -renfermassent des pièces aussi essentielles. De pareilles singularités me déterminèrent, sur la mention que Lesser, dans sa Théologie des Insectes, avoit faite de ces boutons, qn’il y nomme des noeuds^ mais dont il ne çotP^ noissoit pas, l’usage, d’y ajouter par forme de note , tome l, pag. 184, édition de La Haye, la remarque suivante : « Que « cj©& noeuds étoient plus dignes d’attention qu’ils ne le j)a- « roissoient d’abord, et peut-être, y' ajoutai-je, aura-t-on te peine à me croire, si je dis? que ce sont les instrumens de la « génération du mâle. Je puis cependant, y poursuis-je, (V. assurer, pour l’avoir vu plus .d’une fois, que certaines ((” espèces d’araignées s’ accouplent par là. Les mâles de ce «. genre ont le corps plus mineeliet les jambes plus longues « >que les femebes. C’est vm SpectapljQ asse» risiblè que de les « voir faire l’amour. L’une et l’autre, montées sur des tapis DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 3^9 « de toile, s’approchent avec circonspection et à pas me- « sures. Elles alongent les jambes, secouent un peu la toile, « se tâtonnent du bout du pied , comme n’osant s’approcher : « après s’étre touchées, souvent la frayeur les saisît; elles « se laissent tomber avec précipitation, et demeurent quel- « que temps suspendues à leurs fils. Le courage ensuite leur c( revient; elles remontent, et poursuivent leur premier ma- « nége. Après s’être tâtonnées assez long-temps, avec une (c égale défiance de part et d’autre , elle commencent à s’ap- « procher davantage et à devenir plus familières. Alors, les (( tâtonnemens réciproques deviennent aussi plus fréquens « et plus hardis. Toute crainte cesse, et enfin, de privautés c( en privautés , le mâle parvient à être prêt à conclure. Un « des deux boutons de ses antennes s’ouvre tout d’un coup, « et comme par ressort. Il fait paroître à découvert un corps cc blanc (ou d’autre couleur, suivant les espèces), l’antenne (( se plie par un mouvement tortueux, ce corps se joint au « ventre de la femelle, un peu plus bas que son corselet, « et fait la fonction à laquelle la nature l’a destiné. « Quand on ignore, poursuit cette note, que les arai- « gnées (j’entends les adultes) s’entrehaissent naturellement, « et se tuent en toute autre rencontre que lorsqu’il s’agit de « s’accoupler, on ne peut qu’ctre surpris de voir la manière « bizarre dont elles font l’amour; mais quand on connoît le « principe qui les fait agir de la sorte , rien n’y paroît « étrange, et l’on ne peut qu’admirer l’attention qu’elles « ont à ne pas se livrer trop aveuglément à une passion où « une démarche imprudente pourroit leur devenir fatale. (( C’est un avis qu’elles donnent au lecteur. » ( 38o ANATOMIE Ce que je marquai, dans cette note, sur le danger que Taraignée me sembloit courir en faisant l’amour, n’étoit alors qu’un simple soupçon tiré de son mauvais caractère et des précautions dont elle m’avoit en conséquence paru faire usage en amour j mais je n’avois pas encore pu m’assurer de la vérité du fait par mes yeux. Quelques années après, j’en eus l’occasion, et je puis aujourd’hui assurer très-positive- ment que le danger que les araignées, au moins les mâles, paroissent craindre en pareil cas n’est aucunement chi- mérique. Dans un des beaux jours de l’arrière-saison, je vis une grosse araignée de vigne, suspendue au centre de sa toile, à une treille qui étoit vers ma fenêtre. J’aperçus, sur le bord de la même toile, une araignée mâle d’assez maigre appa- rence, dont les filets étoient tout près de là, qui, au moyen de petits tiraillemens de la toile de la femelle , auxquels elle répondoit de son côté, paroissoient coqueter ensemble. Après quelque temps, le. mâle paroissant craindre d’appro- cher la femelle , elle se détermina à faire elle-même des avances; elle quitta le centre de ses filets, s’approcha du galant timide, et, placée à très-peu de distance de lui, elle fit mille petites minauderies et agaceries comiques pour l’attirer, et elle y réussit enfin, au point c{ue le mâle, ne pouvant résister à tant de séduction, succomba, et s’avança pour témoigner à sa belle par des effets réels combien il étoit sensible à ses prévenances; mais la perfide, levant tout à coup le masque, saisit le galant désastreux, l’enveloppa dans ses rets, et lé perça apparemment d’un de ses dards empoi- sonnés, car m’étant pressé de voler à son secours, je l’enlevai DE DIFFÉRENTES ESPÈÇES d’iNSECTES. 38l 1 bien de la toile , et le dégageai de la filasse qui l’envelop- poit, mais trop tard; la Parque avoit déjà tranché le fil de ses jours, et il ne me seroit resté d’autre satisfaction que celle d’apaiser les mânes du défunt en vengeant sa mort, si la scélérate, comme par honte de sa trahison, ne se fut promptement allé cacher sous des feuilles, où elle échappa aux effets de ma vengeance. Un événement aussi tragique, et apparemment fort ordi- naire, arrivé sous mes yeux, fit naître en moi la curiosité de connoître mieux cette méchante race d’animaux. Le pre- mier sujet qui m’en fournit l’occasion fut le mâle qui, dans la planche 8, est repre'senté, fig. 2, de grandeur naturelle, et, fig. g, très-grossi, mutilé, et couché à la renverse. Il est de ceux qui se nichent dans les coins des murailles. Sa cou- leur est d’un brun sale et désagréable. Le dessus de son cor- selet et de son corps a des nuances et des taches d’un brun plus foncé, distribuées symétriquement, mais avec un peu de netteté. L’insecte est extrêmement velu, et comme son poil est roide et cassant, il cause aisément des e'ruptions à la peau, par les bouts qui en restent dans ses pores, lorsque l’insecte nous tombe sur le visage ou sur la main, qe qui fiût croire à tort que leur attouchement même est venimeux , quoiqu’il ne le soit pas davantage que celui des chenilles ve- lues et des orties, qui sans être venipieuses, par une cause toute pareille, jiroduisent le même effet. Les jambes longues de l’araignée dont il s’agit, son corps mince, et surtout les boutons de ses antennes AA , fig. 2, et DD, fig. g, qu’on ne trouve point à celles des femelles, annoncent que c’est un mâle. Je le trouvai vers la mi-aoùt, et le suffoquai par la va- ANATOMIE 382 peur du soufre. On distingue aisément , lig. 9, où il est fort grossi, et vu à la renverse, les parties extérieures qni le com posent, excepté sa tête, qui, enchâssée dans le dossier dtc corselet, n’est visible qu’à l’opposite. A,A sont ses deux paturons, armés chacun du crochet fatal G, dont il blesse, empoisonne, et tue sa capture. Ces paturons et leurs cro- chets sont écailleux en dehors, excepté que le dessus, obü- quement tronqué , est membraneux, et bordé, sur le tran- chant de l’écaille qui l’entoure , d’un certain nombre de dents pointues. L’insecte, en ramenant ses crochets sur ce côté tronqué, écrase sa proie au moyen des dents qu’elle y rencontre, et la rend par là plus propre à êlA’e mangée. OM,DM sont deux bras ou antennes à cinq articulations, tout d’une venue dans la femelle, mais plus composées, et terminées par un bouton, D,D, dans le mâle. F est la lèvre inférieure, accompagnée de deux lames écailleuses E,E. Le dessous du corselet, marqué G, est aussi écailleux; il a en gros la figure d’un écusson, et est échancré à chaque origine de ses huit pâtes, pour en laisser le jeu plus libre. H,H,H,.... sont les premières de leurs cinq articulations. I,I est le corps de l’insecte. R, K sont les deux mamelons ou filières, qui en cachent encore deux autres , et L,L sont deux queues articu- lées dont l’extrémité postérieure du corps de l’insecte est pourvue. Je n’ai proprement examiné avec un peu d’attention à ce mâle que ses antennes ou bras, avec leurs boutons, ses paturons et leurs crochets, ses mamelons ou filières, et la position de ses yeux, et c’est par conséquent à quoi il faudra que je borne mes observations dans ce sujet. Les araignées portent naturellement leurs deux antennes DE DIFFÉRENTES, ESPECES d’iNSECTES. 383 courbées vers le plan de position. On en voit une de profil, un peu fléchie en cercle, et fort grossie, fig. 4- Elles partent chacune d’un côté de la tête, à la hauteur des endroits où les paturons AA, et la lèvre F, fig. 9, avec ses deux accompa- gnemens EE, en dérivent. La première articulation A, fig. 4, des cinq de l’antenne dont il s’agit, et la troisième, B, sont fort courtes; la seconde est la plus longue. Toutes sont exté- rieurement écailleuses, et réunies bout à bout par de fortes membranes,, qui leur permettent de se mouvoir en bien des sens. Le bout antérieur de la quatrième articulation D, fig. I, 4', fi et 10, est irrégulièrement renflé par le côté exté- rieur, et d’un endroit où ce renflement paroît comme tron- qué en dessus, fig. 10, partent deux grosses épines, l’une plus longue que l’autre, E et F. La cinquième articulation, au bien le bouton de l’antenne, est renflé vers sa base, et terminé en pointe émoussée. C’est la partie la plus remar- quable de l’insecte, en ce qu’elle a au côté intérieur, un peu en dessous, une cavité membraneuse AF, fig. i, dans la- quelle tiennent et sont placées un peu à découvert, comme on le voit dans les fig. 4? fi et 10, en H,I, les parties qui ca- ractérisent le mâle,, et qui, dans diverses mitres espèces, y sont renfermées par un couvercle. Elles sont d’une confor- mation, si irrégulière et si bizarre, qu’il est bien difficile de les démêler, lors même qu’on les a sous les yeux. H,l, fig. i , 4, 8 et 10, en est une écaille, par laquelle leur assemblage se termine. Elle a ordinairement, plus ou moins, suivant les espèces, une figure qui tient de la faux, étant concave en dedans, convexe à l’opposite, et se terminant, dans cette espèce, par un crochet pointu H, fig,. i, 4 et 8. .Te la nom- ANATOMIE 384 nierai le conducteur, parce qu’elle m’a paru servir de point d’appui et de conducteur au pénis, qui étant courbe, mince, long, et même très-long quelquefois, a besoin d’être con- duit et soutenu. L, fig. i et 8, est le pénis, qui, dans cette espèce, est des plus courts. On voit qu’il est conique et ar- qué. En le touchant avec une aiguille, on le trouve écailleux et élastique. Sa figure se reconnoît plus distinctement, fig. 3, où il est représenté à part, et beaucoup plus en grand. On y aperçoit que son extrémité antérieure a est percée, et qu’il est en dedans pourvu d’un conduit membraneux , dont une petite partie se montre en b. Il appuie ordinairement, par le devant de sa courbure, contre le côté intérieur du conduc- teur, ce qui, outre l’usage dont il est parlé, contribue en- core à le garantir du choc des corps étrangers. Du reste, tout l’assemblage des autres parties qui accompagnent celles dont on vient de parler est si bizarre et si singulièrement réuni, qu’à moins d’y donner un temps très-considérable, et de les anatomiser et suivre minutieusement et en détail, ce que je n’ai pas fait, je doute qu’il soit possible de s’en faire une juste idée; mais ce dont on peut plus aisément s’assurer, lorsqu’on les presse, c’est qu’elles se portent naturellement à sortir du bouton par un mouvement spiral, et que leur res- sort les y fait rentrer d’elles-mêmes par un mouvement pa- reil, mais en sens contraire. La lèvre inférieure F, fig. g, et ses accompagnemens E,E, y cachent un peu le bas des deux paturons de l’araignée. On en voit un, fig. i5, représenté en entier, et un peu plus grossi que fig. g. Son endroit obliquement tronqué C,H, y paroît distinctement. Le fond, comme il a été dit, en estmembra- BE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 385 lieux. On voit que ses bords sont garnis, d’un côté, de huit dents, et de l’autre de trois. Le crochet A,G, articulé sur le ‘ bout du paturon en C, peut se mouvoir depuis A jusqu’en H , et écraser ainsi sur ces dents l’insecte qu’il a percé. Le crochet dont chacun des deux paturons est armé a quelque chose d’élégant, comme on le voit par la fig. i4, qui le représente grossi au microscope. Son côté intérieur B,F, A, a, depuis B jusqu’en A, une rainure assez profonde, qui dis- paroît en B sous une membrane , laquelle réunit un assem- blage noir, écailleux,. BCEDB, qui entoure et fortifie le crochet, et est muni en G d’une plaque noire, convexe, écailleuse, et d’un poli luisant. Assez près de la pointe du crochet, on lui trouve en A, sur le côté, une ouverture, et la transparence du crochet laisse entrevoir qu’à cette ouverture aboutit intérieurement un canal cylindrique assez étroit, qui, vers F, entre dans un tuyau plus large, et qui, plus bas, dis- paroît sous l’enveloppe opaque DE, et parcourt toute la longueur du paturon jusqu’à la tète de l’araignée ,/ où il s ouvre dans un réservoir, que l’on aura occasion de faire connoître dans la suite, et qui contient le poison dont l’arai- gnée tue les insectes qu’elle a blessés. La fig. i3 représente un peu à la renverse le dessus de la tête et du corselet de cette araignée; mais comme elle n’a pas été dessinée aussitôt après sa mort, si les nuances de ses couleurs se sont trouvées un peu effacées, ce que j’ignore, et qui peut bien avoir aussi été le cas de la fig. 9 , cela n’im- portera guère, parce que les foibles nuances de ses sales cou- leurs attirent peu notre attention. Quoi qu’il en soit, DE, fig. i3, est son corselet; BAO est sa tête. Elle n’a point du Mém. du Muséum, t. 18. 5o ANATOMIE 386 tout de cou; mais elle est enchâssée jusqu’à O dans le corr- selet avec lequel elle est coarticulée, et où elle se termine en pointe émoussée. Les deux élévations oblongues qui, l’une joignant l’autre le long de la ligne supérieure, occupent bien les trois quarts de la longueur de la tête, m’ont paru désigneri l’emplacement des deux réservoirs du poison.. On voit à la hauteur de BA comment ses huit yeux sont disposés sur le devant de la tête, et on le montrera plus clai- ‘rement dans un autre sujet. Leur cornée est écailleuse et polie. Quand sur une araignée vivante on regarde ses yeux en certain sens, ils paroissent étincelans comme du feu. CC sont les deux paturons, dont l’un montre son crochet, et l’autre l’a ramené sur lui de façon qu’on ne Taperçoit qu’a- vec peine. La fig. 7 offre à la loupe la partie postérieure de cette araignée, vue du côté du ventre. On y remarque deux mamelons, BB, dans leur situation naturelle. Ce sont deux des quatre filières d’où l’insecte tire le fil de sa toile. Plus bas cette partie est pourvue de deux queues, à deux articu- lations chacune. L’usage ne m’en est pas connu : peut-être servent- elles à l’animal pour chercher eu tâtonnant les en- droits les plus propres à y attacher son fil. L’anus se trouve placé entre ces deux queues. Quand on soulève les deux mamelons BB, fig. 7, on trouve qu’ils en couvrent deux au- tres un peu plus petits, qui sont aussi des filières. Dans la fig. 1 1 la première paire de mamelons a été soulevée, afin de faire paroître la seconde dans sa situation naturelle , comme elle se montre en G. La fig. 5 offre de profil le bout d’un des deux premiers mamelons, fort grossL Après avoir commencé - à diminuer en s’arrondissant, depuis G jusqu’à B, il est re- DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 887 haussé d’une élévation ou bourrehet, AB, qu’on n’aperçoit que peu distinctement dans la figure, à cause du cercle d’é- pines ou poils qui l’entoure et le cache. Le dessus de ce bourrelet, placé obliquement, foiblemeut arrondi , et entouré de poils ou d’épines assez serrées et re- courbées en dedans, est criblé de quantité de petits trous, faits pour ouvrir passage et servir de moule aux fils dont l’in- secte fait ses toiles. Ce bourrelet est entouré d’un second, pareillement criblé de trous et environné de poils, mais moins longs et plus rares que le premier. La fig. i6 fait voir en dessus, et plus en grand, la disposition de ces deux bourre- lets et des poils qui les environnent. Quand on a coupé le bout antérieur du mamelon, et qu’après en avoir vidé l’in- térieur on le regarde au microscope, on aperçoit aisément les trous dont il est criblé , et c’est ainsi qu’on le représente fig. 16. Comme ces bourrelets sont membraneux, et peuvent aisé- ment céder à la pression, on conçoit qu’à proportion que l’araignée presse plus ou moins fort avec ses mamelons sur le plan d’appui, ou avec ses pâtes sur le mamelon, un nombre plus ou moins grand des trous dont il est percé , et qui sont remplis de matière soyeuse, toucheront l’endroit contre le- quel ils appuient, et fourniront ainsi un ou plusieurs fils à la Xois à l’araiguée, suivant ses besoins, et suivant qu’elle a ap- puyé plus ou moins fort. La fig. 6 trace la forme du bout d’un des deux mamelons naturellement cachés, ou de l’autre paire fort grossie et vue de coté. Son extrémité arrondie ABC est pareillement un peu oblique, et criblée de petits trous diflîciles à être aperçus ANATOMIE 388 dans la figure; mais ce qui le distingue fort de l’autre paire, c’est que non-seulement cette extrémité est plus alongée,mais que, comme on le voit dans la fig. 5, bon nombre de petites filières saillantes, terminées chacune par un tuyau, s’élèvent de toutes parts sur son dessus. Il y a apparence que ces tuyaux servent à mouler une autre sorte de soie plus épaisse que celle qui part immédiatement des cribles du mamelon, qui pourroit bien être gluante, tandis que celle de ces petits mamelons ne l’est pas. Au moins voit-on, en jetant du sable dans une toile d’araignée, qu’il ne s’attache pas aux fils qui en forment les rayons, et qui sont les plus épais, mais bien à ceux qui en composent la spirale. Ce qu’il y a de bien cer- tain, c’est que ces petites filières sont creuses, ainsi que leurs tuyaux, et que ces tuyaux sont ouverts par leurs deux extré- mités, comme je m’eu suis assuré, en séparant du bout de la seconde paire de mamelons un morceau contenant trois petites filières. A, B et G, fig. 12, et l’examinant d’abord à sec et ensuite dans de l’eau. A sec, ses trois petites filières, représentées ici fort grossies au microscope, me parurent d’une couleur assez sombre. Les ayant ensuite mouillées, elles conservèrent encore un moment cette teinte; mais un peu après elles devinrent claires, d’abord par l’extrémité antérieure de leurs tuyaux, et ensuite cette clarté descendit assez lentement jusque tout au bas de chaque filière, qui restèrent claires et transparentes aussi long-temps qu’elles continuèrent à être mouillées; ce qu’on ne peut guère attri- buer qu’à l’effet de l’eau, qui entrant lentement par le bout des tuyaux, remplit enfin successivement toute la filière, et la fit ainsi paroître claire, jusqu’à ce qu’elle fût de nouveau séchée. 38g DE DIFFÉRENTES ESPECES d’inSECTES. Seconde espèce d' Araignée mâle. PI. 9. Comme il y auroit de la témérité à vouloir établir sur une seule expérience un fait quelconque d’histoire naturelle, et à plus forte raison de vouloir le faire par rapport à un point aussi singulier et aussi nouveau que celui dont il vient d’être fait mention , quant à ce qui caractérise le mâle de ces insectes , j’ai cru devoir encore examiner les antennes d’araignées mâles de cjuelques autres espèces, pour voir s’il en seroit de même. La première qui s’offrit fut pareillement une araignée de coin de muraille ou de cloison. Je la trouvai en mars. On la voit de grandeur naturelle, pl. 9, fig. 6. Elle est d’un jaune cendré, nuancé de noir. Ses jambes sont annelées de raies noires transversales. Le long de la ligne supérieure son corps est marqué d’une grande tache noire symétriquement dentée, placée sur un fond jaune, et suivie d’une double ligne de points jaunes et noirs alternatifs, ce qui la rend assez re- connoissable. Les parties que renferme le bouton de chaque antenne sont à proportion plus grandes dans cette araignée c[ue dans la précédente; et comme les pièces qui en composent l’assem- blage sont moins transparentes, on les distingue plus aisé- ment. t L’antenne vue de côté avec son bouton, et la faux ou le conducteur AF qui en déborde, même dans leur état de re- pos, comme ici, sont représentés fort grossis, fig. i. L’antenne s’y voit dans sa courbure naturelle. Elle est composée , ainsi qu’à l’ordinaire, de cinq pièces articulées, dont la première anatomie 390 R, et la troisième D, sont ‘très-courtes; et la dernière, qui constitue le bouton, est fort grosse. C, fig., i, 2, 3 et 4, est uu crochet écailleux, mobile, dont on ne voit que le bout, fig. I, 2 et 3, et qui paroît en entier fig. 4- H tient à la racine du pénis, et ne s’est point trouvé à l’araignée précé- dente. L, fig. I , est une lame écailleuse fourchue, noire et concave, qui tient à l’avant-dernière articulation, et dont l’usage m’est inconnu. La fig. 2 offre aplomb, mais encore plus en grand, ces mêmes parties dans leur état de repos, à la réserve seule- ment que le pénis PBAE, pour le faire mieux apercevoir, y a été tiré un peu de côté, et n’appuie pas, comme il le fait naturellement, contre la concavité du conducteur F, A. Tout cet assemblage, ainsi qu’il a déjà été remarqué par rapport à l’araignée précédente, sort, s’alonge, et agit par uu mouvement de rotation très-singulier, qui fait qu’en tour- nant autour de son centre il s’alonge b mesure , et sort hors du bouton, où il étoit en partie renfermé. Pour s’en assurer 6n n’a qu’à appuyer tant soit peu, avec une aiguille, contre l’endroit sur fextrémité duquel le conducteur et le pénis se trouvent placés. On fait alors très-aisément tourner tout cet assemblage, en poussant le conducteur à reculons, et alors le pénis se porte en avant, et toutes les parties qui l’accompa- gnent sortent du bouton, sans perdre leurs situations respec- tives; et l’on peut ainsi leur faire faire un tour et demi sans aucun effort. Mais dans leur situation de repos, il n’y a pas moyen de les faire ainsi tourner en sens contraire sans tout up. rompre. Aussi est-ce par ce premier mouvement de rotation I£<1 que le pénis, écailleux, élastique, naturellement fort re- DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 3gt courbé, et souvent très-mince et long, comme il l’est dans ce sujet, moyennant la direction du conducteur, remplit les fonctions auxquelles il est destiné. Les fig. 3 et 4 montrent, l’une par le côté et l’autre par * devant, ces parties, auxquelles on a fait ainsi faire un tour et demi; de sorte que l’extrémité antérieure A du conduc- teur AF, est ici tournée en bas, pendant que dans la situa- tion de repos elle a une position toute contraire, comme on l’a vu fig. I et 2. Parties d’une troisième espèce d’ Araigrie'e mâle. Une araignée d’une autre espèce, mais aussi du nombre de celles qui se nichent dans les coins de muraille et de cloi- son, et que j’ai négligé de représenter au naturel, parce que se disposant à changer de peau elle n’avoit pas sa couleur fixe, m’offrit, quant au bouton de ses antennes, pour singularité qu’il cachoit totalement tout l’ensemble des parties qui con- stituentson sexe, lesquelles y étoient renfermées comme dans une boîte (AB, pl. 9, fig. 6), sans qu’il en parût rien au dehors, pendant que les boutons des araignées précédentes étoient ouverts par devant, et sembloient manquer de capacité pour en pouvoir contenir tout l’assemblage; ce qui est cause que le conducteur en débordoit toujours et se montroit à nu. De prime abord ou seroit porté à croire que cette différence d’avoir le bouton ouvert ou fermé fût une distinction d’espèce, mais il me paroît que quelquefois ce n’en est qu’une d’àge, et que de porter les parties du bouton à découvert est alors 392 ANATOMIE une maxque de pleine puberté, tandis que le bouton fermé en est une du contraire; car outre qu’il peut être nécessaire à des espèces que ces parties, ayant le temps de pouvoir ser- vir, et pendant qu’elles se forment, et n’ont pas encore ac- quis leur consistance, soient renfermées et là l’abri de toute atteinte, le bouton fermé, même de l’araignée dont il s’agit, me paroît favoriser ma conjecture ; car^cet insecte n’étoit point encore adulte. Pour l’être en effet il devoit mettre bas sa dernière dépouille et paroître sous une nouvelle peau, et alors ses boutons ne se seroient point montrés fermés, comme avant cette mue, mais ouverts, comme ceux des deux arai- gnées précédentes, ainsi que je m’en suis assuré, en enlevant au bouton, fig. 6, la peau qui le couvroit par devant; car je ne n’ai pas trouvé que la nouvelle peau, qui le couvroit vi- siblement par derrière, le couvrît aussi à l’opposite; mais j’y ai vu paroître entièrement à nu les parties dont il s’agit, tout comme elles se sont montrées dans les deux premières arai- gnées, qui étoient adultes. ' Quoi qu’il en soit, ayant enlevé le devant ACB de la peau du bouton, fig. 6, les parties qu’il cachoit se sont offertes à nu, et vues aplomb, d’une façon aussi peu distincte cpie le montre la fig. 8, quoiqu’on y reconnût pourtant fort aisément le conducteur F,G et le pénis C,D,E; mais ayant mis le bou- ton sur son côté, et fait sortir entièrement les parties qu’il renfermoit, elles se sont fait voir de la façon que je les ai re- présentées fig. 7, c’est-à-dire pas aussi terminées et distinctes que si elles avoient pris toute leur consistance, mais assez pour en faire distinguer passablement l’assemblage. A y est la vieille peau, qui avoit couvert le côté postérieur du bouton; DE DIFFÉI’.EM'ES ESPÈCES d’ixSECTES. 3g3 B le bouton qui en est entièremént dégagé; FG le conduc- teur, armé près de F d’une écaille noire fourchue; P la ra- cine du pénis, munie, vers C, d’un crochet noir écailleux, et P,E,N, le pénis dans sa courbure ordinaire , mais dégagé du conducteur, contre le côté intérieur duquel il appuie na- turellement. La fig. 9 représente ce conducteur grossi environ huit mille fois. Il m’a paru d’une consistance de cartilage. Son bord extéi’ieur est recourbé en forme d’ourlet, qui s’élargit depuis son origine, et se termine en s’arrondissant en pointe mousse. 11 est sillonné de rainures obliquement transversales, qui lui donnent une apparence de cordon. La fig. 10 est celle du pénis grossi vingt-sept mille fois. Il est creux, écailleux, très-mince, naturellement recourbé, et plus large qu’épais. A cjuelque distance de son origine il a un renflement alongé, A, d’une couleur plus foncée en dehors qu’à l’opposite. Il s’élargit et diminue insensiblement. Le pénis même s’élargît un peu vers son extrémité, et s’y termine d’une façon assez élégante , comme on le voit en B. Voici donc trois sortes d’araignées dont on vient de mon- trer à l’œil que le mâle a les parties qui constituent son sexe placées au bout de ses antennes, et cju’elles sont à tous égards doubles; ce qui, joint aux deux espèces dont il a été parlé plus haut, nous offre cinq espèces d’araignées qui sont dans le même cas; et -comme je n’ai examiné que ces cinq espèces, oui se sont toutes trouvées telles, il y a bien lieu de présu- mer que ce cas est commun aux araignées en général, et que s’il s’en trouve des espèces dont les parties mâles ne soient pas doubles, ou qui les aient placées ailleurs, ce que j’ignore, elles Mém. du Muséum, t. i8. 5i 3ç4 ANATOMIE devront vraisemblablement être considérées comme faisant exception à la règle. Cette troisième espèce d’araignée, celle qui n’avoit pas encore quitté sa dernière dépouille, m’ayant donné lieu de faire quelques autres observations microscopiques à son su- jet, je vais les joindre ici, quoiqu’elles ne soient pas du même ordre que les précédentes. La fig. 1 1 est la partie supérieure du devant de sa tête, grossie trois mille trois cent soixa'ute-cjuinze fois, à dessein d’y faire remarcjuer la direction et l’emplacement de ses huit yeux. A et B sont les deux endroits où les antennes ont été articulées. On voit dans cette figure que chaque oeil est pointé différemment; que les quatre supérieurs regardent obliquement en haut, vers des points opposés, dont deux portent en avant et deux en arrière; que deux autres visent directement de côté, l’un h droite l’autre à gauche, et que les deux qui restent regardent obliojuement en avant. Ces yeux sont transparens et convexes, le fond en est blanc. Ils sont enchâssés chacun dans un anneau noir, écailleux et assez large. Les cornées ne m’en ont pas paru parfaitement lisses, ce qui pourroit bien avoir été l’effet de son état de mue. Ayant tiré un de ces yeux de son anneau, et placé de profil comme il l’est fig. 12, où il se trouve grossi environ cent vingt-cinq mille fois, j’ai remarqué que du côté extérieur C,A,D, qui est celui qui paroît au dehors de la tête, il étoit plus convexe que du côté opposé C,B,D; mais que sur le milieu de ce dernier côté s’éievoit la portion d’une sphère beaucoup plus petite , qui, vraisemblement, y avoit tenu lieu de cristallin. Quand on en regardoit le centre B aplomb, DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’iNSECTES. Sç)'’) «ri sorte que notre prunelle se trouvoit dans une même ligne avec les points A èt B, le centre B paroissoit beaucoup plus clair et transparent que tout le reste; et lorsqu’il étoit ainsi exposé à un bon microscope., on pouvoit voir tout aü tra- vers de cet endroit les objets que l’on plaçoit dans une juste distance à l’opposite. F. a fîg. i3 est celle d’un bout de pied du même insgcte, grossi vingt^sept mille fois. On lui a ôté les épines dont il étoit hérissé, pour mieux faire paraître le crochet A, et les deux griffes B dont il est armé. Les points qu’on y aperçoit marquent les endroits où ont été implantées des éjûnes qui, emportées, ont laisse naturellement ces marques après elles. On découvre au dedans dé ce bout de pied que le nouveau crochet D, et les deux nouvelles griffes C, dont l’araignée au^ roit fait usage après sa mue, ne se moulent pas dans l’inté- rieur du vieux crochet et des vieilles griffes, mais se forment plus haut dans l’intérieur du bout du pied , et que ces parties y Sont beaucoup plus grandes que celles qu’elles sont desti- nées à remplacer. Ces griffes, c|ui sont doubles, et placées l’une à côté de l’autre, comme on le remarque en B, sont d’une forme très-singulièré : on en voit une extrêmement gros- sie fig. î4- Elles sont noires^ irrégulièrement arquées, ainsi que le montre leur contour A,B,C, et sont purvues au côté inférieur d’une douzaine de^ crochets rangés en file, et di- minuant successivement de grandeur et de courbure depuis le premier jusqu’au dernier. C’eSt probablement au moyen de te crochet A, fîg. i3, et des deux griffes armées de crochets, que l’araignée porte à l’extrémité de ses pieds, qu’elle sait tirer la toile de ses ma- anatomie 396 melons, Tarranger avec adresse, et s’y suspendre ou en des- cendre comme il lui plaît; car si elle n’avoit pas la faculté d’arrêter ou diminuer l’effet du poids de son corps sur le fil qui sort de ses filières, elle se verroit souvent d’abord portée par terre lorsqu’elle ne voudroit que se suspendre. Ce qui ne lui arrive pourtant pas, demeurant au contraire suspen- due ^ ou descendant par reprises, tantôt vite, tantôt lente- ment , tout autant de fois qu’elle le trouve à propos. Je ne suis pas en état de décider précisément comment ces procédés s’exécutent, mais je conçois que cela peut se faire au moyen du crochet et des deux griffes d’une de ses pâtes, de la manière suivante: supposons que l’araignée, après avoir attaché un fil à quelque corps fixe, comme A, fig. i5, s’y fût suspendue par un des mamelons M, dont elle tire sa toile, et se sentît par le poids de son corps entraînée vers la terre, ce qu’elle voulût prévenir; supposons encore que E et D fussent les deux griffes, et G le crochet de la pâte dont elle vouloit se servir pour cet effet. D’abord elle pourroit appuyer d’un autre pied contre le fil en B, le faire passer sous le crochet C, et l’en écarter obliquement plus ou moins, comme elle le trou- veroit nécessaire, ce qu’on suppose avoir été fait ici jusqu’à B. De cette façon, le mamelon M ne soutiendroit pas seul tout le poids de l’araignée, mais le crochet G en portera avec lui une partie plus ou moins sensible, suivant que cet autre pied aura soulevé plus ou moins le point B; et si cela ne suffit pas pour rallentir la descente, ou bien pour l’arrêter au besoin tout-à- fait, elle n’aura qu’à faire faire un, deux ou trois zig-zags ou allées et venues à son fil sur les crochets E et D des deux griffes du pied, pour faire soutenir à ces griffes en grande DE DIFFÉllENTES ESPECES d’iNSECTES. partie, et même presque tout-à-fait lorsqu’il le faut, le poids de son corps, et en délivrer le mamelon M. C’est ainsi que l’araignée sera pleinement en état de descendre plus ou moins vite, et de rester suspendue à son fil tout autant de fois qu’il lui plaira; sans que je prétende pourtant décider que la chose s’exécute précisément, ainsi que je viens d’en montrer la pos- sibilité. Quant aux réservoirs que je m’étois proposé de faire con- noître, et où se prépare et se conserve le suc venimeux dont l’araignée tue les insectes qu’elle a blessés en faisant couler de ce suc dans les plaies par le trou A du crochet de ses paturons, pl. 8, fig. i4> on parvient, en ouvrant d’abord tout le crochet A,G,fig. i5, ensuite le paturon C,D, et enfin le devant de la tête de l’insecte jusqu’au de là des yeux, on parvient, dis-je, ainsi jusqu’à ces réservoirs, qui s’y trouvent au nombre de deux placés auprès des yeux, l’un à côté de l’autre, à droite et à gauche de la supérieure, ainsi qu’on l’aperçoit entre G et les yeux, pl. 8, fig. i3. La fig. i6, pl. g, représente un de ces réservoirs séparément et fort grossi : AB est le réser- voir même dont le canal AE s’ouvre par E dans la blessure de l’insecte meurtri, et DE est la partie du canal renfermée dans le crochet. On entrevoit dans ce réservoir AB un second vaisseau de moitié plus étroit; c’est apparemment entre leurs deux enve- loppes c[ue se filtre et se prépare le poison. L’enveloppe du réservoir extérieur est garnie d’une couche de fibres à di- rection oblique, dont la construction , en raccourcissant et res- serrant le réservoir, oblige apparemment le poison à mon- ter par le canal AE, pour aller se répandre par le trou A , ANATOJUÈ 398 pl. 8, fig. i4? dans l’insecte blessé. Ces fibres de direction oblique, examinées au microsco[)e, paroissent coordonnées chacune comme on l’entrevoit déjà pb 9, fig. i6-; mais elles se montrent plus distinctement fig. i^, qui trace un fragment de ce vaisseau beaucoup plus grossi, et où plusieurs de ces fibres se voient rompues et séparées les unes des autres. Ces fibres, quand, après les avoir laissé sécher, on les examine avec un fort microscope, paroissent composées de deux sub- stances, l’une charnue qui se retire en séchant, et l’autre écail- leuse qui est tournée en ressort à boudin, ou plutôt en vis d’Archimède, et qui demeure toujours dans le même état^ comme on l’a représentée fig. 18. Araignée femelle du même genre. 10, fig; i— 27. Après avoir ainsi légèrement passé en revue plusieurs par- ties d’araignées mâles, on ne me saura peut-être pas mauvais gré que j’en fasse de même par rapport à leurs femelles, et que, comme j’ai pris ces mâles du nombre de ceux qui se nichent dans les Coins de mur ou de cloison, je prenne aussi du même endroit la femelle, sur laquelle je vais donner quel- :jues essais. Elle se voit de grandeur naturelle j, pl. 10, fig. i ; elle est :;ouverte de poils très-courts; sa couleur est grisâtre, marquée de taches d’un brun foncé. Je l’ai prise et dessinée en mars, et ainsi vers la fin d’une saison où vraisemblablement elles n’ont de long-temps pas trouvé beaucoup à manger; cepen- dant celle-ci avoit encore le corps sensiblement plus gros que ne l’ont les mâles de sa taille , biais elle avoit les pâtes DE DIFFERENTES ESPECES D INSECTES. plus courtes; deux caractères, outre celui des boutons antennes, par où l’on peut généralement distinguer du pre- mier coup d’oeil un mâle d’une femelle. Du reste, à l’extérieur, on n’aperçoit pas de différence fort sensible entre le mâle et la femelle, par rapport à la forme de la tète, du corselet, des j)ates, des paturons, de leur crochet, de la lèvre inférieure et de ses accompagneraens, des deux mamelons ou filières visibles et des deux queues; de sorte que ce qui a été dit ou se dira d’une des deux à tous ces égards, pourra être censé avoir été dit de l’autre, et parce qu’on en voit pl. 8, fig. 9, qui représente un mâle couché h la renverse, on se rappellera aisément ces mêmes parties dans la femelle couchée au même sens, pl. 10, fig. 2, mais tracée plus en petit, et l’on recon- noîtra que AA sont ses bras ou antennes, BB ses paturons, DD leurs crochets, C...... ses huit pâtes tronquées à la pre-r mière articulation, R l’étranglement qui sépare le corselet du corps, FF les deux mamelons ou filières visibles, et GG les deux queues ded’insecte. Les bras ou antennes de la femelle, A,A, fig. I et 2, et A,B,C, fig. 3, sont composées, comme celles du mâle, de cinq articulations dont la pirelnière et la troisième sont fort courtes, et dont celles-ci et la seconde sont d’une couleur beaucoup plus claire c[ue le reste; mais ce qui distingue essentiellement les bras de la femelle de ceux du mâle, c’est c(ue pendant que ceux du mâle se terminent par un bouton qui contient, comme pn l’a déjà remarqué, ce qui caractérise son sexe , cepx de la femelle sont tout d’une venue, et ne renferment quoi que ce soit qui caractérise le sien, mais se terminent sans renflement par un bout arrondi fort velu pu épinegx, dont, quand au moyen de queh]ue ANATOMIE 400 instrument subtil on emporte les épines, on trouve le bout pourvu d*un ongle ou crochet mobile denté, pareil à ceux qu’on trouve doubles à chaque pâte d’araignéés, et qui peut bien l’avoir été aussi à ses bras, où quelque manque d’attention, joint à la difficulté qu’il y a d’emporter les épines du bout du bras même sans rompre et emporter la griffe, m’ont empêché de m’assurer si l’antenne n’est munie que d’une griffe, ou si elle en a deux comme les pieds de cet insecte. Ses deux paturons BB, et leurs crochets D,D fig. 2, m’ont paru laits à tous égards comme ceux du mâle, si ce n’est que le paturon de la femelle me sembla un peu plus gros et plus court. Ija lèvre inférieure, flanquée de ses deux accompagne- mens, lient avec eux à une membrane qui borde par devant l’écaille inférieure du corselet sur laquelle ils peuvent se mou- voii’. Ces accompagnemens sont plus grands que la lèvre même, et à proportion aussi que ceux des mâles précédens. On les a représentés à part et en dehors, fig. a5. Leur bord antérieur est blanchâtre, et le reste de ce côté est d’une cou- leur qui, comme celle de ses pâtes, de la plus grande partie de ses bras et de son corselet, approche de celle de la gomme commune. M est la lèvre inférieure , SS en sont les accom- pagnemens. Outre que ces parties, comme le reste des par- ties extérieures de l’araignée , sont presque toutes hérissées de poils, elles sont à leur bord antérieur pourvues de poils plus serrés et plus longs qui y forment comme de petits pinceaux. Quand on renverse cette lèvre et ses accompagnemens sur DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^1 le corselet, et les paturons sur le côté opposé, ce qui se fait sans elFort, on met à découvert un espace membraneux blan- châtre dont il ne paroît autrement rien au dehors, et qui est représenté, fig. 24, en G,A,S,L,S,A,G, où les paturons BG,BG sont articulés d’un côté, et la lèvre supérieure L et ses deux accompagnemens S,S, qui sont les mêmes que l’on voit du côté opposé en S,S, fig. 25, mais un peu plus en grand, le sont de l’autre. A, A, y marquent la première articulation des bras, dont on a retranché le reste. Lorsque j’eus mis tout cet espace à découvert, et que je n’y vis point l’ouverture de la bouche que je comptois d’y voir h nu, je soupçonnai d’abord que les araignées se nour- rissoient comme le fourmilion, et d’autres insectes voraces, par l’ouverture qu’ils ont vers le bout de leurs crochets, au travers de laquelle ils sucent la substance des animaux qui leur servent de pâture 5 mais ayant ensuite découvert que cette ouverture ne communiquoit pas avec l’estomac, mais avec le réservoir du poison, je changeai d’idée, et je n’eus pas plus tôt soulevé la partie renflée charnue L, fig. 24, que je vis qu’elle étoit la lèvre supérieure dont la continuité avec l’oesophage est représentée par A,X, fig. 27, et qui, appliquée sur l’inférieure, m’avoit d’abord rendu l’ouverture de la bouche entièrement invisible. Gette ouverture se voit fig. 23, où M la représente, et où tout s’offre plus aplomb pour cet effet. Quand on retranche la lèvre inférieure, on met à découvert le palais dont la forme s’offre à plein, et plus en grand, fig. 20: 1 est l’entrée de l’œsophage 5 1,R est une sorte de gouttière ou canal par lequel les alimens se portent vers l’estomac. Je n’ai Mém. du Muséum., t. 18. 5 2 ANATOMIE 4o2 point examiné clans ce sujet la partie large et brune c|ui borde de part et d’autre cette gouttière; mais l’ayant fait à l’araignée mâle d’une autre espèce, je l’ai trouvée telle que la représente fort en grand, avec son œsophage, la fig. 4- Sa structure est très-remarquable. AG est la gouttière par laquelle les alimens descendent dans l’estomac; les parois de cette gouttière sont écailleuses et de couleur sombre ; elles s’épaississent insensiblement un peu depuis A jusqu’à B, et elles sont bordées chacune d’une aile de couleur plus claire, qui s’élargit également de part et d’autre en approchant de l’œsophage, et qui donne au tout la forme d’une truelle alon- gée A,F,B,G,A. Ces deux ailes sont obliquement traversées d’une centaine de barres pour le moins, dont la direction vers l’estomac se voit entre F et G. Avec un verre de deux cinquièmes de ligne de foyer, j’ai trouvé que ces barres étoient écailleuses et gar- nies de dents extrêmement petites. Les barres les plus lon- gues en avoient chacune une douzaine, les autres me paru- l’ent en avoir moins, à proportion chacune de leur longueur. La fig. 5 est la coupe transversale du palais dont AG marque la cavité du canal ou de la gouttière. L’oesophage a naturellement la courbure qu’on lui voit en B,G,D, fig. 4» et qui est l’effet de deux lames écailleuses parallèles, naturellement ainsi fléchies, qui en parcourent la longueur. Elles se touchent, mais ne peuvent aisément s’é- carter pour donner passage aux alimens. Au bout de ces lames on trouve dans l’œsophage une pièce, en partie écail- leuse, en partie membraneuse et en partie charnue, D,E, fig. 4j et N, fig. 27, qui représente en droite ligne le canal DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^^ qui descend de la bouche A jusqu’à l’eutrée de l’estomac, dont l’usage n’est pas facile à déterminer. Elle pourroit bien être une sorte de machine pneumatique dont les parois, en s’écartant, formeroient un vide propre à faire passer, jiar la pression de l’air extérieur, les alimens de la bouche dans l’estomac. Quoi qu’il en soit, ce qu’il y a d’écailleux dans cette partie est composé de deux lames recourbées, appli- quées l’une contre l’autre, qui laissent un petit vide entre elles, et forment par leur rencontre un contour de cœur alongé que l’on remarque en N, fig. 275 mais qui paroît beaucoup plus grand, et dégagé de ce qui l’environnoit en dessus, fig. 18, en perspective, fig. 17 , et de côté, fig. i5. Quant au corselet, son dessus est composé de deux pièces égales, presque écailleuses , et réunies le long de la ligne supé- rieure. Son dessous, qui paroît fig. 2, est pareillement écail- leux, ou peu s’en faut. Il a la figure d’un écusson, et est lon- gitudinalement traversé de deux raies d’un brun plus foncé que le reste. Des côtés de cet écusson partent les huit pâtes, qui, comme les antennes, m’ont paru chacune composées de cinqpièces écailleuses, articulées par des membranes. Ces pâtes sont hérissées d’épines noires , de différentes grosseur et lon- gueur. Le corps et le corselet de l’araignée sont aussi garnis d’épines, dont les unes sont noires , et les autres blanchâtres. Elles contribuent à former la diversité des taches que l’on voit à cet animal: mais ce qui les constitue principalement est une seconde peau qui se trouve sous la supérieure, et qui est teinte de ces diverses couleurs que la transparence de la peau supé- rieure, quoique très- forte, coriace, et tenant de l’écaille, per- met d’entrevoir. ANATOMIE 4o4 Lorsqu’on racle et qu’on emporte le poil ou les épines de cet insecte, Qii voit que le fond de sa couleur est d’un feuille- morte jaunâtre, rehaussé de taches noires, et piqué de points blanchâtres. La peau supérieure, trempée quelque temps dans l’eau, et ensuite examinée au microscope par son côté intérieur, m’a paru double, quoique je n’en aie pu séparer les deux lames 5 car je l’ai trouvée criblée d’un grand nombre d’ouvertures très- sensibles, au travers desquelles il étoit aisé d’apercevoir l’autre duplicature qu’on pouvoit envisager comme réjiiderme, et alors cette partie criblée seroit la peau, et la tunique colo- rée et mollasse qui est dessous pourroit être envisagée comme la membrane adipeuse, ou bien comme le panicule charnu de l’animal, suivant que ce tégument sera trouvé graisseux ou non , ce que j’ai néglige d’examiner. Quand on a enlevé le dessus du corselet, avec la tête qui y est enchâssée, on met en vue le cerveau composé de deux masses assez petites, blanches, à peu près sphériques, A et B, fig. 22, avec la moelle épinière qui en est comme une con- tinuation très-volumineuse. Ce cerveau se trouve placé à la hauteur de l’endroit où la tête s’enchâsse dans le corselet. Les deux lobes du cerveau sont séparés; mais la moelle épinière qui en procède forme deux troncs épais qui d’abord se tou- chent, ensuite se séparent, parcourent chacun une courbe irrégulière, et vont se réunir et se confondre plus bas sous la ligne supérieure, et renferment ainsi un espace qui tient de la forme du corselet. A mesure que la moelle épinière décrit de part et d’autre la courbe dont il vient d’être parlé, elle fournit neuf branches, C,D,E,F,G,H,I,R, et L, qui , à la réserve de la DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. dernière, s’introduisent chacune dans la première articulation de la pâte qui lui est la plus voisine. La dernière branche L, se dirigeant perpendiculairement vers le corps, atteint l’écaîlle qui le sépare du corselet. ije cerveau, le tronc et les branches de la moelle épinière, ont plusieurs renflernens et inégalités irrégulières, comme le montre la fig, 22. La substance en est molle et blanchâtre, mais picotée à plusieurs endroits de petits points bruns, comme on le voit représenté dans cette figure. On aperçoit dans l’espace que renferment les deux troncs de cette moelle, directement au-dessous de leur séparation antérieure, un corps pointu M, un peu plus sombre que le reste. C’est l’assemblage écailleux, que j’ai dit, c[ue je soup- çonnois être une espèce de machine servant à pomper les alimens de la bouche vers l’estomac. Elle ne paroît pas fort distinctement ici, parce qu’elle est couverte de chairs qui remplissent cet espace, et qui sont mollasses, blanchâtres et peu transparentes. Lorsque, laissant l’araignée dans la même position, on enlève le cerveau et toute la moelle épinière, avec les par- ties qui les environnent, on met à découvert un assemblage solide et blanc, qui, par sa fermeté, tient de l’arête et est d’une figure assez élégante. Il peut être considéré comtne le sternum de l’insecte; cet assemblage se voit fig. 26. 11 ne repré- sente pas mal un corset travaillé à jour et criblé de quantité d’ouvertures irrégulières, dont celles du milieu sont moins grandes que les autres. De ses côtés partent plusieurs paquets ou faisceaux de lames fibreuses B,B,B,B, dont la substance tient de la fermeté d’un cartilage, et paroît se ramollir à ANATOMIE 406 mesure qu’elles s’éloignent de l’endroit d’où elles partent. Les muscles de la tête et des pâtes y ont été probablement insérés. Sur le devant A de ce sternum repose la partie D,E, fig. 4? ou N, fig. 2^, qui est la même, différemment grossie et exposée en vue, dont il a déjà été parlé, et qui se trouve au bas de l’œsophage. Cette partie est suivie d’un conduit membraneux qui, traversant la longueur du sternum et le dépassant, s’introduit dans le corps, au travers de l’étrangle- ment qui le sépare du corselet, où vraisemblablement il va s’ouvrir dans l’estomac. On voit à la région antérieure du dessous du ventre de la femelle en V, fig. 2, une pièce écailleuse, couleur de gomme commune, que l’on ne trouve point au mâle. C’est par là que se fait l’accouplement. Ces parties sont placées sur le bord anté- rieur d’un sillon très-profond E,H qui, à quelque distance de la ligne inferieure, remonte vers le corselet, et qu’on expose en vue lorsqu’on soulève et tourne en dehors l’écaille V. A droite et à gauche ce sillon est en dessus bordé de deux raies d’un jaune pâle, et différant de la couleur des autres parties extérieures de l’animal. La fig. 21 représente séparément, plus en détail et plus en grand, l’écaille V, fig. 2. Vue aussi en dehors, on n’y aperçoit dans cette situation aucune ouver- ture. La fig. 19 en offre aplomb le côté qui borde le sillon E,H, fig. 2. J’y ai cru apercevoir en Y une ouverture très- petite et proportionnée au pénis du mâle 5 aussi est-ce par là que je l’ai vu s’accoupler en d’autres espèces. La fig. 16 est la même pièce écailleuse, présentée du côté opposé ou inté- rieur. Ses contours y paroissent différons de ceux qu’elle a fig. 21 , ce qui vient de deux branches écailleuses circonflexes DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. Q,R et s, T qui bordent en dessous cette écaille, et s’élèvent en arcade vers leur milieu, ce qu’on n’a pu bien exprimer danslafig. i6. Cet insecte est hérissé de deux sortes d’épines, les unes longuettes et lisses, ou peu barbues comme fig. 7, les autres très-courtes, fines et à grandes barbes. Ces barbes sont très- longues au bas de l’épine, et diminuent en longueur à mesure qu’elles approchent de sa pointe. Le nombre de ces barbes varie beaucoup. La fig. 6 représente une de celles qui en avoient le plus. La fig. 1 1 montre aplomb l’extrémité postérieure du corps de cette araignée, et beaucoup plus en grand qu’on ne la voit r,G,G,F, fig . 2. J’y ai soulevé et écarté les quatre mamelons ou filières, et les deux queues G, G, fig. 2, ou Y, Z, fig. 1 1 , afin de faire remarquer comment ces parties se trouvent placées sur une membrane blanchâtre elliptique, qui ne paroît point quand elles sont dans leur état de repos. Toutes sont rases et blanchâtres aussi loin quelles ne se montrent pas alors : le reste en est épineux et d’une couleur plus foncée. FF, fig. ii, sont les mamelons extérieurs, ceux qui sont toujours en vue. Au dessous de ces mamelons ou en découvre deux autres plus petits, qui sont ordinairement cachés par les précédens. Gomme la structure de ces deux paires de mamelons a déjà été détaillée ci-dessus par rapport à une autre araignée, on se dispensera ici de s’étendre là-dessus davantage. On voit en A, fig. 1 1, deux traits courbés en arc, qui ren- ferment un espace étroit et oblong. Je soupçonne que c’est l’anus; mais j’ai négligé de m’en assurer. Lorsqu’on ouvre le corps de cette araignée, on trouve que ANATOMIE 4o8 ses entrailles sont entièrement couvertes d’une enveloppe très-épaisse, composée de substance graisseuse ou huileuse, rassemblée par grumeaux de forme très-variée, et qui laissent entre eux de fort profonds sillons. Au microscope on aperçoit que tous ces grumeaux sont enveloppés de vaisseaux blancs, fort déliés, et tous à peu près de même capacité, qui commu- niquent les uns avec les autres, et forment à l’entour de ces grumeaux , en dessous et en dessus, un tissu réticulaire assez curieux; et lorsqu’on essaie d’enlever les grumeaux anfrac- tueux, dont cette enveloppe est composée, on voit que ce même tissu s’y insinue et communique par ses ramifications avec le tissu opposé. Aussi, quand avec un pinceau l’on bat légèrement pendant quelque temps un morceau de cette enveloppe dans une goutte d’eau, et qu’on a ainsi dégagé le tissu réticulaire de la substance graisseuse qui l’environne, on est surpris du grand nombre de vaisseaux dont on voit alors Cfu’il est composé; mais ce qui m’a encore surpris davantage, c’est que ces vaisseaux ne me parurent point des bronches, cjuoique leur grand nombre et leur couleur sembloient devoir le faire penser; car les ayant examinés avec un très-fort mi- croscope, je les trouvai remplis en plusieurs endroits, et non vides, comme le sont les bronches, et je ne leur aperçus point ce iil roide tourné en ressort à boudin, qui caractérise les bronches des insectes. Aussi n’ai-je trouvé dans cette arai- gnée aucun vaisseau de cet ordre, chose remarquable, si ef- fectivement elles n’en avoient point, ou que leurs bronches fussent autrement faites, ou bien que la finesse de leur fil le fût au point de le rendre imperceptible aux meilleurs mi- croscopes. DE DIFFÉRENTES DEPECES d’iNSECTES. 4^9 Dans cette incertitnde, je cherchai avec attention si je ne découvrirois point à cette araignée quelques stigmates, et je trouvai sur les côtés de son ventre, aubord du sillonE,H, Hg, 2, deux élévations paraboliques, écailleuses, fig. 8, extrêmement grossies, fig. ro. Leur grand diamètre avoit environ le tiers de l’étendue d’un crochet de paturon de cet animal. Ces éléva- tions écailleuses éloient criblées d’un très-grand nombre de trous ronds, extrêmement petits, ce qui pouvoit rendre cette partie propre à faire les fonctions d’un stigmate. Je trouvai bien encore sur la peau du corps de cet insecte des élévations écailleuses, de figure pareille, mais si petites que leur grand diamètre ne faisoit c[ue le tiers du court diamètre des précé- dens. Aussi n’ai-je pu m’apercevoir s’ils étoient pareillement criblés de trous, et je n’ai pas fait assez attention aux endroits du corps où je les ai vus, ni si des bronches s’abouchoient intérieurement aux unes et aux autres; de sorte que ne pou- vant décider si ces élévations ovalaires sont des stigmates ou non, ce point reste encore à éclaircir. Lorsqu’après avoir ouvert le ventre de l’araignée le long de sa ligne inférieure, depuis ses queues G, G, fig. 2, jusqu’au sil- lon E,H, on sépare le corps graisseux en deux masses et qu’on les couche à droite et à gauche, comme on l’a fait en A, H,D,B,I,E, fig. i3, avec les tégumens qui l’ont couvert, on met en yue les parties représentées fig. i 3, où l’on aperçoit d’abord après l’é- caille G qui caractérise la femelle, l’ovaire A,D,B,E. Il s’étend depuis le sillon E,H, fig. 2, jusqu’à une petite distance des mamelons F, F, et occupe une grande partie du ventre. Cet ovaire est blanc; on y entrevoit distinctement les œufs au travers des membranes qui les enveloppent : on aperçoit de Mém. du Muséum, t. 18. 53 ANATOMIE 4lO plus, dans la fig. i3, qu’il est partagé en deux lobes qui se touchent, et que, du côté de l’écaille C, un appendice encore plus blanc, terminé en pointe émoussée, et de la largeur envi- ron de cette écaille, occupant à peu près le tiers de la longueur de l’ovaire, en couvre une partie. C’est un lacis d’un très-grand nombre de vaisseaux blancs, extrêmement déliés, qui sem- blent pareils à ceux qui forment un tissu réticulaire autour du corps graisseux. Quand on tire l’ovaire du corps de l’araignée, on trouve qu’il est composé de deux lobes séparés, dont chacun est un sac membraneux très-transparent, fig. i4, sur le dehors duquel tous les œufs sont séparément logés; cjue ce sac se termine antérieurement par un canal court et assez large. A, qui d’a- bord se partage en deux branches, G et B, dont l’une, C, aboutit et tient à l’écaille G, fig. 1 3 , et l’autre. B, monte vers le corselet. G’est apparemment par la première de ces branches que les œufs, moyennant le coït, reçoivent leur fécondité, et que par l’autre ils tirent leur nourriture, et reçoivent leur accroissement. Le lobe, fig. i4j de l’ovaire a été représenté en sens opposé à celui où il s’offre fig. i3, où les œufs paroissent tous à peu près également gros et formés, pendant qu’ils se montrent plus petits fig. 14, à mesure qu’ils approchent de la ligne supérieure : aussi n’occupoient-ils pas tout ce côté du sac de l’ovaire; mais ils en laissoient un espace assez grand, dégarni comme on le voit dans cette fig. i4? où les grands œufs qu’on entrevoit dans cet espace sont ceux du côté opposé, que la transparence de la membrane qui constitue le sac de l’ovaire permet d’apercevoir. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. Ayant examiné comment les œufs tiennent à ce sac, j’ai trouvé que chaque œuf étoit renfermé dans un sachet parti- culier, qui avoit un cou, par lequel il communiquoit et s’ou- vroit dans le grand sac commun. Je n’ai pu compter au juste le nombre des œufs de chacun des deux lobes, ou sacs com- muns; mais il m’a paru qu’il alloit bien à trois cents pour le moins. La fig. 12 peut donner une idée de la manière dont les œufs, renfermés chacun dans son sachet particulier, commu- niquent avec le sac commun de l’ovaire. On y voit six œufs, fort grossis, qui, renfermés chacun dans un tel sachet, tiennent par lui à une membrane A,e, qui est un morceau du sac commun, où l’on voit encore en B un de ces sachets par- ticuliers déchiré dont on a tiré l’œuf. Entre l’extrémité de l’ovaire et celle du corps, aux en- virons des mamelons, on trouve quantité de vaisseaux blancs, formant un lacis confus assez considérable, D,F,G,E, fig. i3. Ce sont les vaisseaux soyeux où se filtre et se préparé la substance glutineuse de deux sortes, qui, se moulant dans les ouvertures des filières, prennent consistance à l’air, et forment deux sortes de fils assez forts pour porter le poids de l’araignée, et dont les uns restent toujours gluans, et les autres cessent de l’être presque aussitôt c[u’ils sont attachés quelque part. Je n’ai pas développé le lacis impliqué que forment ces vaisseaux, qui semblent se séparer en trois masses. Tout ce que j’y ai aperçu, c’est qu’ils sont fort nombreux ; qu’ils ne sont pas de même grandeur; c[ue chacun d’eux est comjiosé de deux tuyaux renfermés l’un dans l’autre, dont l’extérieur a beaucoup plus de calibre que l’intérieur; que l’espace entre les deux est en grande partie rempli d’une /^I2 ANATOMIE ’v substance blanche et opaque, et que le tuyau intérieur ren- ferme une liqueur transparente, qui vraisemblablement est la matière soyeuse toute filtrée, et propre à être mise en œuv]fe. Ghaeun de ces vaisseaux tient à une espèce de pédi- cule membraneux, qui n’est qu’une continuation, des tuyaux intérieur et extérieur^ qui se rétrécissent à cet endroit. On voit, fig, 9, un paquet de quatre de ces vaisseaux, avec leurs pédicules fort grossis au microscope. Ayant borné ici mes recherches sur les araignées, je laisse encore un vaste champ, à ceux qui voudront s’y exercer après moi, et je passe h d’autres espèces d’insectes. SCARABÉES. Grand Scarabée oliaâtre aquatique. PI . 1 1 . On sait que les scarabées, à prendre ce mot dans son sens le plus étendu, qui est celui c|ue je continuerai d’employer, constituent une des trois classes d’insectes qui changent tota- lement de forme, et que leur caractère distinctif est d’avoir, quand ils ne volent pas, les ailes (i) repliées sous des étuis, ,1: ■ (i) Il y a des insectes qui ont en gros la forme de scarabées , mais dont l’e'tui, ou les étuis, ne couvrent point d’ailes, Il me, semble qu’on pourroit les appeler de faux scarabées , ainsi qu’on a donné le nom de fausses chenilles à des larves d’in- sectes qui ont du rapport avec les chenilles , mais en diffèrent entre autres par le nombre des jambes , et qui se changent naturelle7nent en mouches i et jamais en papillons : comme on pourroit appeler d.emi-scarabées ceux dont les étuis sont si courts , qu’ils Jaissent une bonne partie du corps à découverf.j; ,co|n}n6 J,e perce- oreille , qui renferme ses ailes dans de si, petits étuis qu’on ne soupçonneroit pas qu’il put’ voler, et le scarabée fossoyeurj dont lél étuis ne lui par^vierinènt guère qu’à demi-corps , ou un peu au-delà.' •!:) ■ • i l.!!;» DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^^ qui les garautissent , taudis que. les 'mouches «trilei ^?pàpllons qm çoiistiUuent les deux i autres classes, lès'paritent a décou- vert. Ces starabées peu\5ent être distingués, et Tout 'Cffeo-^ tivëment été en bien de genres, dont nous ne tracerons' point s ici' les caractères : notre dessein Iri’étant isimplèmeïrt- qaei de' donner une esquisse historique de quelques uns dO-Ceux que le hasard nous ayant fait tomber entre les mains, ont attiré! par quelque endroit notre attention. Le scarabée aquatique, dont le mâle est représenté en; dessus dè^gfshdeûP'naturélle, pl. Il, lig. 6, et la fenielle en dessus et en dessous, ^ftg. et 8, est de cet ordre. c :>■ , li r.yn = ..‘Lj Il tire son origine d’un œuf blanc, oblong:, na pJÊU courbe, d’où naît un hexapode, ou ver à six pâtes, qui vit dans l’eau.t Dès sa naissance, il a en petit la mêmenforme qu’p'n lui voit fig. I et 2, où il est représenté parvenu àtoulh sa grandeur.. Quoique privé de .boiiche, et de dents, il nè laisse pasi d’être très-hardi et carnassier. Au lièu de ces armes la'uiature lui a' donné, ;à chaque coté du devant de la tête, un cfochetmobile, creux et perc^, Aqfig. i et 2, dont il dilesse et tueHlesi ani- maux, dii'suc dèsquelsdl se nourrit en le suçant. au travers de ses deux ciiochetsj ïl esUsi intrépide, malgré desarjï^és si foibles en apparence,’ qu’il oseï attaquer jusqu’à; des-pèlites grenouilles, qui ont beau se débattre et l’emporter! bienl loin à, la nage, ne le font point lâcher prise, et ;ce. n’est iqii’après les avoir tuééset s’être rempli de leur substance, qü al quitte le reste de sa proie; Il s’accommode aùssicfortibiert de têtards, de chevrettes d’eau douce, etide cloportes aquatiques. Le fond' de sa coulem’i est d’unJbrun mirant sur le 'feuille- morte. Une raie plus claire, bordée dhiiw^brurr foncé, luî ANATOMIE 4i4 couvre les lignes supérieures et latérales. 11 a six p'etits yeux ovales à chaque côté de la tête : leur petitesse ne les fait pa- roîtÿe dans les iig. ir;et .2 que comni'e un! point. A la loupe on lesitrouve rangés comme le six d’qn dé. Ce ver respire l’air par l’extrémité postérieure.' Use tient ordinairement suspéndu pour cet: effet à la surface de l’eau^ dans' l’attitude où il a été représenté ligi i, au moyen de deux filets barbus B, fig. i et 2. Il a onze anneaux, dont les deux derniers C et B, fig. 2, sont barbus sur les côtés. Ses jambes y qui, pour lui serVir en même temps de nageoires le sont pareillement, mais d’un poil extrêmement fin, sont, comme d’ordinaire, au nombre de six. Cet insecte a mué deux fois chez moi, laissant à chaque reprise une dépouille complète de toutes ses parties exté- rieures. J’ignore combien de fois cela leur arrive, parce que je n’en ai pu élev(er depuis l’oeuf jusqu’à leur dernière trans- fojrnaation; mais à en juger par les différentès 'grandeurs- où ils parviennent d’une mue rai l’autre, if y* a apparence qu’élis le 'font au, moins, quatre fois. Les mieiis < laissèrent environ rintervalle de dix Ijours entre chaque mue-, et dix jours après la dernière ils sortirent fie l’eau pour aller se changer en nynaplaes; Ce que le premier des miens fit- ^le huitième de juillet., Je fus surpris de lüi trouver déjà alors des stigmatès. Ils étoient, noirs, et placés siir le bord supérieur de la raie large et blanchâtre, qui couvre ses lignes latérales. Chaque anneau én .avoit 11m de part et d’autre,^ excepté les trois pre- miers et le dernier^ où je n’en; .ai point ^ajjerçu^ ' Comme ces stigmates ne lui sauroient guère servir lors qu’il vit encore dans l’eàu, puisqu’il y respire alùrs par la queue, sans qu’ ou s’aperçoive d’aucune expiration par ces DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^^ organes^ il est à présumer qu’ils ne commencent proprement à lui servir que lors qu’il a quitté l’eau pour aller se changer en nymphe. C’est ce qu’une expérience m’a paru prouver : car ayant remis dans l’eau un de ces insectes qui s’en étoit retiré depuis quelques heures, je vis, ce qui ne m’étoit point arrivé auparavant, sortir des bulles d’air de chacun de ses stigmates. Le ig juillet, le même animal, et encore un autre pareil, sortirent de l’eau. Ils se creusèrent chacun un trou en terre, le premier rond, l’autre moins régulier, ouvert par le haut, où, couchés sur le ventre, le dos renversé en demi-cercle, la tête et la queue eléyée de niveau, ils se disposèrent à se chan- ger en nymphe jmais l’un mourut avant ce changement, l’autre le commença le aor|,t. Sa peau se fendit pour cet effet de- puis la tête jusqu’au cinquième anneau, mais il ne put s’en dégager; sa nymphe resta défectueuse, et mourut pareille- ment sans changer de forme. L’année suivante, j’en obtins de mieux conditionnées, et telles qu’on en voit une, fig. 3, couchée sur le dos, fig. I\, sur le côté, et fig. 5, sur le ventre. Elles éloient blanchâtres. Leurs ailes. A, fig. 3, ramenées en raccourci sur le devant du corps, étoient placées entre la seconde paire de jambes B, et la troisième G : D en est la première paire. Leurs yeux, E, étoient noirâtres. Elles avoient à la partie postérieure deux petits corps longuets, cylindriques, F, bruns à leur extrémité, et hérissés de très-petits poils , dont son dos étoit pareille- ment garni, mais plus .légèrement. J’ai négligé de remarquer combien de jours il leur faut ANATOMÎB 416 pour p'arvenii’ à leur dërhîère forme, qui, comme ou l’a déjà dit, est fèprésëufëe fig. 6/7 et‘8. Le dessué de leur corps est d’un ôlîvàirè'Toncë, rehaussé, tout autour du corselet et dû côté èxlériëur des étuis des ailes, d’une assez large raie feuille- morte. Leùrs"|ahlhies et le dessous du corselet et du ventre tiennënt'dë cette dernière' couleur. Les mâlés,'fîg. 6, ont le dessus des étuis A, A, du corselet CC, et de la tête, D, lisse, si ce n’eSt que les étuis en sont longitudinalement traversés de deux ou trois sillons très-tins, et presque imperceptibles. dont on en distingue deux sur la partie éclairée d’un des étuis de l'a fig. 6. Ui Les ferdelles, fig. 7, ont la partie'antérîeure des étuis, jus- qués environ les deux tiers de leur longueur, cannelé de dix profonds sillons très-distincts. Les mâles seuls ont à chacune •de leurs deux pateS antérieures, vers le haut du pied, une plaque ou palette, fig. 6, B, B, bordée d’une rangée de cro- chets très-fins, et munie en dessous de deux suçoirs, s’il m’est permis de nommer ainsi dèux cavités dont l’animal peut se servir, en les appliquant immédiatement contre le corselet de la femelle, et en augmentant leur creux, pour s’attacher et se tenir mieux à la femelle ‘dans l’accouplement, qu’il n’^auroit pu de faire par les seuls crochets de ses deux palettes. Aussi les voit-o’n souvent, alôrS ainsi unis, nager long-tempS ën- semble sans lâcher prise. Le temps dë l’acconplement de ces scarabées dure pendant tout l’hiver et une partie du printemps; et les femelles ont alors le dedans de l’ouverture de l’extrémité postérieurë de leur corps tout bla’nc. DE DIFFÉEEÎ^TES ESPECES d’iNSECTES, 4^7 11 m’a pam qu’elles pondent au printemps plus d’une fois, et qu’elles mettent bas à chaque ponte de quarante à cinquante œufs. Mes scarabées n’ont eu aucun soin de les pondre dans des nids, ou de les réunir et placer ensemble à quelque en- droit, mais ils les ont laissé tomber au hasard dans le réser- voir où je les notirrissois, et le temps de leur ponte a duré chaque fois pendant quelques jours. Plusieurs années de snite aucun de ces œufs n’est éclos dans mon petit vivier. J’en ai mis dans des verres pleins d’eau, j’en ai mis à sec, j’en ai mis dans des lieux humides, j’en ai couvert de terre, j’en ai posé dessus, toujours inutilement. Enfin, de plusieurs que j’avais peu profondément submergés dans un plat, il m’en est éclos un seul, vers la fin de juin, il mua le lo de juillet pour la première fois, et le 21 pour la seconde, et mourut quelque temps après, sans être parvenu à sa grandeur naturelle. J’ai expérimenté au reste par les scarabées qui naissent de ce ver, et que j’ai nourris, qu’ils peuvent vivre quelques an- nées, mais je n’en saurois déterminer le nombre. Pour occuper l’espace vide qui me reste dans cette planche, je l’emploierai à y tracer et faire connoître deux petits sca- rabées terrestres, dont l’un ne fait aucun mal, que je sache; mais dont l’autre est très-nuisible aux oiseaux empaillés, et qu’il est bon de connoître, pour tacher de s’en garantir. Le premier naît d’un Ver Scardhée hexapode, dont Vhwer est la saison. PI. 11. Il est réprésenté étendu dans toute sa grandeur, fig. 17, et un peu contracté, fig. 18. On le trouve tout l’hiver au pied Mém. du Muséum, t. i8. 54 ANATOMIE des chênes, sous leurs feuilles niorles, dont il se nourrit : sa couleur est d’un brun de café brûlé. Son dos est garni de lames écailleuses, et il est hérissé de poils très-courts, de la même couleur, outre lesquèls il en porte une forte houppe aux lignes latérales de chacjue anneau. Pour peu qu’on l’inquiète, toute sa défense_se réduit à se rouler en pelote, comme on l’a réprésenté fig. 19. Ses jambes sont un peu velues, et articulées de la façon que le montre la fig. 20. Ce ver a des antennes, chose aussi rare dans l’état rampant aux insectes destinés à changer totalement de forme, qu’il leur est ordinaire quand ils sont devenus ailés. Elles sont réprésentées en leur place naturelle en A, A, fig. 22, et on en voit une séparée, et encore plus grossie fig. 21. Un poil très-fin les garnit. On leur voit trois articulations, dont la première, A, celle qui part immédiatement de la tête, est blanche, courte, très-grosse, et a de la transparence; la se- conde , B, qui est plus courte, et beaucoup moins grosse, est garnie d’un cercle brun; la troisième, encore plus mince à son origine cjue les deux précédentes, y est aussi transpa- rente; le reste en est brun; sa tige, qui est assez longue, et qui s’épaissit insensiblement, se termine à son extrémité par un mamelon plus mince, et aussi transparent. La fig. 22 représente par devant, et en plein raccourci, la tête du ver dont il s’agit, mais fort en grand, pour faire voir surtout l’arrangement des parties qui composent sa bouche. L est sa lèvre supérieure; D,D marquent ses deux mâchoires : elles sont fortes et épaisses; B et b sont deux paires de barbillons qui environnent le dessous de sa bouche. La fig. 23 est celle d’une de ces mâchoires plus grossie, et DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4 ' 9 vue par son côté, qui ('ait face au dedans de la bouche. Ou remarque en A qu’elle est creuse j en B, que son bord est garni de cinq ou six dents, ou plutôt apophyses inégales, et en G, que son extrémité antérieure, celle qui s’avance le plus vers le devant de la bouche, est fourchue. La fig. 24 offre en grand un des deux barbillons B, fig. 22. 11 paroît avoir trois articulations. Son côté intérieur porte une lame écailleuse L, hérissée de filets roides, qui concourent vrai- semblablement h la mastication. La fig, 2Ô trace fort en grand, et à part, la lèvre inférieure. On voit comme elle est formée d’un assemblage écailleux, assez régulièrement façonné de plusieurs pièces réunies. La fig. 26 montre en grand le dessus de la lèvre supérieure. Elle est écailleuse en dedans et en dehors. La fig. 27 met en vue l’espace creux qu’il y a entre ses faces intérieures et extérieures , de même que quatre pointes écailleuses, qui ont vraisemblablement concouru à l’attacher à l’écaille de la tête, avec laquelle elle a été réunie. Le troisième juillet un de ces insectes se changea chez moi en nymphe, sans s’être fait aucune coque. Je remarquai seulement qu’il s’étoit tenu quelques jours de suite dans l’attitude de la fig. ig, et ensuite je trouvai au même en- droit la nymphe couchée auprès de sa dépouille, qni avoit conservé la même forme et courbure qu’auparavant; seule- ment elle avoit une fente au crâne et au-dessus du dos, par où la nymphe étoit sortie, La fig. 28 fait voir cette nymphe dans sa grandeur naturelle, du côté du ventre, et la fig. 29, couchée sur le côté. La fig. 3o la représente en grand du côté du ventre, et dans sa courbure naturelle. Elle est blanche, et hérissée de ANATOMIE 420 poils roux. Ce qu’elle a de plus remarquable , c’est qu’on lui aperçoit à chaque côté huit excroissances assez longues et grosses, pareillement garnies de poils, et dont les trois der- nières, qui sont les moins grandes, ne sont guère visibles dans la figure, à cause que l’extrémité postérieure de son corps , par sa courbure, y paroît trop en raccourci pour pou- voir les y distinguer. Cette nymphe m’a produit, le même été, un scarabée à an- tennes filiformes, à petite tête, corselet resserré, étuis alon- gés, jaunâtres, un peu velus à la loupe; tout le reste en étoit noir. Il est représenté de grandeur naturelle, fig. 3i. Ver pareil, destructeur Æ oiseaux empaillés. Les collections d’oiseaux secs, si l’on n’en a bien soin, sont exposées à la voracité de trois sortes d’insectes qui les ont bientôt détruits, surtout quand ils y travaillent chacun de leur côté. Les plus communs sont les mites , qui d’abord y font peu de dégât, mais qui, quand on les laisse trop se multi- plier, leur deviennent toujours plus redoutables. Les seconds sont une sorte de chenilles teignes qui mangent les barbes des plumes de ces oiseaux, et n’en laissent que les tuyaux; et les troisièmes sont les vers de scarabée, représentés dans toute leur grandeur de côté,pl. ii,fig. 9; parle dos, fig. 10, et du côté du ventre, fig. ii. Ces vers se nourrissent volontiers de chairs desséchées, et surtout de celles d’oiseaux, ce qui les rend redoutables aux collections qu’on en conserve dans les cabinets. Les oi- seaux même, dont on a vidé toutes les chairs et rempli la DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. peau avec du tabac à fumer, ne sont point mis à couvert par là de leurs ravages : ils attaquent encore ces peaux, quoi- que infectées, et surtout alors ils n’épargnent point la tête ni les ailes de ces oiseaux , et parviennent ainsi à les défigurer, et même à les détruire. Les endroits cependant pénétrés de térébenthine ne sont pas fort de leur goût; mais il est bien difficile d’en pénétrer des oiseaux tout entiers, et surtout des grands, sans les gâter ; et quand on se contente de n’en mouiller que le dedans de la peau, cela ne la garantit pas d’être rongée par dehors, sur- tout aux endroits où le§ plumes ont été implantées. On se tromperoit aussi si l’on croyoit faire mourir ces vers en les trempant quelques momens avec l’oiseau dans de l’esprit-de- vin. Ils résistent même à cet esprit rectifié. J’en ai noyé dans cette liqueur, et quelque temps après les en ayant rétires comme morts, le lendemain je les ai trouvés pleins de vie. Ils ne résistent pas de même à la térébenthine : elle les I ^ tue quand ils y ont un peu trempé; et je ne doute pas que l’huile ne fît sur eux le même effet, quoique je ne l’aie point essayé; mais l’huile gâte les plumes. Ce ver, au reste, quand il est parvenu à toute sa grandeur, est brun en dessus, et pourvu d’écailles. Le dessus de sa tête a quelque, rapport avec celui des chenilles. Le premier an- neau de son corps est le plus large. L’insecte a le dos hérissé de poils de différentes grandeurs qui , vus au travers d’un bon microscope, paroissent barbus, de la manière qu’un bout en a été représenté fig. 12. L’extrémité postérieure de l’animal est garnie de deux petites queues écailleuses. Son corps est blanc par dessous, et les écailles de son dos couvrent, vers 42 3 ANATOMIE !a queue, une partie de son ventre, comme on le voit fig. 9 et II. Il change diverses fois de peau, et immédiatement après il est tout blanc; mais ensuite il devient brun en dessus. Quand il doit se transformer en nymphe, il court se cacher h quelque endroit à l’écart où, sans se faire de coque; il reste jusqu’à ce qu’il se soit dépouillé, après quoi il paroît sous la forme d’une nymphe blanche ordinaire, et telle qu’elle a été repré- sentée fig. i3, du côté du ventre, et fig. i4 à l’opposite, ayant conservé h la partie postérieure les deux petites queues brunes et écailleuses qu’elle avoit dans son état de ver, et étant de nouveau couverte de cjuelques lames écailleuses sur le dessus du dos. Cette nymphe, après s’être comme d’ordinaire dépouillée pour la dernière fois, paroît sous la figure d’un scarabée assez joli, représenté de grandeur naturelle fig. i5, en dessus, et fig. 16 de côté. Sa tête, son corselet, et la moitié postérieure des étuis de ses ailes sont noirs. L’autre moitié est d’un feuille-morte grisâtre, et chacun porte trois petites taches noires, placées en triangle, dont la base est du côté de la tête de l’animal. Il ne meurt pas non plus fort aisément dans l’esprit-de-vin rectifié. J’y en ai tenu un, pendant un quart-d’heure, qui en ayant été retiré comme mort , s’est trouvé une demie-heure après de nouveau plein de vie. Scarabée 7)oltigeur. PI. 12. Ce scarabée, dont le ver vit de chardons, et qui n’est long que d’environ trois lignes, mérite cjuelque attention, tant DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. /pS pour sa dextérité que pour la singularité de sa forme dans ses trois états. Dans l’état de ver, pl. i 2, fig. 1 et 2, son con- tour tient de celui du cloporte , mais il est bordé à cliaquê côté d’une douzaine de grosses épines ; sa couleur est d’un vert sale. A une petite distance de la ligne supérieure, il a sur le bas du dos deux épines qui lui sont perpendiculaires, plus grandes et plus fortes que celles qui bordent ses côtés; et de plus un rang de très-petites éjaines ou points noirs, dont il y en a deux beaucoup plus grands que les autres, à la hauteur environ de sa troisième paire de pâtes, parcourent des deux côtés de la ligne supérieure toute la longueur de son dos. Ses six pâtes sont fort courtes, ce qui fait qu’il marche très- lentement, et que, couché h la renverse, il n’en sauroit tou- cher la terre, à di’oite ni à gauche, ])Our se relever; difficulté qui est encore considérablement augmentée par les deux files de grandes épines roides qui bordent ses côtés; de sorte que cette position semble être pour lui un état des plus critiques. L’y ayant mis à dessein , je ne concevois pas comment il s’en jjourroit tirer; mais il me montra qu’il avoit des ressources, auxquelles je ne me serois pas attendu, contre une si fâcheuse position, ressources qui, tenant de l’art de voltiger, m’ont paru devoir lui mériter le nom de voltigeur que je lui ai donné. 11 se courba à la renverse, tellement qu’il ne toucha plus à terre que par sa tête et les deux grosses e'pines au bas de son dos, et après avoir continué ainsi à se courber jusqu’à ce qu’il pi\t atteindre de ses deux pâtes antérieures à terre, il les y accrocha, et tirant son corps en avant, il lui fit faire ainsi la culbute par dessus sa tête; ce qui le remit le ventre contre terre, et en état de pouvoir marcher. ANATOMIE 424 Pour changer d’état , ce qui arriva chez moi aux mois de juin et de juillet , ils n’y font d’autre façon que de s’attacher par la queue à une feuille, et après y être ainsi restés pendant quelques jours , leur peau se fend, ils en sortent par devant, et la passant par dessus leur corps, où elle se rassemble en pelote vers la queue, ils y restent suspendus par cet endroit. C’est ainsi qu’ils se montrent sous la forme de nymphe, qui diffère non-seulement du commun des nymphes, en ce qu’au lieu d’être conique, elle est large et ronde par en bas, mais qu’encore sa tête et son corselet sont couverts en dessus d’une large écaille qui les déborde de beaucoup j comme le montrent les fîg. 3 et 4? où cette nymphe se trouve repré- sentée fig. 3, vue en dessus, et fîg. 4 5 en dessous. Du reste elle est couleur marron, et ses côtés sont bordés d’épines blanchâtres. Quelques jours après leur transformation, ces nymphes produisent de petits scarabées, tels qu’on en voit un repré- senté en dessus, fig. 5, et en dessous, fig. 6. 11 est noir, mais couvert par dessus de trois écailles vertes, un peu transpa- rentes, dont deux servent d’étuis à ses ailes, et l’antérieure couvre son corselet et sa tête. Ces écailles , chose singulière parmi les scarabées , débordent tellement de tous côtés les autres parties de l’animal , que quand on le tracasse il y re- tire entièrement ces parties, et les met ainsi, autant qu’il peut, à l’abri de toute insulte. L’excédent en tous sens de ces écailles est cause que, quand on couche ce petit scarabée à la renverse, il ne lui doit guère être moins difficile de se redresser, quoiqu’il ait les pâtes plus longues qu’il no les avoit dans son état de ver. DE DIFFERENTES ESPECES d’iNSECTES, 4^5 d'autant que la roideur de ses écailles lui ôte la faculté de se plier et de culbuter à la renverse, comme il le pouvoit dans son état de ver; mais il me fit voir qu’il savoit voltiger de plus d’une façon, en culbutant alors dans le sens opposé par dessus sa tête , ce qui le remit également sur ses pieds. Scarabée très-semblable au précédent, PI. 12. i- Cet insecte ressemble dans tout ses états tellement au pré- cédent, que je n’oserois décider s’il n’est simplement C[ue d’un autre sexe, ou bien s’il est d’une autre espèce. Dans son état de ver, fig. 7 et 8, sa couleur est d’un vert naissant, plus foncé sur le milieu du ventre, jaunâtre à l’opposite, et marqué de petites taches brunes, le brun étant aussi la cou- leur de sa tête. Ce ver, quand il a mué, porte toujours sa dépouille sur le dos, attachée,aux épines qu’il y a vei’S l’extré- mité postérieure; ce qui le déguise tellement, qu’il ressemble plus a un petit tas de saletés qu’à un insecte. Renversé sur le dos, il se relève par les mêmes procédés que l’insecte précédent. En juin , il se change en nymphe, fig. 9 et 10. Elle est encore de figure très-approchante de la nymphe fig. 3 et et 4? niais sa couleur est d'un vert naissant; et, ce qui est peu commun, cette nymphe est un peu plus grande que le ver qui l’a produite. Sa couleur est d’une nuance plus claire sur le milieu du dos qu’ ailleurs. On lui aperçoit au ventre la forme des membres du scarabée qui eu doit naître, mais peu distinctement. Cette nymphe , après avoir paru environ quinze jours sous cette forme, devient un scarabée, fig. 11 et 12, très-semblable au précédent, mais pourtant distingué, Mem. du Muséum, t. 18. 55 ANATOMIE 426 en ce qu’il a le dessus de ses étuis figuré de taches noires y et que par la suite du temps il change de couleur et devient rouge; ce que je n’ai point vu que l’autre fit. Scarabée à trompe, dont le ver nuit à la fertilité des poiriers. PI. 12 Lorsque les fleurs des poiriers commencent à se nouer, on en trouve souvent dont le dessus reste, après avoir fleuri, couvert d’une petite convexité brune et arrondie; c’est l’ou- vrage d’un ver sans jambes, représenté fig. i4 de grandeur naturelle, qui a trouvé moyeu de rassembler ainsi les feuilles de la fleur prêtes à tomber, de les appliquer proprement les unes sur les autres, et de s’en construire une voûte, un abri fermé de toutes parts au-dessus du calice au fond duquel il a pris naissance, et dont il tire sa nourriture, garanti des vents, de la pluie et de ses ennemis. Ce ver se voit à la loupe, fig. i5. Sa tête est brune et écailleuse. Deux petites plaques de même couleur et de même substance se trouvent sur le dessus du premier de ses douze anneaux. Son corps est d’un blanc jau- nâtre. Son quatrième anneau, et les huit suivans, sont pour- vus, le long du dos, d’excroissances qui se terminent eu pointe dirigées obliquement vers la queue; excroissances qui, quoique ~ sur le dos, lui tiennent pourtant lieu de pâtes qu’il n’a pas, et lui servent à s’avancer en rond dans le fond du calice, où il reste renfermé jusqu’à son dernier changement; et il sait se pousser en avant, au moyen de ces excroissances pointues, avec une vivacité si grande, qu’il paroît fort capable d’ef- frayer et mettre en fuite l’insecte qui oseroit l’assaillir. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^7 Lorsque les fleurs tombent du poirier, ce ver se change en nymphe, sans se faire de coque; sa demeure, couverte de tous côtés, lui en tient lieu. Sa nymphe, représentée de grandeur naturelle et de côté fig. i6, et par devant à la loupe, fig. 17, est d’un blanc plus jaunâtre que celui du ver. Elle a quelque lustre , ce qui fait qu’on y distingue difficile- ment les membres du scarabée qui en doit naître ; on y aper- çoit cependant encore assez la tête, avec sa trompe, qui lui descend au-delà du corselet, et ses ailes. Cette nymphe, heui’tée par quelque corps étranger, agite sa partie posté- rieure avec une extrême célérité. Lorsque son temps de changer approche, on voit d’abord ses deux yeux se marquer de deux points noirs; ensuite sa trompe prend celte même couleur; après cela les étuis de ses ailes commencent à se teindre de brun; enfin elle quitte la membrane qui l’enve- loppe, et devient un scarabée à trompe alongée, fig. i8, re- présenté, fig. 19, à la loupe. A proportion de sa taille, il a une très-petite tête, un petit corselet, .un grand corps alongé, et une très-longue trompe, qui, à peu de distance de son extrémité antérieure, est pourvue de deux antennes mobiles, coudées, qui portent chacune à leur bout une masse. L insecte a la faculté d’en fléchir telle- ment les deux articulations, qu’il peut les coucher à plat contre sa trompe. Quant à ses pâtes, les antérieures en sont les plus grandes, et les cuisses en sont épaisses, et pourvues, un peu au-delà de leur milieu, d’une large pointe tournée du côté de la jambe, qui se trouve aussi, mais plus petite, à la cuisse des ]>ates de la seconde paire. Les étuis de ses ailes paroissent un peu cannelées, ce qui est l’effet de nombre de ANATOMIE 428 fossettes alignées qu’on n’aperçoit qu’à la loupe. La couleur de ces étuis est d’un bronze sombre, nuancé de brun. Il n’y a guère moyen de sauver le fruit dont *le ver de ce petit scarabée a attaqué le germe, et encore moins de garantir ce germe de ses attaques : le meilleur remède peut-être qu’il y a, et qui n’est encore que médiocrement efficace, c’est d’écraser de ses doigts les boutons, qui après avoir fleuri, se trouvent en-dessus couverts de la petite voûte brune dont il a été parlé plus haut : comme le fruit où loge cet insecte est toujours perdu, on ne risque rien du tout à l’écraser, et l’on empêche qu’il ne produise l’année suivante une autre couvée nuisible; mais ce remède n’est guère praticable qu’aux es- paliers et sur les arbres nains. Scarabée à trompe , dont le ver se construit une espèce de cage pour s’y changer en nymphe, PI. 12. Le ver, fig. 20 et 21 , de ce scarabée vit de parelle. Il est long de trois lignes et demie. En gros, il a la forme d’une fausse chenille. Avec quelque soin pourtant que je l’aie exa- miné, même à la loupe, je n’ai pu découvrir qu’il eût les six jambes aiguës antérieures qu’on découvre à presque tous les insectes changeant de forme, qui en ont; mais il m’a plutôt paru avoir vingt-deux jambes obtuses, si courtes, que je n’o- serois décider si elles en sont en effet, ou non, quoiqu’elles en aient bien l’apparence, et qu’on voie assez distinctement, quand il paroît marcher, qu’il se forme des ondulations sous son corps, causé, ou par le mouvement successif de ses jambes, ou par quelque autre chose qui lui en tient lieu. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^9 Tout son dos est brun, picoté de points jaune; le dessus de sa ligne latérale est tracé de brun ; son corps, depuis celte ligne, en bas, est jaune, excepté ses trois premiers anneaux, qui sont bruns. Sa tête est noire. Il s’est disposé à se changer en nymphe vers la mi-juin , et il le fit, comme quelques autres sortes de vers de scarabées, en se construisant une espèce de cage sphérique, fig. 22, qui paroît comme un ouvrage de filigrane, à fils couleur d’o- range, si roides, qu’ils résistoient à une médiocre pression sans ceder. L’insecte colle cet ouvrage sur le dessus de la feuille dont il vit, et d’où il est aisé de le détacher sans le rompre. On y aperçoit l’animal couché un peu en rond, cjni, après quelques jours quittant sa peau, devient la nymphe d’un scarabée à trompe. Cette nymphe, représentée de grandeur naturelle par le côté, fig. 28, sur le dos fig. 24, et par le ventre fig. 25, est noire. Sept ou huit jours après sa transformation, elle se change en un petit scarabée d’un brun-grisâtre, marbré sur le dessus du corps de brun plus foncé, dont la marbrure varie tellement, qu’il y en a qui sont tout d’une couleur. Leur tête se termine en trompe un peu recourbée, cjui porte près de son extrémité, comme le scarabée précédent, deux antennes eu masse, coudées et fort mobiles. Le Putois grêle. PI. 12. Le ver de ce scarabée, représenté de côté, fig. 29, et vu sur le dos, fig. 3o, vit des feuilles d’un petit saule à feuilles rondes, qui est très-commun dans nos dunes. Ce ver est blanchâtre; le dessus de son corps tire sur le brun; ses côtés sont garnis ^3o ANATOMIE chacun d’une rangée de tubercules ou de mamelons ouverts par la pointe, qui sont de part et d’autre au nombre de neuf, dont les deux antérieurs sont beaucoup plus gros que les suivans, Quand on tracasse cet insecte, il fait monter et pa- roître au haut de chacun de ses mamelons ou tubercule une goutte laiteuse, qu’il y fait rentrer peu après, et qui a une odeur très-forte de feuilles de buis froissées 5 odeur qui ac- compagne bien aussi toujours l’insecte même, mais à un degré moins incommode. Outre ces tubercules, l’animal a encore le corps garni de diverses files de petites taches noires, dont il en a deux rangs sur le dessus du dos, deux à chaque côté, et cinq sous le ventre; mais je n’en ai point vu sortir de pareille liqueur. Le i4 de juillet, un des miens se changea en nymphe, ce qu’il fit en s’attachant du bout de la queue à quelque endroit, où, api’ès y être ainsi resté trois ou quatre jours, sa peau, se fendant à la tête, lui glissa vers la partie postérieure, et la nymphe, après s’en être ainsi dégagée, y demeura suspen- due par sa queue , qui est renflée apparemment pour cet usage. Changé en nymphe, cet insecte conserve non-seule- ment la même odeur qu’avoit son ver, mais elle se trouve augmentée à un point presque insupportable, et fort propre à écarter tout oiseau ou insecte pourvu d’odorat qui en vou- droit faire sa curée, et c’est probablement àquoi cette odeur doit servir à la nymphe, placée ordinairement à découvert, comme elle l’est, sur une feuille. Cette nymphe est noire, excepté qu’elle a sur le dos quelque peu de brun foncé, et que la partie renflée de sa queue, par où elle reste accrochée à la peau dont elle s’est dépouillée, est brune aussi. DE DIFFERENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^* Le 20 juillet et les jours suivans, j’en eus des scarabées, à forme de hannetons et à étuis fauves, qui étoient d’abord tout blancs, excepté une tache noire qu’ils avoient sur le dessus du corselet. On les voit représentés en deux sens, fig. 34 et 35. Le gros Putois. PI. 12. Cet insecte, fig. 36 et 3^, vit sur le même arbrisseau que le précédent; et quoiqu’au moins deux fois plus gros, lui ressemble tellement dans ses trois états, qu’on pourroit le considérer comme simplement une sorte différente de la même espèce, ainsi qu’on en trouve parmi les oiseaux et les quadrupèdes. On le voit dans son état de ver à six pâtes, fig. 36, vu sur le dos, et fig. 37, vu de côté. Son corps est blanc; sa tête, ses pâtes, ses tubercules, et les taches dont plusieurs rangs lui parcourent longitudinalement le corps, sont noirs. Ses trois premiers anneaux ont beaucoup plus de largeur que les autres. Les tubercules, dont il en a neuf à chaque côté, et dont les trois paires antérieures sont les plus grosses, se terminent en pointe ouverte par le bout. Ce ver, comme le précédent, dès qu’on le touche, faitpa- roître au bout de chacune de ses pointes une goutte de li- queur d’un blanc de lait, qu’il fait rentrer dans son corps peu après; et comme ses tubercules antérieurs sont les plus gros, la goutte qu’il en fait sortir a aussi plus de volume. Sou- vent même il ne fait paroître celte liqueur que simplement au bout de ses deux premières paires de tubercules, et non aux autres. Son odeur et surtout celle de sa liqueur laiteuse. 432 ANATOMIE est, comme celle du ver précédent, très-forte, et semblable à Todeur des feuilles de buis froissées. Le 12 juillet, quatre de ceux que je nourrissois se dispo- sèrent à se changer en nymphes, en s’attachant par la partie postérieure au verre où je les tenois. Ti’ois ou quatre jours après, ils se dégagèrent de leur peau, et parurent sous la forme de nymphes, telles qu’on en voit une représentée par le côté, fig. 38, par le dos, fig. 3g, et par le ventre, fîg. 4o- Elles de- meurèrent suspendues par la partie postérieure, renflée vers le bout probablement pour cet effet, à la peau, dont elles s’é- toient défaites, et qu’elles avoient poussé en tas vers la queue, comme on le voit fig. 3g. Le dos de la nymphe a un grand rapport avec celui du ver: il est pareillement blanc, et marqué de petites taches noires ; mais la partie de la nymphe qui demeure cachée soiis la peau du ver retirée et amassée vers la queue, de même que le dessous de son corps, sont couleur d’ambre. Ses ailes et ses jambes ont des taches noires; sa tête et ses antennes son en- tièrement de cette couleur. Les 20, 21 et 22 du même mois, il m’en naquit des scarabées à figure de hannetons, dont la tête, le coi'selet et le corps étoient noirs, les jambes bariolées de cette couleur, et les étuis des ailes fauves. On les voit repré- sentés en deux sens et de grandeur naturelle fig. 4i et 42. Les nymphes de ces insectes ont la même odeur que leur ver, mais plus forte que celle de la nymphe de l’insecte précédent, et si insupportable, que je fus obligé d’ouvrir mes fenêtres pour pouvoir les dessiner. Il est à présumer, comme je fai dit, que cette odeur plus forte n’a été donnée à la nymphe, que parce que n’étant absolument point en état de se mettre à DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^3 l’abri des oiseaux ou des insectes, qui pourroient vouloir en faire leur curée, et plus en vue par sa grandeur, il leur falloit ce degré constant d’odeur exaltée pour s’en garantir, odeur que le ver pouvoit bien à volonté se procurer, en faisant paroître sur ses tubercules la liqueur infecte, mais que la nymphe apparement ne pouvoit pas, vu son état naturel de foiblesse, ou bien de changement d’organisation. Petit Scarabée aquatique. PI. 12. Le 2 juin, je trouvai à la campagne, parmi de l’algue d’eau douce, le petit scarabée représenté, fig. 43, vu sur le dos, fig. 44 J côté du ventre, portant une ponte d’œufs, et fig. 43, dans le sens de fig. 43, mais fort grossi à la loupe. Les œufs oblongs qui composoient cette ponte étoient pro- prement et longitudinalement collés ensemble, environ au nombre de trente. Il les portoit partout avec lui sousle ventre, comme font certaines sortes d’araignées. Je le mis dans une fiole, où nageoient déjà nombre d’autres petits insectes; et quoique je l’eusse ainsi porté en poche plus de trois heures avant d’arriver chez moi, et malgré toutes les secousses qu’il avoit essuyées par là, il n’abandonna pas son précieux fardeau ; mais arrivé à la maison , je le vis encore nager avec lui , pendant plus deux heures. Gomme il me paroissoit chercher à sortir de la fiole, je le mis seul dans un verre où il y avoit de l’eau, mais où je dressai une petite branche, qui en sortoit en partie. Il y monta, et s’éleva au-dessus de l’eau d’environ un travers de main, puis il s’arrêta, et je le vis travailler de ses pâtes pos- térieures à détacher de son corps la masse de ses œufs. Après Mém. du Muséum, t. 18. 56 ANATOMIE 434 quelques efforts, il en vint à bout, et tint alors cette masse sus- pendue pendant quelques momens aux crochets de ses pieds de derrière J ce qui me fit craindre qu’il ne la laissât tomber; mais il n’eut garde, et l’ayant appliquée de ses pâtes comme on le voit fig. 4b, contre la branche qu’il avoit apparem- ment enduite de quelque glu en cet endroit, il lacha prise, et les œufs y restèrent attachés au-dessus de l’eau, de manière à permettre aux petits de pouvoir y tomber dès qu’ils sor- tiroient de l’œuf, et il se disposa ensuite h s’envoler, mais je le pris, et le remis dans l’eau, pour le dessiner. La couleur de ce scarabée m’a paru d’un gris verdâtre, et sa tête d’une couleur plus foncée que le reste du corps; ses pâtes étoient feuille-morte; les cuisses étoient hérissées de petites pointes; ses pieds étoient armés chacun de deux cro- chets. Il avoit les barbillons très-longs, et les antennes courtes : elles ne paroissoient pas quand il nageoit, mais il les étendoit quand il étoit hors de l’eau. Le dessus des étuis de ses ailes étoit sillonné de raies, marquées par des points bruns. Quoique quelque accident m’ait fait perdre l’occasion de suivre cet insecte dans ses changemens; son attention à ras- sembler ses œufs, et les porter partout sous lui sans qu’au- cun malaise les lui ait fait abandonner jusqu’à ce qu’il ait trouvé un endroit convenable pour les placer, pour faciliter aux petits, qui en dévoient naître dans l’air, l’occasion aisée de se précipiter dans l’eau où ils dévoient ensuite vivre, m’a par^ mériter que j’en fisse ici mention. ;c DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 435 Scarabée aquatique, dont la femelle fie. PI. 12. Cet insecte, quoique aquatique, est du nombre de ceux dont l’œuf, comme celui du scarabée précédent, paroît devoir éclore dans l’air; mais l’animal qui le pond le conduit à ce but par un autre chemin. Il ne porte pas ses œufs réunis en faisceau sous son ventre, jusqu’à ce qu’il ait trouvé un en- droit où, suspendus à découvert au-dessus de l’eau, ils n’aient pour y tomber qu^a sortir de leur coque. Le scarabée dont il s’agit est, comme les araignées, pourvu, pour cet effet, de la faculté de filer. Il se file, d’une soie très-blanche, une jolie coque flottante, d’un des côtés de laquelle s’élève une sorte de petit mât pointu. Cette coque est couverte en dessus d’une feuille peu large de quelque plante, feuille qui proba- blement lui a servi pour ourdir son ouvrage. Il pond et ren- ferme dans cette coque environ une cinquantaine d’œufs oblongs, dont les petits, après qu’ils sont éclos, la percent, et se précipitent dans l’eau sur laquelle elle flottoit. Si alors au bout de trois ou cjuatre jours on ne leur donne pas à manger, ils se dévorent les uns les autres, ce qui fait qu’on a de la peine à en élever plusieurs ensemble. Ils ne sont pas fuyards de leur naturel, mais se défendent courageusement quand on les harcelle. Ils vivent de diverses sortes de petits insectes aquatiques, et on peut même les nourrir de vers de terre. Ils sont d’un bleu sale et noirâtre. Leur dos est picoté de quelques points noirs. Leurs côtés sont de part et d’autre pourvus à chac[ue anneau, depuis le quatrième jusqu’au dixième, tous deux inclusivement, d’une longue épine bar- 436 ANATOMIE bue, comme on la voit fig. 47^ où l’on a représenté, du côté du dos, un de çes vers parvenu à sa grandeur naturelle. Au lieu de ces épines, il porte, au second et au troisième anneau, départ et d’autre, une petite touffe de poils. Sa tête, qui est d’une structure élégante singulière, et fort composée en de- hors, est couleur marron: on l’a représentée très-grossie , fig. 5o. Elle est, comme on voit, pourvue de deux pincea fort longues, dents ou mâchoires. H, un peu recourbées l’une vers l’autre, pourvues dans cette courbure chacune de deux crochets, dont l’antérieur. B, est d’un volume assez considérable. L’insecte porte sur son front deux antennes C,G, qui ont chacune trois articulations ou pièces, dont la première, qui tient au front par untubercule, est beaucoup plus longue que ne le sont ensemble les deux autres. Du dessous de son museau partent deux barbillons, divisés chacun en cinq articulations,- dontlebout marqué DD dépasse un peu les mâchoires, comme on le voit dans la figure. Entre ces deux barbillons et les mâchoires H, avance un corps grisâtre large, plat, denté, et découpé très-régulièrement EE, du bout duquel sort un pistil F, dont l’extrémité porte trois filets mobiles. L’insecte , quandil mange, tient ordinairement la tête élevée, et la porte même au-dessus de l’eau, en se tenant contre ses bords : sa proie pèse ainsi aplomb sur son museau, où elle est soutenue et arrêtée entre le corps grisâtre EE, et les deux barbillons DD, qui l’appuient ensemble contre les mâchoires, afin qu elles puissent plus aisément la mettre en pièces. Ses yeux, 1,1, m’ont paru angulaires- J’en ai compté six à chaque côté de la tête. Us sont noirs et disposés en étoile. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. Son crâne, examiné en tous sens, paroît extrêmement ou- vragé, et composé de nombre de pièces écailleuses, dont la réunion en forme le contour. Le dessus en est marqué depuis Tocciput jusqu’au devant du museau, d’une large raie plus brune que le reste, qui s’élargit vers le milieu par deux renflemens latéraux de même couleur. Aux deux côtés de cette raie se voient plusieurs sutures symétriques, dont les écailles sont picotées de brun. J’ai été empêché en sou temps de dessiner en grand le' dessus de cette tête, dont je ne puis par conséquent donner la description. Ayant trouvé en mai une coque flottante filée par un sca- rabée de cette espèce, il m’en naquit le 17 du même mois quarante-quatre vers à six pâtes, qui se répandirent dans l’eau où je les tenois. Le 2 juin, ils commencèrent à muer, et plus de la moitié mourut avant ce temps : quelques uns, pour avoir été tués par leurs semblables, et la plupart pour n’avoir pu quitter leur dépouille, ce qui est un temps de crise pour nombre d’insectes. De sept qui muèrent , deux m’échappèrent, et les autres muèrent pour la seconde fois les 10 et 1 1 juin. Deux moururent ensuitè, et les 1 7, 18 et 19 du même mois, trois qui me restèrent, ayant acquis toute leur grandeur, telle qu’on la voit fig. 47, cessèrent de man- ger, et leurs efforts pour sortir de l’eau m’ayant fait con- jecturer que c’étoit sous terre qu’ils dévoient se changer en nymphes, je les tirai de l’eau, et les renfermai dans une grande boîte de plomb, à moitié remplie de terre; mais ils n’y entrèrent point, peut-être parce qu’elle n’étoit pas assez humide. Urt' des deux périt, l’autre se dépouilla, et parut, le 3o juin, sous la forme de la nymphe représentée fig. 48. Elle 438 ANATOMIE étoit d’un blanc verdâtre j son dos et ses côtés se montrèrent hérissés de petites pointes blanches. Elle avoît sur le devant du corselet de part et d’autre cinq ou six épines longuettes, AA, plus grosses que ces pointes, et deux recourbées B, à rextréniité postérieure, encore plus grandes que celles-ci. Sa forme étoit du reste très-semblable à celle du commun des nymphes de scarabées, comme le fait voir la fignre 48, qui en représente une vue du côté du ventre. Cette nymphe périt, et je n’en aurois pas connu le scarabée si je n’en avois pas encore élevé deux autres vers, qui se disposèrent à changer, l’un huit jours avant l’autre. Je les mis pareille- ment dans une boîte de plomb, où il y avoit de la terre. Le premier y entra, et produisit quelques jours après le sca- rabée noir et poli représenté de grandeur naturelle fig. 49» mais dans lequel une interruption dans mon ouvrage m’ayant empêché de dessiner les jambes d’après nature , j’ai été obligé de les tracer par cœur, d’après les notions qui m’en étoient restées, et dont je ne puis garantir l’exactitude. L’autre ver de ce scarabée ne voulut point entrer en terre, et se changea bien en nymphe, mais mourut dans cet état. Grand Scarabée aquatique , dont la femelle Jile aussi. PI. i3. , Cet insecte, planche i3, fig. î et a, qui avoit bien trois pouces de longueur, fut trouvé vers la mi-août dans l’herbe, aai pied d’un arbre. Son corps, couleur de suie, étoit plus large qu’épais, et diminuant successivement depuis la moitié de sa longueur, ou un peu au-delà, il se terminoit en pointe DE DIFFERE^TES ESPECES d’insECTES. émoussée. Sa tête large, aplatie, et plus noire que le corps, bnlloit d un poli luisant. Les trois premiers de ses douze anneaux. A, B et C, fig. i, étoient assez unis; mais les autres se^partageoient transversalement en dessus, chacun comme en trois demi-cercles, par des rides ou plis bien marqués. L extrémité de son corps étoit pourvue de deux blets cro~ chus D, dont j’ignore l’usage, à moins qu’il ne fût de servir d étuis aux deux filets écailleux dont la nymphe se trouve pourvue au même endroit. Les lignes latérales de cet insecte se faisoient remarquer par un rebord saillant, ondoyant et charnu, au milieu duquel il y-avoit de part et d’autre 'a chaque anneau une épine courte et forte, dirigée oblique- ment en arrière, E,E,E, fig. i. Ses pâtes F,F,F, au nombre de trois paires, partoient, comme ordinairement, des trois premiers anneaux. Elles étoient courtes, et ne paroissoient guère fortes , ni propres à courir ou à nager avec célérité. Sa tete, armee de deux fortes mâchoires, sembloit bien indiquer qu’il pouvoit être carnassier; mais la lenteur de ses mouve- mens paroissoit détruire cette idée. Je lui offris des insectes et des herbes, mais il n’y toucha point; ce qui me fit conclure, à cause aussi de sa grandeur peu commune parmi nos insectes, que son temps de chan^^er de forme étoit venu. Je le mis donc sur de la terre fraîche, où je répandis du gramen. Il s’y pratiqua une cavité, qu’il tapissa de cette herbe, et s’y tint pendant plusieurs jours dans une attitude courbée, à la renverse; et quand alors on le touchoit, il se démenoit avec une vivacité singulière, et reprenoit ensuite sa première attitude. Le 2 de septembre, après avoir successivement beaucoup 0 ANATOMIE 440 diqpinuéjde .volume, ,$a ipeauipiarut mouillée en divefs en- droits : elle 3e fendit enfin sur le dos, vers la tête, et il en sortit, après des efforts d’environ un quart d’heure, une njrmphe tr^s-blanche^ mais qui se trouva blessée au côté droit, d’où suintoit une linaphe brune; et cette blessure, dont j’Igpore la cause (à moins qu’élle n’ait été l’effet des efforts que je lui avoisr fait faire', en la touchant à plusieurs reprises) , fut apparemment aussi celle de là mort de l’animal, qui périt quelques semaines après, sans changer de forme. Pa.rmi nos naturalistes tranchans, qui débitent leurs rêves pour des vérités démontrées, il y en a qui, sur un tel exposé, ne manqueroient pas de décider, comme incontestable, que le reptile dont il s’agit est non-seulement terrestre, puisqu’il a été trouvé sur la terre, mais aussi qu’il vit de plantes, puis- qu’il rampoit parmi l’herbe, et que, lourd comme il est, il ne sauroit grimper pour manger des feuilles d’arbre, ni at- teindre un insecte à la course* Des preuves même de moindre poids passent pour des démonstrations aux yeux de ces mes- sieurs, qui regardent comme au-dessous d’eux de se défier de leurs lumières, et de s’appesantir sur des expériences, et qui croient qu’il est plus du grand homme de décider sur le premier coup d’œil, que de douter et suspendre son juge- ment, jusqu’ià ce qu’on ait bien 1 éclairci le fait qu’on veut établir. > m h ,, Mais dans dans ce cas-ci, comme en mille autres, ils ne tropiperoient pas moins que Frisch (i), Lesser (2), et de U, ..l'i'i (1) Part. 2 , n". 7, p. 87. (2) Part. 2, p. 54' DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. ' plus.habiles se sont trompés à l’égard de ce nême insecte , lorsque, sur des apparences non moins séduisantes, ils ont décidé que, contre l’ordre ordinaire de la nature, cet animal portoit ses jambes sur le dos , puisque je vais faire voir que l’insecte en question, malgré tous les indices du contraire, n’est pas terrestre, mais aquatique; qu’il ne vit pas d’herbes, mais d’insectes, et qu’il n’a pas les jambes sur le dos, mais à l’opposite, comrrie tout autre hexapode connu. Ayant, au commencement de juillet, vu flotter dans nos fossés une espèce de coques que je ne connoissois pas, elles attirèrent mon attention. Ces coques étoient blanchâtres, de la grosseur du bout du doigt; leur figure tenoit d’un sphéroïde un peu oblong et aplati; leur superficie, qui pa- roissoit composée de filasse, n’étoit pas fort unie. L’un de leurs deux bouts paroissoit comme tronqué, et refermé à plat, laissant un rebord tout autour de cette apparence de section. De dessous le haut de ce rebord s’élevoit un peu en avant une sorte de petit mât, de la longueur environ de la coque, assez épais vers son origine, et qui, après s’être redressé, et avoir diminué insensiblement d’épaisseur, se terminoit en pointe. Une de ces coques se voit représentée de grandeur naturelle pl. i3, fig. 3, par devant, et fig. 4, de côté; A est cette sorte de petit mât qui s’élève dessus. J’en ouvris quelques unes, dans chacune desquelles je trouvai environ une cinquantaine d’œufs. Ils étoient blancs et oblongs, comme on en voit un fig. 5. Ces œufs s’y trouvoient tout régulièrement rangés les uns contre les autres, la pointe en haut; et quoique pourvus chacun d’une double coque j elles étaient si transparentes, qu’un ou deux jours avant Mém. du Muséum, t. i8. 57 ANATOMIE 442 d’éclore, on y apercevoit Tanimal qui, posé la tête en haut, mais ramenée comme celle des nymphes sur l’estomac, rem- plissoit toute la capacité de l’œuf, et sembloit plutôt être la substance de l’œuf même, toute coagulée en reptile, qu’un germe qui, comme dans les œufs d’oiseaux, y auroit crû. par intus-susception. Ces insectes, après être éclos, restèrent encore un jour ensemble dans leur bâtiment flottant avant d’y faire une ouverture pour en sortir. Peut-être faut-il ce temps à leurs mâchoires pour acquérir la consistance nécessaire à cette opération. Quoi qu’il en soit, un jour après leur naissance, ils firent à l’endroit aplati, B, fig. 3, de leur loge flottante, une ouverture ovalaire, par laquelle ils seprécijiitèrent dans l’eau. Un phénomène assez remarquable suit de près leur nais- sance : c’est qu’avant qu’ils aient encore pris aucune nour- riture , ils ont acquis bien trois ou quatre fois plus de volume que n’en avoit l’œuf même dont ils sont sortis j car ils pa- roissent alors déjà tels qu’on en a représenté un fig. y : sin- gularité dont on ne sauroit guère rendre raison , qu’en supposant que l’air qui s’est répandu dans leur corps, prin- cipalement par l’inspiration, et l’eau dont ils se sont remplis, ont effectué cette dilatation en tous sens. La couleur au reste de l’animal est alors gris de souris, et toute sa partie postérieure est transparente, excepté vers les côtés. Je pris environ une trentaine de vers de cette nichée, le 8 juillet, et je les nourris de très-petits limaçons aquatiques, qu’ils mangèrent de la même façon que le font les grands; c’est-à-dire qu’après avoir saisi l'escargot avec leurs dents, ils se courbèrent h la renverse, et l’appuyant ainsi contre leur DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. !\!\?> dos, qui leur servoit de table, ils l’y mangèrent, sans que leurs pâtes leur y fussent d’aucun usage pour tenir l’animal. Au défaut de ces petits limaçons, ils s’accommodent aussi fort bien de grands, découpés en parcelles, et de têtards de grenouilles^ mais si l’on néglige de leur donner à manger , ils se dévorent les uns les autres, quoique hors de cette extrémité ils vivent paisiblement ensemble, de façon que je les ai vus manger de compagnie des têtards sans se les disputer j ils paroissent même se plaire en société. Je les ai souvent trouvés trois ou quatre cramponnés les uns aux autres, (|ui nageoient ainsi long-temps de compagnie sans se séparer ni se mordre. Ils ne demeurent que peu à fond. L’air leur est de temjis en temps nécessaire; ils le respirent par la queue, ce qu’ils font en l’élevant jusqu’à la surface de l’eau. Quand ils n’ont respiré de quelque temps, on les voit remonter avec empres- sement pour le faire, et alors ils haltent comme essoufflés; et si ou les empêche par quelque obstacle de porter leur queue à l’air, on les voit avec grande agitation le chercher de leur extrémité postérieure, çà et là, et marquer leur mal- aise par leur empressement à s’en délivrer. Ils muent trois fois après être sortis de leur coque flottante, et se délivrent à chaque fois d’une dépouille complète. Ils le font la première fois parvenus à la grandeur représentée fig. 8, qui fait voir l’animal aussitôt après cette mue; la se- conde ayant acquis la taille de la fig. g, qui offre l’insecte dès sa seconde dépouille ; et la troisième après être parvenus à leur grandeur complète, fig. i, par l’animal vu sur le dos , et fig. 2, vu de côté, dans l’attitude qu’il prend quand il com- 8 'ANATOMIE 444 mence à se plier kla renverse^ pour porter un limaçon sur son dos, afin de l’y manger. C’est ’un fait connu , que lorsqu’un insecte se dispose à mueiy il reste quelque temps dans l’inaction, et privé de toute nourriture; qu’alors il se forme sous son vieux crâne, dans son coujdet dans les enveloppes écailleuses de ses pâtes, de nouvelles écailles qui doivent remplacer celles dont l’in- secte va se dépouiller. Ces nouvelles écailles, avant d’avoir paru au jour, sont assez souvent tendres et mollasses. Aussi- tôt qu’elles se trouvent dégagées des anciennes, elles, et les parties qu’elles renferment, se* dilatent considérablement, et l’animal est encore obligé de rester souvent deux ou trois jours sans manger, ni agir, parce que nombre de ses muscles devant être attachés à des parties écailleuses, n’ont point en- core, avant qu’elles se soient durcies, de point assez fixe et solide pour pouvoir soutenir quelque effort. Eiï attendant, les parties intérieures des pâtes et de la tête, trop resserrées dans leurs vieilles écailles, se dilatent; les nouvelles écailles, aussi long-temps qu’elles n’ont point encore pris de consis- tance, s’y prêtent, jusqu’à ce qu’elles aient acquis toute leur solidité, après quoi les pâtes et la tête cessent de croître, jusqu’à une nouvelle mue; l’animal recommence à manger, et à son tour son corps augmente de volume. Immédiatement après que cet insecte a quitté sa dé- pouille, sa tête et ses trois premiers anneaux sont en partie très-blancs, et l’on aperçoit alors distinctement, à chaque côté de la tête, six petits points noirs près les uns des autres, qui sont apparemment ses yeux.sSon crâne, ensuite, à me- sure qu’il se durcit, devient noir; et tout formé, il l’est telle- DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 44^ ment, qu’il seroit bien difficile, sans microscope, de découvrir qu’il eût des yeux. Sa tête alors, jusqu’à une autre mue, con- serve son beau noir; mais le noir de son corps, à mesure qu’il croît, perd de sa teinte, et devient insensiblement d’un noir de suie. J’ai eu quelque peine à obtenir des nymphes bien for- mées de ce reptile. Un des miens sortit de l’eau le i^r juillet. Il courut par ma chambre. Je le remis auprès de ceux de son espèce, dans leur petit vivier. Quelques heures après, un autre en sortit, que je mis dans un bac, où il y avoit de la terre et du gramen. Il n’y vécut que deux jours, et tel fut en- core le sort de deux autres. Le 20 juillet, je donnai de la terre à deux nouvellement sortis de l’eau, dont l’un étoit bien du quart plus grand que son pareil. Après s’être fourrés sous terre, et y être restés sept ou huit jours, le plus petit eu sortit, et s’y enfonçant de nouveau, au moins de trois pouces, il s’y pratiqua une loge, où il se tint, pendant deux ou trois jours, le corps à la renverse; mais, ou mes trop fréquentes visites, ou quelque autre raison, lui fit détruire son ouvrage, et il périt aussi. Le second, qui avoit commencé à se faire un nid, à peu près en même temps, le détruisit encore, ap- paremment pour la même raison, et, se cachant ailleurs sous terre, s’y pratiqua une loge, avec une sortie par le côté. J’ôtai, le 24 août, la terre qui la couvroit par dessus, et j’y trouvai l’insecte changé en nymphe blanche; mais il ne s’é- toit pu dégager de sa peau. J’essayai si j’en pouvois venir à bout. Il me fut aisé de le débarrasser des morceaux de vieille peau qui étoient restés collés à son corps; mais trouvant de la résistance aux pâtes, je n’osai d’abord essayer de les dégager . ANATOMIE 446 de peur de les rompre. Sa tête étoit encore toute renfermée dans le vieux crâne, dont, à cause de sa dureté, j’eus de la peine à la dégager. J’y réussis pourtant, sans blesser la nymphe; mais comme sa tête, trop resserrée dans ce vieux crâne, y avoit déjà pris une forme différente de celle qu’elle devoit avoir, et qu’au lieu d’être ramenée sur l’estomac, elle étoit relevée; que d’ailleurs ses pâtes, dont j’avois rompu ensuite quelques extrémités, en voulant une seconde fois les tirer de l’enveloppe écailleuse des pâtes du reptile, n’av oient pris ni la forme, ni la disposition qu’il convenoit à la nymphe, cet insecte ne se changea point en scarabée; mais il me fit découvrir très-certainement, par la situation des pâtes de la nymphe, engagées dans celles du reptile, que MM. Frisch, Lesser, et d’autres, comme je l’ai déjà dit, se sont trompés, lorsqu’ils ont cm que cet insecte , dans son état de ver, por- toit ses pâtes sur le dos. Les difficultés que j’avois rencontrées Jusqu’ici à me pro- curer une nymphe bien conditionnée m’ayant fait soup- çonner que la cause en pouvoit avoir été que je ne leur avois pas donné de la terre suffisamment humectée, et que peut-être la peau et les écailles du ver demandoient d’être tant soit peu mouillées pour que les membres de la nymphe pussent s’en dégager comme il faut, je pris un de ces vers, qui avoit bien rôdé quinze jours çà et là sur de la terre, sans avoir voulu y entrer; je le plaçai dans une grande boîte de plomb, sur de la terre beaucoup plus humide, et alors l’in- secte y entra, et s’y changea, quelques jours après en une nymphe blanche, bien conditionnée, et telle qu’on la voit représentée, fig. lo, du côté du dos, fig.. 1 1 , du côté du DE DIFFÉREINTES ESl'ÈCES ü’iNSECTES. - 44/ ventre, et fig. dans le même sens, mais par de simples contours. A, est la tête courbée sur l’estomac; B, son cor- selet, dont on ne voit que le bord; G, sont ses yeux ; D, ses antennes, logées dans la cavité qu’il y a entre le corselet et la tête; E, deux dents, ou plutôt mâchoires; G, deux barbil- lons placés aux deux côtés de la bouche; H, la lèvre supé- rieure; I, pâtes de la première paire, dont les pieds sont fléchis parallèlement aux barbillons; R et N, pâtes inter- médiaires et postérieures qui descendent sur le devant du corps, sans y être appliquées par leurs bouts; L, étuis des ailes, ramenées sur l’estomac; M, bout des ailes mêmes, qui y sont aussi ramenées, et en grande partie couvertes par leurs étuis; O, grands éperons, dont l’extrémité de la jambe des pâtes postérieures est armée, et dont on n’aperçoit ici que lebout;P,P,P,P, anneaux du corps; F, F, fig. qetio, trois filets bruns, écailleux et solides, que la nymphe porte à chaque côté de la tête; et Q, deux autres pareils, qui dé- passent l’extrémité postérieure de son corps, et qui, vu leur solidité, ne renferment aucune partie de l’animal. Si cela est, que ces filets ne fassent point partie de l’animal, me dira peut-être ici quelqu’un qui s’affiche pour philosophe, quoiqu’il ne le soit peut-être qu’à contre-sens, apprenez-moi^ vous qui croyez bonnement que tout a son but, et que rien n’a été fait au hasard, quel usage vous assignerez à ces filets écailleux? Je ne conçois pas qu’ils puissent en avoir aucun, et il faudra bien que vous conveniez que ces filets, donnés pour quelques jours à une nymphe cachée dans la terre, et qu’elle y va laisser, ne sont que des hors-d’œuvres, de pures inutilités dont la nature auroit dû s’épargner les frais. ANATOMJE 448 Mais, en ce cas , il me permettra de lui répondre que cette façon de raisonner ne sauroit être concluante que dans la bouche de celui qui auroit une connoissance intime et par- faite de tout ce qui constitue le mécanisme de cet animal, et de tout ce qui a quelque rapport à sa nature j et comme nous n’avons, ni lui , ni moi, cet avantage, il me paroît qu’au lieu de prendre le ton censeur qui sied mal à notre ignorance, nous ferions mieux de nous dire : Chaque fois que nos foibles lumières, par un heureux hasard, ou à force de recherches, nous ont permis de découvrir quelqu’une des fins que l’au- teur de la nature s’est proposées dans ses' ouvrages, nous y avons trouvé tant de caractères d’une sagesse supérieure à toutes nos idées, que ce seroit en nous un excès de témérité et d’arrogance que de condamner comme inntile ce dont nos connoissances bornées ne nous ont pas permis de péné- trer le but; et ainsi, quoique nous ne puissions concevoir à quoi tendent ces filets écailleux qu’une nymphe enterrée a pris et qu’elle laissera en terre lorsqu’elle aura revêtu la forme de scarabée, nous n’en devons pas moins être certains qu’ils ont un usage très-décidé. Mais cette façon de raisonner est hors de mode. Un philosophe à contre-sens ou du bon ton, un grand homme éphémère, aime mieux taxer la nature, que de se reconnoître en défaut, et croit qu’il est plus de son honneur de décider que, puisqu’il ne conçoit pas l’usage de telle ou telle chose, elle doit avoir été formée mal à propos, que d’avouer son ignorance. Accoutumé à vous attaquer par des difficultés que notre esprit borné nous fait trouver même dans les choses les plus évidentes, et qui n’en sauroient affoiblir la certitude, il exige que vous les réfutiez DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’iNSECTES. 449 par des preuves directes), . faute de quoi il oroit pouvoir chanter victoire. Hé bien! rboinine aux difficultés, puisqu’il n’y a d’autre moyen de vous faire sentir vos torts et vous faire entendre raison qu’en détruisant vos vaines difficultés par des preuves directes, je vais essayer de vous satisfaire, ne fût-ce que pour vous faire sentir combien votre façon de raisonner est dé- placée; et vous allez voir que ces filets écailleux, que vous soutenez ne pouvoir être absolument d’aucun usage à la nymphe, parce que vous ne lui en concevez aucun, lui sont si nécessaires, qu’elle courroit risque de périr si elle en étoit privée. Vous avez déjà vu que cet insecte, quoique aquatique, a besoin d’air, et que, pour le respirer, il porte de temps en temps sa queue à la surface de l’eau. Changé en nymphe, il n’en a plus la faculté, parce que, dans cet état, il n’a pas l’usage de ses membres. C’est ce qui apparemment l’oblige à sortir de l’eau pour subir cette transformation. Il se traîne donc sur le bord de l’étang ou du fossé dans lequel il a vécu, et là, en quelque endroit peu éloigné, et toujours humide, il se creuse une cavité voiitée, dont il affermit les parois en les battant, et probablement aussi en les enduisant d’une sub- stance glutineuse, dont il est intérieurement pourvu, et qu’il jette par la partie postérieure lorsqu’on le tracasse, et dans cette cavité il se tient tranquille. Cependant son corps s’enfle et se raccourcit. Les parties qui doivent constituer la nymphe se forment sous la peau du ver, laquelle enfin se fend , et la nymphe, à force de mouvement, s’en dégage; ce qui se fait aisément, lorsque cette peau est restée humide; Mém. du Muséum, t. 'i8. 58 ANATOMIE 4^0 .mais très-difficilement, comme on a vu, lorsqu’on se séchant, elle se contracte, et reste collée à la nymphe. C’est ce dé- faut de terre assez humide qui, comme il a été remarcjué, a fait que plusieurs de mes vers n’ont pas voulu y entrer, après avoir quitté l’eau, pour aller changer de forme; que d’autres, après y être entrés, en sont sortis; et qu’enfin d’autres, qui y sont restés, n’ont pu se dégager de leur dépouille-, et ont tous péri, jusqu’à ce que je me sois enfin avisé de leur fournir de la terre suffisamment trempée, sous laquelle ils m’ont seulement alors procuré des nymphes auxquelles il ne raanquoit rien. C’est dans cette terre mouillée c[ue les filets écailleux en question vont être à la nymphe d’un usage inattendu pour nous, mais pour elle d’une grande nécessité. Sa peau , très- délicate, manque de la consistance qu’ont la plupart des nymphes d’autres espèces. Couchée sur une terre aussi liii- mide, elle ne pourroit qu’en souffrir, et, cédant à son propre poids, prendre une forme contrefaite. La nymphe, c{ui a naturellement' le dos courbé en arc, se garantit de ce danger, contre l’ordinaire du commun des nymphes, en se tournant, aussitôt qu’elle a revêtu cette forme, le ventre vers le plan de position, et elle se trouve ainsi montée, et uniquement ajipuyée sur les filets écailleux F, F et Q, fig. lo et 1 1, placés en triangle, les deux premiers, F,F, aux côtés de la tête, et les derniers, Q, à la queue, comme sur un trépied, qui la soutient en l’air, sans que son corps, quoique environné de toutes parts de terre mouillée, y touche par aucun endroit, et c’est dans cette attitude extraordinaire parmi les nym- phes, que celle-ci se tient, jusqu’à ce quelle prenne la forme de scarabée. DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^1 Ainsi, vous voyez que ces filets écailleux, si inutiles en apparence à l’insecte , lui sont très-nécessaires; et que de vouloir décider, comme vous faites, que telle ou telle chose est superflue dans la nature, parce que nous n’en saurions deviner l’utilité, est une témérité très-ridicule à des êtres aussi bornés que nous sommes. Cette nymphe, au reste, est pourvue de stigmates le long de sa ligne latérale ; mais on ne les aperçoit point dans les fig. 10 et II, et l’on a négligé delà représenter par le côté, comme il auroit fallu, pour les mettre en vue. La position de ses stigmates donne lieu de penser que les hexapodes, larves, ou vers de ces scarabées, en se changeant en nymphes, chan- gent aussi de mode de respirer, et qu’après l’avoir fait dans l’eau par la queue, ils le font, ou du moins leurs scarabées, par les côtés, comme nombre d’autres sortes d’insectes. Quand le temps approche où la nymphe va revêtir sa der- nière forme, ses yeux se teignent de noir, ensuite la pointe de ses mâchoires, puis les ongles de ses pieds; après cela, sa tête et son corselet prennent une couleur brune; l’extrémité de son corselet commence à paroître noire, ses pâtes bru- nissent; alors aussi la membrane ou l’enveloppe dont toutes ses parties extérieures sont revêtues s’affaisse, se déchire, l’insecte s’en dégage, et il paroît enfin sous la forme du sca- rabé noir, aquatique, représenté, fig. 12, de grandeur na- turelle. A, A sont ses deux barbillons ; B, B, ses antennes ; C,C, les cornées de ses yeux; D,D, ses pâtes antérieures, dont il peut beaucoup renverser le pied, comme on l’a fait voir dans la figure; E,E, palettes qui ne sont propres qu’aux pieds an- térieurs du mâle, de même que les forts crochets F,F, qui lui 45a - '2'^ ÀXATOMÏE'f ^ servent, avec les palettes, pour se cramponner à la femelle dans l’accouplement.' Du reste, tous les pieds du mâle et de la femelle ne sont pourvus, à leur extrémité, chacun que de deux très-petits ongles et d’un ergot, qui ne peuvent guère se distinguer qu’à la loupe. A la réserve des pieds antérieurs du mâle, leurs pieds, dans toute leur longueur, sont pourvus d’un rang de barbes écailleuses, cjui les rendent propres à faire la fonction de rames. La gravité spécifique de ce scarabée est moindre .quenelle de l’eau, ce qui l’oblige de ^s’élancer pour aller à fond. Sa manière de nager n’est pas fort propre à le faire aller vite, car il ne bat pas l’eau des deux côtés d’un mouvement égal par la même paire de pâtes, comme s’il ramoit, mais il relève par exemple la pâte droite de la seconde paire, et la gauche de la troisième , tandis qu’il abaisse la gauche de la seconde et la droite de la troisième, et lorscpi’il élève les deux qu’on vient de nommer, il abaisse les deux autres, sans que je me sois aperçu qu’il fit beaucoup usage de ses pâtes de devant que pour diriger sa route en différens sens. Mes scarabées de celte espèce moururent tous vers l’ap- proche de l’hiver. J’en conservai deux jusqu’au commence- ment de la gelée; mais la glace n’eut pas plutôt paru dans leur bassin , qu’ils allèrent à fond et y moururent. L’un des deux, qui étoit un mâle, commença quelque temps après à fermenter, et l’enflure de son ventre fit sortir de son extrémité postérieure les parties singulières que j’ai représentées, avec le bout postérieur du corps , fig. i3 en des- sus, i4 de côté, et i5 en dessousyc’étoient trois pièces mem- braneuses, renfermées les unes dans les autres, B, F et N, DE DIFFEEENTPS ESÇEÇES D INSECTES. 4, de formés différentes, et mqjiiiés- de-plaqiues Doires écailleüses, diversement ouvragéeSi .OniiYQyoit su,r le dessus clé la.seconde pièce une ouverture, F, ffg. iff et i;4,„de même cju une autre, vers l’extrémité inférieure de son bout en Q, représentée plus en grand avec les pièces qui raccompagnent, tig. 1.7 et 19. L’ouverture F, iig. i3 et i4j étoit la plus grande, et elle m’a paru être l’anus.' {■ ;y(> ^ y Pour mieux découvrir rensemble ’déjces diverses parties, je les tirai par rextrémité,iet je trouvai que la secoude pièce tenoit à la troisièmé par run assez long tuyau membraneux, qui avoit été caché et replié sur lui-mênte dans cette troi- sième pièce, Je continuai de tirer, pour voir siiJa seconde pièce tiendroit pareillement àinsi à fa prenffère, et se déboî- teroit comme l’autre^ mais lorsque la partie écailleuse H, fig. i5 et 16 , fut à peu près; à moitié sortie, la pièce se rom- pit en T, fig. 16, et j’en tirai un vaisseau membraneux, long de plus d’un pouce et demi, plein de matière verdâtre, que je crois avoir été des excréméps ainsi renfermés dans le rec- tum. J’observai aussi que dé la partie écailleuse IR, fig. 16, sortoit en I, de part et d’autre, un fij éqailleux qui entouroit ce rectum, apparemment pour empêcher la trop grande di- latation de l’anns par la pression de la matière fécale, fjes pièces 00 et PP, représentées de grandeur naturelle fig. j6, l’ont été à la loupe fig. 17, 18 et 19, Qn voit quelles sont un asseniblage de quatre lafnes courbes écailleuses, OO et PP, dont celles. OO paroissept séparément fig. 1.8, et plus en plein. Q, fig. 17 et 19, offrê en grand l’extrémité creuse et ouverte de fa pariié qui caractérisé le mâle. ANATOMIE Ce que je souhaitoîs le plus d’appreadre c’est comment les femelles s’ÿ prenrient'pour construire sur l’eau le petit bâti- ment flottant fîg. 3 et 4 5 J ■ ■ '’i.. ‘ OÎlii A, F, le conducteur du dard. — G, épine. Les deux dernières articulations du même organe, vues aplomb. P,B,A,E, le dard tiré pnpeu de sa position naturelle. — A, F, G, comme dans la figure précédente. La même partie, vue de côté. P,N,A,E, le dard tiré de sa place. — A,F,C, les mêmes parties. 4. La même, vue par devant. - 5 — 18. L’anatomieder^/-nneaciVi7iJ, Walckenaer, Faun. Paris, IT, page 216. 5. L’araignée de grandeur naturelle. 6. Palpe maxillaire d’une autre araignée qui n’a pas encore snbi sa dernière métamorphose. Le dard ne paroît pas à l’extérieur : il est encore couvert par la peau. Fig. 2. Fig. 3. Fig. Fig. Fig. Fig. DE DIFFÉRENTES ESPÈCES d’iNSECTES. 4^9 Fig. 7. La même, vue de côté. A, la peau qui couvroit le dard fig.é, — B, la dernière articulation. — P, E, N, le dard. — C, l’épine. — F, G, le conducteur. Fig. 8. La même, dont la peau A a étépuise, vu^ âplsHBbyb.oèngir. ir,'.; .1 .ail C,D.E, le dard. — F,G, le conducteun." (i; ibiiirij • ..ç . irl Fig. 9. Le conducteur F, Gj fig. 7'et'8,-plus groèisi, garni su|r«ejs côtés d’un rebord avec des rainures transversales; .o'.r ol . q. .. . . . ' Fig. 10. Le dard P, E, N, fig. 7) plus grossi.: / ,1; ol u-. ,i p /qoAr A, renflement qui se trouve près de la base; — B, ouverturè terminale. l'.G. II. La partie antérieure de la tête avec les yeux., tous pointés différeiemeJSit. Fig. 12. Up des yeux grossi cent vingt-cinq mille fois,i . !!'. r: FrG.<â*'i Fig. 4. Fig. s. Fig, 6. Fig. 7.Ï Fig. 8. Ftg. 9. Fig. 10. Fig. 1 1 . Fig. 12. Fig. i3. îfefi'S.i? ■■ - ■ Fig. i4- Fig. i5, , 3"'7*'>T1SiiT'’ îéi i-fifyi U. il-:, -, . pLAHOHE - .-ij-vlr -U!' .,[ , - . L’araignée de'grandeur 'naluTellef. ~ ■' ; ; b Le corps grandi avec les pieds lronquesi- > ’ ■,^jA,A, les palpes niaxillaires. les mandibules avec l«(urs crochets D,D. — Ç,C,C,C, les pieds tronqués près de leur base. — \R, l’étrangle- ment qui sépare le corseletidu corjist — F, F, les deux filières supé- rieures. — G, G, les deux appendices ventraux. , tJii palpe maxillaire grossi -i.' ' A et B, la première et la lroisième articulation qui sont plus courtes que les autres. La langue avec l’œsophage. ,1- AjF,B,G, la langue. ï-;C,D, l’œsophage. —D,E, lame cornée N, fig. 27. — A,Ç, la gouttière de la langue, garnie de chaque côté d’une aile, qui s’élargit également vers l’intérieur, en forme d’une truelle alongée. Ces ailes sont traversées par des fibres dentées. Coupe transversale de la langue A, C, fig. 4. -i.;' A,C, la gouttière de la langue. Poil’ barbu du corps. Poil'à barbes très-courtes du corps. Stigmate du ventre, placé au bord du sillon E,H, fig. 2, de chaque côté. Portions des vaisseaux soyeux D,E,F, G, E, fig. i3.. Leurs extrémités sont élargies en glandes : dans leur milieu on remarque un tube intérieur ,. qui contient une liqueur transparente : l’espace entre ce tube et les parois extérieures est remplie d’une matière blanche et opaque. Le stigmate, fig. 8, plus grossi, percé de petits trous. L’extrémité du ventre, FF, GG, fig. 2. F, F , les deux paires de filières. — Y, Zi, les appendices ventraux — A, l’anus. Une partie de l’oviductus chargé, d’oeufs dans leurs tuniques. Le ventre coupé en long. C, écaille propre à la femelle. Voyez fig. 2. — A,H,D,B,I,E, le corps graisseux; — A,D,BiE, l’ovaire, -r- F,D,E,G , Ses vaisseaux soyeux. — .F,G, les appendices ventraux^5ÿgj.;rfjijj5>ji„ . La moitié de l’ovaire, A,D,B,E, fig. i3, dans laquelle on voit que les ■ œufs sont plus gros au milieu qu’à la circonférence. 17, i8. Le cartilage, N, fig. 27, D,E, fig. 4, dessiné séparément en trois DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. 4^1 sens divers. Il est composé de deux lames inclinées l’une contre l’autre, et placé au sommet de l’estomac. Fig. i6, 19, 21. Représentent la lame, voyez fig. 2, du côté intérieur, aplomb, et du côté extérieur. Fig. 22. Le système nerveux du thorax commençant par deux ganglions, A et B , fig. 22. De ces deux ganglions, qui sont adossés l’nn contre l’autre , part un cercle nerveux qui donne quatre paires de nerfs, G,D , E,F , G,H, I,K, aux quatre paires de pieds, et le nerf L, qui forme la moelle épinière du ventre. M, l’écaille, N, fig. 27. Fig. 23, üS. L’ouverture de l’oesophage avec les deux mâchoires S, S, fig. 24, vue aplomb. M, la lèvre inférieure. Fig. 24- langue L, avec les deux mâchoires S, S repliée, en bas : les deux man- dibules repliées en haut pour montrer la membrane C,A,A,C, qui se trouve entre deux. AA, l’origine des palpes maxillaires. Fig. 26. Le sternum placé sous le système nerveux et l’estomac , dont la lame N , fig. 27, se trouve sur A. En dessus il a plusieurs points imprimés qui servent d’attaches aux faisceaux des muscles dont les inférieurs le fixent, et dont les latéraux se rendent dans les pieds. PIg. 27. La langue A."^. avec l’oesophage X,1N et l’estomac N, P. Au sommet de l’estomac dacée la lamelle N. Vojez D,E, fig. 4} fig- i5, 17, i8. Planche XI. Fig. I — 8. Histoire du Dytiscus marginatus. - Fig. I, 2. La larve , vue de côté et en dessus. A, les mâchoires. — B, les branchies. Fig. 3, 4, 5. La nymphe, vue en dessous, de côté, et en dessus. E, les yeux. — D,B,C, les fourreaux des trois pieds. — A, le fourreau des ailes. Fig. 6. Le mâle. AA , le ventre. — CC , le thorax. — - BB , palettes des tarses des pieds antérieurs ; elles sont munies en dessous de deux suçoirs, et sur les bords de petits crochets. Fig. 7, 8. La femelle en dessus et en dessous. Fig. 9—16. Métamorphoses du Dermestes lardarius. ANATOMIE 462 >-1 FiGi 9, 10, iiJ La larve, vue 4e côté, en dessus et en deséoüs. >' Fig. 12. Poil du corps d’une larve. ! • Fig. i3, 14. La nymphe-, vue en dessus et en' dessous. ' Fig. i5, 16. L’insecte parfait, vu en dessus et sur le côté; •' FigI- Les'métamorph'osesdel'a 'Jto'grrâ'^/fia.' Fig; ï^, 18, 19. La larve danstoute sa grandeur-', un peu contractée et roulée en boule après'être inijuiétée. r. - , Fig. 20. Le pied d’une larve. Fig. 21. Une antenne de la larve. . > ■ A,B,C, les trois articles. : - Fig. 22. La tête de ladarve. - * ' A, A, les antennes. — D,D, les mandibules. B , -une dUs mâchoires. — ô, la lèvre inférieure. — L, la lèvre supérieure, • Ftg. 23i Une mandibule; D,D, fig. 23 , grossie. '>• ' J A, la base creuser B, C, le bord denté. ‘ Fig. 24. Une mâchoire. B, fig. 22, grossie. ■ L, une palette, garnie de poils sur le bord.' •n' / Fig.' 25. La lèvre inférieure . B, fig. 22. Fig. 26j 271' La lèvre supérieure. L, fig. 22, vue en dessus et en dessous. Fig. 28,29, 3o. La nymphe , vue de grandeur naturelle- en 'dessous, de côté, et grossie de la face inférieure. Fig. 3i. L’insecte parfaiU r ’ > . Planche XII. Fig. I — 6. Métamorphoses de la Cnss/dn v/r/Æs. Fig. 1,2. La larve en dessus et en dessous. Fig. 3, 4- La nymphe en dessus et en dessous. . 1 . Fig. 5,6. L’insecte parfait en dessus et en dessous." Fig. 7 — 12. Métàmorphosès de là' Cus'sfa’n Gy1ehbt>’. Fig. '7-^i8.- L'alarve en deSsuS et èn'd'eSsouS. Fig. 9, 10. La nymphe en dessus et en dessous. Fig. 11, 12. L’insecte parfait en dessus et en dessous. Fffci ï3— l’g. 'ML-laiïio'rphofees dii 'Cnrrtiffù Pyri. 'GyUenbal. F16. t3Î XTu bourgérih de pôirièi‘,brünï, à'ttâipcié par uné larve de cet insecte. Fig. 14, i5. La larve, vue de grandeur naturelle et grossie. Les épines courbes qu’elle a sur le dos lui servent au mouvement. Fig. 16, 17. La nymphe de grandeur hatürèlîè , vue de’èôté et 'grossie en dessous. 463 DE DIFFÉRENTES ESPECES d’iNSECTES. Fig. i8, ig. L’insecte parfait de grandeur naturelle et grossi. Fig. 20 — 28. Me'tamorphose du Curculio ? Fig. 20, 21. La larve,. vue de côté et en dessus. Fig. 22. Boule composée de fils, dans laquelle loge la larve. Fig. 23, 24, 25. La nymphe, vue de côté, en dessus et en dessous. Fig, 26, 27, 38... L’insecte parfait, vu en trois sens. Fig. 29 — 35. Métamorphoses de la Chrysomela dorsalis. Fig. 29, 3o. La larve, , Fig. 3i, 32, 33. La nymphe. Fig. 34,35. L’insecte parfeit. Fig. 36 — ^7.. Métamorphoses de Chrysomela popuU. Fabr. Fig. 36, 37. La larve. Fig. 38,39, 4°- La nymphe. Fig. 4‘,42- L’insecte parfait. ,j Fig. 43—46. UhistoxTe àe M Elaphrus slriatus. ¥abr. Fig. 43, 44- L’insecte parfait. Fig. 45. Le même grossi. Fig. 46- Les œiufs attachés à un brin d’herbe, Fig. 47 — 3o. Métamorphose de l’F(j'd/0724i7«J caraôc>ïde.s. Fahn. Fig. 47- La larve. Fig. 48, La nymphe. Fig. 49- L’insecte parfait. Fig 5o. La tête de la larve. 1,1, Jes yeux. — C,C, les antennes..,— B, les mandibules, , — D,D,les palpes maxillaires. — E,E, la lèvre inférieure. — F, la trompe. Planche XIII. Fig. 1,2. Larve parvenue à son dernier terme d’accroissement. A,B,C, les trois anneaux du thorax. — D, deux épines à l’extrémité du corps. — E, E,'E,E,E,E, articulations du ventre,, garnies d’une épine latérale. — F, F,F, les'trois paires de pieds. — G, G,, les deux mandibnlqs. . Fio. 3,4- Un cocon rempli d’oe.ufs, composé de fils, se terminant en devant par une pointe recourbée en haut. Le cocon est tronqué en devant. Fig. 5,6. Un œuf. Us sont placés perpendiculairement dans le cocon. Dans la la fig. 6, on remarque la jeune larve qui s’y trouve déjà toute formée, Fig. 7. Grandeur naturelle de la larve peu après sa naissance; sans avoir pris 464 ANATOMIE • quelque nourriture, les larves acquièrent trois à quatre fois plus de volume qu’elles n’en avoient dans l’oeuf. Fig. 8,9. Grandeur de la larve après la première et la seconde mue. " Fig. 10, II. La nymphe en dessus et en dessous. ! Fig. I I*. La même en contour. A, la tête.— B, le thorax. — C, les yeux, — D, les antennes.— E, les mandibules. — F, F, trois trachées prolongées placées de chaque côté de la tête. — G, les mâchoires avec leurs palpes. — H, la lèvre supérieure. — I,R,N, les étuis des trois paires de pieds. — L,M, les étuis des deux ailes. — P,P,P,P,P, lesarticulations du ventre.— Q, deux hlièresà l’extré- mité du corps. — O, les épines des jambes , des pieds postérieurs. Fig. 12. L’insecte parfait. A, A, les palpesmaxillaires. — B, B, les antennes. — C,C,les'yeux. — D,E,F, les tarses, palettes et crochets des tarses. Fig. i3, i4, i5. Trois articulations membraneuses qui s’engaînent les unes dans les autres , placées à l’extrémité postérieure du mâle, vues en dessus , de côté et en dessous. B, A, N, les trois articulations. — F, l’ouverture du second article. — Q, l’ouverture du troisième article. Fig. 16. Les mêmes parties. La seconde a été détachée de la première. Le rectum se terminant à celle-là y est resté attaché, et se trouve entre deux. 00, le second ; PP, le troisième ; HK, le premier article. — I, anneau cartilagineux qui embrasse le rectum. Fig. 17,18,19. Les valves qui composent les deux derniers articles de la gaine grossie. 0,0, les valves du second article. —P, P, ceux du troisième. — Q, l’anus. Fig. 20 — 23. Représentent les différentes manœuvres que l’insecte emploie pour filer sa coque. Sa première position est celle de la fig. 21 , ayant le ventre en dedans et les pieds antérieurs en dessus pour mouler la face iiir- . ; térieure et extérieure. Quand elle est avancée jusqu’à la place que doit ■! ; : occuper le couvercle qu’on voit fig, 3 , elle se , retourne et se dispose à y pondre ses œufs. yoy. fig. 22. Toute remplie , elle la ferme par des fils circulaires qui forment ensemble le côté plat qu’on voit fig. 3 dans la poi- sition de fig. 23 ; ces fils circulaires aboutissent à l’extrémité du petit mat , .augmentant en longueur à mesure qu’ils se terminent. m ri.H. c/Iic Uu! Jiuiù / ï( ■ ■ . ■ . • iï','- '■ ii-/ , ' :v. ?' ■■■'•vi*'rv ïÇ~ '•>•’■■■».•• ■ ' ' iwm ? 'yvK’’ ■;_ •, Tom, . i S. Pl.io. P], 11. PJ,i5 ■■WOBUIfiiirlir'li.l.. I : t. 'f r. - -; \ '■ . * TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES Contenus dans ce dix-huitième Volume. 1 ■ M. LE B°". CUVIER. Eloge historique de M. Bosc. 69 — 92 M. CAMBESSEDES. Mémoire sur la famille des Sapindacées. i — 5o Note sur les Elatinées , nouvelle famille de plantes. 255 — 23i Description d’un genre nouveau de la famille des Géra- niacées. 869 — 876 M. KUHN. Description d’un nouveau genre de l’ordre des Douves et de deux espèces de Strongles. 887 — 868 M. LYONET. Anatomie de différentes espèces d’insectes. (i«r, article.) 288 — 812 Anatomie, etc. (2^. article.) 877 — 4^7 Mém. du Muséum, t. 18. 60 466 TABLE DES MEMOIRES ET NOTICES. M. MARCEL DE SERRES. Obsen^ations générales sur les circonstances qui paraissent avoir accompagné le dépôt des terrains tertiaires. 2i3 — 224 Lettre adressée à M. Geoffroy Saint-Hilaire sur les races distinctes que paraissent présenter certaines espèces considérées jusqu à présent comme fossiles. 149 — 169 MM. Marcel de SERRES, DUBRUEIL et B. JEAN-JEAN. Recherches sur les Ossemens fossiles des cavernes de Lunel-Vieil {Hérault). (2e. article.) g3 — 147 Recherches , etc. (3e. article.) 3i3 — 356 M. HERCULE STRAUSS-DURCKEIM. Mémoire sur les Hiella , nouveau genre de Crustacés ani- phipodes. 5 1 — 68 M. TURPIN. Organo graphie microscopique , élémentaire et comparée de végétaux. Observations sur l’origine ou la formation primitive du tissu cellulaire^ sur chacune des vésicules composantes de ce tissu, considérées comme autant c?’individualités distinctes, ayant leur cejitre vital parti- culier de végétation et de propagation , et destinées à former, par agglomération, Z’individualité composée de tous les végétaux dont V organisation de la masse com- porte plus d'une vésicule. 1 6 1 — 2 1 2 INDICATION DES PLANCHES DU XYIID. VOLUME. Pages. PI. I. Détails de deux Cardiospermum , du Prostea, du Thouinia, et du Rœlreuteria. 5o II. Mouîinsia cuspanioïdes. Ihid. III. Cupania Lessertiana. Ibid. IV. Anatomie de la Hiella Orbignii. 67 V. Bichatia vesiculinosa. lii VI. Théorie sentant à expliquer le déi’eloppe- ment des masses tissulaires des végétaux. Ibid. VIL Indwidu vésiculaire , etc. Ibid. VIII. Théorie sur la formation des trois princi- pales modifications du tissu cellulaire. Ibid. IX, X, XI, XII, XIII, XIV, XV. Anatomie de différentes espèces d insectes. 3 1 2 XVI, XVII. Ossemens fossiles. 356 XVII Octostoma alosæ, Octostoraa scombri, etc. 368 XVIII. Cæsarea albiflora. 374 XIX, XX, XXI, XXII, XXIII, XXIV. Ana- tomie de différentes espèces d insectes. 4^4 ■*' Celte planche se trouve au deuxième cahier de la dixième année. TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. Alectrion. Yoj. Sapindacées. Anatomie comparée. Voyez Insectes, niella, Octostoma, Strongle. Aphania. Voy. Sapindacées. Araignées (différentes espèces d’). Voy. Insectes. Bergia. Genre de plantes de la famille des Elatinées , 23g. Voy. Elati- nées. Bibio Marci, Meigen. Voy. Mouche de Saint-Marc. Bicliatia. Genre de végé^ux microsco- piques élémentaires, lySVoy. Or- ganograpliie mieroscopiqàe2 't Bosc. Eloge historique de ce savant, 6g et suiv. — Liste de tous les articles qu’il a insérés dans lès annales de l’agriculture française, 89. Brèches osseuses. Voy. Ossemens fos- siles. Cæsarea. Nouveau genre de la famille des Gcraniacées : ses caractères , avec la description de trois espèces ; le tout précédé de quelques ob- servations sur la famille des Géra- niacées, 36g et suiv. Cardiospermum. Voy. Sapindacées. Cavernes de Liinel-J^ieil. Voyez Osse- mens fossiles. Cossignia. Voy. Sapindacées. Crustacés. Voy. Hiella. Cupania. Description du genre, 28; — de huit espèces, 4i et suiv. Voyez Sapindacées. Dodoncea , 35. Dodonédeées. Tribu de la famille des Sapindacées ; description des gen- res qui la composent , 33 et suiv. Voyez Sapindacées. Elaline. Genre de plantes séparé des Caryophyllées , pour faire le type d’une nouvelle famille ; ses carac- tères, 22g. Voyez Elatinées. Elatinées. Etablissement de cette fa- mille de plantes, composée des genres Elaline, Bergia, Meri- mea , 225. — Caractères des trois genres , 22g. Enoiirea. Voyez Sapindacées. Entozoaires. V. Octostoma et Strongle. Erioglossum. Voyez Sapindacées. Globuline. La Globuline solitaire forme par aggrégation tous les végétaux , 164 et suiv. — Chaque grain de Globuline a son principe de vie et de propagation , et sert de concep- tacle aux vésicules futures ou corps propagateurs de l’espèce, i6ç et suiv. — Comment la vésicule mère se multiplie par la nouvelle Globu- line qui se forme dans ses parois intérieures, 181. — -Description et figure de la Globuline et de toutes TABLE ALPHABÉTIQUE ses modificalions dans l’explication de'taillée des figures, et suiv. Voyez Tissu cellulaire. Géologie. Voyez Ossemens fossiles. Terrains tertiaires. Hiella. Description de ce genre de Crus- tacés amphipodes, qui forme le lien de cet ordre avec celui des Crustacés isopodes, 5i et suiv. — Remarques sur l’exception que la disposition des ganglions de la moelle épinière semble présenter aux lois de relation du système ner- veux des animaux articulés , 62 . — Les Hiella doivent être placés en tête de l’ordre des Amphipodes , à la suite de celui des Isopodes, 64- — Caractères distinctifs du genre Hiella , 65. Hj'pelate. Voy. Sapindacées. Insectes. Anatomie de differentes es- pèces d’insectes. i« Le pou de mouton , 233. — 2». Les poux d’oi- seaux : moyens de s’en procurer et de les observer au microscope, 25g. — Division de ces poux en deux classes et en genres, 261. — Ana- tomie du pou d’aigle, 262; — de celui du héron, 265; — de celui du corbeau , 266, 270 , 274 ; — du coq de bruyère , 267 et suiv.; — de celui du milan brun, 268; — de celui de la hupe , 269; — d’une espèce de tiercelet, 270; — du geai , 271 ; — de la bécasse de mer, 272 ; — de la tourterelle , 278 ; — de la pivoine, 276; — d’une sorte d’émerillon, 276. — Pou de la chenille du bois de saule, 277; — DES ARTICLES. 4^9 du limaçon des jardins, 280. — Anatomie de trois espèces de mites, 282 ; — delà tique , 285 ; — de la mouche de Saint-Marc, avec des observations sur son origine et sa propagation , et sur le dégât qu’elle fait aux bourgeons des arbres, 290 et suiv. ; — de l’araignée, avec des observations sur leurs organes gé- nérateurs et sur leuraccouplement, 387 ; — d’une autre espèce d’arai- gnée mâle, 38g; — de plusieurs parties d’une troisième espèce d’a- raignée mâle , 3g I ; — d’une arai- gnée femelle du même genre, 897 et s.; — du grand scarabée olivâtre aquatique , 412. — Esquisse histo- rique de quelques scarabées, il/id. et suiv. — Anatomie du ver scara- bée hexapode, dont l’hiver est la saison , 4>7 et suiv.; — du ver sca- rabée destructeur d’oiseaux em- paillés, 421 ; — du scarabée volti- geur, 422 et suiv.; — d’un scara- bée semblable au précédent, 425 j du scarabée à trompe, 426 et suiv. — d’une autre espèce de scarabée à trompe, 428; — du putois grêle, 42g et Suiv.; — du gros putois, 431 et suiv.; — du petit scarabée aquatique, 433 et suiv. ; — d’une autre espèce du petit scarabée aqua- tique dont la femelle file , et expé- riences faites sur cette espèce, 435 et suiv. ; — du grand scarabée aquatique dont la femelle file, 438 et suiv. — Observations et expé- riences sur cette espèce , idid. Irina. Voyez Sapindacées. TABLE ALPHABÉTIQUE 470 Lepisanthes . Voyez Sapindacées. Llagunoa. Voyez Sapindacées. Magonia. Voyez Sapindacées, Matayba. Voyez Sapindacées. Melicocca. "Voyez Sapindacées. Merimea. Nouveau genre de plantes de la famille des Elatinées , 23o. Voy. Elalinées. Micromètre. Description d’un instru- ment qu’employoit Lyonet pour de'terminer les dimensions des plus petits objets vus au microscope, 259. Mite. Anatomie de la Mite du fromage et de deux autres espèces, 282. Mouche de Saint-Marc. Histoire et ana- tomie de cet insecte , avec des ob- servations sur son origine , sur sa propagation, et sur le tort qu’il fait aux arbres, igo et suiv. Moulinsia eupanoides. Description du genre et de l’espèce , 40. Voyez Sa- pindacées. Nepheliujn. V. Sapindacées. Octostûma. Nouveau genre d’Entozoai- res, de l’ordre des Douves: sa des- cription et celle de deux espèces , 357 et suiv. Organographie microscopique des végé- taux, iGietsuiv. — Formation du tissu cellulaire, par la réunion des vésicules qui ont chacune leur centre de vie particulier: formes que ces vésicules, d’abord sphériques, pren- nent par leur position mutuelle, et comment elles se propagent, 169. — Examen des amas de vésicules qu’on trouve sur les vitres des serres chaudes , qui ne reposent point sur sur une membrane , et auxquels l’auteur donne le nom de Bichatia, 1 75 et sui.v. — Des méats ou canaux intercellulaires , qu’on a pris à tort pour des vaisseaux, 180. — De la globuline, 181. — Les prétendus pores ou stomates destinés à l’in- troduction des fluides sont une il- lusion : ce que c’est que la cuticule générale des végétaux , 184. — Ré- futation des opinions reçues sur la circulation de la sève, 187. — De la fécondation des végétaux, 188. — Résumé des observations , 190. Explication des figures qui repré- sentent les organes élémentaires des végétaux, leur réunion, leur pro- pagation , et dont le résultat est d’offrir une théorie de la végéta- tion, ig4 et suiv. Ossemens fossiles. Continuation des re- cherches sur les ossemens fossiles des cavernes de Lunel-Vieil , g3 et suiv., 3i3 et suiv. — Rapport qui existe entre les limons à ossemens des cavernes et les brèches osseu- ses, g3. — Brèches osseuses de France, comparées à celles situées hors de France, sous le rapport des ossemens qu’elles renferment, g4 et suiv. — Aperçu général sur les cavernes à ossemens et sur les es- pèces qu’on y trouve, 104. — Il paroît que les brèches osseuses et les cavernes à ossemens sont bien plus communes qu’on nel’avoitcru, et que leur formation est due à une mêmecause, iio. — Examendes diverses opinions à ce sujet, et des DES ARTICLES. faits qui doivent fixer les incerti- *tudes , 1 1 0 et suiv. — De la prodi- gieuse quantité d’ossemens de car- nassiers , de ruminans , de ron- geurs, etc., qu’on trouve dans les cavernes et les brèches osseuses , et du nombre relatif des espèces , i25 et suiv. — Des débris de poissons et de coquilles de mer qu’on trouve quelquefois au-dessous, 12g. — Nombre relatif des différentes piè- ces osseuses des squelettes des es- pèces fossiles, i3i. — Cette énu- mération prouve que les diverses parties du squelette n’ont pas été également conservées , i35. — Age relatif des diverses espèces fossiles des mêmes cavernes, i38 et suiv. — Du rapport des espèces fossiles avec les espèces vivantes, i43 et s. — Il n’y a que deux espèces per- dues sur dix-neuf herbivores J il y en a quatre sur quatorze carnas- siers, 145. — L’époque des derniè- res catastrophes géologiques n’est pas aussi éloignée qu’on l’a supposé, i47- — Description des divers os- semens fossiles des cavernes de Lunel- Vieil , et détermination des genres auxquels ils appartiennent. 3i3. — Ossemens d’ours, 3i3 et s. — Os de la tête de l’ours à front bombé, 3i5. — De l’ours à front aplati, 324. — Tableau comparatif de quelques parties des têtes d’ours fossiles , avec les mêmes parties des ours vivans , 328. — Os fossiles du blaireau d’Europe, 33o. — D’une loutre, 334. — Ossemens fossiles du 47 genre chien, 33g. — Du renard, 35o. — Preuves que les derniers dépôts d’ossemens fossiles sont pos- térieurs à l’apparition de l’homme sur la terre, i4g et suiv. — On ne trouve en Amérique aucun osse- ment des espèces aujourd’hui do- mestiques , tandis qu’on trouve en Europe les mêmes ossemens d’ani- maux perdus, i5i. — Réflexions sur la diversité des races dans les derniers dépôts, i55 et suiv. Pou de la chenille du bois de saule , et pou du limaçon des jardins. Leur anatomie, 253 et suiv. Voyez In- sectes. Pou du mouton. Anatomie de cet insecte, 277 et suiv. Voyez Insectes. Poux des oiseaux. Observations sur leur division en classes et en genres, sur les moyens de se les procurer et de les observer, avec l’anatomie de seize espèces, 25g et suiv. Voyez Insectes. Prostea. Caractères du genre, 25. — Description d’une espèce, 3g. Sapindacées. Mémoire sur cette famille déplantés, i et suiv. — Exposition des travaux dont elle a été l’objet depuis Linné jusqu’à présent, ibid. Caractères de la famille, 4- — Re- vue des genres dont elle se com- pose, avec des observations sur les rapports qui les unissent et les ca- ractères qui les distinguent , 8. — Division de la famille en deux tri- bus, les Sapindées et les Dodonéa- cées, i3. — Affinités de la famille , 14. — Tableau analytique des Sa- 472 TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. pindacées, 17. — Description des genres de la première tribu, celle des Sapindées , avec la nomencla- ture des espèces, 18. — Ces genres sont Urvillea AnntA, 19. — Serja- nia Plum. , 20. — Toulicia Aubl. , Ponæa Scherb. , 21. — Paullinia ^ Schwn. , 22. — Schmidelia Kunth, 23. — Irina Plum. , 24. — Prostea Nob. , 2.5. — Lepisanthes Plum. , ibid. — Sapindus Lin., 26. — Erio- glossum Plum., 27. — Moulinsia Nob. , 27. — Cupania PIutji. , 28, — Talisia Aubl. , 2g. — Nephe- liura Lin. , 3o. — Thouinia DC. , ibid. — Hypelate Brown, 3i. — Melicocca Lin. 3a. — Les genres des Dodone’acées sontKœlreuteria, Laxm. , 33. — Cossignia Juss. , ibid. — Llagunoa Ruiz et Pav., 34. — Dodonæa Lin., 35. — Genus anomalum. Magonia./^. S.-Hil.,35. — Generamihi non satis nota.Enou- rea Aubl. , 36. — Matayba Aubl. , - ibid. Apliania Plum. , 37. — Alec- tryon Gœrt. , ibid. — Description des espèces nouvelles ou peu con- nues , 38 et suiv. — Ces espèces sont Schmidelia bojeriana iVoi. , ibid. — Prostea pinnata Nob. , 3g. — Moulinsia cupanioïdes Nob. , ^o. Huit espèces de Cupania , 41 et suiv. — Talisia mollis , 48. Sapindées. Division de la famille des Sapindacées. Voyez Sapindacées . S'earnieej (différentes espèces de). Voy. Insectes. ^ Schmidelia. Voy. Sapindacées. Sclimi- delia bojeriana. Sa description , 38. Seve. Ce que c’est que le mouvement de la sève, 187. — Voy. Organogra- pliie. Stomates ou pores des végétaux. Ne sont qu’une illusion, 184. — Noy. Or- ganograpliie végétale. Strongle {Strongylus). Description de deux nouvelles espèces de cet en- tozoaire trouvées dans le corps d’un marsouin, 363. Talisia mollh. Sa description , 48. — Voyez Sapindacées. Terrains tertiaires. Observations sur les circonstances qui paraissent avoir accompagné le dépôt de ces ter- rains, comparaison de divers bas- sins de terrains tertiaires, 2i3 et suiv. Thouinia. Voyez Sapindacées. Tique. Anatomie de cet insecte, 286 et suiv. Tissu cellulaire des végétaux. Obser- vations sur son origine et sa forma- tion , sur les vésicules qui le com- posent, qui sont autant d’individus distincts, ayant chacun leur centre vital particulier, et dont la réunion forme l’individualité composée de tous les végétaux, 161 et suiv. — Voyez Globuline, Organographis végétale. FIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE, Souscriptions chez A. BELIN, Libraire l rue des Mathurins Saint-Jacques , n. i4 , à Paris; ; Et chez les Libraires de France et de l’Etranger. FLORA BRASILIÆ MERÎDIONALÏS , auctoribus Adgdsto DE Saint-Hilaire, reg. Scient. Acad. Paris., necnon Societ. Philoni. et Hist. nat. Paris., Acad. reg. Scient. Ulissip., Phys. Genev. , Ca'S. Læop. Carol. Nat. Curios. , Soc. Scient. Aurel., Linn. Calvad. ; Adriano de Jussieu, Doct. Med. Par. , Botanic. in Hort. Paris. Prof., Aca- dem. Cæs. Leop. Carol. Nat. Curios. , Societ. Philom. et Hist. Nat. Paris. , Werner. Nat. Hist. Linn. Lugd. ; Jacobo Cambessedes , Societ. Philom. et Hist. Nat. Paris., Hist. Nat. Monspel. et Linn. Burdigal. Regiae Majestati consecratum . L’altération de la santé' de M. Ang. de Saint-Hilaii e Payant force' de suspendre depuis long-temps la publication de cet ouvrage , il a cru nécessaire d'adjoindre à ses travaux MM. Adrien de Jussieu, Profes- seur de Botanique au Jardin du Roi , et M. Cambasscdes. Cette réu- nion de Collaborateurs offre la plus forte garantie aux personnes qui désirent puiser dans cette Flore une solide instruction. La Flore du Brésil sera pour la partie orientale de l’Amérique ce qu’est celle de MM. de Huinbnldt et Runtb pour la côte occidentale. Comme les deux ouvrages ne forment réellement qu’un ensemble, celni que nous annonçons est imprimé avec des caractères semblables h ceux du Nova Généra , et dans les mêmes formats. La onzième livraison est publiée. 111-4“. jésus, papier satiné, huit h dix figures noires, et cinq feuilles de texte i5 fr. In-folio Jésus, papier vélin n’Annonay, satiné, avec les mêmes figures coloriées , et huit feuilles de texte. ... 6o fr. HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFERES, avec des figures originales, coloriées, dessinées d’après des ani- maux vivans. Ouvrage publié sous l’aulorilé de l’ad- ministration du Muséum .d’Histoire Naturelle, par M. Geoefroï Saint-Hilaire , professeur de Eoologie au Muséum', et par M. Frédéric Cuvier , chargé en chef de la Ménagerie Royale. NOUVELLE ÉDITION IN-4°* L’ouvrage , imprime avec des caractères neufs sur papier grand- raisin superfin saline' , même format in~4°. que ies Ossemens Fossiles de M* G. Capîer, aura six volumes qui paraîtront en 6o livraisons. Chaque livraison contient, outre le texte, 6 figures coloriées avec le plus grand soin, d’après des dessins faits sur des animaux vivans. Prix 9 Les huit premières livraisons sont en vente. Edition in-folio. — Les4o premicreslivraisons, contenant 240 figures coloriées avec le pins grand soin , forment 4‘^^lumos, dans lesquels ces figures ont été' classées d’après l’ordre méthodique. Ces quatre volumes in-folio jésus sont livrés cartonnés ou renfermés dans des cartons, au choix des acquéreurs. Prix 55o fr. Dix-neuf livraisons des 5‘". et 6^ vol. sont en vente; prix de chaque livraison i5 fr. mémoires sur LA FAMILLE DES LÉGUMINEUSES, par M. Aug. Pyr. de Candolle , professeur d’histoire naturelle et directeur du Jardin botanique de l’Acadé- mie de Genève , correspondant de l’Institut de France , membre des Sociétés royales de Londres , Edimbourg , Turin , Naples , Munich , Copenhague , de la Société des Curieux de la Nature , etc. Ces Mémoires étaient destines à paraître dans la collection de ceux du Muséum d’histoire naturelle de Paris. Mais leur nombre s’étant augmenté beaucoup au-delà de ce que eclte collection aurait pu faire paraître sans de grands retards , l’auteur , de concert avec le libraire- éditeur, s’est décidé à les réunir en un seul corps d’ouvrage, en les imprim^ant dans le meme format in-4®. , pour qu’ils puissent être pla- 1 cés à côté de cette collection. Les botanistes trouveront réunis dans cet ouvrage les commen-; laires qui compléteront le tableau abrégé de celte famille , qui va pa- raître dans le Prodromus; ies détails relatifs aux caractères delà famille des Légumineuses, aux tribus dont elle se compose, et aux' genres nouveaux ou peu connus . seront exposés soit par des descrip- tions explicites , soit par des planches soignées. < Ce volume, composé de quatorze Mémoires faisant environ ■ oOO pages in-4“. , et de 70 planches , dont 26 an simple trait et les autres entièrement terminées, est en v'ente. Prix 72 fr, ATLAS DES OISEAUX D’EUROPE, pour servir de ; complément au Manuel d’OrnitliologiedeM.Temminck, par J. G. Werner, peintre au Muséum d’histoire natu- relle de Paris, publié sous ies auspices de M. le baron , Cuvier. Cet Atlas sera publie en cinquante-cinq livraisons de dix plan- ches, format iii-8^., avec ou sans texte. En tête d**-'-*. - '•yyy-X- " ' ■■■ «i Kravité placé sur , . *' .-"■'é, décri- i-/: .,v pp.'-', ■ ■ ■ ■ ,1., ,. y y "y • --ï.- ' / V;-J- ■ .. ., g t ■-r vi if;-;/-' .■ 'yyX-y\yy\.-yi.-yy ' -y" ;é^y>;.v,- ... "yX.y ■X7X^::-Xyy.,yy: , y:K.y e; ^ileaunmou- ' ", ■ ■ ■ O"-.."- ■ " ^ -■■'ré. ■' '-'îiarti es élastiques ■ . ' et ' si ■ ' ’ " ■ . s „ ' r - -^uc-mite , , r , mt ■ , ‘Vé ■' , ■• rsyemcus.ceuxde ésX:.' é j:,:i -yyXm x: y: y é é' '-jX-xx ' é ' i .y ■■ ' '■' ■■ -'é'c ■" ■■■%-'- 'yX\-^' 'y'X'X ■J-X ’-yXy-X' .5 : ■■ , , , , ^ ;> -i ;'Vr;î ■■■ ;r ■' .:k'\ Jns 0OB{(î 0 H. , 'rrt ; . •' f •i8A0[aj 9p ja ^ S9[ anb jiiod -y 1:^1 S9p snonBjnoT-j.it, 9[ aassiBqB clojj sbcI ■ > ,■ te': •'I ':■- te'’:;';-'?'- v-y - ' . ^ -9B TSSHB WBcf ' yy'-:- ■■: -':"y.':/:'%^.. : ■'-■<4- :'■ ,; .' ■■ i.'? / : ./.W; ,;. . ■ -"v-t-- *lUBb i/ ry^'A-’-'V'. P iriTnrf T»rrr> trî *; H -v: ■.': y ..- ■: -■; • • I f.:.r ■.. ?■!.-:.■ f" '-v, ./.V ^ '■'■■■ : .' -■■■ -y-, 'te'/- - ■ •• . / - ,;■ -te . ’ -'4 ^ .■ ;• •'■'■■ • ‘ ■ '• • - ^ •■ ,yî*'r ‘ i ■•' Ki ' •■• '\ • . ''^ . : '•'‘'''é te ;- ' : ' f',: ’:: :;>a -■'f '".'.Vv'% V:^; ■ -■ ■.■s.--. . ■ V'"'' ' . ’■ ’ ' - '■’ î-rV-.:-^"' :'/..-v -■■■'>:■ , ’.y- -:*- ^ v>- ;■: ' v;. ':x- c ' ^ . ■ ; ■^v. _ necesî ■ : .'^ ''-jf . ;-'V,-.t'fexi-.. ■■:^:S5sr , , “ i-n ' -i.f ' Jt?;-t:V‘; <^.i.^iqbra c: r ' . jrl^> II; ■ -SA* . -iu . i XIX... x;,,... '.:^.. 'v' . rCm^O 11:) • “X"'^ " 'i>.. ■y. ' 'Jyy' - -,V!' y:', ï"‘ yV'r ';' ■ '• V X .'-‘X Iti'rfri'po r ■■ ' ■.. . . f-»- v .■;■'■ ■■• .^^ V.. ïiilT) ■-■ -i-y, V- : ■'••Ai;’? ' f ■•''■ * f ‘.'i '■ ;'i : '' ,-S. • . > V ; '■■ '■ .' «•■ I-' V.. .■3Î:0.i:‘ • Ai i\- ? , - ':'ï^ 3i'” '■■ . ■ --valeurs mémoires üe M ^ ^ ^ “ |„., . ,, . Huaire sur rorffanis/>f' ^ •. O .; < I -11, soit au commen- cement de l’aunee 1820. Der,-ÿ,(.,./,^ .reille na pas discontinué de donner au na’''i:v . ! , , némoires sur le même sujet. Cette m^ . . ; V S . . ^ ; ' ut à l’Académie des es parties dures dt^,0,Jcà ,ecies j le compte qui en a é^- , n donne une trèo *üée; mais aucun me 1 ' excepte celui précité de M. de Jurine) n’a encore paru sur la partie ne j’ai traitée spécialement. L impression dans les Mémoires du Muséum n’ayant pu se fa ’ ne successivement et à de longs intervalles, j’ai pu, par là, re^ ’equemment mon ouvrage, examiner de nouveau les insect îsquels j’avois déjà opéré, et corriger plusieurs méprises : àii. îtard que j’ai éprouvé aura servi à rendre meilleur un tr.'- - > - lalgré cela , je suis loin de croire parfait ; car jusque dr s ■ iei chapitre sur les mouvemens des animaux, où je ^ , ue du vol des oiseaux, un nouvel exame- • ' îment chez ces volatiles , m’a suggéré des idé» lient aussi immédiatement au vol des insectes 5 atomie comparative des parties qui , chez les insectes /;•. I vol , etc. • ' ■ . Je ne citerai aucun fait p. ? . lire : il me suffira de dire en tei., ' ’ la science , même depuis les publica , ' v :herches non-seulement font bonne, lis quand on se rappelle qu’elleo ■ . n ' . ' litaire , etc. » ■ . *■ [Extrait du rapport de M. Gc iences , en sa séance du 23 avril . SovscRIPTIONS chez A. BELIN , Libraire ^ rue des Mathurins Saint-Jacques , n. i4 ^ à Paris j * Et chez les Libraires de France et de l’Etranger. i HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, avec des figures originales, coloriées, dessinées d’après des ani- maux vivans. Ouvrage publié sous l’autorité de l’ad- ministration du Muséum. d’Histoire Naturelle , pai M. Geopfrov Saint-Hilaire , professeur de zoologie au Muséum , nî par M. Frédéric Cdvier , chargé en chef de la Ménagerie Royale. Edition ‘n-folio. La 6i‘‘ livraison est en'jVenle. Prix. . . . t5 fr. NOUVELLE ÉDITION IN-4“- L’édition ln-4'’ q;ue nous annonçons difTère de l’ édition originale, en ce que nous y publions les animaux dans leur ordre^ natuvel; ce qui permet aux antcurs d’exposer dans des chapitres^ spéciaux les carac- tères de chaque genre. 11 ne reste que très-peu d'exemplaires de 1 in- folio, qui trouveront place dans les riches bibliothèques; l’in-4®, dont le prix est beaucoup plus modéré, deviendra un de ces manuels au- quk le naturaliste doit sans cesse avoir recours pour rappeler à son esprit ces particularités nombreuses et variées qui lui sont indispen- saoles, mais qui échappent toujours plus ou moins promptement de la mémoire là plus fidèle. Cette édition , imprimée avec des caractères neufs sur papier grand- raisin superfin satiné, paraît par livraison , composée*, outre le texte , de 6 fig. coloriées avec le plus grand soin , d’après des dessins faits sur des animaux vivons. Les Q premières lif^raisons sont en vente>Pn^ de chSiCMne. . 9 fr. ANATOMIE COMPARÉE DU SYSTÈME DENTAIRE chez l’Homme et chez les principaux animaux ; ouvrage dédié à M. le Baron Cuvier , par L. F. Era. Rousseau, Docteur en Médecine, membre de'plusieurs sociétés sa- vantes, chargé des travaux anatomiques du Muséum royal d’Histoire Naturelle de Paris ; avec trente planches gravées au burin sur les dessins faits , d’après nature , sur les originaux déposés dans les galeries d’ Anatomie comparée, par Werner, peintre attaché à cet établisse- ment. Un vol. 8", jésus , fig. noires, cartonné. 3o fr. Fig. coloriées avec le plus grand soin 4° f*'- FLORA BRASILIÆ MERTDlONALTS , auctoribus Augusto DE Sawt-Hilmre , reg. Scient. Acad. Paris. , etc. , etc,; Adriano de Jussieu, Doct. Med. Par. , etc., etc.; Jacoro Cambessedes , Societ. Pliilom. et Hist. Nat. Paris., etc. Regiaî Majestati consecratum. La Flore itn En'sil sera pmir la parue Orientale fie FAtneiiffiic ce f^n’est celle fie MM. fie HiiniLoIrlt et Kmitli pour la cote occidentale. Comme les deux onvr.ages ne forment réellement cpi’im cnscmhie , cclni ffne nous annonçons est imprime avec des caractèrc.s semblables à ceux dn JSovn Gcnera , et dans les mêmes formats. /.es t4 premières liornisons sont publiées* In-4“. jésus ,, papier satine, huit .’i dix figures noires, cl cimj feuilles de texte i5 fr. In-folio qésns , papier vélin d’Annooav, satine*, avec les mêmes figures coloiîées , et huit feuilles de texte! Go fr. MÉMOIRES DU MUSÉUAI D’HISTOIRE NATURELLE, par MM. les Professeurs au Jardin du Roi. Les Mémoires qui forrnent cette belle et utile collection sont rédigés en grande partie par MM. les Professeurs du Jardin du Roi : ceux qui vieunent de savans étrangers h ccc établissement n’y sont imprimés qu’avec l’approbation de MM. les Professeurs; aussi ce recueil a-t-il plus pmissamment contribué aux progrès des sciences naturelles et a leurs nombreuses applications que tout antre ouvrage. Ces Mémoires parais-s^nt par calilor de dix feuilles : six cahiers for- ment pu volume.; deux vobinies font nue année. Chaque volume est accompagné rie vingt à vingt-cinq planches gravées avec le pins grand sein. Les 9 premières années sont imprimées. Prix 54o fr. Chaque année, composée rie-avolumuR. 6o fr. On souscrit pour la dixième année. Le prix ries deux volnraes se paie en sonscrivant. MÉMOIRES SUR LA FAMILLE DES LÉGUMINEUSES,'' par M; Aug. Pïr. De Candolle, professeur d’histoire na- ■ turelle et directeur du Jardin botanique de l’Académie : de Genève, correspondant de l’Institut de France , etc., i I vol. in -4“ satiné, orné de 70 planches. Prix 72 fr. ; Extrait du Bulletin universel des Sciences, <( La famille ries Légumineuses étant une de celles qui fournissent le plus d’espèces à l’alimentation de l’homme et aux pâturages des ani- • maux qu’il élève pour ses besoins, le traité que nous annonçons ne pourrait ctre regarde' d’an œil indifférent par les agronomes , alors même que l’auteur ne l’aurait consacré qji’^ I2 classification des genres et à la description des espèces : mais M. ï)e Candolle n’a pas ainsi res- treint ses travaux, U n’a pas isolé la partie botanique, ni de la phy- siologie, qui est le complément de la science, ni de l’économie rurale, qui eu est la plus noble application. « Ces Mémoires offrent une foule d’idées philosophiques présentées avec une méthode et une clarté qui l’appellent à chaque instant l’au- teur du Traité élémentaire de la Botanique, » » ATLAS DES OISEAUX D’EUROPE, pour servir de complément auManuel d’OrnithologiedeM.Temmînck, par J. C. Werner, peintre au Muséum d’hîsloire natu- " relie, de Paris, publié sous les auspices de M. le baron Cuvier. Cet Atlas sera publié en cinquante-cinq livraisons de dix planches ,, format in-8®. , avec ou sans texte. En tête de chaque ordre nous don- nerons un squelette et une ou deux planches de caractères pour les di'» visions. Chaque planche n’aufa qu’un individu, afin que les natura- listes puissent les* classer suivant le système qu’ils auront adopté. Il paraîtra régulièrement une livraison de mois en mois’: la treizième est en vente. .Atlas sans texte. — Prix de la livraison, 10 fig. coloriées et retou- chées avec soin 6 fr. Le même sur grand-raisin vélin 7 fr. Atlas avec texte. — Prix de la livraison. ...... 6 fr. 5o c. REVUE DE LA FAMILLE DES CACTÉES, avec des ob- servations sur leur végétation et leur culture , ainsi que sur celle des autres plantes grasses , par M. Aug. Pyr. De Candolle'; i vol. in-4°, avec 21 planches. Figures noires 3o , fig. coloriées 4» fr. HISTOIRE DES PLANTES LES PLUS REMARQUABLES DU BRÉSIL ET DU PARAGUAY, comprenant leur description , et des dissertations sur leurs rapports , leurs usages, etc., avec planches; par M. Adgd.ste DE Saint -Hilaire, correspondant de l’Académie des Sciences , membre de plusieurs sociétés savantes ; i vol. in-4". de 5 à 6 cents pages, sur grand-raisin superfin, avec 29 planches, précédé d’une introduction conte- nant la relation de son voyage au Brésil et au Para- guay, etc 36 fr. SOUS PRESSE. RECHERCHES sur l’Anatomie et les Métamorphoses de différentes espèces d’insectes, par feu M. Lyonet, avec 52 planches in-4°, gravées sous les yeux de l’auteur; I vol. in-4° de 5oo pages environ , qui paraîtra en 2 liv. de 25 francs chaque. RECHERCHES sur les Ossemens Fossiles de Lunel-Vieil [Hérault), ouvrage faisant suite aux Reclierches sur les Ossemens Fossiles de M. le Baron Cuvier, par MM. Marcel de Serres et Dubreuil , professeurs à la Faculté de Montpellier, et Jean-Jean , D. M. , conser- vateur des collections anatomiques de la Faculté. ruf SorrscniPTiONS chezk. BELIN, Libraire, rue des Mathuriris Sainf-- Jacques , n. i4, à Paris; Et cliez les Libraires de France et de l’Etranger. HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, avec des figures originales, coloriées, dessinées d’apx'ès des ani- lîiaux vivaiîS. Ouvrage publie sous l’autorite de l ad- ministration du Muséum d’Histoire Naturelle , par M. Geô/fkov SAiNT-HiLAinE, professeur de zoologie au Muséum , et par M. Fkédépjc Cuvier , chargé en chef de la Ménagerie Royale. iV/iZio« La 6i^ livraîsoa est en vente. Prix. . . . i5 fr. KOÜVELLE ÉDITION lN-4"- L’edition in-4° nous annonçons Hifl’ère de l’cdition originale en ce que nous y publions les animaux dans leur ordre^ naturel; ce qui nerinet aux auteurs d’exposer dans des chapitres spéciaux les carac- tères de chaque genre. Il ne veste que très-pm d’exemplaires de folio , qui trouveront place dans les riches bibliothèques; l’iu'4^i dont le prix est beaucoup plus modehé, deviendra un de ces manuels au- quel le naturaliste doit sans cesse avoir recours pour rappeler à son esprit ces particnlarilcs nombreuses et variées CO O ■ • O fl CL CO O >-1 N CO flb O 1 "fl* CL CO O . fl CO fl fl’' SS O O P co fi O ^ O fl 2. CL ^ » j_r O fl fl 3 ^ fl- '•:••■. -’c C' O fl g M • ' .' ■' *'• “' ■ '- ‘ r . ■-..■■vv:-*- .,;: ^ T3 T3 -1 >;f- CD TJ O un CO fl CD i-j Co CO^ Tl fl fl -':V ' -iV .• ■• '.. . . 'c' c^ . -. -V.- ■ -Q, ■ '• ■ . k‘, O. oS* CL CO rn 2. î?' J- fl CO 'ïu fl : H- -V -> /V‘^> V’. '' .■'■■-T CO 'S- ’ •'. 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Ouvrage publié sous l’autorité de l’ad- ministration du Muséum d’FIistoire Naturelle , par M. Geoffroy SAivx-IItLAiRE, professeur de zoologie au Muséum , et par M. FfiÉDÉRtc Cuvier , chargé en chef de la Ménagerie Royale. iWùiora i'n-yb/io. La 6i' livraison est en^vente. Prix. . > . i5 fr. HOÜVELLE ÉDITION IN-4“. L’cclition in-4® ‘T’iie nous annonçons diffère de l’cdition orîginàîe en ce cjue nous y publions les animaux dans leur ordre naturel 5 ce 4111 permet aux auteurs d’exposer dans des chapitres spéciaux les carac- tères de chaque genre. Il ne reste que très-peu d’exemplaires de l’in- folio, qui trouveront place dans les riches übliotbèques j riu-4?, dont le prix est beaucoup plus modère, deviendra un de ces manuels au- quel le naturaliste doit sans cesse avoir recours pour rappeler à son esprit ces particularités nombreuses et variées qui lui sont indispen- sables, mais qui échappent toujours plus ou moins promptement de la mémoire la plus fidèle. Cette édition , imprimée avec des caractères neufs sur papier grand- raisin snperfin satiné , paraît par livraison , composée', outre le texte , de 6 fig. coloriées avec le plus gra'nd soin , d’après des dessins faits sur des animaux vivons. Les Q premières li^^raisons sont en venie.VnyLÜQ ch.diC\xïi(i, . 9 fr, ANATOMIE COMPARÉE DU SYSTÈME DENTAIRE chez l’Homme et chez les principaux animaux; ouvrage dédié à M. le Baron CuvieR’, par L. F. Em. Rousseau, Docteur en Médecine, membre de plusieurs sociétés sa- vantes, chargé des travaux anatomiques du Muséum royal d’Histoire Naturelle de Paris ; avec trente planches gravées au burin sur les dessins faits , d’après nature , sur les'originaux déposés dans les galeries d’ Anatomie comparée, par Werner, peintre attaché à cet établisse- ment. Un vol. 8“, jésus , fig. noires, cartonné. 3o fr. Fig. coloriées avec le plus grand soin 4° E’. FLORA BRASILIÆ MERIDIONALTS, auctoribus Augosto DE Saint-Hilaire , reg. Scient. Acad. Paris., etc., etc,; Adriano de Jussieu, Doct. Med. Par. , etc., etc.; Jacobo Cambessedes , Societ. Pbilom. et Hist. Nat. Paris. , etc. Regsæ Majestati consecratum. La Flore du Brésil sera pour la partie orientale de l’Amcricfue ce qu’est celle de 1111. de Hiimboldt et Kunth pour la côte occidentale. Comme les deux ouvrages ne forment réellement qu’nn ensemble , celui que nous annonçons est imprime avec des caractères semblables è ceux du Nova Généra, et dans les mêmes formats. jL&s i4 premières livraisons sont publiées, In-4°. jêsus , papier saline', huith dix figures noires, et cinq feuilles de texte. i5 fr. In-folio jêsus, papier vélin d’Annonay, satine', avec les mêmes figures coloriées, et huit feuilles de texte 6o fr. MÉMOIRES DU MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE, MÉMOIRES SUR LA FAMILLE DES LÉGUMINEUSES, par M. Aüg. Pyr. De Candolle, professeur d’histoire na- turelle et directeur du Jardin botanique de l’Académie de Genève , correspondant de l’Institut de France , etc. , I vol. in-4° satiné, orné de 70 planches. Prix 72 fr. Extrait du Bulletin universel des Sciences. (( La famille des Légumineuses étant une de celles qui fournissent le plus d’espèces h l’alimentation de l’bommc.et aux pâturages des ani- maux qu’il élève pour ses besoins, le traité que nous annonçons ne pourrait être regardé d’im œil indUTérent par les agronomes , alors meme que l’ameur ne l’aurait consacic cm’à la classification des genres et xà la description des espèces : niais M. De Candolle n’a tias ainsi res- treint ses travaux, il n’a pas isolé la partie botanique, ni de la phy- siologie, qui est le complément de la science, ni de l’économie rurale, qui cti est la plus noble application. (( Ces Mémoires ofirent nue foule d’idées' philosophiques présentées avec une méthode et une clarté qui rappcilont h chaque instant l’au- teur du Traité élémentaire de la_ Botanique, w ATLAS DES OISEAUX D^EÜROPE, pour serviV de complément au Manuel d’OrniÜiologiedeM.Temminck, par J. G. Werner, peintre au Muséum d’histoire natu- relle de Paris, publié sous les auspices de M. le baron CUYIER. Cet Atlas sera publié en clnquanlc-cînq livraisons de dix planches , format , avec ou sans texte. En tete de chaque ordre nous don- nerons un squelette et une ou deux planches de caractères pour les di- visions. Chaque planche n’aura qu’un individu, afin que les natura- listes puissent les classer suivant le système qu’ils auront adopté. Il paraîtra régulièrement une livraison de mois en mois : la treizième est en vente, Atlas sans texte. — Prix de,la livraison, lo fig, coloriées et retou- chées avec soin. fi fr. Le même sur grand-raisin vélin 7 fr. tearte. — Prix de la livraison. 6 fr. 5o c, REVUE DE LA FAMILLE DES CACTÉES, avec des ob- servations sur leur végétation et leur culture , ainsi que sur celle des autres plantes grasses , par M. Aug. Pyr. De Candolle; i vol. in-4°, avec 2i planches. Figures noires 3o, fig. coloriées /^o fr. HISTOIRE DES PLANTES LES PLUS REMARQUABLES DU BRÉSIL ET DU PARAGUAY, comprenant leur description , et des dissertations sur leurs rapports , leurs usages, etc., avec planches; par M. Auguste DE Saint -Hilaire, correspondant de l’Académie des Sciences, membre de plusieurs sociétés savantes; i vol. in-4,”. de 5 à 6 cents pages , sur grand-raisin superfin, avec 29 planches , précédé d’une introduction conte- nant la relation de son voyage au Brésil et au Para- guay, etc 36 fr. SOUS PRESSE. par MM. les Professeurs au Jardin du Roi. Les Mémoires qui forment cette belle et utile collection sont rédigés en grande partie par M.M. les Professeurs du Jardin du Roi : ceux qui viennent de savons étrangers à cct établissement n’ÿ sont imprimés qu’avec l’approbation de MM. les Professeurs 5 aussi ce recueil a-t-il plus puissamment contribué aux progrès des sciences naturelles et a leurs nombreuses applications que tout autre ouvrage. Ces Mémoires paraissent par cahier de dix feuilles : six cahiers for- ment tm volume; deux volumes font une année. Chaque volume est accompagné de vingt h vingt-cinq planches gravées avec le plus grand •cin. Les 9 premières années sont imprimées. Prix Séo fr. Chaque année, composée de 2 volumes 60 fr. On sonscrit pour la dixième année. Le prix des deux volumes se paie en sonscrivant. RECHERCHES sur l’Anatomie et les Métamorphoses de différentes espèces dTnsectes, par feu M. Lyonet, avec 52 planches in-4®, gi'avées sous les yeux de l’auteur; I vol. in-4° de 5po pages environ , qui paraîtra en 2 liv. de 25 francs chaque. RECHERCïIES sur les Ossemens Fossiles de Lunel-Vieil {Hérault),, ouvrage faisant suite aux Recherches sur les Ossemens Fossiles de M. le Baron Cuvier, par MM. Marcel de Serres et Dubreuil, professeurs à la Faculté de Montpellier, et Jean- Jean , D. M. , conser- vateur des collections anatomiques de la Faculté. MÉMOIRES DU MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE. OUVRAGE DÉDIÉ AU ROI. M. Lyonet. — Anatomie de différentes espèces d’insectes. 377. NEUVIÈME ANNÉE. — DOUZIÈME CAHIER. Le premier cahier de la dixième annee est en vente. A PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATIIÜRIIIS SAINT-JACQUES, nOTEL CLÜNT. Le prix de la souscription , pour l’année entière, formant 2 vol. , est de. ... 60 fr. Et franc de port pour les départeinens 66 P.ipler grand raisin vélin i2o iMPRiMEEtE DE A. BEL is , TOC (îcs Malborins S.-J., n. 14. a ?s* P O O •-S ^5 g’ CO O CO P 5 -y Lj a rH* O '*0' J-* ft'' CO CT5 2 ^L, rt- CfP ftî rn 'T3 W rt Ef ^ CO (?t> 2 hJ5 - ^ Û- CD O CO co^ si s O a> n CD a P 1 P» CfP CD g C» Ci- P S CO P^ -â. S’ (t) CO et) D g- (TD r-H O rj "0' •-S Q- et C P Ci P S- i O ? P C) O et) D Ci- c: P CO N-. O ce {H- f& CO <3 a CL, et (t et P X n- -• et !- et O ^ CO P ^ P C3 O et ^ C H, CO 2 et CO et ''' et O . et et P 5* CO CO P CTi et 5 3 et P^ CO O y/ P e et P et et e^ eu et P- 3 3 2* CO ^ I=r <3 CL, . . et L \ 3- C Q- P 0- et CO ^ ^ I et '* 3t P et ^ et VI sr et et> '* CO • et CO a- g n c i»! PL ü "d et CfQ ^ £L 'TJ V* P et O erq C et> oq ^ g „ O, n C >- en et et •T et -Cî C 3 ce ■er -< 2. S P P^ 3 0 3 et ^ 3 Q. 3’ P rr 3 et> 3 S- et CL p. itj P T3 3 P et. P et et P P** et P P> _ 3 et. P- ►-5 3 0 P^ r-P So ’ '* CO cr- p P et S h3. ^ 0 3 H“ • T? et P O ^ d. = “ d- V5 ,-. et. ^ ^ et 73 O *13 C O CO M- P^ et. P P S C3 ^ et €T5 P i et O w s* TJ ,— 3^ 2 V SS P P 3 P CO 3 CO P CO ireux ; Tl r+ CL H*" CO P CO sa fer H- • 3 û- P Tï 0 3 CL ao CL &T P CO P- 3 CO 0 *■ P -- P P P. 3 CL 3 . ' .* ■ ^ P 3 Km, CO P P CO V X 0 3 P ' " ^ . 1*^ P" P 3 P L’ < •' ■•■' - f-»" .0 CT CT- ^• tmi . et P- 3 O v« 3 3- ^ C :n .t CO P 0 £- •-0 P ># T S 3 P CO _ P- 3 3- r-^ P. P 3 P> 0 r“ »- CO • 0 3 P * et 3 CO rt* 3- P 3— P < P cT CO P 1-5 P P P V) 1 O £- c •n O et c P- et CO P P •-s^ S* eft CO* . I 3 44t et AO 2 O Ph CO 4-4 3 X 6q »^ '“*»o CO X c3 S CO CO V CO 05 05 05 '3 O * S-. U) rj 05 3 g 3 0 X CO 3 05 X .2 nd 3 *4-4 3 CO 05 05 ^co nd 3 '3 CO D 3 O ? CO bc) CO 3 2 JImi 5 05 3 3 O CO *n CO 3 C" 05 S 05 '•3 O g "05 ■M "S CO 05 CO 05 05 :< d nd L3 c/5 P .S r* CL. CL c/5 C/5 C/5 qj ^ =*1 OP C3 ci 3 O 0^ Sc Ji ô î2 '5 c/5 O n3 U a; > c3 c/5 C/5 3 3 O C 3 3 q; §- O •- '- P 0) S 3 U 3 ^ S r "05 05 2^ CO O 05 U.' nd ^4 05 U3 3 PQ ^55 4-4 O 4^ eu 05 3 5 4-4 l2 H Se *3 53 <3 Oi. O U 05 nd 3 8 X 3 3 05 O O O c. ÇC 05 bx 3 3 PP 3 05 CO * CO 05 05 3 05 4-> 3 en O 05 05 CO ■ 3 05 d“ P 3 eu 4-4 ^ ’* 05 •44 . 3 % *e3 CO nd 05 3 t/3 05 1 CO cô CO 1 05 05 4-4 3 CJ 3 05 1-4 05 4-J 05 3 4-4 O CO O O 3 O 05 ve 05 CO • ^ <5 3 < 3 -3 CO 3 -5 bic au ^05 /T^ 3 g 1 4>rf ^05 CO 05 CO f«4 Pu c/5 S O 05 3 CT 05 05 r-Ç c/5 3 O 05 05 O eu •" O 3 O 3 N 05 05 nd 05 05 3 3 O -3 ^ c/5 • eu s ^ — bxî O S a w .ï ïj b/D C >-, -ja fl i C/5 ^ H Cl, fl, a ^ 05 ^ 0) 05 .05 ^ ..1 eu ~vi 3 •-. 05 uu eu 3 05 O eu C5 05 3 ^ er r- 05 Ü 05 Oi O 05 05 ^13 05 îL O d ^3 05 "U g O CO .8 3 d- 05 c/. S P '*3 O O. 05 05 »> 05 O- S '*3 So O O 05 nd 05 U 3 -M 3 "2 •M 05 •3 O 05 O 3 ^ 05 ^ ^ 3 5 a 3 pH U O *'0 > I 3 5 C O 3 c/) 05 4-^ • ^ 3 •M 05 2 3 O C/5 05 3 c/5 3 05 05 CO 3 05 -3 X q^ 05 U I *3 U ■ SOusoAIPTKms chez A. BELIN , Libraire, rue des Mathurins Saint-Jacques , n. i4, d Paris,- ’i. ■ Et chez les Libraires de France et de l’Etranger. HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, avec des figures originales, coloriées, dessinées d’après des ani- maux vivans. Ouvrage publié sous' l’autorite de l ad- ministration du Muséum d’Histoire KatureUe , par M. Geoffkoï Saint-IIilaire, professeur de zoologie au Muséum , et par M. Frédéric Cuvier , chargé en chef de la Ménagerie Royale. £\/ilïon La 6i' livraison est en Tçntc., Prix. ■ • i5 fr. NOUVELLE ÉDÎTION IN'4'’. L’eVlition in-4° cfiie nous annoncon’çMterc: (le Sédition originale en ce cjiie nous y publions les auiniaiîx t(î doit -sans cesse avoir recours pour inppeler h son esprit ces particularités nombreuses etvariéts qui lui sont indispen- sables, Allais qui échappent toujours plus ou moins promptement de la mémoire la plus fidèle. , Celle édition , iinpiiméc avec des caractères neufs sur pa-picr grand- raism superfin satiné, paraît par livraison , composée, outre ic texte, de 6 fig. coloriées avec le plus grand soin , d’apiès des dessins faits sur des animaux vivons, Les 9 premières livraisons sont en vente. Prix de cbacunc. . 9 fr. ANATOMIE COMPARÉE DU SYSTÈ.ME DENTAIRE chez i’Hoinme el citez les principaux animaux; ouvrage dédie à M. le Baron Cuvier, par L, F, Ein. Rousseau, Docleiir en Médecine, membre de plusieurs sociétés sa- vantes, chargé des travaux anatomiques du Muséum royal d'Hislolre Naturelle de Paris; aweclrente planches gravées au burin sur les dessins faits , d’après nature , sur les originaux déposés dans les galeries d’Anatoniie comparée, par Wenier, peintre attaché à cet établisse- ment. Un vol. 8^, jésus, fig. noires, cartonné. 3o fr. Fig. coloriées avec le plus grand soin 4° FLOiî BRASlLîÆ MERÏDIONA-LTS, auctonbus Aügcjsto DE Saînt-IIilaire , reg. Scient. Acad. Paris., etc., etc.; Aüriaxo DS Jussieu, Doct, Med. Par. , etc., etc.; Jacobo Cameessedes , Societ. Pliilom. et Ilist. Nat. Paris. , etc. Regiee Majestati conseeralam. La Flore du birsil sera pour la partie orientale de l’Amérique ce qu’est cclic de MiM. de IlmuboldL »-i Kunlh pour la côte occidenlalo. Comme les deux oiiviagcs ne forment léeilement qu’un ensemble, celui que nous annoncous est imprimé avec des caractères semblables h ceux du JS'ovu Généra , et dans les inenies lormalSi. Les 1.4 premières livraisons sont publiées. In-4°* jésns , papier satiné, huit Adix figures noires, et cinq feniÜes' de texte i5 fr. In-folio jésus, papi<’r vélin d’Annonay, saline', avec IcS' mêmes figures coloiiées, et huit feuilles de texte 60 fr. MÉMOIRES DU MUSÉUM DdUSTOIRE NATURELLE, par MM. les Professeurs au Jardin du Roi. Les Mémoires qnî forment celte belle et utile collection sont rédiges en grande pnilic pnj M\L les Piofessenis du Jardin du Roi : ceux qui viennent de savans étrangers ;\ cct éiablisseniVnl n’y sont imprimés qix’avec l’approbation de MM. les Professeurs; aussi ce recueil a-t-il plus puîssamiuciU cnnliibiic aux progiès des sciences nalu. elles et à leurs nombreuses applications