k fl He il L j fe # a Lee a . : si f Hi Hi: Hat NE A 1 ARC LITE A Hans JEHi 1l qe NE HAtEAETE pe fi tir rl Ft Hate t # ji sr qui MUR Hi 1 Hu “ ï : vu SERRES RESTES RE î «: n | . La £ È SMITHSONIAN..DEPOSIT | | | | MÉMOIRES DU MUSEUM | D'HISTOIRE NATURELLE, | MEMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROI. TOME QUATRIÈME. A PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATHURINS S.-J., HÔTEL DE CLUNY. 1818. NOMS DES PROFESSEURS. (PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ) Messieurs , A. THOUIN. . . … PORTAL LUNA STATS EE DE Jussieu . . . VANSPAENDONCK. « LACÉPÈDE . «+ «+ DEesFrOoNTAINES. « « « FaAugas-SarnwT-FonD Dr LAMARCK. + « GEoFrROoY-ST.-HILAIRE. HAGUENAU Cüvier. ee VAUQUELIN. «+ + + MAUGIER. 0.0.0 DELEUZE. Me delete Culture et naturalisation des végétaux. Anatomie de l’homme. Botanique à la campagne. Iconographie, ou l’art de dessiner et de peindre les . productions de la nature. Reptiles et poissons. Zoologie, Botanique au Muséum. Géologie, ou Histoire naturelle du globe. Insectes, coquilles, madrépores, etc. Zoologie. Mammifères et oiseaux. Minéralogie. Anatomie des animaux. Chimie des Arts. Chimie générale. Secrétaire de la Société des Annales du Muséum. MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. NOUVEAU GENRE DE COMPOSÉE: GYMNARRHEN A. (Etymologia : yuuroc, nudus, &ppw, masculus.) PAR M. DESFONTAINES. F LORES flosculosi omnes aggregati in capitula subrotunda, basi cincta foliis calicem communem mentientibus, uno ordine dispositis. Flosculi hermaphroditi decem ad duodecim steriles in disco. Corolla tubulosa, filiformis, limbo tri-quadrilobo ; lobis obtusis. Stamina tria ad quatuor. Filamenta brevissima, Antheræ acutæ, vix basi connexæ , appendice basilari destitutæ, terminali instructæ. Stylus tenuissimus, clavatus. Stigma simplex. Ovarium inferum, filiforme, setis coronatum inferne coalitis in tubum, flosculum in- volventem, apice multifidum; laciniis subulatis, margine dentato- laceris. Flosculi feminei numerosi, per reliquam receptaculi superficiem sparsi, paleis involuti. Corolla tubulosa; tubo gracilissimo , apice vix tridentato. Stylus unus. Stigmata duo, exserta ; TECUr va. Ovarium inferum, teres, villosum. Semen obconicum, pappo sessili coronatum, setis interioribus quinque ad septem membranaceis, latioribus subulatis, denticulatis, Receptaculum planum, orbiculare, undique setosum, paleisque Mém. du Muséum. 1. 4. I 2 GYMNARRHENA. membranaceis, canaliculatis, apice cartilagineis, acutis, flores femi- neos, nec vero masculos involventibus, instructum. N°. Flosculi feminei plures, quod mirum videtur, absolutâ fruc- tificatione , et semine ad maturitatem vergente, basi tum inflatos et dimidiam HE styli partem a superiore resectam includentes a observavimus. Genus singulare , valde distinctum et nulli aliero e compositarum ordine, huc usque noto fere affine. GYMNARRHENA MICRANTHA, PI. I. G. caule brevissimo, ramoso; foliis floralibus oblongis, sessilibus ; capitulis florum aggregatis, terminalibus; paleis apice cartilagineis aculis. Racine annuelle? pivotante, divisée inférieurement en plusieurs fibres capillaires. Tige longue de deux & trois pouces, partagée supérieu- rement en petits rameaux inégaux, glabres, striés, renflés vers leur sommet. Je n'ai vu ni les feuilles radicales, ni celles des tiges. Fleurs terminales, réunies en petités têtes sphériques, très- rapprochées les unes des autres, accompagnées chacune à leur base, de feuilles oblongues, sessiles , glabres, inégales, disposées sur un seul rang, les unes tronquées, les autres terminées en pointe et quelquefois munies de deux petites dents latérales au-dessous du sommet. Fleurs toutes flosculeuses. Dix à douze fleurons hermaphrodites stériles, très-peuits, placés au centre du réceptacle, divisés en trois ou quatre lobes. Trois ou quatre étamines. Filets courts. Anthères aigués, GYMNARRHENA. 3 réunies seulement à la base, terminées à leur extrémité su- périeure par un petit appendice. Un style capillaire. Un stigmate en massue, parsemé de petits grains visibles à la loupe. Ovaire stérile, filiforme, couronné d’une aigrette , dont les soies étroites, aiguës, dentées, se réunissent inférieurement en un tube qui enve- ,. loppe le fleuron. Fleurous femelles très-grèles, terminés par trois petites dents, disseminés sur la surface du réceptacle, autour des fleurons hermaphrodites et renfermés chacun dans une paillette. Un style. Deux stigmates recourbés. Ovaire infère, cylin- drique, velu. Graine soyeuse, en cône renversé, couronnée d’une ai- grette sessile. Cinq à sept soies intérieures en forme d’alène, plus larges que les autres, dentées et lacérées sur les bords. Réceptacle plane, oblique, garni de soies dans le centre, de soies et de paillettes concaves, membraneuses, terminées par une pointe cartile5îneuse, dans tout le reste de sa sur- face. Les fleurons femelles après la fructification, se renflent à la base et ne renferment plus alors que la moitié inférieure du style. Ce genre recueilli en Perse, sur la route de Mosul à Bagdat, par Bruyère et Olvier, offre des caractères très- distincts, et il est difficile de dire à quel groupe de la famille des Composées il doit être réuni dans l’ordre naturel. Il me paroït néanmoins avoir quelque affinité avec l'£pax de Gærtner, qui a également des fleurons hermaphrodites sté- I * 4 GYMNARRHENA. iles à quatre lobes, placés au centre du réceptacle, et des fleurons femelles fertiles, accompagnés chacun d’une paillette sur le reste de sa surface. Je me fais un devoir et un plaisir de témoigner ici ma re- connoissance à M. Henri de Cassini, auteur d’un travail qui renferme un grand nombre d'observations nouvelles sur les plantes de la famille des Composées, pour la complaisance avec laquelle il a bien voulu m'aider à analyser ce nouveau genre, dont les organes de la fructification, sont très-difficiles à observer à cause de leur extrême petitesse. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic, 1. Une moitié de tête de fleur, un peu grossie, où l’on voit les fleurons her- maphrodites du centre entourés de soies, et les fleurons femelles de la cir- conférence enveloppés dans les paillettes du réceptacle. + Un fleuron hermaphrodite vu à la loupe, entouré de son aigrette. + Un fleuron hermaphrodite dégagé de son aigrette. . Étamines vues à la loupe. . Un style vu à la loupe. - Un fleuron femelle grossi avec son ovaire, et son style dégagés de l’écaille. + Une graine grossie , couronnée de son aigrette avec le fleuron renflé à la base et ne renfermant plus que la partie inférieure du style. 8. Une graine grossie dont l’aigrette étalée laisse voir les soies intérieures, qui sont plus larges que les extérieures. 9: Fleuron femelle séparé de la graine. SO OO OK 0 R C2 CYMNARRHEN A micrarlhe ; NOUVEAU GENRE DE LA FAMILLE DES RUBIACÉES: ANCYLANTHOS. PAR M. DESFONTAINES. Caux superus, persistens, quinquefidus ; lacinns acutis. CoroLLA tubulosa, hirsuta ; tubo incurvo, a basi ad apicem sensim ampliato. Limbus irregularis, subbilabiatus, quinquefdus; laciniis subulatis; duabus superioribus longioribus. STAMINA quinque fauci corollæ inserta, laciniis alterna, breviora. Antheræ sessiles, biloculares. STYLusunus, filiformis , longitudine corollæ. Stigmateres, crassum, apice quinquelobum. Ovarium inferum , globosurr, calice coronatum, quinqueloculare ; loculis moncspermis. FrucTUM maturum non vidi an bacca? Genus Nonateliæ affine, distinctum corollà arcuatâ , limboirre- gulari, antheris ro inclusis, stigmate tereti, crasso, apice quinquelobo, floribus aggregatis, axillaribus. ANCYLANTHOS RUBIGINOSA, Tab. II. A. Caule fruticoso ; foliis ellipticis, petiolatis, villosis, subtus reti- culatis ; floribus aggregatis, axillaribus. | ARBRISSEAU rameux. Rameaux opposés, noueux, étalés. Jeunes pousses velues. . Feurrres opposées, elliptiques, obtuses, entières, un peu G ANCYLANTHOS. prolongées sur les côtés d’un pétiole court, garnies de petits poils, parsemées de nervures ramifiées et formant un réseau très-apparent sur leur surface inférieure. STIPULES coriaces, d’une seule pièce, engaînantes, divisées en deux lobes opposés, pointus, appliqués contre la tige dans l'intervalle qui sépare les pétioles. Freurs réunies en petits faisceaux axillaires le long des rameaux, soutenues chacune sur un pédicelle grèle, court et velu. Les pédicelles sont entourés de soies à leur base et accompagnés de petites écailles membraneuses placées entre les stipules et le rameau. Caurce supère, velu, persistant, à cinq divisions droites, aiguës, étroites. | Cororce tubulée, longue d’environ un pouce, couverte de petites soies rousses. Tube arqué, sensiblement évasé de la base au sommet, garni intérieurement à sa base d’une couronne de soies divisée en cinq petits faisceaux. Limbe irrégulier, bilabié, à cinq divisions allongées, étroites, aiguës, droites; excavées longitudinalement vers la base; les deux supérieures plus longues. Cine éramnes. Anthères oblongues, sessiles, à deux loges, insérées au sommet du tube de la corolle, plus courtes que les divisions et alternant avec elles. Ovame infère, globuleux, hérissé de poils courts, cou- ronné par le calice. Sryce arqué, grêle, de la longueur de la corolle, terminé par un stigmate épais, cylindrique, sillonné dans sa longueur, divisé à son sommet en cinq petits lobes obtus. Jeuxe rRuir rond à cinq loges monospermes. Je présume Zurpur del. ANCYLANTAOS. rubiginoræ à PS ANCYLANTHOS. 5h qu'il devient une baie, n’osant cependant l’assurer positive- ment , ne l'ayant pas vu à maturité. Graines attachées à l’angle intérieur des loges. he Cer arbrisseau croit spontanément dans les environs d’An- gola, sur les côtes d'Afrique. L’herbier du Jardin du Roi en possède un rameau d’après lequel la description et le dessin ont été faits. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic. 1. Coupe longitudinale d’une fleur. Corolle ouverte. © D Calice. . Anthere grossie. . Style et stigmate d’une fleur ayant la fécondation. . Un autre apres la fécondation. . Jeune fruit. . Coupe transversale du même. . Un ovule. Oo 9 DUO mm E 10. Stipule engainante. NOUVEAU GENRE DE LA FAMILLE DES TÉRÉBINTACÉES : HETERODENDRUM. PAR M DESFONTAINES. Fronss hermaphroditi. CaALIxX parvus, inferus, persistens, urceolatus, margine leviter sinuato-quinquedentatus, villosus. CoRoLLA nulla. STAMINA decem auf duodecim hypogyna, calicem superantia, ovarium cingentia. Antheræ crassæ, tetragonæ, biloculares, longi- tudinaliter dehiscentes , apicibus filamentorum basi insertæ. STYLUS vix conspicuus. Ovarium superum, globosum, hirsutum , AR pedicellatum, bi, tri, quadrigonum, lobis rotundatis, bi, 1, quadriloculare, de RUCTUM matfurum non vidi an capsula ? an loculi mono vel polyspermi ? Gäinus Cneoro non nihil affine foliis simplicibus, alternis, integer- rimis, ovario globoso , multilobo , sed distinctissimmm floribus race- mosis, apetalis, calice urceolato, staminibus 10-12, ovario hispido. HETERODENDRUM OLEÆFOLIUM, PI, III H. Caule fruticoso; foliis alternis, lanceolatis, coriaceis, glabris, perennantibus, integerrimis; floribus racemosis, axillaribus. Arbrisseau rameux. Ecorce grisâtre. Ho Feuilles alternes, sans stipules, glauques, lancéolées, HETERODENDRUM. 9 glabres, entières, coriaces, persistantes, les unes obtuses, les autres pointues, rétrécies à la base, portées sur un pé- tiole court, longues de deux à trois pouces sur cinq à six lignes de largeur. Nervures obliques, ramifiées en réseau. Fleurs petites, disposées en grappes axillaires, simples ou divisées en petits rameaux. Pédicelles courts, tétragones, accompagnés à leur base de quelques écailles très-petites. Calice évasé, persistant, entier ou légèrement sinué et denté, couvert de petites soies grisâtres. Corolle nulle. Etamines dix, quelquefois douze, plus longues que le calice, attachées circulairement à un disque qui entoure l'ovaire. Filets aigus, insérés sous le pistil. Anthères d’un rouge foncé, épaisses, tétragones, à deux loges s’ouvrant longitudinalement âe chaque côté, attachées par la base au sommet des filets. Ün ovaire supère, globuleux, à deux, trois ou quatre lobes arrondis, divisé en autant de loges, couvert de soies courtes, blanches et très-serrées, terminé par un petit ma- melon. Style nul ou presque nul. Stigmate.….. Je nai point vu le fruit à maturité. Je présume que c'est une capsule à deux, trois ou quatre loges. Cet arbrisseau est indigène de la Nouvelle-Hollande, d’où les voyageurs de l’expédition du capitaine Baudin en ont rapporté des rameaux garnis de fleurs et desséchés. Il me paroït appartenir à l’ordre ou famille des Térébintacées. Ses feuilles alternes sans stipules, ses fleurs petites, sans co- . disposées en grappes comme celles des pistachiers, son calice monophylle, ses étamines en nombre défini, ses Méim. du Muséum. à. 4. Lire) r 10 HETERODENDRUM. anthères épaisses et tétragones, à deux loges, ressemblantes à celles du lentisque, son ovaire supère à deux, trois ou quatre lobes arrondis comme celui du Creorum, sont les caractères qui le rapprochent évidemment des Térébintacées. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fie. 1. Une fleur grossie avec les étamines et l’oyaire. 2. Une fleur grossie dans laquelle on voit le calice, l’ovaire et le disque qui l’entoure et une étamine attachée à ce disque. : 3. Un calice grossi avec le jeune fruit. Lt” HETERODENDRUM obæfoliun. Tom... Fig t. IE Sur les Arrondissemens qu'ont subis les formes d’un grand nombre de Cristaux , par des causes accidentelles. PAR M. HAÜY. LL. cristaux dont les molécules à mesure qu’elles se sé- paroient du liquide dans lequel elles étoient suspendues, ont obéi librement aux lois de l’aflinité qui les sollicitoit à se réunir, sont tous terminés par des faces parfaitement planes, et dont les inclinaisons mutuelles sont constantes dans tous ceux qui appartiennent à une même variété. Les inflexions et les courbures qui modifient les formes d’un grand nombre de ces corps, sont dues à des causes accidentelles qui ont altéré l’ordre de la structure, et en cela comme à beaucoup d’autres égards, les minéraux diffèrent des êtres organiques, dans lesquels les contours et les arrondissemens sont une suite de l’organisation elle-même, et contribuent à l'élégance de la forme, au lieu que dans les minéraux sa perfection est caractérisée par la ligne droite, qui en détermine l'aspect _ symétrique. Les courbures dont je viens de parler n'affectent quelque- fois que certaines parties des cristaux. Telles sont celles qui ont lieu dans les émeraudes que j'appelle cyXndroides, parce que leur forme se rapproché du cylindre par l’arron- 12 ARRONDISSEMENS. dissement qu'a subi sa surface latérale et par le niveau de sa base qui est perpendiculaire à l’axe. Mais dans d’autres cristaux les arrondissemens s'étendent à la forme entière, et c’est ce qui a lieu en particulier dans le diamant dont une des variétés les plus ordinaires offre l'aspect d’un solide terminé par quarante-huit faces bombées. On trouve aussi des cristaux de chaux carbonatée dont la surface est com- posée de six faces curvilignes qui répondent à celles du rhomboïde primitif. Tout le monde connoît les cristaux du même minéral que l’on appelle Zenticulaires, et qui dé- rivent du rhomboïde équiaxe dont les bords latéraux se sont arrondis, en même temps que les faces latérales ont pris de la convexité. Les altérations de niveau dont je viens de parler ont lieu plus sensiblement dans certains individus que dans les autres, en sorte qu'il y a une gradation d’intermédiaires entre la forme originale dont toutes les faces sont parfaitement planes, et celle qui est arrondie dans tous les sens. Par exemple, dans le passage du rhomboïde équiaxe à la variété lenticu- laire, on trouve des cristaux sur lesquels l’arrondissement se borne aux arêtes latérales, et laisse subsister les trois faces planes qui se réunissent autour de chaque sommet. Ce n’est qu'en suivant la gradation dont je viens de parler, dans les cristaux qui en présentent successivement les diffé- rens termes, que l’on peut se faire une juste idée des formes dans lesquelles existe, pour ainsi dire, le 22aximum d'al- tération, et en donner une description aussi exacte que le comporte le sujet, en les ramenant à celle qui offre le type dont elles dérivent. On fait à l'égard de ces cristaux à peu CrisTaux. ANT) près la même chose que par rapport à ceux dont les faces sont planes, et que l’on considère comme étant composés d’un noyau qui est leur forme primitive, et qui occupe la partie située vers le centre, et d’une matière enveloppante limitée par des plans dont les positions respectives sont en relation avec celles des faces du noyau. On. auroit tort de croire que ces formes qui s’écartent de la régularité de celles qu'on appelle détermninables, peuvent être négligées dans la description des espèces où on les ren- contre, comme étant dues à de simples accidens, et suscep- tibles de varier à l'infini. Car outre qu’elles s'offrent souvent à nos observations, nous avons vu que leurs variations étoient renfermées entre certaines limites, et qu'elles avoient un type auquel elles pouvoient être rapportées. Aussi ont-elles été citées dans tous les traités de minéralogie. Seulement, les descriptions qui en ont été données manquent souvent de justesse, parce qu'on y a omis d'indiquer la relation qui lie chacune d’elles à la forme déterminable dont elle tire son origine. Je me propose ici de prouver par deux exemples re- marquables l’utilité du genre d'étude dont je viens de parler, et même de faire voir que cette étude n’est pas étrangère à la théorie des lois auxquelles est soumise la structure des cristaux. Le premier exemple me sera fourni par le cuivre phosphaté, que j'ai choisi de préférence parmi d’autres es- pèces de substances métalliques, pour avoir en même temps l'occasion de faire connoîïtre sa forme primitive qui jusqu'ici n’a pas été décrite exactement. Je tirerai le second exemple d’une variété de chaux sulfatée qui est pareillement incon- 14 ARRONDISSEMENS. nue, et dont la forme quoiqu’arrondie se prète à une ap- plication de la théorie qui m’a paru digne de quelque intérêt. La forme primitive du cuivre phosphaté est un octaèdre rectangulaire ( fig. r ) qui a cela de commun avec celui de l'arragonite et de quelques autres substances, que pour lui donner sa position naturelle, il faut le tourner de manière que l’arête G qui est la plus longue de celles qui terminent la base commune des deux pyramides dont il est l’assem- blage soit dirigée verticalement, et la plus courte, savoir C, soit horizontale. L'incaidence de M sur M est de 1094 28/, celle de P sur M de r12d 12’, et celle de P sur P' de 98 12'(r). La première de ces incidences est la même que celle de deux faces adja- centes sur l’octaèdre régulier; la seconde n’en diffère que d'environ 34 en plus, d’où l’on voit que si l’on se bornoit à mesurer ces deux incidences sur les octaèdres du cuivre phosphaté, on seroit d'autant plus porté à les regarder comme des octaèdres réguliers que leur petitesse pourroit faire attri- buer la différence donnée par la seconde mesure à une erreur d'observation. Mais l’inclinaison de P sur P' qui n’est que d'environ 984, c’est-à-dire moindre de plus de 114 que celle qui lui correspond sur l’octaèdre régulier, ne permet pas de les assimiler à celui-ci; parce qu'ils sont d’une forme très- nettement prononcée, qui malgré sa petitesse, exclut la pos- sibilité d’une erreur aussi considérable que celle qui auroit eu lieu dans le cas présent, et d'ailleurs nous verrons bientôt (1) Si du centre de l’octaèdre on mène une perpendiculaire sur l’arête G, une autre sur l’arête C, et une troisième ligne qui aboutisse à l’angle E, ces trois ignes seront entre elles dans le rapport des nombres V2, V3 et 2. CY CRISTAUX. ; que l'hypothèse de loctaèdre régulier, comme forme pri- mitive du cuivre phosphaté, est contraire à la loi de sy- métrie. | Supposons maintenant que la forme primitive qui vient d’être décrite ait subi un décroissement par une rangée sur larète C et sur son opposée. L’octaèdre se trouvera trans- formé en un prisme rhomboïdal, tel que le représente la figure 2. Ce résultat de cristallisation n’a pas encore été observé parmi les cristaux de cuivre phosphaté. Mais on trouve un certain nombre de ces cristaux qui présentent la forme que l’on voit (fig. 3) et qui est celle d’un prisme rhomboïdal droit, dont les pans sont curvilignes et les bases hérissées de saillies. Ce prisme provient visiblement d’une altération du précédent qui a subi des arrondissemens dans ses parties latérales, et dont les bases sont oblitérées. Assez ordinairement les six faces qui le terminent ont des étendues à peu près égales; mais quelquefois il s’allonge d’une manière sensible parallélement à son axe. Les prismes curvilignes dont il s’agit vus à la loupe, paroïissent être des assemblages de très-petits cristaux de la même forme que l’on distingue aux saillies que présentent leurs parties extrèmes. On sait que ces sortes de grouppemens sont l'indice d’une cristalli- sation précipitée, Les premiers cristaux de cuivre phosphaté qui aïent été observés, et qui venaient de Rheinbreidbach, étoient sem- blables au prisme rhomboïdal à pans curvilignes que repré- sente la fig. 3. Les dimensions de leurs faces qui étoient à peu près égales, leur donnoient de la ressemblance avec un rhomboïde peu obtus, et M. Karsten avoit en vue cette 16 ÂARRONDISSEMENS. ressemblance, lorsqu'il décrivoit ces cristaux comme des hexaèdres obliques, avec des faces couvexes (1). J’avois moi-même rapporté la forme de ces cristaux au rhomboïde dans mon tableau comparatif (2), mais en ajoutant à ce mot le signe du doute, et dans la note relative au même minéral, je témoigne l’espoir que de nouvelles recherches nous en procureront des cristaux assez prononcés pour se prêter à des mesures précises (3). La découverte qui a été faite plus récemment à Libethen, près de Schemnitz, des octaèdres primitifs que j'ai décrits d’abord, a réalisé cet espoir (4). La comparaison des cristaux curvilignes avec ces octaèdres, exclut l'hypothèse du rhom- boïde, et fait connoiître que leur véritable type est le prisme droit que l’on voit fig. 2. De plus, en examinant attentive- ment ces cristaux, on voit que leurs quatre faces latérales, ont le même genre d'éclat, et que leurs bases raboteuses et ternes semblent être dans un cas particulier, ce qui achève d’écarter l'idée du rhomboïde, et vient à l'appui du rap- prochement dont j'ai parlé. A l'égard des cristaux qui se sont allongés dans le sens de leur axe, ils offrent une preuve de (1) Journal de Phys., t. LIT, p. 350. Les savans étrangers désignent par le mot Aexaèdre , l’espece de solide que je nomme rhomboïde. (2) 2. g2: (3) Ibid. p. 268. : (4) On a varié sur la nature de la substance minérale dont il s'agit ici. Mais M. Bucholz qui en a fait l'analyse l’a reconnue pour appartenir au cuivre phos- phaté. On a confondu aussi avec le même minéral le cuivre carbonaté vert qui lui est associé, ce qui n’avoit induit en erreur, à une époque où je ne connois- sois pas encore le premier. Voy. Jameson, System of Mineralogy ; vol. I, p- 181. . CriIsTAUX. 17 plus en faveur de la même origine, puisque dans l’octaèdre primitif, d'où dérive le prisme qui est le type des mêmes cristaux, la plus grande dimension est comme je l’ai dit, celle qui a lieu dans le sens de larête G (fig. r). J'ajoute que l'aspect de ce type indique évidemment que Voctaèdre qui est censé lui avoir donné naissance ne peut être celui qu'on appelle régulier, puisque dans cette hypo- thèse les lois de décroissement auroient dérogé à la loi de symétrie, en agissant solitairement sur les arêtes C, tandis que les autres qui leur sontidentiques seroientrestées intactes. Ainsi d’une part, l’octaèdre dont il s'agit ici sert comme d'interprète à la théorie, pour expliquer l’origine de ces formes arrondies, dont on ne pouvoit avoir qu'une idée confuse, lorsqu'on les voyoit isolément, et d’une autre part ces formes ramenées à leur véritable aspect offrent la con- firmation des mesures prises sur l’octaèdre et des différences qu’elles avoient indiquées entre les inclinaisons respectives de ses faces. Je viens maintenant au second exemple qui est tiré d’une variété de chaux sulfatée, dont la forme est celle d’un solide composé de deux cônes surbaissés réunis par leurs bases. Un de ces cônes est représenté fig. 7. - Cette forme contraste d’une manière frappante avec celle de/la variété trapézienne, fig. 4, dont elle tire cependant son origine (1), en sorte qu'elle ne conserve pas la plus légère (1) Le signe représentatif de cette dernière variété rapporté au noyau (fig. 5) 2 1 Méim. du Muséum. t. 4. 3 18 ARRONDISSEMENS. trace de cette origine, au lieu que dans les cristaux curvi- lignes de cuivre phosphaté, on déméle certains traits de ressemblance avec leur type, à travers les altérations qui le déguisent. Mais l'observation des divers cristaux de chaux” sulfatée que l’on trouve surtout à Montmartre présente une gradation d’intermédiaires qui sert à lier entre elles les deux formes dont j'ai parlé, en sorte que lune passe insensiblement à l’autre. Je reprendrai ici ce que j'ai dit dans mon ‘Fraité de Minéralogie (1) au sujet de cette gradation, à une époque où la forme du cône qui est l’exirême opposé à la variété trapézienne étoit encore inconnue, afin de réunir dans une même vue tout ce qui remplit l'intervalle entre lune et l’autre. La variété par laquelle commence la gradation est celle que j'ai appelée zëxtiligne. Dans les cristaux qui sy rap- portent, les angles solides +, y ( fig. 4 ) subissent un arron- dissement dont l'effet, considéré sur le parallélogramme qui passe par les arêtes 7, u (fig. 4) et que représente op 0'p' (fig. 6) est de faire disparoître vers les angles o, 0’ des segmens tels que oéy, o't'y' dont la figure est celle d’un triangle à base courbe. L’étendue de ces segmens varie sui- “vant les cristaux, en sorte qu'à un certain terme, elle de- vient égale, par exemple, à celle des triangles oux, o'u'x', et ainsi de suite en augmentant graduellement. Les lames de superposition qui recouvrent de part et d'autre le paral- lélogramme opo'p' décroissent parallélement à leurs bords rectilignes, suivant la loi qui produit les faces 7, f (fig. 4). (x) T. IT, p. 274 et suix. CrisTAux. 16 Les parties qui répondent aux bords curvilignes tels que vx, u'x' (fig. 6) subissent aussi un décroissement, et telles sont les quantités dont elles se dépassent mutuellement vers les mêmes bords, que les surfaces qui naissent de ce décroisse- ment sont à double courbure. À un terme plus reculé, les courbes se répêtent vers les angles p, p', et la surface du parallélogramme arrive par degrés à celle qui est renfermée entre les deux arcs geg', g'e'g. En examinant de près ces mêmes arcs, on s'aperçoit que la courbure des branches eg, e'g' est un peu plus sen- sible que celle des branches e'£, e'o. Les surfaces de toutes les lames de surperposition situées de part et d’autre de celle que réprésente la figure sont de même terminées par deux arcs qui diminuent successivement de longueur en se rapprochant de plus en plus, et tant que les plus éloignées du centre, ou celles qui sont extérieures ont une étendue sensible, le cristal est censé appartenir à la variété dont il s’agit ici, en ce que des faces planes $ y trouvent encore réunies à des faces curvilignes. - La variété que je nomme /enticulaire offre comme une limite dont les corps qui appartiennent à la précédente approchent de plus en plus, à mesure que les faces curvi- lignes terminales se rétrécissent, jusqu'à ce qu'elles aient disparu. À ce terme le cristal présente la forme d’un corps lenticulaire dont les deux surfaces convexes se réunissent sur un bord circulaire situé dans un plan qui passe par les points g, g', et qui coupe à angle droit le joint naturel que repré- sente la figure curviligne geg'e', et tous les autres qui sont … parallèles à celui-ci sur les différentes lames de superposition. 3 * 20 À RRONDISSEMENS. C'est de cette même forme lenticulaire que dérive à son tour celle que j’ai annoncée, et que j'appelle chaux sulfatée conique, à l’aide d’une transformation dont on se fera une idée, en supposant que les deux convexités de la lenticulaire se relèvent en partant de la circonférence de leur cercle de jonction, de manière que toutes les courbures situées dans des plans perpendiculaires à ce cercle se redressent, jusqu'à ce que le corps ait pris la forme de deux cônes réunis base à base. Le cône que représente la fig. 7 est situé de manière que le triangle ze'Z, qui en partant du sommet tombe per- pendiculairement sur la base, est sur le plan prolongé du joint curviligne ege'g' (fig. 6) que nous supposons toujours passer par le centre d’une lentille de chaux sulfatée, dans laquelle le bord de jonction des deux convexités tombe perpendiculairement sur le même joint, à l'endroit de la ligne gg’. On voit par cette disposition que si l’on suppose le cône droit, tous les joints naturels que l’on pourra mettre à découvert, par des coupes parallèles au triangle ze// (fig. 7) seront autant d'hyperboles, qui auront pour asymptotes les apothèmes en, el. l'angle ze! que forment entre eux ces apothêmes est d'environ 1264. J’ai désiré de savoir jusqu’à quel point les lois de la struc- ture pouvoient se prêter à celte hypothèse d’un cône droit, et j'ai choisi pour termes de comparaison les positions des apothèmes e’7, e'Z (fig. 7), et de ceux qui coincident avec un plan nenc' par l'axe du cône, perpendiculairement au plan ne'l. La ligne e’r représente celui de ces apothêmes, qui s'élève au-dessus du plan 7e’/. Maintenant, si l’on mène e'o (fig. 6) perpendiculaire sur la diagonale &a', elle sera CrISTAUX. î (M parallèle à l'axe du cône ( fig. 3 ), d’après la construction que j'ai indiquée. Si l’on mène ensuite les lignes e'2, e'2 (fig. 6) de manière que les angles #e/0, Le'o soient égaux à ceux que les apothèmes e/#, e'Z (fig. 7 ) font avec l’axe du cône ; il faudra, pour que ce cône soit droit, que les angles dont il s’agit soient aussi égaux entre eux, et d’après ce que j'ai dit plus haut, leur somme devra être d'environ 1264. Or, j'ai trouvé que dans l'hypothèse où les lignes «72, e'/se- roient parallèles à des faces produites en vertu de deux décroissemens mixtes qui agiroient de part et d’autre de 3 l’arète G' (fig. 5), et dont l’un auroit pour signe *G, et Jautre G?, l'angle oe'n seroit de 634, “ap et l’angle oe'/ de 62d 31'. Leur somme de 1254 54/ est sensiblement égale à celle que donne l’observation. Maïs le premier surpasse de 22' la moitié G24 57 de cette somme, et le second est plus petit d’une quantité égale à 26”. D'une autre part, j'ai trouvé que dans l'hypothèse où l’'apothème e’r (fig. 7 ) seroit parallèle à une face produite en vertu d’un décroissement sur l'angle E (fig 5) de la base de la forme primitive, qui auroiït pour signe É, il feroit avec le plan ze'/(fig. 7) un angle de 62d 55, sensiblement égal à la moitié de celui que font entre eux les apothèmes e’n, el; d’où il suit que l’apothème e/r et son analogue situé dans la partie opposée du cône sont inclinés sur l’axe de la même quantité. Ainsi, pour que le cône devint droit, il faudroit que le sommet e” étant fixe, et les apothèmes e’z, e'/, restant dans fe même plan, le premier se rapprochät de laxe d’une 22 ARRONDISSEMENS. quantité égale à 22’, et que le second s’en écartât d’une quantité égale à 26’. Quant à l’apothème e/7 et à son ana- logue, leur position ne subiroit aucun changement. É Les lois qui donnent les positions des apothèmes ne sortent pas des limites entre lesquelles sont renfermées celles d’où dépendent les formes déterminables. On en trouve des exemples dans diverses espèces. Au reste l’analogie qui nait des résultats que je viens d'exposer, oùtre qu’elle n’est qu’ap- prochée, doit être rangée parmi celles qu’on appelle ana- logies de rencontre. Mais telle qu’elle est, elle m'a paru mériter assez d’être connue, pour ne point m'attirer le reproche d'avoir mêlé les sections coniques à la géométrie des cristaux. LC Pichard del. ORCHIDEARUM GE£ENITALIA. 2. N°0. CN ; A \ ».-5 P lee cup , DE ORCHIDEIS EUROP ÆIS -. ANNOTATIONES. AUCTORE LUDOVICO CLAUDIO RICHARD. L PROLUSIO. OL M familia , insolitis florum et præprimis genitalium structuris mirificissima , nuperis strenuorum:botanicorum in remotas regiones peregrinationibus aded increvit, ut jèm extrà unius phyto- graphi, vel peritissimi, partes sit illam bono opere nunce complecti totam. Arduus labor multâque scatens difficultate | formas rerum alibi non obvias et rectè perspicere, et aptis reddere verbis ; multo magis , din illæ in siccis speciminibus sunt enucleandæ. Qualibus- eunque vero floralia Orchidearum organa describere tentes verbis, claram stabilemque eorum cognitionem à fidelibus iconibus potius expecties. Plurimis quidem descriptionibus et figuris, quoàd habitum bonis etiamque optimis uitent opera Halleri Jacquinique ; quorum vero in tabulis fidior et non manca unius saltem aut alterius singulorum ge- nerum speciei anthotomia desideratur. Olaus Swartz primus, habenis Linnæanis solutus, Orchidearum divisionem genericam elaboravit novam novisque fundamentis in- stitutam ; quæ , malis licet freta iconibus et generibus recudendis dividendisque haud immunis , merità et perenni Vacare non debet laude. Is enim, citrà susceptæ reformationis perfectionem, veluti ineluctabili rerum humanarum sorte , licet præpeditus , animos lec- forum suorum ad rectiorem harum plantarum explorationem evexif 24 DE Orcuipets EuroPzæïis Recentior Robertus Brown (in Prodr. F1. N. Holl. et in Hort. Kewensi alterâ vice edito) primüm suspenso pede vestigiis Swartzii insistens ; dein observationibus firmiüs innitens suis , sibi proprium ad obscura et abdita Orchidearum stravit tramitem. Summä oculorum ingeniique acie pollens , intricatas genitalium fabricam et connexio- nem saltem partim enodavit primus : primus etiam, solità ipsi solertià duce , præcipuum Pollinis , tùm in distributione tm in diagnosi ge- nerum , monstravit valorem. Jam pridèm (1781-1789) Guyannam et Antillas peragraus , sedu- Jam et ipsé examinando huicce plantarum ordini dedi operam ; nec paucarum analyses fidâ iconographiä ad vivum illustravi. In Galliam verd politicis tumulfuationibus vexatam et populari tempestate fun- ditùs quassatam redux,.quin observata publici juris facerem impe- ditus fui, reluctante pertinaciter fortunä. Paucorum annorum lapsu , permultis Orchidea gens difata est ci- vibus ; ex Americâ , à Swartzio, Ruitzio et præprimis à perillustri Humboldtio introductis; ex Novâ Hollandiä, ab eximio R. Browneo; ex insulis Austro-afris , à sagaci Auberto du Petit-Thouars. Agmen tam insigne novorum inter Gynandros hospitum, è longin- quis regionibus advectorum, mirentur botanici ; miror magis in eo- rum generibus ferè novum caracterum modum, præsertim à Broxw- nianâ limâ inductum, et Europæis cognatis tandiù negatum. Etenim, quidquid Orchidei fert nostra tellus europæa vix aliter quàm habitua- libus specificisque signis rectè notum venit. Quidni genera nostratum Labellatarum et ipsa novum, exuto ve- tulo , induerent cultum ! Quare elegantissimæ et nemorum et prato- rum nostrorum incolæ, immeritum neglectum passæ , illecebris flo- rum oculos incuriosè decerpentis allicerent irritis ! QuisBotanophilus mirationis expers, in Proteis vegetabilibus , modà imaginem capitis galeati nec rard veluti infrà vibrantibus alis sus- pensi, mod Simiolæ pendulæ seu mellifabri animalculi affiniumve speciem et alios formarum lusus aspiciat! Ad quid in üis et solis Floræ ANNOTATIONES. 25 donis aulæum illud nuptiale ; nunc conflexo limbo fœdera conjugialia obvelans; nünc, apertis nuptis, ad exitum hiantis thalami in efligies extrà vulgares in variasve colorum picturas effluens ! Nonne hæc sunt veluti incitamina Naturæ , quibus impellat botanophilos, ut ad intima usque florum vulgari facie carentium , quis lateat formæ con- nexüsque sexualium modus, studeant comperire ! : Nemo quidem inter botanicos nescit Robertum Brown, veluti datà in ÆZorto Kewensi occasione, etiam Europæa Orchidearum genera reformasse. Dolendum verd caracteres , etsi bonæ utplurimüum nofæ, nimiam propter verborum signorumque parcitatem et insupèr desideratam novorum iuterpretationem, caligine passim suffusos , necnisi in re versatissimis intelligendos. Cüm autem notum non habeamäliud opus ullum, quo duce tutd utantur in examinandis Orchideis Europæis ; ini consilium jam- dudüm umbraticolas in apricum proferendi observationes , quibus et accedente auxiliatrice iconum arte tandem studioso cuique elares- cat illarum analysis. Impensis verd tabularum æri incidendarum in- præsens impar , invitus teneor in alind tempus, utinäm breve, vela contrahere. Intereà, moræ diverticulum quærens, id non inutile _duxi, hasce Annotationes veluti prodituri operis prodromum evul- gare; quas ideo pro Tractatu de Orchideis non habeant velim bota- nici ; sed potius vertant in rafionem stimulationis , ut indè curiosius faciliorique negotio oculos intendant ad structuras “ao singulares et diutius neglectas. Bonum vero etiam et necessum existimavi, non nullos illis lucidius compendiosiusque exponendis , adhibere terminos ; quorum ab in- terpretatione eXOrsum commentfationis non possum non capessere , sine præferendæ facis jacturâ. Primum igitur locum obtineant voces substantivæ novæ : dein de partibus Orchidearum summatim mihi erit dicendum ; dandaque passim et debitâ sede vocum adjectivarum explicatio. Methodicam generum europæorum dispositionem seque- tur eorumdem caracteris adumbratio : notationes nonnullæ de singulis Mém. du Muséum. ?. 4. IA 26 DE Orcuipeis EuropPzæis generibus et specierum designatio finem opellæ facient. Nullibi vero ex animo lectoris id excidat, quod imprimis de Europicolis hujus fa- miliæ civibus sermo sit, nec de exoticis, nisi obiter et urgente clari- tatis ratione. IL ORGANOGRAPHIA ORCHIDE ARUM. 1. WOCES SUBSTANTIVÆ NOV Æ. Bursicula. (fig. C, 3. G, 1.) Extrema s. apicilaris pars Rostelli, saccelli instar cavata; intra quam nidulatur Retinaulum sive simplex sive duplex. Caudicula. (fig. D,3.F, 5, 4. H, 2.K, 2.) Processus filamentiformis solidus Massarum pollinicarum. Clinandrium. (L, 6. M, 2. P,%. Æ, 10.) Fovea s. cavitas summi Gynostemii, suprà vel ponè stigma posita; intra quam recum- bit Anthera, quæ dehiscens ibi deponit massas pollinicas. Gynizus. (C, 2. 1, 1, 2. Q, 2. S, 2. Y , 3. Z, 3.) Area stigmatis viscoso-madida. Gynostemium (B. C.L. P.S. Y. Z.) Corpus ex utroque sexu con- ferruminatis factum. Columna auctorum. Locellus. Cavitas partialis singulorum loculorum Antheræ. Massa pollinica. (D, 1, 2.M,5,4.O, 1, 2. Œ.) Pollen totum cu- jusque binorum Antheræ loculorum. Massula—. Unaquæque binarum partium ex quibus longitudina- liter accumbentibus constant Massæ sectiles et granulosæ : unum- quodque corpuseulorum solidorum et numero semper pari defi- nitorum, ex partitione singularum Massarum provenientium. ] Perula. Sacoulus, veluti Calcaris loco, à connatis et productis ba- sibus duarum Calycis laciniaruom formatus ; mdÔ liberè depen- dens, modè summo Ovario hinc adnatus. Distinctissima à vero - Calcare, quod ex ipso soloque Labello originem ducit. ANNOTATIONES. 27 Proscolla. (M, 5. P, 4.8, 3. Y, 4.) Tuberculum glandulare s. glan- dula in summo s. medio Rostello ; per supernam posticamve fa- ciem, viscidum humorem secernentem, sibi adglutinans Massas pollinicas Antheram dehiscentem deserentes. Retinaculum. (D, 4, 5.E,5.H, 3.K, 5.) Corpusculum glandulare, viscidum ; cui Caudicula Massarum Pollinis subpeltatim et perti- naciter , etiam nondüm dehiscente Antherâ , adfixa est; quod- que Massas sive deciduas sive avulsas insolubile sequitur. Rostellum. Supernus stigmatis processus ultra Gynizum, plerumque ad apicem angustatus; modd deorsum prominens et Gynizum parfim obtegens (C, 3. G, 1.) ; mod sursum ascendèns (L, 5. Q, 3.5, 3. Y, 4.). Septulun. Prominentia laminaris cavitatem loculorum Antheræ in cavitates partiales, solitd totquot insunt Massulæ , complet aut incompletè dividens. ï : 2. DE PARTIBUS ORCHIDEARUM. Radix. 1. BITUBERATA. Præter fibras nonnullas ex imo Caule s. Scapo oriundas, subest Tuber solido-caruosum , modo indivisum modo palmatum aut digitatum; cui adnascitur supernè alterum con- forme et terminatum primordiali plantæ subsecuturæ gemmä. Rard deest alterum tuber. 2. FrBrosA. Fibræ simplices, carnosæ ; aut filiformes , aut insigniter crassæ et interdum tuberiformes; ex in et subterraneä Caulis parte, sive ex Rhizomate, vel fasciculatim vel rarïüs distanter exortæ. Gemma ex imo caule lateraliter eruptilis. O1 . TUBEROSO-RAMOSA ( sive ZINGIBERACEA). Fibris destituta ; trunco, ramis ramulisque articulatis ; ramo uno aut altero (rard pluribus) apice gemmiparo. 4. BuzposA. Bulbus solidus ; fibris basilaribus radicans ; reliquüs fo- 4* 28 DE Orcuipeis EuroPzæis Horum præcedentis anni tunicatus ; ex imo latere emittens Cau- em nunc vegetum : nodus imi Caulis rudimento bulbi proximè futuri prægnans. d. PARASITICA. Fibræ plus minus crassæ , duræ nec carnosæ , ex imo Caule seu ex Rhizomate repente oriundæ, variè tortuosæ aut flexuosæ , plantam plantis aliis vivis et lignosis adnectentes ; simplices aut ramosæ. Plermque profert bulbos ; qui sunt rami caulesve abbreviati et insigniter crassi : aut interdum ex imâ Caulis parte incrassatä proveniunt. Fibrosam inter et bulbosam media : ejus diagnosis vix verbis statuenda , licet à botanico perito facilè dignoscatur. Axnnor. 1. Harum unaquæque Radicum distincta requirit genera: ne, invità naturà, binas in eodem combines genere. 2. Prima Pollinis sectilis cam Caudiculä retinaculiferà semper prænun- cia : secunda rard sectilis absque relinaculo, plerumque granulosi : £ertia ambigua : cæteræ constanter Massas Massulasve solidas indicant. 3. Serranruis quidem Radix primam inter et secundam veluti ambigit; ad posteriorem verd reipsà pertinens. Caulrs. _ Rarissimè ramosus. Caulis s. Scapi simul et Ovarii pubes., plerisque generibus negata , disquisitionem generis obviæ speciei reddit faciliorem. Folia. Nunquäm verè petiolata : sæpè vaginantia ; vaginâ interdüm tubu- lat : rard à vaginâ seu Phyllophorio persistente articulatim sece- dentia ; quæ in diagnosi generum nonnullorum non fallunt. Flores. Insalutata diutius relinqui non debet sterilitas Florum in non- nullis generibus parvifloris ( Zipari , Malaxi, Stelide, etc.) cons- tanter obvia. Specierum singularum sunt individua 1°. floribus ANNOTATIONES. 29: ommibus cujuslibet spicæs. scapi sterilibus ; 2°. floribus fertilibus paucissimis, inter steriles rariter et incertâ sede mixtis; 3°, rarissi- ma, floribus omnibus aut plerisque fertilibus. Sterilium ovarium modo nullum, modo vix adumbratum incassä cavitate. Hi mox dignoscuntur Calyce et Pedicello citiüs post actam florationem marcescentibus: à turgescente fertilium, si adsunt, Ovario, promptius evadit discrimen. Nec desunt genera, in quibus, pariter ac in diclinibus, prolapsus florum et consequens partialis totalise nudifas spicæ s. receptaculi statim enuncianf sterilitatem. Floris s. Calycis nondum explicati forma figuram laciniarum, saltem exteriorum, subrectè indicat : nimirüm, sxbglobosus lacinias : subrotundas ; ovatus ovales ; oblongus aut elongatus oblongas, linea- res, etc. prænunciat. Tünc etiam temporis Labellum, marginibus apice lacinüs variè flexis, amplectifur Gynostemium. In flore clauso scrutanda est Antheræ structura; quippè quæ ante illius dehiscentiam sæpèque etiam longè antè debitum ejusdem augmentum reperitur jàm dehiscens. Oparium. f Sessile , in plerisque Europæis generibus. | Pedicellatum , in plerisque exoticis. Contortum, frequentius in Europæis : interdum in solo pedi- cello existit torsio. Non contortum , rarius in Europæis; in exoticis solitum. rectum , Vel rectiusculum ; ità ut axis rationalis limbi Calycis ab axi Ovarii non manifestè deelinet. | obliquatum : Calycis limbo velut ex latere summi Ovari, cætero recti, enascente ; et indè ab isto ad angulum sub- rectum abruptè declinante. Apice reclinatum : Cujus summitas insigniter recurvata Calycem secum deflectit. Axxor. Illæ præcipuæ Ovarii qualitates ad distinguenda genera haud utiles ; cm in codem non aut vix occurrant oppositæ, 30 DE Orcuipers EuroPzIs Calyx. Calyx, cûm Ovarium sit inferum , monophyllus; irregularis; sex- divisus; laciniüs tribus exterioribus, tribus alternis interioribus ; non- nullis inferdum et variè connatis. Exteriorum una wnpar; binæ compares : Interiorum binæ consimiles; tertia dissimilis, impari opposito situ respondens , Labellum nuncupata. transversim Patens, patentissimus {obliquè respectu ad Ovarium. verticaliter Connivens, veluti in tubum, in globum, etc. laciniüis quinque longitu- dinaliter approximatis, s. incurvo-convergentibus; hiante sum- mo limbo. _Fornicatus : laciniâ émpari uuà cum interioribus fornicem formâ variam efficientibus; comparibus à prioribus discedentibus, patulis reflexis-ve. Galeatus : laciniis quinque in cucullum s. galeam, globosam, ova- tam , etc. anticè ( rar posticè) hiantem, contiguè approximatis. Perulatus : donatus Perulé : adnato-perulatus, liberè perulatus ; horum unusquisque distincta vult genera. LABELLUM. Anticum : cujus dorsum ad latus floris, in situ nativo considerati, inferius s. exterius spectat. Posticum : opposito prioris situ; Calyce tünc inverso, sive uti dicunt resupinato. Interruptum : binis incisuris sinubusve lateralibus divisum in duas partes dissimiles; quarum altera inferior Æypochilium , altera superior semper indivisa, priori veluti geniculatim juncta Epichulium vocari potest. Calcaratum : Calcare donatum : Calcar vertm est processus cavus imissimi Labelli ipsius ; ritè distinguendum à Perulé, pariter- ANNOTATIONES. SE que ab omni gibbo aliam sedem in qualicunque Calycis parte obtinente. Inerme : Calcare destitutum. Axxor. 1. Posticum Labelli sitam pronaturali typo habendum censet Robertus Brown ; anticum frequentiorem contorsioni Ovarii tribuens. La- ‘ bello quidem postico constanter (saltem in tenellis floribus) subjicitur Ovarium non contortam : indè forsän ratio, et reipsà valida, illius asserti. In pusillis verd florum rudimentis Caunes tutior habenda fides ad sol- veudam dubitationem de situ) semper is est Labelli situs, qui ({nullis adver- santibus circumstantiis) servetur in perfecto flore. Prætereà, sunt genera non pauca, Cypripedium, Ophrys, Serapias, Limodorum, Calypso , etc. Labello antico simül et Ovario non contorto prædita. Potiore ideo jure veluti pri- mitivos se præbent uterque situs, nunquäm in eodem genere combinandi. 2. Singularis et apud Enporxizas inexpectata existentia Calyculi Ova- rium coronantis, et parvulæ cupulæ instar basim calycis complectentis ; quem et ipse vidi in genere americano, nuper à cel. Kunth constituto et ah ipso Æpistephium nuncupato : hoc genus, ad tertiam nostram sectionem pertinens, mediam sedem f’anillam inter et Cleistem ( Limodorum grandi- florum , Aublet ) sibi requirere yidetur. Gyrostemium. Gynostemium ( fig. B. C. L. P.S. Y.Z.) est corpus solidum, in flore subcentrale, ex apice Ovarii inferi enatum ; formä , structur4 é magnitudine respectu ad Calycis divisuras varüs, in quovis tamen genere ( admissä quandôque modificatione levi ) stabilibus. Constat ex ufroque sexu ità conferruminatis, ut stylina materies faciem ipsius anticam Labello obversam constituat, filamentina posticam sive dorsum : priorem terminat Stigma, Anthera posteriorem. CLinaAnDrIUM ( fig. L,6. P,5. Æ, 10). Orchidearum plerarum- que Gynostemium ad apicem cavatur in foveam, in quâ inclinata pronave recumbit Anthera; undè ïlla fovea Clinandritm dicta. Clinandrium autem, ut potè quod directione s. situ, formâ, cava- tione et ambiente margine multam subeat variationem, optimas in diaguosi modô specierum mod et sæpius generum notfas valet subministrare. 32 DE Orcuinets EuropPæts Stgma. Gynizus ( fig. C, 2.1,1,2.P, 2. S, 2.2, 3). Præcipua stigmatis pars est aréa quædam in anticà Gynostemii facie mox conspicua, contextu glandulari viscidum humorem exsudante et demüm veluti viscoso-pulposo obducta; cui nomen Gynizus, F est fœæmineumn viscurm. RosTELLuM ( fig. C, 5. L, 5. P,3. S,3. Y, 4). Summa stigmatis pars ultrà Gynizum protrahitur in processum antè hunc liberè recli- naftum, rarissimè eidem adnascentem : sœpiusculè etiam illa pars Producitur in laminam plus minüs obliquè ascendentem et clinan- drium antrorsum claudentem : rariùs ex medio superni marginis stigmatis abruptè extat spiculss nünc sursüm tendens , nune deor- _shm flexns. Qualitercunque verd sese habeat summi Stigmatis pro- cessus, sive in rostri speciem attenuatus reclinetur, sive in laminam sursum excurrat, sive demüm induat apiculi formam, nomine Rostelli ubique signetur , cum ubiquè ex eâdem variè modificatâ proveniat parte. Rard veluti in duc partialia fissum reperitur ; et prominentiâ quâ- dam Antheram infernè à subjecto Gynizo sejungens.. BursicuzA (fig. C;, 3. G, 1). In Orchide et proximè affinibus, apex Rostelli carnoso-incrassatus surshm (rard anticè) excavatur instar sacculi s. Bursiculæ ; intra quam, humore viscidulo madidam, nidulatur Retinaculum Massarum pollinicarum. Si Retinacula duo (D, 4, 5.); duobus intüs Bursicula foveata est loculis, modo in unum corpus inferno apice indivisum junctis, mod plus minüs profundâ fissurâ sejuñctis, et veluti binas bursiculas partiales contiguas dimo- ” fasve cônstituentibus. Existente unico Retinaculo (P, 5.) binis Massis communi, id infra Bursiculam unilocularem reconditur. Quod excipit Bursicula Retinaculum dicitur bursiculatum : nudum contrà, deficiente ill, PROSCOLLA (fig Mo Do PANNE 4). Ad medium apicemye ANNOTATIONES. - 149 Rostelli, sive laminati sive apiculiformis, conspicitur glandula , pro- minula , formæ quidem variæ , sed constanter ejusdem in congene- ribus. Ea autem glandula ided dicta est Proscolla, qudd massas pol- linicas , ex Antherâ vel partim dehiscente expeditas , sibi adglutinat mediante humore viscido ab ipsâmet secreto. Is autem humor non tantm adglutinatricem agit functionem, sed etiam quas assequitur Massarum particulas in mollitiem veluti ceream vertit et emollitas coagmentat; aded ut, factâ demüm induratione , nisi ruptæ, aut unâ cum avulsâ Proscollà , avelli se non sinant Masse. Quod Retinaculum Massis caudiculatis , id caudiculâ aut Retinaculo carentibus esse vi- detur Proscoila, Anthera. _Anthera, omisso solo Cypripedio duabus remotè lateralibus in- signi, semper unica. Ejus insertio et imprinus structura constanter eædem habentur in congeneribus; et inter præcipuas afhnitatis ge- nerum notas locum sibi vindicant. k Antica Antheræ facies ea est quæ Labello obvertitur et per quam Clinandrio incumbit : postica s. dorsum priori opponitur. Hæc autem facierum distinctio ad Massas pollinicas necessarid refertur : undè mauifestus error eorum qui istas in nonnullis generibus posticè bilobas memorarunt. | ANTHERÆ INSERTIO. Anthera, quoàd modum insertionis, tripartito . congregat genera. 3°. Continua. Dorsalis materies ( fig. E, 1.) Gynostemii indesinenter continuatur in materiem loculos (E, 3, 4.) discretos connectentem ; ità ut ad posteriora principium Antheræ à cætero Gynostemio non aut vix detur discernere : signum hoc Æntheræ continuæ plura, Or- chide præside, convocat genera. . 2°. Stipitata. Filamentulum (L, 2. U, 4.), à summo Gynostémii dorso abruptä contractione distinctissimum , suffulcit Antheram indè stipitatam ; basibus loculorum sæpè infrà puncium ipsius insertionis Mémm. du Muséum. À. 4. 5 34 DE Onrcaipris Eurorzis. protuberantibus. Per antheram stipitatam , ad Rostellum semper la- minatum aut apiculare semper acclinatam vel accumbentem, multa quidem inter se conveniunt genera; quæ tamen, jubente Polline diverso, in duas phalanges valdè impari segregantur numero: Goodyera alteram, alteram Epipactis ducit. Antheriferum filamentulum (s. stipitulus) ex ipso margine pos- tico Clinandrii solito oritur ; rard tamèn intrà eumdem marginem est insertum (R. 4). 3°. Sessilis (Æ, 9). Sub vexillo Antheræ sessilis, quæ’postico mar- gini Clinandrii , intrà quod cernua pronave jacet , per angustam ba- seos partem immediatè affigitur, numerosa commilitant genera : humicolæ pauca, pleraque epidendræa. Quatuor priorum Europæa, posteriora omnia exotica. Antheræ sessilis insertio intrà Clinandrii ambitum non rara. Nota. Anthera, cujus fulcrum s. punctum insertionis in ipsomet Cli- naudrii margine situm est, dici potest marginalis : intramarginalis Verd, iisdem intrà marginem supradictum sedem habentibus. ANTHERÆ SITUS ratione stigmatis. Anthera postica; quæ, erec- tiuscula s. dorso stigmatis acclinata, ponè hoc tota vel partim sub- sidit : sperposita ; prona in loculos intrà Clinandrium Gynizo su- perpositum jacens. ANTHERÆ STRUCTURA. Orchidearum omuium Anthera bilocularis. Loculi intüs rard simplicissimi; plermque in binos pluresve, sohtd tot quot Massulæ Pollinis, Zocellos divisi ; septulis completis aut incompletis : undè illi completè vel incompletè bi-pluri-locellati dicuntur. Mediante connectivo plusminüs erasso latove conjugantur loculi, nuaquàäm immediatam ineuntes connexionem. Floris explicationem plusminüs remotè antevenit illorum dehiscentia ; quæ , solitü longi- tudinalis rarissimè subtransversa, fit per suturam superficialem, vix unquàäm apprimè medianam , obliquam aut curvilineam, et antico Septuli margini respondentem. ANNOTATIONES. 35 Septulorum materies plermque tenerè contexta et elastica, simul ut facto loculorum hiatn , insigniter sæpèque subitô retrahitur , nec rard ferè obliteranda : nonuisi loculorum Polline solido gravidorum persistunt Septula. Interna igitur Antheræ fabrica in floribus adhuc clausis , etiam et tenellis , rectiùs inquirenda. Pollen. Massarum Massularumve Pollinis forma , numerus, et imprimis textura (1) structuraque s. connexionis modus maximi sunt momenti in analytico Orchidearum examine. Generum diagnosi perindè ac convenientiæ tutissimum substernunt fundamentum. Haud levitèr igitur Botanicis interest ut illarum rectam certissimamque nancis- cantur Ccognitionem : nec minoris sit curæ, quibus vocabulis diversi earumdem modi exprimantur , statuere. Massa, Massuzæ. Quidquid Pollinis includit unus è duobus An- theræ loculis, mole sit continuum necne , Massam pollinicam constituit : idedque totum totius Antheræ Pollen constat ex duabus Massis seclusis, Tot vero sunt Massulæ quot numerantur Massarum divisuræ, in propris locellis nuper aut inpræsens nidulantes et indè numero pauciusculo definitæ. Rard tamen Massarum singu- larum Massulæ immediatè, scilicet absque primitivo septulo, invicem accumbunt. Pollen, ratione texturæ Massarum Massularumve, præstabilem subministrat tripartitionem : Massæ aut Massulæ 1°. sectiles , 2. granulosæ , 3°. solidæ. 1°. SECTILES. Massæ sectiles (D,1.F,1r.H,1.K,1.M,53,4.) longitudinaliter divisæ sunt in binas Massulas (D, 2. F,2.N,1,2.); primm, interjecto Septulo è fundo loculorum Antheræ ad suturam dehiscibilem protenso, sejunctas; dein, obliterato illo, adinvicem (1) Textura Massarum Pollinis magni valoris esse videtur in methodo naturali. Brow. Prodr. IN. Holl. 311. Obs. 4. 5* 36 DE Oraminers Eurorzæts accumbentes. Massulæ ab extrorsä s. convexà facie multipliciter pro- fundèque diffinduntur in particulas numero indefinitas, pressim contiguas , inæquales , varié angulatas : hæ omues imis basibus, ad rationalem Massæ axim s. introrsam Massularum faciem tendenti- bus, leviter et unico strato connexæ sunt; materie ibi laxius con- text tenerioreque, et ided in fila elastica faciliüs protractili, rarius etiam evanidâ. Massæ sectiles, respectu ad terminationem alterius extremitatis, bigreges discedunt in caudiculatas et muticas. Caudiculatæ deorshm desinunt in Caudiculam filamentiformem , binis Massulis communem, angusto singulorum Antheræ loculorum protractu invaginatam. Inferior caudiculæ finis, perforatà vaginæ suæ basi, adfigitur corpusculo glandulari, viscido, foraminulum extüs veluti obturanti. Hoc autem corpusculum , utpotè quod Massas, ubicunque sint, adglutinando detineat, haud incongruë Retinaculum nuncupari potest. Rarius utriusque Massæ Caudiculæ jugalem in eodem et unico Retinaculo sortiuntur insertionem. Muticæ contrà dicuntur, quibus supradicta Caudicula et præ- sertim Retinaculum desiderantur : prioribus multd infrequentiores. Harum Massulæ binæ solitd immediatè adinvicem sibi appressæ sunt, nullo interposito septulo, etiam in Antherâ clausà ; cujus ided loculi intùs sunt simplicissimi. Interdum etiam illæ Massæ, in fenuissimum versus apicem gra- cilescentes , ibi, gradatim decrescentibus et evanescentibus particulis, fiunt solidæ; tuncque ista apicilaris pars veluti caudiculæ speciem induit; sed defectu Retinaculi a verè caudiculatis distinguntur. Rard illa apicilaris soliditas infrà plusminüs secùs anticum Massarum marginem progreditur , ferè instar carinulæ Massulas connectentis. Illæ, pariter ac sequentes, Proscollæ adglutinandæ s. adglutina- tiles. 2°. GranuLosÆ ( O. T V.X.). Perinde ac sectiles, ex binis Massulis subæqualibus, aut sæpius alterâ interiore minore, compo- ANNOTATIONES.« . 37 nuntur;-sed constanter ecaudiculatæ. Intrà Antheræ nondum dehis- centis loculos, Massulæ Septulo completo, demüm retractili, abin- vicem dirimuntur. Massæ, statim ut hiantibus loculis contactum Proscollæ patiuntur, ibi isti adglutinantur ubi fit contactus; ple- rumque per apicem vel summam partem,.rariüs infrà illum seu medium versüs, rarissime efiam demissius adglutinatiles. Contextæ sunt ex innumeris granulis, inordinatè acervatis; modo immediatè , modo passim aut ubiquè mediante materie veluti fibrillosä , undi- que pressimque cohærentibus; quorum ea est minuties ,üt, sive fritu à sive spontaneo collapsu soluta , pulyerem sordidè albidum et subfari- naceum mentiantur. Îlla autem granula, microscopici vitri ope lus- trata, imprimis post inditum siceis madorem , exhibent se teretia ” nec angulata, plerumque globulosa, interdum ovoidea; pellucida; nüunc avenia et unicellulata ; sæpiùs veluti subcruciatim. venulosa et quadricellulata, immixtis solitù nonnullis pauciüs cellulatis : primo obtutu quot cellulis tot composita crederes globulis. Pauciuscula occurrunt genera , Rostello et indè Proscollà destituta ; quorum Pollen granulosum intra loculos, etiam nondüum dehiscentes, madescit humore quodam granula ipsius: emollita conglutinante. Illius Massulæ , licet primum septulo completo distinctæ, simül ut loculi aperiuntur coeunt, in massam,_sive: acervum amorphum, veluti pulticeum, parieti loculi sui adhærentem et nonnisi detritu s. vetustate elapsurum. À recto ided non absonat Pollen hoc pulticeo- granulosum à pulyereo-granuloso distinguere. . . : : Nota. Massas pulvereo-granulosas ex quatuor Massulis compositas meminit Robertus Brown in Prod. F1. IN. Holl: pag. 321, 323. Absit à me hoc peritissimi botanici assertum negare : pro certo tamen tradere non audeo, quandiù ipse tales non viderim. 3°. MassæÆ vel MassuLÆ soziDÆ (Œ). Pollinis solidi Massæ, intrà singulos Antheræ loculos, rard solidescunt indivisâ simpli- cive mole : in binas plerumque discedunt Massulas : nonnunquèam etiam quadripartiuntur. 38 DE OrcHiDErs EuropPzærs Massæ simplices, sphæroideam seu ovoideam induunt formam; modo undiquè læves, modo foveolä rimâve anticè exarafæ : unicâ solito conjugantur caudiculâ, plermque lamellari, sublineari aut angustius elongatä, rarissimè in speciem peculiaris fulcri abbreviatä. Intrà summitatem Antheræ angustatam primüm tota invaginatur Caudicula; dein, ruptâ vagimulâ, expeditum apicem suum porrigit ad Proscollam; cui mox et ità tenaciter adglutinatur, ut nisi con- junctim cum istâ avelli aut decidere jäm nequeat. Pauciorum generum Massæ simplices, deficientibus Rostello et consquenter Proscollä, reperiuntur muticæ sive non ver caudiculatæ ; ipsarum licet interdüm superior notabiliter gracilescat finis. Massæ bimassulatæ. Massulæ binæ (Œ) intrà singula Antheræ étiam nondum dehiscentis loculamenta, sibi mutud et immediatè accumbunt : hæ neutrà extremitate in processum tenuem graciles- cunt, potius verd ex utrâque parte obtusè desinunt. Frequentius autem, præsertim in Epidendræis , Massulæ , ob inter- jectum Septuli ferè semper persistentis, sejunctim in propriis locellis nidulantur. Plerumque , sublaminato-compressæ et deorsum angus- tatæ, desinunt infernè in setulam abrupto flexu juxfa anticum marginem ipsarum ascendentem, suturæ quâ solutà dehiscit loculus respondentem, superficie inæquabilem. Setulæ ambarum Massularum sæpè sæpius connascuntur in unicam, lis indè connexis communem. Massis quadrimassulatis paucissima, sive terrestria sive epiden- dræa , insigniuntur genera. Quatuor eujusque loculi Massulæ; vel à se invicem prorsüs distinctæ sunt et spontè separabiles; vel diversè connectuntur, modù per apicilares ipsarum processus, modd me- diante corpuseulo consubstantiali cui distinctè sunt affixæ. Primi- tivum autem connexionis modum, per temporis post actam Antheræ dehiscentiam lapsum, plusminüs adulterari aut modificari posse est animadvertendum. Staminodia. Hoc nomine, ni meliore velint , nuncupentur qualescunque ANNOTATIONES. 39 Gynostemiü summi appendices; quas et ipse ad indicia Staminum abortivorum retuli ; et quæ primâ vice rectâque denominatione, per Prodromum insignem et annotationes eximias General Remarts Roberti Brownei, botanicis innotuerunt, Sedulo oculorum obtutu genitalia Cypripedii perpendenti liquet : 1°. materiem Styli (B, 1) terminati Stigmate (B, 2) medium faciei anticæ Gynostemii occupare : 2°. cæteram Gynostemii materiam, tüm lateribus tm dorso Styli adnatam, constare ex tribus filamentis connatis sive ex Synemate ( À, 1 ) trifido; lacinüs lateralibus (A , 2, 5) antheriferis (B, 2,3), intermedià (A, 4) castratä. His priüs obser- vatis, planior sternitur via ad intelligendum modum connexionis genitalium ORCHIDEARUM ; nec minus indè cireà solitam Gynostemii compaginem , in plerisque generibus non ità perspicuam, spargitur lumen!: Posteriore verd observatione elucidantur et Stamina terna et monadelphia ; undè affinitas quædam eùm IRIDEIS MONADELPHIS, Intermedia Synematis lacinia ( À, 4)est Staminodium , 1. e. Stamen imperfectum. Jamnünc ad alia genera attentionem referamus; in quibus, minüs quidem facili negotio, appendices staminales s. Staminodia nobis sunt detegenda. Ad ima latera Antheræ Orchidis ( N°.2) et proximé aflinium (N°. 4, 5) prominent duo corpuscula (C, 9, 10. E, 5, 6), veluti rugelloso-scabriuseula ; quorum situs, ratione Gama (E, 1) ar- theriferi , ipsa ad divisuras laterales (A, 2, 3) Synematis (A,1) Cypripedi: referenda esse mox in animum nets et vel levem de naturâ staminali eorumdem rescindit dubitationem : illa ergd, pe- rindè ac divisura intermedia ( À , 4), sunt stamina imperfecta et ided Staminodiis annumeranda. Nec jàm deficit ratio , eur eamdem denominationem processibus lateralibus sammi Gyñostemii Epipactidis (S,"7,8.U, 9.), Limo- dori (Y,8), Liparis (Æ, 5, 6) concedamus. Ao pe Orcuinets EuroPæts Interdüm Staminodia , alarum instar, margines Gynostemi partim totosve percurrunt. Caveas ne cum Staminodiis confandäntor expansiones ipsius stylinæ materiei ad latera Gynizi nonnullorum generum antrorsm extantes. Fructus. Pericarpium. Circà Pericarpii fabricam dehiscentiamque , omni- bus sat notas ; non immorabor. Præter qualitates nonnullas suprà ad Ovarium memoratas, quibus famen addatur forma ; rard nec mul- tm confert ad diagnosim generum. Trophospermiorum structura , pericarpio nondüum arefacto perspicienda , differentiis non omnind vacat, Sæpe sæpius in Epidendræis , rard in terrestribus, ad apicem attenuatur in speciem rostri, nonnunquàm insiguiter proir acti : hine alterum affinitatis cum TIripeis signum. : à SEMINA. Epispermium, s. {egumen proprium Seminis, ad exferiora contexitur ex opere celluloso, tenuissimè membranaceo , pellucido, passim intus rupfis membranulis lacunoso aut veluti fibrilloso ; cujus superficies ab extimis cellulis adæquatur. Intima ver illius pars den- satur in membranam , modo tenuisculam , modo crassiusculé coria- ceam testaceamve, Nucleo ipsi adherente fœtam. Cum autem pars utraque, cellularis nempè et nucleifera , in unicum coeant tegumen à ballucinati sunt quibus prior visa est Arillus. Solius F’anillæ semina cellularem partem in pulpam demüm deliquescentem mutant, Sepo- sito hocce genere ; Semina ORCHIDEARUM, accitâ in auxilium vitri lénticularis vi, bipartito distinguntur in reticularia el fusiformia. 1°. Reticularia , subovali-lineari-oblonga , plusminüs compressa , statim dignoscuntur superficie eleganter reticulatà et D parte globulosâ ovatâve. 2°. Fusiformia ; in teretem gracilis fs forman eMinguntur, nu- cleari parte conformi. “ji Priora terrestrem, D epiphytani fa habitationem, Emgryo. Multoties iterato in diversis generibus examine , con- ANNOTATIONES. ht victus fui Nucleum, coloris plermque exalbidi rarô-viriduli, con- stare ex maferie Carnosà , extüs prorsüs indivisà , intus totà continué solidà et venulis trajectâ. Undè conjicere licet illum esse Embryo- nem epispermicum et orthotropum , absque ullis Cotyledonis distinc- tione Gemmulæque indicio. Rectius verd per germinationem , mihi hucusque non visam nee a Cel. Salisburio satis curatè traditam, certiùs innotescet Embryonis structura. IL GENERUM ORCHIDE ARUM EUROPÆARUM DISPOSITIO METHODICA. 1. $. POLLEN SECTILE : CAUDICULA RETINACULIFERA. — À. RETINACULIS BURSICULATIS. — a. Retinaculo unico , binis Massulis commun. 1. SERAPIAS. Cal. conglutinato - galeatus : Labellum interruptum ; ungue bilameilifero ; epichilio reflexo, Gynostemium lineare, longè cuspidatum., 2. LoroGrossum. Cal. galeatus : Lab. prælongum; lineari- triparti- tum , intermediâ bifidâ ; basi brevissimè saccato-calcaratum, s. gibbulosum. 3. AxAcAmPTIS Cal. et Lab. Orchidis; posterioris ungue bilamelli- fero. Retinaculum lateribus subcylindricè conflexum. — b. Retinaculis duobus. 4. OrcHIs. Cal. fornicatus, s. galeatus : Lab. calcaratum. Bursicula indivisa. 5. Opxrys. Cal. patens : Lab. inerme, convexum. Rostellum. in binas bursiculas fissum. 6, NIGRITELLA. Cal. patens : Lab. posticum, scrotiformi-calcara- tum , indivisum. Burs. loculis dimidiatis. Mérm. du Muséum. 1. 3. 6 L2 DE Onrçcuipeis, Eurorzx1is — B. RETINAÇULIS..NUDIS.. 7. GYMNADENIA. Cal. Orchidis: Lab. calcaratum, trifidum. Ross. fissum: 8. PLATANTHERA. Cal. Orchidis : Lab. calcaratum, indivisum. Antheræ loculi infernè Gynizo latè interposito dimoti. Rost. nullum. 9. HERMINIUM. Cal. subcampanularis; lacin. interioribus manifesté longioribus, disssimilibus : Lab. .basi saccatum (aut calcara- tum), plurifidum. 10. CHAMORCHIS. Cal. galeatus : Lab. inerme, indivisam. Æost. fissum. 2. 6. PoLrEN SECTILE : RETINACULUM NULEUM. 11. GooDpyERA. Cal. infernè connivens : Lab. inclusum, inerme, indivisum ; infernè insigniter concavo - gibbum. Massæ muticæ. î 12. EprpoGuM. Cal. deorsüm patens : Lab. posticum, inflato-cal- caratum ; interruptum , hypochilio latè biaurito , epichilio retroflexo. Massæ in subulam solidam desinentes. 3. . PoLLEN GRANULOSUM. — À. ANTHERA UNICA. 13. LimoporuM. Cal. laxiusculè erecto - connivens : Lab. inter- ruptum, marginibus hypochilii imo Gynostemio adnatum , longè calcaratum. Gynost. longissimum. 14. SPIRANTHES. Spica spiralis. Ovarium apice obliquatum. Cal. in oblongum connivens : Zab. inerme , obovale: Gynizus subsemiellipticus. Rostelli laminati Proscolla lineari-oblonga. 15. NeoTTIA. Cal. in globum laxè connivens: Lab. patens, bifidum. Gynizus transversus Proscolla ex apice Rostelli laminati retroflexa. Ant#. intrà Clinandrium stipitata. ANNOTATIONES. 43 16. CEPHALANTHERA. Oyar. sessile. Gal erecto connivens : Lab. genifalia amplexans , interruptum. Rostellum nullum. nt. subrotunda ,imâ tanthm parte dorso Gynizi transverso-elliptici incumbens , cætero apertè supereminens. Poll. granulis simplicibus. 17. EpipACTIs. Ovar. pedicellatum, Cal. patulus : Lab. patens, interruptum. Gynrizus valdè prominens, subquadratus : Ros£. apiculare. Anth.subcordata, postica. Poll. granulis velati nue driglobulosis. — B. ANTHERÆ DUÆ. 18. CYPRIPEDIUM. - 4._$. PoLrEN sOLmDum. — À. MASSÆ BIMASSULATÆ. — à. Anthera loculis simplicibus. 19. Cazypso. Cal. sursam patens : Lab. contrà declive, inerme,, calceoliforme, ad apicem calceoli sub margine appendicula- tum. Gynost. marginibus totis late alatum. 2o. LiPpAris. Cal. laxe patulus : Lab. posticum, recurvo-patens , subovale, basi simplici. Gynost. oblongum, supernè alato- marginatum. Ænth. margiualis, superposita. Wassæ globosæ. 21. MaAraxis. Cal. verticaliter patentissimus ; lacin. inferioribus demüm revolutis : Zab. posticum, subcordatum, sinu baseos basim Gynostemii brevissimi et apteri amplexans. Anth. pos- tica , intramarginalis. Poll. massæ oblongæ. — b. Anthera loculis bilocellatis. | | | 22. CorALLORHIZA. Cal. in oblongum fornicatus : Perula brevis- | sima, adnata : Lab. obovale, marginibus infernè crenulà inter- ruptis. Gynost. longum, apterum. Ænth. subtransversim | dehiscens. Massulæ subrotundæ ; altera anterior, altera | posterior. | | | 6* 44 pe Orcuineis Eurorærs ANNOTATIONES. Qualia sint hic institutæ dispositionis commoda evolvere mens mihi est; non ided tantum ut botanophilis placita habeatur; insuper verd ne, quæ aliam mo- lientibus usui esse posset, desit materia. Erunt forsan quibus non arridebit primaria divisio a minutiore Polline de- sumpta : hos monere meum est massas illius, vel nimiä pressione vel qualicun- que causâ yilialas, a particularum etiam unius formä, non aded difhcilè esse dignoscendas. Propter Pollinis texturam in 1à. et 24, (. ferè consimilem, necnon tenuitatem Retinaculorum, in dubitationem quidem induci inassuetos sinitur: perspeclà verd Antherà, j jamjàm elucet distinctio. Plura etiam alia signa in suppelias caracteri sectionum singularum possunt convenire; quæ juxtà methodicam partium seriem exponere satius esse videtur. SECTIo. Radix bituberata huic Sectioni, aliam non admittenti, propria. Pubes neque in herbä neque in spicà : omissà Orchide hispidulé, L. Ovarium. Semper sessile. Calyx galeatus in hac solà (. Labellum , sub anthesi, nunquam amplexans Gynostemium: interruptum in solà Serapiade : ungue EUR ; in Serapiade et Anacampti. Perula nulla. Gynostemii structura huic $ propria; aded ut, in uno aut etiam altero genere pervisa recièque intellecta, ab omnibus alienis mox discernatur. A subse- quentibus illius partibus hæc abundè elucidatur. Gynisus in imo Gynostemio sedem tenens, adusque Labelli originem decurrit, nec nunquäm citra hanc progrediens. Intrà concavam adnascitur regionem ; cujus margines marginibus Labelli confluunt : indè nulla pars materiæ stylinæ infrà illunc distinguenda. Rostellum semper deorsim prominens: sursüm processu quodam imos Antheræ loculos dirimens : sæpè fissum. In Platantherä nullum ! À in Babies. Ne Proscolla pro Retinaculo habeatur eautè caveto. Bursicula Retinacula Clinandrium nullum. ; Anthera continua : erecta, aut tantummodo ad curvaturam totius Gynostemii sese flectens ; cætero Gynostemio longior. Loculi singuli infernè, vix in ÆZerminio et Chamorchide, in cæteris mani- ÂNNOTATIONES. 45 festè angustantur in speciem vaginulæ, im saltem parte liberæ, caudicu- Jam Massæ pollinicæinvolventis. Ilorum septulum incompletumetrectractile. Præcipuum sanè Sectionis signum Anthera; quam, nisi inversam con- sideres, frustrà cum cæteris ejusdem familiæ conferre tentabis. Quemnam énim, rebus ritè perpensis, detineret vel levis hæsitatio, quin inferiora lo- culorum Antheræ ad superiora aliarum Anthærarum referat ? Pollen. Massæ, contractà mole, dehiscentibus loculis minores. . Caudicula Pollinis Antherarum monstrosè adventitiarum nullo subjecto stigmate, caret Retinaculo. ; .Séaminodia veluti rugelloso-scabriuscula, huic $ propria: nulla in Ophryde. SEGTIo. Sectio primam inter et tertiam verè media : Polline tantum priori confinis, antherâ stipitatä ab eädem distat facillimèque secernitur : multiplici partium consonantium vinculo cognatior posteriori, in solo Polline commodissimum distinctionis suppeditat siguum. j Perula nulla; saltem in generibus hucusque notis. Antheræ loculi, massis etsi bimassulatis fœti, intus absque septulo simplicis- simi ; indè a loculis 12. et 32. ( bilocellatis discrepantes. Nota. Gastrodiam, genus ex ipso auctore Epipogo afline, parasilicam radicum testatur cel. R. Brown, Prod. Flor. N. Holl. 33. Radicis epiphytæ simül et Pollinis sectilis conjunctorum unicum, saltem mihi notum, exemplum ! 3%. SEcTIo. Radix terrestris : rarès. fasciculatim fibrosa. Pubes hic frequentior quam in cæteris (. Calyx vix subfornicatus; galeatus nunquam. Perula non ità rara ac in cæt. ( : insolitè fissa in genere Americano Proscuisra cui referatur /Veoftia picta , Hort. Kesw. } Labellum pleramque indivisum, aut solummodd interruptum : rard calcaratum, Rostellum nullum in CePHALANTHERA : deest etiam in CyPrteEn10, perindè ac in generibus Polline pulticeo pariter donatis. Passim reperiundum est supernè plusminüs bifidum, marcid4 jam aut elapsà Antherà ; quam fissuram non habeas veluti primitivam, a Proscollé -verd ruptim deciduä retius deducito. Ë Proscolla in generum diagnosi admodüm conducibilis: 46 DE OrcHipeus EuropPzÆis Anthera, coarctato fulero ,.stipitata : poslica; omissis tamen generibus Polline puliiceo, Pollen albidum, vel.exalbido-pallens; nec luteum. Massæ, dehiscente Antherâ, in molem pauld majorem tumescentes, et 11là marcescendo coutractà longiores. HE SECTIO, Radis solid parasitioa : terrestris in paucis generibus, quibus forsan nullum accedit Europæ alienum. Fodiis articulatim a :persistente Phyllophorio secedentibus plura, solius hujusce sectionis, distinguntur genera. Pubes, nisi passim in Labello, nulla. Ovarium pedicellatum : rarissimè contortum : pedicello articulatim junctum in OcromeriA! Perula paucissimis generibus , sive terrestribus sive epidendræis, concessa. Labellum inerme : calcaratum perpauculis generibus parasiticis Africanis Asiati- cisque, nec verd Americanis ullis ( hucusquè detectis ). Anthera ferè semper superposita. Loculorum Septula persistentia. IV, CARACTERUM GENERICORUM ADUMBRATIO. Quoniam caracter genericus in optimam et perennem diagnosim nequeat accipi, quin collatis priùs omnibus ejusdem familiæ gene- ribus fuerit excusus; hic tantüm de Europæis agens, horum carac- teres potius adumbrare quàäm strictè definire ausus sum. Duplex me, labori in posterum instaurando operam navantem, movit commodum, ex prolatis infrà descriptionibus a lectore, mi fallor , exhauriendum; videlicet, 1°. vim aptumque verborum no- vorum üusum in exemplis propositis inquirere et experiri; 2°. sale- brosum nuper diversarum floris orchidei partium examen, dato duce, tutiüs aggredi posse. Tricis verd fastidiosæ prolixitatis studiosos præpedire veritus; neque absit quidquam in exarandâ rerum designatione, nec su- persit, quantum in me erit situm , faciam. ANNOTATIONES. ui Ovarium contortum , utpotè quod frequentissimè occurit, ubiquè enunciare fastidio esset : 207-contortum ideù solum mihi erit memo- randum. Parilem ob causam, de solito Pedicelli defectu silebo. GENERA 1% SECTIONIS. 1. SERAPIAS. Ovarium non contortum. { Calyx conglutinato - galeatus , oblougus, surshm sensim angustatus : Hiciniæ interiores ex dilatatâ basi setaceo-subulatæ. Labellum inerme; interruptum : Æypochilium a Galeä partim amplexatum, conflexis lateribus connivens, ungue bilamellifero : Æpichilium abrupte ” reflexum, explanatum. Gynostemium \ineari-oblongum ; a Conneetivo suprà loculos Antheræ producto longè euspidatum. ; Retinaculum unicum, bursiculatum. Gynizus insolite oblongus. 2. Lorocossum, fig. Ne. 3. Cal. galeatus : laciniæ interiores multoties angustiores. Lab. brevissimè saccato-calcaratum s. gibbosum; patens vel pendulum; præ- longum, lineari-tripartitum, intermediä bifidä. Gynost. Orchidis. Retin. unicum, bursiculaitum. 3. ANACAMPTIS. Cal. Orchidis. Lab. Orchidis ; ungue longitudinaliter bilamellifero. Gynost. Orchidis. Retin. unicum , bursiculatum , antrorshm lateribus subcylindrice conflexumz. 4. ORCHIS, fig. n°. 2. Cal. fornicatus galeatusve. Lab. calcaratum ; patens. Gynost. brevissimum ; nullà partestylinä infra Gynizum visibili, Gyniz. totus ponè orificium Calcaris. Rostellum deorshm, nec nunquam etiam antrorshn, prominens: 43 DE Orcuipets Euroræts Bursicula integra, intüs bilocularis. Anthera cætero Gynostemio longior; erecta; subrotundo -ovoidea vel obovata, apice mutica. > Retinacula brevi-elliptica. 5. OPHRYS. Ovar. Non contortum. ; . Cal. patens : laciniæ interiores sæpius manifestè minores. : : Lab. inerme; deorshm patens; convexum; plermque holosericeum et variè pictum ; subcartilagineo-rigidum. = Rost. brevissimum ; fissum in binas Bursiculas subrotundaes; indè Retin. distinctè bursiculata ; brevi-elliptica. 6. NIGRITELTA, fig. N°. 4. Ovar. non contortum; apice rectum. Cal. laxè patens; laciniis subcouformibus. Lab. posticum, scrotiformi-calcaratum; ungue manifestè concavo; lamina indivisä, planiusculà. ï Gynost. Orchidis. Retin. loculos Bursiculæ intégræ antrorsm singulatim occludentia et ided seminuda. 7. GYMNADENIA, fig. N°, 5, Ovar. apice reclinatum. Cal. fornicatus vel galeatus, Lab. calcaratum; trifidum. Gynost. Orchidis, Rost. fissum. Retin. distincta, nuda. Gyniz. plertmque orificio Calcaris lunatim circumactus et ad utrumque fine antrorsüm dilatatus. 8. PLATANTHERA. Cal. fornicatus. Lab. calcaratum ; lineari- ligulatum, indivisum. Anth. Voculi abinvicèm valdè distantes; infernè longiüs angustati et a Gynizo latè interposito magis dimoli. ANNOTATYONES. 49 Poll. Massæ promissius caudiculatæ; particulis numerosissimis; minulissimis, lineari-prismaticis, % Retin. nuda; orbiculata, peltato-substipitata; non solito more caudiculas ap- primè terminantia, sed veluti introrsum lateralia ! Gyniz. veluti imo Connectivo effusè adnatus; abbreviaio-rotundatus; infrà ori- ficium Calcaris non progrediens. Rostellum nullum! 9. HERMINIUM. . Ovar. apice reclinatum. : Cal. subcampanularis ; laciniis interioribus longioribus et dissimilibus. Lab. brevissimè saccato-calcaratum ; hastato-trifidum. Gynost. Orchidis; abbreviatum. Anth. Voculi infernë in vaginulam non attenuati. Retin. Rostello brevi obtusoque sejuncta, nuda, majuscula, sublüs insigniter cochleato-concava. Poll. Massæ brevissimèe et abruptè caudiculatæ; particulis paucis, subeubicis, 10. CHAMORCHIS. Ovar. apice reclinatum. Cal. galeatus : laciniæ interiores pauld minores, subconformes. Lab. inerme; dependens, indivisum, Gynost. Orchidis. Rost. fissum. Retin. nuda. 2, SECTIo. 11. GOODYERA. : Ovar. apice reclinatum. Cal. oblongo-subfornicatus ; infernè ventricoso-connivens, supernè patentiusculus, Lab. inclusum ; inerme; indivisum ; infernè insigniter concavo gibbum ; supernè in ligulam recuryam , canaliculatam angustatum. Gynost. brevissimè stipilatum. ÿ Gyniz. superfcialis; abbreviato-rotundatus > planiusculus. Rosé. laminatum ; erectum ; obtusissimum. .Proscolla breviter inyerso-parabolica. . Anth. slipilata; marginalis; postica; subrotunda , acuminata. Mém. du Muséum. ?. 4. SI 5o DE Orcuinreis EuroPæïis Poll. Massæ brevi-ovatæ, subteretes ; per apicem obtusum adglutinatiles; par- ticulis oblongis, 12. EPIPoGUM. Ovar. pedicellatum ; non contortum. Cal. deorsam patens; laciniis subconformibus. Lab. posticum : vesicario -calcaratum : interruptum; Hypochilium veluti in binas auriculas, obtusas, porrectas antrorsum desinens; Epichilium ascen- denti-reflexum, subcordato-ovale, concavum. Gynost. oblongum ; ad apicem truncatum, et profundè cavatum ad formandum Clinandrium margine indiviso. Gyniz. paul suprà basim Gynostemii, conspicuè prominens. Rost. laminatum; a cætero Clinandrii margine non solutum. Prose. obovalis. Anth. stipitata ; marginalis; ferè superposita; subrotunda, retusa : loculi sapernè curvatim angustati, totà longitudine bivalves. Poll. Massæ singulæ oblongo -ovoideæ, compressæ; ad summitatem sursüm curvæ et in subulam solidam sensim desinentes, per istius apicem adglu- tinatiles; particulis brevibus. 3. SEcTio. _13. Limoporum, fig. N°. 9. Ovar. pedicellatum ; non contortum. Cal. erectus; in oblongum laxiusculè connivens. Lab. ascendens; interruptum : Hypochilium subinfandibulare, marginibus imo Gynostemio adnatum, infernè in Calcar longum desinens; Epichilium ovale, obtusum, supernè recurvum , basi geniculatum. Gynost. longissimum; semicylindraceum , superne leviter recurvum. Gyniz. suborbiculatus, infernè lunato-prominens. Rostel. brevissimum, obtusum : Proseclla subrotunda. Anth. marginalis; subcordata; cernua; Rostellum multm superans. Poll. Massæ oblongo-ovatæ; medium vershs adglutinatiles: granula simpliciter “globulosa. + 14. SPIRANTHES. Spiéa. spiraliter contorta. Ovar. apice obliquatum. ANNOTATIONES. by Cal. in oblongum connivens; ad apicem subbilabiato-hians. Lab. inclusum ; inerme; oblongo-obovale, indivisum , canaliculato-amplexans, supernè recurvum et ad margines crispatulum. Gynost. brevissime stipitalum. Gyrizus subellipticus. ÆRost. laminatum; erectum : Prosc. oblonga , s. linearis. Anth. marginalis; postica; cordata. Poll. Massæ oblongæ; apice adglutinatiles:granula globuloso-tri-quadricellulata. 15. NEOTTIA, fig. N°. 7. Ovar. pedicellatum. Cal. in globum laxè incurvo-connivens. Lab. inerme; patens aut subpendulum ; bifidum. Cynost. breviter stipitatum. Gyniz. transversus. Rost. Gynizo longius; laminatum ; obliquè ascendens. Prose. apicilaris; minuta ; ad posticam Rostelli faciem articulato-retroflexa. Anth. intramarginalis; brevi-cordata. Poll. Massæ oblongæ ; pauld infrà apicem adglutinatiles : granula globuloso-tri- quadricellulata. F 16. CEPHALANTHERA. Ovar. sessile ; non contortum. Cal. erecto connivens. Lab. inerme; amplexans interruptum : Hypochilium dorso gibbum; Epichilium apice recurvum. Gynost. longum ; rectum. Cyniz. transversoblongus, prominens. Rost. nullum. Anth. marginalis; elliptico-subrotunda ; imâ tantum parte dorso Gynizi in- cumbens, cætero apertè eum superans : loculi connectivo ipsis crassiori an- ticè adnati. Poll. Massæ lineares; demüm dorso Gynizi per imam partem adhærescentes : granula simplicia. 17. ErrpaAcTis, fig. N°. 8. Ovar. pedicellatum ; non contortum. Cal. patens; laciniis subconformibus, Lab. inerme; deorshm patentiusculum nec amplexans; interruptum : Hipochi- lium concavo-sibbum ; Epichilium introrsum ad basim bigibbum. * 7 52 DE Orcurpers EuroPzÆrs Gynost. brevissimum ; ratione Ovarii ad posteriora declinans. Gyniz. subquadratus , deorshm prominens. Rost. apiculare, brevissimum , obtusum. Anth. marginalis; postica ; cordata, obtusè acuminata. Poll. Massæ oblongo-ovatæ; propè apicem adglutinatiles : granula veluti tri- quadriglobualata. 18. CYPRIPEDIUM, fig. N°. 1. Ovar. brevipedicellatum ; non contorlum. Cal. laxè et subcruciatim patens: laciniæ inferiores s. compares in unam Labello subjectam et apice plusminüs fissam connatæ. k Labell. inerme; inflato-calceoliforme. Gynost. breviusculum : supernè posticè trifidum ; divisuris lateralibus antrorsum infrà apicem antheriferis ; intermediä maximä, incurvä, exantheratà ; indè Stamen imperfectum s. S/aminodium. Gyniz. (5. Stigma) suppeltato-stipilatus, Antheris interjectus et supereditus , subdeltoideus. Clinandrium Rostellumque nulla. Antheræ duæ; subopposito=sejunctæ; fulero suo immediatè affixæ; subrotundæ. Poll. pulticeo-granulosum. 2. SEGTIO. 19. CALYPSO. Ovar. pedicellatum ; non contortum. Cal. sursum patens; laciniis subæqualibus. Lab. deorsum declive; inerme : subcalceoliforme; marginibus aperturæ reflexo- patulis et coeuntibus in ligulam basi ad sinum aperturæ barbatam ; apice calceoli binis lamellis approximato-porrectis appendiculato. Gynost. longum ; latè totâque longitudine utrinque alato-marginatum. Gyniz. subsemiellipticus; à Rostello partim tectus. Rost. laminatum, breviusculum, retusum ; antrorshm declivi-prominens. Anth.intramarginalis; superposita; subrotunda:loculi ovati,intüs simplicissimi. Poll. Massæ brevi-ovoideæ, compressæ; per apicem subacutum adglutinatiles. 20. Liparis, fig. N°. 10. Oyar. pedicellatum : plerimque imperfectum et abortivum. Cal, laxè patens. ANNOTATIONES. 53 Zab. posticum; hinc ad basim Gynostemii sessile ; obovale, canaliculatum, su- pernè recurvum, indivisum. : F Gynost. oblongum; subinflexum ; infernè insigniter crassescens; supernè ad la- tera Gynizi alato-marginatum. & x Gyniz. ambitu prominulo subquadratus ; depressus. Rost. nullum. Ant. marginalis; superposita; abbreviato-subcordata : loculi subrotundi, intüs simplicissimi. Poll. Massæ globosæ ; massulis subæqualibus. 21. MALAXIS. Ovar. ut in Liparr. Cal. verticaliter patentissimus : lacinia Zmpar tota explanato-pendens; compares erectæ ; interiores multoties angustiores , ad latera prioris recuryæ aut reflexæ. Lab. poslicum; erectum ; expansum; subcordatum, apiculatum, plerumque in- _divisum, rard cum apiculo intermedio bifidum ; per levem profundumve baseos sinum Gynostemium imum amplexans et omuium laciniarum bases premens. Gynost. brevissimum ; erectum ; antice surshm desinens in laminam truncalam , subintegram aut demüum trifidam. Gyniz. in laminä,, leviter depressus. Rostellum nullum. Anthe Yantisper intramarginalis ; tota postica ; abbreyiata : loeuli ovati, intüs simplicissimi. Poll. Massæ oblongæ. 22. CORALLORHIZA. Ovar. brevi pedicellatum. Cal. in oblorgum fornicatus. Lab. oblongo-obovale ; infernè canaliculatum , ad utrumque marginem. parvulà crenà subinterruptum, introrsum prominenliis longitudinalibus percur- sum; supernè recurvo-patens. Perula brevissima, adnaia. Gynost. longum; apterum ; antieè marginibus prominulis subcanaliculatum. Gyniz. subsemiorbiculatus. Rost. apiculare ; deorshm prominens. Anth. marginalis; superposita ; abbreviata, subgloboso-didyma : loculi bilocel- lati, subtransversim dehiscentes. Poll, Massulæ binæ, distinclæ; subglobosæ; allera anterior, altera posterior. / 54 DE Orcuipeis EvroPzxts V. ANNOTATIONES DE GENERIBUS SUPRA MEMORATIS. Willdenowi:, Spec. vol. IV. Hic citantur 4 Æort. Kewensis , edit, 2°. vol. V. Roberti Brownei, Prod. Floræ N. Holl. 1% SECTIo. Hæc sectio, genera verè affinia complectens, paucissimis exolicis augenda, vel solius Antheræ conspectu mox à cœteris (. dignoscitur. 1. SERAPIAS. SW. Genus apuis finibus circumscripsit Swartzius. FR. Browneus, 7. Kew. 194, Retinaculum unicum bursiculatum addidit caracteri. 1. Serapias Lingua, Wild. 70. 2. S. ovalis. S. cordigera. Willd. 7r. escluso synonymo Desf. S. cord. Nostratis Æpichilium oblonge latève ovale, nec unquam cordatum. Cœteræ species obscuræ: plures in posterum ab autoptis rectiüs instituendæ; tm europææ; tüm ultra Europam australem in Barbariam, Numidiam, etc. progressæ. 2. LOROGLOSSUM. 1. Loroglossum hircinum. Orclis hircina. Ærlid. 28. 2. L. anthropophorum. Ophrys anthropophora. Wild. 63. Aceras anthropophora. Æ7. Æew. 191. 3. L. brachyglotte. Ophrys anthropomorpha. #il!d. 63. An a præcedente distincla ? Ad posticam basim Labelli secundæspeciei prominent gemini gibbuli, rudimen- tum calcaris referentes. Prætereà, habitu, florum coloribus et genitalibus mul- tm conveniunt prima et secunda species. Nomini Aceras servando obfuit calcar prioris speciei. Nonne hüc tendunt Ophrys densiflora, Desf. et Orchis parviflora, Willd. 27 ? COX (Sa4 ANNOTATIONES. 3. ANACAMPTIS. 1. Anacamptis pyramidalis. Orchis pyramidalis. Wiid. 14. An eamdem, an diversas species referant icones Halleri et Jacquini dubium est? « In nonnullis (Orchidibus), ut in O. Æircina et pyramidali, glandula (reti- » naculum) unica exiétit.» Brow. Prod. 313. 4. ORCHIS. Genus omnium europæorum ditissimum speciebus ; quarum nonnullæ ex Eu- ropà occidentali in Americam septentrionalem migrarunt. Exerapla sint generis; Orchis fusca , militaris , latifolia, maculata , ustulata, laxiflora , palustris, coriophora , mascula , morio , globosa , etc., etc. Orchides Willdenowii, quas ad alia genera hic reperies amandatas, sunt: N°. 45, hircina ; 43, parviflora ; — 19, pyramidalis ; — 58, nigra ; — 53 , conop- sea; 52, odoratissima ; 16, ornithis ; 66, albida ; 55, viridis ; 15 , cucullata ; — 6, bifolia. Ex muliis exoticis pauciores rectè, plurimæ perperàm hoc genus iniverunt. HazEnaR1æ species esse videntur, Orchis N°. 1, Susannæ ; 2, radiata ; 3, ciliaris ; k, blephariglottis ; 5, cristata ; 68, fimbriata, etc. Orchis N°. 61, plantaginea ; 66, hirtella : genus (Puysurus) Goopyerz et Eriroco intermedium. Orchis N°. 12, hispidula : genus (Hororxrix) Herminio proximum. 5. OPpxrys. Brow. Alienis olim gravatum speciebus, ad suas prior genus redegit R. Brown, Prod. 313 et H. Kew. 195. Hüc spectant Ophrydes Willdenowii, N°. 6, ad N°. 19. Interiorum Calyceis laciniarum veluti holosericea pubes, perinde ac in Rusco, glabritiei exteriorum singulariter adversatur. In oppugnandis erroribus botanophili (1), ingeniosè quidem nec peritè de Ophryde floribus monstrosis commentantis, diem non perdam., Compendiosä tantüm descriptione brevique argumentatione, aliquid lucis illis floribus insolite polyandris affundere in præsens satis sit. Ex Ophrydibus circà Parisios spontè nascentibus, una (©. apiculata , labelle (1) Lettre à MM. les membres composant la Section botanique de la 1'°, classe de l’Institut :: par M. Ch. His. Paris, 1807, in-4°. de 22 pages, 56 DE Orcuipeis EuropErs subrotundo, margine indiviso, abruptè apiculato ; apiculo sursüm inflexo ) fre- quentiüs insolitä florum structurà mirè spectandam se præbet. Ad latera Antheræ solitæ et immutatæ, immutatis etiam Gynizo Rostelloque, adstant binæ aliæ, una utrinque, illi subconformes, magnitudine haud impares, pariter arcualim incurvæ, necnon ultrà loculos itidem in acumen acutum sensim desinentes. Harum loculorum bases liberè breviter prominent, apice verd imperviæ. Nulla iis subest Bursicula : et Retinaculum in Caudiculâ Massarur pollinicarum omittitur. Præterea, sæpè et Labelli, indè subpanduræformis, margines inferiorem versus partem polliniferum proferunt loculum. Nonnun- quäm , autem, et in Labelloet in Antheris lateralibus, loculus alter aut penitüs desideralur, aut vario decurtationis gradu solummodd inchoatur. Jamnunc, prætermissà calycinà Pollinis origine etiam alibi observandä, ex supra sammatim exaratis annotaliunculas, ad nostram familiam aliquid confe- rentes, juvet elicere. : 1°. Deficientibus laciniis Calycis interioribus evidenter suggeruntur stamina duo : nec soli illarum defectui innitur assertum ; insuper verhm et horum sedi, et minutulæ pubi iis inspersæ, etc. Cum autem adventitiæ Antheræ ex eâ ipsius Gynostemii materie, ex quà Staminodia, originem non habeant; easdem ad perficienda bina stamina lateralia, in Orchideis salitd ruditer adumbrata, hüc recto Naturæ nutu adductas fuisse credere non decet. Illa, ergd, monstrosa An- therarum accessio nihil valet in instituendà ternarià Staminum symetrià, quanx insuper staminea ispsius Labelli disturbaret indoles, 2°. À defectu Bursiculæ simül et Stigmatis sub Antheris accessoriis, nonne conjiciendum est Bursiculam, ubichmque existit, ad Stigma nec ad Antheram pertinere ? 3°, Quoniam Stigma Antheris iisdem subjaceat nullum, nullum in extremâ Massarum pollinicarum Caudiculà affixum reperitur Retinaculum : undè, minimè dubium esse videtur, hocce posterius potius ad Stigma quam ad Pollen esse referendum. 6. NIGRITELLA. Calyce et Labello imprimisque Bursiculà loculis dimidiatis distinctissimura genus! cujus unicam novi speciem. 1. Nigritella angustifolia. Orchis nigra. Willd. N°. 58. Habenaria nigra. Hort. Kw. 202. EE ANNOTATIONES. 57 7. GYMNADENTA. Brovv. 12.16. Calyce fornicato. 1. Gymnadenia conopsea. H. Kew. 191. ; Orchis conopsea. Willd. N°. 53. 2. G. odoratissima. Orchis odoratissima. Will. N°. 52. 3? G. ornithis. + Orchis ornithis. Wilid. N°. 16. l ë 9 22, 6. Calyce galeato. (an genus?) 4, G. albida. = Orchis albida. Willd. N°, 66. à Habenaria albida. H. Kew. 193. ‘5, G. viridis Ë Orchis viridis. Willd. N°. 55. Habenaria viridis. H. Kew. 192. 6? G, cucullata. 4 Orchis cucullata. Willd. N°. 15. 8. PLATANTHERA. 3. Platanthera bifolia. Orchis bifolia. Willd. N°. 6. Habenaria bifolia H. Kew. 193. Genus valdè affine HAgenar1zæ; sed distinctissimum. Hasenariæ genus, cujus conditor ipse Willdenowius caracterem nequidem intellexit, insigniter ab omnibus diflert formà Antheræ, et præcipuè insolitä stigmatis structurà. Asiam, Africam et Ameriéam incolunt species non paucæ ; Europam verd nulla. 9. HERMINIUM. L. Brow. 1. Herminium Monorchis. H. Kew. 191. Ophrys Monorchis. Willd. 61. 10. CHAMORCHIS. 1. Chamorchis alpina. Ophrys alpina, Willd. 62. Camæorchis alpina, ete. CG. Bauh. Prodr. 29. Mémm. du Muséum. 1. 4. 8 58 pe OrcHipeis EuroPæÆIs Proximior videtur Gymnadeniæ albidæ; ab eâ Labello inermi et indiviso recedens. « Ophrys Monorchis, L. et alpina, L. glandulis pedicellorum distinctis, » nudis, Æabenariæ similes; ab eâdem diversæ Labello haud calcarato et vix » basi saccato. » Brow. Prod. 313. Undè liquet R. Browneum hæc duo genera priüs suboluisse. 2a. SECTIO. Ex generibus exoticis, mihi notis, sex circiter hanc ingrediuntur sectionem. 11. GOODYERA. Brow. 1. Goodyera repens. H. Kew. 198. Neottia repens. Willd. 75. In speciminibus ultra decem ad vivum a me examinatis, interfuit nullum secundiflorum. 2. G. pubescens. H. Kew. 198. Neottia pubescens. Willd. 76. Utraque species, si reipsà diversæ, malè a Willdenowio fuerunt definitæ. 12. ErtpocumM. Gmel. Sib. IL. r1. 1. Epipogum Gmelini. Limodorum Epipogium. Willd. 122. Epipogium. Brow. Prod. 330; qui, in OBS. ad Gastrodiam , prima generis obiter tradidit indicia. Caracterem ad sicca specimina exaravi : forsän ided ad viva instaurandus. Incuriosè nimis descripta et picta fuit Radix; quam perfectam non vidi. 3. SECTIO. In maximum ejus Sectionis augmentum conventura sunt genera circiter tri- _ ginta, extra Europam detecta. 13. Limoporum. T. 1. Limodorum abortivum. Willd. 129. 14. SPIRANTHES. 1. Spiranthes motbalis: Neottia spiralis : > Willd. 74. Orchidastrum æstivum, palustre etc. Mich. gen, 30, t. 26. ANNOTATIONES. 5o 2. S. autumnalis. Neottia spiralis : #. Willd. 74. Orchidastrum autumnale, pratense ete. Mich. ibid. Species duas, evidentissimè distinctas, ab auctoribus confusas fuisse admodüm mirandum est! Hüc accedant exoticæ. 3. S. cernua Neottia cernua. Willd. 75. &. S. tortilis. Neottia tortilis. Willd. 74. et Neottia quadridentata. Willd. 73. 5.8. Nurl. Neoitia diuretica. Willd. 73. 6? $. elata. Neottia elata. Willd. 72. 15. NEOTTIA. 1, Neottia Nidus-avis. Epipactis nidus avis. Willd. 87. 2. N. latifolia. Epipactis ovata. Willd. 87. Listera ovata. H. Kew. 201. 3. IN. cordata. Epipactis cordata. Willd. 88. Listera cordata. H. Kew. 201. 4, NN. convallarioides. Epipactis convallarioides. Willd. 88. An etiam hujus generis Æpipactis camtschatea? Willd. 89. NsorrTiæ genus, propter etymon, ilà reslituendum censui, ut Aidum=-avis complecteretur. Et ed propensior ad hanc opinionem factus sum, quod illo sub nomine indiscriminatim congestæ sint species, in plura genera divergentes. Listeram , totam ex duabus speciebus ad nostrum genus referendis constitutam, reiinere nequivi. ée Neorrias Willdenowii, præter quas supra ad GoopyErAM et SPIRANTHrIM compuli, in distincta etiam genera distribuendas obiter proponam. 72. speciosa, et | 73. lanceolata. STENORYNCHUS, 75. orchioides. gen. NOV 77. Calcarata. F PEzEx1A. Poit. ms. Willd. 75. adnata, gen. RO. Fes 77- polystachya. genus ? 77. flava. nullä a me visà specie. S * ‘Go DE Orcuiprers EuropPzæis 16. CEPHALANTHERA. 1. Cephalanthera pallens. Epipactis pallens. Willd. 85. 2. C. ensifolia. Epipactis ensifolia. Willd. 85. 3, C. rubra. Epipactis rubra. Willd. 86. 17. EPIPACTIS, 1. Epipactis latifolia. Willd. 85. 2. E. microphylla. Willd. 84. 3. E. palustris. Willd. 84. 18. CYPRIPEDIUM. 1. Cypripedium Calceolus. Wild. 142. N°. Cæteras species europæas non vidi. 4. SEcTro. Pari ferë ac præcedens generum exoticorum et uberiüs americanorum numero superbiet sectio ista; cujus partitioni, forsan præ cæteris signis, prodesse pote- runt Massæ pollinicæ; licet eædem naturalem generum concatenationem passim - collidant. 19. CALyPso. Salisb. 1. Calypso borealis. Limodorum boreale. Willd. 122, Specimen siecum, ad quod caracterem instruere conatus sum, in Sibiri4 lectum fuerat a D, Patrin; qui meillo unacum Orchide eucullaté L. donaverat: An Calypso americana H. Kew. 208. Specie differat non satis constat? 20. LIPARIS. 1. Liparis Eæselii. Malaxis Loeselii. Willd. 92. Malaxis lilifolia. Ex i-. Andr. Reposit. t, 65, vix differt. Genus a sequente certissimè distinctum. 21. MALAXIS. Sw.. 1. Malaxis palustris. M. paludosa. Willd. gr. 2. M. monophyllos. Willd. go. Den ANNOTATIONES. Gt 3. IT. ophioglossoides. Willd. 90. Hæc Labello bifido cum interjecto apiculo, etiam et genitalibus parumper à congeneribus discrepat. Dubiæ sunt; M. nervosa, Willd. 63; M. Rhedii, 90 ; M. odorata, gr. A genere depellendæ; M. cernua, 93; M. nervosa, 93. Specierum differentia ab angulis scapi fallax. 22, CORALLORHIZA. Hall. Brow. 1. Corallorhiza Halleri. Corallorhiza innata. Hort. Kew. 209. Cymbidium corallorhizon. Wiild. 109. Cymbidium odontorhizon. Willd, 110. vix differt, Utriusque Labellum obtusum. Moxirum. Pictores, quibus Orchideas depingendi visas occurrit occasic, enixè rogo, ut illarum genilalia iconibus exprimere conentur fidelibus. Nec botanicos peregrinatores lateat, flores earumdem liquori conservatorirecentes immersos mullù siccis præstantiores fore, ad rectum partium examen insli- tuendum. 62 SUR LES ANÉVRISMES DU CŒUR Dans lesquels les parois de cet organe, au lieu d’être amincies, ont conservé leur épaisseur ordinaire ou en ont acquis une plus grande (a). PAR M. PORTAL. “ as ne paroiït plus naturel que de trouver les parois des oreillettes et des ventricules du cœur amincies lorsque ces cavités sont plus amples qu’elles ne devroient être. On n’est pas, non plus, surpris de voir qu'après avoir été plus ou moins agrandies elles se soient rompues dans les endroits où elles sont naturellement les plus minces. On observe, cependant, très-souvent le contraire, puisqu'on trouve quelquefois alors les parois du cœur aussi épaisses, ou même beaucoup plus qu’elles ne le sont ordinairement, et que, presque toujours, si elles sont rompues, c’est dans les parties les plus épaisses que ces ruptures ont lieu. Ces faits, bien constatés par les résultats de l'ouverture des corps, m'ont frappé il y a beaucoup d'années. J’en ai fait la remarque dans mon Mémoire sur les Morts subites occasio- nées par la rupture du ventricule gauche du cœur, im- primé dansle volume de l’Académie des Sciences , année 1784, mémoire qui contient plusieurs observations de ce genre, (1) Lu à l'Académie des Sciences de l’Institut, avril 1817. ANÉvVRISMES Du Cour. 163 que j avois recueillies dans un temps où l’on croyoit généra- lement, à Paris, que les ruptures du ventricule gauche étoient rares (1). Je n’ai, depuis cette époque, perdu aucune occa- sion d'examiner l’état du cœur dans toutes les circonstances où j'ai été appelé pour assister à l'ouverture du corps des personnes mortes de diverses maladies , et auxquelles j’avois donné des soins, où qui avoient été traitées par d’autres mé- decins. J’ai encore été occupé de ces mêmes observations, soit au Jardin du Roi, soit au Collése de France , à l’ouver- ture des corps qui devoient servir à mes démonstrations ou aux dissections de quelques élèves, sans rappeler ici les re- cherches sur des cœurs malades que jai faites dans ma première jeunesse médicale avec mes illustres maitres, MM. Senac et Lieutaud , dont je m'honore d’avoir publié les ouvrages de leur vivant. Ce que je vais dire est le ré- sultat de mes observations anatomiques et cliniques. Je crois pouvoir en conclure que les parois des cavités du cœur, quoique très-agrandies , peuvent non-seulement con- server leur épaisseur ordinaire , mais même en acquérir une plus grande et par les causes suivantes : 10, Par rapport à l’intumescence de la propre substance de ce viscère formée par un vice stéatômateux ; 1 20, Par des substances graisseuses, soit extérieures au cœur , soit dans les parois de cet organe ; 30. Par de fausses membranes qui se sont formées à l'extérieur du cœur ou dans l’intérieur de ses cavités; (1) Morgagni en avoit cependant rapporté plusieurs exemples, la plupart tirés de divers auteurs. Epist. XX VIT, art. 10. Nous en avions obseryé quatre. 64 AnÉvrismes pu Cour, 40. Par l'engorgement sanguin des artères et des veines coronaires ; 50. Par des infiltrations séreuses, purulentes, et quelque- fois par des hydatides. Ces diverses altérations du cœur, qui n’ont pas à beau- coup près été reconnues, ou du moins décrites d’une manière méthodique et d'après de bonnes observations , m'ont paru mériter une attention particulière, tant pour la physiologie que pour le traitement des maladies de cet organe. Je vais donner à l'Académie un précis de mes recherches à ce sujet, : ARTICLE PREMIER. Une des causes les plus remarquables qui produisent un surcroît d'épaisseur dans les parois du cœur, souvent avec augmentation de capacité des oreïllettes et des ventricules, c’est la conversion du cœur en une substance s{éatômateuse. Combien de fois ne l’avons-nous pas reconnue cette es- pèce d’altération du cœur, sur laquelle les auteurs gardent cependant le plus grand silence ! Nous l'avons comparée à celle qu'on observe quelquefois à Ia matrice , ainsi qu'à celle qu'on a vu dans les paroïs plus ou moins di- latées du péricarde, des plèvres, de l’estgmac, des épi- ploons , du mésentère, de la vessie ; et dans quelles parties ne l’a-t-on pas remarquée? J’ai pu fixer l’attention des anato- mistes à cet égard dans mon Mémoire sur les Maladies de l'épiploon, imprimé dans le volume de l'Académie des Sciences, année 1771. En examimant les parois du cœur ainsi épaissies, j'ai plu- ANÉVRISMES Du CoEur. 65. sieurs fois reconnu que leurs trousseaux musculeux étoient beaucoup plus gros, ainsi que les fibres dont ils sont com- posés, que dans l’étatnaturel. J’ai pu quelquefois en extraire une matière plus ou moins glutineuse qui les grossissoit, ou qui en remplissoit les intervalles, surtout à sa base et dans le reste des parois du cœur ; bien plus, dans quelques cadavres, jai reconnu que des ruptures du cœur s’étoient faites dans ces parties même et qu’elles n'avoient pas eu lieu dans celles qui étoient naturellement les plus amincies. Cet excès d'épaisseur dans les parois du cœur nous a paru provenir d’un engorgement pareil à celui qui se fait souvent dans diverses parties du corps, par des matières ressemblant à de la bouillie, à du suif, ou à du miel, que les médecins ont appelées afhérômes , stéatômmes , melceris; et comme alors très-souvent, dans ces mêmes sujets, on trouve les glandes du mésentère , ou autres glandes et vaisseaux lym- phathiques, atteints de pareilles congestions, j'ai cru pouvoir - considérer cette altérflon du cœur comme véritablement stéatômateuse ou scrophuleuse. Telles étoient les substances qu’on a reconnues dans les parois épaisses du cœur de plusieurs personnes mortes de palpitations de cet organe, ét dont quelques - unes même avoient péri de sa rupture, après des maladies scrophu- leuses dont plusieurs étoient survenues après des gales, des dartres, des rougeoles , des petites véroles, des maladies vénériennes et scorbutiques, souvent mal traitées. Je lai encore reconnue , cette altération stéatômateuse, dans plu- sieurs personnes qui àvoient long-temps éprouvé de violentes palpitations du cœur, et par des causes souvent inconnues Mém. du Muséum. ?. 4. 9 66 Anévrismes Du Cour. ou bien extraordinaires. En voici un exemple remarquable. M. et Mme. Vllement, marchands parfumeurs au marché St.-Martin, tous deux, en commençant ce commerce, jouis- soient d’une bonne santé; ils étoient plutôt fluets et maigres que trop gras. Peu à peu ils acquirent de l’embonpoint. Ils se félicitoient de leur belle santé. Cependant Mme. Ville- ment , parvenue à son âge critique, ressentit quelques palpi- tations du cœur qui finirent par être très-violentes. IE sur- vint de l’enflure aux extrémités inférieures, avec difficulté de respirer, les palpitations redoublèrent; la malade éprouva diverses hémoptysies; l’hydropisie devint générale, et cette dame périt enfin d’orthopnée. J’en fis faire l'ouverture sous mes yeux et je reconnus que les cavités du cœur étoient très-agrandies quoique leurs parois fussent très-épaisses, mais ramollies en divers endroits. Le mari, M. Villement, a eu le mème sort; des palpita- tions du cœur affreuses, une difficulté extrême de respirer, une leucophlegmatie, et enfin il a péri suffoqué. Son corps ayant été ouvert en ma présence par MM. Cornac et Pierre Boyer, nous reconnûümes également que le cœur étoit très- gros, ses cavités étant agrandies, quoique leurs parois fussent considérablement épaisses; leur substance étoit molle; les trousseaux musculeux, ligamenteux et membraneux formant | les colonnes du cœur étoient très-gonflés et ramollis; le foie étoit d’un énorme volume et d’une texture molle. Le mésen- tère contenoit beaucoup de graisse, et en général les glandes lymphatiques étoient tuméfiées. Une sœur de madame Vlement est morte de la même manière. J’ai attribué la mort de cestrois personnes à l’atmos- ANÉVRISMES Du Cour. 67 phère pulvérulente des substances amilacées et nutritives des corps plus ou moins odorans, dans laquelle ces personnes étoient continuellement détenues; ce qui m'a paru d'autant | plus vraisemblable que généralement tous les ouvriers et ouvrières qui étoient dans ces ateliers paroïssoient plus gras, mais pâles et comme bouffis, et qu'il étoit probable que s'ils n’en avoient pas été aussi malheureusement affectés que les maîtres des laboratoires, c’est qu'ils n’habitoient pas la même maison et qu'ils respiroient souvent un air plus pur. Plusieurs observations prouvent que les poussières très- ténues peuvent être absorbées par les vaisseaux lymphatiques de la peau et des voies aériennes. M. Desgenettes en à donné la démonstration dans un petit ouvrage qu’il a publié à ce sujet. J’ai aussi, en parlant de la phthisie pulmonaire des perruquiers, des meüûniers, des vaneurs et cribleurs de blé, etc., rapporté plusieurs faits qui prouvent évidemment que cette absorption des corps pulvérulens par les vaisseaux lympbhatiques, a lieu et qu’elle est funeste à la plupart de ces ouvriers (1). Celle qui a fait périr la famille Villement n'étant pas aussi malfaisante, mais nutritive, a pu, après avoir donné au corps un énorme accroissement, surtout à la partie grais- seuse, occasionner un épaississement des parois du cœur avec ramollissement qui aura facilité l'agrandissement de ses cavités, et enfin aura produit la désorganisation que nous y avons observée. Autre exemple d’ampliation des ventricules et des oreil- lettes du cœur avec épaississement de ses paroïs. M. le comte (1) Observations sur la nature et le traitement de la phthisie pulmonaire, 2°. édit., tome IT, p. 49, » * 9 63 ANÉVRISMES pu Cour. de Lal**, âgé d'environ cinquante ans, d’une forte cons- ütution, très-gras et surtout ayant un ventre très-proémi- nent , ou atteint de phAysconte, avoit depuis long - temps divers engorgemens extérieurs qui paroissoient stéatômateux, plusieurs étant en forme de loupes au cou, aux aisselles, aux aines, et encore à d’autres endroits du corps. Ces tumeurs, plus ou moins considérables, disparurent après des traitemens divers : mais la santé ne se maintint pas long-temps. M. le comte de £al** maigrit, et eut une légère toux, de la gène dans la respiration et des palpitations du cœur qui devinrent en peu de temps très-violentes et qui augmentèrent de plus en plus, nonobstant divers remèdes que je lui prescrivis de con- cert avec M. Maloët. Liesjambes s’enflèrent, une leucophleg- matie générale survint; les palpitations du cœur et l'oppression de la poitrine étoient extrêmes et on ne pouvoit les diminuer que par les saignées; enfin le malade périt avectous les signes d’une hydropisie de poitrine, les palpitations du cœur ayant considérablement diminué, comme cela arrive souvent quand la maladie est avancée, ou que le cœur est dilaté outre mesures ; Le corps de ce malade fut ouvert par M. Cagnard, son chirurgien. Il reconnut, ainsi que M. Maloëf et moi, qui étions présens à cette ouverture, qu’il y avoit beaucoup d’eau épanchée dans la cavité de la poitrine; le cœur étoit d’an énorme volume et avoit perdu sa forme naturelle, ses quatre cavités étant très-amples et ses parois cependant con- sidérablement épaissies, car celles des ventricules avoient en quelques endroits près d’un pouce d'épaisseur, et celles des oreillettes, qui étoient très-amples, avoient aussi pris un ac- ANÉVRISMES Du Cour. 6 croissement extrême, les trousseaux charnus des cavités du cœur étoient généralement très-gros, les colonnes des vèn- tricules paroissoient gonflées et ramollies. Il nous parut que quelques-unes avoient éprouvé une solution de continuité. On voyoit dans les paroïs, après les avoir incisées en di- vers sens, des interstices entre les trousseaux musculeux qui étoient remplis de substances diverses en couleur et en con- sistance, comme cela a lieu dans les stéatômes. Ce cœur, après l'avoir vidé du sang contenu dans ses cavités, nous parut peser huit à neuf livres. Le mésentère étoit dans sa totalité très-épaissi et durci , et contenoït de pareilles matières; mais l’épiploon étoit si gros qu’on en évalua le poids de sept à huit livres. Il étoit plein de substances pareilles à celles dont j'ai reconnu la nature albumineuse, gélatineuse, mu- queuse , et graisseuse dans divers sujets, comme je l’ai dit dans mon Mémoire sur les maladies de lépiploon, imprimé dans le volume de l’Académie des Sciences, 1771, et que j'ai déjà cité. Q° F Je rappellerai ici la mort des deux frères Ÿ4£eZ, demeurant rue des Sainis-Pères, qui m'ont consulté à peu de distance près l’un de l'autre pourdes palpitations affreuses du eœur dont ils sont morts à l’âge de trente à quarante ans. M. Chiude- Michel Martin, leur chirurgien, qui en a fait Pouverture, a reconnu que les cavités de leur cœur étoient très - amples et leurs parois très-épaisses, surtout celles du ventricule gauche. Ces parois étoient généralement ramollies, très- inégales intérieurement, étant en quelques endroits fort saillantes, et en d’autres très-creusées, endroits dans les- quels les parois étoient si minces qu'on voyoit facilement le 70 ANÉVRISMES pu Coeur. jour à travers, il s’écouloit de ces parois une humeur sem- blable à celle de certaines loupes. J'ai vu d’autres familles chez lesquelles les palpitations du cœur étoient comme héréditaires, et je les ai attribuées à la même cause (1). Je les ai combattues par le traitement anti- scrophuleux, et j'ai eu des succès non équivoques. Je ne doute donc pas, d’aprèsle résultat de ces observations et d’autres encore que je pourrois rapporter, que ce ne soit à une espèce de vice stéatômateux dans le cœur qui en am- plifie et désorganise les parois , auquelil faut rapporter la cause fréquente de la dilatation de ses cavités, non-seulement sans diminution dans l’épaisseur de leurs parois, mais même avec âugmentation. | Un tel développement dans les parois du cœur n'empêche pas quelquefois qu’elles ne soient intérieurement et exté- rieurement recouvertes d’excroissances fongueuses en forme de végétations (2). J’en ai vu de bien remarquables; elles ressembloient à celles qu’on trouve quelquefois à la face in terne de la matrice, dans le nez, dans les voies aériennes, urinaires, et alimentaires surtout. J’ai parlé de ces fongosités dans mon Mémoire sur les excroissances fongueuses des in- testins et autres, imprimé dans le volume de l’Institut, année (2) J’ai dit, dans ma Dissertation sur les maladies héréditaires, que les vices dartreux et scrophuleux étoïent ceux qui se transmettent communément des pères aux enfans ou des nourrices à leurs nourrissons. (2) Vesale a dit, dans son immortel ouvrage sur la structure du corps humain, avoir trouvé des excroissances charnues, carnosas excrescentias, dans les ventri- cules d’un homme qui s’étoit long-temps plaint de douleurs du cœur et qui avoit éprouvé des li pothymies formidables. Ge grand anatomiste auroit-il pu confondre ces excroissances fongueuses avec de simples concrétions lymphatiques ? 2 AnÉvrisEs Du Coeur. “TT 1808 ; mais je n’y ai point LS de celles de cœur. Je me suis citant, convaincu quil sy en formoit prete de semblables. J'ai prouvé, par le résultat de plusieurs observations, que quelques-unes des excroïissances formées dans les voies ali- mentaires, aériennes et autres, s’étoient quelquefois déta- chées de la paroi à laquelle elles adhéroïent par parties plus ou moins considérables et avoient été rejetées par l’expecto- ration, par le vomissement, ainsi que par les selles, les voies urinaires et génitales. Ne pourroïit-on pas croire que le même effet pourroit avoir lieu quelquefois à l'égard des fongosités survenues à la face interne des cavités du cœur et donner lieu aux acci- dens les plus graves (1)? Mais pour avoir une opinion à cet égard , il faut que de nouvelles observations nous instruisent encore. Ce qu'il y a de certain, c’est que le vice stéatôma- teux oceasionne l’intumescence des parois du cœur d’une manière quelquefois si inégale, qu'il y a des parties de cet organe qui sont très-épaisses, tandis que d’autres ne le sont pas ou sont même plus ou moins amincies et affoiblies dans leur texture, ce qui les dispose à l'extension et enfin à la rupture, d'autant plus quelquefois que les substances stéa- tômateuses en s’altérant, produisent l’érosion ou Fulcération des parois du cœur, en y comprenant la cloison même des oreillettes et celle des ventricules, comme l’inspection de ces parties nous l’a prouvé. N'est-ce pas à cette cause qu'on. peut rapporter celle du trou dans le spi des ventricules (1) Riolan en étoit persuadé, Voy. Manuel anat., p. 354. Ds) Anévrismes pu Cour. du cœur, que quelques anatomistes ont observé dans des cadavres, particulièrement MM. Caëllot, professeur d'ana- tomie à Strasbourg, et Corvisart? J'ai aussi reconnu deux outrois fois dans la cloison des ventricules du cœur, dont les cavités étoient très-dilatées, et leurs parois considérablement augmentées d'épaisseur, que la cloison en avoit acquis une très- grande encore, et qu'ainsi que le reste des parois du cœur, il y avoit en elle des élévations et des excavations contre nature; ét que parmi celles-ci, il'y en avoit de si profondes, que la cloison paroissoit en être presque ouverte; à peine restoit-il quelque lamelle de sa substance. Dans un de ces cœurs que j'ai bien examinés, il y avoit au milieu de la cloi- son une perforation complète dans laquelle on äuroit pu introduire le bout du petit doigt; ainsi les deux ventricules communiquoient librement ensemble. Je crois que cette ouverture étoit un effet de la désorganisation morbide du cœur, d'autant plus que cette cloison et le reste des parois du cœur étoient considérablement épaissies et ramollies, avec de grandes inégalités en élévation où en excavation : mais alors le sang rouge du ventricule gauche et le sang noir du ventricule droit ne se mêloient-ils pas ensemble ? Cela n’est pas bien prouvé, où du moins ce mélange paroït de voirètre bien peu considérable, quand on sait que les deux colonnes de ce liquide parviennent en même temps dans les ventricules et qu’elles.en sont expulsées à la fois, par la contraction de leurs parois et par celle de la cloison du cœur elle-même qui se resserre alors dans tous les sens; jé ne suis pas convaincu, comme l'ont été quelques médecins, que ce mélange du sang puisse être assez considérable pour donner à sa masse une ANÉVRISMES DU COEUR. 13 couleur bleuâtre, et je doute beaucoup que ce füt par pareille cause que füt produite la couleur bleue qu'on a reconnue au menton d’unindividu. Neprovenoit-elle pas plutôt de quelque altération de la bile ? Ce qu'il y a de certain, c’est que beau- coup de personnes chez lesquelles on a trouvé le trou ovale bien ouvert, n’avoient pas eu la barbe bleue. Je reviens à l’objet principal de ce Mémoire et je dis que l'altération stéatômateuse du cœur n’a rien de plus particulier que. celle qu'on a observée dans tant d’autres parties qui contiennent, comme cet organe, beaucoup de glandes et de vaisseaux lym- phatiques ; elle peut être produite par les mêmes causes : peut-être cependant qu’une dilatation forcée des parois du cœur par la violence de la circulation peut la disposer en.oc- casionant la stagnation et l’altération du sang contre les parois dilatées ; ce qu'il y a cependant de certain c’est que quelquefois l'affection stéatômateuse du cœur n’est nulle- ment secondaire à cette cause, mais primitive, puisqu'on a trouvé les parois du cœur malades, désorganisées par le vice stéatômateux sans aucune ampliation de ses cavités. C’est par cette altération avec intumescence de ses parois que le cœur prend quelquefois une forme très-bizarre, qu'il acquiert un grand poids, et un volume énorme. On a vu des cœurs dont la pointe étoit presque aussi large que la base et même plus large (rnucrone quam bast latius, disoit de Haën, ratio medendt pars IV), dont l'un ou l’autre ventricule étolent extérieurement très-tuméfiés quoique leur cavité ne fût pas plus grande ; des cœurs ont pesé, au rapport de Senac, plus de quinze livres, quoiqu'ils fussent bien vides de sang. On en a vu qui avoient un volume si monstrueux, qu'ils Mém. du Muséum. À. 4. 10 74 AÂNÉVRISMES DU COEUR. soulevoient considérablement le sternum, les fausses côtes gauches; qui les avoient même détachées de leurs cartilages, - s'ils ne les avoient fracturées après y avoir produit des caries, non-seulement de ces mêmes côtes, mais même du sternum, des dernières vertèbres dorsales et des premières lombaires, ainsi qu'on l'a reconnu dans des sujets dont le cœur ou ses gros vaisseaux étoient énormément amplifiés. Des anatomistes, pour donner une idée du volume de ce viscère, l'ont appelé cor bubulum ou de bœuf (1) ; Sezac dit qu’un cœur étoit si volumineux qu'il avoit enfoncé le diaphragme et s’en étoit fait une espèce de capuchon, pour me servir de sa propre expression. C'est enfin aux substances stéatômateuses qu'il faut attribuer cet accroissement extrême du cœur plutôt qu'à l'excès de dilatation de ces cavités par le sang contenu en elles, puisque dans de pareils cœurs monstruenx par leur volume , très-souvent ces cavités ne sont pas plus amples que dans l’état naturel. ARTICLE SECOND. L’affection stéatômateuse du cœur ne doit pas être con- fondue, comme cela pourroit être fait facilement, avec les congestions morbides de graisse qu’on trouve quelquefois sur cet organe ou dans sa propre substance (2). En général, dans des personnes même assez grasses, on ne trouve que très-peu de véritable graisse à la base du cœur (x) Cor bovino majus Pozzx, cité par Lieutaud, Hist. Anat. med. Obs. 425. (2) Voyez les grandes recherches de Morgagni à ce sujet : cor præpingue ; de sed. et causis morbor. ANÉVRISMES DU Cour 75 et le long du sillon longitudinal qu’on observe à sa face convexe et à sa face plane ; sillon qui désigne le sepfum ou la cloison des ventricules du cœur; mais dans quelques au- tres cadavres cette graisse, sans aucune proportion avec celle du reste du corps, se ramasse en une quantité si grande que _le volume du cœur en est considérablement augmenté , cor adipe obrutum, dit Lieutaud (1), et par conséquent cette graisse gêne et trouble ses mouvemens. Mais ce n’est pas seulement à l'extérieur du cœur que la graisse s’accumule, on en trouve encore quelquefois une quantité plus ou moins grande, dans le tissu cellulaire de cet organe, qui contient ses fibres musculaires, ce qui ne peut avoir lieu sans mettre quelque obstacle à leur contractilité, de manière à l’affoiblir considérablement, ainsi qu'on voit que les gens très-gras qui ont des musclessurchargés de graisse sont moins agiles et moins forts que ceux qui en ont beaucoup moins, sans cependant être trop maigris; car alors les fibres musculaires trop rappro- chées les unes contre les autres ne jouissant plus de leur sou- plesse naturelle , sont moins susceptibles d'opérer de fortes contractions. Nous ajouterons encore que dans des sujets trop gras, les muscles sont en général plus mous et relâchés que dans l’état naturel; ramollissement qui a été particuliè- rement reconnu par Morgagni dans les fibres du cœur. J’en ai vu qui se rompoient à la plus légère distension; d’où il est résulté que les cavités de ce viscère trop chargé de graisse se sont dilatées, sans quelquefois que leurs parois se fussent amincies , ou même quoiqu'elles eussent acquis plus d’épais- seur qu'elles n’auroïent eu sans cette cause morbide. (1) Hist. Anat. med. , 1, IL, p. 18, art, 1v, 10 76 ANÉVRISMES Du Cour. On s’est assuré, par l'ouverture des corps, que l’altéra- tion du cœur dont je viens de parler étoit réellement pro- duite par la graisse, parce que non-seulement cette substance se fondoit dans l’eau bouillante et la surnageoïit quand elle étoit refroidie, mais encore parce qu’elle s’enflammoit lors- qu’on la jetoit sur des charbons allumés. Ce n’est pas seulement dans les personnes très-grasses qui ont le bas-ventre considérablement proéminent, dont le üssu cellulaire extérieur du corps en général est plein de graisse, ainsi que le mésentère, et le médiastin, ete., qu’on trouve toujours le plus de graisse dans le cœur; on en trouve aussi quelquefois beaucoup dans des corps très- maigres, dans des phthisiques même et qui avoient éprouvé, 4 pendant le cours de leur maladie, de violentes palpitations du cœur. J'ai remarqué dans quelques cœurs couverts extérieure- ment de graisse et qui en contenoient dans leurs parois, que leur cavité étoit plus dilatée dans les endroits graisseux que dans les autres, ce qui m'a paru démontrer que les parties saines du cœur avoient conservé plus de force que celles qui étoient graisseuses; d’ailleurs on pouvoit déchirer ces der- nières beaucoup plus facilement que les autres. Je finirai cet article sur l’intumescence du cœur par de la graisse , en faisant remarquer qu'on a trouvé cet organe, dans quelques cadavres , converti en une substance qui, au premier aspect, avoit beaucoup de rapport avec la graisse, mais qui, étant soumise à un examen plus précis n’en avoit nul- lement le caractère : cette substance ressembloit à celle que Thouret a reconnue dans les cadavres exhumés du cimetière | ANÉVRISMES pu Coeur. 57 des Innocens , et à laquelle on à donné le nom d’adipocire, substance que Ficg-d’Azir aussi avoit reconnue dans quel- ‘ques muscles des moignôns des extrémités amputées. Les parois du cœur d’une vieille femme, morte de palpi- tations de cet organe, que j'ai bien examinées, étoïent con- verties en une pareille substance ÉrAUs dans toute leur étendue, à LE) pointe complétement. Je n'ai pu la comparer ni avec a graisse, ni avec la substance des stéatômes du cœur dorit j'ai parlé précédemment mais je présume qu’elle avoit quelques rapports avec elle. M. Corvisart a également cité un exemple de cette conversion du cœur en adipocire dans son ouvrage sûr les Maladies du Cœur (page 185). k ARTICLE TROISIÈME. Les ouvrages d’Anatomie médicale contiennent divers faits qui prouvent qu'on a plusieurs fois trouvé le. cœur recou- vert, soitextérieurement, soit mtérieurement, per de fausses _meinbranes, et que. ses parois étoient ainsi plus ou moins épaissies et plus ou moins dures. Ces membranes sont quel- quefois si: fortement adhérentes et continues aux parois du cœur, qu’elles paroïssent en faire une partie naturelle ; l’ex- terne surtout est quelquefois si intimement réunie à cet organe, en même temps qu'elle est fortement attachée à la lame interne du péricarde, que le cœur a paru à quelques ana- tomistes, notamment à Duvernot (1), pour n’en pas citer (1) Mémoires de l’Académieïmpériale de Pétershourg , Comment. , t. IL, p. 188, sur un éléphant qui manquoit de péricarde. Voyez aussi les Mémoires de l’Aca- démie royale des Sciences, 1712, - 78 ANÉVRISMES pu Coeur. d’autres, manquer entièrement dans quelques sujets. Bien plus, ils ont cru qu’il y avoit des hommes qui étoient na- turellement dépourvus de péricarde, erreur que j'ai relevée avec raison dans mon histoire de l’Anatomie, en parlant de l’auteur que je viens de citer, et dans mon Anatomie médicale en traitant de la structure du cœur: quoi qu’il en soit, cette fausse membrane externe , qu’elle soit unie au péricarde et au cœur, ou qu’elle ne soit adhérente qu'au cœur , peut considérablement augmenter l'épaisseur de cet organe, quoique ses cavités soient plus ou moins agran- dies par état contre nature; c’est ce que j'ai plusieurs fois remarqué et après d’autres anatomistes. -Je dirai cependant que cette fausse membrane externe du cœur a été plus souvent trouvée après des inflammations du péricarde et du cœur, sans aucune espèce de dilatation des cavités de cet or- gane, que lorsqu'elles étoient agrandies. Il n’en est pas de même à l'égard de la fausse membrane qui se forme souvent à la face interne des oreïllettes et des r ventricules lorsqu'ils sont trop amples. Je l’ai vue et dé- montrée quelquefois dans des cœurs ainsi malades. N’est-il pas étonnant que de grands anatomistes n’en aient pas parlé, sachant, ainsi que tous les chirurgiens, qu'il s’en formoit une. pareille, très-souvent intérieurement, dans les sacs anévris- maux des artères ou variqueux des veines; concrétion mem- braneuse qui ne concourt pas peu à fortifier les vaisseaux sanguins trop dilatés, et à prévenir leur rupture pendant plus ou moins de temps. Une pareille fausse membrane se forme souvent dans les : cavités trop dilatées du cœur, et elle y acquiert d'autant plus ANÉVRISMES DU Coeur. 79 de densité et d'épaisseur qu'elle correspond au lieu le plus concave de la dilatation, là où la paroi est la plus amincie, par conséquent affoiblie et exposée à la rupture. Je lai vue cette fausse membrane, dans des cadavres dont le cœur étoit atteint d’un anévrisme considérable, quelquefois dans le ventricule droit et d'autrefois dans le gauche. Je l'ai aussi reconnue dans l'oreillette droite qui étoit très-agrandie, de sorte que je suis convaincu que cette fausse membrane se forme dans les cœurs trop dilatés, de la même ma- nière qu'elle se forme dans les vaisseaux sanguins égale- ment trop dilatés, comme si elle y étoit survenue pour sup- pléer à la ténuité de leurs parois. Cette fausse membrane y adhère quelquefois avec une telle intimité qu'on n’en peut détacher que quelques fragmens, même avec le scalpel. J'ai cependant pu, dans un cadavre, l'en séparer avec assez de. facilité dans la majeure partie de son étendue par rap- port à son peu d’adhérence avec les parois du cœur. Cette fausse membrane est d'autant plus adhérente à la face interne du cœur que celle-ci est plus inégale et couverte de faisceaux musculaires ou tendineux dont la fausse mem- brane augmente plus ou moins la grosseur. Si elle existe dans les ventricules, elle s’amincit à propor- tion qu'elle s'éloigne de la portion anévrismale du cœur et qu'’elles’étendsur la cloison qui sépare les ventricules , Comme pour former un sac complet; elle se prolonge aussi quelque- “ois dans les oreillettes et dans les grosses artères en s’amincis- sant de plus en plus. Si les oreillettes sont Variqueuses , la fausse membrane qui s y est formée se prolonge aussi quelquefois sur la face in- 80 ANnÉvrismes pu Coeur. terne des ventricules et dans les grosses veines qui sy abouchent et à plus où moins de distance; dans tous ces cas , soit que les fausses membranes parviennent des ven- tricules dans les oreillettes ou des oreillettes dans les ven- tricules , elles forment quelquefois une nouvelle couche aux valvules artérielles ou auriculaires , d’où il résulte que les unes et les autres s’épaississent alors considérablement , et que même les tubercules des valvules sigmoïdes en sont plus ou moins augmentés de volume. Cette couche membraneuse , qui revêt la face interne des cavités du cœur , est formée par la partie albumineuse de la Iymphe , laquelle, après s'être séparée de la partie rouge du sang , s’est plus ou moins complétement concrétée dans les lieux où la circulation de ce liquide étoit la plus ralentie. Ces concrétions se durcissent à proportion qu’elles se déga- gent de la sérosité de la gélatine et même de la partie rouge du sang qu’elles contiennent , et elles peuvent devenir si dures qu'elles ont été, dit Sezac , regardées comme indis- solubles, mais je ne sais, ajoute ce grand médecin (r), sur quel fondement, puisqu'elles ne résistent pas à quelques eaux minérales ; que la coënne du sang des pleurétiques, par exemple, ajoute-t-il, se dissout dans les eaux de La- motte, et que ces fausses membranes, par un principe de putréfaction qu'elles conservent, peuvent finir par se ramol- lir et se dissoudre. La fausse membrane interne des cavités du cœur paroït évidemment formée quelquefois de plusieurs lamelles ou (1) Sur la structure du Cœur, t. IT, liv. V, chap. 286. - où ANÉVRISMES Du Cour. 81 couches adhérentes les unes aux autres; elles sont plus dures du côté des parois du cœur que du côté de ses cavités, où elles sont baignées par du sang plus ou moins stagnant selon que la circulation de ce liquide y est ralentie. On ne peut douter que cela ne soit ainsi, d’où il résulte que la portion lymphatique albumineuse du sang se sépare de la partie rouge et se concrète successivement plus ou moins vite, selon que les excavations du cœur sont profondes, que la force des contractions de cet organe est diminuée et quelquefois aussi selon que la nature du sang même est plus ou moins viciée , comme nous le prouverons plus bas par le résultat de quel- ques observations. : Dans des cœurs plus ou moins dilatés, et dont des portions de parois étoient très-amincies et même ouvertes en quel- ques endroits, on voyoit que la fausse membrane étoit plus où moins épaisse , et qu'elle en bouchoit l'ouverture; c’est ce que j'ai observé dans les cœurs de madame de Chabannes ; de madame de Vevron, qui s'étoient rompus, et dont j'ai parlé dans mon Mémoire de 1784, et dans d’autres cœurs encore que j'ai examinés depuis la lecture de ce Mémoire, ce qui coïncide avec ce que je viens de dire et avec ce qu’on a observé dans des anévrismes de quelques artères dont ces nouvelles fausses membranes avoient pu retarder la rupture. J'ai fait la même remarque dans d’autres cœurs qui ont même fini par être oblitérés totalement, lors surtout que le sang pouvoit passer dans des artères collatérales, ainsi que cela est arrivé aux carotides, comme l'ont prouvé des observations rapportées par #Wlis et Antoine Petit (Acad. des Scienc. 1766), et comme nous en avons recueilli un autre exemple Mérm. du Muséum. t. 4. IT 82 ANÉvVRISMES pu Cœur. dans un cadavre à l’égard d’une artère fémorale qui étoit en- tièrement oblitérée, comme si elle étoit devenue ligamen- teuse, les collatérales étant très-dilatées. On croiroit d’abord que les fausses membranes qui se for- ment dans le cœur, intérieurement ou extérieurement, doi- vent augmenter la force de ses paroïs, puisqu'elles en aug- mentent l'épaisseur ; mais bien loin que cela soit toujours ainsi, si toutefois cela est d’abord, elles finissent par se ra- mollir et s’altérer plus ou moins, soit parce que la circula- tion dans les vaisseaux coronaires, ne se faisant pas alors librement, une partie de la sérosité du sang qu’elles con- tiennent s'épanche dans le tissu cellulaire des fibres muscu- laires des parois du cœur, les ramollit et les relâche, soit parce qu’en même temps les fausses membranes qui se sont formées dans le cœur éprouvent une altération dans leur tissu au point de se ramollir considérablement et de se con- vertir en une substance puriforme , comme je l’avois quel- quefois observé; d’où il résulte que ces fausses membranes, quoiqu’elles augmentent l'épaisseur des parois du cœur, finissent par les affoiblir considérablement; par conséquent ces parois sont alors moins capables de résister à leur extension et à leur rupture. N'est-ce pas à cette portion lymphatique plus ou moins concrétée, qu'il faut rapporter ces prétendus polypes qu'on a regardés comme la cause de divers maux et de la mort même de plusieurs malades, mais qu’on ne considère au- jourd’hui, d'aprèss Morgagnt, Haller , Senac et un très- grand nombre d’autres anatomistes, que comme de vraies concrétions lymphatiques qui se sont formées au moment ANÉverismes pu Cour. 83 ou après la mort, et souvent dans dés sujets dont le cœur n’avoit éprouvé aucune espèce de dilatation ? ARTICLE QUATRIÈME. Il n’y à rien de plus fréquent que de trouver les parois da cœur, lorsqu'elles ont plus d'épaisseur que dans l’état naturel, pleines de sang, non-seulement dans les artères et les veines coronaires, mais encore dans tout leur tissu, ce satig tfariss ‘ sudant même quelquefois, soit de la face externe de’ cet organe dans la cavité du péricarde , soit de la face interne dans ses ventricules et dans ses oreillettes. J’en ai plusieurs fois été frappé ; mais ce que j'ai le plus souvent remarqué ; c’est que le sinus de la grande veine coronaire en étoit considérablement rempli et gonflé. J'ai poursuivi, par la dissection autant que je l’ai pu, son tronc, ses branches et plusieurs de ses rameaux, et je les ai également trouvés pleins de sang; assez amples quelquefois dans les parois même du cœur pour qu'on püt y introduire plus où moins profondément une petite plume ou un stilet. Les artères, elles-mêmes, étoient également remplies et dilatées par le sang, en même temps que ces vaisseaux, qui sont d’au- tant plus tortueux et grèles que le volume du cœur est moindre , avoient pris plus de longueur; qu’ils contenoient plus de sang et que les cavités du cœur étoient plus amples dans toutes leurs dimensions, leurs paroïs ayant acquis une épaisseur bien plus considérable que dans l’état naturel , au lieu de s'être amincies comme on eut cru devoir les trouver. Un tel développement dans les vaisseaux du cœur m'a 11e 84 ANÉVRISMES Du COEUR. rappelé celui des veines et des artères de la matrice pendant la grossesse. Ces vaisseaux utérins, alors pleins de sang, sont beaucoup plus gros et moins tortueux qu'ils ne le sont hors l’état de grossesse. Je nomme les veines les premières, parce que je crois que c’est en elles que la stagnation du sang commence d’avoir lieu. Les parois de la matrice s’amplifient en épaisseur et dans le reste de leur étendue, à proportion que leurs vaisseaux. sanguins se développent én grosseur et en longueur. Ces ob- servations que j'ai faites dans mon Mémoire sur la matrice de la femme grosse, dans l’édition que j'ai publiée des Es- sais anatomiques de Lieutaud en:1777 (1), avec-une figure des vaisseaux utérins, peuvent être rappelées ici, dre quelque rapport au sujet de ce mémoire. Mais d’où peut provenir l’extrème développement des vaisseaux coronaires qu’on observe dans quelques cœurs dont les cavités sont très-dilatées ? Proviendroit-il quelquefois dela compression que le sang ramassé outre mesure dans ces ca- vités feroit sur les veines de leurs pape internes, plus su- perficielles que leurs artères, ou bien n’y auroit-il pas en- core d’autres causes qu'on pourroit signaler, et qui opèrent cet effet ? La première cause, sans doute, peut y concourir, puis- qu'il est prouvé par divers faits que lorsque les veines d’une partie sont comprimées, le sang s’y ralentit ou même s’y ac- cumule, et que, de proche en proche, les artères qui y cor- respondent. se remplissent aussi de sang; et n'est-ce pas (1) Tome IT, planche IV, fig. 1. & ÂNÉVRISMES Du Cour, 85 ainsi que la circulation de ce liquide étant gènée et ralentie, dans les veines utérines des femmes grosses, ces veines étant une fois remplies de sang, les artères moins soumises à la compression , sen remplissent aussi et les parois de la ma- trice se tuméfient? Cela ne survient-il pas également à l’égard de l'estomac et autres organes creux, dont les parois sont quelquefois considérablement plus épaisses que dans l’état naturel, lorsque leurs cavités sont extrêmement ampli- fiées ? Divers faits nous ont prouvé qu’alors, très-souvent, les veines étoient comprimées par des obstructions voisines, par de fausses membranes qui se sont formées dans le cœur, où par d’autres causes encore. Nous avons aussi établi dans notre Mémoire sur le Me- læna où maladie noire, que les matières fuligineuses que les: malades rendent par les selles et par le vomissement sont du vrai sang qui vient des artères même, ne pouvant circuler dans les veines correspondantes, plus ou moins obstruées ou comprimées par des causes particulières. J'ai reconnu, à l'égard de la pléthore extrême des vais- seaux coronaires dans des cœurs dilatés, qu'elle étoit souvent réunie à l’endurcissement de la valvulve coronaire de l’oreil- lette droite, ou au rétrécissement du sinus par l’induration cartilagineuse ou osseuse de ses parois , quelquefois par des indurations diverses dans le cœur même. Je citerois des faits que j'ai pu observer dans des cadavres pour mes démonstra- tions ou dans ceux des. personnes qui avoient éprouvé de très-fortes palpitations du cœur, réunies aux divers symptômes de l’argine pectorale, ce qui m'a donné lieu de croire que très-souvent cette maladie , sur laquelle on a tant écrit 86 ANÉVRISMES DU CoEURr. dans ces derniers temps, avoit particulièrement son siége dans le cœur, opinion que le célèbre Brera a adoptée en rappor- tant mes observations, réunies aux siennes : il amèême cru pour cette raison devoir appeler l’angine pectorale la stérocardie. Une autre cause non moins remarquable de la dilatation des vaisseaux coronaires que j’ai aussi plusieurs fois reconnue dans des cadavres, mérite une attention particulière ; c’est, la congestion du sang dans l'oreillette droite du cœur plus'ou moins dilatée, lorsque celui qu’elle contient ne sort pas librement pour couler dans le ventricule droit : elle reste dans un état de plénitude plus ou moins considérable, suffi- sant pour empêcher que le sang, que le sinus de la veine coronaire et les veines innominées y conduisent, s’ÿ intro- duise du moins complétement, ce qui donne lieu à la plé- thore des veines coronaires et consécutivement à celle des artères du même nom. J'ai si souvent vu les vaisseaux des parois du cœur très- dilatées, en même temps que l'oreillette droite étoit pleine de sang, que le récit de ces observations me paroît superflu. J'ajouterai seulement qu'alors les veines hépatiques se trouvent dans un état de plénitude sanguine extrême et que le foie, dans de pareils sujets, en est plus où moins en- gorgé, ce qui explique pourquoi, dans cette sorte de cas, la jaunisse survient quelquefois ; pourquoi il y a une intu- mescence plus où moins douloureuse dans l’hypochondre droit provenant de celle du foie, particulièrement du lobe horizontal ou épigastrique; et enfin pourquoi les malades éprouvent, à divers intervalles, une sensation de faim plus ou moins incommode, espèce de fringale, qui les porte à ANÉvRISMEs pu Cour. 87 manger fréquemment, quelquefoissans pouvoir la faire cesser, ou du moins pour peu de temps. Le diaphragme n’étant plus aussi bien soutenu lorsque l'estomac est vide d’alimens, les palpitations souvent redoublent. Tel a été l’état de plusieurs malades que j'ai vus, et par- ticulièrement celui de M. Maupertuis (rue Meslée ), pour lequel j'ai été appelé avec MM. Corvisart et Jeannet-des- Longrois , et que j'ai ensuite soigné seul. La saignée par des sang-sues, même réitérée quoique le malade fût atteint d’anasarque, fut le remède réellement prophylactique. Elle ralentit d'abord les palpitations du cœur et diminua ensuite lanasarque, moyennant les diurétiques qu'on fit prendre au malade. Cette saignée rendit la respiration plus libre et les palpi- tations du cœur furent considérablement diminuées. Ce ma- lade vécut encore plusieurs années, moyennant quelques soins qu'on lui donnoit de temps en temps. # - Les veines jugulaires sont aussi susceptibles d’une extrême : dilatation, surtout la droite, lorsque l'oreillette et le ventri- cule droits du cœur sont remplis par le sang et dilatés outre mesure. J'en avais fait la remarque sur plusieurs malades, lorsque je fus consulté pour M. CAénier, membre de l’Ins- titut. Les palpitations du cœur qu'il éprouvoit , étoient très- violentes, et il étoit souvent très-jaune avec œdématiedes extrémités. Il voulut savoir de moi quel étoit son état. Je sais,me dit-il, assez d'anatomie pour vous entendre ; parlez- mor franchement. Jene pus m'empêcher de lui répondre que je croyois qu’il y avoit en lui une dilatation des cavités du cœur, principalement de l'oreillette droite et du ventricule & 88 ANÉVRISMES pu Cour. correspondant ; que le sang dont ces cavités étoient remplies empéchoit celui des veines jugulaires d’y affluer librement et les mamtenoit dans un état de dilatation permanente ; qu’il falloit empêcher l'augmentation pléthorique de ces vais- seaux par quelques saignées plus ou moins éloignées, dans l'intervalle desquelles on lui prescriroit quelques remèdes rafraichissans et tempérans et peut-être encore d’autres d’après les circonstances où il se trouveroit. Je joignis, à tout cela, mon avis sur son régime un peu sévère et sur ses exer- cices qui devoient être très-modérés, moyennant lesquels il pourroit prolonger son existence et la rendre bien meilleure. M. Chénier n'écouta, mais il ne suivit pas toujours mes conseils. Je lai vu une fois atteint d’une leucophlegmatie générale qui ne se dissipa que par une copieuse saignée du bras et ensuite par l’usage de quelques doux diurétiques. Ge traitement ne surprendra pas ceux qui considéreront que l’'hydropisie provenoit d’une excessive dilatation du cœur et d’une gène extrême des poumons. Cependant la dilatation du cœur ayant fait des progrès, ainsi que celle des jugulaires qui avoient un battement très- considérable, correspondant non-seulement aux contractions de l'oreillette droite du cœur, mais encore au temps de l’ex- piration, M. Chénier fut atteint d’une nouvelle leucophleg- inatie qui finit par une hydropisie de poitrine (1), dont il mourut, dix ans après ma première consultation. Son corps ayant été ouvert par MM. Beauchène fils et J. P. Martin, nous reconnümes ce que j'avois déjà annoncé, que les cavités du cœur étoient très-amplifiées, celles surtout (1) Leucophlegmatiæ hydrops supervenit, Hipp. 74, sect. vir. ANÉvRISMESs pu Cour. 89 du ventricule droit et de l'oreillette du même côté; que les vaisseaux coronaires, les veines hépatiques et jugulaires étoient aussi considérablement dilatés et pleins de sang. Nous obser- vàmes aussi que le cœur avoit pris un énorme volume, par l’ampliation de ses cavités avec épaississement et ramollisse- ment de leurs parois. On voit, par ces faits et par tant d’autres que les médecins anatomistes peuvent connoître, qu’une des causes principales de l’agrandissement des cavités du cœur avec surcroît d’épais- seur dans ses parois, peut provenir de l’extrême dilatation et plénitude des veines coronaires , par rapport au rétrécis- sement de leurs orifices dans l'oreillette droite et par rapport à l’engorgement sanguin permanent de ce sac membrano- musculeux. | ARTICLE CINQUIÈME. Enfin nous dirons que les parois du cœur peuvent acqué- rir plus d’épaisseur et d'amplitude dans toutes leurs dimen- sions , par des infiltrations séreuses et autres, ainsi que par des hydatides , comme nous l'avons plusieurs fois évi- demment remarqué non-seulement dans des cadavres dont le péricarde contenoiït beaucoup d’eau, mais encore dans d’autres dont ce sac membraneux ne contenoit que très-peu . de sérosité. Je l’ai aussi reconnue, cette infiltration des parois du cœur, dans le corps d’un homme qui étoit mort d’une hydropisie de poitrine, après avoir éprouvé les divers symp- tômes du scorbut. Morgagni a parlé de quelques hydatides assez grosses trouvées däns les cavités du cœur, dont quelques-unes Mém. du Muséum. 1 4. oI 90 ÂNÉVRISMES DU CŒUR. étoient adhérentes à la pointe d’un des ventricules et d’autres en divers endroits du cœur (1). Nous en avons aussi trouvées intérieurement non-seulement dans plusieurs endroits de ces cavités, mais encore dans le tissu même de leurs parois et à la face externe du cœur le plus souvent. Ces hydatides sont ordinairement d’une grosseur inégale, les unes comme une petite tête d’épingle et les autres comme de petits pois et plus grosses encore; certaines sont remplies par une subs- tance jaunâtre, granuleuse, plus ou moins compacte et véri- tablement stéatômateuse. J’ai reconnu dans des cadavres, dont les paroïs du cœur. étoient infiltrées d’une abondante sérosité jaunâtre, une ample dilatation des oreilleites et des ventricules. Cepen- dant les parois des ventricules étoient incomparablement plus épaisses que celles des oreillettes qui y poussoient le sang. On ne peut expliquer alors la grande dilatation des ventricules qu'en admettant dans leurs paroïs un extrème affaiblissement , tel enfin qu’on le reconnoit quelquefois à l'ouverture des corps par cause d'infiltration et par les autres causes dont nous avons parlé. C’est sous ce point de vue que les anévrismes doivent être considérés comme pas- sifs, puisque quelque foible que soit alors l’action du sang contre les paroïs des cavités du cœur, elle est encore trop forte pour qu'elles puissent y résister sans être distendues outre mesure et quelquefois même sans se rompre. Tel est le résultat de nos observations sur les anévrismes du cœur dans lesquels les paroïs de cet organe au lieu d’être (1) Epist.; IL, art. 26, XXV, 15, et ailleurs. ANÉVRISMES pu Coeur. (ops amincies ont conservé leur épaisseur ordinaire ou en ont ac- quis une plus grande. Nous dirons, pour nous résumer, que ces observations prouvent : 10, que les cavités du cœur ne s’amplifient pas uniquement par l'effort que le sang contenu en elles fait sur leurs parois ; 20, Que très-souvent ces cavités acquièrent plus de capacité, lors même que leurs parois prennent plus d’épaisseur par un vice stéatômateux quis y porte ou qui s’y développe, comme en plusieurs autres organes, par une mauvaise disposition, quelquefois d’origine ; 30. Que les parois du cœur peuvent acquérir un surcroît d’é- paisseur par un excès de graisse ou par de fausses membranes ; 4°. Que l'agrandissement des cavités du cœur avec épais- sissement de leurs parois provient souvent de l’engorgement des veines et artères coronaires dont le retour du sang dans l'oreillette droite est diminué ou même presque intercepté; 50. Que la dilatation des cavités du cœur peut provenir des infiltrations séreuses et purulentes ainsi que deshydatides. L'application des résultats de ces observations à la pra- tique de la médecine m’a paru digne de la plus grande at- tention. En effet, si l'on parvient à fondre ou à résoudre des tumeurs stéatômateuses dans les glandes du cow, des aisselles, des aines, des mammelles ; si l’on détruit des engorgemens de même nature dans le mésentère, dans l’épiploon, dans la matrice , dans les ovaires chez les femmes, dans les testi- cules chez les hommes , comme on l’a si souvent vu arriver par des traitemens qui ont été prescrits, ainsi que je l'ai 120 92 ANÉVRISMES Du CoEUR. particulièrement exposé dans mon petit livre sur le rachi- tisme , et comme encore M. Sa/mnade Va bien prouvé dans son ouvrage sur les maladies de la lymphe, où sont consignées plusieurs importantes observations analogues, pourquoi donc la médecine ne parviendroit-elle pas à détruire les engorge- mens de même nature lorsqu'ils se sont formés dans les parois du cœur, et dont on peut, par les symptômes con- comitans ou précédens , connoître l'existence ? Du doute sur cette importante question, j'ai passé à la conviction , d’après le résultat des observations, que le même traitement, bien modifié selon les circonstances relatives aux fonctions du cœur, à la nature de la-maladie et à la consti- tution du malade, pourroit être prescrit avec un égal succès. Mais comme les observations doivent nous servir de guide dans toutes nos conséquences, surtout lorsqu'il s’agit de prescrire des remèdes contre une maladie très-dangereuse, j'ai cru devoir consulter les miennes, n’en trouvant pas tou- jours dans les auteurs qui pussent me diriger à cet effet : elles m'ont appris que divers malades atteints de la phthisie scro- phuleuse la mieux prouvée par l'existence des intumescences glandulaires au cou, aux aisselles, aux aînes, quelquefois avec des difformités dans la charpente osseuse , et qui éprou- voient des palpitations du cœur violentes, avoient été ce- pendant très - heureusement guéris par le traitement dou- cement administré qui avoit fondu d’autres congestions stéatômateuses, c’est-à-dire par les mercuriaux réunis aux amers et aux anti-scorbutiques long-temps prescrits, auxquels j'ai quelquefois réuni les exutoires et un long usage de l’eau seconde de chaux, mêlée aux diverses boissons. Ces inté- ANÉVRISMES Du Cœur. O3 ressantes observations sont consignées dans mon ouvrage sur la phthisie pulmonaire. D’autres exemples de palpitations du cœur par intumes- cence stéatômateuse de la rate et du foie, heureusement traitées par les mêmes remèdes, ont été rapportées dans mon livre, sur les maladies de ce dernier organe. On dira peut-être que dans ces cas et dans d’autres encore dont j'ai déjà parlé, le cœur n’étoit affecté que secondairement, peut-êtremême sympathiquement par la seule correspondance des nerfs, puisque les malades éprouvoient des symptômes qui indiquoient que la cause principale existoit dans d’autres organes; cela peut être, en effet; mais ces observations n’en sont pas moins importantes. La pratique nr’a fourni des observations. plus directes des maladies scrophuleuses du cœur dans des sujets, chez lesquels elles s’étoient clairement manifestées par les symptômes les plus positifs de sa lésion organique, sans que les malades eussent éprouvé aucuns accidens qui pussent indiquer que d’autres viscères remplissant des fonctions importantes, fussent affectés. , J'ai donc traité des ab atteints de fortes palpitations du cœur avec inégalité et intermittence dans le pouls, une extrême difficulté de respirer, des foiblesses syncopales, sans autres symptômes différens de ceux qui provenoient de la dilatation du cœur; malades sur le sort desquels je croyois d’abord n’avoir rien à espérer; mais ayant reconnu en eux des signes d’engorgement dans le cou, dans les viscères ab- dominaux, quelquefois avec une conformation vicieuse dans la charpente osseuse de la poitrine surtout, je leur ai pres- crit le traitement que j’avois si heureusement éprouvé dans 04 ANÉVRISMES Du Coeur. d’autres cas relatifs aux affections scrophuleuses, sans négli- ger de recourir aux anodyns et même aux légères saignées pendant ou dans l'intervalle du traitement si elles étoient nécessaires, et j'ai obtenu, j'ose le dire, des succès presque inattendus. Le fils d’un négociant de Marseille, M**, âgé d'environ vingt-six ans, éprouva une violente palpitation du cœur, après une maladie psorique, qu'il avoit contractée à l’armée et qui avoit été très-maltraitée. Il avoit les glandes lympha- tiques du cou et d’autres parties du corps très-tuméfiées et durcies. Tout annonçoit en lui un vice scrophuleux con- sécutif, et je ne doutai pas, d’après les symptômes qui existoient, que les parois du cœur n’en fussent particuliè- rement affectées. 1 Après quelques vésicatoires et une saignée, je conseillai l’usage des mercuriaux réunis aux anti-scorbutiques et aux amers, sans négliger celui des sulphureux intérieurement et extérieurement, et quelquefois encore des anodyns opiacés. Les palpitations du cœur diminuèrent peu à peu, ainsi que tous les autres symptômes. Le malade fut enfin guéri radi- calement, après un long traitement. Je ne doute pas que dans ce malade les parois du cœur n’aient commencé d’être affectées par le vice stéatômateux dont d’autres parties du corps étoient déjà atteintes. J'ai traité le fils d’un marchand de la rue St.-Denis, âgé d’en- viron neuf ans, rachitique, ayant une déviation de l’épine bien apparente, la poitrine mal conformée, le côté gauche un peu enfoncé vers le cœurtet le droit très-proéminent, avec saillie considérable du sternum et déviation de l'extrémité infé- ANÉVRISMES Du Coeur. (oh rieure de cet os à droite, les extrémités des côtes sternales et les os du poignet gonflés, des intumescences dans les glandes du cou etdes aisselles, le bas-ventre dur et saillant. Cet enfant étoit d’une maigreur extrême, et éprouvoit des saignemens du nez et de violentes palpitations du cœur. Il me fut amené en consultation par sa mère. Je crus, après un mür exa- men, devoir lui conseiller d’abord une petite saignée, son pouls étant dur et plein, et ensuite l’usage des mercuriaux réunis aux amers et aux anti-scorbutiques sous forme de sirop, comme je le prescris ordinairement. J'y joignis l'usage de petites frictions mercurielles d’un gros tous les deux, trois ou quatre jours. Get onguent. étoit fait avec un tiers de mer- cure, deux tiers de beurre de cacao, avec addition d’un sixième d’opium gommeux (1). Environ six semaines après, on me ramena cet enfant dans un meilleur état quant aux intumescences glanduleuses ainsi qu'à l'égard des palpitations du cœur qui étoient diminuées et moins fortes. Je conseillai de continuer le traitement, mais à de moindres doses encore, et d’y réunir l'usage de deux ou trois pilules tous les jours, composées, chacune, de deux grains d'assa-fætida, autant de sel sédatif de borax (acide boracique), et d’un dixième de grain d’opium gommeux, enfin quelques demi-bains tièdes, deux ou trois par semaine. Ce traitement long-temps prolongé fit cesser les palpita- tions. enfant reprit de l’embonpoint; le gonflement des extrémités osseuses diminua, la taille parut moins courbée, (1) Selon la méthode de Grillo, qui avoit réuni l’opium à sa pommade vé- nérienne, avec Le sublimé corrosif, 96 ANÉVRISMES pu Cœur. le bas-ventre moins dur et moins tuméfié; enfin j’eus des succès presque inattendus. On trouvera, parmi mes observations sur le rachitisme, plusieurs faits importans et analogues à ceux que je viens d'exposer. Ils prouveront que des palpitations du cœur par vice vénérien bien prononcé ont été guéries par le mercure doucement administré intérieurement et par de petites frictions à de longs intervalles, et encore lors- que ces palpitations n’avoient pas lieu ou qu’elles étoient peu prononcées. J’en ai eu un exemple remarquable dans un jeune homme de famille bien connue, que j'ai traité avec M. Salmade, et pour lequel M. Pelletan fat aussi consulté. Le corps de ce jeune homme étoit couvert de pustules vénériennes, et ses glandes maxillaires, axillaires et ingui-. nales très-gonflées. Il crachoït du sang et avoit des palpita- tions du cœur affreuses. Cependant il fut guéri par des fric- tions mercurielles à petite dose et plus ou moins éloignées, secondées de quelques légères saignées par les sangsues de temps en temps, par l'usage des anodyns opiacés, des adoucissans, le lait d’ânesse surtout. Enfin il paroît par le résultat de ces observations et d’au- tres que nous pourrions rapporter encore, si nous ne vou- lions abréger ce Mémoire, qu'on peut parvenir à guérir des dilatations du cœur bien prononcées provenant du vice stéa- tômateux par le traitement dont je viens de parler. Mais sans doute qu’il faut l’administrer avant que la dés- organisation du cœur soit portée à un degré trop avancé; car alors par quel remède pourroit-on guérir un aussi grand mal? ANÉVRISMES Du Coeur. 97 c'est dans ces cas, plus que jamais, qu’il faut le prévenir sil est possible, et non attendre qu'il soit confirmé. Je dirai avant de terminer ce Mémoire, pour mieux faire connoître le véritable traitement des dilatations du cœur par le vice scrophuleux et pour ne pas le confondre avec ceux qui sont utiles contre d’autres espèces de dilatations ; je dirai, qu'ayant évidemment reconnu une dilatation du cœur ( annoncée par de vives palpitations), compliquée du 21ce scorbutique le plus intense chez M. le vicomte de A/ont*, auquel je donnois des soins habituels, Bouxart, après avoir fait saigner deux fois pour diminuer l’action du sang contre les paroïs du cœur, à la suite desquelles saignées les palpitations de cet organe devinrent ainsi moins fortes; ce grand médecin crut devoir lui prescrire les anti-scorbutiques éprouvés avec quelques gradations relativement à la com- plication de la maladie, et qu’il la guérit après un long traï- tement de ce genre. On conçoit que dans les cas où les parois du cœur ne se- roient affoiblies que par l'excès de sang contenu dans leur épaisseur ou dans les cavités des oreillettes ou des ventricules, ce qui seroit indiqué par tous les symptômes de la pléthore bien prononcés, il n’y auroïit que les saignées, les tempé- rans et les calmans à prescrire, et que c’est par cette con- duite que les médecins tiennent si souvent alors, et que j'ai tenue moi-même plusieurs fois, que l’on obtient des succès complets, dans de jeunes sujets surtout, mais d’autres fois seu- lement avec des avantages temporaires, comme cela m'est arrivé à l'égard de MM. Chénier et Maupertuis, dont j'ai parlé précédemment, pour ne pas citer d’autres exemples, Mém. du Muséum. À. 3. 13 98 ANÉvRISMES Du COEUR. J'ai vu de jeunes femmes qui éprouvoient de légères palpi- tations du cœur aux approches de leurs époques menstruelles : elles cessoient lorsque le flux périodique étoit bien établi. L'une d’elles devenue grosse, éprouva des palpitations du cœur très-violentes et qui devinrent presque continues; ce n’étoit qu'à force de saignées qu'on les modéroit. Après ses couches, suivies d'énormes vidanges, elle jouit de la meilleure santé , n’éprouvant aucune palpitation remarquable; cette dame a cessé de faire des enfans; ses palpitations n’ont eu lieu qu’à l'époque des règles et ont été peu considérables; enfin elles n’ont cessé qu'après le temps appelé criique, et moyennant encore quelques saignées que des frémissemens du cœur avoient annoncé être nécessaires. Des palpitations de cet organe survenues par cause d'in- filtration, dans des personnes œdémateuses ou atteintes d'autre hydropisie, ont été plusieurs fois guéries en augmen- tant la sécrétion des urines ou autres excrétions à la faveur de divers remèdes prescrits sous ce point de vue; tels que la digitale donnée graduellement, tantôt en infusion, tantôt en extrait, en teinture; l’oximel scillitique dans les infusions ou décoctions des plantes diurétiques, etc. Les derniers ouvrages de nos grands médecins sur les maladies du cœur contiennent divers faits qui sembleroient prouver que les martiaux ont été heureusement administrés contre les palpitations du cœur; mais on en a trop étendu l'usage; Sezac même n’a pas évité cette erreur. Ce remède convient cependant particulièrement à quelques jeunes filles chlorotiques atteintes de palpitations du cœur et dont le bäs-ventre est quelquefois dur et proéminent. On réunit ANÉVRISMES Du Cour. 09 alors aux martiaux les savonneux avec grand succès, sans négliger l'usage des sangsues, s’il est nécessaire, pour sup- pléer en quelque manière au flux périodique. Je ne puis m'empêcher de dire encore ici que diverses palpitations du cœur m’ayant évidemment paru provenir du refoulement du diaphragme vers la poitrine par intumes- cence des viscères abdominaux, du foie et de la rate prin- cipalement, je suis parvenu à les diminuer et enfin à les faire disparoître; 1°. par des saignées légères, mais réitérées de temps en temps par le moyen des sangsues, quand les palpitations du cœur n’étoient pas violentes, et par la saignée du bras quand elles étoient intenses; 20. par lusage des apéritifs les plus. doux fréquemment tirés des plantes chi- coracées et anti-scorbutiques, des eaux minérales de Vichy, de Sedlitz quelquefois, comme légèrement purgatives, et par une longue prescription des savons médicinaux, des doux mercuriaux, etc. Enfin si les palpitations du cœur existoient sans aucun de ces vices organiques, mais seulement par une trop grande sensibilité des nerfs, et une extrême irritabilité des fibres musculaires du cœur, quelquefois avec douleur de cet or- gane, et il en est un très-grand nombre de cette espèce sur- tout chez les enfans qui sont dans le travail de la dentition, ou qui ont des vers, chez les femmes et même chez les hommes de tout âge et par une multitude d’autres causes, elles exigeroient des calmans divers relatifs à la nature très-diffé- rente du stimulus qui moleste les nerfs du cœur (1). (1) On liroit peut-être avec intérêt l’histoire d’une maladie nerveuse avec de 197 100 AÂNÉVRISMES DU Coeur. Si les palpitations et autres affections morbides du cœur, provenoient d’une simple affection venteuse dans laquelle Le colon et autres intestins seroient remplis de gaz, par suite d’un excès de sensibilité des nerfs, comme je pourroïs en citer des exemples remarquables, on conçoit qu'alors tous les traitemens stimulans fondans, dépuratifs, seroient con- traires, et qu’il n’y auroit de vrais remèdes, que les tempé- rans, les anodyns, les calmans diversifiés selon les causes et degrés de cet excès de sensibilité et d’irritabilité, sans né- gliger toutefois la saignée, si la pléthore étoit prédominante. Je rappellerai, avant de finir ce Mémoire, des traitemens heureux de palpitations du cœur, qu'on commencçoit à consi- dérer comme provenant d’un vice organique, et qui n’étoient produites que par des vers dans les voies alimentaires, que les malades ont rendus heureusement sans qu’on"eüt reconnu leur existence, et d’autres fois qu'on a réellement guéris en prescrivant pour cet objet les vrais anthelmintiques. Enfin des palpitationsdu cœur affreuses, survenues dans diverses fièvres, ont été guéries par le quinquina. J'ai tenu une note assez exacte des divers faits de ce genre que ma pratique m'a fournis; je ne les cite ici, je le répète, que pour mieux faire connoiître les différences de toutes ces maladies du cœur, pour ne pas les confondre avec celles qui sont l'effet de la désorganisation de cet organe par l’alté- ration de ses parois souvent avec excès d’épaississement , objet principal de ce Mémoire. vives palpitations du cœur par une affection bilieuse, dont madame d’Aumont de Saumur a été heureusement guérie, dans mon ouvrage sur les Maladies du foie, p. 447. ANÉvRISsMEs Du Coeur. IOI Combien donc le traitement de nos maux ne sera-t-il pas perfectionné quand on saura l’approprier à leurs causes, à leurs espèces et à la disposition des malades. C’est en cela D: Ë ë ue consiste la vraie médecine ; elle n’est, autrement, qu’un 7 2 2 aveugle empirisme. 102 OBSERVATIONS ‘SUR LE SUC DE CAROTTES, DAUCUS CAROT 4. PAR M. LAUGIER. Ac mois de novembre 1807, MM. Fourcroy et Vauquelin lurent à l'Institut un Mémoire sur l'analyse chimique de l'oignon (allium cepa). Gn se rappelle que ce Mémoire renferme plusieurs faits intéressans. Ses auteurs reconnurent dans le suc d’oignon la présence d’une certaine quantité d'huile et de soufre aux- quels ils attribuèrent l'odeur et la saveur fortes qui carac- térisent ce végétal; ils y constatèrent l'existence du citrate de chaux qu'on n'avait point encore rencontré dans les vé- gétaux, et celles d’une matière végéto-animale, ainsi que d’une petite quantité d'acide phosphorique. Mais parmi les faits qui y sont rapportés, aucun ne me semble plus remarquable que l’altération dont ce suc est susceptible , altération spontanée , puisqu'elle a lieu sans l'addition d'aucun ferment, et qui donne naissance à des substances qui n'y existaient pas auparavant. Par suite de cette altération, il se forme dans le suc d’oi- gnon une quantité considérable de vinaïgre, et la matière sucrée se convertit en manne où principe particulier que Suc pe CaroïrTes. 103 M. Thénard a proposé de nommer mannite pour la distin- guer des autres matières sucrées qui à l’aide de la levüre de bière éprouvent la fermentation alcoolique, propriété que la mannite ne possède pas. Ce fait, le premier de ce genre qui ait été observé, et dont les auteurs du Mémoire ont tiré des considérations im- portantes sur l’origine de la manne, méritoit de fixer l’atten- tion des chimistes; il semble leur imposer l’obligation de faire connoitre les faits semblables que leurs recherches pourroient leur offrir. ë C’est dans cette persuasion que je crois devoir commu- niquer à la société l'observation qui est l’objet de cette note. J’avois exprimé de 4 kilogrammes de grosses carottes de Flandres, 2 kilogrammes de suc, dans l'intention d’en faire l’analyse. a J'avais jeté ce suc sur un filtre à travers lequel il ne pas- soit qu'avec beaucoup de lenteur, à cause d’une matière très-visqueuse qui bouchoit les pores du papier. Des occu- paüons d’un autre genre m'ayant détourné d’y donner mes soins, j’avois été quelques jours sans l’examiner. Lorsque j'y revins, je trouvai que le suc avoit éprouvé une altération très-marquée. Avant d’être altéré, il avoit l'odeur qui est propre au végétal dont il provenoit, et une saveur très-sucrée. En ce moment l’odeur qui y dominoit étoit celle du vi- naigre, et sa saveur étoit à peine sucrée. Il étoit encore trouble quoiqu'il eût déposé dd. matières, l'une jaune pulpeuse, visqueuse, prise en masse comme de la glu, adhérente comme celle-ci à tous les corps qui la # 104 Suc DE CAROTTES. touchoient, et insoluble dans l’eau; l’autre blanche, pulvé- rulente et semblable à de l’amidon. Cette liqueur, au lieu d’avoir une couleur, brunûtre, comme avant son altération, étoit devenue blanchätre. Ne pouvant plus faire usage de ce suc altéré pour l’ana- lyse, je voulus du moins constater l'espèce d’altération qui avoit eu lieu. Je le distillai dans une cornue de verre, et j’en retirai une quantité assez considérable de vinaigre. Je saturai cet acide par la potasse, et je le convertis en acétate de cette base, qui en avoit toutes les propriétés. J'évaporai ensuite le résidu de la distillation jusqu’à ce qu'il se prit en une masse tremblante, comme gélatineuse, qui se dessécha à l’air en matière brunätre élastique. Cette matière que j’enlevai tout d’une pièce, offroit dans sa partie qui touchoit à la capsule, une cristallisation radiée, dont une portion placée sur la langue y laissoit la saveur légèrement sucrée et nauséabonde de la manne dont elle avoit également l'odeur. Cette remarque me rappella l'observation faite par 1 MM. Fourcroy et Vauquelin sur le suc d’oignon, et j’avisai aux moyens de m’assurer si le phénomène qu'ils avoient remar- qué dans le suc d'oignon n’avoit pas eu lieu dans le suc de carottes. L'alcool chaud devoit remplir mes vues à cause de la fa- cilité avec laquelle il dissout la mannite, sans toucher à la substance gommeuse ou amylacée qi je présumais y être mêlée. Je pris donc cinq grammes de la matière Lt élastique Suc Dr CAroTTEs. 105 résultant de l’évaporation du suc altéré, je la divisai en la triturant avec de l'alcool, et lorsqu'elle fut bien délayée, je chauffai le mélange. Les quatre cinquièmes de la matière se dissolvirent dans Valcool, il ne resta qu'environ un gramme d’une matière sèche, pulvérulente. L'alcool étoit fortement coloré en brun rougeûtre, et par le refroidissement il s’en déposa de petits cristaux sous la forme de mamelons, colorés comme la liqueur de laquelle ils s’étoient séparés, et qui avoient la saveur sucrée de la manne. Par une seconde et une troisième évaporation j'obtins de nouveaux cristaux semblables aux premiers. Je les réunis, et les fis dissoudre à plusieurs reprises dans de nouvelles portions d'alcool; à chaque fois ils avoient moins de couleur, et abandonnoient par ce moyen la matière qui les coloroit, évidemment plus soluble que la mannite dans l'alcool, et qui ne s’en séparoit pas comme celle-ci par le refroidisse- ment. . Je parvins ainsi à obtenir la mannite du suc de carottes altéré dans l’état de pureté; quoïqu'elle ne soit pas tout-à- fait aussi blanche que celle retirée de la manne en larmes, elle n’en présente pas moins toutes ses autres propriétés. J'ai préparé pour objet de comparaison et par le même procédé de la mannite pure, et l’on peut voir qu’elle ne diffère de celle fournie par la carotte que par la nuance de couleur. La saveur, l'odeur , la cristallisation de ces deux substances sont parfaitement identiques. Comme on pouvoit objecter que peut-être la mannite Méin. du Muséuns, À. 4. 14 106 Sue DE CAROTTES. préexistoit dans le suc de carottes, et qu’elle n'étoit pas le produit de son altération, j'ai voulu prévenir cette objection en examinant ce suc non altéré. % J'ai préparé du suc de carottes et je l'ai évaporé au fur et à mesure qu’il passoit à travers le filtre. J’en ai obtenu un extrait mielleux, sur lequel l'alcool n’a exercé qu’une très- foible action; peu de matière s’y est donc dissoute, et ce qui a refusé de se dissoudre avoit l’aspect d’un mucilage. Craignant que ce mucilage ne s’opposât au moins en partie à l’action de l'alcool sur la matière sucrée, je dissolvis le tout dans l’eau, et j'y versai de l'alcool qui en sépara la ma- tière gommeuse. La liqueur décantée avoit une couleur jaune, elle fut évaporée à siccité, le résidu fut redissous dans l'alcool et soumis plusieurs fois à une évaporation ménagée; mais malgré ces précautions je ne pus parvenir à en retirer aucune portion de mannite, d’où l’on peut conclure avec assurance qu’elle n'existe pas dans le suc frais, et qu'elle n’est réelle- ment que le produit de son altération. Ainsi le suc d’oignons n’est pas le seul qui présente le phé- nomène observé pour la première fois par MM. Fourcroy et Vauquelin; le suc de carottes et vraisemblablement d’autres encore, se comportent d’une manière semblable. On peut présumer que les matières sucréesnon cristallisables ‘sont surtout susceptibles de ce genre d’altération, que vrai- semblablement n’éprouveroit pas le sucre proprement dit et cristallisable comme celui de la canne, de l’érable et de la betterave. Néanmoins il seroit intéressant de faire des expériences à Sue DE CAROTTES. 107 . l'effet de constater si le sucre cristallisable suffisamment étendu dans l’eau, et dans la dissolution duquel on ajoute- roit des matières vécéto-animales de la nature de celles qui se rencontrent plus abondamment avec les matières sucrées incristallisables, n’éprouveroit pas lui-même une semblable altération. ® À quelle substance doit-on attribuer le changement qui s'opère dans les sues d'oignons et de carottes? il y a lieu de penser avec quelque raison qu'il est dü à la matière végéto- animale qui sy rencontre. | Les auteurs du Mémoire cité ont remarqué une substance de cette nature, coagulable par la chaleur et analogue au gluten. J’ai trouvé également dans le suc de carottes une matière végéto-animale, floconneuse, d’un blanc grisâätre, insoluble dans l'alcool, peu soluble dans l’eau, mais qui délayée dans ce liquide devenoit acide au bout de quelques jours. : Cette matière desséchée à une douce chaleur a pris une couleur brunâtre et est devenue cassante. Introduite dans un tube de verre fermé par son extrémité inférieure , et à l'extrémité supérieure duquel j’avois adapté un bouchon de liége qui maintenoit deux morceaux de pa- pier, l’un bleu et l’autre rougi par un acide, cette matière s’est promptement décomposée en exhalant une vapeur am- moniacale qui a ramené au bleu le papier rougi. Cette ex- périence ne laisse point de doutes sur la nature de cette substance et sur la présence de l'azote. | D’après cela n’est-on pas fondé à la considérer comme la cause de l’altération du suc de carottes? 14* 108 Suc DE CAROTTES. MM. Fourcroy et Vauquelin ont conclu de leurs expé- riences que la mannite pouvoit bien n’être que le produit de laltération du suc des frênes sur lesquels on la recueille; ils appuient cette présomption de l’observation que les mannes du commerce encore récentes ont l'odeur du vinaigre. La même conjecture peut être tirée de notre expérience. Mais on sent que pour la changer en certitude, il fau- droit répéter nos expériences sur le sue de frênes, recueilli sur le lieu même, au moment où l’on favorise son excrétion, et s'assurer si la manne y existe avant qu'il soit altéré. S'il en étoit de ce suc, comme de ceux de l’oignon et de la carotte, on seroit autorisé à conclure avec certitude que la mannite n'appartient pas à la classe des principes immédiats. des végétaux, parmi lesquels elle a été jusqu'à présent rangée. 83 J’aurois bien désiré pouvoir présenter à la Société l'analyse complète du végétal dont je viens de l’entretenir, j'en avois l'intention, mes occupations ne m'ont point permis de la remplir. Mais je n’ai pas cru devoir différer de lui communiquer une observation qui n’a d'autre mérite que de confirmer un fait important, puisqu'il tend à fixer les idées des naturalistes sur l’origine d’une substance dont la médecine fait un utile et fréquent usage. 109 DU MACAQUE DE BUFFON. PAR M. FRÉDÉRIC CUVIER. J usqu’A l’époque où MM. Geoffroy et G. Cuvier publièrent leur premier travail sur les Quadrumanes on n’avoit ‘point eu l’idée de former un genre des singes qui se rapprochent du Macaque de Buffon. Ils distinguèrent les premiers, par des caractères particuliers, ces animaux‘des autres quadrumanes de l’ancien monde. La crète sourcillère, le degré d’aplatis- sement de la tête, l’angle facial, furent Le principaux carac- tères communs qu ils leur Re ae L'étude de ces animaux m'avoit montré que les Macaques diffèrent des Guenons, et ressemblent aux Babouins, par leurs dernières molaires qui ont un talon à leur partie pos- térieure; et que d’un autre côté ces animaux diffèrent des _Babouins, et ressemblent aux Guenons, par leurs narines ouvertes en arrière de la lèvre supérieure : ce Sont ces carac- tères que je leur donnai dans mon travail sur les dents; mais je vis alors aussi que les espèces de ce genre étoient peu connues, que leur synonymie, dans la plupart des auteurs, manquoit d’exactitude, et qu'il étoit nécessaire de les étudier de nouveau. J’ai été dans le cas de m'occuper de ce travail, et ce sont les résultats de mes observations sur l’espèce du T10 pu MacaqQue. Macaque de Buffon, que je me propose surtout de faire con- noître aujourd'hui dans ce Mémoire ; mais auparavant je crois devoir dire un mot du genre auquel cette espèce appartient. - Les Quadrumanes qui se rapprochent par leurs caractères de l’espèce du Macaque forment avec lui un groupe très- naturel qui se distingue nettement de celui des Guenons et de celui des Babouins; mais qui leur est intermédiaire et qui semble, pour ainsi dire, servir entre eux de lien. On n’a ja- mais été embarrassé pour les distinguer des derniers, mais il n’a pas toujours paru facile de les séparer des autres; c’est pourquoi nous nous attacherons surtout à montrer par quels traits ces animaux se distinguent des Guenons. En général les Macaques adultes sont trapus, lourds et taciturnes, bien différens en cela des Guenons si remarquables par leur pétu- lance et leur légèreté; mais ces traits les rapprochent des Babouins dont la pesanteur et les formes épaisses font un des principaux caractères. Les Guenons ont les parties postérieures beaucoup plus éle- vées que les antérieures, ce qui n’est point favorable à la marche à quatre pattes; les Babouins, au contraire, sont con- formés pour ce genre de marche, à peu près aussi favora- blement que les carnassiers : leurs quatre membres sont d’égale Jongueur; et les Macaques leur ressemblent encore à cet égard, beaucoup plus du moins qu’ils ne ressemblent aux Guenons. Les Macaques ont une nouvelle ressemblance avec les Babouins par la queue qui ne se relève pas au - dessus du niveau du corps, excepté quand elle est très-courte, ou par sa base, lorsqu'elle a quelque longueur; tandis que les pu. MaciAque. 111 € Guenons qui ont toujours cet organe extrêmement long, le relèvententièrement et le ramènent en arc par-dessus leur dos. La tête des Macaques est aussi plus forte proportionnelle- ment à la grandeur du corps, et plus rapprochée des épaules que celle des Guenons, et c’est encore un rapport nouveau des Macaques et des Babouins : ceux-ci sont en effet remar- quables par l’énormité de leur tête et la brièveté deleur cou. On trouve encore dans les organes des sens quelques rap- ports entre les Macaques et les Babouins; par exemple chez ces animaux la conque externe de l'oreille commence à s’allonger en pointe; chez les Guenons, elle conserve, à peu d’exceptions près, la forme arrondie que nous lui voyons dans l’homme. - Enfin les Guenons peuvent s’apprivoiser et s’adouair à l’aide de quelques soins, et on les voit assez rarement se livrer à cette lubricité qui paroït si naturelle aux autres singes. Les Macaques au contraire portent ce désordre fort loin : de plus ils conservent une indocilité que la crainte des châtimens peut seule parvenir à vaincre; et l’on sait quelle est en tous genres la brutalité des Babouins. Je parle des Macaques et des Babouins adultes : tant que ces-animaux sont jeunes, ils ne manquent pas d’une certaine gentillesse ; mais une fois formés, ils deviennent assez souvent très-mé- chans, et les derniers sont plus dangereux quelquefois queles animaux féroces. Buffon est le seul auteur, du moins que je sache, qui ait décrit l'espèce du Macaque d’après des individus vivans, et qui en ait donné des figures; mais comme il n’avoit eu sous ses yeux que deux mäles, l’un adulte et l’auire jeune, en 112 pu MacAque. comptant son aigrette pour un Macaque, qui en effet n’ap- partient point à une espèce particulière, comme on le verra par la suite, il n’a pu en présenter qu'imparfaitement l’his- toire et d'autant plus qu'ayant confondu ce singe avec d’au- tres espèces il lui a attribué des caractères fort étrangers. Je vais donner successivement la description d’un mâle et d’une femelle adultes, d’une femelle au moment de sa naissance, d’un individu mâle dans sa deuxième année, et d'un autre mâle d’environ trois ans. Je montrerai ensuite combien peu l'on étoit fondé à établir, comme on l’a fait, la synonymie de cette espèce. Le Macaque mâle adulte a de l’origine de la queue à l’ex- trémité du museau, environ 18 pouces, et la queue n’est guère que de la longueur du corps. Sa hauteur au train de devant et au train de derrière est de treize pouces. Toutes ses proportions, comme nous l'avons dit, sont lourdes et trapues, et surtout aux parties antérieures ; il a la tête large, aplatie en dessus, et très-forte, à proportion du corps; le museau est court, obtus, le nez plat, et une forte crête, qui s’avance au-dessus des sourcils, couvre Îles yeux; les doigts sont réunis par une membrane jusqu’à la deuxième phalange. Il se tient à quatre pattes ou assis sur les callosités de ses fesses, mange dans l’une ou l’autre de ces attitudes, soit en portant les alimens à sa bouche avec ses doigts, soit en les ramassant avec sa bouche elle-même, avant d’avaler il rem- plit toujours ses abajoues, et il boit en humant; il dort ou couche sur le côté et reployé sur lui-même, la tête entre les jambes, ou assis avec le dos courbé et la tête appuyée sur la poitrine. $a voix est un cri rauque qui peut éclater dans la co- pu MAcAQuE. 119 ière avec beaucoup de force; mais lorsqu'il n’exprime qu’un sentiment paisible il fait entendre un petit sifflement assez doux. Les couleurs sur toutes les parties supérieures du corps résultent du mélange d’un jaune doré avec du noir sur un fond gris, c’est-à-dire que son pélage a une teinte brun-verdätre, un peu pâle; toutes les parties inférieures sont d’un gris blanchâtre ainsi que le côté interne desmembres. La queue est noirâtre; les pieds sont entièrement noirs et la face est livide et à peu près nue; mais entre les deux yeux se trouve une partie beaucoup plus blanche que celles qui l’environnent, et c’est un des caractères assez remarquables de l'espèce. Des poils verdâtres, courts, s’avancent sous les po- mettes, comme des favoris. La tête ne présente ni aigrette ni crête; les poils du sommet sont couchés uniformément d'avant en arrière, et les poils des‘joues qui sont gris et rares se dirigent en avant. Le tour de la prunelle est brun. Les parties de la génération sont couleur de chair, le gland est simple, et le scrotum très-volumineux. Les canines sont très- fortes et très-longues. Cette espèce est une de celles qui ré- sistent le plus aux moyens qu’on emploie pour soumeitre et apprivoiser les singes. La femelle est sensiblement plus petite que le mâle; elle n’a guère que quatorze pouces de longueur; ses proportions sont plus ramassées. Sa tête est plus petite, et sa crête sour- cillère n’est pas à beaucoup près aussi saïillante, quoiqu’elle recouvre également les yeux. Elle a deux mamelles sur la poitrine, et ses parties de la génération ne paroiïssent point entourées, à l’époque du rut, de ces exubérances si remar- quables et quelquefois si monstrueuses chez d’autres espèces Mérn. du Muséum. 1. 4. 15 114 Du Macaque. de Macaques, de Babouins et même de Guenons. Les canines sont petites et ne dépassent pas les incisives, caractère de toutes les femelles du genre; sa face est entourée de poils gris longs et droits qui lui donnent un air hérissé que wa point le male. Les poils du sommet de la tête se dirigent vers la ligne moyenne et forment là une crête assez élevée qui s'étend du haut du front à l’occiput, ce qui forme le caractère de l’aigrette. Du reste cette femelle ressemble en- tièrement à son mâle, elle en a les habitudes, le caractère, etc. Le mâle et la femelle dont je viens de donner la descrip- tion se trouvaient dans des loges contiguës, et pouvoient se voir; ils annonçoient la meilleure intelligence, et bientôt ils furent réunis. L'un et l’autre étant adultes, habitués à l’es- clavage et en bonne santé, l’accouplement eut lieu; et dès lors j'eus l’espoir que la femelle concevroit, et qu'on pour- roit suivre, sur les petits qu'elle mettroit au monde, le déve- loppement de son espèce. En conséquence j’ordonnai qu’on la sépareroit de son mâle, dès qu'elle paroitroit le fuir ou dès qu’elle ne montreroit plus de menstruation. Ces animaux vécurent ensemble environ une année, s’accouplant chaque jour trois ou quatre fois à la manière à peu près de tous les autres quadrupèdes. Pour cet effet le mâle empoignoit la femelle aux talons, avec les mains de ses pieds de derrière, et aux épaules avec ses mains antérieures, et l’accouplement ne duroit que deux ou trois secondes. La menstruation n'ayant plus reparu vers le commencement d’août, cette fe- melle fut soignée séparément; et pendant les quatre-vingts jours qui suivirent, aucun accident n’eut lieu : les mamelles se gonflèrent et le ventre prit son accroissement sans que la ce) pu Macaouer. 115 santé de l'animal en parût altérée; enfin dans la nuit du 16 au 17 octobre 1817, elle mit bas un Macaque femelle très- développé et fort bien portant; il avoit les yeux ouverts, ses ongles entièrement formés, et ses mouvemens étoient libres; mais il ne pouvoit point se soutenir et restoit couché; on ne . lui a pas entendu jeter de cris. Cependant sa mère ne l’adopta point, il ne fut pour elle qu'un animal étranger; rien ne la porta à lui donner des soins; elle ne manifesta d’aucune ma- nière le besoin de l’alaiter, et l’abandonna bientôt entière ment. J’avois craint cette aberration de l'instinct : je savois que chez les animaux en esclavage, lorsqu'ils ne sont pas sou- mis jusqu'à la domesticité, les facultés de l'intelligence s'al- tèrent au plus haut degré. On essaya donc d’alaiter ce jeune Macaque artificiellement; mais il ne vécut que jusqu'au: len- demain. La mère ne parut point souffrir du lait qui remplis- soit ses mamelles et qui s’écoula en grande partie au dehors; après le quatrième jour ces organes s’affaissèrent; et tout porte à penser maintenant qu’elle pourra nous donner encore de nouveaux produits de sa race : le ru a reparu dix jours après la naissance du petit. Il est peu vraisemblabe que la gestation n'ait duré que depuis l’époque de la dernière mens- truation jusqu'à celle de la mise bas, ce qui auroit fait environ trois mois, une autre espèce de ce genre ayant eu une portée de sept mois; il faudroit donc:conclure que la menstruation de notre Macaque reparut plusieurs fois depuis la conception. Voici la description détaillée du jeune animal qui nous occupe. Longueur du corps: des callosités au sommet de la tête... 6 pouces 3 lignes. de la tête : de l’occiput au bout du museau. a 7 de la queue : de son origine à son extrémité... .... 7 9 ——— de la jambe : du genou antalon:..:..,..,,...., 2 4 116 pu Macaoue. Longueur de la cuisse : du genou à la tête du fémur......, 1 pouces pa lignes. du pied : du bout du grand doigt au talon....... 2 PA de l’avant-bras : depuis le coude à l’art. du poignet. 1 121 ——— du bas : de l'épaule au coude................. 12 » de la main : du bout du grand doigt au poignet... 1 8 La tête de ce jeune Macaque est longue d’arrière en avant comparée à sa largeur de droite à gauche; le museau est saillant, mais le front est droit; sa peau avoit une teinte livide, excepté entre les yeux où elle est blanche; tous ses poils étoient noirs; les parties supérieures du corps en avoient le plus, mais nulle part ils ne couvroient assez la peau pour qu’elle ne se vit pas. Les parties inférieures étoient presque entièrement nues. Le poil de l’extrémité de la queue paroissoit le plus long et la terminoït en une mèche. Au sommet de la tête il s’écartoit de la ligne moyenne en se dirigeant oblique- ment en arrière, et il se réunissoit ensuite à l’occiput en une sorte de crête. On voyoit deux petites mamelles sur la poi- trine; les callosités étoient saillantes, mais non encore calleuses. = Pendant le cours de la première année il paroîtroit, à en juger par le jeune mâle que j'ai examiné, que le museau s’allonge et que la tête se rétrécit sans qu’il se forme de crête sourcillère ; que les incisives se développent, et que les pre- mières caninescommencent à paroître à la mächoire inférieure. Le pélage verdûtre de l'adulte remplace, dès la première mue , le pélage du nouveau-né; excepté à la partie antérieure du sommet de la tête ; mais la face n’est point encore entourée à cette époque de ces poils épais quise montreront par la suite. Dans l'individu que je décris, on voit au sommet de la tête le caractère dé l’aigrette: une crête produite par la conver- gence des poils. L’intervalle qui sépare les yeux est toujours pu MaAcAqQue. 117 blanc; et les organes génitaux ne difièrent de ceux de l'adulte que par moins de développement. Ce jeune Macaque a de la gaieté, mais la méchanceté perce déjà au travers de ses jeux. La longueur de son corps est de onze pouces, et toutes ses parties sont à peu près dans les proportions de celles de l'adulte. A la troisième année le Macaque ressemble beaucoup à la femelle adulte par les proportions et par la taille, si j’en juge par l'individu de cet âge que j'ai possédé; mais le front n'est point encore en saillie au-dessus des yeux; les canines ne dépassent pas non plus les incisives, et on voit au-dessus des sourcils des restes du pélage noir qui y forme une bande assez marquée. Le dessus du nez et de la partie des paupières qui en est voisine conserve le blanc assez pur que nous avons vu dans cette partie chez tous les individus que nous venons de décrire. Ses couleurs sont les mêmes que celles de la fe- melle et sa face est aussi entourée de poils gris et hérissés. Ses organes génitaux sont à peu de chose près semblables à ceux de l'adulte. Cet animal est doux, mais il est déjà pesant et triste. L'espèce du Macaque paroït être assez commune, elle arrive fréquemment en Europe aujourd'hui, et vraisembla- blement du Sénégal ou de la côte de Guinée. Il est difficile de croire qu'il n’en ait point été question dans les récits des voyageurs ou dans les descriptions des naturalistes. Cependant malgré tous les soins que je me suis donnés, pour trouver dans ces récits quelques faits qui lui appartinssent exclusive- ment, je n'ai rien pu découvrir, si ce n’est peut-être le Cer- capithèque de Jonston dontLinneusa faitson$. cyrocephalus; et je n'aurai pas beaucoup de peine à montrer que les singes qu’on a donnés pour des Macaques ne se rapportent pas plus 118 Du MAcAQUE. à cette espèce qu’à toute autre, ou appartiennent certaine- ment à des espèces différentes. ‘ Buffon fut le premier qui nous induisit en erreur sur la syno- nymie du Macaque, par lenom même qu’il donna à cet animal. Ilcrut qu'il parloit ducercopithecus angolensis major de Marc- grave, qu'au Congo, dit cetauteur, on nomme Macaco, et il est évident que les traits de ce singe à queue, ne conviennent point à celui de Buffon. Marcgrave dit de cet animal: rares habet bifidas elatas,caputursino simule... caudam semper portat arcuatarn… crura quatuor æqualis.… mire gesticulatur. Rien ne convient moins en effet à l’animal que je viens de décrire que ces narines fendues et élargies, cette tête d’ours, cette queue toujours portée en arc, et cette pétulance ex- traordinaire. En effet, comme nous l'avons vu, le Macaque a le nez des guenons, c’est-à-dire, qu'il n’a rien de saïllant, que les narines consistent en deux fentes obliques dont les bords ne se relèvent point, et qu'elles ne sont séparées que par un cartilage extrêmement simple qui ne présente aucun sillon, aucune coupure. Sa tête ronde, sa face large ne rap- pellent nullement la tête d’un ours, allongée comme celle d’un chien, et si, par la queue portée en arc, Marcgrave entend, relevée sur le dos, à la manière des Guenons, ja- mais Macaque ne porta ainsi la sienne. Enfin ces animaux, même dans leur jeune âge, né sont point extraordinairement gesticulateurs, ils sont, comme je lai dit, habituellement tristes et taciturnes. Tout ce que Marcgrave nous apprend de son Cercopi- thèque conviendroit beaucoup mieux à un Babouin qu’à tout autre singe. La tête de ces animaux est forte et allongée comme celle des ours; les narines en sont très-ouvertes, et pu MAcAQUE. 119 elles sont réellement séparées, dans plusieurs espèces, à leur partie supérieure par une échancrure sensible; leurs membres sont d’égale longueur, mais ils ne portent pas non plus la queue relevée sur le dos, ce qui pourroit faire penser que Marcgrave entend simplement par arcuatam la forte cour- bure que la queue des Babouins présente à sa base où elle se relève, dans les espèces qui en ont une longue; et notre auteur ajoute que celle de son Cercopithèque avoit un pied; enfin les jeunes Babouins ( et il s’agit ici d’un animal dont la longueur de la tête à la queue n’excédoit guère un pied), sont assez remuans et très-grimaciers. Linnæus, suivant toute apparence, avoit aussi pensé que cet animal étoit un Cynocéphale par le nom de cyromolgos qu'il lui donne, et il en est de même de Brisson qui le PAGOi dans ses Con pique cynocéphales, Si notre critique est fondée, ainsi que nous osons le croire, il faudra regarder à l’avenir, comme étrangères au Macaque de Buffon toutes les espèces dont l'existence repose sur celle de Marcgrave et qui jusqu'ici lui ont été rapportées. C’est- à-dire le Cynomolgos de Einnæus, le Macaque de Jonston et le Makaque de Brisson, le Cercopithecus angolensis major de Rey, celuideBarrère, le Zare lippeddePennand , etc., etc. Buffon commet une autre erreur en pensant que le premier Cercopithèque cynocéphale de Brisson est le même que le Makaque de cet auteur, et par conséquent son Macaque; ce premier Cercopithèque est le petit Papion de Buffon et le Babouin cynocéphale, décrit depuis par M. Brongniart, espèce très- distincte, quoique plusieurs auteurs se soient encore refusés à l’'admettre. Nous avons eu occasion de le faire peindre et de le décrire, comparativement avec le 120 pu MAcAQUuE. grand Papion de Buffon, dans son jeune âge et dans son âge adulte, Mais ce Cynocéphale n’est point celui de Linnæus. Le Cyn. de cet auteur est le Cercopithèque de Jonston qui nous paroit être un Macaque, comme nous l'avons dit plus haut. D'un autre côté, Buffon rapporte son aigrette, qu'on ne doit regarder avec lui que comme une variété de son Macaque, au Sénie aigula d'Osbeck, adopté par Linnæus, et par la plupart des autres auteurs systématiques. Il est impossible cependant de se faire une idée exacte de ce qu'est ce Sata aigula de Java. Osbeck ne le décrit point, et les traits par lesquels il le caractérise ne permettent pas de le rappro- cher d'un autre genre que de celui des Guenons. Erxleben donne pour un Macaque le singe que Perrault désigne comme le premier de ceux qu'il décrit, et qui étoit évidemment une Guenon, puisque la queue étoit de six pouces plus longue que le corps, les oreilles petites et rondes, et la face aplatie. Il résulte de cet examen que malgré toutes les citations des auteurs, l’histoire du Macaque de Buffon est encore ren- fermée dans la description que Daubenton en a donnée, et qu'on ne peut plus, sans perpétuer une erreur, désigner cet animal, comme on l’a fait jusqu à ce jour, par le nom de Cynomolgos. Quant à celui de Macaque, commeil paroit que c’est le nom générique que les Portugais donnent aux quadrumanes, et particulièrement aux singes, il peut rester sans inconvénient à l'espèce à laquelle Buffon l’a donné ; nous le lui conserverons donc, et nous proposerons de substituer à celui de Cynomolgos celui d’{rws, assez convenable, à ce qu'il nous semble, pour un singe dégoûtant de saleté, d'im- pudeur et d’effronterie. HN “ | FE 7 D. Emaculitus . D. Muilhimaculitts D, Ncthemerus. DIODONS.PZ . 11. \ Zaurillard del, Zont 4 = —— V na: 4 ft a : _—_—— Eva EE D. Tigrinus D ; ‘a Ms ÿ A > - = D, Rioulatus : D, L-maculaluis. TPE PA DICRONES HAT I2Y SUR LES DIODONS, Vulgairement ORBES - ÉPINEUX. PAR M G. CUVIER. O, a commis sur l’anatomie des diodons les mêmes erreurs que sur celle des tétrodons; on leur a supposé un mode de respiration différent de celui du reste des poissons, et des organes particuliers destinés à faire gonfler leur corps. Tout nouvellement encore un auteur estimable (1) répète l’as- sertion erronée de Broussonnet (2), que les organes du gon- flement des diodons sont des sacs moins celluleux que des poumons et ressemblans à des vessies rangées en grappes; et les erreurs plus anciennes et plus nombreuses du père Plumier, que ces poissons manquent de branchies frangées ; que leur peau est doublée d’une membrane celluleuse; qu’ils ont des poumons au-dessus de la vessie aérienne; que leur péritoine communique avec l'ouverture branchiale, et ren= ferme une sorte d'épiploon, qui lui-même enveloppe les viscères. Bloch assure avoir trouvé l'estomac de ces noie garni de nombreux appendices. D’après de telles idées, les diodons seroïent en quelque (x) Bloch., Sysé, ichéyol., p.511. (2) Journal de Phys., tome XXVI. Mém. du Muséum. 1. 4. 16 122 sur LES Diopons. facon des monstres anatomiques; mais rien de tout cela ne supporte le moindre examen. M. Geoffroy a fait voir (r) que les tétrodons s’enflent en avalant de l'air, et en remplissant. de ce fluide un énorme estomac à parois très-minces, qui occupe toute la face ven- trale de l'abdomen, et s’y colle étroitement au péritoine. Il n’est pas étonnant d’après cela qu’on les gonfle en soufllant dans l'ouverture des branchies ainsi que Bloch l’a remarqué au rapport de M. le comte de Lacépède (2). De plus ceux qui auront ouvert l'abdomen auront entamé sans s’en aper- cevoir la paroi ventrale de cet estomac, qu'ils auront con- fondue avec le péritoine, et auront pris pour un épiploon l'autre paroi du même viscère, celle qui répond au dos et au-dessus de laquelle sont la vessie natatoire et les intestins. Ce qui est vrai des tétrodons, l’est aussi des diodons ; ils ont de même un très-grand estomac, à parois minces, im médiatement enveloppé par un péritoine susceptible de beaucoup d’extension, et qui est lui-même entouré par les muscles abdominaux. Quant aux branchies, les diodons, ainsi que les tétrodons, les ont organisées comme celles des autres poissons, mais au nombre de trois seulement de chaque côté, portées par des arceaux dans la forme ordinaire : le quatrième arceau, qui ne porte point de branchie, subsiste cependant en ar- rière des trois autres, aussi-bien que l’os pharyngien inférieur qui semble former un cinquième arceau. Les muscles qui agissent sur ces derniers os me paroissent jouer quelque (1) Description de l'Egypte, Æistoire naturelle, tome I, p. : (2) Histoire des Poissons, tome I, in-4°., p. 480. sur LES Dronons. 123 rôle dans les mouvemens nécessaires pour la déglutition de l'air et le gonflement de l'estomac. Mais bien certainement il n’y a point de poumon, ni aucun organe celluleux qui puisse avoir été pris pour lui par un anatomiste exercé. Je juge par l’ensemble des paroles de Broussonnet qu'il n'en a parlé que par conjecture, el pour s’expliquer à lui-même ce qui avoit pu induire en erreur Garden et ensuite Linnæus (1). Pour moi j'aiété d'abord tenté de croire que Garden avoit pris pour des poumons la vessie aérienne à deux lobes de ces poissons; puis voyant que le père Plumier parle de ces poumons comme placés sur la vessie, et sous l’épine, j'ai imaginé que ce sont les reins qui ont fait illusion à ces deux observateurs. Bien certainement il n'existe à cet endroit que les reins; peut-être dans les pays chauds se décomposent-ils de bonne heure, et que le gaz qui se développe leur donne une apparence celluleuse. Du reste l’appareil osseux qui porte les branchies, et celui qui les recouvre, n’offrent rien qui ne se retrouve dans le grand nombre des poissons osseux. C’est uniquement parce que ces parties sont enveloppées d’une peau molle et recouvertes par des muscles épais, que l’on auroit pu les méconnoitre. Je compte aux espèces que j’ai observées six rayons bran- chiaux, dont le premier, c’est-à-dire le plus intérieur est une largue plaque en triangle curviligne dont le bord in- terne se redresse , et avance un peu pour former par son extrémité l'articulation qui l’attache à l'os hyoïde. Ces (1) Lion. Syst. nat., ed. XIL, tome I, p. 348, #7 not. 16 * 124 SUR LES Diopons. deux pièces recouvertes par des muscles très-forts, dirigés en avant, et qui me paroissent servir à l’abaissement de la mâchoire inférieure, présentent à l'ouverture de l'animal l'apparence d’une forte cuirasse charnue, divisée par un sillon, recouverte en partie par le mylo-hyoïidien et recou- vrant elle-même le péricarde, Ce qui contribue le plus directement, et à ce que je puis croire le plus efficacement à retenir dans l’estomac l'air que le poisson y a fait entrer, c’est une couche musculaire très- épaisse, qui entoure l’œsophage, et se continue avec les muscles transverses qui réunissent les os pharyngiens et le dernier arceau branchial : un muscle vertical très-vigoureux part | des deux côtés de l'é épine entre les reins, se porte obli- quement en avant entre les lobes de la vessie, et s’unit au sphincter de l’œsophage et} du pharynx. Il doit rapprocher et serrer puissamment la partie supérieure de ce canal contre la partie antérieure de l’épine. Ce moyen joint à la contrac- tion du sphincter doit RRpOsSr un obstacle puissant à la sortie de l'air. Quant à la pression de la vessie natatoire occasionnée par celle qu’elle éprouve de la part des os furculaires elle ne peut avoir ici d'action sur l’œsophage. À la vérité cette vessie natatoire est à deux lobes dans les diodons comme dans la plupart des tétrodons, mais la fis- sure est dans une direction inverse, et les pointes des lobes au lieu de se porter en arrière, se portent en avant, et c’est dans leur intervalle que passe l’œsophage, en sorte qu'il pourroit difficilement être comprimé par la vessie, comme M. Geoffroy a supposé qu'il l'est dans les tétrodons. : sur LEs Dronons. 125 Mais les os furculaires donnent attache à des fibres nom- breuses qui forment un peaussier très-étendu et recouvrant tout l’abdomen. C’est l’instrument d'expulsion pour l'air qui remplit l’estomac. Je n’ai pas d'idée bien précise sur les moyens par lesquels le poisson fait entrer cet air; je dois croire qu'il l'avale comme les tortues et les grenouilles avalent celui qu’elles respirent; mais je n'ai pas eu le loisir de rechercher le mé- canisme de cette déglutition. J’ai suffisamment décrit les mâchoires des diodons dans mes leçons d’Anatomie comparée, tome III, p. 125 et Suiv. pour n'avoir pas besoin d’y revenir ici. Les alimens après avoir PSE entre ces babes meules ne trouvent au pharynx qu'une légère scabrosité qui appar- tient aux os pharyngiens supérieurs. Le vaste estomac a des parois très-minces et très-simples. L’intestin à peu près deux fois aussi long que le corps est plus large et à parois plus minces à sa partie antérieure, il s'amincit et ses parois s’épaississent en arrière. Îl n’y a point d’appendices pancréatiques. Le foie est tout entier du côté droit, occupant la longueur de l'abdomen et divisé en beaucoup de petits lobes peu séparés les uns des autres. La rate est ronde et-située près de la vessie natatoire. La forme extérieure des diodons est trop connue pour que j'entre dans beaucoup de détails à son égard. Chacun sait, et on peut aisément remarquer que leur corps est oblong et devient sphérique en se boursouflant; que leur tête est large, courte, un peu concave entre les yeux, qui sont gros, saillans et écartés; que leur museau est court et obtus, 126 suR LES Diopons. ouvert d’une petite bouche qu’entourent des lèvres charnues et qui contient deux mâchoires revêtues d’une substance dentaire qui se composent de lames d'ivoire incrustées à l'extérieur par un enduit d’émail; que leurs narines sont garnies chacune d’une petite aile ou d’un tentacule élargi et mobile; que les ouvertures de leurs branchies sont petites, placées immédiatement en avant des pectorales, et sem- blent extérieurement toutes charnues; que leur dorsale et leur anale sont petites, et placées vis-à-vis l’une de l’autre; que leur queue est courte, leur caudale arrondie ou égale, et qu’ils manquent de ventrales; enfin que toute leur peau est hérissée de piquans plus ou moins nombreux, plus ou moins longs et plus ou moins forts selon les espèces. Ces piquans sont de véritables écailles prolongées en pointes. L’épiderme et le tissu muqueux les recouvrent dans les sujets frais, d’un enduit mou, dont ils ne percent que la pointe. Les espèces des diodons n’ayant presque jamais été décrites que sur des individus desséchés après avoir été boursouflés, leurs caractères sont restés équivoques et leur synonymie confuse, surtout parce que l’on a cru que le plus ou moins de rondeur du corps, le plus ou moins de saillie des racines des piquans constituoient des différences spécifiques. C’est ce qui m'a déterminé à faire dessiner et à décrire les individus conservés dans la liqueur, dont j'ai pu disposer, espérant fournir par-là aux naturalistes des matériaux plus exacts que ceux qu'ils ont pu trouver jusqu à présent dans les livres. Pour éviter toute confusion je ne prends mes synonymes que dans des auteurs originaux qui ont décrit et dessiné des sur LES Diopons. 127 individus, et je supprime les dénominations des auteurs sys- tématiques, qui ne se rapportent le plus souvent qu'à des réunions d'espèces confondues par une synonymie erronée. On peut diviser les diodons en trois sections ; une dont les piquans courts sont portés sur trois racines presque également divergentes, comme sur des trépieds; ceux dont les piquans longs sont portés sur une racine qui est la continuation de leur tige, et sur deux autres se portant l’une à droite, l’autre à gauche, mais restant dans le mème plan que la première. Enfin ceux dont les piquans sont menus et forment plutôt une scabrosité qu'une armure redoutable. re, SECTION. Piquans courts poréés sur trois racines diwergentes. Dionon Ticré. DIODON TIGRINUS. J'en ai sous les Yeux un individu de plus de dix pouces de longueur sur environ quatre de diamètre dans son état contracté. Tout le dessus du corps et la moitié supérieure des côtés est d’un gris-brun , semé de petites taches brun-foncé, rondes, d’une à deux lignes de largeur, et serrées les unes contre les autres de manière que leurs intervalles ne sont pas plus larges qu’elles. Tout le dessous est blanc; il y a seulement sur les flancs quelques petites taches brunes pareilles à celles du dos, mais très-éloignées les unes des autres. Les cinq na- geoires sont blanchätres, et n’ont que quelques points bruns à leur base. Les lèvres sont jaunes. On ne voit aux narines qu'un petit rebord peu saillant. : 198 suR LES Diropons. Ses piquans sont courts, ronds et peu nombreux. Placés en quinconce, on n’en compte au dos que cinq ou six par rangées transversales, et huit ou neuf par rangées longitu- dinales. Les distances sont à peu près les mêmes sur les flancs et sous le ventre; à la tête, il n’y en a point, si ce n’est un au bord interne de chaque œil. Quand l'individu est boursouflé et desséché, les racines des piquans n'étant plus cachées dans l'épaisseur de la peau, forment des arêtes saillantes à la surface; on voit bien alors que chaque racine est plus longue que l’aiguillon, et qu’elles sont à peu près égales entre elles et également écartées. Feu Péron a rapporté cette espèce de la mer des Indes. Je crois que c’est elle qu’a décrite Rondelet, p. 421, mais d’après un individu qui avoit perdu ses nageoires, excepté la caudale. Il est copié, Gesner, p. 745, f. 2. Aldrov. Pise. 556, f. 2; et Will, pl. LE, 4, f. 6. Séba en a donné une meilleure figure; Mus., tome III, pl XXII, £ 3. Je ne doute pas que le dodon orbicularis, Bloch. pl. 127, ne soit ce même poisson représenté d’après un individu renflé et desséché, où les taches du dos avoient disparu. Cette figure est copiée : Bonnaterre, £ncycl. Poiss., pl. 19, f 9, 62. Willughby a donné, pl. 7, un diodon à dos moucheté, et à piquans rares et portés sur trois racines égales; il ne diffère guère du tigré que par ses nageoires qui sont mou- chetées comme le reste de son dos. C'est la même espèce ou variété que donne Clusius, p. 140, mal copié par Jonston, pl. XXII, £ 10. sur LES Diopons. 129 Le DiopoN VERMICELLÉ. DIoDON RIFULATUS. J'en ai des exemplaires de six à dix pouces. Tout le dessus du corps est brun-roux, marqué delignes ondulantes, pâles et parallèles ; longitudinales sur le dos, obliques sur les côtés de la tête et sur les flancs. Le dessous est blanchâtre. On remarque en outre sept grosses taches rondes, d’un brun foncé; une dessus, l’autre derrière chaque pectorale; une de chaque: côté, entre la dorsale et la caudale; la septième en avant et autour de la base de la dorsale. Les aiguillons sont rares comme au tigré, et à trois racines égales qui ne paroissent bien que sur l’animal desséché; mais le piquant saillant est plus long, et au lieu d’être rond il est comprimé et tranchant comme une pointe de sabre. On compte cinq ou six de ces piquans aux rangées trans- versales du dos; sept ou huit aux longitudinales; trois à la première rangée d'entre les yeux : ceux du ventre sont un peu plus nombreux qu’au tigré. Sous la lèvre inférieure sont deux très-petits barbillons. Ge poisson est biemreprésenté avec ses lignes et ses taches par M. Mitchill; Mém. de New-Yorck , tome F, pl. VE, fig. 3, sous le nom de dodon maculato-striatus. 1 avoit été décrit auparavant assez imparfaitement sous le nom de oad fish, par Schœpf (Ecrits de la Société des nat. de Berlin, tome VIIT, p. 192), lequel assure qu'il ne vient à New- Yorck, que pendant les mois d’été, mais que son squelette se trouve souvent sur le rivage. M. Robin a rapporté depuis peu de la Trinité un individu Mém. du Muséum. 1. 4. 17 130 + sur LES Dionons. qui a les mêmes piquans et les mêmes taches que le précé- dent, mais où l’on ne voit pas les lignes du dos. C’est peut-être un effet de la dessiccation. Ce sont des individus semblables que représentent, Clus. Æxot. 139, fig. 1, mal copié Jonst. XLV, fig. 3; et Willughby, pl. I, 8, fig. 1 et >; mais Willughby rapporte mal à propos la deuxième de ses figures au guajamacu atinga de Margr. Le diodon de Commerson, gravé dans Hacepre I, xxiv, 3, lui ressemble aussi Reatceups, ; mais ce n’est pas fonde laris de Bloch. C'est encore un poisson extrêmement semblable à celui-ci, que le dodon geometricus BI. et Schneid., Sysé. zcht., pl. 96, auquel M. Schneider rapporte le toad fisch de Schæpf comme une variété; mais je n'ai pu observer sur mes indi- vidus les mailles hexagones représentées dans la gravure de Bloch. Le Dionon À JAVELOTS. DIoDON JACULIFERUS. Les individus que j'ai observés sont longs de quatre à cinq pouces, tout le dessus et les flancs sn, d’un gris roux; le dessous est blanc. On remarque de chaque côté trois taches noires, savoir une au-devant de l'ouverture des branchies; une derrière la pectorale, et une un peu avant l'intervalle de la dorsale et de l’anale. Les aiguillons du dos sont rares et courts dans la partie antérieure. Les rangées d’entre les yeux sont de deux seulement. Celles d’entre les pectorales de six. Leur forme est comprimée comme des pointes de sabre. En arrière ils s’allongent un peu, mais ceux des SUR LES DroDbons. 131 flancs depuis la pectorale jusqu’à l'intervalle de la dorsale et de l’anale sont très-longs, et comme des lames d’épées ou des tiges de javelots. La queue n’en a point du tout. Il n'y en a pas non plus autour de la bouche n1 sous la gorge. Ceux du ventre sont à moitié cachés dans la peau, du moins dans les individus non desséchés. Si ce n’est pas ici le guarnajacu atinga, Margr. bras. 168, c'est de toutes les espèces que je connois celle qui lui res- semble le plus. Les taches de la figure sont un peu autre- ment placées, et les épines des flancs plus courtes; mais les figures de Margrave offrent souvent des irrégularités plus graves. Cette espèce a été rapportée de la mer des Indes par feu - Péron. Le Diopon À ANTENNES. DIoDoON ANTENNATUS. C’est ici l’une des plus jolies espèces; l'individu que j’en ai observé étoit long de quatre pouces, roussâtre, tout semé de petits points bruns; il portoit une grande tache brune sur la nuque, une au-dessus de chaque pectorale et une à la base de la dorsale. Ses piquans sont assez longs, médiocre= ment serrés, et placés assez également. Ce qui le distingue ce sont des filamens charnus, dont il y en a un au-dessus de chaque œil qui représente une sorte d'antenne. Les autres au nombre de cinq ou six sont répandus sur chaque flanc. J'ignore d'où vient ce poisson. Je l’ai déjà fait représenter dans mon ouvrage intitulé le Règre animal, pl. IX, fig. 1. - * ù 17 132 sur LES Diopons. 2e, SECTION. Piquans longs, à racines latérales. Diopon rIQUETÉ. DIODON PUNCTATUS. Est l'espèce que l’on voit le plus communément dans les cabinets, desséchée et remplie de foin. Elle nous vient de presque toutes les mers des pays chauds. Il y en a de près de deux pieds de longueur. Tout le dessus du corps est d’un gris roux, moucheté de petites taches brunes, et il y a aussi de ces taches sur le mu- seau, sur la queue et sur toutes les nageoires. Le dessous du corps est blanchâtre. Toute la peau est hérissée de piquans ronds, forts et longs; surtout ceux des flancs qui ont souvent deux pouces et plus. Chacun de ces piquans a deux racines plus courtes que lui, dirigées sur la même ligne, l’une à droite et l’autre à gauche. La troisième racine placée au milieu et un peu en avant, n’est guère que la continuation du piquant principal. Les piquans ont eux-mêmes des taches brunes. Ils sont très-serrés, et placés comme des écailles. On en compte dix à onze dans une rangée transversale du dos, et trente à trente-six dans une ceinture entière. Il y en a vingt à vingt-un sur la ligne qui s'étend du museau à la cau- dale. La première rangée, entre les yeux, est de cinq. Ceux de la tête en général sont moins longs que ceux du dos et surtout que ceux des flancs. Autour de la queue il y en a quatre qui la rendent comme prismatique. C’est ici sans aucun doute l’hrstrix pisois de Clusius, Æ£xof., lib. VI, p. 138, copié Jonst., pl XLV, f 4; c’est lui que représentent SUR LES Diopons. 19,9 Willughby, pl. I, 5, et Séba, IT, pl. xx, f. 1 et 2, par de bonnes figures originales. Le diodon atinga de Bloch, pl. 125, et son dodon histrix, pl. 126, ne sont à mon avis que notre poisson, représenté dans deux états différens et toujours assez mal; l’un plus âgé et boursouflé; l’autre plus jeune et dans sa forme ordinaire et oblongue,. Ils sont copiés dans Bonnaterre, Encycl. Pors- sons, pl. 29, f. 60 et Gr. Le diodon atinga Lacép., I, xxv, 3, ne me paroïît en- core que le même poisson; mais de savoir si c’est le gua- majacu-guara, Margr. bras. 159, copié Jonst. pisc. XXXIIT, 10, c'est ce que ne permet pas l’imperfection de cette figure. Nous avons des individus où l’empailleur a fait ressortir la base des nageoires dorsale et ventrale, comme si elles étoient portées sur des espèces de bras ou de pédicules; il auroit pu en faire autant aux pectorales s’il l’avoit voulu, et je suis porté à croire que c’est de cette façon qu'a été pro- duit le dodon brachiatus Schn. qui pour tout le reste ressemble à notre piqueté. Le Dronon À ÉPINES TRIÈDRES. DIoDON TRIEDRICUM. A les aiguillons aussi nombreux que le piqueté, et disposés à peu près de même; seulement la partie saillante de l’ai- guillon a en avant une arête tranchante, qui se prolonge pour former la racine antérieure, laquelle se trouve ainsi plus portée en avant. La queue est semblable à celle du piqueté; les aiguillons de la tête sont un peu plus longs à proportion. 134 sur LES Dropons. Je n’ai vu que des individus desséchés et boursouflés, de quatre à cinq pouces de longueur, bruns dessus , blanchâtres dessous, avec quelques taches nuageuses sur les côtés, et toutes les nageoires jaunâtres et sans taches. Séba en a très-bien représenté un, ILE, pl. xxur, f. 4. Diopon TRÈS-ÉPINEUX. DIODON SPINOSISSIMUS. J’en ai vu deux individus de près d’un pied de long; celui qui est desséché est d’un gris roux et ne laisse apercevoir que quelques vestiges de taches aux bases des pectorales et de la caudale. Celui qui est conservé dans la liqueur paroît d’un brun-verdàtre. Les piquans sont de la même forme que dans le piqueté, c’est-à-dire ronds, et à deux racines transverses, mais plus serrés et plus longs, surtout ceux du dessus de la tête, qui sont aussi longs que ceux des flancs. On en compte six à la première rangée d’entre les yeux; treize à quatorze en tra- vers sur le dos; quatorze à quinze longitudinalement; der- rière la caudale il n’y en a que deux ou trois qui ne la cui- rassent pas comme dans le piqueté. C’est incontestablement l’Azsérex de Willughby, pl. I, 6, et l’on doit y rapporter aussi l’individu de Séba, HE, pl. xxiv, f. 10. Nous le possédons au Muséum, «et j'en ai fait la comparaison. C’est à un individu de cette espèce, défiguré par lempail- lage, que Jonston, p. 4, pl. HE, fr, applique mal à propos le nom de piscis reversus, et des mœurs qui aussi-bien que ce nom ne doivent être rapportées qu'au Remora, On peut suR LES Dropons. F3 s’en convaincre en remontant à la source où il a puisé, Clusius, £xot., Hb. VI, cap. xvur. À en juger par la longueur des piquans de la tête, c’est cette espèce qu'a décrite et disséquée Plumier, et dont la description pillée, selon M. Schneider, par Feuillée, a été insérée par celui-ci dans le Journal de son voyage, tome, p- 257. D’après cette description, il seroit dans l’état frais tacheté de noirâtre, comme le piqueté. Je ne doute pas que la peinture des vélins du Muséum, gravée dans M. de Lacép., L, 1,3, sous le nom de diodon Plumier, n’ait été faite d’après le dessin que Plumier avait laissé de cette espèce, et défigurée par le peintre en l’enluminant, comme cela est arrivé à presque tous les autres dessins de Plumier qui ont été copiés pour cette grande collection. Le Dropox noi ET BLANC. DIoDON NICTHEMERUS. L'individu que j'ai observé est long de quatre pouces. Ses piquans sont longs, ronds, aigus, assez égaux, et mé- diocrement serrés; on en compte cinq entre les yeux, sept ou huit entre les pectorales : la queue n’en a que deux en dessus. Ceux du ventre sont un peu plus serrés et moins longs que ceux du dos. Tout le dessus du corps est d’un brun noirâtre; tout le dessous d’un blanc argenté; quatre parties saillantes brunes descendent un peu dans la partie blanche, une sous l'œil, une avant la pectorale, une derrière, et une entre la dorsale et l’anale. Les appendices des narines sont blancs; et le na- geoires blanchätres. 136 sUuR LES Diopoxs. Je ne trouve dans aucun auteur de figure ni de description un peu détaillée qui réponde à cette espèce. Elle a été ap- portée de la mer des Indes par Péron. Le Diooon À NEUF TACHES. DIODON NOTEM MACULATUS. L’individu que j'ai observé a six pouces de long. Ses piquans sont ronds et pointus, assez longs et assez serrés. Ceux du dos sont assez égaux, d'environ dix lignes. On en compte quatre entre les yeux, et dix entre les pec- torales. Ceux du ventre sont plus serrés et plus courts : la queue n’en a que deux en dessus. Tout le dessus du corps est gris-roussatre, semé de petites taches rondes et noirâtres, assez écartées. Tout le dessous est blanchâtre. Dix grandes taches d’un brun-noirâtre sont réparties dans l’ordre suivant, Une au-dessous de chaque œil ; une entre l'œil et la pec- torale; une grande transverse sur la nuque; une au-dessus de chaque pectorale; une transverse sur le dos, derrière les pectorales; et une également transverse sur la base de la dorsale. Les nageoires sont grisatres. ï Le Dropon A six TACHES. DIoDON SEX MACULATUS. Pourroit bien n’ètre qu'une variété du précédent. L'in- dividu que j'ai observé n’a que trois pouces de longueur. Ses piquans sont disposés de même. Le dessus de son corps est fauve; ses flancs et son ventre blancs. Sur ses flancs sont semées quelques petites taches brunes; six grandes taches sur LES Diopoxs. 137 rousses occupent sou dos, savoir : une sur la tête; une sur la nuque; une sur chaque pectorale; une sur l'intervalle entre les pectorales et la dorsale, et une autour de la base de celle-ci. Les nageoires sont roussâtres. ; Le Dionon À QUATRE TACHES. DI0DON 4-MACULATUS. Est encore extrèmement voisin des deux précédens, et présente les iwèmes distributions de piquans. Tout le dessus de son corps est gris-brun semé d’une multitude de petits points noirâtres. Quatre grandes taches brunes s’y remarquent sur le dos, savoir une à la nuque, une au-dessus de chaque pectorale et une en arrière. Des taches plus petites se voient au-dessus et au-dessous de chaque œil; tout le dessous est blanc. Les nageoires sont roussâtres. L’individu, long d’en- viron trois pouces, a été apporté par Péron. Il n’est pas improbable que c’est ici l’espèce décrite par Commerson, près d’Otaiti, et publiée par M. le comte de Lacépède, IT, p. 13, sous le nom de diodon tacheté. Le Dionon A TACHES SANS NOMBRE. DIoDON MULTIMACULATUS. A encore les piquans disposés comme les précédens aux- quels il ressemble beaucoup. Son dos est brun-foncé; ses flancs et son ventre jaunes ou blanc argenté. Des taches noires fort nombreuses occupent le dos, où elles sont plus grandes et les flancs où elles deviennent moindres. Il y en a Mém. du Muséum.t. 4. 18 138 SUR LES Drononxs. quelques petites semées sous le ventre. Les nageoires sont jaunâtres. 3. Secrion. Diodons à piquans grèles. M. Mitchill à décrit, dans les Mémoires de l'académie de New-Yorck ; tome I, un petit diodon long de dix-huit lignes, qu'il nomme D. pilosus , et qui est en effet tout couvert de piquans serrés et grèles comme des cheveux. Nous possédons au Muséum un grand individu, de plus de deux pieds et demi de longueur, entièrement garni et hérissé de petits aiguillons semblables à des pointes d’épingles, d’une ligne de saillie environ sur le dos et les flancs, et de deux ou trois sous le ventre. Le tour de la bouche, celui des yeux, le tour de chaque nageoire et le bout de la queue en sont seuls dépourvus. La couleur de sa peau est grise, toute semée de taches rondes brunes, de quatre à cinq lignes de largeur. De sembläbles taches sont aussi semées sur les nageoires dont la couleur paroït avoir été jaunâtre. En attendant que l’on sache si ce diodon n’est pas l’adulte de celui qu'a décrit M. Mitchill, je le nommerai dodon asper. 139 _ EXPÉRIENCES SUR L’ACIDE SORBIQUE. PAR M VAUQUELIN. M. Donovan, en soumettant de nouveau les sucs acides de quelques végétaux à l’analyse chimique, a reconnu qu'ils contenoient un acide nouveau que Scheele et ceux qui l’ont suivi ont confondu avec l’acide malique, et par une singu- larité assez remarquable, l'acide des pommes qu’on croyoit entièrement formé d'acide malique s’est trouvé au contraire, pour la plus grande partie, composé de cet acide particulier. M. Donovan ayant rencontré cet acide plus abondamment dans le fruit du sorbier des oiseleurs que dans tout autre, lui a donné le nom d’acide sorbique pour le distinguer de l'acide malique, auquel il est presque toujours mélangé en plus ou moins grande quantité dans les végétaux, excepté seulement dans la joubarbe où M. Donovan dit ne l'avoir pas trouvé. * Les caractères spécifiques reconnus à cet acide par M. Do- novan, au moins ceux quise trouvent dans la traduction qu’on nous à donnée de son mémoire, ne me paroïssant pas assez prononcés pour constituer une espèce nouvelle, je me suis dé- terminé à en préparer une grande quantité, afin de pouvoir 18 * 140 SUR L’ACIDE SORBIQUE. l'étudier sous des rapports plus nombreux, et de vérifier par là la découverte de M. Donovan. Préparation de l’ Acide sorbique. Vers la mi-octobre, je fis ramasser une assez grande quan- üté de fruits de sorbier pour avoir cinquante litres de suc. Je les fis piler dans un mortier de marbre et ensuite presser fortement : les fruits étant murs, le sue qu'ils fournirent étoit visqueux et filtroit difficilement; mais si on l’aban- donne à lui-même pendant douze à quinze jours dans un endroit un peu chaud, il fermente avec tous les signes que présente ordinairement cette opération, c’est-à-dire efferves- cence écumeuse, dépôt d’une matière comme gélatineuse et qui n’est que du ferment, ainsi que je me suis assuré. Odeur légèrement vineuse : alors le suc filtre aisément, et si on le soumet à la distillation on obtient une petite quantité d'alcool d’une odeur et d’une saveur particulière. L’acide n’éprouvant aucun changement pendant cette fer- mentation, il est utile de la lui faire subir pour le débarrasser du levain visqueux qui s'oppose à la filtration de la liqueur, et dont une partie accompagne l'acide lorsqu'on le précipite par l’acétate de plomb, comme on le dira plus bas. J'avois d’abord soupconné que la viscosité de ce sue étoit due à de la gélatine; mais y ayant fait fondre quantité égale de sucre raffiné, je n’ai pas obtenu de gelée, mais une sorte de sirop épais comme le sirop de gomme : une plus grande quantité de sucre n’a pas non plus fait prendre à ce sue la forme gélatineuse. Le suc de sorbier retient en solution une petite portion SUR L’ACIDE SORBIQUE. | 141 de la matière colorante rouge du fruit; cette couleur passe au cramoisi par le contact de l’étain, et devient jaune-ver- dâtre par les alcalis : elle se précipite avec l’acide sorbique lorsqu'on met de l’acétate de plomb dans la liqueur, où ils se trouvent réunis l’un et l’autre. Le suc de sorbier contient encore un principe âcre et piquant comme celui de la racine de pyrêtre, fort incom- mode à la langue et qui est soluble dans l’eau et dans l’al- cool; il est accompagné d’une substance brune et amère. Puisque le suc de sorbier éprouve la fermentation et four- nit de l'alcool, il faut qu'il contienne une petite quantité de matière sucrée. Les baies du sorbier écrasées et'pressées retiennent une substance jaune qu’on en peut séparer par l’alcool et l’éther chauds. Cette substance n’a point de saveur, se fond au feu, et s'élève en vapeurs légèrement aromatiques : l’on peut la regarder comme une résine qui existe principalement dans le parenchyme du fruit. Observations sur les Propriétés du suc de Sorbier. Le suc de sorbier a une légère couleur rose, une saveur très-acide et amère. Il ne peut être saturé entièrement par le carbonate de chaux, même à laide de la chaleur; il se produit cependant une effervescence dans les premiers mo- mens qui cesse bientôt; quoiqu'on fasse bouillir avec un excès de carbonate de chaux, la liqueur reste constamment acide. La combinaison de l’acide sorbique avee la chaux qui a eu 142 SUR L'ACIDE SORBIQUE. lieu, comme on vient de le dire, ne se précipite point, on ne trouve au fond de la liqueur que l'excès de carbonate de chaux qu’on a mis. Si après avoir filtré la liqueur pour la séparer du carbonate de chaux on ajoute du carbonate de potasse, il se faitune vive effervescence, la liqueur se neutralise et le sel calcaire qui s’étoit formé dans la première opération se précipite, surtout si l’on fait chaufler la Hiqueur. Cependant il reste encore en dissolution une certaine quantité de sel calcaire, car en faisant évaporer la liqueur en consistance syrupeuse, et en délayant le résidu dans une petite quantité d’eau froïde, il reste une poudre blanche pareille à la première : il paroit qu'il se forme un sorbate acide de chaux. Un demi-litre de suc de sorbier m’a fourni 13 grammes et demi de ce sel calcaire, mais la totalité de l’acide qui exis- toit dans le suc de sorbier ne se trouve pas combinée à la chaux, la plus grande partie s’est unie à la potasse. 100 parties de ce sel calcaire très-sec m'ont fourni par la décomposition au feu 33 de chaux vive; il contient donc 67 d'acide, si l’on peut croire qu'il n’y restoit pas d'humidité, Lorsqu'on mêle l’acétate de plomb avec le suc de sorbier, il se forme un précipité blanc opaque, épais comme une bouillie, et occupant beaucoup de volume, mais au bout de six heurés ce précipité diminue peu à peu de volume, perd son opacité et prend une forme cristalline, une sorte de transparence et beaucoup d'éclat. Get état cristallin com- mence toujours par la partie supérieure du précipité et continue jusqu'à ce qu’il soit arrivé au fond. La liqueur qui SUR L'ACIDE SORBIQUE. 143 surnage ce précipité dépose aussi quelques cristaux qui sont plus blancs, plus volumineux et plus brillans. Si l’on préci- pite l'acide sorbique en plusieurs fois, le premier précipité sera plus coloré que le second; le troisième ne le sera plus et les cristaux dont il sera formé seront plus brillans. Un décilitre de sue de sorbier a absorbé pour être saturé cinq grammes de sous-carbonate de pores Si l’on sature le suc de sorbier avec de la potasse et qu w'on : le précipite ensuite par l’acétate de plomb, le précipité pa- roit plus abondant que si le suc n’avoit été saturé, et au lieu de prendre la forme cristalline au bout de six heures, il ne la prend qu'après quarante-huit heures, et même pas aussi complétement, mais cet effet commence toujours par la partie supérieure. La couleur du précipité, au lieu d’être rosée, est d’un jaune-verdâtre. Le sorbate de plomb est peu soluble dans l’eau froide, mais il l’est sensiblement dans l’eau bouillante; sa dissolution cristallise en refroiïdissant en belles aiguilles blanches, bril- lantes et nacrées qui ressemblent beaucoup à de lacide ben- zoïque sublimé. Pendant que le sorbate de plomb bout avec l’eau, la partie qui n'est pas dissoute ; faute d’ eau, se ramolht, se fond en quelque sorte et se réunit en une seule masse qui s'élève au-dessus de la liqueur par la force de l’ébuilition et re- tombe au fond du vase où elle s'attache lorsque la liqueur cesse de bouillir. La dissolution de ce sel est légèrement acide, ce qui a sans doute fait eroire à M. Donovan qu’en bouiljant ainsi, le sorbate de plomb se décomposoit en swr-sel et en sous-sel, 144 SUR L’ÂACIDE SORBIQUE. mais si l’on traite le résidu successivement avec différentes quantités d’eau bouillante jusqu'à ce qu'il soit entièrement dissout, l’on voit que chacune des dissolutions est légèrement acide, et que cependant il ne reste qu’une quantité infini- ment petite de matière insoluble très-colorée, et qui est composée d’oxide de plomb uni à l'acide phosphorique et à une matière colorante, ainsi qu'on le démontrera plus bas. Toutes ces dissolutions cristalisent par le refroidissement, et leurs eaux-mères donnent de nouveaux cristaux par l’évapo- ration. Le sorbate de plomb cristallisé et desséché pendant plusieurs jours à une température de 4o à 5o degrés contient douze et demi pour cent d’eau qu’on en peut séparer par une chaleur plus forte. Ainsi desséché, ce sel analysé par l'acide sulfurique a donné 33 d’acide et 67 d'oxide de plomb. Ayant recherché avec tout le soin possible la présence du malate de plomb parmi le sorbate, sans pouvoir y parvenir, j'ai soupconné que ce sel étoit peut-être resté dans les eaux- inères d’où j’avois précipité l'acide sorbique par l’acétate de plomb, mais tout ce que j'ai fait pour l'y découvrir a été inutile. D'un autre côté, j'ai fait bouillir dans l’eau du sor- bate de plomb provenant du suc de sorbier qui avoit été auparavant saturé par la potasse; il s’est dissout presque en totalité, et a cristallisé par le refroidissement, et l'évaporation de la liqueur; ce qui a refusé de se dissoudre ne faisoit pas la 4oe. partie du sel employé et avoit une couleur jaune-bru- nâtre : ce résidu délayé dans l’eau tiède, et soumis à l’action du gaz hydrogène sulfuré en excès ne nous a fourni que de l’oxide de plomb, une matière colorante et de l'acide phos- phorique. | | SUR L'ACIDE SORBIQUE. 145 Cependant si le suc de sorbier avoit contenu de l'acide malique, celui-ci n’auroit manqué de se précipiter avec le plomb en même temps que l’acide sorbique, et je l’aurois retrouvé dans la matière insoluble. Je conclus de là que le fruit du sorbier ne contient pas d’acide malique, et il est pro- bable que M. Donavan a pris pour du malate de plomb ce qui n'est qu'un mélange de phosphate de plomb et d’une matière colorante aussi unie au plomb. Extraction de l’Acide sorbique. Le procédé indiqué par M. Donavan est très-bon; il consiste à décomposer en partie le sorbate de plomb par l'acide sulfurique, en sorte qu’il se forme un sur-sel très-soluble qu'on sépare du sulfate de plomb par l’eau chaude, et dans la dissolution duquel on fait passer un courant de gaz hy- drogène sulfuré : on filtre la liqueur et on la concentre. Mais pour obtenir cet acide pur et sans couleur, il est nécessaire d'employer du sorbate de plomb purifié lui-même par la cristallisation; car tel qu'il provient de la précipitation du suc de sorbier, il contient toujours de la matière colorante et de l'acide phosphorique. Propriétés de l’ Acide sorbique. Cet acide amené par l’évaporation à une consistance sy- rupeuse, cristallise en mamelons : dans cet état concret quoi- qu'il contienne encore beaucoup d’eau il a une saveur très- acide; exposé dans un endroit froid et humide il se fond et redevient liquide : ainsi il est déliquescent. Soumis à la chaleur dans. une petite cornue, l'acide sor- bique se fond, dégage des vapeurs aqueuses un peu acides, Méim. du Muséum. t. 4. 19 146 SUR L'ACIDE SORBIQUE. enfin il se sublime tout entier sous forme d’aiguilles blanches dont la saveur est extrêmement forte, il ne laisse qu'une trace charbonneuse. L’acide sorbique est done susceptible de cristalliser et de se volatiliser sans éprouver d’altération très- sensible; cependant le précipité qu’il forme dans lacétate de plomb ne prend pas la forme cristalline comme celui que donne l'acide non sublimé. L’acide sorbique en solution dans l’eau ne précipite ni l'eau de chaux ni l'eau de barite, quoique le sorbate de chaux ne soit pas très-soluble. Il précipite l’acétate de plomb. en flocons blancs qui prennent bientôt une forme cristalline. Cette propriété est un des meilleurs caractères auquel on puisse avoir recours pour reconnoitre l'acide mine 11 forme avec la potasse un sel déliquescent qu'on ne peut dessécher complétement sans s’exposer à décomposer au moins une partie de l’acide : il reste liquide après le refroi- dissement, il attire l'humidité de l'air, et au bout de quelques temps on y voit des petites aiguilles très-flexibles. Le sel qu'il fournit avec la barite est soluble et cristalli- sable, mais il ne prend pas de forme bien prononcée. L'analyse à laquelle nous avons soumis ce sel desséché nous a fourni, acide sorbique, 47; barique, 53. Il est impossible de saturer complétement l'acide sorbique avec l’oxide de cuivre desséché ; quelque temps que dure l’ébul- lition, et quelque concentré que soit l’acide, la combinaison reste toujours légèrement acide. Elle esttrès-soluble dans Feau et ne cristallise point, elle se prend au contraire, par une évaporation lente, en une espèce de vernis transparent d’une. belle couleur verte. \ SUR L ACIDE SORBIQUE. 147 Traité avec l’acide nitrique, l’acide sorbique se convertit facilement et promptement en acide oxalique; il se dégage dès le commencement de l'acide carbonique qui accompagne le gaz nitreux ; par cette propriété et plusieurs autres, l'acide sorbique est celui qui se rapproche le plus de l'acide malique. Analyse de l'Acide sorbique. Un des moyens qui nous a le mieux réussi jusqu'ici pour faire l'analyse de l'acide sorbique, consiste à mêler le’sorbate de plomb bien desséché avec de l’oxide de cuivre également sec et à le chauffer dans l’appareil de M. Berzelius dont M. Bérard s’est servi pour analyser différentes matières ani- males. Dans les opérations que nous avons faites à cet égard, nous =vons employé un gramme de sorbate de plomb avec cinq grammes d’oxide de cuivre, plus deux grammes du même oxide qu'on a mis sur le mélange. Ce mélange chauffé gra- duellement a produit 170 centimètres cubes de gaz qui ayant été entièrement absorbées par la solution de potasse, doivent être regardés comme de l'acide carbonique. La perte de poids éprouvée par l'appareil a été de 800 milligrammes : la quantité d'acide contenue dans le sorbate de plomb em- ployé étoit, d’après l'analyse citée plus haut, de 330 milligr. * En calculant d’après ces résultats l’on trouve que 100 parties d'acide sorbique sont composées : Hydrogène............ ba pero bb uno oi noob 16,8 : Carbone....... Jebo too uob 00000 do donc as Cousin 28,3 Oxigene....., cabine cs enceer--rit-eee0e0 0/10 100,0 148 SUR L'ACIDE SORBIQUE. Les rapports entre l'hydrogène, le charbon et l’oxigène sont presque comme 1, 2, et 3 : l'hydrogène seulement est un peu trop abondant. Si l'on cherche maintenant le rapport de l’oxigène de l'acide sorbique avec celui des bases qu’il sature, l’on trouve qu'il est comme 4 à 1 : l’on s’en convaincra en jetant les yeux sur l'analyse des sorbates de chaux et de plomb. Cependant ces rapports ne se trouvent pas exactement dans le sorbate de barite, dont l’oxigène seroit comme 4+ à 1; mais il est possible que le sel n’ait pas été parfaitement des- séché, et que j’aie compté comme acide quelque portion d'humidité. Les propriétés que M. Donovan avoit reconnues à l’acide sorbique et surtout celle que présente sa combinaison avec l’oxide de plomb étoient déjà très-propres à faire penser que c’étoit un acide nouveau; cependant elles laissoient peut- être encore quelque chose à désirer pour porter la convic- tion; celles que j'ai ajoutées en confirmant l’opinion de M. Donovan, sur le point principal, rendent Fhistoire de cet acide un peu plus complète, et prouvent que le fruit du sor- bierne contient pas d’acide malique comme l’a cru M. Donovan. Cet acide qui est blanc, sans odeur, et dont la saveur est agréable quand il est pur, pourroit, en cas de besoin, rem- placer l'acide tartarique et l'acide citrique dans la médecine et dans les arts; mêlé à un syrop simple ou aromatisé en quantité convenable, il forme une boisson très-agréable. 1/49 OBSERVATIONS Sur les usages du Vaisseau dorsal ou sur Fin- fluence que le cœur exerce dans l’organisation des Animaux articulés et sur les changemens que celte organisation éprouve, lorsque le cœur ou l’organe circulatoire cesse d'exister. PAR M. le Chevalier MARCEL DE SERRES, Professeur de la Faculté des Sciences ; à l'Université de France ; Correspondant _ du Muséum d'histoire naturelle; et membre de plusieurs Sociétés savantes. (Lues à la première classe de l’Institut, le 8 novembre 1813. )- AVANT-PROPOS. D: toutes les questions qui restent à résoudre dans lana- tomie des animaux invertébrés, il en est certainement peu d’un plus grand intérêt que celle qui a pour but de recon- noitre l’influence que le cœur exerce dans leur organisation, et les changemens qu'éprouve cette même organisation, lorsque le cœur ou l’organe circulatoire vient à manquer. Mais pour déterminer avec précision cette double influence de la présence ou de l'absence du cœur, nous avons dù porter notre attention sur les animaux chez lesquels on voit le pas- 150 VAISSEAU DORSAL. sage de ceux qui ont encore un cœur, aux animaux qui n'en ont plus ou qui n’en ont que des vestiges, ainsi que le passage correspondant de ceux qui respirent par des organes circon- scrits, à ceux où des trachées distribuent l'air dans toutes les parties. Les animaux articulés étant les seuls qui offrent ces deux systèmes d'organisation, c’est aussi sur eux seuls que nous avons dirigé nos recherches. Lorsqu'on étudie d’une manière générale l’organisation des animaux articulés, on s'aperçoit bientôt combien leur cœur éprouve de modifications, avant d’être remplacé par l'organe connu chez les insectes sous le nom de vaisseau dorsal, et qui n’a de commun avec le cœur que sa position. Ainsi, dans les annélides, le cœur est en quelque sorte double; du moins l’on n'y observe point d’organe unique de circulation, mais seulement un renflement dans leurs deux vaisseaux princi- paux; ceux-ci, situés l’un au-dessous de l’autre, opèrent la cir- culation. La forme allongée de ces vaisseaux annonce déjà que bientôt le cœur va éprouver de plus grandes modifications. Si ces modifications ne sont pasencore bien sensibles dans les crustacés décapodes où le cœur est arrondi, elles deviennent bien apparentes dans les crustacés brachiopodes, chez lesquels cet organe prend une figure allongée peu différente de celle qu’on observe au vaisseau dorsal des insectes. Enfin, à me- sure que l’organisation se simplifie, le eœur prend plus d’a- nalogie avec le vaisseau dorsal, soit par sa forme, soit par sa position : c’est ce qu'on observe dans l'organe de circula- üon des arachnides. Leur cœur est réduit : à un simple vaisseau longitudinal qui ne présente presque plus de renflement sen- sible. Les premiers des animaux articulés, les arachnides, ANIMAUX ARTICULÉS. 151 offrent des organes respiratoires qui reçoivent l'air par des ouvertures stigmatiformes placées sur leur face éxterne. Ces organes y deviennent plus nombreux, quoiqu'ils soient circonscrits. Il devoit en être ainsi, puisque le sang, ayant encore chez ces animaux une vraie circulation ; se trouve contenu dans des vaisseaux particuliers qui l’apportent dans les organes respiratoires , où ils reçoivent l'impression de l'air. Il en est bien différemment dans les insectes : les organes _ respiratoires, au lieu d'y être circonserits, sont formés par des trachées élastiques qui répandent et distribuent Fair dans toutes les parties. Alors, pour la première fois, le cœur dis- paroïit tout-à-fait, et le fluide nutritif ou le sang n’est plus contenu dans des canaux particuliers. Un simple vaisseau sans ramifications vasculaires y tient la place du cœur, dont il est en quelque sorte un vestige, ou si lon veut le remplacant; mais ses usages ne sont plus les mêmes et n’ont presque plus rien d’analogue. Ce sent les fonctions de ce vaisseau qu'il falloit détérmi- ner : c’est aussi un des objets sur lequel nous avons le plus porté notre attention; nous avons même varié à cet égard tous les essais qu'il étoit possible de faire. Ainsi nous sommes : peut-être parvenus à répandre quelque jour sur un des points les plus difficiles de l'anatomie des animaux articulés, et sur lequel , malgré les belles recherches de Lyonet, de Swam- merdam , de Comparetti et de M. Cuvier, on n’étoit pas encore bien fixé. Plus on avance dans la connoissance des détails de l'organisation des animaux articulés , et plus on reconnoit la justesse de ce beau théorème développé par 152 . VAISSEAU DORSAL. M. Cuvier, que toutes les fois que le sang ne va pas cher- cher l'air, il faut que ce soit l’air qui aille chercher le sang. Sans contredit les insectes sont, parmi les animaux articulés, ceux qui donnent la démonstration la plus évidente de cette loi générale, puisqu'ils sont aussi les animaux où l'air joue le plus grand rôle. Il y est répandu partout en si grande quan- tité, que l’on peut bien dire que toutes les parties des insectes respirent ou jouissent de l'impression de l'air, ce fluide subtil, qui, selon la belle expression des anciens, est aussi-bien l’ali- ment de la vie comme de la flamme. Les insectes paroissent à la tête des animaux articulés, sous le rapport de la quantité de respiration. Ils doivent cet avan- tage à l'absence de vaisseaux destinés à contenir le sang, ainsi qu’à la nécessité où ils se trouvoient d’avoir une circulation d’air, puisqu'ils étoient privés de celle du sang. Mais comment la circulation de ce fluide incompressible s'opère-t-elle, et par quels vaisseaux est-elle produite? C’est ce qu’il importoit de déterminer, ainsi que de s’assurer si elle avoit lieu de lamême manière pour ceux qui respiroient l'air en nature, comme pour ceux qui le soutirent de l’eau? Considéré sous ce rapport, notre travail peut avoir quelque intérêt. Aucun observateur n’avoit décrit avant nous d’une manière générale, et avec les détails convenables, les variations qu'éprouve l'appareil res- piratoire dans cet ordre d'animaux , ainsi que les différences qu’on y observe, et qui dépendent du mode de la respiration elle-même. Nous n'avons pas mis moins de soin à l'examen des autres détails de l’organisation. Le grand nombre de re- cherches que nous avons faites sur les animaux articulés, nous ont bien démontré l'influence que le cœur exerce sur le sys- ANIMAUX ARTICULÉS: 153 tème absorbant. Ainsi, nous avons vu les vaisseaux chylifères suivre en quelque sorte les vaisseaux sanguins, et ne se mon- trer jamais sans ces derniers, quoique dans quelques cas ils paroiïssent disparoitre avant eux. Du moins c'est ce que nous avons observé dans les arachnides, les derniers des animaux articulés où le cœur et les vaisseaux sanguins existent encore. Ce rapport avoit été aperçu avant nous : M. Cuvier, auquel anatomie doit de si belles et de si importantes découvertes, avoit le premier fait sentir la dépendance qui existoit entre ces deux systèmes. Une fois parvenus à la connoissance de l’ensemble de l’or- ganisation des principaux animaux articulés, nous avons pu nous élever jusqu'à des considérations générales sur la clas- sification, des êtres qui y rentrent. Nous avons surtout porté notre attention sur les arachnides, les animaux les moins bien circonscrits de cet embranchement. Enfin, nous avons cherché à démontrer que, dans une méthode rigoureuse de classification’, l’on ne pouvoit réunir des animaux qui ont un cœur et des organes respiratoires circonscrits, avec ceux qui, n'ayant plus de cœur, ont aussi des organes respiratoires ramifiés. Ainsi nous n'avons pas adopté la classe des arach- nides, telle du moins qu'elle a été conçue par les naturalistes modernes. Nous l'avons, au contraire , restreinte aux clo- portides, aux scorpionides et aux arachnides. Tous ont un corps allongé , avec deux ordres de vaisseaux sanguins et des organes respiratoires circonscrits, composés de feuillets py- ramidaux, offrant cette particularité remarquable de recevoir l'air directement par des ouvertures stigmatiformes. Ce n’est cependant qu'avec doute qne nous avons placé les cloportes Mém. du Muséum. 1. 4. 20 154 VAISSEAU DORSAL. parmi les arachnides ; mais ce que nous savons de leur or- ganisation nécessitoit tellement cette réunion, que nous n'avons pas osé les ranger avec les crustacés, avec lesquels ils ont pourtant un certain nombre de rapports. Du reste, nous avons mis les cloportes à la tête des arachnides, et immédiatement après les crustacés, voulant indiquer de cette manière les rapports qui existent entre les premiers et les derniers ordres de ces deux classes. L’on voit encore par là que les cloportides sont assez bien le passage des uns aux autres. En adoptant cette méthode de classification, nous avons dû commencer l'étude des insectes par les espèces qui ont le plus d’aflinités avec les araignées, le dernier ordre des arachnides. À cet égard le choix n’étoit pas difficile à faire , et les phalangites sont venus se ranger comme d’eux- mêmes à la tête des insectes. A la vérité, par une raison contraire, nous nous sommes vus forcés d’éloigner les jules et les scolopendres, qui, sous quelques rapports, ont de l’analogie avec les cloportides. En cherchant l’ordre de com- binaison qui pourroit le moins rompre les rapports naturels des animaux articulés entre eux, nous nous sommes con- vaincus que les caractères tirés des organes les plus essen- üels à la vie, ne peuvent point les réunir en groupes aussi naturels qu’ils le font dans les animaux vertébrés. C’est aussi une des grandes diflicultés qu'on rencontre dans la classi- fication des premiers, difficulté qui tient peut-être à ce que les organes de la circulation et de la respiration n’ont point la même influence , à mesure que l’organisation se simplifie. . Nous avons cru également nécessaire de séparer les insectes à métamorphoses, de ceux qui, comme les arachnides, en ANIMAUX ARTICULÉS. 155 sont privés, et nous avons établi entre eux ces deux divi- sions principales, fondées uniquement sur cette transforma- tion des parties, qui a lieu dans les uns par degrés, tandis que dans les autres elle s'opère d’une manière instantanée. Par une suite de cette grande coupe, nous nous sommes vus forcés de former un ordre de plus parmi les insectes. Cet ordre, que nous avons nommé syphon-aptères, lie assez bien les insectes à métamorphoses avec ceux qui n'en ont point; d’ailleurs, il commence d’une manière naturelle l’ordre des insectes suceurs. Ceux-ci mènent successivement aux autres ordres des suceurs, et des derniers on passe aux broyeurs, qui, les plus insectes, si l’on peut s'exprimer ainsi, devoient se trouver à la plus grande distance des arachnides, puisque leur organisation est aussi la plus différente de celle qu’on observe dans les animaux de cette classe. Nous ne pouvons nous dissimuler que dans un travail aussi difficile que celui dont nous venons de donner un aperçu, nous n'ayons laissé beaucoup de lacunes à remplir; mais-du moins avons-nous vu par nous-même tous les détails d’or- ganisation que nous donnons dans notre Mémoire : sous ce rapport, il aura toujours un véritable intérêt. Il faut l'avouer, dans l’anatomie d'animaux aussi petits, et aussi difficiles à disséquer, il est presque impossible de ne pas commettre quelques erreurs; et l’on doit s’estimer heureux lorsqu'elles se bornent à des détails qui n’ont pas une grande influence sur l'organisation. C’est sous ce point de vue qu'il est pré- cieux pour la science que plusieurs anatomistes étudient le mème sujet, puisque c’est seulement de cette manière qu’on peut être assuré d’avoir bien observé. Nous ne pouvons ter- 20 * 156 VAISSEAU DORSAL. miner ce que nous avions à dire sur nos recherches, sans prévenir ceux qui s’'adonnent aux mêmes travaux, que les deux meilleurs moyens d'éviter les erreurs, c’est de dissé- quer toujours dans l’eau, ainsi que l’a conseillé M. Cuvier. Il faut également faire usage de fils de cuivre et de zinc pour reconnoître les nerfs, selon la méthode indiquée par M. de Humboldt. OBSERVATIONS GÉNÉRALES. Les insectes ont le long du dos un vaisseau longitudinal qui s'étend de la partie supérieure du corps à l’autre extré- mité, et auquel presque tous les anatomistes ont donné le nom de cœur, à cause des contractions et des dilatations qu’il présente avec une sorte de régularité. Lyonet et M. Cuvier sont les seuls qui aient élevé des doutes sur les fonctions at- tribuées à cet organe. L’illustre auteur de l’Ærafomie com- parée, est aussi le premier qui a cherché à prouver que ce cœur ne paroissoit avoir aucune sorte de ramifications, Lyonet avoit bien déjà remarqué qu'il ne partoit du vaisseau dorsal aucun autre vaisseau plus petit; mais comme il n’avoit ob- servé ce fait que dans la chenille du saule, il n’avoit pas osé ürer une conclusion générale d’une observation qu'il pouvoit croire particulière. Cependant, malgré les preuves de tout genre accumulées par M. Guvier dans son beau Mémoire sur la nutrition des insectes (1), contre l'existence d’un vé- (x) Mémoire sur la manière dont se fait la nutrition dans les insectes, inséré dans les Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Paris, tome I, pag. 34. ANIMAUX ARTICULÉS. 127 ritable cœur chez cet ordre d'animaux, il est encore resté des doutes sur cette question délicate à un assez grand nombre d’anatomistes. C'est pour les rendre moins fondés que nous avons entrepris quelques recherches sur cet objet intéressant. Nous avons surtout porté notre attention sur les questions suivantes : 10. [l nous a paru essentiel d'étudier le vaisseau dorsal dans les divers ordres d'insectes, afin de reconnoître s'il n’offroit jamais des ramifications , ramifications que l’on pouvoit y soupçonner, puisque Swammerdam et Comparetti disent formellement en avoir aperçu. 20, Si ce premier moyen étoit reconnu insignifiant, il falloit s'assurer si on ne pourroit pas y parvenir par les injections, soit avec le mercure, soit avec des liqueurs colorées , soit enfin avec des liqueurs astringentes ou pouvant, par leurs propriétés chimiques , agir sur lPhumeur contenue dans le vaisseau dorsal. Ainsi le tannin, en coagulant cette humeur, sembloit pouvoir donner quelques lumières sur les usages de ce vaisseau, et en même temps faire reconnoître les ra- mifications de cet organe, si effectivement il en étoit pourvu. 30. Il n’étoit pas moins essentiel de s'assurer si les con- tractions et les dilatations du vaisseau dorsal étoient dues à l’action du fluide qui y étoit contenu. Dans cette supposition, il falloit démontrer une sorte de circulation dans ce fluide, tandis que, dans l’autre hypothèse il devenoit nécessaire de prouver que cette contraction et ces dilatations n’étoient point produites par l’humeur contenue dans le vaisseau dorsal, mais que l’on pouvoit les faire cesser sans altérer ce vaisseau. 158 VAISSEAU DORSAL Lo. Les organes de la circulation paroissant toujours en rapport avec ceux de la respiration, il falloit examiner si le vaisseau dorsal étoit toujours conformé de la même manière, dans les espèces qui respirent l’air immédiatement et dans celles qui respirent l'air contenu dans l’eau ou qui décom- posent ce fluide. bo, Toutes ces recherches devoient nécessairement per- mettre de déterminer l'influence des organes de la respira- tion sur ceux de la circulation. Si l'influence des premiers étoit démontrée agir complétement sur les seconds, on de- voit observer qu'à mesure que les organes de la respiration se centralisent, ou pour mieux dire ne sont plus ramifiés, les organes de la circulation présentent au contraire des rami- fications, puisque l'air n’allant plus chercher le sang, il faut bien que le sang aille chercher l'air. Tel a été le but de mes recherches : avant d’en due compte, je crois devoir rappeler ici les opinions qu'ont émis les divers anatomistes sur le vaisseau dorsal. CHAPITRE TI. Opüuon des divers anatomistes, sur le Vaisseau dorsal des insectes. Malpighi (1) a décrit le vaisseau dorsal dans sa belle ana- tomie du ver à soie. Il la considéré comme un long canal qui, dans son trajet, s’élargit ou se resserre en formant plu- sieurs petits tubes ovales, que l’on pourroit regarder comme autant de petits cœurs. Mais ici Malpighi a été trompé par LP ES (1) Voyez Opera posthuma : de Bombycibus, tome Il, p. 20. ANIMAUX ARTICULÉS. 159 les contractions successives du vaisseau dorsal : ce qui le prouve, ce sont les‘remarques qu'il fait lui-même. Les mou- vemens, dit-il, de ces parties du vaisseau dorsal, que lon peut considérer comme autant de cœurs, sont très-irréguliers, et le liquide contenu dans le vaisseau dorsal offre souvent un mouvement rétrograde. Cette marche irrégulière ne peut convenir, ainsi que l’a remarqué M. Cuvier, à un principal organe de circulation. Cette seule preuve sembleroit em- pècher de considérer le vaisseau dorsal comme un cœur. Malpighi ajoute ensuite qu'il n’a jamais aperçu la moindre ramification dans le vaisseau dorsal. En effet, les figures qu'il en a donné (tom. IT, tab. HT, fig. 4), n’en indiquent point. Or, comment concevoir une circulation sans vaisseaux, et comment appeler cœur un organe qui ne remplit aucune des fonctions de ce centre de circulation ? Malpighi se demande ensuite s’il naît des artères du cœur, et si ces artères portent le fluide nourricier à tout le corps. Quant aux rameaux qui proviennent des dilatations du vais- seau dorsal, et qu'il nomme oreillettes, il les a bien reconnus pour des trachées. Cela est bien évident, puisque leurs extré- mités, qui touchent le vaisseau dorsal, sont les plus fines, tandis qu'il en seroit le contraire si elles partoient de ce vaisseau. : _Swammerdam a décrit et figuré le vaisseau dorsal des insectes avec plus d’exactitude que Malpighi ; mais avec ce dernier il l'a toujours considéré comme un cœur ou du moins comme un organe qui en remplissoit les fonctions. En don- nant la description des insectes de son cabinet, cet excellent observateur dit expressément : Je conserve des œufs de sau- 160 VAISSEAU DORSAL k terelle qui sont oblongs, et entre lesquels paroïssent des vaisseaux sanguins veineux ou artériels (1). Mais comme Swammerdam ne revient plus sur cette observation qu’en parlant du ver à soie (2), il est probable qu'il aura été trompé par l'aspect brunâtre qu'auront pris les trachées en se des- séchant. Une cause très-simple peut également avoir contri- bué à cette illusion. Les vaisseaux hépatiques inférieurs sont extrèmement allongés dans les sauterelles, et tapissent sou- vent les ovaires. Ainsi, lorsqu'on n’y fait pas une grande attention , on peut très-bien les prendre pour des vaisseaux vasculaires. Du reste, Swammerdam décrit le vaisseau dorsal dans ses recherches anatomiques, comme un vaisseau creux qui offre par intervalles des étranglemens et des dilatations (3). Ti est loin cependant de considérer ces étranglemens comme autant de cœurs, et de croire que le mouvement de la liqueur qu’ils contiennent soit rétrograde. Il combat même l'opinion de Malpighi, en avouant toutefois qu'il ne sait pas comme s'opère la communication des branchies aux rameaux des tra- chées , et de celles-ci au cœur. Enfin, en parlant de la larve du géotrupe nasicorne , Swammerdam observe que tout le long du cœur existe des fibres motrices semblables à celles des anneaux du corps. Ces fibres pénètrent, selon lui, dans la substance même du cœur, en formant comme autant de cordons qui le dilatent et le resserrent. Ce sont en effet ces 7 (1) Biblia naturæ , tome I, pag. 214. (2) Collection académique, tome V, pag. 264. (3) Biblia naturæ , tom. Il, tab. XV, fig. 4. — Zd,, tom. I, pag. 252. —Zd., - tab. XX VIN, fig. 8. —/d., tom. I, p. 311. — Zd., tom. Il, p. 577. Tab. 34, fig. 6, a, a. — Id., tom. 11, pag. 664. Tab. XL, fig. 4. ANIMAUX ARTICULÉS. 161 fibres motrices qui font paroître le vaisseau dorsal, comme formé par une suite d’étranglemens et de dilatations, et qui - ont trompé presque tous les observateurs. En les enlevant, on voit fort bien, ainsi que M. Cuvier l’avoit observé (1), que ce vaisseau est un simple tube, égal dans toute sa lon- gueur, et seulement plus mince vers ses deux extrémités. De Geer à si peu parlé du vaisseau dorsal, qu'il est dif- ficile de savoir s’il avoit bien senti l'importance de cet or- gane. Ses idées ne peuvent être d'aucun poids dans l’objet qui nous occupe; aussi croyons-nous ne pas devoir y donner une plus grande attention. Quant à l'opinion de Lyonet , elle est assez différente de celle des observateurs que nous avons déjà cités. En effet, cet habile anatomiste ne croit point que le vaisseau dorsal des insectes mérite le nom de cœur, d'autant qu’il n’a jamais pu y découvrir ni veines mi artères, quelque soin qu'il ait apporté dans ses injections faites avec de l’encre et des li- queurs colorées. Il conclut même de cette absence de vais- seaux sanguins, et de la communication qui existe au moyen des fibrilles entre toutes les parties internes des insectes et le corps graisseux répandu partout, que ces portions doivent ürer leur nourriture de la graisse, au moyen des fibrilles. Dès-lors , il faut chercher.au vaisseau dorsal d’autres usages, et celui que Lyonet indique ne paroït pas être un des moins essentiels, ainsi que les faits que nous exposerons dans la suite de ce Mémoire le prouveront. Comparetti, auquel nous devons un grand nombre d’ob- « (1) Mémoire déja cité, Méin. du Muséum. 1. 4. 21 162 VAISSEAU DORSAL. servations anatomiques, et qui a eu la gloire de lutter avec Scarpa dans un travail très-difficile, paroît être le seul qui ait admis sans aucune espèce de restriction un double système vasculaire dans les insectes proprement dits. Ce double sys- ième s'étend, selon lui, dans toutes les membranes et dans tous les viscères. Il est surtout en rapport avec le système musculaire (1). En admettant un double système vasculaire, Comparetti a été forcé de conclure que lhumeur contenue dans le vaisseau dorsal avoit une circulation, et qu’elle marchoit de bas en haut, comme dans le lombric terrestre (2). Il pense éga- lement que les contractions et les dilatations du vaisseau dorsal ne sont point égales, et qu’elles sont plus ou moins considé- rables, suivant qu’on les examine dans telle ou telle partie. Passant ensuite à l'examen des vaisseaux vasculaires, il les décrit dans la mouche, en observant que les troncs latéraux qui ont des mouvemens de contraction se terminent par deux corps blancs et ovales. Deux troncs vasculaires y don- nent , selon lui, des rameaux très-larges et divergens sur la surface interne de l'anneau, comme au cœur et à l’œsophage. I] dit encore avoir apercu des filets rayonnés sur la surface des deux muscles du côté de l'anneau, et y avoir compté cent cinquante battemens par minute: Quant au mouvement de contraction et d'expansion, il lui a paru partir de la base et durer plusieurs heures après avoir fait la section latérale(3). Dans la mouche en forme d'abeille, qu’il nomme #mosca apiforme , il dit avoir vu le vaisseau dorsal présenter des (1) Dinamica animale, part. 1, pag. 236. (2) Id., part. T, pag. 211. (3) Id., part. I, pag. 216. ANIMAUX ARTICULÉS. 163 ramifications latérales et vibrantes. Ces ramifications com- muniquent avec d’autres qui s'étendent dans l’abdomen et qui vibrent comme le cœur. Les unes présentent des batte- mens très-fréquens, et les autres une ondulation assez mar- quée. J'ai souvent observé dans un grard nombre d'insectes, principalement dans les scolopendres, des contractions très- vives dans les fibres musculaires, et surtout dans celles qui se rendent aux pattes. Ces contractions s'étendent trans- versalement d’un côté de ces muscles à l’autre, ét sont si prononcées qu'on pourroit les croire produites par quelques ramifications du vaisseau dorsal; mais ce vaisseau n’en ayant aucune, ces contractions ne dépendent que des muscles eux- mêmes. Comparetti aura donc pu être facilement trompé par ces contractions , et les croire produites par des branches de'vaisseau dorsal, d'autant plus que, dans certaines espèces, les trachées ont une couleur violâtre, ou d’un rouge sombre, à la vérité toujours azurée. Comparetti ne se borne point à décrire dans une seule es- pèce les battemens des ramifications du vaisseau dorsal ; mais il dit les avoir également aperçus dans la mouche vivipare figurée par Réaumur (1), ainsi que dansle syrphus inanus (2). Il va encore plus loin, en parlant de l'abeille , car il assure y avoir observé deux canaux ou vaisseaux cylindriques partant de l’extrémité du vaisseau dorsal, dont l’un se dirige vers la partie supérieure du corps, et l’autre vers sa partie inférieure. Ces vaisseaux en fournissent encore d'autres, qui ious ont des vibrations plus ou moins prononcées. En continuant ses (1) Tome IV , pag. 11, Mém. X , p. 164. (2) Dinamica animale, part. 1, pag. 217, 219. 2 164 VAISsEAU DORSAL. recherches , il parle toujours des vibrations des rameaux fournis par le vaisseau dorsal , et cela en traitant des papil- lons, des ténébrions et du gryllon domestique. Enfin, lors- qu'il décrit le vaisseau dorsal des blattes, vaisseau qu'il ap- pelle toujours cœur, il dit que le sang qui y est contenu passe dans toutes les parties intérieures, et que le système vascu- laire s'étend jusqu'aux rameaux les plus fins, soit de la parue externe, soit de la partie interne de l’abdomen, du thorax, de la tête et des membres (1). Ce résumé succinct des observations de Comparetti, prouve non-seulement que ce grand anatomiste n’a point douté que le vaisseau dorsal eût des ramifications, mais qu'il a cru trouver dans les insectes comme dans les mollusques un double système vasculaire. Il est bien difficile de concevoir comment Comparetti a été trompé dans ses dissections, qui, quoique délicates, n’en sont pas moins faciles à faire , à cause du petit nombre de vaisseaux qui existent chez les insectes. Ainsi, pour trouver la cause de son erreur, nous avons mis la plus grande attention à répéter la plupart de ses dissec- tions, et cela sur les espèces que Comparetti indique lui< même. Mais toutes les recherches que nous avons pu faire nous ont bien convaincu qu'il n'existe pas plus de ramifica- tions au vaisseau dorsal des insectes, que de système vascu- laire dans cet ordre d'animaux. Il n’en est pas de même dans les scorpions et les araignées; aussi ces animaux, qui ont un système vasculaire , offrent-ils, par une conséquence con- traire , dés organes respiratoires circonscrits qui remplacent tes trachées qu’on trouve dans tous les vrais insectes. Nous (1) Idem, pag. 230. ANIMAUX ARTICULÉS. 165 défiant cependant de nos propres observations, nous les avons fait répéter par un jeune anatomiste, M. Pilar, dont l’exac- titude nous étoit bien connue. Malgré toute la patience qu'il a bien voulu mettre dans ce travail, il n’a jamais pu décou- vrir la moindre ramification au vaisseau dorsal des vrais insectes. Ce point de fait nous étant bien démontré, nous ne sommes pas éloignés de penser que les organes pris par Comparetti pour des vaisseaux vasculaires, ne sont autre chose que les vaisseaux hépatiques inférieurs. En effet, ces vaisseaux sont très-allongés , libres et presque capillaires : comme ils ont en général une couleur assez sombre, on peut facilementles prendre pour des vaisseaux artériels ou veineux. Ceci est même d'autant plus facile à croire, qu'ils ont sou- vent un mouvement vermiforme : c'est ce mouvement que Comparetti aura pris pour des vibrations. Du reste, depuis Comparetti, M. Cuvier a établi par un grand nombre de preuves négatives, ainsi que par des preuves rationnelles, que le vaisseau dorsal des insectes n’avoit point -de ramifications, et que même l’organisation de ces animaux les rendoit tout-à-fait inutiles. Enfin, tout nouvellement , il a considéré le vaisseau dorsal comme un vestige de cœur ou comme un viscère qui ne remplit plus aucune des fonetions de cet organe. Avant qu'un organe cesse d'exister, il n’exerce plus, dit-il, les fonctions qu’il remplissoit dans les animaux où 1l étoit absolument nécessaire. Il cite même, pour preuve de cette cessation de fonctions , avant que l’organe dispa- roisse, les mains qui existent encore dans un grand nombre d'espèces, où cependant elles ne sont plus d'aucune «utilité comme mains. 166 VAISSEAU DORSAL. CHAPITRE IL Examen du Vaisseau dorsal, dans les différens ordres d'insectes. * D’après l'exposé que nous venons de tracer, il est évident que la non-existence des ramifications du vaisseau dorsal a été admise par le plus grand nombre d’anatomistes. Cepen- dant, comme il est encore resté des doutes sur cet objet, d'autant que certains observateurs décrivent ces ramifica- tions avec des détails qui semblent ne pouvoir être trans- mis que par l'examen le plus attentif, nous avons cru utile d'entreprendre les recherches dont nous allons rendre compte. J’ai commencé l’examen du vaisseau dorsal par les espèces chez lesquelles on le voit battre même à l'extérieur du corps. J'ai choisi parmi celles-ci soit des larves de coléoptères, soit des larves de lépidoptères. La larve du géotrupe nasi- corne étant très-commune , m'a paru propre à remplir mon but. Le vaisseau dorsal de cette espèce est allongé, cylin- drique ; en le séparant des muscles et des membranes grais- seuses qui l'entourent, on voit que son diamètre est égal dans presque toute sa longueur ; seulement il est un peu plus étroit vers ses deux extrémités. M’étant bien assuré de cette disposition, j'ai cherché si je ne pouvois pas y trouver quelques ramifications. Pour cela je l'ai observé avec la plus grande attention et avec d'excellentes loupes. Les contractions ont toujours eu lieu seulement dans le vaisseau dorsal, et ne sont jamais étendues hors du canal ANIMAUX ARTICULÉS. 167 qui règne le long du dos. J’ai ensuite soumis ce vaisseau sous la lentille de mon microscope , et je n’y ai point aperçu de ramifications, ni même dans les membranes qui l'entourent. En vain en ai-je cherché quelques traces dans les membranes du tube intestinal, les fibres des muscles, surtout dans ceux des anneaux de l’abdomen et des mandibules qui auroïent dû en offrir, s’il en existoit, à cause de l’énergie de leurs contractions, et du besoin que ces organes ont de vaisseaux. J'ai ensuite examiné le vaisseau dorsal du géotrupe nasicorne et celui du G. ponctué; et, de quelque manière que j'aie opéré, je n’y ai jamais aperçu la moindre ramification. J’ai encore soumis au même examen un assez grand nombre de coléoptères, les plus gros que j'ai pu me procurer, comme l’'ateuchus semi-punctatus, les cetoria aurata, fastuosa, le scarites gigas, le cerambyx heros, les blaps gigas, mor- äsaga. Dans tous j'ai observé le vaisseau dorsal sans rami- fications. Ces dissections m'ont cependant prouvé que, sans une certaine attention, on pouvoit en admettre dans ce vais- seau, à cause de la couleur et de la disposition des vaisseaux hépatiques, qui, très-allongés et presque capillaires, se ré- pandent dans toutes les parties du corps, et s’y trouvent souvent fixés, après qu'on a enlevé le tube intestinal. Pour s'assurer de cette disposition, il faut ne point enlever le tube intestinal et disséquer dans l’eau. Ce liquide soulève les vais- seaux hépatiques , et il devient ainsi facile de remonter jus- qu’à leur insertion. : us Quoique je n’eusse pas aperçu de ramifications au vaisseau dorsal dans ces espèces, je ne devois pas en conclure qu'il v’en existoit point dans les insectes. Je tentai donc de nou- 168 VAISSEAU DORSAL,. velles dissections. Le locusta gigantea étant le plus gros in- secte de l’Europe, je m'empressai d’en faire le sujet de mes nouvelles observations; mais je ne fus pas plus heureux dans cette espèce que jene l’avois été pour les précédentes. Il en fut de mème pour les /ocusta brevipennis, verrucipora ,grisea, et les 27yllus lineola et migratorius. Toutes ces espèces sont cependant d’une grosseur assez considérable. Je tentai encore de nouvelles dissections sur les blatta occidentalis , acheta campestris , empusa pauperata etmantts religiosa. Dans toutes, je vis constamment le vaisseau dorsal sans aucune ra- mification ; et ce qui me le prouvoit, c’est qu'après lavoir enlevé avec le plus grand soin, je ne pouvois découvrir au- cune trace de déchirure, ce qui aureit dü avoir lieu s'il étoit parti des ramifications de ce vaisseau. Du reste, on n’en voyoit jamais s’écouler aucune humeur; maïs, ainsi que nous le prou- verons plus tard, ceci pouvoit dépendre de plusieurs circon- stances. Il falloit cependant vérifier les observations de Comparetti: pour cela j’examinai le vaisseau dorsal dans un grand nombre de papillons, de tenebrio, et dans le gryllon domestique. Toutes ces dissections confirmèrent les résultats que j’avois d’abord obtenus. Il en fut de même lorsque j'étudiai l’organisation des sphinx , des noctua et des tettigonia, tous insectes assez gros. Enfin, il me restoit à vérifier si le vaisseau dorsal des mouches et des syrphus offroit ces ramifications que Compa- reiti avoit décrites avec tant de détail. Je vis en général, dans les diptères et les hyménoptères , le vaisseau dorsal présen- ter des contractions assez multipliées ; mais pour des vaisseaux ni des battemens sur les côtés du vaisseau dorsal, j'avoue qué : ANIMAUX ARTICULÉS. 169 je n'ai jamais su y en apercevoir. Cependant, j'ai étudié ce vaisseau dans le scoZa flavifrons; Vapis violacea, et le syr- phus bifasciatus de Panzer , espèces les plus grosses que fournit la France méridionale. J'ai pris ensuite l’apis mnellr- fica, que Comparetti cite expressément ; mais quoique ces recherches fussent plus difficiles en raison de la petitesse de l'espèce, je n'ai point vu les deux vaisseaux cylindriques dont parle cet anatomiste, et qui, selon lui, partent de l'extrémité du vaisseau dorsal pour se diriger, l'un vers la partie supé- rieure du corps, et l’autre vers la partie inférieure. Quoique la disposition qu'annonce ici Comparetti indique la marche régulière d’un vaisseau, je persiste encore à croire qu'il a été trompé par l’aspect des vaisseaux hépatiques. J'ai terminé ces premières recherches par l'examen des larves des Kpidoptères. J'ai principalement disséqué celles du sphinx, du tithymale, et de la bombyx du mürier. Toutes ces larves m'ont paru avoir un vaisseau dorsal, sans aucune sorte de ramifications. $ J'ai également cherché si je ne découvrirois pas quelques traces de vaisseaux vasculaires däns les tuniques cellulaires ou musculaires des intestins, tuniques qui en auroient sû- rement reçues, sil en existoit ; car l’on sait que l'appareil digestif est extrêmement développé dans les larves. Les muscles des mandibules, examinés dans le même dessein, m'ont également paru sans vestiges de vaisseaux , quelque soin que j'aie apporté dans cette recherche. : Ces faits prouvent que le vaisseau dorsal des insectes est un canal presque cylindrique, seulement un peu rétréci à ses deux extrémités. Ses contractions sont assez prononcées Mém. du Muséum. 1. 4. 22 170 VAISSEAU DORSAL. pour être sensibles à l'extérieur du corps, lorsque la peau a peu d'épaisseur et une certaine transparence. Du reste , il faut remarquer que les contractions de ce vaisseau sont ir- régulières et presque jamais isochrones. Cette irrégularité annonce bien qu’elles ne sont point produites par une véri- table humeur en circulation. En effet, nous verrons plus tard qu’elles ne dépendent nullement de cette humeur, et qu’elles _paroïssent même indépendantes de l’organisation du vaisseau dorsal. On observe encore que ces contractions ne sont point également fortes ni également multipliées dans toutes les es- pèces. Quoiqu'il soit bien difficile de rien préciser à cet égard, il semble pourtant qu’en général elles sont plus prononcées dans les larves que dans les insectes parfaits. Ceci paroït du moins sensible pour les larves voraces, comme celles du géo- trupe nasicorne et de certaines espèces de sphinx et debombyx. Quant à l'humeur contenue dans le vaisseau dorsal, sa couleur est toujours relative à celle de la substance adipeuse qui entoure ce même vaisseau ; par conséquent , elle n’est point uniforme dans les différentes espèces. On observe, en effet, que la graisse qui entoure le vaisseau dorsal a toujours une couleur analogue à celle de l'humeur contenue dans ce même vaisseau. Cette similitude de couleur , similitude du reste fort constante, peut faire soupconner que le vaisseau dorsal est destiné à opérer la sécrétion de cette matière, st nécessaire chez des animaux où les parties prennent un ac- eroissement rapide , lorsqu'elles se transforment en organes nouveaux et différens de ceux qui existoient déjà. L’humeur du vaisseau dorsal offre donc, ainsi que nous venons de le faire remarquer, des nuances très-variées. En ANIMAUX ARTICULÉS. 17 effet, elle est d’un brun sombre dans la plupart des coléo- ptères, verdâtre dans certains orthoptères , jaune dans le ver à soie, orange dans la chenille du saule, transparente dans la larve du grand paon, et enfin d’une teinte peu foncée dans la plupart des lépidoptères. Examinée au microscope, cette humeur paroit formée par un grand nombre de globules, dont la transparence dépend de la couleur de l'humeur elle- même. Cette organisation annonce l’analogie de cette hu- meur avec la graisse. On la voit composée également de petits grains qui, vus au microscope , paroissent contenir chacun beaucoup d’autres grains semblables et plus petits. Ces grains ne sont que les globules graisseux qui nagent ou qui sont contenus dans de petits sachets sphériques et membraneux. La graisse est renfermée dans des sacs. membraneux; car par elle-même elle est fluide et s'écoule aisément, lorsqu'on l'examine, en perçant avec une aiguille très-fine les sacs qui la contiennent. Lorsqu'on l’exprime ainsi en déchirant ses enveloppes , elle trouble l’eau et se partage en petits gru- meaux. L’humeur du vaisseau dorsal, mise dans l'eau, se mêle facilement avec ce liquide. Une goutte répandue sur un morceau de porcelaine, se durcit après l’évaporation et ressemble alors à de la gomme. Les tuniques du vaisseau dorsal sont en général assez min- ces. II me seroit assez difficile de dire à quelle classe elles appartiennent. Autant que j’ai pu en juger, il me paroitroit que leur membrane externe est de la nature des cellulaires, tandis que l’interne est musculaire. Le vaisseau dorsal se trouve maintenu dans sa position par des trachées fort nom- breuses, et plusieurs s’y perdent totalement. Il est probable 22% 172 VAISSEAU DORSAL. k que ces trachées forment, par leurs entrelacemens, la tunique externe de ce même vaisseau : ce qui le prouve, c’est que dans certaines espèces, par exemple, dans la larve du bornbyx Pavonia major, on voit le vaisseau dorsal comme formé par des stries longitudinales blanchâtres. Ces stries ne sont autre chose que les trachées qui s’étendent tout le long du vaisseau dorsal, en y formant un réseau inextricable. Il est facile de se convaincre que ces vaisseaux sont des trachées , en les plon- geant dans une liqueur colorée. Tout se colore , excepté les trachées, qu’on voit toujours distinctement , et dont la prin- cipale direction est longitudinale. Ce fait, facile à vérifier, prouve bien, ce me semble, que la première membrane du vaisseau dorsal est cellulaire, puisque, dans certains indivi- dus, on voit distinctement les fibrilles blanches des trachées qui la composent s’y perdre totalement. Du moins observe-t-on que les trachées ont une grande influence sur les contractions du vaisseau dorsal, contractions toujours beaucoup plus fortes dans les points où il en existe un grand nombre. Aussi, comme c’est toujours la portion inférieure du corps qui reçoit le plus de trachées, c’est aussi à l'extrémité du vaisseau dorsal que les contractions sont les plus fréquentes et les plus sensibles. On peut donc dire en thèse générale, que les contractions du vaisseau dorsal sont toujours plus fortes dans l’abdomen qu'ailleurs, et cela par une suite du grand nombre de trachées qui s’y trouvent et de la communication directe au moyen des stigmates de ces mêmes trachées avec l'air. Dans les larves qui reçoivent l'air par l’anus, comme les libellules, ce point de fait est peut- être encore plus sensible. ANIMAUX ARTICULÉS. 179 Si les trachées , ou pour mieux dire l’air qu’elles apportent, ont une influence directe sur les contractions du vaisseau dorsal, on devroit pouvoirla mieux reconnoître encore en exa- minant ce vaisseau dans les différentes métamorphoses que les insectes subissent. On sait, en effet, que’lesmêmes organes ou les mêmes systèmes d'organes éprouvent chez les insectes de grandes différences , suivant que ces animaux se trouvent dans tel ou tel état. Ainsi, dans l’état de larve , le système digestif est le plus prépondérant, et les trachées qui se ren- dent dans le tube intestinal sont si considérables, qu’elles forment autour des viscères intestinaux des paquets fort nom- breux et des réseaux très-multipliés. Cette disposition est surtout bien évidente dans les chenilles. Les chenilles, qui s’enferment dans des cocons, présentent même cette particularité, que les vaisseaux soyeux prennent un grand développement au moment où elles vont se mé- tamorphoser en chrysalides. Ces vaisseaux remplissent alors toute la cavité de l'abdomen, et le tube intestinal diminue tellement, qu'il paroït comme contracté sur lui-même et réduit presque à rien. Ce fait est surtout bien sensible dans les chenilles qui filent beaucoup, comme celles du ver à soie et des bombyx payonia major, media, trifolir, et quercus. Dans les insectes parfaits, les organes générateurs et.ceux du mouvement prennent, au contraire, la plus grande pré- pondérance. Les trachées deviennent aussi très-multipliées dans ces parties. Voilà donc un changement bien sensible qui s’opère dans les organes des insectes, changement quia lieu par une suite de leurs métamorphoses successives: Mais en est-il de même à l'égard du vaisseau dorsal ? Pour m’en assurer, 174 VAISSEAU DORSAL. j'ai comparé le vaisseau dorsal des larves avec celui des in- sectes parfaits. Une observation attentive m’a prouvé qu’en général le diamètre du vaisseau dorsal étoit beaucoup plus égal dans les larves que dans les insectes parfaits. J’ai d’abord cru que la forme da corps, qui dans les larves pré- sente peu d'étranglemens et se trouve, au contraire, presque toujours cylindrique , pouvoit être la cause de cette égalité. Cependant, quoique cette cause puisse avoir une certaine influence sur l'égalité de ce diamètre , je ne pense pas qu’elle soit la plus prépondérante. Il me semble, au contraire, que cette disposition dépend principalement de ce que la graisse est plus généralement répandue dans le corps des larves que dans celui des insectes parfaits. Il est même de fait que dans les insectes où la substance graisseuse n’existe plus que dans l'abdomen , le vaisseau dorsal est à peine sensible dans le corcelet ou du moins ses contractions. Mais, dans les uns et les autres, les contractions et les dilatations sont toujours plus fortes dans l'abdomen, à cause des trachées qui s’y rendent , ainsi que nous l'avons déjà dit. Mais comme un organe ne prend jamais un plus grand développement sans que le but qu'il doit remplir s’en ressente, on remarque que la graisse est plus abondante dans l'abdomen que partout ailleurs. Quoique cela soit moins évident dans les insectes parfaits que dans les larves, et par les raisons que nous avons exposées, l'abondance du tissu adipeux dans l'abdomen y est encore très-sensible. Nous verrons, dans la suite de ce Mé- moire, jusqu’à quel point on peut s'appuyer de ces faits pour déterminer la nature des fonctions du vaisseau dorsal. Le vaisseau dorsal des insectes reçoit des nerfs, et même ANIMAUX ARTICULÉS. 175 en assez grand nombre. Lyonet en cite neuf paires (r), en décrivant le vaisseau dorsal de la chenille du saule. Nous ne pouvons point en fixer le nombre d’une manière aussi pré- cise, surtout en considérant ce vaisseau d’une manière géné- rale; mais il nous paroît qu’il en reçoit toujours plus dans les larves que dans les insectes parfaits. Les nerfs paroïssent même entrer et se perdre dans les membranes de ce vaisseau. Nous n'avons pu cependant vérifier l'observation de Lyonet, qui assure que plusieurs nerfs sortent de ce vaisseau. Cet habile observateur, en voyant le vaisseau dorsal recevoir une aussi grande quantité de nerfs, a cru que ce vaisseau fournissoit aux nerfs la substance qui leur étoit nécessaire. Il seroit bien difficile de prouver une pareille assertion, comme d’en dé- montrer la fausseté; aussi croyons-nous devoir nous borner à la faire connoïtre , sans cependant la croire fondée ; car, si on en jugeoit par l’analogie, on seroit peu porté à l’'admettre. Avant de parler des muscles ou de la membrane cellulaire qui maintient le vaisseau dorsal dans sa position, nous dirons quelques mots des contractions et des dilatations du vaisseau dorsal. Ce vaisseau, avons-nous dit, offre des contractions et des dilatations plus fortes dans les larves que dans les insectes parfaits. Ceci est vrai généralement, avec cette restriction que si ces contractions sont plus prononcées, elles sont, au con- traire , moins fréquentes. Ainsi, je n’ai compté que trente-six pulsations par minute dans le vaisseau dorsal de la larve du grand paon, tandis que j'en ai observé, dans le même espace () Voyez Traité anatomique de la chenille du saule. Chap. XI, pag. 412, planche XI, fig. x. 176 VAISSEAU DORSAL. de temps, plus de quatre-vingt-deux dans les Zocusta; et enfin , au-delà de cent quarante dans le bremus terrestris. Mais dans la larve, les contractions étoient tellement fortes, que les deux lames de la membrane du vaisseau dorsal se touchoïent au maximum de ces contractions. Dans la saute- relle, au contraire, le resserrement portoit à peine ces mêmes membranes jusqu'au quart de la largeur du vaisseau dorsal. Le mouvement qu'on voyoit dans le bremus terrestris étoit, du reste, plutôt un battement continuel qu’une contraction et une dilatation des membranes du vaisseau dorsal. Ces pul- sations, que j'ai estimées à cent quarante par minute, mais qui en réalité sont bien plus fréquentes , partent de bas en haut, et sont fort irrégulières. Lies contractions et les dilata- tions du vaisseau dorsal sont si fortes dans les chenilles, qu’elles ébranlent toute leur membrane péritoniale et leur tissu adi- peux, ce qu'on ne voit jamais chez les insectes parfaits. IT est enfin évident que, dans les contractions du vaisseau dorsal, le diamètre de ce vaisseau doit diminuer, tandis qu'il aug- mente dans ses dilatations. Le vaisseau dorsal est maintenu dans sa position par des fibres musculaires, dont la disposition générale est triangu- lire, et qui augmentent de largeur de la partie supérieure du corps à son extrémité inférieure. Ces fibres musculaires ont été désignées par Lyonet sous le nom d’ailes, parce qu’elles forment des espèces d’appendices qui rappellent en quelque sorte la disposition de ces parties. Ces appendices, formés par des cordons musculaires , contiennent un grand nombre de molécules graisseuses extrêmement déliées, et quelques nerfs. Cependant ces cordons musculaires, mieux examinés et sou- & ANIMAUX ARTICULÉS. 177 mis sous la lentille du microscope, paroïssent bien composés de fibres transversales et fort serrées ; mais, outre ces fibres, on voit que les molécules graisseuses sont contenues dans une membrane cellulaire très-extensible. C'est en effet dans les nombreux réseaux de cette membrane que‘se trouve une substance adipeuse très-abondante, dont la couleur, tou- jours analogue à celle du vaisseau dorsal, tranche avec la graisse blanchâtre et plus animalisée contenue ‘dans la mem- brane péritoniale. On peut en effet présumer que cette graisse est plus animalisée que celle qui touche le vaisseau dorsal, puisque ses propriétés sont à peu près semblables à celles de la graisse des animaux vertébrés. La couleur de cette substance graisseuse est presque tou- jours la même: généralement blanche, elle ne varie guère que dans les nuances du blanc le plus brillant au blanc légère- ment jaunâtre. Son odeur est fade, rarement nauséabonde, et le plus souvent presque nulle. Elle n'a aucune action sur les couleurs végétales. Elle est très-dense ; aussi, dégagée de la membrane qui la contient, se précipite-t-elle au fond de l'eau. Exposée à l’air, elle devient jaune et rancit, en cédant une partie de son carbone et de son hydrogène à l’oxigène de l'air. Je ne puis dire si, comme chez les animaux verté- brés , la graisse des frugivores est plus dense que celle des carnivores. | Les acides agissent tous sur la graisse des insectes avec plus ou moins d'énergie. Le sulfurique la charbone assez prom- ptement, ce que j'ai surtout observé pour celle du bombyx pavoniæ major. La graisse de la larve de cette espèce, séchée à l'air, et par conséquent devenue rance, soumise ensuite dans Mém. du Muséum. 1. 4. 23 178 VAISSEAU DORSAL. l'acide sulfurique , colore fortement cet acide en jaune, et ne se charbone pas aussi promptement. Lorsqu'on traite la graisse des insectes par l'acide nitrique , il se dégage un peu de gaz nitreux. La graisse jaunit fortement , se coagule assez vite , en se combinant avec une certaine quantité d’oxigène et formant une espèce de pommade oxigénée. La graisse du gryllo-talpa , soumise dans l'acide muriatique, s’y coagule très-vite; mais elle jaunit beaucoup moins, l'acide muriatique lui cédant moins d’oxigène. CHAPITRE III. Injections du Vaisseau dorsal. .. D'après tout ce que nous avons dit précédemment, il est évident qu'il est bien difficile par observation directe, pour ne pas dire impossible, de: reconnoître les ramifications du vaisseau dorsal. Mais il convenoit de ne point admettre des preuves purement négatives, sans avoir Lenté auparavant d'y parvenir par d’autres moyens. Les premiers qui se présen- toient étoient les injections, et c’est aussi ceux que j’ai d’abord tentés. ‘! _: Les membranes du vaisseau dorsal étant extrêmement minces, mettent par conséquent un grand obstacle à la réus- site des injections avec le mercure : aussi presque toujours le vaisseau dorsal crève avant que l'injection soit parvenue à son extrémité; en sorte qu'il n’est guère possible de compter sur les résultats de pareilles injections. Cependant, je dois observer que, dans les portions du vaisseau dorsal où lin- jection a réussi, je n’ai jamais vu le mercure s’épancher dans ANIMAUX ARTICULÉS. 1799 la plus petite fibrille, ni nmdiquer la moindre ramification. Ce moyen me paroissant insuflisant, je l’ai bientôt äban- donné, et j'ai terité diverses injections avec des liqueurs teintes, soit avec la cochenille, soit avec l’indigo, suivant ka couleur du vaisseau dorsal. Ces injections, poussées avec une seringue très-fine, ont parfaitement réussi, surtout dans les larves du grand paon et du sphinx du tithymale, de même que dans le taupe-gryllon. Dans toutes, l'injection ayant pé- nétré jusqu à l'extrémité du vaisseau dorsal, ce vaisseau m'a toujours paru un simple canal cylindrique et sans aucune ra- mification. J’ai ensuite répété ces injections dans un grand nombre d'individus de toutes les classes, et j'ai toujours eu de semblables résultats, Si ces injections avec des liqueurs colorées n’indiquoient pas de ramifications au vaisseau dorsal , il étoit possible que ces ramifications devinssént sensibles, en faisant absorber ces mêmes liqueurs à ce vaisseau. Pour cela j'ai mis des insectes vivans dans des liqueurs fortement colorées | et j'ai laissé Pabsorption s’opérer par les seuls pores des organes. J’espé- rois d'autant plus réussir, que la conformation des trachées pouvoit me faire présumer que ces vaisseaux n’absorberoïent que fort peu ces mêmes liqueurs. Dans tous les insectes sou: mis à ce genre d’épreuve, j'ai vu les pulsations du vaisseau dorsal cesser peu à peu, ét l'humeur qui y est contenue sé coaguler ; ce n'est qu'après cette coagulation que les mem- branes du vaisseau dorsal ont absorbé les liqueurs colorées, et même beaucoup plus promptement que celles des autres organes. Ce vaisseau, ainsi coloré, formoit le long du dos une ligne bleuître ou rougeâtre qui n’avoit aucune sorte de ra- 231 180 VAISsEAU DORSAI.: mifications. On distinguoit: cependant toujours les fibrilles blanches des trachées, qui; comme nous l'avons dit , compo- sent leur première membrane. Dans cette absorption , les trachées ne changent pas sensiblement de couleur ; elles pren- nent seulement une teinte plus foncée; mais elles s’affais- sent complétement. Le tissu adipeux qui entoure le vaisseau dorsal se perd:en grumeaux, les muscles se séparent de ma- nière que leurs fibres deviennent parfaitement distinctes, et qu'on peut reconnoîtré facilement leurs attaches. La liqueur étant enfin évaporée , l’indigo ou le carmin paroît disséminé entre les membranes adipeuses, mais, point d’une manière uniforme, comme cela auroit lieusi ces substances colorantes se trouvoient contenues dans de véritables vaisseaux. : Dans d’autres éssais que j'ai tentés, j’ai vu les membranesdes trachées absorber les liqueurs colorées; mais cette absorption étoit si peu sensible ;.que.je n’en parle que pour en prévenir ceux qui pourroient répéter ces expériences. Dansles /ocusta, j'ai vu souvent’ que l'absorption opérée par les membranes du tissu adipeux, attenantes aux fibres musculaires nommées ailes par Lyonet, étoit presque aussi grande que celle opérée par le vaisseau dorsal. IlLest évident que, dans cette dernière circonstance, la ligne colorée formée par le vaisseau doit être moins sensible. En examinant ces membranes avec une forte loupe, on voit toujours distinetement la couleur former une ligne continue dans le vaisseau dorsal, continuité qu’on ne voit jamais par côté, /ni dans les membranes. Ces premiers essais étant insuflisans pour reconnoître les ramifications du vaisseau dorsal, jai injecté et fait absorber à ce vaisseau des liqueurs qui pussent agir chimiquement sur ANIMAUX ARTICULÉS. 101 humeur qu'il contient. I’alcool gallique , fortement coloré par l’indigo ou le carmin filtré, afin d’avoir le moins possible de particules colorantes non dissoutes, a été le premier réactif que j'aie employé. Cette liqueur, poussée dans le vaisseau dorsal avec une seringue à injection et à ouverture capillaire, s’est étendue jusqu’à l'extrémité du vaisseau. J'ai répété cette injection plusieurs fois sur des larves du géotrupe nasicorne et du grand paon, ainsi que sur des taupes-gryllons (ces ani- maux étant en vie), je n’ai jamais vu la liqueur colorée s’é- pancher dans la moindre branche du vaisseau dorsal. J'ai ensuite répété ces injections d’une manière un peu dif- férente ; et pour être bien sùr qu’elles pénétroient dans, le vaisseau dorsal, j'ai introduit un globule de graisse dans ce vaisseau , et à mesure que je poussois Pinjection, le globule avançoit dans l’intérieur de cet organe. Ainsi, peu à peu il est parvenu jusqu’à son extrémité, et dès-lors je n’ai pu avoir le moindré doute sur la réussite de mon injection. Comme je n’ai point aperçu de ramifications , j'ai disséqué avec beau- eoup de soin la membrane qui entoure le vaisseau dorsal, et j'ai cherché à isoler celui-ci le plus complétement qu’il m’a été possible. Passant ensuite un peu de papier joseph à côté du vaisseau, je l'ai cornprimé légèrement, afin de m’assurer s'il n’en sortiroit pas quelques globules de liqueur colorée, puisque j'avois nécessairement, par la dissection précédente, coupé les ouvertures de ses ramifications, s’il en existoit. Quelque soin que j'aie mis dans ces expériences, en les va- riant et les répétant à plusieurs reprises, jamais aucune hu- meur ne $’est écoulée. Quelquefois, quand mon acide ne bouchoit pas complétement l'ouverture inférieure du vaisseau 182 VAISSEAU DORSAL. dorsal, il s’échappoit quelques portions de la liqueur colorée, mais c’étoit toujours par cette seule extrémité. Enfin , ayant fait absorber l'alcool gallique par les membranes mêmes du vaisseau dorsal (les insectes étant vivans), j'ai vu la graisse et l'humeur du vaisseau se coaguler et absorber ensuite l'esprit de vin ; mais jamais il n’a été possible de découvrir la moindre ramification latérale. Un accord aussi constant dans des re- cherches si délicates, sembloit bien permettre de conclure que le vaisseau dorsal des insectes ne devoit point avoir de ramifications; mais comme je n’avois point encore tenté tout ce qu’il me paroissoit possible de faire pour m’en assurer, je continuai ces recherches. Les acides m'ayant paru propres à coaguler l'humeur du vaisseau dorsal , j’ai mis quelques gouttes d’acide nitrique sur ce vaisseau. À l'instant, les contractions de cet organe ont cessé; la vie n’a pas paru troublée pour cela, et l’insecte a continué d’agiter sesmembres comme auparavant. Le vaisseau dorsal etl’humeur qu'il contenoit sont devenus blanchäâtres; et comme l’altération s’est peu à peu étendue jusqu'aux muscles, ceux-ci ont pris également une teinte blanche, mais avec un éclat nacré tout particulier. Le vaisseau faorsat: rempli d’une liqueur coagulée, est ainsi devenu plus facile à observer, et enle soulevant avec précaution, je n’ai point aperçu la moindre fibrille qui en partit, si ce n’est les trachées qui s’y rendent, Il est, du reste, toujours facile de distinguer ces derniers or- ganes, puisque l’altération qu'y produit lacide nitrique ne fait autre chose qu’en augmenter le lustre, J’ai ensuite essayé l’action des divers acides, et j’ai toujours obtenu les mêmes résultats; seulement ils ont été plus prompts en faisant usage ANIMAUX ARTICULÉS. 183 d'acide sulfurique concentré à 690. Du reste, l’action des acides est avantageuse pour suivre la direction des muscles, et cela parce qu'elle communique à ces organes une couleur nacrée assez éclatante, et qu’elle permet de distinguer les faisceaux qui les composent. Les injections faites avec des dissolutions de tannin m'ont toujours montré le vaisseau dorsal sans aucune espèce de ramifications, et il en a été de même lorsque je l'ai fait ab- sorber par les membranes mêmes de ce vaisseau. CHAPITRE IV. Des causes des contractions et des dilatations du Vaisseau dorsal. . Ce premier ordre de recherches fini, il restoit à détermi- ner à quoi étoient dues les contractions et les dilatations du vaisseau dorsal, et de quelle importance cet organe pouvoit être dans l’économie générale des insectes. Ces contractions et ces dilatations pouvoient dépendre de plusieurs causes, ou seulement de la structure propre de cet organe, ce qu'il étoit difficile de présumer, puisque l'absence de vaisseaux vasculaires annonçoit que l’humeur qui y étoit contenue n'avoit point une véritable circulation. Pour m’en assurer, j'ai commencé par examiner quelle influence les muscles qui entourent le vaisseau dorsal pouvoient avoir dans les con- tractions de ce dernier organe. Le taupe-gryllon étant un insecte très-vivace , m'a princi- palement servi dans ces expériences. Le vaisseau dorsal mis à découvert, j'ai enlevé les muscles abdominaux (et forcé-- 184 VAISSEAU DORSAL. ment les membranes adipeuses) dans la partie moyenne de l'abdomen, tandis que j'ai laissé dans toute leur intégrité les muscles dorsaux dans la partie supérieure et inférieure de Vabdomen. Cette opération terminée, j'ai remarqué que le vaisseau dorsal se contractoit toujours dans les parties où les muscles n’avoient pas été enlevés, et que ces contractions étoient d'autant moins vives qu’on les examinoit dans les an- neaux près desquels les muscles avoient été enlevés. Cepen- dant, peu à peu quelques contractions ont eu lieu dans les parties du vaisseau dorsal où l’on avoit emporté les muscles, mais elles sont toujours restées plus foibles, et sembloient partir des portions où les muscles se trouvoient encore. Dans d’autres individus, j'ai enlevé entièrement les muscles dorsaux, et alors les contractions du vaisseau dorsal se sont affoiblies par degrés et ont fini même par cesser, à la vérité au bout d’un terme assez long. M. le docteur Encontre (1) a bien voulu à ma prière répéter ces expériences ; il a observé. qu'après avoir enlevé les muscles dorsaux, les contractions du vaisseau dorsal ont diminué peu à peu dans les anneaux où ces muscles avoient été enlevés, tandis qu’elles étoient encore très-vives dans les anneaux où les muscles existoient encore. Enfin, dans un anneau où il n’avoit laissé que quel- ques portions musculaires , le vaisseau dorsal se contractoit encore, quand ses contractions avoient cessé dans les parties où tous les muscles avoient été enlevés. Il faut remarquer que les insectes soumis à cette épreuve ne sont point morts, lors- QG) Cest le fils de M. Daniel Encontre, connu avantageusement dans les sciences mathématiques. ANIMAUX ARTICULÉS. 185 que mème tous les muscles dorsaux ont été enlevés ; mais ce qu'il y a de plus singulier, c’est qu’ils vivoient encore après avoir emporté entièrement le vaisseau dorsal, J'ai vu une chenille du sphinx-atropos respirer six heures après que je lui avois enlevé le vaisseau dorsal. Les inspirations et les exp xations continuoient toujours, et l’on pouvoit d'autant moins en douter que des bulles d’air venoient crever aux ouvertures des trachées qui avoient été fendues, lors de la section du vaisseau dorsal. Si cet organe étoit un cœur, comment seroit-il possible que les insectes auxquels on l’arrache pussent vivre autant de temps? Mais pour se convaincre combien peu il en remplit les fonctions, qu’on l’enlève aux animaux qui l'ont encore dans son état le moins compliqué, et l’on sentira la différence ; aucun ne résistera à cette section, et la plupart mourront même avant qu'elle soit terminée. I faut cependant observer que les insectes auxquels on a arraché le vaisseau dorsal ne peuvent plus marcher , ais la vie animale n’en existe pas moins. Du reste, cette vie intense se retrouve dans tous les ani- maux qui n’ont point de centre d'action; et ce qui le prouve, c'est la promptitude avec laquelle meurent les autres ani- maux. Certainement il me semble qu'il ne devroit pas y avoir une grande différence, sous ce rapport, entre les faucheurs et les araignées, de même qu'entre les scolopendres et les scorpions; et cependant il'en existe une bien grande. En effet, les scorpions et les araignées meurent bientôt après qu'on a mis leur cœur à découvert, tandis que les insectes vivent quelquefois plus de sept à huit heures après qu’on leur a en- levé les organes les plus essentiels à la vie. Cependant les uns Mém. du Muséum. 1. 4. 24 186 VAISSTAU DORSAL. et les autres ont un système nerveux composé d’une suite de ganglions; mais les insectes n’ont point de centre de cireula- tion ; où pour mieux dire n’ont pas de cœur. | Nous venons de voir quelle est l'influence des muscles dor- saux sur les contractions du vaisseau dorsal; mais comme cette influence pouvoit fort bien ne pas être la seule, j'ai cherché à déterminer celle des trachées et des nerfs. Aupa- ravant d'entreprendre ce nouveau genre de recherches, j'ai voulu m'assurer si, à l’aide d’excitateurs métalliques, je ne rendrois pasles contractions du vaisseau dorsal plus fréquentes et plus vives. Lorsque le contact des deux excitateurs avoit lieu , insecte donnoit bien des marques de douleurs; mais le vaisseau dorsal, loin d’avoir des pulsations plus vives, bat- toit au contraire de plus en plus lentement. En prolongeant le contact des fils de zinc et de cuivre entre les membranes du vaisseau dorsal, peu à peu. l'humeur contenue dans ce vaisseau s’est coagulée , et les contractions ont cessé par de- grés. Ainsi l'agent galvanique produit ici des effets sem- blables à ceux de l'agent chimique, avec cette différence ce- pendant que ses effets sont beaucoup moins prompts. On pouvoit déjà prévoir & priort que les trachées devoient avoir une assez grande influence sur les contractions du vais- seau dorsal, et cela à cause du grand nombre qui s’y distribue et en compose même le tissu ; enfin, à eause de l'influence que l’air exerce dans tous les organes des insectes. Mais de grandes difficultés empêchent de bien déterminer cette in- fluence, et la plus insurmontable est celle qu'on éprouve pour séparer les trachées du vaisseau dorsal; car sans cela on ne peut juger de l'influence qu’elles exercent sur ces contrac- ANIMAUX ARTICULÉS. 187 üons. Ces difficultés sont même telles, que je n'ai pu les surmonter dans les insectes qui ont des trachées tubulaires ; aussi je ne puis guère compter que sur une expérience qui m'a-assez bien réussi sur un coléoptère lamellicorne. J’ai enlevé avec tout le soin possible dans l'afeuchus semi-punc- tatus ; les trachées vésiculaires qui entourent le vaisseau dorsal, ainsi que leurs ramifications ; et lorsqu'elles ont été emportées, les contractions de ce vaisseau ont diminué par de- grés. À la vérité j'avois emporté quelques fibres musculaires, mais en si petite quantité, que je ne puis croire que cette cause ait eu une influence notable. Ces contractions ont donc toujours été en diminuant , et cet affoiblissement étoit bien plus prompt que celui qui n’est que la suite de la douleur et: de la cessation de certaines fonctions. Aïnsi , je croirois assez que les contractions du vaisseau dorsal sont en rapport avec la quantité du tissu adipeux , l'énergie des fibres musculaires qui l'entourent, et enfin avec le nombre des trachées qui s’y rendent ou de l'air qu'il recoit. Mais voyons si les nerfs n’ont pas également quelque in- fluence sur ces contractions, d'autant que le vaisseau dorsal en recoit un certain nombre. Pour déterminer cette influence, j'ai enlevé la moëlle épinière avec tous les nerfs qui en par- tent et que j'ai pu reconnoître ; et en examinant les contrac- tions du vaisseau dorsal, je n’ai point vu qu’elles parussent * s’affoiblir d’une manière bien sensible. Jai répété cette ‘expérience dans un grand nombre d'individus d'ordres dif- férens, et j'ai toujours obtenu les mêmes résultats. Ces faits me portent à conclure que si les nerfs ont de l'influence sur les contractions du vaisseau dorsal, cette influence n'est pas DYAN \ 188 VAISSEAU DORSAL. du moins bien sensible. 11 seroit encore possible que dans tous les animaux où le système nerveux est très-divisé, et où le centre principal a peu de prépondérance , l'influence ner- veuse füt aussi moins prononcée. C’est ce que, du reste, des recherches ultérieures me permettront peut-être de déter- miner. Il restoit encore à savoir si les contractions du vaisseau dorsal ne dépendoient point en partie de la circulation de l'humeur qui y est contenue. Nous avons déjà observé, et cette observation a été renouvelée, depuis Malpighi, par tous les anatomistes, que l’humeur du vaisseau dorsal a un mouvement très-irrégulier, et que souvent le fluide paroïît se porter de la tête à la queue , et dans d’autres momens prendre une marche opposée. Quelquefois même le vaisseau dorsal se contracte à ses deux extrémités, tandis que ces contractions n’ont point lieu dans le milieu du corps, surtout si on a enlevé les muscles dorsaux dans cette partie: Ainsi les mouvemens du fluide contenu dans le vaisseau dorsal parois- sent tantôt d’une rapidité extrême , et tantôt d’une grande lenteur, et cela sans qu'il y ait le moindre rapport entre cette irrégularité et l’état de l’insecte. Cependant, comment ac- corder cette marche irrégulière avec la circulation d’un fluide analogue au sang, et d'ailleurs comment une circulation pour- roit-elle s’opérer sans vaisseaux ? Tous ces faits sont par eux- mêmes si concluans, qu'il est difficile de considérer le vaisseau dorsal comme un cœur, et par conséquent d'admettre que les contractions de ce vaisseau soient produites par une hu- meur en circulation. En second lieu, si l’on perce le cœur d'un animal quelconque au moment où le sang y arrive, ce ANIMAUX ARTICULÉS. 189 fluide s’en écoule avec une abondance proportionnée à la quantité qui y afflue, Il étoit donc important de s’assurer s’il en seroit de même pour le vaisseau dorsal desinsectes. Pour cela j'ai pris plusieurs individus très-vivaces, où j'ai percé leur vaisseau dorsal dans différentes parties, et au moment même où le fluide qui s’y trouve y étoit refoulé ; mais je n’ai jamais pu en faire sortir la moindre humeur. A la vérité il est assez difficile de s’en assurer ; aussi ai-je cru devoir répéter ces expériences avec toutes les précautions possibles. Les résultats ont pourtant été constamment les mêmes, et rien ne s’est écoulé au dehors. Si cette preuve étoit la’ seule que l’on püt donner de la non-circulation de Fhumeur con tenue dans le vaisseau dorsal, elle n’auroit point une grande importance; mais, jointe avec celles que nous avons déjà fait connoître , elle acquiert une certaine force, et même un assez grand poids. On pourroit cependant observer que si l'humeur du vaisseau dorsal ne s’écoule pas au dehors lorsqu'on perce cet organe, c’est que par elle-même cette humeur est trop épaisse. Je suis, je l'avoue , très-porté à le croire; car il m’a toujours paru que cette humeur étoit très-peu liquide , et que dans les larves voraces elle avoit une consistance remar- quable. Cette consistance, jointe à d’autres particularités, nous a même mis sur la voie de déterminer peut-être avec quelque précision les vraies fonctions du vaisseau dorsal dans les ani- maux qui nont d'autre, cireulation que celle de l'air. Du reste, les mouvemens de contraction et de dilatation qu'on remarque dans le vaisseau dorsal ne pourroient jamais faire considérer cet organe comme un cœur, puisque dans les ani- maux comune les naïades (zereës Linné), où il n’existe plus 190 VAISSEAU DORSAL. qu’un seul organe, celui de la digestion, on y observe ce- pendant des battemens tout aussi prononcés que ceux que présente le cœur des autres animaux. Ainsi, les pulsations du vaisseau dorsal ne peuvent point faire préjuger en aucune manière les usages de cet oRSne, ni le faire regarder comme ane sorte de cœur. OR, asian €? 2 (La suite dans le Cahier suivant. ) .. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE I. Fic. 1. Gryllus lineola, femelle, ouvert par le ventre, afin de faire voir la position du tube intestinal , celle du système nerveux , des côtes et des trachées vésicu- laires, enfin celle des muscles de la poitrine, de l’oviductus commun et des ovaires. a. Antennes. — b. OEil lisse moyen. — c. Yeux composés, rayés de bandes brunes et verdâtres. — d. Troisième ganglion ou thoracal. — e. Trachées vésiculaires ou poches pneumatiques du corcelet. —f. Quatrième ganglion ou premier pectoral. — y: Poches pneumatiques de la poitrine. — g. Cinquième ganglion ou second pectoral. — £. Muscles de la poitrine. — i. Stigmate dont l'usage me paroît encore douteux. — Z. Cerceaux cartila- gineux mobiles ou côtes qui abaissent ou élèvent les poches pneumatiques dans l'expiration et l'inspiration. — 7. Portion latérale de l’oviductus ou de loyaire dans lequel on ne voit jamais d'œufs, et qui secrète une humeur gluante propre à fixer les œufs les uns avec les autres, et à les réunir dans une sorte d’enveloppe représentée fig. 1, a, et fig. 1, b. — o. Branche des ovaires qui vont se réunir pour former l’oviductus commun. — p. Oviductus commun placé en ayant des oviscaptes. — g. Oviscaptes. — r. Dernier gan- glion abdominal qui termine la moelle épinière. Fic. 1 , a. OEufs pondus et ‘enveloppés par une espèce de coque qui n’est que humeur gluante sécrétée par les canaux extérieurs des ovaires , et complé- . tement desséchée. Fic. 1, 6. OEufs du Gryllus lineola qui n'ont pas été enveléppés entièrement bee la coque générale. és à 1 “1 SALOMSNI SAC MINOLVNV Id 'SALOUSNI SAC HIWOLFNF Fic. F1c. ANIMAUX ARTICULÉS. _ 191 2. Mantis religiosa, femelle, ouverte par le ventre, afin de faire apercevoir la disposition générale du cerveau, de l’appareil respiratoire du vaisseau dorsal et des ovaires, a. Antennes avec le nerf antennaire. — Z. Nerfs pyramidaux qui donnent différens rameaux aux muscles de la partie postérieure de la tête, — c. Point noir qui paroît mobile et qu’on aperçoit à l'extérieur des yeux composés. — d. OEil composé tel qu’il se présente après qu’on a enlevé la cornée avec son enduit; les points blancs sont l'extrémité des filets nerveux, et la teinte noire est la choroïde revêtue de son vernis. —e. Ganglion cérébriforme composé de deux lobes arrondis, d’où partent les nerfs maxillaires f'et les nerfs mandibulaires g , ainsi que les deux cordons nerveux qui embrassant l'œsophage vont former la moelle épinière. — £&. Levyre supérieure. —Z. Portion supérieure du vaisseau dorsal. — ÿ. Trachées du corcelet. Leurs divisions secondaires n’ont point été figurées, de peur que le dessin en devint trop difficile à comprendre. — 7. Muscles presque cartilagineux et filiformes qui meuvent la tête sur le corcelet. Ces muscles sont très-rapprochés du vaisseau dorsal. — o. Espèces d’épiploons ou de paquets graisseux qu’on trouve dans le cornet des mantes. —p. Trachées abdominales. — 9. Trachées qui se rendent dans les ouvertures des stigmates. — 7. Vaisseaux filiformes destinés à sécréter l’humeur gluante ayec laquelle les mantes enyeloppent leurs œufs. — s. Ovaires. — y. Styles. — &. Oviscaptes. PLANCHE II. 1. Corps du Truxalis nasutus ouvert , afin de faire voir la position du vaisseau dorsal par rapport à l’oviductus commun, et aux poches pueumatiques. a. Ovaire rempli d'œufs, dont l'extrémité s'étend jusqu’à Ja base de labdomen. — &. Muscles de la poitrine, moteurs de la troisième paire de pattes. — c. Stigmate. — d. Troisième paire de pattes. — f. Poches preu- matiques ou trachées vésiculaires. — e. Cerceaux cartilagineux ou côtes. — h. Vessie destinée à sécréter une humeur propre à lubréfier le canal de Poviductus. — . Branches de l'ovaire qui vont former l’oviductas commun. — 0. Vaisseau dorsal entouré des trachées qui lui sont fournies par les poches pneumatiques. — p. Trachées vésiculaires ou poches pneumatiques com muniquant avec celles qui leur sont opposées par des trachées tubulaires. — q. Trachées qui rampent sur l’extrémité inférieure de l’abdomen. — 7. Oviscapte. — s. Extrémité des oviscapies. è À Ve Fa ! Fic. 2. Vaisseau dorsal du Truxalis nasutus représenté tel qu’on l’observe : lorsque ses contractions et ses dilatations alternatives ont lieu. — &, Extré- 192 VAISsEAU DORSAL. Fiç. Pic. Fic. mité supérieure du vaisseau dorsal. — 8. Trachées qui entourent Le vaisseau dorsal. 3. Portion supérieure du corcelet du Locusta brevipennis (nobis) pour montrer la forme de l’ouverture ovalaire qui apporte l’air dans la vésicule pneumatique placée en avant de la première paire de pattes. a. Chaperon du corcelet. — b. Ouverture ovalaire. — c. Rebord de l’ou- verture oyalaire. | 4. Trématre du ZLocusta brevipennis. — a. Pièces mobiles du trémaëre qui ont toutes deux une figure ovale ; c'est entre ces pièces que se trouve l’ouverture pour le passage de l’air. 5. Portion de l'abdomen, où l’on voit la figure ainsi que la disposition des stigmates. — a. Portion de l’abdomen du côté du dos. — 6. Replis assez pro- fonds formés par la peau de l’ abdomen. —c. Stigmates. = d. Portion colorée de l'abdomen. » INSTRUCTION Sur les Recherches qui pourroient étre faites dans les Colonies, sur les objets qu’il seroit possible d'y recucillir, et sur la manière : de les conserver GA de les transporter. D. Excellence le Ministre de la marine a bien voulu offrir à MM. les professeurs administrateurs du’ Jardin et du Cabinet du Roi, d'employer les moyens qui sont en son pouvoir pour augmenter la collection confiée à leurs soins. Elle se propose de donner des ordres aux chefs des colonies et aux commandans des vaisseaux de PÉtat pour qu'ils se procurent dans les divers pays où ils séjourneront les objets qui manquent au Muséum, et elle a demandé à MM. les professeurs uné instruction qu’elle enverra à ces ofliciers pour être communiquée à ceux qu'ils chargeront de seconder leurs vues. Cette instruction doit faire connoître : 10. La manière de recueillir et de préparer les objets d'histoire naturelle. :. 20, La manière de les emballer et de les faire TEE en France dans le meilleur état possible. 30. Le choix et la forme des notes qui doivent accompagner ces objets. : Mém. du Muséum. 1. 4. 25 304 INSTRUCTION 4e. L’indication des objets qui sont plus particulièrement désirés. à MM. les professeurs se sont occupés chacun dans leur partie de répondre à l'invitation de son Excellence; et ils ont cru-devoir réunir en un seul Mémoire les notes qu’ils se sont communiquées. Chacun des voyageurs pourra en faire usage selon le pays dans lequel il se trouvera et selon les circons- tances dans lesquelles il sera placé. La collection du Muséum se composant des objets des trois règnes, l'instruction demandée à MM. les professeurs doit être relative à cette division. RÈGNE ANIMAL. L'étude de la zoologie au Muséum d'histoire naturelle ne se borne pas à l’observation des formes des animaux, à la description de leurs organes : elle a pour objet encore d'examiner leurs habitudes, leur développement, leur ins- tinct, et de chercher s'ils peuvent être de quelque utilité. An- ciennement on ne pouvoit s’instruire sur ces objets essentiels que par les relations des voyageurs. Les établissemens formés à grands frais par des princes ou de riches amateurs, pour réunir et soigner quelques animaux rares, étoient plutôt un objet de luxe ou de curiosité qu’un objet d’étude. Mais depuis que nous avons une ménagerie au Muséum, une nouvelle carrière d'observations s’est ouverte aux naturalistes. C’est là qu'on peut suivre les animaux dans tous les degrés de leurs développemens, et comparer leur manière d’être pendant la vie, avec leur organisation que l'anatomie fait connoître après leur mort; acquérir des connoissances POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 195 positives sur les phénomènes si importans de laccou- plement, de la gestation, de la naissance; distinguer les variétés qui tiennent à l’âge de celles qui sont produites par le climat, par la nourriture, par le croisement des races, et déterminer avec certitude la différence qui existe réelle- ment entre les espèces. Si ces animaux sont de nature à rendre des services à l’économie domestique ou à Pagricul- ture , et qu'ils se reproduisent, on a les moyens de les élever, de les former à la domesticité et de se procurer ainsi de nouvelles ressources. La vigogne, le lama, le kangurou, le casoar seront peut-être un jour très-utiles. Considérés sous le rapport de la science il est peu d’ani- maux étrangers à l'Europe qu'il ne nous fut très-utile d'étudier. Si l’on excepte l'éléphant d’Asie, le tigre royal et lé lion d'Afrique, l’histoire de tous les autres est plus ou moins in- complète. Celle même du lion n’est bien connue que de- puis que la lionne de la ménagerie a fait des petits : c’est aussi depuis que deux éléphans sont morts à la ménagerie du Muséum, qu’on a acquis une connoissance exacte de l’ana- tomie de ce grand quadrupède. On ne sauroït donc trop recommander aux voyageurs qui se trouveront à portée de se procurer des animaux vivans, de ne rien négliger pour les faire arriver chez nous. _ Les petits quadrupèdes, principalement ceux qui fouissent et qui se cachent dans les terriers sont les moins connus. On se procurera facilement des animaux en s'adressant aux naturels du pays qui savent où ils se trouvent, et qui dans leurs courses ont souvent occasion d'en rencon- trer. Ils pourront les prendre au piége et les amener vivans, 2h * 106 INSTRUCTION Il ne leur sera pas difficile non plus de prendre dans leur première jeunesse quelques-uns des quadrupèdes dont ils connoissent la retraite, et des oiseaux dont ils ont vu les nids. Plus les animaux seront jeunes, plus il sera facile de Îles accoutumer à vivre renfermés dans des cages. Ils exigeront d’abord des soins particuliers : il faudra toujours les nourrir quelques semaines à terre avant de les embarquer, et l’on ne sauroit se donner trop de peine pour les apprivoiser. Un animal qui n’est point effrayé à la vue de ceux qui le soignent se porte toujours beaucoup mieux, et résiste davantage aux faugues d’un voyage de mer, que celui qui est resté sau- vage; et il n’est presque aucun animal qu’on ne parvienne à adoucir par de bons traitemens. A excès de nourriture, lorsqu'ils sont renfermés et hors état de faire de aies leur seroit extrêmement nui- sible. Le plus sûr moyen de les consérver est de ne leur donner que strictement ce qu'il leur faut. Après une nourriture convenable, ce qui leur est le plus nécessaire c’est la propreté. On trouvera toujours sur le vais- seau quelqu'un qui se chargera de les soigner, soit pour une foible récompense, soit parce que c’est un. objet d’amuse- ment. Il sera très- essentiel de prendre des précautions pour que ces animaux ne soient jamais agacés et irrités par les passagers. Venons maintenant à la collection d’animaux du Cabinet du Roi. Relativement à } phie qui nous occupe dans ce Mémoire, il faut distinguer les animaux en quadrupèdes, oiseaux, pois- sons et reptiles, crustacés, insectes, mollusques et autres vers. e POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 197 On se procurera des quadrupèdes, soit en envoyant des chasseurs dans l’intérieur des terres, soit en s'adres- sant aux naturels du pays. Ils se contenteront d'apporter la peau, la tête et les pieds des grands animaux qu’ils auront tués dans un lieu trop éloigné pour qu'il leur soit possible de les conserver et de les transporter entiers. Les mammifères d’une assez petite taille pour être ren- fermés dans un bocal ou dans un baril doivent être mis dans une liqueur spiritueuse. Les mammifères trop grands pour qu’on puisse les mettre dans l’eau-de-vie seront écorchés, et l’on aura soin d’en- voyer avec la peau les pieds et la tête dont on aura ôté la cervelle; ou si cela ne se peut, on enverra du moins les mâchoires. Nous parlerons plas bas des procédés qu'il faut em- ployer et des précautions qu'il faut prendre pour la con- servation des peaux, et pour celle des animaux mis dans une liqueur spiritueuse. : Lorsqu'on pourra joindre le squelette de l'animal à la peau ,. on rendra un grand service à’la science, MM. les officiers pourront charger de ce soin les chirurgiens des bâtimens pour qui cette opération sera très-facile. Il n’est pas nécessaire que les squelettes soient montés. Après avoir fait bouillir les os, et les avoir bien dé- charnés et bien fait sécher, on mettra tous ceux du même animal dans un sac; on mettra dans ce sac, de la mousse, de l’algue, des rognures de papier, ou toute autre ma- 198 INSTRUCTION tière molle et sèche, pour qu'ils ne se froissent pas les uns contre les autres. On enveloppera de por ceux qui sont ‘rès- HSE et l’on aura soin de n’en perdre aucun. Les chasseurs qui voudront bien nous procurer des oiseaux, auront soin de proportionner le plomb à la grosseur de loiseau, pour ne pas les endommager. L'oiseau une fois tombé, il faut essuyer le sang le mieux qu’on le peut, et placer un peu de coton dans le bec de l'oiseau, pour que le sang qui en sortiroit n ’endommage pas les nd surtout celles de la tête. Après que l'oiseau est refroidi, et que le sang s’est coagulé, on le prend par les pattes et la queue, pour le placer dans un cornet de papier; et l’on arrange ces cornets dans une boîte, de manière que les plumes ne se froissent point. | Les oiseaux seront écorchés comme les A HepEle et l’on aura soin de conserver avec les mêmes précautions les pieds et la tête. Les oiseaux doivent être écorchés plus promptement que les quadrupèdes, parce que, dès que la putréfaction commence , les plumes se détachent. En fen- dant la peau sur le ventre pour les écorcher , il faudra prendre soin de bien écarter les plumes pour qu’elles ne’soient pas endommagées. On laissera avec la peau l'os du coccis, sans cela les plumes de la queue risqueroient de se dé- tacher. Il en sera de même des os des extrémités des ailes. Si l'oiseau avait une crète charnue , il faudroit en conserver la tête dans l’eau-de-vie. Lorsqu'on aura plusieurs individus de la même espèce, il sera toujours utile d’en envoyer un dans cette liqueur. POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 199 Il est à désirer qu’on puisse:se procurer en même temps le mâle et la femelle, et des individus de la même es- pèce, les uns plus jeunes, les autres plus âgés. Les oiseaux diffèrent beaucoup selon l’âge. Il en est même plusieurs qui ont été pris pour des espèces différentes. Il sera très-utile d’avoir aussi les œufs et les nids. Pour conserver les œufs, on fait ,un petit trou aux deux extrémités, on les vide et on les remplit ensuite de cire. On enverra, quand cela sera possible, le squelette des oi- seaux trop grands pour qu’on puisse les mettre dans la liqueur. Il est inutile d'empailler les oiseaux. Ils occuperoient trop de place; et cette opération, qui ne peut être bien faite que par des personnes exercées, le sera mieux lorsqu'ils seront arrivés au lieu de leur destination. Il suffit que les peaux, les pattes et la tête soient bien conservées. Quoique parmi les poissons de mer il y en ait plusieurs qui se trouvent dans divers parages, le plus grand nombre appartient à des rivages, à des golfes particuliers. Il sera donc utile d'envoyer ceux qu’on trouve dans les contrées qui n’ont pas été visitées par les naturalistes, ceux même qui se vendent dans les marchés. Quant aux poissons d’eau douce, les espèces diffèrent non-seulement selon les pays, mais encore selon les ri- vières et les lacs où ils vivent. Il est donc essentiel d’en- voyer tous ceux qu'on pourra se procurer. On.les mettra dans l’eau-de-vie, ou, s'ils sont trop gros, on enverra simplement. la peau bien desséchée, en ayant soin de conserver la tête et les nageoires. Il en est de même des reptiles. En écorchant les ser- 200 CHE INSTRUCTION pens pour avoir la peau, il faut bien prendre garde de ne pas endommager les écailles. 11 faut aussi beaucoup de soin pour ne pas casser la queue des lézards. I séroit à désirer qu'on püt envoyer le squelette des poissons et des reptiles trop grands pour être mis dans la liqueur. Ces squelettes n’ont pas besoin d’être terminés. Il suffit d’enlever grossièrement des chairs, et de faire ensuite sécher parfaitement l’ensemble des os,'sans les démonter. Le squelette entier sera placé dans une boîte avec du coton, ou avec du sable bien sec et bien fin. S'il est trop long, on pourra lé séparer en deux ou trois parties. : Les insectes sont très-variés selon les climats et res la nature du sol. Il ne faut pas se borner à recueillir les plus grands et les plus riches en couleur. On doit Îles ramasser tous indistinctement. | On prend'avec des filets de gaze ceux qui sont pourvus d'ailes «et qui voltigent sur les plantes; avec des filets d’une toile très-claire ceux qui nagent dans les éaux. On saisit avec des pinces ceux qui vivent sur des matières putrides et dégoüûtantes, et on les jette d’abord dans de lPeau-de-vie, camphrée ‘pour, les bien: nettoyer. Une mul- titude d'insectes se nourrissent sur les arbres: On s’en procure la plus grande partie en les cherchant avec attention sous les vieilles écorces du tronc, et en secouant les bran- ches, au-dessus d’un drapoou d’un parasol renversé. Lorsqu'on à pris un: inéecte; onde saisit par le cor- et 'on°le pique dans une-boïte sur du linge ou celet , de la cire avec «ne longue épingle. Il faut avoir soin POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 201 que les ailes des papillons qui s'agitent jusqu'à ce qu'ils soient morts, ne puissent toucher à rien. Lorsque les insectes sont désséchés » on les met dans des boites de carton à fond de liége ou de cire, en les piquant assez solidement pour qu'ils ne puissent se détacher. Les larves des insectes doivent être envoyées dans l’eau- de-vie. Il sera très-utile lorsqu'on aura un papillon, d’avoir en mème temps la chenille qui le produit. Si l'on trouve une belle chenille, il sera à propos de la mettre dans une boîte , avec des feuilles de la plante sur laquelle on l’a trouvée, pour qu’elle puisse se trans- former. On fera un petit trou à la boîte pour donner passage à l'air. Tous les insectes, excepté les papillons, peuvent être mis dans l’eau-de-vie : c’est la meilleure manière d'envoyer ceux qui sont un peu gros. Elle a de plus l'avantage de. conserver les organes intérieurs, qui pourront être examinés au besoin. | - Les boites d'insectes à fond de liége ou de cire occupant trop de place, les insectes qui y sont renfermés pouvant se détacher: lorsqu'ils sont un peu lourds, et un seul qui se détache pouvant briser tous les autres, il est un moyen ‘plus simple de conserver les coléoptères, c’est de les placer, après qu'ils sont désséchés, dans une boîte avec du sable bien fin. On range les insectes sur une couche de sable; on met sur cette première rangée un lit de sable d’un pouce d'épaisseur, puis une seconde rangée d'insectes, et ainsi de suite. Il suffit que la boîte soit bien pleine, et le sable bien tassé,. pour que rien ne se _ Mém. du Muséum. à. 4. 26 202 InsrrucTIonN dérange dans le transport. Ce moyen est encore très-bon pour les crustacés. Il est clair qu'on ne peut l’employer ni pour les papillens, ni pour les animaux d’une consis- tance molle. Les premiers doivent être placés dans des boïtes ,. les autres dans l’eau-de-vie. On demande à ceux qui voudront bien s'occuper des collections d'insectes, d'envoyer particulièrement : 10. Les araignées et les insectes réputés venimeux. Ceux qui sont les plus nuisibles, tels que les termites ou fourmis blanches ; et d’y joindre leurs nids lorsqu'ils seront assez solides pour pouvoir être transportés. 20. Les insectes auxquels on attribue des propriétés mé- dicales ; ceux qu’on emploie pour la teinture, comme les différentes espèces de cochenille, l'animal qui produit la gomme laque , celui dont les excrétions mélées avec une huile forment une sorte de cire avec laquelle on fait des bougies; les différentes espèces de vers à soie, leurs cocons, les papillons auxquels ces chenilles donnent naissance, et des échantillons des toiles fabriquées avec ces sortes de soie. Madagascar, le nord des Indes, la Chine, offrent plusieurs vers-à-soie différens du nôtre. On se procurera les diverses espèces d’abeilles domestiques, et l'on prendra des renseignemens sur la manière dont on les élève, sur leur histoire, etc. 30. On ne négligera point les productions des insectes qui peuvent intéresser par leur singularité, et qui sont propres à nous donner de nouvelles idées sur l'instinct de ces animaux. . 4°. Enfin on aura soin, en ramassant des insectes, de cueillir en même temps un rameau de la plante sur laquelle POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 203 ils se nourrissent, et l’om enverra ce rameau en herbier, - avec un numéro correspondant à celui que porte l’insecte. Quant aux crustacés ou crabes et écrevisses, on re- cueillera plus particulièrement ceux qu’on mange, en ayant soin de noter les dénominations sous lesquelles ils sont connus; ceux qui habitent les rivages, ceux des eaux douces, ceux qui vivent sur des poissons. On se contentera d'envoyer l’enveloppe de ceux qui sont d’un très-gros volume, et l’on aura soin de bien laver cette enveloppe dans l’eau douce avant de la faire sécher. Les crustacés d’un moindre volume “seront mis dans l’eau - de - vie. Mais avant de les mettre dans la liqueur, il est extrêmement essentiel de les faire bien dégorger dans l’eau douce, pour les débarrasser entièrement du sel marin dont ils sont imprégnés. Sans cela, la plupart se gâtent dans lesprit-de-vin. Et c'est ce qui est arrivé à plusieurs de ceux de la riche collection de Péron. Les mollusques doivent être mis dans l’eau-de-vie. Ceux qui ont une coquille d’un certain volume en seront dé- tachés, et la coquille sera placée dans un papier, avec un numéro correspondant à celui du bôcal où l'animal est renfermé. Pour détacher’ l'animal de la coquille, on le plongera dans l’esprit-de-vin, et lorsqu'il sera moft, on le retirera facilement avec une pointe. _ La mer est peuplée d’une infinité d’animaux mous ou gélatineux, appelés mollusques, dont les uns vivent isolés, les autres en société. La plupart de ces animaux sont in- connus, et leur étude est d’autaut plus importante, qu’elle 26* 204 INSTRUCTION nous donne des notions générales sur l’organisation des êtres et sur la diversité des formes sous lesquelles se montre la nature vivante. Les chirurgiens et les amateurs d'histoire naturelle qui se trouvent à bord des vaisseaux peuvent nous procurer un grand nombre de ces animaux curieux. Il suflit de les prendre avec un filet, de les bien laver dans l’eau douce, de les mettre dans l’eau-de-vie avec les pré- cautions que nous indiquerons, et de rédiger à l'instant même une note qui indique la latitude du lieu où on les a pris, s'ils vivent isolés ou en société, s'ils sont phos- phoriques, s'ils sont à une certaine profondeur ou à la surface des eaux. Les couleurs des animaux gélatineux ne se conservant pas toujours dans la liqueur, il est à propos d’en faire mention. : | Il existe à de très-grandes profondeurs dans la mer une multitude d'animaux qui ne paroïissent jamais à la surface, et qui sont entièrement inconnus. On pourra s’en procurer beaucoup, en joignant à la sonde un instrument qui puisse les saisir, où même en examinant ee que la sonde ramène.*On les mettra dans l’eau-de-vie après les avoir bien lavés dans l’eau douce. On ne mettra pas moins de soin à ramasser les coquilles terrestres que lés coquilles aquatiques. ‘Les coquilles fos- siles sont aussi du plus grand intérêt. Les coquilles très-fragiles, les oursins, les etre de mer, etc., seront enveloppés avec beaucoup le soin dans du coton, et placés chacun à part dans une boîte. Les madrépores d’un certain volume seront fixés par du fil POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 205 de fer au fond de la caisse dans laquelle ils seront pee Les vers qu'on pourra se procurer, ceux surtout qu'on aura trouvés dans le corps des autres animaux en les prépa- rant, seront, comme les mollusques, envoyés dans l’eau-de-vie. Il est à désirer que chacun des animaux qu'on voudra bien nous envoyer en, peau, en squelette, ou dans l’eau- de-vie , soit accompagné d’une note qui indique avec précision, Le pays où l'animal se trouve; La saison dans laquelle il a été pris; La manière dont il se nourrit ; Ses habitudes si om les connoît ; Le nom quil porte dans le pays; S'il est utile ou nuisible; Les usages qu'on fait de sa peau, de sa chair, de a graisse , etc. ; Les opinions populaires ou superstitieuses dont il est le sujet parmi les naturels du pays. Ces notes écrites sur un cahier auront chacune un numéro, correspondant à un numéro attaché à Ho5jS auquel elles seront relatives. Afin qu'à l'endroit où les objets et les notes seront d’abord déposés il n’y ait pas de confusion , il sera bon que la per- sonne qui se chargera de l'envoi vérifie tous les numéros, el les arrange de manière qu’ils forment une série : pour qu'on soit sûr, par exemple, que tel papillon appartient à telle che- nille, tel mollusque à telle coquille. Il est essentiel que ces numéros ne soient point écrits sur un papier blanc ou sur du parchemin , mais peints à l'huile sur une plaque de bois ou de métal, qu’on attachera avec V2 pm 206 InsTRrUucTION un fil d’archal, soit aux peaux renfermées dans des caisses, soit aux bocaux et aux barils qui contiendront des animaux. Il seroit aisé d’avoir des numéros formés avec un emporte pièce sur des plaques de fer-blanc, on seroit alors assuré qu'il n’y auroit jamais d'incertitude sur les chiffres. On peut se servir aussi de lames d’étain assez minces, sur lesquelles on grave les numéros avec une pointe d’acier, et ces lames d’étain gravées peuvent être attachées aux animaux qu’on mettra dans la liqueur. On peut encore attacher aux objets conservés dans la li- queur et à ceux qui sont dans les caïsses et bien secs, une petite ficelle avec des nœuds. Ces nœuds forment deux séries séparées par un intervalle : la première série marque les dixaines, la seconde marque les unités; et par ce moyen on peut indiquer tel numéro que l’on veut. Nous avons maintenant à parler des moyens d’emballer les objets de zoologie, de manière qu'ils arrivent en France dans le meilleur état de conservation. Les objets qu'on envoie sont ou des dépouilles d'animaux ou des animaux entiers conservés dans l’esprit-de-vin. Les peaux d'animaux et les dépouilles des oiseaux seroient attaquées par les dermestes et autres insectes analogues, et dans les pays chauds surtout elles seroïent bientôt endom- magées, si on ne prenoit des soins pour les garantir. Le moyen le plus sûr est l’usage du préservatif arsenical, connu sous le nom de savon de Becœur (r). (x) Composition et usage du Savon arsemical, dit savon de Becœur. Camphres et re RL se leite etes ae ee .... 5 ônces. Arsenic en poudre. ,................ sossessossessses.. 2 livres. POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 207 C’est ce préservatif qu’on emploie au Cabinet du Roi, et le succès en est qguré: Il seroit très-avantageux de s’en ser- vir, surtout pour les objets uniques ou précieux et sur la conservation desquels on ne veut avoir aucune inquiétude. Mais l'emploi de ce préservatif exige beaucoup de soin; il ne faut en mettre qu’en dedans de la peau et point à l’exté- rieur, parce qu’en touchant et en secouant les peaux pour les monter ensuite, on pourfoit en éprouver de mauvais effets. Lorsqu'on l’aura employé il sera bon de désigner par une note les objets ainsi préparés, afin qu’en déballant les caisses on ne secoue les peaux qu'avec précaution. Nous pensons qu’on peut s’en passer jusqu’à l’époque où les animaux seront montés pour être placés dans le Cabinet ; et voici par quels moyens y suppléer. Savon blanc.....................,,, HU... ue 2 livres. Sel-deltartre. 22e esse senetes ceneiasiine se F2 ORCES. Chaux en poudre....... PC ÉCS TO ssssoesosesosesesesse 4 ONCES.. Coupez le savon par petites lames, le plus mince qu’il vous sera possible : mettez-le dans un vase sur un feu doux, avec tres-peu d’eau, ayant soin de le remuer souvent ayec une spatule de bois. Lorsqu'il sera bien fondu , et que vous: n’apercevrez plus de grumeaux, vous y mettrez le sel de tarire et la chaux en poudre. Vous l’ôterez du feu; vous y ajouterez l’arsenic, et vous triturerez dou- cement le tout ensemble. Enfin mettez-y le camphre, que vous aurez Soin au- paravant de réduire en poudre dans un mortier. A l’aide d’un peu d’esprit-de-vin: triturez bien le tout ensemble. Cette pâte doit avoir la consistance de la colle de farine. Mettez le tout dans des pots de faïence, ou de terre yernis, avec l’atten- tion d'y placer une étiquette. Lorsque vous voudrez vous enlservir, mettez dans un pot à confiture la quantité que vous croyez pouvoir employer; delayez-la avec un peu d’eau froide. La: matière ainsi délayée doit avoir la consistance d’une bouillie un peu claire. On met sur le pot un couvercle en carton, au milieu duquel on a percé un trou, pour laisser passer le manche du pinceau qui doit servir pour l’employer. 208 MP INSTRUCTION L’essence de térébenthine, l'huile de pétrole, le camphre, ne tuent point les insectes, mais ils les écartent. Ces moyens sont insuflisans, et ils ont ‘plusieurs inconvéniens pour les objets que l’on veut conserver dans une collection; mais ils peuvent suflire pour conserver dans des caisses les objets qu'on envoie. Lorsqu'on voudra emballer la peau d’un animal, il faudra commencer par la bien secouer pour chasser les insectes s’il y en avoit déjà : ensuite il suflira de passer dans l'intérieur avec un pinceau de l’huile de pétrole, ou de l'essence de térébenthine. On rembourrera grossièrement la peau avec du coton ou de la filasse imprégnée des mêmes substances. On placera"ensuite la peau dans une caisse qu'on aura soin de bien goudronner, pour que l'humidité ne puisse y pénétrer, et pour que l’air même ne puisse s’y introduire. Au défaut d'essence de térébenthine et d'huile de pétrole, on pourra faire usage: de quelque décoction de plantes fortement aro- matiques et amères, dont on humecterà les beaux eu dedans avant de les serrer; et l’on saupoudrera les peaux intérieu- rement et extérieurement avec du tabac, du poivre, du pi- ment pilé, etc. Mèêmes précautions pour les oiseaux. Chaque oiseau dans l'intérieur duquel on aura mis un peu de coton, non pour lui donner une forme , mais pour que les diverses parties de la peau ne se touchent pas, sera ensuite placé dans un sac de papier bien fermé, et ces sacs serontgrangés dans une caisse bien goudronnée. . Les moyens que nous indiquons ici sont simples, faciles, et n’exigent que très-peu de temps. POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES 209 Venons maintenant aux moyens de conserver les animaux dans une liqueur spiritueuse. De tous les vases, les bocaux de verre sont préférables, parce que quelques précautions qu'on prenne, il s'échappe toujours une portion de la liqueur par les pores du bois. On doit choisir de préférence des bocaux carrés, parce qu ils s’arrangent mieux dans les caisses. La parfaite conservation des animaux dans la liqueur dé- pend de la qualité de la liqueur, de la manière de les placer dans les bocaux, et de la manière de lutter ces bocaux. Nous allons donner à ce sujet les instructions les plus importantes, elles sont prises d’un Mémoire de M. Péron, inséré dans le second volume du voyage aux terres australes. On sait que ce naturaliste, auquel le Cabinet du Roi doit la plus riche collection d'animaux invertébrés, avoit réussi à les conserver parfaitement. C’est après beaucoup de recher- ches et d'expériences qu'il étoit parvenu à découvrir les moyens les plus simples et les plus faciles. La liqueur spiritueuse dont on se sert doit être de 16 à 22 degrés de l’aréomètre de Baumé; plus forte elle détruit entiè- rement les couleurs des animaux. On ne l'emploie à 22 degrés que pour les mammifères. Les eaux-de-vie de riz, de sucre, l'eau-de-vie de France, en un mot toutes les liqueurs spiri- tueuses sont également bonnes; on préfère celles qui sont le moins colorées. Avant de mettre l’animal dans la liqueur, il faut enlever avec une brosse douce les mucosités dont il est enveloppé, et toutes les ordures qui pourroient le souiller; puis il faut prendre des précautions pour que l’animal flotte dans la li- Méim. du Muséum. 1. 4. 27 210 . InxsTRUCTION queur et qu'il ne touche point au fond du vase, sans cela non-seulement il s’affaisse, mais souvent il se corrompt. M. Péron propose d’attacher l'animal à une plaque de liége qui le tienne suspendu dans la liqueur. On peut placer ainsi plusieurs animaux dans le même vase, soit à côté les uns des autres, soit à différentes hauteurs : ils flotteront dans la li- queur sans se toucher, et les matières muqueuses qui pour- roient s’en détacher tomberont au fond du vase. M. Péron affirme qu'ainsi flottans dans la liqueur ils ne peuvent être endommagés quoiqu'on agite et qu'on renverse le vase. Ce procédé n'étant pas très-facile, on peut se contenter de placer chaque animal dans une poche de toile très-claire, ou dans un filet; on attache ces poches au bouchon et elles restent sus- pendues dans le vase. On aura soin de faire une petite inci- sion à l'abdomen des animaux vertébrés, pour que la liqueur pénètre dans l’intérieur du corps. + M. Péron conseille encore l'usage de l'eau-de-vie camphrée, . parce que le camphre augmente la propriété conservatrice de la liqueur’sans em augmenter la force. Mais outre que le camphre est fort cher, sa dissolution racornit les animaux et les reñd plus difficiles à disséquer. _Il suffit de renouveler la liqueur après que l'animal y est resté quelques jours, pour qu'il se conserve parfaitement, Cette, précaution est très-essentielle surtout pour ceux qui sont plus susceptibles de se corrompre. On doit ensuite s'occuper de luter les bocaux : tous les moyens employés jusqu'à M. Péron ont été trouvés insuffi- sans; il faut avoir un Jut facile à préparer, qui sèche et ac- quière toute sa solidité au moment même où l’on vient de POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 211 lemployer, que l’esprit-de-vin attaque peu, qui ne s'enlève point par écailles, qui pénètre les pores du bouchon, et qui adhère parfaitement au verre. Les bouchons de liége' sont préférables à tous les autres, parce que les couvercles de verre se cassent souvent par l'éva- poration de l’esprit-de-vin. Le flacon ou bocal étant bien bouché, voici la composition du lut auquel M. Péron a donné le nom de lithocolle. Résine ordinaire ( brai sec des marins ). ! Ocre rouge bien pulvérisé. Cire jaune. Huile .de térébenthine. On met plus ou moins de résine et d’oxide de fer, ou d'huile de térébenthine et de cire, selon qu’on veut rendre le lut plus où moins cassant, plus ou moins gras. Dès le premier essai, on pourra déterminer les proportions convenables. ï : } Faites fondre la cire et la résine : ajoutez ensuite Pocre par petites portions, et à chaque fois tournez fortement avec une spatule. Lorsque ce mélange aura bouilli pendant sept ou huit minutes, versez l'huile de térébenthine, mêlez, et laissez continuer l’ébullition. On prendra les précautions convenables pour prévenir l'inflammation de ces substances; et dans le cas où elle auroit lieu, on auroit à côté de soi un couvercle muni d’un manche, pour couvrir le vase et éteindre la flamme à l'instant. Il faut que le vase soit garni d’un manche, et qu'il ait une capacité au moins triple de la quantité du lut qu'on veut préparer. % 27 212 INSTRUCTION Pour déterminer à son gré la qualité du lut, il suffit d'en mettre de temps en temps un peu sur une assiette froide, et l’on voit à l'instant quel est son degré de ténacité. Un grand avantage de ce lut, c’est qu’on peut le pré- parer à bord des vaisseaux , .et l'employer aussitôt quand on a péché des poissons ou des mollusques qu’on veut mettre dans l’eau-de-vie. Quant à l'emploi du lithocolle, après avoir ajusté sur les flacons les bouchons de liége, et les avoir essuyés avec un linge sec pour enlever toute l'humidité, on fait chauffer le”ciment jusqu’au degré de l’ébullition. On remue bien le fond, on en prend avec un morceau de bois au bout duquel est attaché un peu de vieux linge, et puis avec ce pinceau grossier on applique une couche de li- thocolle sur toute la surface du bouchon. Quelquefois la matière en pénétrant le liége fait évaporer un peu d’es- prit-de-vin qui vient crever à la surface. Cela forme de petites ouvertures qu'on bouche parfaitement en passant une seconde couche de lithocolle après que la première est refroidie. ) Lorsque les flacons sont petits, on se contente de les renverser et d'en plonger le col dans le vase. En ré- pétant deux ou trois fois cette immersion , la couche ac- quiert l'épaisseur qu'on désire. Il est encore utile de recouvrir les bocaux ainsi bou- chés d’une toile qu'on ficelle bien, et qu'on enduit de brai-gras liquide; et -pour les grands bocaux, de soutenir le couvercle de liége par une forte ficelle qui, se ratta- # . POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 213 chant au pourtour des flacons, forme une croix au-des- sus du couvercle, Les bocaux préparés de cette manière peuvent, sans pi Een être renversés sens dessus dessous, être exposés à toutes les secousses de la tempête, et supporter les plus fortes chaleurs, sans que l'alcool puisse s'échapper. Nous avons exposé ce qui nous paroït le plus essentiel pour la récolte et la préparation des objets de zoologie. Ceux qui désireront des instructions plus détaillées, les trouveront dans l’article" Taxidermie que M. Dufresne, chef des laboratoires de zoologie du Muséum, a inséré dans le tome 21 du dictionnäire d'histoire naturelle, imprimé chez Deterville en 1803, et dans le Mémoire de M. Péron, dont nous avons donné l'extrait. ï Après avoir indiqué d’une manière générale ce qui peut enrichir nos collections, nous croyons devoir désigner spécialement les animaux dont l’existence nous est connue, qui manquent au Muséum ou n’y sont pas en bon état, et que nous désirerions nous procurer. Sénégal. Le squelette de Fhippopotame. Le squelette du sanglier d'Ethiopie. La peau et le squelette des différentes espèces de ga# zelle, et notamment de celles qui ont les cornes recourbées en avant. Le pangolin ou fourmilier écailleux, conservé dans l’eau- de-vie. s 214 INSTRUCTION De petites autruches nouvellement écloses, dans l’eau- y de-vie. é Le lamantun, ou bœuf marin. - La grande panthère à larges yeux. Les gerboises. Cap de Bonne - Espérance. Toutes les espèces de gazelles et antilopes qu'on pourra se procurer, en peau et en squelette. Le squelette de l'hip- popotame , celui du rhinocéros à, deux cornes, celui du grand fourmilier du cap, appelé cochon de terre; celui du sanglier à masque, qui a de gros tubercules de chaque côté du groin, et qui est représenté par Daniels, pl. 21. La peau du même sanglier, propre à être empaillée. Le daman du Cap, vulgairement appelé klipdase, ou blaireau de roche ,. dans l’eau-de-vie, en aussi grand nombre qu'on le pourra. Le ratel ou petit-ours mangeur de miel. Toutes les gerboises ou lièvres -sauteurs. Le grand oïseau serpentaire ou messager, en peau et en squelette. I/oiseau appelé coucou indicateur ; loiseau appelé républicain. Ces deux derniers en peau, et en aussi grand nombre qu’on le pourra, et, si on le peut, aussi dans l’eau-de-vie. Madagascar. Les hérissons. Les maky. L'aye-aye, décrit par Sonnerat. POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 215 Au reste, Madagascar est si peu connu que presque tout ce qu'on pourra se procurer de l’intérieur de cette ile sera probablement nouveau pour les naturalistes. Pondichéry et toute l'Inde. Les singes à longs bras appelés gibbons, en peau, en squelette, et dans leau-de-vie, s’il est possible. Un orang- outang adulte, en peau et en squelette. Le crocodile du Gange, à museau grèle et allongé. Les pangolins, dont il y a plusieurs espèces; on les con- noît aussi sous le nom de lézards écailleux. Il serait à.désirer qu'on püt se procurer du Thybet: La vache grognante, à queue de cheval; Les chèvres à poils, donnant la laine de cachemire ; Le cerf du musc; Les gazelles. . ï : Archipel de Inde et principalement les Moluques. Ce que l’on désire le plus ardemment, c’est Pespèce de poisson appelé douiong, dugong où vache marine, en peau et en squelette, et, sil est possible, ses viscères, ou du moins son estomac et son larinx dans l’eau-de-vie. Des phalangers ou coëèscoès, ou couscous, dans l’eau-de-vie. Le tarsier, ou le petit maky, ou singe à jambes de derrière triples en longueur de celles du devant. .Ceux qui pourroient aborder à Sumatra sont priés de prendre des informations sur un grand animal, qui à été décrit par Newhoff sous le nom de succotiro. 216 INSTRUCTION Antilles. On demande principalement le rat musqué des Antilles ou pilory, en nombre dans l’eau-de-vie. Cayenne. Toutes les espèces de fourmilier, en squelette et dans l’eau- de-vie, les paresseux, et particulièrement le grand pares- seux à deux doigts, en squelete et dans l’eau-de-vie. Toutes les espèces de cerf et de chevreuil en peau et en squelette; l’allouate ou grand singe hurleur, en squelette et dans l’eau-de-vie; plusieurs langues et larinx du même animal, dans l’eau-de-vie. Terre-Ferme et Bouches de l’'Orénoque. Comme la Martinique et Cayenne ont des communi- cations fréquentes avec les côtes de la Terre-Ferme et les bouches de l'Orénoque, il est important de connoître le nom de quelques animaux qui abondent dans ces régions, et qu'on se procurera en les demandant sous le nom qu’on leur donne dans le pays. Il serait facile de se procurer à Cumana l'oiseau nommé guacharo , qui habite les cavernes de Caripé, et dont les Indiens retirent une graisse fluide comme de l'huile. On peut demander à Porto-Cabello les poissons du lac Valencia, et à Nueva-Barcelona le bava, espèce de petit crocodile de deux à trois pieds de long, inconnu en Eu- rope, et différent du monitor; les tatous, et les rats-épineux, Parmi les animaux qui arrivent vivans à la capitale de la Guiane espagnole, on désireroit surtout avoir les singes POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 217 caparo, le capucin de l’Orénoque, la viudita, le ca- cajao ou mono-rabon, l’ouavapavi, le manaviri, et sur- tout le douroucouli, ou singe dormeur, connu aussi sous les noms de cousi-cousi, cara-rayada ou mono-tigre. On se procurera facilement la peau et les squelettes de ces singes , et l’on pourra en amener plusieurs de vivans. IL seroit encore à désirer qu'on eût la peau du tigre noir de l'Esmeralda, comme aussi les peaux de différentes espèces de chevreuil ( erados ), des Ilanos de Cumana et de Barcelone. Nouvelle- Hollande et port Jackson. Des ornithorinques de différentes espèces, en nombre s’il se peut, dans l’eau-de-vie : des phalangers volans, des dasyures et autres didelphes de ce pays, aussi dans l’eau- de-vie. Outre les objets que nous avons désignés particulièrement pour les pays que nous venons de nommer, nous dési- rons qu'on nous envoie de chacun d'eux : Toutes les petites espèces de singes et d'animaux voisins des singes , les belettes, fouines, taupes, écureuils, chauve- souris, et en général tous les petits quadrupèdes sans dis- ünction, HR Les phoques dont les espèces sont très-variées, et se trouvent sur les côtes de toutes les mers. Toute espèce de reptiles et de poissons, principalement les poissons mangeables. Les mollusques , les vers marins quelconques, Mém. du Muséum. À. 4. 28 218 INSTRUCTION RÈGNE VÉGETAL. S\ Les richesses du Muséum relativement à la botanique, se composent, 10. des végétaux vivans cultivés dans le jardin ; 20, de la collection des plantes sèches ou herbiers, et de tous les produits du règne végétal, qu'il est possible de con- server pour les faire connoitre. La réunion au Jardin du Roi d’un grand nombre de vé- gétaux étrangers ne doit point être considérée comme un objet de luxe ou de curiosité. Elle est utile aux progrès de la science. Les voyageurs n'ont ni le temps ni la faci- lité de décrire et de dessiner les plantes remarquables sur les lieux où ils les recueillent. C’est seulement lorsqu'elles sont cultivées dans nos jardins qu'on peut les étudier dans tous les périodes de leur végétation, les dessiner quand elles sont en fleur, et s'occuper des moyens de les mul- tiplier, si leur culture peut présenter quelques avantages. Il ne faut point oublier que plusieurs plantes étrangères qui sont aujourd'hui très-répandues ont d’abord été cultivées au Jardin du Roi. Tout le monde sait que les cafés qui peuplent les îles de l'Amérique proviennent tous d’un pied de café élevé: dans nos serres; et récemment c’est encore de nos serres que l'arbre à pain a été envoyé à Cayenne. Ajoutez à cela que c’est au Jardin du Roi qu'on à d'abord cultivé et propagé de graines ou de boutures une multitude de plantes d'ornement qui sont devenues un objet de com- merce considérable, ainsi que plusieurs arbres utiles qui font aujourd’hui l’ornement des parcs, et dont quelques-uns commencent à s'introduire dans les forêts, Le Jardin du Roi 2 POUR. LES VOYAGEURS NATURALISTES. 219 est un lieu de dépôt où l’on cultive toutes les plantes pour ‘étude, mais où l’on donne des soins particuliers à celles qui peuvent présenter un objet d'utilité ou d'agrément. Lorsque ces dernières fructifient, on en recueille les graines pour les distribuer gratuitement à toutes les personnes qu’on croit capables de les multiplier et de les propager. On donne aussi des boutures des arbres qui n’ont pas encore fructifié. _ 11 seroit sans doute avantageux de faire arriver au Muséum des plantes vivantes, surtout celles dont l'utilité est bien connue dans le pays où elles croissent. Mais le transport des plantes vivantes exigeant beaucoup de soin et donnant beaucoup d’embarras sur les vaisseaux, nous ne désirons re- cevoir de cette manière que celles qui ne peuvent se pro- pager de graines, avec toutes les qualités qu'une longue culture leur a fait obtenir : et le nombre en sera toujours très-petit. Ce sont des graines qu'il est essentiel d’envoyer. Ces graines doivent être recueillies bien mûres, et mises ensuite dans des sacs de papier, avec une note qui indique: Si le végétal est un arbre ou une herbe; Dans quel pays il a été cueilli; La nature du sol où-il croit; L’élévation de ce sol au-dessus du niveau de la mer; Le nom qu'il porte dans le pays; S'il est employé à quelques usages comme aliment, ou dans‘ la médecine et dans les arts; si son histoire ou les propriétés qu'on lui attribue offrent quelques particularités remarquables. Nous désirerions particulièrement qu’on nous envoyât des notes sur les poisons végétaux dont les sauvages se servent d 28 * 290 » INSTRUCTION pour empoisonner leurs flèches, et sur la manière de re- cueillir et de préparer ces poisons. Pour être sûr de la maturité des graines, il faut les re- cueillir lorsqu'elles se détachent facilement de la plante. Dans plusieurs cas on pourra prendre le rameau qui les porte, pour que celles qui ne sont pas bien müres achèvent de mürir. Les sacs où les graines bien sèches seront renfermées, doivent être rangés dans une caisse qui sera ensuite bien goudronnée, pour qu’elles soient à l’abri de l’humidité et de l'atteinte des souris et des insectes. Il est des graines huileuses qui perdent promptement leur faculté germinative. Les graines de thé, de café, les glands de la plupart des espèces de chênes sont dans ce cas. Ces graines doivent être mises dans de la terre sablonneuse. On met pour cela deux pouces de terre au fond d’une boîte, : et on arrange sur cette terre les graines à une distance qui soit à peu près celle de la longueur de la graine. On les re- couvre encore d’un pouce de terre, sur laquelle on met une nouvelle rangée de graines, et ainsi de suite jusqu’à un pied de hauteur. On a soin que la caisse soit bien pleine, pour que les graines ne puissent se déranger. La caisse doit être couverte, mais de manière que l'air puisse s’y introduire. On pourroit y pratiquer une ouverture au-dessus de laquelle on placeroït un treillage en fil d’archal très-serré , pour laisser passage à l’air, sans que les souris ou d’autres animaux puissent remuer la terre. Les graines germent pendant la traversée. Au moment où la caisse arrive à sa destination, on trouve que la radicule des graines s’est développée , « POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 291 et on les mét tout de suite dans une terre convenable. C'est par ce moyen que MM. Michaux père et fils ont procuré à l’Europe tant d’espèces de chènes de l'Amérique septentrionale. Quoique certaines grilles à coque dure, comme les noix, les prunes, etc., ne lèvent que long-temps après qu’elles ont été semées, il serait bon, lorsque l’amende en est huileuse , de suivre la méthode que nous indiquons, pour qu’elles ne se rancissent pas pendant la traversée. Cette précaution est encore utile pour les plantes de la famille des lauriers et de celle des myrtes; surtout si le vaisseau doit passer dans les mers équatoriales. Lorsqu'on voudra envoyer des graines de fruits pulpeux, il faudra quand cette pulpe commence à se pourrir, ce qui annonce la parfaite maturité, séparer les graines de la pulpe, pour les faire sécher et les placer dans des sacs de papier. Voilà tout ce que nous avons à dire sur les moyens d’aug- menter au Jardin du Roi la collection des végétaux vivans, et de lui donner la facilité de rendre de nouveaux services à l’agriculture et au commerce. Venons aux collections de végétaux secs et des divers produits du règne végétal. | . Ces collections, qui ne sont jamais assez complètes, ne sauroient, être mieux placées qu'au cabinet du Roi. C’est par leur secours qu'on peut connoître, comparer et décrire les plantes, en distinguer les espèces, et faire faire des progrès à la botanique. Elles sont le seul moyen de fixer d’une manière invariable la nomenclature et la classification des végétaux. Les voyages de plusieurs naturalistes ont déjà 222 INSTRUCTION rendu la collection du Muséum très-considérable, et cer- ‘tainement aujourd'hui la plus riche de l'Europe : mais il lui manque beaucoup de choses, il y a beaucoup de lacunes, 'et elle sera doublée dans quelquesgannées, si céux qui vont dans les pays étrangers veulent bien”ÿ mettre quelque intérêt. Cette collection, qui occupe déjà quatre salles dans le ca- binet du Roi, se compose des herbiers, des fruits secs ou con- servés dans une liqueur spiritueuse, des gommes et des ré- sines, des échantillons de bois , et de quelques autres produits du règne végétal, qui peuvent être d'usage dans la médecine ou dans les arts. : Les soins nécessaires pour l’enrichir présentent moins de difficultés que ceux qu’exige l’augmentation de celle de z00- logie, Les plantes destinées pour les herbiers doivent être autant qu’il est possible cueillies en fleur et en fruit. Lorsque la plante est petité, onla prend entière et même avec la racine : lorsqu'elle est grande, on en coupe des rameaux de quinze pouces : on met ces plantes bien étalées entre des feuilles de papier, sous une planche, en employant une pression qui les empêche dese crisper, et qui w’aille point jusqu’à leur faire perdre leur forme en les aplatissant. Pour que la dessiccation se fasse très-bien, il suflit ordinairement de séparer les échan- tillons par plusieurs feuilles de papier gris, Dansles pays et dans les saisons humides, il convient d'accélérer la dessiccation par une chaleur artificielle. Pourcela, on met entre deux planches des cahiers d’une centaine de plantes séparées les unes des autres, chacune par deux ou trois feuilles de papier, et l’on place ce paquet dans une étuve ou dans un four duquel on a POUR LES VOYAGEURS NATURALISTE. 223 retiré le pain; ce moyen très-prompt n’altère pas même les couleurs des plantes. Quand elles sont sèches, on les change de papier... _. j Jia po Il est des plantes très-aqueuses, comme sont les plantes bulbeuses, les orchis, etc, qui continuent de végéter dans les herbiers, plusieurs mois après qu'on les y a placées. Lorsque ces plantes seront recueillies dans l’état où on veut les con- server, 1l est à propos ( deles plonger pendant 1 une minute dans l'eau bouillante; on retire ensuite la plante, on l essuie entre deux feuilles de papier gris, et on la fait séchér avec facilité, parce que l’action de l’eau bouillante a détruit la vie de la plante. ous | Lorsque les fra d’une plante sont trop gros pôur être placés dans lherbier, ‘il faut les envoyer ‘à part, en a soin d'indiquer par un numéro que tel fruit es à tel rameau de plante. Sur chaque paquet de plante d’une même espèce, on met- tra une note indiquant le nom qué là plante porte dans le pays, la hauteur au-dessus du’ niveau de la mer du lieu où elle se trouve; enfin les mêmes notes que nous ävons deman- dées pour les végétaux vivans. Ces instructions sont extré- mement importantes pour la géographie des plantes, à la quelle M. de Humbold a fait fure de si grands progrès. . Il sera de plus utile d’ indiquer la grandeur de la plante, la couleur des fleurs, et l'odeur qu’elles exhalent, ‘parce que le plus souvent on ne peut en être instruit te les échan- tillons d'herbiema waneeotio.sl jeiiA bi Les fruits:secs seront envoyés Me des caisses, avec une étiquette qui indique le rameau de: la plante à laquelle ils . 324 INSTRUCTION appartiennent. On fera la même chose pour les gommes et les résines. Les fruits pulpeux seront envoyés dans l’eau-de-vie, chaque espèce dans un bocal séparé. Les herbiers et les fruits lorsqu'ils sont parfaitement secs doivent étr&gmballés dans des caisses bien goudronnées, et placés à l'abri de l'atteinte des souris et de celle des insectes. Il sera fort prudent de mettre dans les caisses un peu de coton imbibé d huile de. pétrole ou d’ essence de thérébentine. IL est à désirer qu'on puisse nous envoyer aussi des échan- tillons des bois propres à l’ébénisterie. Ces échantillons doi- vent avoir environ dix pouces de longueur, et, s’il se peut, la largeur de l'arbre. Il sera utile d’avoir une coupe longi- tudinale et une coupe transversale. Mais ce qui est surtout essentiel, c’est de mettre sur le morceau de bois un numéro correspondant à un rameau de l'arbre placé dans l’herbier. Car les botanistes ignorent encore à quels arbres appar- tiennent plusieurs des bois qui sont dans le commerce. Parmi les objets qui nous seront envoyés, il n’est pas dou- teux qu'il s’en trouvera un grand nombre que nous possédons déjà : mais en général ils ne seront pas inutiles. Il y a des plantes qui ont dégénéré dans nos jardins, et dont il sera bon de renouveler les graines. Il en est beaucoup qui fructifient difficilement dans nos serres, et que nous ne pouvons re- cueillir en assez grande quantité pour en procurer à ceux qui en demandent. Ainsi le phormium tenax ou lin de la Nouvelle Zélande, dont les fibres sont bien plus fortes que celles du chanvre, pourroit être cultivé en grand dans plu- POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 295 sieurs de nos départemens où il réussit fort bien, quoiqu il mürisse difficilement ses graines. Les plantes conservées en herbier, et que nous possédons déjà, seront employées à faire des échanges ; et les échantillons que nous donnerons à des botanistes dans toute l'Europe ser- viront à fixer lanomenclature, et à faire de l’École française le centre de la botanique, comme le fut autrefois l'Ecole de Linné. Les gommes, les résines, les bois de teinture, les produits végétaux qu'on emploie en médecine pourront être analysés à Paris, et nous donner des notians positives sur des objets imparfaitement connus. Il faut enfin convenir que malgré le soin que nous donnons à la conservation des collections , il y a toujours quelques objets qui se détériorent avec le temps, et qu il est rie de renouveler. Quoique les collections de végétaux, de quelque pays qu'elles nous viennent, présentent toujours quelque chose de nouveau , il est cependant des contrées qui sont bien moins connues que d’autres, et desquelles nous ne possédons presque rien, et c’est de celle-là que nous désirerions recevoir indis- tinctement tout ce qu'on pourroit recueillir. Nous avons beaucoup de plantes des Etats-Unis : les voyages de plusieurs naturalistes, et particulièrement ceux de MM. Michaux en ont enrichi nos jardins. Cependant il est encore de beaux arbres qui seroient de la plus grande utilité et qui se multiplieroient dans nos forêts, si nous recevions des graines en assez grande abondance pour en faire des pépi- nières. M. Michaux avoit rendu ce service : on avoit fait une pépinière de chênes, de noyers et autres arbres encore Méim. du Muséum. 1. 4. 29 726 INSTRUCTION fort rares chez nous. Malheureusement cette pépinière fut détruite dans les premières années de la révolution; et il n’a été sauvé qu’un petit nombre d'individus qui font actuelle- ment l’ornement de nos parcs. Nos herbiers sont fort riches en plantes de cette contrée. Nous avons aussi beaucoup de plantes des Anülles. MM. Poiteau et Turpin nous en ont donné de St.-Domingue ; et un jardinier du Muséum nous en a apporté de Saint- Thomas et de Porto-Ricco. Cependant il y a de très-beaux arbres, et par conséquent un grand nombre de plantes qui végètent dans les montagnes, et que nous n’avons pas encore pu nous procurer. Le voyage de Dombey au Pérou et au Chili, a a singulière- ment enrichi le Jardin du Roi : mais la collection que ce na- turaliste nous destinoïit à son retour ayant été partagée avec l'Espagne, il nous manque encore beaucoup de plantes qu'il avoit ramassées et dont il fait mention dans ses notes. Plus anciennement, Commerson qui avoit fait le tour du monde, nous avoit apporté un herbier très-considérable et qui contient surtout la plupart des plantes des îles de France et de Bourbon. Nous possédions depuisle voyage de Tournefort beaucoup de plantes du Levant, et cette collection a été récemment enrichie de toutes celles que MM. Olivier et Bruguière avaient recueillies en Égypte, en Grèce et en Perse. La collection que MM. de Humbolt et Bonpland oni faite dans leur voyage, a également été donnée au Muséum : elle est d'autant plus précieuse, qu’elle sert de type à l’ouvrage qu'ils publient. Mais il seroit à désirer que nous eussions des échantillons plus nombreux. POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES 227 Nous avons des plantes de Cayenne envoyées par M. Mar- tin, que la mort vient d'enlever à cette colonie. Nous en avons aussi beaucoup du Brésil : et nous sommes sürs que le zèle de M. Auguste de St.-Hilaire nous procurera une multitude d'objets nouveaux. Nous avons aussi des plantes de l'Inde et de l'ile de Ti mor : M. Leschenault nous a donné un bel herbier de Java. Mais ces contrées sont si vastes, et la végétation y est si variée, que dans ce qu’on enverra de l'Inde , il se trouvera pendant plusieurs années plus de la moitié d’objets inconnus ; surtout si on en reçoit de voyageurs qui aient pénétré dans l'intérieur des terres. Le cap de Bonne-Espérance a été fréquemment visité par des botanistes quinous ont fait des envois : nous ne possédons cependant pas encore toutes plantes qu’ils ont décrites, et nos relations avec ce pays seront toujours du plus grand' intérêt. Le cap de Bonne-Espérance produit un très-grañd nombre de plantes d’ornement, et particulièrement des liliacées, qui sont fort recherchées des amateurs, et quisont un objet de commerce. Ces liliacées perdent presque toutes la faculté de donner des graines, lorsqu’elles ont été cultivées pendant quelques années dans nos jardins. Il seroit donc utile de nous envoyer des graines et des oignons de celles qui sont remar- quables par leur beauté, quoiqu cs e existent déjà connues dans les jardins d'Europe. La partie de la Nouvelle-Hollande qui a été visitée par les naturalistes qui ont accompagné le capitaine Baudin, nous a fourni une collection très-considérable, et d'autant plus pré- cieuse, qu’elle offre des.plantes inconnues jusqu'alors, et qui 29 * 228 INSTRUCTION s’éloignent beaucoup de celles des autres parties du monde. Combien ces richesses s'accroitront encore lorsqu'on aura pénétré pin avant dans l’intérieur des terres ! Nous n'avons rien des iles Mariannes, et presque rien des îles Moluques auxquelles nous devons pourtant les arbres à épicerie. La côte orientale de l'Afrique et la côte occidentale du nord de l'Amérique sont presque entièrement inconnues pour la botanique comme pour les autres parties de l'histoire na- turelle ; et tout ce qu’on pourra nous procurer de ces pays sera d’un grand intérêt. Nous venons d'exposer sommairement les moyens de rendre la collection de botanique digne de l’établissement dont elle fait partie, et de remplir les vœux de son Excellence, qui veut bien favoriser son accroissement. Nous allons maintenant indiquer quelques objets dont l'acquisition seroit plus par- üculièrement utile. Du nord de l'Europe. Le pin de Lithuanie. Des côtes septentrionales de l'Afrique. Le henné. Le chène au gland doux. La pyrethre. L’argan de Maroc. Du Sénégal. Le gommier du Sénégal. Le detar ( detarium ). Les galega et les indigotiers qui servent à la teinture. POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES 229 Du Cap. Les liliacées remarquables par la beauté de leur fleur, Les protea et les gardenia. De l'Isle de France. Le véritable bois d’ébène. De Madagascar. Le vahé qui donne de la gomme élastique. Du Levant. Le véritable hellébore des anciens, 2e/leborus orientalis. L’astragale qui donne la gomme adragant. Le baume de Judée. Des graines du saule pleureur, et un petit pied de l'indi- vidu mâle. Des côtes de Perse. L’'assa fœtida. Le saule nommé bismith. De l'Inde. La salsepareille -du commerce. Le nelumbo. Le nepenthes. Le badamier. à Les canarium. Le mangoustan. Le kaki, diospyros kakr. Un laurier rose qui donne une belle teinture. Les apocinées qui donnent la gomme élastique. : L'arbre qui produit l'encens, et qui croit aux environs de Calcuta. 230 INSTRUCTION De Carthagène. Le baumier de Tolu, so4ufera balsamifera. De la Terre-Ferme et des Bouches de l'Orénoque. Les vaisseaux qui vont à la Martinique et à Cayenne ayant, comme nous lavons déjà dit, de fréquentes relations avec la Terre-Ferme et les Bouches de l’Orénoque, ils pourront nous procurer facilement les plantes de ces régions: que nous dé- sirerionsle plus, enles demandant sous le nom par lequelelles sont connues dans le pays, etc estsous ce nom que nous allons les désigner. On aura facilement à Cumana des rameaux en fleur et des fruits mürs du cuspa, que l’on appelle le quinquina ( casca- rilla ) de Cumana, et qu'il ne faut pas confondre avec le cus- pare des missions de Caroni. Le cuspare fournit le quinquina de la Guiane espagnole, appelé en Europe cortex angusturæ. Les bâtimens qui visitent les ports de la Guaira et de Porto- Cabello, pourront rapporter des rameaux en fleur et des fruits de l’arbre de la vache ( arbol de la vacca ) qui ressemble au caimitier. Cet arbre croît près de Barbula, entre Porto-Ca- bello et Nueva-Valencia. Il sera très-important de rapporter plusieurs bouteilles bien bouchées de ce lait végétal qui peu servir de nourriture aux habitans. De Santo Thomas de Angostura, et des Bouches de lOré- noque, on peut rapporter les feuilles, la fleur, le fruit et la farine du tronc du palmier moriche, célèbre parmi les indiens guaraunos ; une branche avec des fleurs, ainsique les fruits du cuspare ou quimquina de Caroni ( cortex angusturæ ); des rameaux enfléur et des fruits dél’arbre qui donne les amandes POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 231 du Pio Negro, et quiportelenom d’almendron ou juvia ( 6er- tholetia excelsa) ;enfin des branches, des fleurs et des fruits du palmier chiquichique dont on faitles cordagesdans les missions de l'Orénoque. De la Nouvelle - Hollande. Des eucalyptus et des casuarina. Nos collections n’offrent presque rien de la côte orientale de l'Afrique, de la côte occidentale de Y Améri que, non plus quedes iles Mariannes et des Moluques. Tout ce qu’on pourra nous envoyer de ces contrées sera du plus grand intérêt. Outre les collections de végétaux vivans, de plantes con- servées en herbiers, et de produits du règne végétal, le Mu- séum possède encore un assortiment d'outils, de machines, d’ustensiles et de substances employés dans la pratique du jar- dinage, dans l’agriculture et dans l’économie rurale. Cet assor- timent déjà très-étendu en objets qui sont employés par les divers peuples de l'Europe, auroït besoin d’être augmenté de ceux dont on se sert dans les autres parties du monde. L’ad- ministration du Muséum les recevra avec plaisir et reconnois- sance. Il seroit à désirer qu’à chacun des outils, à chacune des machines, on joignit une explication de l'usage qu’on en fait, et des avantages qu’on en retire. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. Les minéraux peuvent se rencontrer soit sous des formes régulières et géométriques, auquel cas on leur donne le nom de cristaux, soït en masses plus ou moins irrégulières, 332 INSTRUCTION Parmi les cristaux, il en est qui sont tellement situés, qu'on peut, sans les endommager, les séparer de leur sup- port, ou de la matière qui les enveloppe. D’autres compo- sent des groupes saillans au- dessus de support; d’autres enfin sont comme enchatonnés dans son intérieur. On se procurera autant qu'il sera possible des échantillons relatifs à ces trois états; et à l’égard des cristaux engagés dans l’intérieur de la matière environnante, on détachera des parties de cette matière qui aient au moins huit à dix centimètres ( trois à quatre pouces ) dans tous les sens; de manière que l’on puisse y observer les divers minéraux qui accompagnent les cristaux. On détachera également des portions des masses composées d’aiguilles, de fibres, ou granuleuses ou compactes, en ob- servant de les choisir dans un état de fraicheur et exemptes des altérations qui ont lieu surtout dans celles qui sont situées à la surface. Les mines métalliques doivent appeler l'attention des voyageurs. Ils observeront si elles sont en couches parallèles à celles de la matière environnante, ou situées dans des fentes appelées flons, qui coupent ces couches. En déta- chant des échantillons de ces mines, on aura soin de laisser à l’entour du métal principal des portions soit des autres mé- taux qui lui sont associés, soit des substances pierreuses qui souvent l’accompagnent ,surtout de celles qui sont cristallisées. Si l’on trouve des terrains qui renferment des restes d’êtres organisés, tels que des ossemens d’animaux, des coquilles, des impressions de poissoris ou de végétaux, on recueillera avec soin des échantillons de ces différens corps, en les POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 233 laissant enveloppés d’une portion de la terre ou de la pierre dans laquelle ils étoient engagés. Dans le cas où le terrain que l’on visitera offriroit des traces d’une origine volcanique, on prendra des morceaux relatifs aux diverses manières d’être des substances rejetées par les explosions, dont les unes sont à l’état pierreux, comme les basaltes, d’autres sont semblables au yerre, comme les obsidiennes, d’autres à l’état de scories, etc. Pour celles qui sont en prismes, on aura soin de noter la forme de ces prismes, et l'étendue qu'ils occupent sur le terrain. À chaque morceau doit être jointe une étiquette, qui in- diquera le nom du pays où il aura été trouvé, celui de l’en- droit particulier dont il aura été retiré, la distance de cet endroit et sa situation à l'égard de quelque ville connue dont il sera voisin, la nature et l’aspect général du sol, autant que cela se pourra; enfin son élévation au-dessus du niveau. de la mer. Partout où l’on trouvera des eaux thermales ou minérales, on aura soin d'en remplir un flacon, qui sera bien bouché et bien lutté, Depuis qu'on a abandonné les systèmes pour se borner à observer les faits et à comparer les observations, depuis qu'on a renoncé à deviner l’origine des choses pour bien connoitre leur état actuel, la géologie qui appartenoïit au- trefois au domaine de l'imagination a pris la marche des sciences exactes; et c'est surtout en France qu’elle a fait d'immenses progrès, Cette marche régulière et comparative a non-seulement étendu nos connoissances sur la constitu= Mémm. du Muséum. 4. 30 234 InsTrucTIon tion du globe, elle a même produit des résultats utiles pour les arts. Cependant nous sommes encore bien loin de con- noîtré les diverses contrées de la terre, comme nous connoiïs- sons l’Europe; et les faits nécessaires pour fixer nos idées ne peuvent être recueillis que par des voyageurs instruits et livrés à ce genre d’études. Maïs il est facile à ceux qui visitent les contrées éloignées, surtout au-delà des tropiques, de nous procurer des no- tions importantes, et de nous envoyer des productions dont l'examen seul pourra nous éclairer et fournir des renseigne- mens sur la nature du sol des divers pays, et par suite sur la disposition générale des minéraux qui couvrent la surface du globéf® Sur toutes les côtes, dans toutes les îles où aborde un vais- seau, les personnes qui descendent à terre, pourront sans beaucoup de peine nous procurer des objets qui n'ayant aucun prix par eux-mêmes, deviendront instructifs et inté- ressans par les notes bien simples dont ils seront accompagnés. On peut d'abord recueillir sur le bord des torrens des eailloux qui indiquent la nature des roches desquelles ils proviennent. On choisira les plus gros, on notera quel est leur volume, et l’on en cassera des fragmens. On en prendra aussi quelques-uns des plus petits, en ayant soin de choisir eeux qui ont un aspect différent. Les cailloux sont d'autant plus petits, qu'ils viennent de plus loin. _ Partout où l’on verra une roche s'élever soit au milieu des eaux, soit dans l’intérieur des terres, on observera si cette roche est toute d’une même substance, soit homogène, soit composée, ou si elle est formée de diverses couches. POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 235 Dans le premier cas on en détachera un fragment. Dans le se- cond cas on observera la position relative des couches, leur. inclinaison et leur épaisseur; et l’on prendra un échantillon de chacune de ces couches, en mettant la même marque:sur tous les morceaux qui proviennent d’une même montagne, et un numéro particulier sur chacun d’eux, pour indiquer l’ordre de leur superposition, ou de leur situation réciproque. Si la personne qui voudra bien recueillir les échantillons peut y joindre un croquis au simple trait, qui indique la forme de la, montagne , l'épaisseur et l’inclinaison des couches, ce sera rendre un service essentiel. Dans le cas où la roche qu’on observe est un pic isolé, il est utile de l’examiner et de le dessiner sur deux faces, pour mieux s'assurer de l’inclinaison des couches. | Il ne sera pas inutile de recueillir du sable des rivières, surtout de celles qui charrient des paillettes métalliques ; mais il faut que ce sable soit pris aussi loin de l'embouchure que cela est possible. On trouve dans quelques pays des masses isolées auxquelles le peuple attribue une origine singulière. Il faut en prendre des fragmens. Peut-être s’en trouve-t-il qui sont des aérolites, d’autres peuvent avoir été transportées par les révolutions du globe. lé En recueillant des fragmens de roches, de mines, de pro- duits volcaniques, de corps organisés fossiles, la chose la plus essentielle, c’est de bien noter leur gisement, c’est-à- dire la nature du sol où on les a trouvés, et leur position relativement aux minéraux qui les environnent. Les couches de basalte méritent une attention particulière, 39 + 236 IxsrrucrIoN soit en elles-mêmes, soit sous le rapport des terrains qui les supportent ou qui les recouvrent. On remarquera si elles sont divisées en masses irrégulières, en tables, en prismes, et quelle est leur disposition. On observera si elles renferment des débris de corps organisés, et l’on aura soin d’en recueillir des échantillons dans les divers états, ainsi que des matières sur lesquelles le basalte repose. On s’assurera surtout s'il n’y a pas interposition de matières scorifiées, ou de ces lits d’un aspect terreux auxquels les allemands donnent le nom de wakke, et que l'on suppose n’être pas volcaniques. Les porphyres trapéens ou trachytes de M. Haüy méritent lé même intérêt. Ils se distinguent surtout des porphyres pri- mitifs et de transition par l’absence du quarz et la présence du pyroxène. : - Il ne faut point s'embarrasser de morceaux d’un volume considérable. Des échantillons de six à huit centimètres sur trois ou quatre d'épaisseur sont suflisans. Il ne faudroit pren- dre de grandes masses qu’autant qu’elles renfermeroiïent le squelette d’un animal fossile. Pour emballer les échantillons, on les recouvrira d’abord immédiatement d’un papier fin. Au-dessus de ce papier, on mettra celui sur lequel est écrite l'étiquette ou la note du gisement, puis un second papier fin que l’on entourera de fi lasse, et l’on enveloppera le tout d’un papier gris. On arran- gera ensuite tous ces échantillons dans une caisse, en les ser- rant les uns contre les autres, et en garnissant les interstices de papier haché ou de filasse, de manière que leur ensemble forme une seule masse dans laquelle rien ne puisse se déranger. La caisse sera goudronnée pour la garantir de l'humidité. \ POUR LES VoyAGEurs NATURALISTES. 237 En exposant les moyensles plus propres à enrichir la collec- tion du Muséum, et à fournir aux professeurs de cet établis sement des instructions sur les objets qui leur seront envoyés, nous avons indiqué ce qui seroit le plus utile, Mais nous sen- tons bien que les voyageurs qui n’ont pas pour unique but étude de l'histoire naturelle, et lespersonnes qu’on chargera de nous procurer des animaux, des végétaux et des minéraux étrangers, ne seront pas toujours à portée de prendre tous les soins que nous désirerions. Dans ce cas, nous aurons toujours pour eux de la reconnoïssance, s’ils nous envoient des graines recueillies aü hasard, des peaux d'animaux dans des caisses bien goudronnées , des petits animaux jetés péêle mêle dans un baril de liqueur spiritueuse , des minéraux avec une note qui indique le lieu où ils ont été ramassés. Mais ils rendront d'autant plus de services à la science, ils rempliront d’autant mieux nos vœux pour ses progrès, qu'ils se rapprocheront davantage des conditions que nous avons indiquées. Ce que nous avons dit relativement à la récolte et à la préparation des objets, s'adresse aux personnes qui ne se sont point spécialement livrées à l'étude de l'histoire naturelle. Si dans les pays où aborderont les vaisseaux françois, il se trouve quelque naturaliste, il pourra envoyer des objets choisis et préparés avec soin ; et l'administration du Muséum s’empres- sera de lui faire passer en échange ceux qu'il pourroit désirer, et dont elle possède des doubles. Ces communications réci- ‘proques sont tout-à-fait analogues au but de notre établis- sement. Elles seront infiniment utiles au progrès des sciences naturelles, et nous nous flattons que son Excellence voudra bien nous en faciliter les moyens. $ 538 INSTRUCTION Il nous reste à dire un mot de l’emballage des objets, et des soins à prendre pour qu'ils ne soient pas endommagés pendant la traversée. Aussitôt que les objets préparés, comme nous l'avons dit, auront été placés dans les caisses, il faut fermer ces caisses le mieux qu'il sera possible, et les goudronner sur toute la sur- face, de manière que ni l'air ni l'humidité ne puissent y pé- nétrer. On les enveloppera ensuite d’une toile huilée, et on les placera dans le vaisseau, dans un lieu où on croit qu’elles peuvent rester jusqu'à leur arrivée, et autant qu’il sera pos- sible à l’abri de l’excessive chaleur, et hors de l'atteinte des souris. Il est inutile d’avertir que les bocaux et flacons de verre doivent être mis dans des caisses bien garnies de filasse ou d’algue, et rangés de manière qu'ils ne courent aucun risque de se casser. Lorsque les caisses seront arrivées dans un port de France, son Excellence voudra bien donner des ordres pour qu’elles ne soient point ouvertes avant d’être envoyées au Muséum. Sans cela, la plupart des objets qu’elles contiennent courroient risque d’être brisés ou détériorés. L'intérêt que son Excellence prend à la collection du Jardin et du Cabinet du Roi, et les soins qu’elle veut bien se donner pour l’enrichir, ne nous laissent pas douter que cette collec- tion sera bientôt considérablement accrue; qu’elle formera une série aussi complète qu'il est possible; que les savans de toute l'Europeviendront y chercher denouvellesconnoïssances etla solution des difficultés qui les embarrassent; et qu'ilen POUR LES VOYAGEURS NATURALISTES. 239 résultera une utilité réelle pour l’agriculture, pour le com- merce et pour les arts. Le ministère de son Excellence fera époque dans l'histoire d’un établissement qui, étant l’objet de l'admiration des étran- gers, et contribuant à la gloire de la France, mérite à tous égards la protection particulière dont Sa Majesté veut bien l'honorer. 240 De lInfluence des Métaux sur la production du Potassium à l’aide du Charbon. . PAR M VAUQUELIN. O: a découvert dernièrement, dans le département de l'Allier, une mine d’antimoine, dont M. le sous-préfet m'a envoyé des échantillons, en me priant d’en faire l'analyse. C’est en m’occupant de ce travail, que j'ai eu occasion de faire les observations dont je vais faire part à l'académie. Après avoir grillé une certaine quantité de cette mine, je la mêlai avec du tartre, et fis fondre le mélange pour avoir le métal. Celui-ci avait une couleur blanche-grise, sans éclat, et une texture grenue. En mettant ce métal dans l’eau pour le débarrasser des scories alcalines qui pouvoient y adhérer, nous avons ob- servé qu'il se produisoit sur toute sa surface un dévelop-- pement rapide de gaz sous la forme de bulles extrêmement fines. Désirant savoir quelle était la nature de ce gaz, nous avons recouvert le morceau d’antimoine d’une cloche rem- plie d’eau. Lorsque nous en avons eu une quantité suff- sante , il a été soumis aux expériences suivantes : InFrLuENcE Des Métaux. Porassrum. 24 10. Mis en contact avec un corps en ignition, il s’est enflammé et a brülé avec uné flamme rougeâtre. Le produit de la combustion n’a nullement troublé l’eau de chaux. 20, Contenu dans une cloche renversée, ce gaz ne s’é- chappe point, tandis qu'il s'échappe promptement quand la cloche a l'ouverture en haut; par conséquent il est plus léger que lair atmosphérique, et doit être regardé comme du. gaz hydrogène très-pur. Deux grammes de cet antimoine dépouillé des scories ont été introduits rapidement dans une cloche graduée et remplie d’eau. Lorsque l’effervescence eut cessé, il y avoit trente centimètres cubes de gaz: l’eau avoit acquis une forte al- calinité. | Dans une autre expérience , nous avons employé 3 gram. un dixième du même métal, il s'est produit 47 centimètres de gaz, cé qui est dans un rapport assez exact. Ce gaz a présenté les mêmes propriétés que le premier. Deux grammes d’antimoine ainsi fondus, exposés à l'air libre sous un entonnôir , ont présenté, au bout de quelque temps à leur surface, une sorte d'humidité de laquelle on voyoit se dégager une infinité de bulles de gaz. Au bout de dix-huit heures, ce phénomène ayant cessé, om a jeté le métal daas l’eau, mais il n’a plus produit de gaz. Pour savoir si cette propriété pourroit se conserver pen- dant quelque temps dans l’antimoine, on en a plongé un morceau dans du naphte; et en effet, au bout de vingt- quatre heures, le métal retiré, essuyé sur du papier Joseph, et plongé dans l’eau, a produit le même effet qu'auparavant. Méin. du Muséum. 1. 4. 31 242 InFLUENCE DES MérTaux. Embarrassé sur la cause de ce phénomène, et craignant qu'il ne dépendit d’une nature particulière de la mine d’anti- moine, je fis fondre avec du tartre une certaine quantité de ce métal pris dans le commerce, et j'obtins un résultat tout semblable à celui dont j'ai parlé, c’est-à-dire que l’an- timoine avait pris une couleur grise et acquis la propriété de produire du gaz hydrogène avec l’eau. C’est donc un effet indépendant de la nature de l’antimoine. Voulant savoir si d’autres métaux pourroient aussi acquérir la faculté de produire des effets semblables, nous avons fait fondre une certaine quantité de bismuth avec partie égale de tartre, et, après lavoir dépouillé de la scorie, on l’a plongé dans l’eau : aussitôt il a fait une eee et a dégagé du gaz hydrogène très-pur. ; De l’oxide de plomb réduit avec du tartre a donné un eulot d’une couleur grise, d’une structure fibreuse et cas- sante. La langue appliquée sur une cassure fraîche de ce métal, a perçu une saveur très-alcaline, et un morceau de papier de tournesol rougi par un acide, et appliqué humide sur cette même cassure, a été rappelé à l'instant à sa couleur naturelle. Cependant, mis avec l’eau, il m'a pas donné de gaz hydrogène. El s’agiroit maintenant de remonter à la cause de ce phé- nomène remarquable , mais les causes sont souvent diffi- ciles à connoitre ; cependant, en considérant la nature des matières mises en action dans notre expérience, l’on pourroit raisonnablement supposer que les effets observés sont dus à la présence du potassium dans l’antimoine et les autres métaux fondus avec le tartre : en effet le gaz hydrogène Porassiun. 43 qui se développe avec tant de rapidité à une si basse tem- pérature, et l’alcalinité que prend l’eau, nous paroissent ne pouvoir appartenir qu'à l’action du potassium sur, l’eau. La production de cette substance, éminemment combus- tible , est sans doute favorisée par la présence des métaux; car à cette température, le charbon seul ne décompose- roit pas la potasse. En admettant la supposition que nous venons de faire, lon trouve, par le volume du gaz hydrogène développé par deux grammes d’antimoine plongé dans l’eau, que ce métal contient environ deux grains, ou un décigramme de potassium, ou environ un vingtième de l’antimoine. Pour vérifier cette théorie, nous avons fait fondre dans un tube de verre fermé par un bout un gramme d’antimoine pur et un décigramme de potassium ; on a obtenu un alliage semblable à celui fait avec la mine d’antimoine grillée et fondue avec le tartre, lequel mis dans l'eau, a produit du gaz hydrogène très-pur. Le zinc et le plomb, fondus avec un dixième de potassium, acquièrent de nouvelles propriétés physiques, telles que de la dureté et de la fragilité; mais ils ne décomposent pas l’eau. En seroit-il de même des autres métaux ductiles, et cette faculté seroit-elle réservée aux métaux cassans? Des recherches nouvelles nous l’apprendront. CONCLUSION. D’après ces expériences, il est vraisemblable que beaucoup d’autres métaux que l'on réduit avec des fondans alcalins 244 INFLUENCE Des Méraux. Porassium. contiennnent aussi des quantités plus ou moins grandes de potassium qui en modifie les propriétés , et qui se dissipe lorsqu'on les affine avec le contact de l'air. Cest un objet qui mérite de fixer l'attention des chimistes. DESCRIPTION DE QUATRE NOUVEAUX GENRES DE PLANTES. PAR M. DESFONTAINES. MEZONE VRON. CazIx pubescens, quinque-partitus ; laciniis quatuor suborbicula- tis, quinta inferiore galeatâ, concavâ, ceteras ante anthesim invol- vente. CoroLLA petala quinque, suborbiculata, unguiculata ; superiore minore. STAMINA decem declinata, corollà longiora. Filamentaincurva, dis- tincta , inferne villosa. Antheræ oblongæ, biloculares, versatiles. SryLus unus, declinatus, incurvus, Stigma subrotundum. LEGUMEN magnum, planum, foliaceum , ovato-oblongum , utrin- que angustatum, uniloculare , non dehiscens, nervo longitudinal, prominulo, in duas partes inæquales diviso; inferiore latiore, medio seminiferà ; superiore vacua, undulatä. SEMINA oblonga, compressa , lævia , nervo longitudinali apice af- fixa, Genus Cæsalpiniæ affine, calicis laciniâ infimä longiore, ceteras ante florescentiam involvente, corollâ pentapetalâ, staminibus decem, filamentis distinctis, inferne villosis, et etiam habitu, sed legumine omnino distinctum. Affine etiam fructu, Hæmatoxylo cujus legumen planum, membranaceum, sufurâ longitudinali mediä distinctum, sed in Hæmatoxylolegumen maturum , in duas partes naviculares solvitur et semina suturæ , non apice, sed latere adhærent. Mém. du Muséum. 1. 4. 39 246 NouvEAUX GENRES DE PLANTES. ,* MEZONEVRON GLABRUM. M. caule arboreo , foliis abrupte bipinnatis; pinnis oppositis, aculeo gemino basi stipatis; pinnulis ellipticis glabris; floribus racemosis , terminalibus. Tres ligneuse. Rameaux alternes. Jeunes pousses anguleu- ses, pubescentes. Feuirces deux fois pennées sans impaire. Pétiole commun pubescent. Six à dix paires de pinnules opposées, grêles, accompa- gnées ‘à leur base de deux petits aiguillons recourbés en crochet. Folioles glabres, alternes, elliptiques, obtuses , sou- vent un peu échancrées au sommet, portées sur un pétiole court, longues de quatre à cinq lignes, sur trois à quatre de largeur. Surface inférieure veinée en réseau. _ Fueuns disposées en grappes lâches, simples, ou ramifiées, et formant une panicule au sommet des rameaux. Chaque fleur est portée sur un pedicelle, long d’un pouce à un pouce et demi. Cazice couvert d’un duvet ; jaune. Cinq divisions profon- des; les deux latérales et les deux supérieures arrondies; l'in- férieure plus grande, concave, obtuse, en forme de casque ; recouvre les quatre autres avant l'épanouissement de la fleur. Corozce cinq pétales jaunes, arrondis au sommet, insérés sur la base du calice, terminés inférieurement par un onglet. Le supérieur plus petit que les autres. Eraunes dix. Filets abaissés, arqués, rapprochés, distincts, aigus, velus et élargis inférieurement, plus longs que la co- rolle ; les supérieurs un peu plus courts que les inférieurs. MEzONEVRON. 247 Ovaresupère, velu. Style abaissé, arqué. Un petit étigmate arrondi. -: Gousse aplatie, mince, face inclinée ou pendante, ne $’ouvrant point, longue de quatre à six pouces, sur deux de largeur dans sa partie moyenne, rétrécie vers les deux Do. veinée de petites nervures en réseau, partagée dans toute sa longueur par une grosse nervure saillante, en deux parties inégales ; la supérieure en forme de crête, est ondée et crépue ; l'inférieure beaucoup plus large, renferme dans sa partie moyenne cinq à six graines lisses, oblongues, obtuses, brunes, comprimées , attachées paralèlement par le sommet à la nervure longitudinale. Cet arbre croît spontanément dans l’île de Timor, d’où à a été apporté en France par les naturalistes de l’expédition du capitaine Baudin. L'herbier du Muséum en n possède des ra- meaux garnis de fleurs et de fr uis. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic, 1. Un calice. 2. Une fleur non épanouie dégagée de son calice. 3. Les étamines. 4. L'ovaire avec son style. MEZONEVRON PUBESCENS. M. Caule arboreo; foliis abrupte bipinnatis; pinnis oppositis, aculeo gemino basi stipatis ; pinnulis ellipticis, pubescentibus ; legumine parte media inflato, reticulato. Cette espèce, dont je n’ai point vu la fleur, a beaucoup d’affinité avec la précédente, dont elle diffère par ses folio- les couvertes d’un duvet court et serré, par sa gousse qui Spy 248 NouveAUx GENRES DE PLANTES. est renflée et veinée en réseau dans son milieu, enfin par ses graines beaucoup plus rapprochées les unes des autres. Elle croît dans l'ile de Java, d’où M. Leschenaultl arappor- tée. L’herbier du Muséum n’en possède qu’un seul individu. HETEROSTEMON. CaLix persistens, gracilis, a basi ad apicem sensim dilatatus, calicu- lo bilobo inferne cinetus, ovarii pedicellum arcte involvens, superne quadri-partitus ; lacintis lanceolatis, concavis, deciduis. CoroLLA petala tria, collo calicis inserta , obovata, obtusa , erecta, inferne angustata, unguiculata ; petalo superiore laciniæ calicis op- posito ; duobus aliis alternantibus. STAMINA octo, Filamenta inferne monadelpha, superne libera, de- clinata, arcuata, barbata ; tria inferiora longiora. Antheræ oblongæ | versatiles, biloculares, polliniferæ ; cetera quinque gradatim breviora, quibus antheræ minores, basi bilobæ, effet. Ovarium pedicellatum, arcuatum. Stylus unus, incurvus, declina- tus. Stigma unicum. LEGUMEN elongatum, planum, mucronatum, polyspermum. Semen maturum non vidi. Genus Tamarindo affine calicis limbo quadrifido, deciduo, basi persistente, corollà tripetalâ, collo calicis insertâ, staminibus mona- delphis, declinatis, arcuatis, tribus antheriferis fertilibus , stylo et stig- mate unico , ovario pedicellato ; sed distinctum calice caliculato, fila- mentis staminum omnibus antheriferis, legumine compresso, mucro- nato nec pulposo. In tamarindo filamenta staminum tria antherifera, septem vero brevissima vix conspicua, antheris destituta, unde fila- menta decem, dm in novo genere filamenta tanttm octo , omniaque autherifera. HPRTEROSTEMON. 249 HETEROSTEMON MIMOSOIDES. H. Caule arboreo; foliis pinnatis ; petiolo alato; foliolis linearibus, glabris, obtusis, emarginatis, confertis, basi antice excisis. Trers ligneuses. Jeunes rameaux pubescens, formant un angle aigu avec le tronc. Feurrres pennées sans impaire. Pétiole bordé de chaque côté d’une petite aile, accompagné à sa base de deux sti- pules non persistantes , en forme d’alène. Folioles linéaires, glabres, lisses, obtuses, souvent échancrées au sommet, ter- minées par une petite pointe, tronquées antérieurement à la base, rapprochées les unes des autres, larges d’une ligne, sur cinq à six de longueur. Freurs en corymbes au sommet des rameaux. Pédoncules courts, inégaux, accompagnés à leur base de petites écailles brunes, ovales, aiguës. Carrcr grêle, strié, persistant, long d’un pouce à un pouce et demi, sensiblement évasé de la base versle sommet, enve- loppant le pédicelle de l’ovaire et faisant corps avec lui, par- tagé à son extrémité supérieure en quatre divisions profondes, lancéolées, concaves, tombantes, la supérieure un peu plus large que les trois autres, entouré à sa base d’ un petit calice bilobé. Conoze trois pétales droits, plus longs que le calice, ovales-renversés, arrondis au sommet, rétrécis vers la base, terminés par un onglet, attachés au collet du calice; le su- périeur opposé à l’une des divisions ; les deux autres alternes. Erammes huit. Filets grêles, arqués, abaissés, réunis in- 5o NouveAux GENRES DE PLANTES. férieurement en un faisceau, libres dans le reste de leur lon- gueur, garnis de soies étalées; Les trois inférieurs plus longs, terminés par des anthères oblongues, obtuses, à deux loges rempliesde pollen; les cinq autres, graduellement plus courts, terminés par des anthères plus petites, bilobées à la base, et vraisemblablement stériles. Ovame courbé, comprimé, aigu, porté sur un pédicelle. Style arqué, filiforme, abaissé, de la longueur des trois éta mines fertiles. Un stigmate arrondi. Gousse polysperme, aplatie, allongée, terminée par une pointe, longue de trois à quatre pouces, sur six lignes de lar- geur dans les individus que possède l’herbier du Muséum où elles ne sont pas à maturité. 2e Cet arbre est indigène du Brésil, EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic. 1. Une fleur dont le calice est partagé dans sa longueur. 2. Une étamine fertile un peu grossie. 3.. Une étamine stérile également un peu grôssie. LEDOCARPON. CALIX persistens, quinque-partitus ; laciniis ovato-lanceolatis, acu- üs, folis subulatis, bi-tripartitis cinctus, ÿ à CoRoLLA hypogyna, patens, pentapetala ; petalis calici altécnie : obovatis, apice rotundatis, > STAMINA decem, corolla breviora, quinque alternatim ceteris lon- giora. Antheræ oblongæ, obtusæ, biloculares , longitudinaliter dehis-. centes. Filamenta persistentia. 1 OvARIUM superum, subrotundum, tomentosum. Styli quinque in- crassati, (ll « AC P> D ) NX \ l | HETEROSTEMON minosoides. At Litres tir br 9 EU $ M { LEenocArPonx. 251 CAPSULA ovata, obtusa, setosa, quinque valvis; valvis margine septiferis, bifidis, quinque- ours ; polysperma. SEMINA parva, receptaculo cenirali affixa. Genus geraniorum ordini non mihil affine, calice quinque-partito, _corollà pentapetalâ, hypogynâ, numero staminum, ovario supero; capsulà ut in oxalidibus, eodem ordini à Jussiæo adnexis, quinque-lo- culari, polyspermê , valvis margine septiferis, seminibus axi centrali ansertis, sed calice involuerato, filamentis staminum distinctis, stylis quinque incrassatis, demumque habitu, à gerauiis veris et oxalidibus diversum. LEDOCARPON CHILOENSE. Caule fruticoso, ramoso; folis oppositis, tripartitis, lincarisubu- Jatis, sericeis ; don bus tonne terminalibus. ArBRissEAU à tige droite, divisée em rameaux grèles, pani- culés, cylindriques, ubeieas vers leur sommet. Feuirres opposées, sans stipules, couvertes de petites soies blanches, partagées communément jusqu’à la base, en trois parües étroites, aigués, en forme d’alène et à bords repliés en dessous. Freurs terminales, solitaires au sommet des rameaux. Cazrce persistant, soyeux extérieurement, à cinq divisions profondes, ovales-lancéolées, très-aigués, entouré d’un invo- lucre composé de feuilles semblables à celles des rameaux, les unes simples, les autres partagées en deux ou trais parties. Corozze d’un pouce à un pouce et demi de diamètre. Cinq pétales ouverts, ovales-renversés, entiers, arrondis au som- met, attachés sous l'ovaire, un pes ne one que le calice, alternes avec ses divisions. : ETAMINES dix, plus courtes que la corolle, cinq alternati- 252 NouvEAUX GENRES DE PLANTES. vément un peu plus longues que les autres. Filets persistans, aigus, aplatis, élargis inférieurement, insérés sous l'ovaire. Anthères oblongues, obtuses, à deux loges, s’ouvrant l’on- gitudinalement, attachées par la base au sommet des filets. Ovame supère, arrondi, couvert de soies blanches. Cinq styles.un peu épais, plus courts que les étamines. Capsule polysperme, ovale, obtuse, soyeuse, à cinqloges, à cinq valves’ bifides, cloisons parallèles aux valves. Graines petites, attachées à un axe central. Le calice de ce nouveau genre, qui est persistant, et à cinq divisions profondes, sa corolle à cinq pétales insérés sous l’o- vaire, ses étamines au nombre de dix, dont cinq alternative- ment plus longues que les autres, ses cinq styles, sa capsule polysperme à cinq loges , à cinq valves auxquelles les cloisons sont parallèles, les graines attachées à un axe central, sont dés caractères qui le rapprochent des ovals, dont il diffère néanmoins par son calice entouré d’un involucre, par les pé- taleset par les filets des étamines qui sont libres, par ses styles épais, courts et dépourvus de stigmates frangés; enfin par le feuillage ressemblant à celui de divers hérianthèmes : mais ceux-ci ont les feuilles entières et non trifurquées. ê Cet arbrisseau est indigène du Chili, d’où il a été apporté en France par Dombey. L’herbier du Muséum en possède plusieurs individus. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic. 1. Une feuille trifurquée. 2. Un calice ouvert où l’on voit l'ovaire et les cinq styles. 3. Une étamine un peu grossie. > @ Z ( \ X N NX È KT am" = (D), chti / } © ARZ O iuloen Se’. Ta 2,22 72 # Hi LEepocArron. 253 . Un ovaire grossi avec ses cinq styles. - Un calice avec la capsule. . Une capsule dégagée de son calice et entourée des filets des étamines qui persistent. CRE 7. Une capsule coupée transyersalement. 9. Une graine. NOUVEAU GENRE D'EUPHORBIACÉE. MICRANTHEUM. FLORES monoici. Masc. Calix coloratus, sexphyllus ; foliolis tribus exterioribus ova- üis, obtusis; tribus interioribus petaloideis, majoribus, alternis, ellip- ticis. Corolla nulla. STAMINA tria libera. Antheræ globosæ , biloculares. RECEPTACULUM triglandulosum. Fœm. Calix persistens, sexpartitus ; laciniissubulatis, subæqualibus. OvaArIUM superum. Styli tres minimi. Stigmata totidem. CaAPsuLA sessilis, stylis persistentibus coronata, ovata, sexcosfafa ; tricocca ; coccis bivalvibus, trilocularis; loculis dispermis. SEMINA subteretia, axi centrali, persistenti aflixa. PERISPERMUM semini conforme. Embryo rectus, teres, gracilis. Ra- dicula superior. Genus phyllantho affine floribus monoicis, axillaribus, masculis tri- andris , filamentis staminum liberis, calice colorato , hexaphyllo, aut sex partito, sed distinctum stylis tribus simplicibus minimis , capsulâ ovato-oblongä, coccis bivalvibus , foliis ex eodem exortu ternis, MICRANTHEUM ERICOIDES. M. Caule fruticoso , ramosissimo , ramulis hirsutis ; foliis perennan- ” tibus fasciculatis, ternis, linearibus, ARBRISSEAU très-rameux, haut d’un à deux pieds. Rameaux grêles, hérissés de petites soies. Ecorce brune. Mém. du Muséum. . 4. 33 254 NouvErAux GENRES DE PLANTES. Feurcres alternes, linéaires, entières, persistantes, larges d’une demie ligne sur quatre à cinq de longueur, fasciculées, ternées, divergentes, parsemées de poils très-courts, termi- nées par une petite pointe, l'intermédiaire un peu plus longue que les deux latérales. Freurs très-petites, monoïques, solitaires ou réunies au nombre de deux ou trois dans les aisselles des feuilles, le long des rameaux, portées chacune sur un pédicelle capillaire plus court que la feuille. : Freur MALE, calice de couleur rose, à six feuilles, les trois extérieures ovales, obtuses; les trois intérieures plus grandes, alternes, en forme de pétales, elliptiques, arrondies au som- met, lésèrement ciliées. ÆErames trois. Filets libres. Anthères globuleuses à deux loges. Trois petites glandes au fond du calice, alternes avec les filets des étamines. Freur FEMELLE, calice persistant, à six divisions presque égales, étroites, un peu aiguës; les trois intérieures légère- ment ciliées. Ovaire supère. Trois petits styles simples, per- sistans, recourbés en dehors. Carsuze glabre, sessile, ovale-oblongue, à six côtes ar- rondies, peu saillantes, à trois coques élastiques, cartilagi- neuses, bivalves, s’ouvrantintérieurement dans leur longueur. Trois loges renfermant chacune deux graines oblongues, lisses, caronculées, attachées à un axe central et persistant, comme dans les autres euphorbiacées. : Cet arbrisseau croît à la nouvelle Galle, où 1l a été observé et recueilli par les botanistes de l'expédition du capitaine Zoom. Z. À » , R PPS. NX = VE À 12 \ : NI Ée 2 AT I K y NY SSUZ | \ \ PA , |. N7 ] AREA ARE NN AS 12 \ VAN = A UP " sp SVT Th} 7 AN TENTE dé x) ANA SET NE \ D Fa. 10 3 A SNA AN VA 7 à 27 NES NW SORLELE VE AT 2 | TA DE N \ ES VE Ne Ù 7 ARE LS PR CAN }. N I} | 2 | |l ES Le “ ] d A CE = Ÿ K / é d MiIcRANTHEUM. 255 Baudin. L’herbier du Muséum en possède plusieurs individus garnis de fleurs et de fruits. Fic. 1. D SN DUR ww EXPLICATION DE LA PLANCHE. Tronçon de tigesur lequel on voit trois feuilles qui sortent du même . point avec trois fleurs, dont une épanouie, les deux autres en bouton. Elles sont un peu grossies. Be Une fleur mâle vue à la loupe avec ses trois étamines et les trois glandes du réceptacle qui alternent avec les filets. . Une étamine vue à la loupe. . Une fleur femelle grossie. Un ovaire vu à la loupe avec ses trois styles. . Une capsule entiere grossie, Une capsule grossie, coupée transversalement. On y voit les trois loges et les deux graines contenues dans chacune. . Une coque de la capsule vue par sa face interne. . Une coque dégagée de sa pellicule, s ouvrant en deux valves. . Une graine grossie vue de côté. . Une autre graine vue du côté intérieur, . Un embryon grossi, 33° EXPÉRIENCES Pour connoître la quantité d’Alcali contenu dans les Janes de Pommes de terre. PAR M VAUQUELIN. Dix un Mémoire que la chambre de commerce d'Amiens a transmis à la société royale d'agriculture de Paris, il est dit qu'un arpent de terre a fourni cent vingt milliers de fanes vertes de pommes de terre, lesquels cent vingt mil- liers se sont réduits à quarante milliers par la dessiccation; que ces quarante milliers de fanes desséchées ont produit sept mille cinq cents livres de cendres par la combustion ; enfin que cette cendre convenablement lessivée a donné deux mille cinq cents livres de salin dont on n'indique pas le titre. L'on peut remarquer que les fanes de pommes de terre n’ont diminué que des deux tiers de leur poids par la des- siccation, qu’elles ont fourni le seizième de leur poids de cendre , ou un peu plus de six pour cent, et le quarante- huitième de leur poids de salin, ou un peu plus de deux pour cent. Ces résultats quoique très-élevés ne peuvent pas être contestés, ils sont relatifs à la nature du sol où les pommes de terre ont végété à l’époque de la récolte, et à l'influence de l'atmosphère. FANES DE POMMES DE TERRE. DS Mais si tels sont les résultats annoncés dans le Mémoire dont nous parlons, et si ces résultats se confirmoient par d’autres résultats semblables obtenus dans d’autres pays, il y auroit à craindre, quand ils seroient connus des agri- culteurs, que les.terres ne fussent bientôt plus chargées que de pommes de terre. Mais heureusement, il n’en serait pas de même partout. Je vais rapporter quelques essais que je fis sur les fanes de pommes de terre à l’époque où la société d'agriculture me chargea de faire l’analyse de diverses variétés de pommes de terre, qui prouvent qu'il y a de grandes variations à cet égard. Expérience première. Cent livres de fanes sèches de pommes de terre me don- nèrent environ seize livres de cendres, qui lessivées avec soin, fournirent sept livres et demie de salin, contenant soixante et quatorze livres pour cent de sous - carbonate de potasse pur. Je ne sais pas combien ces cent livres de fanes sèches en représentent de vertes, parce qu’elles étaient déjà en partie desséchées quand on me les apporta. Mais supposons que comme dans les environs d'Amiens elles n’eussent diminué que des deux tiers de leur poids, elles représenteroient trois cents livres. Or, trois cents livres ayant donné seize livres de cendres, c’est cinq livres cinq onces un tiers par cent; et sept livres huit onces de salin, c’est deux livres six onces par cent, quantités encore plus considérables que celles énoncées dans le Mémoire de 1 chambre de commerce d'Amiens. 258 FANES DE POMMES DE TERRE. Expérience deuxième. Vers le quinze juin de cette année, la société d’agricul- ture me procura de jeunes fanes de pommes de terre, que j'ai soumises aux épreuves suivantes. Cent livres de ces fanes se sont réduites à dix livres (un dixième ) par la dessiccation; ces dix livres ainsi des- séchées, et brülées le plus complètement possible, ont donné une livre six onces de cendres, lesquelles conve- nablement lessivées ont produit dix onces de salin, ne con- tenant que cinquante-deux pour cent de sous-carbonate de potasse. Voilà comme on voit une grande différence entre ces fanes et les précédentes, puisque les unes ont fourni plus de deux livres de salin pour cent, tandis que les autres _n’en ont donné que dix onces, c’est-à-dire un peu plus d'un demi pour cent. Cette différence doit-elle être attri- buée à la nature du sol ou à l’âge de cette fane qui était trop jeune encore? L'on verra plus bas que e’est à la na- ture du terrain qu’elle est due, | On a remarqué que le salin provenant de ces dernières fanes est moins riche en alcali que celui des premières, puisque ce dernier en contenait soixante et quatorze pour cent, et l’autre cinquante-deux seulement. L’on va voir plus bas des différences beaucoup plus remarquables, Expérience . troisième. Le 8 août, la société d'agriculture m’envoya dix livres de fanes vertes de pommes de terre, lesquelles furent réduites à une livre cinq onces par la dessiccation; mais Fanes be Pommes DE TERRE. 259 celle-ci n’étoit pas parfaite. Ces fanes donnèrent trois onces six gros de cendre, dont la lessive évaporée fournit cinq gros et demie de salin qui ne contenait presque pas d’alcali, mais du sulfate et du muriate de potasse. Expérience quatrième. . Le 13 août, l’on m’envoya treize livres et demie de fanes vertes de pommes de terre, qui furent réduites à une livre, quatre onces et demie par la dessiccation, et qui fournirent trois onces deux gros de cendre par la combustion, et cette cendre donna une once deux gros de salin qui ne conte- nait qu'une très-petite quantité d'alcali. Expérience cinquième. Enfin le 12 septembre je recus dix livres de fanes vertes de pommes de terre, qui se réduisirent à une livre douze -onces par la dessiccation, et qui fournirent par la combustion cinq onces de cendre; d'où l’on n'a pu tirer que trois gros et demi de salin qui ne contenait qu'une trace inappré- ciable d’alcali libre. On voit par ces résultats que les fanes de pommes de terre ont présenté de grandes différences, soit pour la quantité d'humidité, soit pour la quantité de cendre, pour celle du salin, et celle de Palcali contenu dans le salin, puisqu'il y en a qui n’en contiennent pas une quantité appréciable. Or il est évident que si les propriétaires des terrains dans lesquels sont venus ces dernières avaient spé- culé sur le salin que devaient, suivant le mémoire de la chambre de commerce d'Amiens, leur fournir ces fanes, ils auraient été très-décus dans leurs espérances. 260 FANES DE POMMES DE TERRE. Les pommes de terre, de même que tous les autres végétaux, ne créent point les alcalis qu'ils contiennent, ils ne font que les absorber dans la terre où ces alcalis se rouvent, ainsi qu'on le pense depuis long-temps , et ainsi que l’a prouvé récemment M. Théodore de Saussure par des expériences dirigées ad oc. I suit de là, qu’une terre riche en sel donnera des vé- gétaux qui fourniront beaucoup de salin par la combustion, lequel salin sera plus ou moins riche en alcali, suivant que les plantes qui l’ont fourni, contenaient plus ou moins de sels décomposables au feu, tels que des acétates, des oxa- lates, des tartrates, des malates et nitrates, etc. Il ne paroït pas douteux que de petites quantités de sels dans la terre, ne contribuent à sa fertilité. Mais si chaque année on brüle les produits de cette terre pour en retirer les sels, et qu’on ne lui en rende pas, il est évident que la quantité de ces sels diminuera successivement , et qu’au bout d’un certain temps, surtout si on ne change pas l’es- pèce de végétal, la terre n’en donnera plus et deviendra beaucoup moins fertile. ; La spéculation proposée dans le Mémoire de la chambre de commerce d'Amiens n’est donc pas si avantageuse, car non-seulement tous les terrains ne donnent pas une aussi grande quantité d’alcali que celui où ont crû les pommes de terre dont on parle dans le Mémoire cité, mais encore en supposant qu’ils fussent tous également riches, ils ne tarderaient pas à s’appauvrir et à présenter moins d'avantages, Je dis même que si toutes les terres de la France étaient aussi abondantes en alcali que celles dont on vient de parler, FANES DE POMMES DE TERRE. 261 et que ces terres ne s'appauvrissent pas, il n’y aurait pas encore d'avantage pour la France à faire cette entreprise. En effet si tous les propriétaires et fermiers cultivaient les pommes de terre dans l'intention de tirer parti de la po- tasse qu'elles pourroient fournir, cet alcali seroit bientôt à un prix tellement bas, qu'il n’y aurait plus d'intérêt à cultiver ce végétal au-delà des besoins naturels; et le blé, l'orge, le seigle, l’avoine et plusieurs autres végétaux de cette classe auroïent bientôt repris sur la pomme de terre . l'espèce d'avantage qu'ils doivent avoir. Est modus in rebus. D’après ce qui vient d’être dit, et les résultats de l’ex- périence, il sera prudent pour tout fermier ou propriétaire, avant d'entreprendre aucun travail en grand pour l’extrac- tion de la potasse des fanes de pommes de terre, d’en faire un essai en petit, pour savoir si le résultat de son opération pourra payer les frais de fabrication. Encore faudra-t-il qu’il fasse essayer son salin, car il y en a qui ne contiennent presque pas d’alcali, et qui conséquemment n’ont pas de valeur, ou au moins n'en ont que fort peu. Mémn. du Muséum. *. 4. 34 262 F L RECHERCHES CHIMIQUES Sur plusieurs Corps gras, et particulièrement sur leurs combinaisons avec les Alcalrs. PAR M. CHEVREUL. SEPTIÈME MÉMOIRE. Lu à l’Académie des Sciences le 26 février 1818. PREMIÈRE PARTIE. De la Cétine (spermaceti). x: Dans mon cinquième Mémoire sur les corps gras où j'ai examiné la cétine, j'ai dit que cette substance se saponi- foit difficilement par la potasse, qu'elle se convertissoit 1°. en une matière soluble dans l'eau, différant du principe doux des huiles en ce que sa saveur n’étoit pas sucrée; 2°. en un acide gras congenère de l’acide margarique, auquel j’ai donné - le nom de cétique; 3°. en un autre acide gras qui m’a paru être analogue à l'acide oléique. J’avois fondé l'existence de l’acide cétique comme corps particulier, sur ce que le savon de cé- tine, ayant d’ailleurs toutes les propriétés apparentes d’un savon ordinaire bien fait, se délayoit dans l’eau chaude à 7od. en une matière émulsive homogène, sans qu'il se ma- _nifestät à la surface du liquide une matière grasse fondue, sur ce que la matière en suspension, après avoir été séparée SUR DES CORPS GRAS. 263 de son liquide, dissoute dans l’alcool ne rougissoit pas le tournesol, et ne se dissolvoit point dans l’eau de potasse bouillante, tandis que la matière nacrée ( surmargarate de potasse ) qui se dépose des savons de graisses. ordinaires dis- sous dans l’eau, rougit le tournesol et est soluble dans l’eau de potasse bouillante; enfin sur ce que l'analyse du dépôt du savon de cétine m’avoit donné pour la capacité de saturation de l'acide cétique la proportion de 100 d'acide et de 8 de potasse, ce qui étoit très-différent de la capacité de satura- tion de l’acide margarique. 2. Depuis ce travail j’eus l'occasion d'observer, 10. que la portion du savon de cétine insoluble dans l'eau ou le cétate de potasse étoit en partie gélatineux eten partie nacré ; 20, que du cétate de potasse dissous dans lalcool se réduisoit en deux sortes de cristaux; 30. que le cétate de potasse exposé sous une clochede verre à la chaleur d’un poële , donnoit un sublimé de matière grasse non acide. Je soupçonnai que mon acide cétique pouvoit être une combinaison ou un mélange d'acide margarique et d’un corps gras non acide; en conséquence j'en traitai par l’eau de baryte une petite quantité, puis je fis bouillir le savon qui en résulta dans l'alcool; la plus grande partie du savon ne fut pas dissoute, et la solution alcoolique refroidie, filtrée et distillée donna un résidu de matière grasse non acide. Mon soupçon étant ainsi vérifié, je fus conduit à soumettre la cétine du commerce à une nouvelle série d’ex- périences que je vais exposer. L’ayant traitée par l'alcool bouillant de la même manière que la graisse de porc ( voyez 3e. Mémoire ), j'ai fini par obtenir wne cétine fusible entre hod et 484,75, et une malière grasse jaune qui commençoit 4 264 RECHERCHES CHIMIQUES à se figer à 324, mais qui à 234 contenoit encore ne Auile Jluide qu’on en sépara par la filtration. La rnatière grasse jaune avait été obtenue du premier lavage de la cétine du com- merce refroidi, filtré, puis distillé. Elle se trouvait dans le résidu de la disüllation. ( Voyez pour plusieurs de ses pro- priétés la note du n°. 29. ) CHAPITRE PREMIER. De plusieurs propriétés de la cétine fusible à Aoû. 3. Elle étoit plus sonore, plus brillante et moins onctueuse que la cétine du commerce. Elle étoit aussi moins odorante, ce qui s'accorde avec l'observation que j'ai faite de l'existence de l’odeur rance dans l'huile jaune. 4. La cétine fusible à 494 étoit un peu moins soluble dans l'alcool que la cétine du commerce, car 100 parties de ce liquide d'une densité de 0,821 ont dissous 2,5 parties de la première, et 3,5 de la seconde. La première solution n’étoit ni acide, ni alcaline au tournesol bleu et rouge, ainsi qu'à l’hématine ; par le refroidissement elle se troubloit abondam- ment et déposoit de petites lames nacrées. CHAPITRE IL Action de la potasse sur la cétine fusible à Lod. 5. Parce que la cétine se saponifie diflicilement, et qu’en opérant dans des vases de verre la potasse dissout une grande quantité de silice, j'ai traité 20 grammes de cétine dans mon digesteur distillatoire par 20 grammes de potasse à l'alcool dissous dans 100 grammes d’eau. Le feu était appliqué sous sur DES Conps GRAS 265 le fond de l’appareil, afin d'éviter l’action décomposante de la chaleur sur la cétine privée d’eau, qui auroiït pu s'attacher aux parois du cylindre. Je fis 10 traitemens, dont chacun duroït de 3 à 4 heures. Le produit de la distillation conte- noit un peu de matière grasse qu’on avoit soin de remettre dans le cylindre, après chaque traitement. 6. La matière restée dans le cylindre, après la 10€. opéra- tion, paroïssoit parfaitement saponifiée ; elle fut réunie au pro- duit de la distillation, et le tout fut mêlé à un excès d’acide tartarique étendu d’eau. On obtint un liquide aqueux et une matière grasse qui pesoit, après avoir été lavée et parfai- tement séchée, 18,845. J’ai tout lieu de croire que s'il n'y avoit point eu de perte dans le traitement de la cétine, j'aurais obtenu une plus grande quantité de matière grasse. $ Ler, Examen du liquide aqueux. 7. I fut distillé. Le produit n’avoit qu’une très-légère odeur. Neutralisé par la baryte, il donna 0,805 d’un acétate sec un peu jaunâtre. Le résidu de la distillätion fut évaporé à siccité, puis traité par l’alcool; celui-ci, évaporé, donna un liquide syrupeux jaune, pesant 0,5-535 , qui n’avoit qu’une saveur fade de mucilage, et qui sembloit se figer à la ma- . nière du suif, sans cependant devenir solide. Il ne seroit point impossible que dans la saponification des corps gras qui pro- duisent du principe doux, cel-ci fût accompagné de la ma- tière qui se trouve dans Ze liquide syrupeux dont nous ve- nons de parler. 206 RECHERCGHES GHIMIQUES S IT. De la matière grasse du savon de cétine. 8. Elle étoit d’un jaune citrin ; elle présentoit dans sa cas- sure, après avoir été fondue à la surface de l'eau, un tissu lamelleux et brillant. Un thermomètre qu’on y plongea, après Vavoir fondue à 554, marqua 444,5 quand elle commença à se figer; mais le thermomètre continua à descendre jus- qu’à 394 où la congélation fut complète. Enfin avec de l’eau elle se congela entre 444,5 et 434,5. 100 d'alcool à 0,817 ont dissous, sans bouillir, 115 de matière grasse; la solution resta plusieurs heures sans se troubler : après 24 heures, elle avoit déposé de très-petites aiguilles brillantes. Elle rougissoit for- tement le tournesol, et la liqueur rouge passoit au bleu par l'addition d’eau. 9. Pour savoir si la totalité de la matière étoit acide ou saponifiée, je la fis bouillir avec de l’eau de baryte en excès pendant une heure. Je fis sécher l'espèce de savon qui en ré- sulta, et je m’assurai qu'il ne cédoit point de graisse acide à V'alcool. Je traitai le savon par l'alcool d’une densité de 0,805, jusqu’à ce que ce liquide n’eût plus ou presque plus d'action. J'obtins un résidu de savon de baryte, et des lavages, qui, réunis, déposèrent un peu de ce même savon par le refroi- dissement. Les lavages refroidis et filtrés furent distillés : le résidu de la distillation (1) contenoit une graisse qui n’étoit point acide, et cependant la baryte ne s’ÿ trouvoit qu’en GR (2) Le résidu de la distillation se prit en une masse molle par le refroidissement. L'ayant fait chauffer légèremient, tout fut redissous à l'exception de cristaux qui ayant été recueillis sur un filtre pesaient 0,8r.79 , je les pris d’abord pour du mar- sur DES Corps Gras. 267 très-petite quantité. Quant aux deux savons de baryte, sa- voir celui qui avait été dissous dans l'alcool, et celui qui ne l'avait pas été, ils furent décomposés par l'acide muriatique. La graisse qu'ils donnèrent étoit complètement saponifiée. 10. Certain d’après ces résultats que la matière grasse con- tenoit deux sortes desubstances, l’une quiétoitacide, et l’autre qui ne l’étoit point, je déterminai la proportion de ces deux substances par les expériences suivantes. De 100 de matière grasse traitées par la baryte, puis par 600 d'alcool bouillant, on a obtenu, 1°. un résidu qui, ayant été décomposé par l'acide muriatique, a donné 61,85 de graisse acide fusible à 464,50 ; 20. un savon qui s’est déposé de l’alcool par le refroi- dissement qui contenoit 1,09 de graisse acide ; 30. une graisse non acide restée en dissolution dans l’alcoo!l refroidi, qui fut traitée d’abord à froid par 6 fois son poids d'alcool à 0,797, puis à une légère chaleur par 4 fois son poids de ce même alcool. Ce quine fut pas dissous, traité par l'acide muriatique, donna 0,85 d'une graisse acide fusible à 154. Lepremier lavage alcoolique évaporé laissa 35,84 d'une graisse non acide fu- sible à 52d, et le second lavage 0,74 d’une graisse absolu- ment pareille. En réunissant les produits acides d’une part, et d’une autre part les produits non acides, on a Grraisseacidesdiiierese st 03,70. ; Graisse non acide............. 36,21 100,00 garate de baryte cristallisé ; mais les ayant examinés, je leur trouvai les propriétés de l’acétate de baryte. L’acide acétique venait probablement de l’alcool plutôt que de la matière grasse. 268 RECHERCHES CHIMIQUES ARTICLE PREMIER. De la graisse acide. 11. Elle cristallisoit, après avoir été fondue, en petites ai- guilles radiées un peu jaunes. Elle étoit soluble en totalité dans l’eau de potasse bouillante très-étendue; la solution déposoit parle refroidissement beaucoup de matière nacrée. On fit l'analyse de ce savon, de la même manière qu’on avoit fait celle des savons de graisse , et l’on arriva aux mêmes ré- sultats, c’est-à-dire, à réduire le savon en matière nacrée et en savon très-soluble dans l’eau froide. Les expériences suivantes prouvent que la première étoit du surmargarate de potasse, et le second, un savon d’acide oléique. (a) Matière nacrée. 12. Elle fut lavée sur le filtre, traitée par l’eau alcalisée bouillante. La liqueur alcaline, refroidie, déposa de la ma- tière nacrée qui fut jetée sur un filtre. Ce qui restasur le papier fut bouilli à plusieurs reprises dans l’eau distillée. La matière ainsi traitée fut dissoute dans l'alcool bouillant ; les cristaux qui se formèrent par le refroidissement furent égouttés, sé- chés, puis analysés par l'acide muriatique. La moyenne d’un grand nombre d’expériences m'a donné R Acide margarique........... 100 Potasse.. sien Rose fi 9,9 L’acidemargarique étoit fusible à55d. Il cristallisoit en petites aiguilles radiées. Il étoit insipide et inodore. À 6od, il étoit dissous en toutes proportions par l’alcool, d’une densité de 0,820. La solution rougissoit fortement le tournesol, et la liqueur rougie redevenoit bleue lorsqu'on y ajoutoit de l’eau. sur DES CORPS GRAS. 269 13. Quand on n’a pas traité la matière nacrée par l’eau de potasse, qu'on ne l’a point lavée suffisamment avec de l’eau, et qu'on ne l’a point dissoute deux fois dans l'alcool, on peut obtenir une matière nacrée, qui donne à l'analyse un acide margarique dont la fusibilité peut varier entre 44d et 4od (1) et une proportion de potasse qui peut être de 9,88 pour 100 d’acide margarique. La matière nacrée de la cétine m'a paru plus difficile à purifier que celle des savons de graisse de pore, etc., etc. | 14. L’acide margarique de la cétine fut uni à de la baryte et à de. la strontiane, en observant de suivre les mêmes pro- cédés que ceux décrits dans le 4e. Mémoire, n°. 39; on ob- tint les résultats suivans de l'analyse de ces composés : Acide margarique....... 100 Bintentto nr it. 28 Acide margarique........ 100 Strontiane..: : /....... 20,08 (2) Les analyses de margarate de plomb m'ont.donné pour 100 d'acide, 85 et 112 d’oxide. J’ai obtenu les mèmes pro- portions, en opérant sur le margarate de plomb formé avec de l'acide extrait du savon de graisse de porc. Je reviendrai sur ces résultats, quand je m’occuperai de déterminer si l’a- cide margarique, l'acide oléique, etc., peuvent être consi- dérés comme des hydracides. (x) Ce que j’attribue à de l’acide oléique , car ayant neutralisé par de la potasse un acide oléique fusible à 46,5, et ayant recueilli et purifié la matière nacrée que ce margarate donna, j'en ai obtenu un acide fusible à 55%, et l’eau-mère de la matière nacrée m’a donné une graisse acide fusible à 361. (2) Ces résultats que j'ai obtenus directement sont aussi les moyennes d’ur grand nombre d'expériences. Mém. du Muséum. \. 4. 35 270 RECHERCHES CHIMIQUES © (b) Oléate de potasse. 15. Je ne crus pas devoir l’épuiser de toute matière nacrée, à cause de la petite quantité de savon qui étoit à ma disposi- tion. En conséquence je le décomposai par l’aeide tartarique; j'obtins un acide oléique fusible à 184, qui étoit jaune, soluble à la température de 254 en toutes proportions, dans l'alcool d’une densité de 0,821. Des oléates de baryte de strontiane et de plomb me don- nèrent à l'analyse : Acide oléique....!...... . 100 Baryte..…..... ae root ra Acide oléique...2.140 100 Strontiane. ....:.... 4er - ...: Acideroléique..../.:.2 "100 Oxide de plomb........ 100 ARTICLE 2. De la graisse non acide. 16. Conservée quelques jours dans un flacon fermé, elle donna à l'atmosphère du vaisseau une odeur aromatique. Elle étoit incolore, demi-transparente comme la cire. Lors- qu’on la faisoit refroidir promptement sur l’eau, la surface supérieure ne présentoit point de traces sensibles de cristaux ; elle étoit plane, tandis que la surface inférieure qui touchoit Peau étoit profondément sillonnée; quand on la brisoit, on voyoit qu’elle étoit formée de lames brillantes. En ayant laissé refroidir lentement une portion que j’avois fondue dans une capsule de porcelaine, j'ai obtenu une matière dont la SUR DES Corps Gras. 271 surface supérieure étoit cristallisée en petites aiguilles réunies en étoiles. 17. Un thermomètre plongé dans cette matière fondue à 804 marqua 57d quand elle commença à se troubler, et 514 quand elle fut complètement figée. Tant qu’elle resta liquide, sa transparénce étoit parfaite. : 18. Elle. paroissoit soluble en toutes proportions dans l’al- cool à 0,821 et à 0,791. Ces solutions n’avoient aucune action sur le tournesol. 19. o8r.,1 chaufté dans une capsule de platine placée sur les charbons ardens, se fondit, se volatilisa, et laissa une quan- üté de cendre qui donna o,8-001 de sulfate de baryte, qui représentent 0,8:00066 de cette base; donc Matière srasse...}: |" 211000934.: . 441400 Dante Line ee Gun 0,066 20. On traita la matière grasse par cinq fois son poids d’al- cool à 0,791, on laissa macérer à la température de 144 pendant deux jours ; on décanta l'alcool, et on le remplaça par cinq nouvelles parties; on décanta, et l’on traita le résidu par de l'alcool chaud. Il resta un savon de baryte dont l’acide étoit fusible à 154. Les trois liqueurs alcooliques conte- noient évidemment la même substance, avec cette différence que la dernière contenoit un peu plus de savon de baryte que les premières qui en étoient presque dépourvues. Je fis plusieurs expériences sur les deux premières, dont le but étoit de séparer la matière grasse dissoute en deux autres; mais l'examen comparé des cristaux que j’en obtins, et de la ma- tière restée dans les eaux-mères, me fit conclure que l'alcool ne pouvoit réduire la matière grasse non acide en plu- 30 272 RECHERCHES CHIMIQUES sieurs sortes de substances. En conséquence je pris le parti d’en traiter 3,862 dans le digesteur avec 3,862 de potasse dissous dans 100 grammes d’eau. Je fis huit opérations; la dernière donna une rnatière saponneuse, flexible, légère- ment citrine, fusible entre 64 et God, et un liquide alcalin qui ne contenoit point de principe doux. s Examen de la matière sayonneuse flexible. 21. 0,#-boo de cette matière qui avoit été préalablement passée dans l’eau, puis fortement pressée entre des papiers, ‘et fondue, ont donné muriate de potasse o.8"047, qui re- présentent 0,8-02979, et 0,8-400 d’une graisse jaune, fusible à bod; donc Graisse fluide à Hot 427 2700. 0 ro0 Potasser: 2 RAREMENT SOIR RO DIU) 22. 0,8-5o0o de la mnatière flaconneuse flexible, mis avec 208-d’eau, ont perdu leur demi-transparence et leur couleur citrine, en absorbant de l’eau; ils sont devenus blanc ‘de lait. Après trois heures de macération, on a fait bouillir; it (x) Une matière savonneuse flexible, provenant d’un échantillon de cétine autre que celui qui a été le sujet des expériences rapportées dans le texte du Mémoire, m'a présenté des faits analogues que je rapporterai dans cette note. 100 de matière flexible séchée entre des papiers ontperdu par la fusion 10,8 d’eau. Cette matière fondue étoit composée de Matiere grasse fusible à 524...... SSL Potasse. .... doc Ga bdne do 08 DO TAB UDE dé HR 6,52 2 gr. de matière flexible ont été mis avec 5 gr. d’eau chaude, la matière a blanchi et a fini par former un liquide demi-transparent qui s’est pris par le refroidissement en une gelée claire et visqueuse. On a jeté le tout sur un filtre, ‘on a passé dessus 2 litres d’eau. La matière restée sur le filtre ressembloit à de l'hydrate d’alumine. Elle fut mise avec 2 litres d’eau, on fit bouillir, une portion de la matière fit émulsion, une autre portion se sépara à la surface du liquide sur DES Conps GRAS. 2793 s’est produit une émulsion parfaite, qui ayant été concentrée à la moitié de son volume, s’est recouverte de gouttelettes jaunâtres d'apparence huileuse, lesquelles par le refroidisse- ment se sont figées, ont absorbé de l’eau, et ont formé un li- quide épais, blanc, mucilagineux. On a étendu cette matière d’une grande quantité d’eau, et on l’a jetée sur un filtre, où on a lavé la matière insoluble, jusqu’à ce que le lavage n’eût plus d'action sur l’hématine. Les lavages réunis et concentrés étoient parfaitement transparens; mais ils se troublèrent par l'acide muriatique, à cause d’un peu de savon qu'ils conte- noient; mais cette quantité étoit si petite, qu'on ne’put ob- tenir de matière grasse réunie en globules. La matière restée sur le filtre, ressembloit à de la gelée d’hydrate d’alumine ; chauffée doucement dans une petite capsule de platine, elle se changea en un liquide laiteux et mobile, qui se recouvrit bientôt de gouttes huileuses, jaunes. La matière retirée du en une huile citrine qui en se figeant perdit de sa couleur, mais ne devint point mucilagimeuse. On décanta le Hquide émaulsif, on en fit bouillir la matiere grasse qui s’étoit fondue en huile citrine avec 2 litres d’eau, celle-ci n’avoit que très-peu d’action sur l’hématine. On fondit ensuite la matiere avec cinq décilitres d’eau divisée en dix portions; le 10°. lavage avoit encore de l’action sur l’hématine. La matière ainsi lavée ne réagissait ni sur l’hématine , ni sur le tournesol. Elle étoit formée de Matière grasse. .... Ho ou cab be ce Ste ele De ROO BOtASS en Semen ere DE AO 0 Edo nt RÉ 0,76 La matière grasse rougissoit légérement le tournesol et se fondoit à 524. J'ai observe que celie-marrée grasse mise avec la potasse ne forme-:pas de mucilage comme la matière grasse dont 1l est question dans le texte n°. 23, parce que vraisemblablement l’eau avoit séparé une plus grande portion de graisse acide de la première matière que de la seconde. 254 REGHERCHES CHIMIQUES feu, se prit en un mucilage opaque par le refroidissement ; enfin, ayant chassé toute l’eau du mucilage, on a obtenu une matière qui, étant fondue, ressembloit à une huile jaune. Cette matière étoit formée de Matière grasse, très-légèrement acide au tournesol. . 100 Potasse int en ET OR nt nr cé D'où il suit que l’eau avoit enlevé à la matière savonneuse flexible une grande partie de son alcali, et un atome de graisse saponifiée, et que la matière lavée, quoique ne contenant qu’un peu de potasse, avoit cependant la faculté de faire un mucilage avec l’eau. ÆExamen de la substance grasse de la matière savon- neuse flexible séparée de la potasse. 23. Cette matière mise en contact avec l’eau pendant plusieurs jours, ne devint point mucilagineuse : seulement elle absorba un peu d’eau, et devint blanche. Y ayant ajouté quelques gouttes de potasse, puis ayant exposé la matière à une douce chaleur, j’obtins sur-le-champ un zrucilage qui étoit grumelé, et qui, par conséquent, n’étoit point homo- gène comme celui dun°. 22. Ce défaut d’homogénéité étoit dû à un excès de potasse, qui, ne s'étant pas uni à la matière grasse, avoit exercé sur l’eau une affinité telle, que celle-ci n’avoit point formé de mucilage. Cet effet est le même que celui que présente une eau alcaline qui ne dissout point le sa- von. Ce quile prouve, au reste, c’est qu'ayant jeté le mucilage grumelé sur un filtre, et ayant passé de l’eau dessus, il resta une matière qui, délayée dans l’eau, forma um mucilage ho- SUR DES CORPS GRAS. Dre mogène semblable à celui du no. 22. L'eau filtrée tenoit un peu de savon en dissolution. 24. [étoit bien prouvé par les expériences précédentes, que la potasse est la cause du mucilage que produit la substance grasse dont nous venons de parler; mais il restoit à déterminer si cette substance s’unissoit aux alcalis, en raison d’un peu de graisse acide, soit acide oléique, soit acide margarique, qui se trouvoit unie à une graisse non acide, oubien sielle jouissoit elle-même de cette propriété. 25. Pour résoudre cette question, je fis bouillir la subs- tance grasse avec une solution d’hydrate de baryte pendant une heure. Je recueillis toute la matière solide, je la fis sé- cher, et je la mis à 124 dans 15 fois son poids environ d’al- eool d’une densité de 0,797, et je l'y agitai avec un tube de verre. Je filtrai; il resta sur le papier des flocons blancs, qui ayant été traités par l'acide muriatique, après avoir été lavés avec lalcool chaud, donnèrent de la baryte, et une graisse acide, fusible à 204 environ , qui formait avec l’eau de potasse faible une solution parfaitement limpide, laquelle se réduisoit en matière nacrée et en oléate de potasse. Quant à l'alcool qui avoit été séparé des flocons blancs, et qui avoit dissous la plus grande partie de la substance grasse soumise à son action, il fut évaporé. La substance fixe qu'il laissa, contenant encore de la baryte, fut traitée à froid par Palcoot d’une densité de 0,791. La solution, séparée par la ftration de quelques flocons de savon de baryte indissous, évaporée, donna une matière grasse, qui ne laissa pas de trace sensible de baryte après avoir été incinérée. 26. Cette matière étoit fusible à 524, Elle cristallisoit par le: 276 R£ECHERCHES CHIMIQUES refroidissement en petites aiguilles radiées. Elle étoit blanche, légèrement citrine quand elle étoit liquide. Chauffée dans une capsule de platine au bain de sable, elle se fondoit, puis s'évaporoit en grande partie. En élevant la température , elle s'enflammoit, laissoit une trace de charbon, qui brüloit sans laisser une quantité de cendre appréciable à la balance. 27. L'alcool d’une densité de 0,812 la dissolvoit en toutes proportions à la température de 544. La solution alcoolique n’avoit aucune action sur le tournesol bleu, sur le tournesol rouge, et sur l’hématine, lors même qu’on y ajoutoit une quantité d’eau, telle que la précipitation de la matière grasse n’avoit pas lieu. La solution alcoolique exposée au froid, déposa des cristaux qui n’étoient point aussi brillans que ceux de la cétine. La cétine est beaucoup moins soluble dans l’al- cool, que la substance dont nous nous occupons; car 5 grammes d'alcool d’une densité de 0,791, qui ont dissous à chaud 08-7092 de cétine, laissent cristalliser une grande partie de cette substance, au bout de 24 heures, tandis que la disso- lution de l’autre substance ne se trouble pas dans le même temps. ” | 28. On prit deux parties égales de la substance grasse; l’une fut mise avec de l’eau pure, l’autre avec de l’eau légère- ment alcalisée. On fit digérer pendant deux heures, on éva- pora deux fois à siccité, et on reprit chaque fois le résidu par l’eau. On n’obtint point de mucilage. On n’en obtint pas da- vantage après avoir avoir remplacé l’eau alcalisée de la seconde portion par de l’eau pure. Et en fondant plusieurs fois cette portion avec de l’eau, on lobtint, privée de potasse. La ma- tière grasse conservée dans l’eau pure blanchit un peu à la sur DES Corps GRAs. 277 surface ; mais l'ayant exposée un moment au soleil, elle jaunit , et devint demi-transparente. Dans cet état, elle se _ fondit, sans dégager d'eau. 29. D'où il suit que la matière grasse, fusible à 52d, que Von obtient de la cétine traitée par la potasse, n’est point acide au tournesol, quand elle a été purifiée par la baryte et l’al- cool d’une petite quantité d'acides margarique et oléique, et qu'elle n’est pas susceptible de fournir un mucilage avec la potasse (1). | CHAPITRE III. Action de la potasse et du margarate de potasse dissous - dans l'eau sur la cétine. 30. Ayant observé l’action de la potasse et de la portion de Ia cétne saponifiée sur la portion qui ne l’avoit point été 10. dans (1) Quoique je n’aie pu séparer, au moyen de l'alcool , plusieurs sortes de corps de cette matière grasse fusible à 52%, cependant mes expériences ne sont pas assez nombreuses pour classer définitivement cette matière parmi les espèces de corps gras. | 5 Je ferai observer que l’Auile jaune séparce de la cétine du commerce par l'alcool , voyez n°. 2, donne, comme la cétine, quand on la traite par la potasse, une substance grasse non acide; maïs celle-ci au lieu d’être fusible à 52% se fond à 201 environ : en outre, elle ne produit pas de principe doux, elle donne de l'acide margérique et de l'acide oléique. Elle ne s'empâte d’ailleurs que tres- difficilement. L'huile jaune que j'ai obtenue, encore fluide à 18, et qui dans cet état retenoit probablement de la cétine, seroit-elle le résultat de l’action de la lumiere sur la cétine? ou plutôt seroit-elle formée d’une huile liquide naturellement con- tenue dans la cétine du commerce, et qui auroit été plus ou moins altérée par les agens que nous venons de nommer? Quelle que soit au reste l’origine de cette huile, je pense qu'on doit regarder sa couleur et son odeur comme étant dues à des principes particuliers. Mém. du Muséum. À. 4. 36 278 RECHERCHES CHIMIQUES l'expérience n°. 1, où endélayant le savon de cétine dans l’eau chaude à 704, j'avois obtenu une émulsion sans qu'il se manifestàt à la surface du liquide une matière grasse fondue, ce qui m'avoit d’abord fait croire que la saponification de la cétine avoit été complètement opérée; 20. dans les expé- riences où j’avois enlevé à la portion de cétine non saponi- fiée , la pronriété de faire mucilage avec l’eau, en en séparant un peu de graisse saponifiée, n°5. 24, 28, je fus conduit à essayer sur la cétine l’action de l’eau de potasse et de l'acide margarique. Voici mon expérience et les phénomènes qu’elle me présenta. 31. On prit 11 grammes d’acide margarique fusible à 54d, 7 grammes de cétine fusible à 484 (cette proportion est à peu près celle où se trouvent la cétine saponifiée et la cétine non saponifiée dansla cétine qui a été soumise àl’action de la potasse). On les mit dans un ballon de verre d’une capacité de 13 déci- litres. On ajouta 16 grammes d’eau et 16 grammes de potasse à l'alcool. On fit chauffer. Les matières formèrent un magma géla- tineux. On versa sur le magma 100 grammesd’eau,eton fitbouil- lir pendant une demi-heure. On laissa macérer lesmatières pen- dant deux jours, puis on les fit digérer pendant deux heures. Le liquide ne devenant pas transparent, on mit dans le ballon 300 grammes d’eau, et on fit bouillir pendant quelques mi- nutes. On plongea ensuite un thermomètre dans la liqueur retirée du feu, et on observa les phénomènes suivans pendant le refroidissement. À rood le liquide était laiteux, sans pourtant présenter de flo- cons; à 604, ilcommencça às’éclaircir sensiblement, et alors on aperçut dans l’intérieur des flocons demi-transparens. À 6od, SUR DES Corps GRAS. 279 il étoit si limpide, qu'ayant placé sous le ballon un livre dont les caractères étoient ez petit texte, on les lisoit! sans peine. Leliquide conserva sa transparence jusqu’à 564; mais à partir de ce terme, il commença à la perdre peu à peu. À 544 fa lecture étoit moins facile qu'à 564; à 5ad elle étoit dificile; à 5od, elle étoit absolument impossible; on distin- guoit à peine le noir des caractères du blanc du papier. En- suite des flocons blanes se produisirent dans les parties qui se refroidissoient les premières; et à 464 la liqueur étoit blanche, et si visqueuse, qu’elle sembloit ne former qu’une gelée nacrée. À 45d elle étoit tout-à-fait opaque. Enfin, à mesure qu'elle se refroidit davantage, elle perdit de sa viscosité ; et ce qu'il y a de remarquable, c’est qu'ayant été abandonnée à elle-même pendant plusieurs jours, il se pro- duisit une masse solide, nageant dans un liquide parfaite- ment transparent, ainsi que cela arrive au sang. 32. On décomposa le liquide par l'acide tartarique : on obtint, 10. un liquide aqueux, qui, ayant été évaporé, céda à l’alcool 08-055 d’un liquide syrupeux nullement sucré et très-peu coloré; 20, une matière grasse, fusible à 484, pesant 17,566. 33. Ayant traité cesr7,8"88 par l’eau de baryte et l’es- pèce de savon qui en résulta par l'alcool bouillant, j'ai ob- tenu : 10. Un résidu insoluble qui, décomposé par l'acide mu- riatique, a donné 13,5,89 d’une graisse entièrement sapo- unifiée, fusible à 52,d5, et soluble en totalité dans l’eau de potasse. 20. Un savon de baryte qui se déposa de l'alcool pendant 36* 280 RECHERCHES CHIMIQUES le refroidissement, et qui, décomposé par l'acide muriatique, donna 0,8-205 de graisse entièrement saponifiée, qui fut ré- unie à là précédente , ce qui en élève la quantité à 14,5-095. 30. Un lavage alcoolique, qui, après avoir été séparé du savon précédent, fut distillé. Le résidu de la distillation, re- froidi, contenoit un précipité abondant. L’ayant fait chauf- fer doucement, la plus grande partie du précipité fut redis- soute. Il ne resta que 0,818 d’acétate de baryte, sous la forme de petits cristaux semblables à ceux obtenus de l’opéra- ton rapportée dans le 20. 9, note (1). Il est plus probable que l'acide acétique provenoit de l'alcool employé, que de la cétine. Quant à la matière qui s’étoit redissoute dans l'alcool légèrement chaud, on la sépara de son dissolvant, au moyen de la chaleur et de l’eau. Elle pesoit.3,#-441. Elle étoit fusible à Sad. L’ayant mise avec cinq fois son poids d’alcoo! d’une densité de 0,791, à la température de 154, et ayant agité fortement les matières pendant trois heures, il n’est resté qu'un très-léger résidu de savon de baryte et de matière grasse. Le liquide alcoolique concentré, a donné avec l’eau une ma- tière grasse, qui avoit les propriétés suivantes. 34. Elle étoit demi-transparente, incolore. Elle se figeoit ‘à 4od, Refroidie lentement, elle présentoit à sa surface de pe- tites aiguilles réunies en étoiles. La solution alcoolique n’avoit aucune action sur lhématine et le tournesol. Elle avoit par conséquent beaucoup d’analogie avec la portion de cétine qui résiste à l’action de la potasse. Cependant comme cette matière étoit, relativement à la portion acidifiée, dans la proportion de 52,64 : 47,36, au lieu de celle de 36,21: 63,79 , trouvée par le traitement de la cétine par la potasse sur Des Corps GRAS. 281 ( voyez n°. 10 }), je traitai la matière non acide dans le di- gesteur avec son poids de potasse. Je fis huit opérations. La masse savonneuse flexible que j'obtins me donna une graisse qui fut traitée par l’eau de baryte ; la masse savonneuse qui en provint l'ayant été par l'alcool bouillant, me donna : Graisse non acide, fusible à 5r. . . . 2, 620 Graisse acide, fusible à 474. . . . . . 0,8620 Ÿ 38-440 Par conséquent, en réumissant tous les produits acides, on a la proportion de matière non acide 40,1 , matière acide 59,9; ce qui prouve que dans la dissolution de la cétine par le mar- garate de potasse alcalin, la cétine n’éprouve pas de la part de la potasse tout le changement qu’elle est susceptible d'e é- prouver de la part de la potasse pure (1). : 35. Il me parut convenable de répéter les expériences pré- cédentes avec un acide margarique obtenu d’une autre subs- tance que de la cétine, parce que dans le cas où les deux acides margariques se comporteroient de la même manière, ce seroitune preuve nouvelle à ajouter à leurs ressemblances ; me (x) Pour pouvoir apprécier l'influence de l’acide margarique, je mis dans un ballon 7 grammes de cétine fusible à 484, 16 grammes d’eau tenant 11 grammes de potasse à l'alcool. Je fis chauffer; les matières ne s’empätèrent point; jy ajoutai de l’eau, comme dans l’expérience précédente’, et je les exposai à la chaleur dans les mêmes circonstances que celles où j'avais mis la cétine mêlée à l’acide margarique. Les matieres ne s’empâterent pas davantage; le seul phénomène que j’observai apres le refroidissement , c’est qu’il y avoit des flocons au-dessous de la cétine qui s’étoit figée. Ayant abandonné les matières à elles-mêmes à une tempé- rature de 151, ces flocons augmenterent. Au bout d’un mois j’enleyai avec une spatule 5,850 d’une cétine d’un beau blanc, fusible à 49%; je filtrai le liquide qui contenait les flocons. (a) Flocons restés sur le filtre. Is étoient sous la forme d’une matière mucilagineuse d’un blanc jaunâtre. Ils furent décomposés 282 RECRERCHES CHIMIQUES et quand on considère le petit nombre de propriétés qui peuvent nous guider dans la spécification des corps gras, on doit s'empresser de soumettre ceux-ci à une étude compa- rative, toutes les fois que l’on découvre entre quelques-uns d'eux de nouveaux rapports. D'ailleurs j'étois bien aise de répéter mes observations sur la dissolution d’un corps qui ne peut exister que dans une limite très-étroite de l'échelle thermométrique. En conséquence, on mit dans un ballon 11 grammes d'acide margarique du bœuf fusible à 55d, 7 grammes de cétine du commerce fusible à 444, 16 grammes d’eau tenant en dissolution 18 grammes de potasse à l’alcoo!, Par une légère chaleur les matières s’empâtèrent parfaitement. On ajouta 100 grammes d’eau. On fit digérer 2 heures. On abandonna ensuite les matières pendant 24 heures, puis on ajouta 4oo grammes d’eau, et on fit chauffer, après avoir plongé un thermomètre dans la liqueur. Quand la tempéra- : ture fut à 7od, on retira le liquide du feu, et alors on ob- serva les phénomènes suivans. À 7od on ne distinguoit point la portion du thermomètre qui étoit plongée dans le liquide. par l'acide muriatique, on obtint une matière grasse fusible à 374,5, laquelle . étoit formée 1°. d’un peu d’acides margarique et oléique fusibles à 481; 2°. d’une graisse non acide fusible à 44%, laquelle m’a paru être le résultat de l’union de la cétine avec la matière grasse non acide dont il a été question n°. 26 et 27, (b) ZLiquide filtré. 11 fut concentré et décomposé par l’acide muriatique. On sépara par ce moyen une matiere grasse acide fusible à 331; consistant en- acides margarique et oléique. J’estime que le poids dé toute la cétine acidifiée dans cette opération étoit de o,8r-576, ce qui est bien différent de 3,2r.0095 , poids de la céline acidifiée par l’intermède de l’acide margarique; il faut obser- ver encore que dans l’expérience rapportée dans cette note, les matières ayoient été bien plus long-temps en contact que dans l’expérience du n°. 31. SUR DES Corps GRAS. 283 Celui-ci étoit laiteux. À partir de 644, il s'éclaircit sensible- ment. À God, il étoit demi-transparent ; on distinguoit par- faitement le thermomètre. À 5od, la transparence étoit com- plète; on lisoit au travers du liquide. À 554, celui-ci n’étoit plus que demi-transparent. A .544, la matière nacrée com- mença à se manifester. À 534, on ne distinguoit plus le ther- momètre. À 494, il y avoit une quantité considérable de matière nacrée en suspension, et le liquide avoit une grande viscosité. Enfin l’opacité alla en augmentant à mesure que la température s’abaissa. Ayant décomposé la masse savonneuse par l'acide muriatique, on obtint 17,89 d’une matière grasse, fusible à 474,5, laquelle ayant été traitée par l’eau de baryte, puis par l'alcool, donna les résultats suivans : 10. 138,190 dune graisse acide fusible à 524,5. Elle provenoit du savon indissous dans lalcool. 20, 05,423 d’une graisse acide fusible à 434,5. Elle pro- venoit du savon de baryte qui avoit été dissous par l’alcool bouillant, et qui s'en étoit déposé par le refroidissement. © 30. 4#,287 d'une graisse non acide fusible à 444. Cette dernière ayant été traitée par la potasse, et la masse savon- neuse qui en résulta l'ayant été par un acide, on obünt une matière grasse qui fut bouillie avec de l'eau de la baryte, puis soumise à l’action de l’alcool; on obtint 19. 18,192 d’une graisse non acide fusible à 224; 20. 35,095 d’une graisse non acide, fusible à 514. Donc dans cette opération la ma- üère non acide étoit à la matière acide dans la proportion de 45,85 : 55,15. 36. Le phénomène de limpidité que le liquide qui fait l'objet de ce chapitre présente dans un espace de tempé- 284 RECHERCHES CHIMIQUES rature qui n'est guère que de 64, est remarquable, suivant moi, en ce qu'il peut faire espérer que les causes de plusieurs phénomènes que l’on observe dans les fluides des animaux vivans, et que l’on regarde généralement comme indépen- dantes des forces physiques et chimiques, rentreront un jour dans le domaine de l’aflinité, CHAPITRE IV. De l’action sur le tournesol, des solutions de surmagarate de potasse dans des alcools de diverses densités. on L'existence de l'acide que j'ai appelé cétique étoit fon- dée sur deux observations principales: r0. sur ce que la z2asse savonneuse résultante de l’action de la potasse sur la cétine, délayée dans l’eau chaude à 704, ne laissoit point séparer de matière grasse à sa surface, ce qui alors me sembloit prouver que la matière grasse avoit été complètement acidiliée par l’action del'aleali; 20. surce que le tournesol n’étoit point rougi par la solution alcoolique de la matière insoluble qui se sépare lorsqu'on traite par l’eau la masse savonneuse de cétine, ce qui me sembloit prouver l'absence du surmagarate de potasse dans cette matière insoluble. Les expériences rapportées dans le chapitre précédent expliquent comment j’avois pu ürer une fausse conclusion de la première observation. Il me restoit à expliquer pourquoi la solution alcoolique d’une ma- tière qui contenoit bien certainement du surmargarate de po- tasse, ne rougissoit point le tournesol. Lorsque je découvris la véritable nature de cette matière, je crus un moment que ja substance grasse non acide qui s’y trouvoit étoit alcaline, SUR DES Corps GRAS. 285 et qu'elle neutralisoit l'excès d'acide du surpargarate de po- tasse. Mais l'expérience n’ayant démontré la fausseté de cette opinion, je fus conduit à chercher une autre explication. Je la trouvai dans la grande concentration de l'alcool que j’avois certainement employé dans mes premières recherches sur la céune ( voyez le 5e. Mémoire ); en voici la preuve. 40. Si l'on fait chauffer 0,802 de surmargarate de potasse dans 58" d’alcool d’une densité de 0,591, on obtient une solution qui ne précipite rien lorsqu'elle se refroidit à 3od, et qui ne rougit point 08,26 d'extrait aqueux (r) de tournesol que l’on y ajoute goutte à goutte, lors même qu’on porte la liqueur à l’ébullition. Que l’on verse ensuite dans la solution sr. d’eau, il ne se produira point de précipité, mais le tour- nesol passera au rouge. Pour rendre l’expérience plus frap- pante, il est bon de colorer l’eau en bleu par du tournesol, afin d’éloigner l'idée que l'effet produit tiendroit à de l'acide contenu dans l’eau. Enfin si l’on ajoute ro8r: d’eau à la liqueur rouge, il se précipite du surmargarate de potasse, et le tour- nesol repasse au bleu. 41. J'ai fait voir dans mon premier Mémoire, que dans le cas où le tournesel est rougi par une solution alcoolique de surmargarate de potasse, le tournesol est mis à nu et du margarate neutre de potasse est formé, et que lorsqu'on ajoute de l’eau à la liqueur rouge , l’eau en réduisant le mar- garate de potasse en surmargarate et en potasse, doit resti- Eau... ses. 2,81.770... 989. 1) Cet extrait de tournesol contenoit { fe G) Matière fixe.....,. SORTIE Mérm. du Muséum. +. 4. 37 286 RECHERCHES CHIMIQUES tuer au tournespl l’alcali quil a perdu. Le nouveau fait que j'expose iei ne contrarie nullement cette explication; ear il le réduit à cet énoncé : l'excès d'acide margarique du sur- margarate de potasse dissous dans l'alcool à 0,791 est plus fortement attiré par le margarate neutre de potasse qu'il ne l'est par la potasse du tournesol; ce qui n'a pas lieu poux: le surmargarate de potasse dissous dans un'al- cool dont la densité est de 0,914 environ. 42. L'erreur que j'ai commise dans mon premier travail étant ainsi expliquée par l'expérience que je viens de rapporter, je trouvai celle-ci assez intéressante pour rechercher quelle pouvoit être l'influence que eau exerçoit sur l'alcool qui tenoit du surmargarate de potasse en dissolution. J’observai d’abord que quand on ajoutoit de l'extrait aqueux de tour- nesol à une solution de surmargarate dans l'alcool à 0,797, il se produisoit un précipité bleu qui n’étoit pas dissous , lors même que l'alcool étoit chaud, car celui-ci filtré bouil- lant, laissoit des flocons bleus sur le filtre, et passoit incolore. Pour savoir jusqu'à quel point l'insolubilité du tournesol dans l'alcool concentré s’étendoit, je fis dissoudre dans 58° d’al- cool 0,791, 08,02 d'acide margarique, et jy ajoutai goutte à goutte 0,826 d'extrait aqueux de tournesol. Sur-le-champ la liqueur passa au rouge pourpre. Je fis bouillr, et je filtrai. La liqueur passa colorée en rouge, et il resta des flocons d’un rouge foncé sur le papier. L’insolubilité de lex- trait de tournesol dans l'alcool n'étant point un obstacle à ce que l'acide margarique dissous dans ce liquide enlève la po- tasse au tournesol, je pense qu'une autre force concourt avec l'insolubilité, pour empêcher l'acide margarique, en excès à SUR DES CORPS GRAS. 287 Ja neutralisation de la potasse dans le surmargarate de cette base, dissous dans l'alcool, d’enlever la potasse au tournesol. Cette force est l’affinité de l’alcool absolu pour les corps gras en général. En effet, cette affinité décroissant rapidement à mesure que cet alcool s’unit à des proportions d’eau de plus en plus grandes, et l’affinité de ce même alccol pour la po- tasse allant plutôt en augmentant qu'en diminuant par la présence de l’eau ; on conçoit que l’alcool absolu, en dissol- vant le surmargarate de potasse, doit moins relâcher lac- tion du margarate de potasse sur l'acide margarique, que lal- cool aqueux qui exerce moins d’aflinité sur l'acide margarique en excès à la neutralisation ; qu'en conséquence, cette action de l’eau sur lalcool, réunie à la faculté qu’elle a de dissoudre l'extrait de tournesol, détermine l'acide margarique en excès à quitter le margarate neutre pour se porter sur l’alcali du tournesol. Te fait que nous venons d’exposer, ajouté à ceux que j'ai fait connoître précédemment sur le tournesol, ap- puie ce que nous avons dit de ce réactif employé pour re- connoitre l'acidité; ses indications ne sont que relatives, et ne donnent des conséquences exactes qu’autant que l’on tient compte des circonstances dans lesquelles ont réagi les corps que l’on a soumis à son action, 288 REGHERGHES CHIMIQUES Ile. PARTIE. De l'huile du Delphinus globiceps. CHAPITRE PREMIER. Des propriétés de l'Juule. 43. Elle avoit été extraite au bain-marie du tissu qui la contenoit. 44. Elle étoit légèrement colorée en jaune citrin. Son odeur étoit tout à la fois celle du poisson et du cuir apprêté au gras. Sa densité à 20d étoit de 0,9178. 45. Elle étoit très-soluble dans Palcool. 100 de ce liquide d’une densité de a,812 ont dissous 110 d'huile à la tempé- rature de 7od. La solution n'a commencé à se troubler qu’à Sad, 100 d'alcool d’une densité de 0,795 ontdissous 123 d’huile à la température de 2od. Cette grande solubilité distingue. l'huile du dauphin des graisses quenous avons examinées dans notre dernier Mémoire. 46. L'huile ainsi que ses solutions alcooliques n'avoient aucune action sur le papier et la teinture de tournesol. 47. 5 grammes d'huile traités par la potasse ont été con- vertis par une digestion de 20 heures en une masse savon- neuse, dont la dissolution dans l’eau n’étoit pas parfaitement Hmpide. Je décomposai le savon par l'acide tartarique; j'ob- tins un Lquide aqueux et une mnalière grasse. 48. Liquide aqueux. Xl avoit une odeur acide très-forte, qui me rappela celle de l'acide butirique. Cette odeur se dé- veloppa surtout lorsque je le fis évaporer. Le résidu fut SUR DES Corps GRAS. 289 traité par l'alcool. L'alcool fut filtré, puis évaporé; il laissa 0,863 d’un liquide syrupeux, roux, ayant une saveur douce, et en même temps très-désagréable. 49. Matière grasse. Elle n’étoit presque pas colorée. Elle étoit fluide à 204. Abandonnée pendant trois jours à 174, elle déposa une assez grande quantité de cristaux. Son odeur étoit beaucoup plus forte que celle de l'huile naturelle. Elle avoit un goût de poisson et de rance excessivement désagréable. L'alcool la dissolvoit en toutes proportions, et cette solution rougissoit fortement lateinture de tournesol. Elle pesoit 3,834, 5o. Il suit des expériences précédentes que 100 d'huile auroient donné à Matièreigrasse 4) 44e 20 :60:8 Matières solubles dans l’eau. . . . 33,2 Cette petite proportion de matière grasse, l'odeur forte qui s’étoit développée par la saponification, et qui s’étoit surtout manifestée lors de l’évaporation du liquide aqueux , me firent penser que l'huile du dauphin pouvoit être analogue à une huile que j'ai découverte dans le beurre, et dont je parlerai dans mon prochain Mémoire. D'un autre côté, le défaut de limpidité de la dissolution du savon ( n°. 47 ) me fit soupcon- ner que ce savon pouvoit contenir une matière grasse non acide, analogue à celle du savon de cétine, et qu'en consé- quence il étoit possible que la cétine existt dans l’huile de dauphin. C’est ce qui me conduisit à abandonner une cer- taine quantité de cette dernière à une température variant de Ed à rod. Il se forma des cristaux que je séparai par le filtre. L'huile filtrée, exposée à 3d—0, donna de nouveaux cristaux: que lon sépara de l'huile qui ne s’étoit point congelée.. 200 RECHERCHES CHIMIQUES CHAPITRE IL Examen de la substance cristallisée de l'huile de dauphin. 51. La substance cristallisée, séparée de l’huile, fut égouttée entre des papiers Joseph, et dissoute dans l'alcool bouillant, d’où elle se précipita par le refroidissement sous la forme de beaux cristaux lamelleux. Ces cristaux , séparés du liquide où ils s’étoient formés, furent soumis à la presse, puis redissous dans alcool bouillant : les nouveaux cristaux que l’on obtint furent égouttés et soumis à la presse. Ce fut après ce traite- ment que la substance cristallisée fut examinée comparati- vement avec de la cétine qui se fondoit au même degré qu’elle. 52. Les deux substances cristallisoient de la même manière, soit qu’on les laissât refroidir lentement à la surface de l’eau, après les avoir fondues, soit qu’elles se déposassent de l'alcool. 53. un thermomètre plongé dans la substance du dauphin fondue, marqua 454,5 lorsqu'elle commença à se troubler. À 444 la congélation étoit très-abondante ; mais elle ne fut com- plète qu'à 45d5. 54. 100 d'alcool d’une densité de 0,834, bouïllant, ont dis- sous 2,9 de substance du dauphin, et 3 de cétine, Ces deux solutions n’avoient aucune action sur les réactifs colorés, 55, On fit bouillir pendant 30 heures dans des cornues -de verre environ o8":,9 de chacune des deux substances avec le double de potasse à l'alcool. La cétine s'empâta plutôt que la substance du dauphin; il resta même une portion de cette dernière qui ne paroïssoit point saponifiée. Mais ayant mis cette portion dans une capsule de platine avec de l’eau de SUR DES CoRPS GRAS. 291 potasse, ayant fait digérer pendant 15 heures, elle finit par s'empâter. Cependant la liqueur ne devint pas transparente. On sépara de leur alcali, et la cétine saponifiée, et la subs- tance cristallisée du dauphin qui l’avoit été dans les déux opérations qu’on lui avoit fait subir. On les fit chauffer dans l’eau de potasse. Les deux liqueurs ne devinrent pas parfaite- ment transparentes, elles furent abandonnées à elles-mêmes. Au bout d’un an elles furent examinées. Elles avoient dé- posé beaucoup de matière nacrée. Elles furent mises sur le feu. La matière nacrée de la substance cristallisée du dau- phin disparut, mais plus tard que celle de la cétine. Les liqueurs concentrées furent mèlées à l’acide tartarique. On obtünt de la substance du dauphin 0,582 d’une matière grasse, fusible à 4od. On obtint de la cétine 0%,76 d’une ma- tière grasse, fusible à 38d. 56. Les deux matières grasses furent traitées par l’eau de baryte, et les masses savonneuses qui en résultèrent, le furent par l’alcool froid. On obtint (a) de la substance du dauphin, 10. une matière non acide, fusible à 474, du poids de o,8f:151 ; 20, une matière acide, fusible à 454, dont la solution dans leau de potasse donna beaucoup de matière nacrée. Elle pesoit 0,855. (b) De la cétine, 1°. une matiere non acide, fusible à 524, du poids de 0,gr.227 ; 20. une matière acide, fusible à 374, dont la solution dans la potasse donna beaucoup de matière nacrée. Elle pesoït o,8-385. 7. Si ces expériences ne prouvent pas d’une manière déci- sive l'identité parfaite de la substance cristallisable de l'huile du dauphin avec la cétine, elles prouvent du moins que ces substances sont congénères , puisque la potasse ne les aci- difie qu'en partie. 292 RECHERCHES CHIMIQUES CHAPITRE IIL Examen de l'huile du dauphin dont on avait separé la substance cristallisée. 58. Sa couleur étoit un peu plus foncée que celle de l'huile dont la substance cristallisée n’avoit point été séparée. Son odeur étoit plus forte. Elle étoit parfaitement fluide à 20d, A cette température sa densité étoit de 0,924 , aulieu de 0,917, densité de l’huile contenant la substance cristallisée. 59. 100 d’alcool d’une densité de 0,820 ont dissous avant de bouillir 140,4 d'huile. La solution n’a commencé à se trou- bler qu'à 534. Elle était légèrement acide au tournesol, et la liqueur rouge redevenoit bleue par l'addition d’eau , comme si elle eût contenu une graisse acide. Pour savoir s’il en étoit ainsi, ou si l’acidité étoit due au développement de l’acide que j'avois reconnu dans le Zquide aqueux provenant du. savon d'huile de dauphin décomposé par l'acide tartarique, m°.48, je traitai l’huile par la magnésie, par la raison que cette base neutralise bien les acides, et qu’elle n’a point la pro- priété d’acidifier les corps gras, dans les circonstances au moins où la potasse, la soude, les acidifient. (Voyez quatrième Mémoire, n°. 14.) | 6o. Je pris environ G8- d'huile légèrement acide, 28: de magnésie caustique et environ 1008" d’eau. Les matières mê- lées à une douce chaleur formèrent une émulsion. On ajouta de l’eau. et on augmenta la chaleur en agitant continuellement Je mélange. On filtra l'eau encore chaude; elle n’avoit aucune pcidité. L’ayant fait évaporer à siccité avec les lavages de SUR DES CORPS GRAS, 295 l'huile, on obtintunrésidu roux, pesant 0,%02, ayant l'odeur de l'acide n°.48. Ce résidu étoit formé de ce méme acide uni à lamagnésie , eide principe colorant orangé. Quant à l'huile et à la magnésie, on les mit sur un filtre mouillé, afin de les priver de l’eau qu’elles retenoient. Quand elles furent égout- tées, on les exposa à une douce chäleur, puis on les traita par l'alcool d’une densité de o,70r. La solution fut concentrée, puis meélée à l’eau. L'huile qu’on obtint étoit d’un jaune citrin. Elle se congeloit à 15d en une espèce de beurre; elle avoit perdu une portion de son odeur; elle n’avoit aucune action sur le pa- pier de tournesol; sa solution alcoolique n’en avoit point sur la teinture de ce dernier. D’un autre côté, 0,3300 de cette huile ayant été incinérés, ont laissé une trace de cendre abso- lument inappréciable à une balance qui trébuchoit lorsqu'on ajoutoit o,8-001 au poids de la capsule où l’on avoit fait l’inci- nération. Il suit de cette expérience que l'acidité de l'huile de dauphin étoit due à l'acide dont nous avons parlé, no. 48, et non à une acidification de l'huile proprement dite. Gr. 5&- d’huile non acide ont été saponifiés par 38: de po- tasse dissous dans l’eau. Les matières ont été tenues pendant 15 heures sur le feu. Au bout de ce temps, la masse savon- neuse résultant de l'opération, a été dissoute dans l’eau ; mais la dissolution n’étoit pas parfaitement limpide. On a dé- composé le savon par l'acide tartarique; on a séparé le Lqurde aqueux de lamatière grasse ; on a lavé celle-ci à l’eau chaude, jusqu’à ce que le lavage fût incolore et sans action sur la tein- ture de tournesol. Les lavages ont été réunisau liquide aqueux. 62. Liquide aqueux. I a été distillé dans une cornue de verre munie d’une allonge et d’un récipient à long col. Lorsque Mém. du Muséum. 1. 4. 38 294 RECHERCHES CHIMIQUES le liquide a été concentré en syrop, on y a ajouté de l’eau, et Fon a continué la disullation, afin de chasser toutes les parties volatiles qui pouvoient encore rester dans ce résidu; puis on a transvasé le liquide concentré dans une capsule; on l’a fait évaporer à siccité ,etonatraité cequi est resté par l’alcoold'une densité de 0,791. L’alcool évaporé a laissé 0,8-562 d’un syrop douceûtre , contenant du principe doux , un peu de principe ayant l’odeur du cuir, et un principe colorant orangé , qui existoit pour la plus grande partie, si ce n’est en totalité dans l'huile, avant que celle-ci eût été saponifiée ; car au mo- ment où l’eau de potasse fut en contactavec l'huile, la couleur de cette substance devint d’un brun orangé, avant même que la saponification eüût commencé : d’où je conclus que le prin- cipe colorant quise trouve dans le liquide aqueux , n’est point produit par l’action de l’alcali, mais qu'il est simplement mis à nu; et qu'ensuite il s’unit avec la potasse qui en rend la présence plus sensible en formant avec lui.une combinaison de couleur foncée. Ce principe colorant resta pour la plus grande partie dans le liquide aqueux , car la graisse saponifiée n’avoit presque pas de couleur. Quant au produit de la distil- lation du liquide aqueux, il fut neutralisé par l’hydrate de baryte cristallisé, puis évaporé à siccité, il laissa 1,873 d’un résidu sec, formé d'acide 0,8-937, et de baryte 0,8:793. Nous reviendrons plus tard sur la nature de cet acide que je nom- merai dans la suite delphinique. 63. Matière grasse. À 204 une faible portion de cette matière étoit congelée. À 104 la plus grande partie étoit en petites lames, tandis que l’autre partie étoit parfaitement fluide. Elle étoit colorée en jaune léger; l’eau chaude avec la- SUR DES CORPS GRAS. 209 quelle on l’avoit agitée, lui avoit enlevé son odeur de pois- son et de cuir; il ne lui restoit que l'odeur rance des graisses saponifiées. Sa densité étoit de 0,892 à 20d; elle étoit très- acide. 100 de cette matière grasse bouillie avec des eaux qui contenoient 13,53 de potasse pure, et 0,5 de soude pure ont produit des solutions qui n’étoient pas parfaitement lim- pides. 64. Cette matière grasse pesoit 3,8-3. On les fit digérer avec de l’eau de baryte en excès. On fit évaporer à siccité, et on traita le résidu par de l'alcool froid d’une densité de 0,791. On obtint par ce moyen 0,%715 d’une graisse blanche, fu- sible à 284, ne rougissant pas la teinture de tournesol (1), soluble dans l'alcool froid, et 2,5:585 d’une graisse acide , qui étoit restée en combinaison avec la baryte, et qui n’avoit point-été dissoute par l'alcool. Cette graisse acide commença à se congeler à 224, mais en partie seulement. A 154 elle pa- roissoit solide en totalité. 64 bis. Pour connoitre plus en détail la nature des produits dont je viens de parler, je saponifiai 40 grammes d’huile de dauphin. Je décomposai le savon par l’acide tartarique. Ligue AqQueux. Il fut distillé. Le produit de la distillation contenant l’acide delphinique fut neutralisé par l’eau de ba- ryte, puis évaporé à siccité. ( Voyez le chapitre 3 pour l’a- nalyse du delphinate de baryÿte et les propriétés de son acide. } (1) Cette matiere ayant été exposée dans un verre à pied, sur un poêle, se fondit en partie. La portion fluide ayant été décantée se figeoit à 281; la portion concrète ayant été mise ayec de l’eau dans une cloche de verre, fut chauffée à God; elle s’attacha aux parois du verre et ne se fondit qu'imparfaitement. Elle ; parut se figer entre 32% et 36%. 3 So 206 RECHERCHES CHIMIQUES MATIÈRE GRASSE SÉPARÉE DE LA porAsse. Elle forma avec l'eau de potasse une solution presque transparente, qui laissa précipiter une matière nacrée très-brillante. Mais lorsqu'on vint à recueillir celle-ci sur un filtre, on n’obtint qu'une ma- tière glaireuse, qui se dessécha à la manière d’un vernis gras. Je m'en vais examiner successivement, 10. la mnatière pré- cipitée ; 20, la liqueur qui en avoit été séparée par le filtre. 10. Matière précipitée. Elle fut traitée par Pacide hy- drochlorique. Le corps gras qu'elle donna, le fut par l’eau de baryte, puis par l'alcool. Par ce moyen on obtint we graisse acide À, et une graisse non acide B. Graisse acide À. Elle étoit fusible à 4od environ. Elle fut dissoute complètement par l’eau de potasse foible. La solu- tion contenoit des acides margarique et oléique. Elle dé- posa une matière nacrée dont l'acide margarique étoit fusible à 5od; mais qui, ayant été traitée par l’eau de potasse, donna un acide fusible à 544. Le surmargarate qu’il forma avec la potasse contenoit pour 100 d'acide, 8,89 de base. 100 du même acide neutralisèrent 27 de baryte et 21 de strontiane. Graisse non acide B. Elle étoit fusible à 32d. Elle fut bouillie et digérée pendant 20 heures dans eau de potasse. On eut une 72atière jaune flexible sillonnée, et une eau nère qui ne contenoit ni matière grasse ni principe doux. La matière jaune flexible , lavée à l’eau froide, fut fondue. Par ce moyen, on en sépara un peu d’eau. La matière fondue contenoit 100 de matière grasse, et 4,8 de potasse. L’ayant traitée par l’eau bouillante dans un ballon, une très-petite portion fut portée dans le col, où elle s’attacha sous la forme d’une gelée sans consistance, la plus grande partie se fondit SUR DES CORPS GRAS. 297 7 à la surface de l’eau. La matière ainsi lavée ne contenoit pres- que plus dalcali ; car en ayant traité 110 par l'acide muria- tique, on obtint 110 de graisse, et 1,5 de potasse. La graisse étoit fusible à 3od, L’ayant traitée par la baryte, puis par l’'al- cool, on obtint un peu de graisse acide et une graisse non acide blanche, fusible à 354. 20. Tiqueur séparée par le filtre de la matière précipitée. Cette liqueur qui étoit un peu trouble, mise sur le feu, s'é- claireit complètement : elle fut décomposée par l'acide tar- tarique. La matière grasse fut traitée par l’eau de baryte et par l’alcooï. Par ce moyen on obtint une graisse acide À et une graisse non acide B. Graisse acide À. Elle étoit fusible à 2rd, soluble en to- ialité dans Peau de potasse. Elle se réduisit en surmargarate de potasse et en oléate de potasse. L’acide oléique qu’on en obtint étoit fluide à 154; il n’avoit qu'une très-légère odeur. 100 neutralisèrent 27,8 de baryte et 20,5 de stron- tiane. Graisse non acide B. Elle étoit fusible à 164. Elle fus bouillie et digérée pendant 20 heures avec de l’eau de po- tasse, on obtint une 72asse saponneuse qui n'étoit pas bien séparée de l’eau mère. Celle-ci étoit dépourvue de matière grasse, mais elle m'a paru contenir un peu de principe doux. La masse savonneuse chauffée avec de l’eau, ne forma pas de solution transparente; mais elle produisit un liquide dans lequel on apercevoit de la matière nacrée, et qui étoit re- couvert d’une pellicule. Ce liquide traité par un acide, donna une matière grasse qui se réduisit par l’analyse à ? d’une graisse acide, fusible à 15d, entièrement soluble dans la po- tasse à + d’une graisse non acide, fusible à 274, LÉ RP a ES : 208 RECHERCHES CHIMIQUES G4 ter. On voit par ces expériences que l’huile de dauphin se réduit par l’action de la potasse 1°. en acide delphinique ; 20, en principe doux; 3°. en acide margarique; 4°. en acide oléique ; 50. en une matière non acide, fusible à 354; 6. en une matière non acide, fusible à 274, . CHAPITRE IV. De l'acide delplinique. 65. J'ai dit, n°. 62, comment j’avois obtenu une combinai- son de cet acide avec la baryte, et j'ai rapporté la détermi- nation de la proportion des élémens de ce sel; je vais expo- ser l'expérience d’où cette détermination a été conclue. Je fis sécher du delphinate de baryte jusqu'à ce qu'il ne perdit plus rien, puis je le fis chauffer dans une capsule de platine. 11 s’exhala une odeur aromatique que je ne puis rapporter qu’à celle qui s’exhale du butirate debaryte distillé, sans cependant dire que ces deux odeurs sont identiques. La cendre qu’on obünt fut neutralisée par l'acide sulfurique. 0,8-216 de del- phinate de baryte ont donné o,&:150 de sulfate qui repré- sentent 0,8-099 de baryie; donc AGidec/cnst out TA 3, hou TOO Baye human OO us er til OO ; 216 84,61 de baryte contenant 8,88 d’oxigène, il s'ensuit que 100 d'acide delphinique neutralisent cette quantité d’oxigène dans les bases salifiables, G6. Après plusieurs essais pour isoler l'acide delphinique de la baryte, j'ai adopté le procédé suivant, J’ai fait concen- SUR DES CORPS GRAS. 209 trer une solution aqueuse de delphinate de baryte, je lai mise dans un tube de verre allongé, fermé à une extrémité ; j y ai versé de l'acide phosphorique concentré en une propor- tion suflisante pour dissoudre tout le phosphate de baryte : puis j'ai laissé reposer le mélange. Au bout de quelques heures, j'ai obtenu 1°. un liquide aqueux, contenant du phos- phate acide de baryte, et un peu d’acide delphinique; 20. un liquide oléagineux plus léger que le premier : je l’en ai séparé au moyen d'une petite pipette; c’étoit l'acide delphinique. 67. Cet acide ressembloit à une huile volatile. Il avoit une légère couleur citrine (1), une odeur aromatique très-forte, ayant de l’analogie avec celle du fromage et du beurre fort, ou plutôt avec celle de l'acide butirique : mais quand cette odeur étoit affoiblie, elle ressembloit à celle de huile de dauphin vieille. Il avoit une saveur acide très-piquante, puis un goût éthéré de pomme de rainette : il laïssoit sur la partie de la langue où on l’avoit appliqué une tache blanche. Je n'ai rien pu trouver dans sa saveur qui me rappelât le goût du fromage, comme on le remarque dans l'acide butirique. Sa vapeur avoit un goût sucré d’éther. L'acide delphinique mouil- loit le verre, le papier et les étoffes, à la manière des huiles vo- Jatiles ; mais il laïssoit sur ces corps une odeur extrêmement tenace et désagréable, absolument semblable à celle de l'huile du dauphin. Il avoit une densité de 0,941 à la température de 1/44. Je n’en ai point eu assez pour déterminer son point d’é- bullition. | 68. Cet acide étoit très-soluble dans l'alcool, et peu dans (1) d’en ai obtenu d’incolore. 300 RECHERCHES CHIMIQUES : | l'eau. Ces solutions rougissoient fortement la teinture de tour- nesol. Go: L’acide delphinique oléagineux étoit un hydrate ou un hydracide; car 0,8-300 de cet acide ayant été mis dans un petit tube de verre avec 3 " d'oxide de plomb jaune, et ce tube ayant été introduit dans une cloche étroite très-allongée , puis chauffé graduellement, il se dégagea 0,8-040 d’une eau qui n’avoit aucune action sur le papier de tournesol; et en même temps il se manifesia une légère odeur éthérée. En considérant l’acide delphinique oléagineux comme un nee te, on a pour sa composition : Néide. 4 Ni R'o0bs: tri iTon Das . : 200 de MO Ciome esATOUE qui contiennent 13,6 d’oxigène, ce qui est sensiblement 1 : la quantité d'oxigène que acide sature dans les bases, puisque 100 d'acide neutralisent 8,88 d’oxigène; et que 8,88 X 1,5 — 19,32. 70. Je traitai la combinaison de plomb par l’eau. Je filtrai, et je fis évaporer : la liqueur se troubla, et il se dégagea de l'acide delphinique qui étoit très-sensible à l'odorat. J’ajoutai à plusieurs reprises de l'acide, afin de décomposer le car- bonate qui avoit pu se former. Je pris la matière évaporée à siccité et bien desséchée, jen pesai 0,8-190, je les mis dans une petite capsule de platine avec de l'acide nitrique étendu ; il ne se produisit pas d’effervescence sensible, mais l'odeur de l'acide se manifesta, Je fis évaporer doucement, puisje cal- cinai le résidu : j'obtins 0,8-135 d’oxide jaune de plomb pâar- faitement pur, entièrement soluble dans l'acide nitrique foible. D'où il suit que le sel de plomb étoit formé de sur DES Corps GRAS. 301 Acide be Et set o0 Osidéhun rm. M0. uwal arours4ite qui contiennent 17,3 d'oxigène, ce qui est sensiblement le double de la quantité trouvée dans la baryte, c'est-à-dire : 538 X 2 — 17,76. D'où il suit que le sel de plomb évaporé à siccité est un sous-delphinate. 71. On neutralisa de l'acide amie par l’eau de stron- tiane ; on fit évaporer à siccité. Le sel desséché, réduit en poudre fine , retiré du feu, présentoit un mouvement dont le résultat étoit la réunion de ses particules en petits grains. 0,8-200 dle sel furent décomposés par l'acide nitrique. Le nitrate de strontiane qui en provint, donna 6%°,132 de sul- fate qui représentent 0,8-07056 de base; donc ACIER me ir ee . 100 Strontanes st PP 7000 Le O2 qui contiennent 8,99 d’oxigène. à 72. Onneutralisa del’acide delphinique par du sous-carbo- nate de chaux. On fit évaporer àsiccité. On pesa 08-200 desel; onlestraita par l’acide nitrique. On fit évaporer à siccité, et on décomposalerésidu par l'acide sulfurique. On obüunto,#-r170 de sulfate de chaux qui représentent 0,8-0486 de base ; donc CIE ON PO PU as. 100. Chan DONS NE 32 qui contiennent 9,0112 d'oxigène. i 73. Les solutions de delphinate de strontiane et es chaux inises sous des récipiens contenant de la chaux vive; cristalli: Méim. du Muséum. t. 4. 39 302 RECHERCHES CHIMIQUES sèrent en longs prismes. Les cristaux de delphinate de stron- tiane devinrent blancs opaques, parce qu'ils s’effleurirent. 74. Telles sont les expériences que j'ai faites sur l'acide del- phinique. Celles qui ont pour objet sa capacité de saturation sont si concordantes, et j’ai eu si peu d’acide delphinique, que je n’ai pas jugé convenable de les répéter pour le moment, préférant de le faire comparativement avec l'acide butirique, lorsque je m'occuperai de ce dernier. CHAPITRE V. Quelques considérations sur l'existence de l'acide delphi- nique ou de ses élémens dans l'huile de dauphin. 75. Comment faut-il considérer l’huïle de dauphin relati- vement à l’acide delphinique? C’est une question que je ne puis résoudre maintenant d’une manière complète, parce qu’elle paroit exiger l'analyse élémentaire de l'huile et de son acide ; cependant j’établirai quelques vues à ce sujet. 76. Lorsqu'on traite huile de dauphin par une base, qui, comme la magnésie, a une grande disposition à neutraliser les acides, sans avoir cependant la propriété de déterminer la transformation d’un corps gras en acides margarique et oléique, on ne peut séparer de cette huile de quantité nota- ble d'acide delphinique. Pour avoir ce dernier, il faut traiter l’huile par une base assez énergique, pour en transformer une portion en principe doux et en acides margarique et oléi- que. Sans prononcer ici si cet acide est produit ou simplement mis à nu, on ne peut se refuser à admettre que l'huile de dau- phin renferme une quantité de matière qui éprouve le même SUR DES Corps GRAS. 303 changement que les corps gras que nous avons fait connoître dans nos précédentes recherches, et en outre une quantité de matière qui donne naissance à l'acide delphinique. D’après ce résultat, il est visible qu’il n’y a pas de substances connues qui se rapprochent plus de celle qui nous occupe que les éthers hydrochlorique, acétique, etc., qui sont neutres aux réactifs colorés, et qui cependant présentent à l’analyse beau- coup de carbone et d'hydrogène, en outre des élémens des acides hydrochlorique , acétique, etc. La volatilité des éthers comparée à la fixité de l'huile de dauphin, qui pour- tant n’est pas absolue, ne peut pas plus être une objection au rapprochement que nous faisons, que la volatilité de l’am- moniaque ne l'est contre le rapprochement de cette substance avec les alcalis fixes ( en observant toutefois que le premier rapprochement est fondé sur une analogie de composition, le second sur une analogie de propriété ). Les naturalistes qui pensent que leur science peut tirer quelque secours de l’ana- lyse chimique, porteront sans doute leurs méditations sur un genre de composition aussi nouveau que celui que présente Vhuile de dauphin, et dont jusqu'ici je n’ai trouvé d’analogue que dans l'huile du beurre. Ille. PARTIE. De l'huile de poisson du commerce. 77. Elle étoit colorée en jaune orangé brun. Son odeur étoit celle du poisson et du cuir apprêté à l'huile. Sa densité étoit de 0,927 à 20d. Elle resta fluide à zéro pendant plusieurs heures; mais après quelques jours d'exposition à cette température, 39 * 304 RECHERCHES CHIMIQUES elle laissa déposer une natière grasse concrète, qui n’étoit qu’en très-petite quantité, et qui fut séparée par la filtration. CHAPITRE PREMIER. . Examen de l'huile séparée de la matière grasse concrète. ‘78. Elle n’étoit point acide au papier de tournesol. 79. 100 d'alcool d’une densité de 0,795 à 754 ont dissous 122 d'huile. La solution n’a commencé à se troubler qu’à 634. Elle n’étoit point acide. 80. Elle a été traitée par la potasse sans le contact de l'air, sur le mercure. Il y a eu production de principe doux et de graisse acide. Il ne s’est pas formé d’acide carbonique. 81. 200 grammes ont été saponifiés par 120 grammes de potasse dissous dans 400 d’eau, afin d'obtenir des produits assez abondans pour qu’on püt reconnoître la nature de cha cun d'eux en particulier. La saponification s’est opérée avec facilité, et le savon qui étoit coloré en brun a été complète- ment dissous par l’eau froide. On a décomposé le savon par l'acide tartarique, et l’on a obtenu 10. un liquide aqueux; 20, une huile saponifiée. ARTICLE PREMIER. Examen du liquide aqueux. 82. Il étoit fortement coloré en jaune brun. Il avoit une odeur de cuir. El fat distillé. 83. Résidu de la distillation. Lorsqu'il eut été évaporé à siccité, on le traita par l’alcool. Celui-ci a dissous un prin- cipe doux coloré en jaune, qui avoit une saveur très-agréable. SUR DES Corps GRAS. 30) 84. Produit de la distillation. M étoit acide. Il tenoit évi- demment en dissolution le principe aromatique ayant l’odeur du cuir. Il fut neutralisé par l’eau de baryte, et distillé. Le produit de la distillation n’avoit pas d’odeur sensible. Le résidu pesoit 0,83. C’étoit de véritable delphinate dont on obtint l’a- cide au moyen de l'acide phosphorique. Ce résidu, par sa quantité, étoit donc bien différent de celui qu’on avoit ob- tenu de l’huile de dauphin. ÂrTicre 5, e Examen de l'huile de poisson saponifiée. « e © 85. Elle avoit plus de tendance à cristalliser que l'huile nes turelle. Elle étoit soluble en toutes proportions dans l’alcool à 0,821. La solution contenoit des acides margarique et oléique. 86. 100 de cette huile ont été parfaitement dissous à chaud par des eaux qui contenoient 13,45 de potasse, et 9,17 de soude. 87. 20%: d'huile saponifiée furent bouillis avec l’eau de ba- ryte. Le savon qui en provint fut traité par l'alcool. On n’ob- tint presque pas de matière grasse non acide (1). (1) Voici le détail de l’expérience, ainsi qu’une nouvelle observation-sur l’âcide oléique uni à l’oléate de baryte. 20 grammes d'huile saponifiés furent unis à de la barÿte. La combinaison séchée’ fut traitée par l'alcool bouillant. Celui-ci fut filtré et déposa un savon blanc formé d'acide oléique 100, de baryte 28,6, L’acide étoit incolore; fusible à 219, parce qu'il retenait probablement un peu d’acide margarique ; il étoi entierement soluble dans l’eau de potasse foible. L'alcool d’où ce savon s’étoit déposé fut évaporé; il laissa 0,8r:800 d’une ma- 306 RECHERCHES CHIMIQUES 88. L'huile saponifiée fut traitée à chaud par une solution de potasse un peu plus que suflisante pour la dissoudre. Le savon fut étendu d’eau et abandonné à lui-même. On le ré- duisit en mnatière nacrée et en oléate que nous allons succes- sivement examiner, 89. Matière nacrée. Des traitemens successifs par l’eau de potasse très-{oible et par l'alcool prouvèrent qu'elle contenoit une quantité notable d’acide oléique. Après qu’on l’en eût sé- parée, elle présenta les résultats suivans : 90. Elle étoit très-brillante et parfaitement blanche. Elle n’avoit qu'une odeur extrêmement légère. Elle n’étoit pas dissoute par l’eau chaude. Elle étoit soluble en totalité dans l'eau alcalisée. Cette solution se réduisoit par le refroidisse- ment en potasse et en surmargarate de potasse. Elle étoit so- luble en toutes proportions dans l'alcool bouillant. En un tière encore fluide à 20, orangée, ne rougissant pas le papier de tournesol , ayant une odeur de cuir, puis une odeur d’huitre. Elle fut traitée à une douce chaleur par l’alcool d’une densité de 0,706; elle le teignit en jaune, mais la plus grande partie ne fut pas dissoute. (a) Matière indissoute. Elle étoit satinée, jaune-orangé, filante. L’ayant fait chauffer, elle devint sèche et friable; elle étoit composée de matière grasse 100, de baryte 18. La matière grasse séparée de la baryte étoit encore fluide à 15%, acide, odorante, très-soluble dans l’eau de potasse. L’ayant unie à Ja strontiane, 100 reutraliserent 21 de cette base. Cette matière, saufson odeur et sa couleur, ayoit donc toutes les propriétés de l’acide oleique. (b) Solution alcoolique. Elle étoit d’un jaune citrin. L’ayant fait évaporer, on obtint un résidu qui étoit presque fluide à 15, qui étoit soluble dans l’alcoo! froid d’où l’eau le séparoit sous la forme de gouttes huileuses, qui ne rougissoient pasle papier de tournesol sec sur lequel on les étendoit; mais le papier devenoit-il hu- mide , sur-le-champ il passoit au rouge. Cette matiere pesoit o,8r.2500. Elle étoit formée de matière grasse o,8r.2253, et de baryte environ 0,8r.0247. La matière grasse étoit formée d'acide oléique 0,0979, ét de matière non acide 0,1274; par SUR DES CORPS GRAS. 307 mot, elle avoit toutes les propriétés que nous avons recon- nues au surmargarate de potasse. À l'analyse elle donna : Acide/marsarique., ie 512 1:00. #16 100 Porassenine nan Nat ani 8,77 91. L’acide margarique étoit presque inodore. Il cristalli- soit en petites aiguilles fines radiées. L’ayant fondu à 7od, il se congela à 554. Mais comme la boule du thermomètre n’en étoit pas entièrement recouverte, et que acide s’étoit abon- _damment troublé à 56d, je pense qu’on peut lui assigner cette dernière température pour point de fusion. 92. Oléate de potasse. N fut décomposé après qu'il eut cessé de donner de la matière nacrée. L’acide oléique fut abandonné au froid. On en sépara une matière cristallisée. conséquent 100 d'huile saponifiée auroient donné 0,6 de matière non acide: L'observation précédente qu’un papier de tournesol see sur lequel on avoit étendu un oléate de baryte qui étoit avec excès d’acide n’avoil pas changé de couleur, mais. qu’il étoit devenu rouge par la présence de l'humidité, me conduisit à faire les expériences suivantes. L’acide oléique légèrement chaud dissout beaucoup d’oléate de baryte. Une: petite quantité d’alcool chaud peut dissoudre toute la matière, ou la partager en un sur-oléate qui se dissout et en un sur-oléate qui ne se dissout pas, et qui contient moins d’acide que le premier. En traitant à froid par l’alcool on sépare une matiere visqueuse satinée , et J’on dissout beaucoup d’acide et peu d’oléate, Les sur-oléates de baryte dissous dans l’alcool rougissent le tournesol ; lorsqu'ils soni secs , ils ne changent pas le papier de tournesol sur lequel on les étend, mais s'ils cont humides le papier devient rouge. Un papier de tournesol bien sec, trempé dans l'acide oléique, ne devient pas rouge; mais si après qu'on l’en a imprégné on l’expose à la vapeur d’eau, sur-le= champ il rougit. Il est sans doute remarquable que l’acide oléique se conduise en cela, comme le perchlorure d’étain. ; Ces expériences prouvent que /a teinture de tournesol et le papier de tourneso/ sec sont deux réactifs différens. 308 RECHERCHES CHIMIQUES Après cette séparation, on lui trouva les propriétés suivantes. 11 avoit une couleur beaucoup plus foncée que les acides oléi- ques de graisses de porc, de mouton, de bœuf, etc. J’attri- bue la cause de cette couleur à un corps distinct de l'huile pro: prement dite, soit que ce corps provienne de la décomposition qu'une portion de l’huile auroit éprouvée par les procédés de son extraction, soit qu'il ait toute autre origine. Cet acide oléique avoit une odeur de poisson très-marquée, qu’il com- muniqua à ses combinaisons avec la baryte, la strontiane et l’oxide de plomb. Ces oléates donnèrent les résultats suivans à l’analyse : Acide oléique::, 4,44 4. 2b, üfæoe DATES UML EURE US AT Re 26,77 Acide oléique, are ET o0 Strontiane grec ot 19,41 Aide oléique. Free ARE To Oxide de plomb." HU INC RESTIO CHAPITRE IL Examen de la matière grasse concrète. 03. Elle fut égouttée sur des papiers Joseph, puis traitée par l'alcool bouillant qui en sépara beaucoup d’élaïine. M’étant aperçu que la matière concrète se coloroit dans ce traitement, je cessai de la soumettre à l’action de l’alcool. g4. Dans cet état elle fut fondue. Un thermomètre qu'on y _plongea, descendit à 214, et remonta à 274 lorsqu'elle se fi- gea. L'action de la chaleur lui fit perdre son odeur de cuir. 95. 9 grammes d'alcool d’une densité de 0,795 en ont dis- SUR DES CORPS GRAS. 309 sous à grammes. Cette solution donna en refroidissant pre- mièrement de petites aiguilles radiées du plus beau blanc, deuxièmement des aiguilles colorées en jaune. Il resta une eau mère visqueuse, colorée en brun. Dans cette opération, ilm’a semblé que le principe coloré jaune-brun devenoit plus abon- dant, soit qu'il s’en formât réellement pendant le traitement aux dépens même de la matière grasse, soit que ce principe s'isolàt d’une matière qui en masquoit la couleur. Ce principe devint surtout sensible par l’action de la potasse. L’on observa que la saponification développa l’odeur de cuir que la matière avoit perdue par la fusion. 96. 3,86 de matière grasse colorée ayant été saponifiée par un poids égal de potasse ont donné un savon qui a été dé- composé par l'acide tartarique. 97. (a) Liquide aqueux. W fut disullé: 98. Résidu de la distillation. L'alcool a dissous 0,525 environ d’un syrop jaune, dont la saveur d’abord amère et astringente, finissoit par être un peu sucrée. 99. Produit de la distillation. X avoit une légère odeur de cuir et un peu d’acidité. L’ayant neutralisé par la baryte, on obtint 0,803 d’unsel desséché, qui avoit plutôt l'odeur d’a- cide delphinique que celle du cuir; mais il ÿ en avoit trop peu pour qu'on püût prononcer sur sa nature, 100. (b) Matière grasse saponifiée. Elle contenoit deux substances que l’on sépara mécaniquement l’une de l’autre. La plus abondante pesoit 3,806; elle étoit d’un jaune orangé. Le thermomètre qu'on y plongea, après l’avoir fondue, des cendit à 26,45, et remonta ensuite à 284, Cette matière très- soluble dans l’eau de potasse m'a paru entièrement formée Mém. du Muséum. À. 4. 4o 310 RECHERCHES CHIMIQUES d'acides margarique et oléique. La seconde substance ne pesoit que o%- 14. Elle étoit brune, infusible à 1004, soluble en totalité dans l’alcool bouillant : elle ne laissa pas de ma- tüière fixe quand on l’incinéra. 5 or. D’après cette expérience , 100 de matière concrète auroient donné Matière grasse saponifiée. . . . . . 88,9 Matière soluble dans l’eau. . . . . 11,1 102. Telles sont les propriétés que m'a présentées la matière concrète séparée de l’huile de poisson du commerce. Elles me paroissent devoir faire placer cette matière plutôt à côté de la stéarine qu’à côté de la cétine ou de la substance cristallisée obtenue de l’huile de dauphin. Au reste, comme il ne seroit pas impossible que cette matière füt étrangère à la nature de l'huile de poisson, et qu’elle n’y est d’ailleurs qu’en très-pe- tite quantité, ce qui ne m'a pas permis de la soumettre à un grand nombre d'expériences, je ne regarde point cette opinion comme suffisamment établie. 103. On peut conclure de tout ce quiprécède que l'huile de poisson du commerce que nous avons examinée, se rapproche de l'huile de dauphin par son odeur; mais qu’elle en diffère 10, en ce qu’elle ne donne que des traces d’acide volatil par la saponification ; 20. en ce qu'elle ne fournit pas de substance cristallisée analogue à la cétine; 30. en ce qu’elle se saponilie plus facilement qu’elle, et sans produire de substance non acide en quantité notable; 4°. en ce quelle contient beau- coup plus de principe colorant. SUR DES Corps GRAS. 3x Remarques sur les huiles de dauphin et de porsson. 104. Outre l'acide delphinique qui existe dans les huiles de dauphin et de poisson du commerce, je crois qu'il faut ad- mettre un autre principe qui a l'odeur de poisson, et qui me semble identique avec le principe odorant que j'ai trouvé dans le cartilage du squalus peregrinus. Le corps dont je parle se manifeste surtout lorsqu’existant avec l’ammoniaque ou un sel ammoniacal , on mêle ces matières avec la potasse caus- tique. J’ignore si l'odeur de cuir que présente l'huile de dau- phin et l'huile de poisson saponifiées, si le principe colorant qui est très-abondant dans ces mêmes huiles vieilles , sont des principes immédiats simplement mis à nu, ou s'ils sont les résultats d’une altération qu'auroient éprouvée les principes que j'airetirés de ces huiles ou quelques autres quime seroïent échappés. Si le principe qui a l’odeur de cuir y est tout formé, il faudroit compter trois principes odorans dans ces huiles (1). (1) Depuis la rédaction de cet article, j’ai examiné un alcool dans lequel on avoit conservé pendant plusieurs années un petit dauphin dont on ignoroit l’es- pèce. L'alcool contenoit beaucoup d’acide delphinique et peu d’huile en solution; on recueillit à sa surface environ 5 grammes d’huile indissoute. Celle-ci fut réunie à celle qu’on obtint en distillant l'alcool : l'huile étoit acide. Elle céda à la magnésie une quantité sensible d’acide delphinique. 100 d'huile ainsi désacidifiés, traités par la potasse, ont donné environ 8,82 de principe doux syrupeux. 2,87 d’acide delphinique. 80,60 d’acides margarique et olcique. 2,64 de matière grasse non acide. © D'où il suit que cette huile se rapprochoit de l'huile de poisson du commerce, par la couleur, par la petite quantité d’acide delphinique et de matière grasse non acide qu’elle a donnés par la saponification. Mais elle en différoit en ce que son odeur étoit plutôt celle du poisson que celle du cuir. &o* 312 ReEcHERCHES CHIMIQUES SUR DES Corps GRAS. P..S. Après avoir terminé la lecture d’un extrait de ce Mé- moire à l’Académie, j’ai donné 1°. une distribution des corps gras en plusieurs groupes, fondée sur l'action qu'ils éprouvent de la part de la potasse; 20. quelques aperçus sur un groupe d’acides organiques, volatiles, odorans, formé par les acides acétique, formique, delphinique, butirique, un acide que j'ai trouvé dans le suif, un acide obtenu de la décomposi- tion spontanée que plusieurs substances azotées éprouvent dans l’eau (1), etc.; 30. une formule d'analyse qui repré- sente toutes les opérations qu’il faut exécuter pour connoître les résultats de Faction de la potasse sur les corps gras. Ces trois sujets seront renvoyés au huitième Mémoire. a — (1) Cet acide est le principe qui donne à la plupart des colles-fortes du com- imerce l’odeur désagréable qu’on leur connoît. 313 SUITE DES OBSERVATIONS Sur les usages du Vaisseau dorsal ou sur Pin- Jfluence que le cœur exerce dans lorganisation des Animaux articulés et sur les changemens que cette organisation éprouve, lorsque le cœur ou l’organe circulatoire cesse d'exister. PAR M. le Chevalier MARCEL DE SERRES, etc. : CHAPITRE V. De l'influence des organes de la respiration sur le vaisseau dorsal. O, sait que dans tous les animaux qui offrent un système de circulation et de respiration, on a reconnu l'influence de l’un sur l’autre (1). Aïnsi souvent lorsque la respiration est entière, la circulation n'existe qu'à demi, ou lorsque la cireu- lation est entière, c’est la respiration qui ne s'opère pas d'une manière complète; en sorte qu’une demi-circulation multi- pliée par une respiration entière, ou vice versë, donne tou- jours des produits égaux de part et d'autre, c’est-à-dire une demi-oxigénation du sang. Mais dans les mammifères, où læ circulation et la respiration sont entières, l’oxigénation du LE Rene RER ER ESS Re TN (1) Voyez l’Anatomie comparée de M. Cuyier, tom. IV, pag. 167. 314 VAISSEAU DORSAL. sang est également entière ; enfin dans les oiseaux qui offrent une circulation entière, avec une double respiration, on trouve que l’oxigénation du sang est doublée, en raison de la quantité d’air qui se combine continuellement avec lui. Si le vaisseau dorsal des insectes est un organe de circulation, ilsemble qu’il doit éprouver l'influence des organes de la respi- ration , tout comme le cœur des animaux vertébrés. Cette in- fluence doit même être d'autant plus grande, que les insectes, comme les oiseaux, ont une respiration double. En effet l'air pé- uètre dans toutes les parties du corps desinsectes, comme ille fait dans les oiseaux : il y baigne continuellement l'humeur nutritive, ou leur sang, qui n’offre que cette particularité de ne pas être contenu dans des vaisseaux, tout comme chez les oiseaux il fait jouir de son impression le sang de la grande circulation, en même temps que celui de la petite éprouve l'action de l’air dans le poumon. Certains insectes ont même dans l’intérieur de leur corps des réservoirs d’air tout parti- culiers; réservoirs si nombreux, que ceux qui en sont pour- vus doivent avoir une respiration plus que doublée. Ces réservoirs d'air nommés trachées vésiculaires, mais que l’on pourroit aussi appeler poches pneumatiques, n'existent du reste que dans les insectes qui ont à exercer une grande force musculaire , et qui, ayant de grands espaces à franchir, devoient pouvoir rendre leur corps spécifiquement plus léger. D'après ce que nous venons de dire, il est évident que l'air doit avoir une grande influence dans l’économie générale des insectes, et nous verrons plus tard qu’en effet c'est le seul fluide qui ait chez eux une véritable circulation. Ainsi, plus cette influence est prononcée, plus elle doit se faire ressentir ANIMAUX ARTICULÉS. 31 sur l'organe de la circulation de ces animaux, si toutefois cet organe existe. Le vaisseau dorsal ayant été considéré par plusieurs anatomistes comme tenant lieu de cœur chez les insectes, voyons si l’influence de lorgane respiratoire se fait ressentir sur ce vaisseau. Mais pour démèêler cette in- fluence d’une manière plus sûre , examinons d’abord les or+ ganes de la respiration eux-mêmes, et voyons si, lorsque ces organes éprouvent des modificâtions, le vaisseau dorsal en ressent les effets. à À. De l'orsarisation des vaisseaux respiratoires des. in- sectes. Tous les organes respiratoires des insectes peuvent se ré- duire aux simples trachées. À la vérité ces organes m'ont pas tous la même composition; aussi est-il nécessaire de les di- viser en deux orûres. Les premières, que nous nommerons /rachées tubulaires, en raison de leur disposition, sont composées de trois mem- branes, une externe , une interne, et une autre intermédiaire. Les deux premières sont formées par une membrane cellu- laire assez épaisse et très-extensible, tandis que l’intermé- diaire l’est au contraire par les circonvolutions d’un filet car- tilagineux roulé en spirale, et qu'on déroule avec facilité. Ce sont les circonvolutions de ce fil élastique qui forment ces conduits brillans et argentins destinés à contenir Fair et à le transmettre dans toutes les parties du corps. Ces tra- chées doivent en effet à ce filet cartilagineux de pouvoir se maintenir toujours tendues, de former seules des tubes, et d'avoir une grande élasticité qui leur permet de céder ou f Mat Un Da "08 316 VAISSEAU DORSAL. de se dilater dans l'expansion de l'air qui y circule sans cesse. Ces trachées sont aussi les seules qui soient ramifiées, et dont les branches multipliées, aïllent faire jouir toutes les parties de l'impression de l'air, aliment de la vie, comme de la flamme. Le second ordre de trachées ou les #rachées vésiculaires ne forment point des tubes comme les précédentes; elles pré- sentent au contraire des poches plus ou moins étendues, qui communiquent les unes avec les autres au moyen de ramifi- cations toujours uniques et jamais arbusculées comme celles qui partent des trachées spirales. Ces trachées vésiculaires sont composées par deux membranes celluleuses, très- blanches, fort souples et très-extensibles. Comme ces trachées n’ont point ce filet cartilagineux roulé en spirale qu'on ob- serve dans les premières, elles ne communiquent jamais avec V’air immédiatement, mais toujours par le moyen destrachées spirales. Aussi, dans les espèces qui ont besoin d’une grande quantité d’air, et qui ont des trachées vésiculaires très-éten- dues, on observe un appareil particulier destiné à suppléer à l’élasticité qui leur manque. Cet appareil se compose de cer- ceaux cartilagineux demi-sphériques, mus par des muscles particuliers, et qui, par une suite de cette disposition, peuvent être considérés comme des espèces de côtes. En effet ces côtes élèvent, dans expiration, lestrachées vésiculaires, et en aug- mentant leur étendue, leur permettent de recevoir une plus grande quantité d’air; dans l'inspiration au contraire, elles abaissent ces mêmes trachées, et servent ainsi à refouler l'air au dehors. Ces côtes, fixées par leur base à l'enveloppe coria- cée ne sont mobiles que par leur parte supérieure; elles ANIMAUX ARTICULÉS. 97 n'existent du reste que dans les espèces qui ont des trachées vésiculaires d’une certaine étendue : en effet on n’en observe point dans les lépidoptères, les coléoptères lamellicornes et les diptères, où les trachées vésiculaires ont à peine un demi millimètre. Dans certains orthoptères au contraire, comme lesgryllus, lestruxalis etlesacrydium, où cestrachéesprennent un grand développement, et offrent jusqu'à plusieurs milli- mètres, les cerceaux cartilagineux ou les côtes existent tou- jours, et ces cerceaux sont alors tout-àh-fait nécessaires. Tels sontles organes quiservent chez lesinsectesderéservoirs à l'air; bien différens des poumons oudes branchies, lesorganes respiratoires de ces animaux ne sont paint placés dans telle ou telle partie; on les voit au contraire répandus partout avec une sorte de profusion; aussi n'est-il aucune partie du corps de ces animaux-qui ne respire et ne recoive l’action de l'air. La disposition générale des trachées, ainsi que différentes particularités de l’organisation des insectes, paroïssent avoir nécessité la manière dont ces organes communiquent avec. l'air extérieur, manière tout-à-fait différente de celle qu’on observe dans les autres animaux. L’organe respiratoire des insectes étant très-étendu et très-ramifié, une seule ouverture. n’auroit pu suflire à distribuer l'air dans toutes les parties avec cette régularité et cette abondance que la circulation de; ce fluide exigeoit. Aussi les ouvertures par le moyen des- quelles les trachées communiquent avec l’air ne sont jamais uniques ; le moins qu'il y en ait est deux , et le plus ordinai- rement ce nombre varie de huit à douze, et s'élève quelque- fois jusqu'à vingt. Ces ouvertures ont été nommées généra= lement stigmates ; mais comme dans un certain nombre d’es- Dem. du Muséum. 1. 4. 4x 318 VAISSEAU DORSAL. pèces, il en existe qui s’ouvrent ou se ferment au moyen de pièces mobiles dont les vrais stigmates sont dépourvus, nous en distinguerons deux ordres différens. Nous nommerons les premiers stigmates simples, et les seconds stigmates trémaères. Les stigmates simples sont le plus ordinairement placés sur les côtés du corps, entre les replis de la membrane du dos et de l’abdomen. On les voit toujours disposés par paires, présentant en général une ouverture arrondie comme en bou- tonnière, avec un rebord cartilagineux. Quelquefois cepen- dant ce rebord manque totalement, et les stigmates sont alors entourés par une écaille cartilagineuse, d’une couleur différente de celle de l'enveloppe coriacée du corps. Dans les chenilles, les stigmates sont également formés par de pe- tites cavités assez profondes, dont les bords sont entourés d’un trait brun, et au fond desquelles on découvre une raie de la même couleur. | Il y auroit beaucoup de choses à dire sur le nombre et la situation de ces stigmates, en considérant ces organes dans les différens ordres d’insectes. Mais comme ces détails nous meneroient beaucoup trop loin, nous nous bornerons à faire observer que le nombre des stigmates est d'autant plus considérable, que ces animaux ont besoin d’une plus grande quantité d’air. Ainsi dans les chenilles on compte jusqu’à dix-huit ou vingt stigmates, et dans un grand nombre d’or- thoptères il y en a jusqu’à douze ou seize, sans compter les deux trémaères. Dâns certaines espèces qui ne prennent qu’une petite quantité d’air, le nombre des stigmates ne s’élève pas au-delà de deux, et parmi les aptères, les faucheurs offrent cette disposition. Outre ces stigmates, on voit encore dans ] %- ANIMAUX ARTICULÉS. 319 plusieurs orthoptères deux ouvertures situées à la base de l'abdomen ; mais comme leurs usages ne sont point les mêmes que ceux des stigmates, nous croyons inutile de les décrire ici. Nous n’en ferons pas de même pour la grande ouverture ovalaire qu'on observe dans le corcelet des locusta, au-des- sus de la première paire de pattes. Celle-ci communique avec une grosse trachée qui s’étend dans toute l’étendué de cette patte. Cette ouverture sert trop évidemment à introduire l'air dans la partie supérieure du corps, pour né pas devoir être considérée comme un vrai stigmate, d’autant qu’elle est formée, ainsi que les autres stigmates, par l’extrémité des trachées. Quant à la situation des stigmates, elle éprouve un assez grand nombre de variations, toujours en rapport avec la quantité d’air que prennent les insectes. Ainsi, plus ces animaux ont besoin d’air, et plus les stigmates sont placés de manière à lui permettre une entrée facile. Lies orthoptères et la plupart des larves, ainsi que les lépidoptères, les hymé- noptères et les diptères semblent les plus favorisés sous ce rapport. Les coléoptères offrent assez généralement leurs tra- chées placées d’une manière peu avantageuse pour que Pair y pénètre aisément; quelques-uns de ceux qui vivent dans l’eau sont aussi obligés, lorsqu'ils veulent respirer, d'élever un peu leurs élytres, ‘afin que l'air puisse éntrer plus facile- ment dans leurs trachées. La seconde espèce de stigmates, que nous appellerons tré maère ( mot dérivé de rpfuæ, qui signifie ouverture, et de dip, air ), est composée d’une ouverture ovale qui ‘ouvre ou se ferme au moyen: des deux pièces mobilés et cérnées, mises en mouvement par un appareil de muscles particuliers. fr? 320 VAISSEAU DORSAL, La forme générale de cette ouverture est celle d’un ovale allongé, dont le plus grand diamètre se trouve de bas en haut. Dans l'expiration les pièces mobiles s’écartent l’unedelautre; elles se ferment au contraire quand l'inspiration est terminée. Ces pièces mobiles s'ouvrent du reste de dedans en dehors, et l’écartement qu’elles peuvent prendre en s’ouvrant, ne va guère au-delà d’un demi millimètre. Les mouvemens des trémaères correspondent assez avec ceux qu'exécutent les stigmates, et comme ces derniers, ils communiquent avec les trachées ; il est même très-facile en disséquant ces parties de reconnoitre les trachées qui s’y rendent, les muscles mo- teurs des trémaères, au nombre de deux, c'est-à-dire un pour chaque de ces trémaères. Ces muscles sont destinés à écarter ou à ouvrir les pièces mobiles des trémaères; aussi ces parties se referment-elles dès que les muscles dont nous venons de parler cessent d'agir. Du reste ces muscles sont composés de fibres assez distinétes, qui prennent leurs at- taches dans la seconde cavité de la poitrine auprès des éris- mes. Jusqu'à présent nous n'avons reconnu les trémaères que dans un certain nombre d’orthoptères, où ils présentent des formes assez variables. Cependant en général ils offrent les dispositions dont nous venons de parler, et ce n’est que dans les mantes où on les voit situés sur les parties latérales et externes du corcelet, entre la portion supérieure et infé- rieure de cette partie. Les trémaères ont alors une forme trian- gulaire; et au lieu de présenter deux pièces mobiles, ils n’en ont qu’une seule, mue par un muscle particulier. C’est tou- jours à l’aide de ce muscle-que lalpartie mobile s'élève, et dès qu'il cesse d'agir, celle-ci s'abaisse ou se referme. La ANIMAUX ARTICULÉS. F0 membrane qui se trouve au-dessous du trémaère est si mince, qu'on peut voir dans l’expiration et l'inspiration les mouve- mens d’élévation et d’abaissement de la trachée, à mesure que l'air y entre ou en sort. Si la position des trémaères éprouve quelques variations, puisque tantôt ils sont situés dans le corcelet, et tantôt dans la poitrine, il n’en est pas de même du nombre de ces parties. En effet on n’en voit jamais plus de deux, dont la grandeur est du reste toujours en rapport avec la quantité d’air que prennent les insectes. Mais outre cette manière de recevoir l'air, les insectes en prennent encore par la bouche. A la vé- rité, celui qui arrive par cette voie ne paroit se répandre que dans les organes de la nutrition, et comme nous avons fait connoître ailleurs son influence dans la digestion (1), nous n’y reviendrons pas maintenant. Enfin le dernier mode de respiration que présentent certains insectes, c’est d’avoir leurs stigmates placés à l'anus. Ceux qui offrent cette orga- nisation sont principalement les insectes qui décomposent Veau, comme les larves des libellules et des dytiques. Ces stigmates ou les ouvertures qui donnent issue à l’eau sont entourés par de petites pièces triangulaires et mobiles, dont probablement le principal usage est d’écarter les corps qui pourroient empêcher l'introduction de l’eau dans ces stigma- tes, et en même temps de fermer exactement ces ouvertures, lorsque les insectes suspendent cette introduction. Ainsi, lors- que ces animaux veulent introduire l’eau dans leur appareil (1) Voyez mon Mémoire sur le tube intestinal des insectes, inséré dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle, tom. XIX. 392 V'AISSEAU DORSAL. respiratoire, ils écartent les pièces mobiles dont nous venons de parler, tandis qu'ils les ferment dans le cas contraire. Mais en écartant ces pièces , on distingue aisément l’ouverture ar- rondie, par laquelle l’eau s’introduit dans l'appareil respira- toire. Cette ouverture offre un diamètre d'environ un milli- mètre; aussi est-il fort facile de faire écouler par cette même ouverture l'eau qui se trouve dans l’intérieur du corps. B. Des divers modes de respiration des insectes. Considérés sous le rapport de leurs organes respiratoires, les insectes forment trois classes bien distinctes; ceux qui respirent l'air immédiatement; ceux qui, vivant dans l'eau, sont obligés de monter à la surface de ce liquide pour venir recevoir l'impression de Fair, quoiqu'ils s'emparent égale- ment de celui contenu dans l’eau; et enfin ceux qui décom- posent l’eau pour s'emparer de son oxigène. Il est évident que les insectes qui respirent l'air immédiatement doivent être les seuls où l’on trouve les deux espèces de trachées dont nous avons déjà parlé. En effet les trachées vésiculaires n’auroient pas eu élasticité nécessaire pour chasser l’eau sur- abondante que l’insecte introduit dans ces trachées, et peut- être même cette élasticité n’auroit pas été assez grande pour ceux qui vivant habituellement dans l’eau, ne décomposent pourtant pas ce liquide. En second lieu, les insectes qui dé- composent l'eau devoient aussi être les seuls qui n'eussent qu'un stigmate. Ce stigmate devoit être placé de manière que l'animal püt recevoir l’eau qui lui étoit nécessaire; et aussi voit-on que lorsque cette disposition existe, c’est tou- jours à l’anus que se trouve cette ouverture. Mais avant de ANIMAUX ARTICULES. 393 passer à la description de toutes ces différences d’organisa- üon, nous donnerons ici un tableau qui pourra facilement les faire apprécier d’un seul coup-d’œil. I. RESPIRATION DANS L’ATR. 1°. Avec des 14 17e. Division. Des trachces artérielles, chées tubulaires. 2°. Division. Des trachées pulmonaires et artérielles, 1°. Avec des cerceaux cartilagineux Toujours deux : a SA CEE rat J ou des espèces de côtes. z He 3 ordres de tra- chces yésiculaires. 2°. Sans cerceaux cartilagineux où chées. sans côtes, II. RESPIRATION DANS L'EAU. Respirant par de véritables stigmates 1e. Division. et venant à la surface de l’eau pour Seulement des tra- ; ÿ respirer l’air en nature, chées tubulaires. Se Dirisron, Respirant par une ouverture placée à l’anus; décomposant l’eau. Ce tableau indique déjà que le résultat de la respiration, l’oxigénation du sang ou de l’humeur qui en tient lieu chez les insectes (1), ne doit pas être le même dans les différens modes (x) Par cette expression d’oxigénation du sang, je ne prélends pas assurer que dans la respiration 1l y aït une partie de l’oxigène qui se fixe sur le sang, et qu'ainsi il y aït toujours diminution dans le volume de l’oxigène. Quoique cette opinion ait été soutenue par les plus habiles chimistes, comme Lavoisier, Goodwin, Dawy et Berthollet, on ne peut s'empêcher de convenir que les expériences de Crawfort et surtout celles d’Allen et Pepys semblent opposées à cette opinion. Thomson auquel nous devons également des expériences sur le même objet, a observé que la diminution de volume de l’oxigene n’est point constante, et il la régarde comme un eflet étranger à la respiration. Mais soit que la respiration ne produise qu’une décarbonisation du sang, c’est-à-dire que le volume du gaz oxigene absorbé représente exactement le volume du gaz acide carbonique expiré, soit enfin qu’il y ait une diminution dans le volume de l’oxigene, outre celle qui a serWi à produire l'acide carbonique aux dépens du sang, nous ayons rw 324 VAISSEAU DORSAL. d'organisation que présentent ces animaux. On peut très- bien présumer que les insectes qui décomposent l’eau pour s'emparer de son oxigène, n'ont qu'une demi-respiration, tandis que ceux qui reçoivent l'air immédiatement ont une respiration entière. Enfin ceux qui en recevant l’air immé- diatement offrent des trachées vésiculaires très - considé-. rables avec un appareil destiné à les maintenir toujours pleines d’air, doivent avoir une respiration encore plus com- plète, et pour adopter toujours le rapport que nous avons déjà indiqué, quoiqu'il soit loin d’être exact, la respiration peut bien être doublée par cette complication de moyens. Du moins est-il de fait, que les cerceaux cartilagineux que nous avons comparés en quelque sorte aux côtes des animaux vertébrés, n'existent avec les trachées vésiculaires que dans les espèces qui ont besoin de développer une grande force musculaire, lorsqu'ils ont à franchir des distances considé- rables. Tels sont, par exemple, les criquets aussi fameux par leurs voyages et leurs migrations, que par les ravages qu'ils exercent dans les pays où le besoin de nourriture les fait, arrêter, Enfin les trachées vésiculaires ordinaires, ou celles qui, n'étant pas très-étendues, n’ont pas eu besoin d'appareils destinés à les mouvoir, ne se trouvent également que dans pouvoir employer l'expression d’oxigénation du sang, parce qu’elle est plus commode pour rendre raison des divers phénomènes physiologiques de la respi- ration. Nous rappellerons ici que M. Vauquelin a prouvé depuis long-temps la nécessité de l’oxigene dans la respiration des insectes, et même que l’air atmos- phérique ne contenoit presque plus d’oxigene lorsque ces animaux avyoient cessé d'y vivre. L’air que nous expirons se compose au contraire de trois parlies d’acide carbonique, de 18 d’oxigène et de 79 d'azote. Voyez Annales de Chimie, tom, 12 pag. 273 et 282. # ANIMAUX ARTICULÉS. 325 les espèces qui ont une grande force musculaire, ou qui, volant beaucoup, devoient pouvoir diminuer à volonté la pesanteur spécifique de leur corps. Les coléoptères lamelli- cornes et les lépidoptères, ainsi que les diptères, sont ceux où cette disposition est la plus prononcée et la plus évidente. Avant de passer à la description particulière des organes res- piratoires des insectes, nous devons expliquer ce que nous entendons par trachées artérielles et trachées pulmonaires. Les insectes offrent en général deux ordres de trachées, qui w'ayant pas les mêmes usages ( quoique leur organisation ne soit pas pour cela différente) méritent d’être distingaées (1). En effet les unes se rendent directement aux stigmates, y prennent l’air immédiatement, et le distribuent ensuite aux différentes parties du corps. Les autres ne reçoivent pas l'air d’une manière immédiate ; elles ne communiquent même avec l'air extérieur qu’au moyen des premières; et généralement étant plus grosses que Îles trachées artérielles, elles servent de réservoirs àl’air. Leur marche est généralement plus régu- lière, et leurs ramifications sonthbeaucoup moins nombreuses. Ces deux ordres de trachées ayant donc un but différent à remplir, il n'a paru que, pour rendre la description de ces vaisseaux plus claire , il seroit avantageux de les distinguer. J'ai appelé les unes trachées artérielles, parce qu'elles sont arbusculées comme ces vaisseaux, et qu’elles répandent l'air (1) Du reste, la plupart des anatomistes avoient depuis longtemps reconnu qu’il existoit chez les insectes deux ordres de trachées; les unes destinées à faire arriver l'air dans le corps et les autres à le répandre dans toutes Îles parties. Réaumur pensoit que les insectes inspiroient l’air par les stigmates, mais qu’ils Fexpiroient par tout le corps. Aém. tom. 1, pag. 399-409. Mém. du Museum. t. 4. 42 326 VAISSEAU DORSAL. dans toutes les parties du corps, tout comme les artères dis- tribuent le sang dans les animaux qui ont une véritable circu- lation. Mais pour sentir ce que ce rapprochement peut avoir de fondé, il faut se rappeler que l’air est le seul fluide qui ait chez les insectes une véritable circulation. Quant aux tra- chées pulmonaires, comme elles servent de réservoirs à l'air, pour en faire jouir les diverses parties du corps, cette dénomi- nation étoit la plus convenable qu’on put leur donner. Les deux ordres de trachées qu’offrent les insectes ont été du reste reconnus par Swammerdam ; et en général il appelle trachées artères, celles que nous désignons iei sous le nom de trachées pulmonaires. Mais les trachées artères de Lyonnet sont pour nous des trachées artérielles , et en effet il n’en existe pas d’autres dans les chenilles. Enfin il est bon d’observer que ces deux ordres de trachées n'existent pas toujours, mais les artérielles ne manquent jamais. Il se pourroit que dans les espèces où l’on ne voit que des trachées artérielles, les par- ties eussent eu besoin de jouir promptement de l'impression de l'air. T.RESPIRATION DANS L'AIR, PAR LE MOYEN DE TRACHÉES TUBULAIRES. ® e- e-- L » As re. Division. Des frachées artérielles seulement. Les trachées pulmonaires existent dans la plupart des co- léoptères. Cependant il est certains genres, comme les cé- rambyx, les blaps et la plupart des ténébrionides où l’on n’en observe point. Je lai du moins vérifié, outre les blaps, dans les ténébrions et les scaurus. Ces trachées prennent l’air im- ANIMAUX ARTICULÉS. _327 médiatement, en formant autour des stigmates, des paquets extrèmement multipliés. Mais pour que la communication s’établisse entre toutes les trachées, il existe un tronc com- mun qui s'étend d’un stigmate à l’autre, et qui s'ouvre dans cette partie. C’est de ce tronc commun que partent ces nom- breux paquets dont nous venons de parler, et qui distribuent l'air dans toutes les parties du corps. La direction des tra- chées est alors presque constamment transversale. Comme ces vaisseaux partent par paquets d’un tronc commun, ils offrent en quelque sorte la disposition d’une queue de cheval. Dans les genres dont nous parlons, les trachées sont extrè- mement multipliées dans la poitrine, et même à un tel point, qu’elles recouvrent presque en entier les muscles de cette partie. On les voittoutes présenter une direction transversale, et comme elles sont fort rapprochées, elles forment sur les muscles des stries parallèles, tellement pressées, qu’à peine distingue-t-on entre elles quelques légers intervalles. Ces trachées pectorales dérivent du tronc commun, qui va prendre l'air dans le premier stigmate de l’abdomen. Généralement lestrachées artérielles sont très-arbusculées, et donnent des ramifications à l'infini. Cette disposition est surtout prononcée dans les genres dont nous parlons, qui se font du reste distinguer par la position de leurs stigmates. Ces stigmates sont placés au-dessous des élytres, et sur les côtés du corps vers le dos. Il est possible que ce soit à cause de la difficulté que l’air trouve à s’introduire dans ces stigma- tes, surtout lorsqu'ils sont cachés sous des élytres immobiles, comme dans les blaps, qu’est due la disposition des trachées artérielles, qui est telle, que toutes les parties du corps jouis- 42° 328 | VAISSEAU DORSAL. sent promptement de l'influence de l'air. Les stigmates sont du reste formés, comme à l'ordinaire, par un bourreletsaillant, corné et assez épais. Leur ouverture est ovale, et leur plus grand diamètre se trouve dans le sens transversal. IL est facile, en les écartant, d’apercevoir le tronc commun des. trachées artérielles qui vient sy ouvrir. La disposition des tra- chées artérielles dans le cebrio longicornis est à peu près la même que celle que nous venons de décrire. Dans les phalangium et les genres analogues, on n’observe qu’un seul ordre de trachées. Le système respiratoire peut être considéré dans ces genres, comme formés de troncs communs, qui, situés dans le corcelet, sont le centre d’où partent toutes les autres ramifications. Ces troncs communs se trouvent près des stigmates où ils envoient une branche, et de ce point partent deux faisceaux de trachées qui se ré- . pandent dans tout le corps, surtout autour des viscères in- testinaux. On voit même qu'ils entourent chacun les appen- dices du tube intestinal, et leur première membrane est en partie formée par ces trachées. Les troncs communs se con- ünuent ainsi le long des côtés du corps, en allant donner divers rameaux aux muscles des pattes, des parties de la bouche, au vaisseau dorsal, et enfin aux organes réproduc- teurs. Ce système respiratoire est un des simples, et aussi n’existe-t-il que deux stigmates placés de chaque côté du cor- celet, sur la même ligne que la quatrième paire de pattes. Ces stigmates sont ovalaires, présentant leur plus grand dia- mètre de bas en haut. Intérieurement on voit qu'ils ont un rebord assez saillant. Du reste, ils sont fort grands propor- tionnellement au corps. À NIMAUX, ARTICULÉS. 329 Les larves des lépidoptères ou les chenilles n’offrent égale- ment que des trachées artérielles ; et Lyonnet(r),augunellana- tomie des insectes est tant redevable, avoit déjà remarqué ce fait. Cependant j'ai cru devoir le vérifier dans les chenilles de plusieurs papillons, notamment de celui du chou et du fe- noul, ainsi que dans les larves des bombyx pavonia major, mori, et enfin dans celle du sphinx atropos! Dans toutes, J'ai vu constamment qu'il n’existoit point d’autres trachées que les artérielles. Lorsqu'il n’y a que des trachées arté- rielles, on les voit toujours formées par un tronc commun qui va s'ouvrir dans les stigmates, et d’où partent de nom- -breuses ramifications, qui vont se distribuer dans toutes les ‘parties du corps. Ce tronc commun s'étend d’une extrémité du corps à l’autre, et son diamètre est au moins d’un mil- limètre; quelquefois il est encore plus considérable. C’est de ce tronc commun que partent les paqüets des trachées trans versales, toujours divisées par paires, le plus généralement inégales en ramifications. Lie nombre de‘ces paquets de tra- chées est toujours le double de celui des stigmates, puisqu'il en part toujours deux à chacun de ces stismates. Les insectes qui respirent Pair immédiatement , et qui n’offrent que des trachées artérielles; sont ceux où le’ sys- ième respiratoire est le plus simple. Du reste, les espèces où existe cette disposition avoient sûrement besoin de jouir le plus promptement possible de l'influence de l'air : c’ est aussi. pour cela qu'il y est distribué presque en même temps ‘ 1 y est recu. ER TT TE PET NUE L'OEIL IS IEEE SIRET TIR ET PRE ES (1) Voyez Traité anatomique de la Chenille du: saule,. pag. 107 et 297, tab. X, fig, 2: 330 VAISSEAU DORSAL. 2e. Division. Des frachées pulmonaires et artérielles. Les trachées pulmonaires du scarites gigas prennent leur origine au-dessus du ganglion cérébriforme par une branche transversale, d’où partent les ramifications qui se rendent à la lèvre supérieure, aux antennes et aux yeux composés. Cette branche se prolonge dans la tête par deux troncs principaux qui s'étendent dans le corcelet, et puis dans le reste du corps. Parvenus dans le corcelet, ces troncs forment de chaque côté du vaisseau dorsal une espèce de demi-cercle, en donnant de nombreuses ramifications au vaisseau dorsal et aux muscles qui l'entourent. Une fois arrivés dans la poi- irine, les trones pulmonaires se rapprochent de plus en plus du vaisseau dorsal, en formant de chaque côté des érismes des demi-cercles, du centre desquels partent des rameaux qui font communiquer les trachées pulmonaires avec les trachées artérielles. Les troncs communs pulmonaires se continuent de la même manière dans l'abdomen , où ils forment d’an- neaux en anneaux des demi-cercles d’où partent, comme dans la poitrine, des branches principales, qui vont établir la communication de ces troncs avec les artériels. Quant aux branches qui partent du côté interne, elles vont toutes se rendre dans le vaisseau dorsal et les muscles qui l’entou- rent. Il faut du reste remarquer que les troncs pulmonaires ne prennent jamais dans cette espèce un grand diamètre. Les troncs des trachées artérielles naissent au-dessous du cerveau par deux branches principales, qui vont se distribuer dans les mandibules et les diverses parties de la bouche. Ces ANIMAUX ARTICULÉS. 331 branches ont un diamètre fort considérable, et une couleur azurée et rougeâtre. Parvenues dans le corcelet, elles s’unis- sent pour ne plus former qu’un seul trone ; mais après s'être réunies, elles envoient une grosse branche, qui se rend dans la première paire de pattes, tandis que par leur côté interne elles envoient des rameaux aux troncs des trachées pulmo- naires, ainsi qu’au tube intestinal. Il en est de même dans la poitrine. Ces trachées diminuent un peu de grosseur dans l'abdomen, et se tenant toujours sur les côtés du corps, les rameaux externes se portent dans les stigmates, tandis que les internes vont entourer le tube intestinal, ainsi que les or- ganes reproducteurs d’un réseau de trachées très-fines et très- mulupliées. Les troncs communs forment ainsi d’anneau en anneau des demi-cercles, fournissant toujours les rameaux dont nous venons de parler. On observe que de chaque demi- cercle formé par les trachées artérielles partent deux longues trachées cylindriques, qui vont se ramifier à l'infini sur le tube intestinal et les organes reproducteurs; et il est peu d'espèces où ces trachées soient plus distinctes et plus étendues. Généralement les trachées abdeminales sont d’ur blanc argentin ; celles du corcelet seulement offrent une nuance d’un blanc rougeâtre. Enfin les stigmates de cette espèce, placés sur les côtés inférieurs de l'abdomen, sont arrondis et bordés par un repli saillant de l'enveloppe co- riacée. LL. ORTHOPTÈRES. Un certain nombre d’orthoptères offrent à la fois des tra- chées artérielles et pulmonaires. De ce nombre sont les forfi- 332 VAISSEAU DORSAL. cules, les blaites,les phasmes, les mantes, les achètes, leslocustes etlestaupes gryllons. Cependant, comme ces trachées ontune marche un peu différente dans ces différens genres, et que leur complication n’est pas tout-à-fait lamême, noxs la ferons connoiître dans ceux où elle présente le plus de particularités. Les organes respiratoires des forficules et des blattes pré- sentent peu de différences. Ils se composent d'un système de trachées artérielles, formées par un tronc commun, qui s'étend d’une extrémité du corps à l’autre, et auquel viennent se rendre des trachées transversales , qui vont se distri- buer dans un grand nombre de parties. Dans la tête, elles fournissent des ramifications aux principaux muscles, surtout aux adducteurs et abducteurs des mandibules, et à l’'œso- phage. Elles s’étendent ensuite dans le corcelet par deux troncs principaux , qui se tiennent au-dessous des trachées pulmo- naires, mais qui se divisent bientôt, en donnant des ramifi- cations multipliées aux muscles du corcelet, au tube intesti- nal, et à la première paire de pattes. Les troncs principaux se continuent toujours vers la poitrine, en se tenant sur les côtés du corps; ils envoient ensuite une branche assez grosse, qui se rend dans l’ouverture du trémaère, pour y prendre l'air que d’autres ramifications distribuent dans les muscles con- tenus dans la poitrine, comme ceux des ailes et des pattes. T1 m'a paru que les trachées artérielles fournissoient dans le corcelet et la poitrine des branches principales, qui vont en- suite s'étendre dans les pattes où elles donnent un plus grand nombre de ramifications que les trachées pulmonaires qui ye pénètrent également. Les trones des trachées artérielles com- : muniquent avec ceux des trachées pulmonaires par des ANIMAUX ARTICULÉS. 333 branches latérales qui partent des côtés internes de ces mêmes trachées. Il en est ainsi dans le corcelet, la poitrine et l'abdomen. Enfin ces mêmes trachées forment autour de l'estomac et de ses annexes des réseaux de trachées tout-à- fait inextricables. 1 Après avoir donné de nombreuses ramifications dans la poitrine , les trachées artérielles s'étendent dans l'abdomen par un tronc commun, qui va s'ouvrir dans les six stigmates placés sur les côtés du corps. C’est aussi près de ces stigmates que les troncs communs fournissent chacun deux faisceaux de trachées transversales, en sorte qu'il y a ainsi vingt-quatre de ces faisceaux dans l’abdomen. Ces mêmes trachées vont faire jouir toutes les parties de l'impression de l'air, en allant se distribuer dans les viscères intestinaux, les organes repro- ducteurs et les muscles abdominaux, Il faut remarquer que la communication des trachées artérielles et dorsales a lieu par des branches transversales que les premières envoient aux secondes de distance en distance. Les trachées pulmonaires naissent également dans la tête, où elles s'étendent autour de la portion supérieure du gan- elion cérébriforme, et autour des yeux, soit lisses, soit com- posés. Elles ne donnent du reste qu'un petit nombre de ra- mifications dans la tête, et passant par la portion supérieure du trou occipital, elles se dirigent dans le corcelet, où elles s'étendent dans la première paire de pattes, sans y donner beaucoup de rameaux. Toujours placées à peu de distance du vaisseau dorsal, elles s’étendent dans la poitrine, où elles s’écartent cependant un peu de ce vaisseau en formant au- tour de lui comme unS. Ces trachées envoient des branches Mém. du Muséum. À. 4. 43 334 VAISSEAU DORSAL. dans les deux dernières paires de pattes, où du reste elles se ramifient peu. Parvenues dans l'abdomen, elles se rappro- chent du vaisseau dorsal, en lui envoyant, conime dans tout leur trajet, des petites ramifications latérales qui vont s’y perdre totalement. C’est même, à ce qu’il paroît, ces rami- fications qui composent la première membrane de ce vaisseau. . Successivement ces trachées s’étendent jusqu’à l'extrémité de l'abdomen, en formant d’anneaux en anneaux des demi-cercles plus ou moins rapprochés. Telle est la marche générale des trachées dans ces deux genres, chez lesquels ces vaisseaux ont du reste un assez petit diamètre. . La disposition des deux ordres de trachées n’est pas tout-à- fait la même dans les achètes que dans les genres dont nous venons de parler. Elles ont également un diamètre plus con- sidérable ; aussi est-il plus aïsé de les suivre. _ Lestrachées artérielles commencent au-dessous du cerveau à d’où, comme d’un point central, elles envoient des branches aux muscles des diverses parties de la tête. Ces branches n’ont pas un égal diamètre, et celles qui se rendent aux muscles des mandibules se font remarquer par leur grosseur. Ce sont ces mêmes branches qui pénétrant ensuite dans les mandi- bules, vont y donner des ramifications nombreuses dont les plus petites divisions pénètrent jusques dans les dents de ces parties. Les trachées artérielles fournissent également des branches aux diverses parties dela bouche, et elles s'étendent ensuite par deux troncs principaux dans le corcelet, en passant par louverture du trou occipital. Elles se dirigent ensuite de dedans en dehors, se portent sur les côtés du corcelet, et donnent d'assez nombreuses ramifications. aux muscles rota- ANIMAUX ARTICULÉS. 335 teurs de la tête, et aux muscles propres du corcelet, ainsi qu'à ceux des pattes. Parvenues à la base du corcelet, les trachées artérielles forment une très-grosse trachée qui se rend dans une ouverture située à la partie latérale et inférieure, et de cette manière elles recoivent directe- ment l'impression de l'air extérieur. Cette trachée s'étend ensuite jusqu’à l'extrémité de la première paire de pattes, sans y donner un grand nombre de ramifications. Les tra- chées artérielles se dirigent après dans la poitrine, étant toujours situées sur les côtés du corps. Elles envoient un grand nombre de ramifications aux muscles de la poitrine, princi- palement à ceux des ailes, des élytres et des pattes. Ces tra- chées fournissent également des branches aux deux dernières paires de pattes, et aux trachées pulmonaires dans lesquelles elles apportent l'air. Après avoir fourni ces branches princi- pales et un grand nombre d’autres beaucoup plus petites, les trachées artérielles s'étendent dans l’abdomen où elles forment un appareil plus compliqué. Se prolongeant tou- jours sur les côtés de cette partie, leurs troncs s'ouvrent dans les stigmates, par une ramifcation dont le diamètre est moins considérable. Ces trachées donnent en outre vers leur côté interne six branches principales, divisées chacune en deux ramifications beaucoup plus grosses, lesquelles se réunissent en un seul tronc qui se rend dans les trachées pulmonaires. Mais auparavant de se réunir en un tronc com- mun, les grosses ramifications donnent deux branches laté- rales, qui établissent la communication des ramifications su- périeures aux inférieures. Toutes ces trachées peu ramifiées jouissent immédiatement de l'action de l'air, et vont le distri- 45* 336 VAISSEAU DORSAI. buer dans les trachées pulmonaires. C’est de la première branche principale que partent les trachées qui vont se ré- pandre sur les organes reproducteurs, tandis que celles des viscères intestinaux sont fournies successivement par les six branches. Outre ces branches principales, le tronc commun en fournit encore quatre, une qui précède toutes les branches, et trois qui se trouvent au contraire immédiatement après celles-ci. La première se répand sur les muscles supérieurs ab- dominaux , ainsi que sur le tube intestinal ; les autres, au con- traire, donnent de nombreuses ramifications aux muscles de l'abdomen, mais surtout aux organes reproducteurs. Les trachées pulmonaires, plus constantes dans leurs di- rections, naissent au-dessus du ganglion cérébriforme par un tronc commun qui se divise en deux branches principales, dont les supérieures vont se porter aux yeux composés et aux antennes. Les inférieures s’étendent en arrière vers le trou oc- cipital, traversent les muscles des mandibules, et pénètrent enfin dans le corcelet. Là elles s’écartent un peu l’une de l'autre, donnent une branche qui se porte dans la première paire de pattes, en fournissant également quelques ramifica- tions aux muscles du corcelet, mais en fort petit nombre. Ces trachées pénètrent ensuite dans la poitrine, où elles donnent de même deux branches principales qui vont se terminer dans les pattes, en fournissant aux muscles quelques rami- fications. En arrivant dans l'abdomen, elles se rapprochent l’une de l'autre, se tiennent peu écartées du vaisseau dorsal, y envoient un assez grand nombre de rameaux qui se di- visent eux-mêmes sur la membrane externe de cet organe, Dans tout leur trajet, on les voit presque toujours sinueuses, ANIMAUX ARTICULÉS. 337 en formant de distance en distance des demi-cercles qui se touchent successivement par leurs sommeis. Comme nous avons déjà fait connoîïtre la manière dont ces trachées re- çoivent l'air, nous n’y reviendrons plus maintenant. Le système respiratoire des phasmes se compose également de deux ordres de trachées, les artérielles et les pulmonaires, Ces dernières offrent dans la tête quatre branches principales, Les branches supérieures sont les plus grosses et les plus al- longées; elles fournissent des rameaux aux antennes, à la lèvre supérieure, et aux mandibules. Lorsque ces trachées descendent pour pénétrer dans le corcelet, elles s’écartent l’une de l’autre, se réunissent ensuite avec les branches des trachées pulmonaires inférieures, pour pénétrer dans la pre- mière paire de pattes où elles s'étendent. Les branches in- férieures des trachées pulmonaires sont situées au-dessous des précédentes; leurs troncs ont une direction plus en droite ligne. Toutes ces trachées sortent par le trou occipital et s'unissent dans le corcelet pour ne plus s'étendre dans le corps que par deux troncs principaux plus ou moins rap- prochés du vaisseau dorsal, mais en l’accompagnant toujours. Lorsque ces trachées sont parvenues en face de la seconde paire de pattes, elles lui envoient une branche principale, et il en est de même pour la troisième. Une fois arrivées dans l'abdomen, ces trachées se tiennent encore plus près du vaisseau dorsal, auquel elles envoient des branches nom- breuses. : Les trachées artérielles n’ont point une marche aussi cons- tante que les pulmonaires. En général formées par des fais- ceaux arbusculés, elles font jouir toutes les parties de l’im- 338 VAISSEAU PORSAL. pression de l'air qu’elles reçoivent immédiatement. Leurs troncs communs, situés au-dessous du ganglion cérébriforme, fournissent de nombreux rameaux aux muscles des diverses parties de la tête, puis dans le corcelet à ceux des pattes, et enfin aux pattes elles-mêmes. Parvenus dans la poitrine, ces troncs jettent de chaque côté une branche qui va prendre l'air par l’ouverture du trémaère, et les deux autres branches principales se rendent dans les pattes. Ces trachées donnent en outre des rameaux aux muscles de la poitrine, ainsi qu'aux trachées pulmonaires et aux viscères intestinaux; il en est de même dans l'abdomen. Dans l'abdomen, les trachées arté- rielles donnent de chaque côté autant de branches qu’il y a de stigmates , et celles-ci communiquent avec les trachées pulmo- naires. La direction de ces branches est transversale à l’égard de l'axe du corps, tandis que les troncs communs de ces mêmes trachées, ainsi que celui des pulmonaires sont pa- rallèles à ce même axe. Les trachées artérielles abdominales fournissent les trachées qui se rendent aux viscères intestinaux ainsi qu'aux organes de la reproduction. Du reste, elles for: ment sur ces parties des réseaux assez multipliés. La distribution des trachées est encore plus admirable dans les mantes que dans les différens genres que nous avons étudiés jusqu’à présent; leur marche y est même tellement compli- quée, qu'il est assez difficile de la décrire. Nous observe- rons cependant que les trachées pulmonaires naissent au-des- sus du ganglion cérébriforme par un trou commun, d’où par- tent six branches principales, deux latérales qui vont aux yeux composés, deux inférieures pour la lèvre supérieure, et deux autres pour les antennes. De ces branches il en part encore ANIMAUX ARTICULÉS. 339 d’autres qui vont se rendre pour la plupart dans les, divers organes de la bouche. Ce tronc commun se divise ensuite vers le corcelet, en s'écartant toujours davantage; mais,lors- qu'il a pénétré dans cette partie ; il jette une branche qui va s’unir avec une trachée artérielle. Ces deux trachées, n'en formant pour ainsi dire qu'une seule ; se rendent dans la première paire de pattes,' où elles s'étendent jusqu’à son extrémité, en y donnant de nombreuses ramifications. Les trachées pulmonaires se prolongeant dans le corcelet, se rapprochent.un peu du vaisseau dorsal; elles s’élargissent ensuite considérablement en face de la première paire de pattes, en ÿ envoÿant une! branche qui va s'unir avec la branche artérielle la plus exterre du trémaère. Par cette ré union les deux trones n’en forment plus qu'un seul, et ils: se prolongent ainsi jusqu'à l'extrémité de: la première.paire de pattes. Les trachées pulmonairesse: rapprochent ensuite du vaisseau dorsal, y jéttent quelques branches ainsique ans: les muscles du corcelet. Lorsqu’elles sont parvenues.à son ex- trémité , elles donnent une branche latérale. qui. va s'unir avec la branche la plus externe des trachées artérielles. Les trachées pulmonaires grossissent ensuite, et donnent d’abord une branche qui se,rend dans la seconde paire de pattes, et après avoir diminué de diamètre, elles jettent encore une branche dans cette partie. Ces trachées fournissent également diverses ramifications au vaisseau dorsal, et peu à peu elles: s’en rapprochent davantage. Mais lorsqu'elles sont parveiues en. face du premier stigmate, elles s’en écartent brusquement ; forment un demi-cerele, en jetant une branche: qui établit sæ communication avec les trachées artérielles,, et avec le sep 340 VAISSEAU DORSAL. ième stigmate. À partir de ce point les trachées pulmonaires ont deux troncs principaux, l’un, ou le plus interne, très-si- nueux et fortirrégulier , l’autre, ou le plus externe, s'étendant en ligne droite jusqu’à l'ouverture du septièmesstigmate, où il reçoit l’impression de l'air, ainsi que le tronc interne. Ces deux troncs des trachées pulmonaires communiquent en- semble au moyen de rameaux latéraux qui sont au nombre de six de chaque côté; mais outre ces rameaux latéraux, il en existe un à la base du corps qui unit les deux systèmes des trachées pulmonaires. Du reste, cet appareil, en se com- binant avec celui des trachées artérielles, forme un ensemble admirable, que le ton argentin des trachées rend encore plus agréable à l'œil. Le tronc interne des trachées pulmonaires envoie du reste un assez grand nombre de ramifications au vaisseau dorsal, ramifications qui s’y distribuent à l'infini. On voit quelle complication présentent dans ce genre les trachées PURES et tout cela afin que l’air inspiré ait un plus grand réservoir. / Les trachées artérielles naïssent dans la tête au-dessous du ganglion cérébriforme; elles y donnent des branches princi- pales, dont les ramifications vont s'étendre dans les museles des diverses parties de la bouche. Elles vont aussi se porter dans la partie supérieure de la tête, où elles s'unissent avec les trachées qui se rendent aux yeux composés. Ces trachées s'étendent ensuite dans le corcelet, en se portant toujours sur les côtés du corps. Les deux grandes branches parallèles au tronc commun des trachées artérielles, et qui vont s’ou- vrir dans le trémaère situé à la base du corcelet, peuvent être considérées comme appartenant à ce système, quoi- ANIMAUX ARTICULÉS. 41 qu'elles paroissent être des divisions des trachées pulmo- naires. Du reste, le tronc externe des trachées artérielles donne un assez grand nombre de ramifications aux muscles de la poitrine; et si nous ne les avons pas figurées, c’est que: nous avons voulu rendre nos dessins plus intelligibles : car si nous avions représenté toutes les ramifications qu'on aper- çoit, ilauroit été bien diflicile de suivre lamarche des trachées principales, et ainsi nous aurions risqué de manquer notre but. Les trachées artérielles s'unissent avec les pulmonaires vers la base du corcelet : elles pénètrent ensuite dans la poitrine par trois branches principales, et les deux externes s'unissent mu- tuellement, en formant une espèce d’ovale au dedans duquel la branche intermédiaire s'unit avec la première trachée pul- monaire qui se rend dans Îa troisième paire de pattes. Ces trachées artérielles forment bientôt après deux troncs prin- cipaux situés au-dessous et plus en dehors que les troncs des trachées artérielles, et chacun d’eux envoie une branche latérale qui va s'ouvrir dans les stigmates. IL existe ainsi douze branches latérales, puisqu'il ÿ a six stigmates et que chacun en reçoit deux. On pourroit même en compter jusqu'à quatorze, puisque tout ce système va se terminer dans le sep- tième stigmate par deux branches principales. C’est de la troi- sième branche latérale que partent les trachées qui se portent aux organes de la reproduction, trachées du reste fort grosses et assez multipliées. Mais outre ces trachées, les troncs com- uns en fournissent un grand nombre qui se rendent dans les viscères intestinaux ; nous ne les avons pas plus figuré que celles qu'elles donnent dans la poitrine, par les mêmes rai- sons que nous avons fait connoître. Mém. du Muséum. 1. 4. 44, 342 VAISSEAU DORSAL. Les descriptions que nous avons déjà données de plusieurs organes respiratoires des insectes auront sûrement fait sentir, qu’au moyen de cet appareil compliqué, l'air a une véritable circulation dans cet ordre d'animaux. Il semble que cette cir- culation est encore plus évidente dans les mantes que dans les genres que nous avons décrits. En effet, l'air pris par les branches des trachées artérielles dans les stigmates est ré- pandu au moyen de leurs troncs communs dans les branches des trachées pulmonaires qui le portent à leurs troncs princi- paux, d’où il est repris par d’autres ramifications et distribué ensuite dans toutes les parties du corps. Lorsqu’enfin la décar- bonisation du sang s’est opérée, l’oxigène restant, l’azote et l’a- cide carbonique sont chassés au dehors par les contractions des trachées élastiques. Ces gaz peuvent prendre la route par laquelle l'air est arrivé, tout comme en suivre une totalement différente. Toutes les parties peuvent donc jouir de l’impres- sion de l’air, et les trachées pulmonaires sont même destinées à lui servir de réservoir, afin que cette impression puisse être pendant quelque temps indépendante des inspirations et des expiration. ï Les locusta offrent également deux ordres de trachées; mais leur marche est très-différente de celle que nous venons de faire connoître, en parlant des mantes. En effet les trachées pulmonaires s'étendent en droite ligne d’une extrémité du corps à l’autre, en se tenant toujours vers la ligne moyenne et supérieure. Elles prennent leur origine au-dessus du cerveau, donnent quelques branches à cet organe, se portent ensuite vers l'œil composé, en envoyant différentes ramifications dans les organes situés dans la tête. Ces trachées pénètrent ANIMAUX ARTICULÉS. 343 ensuite dans le corcelet par le trou occipital, se rapprochent de plus en plus l’une de l’autre, deviennent même à peu près parallèles en donnant une branche qui se porte dans la pre- mière paire de pattes. Elles arrivent ensuite dans la poitrine, où elles donnent divers rameaux, dont les uns s'étendent dans les deux dernières paires de pattes, et les autres dans les muscles de la poitrine. Parvenues dans l'abdomen, leur diamètre diminue, et cependant elles y reçoivent neuf branches de chaque côté, branches qui leur sont fournies par les trachées artérielles. Ces trachées s'étendent ensuite jusqu’à l'extrémité du corps, en donnant un certain nombre de ramifications au vaisseau dorsal. Les trachées pulmonaires étart fort développées dans ce genre, il en est tout le contraire des artérielles. Naissant au- dessous du ganglion cérébriforme, ces trachées se distribuent dans les différentes parties de la tête, donnant surtout de nombreuses ramifications dans les muscles de la tête. Elles s'étendent dans le corcelet par deux troncs communs qui se portent sur les côtés du corps; mais quand elles arrivent en face de la première paire de pattes, elles grossissent con- sidérablement, forment une sorte de tubulure, et prennent l'air immédiatement par une grande ouverture ovale ou le stigmate qui est situé dans cette partie. Cette trachée, dont le diamètre est fort considérable, s'étend ensuite dans cette paite, et cela jusqu'à ses extrémités. Outre cette grosse ranche, les trachées artérielles fournissent d’autres ramifi= cats qouqui vont se perdre dans les muscles et qui appor- tneuanl’adans le tronc des trachées pulmonaires. En se conti- nr nit dans la poitrine par deux troncs communs qui s’éten- 44" 344 VAIÏSSEAU DORSAL. dent ensuite dans l'abdomen, les trachées artérielles envoient des branches aux pattes, aux trachées pulmonaires et surtout aux muscles de la poitrine. es trachées artérielles prennent surtout une grande com- plication dans l’abdomen. En effet elles donnent par leur côté interne seize branches principales, dont six vont par paires, et les autres quatre sont simples. La première branche est simple. D'abord assez mince, elle grossit brusquement , donne différentes ramifications aux muscles abdominaux et aux trachées pulmonaires. La seconde part bien simple, mais elle se divise bientôt en deux branches, toutes deux beau- coup plus grosses que le tronc commun. Près du point où ces trachées se réunissent pour n’envoyer qu'une seule branche dans les trachées pulmonaires, elles envoient deux rameaux, dont le supérieur se rend dans la branche supérieure, et l'in- férieur dans l’inférieure. Ainsi de chaque côté de l'abdomen sont disposés les cinq autres troncs communs qui vont s’ou- vrir aux stigmates; en sorte que ces six ordres de trachées correspondent aux ouvertures de ces parties. Enfin, comme il y a en tout seize branches de chaque côté de l'abdomen, les trachées artérielles donnent encore de chaque côté trois grosses branches simples qui vont se rendre dans les pulmo- naires. Elles communiquent du reste les unes avec les autres au moyen de petites ramifications qu’elles s’envoient mutuel lement. Du reste, il faut bien remarquer que toutes ces. branches principales ont une direction constamment trans- versale. C’est de la première branche double que part le fais ceau de trachées qui va se porter dans les organes de la gé- nération. Ce qu'il y a de plus remarquable dans cet appareil ANIMAUX ARTIGULÉS. 345 respiratoire, c’est le grand diamètre de toutes les trachées abdominales, surtout celui des branches doubles. Ces tra- chées sont si grosses et si serrées, qu’elles forment comme une véritable enveloppe autour des organes contenus dans l’ab- domen. Ï. RESPIRATION DANS L'AIR PAR LE MOYEN DE TRACHÉES VÉSICULAIRES. 2e, Division. Ævec des cerceaux cartilagineux ou des espèces de côtes. Ce mode de respiration le plus complet qui existe chez les insectes, est aussi le plus compliqué; on ne le voit jamais que dans les espèces qui ont besoin d’une grande quantité d'air: Les trachées pulmonaires ont donc dans l’ordre qui offre ce mode de respiration un très-grand développement ; car l’on peut considérer toutes les trachées vésiculaires comme appartenant au système des trachées nulmonaires. Nous examinerons successivement cette organisation dans différentes classes, en commençant cependant par celle où elle est la plus frappante, c'est-à-dire par les orthoptères. Les gryllus avec les truxales sont les genres des orthoptères où les trachées vésiculaires se trouvent les plus étendues, et conséquemment c'ést dans ces deux genres qu’on observe les côtes les plus allongées et les plus mobiles. Ces côtes formées par le prolongement de l'enveloppe coriacée, sont disposées de manière à être parfaitement libres par leur partie supé- rieure. Ayant une forme demi-circulaire, elles représentent 346 VAISSEAU DORSAL. assez bien des cerceaux dont l’étendue diminue toujours à mesure qu'elles s'approchent de lextrémité de l'abdomen. Au nombre de sept dans les gryllus et les truxales, elles sont mues par des muscles particuliers. Ces muscles, au nombre de deux pour chaque côté, sont composés de fais- ceaux musculeux, charnus, épais et fort courts. Ces faisceaux prennent leurs attaches sur l'enveloppe coriacée, en dehors des côtes et près de la base de ces parties. Il y en a de deux ordres, un releveur ou extenseur, et un abaisseur ou flé- chisseur ; la direction de ce dernier est assez oblique. Les trachées pulmonaires prennent naissance au-dessus du ganglion cérébriforme par une trachée vésiculaire assez grosse, d’où part une infinité d’autres semblables trachées qui se distribuent dans la tête avec une sorte de régularité. Celles-ci finissent par être très-petites et communiquent les unes avec les autres au moyen des trachées tubulaires. Ces trachées s'étendent ainsi dans la lèvre supérieure, se portent également vers les yeux composés, ainsi que dans diverses parties de la bouche, où elles se distribuent. Elles se prolon- gen ensuite dans le corcelet; et les deux troncs communs qu'elles forment se tiennent auprès du vaisseau dorsal. Mais de ces troncs communs partent cinq grandes trachées vésicu- culaires qui forment autant de poches pneumatiques super- posées les unes sur les autres. Le rang supérieur est composé de trachées moins considérables que celles du rang inférieur. Aussi y en a-t-il trois, dont la moins étendue est la plus supé- rieure. Les deux poches inférieures couvrent tout cet ordre de trachées , et s’étendent jusques vers le milieu de la poitrine. C’est des trachées qui accompagnent le vaisseau dorsal que ANIMAUX ARTICULÉS. 347 partent les branches qui se rendent dans la première paire de pattes. Les trachées pulmonaires se continuent de même dans la poitrine par deux troncs communs qui communiquent avec les trachées vésiculaires pectorales, toujours superposées par plans. Le plan supérieur est formé par des trachées vésicu- laires moins considérables ; on peut en compter quatre de principales, car le nombre des autres est infini. Les trachées vésiculaires inférieures, beaucoup plus étendues, sont au nombre de deux. On les voit ordinairement gonflées d’air; aussi leurs membranes sont-elles généralement fort tendues. C’est toujours des troncs communs que partent les branches des trachées qui se portent dans les dernières paires de pattes. Mais outre les trachées vésiculaires dont je viens de parler, on en observe un très-grand nombre dans la poitrine, qui, à la vérité, sont beaucoup moïns considérables. S’étendant par deux troncs communs, les trachées pulmonaires se pro- longent du côté du- dos, et pénètrent ainsi dans l’abdomen, où l'appareil respiratoire devient plus compliqué. Qu on se représente les trachées pulmonaires placées des deux côtés.du vaisseau dorsal, communiquant par le moyen de branches latérales avec un appareil de poches pneuma- tiques, en ayant une communication directe les unes avec les autres au moyen de rameaux semi-circulaires, et l’on aura une idée assez exacte de l'appareil respiratoire des gryllus et des acrydium. Mais de ces dix poches pneuma- tiques, sept seulement sont fixées vers leur base par des cerceaux cartilagineux, élastiques et mobiles, qui les mettent toutes en mouvement, ou du moins qui leur donnent l’é- lasticité nécessaire pour se remplir ou se vider. 348 VAISSFAU DORSAL. La première poche abdominale fournit quatre trachées pulmonaires; deux transversales et deux longitudinales dans le sens même de l’axe du corps. Les trachées trans- versales se rendent les unes dans le vaisseau dorsal, et les autres dans les trachées artérielles où elles prennent l'air. Les branches longitudinales établissent seulement la com- : munication des poches abdominales les unes avec les autres; en sorte que l'air qui y est apporté par les trachées arté- rielles peut se répandre de suite dans toutes ces poches, et enfin jusques dans le tronc commun des trachées pul- monaires. Les trachées artérielles sont ici, comme dans tous les autres genres, destinées à apporter l'air dans les trachées qui lui servent de réservoirs. Elles naissent au-dessous du ganglion cérébriforme, et fournissent de nombreuses tra- chées tubulaires et vésiculaires aux différentes parties de la tête. Se prolongeant dans le corcelet, elles se portent vers les côtés du corps, donnent plusieurs branches qui vont se perdre dans les poches pneumatiques et la première paire de pattes. Ce n’est qu'après avoir fourni de nombreuses ra- mifications aux muscles du corcelet qu'elles pénètrent dans la poitrine. Là, elles se tiennent toujours sur les côtés du corps, envoient également des rameaux qui se rendent aux pattes , aux muscles, aux troncs communs des trachées pul- monaires, et enfin elles fournissent dans cette partie une branche principale qui va prendre l’air dans l'ouverture du trémaère. Successivement ces trachées s'étendent dans l'ab- domen , où eiles donnent du côté externe sept branches qui vont s'ouvrir aux stigmates , tandis que du eôté interne elles ANIMAUX ARTICULÉS. 349 en fournissent jusqu'à dix qui vont se terminer dans les poches pneumatiques abdominales. Ces trachées envoient également vers la base de l’abdomen une ramification prin- cipale qui va s'ouvrir dans le stigmate , dont nous parlerons ailleurs, Enfin elles en fournissent encore une autre qui se rend dans les organes reproducteurs où cette branche se divise à l'infini. Le plus grand nombre de rameaux qui rampent également sur les muscles de l'abdomen proviennent pour la plupart des trachées artérielles. La marche de ces trachées est, comme l’on voit, assez simple, et le nombre d'ouvertures qui leur fait recevoir l'impression de l'air n’est pas moindre de huit. Le système respiratoire des truxales est évidemment formé sur le même plan que celui des gryllus; et quoiqu'il pré- sente un assez grand nombre de différences, on peut dire qu’elles sont loin d’être du premier ordre. Les trachées pul- monaires forment au-dessus du ganglion cérébriforme deux trachées vésiculaires si étendues, qu’elles embrassent toute la tête. Ces trachées envoient des branches aux yeux com- posés, à la lèvre supérieure ainsi qu'aux différentes parties de la bouche, où elles donnent encore des trachées vési- culaires fort nombreuses. Parvenues dans le corcelet, elles: forment, deux poches pneumatiques peu considérables, et qui sont comme entourées par d’autres poches plus petites. C’est de ces poches que partent les deux trachées tubulaires qui s'étendent dans la première paire de pattes, où elles se terminent par des trachées vésiculaires fort petites et distri- buées sur deux rangées. Mais au-dessous des deux poches, Mém. du Muséum, 1. 4. 45 350 VAISSEAU DORSAL. il en existe une autre si considérable, qu’elle s'étend jusqu’au tiers inférieur de la poitrine. À partir des deux poches les trachées pulmonaires s’é- tendent dans la joitrine par deux troncs principaux qui accompagnent ensuite le vaisseau dorsal dans toute son étendue. Ces troncs fournissent d’abord deux branches prin- cipales qui vont se rendre dans la seconde paire de pattes, où elles se distribuent de la même manière que dans la pre- mière paire. Elles forment bientôt une autre branche qui _se rend dans les autres trachées artères , et enfin une poche pneumatique d’un ovale assez régulier, qui communique également avec te tronc commun des trachées artères. Toutes ces différentes branches fournissent des petites trachées vé- siculaires dont il seroit bien difficile d’assigner le nombre. De la même manière que les troncs communs pulmonaires donnent des rameaux qui vont se rendre à la seconde paire de paites, de même partent ceux qui vont se distribuer à la troisième paire. *Parvenues dans l'abdomen , les trachées pulmonaires forment de distance en distance des espèces de demi-cercles arrangés de manière qu'il part de leur point de réunion des ‘branches latérales au nombre de huit; branches qui vont toutes s'ouvrir dans le trone commun des trachées artérielles. Quant: aux poches pneumatiques, elles proviennent et du irone commun des trachées pulmonaires et de celui des artérielles. La prerhière de ces poches est formée par les trachées pulmonaires ; 6h! la voit se prolonger par une branche tubulaire , laquelle en se divisant en envoie une autre qui se rend dans le tronc commun des trachées ar- ANIMAUX ARTICULÉS. 391 térielles ; enfin il en existe une autre qui forme les deux troncs des deux poches suivantes. Ainsi les poches pneumatiques se succèdent les unes aux autres, de manière que par leurs branches toutes celles du même côté et du côté opposé communiquent ensemble tout comme avec les trachées artérielles. Les poches pneumati- ques ont du reste dans ce genre une forme totalement dif- férente de celle qu’on leur voit dans les gryllons. Elles ont assez la disposition d’un ovale allongé dont la base a un dia- mètre plus considérable que l'extrémité. IL y a ainsi onze de ces poches pneumatiques qu’on doit considérer comme autant de réservoirs d'air, et qui toutes le recoivent du moins assez immédiatement par les branches qu’elles en- voient aux trachées pulmonaires. Les trachées artérielles prennent leur origine au-dessous du cerveau; elles forment dans la tête deux branches prin- cipales, dont l’une se rend aux antennes, et l’autre à l'œil composé, autour duquel elle compose une trachée circulaire. D’autres ramifications plus ou moins considérables s'étendent dans les différens muscles de la tête, et les plus multipliées sont celles des muscles des mandibules. Arrivées près du trou occipital, les trachées artérielles ne forment plus qu’un seul tronc dont les ramifications vont se perdre dans les muscles du corcelet ; leur nombre est du reste fort con- sidérable. Nous ne les avons point figuré ici afin de rendre notre dessin moins chargé. Les trachées artérielles s'étendent ensuite dans la poitrine où elles donnent de même des ra- meaux aux muscles de cette partie, ainsi qu'une branche au trémaère. Le tronc commun des trachées artérielles 45 * 352 VAISSEAU DORSAT. communique également dans la poitrine avec celui des trachées pulmonaires, et la communication la plus directe est celle qui a lieu au moyen de la poche pneumatique. Les deux troncs des trachées artérielles en pénétrant dans la cavité de l’abdomen se tiennent toujours sur les côtés de cette partie où elles donnent huit branches principales qui établissent leur communication avec les trachées pulmonai- res. Ces trachées fournissent en outre six branches du côté externe qui vont se rendre dans les ouvertures des stigmates. Les trachées artérielles ont encore une communication di- recte avec les poches pneumatiques par le moyen des trachées que ces poches leur envoient ; et les deux troncs s’unissant vers leur base, communiquent également entre eux. C’est presque en Be du quatrième stigmate que partent les tra- chées qui vont se rendre dans les organes 2 trachées qui s’y ramifient à l'infini. D’après la description que nous venons de donner, on voit que l appareil respiratoire des truxales diffère peer de celui des gryllus par le nombre et la disposition des poches pneumatiques , mais que du reste la circulation de Vair y a lieu à peu près de la même manière. Quant au nombre des côtes, il est également plus considérable dans les truxales que dans les gryllus, ee qui tient évidemment à celui des poches pneumatiques. * Les trachées vésiculaires sont à peu près HAE dans les hyménoptères. Lorsqu'on leur voit prendre un grand dé- veloppement, il existe en même temps un appareil de cer- eeaux cartilagineux qui est propre à les mouvoir dans les œmouvemens d'inspiration et d'expiration. Nous décrirans à ANIMAUX ARTICULÉS. 353 ces organes dans les bourdons ou bremus, et les abeilles, en observant cependant que dans lapis violacea les trachées vé- siculaires abdominales sont plus multipliées que dans les autres genres. Les trachées pulmonaires naissent au-dessus du: ganglion cérébriforme, et bientôt après leur origine, elles se divisent en une multitude de trachées vésiculaires dont il est bien difficile de suivre la marche. 11 paroîtroit que celles dépen- dantes de ce système se rendent principalement dans les parties supérieures de la tête, comme la lèvre supérieure , les yeux composés et même les antennes. Ces trachées se prolongent dans la tête par deux troncs communs d’où partent de nombreuses trachées vésiculaires ; arrivées ‘dans ‘le corcelet, elles y forment plusieurs poches pneumatiques. Il en existe surtout deux dont la grosseur est plus. considlé- rable, et celles-ci se tiennent vers le milieu du corps. Les trones communs fournissent dans le corcelet deux branches principales qui vont se terminer dans la première paire de: pattes. Pénétrant ensuite dans la poitrine, les trachées pul- monaires forment encore un grand nombre de poches pneu. matiques, parmi lesquelles il ÿ en a quatre de principales. Placées les unes au-dessus des autres, deux de ces poches. correspondent à la ligne du dos, et deux autres à celle: de. l'abdomen. Outre ces quatre poches principales, il en existe une foule d’autres qui se distribuent dans la cavité de la: poitrine, en communiquant mutuellement par le moyen des. trachéesitubulaires. Les trones communs des trachées- pulmo-- naires envoient du reste des trachées aux deux dernières paires: de pattes. Les trachées vésiculaires prennent également un: 354 VAISsEAU DORSAL. grand développement lorsqu'elles sont parvenues dans lab: domen, et lon compte six poches pneumatiques princi- pales dans cette partie. Ces poches, qui vont par paires, sont aussi nombreuses que les stigmates placés sur les côtés supérieurs de l’abdomen, et correspondant par conséquent au-dessus du corps. 149 La plus supérieure des poches pneumatiques se trouve à la base de l'abdomen; sa forme est ovoide. On la voit äiraversée par une grosse trachée tubulaire fournie par les trachées artérielles ; et comme la couleur de‘celle-ci est rougeàtre , cette nuance la fait contraster avec les trachées vésiculaires. Cette poche pneumatique, comme. les cinq autres paires, communique: à la fois avec celle du côté op- posé, ainsi qu'avec celle qui lui est inférieure , tout comme avec, le tronc commun des trachées artérieiles et pulmo- naires. La communication a toujours lieu à l’aide de tra- chées tubulaires; et quant au mouvement de ces poches, il s'opère au moyen des côtes. Celles-ci varient par leur grandeur, suivant celle des poches elles-mêmes; la seconde étant plus étendue que la première, est aussi mise en mou vement par des côtes plus grandes. Les poches pneumati- ques se succèdent ainsi par paires, en donnant toujours cinq branches principales qui établissent à la fois leurs com- munications entre elles, ainsi qu'avec les troncs des trachées artérielles et pulmonaires. Outre ces six rangs de poches pneumatiques , on en observe encore à l'extrémité de l’ab- domen plusieurs moins considérables, mais dont la com- munication à toujours lieu à l’aide de petites trachées tu- bulaires. ANIMAUX ARTICULÉS. 355 Les trachées artérielles naissent au-dessous du ganglion cérébriforme. Dès leur origine, on les voit se diviser et former de petites trachées, qui, en se développant, vont composer les trachées vésiculaires. Celles-ci s'étendent dans les différentes parties de la bouche, et surtout dans les muscles adducteurs des mandibules. Pénétrant ensuite dans le corcelet, ces trachées fournissent de nombreux rameaux aux muscles de cette partie, ainsi qu'aux paites où ils s’é- tendent jusqu'à leur extrémité. Les ramifications des trachées artérielles se distribuent également sur les viscères intesti- naux, et en général c’est toujours de ces trachées que partent celles qui vont se répandre sur le tube intestinal. En ar- rivant dans la poitrine, les trachées artérielles se portent de plus en plus sur les côtés du corps, et dans cette partie elles fournissent de même que dans le corcelet des branches aux pattes, aux muscles pectoraux ainsi qu'à l'estomac. Mais les branches qui s'étendent dans les nervures des aïles viennent en général correspondre aux trachées artérielles de la poitrine, quoique dans certaines espèces les trachées des ailes sôient fournies par les pulmonaires, Lorsque les- trachées artérielles pénètrent dans l'abdomen, elles donnent une très-grosse branche qui traverse la première poche pueumatique , en allant se terminer dans les trachées pul- monaires. Ainsi du côté interne ces trachées artérielles. fournissent diverses branches qui vont se rendre dans le vaisseau dorsal : disposition très-remarquable , et qui est peut-être une des causes de la grande contractilité de ce: vaisseau. En outre le tronc commun de ces trachées donne: du côté interne six branches principales qui vont se rendre 356 V'AISSEAU DORSAL. dans les ouvertures des stigmates. Ces trachées fournissent du reste dans toute leur étendue de nombreux rameaux aux muscles, aux intestins, aux organes reproducteurs, et enfin aux glandes destinées à secréter le miel. Leurs deux troncs principaux se terminent en s’unissant par leur base. T. RESPIRATION DANS L'AIR PAR LE MOYEN DE TRACHÉES VÉSICULAIRES. 2e, Division. Sans cerceaux cartilagineux ou sans côtes. Les cétoines, comme la plupart des coléoptères lamelli- cornes, offrent des trachées vésiculaires sans côtes ; mais on ne voit pas que dans ces espèces la distribution des poches ait rien de régulier. Aussi le diamètre de ces poches n’y est- il jamais considérable, et leur nombre yÿ est presque infini, surtout dans l'abdomen qu’elles occupent en grande partie. … Les trachées vésiculaires ou les poches pneumatiques pé- nètrent dans les plus petites parties, et sont surtout très- multipliées dans les différentes parties de la bouche et les muscles de ces parties. Elles forment autour des yeux composés comme une série circulaire de petites poches dont la communication a lieu au moyen des trachées tu- bulaires. Les muscles du corcelet et de la poitrine sont également couverts d’une grande quantité de ces poches, surtout ceux des ailes où les poches sont même rangées les unes à côté des autres dans un ordre assez régulier. Dans labdomen les trachées vésiculaires se multiplient encore davantage, en entourant le tube intestinal et les organes re- producteurs d’un réseau inextricable. Cependant toutes ces ANIMAUX ARTICULÉS. 357 irachées partent d’un grand nombre de troncs principaux qui fournissent des branches transversales fort nombreuses, lesquelles en se développant forment les trachées vésicu- laires dont nous parlons. Quant aux troncs des trachées pulmonaires , ils s’éten- dent d’une extrémité du corps à l'autre, accompagnant toujours le vaisseau dorsal, lui fournissant d’assez nom- breuses ramifications , tandis que leurs branches externes les font communiquer aux trachées artérielles et avec les poches pneumatiques. Les troncs des trachées artérielles sont au contraire fixés sur les côtés inférieurs du Corps , leurs branches s'étendant dans les pattes. Le diamètre de ces trachées est assez considérable. Du reste ces trachées se rendent dans les stigmates par six branches transver- sales, tandis que leurs branches internes établissent la com- munication avec les poches pneumatiques. Dans la plupart des coléoptères lamellicornes les poches pneumatiques sont revètues d’un tissu muqueux blanchâtre et épais, qui Ôte aux trachées leur aspect lustré. Quant aux stigmates , ils sont en général situés sur les côtés de labdomen au-dessous des ailes et des élytres, dans une partie où la peau est assez molle pour ne point gêner les mouvemens produits par l'expiration et l'inspiration. Leur ouverture est ovale, et on la voit bordée par un repli saillant de l’enveloppe coriacée. Le système respiratoire des sphinx et des bombyx est assez compliqué ; mais comme il est à peu près le même dans ces deux genres, la description de l’un peut s'appliquer à J’autre. Les troncs communs des trachées pulmonaires , soit Méim. du Muséum. 1. 4. 46 358 VAISSEAU DORSAL. dans les sphinx, soit dans les bombyx, sont fort peu con- sidérables, probablement à cause du volume des trachées vésiculaires, qui du reste appartiennent au même système. Ces trachées commencent au-dessus du cerveau, et donnent différentes branches aux parties de la tête, comme les yeux composés, les organes de la bouche et enfin les antennes. Ces trachées s'étendent ensuite dans le corcelet et la poi- trine, où elles fournissent quelques rameaux qui se perdent dans les muscles de ces parties, ainsi que dans les pattes. Toujours placées près du dos, les trachées pulmonaires suivent constamment le vaisseau dorsal, et s'étendent en Faccompagnant jusqu'à l'extrémité du corps. Les trachées pulmonaires forment dans l’abdomen un double rang de trachées vésiculaires, qui superposées les unes au - dessus des autres composent un réseau inextri= cable au dedans duquel se trouvent les viscères intestinaux et les organes reproducteurs (1). Tout cet appareil de poches remplit la plus grande partie de la cavité de l'abdomen , et les poches qui- le composent communiquent toutes les unes avec les autres au moyen des trachées tubulaires. Leur communication avec les trachées artérielles et pulmonaires s'établit également de la même manière; et aussi pour la > (1) Je remarquerai que le système respiratoire des sphinx éprouve dans quel- ques individus de certaines modifications. Ainsi dans le sphinx atropos les poches pneumatiques abdominales sont fort grandes et ne forment point de vessies ovales. Ces poches occupent toute la longueur d’un anneau en communiquant les unes avec les autres tout comme les autres petites poches. Quand ce sphinx inspire, on voit toutes ces grandes poches se remplir d’air et avoir une largeur aussi con- sidérable que celle de l'abdomen. ANIMAUX ARTIEULÉS. 359 rendre complète, chaque poche fournit cinq branches prin- cipales. Qu'on se figure la grande quantité d’air qu’un tel appareil de poches pneumatiques doit contenir , et l’on con- cevra aisément comment les sphinx et les bombyx peuvent, malgré la pesanteur de leur corps, voler avec facilité, puisque cette masse d’air augmente considérablement leur force musculaire et diminue en même temps leur pesan- teur spécifique. Les trachées artérielles commencent dans la tête au-des- sous du cerveau; elles y donnent de nombreuses ramifi- cations , en y formant plusieurs trachées vésiculaires qui se distribuent principalement dans les muscles de la tête. Après être sorties de la tête, ces trachées se portent sur les côtés du corcelet où elles donnent des trachées vésiculaires, ainsi qu’une branche principale qui s'étend dans la première paire de pattes. En continuant leur marche, ces trachées se portent dans la poitrine, où leurs branches en se dévelop- pant forment des trachées vésiculaires encore plus considé- rables. C’est à la partie supérieure de la poitrine que ces trachées donnent une branche principale qui se rend dans une ouverture particulière cachée par une pièce triangu- laire et mobile, recouverte comme le reste du corps par des écailles colorées. Les trachées artérielles fournissent également dans la poitrine des branches qui se rendent dans les ailes, et d'autres pour les deux dernières paires de pattes. Ces trachées s'étendent ensuite dans l'abdomen, et du côté externe elles donnent six branches principales qui vont se rendre dans les ouvertures des stigmates. Quant aux autres branches qui partent du côté interne, elles vont 46* 360 VAISSEAU DORSAL. faire jouir les poches pneumatiques del’impression de l'air, en même temps que les trachées pulmonaires. Ces trachées se réunissent ensuite vers leur base, après avoir cependant donné des rameaux considérables au tube intestinal ainsi qu'aux organes reproducteurs. Nous remarquerons enfin que comme les poches pneumatiques sont fort multipliées dans ces deux genres, ces insectes n’ont pas eu besoin d’un appareil de côtes propres à les tenir distendues. : Le système respiratoire des scutigères ( scolopendra co- leoptrata Linn. ) offre quelques particularités remarquables ; il se compose de trachées vésiculaires qui reçoivent direc- tement l’action de l’air. Ces trachées se distribuent ou s’u- nissent aux troncs pulmonaires qui sont ici placés sur les côtés inférieurs du corps, tandis qu’ordinairement on les observe vers le dos entourant le plus souvent le vaisseau dorsal. Les scutigères présentent du côté du dos sept pièces écail- leuses coriacées, disposées en recouvrement les unes sur les autres; et c’est à la base de chacune de ces pièces écailleuses que $e trouvent les stigmates : disposition qui est du reste fort rare. Ces stigmates, au nombre de sept, sont oblongs comme triangulaires, plus larges vers leur base qu’à leur extrémité. On les voit bordés par le repli saillant de l'enveloppe coriacée , et leur ouverture est plus large à leur partie supérieure qu'à l’inférieure. C’est à ces stigmates que viennent correspondre les poches pneumatiques au nombre de deux par anneau. Ces poches sont ovalaires, accolées base à base et communiquant avec le tronc commun des trachées pulmonaires par des trachées ÂNIMAUX ARTICULES. 7 HO0E tubulaires. Quant à la grandeur des poches, elle est peu considérable ; les deux dernières prennent bien un plus grand diamètre en se prolongeant sur les côtés de l'anneau, mais ce diamètre ne va jamais au-delà de deux millimètres. Le tronc commun des trachées pulmonaires se tient cons- tamment sur les côtés inférieurs en donnant un assez grand nombre de branches, dont les unes vont se rendre dans les poches pneumatiques et au vaisseau dorsal, et les autres aux pattes, aux muscles, et enfin au tube intestinal. Du reste il faut observer que les scutigères ont des trachées beaucoup moins multipliées que celles qu'on observe dans les genres voisins, par exemple dans les scolopendres. Ainsi les scutigères semblent sous quelques rapports faire le pas- sage des arachnides aux insectes; du moins la disposition des poches pneumatiques commence à se rapprocher de celle des poches pulmonaires de certaines espèces d’arach- nides. À la vérité la structure de ces deux organes fait assez juger qu'ils n’ont rien de commun, mais c’est déjà quelque chose que la position et la forme soient à peu près les mêmes. L'air arrive donc par les ouvertures des stigmates pla- cées du côté du dos et disposées de manière que l'air inspiré peut arriver en même temps dans les deux poches pneu- matiques. De ces deux poches, l’air passe au moyen des branches tubulaires dans les troncs pulmonaires inférieurs 5; et de là il se répand dans toutes les parties par les rami- fications multipliées fournies par ces troncs communs. Les asiles, comme la plupart des diptères, offrent des trachées vésiculaires sans cerceaux cartilagineux, et l'espèce 362 VAISSEAU DORSAL. d'asile que je vais décrire ( le barbarus ) n’a d'autre par- ticularité que d’avoir des poches pneumatiques peu con- sidérables. Les trachées vésiculaires sont dans cette éspèce très-nombreuse au-dessus du ganglion cérébriforme et du tube intestinal. Elles communiquent les unes avec les autres au moyen de trachées tubulaires, et ainsi elles peuvent être toujours remplies d'air. Ces trachées se répandent en srand nombre dans les diverses parties de la tête ainsi que dans les muscles, et on les voit surtout multipliées autour du nerf optique: Parvenues dans le corcelet, ces trachées s'étendent dans tout le corps au moyen de quatre troncs principaux, deux supérieurs, ce sont ceux qui accompa- gnent le vaisseau dorsal dans toute son étendue ; et deux inférieurs qui se tiennent sur les côtés du corps. Mais dans le corcelet il existe plusieurs poches pneumatiques qui com- muniquent les unes avec les autres et avec les troncs des trachées pulmonaires et artérielles par des branches trans- versales. Il en est de même dans la poitrine, les trachées vésiculaires étant plus considérables, les tubulaires le sont également. Les branches transversales qui se rendent dans les pattes et les muscles ont une couleur d’un brun noi- râtre; aussi sont-elles plus difficiles à reconnoitre. Lies poches pneumatiques abdominales sont au nombre de dix de chaque côté, fournissant cinq branches princi- pales qui établissent une communication avec les poches inférieures, antérieures et latérales, ainsi qu'avec les troncs des trachées pulmonaires et artérielles. Ces dernières donnent également six branches principales qui vont se rendre dans les ouvertures des stigmates. Enfin c’est à pen près vers la ÂNIMAUX ARTICULÉS. . 363 cinquième paire de poches pneumatiques que partent les trachées qui se rendent dans les parties de la génération; et celles qui se rendent dans le tube intestinal sont fournies à la fois par les trachées vésiculaires et les troncs des tra- chées artérielles. Du reste les trachées vésiculaires n’offrent pas dans cette espèce une membrane aussi blanche qu’à l'ordinaire. Elle paroît même d’un blanc grisätre, comme ridée et plissée très-finement. Revêtue d’une mucosité assez abondante, cette membrane n’est point perméable à l’eau. 15 RESPIRATICON DANS L'EAU PAR LE MOYEN DES TRACHÉES: TUBULAIRES. re. Division. Respirant par de véritables stigmates, et \ N y a DE e venant à la surface de l’eau pour respirer l'air en nature. Il est fort difficile de s'assurer si les insectes décompo- sent ou ne décomposent pas Peau, parce que ce n’est qu'avec beaucoup de peine qu'on peut recueillir l'air qu'ils expirent, et par conséquent en déterminer la nature. Les expériences que j'ai tentées pour résoudre cette question délicate, quoique n'étant pas tout-à-fait concluantes, semblent du moins suf- fire pour faire admettre qu'il est certaines espèces d'insectes qui décomposent l'eau dans l’acte de la respiration. Si l’on place dans des vases remplis d'eau des différentes espèces d'insectes qui vivent habituellement dans ce fluide, on observe que les uns ont besoin de s'élever à la surface de l'eau pour venir respirer l'air en nature , tandis que les 364 VAISSEAU DORSAL. autres ne paroissent pas éprouver le même besoin. Aussi en bouchant hermétiquement ou en privant du contact de Pair les vases dans lesquels les premiers sont placés, on voit bientôt les insectes qui sy trouvent cesser peu à peu leurs mouvemens et finir même par périr entièrement, tandis que les seconds peuvent continuer à vivre pendant plusieurs jours dans cette eau privée du contact de l'air. Ce fait in- dique déjà que certaines espèces d'insectes aquatiques, comme les dytiques, les hydrophyles, les nepes, les no- tonectes et les naucores ont essentiellement besoin de venir respirer l’air en nature pour vivre; mais il n’annonce pour- tant pas que ceux qui ne meurent point étant mis dans des vases fermés décomposent l’eau dans laquelle ils se meuvent. En eflet ces insectes pourroient encore séparer l'air que contient l’eau, et vivre ainsi pendant quelque temps aux dépens de ce même air, et d'autant plus même que l’eau en contient presque toujours un 36e. de son volume. S'il existe des insectes qui décomposent l’eau, évidem- ment ces mêmes espèces doivent expirer de l'hydrogène, gaz facile à reconnoitre par la propriété qu'il a de s’enflam- mer avec une légère détonation par la présence d’un corps allumé. J'ai donc placé dans des vases peu profonds des dytiques, des hydrophyles et des nepes, et j'ai cherché à enflammer les bulles d'air qui venoient dans l’expira- tion crever à la surface de l’eau; mais je n'ai jamais pu y réussir. J’ai alors cherché à recueillir quelques-unes de ses bulles, et la petite quantité que j'ai pu en avoir m'a seulement prouvé que cet air troubloit l’eau de chaux et étoit impropre à la combustion. Ces caractères annoncent ANIMAUX ARTICULÉS. 365. bien la présence de l'acide carbonique, mais la petite quantité de gaz que j'ai obtenue m'a empêché de m'as- surer jusquà quel point ce gaz étoit pur et se trouvoit mélangé d’oxigène et d’azote. En soumettant ensuite les larves des libellules dans des vases également peu pro- fonds, je suis parvenu à enflammer l'air qu’elles rejettent au dehors, et ce seul fait semble annoncer que puisque ces larves expirent de l'hydrogène, elles ne le peuvent qu’en décomposant l’eau dans laquelle elles vivent. Mal- heureusement je n’ai pu m’assurer de ce fait que sur trois individus , et encore la quantité d’air expiré que j'ai re- cueilli n'étoit pas assez considérable pour reconnoître sa pureté, et m’assurer encore mieux de ses autres proprié- tés. Du reste ce sujet de recherches est si important, que je ferai tous mes efforts de le reprendre vers le printemps, époque où les larves des libellules sont assez abondantes pour en recueillir un certain nombre. Je devois naturellement conclure de ces faits que l'appareil respiratoire des insectes qui décomposent l’eau présentoit quelques différences avec ce même appareil con- sidéré dans les espèces qui sont obligées de venir à la sur-- face de ce fluide pour respirer l'air en nature. En effet, dans les espèces qui décomposent l’eau, j’ai toujours ob- servé un appareil respiratoire particulier dont l'ouverture principale n’est point sur les côtés du corps, comme on le voit généralement, mais bien à l'extrémité de l'anus. Cette ouverture sert pour faire arriver l'eau dans le corps, comme pour l’expulser, ainsi que les gaz provenant de sa décomposition. L'appareil respiratoire des larves des libel- Mém. du Muséum. 1. 4. 47 366 VAISSEAU DORSAT. lules, décrit avec détail par l’exact Réaumur , est le plus com- pliqué de tous ceux qui existent chez les insectes; sa struc- ture est à la fois si particulière et si compliquée, qu'il est difficile de ne point admettre que le but que cet appareil doit remplir ne peut être le même que celui des autres systèmes respiratoires des insectes aquatiques. Du moins dans les espèces qui vivant dans l'eau n’opèrent point la décomposition de ce fluide, l'appareil respiratoire est assez analogue à celui des insectes qui vivent dans Fair. Les stig- matés y existent toujours rangés sur deux lignes parallèles le long de l'abdomen, et l’air pénètre dans ces stigmates de la: même manière que dans les insectes non aquatiques. On observe encore que les espèces qui décomposent Feau meurent assez promptement lorsqu'on les tient hors de ce fluide, tandis que les dytiques et les hydrophyles non-seulement ne paroissent pas éprouver le moindre dé- rangement dans la même circonstance, mais on les voit voler dans l'air de leur propré mouvement, ce qu'ils ne pourroient faire s'ils ne recevoient l'impression de ce fluide qu'en le soutirant de l’eau. Je suis du reste assez porté à croire que les trachées de la plupart des insectes aqua- tiques ont la double propriété de soustraire à Peau l’oxi- gène dissous, et d’assimiler l’oxigène contenu dans un mé- lange aériforme. Du moins ces insectes vivent également dans l'air et dans l’eau; à la vérité ils ne le peuvent lorsque l’eau est privée du contact de l'air, ou qu’on les met dans de l’eau distullée. Ils respirent donc à la fois dans l'air et dans l’eau : aussi ne les voit-on pas suspendre leur res- piration lorsqu'on les sort de Feau et qu’on les expose à ANIMAUX ARTICULÉS- 367 l'air, puisqu'ils absorbent l’oxigène gazeux tout comme les animaux munis de poumons. Ceux qui auront observé les dytiques et les hydrophyles se seront probablement aperçu que ces insectes rejettent une assez grande quantité d'air par l'anus. [ls auront pu en conclure que toutes ces espèces respirent aussi par l’ex- trémité du corps. Cette conclusion-est en apparence si fon- dée, que je l’avois d’abord adoptée au premier examen. Cependant en ouvrant l'abdomen, on n’observe point d’ap- pareil respiratoire particulier et venant s'ouvrir à l'anus ; mais l’on voit que l'air qui sort par l'anus est fourni par une espèce de cœcum qui s'ouvre au-dessus du rectum et dont l'usage principal paroït être de rejetter l’eau au dehors du corps, après en avoir séparé toutes les parties nutritives que contient ce fluide. L'on sait que la plupart des eaux contiennent des matières extractives et mucilagineuses dues au détritus des corps organisés, et ces matières jouent pro- bablement un rôle important dans l’économie des insectes qui vivent dans l’eau. Le cœcum des dytiques peut égale- ment expulser hors du corps l'air qui se trouve en disso- lution dans toutes les eaux. Du moins ne peut-on nulle- ment considérer l'organe dont nous parlons comme un ap- pareil respiratoire. Ce qui le prouve, c’est qu’on le voit composé, comme les viscères intestinaux, de trois membra- nes particulières ; la plus externe cellulaire, l'intermédiaire musculeuse, et enfin l’interne muqueuse. Tenant même au tube intestinal dont il n’est qu'un prolongement, cet organe ne diffère du reste des intestins que parce que sa mem- brane musculaire est roulée en spirale, et cela à cause de A7 368 VAISSEAU DORSAL. l'élasticité qu'il devoit avoir pour pouvoir rejeter au dehors l'eau et l'air qu'il avait reçus. Si l’on examine cet organe chez les individus qu'on a soumis à un jeûne prolongé, on le voit toujours rempli d’une grande quantité d’eau ; les cryptes glanduleux de sa membrane muqueuse sont également pleins d’une humeur épaisse, et qui n’est pro- bablement que la partie nutritive séparée par les Rae même de ce smgulier cæœcum. Du reste l’appareil respiratoire des dytiques et des hy- drophyles se compose de deux ordres de trachées, les ar- térielles et les pulmonaires. Ces dernières prennent leur origine au-dessus du ganglion cérébriforme, mais un peu plus bas vers le côté supérieur de la tête par un tronc com- mun transversal qui se prolonge ensuite par deux branches principales. De ce tronc commun part un grand nombre de ramifications qui vont donner des rameaux aux antennes, aux yeux composés autour desquels ces rameaux forment un cercle de trachées vésiculaires. Quelques parties de la bouche , surtout la lèvre supérieure, reçoivent des branches des trachées pulmonaires. Quand les troncs communs des trachées pulmonaires arrivent dans le corcelet, ils se di- visent en quatre rameaux ; deux s'étendent jusqu'à l’extré- mité du corps sur toute la ligne du dos, et les deux in- férieurs qui sont les plus gros se prolongent également le long du ventre jusqu'à l’extrémité du corps. Dans le cor- celet les: troncs pulmonaires inférieurs fournissent des tra- - chées à la première paire de pattes, et les troncs supérieurs au vaisseau dorsal. Dans la poitrine cette disposition est la mème; seulement les troncs supérieurs y forment un ANIMAUX ARTICULÉS. 369 certain nombre de petites trachées vésiculaires. Les troncs pulmonaires sont également quadruples dans l'abdomen ; on y en voit toujours deux correspondant au dos , et deux au ventre. Les deux abdominaux recoivent les faisceaux externes des trachées artérielles, tandis que ceux qui se trouvent du côté du dos communiquent avec les faisceaux internes de cet ordre de trachées. Il en est du reste dans l'abdomen comme dans la poitrine ; les troncs inférieurs y ont un plus grand diamètre, en ne donnant pourtant qu'un petit nombre de ramifications. Les trachées artérielles naissent également dans la tête, mais au-dessous du ganglion cérébriforme. Les deux troncs que ces trachées fournissent sont très-gros; on les voit donner des ramifications aux muscles des diverses parties de la bouche, surtout à ceux des mandibules. Chacun de ces troncs se divise ensuite en deux branches principales, qui, en sortant par le trou occipital, se portent sur les côtés du Corps. Ces deux branches se continuent ainsi de chaque côté en fournissant de nombreuses ramifications aux muscles du corcelet et de la poitrine. Ces ramifications y sont même tellement multipliées, que les muscles de la poîtrine en sont tout couverts. En s'étendant dans l'abdomen les troncs des trachées artérielles se tiennent toujours l’un à côté de l'autre, en donnant en face de chaque stigmate une petite branche qui va y recevoir l'impression de l'air. De même en face de chaque stigmate on observe deux gros fais- ceaux de trachées, dont les uns vont se rendre dans les trachées pulmonaires supérieures, et les autres dans le: tronc pulmonaire inférieur. Ces faisceaux unis ensemble 370 VAïssEAU DORSAL. de cette manière forment une enveloppe de trachées autour des viscères intestinaux et des organes reproducteurs. Outre ces rameaux, ces derniers organes reçoivent un grand nombre de ramifications qui leur sont fournies par les troncs communs des trachées artérielles. Le faisceau de trachées qui se rend aux organes repro- ducteurs part de la base de l'abdomen un peu au-dessus de la première branche que les trachées artérielles envoient aux stigmates. Au reste en enlevant les élytres et les ailes des dytiques, on aperçoit à l'extérieur et au travers de l'enveloppe coriacée ces faisceaux de trachées dont la di- rection est oblique, et qui vont se rendre dans les or- ganes reproducteurs. Enfin pour terminer ce que nous avions à dire sur les trachées artérielles, nous remarque- rons que c’est de leurs branches que partent les trachées qui vont s'étendre dans les ailes et les élytres. Ces parties, recevant ainsi l’action immédiate de l'air, peuvent aussi se déployer avec plus de facilité. Les nepes comme les dytiques sont obligés de s'élever à la surface de l’eau pour pouvoir respirer ; aussi les es- pèces de ce genre ont-elles des stigmates placés sur les côtés de l'abdomen. Ces stigmates au nombre de quatre correspondent au deuxième, troisième, quatrième et cin- quième anneau. C'est aux ouvertures de ces stigmates que viennent se rendre les trachées artérielles qui vont appor- ter l'air dans les troncs des pulmonaires. Les trachées pulmo- naires se composent de deux troncs allongés qui s'étendent d’une extrémité du corps à l’autre, conservant dans tout leur trajet un diamètre presque triple de celui des autres trachées, ANIMAUX ARTICULÉS. 371 Les pulmonaires commencent dans la tête au-dessus du ganglion cérébriforme, et envoient diverses ramifications aux antennes, aux yeux composés et à la lèvre supérieure. Elles s'étendent ensuite dans le corcelet par deux troncs principaux qui jettent quelques branches dont les princi- pales vont se rendre dans la première paire de pattes. Parvenues dans la poitrine, ces trachées se tiennent tou- jours à côté du vaisseau dorsal, envoient des branches aux deux dernières paires de pattes, et des ramifications très- multipliées dans le vaisseau dorsal. Elles s'étendent ensuite dans l’abdomen où leur diamètre devient un peu plus con- sidérable. Les branches qu’elles fournissent au tube intes- tinal sont beaucoup plus considérables que celles qu’elles répandent sur le vaisseau dorsal. Enfin les troncs des tra- chées pulmonaires dont la marche est assez constante s’u- nissent à l'extrémité de l'abdomen où elles vont se terminer. Les trachées artérielles naissent au-dessous du ganglion cérébriforme; elles envoient diverses branches aux muscles adducteurs des mandibules et aux principales parties de la bouche. Elles se dirigent ensuite de dehors en dedans, passent par le trou occipital, et s’écartent ensuite en se tenant sur les côtés du corps. Parvenues dans le corcelet et la poitrine, elles envoient des branches aux divers muscles de ces parties ainsi qu'aux pattes. Mais leurs ramifications transversales forment quelques poches pneumatiques peu dé- veloppées qui communiquent entre elles par des trachées tubulaires. J'ai compté jusqu’à trois de ces poches dans le corcelet. Une fois parvenues dans l'abdomen, les trachées artérielles donnent de nombreuses branches transversales. 372 VAISSEAU DORSAL . dont les unes se rendent dans les ouvertures des stigmates, et les autres dans le vaisseau dorsal et le tube intestinal. Quant aux trachées des organes reproducteurs, elles sont bien fournies par les artérielles ; mais leur direction au lieu d’être transversale est longitudinale. Ces trachées, comme au reste dans tous les insectes, se développent à mesure que les organes reproducteurs prennent un certain accrois- sement. Comme les genres précédens les notonectes offrent des trachées pulmonaires et artérielles. Les pulmonaires dont le diamètre est considérable et la direction assez constante sont placées auprès du vaisseau dorsal. Elles fournissent des ramifications aux membranes qui entourent le vaisseau dorsal et au vaisseau dorsal lui-même. Quant aux ramifi- cations qu'elles donnent aux muscles abdominaux du côté opposé au vaisseau dorsal, elles sont en général en petit nombre. Mais celles qu’elles envoient aux organes repro- ducteurs sont au contraire fort considérables. Ces trachées partent d’un tronc commun qui leur est fourni par les tra- chées pulmonaires près de la base de Fabdomen; et de ce tronc commun nait une telle quantité de trachées, que les ovaires en paraissent presque entièrement composés avant que la fécondation ait lieu. Les trachées pulmonaires envoient dans le corcelet et la poitrine des trachées aux pattes, et dans la tête elles fournissent des branches aux diverses parties de la bouche ainsi qu'aux yeux composés. Les trachées artérielles viennent recevoir l'impression de air à l'ouverture des stigmates placés sur les côtés de l'abdomen. Ces stigmates sont au nombre de six : aussi ANIMAUX ARTICULÉS. 373 ces trachées offrent-elles dans l'abdomen douze paquets principaux de trachées transversales qui vont s'ouvrir dans le ironc commun, lequel s'étend d’une extrémité du corps à l'autre. Les trachées artérielles jettent princi- palement leurs ramifications autour du tube intestinal et des organes reproducteurs. Ce sont encore ces trachées qui fournissent les ramitications les plus multipliées aux muscles des diverses parties du corps, surtout à ceux de la poi- trine et de la bouche. Du reste lorsque les trachées ar- térielles et pulmonaires pénètrent dans une partie creuse, ce sont les artérielles qui y donnent le plus de ramifica- tions, tandis que les pulmonaires s’y étendent en droite ligne sans donner un grand nombre de branches latérales. Les gerris, les hydromètres ont leur système respiratoire si peu différent de celui des naucores, que nous ste inutile de le décrire en détail. | ÎT. RESPIRATION DANS L'EAU. 2e, Division. Respirant par une ouverture placée à l'anus et décomposant l'eau. Les seuls insectes qui m'ont paru décomposer l’eau sont les larves des libellules : aussi observe-t-on chez ces larves un appareil respiratoire particulier et conformé de manière à pouvoir remplir le:but auquel il est destiné. Le système respiratoire de ces larves présente une grande ouverture placée à l’anus ; c'est par cette seule partie que Feau et l'air qui y est dissous arrivent dans les trachées. Mois avant de s'y rendre, l’eau passe dans un appareil Mém. du Muséum. 1 40 j 5 48 374 VAISSEAU DORSAL. particulier où probablement elle est décomposée; en sorte que l’oxigène passe dans les trachées pulmonaires, tandis que l'hydrogène est rejeitée au dehors du corps. Cet ap- pareil se compose d’un groupe de petites trachées dis- posées parallèlement sur dix rangs, de manière qu'il y a . dans chaque rang une trachée principale de laquelle partent d’autres trachées latérales plus petites et disposées avec ré- gularité. En ouvrant cet appareil, ces trachées présentent un aspect hispide et comme velu; mais si on le développe encore mieux, on voit qu'il est formé par une membrane générale qui renferme dans son tissu de petits corps vé- siculaires disposés dans les replis avec la plus grande ré- gularité. C’est dans ces vésicules pneumatiques que l’eau est décomposée, et c’est aussi par leurs branches que les gaz qui doivent remplir les trachées arrivent dans les troncs pulmonaires. On observe donc des trachées très-nombreuses qui vont répandre l'air aux trachées pulmonaires ; et cette communication s'opère par une infinité de trachées trans- versales, qui toutes vont se rendre dans la grosse trachée. Les trachées transversales sont du reste disposées sur la branche principale à peu près comme les barbes d’une plume le sont sur leurs tiges. Il faut encore remarquer que le diamètre du tronc de la trachée pulmonaire va toujours en diminuant à mesure qu'il approche de l'appareil caudal ; disposition qui dépend probablement de ce que toutes les trachées qu’on observe dans ces larves semblent naître de l'appareil respiratoire situé dans les derniers anneaux de l'abdomen. Quant aux gaz expulsés au dehors, ils passent des vésicules pneumatiques dans les trachées tubulaires qui vont se rendre dans la grosse trachée dont l’ouverture est à l'anus. ANIMAUX ARTICULÉS. 375 Quoi qu'il en soit, les trachées pulmonaires ont un dia- mètre beaucoup plus considérable dans ces larves que dans la plupart des insectes; et probablement leur mode de res- piration en est en grande partie la cause. Si on les exa- mine dans la tête, on les voit formées par deux trachées de chaque côté, disposées les unes à l'égard des autres à peu près comme les branches d’un 8 fort allongé. Le tronc le plus inférieur et le plus externe naïît au-dessus du cer- veau et dans la partie supérieure de la tête. Il traversé donc toute cette partte en donnant de nombreux rameaux aux muscles de la tête, rameaux qui se divisent eux-mêmes en une infinité de ramifications encore plus petites. Ce tronc se dirigeant d’une manière très-sinueuse de dedans en dehors, va se terminer dans le premier anneau du cor- celet pour s'unir avec l’autre tronc principal et se conti- nuer en ne formant plus qu’une seule trachée. La seconde branche de la trachée pulmonaire naît au- dessus de la partie postérieure du cerveau plus en dedans que celle qui lui correspond. Peu après son origine, elle donne un rameau qui forme la trachée du muscle adduc- teur des mandibules. Ce rameau fournit encore une autre trachée qui se rend aux yeux composés; et celle-ci s’y di. vise tellement, que la base de l’œil en paroît toute blanche. Enfin la branche principale après avoir traversé les muscles adducteurs des mandibules va s'unir à la base du corce- let avec l’autre branche pour ne De former qu'une seule et mème trachée. Mais avant de s'unir ensemble, ces deux trachées forment un petit plexus. Les trachées pulmonaires qui à partir de l’extrémité su- 48 * 376 VAISSEAU DORSAL. _périeure du corcelet se prolongent le long du dos par deux troncs principaux ne conservent guère une direction cons- tante. D'abord très-rapprochées l’une de l’autre, elles s’é- cartent peu à peu en communiquant ensemble au moyen de branches transversales assez grosses. Ces trachées ne donnent ensuite de branches un peu considérables que vers la base du quatrième anneau. Arrivées dans cette partie, elles en fournissent une fort grosse du côté externe qui se bifurque bientôt après son origine , et ses bifurcations se divisent elles-mêmes en une infinité d’autres. L’anneau suivant il en part également une autre qui se divise de même en ramifications de la plus grande finesse. Ainsi d’anneau en anneau les ramifications latérales et externes ont lieu en se divisant plus ou moins; et enfin les trachées pulmonaires se terminent dans l'appareil respiratoire de l'anus que nous avons déjà décrit. Les trachées artérielles sont beaucoup moins grosses que les pulmonaires; et comme ces dernières elles s’ouvrent ou elles partent de l’appareil respiratoire de l'anus. Formées par deux troncs principaux situés au-dessous des pulmo- naires , elles s'étendent le long du corps en donnant des branches transverses dont les unes se distribuent dans les muscles et les pattes, et les autres ( ce sont les plus con- sidérables } se répandent autour du tube intestinal. Les trachées intestinales forment deux troncs principaux qui rampent de chaque côté du tube intestinal où leurs rami- fications vont se terminer. Ces trachées diffèrent de toutes. les autres par leur blancheur; et outre les branches dont nous venons de parler, elles en fournissent quatre autres ANIMAUX ARTICULÉS. 377 de principales qui vont s'ouvrir dans les stigmates du cor- celet. Enfin dans l’abdomen les branches transverses de.ces trachées vont se terminer dans les stigmates situés sur les côtés de cette partie. Les stigmates du corcelet beaucoup plus grands que ceux de l’abdomen:sont disposés sur les côtés de chaque anneau : à la vérité le dernier en a deux. Ces stigmates annoncent évidemment que ces larves peuvent respirer l’air; mais comme ils ne sont point essentiels pour la respiration; on peut les boucher sans que l’insecte en paroisse affecté ; et cette remarque avoit déjà été faite par l'exact Réaumur. Cet habile observateur avoit également observé que les larves des libellules respirent l’eau, et qu’en tenant ces larves hors de l’eau, on leur rendoit le besoin de respirer encore plus grand. Ainsi après les avoir tenu un quart-d'heure hors de ce fluide, il avoit vu qu’en les mettant dans un vase plat où il y avoit à peine une quantité d'eau suflisante pour les couvrir , les expirations et les inspirations étoient beaucoup plus fréquentes que lorsque ces larves avoient une quantité d’eau assez consi- dérable pour pouvoir y tenir tout leur: corps. Du reste la quantité d’eau qu'inspirent ces larves dans l'acte de la res- piration est toujours plus considérable que celle qui leur est nécessaire ; car on leur en voit rejeter par intervalle. Les larves inspirent l’eau par l’ouverture de l'anus, en écar- tant les pièces écailleuses qui entourent leur dernier anneau ; et au moment où l'inspiration s'opère, la capacité intérieure de l'abdomen s'agrandit, et de plat qu’il étoit, on le voit. devenir convexe. L'eau peut donc pénétrer aisément dans. une capacité agrandie, d'autant qu’elle est poussée par une: 375 VAISSEAU DORSAL. espèce de jeu de ‘piston. Lorsque ce piston agit dans un sens contraire, c’est-à-dire de haut en bas, et que les pa- rois du corps se rapprochent, l’eau surabondante est re- jetée au dehors, et ainsi l’insecte peut, soit en diminuant, soit en agrandissant la capacité de son abdomen, rejeter ou faire entrer de l’eau dans son corps, selon qu'il le juge nécessaire. Le mécanisme de tout cet appareil a été fort bien décrit par Réaumur, tom. VE, pag. 390 , et les figures qu'il en a données, tab. 36 et 37, sont assez exactes. Télles sont les différences qu’on ‘observe dans les organes respiratoires des insectes : différences qui dépendent du plus où du moindre besoin d’air qu'ont les animaux et du milieu dans lequel ils vivent. Evidemment l'appareil res- piratoire de ceux qui parcourent de grands espaces dans l'air, et qui par conséquent ont besoin d’une grande quan- tité de ce fluide, ne pouvoit pas être le même de ceux fixés sur le sol ou destinés à vivre au milieu de l’eau. Aussi voit - on en général que le système respiratoire d’une larve n’a rien de commun avec celui de l’insecte parfait qui en sort. Mais ces différences qu'on observe dans l’ap- pareil respiratoire devroïent également se faire ressentir sur le vaisseau dorsal, si ce vaisseau étoit un organe de circu- lation. Cependant au milieu de toutes les variations que présente le système respiratoire des insectes, on ne voit pas leur vaisseau dorsal éprouver des modifications bien sensibles ; et la seule qu'on y observe, c’est que ses bat- temens sont beaucoup plus fréquens dans les espèces qui prennent une grande quantité d'air, que dans celles qui en recoivent peu. Ces battemens plus multipliés annoncent Tom. Z. ANATOMIE DES INSECTES. PL.11. PI.1 ANIMAUX ARTICULÉS. 379 seulement que le vaisseau dorsal prend une activité plus grande dans ces espèces ; ce qui devoit être, puisque dans tous les animaux l’activité des diverses fonctions vitales est proportionnée à la quantité d'air qu'ils reçoivent. Ainsi le vaisseau dorsal des insectes n’éprouvant pas les mêmes va- riations que l'appareil respiratoire, on peut presque en conclure que le vaisseau n’est point un véritable organe de circulation, Mais pour mieux en juger, comparons-le avec les divers organes de circulation des autres animaux articulés. ( La suite dans le Cahier suivant. ) EXPLICATION DES FIGURES. Prancae TIL Fic. 1. Systeme respiratoire du Truxalis nasutus.— a. Trachées des antennes. — b. Trachée circulaire qui entoure le nerf optique. — d. Grande poche preumatique qui se trouve du côté supérieur de la tête, ou vers le devant de cette partie. — c. Trachées qui se rendent dans les diverses parties de la tête. — e. Tronc des trachées artérielles. —7. Trachées qui se rendent dans la première paire de pattes. — 3. Trachees qui s’étendent dans la seconde paire de pattes. — :. Poches pneumatiques inférieures afin de montrer la disposition des supérieures. — £. Grande poche pneumatique qui s’étend de la partie supérieure du eorcelet jusqu’à la partie moyenne de la poitrine. — 1. Poches pneumatiques de la poitrine vues du côté supérieur. — #1. Systeme des poches pneumatiques abdominales. Ces poches communiquent les unes avec les autres ainsi qu'avec le tronc des trachées artérielles, et les trachées opposées, enfin avec le vaisseau dorsal au moyen de trachées tubulaires. — n. Trachées tubulaires de la troisieme paire de pattes. On n’y a point figuré les ramifications secondaires de peur de trop surcharger le dessin. — 0. Ou- vertures des trachées dans les stigmates abdominaux. — p. Trachées qui se rendent dans les organes de la génération. PLANCHE IV. Fi. 1. Système respiratoire du Mantis relisiosa. — a. Trachées des palpes maxil- laires. — b. Trachées des galètes. —c. Traehées des mâchoires. — 4. Trachées- des palpes labiaux, — e. f. Trachées de la lèvre inférieure. — g. Trachées 380 VAISSEAU DORSAL. Eic. F1c. mandibulaires. — %. Nerfs antennaires. — 0. Trachée circulaire qui se rend dans les yeux composés. — i. Trachées triangulaires qui proviennent de la division de la trachée circulaire. — p. Tronc externe des trachées artérielles qui vont former la branche transversale d’où part la trachée circulaire. — g. Tronc interne des trachées artérielles, lequel se joint avec le tronc des trachées pulmonaires, — 7. Tronc des trachées pulmo- naires. — s. Trachéé transversale qui établit une communication directe des troncs des trachées pulmonaires avec les trachées artérielles. — £. Trachées artérielles qui se rendent dans: la première paire de pattes. — x. Continuation du tronc des trachées artérielles. — y, z. Trachées arté- rielles qui prennent l’air dans un stigmate placé dans les mantes à la base du corcelet. — 4. Tronc qui établit la communication des trachées arté- rielles avec les pulmonaires. — a’. Disposition des trachées dans le pre- mier anneau de l’abdomen des mantes. — b' et c’. Trachées qui partent des troncs pulmonaires pour ,se rendre dans les paites..— d'. Anastomoses des trachées artérielles et jonctions de ces trachées avec les troncs pulmonaires. — e'. Branche des trachées artérielles qui s’anastomosent avec les précé- dentes. — /?. Ramifications fournies par les trachées qui se rendent dans les pattes; on ne les a pas toutes figurées pour ne pas rendre ce dessin trop confus. — '. Branche secondaire principale fournie par le tronc commun artériel et qui.va se joindre au tronc des trachées pulmonaires. — 7: Tra- chées qui se rendént dans la troisième paire de pattes. — 9!. Ranüfications fournies par,ces trachées. — #!. Tronc commun des trachées artérielles qui à l’aide des branches 0! va recevoir l'impression de air au moyen des ou- vertures des Stigmates. —g'et r!. Trachées fournies par les troncs des trachées artérielles et-qui se rendent dans les organes de la génération. — s'. Dernier stigmate de l’abdomen. — y!: Trachées qui joignent les troncs des trachées artérielles avec. les troncs, des trachées pulmonaires. 9 2. Trachées telles qu’elles sont disposées en couvrant la tête du Mantis religiosa par la partie supérieure. — a. Trachées antennaires. — D. Tra- chées mandibulaires.— e. Trachées des palpes maxillaires. — d. Trachées des palpeslabiaux.—e. Trachées de la lèvre supérieure. — f. Trachéesdelalangue. 3. Portion de l’abdomen afin de montrer la disposition des stigmates. — à, a. Stigmates. — à. Portion inférieure de l’abdomen:—c:Portion de l’adomen correspondant au dos. 4. Trachées abdominales qui montrent la disposition qu'ont ces trachées au point À de la figure première. — a. Troncs des trachées pulmonaires. — b. Troncs internes des trachées artérielles. PLIC\ LS ANATOMIE DES INSECTES.PL. IT. QU Hat 381 SECOND MÉMOIRE Sur les Plantes auxquelles on a attribué un PLACENTA CENTRAL LIBRE. PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. D: un Mémoire imprimé parmi ceux de MM. les Pro- fesseurs du Muséum d'Histoire naturelle, j'ai fait voir qu'il n’y avoit pas dans les plantes de placenta central véritable- ment libre ; que celui des espèces auxquelles on a attribué ce caractère, ne devenoit libre qu'après la fécondation ; qu'il avoit, avant cette époque , une communication directe et non interrompue avec l'intérieur du style, et qu’ainsi l'aura seminalis devoit parvenir aux ovules , sans avoir be- Soin de parcourir l’épaisseur du péricarpe. J’ai passé en revue dans ce Mémoire la famille des primulacées, celle des caryophyllées , des portulacées et des salicariées. Il en est encore deux autres que RobertBrowna signalées comme ayant aussi un placenta central libre dans un ovaire uniloculaire; si je n’en ai point parlé dans mon premier travail, c’est qu’alors je n’avais pas encore eu l’occasion d’en faire l'examen ; mais depuis ayant étudié ces familles dans plusieurs espèces qui leur appartiennent, je puis m’en occuper aujourd’hui. Mém. du Muséum. 1. 4. 49 382 PLACENTA CENTRAL LIBRE. $S I Dzrs SANTALACÉES. La première qui se présente dans la série linéaire est celle des santalacées, nom que M. Brown donne à un groupe formé des genres tkestum , santalum , fusanus , etc. , et auquel il attribue deux à quatre ovules suspendus vers le sommet d’un placenta central. Depuis que je suis au Brésil, j'ai analysé deux espèces du genre #kestum de Linné trou- vées sur des hauteurs arides et découvertes dans la capitai- nerie des Mines, l’une près du hameau d’Æ/10 dos bois Termo de Minas novas ; Vautre près de Pindaiba dans le Certaé. Chez toutes les deux, jai vu dans un ovaire unilocu- laire , un réceptacle central intérrompu après/la fécondation, et du sommet duquel pendent trois ovules. J’avois déjà re- connu le même caractère dans une espèce européenne qui m'a offert quelques particularités de plus. Comme chez les deux espèces américaines , le placenta a la forme d’une co- lonne ; il porte également trois ovules suspendus, et adhère d’une manière très-sensible avec le point du péricarpe qui, intérieurement ; répond au style. Ici les trois ovules ne sont point attachés tout-à-fait au sommet du placenta ; mais il existe un petit espace nu entre ce même sommet et leur point d'attache, et, dans cet espace , le placenta est tordu en spirale. Des trois ovules, un seul est fécondé , il prend de Paccroïissement , il repousse le placenta contre le péri- carpe, et, comme la portion de ce placenta qui est tordu en spirale, peut se dérouler peu à peu, que de cette ma- nière il s'allonge à mesure que l’ovule fécondé fait effort contre lui, il doit subsister quelque temps après la fécon- dation, sans être brisé. SANTALACÉES. - 394 Si, comme je n’en doute pas, les genres groupés par M. Brown présentent tous dans l’ovaire la même organisa- tion que le #hesium , il est évident que, combinée avec les autres caractères si bien indiqués par le botaniste anglais, elle doit faire adopter la famille des santalacées. Il faudra aussi noter l'existence de trois ovules dans le thesium de Linné, caractère dont M. Richard ( 4ral. fr., p. 47) a déjà fait remarquer la singularité dans un autre genre appartenant à un groupe voisin. $ IL Drs MyrrsiNéEs (1). Les caractères dont Brown s’est servi pour distinguer cette famille (Prod. 552), sont d’une exactitude parfaite ; cepen- dant il ne sera peut-être pas inutile d’y ajouter quelques traits. Ils m'ont été fournis par l'analyse de plusieurs plantes de ce groupe recueillies dans la capitainerie des Mines. Si l’on ouvre leur ovaire , on le trouvera appliqué sur un corps glo- buleux qu’au premier abord on prendra toujours pour un très-gros ovule attaché au fond de la loge, car sa surface lisse n’annonce qu’une masse homogène. Cependant trois marques d’un vert plus foncé trahissent bientôt à l'œil exercé la présence des véritables ovules, et la dissection montre que le corps globuleux n’est autre chose qu'un placenta où trois jeunes semences sont enfoncées chacune dans une cavi- té profonde. Les bords de la cavité s’avancent sur la sur- face extérieure et arrondie de l’ovule , et ne laissent à dé- couvert que le milieu de cette surface qui se trouve ainsi de (1) Ophiospermes Vent. Ardisiacées Juss. * “ 49 % 384 PLACENTA CENTRAL LIBRE. niveau avec le reste du placenta. Cet organe a été décrit comme libre par le savant Brown ; mais il est certain qu’il se termine , comme celui des primulacées, par une petite pointe qui, avant la fécondation, le lie au péricarpe , qui se brise ensuite , et laisse un tubercule irrégulier au som- met du placenta. L’ovaire se change en drupe ; deux des ovules avortent ; une seule semence müûrit ; elle devient globuleuse ; son ombilic regarde la base du fruit, et des peaux ramassées au-dessous d'elles , attestent encore .la destruction du placenta et l'avortement des deux ovules. M. Brown a écrit que le périsperme étoit corné ; je lai trouvé succulent, charnu et grenu ; l'embryon, comme la très-bien dit le même auteur, est cylindrique , un peu cour- bé , transversal et parallèle à l’ombilic ; les cotylédons sont très-courts. Qu'il me soit permis à présent de dire un mot des affinités de cette famille. M. de Jussieu avoit placé dans son gene- ra (p. 192) le genre myrsine auprès des sapotées , et c’est encore à leur suite qu’il a rangé dans la série de ses familles le groupe dont le même genre fait actuellement partie. (Juss. in Mirb. elem, , p. 855.) Telle est aussi la place que M. Brown conserve à ce groupe, Ce botaniste célèbre fait observer que l'embryon qui, chez les z2yrs1nées , est toujours trans- versal par rapport à la graine , et qui l’est aussi le plus souvent par rapport au fruit, se trouve quelquefois droit par rapport à ce dernier , comme cela a lieu dans les sq- potées; mais M. Richard a démontré qu'un semblable carac- tère qui varie continuellement dans une même famille, dans un même genre, souvent dans un même fruit, ne pouvoit MyrsiINÉES. 389 ordinairement établir aucun rapport tant soit peu important. Les myrsinées se rapprochent à la vérité des sapotées par leur port, par leur tige aborescente, par leurs fleurs petites et axillaires , par le suc propre qu’on observe, comme chez plusieurs guétifères, dans les cellules allongées de la corolle, et qu'on pourroit assimiler au lait des sapotées, par la présence d’un périsperme, et enfin par les étamines opposées aux divisions de la corolle. Mais, à l'exception de ce dernier caractère ; les autres qui se retrouvent dans beau- coup d’autres familles, auront peu de valeur; d’ailleurs, les z7yrsinées et les sapotées diffèrent entièrement par l'organisation si importante de l’ovaire et de la graine. Il est au contraire une famille qui, outre ses étamines égale- ment opposées aux divisions de la corolle, présente, comme les r2yrsinées, un placenta central, le plus souvent elo- buleux, dans un ovaire uniloculaire; des ovules qui, s'ils sont d’abord attachés simplement à la surface du placenta, finissent par s’y incruster ; enfin un embryon placé trans- versalement dans le périsperme et parallèle à l’'ombilie. Cette famille est celle des prinulacées où d’ailleurs le fruit est quelquefois une baïe (Juss. Gen. 96 et 97), comme celui _de certaines rnyrsinées. (Br. Prod. 532.) Le port des prnu- lacées est, j'en conviens, entièrement différent de celui des myrsinées ; mais cette différence peut-elle contre-balancer une parfaite ressemblance dans les organes les plus importans. SiBrowna laissé les »2yrstnées auprès des sapotées, c’est qu'ik a attaché peu d'importance à la disposition des familles, comme lui-même le déclare dans son ouvrage; mais les rapports des myrsinées et des prinulacées sont si loin de lui avoir 386 PLACENTA CENTRAL LIBRE. échappé , qu'il s’est plu à les détailler avec soin (Prod. 427 ). De même que nous mettons à côté des ormbellifères les ara- liées qui sont en quelque sorte leurs représentans , n’hési- tons pas non plus à placer à côté des primulacées les myr- sinées qui les représentent aussi sous d’autres climats, ce ne sont, pour ainsi dire, que des primulacées masquées par les caractères de la végétation. Je ne rangerai cependant pas les #2yrsinées à la suite des primulacées, si bien nuancées avec les scrophularinées, par l'intermédiaire des Zentibulariées, du limosella et d'un genre nouveau que j'ai trouvé au Brésil. C’est immédiatement avant les primulacées que je proposerai de placer la famille quinous occupe. Îl existe un genre, le glaux , qui, dépourvu de co- rolle, présente d’ailleurs tous les caractères des primula- cées (1) ; mais qui en diffère par ses ovules en nombre déter- miné. Le g/aux forme le passage naturel des apétales aux pr1- mulacées ; mais la nuancesera plus insensible encore, si l’on place entre eux les z2yrsinées parmi lesquelles on voit des ovaires à ovules en nombre défini, et d’autres à ovules en nombre indéterminé ; où j'ai trouvé, comme chez les santa- lacées, un ovaire avec trois jeunes semences, et qui enfin se rapprochent des apétales par des fleurs peu apparentes, sou= vent unisexuelles, et quelquefois disposées en longs épis ou chatons. On ne sauroit trop répéter que les rapports desplantes se croisent en tous sens, et ne présentent point une exacte progression ; cependant, puisque la série linéaire est indis- Gi) Voy. un Mémoire sur le Glaux inséré dans les Mémoires du Muséum. AVICENIA. 287 pensable à nos moyens d'étude, nous devons travailler à lui ôter chaque jour quelque chose de ses imperfections. $ IIL Du genre ATICENIA. Quelques genres isolés offrent encore un placenta central dans un ovaire uniloculaire. Il seroit trop long de les passer en revue; je me contenterai de parler de l’apicerua qui présente les singularités les plus remarquables. J’ai fait mes observations sur une espèce de cé genre qui croit aux environs de Rio de Janeiro , dans les terreins bas et légèrement baïgnés par les eaux de la mer. 1’ovaire est à l'extérieur libre et conique. Tout-à-fait à sa base, il est divisé intérieurement en deux loges par un rudiment de cloison , et du milieu de ce rudiment , s’élève un placenta linéaire, aplati, un peu moins large que la loge. Avant la fécondation , ce placenta adhère au péricarpe par son éxtrémité supérieure ; mais comme cette extrémité ést ar rondie , l’adhérence n’a lieu qu’en un seul point; elle cesse après l'émission du pollen, et le placenta devient libre. Une légère cicatrice peut faire retrouver pendant quelque temps encore le point d’adhérence ; mais bientôt cette cicatrice disparoït entièrement. Au sommet du placenta central, et sur chacune de ses deux faces, sont attachés deux corps oblongs qui, suspendus, descendent jusqu’au fond de la loge, et qu'il est impossible de ne pas prendre, à l'exemple de Brown, pour quatre jeunes semences, lorsqu'on n’a pas suivi toutes les métamorphoses de l'ovaire et des ôvules. La description que je viens de donner diffère de celle du savant Brown, qui attribue à l’avscenia un ovaire à deux 388 PLACENTA CENTRAL LIBRE. loges dispermes. La largeur du placenta central aura fait il- lusion à cet habile observateur; mais ce placenta central est si peu une cloison, que la substance des corps qui paroïssent être des ovules dépasse ses bords, et occupe un petit espace entre lui et le péricarpe. Si je compare l'ovaire que je viens de décrire avec le fruit tel qu'il est immédiatement avant la déhiscence , je suis frappé des différences qu'ils présentent. Le fruit n’a plus une forme conique; il est comprimé, irrégulièrement oval, terminé par une pointe latérale ; enfin 1l offre à peu près la figure d’une virgule. Son intérieur diffère bien plus encore de celui de l'ovaire. Sous un péricarpe coriace, je ne vois plus qu’un grand embryon courbé, vert, absolument nu ; les deux cotylédons sont tournés vers le sommet du fruit , inégaux , bilobés, réni- formes , plus larges que longs, appliqués l’un contre l’autre, face contre face, et pliés en deux dans leur largeur , de manière que le plus grand recouvre le plus petit; la radicule est très-longue , fort velue , étroitement embrassée par les lobes des cotylédons, dirigée vers la base du péricarpe;, et appuyée sur un petit corps blanchätre qui semble être un placenta: bastlaire. 1 On voit que le savant botaniste français auquel la phy- siologie végétale et la carpologie ont tant d'obligations, a parfaitement décrit ce qui existe dans le fruit, à l’époque où il en a fait l’analyse (Mirb. elem. expl. pl. 56); mais ce qu'il n’eût pas manqué de faire sans doute , si sa position le lui eût permis, il falloit encore , en parcourant toutes les phases du développement de l'ovaire, le retrouver dans le fruit ; il falloit surtout s'assurer par l'examen de la semence, AVICENIA. 389 dans ses différens états, si elle a toujours été dépourvue de tégument propre. Déja, si je soulève la partie supérieure de ce corps qui m'avoit paru d’abord être un placenta né du fond de la loge, j y reconnois une membrane couchée, et en forme de chausse ou de cupule; sous cette membrane, je retrouve le placenta central chargé des quatre corps que j'ai pris dans l'ovaire pour autant d’ovules; non plus que le placenta, ils ne sont en- core entièrement desséchés, et je vois que la membrane en forme de chausse est attachée fortement à l’un d'eux (r). Légèrement éclairé par ces indices, si je reviens à l'ovaire, pendant qu'il est encore dans la corolle , je remarque que l'extrémité inférieure des corps décrits comme des ovules, quoique parfaitement continue avec le reste des mêmes corps, est cependant plus molle, et ressemble à ces expan- sions arillaires qu'on remarque sur plusieurs graines. Les pré- tendus ovules adhèrent par cette extrémité, et, dans son milieu, je découvre chez chacun d'eux, une petite fente lon- gitudinale dont les lèvres sont rapprochées. Immédiatement après la chute de la corolle, on trouve que chez trois des faux ovules qui, d’ailleurs, ont pris un léger accroissement, l'extrémité inférieure commence à se dessécher. Chez un seul des quatre corps pris pour des ovules, les lèvres de la fente se sont écartées, et ont laissé échapper un tubercule arrondi, transparent, qui adhère par toute Sa surface posté- rieure au corps qui le porte, et qui n’est libre qu’à sa sur- (1) M. Brown a déjà reconnu dans le fruit la présence du placenta et des pla- centa repoussés contre la paroi du péricarpe. Mém. du Muséum. \. 4. 5o 390 PLAGENTA CENTRAL LIBRE. -face antérieure. A cette première époque, le tubercule ne présente qu’une substance aqueuse et qui, vue même avec une très-forte loupe, semble être parfaitement homogène. Cependant ce tubercule se gonfle ; bientôt il déborde les lèvres de la fente d’où il est sort; il couvre peu à peu toute la largeur du corps qui le porte ; il forme sur ce corps comme une espèce de bouclier dont les bords restent parfaitement libres, et enfin il devient visible à l’œil nu. Si l’on ouvre le tubercule lorsqu'il commence à se gonfler d’une manière un peu sensible, on y remarque un petit globule qu'on en- lève aisément à l’aide d’une aiguille. En peu de temps ce glo- bule s’allonge et s’aplatit, et l’on distingue parfaitement deux cotylédons elliptiques qui adhèrent inférieurement. Alors on n’aperçoit pas encore de radicule; mais bientôt elle se montre sous la figure d’un cône un peu aplati. Voilà donc un embryon parfaitement formé ; par consé- quent le corps simplement tuberculeux , puis scutelliforme qui le renferme est un ovule ; le corps oblong de la fente duquel lovule est sorti n’est qu'un cordon ombilical, et l'ombilie est à la partie de l’ovule adhérente entre les lèvres de la fente du cordon ombilical. Donc celui-ci existoit seul lors de l'épanouissement de la fleur; lovule ne s’est réelle- ment développé que depuis cette époque ; et, comme une telle organisation est jusqu'ici sans exemple, Brown a dû nécessairement prendre les quatre cordons ombilicaux pour des ovules, ainsi que je l'ai fait moi-même, tant que je n'ai disséqué l’ovaire que dans le moment de la floraison. Les phénomènes que j'ai décrits jusqu'ici, se sont passés pendant que l'ovaire étoit encore .caché sous le calice persis- AVICENIA. 391 tant, et n'avoit pas plus de trois lignes de longueur. À peine commence-t-il à s'élever au-dessus du calice que la radicnle devient cylindrique et obtuse, et les cotylédons, descendant de droïte et de gauche au-dessous de leur point d’attache, pren- nent une forme sagittée et se colorent en vert. Modelés sur lovule qui les renferme, ‘et qui, comme je l'ai dit, est éxté- rieurement convexe et en forme de bouclier, ils se courbent en voûte, de manière que l'extérieur embrassant l’autre, l'empèche de prendre autant de développement qu’il en prend lui-même. A l'époque de la coloration de l'embryon , l’en- veloppe qui le recouvre, charnue jusqu'alors, ne l’est plus que dans ses bords : ailleurs elle est membraneuse: Les cotylé- dons se courbent de plus en plus, et leurs bords se rejoignent; d’un autre côté leurs lobes qui descendoient simplement sur les côtés de:la radicule, s’allongeant davantage, l’embrassent entièrement , et l'embryon présente alors une petite masse arrondie dans ses contours ; lancéolée-aigué, droite, qui s’est élevée parallèlement au cordon ombilical, où la radicule re- garde le fond de la loge, et où l’extrémité cotylédonaire et pointue est tournée vers le sommet de l’ovule. Cependant cette extrémité continue à croître, et bientôt elle perce l’en- veloppe de l'embryon qui persiste sur le cordon ombilical, et qui, ouverte supérieurement, semble un sac au fond du- quel repose la radicule. Tant que la partie de l’ovule qui extérieurement enve- loppe l'embryon, est restée molle et charnue, on a pu à la rigueur s'imaginer encore que l'embryon, prenant de l’ac- croissement, s'assimileroit sa substance; mais depuis que cette enveloppe est devenue sèche et membraneuse ; depuis 5o* 392 PLACGENTA CENTRAL LIBRE. surtout qu’elle a été percée par la plantule , il ne peut plus y avoir aucun doute sur sa nature, et nécessairement 1] faut reconnoitre en elle un tégument propre qui, comme tous les autres, a d’abord recouvert l'embryon , qui ensuite est rompu à l’époque de la germination, et qui reste attaché au cordon ombilieal. Si donc à présent que nous connaissons l’ovule et toutes les parties de la graine, nous voulons exprimer en peu de mots leurs principaux caractères botaniques , nous devons dire que Le cordon ombilical est suspendu, que l’ovule est redressé par rapport à ce cordon (recliné Rich.), que dans la graine le zégument propre est membraneux ; qu'il n'existe point de perisperme, que l'embryon est parallèle à l'ombilic et la radicule inférieure par rapport au fruit. Tous les botanistes ont reconnu que la semence de l’apr- cenia germoit avant d’être détachée de la plante-mère; mais on demandera peut-être à quelle époque commence réelle- ment cette germination. Les graines en général peuvent, après leur maturité , rester long-temps dans une sorte d’engour- dissement ; mais aussi leur germination peut commencer aussitôt qu'elles ne renferment plus de parties fluides, et que le tissu cellulaire primitif , devenu coneret ( voy. Mirb. Elem.}), s’est distribué dans l'embryon, le périsperme et le tégument. Chez l'apicerta, l'embryon et Ia plantule n’éprouvent aucune interruption dans leurs développemens ; mais l’analogie indique assez que la véritable germination commence à l’époque qui succède immédiatement à celle où le tégument propre, devenu sec et membraneux , s’est étendu sur l'embryon. ÂVICENIA. 393 Dans le moment où le tégument est rompu par l'embryon, celui-ci n’a pas plus de trois lignes. Si nous continuons à suivre les développemens du fruit, nous verrons le péricarpe prendre un accroissement sensible, se comprimer peu à peu et l’embryon se modeler sur cette modification de forme. Les cotylédons qui avoient déjà rapproché leurs bords, se plient dans leur milieu, et alors , les deux moitiés du plus petit se trouvent recouvertes par les deux moitiés du plus grand, ce qui a fait dire à Linné que la semence de l’apice- nia était formée de quatre lames charnues ( Gen. ed. Schreb. 428). A l'époque où l'extrémité cotylédonaire perce le té- gument propre , la radicule paroît glabre, mais bientôt elle se couvre de poils et s’allonge sensiblement. A mesure qu’elle prend de l'accroissement les lobes des cotylédons s’allongent avec elle, et continuent toujours à l’embrasser et à la recouvrir. De cette manière leur accroissement devient bien plus sensible dans la partie inférieure au point d'attache que dans celle qui est supérieure à ce même point, et c’est là ce qui occasione les modifications de forme qu’ils éprou- vent. De sagittés qu'ils étoient d’abord, ils prennent la figure d’un cœur, et enfin ils deviennent réniformes. Pendant ces diverses métamorphoses, le placenta central n'a pris aucune croissance; il a été repoussé contre la paroi du péricarpe; il s’est incliné, et s’est trouvé recouvert par le tégument propre qui également n’a plus changé depuis qu'il a été percé par l'embryon. Nous arrivons enfin au moment de la déhiscence, à celui où le fruit a été étudié par les botanistes. Les différences qui existent entre l'ovaire et le fruit ont cessé d’être un mystère ; nous avons reconnu que l'embryon n'étoit nu que lorsqu'il 394 PLACENTA CENTRAL LIBRE. s'étoit dépouillé de son tégument par la germination; mais le développement des ovules reste, ce me semble, une des excep- tions les plus extraordinaires. Ceux qui ne pourront suivre tous les changemens dont nous venons de donner l’histoire s’en feront cependant une idée par la seule comparaison du fruit et de l'ovaire tel qu'il est dans la corolle. En retrouvant dans la capsule , sans aucun accroissement sensible , les quatre eorps qu'ils ont déjà vus dans l'ovaire, ils doivent nécessairement reconnoître qu’au- cun d'eux n’étoit un ovule, et, comme la membrane attachée à l'un d’entre eux couvre encore une petite portion de la se- mence,ilest évident que cette membrane est un tégument, et par conséquentles quatre corps autant de cordons ombilicaux. L’avicenia présente un de ces avortemens constans dont il est si difficile de découvrir la cause et l’objet. Cependant ne peut-on pas croire que si, dans cette plante, un seul des ovules est fécondé, cela tient à ce qu'avant la fécondation, le placenta central n’adhère , comme je lai dit, que par un seul point, au sommet du péricarpe, et que par conséquent l'aura seminalis ne peut avoir qu’un passage extrèmement étroit. Cependant jai trouvé dans un fruit deux semences fé- condes, l’une à droite et l’autre à gauche du placenta central. Celui-ci également pressé des deux côtés, étoit resté droit au centre du péricarpe, et la radicule de chaque embryon étoit appuyée dans son tégument particulier. MM. de Jussieu (Gen. ) et Brown (Gen. rem. Je ont placé l’'apicenia parmi les verbenacées. { existe certaine- ment de très-grandes différences entre ces plantes. Cependant il me semble que c’est encore le rang qui convient le mieux au genre qui vient de nous occuper. QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES DU VOMISSEMENT (1). PAR M. PORTAL. Herome a été considéré par tous les anciens médecins comme l'organe immédiat du vomissement. Ce n’est qu’en 1621, que Bayle (2), docteur en médecine et professeur de philosophie à Toulouse, crut devoir émettre une nouvelle opinion. Ce médecin joignoit à des connoïssances d'anatomie, acquises par la dissection des cadavres humains, celles des expériences sur les animaux vivans ; et comme il avoit fait des études plus profondes en mathématiques que les médecins n’en fant ordinairement, il crut devoir en profiter pour expli- quer diverses fonctions de l’économie animale, et le vomis- sement surtout; ce qui ne l’a pas toujours conduit à tirer de justes conséquences de ses observations anatomiques et de ses expériences sur les animaux vivans. L’estomac ne lui paroïssant pas capable de pouvoir opérer le vomissement, il crut en trouver la cause dans les muscles abdominaux, et il ne craignit pas de conclure que l'estomac n’y concouroit en rien, ne prenant en aucune considération ni les bandes (1) Ce Mémoire a été lu à l’Académie royale des Sciences. (2) Dissert. physicæ sex. , etc. Tolosæ , 1677. 1681. in-12. Nous avons parlé de cet ouvrage et de l’opinion de Bayle sur le mécanisme du yomissement, dans mon histoire de l’Anatomie , t. III, page 414. 396 sur LES CAuses pu VOMISSEMENT. musculaires nombreuses si harmonieusement répandues dans tout cet organe , ni les contractions même qu'on ÿ voit dans les animaux vivans et, bien plus, que l’on sent si bien sous les doigts quand on les introduit dans ce sac membrano- musculeux, après y avoir fait une petite ouverture. Dix-neuf ans après Bayle, Chirac, premier médecin de Louis XV, conduit par le même penchant à réunir la science des mathématiques, sur laquelle il n’avoit que de très- foibles lumières, à l'étude de la physiologie; pensant ne point trouver dans l'estomac assez de force pour produire le vomissement, crut pouvoir la reconnoîïtre dans la seule con traction des muscles abdominaux. Son opinion est consignée dans le volume de l’Académie royale des sciences , année 1700 (1). Duverney(2), son confrère dans cette académie, déjà si célèbre par tant de grands travaux , ne l’adopta pas complètement. Il se borna à dire qu’il croyoit que l'estomac contribuoit peu au vomissement par sa contraction, et qu'il étoit convaincu qu’il s’opéroit principalement par celle du diaphragme et des muscles abdominaux, « lesquels serrent, Lu » disoit-il, alors l’estomac, chacun de leur côté si étroite- » ment, qu'il est comme dans une presse, de telle sorte, » ajoute Duverney , que la plus grande portion des humeurs » qu'il contient est obligée de regorger par l’œsophage (3). » (1) Senac, en parlant de Chirac ; dit: « Figurez-vous un homme qui, dans une » profonde obscurité, croit voir de ses yeux les objets quise présentent à son ima- » gination; tel est ce médecin si connu dans nos écoles ; sans savoir le calcul, il a » calculé; sans consulter les faits, qui sont comme les échelons que nous pré- » sente la nature pour nous élever jusqu’à eMe, il est remonté aux premières » causes, etc. » Senac, Introduct. à l’histoire du cœur humain, page 101, tom. I, » 2°, édit. , que j'ai publiée. » ïi (2) OEuvres posthumes anat., tom. II, p. 184-166. SUR LES Causes Du VomIssEMENT. 397 Littre, autre membre très-célèbre de l’Académie des Sciences, ne fut ni de l’avis de Chirac ni de celui de Duper- ne. Hsoutint que l'estomac doué de trousseaux musculaires, dont la structure, la direction, le volume ont, depuis, été si bien décrits par Haller, Bertin, Garengeot et autres ana- tomistes célèbres, que l'estomac, dis-je, étoit susceptible de fortes contractions, et enfin qu'il étoit l'organe du vomisse- ment. L'opinion de Leftre a été adoptée par Lieutaud, et con- firmée par le résultat d’une observation curieuse. Cet anato- miste et habile médecin prescrivit inutilement plusieurs fortes doses de tartre stibié, à une femme qu'il croyoit utile de faire vomir dans une maladie contre laquelle les vomitifs paroïssoient très-indiqués : cette femme mourut. Zreutaud voulant reconnoître la cause qui avoit pu s’opposer à l'effet ordinaire du vorntéif, fit faire sous ses yeux l’ouverture du corps, et il découvrit que l'estomac avoit acquis une énorme capacité; la rate étoit très-petite, comme cela a lieu alors fréquemment (1). Ïl ne trouva, au reste, aucune autre altération. Lieutaud (2) en conclut que dans cette femme, le vomissement n'avait pas eu lieu parce que l’estomac ayant été trop dilaté, avoit perdu, par une espèce de paralysie qui étoit survenue, la faculté naturelle qu'il a de se contracter; ainsi, dit-il, que l'ischurie ou la rétention d'urine survient lorsque la vessie est trop amplement distendue par lurine qui a été (1) Voyez notre Anat. méd. tom. V, article AÆale. (2) Relation d’une maladie rare de l'estomac, avec quelques observations concernant le mécanisme du yomissement et l’usage de la rate. Acad. des Sciences, 1752. Méem. du Muséum. À, 4. 5x 398 sur LES CAUSES DU VOMISSEMENT: retenue en elle. Or dans ce cas, en effet, on ne comprend pas pourquoi le vomissement ne seroit pas survenu si la cause résidoit essentiellement et uniquement dans la contraction des muscles abdominaux, et du diaphragme qui ont été re- connus en bon état. , Les opinions si diverses de ces anatomistes distingués dûrent fixer mon attention ; et comme j'ai été toujours convaincu qu’en matière de physique il n’y a que les expériences qui puissent nous éclairer d’une manière positive, je crus en 1771, dans un cours de physiologie expérimentale sur des animaux vivans, que je fis au Collège de France, le seul peut-être qui ait été encore fait , devoir prendre cet objet en considé- ration. Voici le récit de deux expériences relatives au vomisse- ment, faites sur deux chiens vivans après leur avoir fait prendre beaucoup d’alimens, telles qu’elles sont rapportées dans le précis de ce cours, qui fut publié par M. Collomb , Vun de mes disciples (r). EXPÉRIENCES SUR LE VOMISSEMENT, Etc. « On a donné à un chien une certaine dose d’arsenic ; à un » autre chien une grande quantité d’une pâte faite avec de » la noix vomique; le premier chien a été bientôt tourmenté ». par le hoquet, le vomissement et par les convulsions. » C’est pour lors qu'on lui a ouvert le bas-ventre : les » museles droits ont été coupés en travers, ainsi que l’apo- (1) Lettre de M. Collomb, étudiant en médecine, sur un cours de physiologie expérimentale au Collége de France, 1771. SUR LES CAUSES Du VOMISSEMENT. 399 » névrose des obliques et des transverses; cependant les vo- » missemens ont continué; on a vu le ventricule se relâcher » et se resserrer alternativement avec force, et toujours, » lorsque le diaphragme étoit refoulé dans la poitrine ou pen- » dant l’expiration. Plusieurs fois on a comprimé le ventricule » qui étoit plein de matière alimentaire, dans le temps que » le diaphragme étoit en contraction, pour voir si lon pour- » roit faire refluer la matière dans l’œsophage et exciter levo- » missement. » Ces tentatives ont été inutiles, le diaphragme resserrant » fortement l'extrémité inférieure de l’œsophage, lorsqu'il est » en contraction. » Le chien qui avoit avalé de la noix vomique, continua » d’éprouver de violens vomissemens quoiqu'on lui eût éga- » lement ouvert le ventre. » Les résultats de cette expérience m'ont donc positivement appris que le Yomissement pouvoit ètre opéré par l'estomac après la section des muscles du bas-ventre, et quant à l’action du diaphragme je devois la considérer comme très-foible, ayant remarqué que le passage des alimens, de l'estomac dans l’'œsophage, ne se faisoit que dans le temps de lexpiration, c’est-à-dire, lorsque le diaphragme est dans le relâchement. Je n’osai cependant conclure que ce muscle et encore moins ceux du bas-ventre, dont on voit et dont on sent, au tou- cher, les contractions plus ou moins violentes pendant le vomissement, ny coopérassent dans les animaux ainsi que dans l'homme. J’aimai mieux croire que ce w’étoit que dans des cas où l’estomac éprouvoit une irritation extrême- bi* 400 SUR LES CAUSES DU VOMISSEMENT. ment violente, telle qu’elle doit être dans les animaux sou- mis à de pareilles expériences , que le vomissement pouvoit avoir lieu sans le concours des museles du bas-ventre; et quant à l’action du diaphragme, je n’osai rien décider à cet égard, persuadé qu’il falloit attendre, du temps, d’ultérieures connoissances et surtout prendre garde de ne pas attribuer aux maladies les effets qu'on obtient chez les animaux que Von tourmente jusqu'à leur mort. Jai continué dans mes cours publies et dans mon anatomie médicale, d'adopter la théorie généralement reçue, que le vomissement est produit par la contraction de l'estomac, réunie à celle des muscles abdominaux et peut-être encore à celle du diaphragme, sur laquelle je commençois cependant à avoir des doutes trop motivés pour continuer de le comprendre parmi les puis- sances du vomissement, comme je l’avois d’abord fait dars. les écoles. Telle étoit l’opinion que j'avois adoptée sur l’action du vomissement par l'estomac et par les muscles abdominaux, lorsque M. Magendie , physiologiste très-distingué, connu de l'Académie par plusieurs bons mémoires qu'il y a lus et qui doivent être imprimés parmi ceux des savans étrangers, a voulu prouver par lexposé de plusieurs expériences plus ou moins curieuses sur les animaux vivans, que le vomissement provient de la seule compression que les muscles abdomi- naux produisent sur lestomac. J'avoue que cette assertion me parut opposée à celle qui étoit adoptée par tant d'habiles gens, et que j’avois adopté moi-même d'après mes expériences , faites sur les ani- maux vivans et d’après la connoïssance que j'avois des cou SUR LES CAUSES Du VOMISSEMENT. OT ches musculaires dont l'estomac est réellement doué. Je ne pus croire qu’elles fussent dépourvues de force contractile dans l’état naturel, d'autant plus que je les avois bien vues se contracter dans les animaux vivans. Je dis dans l’état naturel, n'ignorant pas qu’elles peuvent, comme tous les autresmuseles, perdre cette force contractile plus ou moins complétement, surtout après de violentes douleurs, et de fortes convulsions ; car combien d'exemples de paralysies musculaires de ce genre ne pourrait-on pas citer. Je ne pus donc me persuader que cet organe füt nut dans le vomissement, et qu'il fallüt en attribuer l'unique cause à la contraction des muscles abdominaux. J’ai continué, au con- iraire , de croire qu'il étoit opéré par l'estomac et par les muscles abdominaux. Mon opinion a été, depuis, confirmée par les nouvelles expériences sur les animaux vivans, faites par M. Maingault, expériences qui ontété réitérées en pré- sence de MM. Chaussier, Désormaux et Maigrier : elles ont prouvé que le vomissement étoit opéré par l’estomac dans des animaux vivans, non-seulement après que les nerfs diaphragmatiques avotent été coupés, mais encore après qu’on avoit détruit les ailes du diaphragme et qu'on leur avoit coupé les muscles du bas-ventre transversalement. Ainsi mon opi- nion, ou plutôt celle de la plupart des anatomistes , sur l’ac- tion de l’estomac dans les vomissemens, bien loin d’avoir été infirmée, a été encore mieux prouvée par ces nouvelles expériences. Cependant je ne pense pas que dans l’état naturel, l’esto- mac remplisse seul cette fonction; je crois au contraire qu'il a de très-puissans auxiliaires dans les muscles abdominaux, 402 SUR LES CAUSES Du VOMISSEMENT. les transverses surtout, dont la principale action est de res- serrer le bas-ventre et de rétrécir sa cavité bien mieux que ne peuvent faire les autres muscles abdominaux, les droits particulièrement, dans les personnes maigres, puisqu’alors ces muscles peuvent, par leur contraction, modérer les effets de la compression que les transverses et obliques pourroïent opé- rer sur les viscères abdominaux, et consécutivement sur l’es- tomac. Je pourrois appuyer la conviction dans laquelle je suis, que les muscles transverses sont ceux qui peuvent le mieux concourir au vomissement , parce qu'ils ne peuvent se con- iracter sans, en même temps, refouler la rate et le foie contre l'estomac, et par conséquent sans le comprimer latéralement en même temps que par leur aponévrose commune les muscles transverses compriment presque immédiatement la face antérieure de cet organe plein d’alimens, et le refoulent . en arrière vers la colonne vertébrale, et en bas vers l’om- bilic; d’où résulte un changement dans la situation de ce vis- cère, tel que le vomissement en est si singulièrement favorisé, qu'il pourroit presque avoir lieu par cette seule cause, sans que l'estomac y coopéràt par ses contractions, ou du moins quoiqu’elles fassent totalement foibles; circonstance bien re- marquable et qu’on n’a pas considérée comme on l’eût pu faire. Je vais à cet égard entrer dans quelques détails pour me faire mieux entendre. Je dirai d’abord avec notre grand anatomiste Winslow (x), que lorsque l'estomac est vide, de ses deux faces, l’une est an- (1) Exposition anatomique , situation particulière de l’estomac , n°. 5o. Nicolas Massa avoit déjà remarqué en 1536, Anatomia liber introductorius, p. 24, que l'estomac changeoïit de position lorsqu'on ÿ introduisoit de l'air, de manière SUR LES CAUsEs Du VOMISSEMENT. 403 iérieure et l’autre est postérieure ; que de ses courbures l’une est supérieure et l’autre est inférieure et dans le même plan; que des deux extrémités, la droite ou la grosse tubéro- sité est supérieure, et que l’autre, la gauche, celle oùse trouve le pylore, estinférieure. J’ajouterai qu’alors l’œsophages’ouvre directement dans l'estomac sans qu’il y ait aucune espèce de pli qui rétrécisse son extrémité inférieure ou son entrée dans l'estomac par l'orifice supérieur et dont le c"dia fait partie; tandis que le duodénum contenu dans une espèce d’étui formé par le péritoine, et sans autre adhérence avec lui dans son tiers supérieur , que par un tissu cellulaire très-lâche, fait deux ou trois plis bien remarquables, connus de tous les anatomistes, surtout depuis #Fzrslo5. Telle est la situation de l'estomac dans son état de va- cuité, mais cet état change lorsque l'estomac se remplit d’ali- mens ou de boissons; alors la face antérieure devient presque supérieure et la face postérieure devient presque inférieure, en même temps que le bord supérieur de l’estomac ou sa petite courbure se porteen arrière, et que le bord inférieur, ou la grande courbure, se relève et se porte en avant, suroif antrorsurm , dit aller (1), et s'applique contre la lame an- térieure du péritoine derrière les museles abdominaux qu’elle tend à soulever , et tellement quelquefois, qu'on y sent, surtout dans les personnes maigres etirritables, le battement de la grande artère coronaire inférieure ; battement qu’on qu’alors l’estomac se porte un peu plus en avant sur le côté gauche. Voyez aussi notre Fist. de l'Anat., ti. 1, p. 352. Schaw a encore fait sur cet objet quelques remarques intéressantes. Transact. philosoph. , année 1733. (1) Haller, Element. physiol., t. VI, p. 120. ho SUR LES CAUSES pu VOoMISSEMENT. avoit attribué avant #P77slomw au trépied de la cœliaque, par le défaut des vraies connoïssances que ce grand anatomiste a principalement répandues. Lorsque l'estomac est ainsi relevé par les alimens, l’extré- mité gauche supérieure de cet organe est déjetée en dedans avec la rate contre le diaphragme, moyennant la contraction du muscle transverse, tandis que l'extrémité droite de l’es- iomac, celle où est le pylore, est relevée et portée en avant; d’où résulte nécessairement par ce »zrement de l'estomac ( qu'on me passe cette expression ) un pli à la partie in- férieure de l’œsophage et un extrême rétrécissement du car- dia, lesquels s'opposent au reflux de la pâte alimentaire de l’estomac dans ce conduit, en même temps au con= traire que le pli supérieur du duodénum diminue consi- dérablement s’il ne disparoît, ce qui facilite nécessairement le passage des alimens dans le reste du duodénum et dans le jéjanum, où ils sont d’autant plus facilement conduits que le duodénum est pourvu de couches musculaires beau- coup plus fortes que celles du jéjunum et de l’ileum; ce qui, joint à son excès de capacité, a donné lieu aux anciens de considérer cet intestin dans l’homme comme un second estomac, véntriculus alter. Un mécanisme si simple pour porter la nourriture dans le canal intestinal et pour prévenir son retour dans l’œso- phage, ou le vomissement, n'est-il pas admirable? Et n’est- il pas surprenant que ceux qui ont écrit sur les causes du vomissement ne l’aient pas pris en considération ? Je n'ai d'autre mérite dans l’application que j’en fais, que de donner de l'extension au beau Mémoire de #Winslow. J’applique SUR LES CAUSES DU VOMISSEMENT. 4o5 à l’état maladif, ce que cet anatomiste n’avoit considéré que dans l’état naturel. Mais si une harmonie pareille est oi si le pli de l’œsophage vient à disparoïtre en même temps que les con- tours du duodénum se reforment, ou plutôt se complètent, il n’est pas douteux que le reflux des alimens dans l’œso- phage, et par suite le vomissement , ne soit singulièrement favorisé. Or, c’est ce qui arrive cependant lorsque l’esto- mac est refoulé en arrière et vers la région ombilicale par les muscles abdominaux, par le transverse particulièrement, dont l’aponévrose contiguë au péritoine finit presque au- dessous de l’ombilic. On peut se former une idée des effets relatifs au vomis- sement qui peut produire le refoulement de l'estomac vers les vertèbres lombaires et vers la région ombilicale en com- primant antérieurement cet organe plein d’alimens solides ou liquides dans un animal vivant, après avoir ouvert le bas-ventre. Si l’on comprime antérieurement l’estomac, on voit le vomissement survenir dès que ce viscère est refoulé en arrière et en bas. J’ai également plusieurs fois, après avoir rempli d’eau l’estomac d’un cadavre, fait couler une grande partie de ce liquide dans l'œsophage, par une pa- reille compression, tandis qu'il n'en couloit pas, ou presque pas, dans le duodénum. | Ces nouons physiologiques nous expliquent pourquoi ceux qui ont quelque tumeur, même d’un petit volume, à la face antérieure de l'estomac, ou quelque intumescence du lobe gauche du foie qui revêt sa petite courbure et la partie Mém. du Muséum. à. 4. 5a 406 ‘sur Les CAUSES pu VOMISSEMENT. supérieure de sa face antérieure , éprouvent de fréquens vomissemens, l'estomac étant même assez ample; Pourquoi ceux qui ont la rate gonflée (1) et prolongée ou descendant vers l’ombilic, vomissent fréquemment ; Pourquoi ceux dont l’épiploon est atteint de quelque engorgement considérable, éprouvent des nausées et des vomissemens plus ou moins violens et réitérés, surtout lorsqu'ils sont debout, et pourquoi quelquefois ils les font cesser en se couchant horizontalement dans leur lit, ou par le moyen d’une ceinture sur la région hypogastrique ; moyen mécanique qui leur suflit alors pour pouvoir marcher et exécuter les mouvemens naturels sans éprouver ni vo- missemens ni même des nausées, l’épiploon étant ainsi sou- tenu et ne tiraillant plus l'estomac. Voici deux faits, sur plusieurs autres que je pourrois rap- porter, et qui paroissent confirmer cette opinion : Une dame ( M". la marquise de Chauvelin ) d’une forte constitution et très-grasse, fut atteinte d'une tumeur au bas-ventre, après une grossesse pénible et un accouche- ment laborieux. Cette tumeur était mobile (2). La malade () Voy. mon Mémoire sur une maladie singulière consistant particulièrement en un vomissement après le repas, par intumescence de la rate. Acad. des Sciences. 1782. (2) J'ai plusieurs fois reconnu dans les femmes naturellement grasses et qui avoient fait des enfans, qu’il leur restoit après leurs couches, dans le bas ventre, quelque intumescence dure et d’abord mobile qui avoit son siége dans l’épiploon, ainsi que l'ouverture du corps l’a prouvé. Sans doute que ces tumeurs sont une suite de la compression plus ou moins grande que l’épiploon éprouve de la part de la matrice qui le comprime pendant la grossesse ou du moins qui l'empêche de prendre son expansion naturelle. Voyez Anat. méd., article épiploon , et mon Mém. sur les maladies de cet organe. “cad. des Sciences , 1771. SUR LES CAUSES Du VOMISSEMENT. 4o7 éprouvoit des tiraillemeñs fréquens dans la région épigas- trique, et souvent des nausées qui étoient quelquefois suivies du vomissement, surtout lorsqu'elle étoit debout et après diner plutôt qu'après souper, quoique ce fût son meilleur repas. Je jugeai au toucher du bas-ventre que la tumeur résidoit dans l’épiploon parce qu’elle étoit très-mobile ; qu'elle remontoit lorsque la malade étoit couchée, et qu’elle clescendoit lorsqu'elle étoit levée. Je crus que cette tumeur dans l’épiploon qui est attaché à la grande courbure de estomac, empèchoit cet organe de se relever convenable- ment lorsque les alimens, provenant de l’œsophage , devoient s'y introduire et y séjourner plus ou moins de temps pour le travail de la digestion. Je prescrivis quelques remèdes in- térieurs pour diminuer les nausées et pour prévenir le vo- missement ; mais considérant que la malade ne vomissoit pas après le souper, sans doute parce qu’elle se couchoit bientôt après ce repas, et que dans cette situation l’épi- ploon n’étoit pas retiré vers la région hypogastrique, je crus, après avoir conseillé plusieurs remèdes inutiles, de- voir ordonner l'usage d’une ceinture sur cette région pour la maintenir dans une espèce de resserrement et empêcher l'épiploon d’y descendre. Ce moyen simple eut un heureux et prompt succès. La malade fit ensuite usage de divers remèdes apéritifs, des eaux minérales de Barèges surtout, où elle se rendit. La tumeur de l’épiploon diminua beau- coup, et le vomissement ne reparut plus (1). (1) Jene doute pas, d'apres le résultat de l'ouverture des corps, que les hoquets ne soient aussi seulement produits par le tiraillement de l’estomac par l’épiploon, lorsqu'il a acquis un trop grand poids, et qu'il tiraille l’estomac vers le bassin et 59 * 408 sur LES CAUSES Du VOMISSEMENT. Le jeune prince Giustiniani éprouvoit de fréquens vomis- semens après ses repas, depuis très-long-temps, tels qu'il rendoit presque tous les alimens qu'il avoit pris, ce qui le maintenait dans une maigreur extrême. Divers remèdes, pres- crits par de grands médecins, avoient été inutiles. Je re- connus une tumeur à la partie inférieure gauche de la région épigastrique , immédiatement au-dessous des fausses côtes. Je jugeai que la rate étoit tuméfiée, qu’elle rétrécissoit l'es- tomac et l’empêchoit de se relever convenablement lorsqu'il recevoit les alimens ; d’où résultoit une gène dans l’action de ce viscère, nécessaire à la digestion. Ayant reconnu que la tumeur étoit molle, je pensai qu’elle étoit formée par le sang. Des remèdes apéritifs fondans et anodins furent pres- crits, la rate perdit de son volume et la tumeur ne parut plus descendre aussi bas qu'elle le faisoit avant le traitement. Par ce moyen et quelques autres remèdes que je conseillai , le jeune malade guérit. Je ne doute pas que je n’aie dù cet étonnant succès à la faculté que l'estomac recouvra de se relever vers le dia- phragme lorsque les alimens parvenoient dans sa eavité, et aussi de se contracter plus eflicacement et plus régulie- rement ; et cela, par la diminution du poids et du volume l'empêche de se relever convenablement lorsqu'il a reçu les alimens, état de l'estomac qui précede le vomissement et dure plus ou moins de temps. Bonet Va prouvé par un fait que Lieutaud a exposé dans son Ænat. médicale. On a reconnu dans le cadavre d’un homme qui avant de mourir avoit éprouvé un sanglot très-opiniâtre, que l’épiploon étoit squirrheux et tellement augmenté de volume qu’il pesoit cinq livres, ce qui faisoit qu’il retiroit l’estomac vers la région ombilicale et ventriculum ita deorsum è suë sede distraheret. Bonet, Æist. anat. med. lib.I, obs. 243. sur LES Causes pu VOMISSEMENT. re de Ia rate. On pourroit lire dans le volume de l'Académie des Sciences, année 1784, l’histoire de cette singulière maladie. En admettant que l'estomac est le principal organe du vomissement , et que les muscles abdominaux en sont les auxiliaires, on réunit les connaissances physiologiques à celles de la pathologie. On continue d’admettre des vo- missemens idiopathiques et des vomissemens sympathiques, comme le font les praticiens, les prenuers étant un ellet de contractions causées par des corps irritans qui agissent immédiatement sur l’estomac, et les autres vomissemens n'étant qu'un effet secondaire à l'affection des nerfs des diverses parties qui ont des correspondances plus ou moins directes avec ce viscère. On n’est plus étonné que les mé- decins aient compris dans la première série ou parmi les vomissemens idiopathiques ceux que produisent les éméti- ques pris par la déglutition, les purgatifs trop violens, les poisons, les inflammations de l'estomac, les vers, des fièvres diverses; et qu'ils aient compris parmi les sympathiques les vomissemens qui ont lieu dans quelques maux de tête en général, des yeux, des oreilles, des dents, du gosier, _des poumons, du diaphragme, du foie, des reins très-fré- quemment, de la matrice, et enfin les vomissemens qui sont la suite des vives douleurs des membres en général, et en particulier de celles qui sont arthritiques, rhumatis- males, etc. - Dans tous ces vomissemens l'estomac est dans une es- pèce de convulsion qui se communique aux muscles ab- dominaux; car tout annonce que les contractions de ceux- 410 sur LES Causes Du VOMISSEMENT. ci ne sont que secondaires, du moins le plus souvent; et quant au traitement des vomissemens, on doit voir par ce qui vient d’être dit sommairement sur la diversité de leurs causes idiopathiques ou sympathiques, combien il doit être varié. J’ai donné un tableau des résultats des vo- missemens dont on a pu reconnoître les causes par l’ouver- ture des corps, dans mon Ænatomie médicale (tome IV, page 173) ; et je me propose de publier dans un ouvrage qui sert depuis long-temps de base à mes lecons cliniques du Collége de France, une série des espèces de vomissemens dont les médecins doivent connoître les différences pour les traiter convenablement. Sans doute que les bons praticiens sont imbus de cette salutaire doctrine, non-seulement à l’égard du vomissement, mais aussi à l'égard du traitement de presque toutes les maladies. [l faut cependant avouer qu’elle n’est pas assez répandue, puisqu'on observe tous les jours les plus mau- vais effets d’une pratique contraire, SUR DE NOUVELLES CHAUVE-SOURIS, SOUS LE NOM DE GLOSSOPHAGES. PAR M GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. Nous avons eu occasion de faire connoîïtre un assez grand nombre de chauve-souris à narines ouvertes au fond d’une bourse : depuis, nos richesses en ce genre ont considé- rablement augmenté. M. Vatrin nous a fait parvenir deux fort beaux exem- plaires du mégaderme du Sénégal, qu’on n’avoit point revu depuis le voyage d’Adanson, et MM. Delalande fils et Auguste de St.-Hilaire, nous ont aussi adressé un riche envoi de nouvelles espèces de phyllostomes, dont il paroït que le principal théâtre de leurs dévastations , la terre du Brésil, abonde. Tant d'objets qui se rattachent à un sujet que j'avois traité dans le 15e. volume des Annales du Muséum m'ont fait désirer de revoir mon travail; mais malheureu- sement je me trouve pour le moment empèché de le faire selon que l'exige l'importance du sujet, à cause des soins que je donne à la confection et à la rédaction de ma philosoplue anatomique ( le premier volume en devant h12 __ Nouverres CnHaAuve-Sounis. paroïtre sous quelques jours ). Je prie en conséquence qu'on veuille bien m’excuser, si je borne cette notice à l’ex- position d’un seul genre, d’ailleurs nouveau. Trois espèces sur quatre dont ce genre est composé sont aussi dans lemême cas. J’avois réservé le nom de phyllostome pour tout le groupe de chauve-souris à feuille qui habitent dans le Nouveau-Monde. Plusieurs traits organiques bien tranchés leur appartiennent exclusivement et les distinguent des deux genres voisins, les rzrolophes et les rmégadermes; comme le nombre des incisives ( quatre à chaque mâchoire ); celui des phalanges de l'aile, phalanges dont aucune ne manque au doigt 72edius ; la conformation des oreilles, lesquelles sont séparées l’une de l’autre et pourvues d’o- reillons ; surtout enfin une circonstance singulière de leur langue, qui transforme celle-ci en un moyen puissant de succion. Les nouveautés dont nous sommes redevables au zèle éclairé de nos estimables correspondans, MM. de St.-Hi- laire et Delalande, nous apprennent que ces divers traits sont également reproduits, dans deux autres combinaisons bien différentes d’ailleurs ; ce n’est pas que nous n’en eus- sions déjà eu sous les yeux les élémens, je pourrois dire, les chefs de files. Des différences que j'avois appréciées dès l’origine m’avoient porté à faire figurer ( Annales, pol. 15e., pl 11. 7208. 2 ef h. ) les crânes du fer-de-lance et du vampire; et si je n'avois pas étendu ce soin au phyllostoma soricinum , c’est que Pallas en avoit donné une monographie complète dans le 3%. fascicule de ses spicilegia. Novverres Cnauve-Sourrs. 413 Tous ces trois chefs de files étant rapprochés par des convenances d’un ordre très-relevé, nous les avions con- .. servés dans le même groupe d’après le principe qu'il vaut mieux se tenir en decà et avoir à subdiviser plus tard que de se porter au-delà et de s’exposer à revenir sur ses pas. Mais aujourd’hui que nous venons de recevoir une deuxième espèce très - voisine du phyll vampyrus, et trois es- pèces aussi nouvelles qui se rapportent au phyll. sorici- run, en même temps que d’autres phyllostomes analo- gues au fer-de-lance, nous ne pouvons plus douter de l'existence de trois petites tribus isolées, et nous nous croyons suflisamment autorisés à établir les trois genres suivans : phyllostomes, vampires et glossophages. Ce der- nier nom est celui que nous proposons pour la subdivision dont l'espèce de Pallas forme le prototype. Nous avons annoncé que nous ne traiterions aujourd'hui que de cette petite famille, Les glossophages ont le crène plus large, et cependant proportionnellement aussi long que celui des vampires. La boite cérébrale est plus renflée; les maxillaires bien moins rapprochés. De cette dernière circonstance il suit que les dents n’y sont point gènées dans leur accroissement. Les incisives y demeurent rangées régulièrement, et les mo- laires ÿ éprouvent la même sorte de détrition que celles des vrais phyllostomes. Leur tête est longue et assez uni- formément conique. l'extrémité du museau menue, et l'appareil de la feuille beaucoup plus terminale et de la plus petite dimension. Le manteau ne se fait pas remar- Mém. du Muséum, 4. 53 414 Nouvezres CuaAuve-Sourrs. quer par sa grandeur, et son expansion entre les cuisses ne forme qu'une membrane très-petite où presque nulle. Par tous ces traits les glossophages se montrent intermé- diaires entre les vrais phyllostomes et les vampyres. Il est un dernier caractère par lequel ils sont mis hors de toute comparaison, et que nous avons cherché à rappeler dans le nom de glossophages, c’est la disposition et la structure singulière de leur langue. La langue de ces chauve-souris est très-longue, roulée, étroite et extensible : nos individus, conservés dans la li- queur, l’avoient sortie du fourreau; et comme il n’a pas été possible de ly faire rentrer, c’est dans cet état qu'ils ont été figurés : la planche de Pallas présente la même circonstance. Le trait le plus remarquable de cette langue et sur lequel Pallas a justement insisté, au point de l'avoir fixé par un dessin fait avec le secours du microscope (planche 4, fig. & et 5 ), consiste dans la saillie ou les bourrelets de ses bords. On diroit que cette langue se roule sur elle- même d'un et de l’autre côté, ce qui donne lieu sur le centre et dans toute la longueur à une forte dépression ou même à un véritable canal. On se rappelle peut-être qu’en décrivant dans notre précédent article sur les phyllos- tomes l'appareil de succion de ces chauve-souris, nous avions donné une très- grande attention à un amas de verrues rangées circulairement sur le centre de la langue, et que nous avions recherché comment elles étoient mises en jeu pour faire le vide. Cependant c'étoit là de bien foibles moyens en comparaison de ceux qui sont départis Nouverres CHauve-Sourris. h15 aux glossophages. Les ressources de ceux-ci pour faire le vide s’accroissent de tous les points de leur langue qu'ils y appliquent, et il est manifeste qu'ils l'y emploient toute entières ve Il n’y auroit eu que cette considération pour nous porter à regarder les glossophages comme formant un petit groupe à part, qu'elle nous eût paru un motif suflisant; mais de plus nous demeurons confirmés dans cette manière d'en penser, en venant à savoir que cette organisation se retrouve dans quatre espèces distinctes à d’autres égards. Les figures dont nous accompagnons cette notice, faites de grandeur naturelle, nous donnent exactement la taille et la proportion de chaque espèce. L’inspection de ces planches nous montre aussi que ces chauve-souris diffèrent peu les unes des autres sous le rapport de leur tête et de leur appareil nasal. C’est dans la manière dont le corps est ter- miné que l’on peut saisir les traits différentiels qui les dis- tinguent : ainsi deux glossophages ont la membrane inter- fémorale assez étendue; et les deux autres l’ont courte et comme rudimentaire. Ces deux combinaisons se subdivisent chacune elle-même, selon qu'une espèce a ou n’a pas de queue, Pallas a pour ainsi dire prévu le cas où l’on pourroit supposer que ce seroit peut-être là un caractère distinctif des deux sexes. Il rapporte qu'il a vu plusieurs individus de l'espèce qu'il a publiée, et qu'il n’a remarqué chez les uns ou les autres, mâles ou femelles, aucun vestige de queue : caudæ nullum vestigium. Dans notre glossophage à queue enveloppée, qui par l’étendue de sa membrane 091 416 Nouvezres CHaAuve-Sounrs. entre les cuisses se rapproche beaucoup du glossophage de Pallas, cette queue existe : c’est un tout petit bout qui ne se prolonge que dans le quart de la largeur de la mem- brane, et qui se rend sensible au dehors et extérieure- ment par une nodosité; on diroit un tubercule qui saille en dehors et qui tend à se dégager. À Les couleurs de ces chauve-souris sont le brun noirà- tre , teintes qui s'éclaircissent un peu sous le ventre. À cette occasion, et en attendant que je m'en occupe expressément, nous prévenons que nous avons reçu les deux espèces comprises dans notre tableau des phyllosto- mes , l’une sous le nom de phyl. lineaturm , ex l’autre sous celui de phyll. lilium, que nous ne connaissions toutes deux que par des indications fournies par d’Azzara. Nous avons vérifié que ces chauve-souris ont, comme tous les autres phyllostomes, quatre dents incisives à chaque mächoire ; et nous sommes de plus dans le cas d'expliquer l’obser- vation différente qu’en a donnée un naturaliste aussi judi- cieux et aussi exact que s’est montré M. d'Azzara. Nos deux phyllostomes ont leurs dents rangées sans qu'il reste d'intervalle entre elles à la mächoire supérieure pour y re- cevoir l’extrème bout des canines inférieures. Les vampyres qui ont de beaucoup la mâchoire d’en bas plus longue que l’autre n’en éprouvent aucun embarras. Les canines inférieures couvrent tout le plan des dents supérieures presque sans les toucher; en sorte qu’elles croïissent res- pectivement, sans se nuire. Les phyllostomes participent à cette organisation, sauf que, Nouverres CHauve--Sounris. 417 la mâchoire inférieure étant moins allongée, les dents ne peuvent plus se ranger dans le même ordre : elles s’entre- choquent. Dans les autres carnassiers la canine inférieure s'est fait jour vers le haut, et a en effet une place réser- vée sur le bord alvéolaire de la mâchoire supérieure entre la canine et la dernière incisive. Les phyllostomes , comme si c’étoit récemment qu'ils eussent quitté les con- sidérations qui caractérisent les vampyres, n’ont point ce vide préparé, ni la mâchoire allongée pour permettre le recouvrement des dents. Les dents se heurtent et le ré- sultat de ces chocs continuels est qu’elles s’usent l’une contre l’autre. Cela se passe très-singulièrement à l'égard de nos deux phyllostomes phy{. lineatum et Uilium. L'in- cisive latérale est atteinte à son centre par la canine d’en bas. La pointe est d’abord usée, puis la dent se trouve successivement creusée, de facon qu’elle emboîte le bout de la canine, et la recouvre comme un chapeau ; c’est cet état de choses que-j'ai constaté par l'observation. Mais il doit arriver que dans la vieillesse l'usure s’étende au sons de la dent elle-même, et qu’elle vienne à tomber; et c’est probablement une chbse outis de cet âge qu'aura vu M. d’'Azzara. 418 NouveLzres CHAUvVE-sourrs. TABLEAU DES ESPÈCES. GLOSSOPHAGE. GLOSSOPHAGA. Dents incisives ; ; — canines À ;— molaires 2 Crêtes nasales au bout du museau ; une seule feuille verticale ; langue canaliculée et extensible. 1. GLOSSOPHAGE DE Pazras. Glossophaga Soricina. é Membrane interfémorale large : queue nulle. Vespertilio soricinus. Parras. Spicilegia. fasc. 3, pl. 3 et 4. Linneus, G. SCHREBER ; pl. 47. Phyllostoma soricinum. G. S. H. Ann.,t.15, p. 155. F'espertilio soricinus. { PATRIE. Surinam, ses îles et tout son littoral. 2. GLOSSOPHAGE À QUEUE ENVELOPPÉE. Glossophaga amplexicauda, pl. 18, A. Membrane interfémorale large : une queue courte et terminée par une nodosité. Nouvelle espèce due aux recherches de M. Delalande fils. Parrie. Le Brésil, aux environs de Rio-Janeiro. 3. GLOSSOPHAGE CAUDATAIRE. :Glossophaga caudifer, pl. 17. Membrane interfémorale tres-courte. Une queue qui la déborde. Espèce nouvelle, du voyage de M. Delalande jits. Parrie. Le Brésil, aux environs de Rio-Janeiro. 4. GLOSSOPHAGE SANS QUEUE. Glossophaga ecaudata , pl. 18, B. Membrane interfémorale tres-courte. Queue nulle. . Espèce nouvelle, du voyage de M. Delalande fils. Pari. Le Brésil, pres Rio-Janeiro. 0) ."49/pn02 VOFHAIOS S OT? ‘04107DPND9 WOVHLOSS OTI !. prove dut G ao de Le cyoauo enonb { 272pPNDI0 VA enronb PUDS FOAFHdOSS'O T9 49 VHLOSS'O TI ( s= { ï ïl + 0) 4 Ur A Ari HE SE ù a à in ’ : om. 4. AE \ te TOUT v 1 | (! f / 1) lp) 1 ji ù TE jo ll | A All ( ETS 1292 ydooo (74 1) Pr f “AIVA NZ 0 FT DU CERCOPITHÈQUE CYNOCÉPHALE DE Brissow, ET DU GRAND ON DE BUFFON. PAR M. FRÉDÉRIG CUVIER. ae en juger par les ouvrages qui ont eu les singes pour objet, on peut conclure que le cynocéphale décrit par Brisson sous le nom de cercoPITHECUS - cyNocEPHALUS , et ceux que Buffon a appelés grand et petit papion, ne sont point encore assez connus, puisque dans ces ouvrages ils n’ont pas été distingués l’un de l’autre, et que les dif- férences qui les caractérisent ne sont considérées que comme des différences de variétés. En effet, M. G. Cuvier, dans son ouvrage qui a pour titre le règne animal distribué d'après son organisation, ne parle que du grand papion de Buffon ; et M. Desmarest, dans le nouveau Dictionnaire d'histoire paturelle, suivant 1e mêmes idées, n'admet aussi que ce papion. Quant au cercopithèque dr odé halte de Brisson, quoi- qu'établi d’après plusieurs individus vivans, il paroit avoir été tout-à-fait exclu de la science; il n’est plus même rappelé dans la synonymie. A la vérité la description qu'en donne cet auteur est beaucoup trop abrégée. Ce n’est pas toutefois que ces animaux n’aient point en- 420 CERCOPITHÈQUE CYNOCÉPHALE, core été admis comme espèces distinctes dans les mé- thodes. Linneus fit son simia cynocephalus d’après le cercopi- thecus cynocephalus de Brisson ; mais la phrase par laquelle il caractérise ce. singe est devenue insuflisante, et il ne connut point le papion. M. Geoffroy-St.-Hilaire admet ce cynocéphale et le grand papion dans son tableau des quadrumanes, inséré dans le tome 19 des annales du Muséum; et les traits par lesquels il les distingue sont en effet ceux qui les caractérisent. On auroit donc lieu de s'étonner que l'existence de ces deux espèces de cynocéphales, imparfaitement décrites il est vrai, mais fort bien caractérisées, parut encore dou- teuse , si on n'en trouvoit pas la raison dans les figures in- correctes qu'on en a, et dans les erreurs de synonymie . dont ils ont été l’occasion, et qui tendoient toutes à faire penser qu’en effet ces deux espèces ne devoient en former qu'une, et qu'on ne pouvoit être porté à les séparer que parce qu’on les connoissoit mal. Ayant eu occasion de voir plusieurs fois vivantes et à différentes époques de leur vie le cynocéphale de Brisson et le grand papion de Buffon, je vais faire connoître leurs traits distinctifs , et je tâcherai de rétablir leur synonymie autant que me le permettront les descriptions incomplètes que j'aurai à examiner. Dans la suite de ce Mémoire je parlerai du cynocéphale. sous le nom de babouin, et je conserverai à l’autre celui de papion. s Pour tout ce qui tient aux caractères génériques, ces CERCOPITHÈQUE CYNOCÉPHALE. 493 animaux se ressemblent absolument. Leur museau est pro- éminent, et c’est à son extrémité que les narines sont ou- vertes. Elles sont élargies et séparées l’une de l'autre en dessus par une échancrure ; une côte saillante règne tout le long et de chaque côté du museau; les oreilles se ter- minent en pointe. Les yeux sont rapprochés , et la crète qui les recouvre est très-avancée; le front fuit en arrière, et de larges abajoues garnissent la bouche. Leur corps est trapu, les membres sont d’égale longueur , et la queue qui descend plus ou moins, reste continuellement pendante, excepté à sa base.Leurs fesses, d’un rouge vif, sont nues, et les callosités assez larges; et les organes de la généra- üon chez les mâles du moins ne diffèrent point de ce qu'ils sont chez les autres cynocéphales. Leur taille et leur pro- portion sont les mêmes : ils paroïissent avoir des penchans semblables et le même caractère. Mais ces animaux diffèrent essentiellement pour tout ce qui dépend des caractères spécifiques. Chez le papion, le museau, les oreilles sont entièrement noirs, et le dessus de la paupière est blanc, comme chez la guenon Man- gabey. Ces parties sont d’une couleur de chair livide chez le babouin un peu plus claire autour des yeux. Chez le premier , les narines s’avancent obliquement au-delà du museau par le prolongement de leur partie supérieure, et les cartilages latéraux suivent la direction de la cloison moyenne; chez le second, aucune partie des narines ne dépasse le museau , et les cartilages latéraux un peu échan- crés dans leur-milieu s’avancent moins que la cloison. Chez Méim. du Muséum. 1. 4. 54 422 CERCOPITHÈQUE CYNOCÉPHALE, le papion la queue descend jusqu’au milieu des jambes ; chez le babouin elle ne dépasse pas les cuisses. La couleur des parties supérieures chez le papion est üquetée de marron et de noir, et provient de ce que chaque poil est alternativement coloré par de petits anneaux noirs et bruns; celle des mêmes parties chez le babouin est lavée de verdâtre et de noir, c’est-à-dire que les poils ont alternativement des anneaux jaunes et noirs, mais beau- coup plus larges que ceux de la première espèce ; ce qui fait que les couleurs de celle-ci sont mélangées avec plus d'uniformité que celles de l’autre, et c’est cette différence que j'ai entendu exprimer par les mots “tiqueté et lavé. Les parties inférieures chez le papion comme chez le babouin sont de la même couleur que les supérieures, mais un: peu plus päles surtout à la face interne des membres. Enfin le papion a les côtés des joues garnis de poils fauves. Le babouin les a garnis de poils blancs jaunätres, et cette couleur s'étend jusques sous le cou. Les jeunes individus différent un peu des adultes, mais ils ne pré- sentent pas moins ces caractères distinctifs de leur espèce. Leurs différences se rapportent principalement aux organes de la génération et aux proportions des diverses parties du corps. Ainsi leur scrotum n’est point encore apparent, Leurs fesses sont couleur tannée, au lieu d’être rouges. Le museau et la crète sourcilière s’avancent peu, et les jeunes babouins ont les parties inférieures d’un blanc sale, tandis que les jeunes papions ont déjà cess parties de la couleur qu’elles ont chez les adultes. Je ne puis rien dire LL CERCOPITHÈQUE CYNOCÉPHALE. 423 des femelles , je n’ai jamais eu occasion de les décrire, et je ne sache pas qu’elles aient jamais été observées compa- rativement. Le premier auteur chez lequel il seroit permis d’apercevoir une indication de ces animaux seroit Margrave, dans ce qu'il rapporte de son cercopithecus angolensis major. Nous ne répéterons pas ce que nous avons dit à ce sujet dans notre Mémoire sur le macaque de Buffon, où nous croyons avoir établi que le singe de Margrave est un cy- nocéphale ; et comme cet auteur lui donne une couleur qui approcheroit de celle du loup , et que cette couleur est mieux représentée par un pelage lavé de. jaune et de noir que par un pelage tiqueté de noir et de brun, quoiqu'il y ait encore assez de différence, nous pencherions plutôt à regarder cet animal comme un babouin que comme un papion, tout en avouant que cette idée ne repose que sur des conjectures assez légères. Quoi qu’il en soit, il en ré- sulteroit que le cynomolgos de Linneus n'étant certaine- ment pas le macaque, comme Buffon le supposoit, et comme on l’a pensé jusqu'à ce jour, seroit peut-être le babouin. Brisson donne pour synonyme de son cynocéphale, de notre babouin, le cercopithecus de Jonston , qui est vraisem- blablement le macaqué de Buffon, et il ne connut pas le papion. Linneus ne connut pas non plus ce dernier singe, comme nous l’avons déjà dit, et partagea l’erreur de Brisson sur le premier. Erxleben ne fit qu'accroître cette erreur en ajou- tant à la synonymie de son cynocéphale, c’est-à-dire du babouin, le singe que Margrave a désigné par ces mots 54 * ho CERCOPITHÈQUE CYNOCÉPHALE. Gunensis AtIUS, et qu'il a décrit de la manière la plus insignifiante. Buffon et Daubenton ayant peut-être pu les premiers , suivant quelque vraisemblance , comparer le papion et le babouin, furent aussi les premiers qui regardèrent les ca- ractères distinctifs de ces deux espèces comme de simples caractères de variété, en donnant dans la même histoire leur grand etleur petit papion. Cependant il est probable, à la description que Daubenton donne du second, que ce singe avoit les caractères du babouin. Il dit positivement que son pelage étoit d’un vert jaunâtre et la face noirâtre (et non pas noire ); et Buffon cite comme de l'espèce du papion le babouin de Kolbe, qui est le simia porcaria de Bodaert, et le papio de Gesner ou le simia sphinx de Linneus, qui étoit un mandrill. Pour ce papion Erxleben et Gmelin sui- virent Buffon, mais ce furent les papions qu'ils donnèrent pour synonymes du s. sphinx. Pennand se borna à copier Buffon ; et Schreber en co- piant tout le monde ne fit qu'augmenter la confusion. Audebert ne connut point le babouin; et le singe décrit par M. Brongniart pour le cynocéphale de Linneus étoit, ainsi que je m'en suis assuré par l'examen des dépouilles de cet animal, un véritable papion. Ma persuasion que ce singe était réellement le babouin me la fait présenter comme tel dans mon Mémoire sur le macaque de Buffon ; et c’est une erreur que je m'empresse de réparer. M. Geoffroi parle évidemment d’un jeune babouin sous le nom de papio cynocephalus, et il y rapporte avec raison le cynocéphale de Linneus, c'est-à-dire celui de Brisson; 4 CERCOPITHÈQUE CYNOCÉPHALE. 425 mais il ajoute à cette synonymie le’ yelow baboon de Pen- nand et le simia sub. lutea de Schaw, pris d’un individu empaillé, qui par sa face moire et sa queue courte, seroit plutôt un mandrill ou un drill. Enfin il en rapproche en- core le sua basilicus de Schreber, dans la figure duquel on ne retrouvercit que bien diflicilement les caractères du genre. M. Geoflroi parle du papion sous le nom de sphinx, et il lui rapporte le petit papion de Buffon que nous soup- çonnons être le babouin. Depuis le travail de M. Geoffroi le babouin n’a plus été reconnu, et l’on s’est accordé, comme nous l’avons dit, pour le confondre. avec le papion. Quant aux figures de ces deux espèces de eynocéphales, les seules qui aient été faites d’après nature vivante sont celles de Buffon ( vol. 14, pl. XIIT et XIV ). La première représente un papion mâle adulte, avec une queue coupée, et la seconde peut être un babouin femelle très-jeune, ayant aussi la plus grande partie de la queue enlevée; mais ces figures sont incorrectement dessinées, et la posture où elles représentent les animaux n’est point propre à faire connoitre leurs formes et leurs proportions. M. Brongniart a dessiné son cynocéphale d’après un indi- vidu qui venoit de mourir à la suite d’une longue maladie ; et c'est à cette circonstance qu'il faut attribuer les formes peu naturelles de cet animal; toutefois c’est la seule figure qui nous fasse connoître exactement la queue du papion. Audebert représente deux papions mâles adultes dans ses figures 1 et 2, mais elles ont été faites d’après des animaux h26 CERCOPITHÈQUE CYNOGÉPHALE. empaillés, et leurs couleurs ne sont point fidèles : le pelage est d’un brun jaunâtre trop uniforme. Il résulte de cet examen, 1°. qu’on n’est sétéblénen en droit de rapporter à l’espèce de papion que la description et la figure que Buffon donne de son grand papion; celles. du cynocéphale de M. Brongniart, et celles du premier et dudeuxième papion d’Audebert; 20. que l'espèce du babouin ne repose encore que sur ce qu’en disent en quelques mots seulement peut-être Margrave et Daubenton, Brisson et M. @eoffroi, et sur la figure du petit papion de Buffon, si en effet elle représente le babouin. C’est-à-dire que l’un a fort bien été décrit, mais n’a point été représenté exacte- ment, et que l’autre n’a jamais été représenté ni décrit de manière à être reconnu. La figure que je donne ici du babouin remplira en partie cette lacune. Jom.Z. PL.20: Z.C.Richard deb. RICHARDIA arieana ; 427 OBSERVATIONS Sur quelques genres de la Jamulle des ARroIDÉES. PAR CHARLES KUNTH. Faites et rédigées pendant l’année 1815. pi les familles des plantes qui demandent une révi- sion rigoureuse des botanistes, la famille des Aromées est peut-être celle qui en a le plus besoin, étant une des moins connues quant à la structure des parties de sa fruc- üfication. j Le plus grand nombre des Aroidées végète dans des endroits plus ou moins marécageux, à l'ombre des forêts épaisses et humides des pays chauds; notre climat n’en produit que très-peu d'espèces. Leurs. fleurs de peu d’apparence et d’une courté durée, enveloppées d’une spathe verte, se font à peine distinguer des feuilles et échappent facilement aux recherches du botaniste voyageur, qui, séduit par une vé- gétation plus variée et plus éclatante de couleurs, néglige souvent les productions moins belles du règne végétal. Si par hasard quelques espèces se présentent à ses regards, ilse contente de les dessécher sans en avoir examiné, décrit ou dessiné les parties de la fructification. Ces échantillons altérés et peu reconnoissables n'offrent au botaniste qui les examine que des regrets et des difficultés insurmon- tables. Il tâche en vain de deviner la structure de la fleur 428 AROIDÉES. et se voit le plus souvent forcé à les rapprocher de genres connus, sans pouvoir contribuer au progrès de la science. Les espèces même de nos contrées et celles qui sont cultivées dans les jardins botaniques, ne sont pas encore examinées sous leur vrai point de vue, On peut dire," que c’est cette tendance systématique par laquelle on n'examine les plantes que pour les classer d’après un système artificiel, sans étudier leur structure, qui à nui considérablement aux progrès de la botanique et surtout de la famille qui fait l'objet de ce Mémoire. M. Richard, qui depuis une longue suite d’années se livre à l'analyse des végétaux avec une noble passion et une extrême assiduité, a accordé à la famille des Aroidées une attention particulière ; il nous promet de publier ses ob- servations dans un ouvrage général qui renfermera une im- mense quantité d'observations neuves et intéressantes. Il a bien voulu me permettre de parcourir ses riches herbiers, d'examiner les milliers de dessins analytiques qu'il a faits et de recourir à ses profondes connoïssances. Je profite de cette occasion pour lui en témoigner toute ma réconnois- sance. Cest à ce savant aussi que je dois les descriptions et les dessins que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux des botanistes. Les familles des Aroidées, des Piperacées (1), des Ty- (1) D’après les recherches de M. Richard et d’après mes propres observations, les Piperacées forment une famille tres-distincte des Urticées et entrent dans le vaste groupe des Monocotylédons, à côté des Aroidées. Cette famille de Pipe- racées n’est composée jusqu’à présent que de deux genres Piper et Peperomia. WT. Decandolle a donné le premier dans un simple catalogue des familles (Théorie AROIDÉES. 429 phées et des Fluviales quoique très-voisines offrent cepen- dant assez de caractères propres à les faire distinguer entre elles. La graine est pourvue d’un gros endosperme ( pé- risperme Juss.) dans les trois premières familles; elle en -est dépourvue dans la dernière; la graine est dressée dans les Piperacées, elle est renversée dans les Typhées, pendante dans les Fluviales, et ou dressée où pendante dans les Aroidées; l'ovaire ‘est poiysperme dans les Aroidées et monosperme dans les trois autres familles, à l'exception du Lena qui doit pourtant entrer dans la famille-des Fluviales. Du reste ces familles ont beaucoup de rapports entre elles pour la disposition des organes sexuels, linflorescence et le port général. Toutes les espèces des quatre familles que nous venons de caractériser ont les fleurs dépourvues d’une vé- ritable enveloppe florale, insérées sur un spadice plus où moins charnu et entouré dans sa jeunesse d’une spathe mem- braneuse. On ne trouve de véritables fleurs hermaphro- dites, peut-être, que dans la famille des Piperacées; dans les trois autres familles ce sont des fleurs femelles entou- rées de fleurs mäles et d’écailles qu’on a prises jusqu'à présent pour des fleurs hermaphrodites. L’analogie de ,ces genres auxquels on a attribué ces sortes de fleurs ( comme Pothos, Dracontium , Pistia, Potamogeton ) avec les élémentaire de la botanique, p. 218.) le nom de Piperitées à un groupe des . Urticées qui comprend, outre le genre Piper, le Cecropia et plusieurs autres - genres que nous croyons tout-à-fait étrangers à ce groupe. Dans un autre ou- vrage ( Essai sur les propriétés médicales des plantes , p. 268), il a rangé le genre Piper parmi les Urticées et regarde le groupe de Poivriers comme encore mal connu et nombreux. On trouve une analyse des fleurs et des fruits de Piper et Peperomia dans le Nova genera et species plant. æquin., tom. I, tab. 3. Mém. du Muséum. 1. 4. 55 430 AROIDÉES. genres indubitablement monoïques (comme 47wm, Calladium , etc. ), ne laisse aucun doute sur la vérité de notre assertion générale. Par un examen un peu soigneux on se convaincra facilement que ce que l’on a regardé comme un calice divisé ne sont que des écailles distinctes qui prennent leur origine de la substance du spadice même. D'après ces observations nous osons soutenir que toutes les espèces connues des Aroïdées, des Typhées et des Fluviales sont monoïques, rarement dioïques ( /Vajæs), toujours monandres et monogynes. Je passe/de ces remarques générales à la description de trois espèces d'Aroïdées ; du Calla palustris Linn., du Calla œthiopica Linn. et de l’Ærm Anisarunilinn., qui forment autant de genres distincts. La première espèce, qui est le type du genre Calla de Linné, doit être conservée à ce genre, et en sera, d’après ma manière de voir, la seule espèce connue. ne Calla œthiopica Tinn. portera le nom d’un botaniste qui par ses analyses et par ses idées ingénienses a jeté de nouvelles lumières sur toutes les familles des plantes, et particuliè- rement sur celle des Aroidées. M. Richard a bien voulu agréer ce foible témoignage de mes sentimens pour lui. Le genre Richardia Linn. diffère du genre M oérmacoce seulement par le nombre (six) des parties de la fleur, et si toutefois il falloit le conserver, on devroiït changer son nom en celui de Richardsonia , pour rappeler le botaniste an- glais Richardson, en Yhonneur duquel Linné a consacré ce genre. La troisième espèce l’Ærwm Arisarum Linn., que l’im- mortel Tournefort regardoit déja comme un genre distinct AROIDÉES. 131 du genre Arwm, mérite d’être rétabli comme tel, et nous lui conservons son premier nom Ær?sarumn. Ces trois genres indiqués sont de la section des Aroïdées proprement dites, qui se distingue des Orontiacées de M. Brown par l'absence des écailles à la base de chaque fleur mâle. Le fruit dans les vraies Aroidéesest, eomme dans les Orontiacées, une baie, tandis que dans la troisième sec- uon des Pistiacées c’est une capsule. Cette dernière section ne renferme jusqu’à présent que les genres Pistia et Armbro- SINLQ. CALLA palustris. Linn. HERPA aquatica; perennis. CauLis procumbers, radicans , articulatus, éylindricus , inferne sub- nudus ; superne vaginis foliorum tectus. FoLrA approximata , alterna , erecta, subrotunda, cuspidata, pro- fande cordata , sabconcava. Petioli inferne canaliculati, basi va- ‘ginati ; vagina superne libera , oblonga, amplexicaulis. SoAPus axillaris, cylindraceus, compressiusculus , inferne vagina pe- tiolari involutus. SPATHA. declinata, plana autconvexiuscula , basi angusfaia, vaginata, nec convoluta, suborbiculata , subcordata , apice cuspidato- su- bulata ; cuspide recurvata. SPADIX erectus, breviter pedunculatus , cylindraceo-oblongus, ubi- que pistillis permullis, sessilibus , staminibus crebrioribus inter- mixtis, inordinafe tectus, apice tanfum staminifer. Squamæ aut appendices nullæ. STAMEN : Filamentum pistillis longius, gracile , subclavaitum; an- thera didyma ; loculis subglobosis, distinctis, sammo filamenti utrinque oblique adnatis, sulco longitudinal notatis, bivalvi- bus; valvis ovalibus ; concavis. sis 4352 AROIDÉES. Pisriz zum : Ovarium irregulariter ovoideum, superne subconicum ; stigma sessile, disciforme, orbiculatum, subconcavum, levissi- me glandulosum. : . Ovula sex aut octo, cylindracea, fando ovarii affixa, erecta; in substantiam infernam gelatinosam albidam ovari separatim immersa, Frucrus : Spadix fructifer ovoideo-cylindraceus ; baccæ dense ap- proximatæ, abbreviato-prismaticæ, pressione mutua polyedræ, albidæ, disco convexo rubro terminatæ et puncto centrali (stigmatis rudimento ) notatcæ. | PERICARPIUM carnosut, uniloculare , farctum substantia “io ER fi- broso - membranacea , ad pericarpiuim adhærente et semina oc- cultante. SEMINA tria ad octo, axi centrali incompleto circumposita Fandoue cavitatis aflixa, erecta, ovoideo- cylindracea. Epispermium ferrugineo- fuscum , longitudinaliter striatum , scrobiculis punctiformibus. conspersunx, coriaceo-testaceum, ubi axin pericarpi spectat linea prominente (vasiductus Rich.) nofa- tum. Hæc linea a punceto adhæsionis seminis usque ad.ejus api- cem adscendit et in fuberculum convexum epispérmio adratur termimatur. Fe. EE Endospermium dense carnosum , eadem forma ut Semen. Embryo axilis, longitudine fere endospermi, lineaïi-eylindra- ceus, superne atfenuatus, erectus et rectus. Radicula brévissima, rotundato-obtusa; cotyledo quintuplo aut septuplo longior ; gem- mula manifesta, conoiïdea, obtusa, ex foliolis duobus altero al- terum involvente composita, Observation. Selon M. Richard les figures et la descrip- tion du Calla æthiopica de Gærtner paroissent appartenir à l'espèce que je viens de décrire, seulement le spadice fruc- tifère est figuré plus gros que nature, (4) AROIDÉES. > Co RICHARDIA africana. Calla æthiopica Linn. RaADIx perenuis. . FoLiA radicalia, erecta, longissime petiolata, subhasfato- cordata, oblonga, cuspidata; cuspide recurvata; ner vis lateralibus permul- tis, obliquis. Petioli inferne vaginantes , subamplectentes, superne semiteretes et apicem versus complanati, interius subcanaliculati. Foliatio convolutiva. Scapus solitarius, centralis, erectus.,, bi- auttripedalis, folia sæpissi- me superans, subtrigonus. SPATHA maxima, alba, basi virescens, inferne convolufa et clausa, su- perne plana, patens, late ovalis, cuspidata; cuspide recurvata. SPADIX spatha dimidio brevior , sessilis, erectus, elongato-cylindra- ceus, superne paulo attenuatus, inferne fere ad quartam partem longitudinis pistillis permultis staminibusque sterilibus intermix- tis, reliqua parte staminibus creberrimis densissime tectus. STAMINA : (Tot flores masculi quot stamina) anthera sessilis, quadran- “gularis, cuneato-compressa , albida , terminata disco flavescente, brevissime villoso, hinc et inde convexo et poro centrali ad pol- linis emissionem ufrobique pertuso ; loculi duo, laterales , linea- res, süperne atfenuato-tubulosi et discum perforantes, sulco lon- gitudinali notali; connexivum latum , laminiforme, superne in discum, qui antheram-ferminat, dilafafum. Pollen album, unctum aut saponaceum ; moleculis ovoideo- globulosis, Iævibus, cohærentibus, per poros loculorum catenatim ejectis. , Stamina sterilia( staminodia Rich. } loculis destituta, clavifor- nia, PistizzA ( Quot pistilla tot flores feminei ) lageniformia ; ovarium ovatum ; stylus brevis, crassus; stigma subcapitatum, truncatum , convexiusculum , orbiculatum, glandulosum. 454 .AROIDÉES. Ovula circiter duodecim, in materiam gelatinosam, qua cavitas ovarii farcta, diversa altitudine immersa, loculamentis tribus parietalibus falsis separata, subclavata, extremitate incrassata materiæ adhærente, altera libera magis minusque AACTEUES spec- tante. Frucrus : Spadicis pars superior staminifera decidua ; inferior fructi- fera ovoidea , basi marcida spathæ cincta. Baccæ densissime ap- proximaiæ, obovoideæ, pressione mutua magis minusve dif- formes. PERICARPIUM carnosum, bonne uniloculare ; cavitas membra- na interna carens. SEMINA unicum ad quinque, axi longitudinali subcentrali carnoso, varia altitudine, afixa , subobovoidea, inversa aut pendula ; tro- phospermium ( funiculus umbilicalis ) enim ex axi centrali pro- diens per latus internum seminis adscendit et tuberculo subter- minali seminis affixum est, Epispermium ferrugineum, vix læve, crassum, carnosum , exsiccatione suberosum; membrana inferna ad basim pressione cuspidis notata , apice tuberculato-incrassata. Endospermium epispermio arcte adhærens, forma seminis, durum , farinaceo- album, superficie densiore ,; Subdiaphana. Embryo in inferiore_ parte epispermii axilis eoque dimidio brevior, albus, rectus, oblongo- cylindraceus, superne atfenua- tus, antitropus ; gemmula enim minutissima, extremitati crassiors embryonis approximata, ejusque directio oblique adscendens in- dicat, extremitatem breviorem et crassiorem convexo-obtusam, radiculam esse, extremitatem aufem aftenuatam , longiorem , ad tuberculum aut punctum adhæsionis spectantem, esse cotyleda- nem. ÂAROÏYDÉES. 35 EXPLICATION DE LA PLANCHE: ; a: Sommité florifere de la hampe de grandeur naturelle. B. C. D. 1 1. Spathe. — 2. Partie pistillifere du spadice. — 3. Sa partie anthérifère. 1, 2. Loges de l’anthère. — 3. Connexif. — 4. Soinmet du connexif. —5,6, Pores par lesquels sort le pollen 7. Anthère coupée longitudinalement pour faire voir le rétrécissement supérieur de la cavité des- loges 1, 2. > . Etamines stériles interposées aux pistils. — 3. L’ovaire coupé Jongitudi- nt — 4. Style. — 5. Stigmate. — 6. Ovules. Graines de grosseur naturelle. 1. Graine grossie. — 2. Tubercule par lequel elle est attaché au trophosperme 3. . Coupe longitudinale d’une graine. — 1. Son tubercule. — 2. Endocarpe.— 3. Embryon également coupé. ARISARUM sulgare. Arum Arisarum Lann, ScaApus radicalis, erectus, cylindraceus , lævis. SpaATuA oblonga , inferne cylindraceo-tubulosa, superne aperta et re- curvata. SpADIx in fundo spathæ oblique sessilis eamque longitudine subæ- quans, subpyramidalis, inferne ad tertiam partem longitudinis florifer , reliqua parte clavatus et nudus. Pistilla nonnulla, sæpius quinque aut septem, rarius pauciora , basi spadicis antice adnata ; stamina permulta, distincta,subdistan- tia, reliquam partem inferiorem spadicis occupant. Squamæ aut appendices nullæ. STAMINA : Filamentum crassum , superne atfenuatum , in staminibusin- ferioribus longius quam anthera, in superioribus gradatim bre- vius; anthera subrotunda, transversaliter bivalvis; valvulis postice conjunctis ; superiore multo minore, infus curvata, inferior ‘ei operculi instar tesente. PisTiELUM : Ovarium depresso-cubicum, basi paulo attenuatum; disco 436 AROIDÉES. plano, radiato; stylus centralis, cylindraceus ; stigma capitato-de- pressum ,subpeltatum , glandulis minutissimis dense conspersum. Ovarium uniloculare videtur ; ovula quindecim aut viginti, ovoideo-oblonga , erecta, fundo cavitatis affixa. ’ Observation. M. Tazetti (Annal. Mus. Flor. IE. 2, p. 67) décrit les fruits, qui me sont inconnus, comme des cap- sules coriaces, uniloculaires , contenant deux ou quatre graines globuleuses, etc. Mais son assertion et la nature du péricarpe a besoin d’être vérifiée, et sa description est trop incomplète, pour qu’on puisse en tirer un bon caractère car- pologique. CHARACTERES GENERICI. -CALLA Binn. Character naturalis. SPADIX pistillis et crebrioribus staminibus promiscue tectus, apicem versus fantum staminifer, ( SPATHA patula, basi non convoluta. % Flores masculi. STAMINA : Anthera filamentum longum gracile terminans; loculis duo- bus, distinctis, subrotundis , sulco longitudinali bivalvibus. Flores feminet. PisTiLLA : Ovarium ovoideum , apicem versus breviter attenuatum ; ovulis paucis, distinctis, basilaribus, erectis. Stigma subsessile, disciforme , orbiculatum. Faucrus: Pericarpium baccatum, materie semina occultante farctum. Semina axi centrali circumposita, basilaria , erecta, ovoideo-cy- lindracea , longitudinaliter siriata. Vasiductus hinc a basi ad api- AROIDÉES. 437 ‘ cem adscendens, epispermio adnatus. Embryo axilis, fere longi- tudine endospermi , longe linearis, orthotropus. CaAuLESscENSs. Vagina superne a petiolo soluta! Scapus axillari-lateralis. Character differentialis. SPADIX pistillis et crebrioribus staminibus promiscue tectus. SPATHA patula. FILAMENTA longa. ANTHERA loculis duobus , dislinctis, longitudinaliter bivalvibus. SrieMA subsessile, SEMINA basilaria , cyliudracéa, vasiduetu adnato semicincta. EMBRYo orthotropus. RICHARDIA. Calla æthiopica Linn. < Character naturalis. SpADix elongato-cylindraceus , ima parte intermixtis staminibus steri- Bbus claviformibus pistillifer , reliqua parte staminibus creberri- mis densissime obsitus. SPATHA magna, ima parte convoluta, superne patens. . Flores masculi. STAMINA: Anthera sessilis, subquadrangularis, cuneato-compressa ; connexivum supra loculos laterales dilatatum in discum utraque extremilate convexum et poro centrali ad pollinis emissionem perforatum. Pollinis particulæ per poros catenatim ejiciantur. Flores feminet. PistiLLA lagenuliformia. Stigma orbiculato-capitatum, leviter con- vexum , glandulosum. Ovarii cavitas farcta materie tenuiore, ge- latinosa , cui immersa sunt et adhærent diversa altitudine ovula complura , loculamentis tribus parietalibus incompletis separata. FrucTus : Bacca oligosperma. Semina ad axin diversa altitudine ap- pensa , subrotundo-obovata. Embryo axilis, endospernio dimi- dio brevior , obclavatus, antitropus. Scapus radicalis. OBservATIO. Hoc genus diximus in honorem Ludovici Claudii Richard, botanices professoris Parisiensis, Méin. du Muséum. À. 4. 56 438 AROIDÉES. Character differentialrs. SPADIX ad imam partem pistillifer intermixtis staminibus sterilibus : reliqua parte anthéris sessilibus tectus. Connexivi vertex supra lo- culos laterales pertusus duobus poris pollen ejicientibus. SEMINA “ad axin pericarpi diversa altitudine appensa. EmBrxo antitro- pus. ARISARUM Tournef. Inst. 161, t. 70. Arum Arisarum Lann. Character naturalis. SPADIx ex una parte, ad basim , pistillis, supra 1lla staminibus distinctis tectus, superne nüdus. SPATHA inferne tubulosa , superne aperta et incurva. Flores masculi. STAMINA : Anthera filamento brevi et crasso suffulta , transverse bival- vis. Flores feminei. PisriLLA : Ovarium abbreviato-subeubicum, ovulis ( sive seminulis } multis, oblongis, ipsius fundo aflixis, erectis gravidum. Stylus abruptus, cylindraceus. Stigma depresso-capitatum. Frucrus mihi ignotus. Scapus radicalis. Character differentialis. SpADix ad basim pistillis paucis, supra illa staminibus distinctis onus- tus , superne nudus. SPATHA inferne tubulosa. ANTHERÆ filamen- üs brevibus insidentes, transverse bivalves. STYLUS abruptus. SEMINA omunia basilaria. F NOTE Sur le genre Piper et la place qu’il doit occuper 0 | parrmilles Monocotylédons. PAR CHARLES KUNTH. (Lue à la Société Philomatique , le 11 mai 1816.) Lr genre Piper est du nombre de ceux auxquels plusieurs botanistes disputent encore leur véritable place dans la série des Monocotylédons. On devroit croire qu’une analyse de Ia graine décideroit de suite cette question impor- tante; mais dans le cas présent, il faut supposer qu'il y ait, soit dans l’organisation même de la plante, soit dans l'analyse , des difficultés qui échappent à la première vue. Les espèces de Piper qu'on cultive dans les jardins bo- taniques ne produisent pas de fruits, et ceux des Pepero- mia sont trop petits pour pouvoir en examiner la structure de l'embryon. Nous sommes donc uniquement restreints à l'analyse des graines sèches, conservées dans les herbiers, et ces graines sont rarement assez müres. Entre vingt ou trente on en trouve à peine une dont l'embryon soit com- plet. C'est là un premier inconvénient, sans parler des difi- cultés que présente l’analyse de certaines graines monoco- tylédonées. à Gærtner a donné le premier une analyse du fruit de Pi- per nigrum; mais quoiqu'il observe très - ingénieusement 56* 44o SUR LE GENRE Piper. qu'il y a un grand rapport entre les graines du Piper et celles des Palmiers , il pense, comme le plus grand nombre des botanistes, que le Piper est dicotylédon. M. Richard a fait une bonne analyse d’une espèce de ee genre, dont il a bien voulu me permettre la publication dansle Nova genera et species plantarum æquinoctialiurn. Quand on examine son dessin, dont l’exactitude a été confirmée par mes pro- pres observations, on trouve qu’un périsperme ( endosper- me Rich.) farineux (1) occupe presque tout le volume de la graine, et ne laisse qu’à l'extrémité supérieure un petit vide ( excavation } pour un embryon presque déprimé. Cet em- bryon consiste, comme dans toutes les plantes, de deux parties, du corps cotylédonaire et de la plantule (radicule et plumule ); dans le poivre c’est un cotylédon tout-à-fait clos, renfermant une plantule, bilobée à l'extrémité inférieure. Cette structure, la même que dans certains Palmiers et dans beaucoup d’autres Monocotylédons, prouve donc que cette plante est vraiment monocotylédone, et M. Richard atteste encore de l'avoir vu germer comme telle pendant son séjour en Amérique. D’autres botanistes du plus grand mérite ont vu la même structure ; mais en prenant la plantule bilobée pour les deux cotylédons, et le cotylédon même pour une enveloppe particulière qui ne se rencontre cependant dans aucun autre genre connu, ils croient prouver, et par cette manière d’en- visager la graine, et par une certaine affinité avec le Cecropia, ps (1) Jai trouvé dans le Piper nigrum le périsperme toujours intérieurement creux , comme dans plusieurs Palmiers. SUR LE GENRE PIPEr. hhx et par la structure du bois, que le poivrier est dicotylédon. J’ai examiné les fleurs et les fruits du Cecropia, et je crois qu'il est inutile de m’arrêter à l’énumération des différences nombreuses qu'offrent ces deux genres; j'observe seulement que les fleurs des Piperacées sont nues, insérées sur un spadice charnu et pourvues à leurs bases d’une écaille; la graine a un gros périsperme. Dans le Cecropia on trouve un véritable calice cupuliforme, le fruit est un akène cou- vert par le calice persistant et la graine est dépourvue de pé- risperme. Ce n’est donc que dans un certain aspect extérieur, dans le port de l'arbre, dans les feuilles peltées et dans les . épis en ombelle que les botanistes peuvent avoir trouvé quelques rapports naturels. C’est cependant là le seul genre dicotylédon avec lequel les Pipers paroïssent avoir quelques rapports. Dans les Monocotylédons au contraire on rencontre de nombreuses aflinités, p. ex., avec le Nymphæa, qui est indu- bitablement monocotylédon, avec les Palmiers, etc. Je m’ar- réterai seulement aux Aroidées et Typhées. En comparant la structure de ces deux familles avec celle des Piperacées, on trouve entre elles l’analogie la plus frappante. Les fleurs sont portées par un spadice enveloppé avant son dévelop- pement dans une spathe; elles sont nues, soutenues par une écaille (1), et la graine a un gros périsperme. Cette analogie n’avoit point échappée à la sagacité de (x) J'ai prouvé à un autre endroit qu’on doit regarder les prétendues fleurs hermaphrodites des Aroidées, des Fluviales, etc. comme plusieurs fleurs mâles dont chacune est munie d’une écaille et qui entourent une ou plusieurs fleurs femelles entierement nues. 442 SUR LE GENRE Piper. MM. Bernard et Antoine de Jussieu, et le premier avoit même déjà placé le Piper parmi les Monocotylédons. D’après ces considérations et d’après la structure de l’em- bryon, qui est vraiment monocotylédon , la famille des Pi- peracées, qui ne renferme jusqu'à présent que les deux genres Piper et Peperomia, dit être rangée parmi les Monocotylé- dons, à côté des Aroiïdées et des Typhées. M. Desfontaines dans son travail important sur l’anato- mie des végétaux nous a fait connoître un autre moyen de distinguer les plantes à nn et à deux cotylédons, c’est la structure du bois, la présence ou l'absence de l'écorce, des rayons médullaires et des cercles concentriques. Quand on examine d’après ces principes le bois des Poi- vriers, on trouve qu'il est comme celui des Aristoloches, du Cecropia et d’autres Urticées presque dépourvu d’écorce et de cercles concentriques , mais qu’il présente des rayons médullaires très-prononcés. D’après cette structure, le Poivre devroit donc être dicotylédon. Mais quoique l'observation de M. Desfontaines soit infiniment précieuse et fondée sur une analogie de faits très-multipliés, il ne me paroït pas encore certain qu'on ne puisse trouver dans la suite quel- ques plantes monocotylédones qui aient un bois à rayons médullaires et à cercles concentriques. On observe en effet - une grande différence de structure ligneuse dans les diverses familles dicotylédones. On voit des rayons médullaires et des cercles concentriques également prononcés dans le bois du chêne; tandis que dans celui du figuier les rayons mé- dullaires sont à peine visibles; enfin le bois du Cecropia présente des rayons médullaires très-apparens et des couches SUR LE GENRE Piper. 413 concéniriques presque nulles. Pourquoi admettroit-on que la structure du bois des Monocotylédons fût toujours la même , et comment refuser sa véritable place à une plante que la structure de la graine et ses rapports natu- rels assimilent aux Monocotylédons, uniquement parce qu'on trouve que son bois n’est pas organisé, comme on présume qu'il doit l’être constamment dans cette grande di- vision des végétaux? De plus les Cycadées offrent une nou- velle preuve qu'il existe des passages entre les Monocotylé- dons et les’ Dicotylédons; et toutes les interprétations les plus ingénieuses n’expliquerontpas, pourquoi ces plantes, que tous les botanistes croÿoient jadis monocotylédones et qui en ont tout l'aspect, sont pourvues de deux cotylédons (r). Il seroit à désirer que l’on connût à fond la structure du bois de certaines Aroidées et Typhées arborescentes, dont je n’ai pu me procurer des échantillons. Peut-être ces plantes ont-elles la même organisation que nous observons dans les Pipers. {1) M. Richard prouvera un jour que les Cycadées ont le plus grand rapport avec les Coniferes et qu’elles doivent être placées parmi les Dicotylédons, quoique les cotylédons ne soient pas opposés. Sur les Poissons du sous-genre MYLÈTES. PAR M G. CUVIER. 4 Pinur ces nombreuses tribus de poissons que la petite nageoire adipeuse placée à l'arrière de leur dos, a fait con- fondre par Linnæus sous le nom générique de Salmones, il en est à qui la forme de leurs dents procure un moyen de distinction facile. Ce sont mes Myrères, que j'ai nommés ‘ainsi parce que leurs dents semblent destinées à broyer , ‘que ce sont des espèces de molaires, tandis que celles de la plupart des autres saumons ne sont que des crocs destinés à percer , ou des tranchans destinés à couper. Leurs rayons branchiostèges aplatis ét au nombre de trois ou quatre de chaque côté, les placeroïent d’ailleurs dans le genre des characins d’Artedi, renouvelé par M. de La- cépède ; mais comme ce genre lui-même contient encore des espèces trop disparates, je me suis déterminé à les en séparer, à l'exemple de M. de Lacépède, qui en a déjà séparé ses serrasalmes Je dois observer ici qu’une partie de mes mylètes rentreroit dans ces serrasalmes, à cause des tranchans dentelés de leur abdomen, mais les caractères pris des dents me paraissant plus importans que ceux qui dérivent des écailles, j'ai préféré les premiers. Je range donc parmi les serrasalmes les espèces à denis tranchantes om. 4. PP Cr put 1, yletes ARACTOP ONU" : MYLETES. PL.I. RL LI VV 27 , Hyletes Grackypormus. ou rs Here Myletes durwentruw . Co: Hyletes rhomboidales . MYLETES. PLAT. Redoute del Ÿ MYyLèTEs. 445 seulement ; et je place dans les mylètes toutes celles à dents prismatiques, les distinguant ensuite selon qu’elles ont l’ab- domen tranchant ou arrondi. Les mylètes ont le museau très-court , la gueule peu fen- due ; les intermaxillaires occupent presque toute la mâchoire supérieure ; les maxiliaires ne se montrent que vers ses angles, et ne portent point de dents ; toutes celles d’en-haut sont aux intermaxillaires. 11 ÿ en a d’abord en avant une rangée de quatre ou six; et en arrière de celle-lh une autre de quatre ; ensuite de chaque côté trois tellement placées, qu'on ne voit pas bien si elles font suite à la rangée postérieure ou à l’antérieure. À la mâchoire inférieure il n’y en a qu’une seule rangée de huit ou de dix, avec deux petites derrière les deux du milieu , et même ces deux petites dents ne sont peut-être que des dents de remplacement. On ne trouve d’ailleurs aucunes dents ni au vomer, ni aux palatins, ni à la langue, qui sont revèêtus de chairs molles et lisses. Un large voile membraneux règne dans toute la largeur du pa- lais et des côtés de la bouche, derrière les dents intermaxil- laires. Celles du pharynx sont petites et en stilets pointus. La tête des mylètes n’a point d’écailles ; leur joue est cou- verte par trois ou quatre lames sous-orbitaires qui entourent tout le bas et l'arrière de l'œil. Leurs opercules sont lisses et sans armures. Leur corps est garni d’écailles fort distinctes. Leur première dorsale est généralement au-dessus de leurs ventrales ; ajoutez à cela ce qui leur est commun avec Îles saumons en général, et avec les characins en particulier, et vous aurez une idée assez complète de leurs caractères gé- riques extérieurs. Mém. du Muséum. 1. 4. 57 446 MYLÈTES. Le premier mylètes qui ait été connu des naturalites, est celui que le Nil amène lors des grandes inondations, et que les Arabes ont appelé Ra. Hasselquist le décrivit parfaitement dans son voyage d'Orient, sous le nom de salmo dentex ; mais Linnæus n'ayant pas vu la nageoire adipeuse dans les échantillons que son disciple lui avoit envoyés, le rangea sous le même nom spécifique parmi les cyprinus. Forstahl le confondit avec un autre poisson qui est lé type de mon sous-genre des hydrocyns, et tous ceux qui ont écrit après lui ont suivi son erreur, jusqu'à M. Geoffroy qui , dans son histoire des poissons du Nil, a le premier bien distingué , et décrit et représenté avec soin les différentes espèces de saumons que nourrit ce fleuve. J'en ai vu des individus, d’un peu plus d’un pied de Ion- gueur sur trois pouces de hauteur au milieu , et environ un pouce de largeur transverse. Ainsi son corps est allongé et comprimé; sa forme générale ressemble assez à celle de plusieurs de nos poissons blancs, tels que les cyprinus idus et dobula ; sa tête est petite , le dessus en est osseux et sans écailles. Lies côtés en sont argentés et l’œil entouré en dessous de quatre pièces sous-orbitaires distinctes. L’opercule de grandeur médiocre est également lisse, argenté et sansécailles. On voit au-dessous les quatre rayons branchiostèges de chaque côté plats, lisses et argentés. L’œil est fort près de l'angle. des lèvres ; et l'ouverture de la narine, qui est simple et ronde , est placée directement au-dessus de cet angle. Les lèvres sont charnues et assez amples pour couvrir les dents quand la bouche est fermée. Toutes les dents sont en prismes ‘ MyrèTes. 47 où en cylindres comprimés , courtes et grosses ; la couronne de celles d’en-bas présente une pointe courte en avant; une plus longue, plus aigué en arrière, et une plus courte, plus effacée de chaque côté. Le rang antérieur de celle d’en- haut est usé de manière à ne laisser voir que la troncature du cylindre ; mais les postérieures et les latérales montrent trois pointes peu saillantes. Les écailles du corps sont assez grandes, lisses, minces; leurs bords sont flexibles et mal terminés. On en compte environ quarante-cinq d’avant en arrière, et quinze ou seize du haut en bas. La ligne latérale marche le long du tiers inférieur de la hauteur, assez droit, et les marques qui la composent sont un peu branchues. Les os de épaule sont lisses, peu étendus. Le-ventre n’est pas tranchant. La distance entre l'anus et la base de la caudale est à peu près la moitié de celle entre l'anus et le bout du museau. Les ventrales sont un peu avant le milieu ; mais la dorsale est sur le milieu même. E’anale ne commence qu'après la fin de la dorsale, en sorte que l'abdomen occupe les deux tiers de la longueur totale. Cette anale est longue; l'espace entre elle et la base de la caudale est peu considérable. La petite adipeuse est au-dessus de l'endroit où finit l’anale. Le bout de la queue a encore en hauteur plus du tiers de celle du milieu du corps. La dorsale a dix rayons articulés et branchus, excepté le premier qui est simple et flexible. Le deuxième et le troisième sont les plus longs. Je compte douze à treize rayons aux pectorales, neuf aux ventrales, vingt-quatre ou vingt-cinq à l’anale. Tous ces rayons sont branchus et articulés, excepté les pre- miers qui sont articulés , mais non branchus, et qui ont collé 5 448 MyLèTes. contre leur base un vestige de rayon simple. Aucune de ces nageoires n'excède des proportions communes. La caudale est assez grande et fourchue. J’y trouve vingt-six rayons, dont les cinq premiers en haut et en bas, articulés et non branchus, et les autres articulés et branchus. D’après la peinture de M. Redouté, qui a servi d’original à la gravure insérée dans le grand ouvrage sur l'Egypte, la couleur générale de ce poisson est un beau gris argenté , à l'exception de la moitié inférieure de sa caudale, qui est teinte de rouge; circonstance qui lui est commune avec lhydrocyn du Nil ou raschal des Arabes. L'iris des yeux est doré, Le squelette offre quarante-six vertèbres, dont deux en avant ne portent que des côtes courtes et plates. Les vingt- trois suivantes portent des côtes ordinaires simples, embras- sant une grande partie de la hauteur de labdomen. A la vingt-cinquième commencent à être suspendus les rayons intérieurs de l’anale. Il ÿ a de ces rayons intérieurs au-dessus de toutes les apophyses épineuses du dos jusques ÿ compris la longueur de la dorsale. Ceux de ces rayons qui lui appar- tiennent finissent au-dessus de la vingt-deuxième vertèbre. Les trois premières vertèbres ont leurs apophyses épineuses , unies en une crète verticale qui fait suite à celle de l’occipital. ‘L’estomac de ce poisson est très-long , assez large, à parois passablement épaisses, à cul-de-sac obtus; la ve- loutée est ridée en long. Je n'ai rien trouvé dans celui que j'ai ouvert. Le pylore est vers le tiers inférieur de la lon- sueur et le duodénum remonte vers le cardia. L’intestin fait trois replis, sans beaucoup changer de diamètre. J’ai compté au moins trente cœcums. La vessie natatoire occupe toute la MyLèrtes. 449 longueur de l’abdomen , et est divisée en deux par un étran- glement comme celle des carpes vers le quart supérieur de sa longueur. Tel est le seul mylètes connu de l’ancien continent. Je lappellerai, d’après celui qui l’a décrit le premier, Myrzr- TES HASSEIQUISTII ; Oblongus argenteus, pinna caudali inferius rubra. D. 105 P. 123; V. 9; À. 25; C. 26. Ses seuls synonymes exacts et non corrompus par la confusion avec d’autres espèces sont les suivans : Salmo dentex. Hasselq. it. 395. Cyprinus dentex. Lin. ed. X et XII. Cliaracin rai. Geofir. Descr. de l'Eg. Hist. Nat. tome, pag. 49, et planches. Poiss. d’'Eg. pl. 4, f Mais l'Amérique paraît en nourrir un beaucoup plus ir nombre. J’en fus avertis pour la première fois par une màâ- choire inférieure que j’observai dans le cabinet de M. Rein- wardis à Amsterdam , et qui était indiquée comme venant d’un poisson que l’on mange à Surinam. C’est celle que je représente, pl: IE, fig. 4, 5, 6. Mais depuis lors j'en ai été pleinement convaincu par un assez grand nombre de ces poissons arrivés du Brésil ou de Lisbonne à notre Muséum. Le premier que je décrirai s’appellera Myletes rhom- boidalis. I] a des rapports frappans de ressemblance avec le salmo rhomboidalis, l. ou serrasalne de M. de Lacépède; et dans la méthode de M. de Lacépède, il devrait entrer dans ce genre; mais ce qui l'en distingue, ce sont les dents, qui dans le serrasalme sont pointues et tranchantes comme celles d’un requin, aussi ce serrasalme, le Pzaya de Margrave, est-il dangereux pour ceux quise baignent dans les rivières du 450 MYLÈTES. Brésil, auxquels il enlève subitement des lambeaux de peau, et quelquelois de chair, ce que le mylètes ne pourrait pas faire avec ses dents grosses et tronquées. Cette espèce de mylètes a la forme haute et aplatie sur les côtés, la dorsale st l’anale pointues en avant , et le ventre tranchant et dentelé du serrasalme ; il lui ressemble même par l’épine couchée en avant qu’il perte devant la base de sa dorsale; sa tête est plus courte de la partie des joues et des opercules ; son museau plus court et plus arrondi ; son corps plus élevé verticalement. La tête est lisse; les écailles du corps petites ; la carène du ventre fort tranchante ; ses den- telures sont menues; plus fortes vers l'anus, et disparaissant sous le dessous des pectorales; les quatre ou cinq dernières sont doubles. L'adipeuse n’a point d’écailles. La ligne latérale occupe presque le milieu de la hauteur ; les deux tiers anté- rieurs se courbent en arc- de-cercle vers le bas. Je compte quatre rayons aux branchies; de vingt-deux à vingt-quatre à la dorsale; de trente-deux à trente-six à l’anale; treize aux pectorales ; huit ou neuf aux ventrales; vingt-quatre ou vingt-six à la caudale. Il paraît que dans Pétat de vie ce pois- son est argenté avec le dos teint de brun roussâtre. Son sque- lette montre trente-six vertèbres dont les deux premières sont sans côtes; les treize suivantes portent chacune de longues côtes qui vont se réunir à la carène de l'abdomen, pour en soutenir les dentelures. Les individus que jai observés n’excèdent pas huit pouces de longueur-sur trois de hauteur, sans compter les nageoires. Il se. caractérise très-bien ainsi : MYÉÈTES 45: MYyLETEs RHOMBOrDALIS, pirnis dorsali et anal: fal- catis, spina ad basin dorsalis recumbentes ventre serrato. Il n'a pas été décrit; ainsi je ne lui connois aucun syno- nyme. Une autre espèce que je nommerai »2yletes duriventris, ressemble à la précédente par la forme générale du corps, qui est seulement un peu plus élevé; mais sa tête est plus petite à proportion , ses écailles plus menues; sa dorsale plus courte, et sans épine sur le devant de sa base; son anale nulle- ment aiguisée en faux ; sa ligne latérale plus droite, et son adipeuse garnie d’écailles. Ce qui le caractérise surtout c’est la force des dentelures de son abdomen, qui sont soutenues à Pintérieur par des osselets remontant assez haut dans l’ab- domen. Les nombres des rayons sont aussi différens. Il y en a quatre aux branchies ; quatorze ou quinze à la dorsale ; trente-deux à l’anale ; dix-huit aux pectorales ; six aux ven- trales ; vingt-deux ou vingt-quatre à la caudale. Ce poisson paraît avoir le corps d'une couleur d’argent très-vive , teinte de gris vers le dos. On aperçoit au travers de la peau les douze ou treize côtes qui soutiennent la carène: de son ventre. Je le caractérise ainsi : MYyLETES DURIVENTRIS, pinnæ dorsali falcata, anali æquali, ventre serrato. Ê «Ikia point été décrit. Je n’en ai pas vu d'individus de plus de neuf pouces de long sur quatre de haut. Mais ce même Brésil nous a fourni deux autres espèces de: ce genre qui arrivent à une plus grande taille. 452 Myrères. L'une d'elles, que je nomme 72yletes brachypomus, ves- semble assez au r#omboidalis pour les proportions; il est seulement un peu plus allongé; ses écailles sont plus larges, sa ligne latérale plus droite ; les dentelures de son ventre bien moins marquées; il manque de l’épine couchée en avant de la dorsale, et les pièces qui couvrent ses joues ainsi que ses opercules, un peu autrement coupées que dans les deux espèces précédentes, sont épaisses et sillonnées par des ru gosités sensibles. Il a cinq rayons aux branchies, quinze à la dorsale, un six à l’anale, dix-sept aux pectorales, neuf aux ventrales, trente-deux à la caudale. Je n’ai vu de cette espèce qu'un individu empaillé, long de deux pieds sur neuf pouces de haut. Ses nageoires ne, sont pas aiguisées en faux ; mais il se pourroit qu’elles fussent tronquées. Il paroit avoir été d’un argenté plus ou moins jaunâtre. Je le caractérise : IMYLETES BRACHYPOMUS capite rugoso , operculo sub- truncato , ventre subserrato. I] n’a point été décrit ni indiqué, à moins que ce ne soit la troisième espèce de piraya de Margrave; Brasil. pag. 165. L'autre grande espèce que je nomme 7zyletes macropo- mus, avec les proportions du précédent , en diffère par des caractères fort marqués. Le premier est que sa mâchoire in- férieure est plus longue que la supérieure, et se termine en dessous par une sorte de menton saillant ; le deuxième, que ses opercules sont presque aussi grands que sa tête. Ajoutez Myières 453 que ses écailles sont plus épaisses , striées , et que lon voit à son adipeuse dont la base est garnie d’écailles, des vestiges très- marqués de rayons. La ligne latérale est à peu près droite; les rayons branchiaux sont au nombre de cinq ; ceux de la dor- sale de seize ; de l’anale de vingt-cinq ; des pectorales de dix- sept; des ventrales de huit; de la caudale de vingt-quatre. L'in- dividu que j'ai observé a deux pieds deux pouces de long sur neuf à dix pouces de haut. Il paraît avoir été blanchätre, et la membrane de ses nageoires paires et inférieures teintes de noirâtre. Je caractérise cette espèce ainsi : MYLETES MACROPOMUS Capile Tugoso , operculo senti opato, mento pronunulo, ventre subserrato. Il ne seroit pas impossible que ce fût la deuxième espèce de piraya de Margrave. On sait que la première est le SERRASALME ou salmo rhombeus. A ces cinq espèces de mylètes je dois ajouter deux poissons très-voisins de ce sous-genre, mais dont les dents sont assez différentes pour autoriser l'érection ou la conservation de sous-genres nouveaux. Le premier, avec des formes entièrement semblables à celles du mylètes d'Egypte ou de Hasselquist, porte 19. À la mâchoire inférieure une rangée de dix-huit dents , toutes à cinq pointes, qui vont en diminuant sur les côtés, et un peu en arrière des deux du milieu, deux dents pointues. 20. Aux intermaxillaires une rangée de dix-huit dents éga- -ement à cinq pointes. Un peu en arrière une autre de douze Mém. du Muséum. À. 4. 58 40% MYyLèTes. dents semblables, mais un peu plus grandes ; outre ces deux rangées principales, dans lé milieu une rangée de quatre dents encore sémblables. 30. Aux maxillaires qui sont un peu plus longs que dans les mylètes , le long du bord une rangée de très-petites dents courtes et rondes. Le palais et la langue sont mous et charnus; derrière les dents supérieures est un voile membraneux en forme de valvule qui occupe toute la largeur de la bouche. Lies nageoires sont à peu prèsles mêmes que dans le mylètes d'Has- selquist, à l'exception de son anale qui est un peu plus courte. Je nommerai ce sous-genre chalceus d’un nom grec que Porn ! a rapporté quelquefois à la dorée. Je n’en ai encore observé qu'un individu , et par conséquent qu’une espèce. Îl avoit sept pouces de long sur deux et un quart de haut. Le dessus de sa tête est sans écailles, et couvert d’une peau un peu molle. Ses sous-orbitaires et toutes les pièces de ses opercules sont lisses , argentées, avec des veines et des lignes fines dessinées sur l'argent. Les écailles du dos et des flancs sont extrêmement grandes; on n’en compte que vingt-deux sur la longueur, et trois rangées depuis le dos jus- qu’à la ligne latérale. Ces écailles sont lisses, transparentes, et paraissent avoir été d’un brun doré ; le bord en est mince, flexible et d'un blanchâtre plus opaque: On voit des veines dans leur substance. Celles du ventre sont moins grandes, mais semblables d’ailleurs : la ligne latérale est extrémement marquée par une sorte de tubulure saillante sur le milieu de Lu écaille, et creuse en dedans. B. 4; D. 12 ; À. 10; €. 243 P. 14; V. ro. Je nomme l'espèce CHALzCEUs macrolepidotus. Elle vient Myzères. 455 du Brésil, et je ne sache pas qu'elle ait été décrite. Mon deuxième sous-genre, voisin à la fois desmylètes et des serrasalmes, a été parfaitement décrit etrenrésenté par Artedi dans ses Species, pag. 44, sous le nom de coregonus am- boinensis, et dans le cabinet de Seba, tome ILE, pl. XX XIV, fig. 3, sous le nom générique de £etragonopterus que je lui conserve. Cependant Artedi le lui avoit donné par erreur, croyant que ce poisson pouvoit se rapporter aux {/7&gon0p* éères de Klein, lesquelsne sontque desckætodons. Linnæus, dans sa dixième édition, confondit le tetragonophrus d’Ar- tedi, avec le charax de Gronov. Mas. I, pl. IL, fig. 5, ou avec son propre albula pinna ant radis 32, qui est le salino bimaculatus, Vun de mes piabuques. Cette erreur a été adoptée par tous ses successeurs; néanmoins elle est très- grande , car ces deux poissons ne se ressemblent pas même par leur forme générale ; le éé{ragronoptère étant beaucoup plus haut à proportion que le sa/no bimaculatus, et de la même forme que le s&lno rhombeus où serrasalime, dont on le distingue toutefois sur-le-champ à ses larges écailles. Je trouve à la mächoire inférieure six dents triangulaires tranchantes et un peu dentelées ; au premier rang des inter- maxillaires j'en compte douze semblables, mais plus petites, et au deuxième six plus grandes. Enfin il y en a trois ou quatre petites à la partie supérieure de chaque maxillaire, le palais et la langue sont lisses etcharnues, et il ÿ a un voile membraneux derrière les dents supérieures. Le museau est très-court; les sous-orbitaires et les opercules lisses et argentés; les écailles bien lisses , très-régulièrement disposées , plus hautes que longues. On en compte trente sur 58* te/ 456 MYzèTEs. la ligne longitudinale du milieu, et quatorze ou quinze du haut en bas sous la dorsale; la ligne latérale est peu courbée vers le bas ; le ventre n’est point caréné. L’individu que j'ai observé a trois pouces six lignes de long, y compris la caudale, sur deux pouces de haut sans la dorsale. Il paroît avoir été argenté ou doré très-vif; on remarque sur le devant du corps deux bandes brunâtres, et de chaque côté de la racine de la queue une tache noirâtre. Il venoit du Brésil°5. 45 D. 113: À5345:C 34, V8; Pire: On voit que la différence entre les chalceus et les tetrago- nopterus est peu importante. Elle ne consiste que dans la forme du corps et dans le nombre des rangées de dents su périeures. 1 QUELQUES CONSIDÉRATIONS Sur la Membrane pupillaire ; sur la nature de l'eau * contenue dans les deux chambres des yeux, et sur les matières muqueuses qui remplissent la cavité du tympan dans le fœtus humain , d’après lesquelles on peut croire que les enfans, du moins en très-grand nombre, ne voient ni n’en- tendent que plus ow moins de temps après leur naissance. PAR M. PORTAL. L- anciens n’avoient aucune connoissance de la membrane pupillaire, ou de cette membrane qui bouche complètement l'ouverture de la pupille. Rzolan a bien soutenu vers la fin du quinzième siècle que les enfans n’y voient pas en naissant, 2ascendo, infantes non vident (1), dit-il ; mais il n’en attribue nullement la cause à l'existence de la mem- brane pupillaire dont il ne parle pas: Littre à aussi dit à l’Académie des Sciences en 1707, que des cécités de naissance avoient été produites par une membrane qui bouchoit la prunelle ; mais il n’en a donné aucune description. (x). Anthropogr., p. 409, in-fol, 458 SUR LA MEMBRANE PUPILLAIRE. Il paroïtroit que cet anatomiste n'a considéré la mem- brane pupillaire que comme un état pathologique extraor- dinaire. Wachendorff, médecin allemand, est le premier qui l'ait fait connoître par la voie de l'impression en 1740 (1). Deux années après, en 1742, Haller, qui ne connoissoit pas la dissertation de ÆVachendorff , en donna une autre des- cripuon plus exacte, avec une figure (2), croyant être le premier qui eût bien vu cette membrane; mais H/aller eut bientôt après connoissance des observations anatomiques de ÆVachendorff sur ce sujet, comme il nous l’apprend dans sa grande physiologie (3). Ce qu'il y a de remarquable en- core, c'est qu'Albinus, l'immortel maître des deux grands anatomistes que je viens de nommer, réclama cette décou- verte en 1756, dans ses annotations anatomiques, assurant avoir reconnu la membrane pupillaire en 17937. Mais comme FF'achendorff ni Hallern’en avoient jamais entendu parler à Albinus, ils ne peuvent être blàmés de ne lavoir pas re- connu comme auteur de la découverte : quibus confirmnes, nullam vel Wachendorfi culpam fuisse , vel nostram, si priora virt illustrissinx jura ignoraviünus (4). Ces remarques historiques sont consignées dans mon his- toire de lanatomie publiée en 1770. J’y ai dit de plus que c'étoit € en examinant les yeux des fœtus morts dans le (2) Commem. litter. Nuremberg , 1740. (2) De membrana pupillari observationes, 1742, dans les Opuscules de la Société d’Upsal. (3) Element. physiolog. ; t. V, p. 373. (4) Haller, ibid. . TA SUR LA MEMBRANE PUPILLAIRE. : 459 » sein de leur mère, que M. de Haller apercut un lacis de _» vaisseaux dans l'humeur aqueuse qui lui parurent flottans; » mais comme il savoit que les vaisseaux sont soutenus par » quelques membranes, il soupconna que la pupille du fœtus » étoit bouchée par une membrane. Ce soupcon le déter- » mina à faire des recherches suivies, et il se convainquit » que Îa pupille de trois fœtus qu'il disséqua étoit bouchée » par une membrane blanche assez forte, parsemée de vais- » seaux, qui de l'iris se prolongeoient sur elle. Cette mem- » brane, qui à part blanche à M. de Haller, bouche, dit- » il, si strictement la pupille, qu’elle empêche l'humeur » aqueuse de s’écouler lorsqu'on a vidé celle de la chambre » antérieure par une incision de fa cornée. » Tel est le précis de la description que aller a donnée de Ia membrane pupillaire qui laisse peu à désirer : elle a ce- pendant encore fixé l'attention de plusieurs anatomistes, et particulièrement de Zi ou Zinnius, qui non-seulement l’a plus amplement décrite, mais qui de plus nous a indiqué la méthode qu’il avoit suivie pour la bien voir et la démontrer: (Voyez son bel ouvrage sur Pœil, enrichi de plusieurs bonnes figures (r). Les célèbres anatomistes unter ont aussi bien connu et dé- montré la membrane pupillaire ainsi que le docteur Blumen- bach , etsurtout }Vrisbers quiena donné une description très- détaillée dans ses comimentationes medicæ ; Gotting. 1800. J'ai, depuis cette époque, donné une description suc- cincte de la membrane pupillaire dans mon anatomie médi- (1) Descriptio oculi humani, iconibus illustrata. Gott. 1775 , in-4°. P. O4: = 46o Sur LA MEMBRANE PUPILLAIRE. cale en 1804, après en avoir parlé, et même après l'avoir plusieurs fois démontrée sur des fœtus pendant l'espace de trente ans, dans mes cours particuliers et publics. J’ai vu cette membrane dans des fœtus de cinq à sept mois, ainsi que dans ceux de huit et de neuf mois, qui étoient morts- nés. Ù | Ordinaïrement on ne trouve pas la membrane pupillaire dans les enfans qui n’ont vécu que quelque peu de temps après l'accouchement (1), ce qui m'a fait croire après Ga- taker , célèbre anatomiste allemand, et Haller (2), que cette bre si elle n’est déjà rompue par des causes qui nous sont inconnues, comme cela a lieu, puisqu'on ne la trouve pas toujours, que cette membrane, dis-je, se rompt pendant l’accouchement, ou peu de temps après, soit par l'effet des contractions des muscles du globe de l'œil, lorsque lenfant est venu au monde, soit par suite de labondante sécrétion de l’eau des deux chambres qui survient après la naissance, laquelle eau en les agrandissant, doit nécessaire- ment produire une extension de l'iris, de laquelle la rupture de la membrane pupillaïre peut provenir. Ce surcroît de l’hu- meur aqueuse est d'autant plus remarquable, que la cornée iransparente des fœtus qui n’ont pas respiré, est générale- ment plus affaissée, moins saillante que celle des enfans qui ont vécu; et que de plus alors cette humeur est trouble, “piste d’une couleur foncée ou plus ou moins noire; tan- dis qu'au contraire elle est plus limpide, beaucoup plus late | dansles enfans qui ont respiré quelque peu de temps. Il paroît ——_— (1) Académ. des Sciences, 1707. (1) Haller. Elementa physiolog., t. V, p.372. SUR LA MEMBRANE PUPILEAIRE. AGx æyue cette humeur perd de son opacité à proportion qu'elle est mêlée, délayée à la nouvelle humeur aqueuse qui afllue après Ja naissance dans les deux chambres de l'œil. Ne peut-on pas croire encore que l'impression de la lumière sur l'iris, qui en suscite les contractions toute la vie, en excite de plus fortes dans le petit enfant qui vient de naître, et qu'il en résulte ainsi une rupture dela membrane pupillaire. Je me Suis convaincu, en examinant les yeux de quelques enfans qui avoient vécu un ou deux jours, qu'il restoit encore au- tour de la pupille quelques petits fragmens de cette mem- brane, qui disparoiïssent ordinairement plus ou moins vite, ce qui est bien moins surprenant que n’est l’annihilation de di- verses autres parties du fœtus, qu’on ne trouveplus dans la suite dela vie, comme je l’ai diten parlant de l’annihilation du erys- tallin altéré par l'opération chirurgicale ou par d’autres causes, dans un Mémoire sur cet objet, inséré dans le sixième volume des Annales du Muséum (1805) ;ÿy ai dit que cette destruction, opérée par la nature, n'étoit pas plus surprenante que celle qu'elle opère sur d’autres parties, dans laquelle jai compris les fragmens de la « membrane pupillaire, dont l’ouverture » de l'iris est bouchée, et qui se déchire après la naissance. _» Que deviennent ces fragmens membraneux ? ils sont dé- » composés, détruits, et rentrent dans les voies de la circu- » lation, comme les parcelles du crystallin désorganisé. » Il ne reste ensuite que le léger bourrelet qui termine l'iris et forme le contour du trou de la pupille (r). (1) Pinslow et d’autres anatomistes ont admis autour du trou de la pupille des fibres musculaires circulaires; mais /Zaller ne reconnoit pas cette structure. I] Mém. du Muséum. 1 4 5g 462 sUR'LA MEMBRANE PUPILLAIRE. Mas la membrane pupillaire ne se rompt pas toujours au moment de la naissance, On l’a reconnue plusieurs fois dans son état d’intégrité, six. à huit jours après, et bien plus tard -encore. Le eélèbre Æorel étoit persuadé, d’après les résultats de quelques observations particulières, que cette rupture n'a- voit lieu que vers la septième semaine après la naissance. Nous avons dit'plus haut que Léétre croyoit que la cécité pour le reste de la vie pouvoit être un effet de la présence: (1) de la membrane pupillaire. J'ai aussi dit dans mon Âna- -tomie médicale que si la rupture de cette membrane n’avoit -pas lieu, les enfans resteroient aveugles. je Telle étoit sans doute la cause de la cécité de naissance , dont quelques oculistes ont parlé, lesquels, sans bien con ..noitre cette cause, ont conseillé la perforation de l'iris, pour y pratiquer uneespèce deprunelle, non pour ouvrir celle qui étoit oblitérée par la membrane pupillaire qu’ils ne connois- soient pas, mais en d’autres endroits de l'iris plus ou moins. voisins du lieu où l'ouverture de la pupille devoit résider , pour moins s'éloigner de l'axe visuel; opération qui a été heu- reusement faite par des oculistes, soit pour cette cause de naissance, soit pour d’autres qui avoient donné lieu à l’oblité-- ration de la pupille. L ne la reconnoît pas non plus dans ces fibres rayonnées de; l’inis. (E/emené: phy- siol. ,t. V, p. 371). Cette division d’opinions parmi ces grands anatomistes fait: désirer d’ultérieures connoissances à cet égard. (1) Wrisberg reconnut cette membrane dans son intégrité, dans les deux yeux: d'un enfant de trois ans et demi, né aveugle et qui mourut de la petite vérole: # SUR LA MEMBRANE PUPILLAIRE. 463 La membrane pupillaire qui est circulaire , a si peu d’éten- _due, qu’elle n’a tout au plus que deux à trois lignes de dia- mètre, la pupille qu’elle bouche étant, dans le fœtus qui n’a pas vu le jour, dans sa plus grande dilatation. En l’examinant de près ou à la loupe, on voit qu’elle adhère intimement au bord intérieur de la circonférence de la pupille : elle paroit unie et polie du côté des deux chambres, et si mince dans quelques endroits, surtout dans son centre, qu’elle paroît transparente lorsqu'on l’examine au-devant d’une lumière (x). On voit diverses lignes plus ou moins opaques, flexueuses, dont plusieurs sont en forme de rayons. Elles sont formées par des ramuscules des vaisseaux qui communiquent avec ceux de l'iris. Cette membrane est formée de tissu cellulaire plus ou moins rapproché. Il m’a été impossible de le diviser en lames. Cette membrane ceduque , s'il m'est permis de parler ainsi, est incomparablement plus mince que l'iris, dans lequel on peut considérer, 1°. une partie de la membrane hyaloïde qui tapisse la chambre antérieure ; a 20, La lame antérieure propre de l'iris, parsemée de vais- seaux diversement colorés; % 30. La membrane postérieure de ls, à laquelle on a donné le nom d’wpée par rapport à sa couleur noire; 4°. Une partie encore de la membrane hyaloïde qui ta- pisse la chambre postérieure. (1) Mrisberg a aussi remarqué que cette membrane étoit extrêmement mince et composée de beaucoup de vaisseaux provenant de l'iris. Elle en diffère cepen- dant d’une manière remarquable à l’aspect et par sa structure. 59 x 464 guR LA MEMBRANE PUPILLAIRE. Toutes ces membranes réunies par un léger tissu celluiaire commun, en donnant plus d'épaisseur à l'iris, en distinguent essentiellement la structure de celle de la membrane pupil- laire qui.est, comme nous l’avons dit, plus mince, plus té- nue et très-facile à déchirer. J’ajouterai ici que c'est de la membrane hyaloïde, qui tapisse sans interruption les deux chambres, en y comprenant les deux faces de l'iris et le limbe: du trou de la pupille, que provient le tissu cellulaire dont elle est formée (1). Qu'il me soit permis d'ajouter à cette petite notice sur la membrane pupillaire, dont l'existence peut empêcher les en- fans d'y voir en naissant, que je suis également persuadé qu'ils n’entendent pas plus, en venant au monde, qu’ils ne voient et:même plus généralement. Voici sur quoi je me fonde. : ‘Il est certain qu’il y a beaucoup de surdités qui ne pro- viennent que de ce que la cavité du tambour est pleine de mucosités ou d’autres humeurs. Les résultats des observa- tions anatomiques et pathologiques l'ont si souvent prouvé, qu'on ne peut révoquer en doute cette espèce de surdité. Or, comme dans le fœtus la cavité du tympan est toujours pleine d’une très-grande quantité de matières muqueuses, ainsi que la trompe d’'Æustacht ,comme je m'en suis plusieurs fois convaincu par un examen attentif de leur oreille interne, je ne doute pas que cette abondante mucosité ne produise (1) J’ai rendu un compte tres-détaillé, dans le IVe. vol. de l’histoire de l’Ana- tomie, des recherches que MM. Démours pere et Descemet avyoient faites sur cette membrane, ainsi que de leurs discussions RalsnIaues. Mes observations m'ont paru infirmer celles de M. Descemet. sur LA MEMBRANE PUPILLAIRE., 465 essentiellement une vraie surdité qui dure tant que ces cavités en sont pleines. Il paroït que ce n’est que lorsque l’enfant à respiré et que la membrane pituitaire s’est dégorgée des ma- tières muqueuses qu'elle contient et qui remplissent les ca- vités nasales, ainsi que celles des trompes et des deux tym= pans, que l’ouie commence d’avoir lieu. En effet, quand on examine les oreilles dans des enfans qui ont vécu quelques heures, on ne les trouve plus également remplies de ces substances muqueuses, comme elles l’étoient auparavant ; c’est ce que j'ai vérifié quelquefois. Je ne doute pas que plusieurs enfans ne soient muets de naissance par cette cause, si elle est permanente, ou parce que la ca- vité du tympan reste engorgée par d’autres causes, quelque- fois par un défaut du développement de ces cavités auricu- laires, vice organique que j’ai reconnu dans un sourd de naïs- sance. > Les remarques que je viens de faire à l’égard de la cécité et de la surdité plus ou moins durable des nouveaux nés ne peut-elle pas encore trouver quelque application à l’organe de l’odorat? Les cavités du nez à peine formées, étant pleines de matières glutineuses, comment les corps odorans pour- roient-ils parvenir jusqu'aux nerfs olfactifs de l'enfant qui nait, pour y produire une stimulation capable d'y produire la sensation des odeurs. Ce n’est sans doute qu'après des éternuemens et l’excrétion de la substance pituitaire des na rines, qui a toujours lieu dans lesnouveaux nés, qu'ils peuvent jouir de la sensation de l’odorat. | On peut aussi croire, quand on considère la couche de la. matière visqueuse qui revêt la peau de lenfant dans toute 466 SUR LA MEMBRANE PUPILLAIRE. son étendue, que celle-ci ne jouit de sa pleine sensibilité que lorsqu'elle est dépouillée de cette enveloppe qui la couvre; enveloppe qui est quelquefois si glutineuse, qu’on a besoin de laver les enfans dans une eau de savon, et plusieurs fois pour pouvoir la détacher de la peau. Que l’Académie me pardonne ces foibles remarques, la plupart extraites de mes propres ouvrages. J’ai cru devoir les réunir à mes observations sur la membrane pupillaire, ainsi qu'à sa partie historique. Je les lui eusse exposées dans sa dernière séance, lorsqu'elle a entendu un Mémoire sur cette membrane, qui a été lu par un anatomiste distingué, si ma voix, devenue trop foible, avoit pu se faire entendre dans cette vaste et nombreuse assemblée. NOTE. - SUR DÉS CÉTACÉES DES MERS VOISINES DU JAPON. (Lue à l’Académie royale des Sciences le 21 septembre 1818.) PAR M. LE Cr. DE LACÉPÉDE. Dr tous les animaux que la nature a répandus sur la sur- face du globe, les quadrupèdes vivipares, et les autres mam- mifères, ont été les premiers les objets des observations de lhomme et les sujets de ses recherches et de ses soins. Il à repoussé les uns, et asservi les autres. Il a multiplié ou re- cherché ceux qui lui fournissoient une nourriture abondante, ou des substances utiles, ou dans lesquels il trouvoit des compagnons et des aides pour ses plaisirs, ses travaux, ses fatigues et ses dangers. Il a été si intéressé à les connoitre,. et la plupart de ces animaux présentent de si grandes dimen- sions, qu'il en a bientôt distingué le plus grand nombre; et dans ces temps modernes où les naturalistes sont si exercés à reconnoître les divers traits de la conformation de ces mam- mifères , tous les efforts des voyageurs les plus courageux et les plus éclairés, toutes les investigations les plus hardies et les plus attentives des Humbold, toutes les recherches faites par les savans zoologues du nouveau continent , n’ont 468 CéTAcÉEs. ajouté qu'un petit nombre d’espèces, aux catalogues déjà dressés par les amis des sciences naturelles. C’est donc une chose assez curieuse que de rencontrer plusieurs espèces non encore connues des natureFstes, parmi ces mammifères, et particulièrement par: ceux auxquels on a donné le nom de cétacées, et qui par la nature ce l’éloignement de leurs re- traites, se dérobent si souverit aux observations. Lorsque nous avons essayé d'écrire l’histoire de ces céta- cées, nous avons tâché de montrer combien ils méritoient l'attention du naturaliste, du philosophe, et de l'homme d'état, par leur grandeur qui surpasse celle de tous les ani- maux connus, par leur instinct, par leur intelligence, par leurs mœurs que l'influence de l’homme n’a point altérées, par leur conformation qui les oblige à vivre sur la surface des mers, par la longueur de leur vie, par l’étendue de leurs mi- grations, par l’huile, les fanons, l’adipocire, lambre-oris, ‘et les autres substances précieuses qu’ils fournissent au com- merce, et par la nature de leur pèche à laquelle on doit tant de marins accoutumés à braver les écueils , les intempéries, les tempêtes, et les dangers d’un combat inégal. Depuis long-temps, dans l'Océan atlantique, les grands cétacées sont relégués vers les mers voisines des cercles polaires, dont d'énormes montagnes de glace rendent l'entrée si difficile aux navigateurs. Les européens et les habitans de l'Amérique les poursuivent maintenant jusque dans le grand Océan; et c’est dans la partie de ce grand Océan qui avoisine le Japon, qu'on pourra trouver les espèces que nous allons décrire, et qui doivent être, depuis plusieurs années, l’objet de la recherche des Japonois. CéTAcées. 469 Avant la publication de mon Histoire naturelle des Céta- cées, on ne connoissoit encore que vingt-cinq espèces de cet animaux, distribuées dans quatre genres. J’en décrivis trente- quatre pour lesquelles je crus devoir distinguer dix genres dif- férens. Les espèces ajoutées à ces trente-quatre , par M. le chevalier Cuvier , M. de Blainville, et d’autres habiles na- turalistes ou observateurs , sont en petit nombre. J’en décris aujourd'hui huit de plus. Deux appartiennent aux baleines proprement dites; quatre au genre des balernoptères que j'ai établi dans le temps ; une au genre des physétères, et une à celui des daupluns. Les dessins coloriés d’après lesquels j'ai décrit ces huit espèces de cétacées japonois , ont été communiqués au Muséum royal d'Histoire naturelle, par M. Abel de Rému- sat, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Ils présentent pour les caractères distincuifs, une grande netteté, et tous ces signes de l’authenticité et de l'exactitude que les zoologistes sont maintenant si accoutumés à recon- noitre ; et voici les traits particuliers de ces huit espèces. Le tableau placé à la suite de cette note, rappellera les caractères des cétacées, et ceux des ordres et des genres aux- quels appartiennent ces huit mammifères. Les deux baleines du Japon sont du premier sous-genre; c’est-à-dire , elles n’ont pas de bosses sur le dos. Dans ces deux cétacées, la longueur de la tête est égale au quart de la longueur totale. Dans la première, que je nomme baleine japonorïse, lévent est placé un peu au-devant des yeux; la nageoire: caudale est grande; on voit sur le museau trois bosses gar- Mém. du Muséum. 4. Go 470 CÉTACÉES. nies de tubérosités, et placées longitudinalement; la couleur générale est noire ; le ventre est d’un blanc éclatant , et cette grande plâce blanche.est comme festonnée profondément dans son contour ; les màchoires , les bras ou nageoires pectorales et la caudale sont bordés de blanc; des lignes courbes, noires et très-fines relèvent le blanc qui est autour des yeux et de la base des pectorales; on distingue des groupes de petites taches blanches sur la mâchoire inférieure ; et d’autres petites taches de la même couleur sont répandues sur le museau. J'ai donné le nom de Zunulée à la seconde baleine dont l’évent est placé un peu en arrière des yeux, et dont les deux machoires sont hérissées à l'extérieur de poils ou petits pi- quans noirs. La couleur générale est verdâtre, et on voit sur la tête , le corps et les nageoires, un grand nombre de petits croissans blancs. Les baleinoptères diffèrent des baleines proprement dites, en ce qu'elles ont une nageoire sur le dos. J'ai donné aux quatre que je vais décrire rapidement les noms de z7ouchetée , de notre , de bleuâtre , et de‘tachetée. Elles présentent des plis ou sillons longitudinaux sur la gorge ou sous le ventre, comme toutes celles qui appar- tiennent au second sous-genre ; et dans ces quatre cétacées, la longueur de Ia tête est presque égale au quart de la lon- gueur totale. Dans la mouchetée , la nageoire dorsale est petite, et située à une distance égale des pectorales et de la caudale; cinq ou six bosses sont placées longitudinalement sur le museau ; la tête, le corps et les pectorales sont mouchetés de blanc sur un fond noir ; et les lèvres, les sillons longitudinaux et le tour des yeux _sont blancs. CÉTAGÉEs. 47 Dans la baleinoptère noire, la mâchoire supérieure est étroite, et le contour de‘cettemächoire se relève:au-devant de l'œil, presque verticalement ; on voit! sur le museau, où sur le-front:, quatre bosses placées-longitudinalement ; la cou- leur générale est noire ; les nageoires et les mâchoires sont bordées de Blanc: La bleuètre a la:mâchoire" supérieure conformée comme la noire ; sa dorsale est petite et plus rapprochée de la cau- dale que: l'anus ; on voit plus de douze plis où sillons in< clinés de chaque côté de la mâchoire inférieure ; et la cou leur générale est d’un gris bleuâtre. La tachetée a la mâchoire inférieure plus avancée qué la supérieure; les orifices des évents sont un peu en arrière des yeux qui sont près de la commissure ; la dorsale est à une distance presque égale des bras et de la nageoire de la queue : la couleur noiràtre règne sur la partie supérieure de l'animal; le dessous de la tête et du corps est blanchâtre ; quelques taches très-blanches , presque rondes et inégales, sont placées irrégulièrement sur les côtés de ce cétacée. Il nous reste à décrire un physétère et un dauphin. Les physétères diffèrent: des baleines’et des baleinoptères par les dents,qui garnissent leurs.màchoires ; et leur nageoire dorsale les distingue des cachalots et des physales qui n'ont pas de nageoire sur le dos. Le physétère du Japon , auquel nous donnons le nom de sillonné, a de chaque eôté de la màchoire inférieure six plis ou sillons inclinés; la longueur de la tête égale le tiers de sa longueur totale ; l’évent est placé au-dessus de l'extrémité de l'ouverture dela bouche ; la nageoire dorsale conique 60 * sé ( FA 472 CÉTACÉES. et recourbée en arrière, s'élève au-dessus des pectorales qu’elle égale presque en longueur ; des dents pointues et droites garnissent l’extrémité de la mâchoire inférieure ; la couleur générale est noire. Les mâchoires et les nageoires sont bordées de blanc. Le dauphin que nous désignons sous le nom de noir, a le museau très-aplati et très-allongé, plus de douze dents de chaque côté des deux mächoires, la dorsale très-petite et plus voisine de la nageoire de la queue que des pectorales, la couleur générale noire ; et les commissures ainsi que le -_ bord des pectorales et d’une partie de la caudale sont d’un blanc plus ou moins éclatant. SUPPLÉMENT au Tableau des Cétacées. CÉTACLÉES. Le sang rouge et chaud; deux ventricules et deux oreillettes au cœur ; des vertèbres; des mamelles; des évents ; point d’extrémités postérieures. PREMIER ORDRE. . Point de dents. PREMIER GENRE. Les Bareives ( Balæncœæ ). * La màchoire supérieure garnie de fanons, ou lames de corne ; les orifices des évents séparés, et placés vers le milieu de la partie su-- périeure de la tête ; point de nageoire dorsale. CÉTAGÉES. 473 LE: PREMIER SOUS-GENRE., Point de bosses sur le dos, ( Apres la Baleine nord caper ). La BALEINE JAPONOISE ( Balæna japonica ). Trois bosses garnies de tubérosités, et placées longitudinalement sur le museau. La BALEINE LUNULÉE ( Balæna lunulata ). Les deux mâchoires hérissées à l’exté- . rieur, de poils ou petits piquans noirs; un grand nombre de taches blanches et en forme de croissant, sur la tête, le: corps et les nageoires. SECOND GENRE. Les Baremnorrères ( Balænopteræ ). La mâchoire supérieure garnie de fanons, ou lames decorne ; les orifices des évents séparés et placés vers le milieu de la partie supérieure de la tête ; une nageoïre dorsale. - SECOND SOUS-GENRE:- Des plis longitudinaux sous la gorge ou sous le ventre. ( Apres la Baleinoptere jobarte ). LA BALEINOPTÈRE MOUCHETÉE ( Balænoptera punctulata). Cinq ou six bosses placées longitudinalement sur le museau; la dorsale petite; la tête, le corps et les pectorales noirs , et mouches tés de blanc. : La BALEINOPTÈRE NOIRE ( Balænoptera nigra ). Quatre bosses placées longitudi- nalement sur le museau, ou le front; la mâchoire sup rieure étroite; son contour se relevant au-devant de l’œil, presque verticalement ; la couleur générale noire ; les nageoires et les mâchoires bordées de blanc. La BALEINOPTÈRE BLEUATRE ( Balænoptera cœrulescens). La mâchoire supérieure étroite; son contour se relevant au devant de l'œil, 474 La BALEINOPTÈRE TACHETÉE CÉTACGÉES. presque verticalement; plus de douze silllons inclinés de chaque côté de la mâchoire inférieure ; la dorsale petite, et plus rapprochée de la caudale que l'anus; la couleur générale d’un gris bleuâtre. (Balænoptera maculata). La mâchoire inférieure plus ayancée que la supérieure ; l'extrémité des mä- choires, arrondie; les évents un peu en arrière des yeux quisont près de la commissure; la dorsale à une distance presque égale des pectorales, et de la nageoire de la queue; la couleur générale noirätre ; quelques taches très-blanches, presque rondes, iné— gales, et placées irrégulièrement sur les côtés de l'animal. SECOND ORDRE DE CÉTACÉES. Des dents. SEPTIÈME GENRE. Les Paysérères ( PAyseteri). La longueur de la tête, égale à la moitié ou au tiers de la longueur totale; la mächoire supérieure, large ; élevée, sans dents, ou garnie de dents petites, et cachées par la gencive; la mâchoire inférieure étroite, et armée de dents grosses et coniques; les orifices des évents réunis et situés au bout ou près du bout de la partie su- périeure . du museau ; une nageoiïre dorsale. * LE PHYsÉTÈRE SILLONNÉ ( Physeterus sulcatus ). La dorsale conique, recourbée en arrière, et placée au-dessus des pectorales qu’elle égale presque en longeur ; des dents pointues et droites à la mâchoire inférieure ; des sillons inclinés de chaque côté de cette mâchoire. CÉTAGÉES. 475 NEUVIÈME GENRE. Les Davrmins ( Delphini ). Les deux mächoires garnies d’une rangée de dents très-fortes ; les orifices des deux évents réunis , et situés très-près du sommet de la tête ; une nageoire dorsale. Le Daurin voir ( Delphinus niser). Lie museau tres-aplati, et tres-allongé ; plus de douze dents de chaque côté des deux mâchoires; la dorsale tres-petite, et plus rapprochée de la caudale que des pectorales; la couleur générale noire; les commissures blanches, ainsi que le bord des pectorales, et celui d’une: partie de la nageoire de la queue. #3 TABLE DES MEMOIRES ET NOTICES Contenus dans ce quatrième Volume. M. PORTAL. Svr les Anévrismes du Cœur dans lesquels les parois de cet organe, au lieu d’être amincies, ont conservé leur épaisseur ordinaire ou en ont acquis une plus grande. 62—101 Quelques Considérations sur les Causes du Vomissement. 395—410 Quelques Considérations sur la Membrane pupillaire ; etc., etc: 457—466 M. LE C*. DE LACEPÉDE. Note sur des Cétacées des mers voisines du Japon. 467—475 M. DESFONTAINES. Nouveau genre de Composée : Gyÿmnarrhena. 1—# Nouveau genre de la famulle des Rubiacées : Ancylan- thos. 5—7 Nouveau genre de la famille des Térébintacées : Hetero- dendrum. N 8—10 Description de quatre nouveaux genres de Plantes : Mezonevron, Heterostemon, Ledocarpon, Micrantea. 245—255 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES, 477 M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. Sur de Nouvelles Chauve-Souris, sous le nom de GLOSSOPHAGES. Lii—/18 M. HAUY. Sur les Arrondissemens qu'ont subis les formes d'un grand nombre de Cristaux, par des causes acciden- telles. 1I—22 M. G. CUVIER. Sur les Diodons, vulgairement ORBES ÉPINEUXx. 121—138 Sur les Poissons du sous-genre MyrèTEs. 444—A56 M. VAUQUELIN. Expériences sur l’ Acide sorbique. 139—148 De l'Influence des Métaux sur la production du Potas- stum à l’aide du charbon. -240—244 Expériences pour connottre la quantité d’ Alcali contenu dans les fanes de Pommes de terre. 256—26x M. LAUGIER. Observations sur le Suc de Carottes, Daucus carotæ. 102—108 | M. FRÉDÉRIC CUVIER Du Macaque de Buffon. 109-120 Du Cercopithèque cynocéphale de Brisson, et du grand Papion de Bujjon. 419—426 Mém. du Muséum. À. 4. 61 478 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. M. CHEVREUL. Recherches chimiques sur plusieurs Corps gras, et particulièrement sur leurs combinaisons avec les ÆAlcalis. Septième Mémoire. : 262—312 M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE: Second Mémoire sur les Plantes auxquelles on attri- bue ur PLACENTA CENTRAL LIBRE. _ 381—394 M. CHARLES KUNTH. Observations sur quelques genres de la famulle des AROIDÉES. | Ai7—}38 Note sur le genre Piper ef la place qu'il dou occuper parmi les Monocotylédons. 439—443 é M. MARCEL DE SERRES. Observations sur les usages du Vaisseau dorsal ou sur l'influence que le cœur exerce dans l'organisation des Animaux articulés et sur les changemens que _ cette organisation éprouve, lorsque Le cœur ou l'organe circulatoire cesse d'exister. 149—192 Suite des Observations , etc. 313—380 M. L.-C RICHARD. De Orchideis Europeis Annotationes. 23— Gr Instruction sur Les Recherches qui pourrotent être faites dans les Colonies, sur les objets qu'il seroit possible d'y recueillir, et sur la manière de Les conserver et de les transporter. 193—239 INDICATION DES PLANCHES DU IVe. VOLUME. Planche L Gyznnarrhena micrantha. Pag. 4 IL Æncylanthos rubiginosa. 7 TL Heterodendrum oleæfolium. 10 IV. Cristallographie. TI V. Orchidearum geritalia. 23 VI Diodons, pl. 1. 121 VIL /odons, pl, 2, ibid. VIIL. ÆAnatonue des Insectes, pl. 1. 190 IX. Ænatonue des Insectes, pl. 2. 1OI X. Mezonevron glabrum. 247 XIE Mezonevron pubescens. 2RT XI. ÆHeterostemon minosoides. 250 XIIL. ZLedocarpon cluloense. 252 XIV. Micrantheum ericoides. 255 XV. Anatomie des Insectes, pl. 3. Système res- ptratotré du Yruxalis nasutus. 379 XVI. Anatomie des Insectes, pl. 4. Système res- piratotre du Mantis religiosa. 380 XVII Glossophage caudataire. 104 XVIIL. A. Glossophage à queue enveloppée. 419 B. G.sans queue. XIX. Le Babouin. Sunia cynocephalus. 19 XX. Aichardia africana. 435 XXI Fig. 1. Chalceus macrolepidotus. 2. Myletes hasselsquistir. 3. M. macropomus. 444 XXIL Fig. 1. Myletes brachypomus. 2. M. duri- ventris. 3. D. rhomboïdalis. ibid. DIS . TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES Contenus dans ce quatrième Volume. À. LAN delphinique. Recherches sur cette substance, 298 et suiv. Voy. Corps gras. Acide sorbique. Expériences sur cet acide , sur la manière de le prépa- rer : etsurses propriétés, 139et s. Alcali contenu dans la fane de pomme de terre. Voy. Pommes de terre.— Action des alcalis sur les corps gras. Voy. Corps gras. Anacamptis.Caractere de ce genre d’Or- chidées, 47.—Notes critiques, 55. Anatomie comparée. Examen du yais- seau dorsal dans les insectes , et comparaison des animaux articu- lés qui ont un cœur avec ceux qui n’en ont pas, 149 et suiv. Obser- vations générales sur l’organisation des Animaux articulés, 40. Des- cription de leurs organes respira- toires , et de leurs divers modes de respiration soit dans l’air , soit dans. Veau, 313 etsuiv. Voy. Animaux articulés. Anévrismes du cœur. V. Cœur. Animaux articulés. Sur les usages du vaisseau dorsal dans ces auimaux, .sur l'influence que le cœur exerce dans leur organisation , et sur les changemens qu’elle éprouve par la présence ou l’absence de cet or- ‘game , {y et suis. Comparaison des divers genres d’animaux articulés, et considérations sur la classifica- tion des êtres qui composent cette grande classe, 20. Des organes respiratoires de ces animaux, de l'influence qu'ils exercent sur le vaisseau dorsal, et des différens : modes de respiration des insectes soit dans l’air, soit dans l’eau, 313 et sui. Ancylanthos, nouveau genre de la fa- mille des Rubiacées. Sa descrip- tion , 5. Arisarum , genre distinct formé de l’4- rum arisarum L. Description du genre et de l’espece , 436. Carac- tère essentiel du genre . 438. ÆAroïdées. Observations sur cette fa- mille de plantes, et description de trois espèces qui forment autant de genres distincts , 427 et suiv. Avicenia. Observations sur les fruits de cette plante et sur leur dévelop- pement , depuis la fécondation jus- qu’à la maturité, 387 et suiv. TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. B. Babouin. Voy. Cercopithèque. Baleines. Description de deux nouvelles espèces de ce genre , 469. Carae- tere du genre, 472. V.Cétacées. Baleinoptères. Description de quâtre espèces de ce genre de Cétacées , 470. Caractère du genre, 473. Voy. Cétacées. C. Calla palustris. Description de cette Aroïdée, 431. Caractère du genre Calla, 436. Calypso. Caractère de ce genre d’Or- chidées , 52. Notes critiques, 60. Carotte. Observations chimiques sur le _ suc de Carottes, 102 et suiv. Il se forme dans ce suc de la mannite qui n’y existoit pas auparavant, 106. Carpologie. Examen des ovaires et des fruits dans les Myrsinées, les San- talacées et l’Avicenia , 381 et suiy. Céphalanthera. Caractère de ce genre d’Orchidées, 51. Notes critiques, 6o. Cercopithèque cynocéphale de Brisson , ou Babouin. Description de ce singe , EL sa comparaison avec le Papion de Buffon, 419 et suiv. Cétacées. Note sur quelques Cétacées des mers voisines du Japon; et des- cription de huit espèces , 467 ets. Caractère des quatre genres de Cé- tacées, 472 et Suiv. Cétine. Examen de cette substance et de ses combinaisons ayecles alcalis, 48 262 et suiy. Voy. Corps gras. . Chalceus macrolepidotus. Observation sur ce poisson qui forme un sous- genre tres-voisin du Myletes, 454 et suiy. Chamorchis. Caractère de ce genre d'Orchidées , 49. Notes critiques , s 57. Chauve-Souris. Division de cette fa- mille en trois genres : les Phyllos- tomes, les Vampires et les Glosso- phages , 411 et suiv. Voy. Glosso- phages. Chaux sulfatée. La variété de ce mi- néral dont la forme est celle d’un solide composé de deux cônes, tire son origine de la variété trapé- zienne, Examen du passage de l’une de ces formes à l’autre, 17. et su1y. Collections d'Histoire Naturelle. Ins- truction sur la maniere de re- cueillir , de préparer et de trans- porter les objets, 193 et suiv. Colonies. Recherches qu’on pourrait y faire, et note des objets d'Histoire Naturelle qu'on pourrait envoyer en Europe, 193 et suiy. V. Voya- £geurs naturalistes. Cœur. Sur les anévrismes du cœur dans lesquels les parois de cet organe ont conservé leur épaisseur ordi- naire , 62 et suiy. Causes par les quelles les parois du cœur peuvent acquérir une épaisseur extraordi- naire, &b.Observationssur plusieurs maladies du cœur , i6id. Il ÿ à des cas où le cœur prend une forme bi- 482 zarre , un volume et un poids énorme, 73. Des fausses membra- nes par lesquelles le cœur est quel- quefois recouvert, 77 et suiv. Des infiltrations séreuses et des hyda- tides, 80 et suiv. De l'influence que le cœur exerce dans l’organisa- tion des animaux articulés, et des changemens que cette organisation éprouve lorsque le cœur cesse d'exister , 149 et suiv. Voy. Ani- maux articulés. Corallorhiza. Caractère de ce genre d’Orchidées, 53. Notes critiques , Gï. Corps gras. Recherches chimiques sur plusieurs de ces corps, et sur leurs combinaisons avec les alcalis, 262 etsuiy. Dela Cétine ou Spermaceti ; de ses propriétés et de l’action que la potasse exerce sur elle , cb. Du savon de cétine , 266 et s. De la graisse acide et non acide, et de ses combinaisons ayec la po- tasse , 266 et suiv. Action de la potasse et du margarate de potasse sur la cétine, 277 et suiv. De l’ac- tion sur le tournesol des solutions de surmargarate de potasse dans l'alcool, 204 et suiv. — De l'huile - du delphinus globiceps; de ses propriétés; de la substance cris- tallisée qu’on en retire , et de son état apres qu’on en a séparé cette substance, 288 et suiy. — De l’a- cide delphinique , 298 et suiv. — Sur l’existence de l’acide delphi- nique dans l'huile de dauphin, TABLE ALPHABÉTIQUE 302.— De l'huile de poisson du commerce. Examen de cette huile saponifiée; sa comparaison avec l'huile de poisson, 303 et suiy.— Examen de la matiere grasse con- crète qu’on en sépare, 308 ets. — Remarques sur les huiles de dau- phin et de poisson, 311. Cristallosraphie. Voy. Cristaux. Cristaux. Sur les courbures et les in- flexions qui modifient les formes naturelles d’un grand nombre de ” cristaux , et sur les causes acciden- telles qui les ont produites, 11 et suiv.; ces formes curvilignes peu- vent être ramenées à la forme dé- terminable dont elles tirent leur origine , et ne sont point étran- gères aux lois de la structure des cristaux. Exemples à ce sujet pris du cuivre phosphaté , et de la chaux sulfatée , 13 et suiv. 5) Cuivre phosphaté. La forme primitive de ce minéral est l’octaëdre rectan- gulaire , quoiqu'il se présente sous une forme curviligne. Description de ces cristaux, 14 et suiv. Cypripedium. Caractère de ce genre, 52. Notes critiquos ; Go. D. Dauphin. Description d’une nouvelle espèce , 472. Caractère du genre, 475. Voy. Cétacées. Diodons ou Orbes épineux. Histoire de ce genrede poissons, et description de treize espèces, 121 ets. DES (ARTICLES. Fi Enfans. Observations sur les yeux et sur la cavité du tympan, tendantes à prouver que la plupart des en- fans ne voient et n’entendent que plus ou moins de temps après Teur naissance, 457 et suiv. Il pa- roîit qu'ils sont aussi privés de l’o- dorat, 465. Æpipactis. Caractère de ce genre d’Or- chidées, 51. Notes critiques, 60. ÆEpipogum. Caractère de ce genre d’Or- chidées , 5o. Notes critiques , 58. G. Glossophages. Nouveau genre de la fa- mille des Chauve-Souris ; sa com- paraison avec les Phyllostomes et les Vampires , et notice sur les es- . pèces qui le composent, 41r ets. Goodyera. Caractère de ce genre d'Or- chidées , 49. Notes critiques, 56. Graisses. Voy. Corps gras. Gryllus lineola. Anatomie de cet in- secte , 190. Gymnadenia. Caractere de ce genre d’Orchidées, 48. Notes critiques , 57. Gymnarrhena. Nouveau genre de la fa- mille des Composées. Sa deserip- cription, me H. Herminium. Caractère de ce genre d’Orchidées , 49. Notes critiques , Br. Heterodendrum. Nouveau genre de la famille des Térébintacees. Sa des- cription , 8. 483 ITeterostemon. Description de ce nou- veau genre de légumineuses ; 245 et suiv. Iuile de delphinus globiceps. Examen de cette huile, de sa combi- naison ayec les alcalis , de ses pro- priétés, et des substances qu’on en retire , 288 et suiv. Comparaison de cette huile avec l’huile de pois- son du commerce, 303 et suiv. Voy. Corps gras. Huile depoisson. Examen decettehuile, ‘sa‘comparaison avec l'huile de dau- phin. Remarques sur sa saponi- fication et sur les substances qu'on en sépare, 303 et suiv. 1 Insectes. Comparaison des insectes avec les autres animaux articulés; des- cription de leur vaisseau dorsal, et considérations sur ses fonctions, 149 et suiv. Examen des organes respiratoires dans les divers genres d'insectes; de l’usage,de ces or- ganes, et des divers modes de res- piration de ces animaux, 313 et s. Voy. Animaux articulés. L. ZLedocarpen. Description de ce nouveau genre de plantes voisin des oxalis, 260 et suiv. ZLimodorum. -Caractère de ce genre d'Orchidées , 5o. Notes critiques, 58. Liparis. Caractere de ce genre d’Or- chidées , 52. Notes critiques, Go, 484 Locusta quelques parties de cet insecte, 192. Loroglossum. Caractere de ce genre d’Orchidées , 47. Notes critiques, 54. brevipennis. Anatomie de M. Macaque. Histoire naturelle du Ma- caque de Buffon; sa description, sa comparaison avec les autres singes, etc., 10g et suiv. Notes critiques sur la synonymie de cette espèce, 118 et suiv. Malaxis. Caractère de ce genre d’Or- chidées , 53. Notes critiques, Go. Mannite. Raisons de croire que cette substance se forme dans les sucs végétaux qui s’aliérent, et qu’elle n’en est point un principe immé- médiat, ro6 ets. Voy. Caroëte. Mantis religiosa. Anatomie de cet insecte , _ 191. Membrane pupillaire. Observations sur cette membrane et sur la nature de l’eau contenue dans lès deux cham- bres des yeux, tendantes à prouver que la plupart des enfans ne voient que plus ou moins de temps après leur naissance , 457 etsuiv. Mezonevron. Caractere de ce nouveau genre de légumineuses , et des- cription de deux espèces, 245 ets. Micrantheum , nouveau genre d'Eu- phorbiacée, 253 et suiv. Monocotytédons. Sur quelques anoma— lies dans l’organisation des bois des Monocotylédons, 442. TABLE ALPHABÉTIQUE Muséum d'Histoire naturelle. Indica= tion des objets qu’on désireroit particulierement recevoir des co- lonies, 193. Voy. Voyageurs na- turalistes. Mydlètes. Mémoire sur ce genre de poissons , et description de cinq espèces , 444 et suiv. Observations sur deux poissons tres-voisins du genre Myletes, 453 et suiy. Myrsinées. Examen de plusieurs plantes de cette famille dont les fruits ont un placenta central, qui n’est libre . qu'après la fécondation, 383. Affi. nités de cette famille, 384 et suiv. À. Neottia. Caractère de ce genre d'Or- chidées, 5r. Notes critiques, Bo. Nigritella. Caractère de ce genre d'Or- chidées, 48. Notes critiques, 56. Q. Ophrys. Caractère de ce genre, 48. Notes critiques , 55. Orbes épineux. Voy. Diodons. Orchidées. Observations sur cette fa- mille de plantes ; analyse et des- cription de toutes les parties de la fructification des Orchidees, 23 et suiv.— Distribution méthodique des genres d’Orchidées d'Europe , 4x etsuiv. Caractère de ces genres, 46 et suiv.— Notes sur ces genres et sur les espèces qui les compo- sent , 54 et suiv. Orchis. Caractere de ce genre, 47. Notes critiques , 99. : DES ARTICLES. Oreilles ; n’entendent point encore au moment de la naissance et pour- quoi. Voy. Tympan. Orthoptères. Examen du systeme res- piratoire de ces insectes, 331 et s. Voy. Animaux articulés. 1 Papionde Buffon ; sa comparaison ayec le Cercopithèque cynocéphale, ou Babouin, 419 et suiv. Phyllostome. Observations sur ce genre de Chauve-Souris , 416. Physétère. Description d’une espèce de ce genre de Cétacées , 471. Carac- tère du genre, 474. V. Cétacées. Piper.Obseryationssur ce genre, surses affinités, et sur la place qu'il doit occuper parmi les Monocotylédons auxquels on voit qu'il appartient par l’organisation de la graine, 439 et suiv. Piperacées. Voy. Piper. Placenta central : dans les plantes dont les fruits ont un placenta central , il n’est libre qu'après la féconda- ion, 381 et suiv. Platanthera. Caracitere de ce genre d’Orchidées , 48. Notes criliques, ÿ By. Poivre. Voy. Piper. Pommes de terre. Expériences sur la quantité d’alcali contenu dans les fanes de Pommes de terre : cet al- cali est en plus ou moins grande quantité selon les terrains, etilne seroit pas avantageux de cultiver les Pommes de terre pour en re- Memm. du Muséum. t. 4. 489 256 et suiy. Potassium. Il est vraisemblable que les tirer de la potasse, métaux réduits avec des fondaus alcalins , contiennent du Potas- sium qui en modifie les propriétés, et qui se dissipe lorsqu'on les affine avec le contact de l’air, 240 ets. Poussière. Peut être absorbée par les vaisseaux lymphatiques, donner au corps de l'accroissement , et occa- sioner l’épaississement des parois du cœur, 67. Voy. Cœur. R. Respiration. Des divers modes de res piration des insectes, des divers organes respiratoires , et de leurs fonctions, 313 etsuiy. Voy. Ani- maux articulés. Richardia, genre nouveau, séparé du Calla, et formé sur le Calla æthiopica L. Description du genre et de l’espece, 433. Caractère es- 436. sentiel du genre , S. Santalacées. Les plantes de cette fa- mille ont un placenta central, mais il n’est libre qu'après la fé- 382. S'aponification des corps gras, et ob- condation, servations sur les diverses espèces de savons. Voy. Corps gras. Savons. Voy. Corps gras. Sens. La vue, l’ouie et l’odorat éprou- vent des obstacles à leur exercice plus ou moins de temps apres la naissance. Voy. Membrane pupil= aire, Tympan, Enfans. 62 {pr mn F 486 TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. Serapias. Caractère de ce genre d’Or- chidées , 47. Notes critiques, 54. Singes. Voy. Cercopithèque. j Sorbier. Propriétés du suc des fruits de cet arbre et de l’acide qu’on en retire, 142 et suivy. Voy. Acide sorbique. Spermaceti. Voy. Cétine. Spiranthes. Caractère de ce genre d’Or- chidées, 50. Notes critiques. 58 T. Tetragonoptère. Observations sur ce poisson, qui est voisin des Mylètes et des Serrasalmes , 435. Trachées. Des diverses sortes de Tra- chées desinsectes et de leur usage, 313 et suiv. Voy. Animaux arli- culés. Truxalis nasutus: Anatomie de cet in— secte, 191. Tympan. Observations sur les matières muqueuses contenues dans la ca- vité du tympan dans le fœtus, tendantes à prouver que la plu- part des enfans n’entendent que quelque temps après leur naissance. V. F'aisseau dorsal. Sur l’usage de ce vais- seau dans les animaux articulés , et combien le cœur éprouve de mo- difications ayant d’être remplacé par cet organe dans les insectes , 149 et suiv. Comparaison des An- nelides et autres ammaux articulés avec les insectes, 150 et suiv. Opinions de divers anatomistes sur le vaisseau dorsal des insectes , 158 et suiy. Examen du vaisseau dorsal dans les différens ordres d'insectes, 166 et suiv. Injections de ce vais- seau , 178 et suiy. Causes des con- tractions et des dilatations du vais- seau dorsal , 183 et suiv. Compa- raison-de ce vaisseau avec le cœur, ib. De l’influence des organes de la respiration sur le vaisseau dor- sal, : 313 et suiv. Vampires. Voy. Chauve-Souris. Vomissement. Expériencessurles causes qui le produisent , et observations sur l’action des organes qui y con- courent, 395 et suiv. Voyageurs naturalistes. Instructions sur les recherches qu’ils peuvent faire , sur les objets qu’ils peuvent envoyer , et sur la manière de les conserver et de les transporter, 193 et suiv. Y. Yeux , ne yoient que plus ou moins de temps après la naissance des en- fans. Voy. Membrane pupillaire , Enfans. ” Po cHronA E es MUR EE data térs À Dititioirtir Er pe (PUR Ans vin A DA Va PME ss TN D AN HU) th # HAMAMMAMMAUT UNIES nr UNIT PAU En HAE tres ui “1 “oups Dr } ATEN PP PT tp il LUTR fl Î Cat HAE DINAN UNOUNITIETEN ET \l MH HHI fau] Had, HAT tit Wie hs LH DONS AE MOMENT Or HO OTTIEU HU! ORAUMANANNNTA DEAN: PAHAITANRUNE AURA OT LENCO)