\s MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. NOMS Messieurs , PORTAL . . DE Jussieu. . DESFONTAINES . DE LAMaARCe . GEOFFROY-ST.-HILAIRE . Cuvier . LAUGIER CoRDIER BRONGNIART Bosc . DumériL DE Jussieu Fils. DELEuzE L 2 F # DES PROFESSEURS. (PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ) Anatomie de l’homme. Professeur honcraire. Botanique au Muséum. Insectes, coquilles, madrépores, etc. Zoologie. Mammiferes et oiseaux. Anatomie des animaux. Chimie générale. Géologie , ou Histoire naturelle du globe. Minéralogie. Culture et naturalisation des végétaux. Zoologie. Reptiles et poisséns. Botanique à la campagne. Secrétaire de la Société des Annales du Muséum. MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROI. TOME SEIZIÈME. XV/ | Mém.Mus.E.N.(Paris) 44 & œ 6 de /82F + 80 #F re j = ASTE cf _ 344 4 sd 2 D." LOT HET Te, AL Al ê = 2 E 22 *+ À SHERBORN'S * / Ne SX A MALO SA A AIRE, RUE DES MATHURINS S.-J., HÔTEL DE CLUNY, 1828. . NOMS Messieurs , PORTAL 1e Le ONE DE Jussieu. «+ «+ + : DESFONTAINES. .Ll. * DE LAMARCE. ® + . GEOFFROY-ST.-HILAIRE . COVER Me TE MAUGIERE V0 EN CORDIER en - it BRONGNIART .!/ . . . BOSS ere DuMÉREM ee 0.0 De Jussieu Fils. . . DELEUZE . S Pis A LT / r A Le PRE 0 / ? LÉ DES PROFESSEURS. ( PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ) Anatomie de l’homme. Professeur honoraire. Botanique au Museum. Insectes, coquilles, madrepores, etc. Zoologie. Mammiferes et oiseaux. Anatomie des animaux. Chimie générale. Géologie , ou Histoire naturelle du globe. Minéralogie. Culture et naturalisation des végétaux. Zoologie. Reptiles et poissôns. Botanique. à la campagne. Clan Anobn Crash doc Ammnlac Ain AMuscaisen S118d ) H'SUN'mym AI MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROÏI. TOME SEIZIÈME. A PARIS, _ CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATHURINS S.-J., HÔTEL, DE CLUNY. 1828. . IMPRIMERIE DE A. BELIN, cue des Mathurins Saint-Jacques, n°. 14. MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. RAPPORT Sur le travail de MM. Victor Audouin et Henri-Milne Edwards, ayant pour titre Recherches anatomiques sur le système nerveux chez les Crustacés (1). PAR M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. MM. Auroun et Mirxe Enwarps ont fait précéder leurs recherches sur le système nerveux d’un premier et très- important travail sur le système circulatoire des Crustacés. Nous commencerons par savoir gré aux auteurs d’avoir choisi un tel sujet d'étude. Dans l’état actuel de nos connoissances, nulle famille ne présente un champ plus vaste aux découvertes d’un intérêt général. En étudiant les Crustacés, c’étoit choisir un anneau qui est jeté sur la limite des deux premiers em- branchemens de l'arbre zoologique, un anneau qui, s’il ne les réunit point par un lien indissoluble, les montre toutefois (1) Commissaires nommés par l’Académie, MM. Latreille, Duméril et Geoffroy Saint-Hilaire. Mém. du Muséum. t. 16. 1 2 RAPPORT SUR LES RECHERCHES ANATOMIQUES comme ayant entre eux des rapports multipliés, et de grande valeur. Ces êtres intermédiaires, c’étoient d’autres poissons pour Aristote, qui, par l'emploi de cette expression ingé- nieuse, s’étoit proposé d'indiquer avec mesure leur degré d'aflinité, mais qui ne fut pas moins désireux de ne pas con- fondre les deux familles, On savoit dès cette époque que les Crustacés présentoient dans la composition de léurs viscères beaucoup de ressemblance avec les poissons; toutefois à cette différence près (différence sans doute très-importante), que les viscères sont chez les Crustacés logés au dedans des par- ties solides, quand ils sont chez les poissons répandus tout au- tour de l’axe osseux. Lorsque dans les temps modernes, on se décida à marquer la distance des deux familles par un hiatus aussi tranché que l’établissent la plupart des classifi- cateurs, peut-être s’est-on trop hâté. N’a-t-on pas porté en effet trop loin les différences existantes? Le grand caractère qui en résulte mérite sans doute d’être pesé mürement; mais toutefois ce que l’on en connoît aujourd’hui, pour s’y être rendu plus attentif, donne lieu de penser déjà que l'intervalle qu’établissent ces différences entre les deux familles est vé- ritablement moindre qu’on ne l’a cru jusqu’à ce jour (1). Et ceci n’est sans doute point une réflexion sans utilité: car elle mène à faire comprendre comment, s’il y a chez les Crus- tacés tant de parties qui soient une répétition des parties ana- logues chez les poissons, ceux-ci, dernier rameau de la série des vertébrés, et les Crustacés, premier rameau de la série entomologique ; demeurent réciproquement comparables. (1) Ce sont du moins les opinions personnelles de votre rapporteur. | DU SYSTÈME NERVEUX DES CRUSTACÉS. s) Nous sommes donc àce moment certains qu'ils se rapprochent par de nombreux rapports; et dans ce cas, chercher à décou- ‘vrir et à établir ces rapports, c’est faire de la science au plus haut degré et dans le plus grand intérêt, à cause de son im- médiate application aux plus hautes théories. Ces recherches méritent sans doute qu’on s’en occupe sans relâche; car ac- croître le nombre des analogies connues, c’est montrer que les êtres sont enchaînés par des rapports plus intimes, c’est contribuer à faire sortir du chaos des diversités, si long-temps, mais si habilement étudiées, des idées d'ensemble qui, un jour, seront remarquées comme caractérisant l'époque ac- tuelle, comme lui imprimant une physionomie propre. C’est enfin apporter de nouveaux motifs à la conviction du natu- raliste philosophe qui, après avoir aperçu l’infinité des mo- difications sans les confondre, reste enfin persuadé qu'il n’est qu'un seul fond d’organisation, ici de plus en plus compliqué, et ailleurs au contraire ramené à la plus grande simplicité. Cependant ce n’est pas à poursuivre tout d’abord ces im- portans résultats de lascience que s’attachent MM. Audouin et Milne Edwards : ils savent très-bien qu’il faut assurer les plus savantes investigations par des études spéciales, mais ils n’ou- blient pas le but le plus élevé de la science en paroïssant se renfermer dans des comparaisons entre les animaux d’une même classe. C’est qu’ils sont entrés sans réserve dans les voies de la nouvelle école : et en effet, ce ne sont point les différences qu'ils se proposent uniquement de mettre en lumière, ils croient préférable de rechercher avant tout les faits de ressemblance, d'employer leur sagacité à les démas- quer, s'ils sont cachés sous quelque apparence trompeuse; 4 RAPPORT SUR LES RECHERCHES ANATOMIQUES enfin de rattacher les plus fortes anomalies au principe de l'unité de composition organique. Voici comment ils s'expriment sur ce point : « Les recher- « ches qui font le sujet de notre Mémoire, disent les auteurs, « ne tendent pas seulement à compléter nos connoissances « spéciales sur le système nerveux des Crustacés des diffé- « rens ordres, elles ont pour but essentiel de montrer qu'il « y a chez eux wruté de composition de ce système, et que € les modifications anormales et très-variées qu'il présente « dans les animaux de cette classe peuvent être ramenées à « un seul et même type; ce qui, jusqu’à ce jour, semble avoir « été méconnu. » En effet, si l’on vient à examiner comparativement deux Crustacés, soit, par exemple, l’un du genre Æcrevisse, et l’autre du genre Crabe, on est d’abord tout à l’idée des diffé- rences qui frappent à la première vue, et l’on n’abandonne point cette première sensation, même en pénétrant, par des études attentives dans l'examen comparatif des deux espèces : car chez l’écrevisse on compte plusieurs ganglions, et ces ganglions, réunis entre eux par des cordons de communica- tion (1), sont rangés bout à bout et constituent une espèce de chaine étendue de la tête à l’anus, quand au contraire chez le crabe, il n'existe plus qu’un seul ganglion thoracique. De même encore, chez l’écrevisse, les différens nerfs du corps (1) Les auteurs ont rappelé diverses considérations sur ce sujet, publiées dans les leçons d’Anatomié comparée , considérations au moyen desquelles M. le baron Cuvier a fait connoître les différences caractéristiques du Homard et du Carcin, quant à leurs ganglions nerveux. k DU SYSTÈME NERVEUX DES CRUSTACÉS. 5 naissent de chacun des ganglions, tandis chez le crabe tous les cordons nerveux partent du seul ganglion central dont il vient d’être parlé. La dissemblance est encore plus sensible si, au lieu de se servir de l’écrevisse, on compare le crabe à quelques autres crustacés, et, par exemple, au talitre, l’une des espèces de l’ordre des Amphipodes. Ces petits Crustacés dont le corps est divisé en treize segmens, présentent une série longitudinale de ganglions doubles. Les ganglions de chaque paire sont très-distincts l’un de l’autre, et ne parois- sent réunis que par une très-petite commissure. Leur nombre total est de vingt-six, c’est-à-dire qu’on en compte treize de chaque côté. Il ÿ a tellement loin de cette disposition à celle du crabe, qui ne possède plus qu’un seul glanglion central duquel partent en rayonnant tous les nerfs du corps, que, quel que soit le désir d’établir des analogies et de généraliser, on ne peut qu'être frappé, à la première vue, de cette pro- digieuse dissemblance. sub MM: Audouin et Milne Edwards ont donné une preuve de leur savoir et de leur excellent esprit en ne s’en laissant point imposer par ce qui ne devoit être pour eux qu’un fait, qu’une simple circonstance oculaire. Ils ont judicieusement pensé que plus les différences étoient considérables, plusils devoient apporter de soin à leur examen, et enfin ils sont parvenus à les ramener à un même type et à les expliquer d’une manière satisfaisante. En «effet, il résulte de leur travail que le système nerveux de tous les Crustacés, quelles que soient lés différences qu'il présente entre les espèces de divers ordres, est formé des mêmes élémens; le 20yau nerveux unique du crabe étant en définitiwe qu'une: agglomération des nombreux gan- 6 RAPPORT SUR LES RECHERCHES ANATOMIQUES glions nerveux disposés à la file les uns des autres dans l’é- crevisse et le talitre. Il auroit pu suflire de remarquer que c’étoit un résultat nécessaire de la conformation alongée de ces derniers, et tout au contraire de la forme ramassée et orbiculaire du crabe; mais les auteurs ont préféré à cette con- séquence, qui auroit paru à quelques esprits trop heurtée, et par conséquent contestable, la voie d’une observation suivie dans les degrés intermédiaires; et, les parcourant effec- tivement pas à pas, ils en sont venus à une démonstration rigoureuse de leur proposition. Parmi les faits qui ont établi leur conviction, nous cite- rons les suivans. En prenant pour point de départ le talitre, nous voyons, ainsi qu’il a été dit, que son système nerveux se compose de treize ganglions au côté droit et treize au côté gauche, accolés par paires, et toujours également espacés sur la ligne longi- tudinale qu'ils occupent. Le système nerveux du cloporte, quoique semblable sous plusieurs rapports à celui du talitre, présente déjà des diffé- rences notables : les paires de ganglions sont moins nom- breuses: on n’en compte plus que neuf; et ce qui est bien remarquable, c’est que la dernière et l’avant-dernière paires ne paroissent composées chacune que d’un seul ganglion, tandis que toutes celles qui précèdent en offrent deux bien distincts. Mais il n’est pas très-diflicile de reconnoître que cet état de simplicité apparente est dû à la soudure intime des deux ganglions, et de reconnoitre enfin que c’est le rétrécis- sement des derniers segmens qui a forcé les deux élémens à gagner une distance de plus vers la ligne médiane, à se tou- cher, et finalement. à se confondre. Depuis que M. Serres a DU SYSTÈME NERVEUX DES CRUSTACÉS. 7 généralisé les faits de cet ordre en en présentant un grand nombre d’analogues, ils se multiplient sous l’observation; ils n’étonnent plus présentement, et on les recueille précieuse ment, en se rappelant qu'ils sont aujourd’hui compris dans une loi incontestablement acquise à la science. Le système nerveux, examiné comparativement dans des genres assez voisins, a donc subi déjà deux modifications importantes : il s’est raccourci et il s’est rétréci, ou en d’autres termes, il a obéi aux pressions des tégumens communs en se centralisant. Cette sorte de tendance à diminuer en même temps de largeur et surtout de longueur pour se grouper vers la partie centrale du thorax de l’animal est plus manifeste dans les Cymothoés et dans les Phyllosomes; elle devient très- sensible dans les Homards et dans les Palémons; enfin dans les Langoustes tous les ganglions du corps, le céphalique ex- cepté, constituent une seule masse nerveuse, de laquelle naissent les différens nerfs du corps. Dans cette espèce, ce gros ganglion est alongé, et on reconnoît encore très-bien qu’il est formé par l’assemblage d’une infinité d’autres noyaux. Enfin ce n'est que dans le maïa que tous les élémens cons- tituans sont entièrement confondus, le ganglion thoracique de ce Crustacé et de la plupart des Décapodes brachyures étant plein et parfaitement arrondi dans son contour. Tout cet exposé scientifique que nous avons considérable ment resserré dans cette analyse, ne se compose pas seule- ment de descriptions et de discussions, il repose de plus sur des représentations exactes, sur des figures qui placent éga- lement bien les faits sous les yeux. Les sujets représentés sont le talitre locuste, un cymothoé, le phyllosone brévicorne, 8 RAPPORT SUR LES RECHERCHES ANATOMIQUES, ETC. le homard, un palémon, la langouste et le maïa squinardo. Les conclusions des auteurs sont que le système nerveux des Crustacés leur a présenté parlout une parfaite uniformité de composition, et que les différences très-sensibles à la pre- mière vue qu'ils ont remarquées, ne sont évidemment que des modifications dépendantes d’un degré plus ou moins con- sidérable de rapprochement et de centralisation des noyaux médullaires; résultats qui n’ont en eux rien de bien surpre- nant, ni même d’absolument nouveau, ajoutent ces jeunes naturalistes, puisqu'ils répètent ce qui git en fait et ce qu'oz observe dans le même insecte quand on l'étudie, comme l'a fait M. Serres, aux divers âges de sa vie. De tels résultats, bien que pouvant être prévus par la théorie des analogues, sont de précieux documens pour la phi- losophie de la science; on aime à les voir sortir les mêmes de tous les travaux approfondis dans les diverses familles. Voilà ce qu'à l'égard du système nerveux des Crustacés, MM. Audouin et Milne Edwards viennent de faire dans le Mémoire dont ce qui précède est un extrait. Des travaux sur cette matière existoient : tels sont, entre autres, ceux de M. le baron Cuvier et de M. le docteur Serres; mais en les éten- dant, MM. Audouin et Milne Edwards y ont beaucoup ajouté, et surtout ils ont perfectionné l’état de nos connoissances à cet égard, en ramenant et ces travaux et les leurs propres aux analogies que leur sagacité leur a fait découvrir. En conséquence, nous avons pensé que nous devions pro- poser à l’Académie de vouloir bien donner son approbation au travail de MM. Auduoin ei Milne Edwards, etde le réserver pour être imprimé dans le Recueil des Savans étrangers, MÉMOIRE SUR L'ORIGINE, LE DÉVELOPPEMENT ET L'ORGANISATION DU LIBER ET DU BOIS, PAR M. MIRBEL. (Présenté à l’Académie des Sciences le 26 novembre 1827.) C& travail a pour but principal de développer et de prou- ver ce que j'ai avancé en 1816, dans une simple note insérée au Bulletin de la Société philomatique, touchant lorga- nisation et la croissance du liber, Je n’ai pu cependant m’oc- cuper de cet objet sans reporter mon attention sur le bois, parce que le liber et le bois ont une même origine, et s’or- ganisent simultanément. Je m’applique à démontrer que les couches du liber des arbres et arbrisseaux à deux cotylédons conservent chacune pendant une suite d'années plus ou moins considérable , la propriété de végéter et de croître; que la croissance du liber se manifeste par l’élargissement ou la multiplication des mailles du réseau, et l'augmentation de la masse du tissu cellulaire; que, lorsque le liber se porte en avant, ce n’est pas, comme on le croit communément, que les nouvelles productions Mém. du Muséum. t. 16. 2 10 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION qui s’interposent chaque année entre le bois et l'écorce le chassent devant elles, mais c’est qu'il acquiert plus d’am- pleur par l'effet de sa propre croissance, et que, par consé- quent, il se sépare et s’écarte de lui-même du cône ligneux sur lequel il étoit appliqué; que si, dans cette circonstance, on n’apercoit pas de lacune entre le bois et le liber, cela provient de ce que la place abandonnée par le liber, est occupée immédiatement par le cambium. Cette théorie ex- plique de la manière la plus naturelle le déchirement de la partie superficielle de l'écorce des vieux arbres. J’établis, en outre, que les prétendus canaux séveux ou méats de M. Tré- viranus, qui, selon cet auteur, sont les interstices que lais- sent entre eux des utricules d’abord séparés complétement les uns des autres, puis soudés incomplétement les uns aux autres, ne sont, dans la réalité, que des fentes pro- duites par le desséchement tardif de la substance interne des parois épaisses du tissu cellulaire originairement mucila- gineux et continu dans tous ses points; que l’on ne sauroit voir, dans les tubes criblés des couches ligneuses, que des cellules plus larges et plus longues que celles du tissu cellulaire alongé qui constitue la partie la plus compacte du bois; que les parois des tubes criblés sont en même temps les parois des cellules alongées contiguës à ces mêmes tubes; et qu’ainsi, sans qu'il soit nécessaire d’alléguer d’autres faits qui trouve- ront place plus loin, je puis déjà aflirmer, contre le sentiment de plusieurs auteurs, qu'il existe des cellules criblées, comme je l'ai annoncé autrefois. On trouvera dans l'explication des figures que je joins à ce mémoire, les preuves de ce que j'avance. Je ne veux pas DU LIBER ET DU BOIS. 11 faire perdre à l'Académie un temps précieux, en lui lisant des détails anatomiques qui ne peuvent être bien compris que dans le silence du cabinet, quand on a sous les yeux les objets eux-mêmes, ou, à défaut des objets, leur fidèle re- présentation. Je recommanderai à l'attention du lecteur la planche dans laquelle j’éxpose l’organisation de l'Orme (1). Mes dessins parleront plus clairement à l'esprit, que tout ce que je pourrois dire à l'appui de mon opinion. (x) Cette planche a été gravée par M. J. Bein, en 1817. La première épreuve a été déposée à cette époque au secrétariat de l’Académie des Sciences. Une autre épreuve a passé dans les mains de M. Turpin, qui même l’a citée dans un de ses Mémoires. Ainsi , quoique cette gravure soit publiée aujourd’hui pour la première fois, je ne saurois dire qu’elle soit restée totalement inconnue. La planche 2 a été gravée par M. Plée fils en 1827, d’après des dessins exécutés en 1816, ainsi qu’on peut le voir par la note insérée au Bulletin de la Société Philomatique. 12 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION EXPLICATION DES FIGURES ET OBSERVATIONS. PLaxcre Ï. — Ænatomie de l’Orme. Fic. 1. Coupe transversale d’une branche de quatre ans, grandeur naturelle. Fic. 2. Portion de la coupe fig. x. Fic. 3. La fig. 2 très-grossie. a b. Ecorce.— a c. Enveloppe cellulaire.—b e. Liber : il offre quatre couches très-distinctes.— c f. Couche de la pre- mière année.— fe. Couche dela seconde année— e 4. Couche de la troisième année. — 4 b. Couche de la quatrième an- née.—g. Rayons médullaires. Après avoir parcouru le bois, ces rayons traversent les mailles du liber, et viennent se perdre dans l’enveloppe cellulaire. — 2. Lames cellulaires interposées entre les couches du liber. — 77 Z. Couche li- gneuse de la première année. — / k. Couche ligneuse de la seconde année. —# i. Couche ligneuse de la troisième année. — i b. Couche ligneuse de la quatrième année, — 7. Gros vaisseaux du bois. Ces vaisseaux forment la limite intérieure de chaque couche ligneuse.— o. Petits vaisseaux du bois. Ils sont répandus dans l'épaisseur de chaque couche ligneuse. — p. Etui médullaire. Ce sont les vaisseaux qui entourent la moelle, — gr. Moelle. — s. Rayons médullaires. ? LA . \ GE * , . ù , S'TRIS. \AMPE BRANCHE D'ULMUS C (Orme commun.) x A N + l JEU D'UNE ANATOMIE PI OT Tom. 16. [24 RSS 0 SC NSS ARS NN en nr Le AUS LT ETS M SSSR TRUE KR, eme erme iv etes} ASS EL © Gate Lo EN Ÿ r Te RQ M LT YOU) V2 GELPITR. Y raser, CSCULIOCC CN 2 '# Cu Ca 200 00 Ca LRCEEM bcbeE ©, Fic. 4. Fic. 5. DU LIBER ET DU BOIS. 13 Portion de la figure 3. a b. Écorce.—a c. Enveloppe cellulaire.— c. Liber : il offre quatre couches très-distinctes.—c f. Couche de la pre- mière année.—f e. Couche de la seconde année.—e 4. Cou- che de la troisième année. — 4 8. Couche de la quatrième année.—g. Rayons médullaires.—}. Lames cellulaires in- terposées entre les couches du liber. — £& 5. Portion de la couche ligneuse de la troisième année.—; b. Couche ligneuse de la quatrième année. — 7. Gros vaisseaux du bois. Ces vaisseaux forment la limite intérieure de chaque couche li- gneuse.—o. Petits vaisseaux du bois. Ils sont répandus dans l'épaisseur des couches ligneuses. — s. Rayons médullaires du bois. Le même fragment de la fig. 3, représenté fig. 4, grossi au point de faire voir le tissu organique dans ses moindres détails. a b. Écorce.—1. Lacunes.—a c. Enveloppe cellulaire — bc. Liber.—c f. Couche de la première année. —fe. Couche de la seconde année. — e 4. Couche de la troisième année. — d b. Couche de la quatrième année.—p. Rayons médul- laires.—Z. Couches cellulaires interposées entre les couches du liber. OgservarTion. On voit parfaitement ici organisation propre à l'écorce. L’enveloppe cellulaire a c offre quelques lacunes # répandues çà et là. Chaque couche du liber, sé- parée de la couche voisine par une lame de tissu cellulaire k, est elle-même formée de plusieurs feuillets également sé- parés par des lames de tissu cellulaire 4. Ces lames inter- posées paroissent même dans les fig. 3 et 4; mais le grossis- 14 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION sement est trop foible pour qu'on y puisse apercevoir la nature du tissu, tandis qu'elle est évidente dans la fig. 5. Les rayons médullaires sont aussi fort apparens. Ils sont com- posés de cellules alongées vers la circonférence, et ils sont le prolongement des rayons médullaires du bois. Quant aux ” feuillets » des couches du liber, ils se composent, selon toute apparence, de tubes, ou du moins de cellules très-longues, à parois épaisses non criblées. Chaque tube est distinct des autres, et semble avoir sa paroi propre. On voit dans mon dessin une ligne tracée en hexagone autour de la section transversale des tubes. Cette ligne indique une interruption de continuité : cependant la séparation n’est pas complète; il y a dans nombre de points une adhérence marquée entre les tubes. Je reviendrai bientôt sur ces faits. — ki. Portion de la couche ligneuse de la troisième an- née.—{ b. Couche ligneuse de la quatrième année.— 7. Gros vaisseaux du bois qui forment la limite la plus intérieure de la quatrième couche. — o. Petits vaisseaux du bois. Ils sont distribués avec une sorte de symétrie dans l’intérieur des couches ligneuses. — s. Rayons médullaires du bois. OsservarTion. En général, plus les couches du bois sont voisines du centre, plus elles sont dures; mais le tissu de chaque couche prise isolément, comme je l’ai dit pag. 107 de mes Ælémens de Physiologie végétale, est d'autant plus solide et plus compacte, qu'il est plus voisin de la circonfé- rence, ce qui provient sans doute de ce que le tissu le plus interne se développe dans la saison où la température n’est DU LIBER ET DU BOIS, 15 pas encore parvenue à son #2axtmum d'élévation, tandis que le tissu le plus externe se développe dans la saison la plus chaude de l’année. Ce résultat est exprimé fig. 5, couche ligneuse z 0. On voit dans l'échantillon que j'ai dessiné, quatre zones ligneuses séparées par des séries de vaisseaux. La zone # touche au liber. Les cellules alongées ont un très-petit calibre et des parois très-épaisses. Les cellules de la zone x qui vient ensuite ont un calibre un peu plus grand, et des parois d’une moindre épaisseur. La grandeur du calibre et l'amincissement des parois augmentent encore dans la zone y, qui est la troisième, et dans la zone z, qui est la quatrième. Il est à remarquer que la tranche de chaque cellule de la zone # est circonscrite par une ligne hexagonale qui indique une solution de continuité dans le tissu : même chose a lieu dans les zones x et y, quoique d’une manière moins complète; mais dans la zone z il m'a été impossible d'apercevoir aucun indice de séparation des cellules; elles semblent former un tissu tout-à-fait continu. Les lignes hexa- gonales sont évidemment les 7néats intercellulaires de M. Tréviranus; mais en rendant toute justice au talent d’ob- servation de ce savant naturaliste, je ne trouve jusqu’à pré- sent aucune raison suffisante pour adopter son opinion sur la nature, l’origine et les fonctions des fentes dont il s’agit. Si je n'ai pas parlé de ces fentes dans mes ÆZémens de Physio- logie, quoique je les aie figurées pl. 11 et 12, c’est que je ne voulois rien hasarder sur ce sujet sans l’avoir étudié profon- dément. Mon anatomie de l’Orme m'a fourni l’occasion de nouvelles observations; elles ne m’ont pas ramené au senti- ment de M. Tréviranus. Ce savant pense que chaque cellule 16 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION est originairement isolée de toutes les autres; que, par consé- quent, les interstices sont d’organisation primitive; qu'ils ne disparoissent que par l'effet de la soudure des parois con- tigués des cellules, et qu'ils sont les conduits naturels de la sève. Je crois au contraire qu’originairement les cellules for- ment un tissu continu, que les interstices ne sont que des fentes accidentelles, postérieures à la formation du tissu, et que la sève a pour conduits ordinaires les tubes criblés, les tubes fendus et les tubes découpés en hélices. J’ai examiné la coupe transversale du bois de l’orme, à l’époque où il n’a encore que la consistance de la gomme ramollie dans l’eau. Le calibre des cellules étoit très-petit, leurs parois étoient très-épaisses, et je n'ai pu découvrir d’interstices dans leur épaisseur. J’ai taché d'isoler les cellules, ce qui n’eùt pré- senté aucune difliculté, si chacune d'elles avoit eu sa paroi propre, mais elles se sont constamment divisées en masses. Quand j'ai observé des coupes de tissu un peu plus avancées, j'ai trouvé que le calibre des cellules s’étoit agrandi aux dé- pens des parois devenues plus minces; mais je n’ai reconnu l'existence des interstices que dans le tissu qui avoit pris la consistance du bois parfait. Ces interstices sont souvent in- terrompus, et jamais ils ne s’étendent tout autour d’une cel- lule ligneuse, de telle sorte qu’on puisse l’isoler des autres sans déchirement notable. Voici comment je concois la formation de ces fentes : Soit donné deux cellules contiguës avec une paroi com- mune très-épaisse, les deux faces de cette paroi se dessé- cheront et prendront de la consistance jusqu’à une certaine profondeur, avant que la partie la plus intérieure de sa DU LIBER ET DU BOïs. 17 substance ait perdu par l’évaporation toute son humidité primitive. Il s’ensuivra que les cavités des deux cellules ne pourront plus s’accroître, que la paroï ne pourra plus s’a- mincir, et que l'humidité de cette paroï continuant peu à peu à se dissiper, les mollécules organiques tendront à se rapprocher, et qu'il s'opérera, du milieu vers les deux sur- faces, un retrait de matière, ce qui produira le déchirement que lon observe dans l'épaisseur de la paroi. Si, par le moyen de l’eau bouillante ou de l'acide nitrique, on parvient quelquefois à isoler les cellules, qu’est-ce que cela prouve sinon que la substance intérieure des parois résiste moins à l’action de ces dissolvans que la lame superficielle qui limite l'étendue de chaque cavité? Les méats ou, pour mieux dire, les interstices pariétaux du tissu ligneux de l’'Orme, fig. 5, se trouvent dans les Zones #, x et y, et ne se trouvent plus dans la zone z. Je constate cette différence sans pouvoir en donner une explica- tion à l'épreuve de toute objection. Cette différence entre les zones de la couche ligneuse 76, fig. 5, existe aussi entre les zones des couches kr, lket ml, fig. 3. Il n’y a donc point d’interstices pariétaux dans le üssu ligneux formé au printemps, et il y en a dans le tissu ligneux formé en été. Je fais cette observation sans me per- mettre d’en rien conclure. Fic. 6. Autre fragment de la figure 3. m. Portion de la couche ligneuse de la première année qui est représentée tout entière, figure 3, entre les lettres m Z. —g r. Portion de la moelle.—p. Placede l’étui médullaire, Mém. du Mus. t. 16. 3 18 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION Fic. 7. Le même fragment de la fig. 3, représenté fig. 6, grossi au point de faire voir le tissu organique dans ses moindres détails. rm. Portion de la couche ligneuse de la première année, qui est représentée tout entière fig. 3, 72 . — q. Portion de la moelle qui est représentée tout entière figure 3, g r. — s. Rayons médullaires.— a. Trachées qui font partie de l’étui médullaire. — 7. Portion de la moelle composée de cellules dont les parois, très-épaisses, offrent des interstices parié- taux.—#, Tissu cellulaire de la moelle dont les parois , très- minces, n’offrent point d’interstices. Osservarion. Le tissu médullaire à parois épaisses 7 a une organisation très-remarquable. Les interstices pariétaux sont très-apparens; ils forment dans quelques endroits des vides triangulaires, et dans d’autres seulement des fentes linéaires. Quelquefois aussiils n'existent pas, ou du moins il est impos- sible d’en constater l'existence. Les cavités cellulaires sont remplies de petits grains qui sont probablement de l’amidon. Ce tissu médullaire à parois épaisses est continu avec le tissu médullaire à parois minces #, et le passage de l’un à l’autre tissu se fait brusquement. Frc. 8. Coupe longitudinale radiale du fragment représenté fig. 5. Osservarion. Le tissu organique dont la fig. 5 montre la coupe transversale, est représenté ici dans sa longueur. Si l’on prend la peine de comparer les deux coupes fig, Set 8, on reconnoitra bientôt les relations qu’elles ont entr’elles, et Fon pourra $e former uné idée juste de la structure des diverses fjarties. Afin dé rendre‘la comparäison” plus facile, BU LIBER ET DU BOIS. 19 j'emploie les mêmes lettres dans les deux figures, pour indi- quer les points correspondans. a b. Écorce.— a c. Enveloppe cellulaire.— 9 c. Liber.— g- Rayons médullaires qui traversent le liber.—kÆ ;. Portion de la couche ligneuse de la troisième année. — : 5. Couche ligneuse de la quatrième année. — 7. Gros vaisseaux du bois. Ils forment la limite la plus intérieure de chaque couche ligneuse : ce sont, comme on le voit, des vaisseaux criblés ; entre eux et le tissu environnant la continuité est parfaite. — 0. Petits vaisseaux du bois. Ils ne diffèrent des gros vais- seaux que parce que leur calibre est plus petit.—s. Rayons médullaires du bois. Ils sont formés par des lames de tissu cellulaire à paroïs épaisses alongées du centre à la circon- férence.—1 x y z. Les quatre zones de la quatrième couche du bois. La zone z s’est développée la première; la zoné y la seconde; la zone x la troisième; la zone # la quatrième. Ces quatre zones, avec les vaisseaux petits et gros qui les sépa- ‘rent, composent la couche ligneuse de l’année : 6. Osservarion. Le tissu ligneux qui forme les zones #w, x, Y} Z est composé de cellules alongées qui se terminent en biseaux ou en coin, ou en sommet de cône, à l’un et à l’autre bout. Dans mes premiers écrits j’avois donné à ce tissu le nom de petits tubes ; mais déjà je reconnoissois leur struc- ture cellulaire. Voici la description que j’en ai donnée en 1802, Traité d’Anatomie et de Physiologie végétale, tome 1tr, page 70: « Les petits tubes sont composés de « cellules urues les unes aux autres, comme celles qui « composent le tissu cellulaire; mais, dans le tissu cellu- 20 ORIGINE; DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION « laire, les cellules ont un diamètre à peu près égal dans tous « les sens, tandis que dans celui-ci les cellules sont extréme- « ment alongées, et forment de véritables tubes dont les ex- « trémités sont fermées, etc. » Il est évident que je ne me suis servi du mot tube qu’en considération de la longueur des cellules. Trois années après (en 1805), M. De Candolle, dans la troisième édition de la Flore francaise, dit en par- lant de ces mêmes cellules que : « elles s'alongent et for- ment des cellules tubulées. » Ce passage, ainsi que le sui- vant que je trouve dans l’Organographie du mème auteur, imprimée vingt-deux ans après mon 77raité d’Anatomie, s'accorde parfaitement avec ma description : « Les cellules « alongées dans le sens longitudinal, sont assez différentes « des précédentes (les cellules arrondies), et se rappro- « chent même quelquefois, par leur forme, des véritables « vaisseaux. » (DC. Organ., t. 1, p. 15). À moins de me citer textuellement, M. De Candolle ne pouvoit entrer plus avant dans ma pensée. Cependant il ajoute sans transition: « M. Mirbel avoit décrit d’abord les cellules alongées sous « le nom de petits tubes, et les avoit considérées comme des « modifications des vaisseaux ; mais il est évident, pour qui- « conque les aura observées, que ce ne sont point des vais- « seaux, car elles sont closes aux deux extrémités : c’est « pourquoi, dans les principes élémentaires placés à la tête « de la troisième édition de la Flore francaise, je les ai « désignées sous le nom de cellules tubulées , qui indique « assez bien leur forme; et j'ai nommé #ssu cellulaire « alongé, celui qui en est composé. M. Rudolphi a eu abso- « lument la même manière de voir, et désigne ces cellules DU LIBER ET DU BOIS. 21 « sous le nom de cellules alongées. M. Mirbel à fini par « adopter la même opinion, et a désigné la masse de cet « organe, d’abord sous le nom de #ssu cellulaire ligneux, « parce qu'il se trouve en abondance dans le bois, puis sous « celui de tissu cellulaire alongé. » (DC. Organ., t. 1, p. 15). En lisant ce passage avec attention, ce que j'y dé- couvre, c’est que M. De Candolle réclame comme sa pro- priété les noms de cellules tubulées et de tissu cellulaire alongé. Mais je n’ai pas fait emploi du premier nom, et j'ai vainement cherché le second dans la troisième édition de la Flore française. Les cavités dont il s’agit sont alongées en manière de tubes et closes comme des cellules; voilà ce que m'a donné l'observation, ce que j’ai publié et ce que M. De Candolle a répété. Que j'aie pensé d’abord, qu’en considéra- tion de l’alongement de ces cavités, je pouvois les désigner sous le nom de petits tubes; que M. De Candolle ait jugé depuis, qu’en considération des cloisons qui séparent ces cavités les unes des autres, il convenoit de les nommer cel- lules tubulées, je ne vois pas là quelle grande erreur j'a commise ni quelle découverte il a faite, puisque les faits s'accordent avec ma description, et que j’ai toujours indiqué les cellules et les tubes comme de simples modifications d’un même tissu membraneux. Fic. 9. Coupe longitudinale radiale du fragment représenté fig. 7, grossi au point de faire voir le tissu organique dans ses moindres détails. m 1. Portion de la couche ligneuse de la première année.— g r. Portion de la moelle.—s. Rayon médullaire.—a. Trachée qui fait partie de l’étui médullaire.—g. Portion de la moelle 22 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION composée de cellules dont les parois, très-épaisses, offrent des interstices pariétaux.—7r. Tissu cellulaire de la moelle, dont les parois, très-minces, n’offrent point d’interstices. Ossenvariox. Cette coupe verticale montre très-distincte- ment, dans le tissu cellulaire à parois épaisses, les interstices pariétaux qui s'offrent sous un autre aspect dans la fig. 7, lettre c. Ces interstices sont fréquemment interrompus. Ils ne séparent point les cellules les unes des autres. Ils sont produits, comme je l’ai déjà dit, par un simple retrait de la substance intérieure des parois : ce qui ne prouve en aucune façon l'isolement primitif des cellules. Fic. 10. Coupe longitudinale tangentale du liber. v etv'. Tubes grêles ou cellules très-alongées qui forment un réseau. — g. Mailles du réseau. Elles sont remplies par le tissu cellulaire des rayons médullaires. Ossenvarion. Les tubes grèles ou cellules alongées du ré- seau me paroissent représenter, dans le liber, les cellules alongées des couches ligneuses ; mais les interstices pariétaux du liber tendent davantage à séparer chaque tube. C’est pourquoi j'en ai figuré quelques-uns, dont les bouts sont isolés les uns des autres. Voyez 2’. J’ai dessiné scrupuleuse- ment ce que j'avois sous les yeux. Cependant la désunion de ces tubes n’est que partielle, et Le tissu cellulaire environ- nant a une adhérence parfaite avec les tubes les plus exté- rieurs. Fic. 11. Coupe longitudinale tangentale d’une couche ligneuse dans la partie où il n’y a pas de vaisseaux. DU LIBER ET DU BOIS. 23 a. Cellules alongées. Elles constituent la portion la plus dense et la plus solide du bois. — s. Mailles du réseau li- gneux dans lesquelles sont logées les lames du tissu cellu- laire qui courent du centre à la circonférence, et forment, sur la coupe transversale, les lignes de cellules que l’on nomme rayons médullaires. Osservarion. Le tissu cellulaire de la partie des rayons médullaires qui traverse les couches ligneuses a des parois épaisses , tandis que le tissu cellulaire de la portion de ces mêmes rayons qui traverse les couches du liber a des pa- rois minces. La continuité entre le tissu cellulaire alongé du bois et le tissu cellulaire des rayons médullaires ne sauroit être mise en doute, Une union semblable existe entre les dif- férentes parties du liber. Fic, 12. Coupe longitudinale tangentale d’une couche de bois dans la partie où il y a des vaisseaux de médiocre grosseur, partie indiquée fig. 5, lettre o. o Vaisseaux criblés. — a. Tissu cellulaire alongé qui en- toure les vaisseaux. — s. Mailles du tissu ligneux remplies par les rayons médullaires. OsseRvATION. On remarque que les vaisseaux o sont cou- pés de distance en distance par des lignes diagonales c. Ces lignes ne sont autre chose que la tranche de cloisons qui partagent les tubes en cellules disposées bout à bout. Ainsi le nom de tubes ou de vaisseaux donné à ces cavités pour- xoit être remplacé, sans aucun inconvénient, par celui de grandes cellules alongées et criblées ; manière de considé- 24 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION rer la structure de ces vaisseaux, dans l’'Orme, qui s'accorde avec quelques observations que j'ai faites autrefois sur diffé- rentes espèces de végétaux. Fic. 13. Coupe longitudinale tangentale d’une couche ligneuse dans la partie où il y a de gros vaisseaux. a. Tissu cellulaire alongé. — s. Mailles du tissu ligneux remplies par les rayons médullaires. — 7. Gros vaisseaux criblés. Osservarion. La surface à du vaisseau 7 porte les débris des cellules alongées qui l’environnoient, et qui ont été en- levées en partie par la dissection. Il n’eût pas été possible de les séparer intégralement sans détruire le vaisseau; car les parois postérieures de ces cellules forment, par leur conti- nuité, la paroi du gros vaisseau. Cela étant, cette paroi ap- partient également au vaisseau et aux cellules. Pour qu'il en fût autrement, il faudroit que le vaisseau 7’ et les cellules contiguës eussent des parois distinctes, et c'est ce qui n’est pas. Il y a donc des cellules alongées criblées; mais, pour trouver de telles cellules, il n’est pas nécessaire de les cher- cher autour des gros vaisseaux. Que l’on jette les yeux sur la figure 12, lettre o', et l’on reconnoïtra qu'il existe des cellules séparées des gros vaisseaux et qui sont criblées comme eux. Le vaisseau 7? offre sur sa paroi des zones qui ne sont pas criblées. Déjà dans d’autres végétaux j’avois remarqué quel- que chose de semblable, mais je ne m’y étois pas arrêté avec une attention suffisante. Aujourd’hui, en y réfléchissant, je suis tenté de croire que ces zones indiquent la place qu’oc- DU LIBER ET! DU BOIS.:/1)11€ 25 cupoient des ‘cloisons intérieures qui-divisoient, la cavité en cellules, et qui n’ont pu se maintenir quand le calibre du vais- seau s’est accru. Je remarque dans l’Orme, entre le liber et le bois, des rapports dont je dois parler ici. (Foyez fig. 5, à c et b k.) Le liber et le bois ont.uue même origine :.ils proviennent du développement du cambium. Chaque couche de bois aug- .mente le volume du corps ligneux, chaque couche de liber le volume de l'écorce. 1'un et l’autre se forment par zones dis- tinctes. ( Voyez les zones # ; æ; y, z.) Chaque zone dans le bois est séparée de la zone voisine par un étui composé de vaisseaux (voyez 0) qui livrent passage aux rayons médul- aires. Chaque zone dans le liber est séparée par un étui de üssu cellulaire semblable au tissu dé la moelle, et cet étui n'interrompt pas la marche des rayons edanses La res- semblance est frappante quant à la distribution des parties; mais elle s’afloiblit, ou même elle disparoît, si nous compa- rons leur structure. Dans le liber, à la place qui correspond au tissu cellulaire alongé du bois, je trouve aussi des espèces de cellules; RP elles sont si longues et si distinctes les unes des autres, qu’on pourroit les considérer comme de petits tubes rapprochés, plutôt que comme un tissu continu, quoique j'aiede fortes raisons de croire qu'il existe entre elles de nombreux points d’adhérence. Toujours dans le liber, à la place qui correspond aux vaisseaux du bois (voyez o), je trouve un üssu cellulaire à cellules courtes. et à parois très- minces. Ces analogies et ces différences fournissent, selon moi, des argumens pour démontrer que le végétal est, dans l’origine, formé essentiellement d’un simple tissu cellulaire Meéïrn. du Museum. 1. 16. 4 26 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION qui subit des modifications diverses par l'effet des dévelop- pemens. PLANCHE II. Fic. 1. Coupe transversale d’une petite branche de Tilia europæa, © dans sa première année ; grandeur naturelle. Fic. 2. Fragment grossi de la coupe transversale représentée fig, 1. a. Écorce.—b. Couche ligneuse.—c. Moelle.—. Couche de liber traversée par les rayons médullaires x. Osservarion. La branche, figure 1, étant à sa première an- née de végétation, n’a qu'une couche de liber 4 et qu’une couche de bois 2. La couche de liber est formée, comme dans lOrme, planche 1, fig. 5, de plusieurs feuillets séparés par des lames de tissu cellulaire. Fic. 3. Coupe transversale d’une petite branche de Tilia europæa, dans. sa seconde année ; grandeur naturelle. Fic. 4. Fragment grossi de la coupe transversale représentée fig. 3. c. Moelle.— 5. Couche ligneuse de la première année.— f. Couche ligneuse de la seconde année.—d. Couche de liber de la première année. — g. Couche de liber de la seconde année. Ozsservarion. La branche, figure 4, étant à sa seconde an- née, a deux couches de liber, 4 et g, et deux couches de bois, et f. La couche de bois D, la couche de liber 4, sont le produit de la première année. Ces deux couches étoient DÉVELOPPEMENT DU LIBER à © © SN SE SE TILIA europæa. ET. DU BOIS. PRUNUS cerasus Z'z0 . qu ll . ETES 1] \ — + . . ; À | (l | Hz Mrbel del . 1816! Planche 2. % SF QUERCUS robur. 5 MALUS communis. FAGUS sylvatica. = es un. ES TE ne LE EE nl Ha ds du | ER] Î' 18. PF. Plee fils seu. 2827. - x Fr ‘ ; Fa ; : : a "à ; r L ». 2 L # rates . LC 3 F o . ; k ) “ 1 RE , D / : : ; ; l DU LIBER ET DUIBOIS., 1/15] 277 d'abord appliquéés lune contre l’autre, comme on les voit fig. 2, d et d; mais, dans le cours de la seconde année, la couche de liber d s’est éloignée de la couche de bois 4 de toute l'épaisseur de la couche de bois f'et dela couche de liber g. La couche de liber d'n’a pu'se porter en avant sans que les mailles de son réseau s’élargissent. Il suffit de comparer la couche de liber 4 de la figure 4 à la couche de liber d'de la figure 2 pour reconnoître cet effet, qui devient plus sen- sible encore dans la figure 6, et surtout dans la figuré 85° et l’on remarquera qu’en même temps que les mailles s’élargis- sent , le tissu cellulaire qui les remplit et qui est la continua- tion des rayons médullaires +, devient plus abondant. Fié. 5. Coupe transversale d’une petite branche de Tilia europæa, dans sa troisième année; grandeur naturelle. Fic. 6. Fragment grossi de la coupe transversale représentée fig. 5. c. Moelle.—5. Couche de bois de la première année.— F Couche de bois de la seconde année.—Z. Couche de bois de la troisième année.— 4. Couche de liber de la première an- née.— g. Couche de liber de la seconde année. —;. Couche de liber de la troisième année. Osservarion. Les couches de liber de.la première et de la seconde année, d'etg, se sont portées en avant pour faire place à la couche ligneuse et à la couche de liber z, produit de Ja troisième année. Par conséquent il y a eu écartement des mailles des couches de liber d etg, et multiplication des cel- lules qui forment le tissu des rayons médullaires +, comme je l'ai expliqué en parlant de la figure 4. 28 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT: ET ORGANISATION Fi. 7. Coupe transversale d’une branche de neuf ans, de grandeur naturelle. Fic. 8. Fragment grossi de la coupe transversale représentée fi. 7. Osservarion. On voit dans cette figure neuf couches de bois superposées, produit de neuf années consécutives; ce- pendant il n’est plus possible de distinguer les différentes couches de liber, quoiqu'il s’en soit, formé une chaque an- née; maisiice qui est bien apparent, c’est l'élargissement constant dés mailles 2, et le développement du tissu cellu- laire des rayons æ, à mesure que les couches se portent en avant. Si, après un certain nombre d'années, l’écorce.du Til- leul, comme celle des autres arbres, ne se détruisoit pas à sa superficie, 6n retrouveroit encore, dans un Tilleul de cent ans, des vestiges des couches de liber formées dans les pre- mières années. Les sommets s des angles que forme le liber sur la coupe transversale, fig. 8, appartiennent à la couche de la première année, indiquée n° 1. {ls sont représentés dans les figures 2, 4e 6 par une portion correspondante de liber s, prise sur la couche no 1. La comparaison des figures 2, 4, 6 et 8 fait voir clairement que cette couche de liber n° 1 s’est éloignée cha- que année de la couche ligneuse n° 1, et qu'à mesure que cette couche de liber se portoit en avant, il y avoit élargisse- ment de ses mailles 72. Enleffet, si nousprenonspour exemple la maille2!, nous la voyons s’élargir de plus en plus, à partir de la figure 2 jusqu’à la figure 8; et si nous faisons la dissec- tion de la couche n® 1, telle qu’elle se trouve dans la figure 8, nous reconnoissons quel’élangissement de cette maille 72! s'est DU LIBER ET DU BOIS. 29 opéré sans déchirement du tissu, d’où il faut conclure qu'il y a eu, depuis la première année jusqu’à la neuvième, dans la couche de liber n° 1, croissance du tissu cellulaire alongé qui forme le réseau, et augmentation de la masse de tissu cellulaire régulier qui remplit ses mailles. Ce raisonnement est applicable également aux couches de liber, nos 2,3, 4, 5, G, 7, 8, o, et à toutes celles qui se forment durant la vie d’un Tilleul. Ainsi l’on peut dire que la masse du liber croit chaque année, non-seulement en épaisseur par l'addition de nouvelles couches, mais encore en ampleur par la multiplication des cellules du tissu de chaque couche. C’est ce que j'ai établi en peu de paroles, mais fort clairement, je pense, dans la note que j'ai publiée en 1816, et que je trans- crirai tout à l'heure littéralement. Il ne paroït pas que les mailles du réseau augmentent en nombre dans le Tilleul. Du moins, si cet effet a lieu, il est insensible, car, si nous rapprochons par la pensée les som- mets s, fig. 8, nous trouverons que leur réunion ne forme pas une masse plus considérable que celle qui existe en s, figure 2. Fic. 9. Coupe transversale d’une portion d’écorce d’un jeune Prunus cerasus. Cette écorce n’a en réalité que 2 lignes + d’épais- seur. a. Couche dense et comme cornée, qui paroît être un pa- renchyme endurci.—6. Enveloppe herbacée. Elle est verte à la circonférence, mais cette couleur s’affoiblit dans l’inté- rieur et est remplacée par une teinte jaunâtre qui rougit au contact de l’air.—d. Liber. Il forme un réseau d’autant plus lâche qu’il approche davantage de la circonférence. Il ne se Fic. 10. Fic. 11. Frc. 12. ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION sépare pas en feuillets ; et, si l’on s’en tenoit à l’aspect qu’il représente dans sa coupe transversale, fig. 9, on pourroit croire qu'il est composé de lames qui partent du bois et se dirigent vers l’épidérme , en s’inclinant à leur extrémité de droite à gauche. Mais la coupe longitudinale tangentale prouve que ce liber est réticulé comme tous les autres. Coupe longitudinale tangentale du liber du Prunus cerasus. On voit nettement le réseau dont le liber est composé. Si vers le milieu de septembre on arrache l'écorce du Pru- nus cerasus, une portion des rayons médullaires qui rem- plissoient les mailles du liber reste adhérente à la superficie du bois , et y paroït sous la forme de petites touffes de duvet. Coupe transversale d’une portion d’écorce et de bois du tronc d’un Quercus robur , d'un pied de diamètre. a. Anciennes couches du liber rejetées à la circonférence. Elles sont mortes et desséchées.—b. Couches plus récentes du liber.—c. Couche régénératrice ou cambium.—d. Bois. Coupe transversale d’une portion d’écorce et de bois d’un Malus communis, de 9 pouces de diamètre. a. Portion morte. — 5. Couche de parenchyme verdûtre. —c. Dix-neuf couches ou feuillets de liber.—4. Couche de bois commencant à se développer. —e. Bois parfait. OBseRvATIOX. On aperçoit la trace des rayons médullaires; ils sont très-déliés. Comme les dix-neuf couches de liber sont évidemment le produit de plusieurs années de végétation, et que pourtant, mème dans les plus vieilles couches g, voisines de la partie morte &, les mailles ne sont pas moins étroites DU LIBER FT DU BOIS. 31 que dans les plus jeunes couches f, voisines du bois, puisque les faisceaux de cellules alongées, dont sont formées lesmailles des dix-neuf couches, se montrent partout sur la coupe trans- versale également rapprochés, je conclus que, dans le Malus communs, à mesure que les anciennes couches se portent en avant, et, par conséquent, prennent plus d’ampleur, les mailles, au lieu de s’élargir, se multiplient. Cette multiplica- tion des mailles ne paroît pas avoir lieu dans l’Umus cam- pestnis, le Tilia europæa, le Fagus sylvatica, le Betula alba, etc. Fic. 13. Coupe transversale d’une portion d’écorce et de bois du tronc d’un Fagus sylvatica, de 4 pouces de diamètre. a. Ecorce. — b. Bois. — c. Couches du liber. Ossenvarion. Les angles que dessine le liber sur la coupe transversale font assez connoître que ses mailles s’élargissent en se portant en avant. Je terminerai ce Mémoire en faisant remarquer que, dans son Organographie, M. De Candolle a parlé de mon opinion sur l'origine du liber et du bois, sans en avoir pris une par- faite connoissance. Il s'exprime en ces termes, tome rer, page 209 de l'ouvrage cité : « M. Mirbel, qui a répété l'expé- « rience de Duhamel, a conclu d’abord que le liber se chan- « geoit en aubier, purs 1 dif seulement que le liber se « partage entre le bois et l'écorce. » J'ignore où M. De Candolle a pris ce qu’il me fait dire, mais ce n’est assurément pas dans mes écrits. Lorsqu'il me fut démontré que j’avois tiré une fausse conclusion de l’expérience de Duhamel, j'avouai mon erreur, et j'admis que la partie de la couche 32 ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION de cambium qui touche à l’aublier se change insensible- ment en bois, et que celle qui touche au liber se change insensiblement en liber. Cette manière de voir, résultat d’un grand nombre d'observations, est reproduite par M. De Can- dolle, sous la garantie de M. Dutrochet, qui n’a écrit sur ce sujet que long-temps après moi. Voilà comme M. De Candolle s'exprime, page 211 du même ouvrage : « Ïl se forme à la « fois une couche d’aubier et une couche d’écorce simple- « ment juxta-posées entr'elles, et qui commencent par offrir « l'apparence d’une simple gelée; mais cette gelée m'est « point un simple suc déposé, c'est une matière qui pré- « sente déjà des traces d’organisation, et l’apparence d’un « jeune tissu. » Pour cette définition du cambium, M. De Candolle renvoie à ma note du Bulletin de la Société phi- lomatique, ce qui doit faire supposer qu’il l’a lue; mais s’il l'a lue, comment n’y a-t-il pas trouvé mon opinion sur le développement du liber, et pourquoi attribue-t-il cette opi- nion à M. Dutrochet plutôt qu’à moi, et me prête-t-il des idées qui me sont étrangères ? Enfin M. De Candolle avance, pag. 220, que : « M. Dw- « zrochet est le premier qui ait fait remarquer que, sous « Le nom d'accroissement dés troncs en diamètre, nous & réunissons réellement deux phénomènes distincts, « savoir, l'accroissement en dilatation des couches déjà « existantes, qu'il appelle accroissement en largeur, et « l'addition de nouvelles couches qu'il appelle accroisse- K mnént en épaisseur. » J'observerai ici que M. De Candolle auroit dû voir dans le Mémoire de M. Dutrochet, aussi bien que dans mon article, que j'ai noté le premier l’accroisse- DU LIBER ET DU BOIS. 1’ 33 ment en largeur du système cortical. Je vais transcrire ma note telle qu’elle a paru en 1816; tout lecteur éclairé jugera qu'une grande force d’attention n’étoit pas nécessaire pour en pénétrer le sens. «€ J'ai long-temps soutenu que les feuillets du liber se transformoient en boïs. Parmi les anciens physiologistes, plusieurs étoient de cet avis, d’autres le combattoient. Parmi les physiologistes modernes on a vu régner la même dissidence dans les opinions. Entre ceux qui ont le plus fortement combattu l'hypothèse que j'avois adoptée, je citerai MM. du Petit-Thouars, Knight, Treviranus et Keiser. Ils avoient raison, j’étois dans l'erreur. Je déclare que mes dernières observations m'ont fait voir que le liber est constamment repoussé à la circonférence, et que dans aucun cas il ne ‘se réunit au corps ligneux et n’aug- mente sa masse : j'étois trop fortement préoccupé de l’o- pinion contraire pour y renoncer sur de légères preuves; je suis donc maintenant bien convaincu que jamais Le Uiber ne devient bots. « Il se forme entre le liber et le bois une couche qui est la continuation du bois et du liber. Cette couche régéné- ratrice a reçu le nom de cambium. Le cambium n’est donc point une liqueur qui vienne d’un endroit ou d’un autre; c'est un tissu très-jeune qui continue le tissu plus ancien : il est nourri et développé par une sève très-éla- borée. Le cambium se développe à deux époques de l’année entre le bois et l'écorce, au printemps et en au- tomne. Son organisation paroît identique dans tous ses points, cependant la partie qui touche à l’aubier se change Mém. du Muséum. 1. 16. 5 34 « « « « « [Ce « [CA « « LC « « « « « « («C « « « (€ « [CA « « « ORIGINE, DÉVELOPPEMENT ET ORGANISATION insensiblement en bois, et celle qui touche au liber se change insensiblement en liber. Cette transformation est perceptible à l’œil de l'observateur. « Une question qui embarrasse les physiologistes, c’est de savoir comment le cambium, substance de consistance mucilagineuse, à assez de force pour repousser l’écorce, et comment, en la repoussant, il ne la désorganise pas totalement. Le fait est que le cambium ne repousse point l'écorce. A l’époque où il se produit, l’écorce elle-mème tend à s’élargir. Ses réseaux corticaux et son tissu cellulaire croissent; il en résulte qu’elle devient plus ample dans tous ses points vivans. Il se développe à la fois du tissu cellulaire régulier, et du tissu cellulaire alongé. La partie la plus extérieure de l'écorce, la seule quigsoit désorga- nisée par le contact de l'air et de la lumière, et qui par conséquent ne puisse plus prendre d’accroissement, se fend, se déchire et se détruit. Elle seule est soumise à l’ac- tion d’une force mécanique; le reste se comporte d’après les lois de l’organisation. En s’élargissant, l'écorce permet au camnbium de se développer; il forme alors, entre l’é- corce et le bois, la couche régénératrice qui fournit en même temps un nouveau feuillet de liber et un nouveau feuillet de bois. La couche régénératrice établit la haison entre l’ancien liber et l’ancien bois; et si, lors de la forma- üon du camnbium, l'écorce paroit tout-à-fait détachée du corps ligneux, ce n’est pas, je pense, qu'il en soit réelle- ment ainsi, mais c'est que les nouveaux linéamens sont si foibles, que le moindre effort suflit pour les rompre. « L'accroissement du liber-est un phénomène de toute « DU LIBER ET DU BOIS. 35 évidence. Dans le tilleul, les mailles du réseau s’élargissent, mais ne se multiplient point, et le tissu cellulaire renfermé dans les mailles devient plus abondant. Dans le premier, les mailles du réseau se multiplient et se remplissent d’un nouveau tissu cellulaire. Les écorces des différens genres d’arbres, quoique ayant essentiellement la même struc- ture, offrent néanmoins des modifications assez remar- quables pour qu’elles méritent l'attention des physiciens. J'ai fait sur ce sujet des recherches très-approfondies. J’ai disséqué et dessiné le 77la europæa, le Castanea vesca, le Betula alba, le Corylus avellana, le Carpinus betu- lus, le Populus tremula , Ÿ Ulmus campestris , le Fagus sylpatica, le Quercus robur, le Prunus cerasus, le Malus communis, et j'ai noté plusieurs différences très- curieuses. » (Mirbel, Bulletin de la Soc. philom., 1816, pag. 1017.) bus jt mé ai Bling a “ne ein Lalr io A nr a ii £ re ae à b TO ARE T0" ue 1-0) ei: ref ) a al eme ons à en aa sh sr dir | Fu Fi ie bo LU nie EE NOTE SUR LES VOLCANS ÉTEINTS DU MIDI DE LA FRANCE, Dont les éruptions ont été postérieures au dépôt du deuxième terrain d'eau douce, de MM. Currer et BRONGNIART. PAR M. MARCEL DE SERRES. Cxxrans volcans éteints du midi de la France, ont eu leurs éruptions non-seulement postérieures au dépôt des terrains secondaires, mais encore au dépôt de certaines formations tertiaires ou de sédimens supérieurs. En effet, les volcans éteints de la Provence et du Languedoc ont eu évidemment leurs éruptions, non-seulement postérieures au dépôt du calcaire grossier, mais au dépôt du calcaire moyen d’eau douce, puisque les laves qu’elles ont Jancé ont saisi et em- pâté les dernières de ces roches. Ces éruptions n’ont pas été toujours assez violentes pour soulever la masse entière des couches d’eau douce, en sorte que pendant que les unes sont noyées dans la pâte des laves, les autres se montrent dans leur position primitive, c’est-à-dire en superposition immédiate sur les laves. 38 NOTE SUR LES VOLCANS ÉTEINTS Les volcans éteints de Beaulieu près d'Aix en Provence, si bien décrits par M. de Saussure, présentent à la fois des calcaires compactes d’eau douce plus ou moins altérés, saisis par les laves, et de pareils calcaires recouvrant immédiate- ment les laves qui n’ont pas eu assez de force impulsive pour les percer, comme cela est arrivé assez souvent, et cela dans des lieux fort rapprochés (r). Ces faits furent en partie re- connus par M. de Saussure; mais comme à l’époque où il visita ces volcans, la distinction entre les terrains d’eau douce et les terrains marins n’étoit point encore faite, M. de Saus- sure crut que ces calcaires en recouvrement sur les laves ou empâtés par elles, étoient marins, rapportant aux 24s ou aux strombulites tuberculés les coquilles qu'il y observa. Ces coquilles appartiennent aux z2é/anies ou aux potamides; et si l’on pouvoit douter de leur origine fluviatile , les /ymnées et les p/anorbes qui leur sont mélées décideroïient compléte- ment la question. Les mêmes calcaires renferment également des hélix ; mais leurs espèces ou , pour mieux dire, leurs indi- vidus y sont en moins grand nombre. M. de Saussure y reconnut également le calcaire siliceux que plus tard MM. Cuvier et Bronguiart signalèrent comme un calcaire appartenant aux formations d’eau douce. Le célèbre auteur du Voyage dans les Alpes nomma silicicalce ce calcaire siliceux, pour indiquer sa nature minéralogique. Il fit remar- quer que dans les volcans éteints de Beaulieu, le szkcicalce étoit intimement lié aux laves, qu'il avoit été remanié par leurs dernières éruptions, d'où l'on peut conclure qu’il le ) Voyage dans les Alpes, t. m1, p. 315, n° 1520. DU MIDI DE LA FRANCE. 39 considéroit comme antérieur à ces éruptions. C’est ce que nous avons reconnu dans un voyage que nous avons fait à Beaulieu en 1826; et comme le szZcicalce de Saussure se montre uni et dans le mème horizon géognostique que des calcaires d’eau douce, il nous paroît que ce siZicicalce est ana- logue au calcaire siliceux signalé par MM. Cuvier et Bron- gniart, comme faisant partie du deuxième terrain d’eau douce des environs de Paris. Il résulte encore des faits observés par Saussure, et de ceux que nous venons de rappeler, que les volcans éteints de Beaulieu ont eu leurs éruptions postérieu- rement au dépôt des calcaires d’eau douce et du calcaire sili- ceux, puisque les laves les ont saisi et soulevé plus ou moins complétement ; ce qui annonce que ces divers calcaires étoient déjà déposés, lorsqne les laves ont été lancées au dehors. | Les mêmes circonstances se montrent dans nos volcans éteints, c’est-à-dire dans ceux du département de l'Hérault que nous habitons. En effet, certains de nos volcans ont eu leurs dernières éruptions lorsque les formations d’eau doucé étoient déjà déposées, puisque leurs laves en ont saisi les diverses roches, soit calcaires soit marneuses. Ces laves ont eu, dans certaines parties de nos volcans, assez de force im- pulsive pour soulever en totalité les roches d’eau douce déjà déposées, mais dans d’autres points on reconnoît que les éruptions qui les lançoïent au dehors n’ont pas été assez vio- lentes pour déplacer les couches d’eau douce; en sorte qu'il est évident que ces éruptions'ont été postérieures au dépôt de ces couches. Dès lors les dernières éruptions de nos vol- cans éteints ne datent pas d’une époque bien éloignée, car 4o NOTE SUR LES VOLCANS ÉTEINTS nous prouverons plus tard, lors de la publication de notre travail sur les terrains tertiaires du midi de la France, que les dépôts postérieurs au calcaire grossier sont beaucoup moins éloignés des temps actuels qu’on ne l’a supposé. C’est une conséquence que nous déduirons de ce fait, qui est gé- néral pour nos dépôts postérieurs au calcaire grossier, qué les fossiles qu'ils renferment appartiennent à la fois à des espèces qui vivent encore sur le sol où ils ont été ensevelis, et à des espèces que l’on n’observe plus dans nos contrées. Les formations d’eau douce dont les dépôts sont antérieurs aux dernières éruptions de nos volcans éteints, se lient presque sans interruption aux formations d’ezu douce de Sallinelles dans le département du Gard, formation que nous avons décrit depuis long-temps, et qui, d’après les observa- uons de M. Dumas, s'étendent presque jusque dans la vallée du Rhône, à l’est; et, d’après les nôtres, jusque dans la vallée de l'Hérault, à l’ouest. Du moins on en retrouve des traces successives en suivant cette direction, car il faut remarquer que nos formations d’eau douce ne sont jamais continues, mais presque toujours morcelées et comme disposées par lambeaux dans des vallées, des bas-fonds, et rarement sur des monticules, même lorsque leur élévation est peu considé- rable. Quant à ces formations qui recouvrent les pitons vol- caniques de Montferrier et de Valmahargues près Montpel- lier, on peut les considérer comme ayant été soulevées lors des éruptions de ces volcans. Dailleurs ces pitons ont une bien petite élévation, car le premier n’a que 110 mètres au- dessus du niveau de la mer, et le second 90 mètres au-dessus de ce mème niveau. DU MIDI DE LA FRANCE, 4 Ainsi, en étudiant la direction des formations d’eau douce du Gard qui se tiennent aux nôtres, et'en partant d'Uzès.et se dirigeant à l’ouest, on les reconnoît à Garrigues; à Bour- dic, à Dions, à Saint-Mamet, puis à Montpezat, où les forma- tions d’eau douce se montrent les plus élevées au-dessus du niveau de la Méditerranée; à Souvignargues, Pondres, Sal- linelles, Montredon, Sommières, d’où elles se dirigent tou- jours vers l’ouest, en se montrant à Saussines, Saint-Hilaire de Beauvoir, Saint-Drézeri de Courbésas, Allas, les Matelles, Saint-Martin de Londres; et plus vers le sud, d’Assas elles vont joindre nos volcans éteints, par Prades, Montferrier, Valmahargues, Grabels, d’où elles se dirigent de nouveau vers l’ouest pour aller joindre la vallée de l'Hérault. L Partout, ces formations, quelles que soient les roches ou les formations qu'elles recouvrent, sont principalement com- posées par des calcaires compactes ou marneux auxquels s'ajoutent parfois des calcaires pisolithiqueset siliceux,etenfin par des marnes calcaires ou argileuses plus ou moins endur- cies. Les calcaires compactes sont les plus constans, malgré le grand nombre de variations qu'ils éprouvent, soit dans leur texture , soit dans leur nature, soit enfin dans leur position. Quant aux calcaires pisolithiques et siliceux, ils ne sont pas généralement disséminés au milieu de nos localités; en effet, nous ne connoissons encore les derniers qu'à Beaulieu en Provence, et c’est M. de Saussure qui les a fait connoître le premier ; à Sommières, d’après les observations de M. Dumas; à Montferrier et à Grabels, d’après celles de M. de Christol; etenfin à Valmahargues, d’après nos propres observations. Quant au calcaire pisolithique, il paroït encore plus restreint; Mém. du Muséum. t. 16. 6 42 NOTE SUR LES VOLCANS ÉTEINTS du moins dans l’espace qui sépare la vallée du Rhône de celle de l'Hérault, ce qui comprend une étendue d'environ 17 à 18 myriamètres, nous ne connoissons encore celte roche singulière que dans trois localités, Saint-Drézeri près Som- mières, Assas et Montferrier près de Montpellier. Ce calcaire pisolithique mérite d’être mentionné à raison de ce qu'il est formé par une chaux carbonatée, concrétionnée, #lobuliforme testacée, avec des cristaux calcaires au centre. Ces concrétions globuliformes ou cylindroïdes sont agglu- tinées par un ciment calcaire formant un véritable pondingue pisolithique, on une pisolithe. Certains de ces globules cal- cairés saisis par un ciment commun, ont plus d’un mètre de diamètre. Cette roche remarquable est immédiatemeut super- posée sur le calcaire d’eau douce compacte à Saint-Drézeri, près Sommières, mais encore on n'y a point aperçu de co- quilles soit fluviatiles soit terrestres. Le calcaire d’eau douce compacte ressemble très-souvent au calcaire jurassique dont il a aussi la couleur, et à tel point, que lorsqu'il ne renferme pas de coquilles, il est très-facile de s’y méprendre. C’est ce que nous avons fait nous-mêmes pour les calcaires qui recouvrent les laves de nos volcans éteints, lors de notre description de ces volcans; mais, à la vérité, lors de cette publication, la distinction entre les ter- rains d’eau douce et les terrains marins n’avoit pas encore été faite. Nos formations d’eau douce se montrent tantôt super- posées au calcaire secondaire, tantôt en recouvrement sur les terrains volcaniques, mais tellement liées à eux, que soit en Provence, soit en Languedoc, elles ont été évidemment DU MIDI DE LA FRANCE. 43 déposées antérieurement aux dernières éruptions de nos vol- cans éteints. Quelquefois enfin ces formations d'eau douce recouvrent immédiatement le calcaire grossier, et sont re- couvertes à leur tour, soit par les terrains marins supérieurs, soit même immédiatement par les terrains d’eau douce supé- rieurs, circonstance du reste tellement rare, que nous ne connoissons encore qu'une seule localité où existe une pa- reille superposition. Les calcaires compactes ou marneux sont, avec les marnes et les silex qui les accompagnent, presque les seules couches où l’on voit des traces de coquilles terrestres et fluviatiles. Les secondes sont généralement en excès sur les premières, soit qu’elles aient conservé leur têt, soit que leur têt ait entièrement disparu. Les genres les plus abondans dans ces formations, indépendamment des roches auxquelles elles se trouvent sousposées, sont les /ymnées.et les planorbes; après ceux-ci, on peut signaler les pa/udines , les hélices, les mé- lanies ou potamides , et les cyrènes. Enfin, les genres les plus rares sont les cyclades, les ancyles, les physes et les agathunes. Ce dernier genre est représenté jusqu'à présent par une seule espèce qui nous paroît nouvelle, et que nous nommerons achatina Hop, en l'honneur de M. Hope, auquel nous devons la découverte d’une agathine vivante qui paroït avoir été l’objet d’une méprise assez singulière. Quant aux espèces de ces différens genres, quoique nous en ayions signalé depuis long-temps un assez grand nombre, nous en aurons encore de nouvelles à indiquer. Aïnsi, en résumant les faits sur lesquels nous appelons l'attention de l’Académie, il en résulte que les laves, soit 44 NOTE SUR LES VOLCANS ÉTEINTS DU MIDI DE LA FRANCE. compactes, soit scorifiées, de certains volcans éteints du midi de la France, ayant saisi des calcaires et des marnes d’eau douce, ou n’ayant pas eu assez de force impulsive pour soulever en entier ces diverses roches dont elles étoient re- couvertes, les éruptions des volcans qui les ont lancé ont eu lieu postérieurement au dépôt des formations d’eau douce qui font partie du deuxième terrain d’eau douce de MM. Cu- vier et Brongniart. Elles ont eu lieu postérieurement à ce dépôt, puisque les laves en ont saisi les couches, qu’elles les ont plus ou moins soulevées ou dérangées de leur position primitive, ou enfin qu’elles les ont altérées dans leur propre nature, par suite des changemens qu'elles leur ont fait éprouver. Au reste, nous ferons observer que nous donnerons à ces faits les détails qu’ils exigent, soit dans la nouvelle édition que nous préparons de notre travail sur les volcans éteints du midi de la France, soit dans notre tableau général de l’en- semble des terrains tertiaires de la même contrée. RAPPORT F'ait à l’Académie royale des Sciences, le 29 octobre 1827, sur la Note qui précède, PAR MM. BROCHANT DE VILLIERS ET CORDIER. L'Acanéwe nous a chargés, M. Brochant de Villiers et moi, de lui rendre compte d’un travail envoyé de Montpellier par M. Marcel de Serres, et qui est intitulé : Vote sur les Volcans éteints du nudi de la France, dont les éruptions ont été postérieures au dépôt du deuxième terrain d’eau douce de MM. Cuvier et Brongniart. Dans ce travail très-sommaire, l’auteur s’occupe principa- lement du terrain d’eau douce des départemens des Bouches- du-Rhône, du Gard et de l'Hérault, qu'il regarde comme ayant été formé immédiatement avant les produits volca- niques de cette partie de la France, quoique ces produits en soient communément recouverts. Il ajoute quelques nou- veaux détails à ceux qu’il a déjà donnés sur ce terrain dans différens Mémoires, et notamment dans le tableau des ter- rains tertiaires du midi de la France, qui a été imprimé dans les Annales des Sciences naturelles, au numéro de juillet dernier. D’après ces nouveaux détails, le terrain d’eau douce dont 46 RAPPORT SUR LES VOLCANS ÉTEINTS il s’agit, est composé de calcaires compactes ou marneux auxquels s'intercalent, en certaines localités, des calcaires pisolithiques let es calcaires siliceux auxquels M. de Saus- sure père avoit anciennement donné le nom de silicicalces. Les coquilles qu’on rencontre dans ce terrain sont fluviatiles ou terrestres. Les plus communes sont des lymnées et des planorbes. On peut citer ensuite les paludines, les hélices et les mélanies; viennent enfin les cyclades, les ancyles, les physes et les agathines. Cette formation ne règne point en assise continue; elle est en lambeaux isolés qui occupent ordinairement des fonds de vallées ou d’autres bas-fonds, et qui sont surperposés tantôt à de vieux terrains secondaires, tantôt au calcaire grossier tertiaire, et tantôt à des matières volcaniques. M. Marcel de Serres s’empresse de faire remarquer que cette dernière superposition (celle du terrain d’eau douce dont il s’agit aux matières volcaniques du pays), a été an- ciennement décrite par M. de Saussure, pour la localité de Beaulieu, qui est située dans les environs d’Aix, et il auroit pu ajouter que l'exactitude de cette description a été confirmée dépuis long-temps par les observations de M. Faujas de Saint- Fond, et celles de M. Ménard de la Groye, et par l’assenti- ment tacite d’un assez grand nombre de géologues qui ont visité cette intéressante localité. M. de Serres expose ensuite qu'ayant récemment visité les superpositions de Beaulieu, il les a trouvées tout-à-fait analogues à celles qui se présentent dans le département de l'Hérault, et dont il a fait counoître l'existence depuis plusieurs années. Il ne donne aucun détail nouveau à cet égard, non plus que sur les matières volca- DU MIDI DE LA FRANCE. 41 niques recouvertes : il se contente d'annoncer, 19 que dans Hérault les produits volcaniques sont souvent en mélange intime avec des matières calcaires qui ressemblent à celles de la grande formation d’eau douce dont il a été question ci- dessus, particularité qui’ est très-évidente à Beaulieu, et qui n’avoit point échappé à M. de Saussure ; 2° que cette grande formation d’eau douce a éprouvé sur certains points des dé- rangemens et des altérations notables qu'il attribue au voi- sinage des couches volcaniques inférieures. De ces résultats sommaires, l’auteur conclut (et c’est là ce qu'il regarde comme le point essentiel de sa Notice } que tantôt les matières volcaniques arrivoient de l’intérieur de la terre avec assez de force pour se répandre à la surface, après avoir saisi des masses de calcaire d’eau douce, et que tantôt elles n’ont pu que soulever la grande assise de ce calcaire et s'étendre par dessous. L’auteur promet, au reste, d'appuyer ces conclusions systématiques par des détails convenables dans l'édition nouvelle qu’il donnera bientôt de ses observa- tions sur les volcans éteints du midi de la France. Cette promesse nous dispense de manifester aucune opi- nion sur les explications de M. Marcel de Serres. Nous remarquerons seulement qu’elles rentrent dans l'hypothèse qui a été proposée par Hutton, il y a environ quarante ans, pour des gisemens analogues, quoique beaucoup plus an- ciens; hypothèse qui a déjà été reproduite à différentes époques par plusieurs géologues. En résumé, nous pensons que les nouveaux renseignemens donnés par M. de Serres sur les produits volcaniques et le calcaire d’eau douce dont il s’agit, offrent un véritable imté- 48 RAPPORT SUR LES VOLCANS ÉTEINTS, ETC. rêt, et qu'il est à désirer que ce géologue fasse bientôt connoître au public les observations nouvelles qu'il an- nonce avoir recueillies sur les volcans éteints du midi de la France. Signé : BrocnAnt De Vicuienrs. CorDter, rapporteur. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. ESSAI SUR LES HYDROPHYTES LOCULÉES (OU ARTICULÉES) DE LA FAMILLE DES ÉPIDERMÉES ET DES CÉRAMIÉES, PAR THÉOPHILE BONNEMAISON, Pharmacien à Quimper, Correspondant dés Sociétés Philomathique, Linnéenne, d'Histoire Naturelle de Paris, etc. (Présenté à l’Institut de France en mai 1824.) æ” Cssr sans doute une belle idée et le fruit d’une vaste con- ception que de vouloir ranger en familles, en groupes les divers êtres qui peuplent les élémens qui nous environnent. Son exécution sera long-temps, et peut-être toujours, un beau rêve qui sourira à tous ceux qu'enflamme la passion de l’his- toire naturelle, Si l'imagination se complait à supposer un enchainement ou une filiation entre toutes les productions de la nature, combien se trouve-t-on décu lorsqu'on soumet à analyse d’un jugement sans passion seulement les premiers fondemens de classification où finit l’état brut, où commence Vanimalité!... Plus on observe, plus il est difficile d’indi- Mém. du Mséum. t. 16. 7 5o HYDROPHYTES LOCULÉES. quer ces limites. C’est surtout dans le monde des infiniment petits, de ces êtres, le domaine du microscope, que l’orga- nisation simplifiée met en défaut les systèmes et les méthodes. On pourroit discuter long-temps, et on finiroit peut-être par ne pas s'entendre davantage, avant de préciser ce que l'on doit comprendre dans les attributs de la végétabilité. Ainsi nous nous garderons bien d’aflirmer que tous les êtres com- pris jusqu’à ce moment sous la dénomination de plantes ma- rines, sont véritablement des végétaux. Les observations sont encore trop peu nombreuses, et ont besoin d’être répétées par d’habiles naturalistes, avant que l’on puisse sortir du doute. Ayant pu augmenter mes collections, revoir et corri- ger le premier travail que je fis lire en 1821 à la Société d'Histoire naturelle de Paris, et qui parut en 1822 dans le Journal de Physique, je donnerai aujourd’hui un plus grand développement à ce cadre, en essayant de joindre à des con- sidérations génériques un Species plus complet que celui qui est compris dans la Flore française. Commençons donc par définir ce que l’on doit entendre par Hydrophytes (je préfère cette dénomination à celle de Thalassiophytes, qui exclut les plantes qui croissent dans les eaux douces). Nous empruntons avec plaisir à M. Desvaux, professeur à Angers, quelques passages d’un Mémoire inédit qu'il présenta à l’Institut de France en 1810, et dont il m’a confié une copie, avec permission d’en faire usage. En les comprenant sous le nom d’Algues, l’auteur les définit « des « plantes qui habitent continuellement les eaux. Leur forme « est indéterminée : dans quelques espèces, elle est filamen- « teuse, tubuleuse ou phyllomorphe. Leur nature est très- « HYDROPHYTES LOCULÉES. bi variée; la consistance, muqueuse, gélatineuse, membra- neuse, cartilagineuse, rarement solide; la contexture est granuleuse, ou fibreuse à fibres parallèles, entremélées , ou formant des tissus réguliers; la fructificaton est formée par des corpuscules reproductifs placés dans l'épaisseur du tissu, dans l’intérieur des tubes, ou dans des enve- loppes particulières. Elle sort de ses diverses situations , 10. par la rupture des tubes qui la renferment; 20. par la rupture des tiges, dans l’épaisseur desquelles elle se dé- veloppe; 30. enfin par la déhiscence naturelle des parties qui la renferment, ce qui est le cas le plus rare. La fa- mille des Algues se rapproche de celle des Champignons par plusieurs points : d’un côté, des Bysses, par l’intermé- diaire de plusieurs Conferves ; mais dans les Conferves on trouve toujours un tube particulier qui renferme une ma- tière quelconque : dans les Bysses, le tissu extérieur n’est pas d’une nature différente de l’intérieur; d’un autre côté, les Algues semblent se rapprocher des Zichens par l’in- termédiaire des Collema. Mais la frucufication en écusson de ces derniers, semblable à celle des autres Lichens, lève toute difficulté. Le genre Gymnosporangium de Hedwig fils, a beaucoup de rapports avec les Tremelles; mais la forme de ces corps reproductifs renfermés dans des enveloppes particulières, pédicellées, déhiscentes, placées elles-mêmes dans l’intérieur du champignon, ne permettent pas de l’éloigner des Angiocarpes auprès de lÆcidium, ainsi que l’a fait M. De Candolle. » On ne peut se dissimuler les obstacles qui se présentent dans l’étude analytique des diverses parties qui composent 52 HYDROPHYTES LOCULÉES. les Hydrophytes et leurs fonctions physiologiques. La diffi- culté de les isoler parfaitement dans le fluide qui leur sert ‘élément pour suivre leur acte de vie, l’exiguité et la déli- catesse de ces êtres, dont plusieurs échappent à la vue simple, le besoin continuel du microscope retarderont pendant long- temps l'acquisition des connoissances qui nous manquent sur leur manière de vivre et de se reproduire. Pour les bien connoître, il est essentiel d’instituer ses observations dans l’état d’intégrité, et dans celui de perturbation. Par la pre- mière dénomination, je caractérise l’état de la plante vivant dans son élément, et n’ayant point éprouvé l’action d'aucun agent extérieur nuisible; par perturbation, j'entends le trouble et les changemens qui s'opèrent dans les organes par une secousse continuée, le contact d’un fluide insolite, ou l’écartement du fluide naturel. Un grand nombre d'Hydrophytes offrent dans la fronde(r) un tissu de vaisseaux ou de fibres longitudinales, croisées, réticulées, modifiées de différentes manières, dont les inter- valles sont remplis par un tissu cellulaire, ou une substance mucilagineuse plus ou moins consistante. Ce tissu ne ren- ferme point dans son épaisseur de corps parallèles organisés différemment, ni de duplicature dans sa membrane; quel- quefois des cloisons ou des étranglemens partagent son in- térieur. En formant sur ces considérations les caractères d’une première division, nous verrons venir s'y ranger na- turellement les Fucacées, les Floridées et les Ulpacées de (x) On donne ce nom à l’ensemble de la plante qui, dans les Phanérogames , est connu sous celui de tige, rameaux, etc. HYDROPHYTES LOCULÉES. 53 Lamouroux. Une organisation un peu différente se trouvera dans notre seconde division. Les Hydrophytes qui la com- posent n’ont pas une solidité aussi grande dans l’organisation de leurs parties. On ne peut plus distinguer dans la fronde ces fibres qui, dans les autres, faisoient la fonction de char- pente. ci, un tissu membraneux ou gélatineux plus ou moins consistant admet dans sa texture des corps tubuleux de diverses formes interposés ou emboités, distincts ou séparés par des cloisons transversales en intervalles plus ou moins réguliers, Je donne à ces corps tubuleux le nom de locule, ou petite loge, et aux Hdrophytes qui les recèlent la dénomination de /oculées. Ainsi nous aurons des Hydro- phytes loculées ou illoculées, suivant que la fronde en sera pourvue ou privée. Cette opposition de caractères est cons- tante et n’est point sujette à des anomalies et des excep- tions. Elle est facile à saisir, et n’offre point, dans l'application de la dénomination, cette incertiiude où laissoit souvent la classification qui les séparoït en articulées et inarticulées, puisque la même espèce offre souvent ces deux modifications qui, dans l’organisation, ne doivent être considérées que comme des circonstances d’une importance secondaire. Je vais tâcher de présenter un tableau général et resserré des faits curieux que l’on trouvera détaillés dans les considé- rations génériques... La jeune Hydrophyte, après être sortie de son enveloppe, cherche un point pour se fixer et procé- der à l’accomplissement de son développement successif. Je n’entends pas que certaines espèces exigent, comme l'ont prétendu quelques botanistes anglais, et même, parmi les Français, le savant Lamouroux, exigent, dis-je, des corps 54 HYDROPHYTES LOCULÉES. d’une nature particulière pour y croître et s’y développer, de manière que les espèces requièrent la présence du sol cal- caire , les autres celle du granit ou du phyllade. En ajoutant une entière confiance aux observations dans lesquelles ils ont vu qu'en un vase contenant des fragmens de ces trois roches, certaines semences se fixoient de préférence, et même constamment, sur un d'eux, je crois qu'ils se sont trop hâtés de conclure que ce fût une condition de rigueur, ou que la chose arrivât constamment. Habitant un pays dont le sol est presque uniquement composé de granit, gneïss et phyllade, j'y ai rencontré à peu près toutes les espèces in- diquées dans les îles Britanniques, et jamais je n'ai pu aper- cevoir que la nature du terrain favorisät la naissance expresse de telle on telle Hydrophyte, tandis que le contraire est d’une observation journalière. Depuis la publication de mon premier Essai en 1822, j'ai eu connoissance d’un Mémoire très-intéressant et plein d'observations importantes sur les plantes marines du golfe de Gascogne, dans lequel M. d'Or- bigny énonce la même opinion que moi. Si quelques es- pèces croissent indifféremment sur les rochers ou sur d’autres Hydrophytes, un plus grand nombre adopte exclusivement les uns et les autres. La partie inférieure par laquelle se fait l’adhérence n’a point, pour l'ordinaire, une forme particu- lière; c’est une petite callosité peu distincte, ou plus rare- ment une espèce de disque, lorsqu'il sort plusieurs frondes du même point. D'autres fois, la tige est solidement fixée par des espèces de racines distinctes, comme dans les Grammites ascendantes et redressées. On ne peut considérer cette attache uniquement comme un point d’appui;il paroïtau contraire que ° HYDROPHYTES LOCULÉES. 55 par cette partie il se fait quelquefois une absorption du fluide qui circule dans le corps subjacent. J'ai observé plusieurs fois que la Boryne variable, qui croit constamment en para- site sur les autres Hyÿdrophytes, prend une teinte plus fon- cée lorsqu'elle est fixée sur la Grammite alongée, ou sur les Fucacées d’une couleur sombre. La Boryne diaphane de- vient olivâtre lorsqu'elle est fixée sur des corps de cette na- ture. Lyngbie a fait une observation semblable sur son ÆEctocarpus littoralis, var. y zuber. Est-ce à une action externe ou à une pénétration dans l’in- térieur qu'est due l'influence délétère qu’exerce le contact d’un liquide hétérogène, comme l’eau salée, sur les espèces qui croissent dans les ruisseaux et dans les rivières, et réci- proquement l’eau douce sur celles qui végètent dans la mer?.. L'intégrité de la portion radicale me paroît une condition essentielle à l'existence de l'individu. Dans cette partie infé- rieure la membrane est ordinairement plus dense et pius épaisse; la nature prévoyante en augmente la force pour con- trebalancer les efforts de traction qu'opéreront son prolon- gement et ses divisions subséquentes. À des distances constantes, et dont l'intervalle est propre à chaque espèce, se rencontre une ligne transversale, trans- parente, ou d’une nuance plus foncée, qui partage le filament en sections, et en fait autant de portions distinctes. Cette ligne de séparation est nommée par les auteurs articulation, genou, cloison, en raison de l’office qu’elle remplit d'établir une intersection. Sans vouloir recourir à des dénominations nouvelles , qui, sans présenter une idée plus précise, n’apprendroient rien de 56 HYDROPHYTES LOCULÉES. nouveau, je lui conserveraile nom d’articulation. Suivant que la membrane est plus ou moins épaisse sur ce point, elle pré- sente des apparences différentes. Je crois cette explication plus naturelle que de parler, à l’imitation de Roth, de fibres dont l'existence et la direction sont assez difliciles à démon- trer (1). Ce dernier auteur s’est beaucoup occupé de ces diffé- rens aspects, et les a distingués sous le nom d’articulations vraies ou fausses, qu'il a sous-divisées de différentes manières. Je les diviserai en cloisons colorées et en cloisons transpa- rentes. Pour les bien reconnoitre, il faut étudier l'Hydro- phyte d’abord sous l’aspect qu’elle offre aussitôt qu’on la pré- sente sur le porte-objet du microscope, et peu de minutes après dans son état de perturbation. Les cloisons colorées sont les moins communes; elles se reconnoissent par une ligne sombre, très-mince, fixe, c’est-à-dire, qui ne change point de place, et ne se sépare point en deux par le milieu. Sou- vent on ne l’aperçoit point dans le premier moment à cause du grand nombre de granules colorés, ou de chlorite, qui distendent et remplissent exactement la locule; mais presque aussitôt il s'opère un trouble dans celle-ci, elle éprouve une contraction dans ses parois qui se séparent du tube ex- terne, et on distingue clairement la cloison dont elle est éga- lement séparée. Il n’en est pas de même dans les cloisons transparentes que ftothappelle fausses articulations. Elles sont remarquables par un espace hyalin interposé entre les lo- cules. Ou il existe primitivement, comme dans les Épider- (i) Voyez, pour de plus amples détails, le troisième volume de ses Catalecta botanica. HYDROPHYTES LOCULÉES, 57 mées, et paroît dü à une interposition du tissu cellulaire, ou il ne devient manifeste que consécutivement après la pertur- bation, comme dans les Céramiées. Dans le dernier cas, la fronde paroît continuée au premier coup d'œil, seulement on croit distinguer des renflemens réguliers un peu plus colorés ; mais à peine la perturbation commence, une ligne transpa- rente s'établit transversalement, s’élargit peu à peu de ma- nière à paroître former un vide, la locule se contracte per- pendiculairement, en laissant hyalin l'intervalle qu’elle occu- poit dans le tube externe, et reste attachée par ses sommités inférieure et supérieure à la cloison, ce qui n’arrive pas dans les cloisons colorées. Il faut encore soigneusement observer si l’articulation est commune aux deux tubes, ou à l’un ex- clusivement; si elle est fixe, ou due à l’écartement variable des locules internes, qui sont alors mobiles. Tous ces carac- tères serviront à distinguer les familles dont nous aurons à parler. On doit porter une attention non moins scrupuleuse dans l'examen de la portion du filament qui se trouve entre les cloisons. Elle est appelée article (aréiculus) par Roth et d’autres auteurs; mais comme cette dénomination est équi- voque, je propose de lui substituer celle de segment (seg- mentum, partie coupée), en lui refusant le sens qu’on lui donne en géométrie. Comme il est composé de deux mem- branes, il conviendra d'examiner soigneusement quelle est la consistance de l’extérieure qui est ou compacte ou mem- braneuse. Dans le premier cas, la locule ou les locules qui y sont renfermées et comme emboîtées, semblent jouir de très- peu de contractilité. Dans le second cas, il n’y a‘que conti-; guité entre elle et l’interne qui est toujours très-délicate. Les Mém. du Muséum. t. 16. 8 58 HYDROPHYTES LOCULÉES. différences qui résultent de cette organisation sont bien tran- chées. Dans les Hydrophytes à membrane compacte, la fronde est consistante, pleine ou presque pleine; sa coloration est due à une espèce d’épiderme; mais lorsque la membrane est làche, la fronde est constamment d’une consistance membra- neuse et délicate, et n’est colorée que médiatement par une locule unique et creuse. On verra chacune de ces manières d’être, tantôt isolée dans certains genres, tantôt réunie dans le même, offrir des caractères constans. C'est en vain que l’on cherche dans les auteurs qui ont tracé l’histoire des Conferves, des notions précises sur la na- tureet les fonctions de ces locules. Roth ne semble pas y avoir attaché beaucoup d'importance pour les Ceramium. Dans les Conferves, il les désigne par wériculus matricalis , sporangium. Dillwin, dans sa description de la Conferva séricta, se contente de les désigner sous le nom de /wyaux cylindriques ; Agardh les nomme canaux longitudinaux, et Lyngbie, des stries.... : tout reste à connoître sur leur nature et leurs fonctions dans la composition de la fronde. Mes ob- servations me portent à croire que leur répartition variée dans les Hydrophytes loculées ne dépend que de la modification d'une organisation unique. On en voit la prenve la plus évi- dente dans le genre Grammite, où le nombre des locules est en rapport avec le diamètre de la fronde, de manière à ce que le bas des frondes en comporte davantage que les sommités, où elles sont souvent réduites à une seule, et se rapprochent ainsi des Céramies. On observe aussi un parallélisme dans la direction de ces petits tubes; circonstance qui annonceroit des rapports intimes et nécessaires entre eux. Cependant on! HYDROPHYTES LOCULÉES. 59 voit, particulièrement dans les Grammites , des cloisons épaisses, d’une transparence compacte, établies, surtout dans les rameaux; entre les divers ségmens, et qui semblent ex- clure toute circulation entre eux. Je ne pense done pas que l’on doive admettre une communication d’un segment: à l'autre; mais je regarde plus certain que la coloration des locules et de l'épiderme est presque toujours consécutive au développement dela fronde.J’ai vu plusieurs fois dans les Grammites en pleine végétation le bas de la fronde parfaite- ment coloré, tandis que les segmens des dernièresramifica- tions à peine ébauchées étoient absolument incolores ; et que l'on distinguoit les locules bien caractériséeset nuancées dans ceux qui les précédoient. Les locules semblent bornées en partie à la fonction d’intermède colorant dans les Céramiées et les Epidermées, où les sémimules sont renfermées dans une enveloppe externe. Cependant, à certaines époques dépen- dantes sans doute de celle de leur accroissement, j'ai dis- cerné dans ce’fluide des corpuscules très-déliés , irréguliers. Eu réfléchissant que les capsules sont organisées dans les Epi- dermées ‘et'les Céramiées de la:mème manière que les seg- méns, je suis porté à croire que les séminules que l’on ren- contre dans les premières à l’époque-‘de la frucüfication, ne sont'autre chose que ces corpuscules imparfaits, élaborés primitivement dans l’intérieur du ségment, et quise sont fait jourssur les côtés, en formed’appendicé,où elles ontaclievé de se pérfectionner. Soit queices capsules soient sessiles ou: pé- _dicellées, elles sont constammentisituéés :dans.les points du segment où se fait le départ :des-divisions.: Gette-découvente constatée pour quelquesigenres permet Ua la généraliser pour 60 HYDROPHYTES LOCULÉES,. les autres, dont l'organisation ne varie que dans la combinai- son des accessoires. Il faudroit ensuite expliquer pourquoi les fructifications ne se rencontrent jamais que vers les som- mités des rameaux. J’avouerai franchement que je ne trouve point de raisons de ce fait. Je le laisse donc à éclaircir avec d’autres points obeurs de l’histoire des Hydrophytes loculées. J'ai eu le bonheur d’observer la germination d’une espèce marine de la famille des Epidermées. Dans le mois de juin, en faisant à Penmarck la description de la Grammite subulée, je vis, en examinant la séminule d’une capsule qui avoit crevé sur le porte-objet de mon microscope, je vis, dis-je, la sémi- anule se fendre, s’entr’ouvrir, puis donner issue à un petit cy- lindre sur lequel on distinguoit déjà des articulations. En attendant que des observations plus heureuses ou mieux dirigées soulèvent le voile qui dérobe à nos yeux ces noces cachées, je vais tâcher de classer les Hydrophytes loculées, d’après une méthode fondée sur leur organisation, en plu- sieurs familles qui contiendront les genres et les espèces propres à la France, que j'ai observées moi-même, ou dont je dois la connoissance à mes correspondans. Je me fais un vrai plaisir de désigner à la connoïissance des botanistes les personues bienveillantes qui ont voulu me communiquer des échantillons. Je citerai en première ligne mon vieil ami et ancien compagnon de mes herborisations dans les environs de Brest, le docteur Deschamps, actuellement médecin à Saint- Omer. Je lui dois la communication la plus franche de sa riche collection qu'il a mise à ma disposition. J’aurai occa-- sion de nommer fréquemment mon zélé et infatigable com- patriote, le colonel Dudresnay, qui m'a enrichi de tant de HYDROPHYTES LOCULÉE6. ôt belles espèces provenant de Saint-Pol-de-Liéon. Parler du sa- vant Lamouroux, c'est mêler les pleurs de l'amitié à ceux des savans qui regrettent sa mort prématurée. Je lui dois plusieurs productions des provinces méridionales, qu'il m’a laissé ex- traire de sa riche collection. Je n’oublierai pas de citer avan- tageusement MM. Cauvin, Bachelot de La Pylaie, Delise, Le Normant, de Brébisson fils, Bélanger, Tillette-Clermont et Brongniart fils, qui m'ont fait part de plusieurs espèces qu'ils ont recueillies. Je me plais aussi à payer un tribut de grati- tude au savant professeur du Jardin des Plantes de Paris, le vénérable M. Desfontaines , qui m’a obligeamment permis de consulter sa collection et les herbiers du Muséum confiés à ses soins. Je n'ai pas tiré moins d'avantages de mes/correspon- dances avec le prince des algologues de l'Allemagne, mon digne ami le professeur Mertens, qui m’a fourni un grand nombre d'échantillons authentiques dont je me suis aidé plus d’une fois pour fixer mes incertitudes. Je regrette que le grand éloignement ne m’ait pas permis d’entretenir des rela- tions plus fréquentes avec le savant algologue suédois, le professeur Agardh, qui m’agratifié de plusieurs de sesouvrages et de quelques Hydrophytes intéressantes. Puissent tous ces botanistes agréer l'expression de ma sincère reconnoissance! J'ai besoin de la continuation de leur bienveillance et de l’en- coùragement que la Commission de l’Institut à bien voulu ac- corder à mon Essai (en 1824 ) pour continuer uné entreprise qui offre tant de difficultés. Afin de rendre les vérifications plus fäciles, je dépose dans l’herbier du Muséum d'Histoire naturelle des échantillons des espèces que je décris. : Recherche et préparation des Hydrophytes. — Mais 62 HYDROPHYTES LOCULÉES. avant de commencer leur description, peut-être ne paroïtra- t-il pas hors d'œuvre de présenter aux botanistes, que cette étude pourra captiver, quelques: documens pour assurer leurs pas dans la carrière. Tous n’habitent pas habituellement les bords de la mer, ou les rivages des fleuves etl rivières, Quel- ques avertissémens dont ils seront munis pourront leur être de quelque utilité, leur épargner!la perte du temps, ou leur indiquer les moyens de:tirer Je'meilleur parti possible d'oc- casions favorables qui-souvéntnese présentent plus. Gar, en histoire naturelle comine. en d’autres sciénees; il faut savoir voir; l'usage, l'expérience donnent, il est vrai, à la longue ce-coupd'œil; mais dés érhimisontens préliminaires peuvent abréger,cet eppréntissages vi s'b émiotn à1it eq nr ST euioe En partant du fait, qu'en toute saison on peut trouver des Hydrophytes, et qu’à chaque époque de l'année on peut.eh rencontrer: de différentes, l’älsgologue se! dirigera . vers-les lieux de leur habitation présumée. Pour profiter de lasdé; couverte, il faut s'être muni de, quelques; petits flacons ou tubes, afin de pouvoir conserver dans leur.élément et pré- server d’altération ces êtres délicats que le, contact de J'at- mosphère dénatureroit ou détruiroit promptement. Il seroit sans doute préférable de les examiner, et observer scrupu-| leusement sur les lieux; pour cela il faudroit s'être pourvü d’un microscope portatif. Sion né le peut, au moinsentrepren-, dra-t-on un premiet; examen à l'aide d’une forte loupe, qui est. ün instrument obligé. pout le naturaliste et on. pourra coùsignet sur le papier les preinières notes, Ges notions suf-, fisent pouriles! promenades. près. Iles eaux; déticess, mais sur, les bords dela mer; iest d'autres sxrenseignemeuns. qu'on'ne HYDROPHYTES LOCULÉES. 63 peut ignorer. Tousles momens du jour et du mois ne sont pas opportuns pour observer convenablement et recueillir avec fruit. Il me “suffit pas de se diriger vers le rivage et d’y ramasser avecavidité les premiers objets que l’on trouve sous ses pas: de cette/manière on n’a que des-objets frustes, presque toujours décolorés par l'influence de Fair et de la lumière: Les échantillons manquent de leurs caractères, ne peuvent offrir desobservationsçcomplètes, et dépareroientune collection bien soignée. Il faut d’abord: connoître les heures de marée, savoir que deux ‘fois par mois, «un jour et demi après la nouvelle et pleine lune, les marées sont plus fortes; c’est-à-dire qu'en s’avançant.plus loin sur le rivage, elles se retirent aussi en proportion, et laissent une plus grande partie de la plage à découvert. Une table des marées annonce quelles sont les époques les ‘plus propices, et c’est alors que pen- dant deux ou trois jours l’algologue peut espérer de trouver plusieurs espèces qui, dans d’autres momens, seroient recou- vertes de plusieurs pieds d’eau. L'expérience à fait connoître quelles sont les plages les plus abondantes en plantes ma- rines. Défiez-vous des rives plates, sablonneuses ou vaseuses: on n'y rencontre presque rien; c’est ou à l'embouchure des rivières et des fleuves, ou dans les lieux parsemés de petits rochers, dans les flaques, dans les remoux de courans que l'on peut espérer ‘de saisir quelques espèces rares et sous- marines provenant du large. Dès que le reflux sera environ à sa moitié , le botaniste se rendra sur la plage en suivant le mouvement rétrograde de la marée. Il portera un œil scruta- teur dans toutes les petites flaques ou crevasses entre les rochers qui recèlent habituellement de l’eau, parcourra en 64 HYDROPHYTES LOCULÉES: détail les stipes des grandes Laminaires ou frondes des Fuca- cées, sur lequelles se trouve un grand nombre de parasites, et ne s'arrêtera qu'aux premières approches du flux ; surtout il n’aura pas craint d’entrer dans l’eau au moins jusqu’au genou : c’est le seul moyen de rencontrer certaines espèces qui sont habituellement submergées. Toutes celles que l’on recueille doivent être vivantes, entières, pourvues, s'il se peut, de leur fructification (quand il y a lieu) ou dans leur développement complet... Tous ces objets seront réunis dans des mouchoirs, des flacons, de petits baquets ou de grands vases de fer-blanc pleins d’eau de mer, comme le pratique avec tant de succès M. Dudresnay. Leur prompte altération ne permet pas de les transporter au loin sans pré- judice.... On se rendra sans délai à la plus prochaine habi- tation, et la première opération sera de procéder à leur exa- men ou leur préparation. On se procurera un grand plat qui sera rempli d’eau douce; on immergera un à un les échantillons, qu'on étalera et déploiera convenablement, à l’aide d’une aiguille ou d’un petit stilet, sur un carré de papier blanc mouillé que l'on retirera adroitement du vase pour le soumettre aussitôt à la dessiccation. On observera de renouveler fréquemment l’eau douce, qui se charge promptement des substances salines que l’on y. apporte. Cette manipulation offre peu de difficultés pour les Epider- mées, les Céramiées, les Confervées; mais quand on opère sur des Hydrophytes d’une consistance gélatineuse et. glis- sante comme les Batrachospermes, les Dudresnayes, les Chétophores, etc.; il faut user d'adresse pour empêcher. les échantillons de suivre l’eau sur le plan incliné que lon :est HYDROPHYTES LOCULÉES. 65 obligé de donner aü papier pour le retirer. J'ai vu mon ami La Pylaie employer avec succès le moyen suivant, pour étaler des Batrachospermes et Dudresnayes. Il faisoit sur une table un lit de plusieurs serviettes, au-dessus desquellesil disposoit le papier humecté et mouillé préalablement; alors il déposoit dessus son Hÿdrophÿte, qu'il étoit facile de déployerà volonté: s’il étoit nécessaire, on répandoit çà et là quelques goutte- lettes: d’eau pour faciliter la séparation des ramifications; alors il étoit aisé de placer l’objet dans le papier gris pour en opérer la dessiccation:, C’est ici que la:promptitude est né- saire pour éviter! la décoloration des échantillons. On se sera muni d’une. quantité nécessaire de coussinets de papier brouillard; on les disposera par lits, et on établira une lé- gère compression. 1l suffira d’abord que les objets restent un quart-d’heure ou une demi-heure en presse; on renouvellera le papier qu’on peut faire sécher au soleil ou devant le feu dans l'intervalle, et on laissera les plantes en contact jusqu'à ce que toute leur humidité soit absorbée. C’est seulement la dernière pression qui sera la plus longue et tant soit peu plus forte : de cette manière on peut en une journée dessé- cher un grand nombre d'échantillons, qui seront tous d’un éclat et d’une conservation remarquables. Quelques per- sonnes se servent avec avantage de feuilles de tale pour la préparation des espèces curieuses, ou que l'on veut sou- mettre au microscope. Cette méthode est très-avantageuse etne peut être trop recommandée. .… L'opération que nous venons de décrire ne doit être que secondaire pour le véri- table algologue. Son but est l'étude de l’organisation des êtres qu'il vient de recueillir ; il doit s’occuper de les étudier pen- Méim. du Muséum. t. 16. 9 66 HYDROPHYTES LOCULÉES. dant qu'ils jouissent de la plénitude de leur existence et de leurs caractères. Pour cet effet il soumettra sur le porte- objet de son microscope, et autant que possible, au milieu de l’eau, les objets qu'il a sous la main. Il variera l'emploi des lentilles suivant la grosseur des objets, notera les moin- dres observations qui se présenteront à lui, et fera un dessin ou croquis de ce qui lui paroïtra important ou essentiel. La moindre esquisse faite d’après nature vaut souvent mieux que la description la plus détaillée. Maintenant que nous avons préparé la voie, il sera plus facile d'entrer en matière et de procéder à la reconnoissance et à la description des objets qui nous occupent. HYDROPHYTES LOCULÉES. 67 EE PREMIERE FAMILLE DES ÉPIDERMÉES. La dénomination annonce déjà que les Hydrophytes qui compo- sent cette famille, sont composées d’une membrane externe très- délicate, susceptible d’être détruite, et qui est la cause de la colora- tion dont elles jouissent. En cela elles ressemblent à beaucoup d'Hy- drophytes illoculées, principalement à certaines Floridées, dont elles ont aussi le port; en outre, elles jouissent d’une consistance un peu ferme, approchant de la cartilagineuse. Mais la fronde est orga- nisée d’une manière différente. Elle est d’abord distinctement cloi- sonnée ; la substance compacte dont elle est composée enveloppe dans chaque segment une ou plusieurs locules fixes, plus ou moins distinctes , dont la partie externe, revêtue d’un épiderme coloré, constitue la surface du segment. Si par le frottement, ou par quel- que accident, l’épiderme vient à être enlevé, le segment paroit seu- lement opalin et presque opaque. On ne distingue véritablement sa composition qu’en exposant au microscope une coupe perpendiculaire et mince de la plante. Il paroît probable que les locules concourent encore à la coloration par un agent autre que leur propre substance, et qu’elles renferment dans leur intérieur un liquide teignant; car il n’est pas possible d’expliquer autrement que par l’extravasion d’un liquide quelconque, les maculatures que l’on voit se former journellement sur les papiers qui servent à préparer des échantillons de ces plantes. La substance compacte et opaque, interposée entre les locules, s’oppose pour l'ordinaire à toute espèce de changement de leur part, et semble être un aggrégat de molécules cellulaires, qui “‘interrompent toute communication entre elles. Telles sont les consi- 68 HYDROPHYTES LOCULÉES. dératious sur lesquelles j’avois insisté dans mon premier Essai, pour réunir, comme ci-après, les différens genres qui offrent ce caractère commun. Îl paroît que dans un recueil publiérécemment, on n’a pas trouvé ces caractères assez exclusifs, et qu’on a regardé la présence de l’épiderme comme de nulle importance, puisqu’on n’en fait point mention. On à jugé convénable de composer seulement une famille sous le nom de Céramiaires, dans laquelle on comprend mes deux coupes. Voyons sur, quelles raisons on peut fonder cet amalgame. Il est vrai que dans les Epidermées et les Céramiées , la locule se pré- sente sous.la même forme de petits tubes colorés par intermède. Mais quelle différence d’abord dans leur répartition? Dans les premières, ceux-ci se montrent multiples dans un ordre parallèle et symétrique, autant de fois que l’épaisseur de la fronde permet leur développement ; le tissu de même nature, qui les sépare perpendi- culairement, fait encore l'office d’articulation et les séparehorizontale- ment en segmens distincts. Des capsules externes el des gemmes innées dans les sommités se trouvent simultanément dans les mêmes genres. Rien de cela dans les Céramiées. Il est vrai qu'on ne veut pas ad- mettre cette dioïcité qui n’a répugné ni à Roth, ni à Mertens, non plus qu'à Agardh et Lyngbie. Est-ce simplifier l'étude de la science que de reléguer dans des genres différens des indiyidus pourvus de tous les mêmes caractères, par la raison seule que l’un est capsulifère, et l’autre gemmifère? La nature n’offre-t-elle pas con- tinuellement ce luxe de reproduction dans un grand nombre de pha- nérogames que l'on n’a jamais été tenté de rapporter à des genres différens? Ainsi, jusqu'à ce que des preuves nous démontrent la nécessité d’une fusion réciproque , nous nous proposons de réserver pour notre deuxième famille les genres dans lesquels la locule est unique dans chaque segment, les capsules d’une seule forme, et cons- tamment externes. : La reproduction a lien par des séminules renfermées dans des capsules ou des conceptacles qui ne se trouvent pas réunis sur le même individu. HYDROPHYTES LOCULÉES. 69 GENRE Ier, Prnore. Ptilota (x). Syn. alg. et sp. alg Fuci et Plocamii species. Caractère générique. — Fronde surcomposée, plus ou moins comprimée ; rameaux obscurément uniloculés ; fructification double; capsules sombres , homo- gènes ayec ou sans involucre, et capsules purpurines limbées. Avant de connoître le superbe ouvrage de Turner, j'avois eu depuis plusieurs années l’occasion d’examiner soigneusement sur le vivant une des espèces qui seront décrites ci-après. En rapprochant mes observations de celles qu’on trouve dans les Catalecta botanica de Roth sous le titre de Ceramium plumosum, je n’hésitai pas à séparer ce genre des Floridées , avec lesquelles il a véritablement beaucoup de rapport. Je suis donc étonné qu’Agardh, apres avoir pu s'assurer dans l’Historia Fucorum de l’algologue anglais , de l’organisation bien certainement articulée de ses Ptilota, les ait, dans son Species Algarum, conservées parmi les Floridées. Déjà il avoue son rapport avec ses Æutchinsta, et son éloignement de tous les genres par son fruit particulier. Après nous être convaincus de la présence d’un épiderme , de la division de la fronde en seomens uniloculés, nous nous croyons fondés à ranger les Ptilotes dans la famille des Epidermées, avec lesquelles une de ses fructifications à organisation uniloculée achève de les identifier. On trouve ces plantes dans la mer. 1. Prinote PLUMEUSE , fig 1. Piilota plumosa. Ag. syn. et sp. alg. Fucus plumosus, Huds. F1. angl. p. 587. Turn. Hist fuc. tab. 6o.— Ner. brit. frontisp. (non Floræ Gallicæ). Plocamium plumosum, Lam. ess. p. 5o. / ' Fronde filiforme , comprimée, rameuse, décomposée , ailée; rameaux et ailes opposés , ainsi que les pinnules , qui sont presque rondes et entières. Quand on examine attentivement les plantes admises par. Agardh et Lyngbie, sous le nom de Fucus plumosus, on peut soupçonver qu’il y a entre elles des dif- férences peut-être suffisantes pour en faire plus que des variétés. Je me contente — : (:) Du mot grec 7sa0v, plume. 70 HYDROPHYTES LOCULÉES. donc de citer les figures données par Stackhouse et Turner, qui représentent tres- bien l’espèce qui se trouve en France. Elle paroît croître sur les rochers sous-marins, et n’étre apportée sur la côte que par les marées , ou après les coups de vent. Elle croît en petites touffes hautes de quatre à cinq pouces (deux décimetres), d’une couleur rougeâtre, dont les détails sont bien distincts, même à l’œil nu. Ces frondes, d’une consistance cartilagi- neuse, sont filiformes, comprimées, se divisent dès la base en rameaux peu nom- breux, distiques , ailés, longs d’un à deux pouces, inégaux, qui projetent des ailes opposées, inégales, longues de quatre à dix lignes, sétacées, légèrement renflées dans leur milieu, un peu amincies aux deux bouts, garnies de pinnules tres- courtes, disposées dans le même ordre, presque rondes et constamment entières sur leur longueur. Dans leurs intervalles, se trouvent des pédicelles de la même longueur, mais plus minces qu’elles, surmontés par des capsules visibles à l'œil nu, brunes, entourées d’un involucre à quatre ou six divisions, qui persistent après la destruction des capsules et la dispersion des semences. On trouve aussi sur le sommet des pinnules des capsules rondes sans involure. Le microscope fait decou- vrir dans l’organisation des ailes des locules distinctes plus larges que hautes, et séparées par des intervalles transparens. Je n'indique son existence et son habitation que sur l’autorité du célebre algologue Lamouroux. Il nva dit qu’on trouvoit quelquefois notre Ptilote sur les côtes de Normandie. Je soupçonne que la plante indiquée par M. d’Orbigny, dans le golfe de Gascogne, appartient à la suivante. (w s). Observation. — J'ai exclus de ma synonymie la citation de la Flore française, depuis qu’en visitant l’herbier de M. De Candolle, déposé au jardin des Plantes de Paris, je n’ai trouvé sous ce nom ‘qu’une variété du Gelidium corneum de La- mouroux, Figure d’après Turner. 2. Prirore ÉLÉGANTE. Ptilota elegans. B°. Puülota plumosa var. y, tenuissima, Ag. sp. alg. p. 386. Fucus pectinatus, Gunn. Jior. norw. 2. p. 122 tab. 11, f. 8? Plocanium elegans. Lam. ined: Fronde filiforme, arrondie , surcomposée , tres-rameuse, ailée; ailes capillaires à pinnules presque crénelées; segmens aussi longs que larges. Agardh regarde la présente comme une pure variété de son Prilota plumosaæ; mais ayant eu l’occasion de l’examiner vivante et de la décrire dans cet état , je présume que l’on peut en faire une espèce distincte. Elle croît en toufles sur les rochers qui la découvrent seulement lors des grandes marées, à l’abrid’Hyÿdrophytes HYDROPHYTES LOCULÉES. ji ‘ “loculées, plus larges et plus fortes, qui la préservent du choc des flots et de la trop grande influence de la lumière Fixées plusieurs ensemble sur un petit disque, les frondes s’élevent jusqu’à trois et cinq pouces (1 à 2 décimètres) de longueur, en forme de petits arbrisseaux d’un aspect charmant, lorsqu'ils sont étalés sur le papier, et d’une couleur pourpre foncé qui s’éclaircit seulement dans les sommités desailes. Elles sont d’une consistance cartilagineute et souple, filiformes , hérissées dans le bas de rudimens brisés; des cloisons se font déjà remarquer dans leur longueur ; elles se divisent en rameaux sétacés, écartés, alongés, alternes, iné- gaux, de forme lancéolée, obtuse , plus touffus dans leur partie supérieure; ils se sous-divisent quelquefois de nouveau et de la même manière : tous sont garnis dans leur longueur d’ailes capillaires, opposées ou quelquefois alternes pour la destruc- tion d’une autre qui lui étoit opposée. Ces ailes, visibles seulement à la loupe, longues d’une demi-ligne , sont inégales , s’amincissent vers leurs sommets , sont courbées en haut, de forme un peu rhomboïdale, obtuse , èt portent des pinnules rondes , disposées en dent de peigne , plus courtes et plus minces que dans l’espece précédente , inégales dans leur longueur, un peu aiguës àu sommet, avec une apparence de crénelure sur les côtés. Entre ces pinnules sortent des pédicelles de leur longueur, terminés par quelques filamens en forme d’involucre, qui envelop- pent une capsule brunâtre, sessile, ronde, sombre , ombiliquée, pleine de sémi- nules brunâtres. En outre, on remarque également le long de ces’ pinnules ou à leur sommet d’autres capsules seulement visibles au microscope, quelquefois nom- breuses du même côté, sessiles, rondes, uniloculées , à limbe transparent, pourpres dans le centre. Les segmens sont dans les rameaux sombres, égaux au diametre, et présentent un carré rose dans le milieu, lorsque la locule se contracte ; ceux des ailes sont transparens. J'ai trouvé la plante fructifiée au mois de juillet. En séchant elle adhère au papier et se comprime légèrement. La lettre E de la figure donne la représentation d’une portion d’aile vue au microscope. On la trouve à Brest, Penmarck , Saint-Pol-de-Léon, l'ile de Sein. M. Rouillé m'en a envoyé des Sables d'Olonne; MM. La Pylaie, de Brébisson fils, Lamou= roux l'ont également recueillie dans la Manche (v v). Observation. — La figure de Gunner, dans sa Flore de Norwége, donne par- ‘faitemient le port de notre plante; mais comme elle manque de détails grossis soit à la loupe ou au microscope, et que je n’en possède pas d’échantillon, je l'offre avec doute. 72 HYDROPHYTES LOCULÉES. GENRE IL. GRAMME (1). Grammita. B. Ceramii species, Roth; Conferva Dilw., Hutchinsia, Agardh. Caractère générique. — Fronde presque compacte, multiloculée , sillonée ; fruc- tification au moins double, consistant en capsules sillonnées et en conceptacles innés dans les segmens des ramules ; les sommets souvent fibreux. Le nom d'Hutchinsia imposé à ces plantes par le professeur Agardh dans son Synopsis et dispositio algarum, ayant été consacré par Robert Brown à un genre de la famille des Cruciferes, et adopté par M. De Candolle dans son Systema natu- rale regni vegetabilis, j'ai cru nécessaire d’y substituer une dénomination carac— téristique tirée de son organisation externe. C’est à M. De Candolle, de concert avec M. Alex. Brongniart, que nous devons les premières notions sur la structure interne des Graminites. Dans une notice insérée en 1799 au vingt-deuxieme Bulletin des Sciences, par la Société Philomathique, après avoir exaininé l’anatomie des Fucws serratus et Plocamium de Gmelin , il s’occupe de celle de la Conferva elongata d'Hudson, et y reconnoit « un canal longitudinal, quatre autres placés à l’entour, « d’autres plus petits placés dans l'intervalle. Ces canaux sont coupés d’espace en E espace, et sont peut-é être les animalcules de Girod-Chantrans. » Cette decou- verte paroit ètre restée inconnue aux botanistes qui se sont occupés de la descrip- tion des plantes marines, ou n’est pas rapportée à leurs auteurs. On n’est pas peu surpris que Dillwin ne fasse, dans son introduction, aucune mention des bota- nistes français. Sowerby donne des détails semblables dans l’Ænglish botany, ‘dans sa table 2429 ; sous le titre de Conferva elongata. 1] est facile de les répéter, et on ne tarde pas à reconnoître que cette organisation existe dans un grand nombre d’espèces, qui, possédant en outre d’autres caractères communs, méritent bien de former un genre distinct aux dépens des Ceramium de Roth, cet assem- blage de plantes si étrangeres les unes aux autres. Le Grammites sont presque toutes d’une consistance un peu cartilagineuse, surtout dans le bas des tiges. Leur fronde, vue à la loupe, paroît parcourue par des sillons perpendiculaires , plus ou moins nombreux, contigus , ou espacés par des intervalles un peu clairs. Ces sillons sont presque continus dans le bas des tiges, et séparés ensuite par des intervalles incolores, presque opaques. Ils sont formés à ——— (1) Du mot grec pæpwn, ligne. HYDROPHYTES LOCÜLÉES. 73 par plusieurs locules accolées et. réunies autour d’un canal médian, et les inter- valles sont remplis par un tissu cellulaire, ou mutilage compacte qui sert de char- pente à la plante. Ces locules, dont la membrane est colorée, s'élèvent jusqu’à la surfaceextérieure, où elles font la fonction d’épiderme. Le frottement ou toute autre cause peut l’érailler, et alors la fronde paroît seulement opaline. Le nombre des Jocules est variable suivant les espèces, et n’est pas aussi grand dans les ramules que dans la fronde principale. L’adhérence qu’elles ont entre elles , et la ténacité du mucilage ne les rendent pas susceptibles d’une contraction bien sensible. Cependant on en distingue une légère dans les espèces délicates, telles que les Grammites étalées, et qui, dans leur état d’intégrité, semblent lisses , et laissent ce- pendant bientôt apercevoir des sillons par la contraction de la paroi des locules. La coloration de ces locules paroît dépendre! d’un travail secondaire dans leur développement. Je fonde mon opinion sur ce que, dans les prolongemens fibreux qui terminent les rameaux et les ramules de plusieurs espèces de Grammites, on voit la base de ces fibrilles en partie colorée, tandis que plus haut elles sont opa- lines. Cette disposition de locules dans un même segment, est interrompu à des intervalles constans, par une cloison hyaline, opaque, due à la substance gélatineuse pure. Tel est l’état de la plante dans une partie de son développement; mais lors- qu’elle est parvenue au dernier terme, elle se couvre de fructification. Celle-ci paroît sous deux formes différentes : tantôt elle est extérieure , et consiste en cap- sules de consistance un peu mucilagineuse, d’apparence réticulée-sillonnée, renfer- mant des séminules qui s’échappent ou par la rupture de l'enveloppe ou par un ombilic terminal ; tantôt les séminules sont innées, en manière de conceptacle, dans le segment lui-même, vers le sommet des rameaux et des ramules , et leur donnent une apparence moniliforme. C’est de cet état que Bory veut faire un genre sous le nom de Brongniardelle. Comme les sommets des ramules qui offrent ces conceptacles sont ordinairement tronqués, et terminés ou hérissés par des prolongemens fibreux tres-déliés, presque hyalins, je suis porté à croire qu'ils proviennent des séminules renfermées dans ces conceptacles. J'ai également observé sur des individus distincts, dans les Grammites varec et trompeuse des agglomérats de granules colorées, disposées en forme de chaton, d’épi sessile ou pédicellé. J’en ignore l’usage. La texture de ces plantes leur donne une certaine ténacité qui leur permet de ” résister à la violence des flots au milieu des écueils. Leur durée est de quelques mois. On ne les rencontre que dans les eaux salées. Elles ne sont pas proprés aux seules mers de l’Europe. J’en ai-vu d’inédites dans les herbiers, provenant de la Nouvelle-Hollande, du cap de Bonne-Espérance , etc. Dans le même genre pour- ront être comprises les ÆZutchinsia implicata, fibrillosa, lepadicula de Lyng- Mém. du Muséum. t. 16. 10 74 HYDROPHYTES LOCULÉES, bye, érpansa ; divaricata et aculeata d’Agardh , en reportant ailleurs ses coc- cinea et arbuscula dont l’organisation est différente, Observation, — D'après les raisons que j'ai développées dans mes considérations sur les Épidermées, on voit pourquoi je n’adopte pas le genre Gratelupelle de Bory; caractérisé uniquement par des capsules sessiles , nises Bicarpelles, qui sont une répétition de notre vrai caractère générique. * Fronde surcomposée. 1. GRAMMITE FoucèRE. Grammita filicina. B°. Hutchinsia mostingü. Lyngb., p. 116, taù. 36. Fronde sétacée, presque cartilagineuse, tres-rameuse, deux fois ailée, distique; rameaux et ramules rapprochés, redressés , alternes ; segmens à sillons tortueux, égaux au diamètre. Cette espèce, peu commune, paroît habiter sur les rochers sous-marins , ou sur les Laminaires, et y former de petits arbrisseaux hauts de douze à quinze lignes ( trois à quatre centimètres), d’une couleur rose ou pourpre qui passe au brun- noirâtre. Réunies plusieurs ensemble sur un point calleux , les frondes, d’abord sétacées, s’'amincissent vers leurs sommets, sont presque opaques, se divisent des la base, à chaque segment, en un grand nombre de rameaux de forme rhomboïdale, iné— gaux, alternes, ainsi que les autres sous-divisions , d’abord simplement ailés , puis deux fois dans des ramules serrés, rapprochés, redressés , décroissans ainsi que les pinnules, qui sont amincies , aiguës et roides. La fructification avoit éehappé à Lyngbye; j'ai eu le plaisir de trouver des conceptacles innés dans les échantillons que je recueillis en juin 1821. Les segmens, peu apparens dans les frondes, sont un peu opaques ; parcourus par une ou deux lignes tortueuses, fort bien représen- tés dans la figure de Lyngbye; ils sont plus courts que le diamètre dans les frondes, et l’égalent dans les rameaux. La plante devient d’une consistance un peu ferme par la dessiccation,, et adhère foiblement au papier. Je l’ai trouvé à Combrit, Penmarck , implantée sur le stipe d'une Laminaire digitée, rejetée sur le rivage ; M. de Brébisson fils me l’a envoyée du Calvados; M. Tilette-Clermont l’a recueillie dans la Méditerranée, à Marseille, au mois d'avril (v »). HYDROPHYTES LOCULÉES. 75/: 2. GRAMMITE ROIDE. Grammita rigidula. Br. Conferva parasitica, Huds., p.60f.— With. 4, p.142. Hall. 336. — Dillw., Syn., ne. 166.— Engl. bot., tab. 1429. Fronde cartilagineuse , sétacée, roide, rameuse, presque deux fois ailée ; ailes à pinnules alternes, égales; segmens nébuleux, plus courts que dans l’autre. Var. 8 plus grande. 8 Major. Elle croît sur les rochers et les varecs en touffes nivelées ; de la longueur de trois à six pouces (un à deux décimètres). Les frondes d’une couleur brune on livide; sélacées, cartilagineuses, réunies par un point calleux, jouissent d’une certaine roideur. Elles sont garnies, dans leur longueur, de rameaux nombreux, longs d’en- viron deux pouces (six centimètres) , alternes, inégaux , redressés, une ou rarement deux fois ailés, partagés en segmens nébuleux, plus largesque longs. Les pinnules sont d’égale longueur , roïdes, amincies à leurs sommets, qui sont quelquefois terminés par des filamens courts, touffus,, tres-déliés ; elles portent des capsules oblongues, ponctuées , presque opaques et pédicellées. Cette plante passe au noir en desséchant, et n’adhère au papier que d’une manière foible. Elle se rencontre depuis le mois de mars jusqu’en août à Penmarck , Brest, les îles de Sein et d'Ouessant, à Combrit et Saint-Pol-de-Léon dans le Finistère ; dans la Manche , MM. Lamouroux, Tilette-Clermont , Le Normant:; M. Bouchet dans la Méditerranée vis-à-vis Brescou |» v). La varieté 8 est plus grande dans ses parties; ses rameaux sont moins redressés ainsi que ses pinnules, dont la longneur dans les ailes est inégale. Elle croît à Com- brit (Finistere). Observation. — J'ai cru devoir changer l’épithète de parasitica imposée par Hudson , comme présentant une idée fausse, et en ce qu’elle porte une dénomina- tion applicable à un grand nombre d'Hydrophytes qui sont implantées les unes sur les autres. : 3. GRAmmITE DE WuLren. Grammita Wulfenii. B. Fucus fruticulosus. Turn. Syn., p. 394. Esper. icones fuc. tab. 87, fig. sinistra. — Wulf. cryp. aq. p. 56. Engl. bot. tab. 1686. — Céramiun Wulfeni Roth., Cat. bot. 3, p. 140.— Conferva nigra Huds. 595? With. 4, 131. — Hut- chinsia Wulfenüi. Agardh. Disp. univ., p. xxwi.—Ceramium crispum. Draparn. Herb. Mus. Paris. Fronde sétacée inférieurement , cartilagineuse, très-rameuse; rameaux surcom- posés ve pinnules recourbées; segmens nébuüleux, plus courts que le diamètre. 76 HYDROPHYTES LOCULÉES. Elle a le port d’un petit arbrisseau touffu, haut de quatre à cinq pouces (un décimètre). Fixée sur les varecs par un point calleux, la fronde d’abord sétacée, puis amincie, obscurément articulée, se partage, dès la base, en un grand nombre de rameaux alternes, ainsi que les autres sous-divisions; vagues, inégaux, garnis de ramules écartés ; longs de deux à trois lignes, surcomposés , dont les pinnules sont recourbées lorsqu'elles sont stériles, et se garnissent de petites touffes filamenteuses, roussâtres ; mais lorsqu'elles deviennent fructifères, elles s’alongent , deviennent droites , et donnent à la plante un aspect presque différent. Elles sont alors garnies de petites capsules seulement visibles à la loupe, rapprochées , sessiles , propres. Des articulations peu apparentes, fasciées, partagent la fronde en segmens nébu- leux, réticulés, plus larges que longs , seulement visibles dans l’état de fraicheur. Alors la plante est d’une couleur olive-jaunâtre qui passe au noir par la dessiccation. Elle ne se fixe sur le papier que dans sa jeunesse. Elle est très-commune dans l'Océan, la Méditerranée, et se rencontre toute l’année. Je l’ai aperçue fructifiée en janvier, mai (vw). #*+, Rameaux vagues. 4. GRAMMITE NOIRCISSANT. Grammita nigrescens. B°. Conferva nigrescens Dillw. Syn., p. 81, n°. 155? — Engl. bot., tab. 1717. — Huds., p. 602. — FPith. 4, p. 141. — Hull. 334. Fronde cartilagineuse, filiforme, roide, roussâtre, tres-rameuse; rameaux alonges , garnis de ramules alternes, redressés ; segmens une fois et demie plus longs que larges. On trouve ici de l'obscurité dans la synonymie pour mettre d'accord Dillwin et les auteurs de l’English botany. Smith cite Hudson , tandis que Dillwin l’exclut et transporte ailleurs sa synonymie. Cette dissidence ne peut être conciliée que par des échantillons authentiques, provenant de l’herbier de l’auteur du Flora anglica. Cette tendance à passer au noir ne peut servir à donner un caractère spécifique propre et exclusif, vu qu’il est commun à diverses Hydrophytes. Nous l’admettrons cependant, pour ne pas trop multiplier les innovations , mais sans fonder sur cette considération les vrais signes de reconnoiïssance. Notre Grammite forme sur les rochers des touffes longues de quatre à six pouces (un à deux decimètres), d’une couleur roussâtre qui passe promptement au noir par la dessiccation ou l’exposition à l’air. Les frondes , réunies plusieurs ensemble par une attache calleuse, s’amincissent graduellement, et offrent des traces peu sensibles de cloisons et de segmens. Dans leur longueur, elles poussent des HYDROPHYTES LOCULÉES: 99 rameaux nombreux, inégaux , sétacés, redressés à angle aigu , alternes ainsi que les ramules, qui sont capillaires, roides | acuminés, quelquefois bifurqués, souyent fibreux À leurssommets, l’un et l’autre partagés par des cloisons linéaires et colo— rées en segmens, une fois et demie plus longs que larges. La fructification consiste en capsules ovales, obtuses , réticulées, presque opaques, qui semblent un peu pédi- cellées, parce qu’elles reposent sur un commencement de ramule. La plante con- tracte peu d’adhérence avec le papier. Je l'ai trouvée à Brest en novembre , à Penmarck en mars, à l'embouchure de l'Odet près Quimper, en juin ; M. Bé- langer à Calais, MM. Le Normant et de Brébisson à Saint-Malo (vv). Observation. —Il est tres-facile de la confondre ayec la Grammite fucoïde, si on ne considère pas que cette dernière a un port plus touffu , que sa consistance est plus souple, sans roideur dans ses ramules qui sont lâches , et que la couleur est pourpre-noirâtre au lieu de tirer sur le roux. L’Hutchinsia. nigrescens de Lyngbye me paroît différente. 5. GRAMMITE À conets. Grammila urceolata. Br. Conferva urceolata. Dillw. Syn., p.82. Suppl. tab.G.—Nigrescens Huds. 602? — Urceolata Engl. bot. , tab. 2365. — Hutchinsia urceolata, Ag. Disp. univ: p: 26. Fronde presque cartilagineuse, pliante, sétacée, très-rameuse ; rameaux alongés; vagues , alternes, ainsi que les rameaux ouverts; segmens trois fois et demi plus longs que larges. 8 Plus délicate. 8 Tenerior. Sous quelques aspects , la Grammile à godets se rapproche des Grammites noir- cissant et fucoïde: mais l'absence de roideur dans la fronde et les rameaux, une épaisseur moindre dans les parties, jointes aux proportions différentes dans les segmens , servent à l’en séparer. Elle croît sur les rochers en buissons touffus, longs souvent de quatre à six pouces (un à deux décimètres), formés par la réünion de plusieurs individus. La fronde , fixée par un point calleux, varie de grosseuret de consistance , tantôt fili- forme , tantôt sétacée , mais loujours d’une consistance souple et pliante dans sa longueur; elle est obscurément cloisonnée ; les segmens , d’abord peu distincts ; deviennent ensuite trois fois plus longs que larges ; ca et là sortent des rameaux vagues , inégaux, longs de un à deux pouces (cinq à six centimetres), sétaces , fournis de ramules courts , assez abondans , ouverts, dont les sommets sont aigus, souvent fibrilleux , et partagés par des segmens d’un pouce et demi plus longs que 78 HYDROPHYTES LOCULÉES. largés. Les ramules qui portent les conceptacles sont un peu tortueux, renflés sur- tout dans le lieu où sont insérés, ces derniers, puis ils sont resserrés et s’amincissent vers le sommet. Les capsules qui manquent dans les échantillons que j'ai à ma disposition ou recueillis sont, d’après la figure de l’English botany, sessilesle long des ramules , d’une forme ovale, renflée au centre, tronquées,et comme crénelées au sommet; des séminules arrondies, disposées en séries, perpendiculaires, dis- tinctes , sont renfermées dans l’intérieur. La couleur ‘de la plante est, dans la plante «, livide, pourpre-brun dans la variété 8; toutes deux passent au noirâtre. La première adhère lâchement au papier, tandis que l’autre s’y fixe assez étroitement. J’ai trouvé l’une et l’autre à l'embouchure de l’Odet, dans les mois de juin et juillet; La Pylaie l’a recueillie à Cherbourg en juin, M. Le Normant à Saint-Malo (vs). Observation. — J'ai sous les yeux un échantillon de l’Hutchinsia urceolata de Lyngbye, qui me paroît une espèce différente, et ne peut se rapporter à la véritable Conferva urceolata, dont je possède des types provenant du savant professeur Mertens. 6. GRAMMITE 4 spires. Grammita spirata. B. ES Conferva nigra. Huds., p. 595.—Dillw. Syn., p. 86, n°. 62. — Airo-rubescens. Dillw. , tab. 7o. Fronde sétacée , dichotome et rameuse, veinée en spirale ; rameaux et ramules alternes, segmens deux et six fois plus longs que larges. 8 Fasciculée. 8. Fasciculata. Conferva nigra, Eng]. bot., tab. 2340. Cette espèce n’est pas la seule qui prenne une couleur noire, soit par l’exposition 4 l'air ou la dessiccation : aussi j'ai cru préférable de tirer son caractère des veines en forme de spirale que l’on remarque dans sa longueur. Elle croît sur les rochers en touffes de quatre à cinq pouces: (un décimètre). Les frondes, réunies plusieurs ensemble par des points radicans, sont de la grosseur d'une soie , d’un pourpre foncé on brunâtre, passant facilement au noir ; des veines tordues commeten spirale sont séparées par des cloisons incolores, un peu opaques, ét forment des segmens qui sont d’abord deux fois, puis cinq et six fois plus longs que larges, et seulement une fois ou une et demie dans les sommets qui sont tou- jours amincis en pointe; dès la base, les frondes se partagent en rameaux ou dichotomies dressées à angle aigu , écartées , alongées, garnies de ramules courts, longs de deux à trois lignes (six à sept millimètres) écartés, amincis aux deux bouts. isolés. ou réunis en faisceau comme dans la variété 8, et Seulement acu- HYDROPHYTES LOCULÉES. 79 |: minés au sommet. Outre les conceptacles,:on rencontre des capsules visibles à l'œil nu, rondes, réticulées, tantôt sessiles et accompagnées d’une espèce de bractée, ou portées sur un filament long d’une ligne. Cette plante est d’une con- sistance membrano-cartilagineuse qui ne lui permet de se fixer très-étroitement sur le papier, surtout sion ne la comprime pas un peu en-la préparant. J’ai ren- contré fructifiée la plante « à Penmarck dans le mois-de juin ;elle a été recueillie à Saint-Pol-de-Léon par M. Dudresnay; aux îles Chausey, à Cherbourg et Granville par La Pylaie ; sur les côtes du Calvados, par le professeur Lamouroux; de la Seine- Inférieure, par M. Gaillon (sv). Observation. — Je doute que la plante d’Agardh et de Lyngbye soit la même que celle des auteurs anglais et la mienne; le premier auteur ne fait point men tion du caractère si tranché des veines torses, assigne une longueur moindre aux segmens, et dit les ramules pinnés, ce que je n’ai vu dans aucun des échantillons que je possède. Les miens sont semblables à ceux que je tiens de la bienveillance du docteur Mertens. » 7. Grammite DE BroDE. Grammita Brodiæi. Bn. Conferva Brodiæi. Dillwin, tab. 107, Syn. , n°. 153. — Engl. bot.; tab. 2589. Hutchinsia Brodiæi, Lyngb., p. 109, tab. 33 (excl. Syn. Ducluzei). Fronde filiforme un peu cartilagineuse, tres-rameuse, presque continue; rameaux alternes , inégaux , ouverts, alongés, garnis de ramules fasciculés , multi- fides , dont les segmens veinés sont un peu plus longs que larges. C'est une jolie espèce d’un brun-rouge , qui, dans sa taille et son organisation, a beaucoup de rapports avec la Grammite alongée. ... D'une petite plaque fixée sur les rochers sortent plusieurs frondes de la grosseur d’une petite ficelle dans presque toute leur longueur, qui est de huit pouces à un pied (deux à quatre decimètres). Elles sont obscures ; de consistance un peu ferme, comme ponctuées, interrompues par de petites élévations qui représentent les cloisons , et n’offrent distinctèement de sezmens que dans les sommités. Les rameaux sont nombreux, alongés ; flexueux ; inégaux, vagues, quelquefois longs de cinq à six pouces ( ün décimètre) , s’amincissent vers le haut, sont garnis de ramules alternes, épars en faisceau , multifides, capillaires, longs de six à huit lignes (un à deux centimèëtres), dont les dichotomies sont acuminées, partagées par des cloisons élevées en seg- mens veinés, un peu plus longs que larges. Ces filamens, lorsqu'ils ne sont pas pourvus de conceptacles, portent des capsules visibles à l’œil nu, de la grosseur d’une graine de moutarde, sessiles , d’une couleur pourpre. Ellé adhère au papier. 80 HYDROPHYTES LOCULÉES. Cette espèce paroît peu commune. Elle m’a été communiquée par mon ami La Pylaie, qui l’a recueillie dans les îles de Sein et d'Ouessant au mois de septembre. M. Dudresnay l’a vue à Saint-Pol en mai; M. Bélanger m’en a donné un échan- tillon (pv). Observation. — La figure de Dillwin représente la plante vivante étalée, tandis que celle de Lyngbye est faite probablement d’après le sec. C’est à tort que le dernier auteur a donné pour synonyme le Ceramium granulatum de Ducluzeau, dont je possède des échantillons authentiques, et qui appartient au genre Gaillona: 8. GRAMMITE ALONGÉE. Grammita elongata. B. Conferva elongata, Huds., p. 599. — Dillwin , tab. 33, Suppl. , tab. G.— Engl. bot., tab. 2429.—Ceramium elongatum, Roth., Cat. bot. 3, p. 128.— De Cand: FL fr. 2, p. 44. (excl. syn.)— Lyngb., p. 117, tab. 66 D L. — Hutchinsia elongata, Ag. syn., p. 54. Fronde épaisse, cartilageuse, très-rameuse et dichotome; rameaux alongés, vagues, écartés, garnis de ramules presqu’en faisceau ; segmens réticulés et veinés, plus courts de moitié que leur diamètre. & Dénudée. 8 Ramis deperditis. Fucus diffusus, Huds. 589.—Tr. lin. Societ. 3, p- 197.— With. 4, p. 112.— Ner. Brit., tab. 16. 4 D'un point calleux, élargi, implanté sur les rochers, partent , souvent à la longueur de douze pouces (trois décimètres), plusieurs frondes de la grosseur d’une ficelle, colorées d’un pourpre-noir à leur base , coriaces , rameuses et puis dicho- tomes, presque sans apparence de cloisons inférieurement ; elles se divisent en rameaux pourpres , alternes, alongés, écartés, souvent un peu nus à leur base, amincis vers le haut, réticulés-veinés, garnis de ramules également alternes, courts, presque capillaires, approchés, redressés, acuminés, partagés par des cloisons déhiscentes et transparentes en segmens veinés de moitié plus larges que longs. Ces ramules ne sont nombreux que dans l’état d’accroissement de la plante; (Stackhouse prétend le contraire dans sa Néréide britannique) ; ils tombent en grande partie. Les frondes et les rameaux deviennent presque nus Jorque les fruc- tifications paroïssent (et c’est , dans cet état , le Fucus diffusus des auteurs anglais). Celles-ci consistent en capsules rondes, de la grosseur d’une graine de moutarde, réticulées, sessiles et éparses le long des rameaux. J’ai en outre observé, dans le mois de mars, sur les rameaux, des toufles tres-fugaces de petits filamens courts, subulés, contenant des conceptacles dont Dillwin faitaussi mention dans son Synop- HYXDROPHY TES! LOCULÉENS. 8r sis, et.qu'il figure, en,G dans: ses figures supplémentaires. La plante ‘acquiért une couleur, foncée en ;croissant , ainsi que; parila, dessiccation; elle n’adhérelau'papier que par.les sommités de, ses rameaux: On la trouve fructifiée ‘dans les mois de miars, aynil, Elle est très+commune dans FOcéan,, la Manche ; la Méditerranée (vv): .« Observation, — Lyngbie,ne;me.paroît pas suffisamment autorisé à réunir cetle espèce à ses Ceramiumi, dont. elle, differe trop «évidemment:par ses ramules veinés, la texture de ses capsules, qui ne sont, point .en: outre. entourées: se filämient brac- téalaiess 5 où Lanoitit e2nan so ones Lo ,92bd n| ALES 9. GRAMMITE A CROCHETS. Fregpraite uncinata.. Br. Sp nov. ‘ Fronde sélacée, ‘dichotome, rameuse ; rameaux FR eh et ramules garnis d' espèces de crochets très-courts, simples ou bifides ; segmens PFESAUE: deux. fois plus longs que larges. 4 J'ai trouvé cette espèce flottante au niveau se dernier flot de ji me PEER individus entrelacés ensemble. La. fronde est d’une, couleur rosée, passant au pourpre noir par la dessiccation, sétacée, d’une consistance un, peu, cassante,, longue de six à huit pouces (un décimètre) ; se partage en quelques. dichotomies écarlées, divariquéés, amincies à leurs sommets, et quelques ramules épars, alternes , beaucoup plus courts, tous partagés par des cloisons linéaires en segmens d'une fois et demie ou deux fois plus longs que larges ; le long des dichotomiés et des ramules regnent des petits hameçons longs d’une ligne, simples ou bifurqués , un peu écartés, ge ordre, dans lesquels les. segmens sont moitié, plus «courts que larges. Je n’ai observé aucune fructification dans 1e échantillons que-j'ai observés. La plante adhère au papier. Je lai recueillie au çap Cous dans la‘baie de Ja forêt, près Concarneau (Finistere); M. de Brébisson fils à Saint-Malo, M. Montagne : à Belle-Ile (v v). 4 ” Observation. == ‘Cette “espèce se rapproche beaucoup pour Je port de l’Hutchinsia implicata de Lyngbye ALLOR 440 Lois ve Eli BISSOÏDE, ‘Grammita bissoides. Hi eue # 09 BU: 1 JD E9tS Futs Byssoides, Tr. lin: reg 3, p. 229. 2 Ceramiumn mollé, Roth. Cat. 260.13, pr138: ==Conferva byssoides Dillw. ; tab. 58. L Engl. Bot., fab. 547. —(Excludatur C ‘eramium byssoides Floræ) Gallicæ et'Duclizei, )—Hutchinsia byssoides Ag., Syn. p. 60. Fronde cétacée, légèrement cartilagineuse , très-rameuse ; rameaux et ramules alternes, garnis de petits pinceaux digités. Mém. du Muséum. t. 16. It 85 “HYDROPHYTES LOCULÉÉS. Cette espece croît ordinairement entouffes longües de trois à sept poutes (ui à quatre décimetres), sur les rochers, les pierres, lés vürécs, où elle elle est fixée par un pelit empâtemient discoïde. La délicatesse de ces sous-divisions rend, Son ensemble tres-confus.; et: exigé qu’on en:sépare soïgneuseménit les diverses parties pour,en observer distinctement l'organisation. Lacouleur de la plante est variable, rarement d’un rose clairi; elleaflecte ordinairémént’ufe teinte pourpre, plus ou moins foncéeet brune; qui noïrtib à Vairiét par la déssiécatiôn. La fronde, ôbscuré- ment cloisonnée à la base, est presque cartilagineuse, filiforme, se divise en ra- meaux cétacés, tres-nombreux, rapprochés , alongés, vagues, et dont les infé- rieurs sont ordinairement les plus longs, et acquiérent trois à quatre pouces (ün de- cimèëtre); ils sont partagés par des cloisons relevées, tantôt fasciées, obscures, tantôt transparentes én $égmens une fois et demie et deux fois plus longs que larges, parcourus paf dés veines tortueuses. Chaque segment supporte à son som- met alternativement des ramules capillaires, membraneux, toujours p'as longs qué l’éntre-nœud , pourvus eux-mêmes, dans le même ordre, de pelits pinceaux capillacés, multifides , digités, à divisions divariquées, recourbées en haut, à seprrens transpärens quatré et six fois plus longs que larges. C’est le long de ces divisions que l’on rencontre des capsules ovoides, réticulées, comme mamelon- uéés, pourpres, portées sur uñ léger pédicelle; plus rarement on observe dans certains individus des conceptacles pourpres, plus ou moins nombreux, tels que les figure Lyngbye, tab. 34. La plante exposée à l’action de l’eau douce la colore prôfiptement , et teint également le papier sur lequel on l’étend, et auquel elle adhère promptemént et assez étroitement par ses rameaux. et ramules. Elle est tres-commune sur les côtes de l'Océan et de la Manche, pendant l’été (v v). Obervation. — Je n’ai pas osé rapporter la synonymie de l’Hutchinsia byssoides de Lyrgbie, dont la figure et la description me semblent ne pas convenir dans tous les points à notre plante. Il est fächeux que Lyngbye.n’ait pas figuré la fructification capsulaire de son espèce ; 1l auroit évité la formation d’un nouveau genre Brongniardelle , fondé sur un état diciine, que l’on ne péut conserver d’a- près les raisons énumérées dans l’exposition de la famille. L'inspection de l'her- bier de De Candolle, déposé au Jardin des Plantes de Paris, m'a convaincu que l'espèce decrite dans la Flore française; sous le nom de Céramium byssoides , n ’appartient point à celle que nous mentionnons. Le Ceramium LANGUES de Du- cluseau est pour nous un véritable Cérarmie. HYDROPHYTES LOCULÉES. 83 \:: 114 GRaMMITE sai. Grammita badia. B. Conferva badia. Dillw. Syn. , p. 85, n°. 161. UE tab. G.—Hutchinsia ue Lyngb., p. A7 — Ag. FGUTR 56. ñ “4 Frèude sétacée, un peu membraneuse, tres-rameurse,,' ameade alôngés ;'re- dressés, amincis, féraes ainsi que les de ; pren GRR, six et 22 et démi plus longs PES y SEMR L 4 Presque en faisceau. 8 Subfasciculata, Il existe une certaine affinité entre la présente et la Grammité ä spires, ‘én rai- son de ses veines, qui quelquefois sont un peu torses ; mais la différence de. con- sistance dans la substance, et de proportion dans les segmens les séparent suffi- samment. Diversité dans la taille, la grosseur, la couleur et la longueur des segmens serviront aussi à la distinguer de la Grammite trompeuse. Elle croît sur les rochers en touffes longues de quatre à six pouces (un déci- inètre ), d’une couleur bai, qui, par la dessiccation et dans l’état adulte, passe au Hoirâtre. La fronde, fixée par un point calleux, ‘est sétacée, presque cartilagineuse à la base, obscurément cloisonnée , souvent dénudée; plus haut elle dévient dis- tinctement séparée par des cloisons entr’onvertes en se&mens, dabord une fois et demie, puis successivement jusqu’à six fois plus longs que larges, à! veines quel- quefois un peu torses, et elle se revêt de rameaux alternes un peu séparés, qui s'amincissent, redressés presque perpendiculairement , garnis de ramules capil- laïres, presque membraneux, courts, écartés , acuminés, ou plus ordinairement tronqués à leurs sommets, où les segmens sont un peu plus larges que longs; les ramulés sont aussi quelquefois épars le long de la fronde. La fructification double de s’observe que rarement : elle consiste en conceptacles innés dans les ramules, et en capsules visibles à l'œil nu, presque ovoïdes ; un peu! tronquées à leurs som- mets, pédicellées, ou surmontant le sommet des ramules; quelques semences sont éparses dans leur intérieur. La plante, en raison de sa consistance un peu ferme dans lebas dela fronde 1 se fixe peu sur le papier, tandis que les sommets des rameaux et les ramules y adhèrent facilement. Elle croît à Saint-Pol-de-Eéon, où M. Dudresnay l’a observée fructifiée dans les mois de juin et juillet : La Pylaie l’a recueillie à Saint-Malo. Je la trouve parfaitement ressemblante à un échantillon provenant de Cromér'en An gleterre, et communiqué par le sayant D. Turner au professeur Lamotÿroux. La variété 8 diffère par ses rameaux un peu fascicalés et ses segmens plus longs qu’en #. Je l'ai trouvée dans la rade de Brest (v s). ‘84 AYDROPHŸYTES LOCULÉES. 12. GRANNITE varec, fig. 11 A. Grammita fucoides. Br. ue gd Huds. p.603. — Dillw. tab. 75, Ps 8. = Cyramiun facvides De Cand. FL. fr. 2, p. 44.— Hutchinsia violacea. Me syn. p. 54. (PES PTE s11em). Lyngb:pp. 42, tab:8b;-511 , f 9 &a J9 xie n I LE Fronde d'un violet pourpre, fliforme, presque continue, carlilagineuse, très rameuse et dichotome; rameaux sétacés , à ramules fasciculés, souples; segmens à veines tortueuses , environ un et demi plus sa jo larges; capsules ovales, élargies à la; base. ‘ 8 Epineuse. 8 Spinulosa. Broussonetia ramulosa Gratel. ‘7 Plus mince. y Frondibus minorïbus et tenuinoribus. dDivariquée. d Frondibus subcapillaribus divaricatis. Conferva denudata, Kw. Syn., p. 85, ne. 160. Suppl. , tab. G. Il paroît que, sous le nom.de Ceramium violaceum et de ses variétés, les auteurs ont confondu diverses espèces. Roth, dans ses Catalecta botanica, en lui donnant pour synonyme la. Conferva fucoides d'Hudson, lui assigne pour caracteres des segmens quatre fois plus longs que larges; intervalle qui ne se rencontre pas dans la plante d'Hudson, figurée par Dillwin. Cette remarque n’a pas échappé à Agardh; et comme lui j'ai observé le contraire sur les nombreux échantillons vivans que j'ai examinés. En outre notre Grammite fournit plusieurs variétés ou dégradations dans la grandeur'et la grosseur de ses parties, qu’il faut nécessairement rattacher au type principal, si on ne veut pas se perdre en espèces futiles. Elle croît en buissons épais , de forme obronde, d’une couleur poupre, vio- lette. ou brunâtre, qui passe au noirâtre par la dessiccation. Ils sont formés par la réunion, sur un calus ou écusson , de plusieurs individus longs de quatre à six pouces (un décimètre) dans les plantes «et,8, plus courts dans yet d. La fronde principale , toujours plus épaisse, de la grosseur d’une petite ficelle en «, 8, séta- cée en y, et presque capillaire en d, d’une consistance tenace, va en s’amincissant vers le sommet. Sa partie inférieure, sans apparence de cloisons et de segmens, est opaque, d’une couleur plus foncée, parcourue par un grand nombre de petites lignes tortueuses, comme en zigzag, très-rapprochées, Le long de la fronde règnent des rameaux nombreux, sétacés, alongés, vagues, d’un à trois pouces, partagés par des cloisons larges, transparentes en segmens une fois el demie plus larges, à veines perpendiculaires nombreuses; ces rameaux se dichotoment vers le haut en ramules touffus, fasciculés, souples dans les variétés x et 8, un peu HYDROPHYTES LOGULÉES, 85 roïdes dansila varié +; leurs divisions capillaires sont fourchues , aîgués à leurs sommets; écartées en et divariquées en d, et les segmens sont plus larges que longs ; des:touffes dé fibrilles les surmontent fréqueinment. C’est dans ces ramules - que se trouve la fructification sous diverses formes, presque toujours sur des indi- vidus distincts; tantôt ce sont des conceptacles ronds, tantôt des capsules nom— breuses d'une grosseur assez (forte pour être distinguées à l’œil nu, sessiles on lé- gérement (pédicéllées ,‘ovoïdes!, plus larges à la base, tronquées au sommet, réti- culées, un peu gélatineuses , contenant des séminules qui s’échappent par la rup- ture dé la Capsule où par son sommet. D’autres fois , comme dans les variétés « et 8; ce sont des ‘corps oblongs, en forme de petit épi, où de silique, quelquefois un peu courbés ,,sessiles, semblables à ceux figurés par Lyngbye, tab. 35, A, 3. Ils m'ontparu composés de séminules agglomérées autour d’un ou plusieurs fila- mens transparens qui leur servent d’axe. Elle se trouve pendant l’été à l’embou- chure.de l’Odet (Finistère). J’ai égalemet recueilli la var. d dans le même lieu. M. Lamouroux m’en a envoyé du Calvados, et M. Tilette-Clermont , de Paimpol ( Côtes du Nord) (vv.). 15. GRAMMITE TROMPEUSE. Gramnita decipiens. Br. Ceramium violaceum Roth. Cat. bot. 1, p. 150, tab.8, f. 2. (Malë), 3, p. 150. (Excel. syn.) 8 De deux couleurs. 8 Bicolor. . . .... Conferva fibrata. Dillw. Syn. n°. 159. Suppl. tab! G. Engl. Bot., tab. 2130. 7 Rameaux presque dénudés. y Ramis subdenudatis. Fronde presque cartilagineuse , sétacée, tres-rameuse et dichotome ; rameaux et ramules alternes, alongés, redressés, garnis de ramules fasciculés; segmens quatre et un et demi plus longs que larges. Ce doit être sans aucun doute l’espece que Roth a décrite dans ses Catalecta botanica , sous le nom de Ceramium violaceum, en lui donnant à tort la sÿnonÿ- mie de Conferva fucoides d'Hudson, qui se rapporte à l’espece précédente. Elle croît en touffes d’un pourpre violet, longues de deux à quatre pouces ( cinq à neuf centimètres). Réurmies plusieurs ensemble par un point calleux, les frondes sont à la base sétacées , ordinairement un peu cartilagineuses, säns apparence de cloison.et de segmens, d’une couleur plus foncée ; puis en s’amincissant laissent entrevoir des cloisons qui les partagent en segmens ; d’abord un et demi, puis trois et quatre fois pluslongs, et au sommet un et demi. Les veines sont un peu tortueuses ; les mêmes frondes se partagent en dichotomies ou rameaux alternes, 86 HYDROPHYTES LOCGULÉES: redressés , alongés, capillaires, presque membraneux ,.uulpeu nus dansla var. 8; garnis en « de rameaux fasciculés, disposés dans le même.ordre et la même diree= tion, souvent surmontés de touffes fibrilleuses, Les conceptacles se trouvent dans les ramules plus souvent que les capsules, Celles-ci. sont, sessiles où légerement pé- dicellées , gélatineuses, obrondes, plus larges à la base, obtuses.au sommet. En se déchirant elles donnent issue à des séminules oblongues, presque pyriformes | d’un pourpre foncé. J’ai également vu des petits châtons pédicellés , épars-sur les rameaux et ramules des échantillons capsuliferes. La variété 8 se fait reconnoître par la teinte différente du bas de la fronde, qui est d’un violet pourpre-noirâtre, tandis que le sommet est roussâtre , divisé en rameaux alongés, nus, Le variété 4 se distingue par ses rameaux alongés; nus à leur division, pourvus de ramules fasciculés, Je l’ai trouvée dans la rade de Brest pendant l’été. La plante teint le papier sur lequel on l’étend, et devient d'une couleur plus foncée en se desséchant. Je l'ai recueillie à Penmarck et à Combrit (Finistère), les échantillons à conçeptacles dans le mois de mars, les capsuli- féres en juillet (v v). Nota. Je suis tenté de regarder comme variété une espèce provenant de la Mé- diterranée , désignée sous ie nom de Ceramium flocculosum de Grateloup , qui n’a aucun rapport avec le Cerarmium flocculosum de Roth. 14. GRAMMITE SUBULÉE. Grammila subulata. B. Ceramium subulatum. Ducl. Ess., p. 70. Fronde sétacée dans le bas, dichotome et tres-rameuse; rameaux capillaires, délicats, fasciculés, touffus, à sommets subulés ; segmens une à dix fois plus longs que larges; capsules globuleuses, légèrement pédicellées. 8 Plus grande. 8 Major. Conferva gracilis. Draparn., non Wulfenir. C’est ici l'espèce que j'ai désignée à plusieurs de mes correspondans sous le nom de Grammita lubrica. Mais comme la consistance glissante ne lui est pas exclu sive, je me suis décidé à lui conserver le nom de Ducluzeau, que j'ai trouvé dans l'herbier de mon ami Deschamps, et d’après l’avis du célebre Mertens, à qui j'avois communiqué des échantillons. Avant de procéder à sa description, je me contenterai de dire que l’on ne peut tirer presque aucun profit de celle du botaniste de Montpellier, vu qu'elle n’est nullement caractéristique. On a besoin d’un échantillon autegraphe pour compter sur l’identité. Ayant eu l’occasion de la re- cueillir vivante, j’entrerai dans quelques détails plus positifs. HYDROPHYTES LOCULÉES. 8; Elle croit sur les rochers en petites tonffes d’un pourpre foncé, un peu glissantes, hautes de deux à trois pouces (six à huit centimètres). D’un point calleux com- man s’élevent plusieurs frondes entremélées à leur base, d’un couleur foncée et obscurément articulées à la base; elles, se partagent ên dichotomies. ow rameaux alternes, écartés, qui s’amincissent et -devienrient d’uri, pourpre: plus:-clair qui permet de reconnoître des cloisons transparentes interposees entre des segmens dont la longueur, d’abord égale au diamètre , vient à surpasser graduellement dix à douze: fois la largeur; .ces rameaux,, d’une consistance, délicate, sont vagues, flexueux ; inégaux, capillaires roses, se partagent en ramules. fasciculésyplus rap- prochés , nombreux, à sommets aigus, simples, ou) fourchus ; dont. les’ segmens sont seulement une fois et demie, plus. Jongs.que!langes.. Ces. ramulés sont tantôt gemmiferes ou garnis de conceptacles; d’autres fois on frouve dispersées sur leur longueur des capsales: visibles à l'œil, nombreuses, qui x Vuës at microscope, se présentent sous la/forme deglobules un, peu,transparens,;:muqueux;, subpédicel- lés, qui en crevant laissent échapper es semences irrégulières, d’un violet brun, que j'ai vu donner naissance, à des tubes. articulés; pellucides. J'en ai des échantillons yenant de l’ile d'Ouessant, pourvus de aonçeptacles.. En raison de la consistance gluante d’une partie des.rameaux,.la plañte 1offre des difficultés pour être étalée sur le papier, sur lequel elle s’aplatit én y-adhérant, de manièré à ce qu’on ne peut guère l'en séparer ensuite. Elle teint l’eau.dans laquelle où la laisse séjourner. Je l’ai recueilüie en juin à Penmarck.et à la pointe du raz d’Audierne, sur, les rochers qui se découvrent un. peu lors du flux. La Pylaie me l’a envoyée de l’ile d'Ouessant, et M. Dudrenar de Saint-Pol-de-Léon. Duclugeau l'indique éfene dans la Méditerranée (uv). Je range comme variété en & une plante que j'ai apérçue dans quelques her- biers, sous la dénomination. de: Conferva gracilis-de Draparnaud: Elle. é$t plus forte dans. les proportions de la taille et la grosseur de ses parties. Ses-froddes, dé la hauteur de quatre: à.six pouces, sont filiformes à la: bas, se garnisserit de ra- meaux alterne, rapprochés; trés-touffus , sétacés, quise faccourcissent à mésuré quella fronde s’éleve ,.et offrent par cette disposition. une forme pframidale. Ils s’amincissent ; ainsi. que la fronde principale; en:$e sous-divisant) plusieurs-fois en forme de faisceaux en manière de globule , en faniules! capillaites, nombreux, le long desquels j’ai trouvé réunis des petits corps granuleux;;| ärrondis'; qui sein- blent produire les.filamens fibrilleax que l’où voit dans les sorhmiités; d’autres fois. j'ai aperçu. des gemmes inuées.Je dois cette espèce avec bien;d’autres à labienveil- lance communicative. du colonel. Dudresnay; qui l’a, recueillie à Saint-Pol-de- Léon. M. de Brébisson me l’a envoyée du Calvados (vs). , 88 HYDROPHYTES LOCULÉES. 15. GRAMMITE PEUcÉDAN. Grammila peucedanoides. B,. F . + Fronde presque nivelée; sétacée à la base, dichotome à ‘angle ouvert, s’amin- cissant en rameaux alongés presque égaux, garnis de ramules capillaires, re- dressés ; segmens une à dix fois plus longs que larges. 8 Epaissie. 8 Incrassata. D’après l'inspection que j'ai faite de divers herbiers, je suis porté à croire que, sous le nom de Ceramïum strictum et Conferva stricta , on a confondu différentes espèces. Malgré que la présente ‘m'aitiété désigrée par le savant Mertens , à qui je Vai communiquée sous le nom de Ceramium strictum de Roth, je balance à rap- porter'cette synonymie d’après les différences que l’on verra entre la En 4 ie de l’auteur des Catalecta et la mienne, qui a été faite sur le vivant. Notre plante, fixée par un point calleux sur les rochers ; et les ‘autres Hydro- phytes, offre des touffes presque nivelées, ‘difficiles à débrouiller dans les som- mités ; hautes de quatre à huit pouces (un à deux décimèetres). La fronde, d’abord d’une consistance un peu cartilagineuse et d’une teinte rougeâtre et roussâtre , est sétacée , obscurément partagée en segmens une fois et demie plus longs que larges, se divise à angle ouvert en dichotomies où rameaux alternes ou unilatéraux, rapprochés, d’abord nus; en s’alongeant ils s’amincissent , deviennent membra- neux, se sous-divisent plusieurs fois en ramules capillaires de couleur cramoisie, un peu glissans, à peu près de la même longueur , à segméens huit à dix fois plus longs que leur diamètre, garnis de filaméens alternes où unilatéraux}! un peu ééartés redressés , simples, aigus à leurs sommets ; dont les segmens sont égaux au diamètre. Outre les conceptacles , on observe, mais plus rarement, le long dés ramules des capsules visibles à la loupe ,'obrondes, réticulées, pourpres, presque pédicellées. La consistance membraneuse et délicate de la plus grande partie de la plante, fait qu’elle s'applique par la déssiccation trés-étroitément sur le papier, de manière qu'on!ne peut l’en séparer entièré , tandis que le bas de là fronde reste libre: Par l'exposition à l'air la ‘couleur devient 'violet=noir. Je 4? trouvée ; pendant lerprintemps et l'été, à l'embouchure de l’Odet, ais 1 ba4g dé la forêt près Concarneau ; dans la rade de Brest, à Camaret, M. Düdresäy me l’a envoyée de Saint-Pol-de-Léon (v%). 1 19 US - La variété gen differe-peu ; mais on la réconnoîtra par la grosseur différente de ses frondes , dent la base est presque filiforme ; d’un roux brünätre)! cartilagineuse; par ses rameaux présque horizontaux, d’un Pourpre sale, dônt les filamiens 1$ont très-courts; un peu! redressés | flasqnes jiet se firent élroitément sûr le papier." Elle : . -: ! F4 4 n ” PR | f ÿ ( < ; LEA AE LE 1 9 Horeru9Tu D .40 : HYDROPHYTES LOCULÉES. 89 se rencontre dans la baïe de la forêt, sur la côte de Combrit; M. Bélanger l'a aussi recueillie en Bretagne. Je la possède pourvue également de ses deux frac- tifications (ww). 16. GRAMMITE REDRESSÉE. Grammita stricta. B”. Hutchinsia stricta. Lyngb.p. 115,, tab. 36. — Conferva stricta, Dillw. tab. 40. Fronde enracinée, uniforme, capillaire, membraneuse, rameuse ét dichotome ; rameaux et ramules écartés, redressés, aigus; segmens,cinq.et une fois plus longs que larges. 8 Plus petite. 8 Prmnila. Mertens. Herb. Mus. Paris. y Diffuse. y Diffusa. Dillw. Syn. n°. 158. Cetteespèce, que j’avois communiquée à mes correspondans sous lenom d’Adhæ- rens, croît sur les rochers en petites touffes longues detrois à quatre pouces (environ deux décimètres) , d’une couleur rouge sale ou pourpre qui se fonce tres-prompte- ment. Une souche horizontale, radicante , cloisonnée par des segmens une fois et demie plus longs que leur diamètre, garnie en dessous de quelques fibrilles, sert de support à des frondes d’abord presque sétacées, capillaires, membraneuses , rameuses et dichotomes, partagées par des cloisons linéaires, obscures, en seg- mens deux et trois fois plus longs que, larges, le devenant ensuite quatre à cinq fois dans les rameaux qui sont écartés, peu nombreux, alternes, redressés, dé même grosseur dans leur longueur, et poussant dans. le même ordre des ramules courts, aigus, simples ou fourchus, dont les segmens sont d’un diamètre égal à la longueur. Je:n’ai observé que des'conceptacles dans les échantillons, nombreux que j'aï.observés. D’après Lyngbye,:la fructification capsulaire est.ovale , séssile et se rencontre rarement. J’en possede un échantillon provenant de l’auteur. Elle paroît être.assez abondante à Saint-Pol-de-Léon,, d'ou M.Dudresnay me l’a envoyée. Je:la possède également de la Méditerranée... ..: Mes échantillonssont;parfaitement semblables à-ceux de Lyngbye,, que j'ai vus dans l'herbier de M. Desfontaines à Paris (vs). La variété 8 croit sur les rochers, les coralines, les moules (mytilus edulis)), et se. fait remarquer par june certaine ténacité qui accompagne sa consistance membranèuse. Constamment plus-petite dans Ses dimensions, elle est d’une cou: leur oux-clair qui brunit par l’exposition à l'air et la dessiccation. Elle S’applique étroitement au papier. Je l'ai recueillie pendant l'été à (Combrit, Penmarck. M. Düdresnay-me l’a envoyée de Saint-Pol-de-Liéon, M. Montagne de ‘Belle-Isle Mém. du Muséum. 1 16. 12 90 HYDROPHYTES LOCULÉES. en mer, Lenormant et de Brébisson de Saint-Malo; elle croît également dans la Méditerranée à Cette , sur les rochers du Lazaret (vw). La variété y, d’une consistance un peu plus membraneuse, forme des touffes moins serrées, longues de quatre à dix pouces (un à trois décimetres), d’une couleur rose qui se fonce un peu par l’exposition à l’air. Les frondes ont leurs divisions alongées , écartées , vagues, qui n’ont pas la position redressée et un peu roide des autres variétés. Elle est commune à Saint-Pol-de-Léon; La Pylaie l’a recueillie à l’île d’Ouessant (vs). 17. GRAMMITE ÉTALÉE, fig. 11 B. Grammita patens. B°. Conferva patens. Dillw. Syn. n°. 157.— Durandia dichotoma. Gratel. Herb. Mus. Paris. Fronde enracinée , presque uniforme, rameuse et dichotome ; rameaux écar- tés, vagues , garnis de ramules un peu rapprochés en faisceaux ; segmens deux, six et une fois plus longs que larges. 8 Multifide. 8 Multifida. A la rigueur, on pourroit joindre la présente à la Grammite redressée dont elle a plusieurs des caractères principaux , comme la souche radicante et cramponnée ; mais le port, constamment différent, m’engage à l’en séparer, à l'exemple de Dillwin , pour diminuer la confusion qui résulte de variétés trop nombreuses. Je J'ai fait connoître précédemment à mes correspondans sous le nom de Grammita turgidula. Elle forme sur les rochers et les stipes de quelques Laminaires de petites toufles longues de quatre à cinq pouces (environ deux décimetres ), d’une cou- leur purpurine ou violette qui se fonce par la dessiccation. Les frondes sont de la grosseur d’un crin de cheval, membraneuses, presque de la même grosseur dans leur longueur, offrent dans le bas des segmens deux fois plus longs que leur diametre , qui deviennent ensuite six fois plus longs , se divisent en dicho- tomies ou rameaux écartés , vagues , étalés, flexueux, longs d’environ un pouce, formant de petits faisceaux en se partageant plusieurs fois en ramules courts, un peu rapprochés et redressés, à sommets simples ou bifides, dont les segmens sont aussi larges que longs. Quelquefois ces sommités sont comme rhomboïdales par la présence des conceptacles que l’on observe fréquemment, et qui en crevant donnent naissance à ces fibrilles que l’on remarque quelquefois. Il est rare que l’on remarque les capsules qui sont rondes, sessiles dans les ramules supérieurs. La va- HYDROPHYTES LOCULÉES. 91 riété 8 ne différe que par les ramules divisés en plusieurs dichotomies courtes, ou— vertes en forceps, qui donnent aux sommités un aspect fasciculé, La plante est commune pendant l’été sur nos côtes, à Combrit, Penmarck, Brest, l’île de Sein, aux Sables d'Olonne; La Pylaie l’a recueillie à Saint-Malo, Granville; MM. Tilette-Clermont à Dieppe : je la possede également provenant de Maguelone dans la Méditerranée (v ). La variété 8 m’a été envoyée de Saint-Pol-de-Léon par M. Dudresnay. 18. GRAMMITE ASGENDANTE. Grammita ascendens. B». Conferva pulvinata, Roth. Cat. Bot. 1, P- 187, tab. 3, f. 5 (malè). — Conferva lanosa. Draparn. ( Herb. Mus. Paris). Fronde capillaire, cartilagineuse, rampante, enracinée, rameuse ; rameaux ascen- dans, dichotomes, redressés ainsi que les ramules; segmens à peu près aussi larges que longs. 8 Plus élevée. 8 Elatior. Cette espèce dont Roth compare assez judicieusement le port à celui de la Pilu- laire ( Pilularia globulifera) , dépourvue de ses capsules , forme sur les rochers de petits strates souvent étendus de plusieurs pouces , hauts pour l’ordinaire de dix à douze lignes (1 à 2 décimetres ) d’une couleur violette-roussâtre qui passe au noir. Ces strates sont composés par des souches cartilagineuses, tenaces, entrelacées et difficiles à débrouiller, tortueuses, couchées horizontalement, capillaires, parta- gées par des articulations linéaires en segmens à peu près aussi longs que larges ; elles sont cramponnées par leur surface inférieure à l’aide de petites radicules qui, vues au microscope , semblent transparentes, et ont un tube interne coloré. Le long de cette fronde radicante s'élève du milieu du segment des rameaux de même na- ture que la fronde, une ou deux fois dichotomes, garnis de ramules alternes, re- dressés, tres-courts, amincis au sommet ainsi que les précédens, avec des segmens de même grandeur. En raison de sa consistance, la plante ne se fixe pas sur le pa- pier ni sur le verre. On la trouve dans le Finistere, pendant l’automne à Combrit, Penmarck, au cap Couz dans la baie de la forêt. M. Le Normant l’a recueillie à Saint-Malo, Grate- loup à Cette, Risso à Nice (vv). La variété 8 est remarquable par sa hauteur qui va jusqu’à quatre pouces, sa consistance plus ferme et la grosseur de ses frondes qui sont décidément sétacées ; elles ont leurs rameaux et ramules redressés presque perpendiculairement, l’un 92 HYDROPHYTES LOCULÉES. et l'autre s'amincissant en pointe. C’est dans la bifurcation d’une des dichotomies inférieures que j'ai découvert quelques élytres en massue. Elle croit sur les côtes du Finistère ; MM. de Brébisson et Le Normant l'ont recueillie à Saint-Mälo. J'en ai un superbe échantillon que je dois à l’obligeance de MM. Monard frères, méde- cins militaires (uv). 19+ GRAMMITE DE Bsnroront. Grammita Bertoloni. B'. Ceramium Bertoloni. Herb. Lamouroux. Fronde gazonneuse, radicante, capillaire, cartilagineuse et rameuse, rameaux divariqués, garnis de ramules à sommet recourbé ; segment trois et une fois aussi longs que larges. C’est dans l’herbier de mon ami Lamouroux que j'ai trouvé, sous le nom de Ce- ramium Bertolont , la présente qui lui a été envoyée de Nice par le célèbre Risso. Le voisinage de ce port de la frontière de Provence me faisant présumer qu’on doit aussi la trouver sur nos côtes, je me suis décidé à en donner une description. Elle forme sur les rochers de petites touffes gazonneuses qu’on peut facilement , à la pre- mière vue, prendre pour des développemens de la Grammite ascendante. Elles sont seulement hautes de cinq à six lignes, d’une couleur brünâtre et d’une consistance presque cartilagineuse; radicantes à la base comme les précédentes ; les frondes réunies plusieurs ensemble sont capillaires, d'abord obscurément articulées en segmens une fois et demie plus longs que larges , se divisent dès la base en rameaux alternes, à segmens trois à quatre fois plus longs que larges, courbés à leur départ et divariqués, dont les ramules sont redressés, souvent unilatéraux, garnis de quelques capsules globuleuses, sessiles , d’un pourpre foncé, un peu roulés en queue de scorpion à leurs sommets, qui sont obtus et quelquefois fibreux, dont les segmens sont aussi larges que longs. La plante se fixe diflicilement sur le papier, et acquiert en séchant une couleur noirâtre (vs). 20. GRAMMITE SERTULAIRE. Grammita sertularioides. Bn. Ceramium sertularioides. Draparn. ined.— Hatchinsia urceolata Lyngb., P: 110, tab. 34 À certd (Excl. syn. ). Fronde calleuse à la base et sétacée, membraneuse , dichotome et rameuse ; ra meaux capillaires, amincis aux deux bouts, redressés ainsi que les ramules; seg= mens trois, six et deux fois plus longs que leur diametre. 8 À chatons. 8 Amentacea. HYDROPHYTES LOGULÉES. 93 Après, ayoir décrit ce petit groupe de Grammites à fronde enracinée,, nous.allons revenir à une espèce qui partage ayec elles le caractère d’avoir les rameaux et ra- mules redressés d’une manière constante. Cette espèce croît sur les rochers et autres Hydrophytes en touffes longues de trois à quatre pouces (environ 2 décimètres), d’une couleur purpurine qui passe au pourpre foncé, Les frondes, d’une consistance: membraneuse et un peu glissante, sortent d’une base commune et épaisse, sont d’a- bord sétacées.; diminuent graduellement de grosseur et deviennent capillaires dans leurs divisions ; elles se partagent en dichotomies un peu écartées, ouvertes ä angle aigu, à segmens trois fois plus longs que larges; ces dichotomies sont garnies de rameaux alternes insérés sur le sommet de l'articulation , à segmens six fois plus longs que leur diamètre et dout les locules sont larges, amincies d'abord à leur in- sertion ;, puis se renflant ; ils deviennent aigus à leurs sommets ainsi que des ramules plus courts, alternes ou unilatéraux, répandussur leur longueur avec des segmens une fois et demie ou deux plus longs que larges. Ces sommets sont souvent surmon- tés par des pinceaux de fibrilles: On découvre quelquefois la fructification sous la forme, de capsules arrendies, presque pédicellées, non resserrées au-dessous de leur orifice, comme les représente Lyngbye, qui paroît avoir fait sa figure d’après le sec. La plante en séchant adhère étroitement au papier, et s'enlève assez difficilement. Je l'ai trouvée à Combrit fructifiée au mois d'avril; M. Dudresnay à Saint-Pol-de- Léon en juillet et août; il paroît , d’après l’herbier de Lamouroux, qu’elle a été re- cueillie sur les côtes du Calvados par mademoiselle Elise ** (»v). Je ne puis regarder que comme un état différent de la même plante la variété 8 qui, semblable dans les autres parties, ne diffère que par des corps granüleux en forme de chaton , sessiles ou pédonculés, réunis alternativement un peu au-dessous du sommet de l'articulation. Elle croît à Saint-Pol-de-Léon d'après M. Dudresnay; dans la Méditerranée d’après Ducluzeau ; et nominativement sur les rochers de l'ile de Corse d’après M. Soleyrol, capitaine du génie qui ly a recueillie avec d’autres espèces curieuses dont ik m'a fait part (w s). 105): Observation. Je suis étonné que Lyngbye!ait pu confondre l’espèce qu’il décrit _ et figure avec la Conferva urceolata de Dillwin, qui en diffère sous le rppport de la consistance, de la grandeur, de la couleur, etc. Je n’aurois pas reconnu cette erreur si je ne possédois pas un échantillon de l’auteur, que j'ai trouvé dans les herbiers de Paris. 21. GRAMMITE NIVELÉE. Grammita fastagiata. B». Ceramium fastigiatum, Roth. fl. germ. 3, p. 463.— Cat. bot. 3, p. 157.— Po- lymorphum, De Cand. F1. fr. 2, p. 45.— Conferva polymorpha. Lin. FL. suec, 94 HYDROPHYTES LOCULÉES. 7m. 1173. —Dillw. tab. 44. — Engl. bot., tab. 1764. — Hutchinsia fastigiata. — Ag. Syn., p. 53. — Lyngb. p. 108, tab. 33. Fronde presque cartilagineuse, sétacée, très-rameuse, dichotome, nivelée; seg- mens plus courts que leur diamètre. Cette espèce offre, suivant l’époque à laquelle on la recueille, des variations qui pourraient au premier coup d’œil faire présumer deux espèces dans la même plante. Elle forme presque constamment sur le Fucus nodosus de Jinné des touffes de cou- leur olive-jaunâtre, qui passe au noir par l'exposition à l'air. Fixée par un point cal- leux, la fronde, d’abord longue d’un à deux pouces (3 à 6 centimètres), presque cartilagineuse;pendant une partie de son développement , de la grosseur d’un petit fil, se divise en dichotomies nombreuses, écartées, qui se raccourcissent graduelle- ment, à mesure que l’on approche des divisions supérieures , qui sont fourchues ou aiguës. Le caractère qu'assignent plusieurs auteurs aux segmens d’être marqués d'une tache noirâtre dans leur centre n'existe point dans l’état de vie, et ne paroît que lors de la dessiccation. On peut consulter pour son anatomie la figure de l’English Botany. La fructification double se compose de conceptacles bruns, innés, dans les sommets qui paroissent alors gonflés et rugueux. Les capsules sont presque sessiles, ovales, oblongues , assez transparentes, de maniere à ce que l’on puisse discerner dans leur intérieur des séminules oblongues, d’une couleur foncée, qui s’échappent par le déchirement du sommet de leur enveloppe; à cette époque la fronde devient presque membraneuse, souple, et acquiert une couleur violette-noire. La plante est tres-commune sur les côtes de France; je l’ai observée avec ses cap- sules dans le mois d’août (vw). Observation. I] paroît, d’après les recherches d’Agardh, que Linné auroit donné dans ses ouvrages le nom de Conferva polymorpha à deux plantes différentes, et que l’on ne doit comprendre dans la synonymie de la présente que la citation du Flora suecica. Les autres citations, surtout celles de l’Iter gothlandicum, conviennent a la Conferva glomerata du même auteur. HYDROPHYTES LOCULÉES. 05 GENRE Ill. 1. Dasyrricne (1). Dasytrichia. Lamouroux. Cladostephus. Ag. Confervæ species auctorum. Caractère générique. Fronde ronde, coriace, pleine, épidermée, obscurément cloïsonnée, garnie de filets verticillés, distinctement cloisonnés, des capsules pour fructification. Ge genre assez naturel comprend un petit nombre d’epèces dont les rapports sont intermédiaires entre les Gigartina de Lamouroux. Une fronde cartilagineuse ou coriace due à une tige pleine , colorée par un épiderme continu, commence à étre ceinte, à des intervalles réguliers , de cercles linéaires, obscurs, fixes, c’est-à-dire point susceptibles de s’entr’ouvrir, qui indiquent des cloisons; mais l’organisation di-tubulaire devient tout-à-fait décidée dans les ramules ou filets verticillaires dont les cloisons sont, ainsi que la locule, tres-caractérisées. La fructification, qui sé ren contre sur peu d’espèces, consiste en capsules uniloculées. Je ne puis concevoir pour- quoi Bory a transporté le genre présent dans ses Diphyses à côté des Draparnaldies. Ici, au lieu d’une consistance mucilagineuse, la fronde est partout roïde, cartilagi- neuse, tout-à-fait dépourvue de mucus enveloppant; les filamens verticillaires ne sont jamais ciliferes; il existe des capsules externes, caractères qui tous répugnent à une association si peu naturelle. Ce sont des plantes propres à la mer. 2. Dasyrrice commun, fig. 5. Dasytrichia vulgaris. Br. Conferva verticillata. Ligf., p. 084. — Huds., p. 653.— Dillw. tab. 55.— Eng. bot. , tab. 1818. — Conferva myriophyllum. Roth. Cat. bot. 3, p. 311? — Ce- ramium verticillatum. De Cand. F1. fr. 2, p. 38. — Cladostéphus verticillatus. Lyngb., p. 102? Fronde cartilagineuse ; filiforme, rameuse, dichotome ; ramules verticillés , dis- tincts , roides, courbésen dedans, fourchus avec une ou deux dents à leurs sommets. Un disque large fixé sur les rochers donne naissance à plusieurs frondes souvent longues de sept à huit pouces (5 à 6 décimetres), d’une couleur brune, filiformes , (1) Du grec dzyvs, hérissé, 9p£, rpeyos, cheveu. 06 HYDROPHYTES LOCULÉES. cartilagineuses, rameuses et dichotomes, souvent dénudées à la base; elles poussent des rameaux alternes , écartés, de longueur inégale, recourbés , tous couverts, ainsi que la fronde, de ramules en verticille deux fois plus longs que les segmens de la fronde, dont l'intervalle reste à découvert, distincts, récourbés en dédans, fourchus au sommet, garnis à l’intérieur d’une ou deux dents. Ces ramules sont partagés par des cloisons fasciées , peu distinctes, obscures, en segmens aussi larges que longs. Sa fructification, que je n'ai point observée sur mes échantillons, consiste, dit-on, en capsules que je n’ai pas vues... La plante en séchant passe au noirâtre; point d’adhérence au papier. Elle croît dans les lieux qui découvrent lors du reflux. Elle est très-commune dans l'Océan (v). Observation. La figure grossie que donne Dillwin, représente très-bien la disposi- tion des ramules autour de la fronde et des rameaux. Celle de Lyngbie exprime le port de la plante; ses détails ne mentionnent point la courbure de nos filamens: auroient-ils été faits d’après le sec? Les Conferva werticillata de Schmidel et de Roth, dont le Ceramium simplicifolium de la Flore française est le synonyme, ne me paroît en différer que par la couleur, autant que j'ai pu en juger dans l’herbier de De Candolle déposé au Jardin des Plantes de Paris.—J’éprouve du doute à adop- ter la synonymie de Conferva myriophyllum , après avoir vu dans l’herbier de M. Du- vau l’espèce présente nommée par Mertens lui-même Conferva ceratophyllum. 3. DasyTRicuE sponGIEUx. Dasytrichia spongiosa. B°. Fucus hirsutus. Lin. Mant., tab. 11, f.1.— Conferva spongiosa. Huds., p. 596. — Roth. Cat. bot. 3, p. 309. — Dillw. tab. 42. — Engl.bot.;tab.12427. — Ce- ramium spongiosum. De Cand. FI. fr. 2, p. 38. Fronde cartilagineuse, filiforme, comme tressée, rameuse; rameaux alternes, recouverts, ainsi que la fronde, de ramules serrés, appliqués, plus longs que les segmens. Cette espèce se trouve dans les mêmes lieux que la précédente , ainsi que dans la Méditerranée, et, n’atteint guère que trois à quatre pouces (‘environ 1-centimètre ) delongueur; son aspect est différent, ainsi quesa consistance qui est moins roide;; fixées par un petit point discoide, les frondes sont filiformes , d’uné couleur verte foncée ouroussâtre qui passe au brun, et offrent une espèceide tissu inégal, spont- gieux. Elles se partagent en quelqnes rameaux alternes , écartés ou rapprochés vers le haut, garnis, ainsi que la fronde, de ramules verticillés, serrés, appliqués si exactement contre la fronde qu’on ne peut l’apercevoir qu'après les ayoir écartés à HYDROPHYTES LOCULÉES. 97 l’aide d’une aiguille. Ces verticilles sont composés de ramules simples ou fourchus, plus longs que les entre-nœuds de la fronde; leurs segmens sont à peine plus longs que leur diamètre. Les capsules sont, d’après les auteurs anglais, comme siliculeuses , placées au sommet d’un ramule. La plante , en raison de sa texture comme feutrée, retient l’eau long-temps après en avoir été retirée. Elle brunit par la dessiccation et adhère au papier (vw). 4. DasyTRiCHE EN massue. DasYtrichia clavæformis. Br. Spongia vermicularis, Scopoli. FI. carn., tab. 64. — Conferva clavæformis , Roth. Cat. bot. 3, p. 315. Fronde simple, cartilagineuse, en forme de massue, formée par la réunion de ramules très-serrés, verticillés, trifurqués, obtus. Elie croît sur les rochers submergés sous la forme de petits appendices de la grosseur d’une plume d’oie, en forme de massue, longs d’environ un pouce, d’une couleur brunätre, et qui semblent à l’œil un tout compact homogène. Si on veut examiner l’intérieur , on reconnoît, en écartant le tissu, une fronde presque cartilagineuse , entourée de verticilles tres-serrés , formés par des ramules deux ou trois fois fourchus, obtus à leur sommet, et d’une consistance moindre que celle de la fronde. La plante absorbe l’eau comme les éponges, n’adhère point ou trèes- mal au papier. Macérée dans l’eau douce, elle donne une forte teinte d’un jaune verdâtre (vs). On la rencontre dans les parages de l’île de Corse , d’où elle est apportée mêlée aux substances connues dans le commerce sous le nom de Mousse de Corse. M. So- leyrol me l’a envoyée de ce pays. GENRE IV. ToruLare. Z'orularia. B, Lemaneæ et Confervæ species. Caractère générique. Fronde pleine, ronde, membraneuse ou gélatineuse, fen- dillée, partagée par des renflemens toruleux, garnis de cils verticillés, noduleux, simples. Fructification douteuse. Lorsque Bory forma son genre Lemanea, il ne connoïssoit pas le vrai mode de propagation du Conferva fluviatilis de Linné qui en est le type. Il y comprit donc les plantes dont l’organisation lui parut identique, telles que celles dont nous allons Mém. du Muséum. t. 16. 13 98 HYDROPHYTES LOCGULÉES. parler. Après la découverte faite par Weber et Mobr, il ne fut plus possible de les conserver dans ce genre, et l’on fut incertain sur leur classification. Agardh et Bory en firent des Batrachospermum, fondés sans doute sur leur port commun; mais cette présomption ne se soutient pas devant l’analyse au microscope. Un premier examen comparatif montre que nos Forulaires manquent de cette enveloppe gélatineuse , consistante, si caractéristique dans les Batrachospermes , et qui enduit les ramules internes verticillés. En soumettant à une forte lentille du microscope des sections perpendiculaires de Torulaires , j'ai reconnu que la fronde étoit revêtue d’une sorte d’épiderme composé par des lames trapézoïdales, juxta-posées , autre différence qui les éloigne desBatrachospermes, dont la fronde est homogène et compacte. En pour- suivant la comparaison, on voit dans les Torulaires des cils très-petits et très-déliés, seulement discernables à la plus forte lentille, libres et simples, noduleux, épars quelquefois le long des segmens, plus ordinairement en verticille autour des cloi= sons, tandis que les Batrachospermes offrent des réunions de ramules internes sous- divisés et enfermés dans le mucilage. Quant à l’organisation des segmens des cils, leur extrême ténnité ne m'a point permis de savoir s'ils sont uniloculés, comme l’analogie me le fait supposer. Dillwyn dit, au sujet de son Conferva atra, que la fructification consiste en corps globuleux, sessiles, répandus sur le bas de la plante. Cette assertion a besoin d’être encore confirmée : je n’ai pas été assez heureux pour rien rencontrer de semblable dans les nombreux échantillons que j'ai examinés. Nos plantes habitent les eaux douces. Je présume que le Batrachosperma bambu- sina de Bory appartient au même genre. 1. ToruLaire FRAGILE , fig. IV. T'orularia fragilis. B. Lemanea sertularina, Bory Ann. Mus., tab. 22, f. 1.— Chantransia dichotoma, De Cand. F1. fr. 2, p. 5o. Fronde capillaire, un peu roide et cassante , tres-rameuse ; rameaux et ramules vagues, presque horizontaux, écartés, partagés en segmens six et trois fois plus longs que larges. Je ne sais trop quel rapport a cette espece avec les Sertulaires, qui toutes sont marines, d’une consistance flexible et carnée. J’ai préféré la caractériser par sa consistance, qui, dans l’état de vie, est roide, et fragile, et ne devient flexible que par la suite. Elle croît dans les rivières et les ruisseaux, en petites touffes longues de deux à trois pouces (environ 1 décimètre), d’un vert foncé. La fronde est tres-embrouillée, capillaire, fixée par un petit disque aux pierres ou autres corps. Elle se partage dès HYDROPHYTES LOCULÉES. 99 Ta base en un grand nombre dé rameaux tortueux, rapprochés, partant dela cloi- son, horizontaux, vagues, alternes, unilatéraux, quelquefois opposés, garnis de ramules semblables ; plus courts et écartés ; elle est partagée dans sa longueur par des cloisons ou élévations toruleuses, larges, fasciées de brun, garnies souvent de papilles hyalines, agglomérées , obtuses ; qui ne sont que les débris des petits cils que l’on distingue mieux dans les ramules. Les segmens sont épaissis à un de leurs bouts, six et deux fois plus longs que larges dans le bas de la plante, souvent tortueux, comme chagrinés; ils deviennent moins opaques et plus courts dans les rameaux et ramules surtout, où l’on distingue plus facilement les cils , qui sont fugaces , très-fragiles, composés de segmens noduleux, aussi longs que larges... La plante se fixe sur le papier, et prend une teinte noirâtre en séchant (vw). Je l’ai observée dans les mois d’avril et de mai ; MM. Dudresnay à Saint-Pol-de- Léon; La Pylaie à Cherbourg ; Delise à Fougères ; Guépin à Angers, 2. ToruLAIRE LIANTE, fig. IV. Torularia lenta. Bn. Conferva atra, Roth. Cat. bot. 3, p. 306.—Dillw. tab. 11.—Engl. bot., tab. 690. . —Chantransia atra, De Cand. FL. fr. 2,-p. 120 (Syn. excl.). — Lemanea Baitrachospermosa, Bory. L. c., tab. 22, f. 3.— Batrachospermum moniliforme ; var. 8 detersum, Ag. Syn., p. 1241 \ Fronde presque capillaire, liante, un peu mucilagineuse , très-rameuse ; rameaux un peu ouverts, garnis de petits ramules nombreux ; segmens dix et quatre fois plus longs que larges. 8 Capillacée. 8 Capillina, Bory. I. c. f. 4. É rs C’est surtout dans l’état frais que l’on peut mieux juger de la différence qui existe entre la Torulaire fragile et la présente. Elle forme sur les pierres, dans les ruisseaux d’eau courante, de petites touffes ovales, d’un vert bleuâtre, longues d'environ un à deux pouces (4 à 5 centimètres), d’une consistance liante, un peu mucilagineuse. Ses frendes, un peu plus fines qu’un cheveu, ont besoin d’être exa- minées d’abord à la loupe. Elles se partagent à angle un peu ouvert en rameaux, qui sont garnis, presque à chaque cloison , de petits ramules longs d’une ligne, ordinairement alternes, quelquefois opposés, un peu acuminés; la fronde et les rameaux sont partagés en segmens quelquefois un peu tors, et un peu plus épais dans le bas, huit à dix fois plus longs que leur diamètre, et devenant graduelle- ment vers les sommets seulement trois à quatre fois plus longs, ceux des ramules étant aussi longs qu’épzis. Au microscope, ces segmens peroissent parcourus par des 100 HYDROPHYTES LOCULÉES. stries perpendiculaires interrompues, dues à la juxta-position des lames épider- moiïdes. La variété 8 a les frondes plus noires, plus courtes et plus serrées. En desséchant, la plante adhère très-étroitement au papier (vw). Je l’ai observée dans les environs de Quimper, au mois de juillet. On la trouve à Paris et dans d’autres lieux de la France. 3. ToruLaire DE Dizcen. T'orularia Dillenii. Bn. Lemanea Dillenii, Bory. L. c., tab. 22, f. 2.— Conferva fontana, nodosa, etc. Dillen. tab. 7, f. 46. Fronde capillaire, tres-rameuse ; rameaux divariqués, entrelacés, courts , pourvus de ramules rares, horizontaux, C’est seulement sur l’autorité de M. Bory Saint-Vincent que je cite cette espece. 11 l'indique dans les fontaines froides , pures et rapides du canton désigné sous le nom d'Entre-deux Mers, dans le département de la Gironde. Sa fronde est bien plus courte que celle des autres espèces ; elle excède rarement un pouce (3 centi- mètres), mais le diamètre est assez fort en comparaison. Elle est noire, opaque et rameuse dans toute son étendue; les rameaux étant ouverts et vagues, s’entremé- lent et forment comme de petites touffes arrondies de crin crêpé. Vus au micros- cope, les segmens sont alongés, cylindriques dans leur centre, et renflés à leur extrémité supérieure et inférieure , à la maniere du chaume des Graminées. GENRE V. Borye. Boryna, Grateloup. Ceramiü species, Roth, Agardh, Lyngb. Confervæ auctorum; Dictiderma. Bv.olim. Fronde à épiderme réliculé; fructification double; capsules homogènes , souvent involucrées le long des ramules ; des conceptacles dans la substance de la cloison. L’épiderme, au lieu d’être parcouru par des veines ou des stries perpendiculaires, est formé par des stries entrecroisées et réticulées. Des bandes plus ou moins larges et foncées , ordinairement élevées et non susceptibles de s’entr'ouvrir, établissent la séparation des segmens et forment les cloisons. La fructification se présente sous deux formes, mais avec des variations. Les capsules d’une substance homogène, comme dans les genres qui ont précédé, sont placées le long des ramules ; elles sont constamment sessiles et souvent accompagnées à leur base d’un ou plusieurs HYDROPHYTES LOCULÉES. 101 filets en forme de bractées ou d’involucres. Les conceptacles sont implantés dans la substance des cloisons. Dans quelques espèces , telles que les Borynes élégantes et ciliées , le tissu réticulé commence à diminner, ne paroît plus recouvrir les seg- mens, et se concentre sur les cloisons. Je crois même qu’ilexiste par leur moyen une transition aux Céramiées. J’ai distingué une duplicature et une contraction interne dans les segmens de la Boryne élégante, et Dillwyn dans sa planche supple- mentaire, lettre F, représente une disposition semblable. Toutes ces espèces sont marines. Ce genre a été consacré par le doctevr Grate- loup à son ami Bory de Saint-Vincent, sayant distingué dans toutes les branches de l’Histoire naturelle. 1. BoRyNE VARIABLE , fie. V. Borina variabilis. B. Fronde presque cartilagineuse, dichotome et fourchuc dans ses sommités; ra mules amincis à la base, seemens un peu noduleux, un peu plus longs que leur diametre. « Alongée. « Ceramium virgatum, Roth. Cat. bot. 1, tab. 8, f. 1 (Excl. syn. Huds.). —Nodulosum, De Cand. F1. fr. 2, p. 45 (Excl. syn.). — Conferva marina, etc. Dillw., p. 35, tab. 7, £. 40o.—C. rubra, Dillw., tab. 34.—Engl. bot. tab. 1166. — Ceramium rubrum, Ag. syn., p. 60. — Lyngb., p. 118. 8 Corymbifere 6 Corymbifera. > Fasciculée. y Fasciculata. Unilatérale. d- Secundata. Ceramium secundatum, Lyngb., p. 119. tab. 37. £ Divariquéc. « Divaricata. Il est assez difficile de préciser les différentes variétés qne l’on rencontre dans cette espèce, qui offre tant d’irrégularités dans la grosseuret la disposition de ses rameaux et ramules : aussi sa synonymie est-elle tres-dificile à établir. Toutes sont recon- noissables par leur consistance un peu cartilagineuse, qui acquiert en séchant une certaine ténacité. La variété 4 vient en parasite sur les autres Hydrophytes ; elle y forme des fais- ceaux pourpres, alongés de six à huit pouces (2 décimetres), fixés par un point calleux commun. La fronde est filiforme dans presque toute sa longueur, partagée par des cloisons fasciées, obscures, en segmens souvent renflés , environ 1 : fois plus longs que larges; elle se sépare en plusieurs dichotomies ou rameaux vagues , alon- gés ; sétacés, droits, s’amincissant vers le sommet, garnis çà et là dans leur lon- gueur de ramules dans le même ordre, lâches, hauts de six ou huit lignes ( r cen- 102 HYDROPHYTES LOCULÉES. timètre ), presque capillaires, amincis à leur base , à divisions inégales , fourchues : à leurs sommets, dans l’aisselle desquelles croissent des capsules pourpres, opaques sessiles qui souvent , par l'inégalité d’une de ces divisions, paroïssent comme invo- lucrées. Je l’ai trouvée fructifiée au mois de juin (vw »). La variété 8, longue seulement de trois à quatre pouces (1 décimètre), un peu moins grosse, mais également pourpre, est remarquable par ses rameaux, dont les ramules forment des espèces de corymbe. Fructifiée en avril et juin à Pen- marck (ww), La variété y porte, le long de la fronde, des rameaux courts, fasciculés. On distingue la variété d par ses rameaux unilatéraux d’une manière remar- quable. La fronde est sétacée, longue de trois pouces (9 centimetres), couleur d’œillet. Elle croît en parasite sur les varecs, pendant presque toute l’année, tant dans l'Océan que dans la Méditerranée (vw). La variété « est également sétacée, sa couleur pourpre uniforme ; les petits rameaux sont divariqués , ordinairement simples; dans la plante, les segmens sont un peu plus larges que longs ; en certaines parties, ils sont garnis de séminules rondes , sessiles, visibles seulement au microscope. Je l'ai rencontrée en septembre sur des varecs à l'embouchure de l'Odet, Elle m’a été envoyée des côtes de la Manche (vv). Observation. D'après la confusion qui existe dans les auteurs pour la synonymie de cette espèce, et les divers états sous lesquels on la trouve, j'ai cru convenable de changer son épithète de Conferva rubra comme nullement caractéristique. 2. Bonvne Grèce. Boryna gracilis. Bn. Conferva rubra, Dillw. Suppl, tab. F.— Ceramium gracile, De Cand. F1. fr. 2, p- 46. Fronde presque sétacée, rameuse et dichotome; rameaux écartés, alternes, dont les ramules sont souvent amincis au sommet. 8 en faisceau. 8 Fasciculata. Malgré l'avis du docteur Mertens, qui réunit notre plante comme variété à la Dictiderme variable , je suis tenté de suivre De Candolle et les anglais Grifliths et Sedmouth, qui la considèrent comme différente. Son port la distingue au premier coup d'œil; elle croît sur les rochers en petites touffes longues d’environ deux pouces (6 centimètres) , d’une couleur pourpre foncée. La fronde recouverte d’un épiderme nébuleux, comme ponctué, et presque sétaceé, n'offre qu’une apparence HYDROPHYTES LOCULÉES 103 obscure de segmens ; elle se divise aussitôt en dichotomies redressées, inégales, par- tagées par des cloisons tres-foncées en segmens à peine plus longs que larges, dont les rameaux sont alternes, longs de six à huit lignes (1 à 2 centimètres), se dichoto- ment en ramules qui, au lieu d’être amincis aux deux bouts, le sont seulement à la partie supérieure, et parfois fourchus; dans les ramules, les segmens sont plus larges que longs, et quelquefois noduleux par le rétrécissement des articulations qui sont obscures. Je n’ai observé que des séminules enfoncées dans les segmens des ramules, comme les représente Dillwyn. La consistance de la plante est peu cartilagineuse, ce qui lui permet de se fixer sur le papier : sa couleur devient paillet par l'exposition à l’air. Je l’ai recueillie en automne à l'embouchure de l’Odet; La Pylaye à l’île de Sein ; j'en ai des échantillons provenant de Dieppe (vv). La varietée 8 se reconnoît à ses rameaux un peu alongés, pourvus de ramules distincts, en faisceau et dichotomes. L’échantillon recueilli par La Pilaye à l'ile de Sein en septembre, est pourvu de capsules rondes, sessiles dans les dichotomies des ramules; elle croît également aux Sables d'Olonne (v s). 5. Boryne praPnane. Boryna diaphana. Conferva diaphana, F1. Dan. , tab. 951. — Dillw., tab. 38. Engl. Lot., t. 2428. — Ceramium diaphanum, Roth, Cat. bot. 3, p. 154. Ag. Syn., p. Gi. Lyngb., p. 117, tab. 37, B. Fronde membraneuse, capillaire , plusieurs fois dichotome, forcipée au sommet; segmens nus, diaphanes et nacrés, cinq fois plus longs que larges. 8 Déliée. 8 T'enuissima. Ceramium diaphanum, Roth. var. y Nivelée. y Fastigiata. — Ceramium diaphanum , var. + Roth. Cette espèce est constamment parasite sur les autres Hydrophytes, qu’elle revêt de petites touffes longues de trois à quatre pouces (9 à 10 centimètres ). Elle est capillaire, membraneuse, divisée en dichotomies , qui se raccourcissent à mesure qu’on arrive aux sommets, qui sont toujours recourbés en forceps. Son principal caractère est d’avoir sa fronde transparente, d’un éclat nacré sur le vivant, par- tagée par des articulations nues, rougeätres ou violeltes, en segmens cinq à six fois plus longs que leur diametré, et seulement deux fois aux sommets ; la fructification consiste en capsules globuleuses , visibles à la loupe, sessiles sur le bord des sommets , où elles sont ordinairement entourées de quelques filets cloïsonnés, tres courts; sur d’autres individus, on rencontre des conceptacles enfoncés dans la substance des articulations : Lyngbye dit qu’exposés au microscope, ils ont offert 104 HYDROPHYTES LOCULÉES,. dans leur intérieur quatre à cinq semences brunes, entourées d’un limbe transpa- rent. J’ai aussi observé une locule contractile dans les segmens de la fronde. La plante est tres*commune pendant l'été. Elle change peu de couleur en séchant, et adhère foiblement au papier (vw). La variété y est reconnoissable par son port et ses articulations roses (w v). 4. BoRynE ÉLÉGANTE. Boryna elegans. B. Conferva elegans, Roth. Cat. bot. 1, p. 199.— Ceramium axillare, F1. fr., p. 46 (certd). — Diaphanum, var. & elegans. Roth. Cat. bot. 3, p. 155. Fronde presque sétacée, membraneuse , dichotome et rameuse , garnie de quel- ques filamens latéraux, capillaires et courts; segmens transparens 3 et 1 fois plus longs que larges. 8 Couleur de cinabre. 8 Boryna cinnabarina, Gratel. Le port et la grosseur ne sont pas les mêmes que dans l’espèce précédente, dont cependant plusieurs auteurs ne font qu’une variété. Mais pour diminuer la confu- sion , j’ai préféré l’isoler. La fronde, de la grosseur d’un crin de cheval, se divise en rameaux ou dichotomies dressées et non divariquées comme dans la Boryne diaphane, et qui s’amincissent vers les sommets; l’un et l’autre sont agréablement nuancés par des articulations ou roses ou violettes , qui contrastent avec des seg- mens blancs ternes, trois fois plus longs que leur diamètre, et sont garnis en outre dans leur longueur de petits filamens tres-courts, capillaires , simples , ou de petits ramules dichotomes à angle ouvert, dans lesquels on découvre à la loupe des petites capsules sessiles au point de division ; dans ces ramules et filamens les cloisons, plus larges que longues, varient agréablement la nuance. On trouve cette plante sur les côtes du Finistère, du Calvados, etc. (w vw). La variété 8 dont Grateloup fait une espèce, peut-être avec raison, ne m'est pas assez connue par l'échantillon que j'en possede, pour que je donne rien d’aflir- matif. Fixée sur un Sphærococcus acicularis d’Agardh, elle forme une petite touffe d’un rouge qui me paroît un peu clair, longue de quatorze à quinze lignes (2 à 10 centimètres ) : les frondes qui la composent sont capillaires, se divisent en plusieurs dichotomies successives à angle ouvert, dont les segmens sont d’un blanc terne, deux à trois fois plus longs que larges, et seulement égaux dans les sommets, qui sont fourchus. M. Grateloup l'indique dans la Méditerranée (vs). HYDROPHYTES LOGULÉES, aob 5. Bonve 4 cics. Borynaiciliata. Br. Conferva ciliata, Ellis in Phil. trans., vol. 57, p. 426, tab. 18, f°h. H.— Roth. Cat. bot. 3, p. 295. — Dillw. tab. 53. — Conferva pilosa, Roth. Cat. bot: 2, P- 225, tab. 5, f. 2. (optimè). — Ceramium forcipatum, De Cand. F1. fr. 2, P. 46, var. « ciliatum. — Lyngb., p. 121, tab. 37. Drapäarnaldianal nue. Gratel. Herb. Mus. Paris. Fronde presque sétacée, membraneuse, plusieurs fois dichotome.et très-rameuse, forcipée au sommet; garnie souvent dans sa longnèur de ramules fasciculés; arti- culations entourées de cils ;‘segmens transparens:trois et une fois plus longs que larges. ’ , 8 Nivelée. 8 Fastigiata. Fyal > Dénudée. ; Denudata. Ceramium forcipatum var. glabéllum F1. fr. diios glabella, Gratel. 1 Si l'apparence bigarrée des cloisons et des segmens rapproche cette-espèce de,la précédente , d’autres caractères l’en séparent suffisamment. Elle forme-sur.les Hy- drophytes et les rochers de petites touffes longues de deux à quatre-pouces (6,410 centimètres), difficiles à reconnoître’ d’abord en ‘raison -de la transparence,de la plante. Fixée par un point d'attache commün , la fronde est’ presque sétacée [on capillaire dans toute sa longueur, divisée en plusieurs dichotomies successives, partagée par des cloisons fasciées, larges, pourpres ou violettes, en segmens deux à trois fois plus longs que larges; çà et là règnent des ramules simples ou dichotomes, souvent unilatéraux, fasciculés vers le haut, où les segmens aussi longs; et quelque- fois moins que leur diamètre, sont séparés par des cloisons garnies de cils (seulement visibles au microscope), hyalins, eux-mêmes cloisonnés, fugaces, disposés en verticille, qui souvent manquent dans la fronde principale. La fructification consiste en capsules verrüqueuses, opaques, pourpres dans le centre, sessiles, rapprochées perpendiculairement à ia partie externe des dernières dichotomies. On trouve aussi des conceptacles sur les cloisons. La plante adhère légèrement au papier. Elle est:tres-commune sur les. côtes. Je l’ai rencontrée pourvue de capsules au mois de septembre (bv). La varieté 8, haute seulement d’un pouce (3 centimètres), croît sur les rochers à Penmarck. La disposition deses rameaux la caractérise assez (# p) fs. La variété y a ses frondes alongées , dépourvues, dans une partie de sa longueur, M ém. du Mus. t. 16. 14 106 HYDROPHYTES LOGULÉES. des ramules que l’on voit en « et en 8; les cils ne se trouvent que vers les sommets de la plante. On la rencontre dans l'Océan et la Méditerranée (v v). 6. BorynE TORULEUSE. Boryna torulosa. B". Ceramium coccineum, Drap. ined. Herb. Lamour. Fronde capillaire, rose, membraneuse, di- et trichotome ; rameaux comme pro- lifères, partagés par des cloisons toruleuses, ciliées, en segmens six et une fois plus longs que larges. Il faut l’examiner attentivement pour ne pas la confondre avec la Boryne à cils. Elle forme sur les coralines de petites touffes longues de un à deux pouces (3 à 6 centimètres), fixées par un point calleux. La fronde, de l'épaisseur d’un cheveu, est membraneuse, d’un rose pâle, se divise en dichotomies peu nombreuses, dont les rameaux redressés, partant perpendiculairement, au nombre de trois ou quatre du sommet de la cloison, deviennent ainsi proliferes; quelques ramules presque simples, courts et rares, s’en échappent çà et là ; les uns et les autres sont terminés à leurs sommets par des rudimens en massue ou de petites bifurcations en forme deforceps bien moins caractérisées que dans les deux espèces ci-dessus. Dans le bas de la fronde les segmens sont huit fois plus longs que larges, paroissent réticulés au microscope, égalent seulement leur diamètre dans les sommets; les cloisons fasciées, gonflées, comme toruleuses, obscures, sont entourées de petits cils hyalins, fragiles, cloisonnés, qui lui donnent une ressemblance avec la Prêle (Equisetum). Sa fructification n’est inconnue. Cette plante adhère peu au papier (#5). Elle provient de la Méditerranée, et m’a été communiquée par mon ami Lamou- roux, avec l'indication de Draparnauld. * Espèces douteuses. 7. Borvne DE GrirriTus. Boryna griffithsiana. B*. Conferva griffithsiana, ÆEngl. bot., tab. 2312. — Ceramium ? griffithsianum, Ag. Disp. univ., p. 27.— Fucus friabilis, Clement. ens. Fronde filiforme, cartilagineuse, rameuse, rameaux et ramules entourés de filamens courts, fusiformes, noduleux ; segmens un peu plus larges que longs. Cette espèce, que Clément dans son Essai, et Agardh dans son Dispositio univer- salis Algarum avoient rangée parmi les Hydrophytesilloculées, paroît d’une nature ambiguë. HYDROPHYTES LOCULÉES. 107 * Avant de connoître l'English botany,j'avois'examiné et décrit à plusieurs-reprises cette plante, sans être satisfait demes observations. Depuis que j'ai pris connois- sance de la description et de la figure de Sowerby, mes incertitudes ne sont pas dissipées; seulement je vois qu’elle se présente en Angleterre sous le même aspect -que je vais la décrire. Elle forme dans les flaques des touffes hautes de quatre à cinq: pouces, (environ deux décimetres). Fixée par un point calleux sur les pierres, la fronde est cartila- gineuse, filiforme, d’un pourpre sombre qui noircit par la dessiccation ; elle est, vue à la loupe, comme réticulée, d’abord sans apparence de cloison, se divise dès sa base en rameaux alternes partant du milieu du segment, alongés, inégaux, vagues, à segmens un peu plus larges que longs , garnis de quelques ramules rares, tres-couris, comme fusiformes, d'apparence noduleuse par la contraction des cloisons fasciées , obscures, qui rendent les segmens proéminens. En outréide ces divisions, on distingue répandus sur la plante un grand nombre de filamens, capil- lacés, longs d’une ligne, sombres dans l’état d’intégrité, qui deviennent bientôt transparens dans leur intérieur, et paroïssent un peu amincis à leurs sommets, im- plantés irrégulièrement sur les segmens, et partagés en segmensitrois fois plus longs que larges. Ces filamens m'ont offert fréquemment dans leur longueur.des capsules sessiles, isolées ou réunies quelquefois une à trois ensemble, limbées, uniloculées, caractère qui, joint à la transparence des ségmens, me les fait regarder comme des êtres parasites, probablement le Cerarmium lanuginosum. Une:seule fois j'ai cru apercevoir sur des rameaux un peu dénudés quelques élytres légèrement arrondies, visibles à l’œil nu, éparses; exposées au microscope, elles m’ont paru ponctuées, s'ouvrir circulairement par le sommet, et donuer issue à des séminules irrégulières qui m'ont semblé d’une couleur glauque. La plante adhère au papier par la dessiccation, et offre dans ses rameaux une espèce de duvet grisâtre dû aux filamens parasites. Je l'ai trouvée depuis octobre jusqu’au mois de mai aw cap Cous et à Combrit. Observation. J'engage les algologues à l’examiner de nouveau pour lui fixer une place peut-être mieux appropriée. LL GENRE VI SPHACÉLAIRE. Sphacelaria. Lyngbye. Cerami species, Roth. et Agardh. Confervæ Dillwynir. Fronde olivâtre, coriace, flexible, veinée, surcomposée ; les sommets terminés par un renflement obtus, spbacélé; souvent des capsules limbées. 108 HYDROPHYTES LOCULÉES. Sous cette dénomination sont assez bien groupées plusieurs espèces, dont le sommet des tiges et des rameaux offre, même à l’œil nu, une espece de bouton, noir ôw brun , qui tranche-avec la couleur olivätré du reste. de la plante. Exposé au microscope, ce point gangréneux devient éminemment transparent, et semble renfermer une poussiere tres-menue , plus ou moins abondante. Un autre caractère propre à ce genre, ce sont deux ou trois fascies perpendiculaires, brunâtres, dis- posées dans chaque segment. Elles remplissent les mêmes fonctions que dans les Grammites, et contribuent à la coloration propre de la plante. Je suis donc éloi- gné de partager l'opinion de Lyngbye, qui pense que ces fascies sont dues à des séminules non mûres qui attendent l’époque de leur perfection pour passer de segment en segment jusqu’au sommet, afin de remplacer celles qui, étant parve- nues à leur point de maturité, se sont échappées par un espace entr'ouvert. Cette süpposition hypothétique feroit faire un grand chemin à ces séminules à travers des segmens' qui paroissent peu perméables. Dailleurs les capsules ne sont pas toujours terminales ; elles se trouvent encore le long des pinnules : elles sont rondes, quel quefois à limbe pellucide, ce qui annonce une organisation uniloculée. Quoiqu’on ne les ait observées que dans peu d'espèces, l’analogie peut faire présumer qu'onles rencontrera dans les autres. Quelques espèces sont remarquables en ce que les pinnules inférieures des ailes sont aiguës, et deviennent obtuses vers le sommet. Toutes sont marines. En outre de celles que nous allons décrire ci-apres, on peut réunir-au genre les Sphacelaria plumosa, reliculata et scoparioides de: Eyngbye. On a lieu de s'étonner que Bory, si exact pour l'ordinaire à suivre les traces de Lyngbye; ait tant morcelé le genre si naturel de l’algologue danois. A l'exception des Sphacelaria spitula et spinulosa ; qui n’appartiennent peut-être pas au genre, nous ne voyons pas la mécessité d'en séparer les autres. Je ne sais trop de quelle nature sont les filamens parasites qui rampent sur le bas de la tige de plusieurs Sphacélaires, et qu’on rencontre également sur des Dictyota de Lamouroux: Ils y forment un feutre épais, qui paroît au microscope composé de fils capillacés, radicans, plusieurs fois dichotomes, à angle à peu près droit, presque obtus à leurs sommets; ils sont partagés dans leur longueur par des cloisons fixes, colorées en segmens aussi larges que longs, qui contiennent tantôt de petits atomes pulvérulens dans leur intérieur, et m'ont d’autres fois semblé parcourus par quelques sillons perpendiculaires. HYDROPHYTES LOCULÉES. 109 1. SPHAGÉLAIRE SERTULAIRE. Sphacelaria sertularia. B. Cerarmium elatines, Mertens ined.— L'ilicinum, Grateloup 2? Fronde irrégulière, capillaire, rameuse, distique et trois fais ailée ; ailes courtes, déliées, presque à angle droit, alternes ainsi que les rameaux. Cette espèce, une des plus petites du genre, semble croître sur les rochers sous- marins, el ne vient sur le rivage que rejetée par les flots ou les marées; aussi n’en. trouve-t-on que des échantillons frustes, entrelacés avec d’autres plantes. Pour l'ordinaire , les frondes sont capillaires , longues de six à dix lignes (2 à 3 centi- mètres , d’une couleur olivâtre pâle qui change peu par son exposition à l'air; elle se partage en rameaux peu nombreux, inégaux, ouverts, obtus et sphacélés à leurs sommets, distiques et trois fois ailés, pourvus de ramules nombreux; les ailes, d’une couleur olivâtre pâle, longues de une à trois lignes, sont tres-déliées , seule- ment distinctes au microscope , et ont leurs pinnules presque à angle droit, aiguës, alternes, ainsi que les rameaux. Dans tous, les segmens sont aussi larges que longs, et marqués de deux à trois sillons obscurs, perpendiculaires. La fructification m'est inconnue. La plante est d’une consistance cartilagineuse, liante; elle ne se fix point sur le papier par dessiccation. On la trouve pendant l’été rejetée dans la baie de la forêt près de Concarneau, sur le banc de Saint-Marc, dans la rade de Brest, et à Roscoff, où M. Cauvin l’a aussi rencontrée. M. de Brébisson fils me l’a envoyée de Saint-Malo (vw). Observation. D'après ua échantillon étiqueté par le docteur Mertens lui-même, et que je dois à l’obligeance de M. Duvau, j'ai donné à la présente espèce)la synonymie de ,Ceramium elatines, à laquelle le célèbre. algologue. de Brême ajoutoit le Cerarmium filicinum de Grateloup. Mais comme, sous ce dernier nom F . j'ai reçu de Lamouroux une, espece différente , je reste indécis sur la véritable plante du botaniste de Dax... J'ai vu dans la collection de M. Brongniart fils un échantillon éliqueté Ælatinaïdes par le professeur Agardbh, et qui est semblable à notre Sphacélaire en crête. 2. SPHACÉLAIRE A JoNc. Sphacelaria ulex. B°. Sphacelaria disticha, Lyngb. p. 104, tab. 31? Fronde sctacée, tres-rameuse, deux fois ailée; rameaux rapprochés, presque triangulaires, distiques; ailes lancéolées à pinnules roides, écartées, capillaires, alternes , ainsi que les rameaux. 110 HYDROPHYTES LOCULÉES. De même que la précédente, notre Sphacélaire paroît n’habiter que les rochers sous-marins. Elle est rapportée sur le rivage en petites touffes obrondes , hautes de dix à dix-huit lignes (2 à 10 centimètres). La fronde sétacée, d’une couleur olivätre qui passe bientôt au noirätre, se partage dès la base en rameaux nombreux , rap— prochés, dont les inférieurs sont ordinairement les plus longs; ils s'étendent presque horizontalement, sont obtus et sphacélés au sommet, et sont garnis d’ailes décroissantes, lancéolées , alternes ainsi que les pinnules; celles-ci, peut-être aussi vagues, ordinairement simples, sont toutes égales , à peu près d’une demi-ligne, aiguës, roides et redressées. Toute la plante est partagée par des cloisons fasciées, obscures, en segmens un peu plus larges que longs, veinés. Sa consistance est car— tilagineuse, liante; point d’adhérence au papier (vv). Se trouve dans la baie de la forêt près äe Concarneau , et à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), dans le mois de septembre. 3. SPHAGÉLAIRE EN VRiLLEs, fig. VI. Sphacelaria cirrhosa. B". Conferva cirrhosa, Roth. Cat. bot. 3, p. 294. — Ceramium cirrhosum , Ag. Syn., p.67.—Conferva pennata, Huds. p 604.—Dillhv., tab. 86 f. E (optimè). —Engl. bot., tab. 2330. — FI. Dan., tab. 1486 f. 2.—Sphacelaria pennata, Lyngb., p. 105, tab. 31. Fronde capillaire liante, tres-rameuse , presque nivelée ; rameaux ailés, alternes, inégaux , ainsi que les pinnules, qui sont opposées et alternes; segmens environ deux fois plus longs que larges. Cette espèce croît sur les Hydrophytes et les rochers sous-marins en pelites touffes hautes de six à douze pouces (1 à 3 centimètres), qui, lorsqu'elles sont rejetées sur le rivage, forment des espèces de boules. Les frondes, fixées en petit nombre sur le même point, sont capillaires , de couleur olive-roussâtre, entre- lacées, et parviennent à peu près à la même hauteur; elles se divisent à angle aigu en rameaux rapprochés, alongés, inégaux, alternes , ailés, obtus à leurs sommets, qui sont peu ou point sphacélés. Les pinnules distiques sont inégales, opposées et alternes , aiguës, et portent quelquefois des capsules rondes, opaques, visibles à la loupe, souvent unilatérales, ceintes d’un limbe transparent. La fronde est partagée par des cloisons linéaires, obscures en segmens opaques, environ deux fois plus longs que larges, comme réliculés et sillonnés, qui deviennent un peu transparens et uniloculés dans les pinnules. La plante n’adhère presque pas au papier. Je l'ai trouvée rejetée dans la baie de la forêt pres de Concarneau; M, Montagne. HYDROPHYTES LOCULÉES. 111 à Belle-Ile en mer; MM. Lamouroux et Dudresnay me l’ont envoyée des côtes de la Manche (vw), Observation. J'ai peine à croire que toutes les plantes figurées par Dillwyn, sous le nom de Conférva pennata, appartiennent à la même espèce : aussi n’ai-je cité que la lettre E qui convient à celle que j'ai observée. Je suis également sûr de la syno- nymie de la Flore danoise, d’après un échantillon envoyé par Lyngbye lui-même. 4+ SPHACÉLAIRE MINCE. Sphacelaria tenuis. Br. Ceramium tenue, Agardh, Herb. Brongniart. Fronde capillaire, uniforme, très-rameuse ; rameaux fasciculés, en cime, pres- que deux fois ailés; pinnules alternes, à segmens aussi longs que larges. Cette espèce a quelques rapporls de forme et de grosseur dans ses filamens avec la Sphacélaire en vrilles, lorsque celle-ci est dans sa jeuresse. On la trouye sur les rochers, en forme de petites touffes de un à deux pouces (3 à 6 centimètres), d’une couleur olivâtre qui passe au roux. Les frondes, d’une grosseur uniforme dans toutes leurs parties, sont réunies plusieurs ensemble, et forment souvent dans le bas par leur entrelacement de petites cordelettes, qui ne sont isolément que de petits filamens capillaires ; ceux-ci se partagent en rameaux nombreux, alternes, groupés en faisceau, de la forme d’une cime, ascendans, deux fois ailés dans le bas et une fois seulement dans le haut, composés de pinnules distiques , aiguës dans le bas, obtuses vers‘le sommet des ailes. La plante adhère peu au papier. Elle a d’abord été trouvée dans la Méditerranée, près d’Oneille, par M. Adolphe Brongniart , qui m’en a communiqué des échantillons déterminés dans son herbier par M. Agardh. Je l'ai également recueillie à Combrit (Finistère), dans le mois de juillet (ww). 5. SPHACÉLAIRE D'HENSELER. Sphacelaria Hoæœnseleri. B. Ceramium Hœnseleri, Agardh. Disp. univ., P: 27. Fronde filiforme, roussâtre, feutrée à la base très-rameuse; rameaux deux ? ’ » fois ailés, appliqués , disposés en faisceaux alongés qui se déploient en éventail; segmens un peu plus longs que larges. Elle forme sur les rochers des touffes compactes d’une couleur roussâtre et P brunâtre. Comme la fronde est pour l'ordinaire recouverte à la base d’un feutre parasite, on ne .peut que difficilement reconnoître sa grosseur, qui est celle d’un æ 142 HYDROPHYTES LOCULÉES. fil. Un peu plus haut, elle est entourée plus ou moins de ramules un peu roides , longs de douze à quinze lignes (3 à { centimètres), appliqués sans ordre à l'entour, tandis que, par intervalle , il sort quelques rameaux inéganx, sélacés, formant des faisceaux serrés, longs de dix-huit lignes (5 centimètres), qui, lors- qu’ils sont déployés et ouverts, prennent une forme d'éventail par l’étalement des ramules nombreux qui les composent ; ces ramules sont tres-rapprochés, redressés, longs de douze à quinze lignes, et garnis de pinnules en forme d’aiguillons, à peine d’une ligne de longueur, écartées, alternes, sans ordre, acuminees ; celles du sommet, ainsi que des rameaux, sont un peu obtuses, terminées par une espece de bouton noir, sphacélé. C’est seulement dans les rameaux et les ramules qu’en peut reconnoître les cloisons linéaires obscures, qui les partagent en segmens un peu plus larges que longs. La plante adhère d’une manière lâche au papier (vs). Elle se trouve sur les côtes du Finistere et du Morbihan. 6. SpuacÉLaiRE BALAI. Sphacelaria scoparia. Liyngb., p. 104. Conferva scoparia, Lin. Syst. nat., p.720.— Dillw., tab. 52; et Syn. n°. 167. — ÆEngl.'bot., tab. 1552. — Ceramium scoparium, Roth. Cat, bot. 3, p. 141. —- De Cand. FI. fr. 2, p. 41. Fronde presque brunätre, filiforme, feutrée, tres-rameuse ; rameaux deux fois ailés , en faisceaux nivelés , raccourcis; segméns un peu plus larges que longs. Cette espèce ayant de grands rapports et pouvant être confondue facilement avec la Sph. d’Henseler, il est bon d’insister sur les caractères qui la différencient. La. présente croît sur les rochers qui se découvrent seulement à la derniére limite du reflux , et s’y trouve en touffes longues de trois à quatre pouces (9 à 10 centi- mètres), réunies ordinairement plusieurs ensemble, et d’une couleur olivâtre sombre qui passe au brunätre. La fronde a besoin d’être séparée du feutre qui la recouvre à la base, pour paroître filiforme ; elle est cartilagineuse, liante, se divise presque aussitôt en rameaux nombreux, alternes , rapprochés, sétacés , quelquefois longs d’environ trois pouces (r décimetre), souvent un peu nus dans le bas, pourvus d’ailes (ou ramules) très-nombreuses, redressées, longues d'environ un pouce (4 centimètres), qui s’agglutinent ; et prennent la forme de petits faisceaux irré- guliers, comme nivelés,, dont les pinnules , d'environ une ligne, sont acuminées, simples, rarement bifides, et deviennent un peu plus courtes vers le sommet, où elles sont obtuses, sphacélées ; des cloisons linéaires, obscures, les séparent jen segmens un peu plus larges que longs, sillonnés par des veines perpendiculaires. C’est autour dessommets sphacélés que j'ai vu des capsules brunes, rondes, sessiles. La plante en séchant adhère peu au papier. Elle est fréquente sur les côtes (pv). HYDROPHYTES LOCULÉES. 113 7. SrHACÉLAIRE EN cRÈèTE. Sphacelaria cristata. Bn. Ceramium elatinoides, Agardh et Desvaux, Ms. Fronde sétacée, olivâtre, tres-rameuse, feutrée ainsi que les rameaux; ceux-ci alongés, vagues, deux fois ailés, à pinnules partant du milieu du segment. J’éprouve de l'embarras à concilier les synonymies que j'ai rencontrées dans les herbiers. L'espèce dont il est ici question m’a été communiquée par M. le profes- seur Desvaux sous le nom de Cerämium elatinoides de’ Mertens, et Agardh l’a ainsi désignée dans l’herbier de M. Adolphe Brongniart, tandis qu’un échantillon authentique de la main du celebre algologue de Brême se rapporte, sans aucun doute, à notre Sphacélaire sertulaire. Aussi m’a-t-il fallu chercher une dénomina- tion dans son port en forme de plumet que présentent ses frondes. La plante est presque sous-marine, a pour base une espèce de souche roussâtre, formée des parasites qui s’enlacent et dérobent une partie de la base. Elle est d’un vert-olivätre , ordinairement assez fixe, et parvient à la hauteur de quatre à cinq pouces (1 à 2 décimètres). La fronde est seulement sétacée, cartilagineuse, liante, se couvre de rameaux vagues, alongés , feutrés eux-mêmes, comme rhomboïdaux, deux fois ailés, garnis d’ailes lancéolées, aiguës, un peu ouvertes, capillaires, dont les pinnules à peu près égales partent du milieu du segment, qui est égal au diamètre , et sont aiguës dans le bas de l’aile, obtuses et sphacélées vers le sommet; j'ai aperçu sur le bord des segmens quelques petites capsules rondes, opaques, portées sur un léger pédicelle. La plante n’adhère que très-imparfaitement au papier par ses rameaux: ‘1 Je l’ai rencontrée dans le goulet de Brest et à Combrit (Finistère) ; M. Rouillé me l’a envoyée des Sables d'Olonne (vv). GENRE VII. Garzrore. Gaillona. B», Hutchinsiæ et Ceramir species. Caractère générique. — Fronde ronde, réticulée-sillonnée, presque continue dans le bas, uniloculée dans les rameaux; capsules de deux sortes. Je range dans ce genre un petit nombre d’espèces, dont le port agréable et l’or- ganisation intermédiaire entre celle des Céramiées offrent des rapports naturels. (Il ne faudra pas les confondre avec les Gaiïllonnelles de Bory, qui sont des êtres tout- Mérm. du Muséum. t. 16. 15 114 HYDROPHYTES LOCULÉES. à-fait différens). Leur couleur est la pourpre plus ou moins foncée, souvent mélangée de verdâtre; elles ont une consistance cartilagineuse et coriace, surtout dans les parties inférieures, qui, plus foncées en couleur, n’offrent dans le bas de la tige qu'un tissu épidermoïde, opaque, presque continu, à réseau réticulé ou sillonné, surperposé à un cylindre charnu, opaque. Cette organisation robuste change dans ses divisions raméales , qui acquierent l'éclat et les métamorphoses des uniloculées. Une locule interne bien distincte se remarque dans les segmens. La fructification offre des capsules de deux sortes, les unes plus consistantes, membraneuses, colo- rées, ovales, obrondes, donnent issue aux séminules par une ouverture circulaire située au sommet ; les autres presque mucilagineuses , diaphanes, oblongues, plus ou moins aiguës, renferment des séminules disposées dans une série double ou triple, et qui se séparent par la rupture d’une portion de leur enveloppe. Elles habitent la mer. Que dire de observation que j'ai faite à deux reprises sur les rameaux de la Gaillone ponctuée, où j'ai apercu dans le double tube des ramules beaucoup de petits corps arrondis, transparens dans le pourtour, marqués au centre d’un point fauve, e: qui ressemblent beaucoup au Monas punctum de Muller ? J’avois, dans mon premier Essai, donné le nom de Grateloupea au genre pré- sent. Mais à la même époque, M. Agardh ayant fait,au botaniste de Dax pareil hommage dans son Species algarum, j'ai cru devoir fixer la reconnoissance des algologues sur M. Benjamin Gaillon de Dieppe, qui s'occupe avec distinction de l'organisation des Hydrophytes. 1. GAILLONE MILLE-FEUILLE. Gaillona millefoliumn. B. Conferva coccinea, Huds. FI. angl , p. 603. — Dillw., tab. 36, et Syn. n°. 140. Supplem., tab. G. — Engl. bot., tab. 1055. — C. plumosa, Ellis phil. tr. 57, p- 425, tab. 18 C.c. d. D. — Ceramium hirsutum, Roth, Cat. bot. 2, p. 169, tab. 4.—3, p.137.—Millefolium , Lamouroux, ined.—C. coccineum, De Cand. F1. fr. 2, p. 40. — Hutchinsia coccinea, Agardh, Disp. univ., p. 26. — Calli- thamnion coccineum, Lyngb., p. 124. Fronde filiforme, presque cartilagineuse , feutrée inférieurement, tres-rameuse; rameaux alternes, surcomposés, ailes; segmens un peu plus longs que larges. g Plus mince. 8 T'enuior. Cette plante, une des plus élégantes parmi les Hydrophytes loculées, forme, sur les rochers submergés et les grands yarecs, de petits arbustes d’une couleur écla- HYDROPHYTES LOCULÉES. 115 tante, qui, par l’âge et l'exposition à l’air, passe.au pourpre. foncé. Sa fronde soli- taire, fixée par un large disque radical, s’élève à la hauteur de quatre à dix pouces (1 à 3 décimètres ); elle est cartilagineuse, et, si on l’examine attentivement au microscope, on découvre qu’elle est revêlue d’une membrane composée d’aréoles parallélogrammatiques, qui, en se déprimant, la font paroître sillonnée; sa grosseur, qui est celle d’une petite ficelle, diminue ensuite, et devient sétacée vers le sommet; elleest obscurément cloisonnée et partagée en segmens un peu’plus longs que larges; elle émet des rameaux alternes touffus, plus longs dans le bas, plus délicats, sur- composés, dont les ailes sont fasciculées; celles-ci sont garnies de pinnules multi- fides, à divisions divariquées dans leur jeunesse, aiguës, qui deviennent tronquées plus tard. Deux sortes de fructifications en forme de capsules se trouvent dans la plante ; les unes, situées dans le bas des rameaux inférieurs , visibles à la loupe , et mieux encore au microscope, sont implantées dans les divisions des ramules, portées sur un court pédicelle; elles sont transparentes , mucilagineuses, coniques, prolongées en pointe aiguë, un peu recourbée en forme d’opercule, renfermant quelques séminules roses; les autres, visibles à l'œil nu, sont placées vers le sommet des rameaux dans les divisions des ramules, d’une couleur pourpre, sessiles , ovales, renflées à la base, ouvertes circulairement à leurs sommets ; par où s’en échappent les séminules, J’ai observé les fructifications à la fin de l’automne et en hiver, tandis que Dillwyn et Lyngbye les indiquent vers l'été. La plante est tres-commune sur les côtes de France ; elle n’adhèré au papier que dans son état de jeunesse, avant d’être pourvue de fructification (sv). La variété Best de moitié plus petite dans ses dimensions; lés segmens des ramules sont trois à quatre fois plus longs’ que larges. Je l’ai rencontrée dans les - flaques au cap Cous , dans la baie de la forêt, au mois de novembre; je soupçonne que c’est une plante jeune (y w). Observation.—J’ignore pour quelle raison Bory, dans son Dictionnaire classique, s’est décidé à en faire un Céramie; l’organisation multiloculée de sa fronde, et sa fructification double, la distinguent, dès le premier coup d’œil des Céramies, qui n’ont qu'une locule et la fructification unique. Lyngbye avoit déjà pressenti qu’il en faisoit à tort un Callithamnion. 2. GAILLONE ARBRISSEAU. Gaillona arbuscula. Br. Conferva arbuscula, Dillw., tab. 85 et Syn. n°. 148, tab. suppl. G.— Engl. bot., tab. 10916. — Hutchinsia arbuscula, Ag. Disp: univ., p. 28. — Callithamnion 116 HYDROPHYTES LOCULÉES. arbuscula, Lyngb., p. 123, tab. 38 À. — Ceramium cancellatum, De Cand., F1. fr. 2, p. 4o (Ezxcl. syn.), certà. Fronde presque cartilagineuse, épaissie dans le bas, souvent peluchée, très- rameuse; rameaux inégaux , recouverts de ramules multifides, courts; segmens quatre et une fois et demie plus longs que leur diamètre ; corps siliculeux épars. Elle offre sur les rochers, et quelquefois les Conferves, de petits arbrisseaux d’une couleur cerise ou pourpre, longs de douze à quinze lignes (3 à 5 centi- mètres) , d’un port ovale par la disposition de ses rameaux. La fronde, quelquefois multiple, fixée par un renflement calleux, est plus épaisse à la base, presque fili- forme et cartilagineuse, comme réticulée et sillonnée, un peu rugueuse, opaque, sans apparence de cloison, tantôt nue, tantôt pourvue de ramules très-serrés, qui lui donnent une apparence peluchée; des rameaux de longueur inégale, dont les inférieurs sont ordinairement les plus longs, poussent à angle aigu; ils sont entourés de ramules très-courts, rapprochés, alternes, pédiaires, à divisions recourbées en dedans, obtnses au sommet, séparées par des cloisons transparentes en segmens uniloculés, d’abord deux et quatre fois plus longs que larges, et seule- ment une et demie à leurs sommets; dans l’intérieur des divisions , on rencontre des corps en forme de silique (sont-ce des capsules?), transparens , renfermant.des globules ronds, d’un, pourpre noir, rangés sur deux ou trois rangs, tels que les figure Lyngbye dans sa planche citée en 4, 5 et 6; mais les véritables capsules, qui se trouvent le long des divisions des ramules, sont globuleuses, sessiles, colorées, souvent limbées. La plante en séchant acquiert une couleur tres-foncée, ses rameaux se resserrent et recoquillent comme la Dasytriche spongieuse. Elle adhère imparfailement au papier. Je l’ai rencontrée à Lœsconil pres Pont-Labbé (Finistère) fructifiée dans le mois d'août (ww). Observation. — 1] paroît que Bory ne connoissant la plante que par la figure 2 de Lyngbye, qui représente un rameau supérieur, a cru que ses segmens éloient constamment uniloculés. On peut s'assurer sur le vivant qu’il en est autrement dans le reste de la fronde. 5. GAILLONE CHANGEANT, fig. VII. Gaillona versicolor. B". Ceramium muscosum, Draparn. Herb. Mus. Par. Fronde inférieurement filiforme, très-rameuse; rameaux et ramules alternes, capillaires, fasciculés et nivelés, à segmens irréguliers une ei trois fois plus longs que larges; corps moriformes épars. BYDROPHYTES LOCULÉES. 117 Malgré sa grande ressemblance dans le port et une partie deses détailsiavec la précédente, l’espece présente me semble en différer assez pour être distinguée. Elle forme sur les rochers de jolis petits buissons, en forme d’arbrisseaux touffus , d’une couleur pourpre-grisâtre qui passe souvent au vert-grisâtre dans le même échantillon; leur hauteur est d'environ deux pouces (6 centimetres); la partie inférieure est ordinairement presque filiforme, comme peluchée; souvent cependant c’est une réunion de plusieurs filamens capillaires, partant d’un petit point calleux radical, cordonnés ensemble, qui émettent du sommet du segment des rameaux nombreux, alternes, inégaux, fasciculés et garnis de ramules touflus, brachiés, nivelés, dichotomes, à divisions divariquées, dont les sommités sont amincies, puis obtuses. La fructification est de deux natures; tantôt on voit dans Vaisselle des ramules des corps arrondis en forme de fraise, d’une couleur pourpre foncée, qui semblent un amas de séminules ; tantôt on distingue des capsules tres- petites, rondes, limbées, purpurines, sessiles le long des cloisons des ramules. Celles-ci sont linéaires, déhiscentes, et forment des segmens, qui, dans le bas, sont de largeur égale au diametre, le surpassent ensuite de trois fois, et Végalent seulement dans le sommet des ramules; dans ceux-ci ils varient souvent de forme, et prennent souvent celle de massue, couleur de la plante pourpre-grisätre, qui passe au vert-jaunâtre souvent dans le même échantillon , effet que j’attribue à l'intensité plus ou moins grande de lumière fixée sur une portion. En séchant elle adhère au papier (vv). Elle croît sur les rochers de Combrit, Penmarck et Læœsconil (Finistère), depuis le mois d’avril jusqu’en septembre. Mon ami le professeur Cauvin l’a recueillie à Belle-Ile-en-Mer. .. Je lai reçue de Lamouroux sous le nom de Cerarmium musCOsUnm. 4. GatLrowe, PoNCTUÉE, fig. VII. Gaillona punctata. B». Ceramiumr punctatum, Grateloup, Ms. — Granulatum, Ducluzeau, Ess., D: 72. — Persoonü, Agardh, Herb. Brongniart. Fronde sétacée, apparente, cartilagineuse, tres-rameuse; rameaux inégaux, souvent pyramidés, garnis de ramules multifides, distincts, à ségmens réguliers, cinq et six fois plus longs que larges, remplis dans leur intérieur de petits points nombreux, distincts. Var. 8: Cératophylle. 8. Ceratophylloides. Cette espece, entrevue d’abord et mal décrite par Ducluzeau dans son Essai sur 118 HYDROPHYTES LOCULÉES. les Conferves, paroît avoir été confondue par M. Mertens avec la Gaillone arbris- seau, comme je lai reconnu dans l’herbier du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. On ne peut attribuer cette amalgame qu’au défaut d’avoir observé l’une et l'autre vivantes. Malgré leurs rapports d'aflinilé, une analyse exacte y reconnoît les différences suivantes : La Gaillone ponctuée croit sur les rochers et sur d’autres Hydrophytes, en forme de petits arbrisseaux hauts de deux à trois pouces (7 à 9 centimètres), de forme souvent pyramidale, d’une couleur purpurine, plus ou moins intense, quelquefois d’un roux clair. Les frondes réunies plusieurs ensemble par un point calleux, mais distinctes, sont de la grosseur d’un fil, cartilagineuses , ne sont point peluchées ; des cloisons obscures les séparent en segmens opaques, un peu striés perpendicu- lairement, aussi larges que longs. Ces frondes poussent çà et là des rameaux iné- gaux, éloignés dans le bas, plus courts à mesure qu’ils approchent du sommet, tous garnis, ainsi que la fronde, de ramules épars à l’entour des cloisons, pédiaires, longs d'environ deux lignes, moins abondans quelquefois dans la fronde , qui est un peu dénudée, mais rapprochés lelong des rameaux; ces ramules ont leurs divi- sions écartées à angle aigu , un peu recourbées en dedans, moins longues que dans la Gaillone changeante; elles paroissent d’abord continues, mais deviennent ensuite séparées par des cloisons linéaires en segmens de même forme, cinq à six fois plus longs que leur diamètre, dans l’intérieur desquels se trouve un grand nombre de petits corps transparens au pourtour, fauves dans le milieu, contigus ou épars, ressemblant au Monas punctum de Muller. Mème mode de fructification que dans la Gaillone arbrisseau. La plante adhère au papier en séchant. La variété 8, que jai recueillie aux îles des Glénans , a les divisions des ramules läches et écartées. On la trouve en été à Læœscomil, dans l’île de Sein (Finistere), et dans les envi- rons de la Rochelle, où M. Adolphe Brongniart en a recueilii des échantillons que j'ai vus dans son herbier, étiquetés par M. Agardh Ceramium Persoonü ; Duclu- zeau l'indique à Cette; M. Soleyrol m’en a envoyé des échantillons de l'ile de Corse (vw). 5. Gaïcrone VERDATRE. Gaillona virescens, Sp. nov. Br. Fronde uniforme, capillaire , rameuse ; rameaux allernes et opposés, dicho- tomes et divariqués,, à ramules unilatéraux; segmens une fois et demie plus longs que leur diamètre. s N'ayant point recueilli moi-même cette espèce, je n’indiquerai point la nature de la base sur laquelle on la trouve fixée. Eile croît en petites touffes hautes d’en- riron deux pouces (6 centimètres), d’un vert-olivätre, qui, par la dessiccation, HYDROPHYTES LOCULÉES, 419 prennent un aspect recoquillé ; elles sont formées par l’entrelacement de plusieurs frondes capillaires, uniformes dans toute leur longueur ; celles-ci, sans être distinc: tement cloisonnées dans le bas, laissent voir, par Ja contraction de la locule, que les segmens sont aussi larges que longs; elles sont garnies de rameaux courts, fasciculés, d’abord écartés et alternes ; qui, en se rapprochant ensuite, sont plus fréquemment opposés ; ils'sont dichotomes, divariqués , composés de ramules'uni- latéraux, obtus, dont les segmens sont une et demie fois plus longs que larges. Dans les échantillons que j'ai observés, j'ai seulement rencontré un rüudiment d'Hélytres purpurines , sessiles ; le long d’un ramule (us). La plante adhère imparfaitement au papier. Je l’ai vue dans l’herbier de Lamou- roux el celui de Le Normant avec l'habitat de la-Méditerranée. M. Desvaux me l’a envoyée sous le nom de Ceramium fruticulosum, d'apres Mertens. * Espèces moins connues. ! 6. Gairzowe DE Boucuer. Gaillona Boucheri. Br. Ceramium asparagoïdes, Boucher, ined. Fronde filiforme, membraneuse, épaissie, rameuse ; rameaux sélacés, garnis de ramules capillacés, alternes et opposés, multifides, à divisions dichotomes et pro- liferes, dressées. Je n’ai connoïssance de cette espèce que par un échantillon que j’ai trouvé dans l’herbier de Lamouroux. Comme elle est d’une nature délicate et un peu gélati- neuse, je n’ai pu la revivifier qu’imparfaitement, et je présume que ma description sera incomplète. La fronde manque de son point d’attache, est haute d’environ deux pouces (6 centimètres), de couleur d’œillet roussätre et d’une consistance membraneuse. Elle se divise d’abord en rameaux principaux, filiformes, alternes > Vagués, con tinus en apparence, un peu opaques, renflés dans le milieu et amincis aux deux extrémités (cet effet est-il dû à la dessication?), longs de dix-huit à vingt lignes (5 centimètres), qui poussent des rameaux secondaires également alternes ; iné- gaux, sétacés, quelquefois longs de huit à dix lignes (2 centimètres), sur lesquels on commence à dislinguer des Segmens un peu sillonnés, deux et trois fois plus longs que larges, partagés par des cloisons obscures (les locules commencent à paroître dans les segmens); ces rameaux sont garnis presqu’à chaque cloison de ramules alternes ou opposés, capillacés, longs de une à deux lignes, presque transparens, d’un rose pâle qui passe au blanchâtre, uniloculés, mullifides, à divisions serrées , dichotomes et prolifères , composées de segmens irréguliers, en v | 120 HYDROPHYTES LOCULÉES. massue, dont les inférieurs sont les plus gros, six et quatre fois plus longs que larges , obtus à leurs sommets. C’est à la base où dans l’aisselle de ces ramules que l'on découvre, même à la loupe, des hélytres purpurines, souvent limbées, qui contiennent trois à quatre séminules. La plante s’aplatit en séchant, adhère étroitement au papier, de manière que les rameaux et surtout les ramules peuvent être difficilement soulevés sans rupture (vs). Elle a été trouvée par M. Boucher sur les côtes de la Méditerranée , à Cette dans le mois de mai, et à Maguelone dans celui de juin.... Je l’ai trouvée dans l’herbier de Lamouroux sous le nom de Ceramium asparagoïdes , que je n’ai pu conserver sous aucun rapport. Je dois à M. Guépin, médecin et savant botaniste d'Angers, amateur de cryptogamie, la communication d’un échantillon recueilli en Corse, qui, quoique jeune, ressemble beaucoup à la présente. Observation. — On doit la placer après la Gaillone ponctuée. HYDROPHYTES LOCULÉES. 121 DEUXIÈME FAMILLE. j DES CÉRAMIÉES. Nous venons de voir dans les genres de la famille précédente une grande partie de la fronde présenter un épiderme distinct, ordinai- rement multiloculé, tandis que les sommets annoncent une organi- sation plus simple. Ici la locule devient constamment unique dans chaque segment. La membrane qui, dans les Épidermées, étoit épaisse , opaque, prend ici une texture plus mince et plus délicate ; son union avec la locule n’est plus aussi intime dans l’état de vie et de perfection. Ces végétaux offrent de petits arbrisseaux (en minia- ture) du port le plus élégant et le plus agréable à la vue. La fronde est colorée d’une manière uniforme et continue; une ligne transver- sale, un peu plus foncée, indique les articulations, souvent même il est impossible de les discerner. Mais à peine la plante est-elle hors de son élément, ou exposée à quelque secousse , l'articulation semble s’entr'ouvrir, la locule se contracte par les sommets et sur les côtés, se déchire et épanche une liqueur qui colore l’eau et macule le papier. Cette liqueur ne me semble pas seule constituer la coloration de la locule; car sa membrane ne perd pas sa teinte après son extravasion et son épanchement. On a voulu supposer der- nièrement que cette coloration étoit occasionée par des atomes pul- vérulens ; maïs il faudroit d’abord pouvoir constater leur existence, ce que je n’ai pu découvrir avec les plus fortes lentilles du micros- cope. Il en est tout autrement dans la famille suivante des Confervées, où leur présence dans l’intérieur de la locule qu’ils distendent est facile à saisir. Mais dans les dernières on ne voit jamais ni coloration de l’eau, ni maculature du papier par suite de séjour ou d’applica- tion des plantes; c’est donc un caractère positif et très-tranché à établir entre ces deux familles. .... La fructification est unique, et consiste en capsules de nature et de forme diverses. Mém. du Muséum. t. 16. 16 122 HYDROPHYTES LOCULÉES. GENRE VIII. Céramre. Ceramium. Roth, Agardh et Bory, Dict. class. Confervæ species auctorum; Callithanmion Lyngbrye. Caractère générique.— Fronde membraneuse , uniloculée ; locule libre; capsules limbées. Un caractère assez constant s’observe dans la direction des segmens. Au lieu d’être constamment droits et d’un diamètre égal dans leur longueur, ils sont plus souvent épaissis au sommet et tors dans leur longueur ; leur surface est ordinaire- ment lisse; cependant on observe quelques stries dans les Céramies rosé et tétra— gone. La fructification ne se présente que sous un mode unique. Des capsules d’une forme ordinairement arrondie croissent à la partie latérale supérieure des segmens; elles sont sessiles ou portées sur un court pédicelle ; leur couleur est plus foncée que celle de la plante. Tantôt leur intérieur n’offre qu’une masse colorée et grume- leuse. Cet état me paroït secondaire et dépendant d’ane maturation prochaine, qui n'est complète que lorsque les séminules, variables dans leur forme et leur gros- seur, deviennent distinctes, se disgregent, et rompant leur enveloppe, vont opérer la reproduction de l’espèce. Comme je ne parle que d’après ce que j’ai vu, je me garderai bien d’imiter Bory de Saint-Vincent, qui croit devoir y comprendre le Conferva fracta , d’après les figures de Dillwyn et de Lyngbye. Celle du dernier auteur est loin d’être con- cluante, et il présume ingénument que les corps ronds capsuliformes qu'il a réprésentés sur les filamens , peuvent être les œufs de quelque insecte marin, tandis que Bory soutient que. c’est la vraie fructification. Cependant j’observerai que les corps ronds limbés, figurés par Lyngbye, sont épars le long des segmens, tandis que si c’étoit de vraies capsules, ils se trouveroient vis-à-vis l'articulation. Dans cet état, le doute me paroît le parti le plus sage. La texture des Céramiées est membraneuse, délicate, quelquefois un peu visqueuse ; leur couleur est la purpurine plus ou moins foncée. L'acte de la végétation s'opère dans l’espace d’environ un mois. Toutes les espèces croissent dans la mer. HYDROPHYTES LOCULÉES. 123 1. CÉRAMIE PLUMEUx. Ceramium plumula. Agardh, Syn., p. 62. Conferva plumula. Ellis in trans. phil. , vol. 37, p. 426, tab, 18, f. 8. G.— Dillw. tab. bo (eximit). — Turneri. Engl. bot., tab. 1637. — Floccosa. FI. dan., tab. 828, f. 1. Fronde sétacée, tres-rameuse, surcomposée, ailée; rameaux alternes et dicho- tomes ; ailes opposées à pinnules unilatérales. 8 Peluché. 8 Ceramium crispum. Ducluz. Ess., p. 47. 7 Presque verticellé. y Subverticillatum. Voici une des espèces les plus élégantes qu’il soit possible de voir. Elle offre, même à la vue simple, une jolie miniature, dont les détails augmentent encore l'admiration lorsqu'on la soumet à la loupe et ensuite au microscope. Elle forme de petites touffes d’un joli rose ou pourpres, longues de trois à quatre pouces (1 décimètre). La fronde, de la grosseur d’une petite soie, se partage dès la base, presque à angie droit, en rameaux alternes plus ou moins rapprochés, ailés ainsi que la tige, longs d'environ un pouce (4 millimètres), qui se partagent de la même manière en d’autres semblables plus courts, dont la direc- tion devient dichotome vers le sommet de la plante. Dans le bas, les articulations sont peu distinctes; ailleurs, elles sont marquées par une ligne obscure, déhis- cente. Les segmens sont trois fois plus longs que larges; à leur partie latérale supé- rieure sont placées des ailes longues d’une ligne, déliées, opposées, recour- bées en arrière le long de la tige, horizontales dans les rameaux et les ramules; les pinnules sont quelquefois opposées, plus souvent unilatérales, simples ou four- chues. C’est le. long de leur partie interne que l’on découvre des capsules rondes, presque sessiles, unilatérales, d’un pourpre sombre. La couleur de la plante se fonce par la dessiccation. Celle-ci adhère au verre et au papier. Sa consistance est délicate, quelquefois un peu visqueuse. Si on ne prépare pas promptement la plante au sortir de l’eau, elle prend un aspect crépu comme dans la variété g. On la rencontre dans la rade de Brest, à l’île d’Ouessant, à Saint-Pol-de-Léon, au Luc dans la Normandie, dans la Méditerranée, sur les rochers sous-marins ou qui découvrent peu au reflux, depuis avril jusqu’au mois d’août (v »). La variété y, que j’ai seulement observée sur le sec, a ses ramules courbés en haut ainsi que ses pinnules; ils sont quelquefois réunis comme en verticelles presque au milieu du segment; les capsules sont ovoïdes, dispersées çà et là. Je la décris 124 HYDROPHYTES LOCULÉES. d’après des échantillons recueillis à Saint-Pol par M. Roullion fils, et par moi dans la rade de Brest (vs). Observation. — La figure de la Flore danoise, que Mertens prétend être celle d’une espèce distincte, convient bien à certains échantillons recueillis par M. Du- dresnay à Saint-Pol-de-Léon. Ils ont les rameaux alongés, peu garnis comme dans la figure citée, et ne sont tout au plus qu’une variété dans laquelle les ailes A sont relevées au lieu d’être tournées en arriere. 2. CÉRAMIE DE Turner. Ceramium Turmneri. Roth. Cat. bot. 3, p. 127, tab. v. — Conferva Turneri. Dillw., tab. 100 (non Engl. bot.). Fronde capillaire, rameuse, surcomposée, ailée ; rameaux simples, ailés, à pin- nules opposées ou unilatérales, se recourbant en haut; segmens huit et deux fois plus longs que leur diametre. 8 Traçant. 8 Radicans. — Ceramium pluma, Dillw., tab. suppl. T. F ? Il offre sur les rochers sous-marins de petits gazons d’un pouce de haut, d’une couleur pourpre foncée; les frondes réunies plusieurs ensemble sur un point calleux, capillaires, dressées , souvent nues à la base, sont garnies de rameaux alternes ou opposés , ailés, redressés, pourvus de pinnules opposées ou unilaté- rales, tournées en haut à sommets obtus; elles portent dans leur partie latérale interne des capsules isolées, obrondes, presque pédicellées , pourpres; les segmens sont dans les frondes six à huit fois plus longs que larges, et deux fois seulement dans les sommets. La plante est membraneuse, adhère au papier et au verre ; elle croît à Belle-Ile- en-Mer, d’où M. Montagne me l’a envoyée au mois d'août; MM. Lamouroux et Gaillon l'ont recueillie dans la Manche, l’un sur les côtes du Calvados, le second à Calais (vs). La variéte 8 se distingue par ses frondes entrelacées et rampantes sur d’autres Hydrophytes ; les segmens sont seulement six et deux fois plus longs que larges. Je l'ai recueillie à Penmarck dans le mois d’août; M. Tillette de Clermont à Saint- Pol-de-Léon (+). ! HYDROPHYTES LOCULÉES. 125 3, CÉRAMIE RESSERRÉ. Ceramium congestum. Bs. Ceramium intermedium. Gratel (ex Lamourouxio). Conferva tetrica Dillw., tab. 81. Engl. bot., tab. 1915.—Mertensia pennata. Gratel. herb. Mus. Paris. Fronde couleur de brique, tres-rameuse, surcomposée; rameaux et ramules ailés, alternes , serrés entre eux; segmens six et quatre fais plus longs que larges. Cette espèce, une des plus grandes du genre, a un port particulier qu’elle doit à ses rameaux accolés à la fronde principale, et entrelacés en forme 'de queues touffues et épars, d’une couleur pourpre sale, qui devient foncée par la dessicca- lion. Sa longueur est de quatre à cinq pouces (1 décimèetre). Fixée aux rochers et aux grands varecs par un petit calus, la fronde principale est opaque, de la grosseur d’un fil, recouverte à sa base des rudimens de rameaux serrés et comme embriqués, qui ne permettent pas de la distinguer. Ces rameaux sont capillaires, inégaux, courts, inserrés, à angle aigu presque au milieu du seg- ment, ailés, séparés par des articulations transparentes en segmens droits, six et quatre fois plus longs que leur diamètre, le segment le plus voisin de l'insertion de la tige étant constamment plus court que les autres. Ces rameaux se recourbent légèrement vers le haut, ainsi que les pinnules, qui sont longues de une à deux lignes, aiguës, vont en décroissant, et portent vers leurs sommets des capsules pédicellées , rondes, que j'ai observées en juin. La plante, macérée dans l’eau douce, teint ce fluide en rouge sâle. Elle adhère, d’une manière un peu lâche, au papier et au verre. Ellé est commune presque toute l’année. Elle a été observée par moi à Penmarck, Lœsconil , Concarneau, Brest ; par M. La Pylaie aux iles de Sein et d’Ouessant, M. Dudresnay à Saint- Pol-de-Léon, MM. Tillette de Clermont et de Brébisson à Saint-Malo, etc. (vw). 4. Céramre DE Dupresnay. Ceramium Dudresnayi. Bn. Conferva purpuracens. Engl. bot., tab. 2465. Huds. FL. angl., p. 600. Turn. trans. lin. 7, p. 108. — Conferva rosea. Dillw., tab. 17.— Ceramium roseum. Roth., Cat. bot. 3, p. 145. var. & majus. — Conferva marina nodosa, corral- loidis montant instar nodosa. Dillw. Hist. Musc., p. 36, tab. 7,f. 41? Fronde presque sétacée, surcomposée , ailée, tres-rameuse ; rameaux et ramules ailes, alternes ainsi que les pinnules , étalés ; segmens parfois striés, trois fois plus longs que larges. } 8 Plus petit. 8 Minus. 126 HYDROPHYTES LOCULÉES. Grâce aux nombreux échantillons de cette plante que j'ai reçus du zélé algo- logue de Saint-Pol-de-Léon , je puis dissiper l’obscurité qui regne à son sujet dans les auteurs.Je ne crois pouvoir mieux lui prouver ma reconnoïssance qu’en atta- chant son nom à une espèce dont la synonymie est, jusqu’à présent, fautive. Dillwyn, qui en donne une bonne figure, cite à tort dans sa synonymie le célebre Roth, qui décrit évidemment deux espèces distinctes. MM. Turver et Borrer avoient judicieusement aperçu que l’espece de Dillwyn n’est pas la même que le Conferva rosea figuré par Sowerby dans l’English botany. Je crois pouvoir assuser que ma plante est bien le Conferva purpurascens de Sowerby, me rapportant à lui pour la synonymie de Dillen, dont la figure ( faite il est vrai d’après le sec) ne donne pas le port de la présente. Au reste la description suivante donnera les vrais caracteres. Fixée par un point calleux sur les petits cailloux , le Céramie de Dudresnay pré- seute un petit arbrisseau de forme pyramidale, haut de trois à huit pouces (1 à 2 décimètres). Sa fronde, presque sétacée, se garnit des la base de rameaux alternes, nombreux, tres-touffus, vagues, dont la longueur décroît graduellement vers le haut. Ils n’offrent pas, ainsi que la fronde principale, des traces bien sen- sibles d’articuiations , sont un peu opaques et parcourus par des veines perpendicu- laires, tortueuses ( Dillwyn les représente droites). Ces rameaux se sous-divisent en ramaules pareillement ailés, de forme triangulaire, capillaires , alternes, ainsi que les pinnules qui sont presque horizontales, simples , aiguës, et portent à leur partie interne des capsules nombreuses, rondes, pourpres , unilatérales, presque sessiles. Les segmens, trois à quatre fois plus longs que leur diamètre, ne sont bien distincts que dans les ramules. La couleur est d’un pourpre foncé dans la fronde et les rameaux, rose dans les ramules. La consistance des premiers est un peu tenace, et celle des derniers tres-délicate. Adhérence au papier et au verre. Se trouve abondamment sur les rivages de Saint-Pol-de Léon, aussi dans la rivière de l’Odet pendant l'hiver, dans les lieux qui découvrent à demi-marée (vs). La variété 8, de huit à douze lignes de hauteur (2 à 3 centimètres), est égale- ment moindre dans la grosseur de la fronde principale ; dans tout le reste ses pro- portions sont semblables. Je l'ai recueillie sur la côte de Penmarck au mois d'août, La Pylaie à Saint-Malo, M. Dudresnay à Saint-Pol en mai (vv). HYDROPHYTES LOCULÉES. 4 127 5. CéRamrE ROSE, fig. VIII. A. Cerarmium roseum. Roth. Cat. bot. 2, p. 182 (non Floræ gallicæ). Conferva rosea Jurgens. Alg. decas. L. n°. o. certà (nor Düllwynit).—Callithamnion roseum. Lyngb., p.196, tab. 30. Fronde capillaire, surcomposée, tres-ramense ; rameaux et ramules ailés, alternes ainsi que les pinnules ; segmens six et trois fois plus longs que leur dia- mètre; capsules tres-nombreuses, sessiles. - 8 Visqueux. 8 J’iscidulum. Rien de plus joli que les buissons qu’il forme sur les varecs et les corps marins, auxquels on le trouve adhérent. Sa couleur n’est pas sur nos côtes aussi brillante que l'indique sa dénomination; elle passe au violet-gris par la dessiccation. Un petit point calleux donne naissance à plusieurs frondes hautes de douze à quinze lignes (4 à 5 centimètres), de l'épaisseur d’un cheveu , partagées en seg- mens trois fois plus longs que larges, qui, par la suite, le deviennent cinq et six, et finissent par trois fois dans les extrémités. Ces frondes se partagent en rameaux alongés, dont les inférieurs sont les plus longs, qui sont garnis de quelques ramules courts, épars, de forme oblongue, décroissant en longueur vers les som- mets , alternes ainsi que lés pinnules qui sont simples , aiguës, un peu redressées, à segmens trois fois plus longs que leur diamètre, et renflés d’une maniere sensible dans leur partie supérieure. Des capsules sessiles, d’un pourpre foncé croissent en grand nombre à la partie latérale interne des pinnules. La plante jouit d’une consistance délicate , un peu visqueuse, en raison de laquelle elle adhère étroi- tement au verre et au papier. Je l’ai rencontrée en été fructifiée à Combrit (vo). La variété 8 se distingue par sa consistance plus délicate et un peu visqueuse, qui ne permet pas de l'enlever après qu’elle a été étalée sur le papier. Ses rameaux sont un peu fasciculés, moins étalés ; les segmens sont dans le bas de la fronde cinq à six fois plus longs que larges, deviennent huit et dix fois dans les rameaux à et finissent par l’être deux fois seulement au sommet. Elle se trouve à Brest, Saint-Pol-de-Léon, et Granville d’après La Pylaie. Ne seroïit-ce pas une espèce distincte ? Obsérvation. — Je ne sais comment il arrive que le Ceramium roseum de la Flore française ne soit, d’après la vérification que j’ai faite sur un échantillon de l’herbier déposé par son auteur au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, que notre Ceramium brachiatum ( Conferva tetragona de Dillwyn). 128 HYDROPHYTES LOCULÉES. 6. Cérame Dinvue, fig. VIII B. Ceramium didymum. PB”. Conferva Borrert. Engl. bot., tab. 1741? Fronde capillaire, flexible, tres-rameuse, nivelée, surcomposée; rameaux et ramules alternes, ailés, garnis de capsules peu nombreuses, souvent agglomérees deux ensemble; segmens six et une fois aussi longs que leur diamètre. Cette espèce semble , au premier coup d'œil, avoir les plus grands rapports avec le Céramie rose, mais un examen attentif y découvre les caracteres suivans. Fixée sur d’autres Hydrophytes , elle présente de petites touffes hautes de six à douze lignes (2 à 3 centimètres), d’une couleur rose terne qui passe au pourpre foncé par la dessiccation, et d’une consistance membraneuse, flexible. La fronde principale est capillaire, plus épaisse dans le bas, partagée par des articulations linéaires, obscures, en segmens une fois et demie plus longs que leur diamètre; elle se divise dès son origine en rameaux alternes, écartés, souvent nus, à segmens cinq et six fois plus longs que larges, dans l'intervalle desquels croissent souvent sur la fronde principale quelques pinnules courtes, subulées , éparses ; les rameaux se divisent en ramules ailés, dont la disposition décroissante des pinnules présente un aspect nivelé. Dans les ramules et les pinnules, les segmens sont égaux au dia- metre , presque arrondis. Les capsules, visibles à la vue simple , sont d’un pourpre foncé, globuleuses, sessiles, souvent groupées au nombre de deux dans l’aisselle des ramules. Elles paroissent pleines d’un grand nombre de séminules. Je lai rencontrée fructifiée à Combrit (Finistère) dans les mois d’avril et de mai. La plante adhère au papier et au verre (vw). Observation. — Je n’admets qu'avec beaucoup de doute la synonymie de l’En- glish botany, d’après un échantillon de Conferva Borreri provenant d’Espagne, que m’a procuré le célèbre Mertens. Il me semble fort différent. 7. CÉRAMIE Tuuya. Ceramium thuyoides. B». Conferva thuyoides. English. bot. 2, tab. 2205. Fronde capillaire, purpurine, très-rameuse; rameaux courts, presque égaux, ailés, garnis de ramules distiques ; segmens dix et une fois et demie plus longs que larges. 6 Cette espece, qui paroïît rare dans les collections, ne m’est connuue que par un échantillon sur lequel j'ai fait la description suivante. Elle est fixée sur une portion de Boryne variable, et forme une touffe haute d'environ deux pouces (6 centimètres), dont on compare le port à celui du Thuya. HYDROPHYTES LOCULÉES. 129 Les frondes qui la composent par leur réunion sont d’une couleur pourpre qui devient foncée parla suite; chacune est fixée par'un-point calléux, paroît capillaire, d’une consistance membraneuse, et partagée en segmens dix à douze fois plus longs que larges ; elle émet çà et la, sous un angle un peu aïgu, des rameaux vagues , allernes, courts, presque égaux, mais décroissans, et s’amincissant vers les sommets, à segmens'un peu tors, plus larges inférieurement, trois à quatre fois plus longs que larges, qui se sous-divisent de la même manière en ramules distiques allernes, ainsi que les autres, dont les pinnules à segmens noduleux , une fois et demie plus longs que leur diamètre, portent des capsules ovales et sessiles. La plante devient d’une nuance plus foncée par la dessiccation , se fixe assez étroi- tement sur le papier. M. Bélanger a recueilli à Calais cette espece rare et intéressante , et me l’a com- muniquée avec le doublé des Hydrophytes qu’il a rassemblées dans ses voyages sur les côtes de France (vs). Observation. — J'ai dans mon herbier un échantillon communique sous le nom de Conféerva rosea!, par M: Le Tulle, qui lui ressemble beaucoup. 8. Céramie DE Féuix. Ceramium Felicii. Gaillon. Ms. . Fronde capillaire, peu membraneuse , très-rameuse ; rameaux inégaux , ailés, garnis de ramules décroïssans; segmens quatre.et une fois et demie plus longs que larges. Il existe les plus grands rapports entre la présente \espèce! et le Céramie thuya, dont on reconnoîtra les différences ci-après. Elle croîten petites touffes longues de neuf'à dix’lignes (> centimètres), d’une couleur pourpre qui devient plus foncée par la dessiccation. Du même point'$or- tent plusieurs frondes capillaires , un'peü moins membraneuses que l’espèce précé- dente ; qui se divisent présque aussitôt } à angle ouvert, ‘en un grand/nombre de rameaux/de même grosseur ;linégaux , vagues ; alongés, étroits , alternes, souvent deux fois jailés, quisont partagés en segmens quatre à cinq fois ‘plus ‘longs que larges; les'ailes partént à angle rapproché, sont un°peu ‘plus larges à la" base, garnies de‘pinnules aiguës, décroissantes, à segmens'seulément uné fois et demie plus longs, avec des capsules sessiles, rondes, peu nombreuses. » NGetterespèce arété dédiée par M. Gaillon en lhonneur de Félix Boucher, jeune vaturalistelétonnant par ses connoïssances en botanique , enlevé malheureusement à l’âge de’treize ans. Elle se trouve à Dieppe, d’où l’auteur m'en a envoyé des échantillons (vs ): Mém. du Mus. t. 16. 17 130 HYDROPHYTES LOCULÉES. 9+ Cérame DE Gratetour, Ceramium Grateloupii. B°. Ceramium pulchellum. Gratel. ined. Fronde presque sétacée, membraneuse, rameuse, deux fois ailée; rameaux et ramules garnis d’ailes fasciculées; segmens quatre et deux fois plus longs que leur diametre. Je décris cette espèce sur un seul échantillon qui na été communiqué par mon ami Lamouroux. Elle croît sur les rochers en touffes hautes de douze à dix-huit lignes (4 à 5 centimètres), d’une couleur purpurine altérable. Sétacée à la base, la fronde se partage presque aussitôt en plusieurs rameaux presque de la même longueur, capillaires vers leurs sommets, partagés par des articulations un peu élevées en segmens quatre fois plus longs que larges; ces rameaux sont garnis d’ailes alternes , comme eux fasciculées, inégales , rarement plus longues que quatre à cinq lignes, redressées , oblongues , formées de pinnules simples ou bifurquées. La fructification manque dans mon échantillon. La plante adhère au papier et au verre (vs). Elle à été découverte sur les roches de Biaritz > près Bayonne, par M. Grateloup. De Dax, le professeur Lamouroux m’en a communiqué un échantillon. 10. CÉRAMIE VÉRMÉELON. Ceramèum miniaturn. Br. Conférva miniata. Drap. ined, = Mertensia miniata. Gratel. herb: Mus. Paris. Fronde, d’un rouge vif, membraneuse ; sétacée à la base , très-rameuse, presque surcomposée; rameaux Capillaires , distiques, plusieurs fois dichotomes ainsi que les ramules; segmens une fois et demie. et trois fois plus longs que larges. C'est à.sa couleur approchant du yermillon que cette plante doit le surnom qui lui.a été imposé par feu Draparnaud, dont.les sciénces naturelles ont regretté la mort.prématurée. Comme elle.,se présente en forme. de touffes tres-épaisses. que sa consistance délicate nepermet guère de débrouiller, je ne puis en! donner qu'une description fort inexacte d’après les échantillons peu soignés que je possède dans mon herbier. rot 4 k Elle croît,.à ce qu'il paroit;)sür les:piéires à’la hauteurid’environ deux;pouces (6 centimètres.). Les. frondes,, réunies-plusieurs ensemble; sont très-embrouillées ; cependant on distingue qu’elles sont presque,sétacées.etiün peu obseureslà la base , et qu’elles s’amincissent jusqu’a devenir capillaires et même capillacées verts l'extré- HYDROPHYTES LOGULÉES, 131 mite. Elles se divisent des le commencement.en un grand nombre de rameaux capillaires, altérnes, qui se dichotoment plusieurs fois à angle: aigu, d'apparence surcomposée par la position distique-des ramules, qui sont, surtout dans-le bas, simples, alongés, ascendans et un peu recourbés. vers leurs sommets, qui sont obtus, ou sont terminés par une ou'deux-autres nouvelles dichotomies,,.surtout dans les extrémités. C’est le) long de ces ramules que l’on rencontre quelques capsules sessiles, arrondies , écartées, unilatérales, d’une couleur pourpre foncé. La pro- portion des segmens n’est pas la même as toute la plante. Ceux-ci > peu apparens dans le bas de la fronde, sont seulement une et demie, puis deviennent deux et trois fois plus longs que leur diarnètre dans les rameaux où ils sont un peu tors; ceux des ramules sont seulement aussi larges que longs, et tant soit peu arrondis. La plante croît à Cette, dans la Méditerranée, pendant le mois de juillet ; M: Dudresnay Va aussi recuillie à Säint-Pol-de-Léon (Finistère) en° mai. et juin, J'en ai un échantillon provenant de Toulon. Je présume qu’elle se tronve amssi.à Belle-Ile-en-Mer, d’après un fragment communiqué par M. Cauvin. Céramïe De Lamouroux. Ceramiwni! Lamourouxii. B. Fronde presque sétacée, puis Aamincie, trésrrameuse; rameaux alternes, fasci- culés ,-garnis de ramules distiques, dichotomes; ‘Segmens une. et demie et six fois plusdongs quelarges. C'est dans le riche herbier de Lamouroux que j'ai trouvé la présente espèce, dont je Jluiydois communication d’un échantillon. Comme elle y étoit sans détermi- nation, je crois lui payer un bien foible gage de reconnoïssance,et d'amitié en lui consacrant ce Céramie qui pasoit rare, etdont ; jen ai point trouye de trace dans aucune autre collection! : I croît sur de petites FA a touffes haules d'environ trois pouces (9 centimetres), d’une.couleur rose. Réunies plusieurs:ensemble, les. frondes sont à la base:d’une consistance un peu .Cartilagineuse, presque sétacées, et s’amincis- sent graduellement en devenant membraneuses. La longueur de leurs segmens n’est d’abord qu’une-foisetidemie en rapport ayecle diamètre, et augmente jusqu’à le devenir sixifois , enfin lui devient égale dans;les sommets. Ces frondes poussent de nombreux rameauxyalternes alorigés d'environ! sept centimètres, divisés en d’autres semblables plus minces ;tous:garnis, dans le même:ordre, de petits ramules en faisceaux ,capillacés, courts, distiques? à divisions‘dichotomes,;amincies au som- met, dont les segmens sont aussi longs que larges. Les capsules manquent dans montéchantillon. Notre Hydrophyte adhère étroitement au papier en séchant, et la teinte de ses sommités passe au roussâtre (vs). 132 HYDROPHYTES LOCULÉES. Il croît, m’a-t-on dit, sur les côtes du Calvados. Observation. — Lors de Ja présentation de mon travail, je n’avois voulu donner au professeur Lamouroux qu’une foible preuve d'amitié. Le coup imprévu qui vient de le frapper au milieu des travaux importans qu'il exécutoit , laissera long- temps la science.en deuil! En joignant mes regrets à ceux de tous les: algologues français, je forme des vœux pour quelles matériaux précieux qu’il avoit rassemblés ne restent point perdus! pour sa patrie. 12. CÉRAMIE TRÈS-DÉLIÉ. Céramium tenwissimum. B». Fronde d’abord sétacée , tres-rameuse et dichotome ; rameaux capillaires, garnis de ramules: capillacés, multifides; segmens une, dix et quatre fois plus longs que larges. 8 Uniforme. 8 Üniforme. On le rencontre sur les Hydrophytes en petites touffes en, forme de buisson, d’une délicatesse extrême, hautes de deux pouces (6 centimètres), d’une couleur pourpre qui passe très-promptement à celle de chair, Les frondes, d’une consis- tance imembraneuse , d’abord presque sétacées à la base, obscures, un peu striées, obscurément cloisonnées , n’offrent d’abord que des segmens une fois et demie plus longs que leur diamètre, deviennent'ensuite capillaires , se divisent en rameaux ou dichotomies altérnes, vagues, à peu près de la même longueur, partagées par des segmens dont la longueur devient successivement huit à dix fois plus grande que celle du diamètre: ces rameaux émettent vers le haut du segment un grand nombre de ramules trèes-fins et déliés, groupés en faisceau , multifides, obtus à! leurs som- mets, pourvus dans leur partie latérale interne de quelques capsules obrondes, presque pédicellées, écartées, pourpres; dans l’éxtrémité des rameaux et dans les ramules les ségmens ne sont plus que quatre fois aussi longs que larges. La plante se fixe si étroitement au verreetau papier, qu’on ne peut l’en séparer sans rupture. Elle croit dans les mois d'avril et de mai à Saint-Pol-de-Léon , d’où M. Du- dresnay me l’a envoyée ; La Pylaie l’a recueillie à Brest et à Saint-Malo (ws). La variété 4 differe par sa liduteur, qui n'excède guère un pouce (3 centimètres); ses frondes sont capillaires dans le bas; puis capillacées dans les autres divisions. Elle se trouve à Bayonne, à l’île de Sein, Saint-Pol-de-Léon ét dans la Méditer- 4 . L ae ranée(v 5). Je l'ai toouvée/ dans un hérbier sous le nom de Ceramium fruticulosum. de Roth. HYDROPHYTES:BOGULÉES. 133 13: CéramrE pe Ducruzeau. Ceramium Duciuzei. B°. Ceramium vérsicolor. Draparn: ined. — Byssoides. Ducluz. Ess:, p. 66. Non | floræ Gallicæ. Fronde principale presque sétacée , délicate; très-rameuse ; rameaux capillaires, alongés, garnis de ramules fasciculés, di et trichotomes; segmens une, dix et quatre fois plus longs que leur diametre. « De diverses couleurs. « J’ersicolor. 8 Couleur.de carmin. 8 Miniatum. - La plante z, dont nous nous occupons d’abord, répond bien par la finesse de ses ramifications et la prompte altérabilité de ses nuances aux différens noms! spé cifiques que lui ont imposés les auteurs qui l’ont observée. Elle forme sur !les rochers des buissons très-touffus, hauts de deux à quatre pouces (6 à 10 centi- mètres), qui offrent, réunies à la fois, les nuances de/carmin', de pourpre, de jaune et de vert. Fixées plusieurs ensemble sur le même point , les frondes princi- pales ; plus épaisses que le reste, sont presque, sétacées , formées d’une membrane délicate, partagées par des articulations linéaires, colorées, puis déhiscentes, en segmens d’abord une fois plus lougs que larges, ensuite graduellement six et huit fois: dès la’ base elles se garnissent de‘rämeaux capillaires; alongés,, inégaux, à ségmens dans les mêmes proportions que la fronde principale , entourés de ramules capillacés , en faisceau, presqu’en corymbe, di- et quelquefois trichotomes; à divisions redréssées ; obtuses, dont les’ segmens sont à‘leurs sommets, ainsi que dans ceux desifrondes et des rameaux, seulement trois à quatre fois plus longs que leur diamètre. Les capsules, suivant Ducluzeau , sont ovoïdes, soutenues par un _pédicelle trés-court, d’une couleur rouge-brülé tirant sur le bistre; elles sont transparentes ;'et laissent voir dans leur intérieur trois graines oblongues } de cou leur plus foncée. Il les dit isolées et parsemées sans ordre sur/les rameaux ; je les crois placées dans l’aisselle des dichotomies des ramules. Ce Céramie adhère étroi- tement au! papier, et se décompôse promptlement en se décolorant, lorsqu’on le met dans l’eau douce. Ducluzeau l'indique dans la Méditerranée, à l'embouchure du Lez, sur les rochers du lazaret à Cette Joù il est en pleine fructification à la fin du mois de mai (# 5). La variété 8, d’une couleur carminée non!variable , offre quelques différences. Sa fronde, de même taille que la var: #, est un peu épaissie, obscurément cloi- sonnée inférieurement, a les segmens parcourus par des stries inégales , tortueuses, 134 HYDROPHYTES LOCULÉES. une à deux fois plus longs que larges. Elle se dichotome à angle ouvert en rameaux dont les ségmens acquièrent successivement une dimension sept à huit fois plus Jongue dans le rapport de la longueur avec le diamètre. Ils sont garnis presqu’à chaque articulation de ramules fasciculés comme dans la variété «, mais dont les segmens de l’extréniité sont seulement une fois et demie ou deux plus longs que larges. La fructification est la même. Sa consistance est un peu moins délicate qu’en +. Adhérence étroite au papier. ÿ M. Dudresnay a recueilli cette jolie variété à Saint-Pol-de-Léon ( s). Observation. — A la place des dénominations peu exclusives appliquées à cette espèce , j'ai jugé convenable de lui dnonner le nom spécifique de l’auteur d’un Essai sur l'histoire naturelle des Conferves qu’il a observées dans les environs de Moutpellier. On regrette que l’auteur n’y ait pas joint les figures qu’il promettoit pour rendre plus intelligibles ses descriptions, qui sont vagues, trop peu caracté- ristiques,, et ont donné Jieu à des erreurs de synonymie qu’on ne peut éviter que par des échantillons authentiques. 14. CÉRAMIE FRUTICULEUX. Ceramium fruticulosum. Roru. Cat. bot. 2, p. 183 ,et 3 ,.p. 146 (Excel. syn. Huds.). Non Lyngbei.— Conferva corymbosa. Engl. bot.,'tab. 2852? Callithamnion corymbosum Lyng., p.125? Fronde capillaire, délicate, tres-rameuse «et.dichotome; rameaux touflus fasci- culés avec des ramules mivelés ; segmens deux, six et trois fois plus longs que larges. Par ses petites touffes de fonme presque arrondie, d’une couleur pourpre fugace, cette espèce décore des Hydrophytes,, les petits cailloux et les corps marins sur lesquels on la rencontre, Haute d'environ un, deux à trois pouces (8 à 10 centi- mètres) , la fronde,, de la grosseur d'un cheveu , se partage en rameaux alternes, dichotomes , pyramidaux, dont la longueur va en décroissant, et le nombre aug- mente jusqu’à son sommet; les segmens ne deviennent d’abord sensibles que par le -renflement des portions , où 1l s'établit ensuite une ligne transversale foncée qui sert d’articulation,, et partage les intervalles en segmens d’abord deux, puis quatre et six:fois plus longs que leur diamètre, un peutors et renflés à leur partie supé- rieure; ces\rameaux produisent dans le:même ordre des ramules capillacés , fasci- culés, nivelés, alternes ou opposés, souvent trichotomes, longs de deux à trois lignes ; à :segmens trois fois plus longs que larges vers les sommités, qui sont obtuses, presquétronquées. Des capsules visibles à l'œil mu, ovales, presque pédi- cellées sont placées dans1l’aisselle des dichotomies , el renferment des semences d’un É HYDROPHŸTES LOCULÉEÉS. 135 pourpre-noir. La plante, en raison de sa consistance membraneuse et tres-délicate, adhère si étroitement au papier et au verre, que l’on ne peut l’en séparer sans rupture. Par le contact de la lumière, sa couleur passe quelquefois au gris de lin. J'ai rencontré ce joli Céramie à Pénmarék | Combrit, pendant l’éte ; La Pylaie' à Vile de Sein; M. Dudresnay à Saïnt-Pol-dé-Léon; M. de Brébisson à Saint-Malo; Lamouroux dans le Calvados (uw): Observation.— Est-ce icitle véritable Ceramium fruticulosurn de Roth? Cette dénomination a été ‘appliquée à tant d'espèces considérées seulement d’après leur port ; qu’on ne sait quelle est la véritable dé l’algologue allemand. Dans l’her- bier du Muséum d'Histoire naturelle de Paris , j’ai trouvé sous cette dénomination notre Gaïllone arbrisseau, notre Céramie verrnillon, ete. Ce qui peut avoir donne lieu à cette confusion est la citation de la seule figure de Dillenius, qui, bonné pour le temps où elle a été faite, ne donne aucun détail au microscope qui puisse fixer l'incertitude sur son port commun à tant d’autres plantes; tandis que sa description n’est pas plus satisfaisante. J’exclus la synonymie de Conferva purpuraseens d'Hudson, parce que la plante figurée par Sowerby dans l'English botany con- vient parfaitement à notre Céramie de Dudresnaÿ, et que l’on doit présumer l'exactitude de l’auteur anglais, qui doit avoir été! à même de consulter l’herbier de Dillen. Mon doute sur l'identité de ma plante avec le Conferva corymbosa de l'English botany se fonde sur ce que la figure ést un’ peü différente. Quant'au Callithamnion corymbosum de Liyngbye, la description, assez convenable d’ailleurs ainsi que la figure , me Jui attribue que des segmens trois fois plus, longs, circon- stance essentielle qui me rend indécis sur l’identité. Ce qui me feroit croire que j'ai rencontré l’espèce de Roth, est la ressemblance et concordance de nos descriptions, et mieux encore avantage de posséder dans non herbièr un Ceramium recueilli par M. Moricand ; de Genève, dans! la mer Adriatique, patrie du Conferva ei ticulosa de l'abbé de Wulfen, et qui diffère de mes As ps Le un DES de hauteur et‘de grosseur dans la fronde. / € res 15. CGénuie BRAGHIÉ. -Céramium brachiatum. “B°. Ceramium ietragonum. ® Mertens. Conferva tetragona. . Dillw., , Lab. & Engl. Borl db. 3690, — Ceramium rOSeurR . . De rue PTT. 6, > P° 9 (Erel. ae Jgse 03 Jéor ë sPrônde sétacée ; lisse ; trésrrameusé } ramieauxsét lrémules Brachits ; DES , fasciculés;ségéns quatre et deux fois plus longs que’léur diäniètre” : -APérottsutles grands varées'et danses flaques sous Faspect dé petits abrigséaux d'éfférmerhomboïdale ; d'ane couleur roseicramoisi qui passe au pourpre lors dé la 136 HYDROPHYTES LOCULÉES. perturbation. Un point calleux donne naissance à plusieurs frondes hautes de trois à cinq pouces (1 décimetre) , sétacées, inégales , qui, dès la base , se partagent en rameaux nombreux, d’abord plus courts, augmentant en longueur jusqu'au milieu de la fronde, décroissant ensuite, alternes sur quatre rangs, divisés par des cloisons fasciées , enfoncées, en segmens quatre fois plus longs que larges infé- rieurement ; ces rameaux sont dans le même ordre garnis de ramules amineis à leur insertion , dichotomes , divariqués, à sommets obtus, partagés, ainsi que le sommet des rameaux, par des cloisons linéaires en segmens seulement deux fois plus longs que larges, le long desquels règnent des capsules globuleuses, sessiles, rapprochées. La plante est d’une consistance cartilagino-membraneuse; elle adhère peu au papier et au verre, prend en séchant un aspect bigarré. On la rencontre, de juin en octobre, fructifiée sur les côtes du Finistere, de la Charente inférieure, dans la Manche à Saint-Malo, à Cette dans la Méditerranée. J’en possede des échan- tillons recueillis aux Canaries et.au cap de Bonne-Espérance (v v) Observation. — Je ne sais par quelle méprise notre Céramie brachié se trouve dans l’herbier de De Candolle sous le nom de Ceramium roseum. Dans le grand herbier du Muséum de Paris, il est indiqué sous la dénomination de Ceramium muscosum de Grateloup et Byssoïdes, variété de Ducluzeau , avec l’annotation de Ceramium fruticulosum de Roth, d’apres Mertens. 16, CÉRAMIE TAGHÉ. Ceramium guttatum. B». Fronde presque sétacée ,ystriée, rameuse; rameaux et ramules presque égaux, brachiés, étalés; segmens six et quatre fois plus longs que leur diamètre, avec une bande plus colorée à chaque bout. Malgré ses rapports avec le Céramie brachié, je crois devoir distinguer la pré- sente espèce. On la trouve sur les varecs en petites touffes d’une couleur rose qui se fonce par la dessiccation. La fronde, longue de six à dix-huit lignes (4 centi- metres), est presque sétacée, se divise des la base en rameaux horizontaux, la plupart longs de six à huit lignes, dont les plus courts sont vers le bas et le haut de la tige. Ils sont presque opaques , distinctéement parcourus par des stries perpen- diculaires, partagés horizontalement par des cloisons linéaires, sombres, en seg- mens. six à huit fois plus.longs que larges, marqués, à leurs extrémités. d’üne bande transversale rose. Lie long de ces. rameaux sortent des ramules. alternes comme les précédens, un peu écartés; simples , amincis au, sommet, ou dicho- tomes-divariqués, ce qui:donne aux ramules une apparence de, faisceau; leurs, HYDROPHYTES LOCULÉES. 137 cloisons sont déhiscentes , et les segwens quatre à cinq fois plus longs que larges. C'est dans les dichotomies que l’on découvre des capsules sessiles, globuleuses, souvent réunies plusieurs ensemble. La plante jouit d’une consistance membra- reuse ; elle adhère au papier et au verre. Je l’ai rencontré fructifié à Penmarck (Finistère) dans le mois de juin. La Pylaïe l’a recueilli à Cherbourg dans le mois de mai (vv). 17. CÉRAMIE casuARINA. Ceramium casuarincæe. De Cand. F1. fr. 2, p. fo (Descrip. mala), pl. Dict. Scienc. natur. (quoad partem.)—Conferva multifida. Engl. bot., tab. 1816 (Excl. syn. Huds.). Dillw. intr., p. 79. — Griffithsia multifida. Agardh. Disp. univ., p. 28. Fronde sétacée, membraneuse, rameuse; rameaux alternes, entourés , ‘ainsi que la fronde, à chaque cloison, de ramules multifides tres-déliés. Cette jolie espece forme sur le sable et dans le creux des rochers de jolis buissons roses ou pourpres , hauts de quatre à cinq pouces (1 à 2 décimètres). La fronde, rare- ment unique, est fixée par des crampons ou rejets horizontaux ; sétacée à la base, elle est partagée d’abord en segmens renflés aux deux bouts, deux fois plus longs que larges, qui le deviennent ensuite huit à dix fois; elle donne naissance à des rameaux alongés, variables dans leurs dimensions, alternes, c’est-à-dire à l’oppo- site d’un ramule, qui se divise en de semblables capillaires, tous entourés vers le sommet du segment, en forme de verticille, en deux ou plusieurs ramules capil- lacés , multifides , divariqués , ascendans et recourbés, de longueur variable, non simples comme le dit De Candolle et les représente Turpin; ils ont leurs segmens quatre fois plus long que larges, et sont obtus à leurs sommets. C’est le long de ces filamens que j'ai vu des capsules presque pédicellées, ovales, pourpres, muci- lagineuses, seulement visibles à une forte lentille. La plante est d’une consistance membraneuse tres-délicate ; en séchant, elle adhère tres-étroitement au papier et, au verre. On observe que la locule se resserre, comme dans le Céramie massier en un filet renflé aux deux bouts. Elle est commune sur les côtes de Bretagne, en Normandie, à Luc et à Arromanches, où elle a été recueillie par M. de Brébisson fils. Elle fructifie en juillet, août (vv). Observation 11°. — La figure insérée dans le Dictionnaire des Sciences natu- relles donne une idée exacte du port et de l’ensemble de notre plante, excepté que je ne lai point rencontrée avec les nuances de vert et de grisâtre dont le peintre l'a enluminée. Quant aux détails microscopiques, ils sont fautifs en ce Mém. du Muséum. t. 16. 18 138 HYDROPHYTES LOCULÉES. qu’ils représentent les ramules simples, tandis qu’ils sont réunis en forme de digi- tation sur un support commun, et que les segmens ont une apparence différente. Les sommets que l’on représente sphacélés ne constituent en rien la fructification. Observation 2°. — Je n'ai point eu le bonheur dé trouver la fructification telle qu’elle est indiquée par M. Borrer dans l'ouvrage de Dillwyn. C’est probablement son assertion qui a engagé Agardh à placer notre plante dans son genre GrifJithsia. 18. CÉRAMIE MAssier. Ceramium. clavægerum. B. Conferva pedicellata. Engl. bot., tab. 1817. Fronde capillaire, membraneuse, rameuse et dichotome ; rameaux fasciculés , capsules en massue portées sur un pédicelle cloisonné. 8: Plus petit. 8 Minus, Conferva pedicellata. Dillw. , tab. 108. {nterrupta. Eng]. bot. ,tab. 1338? Je crois, d’apres les échantillons que je possède et la comparaison des figures citées, que l’on peut mettre d'accord Dillwyn et les auteurs de l’English botany. Les plantes que tous les deux figurent sous des noms différens appartiennent cer- tainement à la même espèce, et je préfère les réunir sur la conformité de la plus grande partie de leurs caracteres. # Le Céramie massier forme sur les rochers et les cailloux des petits buissons d’un rose qui passe promptement au brun-rougeätre et enfin au blanc sale. Un petit point calleux donne naïssance à plusieurs frondes capillaires, inégales , longues de trois à quatre pouces (r décimetre), dichotomes , rameuses, partagées dans leur longueur en segmens un peu tortueux, dix à douze fois plus longs que larges, épaissis à leurs sommets , seulement cinq à six fois aux extrémités de la plante. Le iong des frondes sont répandus de petits filamens simples, tres-courts, et des rameaux fasciculés, tantôt isoles , tantôt comme opposés l’un à l’autre, et proliferes sur la dichotomie , tous obtus dans leurs sommets. C’est dans les dichotomies supé- rieures que l'on rencontre des capsules pourpres, en forme de massue, portées sur un pédicelle court une fois cloisonné. Consistance membraneuse, et adhérence au papier. Cette espèce a été recueillie par M. Dudresnay à Saint-Pol-de-Léon , et à Saint-Malo par..... La variété & est constamment plus petite, ne s’éleve qu’à environ deux pouces, est moins rameuse, et surtout se distingue par ses segmens seulement six à huit fois plus longs que larges; ils présentent, ainsi que dans la plante «, après la per- turbation , une locule resserrée en fil dans le milieu et large aux sommets; même Ü1 : “\ HYDROPHYIES LOCULÉES. 139 forme dans la capsule et son support. Toût me porte à croire que le, Conferva interrupta de V' English botany n'offre une apparence d'interruption dans la iocule de sa capsule que par un accident fortuit, nullement caractéristique, et que sa figure, si conforme pour le reste, est l’équivalente du Conferva pedicellata de Dillwyn , qui a eu tort d’accuser l'exactitude de celle donnée par Sowerby. Cette variété 8 est un peu délicate, répand quelquefois une odeur forte, se colle étroitement au verre et au papier. Elle est commune pendant presque toute l’année sur les côtes du Finistere, du Calvados (v v). 19. CÉéramIE DE Davies. Ceramium Daviesii. Br. Conferva Daviesü. Dillhw. Introd. n° 122, Suppl., tab.F. Engl. bot., tab. 2320. — Callithamnion Daviesii. Lyngb., p. 129, tab. 41. Fronde rose, tres-fine, rameuse ; rameaux et ramules alternes; segmens trois fois plus longs que leur diametre. Cette espèce, une des plus petites du genre, n’est visible qu’à la loupe. Flle recouvre souvent en entier de ses petits filamens d’autres Hydrophytes. Longue de une à trois lignes (4 à 6 millimètres), sa fronde, plus fine qu’un chéveu, se divise en quelques rameaux et ramules alternes, ouverts, amincis vers le sommet, qui portent à leur partie latérale interne des capsules unilatérales, sessiles, groupées deux à trois ensemble; les segmens sont trois fois plus longs que leur diamètre. Couleur rose, substance tres-délicate ; adhérence au papier et au verre. Elle m’a été envoyée de Saint-Pol-de-Léon par M. Dudresnay (v 5). 20. CÉRAMIE LANUGINEUX. Ceramium lanuginosum. B. Conferva lanuginosa. Dillw., tab. 45; et Introd. n°. 118. — Callithamnion lanu- ginosum. Lyngb., p. 130, tab. 4x. Filamens capillacés, roussâtres, tres-courts, à peine rameux; rameaux redres- sés, épars, obtus; segmens trois fois plus longs que leur diamètre. Cette petite espece forme sur les autres Hydrophytes une espèce dé duvet dont on ne peut reconnoître la structure qu’avec le secours du microscope. Les filamens sont roux, longs d’une ligne, tres-déliés, amincis à la base, simples et quelquefois rameux; les rameaux, én petit nombre, sont tres-courts, obtus à leur sommet. Sur la cloison du filament sont éparses quelques capsules sessiles, rondés, parfois unilatérales et même opposées. Dans Fétat parfait , le filament ne présente aucune 140 HYDROPHYTES LOCULÉES. cloison en raison de la couleur sombre de la plante; mais, lors de la perturbation, les segmens paroissent distinctement trois fois plus longs que leur diamètre, deviennent transparens entiérement, et il se forme à la cloison une petite bande colorée. Je l’ai rencontré parasite sur le Boryna Griffithsiana, au cap Cous, pres de Concarneau (Finistère), dans les mois de juin et de septembre. or. CéramtE DE RorTx. Ceramium Rothii. Br. Callithamnion Roth. Lyngb., p. 129, tab. 41. — Conferva violacea, Roth. Cat. bot. 1, p. 190, tab. 4, f. 1 (malè), et Cat. bot. 3, p.224. — Conférva Rornu. Turion. syst. of natur. 6, p. 1806 (sec. Dillw.). Dillw., tab. 93. Engl. bot., tab. 1702? Fronde en gazon, tres-fine et tres-courte, peu rameuse; rameaux alternes redressés; segmens trois et une fois plus longs que leur diametre. Cette espèce, vu sa petitesse, échapperoit facilement aux regards, si elle ne se faisoit remarquer par les petits tapis d’un rouge-pourpre qu’elle forme. Ils sont composés par des filamens très-fins et très-serrés entre eux, implantés sur du gravier vaseux ; longs à peine d’une ligne, ils se redressent en poussant un ou deux rameaux semblables, partagés en segmens deux à trois fois plus longs que larges, qui n’offrent, vers leurs sommets, qui sont obtus, que des segmens égaux à leur diamètre. Comme les auteurs de l’English botany lui attribuent dans la tige des segmens quatre à cinq fois plus longs, et trois à quatre fois vers les sommets qui sont pointus, je doute que nos plantes soient les mêmes. La mienne a été recueillie au mois d'août, à Saint-Gilles, dans le Bas-Poitou, par M. Adolphe Brongniart, qui m’en a communiqué un échantillon, sur lequel j'ai fait la présente des- cription (vs). 22. CÉRAMIE RAMPANT. Ceramium repens. Ag. Syn., p. 63. Conferva repens. Roth. Cat. bot. 3, p.221. Dillw., tab. 18, Engl. bot., tab. 1608. Callithamnion repens. Lyngb., p. 128, tab. 4o. Fronde capillaire, tres-courte, rampante, entrelacée, rameuse; rameaux et ramules presque unilatéraux; segmens trois fois plus longs que larges. 8 Des rochers. 8 Saxatile. Callithamnion floridulum. Lyngb. HYDROPHYTES LOCULÉES. 141 Sous cette dénomination ; je comprends deux plantes, dont les différences m’ont paru trop légères pour les séparer. La première, haute seulement de trois à quatre lignes (1 centimètre), croîten petites touffes d’un pourpre roussâtre sur les Fur- cellaria lumbricalis et Grifithsia equisetifolia ; sur lesquelles on la voit ramper en se fixant à l’aide de crampons en forme de bulbe, sortant du sommet du segment. Cette souche ou fronde radicante pousse un rameau ascendant partagé par des cloisons transparentes, en segmens trois fois plus longs que larges, qui se divise en ramules un peu recourbés et ouverts; tant soit peu unilatéraux, obtus à leurs sommets, où ils sont seulement égaux au diamètre. Je n’ai point vu les capsules qu’on dit globuleuses, presque pédicellées. Lamouroux l’a recueilli sur les côtes du Calvados, M. Gaillon à Fécamp; je l'ai observé à Penmarck dans les mois de septembre (vv). La variété 8, rencontrée à Saint-Malo par mon ami La Pylaie, croit sur les rochers graveleux en forme de petites touffes hautes de cinq à six lignes (1 à 2 cen- timètres), d’une couleur pourpre foncée. La fronde capillaire forme une souche entrelacée , rampante, fixée aux graviers par quelques radicules simples, incolores , partagée en segmens trois fois plus longs que larges; il s’en élève des rameaux un peu nus, quelquefois dichotomes à angle aigu, poussant, principalement vers le haut, des ramules rapprochés, alternes ou unilatéraux, redressés, obtus au som- met, où les segmens sont une fois et demie plus longs. Des capsules arrondies, sessiles, sont éparses dans les ramules. La plante adhère foiblement au papier. Je lui trouve pour la disposition de ses rameaux et ramules de grands rapports avec la figure donnée par Lyngbye, tab. 41 D, sous le nom de Callithamnion floridulum , à exception qu’il-n’exprime point la forme de l’attache (vs). x GENRE IX. Grease. Grifithsia. Agardh. Disp. univ. Ceramii, Callithamnir , Confervæ species auctorum. Polychroma. B°. Fronde membraneuse, uniloculée; locule libre, de couleur changeante; capsules mucCilagineuses, homogènes, souvent enveloppées de bractées. J’avois précédemment compris sous le nom générique de Polychroma les espèces dont il va être question, en raison de la variation de leurs couleurs. Mais comme cette altérabilité se rencontre aussi dans quelques Céramies , tels que le Céramie de Ducluzeau, et même dans des Gaillones, j'adopterai le nom de Griffithsia proposé par le célèbre Agardh en l’honneur du docteur anglais Grifiiths, dont: 142 HYDROPHYTES LOCULÉES. Turner fait souvent mention honorable dans son Historia fucorum, ainsi que Dillwyn dans son ouvrage. Notre genre comprendra des plantes dont le tissu délicat et un peu mucilagi- neux offre à la fois en se décomposant différentes nuances de couleur. Il a les plus grands rapports avec les Céramies , mais il s’en distingue facilement par sa couleur pourpre, fugace, susceptible de s’altérer avec la plus grande promptitude, et de présenter en se décomposant des nuances de vert , de jaune et de gris dans le même individu. Un mode particulier de fructification sert bien à le caractériser : c’est l’enveloppe mucilagineuse, diaphane, souvent enveloppée de filamens bractéo- laires , uniloculés. Les Grifhthsies croissent dans les eaux salées. 1. Grirrirasie séTacéE, fig. IX. Grifithsia setacea. Ag. Disp. univ. Conferva setacea. Huds., p. 559. Dillw., tab. 82. Engl. bot , tab. 1689. — Cera- mium pedicillatum. De Cand. F1. fr. 2, p. 43. Ducluz. ess., p. 51. Ceramium pedicillatum, planches du Dict. des Scienc. natur. (non flore Gallicæ ). Fronde sétacée, rameuse et dichotome; rameaux alongés, inégaux ; capsules portés sur un pédicelle cloisonné, Elle forme sur le sable ou sur les pierres des touffes longues de quatre à six pouces (1 à 2 décimètres), d’une couleur cramoïsie qui passe souvent au jaune, au vert. Un petit calus supporte une fronde sétacée, membraneuse, à segmens d’abord deux, ensuite six et huit fois plus longs que larges , cylindriques pour l’or- dinaire (celui qui précede la ramification est constamment renflé en haut et plus court), qui se partage aussitôt en rameaux alternes, nus dans le bas, dichotomes sous un angle aigu, alongés, inégaux, pourvus de ramules dans le même ordre, pointus au sommet , et partagés en segmens seulement trois fois plus longs que leur diamètre. Sur la plante vivante les cloisons ne se distinguent, dans le premier mo- ment, que par une bande horizontale, d’une couleur plus foncée , ou il se forme, l'instant d’après, une séparation entr’ouverte par la dislocation de la locule. La fructification, visible à l’œil nu, se forme dans les ramules, sur le bord du sommet du segment. Elle consiste en un pédicelle (quelquefois deux) long d’une ligne, composé de deux segmens, sur lequel repose une capsule gélatineuse, incolore, arrondie , pleine de semences pourpres, et enveloppée de bractées lancéolées, obtuses, inégales, cloisonnées. La plante est d’un tissu facilement décomposable, souvent un peu glissant. Lorsqu'on la met dans l’eau douce, elle y répand promptement une partie de la HYDROPHYTES LOCULÉES. 143 liqueur qui coloroit la locule. Elle adhère étroitement au papiér et au verre. On la trouve abondamment pendant l’été, l'automne et l'hiver sur les côtes de Bretagne, et celles de Normandie, à Cherbourg, Granville, au Luc, etc., croissant dans les flaques ou au niveau de la demi-marée (v v ). Observation 1'°,— Cette espèce, dans l’état de fraîcheur, répand une odeur infecte de poisson pourri et de gaz hydrogène phosphoré, dont je suis étonné qu’au- cun auteur n’ait parlé. Elle me présenta, en 1803 , un phénomène qui ne s’est pas renouvelé pour moi une seconde fois. Un échantillon, mis dans l’éau douce pour être préparé, fit entendre un pétillement semblable à celui de l’étincelle électrique que l’on tire d’un corps; les rameaux se soulevoient en s’agitant, quelques uns se désarticulèrent. Mon ami Là Pylaie, à qui j'ai raconté ce fait ; m’a certifié l’avoir aussi observé. Observation 2°, — Je ne partage pas l’opinion de M: De Candolle, qui prétend, 2 dans sa Flore française, que, dans le principe; les fructifications sont terrnnales; } et ne deviennent latérales que par l'accroissement consécutif des rameaux stériles. Au contraire, l'observation journalière nous fait voir dans toutes les Hydrophytes, que l’époque de l’apparition des capsules est de courte durée, et ne tarde guère à être suivie de la destruction de l'individu , qui est alors parvenu à son entier déye- loppement. Observation 3£. — Je présume que la planche vr, fig. 37, de Dillen , citée comme synonyme par quelques auteurs, n’appartient point à notre plante, surtout d’apres l'aspect et la forme diflérente des segmens. Aussi n’en ai-je point fait mention. J'ai aussi quelques raisons de croire qué la figare:donnée dans lesrplanches du Dictionnaire des Sciences naturelles est celle de notre plante, sous un faux nom, mais faite sur le sec et d’après des notes erroriées : alors la formée de la capsülé et la destination des bractées seroient tout-à-fait défectueuses. 2. GRIFETTASIE À FEUILLES DE PRÊLE. Grifithsia equisetifolia. Agardh. Conferva equisetifolia. Ligf., 2, p.984. Dillw., tab. 54. Engl. bot., tab. 1816. — Multifida. Huds., p.596.— Imbricata. Roth. Cat. bot. 3, p. 281. — Wer- ticillata. Roth. Cat. bot. 3, p. 309. — Ceramium à feuilles de préle. De Cand. F1. fr. 2, p. 9. — Verticillaria equisetifolia. Gratel. ined. Fronde filiforme:, cartilagimeuse , obscude;; tres-rameuse ; ‘rameaux amincis aux déux'bouts! recouverts , ainsique la tige; de ramules verticillés ; multifides ; plus longs que les’ segnients ; ceux-ci trois! et six fois plus longs que larges. Gette espece n’a point la délicatesse de tissu et de couleur:que l’on trouve dans p 144 HYDROPHYTES LOCULÉES. les autres espèces. On la trouve sur les rochers sous-marins en touffes longues de six à huit pouces (2 à 3 décimètres), qui ont une apparence tressée et spongieuse. La fronde principale, adhérente par un disque charnu , est cartilagineuse, obscu— rément cloisonnée, souvent souillée de petits parasites, tels que le Céramie de Turner. Elle se divise en plusieurs rameaux amincis à chaque extrémité, variables dans leur longüeur et leur position, soit alterne ou unilatérale. L’une et l’autre sont recouvertes d’une grande quantité de ramules verticillés au sommet du segment, digités, recourbés, ascendans, plus longs que les entre-nœuds qu’ils cachent. La fructification que je n’ai point vue se trouve, d’après Dillwyn, dans les sommets des rameaux; elle consiste en séminules plongées dans une capsule gélatineuse, transparente, qui est entourée de nombreux filamens bractéolaires. Dans la fronde et les rameaux les cloisons sont obscures, peu distinctes, ainsi que les segmens qui sont courts et renflés, comme globuleux; mais dans les ramules les cloisons sont contractées , les segmens deviennent épaissis au sommet, sont trois et quatre fois plus longs que larges dans le bas des filamens, et cinq à six dans les sommets, qui sont inégaux, obtus. Couleur d’un pourpre mat qui passe souvent au vert-grisâtre. La plante teint l’eau dans laquelle on la laisse tremper. Adhérence incomplète au papier. C’est seulement rejetée qu’on la trouve pour l'ordinaire sur les rivages, dans les mois de juillet, août , à Brest, Penmarck, l’île de Sein , Cherbourg, l’île Chausey, à Biaritz(vv). 3. GRIFFITHSIE CORALLINE. Griffithsia corallina. Agardh. Conferva corallina. Lin. sp., pl. 1636. Dillw., tab. 98. — Engl. bot., tab. 1815. Callithamnion corallina. Lyngb., p. 126. Fronde filiforme, membraneuse, très-rameuse et dichotome; rameaux fasci- culés, nivelés, obtus au sommet; segmens épaissis, huit à deux fois plus longs que leur diametre. 8 Rameaux alongés, inégaux. 8 Conferva marina, etc. Dill. Hist. musc., tab. 6, f. 37? Elle croît en touffes épaisses, hautes de deux à quatre pouces (6 à 10 centi- mètres) ; sur les:pierres et les varecs submergés , et imite dans son port le Polypier, dont elle porte le nom. Fixée par un petit empâtement, sa fronde, dont la couleur est mélangée de-pourpre, de rose; de vert et de jaune, se partage ordinairement dèes la basé en rameaux alternes; un peu nus à leur départ, qui se dichotoment HYDROPHYTES LOCULÉES! 145 plusieurs fois de imanibre)à ce! que les premières idividionsisoienti léeartées bles dernières en sé multipliantse rapprochent en forme descorgmbetmivélé donit les ‘extrémités sontobtuses. Dans la tige et le-milieu desranreaux) les segmenssont six! à huit fois plus longs'que leurdiamètre ; épaissis ‘au: sommet; plus haut ils deviennent plus courts, ovoïdes|etiagglomérés en forme dé éhapélet sontiséparés par des/cloisons linéaires ; foncéesven coulenr, déhiscentes! Danses échantillons que jai rencontrés jusqu'à ce jour, je n’ai observé qu’unimode de fructification:Sa nature hyaline est’cause qu’il #st'bien difficilé de‘juger quelleest sa forme! Roth Vavoit pressentie en disant qu’elle a quelque ressemblance avéc des manchettés! Elle repose sur le sommet d’un segment-de rameaux sous la forme d’une mabse mucilagineuse incolore ; ouicapsule plus large qüehaute, appliquée horizontale- ment Contrele egment, :étmainlenue (dans cette disposition par'des bractées lan: céolées , obtuses, um peu comprimées) continues; qui la! dépassent à feine. Cette capsule, bien’ représentée par Dillwÿn sous la lettre E, renferme des ‘Séminüles d’un pourpre foncé qui, suivant l’English botany et Dillwyn , sont limbées, parti- cularité que je n’ai point observée. : 1e La plante est d’une consistance membraneuse, un peu glissante; elle adhère étroitement au papier et au verre. Elle selrencontre de septembfe en juin sur les côtes du Finistère, de la Normandie, dans la Méditerranée (vv). La variété 8 ressemble parfaitement dans le port à la figure de Dillen, maïs je reprocherai à l’auteur d’avoir fait les segmens plus courts qu'ils ne sont véritable- ment. Elle se distingue de l’espèce principale par ses rameaux à dicholomiés plus ouvertes, dont les rameaux sont plus alongés, inégaux, ne sont point fasciculés et nivelés. Elle acquiert jusqu’à cinq et six pouces (2 décimètres!). Je l'ai trouvée fructifiée à l'embouchure de l’Odet:au mois d’août. Lamouroux m’en 4 ommuni- qué un échantillon provenant de la Méditerranée (5% ). 4. GRIFFITHSIE BaRBUE. Griffithsia barbata. Agardh. Conferva barbata. Engl. bot., tab. 1814. Dillw. Syn. n°. 129. Fronde capillaire, rose, délicate, un peu visqueuse,'très-rameuse'et dichotome: rameaux nivelés, à sommets comme frangés , tres-déliés. - Cette espèce a, dans la manière de se diviser, de grands rapports'avec la précé- dente. Elle croît sur les petits varecs en touffes tres-déliées , d’un rose pâle:, dans lequel on rencontre des nuances devert un ‘peu jaunâtre: Ja fronde test capillaire, rameuse , partagée par des cloisons linéaires, obscures ; en segmens uniformes sept à huit fois plus longs que larges, par la suite renflés’à leur partie süpérieure ; elle Mém. du Muséum. 1. 16. 19 146 HYDROPHYTES LOQULÉES se divise endichotomies fréquentes qui; chaque fois , deyiennent.plus £ourtesset sel terminent;par des raniules. nivelés à $ommets -frangés;; au. lieu d’être obtus: Cette apparence! de:;conformité avec les: Grammites n’estiqu'apparente, puisqu'on reconnoît.au mioroscope que ces franges:ne sont qu’ensminiature la représentation d’une nouvelle fronde de l'aspect le plusdélié, implantée. sur le: bordcdes segmens terminaux, Selon Sowerby; dans l’English botanÿ, il.se forme sur de sommét du ségment. dans les rameaux un pédicélle inarticulé, surmonté par une, capsule hyaline, farcie de séminules obrondes, d’un pourpre noirâtre, le tout enyironne de bractées non cloisonnées. 1h s allsuy La planté, ensraison de sa consistance très-délicate ; adhère sil étroitement au papier.et-au verre qu’on ne-peut l’en: séparer. Je l'ai observée dans la-baie de la forêt près.Concarneau, dans, lés mois de juin,et d'août; M. Dudresnay à Saint- Pol-de-Léon. Elle paroït, encore. se trouver dans le département. du Calvados, d'apres des échantillons que j'ai vus dans l’herbier de Lamouroux.(» 21). CÉNRE Yu AuvoumeLLe. Bory. Dict. class. Æudouinellu. ( Caractère: générique.—VFronde à locule peu distincte, rarement purpurine ; capsules compactes,| non limbées. En adoptant la dédicace offerte par Bory Saint-Vincent à M. Audouin, l’un des collaborateurs les plus distingués du Dictionnaire classique d'Histoire natu- relle, je ne crois pas devoir conserver une des divisions qu’il. propose d’y établir. De cette maniere, je suis loin d'y comprendre, comme le fait l’auteur ci-dessus, certains Ectocarpus de Lyngbye, dout l’organisation loculaire est tout-à-fait différente. Pour nous, les Audouinelles seront des plantes distinctes des autres Céramiées par leur couleur rarement purpurine , plus ordinairement tirant sur le vert-bleuâtre , dans lesquelles la locule peu susceptible , à ce qu'il paroït, de con- tractions dans ses parois latérales, semble peu distincte du tube externe: Un autre caractere s’y joint , c’est d’avoir des capsules homogènes, compactes, si toutefois on doit regarder comme organes de la reproduction des corps ovales solitaires, que l’on trouve sur les parois latérales des ramifications. Je me crois fondé à placer ce genre à la suite des Céramiées, parce qu’il renferme dans l’intérieur,un fluide teignant, dont les maculatures se font souvent remarquer sur le papier, tandis que je reporte parmi, les Æctocarpus de Lyngbye, et à la tête des Confervées, la pre- mière division de Bory, où la coloration est due à une malière pulvérulente. Nos plantes croissent dans les eaux douces. HYDROPHYTES;LOGULÉES, 147 1: AUDOUINELLE EN CORYMBE, fig. X. Audouinella corymbifera. Conferva chalybea, Roth. Cat. bot. 3, p. 286, tab: 8, f. 2. 14 Dillw., tab. 91. — Conferva corymbifera; Engl..bot., tab. 1996.—Ceramiun chalybeum, Agard. Disp. univ., p. 19. — Ectocarpus chalybeus, Lyngb., p. 133, tab. 44. — Au- —douinella-chalybea; Bory;L-e-- © Fronde capillaire, touffue, rameuse, nivelée; rameaux et ramules alternes , redressés , rapprochés ; segmens trois à quatre fois plus longs que leur diametre: capsules isolées ou en grappe. 8 Purpurine. 8 Ceramium pulchellum. Agardh, DC. n°. 7. Elle se fait remarquer au fond des eaux par les ipetites |touffes iglobuleuses, distinctes ou confluentes d’un vert-bleuâtre qu’elle forme sur les Fontinalis dans les-ruisseaux ; les rivières, et même sur les parois, des fontame:. Elles sont compo- sées d’un grand nombre de frondes, oufilamens ‘eapillacés, hauts de trois à six lignes (3 à 10. millimètres), réunis en houpes un peu étalées dans leur partie supérieure, el nivelées. Ces filamens se divisent en rameaux redressés, éloignés, alternes ou unilatéraux, dont les ramules, dans la même disposition , sont plus courts, rapprochés et obtus à leur sommet. On remarque avec peiné au microscope qu’ils sont partagés par des cloisons linéaires, peu transparentes, en segmens trois à quatre fois plus longs que larges, dont la locule ne se contracte presque pas. On yoit çà et là des capsules ovales, solitaires, où en grappe, implantées sur le bord des:cloisons. Cette planté, quoique d’une consistance délicate, est susceptible d’une certaine extension: Elle varie souvent dans sa teinte, qui passe au pourpre souvent dans le même groupe. Par la;dessiccation, elle adhère au papier. Elle est assez commune de l’automne au printemps (v »). «Observation 1e. — La Pylaie a remarqué que, lorsqu’on differe de la mettre en presse, elle tache ordinairement le papier d’une couleur parpurine. Observation 2°. — On trouve dans les herbiers, sous le nom de Conferva Her- manni, Drap. ined., une plante provenant des Vosges, que l’état de dessiccation e dans lequel je la possede, m’empêche de confirmer pour une espèce distincte. Elle sembleroit, par son port et sa plus grande-ténuité, différer de notre variété 8. C’est une réunion de filamens d’un pourpre sale, plus fins qu’un cheveu, longs de quatre à cinq ligues , serrés entre eux sanslaffecter de port particulier. Ils m’ont paru un peu flexueux, garnis de rameaux allernes, redressés, à angle aïgu, le long 148 HYDROPHYTES LOCULÉES. desquels on voit plusieurs ramules trés-courts, un peu rapprochés, qui semblent un peu plus épais vers leur sommet, qui est obtus. Je m’aipu distinguer la pro- portion des segmens. C’est aux botanistes qui l’observeront vivante sur les lieux de compléter ce que ma description laïsse à désirer. Elle croît aux'environs de Bruiïère | dans le mois d'avril (w5). EXPLICATION DES PLANCHES. PI. 1. Figure I. Ptilote plumeuse. a, Portion de la fronde vue à l'œil nu. b. Aile grossie au microscope. c. Capsules avec involucre. d. Séminules. Le tout d’après Turner. e. Portion d’un rameau et d’ailes de Ptilote élégante, vue au microscope. ff. Capsules sessiles limbées. D’après nature. Figure II A. a. Portion de Grammite varec, vue au microscope, avec capsules en b, séminules en c, conceptables en e, sommités fibreuses en d. D’après Lyngbye. e PI. 2 B. a: Grammite étalée, de grandeur naturelle. 2. Portion inférieure dela fronde, yue au microscope. c. Portion supérieure avec conceptacles en d. Figure IIT. Dasytriche commun. a. Vu à l'œil nu. 4. Portion vue au mi- croscope. c. Ramule. D’apres Lyngbye. : ‘ Figure IV. Torulaire. d. T. fragile, de grandeur naturelle; e. Rameau grossi. f. Portion de la T.. liante, tres-groissie au microscope. D’après nature. Figure V. &. Portion inférieure de la Boryne variable grossie. ». Rameau supérieur avec Ses de grandeur naturelle ene,et vus au micros- copeën f.—c: Capsules ayec involucres. d. Sommité de la Boryne à cils avec capsules. D’après Lyngbye. ; Figure VI. a. Portion supérieure de la Sphacélaire en vrilles, grossie au microscope. 6. Portion de rameau avec capsules. D’après Lyngbye. Figure VII. a. Gaillone ponctuée, de grandeur naturelle. }. Rameau grossi avec ramule en c, fructifiée en d. Capsule tres-grossie en d*, repré- sentant les points granuleux. c. Ramule très-grossie ; représentant les points granuleux: e; Portion de Gaïllone changeante avec capsules en ff. D’après le vivant. Figure VII A. a. Portion de Céramie rose, grossie dans son état d’inté- grité, à de perturbation , avec des capsules en c. B. Ceramie didyme. a. De grandeur naturelle. 4. Portion supérieure.de la fronde grossie au microscope. c. Segment dans l’état de perturbation. D. Capsules réunies. d. Capsules solitaires. Sur le vivant. Figure IX. a. Grifhthsie sétacée, de grandeur naturelle. b. Rameau supérieür grossi, €. Capsule pédicellée. 4. Grammnles limbés. Sur le vivant. Fig. X. Andouinelle en corymbe. a. De grandeur naturelle, 4. Grossie au microscope avec ses capsules en c. Fig. 1. PTILOTE PLUMEUSE Casta dis ta à Hat. . ei l'ig. IT. A, CRAMNMITE VAREC . PL AITFLA ZLINKPFAY9 ‘4 D LIU RREEEES | DE] os Berre, Berne mr DS re | Pere 0 ane | guess ss nrrasmsers mena Fee) ps DEA nausstats-creen — oo eseamens MCOTE COCÉE CCE Ÿ ss rimes TORULAIRE d, ef , Tr 9.0 VA Zig. 1, DASYTRICHE COMMUN Z,b,e,, 2 GAILLONE PONCTUEZ. 4 y. NL. SPHACELAIRE Fig. VI, EN VRILLES. F2 Fig. V._ BORYNE VARIABLE. r” d ! # à rs x *‘ASON HINPATD °F HA VIT Fig, X. AUDOUINELLE EN CORYMBE. Fig. À, GRIFFITHSIE SÉTACÉE. ; d: L Ai: ve me Te DESCRIPTION D'UN NOUVEAU GENRE DE CHAUVE-SOURIS SOUS LE NOM DE FURTE, PAR M. F. CUVIER. Lxs Chauve-Souris à quatre incisives supérieures et à six inférieures, sans appendices ou sans cavités particulières sur le museau, c’est-à-dire les Vespertilions, forment aujour- d’hui un si grand nombre d’espèces, et d'espèces si différentes par des modifications organiques importantes, qu’il devien- droit peu utile pour la science d’en augmenter le nombre, quand les modifications que présenteroiïent les espèces nou- velles seroient de nature à rendre encore plus confuse l’idée générale qu'on peut se faire de ces animaux. C’est ce qui arriveroit incontestablement, si je publiois sous le nom de Vespertilion la Chauve-Souris à quatre incisives supé- rieures et à six inférieures qui doit faire l'objet de cet article. Ses caractères, comparés à ceux des autres Vespertilions, sont remarquables par les organes qui les présentent, et dont l'influence sur le naturel des animaux, sans être en- core exactement apréciée, n’en est pas moins incontestable. C’est une vérité de fait qui acquiert chaque jour par l’ex- périence une nouvelle force, que les espèces des genres Mém. du Muséum. 1. 16. 20 150 NOUVEAU GENRE DE CHAUVE-SOURIS. naturels ne diffèrent que dans des limites extrèmement étroites, que leurs caractères spécifiques ne consistent que dans des modifications secondaires et bornées de leurs or- ganes, qu'il n’y a pas jusqu'à la structure intime de leurs poils par laquelle elles ne se ressemblent. Cest donc une nécessité de séparer les espèces qui n’ont point cette intimité de rapport que nous reconnoiïssons entre les espèces des genres naturels, si l’on veut que les termes génériques por- tent à l'esprit quelque précision, et contribuent par là à l’ac- croissement des connoissances générales en histoire natu- relle; car, comme on le sait, rien n’apporte plus d'obstacles au développement des sciences, rien n’est plus propre à égaz rer l’intelligence que le vague des expressions et la confu- sion du langage. Or, en réunissant aux Chauves-Souris qu’on appelle aujourd’hui Vespertilions l'espèce qui doit m’oc- cuper, la signification de ce nom deviendroit plus arbitraire encore et plus obscure que celle qui lui est propre, dans l’état actuel de la science. En me bornant à faire de cet ani- mal un simple Vespertilion, j'’aurois peut-être soulagé la mé- moire de ceux qui ne cherchent dans l’histoire naturelle que des noms à retenir; mais je n’aurois sûrement pas satisfait la raison de ceux qui demandent à agrandir leurs pensées à me- sure que la nature se dévoile et s'agrandit à leurs yeux. J’ai donc dû présenter la Chauve-Souris que je vais décrire comme le type d’un genre nouveau, et je donne à ce genre le nom de Fur, Furia, à cause de la singulière figure de l'espèce qui le constitue. Cette Chauve-Souris, de petite-taille , frappe d’abord. la vue par son museau camus et hérissé de poils roides, parmi \ NOUVEAU GENRE DE CHAUVE-SOURIS. 1D1 lesquels se montrent des yeux saillans qui ajoutent encore à l'expression bizarre de sa physionomie. Ses dents incisives supérieures sont au nombre de quatre, de même grandeur et pointues, et les externes sontsansaucun rapport avec les canines inférieures. Chez la Sérotine, la Noc- tule, etc., au contraire, les incisives moyennes sont beaucoup plus grandes que les latérales, et celles-ci sont échancrées par leur opposition avec les canines d'en bas. Les incisives inférieures, placées régulièrement sur un arc de cercle, sont à trois dentelures, et en cela elles diffèrent de celles de plusieurs autres Vespertilions, qui ne sont que bifides, et de celles des espèces que nous venons de nommer, lesquelles sont compri- mées entre les canines et placées les unes devant les autres. Les canines supérieures , beaucoup plus épaisses que les infé- rieures, sont à trois pointes, une antérieure et une postérieure petites, et la moyenne forte, grande et conique. Les canines inférieures, de forme cylindrique, ont aussi une pointe anté- rieure et une postérieure ; et ces dents, aux deux mâchoires, de forme tout-à-fait anomales, ont plus de rapport avec des fausses molaires qu'avec des canines, caractère au reste qui leur est commun avec celles de beaucoup d’autres insecti- vores. La mâchoire d’en haut a deux fausses molaires de cha- que côté et trois vraies, et la mâchoire opposée n’en diffère, sous ce rapport, qu'en ce qu’elle a une fausse molaire de plus. Ces dents n’ont rien qui leur soit particulier; elles ont tous les caractères des dents analogues des autres Chauve- Souris, qui, comme on sait, n'ont montré jusqu'à présent aucune différence ni dans le nombre ni dans la forme de leurs vraies molaires. 152 NOUVEAU GENRE DE CHAUVE-SOURIS. Les organes du mouvement ne présentent rien de très- particulier. Le pouce ne se montre hors de la membrane des ailes que par son onglé; le premier doigt vient se terminer à la naissance de la troisième et dernière phalange du second. Lorsque les ailes ne sont point étendues, les liga- mens ramènent en dedans la dernière phalange du second doigt, qui se replie ainsi sur lui-même par son extrémité. La queue diminue insensiblement d'épaisseur, et les vertè- bres dont elle se compose finissent d’être distinctes dès le milieu de la membrane inter-fémorale; mais elle paroït se continuer en un simple ligament jusqu'à l'extrémité de cette membrane fort étendue, et qui se termine en un angle dont le sommet dépasse de beaucoup les pieds; et elle se replie en dessous, comme ceux-ci, lorsque l'animal est en repos. Les yeux, ainsi que nous l'avons dit, sont saillans, et re- marquables par une grandeur qui ne s’observe point ordi- nairement chez les Vespertilions. Les narines terminent le museau, et ne sont séparées l’une de l’autre que par un bourrelet qui les environne et qui forme une échancrure à leur partie supérieure. Les lèvres sont entières, la langue est douce et la bouche sans abajoues; mais on voit sur les côtés de la lèvre supérieure quatre ou cinq verrues ou tubercules nus, disposés très-régulièrement, et il en est de même de huit tubercules semblables qui garnissent le dessous de la mà- choire inférieure, et qui s’aperçoivent d'autant mieux qu’ils sont blancs au milieu de poils noirs. Les oreilles sont grandes, à peu près aussi larges que longues, simples de structure et pourvues d’un oreillon d’une forme particulière; il est à trois NOUVEAU GENRE DE CHAUVE-SOURIS. 153 pointes, disposées en croix. Le pelage est doux et épais, ex- cepté sur le museau, où il est plus long, plus roide et plus hérissé que sur les autres parties du corps. L’individu que j’ai observé était un mâle, et ses organes génitaux ne présentoient aucune modification notable; ils ne différaient point de ce qui s’observe chez les Vespertilions. Si actuellement nous ajoutons à ces caractères zoologi- ques quelques considérations tirées de caractères anato- miques, nous trouverons de nouvelles raisons pour justifier l'établissement du genre qui fait l’objet de ce Mémoire. Les formes de la tête, la disposition des diverses parties qui la composent, chez notre Furie, expliquent ce que nous avons dit de la singulière physionomie de cet animal : les frontaux et les pariétaux se relèvent presque à angle droit au-dessus des os du nez; et toutes les parties postérieures, ayant suivi ce mouvement, les os de l’oreille sont fort au-dessus de la partie antérieure de l’arcade zigomatique qui, au lieu d’être horizontale, forme un arc dont l’extrémité postérieure est très-relevée au-dessus de l’antérieure. La hauteur du maxil- laire supérieur est presque nulle comparativement à celle des espèces qu'on peut considérer comme des véritables Vespertilions. La branche montante de la mâchoire inférieure est remarquablement grande, et les os du nez, relevés sur leur bord externe dans toute la longueur du museau, laissent entre eux une dépression sensible, quoiqu’elle ne s’aper- çoive pas sur la tête non dépouillée. En comparant à cette tête celle de la Noctule, par exem- ple, ont peut apprécier du premier coup d'œil à quel point notre animal diffère, par cette partie si essentielle, de lor- 154 NOUVEAU GENRE DE CHAUVE-SOURIS. ganisation des Vespertilions proprement dites. On voit, en effet, que la tête de la Noctule, et nous pourrions en dire à peu près autant de la Sérotine, a ses os du nez postérieu- rement, ses frontaux, ses pariétaux et son occipital sur une même ligne droite oblique; que l’arcade zygomatique est horizontale, et que par là les os de l'oreille se trouvent au niveau de sa partie antérieure; que le maxillaire supérieur a une grande hauteur, et que celui de la branche montante de la mâchoire inférieure l’est d'autant moins que la cavité glé- noïde ne s’est pas plus relevée que l’arcade zygomatique. Ces seuls traits généraux suflisent pour montrer que la tête de la Furie est formée dans un tout autre système que celle de la Noctule, et que la réunion dans un mème genre d'animaux qui présentent de telles différences est impossible. Mais, comme on peut l’inférer de ce que nous avons dit plus haut du défaut de ressemblance suflisante des Vesperti- lions entre eux, pour qu’ils constituent un genre naturel, les têtes de ces animaux n’ont point les mêmes formes et la même structure; elles diffèrent même à cet égard considéra- blement; et, en examinant celles qui nous sont connues, nous trouvons que le Kirivoula, Vespertilio pictus, est celui qui se rapproche le plus de notre Furie par la disposition des diverses parties de sa tête, comme le fait voir la figure que nous en donnons; toutefois la différence est grande encore. Mais en comparant cette tête à celle de la Noctule, on a une nouvelle preuve de la nécessité de faire une étude des es- pèces, qui sont réunies aujourd'hui dans les catalogues mé- thodiques sous le nom commun de Vespertilions, dans la vue de les associer plus naturellement qu'elles ne le sont. me , VIA AIMNA | | L | gi "gt O0] NOUVEAU GENRE DE CHAUVE-SOURIS. 155 Notre Furie, à laquelle nous donnons le nom spécifique de Hérissée, Furia horrens , est d’une petite taille; sa lon- gueur, depuis le bout du muséau à l’origine de la queue est d’un pouce et demi, et son envergure est de six pouces; sa couleur est d’un brun noir uniforme, et nous en devons la possession à Leschenault, qui la découvrit à la Mana dans son premier voyage en Amérique. EXPLICATION DE LA PLANCHE rl & . La Furie hérissée, de grandeur naturelle, vue en dessous. . La tête vue de profil. . La tête osseuse, de profil. La tête osseuse, en dessus. . Les incisives et les canines des deux mâchoires. Tête osseuse de Noctule, de profil. ——————— en dessus. . Les incisives et les canines des deux mâchoires. . Tête osseuse de Kirivoula, de profil. © © Du a+ w Pb en dessus. ee — Les incisives et les canines des deux mâchoires, = = 1 del 5 je BE E Nu) ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. Observations sur l'origine commune et la formation de _ tous les.corps propagateurs végétaux, et particulière- ment sur un nouveau mode de ces corps propagateurs. PAR P.J. F. TURPIN, Ds GLOBULES-INDIvIDUS, muqueux, pleins ou vésiculaires (formés eux-mêmes de plus petits globules), doués d’une vie végétative, propagateurs, simplement contigus les uns aux autres, ou soudés entre eux, composent, selon diverses combinaisons, les masses tissulaires de tous les êtres organi- sés, et conséquemment l’z2dpidualité composée de chacun de ces êtres. Dans mon Mémoire sur l’organisation tissulaire et sur les moyens de propagation de la truffe comestible, j'aidit(r): « Toute vésicule végétale, quelque part qu'on l’observe (pl. 17, fig. 9, 10’ et 11 de ce Mémoire), est un centre vital, particulier, de végétation et de propagation, soit tout simple- ment de l'augmentation, dans tous les sens, des masses de ussu cellulaire (par accouchement de nouvelles vésicules ), (1) Mém. du Mus. d’hist. nat. , année 1828. Mém. du Muséum. 1 16. 21 158 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. soit de tous les corps propagateurs; c’est un z2dpidu distinct, dont la réunion à plusieurs autres semblables coristitue l'#7- dividualité composée de la plante; et, comme la base d’une plante est toujours une masse de tissu cellulaire composée d'une agglomération d’dipidus vésiculaires distincts, 1 en résulte que non-seulement la vie d’un végétal est également répartie dans tous les points de son organisation, mais que lon peut encore espérer de chaque vésicule un ou même plusieurs corps propagateurs. » « D’après ce qui vient d’être dit, c’est toujours une vési- cule, ou au moins un grain de Globuline (pl. 11, fig. 10’, a de ce Mémoire) contenu dans cette vésicule, qui sert de mère ou de conceptacle à toute espèce de corps capable de propager. » « Les séminules ou gongyles qui naissent dans l'épaisseur des tissus cellulaires des lichens, des plantes marines, les em- bryons adventifs qui s’échappent indifféremment de tous les points de la surface des vieilles écorces et de celle des feuilles, ceux qui se développent soit à l’aisselle des feuilles, soit dans le sein de la feuille ovulaire, ceux enfin qui pro- viennent, quelquefois, d’un grain de pollen, doivent tous éga- lement leur existence à une vésicule favorisée, dans laquelle se forme, par développement et par concentration de nou- velles vésicules, une petite masse de tissu cellulaire. » (PL. r1, fig. 13 de ce Mémoire. ) Afin d'attirer toute l'attention du lecteur sur la nature et sur les fonctions importantes de chacune des vésicules dont se compose toute la masse du tissu cellulaire d’un arbre ou de tout autre végétal; pour bien faire sentir que chaque vésicule a son centre vital, particulier, de végétation et de propaga- ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 159 {on , j'avais avancé, dans un autre de mes Mémoires (1), que € Un grain de Globuline isolé (pl. 14, fig. ro', &, de ce Mémoire) d’une vésicule du tissu cellulaire, d’un chêne), par exemple, dont le diamètre peut être évalué à += de millimètre, transporté avec tous les soins d’abri et de pro- tection convenables sur une terre vierge, mais dépourvue de végétaux, pourrait devenir la sourcé de forêts immenses composées, bien entendu, du même végétal dont le grain de Globuline auroit été extrait. Ce grain de Globuline est lana- logue de ceux contenus dans les vésicules du tissu cellulaire des algues, et que l'on nomme gongyles. » Jusqu’alors on étoit en droit de penser que ce qui vient d’être dit pouvoit être purement hypothétique. Aujourd'hui je me propose de prouver ces idées fondamentales à FPaide de plusieurs faits qui, je l'espère, laisseront peu de doute sur la séconde partie de la physiologie végétale, celle de la pro- pagation. Avant de m'occuper de ces faits, il est nécessaire que l’on me permette de rappeler en peu de mots ce qu’est le règne végétal tout entier, mais seulement considéré dans la formation de ses masses tissulaires ou tégumentaires. Dans le sein des eaux pures et tranquilles, douces ou salées, naturelles ou distillées, exposées à l’action de l'air et de la lumière, ou privées ou presque privées de ces deux agents, il se développe deux. productions végétales, micros- copiques et des plus simples possibles. L'une de ces productions consiste en des individus globu- (x) Observations sur quelques végétaux microscopiques , et sur le rôle important que leurs analogues jouent dans la formation et l’accroissement du tissu cellulaire. Mém. du Mus. d'Hist. nat., année 1827. 160 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. leux, muqueux, peut-être vésiculaires, blancs, diaphanes, sans granulation propagatrice visible, du diamètre d’envi- ron + de millimètre (pl. 11, fig. 7). L'autre se compose d’un long filament, également mu- queux, peut-être tubulaire, blanc, diaphane, sans cloisons, sans granulation propagatrice visible, et tellement ténu qu’on ne peut en comparer le diamètre qu’à la ligne gravée du micromètre, au pédicule des vorticelles ou aux vibrions linéoles (pl. 11, fig. 8 ). Ces deux productions sont complétement inertes. L'imagination ne pouvant rien supposer de plus simple en organisation que la substance muqueuse et hyaline organisée sous la forme globuleuse et sous la forme filamenteuse qui semble n’être, en quelque sorte, que la première alongée, sans aucune espèce de granulation qui puisse servir à la pro- pagation, on est porté à considérer ces deux productions très-élémentaires, comme étant le premier essai de la nature dans l'organisation de la matière, et comme pouvant naître im- médiatement de l’eau dans le milieu de laquelleelles végètent. J'ai donné à ces deux organisations, probablement les seules qui, dans la nature, soient spontanées, les noms, à la première, de Protosphæria simplex (pl. 11, fig. 7) (1), et à la seconde de Protonema simplex (pl. 11, fig. 8) (2). Ces deux genres de végétaux, en raison de leur excessive simplicité, doivent marquer le premier degré visible du règne organique, et être ensuite considérés comme formant des individus élémentaires tout-à-fait analogues à ceux qui com- (1) Atl. Dict, Scienc. nat. , pl. vég. élém. (2) Jbid. 2 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 161 posent, par agglomération, les tissus cellulaires, les tissus fibreux et les tissusmembraneux des végétaux et des animaux. Une masse d'individus vésiculaires de protosphéries (pl. 11, fig. 7) représente rigoureusement les élémens épars d’un tissu cellulaire végétal ou animal (pl. 11, fig. 7,a.) En soudant par approche tous ces individus, on forme réellement du tissu cellulaire; tandis qu’en dessoudant et en isolant les vé- sicules qui constituent la masse de celui-ci, ces organes de- viennent autant de protosphéries. Ce qui vient d’être dit prouve, jusqu’à l'évidence, que les nombreuses modifications que présentent les êtres orga- nisés n’ont jamais lieu que par des surajoutemens de parties ; et que les globules vésiculaires agglomérés dont se compo- sent toutes les masses organisées sont autant de centres particuliers de végétation et de propagation , autant d’in- dividualités distinctes , constituant par leur réunion des individualités composées. Les personnes peu exercées à composer ou à décomposer par la pensée les êtres organisés, à souder ou à dessouder certaines de leurs parties afin d’en découvrir les véritables analogies, pourront peut-être objecter qu’entre les globules vésiculaires des Protosphéries et des Globulnes solitaires ( qui représentent également un üssu cellulaire à vésicules éparses ),et les vésicules polyèdres et soudées des masses de tissu cellulaire, il y a une grande distance, et que la nature, qui ne fait jamais de saut, auroit dû, au moyen de forma- tions intermédiaires, remplir cette lacune de manière à lier plus insensiblement ces deux choses (1). —————————————————_——_]__ (1) Cette formation intermédiaire ne pouvoit manquer; il suflisoit de se mettre 162 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. Il sera facile de répondre à cette objection : en effet, la seule différence existe dans l’isolement des premières vési- cules, et dans l'association en masse, par compression et par soudure, faute d’espacé, des autres; mais la chose impor- tante reste parfaitement analogue, puisque toujours les deux sortes de vésicules, les isolées et les associées, sont également des ceutres vitaux particuliers de végétation et de propagation, elles sont de véritables z2dipidualités dont les unes vivent et se propagent isolément, tandis que les à sa recherche pour être certain de la trouver. Aux parois internes des vitres des serres chaudes et tres-humides, il se développe, particulièrement aux temps de pluie, des masses informes d’une substance fugace et tres-aqueuse, senvent de la grosseur d’une noix, d’un vert tendre jaunâtre qui approche de la couleur d’un grain de raisin blanc et bien mur. Cette production , que l’on pourroit confondre au premier abord avec les nostocs, présente sous le microscope une organisation tres-différente. Toute cette masse se compose d’une agglomération considérable de vesicules sphériques quand elles sont isolées (pl. 11, fig. 10), ou hexagones quand elles sont soudées entre elles. Toutes ces vésicules sont blanches, d’une transparence extrême, et leurs parois sont d’une telle ténuité, qu’au moindre toucher elles se crevent presque aussi facilement que de petites bulles d’eau de savon. Dans l’intérieur de chaque vésicule sont depuis un jusqu’à sept grains de Globuline verte, petites vésicules futures qui, en grossissant et en se dilatant donnent naissance à une nou- velle génération de Globuline, et enfin, ne pouvant plus être contenues dans la capacité de la vésicule-mère, forcent celle-ci à se déchirer et à les isoler dans l’espace où elles continuent de croître, de remplacer et de multiplier, par leur nombre, l'individu qui leur a donné naissance. Aucune de mes découvertes en histoire naturelle ne m'a procuré autarñt de plaisir que celle-là. En observant cette production sous mon microscope, en voyant cet assemblage de vésicules, remplies de Globuline ou de vésicules futures , dont les unes étoient hbres et sphériques, d’autres seulement soudées par deux ou par quatre, d’autres enfin agglomérées ét soudées en masse de tissu cellulaire , après avoir, par cette opération, échangé leur forme sphérique en celle hexagone; en voyant la Globuline grossir, perdre sa couleur, engendrer d’autres Globulines, et la vésicule- ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 163 autres vivent et se propagent en société, en masse de tissu cellulaire. Celles-ci, tributaires les unes des autres, s’assistent mutuellement, et constituent, par cette association , d’autres individualités, cellesque nous reconnoïssons habituellement, et que l’on doit appeler des z2dividualités composées. Aux parois intérieures des zrdipidus vésiculaires isolés et des z2diyidus vésiculaires associés en tissu cellulaire, naissent, par extension, d’autres z2diidus vésiculaires (pl. 11, fig.9, 10',a) destinés, dans les deux cas, à remplacer et à mul- tiplier, par accouchement, les vésicules-mères qui leur ont servi de conceptacles. mère qui la contenoit accoucher, en se déchirant, pour laisser sortir une génération qu’elle ne pouvoit plus contenir, je sentis que, dans cette production, je surprenois la nature cherchant à former du tissu cellulaire, et que j’avois devant mes yeux l'explication, et sans réplique, de la formation et de l'accroissement de toutes les masses végétales. Ce passage des vésicules isolées aux vésicules agglomérées et soudées en masse de tissu cellulaire m’offroit une grande difficulté, difficulté que l’on éprouve tou- jours en histoire naturelle, chaque fois que l’on observe un être également placé sur les confins de deux de nos divisions artificielles. Cette difficulté consisoit à savoir si, dans le nouveau genre que je vouiois former de cette production végétale, j'individualiserois la vésicule isolée (pl. 11, fig. 10, a), ou bien l’agglomération soudée de ces mêmes vésicules; j'avoue que mon embarras fut grand, et que je ne men tirai, comme on le fait toujours en pareil cas, qu’en jugeant la question d’une maniere arbitraire. J’individualisai la masse, et lui donnant le nom de limmortel physiologiste Bichat, je la nommai Bichatia vesiculinosa (pl. vég. élém. microsc. de l’Atl. du Dict. d'Hist. sat. de Levyrault.) Pour être observée sous le microscope, la Bichatie exige quelques précautions, sans lesquelles les vésicules se crèvent; alors on n’a plus que la Globuline verte, éparse et sans ordre parmi les restes membraneux des vésicules-mères. C’est cette -Globuline qui, en se séchant sur les vitres et surtout dans la partie croisée de celles-ci, présente les taches vertes, jaunes, aurores, roses et pourpre-noir que l’on y aperçoit. 164 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. Ceci étant bien compris, on sait comment tous ces petits végétaux microscopiques et univésiculaires, auxquels j'ai donné le nom de Globuline solitaire (1), peuvent se pro- pager et être multipliés, souvent d’une manière prodigieuse, lorsque l’humidité, la chaleur et la lumière protégent leur développement. On conçoit aussi aisément, comment ces autres petits vé- gétaux vésiculaires et également microscopiques dont se com- posent, par agglomération, les masses tissulaires des plantes, peuvent, au moyen de cette Globuline captiwe (pl: 11, fig. 9, a), et de toutes couleurs, être propagés et multipliés de manière à remplacer l’ancien tissu et à donner au nou- veau une plus grande étendue. Mais dans ce dernier cas nous n’aurions encore que de la végétation, ou, en d’autres termes, nous n’aurions qu’une augmentation d’étendue dans les masses tissulaires des végé- taux, et nous ne nous rendrions pas compte de la propaga- tion de ces êtres. Comment les végétaux déjà formés d’une agglomération EEE (1) Tous les Lepra ne sont que de grandes associations de petits végétaux globu- leux et univésiculaires; naissant tres-près les uns des autres , il en résulte souvent des greffes par approche, ce qui les fait paroître groupés par deux, trois, quatre, cinq et même en plus grand nombre. Jamais cette prétendue membrane muqueuse m’exista. La Globulina sanguinea (AU. Dict. Scienc. nat.), Protococcus nivalis Agardb, est une espèce très-distincte du Globulina botryoides. La Globulina viscosa (Au. Dict. Scienc. nat.) offre un phénomène que j'ai déjà remarqué plusieurs fois dans les vésicules du tissu cellulaire; la vésicule unique qui constitue ce petit végetal se dilate, ses globules intérieurs en font autant, et donnent naissance à une deuxième génération de globules vésiculaires propagateurs emboîtés de la même manière qu’on l’avoit déjà rémarqué dans les Volvoces. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 165 d'individus vésiculaires, c’est-à-dire d’une masse de tissu cellulaire plus où moins étendue, se propagent-ils ? Quelle est l’origine de toutes les modifications des corps propaga- teurs destinés à perpétuer les espèces? comment et sous quelles influences ces corps se forment-ils ? À quoi se rédui- sent essentiellement ces corps? Quels en sont les composans tissulaires ? L’organographie et la physiologie des végétaux et des ani- maux présentent deux parties assez distinctes l’une de l’autre, quoique au fond ces deux parties puissent se confondre et être réduites à une simple extension de tissu, je veux parler de celle relative à la végétation ou à l’accroissement des masses dont se compose chaque individu, et de celle relative à la propagation de ces mêmes individus. Cest de cette dernière partie dont je vais m'occuper maintenant : je tacherai d’être le plus court et le plus clair qu'il me sera possible, puisque si je parviens à me faire comprendre, le cas d’organographie qui fait le sujet de ce Mémoire se trouvera d’avance expliqué et parfaitement conçu. Des divers modes de propagation végétale. De même que toutes les choses de la nature, quoique dif- férant entre elles par quelques parties de plus ou par quel- ques parties de moins, dépendent toutes d’un principe unique et qu’elles tirent toutes leur origine d’une même source, de même toutes les modifications que l’on observe dans les corps propagateurs végétaux se confondent et se réduisent en une Mém. du Muséum. 1. 16. 22 166 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. même et unique origine. Ce n’est qu'a mesure que ces corps s’éloignent de cette origine commune, qu'ils acquièrent des formes différentes et quelques additions de parties qui servent plus tard à les distinguer les uns des autres. Tout corps propagateur végétal doit son origine à une vésicule favorisée qui lui sert de mère et de conceptacle, soit que cette vésicule appartienne à une Globuline solitaire ou à une Bichatie (pl. 11, fig. 10’), soit à un végétal confer- voide, soit à un grain de pollen, soit enfin à celles aæsso- ciées d’une masse de tissu cellulaire d’un végétal d'ordre plus élevé (pl. 17, fig. 9). Tous ces corps, quels que puissent être leurs développe- mens et leurs destinations futures, commencent tous de la même manière; tous ne sont d’abord qu'un globule mu- queux, incolore, plein, se creusant ensuite en une vésicule des parois intérieures de laquelle naissent d’autres globules vésiculaires (pl. 11, fig. 12, 13, 14 et 15). L'état le plus simple d’un corps propagateur végétal est une vésicule (pl. 11, fig. 12) qui en contient déjà d’autres; c’est ainsi que se propagent les Globulines solitaires, les Bichaties, les végétaux confervoides. D’autres se composent de l'association soudée de plusieurs vésicules en un petit noyau de tissu cellulaire et dont les vé- sicules composantes sont nées d’une vésicule unique analogue à celle des corps propagateurs les plus simples (pl. rr, fig. 13). Les différens corps propagateurs végétaux, considérés comme étant tous semblables dans l’origine et comme naissant tous d’une vésicule du tissu cellulaire qui leur sert de mère ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 167 ou de conceptacle , présentent les modifications suivantes : 10. Les Ernbryons globuleux , univésiculaires , internes (pl. 11, fig. 12) sont: Le globule vésiculaire propagateur, né, par extension, des parois intérieures d’un individu de Globuline solitaire, d’une vésicule de Bichatie, de la vésicule tubuleuse d’un végétal confervoide , de la vésicule-individu et associée du tissu cellulaire (1). 20. Les Emmbryons multivésiculaires, internes, com- posés, par association, des premiers (acotylédons) (pl. 11, fig. 13) sont : Les séminules ou gongyles des ulves, de toutes les plantes marines formées de tissu cellulaire, des champignons, no- tamment de la truffe (pl. 11, fig. 11, @), des lichens. . 30. Les Ernbryons multivésiculatres, externes, nus, sont: Les Embryons adventifs , pouvant naître et surgir indis- tinctement de tous les points de la surface des écorces (2), de (1) La Globuline captive ou contenue dans les vésicules-mères du tissu cellulaire (pl. 10, fig. 4, b). (2) Moins cependant sur l'écorce des mérithalles d’un scion de l’année, sur lesquels je ne connoïs point encore d'Embryons adventifs, ni sur le mérithalle primordial d’une plante dans les premiers temps de sa germination. Si on a cru quelquefois avoir rencontré ce cas, c’est probablement parce que l’on n’y avoit pas assez regardé, et que cette fausse apparence de développement d'Embryon adventif étoit due à ce que la gemmule, placée à la base de deux longs pétioles cotylédon- naires soudés, s’étoit fait jour et éloit sortie latéralement (pl. 11, fig. 5 et 6). Le cas que cite M. le professeur Rœper, dans son bel ouvrage sur les Euphorbes (p- 19, pl. 3, fig. 58) , ne peut détruire ce que je viens de dire. Le mérithalle pri- mordial des Euphorbia exigua, heterophylla et Lathyris, sur lequel cet excellent observateur a vu naître des Embryons adventifs, n’étoit plus jeune; ce n’étoit plus au moment de la germination, c'étoit un mérithalle qui avoit vieilli, grossi, 168 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. celle des feuilles, de celle des ulves (pl. 10, fig. 13 pl. tr, fig. 1 et 2). Les Ærnbryons prévus naissent en des lieux déterminés, comme à l’aisselle des feuilles, soit aériennes (pl. 10, fig. 5, 5", a), soit terrestres, au sommet des rameaux, aux petites aisselles formées par les dentelures de certaines feuilles, Bryophyllum calycirum (i) (pl. ro, fig. 7, &, b). Ces deux sortes d’embryons peuvent ou rester fixés sur la mère en augmentant le nombre des individus dont se con- stitue l’individualité composée d’un grand arbre, ou bien s’en isoler (pl. 10, fig. 1 et 5). Ils peuvent encore, selon les es- pèces et selon les circonstances, se développer sur la mère, soit en épines, soit en fleurs, soit en branches. 4°. Les embryons prévus et protégés par des enveloppes Joliaires (pl. 10, fig. 6). et dans le tissu cellulaire duquel la Globuline propagatrice avoit eu le temps de se former. (1) Cotyledon pinnata Lam. M. De Candolle, en parlant du corps propagateur qui naït au sinus des créne- lures des feuilles du Brrophyllum calycinum, dit : « Il est des cas où les germes existent presque sans provision quelconque, visibles sous forme de ponctuations, mais prêts à se développer quand les circonstances sont favorables : tels sont les points visibles dans les sinus des crénelures de la feuille du Bryophyllum calycinum, et qui se développent quand cette feuille, étant un peu âgée, vient à toucher la terre humide. » Organ. végét.,t.2, p. 114. Les Bulbilles ou Embryons prévus du Zryophyllum se développent au sinus des feuilles encore attachées à la plante mere. Plus tard, ces Embryons s’isolent de la même manière que cela a lieu pour les Embryons bulbilles du Zr/iumr Ligrinum (pl. 10, fig. 5’). Si, cependant, une feuille de Bryophyllum, qui ne présente point encore d'Embryons, est détachée de la plante et posée sur une terre humide ou seulement dans un air humide, il surgira de ses sinus des Embryons, non parce que ces corps propagateurs y éloient, mais parce qu'au point des sinus est un con ceptacle favorisé"par ce que nous nommons un principe vilal de propagation. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 169 Naissent immédiatement de la partie terminale de la tige, de ces petites branches términées auxquelles on à donné le nom de fleurs. CesEmbryons s’isolent constamment dela mère; ils peuvent assez souvent être réduits à la partie essentielle de tout corps propagateur végétal, c’est-à-dire a une petite masse de tissu cellulaire modelée en tigellule (véritables acotylédons, quoi- que naissant d'une mère amplement pourvue de feuilles )(1}, (1) L’Embryon des Caryocar ou Pekea, ceux des Lecythis, Bertholletia, Pinguicula, Cyclamen, etc. Quoique naissant de végétaux à larges feuilles, ils sont souvent réduits à une masse ovoide de tissu cellulaire; ce n’est que quelque temps £ après la germination , et lorsque la tigelle est déjà haute, que l’on aperçoit une premiere écaille ou feuille rudimentaire, qui est suivie de plusieurs autres qui alternent avec la première, jusqu’à ce qu’enfin les grandes feuilles se développent. L'analyse et la germination de la graine du Caryocar glabrum (Pers. et DC.) ou Saouari glabra ( Aubl.), m'ont appris que l’'Embryon de cette espèce, contenu sous ses enveloppes, consistoit dans une grosse masse ovoide de tissu cellulaire, terminée par une gemmule nue ou par une tigelle conique recourbée, appliquée sur la masse, el entièrement dépourvue d’appendicules cotylédonaires. Jusque-là cet Embryon est vérilablement acotylédon. Ce n’est que dans la germination, et lorsque la tigelle a acquis une certaine longueur, qu’une premiere écaille latérale se développe, et que celle-ci est suivié de cinq ou six autres semblables, situées à distance et alternativement autour d’une tige de quatre à cinq pouces, et sur laquelle ne se montrent point encore les grandes feuilles trifolices que celte tige doit produire plus tard. Les deux petits cotylédons opposés et situés au sommet de la gemmule ou tigel- lule des Embryons des Pekea butyrosa et tuberculosa, indiqués comme tels par les célebres carpologistes Gærtner et C. Richard, ne me paroissent, l’un qu’une écaille latérale , l’autre que le sommet ou la continuité de la tigellule. D’après nos règles, ces Embryons seroient monocotylédons, puisque leur tigellule se trouve être munie d’un seul appendice cotylé. Quelques botanistes, imbus de ce mauvais principe que puisqu’une chose à lieu là, il faut qu’elle existe nécessairement partout ailleurs, ont supposé que dans ces Embryons réduits à la partie essentielle, à la tigelle, les cotylédons étoient soudés 170 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. ou être appendiculés d’une ou de plusieurs petites feuilles alternes et engaînantes (monocotylédons), opposées par deux ou verticillées par un plus grand nombre (dicotylédons, po- lycotylédons.) Comme on vient de le voir, le corps propagateur végétal prend son origine d’une vésicule favorisée du tissu cellu- laire, et se modifie ensuite dans son développement par des surajoutemens de vésicules nouvelles, de manière à ce que lon peut établir : 10. Une seule vésicule (pl. 11, fig. 12); 2° plusieurs de ces vésicules agglomérées en un noyau de tissu cellulaire (aco- tylédon) (pl. 11, fig. 13); 3° même agglomération avec surajoutement d’appendices foliaires, se développant à nu (bourgeons, bulbilles); 4° zd., naissant abrités des feuilles soudées de l’ovule et de l’ovaire (monocotylédons, dicotylé- dons, polycotylédous)(pl. 10, fig. 6, et pl. 11, fig. 14 et 15). Après m'être rendu compte de la nature et des princi- pales modifications du corps propagateur végétal, je vais m'occuper de celle qui fait le principal sujet de ce Mémoire. M. Poiteau ayant mis sous presse plusieurs feuilles déta- chées d’un pied d'Orrxthogalum thyrsoides, afin de les si intimement que l’on ne pouvoit les apercevoir, mais que, cependant , pour ne pas mettre le principe en contradiction avec lui-même, et pour ne pas donner prise à ces esprits chagrins qui s'efforcent de nous prouver que la nature se joue de tous nos arrangemens systématiques, il falloit les admettre. C’est dans ces mêmes vues, si contraires aux véritables progrès de la science , que l’on a cherché en vain et si long-temps un stigmate sur les styles en aiguilles du Châtaignier, des étamines et des pistils dans les mousses, les plantes marines, les conferves , et enfin une fécon- dation partout. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 171 dessécher pour son herbier, fut très-surpris, en les expo- sant à l'air quelques jours après, de voir qu’à leurs surfaces et sur leurs bords il s’était développé une grande quantité de corps qui lui parurent dignes d’êtres observés. Croyant que cela pouvait m’intéresser, sous le rapport de l’organisa- tion, il s'empressa de me les communiquer. L’une de ces feuilles (pl. 10, fig. r) présentait à sa surface interne (1), c’est-à-dire à la surface qui regarde directement l’axe central de la plante, un grand nombre d’Embryons ad- ventifs plus au moins développés, et conséquemment d’âges différens. Un plus petit nombre des mêmes Embryons se faisoit remarquer sur les deux bords et sur la face externe a. Lorsqu'on examinoit de près le développement de ces corps P'opagateurs, on apercevoit çà et là des petites protubé- rances 2, produites par des corps intérieurs qui, en prenant plus de volume, soulevoient la cuticule, jusqu’à ce qu’enfin, ne ne ne PGA ES, BU (1) Quand une science commence, les objets qui y sont relatifs étant peu ou point connus, exigent cependant que l’on y attache des noms > afin d’entrer en communicalion avec autrui. Ces noms souvent ne tardent pas à devenir défec- tueux, au point que l’on est obligé de, les modifier ou même de les changer à mesure que la science, progressive de sa nature, avance dans la véritable con naissance des êtres. La feuille, mal connue d’abord, recut les dénominations de face supérieure ct de face inférieure; ces, dénominations eussent été bonnes si la situation de toutes les feuilles avoit été telle, que toujours l’une des faces regardät le ciel.et l’autre Ja terre. Mais il n’en est point ainsi: il n’yarien de plus variable que la direction de la feuille; il_en est d’appliquées sur la tige, soit de bas en haut, soit de haut en bas. I étoit donc bien plus simple, bien plusiscientifique d'avoirségard à la connexion inyariable de cet, organe, et de voir que l’une de ses: faces s'appliquant naturel: lement sur la tige, les dénominations de face interneet de face externe devenoient exemples, d'aucune exceplion. 172 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. celle-ci, ne pouvant plus s'étendre, crevoit ce, et laissoit aper- cevoir un petit corps conique qui peu à peu s’élevoit etsailloit aux surfaces d sous la véritable forme d’un Embryon mono- cotylédon (pl. 10, fig. 2, d). Ces Embryons, à la base desquels restait une sorte de pe- tite collerette produite par la cuticule déchirée (fig. 2, c), étoient, les plus développés, de la grosseur d’un grain d'orge; ils étoient blancs, et se composoient des parties suivantes : d’un axe ou d’une petite tige extrêmement courte, adhérant par sa base au tissu cellulaire de la feurlle-mère; de cette petite tige naissoit une feuille cotylée, latérale, engainante, close d’abord, se déchirant ensuite au sommet et d’une manière oblique, pour laisser passer la gemmule composée elle- même, comme on le sait, d’une autre feuille en gaïne conte- nant le bourgeon terminal de la plantule ou de l'Embryon. Le nombre des Embryons développés, ou sur le point de se développer, étoit, sur une seule feuille, de cent trente- trois. Ils étoient en bien plus grande quantité sur la face in- terne, principalement vers la base, que sur l'autre face et sur les bords. Etant isolés de la feuille-mère, ces Embryons ne consis- toient que dans le seul système ascendant; rien ne pouvoit être considéré comme radicule, puisque rien encore dans ces petits êtres n’avoit végété dans une direction opposée à celle qui les constituoit en entier (1). (1) La même observation s'applique à tous les Embryons végétaux ; étant tous produits par une extension des tissus de la mère, il est clair que du point qui les unit à cette mère, il ne peut y avoir qu'un seul accroissement, et que cet accroissement développe seulement le systeme ascendant. M. Aubert du Petit- ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 173 Plusieurs de ces Embryons ayant été posés sur lenr base, c’est-à-dire sur Le point qui les unissoit à la feuille-mère, sur un sable fin et convenablement humecté, ayant été de plus mis à l'abri pendant quelque temps sous un entonnoir de verre, ne tardèrent pas à se fixer au sol et à s’y développer pour leur propre compte. Autour de la base se forma un léger bourrelet (pl. 10, fig. 2”, a) qui s’alongea bientôt en petits mamelons coniques, de l’intérieur desquels sortirent des radicelles latérales, con- servant à leur base les restes de ces petits cônes d’où elles s’étoient échappées et dont a fait des coléorhizes. Ces jeunes plantes ayant continué de se développer, ont reproduit de grands individus semblables à celui dont on avoit arraché quelques feuilles. J’ai placé dans mon jardin deux de ces individus qui, en ce moment (juin 1828), ont acquis leur deuxième année; ils ne se composent encore que de deux feuilles longues de six pouces sur un pouce de large; ils fleuriront et fructifieront, très-probablement, l'année prochaine. Alors ces singuliers Embryons adventifs se comporteront comme tous les Em- bryons des graines des Liliacées, qui mettent trois années à se développer avant de fleurir. On a dû remarquer dans quelle circonstance le développe- ment de tous ces Embryons avoit eu lieu; on se rappelle que les feuilles propagatrices avoient été isolées de la plante mère; Thouars a observé, avec autant de bonheur que d’exactitude, que les Embryons des graines, encore contenus dans le sein de la feuille ovulaire , n’ayarit grandi que dans le sens ascendant, ne pouvoient avoir de radicule, et que ce n’étoit qu’au moment de la germination que l'existence de cette partie commençoit. Mém. du Muséum. t: 16. 23 274 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. qu'elles avoient été flétries, pressées entre des feuilles de pa- pier gris, qu’elles furent pendant plus de quinze jours pri- vées d'air et de lumière, et que ce ne fut enfin qu'après avoir été meurtries et devenues flasques et jaunes, que les Embryons se développèrent et surgirent à leur surface. Ayant moi-même placé dans les mêmes circonstances des feuilles de cette espèce de plante et d’autres détachées du Ro- chea coccinea , ÿ ai souvent obtenu les mêmes résultats. Tout naturellement porté à me demander quelle pouvoit être la cause d’une si singulière propagation, et quelle pou- voit être surtout son origine dans l'épaisseur du tissu, j'at- tribuai d’abord, d’une manière purement hypothétique, c’est- à-dire sans pouvoir le démontrer anatomiquement, l’origine de ces Embryons adventifs à l’un de ces grains de Globuline contenus dans les vésicules des tissus cellulaires ( pl. 10, fig. 4,0). Je vis alors dans chacun de ces globules vésiculaires, non-seulement un centre vital de végétation et de propa- gation des vésicules-mères du tissu cellulaire, mais encore un centre vital pouvant, au besoin, donner naissance à un corps propagateur quelconque, selon certaines circonstances extraordinaires ou constantes. -n D'après cette hypothèse, je pensois que cette formation Embryonifère pouvoit avoir lieu de deux manières, savoir : au moyen d’un seul grain de Globuline (pl. 10, fig, 4, &) dans l'intérieur duquel il se développoit d’autres globules qui se soudoïent entre eux en tissæ eellulaire nouveau, ou bien par le développement et par la soudure, en un petit noyau, de tous les grains de Globuline contenus dans une vésicule-mère du tissu cellulaire (pl. 10, fig. 4, æ). Li ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. pi Ce qui n’étoit d’abord qu’une hypothèse est devenu en- suite une réalité bien démontrée. En étudiant l’organisation et la formation des tissus cellulaires des végétaux très-simples, j'ai vu que ces tissus se composoient toujours de globales vé- siculaires plas où moins rapprochés, plus ou moins soudés, entre eux; que chacun de ces globules vésiculaires étoit un centre vital de végétation et de propagation; que c’étoit une véritable z2dividualité; que des parois intérieures de ce conceptable-individu naïssoient, par extension, d’autres glo-,. bules vésiculaires, véritable Globuline de tous les tissus cel- lulaires. En grossissant, ces globules vésiculaires deviennent peu à peu de véritables corps propagateurs : les uns restent enfermés dans la vésicale-mère jusqu’au moment de la désor- ganisation des tissus de la plante, ainsi qu’on l’observe dans les végétaux marins, dans quelques lichens, dans la truffe (pl. 11, fig. 11, @);tandis que les autres germent quelquefois dans le sein de la mère, en percent le tissa, s’alongent en filamens tubuleux, et vivent pendant quelque temps aux dépens de cette mère, qui leur sert en quelque sorte de territoire (pl. 11, fig: 13; et 3, &, b). Au mois de septembre dernier, j’eus le bonheur de ren- contrer aux environs du Hävre dans des rigoles remplies ® Jesu saumâtre une quantité considérable d'individus de l'Ulpa intestinalis. La plupart de ces individus avoient leur surface couverte de filamens plus ou moins longs; ces fila- mens, dont quelques uns étoient renflés çà et là, étoient tu- buleux, et avoient entièrement le caractère de l’individu du- quel ils émanoient. Ces individus, examinés au microscope, m’apprirent une chose extrêmement importante: ils me dévoi- RL) 176 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. lèrent complétement l’origine de tous les corps propaga- teurs végétaux, et principalement de ceux que l’on nomme adventifs ; ils m'expliquèrent, de la manière la plus simple et la plus naturelle, comment et d’où pouvoient naître les Em- bryons dont il est question dans ce Mémoire, et le doute que j'avois d’abord signalé se convertit alors en une démons- tration sans réplique. Quand on examine sous le microscope une petite portion de la lame d’une Ulve plane ou d’une Ulve tubulaire (pl. 11, fig. 3), on est frappé de la grande analogie qui existe entre cette lame et la cuticule des végétaux d’ordres supérieurs, et l’on ne peut s'empêcher d'admettre qu'une cuticule ne représente une Ulve , et une Ulve une cuticule (1). Dans les mailles du réseau formé par une sorte d'assem- blage de petites vésicules alongées, il se développe-des glo- bules vésiculaires au nombre de deux, trois, jamais plus de quatre; ces globules, véritable Globuline de tous les tissus cellulaires, après avoir pris de la consistance et un certain à) Le sac réticulé de l'Hydrodyction diffère de celui d’une Ulve tubuleuse en ce que les mailles des Ulves sont liées par une membrane générale, tandis que celles de l'Hydrodyction sont à jour. Deux organisations aussi différentes de- voient amener nécessairement un siége différent pour les corps propagateurs. Celui des Ulves, placé dans l’épaisseur de la membrane générale qui lie les vésicules composant les mailles du réseau, ne pouvoit se trouver au même lieu dans les Hydrodyctions, dont le réseau manque de cette membrane, alors , comme par une sorte de balancement, les vésicules du réseau des Ulves, comme celles du réseau des cuticules, sont stériles, tandis que celles des Hydrodyctions sont fertiles et servent de conceptacles au petit Hydrodyction qui s’y développe. On peut dire que l’organisation de la lame des Ulves est à celle du réseau de PHydrodyction, ce qu'est celle des feuilles ordinaires à celle des feuilles disséquées et percées à jour de l’Hydrogeton fenestralis. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 177 volume, restent ordinairement enfermés dans leur concep- table, c’est-à-dire dans le tissu de la mère, jusqu’au moment où celle-ci, ayant parcouru tout son cercle vital, se décom- pose : alors les corps propagateurs étant isolés les uns des autres (pl. 11, fig. 4), croissent pour leur propre compte, et remplacent l'individu mère qui vient de finir. Tel est le mode le plus naturel et le plus constant; mais il arrive aussi quelquefois que ces corps propagateurs, que ces Gongyles des Ulves, Gongyles toujours provenus d’un grain de Globuline favorisé, au lieu d’attendre la destruction de la mère, germent dans son sein, se font jour à travers ses ussus, s’alongent et se développent en de véritables Em- bryons advenüfs (pl. 11, fig. 1 et3, à, 6) analogues à ceux obtenus aux surfaces des feuilles de l’'Orrithogalum thyr- soides (pl. 10, fig. 1 ). Les prolifères de Vaucher (pl. 11, fig. 16) sont dans le même cas. Les productions adventives et filamenteuses qui s’échappent indistinctement des tubes mères, sont des ger- minations, avant le temps, de quelques uns des grue de Globuline contenus dans ces tubes. D'après l'observation de la propagation par la Globuline contenue dans le tissu des Ulves, on ne peut douter un in- stant que la Globuline de tous les tissus cellulaires ne soit, également, le conceptacle ou l’origine de tous les corps pro- pagateurs végétaux, et qu'elle ne puisse quelquefois donner lieu, à la surface (1) d’une plante quelcouque, à des forma- tions embryonifères adventives. (2) I faut pourtant admettre que, dans les vésicules-mères du tissu cellulaire . 178 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. Malgré toutes les différences établies pour la distinction des diverses modifications de situations et de structure plus ou moins compliquées que présentent les corps propagateurs végétaux, différences très-utiles à connoître dans la partie descriptive de la science, il n’en est pas moins vrai, il n’en est pas moins utile de reconnoître aussi que, dans le sens de l’organisation et de la physiologie générale, tous ces corps ont entre eux la plus grande analogie, et surtout que tous ont une commune origine, celle d'un grain de Globuline. Tous les corps propagateurs embryonifères des végétaux monocotylédons , quoique tous conformés de la même ma- nière , quoique tous composés d’une petite tige et de plu- sieurs petites feuilles rudimentaires alternes, souvent disti- ques et plus ou moins engainantes, ont cependant reçu des dénominations substantives différentes. Ceux nés aux aisselles des feuilles, comme dans le Zelum éigrinum (pl. 10, fig. 5, 5', a, a), aux aisselles des feuilles rudimentaires écailleuses et terrestres des bulbes, aux aisselles des bractées des om- belles de plusieurs espèces d’aulx , ont reçu le nom de Bul- billes, de Rocamboles, de Cayeux. Ceux qui se développent au sein ou à l’aisselle de la feuille ovulaire, ou, en d’autres termes, pour me conformer aux idées reçues, dans le sein du tégument de la graine, ont en seuls l'avantage d’être appelés des Embryons. D’après ce qui vient d’être dit, et en com- parant nos nouveaux corps propagateurs (pl. 10, fig. 2, d, et à la Globuline sera assez développée pour produire. Je doute que jamais celle rudi- mentaire d’un pétale, d’un filet d’étamine, d’un style, donne lieu à des Embryons adventifs, pas plus que ne le feroient de jeunes ovules, dans lesquels l'Embryon seroit peu où point développé. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 179 fig. 2") à ceux (fig. 5’, 5 et 5"), on ne peut s’empêcher de les trouver parfaitement semblables, et conséquemment de les assimiler aux Bulbilles. Mais il faut remarquer que la situation de ces deux corps propagateurs, si semblables entre eux, est extrêmement différente, que lun (pl. 10, fig. 1) nait d’une, manière adventive , c'est-à-dire indistinctement de tous les points de la surface, tandis que l’autre (pl. 10, fig. 5 et 5’) part d’un point déterminé et prévu, l'aisselle d’une feuille. Si je compare ensuite la structure des corps propagateurs (pl. 10, fig. 2, d, 2', fig. 5’, 5 et 5), à celle de Embryon du Triticum vulgare (pl. 10, fig. 6), je ne vois rien qui puisse différencier essentiellement la Bulbille de ce que l’on nomme un Embryon, à moins que l’on ne cherche les distinctions dans les situations différentes ou dans les organes accessoires qui protégent ces corps. Si l’on veut prêter ici un peu d'attention, si l’on veut se dépouiller un instant de la trop grande importance attachée aux simples modifications de formes que subissent les mêmes organes, on sentira aisément l’analogie rigoureuse qui existe entre la feuille protectrice de la Bulbille (pl. 10, fig. 5,e), et les feuilles ovariennes et ovulaires, également protec- trices de l'Embryon (pl. 10, fig. 6, 2) (x); sauf cependant que la feuille ovulaire (fig. 6, À) contient, indépendam- ment du corps propagateur, une masse de tissu cellulaire (1) Dans le fruit des Graminées, le péricarpe et le tégument de la graine sont tellement minces et tellement appliqués l’un sur l’autre, peut-êtremême soudés , qu'ils se confondent pour ainsi dire en une seule et unique enveloppe. 180 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. (fig. 6, f) (1), qu’elle est close de toute part; tandis que la feuille (fig. 5, e), est plane, qu’elle n’a enveloppé et pro- tégé le corps propagateur qu’elle contient qu'un instant(2), et enfin qu'entre elle et ce corps il n’existe point cette masse de tissu cellulaire que l’on appelle un périsperme. Dans un de mes Mémoires (3), j'avois dit : « la Globuline, comme corps propagateur, existant dans l’intérieur de toutes les parties des tissus, donne naissance aux £mbryons ad- ventifs, et explique comment ces Embryons peuvent naître de tous les points de la surface des végétaux, et comment, en même temps, la vie végétale peut être également répartie dans toute la masse, encore vivante, d’un grand arbre, puisque chaque vésicule de Globuline est un véritable centre vital. » Ce passage donna lieu à la note suivante, dans laquelle se trouve un fait très-propre à appuyer ce qui venoit d’être avancé. « Quelques feuilles détachées de l’'Orrrthogalum thyrsoides,et abandonnées dans des feuilles de papier gris, ont présenté à M. Poiteau un grand nombre d'Embryons mono- cotylédons adventifs, qui, après avoir pris naissance sous l’épiderme et l'avoir ensuite crevé, se sont développés aux deux surfaces et sur les bords de ces feuilles, à mesure que (1) Périsperme, Juss. Endosperme, Rich. La présence du périsperme ne peut fournir un caractere différentiel entre J'Embryon et la Bulbille, puisque cette partie manque dans un grand nombre de graines. (2) La base pétiolaire des feuilles des 7’rrgilia lutea et Plantanus occidentalis enveloppent de toute part le petit Embryon placé à-leur aisselle; ce n’est que lorsque celui-ci subit une sorte de germination, qu’il perce son enveloppe protec- trice, et qu'il continue de végéter au grand jour. (3) Observatiôns sur quelques végét. microsce., etc, Mémoire du Mus. d'Hist. nat, année 1827. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 181 celles-ci ont jauni et se sont desséchées. Ayant employé le même moyen, et l'ayant varié sur des espèces de végétaux différens, j'ai obtenu assez souvent le même résultat. Plusieurs de ces Embryons, isolés des feuilles mères et confiés au sol, sont en ce moment de grands individus reproduits. » Un très- habile et très-savant critique a prétendu que le même fait, absolument le mème fait, se trouvoit consigné dans un ou- vrage de Rafn, et rapporté par Senebier (1). Je vais transcrire le passage dans lequel Senebier parle de l'observation de Rafn, afin qu’on puisse voir la différence qui existe entre ce fait et celui que je publie aujourd’hui, et juger en même temps si les conséquences organographiques et physiologiques que j'en déduis sont inutiles aux progrès de la science actuelle. Voici le passage de Senebier : « Rafn raconte qu'une feuille de l'Æucomis regia, ayant «. été coupée près du nœud, mise sous la presse pour la sécher «entre deux papiers, dans un endroit assez chaud, sécha d’a- « bord par la pointe; au bout de six semaines, il remarqua « versla partie la plus épaisse un bourgeon parfait, qui poussa « des racines en terre, et qui fleurit au bout de trois ans. » Il y a sans doute parfaite ressemblance entre les moyens employés pour obtenir d’une feuille isolée de la plante la production d’un Embryon; il y a de l’analogie entre les deux sortes de feuilles propagatrices, puisque la mienne et celle de Rafn appartiennent également à la même famille; mais quelle différence entre une feuille qui produit un seul Ernbryon justement à la base, point qui avoisine de très-près l’aisselle (1) Senebier ; Physiol. végét.,t. 4, p. 364. Mém. du Muséum. À. 16. 24 182 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. où naissent naturellement les Bulbilles, et une feuille des surfaces et des bords de laquelle surgissent cent trente-trois Embryons adventifs. Rafn auroit observé et décrit le même fait que le mien; il en auroit tiré absolument les mêmes conséquences, que Je n’en aurais pas moins encore produit ma figure, parce que je crois qu’en histoire naturelle tout objet qui n’est que dé- crit est à peine connu dans la science, et qu’une image exacte et lisible en apprend souvent plus qu’un volume entier. De la fécondation dans les végétaux. Auneépoqueoùl'Organographie végétale étoitpeuavancée, où les comparaisons entre les végétaux et les animaux offraient les choses les plus absurdes, où l'anatomie comparée desplantes était encore nulle, où enfin les analogies, on pourroit même dire l'identité de structure entre tous les corps propagateurs végétaux, étoient ignorées, on admit des organes sexuels et une fécondation sans laquelle on prétendit que l’un des corps pro- pagateurs, seulement, celui de la graine, ne pouvait se déve- lopper. Mais on n’en imagina point une pour ceux qui naissent soit d’une manière adventive, soit aux aisselles des feuilles, soit au sommet des tiges, quoique, cependant, tous ces Embryons aient la même organisation et la même faculté de propager. Aujourd'hui que nous connoïissons mieux ce qu’est un corps propagateur végétal, que nous savons positivement que les Bourgeons, les Bulbilles ( quel que soit le point de la plante où ils se développent) et les Embryons des graines ne dif- fèrent en rien quant à leur structure; qu’ils sont /ows le pro- duit d'un grain de Globuline du tissu de la mère, on peut se ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 183 demander si tous, ant frères, recoivent également l'in- fluence de cette fécondation que l’on dit provenir de ces pe- tits globules vésiculaires qui s’échappent de la vésicule polli- nique, et auxquels, collectivement, on a donné le nom d'aura seminals ; où bien si les Embryons-bourgeons et les Em- bryons-bulbilles sont influencés par un mode de fécondation particulier, produit, d’après l’ingénieuse idée de M. Raspail, par l'émission des globules contenus dans les deux vésicules des stomates (pl. 10, fig. 3 &), ou par celle des globules ren- fermés dans des vésicules analogues à celle de la Lupuline? Au reste, pourquoi toutes ces choses n’existeroient-elles pas tout aussi bien que l'absence des sexes et d’une fécondation dans les plantes? pourquoi les corolles des fleurs cesseroient- elles d'être un Z# ruptial, les pisuls des épouses, et les éta- mines des #7aris? pourquoi le stigmate (quand il existe) ne seroit-il pas une zwbe, les vésicules polliniques des £estr- cules sécrétant, contenant la liqueur spermatique, et suscep- tible, au temps des ærnours, de s'étendre en de longs pénis tubulaires qui peuvent ensuite s’insinuer entre les vésicules des vulves-stigmates, pour y répandre leurs globules ou plutôt leurs végétalcules animés? Je ne m'oppose point à toutes ces idées, elles constituent, selon moi, le roman de la science, elles en font le charme. Ne nous empressons pas de l’en dépouiller, m'écrivoit un jour l’un de nos botanistes les plus sages, et les plus philo- sophes. J’adopte entièrement son avis, mais je désire seule- ment que l’on me permette de continuer mes observations ‘d'Organographie, sans trop me presser d’en déduire des fonc- tions physiologiques, sans trop avoir recours aux analyses chimiques qui n’apprennent rien ou presque rien dans tout 184 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. ce qui dépend de l’organisation; et enfin de penser, en at- tendant mieux, que mes Embryons-adventifs et monoco- tylés (pl. 10. fig. 1), se sont développés, tout naturellement, d’un grain de Globuline favorisé par toute autre cause que celle d’une fécondation. Analogie entre les Embryons-bulbilles et adventifs de la feurlle (pl. 10, fig. 1)et ces monstruosités, ou cas patho- logiques, que l’on a décrits sous les noms génériques de UrzDo, OEcrpium, XyLoMA, etc. Dans les deux cas, c'est toujours un grain vésiculaire de Globuline (pl. 10, fig. 4,0) qui donne naissance aux Embryons- adventifs (fig. 1) et aux monstruosités dont il vient d’être question. C’est toujours à un état d’excitation de la Globu- line que sont dues ces deux sortes de productions, dont l’une seulement, l'Embryon-adventif, a la faculté de propager l'espèce, tandis que l’autre, n’étant que de la Globuline deve- nue malade par la piqûre d’un insecte ou de toute autre cause extérieure, ne se développe que sous des formes mons- trueuses. C’est de la Globuline ergotée. , Dans ces deux cas de productions adventives, la Globu- line grossit, soulève la cuticule, la déchire, se fait jour, et s’épanouit, en continuant de se développer à la surface de cette cuticule, soit à celle de l'écorce, soit à celle de la feuille où elle vient se montrer, selon les différentes causes d’excita- tion, sous la forme d’un corps propagateur ou sous celle d’un amas de globules vésiculaires jaunes et malades, comme dans l'Uredo du Rosier. Il est des cas où la Globuline viciée ne prend pas assez de ORGANOGRAPHIE VÉGÉTAEE. 185 volume pour soulever et déchirer la cuticule, seulement elle perd sa couleur de santé, qui est la verte, se durcit, devient d’un noir violet, et forme de grandes taches sur les feuilles comme dans le Xy/oma de l'Erable. Quelquefois un seul grain de Globuline, excité ou blessé par un agent extérieur, devient encore le corps producteur de ces fausses végétations que l’on voit naître en petits ma- melons coniques sur la face interne des feuilles du Filleul (1), devenir une excroissance charnue et sphérique sur la feuille du Chêne, un Bédéguar mousseux sur l’Eglantier, enfin une loupe ou un Broussin rameux (2) sur le tronc et les branches d’un grand nombre de végétaux. Lorsque j'examinai la feuille propagatrice dont il a été a ———_—_——Z—Z—e (1) Tilia europæa. (2) Le Broussin consiste dans une végétation monstrueuse, tout-à-fait analogue à célle d'un Bédéguar, mais d’un volume bien plus considérable. Les arbres qui les produisent paroissent comme s'ils étoient chargés de Gui ( 7’iscum album), ou de nids de pie. C’est d’un Broussin que l’on a extrait la première greffe de l’Acacia stérile et en boule, qui fait en ce moment l’ornement de nos jardins. La végétation, rayonnante dans tous les sens; de tous les Broussins , transportée par la greffe sur, des sujets normaux, conserveroit-elle sa stérilité et sa forme arrondie ? Cela me paroît très-probable; mais comme les sciences positives se basent sur l’expérience , je compte faire bientôt des essais qui me conduiront à ua résultat décisif. Il me reste à signaler les rapports qui existent entre le Broussin sphérique et la loupe ou exostose végétale. Le Broussin est une loupe à ramilles libres, tandis que la loupe est un Broussin à ramilles soudées. L’un et l’autre doivent leur développement à de la Globuline blessée le plus! souvent par la piqüre d’un insecte, et peut-être encore aux substances âcres que ces petits animaux versent dans les tissus végétaux. Comme tout se gradue dans la nature, on trouve, sur le tronc de certains arbres, des expansions qui tiennent le milien entre la simple loupe et le: Broussin. Ce’ sont des loupes dont la surface.est recouverte d’une foule de ramilles. 186 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. question dans ce Mémoire, je crus, au premier abord, qu'elle n’étoit chargée que de monstruosités semblables à celles des feuilles du Tilleul; ce ne fut que par l'inspection de ces corps, auxquels je reconnus des enveloppes cotylédonaires, que je fus détrompé. Cependant ces corpsauroient pu être dépourvus de cotylédons, et n’en être pas moins propres à la propaga- tion, puisque des Embryons provenus de mères à larges feuilles, tels que ceux des Pekea , des Lecythis et de plu- sieurs autres plantes, se bornent à la partie essentielle de tout Embryon, à la tige. S'il est vrai, comme j’en suis intimement convaincu, que chacun des innombrables grains de Globuline (pl. 10, fig. 4, b,et pl. 11, fig. 9, 10’ et 11, a) soient autant de cen- tres vilaux particuliers de végétation et de propaga- tion ; si chacun de ces globules vésiculaires constituant une individualité particulière , peut donner naïssance et servir de conceptacle à Zoute espèce de corps propagateur vé- gétal, n'est-il pas à désirer que l’on sollicite des recherches, que l’on assure des prix ou des couronnes à ceux des obser- vateurs assez heureux pour découvrir le moyen d’exciter la Globuline des tissus cellulaires, afin de la contraindre à se développer en corps propagateurs? Ce nouveau mode de propagation que, j'espère, nous posséderons un jour, parce qu'il me semble dans les choses très-possibles à obtenir, rendra un très-grand service à l’'horticulture, puisqu'il nous mettra à même de multiplier certaines espèces de plantes étrangères à notre climat, sous lequel elles s’obstinent à ne produire ni Graines ni Bulbilles. Comme dans mes publications futures sur différentes parties de l’organisation végétale, j’aurai souvent occasion de parler ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 187 de la Giobuline, puisque cet organe sert de conceptacle à toute espèce de développemens végétaux, il est utile que je déclare, avant de terminer ce Mémoire, que lorsque j'ai publié mon travail sur la Globuline végétale (1), j'ignorois entièrement l'ouvrage extrêmement remarquable de M. Kieser sur l’organisation des plantes (2), dans lequel, comme on va le voir tout à l’heure, l’auteur a le premier fait connoître le principe ou la cause de la formation et de l'accroissement des masses du tissu cellulaire végétal. L'existence de ce livre, très-rare à Paris, m'a été révélée par la lecture du très-important Traité d'Organographie vé- gétale que vient de publier M. De Candolle, et ce n’a été que depuis peu de temps que j'ai pu parvenir à me le pro- curer. Ce principe nouveau n’a reçu, de la part de l’au- teur, du moins dans l’ouvrage que je connois, aucun déve- loppement, aucune application; il se trouve consigné à la fin du volume, et exprimé en français par un étranger auquel notre langue n’étoit peut-être pas assez familière. Cette idée d'organisation fondamentale n’avoit très-probablement été remarquée par personne; pour la bien comprendre, il étoit utile de s'être occupé du même sujet, et surtout il falloit être assez juste pour tenir compte à l’auteur même de sa pensée. Je vais rapporter textuellement le passage du livre de M. Kieser, où il est question de l’origine et de la formation du tissu cellulaire végétal. « Chaque utricule végétal primitif (3), et même le plus (1) Mém. du Mus. d’Hist nat. Année 1827. (2) Mém. sur l’organisation des Plantes. Harlem, 1812. (3) Vésicule- mere et propagatrice du tissu cellulaire. 188 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. simple, conrienr des globules(r) tantôt plus, tantôt moins transparens. « Ceux-ci ne sont que les rudimens des cellules; ce sont de vraies cellules très-petites. En se dilatant et en s'appro- chant, leurs parois se soudent; par le pressement réct proque elles recowent la forme hexagone, et ce qui est produit se nomme tissu cellulaire, n'étant qu'un paren- chyme de plusieurs cellules, petites (>), eNcroses dans la grande cellule, l’utricule primitif, etc. (3): Il est impossible, sans être accusé de mauvaise foi, de ne pas reconnoitre, dans ce qu’on vient de lire, que la priorité de publication de l’idée-mère de la nouvelle théorie sur la formation et l’accroissement dans tous les sens des masses tissulaires des végétaux, idée dégagée à la vérité de ses nombreuses applications et seulement considérée dans la connoissance de ces petits globules vésiculaires (Globuline captive) nés, par extension, des parois intérieures des vési- cules-mères des tissus, et destinés, comme »ésicules futures, à remplacer et à muluüplier les anciennes, que cette priorité, dis-je, n’appartienne tout entière à M. Kieser (4). (1) Globuline captive ou vésicules futures des tissus cellulaires. (2) Globuline captive ou vésicules futures des tissus cellulaires. (3) La vésicale-mère; celle qui, jointe à beaucoup d’autres semblables, cons- titue la masse du tissu cellulaire. (4) Cette seule considération appartient en commun, et dans l’ordre, suivant de publication, à M. Kieser qui, sans avoir développé son idée, a établi le principe en reconnaissant dans la Globuline les vésicules futures d’un nouveau tissu cellu- laire; à M. Raspail qui, dix ou douze années après, est arrivé au même résultat par l'étude de la fécule du périsperme des graminées ; et enfin à moi qui y ai éte conduit par l'observation de ces petits végétaux simples, globuleux (Globuline solitaire: Lepra des auteurs), entièrement analogue à la Globuline captive contenue dans les vésicules-mères des tissus cellulaires. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 189 Ce savant physiologiste ne nous apprend point comment la plus grande idée que l’on puisse jamais émettre en orga- pisation végétale, idée dont il n’est pas question dans le cours de son ouvrage , lui est venue; mais on sent qu’il y a attaché de limportance, puisque son livre entièrement terminé, il l’a publiée dans un court supplément qui se trouve comme sur-ajouté à la fin du volume. Les conséquences auxquelles donne lieu une idée nou- velle dépendent beaucoup de la manière dont cette idée a été conçue , et surtout de l'observation et du degré d’impor- tance des objets qui l’ont fait naître. l'étude des végétaux très-simples a été pour moi une source féconde de résultats d’une plus ou moins grande étendue. Les principaux de ces résultats sont, 10 que les êtres organisés les plus compliqués sont des sortes de composés, par sur-ajoutement, d’étres organisés plus simples qu'eux(1); 2° que chaque vésicule, (1) Afin d’eviter d’être confondu avec les auteurs des Némazoaires et des Méta- morphoses, doctrines qui consistent à établir que de petits êtres organisés animaux isolés s’accrochent volontairement les uns aux autres, pour constituer ensuite, par cet assemblage, des êtres plus compliqués , soit animaux, soit végétaux, je désire qu'il soit bien entendu que les individus vésiculaires qui composent les #ndividua- lités composées d’une plante n’ont jamais vécu en dehors de l’association tissulaire; qu'ils n’ont jamais eu rien d’animalisé; mais qu’ils sont nés, par dédoublement de l’intérieur à l’extérieur, d’une vésicule qui leur a servi de mere, et pour faire uniquement partie composante d’une individualité composée. Il faut observer cependant que les individualités particulières peuvent être isolées de l’individualité composée , et continuer de vivre, soit naturellement comme dans les corps pro- pagateurs des bulbilles et ceux des graines, soit artificiellement comme dans l'extraction des bourgeons, ou même d’une portion de tissu; et qu’enfin, pour tout dire , ces existences particulières ; après avoir été éloignées de l’existence com- mune, peuvent y êlre rapportées et recollées , et continuer de vivre comme partie del’individualité composée de la plante à laquelle elles avoient d’abord appartenu. Si, sans exception , tous les êtres organisés ont la faculté de se coller, ou de se greffer Mém. du Muséum. 1. 16. 25 190 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. que chaque fibre, et la cuticule générale dont se compose la masse tissulaire d'un végétal sont des iNpivIDUALITÉS qui ont leur centre vital particulier de végétation et de propa- galion; mnais que toutes ces INDIVIDUALITÉS, s//7plement contiguès les unes aux autres, ou collées par leurs sur- faces, deviennent solidaires , et constituent, par leur assemblage, l'ixbivinuauiré composée d’un arbre; 3°. que chaque individu vésiculaire du tissu cellulaire est le ber- ceau ou le conceptacle visible d'une triple propagation, ou plutôt de trois sortes de propagations susceptibles d'être par leur tissu , si le üissu d’un bourgeon, ou celui d’une grefle, s’unit, se colle au tissu du sujet de manière à confondre les deux existences en une seule, si deux éndividualités composées, deux arbres distincts, se greffent naturellement par approche, de sorte que leur vie devienne commune et tributaire l’une de l’autre, pourquoi ne voulez-vous pas, diront les auteurs des doctrines que je viens de repousser, que de petits êtres organisés éminemment muqueux, éminem- ment collans , éminemment constituans, en raison de leur grande simplicité, ne se greffent pas par approche, et que, par l’effet de cette soudure, ils ne constituent pas, par agglomération , des masses vivantes , et conséquemment des êtres plus compli- qués, puisque ceux-ci seroient, en effet, le composé d'êtres plus simples? Pour- quoi, vous qui reconnoissez qu’un arbre est une endividualité composée résultant de l’agglomération d’une foule d’érdividualités vésiculaires et d'individualités fila- menteuses, simplement contiguës ou greffées par approche, selon, les diverses espèces , n’admettriez-vous pas la possibilité que ces ébauches d'êtres vesiculaires et microscopiques , que ces élémens d’orgamisation, véritables élémens épars de tissu cellulaire, inertes ou pouvant se mouvoir , aient la faculté de s’agglomérer, de se souder, êt de constituer ainsi des existences nouvelles, ou , en d’autres termes, des individualités composées , formées de l'association d’un grand nombre d’individua- lités particulières ? Rappelez-vous cet embarras philosophique que vous avez éprouvé en étudiant l’importante organisation de la Bichatie, dans laquelle la nature, en voulant nous montrer ce qu'est la composition d’une masse tissulaire d’être orga- nisé, a placé tous les passages entre des individus-vésiculaires isolés et des individus-vésiculaires soudés , par approche, en tissu cellulaire. Dans cette produc- tion , disiez-vous, considérerai-je comme uu individu la vésicule simple, ou bien la masse soudée de toutes ces vésicules ? ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 191 modifiées par des causes différentes. Les deux premières sont normales et ont pour fonction, l'une’, de propager et de multiplier, par la Globuline captive, les vésicules-mères des tissus cellulaires, et d'étendre conséquemment les masses de ceux-ci; l'autre, de donner naissance par le méme Inoyen à toute espèce de Corps propagaleurs végé- taux. La troisième est monstrueuse ; elle provient d’une Globuline captive malade, de laquelle résultent ces fausses végétations que j'ai déjà plusieurs fois signalées. Enfin, J'ajouterai que les diverses couleurs de la Globuline captwe Les grains de Globuline contenus dans les vésicules-mères de la Bichatie, comme ceux Contenus dans les vésicules de tous les tissus cellulaires, ne sont-ils pas des centres vitaux de végétation et de propagalion? ne sont-ils pas conséquem- ment de véritables individus qui, après s'être détachés de la paroi intérieure de la vésicule-mèré, comme l'embryon dela graine se détache du péricarpe, et ayoir vécu quelque temps à l’éfat d'isolement, s’agglomerent et se soudent eñtre eux à mesure que l’espace nécessaire à leur entier développement manque ? Ces individualités vésiculaires, en constituant par agglomération l’individualité d’un arbre, n’offrent- ils pas, par anologie , la possibilité que les êtres simples et vésiculaires du bas de l'échelle puissent également s’agglomérer, et composer par soudures des êtres plus compliqués,comme les Némazoaires de M. Gaillon , ou les Oscillairesde M. Agardh? Je répondrai, les individus simples, globuleux, vésiculaires et isolés du bas de l'échelle représentent rigoureusement l'individu vésiculaire que l’on détache d’une masse de tissu cellulaire; ils peuvent, selon certaines circonstances, s’entregreffer , et former, par cette association fortuite, une existence nouvelle produite de l’as- semblage d’un certain nombre d’existences plus simples; mais celte existence nou- velle ne constituera point une espèce pouvant prendre place dans la série naturelle des êtres, elle sera une monstruosité momentanée composée des individus dont le groupement lui aura donné naissance ; et les Oscillaires, et tous les autres végétaux confervoïdes tels que nous les connoissons, resteront toujours des productions pro- yenues, non de grouppemens par juxta-position d'individus globuleux, mais bien d’un seul globule propagateur qui s’élend et qui ne peut produire que le semblable de celui qui l’a engendré. J'aurai occasion de revenir plus d’une fois sur ce sujet. 192 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. produisent toutes celles dont se parent les végétaux, et que ceux-ci, dépouillés de leur Globuline, ne présenterotent plus que des végétations transparentes comme du cristal. Fic. 1. EXPLICATION DES PLANCHES. PLancHEe X. Une feuille isolée d’un pied d’Ornithogalum thyrsoïdes , jaunie el en partie séchée entre des feuilles de papier gris, privée d’air et de lumiere, sur les deux faces et sur les bords de laquelle il s’est développé cent trenite- trois Embryons bulbilles et adventifs. a. Embryons développés sur la face extérieure. b b. Embryons soulevant l’épiderme ou cuticule. e. Cuticule se déchirant pour donner passage aux Embryons. d. Embryons de gros- seur naturelle, et prêts à s’isoler de la feuille-mtre. . Portion grandie de la figure précédente. a. Cuticule soulevée par ie déve- loppement d’un Embryon placé au-dessous. b. Cuticule commençant à se déchirer. c. Espèce de collerette produite par les bords de la cuticule déchirée. d. Embryon dans son plus grand developpement sur la feuille- mère. e. Cotylédon ou protophyllé f. Gemmule (Bourgeon terminal de la Plantule ou de l'Embryon). . Coupe verticale d’un Embryon. a. Base ou point par lequel il tenoit à la feuille-mere. bb. Cotylédon. cd. Gemmule composée d’une feuille rudi- mentaire engainante, contenant un cône plus intérieur duquel doit se développer le systeme aérien de la plante future.” . Embryons dans un état de germination plus ou moins avancé. a. Bases desquelles se sont échappées des radicelles coléorhizées. d. Rädicelles.. bb. Cotylédons. c. Gemmules plus ou moins développées. Petite portion de Uissu , enlevée avec la cuticule d’une feuille d'Ornithoga- lum thyrsoides , surchargée d’un grand nombre de grains de Globuline. a. Stomate ou prétendu pore cortical. Ces stomates, abondamment répan- dus à la surface des feuilles et des jeunes écorces, se composent toujours de deux vesicules courbées en forme de boutonnieres ou d’un sphincter, et dans lesquelles se trouve une grande quantité de Globuline. L'espace, 4 ORGANOCRAPHIE … ; Corps propa gateurs végétaux , PLI0) Tome 16. Tarpin del. Juin 1826 M Coignet se 1 Une feuille détachée d'un indioidu d'ORNITHOGALUM Cyrsoides. HK, aur surfaces de las uelle-se.sont. ensuite, developpes _13E, mbryons monocotylédons, adpenkifs, provenus d'un même nombre de grains de Globuline fig. 4. b. convenablement excité. Les Embryons confiés au sol ont reproduit l'espèce ’ ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE 193 quand il yena ; Compris entre ces vésicules , n’est point une ouverture qui communique au dehors, la cuticule en ce lieu n’est pas plus percée que partout ailleurs. . . . . Ld Fic. 4. Une autre portion de tissu de la même feuille prise dans la masse cellu- laire. On voit que ce tissu lâche se compose d’une grande quantité de vési- cules sphériques ,incolores , agglomérées, et simplement contiguës les unes aux autres. De l’arrangement des vésicules de ce tissu cellulaire, impar- fait, résulte deux choses : la première fournit la preuve que tout tissu cellulaire végétal est le produit d’un grand nombre de vésicules distinctes ; la seconde, que ces vésicules, lorsqu'elles n’ont pas été génées dans leur développement, restent sphériques, et laissent conséquemment entre elles de petites portions angulaires de l’espace universel (méats), auxquelles je pense que l’on a eu tort d’attacher des fonctions physiologiques, que ces riens ne peuvent remplir. a. Vésicules dans lesquelles la Globuline a pris de l’accroissement , a perdu sa couleur, et s’est soudée en de petits noyaux particuliers de tissu cellulaire. . Globuline ou vésicules futures échappées des vésicules-meres du tissu cellulaire. Cette Globuline a formera bientôt un LA tissu cellulaire, ou le noyau d’un corps propagateur adventif, semblable à ceux développés sur la feuille (fig. 1). c. Dans ce tissu, comme dans un grand nombre d’autres appartenant aux végétaux monocotylédons et dicotylédons , on trouve entre les vésicules du tissu cellulaire des formations cristallines auxquelles M. De Candolle a donné le nom de Raphides. N'ayant point encore apercu d’angles ou de faces distinctes , je les figure tout simplement comme ils.se sont présentés sous mon microscope armé de son plus fort grossissement. 5. Tronçon d’une tige du Zilium tigrinum muni d’une portion de feuille, à Vaisselle de laquelle est placée une Bulbille coupée longitudinalement. a. Point par lequel l'Embryon-bulbille correspond avec la plante-mere. b. Cotylédon. c. Première écaille de la gemmule. d. Parties plus intérieures de la gemmule. e. Feuille protectrice de l’'Embryon-bulbille; celle qui remplace, dans ce cas, la feuille ovulaire de l’'Embryon de la graine. 5’. Le même Embryon-bulbille entier. a. Point d’attache. Il y a une époque 5". à laquelle les Embryons des graines sont également attachés par cette extrémité que l’on a improprement nommée une radicule. Embryon-bulbille coupé verticalement, afin qu’on puisse le comparer à ceux développés, l’un (fig. 2’) sur la feuille (fig. 1), et l’autre (fig. 6) dans l’intérieur de la feuille ovulaire unie à la feuille ovarienne du 77ri- ticum vulgare. a. Point d'attache comparable à la prétendue radicule des 194 Fic. 6. ORGANORAPHIE VÉGÉTALE. Embryons-graines. b. Cotylédon. c. Feuille engainante et extérieure de la gemmule. d. Parlies plus intérieures de la gemmule. La véritable structure des Embryons fut si mal comprise dans le prin- cipe, et les dénominations de parties furent conséquemment si mauvaises , que chaque fois que l’on veut décrire correctement un organe quelconque on éprouve toujours un grand embarras. Que peut-on voir de plus dans un Embryon, si ce n’est un petit bour- geon composé d’une pelite tige, de laquelle émane quelques feuilles rudi- mentaires , alternes el engainantes comme dans ceux que l’on désigne sous le nom de monocotylédon , ou bien opposées et planes dans ceux que l’on nomme dicotylédons et polycotylédons? Dans ces rudimens d’un végétal futur, le premier ou les premiers organes appendiculaires ont été nommes, par M. Du Peut-Thouars, des Protophylles ou premières feuilles; ce nom sera adopté parce qu'il exprime juste ce qui est. Fruit coupé et très-grossi du Triticum vulgare. Ce fruit se compose d’un Embryon situé tout-à-fait à la base, et dirigé de côté vers la partie exté- rieure et convexe du fruit. Cet Embryon peut facilement être comparé aux deux Embryons-bulbilles (fig. 5" et 2’). a. Point par lequel l'Embryon communiquoit ayec la plante-mere dans les premiers momens de son développement. Ce point est comparable à ceux a des fig. HAS ELEA b. Système central qui doit s’alonger un instant, et puis se dessécher dans la germination. Cette partie, qui donne naissance au pivot central du système descendant, ou de la racine, ne vit que tres-peu de temps dans les végé— taux monocotylés ; il y est promptement remplacé par des radicelles sup- plémentaires et latérales: de là cet ample faisceau de cordons radicellaires dont se compose le systeme terrestre de cette classe de végétaux: c. Feuille cotylée ou protophylle du côté épais, ou, plus exactement parlant, du côté de son insertion et conséquemment de sa nervure médiane. €’. Base de la gaîne de la feuille cotylée, du côté mince et opposé à la côte. d. Base appendiculée du cotylédon, comme cela arrive à quelques feuilles. 7. Cette lacune est le produit d’une rupture du cotylédon obligé de céder au déve- loppement de la gemmule e. C’est par erreur qu’anciennement j’avois considéré ce débris c’ de la base restante du cotylédon comme étant un second cotylédon rudimentaire, et opposé au plus grand et au plus épais. Dans l’origne les Embryons de graminées ont leur cotylédon compléte- ment engaînant ; il ne diffère alors en aucune manière de ceux de tous les autres Embryons monocotylés. Comme ceux-ci, le côté de la nervure médiane est épais, et le côté opposé, où la lame est censée soudée, est mince. C’est à cause de cette inégalité d’épaisseur du cotylédon, que la ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 195 gemmule, ou petit bourgeon terminal ,paroît comme déjetée sur un côté, côté qu’en raison de sa moins grande épaisseur elle perce de préférence dans la germination. Ce qui a élé cause dés longues discussions qui ont eu lieu, entre les botanistes les plus marquans, sur Je cotylédon des gra- minées, c’est que, dans presque toutes les plante de cette famille, l’'Em- bryon , encore renfermé sous ses tégumens, subit un commencement de germination anlicipée, ce qui, en rejetant sur le côté de la gemmule la portion épaisse de la gaine, donne à cette portion la forme d’un appen- dice ou d’une scutelle. On est étonné cependant que cette discussion ait été aussi longue, lorsque plusieurs Embryons de graminées, tels que ceux du maïs, du riz, etc., conservent leur gaîne cotylédonnaire intacte jusqu’au moment de la germination , exceptions qui étoient parfaitement connues des plus puissans adversaires du véritable cotylédon , et qui cependant s’efforçoient de voir dans cet organe un corps radiculaire. Je reviendrai sur ce sujet dans un Mémoire particulier. f. Masse de tissu cellulaire. (Périsperme Juss. Endosperme Rich). C’est dans les vésicules-mères dont se compose, par agglomération , ce tissu , que sont contenues ces autres vésicules plus peliles auxquelles j’ai donné le nom général de.Globuline (fécule). Ce sont ces précieux globules vési- culaires qui forment la base de notre nourriture, le pain. Ces globules renferment une substance muqueuse ou gommeuse qui est la partie éminemment nutritive; et cette substance gommeuse explique comment, lorsque par l’ébullition nous forçons ces petits globules à éclater et à répandre leur gomme, il se forme un pâte ou une bouillie dont nous nous servons pour coller divers objets. g- Point d'insertion de la feuille ovarienne sur la tige de la plante-mère. h. Enveloppe générale du fruit, composée de la réunion intime de la feuille ovarienne et de la feuille ovulaire. Tous les fruits de graminées pêchent par la symétrie; tous sont con- vexes du côté extérieur, aplatis et souvent sillonnés du côté intérieur, c'est-a-dire du côté qui regarde l’axe rationel. Celte obliquité, tout-à-fait analogue à celle des fruits à noyaux, prunes, pêches, à celle du fruit du Datier et de tous ceux des plantes légumineuses, dans lesquels quelques unes de leurs parties avortent, indique, dans les graminées, avortement constant de deux péricarpes semblables au seul qui se développe , et dont les côtés plats ou sillonnés devroient se regarder. Foliole terminale d’une feuille trifoliolée du Bryophyllum cab-cinum ou Cotyledon pinnata. 196 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. Cette feuille est très-remarquable par les corps propagateurs , auxquels elle donne naissance des petites aisselles produites par ses dentelures. Ces corps propagateurs doivent être rangés parmi les Embryons-bulbilles ’ une petite tige et quelques pelites feuilles les composent comme ceux des fig. 5, 5,5” et 2 d, et 2’; ils n’en différent que par la situation. Ceux de la fig. 1 sont adventifs ou imprévus; ceux de la fig. 5 sont axillaires aux feuilles et prévus; et ceux de la fig. 7 sont axillaires aux dentelures des feuilles , et également prévus. a. Embryon commençant. 4. Embryon prêt à s'isoler de la feuille-mere. Fic. 7’ et 7”. Embryons-bulbilles isolés de la feuille précédente, et coufiés au sol. a a. Point qui les umissoit à la feuille-mere. Il faut remarquer qu’autour de la base, il s’est formé un petit bourrelet , et que de ce bourrelet, ïi est sorti, d’un seul côté, des racines latérales. Prancue XI. . Un individu d'Ulva intestinalis de grandeur naturelle, ayant à sa surface un grand nombre d’Embryons-adventifs filamenteux, tubulés, plus ou moins développés, a b. 2. Deux autres individus moins avancés. On trouve ces végétaux libres dans les eaux, ou fixés, par une base très-ténue, dans la vase ou sur d’autres corps étrangers. On a enlevé une portion de l'individu principal pour faire sentir la tubulure de ces végétaux. t 3 - Portion d’une Uive intestinale soumise à un très-fort grossissement du microscope. Elle offre un tissu ou plutôt une organisation analogue à celle des cuticules des végétaux d’ordres plus élevés, c’est-à-dire un réseau formé par de petites vésicules oblongues stériles qui semble comme lié ou comme applique sur une membrane générale. De là on peut raisonnable- ment dire que la cuticule isolée de la masse tissulaire d’un végétal d'ordre supérieur (moins les stomates) est l’équivalent d’une Ulve, et celle-ci l'équivalent d’une cuticule. On peut encore dire qu’en supprimant la membrane générale d’une Ulve, on a, dans le réseau qui reste, ia struc- ture d’un Hydrodyction , etqu’en ajoutant à celui-ci une membrane géné- rale, on en fait une Ulve intestinale, Dans chacune des mailles du réseau et dans la substance de la membrane, il se développe d’un à quatre grains de Globuline; analogues à celles du tissu cellulaire (pl. 10, fig. 4 8), qui grossissant peu à peu, deviennent opaques et en même temps corps pro pagateurs (Gongyles ). Ce sont ces mêmes grains de Globuline, devenus corps propagateurs, ORGANOGRAPHIE. ee aux. 2 Corps propagaleurs 7] Tome. 16. ULVA inteshnalis. (Lin) Individus chargés d'Embryons adventifs, provenus de la Clobuline arcitee, analoques & ceux développés sur la feuille de L'ORNITHOGALUM tyrsotdes et de la fig. 10 & et b. de cette planche À Fic. 4. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 197 qui germent dans le sein de la mère encore vivante, el qui, sous forme d'Embryons-adventifs , saillent à sa surface, de même que cela est arrive pour ceux de notre feuille ( pl. 10, fig. 1), et de même que cela arrive dans toutes les propagations adventives qui s’échappent des écorces. La conversion de la Globuline en corps propagateurs a lieu dans tous les végétaux simples dont la propagation est interne ; c’est-à-dire dans tous les végétaux dont la structure se borne à une masse de tissu dans les vésicules duquel les corps destinés à la propagation de l’espece se forment. Les corps propagateurs de la Truffe (pl. 11, fig. 114) offrent beaucoup de rapport avec ceux des Ulves (pl. 11, fig. 3), surtout par le nombre quatre. ; a b. Embryons-adventifs plus ou moins développés. Corps propageteurs ou Gongyles, dont quelques uns germent isolément. 5. Germination d’un jeune individu du Ranunculus parnassifolius. a. Ligne médiane horizontale des végétaux, ou point central duquel l’accroissement de la masse a lieu en sens opposé. à. Système descendant ou terrestre, racine. c. Longueur des deux pétioles cotylédonaires soudés. d. Lames des deux cotylédons. e. La gemmule située à la base pétiolaire des cotylédons se fait jour à la manière des gemmules des Embryons monocotylédons, et se développe d’abord en une feuille pétiolée et cordiforme. La base engaînante de la seconde feuille se crevant pour laisser sortir une iroisieme feuille f. Une portion de la figure précédente , plus grossie. ‘ On pourroit prendre facilement les deux pétioles soudés en c pour une tigelle ou mérithalle primordial, et croire que de la base de cette fausse tigelle sortiroit un Embryon-adventif. Ce cas d'Organographie assez remarquable m'a été communiqué, en aature, par M. Gay. S Un tel mode de germination rappelle ceux du 7'ropæolum majus , de V'Æsculus hippocastanum, dont les cotylédons, soudés par leur sommet, forcent la gemmule à sortir latéralement. On croit que l'Embryon du Ranunculus glacialis ne présente qu'un cotylédon dans sa germination; n’auroit-on pas pris la feuille cordiforme: e, de notre figure, pour le cotylédon ? 7. Individus globuleux, vésiculaires, muqueux, blancs et diaphanes, du genre Protosphærta. 7 a. Par cette figure, toute théorique, on veut faire comprendre qu’en soudant en masse des individus globuleux vésiculaires de Protosphéries, on obtient l'équivalent d’une masse de tissu cellulaire, et que conséquemment, à Mém. du Muséum. t. 16. 26 198 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. son tour, une masse de tissu cellulaire est une agglomération d’individualités distinctes de centres vitaux particuliers de végétation et de propagation. Fic. 8. Individus filamenteux, muqueux, blancs et diaphanes, du genre Pro- tonema. On trouve cette production, des plus simples possibles, dans toutes les eaux; je la considère comme étant l’origine de tous les tissus tigellulaires (prétendus vasculaires) des végétaux, et celle, en même temps, de tous les tissus fibreux et membraneux des animaux. Je pense que les individus globuleux de Protosphéries et ceux filamenteux de Protonèmes, se formant peut-être au même instant dans le sein des eaux, sont les seules pro- ductions spontanées qu'il y ait dans la nature. Si par la pensée, ou artificiellement, nous mélangeons des globules- individus de Protosphéries avec des filamens-individus de Protonèmes, et qu’ensuite nous soudions le tout, nous aurons la composition, essentielle, d’un morceau de bois. Les Protosphéries formeront le tissu cellulaire (fig. 7 a), et les Protonèemes le tissu prétendu vasculaire , et de même que dans cette composion artificielle on auroit l'assemblage d’un grand nombre d'individus distincts concourant, par l’effet de la soudure, à la commune existence d’une individualité composée, de même tous les tissus naturels sont le composé d’une quantité considérable de centresvitaux particuliers, ou d’endividualités distinctes. 9. /ndividu globuleux, vésiculaire , isolé d’une masse de tissu cellulaire du Cactus speciosus : ce que l’on a improprement nommé une cellule. Dans l'intérieur de cet individu, ou vésicule-mere, il s’est développé une nouvelle génération d'individus vésiculaires a, verts; dans ce cas-ci, ces nouveaux individus peuvent, selon certaines circonstances, servir, 1°. à renouveler, à multiplier les vésicules du tissu cellulaire, et conséquem- ment à étendre la masse de celui-ci, en tous sens ; 2°. servir de concep- tacle ou d’origine à toute espèce de corps propagateurs; 3°. — à toute espèce de monstruosités végétales. C’est à ces jeunes vésicules , naissant toujours par extension des parois intérieures des vésicules-mères du tissu cellulaire, et produisant, par leurs diverses couleurs, celles que nous voyons dans les végétaux, que j'ai donné le nom de Globuline captive. 10. Une petite portion de la masse gélatineuse d’une Bichatie vue au micros- cope. Les individus vésiculaires ayant manqué de l’espace nécessaire à leur développement se sont greffés par approche, et, se pressant mu- tuellement , ont échangé leur forme primitive, la sphérique, en celle hexa- gone. [ls offrent, par l'effet de cette soudure, l’origine et l’explication ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 169 sans réplique de la formation des tissus cellulaires, et de tous les autres tissus, puisqu'au fond l’organisation des êtres vivans se réduit à des agglomérations de globules-vésiculaires propagateurs. di aaaa. Individus-vésiculaires propagateurs isolés. db. Deux individus géminés ou greffés par approche. On en trouve, dans les masses, de soudés par trois, par quatre, et enfin en grand nombre comme ceux de la masse (fig. 10). La Globuline verte, ou corps propagateurs des vésicules-meres qui la contiennent, varie pour le nombre de un à sept. On rencontre quelquefois des vésicu!es qui renferment deux et même trois générations de Globuline propagatrice, emboîtées: Fig. 10°. Individu globuleux, vésiculaire, isolé d’une masse gélatineuse du Bichatia vesiculinosa. a. Globuline captive verte, ou génération future de la Bichatie. La vésicule-mere devant bientôt être remplacée par six vésicules sem- blables, on conçoit facilement comment, au moyen d’accouchemens mul- tipliés, les masses tissulaires des êtres organisés peuvent augmenter de volume dans tous les sens. : L’accroissement, quoique invisible, des parois des vésicules elles-mêmes et des filamens a également lieu par des acccuchemens de vésicules imper- ceptibles dont ces organes ne sont qu’une agglomération, et ces vésicules imperceptibles à leur tour ne sont encore. . . .:. 11. Individu globuleux , vésiculaire , isolé de la masse fongueuse d’une Truffe. a. Quatre grains de Globuline convertis, par production et concentration à l’intérieur de nouvelle Globuline, en corps propagateurs (Gongyles) noirs et hérissés (Trufhnelles). Analogies, par le nombre et le developpement , avec les corps propaga- teurs des Ulves( fig. 3). Par les figures théoriques 12, 13, 14 et 15, j'ai eu en vue de signaler les quatre principales modifications que présente la structure du corps propa- gateur végétal, et de faire sentir, en même temps, que dans toutes les choses de la natuxe se manifeste la plus grande de toutes les lois, celle de sur-ajoutement de parties. 12. Une seule vésicule, qui en contient déjà d’autres, constitue le corps pro- pagateur de toutes les espèces de Globulines solitaires, de la Bichatie, des végétaux tubuleux et confervoides. 13. Une agglomération de vésicules analogues à la précédente, produites par des accouchemens successifs, forme le corps propagateur ou Gongyle des Lichens, des Ulves (fig. 3 et 4), des Trufles (fig. 114), des plantes marines, etc. 200 F'G. 14. Co ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. Une agglomération plus considérable de vésicules donnant lieu à la forma- tion d’un organe appendiculaire latéral et engaînant a (Protophylle ou cotylédon ). 4. Point d’origine ou d'insertion du cotylédon. c. Côté dont les bords sont soudés, et par lequel la gemmule 4 se fait jour dans la ger— mination (Embryon Monocotylédon). . Autre agglomération ne différant de la modification précédente que par le développement de cotylédons planes et opposés ( Dicotylédons et Poly- cotylédons). a. Tigelle ascendante, appelée improprement radicule, b. Feuilles cotylées, opposées par deux. c. Gemmule ou bourgeon terminal de la plantule ou embryon. Les trois petites membranes chiffonnées que l’on voit à la base des corps propagateurs 13, 14 et 15, indiquent les débris de trois vésicules propaga- trices semblables à celle du n°. 12, qui ont été d’abord l’origine ou le conceptacle des trois modifications d’'Embryons placées au-dessus. Les quatre vésicules situées au-dessus des figures 12, 13, 14 et 15, sont les mêmes, grossies, que celles qui constituent les corps propaga- teurs; c’est afin de faire connoître que les vésicules du tissu cellulaire des Embryons sont déjà pourvues de Globuline ou vésicules futures. Les Em- bryons 13, 14 et 15 sont dépouillés de leur cuticule. . Prolifère parasite. Prolifera parasitica. Vauch., p. 133, pl. 14. Cette figure , copiée dans l'ouvrage de Vaucher, présente le même mode de propagation que celui de la feuille de l'Ornithogalum thyrsoides (pl. 10, fig. 1); et celui de l'Ulva intestinalis (pl. 11, fig. 1 et 2). Quelques uns des grains de Globuline, contenus dans les vésicules alongées du tube- mère, germent, percent le tube, et sortent sous la forme de filamens tubu- leux et cloisonnés. Ce sont des propagations adyentives ; c’est autant d’indivi- dus nouveaux qui se développent du sein de la plante-mère encore vivante. La fécondité de cette Conferve est si grande , et les générations se succè- dent avec tant de rapidité, que des individus mêmes dont nous venons de parler, il en sort déjà d’autres. a. Première génération adventive échappée du tube de la Conferve mère. b. Deuxième génération adventive née de la premiere. . Sur un fruit de Palmier (1) que m'a communiqué M. Poiteau, il s’étoit développé, de la Globuline du tissu cellulaire du péricarpe, un Embryon- adventif c, qui consistoit en une tigellule convexe d’un côté, plane et canaliculée de l’autre d. a. Calice persistant. à. Phycostème tubuleux déjeté sur le côte du fruit et persistant. —————————_—_—__———_——pZ | (r) Areca oleracea. EXPÉRIENCES ET REMARQUES SUR QUELQUES ANIMAUX QUI S'ENGOURDISSENT PENDANT LA SAISON FROIDE. PAR J. F. BERGER, M. D. 4 Genive. S I Léror, Mus quercinus Vin. J'u gardé en captivité deux individus privés, depuisle 20 no- vembre 1820 jusqu’au 5 février de l’année suivante. C’est du rant ces soixante-dix-huit jours (1), que j’ai eu l’occasion d’ob- server ces animaux, et de tenter sur eux quelques expériences relatives à leur chaleur interne. Ils étoient enfermés dans une cage de fil de fer placée sur la tablette extétieure d’une fenêtre qui regarde le sud, derrière une jalousie qui étoit presque toujours fermée (2): une cloison dans la cage permettoit aux Lérots de se retirer dans une logette en bois garnie d’un gà- teau d’étoupe, où ils se blottissoient pour dormir. L'un d’eux, ————————— ————— (1) Leur captivité fut prolongée quelques jours de plus, pendant lesquels l’un d’eux périt, comme j'en ferai le récit. | (2) J’estime que Ja température de l’air ambiant dans cette exposition, pouvoit être d’environ un degré, — 20.25 Fabr. plus élevée que celle d’un lieu en rase campagne tourné vers le nord. 202 EXPÉRIENCE SUR L ENGOURDISSEMENT le plus vigoureux, avoit perdu la veille du jour où il me fut confié (1) les deux tiers postérieurs de la gaine poilue de sa queue (2): je le désigne par numéro 1, et son camarade par numéro 2. D’après quatre expériences faites pour connoître la chaleur interne de ces deux individus, il en est résulté que celle du numéro 1 surpassoit celle du muméro 2 de 1.96° Fabr. — 0.87 d’un degré du thermomettre divisé en quatre- vingts parties égales entre la glace qui fond et l’eau qui bout (3). La supériorité de force du numéro 1, inférée de l’ex- cès habituel de sa chaleur interne sur celle du numéro 2, s’est dans la suite confirmée. Le minimum de chaleur éprouvé par ces animaux, en plein air, pendant les soixante-dix-huit jours indiqués, fut de — 50 — 20.7) Fabr. à l’époque du lever du soleil, le 11 décembre 1820 et le 4 février 1821; le maximum arriva le 13 janvier 1821 à 2h. P. M., où le thermomèue s’éleva à + 10— 54, 5 Fabr. (4). Durant ce mème laps de temps, le thermomètre tomba trois fois à zéro et trente-quatre fois au-dessous, à Pé- poque du lever du soleil; tandis qu'à deux heures P. M. il fut quatre fois à zéro, et onze fois seulement plus bas que zéro. Le minimum de chaleur, à cette époque de la {1) M. Devèze, commis pharmacien de M. Colladon , avoit mis ces: Lérots à ma disposition, tres-obligeamment. (2) Ba deuxième section de la partie charnue qui se trouvoit à nu, se fit sans que l'animal en souffrit aucunement. (3) C’est à cette division que j'ai rapporté celle du thermomètre de Fahrenbheit, dont je faisois usage. (4) D'après les observations faites au nouveau jardin botanique de Genève, et consignées dans les cahiers de la Bibliothéque Universelle. DE QUELQUES ANIMAUX. 203 journée, eut lieu le 29 décembre 1820, où le thermomètre indiquoit — 3.5=— 24.12 Fahr. On peut donc conclure non- seulement que le froid ne fut pas bien vigoureux, mais encore (ce qui mérite surtout d’être remarqué) qu’il ne dura pas long- temps de suite (1). La température moyenne des soixante-dix- huit jours, à l’époque du lever du soleil, fut de 6.42 — 32, 94 Fabr.; et à 2h. P. M. de 2.66— 380 Fahr. : la tempéra- ture moyenne de la journée, déduite des observations faites à ces deux époques, = + 1.540 = 350 47 Fahr. Voici quelle fut la chaleur interne (2) des Liérots aux quatre époques sui- vantes de leur captivité. Numéro 1. Numéro 2. 1820. novembre 20 — 102° Fahr. = 31.11 1820. novembre 20 — 98 5 Fahr. = + 29.66 1821. janvier 28 98 29 33 1821. février 2 96 38.44 février 5 100 30.22 février 5 100 30.22 février 6 101 + 30.96 février 6 98 29:66 La chaleur interne moyenne du Lérot numéro 1 étoit donc de 100% Fahr. — + 30.37, et celle du Lérot riuméro 2, de 08 + Fahr. — + 29.5. La chaleur interne moyenne des deux individus — 99.35 Fahr. = + 29.03 (3). Pendant le pre- mier mois de la captivité des Lérots, je n'ai pas trouvé qu'il (1) Les deux jours où il fit le plus froid (le 11 décembre 1850, et le 4 février 1857, au lever du soleil), le thermomètre marqua respectivement, à 2 h. P. M.,+5.5 — 44.37 Fahr. et— 2° — 27.50 Fahr. (2) On déterminoit cette chaleur en enfonçant dans l’œsophage, à la profondeur d'environ un pouce et demi, uni thermométre tres-sensible, dont la boule a 2 # lignes. de diametre, et à la tige duquel.est ajustée, sur ivoire, la division de Farhenheit. (3) La température moyenne de l'air ambiant, pendant les jours correspondaus aux expériences , fut = +4- 0.22 — 32./95 Fabr. 204 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT fussent jamais plus de soixante heures de suite sans boire, manger ou fienter ; besoins qu'ils satisfaisoient plus volontiers de nuit que de jour: une fois qu'ils étoient blottis dans leur étoupe et endormis, on pouvoit frapper fortement contre la logette où ils étoient réduits, sans que le bruit parût les réveil- ler; il m'est cependant arrivé plus d’une fois, en frappant long- temps de suite, d'entendre une sorte de grognement sur un ton d’autant plus foible et plaintif, que les Lérots dormoient sans doute plus profondément; j’ai même pu retirer un jour l’étoupe dont ils étoient en partie couverts, sans qu'ils se ré- veillassent. Quand ils sortoient de leur sommeil, de force ou de gré, ils paroissoient aussi agiles et vifs que dans l’état de nature. Au bout d’un mois, à peu près, j’ôtai aux Lérots l’étoupe où ils aimoient à se blottir; mais ayant trouvé dans leur cage du gros papier en feuilles, ils le déchirèrent et recouvrirent leurs corps des déchirures du papier. Je les transportai ensuite dans une autre cage sans logette, sur le fond de laquelle ils furent désormais exposés à nu aux inclémences de la saison : mais dès lors ils furent moins endormis que nos chats et chiens domestiques; il suffisoit souvent qu’on s’approchàt de leur cage pour qu'ils sortissent de l’état de repos. Lorsqu'on lesobservoit en silence, sans en être aperçu, on les trouvoit pelotonnés et couchés l’un sur l’autre, pour mieux se défendre sans doute contre le froid. Leur haleine humectoit leur poil quise mettoit en mèches; et après quelques semaines d’un régime aussi dur, ils conservoient encore toute leur vivacité ordinaire. Ils mangèrent, burent et fientèrent davantage que par le passé; leurs excrémens n’étoient presque plus moulés, ce qu’il faut DE QUELQUES ANIMAUX. - 205 attribuer peut-être à l’effet indirect du froid. L'un d'eux, numéro 2, m'a semblé plus frileux que l’autre, dont le corps, comme une égide , couvroit presque toujours celui du foible. Ces animaux buvoient , proportion gardée, encore plus qu'ils ne mangeoient. {l est vrai que je ne leur donnois à boire que du lait, dont ils se sont montrés très-friands; quand le lait étoit glacé (1), ils ont continué à le prendre à l’état de glace, en le rongeant. Indépendamment des noix qu’ils mangent avec plaisir, ils ne refusent pas les dragées, les pralines ni les bis- cotins : nous verrons plus bas qu’ils s’accomodent aussi de la viande fraiche, même de celle de leur propre espèce. Du 7 au 17 janvier 1821, la température étant devenue sin- gulièrement douce pour la saison (2), cet adoucissement opéra d’une manière heureuse sur les Lérots, qui se tinrent moins serrés l’un contre l’autre, et dont les mouvemens furent moins inquiets; mais de préférence, ils continuèrent à manger de nuit. C’est à quoi se réduisent les notes que j'ai prises sur les habitudes de ces animaux : j'ajouterai que le plus vigoureux parvint à s’échapper deux fois de sa cage (le 28 janvier, et le 2 février 1821), et qu'il tomba, l’une et l’autre fois, depuis la hauteur d’un deuxième étage, sur le pavé de la rue; non- seulement il ne se blessa point, mais il conserva encore assez d’agilité pour qu’on eut quelque peins à le rattrapper. Le 5 février 1821, après avoir pris leur chaleur interne, (x) Le lait gèele à 30° Fahr. ou — 0.#, George Martine’s NE med. and phil. London, 1740, in-8e., p. 351. (2) Savoir, pendant les onze jours : = + 4.45 = 42.02 Fahr. au lever du soleil, et + 6.82 — 47.34 Fahr. à 2 bh. P. M. Mém. du Muséum. t. 16. | 27 206 , ; 7) n EXPERIENCES SUR I ENGOURDISSEMENT que je trouvai la même ce jour là pour les deux individus, — 1000 Fabr. ou 30.22, je tentai sur eux l'expérience sui- vante. J’avois fait construire deux pots de terre vernissés, d’une forme cylindrique, et munis chacun de leur couvercle, sur des dimensions telles que l’un enfermoit l’autre. Le plus grand, ou le pot extérieur, avoit quatorze pouces de hauteur sur sept pouces un quart de largeur : le plus petit, destiné à re- cevoir les animaux, treize pouces et demi de hauteur sur quatre pouces un quart de largeur; sa capacité étoit de cent quatre-vingts pouces cubes. Le couvercle de chacun des pots étoit muni d’un trou rond de dix lignes en diamètre : quand les trous des deux couvercles se rapportoient, la communica- tion entre le dehors et le pot intérieur étoit établie; en faisant tourner plus ou moinsle couvercle du pot extérieur, la ferme- ture du pot intérieur étoit complète, ou plus où moins par- tielle(r). La zone vide quiséparoit les deux pots, de trois pouces en diamètre, fut remplie d’un mélange bien tassé de neige, de sel de cuisine et de sel ammoniac; lorsque, par l'effet de ce mélange, la température du pot intérieur (2) fut réduite à 13 Fahr.——8# degrés, j'y introduisis les deux Lérots; voici les détails de l'expérience, qui dura cinq heures et demie. Température de Pair dans le pot intérieur. Température de l'air dans le pot intérieur. 18ar. 5 février. 10? H. A.M. 13° Fahr.= — 84°, 1821. 5 février 1-3 H. P.M.1r Fahr. = — 9 + 14 6 1% 14 114 9 à 113 5 12 CE TI 22 115 5 12 43 12 8: 122 PM 12 OO OO ee Me este (1) Ces trous ayoient pour objet de permettre, dans le pot intérieur, le renou- vellément graduel de l’air, et d’en estimer la température. (2) Cette température étoit déterminée par un thermomètre qui descendoit assez DE QUELQUES ANIMAUX. ’ 207 La température moyenne de l'air du pot où étoient les Lérots fut, pendant la durée entière de sapériences— — 6,93 Fahr., — — 10.29. À midi et un quart, la chaleur interne du Lérot numéro 1 étoit de 72 + Fahr. = + 18 +; et celle du Lérot numéro 2, de 700 Fabr. = + 16 # degrés; en sorte qu'après une heure et demie d'exposition à une température moyenne de 6.8 Fabr. — — 11.2. L’abaissement de la chaleur interne du Lérot le plus vigoureux fut de 27.25 Fahr. — 12% degrés, et celle du plus foible, de 309 Fabr. = 13 + degrés : l’un et l’autre paroissoient très-languissans. A une heure et demie, la chaleur interne du Lérot numéro 1 étoit de 82 + Fabhr. — + 22 #, et celle du Lérot numéro 2 ==0749 Hhr: = +18 ÿ, c'est-à-dire, plus élevée que cinq quarts d'heure auparavant; mais aussi pendant cet intervalle, la température du vase où étoient les animaux s’étoit élevée de 4.45° Fahr. — 1 ## ou de 2° en nombre rond. À quatre heures et un quart P. M., la chaleur interne du Lérot numéro 1 étoit de 91 + Fahr. = + 17 à, tandis que celle du Lérot numéro 2 étoit tombée à 42° Fahr. = + 4 4 degrés. On voit que la faculté de résister au froid, ou célle de produire de la chaleur, étoit beaucoup moins dévelop- pée chez ce dernier individu (1), dont les forces étoient tel- lement épuisées, qu'il eût probablement péri si l’expérience bas, à l’aide d’une cordelette, pour indiquer la chaleur de la couche d’air où les Lérots étoient reclus. (1) Il est à remarquer que la température du pot intérieur ne varie presque pas depuis une heure et demie à quatre heures et un quart P. M., c’est-à-dire, pen- dant deux heures et trois quarts. 208 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT eût été prolongée davantage. Les deux Lérots furent remis dans leur cage, que je plaçai à une certaine distance d’un feu de cheminée, mais ce ne fut qu'après une heure et vingt- cinq minutes que le plus foible put se tenir chancelant sur ses pates. Ils ne passèrent pas en plein air la nuit du 5 au 6 février, mais dans une chambre sans feu; ils mangèrent et burent moins que de coutume; et malgré cela, leur cha- leur naturelle était le lendemain à son taux moyen, et ils ne paroissoient guère souffrans. Le plus foible périt néan- moins dans la nuit du 8 au 9 février. La queue de cet animal s’étoit gonflée depuis l'expérience du 5, et sembloit vouloir se séparer au tiers antérieur de sa longueur. Le ralentisse- ment de la circulation, ou le gel peut-être de cette partie du corps que je ne remarquai pas, avoit probablement oc- casioné cet accident (1). Le 9 février, le Lérot survivant avoit déjà mangé une par- tie des chairs de son compagnon, préférablement à sa nour- riture ordinaire, qu'il avoit laissée; il en continua même le dépècement en ma présence, posant ses pates sur le corps du Lérot qui avoit péri. Je laissai ce dernier jusqu’au 11 fé- vrier dans la cage, continuant à donner au Lérot vivant sa ration ordinaire, à laquelle il revint. Le 12 février, je fis rendre à M. Devèze, avec mes remercimens, le Lérot sur- vivant, qui dévora, à peu de jours de là, à ce que m’assura M. Devèze, la tête d’une petite souris qui avoit été intro- duite vivante dans sa cage, et qu’il commença par tuer. (à) Le pavillon des oreilles du Lérot n°. 1 étoit devenu tres-rouge quelques jours après l'expérience du 5 février. DE QUELQUES ANIMAUX. - 209 S 2. Muscannis, Mus avpellanartius Lin. C’est un des plus petits animaux à sang chaud parmi ceux qui s’engourdissent périodiquement à l'approche de lhi- ver (1). l'individu que j'ai gardé quelques mois en cage n’avoit pas vécu en état de domesticité comme les deux Lérots précédens : on me l’avoit apporté du village d'Archamp en Savoie, situé au pied du mont Salève, à une lieue et trois quarts environ au sud de Genève. La gentillesse et la vivacité des mouvemens de ce petit animal font passer par dessus l’in- convénient attaché à l’odeur désagréable qu'il partage, mais à un moindre degré, avec ses congénères : on le nourrit aisément de toutes sortes de fruits secs ou charnus. Le Mus- cardin que je reçus vers la mi-octobre 1824, fut tenu dans une chambre habitée , sur le manteau d’une cheminée où l’on faisoit journellement du feu pendant quinze heures d’entre les vingt-quatre, et dont la température ne dut pas s’éloi- gner beaucoup, durant la léthargie de cet animal, du hui- tième degré au-dessus de zéro, 5o° Fahr. (2). Malgré l'ex- citation de la lumière du jour, des chandelles et du feu, re Te TT Tr a ee Te A TT Se CRT TT TT TT (1) Les mammifères qui entrent en léthargie périodique plus ou moins longue et profonde , appartiennent aux trois genres Hérisson, Chauve-souris et Rai, Eri- naceus , V’espertilio et Mus Lin. Il est probable que toutes les espèces européennes de Chauve-souris tombent en état de torpeur durant la saison froide ; parmi celles du genre Rat, on compte les cinq suivantes : la Marmotte, la Hamster, le Loir, le Lérot et le Muscardin , dont les noms latins respectifs sont: Mus marmotta, Cri- cetus, Glis, Quercinus et Avellanarius Lin. (2) On peut consulter, pour ce qui est relatif à la température de l'air extérieur à cette époque, les tables 1v, v et vi de l’article 5, qui concerne l’Escargot. 210 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT celle du bruit de la rue et des personnes autour de lui, non- obstant la nourriture dont il fut toujours pourvu, le Mus- cardin tomba en léthargie le rer janvier 1825, et n’en sortit pour n’y plus rentrer que le 3 mars suivant, sans avoir pris dans ces soixante et un jours la moindre nourriture, ni rendu aucun excrément : il mit son corps en boule, le mu- seau très-près du derrière; les mouvemens, peu apparens de sa respiration durant la plénitude de l’engourdissement, n'ayant lieu qu’à des intervalles inégaux et éloignés : ces mouvemens ne tardoient pas néanmoins à devenir plus prompts et plus vifs vers la fin surtout de la léthargie, pour peu qu’on le tint quelque temps de suite sur la main, à laquelle il commu- niquoit la sensation d’un corps froid. La table suivante pré- sente de mois en mois le poids de cet animal. 1824. 27 décembre 329 grains. 1815. 27 mai 286 5 grains. 1825. d° janvier 290 d° juin 293 de février 246 5 de juillet 270 d° mars 309 d° août 260 de avril 257 $ On voit que le Muscardin ne fut jamais plus gras qu'avant de devenir léthargique, et que la perte de poids qu’il sup- porta pendant soixante-deux jours, dont cinquante-huit de léthargie et d'abstinence continues, ne fut rien moins que du quart de ce qu'il pesoit auparavant; qu'il recouvra en grande partie cette perte considérable assez promptement; que celle-ci fut surpassée dès lors en juin, après être con- séquemment entré depuis long-temps dans l’état de sommeil et. de veille ordinaires par des causes que je n’essaierai pas de rechercher, autrement qu’en les attribuant surtout à l'état de servitude; et qu'il y eut enfin depuis son réveil, à l'égard du poids, quelques fluctuations. DE QUELQUES ANIMAUX. 211 $ 3. Marmorre, Mus imarmotta Van. Je donnai la commission à Joseph-Marie Coutet, en jan- vier 1821, de me procurer pour l'automne suivant une Marmotte vivante. Il m’en apporta une au commencement d'avril, qu'il avoit achetée, et qui avoit passé tout l'hiver en- gourdie sur de la paille dans une écurie. Cette Marmotte s’étoit réveillée pendant le voyage (1); elle bäilloit fréquemment, et s’endormoit bientôt après.Coutet pensoit qu’elle pourroit con- tinuer à dormir jasque"dans le mois de mai; mais je n’achetai pas cet änimal, qui paroissoit avoir vécu dans l’état de do- mesticité, et que je ne pouvois point d’ailleurs garder pen- dant tout l'été. ! Sur la fin d'octobre, je recus de Coutet une autre Mar- motte, trop vive pour s'être déjà engourdie pendant cette saison. Elle fut mise sur la tablette extérieure d’une fenêtre qui regarde l’ouest-sud-ouest, derrière une jalousie plus sou- vent fermée qu’ouverte, dans une caisse en bois rectangulaire, dont deux des parois opposées étoient percées de quelques trous: un morceau de verre à vitre engagé dans une coulisse formoit le côté de la boîte opposé au fond, permettant au travers l'inspection facile de l’animal. Dans le courant de janvier 1822, deux autres Marmottes envoyées de Chamouni furent mises avec la précédente dans la même caisse. Je désigne la première parnuméro 1, etles deux autres qui paroissoient plus jeunes, et qu’une marque parti- culière distinguoit l’une d’avec l’autre, par les numéros 2 et 3. (1) J. M. Coutet l’avoit mise dans un sac qu’il portoit sur son dos. 212 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT Dans le principe, la Marmotte numéro 1 eut journelle- ment à manger du pain, des racines et du foin; elle laissoit volontiers la croûte du pain pour la mie; et quoiqu’elle re- fusät les pommes de terre crues, elle était très-friande des carottes jaunes, qui changeoïent la consistance et la couleur de ses excrémens : au lieu d’être des crottes, ils ressembloient alors à la terre bolaire. L'animal répandant l’eau qu'on lui donnoit à boire, on la supprima. Quoique cette Marmotte ait une fois refusé la chair d'ours fraîche, elle a mangé plus tard, de même que ses compagnes, celle de chevreuil et de singe. Non-seulement ces Marmottes ont rongé et percé à jour le bois de leur caisse, mais elles ont encore sensible- ment endommagé quelques-unes des palettes de la jalousie, et la Marmotte numéro 1 trouva le moyen de grimper jus- qu’à une certaine hauteur contre le montant de la fenêtre. Un gros rat vivant qu'on mit de compagnie avec les trois Marmottes, dans le courant de février, s’échappa bientôt en fuyant le long du mur de face de la maison. La Marmotte numéro 2 ayant été blessée dans la bouche, à la suite d’une expérience, l’une de ses compagnes vint aussitôt qu’elle fut blessée pour étancher son sang. Pendant les mois de novem- bre et décembre 1821, la Marmotte numéro 1, alors seule, a veillé, mangé et dormi plus ou moins profondément, mais elle ne s’est jamais engourdie. La température moyenne, au lever du soleil, durant ces soixante et un jours, a été de + 4.25 — 41. 56° Fahr.; le thermomètre fut trois fois à zéro et six fois au-dessous de l’échelle en 80 parties; le mi- nimum de chaleur = — 2° — 2795 Fahr., arriva le 5 dé- cembre, et le maximum — ++ 11.8, onu 58.55 Fahr. le DE QUELQUES ANIMAUX. 213 1°" décembre. A l’époque de deux heures après-midi, la tem- pérature moyenne fut de + 7.6 = 49.10 Fahr.; le ther- momètre ne baissa jamais jusqu'à zéro, ni au-dessous; le minimum de chaleur —+ 1.3 — 34.92 eut lieu le 17 décem- bre, et le maximum + 15.8 — 67.55 Fahr. le 18 novembre. Je n’observai pas aussi souvent, durant le mois de jan- vier 1822, la Marmotte numéro 1, que je l’avois fait par le passé, ni les deux compagnes qu’on lui donna vers ce temps- là, mais ni les unes ni les autres ne s’engourdirent. La température moyenne de ce mois, au lever du soleil, fut toutefois de — 1.75 — 28. 06 Fahr.; le thermomètre une fois à zéro de l'échelle en 80 parties, et vingt-cinq fois au- dessous, le minimum de chaleur = — 5 = 20.75 l'ahr. le 22 et le 243 le maximum + 2° = 36.5 Fahr., le 26, La tem- pérature moyenne du mois à 2 h. P. M. fut + 1.47 = 35.33 Fahr.; le thermomètre descendit quatre fois à zéro (32° Fabr.), et sept fois au-dessous; le minimum de chaleur — 0.5 — 30.87 Fahr., tomba sur le 19; et le maximum + 5o —= 43.25 Fohr. sur le 24. Les Marmottes continuèrent à veiller, à dormir et à man- ger durant les mois de février et de mars; mais elles s’en- gourdirent décidément aussi à différens intervalles, sans qu'il soit en mon pouvoir d'estimer la durée précise de leur en- gourdissement, qui n’a cependant jamais duré plusieurs jours de suite. C’est ici l’occasion de dire en quoi consistoit cet engourdissement : il varie sans doute en intensité, comme la chaleur interne des animaux en fait foi; mais on le recon- noît à ce que le corps des Marmottes, alors roulé en boule, paroît froid au toucher. Nous avons dans cet état manié et Mém. du Muséum. t. 16. 28 214 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT pesé ces animaux ; nous avons forcément écarté leurs mà- choires avec des branches de ciseaux pour prendre la chaleur de leur œsophage; nous avons dans le même but introduit un thermomètre à plus de trois pouces de profondeur dans leur intestin rectum, sans qu'ils se réveillassent, bougeassent sensiblement ou qu'ils ouvrissent les yeux; leur haleine ne ternissoit pas le marbre d’une table (1) sur laquelle nous les posions; leurs dents incisives, celles surtout de la mä- choire supérieure, étoient sèches, quoique leur langue ne le fût pas au même point; il falloit user de quelque force pour surmonter la résistance du muscle sphincter de l'anus; les mouvemens enfin de la respiration ne se répétoient plus que quatre fois par minute (2). Ces phénomènes d’engourdisse- ment correspondent à une chaleur interne de 51.75 Fabr. — + 8 Z degrés, ou à un abaissement de température = 0 ++ degrés — 47:1375° Fahr., à compter de la chaleur interne moyenne des Marmottes à l’état de veille dans cette saison, — 98.892 Fahr. = + 29.73, comme nous le ver- rons ailleurs. La température moyenne du mois de février, au lever du soleil, fut de — 0.325 = 31.27 Fahr. Le ther- momètre descendit quatre fois à zéro, et quatorze fois au- dessous: le minimum de la chaleur — 5° — 20.75 Fahr. (la même qu’en janvier), eut lieu le 2, et le maximum + 6 = (1) Dans une chambre où il n’y avoit pas de feu ce jour-là. (2) Cette estimation, ou plutôt 3 # inspiralions par minute, est le résultat de plusieurs essais bien d’accord entre eux faits sur les trois Marmottes engourdies, lorsque leur chaleur interne moyenne étoit de 51.75 Fahr. = +87 degrés. J'ai trouvé que le nombre moyen des inspirations par minute, pendant l’état de veille 2 de ces animaux, étoit de 20 +, et qu’il s’élevoit à 17+ seulement pendant qu'ils dormoient. DE QUELQUES ANIMAUX. | 215 4.55 Fahr. le 5. La température moyenne à 2 h. P. M. fut de + 5.6— 44.6 Fahr.; le thermomètre ne descendit qu'une fois plus bas que zéro, savoir, à — 2.9:= 25.47 Fahr.; le maximum de chaleur + 100 — 54.5 arriva le 27. Quant à la température moyenne du mois de mars, au lever du soleil, elle fut de + 3.05 — 38.86 Fahr. Le ther- momètre descendit une fois à zéro, et huit fois au-dessous ; le minimum de chaleur — 40 — 23° Fahr. tomba sur le 1er du mois, et le maximum sur le 27, où le thermomètre s'éleva à + 10.5 — 55.67 Fahr. La température moyenne à 2 h. P. M. fut + 10.6 — 55,85 Fahr. : le minimum de chaleur, + 5.2=— 43.7 Fahr., eut lieu le 31 ; et le maximum la veille, où le thermomètre s’éleva à + 16° — 68 Fahr. Le retour d’un froid modéré, mais soutenu, pendant les huit premiers jours d'avril, fut fatal aux Marmottes, qui fu- rent trouvées toutes les trois mortes le 8 : elles sembloient s’apprivoiser, recherchoient le soleil, mais elles étoient en même temps afloiblies; elles avoient sensiblement maigri ; et refusoient de manger les carottes et le pain : ce fut sur ces entrefaites qu’on leur donna de la chair de singe, qu’elles mangèrent de préférence à leur nourriture ordinaire, mais elles n’en prirent pas assez pour les faire périr. Depuis le 5, elles avoient de la diarrhée, et elles étoient tombées dans un état de demi-engourdissement, dont elles ne se relevèrent pas. Je suis disposé à croire que le retour du froid, dans l’état de foiblesse où elles étoient, fut la véritable cause de leur mort. Pendant les huit premiers jours d'avril, la température moyenne, au lever du soleil, fut d'environ — 0.050 — 31°. 88 Fahr. Le thermomètre descendit trois fois plus bas que 216 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT zéro : le minimum de chaleur, — 20 — 27.5 Fabr., eut lieu ‘le 4; le maximum, + 1.3 — 34.92 Fahr., le rer. La tem- pérature moyenne à 2 h. P. M., fut de + 597 — 45.430 Fabr. : le minimum de chaleur, + 1° — 34.25 Fahr., le 6; le maximum, + 10.5 — 55° 67 Kahr., le 5. Le résumé de la température moyenne de l'air ambiant depuis le 1° no- vembre 1821 au 8 avril 1822, espace de cinq mois et huit jours, montre que cette température fut, au lever du soleil, — + 1. 8° — 36.05 Fabhr.; et de + 6.5 — 46.625 Fahr. à 2 h. P. M. En définiive, — + 4.05 — 41:12 Fahr., d'après les observations faites à ces deux époques de la journée, que pendant ces cent cinquante-neuf jours, le thermomètre des- cendit, au lever du soleil, cinquante-six fois plus bas que zéro, et neuf fois à zéro; à 2 h. P. M., huit fois au-dessous de zéro, et quatre fois à zéro: en tout 64 fois plus bas que zéro, et 13 fois à Zéro; que le minimum de chaleur est tombé sur le 12, le 24-janvier et le 2 février, trois jours où le ther- momètre descendit à — 5°— 20.75 Fabr.; et le maximum sur le 30 mars, où il s’éleva à + 16° — 68° Fahr. Le manque d'air respirable dans les tanières des Mar- mottes n’est sûrement pas une indispensable condition à leur engourdissement d'hiver, puisque les nôtres, qui se sont itérativement engourdies, n’avoient cessé d’être exposées à l'air libre; en sorte qu'il faut exclure, je pense, comme cause nécessaire du phénomène d'engourdissement dans Pétat de nature, l’asphyxie par défaut d’air respirable (1). Il est (1) L'exemple, tant de fois répété, des jeunes Savoyards qui montrent au public pendant l’hiver des Marmottes souvent alors engourdies , dispense d’insister davan- DE QUELQUES ANIMAUX. 217 très-vraisemblable que l'air de ces retraites souterraines, assez spacieuses, contient autant d’oxigène que l'exige la res- piration, alors très-ralentie, des animaux qui les habitent. Voici quelle fut la chaleur interne des Marmottes dans l’état comparatif d’engourdissement et de veille. Etat de veille. Dans l’œsophage. Dans l’intestin rectum (1). 1821. 3décemb.n°r 101 F. + 30 2 1822. 7 février n° 2 101 F. + 305 1822, février 2 100 30 ; 17 d° 1 g9+ 30 17 do 1 98+ 295 d° de 2 9ë 29 + d° d° 2 98+ 2 do d° 3 99+ 30 é d° d° 3 100 30 & 17 mars 1 € 29% 17 mars 1 29+ d d° 2 dE 28 1 d° d° 2 gb 28 4 de d° 3 98 29 + d° d° 3 99 29 + Etat d’engourdissement. Dans l’œsophage. Dans l'intestin rectum. ———— 1822. 7 février n° 3 67È2F.<+15$ | 1822. Jfévrier n° 3 642F.+144 10 d° 10 97 nn 10 d° 1 52 CE d° de 2 52 85 de de 2 49 7 $ d° d° 3 51— 8+ de d° 3 49 7È 7 mars 1 57 115 7 mars 1 56 10+ d° d° 2 68= 11È d° d° 2 65g+ 12+ d° d° 3 72; 174 d° do 3 72 174 tage sur cette remarque. On a cru qu’il falloit que l’air extérieur n’eût aucun acces à l’endroit où se retire le Rat de blé, en allemand Hamster (Mus cricetus Lin.), pour qu'il püt s’engourdir; His. Nat. de Buffon, quadrupèdes, tab. vnr de l’éd. in-12, Suppl., p.237—2{6. Il est possible qu’un courant d’air puisse, comme “il arrive aux Chauves-Souris surtout, contribuer à faire sortir le Hamster de l’état de torpeur, particulièrement quand d’autres causes d’excitation s’y joignent. (1) Daubenton remarque (Hist. nat., édit. in-4°., tab. vur, p.233) qu’il y a près du bord de l’anus des Marmottes trois orifices qui communiquent à une poche 218 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT On voit que, pendant l’état de veille, la chaleur interne moyenne ; dans l'intestin rectum, est la même que dans l’œ- sophage, à la même profondeur, dans l’un et l’autre cas: tan- dis que, durant l’état de torpeur, l'excès moyen de la cha- leur dans l’œsophage, sur celle dans le rectum, est — 1 5+ Fahr. — 0.873 du thermomètre en 80 parties. Cette dif- férence peut n'être qu’accidentelle, comme elle pourroit aussi dépendre du plus ou moins grand éloignement des or- ganes de la poitrine où se conserve le plus long-temps et au plus haut degré le principe de vie. Mais la chaleur interne et moyenne des Marmottes, lors de l’état de veille et durant le laps de temps indiqué, conclue de celle dans l'œsophage et l'intestin rectum, est — 1483 +0 Fahr. — 98 $ —+ 29 + — + 20.728. La détermination de la même chaleur interne et moyenne, pendant l’engourdissement plus ou moins profond, conclue des expériences rapportées ci-dessus, est = #55 — 58 LE° Fahr. —=—+ 11.754. On peut voir, d’après les dates des expériences, qu’à l’ex- ception d’un seul cas, les trois Marmottes étoient engourdies ou éveillées à la fois; en sorte que la cause qui disposoit ces animaux à passer à l’un ou à l’autre de ces deux états, agissoit sur les trois individus en même temps. Le 10 février et le 7 mars 1822, les Marmottes étant alors engourdies, la température de l’air ambiant, à l'emplacement d'environ deux lignes de profondeur, formée par un kiste blanc enduit au dedans d’un mucilage épaissi, de couleur blanchätre, et d’une odeur tres-désagréable. Ce fut dans cette poche, dont la capacité ne suffisoit pas tout-à-fait à loger la boule du thermomètre, que la liqueur de celui-ci se fixa une fois à 88 +, et une autre 4 fois à 90 + Fahr. — +25? et + 26°. DE QUELQUES ANIMAUX. . 219 de ces animaux, fut à ces deux époques respectives, 31.75 et 52.25 Fahr.=— 0 & et + 9.0. Le 17 février etle 17 mars, les Marmottes étant éveillées, la température de l'air libre au- tour d'elles étoit respectivement alors de 32 et de 470 Fahr. —oet+- 6 <; en sorte qu’il y avoit davantage de chaleur dans l'air pendant leur état kéthargique que lorsqu'elles en sorti- rent : mais il auroit fallu des observations faites avec plus d’assiduité, pour en tirer quelques conséquences fégitimes. Nous avons pesé les Marmottes à deux époques différentes; mais, comme pendant l'intervalle des pesées elles ont été plus souvent éveillées qu'engourdies, qu’elles ont mangé sans qu'on ait pu tenir compte du poids de la nouriture qu'elles avoient prise, non plus que de celui de leurs egesïa, le résul- tat de nos tentatives n’est pas rigoureusement applicable au cas des Marmottes qui vivent plusieurs mois de suite dans leurs tanières souterraines, plus ou moins engourdies, sans prendre de nourriture nise débarrasser des matières excrémentitielles. Poids du Poids du Différence corps. corps. de poids, onc., gr: grn. grn. (D ; grn. 1822. 10 fév. Marmotte n°1 37 6 3 21747] 1822.8 avril. Marm. n° 1 28 É Hdi 1636- 5380 de de 2 30 4 44 19612 de de 233 o12 13248 4364 7 d° 3 29 o 6 16760 de de 324 5 51 14235] 2525 On voit que, dans un intervalle de cinquante-six jours, les marmottes numéro 1 et numéro 2 ont perdu chacune les #7 de ce qu’elles pesoïent le 10 février;tandis que la moins grosse des trois, numéro 3, n’a perdu, durant cinquante-neuf jours, que les >. Le résultat moyen est que, pendant ün inter- valle de cinquante-sept JON, la perte Hputonnelle du poids du corps a été de °£, c’est-à-dire qu’elle s’est élevée à un peu plus du cinquième : en sorte qu'il est évident, mal- 220 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT gré la nourriture dont ces animaux ont été pourvus, qu'ils avoient beaucoup maigri. La comparaison entre la perte de poids de la Marmotte et celle d’un animal à sang rouge mais froid (1), qui s’engour- dit l'hiver, et qui pesoit quatre à cinq livres, ne peut qu'être intéressante. On en trouve un exemple consigné dans le sep- tième volume des Transactions Philosophiques pour l’an- née 1693, p. 533(2). Une Tortue de terre, pesée pendant cinq ans de suite, en automne, au moment où elle se mettoit en terre, et ensuite lorsqu'elle en sortoit au printemps, perdit durant un intervalle moyen de cent soixante jours, +5 de son poids, ou un peu plus d’un quarantième. Une perte aussi peu considérable, comparativement à celle que m'a présentée le Limaçon des vignes ($ 5), me feroit désirer que l'expérience du docteur eût pu être répétée avec exactitude. Les trois Marmottes qui ont fourni les observations précé- dentes étoient des individus mâles (3). Le sang de toutes les (1) L’un des caractères physiologiques des animaux à sang froid, je pense, est d’avoir une chaleur interne, sinon égale, du moins supérieure d’un petit nombre de degrés seulement à la température du milieu où ils vivent. (2) J. Lonthorp a transcrit cet article dans l’abrégé qu’il a publié des 7'ransac- tions philosophiques, vol. u, p. 825. Mais il s’y est glissé une fauted’impression. On lit : mars 16.1652—3” T'estudo spontè à latibulo prodiit, pendebatque 5 (au lieu de 4) liv., etc. (3) Daubenton remarque que toutes les Marmottes qu’il a vues à Paris étoient femelles , sans qu’il eût encore pu trouver un mâle. Hist. nat., édit. in-/°. , t. vin, page 231. Les femelles ont le poil d’un gris plus blanc que les mâles, d’après la remarque de Pierre-Victor Charlet d’Argentière, dans la vallée de Chamouni : elles sont plus surveillantes que ceux-ci dans l’état de nature, craignent aussi davantage les Aigles, sans doute pour leurs petits. Charlet aflirmoit, dans une lettre écrite DE QUELQUES ANIMAUX. 221 trois étoit très-fluide(1). L’estomac d'aucune d’elles ne conte- noit d’alimens, à l'exception de quelques débris de carottes Jaunes, et les intestins étoient à peu près nets. Il n’est donc pas probable qu’elles aient péri pour avoir mangé de la chair de singe en trop grande quantité. Nous avons pesé les principaux viscères de la Marmotte numéro 2, et le rapport entre leur poids et celui de l'animal, avant et après son amaigrissement, me paroît indiquer que la diminution de près d’un quart du poids du corps, dans l’es- pace de cinquante-six jours, n’a été que le résultat de l’ab- sorption de la graisse (2). C’est au moins ce qu’il semble permis d’inférer en voyant que le poids de quelques uns des le 4 brumaire de l’an xt (26 octobre 1802), à feu H. A. Gosse, que les Marmottes vivantes mangeoient celles qui étoient crevées. Quand on va les creuser un peu tard en automne, on leur trouve les intestins nets, à l'exception de deux ou trois crottes qu’elles ont à l’anus. Elles ne sont pas entassées les unes sur les autres ; chacune d’elles repose à part sur le foin qu’elles ont étendu, le corps courbe en boule. Les Marmottes , suivant J. M. Coutel, ne fientent jamais en plein air quand elles sont éveillées, mais dans la branche de leur tanière , qu'on peut regarder comme leur privé. La chair de cet animal, au printemps, a le goût de la terre fraîchement remuée , quoiqu'il n’en mange pas ; et la graisse, qui étoit blanche en automne, est roussätre au printemps : elle reste fluide après avoir été fondue. Les femelles ne peuvent pas porter leurs petits bien long-temps, puisque la plupart mettent bas vers la fête de Saint-Jean , qui tombe sur le 24 juin. (Gr) ++ In his animantibus (Sopitis) tardissima est sanguinis circulatio , tardis- simæ omnes corporis secreliones, nulla interim seri vel lymphæ, quæ tardam quidem, sed tamen successivam habet secrelionem, revectio, ut tandem sanguis omni penè sero orbetur. J. J. Scheuchzer, M. D. The anatomy of the Mus Alpinus, or Marmot, Phil. trans. n°. 307, p. 237. Phil. Trans. abridz, vol. vu, p- 452. (2) « ... Ut omnino judicare liceat, resorptas esse per hyemem durante sono « fluidiores oleosi hujus liquidi partes per venam portæ, ut inservirent tüm secre- « tioni bilis, quâ vesica biliaria fuit admodum turgida, tum nutrimento ipsins “ corporis. Scheuchzer, loc. cit. » Mém. du Muséum. t. 16. 29 222 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT organes intérieurs était, comparativement à celui du corps de l'animal, à la date du 10 février, dans la même proportion à peu près que chez une Marmotte disséquée par Dau- benton (1), quoique celle-ci pesât six livres, et l’autre trente onces et demie et quarante-quatre grains seulement. Mais le rapport cesse d’être le même, quand on substitue au poids du corps de notre Marmotte, le 10 février, ce qu’elle pesoit après sa mort le 8 avril. Poids proportionnel de quelques organes de la Marmotte. Marmotte numéro 2; 10 fév. Foie et vésicule du fiel. Tiéte — 00313 Rate, ARTE Cerveau, moelle alongée, cer- velet et une très-petite por- tion de la moel- le épinière. Le Poumons , les bronches cou- @ces à leur en- trée dans ces organes. Te 0.0101 Reins, sans les uretères. TE: o.0056 Cœur dans l’é- tat de vacuité, les gros vais- seaux coupés à leur origine. 5 0.0038 + 0.0120 Marmotte de Daubenton. Foie et bile de la vésicule, SE 6593 Rate. re (2) 0.0315 | Foie et vésicule Gel 0.0016 À Rate. Marmotte numéro 2; 8 avril. du fiel. 4 0.0416 HT 0.001 Cerveau, moelle alongée, cer- velet et une très-petite por- tion dela moel- le épinière. :$5z 00160 Poumons , les bronches cou- pées à leur en- trée dans ces organes. Hz 0.0135 Reins, sans les uretères, H%r 0.007 Cœur dans l’é- tat de vacuité, les gros vais seaux coupés à L leur origine. ,,%%7 0.9051 Scheuchzer dit que le foie de la Marmotte est divisé ensix lobes (3), Daubenton en cinq (4), et je trouve dans mes (1) Ouv. cit, p. 231. (2) Daubenton donne séparément le poids du cerveau et du cervelet, sans faire mention de la moelle alongée. (3) « Hepatis satis magni lobi sunt sex, et aliqui horum in duos veluti subdi- «_visi per incisuram. » Op. cit, (4) Deux lobes à gauche, et trois à droite; le lobe inférieur de ce côté étoit DE QUELQUES ANIMAUX. 223 notes, que celui de la Marmotte numéro 2 l'était en quatre, que le poumon gauche n’en avait qu'un, et le droit, quatre. La longueur de l’œsophage jusqu’à l’orifice cardiaque, étoit de quatre pouces; celle des intestins grêles de cinquante- deux pouces, et celle des gros intestins, y compris le cœcum (1), de vingt et un pouces. La longueur entière de l’a- A TU. GS LION Aéerag quel fatritt et et partagé en trois portions par deux scissures. La couleur de la bile de la vésicule du fiel étoit orangée. Ouv. cit., p.233. La bile de la vésicule de notre Marmotte avoit une couleur d’asperge. \ (1) Scheuchzer a représenté dans quatre figures (Phil. trans. abridg, plate 1x, vol. vrr, fig. 34, 35, 36, 37) l'estomac , le cæcum de grandeur naturelle, la val- vule du colon, et la portion inférieure du cœcum qui regarde le colon, pour en montrer les valvules susceptibles d’abaissement... « Cœcum est ex amplissimis, “ 2 pollicum in diametro. » «,., Illustrat hæc observatio egregia usum intestini “ cœci, quod in infantibus recens natis ordinarie est capacius. Iuservit diverticuli « loco excrementis per novem mensium decursum in intestinis colligi, nec per « ea excerni solitis. Par hic est ratio animantium > qua per hyemem integram in « montium cavernis dormiunt. Nulla per illud tempus fit excrementorum egestio, « et tamen non obstante hâc tardissima circulatione atque secretione, nullave «“ ciborum assumptione, collectio fit eorumdem, quæ nè intestina utriusque « generis infarciunt nimium , amandantur ad cœcum , ibique ad usque vernum « tempus manent; regressus autem ex eodem ad colon impeditur imprimis per « valvulas ante descriptas. » — Daubenton a représenté aussi le cœcum de la Mar- motte (tome vir, pl. xxix); il lui donne quatre pouces et demi de circonférence à l'endroit où il est le plus gros, p. 235. La fonction attribuée par Scheuchzer au cœcum des Marmottes, d’être la sentine des matières excrementilielles pendant le temps que ces animaux passent en léthargie, est infirmée par le témoignage unanime des montagnards qui vont les déterrer Pour en manger la chair, après les avoir éventrés. « Quand on les prend en automne, à ce que m’a assuré Pierre Balma, qui en “ a » Pour sa part, déniché plus d’un cent, on leur trouve les intestins absolument “ vides, et même aussi propres que si on les avoit lavés avec de l’eau chaude, ce « qui prouveroit que leur engourdissement est précédé d’un jeûne, et même d’une « évacuation; précaution que semble avoir prise la nature, de peur que leurs 204 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT nimal, comptée depuis le bout du museau à l'anus, étoit de onze pouces, mesure de Paris. Il en résulte que la longueur des intestins, depuis le pylore à l'anus, y compris le cæœcum, étoit à celle du corps entier :: 93: 11 = :: 1000 : 150 (1). $S IV. Cuauvr-sounis. V’espertilio noctula Lin. La facilité comparative avec laquelle les Chauve-Souris sont ürées de leur état de torpeur paroît surtout dépendre de « excrémens accumulés ne se corrompissent. ou ne se desséchassent trop pendant « cette longue léthargie. » de Saussure, Voy. dans les Alp. $ 737. M. Prunelle recon- noît que Scheuchzer a décrit avec beaucoup d’exactitude les organes abdominaux de la Marmotte , mais sans prendre en considération les différences que ces organes présentent de l'été à l'hiver. Ann. du Mus. d’'Hist. nat. , t. 18, ann. 1811. Il sem- bleroit toutefois, d’après M. Mangili, qu'il peut y avoir quelques exceptions à cette règle : « Ayant ouvert une petite Marmotte le 25 de mai 1804,au momentoù « elle venoit de s’éveiller, après avoir été engourdie pendant tout l'hiver, je trouvai « l'estomac entièrement vide, et sa capacité considérablement diminuée; le tube « intestinal étoit également vide, si l’on en excepte le cœcum et le rectum, qui « contenoient quelques matières excrémentitielles ; ce qui prouve qu'avant de s’en- « dormir, les Marmottes n’observent pas toujours un jeûne absolu. La vessie étoit « remplie d’une urine limpide. » Ann. du Mus. d'Hist. nat. de Paris, t. 10, ann. 1807. Il seroit possible que le cas dont parle M. Mangili s’'appliquät surtout aux Marmottes qui ont vécu quelque temps en domesticité. Voir le post-scriptum de ce Mémoire. (1) La Marmotte femelle qui servit de sujet à Daubenton pour la description des parties molles intérieures, avoit dix-huit pouces de longueur depuis le bout du museau jusqu’à l'anus (p. 231), et la longueur des intestins, depuis le pylore à l'anus , y compris le cœcum, étoit de cent quarante-deux pouces el demi (p. 235); ce qui donne, pour le rapport de la longueur des intestins à celle du corps, celui de mille à cent ving-six. ù Les mammifères du genre Loir, appartenant à l'ordre des rongeurs, ont deux incisives cunéiformes à chaque mâchoire, point de canines, IIS sont, de tous les rongeurs , les seuls qui manquent de cœcum et de gros intestins. Dict. d'Hist. nat., t. xvir, Paris, 1817 art. Loir). DE. QUELQUES ANIMAUX. 225 l'impression de air sur la membrane sensible dont leurs membres sont enveloppés, et dont elles s’affublent comme d’un manteau pendant leur léthargie, s’accrochant aux aspé- rités des corps-par les ongles crochus de, leurs membres. 1824, 12 mai. On m'apporta une très-petite Chauve-Souris; toute ratatinée, qui avait été prise dans la chapelle du château de Mantoua en Savoie (1); je l'étranglai, et, par une petite taillade faite au ventre, j'y introduisis aussitôt la boule d'un thermomètre dont le mercure se fixa à 70.5 Fahr. = + 17%, la température de l'air extérieur étant alors de 65° Fabr. = + 14 50. ’ 1824, 15 mai. Je reçus encore du même endroit que ci- dessus deux autres Chauve-Souris très-petites et rabougries; je les sortis d’une écuelle couverte où elles étaient, pour les mettre au fond d’un pot de terre que je plaçai sur une chauffe- rette où il y avoit du feu : aussitôt que réchauffées, elles eurent poussé un petit cri, je les étranglai, et par une taillade au ventre, j y fis pénétrer le thermomètre, qui monta dans l'une à 107 —+ 33 ;, et dans l’autre à 103 =+ 31 5; mais Je mercure tendoit rapidement à descendre, l'air extérieur étant alors à 630 — + 13 7. 1824, 16 juin. Un couvreur m'apporta treize Chauve: Souris qu’il avoit mises dans un sac de papier : je pesai le tout; et ayant fait la tarre du papier, je trouvai que les (1) Le coteau situé à deux lieues et un quart à l’est-sud-est de Genève, au devant dela montagne du Mole, entre celles des Voironset de Salève, a son sommet élevé de‘six centtrente pieds de roi au-dessus du lac de Genève. Une chapelle en ruine, au haut du coteau, sembleroit être hantée par les Chauves-Souris. 226 EXPÉRIENCES SUR L ENGOURDISSEMENT treize Chauve-Souris, dont une avoit péri, pesoient seules 1476 grains, ou que le poids moyen étoit de 113 -Z grains. Je les plaçai au fond d’un vase où (1), à demi-éveillées, elles se trémoussoient beaucoup. Je procédai ensuite, comme je lai indiqué, à prendre la chaleur interne de chacune d'elles, la température moyenne de Fair extérieur, d’après trois épreuves que j'en fis au commencement, au milieu et à la fin des expériences tentées sur les Chauve-Souris, étant de 59 À ou+ 12.—37. Voici présentement quelle fut la chaleur, dans l’intérieur du corps, des douze Chauve-Souris, N° 1—822Fahr.—+22# | N° 5—90+Fahr.= + 26° N° g—9f°Fahr.— +254 « 2 84 23 + 6 92? 26% 10 95 28 3 85 23 pe: 11 27% 11 95+ 28? 4 8: 25 à 8 94 27 + 12 103 314 La chaleur moyenne de ces douze animaux étant de 915—-+ 26 7, elle surpassoit celle de l’air extérieur alors de 31 à degrés — 14 #, degrés, ou dans le rapport des trente- cinq centièmes environ; et celle de l'air du vase où elles étoient, seulement de 6 5 degrés — 2 + degrés. On voit que si les Chauve-Souris avoient été incompléte- ment asphyxiées par défaut d’air respirable dans le cornet de papier où elles furent renfermées pendant quelques heures de suite (2), elles tendroient promptement à recou- (1) La température de l'air extérieur étant de 595 = + 12 +, je trouvai celle de l'air du vase où étoient les Chauve-Souris, de 85° — + 23 4 degrés. (2) Le couvreur les avoit apportées, après avoir fait sa besogne, du village du Grand-Saconex, distant d’une lieue de Genève, au nord-nord-ouest , à 264,73 pieds de roi au-dessus du lac : très-probablement ces Chauve-Souris étoient restées un DE QUELQUES ANIMAUX. 227 vrer en plein air la chaleur qu’elles partagent dans cette saison avec le reste des animaux mammifères. $ V. Escarcor, limacon des vignes. Felix pomatia Lin. Je fis acheter au marché, dans le courant de l’automne 1894, cinq douzaines d’Escargots, tous déjà engourdis et re- tirés dans leurs coquilles, qu’ils avoient fermées avec le cou- vercle calcaire accoutumé. Chacun d’eux fut nettoyé, pesé et numéroté sur le couvercle : les vingt premiers, le 13 oc- tobre; les trente-quatre suivans, jusqu’au cinquante-cin- quième inclusivement, le 17 octobre; et les cinq derniers trois jours après, soit le 20 octobre. Tous furent ensuite placés avec régularité, l'ouverture de la coquille en haut, dans le fond d’une boîte de sapin, tenue dans une chambre où l’on ne faisoit pas de feu. Je ne crois pas que ces animaux fussent tombés en lé- thargie depuis plus de quinze jours ou de trois semaines au- paravant (1). La somme du poids individuel de ces soixante Escargots fut de 20357 grains, poids de marc, ce qui donne pour le poids Es assez grand nombre d’heures dans cette étroite clôture, entassées les unes sur les autres. (r) Adanson trouva plusieurs individus de la seule espèce de Limaçon qu’il y ait au Sénégal, à demi enterrés des le mois de septembre; plusieurs ayant même déjà fermé tres-exactement l’ouverture de leur coquille avec une matiere blanche et plâtreuse, pour se garantir contre les longues sécheresses qui devoient continuer depuis le mois d'octobre jusqu’à celui de juin de l’année suivante. Gette espece de Limaçon , ajoute-t-il, appelée par les negres du nom de Xam- beul, surpasse plus d’une fois en grandeur celle que nous appelons, à Paris, le Vigneron, en latin, Pomatra. Hist. des Coquilles, p. 18. 228 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT de l’indiivdu de moyenne taille 339#8 grains. Les Limaçons portant les trente premiers numéros pesoient 10042.5 grains, soit, l’un dans l’autre, 334.75 grains; ceux que désignoient les trente numéros suivans, 10314.b grains, ou 343.81 grains l’un dans l’autre : le poids de l'individu le plus pesant étoit de 475.5 grains, celui de l'individu le moins pesant de 103 grains; ce qui établit entre les poids extrèmes le rapport de 1000 à 216, ou celui de 4.6 à 1 environ. D’entre ces soixante Escargots, sept périrent en léthargie; il y en eut trois d’égarés, un qui tomba depuis la hauteur d’un deuxième étage sur le pavé, et dont la coquille se brisa; enfin une erreur manifeste dans le poids de l'un d’eux , re- connue long-temps après la terminaison des expériences, l'a fait écarter du nombre restant, qui s’est trouvé réduit à qua- rante-huit, dont le poids total, de 15980.5 grains, a donné, pour celui de l'individu de moyenne taille, 332.92 grains au début à peu près de la léthargie, animal, coquille et cou- vercle compris. A l'issue de la léthargie de ces quarante-huit limaçons, après un intervalle moyen de 210.83 jours entre les premières et les secondes pesées, leur poids réuni n’a plus été que de 13866.25 grains. Or, {44 — 288.88 grains; en sorte que la perte absolue moyenne a été de 44.04 grains, et la perte proportionnelle moyenne égale à 0.1323 du poids primitif. Afin de mettre en évidence le nombre des Escargots sortis, chaque mois, de l’état léthargique, et dans l'intention de dé- couvrir si la perte de poids étoit à peu près dans la propor- tion de la durée de la léthargie, j'ai dressé la table suivante ; DE QUELQUES ANIMAUX. 229 TABLE I. Perte de poids propor- tionnelle , depuis les premières pesées aux secondes. Nombre des Escargots sortis chaque-mois de léthargie. Durée moyenne de la léthargie. inars 13(1) 165. 38 jours 0. 09 avril 3 178. 66 0. 134 mai 16 219. 62 o. 136 . juin 12 236. 08 0. 146 juillet 2 269. 33 0. 187 août à 311. 00 0. 220 Dans l'intention de diminuer l'inégalité des nombres d’a- près lesquels sont établis quelques uns de ces rapports, j'ai réuni les Escargots sortis de léthargie en avril à ceux qui en étoient sortis en mars, et le seul qui en fût sorti en août, aux trois qui en étoient sortis en juillet, j'ai ainsi obtenu les quatre états suivans : TABLE II. Nombre des Escargots sortis Perte de poids propor- de léthargie Durée moyenne de la léthargie. tionnelle, depuis les premières pendant les mois ci-après : pesées aux secondes. mars et avril 16 167. 87 jours 0. 103 mai 16 217. 62 o. 136 juin 12 236. 08 0. 146 juillet et août 4 279. 76 0. 199 On trouveroit peut-être que la perte de poids suit une pro- gression croissante relativement à la prolongation de la lé- thargie. A défaut d'observations du thermomètre faites à l’empla- cement où étoient les Escargots mis en expérience, les ta- bles suivantes fournissent peut être des renseignemens de comparaison qui suffisent, en admettant, ce qu'on peut faire (1) Ils sortirent tous à la fois de leur engourdissement le 31 mars Méim. du Museum. 1. 16. 30 230 EXPÉRIENCES SUR L ENGOURDISSEMENT sans craindre une erreur bien grave, que la température du dedans est d’un quart plus élevée, en général, que la tem- pérature du dehors. Cette différence, au reste, moindre pen- dant l'été, est plus grande durant l'hiver. TABLE III. Température des jours où plus ou moins d'Escargots engourdis sortirent de léthar- gie, d’après des observations du thermomètre faites à Genèbe, au lever du soleil et à deux heures du soir. Lever du soleil. 2 heures P, M. +, Thermom ètre Thermomètre Thermomètre Thermomètre en 80 parties. de Fabr. en 8o parties. de Fabr. 1825. 31 mars +2 41|37 4 + 11. 3 | 57. 425 4 avril 2. 337. 175 T2 5 IGo a 16 de 3.05) 1139-1879 16. o | 68. 21 d° — 1. 0 | 29. 75 BON ion LE 10 mai +6. o0o|45. 5 17-040) 70-0420 17 d° 1e 0 3420 0: MOMIS220025 24 d° T2 OO NEO 16. 8 | 69. 8 28 d° 650: G25 10: 01|F00 2160 29 d° Gtonl 461605 Va Mon NE tes 31 d° S'Mar| 50/15 COMMON NOTE EE 1e juin 8:00 50: die NON 06 0870 2 9-Mol|N52:#125 4-1 (ONG 5 4 00) NO 25 12 0000 GS 8 Con A5 US 16. 5 | 69. 125 o 7. 5 | 48. 875 14. 8 165. 3 12 juillet dos dol|Ro ES 18. 573.625 20 août (1) 10..230| 59-0017 14. 83 | 65. 367 (1) Cet Escargot étant sorti de léthargie du 19 au 21, j'en ai fixé l’issue au 20, et j'ai pris pour la température l'estimation moyenne entre celle de trois jours. DE QUELQUES ANIMAUX. 231 TABLE IV. Température moyenne des onze mois, durée des expériences. Lever du soleil. 2 heures P. M. Re SP Thermomètre Thermomètre Thermomètre Thermomètre en 80 parties. de Fabr. eu 80 parties. de Fabr. = ————— 1824. octobre + 3. 47 | 39. 807 + 7. 95 | 49. 887 novembre 1. 67 | 35. 757 6. 76 | 47. 21 décembre 0.16 | 32. 36 4. 46 | 42. 035 1825. janvier — 2. 35 | 26. 713 1. 54 | 35. 465 février 1. 55 | 28. 513 3. 45 | 39. 762 mars 0. 38 | 31. 145 6. 05 &. 612 avril + 4. 14 | 41. 315 13. 31 | Gr. 94 mai 6. 47 | 46. 557 13. 78 | 63. 00 juin 9. 49 | 53. 352 16. 34 | 68. 765 juillet 9. 95 | 54. 387 17. 52 | 71.42 août 10. 97 | 56. 682 17. 07 | 70. 407 TABLE V. Nombre de fois que le thermomètre, pendant le cours des ‘expériences, a été au point de glace fondante, et plus bas. À zéro. Au-dessous de zéro. 1824. octobre 1 fois 4 fois novembre 3 7 décembre 4. 13 1825. janvier 8 37 février 4 22 mars 4 16 avril 3 232 EXPÉRIENCES SUR L ENGOURDISSEMENT TABLE VI. Minimum ef maximum de chacun des onze mois, aux heures des observations faites deux fois toutes les vingt-quatre heures. Lever du soleil. 2 heures P. M. Re, ne Le herm, en| Therm. d, « Therm. en | Therm. de Minima. ARE 1 FES Maxima. | 3, parties. Fabr, 1824. octobre — 3. 9| 23. 225 |1824. octobre + 13.2] 61. 7 novembre 5. 0| 20.75 novembre 10, Q| 56. 5a5 décembre 5. 5| 19. 625 décembre 10. 0 54. 5 1825. janvier 4. al 20. 75 1825. janvier 5. 6 ft 6 février 6. 5| «7. 575 février 7.15] 48. 895 mars 5. 3] 20. 075 mars 14 8| 65. 3 avril 2.8] 25. y" avril 17. 0] 70. 25 mai + 0. 3| 32. 675 mai 19. 0] 74. 75 juin 3. o| 38. 75 juin 21. 5] 80. 355 juillet 7 31 48. 425 juillet 23. 3| 8%. 425 août 5. 3] 43. 929 août 22.3] 82. 175 On voit que la température moyenne des dix-sept jours (Table IT ) où les quarante-huit Escargots sont sortis de leur engourdissement, en plus ou moins grand nombre à la fois, a été de + 9.86 — 54.185 Fahr. C’est à savoir, de + 6.29 — 46.1520 Fahr. au lever du soleil; et de + 13.42 — 62.195 Fabhr. à 2 heures P. M. La température moyenne des onze mois (Table IV), cours de la durée des expériences, a été de + G.or41o = 47.556 Fabr; c’est-à-dire, de + de 3.860 — 40.685 Fahr. au lever du soleil; et de + 9.967 = 54.425 Fahr., à 2 heures P. M. Les extrèmes de la température de ces onze mois (Table VI) sont tombés le 1er février et le 19 juillet, intervalle de cent soixante-neuf jours : le minimum étant égal à 65 = 17.375 Fahr. et le maximum égal à + 23,3 — 84.425 Fahr.; ce qui comprend un espace de 29.8 degrés de l’échelle du thermo- mètre en 80 parties, —67.05 Fahr. :la température moyenne DE QUELQUES ANIMAUX. 233 des z#inima et maxima, aux époques des observations , est de + 6.6863 — 47.044 Fahr., estimation bien rapprochée de la température moyenne des mois; la température des z274ma étant de — 1.636° — 28.319 Fabr.; et celle des maxima , de —+ 15.009 — 65.770 Fahr. Enfin pendant le laps des onze mois précités, le thermo- mètre fut vingt-quatre fois à zéro, et quatre-vingt-six fois au-dessous ( Table V }. On peut conclure de l'exposé qui vient d’être fait de l'état de la température à Genève, pendant le laps des expériences dont il s’agit, que si la saison froide y fut de quelque durée, l'intensité de la chaleur et du froid, selon le langage de con- vention de nos thermomètres, ne fut pas bien grande, puis- qu’elle est mesurée par un intervalle de 29.8 degrés de l’é- chelle du thermomètre employé, tandis que cette étendue de degrés peut aller, dans une même année, à 45.2 de la même échelle, — 101.7 Fahr. (1). Une aussi grande différence dans la durée léthargique des Escargots que celle des extrêmes (Table T),en suppose une proportionnée dans la température de l'air extérieur, mais dont on peut néanmoins rendre compte, par la différence d'énergie dans le principe de vie des individus; en sorte qu'il ne reste pas moins prouvé, malgré de telles disparités, que le printemps est la saison où la grande pluralité de ces animaux sortent de leur profond assoupissement, pour une (1) En 1802, par exemple, le thermomètre marqua le 13 janvier, au lever du soleil, — 18.2 — — 8.95 Fabr., et le 19 août, à deux heures du soir, 427.0 — + 92.75° Fabr. 23/4 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT fin importante qu’il est aisé de comprendre, celle de la con- servation de l’espèce, suite de laccouplement. Nous voyons, il est vrai, au Sénégal, sous le quatorzième degré et demi à peu près de latitude nord (1), un Limaçon demeurer près de huit mois dans un état de léthargie, malgré une tem- pérature supérieure à celle où le Limaçon des vignes en Europe féconde et prospère : mais indépendamment de ce que l'espèce n’est pas la même, il suffit probablement d’une différence relative dans la température des saisons extrêmes; et c’est ce qu'offre le climat du Sénégal, proportion gardée, aussi bien que celui de l'Europe tempérée. Cette explication me paroît appuyée de la remarque sui- vante que j'ai faite :il arrivoit quelquefois aux Escargots sortis de leur léthargie de rentrer dans leurs coquilles, de s’y blottir, et d'en fermer temporairement l'ouverture avec une mem- brane transparente, qu'ils mettoient très-peu de temps à produire et à tendre : c’est ce que firent entre autres quatre de ces animaux sortis de leur engourdissement d'hiver le 4, le 16, le 21 avril et le 17 mai. Je soupconne que le froid de l'air extérieur et la foiblesse relative des individus sont la principale cause de cette mesure préservative, dictée par l’in- stinct plutôt que par le manque d’une nourriture appropriée à leur état. J’enlevai le 8 janvier 1825, le couvercle à huit coquilles d'Escargots engourdis;ils furent exposés à l’air libre, mais à l'abri de la pluie, sur la tablette d’une fenêtre, ainsi que sept autres Escargots dont la coquille étoit fermée par (1) C’est à neuf lieues environ dans le sud de l’île de Gorée, qu'Adanson fut le témoin du fait que j'ai rapporte. DE QUELQUES ANIMAUX. 235 le couvercle calcaire ordinaire. Aucun des Escargots mis à découvert ne tenta de produire la secrétion d’un nouveau couvercle: ils se bornèrent à celle de la membrane transpa- rente; ce qui n'empêcha pas que l’un d’eux, le 23 avril, et deux autres, le 25 du même mois, ne fussent trouvés vivans. J’ai enlevé le couvercle calcaire à la coquille des sept Es- cargots morts: dans l’état de léthargie, et j'ai trouvé que quelques uns d'eux avoient produit une membrane transpa- rente, étendue plus ou moins près de l’ouverture de la coquille, comme si, je le conjecture, ils fussent sortis peu d'instans de leur engourdissement, pour y rentrer bientôt après, sans avoir tenté de décoller et de pousser au-dehors le couvercle : ils occupaient l’espace compris depuis le haut de la coquille jusqu’à son dernier tour. Les expériences que je vais rapporter, les seules dans leur genre que je connoïsse, me semblent démontrer que les Limaçons peuvent encore mieux résister à la chaleur qu’au froid. . John Hunter exposa un Escargot à une atmosphère dont la température varia de 13 à 10° Fahr., =—8# à 92 du thermomètre en 80 parties (1) : l'animal gela très-prompte- tement (2); mais Hunter remarque qu’en été ( l'expérience (1) On plaçoit les animaux, sur lesquels on expérimentoit, dans un vase cylin- drique de plomb, renfermé dans un vase en bois, où étoit un mélange d’eau froide, de glace, de sel ammoniac ou de sel de mer. L’appareil entier étoit recouvert d’une étoffe de laine. « Experiments on Animals and vegetables, with respect to the « Power of producting Heat. » Phil. Trans. for the year 1775, part. 11, p. 450. (2) Le couvercle calcaire, qui fermoit alors l’ouverture de la coquille, ne per- mettant pas de suivre les phénomènes de l'expérience , on ne jugea probablement 236 EXPÉRIENCES SUR L ENGOURDISSEMENT fut à la température de 17 #£ ), le Limacon auroit mieux résisté à un pareil degré de froid, le principe de vie de ces animaux pendant #hiver étant fort affoibli. Nous placâmes, Delaroche et moi, dans une étuve sèche, deux Bulimes des étangs ( Helix stagnalis Lin. ) (1) à une température qui varia, pendant la durée de l'expérience, de+ 35 à + 37° du thermomètre divisé en 80 parties égales (2); l’un et l’autre furent retirés vivans après un séjour d’une heure et trente et une minutes : ils rampèrent pendant trois quarts d'heures, et rentrérent ensuite complétement dans leurs coquilles ; plongés ensuite dans l’eau, à la température de l'air extérieur, ils parurent revenir tous les deux à leur état naturel. Après un répit d'une heure et dix-sept minutes, les deux mêmes Bulimes furent placés dans l’étuve sèche, dont la tem- pérature s'élevoit alors de + 45 à + 48 degrés — 133 ; 1400 Fabr.; l’un deux en fut retiré mort, après trente-cinq minutes de séjour ; et le second, après une heure et quarante minutes. Ils laissèrent transsuder un liquide au moment de leur entrée dans l’étuve, et retirèrent promptement leur corps dans leur coquille, où ils lyemaintinrent sans donner aucuns signes de vie que de légers mouvemens ondulatoires, du résultat de celle-ci que par l’augmentation du volume de la coquille, au mo- ment où le Limaçon gela. (x) Ils étoient renfermés dans de Etes cages de carton, placées sur une tablette qui occupoit le haut d’un des côtés de l’étuve. « Expériences sur les effets qu’une forte chaleur produit dans l’économie animale, par T. F. Delaroche de Genève, docteur en médecine, Paris 1806, go pages in-4°. , exp. nt et iv, p. 17 et 18. (2) 1104 à 115 + degrés Fahr. DE QUELQUES ANIMAUX. 237 quand on les irritoit avec un stylet : ces mouvemens s’étei- gnirent peu à peu. Ces expériences me semblent montrer que la faculté qu'ont les Limaçons, Escargots et Bulimes de résister à la chaleur ou de produire du froid, est supérieure à celle dont ils jouissent de résister au froid ou de produire de la chaleur. Les co- quilles des Escargots mises entières dans un acide affoibli, s’y dissolvent complétement avec une vive effervescence, sauf leurs périlithes: il est seulement à remarquer que laxe, autour duquel se fait l'enroulement des tours de la coquille, plus épais et plus dur, résiste davantage à l'action dissolvante de lacide. La dissolution du couvercle est plus prompte que celle de la coquille, proportionnellement : la membrane qui en re- couvre la face interne ne tarde pas à s’en détacher, et à sur- nager sur la surface du liquide. On a donné le nom periithe à la pellicule qui recouvre le dehors d’ur grand nombre de coquilles, soit marines, flu- viatiles ou terrestres: ne mettant pas immédiatement à cou- vert un corps vivant, on l’appelle aussi faux épiderme. Le périlithe de la coquille d'Escargot est plus où moins coloré en brun, selon, je crois, que la coquille dont il fait partie est celle d’un individu plus jeune, ou plus vieux : cette teinte, quel qu'en soit le degré de force, résiste à l’action de l'acide, et dépend propablement d’une matière animale glutineuse et lustrée (1). Malgré son extrême ténuité, le tissu du périlithe a (1) M. Lamarck pense que cette membrane « n’offre évidemment aucun vestige « d'organisation. » Nouv. Dict. d'Hist. nat. ,t. vit, p. 581 , Paris 1817. Mém. du Muséum. 1. 16. 31 238 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT de la force; son usure par le frottement contre les corps ex- térieurs donne aux coquilles qui sont vieilles une apparence aride et crayeuse. Le poids de onze d’entre eux a été de 5; grains, où de 0.466 d'un grain pour chacun, l’un dans l’autre (1); ils avoient appartenu à autant de coquilles qui pesoient, sèches et vides, 996.5 grains, où 90.5909 grains chacune, d’après l'estimation moyenne; en sorte que le péri- lithe serûit les cinq millièmes environ du poids de la coquille: une aussi petite quantité de matière étendue sur le contour entier de la coquille ne peut que donner à cette membrane infiniment peu d'épaisseur. L’amovibilité du couvercle calcaire, qui ne tient par aucun muscle au corps du Limaçon, et qu'il fait tomber plus ou moins tôt au printemps, distingue le faux couvercle d'avec le véritable ; les coquillages qui possèdent ce dernier ne s’en débarrassant jamais pendant la durée entière de leur vie. Le faux couvercle calcaire de l’Escargot, légèrement con- vexe au dehors, a une apparence poreuse. Le bord de son contour, taillé en biseau, a plus de largeur dans le haut que dans le bas, sertissure également simple et sûre, qui permet à l'animal de faire tomber ce couvercle au dehors, en le pous- sant ou en le soulevant par dedans; l'animal le double, sur sa face interne et concave, d’une membrane qu’il y colle, et qui en déborde un peu le contour, afin d’être sans doute mieux à l'abri des intempéries de l'air. Ce mécanisme est une (1) Le poids de six autres périlithes desséchés, joint à celui des onze autres ci- dessus, ne s’est élevé en totalité qu’à 6 Z grains, ou à 0.404 d’un grain, pour l'estimation moyenne; mais il est dificile de les recueillir entiers, plusieurs d’entre eux ne faisant pas un tout continu. DE QUELQUES ANIMAUX. 239 preuve, entre tant d’autres, de la prévision qu’on remarque dans les œuvres du Créateur. La membrane du couvercle a quelque consistance, une demi-élasticité; la couleur du succin clair, et l’on y distingue quelquelois plusieurs feuillets, singu- lièrement minces et transparens, qui s’en séparent naturelle- ment. Le poids réuni de quarante-quatre couvercles calcaires, en y comprenant celui de leurs doublures membraneuses, fut de 267.25 grains, ce qui donne pour le poids moyen 6.073386 grains. Quelque peu considérable que soit le poids de cette sécrétion, 1l ne paroit #as qu'il soit dans le pouvoir de l’ani- mal de la renouveller dans la mème saison. Quant au poids de la membrane qui double le couvercle, celui de quarante- huit d’entre elles ayant été de douze grains, chacune d’elles pèse la vingt-quatrième partie de son couvercle. J’ai cherché à connoître le poids moyen de l'Hélicier de M. Lamark (de la racine grecque #AË, circuit), ou de l'habitant de la coquille d'Escargot: j'ai trouvé qu'il avoit du être au début de la léthargie, d’après une estimation fournie par quarante-quatre individus, de 238,103 grains, et de 194,869 grains, à la fin de l’engourdissement, dont le laps moyen a été de deux cent treize jours. Le poids réuni des quarante- quatre coquilles sèches et vides, s’est élevé à 3755,75 grains, ou a 85,36 grains pour une coquille de 2oyenne grandeur. Le repos, l’abstinence, l’insensibilité, la roideur des mus- cles, le ralentissement de la respiration et de la circulation, la perte plus ou moins grande de la chaleur, tels sont les prin- cipaux caractères de la léthargie d’hiver de certains animaux à sang chaud, dont le refroidissement est incontestablement, comme pour les animaux à sang froid, sujets alors à s’en- 240 EXPÉRIENCES SUR L ENGOURDISSEMENT gourdir, la circonstance la plus nécessaire; car quand la sai- son froide vient à finir (1), les animaux léthargiques se réveillent et ne tardent pas à rentrer dans toute la force de leurs fonc- tions ordinaires. S'il est permis de juger, par conjecture, du but de cette torpeur, on sera assez enclin, je crois, à l’attribuer à la priva- tion temporaire, dans l’état de nature(2), de la nourriture la mieux appropriée à l'entretien de la vie active de ces ani- maux; en sorte que des causes finales qui les maitrisent les conduisent irrésisiblement à un profond assoupissement. Un degré de froid peu intense produit sur les animaux à sang chaud sujets à s’engourdir, etquisont pourvus d’une sufli- sante nourriture, une sorte d’excitation qui les tient d’abord plus éveillés qu’à l'ordinaire, mais qui les porte aussi davantage à boire, ou à choisir des alimens rafraichissans et humides, préférablement à ceux qui sont secs (3). Ces symptômes de (r) Le 14 avril 1825, on vit, à une demi-lieue de l’hospice du Grand Saint Bernard, une Marmotte qui étoit déjà sortie de son terrier. La température moyenne du mois, à l’hospice, au lever du soleil, fut de — 3.2 = 24,8 Fahr., et de + 0.9 = 34.025 Fahr. à deux heurgs du soir. Bibl. Univ., cahier de mai 1825. (1) On lit.dans le Mémoire couronné de M. Saissy (p- 54): « John Hunter « regarde comme une €ause d’engourdissement le défaut de nourriture propre « à ces animaux, qui ne croit point dans la saison rigoureuse. Cette idée n’est pas « heureuse, puisqu'il est prouvé qu’ils s’engourdissent à côté des alimens dont ils « sont le plus friands. » Je remarque à cet égard que les pêches et les fruits doux que le Lérot, par exemple , aime de préférence (Nouv. Dict. d'Hist. nat., art. Loir, t& xvu.), ne se conservent as frais pendant l'hiver, non plus que les pois et les haricots verts (ibid), et que j'ignore s’il est bien prouvé que ces animaux fassent provision de porrmes el de poires dans les creux où ils se retirent pendant l'hiver. É (3) Les Lérots dévoroient le lait glacé, et les Marmottes, les carottes, de préfé- rence au pain et à d’autres alimens secs. DE QUELQUES ANIMAUX. 241 fièvre amènent de l’affoiblissement; les excrémens ne sont plus moulés, mais ils deviennent à peu près liquides; et quand ces animaux entrent en léthargie, c’est avec moins de force qu'ils résistent au froid, qui les fait périr alors même qu’il est mo- déré (1). S'ils se réveillent, ils ne tardent pas à recouvrer le degré de chaleur à peu près (2) propre aux animaux de leur classe; mais leurs forces déchues ou consumées, ils n’ont plus en eux, une fois engourdis derechef, les moyens de produire assez de chaleur virtuelle pour résister au froid de Pair ex- térieur qui les tue (3). Nonobstant la différence de volume et de poids absolu entre le Muscardin et la Marmotte, la perte du poids a été proportionnellement la même, à peu de chose près, pendant une léthargie dont la durée a aussi été, dans les deux cas, presque semblable (4); tandis que la perte de poids du Li- maçon des vignes, malgré une léthargie des trois quarts en- viron plus longue, a été d’un dixième moindre (5): en sorte que la perte de poids essuyée par les animaux léthargiques sembleroit être proportionnée à la plénitude de leur organi- sation. (x) C’est ce qui arriva en définitive aux trois Marmottes. (2) La chaleur moyenne des Lérots réveillés fut de + 29,93, et celle des Mar- mottes de + 29,73 = 099,35 e198 £. (8) Je parle des animaux léthargiques à sang chaud, qui ont été constamment tenus à l’air libre, pendant la saison froide, ! (& Le Muscardin perdit le quart de son poids durant soixante-deux jours, dont cinquante-huit furent passés en abstinence et en léthargie continues. La perte moyenne des trois Marmottes > pendant cinquante-sept jours de léthargie, fut sur le pied des "5 de leur poids moyen primitif. (5) Cette perte s’est élévée à 0.132 seulement du poids primitif, pendant un intervalle moyen de léthargie égal à 210,83 jours. 242 EXPÉRIENCES SUR L ENGOURDISSEMENT Le petit nombre de crottes que les montagnards trouvent à l'anus des Marmottes qu’ils vont creuser (1), semble in- diquer que le mouvement péristaltique des intestins de ces animaux, quoique très-ralenti, n’est pas suspendu , et que les excréuions et les sécrétions en général continuent, quoique extrêmement dimnuées. Il n’y a pas, à ma connoissance, ni d’après les informations que j'ai prises, de tanières de Marmottes dans les parties les plus élevées de la chaîne du Jura. Je ne crois pas qu'il y en ait non plus dans les Alpes, plus bas que quelques cen- taines de pieds au-dessus de la limite des arbres. Celle-ci varie si l’on compare entre elles les Alpes de la Suisse sep- tentrionale et celles de la Savoie : l'élévation de 950 toises au-dessus de la mer me sembleroit désigner avec une suf- fisante précision cette limite r20yenne des arbres; et celle de 1000 toises, en nombre rond, la limite inférieure des terriers de Marmottes. Il faut admettre que la limite supé- rieure de ces derniers n’atteint pas la ligne inférieure des neiges permanentes ; en sorte que ce seroit surtout dans une zone de 1300 toises, comprise entre 1000 et 1300 toises au- dessus de la mer inclusivement, que ces animaux sont ap- pelés à vivre. Or, d’après quelques recherches que j'ai faites sur la température moyenne de l'air à l'hospice du Grand Saint-Bernard et à celui du Saint-Gothard , j’oserois fixer, en attendant des renseignemens plus positifs (2), à — 0.6 (1) Hyeme, præsertim sub natalem Domint, in latebris suis pinguissimi effo— diuntur. Conrad. Gesneri, Æist. anim. , Gb. 1 ,p. 843 (F). Tiguri, 1551, in-fol. (2) Il ne seroit pas difficile , ce semble, de placer en automne, dans le fond de l'un de ces terriers habités, deux thermomètres de Six, garantis par un treillis DE QUELQUES ANIMAUX. 243 où à 30 ; Fabr., la température moyenne de la couche d'air avoisinant le sol, à la hauteur z207enne de la zone habitée par les Marmottes. Quant à+la température moyenne de la terre à cette élévation, j'estime qu’elle est égale à + 2.06 — serré, dont l’un indiqueroit le minimum, et l’autre le maximum de la tempé- rature, pendant les huit mois environ que dure la réclusion des Marmottes. M. Prunelle admet que le boyau , qui aboutit au cul-de-sac ou dortoir des Mar- mottes , creusé d’abord perpendiculairement, puis dans une direction qui se rap proche de l’horizontale, a quarante-deux pieds environ de longueur, sur une profondeur de sept pieds au-dessous du niveau du sol ; « tellement que la tempéra- « ture des terriers est toujours à + 6 degrés centigrades. » Ann. du Mus. d'Hist. nat. de Paris, t. 18, année 1811. SK On sera persuadé, dit M. Mangili, que la température doit être à peu près de + 9° (il n’est pas dit de quelle division du thermomètre) dans les tanières où se « retirent les Marmottes. » Annales du Muséum d’'Hist. nat. de Paris, t. 9, p- 112. Année 1807. Joseph-Maurice Coutet me disoit que la profondeur, au-dessous du sol des terriers des Marmottes, surpasse généralement celle de deux pieds, et qu’à la hauteur où ils sont creusés, la terre ne gèle jamais à plus de huit à dix pouces de profondeur. : [ Suivant le rapport que fit à Gesner un habitant du pays des Grisons, le terrier des Marmottes a la forme de la lettre majuscule Y. Des deux branches égales et supérieures de cette lettre, l’une, qui sert de privé, regarde le bas de la montagne dont elle suit la pente; l’autre, par où’elles entrent et sortent exclusivement, est tournée vers le haut de la montagne: celle-ci, creusée perpendiculairement , aboutit, de même que celle-là, au boyau horizontal, dont le cul-de-sac, vers l’intérieur de la montagne, fait la chambre à coucher. La branche d’entrée, et celle du privé, sont tenues l’une et l’autre ouvertes jusqu’à l’entrée du quartier d’hiver des Marmottes, qui bouchent d’abord l’entrée de la branche supérieure ou verticale, et seulement quelques jours plus tard , la branche inférieure, dont la fermeture se fait de manière à laisser par dehors les matières excrémentitielles : arrangement d’où sembleroit résulter que ces animaux n’ont aucun besoin de leur privé pendant la durée entière de leur léthargie, et que depuis leur dernière entrée automnale dans le terrier, il leur faut quelques jours pour se vider le corps, inter- valle pendant lequel il.est très-probable qu’elles jeûnent. Le remplissage de ces 244 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT 4 36.635 Fahr. (1), en sorte que la différence entre la chaleur de la terre et celle de l'air y serait de 2 + degrés ou 5,99 Fabr. Si l’on réfléchit maintenant qu’à l'époque où les Marmottes q “E se retirent dans leurs tamières (2), au nombre ordinairement de sept à neuf (3), elles y apportent le maximum de cha- P ; leur et de force vitale qu’elles aient dans aucun temps PS » qu'elles en bouchent avec de la terre l'entrée, que ces re- traites souterraines sont promptement couvertes d’une épaisse couche de neige; il ne sera pas invraisemblable d'admettre que la température de ces terriers se maintient entre + 2 à ouvertures est si bien battu, qu'il est moins facile de l’entamer que de creuser à côté (Op. cit., p. 842. C). Si le bouchon de remplissage a queiques pieds de lon- gueur, c'est une induction, pour les montagnards, que l'hiver sera long et sévère; et inversément , si le bouchon de remplissage n’a que peu de longueur (ibid., p. 843 E). Ces détails qui se sont transmis avec des altérations, valent peut-être la peine d’être bien entendus. J’ajouterai qu’on ne sauroit douter que le même terrier ne serve plusieurs années de suite à la même famille des Marmottes, à moins que les montagnards n’en fasseut rafle tout d’une fois, ce qui arrive assez souvent. Je vis, en effet, à Altance, dans le canton des Grisons, le 18 sept. 1806, dans un grenier dont les petites fenêtres étoient ouvertes, un grand nombre de jeunes Marmottes éventrées et écorchées , dont on laissoit sécher la chair à l'ombre; les quartiers de l’animal étant tenus écartés par un petit morceau de bois. Ce village, d’après une observation barométrique que j'y fis, est élevé de 725 toises au-dessus de la mer. (1) M. George Walemberg établit d’une maniere assez plausible que la tempé- rature de la terre, à l’hospice du Saint-Gothard , d’apres celle des sources, est de + 3,7° de l’échelle de Calsius, ou centésimale. « De vegetalione et climate in Helvetià septentrionali, etc. Turici Helvetiorum 1513, $ 05. (2) Circa divum Michaelis aut Galis festum (29 sept. et 16 oct.) cum nivibus jam montes teguntur. Gesn. p.842 (C). (3) Solent autem fere quinque, aut septem, aut novem, aut undecim, paulove plures in uno meatu cubare..…. impari plerumque numero. Gesn. , p. 842 et 843 (Get E). DE QUELQUES ANIMAUX. 245 3 degrés 36 : à 38 2: Fahr. Les animaux à sang froid ayant une chaleur constamment supérieure, de quelque chose, à celle du milieu où ils sont appelés à vivre, un animal léthar- gique à sang chaud ne peut que jouir de cette prérogative à un plus haut degré; en sorte qu'on ne pourra guère se dis- penser de croire que la chaleur interne des Marmottes, alors même qu'elles sont le plus profondément engourdies, n’est jamais plus basse que de + 3°; et il y a tout lieu de croire que tirées temporairement du maximum de leur léthargie, leur chaleur interne s’élève en même temps. Je joins ici en substance , comme post-scriptum, deux notes écrites par feu H. A. M. Gosse (1), sur des Marmottes dont cet excellent homme, avant et depuis sa retraite à Mornex, se plaisait surtout à observer les mœurs. P. S. Une Marmotte qui avoit pesé sept livres (2) dans le courant de septembre 1809, n’en pesa plus que cinq le 13 mars 1810, en sortant de sa léthargie : elle avoit vécu de pommes de terre avant de s’engourdir, et avoit essuyé, dans le caveau où elle étoit enfermée, un froid de 60 au 0, (4) Quoique je n’aie point fait une mention bien particulière des écrits, sur le sujet qui m'a occupé, de MM. Prunelle, Saissy, Mangili, Carlisle, etc., assez récens, au reste, pour n'être ignorés d’aucun naturaliste, je n’en rends pas moins toute justice à leur sagacité, et à l'étendue de leur travaux. J’ai moins eu pour but de rassembler les matériaux d’autrui, sur un sujet déjà bien exploré par les natu- ralistes, que de mettre au jour des faits ou nouveaux , ou qui tendent à en confirmer d’autres déjà connus. Il arrive rarement ensuite que des personnes, dont c’est la vocation honorable, ne se chargent tôt ou tard de mettre en ordre ces matériaux épars, pour les présenter au public sous la forme la plus propre à conserver la mémoire des faits le mieux avérés, et les plus intéressans. (5) Poids de dix-huit onces, marc, en usage à Genève. Mém. du Muséum. t. 16. 32 246 EXPÉRIENCES SUR L'ENGOURDISSEMENT, ETC. moins plus bas que zéro, 18.5 Fahr. : à côté d’elle étoit un tonneau plein de nitre en partie dissous, dont l’un des cer- cles se rompit par la congélation de l’eau, Cette Marmotte avait donc perdu, dans l'intervalle des pesées, les deux septièmes de son poids automnal, ou 0.28. La plus basse température à l'air libre fat de — 13.7 = + 1.175 Fabr.; et la plus élevée, de + 15.5 — 66.875 Fabr., le 13 mars, le jour même où elle sortit de léthargie. Deux jeunes Marmottes, mâle et femelle, s’engourdirent à Morsex dans le courant de décembre 1812, quoiqu’elles fussent pourvues de lait et de pain : sans s'être préalable- ment vidées des excrémens qu’elles pouvoient avoir dans le corps, elles se mirent en boule dans du foin, y demeurant en léthargie jusqu’au 4 ou 5 mars de l’année suivante, époque à laquelle elles furent tirées de leur assoupissement par une lapine enfermée avec elles dans le mème souterrain, qui leur ôta le foin sur lequel elles reposoient : éveillées, elles mangèrent avec avidité une assiette pleine de pain et de lait; puis elles se rendormirent le g mars, n'ayant eu que des pommes de terre et du son à manger, qu’elles dédaignèrent. La Marmotte femelle, que la lapine avoit blessée au museau, périt dans sa léthargie subséquente, dont le mäle ne sortit que dans le courant du mois de mai. La température la plus basse à Pair libre fut de — 100 — 9.5 Fabr., le 4 février 1813; la plus élevée jusqu’au 4 ou 5 mars de + 12.8 — 63.3 Fahr., le 23 février; mais ele monta dès lors à 17.7—71.825 Fahr., le 21 avril; et à 5 19-2—99.29, 1 rime Genève, 18 2 28. RAPPORT FAIT A L’'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES PAR M. DUMÉRIL, SUR UN MÉMOIRE D'ANATOMIE COMPARÉE RELATIF AUX CANAUX PÉRITONÉAUX, DANS LA TORTUE ET LE CROCODILE, PAR MM. ISIDORE GEOFFROY-S.-HILAIRE ET J. MARTIN. L'Acanémre a chargé M. le baron Portal et moi de lui rendre. compte d'un Mémoire de MM. Martin et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, portant le titre de Recherches anatomiques sur deux canaux qui mettent la cavité du péritoine en communication avec les corps caverneux chez la Tortue femeile, et sur leurs analogues chez le Crocodile ; et re- marques sur la structure et la disposition du cloaque, du clitoris et des corps caverneux chez la Tortue. Dans l’état actuel des connoïssances acquises sur l’anatomie et sur la physiologie, aucune classe d’animaux n'offre plus d'intérêt , dans son étude, que celle des reptiles; car chez ces êtres, de formes si souvent bizarres, toutes les fonctions sont remplies par des organes analogues à ceux de l’homme, mais 48 RAPPORT ces instrumens de la vie ont dû nécessairement être modi- fiés, soit d’une manière constante, soit seulement à quelque époque de l'existence de ces animaux qui, sans cesser d’être les mêmes individus, ont cependant éprouvé dans leur struc- ture intérieure des changemens encore plus surprenans que ceux qu'indiquent, en apparence, leurs transformations. Les auteurs du Mémoire que nous devons faire connoître se montrent parfaitement instruits de tous les faits importans que la science possède, et en particulier sur l’organisation de cet ordre de reptiles, qui comprend les Tortues, et que l’on désigne , depuis les travaux de M. Brongniart, sous le nom de Chéloniens. Les Tortues, en effet, d’une structure insolite, ont des formes admirablement appropriées aux circonstances particulières de leur mode d'existence, et leurs fonctions ont été modifiées évidemment comme leur genre de vie. C’est en faisant des recherches anatomiques sur une grande espèce de Tortue terrestre que ces messieurs ont découvert un fait nouveau, qui, par son anomalie, jettera peut-être par la suite quelques nouvelles lamières sur un point de physio- logie qui est encore fort obscur. La Tortue que MM. Martin et Isidore Geoffroy Saint- Hilaire ont disséquée est une des plus grandes espèces con- nues du genre. C’étoit une femelle qui se trouvoit précisé- ment très-voisine de celle sur le mäle de laquelle Perrault a fait des recherches importantes. Ce beau travail de Perrault fait partie du recueil que l'on désigne sous le titre de Téze des Mémoires de l'Académie royale des Sciences, de- puis 1666 jusqu'à 1699. Nous avons trouvé dans vos archives les planches in-folio originales, avec des annotations écrites SUR UN MÉMOIRE D'ANATOMIE COMPAKÉE. 249 de la main de Duverney. Nous avons eu occasion aussi de consulter la description particulière et les dessins que ce der- nier académicien a faits de l’anatomie, et surtout les organes de la circulation dans une espèce de Tortue d’eau classée dans le genre Emyde. Enfin nous avons consulté tout ce qui a été écrit sur ce sujet, depuis Marc-Aurèle Péverino, Fabri, Blacs, jusqu’a Bojanus en 1827, et nous n’avons trouvé dans aucun de ces auteurs la moindre indication du fait que nous allons indiquer, et que ces messieurs ont exposé avec les plus grands détails dans leur Mémoire, en y joignant deux planches qui le font connoiître complétement. Quoique le travail dont nous sommes chargés de rendre compte à l’Académie, soit développé avec méthode, il à exigé beaucoup de détails anatomiques, dans lesquels il seroit impossible de suivre les auteurs sans copier leurs descrip- tions. Nous nous bornons donc à en faire connoître les ré- sultats principaux. On sait que chez les Raïes et les Lamproïes, et chez la plupart des poissons dits Chondroptérygiens à branchies fixes, la cavité du péritoine communique à l’extériéur par deux larges entonnoirs ou ouvertures qui, après avoir longé la paroi inférieure du rectum, viennent aboutir dans le cloaque. Cette communication directe de l’intérieur d’une membrane séreuse avec une autre membrane, dite muqueuse, étoit, jusqu’à ces derniers temps, un cas à peu près insolite, quoi- que depuis on ait reconnu quelque analogie entre ce fait et celui de la relation et de la continuité qui existent chez les femelles pour les trompes utérines, dont la cavité établit 250 RAPPORT ainsi une liaison directe entre la membrane muqueuse utéro- vaginale et la membrane séreuse du pérititoine. MM. Martin et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire ont reconnu cette communication directe entre le cloaque et la cavité du péritoine chez le Crocodile; mais dans la Tortue, les canaux péritonéaux offrent une toute autre disposition jusqu'ici tout- à-fait ignorée, et qu'ils ont décrite d’après leurs recherches sur une Tortue femelle. Voici le résumé que les auteurs du Mémoire donnent eux- mêmes de leurs recherches à cet égard. « « (a « « « « Il existe chez les Tortues femelles deux canaux parti- culiers qui commencent dans la cavité du péritoine, et vont s'ouvrir dans les corps caverneux, à quelques lignes de la base du gland : ce sont les canaux péritonéaux. » « Ces canaux ne présentent de valvules ni à leurs orifices, ni dans aucune partie de leur étendue. » « La matière de l'injection les traverse avec une égale facilité, soit d’avant en arrière, soit d’arrière en avant. » « Elle passe aussi très-librement des canaux péritonéaux dans les corps caverneux, et des corps caverneux dans les canaux péritonéaux , et des uns et des autres jusque dans le tissu érectile du clitoris. » « Lie sommet du gland est percé de deux petits trous, par lesquels l'injection passe assez facilement, et il contient deux petits canaux qui pourroient bien être des branches de terminaison des canaux péritonéaux. » « Le péritoine est, chez les Tortues femelles, perforé, et il se continue avec une membrane d’un autre ordre : il « «C SUR UN RAPPORT D ANATOMIE COMPARÉE. 251 manque ainsi de l’un des caractères les plus remarquables et les plus constans des membranes séreuses. » € La disposition anatomique de ces canaux prouve qu'ils ne sont pas destinés à recevoir le sang des corps caver- neux. » C’est au contraire un résultat nécessaire de leur disposi- tion, que tout liquide qui se formeroit dans la cavité du péritoine , ou y parviendroit par une voie quelconque, s'é- couleroïit aussitôt par ces canaux; par conséquent il ne peut y avoir d’hydropisie ascite chez les Tortues tant que les canaux péritonéaux ne sont pas oblitérés. » « De plus, d’après cette mème disposition, le liquide probablement séreux que transmettent ces canaux doit être porté, en grande partie, dans les corps caverneux, d’où il semble qu’il puisse refluer dans les veines (1). » (1) Ces propositions , extraites du Mémoire , contiennent les principaux résul- tats des recherches de MM. Geoffroy et Martin sur la disposition des canaux péritonéaux chez la Tortue. Voici le résumé de la partie de leur travail qui traite de leurs modifications chez le Crocodile, et de leur détermination générale. « CE « « « « Il existe chez le Crocodile des canaux péritonéaux fort analogues à ceux de la Tortue par leur position. « Il y a cependant chez le Crocodile cette différence tres-remarquable, qu’ils s'ouvrent directement dans le cloaque, et non pas dans les corps caverneux ou le tissu érectile du clitoris. « Les fonctions des canaux péritonéaux sont faciles à déterminer chez le Croco- dile : c’est un résultat nécessaire de leur disposition anatomique, que tout le liquide contenu dans la cavité du péritoine s’écoule aussitôt par leur intermé- diaire dans le cloaque. « Les canaux péritonéaux des reptiles paroïssent analogues aux conduits vagino- utérins des femelles de plusieurs raminans et de la Truie, décrits récemment par M. Gærtner. 2592 RAPPORT SUR UN MÉMOIRE D'ANATOMIE COMPARÉE. Tels sont les principaux résultats du Mémoire sur l’ana- tomie de la Tortue, dont vos commissaires ont pu vérifier quelques uns des détails qui leur ont paru fort exacts. Ces recherches anatomiques offrent un fait nouveau, important pour la physiologie. Nous croyons en conséquence devoir proposer à l’Académie d’adopter ce travail, pour le faire insérer parmi ceux des Savans Etrangers. Le 17 mars 1828. Signé, le baron Porrac. C. Dumérir, Rapporteur. « Cependant leurs fonctions sont différentes, et il est difficile de concevoir que leur structure puisse être semblable. « Les canaux péritonéaux sont analogues à deux conduits particuliers décrits « par M. Cuvier chez les Raies, et qui s’ouvrent à l’extérieur près de l'anus. « Les fonctions des canaux péritonéaux sont principalement relatives au péri- « toine; mais elles peuvent aussi secondairement être en rapport avec les fonctions « génératrices. « Enfin les canaux péritonéaux, comme les uretères, les canaux déférens , les « oviductes, et en général tous les canaux qui se portent des parties latérales de la « cavité de l’abdomen vers les ouvertures postérieures du corps, présentent à leur terminaison un grand nombre de variations importantes, quand, tout au con- traire , ils offrent presque constamment la même disposition à leur origine. » me MÉMOIRE SUR L'HORDÉINE, LE GLUTEN, Æt sur la difficulté d'isoler, par les Procédés en grand, les différens principes dont se compose une farine , PAR M. RASPAIL. (Lu à l'Académie des Sciences, séance du 3 juillet 1826. ) Duxs un travail inséré dans les Ænnales de Chimie et de Physique, tom. 5, M. Proust signala en France, sous le nom d'Hordéine, une substance qu’il avoit rencontrée dans la farine d'orge, et qu’il avoit déjà désignée en Espagne sous le nom de Cepadina, de cevada, orge en espagnol. «€ Quand on lave une pâte de cette farine , dit ce chimiste, « comme s'il s’agissoit d’en tirer de la glutine (1), cette « dernière ne s’y trouve point; mais les doigts rencontrent à «sa place je ne sais quoi de rude, de sableux, qui n’est « autre chose, en effet, que le produit dont nous venons de a ————————— (1) C’est le Gluten auquel, selon l'usage moderne, M. Proust a donné une terminaison en ine. Mém. du Muséum. t. 16. 33 254 MÉMOIRE « parler... L'analyse ne montre rien qui la distingue de tous « les tissus ligneux dont l’azote ne fait pas ou presque pas « partie. À la distillation, par exemple, le vinaigre, l'huile « et les gaz qui en retiennent une partie, mais aucune trace « d’ammoniaque. L’acide nitrique la dissout : il en forme de « l'acide oxalique, du vinaigre; après quoi paroît un soupçon « de ce jaune amer, qui rappelle toujours un peu d’azote » ( page 342). Le procédé dont s'est servi M. Proust pour isoler cette substance, consiste simplement à faire bouillir l’'arzidon et l'Hordéine qui se sont déposés simultanément dans le fond ‘du vase pendant la malaxation. L’ébullition rend l’amidon soluble, l'Hordéine se“précipite; et l’on obtient l'Hordéine pure au moyen de quelques lavages. M. Thénard (1), qui a placé l'Hordéine parmi les subs- tances peu étudiées ou dont l'existence est douteuse, an- nonçoit que l’Hordéine étoit probablement la même substance que celle que l’on obtient en faisant réagir la levure de bière sur le sucre, et qu’il avoit déjà présentée comme particulière dans son Mémoire sur la fermentation (2). Dans ce Mémoire, l’auteur caractérisoit cette substance de de la manière suivante : Blanche, insoluble dans l’eau, sans action sur le sucre, ne donnant point d’ammoniaque par la distillation, et laissant un charbon qu brûle presque sans résidu, présentant enfin des caractères qui la distin- guent de toutes les autres (p. 317). I ajoutoit : La levure (1) Traité de Chimie élémentaire, t. 1v, p. 230, édit. de 1824. (2) Ann. de Chim. , t. 46, p. 294. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 255 qui se dépose du sucre en fermentation est rarement pure; la plupart du temps elle contient plus ou moins de cette substance blanche, qui quelquefois est st abondante, que le dépôt en est presque entièrement, formé. C'est le mélange de ces deux matières qui constitue, en grande partie, les lies des différens vins (ibid. ). On voit que la seule différence remarquable qu'offrent les descriptions des deux auteurs existe dans la couleur, qui est très-blanche dans l’une et jaunâtre dans l’autre. Or, qui ne sait point que la couleur jaunâtre provient, très-souvent, du mélange de quelques matières dont il est physiquement im- possible de séparer entièrement les substances végétales inso- lubles? Ainsi nous n’hésitions pas, en comparant ces passages, à reconnoitre l'identité des deux substances. Notre premier soin fut d'obtenir l'Hordéine , en suivant exactement le procédé de M. Proust, et de l’observer au mi- croscope pour en découvrir la nature et les analogies. Au pre- mier coup d'œil, et avant de faire usage de cet instrument, il nous fut facile de nous convaincre que l'Hordéine, ainsi obtenue, différoit essentiellement des tégumens de la fécule; son aspect, jaunâtre, grenu comme la sciure de bois très- divisée, ne nous paroissoit avoir aucun rapport de ressem- blance ni avec la substance blanche obtenue par M. Thénard de la levure de bière, ni avec les tégumens isolés de la fécule. Examinée au microscope, elle nous offrit une foule de frag- mens de tissu cellulaire, les uns blancs et vides de substances colorantes, les autres jaunâtres, et dont les cellules nous sem- bloient être pleines de cette résine qui abonde dans les cel- lules du ligneux; d’autres enfin opaques sur le centre, et dont 256 MÉMOIRE on ne pouvoit entrevoir les cellules que sur les bords, le tout mêlé à une quantité appréciable de tégumens de fécule. L'Hordéine, substance indiquée comme nouvelle par l’au- teur, et comme immédiate par sa terminaison, ne pouvoit donc raisonnablement nous sembler qu’un mélange.de sub- stances composées déjà bien connues, et dont il ne s’agissoit plus que de trouver la position dans la semence avant que la meule les eût toutes confondues entre elles. Nous ferons observer que dans la farine d’orge, il est aisé de reconnoître au microscope tous les élémens de l'Hordéine, une fois qu'on l’a étudiée, obtenue séparément; on y dis= tingue très-clairement tous les fragmens de tissu cellulaire épars à travers des grains de fécule entiers, à travers des tégumens de la fécule déchirés par la meule; et à travers du Gluten, dont nous ferons bientôt connoïtre la nature. Nous ajouterons qu'il est même facile de distinguer tous ces débris à l’œil nu. Le seul moyen de mettre de l’ordre dans une analÿse aussi compliquée au premier abord, c’est de décrire les tissus de chaque espèce d’organes que renferme la graine à sa matu- rité; et il est évident que, dès lors, ils auront beau être broyés et se confondre, nous pourrons sans peine les recon- noître et les démèéler. La graine des céréales se compose ; à la maturité, d’un pé- ricarpe et d’un périsperme qui existoient déjà avant la fécon- dation, et ensuite d’un embryon qui s’est formé depuis la fécondation, et qui, à l’époque de la maturité, est assez compliqué pour représenter déjà un chaume complet, mais en miniature. JU 1 w e SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. Péricarpe (fig. 2, e). Avant la fécondation, cet organe (1) se composoit de deux couches distinctes, mais inséparables, l’extérieure, épaisse, blanche, se colorant par l’iode, et l’intérieure, très-mince, verte, qui semble ne tapisser que les parois de la blanche. Après la fécondation, et à mesure que la fécule abandonne la couche externe, la couche verte commence à pouvoir se séparer mécaniquemént de la première, dont il lui reste pourtant toujours quelques vestiges. Toutes les deux, disten- dues par le développement du périsperme, s’alongent, et l’externe s’amincit à un tel point, qu’à une époque voisine de la maturité, elle ne ressemble plus qu’à un simple épiderme de la couche verte. Cette dernière, de verte qu’elle étoit, devient rougetre et cassante. La couleur rougeâtre, ses cellules la doivent à la résine desséchée qu’elles recèlent, et elles la communiquent par réfraction à la couche externe qui, prise isolément, est entièrement diaphane à cause de la va- cuité de ses cellules. Le raisonnement devoit faire présumer que les cellules des deux tissus du péricarpe, distendues par le périsperme, n’au- roient pas conservé la forme, plus ou moins irrégulièrement polyèdre, qu’affectent en général les cellules du centre des tissus végétaux. Car cette forme polyèdre vient évidemment (1) Voy. notre Mémoire sur le développement de la fécule, sept. et déc., Ann. des Sciences natur. , 1825, dans lequel nous avons donné les figures destinées à l'intelligence de ces détails tout nouveaux pour la science. P » 258 MÉMOIRE d’une compression exercée sur tous les points d’une cellule par les cellules voisines. S'il arrive donc qu'une couche de cellules ne supporte plus cette compression que sur un côté de sa surface, les cellules devront s’aplatir et s’alonger, ou s'élargir selon le sens de la tension: l'observation confirme cette donnée du raisonnement. Pour observer au microscope la couche externe, on peut la prendre indifféremment sur tous les points de la surface de la graine; et pour l’obtenir en plus larges fragmens , on peut laisser macérer la graine dans l’eau pendant quelques heures, ou du moins il faut avoir soin de l’humecter sur le porte- objet. Ses cellules s'offrent alors sous une forme alongée et aplatie, diaphane, ne renfermant point de granules, variant en longueur autour de +- de millimètre, en en largeur autour de + à (fig. 4, b). Cette couche n’est point simple, ainsi que l’indiquent évidemment et les intersections des angles des cellules longitudinalement superposées, et l’épaisseur elle-même du tissu. L'eau et l'alcool ne modifient aucune- ment le pouvoir réfringent de ces cellules, et par conséquent n’indiquent pas, d’une manière sensible, qu’elles renferment une substance qui soit soluble dans l’une ou dans l’autre de ces menstrues. Si on prenoit la couche externe sur le sommet de la graine, on verrait les lambeaux terminés par des poils coniques et aigus (fig. 2, c). La couche interne du péricarpe, primitivement verte, et à la maturité jaunâtre ou rougeâtre, se montre sous deux aspects différens, selon les modes de pression qu'elle a subis. Sur la face de l'embryon, elle se sépare très-facilement à l’état sec, et de la couche légère du périsperme qui recouvre SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 25g l'embryon, et de la couche externe du péricarpe, dont elle est elle-même recouverte. Là ses cellules ( fig. 5, à) affectent la forme carrée, et sont rangées par bandes accollées les unes contre les autres dans le sens horizontal. Elles ont environ > de millimètre, et elles sont remplies d’une substance rou- geâtre, dont l'alcool dépouille évidemment, à froid, celles que le tranchant d’un instrument a attaquées. Sur le reste de la surface de la graine, cette couche du péricarpe se détache d’une manière moins nette du périsperme; cependant, par une coupe transversale, on peut l'obtenir le plus souvent isolée, en rubans assez longs. Dans cet état, l'alcool la dé- dépouille évidemment de sa couleur jaunâtre, la rend plus flexible, et l’on peut voir les couches, coupées par l'instru- ment tranchant, acquérir. leur diaphanéité, et se dépouiller entièrement de la substance qui les rendoit rigides et opa- ques, et que l’eau n’attaquoit nullement; elles renferment donc de la résine. Nous ferons observer à cette occasion qu'il est bien difficile de dépouiller toutes les cellules d’un tissu végétal de la résine qui les distend et les colore, surtout lorsque la dessiccation du tissu a fait perdre aux parois des cellules cette élasticité qui permettoit à leurs pores de prêter un passage facile aux dissolvans, c’est-à-dire, à l'alcool et à l’éther. Les couches extérieures des cellules protégent les intérieures contre l’ac- on des liquides; et même avec le secours de ébullition, il est presque impossible de les dépouiller en entier. Chacun sait qu’on ne peut se En de ramener la sciure de boiïs à un tel état de pureté, qu’on puisse regarder cette substance comme 260 MÉMOIRE du ligneux sans mélange, même après une ébullition pro- longée dans l’alcool et dans l’eau. Nous revenons à notre couche interne du péricarpe : l'al- cool la décolore assez rapidement pour faire concevoir que si la résine indiquée par les analyses, dans la farine, n’appar- tient pas exclusivement à cet organe, elle lui appartient du moins en grande partie, et contribue à rendre le péricarpe imperméable à l’eau (1). Les cellules de cette couche interne, prises sur un tout autre point de la graine que sur l’em- bryon (fig. 4, a), s'offrent dans un sens tout-à-fait opposé à la couche externe et blanche que nous avons précédemment décrite. Ces cellules, au lieu d’avoir pris leur développement dans le sens longitudinal, l'ont pris dans le sens transversal de la graine, et elles coupent ainsi à angles droits les cellules de la couche blanche(@); en sorte qu’elles ont = de millimètre dans le sens transversal, et = à dans le sens longitudinal ; ce qui est le contraire de ce qu’on remarque dans la couche blanche. Notre couche interne et rougeàtre n’est pas plus simple que cette dernière, ainsi qu'on peut en juger à son épaisseur. On peut quelquefois détacher, agglutinées ensemble, la couche de cellules la plus interne de la couche blanche du péricarpe, (1) Dans notre Mémoire sur le développement de la fécule , nous avions fait entrevoir que la graine des gramens pourroit bien devoir sa grande imperméa— bilité à la présence des tégumens de la fécule qui se trouvoit dans le péricarpe avant la fécondation; la présence constante de la résine dans la couche interne explique encore et la cause de son imperméabilité, et son analogie avec l’écorce des arbres. SU L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 261 et la couche la plus externe de la couche rougeâtre, de ma- nière à bien observer l’entrecroisement réciproque de leurs cellules, et obtenir ainsi les formes dessinées (Hg. 4etb). Nous terminerons enfin, en faisant remarquer qu'aucune espèce d’organe qui puisse ressembler aux pores corticaux ne s'observe sur la face du péricarpe ; mais que sur la surface externe on trouve l’épiderme dont les cellules sont alongées et aiguës aux deux bouts (fig. 3). Une fois le péricarpe bien connu dans toute son étendue, il est naturel de passer au périsperme. Périsperme des Céréales (fig. 2, d). Dans notre Mémoire déjà cité, nous avions annoncé, par une éxpérience bien facile, que le Gluten se trouvoit tout formé dans le périsperme, et que l'embryon n’entroit pas exclusivement dans sa formation. Nous promimes en même temps de nous expliquer plus tard sur sa nature, et l'étude que nous entreprenons aujourd’hui nous fournit une occasion bien favorable pour tenir notre promesse. | Le Gluten ayant pour caractère essentiel d’être insoluble dans les différens menstrues, tels que l’eau, l’éther et l'alcool, d'être élastique dans l'eau, et susceptible de s'alonger en fila- mens assez longs, il est évident qu’on doit le trouver dans la graine avec les mêmes caractères qu'il offre après la mani- pulation. Or on a beau chercher une pareille substance soit dans le péricarpe, soit dans le tissu de l'embryon, on n’en ren- contre pas la moindre trace. Il en est autrement du périsperme; on n’a qu’à couper une Mém. du Muséum. 1. 16. 34 262 MÉMOIRE tranche de son tissu, et l’humecter d’une goutte d’eau, on pourra, à l’aide de deux petites pointes, obtenir des filamens longs, élastiques, revenant sur eux-mêmes dès qu'on Îles abandonne, et s’agglutinant les ans aux autres sous les yeux de l'observateur, dans l'espèce de malaxation microscopique qu’il leur fait subir. Cette substance, qui s'offre sur toute l'étendue du périsperme, répand sur le porte-objet, en se déchirant, une foule de grains de fécule, et en retient un assez grand nombre dans son tissu. En employant pour l’hu- mecter de l’alcool au lieu d’eau, la tranche de périsperme qu’on examine, ne se ramollit pas sensiblement, elle n’est pas élastique, elle casse sous la pression de l'instrument. L'alcool semble pourtant enlever à ces fragmens isolés de périsperme qu’on observe une quantité à peine appréciable de leur sub- stance; mais comme l’eau amollit le Gluten entièrement, et dissout tout ce qu'il renferme de soluble, sans l'apparence de la moindre gouttelette huileuse ou résinoïde, ilest évident que cette foible quantité, dont s'empare l’alcool, ne sauroit être ni huile, ni résine, mais seulement une certaine quantité de sucre, dont l'existence dans la farine est démontrée depuis long-temps. On remarque, quand on coupe un certain nombre de grains de céréales de la même espèce, que le périsperme des uns est entièrement farineux et blanc comme la neige, et que le périsperme des autres, au contraire, est, ou en entier, ou sur une partie de sa surface, rougeâtre par petites taches qui, à une assez faible lentille même, paroissent emprison- nées dans un hexagone pulvérulent. Mais cette couleur rou- geàtre se perd par le broiement, ou simplement en coupant la graine par rondelles assez épaisses, et l'eau ramollit ces SUR L'HORDÉINE ÆTILE GLUTEN. 263 portions rougeâtres aussi facilement que les blanches, sans pourtant se colorer en rouge. Comme le principal objet de ce Mémoire est la détermi- uation des substances insolubles dont se compose l’Hordéine, nous renverrons à un Mémoire prochain les détails plus étendus relatifs aux substances solubles des graines des céréales; et nous nous contenterons de chercher à établir dans celui-ci que la résine ne se trouve aucunement dans le périsperme, et que cet organe, en fait de substances inso- lubles dans les divers menstrues que nons avons énumérés plus haut, ne se compose que de Gluten et de fécule. Nous avons fait assez connoître l’organisation de la fécule dans nos précédens Mémoires, pour qu’il ne soit pas néces- sairere d'y venir ici. : - Mais le Gluten, cette substance que l’on rapproche des substances animales, quelle est sa nature? Est-ce une sub- stance inerte ou organisée, un tissu où un principe? Nous ne dissimulerons pas que cette expression de sub- stance végéto-arumale dont on se sert pour caractériser le Gluten, nous a long-temps donné le change, et qu’elle pourra peut-être, dans l'esprit de bien des lecteurs, faire naître des objections contre la démonstration que nous allons ex- poser de sa nature; or c’est dans le but de les prévenir, que nous allons dépeindre en détail les circonstances qui ont ou retardé ou préparé le résultat auquel nous sommes parvenus. Une fois le siége du Gluten bien déterminé dans la graine, il devoit sembler facile d’en étudier les propriétés et la na- ture. Mais la propriété principale qui le caractérise, son élas- 264 MÉMOIRE ticité, est aussi, pour l’observer, une source intarissable d il- lusions et d'obstacles. Le moindre effort de l'instrument, le moindre mouvement du liquide confond toutes les formes qui s'étoient d’abord offertes à l'œil; et le GZuren, qui est parfaite- ment reconnoissable à l’œil nu, ou armé d’une simple loupe, devient indéfinissable à un grossissement propre à observer les tissus. Ce sont des filamens élastiques, s’alongeant, se ré- tractant absolument comme la substance élastique des pollens d'Orchis, et retenant, ainsi que ces derniers, des globules cristallins sur toute leur longueur; globules qui sont dans l'Orchis un pollen composé, et dans le Gluten des vésicules de fécule qui ne sont pas moins composées, ainsi que nous le démontrerons plus tard (r). Nous devons avertir que, pour observer l’organisation du Gluten, nous enlevions, à l’aide d’un scalpel, une couche très- légère de périsperme dans le sens transversal de la graine; et c’est là le mode d'observation qui se seroit, sans doute, opposé à jamais à un résultat satisfaisant. Ce fut en changeant de procédé, et en prenant les tranches de périsperme dans le sens longitudinal de la graine, surtout de la graine d’orge, que l’observation réitérée leva tous nos doutes, eu confirma, d’une manière évidente, nos premiers soupçons. Enlever plusieurs tranches assez minces pour ne pas les dépouiller de leur transparence, les placer délicate- ment sur le porte-objet, et verser sur.elles une goutte d’eau, c’est là toute la manipulation microscopique nécessaire à de À (r) Ce travail, qui faisoit suite à celui-ci, en a précédé la publication dans le tome 3 des Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Paris , 1827. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 265 telles observations. On peut facilement, par ce moyen, se convaincre qu'on n’a sous les yeux qu’un tissu cellulaire rempli de fécule, dont les cellules s’isolent assez facilement les unes des autres. Ces cellules ( fig. 8), en général, ont ; en longueur, et -- en largeur, et c’est pour cette raison, qu’en coupant des tranches transversales, il est impossible d’en saisir l’organisation; car au lieu de cellules, on n’a sous les yeux que des ouvertures, c’est-à-dire des mailles que l’élasti- cité et la glutinosité de leurs parois rendent plus ou moins in- formes, et enfin assez semblables à des filamens entrecroisés. S'il arrive quelquefois qu'on rencontre, de cette manière, la sommité d’une cellule, que l’instrument aura enlevée sans l'endommager, sa grande transparence, ainsi que les ombres des grains de fécule laisseront toujours des doutes sur la nature de la membrane que l’on observe. Ces doutes n’exis- tent pas dans une coupe longitudinale un peu étendue, parce que les cellules se dessinent, en se superposant, comme se dessine le tissu cellulaire du péricarpe. En un mot, comme ces cellules sont trois fois plus longues que larges, on est presque toujours sûr d'obtenir un tissu cellulaire en coupant le périsperme en long, et des mailles peu distinctes seule- ment en le coupant en large. Pour se convaincre ensuite que ce tissu membraneux, lon- gitudinalement coupé, est le Gluten lui-même, on n’aura besoin que de le tirailler en deux sens opposés avec deux pointes, et on le verra sous ses yeux, d'abord se déchirer, puis s'organiser en filamens élastiques, qui s’attacheront par une de leurs scissures au porte-objet, et formeront, en ce point, l'extrémité du filament, et, par une autre de leurs scis- 266 MÉMOIRE sures, à la pointe de l'instrument qui se trouvera agglutiné ainsi à l'extrémité opposée. Je pense que les détails que je viens de donner sur la ma- laxation microscopique du Gluten m’auront fait devancer, par mes lecteurs, sur la théorie des phénomènes qui se pré- sentent dans la malaxation en grand de cette substance. On sait qu’en rafraichissant les bords d’un tissu de gomme élas- tique, on parvient toujours à les réunir d’une manière, pour ainsi dire, inséparable, et que c’est même à cette propriété qu’on doit l'avantage de posséder des tubes flexibles dans les laboratoires. Or, il est facile de s'assurer, au microscope, que ce qui se passe en grand dans le tissu du caoutchouc, se passe en petit dans les cellules glutineuses. Lorsque vous distendez ces cellules, elles se déchirent, les bords des lambeaux se rapprochent par l'effet de la ten- sion en longueur, et se soudent entre eux jusqu'à former des tubes, et si l’on veut des filamens ou des vaisseaux. Plus vous multiplierez les scissures, et plus vous mettrez à nu les points de contact; et pour les souder ensemble d’une manière durable, il ne faudra plus que les rapprocher en déterminant une forte compression. Ces deux dernières circonstances sont même tellement né- cessaires à la malaxation, que si vous prenez isolément deux Glutens malaxés séparément, etque vous les rapprochiez l’un de l'autre avec assez de force, mais sans les déchirer, vous ne parviendrez pas à confondre leur double tissu; mais si vous pratiquez dans l’un et dans l’autre des scissures, et qu’ensuite vous les rapprochiezen les pressant, vous les réunirez jusqu’à les confondre, et à ne plus pouvoir les distinguer. SUR L' HORDÉINE ET LE GLUTEN. 267 C’est là précisément encore ce qu’on observe au micros- cope : si vous placez sur le porte-objet une solution de farine de froment, vous voyez rouler sous vos yeux, avec tous leurs caractères , des parcelles transparentes de Gluten, où plutôt des fragmens de cellules glutineuses; elles se rencontrent et se touchent mille fois par leurs surfaces sans s’accoler: que si elles viennent à se rencontrer par leurs bords, il se fait aussitôt une petite association de deux ou de trois fragmens cellu- laires qui roulent de compagnie dans l’espèce de torrent que l'observateur voit passer sous ses yeux; mais comme cette agglutination n’est, pour ainsi dire, que superficielle, et que la compression n’a point augmenté la pénétration, il arrive très-souvent qu’une vague un peu forte suffit pour désunir de si foibles liens, tandis que d’autres fragmens résistent et ne se séparent pas. ; L’unique but de la malaxation en grand, par laquelle on cherche à séparer le Gluten des autres substances de là graine, se réduit donc à rapprocher, par leurs bords, ces petits frag- mens de cellules élastiques que la meule à disséminés dans la farine, et à les comprimer assez fortement pour opérer une pénétration réciproque. La malaxation, enfin, n’est qu’un simple mécanisme qui ne communique au Gluten aucune propriété nouvelle, mais qui ne fait que mettre à contribu- tion les propriétés que cette substance possède déjà. Après avoir démontré que les fragmens de cellules gluti- neuses se soudent au moyen de leurs scissures, et non de leurs parois, il me reste donc à prouver que cette pénétration des bords est due à un mode de compression; et je poserai immédiatement ici en thèse que cette compression ne doit 268 MÉMOIRE point se faire en écrasant, pour ainsi dire, la substance, mais en la roulant. Voici les expériences: 10, J'ai placé sur un tamis de crin une assez grande quan- tité de farine d’orge non pétrie préalablement, et en y lais- sant tomber, sans autre secours, un petit filet d’eau; la farine a obstrué les mailles du tamis, l’eau a délayé la fécule, et à force d'enlever, avec une cuiller, la-couche qui recouvroit la surface du tamis, je suis parvenu à fournir plusieurs issues à la farine et à l’eau; et après un assez long espace de temps, tout a passé, il n’est resté sur le tamis que de l’Hordéine, à la- quelle je donnais alors un autre nom. J’ai repris toute la farine déposée au fond du vase destiné à recevoir la fécule; après avoir décanté l’eau qui la surmontoit, je l’ai pétrie entre les mains en la roulant sans discontinuer, et j'ai recueilli ainsi une quantité assez considérable de Gluten. 2°. J'ai pris une quantité égale de farine de froment, sur laquelle j'ai fait parvenir un filet d’eau, en la pétrissant sous ce filet d’eau, et cela en l’écrasant, et non en la roulant : il n’est rien resté dans mes mains. J’ai repris toute la farine qui étoit tombée de mes mains, après avoir décanté l’eau qui la surmontoit ; je l'ai pétrie quelque temps avant de la sou- mettre au filet d’eau; et ensuite en la roulant, dans différens sens, entre les mains, j'ai fini par obtenir un Gluten assez considérable et assez pur. 3. J'ai voulu savoir si le temps seul, et sans le secours des mains, ne sufhroit pas pour rapprocher les molécules orga- nisées de Gluten; et comme la farine dans l’eau ne tarde pas à se corrompre, pour parer à cet inconvénient, je me suis servi du procédé et de l'appareil suivans. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 269 J'ai introduit, dans un bocal de verre de deux pieds de haut sur un pied de large un sachet en toile à double parois, que jai rempli de fine farine de froment, ce qui pouvoit équi- valoir à un litre. J’ai rempli alors le bocal d’eau jusqu’à la tubulure supérieure, car ce vase étoit aussi muni d’une tubu- lure à sa base. Le sachet se trouvoit suspendu dans le liquide par une ficelle; et toutes les fois que l’eau me paroissoit assez chargée de la fécule qui s’échappoit à travers les mailles du sachet, j’ouvrois la tubulure de la base, en versant une eau nouvelle par la tubulure supérieure, de manière à la renou- veler en entier sans que le sachet ne cessät de tremper dans l'eau, et cela dans le but d’obtenir des résultats d’un ordre que je ferai connoître plus tard. Depuis le 5 juin 1826 jus- qu’au 15, j'ai lavé l’eau par ce procédé au moins quinze fois; et voyant que l’eau passoit toujours laiteuse, j'ai pris le parti d’agiter le sachet dans l’eau, et de le frapper mème assez for- tement contre les parois du vase, pour accélérer l’expérience et pour vérifier le résultat quelconque que je devois obtenir. Après l'avoir ainsi agité et lavé très-souvent jusqu’au 20 du même mois, j'ai retiré le sachet, et je n’ai pas trouvé au fond du sachet la moindre trace de Gluten, mais une quantité assez considérable d’une substance jaunâtre, grenue, qui, bien lavée et bouillie, s’est précipitée en offrant tous les carac- tères de l’Hordéine de M. Proust; c’est elle qui a servi même à étudier, en premier lieu, l'Hordéine sur laquelle je revien- drai bientôt. - Enfin, pour supprimer tous les détails des nombreuses expériences que j'ai faites à ce sujet, dans le but de parvenir à des résultats d’un autre ordre, je dirai, comme en résumé, Mém. du Muséum. t. 16. 35 270 MÉMOIRE que toutes les fois que je me suis contenté de recevoir le filet d’eau sur la farine, en fermant et ouvrant alternative- ment la main qui la contenoit, il ne m'est resté aucun Gluten; qu'il en a été de mème toutes les fois que je me suis con- tenté de presser la farine entre les deux mains, mais qu’en la roulant dans différens sens, j'ai toujours obtenu une quantité assez grande de cette substance. Je ferai observer encore que c’est pour produire une péné- tration des bords des cellules glutineuses, sur un grand nombre de points, qu’on pétrit la fécule avant de la malaxer; car le filet d’eau, qui tombe pendant la malaxation , désunit et éloigne une foule de points qui n’avoient pas eu le temps de se rapprocher, ce qui fait que moins il y aura de-points mis en contact, plus le filet d’eau séparera de portions de la masse générale, portions qui iront augmenter le volume de la fécule. En pétrissant, pendant une demi-heure, de la farine d'orge, et en l’abandonnant à elle-même pendant près de trois heures, j'ai obtenu, par la malaxation, 1 gros 40 grains de Gluten non desséché sur 1 once 6 gros 4o grains de farine employée. Or on sait qu’en général l'orge n’est pas riche en Gluten, et que, d’après M. Proust, il est seulement dans le rapport de 3 à 100 avec la farine de la même graine, Qu'on me permette de remettre sous les yeux le résultat de toutes ces expériences faites soit en grand, soit au microscope. Le Gluten est un tissu cellulaire élastique et glutineux. Il n’est glutineux que sur les bords des cellules déchirées ,.et non sur la surface de leurs parois. En conséquence, toute mani- pulation qui ne tendroit à mettre en contaet que les parois et SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 274 non les scissures, je dis davantage, qui ne tendroit pas à rapprocher les scissures et à les forcer à se pénétrer mutuelle- ment, ne fourniroit qu’une quantité foible ou nulle de Gluten. I se présente ici une objection qui paroitra même assez forte. Si le Gluten n’est que le tissu cellulaire du périsperme des céréales, le volume des périspermes de l'orge, du fro- ment, du seigle, etc., étant, à peu de chose près, identique, comment se fait-il que l'orge ne donne que 3 sur 100 de Gluten, tandis que le froment peut en donner jusqu’à 14, et le plus ordinairement au moins 9, d’après les expériences de M. Proust sur l'orge, et de M. Vauquelin sur le froment? J'ajouterai encore, pour accroître la force de l’objection, un fait qui semble être tombé dans l'oubli, c’est que Beccari et Kesselmeyer ont fait des recherches infinies pour rencon- trer le Gluten dans le seigle, l'orge et l’avoine, et que ces recherches ont été toutes infructueuses, tandis que chez nous ces espèces de céréales sont susceptibles de fournir du Gluten à la malaxation. Je dois dire encore que le Gluten n’est pas une substance qui appartienne exclusivement à quelques céréales, que Rouelle l’a rencontré dans la fécule verte des plantes, et que Fabroni l’a indiqué dans le raisin comme le principal agent de la fermentation vineuse; enfin que bien des chimistes l'ont extrait de certains champignons, etc. ; ce qui accroît encore la force de l’objection. Pour répondre à cette objection, que j'ai pris soin de fortifier moi-même, je me garderai bien d’avoir recours à des théories. Quelque temps avant la maturité de la graine du froment, on chercheroit en vain du Gluten dans le périsperme, et cepen- 272 MÉMOIRE dant ses cellules y occupent alors la même place qu’à la ma- turité de la graine; mais on les voit, au microscope, privées d’élasticité, se déchirer sans s’agglutiner, enfin n’être que du üssu cellulaire ordinaire. Après la maturité, ce tissu cellulaire, qui n’a changé ni de forme, ni d'aspect, dont les cellules ont la même dimen- sion qu'auparavant, possède une propriété particulière, je veux dire celle qui caractérise le Gluten, propriété que j'ai suffisamment décrite dans ce qui précède. Dans l'orge, cette propriété n’appartient pas à toutes les cellules du périsperme : celles du centre la possèdent évidem- ment, celles du pourtour sont rigides. Mais quand on fait germer et l’orge et le froment, un changement tout nouveau s’opère dans ce tissu cellulaire : il redevient iisensiblement, et par gradation, ce qu'il étoit avant la maturité de la graine : on le voit tous les jours perdre son élasticité et sa faculté glu- tineuse et dans l’orge et dans le froment; les cellules, on peut les détacher et les obtenir entières et isolées, plus ou moins remplies de grains de fécule ou de tégumens, et se déchirant, par l'effort de l'aiguille, d’une manière analogue à toutes les cellules des végétaux, jusqu'à ce qu’enfin elles se décompo- sent, après s'être épuisées au profit de l'embryon qui se dé- veloppe; ordre de faits que je n’aborderai pas aujourd’hui. La faculté glutineuse des cellules s’observe encore évidem- ment sur les pétales de bien des fleurs, les tulipes, les or- chis, etc. On peut y observer le même ordre de cellules rigides dans le jeune âge, élastiques dans un âge plus avancé, et arrivant à leur swrmnum de viscosité à l’époque de la fécondation; et ces cellules, tout en jouissant de toutes les SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 273 propriétés du Gluten, conservent si nettement leur forme de cellules, qu’on ne sauroïit se méprendre sur la nature de ce qu'on a sous les yeux. Voilà donc la difficulté aplanie; voilà une explication bien simple de cette espèce d’anomalie que présente l’ordre des- céréales, dont les unes ne donnent point de Gluten, tels que le riz, le mais, etc. ; les autres en donnent toujours, tels que le froment; et les autres, enfin , en ont refusé aux recher- ches des uns, et en ont accordé aux recherches des autres. Puisque le Gluten n’est qu’une propriété d’un tissu qui existe dans tous les grains, propriété qui varie selon l’âge de la même graine, et selon les circonstances dans lesquelles on la place, on concevra sans peine que sa présence, constatée en grand, pourra dépendre et de l’époque plus ou moins avancée où la maturité aura surpris la graine, et de la nature du sol, et de l'influence du climat, et du genre de culture, et peut-être aussi des différens modes de malaxation : réunion de causes bien propres à expliquer la divergence des résul- tats obtenus, d’un côté, par Beccari et Kesselmeyer , et de l’autre par quelques chimistes modernes. Non-seulement la nature et le développement de la végé- tation peuvent faire perdre au tissu cellulaire du périsperme sa faculté glutineuse, mais encore, à l'aide d’un acide végétal, on peut produire le mème effet en un jour. Dans le cours d’an travail sur le Gluten , poursuivi sous un autre point de vue que celui qui nous occupe, nous fümes amené, par une pure prévision, à saturer d’acide oxalique l'eau qui devoit nous fournir le filet destiné à la malaxation. Nous eûmes soin de nous servir, dans cette expérience, et de 274 MÉMOIRE la même farine, et des mêmes procédés qui nous avoient donné précédemment du Gluten. Nous placämes sur un tamis en crin une assez forte quan- tité de farine le 13 avril passé, et, à l’aide d’une cuiller, nous malaxâmes sous le filet de cet acide oxalique, en ayant soin de temps à autre de retirer le tamis pour pétrir, avec la cuiller, la farine, et pour faire écouler, à travers le tamis, toute l’eau qui la surnageoït. [/eau s’échappoit laiteuse, et avec bien plus de facilité que lorsque, avec les mêmes cir- constances, nous nous servions d’eau pure; et à force de ma- laxer, il ne nous resta rien sur le tamis. Craignant que la malaxation n’eût été qu'imparfaite sans le secours des mains, nous nous décidàmes à recommencer Pexpérience avec de la farine nouvelle, et en nous servant de nos mains qui ne marquèrent pas de se dépouiller d’une ma- nière assez cuisante, sans retenir la moindre parcelle de Glu- ten. Nous avions malaxé la farine sans la pétrir avant de la soumettre sous le filet d’eau lui-même; crainte d’un second genre d'erreur, il fallut reprendre l'expérience en pétrissant, dans de la farine nouvelle, pendant plus d’un quart d'heure, la farine qui avoit passé à travers le tamis avant de la ma- laxer encore. Mais sous le filet d’acide oxalique, l’eau s’écou- loit laiteuse et sans grumeaux apparens, et nous ne fûmes pas pas plus heureux cette fois-ci que la première. Cependant, au microscope, il étoit facile de s'assurer que l'acide n’avoit point détruit le Gluten; qu’il ne l’avoit pas dissout, ainsi que les livres l’avancent au sujet de certains acides: on l’y recon- noissoit sans peine tenu en suspension; il ne l’avoit donc que modifié en le rendant rigide par son astringence. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 275 Quand on se rappellera le rôle que les acides jouent dans la végétation, et l’inconstance avec laquelle ils y paroïssent et s’'évanouissent , on sera forcé d’apercevoir, dans cette expé- rience, l’occasion d’un rapprochement curieux entre ce qui s’est passé sous nos yeux et ce qui se passe dans les propriétés du tissu du périsperme, tissu qui perd, reprend, et perd encore son: élasticité glutineuse. Aussi M. Proust, qui avoit obtenu 3 sur 100 de Gluten (1) avant la germination, et r sur 100 seulement après la germi- nation, s’il eût attendu quelques jours plus tard, n’en eüt pas rencontré une seule trace, même dans l’état le plus floris- sant du périsperme, non pas parce que le Gluten auroit diminué après la germination, mais seulement parce que ses propriétés nouvelles se seroient opposées au succès de la manipulation. Le fait suivant suffit, je pense, pour confirmer cet aperçu. Si lon trempe du papier bleu dans la graine après huit jours de germination dans la terre, 6n pourra s'assurer que la graine renferme un acide; ce n’est point de l’acide carbonique, puisqu’en pressant la graine sans l’eau, il ne se dégage aucune bulle, mais plutôt de l'acide acétique, ainsi qu’on le recon- noit à sa saveur. Je dois parler d’une autre cause qui, quoique factice et non naturelle, peut dénaturer les caractères du Gluten, et le rendre méconnaissable, je veux dire le calorique. Qu'on fasse bouillir de la farine de froment dans l’eau pure, on ne man- quera pas de voir bientôt, soit à la surface du liquide! soit (1) Ann. de Chim. et de Phys., t. 5. 276 MÉMOIRE contre les parois du vase, des grumeaux albumineux bour- soufflés, et d’un calibre assez considérable, entièrement in- solubles dans l’eau, et qui, à la cornue , ne manqueront pas de produire de l’ammoniaque. Cette albumine, bien analysée au microscope, n'est autre qu'un tissu de Gluten à qui la chaleur a fait perdre son élasticité, et dont elle a enflé les cellules par la dilatation des gaz qui s’y seront trouvés surpris. Une observation assez curieuse se présente, à ce sujet, dans les analyses végétales; c’est que, dans toutes les farines privées de Gluten qu’on a analysées, l’albumine y est indi- quée dans une proportion qui convient au Gluten des autres farines; c’est, enfin, que la farine d’avena sativa, dans l’ana- lyse de M. Davy, offre 6 pour 100 de Gluten, et dans celle de M. Vogel 4,30 d’albumine sur 76,5 de farine. Nous ne voulons point induire de là qu'il y ait erreur dans l’une ou dans l’autre de ces analyses, ni que M. Vogel ait manipulé d’une toute autre façon que M. Davy, mais nous avons seule- ment voulu faire remarquer que lorsque le tissu cellulaire de la graine, sous l'influence des différentes circonstances de la végétation que nous avons exposées plus haut, n’est pas assez glutineux pour se laisser saisir par la malaxation, il l’est souvent assez pour se souder et se grumeler par l’ac- tion du calorique; et qu’ainsi, après s’être présenté à un chi- miste sous forme de Gluten, il s'offre à un autre sous celui d’albumine. Ce qu'il y a de certain, c’est que si l'on fait bouillir du Gluten obtenu par la malaxation, et d'un autre côté de la farine dont w’aura pas isolé le Gluten, on n’obser- vera aucune différence entre les grameaux du Gluten isolé, SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. pis, et ceux du Gluten non isolé, soit sous le rapport de l’aspect, soit sous celui des produits; et l’on aura dans les deux expé- riences de l’albumine végétale. On nous opposera, sans doute, la nature »égéto-animale du Gluten comme une objection capable de détruire, d’un seul.coup, la démonstration que nous-avons cherché à donner de son tissu; et l’on se refusera à croire qu'un tissu cellulaire végétal puisse, en restant tissu, revêtir la nature animale. Mais en ce point, comme en bien d’autres questions, ce seroit le mot qui nous donneroit le change; il ne s’agit donc que de «convenir d’une définition exacte du mot. On n’entend pas en chimie par substance »égéto-antmale, une substance dans laquelle onait reconnu l’organisation animale, mais seulement nne substance qui, renfermant de l’azote, produit à la distillation de l’'ammoniaque, par la rencontre, à l'état de gaz naissant, de l’azote et de l'hydrogène, qui provient de la substance que le calorique désorganise et décompose. Or, est-il besoin, pour l'explication d’un pareil produit, que la substance végeéto-animale soit un composé quaternaire de carbone, d'hydrogène, d'oxigène et d’azote ? et en admet- tant un simple composé ternaire de carbone, d'hydrogène et d’oxigène, lequel composé, ainsi organisé, renfermeroit dans les cellules de son tissu, et emprisonneroit, pour ainsi dire, l'azote, se refuseroit-on à croire qu’à la distillation il se produisit de l’ammoniaque?Je ne le pense pas; et je suis per- suadé que l’amidon, qui n’est pas une substance azotée, si on le saturoit d'avance d'air atmosphérique , et qu’on abandon- nt le mélange quelque temps à lui-même, fourniroit de l’am- moniaque à la cornue. Nous reviendrons tôt ou tard sur cette Mémn. du Muséum. 1. 16. 36 29 MÉMOIRE explication; mais en l'admettant seulement comme aussi pos- sible que l’autre, n'est-il pas évident que toute la difficulté dis- paroit? car le Gluten étant un tissu cellulaire, possède, comme tous les tissus cellulaires, des vaisseaux aérifères qui ne sont que les lacunes intercellulaires bien connues de tous les phy- siologistes. L'air atmosphérique pénètre dans ces lacunes pen- dant la végétation de la graine, il y pénètre de toutes pièces el avec son azote; et quand le Azle de la graine se ferme, il est emprisonné dans le périsperme ; et dans un périsperme glu- üneux. Je ne parlerai pas ici de la nouvelle dose d’air atmos- phérique qu’on emprisonne dans les cellules factices du Glu- ten par la malaxation, ce sera le sujet d'un autre ordre d’ex- périences; j'ai voulu seulement faire voir que la difficulté ne résidoit que dans l’expression et non dans la chose, et que je pouvois concevoir un tissu qui me donneroit de lammo- niaque à la distillation, sans pourtant posséder l'azote comme un élément de son organisation. Du reste, si l'on se refase à ces explications, qu’en peut-il résulter? Que le Gluten est une substance azotée? Eh bien je m’y rends facilement; mais il n’en sera pas moins prouvé pour l’observateur, que cette sub- stance azotée est un tissu cellulaire du périsperme, tissu ordi- naire avant la maturité, et glutineux à la maturité, pour re- tomber dans sa première forme à la germination; sorte de protée végétal, à qui, sans doute, l’azote prêtera toute son inconstance , selon que son tissu sera dépouillé où pourvu de cet élément (1). a — —————— …————————————— —————————— (1) Voyez, à ce sujet, le Mémoire ci-dessus cité, t. 3 des Mém. ‘de la Société SUR L’HORDÉINE ET LE GLUTEN. 299 Je rappelle qu’il ne s’agit, dans ce Mémoire, que de dé- crire des tissus, et de leur assigner leur place; aussi je vais revenir, en deux mots, sur le Gluten considéré comme tissu. J’ai dit que les cellules momentanément glutineuses de ce üssu affectent en longueur ++ + et en largeur + de millrmètre; mais j'ai parlé là de la masse du tissu, car la couche externe du périsperme se compose très-souvent de pareilles cellules, non glutineuses, affectant les mèmes dimensions, mais tou- jours d’un épiderme (fig. 7) composé de cellules hexagones, rigides , ayant + en diamètre, et se présentant le plus sou- vent opaques sur le centre, et transparentes seulement sur leur pourtour, c'est-à-dire sur leurs. méats intercellulaires. Leur opacité ne. vient que de la fécule qui les remplit, et dont elles se dépouillent difficilement à cause de leur rigidité. Cette couche n’est pas simple. Voilà donc un nouveau tissu dont il ne faut pas perdre de vue la nature, dans l’étude que nous poursuivons. Embryon (fig. 26, et fig. 10). Je ne décrirai pas l'embryon comme organe, je l’ai fait d’une manière assez étendue dans mes Mémoires précédens; je me contenterai seulement de prendre note des diamètres des mailles des tissus, afin de pouvoir les reconnoître dans la farine. Le cotylédon (fig. 10, &) se compose, 10. d’un épiderme d'Histoire naturelle de Paris, 1827. On pourroit concevoir encore que l’ammo- niaq ue existeroit à l’état de sel combiné avec la substance des tissus glutineux. 280 MÉMOIRE dont les cellules alongées, dans le sens longitudinal de la graine, ont en largeur = de millimètre et en longeur + (fig. 12, # À 20. de cellules internes de + de diamètre (ibid. a) : c’est là l’organe qui renferme tx: libitaité hui- leuse, ainsi qu'on peut s’en assurer en brisant dans l’eau son tissu; on peut voir au ‘microscope des gouttelettes rondes, qui se séparent, se réunissent, et se séparent encore, selon les mouvemens du liquide, de la même manière qu’on l’ob- serve en grand sur l'huile d'olive agitée dans l’eau. Les substances du cotylédon se retronvent aussi dans la radiculode (fig. 10, b), organe qui n’est qu'un cotylédon dirigé en bas, et dont nous avons fait connoître l’organisation dans notre premier Mémoire ( Ænnales des Sciences natu- relles, oct. 1825). La plamule se compose de feuilles dass possédant déjà une couleur jaune tirant sur le vert, et des nervures si bien caractérisées, qu'on peut observer les deux nervures prises sur la feuille parinerviée, dont nous avons révélé l’exis- tence et fait connoître les analogies dans notre Mémoire déjà cité. Les intervalles des nervures des feuilles, que la feuille parinerviée recouvre, ne sont que de -+- de millimètre, dia- mètre qui est celui de leurs cellules (fig. 11). Il faut en dire autant de la radieule ( fig. 10, c), sorte d’or- gane qui représente, dans un sens opposé, la plumule, et qui semble se composer de feuilles emboîtées, organisées comme celles de la plumule. Nous allons ici présenter le tableau de tous les tissus que nous venons de décrire sur l'orge et sur le blé, avec l'indication comparative du dia- mètre de leurs cellules. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 281 Noms. Largeur des cellules. | Longueur des cellules. Péricarpe pris sur Ent Couche externe b. _ = bryon, fig. 5. Couche interne a. _. z de CR Mn Couche externe 4. Li + EN de l’'Embryon, fig. 4. € Couche interne a. = nn Gluten ou tissu ro Couche externe 7. Fr _ du périsp., fig. 7.et 8. ( Couche interne 8. = ie Cotylédon et radicu- Epiderme ba. -.. 75 3 lode, fig 12. Cellules internes a. _ = Plumule, fig. 11, et radicule....... LAUPoic _ A Observation. — Je n’ai mentionné dans ce tableau que les tissus qui restent moins en suspension dans les eaux de lavage; et j'ai omis de mesurer l’épiderme du grain de blé (fig. 3), d’abord pour le motif dont je viens de parler, et ensuite parce que ces cellules superposées , et se coupant en différens sens sont difficiles à mesurer. Pour en revenir maintenant à l'Hordéine, que se passe-t-il à l'égard de tous ces organes dans les différens procédés de de la mouture? On sait que la meule sépare d’abord la couche corticale de la graine, et que c’est cette couche corticale qui forme le son; que le périsperme se broïe, se réduit en poussière très- fine, et forme la farine, et que pour l’isoler des fragmens de la couche corticale, on se sert, en petit, d’un simple tamis, et en grand d’un bluteau ou tamis conique, dont l’étamine varie dé finesse d’une extrémité à l’autre, pour laisser passer d’a- bord la fine farine, puis la farine moins pure, et enfin le son aussi bien dépouillé qu'il est possible de l'obtenir par ce genre de procédé. Per Si la meule séparoït la partie corticale de la graine par des fragmens d’un même calibre, d’une manière nette, et par compartimens assez gros, on pourroit s'assurer que tout ce 282 MÉMOIRE qui passeroit à travers le tamis seroit du périsperme pur, et que tout ce qui resteroit sur le tamis seroit du s07 sans pé- risperme. Ce que nous disons du péricarpe ; ou couche cor- ticale, s'applique naturellement à l'embryon, organe qui, avant la germination, est presque aussi dur et aussi cassant que le péricarpe. Mais la meule est bien loin de produire une séparation aussi tranchée; et il est facile de concevoir que les fragmens qu’elle fournit varieront de diamètre, depuis la forme visible à l’œil nu jusqu'à la forme microscopique, et que, par con- séquent, les plus menus passeront à travers les mailles qui donnent issue à la farine, et que les plus gros seulement resteront sur le tamis en qualité de son. Or on peut prévoir d'avance ce qui arrivera, après avoir isolé le Gluten de cette farine qui paroit pure à l'œil nu. Car si on soumet à l'ébullition l’eau laiteuse qui est tombée dans le vase, la fécule éclatant et se dépouillant de la substance soluble qui augmentoit sa pesanteur, les tégumens, commedes vésicules légères, resteront en suspension; mais les fragmens du péricarpe et de l'embryon, tissus très-compliqués et, en grande partie, chargés de résine, se précipiteront aussitôt: et ce précipisé, ce sera l'Hordéine. Voilà ce que le raisonnement indiquoit d'avance , et ce que l'expérience confirme. Car dans l’Hordéine obtenue par ce procédé et de l’orge et du froment, on ne rencontre plus, si on a soin de bien la laver, que des fragmens de tissu cellulaire appartenant évi- demment, par leur couleur et le diamètre de leurs cellules, aux organes que nous avons décrits précédemment, c’est-à- SUR L’HORDÉINE ET LE GLUTEN. 283 dire au péricarpe (fig. 4, 5), à l'embryon (fig. 10), à la couche externe des cellules du périsperme (fig. 7), plus les poils de la graine (fig. 14, et fig. 2, c ), et retenant pourtant toujours, quoi qu'on fasse, quelques tégumens de fécule (fig. 15, c) entrainés par le précipité. En un mot, l'Hordéine n’est que du son très-divisé; et toutes les graines farineuses fourniront de l’Hordéine toutes les fois que la meule en aura broyé et confondu les diffé- ‘rens tissus. : Deux objections se présentent encore au sujet d’une con- clusion sans doute si inattendue. Si l’'Hordéine n’est que du son très-divisé, comment se fait- il que dans des graines d’un volume à peu près égal, telles que le froment et l'orge, les proportions de cette substance soient si différentes, que l'orge puisse en fournir, d’après M. Proust, 55 sur 100 de farine ? « L'anatomie de la graine va nous fournir uvre solution pé- remptoire de cette difliculté. L’Hordéine n'étant due qu’à une division mécanique, on admettra, sans peine, que les produits de cette division varie- ront selon les modifications accidentelles de la substance divisée; c’est donc dans ces modifications organiques qu'il sera possible de trouver la solution du problème : or, pre- nons pour les deux termes de comparaison le grain de blé et le grain d'orge. Le grain de blé est dépouillé de ses enveloppes calicinales; le grain d'orge en est si intimement revêtu, qu'il est pres- que impossible de l’en dépouiller (fig. 1 ). Je n'ai pas besoin de dire que ces deux enveloppes calicinales qui l’emprison- 284 MÉMOIRE nent, broyées par la meule, augmenteront encore, par leur detritius , le poids de l Hordéine : je me contenterai d'avancer que leur présence et leur agglutination auront nécessaire- ment communiqué au péricarpe de l'orge des modifications qui n’existeront pas dans celui du froment; et que ces modi- fications tendant à rendre les mailles cellulaires moins adhé- rentes les unes aux autres, la meule broiera plus finement le péricarpe de l'orge que le péricarpe du froment; qu’un plus grand nombre de ces detritus existant dans l’orge que dans le froment, le froment fournira moins d’Hordéine que l'orge. C’est encore ce que démontre l'expérience. Car si l’on coupe une rondelle horizontale d’un grain de de froment, et une autre d’un grain d'orge, on pourra, à l’aide d’une pointe, détacher en un ruban continu le péri- carpe du froment, et en dépouiller nettement le périsperme ; et d’un aütre côté, quand on voudra dépouiller le périsperme de l’orge du péricarpe qui l’entoure, au lieu d’un ruban, on ne pourra obtenir, quoi qu'on fasse , que des detritus du pé- ricarpe, detritus dont le plus grand nombre ne seront bien visibles qu’à la loupe. It est donc évident que sous la meule le péricarpe de l'orge se prêtera à une division plus menue que celui du froment, et que, par conséquent, la farine fine de l’un aura plus d'Hordéine que celle de l’autre. La preuve en grand est encore facile à obtenir. On sait que l'orge perlé, qui nous vient de la Hollande, n’est autre chose que de l'orge ordinaire, dont la meule a séparé le péricarpe et l'embryon, et que, par un certain mécanisme, on a arrondi jusqu’à lui prêter, pour ainsi dire, la forme et l'aspect d’une perle. Cet orge perlé n’est pas SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 285 cependant entièrement dépouillé du péricarpe, et à la simple vue, on peut s'assurer que tout le sillon longitudinal et postérieur de la graine ( fig. 9, a) est resté accolé contre la portion du périsperme, parce que la première meule n’a pas pu l’y atteindre. Cependant on peut négliger la présence de ce sillon médian dans une expérience comparative, soit à cause du peu d’espace qu'il occupe, soit parce qu’en rédui- sant en farine le périsperme, ce sillon médian s’enlève, en général, tout entier, et qu’on pourra le recueillir sous forme de son sur le tamis. Or j'ai moulu au même instrument, et passé au même tamis, de l’orge perlé d’un côté, et de l'orge avec toutes ses enveloppes de l’autre. L’orge perlé m’a fourni une farine des plus blanches, et sans Hordéine au moins appréciable; et l’autre orge m'a donné une farine pleine d'Hordéine , et aussi sale que la farine d’orge ordinaire, La farine de l’orge perlé imite si bien la farine de froment ordinaire, qu’au s’imple coup d'œil, on s’y méprendroit, surtout si on lui faisoit subir une mouture plus fine; donc les différences, dans les proportions d'Hordéine des différentes graines, ne sont dues qu'à des différences accidentelles dans l’organisation du péricarpe. La seconde objection que j'ai annoncée peut être puisée encore dans le Mémoire de M. Proust. Cet habile chimiste ayant analysé de l'orge avant la germi- nation, et de l’orge après la germination, s’aperçut que l’Hor- déine qui, dans la farine provenant de gras entiers, est dans la proportion de 55 à 100, dans la farine d’orge germé n’étoit plus que dans la porportion de 12 à 100; résultat qui parut à l’auteur si étonnant, qu'il s’en exprime en ces termes: Æ4 Mém. du Muséum. 1. 16. ® 37 286 MÉMOIRE pour l'Hordéine enfin, descendue de 55 à 12 par la germu- nation , qu'est-elle devenue? Se seroit-elle transformée en amidon? Que de recherches n'exigeroient pas ces ques- tions (1)! On sait que l’auteur a trouvé, après la germina- tion, une plus grande quantité d’amidon qu'auparavant. Or, nous dira-t-on, si l'Hordéine n’est qu’un son plus di- visé, d’où vient que ce s07 inerte, appartenant au péricarpe et à l'embryon, diminue par la germination de dix à douze jours, alors que le péricarpe ne semble pas changer de vo- lume, et que l'embryon même augmente le sien ? Cela vient encore d’une simple modification apportée à la ténacité des tissus par le séjour dans une atmosphère humide, et par la végétation de l'embryon. La meule écrase le péri- carpe ainsi modifié avec moins de detritus, parce que, mal- gré tous les degrés de dessiccation qu’on puisse lui faire subir, il ne reprendra plus sa friabilité première ; et d’une autre part, l'embryon, devenu adulte et plus consistant, ne se brisera plus qu’en gros fragmens qui resteront avec le péricarpe sur le tamis; et tous les granules renfermés dans son tissu iront se réunir au poids de l’amidon. Ajoutez à cela que, pendant la germination, les deux enveloppes calicinales de l'orge se décomposent, ainsi que la couche externe du péricarpe, ce qu'il faudra, par conséquent, défalquer du premier poids de l'Hordéine ; car tout tissu végétal qui se décompose s’é- paissit, perd de sa pesanteur en augmentant de volume, et reste en suspensio® dans le liquide, au lieu de se précipiter. (#) Annales de Chimie et de Physique, 1. 5, p. 344. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 287 Qu'on me permette de revenir sur une réflexion que j'ai déjà exprimée depuis long-temps. J’aidit souvent que la création indéfinie des substances végé- tales nouveiles mettra tôt ou tard la science dans le cas de ne pouvoir, pour ainsi dire, avancer qu’en reculant ; le sujet qui nous occupe, nous offrira une première preuve de cette pensée austère. Si la conclusion de ce Mémoire se trouve adoptée, la science aura avancé d’un pas, puisque nous au- rons détruit une érreur; mais elle aura reculé de quarante ans par le fait, puisque nous en serons revenus, sous le rap- port de l'Aordéine , à ce qu’on en savoit alors. Parmentier, dont le bon sens rendoit la science si facile, et dont la philanthropie la rendoit si bienfaisante, avoit vu, décrit, expliqué lÆordéine à cette époque, dans un ouvrage qui, sous un titre populaire, n’en est pas moins propre à guider encore les savans. Dans son Parfait Boulanger, il s'exprime de la sorte: « La farine d'orge est presque toujours « défectueuse, à cause du son dont le tissu rude et coupant « la rend rude au toucher; la pâte qui en résulte est cassante « et plus courte que celle du seigle, d’où il est aisé de con- « clure qu’elle ne peut fournir un pain bien levé. « Pour tirer le meilleur parti de l’orge, il faut éloigner « d’abord la meule courante, afin de concasser seulement le « grain, et séparer tout le son; l'orge, ainsi mondé, demande « à être converti en farine comme les gruaux: on en obtient « plusieurs farines qui, mélangées ou employées à part, sont « toutes de nature à durcir, étant combinées avec l’eau et « mises en boulettes » (p. 566). On n’a qu'à remplacer le mot de so2 par V’Hordéine, on 208 MÉMOIRE aura, dans le premier alinéa de cette citation, la descrip- üon empruntée, dans le commencement de ce Mémoire, à M. Proust (r); et dans le second a/néa, on trouvera im- plicitement l'explication que nous avons donnée de l'ab- sence de l’Hordéine dans la farine d’orge perlé. Je pouvois encore ajouter que tous ces faits avoient été entrevus par des auteurs d’un siècle plus reculé. La meilleure farine, dit Mathiole, est celle qui n’est trop bien moulue, et qui a été un peu gardée , et qui jette et rend un son gros. Car une farine trop moulue fait du pair comme s'il étoit du son (Math. sur Diosc., p. 186, trad. de Pinet. Lyon, 1655). Nous ne pouvons, raisonnablement, terminer ce Mémoire sans décrire les procédés au moyen desquels nous avons obtenu notre Hordéine, ce qui nous fournira l’occasion de uous expliquer sur des circonstances qui peuvent faire varier les résultats. Sur les 14 gros de farine d’orge, dont nous avons parlé, nous n'avons obtenu, en Hordéine, que 1 gros et quelques grains à l’état bien sec, et après l'avoir broyé dans un mortier en verre. Voici le procédé dont nous sommes servis, qui ne diffère, sans doute, de celui de M. Proust que par le lavage. Nous avons obtenu le Gluten de la manière décrite ci- devant. Mais comme il en échappe toujours une assez grande (1) Je ne parle que de l’'Hordéine de Proust; car M. Thénard , daus son Traité de Chimie , a évidemment confondu deux substances distinctes , les lies des vins qui sont des pellicules provenant d’une végétation cryptogamique , avec l'Hor- déine de Proust, que je viens de prouver n’être que du son tres-divisé ( Voyez le Traité de Chimie, t. 1v, p. 230, 304 et 315; 1824). SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 289 quantité à travers les doigts, nous l'avons cherché dans l'ami- don déposé, par un moyen bien simple, qui consiste à pro- mener les doigts dans le fond du vase, sans agiter le liquide, et à rouler tous les grumeaux glutineux que l’on rencontre; on les roule encore un instant dans le liquide, entre les doigts, pour les dépouiller grossièrement d’amidon, et on achève de les laver de la même manière dans un autre vase, dont on réunira les eaux à celles de l’amidon; on réunit ensuite tous ces grumeaux de Gluten à la masse principale. Nous pensons que ce procédé seroit infiniment préférable à celui par lequel les amidonniers laissent le Gluten se décomposer dans le sédiment de fécule, pour séparer la fécule plus tard; car l’al- tération du Gluten ne pouvant se produire sans fermentation, et la fermentation sans calorique, il s’ensuit que beaucoup de grains de fécule éclateront, que les tégumens resteront en suspension dans les eaux de lavage, et que le précipité amilacé pourra être moins abondant, et cela d’une manière sensible, si on opère sur des grandes quantités. Après avoir entièrement séparé, de cette manière, le Gluten du précipité, dans le fond duquel le doigt rencontroit sou- vent de l’'Æordéine, nous avons soumis à l’ébullition, dans une assez grande quantité d’eau, la fécule renfermant l’'Hor- déine : la fécule, selon l'expression ancienne, s’est dissoute; nous avons abandonné le tout à lui-même, et en deux ou trois minutes, nous avons obtenu un précipité jaunâtre bien caractérisé , que surmontoit une légère couche blanche. Nous avons décanté tout le liquide laiteu#. Observé séparément au microscope, le précipité offroit encore une quantité considé- rable de tégumens d’amidon, mais le liquide retenoit aussi 290 MÉMOIRE une quantité assez considérable, non pas de la couche interne et résineuse du péricarpe, mais de la couche externe et blanche. Comme nous ne cherchions qu’à obtenir pure l'Hor- déine, nous avons continué de la laver tant qu’elle nous a paru conserver une certaine quantité de tégumens d’amidon; mais à chaque lavage, nous emportions aussi une certaine quantité des débris de la couche blanche du péricarpe et des fragmens de l'embryon. Nous aurions peut-être réduit à moins le gros d'Hordéine que nous avons obtenu, si nous n'avions pas cru devoir nous arrêter à un état raisonnable de pureté. Nous avons lavé au filtre l'Hordéine, nous l’avons exposée sur une lame de verre au soleil, et elle a contracté un goût prononcé d'acide acétique qu’elle à conservé même après son entière dessiccation. Cette expérience a été faite en été. Quant à l’eau de lavage, abandonnée à elle-même, au bout de deux ou trois jours elle a fourni un précipité blane, flo- conneux, représentant absolument la substance blanche que M. Thénard a vu se précipiter de la levure de bière; et cette substance, observée au microscope, se composoit et de tégu- mens de la fécule, et de fragmens de la couche externe du péricarpe. Ces fragmens sont faciles à se décomposer, et alors ils surmontent le liquide: comme il faut plusieurs jours pour en obtenir un précipité un peu fort, on conçoit que plus on prolongeroit la manipulation ; et moins on en obtiendroit, à cause de la décomposition qui les rend plus légers, genre d’altération dont nous ferons connoitre le caractère dans un autre travail. La substamce blanche qui se dépose du vin appartient à un autre genre de phénomène que nous ferons connoître plus tard. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 291 En résumé, on pourra, par un simple lavage, obtenir une plus grande quantité d’un précipité jaunâtre ; mais ce préci- pité contiendra aussi une plus grande quantité de tégamens de fécule, et la quantité diminuera en raison inverse du degré de pureté auquel on voudra obtenir ce précipité. On pourra même, par ce moyen, n’obtenir que des fragmens de la couche interne du péricarpe, et recueillir, dans les eaux du lavage, tous les restes de la couche externe mélés avec les tégumens de l’amidon , ce qui présentera la substance blanche floconneuse décrite par M. Thénard. Et ici quelle réflexion pénible, mais vraie, se présente sur la confusion des résultats ordinaires d’une analyse qui a pour objet d'isoler en grand plusieurs substances végétales! Et combien ne doit-on pas regretter que tant d'hommes savans, que tant d'hommes de génie même aient perdu des travaux si importans, pour avoir voulu séparer la chimie de la science de l’organisation, et pour avoir voulu apporter dans l'étude de la nature tous les instrumens, excepté celui dont l'emploi auroit pu leur révéler la source de tant d'anomalies, ou de tant d'erreurs involontaires : je veux dire le microscope! Me permettra-t-on d'en développer un exemple? et pour- quoi me le refuseroit-on ? Je pardonne là mauvaise foi des attaques, qu'on me pardonne la franchise des aveux ; mes aveux Sont sans amertume, de même que mes éloges sont désintéressés ! Je présenterai pour exemple deux analyses comparatives faites en grand, et qui se lient plus intimement au sujet que je traite, l'analyse de l’orge avant la germination, et celle de l’orge après la germination. 292 MÉMOIRE Avant la germination, une partie du son passe avec la plus fine farine, se mêle à l’amidon; en la séparant de l’amidon, on ne fait que diminuer son volume, dont une partie se réunit inséparablement aux tégumens de l'amidon; le son, resté sur le tamis, retient toujours, quoi qu'on fasse, une partie de Gluten et d’amidon. Le Gluten est encombré de grains d’amidon; les grains d’amidon, brisés par leur com- pression mutuelle, ou par la pression de la meule, se vident de leur substance soluble, qui va se réunir à la solution de gomme et de sucre, et qui, si on veut y faire attention, prêtera à ces dernières, suivant l’évaporation, la faculté de se colorer par l’iode. Après la germination, les grains de fécule éclatent succes- sivement par l’action du calorique qui se dégage (1), la sub- stance soluble se mêle à toutes les solutions, ainsi que les tégumens qui, sans se dissoudre, restent pourtant en sus- pension. ; | Veut-on obtenir de la gomme? je suis certain qu'avant l’'évaporation, si on essaie par l’iode, on n’aura que de l’ami- don; veut-on obtenir l’amidon? les granules du tissu de l'em- bryon, les cellules non glutineuses du périsperme qui fournis- soit du Gluten avant la germination , se réuniront au précipité analysé, et l’amidon, substance qui se sacrifie au dévelop- pement de l'embryon, paroïtra augmenter de poids alors que réellement il perd tous les jours de poids et de volume. (1) M. Proust a vu les conséquences de ce phénomène, en annonçant que la germination faisoit subir à l'amidon un genre d'altération qui rendoit cette der- nière substance soluble. «+ Jom.16. Baxperiences de chine pucroscopique ur lfordeme et l Cluten. SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 293 Enfin, à l’œil armé du microscope, une analyse de la farine, et même toute analyse végétale en grand ne sera plus qu'un chaos, et qu’une simple description des manipulations d’un laboratoire. CONCLUSIONS DE CE MEMOIRE. 1°. L’Hordéïne n’est que du son très-divisé, et qui passe avec la farine à travers les tamis les plus fins. 20. Le Gluten est le tissu cellulaire du périsperme, et ce üussu perd sa glutinosité sous l’influence de plusieurs circon- stances. ————————…———…——….…. . _——_—_—_———_—_—_—_—_——aaa EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic. 1. Grain d’orge couvert de ses enveloppes calicinales , vu par sa surface pos- térieure , à peine grossi. 2. Coupe longitudinale d’un grain de blé (triticum hibernum ). (a) Vaisseau placentaire du sillon médian et postérieur de la graine. () Embryon. (c) Poils grossis fig. 14. (d) Périsperme. (e) Péricarpe. 3. Couche de cellules épidermiques de la graine fig. 2. 4. Deux sortes de couches des cellules du péricarpe, prises au-dessus de l'embryon. (a) Couche interne et colorée en marron. (b) Couche externe et blanche. 5. Les mêmes, prises sur la surface qui recouvre l'embryon. Les mêmes lettres désignent les mêmes organes, 6. Forme de cellules que l’on rencontre sur la couche externe du périsperme d’autres céréales. . Couche de cellules formant l’enveloppe générale du périsperme. jo du Muséum. t. 16. 38 294 MÉMOIRE SUR L'HORDÉINE ET LE GLUTEN. 8. Cellules composant le Gluten et remplies de grains de fécule. g. Coupe transversale de l’orge perlé , pour faire voir le sillon médian (a), la seule portion du péricarpe qui reste sur les grains ainsi préparés. . Coupe longitudinale de l'embryon. (a) Cotylédon. (4) Radiculode. (c) Ra- dicule. (d) Plumule. 11. Tissus des jeunes feuilles de la plamule avant la germination. 12. Couche externe des cellules du cotylédon. () Epiderme. (a) Cellules de l’intérieur. 13. Fibrilles végétales provenant des instrumens de la manipulation en grand. 14. Poils dont le sommet de la graine des céréales est hévissé. 15. Grains de fécule (a) de pomme de terre, (b) de céréales. (c) Tégument de la fécule dépouillé , par l’ébullition , de sa substance interne. N. B. Dans l'Hordéine de Proust, on ne rencontre pour toute substance que les formes 3, 4, 5,6,7, 11, 12, 13, 14, et cà et là quelques tégumens de grains d’amidon 15 c. Mais pour mieux distinguer toutes ces formes , il faut examiner la substance à l'instant où l’on vient de l’obtenir, et avant sa dessiccation. Si on l’ob- servoit au microscope après l'avoir broyée, ces différens organes s’offriroient d’une manière moins nelle, et il seroit moins facile de reconnoître à quel genre de tissus de la graine ils appartiennent. 1 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE SUR LE NOMBRE DEUX, Considéré comme Multiplicateur de QU ATRE, HUIT, DOUZE, "SEIZE, TRENTE-DEUX et SOTXANTE-QUATRE dans la structure des végétaux d'un ordre inférieur, et dans les parties résiculatres ou Elémentaires dont se com- posent les masses du tissu cellulaire des végétaux dordres plus élevés. SUIVI De la description de plusieurs genres et espèces nouvelles très- remarquables, découverts parmi les productions végétales et microscopiques. PAR P. J.F. TURPIN. Dis l'étude organique des végétaux et des animaux, ce qui nous frappe le plus d’abord c’est la variété des formes, d’une part, et les nombres dans les parties composantes de chaque être, de l’autre. Ces deux choses, qui nous servent tant, soit dans la distinction , de ces êtres entre eux, soit 296 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE dans leur ressemblance, peuvent être facilement appréciées ; les formes, en les décrivant, ou, ce qui vaut bien mieux, en les figurant au moyen du pinceau; les nombres, en les com- binant, ce qui est alors plus facile puisqu'il ne s’agit tout simplement que de compter. Mais ce que, 4rès-probablement, nous ignorerons tou- jours, c’est le pourquoi telle forme et le pourquoi tel 20m- bre, plutôt qu’un autre. : Sans chercher à dépasser les bornes de nos facultés Mans chercher à soulever le voile impénétrable des causes premières de l’organisation de la matière, on peut cependant remar- quer, quant aux formes, qu'une petite masse de substance muqueuse et incolore, développée sous la forme très-simple d'un globule, et par extension des tissus d’une mère qui précède, est l’origine de tous les êtres organisés, sans ex- ception. On peut encore dire que cette forme globuleuse seroit celle de toutes les Existences ou Individualités organisées, si à une certaine époque du développement de l'être, une cause voulue par la nature ne dérangexit pas l’accroissement rayon- naut et régulier, afin d'arriver à produire les formes infini- ment variées des êtres vivans, ou seulement de chacun de leurs organes en particulier. Remarquons cependant que la forme globuleuse et primi- tive de tous les êtres ne s’altère pas chez tous; qu’un grand nombre de végétaux et d’animaux simples et microscopiques la conservent toute leur vie, et que chez ceux qui s’en éloi- gnent , le changement de forme n’a lieu que par rapport aux masses, et non dans les globules vésiculaires {rdirdus et pro- SUR LE NOMBRE DEUX. 297 pagateurs (1) dont ces masses tissulaires ne sont jamais qu'une agglomération. Quant aux zombres, il est très-intéressant d’avoir fait connoître que le Multiplicateur rois dans les organes qui composent les fleurs et les fruits des végétaux monocotylés {multiplicateur pouvant donner lieu aux nombres six, NEUF, DOUZE, QUINZE et PLUS), étoit une règle constante qui ne pouvoit être dérangée que par des soudures ou par des avortemens de parties ; causes toujours assez faciles à dé- montrer. (2). (1) J'ai déjà dit, dans mes Mémoires précédens, que je considérois chaque vésicule composante du tissu cellulaire comme une /ndividualité distincte, ayant son-centre vital particulier de végétation et de propagation; que ces Individus vésiculaires étoient des sortes d’ovaires ou de conceptacles, des parois intérieures desquels naissoit, par extension, la Globuline destinée soit à remplacer et à mul- tiplier les vésicules-mères du tissu cellulaire, de manière à augmenter la masse de ce tissu dans tous les sens à la fois, soit, à être, selon certaines circonstances fortuites, ou selon certaines dispositions organiques, l’origine ou le point de départ du développement (un seul grain de Globuline) de toutes les modifications du corps propagateur de l’espèce , telles que les embryons adventifs, les embryons axillaires ou terminaux ( bourgeons fixes), les embryons bulbilles et les embryons des graines. (2) Le fruit des Palmiers dans son enfance, c’est-à-dire à l’état de pistil, est ou un ovaire composé de la réunion ; soudée, de trois feuilles ovariennes (nom- mées depuis feuilles carpellaires par M. De Candolle), de maniere à former trois loges monospermes , ou de ce même ovaire, mais dont les trois feuilles ovariennes, libres entre elles, donnent lieu à trois ovaires distincts et uniloculaires mono- spermes. Le Cocos nucifera présente un exemple du premier cas; le second se trouve dans le Phœnix dactylifera. Les trois feuilles ovariennes, à moitié soudées dans les Chamærops , offrent un état intermédiaire. Tout ce qui, dans la fructification de cette famille, s'éloigne du nombre trois et de la symétrie que nous venons d’indiquer , annonce soudure ou avortement de 298 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE D’être également parvenu à voir que le Multiplicateur ciNQ, donnant les nombres vix, QUINZE, VINGT et PLUS, dans les parties de la fructification des végétaux dicotylés, quoi- que moins constant que le Multiplicateur rrors du groupe précédent, étoit le caractère symétrique de cet ordre de végétaux. Parmi la grande quantité de végétaux simples et micros- copiques que j'ai eu l’occasion d'observer, j'ai remarqué que le Multiplicateur peux, produisant, selon les diverses espè- ces, les nombres QUATRE, HUIT et SEIZE, se présentait assez souvent dans la structure, quelquefois admirable, de ces petits végélaux. Cette disposition, ou plutôt cette constance dans les nom- bres, m’ayant para digne d’être fixée dans le domaine de la science des végétaux, j'ai figuré et rassemblé dans un même cadre ces êtres singuliers, dont la plupart sont entièrement parties; soudures de trois ovaires simples et uniloculaires comme dans l'ovaire composé et triloculaire du Cocos, et avortement , comme cela arrive fréquemment, de deux ovaires dans le Datier. On peut en dire autant des graminées ; l’irrégularité de l’oyaire unique, son unilocularité, sa convexité du côté extérieur, son aplatissement , et quelquefois le sillon du côté intérieur, indiquent, à n’en pouvoir douter, que de ce dernier côté avortent deux ovaires semblables au seul qui se développe ordinairement. Dans les Orchidées, le verticille pétaloïde ne présente que deux parties latérales au lieu de trois; mais eu faisant attention aux silualions relatives des pièces qui composent ces fleurs, on s'aperçoit que la place du troisième pétale est sous le labelle qui, par son développement monstrueux, affame ou dévore ce pétale. Le labelle, à son tour, le plus souvent trilobé, représente trois étamines imparfaites et soudées , qui, ajoutées aux trois autres également soudées en columelle , achè- vent la symétrie de ces singulières fleurs, dont l’état constant ; ou presque constant, est d’être monstrueuses. SUR LE NOMBRE DEUX. 299 nouveaux, afin que l’on puisse juger, au premier coup d'œil, de leurs rapports et de leurs différences (fig. 1 à 24). Ayant aussi remarqué que les nombres DEUX @t QUATRE 5e manifestoient quelquefois dans les vésicules Zzdividus, dont se forment, par agglomération , les masses du tissu cellulaire des vegétaux composés, j'ai représenté quelques uns de ces cas, tels que lesquartre grains de Globuline convertis en corps propagateurs ou Gongyles, dans les vésicules soudées du tissu cellulaire des U/pa (fig. 25 et 26), et dans les vésicules libres et éparses de la Truffe (fig. 27 et 28); dans les peux grains de Globuline développés en utricules polliniques dans la vésicule du tissu cellulaire de l’anthère du Pinus sylvestris , fig. 35 (1); dans ceux, au nombre de quarRE, contenus dans la vésicule du tissu cellulaire de l’anthère du Cobæa scan- dens (fig. 29, 30, 31, 32, 33 et 34) (2); et enfin dans les peux vésicules plus ou moins courbées, dont la réunion forme cet organe qui fait partie de la cuticule des végétaux d’ordres supérieurs, et auquel on a donné généralement les noms de pores ou de stomates (fig. 36). Quoique les cas qui présentent les nombre peux, quarre, auIT et sEiZE dans la structure des végétaux simples et dans certaines vésicules /zdyidus du tissu cellulaire des végétaux composés ne soient pas encore très-nombreux aujourd’hui, j'ai cru cependant nécessaire de signaler tous ceux que je con- nois, afin d’éveiller l'attention sur cet objet, bien convaincu ee if © np, MORE hein nb (©) Lyngbye, Tent. Hydroph. , tab. 90, H. (2) Ces figures sont empruntées de l’excellent ouvrage de M. Adolphe Bron- gniart, intitulé Recherches sur la. génération et le développement de l'Embryon dans les végétaux phaneérogames, pl. 34, D,E,F et G. 300 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE que ces cas se multiplieront, et que peut-être un jour on reconnoitra que la nature a caractérisé les végétaux simples par le nombre peux, les végétaux monocotylés par le nombre TROIS, et enfin les végétaux dicotylés par le nombre a:nQ. Je ferai remarquer aussi, sans y attacher une bien grande importance, au moins pour le moment, que les nombres Eux, QUATRE , HUIT, SEIZE, TRENTE-DEUX et SOIXANTE-QUATRE Ont lieu assez souvent dans les organes de la fructification de ces vé- gétaux munis de nœuds vitaux et de feuilles, mais dont les Embryons dépourvus de protophylles ( cotylédons ) sont réduits à la partie essentielle de tout Embryon, à l’axe ou à la tigelle : je veux parler 1° des Mousses, dont l’Urne de l 4n- dræa rupestris s ouvre en quatre valves; 2° de celle du Po2y- trichum commune, qui est obtusément carrée, et qui contient une capsule à quatre loges; 3° de presque toutes les Urnes des autres espèces dont l’orifice ou péristome se termime par quatre, huit, seize , trente-deux et soixante-quatre dents ou cils membraneux; 4° de la capsule des Jongermannes qui se compose de quatre valves; 50 de celles des Lycopodes qui n’en ont que deux (1); 6° des conceptacles ou capsules des Equisetum , appliqués sous l'involucre au nombre de huit, et enfin des quatre filets tubuleux et terminés en massue, que l’on considère comme étant les étamines de ces plantes. Comme dans la description des êtres figurés sur ma planche j'aurai souvent occasion d'employer les dénominations d’Zn- dividu particulier et d'Individu composé, je dois avertir G@) La capsule triloculaire du Psilotum triquetrum annonce le voisinage de la région des végétaux monocotylés. SUR LE NOMBRE DEUX. 301 que je considère un arbre, ou toute autre plante formée de plus d’une vésicule, comme étant une srdiidualité composée de l'agglomération d’un nombre plus ou moins considérable d'individualités plus sémples qui, quoique concourant à la commune existence du végétal composé, n’en ont pas moins pour cela leurs centres vitaux particuliers de végétation et de propagation (fig. 28, 29, 30 à 35). “En décomposant l'{ndipidualité composée d’un arbre, ontrouve pour premières {ndipidualités composantes toutes celles qui proviennent des nombreux bourgeons qui se dé- veloppent les uns au-dessus des autres, de manière à ce que les plus anciens servent d’abord de mères, et ensuite d’une sorte de territoire aux plus nouveaux. Ces agrégations d’Zn- dividus distincts dans l’Indipidualité composée des grands végétaux sont reconnues depuis long-temps. Celles-ci le sont beaucoup moins. Si l’on décompose ensuite la masse tissulaire de ces pre- mières {ndipidualités composantes, on voit qu’elles ne sont encore que des amas d’{ndividualités microscopiques, parmi lesquelles on distingue facilement trois grandes modifications: 10 les /ndividualités résiculaires (lg. 28 et 30 à 34), dont la réunion, soudée ou simplement contigué, forme (fig. 29) ce que l’on appelle du tissu cellulaire : cette vésicule Individu est la mère ou le conceptacle d’où naît, par extension de ses parois intérieures, la Globuline (fig. 29, 6) qui la rem- place, ou produit, selon certaines circonstances organiques ou fortuites, les utricules polliniques (fig. 31 à 35, 6) et tous les corps propagateurs végétaux quelconques (fig. 25, 26 et 28, D); 20 les Individualités tigellulaires, où miniatüres de Mém. du Museum. t. 16. 39 302 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE tiges, droites ou roulées en spirales (trachées), simples ou fasciculées, pleines où creuses, qui végètent parmi les vésr- cules Individus du tissu cellulaire comme les racines végètent dans le sein de la terre et les rameaux aériens dans latmo- sphère : c’est avec ces sortes d’/ndividus, toujours imper- forés ét terminés par des pointes excessivement fines, que lon a fait les prétendus vaisseaux des végétaux; 39 cette Individualité membraneuse résultante de la cuticule réti- culée, et le plus souvent munie de stomates (fig. 36), qui re- couvre, subordonnée le développement et la multiplication sans bornes des /ndividus vésiculaires et des Individus tgellulaires. (Quoique nous n’apercevions plus d’agglomération dans l’organisation membraneuse des trois Individualités dont il vient d’être question, l’analogie nous dit, et l'expérience con- firme, que ces membranes, qui nous paroïssent , sous le mi- croscope, si unies, si transparentes, et surtout si dépourvues d'ouvertures ou de pores(r), sont encore des agglomérations (1) Il n’y à point, à là surface des végétaux, d'ouvertures destinées à introduire dans l'épaisseur des masses tissulaires, où à jeter au dehors de ces masses les fluides et les liquides qu’elles absorbent ou qu’elles exsudent. La membrane cuti- culaire à l'endroit où sont ajustées les deux vésicules courbées, que l’on a nom- nées pores ou stomates (fig. 36) , n’est pas plus percée là que partout ailleurs. Cette même organisation de deux vésicules courbées , qui se voit à la surface de certaines grosses tigellules internes (prétendus vaisseaux), et dans laquelle on a cru voir un pore annelé, est dans le même cas, et cela doit être, puisque ce prétendu vaisseau n’est qu'une miniature de tige dont l’agglomérätion de plusieurs sémblables constituent, avec l’agglomération des vésicules zrdiidus du tissu cellu- laire, les masses sous-cuticulaires des individualités composées des végétaux d'ordres supérieurs. Îl en est encore de même de ces petits pores annelés des vésicules du tissu cellulaire. On sait maintenant que l’erreur provenoîit d’une illusion SUR LE NOMBRE DEUX. 203 d'Individualités globuleuses, très-petites et simplement con- tigués les unes aux autres, et qu’à leur tour ces globules In- dividus sont encore!!! d'optique, qui avoit fait prendre pour un pore la Globuline ou ces petites vési— cules futures contenues dans les vésicules-mères du tissu cellulaire. Les canaux pistillaires dont parlent encore queiques botanistes, canaux qui pe sont tout simplement que les nervules médianes des feuilles ovariennes, qui se prolongent jusqu’à l'extrémité de ces feuilles, et dont on a fait de cette extrémité, quand elle s’épand en une petite masse de tissu cellulaire, un stigmale ou une vulve végétale; ces canaux , ou prétendus canaux, font encore partie des mille et une erreurs dont le roman de la science des végétaux se compose. Des globules vésiculaires, muqueux, individus, ayant chacun leur centre vital de végétation et de propagation , simplement contigus les uns aux autres, forment ce qui nous paroit n’être qu'une membrane incolore et transparente dans la vési- cule individu du tissu cellulaire, dans la tigellule du tissu tigellulaire, et dans la membrane générale de la cuticule. On sent que dans une organisation dont toute la masse consiste en.des agglomé- rations, par contiguités, d’Individualités distinctes, plus ou moins composées elles-mêmes d’Individualités distinctes plus petites, toutes dépourvues d’ouyer- tures à leurs surfaces, la translation des fluides d’un lieu en un autre ne peut être réglée; qu'une sève montant par un chemin et descendant par un autre, de manière à établir une sorte de circulation, est encore une chose qu’il faut reléguer parmi les anciennes erreurs. La sève, comme tous les autres fluides qui traversent ou stationnent dans les masses organisées des végétaux, n’a point de canaux destinés à la contenir et à diriger sa marche dans un sens plutôt que dans un autre, comme, par exemple, le système veineux pour les globules du sang, ou ces tubes souterrains dont on se sert pour conduire les eaux d’un lieu en un autre. La sève, pour me servir d’une expression très-heureuse et très-juste de M. du Petil-Thouars, ne se porte que là où. elle est appelée, soit que la cause proyienne de l’état physique du milieu dans lequel la plante est placée, soit qu’elle dépende des besoins de l’organisation ou de la vie, ce qui revient au même. Disons donc, une fois pour loutes, que la sève et tous les autres fluides qu’ad- mettent dans leur intérieur les masses végétales, n’ont ni canaux, ni d’ouyertures particulières pour se transporter d’un point des tissus en un autre; que c’est une erreur des plus grossières. Que l’eau et l'air s'établissent , se logent partoutoù, dans 304 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE Toutes ces Zrdividualités particulières et composantes croissent et se reproduisent pour leur propre compte, sans s’'embarrasser de ce qui se passe chez leur voisine. Toutes l’organisation , il se trouve un espace, tel que, 1° dans l’intérieur de la vésicule individu du tissu cellulaire; 2° dans ces vides #nsignifians et angulaires qui pro- viennent de la contiguité de cing vésicules sphériques, dans la formation du tissu cellulaire imparfait , comme dans les tiges grasses des Cactus, les feuilles d’un grand nombre de ZLiliacées, etc., vides que l’on a nommés improprement des canaux inter- cellulaires , et auxquels, pour comble d’erreur, on a assigné des fonctions physio- logiques particalieres, comme, par exemple, de servir seuls au passage de la sève. Il étoit pourtant bien simple de sentir que , dans l’organisation d’un tissu cellu- laire, qui n’a lieu qu’au moyen d’un grand nombre de petits globes vésiculaires, simplement rapprochés les uns des autres, que de petites portions de l’espace universel devoient se trouver limitées sous forme angulaire, mais que ces espaces ne pouvoient pas plus constituer un organe que cet autre espace qui sépare, dans la rue, trois ou quatre animaux ou autres corps quelconques ; 3° dans ces autres cavités tubulaires, tout-à-fait analogues à celle d’un tube de conferve , qui ont quelquefois lieu au centre des grosses tigellules du tissu tigellulaire. Les lois de l'équilibre d’une part, et les lois qui dépendent de la vie de l’autre, font que les trois sortes d'espaces dont nous venons de parler, et qui ont quelquefois lieu dans la masse tissulaire d’un même végétal, tendent à se remplir, et à se partager également la somme unique des fluides et des liquides dont toute la masse se trouve imprégnée ; que ces fluides et ces liquides n’ont besoin d’autres issues pour se transvaser d’une vésicule dans la vésicule voisine , que la simple faculté qu'ont les globules composant la membrane de ces vésicules, de s'éloigner ou de se rapprocher les uns des autres, selon le besoin de laisser entrer ou sortir les fluides et les liquides. Une grande masse ou une grande association d'individus animaux, puisant leur nourriture dans un lieu commun, vivant et se propageant librement dans l’espace, me semblent avoir de grands rapports avec la masse ou l’association des individus vésiculaires végétaux dont se compose une masse de tissu cellulaire; ceux-ci, comume les premiers, vivent et se propagent tous pour leur propre compte, puisent leur nourriture particulière de la masse commune des fluides et des liquides qui les environuent ; mais ils en différent en ce qu’au lieu de pouvoir vivre à distance comme les animaux, ils naissent pour faire partie des agglomérations d'individus simples en Individualités composées des arbres ou de toute autre plante. SUR LE NOMBRE DEUX. 305 profitent seulement du commun avantage d’absorber et de se nourrir, chacune en particulier, de la somme unique des fluides et des liquides qui imprègnent indistinctement toutes les parties de l'association. Ainsi, des /rdiidus globuleux rapprochés, simplement contigus, forment lamembrane de la vésicule Zndividu (fig. 28 et 29, a) du tissu cellulaire, le filament /Zndipidu du ussu tigellulaire, et la membrane cuticulaire {rdipidu. Des agglo- mérations de ces derniers constituent les Zzdiwidualités pro- venues des Bourgeons développés, et enfin celles-ci achèvent l'Individualité composée d’un arbre. D’après cette manière d’envisager l’organisation végétale, on doit s'attendre que, par exemple, dans les êtres figurés 19, 20, 22 et 23, comme dans tous les autres contenus dans “ma planche, je verrai des /ndividualités composées de la réunion de deux, de quatre, de huit et de seize Indivi- dualités particulières, puisque chacune d’elles a, indépen- damment de sa voisine, son centre vital particulier de vé- gétation et de propagation. Je vais maintenant parler, en particulier, de chaque être composé représenté sur le tableau qui accompagne ce Mé- moire; je suivrai l’ordre qu'il présente, ce sera le plan et la division de mon travail: de cette manière je pourrai faire connoître successivement ce que chacun d'eux offre de remar- quable en lui-même, et ses rapports d’analogie avec tous les autres. 306 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE Description des diverses espèces d'êtres organisés et microscopiques qui se trouvent représentés sur la planche qui accompagne cet Aperçu (fig. 1 à 24), et des portions de tissu cellulaire qui s'y trouvent en comparaison ( fig. 25 à 35). Fig. 1. Navicule conjointe (Navicula conjugata. Turp.)(1). Vibrio. Müll. et Brug. Deux vésicules, Zrdividus,oblongues, à extrémités arron- dies, de forme naviculaire, blanches et diaphanes, unilocu- laires, contenant dans leur intérieur des globules propaga- teurs d’un jaune d’ambre, et qu’elles lancent au dehors par l'une, ou peut-être par leurs deux extrémités, de la même manière que la vésicule pollinique expulse ceux qu’elle con- tient, et que l’on nomme l'aura seminalis. Cette espèce vit dans l’eau de mer; vue en masse et à l'œil ou, elle contribue, avec d’autres espèces du même genre, à tapisser les vases en brun chocolat. La grande contraction, en trois masses, de la Globuline propagatrice annonce que l’Individu figuré étoit malade. Fig. ». Navicule géminée. (Nayicula gemuinata. Turp.) Vibrio. Müll. et Brug. Deux vésicules, 2 dividus, oblongues, irrégulières, à extré- mités mousses et muqueuses, uniloculaires, et entièrement (1) Navicula (Bory), à cause de la forme en navette de tisserand qu'ont ces petits êtres. SUR LE NOMBRE DEUX. 307 remplies de Globuline jaune propagatrice. Dans le milieu de ces vésicules apparoissent trois globules à demi transparens, et dans les espaces qui les séparent on distingue des granu- lations équivoques. Où trouve abondamment cette navicule dans les eaux douces , fixée sur les plantes aquatiques et autres surfaces, où elle paroït à l’œil nu comme une crasse couleur de rouille. Fig. 3. Bacillaire conjointe. (Bacillaria conjugata. Turp.) (r). Vibrio. Müll: et Brug. Deux vésicules, Zrdividus, cylindriques, tronquées en bâton aux deux extrémités, uniloculaires, remplies de Glo- buline jaune propagatrice, marquées dans leur longueur de deux ou de trois globules transparens, constituent l’ndipi- dualité composée de cette espèce de la même manière que dans les deux espèces de Navicules précédentes. Elle vit dans l’eau de mer. J'ai de bonnes raisons pour croire que tous les Individus composés, soit de Navicules, soit de Bacillaires qui se pré sentent sous la forme géminée de deux vésicules /ndiidus, comme dans les figures 1, 2 et 3, n’ont jamais vécu séparé- ment; qu'il n'y a en ni greffe ni agrégation, mais qu'ils sont nés en cet état sous une enveloppe commune et ovulaire, et qu'ils constituent conséquemment des espèces tout aussi (1) Bacillaria (Bory), à cause de la forme cylindrique et tronquée aux deux extrémités de ta-vésicule individu, ce-qui-donne-à-ces êtres microscopiques Paspect d’un petit bâton. 308 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE distinctes que celles que nous sommes forcés de faire, par besoin de nous entendre, dans toute l’étendue du règne or- ganique. Les Bacillaires ne différent des Navicules que par la forme qui, au lieu d’être naviculaire, est tronquée en bâton aux deux extrémités. Les espèces les plus communes de ces deux genres se composent d’une seule vésicule; elles sont, selon les espèces, jaune d’ambre ou vertes; on en trouve dans toutes les eaux pures, douces, ou salées : elles vivent en grande société, et sont douées d’un mouvement de locomotion qui consiste dans un glissé d'avant ou de recul, ordinairement lent, sans que pour cela on aperçoive la moindre contraction dans la vésicule. Les globules propagateurs qui s’en échappent ont un mou- vement plus vif, plus court, mais qui se ralentit à mesure qu'ils acquièrent la forme naviculaire. Les Individus des espèces conjointes se meuvent bien moins que les Individus des espèces simples. C’est chez ces petits êtres microscopiques, d'autant plus nombreux, d'autant plus répandus dans la nature, qu'ils sont moins volumineux, que le dernier caractère de l’animalité, le mouvement, vient s’éteindre : aussi ces productions doi- vent-elles être regardées comme le passage insensible du règne animal au règne végétal. | Fig. 4, 5,6, 7, 8,9, 10, 11 et 12. Achnanthe. (Æchnan- thes. Bory.) (1). D (1) Nom dù au hasard, et conséquemment sañs aucune signification. SUR LE NOMBRE DEUX. 309 - Conferva armillaris. Müll. Nov. Act. Holm. 1783, p- 80, ab. nr, fig. 6, 7. Sous le nom d'Echinella stipitata, Lyngbye a décrit, page 210, et figuré, tab. 1xx, B 5 (r), une production qui se rapporte assez bien à celles que je vais décrire, et que j'ai figurée sous les numéros de 4 à 12, mais principalement à mon espèce n° 5. M. Bory de Saint-Vincent, en créant le nouveau genre 4cA- nanthes dans le Dictionnaire classique d'Hist. Nat. , tom. 1, P. 79, ayant cru reconnoître que parmi les figures de Lyngbye il se trouvoit trois espèces distinctes, ce qui me paroît très- vraisemblable, a composé ce genre des espèces suivantes , savoir: Achnanthes adnata, Achn. Bacillarioides et Achn. dubra. Ces trois espèces d’Achnantes étant marines, et ne pouvant être rapportées positivement à aucune des miennes, qui sont d’eau douce, et qui, d’un autre côté, en diffèrent beaucoup quant à la forme et à la couleur, je me contenterai de donner le caractère du genre, et de nommer et de décrire les espèces que j’ai eu occasion d’observer. ” Caractère générique. Productions organisées , sans mouvement, végétales, vési- culaires, composées, selon les diverses espèces, de deux, de quatre ou de huit vésicules Zndividus fusiformes, droites ou courbées en croissant, soudées régulièrement côte à côte —————————————— (1) Tent. Hydroph. Mém. du Muséum. t. 16. 4o 310 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE ou irrégulièrement, en alternant entre elles haut et bas, les deux extérieures quelquefois terminées par deux soies blan- ches, molles et muqueuses, marquées d’une, plus souvent de trois, rarement de quatre aréoles opaques, vertes où d’un beau rose d’après Müller, selon probablement qu’elles ha- bitent les eaux douces ou les eaux salées. Parmi les espèces à nombre de vésicules pair, des Individus, monstrueux par dé- faut ou par des ruptures accidentelles, composés d’une, de trois, de cinq ou de sept vésieules, se montrent fréquemment. Les Achnanthes diffèrent essentiellement des Navicules, des Lunulines et des Bacillaires par leur plus grande composi- tion et par le défaut absolu de mouvement : elles’ sont plus petites ; leurs dimensions mesurées au micromètre sont : lon- gueur d’une vésicule +3, largeur des quatre vésicules sou- dées (fig. 5) + de mill. Mode de propagation inconnu. lig. 4. Achnanthe bijuguée. (Æchnenthes bijuga. Turp.) Deux vésicules, Zndividus , soudées, droites et régulières, avec une seule aréole, constituent l’/ndividualité composée de cette espèce. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Fig. 5. Achnanthe quadrijuguée. (Æchnanthes quadrijuga. Turp.) Echinella stipitata? Lyngb. Tent. Hydroph. tab. 1xx, B 5. Turp. Atl, Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 6. Quarre vésicules, /ndipidus, soudées, droites et régulières, SUR LE NOMBRE: DEUX. 311 avec trois aréoles, forment l’{rdipidualité composée de cette espèce, qui est la plus commune de toutes. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Fig. 6. Achnanthe à quatre queues. (Achnanthes qua- dffcauda. Turp.) Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésicu- linés, fig. 13. Quarre vésicules, /rdipidus, soudées, droites et régu- lières, avec trois aréoles; les deux vésiculés extérieures ter- minées par deux soies fines, blanches, molles et muqueuses, de la longueur des vésicules, constituent cette espèce, dont je n’ai vu encore qu'un seul Zrzdipidu composé. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Obs. Ces soies servent-elles à fixer cette Achnanthe sur les corps étrangers? Ont-elles du rapport avec le stipe court et unique qui part de l’une des vésicules extérieures des Echi- nelles de Lyngbye (fig. 1 et 2), et à l'aide duquel elles res- tent attachées sur des végétaux confervoïdes? Fig. 7. Achnanthe quadralterne. (Achnanthes quadral- terna. Turp.) Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 8. Quarre vésicules, /rdividus, droites, soudées alternative- ment haut et bas, marquées de trois aréoles, composent | Z7- dividualité d'agrégation decette espèce. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. 312 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE Fig. 8. Achnanthe octalterne. (Æchnanthes octalterna. Turp.) Turp. Atl. Diet. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 12. Hurr vésicules, /ndipidus, droites, soudées alternativement haut et bas, marquées de trois aréoles. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Fig. 9. Achnanthe oblique. (Æchnanthes obliqua. Turp., Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 9. Hurr vésicules, /ndividus , droites, soudées par séries obli- ques de quatre , et dont les extrémités de chacune des vési- cules aboutissent dans l’espace produit par deux individus de l’une des séries. Trois aréoles dans les vésicules. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Fig. 10. Achnanthe stomatimorphe. (ÆcAnanthes stoma- timorpha. Turp.) Turp. Au. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésicu- linés, fig. 11. Deux vésicules, /ndividus , cylindriques, obtuses et arron- dies par leurs extrémités, courbées et soudées de manière à former une sorte de sphincter, ou à simuler cet organe que l'on a cru être un #row à la surface des feuilles, des jeunes écorces, des grosses tigelles composantes internes ( vais- seaux), et que l’on a nommé improprement pore où s{o- mate (Voyez la fig. 36). Dans les vésicules composantes de cette espèce on ne voit point d’aréoles. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. SUR LE NOMBRE DEUX. 313 Fig. 11. Achnanthe bilunulée. (4chnanthes bilunulata. Turp.) Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 5. Deux vésicules, Zndipidus , courbées en croissant, soudées ventre à dos, marquées de quatre aréoles, constituent cette espèce qui, par la forme de ces vésicules composantes, rap- pelle celle des Lunulines. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Fig. 12. Achnanthe dimorphe. (Achnanthes dimorpha. Turp.) Turp. Atl. Dict. Science. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 7. Quarre vésicules, Zrdividus, deux, droites et régulières, occupent le centre de l’Individualité composée ; deux autres, courbées en croissant et soudées aux deux du centre par leur dos, en forment l'extérieur. Dans chacune d’elles trois aréoles. Inerte. Hab. les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Fig. 13, 14, 15,16 et 17. Hétérocarpelle. (Heterocarpella. Bory) (1). Caractère générique. Productions organisées, sans mouvement, végétales, vési- culaires, composées de deux ou de quatre vésicules Znde- vidus , soudées par approche, sphériques, triangulaires, ou carrées, marquées dans leur centre d’une aréole de couleur verte ou d’un brun vert-olive. Mode de propagation inconnu. Dimensions non mesurées. 2, (1) Dict: class. d'Hist. nat., t. 8, p. 180. 314 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE Fig. 13. Hétérocarpelle bijuguée. (Heterocarpella byjuga. Turp.) Palmella rupestris. Lyngb. tab. Lux, D, fig. 4. Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 16, 0. Deux vésicules, /ndividus , sphériques, soudées, et mar- Là L ! x » quées d’une aréole semblable à celle que l’on remarque dans le globule du sang. Inerte. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Con- ferves. Fig. 14. Hétérocarpelle quadrijuguée. (Heterocarpella quadruga. Turp.) Palmella rupestris. Liyngb. tab. rxix, D, fig. 4. Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 16. Quarre vésicules, /ndividus , sphériques, soudées et mar- quées d’une aréole, forment l’/rdiidualité composée de cette espèce. . Inerte. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Con- ferves. Fig. 15. Hétérocarpelle amère. (Heferocarpella amara. Turp.) Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 15. Quarre vésicules, Zndividus, dépourvues d’aréoles, liées entre elles au moyen d’une espèce de plateau percé d’un trou au milieu, d’un vert-olive brun. Inerte. J’ai trouvé cette espèce dans du vieux fiel de bœuf. Obs, Cette production organisée commence , comme tous les êtres vivans sans exception, par un globule blanc et mu- SUR LE NOMBRE DEUX. 315 queux qui, à cette époque, est doué d’un mouvement de trépidation assez vif, mouvement que je crois propre à tous les globules vésiculaires et élémentaires de tous les êtres or- ganisés, comme je l’ai souvent remarqué dans les globules des Mycodermes, des Monades, de |’ Aura seminalis des vé- sicules polliniques; dans ceux propagateurs des Navicules, Lunulines et Bacillaires; dans ceux du sperme des animaux, quoique ceux-ci se terminent le plus souvent par une quene. A mesure que les globules /ndividus de l'Hétérocarpelle amère se développent pour devenir des /rdipidus com- posés et quadrivésiculaires, ils perdent la faculté d’un mou- vement qui n’est, très-probablement, dû qu'au déplacement des globules de l’eau qui se séparent et s'élèvent dans l’at- mosphère pendant l’évaporation. Fig. 16. Hétérocarpelle à deux triangles. (Heterocarpella didelta. Turp.) Deux vésicules, Zndividus, triangulaires , à angles arrondis et à faces extérieures rentrantes, distantes et soudées sim- plement dans leur milieu par deux petites saillies semblables à celles qui unissent quelquefois deux ou plusieurs tubes de conjuguées. Ces vésicules sont marquées d’une aréole centrale. Inerte. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Con- ferves. Fig. 17. Hétérocarpelle à deux vésicules. (Heéerocarpella binalis. Turp.) Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésicu- linés, fig. 14. 316 APERCU ORGANOGRAPHIQUE Deux vésicules, /ndipidus, carrées, munies de deux gibbo- sités extérieures et d’une aréole ovale dans leur centre, sont soudées de manière à constituer l/rdipidualité composée de cette belle espèce. Inérte. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Con- ferves. Fig. 18. Tessarthonie en chapelet. (T'essarthonia moni- lforme: Turp.) (1). Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vési- culinés, fig. 1, et tom. zu, p: 230. Quarre globules vésiculaires, Individus, soudés bout à bout, forment l’Zrdipidualité composée de ce petit végétal, dont la longueur totale est de =, et le diamètre d’un globule de +54 de mill. Mode de propagation inconnu. Inerte. Hab: dans les eaux douces et pures, parmi les Con- ferves. Fig. 19. Ursinelle perlée. (Ursinella margaritifera. Vur- pin) (1). £chinella radiosa. Tiyngb. tab. rx, E, fig. 2? Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 23, 4,6, 0. Quarre régions vésiculaires, /ndividus , peu soudées entre elles, légèrement bombées, extérieurement arrondies, angu- leuses du côté intérieur, comme bordées de globules pro- pagateurs intérieurs, et contenant chacune deux autres sé- (1) De Tessapes, quatre; et æpdoy, article. (2) À cause de la ressemblance de cette production avec certains oursins. SUR LE NOMBRE DEUX. 317 ries doubles de semblables globules qui rayonnent du centre vers la circonférence. Cette production commence par un globule blanc et mu- queux qui s'étend en une vésicule ovale, aplatie et remplie de globules propagateurs verts. Quelque temps après, cette vésicule, en continuant de grandir, se divise transversalement en deux portions égales qui, en se divisant ensuite elles- mêmes dans le sens vertical en deux autres parties, don- nent lieu à la formation des quatre régions. vésiculaires dont nous avons parlé en commencant cette description. Mode de propagation, très-probablement par chacun des globules intérieurs. Inerte. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Con- ferves. Fig. 20, 21 et 22. Héliérelle. (Æelierella. Bory.) (1). Sous lenom d’Æchinella radiosa, V:yngbye a décrit, p.208, et figuré, tab. rx, E 3, une production radiée qui paroît avoir quelques rapports avec les êtres entièrement nouveaux que je me propose de faire connoître. _ Cest d’après cette description et cette figure seulement que M. Bory de Saint-Vincent a établi le genre Helierelle, comme si ce savant naturaliste avoit pressenti qu’une telle disposition organique ne pouvoit être isolée dans la nature, et qu'un jour ce genre singulier s’enrichiroit de plusieurs espèces plus étonnantes les unes que les autres. « Nous n’avons point eu occasion d’observer d'espèce de (1) Petit Soleil, Mérn. du Muséum. 1. 16. 41 318 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE ce genre, dit M. Bory; c’est sur l’une des formes que Lyng- bye attribue aux particules organiques de son Æchinella ra- diosa que nous létablissons. » Plus loin il continue : (Nous appellerons la plante de Lyngbye qui rayonne, Helerella Lyngbyr. » Je n’ai jamais rencontré l’espèce figurée par Lyngbye, quoiqu’elle paroisse assez commune, d’après ce que m'a dit M. Léon Leclerc, de Laval. Caractère générique. Huir, Douze ou serzE vésicules, /rdiwidus ; de formes va- riables, vertes, transparentes, sans granulations ou avec gra- nulations propagatrices visibles, soudées immédiatement ou liées entre elles au moyen d’une membrane muqueuse et in- colore, disposées diversement, mais toujours de manière à former une figure rayonnante et symétrique, constituent l’Individualté composée de toutes les espèces d'Héliérelles. Fig. 20. Héliérelle à vésicules en forme de rein. (Helre- rella rernicarpa. Turp.) Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 19. Hurr vésicules Zzdipidus, en forme de rein, avec un sinus profond, vertes, transparentes, sans granulations propaga- trices apparentes, soudées en une /ndiidualité composée, et disposées dans l’ordre suivant, savoir : une au centre, sept autres placées autour, ayant leurs sinus dirigés vers l’exté- rieur, et dont le dos de l’une de celles-ci correspond toujours SUR LE NOMBRE DEUX. 319 avec le sinus de la vésicule centrale. Dans l’espace qui sé- pare la vésicule du centre des sept autres de la circonférence, on remarque sept points lumineux. Inerte. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Con- ferves. Fig. 21. Héliérelle de Napoléon. (Helierella Napoleonis. Türp.) Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 20. Six vésicules, Zrdipidus, bicornées, vertes, vitrées, scin- tillantes, sans granulations propagatrices apparentes, termi- nées, comme les Navicules et les Bacillaires (fig. 2 et 3), par une petite portion de substance blanche et muqueuse. Ces vésicules soudées côte à côte, de manière à former une étoile très-régulière , forment l’Indiwidualité composée de ce végétal. Au centre de cette étoile à douze branches ou pointes, est un trou rond autour duquel se trouve un champ granulé et cerné par une sorte de petite couronne formée de six trous, entre chacun desquels sont deux aréoles. En dehors de cette couronne, on observe encore six autres aréoles situées au point du sinus des vésicules bicornées. Cette jolie production, qui rappelle jusqu’à un certain point ‘étoile de la Légion d'Honneur, est inerte, et se trouve dans les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Mode de pro- pagation inconnu. Fig. 22. Héliérelle de Bory. (Helierella Boryana. Turp.) Turp. Atl. Dict. Sciènc. Nat. Vég. vésiculinés, fig. 22. 350 : APERÇU ORGANOGRAPHIQUE Seize vésicules, Zrdividus, de diverses formes, vertes, vi- trées, scintillantes, contenant chacune quatre ou cinq glo- bules propagateurs d’un vert émeraude très-brillant, et liées par une membrane commune, muqueuse, blanche ou légè- rement irisée, très-diflicile à apercevoir à cause de sa grande transparence. Cette membrane, susceptible de s'étendre ou de se contracter, de manière à ce que les vésicules parois- sent tantôt distantes les unes des autres et tantôt contigués, constitue, avec les seize Individualités vésiculaires, l'{ndr- vidualité composée de cette brillante et très-singulière es- pèce, dont l’ensemble présente une sorte de petit soleil, et dont les seize vésicules composantes ont les formes et la dis- posilion suivantes : Au centre, une vésicule pentagone en- tourée de cinq autres à peu près semblables; dix autres, dont cinq opposées à celles du centre, et cinq alternes avec elles, forment la circonférence : celles-ci ont une base tron- quée, et des côtés dans lesquels on retrouve la forme penta- gonale; mais elles différent de celles du centre, en ce que leurs côtés extérieurs se divisent en deux mamelons coniques terminés chacun par une corne blanche, muqueuse et renflée en globule à l'extrémité, comme la corne d’un limacon. | Lorsqu'on observe cette production dans un lieu chaud, il n’est pas rare de voir plusieurs des cornes muqueuses lancer, de leurs extrémités, une poussière de globules de la même manière que les vésicules polliniques et celles de la Lupuline expulsent la leur, ou bien encore, comme on l’a déjà re- marqué, de l'extrémité du tube de plusieurs végétaux con- fervoïdes. luerte, sauf la contraction et la dilatation de la mem- SUR LE NOMBRE DEUX. 321 brane commune et muqueuse qui unit les /ndividualités particulières , et les confond en une Zndividualité composée et rayonnante. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Obs. Les espèces figurées 20, 21 et 22 étant assez rares, le hasard seul les apportant sur le porte-cbjet du micros- cope, je n'ai pu les mesurer; mais j'estime que leur diamètre est à peu près —; de mill. En lisant la description de cette espèce d’'Héliérelle, on a vu que les serze vésicules Zrdipidus et composantes étoient toutes autant de centres vitaux particuliers de végétation et de propagation; que chacune d’elles était un conceptacle distinct dans lequel naissoient des globules destinés à repro- duire des individus complets. Quels peuvent donc être ces autres globules beaucoup plus petits qui s’échappent de l’ex- trémité des cornes muqueuses ? Une poussière fécondante, les animalcules , ou plutôt les végétalcules sans queues et sper- matiques des végétaux, répondront les sexualistes, sans l’ac- tion desquels vos globules propagateurs avorteroient. Ne pouvant assigner aucune fonction physiologique à l’ex- pulsion de ces globules, je me contenterai, pour l'instant, de faire remarquer que quelques végétaux confervoïdes fila- menteux ont déjà présenté des expulsions de globules par- faitement analogues à ceux de notre Héliérelle, quoique ayant, comme celle-ci, des corps propagateurs distincts de ces globules; tels sont, 1° le Vaucheria cæspitosa de Lyng- bye (tab. xxur, fig. 3); 20 la Polysperme pelotonnée de Vau- cher (pl. 10, fig. 4, 6). : 322 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE Fig. 23. Pectoraline. (Pectoralina. Bory.) Goriwum. Müll. et Brug. Caractère générique. Le genre Pectoralina a beaucoup de rapport organique avec celui qui précède, surtout avec l’Héliérelle de Bory (fig. 22), dont le nombre seize des {ndividus vésiculaires composans est le même; mais il en diffère par la disposi- tion des vésicules en un carré, au lieu de celle d’un cercle rayonnant , et plus particulièrement encore par un mouve- ment de rotation vertical et horizontal très-vif et très-remar- quable, que l’on ne connoïît dans aucune autre espèce de production organisée microscopique. Fig. 23. Pectoraline Hébraique. (Pectoralina Hebraica. Bory) (1). Gontum pectorale. Müll. Inf., tab. xvi, fig. 9 — 11, et Brug. Encyclop. Méth., pl. 7, fig. 1—3. Turp. Atl. Dict. Scienc. Nat. Vég. globulinés. Serze globules vésiculaires, Zndividus, liés les uns aux autres par des sortes de brides blanches, muqueuses, contractiles et très-difiiciles à apercevoir, constituent l’{rdipidualité com- posée d’une Pectoraline. Chacun des globules composans est parfaitement sphérique, d’un vert d’'émeraude , d'une grande transparence, et contient, en sa qualité de centre vital parti- (1 Encyclop. méth. Dict., et Dict. class. d’'Hist. nat., t. 13, p. 126. Le nom du genre, d'apres M. Bory, vient de ce que les espèces dont il se compose représen- tent, quand on les voit par leur plat, la figure du pectoral des pontifes d'Israël. SUR LE NOMBRE DEUX. x 323 culier de végétation et de propagation, plusieurs globules destinés plus tard à former autant de Pectoralines nouvelles. La disposition invariable des seize globules composans est celle-ci: i Quatre occupent le centre, et douze autres, disposés en quatre séries de trois globules chacune, les entourent, et don- nent à l’ensentble de l’{rdividualité composée d’une Pecto- raline la forme d’un petit radeau carré. Ces douze globules extérieurs, par rapport aux quatre du centre, sont distribués de manière à ce que huit s'opposent, par deux, à l’un des quatre globules du centre, et les quatre autres aux espaces produits par ces mêmes globules. Malgré les grands rapports d’analogie organique qui exis- tent entre les Pectoralines, les Héliérelles et toutes les autres productions figurées sous les numéros de 1 à 24, soit dans le multiplicateur deux des Individus vésiculaires composans, soit dans le mode de propagation et de la couleur verte vitrée de toutes, moins les figures 1 à 3, les Pectoralines s’en distin- guent par une sorte de mouvement qui consiste, pour chaque Individu composé, en une rotation plusou moins vive, tantôt dans le sens vertical, et tantôt dans le sens horizontal. Lorsque sur le champ circulaire du microscope on voit, dans la goutte d’eau qu’on y a déposée , une centaine de Pec- toralins, tous plus-étincelans les uns que les autres, s’y ba- lancer avec grâce, pirouetter ou tourner comme de petites roues de carrosse, tantôt dans le sens vertical, et tantôt dans le sens horizontal; lorsqu’on les voit se ployer majestueuse- ment pour changer de place et de position; lorsque parmi le 324 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE grand nombre d’Individus complets, il s’en trouve d’autres réduits aux douze globules extérieurs se tenant en couronne ou désunis de manière à former une chaine qui se promène dans l’espace en y décrivant toutes sortes de figures; et enfin beaucoup d’autres encore, composés seulement d’un, de deux, de trois, ou de quatre globules, on croit assister à un bal magnifique, paré et masqué, dans lequel on exécute toutes sortes de mouvemens, toutes sortes de figures. Ce bal est paré, puisque les Individus qui y figurent sont couverts d’émeraudes brillantes; il est masqué, puisque la nature orga- nique de ces singuliers êtres nous est encore si peu connue. Si au lieu d’éclairer la scène à l’aide de la lumière blanche et diffuse du jour, on l’éclaire avec la lumière dorée d’une lampe, l'illusion alors est complète; cela devient une sorte de petite féerie. Dans ce que je viens de dire, je n’ai point voulu produire d’effet. Les personnes qui ont été témoins des divers mouve- mens exécutés par un grand nombre de Pectoralins réunis, sentiront que je suis resté beaucoup au-dessous de la réalité et fort éloigné du charme que l’on éprouve chaque fois que l’on a occasion d'observer cette étonnante production. Mode de propagation. Chacun des sezze globules Zndividus étant un centre vital particulier de végétation et de propagation, c'est dans l’inté- rieur de ces globules vésiculaires que se forment les corps destinés à propager et à perpétuer l'espèce. Voici ce qu’un heureux hasard m’a procuré à cet égard. SUR LE NOMBRE DEUX. 325 Aû mois de septembre de l’année 1826, je rencontrai dans des rigoles remplies d’eau saumâtre , près d'Honfleur, une qaan- tité considérable de Pectoralines; l’eau en étoit teinte du plus beau vert. Après avoir placé cette production sous le micros- cope, je m’aperçus qu’un grand nombre de globules, presque tous isolés d'une individualité composée, étoient plus gros que d'ordinaire; que quelques uns avoient une forme presque carrée, et qu'enfin ces globules contenoient, pour la plupart, de jeunes Pectoralins complets, c’est-à-dire, composés de seize globules ; tandis que quelques autres n'en présentoient que d'incomplets, dont le nombre des globules varioit le plus sou- vent de quatre, huit et quinze. Ces jeunes Pectoralins étoient verts, et la vésicule-mère , en se dilatant , avoit perdu sa cou- leur, et étoit devenue blanche et diaphane. L'état de ces globules m'annonçoit que la vésicule-mère, ne pouvant plus contenir son Pectoralin, devoit se déchirer et accoucher. J’avois lieu d'espérer qu'avec beaucoup de per- sévérance j’arriverois à saisir l'instant de cet accouchement, et à voir le jeune Pectoralin dégagé de son enveloppe mater- nelle et lancé dans l'espace; mais soit que les vésicules-mères ne fussent pas encore assez avancées, soit que, transportées sur le porte-objet du microscope, elles fussent dans une si- tuation de souffrance, je n’ai jamais pu voir un Pectoralin sortir de son conceptacle. Si on se rappelle qu'un Zndividu composé d'Hydrodyc- üon est un sac réticulé dont les mailles pentagones, hexagones et quelquefois heptagones, se composent de cinq, de six ou de sept vésicules /Zndividus, oblongues , toutes centres par- Mém. du Muséum. t. 16. 42 320 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE ticuliers de végétation et de propagation, et dans l’intéfieur desquelles se forment de jeunes Hydrodyctions complets ou incomplets, on sentira qu'entre ce mode de propagation et celui des Pectoralines il y a une très-grande analogie. Il n’est pas rare de voir des /rdiwidus composés de Pecto- ralines se désagréger par la rupture des brides muqueuses ; les globules Individus nagent alors librement dans l’espace, où ils continuent, probablement, de vivre pour leur propre compte. Mais ce que l’on ne voit jemars, c'est des globules isolés se rechercher, se greffer en se disposant par sesze et dans un ordre constant pour former des Pectoralins. Si une telle chose existoit , le système des Nérnazoatres ou des ag- glomérations, par juxta position d'êtres simples pour com- poser des êtres plus compliqués, seroit prouvé, au moins, pour cette production. ” La grande analogie organique qui existe entre la Pectora- line et toutes les autres espèces d’êtres figurées sur ma planche, m'empèche de considérer cette production, à l'exemple de Müller, de Bruguière et de Bory, comme étant animale, mal- gré son mouvement de rotation. . Hab. dans les eaux douces ou saumätres, mais pures, parmi toutes sortes d’autres végétaux confervoides. Mon ami, M. Le Baillif, à la générosité duquel j'ai dù les premières Pectoralines hébraïques que j'ai observées, en a conservé dans des bocaux remplis d’eau douce, renouvelée de temps en temps, pendant plusieurs années. Ces petits êtres dispa- roissoient pendant toute la saison froide, et reparoissoient au SUR LE NOMBRE DEUX. 395 printemps, ou, pour parler plus exactement, les générations accouchoient à une époque, et le produit où la génération nouvelle se développoit, à une autre. La ligne placée au-dessous de cette figure est une échelle qui fait assez exactement connoître combien de fois l'être représenté est amplifié. Cette ligne, de la longueur juste de de la figure grossie, est divisée en vingt-quatre millimètres. Si on s’est assuré, par le moyen du micromètre, que la gran- deur naturelle d’une Pectoraline est de de millimètre, on sentira aisément qu’une Pectoraline est cinquante fois plus petite que l’un des vingt-quatre espaces établis sur cette ligne, et que l’amplification de la figure est de douze cents fois la grandeur réelle de l’objet représenté. Lorsqu'il s’agit de faire connoître aux autres les êtres or- ganisés du mondé microscopique, on sent le besoin d’avoir recours à quatre moyens différens, savoir : celui de les dé- crire, celui de les figurer, celui d’en indiquer, à l’aide du micromètre, les dimensions naturelles, et enfin d'établir exac- tement de combien l’amplification de la figure que l’on pré- sente a de fois la grandeur réelle de l’objet. Les deux premiers moyens dépendent beaucoup de l’or- ganisation particulière de l'observateur, de la somme de ses corinoissances acquises, et de son habileté à figurer, car je doute que l'on arrive jamais.à produire quelque chose de passable tant que ces deux sortes de signalemens (la descrip- tion et la figure) s’exécuteront par deux cerveaux différens, J'ajouterai en passant que, tant qu’un même homme n’aura pas étudié, comparativement, les êtres organisés et vésicu- 328 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE laires, du bas de l'échelle, et les vésicules Zrdivrdus dont se composent, par agglomération, les masses tissulaires des êtres organisés plus composés; ni les êtres simples, ni les tissus, ne seront compris, püisque ces deux choses, si analogues, sont destinées à s'expliquer mutuellement l’une par l'autre. Le troisième moyen, celui de la mensuration de l’objet à l’aide du micromètre, peut être trés-exact, si toutefois le diamètre ou la longueur du corps que lon mesure remplit complétement une ou plusieurs des distances établies sur l'instrument meusurateur. Mais dès qu'il dépasse plus ou moins les limites de ces distances, l'exactitude rigoureuse cesse, et l'approximation, subordonnée au degré de perfec- fection de l’œil de l’observateur, commence. C’est ainsi que souvent, en voulant mesurer le diamètre d’un grain de Globuline échappé d’une vésicule pollinique, et placé dans l'espace limité d’un centième de millimètre , nous sommes forcé de dire, par approximation, que ce glo- bule occupe un septième ou un huitime de cet espace, et qu'il a conséquemment, pour diamètre réel -+: ou += de milli- mètre. Cette mesure est loin d’être rigoureuse, mais jé la crois suffisante pour un naturaliste qui sait combien les gran- deurs peuvent varier d’un individu à un autre. Le quatrième moyen est celui qui consiste à faire connoître combien il a plu au dessinateur d’amplifier de fois la grandeur réelle de l’objet figuré. Si on sesert d’un microscope simple- ment armé d’une seule lentille et d’un seul oculaire, cette nrensuration est susceptible d’une assez grande exactitude ; mais si on se sert d’un microscope composé, achromatique, et si, surtout, il est question de forts grossissemens ( que l’on SUR LE NOMBRE DEUX. 329 ne peut obtenir que par la superposition d’un plus grand nombre de lentilles), les calculs se compliquent tellement qu’il devient presque impossible d'arriver à produire un moyen exact qui fasse connoitre le véritable degré d’ampli- fication donné à la figure d’un objet microscopique. Malgré toutes les difficultés de calculs qui résultent de la multiplicité des verres dans les microscopes à lentilles achro- matiques , nous ne devons pas cependant désespérer de posséder un jour ce moyen désiré, par quelques personnes, puisque en ce moment l’homme le plus capable par sa grande -connoissance du microscope, M. Le Baillif, s’en occupe. Cette rigueur d’exactitude dans la mesure des êtres orga- nisés microscopiques, toujours variables dans leurs dimen- sions , ne me paroissant pas nécessaire au naturaliste, je pense que le micromètre, pour mesurer les grandeurs réelles, et le moyen de la ligne divisée en millimètres que j'ai indiquée plus haut, sont des moyens très-suffisans en histoire na- turelle. Fig. 24. Géminelle interrompue. (Gemunella interrupta. Turp.) J'ai quelquefois rencontré, parmi d’autres objets en obser- vation sous le microscope , des séries linéaires de globules vésiculaires, elliptiques, d’un vert tendre bleuître, vitrés et marqués, dans leur centre, d’une petite ligne opaque. Ces globules, dans l’intérieur desquels on ne voyoit aucune granu- lation propagatrice, étoient disposés par DEUx, ou par paires, entre lesquels existoit un espace plus considérable. Cette 330 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE disposition régulière et constante des globules, fait soup- conner l’existence d’un tube; ou au moins d’un filet commun et muqueux ; mais quelques efforts que j'aie faits pour le dé- couvrir, je n'ai jamais pu apercevoir ni l’un ni l’autre ; il faut qu’il soit aussi hyalin, aussi transparent que l’eau dans laquelle on observe cette production. La ligne ponctuée de cette figure est artificielle. La longueur d’un globule est d’un 555 de mill. Inerte. Hab. dans les eaux douces et pures, parmi les Conferves. Les masses tissulaires des /rdividualités composées des grands végétaux, tels, par exemple, qu’un Tilleul ou un Marronier, n'étant que des agglomérations considérables de petites /ndividualités vésiculaires et composantes, ayant chacune leur centre vital particulier de végétation et de propagation, libres ou soudées entre elles, il résulte la plus grande analogie entre ces vésicules Zrdiidus, nées pour faire partie, par agglomération, des /ndividualités compo- sées, et celles qui naissent isolées dans l’espace, et dont une seule vésicule propagatrice constitue en entier une /7- dividualité des plus simples. De cette observation résulte encore que l’on doit s'attendre à trouver des caractères com- mups ou de ressemblance entre les Individus végétaux sim- ples, vésiculaires et isolés, et les Individus végétaux, égale- ment simples et vésiculaires, mais destinés à vivre agglomérés et à composer, par additions successives, la masse de l’7»- dividualité d'agrégation d'un végétal d'ordre supérieur, C’est afin de commencer à établir ces ressemblances, ces SUR LE NOMBRE DEUX. 331 identités organiques eutre le végétal univésiculaire vivant isolé dans la nature, et une vésicule détachée de la masse tissulaire d'un végétal composé , que j'ai rapproché quelques exemples pris dans des tissus de végétaux d’ordres plus élevés, et dans les vésicules desquels les nombres deux et quatre se manifestent dans le développement des grains de Globuline à mesure qu'ils se convertissent soit en corps pro- pagateurs (fig. 25, 26, 27 et 28, D), soit en utricules ou vé- sicules polliniques (fig. 31, 32, 33, 34 et 35 8); ce qui revient quelquefois au même, lorsqu'une vésicule pollinique, favo- risée dans sa végétation, devient un corps propagateur sem- blable à l’un des quatre contenus dans les vésicules-mères de l’ulpa ou de la Truffe, figurées 26 et 28. Fig. 25. Quelques vésicules Zrdipidus détachées de la membrane réticulée d’un wlva. a. Quarre grains de Globu- line comparable à celle contenue dans les vésicules de tous les tissus cellulaires végétaux (fig. 29, en #; 6. fig. 25 et 26); grains de Globuline développés en corps propagateurs, par dilatation de la vésicule, et par la production des parois inté- rieures de cette vésicule, d’une nouvelle génération de Glo- buline soudée en un petit noyau de tissu cellulaire. Toutes les Globulines des tissus cellulaires portées à ce point de développement deviennent ‘des corps capables de propager le végétal-mère dans l’intérieur duquel elles ont pris naissance. C’est de cette manière que les Embryons ad- ventifs, qui s’échappent de la surface des feuilles ou de celle des écorces, ont lieu. Fig. 26. Une vésicule Zndividu, isolée du végétal précé- 332 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE dent, et contenant quatre corps propagateurs (gongyles), dans l’intérieur desquels on aperçoit une nouvelle génération de Globuline. Obs. On vient de voir qu’un grain de Globuline (fig. 25 à), parfaitement identique avec ceux qui naissent de la paroi intérieure de la vésicule Zrdipidu de tous les tissus cellulaires végétaux, peut devenir, par développement d’une nouvelle génération de Globuline concentrée et soudée en un noyau de tissu cellulaire, un corps câpable de propager (fig. 25 et 26, b.) Ce cas est le mode constant de propagation dans les Champignons, les Lichens et les plantes marines, de même, comme je viens de le dire plus haut, que tous les Embryons adventifs ou inattendus en résultent également, et ne sont, dans la vérité, que des sortes de gongyles qui se dévelop- pent dans le sein d’une vésicule-mère du tissu cellulaire, et qui viennent saillir à sa surface en perçant la cuticule. Ce que j'avance ici relativement à l’origine des Embryons adventifs me semble suffisamment prouvé par le dévelop- pement de la Globuline intérieure des ulves intestinales en une nouvelle génération de petites ulves qui rayonnent au- tour de la mère, qui leur sert de support ou d’une sorte de territoire : fait assez ordinaire dans cette espèce de végétal, et que j'ai fait connoître dans un de mes Mémoires précédens, lorsqu'il étoit question d'expliquer comment un grand nombre d'Embryons adventifs pouvoient naître à la surface d’une feuille. Fig. 27. Une petite portion de la masse fongueuse dont se compose entièrement une Truffe. L'organisation de la Truffe SUR LE NOMBRE DEUX. 333 se compose de deux sortes d'organes élémentaires; les pre- miers, et les plusutiles, consistent en des globules vésiculaires Individus, blancs, muqueux, qui se développent ensuite en des vésicules sphériques et isolées les unes des autres, Ces vésicules, éparses, représentent rigoureusement un tissu cel- lulaire imparfait, c’est-à-dire un tissu cellulaire composé de vésicules Zzdividus non soudées; dans leur intérieur , il naît un grand nombre de grains de Globuline, parmi lesquels un, deux, trois, mais jamais plus de quaTRE de ces grains privi- légiés s'étendent en vésicules, et deviennent des corps pro- pagateurs noirs et hérissés ou de petites Truffinelles, qui n’at- tendent plus que l’entière décomposition de la mère pour grossir et la propager. Parmi les vésicules propagatrices du tissu cellulaire à élé- mens ou à vésicules éparses de la Truffe, un grand nombre d’autres restent rudimentaires ou se développent irrégulière- ment, parce qu’elles ont été probablement gênées ou affamées par des organes voisins plus heureux. Tout le secret de la structure et de la formation des masses du tissu cellulaire se trouve dans la base organique et vési- culaire de la Truffe. Ce végétal nous offre en effet un tissu cellulaire ébauché, dont les vésicules Zrdividus, au lieu d’être greffées et souvent affaissées en hexagones comme dans la figure 29, sont isolées et sphériques. y Les seconds organes qui servent, concurremment avec les vésicules propagatrices, à constituer la masse d’une Truffe, sont de petites végetations fibreuses, incolores et stériles; ce sont de petites tigellules, de petites Zzdiyidualités distinctes Mém. du Muséum. 1. 16. 43 334 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE qui s’alongent et végètent, pour leur compte, en profitant de tous les espaces qu’elles rencontrent. Dans ces tigellules élé- mentaires est encore tout le secret sur la formation et sur la nature de ces autres tissus que l’on a, à tort, nommés des vaisseaux dans les végétaux d'ordres supérieurs. La nature, dans l’organisation de la Truffe, a placé à l'état rudimentaire ou d’ébauche tout ce qui se trouve d’essentiel daus la composition organique d’un morceau de-bois, c’est- à-dire une base formée d’un amas de vésicules-mères et propagatrices (tissu cellulaire), parmi lesquelles végètent des tigellules stériles (prétendu tissu vasculaire). a. Globules vésiculaires rudimentaires. 4. Globules de- venus des vésicules propagatrices, et représentant un tissu cellulaire à vésicules éparses : ces vésicules contiennent d’a- bord un grand nombre de grains de Globuline, dont quatre au plus se sont convertis en corps propagateurs ou Trufi- nelles. d. Tigellules rigoureusement comparables à celles plus alongées, droites ou roulées en spirales, des végétaux d’or- dres plus élevés, et dans lesquels on a cru voir des vaisseaux. lig. 28. Une vésicule Zrdiidu, isolée de la masse, très- grossie et contenant QuATRE Truflinelles. a. -Vésicule-mère. b. Quatre grains de Globuline développés en Truflinelles. On voit que dans l'intérieur de cette vésicule il est resté , à l’état rudimentaire, un grand nombre de grains de Globuline. Fig. 29. Une petite portion de la masse de tissu cellulaire contenue dans les loges de l’anthère du Cobæa scandéns, composée de onze /ndividualités vésiculaires, soudées par SUR LE NOMBRE DEUX. 335 approche , et devenues assez régulièrement hexaèdres par défaut d'espace, contenant dans leur intérieur un grand nombre de grains de Globuline. a. /ndividus vésiculaires propagateurs composant le tissu cellulaire. 2. Globuline ou vésicules polliniques futures. Fig. 30. Un Zndipidu vésiculaire isolé ou décollé de la masse soudée, et contenant en sa Globuline propagatrice. Fig. 31, 32, 33 et 34. Individus vésiculaires plus déve- loppés, dans lesquels, comme dans la vésicule (fig. 28), il ne s’est développé que QuaTRE grains de Globuline en vésicules polliniques, et dont une en a (fig. 31, 33 et 34), est restée stérile, c’est-à-dire, que de ses parois intérieures il n’en est pas sorti ces petits globules vésiculaires que l’on nomme l’aura seminalis. 4 Obs. Je ne pense pas avec M. Adolphe Brongniart (1), que les nombreux grains de Globuline contenus dans les vésicules composantes du tissu cellulaire de la loge des anthères (fig. 29 et 30 à) s’'agglomèrent en masse pour constituer de la sorte un ou plusieurs globules vésiculaires polliniques. Un assez grand nombre d'observations me portent, au contraire, à voir que, dans le cas dont il est ici question, quatre de ces grains, plus favorisés que les autres, comme cela arrive dans la vésicule propagatrice du tissu cellulaire épars de la Truffe, se développent lorsque tous les autres avortent et dispa- (1) Recherches sur la génération et le développement de l’'Embryon dans les Végétaux phanérogames, p. 16. 336 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE roissent en se dissolvant dans le liquide qui remplit d’ordi- naire la vésicule-mère. J'ai déjà repoussé, dans un autre de mes Mémoires, cette doctrine de juxtapositions où d'ag- glomérations de globules visibles et distincts dans la forma- tion du corps propagateur ovoide des Conjuguées, auquel un seul des globules verts, de la spirale de chaque tube ou de chaque mérithalle, donne lieu. Les globules vésiculaires (Globuline captive), des vésicules du tissu cellulaire des loges des anthères (fig. 29 et 30 b), ceux contenus dans les vésicules tubuleuses des végétaux confervoides, comme ceux, en un mot, de toutes les vésicules composantes des tissus cellulaires en général, ne se groupent pas plus pour bâtir, pour constituer une Zndipidualité com- posée, que les très-nombreux ovules d’un ovaire de Pavot ne s’ajustent, ne se collent entre eux, pour former les graines : qui en résultent. Un autre exemple, que j'ai déjà rapporté ailleurs, expliquera mieux ce qui se passe dans le dévelop- pement constant d'un corps propagateur rique dans chaque article d’un tube de Conjuguée ; malgré que le long du filet spiral de ces articles il y ait plusiéurs centaines de globules vésiculaires ayant tous les mêmes droits à la propagation. Dans les deux loges de l'ovaire da Caryophyllus aroma- #icus (Giroflier) sont plusieurs centaines d’ovules parmi lesquels un seul, et constamment, se développe, affame, fait avorter tous les autres, et devient une grosse graine qui s'empare de tout l’espace. Si ce cas, et mille autres sembla- bles, qui existent dans les végétaux phanérogames, étoit microscopique, on auroit probablement eu recours aussi à la doctrine #npossible des juxtapositions d'êtres organisés SUR LE NOMBRE DEUX. 337 simples, pour constituer des êtres organisés plus compliqués. Je ne puis croire que des êtres globuleux organisés, quel- que petits qu'ils puissent être, nés à distance les uns des autres, et Jowssant de l’espace, s'agglomèrent, se juxta- posent jamais pour construire de la sorte un être organisé plus compliqué qu'eux. Tout globule organisé, dès qu'il est apercevable, est une /rdipidualité naissante, de l’intérieur de laquelle peut, par multiplication et par accouchement suc- cessif de nouvelles générations de globules, devenir la répé- tiion de l’être dont il est né par exfension. Je n’ignore point que le propre de tous les êtres organisés, sans exception, est de se coller ou de se greffer par approche, de manière à confondre plusieurs existences particulières en une seule; leur substance élémentaire étant éminemment muqueuse explique ce mode d’action. Il est certain que les nombreux arbres dont se compose une forêt, manquant de l’espace nécessaire à leur développement, se grefferoient par approche, et formeroient par cette union une sorte d’/ndi- vidualité composée. Mais cette Zndividualité seroit acciden- telle; elle seroit m10onstrueuse par excès, puisqu’elle ne seroit que le résultat forcé du manque d’espace, et qu’en outre, malgré cette communauté d’existences, seulement quant aux fluides nourriciers, les différences, même individuelles des sujets entre-greffés, contiuueroient encore comme par le passé. Si je me suis autant étendu sur ce qu’on vient de lire, c'est que je considère ce point de l’organisation comme le plus important, puisqu'il touche, le plus près possible, le 338 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE moment où la matière tend à s'organiser, et que d’un autre côté je désire que l’on sache bien que les /ndividualités vé- siculaires et propagatrices dont se composent la masse du tissu cellulaire des Zndividualités composées des grands vé- gétaux m'ont jamais vécu, pour leur propre compte, dans l’espace; qu'elles ne se sont point recherchées, agglomérées, soudées entre elles pour construire une plante; mais qu’une Mousse, qu’un Baobab tout entier, ont eu pour point de départ un seul globule vésiculaire, lequel a été le concep- tacle d’où sont sorties ensuite les nombreuses et successives générations de vésicules qui constituent les masses tissulaires de ces grands végétaux. Je reviens à l’objet direct de mon sujet. Si on compare les figures 27 et 29, on sent aisément qu’en isolant et en ramenant à la forme sphérique les vésicules /7- dividus de la fig. 29, on auroit l'équivalent de celles éparses de la fig. 27, et ice versä. Cette analogie devient bien plus frappante encore si on compare la vésicule isolée de la Truffe (fig. 28) à celles également isolées du tissu cellulaire dé lan- thère du Cobæa scandens (fig. 31, 32, 33 et 34), dans les- quelles se sont développés quatre corps, qui ont plus de rapport organique avec les quatre Truflinelles de la fig. 28, qu’on ne pourroit le croire au premier abord. C’est en raison de cette grande affinité, qu’assez souvent une vésicule pollinique, favorisée dans sa végétation, devient un corps qui propage, comme une graine, le végétal-mère qui lui a donné naissance. Les figures 29, 30, 31, 32, 33 et 34 sont empruntées et SUR LE NOMBRE DEUX. 339 copiées du beau et très-important travail que vient de pu- blier M. Adolphe Brongniart , sur la génération et le dévelop- pement de PEmbryon dans les végétaux phanérogames. L'auteur fait remarquer, mais sans en tirer d’autres con- séquences, que constamment dans les vésicules dont se com- pose la petite masse de tissu cellulaire contenue dans cha- cuné, des loges de l’anthère du Cobæa scandens, quatre vésicules polliniques seulement se développent. Ce nombre QUATRE se rapportant à ceux qui font l’objet de ce Mémoire, et la vésicule-mère qui le produit, étant, selon moi, l’ana- logue d’un végétal simple et univésiculaire du bas de l’é- chelle, je me suis empressé de recueillir ce fait et de le joindre à ceux que je possédois déjà. Fig. 35. Deux vésicules de différentes formes, isolées de la masse du tissu cellulaire de l'anthère du Prnus sylvestris, dans lesquelles Deux grains de Globuline seulement se sont développés en vésicules polliniques (1). Fig. 36. Sur une membrañe générale leuticule ou der des végétaux), diaphane et sans eouleur, sans ouvertures ap- préciables aux plus forts grossissemens du microscope, mais bien probablement composée de petits globules muqueux, transparens, simplement contigus les uns aux autres de manière à pouvoir s'éloigner ou se rapprocher selon que lesfluides et les liquides pénètrent dans ‘la masse organique, ou qu’ils en (x) Figures copiées dans l'ouvrage de Lyngbye, Tent. Hydrop., tab. 70, H. 340 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE sortent. Sur la face interne de cette membrane est comme ap- pliquée une sorte de réseau, dont la forme et la grandeur des mailles diffèrent selon les diverses espèces de végétaux, et dans ce réseau sont ajustés de distance en distance, d’autres organes qui se composent, de peux vésicules variables, plus ou moins courbées, et dont l’ensemble imite assez bien un sphincter. Ces deux vésicules, toujours abondamment pourvues de Glo- buline, n'ont pas encore de fonctions physiologiques bien reconnues, si toutefois elles en ont. On s’est imaginé que l’espace produit par la courbure des deux vésicules, mais qui est souvent réduit à une fente ou à un trait noir, lorsque les vésicules sont droites et qu’elles se touchent, étoit une ou- verture ménagée par la nature pour donner passage à l’en- trée ou à la sortie des fluides; on a même poussé cette erreur jusqu’à penser que ce que l’on croit être des vaisseaux venoit s y aboucher. En conséquence, ces prétendues ouvertures, quoique toujours bien masquées par la membrane générale, ont été nommées des pores corticaux ou des stomates à la surface des végétaux, et des pores annelés à la surface des grosses tigellules internes et composantes des tissus tigellu- laires prétendus (vaisseaux). Fig. 37. Une portion de cercle indiquant comment la Glo- buline, ou vésicules futures des vésicules-mères du tissu cel- lulaire (fig. 29 a), se forme par extension des parois inté- rieures de ces mêmes vésicules. C’est encore un de ces grains de Globuline qui sert de conceptacle, et duquel se déve- loppe toute espèce de corps propagateurs, tels que Bour- SUR LE NOMBRE DEUX. 341 geons adventifs, Bourgeons prévus ou axillaires, Bulbilles et Embryons des graines. L'insertion de la Globuline sur les pa- rois intérieures des vésicules-mères composant le tissu cel- lulaire est régulière et alterne, c’est-à-dire que les globules d’une série alternent avec ceux des deux séries voisines. il est très-diflicile d'avoir sous le microscope des vésicules- mères dans lesquelles la Globuline ne soit pas détachée des parois, et ne soit pas bouléversée dans l’intérieur de la vési- cule, comme à une certaine époque toutes les graines d’une capsule de Pavot $e trouvent dans un état de confusion. Il faut, pour se procurer des vésicules de tissu cellulaire dans lesquelles la Globuline soit encore attachée, s'adresser au jeune tissu d’une tige de Cactus, faire d’abord une petite coupure avec la lame d’un rasoir, et arracher ensuite avec une pince, le plus doucement possible, la petite portion de tissu cellulaire , ou la petite quantité de vésicules-mères rem- plies de la génération future que l’on se propose d’observer sous le microscope. Cette figure est toute théorique, mais elle exprime ce qui existe réellement, c’est-à-dire que tout corps organisé capable de propager l'espèce est toujours produit par extension äu tissu propre d’une mère qui précède. RÉSUME. Tous les êtres organisés végétaux représentés sur ma plan- che, sous les numéros de 1 à 24, offrent des Zndividualités composées, dans lesquelles il entre, comme composans, et Mém. du Muséum. t. 16. 44 342 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE selon les diverses espèces, 2, 4, 8, 12 ou 16 Individualités simples vésiculaires, ayant chacune son centre vital parti- culier de végétation et de propagation. Dans l’intérieur de chacune des vésicules Individus et com- posantes, comme par exemple, dans l'une des seize parties d’une Pectoraline (fig. 23), ou d’une Héliérelle (fig. 22), il se forme une petite /ndividualité composée, dans laquelle se trouvent les seize Individualités composantes, vésiculaires et propagatrices, ou pour parler plus simplement, il faut dire que de chacune des vésicules composantes il sort une Pecto- raline ou une Héliérelle complète. Ce mode de propagation est tout-à-fait analogue à celui de l'Hydrodyction puisque, comme l’on sait, de chacune des vésicules /rdividus oblongues, et conjointes de manière à former un sac réticulé, sort un petit Hydrodyction composé. Les grandes agglomérations d’{rdiidus vésiculaires dont se forme la masse du tissu cellulaire des /ndipidualités com- posées des plantes sont entièrement analogues aux petites agglomérations dont se constituent, par 2, 4, 8, 12 ou 16 vé- sicules Individus, les êtres composés et microscopiques figurés sur ma planche. Chaque vésicule Z2dipidu d’un üssu cellulaire étant également un centre vital particulier de végétation et de propagation, est toujours, conséquemment, le conceptacle où se forme une petite Zrdividualité composée qui n’a plus qu’à se dérouler pour être un chène, si la vésieule-mère faisoit partie du ussu cellulaire d’un végétal de cette espèce, ou UTP 90 l f ñ CN TUE AS SET AURA RUE À DT PORTANT ENT La “ « - ÿ F F Erin in re dos Pom se HECH HEDS Pa TS AE PURE "NA l'ont à ÿ ” 4 nAÈTs, ” : H { " core So timer « RAS PTE VEGETAUX ve siculaires, mrérorcopiques. F7 ordres 2,4, à, 12 eL 16, we Prarifestert Jreguemment dars 72 parer COMPOS ares dos vegetaux d'nples el mé J'OŸCOPIGUES - SUR LE NOMBRE DEUX. 343 bien une Truflinelle (fig. 28, 6), si la vésicule propagatrice -appartenoit à la masse fongueuse d’une Truffe. Il m'est aujourd’hui complétement démontré que toute vé- sicule végétale, soit qu’elle constitue à elle seule une Zrdevt- dualité simple, isolée, une Globuline solitaire, soit qu’elle fasse partie , par agglomération, de la masse du tissu cellulaire de l’Individualité composée d'une plante, est toujours un conceptacle propagateur des parois intérieures, duquel nais- sent, par extension (fig. 35), de plus petites vésicules Zrdr- vidus destinées à remplacer la vésicule-mère isolée, ou la vésicule-mère agglomérée en tissu cellulaire, et en mème temps, dans cette dernière seulement, à produire, selon certaines causes favorables de végétatiou, toute espèce de corps propagateurs, tels que Bourgeons, Bulbilles et Em- bryons des graines. Il est très-remarquable que, dans la composition vésicu- laire des /ndividualités composées d’un grand nombre de petits végétaux microscopiques, le nombre 2, comme mul- tiplicateur de 4, 8, 12 et 16, selon les diverses espèces, se manifeste souvent; que dans les organes de la fructification des Jongermannes, des Mousses, des Lycopodes, des Æquise- tum, on trouve également un multiplateur 2 qui produit les nombres 4, 8, 16, 32 et 64. Et qu’enfin dans quelques vésicules Zndividus de tissu cel- lulaire les grains de Globuline affectent dans leurs dévelop- pemens, soit en utricules polliniques (fig. 31 à 35), soit en corps propagateurs (fig. 25 à 28), les nombres 2 et 4. 344 APERÇU ORGANOGRAPHIQUE SUR LE NOMBRE DEUX. Le nombre >, comme multiplicateur de 4,8, 12, 16, 32 et 64, est-il le caractère des végétaux inférieurs comme le nombre 3, multiplicateur de 6,9, 12, 18 et plus, est celui des végétaux monocotylés, et le nombre 5, multiplicateur de 10, 15, 20 et plus, celui des végétaux dicotylés? RE MÉMOIRE SUR L’EUR YPODE, NOUVEAU GENRE DE CRUSTACÉ DÉCAPODE BRACHYURE, PAR M. E. GUÉRIN, Membre de la Société d'Histoire Natvrelle de Paris, correspondant de l’Académie royale des Sciences , etc. , de La Rochelle » de la Société Linnéenne de Bordeaux , etc,, etc. (Présenté à l’Académie royale des Sciences , le 14 avril 1828.) Le genre que nous proposons d'établir appartenant à la tribu des Triangulaires, que M. Latreille a formée dans ses fa- milles naturelles du règne animal, nous croyons devoir faire précéder sa description d’un aperçu rapide des progrès que la science a faits depuis Linné , relativement aux genres qui composent actuellement cette tribu. Ces Crustacés étoient compris per Linnæus dans son grand genre Crabe (Cancer). Fabricius connoissant un plus grand nombre d’espèces, et trouvant ce genre trop étendu, forma à ses dépens les genres Inachus et Parthénope, que M. de Lamarck réunit d’abord sous le nom de Maïa, et dont il a formé ensuite, dans son Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres, plusieurs genres Compris dans la section des Tri- gonés de sa division des Homobranches brachyures. M. La- Mém. du Muséum. 1. 16. 45 546 MÉMOIRE treille, dans son Genera Crustaceorum et Insectorum, pla- çait le grand genre Maïa de M. de Lamarck dans la famille des Oxyrhinques, qui renferme plusieurs genres appartenant ac- tuellement à des tribus différentes : c’est dans le troisième volume du Règne animal qu'il Va tont-à-fait isolé, ‘et qu'il a donné le nom de 7rrangulaires à un groupe formé aux dépens du genre Maïa primitif. fl a rendu au genre Inachus de Fabricius toute son étendue, et il l’a composé de la plus grande partie des espèces du igenre Maïa de M. de La- marck, qu'il a supprimé. Jusque là le groupe des Triangulaires renfermait un assez petit nombre de genres, mais le docteur Leach, dans sa mé- thode, a formé, aux dépens des Inachus et des Parthénopes de Fabricius, un grand nombre de coupes génériques plus ou moins heureusement conçues, qu'il a placées dans une division particulière, ayant pour principal caractère, d’avoir la carapace triangulaire. Beaucoup de ces genres sont adoptés par M. Latreille dans ses familles naturelles du Règne animal, où il a érigé sa division des Triangulaires en tribu. Dans cet ouvrage, cette tribu se compose de dix-sept genres rangés dans deux grandes divisions : la première comprend les Crus- tacés qui ont tous les pieds grands et propres à la marche. Cette division est partagée en deux groupes bien caractérisés : dans le premier sont compris les genres dont le troisième ar- ticle des pieds-mächoires extérieurs est presque carré : ce sont les Parthénopes, Eurynomes, Mithrax, Hyménosomes, Pise, Sténocionops, Micippes, Maïa, Stenope, Hias et Ha- lime. Dans le second groupe, le troisième article des pieds- mâchoires est en forme de triangle renversé, ou d’ovale ré- SUR L'EURYPODE. 347 tréci inférieurement; il renferme les genres Camposcie, Ina- chus, Sténorhynque Lamarck (ou Macropodes de Leach, Macropus, Latreille), Leptopodie et Pactole; c’est dans ce groupe, et entre les Inachus et les Sténorhynques, que doit venir se ranger notre nouveau genre: il lui appartient incon- testablement par la forme alongée du troisième article de ses pieds-mâchoires, et il tient des Inachus par plusieurs carac- ières, et des Sténorhynques par d’autres. Ainsi, comme celà a lieu chez les Inachus, son épistôme (1), ou l’espace compris entre la cavité buccale et la base, des antennes, est trans- versal, ou beaucoup plus large que long, tandis qu’il est plus long que large dans les Sténorhynques. Il tient de ceux- ci par'ses yeux, qui sont toujours saillans et ne peuvent se loger dans les cavités oculaires, comme on le voit dans les Inachus; par ses antennes extérieures, ayant presque la moi- tié de la longueur du corps; par son rostre bifide, et par la longueur relative de ses pates; mais il en est bien distingué par une foule de caractères dont nous citerons les plus sail- lans. Ainsi le troisième article des pieds-mächoires, dans les Sténorhynques, est au moins deux fois plus long que large, rétréci à ses deux extrémités, et plus étroit que le second, dont le bord intérieur est dilaté, et remonte, en s’arrondis- sant, jusqu’au milieu de sa longueur; dans notre Crustacé, ces pièces offrent des formes toutes différentes, le troisième article du pied-mächoire est aussi large que le second, et il n'est pas beaucoup plus long que large. Les autres pièces de a ———— —— —"…— —— —— — __—_—_—] (1) M. Latreille est le premier qui ait employé ce caractère pour distinguer les genres entre eux. 348 f MÉMOIRE la bouche n’offrant pas de différence bien sensible. Nous n’en ferons point usage pour caractériser notre genre, mais nous ne croyons pas devoir passer sous silence un £aractère qui existe dans les antennes internes, et qui le distingue encore des Inachus et des Sténorhynques : c’est le nombre des ar- ticles du filet interne de ces antennes qui est de sept, tandis qu’on n’en compte que quatre dans les deux genres précités. Enfin, un caractère encore plus apparent, c’est la dilatation du métatarse de ses quatre paires de pates ambulatoires, dilatation que l’on n’a encore observée dans aucun genre de la tribu des triangulaires , et, nous le croyons même, dans aucun Crustacé décapode connu. D'après les rapports que nous avons exposés, et les diffé- rences qui ont été signalées en même temps, nous nous croyons fondés à distinguer notre Crustacé des Inachus et des Sténorhynques, et à le placer cependant dans leur voi- sinage. Voyons si d’autres genres de Leach ne pourroient pas avoir les mêmes caractères, et comment il s’en distingue. Les Achées de cet auteur ne diffèrent des Sténorhynques que par des caractères de très-peu d'importance, ce qui a sans doute engagé notre célèbre maître, M. Latreille, à les réunir, puisqu'il ne le mentionne pas dans ses familles natu- turelles du Règne auimal. Du reste, nous voyons par ses ca- ractères , présentés par M. Desmarest dans l’ouvrage ayant pour titre Considérations générales sur la classe des Crus- tacés , que ses antennes ont leurs deux premiers articles mo- biles égaux en longueur , comme dans l’Eurypode, mais que ses pieds-mächoires sont conformés à peu près comme dans les Sténorhynques, et que ses pates n’ont pas le métatarse dilaté. SUR L’EURYPODE. 349 Le genre Leptopodie ne peut présenter aucune analogie avec le nôtre, puisque ses antennes sont beaucoup plus courtes que le corps, et qu’il a un rostre d’une seule pièce plus long que la carapace. Le genre Egérie de Leach s’éloigneroit suf- fisamment du nôtre par la forme orbiculaire de son Corps, mais il en est encore plus distinct par ses antennes externes, courtes, et dont le second article mobile est beaucoup plus court que le premier; son genre Doclea se distingue du nôtre ‘par sa carapace presque globuleuse et terminée par un rostre très-court; enfin les genres Leptope et Pactole en sont trop distincts pour qu'il soit nécessaire de signaler leurs caractères. Le nom que nous proposons pour ce nouveau genre est celui d'£vrypode (Eurypodius) (1), de deux mots grecs qui signifient Za7ge-pred ; ce nom nous paroît d’autant plus con- venable qu’il offre de la ressemblance avec celui des genres les plus voisins (Macropodie, Lieptopodie), et qu'il repré- sente un des principaux caractères de ce genre. Nous pen- sons que cette dilatation des pieds, surtout chez un Crustacé de cette tribu, est un fait très-remarquable; car on sait que toutes les espèces connues du grand genre Maïa vivent dans les plantes marines, rampent au fond de la mer, et ne peu- vent nager. Celle-ci, au contraire, sembleroit destinée à exé- cuter des mouvemens rapides, puisque les pieds forment huit rames parfaitement disposées, et qui doivent avoir d’autant plus de puissance, qu’elles sont placées à l’extrémité de ces longues pates. Ainsi, quoique nous ne sachions rien sur les Ve TE FC RS TUE (1) D’evpus, large; et Are rodes, pied. 350 MÉMOIRE mœurs de ce Crustacé, son organisation seule doit nous faire présumer qu'il est essentiellement nageur. Genre EURYPODE, EURYPODIUS. Caractères génériques. Autennes externes longues, insérées au-dessus des yeux, ayant leur pédoncule formé de trois articles égaux. Les inté- rieures beaucoup plus courtes, avec leur filet interne, ou le plus petit de sept articles. Yeux pédonculés, non rétractiles. Epistôme transversal. Troisième article des pieds-mächoires extérieurs plus long que large, et profondément échancré à son bord interne et supérieur. Test triangulaire, rétréci en avant et terminé par un rostre bifide. Serres égales, plus grandes dans les mâles, et à mains comprimées et alongées. Pates longues , décroissant de lon- gueur depuis la première paire, et ayant le métatarse dilaté. Queue de sept tablettes dans les deux sexes. La bouche de ce Crustacé est composée d’une lèvre su- périeure , d’une langue ou lèvre inférieure, de deux mandi- bules très-dures et pierreuses, ayant trois tubercules sail- lans sur leur bord tranchant, et un palpe de trois articles inséré sur leur partie dorsale, et de cinq paires de pieds-mà- choires de formes variées. Le premier pied-mâchoire, ou celui qui se trouve immédiatement au-dessus des mandi- bules, est membraneux : il est composé de trois pièces prin- cipales, ciliées du côté intérieur; le second est également SUR L'EURYPODE. 351 composé de trois pièces principales, mais beaucoup plus courtes; elles sont aussi membraneuses et ciliées intérieure- ment, et elles sont attachées à un large appendice arrondi, transparent et diversement plissé dans sa surface. Le troi- sième pied-mâchoire est encore membraneux; il est égale- ment composé de trois pièces , mais il est de plus accom- pagné d’un palpe flagelliforme long, et terminé par un filet sétacé et velu extérieurement. Ce pied-mächoire est attaché à une longue pièce membraneuse et ciliée, qui se trouve pla- cée au-dessus des branchies. Le quatrième pied-mâchoire commence à être corné; il se compose de deux tiges, une in- terne ,.et l’autre externe : cette dernière est le palpe flagelli- forme; il est beaucoup plus long que la tige interne, et ter- miné par un filet sétacé. La tige interne est composée de six articles, dont le troisième est le plus grand; les trois suivans sont presque égaux entre eux, et le dernier est terminé par des épines aiguës et de longs poils. Enfin, les cinquièmes pieds-mâchoires, , ou ceux que lon nomme pieds-mächoires extérieurs , sont également composés de deux tiges; l’interne est de six articles, dont le, premier est très-court, soudé avec le second qui est très-grand, deux fois plus long que large, avec son bord interne prolongé vers le haut , et arrondi. Le troisième article est un, peu, plus long que large, rétréci à: sa base, aussi large que le précédent, et prolongé à son bord supérieur et interne , qui. est profondément échancré ; c’est dans cette.échancrure que s’insèrent les trois derniers articles, qui sont beaucoup plus petits, presque cylindriques, et di- minuant de grosseur. Le palpe flagelliforme est. plus court ; 3592 MÉMOIRE son fouet et composé d’un grand nombre d'articles, et velu à l'extérieur. La cavité buccale est presque carrée, un peu plus longue que large; son bord antérieur laisse entre lui et la base des antennes un espace transversal, que M. Latreille a nommé épistôme ou sur-bouche. Les antennes sont insérées très-près l’une de l’autre et sur la même ligne. Les extérieures sont distantes entre elles de la longueur de la moitié du corps; leur pédoncule est com- posé de trois articles égaux, dont le premier est soudé à la carapace, et ferme extérieurement les cavités des antennes internes; le filet de ces antennes est plus long que ce pédon- cule sétacé, et composé d’un grand nombre d’articles très- courts. Les antennes internes ne sont séparées entre elles que par une lame terminée en pointe, saillante en dessous du rostre; elles sont plus courtes que le pédoncule des exté- rieures, et logées dans deux petites cavités profondes. Leur pédoncule est également composé de trois articles, et terminé par deux filets, dont l’un, épais à sa base, eflilé à sun extré-. mité, est composé d'un grand nombre d’articles courts, ayant de longs poils à leur partie intérieure; l’autre, beaucoup plus court, n’est composé que de sept articles presque égaux. Les yeux sont saillans , très-gros à leur base, plus étroits dans leur milieu , et renflés à leur extrémité : ils sont de lon- gueur médiocre, et la cavité dans laquelle ils sont insérés n’est pas plus grande que leur base, et parfaitement ronde, ce qui ne leur permet pas de se coucher dans cette cavité, comme cela a lieu dans les espèces à yeux rétractiles : ces yeux sont insérés sur les côtés du test, au-dessus et vers le SUR L'EURYPODE. 353 tiers supérieur du premier article des antennes externes. La carapace est triangulaire, deux fois plus longue que large, arrondie postérieurement, et terminée antérieurement par un rostre composé de deux pointes dirigées en avant, con- niventes surtout à leur extrémité, et'infléchies en dessous. À la base de ces deux pointes, et en dessous, est une forte épine dirigée en bas et recourbée à son extrémité : c’est cette épine qui partage la cavité des antennes internes en deux parties égales. Les régions stomacale, branchiale, cordiale et hépa- tique sont parfaitement marquées, et portent des tubercules terminés en pointe assez saillante. Les serres du mäle sont de la longueur du corps, fortes, avec la main et les doigts un peu courbés en dedans; celles de la femelle sont beaucoup plus courtes que le corps et plus grèles : ces serres sont couvertes de longs poils roides sur leurs arêtes internes. Les pates ambulatoires sont aussi plus grandes dans les mâles que dans lés femelles; elles vont en décroissant de longueur jusqu’à la dernière paire. Leur trochanter est très- court, recourbé et renflé en dessous; la cuisse’est la pièce la plus longue: elle est parfaitement cylindrique et légère: ment velue; la jambe est plus étroite à sa base, de moitié moins longue que la cuisse; le métatarse est presque aussi long que la cuisse, dilaté inférieurement, et ayant sa plus grande largeur au-delà du milieu et.vers l’extrémité : cet article est bordé inférieurement de poils roides’et assez longs; il y en a aussi à la partie supérieure et interne. Le tarse, ou l’ongle, est grand, courbé en dedans et couvert d’un duvet court et roide; il se réplie contre le bord dilaté du méta- Mém. du Muséum. t. 16. 46 354 MÉMOIRE tarse, et atteint presque la moitié de sa longueur; sa pointe est très-aigué, dure et cornée. L'abdomen des deux sexes est composé de sept tablettes; celui du mäle est très-étroit : ce sont surtout les deux pre- mières tablettes qui sont les plus étroites; la troisième est plus large, la quatrième l’est encore plus, et les suivantes vont en décroissant jusqu’à la dernière, qui est arrondie à l'extrémité : cette tablette atteint à pein@ la hauteur de l’in- sertion des serres. Celui de la femelle forme un ovale pres- que rond et très-court; ses trois dernières tablettes sont les plus longues, et la dernière atteint la base des pieds-mà- choires. Cette queue couvre tout le plastron, et touche dans son contour la base des hanches de toutes les pates. La seule espèce que nous connoissions, et qui nous a servi à établir ce genre, a été rapportée des îles Malouines par MM. Lesson et Garnot : en la dédiant au plus célèbre ento- mologiste de notre époque, nous ne faisons que remplir un devoir bien doux, puisqu'il nous donne l’occasion de mon- trer publiquement toute la reconnoïssance que nous devons au savant qui a bien voulu guider nos premiers pas dans l’é- tude de la science à laquelle il a fait faire de si grands progrès. EURYPODE DE LATREILLE, EURYPODIUS LATREILLIT. Nobrs. ÆE. Testa triangularts , tuberculatis , villosis. Spinis duo- bus utrinque sub oculos. Rostro bifido. Manibus elongatis SUR L'EURYPODE. 355 Compressis. Pedibus elongatis, articulo quinto dilatato ct- lato. E. à carapace triangulaire, tuberculée et velue ; ayant deux épines' de chaque côté, et sous les yeux. Rostre bifide. Mains alongées, un peu comprimées. Pieds alongés, avec le cin- quième article dilaté est cilié. Ce Crustacé est long de plus de trois pouces ; sa plus grande largeur, qui est vers la partie postérieure de la carapace, est de près de deux pouces. Sa carapace est velue , les poils sont crochus à leur extrémité, roides et très-rapprochés entre eux : c'est à ces poils crochus que s’attachent des matières étran- géres qui couvrent ordinairement son corps. Les bords de la carapace sont sinueux; on voit surtout de chaque côté et en dessous des fossettes oculaires deux épines courtes, cour- bées, et dont la postérieure a sa pointe dirigée en avant et vers les yeux. Les cavités oculaires n’ont point de fissure à leur pourtour. Le rostre forme à peu près le cinquième de la longueur de tout le corps. Les pates sont velues; le mé- tatarse et le tarse surtout sont couverts d’un duvet très- serré qui les rend veloutés. Dans l’état frais, ce Crustacé doit être d'une couleur brune verdâtre; dans l’alkool, il prend une teinte fauve jaunâtre, approchant de la couleur de ca- nelle. C’est sous cette couleur que nous l'avons représenté, MÉMOIRE SUR-L EURYPODE. FiG. 1. . Partie antérieure de la carapace, vue en dessous, pour montrer l’ensemble © ŒuI DO CF CR a] EXPLICATION DES FIGURES.. L’Eurypode de Latreille, réduit. extérieur de la bouche et l’insertion des antennes et des yeux. . Plastron du mâle, pour montrer l’abdomen composé de sept tablettes. . Idem chez la femelle. . Antenne interne. Pied-mâchoire extérieur de la cinquième paire. . Pied-mächoïire de la quatrième paire. . Idem de la troisieme paire. . Idem de la seconde paire. . Idem de la premiere paire: . Mandibule ayec son palpe de trois articles. n \ : » ; 271) DPF 4 pofhinr) RAPPORT FAIT A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES PAR MM. LATREILLE ET DE BLAINVILLE, CONCERNANT LE MÉMOIRE SUR L’EURYPODE, NOUVEAU GENRE DE CRUSTACÉ DÉCAPODE BRACHYURE, PAR M. GUÉRIN. Avaxr que de*vous-offrir ce premier tribut de sa-haute es- time, l’auteur de ce Mémoire s’y étoit préparé par divers essais, comme un grand nombre d’articles de l'Encyclopédie méthodique, du Dictionnaire classique d'Histoire Naturelle, et quelques autres Mémoires où 1l a prouvé qu'au talent de rendre fidèlement avec son pinceau les productions de la na- ture , il joignoit celui de bien observer. Chargé par le capi- taine d'Urville de publier les Crustacés, les Arachnides et les‘insectes recueillis par lui-dans le voyage qu'il a fait sous les ordres du capitaine Duperrey, iltäche de se montrer digne d’une telle confiance , et le Mémoire qu’il a l'honneur de vous 358 RAPPORT CONCERNANT LE MÉMOIRE présenter, et dont un Crustacé de ce voyage est le sujet, nous donne l'espoir qu’elle ne sera pas trompée. Le métatarse, ou l’avant-dernier article des pates ambula- toires de cet animal, étant, ce qui n’est pas ordinaire, dilaté et comprimé vers le milieu de son bord inférieur, M. Guérin a désigné ce nouveau genre sous le nom d’EÆurypode, dont l'étymologie rappelle ce caractère. Ce genre fait partie, dans la Méthode de l’un de vos Commissaires, de la tribu des Trian- gulaires des Crustacés décapodes brachyures, ou à courte queue, tribu se composant du Crustacé appelé vulgairement l’Araignée de mer, et de plusieurs autres plus ou moins ana- logues. L'auteur du Mémoire prouve par des détails com- paratifs accompagnés de très-bonnes figures, dont quelques unes empruntées du grand ouvrage sur l'Egypte, et exécu- tées sous la direction de notre confrère M. Savigny, que le Crustacé qui fait le sujet de ce Mémoire ne peut entrer dans aucun des genres établis jusqu’à ce jour. Il est intermédiaire entre les Inachus du docteur Leach et ses Macropodies, ou les Sténorhynques de M. de Lamarck. Il se rapproche du premier quant à la forme et aux proportions de l’épistôme ou sur-bouche, et quant aux pieds-mâchoires; et du second par ses yeux toujours saillans hors des fossettes où ils prennent naissance. Mais les Eurypodes s’éloignent des uns et des autres, soit à raison du nombre des tablettes de la queue, qui paroit être de sept et non de six dans les deux sexes, soit à raison de la forme du métatarse. La dimension progressive de la longueur des pieds ambulatoires est d’ailleurs beaucoup moins sensible. Nous ne suivrons pas l’auteur dans cette foule de petits détails qu’il a été obligé d'exposer pour mieux faire | SUR L'EURYPODE. 359 ressortir les caractères de ce genre, vu l’état de la science; ils devenoient nécessaires. La seule espèce connue est dédiée à l’un de vos Commissaires. Ils sont d’avis que ce travail mé- rite votre approbation, et qu'il est digne d’être associé aux Mémoires des savans étrangers dont vous ordonnez l’im- pression. Fait au Palais de l’Institut, ce 21 avril 1828. Signés, DE BLAINVILLE et LarReilce, Rapporteur. ms sf 4 + raté Ag A REA 1 RUE UE A DS dt ‘4 k Fr AA D DUO WE x FCRE LE Cia re à + 7 Er Re LES : FE. \ INEATE ° È à PK: 143 PTE ui LUN ss L 1 NL à Gites joe jour CRUE Jobs SL » sf k PAEA Ho Fa had us Dei , a) une masse ovoïde, verte, composée d’une agglomération considérable de globules vé- siculaires propagateurs. Ce genre ne se compose encore que de la seule espèce que je viens de décrire, et à laquelle je donne le nom de Surtrella striatula (Surirelle striée). Longueur réelle, + de millimètre. Les figures sont grossies 300 fois. Parmi le grand nombre de Surirelles que le hasard amène sous le microscope, il s’en présente dans toutes sortes de positions et dans toutes sortes d’états; on en voit (fig. 6, 7 et 8) dont les valves sont bäillantes, dont la troisième pièce paroït avoir disparu, sauf quelques portions (fig. 8, a) qui, vues de profil, sont comme dentées, et dont les masses vertes et propagatrices sont dérangées et en dissolution plus ou moins avancée (fig. 6); d’autres, telles que fig. 3, sont en- tièrement vidées de leurs corps propagateurs. Autour et en dehors des Surirelles abondent des corps globuleux vésiculaires, verts, inertes (fig. 11), provenant de la désagrégation des masses ovoïdes (fig. 2, a). Pèle-mêle avec les Surirelles et leurs globules vésiculaires propagateurs se trouvent une foule de plus petits êtres orga- nisés de forme naviculaire, blancs, transparens et de grandeur 364 OBSERVATIONS différente. Les plus petits sont alongés et souvent marqués d’une ligne médiane longitudinale (fig. 13); d’autres (fig. 14) paroissant les mêmes, plus développés, possèdent dans leur intérieur des masses vertes et ovoides, analogues à celles des Surirelles (fig. 2, a), et de plus, des rudimens de côtes qui se dirigent de l'extérieur vers le rachis médian, ou vers la masse verte. Questions, possibles à [fatre. 10. Les Globules verts, vésiculaires et propagateurs, ag- glomérés en masse ovoide dans l’intérieur des Surirelles (fig. 2, a), sont-ils nus, ou sont-ils contenus dans une mem- brane ou poche ovarienne? 0. Les Globules (fig. 11) isolés et répandus dans espace donnent-ils naissance aux productions naviculaires (fig. 12, 13 et 14)? Celles-ci deviennent-elles ensuite des individus parfaits de Surirelles (fig. 2)? Malgré lanalogie qui existe entre les modes de génération et de propagation de ces deux sortes d'êtres, la distance qui les sépare est trop grande pour que l’on puisse en ce moment se prononcer d’une’ ma- nière affirmative sur cet objet. Il faut attendre que le hasard nous procure un état intermédiaire qui serve de passage, et qui lie plus intimément ces deux productions, encore ne serions-nous pas entièrement satisfaits, puisqu'il est vrai que ce que nous qualifions d'espèces distinctes n’offrent entre elles que des différences si peu sensibles, qu'il semble qu’elles ne soient que des états successifs qui s'élèvent et qui conduisent de l'être le plus simple vers l’être organisé le plus parfait. Ce qui me porteroit assez à croire que les corps (fig. 12, SUR LE NOUVEAU GENRE SURIPELIA. 365 13 et 14) ne deviennent point des Surirelles, comme je l’avois d'abord cru (1), et qu'ils constituent plutôt une espèce dis- tincte de laquelle il seroit peut-être bon de créer un genre particulier qui conduiroit des Navicules aux Surirelles, c’est que j'ai trouvé depuis peu un petit individu (fig. 10) dé- pourvu de masse propagatrice, et dont la forme, semblable à celle des Surirelles, annonce l'enfance de cette production. 30. Les Surirelles sont-elles des individus complets? ou ne sont-elles que des portions isolées et internes d’Individus de très-petits Crustacés, de Mollusques , ou de Poissons connus ou inconnus, comme par exemple des ovaires de ces animaux? Peuvent-elles être quelque chose d'analogue au test des Brachions ? Je ne fais ici mention de ces dernières questions que parce qu'elles m'ont été adressées par des hommes très-versés dans la connoissance des productions microscopiques, et auxquels je dois répondre. Les Surirelles se propageant presque sous l'œil de l’obser.- vateur, on ne peut admettre qu’elles aient jamais été l'ovaire d’un Crustacé, d’un Mollusque , d’un Poisson , ou le test d’un Brachion, puisque depuis dix-huit mois que M. le docteur Suriray les observe jour par jour, il ne s’est jamais présenté autre chose que les objets figurés sur ma planche. 4°. Les Surirelles étant considérées comme des espèces d'êtres organisés distincts, quelle doit être leur place dans le règne organique ? Au premier aspect de ces corps, on penche pour l’animalité ; la nature calcaire et vitrée de leurs me (1) Dict. des Scienc. nat., t. 51, p. 408. 366 OBSERVATIONS valves rappelle la coquille : mais en réfléchissant qu'ils sont entièrement inertes, que leur mode de propagation, des plus simples-possibles, est analogue à celui des Navicules, des vé- gétaux confervoides, de la vésicule Zzdividu (1) et composante du tissu cellulaire végétal, on retombe dans un véritable em- barras, duquel on ne peut sortir qu’en plaçant provisoirement les Surirelles, malgré leur plus grande dimension , leur plus grande complication et leur complète inertie, à côté des Na- vicules, et en les qualifiant, comme celles-ci, de la dénomi- nation mixte de végé{o-animaux. Analogies plus ou moins éloignées entre les Surirelles et » ; CRU d’autres corps organisés. Si dans les objets de la nature il n’y a que des différences d’une part, et des ressemblances de l’autre, en quoi ne peut- on pas trouver de l’analogie ? et en quoi ne peut-on pas trou- ver de la différence ? Malgré cette immense latitude, dont je ne veux point abuser, je me bornerai à quelques analogies des plus rap- prochées. (1) Une plante est une /ndividualité composée ; c’est une sorte d'agglomération, d’une foule d’individualités particulières plus petites et plus simples. Chacune des vésicules sphériques (fig. 18) ou devenant quelquefois hexaëdre par pression, dont se forme une masse de tissu cellulaire, vit, croît et se propage au moyen de sa Globuline, sans s’embarrasser le moindrement de ce qui se passe chez ses voisines: c’est, conséquemment , un centre vital particulier de végétation et de propagation; c'est une Jndividualité vésiculaire dont l’association avec un grand nombre d’autres semblables constitue, pour la plus grande partie, la massc de l’Individualité composée d’un arbre. Lu U'éALRR., « RUN." SE di LR 0 LM "ORALE Tom.16. ORGANISÉE, INERTR js F4 , qiOX 0% de Millines HERO 40 celle” 2 E < TE Fons S OÙ Grandeur” Me PBy, <Ÿ 6r 9 de 4,9 Mill. LR 2 27- S URirg LLA striatuls (er) hp: 3820 Æ. Le 72 a 24 rer £ ‘coniitres, environs dut H SUR LE NOUVEAU GENRE SURIRELLA. 367 1°. Les Surirelles, malgré la pluralité de leurs pièces, ont de l’analogie par leur nature vitrée et incolore, par leur mode de propagation avec les êtres figurés sous le numéro 14, avec les Navicules (fig. 16), dont la vésicule uniloculaire blanche et diaphane contient une ou plusieurs petites masses de glo- bules propagateurs verts où jaune d’ambre, moins pourtant le mouvement de glissé, particulier aux Navicules. 20, Avec la vésicule tubuleuse, blanche et transparente des végétaux confervoïdes et leur Globuline propagatrice (fig. 17). 30. Avec la vésicule Zrdipidu sphérique (fig. 18), ou po- lyèdre, blanche, transparente et isolée de l’/ndividualité composée d’une masse de tissu cellulaire végétal, et de la Globuline propagatrice, blanche ou colorée que cette vési- cule-mère contient. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Cette planche, limitée par un cercle, représente lé champ du microscope et la goutte d’eau dans laquelle se sont trouvés tous les objets fepréséntés, moins cependant la figure n°. 1. Fic. 1. Aspect, à l’œil nu, du sur ou espèce de sédiment formé au fond du bocal, rempli d’eau , dans lequel on nourrit les nombreuses populations de Surirelles. Ce sont ces êtres eux-mêmes qui, par leur pésanteur et leur inertie absolue, composent ce dépôt, dont la couleur est d’un gris cendré. 2. Un individu complet, tres-grandi. a. Masse ovoide composée d’un grand nombre de globules vésiculaires propagateurs. Ces globules vésiculaires sont-ils simplement agglomérés, ou sont-ils ééntents dans une poche ovarienne ? 3, 4 et 6. Individus vus de profil, de manière à faire voir la troisième pièce circulaire en a a a, sur laquelle s'appuient les deux valves qui, dans cette position, laissent voir qu’elles sont un peu bombées. L’individu n°. 3 est entièrement vide de globules vésiculaires propaga- 368 OBSERVATIONS SUR LE NOUVEAU GENRE SURIRELLA. teurs. On rencontre souvent de ces individus qui ent entièrement expulsé tous leurs globules propagateurs. La ligne située au-dessous de la fig. 3 indique que la longueur ampli- fiée de cette figure est de 30 millimètres, et que dans chacun de ces milli- mètres il faudroit pouvoir placer dix Surirelles, puisque leur longueur réelle est = de millimètre. Il suit de ce moyen bien simple que notre figure est grossie ou grandie 300 fois. 6, 7 et 8. Individus à valves bâillantes, et dans l’intérieur desquels les masses propagatrices ont subi plus ou moins d’altération. Celle surtout de la fig. 6 est dans un état de dissolution de globules assez avancé. Dans l'individu n°. 8, on remarque, en a, une portion de la troisième piece circulaire vue de profil, et paroïssant comme dentée. Non loin de là se trouvoit une plus petite portion de la même piece marquée a. 9. Fragment d’une valve isolée. Ces fragmens, que l’on rencontre assez fré- quemment parmi les individus vivans que l’on observe, annoncent par leur cassure que les Surirelles, moins la masse ovulaire, sont de nature calcaire. 10. Un très-petit individu de Surirelle entièrement dépourvu de globules pro- pagateurs. Je n’ai trouvé que ce seul individu. 11. Globules vésiculaires propagateurs inertes expulsés au dehors par des individus de Surirelles , et répandus confusément dans l’espace en atten- dant qu'ils se développent en de nouveaux individus. 12, 13 et 14. Parmi les Surirelles et leurs globules vésiculaires propagateurs on voit, en grande quantité, des corps organisés de forme plus ou moins naviculaire , dont les uns, n°. 12, ne présentent qu’une petite vésicule linéaire, transparente, et marquée dans son milieu longitudinal d’une ligne médiane n°. 13, sans couleur ; les autres plus grandes, également transparentes, sont munies d’un bord de AE jaunâtre; et enfin d’autres, n°. 14, encore plus grandes, plus renflées dans leur milieu, possèdent, indépendamment de tous les caractères qui distinguent les premiers, une masse verte et ovoide de corps propagateurs. Les glo- bules vésicuiaires, verts et propagateurs des Surirelles donnent-ils nais- sance à tous ces corps organisées ? Ceux-ci sont-ils intermédiaires entre le globule et un individu parfait de Surirelle? Nous n’osons pas l’affirmer d’une manière bien positive, malgré les apparences et la grande analogie de ces corps. Il faut encore attendre que le hasard nous procure des indi- vidus d’un développement plus rapproché de celui d’une Surirelle à l’état le plus complet. Dans le cas où il seroit prouvé que les corps 12, 13 et 14 ne sont point de jeunes Surirelles, ces corps rentreroient dans le genre Navicule, ou ourroient former un genre nouveau qui lieroit les Navicules aux Surirelles. 15. Individu d’une forme tres-distincte. 16. Une Navicule dont la vésicule présente deux masses de Globuline propa- gatrice. 17. Deux vésicules tubuleuses du Chantransia rivularis remplies de leur Globuline propagatrice. 18. Une vésicule individu avec sa Globuline propagatrice ou vésicule future, isolée de la masse du tissu cellulaire d’une Zndividualité composée, telle que, par exemple, d’une tige de Cactus. MÉMOIRE SUR LES FAMILLES DES TERNSTRŒMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES, PAR J. CAMBESSEDES, Membre de la Société d'Histoire Naturelle de Paris, correspondant de la Société Philomatique, etc. (Présenté à l’Académie royale des Sciences, le 21 avril 1828. ) . Cuorsis par M. Auguste de Saint-Hilaire pour continuer, de concert avec lui, la publication de la Flore Brésilienne, nous avons pensé, M. Adrien de Jussieu et moi, que le moyen le plus sûr de rendre nos travaux utiles à la science, étoit de nous distribuer les matériaux que nous avions à traiter, de manière à ce que chacun de nous püt embrasser une série naturelle de familles, qui lui permit d’étudier non-seulement les caractères qui sont propres à chacune d’elles, mais encore les rapports plus ou moins intimes qui les lient aux groupes voisins. Nous nous sommes proposés d'analyser, du moins dans les familles peu connues, non-seulement nos genres brésiliens, mais encore tous ceux que renferment les nombreuses col- lections réunies dans Paris. C’est un travail conçu d’après ce Mém. du Muséum. 1. 16. 438 370 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES plan que je viens soumettre à l'Académie pour les familles des Ternstræmiacées et des Guttiféres. Mon Mémoire sera divisé en deux parties : dans la première, je rappellerai en peu de mots l’histoire de ces deux familles; je dirai quels sont les caractères propres à chacune d'elles; je passerai en revue les genres qui les composent; enfin, j’examinerai les rapports qu’elles ont, soit entre elles, soit avec les Hypéri- cinées et les Marcgraviacées : dans la seconde, je donnerai en langue technique les caractères comparatifs des divers genres qu'elles renferment. | DES TERNSTROEMIACEES. Histoire de la famulle. On sait que M: de Mirbel ayant eu l’occasion d’examiner les genres compris par M. de Jussieu dans les Aurantiées, re- connut la nécessité d'établir deux nouvelles familles, les Terns- trœmiacées, formées des genres T'ernstræmua et Freziera , et les Théacées qui renfermoient les genres T'hea et Ca- mellia. Son Mémoire fut publié dans le Bulletin de la So- ciété philomatique, en décembre 1813. Au mois de février de la même année, M. de Candolle avoit déjà proposé dans sa Théorie élémentaire , la nouvelle famille des Camelliées; mais la nature de son ouvrage ne lui avoit permis de don- ner aucun développement à cette idée première. Plus tard, M. Robert Brown prouva que le genre £urya de Thunberg devoit rentrer dans les Ternstrœmiées. M. Kunth, dans son Mémoire sur les Malvacées publié en DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 371 mai 1922, réunit aux Ternstrœmiacées les genres CocAlos- permum , VWentenatia, Stewartia et Oncoba, et aux Théa- cées le Gordonia etle Malachodendron. Cet habile obser- vateur ayant examiné avec soin la structure de ces divers genres, pense que les Ternstrœmiacées et les Camelliées peuvent à peine être considérées comme des sections de la même famille. Plus tard (Nop. Gen. et Spec.), il décrit un nouveau genre sous le nom de Laplacea, et fixe encore son rang dans les Ternstræmiacées, auprès du Gordonia et du T'ernstræmia. M. de Candolle, dans un Mémoire particulier publié en 1823, réunit encore à cette famille le Lettsomia de Ruiz et Pavon, le Saurauja de Willdenow, et le Palapa dela Flore du Pérou qu’il décrit, afin d’éviter une confusion de noms, sous celui d’.Æpatela. \] divise les Ternstromiacées en trois tribus : la première renferme le seul T'ernséræmia, dont il sépare le Cleyera de Thunberg ; la seconde comprend les genres Cleyera, Freziera, Eurya et Lettsomia; la troi- sième est formée des genres Saurauja et Apatelia. Ce Mé- moire avoit été lu à la Société d'Histoire Naturelle de Ge- nève en 1820; et quoique dans l'intervalle qui s’étoit écoulé entre sa lecture et sa publication les travaux de M. Kunth eussent été mis au jour, soit que M. de Candolle n’en eût point eu connoissance, soit qu'il ne partageàt pas l’opinion de cet auteur, soit enfin qu’il ne voulût rien changer à un Mémoire déjà terminé, il ne fit aucune mention des autres genres rap- portés aux Ternstrœæmiacées. Plus tard, dans son Prodrome (1824), M. dé Candolle p’adopte point entièrement l'opinion de M. Kunth; il consi- 372 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES dère toujours les Camelliées et les Ternstrœmiacées comme deux familles distinctes; il conserve dans la dernière les trois sections établies dans son premier Mémoire; il forme une quatrième tribu au moyen des genres Cochlospermum , La- placeaet V'entenatia ; enfin il en établit une cinquième, sous le nom de Gordoniées, qu'il rapporte avec doute à la suite de la famille, et qui comprend les genres Malachodendron, Steswartia et Gordoria. La même année, MM. Nees et Martius décrivant, dans les Actes de la Société de Bonne, une espèce de Bornnetia, an- noncent, sousle nom de Bonnetiées, une nouvelle famille qui doit être établie sous peu par M. Zuccarini dans la quatrième livraison du Nova Genera et Species, qu’il publie de con- cert avec M. Martius. Il paroïît que l'opinion de MM. Martius et Zuccarini a to- talement changé depuis cette époque, puisqu'ils disent, dans la quatrième livraison de leur Nova Genera et Species, qu’a- près avoir examiné la plupart des genres de Ternstrœmiacées, ils voient s’évanouir presqu’en entier les caractères qui sé parent cette famille, non-seulement des Camelliées, mais encore des Guttifères, des Hypéricinées et des Marcgravia- cées ; ils pensent cependant que plus tard, lorsque de nou- veaux genres auront été découverts, on pourra peut-être trouver des caractères qui distinguent ces familles entre elles; peut-être même considérera-t-on les sections des Ternstræ- miacées, telles à peu près que les entend M. de Candolle, comme autant de familles dont les types seront les genres Ternstrœmuia, Eurya, Saurduja, Kielmeyera, Gordonia et Camellia. MM. Martius et Zuccarini décrivent, dans le DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 373 même ouvrage, deux genres nouveaux qu'ils rapportent aux Ternstræmiacées, le Xzelmeyera que nous venons de citer, et l’Ærchitæa, très-voisin du Bonnetia. \s réunissent encore à cette famille le Bonnetia de Schreber (Mahurea Aublet), et le Caraïpa; enfin ils lui rapportent avec doute le Godoya de Ruiz et Pavon, dont ils font cependant sentir l’aflinité avec leur genre Plectanthera ( Luxemburgtia Aug. de S.-Hil.). Tel étoit l’état de la science lorsque j'ai été appelé à m'oc- cuper des Ternstrœmiacées; et après une étude minutieuse des genres qui composent cette famille, j’ai été amené à penser avec M. Kunth, que les Ternstræmiacées et les Camelliées ou Théacées ne doivent former qu’une même famille (1), et que telle est l'analogie qui existe entre tous les genres qui la composent, qu'on ne peut la diviser en sections naturelles sans rompre quelques uns des rapports qui lient les genres entre “eux. Je crois aussi, avec MM. Martius et Zuccarini, qu’on doit lui rapporter les genres Mahurea, dont je rapproche le Ma- rila, Caraipa, Architæa et Kielmeyera ; maïs je suis loin de penser qu’on ne puisse trouver des limites entre -cette fa- mille et celles des Hypéricinées et des Marcgraviacées : cette opinion sera discutée plus tard dans le courant de ce Mé- moire. Caractères de la famille. Les Ternstroœmiacées ne renferment que des arbres ou des arbrisseaux dépourvus d’aiguillons. Leurs feuilles sont presque (1) Cette opinion vient d’être adoptée récemment par M. Achille Richard, Elém. de Bot. 4°. édit. p. 503. 374% MÉMOIRE SUR LES FAMILLES toujours dénuées de stipules et alternes, articulées à leur base, généralement entières (lobées dans le seul genre Cochlospermum ), parcourues longitudinalament par une forte nervure médiane, et latéralement par des veines peu prononcées , ou plus rarement ( Cochlospermum, Freziera, Mahurea ), par des nervures saillantes. Les fleurs sont presque toujours hermaphrodites, très-rarement polÿygames. Le calice est souvent muni de deux bractées à sa base; il est composé de folioles imbriquées, tantôt disposées sur deux rangs ( l'ernstræmia, Kielméyera, etc.), tantôt se recou- vrant l’une l’autre comme dans le Laplacea et le Gordonta. La corole est formée de cinq ou d’un plus grand nombre de pétales hypogynes, souvent soudés entre eux à leur base; leur préfloraison est toujours imbriquée. Les étamines sont nom- breuses, hypogynes, tantôt libres, tantôt adhérant légère- ment à la corole, tantôt enfin réunies plus ou moins à leur base où formant plusieurs faisceaux : les anthères sont adnées ou vacillantes; leur mode de déhiscence varie dans les diffé- rens genres : le pollen, plongé dans l’eau, présente une forme à peu près triangulaire, ses angles sont souvent terminés par une vésicule transparente. Le pistil est toujours libre ; lesstyles sont tantôt au nombre de trois ou de cinq, tantôt uniques dans chaque fleur : dans ce dernier cas le stigmate est divisé en autant de lobes qu'il y a de loges à l'ovaire. L’ovaire offre des différences qu’il est important de signaler : dans le Cochlo- spermum il est uniloculaire, et les ovules sont attachés aux deux côtés des cloisons imparfaites : dans le Laplacea, le Ternstræmia, et la plupart des autres genres, il est plurilo- culaire, lesovules sont attachés dans l’angle interne, etles pla- DES TERNSTROËMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 375 centas sont dits par conséquent alternes avec les cloisons : dans le Xielmeyera, le Marila , le Bonnetia, etc., il est d’abord uniloculaire, et les ovules sont attachés à des placentas parié- taux opposés à ses angles rentrans; mais bientôt chaque moitié de placenta se soude avec celle du placenta voisin, l'axe central prend de la consistance, et l’on trouve alors un ovaire triloculaire, présentant dans son milieu trois placentas alternes avec les cloisons. Cette différence dans l’organisation interne de l’ovaire a été déjà signalée dans plusieurs autres familles, notamment dans les Hypéricinées et les Cistinées, et les auteurs les plus judicieux n’ont cru devoir y attacher qu'une foible importance, Je me contente donc de signaler cette existence de placentas pariétaux à une certaine époque dans quelques genres de Ternstræœmiacées comme un lien entre cette famille et celle des Bixinées, qui présente encore avecelle plusieurs autresrapports. Les fruits des Ternstroæmia- cées sont tantôt déhiscens (Laplacea, Kielmeyera, Mahu- rea, Bonnetia, etc), tantôt indéhiscens (Freziera, Terns- trœmie, etc.),ous’ouvrentirrégulièrement( quelques 7'erns- trœrmia). Les graines présentent tous les degrés d'insertion, dépuiscelles des T'ernstræmia.qui sont pendantes, jusqu'à celles des Bonnetia qui sont dressées; elles sont très-rare- méntentourées d'unarille (Cochlospermum ), tantôtelles sont recouvertes à l’extérieur par une enveloppe crustacée( T'errs- trœærnia, etc.), tantôt terminées supérieurement ( Lapla- céa, etc), où même des denx ‘eôtés ( Æielmeyera, etc.), par une aile membranense; dans certains genres elles sont pourvues d’un périsperme ( Cochlospérmum ; Ternstræ- mia, ete.), dans d’autres elles en sont totalement dépour- 376 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES vues ( Laplacea, Kielineyera, Thea , etc.). L’embryon est entièrement recourbé sur lui-même dans le 'errnstræmia et le Cochlospermum ; il ne présente qu’une légère courbure dans le F'reziera; enfin il est parfaitement droit dans tous les autres genres : la radicule est dans tous les cas tournée du côté du hile. ; Revue des genres. Le genre Cochlospermum se distingue aisément de tous ceux qui font partie de la même famille à ses feuilles lobées, à ses grandes fleurs jaunes, à son style recourbé au sommet en forme de hamecon, à ses anthères quadriloculaires, enfin à ses graines munies d’un arille et entourées de poils longs et laineux. On doit, selon l'observation de M. Auguste de Saint-Hilaire, réunir à ce genrele Mahurea speciosa (Chois. in DC. Prodr.), qui est extrêmement voisin de l'espèce que nous avons décrite dans notre ouvrage sur les Plantes usuelles des Brésiliens. < Le T'ernstræmia possède un calice composé de cinq fo- lioles, et pourvu à sa base de deux bractées, cinq pétales plus ou moins soudés entre eux et avec la base des étamines, des anthères immobiles , un seul style, des ovules peu nombreux dans chaque loge de l'ovaire, des graines renfermant un em- bryon entièrement recourbé sur lui-même et entouré d’un périsperme charnu. MM. de Mirbel et de Candolle ont attri- bué à ce genre des pétales opposés aux folioles calicinales : cette disposition m'a paru évidente dans certaines fleurs, tandis qu’elle n’étoit rien moins que certaine dans d’autres prises sur le même individu. La disposition relative des enve- DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 377 loppes florales est d'autant plus diflicile à déterminer, que la corolle est formée de pétales se recouvrant légèrement par leurs bords soudés les uns sur les autres, et que les folioles du calice sont disposées sur deux rangs et inégales entre elles. Le Cleyera se distingue du Ternstrœæmia par ses pétales libres et par ses. anthères velues. Le Freziera présente un calice composé de cinq folioles orbiculaires , concaves,imbriquées, et muni à sa base de deux bractées ; des pétaies libres, très-rarement soudés avec la base des étamines; des anthères immobiles; un seul style; des ovules généralement assez nombreux dans chaque loge de l'ovaire; des graines renfermant un embryon légèrement courbé, et entouré d’un périsperme charnu. Le Lettsomia me paroît extrêmement voisin du Freztera: ne le connaissant que d’après la description de Ruiz et Pavon, j'ai cru devoir laisser aux auteurs qui Pétudieront plus tard le soin de fixer les différences qu’il présente avec ce genre. L’Eurya est encore très-voisin du Freztera; il s'en dis- tingue, selon M. Robert Brown, par ses fleurs polygames et par ses pétales soudés entre eux à leur base: on pourroit ajouter, que, d’après la figure que l'illustre auteur anglais en a donnée, les anthères paroissent vacillantes, et non sou- dées dans toute leur longueur avee le filet comme dans les genres Freziera et Ternstræmia. Le Saurauja de Willdenow, que M. Kunth regarde comme identique avecle Palava de Ruiz et Pavon( 4patelia DC.), se distingue par son calice divisé profondément en cinq lobes, par ses pétales plus ou moins soudés entre eux, par ses éta- Mém. du Muséum. 1. 16. 49 358 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES mines souvent adhérentes à la base des pétales, par ses an- thères vacillantes, par ses styles au nombre de trois où de cinq, par ses graines renfermant un embryon droit entouré d’un périsperme charnu. Dans le S/epartia, on trouve un calice profondément fendu en cinq lobes, cinq pétales, des étamines soudées à leur base avec les pétales, des anthères vacillantes, un style unique, enfin des graines pourvues, selon M. de Jussieu, d’un périsperme charnu. Le Malachodendron se distingue du S{empartia, avec le- quel il a été jadis confondu, par ses styles au nombre de cinq, et probablement par la structure de ses graines. Dans le Laplacea , le calice est composé de folioles orbi- culaires, imbriquées; les pétales sont libres, an nombre de cinq ou neuf; les étamines , tantôt insérées immédiatement sur le réceptacle, tantôt adhérentes à la base des pétales; lés anthères vacillantes; les styles au nombre de cinq ou sept; les ovules peu nombreux dans chaque loge de l'ovaire; les graines terminées supérieurement par une ailemembraneuse, et dépourvues de périsperme; l'embryon droit. M. Salisbury est le premier qui ait senti la nécessité de séparer ce genre du Gordonia ; il le proposa sous le nom d'Hæmocharis dans le Paradisus Londinensis: Plus tard, M. Kunth, décrivant une espèce nouvelle qui doit être rapportée au même genre, lui donna le nom de Laplacea, qui a été adopté depuis par M. de Candolle. Le nom d'Hæmocharis ayant été appliqué par M. Savigny à une Hirudinée, j'ai eru devoir conserver celui de Laplacea, qui joint à l'avantage de rappeler un DES ‘TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 379 homme illustre, celui d’avoir été donné par le premier auteur qui ait fixé le rang de ce genre dans la famille des Ternstræ- miacées. - Le Gordonia, très-voisin du Laplacea, s’en distingue par ses pétales soudés entre eux à leur base, par son style unique, par sà capsule dont la colonne centrale n’atteint point le sommet des valves, et n’est formée que par le faisceau des fibres séminifères réunis imparfaitement par un parenchyme peu serré, enfin par son embryon dont les cotylédons sont pliés longitudinalement sur eux-mêmes. Le Camellia se rapproche aussi beaucoup du Gordonia et du Laplacea; il se distingue de ces deux genres par ses fo- lioles calicinales souvent'en plus grand nombre, par ses pé- tales inégaux entre eux, et par son style divisé plus ou moins profondément en trois ou cinq segmens. L’examen des graines fournira D'OAREREEES Anis des caractères d’une plus grande valeur. Le Fentenatia possède un calice composé de trois sols imbriquées, dès pétales au nombre de onze ou douze et presque égaux entre eux, des étamines libres dont les an- thères sont insérées à leur base, un style unique, des ovules très-nombreux dans chaque loge de l'ovaire, enfin un fruit charnu. Notre genre Bornetia se compose de trois espèces(1) déjà décrites par MM. Nees, Martius et Aucearini; nous leur avons conservé ce nom qu’il ne faut pas confondre: avec le Bon- netiæ de Schreber (Mahurea Aubl. ); pour éviter d’intro- 1 (1) Bonnetia stricta ; anceps, venulosa. 380 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES duire une nouvelle dénomination dans la science. Dans ce genre, le calice est divisé jusqu’à la base en cinq folioles imbriquées; les pétales sont au nombre de cinq, non soudés entre eux; les étamines libres; les anthères vacillantes et s'ouvrant à leur base par deux pores; le style trifide; les ovules très-nombreux dans chaque loge de l'ovaire et dis- posés sur plusieurs rangs; les graines dressées, linéaires, ter- -minées aux deux extrémités par un petit prolongement mem- braneux , et dépourvues de périsperme. L’Archytæa ne se distingue du Bonnetia que par ses éta- mines soudées en cinq faisceaux distincts, par ses anthères s’ouvrant longitudinalement, et par sa capsule dont les valves, à l’époque de sa maturité, se séparent d’une manière incom- plète de la base vers le sommet. Le Mahurea diffère du Bonnetia par ses étamines dont les loges s'ouvrent longitudinalement, par son style entier, par ses graines pendantes, par ses feuilles munies de stipules et parsemées de points translucides. Le Marila est extrêmement voisin du Mahurea, et j'au- rois été porté à suivre l'exemple de-Swartz qui réunit ces deux genres, si je n’ayois trouvé pour les distinguer deux noms déjà consacrés dans la science. Dans le Marila, les feuilles sont, ainsi que dans le Mahurea, parsemées de points translucides, caractère qui n'existe à ma connoissance dans aucune autre Ternstrœæmiacées, les graines sont pen- dantes et terminées aux deux extrémités par un prolongement membraneux; mais les feuilles sont opposées et dénuées de stipules, les folioles du calice et des pétales sont le plus sou- vent au nombre de quatre, le style est très-court, la forme DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈPES. 381 de la capsule est différente, enfin le prolongement membra- neux qui termine les graines est frangé et non entier. Le Xzelineyera se distingue du Bonnetia et du Mahurea par ses ovules en forme de disque , moins nombreux et dis- posés sur deux rangs dans chaque loge de l'ovaire: son style est entier, ses graines aplaties, attachées par le milieu et ter- minées aux deux extrémités par une aile large et membra- neuse; son embryon droit, sa radicule très-petite tournée vers le hile, ses cotylédons grands et réniformes. Les fleurs du Caraipa ressemblent beaucoup à celles du Kielmeyera , mais les loges de l'ovaire ne renferment qu'un rés-petit nombre d’ovules suspendus, et les graines sont dé- pourvues de rebord membraneux : dans ce genre les feuilles sont presque toujours alternes. Dans le C. Richardiana elles présentent la disposition ordinaire; mais dans un des exem- plaires qui m'ont été communiqués par M. Achille Richard, les entre-nœuds se raccourcissent au point qu’elles paroissent opposées, et c'est probablement à une cause semblable que l'on doit leur opposition dans le C. paniculata, publié par MM. Martius et Zuccarini. En seroit-il de même dans je Marilla, et trouveroit-on des échantillons à feuilles alternes ? La grande aflinité de ce genre avec le Mahurea sembleroit autoriser cette supposition. Le Thea a des rapports avec le Caraipa par l'organisation de son embryon, dont les cotylédons sont très-développés et la radicule très-petite; mais il diffère de ce genre par ses éta- mines adhérentes à la base des pétales, par sonstyletrifide, par l'organisation de son fruit et la forme sphérique de ses graines. Je croïs devoir exclure de la familie des Ternstræmiacées 382 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES les genres Oncoba de Forskal, et Godoya de Ruiz et Pavon. Le premier m’en paroît suffisamment distinct pag ses rameaux épineux et par la structure de son fruit. La couleur et la dis- position des fleurs du second, ses étamines tantôt en nombre défini, tantôt indéfini, ses anthères s’ouvrant par un pore terminal, ses graines entourées d’un rebord membraneux, pourroient bien, selon l’opinion de MM. Martius et Zucca- rini, le rapprocher du Zuxemburgia : je n’entreprendrai point de décider cette question, n’ayant eu à ma disposition qu’un échantillon florifère du seul Godoya obovata. On peut voir, en comparant les genres qui composent la famille des Ternstrœmiacées, que le Cochlospermum s'é- loigne de toutes les autres par un grand nombre de carac- tères. Îl est inutile, maintenant que l’organisation du Lapla- cea est mieux connue, de démontrer que la quatrième section établie dans le Prodrome de M. de Candolle, et composée de ce genre, du V’entenatia et du Cochlospermum , ne peut subsister tellé qu’elle est. J’éloignerai donc ce dernier des deux autres pour le placer à la tête des Ternstræmiacées; peut-être est-il destiné à devenir un jour le type d’une fa- mille distincte. Il me sera; je crois, facile de démontrer que tous les autres genres de Ternstræmiacées se lient les uns: aux autres d’une mañière si intime , qu’il seroit impossible d'établir parmi eux des sections naturelles. J’ai déjà dit plus haut que lopposi- tion des pétales aux folioles du calice ne me paroïssoit point démontrée dans le T'ernstræmia: si lon veut isoler ce genre des autres, on est donc contraint de prendre pour caractère son embryon amphitrope; mais la valeur de ce caractère est 4 DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 363 considérablement diminuée par la forme de l'embryon du Freziera, qui tient presque le milieu entre l'embryon droit du Saurauja et l'embryon recourbé sur lui-même du T'erns- trœmia. Si, supprimant la plupart des sections établies dans le Prodrome de M. de Candolle, nous tentons de diviser les Ternstræmiacées en deux groupes, caractérisés, l'un par la présence d’un périsperme, l’autre par labsencede cet organe, nous sommes forcés de placer dans le premier le Séspartia, et dans le second le Malachodendron si voisin de ce genre. En effet, le premier possède (Juss. Gen.) ur embryon droit, entouré d'un périsperme charnu , et quoique les grames du second ne me soient point connues, je ne puis m'empêcher de croire , vu la forme aplatie des ovules et le rebord très- mince qui les entoure déjà dans l’ovaire jeune, qu’elles ne soient à peu près semblables, à leur maturité, à celles du Kielmeyera, et par conséquent dénuées de périsperme. D'ailleurs, les genres Séewartia et Malachodendron ont tant de rapports avec le Gordonia, que je répugnerois à les voir placer dans des sections différentes. Je crois inutile de dire que le nombre des styles ne peut, dans les Ternstræ- miacées, servir à établir des sections : l'exemple des genres Gordonia et Laplacea, Stewartia et. Malachodendron prouvent quelle seroïit la foible importance de ce carac- tère, si on vouloit l’'employer pour la distinction des groupes entre eux. Be -Ges considérations m’ont engagé, malgré la puissante auto- rité de M. de Candolle, à laisser intacte la famille des Terns- trœmiacées, bien persuadé que la commodité que les divisions secondaires offrent à notre esprit doit toujours être sacrifiée 384 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES aux rapports naturels. Le Cochlospermum est, pour ainsi dire placé hors de ligne, en attendant que la découverte de genresnouveaux vienne confirmer ses rapports avec les Tern- stræmiacées ou l’éloigner de cette famille. Les autres genres sont disposés aussi naturellement qu'il m’a été permis de le faire dans une série linéaire. DES GUTTIFÈRES. * Historre de la _farrulle. Cette famille, établie par M. de Jussieu, a été dès l’ori- gine formée de genres dont l’affinité étoit incontestable ; et les auteurs plus récens n’ont guère eu qu'à intercaller parmi eux quelques unes des nouvelles acquisitions faites au profit de la science. Depuis la publication du Genera , Murray fonda le genre Stalagmitis , qu'il rapprocha avec raison du Garcia. M. du Petit-Thouars réunit à la famille qui nous occupe deux genres nouveaux qu'il avoit découverts à Madagascar, lO- chrocarpos , qui ne me paroît point distinct du 7'opomita, et le CArysopta. Ruiz et Pavon décrivirent dans leur Flore du Pérou le genre /’erticillaria. Enfin Roxburgh fit con- noître le Xanthochymus, qui ne me paroît pas différer du Stalagnutis. * Tout récemment (1824), M. Choisy a publié un Mémoire particulier sur cette famille : il en a séparé plusieurs genres qu’on y avoit rapportés précédemment (Grias, Augia, Ve- nana, Shorea, Embryopteris); il a cru devoir en rappro- cher le Mahurea, que je regarde, avec MM. Martius et Zuc- DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 385 carini, comme appartenant aux Ternstræœmiacées, le Marila, qui, comme on l’a vu plus haut, me paroît extrêmement voisin du Mahurea, le Godoya et le Canella , dont la place dans la série des familles naturelles me paroït indécise, mais qui ne peuvent, à mou avis, être confondus avec les Gutti- fères; enfin il a établi sous le nom de Micranthera, un genre nouveau, qui, ainsi que j'essaierai de le démontrer plus tard, ne me paroit pas suffisamment distinct du T'opomita. L’or- ganisation des étamines, la nature du fruit, dont les loges sont tantôt monospermes, tantôt polyspermes, ont fourni à M. Choisy le moyen de diviser les Guttifères en quatre tri- bus; et cette distribution de la famille eût été fort naturelle si l’auteur eût toujours pu se procurer des notions exactes sur la véritable organisation des fruits malheureusement troprares dans nos collections. J’essaierai de corriger quelques unes des erreurs dans lesquelles il a été entrainé par la lecture des au- teurs qui l’avoient précédé, et j'ajouterai à la famille qui nous occupe un genre nouveau rapporté du Brésil par M. Au- guste de Saint-Hilaire (1). Caractères de la farulle. La famille des Guttifères se compose d’arbres, ou plus rarement d’arbrisseaux, quelquefois parasites, toujours dé- pourvus d'aiguillons et remplis de sucs résineux. Leurs ra- " ,G) Arrudea. Voyez l'analyse de ce genre dans la 8°. livraison du Flora Brasiliæ meridionalis : je V'ai dédié au docteur Manoel Arruda da Camara, qui a écrit sur les plantes brésiliennes. Mém. du Muséum. t. 16. 5o 386 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES meaux sont opposés et articulés à leur base. Leurs feuilles sont opposées, dénuées de stipules, épaisses, très-rarèment parsemées de glandes translucides, entières ou légèrement dentées, articulées au point de leur insertion. Leurs fleurs sont terminales ou axillaires, tantôt solitaires, tantôt dispo- sées en cimes, en corymbes, en ombelles ou en grappes; elles sont le plus souvent polygames ou dioïques, quelque- fois hermaphrodites; leurs pédoncules sont articulés. Le calice est d'ordinaire composé de deux, de quatre, ou d’un plus grand nombre de folioles disposées en forme de croix et im- briquées; quelquefois cependant on trouve sur le même pied des fleurs dont le calice est composé de cinq folioles; dans le Moronobea les folioles calicinales sont légèrement soudées à leur base. Le réceptacle est charnu ; dans le genre Séalagmutis il est souvent anguleux; dans le CÆrysopia, il se prolonge en un disque sur lequel viennent s’insérer les pé- tales et les étamines. La corolle est composée de deux, de quatre, ou d’un plus grand nombre de pétales insérés sur le réceptacle, libres à leur base, imbriqués, tantôt opposés aux folioles calicinales, tantôt alternes avec elles; leur cou- leur varie du blanc au rouge; dans la préfloraison les exté- térieures recouvrent entièrement lesintérieures. Les étamines sont rarement (du moins dans les fleurs mâles), en nombre défini ; elles sont d'ordinaire très-nombreuses, toujours in- sérées sur le réceptacle, et ne contractent aucune adhérence avec les pétales: les filets sont tantôt libres, tantôt réunis à leur basé, ou soudés plus ou moins en faisceaux distincts : les anthères adhèrent toujours dans toute leur longueur avec le filet ; leur forme et leur mode de déhiscence sont très-varia- DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 387 bles dans les divers genres : le pollen, plongé dans l’eau , pré- sente une forme à peu près triangulaire; ses angles sont souvent terminés par une véSicule transparente. Le pistil est libre. Le style est le plus souvent unique et très-court; dans quelques genres (Clusia, Tovomita , etc.) on trouve des stig- mates distincts, sessiles ou portés sur des styles très-courts. L'ovaire présente de deux à neuf loges contenant un ou plu- sieurs ovules; dans le seul genre Calophyllum il est vrai- ment uniloculaire. Le fruit est tantôt une vraie drupe (Ca- lophyllum), tantôt capsulaire et s’ouvrant du sommet vers la base (Clusia, Topomita), tantôt très-charnu , indéhiscent et renfermant à son intérieur plusieurs loges séparées par des cloisons de consistance différente, et qui ont été souvent con- sidérées comme les graines elles-mêmes (Mammea, Stalag- mitis). Les graines sont très-souvent munies d’un arille, tou- jours dépourvues de rebord membraneux et de périsperme: leur tégument propre est mince, il se détache quelquefois à leur maturité et reste collé à la paroi interne de l’endocarpe. L'embryon est droit. Les cotylédons sont grands, épais, très- entiers, soudés ensemble. La radicule est très-petite, en forme de mamelon; sa direction, relativement au point d'attache de la graine, mérite la plus grande attention, et démontre jusqu’à l'évidence, que, dans les familles les plus naturelles, les caractères considérés, dans la plupart des cas, comme de première valeur peuvent varier dans dés genres d’ailleurs extrémement voisins. Dans le Clusia Criuva(1), dont je pos- (x) Voyez l'analyse de cette espèce dans la 7e. livraison du Flora Brasiliæ meri- dionalis. 2 388 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES sède des graines dans un état parfait de maturité, la radicule est tournée vers l'extrémité de la graine la plus éloignée du point d'attache. Cette même disposition se rencontre dans toutes les Calophyllum dont j'ai pu analyser les fruits; je devois donc m’attendre à la trouver constante dans les autres Guttifères, mais j'ai été détrompé par l'examen des fruits du Mammea (1) et du Mesua (2). Dans ces deux genres, la radicule est tournée vers l’extrémité de la graine la plus voi- sine de l’ombilic. Il est donc vrai de dire que l'embryon est tantôt homotrope et tantôt antitrope dans les Guttifères, ou, (1) M. Turpin a bien voulu mettre à ma disposition des fleurs hermaphrodites, des fruits et un magnifique dessin du Mammea americana : je saisis avec empres- sement cette occasion de lui offrir un témoignage public de ma gratitude. (2) Je dois entrer dans quelques détails au sujet des fruits de ce genre que j'ai été à même d’examiner. La riche collection du Muséum possede deux exemplaires de Mesua qui, par la forme de leurs feuilles, paroissent appartenir à la même espèce. Ces deux échantillons sont en fruits, mais la forme de ces fruits, qui sont à peu près obovoïdes dans l’un et graduellement amincis vers le sommet dans l’autre, me laisse quelques doutes sur leur identité spécifique. Le dernier, vu la forme de l'ovaire du Mesua ferrea, appartient incontestablement à cette espèce; ses fruits, qui ne sont point encore arrivés à un degré parfait de maturité, renferment une seule graine dressée et terminée au sommet par une pointe qui, comme dans le Juglans et autres plantes à embryon antitrope, se prolonge dans la partie inférieure du style. Les fruits du premier contiennent deux graines dressées, collatérales, obtuses au sommet; leur radicule est très-rapprochée du point d'attache, et les cotylédons correspondent à l’extrémité opposée. Ces deux échantillons appartien- droient-ils à deux espèces différentes? La radicule seroit-elle supérieure dans l’une d’elles et inférieure dans l’autre? ou, ce qui me paroît plus vraisemblable, ai-je examiné la même plante dans deux états différens? Ne pouvant, à cause de l’état d'imperfection des graines de l’un des deux exemplaires, décider ces questions d’une manière positive, j'ai cru devoir exposer mes doutes, afin d’éveiller l’atten- tion des auteurs qui me succéderont sur un sujet qui me paroit de la plus haute importance. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 389 en d’autres termes, que la radicule est tantôt dirigée vers l'extrémité de la graine la plus voisine du hile, tantôt vers l'extrémité opposée. Repue des genres. Le Tovomita, que je piace à la tête de la famille, a pour caractères un calice composé de deux à quatre folioles; quatre ou plus rarement six à dix pétales; des étamines en nombre indéfini; des filets épais; des anthères très-petites, attachées obliquement au sommet du filet; quatre ou cinq stigmates presque sessiles; un ovaire à quatre ou cinq loges uniovulées; une capsule qui s'ouvre du sommet vers la base en quatre ou cinq valves. Je réunis à ce genre l’OcArocar- pos(r) de M. du Petit Thouars, etle Wicrantherade M. Choisy, dont la seule différence avec les autres T'ovomita consiste dans sa corolle composée de huit ou dix pétales. On sait com- bien le nombre des parties de la fleur est variable dans les Guttifères, mais en admettant même que ce nombre ne variät point dans le Wicranthera, il seroit facile de prouver que ce genre ne sauroit être séparé du Z'ovomita. En effet, M. Choisy (2) assigne au premier deux ou quatre folioles cali- (1) M. Choisy dit que le fruit de l’'Ochrocarpos est une baie. Je possède un échan- tillon de cette piante absolument semblable à celui d’après lequel le dessin de M. du Petit-Thouars a été exécuté; ses fruits, qui n’ont point encore acquis tout leur développement , ont une ressemblance parfaite avec ceux des autres Tovomita, et il ne m'est guère permis de douter qu'ils ne soient capsulaires et déhiscens à Jeur maturité. (2) Prodromus, 1, p. 560. — Mém. Soc. Hist. nat. Par. 2, p. 224. 390 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES cinales et huit ou dix pétales; les feuilles florales sont doné au nombre de dix à quatorze, or je trouve le nombre dix dans quelques unes des fleurs de notre T'opomita paniculata (1): j'ajouterai de plus que les ovaires de cette dernière espèce sont quelquelois, ainsi que ceux du 7°. clusioides ( Micran- thera Chois.), surmontés de cinq stigmates, et divisés inté- rieurement en cinq loges au lieu de quatre qui est le nombre le plus ordinaire. , Le Verticillaria ( Chloromyron Pers. Choiïs.), que je ne connois que par la description de Ruiz et Pavon, paroît très- voisin du Z'ovornita par ses feuilles florales au nombre de six, par son fruit capsulaire à trois loges monospermes. Le genre Clusia se distingue facilement du T'ovomita par ses ovaires divisés en loges plus nombreuses et toujours pluri- ovulées, par ses anthères extrorses, etc. M. Choisy a réuni à ce genre le Quapoya d’Aublet et l Havetia de M. Kunth. Le premier, dont je n’ai pu me procurer des fleurs dans un état convenable, paroît ne différer des vrais Clusia que par ses étamines en nombre déterminé dans les fleurs mâles. Ce- pendant le port des deux espèces qui le composent (Q. scan- dens et Pana-panari Aubl.) m'auroit fait éprouver quelque répugnance à le réunir au Clusia; je ne fais donc, en prenant ce parti, que suivre l'opinion de M. Choisy, et surtout celle de Richard, qui avoit pu, mieux que tout autre, étudier ces plantes dans tous leurs détails. L’Æâvetia, dont on ne con- noit encore que les fleurs mâles, me paroît évidemment dis- (1) Voyez la description de cette espèce dans la huitième livraison du Flora Brasiliæ meridionalis. r TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 391 tinc$ lusia par l'organisation singulière de ses étamines plongées en entier dans un réceptacle très-charnu. L’examen des fleurs femelles offrira probablement plus tard de nou- veaux caractères distinctifs. Notre genre Arrudea a des rapports avec l'Havetia par ses étamines qui s'ouvrent par leur sommet; mais ses éta- mines sont très-nombreuses, soudées entre elles, biloculaires, et terminées par deux pores distincts. L’Ærrudea me paroît différer suffisamment du CZusia par son calice polyphylle, par sa coroile composée d’un plus grand nombre de pétales, par l’organisation de ses étamines , par son ovaire surmonté d’un style et dont les loges ne renferment, ainsi que l’a ob- servé M. Auguste de Saint-Hilaire, qu’un ou deux ovules. Le Moronobea et le Chrysopia se distinguent par leurs fleurs toujours hermaphrodites, par leurs étamines réunies en un tube 5-fide, dont chacun des segmens porte trois ou cinq anthères linéaires attachées extérieurement dans toute leur longueur. Dans le premier les folioles calicinales sont légèrement soudées à leur base, l'ovaire est surmonté de cinq stigmates presque sessiles. Dans le second le calice est composé de folioles distinctes , le réceptacle se prolonge en un vrai disque à cinq lobes situé entre les pétales et les éta- mines, l'ovaire est surmonté d’un style divisé en cinq seg- mens étalés qui portent sur leur face interne et dans toute leur longueur les papilles stigmatiques. Ces deux genres, au premier aspéct très-différens des autres Guttifères, se lient cependant intimement avec elles par l’intermédiaire du C{u- sta. On peut voir en effet que, dans les fleurs femelles de notre C. Criuva, les étamines très-nombreuses des fleurs 392 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES A ? 1 al D La L mâles sont réduites à cinq, soudées en anneau à leu ,et que leurs filets très-épais portent sur leur face latérale et externe une anthère à deux loges. Cette organisation ne diffère donc guère de celle des Moronobea et des Chrysopra que par le nombre des anthères portées sur chacun des segmens du tube staminal. * Le Mammea possède un calice composé de deux folioles, quatre ou six pétales, des étamines très-nombreuses, libres ou à peine soudées entre elles à leur base, un ovaire sur- monté d’un style, un fruit très-charnu et divisé intérieurement en quatre ou par avortement en deux ou trois loges mono- spermes dont les cloisons sont dures et assez épaisses. Le Rheedia me paroît très-voisin du Mammea. Ne le con- noissant que d’après des descriptions et des figures incom- plètes, je ne puis indiquer les différences qu'il présente avec ce genre. ' Le Garcinia, dans lequel, à l'exemple de Gærtner et de M. Achille Richard, je comprends le Cambogia de Linné, se distingue des genres voisins par ses étamines peu nom- breuses, libres à leur base, par ses fruits très-charnus, mul- tiloculaires , dont les loges sont séparées par des cloisons extré- mement minces. Gærtner dit que les graines sont pourvues d’un périsperme; cette erreur a été relevée par M. Choisy, et je n’en rapporte d’autant plus volontiers à son observa- tion, que l’absence de cet organe me paroît un caractère de première valeur dans la famille des Guttifères. t Le Stalagmitis de Murray a été le sujet d’un grand nombre de confusions : dans ce genre les fleurs sont tantôt mâles tantôt hermaphrodites; le réceptacle est très-charnu, angu- DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 393 leux et comme divisé au sommet en plusieurs lobes : dans les fleurs mâles, tantôt les étamines se développent entière- ment et sont monadelphes, tantôt un certain nombre d’entre elles reste à l’état rudimentaire, et le réceptacle est couvert d’anthères avortées; dans ce sé cas les étamines qui se développent sont réunies en faisceaux divisés au sommet en un nombre plus ou moins grand de filets, qui portent chacun une petite anthère didyme dont les loges s'ouvrent latérale- ment : dans les fleurs hermaphrodites, les étamines sont réu- nies en plusieurs faisceaux, les lobes du réceptacle, alternes avec ces derniers, portent les traces d’étamines avortées : le fruit diffère peu de celui du Garcinia. L'organisation du S/a- lagmitis est très-bien décrite dans Murray. Je crois qu’on peut sans aucun doute rapporter à ce genre le Xar/hochy- mus de Roxburgh, l Oxycarpus de Loureiro le Brindonia de M. du Peer et par conséquent les espèces qui forment la seconde section du Gareinia dans le mémoire de M. Choisy, et dont l’une, le G. elhiptica, a déjà été signa- lée sous le nom de Xanthochymus dulcis par Roxburgh. Le Mesua est caractérisé par un calice à quatre folioles; quatre pétales; des étamines en nombre indéfini, légèrement réunies par leur base; un ovaire biloculaire, renfermant deux ovules dressés dans chaque loge; un fruit drupacé, à sarco- carpe peu épais et coriace, contenant une ou plusieurs graines. Le Calophyllum, voisin du Mesua par le port et par la nature de son fruit, s'éloigne un peu du type normal des Gut- tifères; son ovaire est uniloculaire et ne renferme qu'un seul ovule. Dans ce genre, les pétales sont opposés aux folioles calicinales, leur nombre, ainsi que celui de ces dernières, Mém. du Muséum. t. 16. 51 394 MÉMOIRES SUR LES FAMILLES varie dans les diverses espèces : ainsi, dans le ©. facama- haca, les fleurs présentent quatre folioles calicinales et quatre pétales qui leur sont opposés ; dansle C. calaba on ne trouve que deux folioles calicinales, deux des pétales leur sont opposés et les deux autres correspondent à la place qu'occu- peroient les deux folioles calicinales qui manquent; enfin dans notre C. brasiliense, qui n'offre dans la plupart des fleurs que deux folioles calicinales et deux pétales, ces organes sont naturellement alternes, mais les deux pétales qui avortent presque constamment sont, lorsqu'ils existent, opposés aux folioles calicinales. Du reste il seroit très-difficile, ainsi que l’observe judicieusement M. Choisy, de définir d'une ma- nière précise les parties de la fleur qui doivent, dans la plu- part des Gruttifères, recevoir le nom de pétales ou de folioles calicinales; il seroit donc peut-être plus exact de dire que, dans les Calophyllum, ainsi que dans les Topomita, les organes sexuels sont entourés d’ur nombre plus ou moins grand de feuilles florales opposées deux à deux et placées en croix au dessus les unes des autres. Sections à établir dans la farmulle. La famille des Guttifères peut ètre divisée en quatre sec- tions très-naturelles fondées sur la nature du pistil et du fruit. Dans la première, je comprends les genres 7'ovornita, Verticillaria, Clusia, Havetia et Arrudea (1) : elle a pour (1) Je réunis ces deux genres à ma première section, à cause des rapports qu'ils me paroissent avoir avec le Clusia; peut-être la place qu’ils occupent dans la famille devra-t-elle être changée lorsque la nature de lears fruits sera connue. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUYTIFÈRES. 305 caractères des ovaires à plusieurs loges renfermant un ou plusieurs ovules; des fruits capsulaires, déhiscens, plurilo- culaires. La seconde renferme les deux genres Moronobea et Chry- sapta : elle se distingue par ses ovaires dont les loges renfer- ment toujours plusieurs ovules; par ses fruits charnus, in- déhiscens, pluriloculaires. L'organisation des étamines dans ‘ces deux genres a engagé M. Choisy à en rapprocher le Canella ; mais il me paroît impossible d'admettre parmi les Guttifères une plante qui s’en éloigne par ses feuilles alternes, et l’organisation de son ovaire (1) et de ses graines. La troisième section est formée des genres Marnmea, Rheedia, Garcinia et Stalagmitis : elle est caractérisée par ses ovaires, dont chacune des loges ne contient qu’un seul ovule; par ses fruits très-charnus, indéhiscens, divisés en plu- sieurs loges formées par un endocarpe de consistance va- riable qui se détache souvent du sarcocarpe. Dans la quatrième, qui comprend les genres Mesua et Calophyllum , Vovaire renferme une ou deux loges uni ou biovulées; les fruits sont des drupes à sarcocarpe coriace et peu épais, contenant une ou plusieurs graines. On a pu voir, d’après ce que j'ai déjà dit du Mesua, que ses fruits ne sont uniloculaires que par l'avortement d’une des loges de l'ovaire; peut-être sont-ils biloculaires dans le M. speciosa Chois., espèce qui n’est connue que par la description et la figure (1) Dans le Canella, l'ovaire est uniloculaire, et présente à son intérieur trois placentas pariétaux sur chacun desquels sont attachés deux covules: les graines sont, selon Gærtner, munies d’un périsperme. 306 MÉMOIRES SUR LES FAMILLES publiées par Rheed, et à laquelle cet auteur attribue quatre graines dans chaque fruit. Si cette supposition étoit fondée, les fruits des Mesua servant de passage entre ceux des Ca- lophy llum erdes Mammea, Garcinia, Stalagrutis et Rhee- dia , 1 deviendroit nécessaire de réunir tous ces genres en une même section. Quant aux genres Macoubea, Macanea et Singana, ils s’éloignent des Guttifères par la position de leurs graines at- tachées aux parois des fruits; je pense, avec M. Choisy, que leur place doit rester indéterminée jusqu'à ce qu’on se soit procuré de nouveaux renseignemens sur leur organisation. Dans le premier, les fruits m'ont paru vraiment uniloculaires, les cotylédons ne sont point soudés ensemble, et la radicule est très-différente de celle des vrais Guttifères. Comparaison des Ternstræmiacées et des Guttufères, entre elles et avec les familles voisines. On voit, d’après tout ce qui précède, que les Guttifères ont les plus grands rapports avec les Ternstrœmiacées; cependant la comparaison de ces deux familles entre elles offre encore bien des moyens de les distinguer l’une de l’autre. Dans les Ternstræmiacées les feuilles sont alternes, et cette règle ne souffre qu’un très-petit nombre d’exceptions; elles sont tou- jours opposées dans les Guttifères. Dans les premières, le nombre normal des parties de la fleur paroît être de cinq et de ses multiples; il est évidemment de deux et de ses mul- tiples dans la plupart des secondes. Dans les Ternstræmiacées le calice est toujours bien distinct de la corolle ; ces deux DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 397 organes se confondent le plus souvent dans les Guttifères. Dans les unes (les Ternstrœmiacées), les pétales sont souvent réunis à leur base, leur préfloraison est tordue; dans les autres ils sont toujours libres, et leur préfloraison est convolutive. Les graines de Ternstræœmiacées sont presque toujours ou pourvues d'un périsperme , ou terminées par un prolonge- ment membraneux; celles des Guttifères manquent de ces organes. Dans les premières, la radicule est toujours voisine du hile; dans les secondes, elle est tantôt voisine du hile, tantôt tournée en sens inverse. Enfin, dans les Guttifères les cotylédons sont très-épais, fortement soudés ensemble, et ce caractère, qu'on n’observe jamais dans les Ternstræmiacées , a d'autant plus de valeur, qu’il est constant dans tous les genres qui composent la famille. Les Guttifères différent des Hypéricinées par leurs rameaux, leurs feuilles et leurs pédoncules articulés; par le nombre nor- mal des parties de leurs fleurs qui paroït être de deux et de ses multiples, tandis qu'il est presque toujours de trois ou de cinq et de leurs multiples dans celles des Hypéricinées ; par leurs anthères soudées dans toute leur longueur avec le filet, et non articulées à son sommet; par leurs graines sou- vent pourvues d’un arille et uniques dans chaque loge de l'ovaire, caractères qui n'existent, à ma connoissance, dans aucune Hypéricinée (1); enfin par l’organisation de l’em- bryon, qui est différente dans ces deux familles. EEE (1) Parmi les V’ismia recueillis au Brésil par M. Auguste de Saint-Hilaire , une espece (le F. micrantha) possede un ovaire dont les loges renferment tantôt un À 398 MÉMOIRES SUR LES FAMILLES Le genre Carpodontos, placé à la suite des Hypéricinées, a les plus grands rapports par la forme de ses fruits et de ses graines avec quelques genres de Ternstræmiacées ; mais l’en- semble de ses caractères me paroît le rapprocher bien plus encore de la première de ces deux familles. La place de l'Eucriphia, dont je n’ai pu me procurer les fruits, me paroit bien plus douteuse encore : peut-être la découverte de nou- veaux genres permettra-t-elle de le séparer plus tard des Hypéricinées, et deviendra-t-il, avec le Carpondontos, le type d’un ordre nouveau qui se liera aux Hypéricinées par ses feuilles opposées, et aux genres Laplacea, Gordonia, etc., par l’organisation de ses capsules et de ses graines. Si nous cherchons maintenant quels sont les principaux ca- ractères qui distinguent les Hypéricinées des Ternstræmia- cées, nous voyons que dans les premières les rameaux et les feuilles sont toujours opposés, disposition très-rare dans les secondes; que dans les vraies Hypéricinées les graines sont constamment dépourvues de périsperme et d’aile membra- neuse; que leur embryon est téujours droit; enfin, que leurs rameaux, leurs feuilles et leurs pédoncules ne sont point ar- ticulés à leur base comme dans les Ternstræmiacées. Les Marcgraviacées se distinguent des Guttifères par leurs feuilles alternes, par la forme singulière de leurs bractées tantôt deux ovules, caractère entierement neuf dans la famille des Hypétricinées. Je ne puis regarder ce cas comme une exception à l’une des regles que j'établis pour la distinction des Hypéricinées et des Guttiferes, l’unité d’ovule, lorsqu'elle existe dans notre V’ismia, me paroissant due à un avortement. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 399 inférieures, par leurs pétales souvent soudés entre eux, par leurs graines très-petites et extrêmement nombreuses. Elles paroissent se lier davantage aux Ternstræœmiacées par l’inter- médiaire du Vorantea qui possède, comme on sait, des éta- mines légèrement soudées avec la base des pétales, des an- thères immobiles, caractères qui rappellent ceux du T'erns- trœmia ; mais elles diffèrent de ce genre et de toutes les autres Ternstræmiacées par leur port, par la forme de leurs brac- tées, par l’organisation de leurs fruits, et par leurs graines tou- jours dépourvues de périsperme et d’aile membraneuse (+). M. Auguste de Saint-Hilaire a récemment indiqué (2) les rapports des Ternstræmiacées et des Tiliacées, et l'opinion d’un observateur aussi éclairé mérite la plus grande attention; aussi m’empresserai-je de reconnoître avec lui que le Æzel- meyera et plusieurs autres Ternstræmiacées se rapprochent beaucoup, par leur port, de quelques genres de Tiliacées; les fruits des Laplacea ont même une ressemblance frap- pante avec ceux des Zuwhea; mais la préfloraison des folioles calicinales tend à éloigner ces deux familles l'une de l’autre, et lorsqu'on compare attentivement les caractères tirés de la fleur et du fruit, on est forcé de convenir que les Ternstræ- miacées sont bien plus éloignées des Tiliacées que des Gut- tifères, des Hypéricinées et des Marcgraviacées. Du reste, les personnes livrées à l’étude des rapports na- urels s’aperçoivent tous les jours que la découverte de genres (1) Voyez Ach. Richard , Elémens de botanique, quatrième édition, p. 506. (2) Mémoire sur la série linéaire des plantes polypétales. 400 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES nouveaux vient souvent combler l'intervalle qui séparoit deux familles; mais la difficulté qui résulte de ces nouvelles acqui- sitions nous forçant à étudier avec plus de soin les caractères négligés par les auteurs qui nous ont précédé, doit, par cela même, contribuer puissamment aux progrès de la science. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. Hot TERNSTRŒMIACEZÆ. Ternstræmiaceæ Xunth, Ach. Rich. — Ternstræœmieæ et Theaceæ Mirb. — Ternstræmiaceæ et Camellieæ DC. Carvx 3-5-rarissimè-4-phyllus, rarius magis mins profundè 5-partitus; foliola imbricata, sæpè inæqualia. Perara 5-0, raris- simè 4, receptaculo sæpissimè carnoso inserta, foliolis calycinis al- terna , sæpè basi inter se coalita. Sramwa receptaculo inserta, sæpè basi petalorum adhærentia, libera vel inter se basi magis minüs coalita , rariùs in phalanges distinctas disposita : antheræ basi vel dorso insertæ , adnatæ vel mobiles, anticæ vel posticæ, 2-rariüs- 4-loculares , loculis rimä longitudinali, rariüs poro , dehisceutibus : pollen ( madefactum ) trilobum vel trigonum , angulis nonnumquäm in papillam pellucidam productis. Pisricrum superum. Sryii 1-7. SriGmara. terminalia. Ovarium 2-7-loculare, loculis 2-multi-ovu- latis, sæpè septis incompletis subuniloculare. Ovura angulo interno loculorum affixa. Frucrus nunc capsularis et dehiscens, nunc coria- ceus et indehiscens , 2-7 locularis, sæpissimè columnam centralem placentiferam gerens. Sema aptera vel alata, compressa vel subro- tunda, rarissimè (in Cochlospermo) arillata. INTEGUMENTUN sæpius duplex. PerisPermum carnosum vel nullum. Eusryo arcuatus, subar- cuatus, vel rectus : radicula ad hilum versa : cotyledones integer- rimæ, rarissimè (in Gordonid) longitudinaliter plicatæ. ARBORES, FRUTICES , SUFFRUTICESVE. Fozi4 alterna, rarissimè oppo- sita, sæpè ad apicem ramorum fasciculatim approximata , sæpissimè exstipulata, integra, rarissimè (in Cochlospermo) lobata, coriacea, rarissimè (in Mahureë et Marilé ) pellucido-punctata : petioli basi articulati. FLores hermaphroditi, in genero unico (Eury&) poly- gami , axillares terminalesque, sæpissimè albi, rariüs rosei seu Mém. du Muséum. 1. 16. 52 4o2 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES rubri, rarissimè (in Cochlospermo) lutei; præfloratio petalorum contorta : pedunculi basi articulati. COCHLOSPERMUNMI. Cochlospermum Æwnth.— Bombaxis species Linn., Cav. Maximilianea Mart. — Wittelsbachia Mart. et Zucc. Cacyx persistens, ebracteatus , 5-phyllus, foliolis exterioribus 2 minoribus. PEraLa 5, æqualia, persistentia , inæquilatera. Sra- wa indefinita, persistentia, glabra : filamenta libera, filiformia : antheræ basi affixæ, longiusculæ, lineares, 4-gonæ, 4-loculares, apice poro unico dehiscentes. Sryzus longus, filiformis, apice subha- mosus. Ovarium uniloculare. Ovuza creberrima, septis incompletis ovarii utrinquè pluriseriatim aflixa. CapsuLa calyce et reliquiis peta- lorum staminumque basi cincta, 3-5-valvis, valvis medio septi- feris. Semiva cochleata vel reniformia, arillo involuta, lanata. Irecumexrum duplex: exteriüs crustaceum , interiùs membranaceum. PErisPeRMUM carnosum. Emsryo axilis, curvatus : radicula apicem acutiorem seminis hilo proximum spectans. Arsores parvæ vel rrurices. Four alterna , stipulata , lobata. FLores magni, paniculati, lutei. Species 4: omnes ex Americà intertropicali. Characteres calycis, petalorum, staminum et seminis in C. insigni et hibiscoïde ; ovarii et capsulæ in C. insigni. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 4o3 TERNSTROEMIA. Ternstrœmia Mut., Linn. fil. — Taonabo Aubl. — Terns- trœmia et Tonabea Juss. Caryx persistens, basi 2-bracteatus, 5- phyllus, foliolis 2 exterio- ribus minoribus. Petara 5, in corollam monopetalam basi coalita, æqualia. Sramma basi petaloram adhærentia , indefinita, glabra: fila- menta brevissima : antheræ basi affixæ, immobiles, longitudinaliter introrshm dehiscentes. Sryzus simplex. Sricma simplex. Ovarium 2-5- loculare, loculis 2,3, 4 ovulatis. Ovuza ex angulo interno loculorum pendula. Frucrus coriaceus vel carnosus , Subglobosus, styli reliquiis rostratus, 2-5-locularis, demüm in 3-5 valvas irregulariter direptus, valvis seminiferis. Semixa oblonga , aptera. Hilum ad apicem seminis situm. Inrecumenron duplex : exteriùs crustaceum, interiùs mem- branaceum. PenisPermuM carnosum. Emsrvo arcuatus, radiculä coty- ledonibusque hilum spectantibus. ARBORES FRUTICESVE. FoLrA sparsa, coriacea, integerrima vel ser- rata, exstipulata. Fcores axillares, solitarii. Species 16: 14 ex Americà meridionali, 2 ex Indiâ orientali. Characteres floris in 7°, dentaté, brasiliensi , meridionali, pluri- busque aliis; fructüs in 7. dentatéä, brasiliensi , carnosä, meridio- nali et clusiæfolia ; seminis in 7°. brasiliensi, carnosé et dentaté. CLEYERA. Cleyera Thunb., DC. Caux 5-phyllus, persistens, extüs basi bibracteolatus. PEraza 5, basi libera nec coalita. Sramnwa plurima, imis petalis adhærentia; filamentis tenuibus; antheris erectis, lateraliter retrorsûm hirtis. Ovaniuu globosum. Srxzos filiformis. STricmaTa 2-3. Bacca exsucca , 404 , MÉMOIRE SUR LES FAMILLES calyce stipata, subsphærica, 2-3-locularis, loculis 3-4-spermis. SEMINA. J Ansores habitu Ternstroœmias simulantes, sed petalis liberis anthe- risque hirtis distinctæ. Species 2 asiaticæ. Character ex de Candolle (Mém.). FREZIERA. Freziera Swartz. Cazvx persistens , basi 2-bracteatus , 5-phyllus, foliolis rotundatis , concavis, imbricatis, inæqualibus. Perara 5, libera , æqualia, Sra- urxa indefinita , libera, glabra : filamenta brevissima : antheræ basi affixæ, adnatæ, longitudinaliler introrsùm dehiscentes. Sryzus sim- plex, brevis. Sriema 3-5-lobum. Ovarium 3-5-loculare, loculis sæ- pissimè multiovulatis. Ovura angulo interno loculorum affixa. Fruc- rus exsuccus, indehiscens?, subglobosus, apice styli reliquiis ros— tratus, 3-5-locularis, loculis polyspermis. Sema subcurvata, oblonga, aptera. IxrecumenTum duplex : exteriüs crustaceum, interiùs membra- naceuin. PErtsPERMUM carnosum. Eusrvo subcurvatus: radicula hilum spectans: cotyledones sublineares. Arsores. Forra alterna, coriacea, serrato-dentata, exstipulata. Frores in axillis foliorum solitarii seu plures. Species 7 americanæ, pleræque ex Andibus peruvianis. Characteres in F. undulatä, nervosä, sericeä, canescenti et reti- culatä. LETTSOMIA. Lettsomia Ruiz et Par. Cazvx persistens , 7-phyllus, foliolis subrotundis, concavis, imbri- catis. PeraLa 5-6, libera, concava, imbricata, interiora gradatim DES TERNSTROEMIACÉES FT DES GUTTIFÈRES. 4oÿ angustiora. Sramina indenfinita , libera : filamenta brevissima, in- Curva : antheræ lanceolatæ, biloculares, utrinquè longitudinaliter dehiscentes. SryLus sim plex, brevissimus. Sricmara 3-5, acuta. Fruc- Tus baccaius, globosus, acuminatus, 3-5-locularis. Semiva plurima, minima, trigona, ossea, punctata , angulo interno loculorum adnata. Frutices. Species 2 peruvianæ. Character ex Ruiz et Pav. (Prodr.) EURIA. Eurya Thunb., R. Brown. Caryx 5-partitus. Perara 5, unguibus connatis. Sramina 12-15, simplici serie disposita. Ovarum 3-loculare, multiovulatum. Srvrus 1. SricmarTa 3. Bacca trilocularis, polysperma. Sema reticulata. FLores polyg.-dioici. Proximum genus Frezieræ, distinctum floribus polygamis et pe- talis basi connatis. Species 4: 2 è Napauliä, 1 Chinä, 1 è Japoniä. Character ex R. Brown. (PI. Chin. Diss.) SAURAUJA. Saurauja }Viuld. — Saurauja et Apatelia DC. — Palava Ruiz et Pay., Kunth. Cazyx profundè 5-partitus , 2-3-bracteatus, persistens ; foliolis ovato-ellipticis, imbricatis. Perara 5, hypogyna , æqualia. Sramina crebra, receptaculo vel basi petalorum infernè cohærentium inserta : filamenta libera : antheræ posticæ, bipartitæ, lobis tubulosis ; apice hiantibus, serits surshm spectantibus. Ovarrun superum , sessile, 5-loculare : loculi multiovulati polyspermi :-placentæ tot quot loculi:, 406 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES axi centrali adnatæ. Srxzr 5. Faucrus globosus, stylis coronatus, ex- succus, 5-locularis, apice loculicido-5-valvis, loculis polyspermis. Sema testà crustaceà obtecta , aptera, reticulato-serobiculata, nidu- lantia in substantià mucilaginosà (teste Willd). PerisPermum carno- sum, semini conforme. Eusrvo axilis, rectus, perispermo brevior. RaprcuLa hilum spectans. Argores aut FRUTICES erecti. Forra alterna, exatipulate integra. Racemi axillares, ramosi, bracteati. Species 17: 8 ex Americà intertropicali, 9 ex Indià orientali. Character ex Kunth. STEWARTIA. Stewartia Cav. Caux basi 2-bracteatus, profundè 5-fidus, ferè 5-partitus; seg- mentis imbricatis. Perara 5, subæqualia. Srammwa indefinita, basi petalorum adhærentia : inter se imä basi coalita, glabra : antheræ medio insertæ, oblongæ, mobiles, 2-loculares, extrorsæ, longitudi- valiter dehiscentes. Sryrus simplex. SriemA 5-lobum. Ovarium 5-locu- lare, loculis 2-ovulatis. Oyura ad basim loculorum angulo interno affixa, subsphæroïdea, crassiuscula, superiùs ascendens, inferiüs subperitropum. Frucrus non suppetiit. Frurex. Forra alterna, integra. Species unica ex Americà septentrionali. MALACHODENDRON. Malachodendron Cap. Cazvx basi 2-bracteatus , profundè 5-fides, ferè 5-partitus, seg- mentis imbricatis. Peraza 5, subæqualia. Sramna indefinita, basi petalorum adhærentia, inter se imà basi coalita , glabra : antheræ medio insertæ , mobiles , oblongæ , posticæ, 2-loculares, loculis DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 407 longitudinaliter dehiscentibus. Srru 5, singuli stigmate capitellato terminati. Ovarium oblongum, 5-loculare , loculis 2-ovulatis. Ovura ad basim loculorum angulo interno affixa, complanata, disciformia, peritropa. Frucrus : carpella 5, inter se imperfectè coalita. Semina non suppetierunt. Frurex. Fou alterna, exstipulata, integra. FLorss axillares , soli- tarii. Species unicà ex Americà septentrionali. LAPLACEA. Tab. I, A. Laplacea Xunth. — Gordoniæ species Swartz. — Hæmo- charis Salisb., Mart. et Zucc. Cazxx ebracteatus, 4-5-phyllus, foliolis imbricatis ; Concavis, deci- duis, exterioribus pauld minoribus. Perara 5-0, subæqualia , libera, inæquilatera: Sramra libera vel basibus petalorum adhærentia, inde- finita, glabra, decidua : filamenta* libera, filiformia : antheræ mo- biles, biloculares, longitudinaliter posticè dehiscentes. Sryzr 5-7, breves. Ovariuu 5-7 loculare, loculis 3-6 ovulatis. Ovura angulo in- terno loculorum affixa , suspensa, elongata. Capsura ab apice ad me- dium in 5-7 valvas dehiscens, valvis crassis, lignosis, triangularibus; columna centralis crassa, obtusa, sulcata, seminifera. Semrna oblonga, apice in alam membranaceam producta. Ivreeumenrum duplex : exte- riùs crustaceum , apice in alam membranaceum extensum ; interiùs membranaceum. PerisPermuM uullum. Emsrvo rectus; radiculà su- perà, brevi ; cotyledonibus ovatis. Argores vel FRuTIcES. FoLra Sparsa, exstipulata, integra, coriacea. Frorss axillares, solitarii, ebracteati. Species 3 ex Americà interpropicali. Characteres floris, fructüs et seminis in L. semiserraté et spe- ciosé; embryonis in L. semiserraté. 408 É 4 MÉMOIRES SUR LES FAMILLES GORDONIA. Tab. I, B. Gordonia Ællis. — Gordoniæ species Swartz, DC. — Lacathea Salsb. Cazyx ebracteatus, 5-phyllus, foliolis imbricatis, rotundatis, concavis, subæqualibus. Perara 5, receptaculo inserta, basi inter se coalita, æqualia. Sramma indefinita, basi in urceolum coalita, imis basibus petalorum adhærentia, glabra : filamenta filiformia : antheræ basi vel suprà basim aflixæ , oblongæ , mobiles, 2-loculares, longitudinaliter dehiscentes. Sryzus simplex. Sricma 5-lobum. Ova- rom oblongum, 5-loculare; loculis 3-5-ovulatis. Ovura angulo interno biseriatim affixa, suspensa, imbricata, oblonga, complanata. Car- suza 5-locularis, 5-valvis; valvæ crassæ, lignosæ. Semina columnæ centrali incompletæ aflixa , oblonga , apice in alam membranaceam producta. Inrecumenrum duplex : exterius crassum, interiùs membra- naceum. PerisPermum nullum. Ewsrvo rectus : radicula supera, bre- vis : cotyledones ovatæ, longitudinaliter plicatæ. Frurices. Fozra sparsa, exstipulata, intregra, coriacea. FLores axil- lares, solitarii. Species 3: 2 ex Americà septentrionali , 1 è Napaulià. Characteres floris et fructüs in G. Zasiantho et pubescenti ; semi- nis in G. lasiantho. CAMELLIA. Camellia Zznn. Cazvx ebracteatus, 5-09-phyllus, foliolis imbricatis , concavis, in- terioribus gradatim majoribus. Perara 5-7, receptaculo carnoso in- serta , inæqualia, exteriora breviora. Sramina sæpè basibus petalo- rum adhærentia, basi magis minùs inter se coalita, indefinita, gla- DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES 409 bra : filamenta subulata : antheræ suprà basim affixæ, mobiles, oblongæ , extrorsæ, biloculares, longitudinaliter dehiscentes ; connec- tivo crassiusculo. SryLus 1, apice magis minüs profundè 3-5-fidus, segmentis singulis stigmate terminatis. Ovarrum oblongum, 3-5-locu- lare, loculis 5-pluri-ovulatis ; dissepimenta crassa. Ovura angulo interno loculorun@alternatim inserta, suspensa , elongata. Frucrus non suppetiit. Frurices. Fozxa alterna, exstipulata, coriacea, integra. Frores axil- lares terminalesque. Species 5, è Japonià, Cochinchinä et Indi. Characteres in C. Japonicé pluribusque aliis. VENTENATIA. Ventenatia P. Beau. Carvx ebracteatus, 3-phyllus, foliolis imbricatis > COnCavis, rotun- datis, subæqualibus, deciduis. Prrara 11-12, libera, subæqualia. STamna indefinita, libera, glabra : filamenta filiformia : antheræ basi insertæ, sublineares, biloculares, loculis longitudinaliter à latere dehiscentibus. Sryrus simplex. Sriema (ex P. Beauv.) sub-5- lobum. Ovarrum oblongum, 5-loculare, loculis multiovulatis. Ovura angulo interno loculorum inserta, ascendentia, creberrima » im- bricata, oblonga , complanata. Frurus ovoideus, apice styli reliquiis rostratus, (ex P. Beauv.) carnosus. Sema non suppetierunt. Frurex. For alterna, exstipulata, Fcores terminales, Species unica africana, BONNETIA. Bonneta /Vob. non Schreb.—Bonnetiæ species Mart. et Zucc. Cazvx persistens, 5-partitus, ebracteatus. Prrara 5, æqualia, hi- bera, inæquilatera, Sramma indefinita, libera, glabra : filamenta Mémm. du Muséum. 1. 16. 53 4To MÉMOIRE SUR LES FAMILLES filiformia : antheræ dorso suprà basim aflixæ, mobiles, 2-loculares, singulis loculis basi poro dehiscentibus. Srvzus trifidus, iobis sin- gulis stigmate terminatis. Ovariun primüm uniloculare, demüum septis inter se coalitis triloculare. Ovura plurima , angulo interno loculorum affixa, linearia , erecta. Carsuta calyce filamentisque per- sistentibus vestita, 3-locularis, 3-valvis, valvi®tmarginibus intro- flexis dissepimenta constituentibus; columna centralis subulata, placentifera ; singulæ placentæ valvis oppositæ. SEmina in placentis plurima, linearia, scobiformia , tegumento membranaceo, tenui , utroque fine in alam excurrente. Arsores mediocres vel rrurices. ForrA sparsa, exstipulata, coriacer, integra. FLores terminales axillaresque; pedunculi 1 vel pluriflori. Species 3 brasilienses. Characteres floris et fructüs in B. ancepiti; seminis ex Mart. et Zucc. (Nov. gen. Spec.) ARCHITÆA. Architæa Mart. et Zucc. Carvx persistens, ebracteatus, 5-partitus , foliolis subæqualibus. Prraza 5, decidua. Sramina indefinita, in phalanges quinque usquè ad medium connata : filamenta apice libera , filiformia : antheræ anticæ, biloculares, loculis longitudinaliter dehiscentibus. SryLus simplex. Sricma lobatum ?. Ovarium 5-loculare, loculis biseriatim multiovulatis. Carsuza calyce staminibusque persistentibus cincta, 5-Jocularis, incompletè à basi ad apicem vershs 5-valvis; valvulæ coriaceæ , marginibus introflexis dissepimenta constituentes; recep- taculum centrale conico-pentagonum, pro quovis loculo placentam lineari-lanceolatam , convexam emitiens. Semina plurima in quovis loculo, bifariam sursüm imbricata, linearia. ArguscuLA. Folia fasciculata, penninervia. Species unica brasiliensis. Genus vix à Bonnetiâ distinctum nisi staminibus pentadelphis, DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. ae: antheris longitudinaliter dehiscentibus, capsuläque a basi ad apicem versus incompletè dehiscente. Character ex Mart. et Zucc. fNov. Gen. et Spec.) MAHUREA. Tab. I, C. Mahurea Æubl. — Bonnetia Schreb. — Marilæ spec. Swartz Prodr.— Bonnetiæ spec. Swaréz Flor. Ind. occ., Mart. et Zucc. « Carvx ebracteatus, 5-phyllus, foliolis imbricatis. Peraza 5, æqua- lia, libera, subæquilatera. Sramna indefinita, imâ basi subcoa- lita, glabra : filamenta filiformia : atheræ basi affixæ, immobiles, 2-loculares, loculis longitudinaliter introrsam dehiscentibus; con- nectivus apice glandulosus , excavatus. Sryzus simplex, longus. SriGuA 3-4 lobum. Ovarium oblongum, 3-4 loculare, loculis multio- vulatis. Ovura angulo interno loculorum affixa, creberrima, pendula , imbricata, sublinearia. Carsura styli reliquiis rostrata, oblonga , recta , 5-locularis , 5-valvis : valvæ marginibus introflexis dissepi- menta constituentes : columna centralis placentifera : placentæ valvis oppositæ. Senna (quæ immaturæ suppetierunt) in placentis plurima, sublinearia , compressa , alà membranaceà basi et apice extensâ in- tegrà cincta. Arsor. For alterna, stipulata, pellucido-punctata, integra. FLores racemosi. Species 1 ex Americà intertropicali. MARILA. Tab. IL, A. Marila Pers., Chois. — Marilæ spec. Swartz Prodr, — Bonnetiæ spec. Swartz Flor. Ind. occid. Cazvx ebracteatus, 4-rariùs-5-phyllus, foliolis imbricatis. Perara 4, rariüs 5, æqualia, libera , subæquilatera. Sramina indefinita, 4r2 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES imâ basi subcoalita, glabra : filamenta filiformia : antheræ basi affixæ, immobiles, 2-loculares, loculis longitudinaliter dehiscen- tibus; connectivus apice glandulosus, excavatus. Srvius simplex, brevis. Sriema obsoletè 3-4-lobum. Ovarrum oblongum , primüm uni- loculare, demüm septis inter se coalitis 4-varius-3-loculare , loculis multi-ovulatis. Ovura angulo interno loculorum aflfixa, creberrima , pendula , imbricata, oblonga. Carsura styli reliquiis rostrata , subli- nearis, parkm incurva, 4-rariüs-3-locularis, 4-rarius -3- valvis : valvæ marginibus introflexis dissepimenta constituentes : placentæ valvis oppositæ. Sema (quæ inmatura suppetierunt ) oblonga , com- pressa, alà membranaceä basi et apice extensà fimbriatä cincta. Arsor. ForrA opposita ! exstipulata, pellucido-punctata, integra. FLores racemosi. Species 1 ex Americà intertropicali. KIELMEYERA. Kielmeyra Mart. et Zucc. Cazsx persistens, ebracteatus, 5-partitus, foliolis. exterioribus 2 sæpè minoribus. Perara 5, libera, æqualia, inæquilatera. Sramna libera, vel rariùs imâ basi inter se subcoalita, indefinita, glabra : filamenta filiformia, persistentia: antheræ dorso aflixæ, mobiles, oblongæ, biloculares, loculis longitudinaliter introrsm dehiscen- tibus; connectivo crasso, aliquandà apice (sicut in Mahure&) glan- duloso et excavato. Srvzus simplex. Sriemara 5, in unum coalita, vel libera et tunc stylus quasi apice 3-fidus. Ovarrou primüm unilocu- lare, demüum septis inter se coalitis %-loculare. Ovura plurima, angulo interno biseriatim inserta, medio affixa, imbricata, disci- forinia. Carsura trilocularis, trivalvis; valvæ marginibus introflexis dissepimenta constituentes; columna centralis subalata, placenti- fera ; singulæ placentæ valvis oppositæ. SEmINA marginata, margine in alam membranaceum basi et apice extenso, compressa , oblonga. 7 DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 413 Hilum in parte medià marginalique seminis situm. InrecumenTum tenue. Perispermum nullum. Ewsrvo rectus, complanatus; radiculä minutà, hilum spectante; cotyledonibus magnis, reniformibus. ARBORES , FRUTICES Vel SUFFRUTICES suCCos resinosos emittentes. FoLra sparsa, sæpè ad apicem ramorum conferta, exstipulata, coriacea, integra. Frorss axillares terminalesque, sæpè ad apicem ramorum foliis superioribus abbreviatis vel abortantibus corymbos , racemos, rariüs paniculas efficientes : pedunculi bracteati. Species 12 brasilienses. Characteres floris in omnibus speciebus generis; fructüs in K.. excelsé et carne4;seminis (e# Aug. de S.-Hil. Mss.) in X. carned. CARAIPA. Caraipa Aubl. Carvx 5-fidus, ebracteatus, foliolis imbricatis. Perara 5, æqualia , libera, inæquilatera. Sramma indefinita, imâ basi inter se coalita ; 8la- bra: filamenta filiformia: antheræ suprà basim affixæ, mobiles, 2- loculares, longitudinaliter introrsim dehiscentes , connectivo crasso, apice glanduloso et excavato. Srvrus simplex. Sriema breviter 3-lo- bum. Ovariuu 3-loculare, loculis 1-3 ovulatis. Ovura angulo interno loculorum suspensa. Carsura trigona, sæpè obortu unius locula- menti inæquilatera et incurva, ab apice ad basim in 3 valvas crassas dehiscens. Sema columnæ centrali crassæ triangulari affixa, magna, aptera. [nrecumenTum tenue. Perispermum nullum. Emsrvo rectus : radicula minima, supera, apicem seminis hilo proximum spectans : cotyledones magnæ, crässissimæ, intra basim emarginatam radi- culam foventes. Arsores, rarissimè FRUTIcEs. Four alterna, rarissimè opposita, exsti- pulata, integerrima. Frores corymbosi, racemosi , vel paniculati , terminales axillaresque. Species 12 ex Americà intertropicali. L 7 414 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES Characteres floris in C. glabroté, Richardiana , fasciculaté , variabili et racemosa; capsulæ in C. Richardiané , glabraté et variabili ; seminis in C. Richardiana (1). (1) Je dois la communication de toutes ces espèces à VPamitié de M. Achille Ri- chard, qui a bien voulu mettre à ma disposition les notes et les croquis de son père , ayant rapport à ce genre jusqu'ici peu connu. Les quatre dernières étant entierement nouvelles, je crois faire une chose utile en publiant leur description. 1. CARAIPA RICHARDIANA Nob. Tab. II. s .. . . \ © \ . . . C. foliis alternis, oblongis, sæpè obtusè breviterque acuminatis, glaberrimis ; floribus corymbosis, pedicellatis ; ovario glabro. FRuTEx 6-12 pedalis, ramosus. Ramr glaberrimi, cortice cinereo vestiti. Fozia alterna, internodiüis distantibus, rarius internodüs abbreviatis subopposita, 3-6 poll. longa, 1-3 poll. lata, oblonga, basi rotundata, sæpè apice angustata et obtuse breviterque acuminata, subinæquilatera , glaberrima, margine sublüs revoluta, nervo medio lateralibusque subtus prominentibus donata : petiolus 3-6 1. longus, crassus, suprà canaliculafus. FLores ad apicem ramorum vel in axillis foliorum superiorum corymbos paucifloros efformantes, suaveolentes : pedicelli 2-51. longi, subclavati, glabri, ex axillâ bracteæ orti, medio bracteis duabus minimis subop- positis instructi. Cazyx vix 1 1. longus, glabriusculus , 6-fidus , viridulus ; segmenti acutiusculi, ciliolulati. PeraLa 5 ,'patentissima, 9 1. longa, 4 1: lata, concava, inæ- quilatera, hinc longiora acuta glabraque, illinc crassa et extus tomentosa , alba roseoque colorata. SramiNa creberrima, imä basi coalita, petalis duplo breviora : filamenta capillaria: antheræ suprà basim aflixæ , pallide luteæ, basi emarginatæ, connectivo crassissimo, apice glanduloso. PisriLLum stamina æquans, glabrum. SryLus rectus. SriGmMA terminale, obsoletissime trilobum: Gvartuw triquetrum, glabrum, 3-loculare, loculis uniovulatis. Ovura oblonga , suspensa. CapsuLa rhomboïdeo-triquetra , longitudinaliter 3-sulcata , 2-25poll. longa , diametro pol- licari, glaberrima, ab apice ad basim in 3 valvas crassas dehiscens, trilocularis, dissepimentis crassis. SEMiNA oblonga, compressa, cgassa, 20 |. longa, 81. lata, fusca. INTEGUMENTUuM membranaceum , tenue. Embryo rectus, virescens : radicula parvula, cylindrica , intra basim emarginatam cotytedonum recondita : cotyle- dones crassissimæ, oblongæ. En sabulôsis maritimis Guyanæ cum floribus fructibusque maturis Majo lecta. DES TERNSTROËMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 415 THEA. Thea Zznn. Caryx ebracteatus, 5-partitus, foliolis imbricatis, æqualibus. Perara 5-9, inæqualia , exteriora breviora. Sramina imis basibus petalorum adhærentia, indefinita, glabra : filamenta filiformia : antheræ medio dorso aflixæ, mobiles, oblongæ , 2-loculares, longitudinaliter dehis- centcs : connectivum crassiusculum. Srycus basi simplex, suprà medium 3-fidus, segmentis singulis stigmate capitellato terminatis. Ovariom 3-loculare. Ovura in singulis ovarii loculis 4, angulo interno alternatim inserta, subsphæroidea, basi acutiuscula, duo superiora erecta, duo inferiora pendula. Caprsua subsphæroidea , trilocularis, 2. CARAIPA RACEMOSA. C. foliis alternis, oblongis, obtusissimis, glaberrimis ; floribus race- mosis, subsessilibus; ovario tomentoso. Caraïpa racemosa. Rich. Her Argor 20-30 pedalis. Rs teretes, cinerei, inferne glaberrimi , supernè tomento rufescente vestiti. Fozra alterna, 2-5 poll. longa, 1-2:poll. lata, oblonga, obtusis- sima vel rarius apice emarginala , margine subrevoluta , glaberrima, nervo medio lateralibusque subtüs prominentibus dotata : petiolus 3-5 1. longus, crassus, suprà canaliculatus. FLoRES ad apicem ramorum racemosi, rariüs in axillis foliorum supe- riorum solitarü , subsessiles. Cazvx basi (pedicello brevissimo) bracteis geminis suboppositis quasi suffultus, profundèe 5-fidus, extüs tomento brevissimo vestitus, segmentis obtusis, ciliolulatis. PeraLa 5, patentissima, 5 1. longa, 3 1. lata, con- cava , inæquilatera , hinc longiora glabraque , illinc breviora crassa dorsoque tomen- tosa. STamiNA creberrima, imà basi coalita, petalis dupld breviora : antheræ infra medium dorsum affixæ, subrotundæ, basi emarginatæ; connectivo crassis- simo, apice glanduloso et excavato. PisriLLum dense tomentosunMSryLus stamina æquans. Sricma obsoletissime trilobum. Ovarium ovoideum, 3-loculare, loculis 416 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES abortu sæpè 1-2 locularis: loculi apice dehiscentes, 1-rarius-2-spermi. Semina subsphæroidea, aptera. Inrecumenrum duplex : exterius du- rum; interius tenue, membraraceum. Perisrermum nullum. Emsrvo rectus, crassus : radicula minima, ad hilum versa : cotyledones crassissimæ , reniformes : plumula conspicua. Frurices. For1A alterna, exstipulata, coriacea, integra. Frones axil- lares. Species 3 chinenses et cochinchinenses. Characteres in 7°. chinensi. 1-ovulatis. OyuLa ex angulo interno loculorum pendula, oblonga. CapsuLA non sup- petit. In sylvis remotis Guyanæ. Florebat septembri. 3. CARAIPA VARIABILIS. Nob. C. foliis alternis, oblongo-lanceolatis, utrinquè angustatis, sæpè acuminaüs, glabris; floribus paucis, paniculatis; racemosisve, pedicellatis ; ovario tomentoso. Arsor. Ram teretes, cinerei. Fort alterna, 254 poll. longa, 12-15 1. lata, oblongo-lanceolata, utrinquè angustata, äcuta, margine subrevolula , ,suprà læte viridia sæpiusque levia , rarius pube brevissimä subcinerea, subtüs pallidiora et glaberrima, integerrima, nervo medio lateralibusque sublus prominentibus donata : petiolus 2-3 1. longus, crassiusculus, suprä canaliculatus. FLorEs ad api- cem ramorum vel in axillis foliorum superiorum racemos paniculasve breves pau- cifloras efficientes : pedicelli 1-3 1. longi, basi bracteà minimä deciduâ suflulti. Cazyx vix 1 L. longus, 5-fidus, puberulus, segmentis obtusis, ciliolulatis. PeraLA 61. circiter longa, 4 1. lata, extus tomento brevissimo rufescente vestita. Sramiva.… STYLUS. ...... Ovarium ovoideum, acutum, tomento rufescente brevi vestitum, 3-loculare, loculis 3-ovalatis. OvuLa angulo interno loculorur affixa. Capsuza tri- quetra , profunde longitudinaliter 3-sulcata, 6-7 1. longa , totidem ferè lata, extus pube brevissimä cinerea, ab apice ad basim in 3 valvas crassas dehiscens ; recepta- culum centrale crassum. SEMINA non suppetierunt. Ad ripas uns Kourou in Guyanà. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 4x7 GUTTIFERZÆ. Guttiferæ Juss., Chots. Caryx 2-4-phyllus, rarius polyphyllus vel 5-6 partitus; foliola : : à US ; . : imbricata , sæpe cruciatim disposita , exteriora minora. RECEPTA— CULUM carnosum ; rarissimè (in CArysopid) in discum 5-lobum pro- 8. foliis longe acuminalis, suprà subcinereis. Cum præcedente. Lecta cum fructibus immaturis novembre. 4. CARAIPA FASCICULATA. C. foliis alternis, elliptico-acuminatis, glaberrimis; floribus cre- bris, paniculatis, pedicellatis; ovario tomentoso. Caraipa fasciculata Rich. Herb. Ram inferne teretes, cinerei , supernè obsolete angulosi. FoLiA alterna, 3-4 poll. longa, 15-20 |. lata, elliptico-acuminata, basi angustata, margine subrevoluta, glaberrima , subtüs pallidiora, nervo medio lateralibusque subtüs prominentibus donata : petiolus 2-31. longus, snprà canaliculatus. FLORES ad apicem ramorum et in axillis foliorum superiorum paniculas brevissèmas multifloras efformantes : pedi- celli 3-5 1. longi, basi bracteä minimä deciduä suffulti. Cazyx vix 1 ]. longus, 5-fidus, puberulus, segmentis obtusis, ciliolulatis. PEraLa 5, post floris explica- tionem deflexa , 3-. circiter longa, 21. lata, inæquilatera, hinc longiora acuta gla- braque , illinc breviora crassa dorsoque breviter tomentosa. Sramwa creberrima, imâ basi coalita, petalis duplo breviora : antheræ infra medium dorsum affixæ, subrotundæ, basi subintegræ; connectivo crassissimo, apice glanduloso et excavato. STyLus stamina æquans. Sricma obsoletissime trilobum. Ovariuw ovoideum, tomento longiusculo rufescente vestitum, 3-loculare, loculis 2-ovulatis. OvuLa angulo interno loculorum affixa, pendula, collateralia ; oblonga. In Guyanà. Præcedenti valde affinis sed distincta foliüis latioribus ; floribus dupld minoribus, in paniculas multifloras brevissimas dispositis ; pedicellis longioribus; ovarii loculis 2 non 3-ovulatis. Mém. du Mus. t. 16. 54 418 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES ductum. Perara 4-6, rariùs 8-10, receptaculo inserta, foliolis caly- cinis alterna vel opposita, libera. Sramina receptaculo inserta, inde- finita , rariùs definita : filamenta nunc libera , nunc inter se basi coa- lita vel in phalanges disposita : antheræ adnatæ, anticæ vel posticæ, 2-loculares, rarissimè (in Æaveti&) uniloculares, rimä longitudi- nali, rariüs poro terminali, dehiscentes : pollen (madefactum ) trilo- bum vel obsoletè trigonum , angulis nonnumquäm in papillam pel- lucidam productis. Pisrizzon superum. Srvzus simplex vel subnullus; rariüs stigmata distincta , subsessilia. Ovarrum 2-8-loculare, raris- simè (in Calophyllo) uniloculare, loculis 1-multi-ovulatis. Ovura angulo interno vel basi loculorum affixa. Frucrus nunc capsularis et dehiscens , nunc carnosus et indehiscens, vel drupaceus, 2-multi- locularis, rarissimè unilocularis. Sema aptera , sæpissimè arillata. InTEGuMENTUM tenue vel chartaceum. Perispermum nullum. Emsrvo rectus, antitropus vel homotropus: radicula minima, mammæfor- mis : cotyledones magnæ, crassæ, coadunatæ , integerrimæ. ARBORES, rarius FRUTICES, aliquandd parasiticæ, resinosæ : rami oppositi, articulati. Forra opposita, exstipulata, crassa, integra, rarissimè pellucido-punctata : petioli basi articulati. FLores sæpis- simè terminales, hermaphroditi polygami aut dioici, albi rosei vel rubri : præfloratio convolutiva : pedunculi articulati. DES TERNSTROEMIACÉES ÆT DES GUTTIFÈRES. 419 SECTIO PRIMA. Ovarium pluriloculare, loculis univel pluriovulatis Frucrus capsularis, dehiscens, plurilocularis. TOVOMITA. Tovomita Aubl., Juss.— Marialva V’and.— Beauharnoïsia Ruiz et Par. — Ochrocarpos du Pet. Th.— Marialva, Ochrocarpos et Micranthera CAoës. Carvx 2-4-phyllus, ebracteatus. Perara 4, rariüs 6-10, foliolis calycinis opposita, subæquilatera. Sramina 20-50, libera , plurise- riata ; filamentis crassis; antheris minimis , ad apicem filamentorum obliquè adnatis. Srvzi 4-5, brevissimi vel subnulli, singuli stig- mate crasso terminati. Ovanrum 4-5-loculare, loculis 1-ovulatis. Ovu- Lu angulo interno loculorum medio vel infra medium affixum , arillo involutum. Carsura stylis stigmatibusque persistentibus coronata, crassa, ab apice usquè ad basim in 4-5 valvas dehiscens, medioque columnam centralem placentiferam gerens. Sema arillo involuta. InrecumenTum chartaceum, nitidum. Eusrvo crassus, radiculä par- vulâ. AR3oREs rarius FRUTICES. Fozra sæpè lineis vel punctis pellucidis notata. FLores racemosi vel rarius cymosi , axillares terwinalesque, dioici, polygami , seu hermaphroditi. Species 7 ; 6 ex Americà intertropicali, 1 ex insulà Madagascar. Characteres floris in T°. paniculaté , guyanensi, fructipendulé et clusioide ; capsulæ in T'. guy anensi et madagascariensi ; seminis ex Mart.set Zucc. nov Gen..et:spec. 420 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES VERTICILLARIA. Verticillaria Rwuzz et Pap.— Chloromyron Pers., Chous. Caryx 2-phyllus (1), coloratus. Perara 4. Sramma crebra : fila- menta filiformia : antheræ ovatæ. Sryrus nullus. Sricma concavum, trilobum. Ovarrum oblongum , subtrilobum. Carsura oblonga, subtri- gona , trilocularis , trivalvis, valvis crassis, corticosis. Semina soli- taria , oblonga. ARzoR. Species uuica peruviana. Character ex Ruiz et Pavon. CLUSIA. Clusia Linn. Caryx 4 phyllus, persistens, basi sæpè 2-bracteatus, foliolis inæ- qualibus, exterioribus minoribus. Perara 4-6, subæquilatera, de- cidua. Sramina in floribus masculis creberrima, rarissimè defi- nita, libera ; in femineis sæpè numero definita, sterilia?, basi coa- lita : filamenta crassa : antheræ longitudinaliter adnatæ, extrorsæ, 2-loculares. Pisricum in floribus masculis nullum. Sricmara 5-0, crassa , persistentia , sessilia. Ovarom 5-9-loculare, loculis pluri- ovulatis. Ovura angulo interno loculorum suspensa, imbricata, arillo involuta. Carsura stigmatibus persistentibus coronata, 5-0-locularis , ab apice usquè ad basim in 5-9 valvas septis alternas dehiscens, medioque columnam centralem crassam placentiferam gerens. Semma arillo carnoso involuta, ovoidea. InrecumEenTuM chartaceum. (1) Ruiz et Pavon décrivent cette plante comme privée de corolle et ayant un calice composé de 6 folioles; ilme paroît préférable de considérer les &eux folioles extérieures comme le vrai calice, et les quatre intérieures comme les pétales. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES . GUTTIFÈRES. 421 Emsryo rectus, inversus , crassus , cylindricus : radicula brevissima, mammæformis : cotyledones hilum spectantes. « - ARBORES sæpè parasiticæ, vel rrurices volubiles , succum resino- sum emittentes. Forra integerrima. FLores polygami seu dioici. Species 18 ferè omnes americanæ. Caracteres floris masculiin C. rosed; Criuva lanceolaté, Gaudi- chaudii etalbä;femineiin C. Criuva et roseé; capsulæ in C. Criuva, rose&, albé et flavä; seminis in C. Criuva. ARRUDEA. Arrudea /Voë. Cauvx polyphyllus ; foliolis imbricatis, inæqualibus, exterioribus minoribus. Prrara 9-10, subæquilatera’, imbricata. Sramna cre- berrima receptaculo conico inserta, inter se arctè coalita massam- que:compactam foveolatam efformantia : antheræ adnatæ, 2-locu- lares ; apice poro duplici dehiscentes. Sryzus brevis. Sricma 8-lobum, lobis distinctis, cuneiformibus. Ovartum in receptaculo carnoso immersum, 8-loculare, loculis (ex Aug. de St.-Hil. Mss.) » vel 2? ovulatis. Frucrus non suppetiit. hi. | r Arsor-parvula. Fours integerrima. Frores ad apicem ramorum ter- minales , solitarii, polygami ?. Species unica brasiliensis. HAVETIA. Havetia Aunth. — Clusiæ spec. ÆVilld., Chois. Flores masculi : Carvx 4-phyllus; foliolis orbiculatis, concavis ; duobus exterioribus brevioribus. Perata 4, orbiculata, concava, æqualia. RecepracuLum carnosum , orbiculare, convexum. ANTaerE 422 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES 4, cum petalié altérnantes, disco immersæ, papillæformes, unilo- culares , apice 3-valves. Flores feminei ignoti..….. Arsor sûcco glutinoso flavo scatens ; ramis oppositis. Forra integer- rima. PanréuLx terminales , bracteatæ, Forts in apice ramulorum gemini, subsessiles , dioici. Speties’unica ex Andibüs Popayanensium. Descript. ex Kunth. SECTIO SECUNDA. Ovarium pluri-loculare, loculis pluri-ovulatis. Frucrus carnosus, indehiscens, plurilocularis. MORONOBEA. Moronobea 4wb1.— Symphonia Zinn. fil.—Monorobea et Symphonia Juss. Carÿx petsistens,/ebracteatus, 5-partitus, foliolis imbricatis. Prrara 6, foliolis calycinis'alterna. Srama 15-20 : filamenta in tubum pro- fandè 5-fidum coalita: antheræ exts tubo adnatæ , in singulis seg- mentis 3-4, lineares, :2-loculares, longitudinaliter posticè dehiscen- tes. SniemarA 5 , subsessilia. Ovariom 5-loculate, loculis 5-ovulatis. Frucrus ex auctoribus Carnosus. Ansores. FLores corymbosi, rariùs subsolitarti , terminales axilla- resque, hermaphroditi. Species 2 ex Americà intertropicali. Characteres in M. coccine& ét,grandiflord. CHRYSOPIA. Chrysopia Pet. Th. Caxyx persistens, ebracteatus , 5-phyllus, foliolissubæqualibus, itnbricatis. Peraua 5 ,‘exths disco inserta!, foliolis.calyoinis alterna, DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 423 inæquilatera. Discus basi urceolatus, apice nunc subinteger , nunc obtusè 5-lobus; lobi petalis oppositi. Sramma basi in urceolum cras- sum coalita, disco intüs!affixa ; urceolus apice magis minüs pro- fundè 5-fidus : antheræ in singulo lobo 3-5, longitudinaliter extror- sùm adnatæ, lineares , longitudinaliter dehiscentes. Sryrus basi simplex, 5-sulcatus, apice magis minüs profundè 5-fidus; segmenti patuli, singuli stigma peculiare longitudinaliter intüs gerentes. Ova- Riom 5-loculare, loculis 5-10-ovulatis. Ovura angulo interno duplici serie inserta. Frucrus carnosus, 5-locularis. Sema ovato-oblonga. InrecumeNTuM membranaceum. Eusryo semini conformis ; cotyledo- nibus crassis, in massam oleosam coaffunatis. Ansores. FLores terminales, in corymbos vel umbellas paucifloras dispositi, hermaphroditi, Species 2 ex insulà Madagascar. Characteres floris in C. fasciculaté et microphyllé (1); fructüs et seminis ex Du Pet. Th. Gen. Mad. (1) CHRYSOPIA MICROPHYLLA. Tab. IV. C. folis spathulatis, parvulis; floribus umbellatis; disco apice sub- integro. Chrysopia microphylla Æils. et Boj. ined. Ram: umbellatim conferti, teretes ; inferne nudi, cicatricibus veterum foliorum exasperali; supernè foliosi. Fozra 6 1. longa, 81, lata, spathulata, in petiolum 2 1. longum angustata, integerrima , coriacea, giaberrima, margine subtüs revo— luta, unineryia simulque venulis sublüs prominulis notata; nervo medio supra impresso subtus prominulo. Frores ad apicem gamulorum umbellati, umbellis 4-6-floris : pedunculi 3-5 lineas longi, nudi. Cazyx glaber, foliolis imbricatis, ro- tundatis, 2 exterioribus paulé minoribus, PETALA circiter 4 1. longa, 5 1. lata, calyce duplè triplève longiora, basi angustata; apice rotundata, inæquilatera , multi venia, glabra, alba ?. Discus apice subinteger. Tupus sramINEUS venis 15 longitu- dinaliter notatus, 3 1. longus , supra medium 5-fidus; segmenti apice 3-dentati, singuli3-antheriferi. SryLus tubum antheriferum æquans, 5-sulcatus , glaber, bre- viter 5-fidus , segmentis patulis ,jacutiuscubs.Ovarium breve, ovoideum, glabrum , 424 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES SECTIO TERTIA. Ovarium pluriloculare, loculis uni-ovulatis. Frucrus car- nosus, indehiscens, plurilocularis. MAMMEA. Mammea Zznn. Cazvx 2-phyllus, ebracteatus, deciduus, foliolis æqualibus. Perara 4-6, subæqualia, subæquilatera , decidua. Sramma libera vel imà basi subcoalita, indefinita, gi filamenta brevia : antheræ ad- natæ, 2-loculares, loculis longitudinaliter à latere dehiscentibus. Sryzus brevis. Sricma 4-lobum , lobis emarginatis. Ovarum 4-locu- lare, loculis uniovulatis. Ovurun erectum. Frucrus styli reliquiis api- culatus, sarcocarpio carnoso, endocarpio duro, 4-vel abortu-2-3- locularis. SEMEN magnum, crassum. ÎnrecumenTum tenue. Rapicura parvula, infera , hilum spectans. CoryLEDoNEs magnæ, apicem se- minis hilo contrarium spectantes. Arsores. Foria pellucido-punctata. Frores sæpius solitarii, mas- culi seu hermaphroditi in diversis individuis. Species 3 ex Americà intertropicali. Characteres in M. american. RHEEDIA. Rheedia Zinn., Juss. Cazyx nullus?. Perara 4. Sama crebra. Srvrus 1. Sricma infundi- buliforme. Frucrus carnosus, 3-spermus. Anrsor. FLores axillares, pedunculis trifloris. Species unica ex insulà Martinicà. Descript. ex Juss. Gen. 5-loculare , loculis 5-ovulatis. OvuLa ovoidea , ascendentia. FRuGTUS mihi ignotus. Crescit in insulà Madagascar. (V. S. in Herb. Mus.) DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 425 GARCINIA. Garcinia Ach. Rich. — Garcinia et Cambogia Lann., Juss. Mangostana Gærtn. — Garciniæ spec. Choës. Caryx 4-phyllus, ebracteatus, persistens , foliolis subæqualibus. PeraLa 4, decidua. Sramiva 12-20 , libera , decidua : filamenta bre- via, filiformia : antheræ adnatæ, posticæ, 2-loculares, loculis lon- gitudinaliter dehiscentibus. Sryzus brevissimus. Sricma crassum, 4-8-lobum. Ovarium 4-8-loculare, loculis 1-ovulatis. Ovura erecta ? Fruocrus stigmatibus persistentibus coronatus , sarcocarpio carnoso, endocarpio tenui, 4-8 locularis, loculis monospermis. SEMINA non suppetierunt. l Arsorss, FLores ad apicem ramorum terminales, subsolitarii, her- maphroditi vel monoici. Species 4 ex Indià orientali. Characieres in G. Mangostana et Cambogia. STALAGMITIS. Stalagmitis Murr. — Xanthochymus Roxb. — Brindonia Pet. Th.—Oxycarpus Lour. — Stalagmitis, Xanthochy- mus et Garciniæ spec. CAors. Cazvx 4-5-phyllus, persistens, ebracteatus, foliolis inæqualibus, exterioribus pauld minoribus. Perara 4-5, foliolis calycinis alterna, subæquilatera, decidua , subæqualia. FLos masc. : Recepracurum car- nosum , 4-8 lobum , sæpè antheras inperfectas creberrimas gerens et quasi frangulatum. Sramma monadelpha, vel in phalanges 4-8 dispo- sita ; phalanges patentes, petala subæquantes , imo apice multifidæ Mém. du Muséum. 1. 16. 55 426 MÉMOIRE SUR LES FAMILLES antherasque didymas, minimas, 2-loculares, a latere dehiscentes gerentes. Pisricui rudimentum minimum, subulatum. FLos HERMAPHR. : Recerracuzum ut in masculis. Srama in phalanges 4-8 disposita. STY- us brevissimus. Sriema 3-8 lobum. Ovarrum 3-8-loculare, loculis 1-ovulatis. Frucrus stigmate persistente coronatus, rarius styli reliquiis apiculatus, sarcocarpio carnoso , endocarpio tenui, 3-8-locu- laris, loculis monospermis. Sema arillata, cotyledonibus crassis. ArRpores. FLores axillares, sæpissimè fasciculati seu umbellati, rariüs racemosi, masculi et hermaphroditi in iisdem vel in diversis individuis. Species 7, ex Indià orientali et Chinà. Characteres in 8. dulci (G. ellipitä Chois.) aliisque speciebus, et ex Murray; Roxburgh, du Petit-Thouars. SECTIO QUARTA. Ovarium 1-2 loculare, loculis 1-2 ovulatis. — Frucrus drupaceus, indehiscens. MESUA. Tab. II, B. Mesua Lenn. Cazyx 4-phyllus, ebracteatus, persistens, foliolis 2 exterioribus pauld minoribus. Perara 4, foliolis calycinis alterna. Sramina indefi- nita , imä basi inter se coalita: filamenta filiformia, brevia : antheræ basi insertæ , immobiles, longitudinaliter a latere dehiscentes. Sryzus brevis. Sricma...... Ovanrum 2-loculare, loculis 2-ovulatis. Ovura basi loculorum affixa, erecta. Frucrus drupaceus, globosus ovoi- deusve , abortu 1-locularis, 1-4 spermus. Semina ovoidea, vel hinc plana illine convexa. Inrecumenrum chartaceum. Ranicura infera, parvula, hilum spectans. CoryLenoxes crassissimæ, apicem seminis hilo contrarium spectantes. DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 427 Frurices. Frores axilleras, solitarii, hermaphroditi. Species 2 ex Indià orientali. Characteres in M. ferred. | CALOPHYLLUM. Tab. II, C. Calophyllum Zenn. Caryx 2-4-phyllus, ebracteatus, foliolis 2 exterioribus minoribus. PeraLa 4, rarissimè 2, foliolis calycinis opposita. Sramrva indefinita, rariüs definita, libera vel basi inter se coalita : filamenta brevia : antheræ basi insertæ, immobiles, biloculares, loculis longitudina- niter introrsum dehiscentibus. Sryzus contortus. Sriema capitatum, magnum , sæpè lobatum. Ovarrum globosum vel ovoideum, crassum, uniloculare, uniovulatum, ovulo erecto. Frucrus drupacens , globo- sus vel ovoideus. Semen globosum ovoideumve. INTEGUMENTUM tenue. RapicuLa supera, mammæformis, apicem seminis hilo contrarium spectans. COTYLEDONES crassissimæ, basim seminis hilo proximum spectantes. Arsores. Foria nervis transversalibus, parallelis, creberrimis striata. FLores in racemos vel rarius in paniculas axillares dispositi, polygami seu hermaphroditi. Species 10 ex Americà intertropicali et Indiä. Characteres floris in C. brasilienst, tacamahaca, inophyllo, et calaba; fructûs et seminis in C. tacamahaca et inophyllo. LES © (we) MÉMOIRE SUR LES FAMILLES EXPLICATION DES FIGURES. Tage I. A. Laplacea semiserrata. — 1. Capsule de grandeur naturelle avant sa déhis- cence. — 2. Capsule après sa déhiscence, dont les deux valves antérieures ont été enlevées, afin de montrer la colonne centrale placentifere. — 3. Graine de gran- deur naturelle. — 4. Coupe longitudinale d’une graine très-grossie, dont l'aile membraneuse a été supprimée : a, tégument externe dur, corné et tres-épais , traversé dans sa longueur par un faisceau de fibres nourriciers, D, qui partant du hile, e, se prolongent jusqu’à la chalaze, f: c tégument interne membraneux, enveloppant immédiatement l'embryon, d. B. Gordonia lasianthus. -— 1. Capsule de grandeur naturelle. — 2. Capsule grossie coupée longitudinalement, pour monirer la disposition des graines et la colonne centrale qui n’atteint point.le sommet de la capsule. — 3. Graine très- grossie, coupée longitudinalement : a, tégument externe assez épais, et prolongé au sommet en une aile membraneuse, c : b, tégument interne membraneux, enveloppant immédiatement l'embryon. — 4. Embryon dont les cotylédons sont pliés longitudinalement sur eux-mêmes. C. Mahurea palustris.— 1. Fleur de grandeur naturelle. — 2. Anthère vue par devant. — 3. La mème vue par derrière. — 4. Pistil dont la partie inférieure a été coupée longitudinalement, afin de faire voir la position et la forme des ovules. — 5. Stigmate très-grossi. — 6. Capsule légèrement grossie, — 7. La même coupée transversalement. — 8. Graine n'ayant point encore atteint un degré par- fait de maturité, terminée à ses deux extrémités par un prolongement membra- neux et entier. Tasze Il. À. Marila racemosa. — 1. Fleur de grandeur naturelle. — 2. Etamine vue par devant. — 3. La même vue par derrière. — 4. Pistil coupe longitudinalement, afin de montrer la position des ovules et leur forme. — 5 et 6. Coupes transversales de l’ovaire divisé tantôt en trois, tantôt en quatre loges, — 7. Capsule un peu grossie. — 8. La même coupée transversalement. — 9. Graine n’ayant point encore atteint Zorm .16. A VALIAE 6 7 : ê 4 Tab.I1. A. ZAPLACHA senuserrata. B. GORDONTA lastanthuuwr, © MAHUREA palustres. Jom.16. A JPY. 270 Tab.Il. A, MARILA racemosa. B. MESUA fèrrea ., €. CALOPHILLUM tacamnahaca ? Tab... CARAIPA Richardiana . à Ve « DES TERNSTROEMIACÉES ET DES GUTTIFÈRES. 429 un degré parfait de maturité , terminée à ses deux extrémités par un prolonge- ment membraneux et frangé. B. Mesua ferrea. — 1. Bouton de grandeur naturelle. — 2. Fleur de grandeur naturelle. — 3. Anthère grossie. — 4. Pistil très-grossi. — 5. Ovaire coupé longi- tudinalement et présentant à son intérieur deux loges qui contiennent chacune deux ovules dressés. — 6. Fruit de grandeur naturelle. — 7. Le même coupé lon- gitudinalement, et présentant à son intérieur une seule loge contenant une seule graine dressée. — 8. Fruit dans un degré parfait de maturité, appartenant soit au M. Jerrea, soit à une espèce extrêmement voisine. — 9. Le. même coupé longitu- dinalement et présentant à son intérieur une seule loge contenant deux graines dressées. — 10. Graine dépouillée de son tégument : a, radicule : b, cotylédons fortement soudés ensemble. C. Calophyllum tacamahaca? — 1. Fruit de grandeur naturelle. — 2. Le même coupé longitudinalement : a, épicarpe : b, sarcocarpe : c, endocarpe: d, tégument de la graine adhérant à la paroi interne de l’endocarpe : e, hile: f, radicule: g, cotylédons. Tasce III. Caraipa Richardiana. — 1. Anthère grossie, vue par devant. — 2. La même, vue par derrière. — 3. Coupe transversale de l’oyaire très-grossi. — 4. Ovaire coupé longitudinalement, et présentant dans chaque loge un seul ovule suspendu. — 5. Capsule de grandeur naturelle. — 6. L'une des valves de la capsule, vue du côté interne. — 7. Graine de grandeur naturelle. — 8. La même dépouillée de son tégument. — 9. La même dont un des cotylédons a été enievé, afin de mettre à découvert la radicule. , Tage IV. Chrysopia microphylla. — 1. Fleur un peu grossie, dont les pétales ont été enlevés : a, point d’attache des pétales : D, tube staminal: c, stigmates alternes avec les lobes du tube staminal: d, disque.— 2. Tube staminal très-grossi, coupé dans sa longueur et étalé artificiellement, vu par sa face externe, et portant sur chacun de ses lobes trois anthères extrorses. — 3. Pistil inséré sur un disque tres- charnu et terminé en godet.— 4. L’ovaire et le disque coupés longitudinaiement. ie ES : ignols a 2enie an Aus Ra éen du 4 lioë, Len Le î t'noële Mets: [PS “taaçns coëb té e mi£ DE HU RTE Sander oil \é Me. VUE Miles O nn c ‘abnqsaeslirrd TE CRCITE ET 1 ruban olimque 54 bb À dos 3h shfGuoqh node sl 8 Wa N 21 7,0 ipe pb ui imains Bb € TEL APR ENT Yinvo't dB spravennt oui ads: bete OMR 14 #S Ep igaat JUX D oise, nibnërg ob shsaget) À. vis Ausbrisg dr ah: REA ER \S ie FAR ne ini sd Re : Santrit 5éi ju rs Le TRADUCTION INÉDITE DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS, ET D'UN VOYAGE DE B. BERGMANN CHEZ LES KALMOUKS ; PAR J.-B. F. Srérx. AJASSON DE GRANDSAGNE. (PREMIER EXTRAIT : BERGMANN.) 4 Steppes (1) des Kalmouks. Les Steppes des Kalmouks s'étendent sur une longueur de quatre cents verstes (2) ; leur largeur entre le Don et le Volga va au-delà de cent: au centre, cette largeur augmente du double et devient presque égale à la longeur. Si nous vou- (1) Steppe ou Slep est un désert, une contrée aride, synonyme de Lande (Trad.). Nous donnerons, dans un second extrait, une carte pour servir à l’intel- ligence du texte. (2) Le verste ou versta est la lieue russe. Pour un degré de l’équateur, on compte 104 verstes 131 sajènes 1 archine et 5 de verchoks. La sajène contient trois archines, et vaut 6’pieds 9 pouces -& de ligne ; l'archine est l’aune russe, et se divise en seize verchoks (Trad.). 432 TRADUCTION INÉDITE lions mesurer les Steppes par les sinuosités des routes qui les traversent, leur étendue seroit considérablement exagérée. Limites. Elles ont pour limites à l’est, la mer Kaspienne, depuis l'embouchure du Kouma jusqu'à celle du Volga, les terri- toires d’Astrakhan, Jenatajevsk, Tchornoïjav et les autres établissemens russes sur le Volga; au nord, les contours de ce fleuve, la colonie de Sarepta et la forteresse de Zarizyn; à l’ouest, les habitations des Kosaques du Don; au sud enfin, les deux fleuves Kouma et Manetch. Le premier coule des montagnes du Kaukase, borde les Steppes des Kalmouks, et va d’un cours paisible se décharger à l’est dans la mer Kas- pienne; le second prend sa source à cinquante verstes environ d’un coude formé par le Kouma, et courant en droite ligne vers l’ouest : il va mêler ses flots à ceux de la mer Noire. Division. Non loin du Volga et de Zarizyn, une ramificatioù des monts Ourals pénètre dans les Steppes, tourne d’abord vers l’est, puis court sans interruption vers le sud jusqu’à la source du Manetch; de là elle se dirige vers l’ouest, accom- pagne durant deux cents verstes le cours du Manetch sur sa rive septentrionale, et vient mourir sur le rivage de la mer Noire. En face de cette chaine occidentale, il s’en élève une seconde qui, à partir de la mer Noire, court le long de la rive méridionale du Manetch, dont il est éloigné d'environ quinze à vingt verstes, tourne à la source de ce fleuve vers le sud, croise le Kouma, et va s'unir aux monts Kaukasiques. DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 433 Ces deux chaînes, dont l’une part de l'Oural et l’autre court vers le Kaukase, forment, si l’on ne tient pas compte de leurs courbures occidentales, une ligne presque droïte qui se con- tinue jusqu'auprès des limites méridionales des Steppes, où les deux chaînes s’éloignent de quelques verstes l’une de l'autre. Si, à l'exemple de quelques savans géographes, on considère comme une démarcation naturelle entre l’Europe et l’Asie cette ligne montagneuse qui sépare-les Steppes kal- moulkes en deux parties à peu près égales, l’une d’elles se trouvera ainsi appartenir à notre Europe, et l’autre à l’Asie. C’est à cette division que nous ferons allusion quand nous donnerons aux Steppes kalmoukes l’épithète d'Européennes ou d’Asiatiques. Révolutions physiques du sol. Selon toutes les probabilités, la portion asiatique étoit complétement couverte par les eaux il y a un grand nombre de siècles, et la chaîne de montagnes depuis Zarizyn jusqu’au Kaukase servoit à la même époque de rivage à la mer Kas- pienne. Telle est, il nous semble, la conclusion à laquelle conduit l'aspect de cette chaîne : presque partout elle ne présente qu’un seul de ses flancs qui soit escarpé, tandis que: le vaste plateau qui la couvre s’étend jusqu’au Kaukase. Sans contredit, les flots de la mer ont autrefois baigné cette con- trée, puis ils se sont retirés peu à peu, et ont laissé à découvert le rivage qu'ils s’étoient creusé. Les nombreuses pétrifications d'animaux marins qui se trou- vent dans la partie orientale des steppes jusqu’à la surface du sol, manquent dans la partie occidentale. Des espèces de Mém. du Muséum. t. 16. 56 434 TRADUCTION INÉDITE rochers formés entièrement de coquilles pétrifiées se sont entassés à l'angle que les deux lignes montagneuses forment auprès de la source du Manetch. L'action puissante du temps à divisé ces vastes bancs coquilliers en fragmens de plusieurs brasses d’étendues, et quelques uns de ces fragmens, tombés en efflorescence, ont mis à nu une multitude de limacons marins qui ont conservé leur forme comme leur couleur, et n’ont perdu que la consistance : la moindre pression les fait tomber en poussière, Des monceaux d’animaux marins ont été sans doute entassés en ces lieux par quelque mouvement extraordinaire des flots de la mer, et l'influence de cet élé- ment les aura, dans le courant des siècles, transformés en masses calcaires. Les deux bras de montagnes qui courent parallèlement vers l’ouest offrent chacun un escarpement qui correspond à celui qui se trouve sur le bras opposé; de l’un et l’autre escar- pement coulent, vers le sud et vers le nord, plusieurs rivières qui vont se jeter dans le Manetsch, dont le lit occupe la vallée fermée par ces deux chaînes de montagnes. Ces deux chaines ont été, sans aucun doute, les rivages d’un détroit qui unissoit jadis la mer Noire avec la mer Kaspienne : cette sup- position explique comment la puissante pression des flots a puentasser à l'entrée du détroit ces amas de pétrifications que nous avons signalés plus haut. Le Manetch d’ailleurs montre, par l’'amertume de ses eaux, amertume que la réunion de plusieurs rivières ne peut neutraliser, qu’il est évidemment le reste d’un canal de communication entre deux mers aujour- d’hui séparées; une autre observation qui vient appuyer les précédentes, c’est qu'il existe, non-seulement dans toute la DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 435 longueur du Manetch, mais encore au-delà de sa source, et jusqu'à la mer Kaspienne, des laës salins si abondamment répandus, qu'on ne peut faire une werste ou même un seul pas sans en rencontrer. Le fond sablonneux du Manetch est rempli de soude, et ressemble assez bien au lit d’un ancien canal, surtout durant certains printemps où des neiges plus abondantes que de coutume ayant couvert les Steppes et le Kaukase, leurs. eaux font déborder le Manetch : à ces épo- ques l’ancien Sund semble renaître, car le Kalaus, qui se pré- cipite avec violence dans le Manetch, le fait refluer vers sa source, et les eaux de ce fleuve franchissant leurs rivages vont inonder tout le sol jusqu’à la mer Kaspienne. I! ne survit dans le pays aucune tradition sur cette antique union des deux mers : seulement on croit que si elles n’ont point communi- qué immédiatement l’une avec l’autre, elles ont dû le faire par le moyen d’un canal qui réunissoit les deux plus grands fleuves qui se jettent dans ces mers. La plus courte distance entre le Volga et le Don semble indiquer la direction de ce canal; mais comme il est impossible d’en trouver aucune trace sur le sol, on peut regarder son existence présumée comme une pure vision géographique (1). (x) Ge que j’avance ici sur l’existence d’un ancien détroit de la Tel Kaspienne n’est pas ‘une vaine hypothèse. Mon honorable ami Michailo-Ssawitsch Veseloff, qui a passé toute sa vie au milieu de ces Steppes, m’en a le premier suggéré l’idée, qui, je l'avoue, ne me seroit pas venue sans lui. J’ai vécu durant un mois entier au milieu de la horde du Vicechan: J’ai vu le Manetch et plusieurs des lacs salins qui semblent les restes d’un sund desséché,, et toutes les observations que j'ai faites, comme tout ce que j'ai appris de M. Veseloff, m'a confirmé dans lopi- nion que mes conjectures! étoient bien fondées: Si une telle’ matière paroïssoït digne d'un examen approfondi, l’asssesseur du collége de Jenatajewsk, M. Vese- 436 TRADUCTION INÉDITE Une nouvelle raison de croire que toutes les Steppes orien- tales ont formé autrefois le fond d’une mer se puise dans la différence qui existe entre le sol, les cours d’eau et les lacs des deux parties des Steppes. Cours d’eau et lacs. Les sources que contient la chaine montagneuse de Zari- zyn produisent sur ses deux flancs, divers cours d’eau, dont les uns vont se perdre dans les Steppes, et les autres vont grossir le Don et le Volga. Ces cours d’eau sont moins nombreux dans la partie euro- péenne que dans lasiatique, mais ils ont plus d'importance dans la première que dans la seconde, parce que les eaux en sont plus potables, les lits plus profonds, et parce qu’ils ne se déchargent dans le Don qu'après de longs détours. Au- dessus du Manetch coule le Ssall, et près de celui-ci le pre- mier fleuve des Steppes. Vers la partie septentrionale des mere er TE OO TE LÉ loff, seroit le seul homme qui, par la connoissance qu'il a des localités, püt utilement diriger les recherches de la personne qu’on enverroit sur les lieux. Quoique coûteuse, l’entreprise de rétablir l’ancien canal ne seroit ni impraticable ni infructueuse. Si la mer Kaspienne doit être réunie à la mer Noire, il est incon- testable qu’il sera plus simple d'accepter le moyen que la nature en fournit elle- même. L'établissement d’un canal entre le Don et le Volga offriroit de plus grandes et de plus nombreuses difficultés que celui d’un canal qui réuniroit direc- tement ces deux mers. Pour le premier, il faudroit percer de hautes montagnes; pour le second , il ne faudroit que creuser un terrain où des fleuves et des Jacs semblent avoir déjà fait la moitié de l’ouvrage : il s’agiroit plutôt de nettoyer un ancien canal que d’en ouvrir un nouveau. D’ailleurs il sufhroit de le conduire de la mer Kaspienne à la chaîne des montagnes dont nous avons parlé, et au Manetch, parce que ce fleuye est presque partout assez profond pour servir de canal (B). DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 437 Steppes, on trouve les sources de l’Axai, que les Kalmouks nomment Oulaastou, de la Michkowa, de la Zariza, et plus au nord encore celle de la Karpowa: tous ces cours d’eau vont se perdre dans le Don après plusieurs détours. L'Eu- leustou, l’un des moins importans de tous les ruisseaux de cette partie des Steppes, suit les sinuosités de l’Axai, et finit par disparoïtre dans les sables des Steppes; ce qui lui a fait donner par les Kalmouks le nom qu'il porte. Au centre des Steppes d'Asie, à une distance considérable des montagnes de Zarizyn, naît la Sarpa qui se grossit des eaux salées qu'elle rencontre, et vient, en s’approchant toujours davantage des montagnes, se décharger dans le Volga auprès de Sarepta. Une foule de‘ruisseaux se mélent à la Sarpa : tel est le Toungout qui vient s’y jeter à peu de verstes de Sarepta, un autre Oulaastou , les trois Selmen et une foule d’autres qui tous vont grossir le seul cours d’eau considérable de la çon- trée. Il s’en trouve huit ou dix qui descendent des monta- gnes, courent quelque temps à l’est, et s'arrêtent dans les Steppes. La Sarpa, presque tous les ruisseaux qu’elle recoit et tous ceux qui s'arrêtent dans les terres avant de l’atteindre, contiennent une eau amère que les habitans nomades des Steppes se gardent de laisser boire à leurs bestiaux, et qu'ils remplacent en été par l’eau trouble des puits, en hiver par la neige fondue. Il y a, comme nous l'avons dit, un plus grand nombre de lacs dans la partie asiatique des Steppes que dans l’autre; mais la plupart sont des lacs salins dont l’eau rebute les animaux eux-mêmes. Trois seulement contiennent une eau pôtable; on les trouve au centre de cette partie asiatique, dans l'angle ren- 438 TRADUCTION INÉDITE trant que forment les montagnes: leur nombre les a fait nom- mer par les Kalmouks Durban-New. Vies étangs et les lacs qui se trouvent à l’ouest semblent plutôt alimentés par les neiges et les pluies que par les sources; aussi leur eau, quoique bourbeuse, est-elle plus potable qu’à l’est : les rives des cours d’eau sont, aussi bien de ce dernier côté que de l’autre, cou- vertes de roseaux. Tout le pays qui s'étend entre la Sarpa et le Volga est dépourvu d’eau; si les peuplades nomades qui habitent l’autre côté des montagnes jusqu’à trente ou quarante verstes ont besoin de trouver des cours d’eau ou des étangs, il faut qu'elles errent souvent au-delà de trois cents verstes, avant qu'aucun amas d’eau potable se présente à eux. Les puits, qui man- quent rarement dans ces lieux, se reconnoissent au terrain sablonneux qui les couvre, et qu’il suffit de creuser à deux pieds pour produire une source abondante. Il est à remarquer qu'il ne se trouve pas dans toutes les Steppes un seul pont, ce qui n’arriveroit pas si l'eau y étoit abondante: les habitans peuvent les traverser en tous sens; ils trouvent partout des gués faciles à passer. Sol. A l’exception des deux chaînes de montagnes qui traver- sent les Steppes, leur sol ne semble présenter dans presque toute leur étendue aucune autre élévation. Les neiges qui le couvrent en hiver ont creusé, en se fondant, des ravins qui ont au printemps tout l'aspect de lacs et de rivières. Ces ravins, en se crôfsant dans toutes les directions, divisent les Steppes en une multitude innombrable d’ilots qui ne se laissent re- DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 439 marquer qu'à peu de distance. Cà et là s’élèvent de petits monticules de forme ronte, qui semblent avoir été érigés par la main des hommes pour éterniser les cendres et la mémoire de quelques guerriers célèbres. Un voyageur pourroit traverser toutes les Steppes sans rencontrer une seule habitation, si le hasard ou un bon guide ne le conduisoit vers les huttes de ces peuples nomades, qui ne séjournent jamais que peu de temps dans le même lieu. L'image de la mer se reproduit dans ce vaste plateau sans culture et sans vie. Le soleil pendant le jour, les étoiles durant la nuit, sont les seuls guides que le voyageur consulte pour diriger ses pas. Celui qui ne peut voyager avec ce secours, est en danger de périr de soif ou de faim. Le sol consiste en argile mêlée d’une proportion variable de sel : dans la partie asiatique, il est plus sec, et sa super- ficie est plus salifère que dans l’autre. Cette différence s’ex- plique, quand on veut songer que ce sol asiatique fut long- temps le lit d’une mer. Le temps et la chaleur du soleil ont à la longue changé l’état de cette contrée, qui d’abord mise à nu, s’est couverte ensuite d'herbes et de pâturages : les traces restées de cet état primitif peuvent seules en révéler l'existence. Malgré sa sécheresse, ce sol ne laisse pas d’être assez fer- üle. Des paysans européens le cultivent sur le Volga, le Don et le Kouma, et sont si heureux dans leurs plantations de millet, qu’ils regardent comme mauvaise l’année qui ne leur rapporte que trente à quarante pour cent de bénéfice. Il arrive souvent que la semence produit jusqu’à trois cents et quatre cents fois sa valeur. Mais la sécheresse du sol ne permet 440 TRADUCTION INÉDITE chaque année d’autre culture que celle du millet. Il faut excepter les bords du Kouma, où là terre acquiert toute la fertilité du terreau. Le froment sy multiplie en si grande abondance, que les cultivateurs russes ne se nourrissent que de pain blanc. Dans les jardins où l’eau peut venir au se- cours de la terre et faciliter la culture de différentes espèces de légumes, la fertilité du sol des Steppes devient extraor- dinaire. Le vin blanc du Don égale celui de Turquie; mais les vignes plantées sur les rives du Kouma produiroient une espèce de vin plus doux, et peut-être supérieur à l’autre, s'il étoit travaillé avec soin, et si les connoïsseurs, moins éloi- gnés, pouvoient le goûter plus souvent. Les melons et les arbousiers des Steppes sont très-délicats. Minéraux. Il n’y a que peu de minéraux dans les Steppes occiden- tales. J’ai déjà parlé des coquilles qu’on trouve auprès du Manetch. Des deux chaînes de montagnes coulent diverses sources minérales, dont les plus connues sont celles de Sarepta. Sur les rives de la Toungout du Don, à quelques verstes de son embouchure dans la Sarpa, il existe une hauteur toute formée de schiste décomposé, dans lequel brillent de petits fragmens de séléni ( peut-être plutôt de mica). Au pied de cette élévation jaillit une source dont l’eau paroît fraiche et agréable quand on la boit aussitôt qu’elle est puisée; mais dès qu’on la laisse se reposer seulement quelques minutes, elle découvre alors toutes ses propriétés minérales. Auprès de cette source existe un énorme fragment de soufre natif, et autour de la petite montagne une grande quantité de magnésie. TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 44s Personne n’a encore visité l’intérieur des Steppes kalmoukes pour y découvrir des marbrières et des mines. On parle ce- pendant d’une mine d’argent qui existeroit à Karpowa. Il ne peut manquer de s’en trouver dans les environs; mais les Kalmouks, sans profiter pour eux-mêmes des richesses ca- chées du sol; en font un secret pour les étrangers. Végétaux. Le règne végétal ne réussit qu’en petit dans ces Steppes. Les campagnes y sont couvertes d'herbes, et dans quelques endroits ornées de fleurs assez variées. Dans la partie d'Eu- rope, le gazon y croît plus épais et plus continu ; dans la partie d'Asie, il est plus souvent répandu par touffes séparées l’une de l’autre : dans toutes deux, les arbres sont très-rares. Ce- pendant, du côté le plus élevé, les ravins en sont pourvus ; et dans Je bas, un long bois s'étend sur le Konma : il est vrai qu’il ne contient guère que des arbrisseaux. Les arbres de l'Orient, les Chènes, les Saules, les Ormes, qui en relèvent l'aspect, y demeurent tous au-dessous de leur grandeur na- turelle. La quantité de Prunelliers qui se rencontrent: en ces lieux leur. a fait donner, par les Kalmouks, le nom de Pru- nellières (Kewgeulijÿn Ozon ). + ; Animaux. Dans ces contrées dépouillées de bois et d’ombrage, il semble que la nature*a voulu dédommager l'habitant no- made par la grande rareté de toute espèce d'insectes. Les Cou- sins et les Taons ne se rencontrent que dans le voisinage des fleuves. Quelques mouches et une seule espèce de pa- pillon sont une rareté. Le soir cependant on voit voltiger Mém. du Muséum. 1. 16. 27 442 TRADUCTION INÉDITE dans l'air un essaim d’Ephémères; mais ces insectes ne sont jamais incommodes. Les Araignées, les petits et les gros Sca- rabées sont en proportion plus communs. Quant aux insectes venimeux, les Serpens, les Tarentules et les Scorpions sont les seuls qui ne paroissent pas étrangers à quelques cantons des Steppes. Les Serpens sont noirs pour la plupart, et d’une médiocre grandeur. Les Serpens cuivrés (Ænguis fragilis, Linn. Orvet commun ) y atteignent cependant une longueur de deux à trois archines. Tous les cours d’eau contiennent de gros Ser- pens d’eau, qui attaquent même les hommes, quand ceux-ci les poursuivent : au printemps, il n’est pas rare de rencontrer au-delà de cent Serpens réunis en un monceau. La Tarentule des Steppes est plus petite que celle d'I- talie, et aussi moins dangereuse. Ses huit longs pieds la grossissent considérablement, mais son corps atteint rarement le volume d’une noix d'Italie (Juglans regia). Les Scorpions (Bichorcho) sont plus longs que les Taren- tules ; leur couleur n’est pas le noir tirant sur le gris, mais le gris tirant sur le jaune. Si l’on jette plusieurs autres insectes à la fois, même de ceux qui peuvent se défendre, devant un Scorpion, la supériorité de celui-ci se déploie avec avan- tage, grâce à la poltronnerie des autres, qui sont à l’instant réduits en pièces. Lorsqu'on veut saisir un Scorpion, il fait entendre un cri aigu, se place sur les pieds de derrière, et se prépare à la résistance. Ces ennemis cependant ne devien- nent dangereux pour l'homme que lorsqu'ils peuvent s’en approcher en secret. Les Kalmouks, qui redoutënt son at- teinte au-delà de toute expression , aflirment que celui DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 443 qu'une telle arachnide a mordu ne conserve jamais la vie sans perdre la moitié de ses forces. Ils frottent la partie blessée avec du beurre : ceux d'Europe croient plus utile de le faire avec de l'huile. Les Chameaux, les Chevaux, les Vaches meurent infailliblement sous la blessure du Scorpion, parce qu’il n’est pas possible de découvrir, sous leurs poils, la place où il a déposé son venin. C’est pendant les étés les plus chauds, et surtout dans les mois de juin et de juillet, que cet animal est le plus redoutable. Si l'habitant nomade des Steppes veut dresser sa hutte dans un lieu qu’il sait, par expérience, peuplé de Scorpions, il a soin de les faire sortir de leur retraite en allumant un feu qui les attire, et il les tue alors par huit et dix à la fois. Comme les Moutons mangent ces animaux avec avi- dité, ceux-ci prennent le plus grand soin d’éviter leurs pas, et même l’aspect d’une peau de mouton ou d'un tissu de laine blanche suffit pour les faire fuir. Les Moutons qui ont mangé une grande quantité de Scorpions ne manquent ja- mais d’engraisser. Un Scorpion jeté dans le feu n’y est brûlé qu'au bout d’un certain temps, et laisse dans les cendres sa forme primitive. On pêche dans les cours d’eau, des Ecrevisses, différentes espèces de poissons, et même des Tortues qui, à la faveur du Don et du Volga, viennent de la mer Noire et de la mer Kaspienne visiter ces contrées. Leur longueur dépasse ra- rement six à huit pouces. Au reste, elles sont si abondantes, que dans une pêche de poisson, le filet en ramène toujours au rivage un assez grand nombre. La répugnance des Kal- mouks pour ces Tortues est si grande, qu’il est rare de les voir se hasarder à les prendre avec les mains; et certaine- ment personne d’entre eux n'oseroit en manger. 444 TRADUCTION INÉDITE Les Steppes sont riches en oiseaux de différentes espèces. Parmi ceux qui sont aquatiques , les Kalmouks connoïssent soixante-douze espèces de Canards, trois espèces d’Oies, et autant d'espèces de Cygnes. Au nombre des Oies, ils mettent sans doute le Pélican, qui n’est pas rare dans ces contrées. L’Aigle et le Faucon viennent aussi placer leurs mids dans ces parages. Les Faisans, et d’autres oiseaux sauvages habi- tent en grand nombre les rives du Kouma (r). I ne se trouve que peu d'oiseaux de chant dans les Steppes proprement dites. Cependant l’Alouette y construit son nid, et le Rossi- gnol chante au milieu des roseaux épais qui bordent les ri- vières; mais le coassement des grenouilles qui vivent dans le voisinage étouffe la voix du chanteur. Les quadrupèdes habitent de préférencela forêt de Kouma. Des Cerfs, des Elans, d'énormes Sangliers, dont quelques uns pèsent jusqu’à dix ou douze puds (2), s’y rencontrent, quoique en petit ombre. Les Ours y sont très-rares; mais les Loups, les Renards, les Putois et les Chats sauvages le sont beaucoup moins. Des troupeaux de Chèvres sauvages parcourent les plaines des Steppes. Le Hamster et plusieurs autres espèces de Souris criblent le sol de trous. Climat. Les Steppes kalmoukes sont comprises entre le 45e et le 48e degré de latitude, c’est-à-dire sur une mème ligne que le sud de la France. Mais il s’en faut bien que le ciel y soit aussi (1) Le bas prix de ces oiseaux prouve leur abondance. Le prix moyen d’un Faisan est dix kopejk. Une Perdrix coûte la moitié moins, Les Outardes et les Cygnes sont vendus trente kopejks la piece. (B). (2) Le pud est un peids russe qui vaut quarante de nos livres. (B). DES TRIBUS MONGOLES DE. PALLAS. 445 beau. Leur situation plus à l'est a augmenté l'influence de leur latitude méridionale. L'air, quoique salubre, y est sou- mis à une variation continuelle. L’appétit s’y montre plus vif, et l'esprit y jouit de plus de liberté que dans les pays qui les bornent. Le printemps eommencesouvent, dans les Steppes, avant le mois de mars. Le soleil, à cette époque, fait éclore une foule de Tulipes et d’autres fleurs qui embaument l'air de leur parfum; mais sa chaleur toujours croissante les empêche de parvenir à leur grandeur naturelle. été feroit de ces contrées dépourvues de tout ombrage une seconde Syrie, la chaleur montant communément jus- qu’à 40°, si un vent froïd qui s'élève avec le jour et ne tombe qu'avec lui ne tempéroit les feux du soleil. S'il arrive que ce vent s’apaise un seul instant, aussitôt l’esprit et le corps sont comme frappés de torpeur, et incapables de se livrer au travail. Les Chevaux, les Vaches et lesautres animaux se rap- prochent et cherchent à se donner mutuellement l’ombrage que la nature leur a refusé. Le Chameau seul jouit, dans un phlegmatique repos, des bienfaits d’une température qui fait le supplice de toutes les autres créatures. L’air appesanti et calme semble tenir en suspens toutes les forces de la vie, jusqu’à ce que le retour du vent lui rende son activité. Si ce ventsalutaire _venoit jamais à.cesser de souffler, les Steppes kalmoukes de- viendroient un désert; car l’excès de la chaleur chasseroit la race humaine. Durantles jours les plus chauds, des nuages ora- geux répandent souvent dans l'air une vapeur sulfureuse capa- ble de mettre toute la contrée en feu, et de frapper de mort les hommes et les animaux. Les incendies spontanés que cha- 446 TRADUCTION INÉDITE que été occasione ordinairement dans les Steppes ne sont point aussi dangereux qu'on le pourroit présumer. Ils ne se déve- loppent jamais que dans un cercle assez étroit, et se laissent plus ou moins maitriser par la main des hommes. A l’ap- proche d’un tel embrasement, les habitans de la contrée qu’il menace cherchent leur refuge dans les eaux. Aux jours brülans des Steppes, succèdent toujours, comme par com- pensation, des soirées fraîches et des nuits froides. Ces nuits n'ont point de rosée, parce que la trop grande sécheresse de la terre en empèche la formation. Le soir on se couvre d’une peau légère, et la nuit d’une couverture chaude. L’automne commence dans sa saison, mais il finit tard dans ces contrées. Le beau et le mauvais temps s’y succèdent brus- quement pendant cette saison. Un jour la terre est couverte de glace, et le lendemain le temps est aussi beau qu’on peut le désirer. Souvent on tremble de froid en septembre, et l’on peut en novembre passer la nuit en plein air. Il est même rare que la température soit la même chaque année. Dans quelques automnes, il tombe des pluies continuelles ; dans quelques autres, la terre à peine a pu se ramollir que déjà l'hiver arrive. L'hiver nese fait guère sentir que deux mois; et même vers le milieu de décembre et de janvier, on jouit souvent de la température des plus beaux jours du printemps. Les vents pi- quans soufflent très-rarement. La neige, il est vrai, et la glace, ne manquent pas durant le fort de la saison, mais l’une est bientôt dispersée, et l’autre se fond aussi promptement qu’elle s’étoit formée. Quelques hivers se passent sans neige; mais dans quelques autres le froid descend à 20° et au-delà. DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 447 J'ai terminé la description des Steppes kalmoukes. Il n’est pas un Européen qui ne dédaignât une telle contrée : tandis que ses nomades habitans la croient un paradis terrestre. Ce qui nous prévient le plus contre elle, est précisement ce qui en fait le charme à leurs yeux. « Où existe-t-il ailleurs, disent « les Kalmouks, de vastes plaines sans bois pareilles aux nô- «€ tres? [ci nos troupeaux trouvent partout de gras pâturages, «et jamais les forêts ni les montagnes ne nous font obstacle. » C’est ainsi que la nature sait enchaîner au sol natal , N0N-seu- lement les animaux des forêts, mais aussi les êtres qu’elle a ‘doués de raison. Le Kamtchadale et le Samojède n’échan- geroient pas les rivages de leur mer Glaciale pour les plaines riantes du Bengale. L’Européen dédaigne les déserts kal- mouks, comme le Kalmouk dédaigne les contrées populeuses de notre Europe. Troipeaux des Kalmouks. La pauvreté a exilé quelques milliers de Kalmouks sur les bords de la mer Caspienne, où ils viventedes produits de leur pêche. Un plus petit nombre cherche son existence dans le commerce en détail du tabac : tout le reste, c’est-à-dire la nation presque entière, se nourrit du produit de ses trou- peaux. Ce genre de vie est en quelque sorte commandé par les circonstances extérieures quienvironnent les Kalmouks,. Si quelque épidémie ou un hiver rigoureux détruit le bétail, la rapidité avec laquelle les troupeaux se multiplient est in- croyable. Il faut bien qu'il en soit ainsi, autrement les plus riches propriétaires seroient toujours à la veille d’une ruine complète. Les Kalmouks, les Kirguises, les Karakalpackes, et 448 TRADUCTION INÉDITE d’autres peuplades nomades, possèdent des troupeaux trop nombreux pour qu’ils soient en état de leur procurer, pour l'hiver, des abris et des provisions : la température ordinaire des hivers rendroit d’ailleurs une partie de ces soins superflus. La neige ne couvre que peu de temps le sol des Steppes; la glace se forme, et fond souvent le même jour. Dans les hi- vers rigoureux , le bétail, quelquefois, demeure plusieurs jours privé de nourriture : alors les Kalmouks viennent à son secours, en déblayant la terre de la neige qui couvre les pà- turages. Et quoïque le nombre des travailleurs sit dans une disproportion immense avec celui des bestiaux, ils parviennent à les sauver toutes les fois que la neige ne persiste que peu de semaines sur le sol ; mais si un hiver rigoureux se prolonge plusieurs mois, les Kalmouks se tiennent heureux de ne perdre que la moitié ou les trois quarts de leurs bestiaux. Tout le danger ne cesse pas avec l'hiver, lorsqueles Steppes du nord sont couvertes de plusieurs archines d’une neige qui s’y est accumulée durant trois mois. Les troupeaux des Kalmouks consistent en Chameaux, Chevaux, Bœufs, Moutons et Chèvres. Chameaux, Les Chameaux sont encore plus utiles aux Kalmouks que leurs Chevaux: ils n’emploient ceux-ci qué comme monture, tandis qu’ils font porter aux autres leurs hiîttes et leurs ba- gages; et même pour les longues courses qu'ils exécutent en hiver, ils ne peuvent monter que leurs Chameaux, parce que ces animaux ont un pas plus sûr, se tirent plus aisément, grâce : à leurs longues jambes, des fondrières de neiges, et peuvent - DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 449 mieux résister aux privations que les Chevaux. Dans les sai- sons froides de l’année, pourroient-ils, sans les Chameaux, s’approvisionner du bois et des roseaux destinés à leur chauf- fage? Tous ces Chameaux sont à deux bosses, et la plupart d’une couleur brune plus ou moins foncée : un petit nombre de ces animaux sont parfaitement blancs. Leur hauteur, prise jusqu’à l'extrémité de leur bosse, varie entre trois et quatre archines. Les principes salins des Steppes sont une nourriture si salutaire pour les Chameaux, qu’ils dévorent avec avidité le sel pur, et deviennent d’autant plus gras qu’ils en mangent davantage. Ils peuvent, aussi bien dans les Steppes des Kal- mouks que dans l'Arabie, résister à la faim et à la soif, et il est même à remarquer qu'ils sont d’un meilleur service quand ils ont passé deux ou trois jours sans nourriture. On a pré- tendu à tort que le froid leur étoit plus funeste qu’à aucun des autres bestiaux des Kalmouks. Les Chameaux kalmouks se contentent, pendant tout l'hiver, de cannes de roseaux et d’écorces d’arbres, si les Steppesne fournissent rien de mieux, sans que cette nourriture grossière leur soit aussi nuisible qu'aux autres animaux domestiques. Il est vrai qu’à la fin de cette saison leurs bosses se trouvent déjetées sur le côté; mais il n’est point d'animaux qui en supportent la rigueur sans “éprouver un maigrissement notable, et les Chevaux même sont tellement affoiblis à l'entrée du printemps, que la course la plus modérée les met en sueur. Les Kalmouks, en hiver, cou- vrent leurs Chameaux d’un feutre, non parce que ces animaux sont, plus que les autres, sensibles à l'impression du froid, mais parce que ce feutre faisant l'office de selle, les Kalmouks aiment mieux le leur laisser à demeure sur le dos que d’en Mém. du Muséum. t. 16. 58 450 TRADUCTION INÉDITE embarrasserinutilement l’intérieur de leur hutte. Certains K:al- mouks, qui ont l’habitude de charger leurs Chameaux sans l'intermédiaire de cette selle de feutre, les laissent l'hiver sans couverture. Ce qui prouve combien peu ces animaux redou- tent les grands froids, c’est que ces mêmes hivers qui font périr les Bœufs, les Moutons, les Chevaux, diminuent à peine les troupeaux de Chameaux. Les insectes, tels que le Cousin, la Mouche, le Taon, qui heureusement sont bannis des Steppes . kalmoukes, peuvent occasioner à ces animaux par leur piqüre une phthisie incurable. Le Chameau n’a que deux endroits de sensibles, qui sont les reins et le nez. Un coup, même léger, sur les reins peut lui être mortel : il suflit d’une corde passée à travers le nez pour réduire le Chameau le plus sau- vage, non-seulement à se laisser conduire, mais même à se laisser battre. Un seul loup qui surprend un Chameau endormi peut, avec de la hardiesse, lui donner la mort, en maintenant ses naseaux contre terre et l'empèchant de respirer. Telle est la sollicitude des Kalmouks pour cet animal utile, qu’ils lui attachent au cou un petit sac contenant des formules de prières qui doivent le préserver de toute maladie. C'est au commen- cement du printemps que les Chameaux s’accouplent : à cette époque leurs étalons sont redoutables aux hommes et aux autres animaux, parce qu'ils renversent tout ce qu'ils ren- contrent dans leur course, et poursuivent même ceux qui fuient. Un combat entre deux Chameaux entiers n’est pas tou- jours facile à interrompre : le plus souvent il finit par la chute du plus foible, qui est aussitôt foulé et écrasé sous les pieds de son terrible vainqueur. Les Kalmouks préviennent de semblables accidens, en plaçant ces étalons ou au milieu des DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 451 rochers, ou dans quelque autre lieu inhabité, afin qu'ils y épuisent leur ardeur passagère. Lorsqu'on veut les accoupler, on peut leur conduire jusqu’à vingt ou trente femelles. La ten- dresse de celles-ci pour leur petits dépasse toute description. Si elles voient qu’il leur en manque quelqu'un, elles courent cà et la pleines d'inquiétude, font entendre des hennissemens plaintifs, et ne se donnent point de repos qu’elles n'aient retrouvé leur fils égaré. Si la mort les en prive, on n’entend durant plusieurs jours et plusieurs nuits que les gémisse- mens de ces mères afiligées, qui versent même des torrens de larmes sur leur malheur. Les Kalmouks ne se servent pas seulement de leurs Cha- meaux comme montures et comme bêtes de somme, ils les at: tellent encore à leurs chariots; mais ce dernier usage est rare, parce qu’en général les chariots ne sont pas très-communs. L’allure des Chameaux est une espèce de balancement d’a- vant en arrière; leur petit trot est supportable, mais s'ils le doublent il donnent à leur corps de violentes secousses. En liberté, il leur arrive de galoper, et si vite que le meilleur cavalier ne pourroit long-temps subir une telle allure sans être renversé. Quand on veut les faire agenouiller pour les charger, il suffit de tirer en bas la corde qui sert à les con- duire; si l’on veut au contraire qu'ils se rélèvent, on tire la corde en haut. Un attelage se compose souvent de dix à quinze Chameaux attachés l’un derrière l’autre, et dont le premier est conduit par un Kalmouk ou une Kalmouke; pour les exciter, ce conducteur crie chatch! chaich! s'il veut au! contraire ralentir leur pas, il crie cha! cha! Soit qu’il faille se mettre à genoux ou se relever, les Chameaux le font 452 TRADUCTION INÉDITE toujours avec une lenteur réglée. Quand on veut les charger, on passe entre leurs jambes une corde transversale qui sert à maintenir en place les objets du chargement; ensuite on déploie sur le dos du Chameau le tissu de feutre dont nous avons parlé, ou celui qui sert à couvrir la hutte; on place par dessus toutes les pièces de bois qui entrent dans la construction de cette hutte, et on les affermit à l’aide de deux cordes qui passent sur les deux flancs du quadrupède, et que les Kalmouks savent nouer avec un art qui leur est propre. Il faut que le chargement soit placé dans un parfait équi- libre, parce que la corde qui passe sous le ventre de l'animal demeure, durant la marche, si peu serrée, que le moindre défaut d'équilibre dans la charge la feroit chavirer d’un côté ou de l’autre. Le Chameau qui marche d’un pas modéré tré- buche rarement; cependant il lui arrive quelquefois, s’il est chargé, de foiblir en traversant un gué sous le poids de sa charge ; mais les Kalmouks se précipitent aussitôt dans Peau pour l'en débarrasser en partie, et l’aider à se relever. Le cri des Chameaux est éminemment sauvage; pendant qu’on les charge, ils crient souvent au point de rejeter les alimens qu’ils ont dans l’estomac : les bons Chameaux crient plus rare- ment, surtout lorsqu'ils marchent en compagnie. Les plus forts peuvent porter jusqu’à vingt puds : libres de tout far- deau, ils font de quatre-vingts à cent verstes par jour; mais avec une charge, ils n’en font guère au-delà de soixante. Au- trefois leur prix, si l’on en juge par celui que les Kalmouks en exigent encore des Tatars de Crimée, étoit plus élevé que celui des chevaux: il alloit jusqu’à cent roubles ; aujourd’hui il est tombé entre trente et quarante. Le poil des Chameaux, DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 453 qui tombe au printemps par touffes, sert aux Kalmouks à fabriquer des cordes et de larges rubans, avec lesquels ils affermissent et décorent leurs huttes. Leur lait, plus gras que celui d'aucun autre animal, est doué d’une saveur légèrement salée; il bonifie le thé kalmouk en lui communiquant une teinte rosée et une odeur aromatique, qui le fait aisément re- conmnoître. La graisse de Chameau ressemble, quand elle a été fondue, à la cire la plus blanche; elle donne une flamme qui n’est guère inférieure en volume et en éclat à celle de la cire; sa chair, que la plupart des Kalmouks mangent, doit être coriace et insipide, bien que ses partisans assurent le con- traire. La peau sert à fabriquer des semelles de chaussures; mais il faut avoir soin de la tenir hors de la portée des Chiens tant qu’elle n’est pas corroyée, parce que l’expérience a appris que la sueur de chameau est un poison pour eux. Chevaux. Les Chevaux kalmouks valent mieux qu’on n’est tenté de le croire à les voir. Ils sont d’une petite taille, ont le cou très- court, la poitrine étroite, les flancs creux, le dos maigre, les os des hanches saillans; mais ils dépassent à la course les meil- leurs Chevaux, si l’on excepte peut-être ceux de la Perse. Si l’on sait les ménager et qu’on ne les fatigue pas trop dans leur jeunesse, ils deviennent capables de faire cent verstes et au- delà sans prendre aucun repos. Ils sont faciles à dompter, se cabrentrarement, et s’ils sentent la main d’un cavalier instruit, ils lui obéissent comme des agneaux. Accoutumés dès le pre- mier âge aux privations, ils peuvent vaincre plusieurs jours la faim et la soif : ils ne souffrent point l’éperon, mais peu se 454 TRADUCTION. INÉDITE laisseroient conduire sans l’aiguillon du fouet. Leurs qualités, comme nous le montrerons bientôt, s'accordent parfaitement avec le caractère kalmouk : rapprochement qui me semble juste, non-seulement entre les Kalmouks et leurs Chevaux, mais même entre tout autre peuple et les siens. Les Chevaux turcs, par exemple, sont pleins de feu, ardens, impétueux ; mais ils se fatiguent promptement et ont besoin de repos pour reprendre des forces : les chevaux russes sont vifs, agiles, vigoureux ; ils n’ont besoin, après plusieurs mille verstes de chemin, que d’un court repos pour être propres à une nou- velle marche. Les Chevaux allemands sont forts, infatigables, ils portent les plus pesans fardeaux, mais ils n’abandonnent jamais la lenteur habituelle de leur allure. Nous nous laisse- rions aller trop loin si nous voulions justifier notre remarque ‘en l'appliquant aux Chevaux des autres nations, quelque ” juste qu’elle soit pour ceux de l'Angleterre, de l'Espagne, de la France. i Quelques Kalmouks commencent à monter leurs Chevaux avant même qu'ils aient deux ans accomplis; mais épuisés avant l’âge, de telles montures ne peuvent supporter une srande fatigue. Pour dompter un Cheval un peu plus vieux, les Kalmouks, après l’avoir fatigué, le montent sans selle etsans bride, avec une corde seulement nouée sous le ventre, et à laquelle le cavalier se tient d’une main tandis que de l’autre il frappe avec un petit paquet de cordes la tête du Cheval, tantôt à droite et tantôt à gauche, afin de l’habituer à com- prendre la volonté de son guide. Cette méthode exige que le cavalier soit bien exercé; celui qui craint de, la suivre, pour dresser son Cheval, le selle avant de le monter, et emploie du DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 455 reste son fouet de cordes de la mème manière. Si un jeune * Cheval s’est laissé monter de la sorte deux ou trois fois, il se plie désormais à son nouvel état, et devient propre au même service que les Chevaux dressés. Quoique les Kälmouks ne se servent communément de leurs Chevaux que pour les monter, ils pourroient cependant les atteler à leurs chariots; mais ils aiment mieux consacrer à cet usage des Chevaux qu'ils ne destinent pas à la selle. Les Chevaux kalmouks qu’on attelle pour la première fois à un chariot se cabrent comme la pre- mière fois qu’on les monte: quand ils supportent impatiem- ment le harnoiïs ou le joug, ils les traînent plusieurs verstes en courant à perte d’haleine, jusqu’à ce qu’ils soient habitués à ce nouveau service : il suffit de deux essais pour qu’ils se laissent sans peine atteler au chariot. Après les Chevaux de course (1), les meilleurs sont ceux de chasse : comme les Chiens, ils troavent du plaisir à pour- suivre non-seulement les Lièvres et les Chèvres sauvages, mais encore les Renards et les Loups. C’est une chose merveilleuse à voir que leur vitesse à poursuivre un Renard dans tous ses (1) Un riche Kalmouk ne vendroit à aucun prix un Cheval qui a remporté le prix de la course. Certainement l'Oberpristaw actuel des Kalmouks ignoroit cette coutume quand , il y a quelques mois, il demanda et obtint de l’un des deux fils du Vicechan un Cheval qui lui faisoit envie ; et qui étoit le meilleur coureur. Le jeune homme m’avoit dit quelque temps auparavant qu’il ne vendroit pas ce Cheval pour dix mille roubles : et depuis qu’il a été obligé de le donner, il m'a tenu le même langage. Quand il se fut un peu apaisé, il ajouta, du ton d’un père qui déplore la mort de son fils le plus chéri, « que la volonté du Seigneur « soit faite! » Mais cette demande de Strachow: m’étonna, d'autant plus qu’il éprouve une répugnance invincible à monter à cheval, et qu’il s’est ainsi conduit en véritable avare qui s'empare d’un trésor pour le laisser se moisir dans ses coffres (B). 456 TRADUCTION INÉDITE détours, et leur courage à attaquer les loups les plus robustes; car ceux-ci ne manquent jamais, quand ils n’ont plus aucun moyen de fuir, de faire face au Cheval et au cavalier, pour se défendre avec les dents. Les Chevaux kalmouks ont en général une allure commode: ceux qui vont l’amble peuvent le disputer sur ce point avec les meilleurs Chevaux : l’'amble est un mouvement qui n’est pas naturel et fatigue les autres chevaux; mais dans les Steppes ces animaux le prennent naturellement, et le soutiennent de dix à quinze verstes sans lassitude. Ils paissent par troupeaux que les Russes et les Tatars nomment {abunen , et les Kalmuks adoon. Il y a de grands et de petits tabunen: les premiers sont formés par la réunion de plusieurs petits; chacun de ceux-ci comprend, sans comp- ter les étalons, douze à quinze Cavales. L’étalon d’une tabune en est en quelque sorte le protecteur; c’est lui quicon- duit les Cavales durant une marche, et qui veille à ce qu’au- cune d'elles ne demeure en arrière. Si des Loups approchent les tabunen, ies Cavales se rangent en cercle, placent leurs poulains au milieu, et tournant leurs croupes vers l’ennemi, s'apprêtent à le repousser à coups de sabot; létalon cepen- dant brave le danger, il court au devant du Loup, et le pour - suit même dans sa fuite. En hiver les tabunen ont moins à souffrir du manque de nourriture que les Bœufs, parce que les Chevaux fouillent la neige avec leurs sabots, tandis que les Bœufs ou les Vaches ne peuvent le faire qu'avec leur mufile. Les Chevaux kalmouks sont tellement habitués à la liberté des Steppes, qu'ils fuient à l'exemple de leur maitre toute habitation close. S'il en est que des Européens enferment dans DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 457 une écurie, ils y sont long-temps avant de pouvoir s’accou- tumer à leur prison: il en coûte beaucoup aussi de les habi- tuer à manger l’avoine. Toute l’année, l'hiver seul excepté, les Cavales donnent du lait qui fournit, en s’aigrissant, une boisson que les Kalmouks nomment gunaetschigan, et les Ta- tars Æwmniss : on trait ces Cavales le matin et le soir, comme les Chameaux, les Vaches, les Brebis et les Chèvres ; mais une heure auparavant on éloigne les poulains, qu’on retient atta- chés à un câble tendu sur la terre jusqu’à ce que les pis de leurs mères se soient remplis de nouveau lait. Avant de les traire, On a toujours soin, comme aussi pour les Vaches, de faire téter les poulains quelques instans. Les Kalmouks ne boivent pas seulement le lait de leurs Ca- vales, mais ils en mangent aussi la chair, ainsi que celle des Chevaux. Ils se procurent l’une et l’autre en tuant les Cavales stériles et les Chevaux hors de service, mais jamais ils ne tuent lesjeunes Chevaux hongres, uiles Cavales poulinières. La chair de Cheval est, au goût des Kalmouks, supérieure à toutes les autres : il est vrai qu’elle surpasse celle de leurs Vaches ; mais il reste dans la bouche, ‘après l’avoir maagée, un goût par- ticulier qui persiste plusieurs heures. La graisse de Cheval est plusjaune qu'aucune autre , et ne se consolide pas, mème par l’action du froid le plus intense. Les Kalmouks ont été autrefois si riches en Chevaux, qu’on ren- controit des gabunen qui en contenoient jusqu’à dix mille : il est rare maintenant de trouver des propriétaires qui possèdent des troupeaux de trois mille Chevaux. Celui qui en comp:ejus- qu’à cent dans le sien, est déjà un homme riche. Les lois kal- moukes, au reste, interdisent la possession de plus de dix mille. Mérm. du Muséum. 1. 16. 59 458 TRADUCTION INÉDITE Si dans les temps antérieurs il s’offroit quelques cas rares où la tabune d’un homme considérable dépassät ce nombre, ce propriétaire trop heureux étoit tenu de donner un repas pu- blic aux prêtres et au peuple, et de faire une prière solennelle : après quoi il étoit permis à chacun des convives de prendre ouvertement un ou plusieurs chevaux de la tabune de leur hôte. Toutefois, la totalité des chevaux qu’on pouvoit perdre de la sorte étoit communément limitée à cent. Bœufs. Les Bœufs des Kalmouks sont petits mais gras. Ceux des Derbètes sont particulièrement estimés. Mais d’un autre côté les Chameaux et les Moutons des Torgotes leur sont supé- rieurs. Les hordes des Torgotes et des Derbètes ne sont sé- parées que par un médiocre intervalle: cependant la différence des pâturages en produit une notable dans le bétail de ces deux peuplades des Steppes. La chair des Vaches kalmoukes est aussi estimée que celle de leurs Bœufs; mais, en revanche, ces Vaches donnent si peu de lait qu'il faut en traire de huit à douze pour en remplir un seau. £omme dans l'été le lait de Vache ne tarde pas à s’aigrir, les Kalmouks en font une boisson acide qu'ils appellent arak. Les Kalmouks qui n’ont point de Chameaux font porter leur hutte et leur mobilier par des Vaches; ils les chargent même de leurs enfans. On leur passe quelquefois un mogceau de bois à travers les narines, afin de les conduire plus facilement. Le prix ordinaire d’une Vache kalmouke varie maintenant de seize à dix-huit roubles: il y a quatre ans, elle coûtoit environ le double. Dans les hivers rudes , les Kalmouks se hâtent de DES TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. 453 vendre leurs Vaches, parce que cette espèce de bétail a plus de peine que toute autre à se procurer sa nourriture. Un Kal- mouk qui possède moins de dix Vaches passe pour pauvre. Moutons. Les Kalmouks regardent avec raison le Mouton, comme l’un des animaux le plus nécessaires. Les riches comme les pauvres enveloppent leurs habitations de tissus faits avec sa laine. Sa peau est, en hiver comme en été, le seul habil- lement de la classe indigente. Sa chair est estimée, par les Kalmouks, autant que celle des Chevaux. Celui qui n’a point de Vache se nourrit, pendant la belle saison, de lait et de fromage de Brebis. Les Moutons kalmouks sont de beau- coup plus gros que ceux d'Europe; ils se distinguent aussi par une tête alongée, des oreilles larges et pendantes, et une queue si volumineuse et si grasse, qu'elle pèse depuis cinq jusqu’à quinze puds. (Les Moutons kirguises sont, par leur plus grand embonpoint, supérieurs à ceux des Kalmouks. Leur couleur est, ou le noir, ou le blanc, ou le roussâtre. Comme les chevaux, ils trouvent leur nourriture, pendant l'hiver, en fouillant la neige, et, préservés par leur chaude fourrure, cette saison ne les maigrit qu’à peine. La vigueur de leurs jarrets les met en état de faire par jour même au- delà de quarante verstes; mais toujours, on peut leur en faire parcourir trente. Les agneaux que l’accouplement des Brebis russes et des Béliers kalmouks produit n’ont point une grosse queue comme les autres. Les Kalmouks tondent leurs Mou- tons à l’aide de gros couteaux à deux tranchans, deux fois l’année : la première en mai, et la seconde en septembre. La 460 TRADUCTION INÉDITE DFS TRIBUS MONGOLES DE PALLAS. laine qu'ils en obtiennent est chevelue, ce qui la rend moins propre à faire du drap, mais davantage à faire des tissus. Ils emploient leur fourrure plutôt comme un vêtement qui pro- tége la chaleur du corps, que comme un ornement de luxe. La fourrure des agneaux, que les Kalmouks ne se procu- rent que par la mort spontanée de ces animaux, car ils ne tuent jamais ni agneaux, ni veaux, ni poulains, cette fourrure, dis-je, quand elle est faite de peaux choisies, est supérieure aux autres. Les Kaimouks ont une manière de tuer leurs Moutons qui leur est particulière. Au lieu de leur couper la gorge, ils pra- tiquent une ouverture dans laquelle ils plongent la main, pour- aller chercher la trachée artère, et la tirer en dehors. Les Moutons ainsi tués, sont ensuite divisés en un nombre déter- miné de parties. Chèvres. Les Chèvres kalmoukes ne se distinguent des européennes que par la longueur et la blancheur de leur poil. Elles ne servent qu’à la nourriture des malades. Leur lait aïgri sert aussi de boisson. TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES Cpntenus dans ce seizième Volume. M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Rapport sur le travail de MM. Audouin et Henri-Milne Edwards, ayant pour titre Recherches anatomiques sur le Système nerveux chez les Crustacés. 1—6 M. CORDIER. Rapport fait à l’Académie royale des Sciences, le 29 octobre 1827, sur la Note concernant les Volcans éteints du midi de la France, dont les éruptions ont été postérieures au dépôt du deuxième terrain d'eau douce, de MM. Cuvier et Brongniart. M. DUMÉRIL. Rapport fait à l’Académie royale des Sciences, sur un Mémoire d' Anatomie comparée relatif aux canaux péritonéaux dans la Tortue et le Crocodile, par MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et J. Martin. * 247—252 M. F. CUVIER. Description d'un nouveau genre de Chauve-Souris sous Le nom de Furie. 149—156 462 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. M. AJASSON DE GRANDSAGNE. Traduction inédite des Tribus Mongoles de Pallas, et d'un voyage de B. Bergmann chez les Kalmouks. 431—460 M. BERGER. ° Expériences et remarques sur quelques animaux qui s'en- gourdissent pendant la saison froide. 201—246 M. THÉOPHILE BONNEMAISON. Essai sur les Hydrophytes loculées (ou articulées) de la famille des Epidermiées et des Céramiées. 49—148 M. CAMBESSEDES. Mémoire sur les farnilles des T'ernstræmiacées et des Gut- tifères. 369—430 M. GUERIN. Mémoire sur l’'Eurypode, nouveau genre de Crustacé décapode brachyure. 345—36o M. MARCEL DE SERRES. Note sur les Volcans éternts du midi de la France, dont les éruptions ont été postérieures au dépôt du deuxième terrain d'eau douce, de MM. Cuvier et Brongniart. ne M. MIRBEL. Mémoire sur l’origine, le dévelopement et l’organisation du liber et du bous. 9—36 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 463 M. RASPAIL. Mémoire sur l'Hordéine, le Gluten, et sur la difficulté d'isoler, par les procédés en grand, les différens prin- cipes dont se compose une farine. 253—2094 M. P. J. F. TURPIN. Organographie végétale. Observations sur l’origine com- mune et la formation de tous les corps propagateurs végétaux , et particulièrement sur un nouveau mode de ces corps propagaleurs. 157—200 Aperçu organographique sur le nombre DEtx , considéré comme multiplicateur de quatre, huit, douze, seize, trente-deux ef soixante-quatre dans la structure des végétaux d'un ordre inférieur, et dans les parties vésiculaires ow élémentaires dont se composent les masses du tissu cellulaire des végétaux d'ordres plus élevés. ; 205—344 Observations sur le nouveau genre Surirella. 361—368 INDICATION DES PLANCHES DU X VIe. VOLUME. Pages. Anatomie d'une jeune branche d'orme. 12 Développement du Liber et du Bois. 26 Pilote plumeuse et Grammite varec. 148 Grammite étalée. Ibid. Dasytriche commun, et Torulaire. Tbid. Boryne variable, Sphacellaire en vrille, et Gaillone ponctuée. Lbid. Céramie rose et C. didyme. Ibid. Audouinelle en corymbe, et Griffithsie sétacée. Ibia. Furie. 155 . Corps propagateurs végétaux. Embryons adventifs développées sur une eutlle d'Ornithogale. 200 Embryons adventifssur l’Ulvaintestinalis. bd. De Ne ce tue CEl 2095 Nouveaux genres de végétaux microsco- piques. 343 Eurypode. * 356 Surirella. 367 Laplacea, Gordonia et Mahurea. 428 Marila, Mesua ef Calophyllum. Ibid. Caraipa Richardiana. Ibid. Chrysopia microphylla. Ibid. TABLE ALPHABÉGIQUE DES ARTICLES. Acacia stérile en boule, origine de cet arbre , 185. Algues. Noy. Hydrophrytes loculées. Anatomie comparée. Recherches sur deux canaux qui mettent la cavité du péritoine en communication avec les corps caverneux chez la Tortue femelle, et sur leurs ana- logues chez le Crocodile, 247 et s. — Sur le Système nerveux des Crustacés, 1 et suiv. Voyez Crus- tacés. Anatomie végétale. Mémoire sur l’ori- gine, le développement et l’orga- nisation du liber et du bois, gets. — On y prouve que les couches du liber des arbres dicotylédons con- servent pendant plusieurs années la faculté de végéter, et que le liber se porte en avant et acquiert plus d’ampleur par l’effet de sa propre croissance; que les prétendus ca- -naux séveux ne sont que des fen- tes produites par le desséchement des parois du tissu cellulaire, et qu’il existe dans les couches li- gneuses des cellules criblées, 2b.— Explication des planches qui repré- sentent, surune coupe d’orme, tous les organes du liber et du bois dans tous les degrés de leur développe- Mém. du Muséum. t. 16. ment, 12 et s. — Comparaison et usage de tous ces organes, et ré— ponse aux objections qu’on a faites contre les conclusions de l’auteur, tbid. — Comparaison de la struc- ture du bois et du liber dans divers arbres. Cette structure présente des modifications selon les espèces. Dans les unes les mailles s’élargis- sent, dans les autres elles se multi- plient, 26 et suiv. — Observations sur l’origine et la formation du tissu cellulaire, et des corps propaga- teurs des végétaux. Voyez Orga- nographie végétale. Apatelia. Voy. Saurauja. Architæa. Caractères de ce genre, 380 et 410. Arrudea. Caractères de ce genre, 391 et 421. Audoinelle. Description de ce nouveau genre, 146. Voyez Hydrophytes. Beauharnoïsia. Voy. T'ovomita. Bédéguar. Ce que c’est, 85. Voyez Or- ganographie végétale. Bichatia. Production végétale qui n’est qu’une aggrégation de cellules. Sa description, 161. Voyez Organo- graphie végétale. Bois et liber. De leur organisation et 6o 466 de leur développement. Voy. Ana- tomie végétale. + Bonnetia. Caractères de ce genre, 379 et 409. Boryne. Description de ce genre d’'Hy- drophytes et de six espèces, 100 et suiv. Brindonia. Voy. Stalagmitis. Broussin. Ce que c’est. Voyez Organo- graphie végétale. » Calcaire pisolithique des environs de Montpellier. Sa description, 42. Voyez Géologie. Calophyllum. Caractères de ce genre, 393 et 427. Cambogia. Noy. Garcinia. Camellia. Caractères de ce genre, 379 et 408. Canaux péritonéaux. Voyez Anatomie comparée. Canella. Genre qui doit être exclus de la famille des Guttiferes, 385. Caraïpa. Caractères de ce genre, 381 et 413. — ©. Richardiana, 44. — C, racemosa, 415. — C. va- riabilis, 416.—C. fasciculata, 417. Carpodontos. Rapports de ce genre avec les Ternstræmiacées, 397. Céramie. Description de ce genre et de vingt-deux espèces, 122 et suiv. Céramices. Deuxième division de la fa- mille des Hydrophytes loculées. Ses caracteres, et description des genres et des espèces, 121 et suiv. Voyez Hydrophytes loculées. Chauve-Souris. Expériences sur l’en- gourdissement de ces animaux pen- TABLE ALPHABÉTIQUE dant la saison froide, 224 et suiv. pis Voyez Physiologie ; description d’un nouveau genre de Chauve- Souris. Voyez Furie. Chloromyron. Moy. Ferticillaria. Chrysopia. Caractères de ce genre, 391 et 422. — C. mycrophylla, {23. Cleyera. Caractères de ce genre, 357 et 403. Clusia. Caractères de ce genre, 390 et 420. Cochlospermum. Caracteres de ce genre, 376 et 402. Conferve. Description de plusieurs es- pèces, rapportées aujourd’hui aux genres Boryte et Céramie. Voy. ces mots. Crustacés. Recherches sur leur systeme nerveux, 1 et suiv.— Comparaison des Crustacés, qui sont le premier rameau de la série entomologique, avec les poissons, qui sont le der- nier rameau de la série des verté— brés, 2.— Comparaison du système des ganglions dans les divers genres de Crustacés, d’où résulte que dans tous il y a uniformité de composi- tion, 3 et suiv. — Aperçu des pro- grès que la science a faits depuis Linné, relativement aux genres qui composent la tribu des Décapodes brachiures , désignée sous le nom de Triangulaires, 345 et s. Voyez ÆEuripode. Dasitriche. Description de ce genre d'Hydrophytes et de quatre espe- ces , 05. DES ARTICLES. ÆEmbryon des Graminées. De quels or- ganes il se compose, 279 et suiv. Embryons. Comparaisons des diverses e Le FA v sortes d’embryons , ou corps pro- pagateurs des végétaux, 165 et suiv. Voyez Organographie végétale. Engourdissement de quelques animaux pendant la saison froide. Expé- riences et remarques à ce sujet, 201 et suiv. Voyez Physiologie. Epidermées. Nom de la premiere divi- sion des Hydrophytes loculées. Ca- ractère des Epidermées et descrip- tion des genres et des espèces, 67 et suiv. Voyez Hydrophrtes. Escargot ou Limaçon des vignes. Ob- servation sur l’engourdissement de ces animaux pendant l'hiver, 227 ets. Voyez Physiologie. Eucriphia. Genre de la famille des Hy- péricinées, dont les affinités sont douteuses, 398. ÆEuripode. Considérations sur ce nou- veau genre de Crustacée décapode brachiure , et sur la tribu des Triangulaires à laquelle il appar- tient, 345 et s. — Caractères du genre et de l’espece, 350 et s. Eurya. Caractères de ce genre, 377 et 405. Fécondation des vézétaux. Est-elle né- cessaire pour la propagation? 182 ets. Voyez Organographie végé- tale. Filamens élémentaires dans les végé- taux. Voyez Organographie végé- tale. 467 Freziera. Caracteres de ce genre, 377 et 404. Furie. Nouveau genredeChauve-Souris. Sa description, 151. Gaillone. Description de ce genre d'Hy- drophytes et de six espèces, 113 et suiv. Garcinia. Caracteres de ce genre, 392 et 425. Géologie. Sur les Volcans éteints de la Provence et du Languedoc, 37 et suiv. — Preuves que les éruptions de ces Volcans sont postérieures au dépôt du calcaire moyen d’eau douce, ibid. — Description des terrains auxquels les laves se sont mêlées, et désignation des coquilles terrestres et fluviatiles qui s’y trou- vent, {o et s. — Changemens que les éruptions des Volcans ont pro- duits dansles dépôts des couchesqui leur étoient antérieurs , 43. — Ré- sumé de ce mémoire dans un rap- port fait à l’Acad. des Sc., 45 et s. Globuline. Des modifications et de la propagation de ce premier élément des végétaux. Voyez Organogra- phie végétale. Gluten. De sa nature, de son existence ; dans le périsperme des Graminées, des moyens de le séparer de la fé- cule à laquelle il est uni, et des causes qui en augmentent ou en diminuent la quantité, 263 et s. Godoya. Genre qui doit être exclus des familles des Ternstræœmiacées et des Guttiferes, 382 et 385. 468 Gordonta. Caractères de ce genre, 379 et 408. Grammite. Description dé ce genre d’Hydrophytes et de vingt et une espèces, 72 et suiv. Griffithsie. Description de ce genre d’Hydrophytes et de vingt et une espèces, 92 et suiv. Guttifères. Histoire de la famille, 384. — Caractères de la famille, 385 et 417. — Revue des genres , 389. — Sections à établir dans la famille, 394.—Comparaison des Guttiferes avec les Ternstrœmiacées et les fa- milles voisines, 396. Havettia. Caractères de ce genre, 391 et 421. Haæmocharis. Voy. Laplacea. Hordéine. Ce que c’est, et comment on la retire de la farine d’orge , 253 et suiv. — Examen de cette sub- stance par le microscope et par les procédés chimiques, 281 et suiv. — L’Hordéine n’est qu’un son tres- divisé qui sé trouve dans toutes les graines farineuses qu’on a mou- lues, 281 et suiv. Hydrophytes loculées ou articulées. De la famille des Epidermées et des * Céramiées, et description des gen- res et des espèces, 49 et suiv. — Considérations sur la difficulté de déterminer la limite qui sépare les végétaux des corps bruts , et sur la classification des premiers, 49. = Definition des Hydrophytées (ou Thalassiophytes de M. Desvaux) ; TABLE ALPHABÉTIQUE caractères qui les distinguent, dif- ficultés que présente leur étude, 5o et suiv. — Tableau des faits cu- rieux que présentent leur organi- sation , leur développement et leur reproduction, 53 et suiv. —Con- seils aux botanistes qui veulent se livrer à la recherche et à l’étude des Hydrophytes, 62 et suiv. — Caractères de la première famille des Hydrophytes, celle des Epi- dermées, 67. Description des genres et des espèces ; savoir : Pti- lote , deux éspèces, 70 et suiv. — Gammite, vingt et une espèces, 72 et suiv. — Dasytriche, trois espèces , 95 et suiv. == Torulaire, trois espèces, 97 et suiv.—— Boryne, sept espèces, 100 et suiv. — Spha- célaire, sept espèces, 107 et suiv. — Gaillone, six espèces, 113 et suiy. — Caractères de la deuxieme famille, celle des Céramiées, 121 ét suiv. —- Description des genres Céramie , vingt-deux espèces, 121 ét suiv. — Griffithsie, quatre es- pèces, 142 et suiv. — Audoui- nelle, deux espèces, 146 et suiv. Hypéricinées. Comparaison de cette fa- mille avec les Guttiferes et les Ternstrœmiacées, 397 et 398. Kielmeyera. Caractères de ce genre, 381 et 412. Lacathea Voy. Gordonia. Laplacea. Caractères de ce genre, 378 et 407. Lérot. Expériences et remarques sur DES ARTICLES. l'engourdissement de cet animal pendant l'hiver , 201 et suiv. Voy. Physiologie. Lettsomia. Caractères dé ce genre, 377 et og Liber et Bois. De leur organisation. Voyez Anatomie végétale. Luhea. Genre de la famille des Tilia- cées; ses fruits ont des rapports avec ceux des Laplacea, 399. Macanea. Genre dont la place reste in- déterminée, 306. Macoubea. Genre dont la place reste indéterminée, 396. Mahurea. Caractères de ce genre, 380 et 41r. Malachodendron. Caracteres de ce gen- re, 378 et 406. 5 Mammea. Caractères de ce genre, 392 et 424. Mangostana. Voy. Garcinia. Marcgraviacées. Comparaison de cette famille avec les Ternstræmiacées et les Guttiferes, 390. Mariala. Voy. Tovomita. Marila. Caractères de ce geure, 880 et fax. Marmotte. Expérience sur son engour- dissement pendant l’hiver, 211 et suiv., 242 et suiv. Voyez Physio- logie. Maximilianea. Noy. Cochlospermum. Mesua. Caracteres de ce genre, 303 et 426. — Observations sur les fruits du M. ferrea, 388. Micranthera. Voy. T'ovomita. Microscope (Observations sur l’usage 469 du), 327. Voyez Organographie. Moronobea. Caractères de ce genre, 391 et 422. Muscardin. Observation sur son engour- dissement pendant l'hiver, 209 et suiv. Voyez Physiologie. Nombres. Du nombre 2, considéré ‘comme multiplicateur dans la structure des végétaux, 295 et s. Voyez Organographie végétale. — Des nombres 3 dans les végé- taux monocotylédons, et 5 dans les dicotylédons, zbid. Ochrocarpos. Voy. Tovomita. Oncoba. Genre qui doit être exclus de la famille des Ternstræmiacées, 382. Organographie végétale. Observations sur l’origine et la formation de tous les corps propagateurs végé- taux, et sur les modifications qu'ils présentent, 157 et s. — Des glo- bules individus, pleins ou vesicu- laires, vivans, contigus ou soudés, qui forment les masses tissulaires de tous les êtres organisés, et l’in- dividualité composée de chacun de ces êtres, ibid. — De la Globuline, dont un graïn suffit pour repro- duire le végétal auquel il appar- tient, 158. — Preuves de ce fait, 159 et s. — Tout végétal, consi- déré sous le rapport de ses masses tissulaires ou tégumentaires, est une aggrégation de deux produc- tions microscopiques, savoir, des globules, protosphertia, et des fila- 470 mens, protonema, 160.—Descrip- tion d’une production ( Bichatia) qui est une aggrégation de vési- cules pleines de globuline, 161 et s. — Comment les végétaux vésiculaires se multiplient, 163 et s. — Des divers modes de propa- gation des végétaux, 165 et s. — Modifications des divers embryons, 166 et s. — Des embryons adven- tifs, et de leur développement, 170.— Examen d’une feuille d'Or- nithogale qui, séparée de la plante, s’est couverte d’embryons, dont plusieurs ont reproduit la plante, 170 et s. — Conséquences de cette observation qui s’est renouvelée sur d’autres feuilles, 174. — Ob- servation faite sur l’Ulva intestina- lis, qui prouve que tous les corps propagateurs ont pour origine un grain de globuline, 175.—Des bul- billes et des embryons, et de leur identité, 178. — Comparaison des divers corps projagateurs avec l'embryon du froment, 179. — De la fécondation dans les végétaux : doutes sur les explications qu’on a données de ce phénomène, et sur sa généralité, 1bid. — Analogie entre les embryons adventifs et certaines productions qu’on a dé= crites sous des noms génériques, 184.—De la formation des excrois- sances végétales, telles que la Loupe, le Broussin, le Bédeguar, 155. — Opinion de Kieser sur la formation du tissu cellulaire, 187. TABLE ALPHABÉTIQUE — Résultat des observations pré- sentées dans le Mémoire que nous venons d'extraire, 189 et s. — Aperçu sur le nombre 2, considéré comme multiplicateur#de 4, 8, 12, 16, 32, dans la structure des végétaux d’un ordre inférieur, et dans les élémens du tissu cellulaire de tous les végétaux, 295 ets. — Le multiplicateur 3 est constant dans les organes qui composent les fleurs et les fruits des végé- taux monocotylés, 297.— Il n’y à poiut d'ouverture ni de canaux pour transporter les fluides d’un point du tissu à l’autre; les pores sont une illusien d'optique, .302. — Description de diverses espèces d'êtres organisés microscopiques , el remarques sur leur propagation, 306 et s. — Tous les végétaux, de- puis une mousse jusqu’au Baobab, ont eu pour origine un seul glo- bule vésiculaire, d’où sont sorties les générations qui constituent leur masse tissulaire, 335 et suiv. Orge. Différences que présente l’ana- lyse de l’orge avant et apres la ger- mination, 202. Voyez Hordéine. Oxycarpus. Voy. Stalagmitis. Palava. Noy. Saurauja. Pectoraline. Description de ce végétal microscopique , et des phénomènes qu'il présente, 322 et suiv. Péricarpe des Céréales. Examen de cet organe et des substances qui le com- posent , fait à l’aide du microscope DES ARTICLES, et de l’analyse chimique, 257 et suiv. Périsperme des Céréales. Examen de cet organe par le microscope et par Vänalyse chimique, 261 et s. Physiologie. Expériences sur quelques animaux qui s'engourdissent pen= dant l’hiver, tendant à faire con- noître les circonstances qui pro- duisent ce sommeil, et les phéno- mènes qui l’accompagnent , 201 et suiv. — Expériences sur le Lérot, ibid: — Sur le Muscardin , 209. — Sur les Marmottes , 211.— Sur les Chauve-Souris, 224. — Sur les Escargots, 227.— Comparaison de cet état de torpeur dans les divers animaux, et résultat général des expériences, 230. — Note addi- tionnelle sur l’engourdissement de deux Marmottes, 245. Protonoma et Protospheria. Élémens des végétaux. Voyez Organogra- phie végétale. Ptilote. Description de ce genre et de deux espèces, 70. Voyez Hydro- phytes. Rheedia. Caractères de ce genre, 392 et 424. Saurauja. Caractères de ce genre, 377 et 405. Singana. Genre dont la place reste in- déterminée, 306. Sommeil hivernal de quelques ani- maux. Voyez Physiologie. Sphacélaire. Description du genre et 473 de sept espèces, 107. Voyez Hy- drophrytes. Stalagmitis. Caracteres de ce genre, 392 et 425. Stewartia. Caractères de ce genre, 378 et 406. Surirella. Description de cette produc- tion microscopique organisée,qu’on trouve en abondance dans les eaux saumâtres, 360. — Comment elle se. propage, 361. — Questions à faire sur la nature et la propaga- tion de ces êtres, 363. Symphonia. Voy. Moronobea. Système nerveux. Voyez Crustacés. Taonabo. Voy. T'ernstræmia. T'ernstræmia. Caractères de ce genre, 376 et 403. Ternstræmiacées. Histoire de la fa- mille, 370. — Caractères de la fa- mille, 393 et 4or. — Revue des genres , 376. — Comparaison des Ternstræmiacées avec les Gutti- fères et les familles voisines, 306. Thea. Caractères de ce genre, 381, 415. Tiliacées. Rapports de cette famille avec celle des Ternstræmiacées, 399. Tissu cellulaire. De sa nature, de sa formation et de son développe- ment. Voyez Organographie végé- tale. Tortue femelle. Recherches sur les ca- naux péritonéaux , et sur la struc- ture du cloaque et des corps ca verneux chez la Tortue, 247 et s. Voyez Anatomie comparée. 472 T'orulaire. Description de ce genre d’Hydrophytes et de six espèces, 97- Tovomita. Caractères de ce genre, 389 et 419. Tribus Mongoles de Pallas (Traduc- tion inédite des), et d’un Voyage de B. Bergmann chez les Kalmouks. — Steppes des Kalmouks , 431.— Limites, 432. — Division, #bid. — Révolutions physiques du so! , 433. — Cours d’eau et lacs, 436. — Sol, 438. — Minéraux, 4/0. — Végé- taux, 41. — Animaux, tbid. — Climat, 444. — Troupeaux des Kalmouks, 447. — Chameaux, 448.— Chevaux, 453. — Bœufs, 458. — Moutons , 459.— Chèvres, 460. Végétaux microscopiques. Description TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. de plusieurs genres et espèces de ces végétaux, 306 et suiv. Voyez Organographie. Ventenatia. Caractères de ce genre, 379 et 400. » Verticillaria. Caractères de ce genre, 390 et 420. Vespertilion. Observations sur ce genre, et sur les circonstances qui doivent déterminer à faire des genres nou- veaux, 149. Voyez Furie. Volcans éteints de la Provence et du Languedoc, 37 et suiv. Voyez Géologie. Voyage de B. Bergmann chez les Kal- mouks. Voyez T'ribus Mongoles de Pallas. W'ittelbachia. Voy. Cochlospermum. Xanthochymus. Voy. Stalagmitis. FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE, 16