1 Ce La: D), ne eau LS RARY Aer A € nés JASTU 1923 FROM VA (RAVET LA EN L: [ ) TU Al gr FR «7, S , SE £ re = 2 , # AAA) | x LS. 1) NET es ee, , : Ce 2 \ S À 4 ra » em Le 2-4» EE mm) CCE 2 A 724 : AV 5287 Scptem nf 14 M TTY-- £ D 7 RE (" if AAA ALU ALAN ; W AY (3 1 : 1 4 # t| f k no) wŸ # | Ni J % NE MUR a Ca | KES DUPLICATA DE LA | BIBLIOTHÉ DU CONSERVATOIRE BOTANIQUE Te VENDU EN 1922 re MÉMOIRES | POUR SERVIR A L'HISTOIRE PHYSIQUE ET NATURELLE D'ESE A 'SUTSS 2 14 Si 1 MEL BTE li À FE ce PI \é 0 RS y ge è ir | ra MS PAT 0 ”s k SEAT } «x }s “5 L é æ * An MEN 14 D nl DRE TIU ( th JON. | APM AIT LOT ARE AU LA ANT AD et ee te | { t | 1 AAA TU ati AU MÉMOIRES POUR SERVIR À L'HISTOIRE PHYSIQUE ET NATURELLE DE LA SU US SE) RÉDIGÉS PAR M. KE À 4 NIE RS Membre de plufieurs Societes, ET. EUX RTE S TRUVE, Profeffeur honoraire de chymie a l Académ. de Laufanne ; €ÿ Membre de plufieurs Socictés. L'OMNFE PK E'MEE KR. LERART A —————————————————— “Ts À A 7 hr: Rene 7 NT GARE JEAN MoureER, Libraire à Laufanne, en Suifle. - Chez£ GuiLLAUME DE BURE l'ainé, Li. [ braire , Hôtel Ferrand, Rue Serpente, ; N°. 6. à Paris. Mu ete I mine on Cr Re nc LS td au | M. DCC. LXXXVIIT. RE — INR U Hu 9: ÿ ve A sn: pal 1 7100 SN Mia LE \ \M L w ( L «Us DA te 4104 Auf 24 ) AIT < RE ne NAT TMS @h + M ay EN A {à re AVERTISSEMENT. L Es découvertes fe fuccedent tous les jours plus rapidement , parce que le nombre des obfervateurs augmente, & que les principes qu’ils établiflent , fervent de guides aux natu- raliftes qui commencent à travailler. Cette fucceflion de découvertes , s’oppofe néceffai- rement à cette lente compofition d’infolio, qui caractérile les fiecles pañlés; non point à j que lelprit atuel ait moins de cette profon- AT Ve ox. 3 NL LA rs ru LS +" » à ”: à _ a beaucoup contribué à : deur, & de cette conftance qui eft néceflaire aux obfervateurs , mais, parce que la marche rapide des fciences, entraine ceux qui les , étidient les jettent dans un tourbillon qu'ils doivent füivre, & les oblige à faire part de toutes leurs découvertes ; fouvent même de Le. _ leurs tentatives. L’établiflement des académies & fociétés, \ la propagation des — lumieres ; l'ufage d’écrire des mémoires fur " AVERTISSEMENT. hi des objets particuliers , a fuivi néceflairement leur. érection, & l’on a fenti l'utilité de cette efpece de travail. Tous les jours on fe convaint davantage de la néceflité de ces recherchés de détail, de: l’inutilité. d'écrire un traité complet, à çcaufe d’un fait nouveau qu’on découvre, & de la néceflité d'établir: des efpeces de dépôts, pour ces produ&tions peu étendues. Les mémoires des principales aca- démies & fociétés , le Journal de phyfque ; celui d'hiftoire naturelle , celui de M. Crell, & autres, contiennent les découvertes qui fe font chaque jour, & font d’une utilité indif : penfable pour celui qui veut étudier. Quoique les mémoires des fociétés de Bile: | de Zurich & de Laufanne, forment des dépôts femblables pour la Suifle , il nous a paru qu'il manquait un ouvrage écrit en français, qui püt renfermer non-feulement des mémoires écrits primitivement dans cette langue, mais . : auf la traduction de ce qui parait dans la Suifle allemande. Cet ouvrage doit former AVERTISSEMENT. vx une fuite de matériaux , fur un des:pays. les plus intéreffants de l'Europe, & fera un cane- vas des plus utiles, pour celui qui entrepren- dra de donner une hiftoire phyfique de ce pays, lorfqu’il fera moins inconnu. Outre les mémoires que plufieurs favans, à qui la langue françaife eft connue, nous ont promis, cette collection contiendra la traduction de ceux qui feroñt publiés en alle- mand, particulierement de ceux qui parat- tront dans le magañn de M. Hœpfner. Enfuite des arrangemens que nous avons pris avec cet excellent chymifte, les mémoires qui lui feront confiés, ou à nous, paraïtront dans à \ les deux langues , à peu près à la même époqué, & un plus grand nombre de per- fonnes pourra les lire en même temps. Nous efpérons que les favans Suilles & étrangers, qui auront des mémoires fur des fujets analogues à notre plan, voudront bien nous les communiquer. Tout ce qui concerne lhiftoire phyfique de la Suille , & les diverfes vin AVERTISSEMENT. branches de fon hiftoire naturelle , pourra être inféré dans cette colletion. Le fecond volume paraîtra, dès que le nombre des mé- moires qui doivent le compofer , {era complet; nous en pollédons déja piiqun DISCOURS dn 1% SUR. L ÉTUDE DE L'HISTOIRE NATURELLE | # ET PRINCIPALEMENT DE LA BOTANIQUE. Par M. REYNIER. © — — INTRO D UCTWHO.N. Es progrès de l’Hiftoire naturelle ont une lenteur qui tient à fa nature : on ne peut les connaître, que par la comparaifon d’époques | éloignées , & fouvent mème Je choc des opinions contraires , mafque les vérités acquiies, Les fuc- cès de cette {cience demandent, de ceux qui s’y livrent , une conftance qui les foutienne contre Tennui de recherches , fouvent minutieufes , mais toujours utiles; & contre le defir fi naturel des réfultats brillans ; qui n'ont prefque jamais la Tome I, À » 6 ER à 2 Difcours fur l'étude folidité nécefläire. Ils exigent d'ailleurs des voyas | pe ges pénibles , fouvent daneereux , où les commoz _dités de la vie manquent abfolument. Toutes ces confidérations diminuent le nombre des natura- liftes : les uns fe vouent au travail du cabinet; d’autres bornent leurs recherches à ce qui les environne; quelques - uns feulement oublient toute autre confidération , dans la feule efpérance de voir des faits nouveaux. Le vrai naturalifte doit reflembler au chafleur des Alpes : il oublie les dangers , les peines, les fatigues ; il ne voit que la proie qu’il pourfuit ; fa pofleffion lui fait … oublier les peines qu’il a fouffertes. A cette caufe de la lenteur des progrès de lhiftoire naturelle, {e réunit une autre qui, moins apparente au premier coup d'œil, a cepen- dant une influence plus directe : c’eft la mauvaile maniere d’oblerver & de faire connaitre ce qu’on a vu. Ou les obfervations, faites avec trop de rapidité, font incomplettes & fauffes; ou la ma- niere de les préfenter , eft vicieufe, à caufe de lignorance des naturaliftes, & des notions im- parfaites qu’ils ont acquiles. Une vérité mal pré- fentée ou laiflée obfcure, eft plus nuifible aux progrès des fciences, que les erreurs ; parce que Les imperfections étant moins faciles à découvrir, un plus petit nombre de perfonnes les appercçoïi- vent, & la diverfité d'opinions qu’elle fait naître, nous plonge dans l'incertitude. Le poids des au- torités devient notre guide : l'opinion eft notre feul flambeau. Le premier qui reconnaît l'abus s'étonne , fes préjugés luttent contre fa décou-« verte ; & fouvent il a plus de peine à deffller les yeux, que fi l'erreur était complette. Le na- # À à = Jul | de PHifioire naturelle. 3 turalifte doit avoir pour but principal de bien faire connaître les objets do nt il parle ; les moyens qui peuvent fimplifier fon travail, doivent inté- refler tous les hommes ; j'y ai refléchi, & peut. être que quelques vérités font forties de ma plume. | L'Hiftoire naturelle eft l’hiftoire de tout ce qui exifte : le but de celui qui fe confacre à cette étude, eft de faire connaître, de la maniere la plus claire & la plus précile, les divers objets qu’il a vu. Par un hafard fingulier , la méthode de préfenter les chofes,a paru plus importante, que le fond mème: ou plutôt, & ceci confirme- rait encore ce que j'ai dit du défaut d’obferva. teurs ; ces recherches pouvant être faites dans un cabinet, ont été du goût du plus grand nombre; & tous fe font accordés a extoller une étude, qui faifait leur occupation favorite. En effet, chaque botanifte a fait un fyftème d’arrangement, une claflification de tous ou d’une partie des êtres; & s’eft prelque toujours borné à copier les obfervations antérieures, pour les ranger fous un ordte différent. L’efpece de chronologie bota- nique, qu'Adanfon propofait, où il défirait inf crire les découvertes de chaque naturalifte, aurait été le coup le plus mortifiant pour leur gloire: le contralte des objets qu’ils avaient copiés, & de leurs propres obfervations, aurait été le plus für moyen de connaitre le rang qu'ils doivent obtenir. La maniere recue d’obferver & de décrire , eft infufffante : on a cru & on croit encore , que le naturalifte doit fe borner à décrire clairement les objets qu’il voit, Il s'attache à ne rien né- À 2 4 Difcours fur l'étude gliger dans fes defcriptions; d’autres naturaliftes de pois différens décrivent avec le mème foin, un individu de la mème efpece, plus ou moins changés par la diverfité des climats; & ceux qui comparent leur travail dans l'incertitude fur l’identité & la différence de ces deux plantes, ne peuvent fonder leur jugement que fur le poids des autorités ; moyen d’autant plus mauvais, que la queftion refte indécife : de la cette diverfité d’o- pinions qui regne encore {ur ce qui conftitue les efpeces & les variétés. L'Hiftoire naturelle doit réunir d’autres bran- ches, qui peuvent feules donner à fes décifions le poids & Ja vérité, néceflaires pour les rendre invariables ; ce font la phyfiologie, l'étude de la reproduction & de Ja nutrition, & en général tout ce qui peut avoir une certaine analogie, avec les êtres qui {ont l’objet de l’étude des naturae liftes. Ce moyen peut feul certifier les décifions, les confirmer par des faits & des raifonnemens, & faire cefler ces aflertions vagues , qui forment le cours d'étude aduel. Et comme les êtres or- ganifés font foumis à l’action des divers élémens ; que c’eft à la diverfité de leurs actions, à la plus ou moins erande intenfité de leur force & à la fimplicité ou variété de leur compofition , que _ces êtres doivent la différence de leurs formes; le natur2lifte doit ètre phyficien pour apprécier leur ation méchanique ; & chimifte, pour con- naître leur influence, entant qu’êtres fimples ou compolés, fur des ètres plus compolés encore. Ainfi l’hiitoire naturelle, qu’on regardait comme le premier gradin de nos connaiffances, devient leur but; puifque toutes les fciences font nécef + de l'Hifioire naturelle. $ faires à fa perfection. On nous objetera cer. tainement , que jamais on n’a donne à l’hiftoire naturelle une telle extenfion , que fon effence ne comporte pas des études aufli variées, que fon but eft de faire connaître la forme des êtres : mais fi on ne peut la faire connaître d’une ma- niere fûre, fans faire ufage des fecours offerts par ces autres fciences ; elles font néceflaires ; & c’eft à leur omiflion qu’on doit attribuer l’incer- titude, qui regne dans l’hiftoire naturelle. Nous efperons su quelques détails développeront cette idée & démontreront fa vérité. DE LA MANIERE DE DÉCRIRE. Les defcriptions forment une des principales parties du travail du naturalifte; c’eft en les per- fectionnant , qu’il pourra faire connaître d’une maniere précife , les objets dont il veut traiter. Ce travail , fi fimple en apparence, puifqu'il con- fifte uniquement à rapporter ce qu’on a fous les yeux , & que la méditation eft inutile, préfente néanmoins des difficultés : mais le nombre de perfonnes qui ont échoué , les fait connaître plu- tôt que la nature apparente du travail. Cette facilité idéale difparaît , lorfqu’elle eft éclairée par l’œil de l’obfervation : les variations des plantes, la difficulté de faifir les caractères conf tans & de les. diftinguer des variables, la crainte de trop généralifer , & par la mème "de ne pas déterminer les objets, offrent des difficultés qui augmentent à chaque pas. Il était eflentiel de tracer des regles générales, qui puiflent guider’ nos pas ; & M. de Buffon , le {eul naturalifte , qui A3 | G Difcours fur l'étude jufqu’alors ait porté le génie philofophique dans cette étude, livrée avant lui au pédantifme & à l’efprit de fyftème, a tracé nos modeles. Les recherches que je hafarde aujourd'hui feraient inutiles, fi cet auteur n'avait pas deftiné fes confeils pour la Zoologie ; & quoique les regles générales foient les mèmes pour toutes les bran- ches de l’hiftoire naturelle , elles offrent des différences dans leurs applications ; différences qu'il eft efentiel de developper. Décrire, c’eft chercher à faire connaître un objet qu'on a vu; une defcription doit donc contenir tous les caracteres qui le différencient d'avec les autres; & quoique fon but foit conf- tamment le mème, l'exécution doit néceflairement varier, fuivant la nature de l’ètre qui en eft le fujet. Plus un étre eft compofé, plus il réunit de caracteres divers, plus aufi fes affinités ou différences avec les autres étres, fe multiplient & deviennent variées. Et comme l’homogénéïté dela nature ne permet que difficilement la diver- fité des formes ; la defcription d’un tel être pré- fente moins de rapports & moins de ces traits communs, qui obfcurciffent l’étude des analogues , fi des defcriptions exactes & philofophiques ne les ont pas deflinés avec exactitude. Des vues générales fur l'art de décrire, exigent une vafti- tude d'idées & une immenfité de rapports, qui rendent le travail difficile: cet art qui lui-mème woffre que des idées abftraites, des qu’on n’en fait pas une application partielle, doit ètre ramené à. des principes élémentaires & d’autant plus ge- néraux, que lenombre & la varicte des êtres, qui endont. l’objet, ne permet aucun détail. | fi F F. NP de, PME à de PHiftoire naturelle. 3 La définition que j'ai donnée de l’art de dé- crire, contient feule une des regles les plus importantes de cet art: car, dés que la defcription doit faire connaître une efpece, & es difiérences d’avec les efpeces analogues , la maniere la moins obfcure de préfenter {es rapports , doit être pré- férable; & par conféquent la méthode de faire des portraits, me paraît fupérieure à celle de dé- finir. La premiere permet des circonlocutions, des contraites, des épifodes ou rapports éloignés , & en général tous les acceñloires poñhbles ; la feconde ne permet pas de s’écarter de la plus ftriéte réunion des caracteres ; la magie du ftyle, toujours nécefaire , puifqu’elle attache le lecteur & fixe fon attention, n'eft point inutile à l’art de décrire ; une définition eft trop concife pour la permettre ; elle doit offrir uniquement des mots ifolés , qui, fans relation entr’eux, tracent fépa- rément les traits divers qui caractérifent l’efpece qui en eft le fujet. Chaque maniere d’être de toutes les formes différentes, devrait avoir un nom diftin&, qui feul, lorfqu’il ferait prononcé ou écrit, déterminerait fans obfcurité l’objet par- ticulier que l’on aurait en vue : mais les nuances variées & infixables qui remplifflent les fépara- tions des êtres , & qui fe modifient d’autantplus, qu'on les obferve avec plus de foin, obligeraient à employer autant de mots nouveaux, qu'il y a de formes; & rendraient l’Hiftoire naturelle une fcience de mots , tandis que dans fon eflence, elle ne doit s'occuper que des faits. Les défini- tions offrent de plus un nouvel inconvénient, c'eft limpoffibilité abfolue. d'y faire entrer des comparailons. La perfonne qui définit, oublie & | 4 = pe LA 1.4 8 % Difcowrs fur l'étude nature entiere & voit feulement l’objet qui fixe Æon attention : elle s'attache à le connaître, à faifir fes formes effentielles, & réunit dans le plus petit efpace les traits qui l’ont frappe ; mais cet être a des caracteres communs avec des analo- gues, même avec des êtres éloignés, que leur rapprochement ferait appercevoir. Le véritable naturalifte envifage la nature ; il voit les mailles de fon réfeau , les vides que l’imperfedion y laifle, les nuances graduées qui font , en quelque forte, du regne végétal une feule famille, & cet enfem- ble philofophique le conduit naturellement aux caracteres eflentiels à chaque efpece. Le but du naturalifte devrait ètre de réunir les diverfes efpeces , pour voir leur enfemble, & de fe former un point de vue général fur la nature : cette méthode pourrait feule le conduire à des prin- cipes fains, {ur la maniere de perfectionner la fcience dont il s'occupe. Et malhéureufement lès naturaliftes modernes , féduits par la fimplicité apparente du fyftème linnéen, fe font attaches à voir par détails ; à déformer la nature, dans les cadres de leur {yftème ; à définir enfin des objets qu’on ne peut faire connaître que par une def- cription, C’eft l’impoflbilité de reconnaitre les efpeces dans ces définitions, dont le plus léger défaut eft d’ètre infuffifantes , qui a donné lieu à - la multiplicité des planches; on s’eft borné à pein- dre aux yeux, croyant impofhble de peindre à V'efprit : pour admettre ce fecond genre, il fallait renverfer le fyftème recu; regarder comme erro- * més, des principes qu’on recevait comme axio- “ à | mes ; & s’avouer une ignorance d’autant plus pé- nible, qu’il faut defcendre d'un faux favoir pour | y parvenir. \ + de PHifloire naturelle. ô Fr DE LA VARIATION DES FORMES. Les êtres organifés font une agrégation fu. gitive des divers élémens; la briévete de leur durée, les variations perpétuelles qu'ils fubif- fent, & le peu de reflemblance des divers in- dividus démontrent le nombre de leurs prin- cipes & leur peu de cohérence. La terre , l’eau, & l'air, réunis par l'agent actif, fe combinent; & ce dernier élément, le feu, plus abondant que dans les autres fubftances, eft leur principe de vie & de mouvement. Mais ces combinai- fons fe varient ; la quantité de leurs proportions & le temps qu’ils mettent pour y parvenir, mo- difient les compofés. Delà, les variations de hauteur, de ramofité, de forme partielle, de couleurs, qui différencient plus ou moins les individus. Delà, auf cette incertitude fur ‘ce qui conftitue les efpèces, & les variétés, les fentimens divers des naturaliftes fondés fur l’opi- nion, & l’inftabilité de leurs décifions; puifque les preuves n’exiftant que dans Ja maniere de voir, chacun fe croit une égale aptitude, & ne recoit les opinions de fes antagoniltes , qu'après les avoir foumifes à fes propres lumieres, à moins qu'il ne foit doué de la foi implicite, qui longtems fut le partage des fetateurs des grands maîtres. Ici le travail du naturalifte s’a- grandit; de fimple defcripteur , renfermé dans les bornes étroites d’une efpece, il éleve fes vues à un coup d'œil plus général. Il confi- dere la nature entiere & compare tous fes dé- La _ L 10 Difcours fur l'étude ‘tails; il réunit les diverfes variations d’une mème efpece, principalement les extrèmes, & compare leur maniere d’ètre, pour faifir leurs différences & connaître l’analogie de leur for- me , avec les lieux qui les ont produites : de cette comparaifon générale, faite fur un très- grand nombre d’efpeces, celui qui aime pénétrer les loix fondamentales de la nature, peut déduire les . regles enfuite defquelles elle travaille, & tra- cer un fyftème de variation, d'autant plus utile, qu'il peut feul faire abandonner le poids des - autorités, comme'preuve dansl’étude de la nature. Les principes généraux de la phyfique font néceflaires au naturalifte, qui veut envifager Phiftoire naturelle fous ce point de vue : il doit connaitre les diverfes forces de la nature, les propriétés des élémens, leurs affinités recipro- ques ; les loix & les changemens qui font une fuite de leur réunion, pour découvrir, & leur influence fur les êtres organifés, & la maniere dont ils ont pu agir. Car non feulement il doit connaître les effets, mais aufli les caufes, & la maniere dont elles ont agi; elles peuvent feules l’inftruire fur les effets différents, que les nuances, dont l’intenfité eft plus ou moins forte, puiflent produire. C’eft en confidérant Yhiftoire naturelle fous ce point de vue, que jai dit, dans le commencement de ce difcours, qu’elle eft le but des autres {ciences naturelles , plutôt que leur premier pas. Et en effet, les autres {ciences offrent les principes généraux, dont l'application fe trouve à chaque inftant dans fes détails ; & chaque déformation partielle , du plus petit ètre organifé, nous conduit na- turellement à ces applications. de l'Hifioire naturelle. II Jettons un coup d'œil fur lexiftence éloi- gnée de la perfection de l’hiftoire naturelle. Alors les regles des variations feront fixées, leur étendue fera circonfcrite, & lon faura jufqu'a quel point une efpece peut ètre modi- fiée, fans changer de nature. Les caufes des va- riations étant connues, on ne craindra plus ce vacillement & cette incertitude, qui regnent en- core fur ce qui conftitue les efpeces & les variétés. Le naturalifte fera phyficien, puifqu’il devra connaître les influences mécaniques des corps fur les êtres organifés ; il fera chymifte, puifque leurs influences de compofition plus nombreufes que les autres, devront lui être fa- milieres. La fcience ne fera plus reftreinte à la nomenclature : elle reviendra à {a nature, dont on l’avait éloignée; & fera une fcience de cho- fes, digne de l’étude des penfeurs. . Ces progrès de l’hiftoire naturelle, que nous voyons dans Péloignement, & vers lefquels nous défirons nous approcher, changent entiérement Ja face de cette fcience: on a toujours regardées productions comme un dictionnaire, qui pouvait conduire à des connaiflances plus profondes ; & les efforts, que les naturaliftes ont fait pour en fim- plifier l'étude , ont accrédité cette erreur. Nous examinerons dans la quatrieme fection , les fuites qu'elle a eue. Les effets du feu fur les êtres organilés, doivent occuper le naturalifte: c’eft à cet élé- ment, principe de vie, qu'ils doivent le mou- vement & lêtre; c’eft lui qui peut feul les ani- mer & les faire vivre. Mais fes effets diffcrens , produits par fes aétions de chaleur, de lumie- 12 Difcours fur l'étude res, de compofition, modifient fon influence ; & le feu doit ètre connu par le naturalifte, qui veut étudier la nature organifée. La longueur des étés ou des jours; les circonftances ‘loca- Jes, qui peuvent augmenter ou diminuer la mafle de feu abforbée par les Végétaux , chan gent néceflairement leur nature intérieure & par une fuite immédiate, leur forme. Le feu altere aufli les divers élémens; & chacune de fes combinailons pofñlede des propriétés diftinc- tives, qui fuivant leur plus ou moins d’ac- tion fur les êtres organilés, peuvent modifier leur forme. Ainfi des recherches fur toute la nature font néceflaires à celui qui veut en appro- . fondir une branche ; & c'était une erreur, de vou- loir les diftinguer & ne s'occuper que d’une feule. Jai cru longtems que l’hiftoire naturelle for- mait une fcience diftinéte, dont le but & les principes étaient particuliers: & lorfque jai fenti la premiere fois, de quelle importance font les recherches fur les variations des êtres ; Jai cherché dans cette {cience, les regles à fui- vre pour les déterminer. J'avais foumis chaque partie de la plante aux loix des probabilités, & l'étendue poflible de fes variations m'indi- quait l'influence de fa forme fur le refultat gé- néral. De cette balance établie fur un très-grand nombre d’efpeces , j'avais conclu: que la varia- tion de chaque partie était en raifon inverfe de Jhomogeénéité de la nourriture qui y parvient; de forte que les racines influent moins que les feuilles , les feuilles que les enveloppes fexuel- les; & ces enveloppes que les organes de la génération : fecondement, que les formes varient de l'Hifloire naturelle. 12 davantage que les pofitions ; & fous ce terme général, je claffais les diverfes infertions des bran- ches & rameaux ; les pofitions rélatives, l’ouver. ture des angles , & les proportions de volume. Mais , quelle que foit l'exactitude de cette mar- che, elle ne préfente jamais que des probabilités infufifantes dans les {ciences naturelles ; de plus, les exceptions contrarient les loix les plus cer- taines, & cela fans que les caufes phyfiques en foyent connues. Cette maniere de déterminer la diftinction des efpeces & des variétés, nva paru très-infufhfante ; & c’elt alors que j'ai remonté a des influences plus générales. Tout végétal, tout ètre organifé, abforbe des molécules , qui fervent par la fimilitude de leur compofition, à le réparer, & à le reproduire, après avoir recu l’impreflion des formes qu’elles doivent renouveller.Ces molécules nombreufes ou rares , accélérées ou retardées, animent ou ralen- tiflent la vie des ètres, coujours déterminée par la réplétion des mailles de leur charpente ; & ces diverfes circonftances , produites toutes par la nature du climat (a ), modifient plus ou moins les formes. Une nourriture abondante & rapide multiplie la plante des fes bafes : elle fe ramife davantage depuis le collet de la racine; fes rameaux s'étendent, tout fon enfemble prend une confiftance plus folide, annoncée par la teinte vive des couleurs. Une nourriture retardée (a) J'ai déja donné la définition du mot climat, dans quelques mémoires. J’entends par ce mot, toute action extérieure aux êtres organifés, qui peut influer fur leur nature ou fur leur forme, F4 Difcours fur l'étude ? dans fon mouvement fe place avec lenteur ; les tiges ne {e ramifient que de loin en loin, le tiu paraît flafque & fans confiftance ; & une coloration pâle {uit toujours cette diminution de vie. Ces effets qui ont une influence fi prochaine fur les formes, font produits uniquement par Faction de la lumiere & par la chaleur du climat. Ainf toutes les circonftances qui peuvent modi- fier les végétaux, tiennent toutes à des adions plus générales, & chaque fait nous démontre d'une maniere plus certaine, que les naturaliftes doivent étendre la fphere de leurs études. Nous le répétons, un phyficien & un chimifte peuvent fe difpenfer de connaître l’hiftoire naturelle ; un naturalifte au contraire doit nécef- fairement étudier la phyfique & la chimie. Plufeurs des loix auxquelles font foumifes les variations des êtres, font déja connues par quel- ques faits décififs; plufieurs obfervateurs ont apperçu & développé quelques - unes de leurs applications ; mais perlonne ne les a réunies , fous cet enfemble qui fubordonne les conféquences aux principes, & les vérités fecondaires aux fon. damentales. Il eft au-deflus de la portée de lef- prit humain, de voir des faits nouveaux, & de voir en mème temps les loix qui les réuniflent, & leur enchevètrement, que des faits douteux ou ignorés voilent prelque toujours en partie. C’eft après avoir long-temps erré dans les détails, qu’on parvient à les éclaircir & à les clafler dans leur ordre relatif. Plufieurs des influences de la lumiere fur les végétaux font connues ; mais. on s’eft principalement occupé des effets extre- mes , tels que l’abfence totale ; quoique les nuances + de l'Hifioire naturelle. 16 jufqu’a l’extrème oppolé, puiflent offrir des réful- tats intéreflans ; & d'autant plus utiles que la marche progreflive de la caufe & des effets, peut être fuivie avec précifion. Tout Naturalifte connaît l’étiolement que produit labfence de la lumiere , & les changemens que {on retour apporte dans la nature des végétaux : de blancs, flafques & fans confiftance , ils acquierenit de la couleur & de la fermeté. L'action de la lumiere ralentie ou accélérée par la nature des milieux, nous a paru fuivie d’effets femblables ; & pour confirmer ce fait qui nous conduifait à une théorie inftruc- tive, j'ai eu recours à l’expérience. J'ai cultivé une plante aquatique à l’air, & j'ai fuivi les nuances produites par la diverfité des milieux ; mes expériences ont démontré que le fejour fous l’eau, retardant le mouvement de la lumiere, affai- blit fes effets, & donne aux plantes qui s’y déve- loppent une efpece d’étiolement. Je rapporte cet exemple, pour prouver la poflibilité des obfer- vations {ur l’influence de la lumiere , & je renvoye pour les détails au mémoire que j'ai donné fur ce fujet (b). Outre les effets des milieux auffi différens que l’eau & l'air, ce dernier élément prélente des variations dans fa tranfparence. Plus ou moins chargé de vapeurs, d’éledricité & de nuages, il offre une pénétrabilité plus ou moins parfaite; & de plus fa rarité , toujours plus grande en raifon de fa hauteur dans l’atmofphere, met plus ou moins d’obftacles à la progreflion de (b) Hiffoire de la renoncule aquatique ë dans le troi- Jieme volume des Mémoires de la Société des fciences phuyfiques de Laufanne, | , LL « 16 0 Difcours fur l'étude Ja lumiere. Ces différences léseres au premier coup d'œil, ont néanmoins une influence très- grande fur la forme & les variations des êtres ; & peuvent être faifies par un obfervateur, dont les études {e font dirigées vers cet objet. Les bornes de ce difcours ne me permettent pas d'entrer dans les détails qu’exigerait le dévelop- pement de cette manière de voir la nature; il {ufft d’en faire fentir l'importance. ti PA La nature des terres & des fubftances ,' {ur lefquelles les plantes fe développent, influe nécelf. fairement fur leur forme. (Confidérant avec MM. Tull, Duhamel, de Tillet, &c. la terre comme un fimple piédeftal; nous ne pouvons nous diffimuler que fa plus ou moins grande pénétrabilité aux agens extérieurs, ne puiffe avoir vue certaine influence {ur la forme des végétaux, fur leur vigueur & fur leur nature. Ici le natu- ralifte devient cultivateur, ou plutôt il doit con- naîtré à fond l’agriculture, l'influence de fes pro- cédés fur les plantes, & l'effet de chaque culture fur les elpeces qui y font foumifes. Peut-être qu'aidé de fes lumieres fur les principes de la fcience, il pourra éclaircir les ufages que la rou- tine adopte, & donner à lagronome praticien des confeils utiles. Quoique les végétaux foyent dénaturés par la culture, il relte en eux des traces de leur forme primitive ; & l’homme ne pouvant les modifier que par des moyens phyfiques, les circonftances qu’il réunit, peuvent naître d’elles. mêmes, & produire des effets femblables. Lors même que ces effets ne pourraient jamais être produits par la nature, il eft utile de connaitre les changemens que l’homme a pu produire dans \ l’organifation de PHifloire naturelle. 17 l'organifation des êtres; ils entrent dans la mafñle des variations , & fervent à completer leur L'importance de la maniere d'étudier l’hiftoire haturelle, que je propofe dans ce difcours , fera certainement fentie par tous les phyficiens. Elle feule peut éclairer & cünfirmer nos découveftes ; fans elle le poids des autorités forme {eul la bafe de nos décifions. De plus, c’eft pat fon moyen que nous pourrons déterminer d’üné mañieré füre , ce qui conftitue les efpeces & les variétés x diftinétion qui a occupé les premiers génies, fäns que leurs travaux, leurs recherches ingénieufes, & les principes qu’ils ont établi, ayerit {enfible. ment avancé nos connaiflances. On me permettra de conclure cette feétion par quelques conféquences qui en découlent natu- rellement : 1°. que létude des variations où Changemens de formes des êtres organifés, eft néceflaire : 2°. qu’on ne peut déterminer ce qui conftitue les efpeces & les variétés , fans cetté étude préliminaire : 3°. que les vatiatioris étant produites par des agerñs DK fiqués où chimiques; il eft indifpenfable de les connaîtte, lorfqu’on veut étudier Phiftoire natutélle. Ces conféquen- ces agrandiffènt énormément la fphete de cette fcience , & lui donnent une importante & ufr degré d'intérêt dont elle n’eft pas füfceptible, lorfqu’on la reftreint à une fimple nomenclature, 138 Difcours fur étude DE LA GÉNÉRATION. L'étude de la génération , intéreffante pour tous les hommes , eft indifpenfable pour le naturalifte. Les etres qu'il étudie , étant déterminés à un court efpace de temps, périflent : & le travail par lequel il nous fait connaitre un individu , deviendrait inutile , fi cet individu n'avait pas donné l’exif tance à d’autres êtres qui lui reflemblent. Il eft effentiel de connaître là maniere, dont cette re- production peut s’eHectuer, & fur-tout comment Les mèmes formes eflentielles fe perpétuent, de maniere que deux individus, pris à des fiecles de diftance ou à des éloignemens confidérables , font aifément reconnus pour étre d’une même efpece, Ce phénomene peu fenti par le général des hommes, que l’ablence des idées & lhabitude blafent fur les faits les plus étonnans, eft néan- moins un des plus difficiles à concevoir, le plus digne de la méditation des génies, & celui qui doit être éclairci le premier par le véritable naturalifte, . Deux êtres font portés l’un vers l’autre par un attraitinvincible; ils s’uniflent, & leur repro. duétion eft attachée à leur bonheur : d’autres êtres réuniflent les deux fexes & :peuvent fe re- produire, fans le. concours des individus, né. Celjaire aux premiers; leur reproduction plus tranquille, plus calme, mais autf plus unifor- me, eft en meme temps plus aflurée : d’autres êtres enfin, privés de la plus douce des jouiffan- ces , fe reproduifent fans le concours des fexes (a). (a) Voyez les Mémoires que j'ai donnés dans le fe. de l'Hifieire naturelle. 19 Ces trois marches différentes ont un mème but, des effets femblables ; leurs moyens font donc les mêmes, & le concours des fexes n’elt qu’un ac- cefloire de la génération, Ce fait démontré par les expériences du célèbre Spallanzani , qui a obtenu des femences fécondes de plantes uni- fèxes, ifolées par les moyens les plus décififs (b); fecoit une nouvelle confirmation de quelques expériences que j'ai faites, {ur la caftration des plantés (c). Ces expériences démontrent l’uni- Formité de la génération des êtres ; & nous éclai- rént fur fa nature. . Lorfqu’un individu a recu le degré de déves Joppement néceflaire à {a perfection ; la nourri. ture qu’il prend ; lui donne une furabondance de molécules, qui, après avoir été moulées dans fon intérieur, fe réuniflent dans des organes deftinés à les recevoir , s’y combinent, & forment un tout femblable à l’ètre qui le coritient : ce nouvel individu naît & remplace celui dont il a reçu la vie, qui meurt bientôt après. Cette marche eft trop uniforme, pour fubir des varia- tions dépendantes de fa nature ; une abondance où un défaut de molecules nutritives dans la graine des plantes, peut augmenter ou diminuer la vigueur de lindividu ; mais cet appauvrifle- ment finit avec lui, & n’a pas d'influence fur la cond vôlème des Mémoires de la Société des fciences phyfiques de Laufanne , & dans le Journal de Phyfique, Mars, Août & Novembre 175%. _:(b) Expétiencès pout fervir à l’hiftoire de la génés fation , &c. par M. Spallanzani, p.363. & fuiv. (c) Journal de Phyfique, dus té Zz 20 Difcours Jur letude forme de l’efpece. Ainfi la génération eft conf. tante, quant à fon principe général ; mais ce qui intéreile d’une maniere plus prochäaîne le natu- raliite, c’eft la perpétuation des variétés & la haïfance des mulets. Un individu modifié par la nature du climat qu'il habite , imprime fa forme aux molécules qu’il abforbe ; ces molécu- les cornpofernt la charpente de l’ètre qui le re- produira; & cette mème régulatité de la géné- ration contribue à multiplier les variétés, aux- quelles la nature organifée eft fujette. Et les variations qui n’auraient été qu'individuelles, fans une reproduction exacte , perfiftent ; augmen- tent le nombre des formes & des nuances, qui noient toutes les manieres d’être , & comblent leurs différences. Un autre effet de la génération plus important à éclaircir, puifque de lui dépend une queftion qui fe prélente à réfoudre, favoir fi lé nombre des efpeces augmente, ou s’il eft le même que toujours. La naturene produit rien pour l’anéan- tir, fes forces font toujours lés mêmes & mille autrés phrafes, vides de fens, qui étoutdiffent le vulgaire , font inutiles : il faut une connaiflance parfaite des loix de la génération pour l’éclaircir. Quelques idées que nous allons jetter dans ce dilcours, ne fuffifent pas pour la réfoudte; elle exige des recherches plus approfondies. Quoique plufieurs naturaliftes aient infiniment reftraint les loix de la génération , les organes qui l’exé- cutent, ont une influence réelle ; ils peuvent man. quer, fans que les individus deviennent ftériles,, mais leur préfence affure leur fécondité. La li- queur fpermatique dés plantes portées par les 22 de l'Hiftoire naturelle. A à \ pouflieres , fe répand dans les airs, & ce véhi- cule la dépofe fur les organes femelles. Mais _ quelquefois des courans d’air trop agités ; ou quelque hafard , la font tomber fur les piftils d’efpeces différentes ; ils deviennent féconds, & leur graine contenant un germe formé pat l'agrégation de molécules diverfement moulees, produit un individu qui participe des deux for- mes ; on le nomme mulet. Ce nouvel individu , devant fà naiffance à une action indépendante du climat, elt ftérile ; la nature répugne à rece- voir une nouvelle forme ; mais il {e reproduit: par dés drajons , des rejets ou autres moyens; in- fenfiblement il imprime {à forme {ur un plus grand nombre de molécules; fes ovaires fe rem- pliffent, fes antheres ceflent d’etre ftériles ; & cet individu d’abord mulet, devient la fouche d'une nouvelle efpece : cette marche nous parait aflez. naturelle pour admettre, & fe confirme chaque: jour. a * Lorfque le globe fut refroidi, & que les révo- lutions terribles, dont fon enfemble nous offre - les preuves , eurent ceffé ; les êtres organiles na- quirent. Ces êtres étant une fuite immédiate des lieux qu'ils habitent, auront été moins nom- breux qu'a@tuellement, puifque les pofitions & les climats étaient moins variés. À mefure que. la nature du globe a changé, d’autres êtres, ont pris naïiflance , foit par la fertililation des mu- lets, foit par l'influence de ces changemens ; & les efpeces font devenues auffi nombreufes qu’elles le font aétuellement , fans néanmoins que les forces produétrices de la nature fe foient épui- {ées. Un défrichement ; les progrès de l’agriculture 5 3 82 Difcours fur l'étude & de la population, une inondation , un, ébou:. lement confidérable, changent la nature d’un lieu, quelconque; fes anciennes productions périflent, ou fe déforment, d’autres prennent leur places, elles font nouvelles, fi le climat produit eft en. tiérement nouveau , analogues à d’autres, fi leur pofition reffemble. Cette vérité eft confirmée par. une multitude de faits nouveaux ; par la com- paraifon des ouvrages, écrits depuis la renaif- fance des lettres jufqu’a nos jours; &, mais avec moins de certitude, par la comparaifon des ou- vrages plus anciens avec les nôtres : les prés jugés s’oppofent feuls à cette maniere de voirs, mais ce font leurs derniers efforts, dans un fiecle où tout annonce leur décadence. | Les bornes d’un difcours nous arrêtent né- ceflairement, & nous empêchent de traiter cha. que fujet avec étendue : nous devons nous ref- traindre à une férie de tableaux, à faire fentir la néceflité des divers accefloires, à réveiller lat. tention fur eux, fans pouvoir nous livrer aux plaifirs de les parcourir nous - même. Il nous. paraît important que chaque naturalifte étudie les loix de la génération, & fur-tout {es appli. cations à la perpétuation des variétés , à la nai£ fance des mulets, & aux moyens qui les ren- dent fertiles. Ces branches offrent un champ vafte à fes recherches; à peine a-t-il été eMleuré par un feul, le célèbre Kæœlreuther. Toutes les parties des fciences naturelles ont recours à Part des expériences ; chaque jour on fent davantages. qu’elles feules peuvent aHermir nos pas : pen. : dant les botaniftes, malgré leur nombre, & le. temps qui seft écoulé depuis que leur étude a. de PHifloire naturelle. 33 des fectateurs, refufent encore de les admettre s. comme fi la fcience qui fe rapproche le plus de: Ja nature , devait être la plus artificielle. DE L'INFLUENCE DE LINNÉSUR SON: | SIECLE. Linné a-til contribué au progrès des! lumie. res ? le linnéifme a-t-il été utile ou nuifible2?, Ces queltions me paraïflent intereflantes. L’Eux; rope lavante eft partagée en deux clailes : l’une, des partifans de cet auteur , qui ne voient que par lui, & pour qui fon fyffème cft une regle. de foi : l’autre, compolée de naturaliltes, qui ayant, reconnu fes imperfections , font devenus des détracteurs aufli zélés, que {es partifans le {ont dans un autre genre. Linné s’eft trop élevé au deflus de fon fiecle, pour qu’une froide indiffé.. rence puifle le juger: {es admirateurs lui dreflent: des autels, que fes ennemis s'efforcent de dé- truire; ils veulent l’arracher d’une place qu'ils croient ufurpée. . Nous ne nous appefantirons pas fur l’artificiel du linnéifme : fes partifans avouent cette im- perfection , & la mafquent, en fuppofant que ce {yftème conduit à la connaiflance des loix na- turelles, par des moyens artificiels, Comme fi on pouvait parvenir à connaître la nature par des voies qui ne font pas les fiennes ; comme fi on pouvait parvenir plus facilement à la rencon- trer , en s’éloignant de fes traces. Cette objeion a été faite par nombre de perfonnes ; elle eft trop frappante pour échapper à des regards non prévenus, B 4 24 Difcours fur Petude P | Linné naiffant vit dans le fyftème de Tour- nicfort , quelques défauts re d'une clafli- fication fondée fur uhe partie ; ils le frapperent; né avec du génie, il les vit & voulut des faire cefler. Guidé par une faufle obfervation , il con- clut de l’invariabilité de la génération, celle des organes qui l’exécutent; & fonda le linnéifme fur Pexamen de ces organes. Les exceptions fréquen- tes' que les botaniftes obferverent ; les variations de nombre, auxquelles les organes fexuels des plantes font fujets , offritent des objections nom- breuüfes ; mais les premiers pas étaient faits ; plu- fieurs fectateurs avaient embraflé ce fyltéine ; il était difficile de fe dire chef d’une fecte faufle; &'Linné voulut plutôt corriger & perfectionner, : que voir les vrais défauts d’un travail qui crou- Jait par fes bafes. Il aurait dû remonter aux variations des parties fexuelles, & voir que le nombre des étamines & des piftils varie dans une mème plante ou dans des efpeces très-voi- fines ; mais ce nombre formait la bafe de fon {yftème : avouer {on incertitude, c'était avouer les frèles foutiens fur lefquels il l'avait fondé. C’eft un phénomène intéreffänt que la prompte extenfion d'un fyftème, dont les imperfections étaient auf vifbles, dont la bafe paraïflait fi chancélante, & qui prètait au ridicule, par Le genre mème des obfervations qu'il exigeait ; puif- que les plus grands végétaux ne devaient être exa- minés, que dans les” détails dune partie très- petite ‘de leur ètre , tandis que toutes les autres étaient inidifférentes. Il faHait qu'il offrit ou des perfections d’un autre genre, ou des avantages qui balançaient {es défauts : c’eit ici où nous, / del'Hifioire naturelle. 25° nous occuperons plus particulierement de Pin. fluence de Linné fur fon fiècle ; influence. qui eft liée néceflairement aux caufes de l’adoption du Jinneéifme. | Le but de Linné, lorfqu’il développa fon fy£ tème, fuc de fimplifier l'étude des plantes, de maniere que nos premiers pas fuflent exempts : d'erreurs, L’homme qui commence cette étude, : Ja conçoit fans peine; les premiers efais qu'il fait de fes forces, font pour lui des triomphes; il: s'attache à la méthode & à l’auteur, qui lui font acquérir un favoir aufli précoce : les erreurs , : les imperfections, & les incertitudes du linnéilme> ne peuvent le frapper; il ne connait rien encore, ne peut diftinguer les faufñes notions, que cette méthode imprime dans fon efprit, & ne cherche que Ja plante qu'il a en vue. Infenfiblement il recifie ces faufles notions, & acquiert des idées plus nombreufes ; mais habitué à confidérer Linné comme un génie; l’eftime qu'il a conçue fur parole, l’empèche de fentir les erreurs qui décou- lent de fes principes ; il les transforme en vérités. Ayant étudié la botanique fans maître, jai mieux été à mème de fentir, combien d’incertitudes fui- vaient mes premiers efforts, & combien il.a été : difficile de les extirper, lorfque j'ai voulu réunir Ja faculté de raifonner & le linnéitme. Admettons un inftant que cette facilité, offerte par le fyftème de Linné aux commençans, eft un avantage ; & que leur donnant la nomenclature des plantes , ils peuvent enfuite étudier la fcience - elle-même, C’eft abaïfler le mérite intrinfèque de cet auteur, que l’on regarde atuellement çomme le reftaurateur de la {cience ; c’eft réduire fes ouvrages au rang des dictionnaires , dont l’ufage 26! Difcours fur l'étude eft indifpenfable, avant d’être en état de lire ‘un ouvrage fuivi; mais on n’a jamais penfé. mettre les rédacteurs de ces dictionnaires, au-. deflus des hommes de génie , écrivains des ouvra-* ges dont ils nous facilitent la le@ure. Linné ne nous offre, dès les premiers pas Où. il nous guide, que des obfervations fexuelles : les autres caracteres, le port même des plantes. leur font fubordonnés ; il les facrifie toutes … Jes fois que leur réunion ne peut avoir licu. Son difciple s’accoutume à voir de la mème maniere, il fent la facilité qu’elle offre, & l’habitude lui -foile linexaditude & le vide de telles obferva- tions. Nulle grande vue ne peut en être la fuite : . Pefprit fe circonfcrit dans des recherches minu- tieufes, & le botanifte shabitue fans peine, à ne voir d’un chène que les étamines & une feuille. La facilité qu'offre une telle manière d'étudier & de connaître, a multiplié les auteurs : il était: facile d'étudier, puifque le génie étaitinutile, & qu’il fuffait de voir des détails : il était facile d'écrire, puifqu’il fufffait de copier les phrafes d’autres auteurs, de les réunir, & d’y ajouter quelques obfervations pour faire une’flore, & s’arroger le titre de naturalifte. Aucune branche. de lPhiftoire naturelle n’a fourni autant de mau- vais ouvrages, & c’eft à cette facilité que nous croyons devoir l’attribuer. Elle eit nulle pour le vrai naturalifte, elle lui eft plutôt nuifible; fon goût pour l'étude, Pambition , cette paflion dévo- rante de connaître, qui eft neceflaire pour le foutenir, s’affaiblit , fi des difficultés fucceflives ne l’alimentent pas conftamment ; elle fe blafe & difparaît dans peu , ff une facilité trop grande lui fait appercevoir des bornes à fon travail. À” de LHifloire natirelle: 0% Fimmenfité d'objets, qu’il fe fait une loi de con- naître, fuccéde le nombre de ceux qu'il a vu; à Yambition fuccède la vanité; il fe glorifie dun: {avoir précoce , & attribue à fes talens, ce que les faufles notions & la facilité du linnéifme ont. produit; & l’homme de génie qui aurait rendu des fervices effentiels à la {cience dont il s’occupe, devient un nomenclateur. Le tableau que nous’ offrons, n’eft point chargé; il nous préfente le fort qui attend lenaturalifte , né avec des talens, mais dont Linné guide les premiers pas ; & cependant ce font ces hommes que nous devons regretter, eux feuls perfectionnent les féiciées ! lorfqu’ils ont des notions faines. Je crains d’etre- accufé de prévention par les partifans de Linné; ils ne pourront concevoir des idées auffi con: #" traires à celles qu’ils avaient déja recues : mais fi mes réflexions peuvent être utiles à un feul” homme, ou à une génération future, mon but. fera rempli. | | Nous regardons en général, les facilités dans tous. les genres qu'on offre aux commencçans. comme nuifibles; des difficultés rebuteraient ceux ‘ qui {e Hvrent à l’étude, fans talens & fans voca- tion ; elles ne feraient qu'’augmenter le befoin de favoir dans l’homme de génie, le feul qu’on doit défirer dans toutes les {ciences, parce que lui feul peut-les perfeétionner. Et fi on jette les: yeux fur.le nombre étonnant de botaniftes, nés depuis la création du linnéifme; on gémit dy compter à peine quelques perfonnes, dont les ouvrages ont été utiles : que de flores compofées uniquement de citations, de fynonimes, de claffifications plus ou moins fyftématiques, pour yn volume écrit par les Jacquin & les Curtis, 28 Difcours fur l'étude de l'Hifioire naturelle. Tous les demi auteurs fabricateurs de Aores & de catalogues, auraient été bientôt refroidis, fi le lin néifme ne leur avait pas offert une fcience factice aifee ; & nous demandons à tout hommelfans pré- jugés, fi la fcience aurait perdu ou gagné à cette diminution d'ouvrages, | Le linnéifme a donc un vice effentiel, dont on ne peut le corriger ; c’eft la facilité apparente qu’il offre aux commençans ; facilité qui leur fait fubftituer l'étude des clafhfications & celle de * quelques caracteres {yftématiques, a la vraie étude de la nature. Et ce vice qui a néceffairement influé fur un grand. nombre des partifans de Linné, eft le mème qui a nfiué fur fon fiecle. Ainfi le. travail de cet auteur & la création de fon {y£ -tème, ont plutôt nui aux progrès de la botani- que, que contribué à fon avancement , parce qu’il a fubftitué une étude aifée, mais factice à celle de la nature, & qu'il a fait naître un nombre infini de botaniftes fans talens, tandis qu’il à peut-être caufé la perte de quelques vrais natu- raliftes; qui, s'ils n'avaient pas adopté ce {y{- tème, auraient eu des fuccès. Les commençans s’égarent moins, lorfqu’ils commettent deserreurs de détails, que lorfqu’ils adoptent de faux prin- cipes ; ils peuvent revenir fans beaucoup de peine de ces premieres fautes, tandis qu’il eft rare, : qu’ils changent de maniere de voir. Cependant on à dit que le linnéifme était principalement deftiné à guider les commencans, & à les garan- tir de fauffes notions élémentaires ; & les notions qu’on leur fubftitue, {ont des erreurs & des idées: de détails qui affaibliflent leur efprit par des minucies. L'homme ne ferait-il deftiné qu'a courir d'erreurs en erreurs ? LA à à L À MÉMOIRES? RELATIFS AU REGNE VÉGÉTAL Le LA * ENTER *. | MS TOLRE 3% | DES 4. PISSENLITS QUI CROISSENT EN SUISSE. L À Me 2% MSIE NE À D: * Lx | Ë Le travail qui m'occupe auellement, fubira fans doute des contradictiôns; on m’objettera quel je rends la fcience obfcure, en diminuant trop le : nombre des efpeces. Mais ce n’eft point unique » ment pour faire cette diminution, que je tra- vaille de nouveau les divers genres de plantes qui croiflent en Suifle : c’elt au contraire, pour amener la diftinction des efpeces & des variétés à des loix fixes ; au lieu que jufqu’à préfent, elle a été la fuite d’un travail arbitraire. Il exifte en nous un penchant à croire le merveilleux , qui dans le naturalifte exempt de préjugés, 1e déguife fous le défir de voir des objets inconnus ; & ce défir eft encore augmenté par celui d’un honneur qu’on attache mal à propos aux décou- vertes, puifqu’elles font en hiftoire naturelle un pur effet du hafard. Les naturalifles guidés par ces deux fentimens , ont peut-être multiplié les elpeces nominales ; & d’autres auteurs qui. écri- vent après eux, clafflent ces efpeces comme varié- tés, fans dire les raifons qui les déterminent, Par M REYNIER. € fr k.. | " e A (7 À 3 Mémoires relatifs fans apporter alicune preuve ef faveur c ae inhovation ; leur parole, fuivant eux, doit fuffire, Frappé des inconvéniens de cette j'ai + cherché les moyens de la faire cefler 3°@ Péta- flement dcBlincines généraux fur les varia- ns des plantes, Ja recherche des caufes qui peuvent les modiner, & {ur-tout les expériences, m'ont paru efficaces. Si les naturaliftes fe fou- mettent à regarder comme facrées les découvertes des autres naturaliftes ; jufqu'au moment où ils fee en état de les réfuter par des preuves de fait; cette obligation fera un des plus {ürs moyens d'accélérer les progrès de l’Hiftoire naturelle ÿ puifqu’elle préviendra les aflertions fondées fur es autorités qui nous tranfportent aux temps fcolaftiques. Un botanifte voit une plante nou- + velle , il ne peut décider , fi elle eft efpece ow variété, & nous la fait connaître. Suppofons qu’elle eft une varicté, & que décrite comme efpece , elle augmente nos catalogues, jufqu’au moment où on aura décidé la queftion par de faits; l'erreur fera moins dangereufe ; que chacun s'arroge le droit de la fubordonner ss volonté à des efpeces très-différentes. Une telle convention entre les naturaliftes , contribuerait certainement aux progrès de la fcience. DES PISSENÉITS. | J'ai fait coïitiaitre dans mon mémoire fur les joncs , combien il eft utile de former les groups de: végétaux , fur des caracteres faciles à faifir dès la naiflance des individus : les Piffenlits nous. offrent de tels caracteres, Dès leur naïffance, où peu ‘au regne végétal, 33 peu de télhps après, on diftingue qu'ils feront ement., compolés de feuilles difpofées ee & un d'attention nous fait preflentir la forme des haipes : il eft inutile de dire qu’on recon- naît fans peine, que les fleurs fetont compofé de demifleurons , à la liqueur blanche &.ame que répand la plante, loriqu’elle eft endommagées ® La racine elt vivace, dure & tronquée à fon extrémité, d’où fortent une multitude de chevelus épais ; qui font fimples ou peu ramifiés. Le volume de la racine change dans les diverfes variétés ; & dans quelques-unes, elle paraît former-une mañle tubéreule. Son collet donne naiflance à quelques feuilles qui s'étendent circulairement, & qui {ont redreflées ou couchées fur la terres fuivant des circonftances locales. Ces feuilles luir adherent par une tète, feuillée fur les bords, qui cft un prolongement de celle qui les divile à elles paraïflent foutenues par un véritable pétiole, dans une variété particuliere aux montagnes ; mais c’eft uniquement parce que leur côte. eft fort rétrécie. Dès que les feuilles ont acquis une certaine longueur, & fur les individus de la feconde année , un petit bouton paraît au centre de la plante; il groffit & s’en détache ; un péduncule s’allonge & le foutient; le bouton s’'épanouit & laife paraître une fleur compolée de plufieurs demi-fleurons : il leur fuccède des graines garnies d’aigrettes. Cette forme unique dans la claffe nombreufe des planipétales , me, parait un caractere plus marqué que ceux qu’on avait établi jufqu’à pré- fent. L’aigrette plumeufe, le receptacle velu , des nuances dans le calice, fervaient à les diflinguer Tome L C 34 Mémoires relatifs ‘ des épérvieres! & des autres pu re on jo peine au microfcope, qu'illm'exifte … ‘aucune aigrette véritablement fimple , éfont À “quelques poils; ainfi la diftinction de EG 4 ème de plufiéürs genres, n’eft fondée que fur le 1s ou moins d’intenfité d’un caractell fugitif. cours d'Hiltoire naturelle eft, fuivant le ‘célebre Bonnet, le meilleur cours de logique poffible; il pouvait ajouter, pourvu qu’on ne le fafle pas avec des nomenclateurs. Cette diftinc- tion fondée fur l’état de l’aigrette, a forcé les auteurs qui ont adopté ce caractere, à clafer 4 les variétés du Leontodon, fous divers genres :. Linné les a placé fous deux genres. ( Hieracium -& Leontodon : ) M. Scopoli, fous trois ( Apargia, ® Leontodon & Teraxacum : ) M. Allioni, {ous trois ( Picris, Rhagadiolus, & Leontodon : ) Haller, fous trois ( Rhagadiolus , Picris & Taraxacum : ) un plus grand nombre de preuves ferait inutile. LE PISSENLIT, VARIÉTÉ DES TERRES ARIDES (a). Cette variété, la plus commune de toutes, puif- que la mañle des terres arides furpañle celle des terres fertilifées , croît non -feulement près des chemins & fur les péloufes, mais aufli dans les prairies où l’art n’a pas encore modifié la nature : à melure que la terre devient plus fertile , cette variété difparaît , & fouvent fait place à la variété rafe. Eft-ce un changement de caracteres, effet de (a) Lcontodon hifbidum Linn. 1100 au règne végétal. 35 celui des lieux ? ou la mort de la premiere eft. elle fuivie de la diffémination de l’autre? n’ayant aucun fait à donner pour preuve, je m’abftien- drai de le décider. On trouve aufli Ja varicté de cs “ terres arides dans les lits de torrens, fur les bo fablonneux des lacs, dans les ravins des alpess & bientôt nous verrons quelques faits, qui paraifs {ent prouver qu’elle croit auili fur les fommités. Sa racine eft celle de lefpece: elle eft compofée d’un corps cylindrique , tronqué au bout; & de plufieurs chevelus épais & fimples , qui s'enfon- cent à peu pres verticalement en terre. Le collet eft garni, dans les plantes parvenues à leur grof- feur, de quelques écailles , qui font les reftes des feuilles de l’année précédente ; au-deflus d’elles ortent plufieurs feuilles, qui fe développent cir- culairement, & fe couchent fur la terre, à moins que des obftacles ne les forcent à fe redrefler. La partie adhérente aux racines eft large, compofée de la côte, & d’une petite expanfion feuillée , qui s’élargit infenfiblement, & compofe la feuille. Cette derniere {erait lancéolée, fi des finuofités qui découpent fon contour, n’altéraient pas cette forme. Ces dentelures font inégales, pointues vers leur fommet, recourbées en arrière ; & fou- vent garnies de quelques irrégularités; quelque- fois elles pénetrent jufques près de la côte, d’autres fois elles efeurent la fuperficie, cette maniere d’être eft la plus commune : elles font conftamment féparées par des efpaces creufés en portion de cercle. La multitude des formes, que prennent les dentelures des feuilles, ren- dent une defcription difficile & fouvent obfcure : un deflin eft également imparfait, mème vicieux, C 2 cd ru . 36 Mémoires relatifs à moins qu'il ne forte de la main d’un. botanifte habile ; il w’exprime qu’une maniere d’être, & les contours varient à l'infini. Les deux furfaces e la feuille font couvertes de poils, dont la ftruction eft aflez finguliere; ils font épais à bafe, & diminuent infenfiblement juiqu’au amet, ou ils fe divifent prefque toujours en eux branches : leur intérieur paraît creux ; mais je me propofe d’approfondir leur organifation , ui peut donner des idées juftes fur la nature ah poils. Le péduncule fort du centre des feuil- les : il s’éleve ordinairement plus haut qu’elles, & les furpañle de plufieurs fois leur longueur ; il eft d’une confiftance aflez dure , & plein de moëlle ; fa furface eft ordinairement couverte de quelques poils, & dans quelques circonftances d’une ou deux ftipules filiformes. Il eft terminé par une fleur, compofée de plufieurs rangs de fleurons à languettes, plus longs que le calice, de couleur jaune, mais fauve en deflous. Les graines font ovales & portent des aigrettes fefi- les , ordinairement compolées de poils conftruits en maniere de plumes. Le calice elt formé de feuilles d’un vert noirâtre, couvertes de poils femblables à ceux des feuilles , mais plus nom- breux. J'ai vu quelquefois les boutons des fleurs penchés avant leur épanouiflement, d’autres fois redreffés ; cette différence provient fans doute du degré de force des péduncules, & me paraît ex- pliquer les variations des auteurs. M. Curtis peint cette plante, dans fa Flora Londinenÿis , comme ayant toujours les boutons penchés : M. de la Marck-fe fert de cette nutation, pour dif. tinguer deux efpeces, qui me paraiflent corref- De fé: au regne vegetal. 37 pondre aux Leontodon bhifpidum & birtum de Linné (a). ; _ Quoique cette plante foit uniquement une variété, elle offre plufieurs variations fécondai- res, produites par la différence des lieux qu’elle habite. Une obfervation générale fondée fur les faits, c’eft que la villofité de cette plante diminue, à mefure qu’elle croît dans un terrain plus hu- mide ; & qu’elle augmente dans les lieux où la chaleur du climat fe combine avec l’aridité du terrain, Les poils étaient fi fort nombreux fur quelques individus , que jai cucillis dans les environs de Sierre, qu’ils leur donnaient une teinte blanchatre; & je parlerai plus bas de quel- ques nuances, où le contraire avait lieu. J'ai cueilli fur la pente méridionale du mont Tho. maley , dépendant de la vallée de Letivaz & au- defous de la Dent rouge , du côté des chalets de Nant, une variété qui me paraît intéreflante. Ces déux endroits offrent des pentes rapides , où une herbe touflue couvre les débris des rocs fupérieurs. Cette variété a des feuilles, dont la forme eft aufli peu fixe, que celle des autres; mais leur enfemble a conftamment l’apparence qui caractérile les Piflenlits. Elles font couvertes de poils femblables à ceux de la variété des terres arides , mais ils font rarement branchus. Le pé- duncule elt haut d’un ou deux pieds, épais , droit, & terminé par une fleur, dont le volume ta) Les Piffenlits des prés &ÿ de roche. V. Flore Jrançaife. T. 2. p. 116. C 3 88 Mémoires relatifs eft analogue à celui des autres parties. Le calice eft d’une teinte plus noiratre, que celui des va- riétés de la plaine Après l'avoir examiné atten- tivement & fuivi les nuances de divers indivi. dus, je crois cette plante, un développement ex- ceffif de la variété des terres arides, dû à la potion qu’elle habite , ou du moins une varicté tres analosue. Elle n'en diflere que par fa gran- deur , caractere très - variable, & par fes poils fimples; mais j'ai trouvé quelquefois des poils branchus fur fes feuilles, & des poils fimples fur les individus de la plaine; & M. Curtis, ob. fervaieur dont l’exactitude eft connue , a fait la mème obfervation (a); il aflure que les poils branchus font un caractère incertain. Je ne connais aucune plante que je puifle rapporter à cette variété, excepté le Leontodon alpinum de Jacquin (b). La figure que ce bota- nifte donne de fa plante, exprime parfaitement notre variété, & n’en differe que par une épaif. feur un peu plus confidérable des péduncules ; mais, comme la plante de nos Alpes a déja ce caractère , & que celle d'Autriche a feulement une nuance plus marquée, il ferait minucieux de les diftinguer. La plante de M. de Jacquin croit dans des pofitions femblables à celles, où j'ai cueilli cette variété, & M. de la Chenal la regarde aufli comme une variété du L. hirpidum (c ). (a) Voyez le texte qui accompagne la figure du Leon. todon hifpidum dans fa Flora londinenfis. (b) Flora auftriaca. Tab. 93. (c) Aëa helvetica. Vol, 9. &-$. n. 1. ou la traduétion inférée dans ce volume. | 4 y a règne vègétal. 39 … Quoique les variétés que jai obfervées dans les Provinces - Unies, {oient étrangeres à la Suifle, comme elles contribuent à completter l’hiftoire des variations d’une plante qui y eft commune, je crois devoir les réunir ici. Les Dunes qui bordent les côtes de la Hol- lande, font formées de monticules, féparés par des vallons humides , qui font très-intéreflans pour les botaniftes. Non - feulement on y voit des efpeces particulieres ; mais ce qui eft plus inftructif, les efpeces communes y offrent des variations marquées. La, lOphrys cordata , le Satyrium viride, VEriophorum vaginatum , la Py- rola rotundifolia rappellent les Alpes, au niveau de la mer, & réuniflent des lieux en apparence contraires. Tous les Piflenlits, que j'ai trouvé dans ces vallons font petits ; plufieurs ont à peine un pouce de hauteur. Leurs feuilles font ein général peu divifées , & leurs dentelures fuper- ficielles & diftantes : leur furface elt couverte de poils nombreux , ordinairement branchus. Le péduncule eft d’une minceur finguliere: il e& | de la grofleur d’un fil & courbe, parce qu’il ne peut foutenir le poids de la fleur. Cette derniere elt petite, compofée d’un petit nombre de fleu- rons , & environnée d’un calice prefque toujours ras, dont les feuilles ne forment qu’un feul rang. Cette variété, qui eft évidemment produite par la nature de fa poftion , nous offre déja un paflage; puifqu’elle conferve les poils des feuil- les & perd ceux des parties fupérieures. C’eft peut-être une variété femblable , que M: Scopoli a décrite fous le nom de Leontodon hirtum , puifqu’il lui attribue des feuilles plus molles que C 4 2 #0 Mémoires relatifs celles du L. hifpidum, couvertes de poils bran- chus , la hampe &@& le calice moins velus, &c. Ces caractères font à-peu-près ceux de la variété des vallons des Dunes de Hollande, la fuivante nous offrira une nuance plus dégradée. Cette va- riété croît dans les tourbieres féches de la Guel- dre , elle a fes feuilles peu dentelées comme la précédente , & lui reffemble par fa grandeur , {on volume, la minceur de {es péduncules & l’abfence des poils fur le calice : elle en differe par le défaut prefque abfolu de poils fur fes feuilles. On les prendrait pour abfolument rafes, fi, à Jexamen attentif, on ne voyait pas quelques poils difléminés , femblables à ceux des variétés précédentes , mais prefque jamais branchus. Ces individus offrent donc un pañlage réel, entre les Piflenlits velus & les Piffenlits ras; pañlage qu’il était important de marquer, & dont nous ver: rons de nouveaux traits à l’article des derniers, M. Scopoli, fondé fur un caractère infuffant pour diltinguer des genres , a donné fous le nom d'Apargia hirta (a), la defcription d'une plante, qui paraît être un démembrement de cette va: riété. Il la diftingue des Piflenlits , à caufe de fon receptacle velu; mais fes feuilles , femblables à celles de Ja Dent de lion, couvertes de poils branchus, fa hampe nue, fon calice velu, les Keux qu’elle habite ; tout annonce qu’elle eft une variété fecondaire. Les caractères génériques , que M. Scopoli adopte pour les planipetales , le forcent à morceler la famille naturelle des Piflen. (a) Flora carniolica. T. 2.p. 114. au regne végétal. 44 lits, & font évidemment des formes individuel. les : la villofñité du receptacle engage cet auteur à {fubordonner notre variété des terres humides, au genre des Apargia , cependant je ne lui ai jamais vu ce caractere. 1 paraît aufli qu’on peut fubordonner à cette variété, l’efpece que M. de la Chenal a décrite fous le n°. 3 (a), & qui differe , fuivant cet au- teur, par la raideur & le nombre de fes poils, & par la petitefle de fon volume. Il eft conftant, qu’une plante crue dans des lieux fort ftériles, eft moins grande , & la raideur des poils dépend beaucoup de la chaleur du climat. M. de la . Chenal a déterminé fon efpece, fur deux indi- vidus de l’herbier de Bauhin ,; lun, venu des environs de Montpellier , Pautre d’'Efpagne; & fur quelques échantillons, qu’il a cueilli dans les environs de Bale. On peut confidérer cette plan- te, comme un pañlage à la variété fuivante ; elle a la mème raideur des poils , mais leurs autres caractères font un peu différens. La Picris hirta de M. Allioni, que M. de la Chenal rapporte à cette plante, paraît en effet pouvoir lui être réunie, LE PISSENLIT , VARIÉTÉ DES ROCHERS (b). Cette plante, rare en Suifle , puifqu’on la trou- ve feulement dans deux endroits, m'a été com- muniquée par M. Gofle , phyficien célèbre de Geneve ; 1l l'avait cueillie au pied de Saleve, où * (a) Aëa helvetica. Vol. 9.$. V. n. 3. - () Leontodon hirtum. &. V\: Mémoires relatifs M. de Sauflure l’a découverte. L'examen atter: tif que jen ai fait, m'a confirme dans l’opinion où J'étais, que cette plante ne forme pas une efpece diftincte. Ses racines font exactement fem- blables à celles de la variété des terres arides ; la maniere, dont les feuilles y {ont adhérentes, eft completement la mème, ainfi que la difpofi- tion des pédunoules. Mais les feuilles, dont la forme reflemble à celle des individus les plus découpés de la variété précédente , ont des finuo- fités un peu plus irrégulieres & plus fréquem- ment recourbées. Il eft poilible que fi j'avais vu un plus grand nombre d'échantillons , & fi j'avais été à meme de comparer des individus, nés dans des pofitions un peu variées ; j'aurais vu que ces Jégeres nuances ne font pas eflentielles à cette variété. Les poils qui les recouvrent, font nom- breux & femblables à ceux du Piflenlit , dont j'ai déja parlé; mais ils ne font pas branchus à leur fommet : ce caraétère, joint au défaut prefque abfolu de poils fur le calice & fur le péduncule, a paru fuffifant à Linné, pour en faire une efpece . diftinéte : mais nous avons prouvé que la divi- fion des poils eft purement accidentelle, & qu’on trouve la variété précédente avec des calices ras ; ainfi ces caractères ne font pas admiflibles. La fleur eft compolée d’un petit nombre de fleurons jaunes des deux côtés : il leur fuccède des fe- mences , qui, d’après l’obfervation du baron de Haller , font de deux efpeces; celles qui bordent le calice font fimplement couronnées par une efpece de membrane , & les autres par des aigret- tes, fimples fur les graines centrales, & plumeu- fes fur les intermédiaires. La fleur eft envelop- au regne végétal. 43 pée par un calice ras , compofé d’un petit nombre de feuilles ovales , un peu allongées. Le défaut d’aigrettes fur les graines extérieures eft un ca. ractere trop peu fixe pour être admis ; un terrain plus fertile, une culture foignée développeraient davantage les différentes parties de ce Piflenlit; & par conféquent feraient reparaître cette ai- grette, que l’aridité des lieux où il croît, aura fait manquer. Cette opinion que la phyfique approuve , eft confirmée par M. Allioni : ce bo- tanifte célebre regarde le Leontodon hirtum des auteurs, comme une variété de l’hpidum, & dit avoir vu, que le premier perd fes caracteres par la culture & fe rapproche du fecond (a): ce fentiment eft aufli celui de Hudfon (4). On doit rapporter à cette variété le Piflenlit de roche de M. le Chevalier de la Marck (c), qui me paraît par fa defcription ou la nième plante, ou une intermédiaire entr’elle & la précédente. Notre Piflenlit des rochers croît dans les lieux pierreux & arides : M. de Sauflure l’a découvert au pied de Salève, & M. Gagnebin m'a écrit lavoir cueilli près de la Ferriere. On peut rapporter à cette variété, la plante que M. de la Chenal a décrite depuis peu {d), comme femblable , par fon caractère générique , au Rhagadiolus de Haller, Leontodon hirtum L. La grandeur de cette plante, la découpure de fes feuilles, le défaut de poils fur le calice, & l'ir- (a) Flora pedem. T. x. p. 211. (b) Flora anglica. Ed. 2. T. 2. p. 340. (c) Flore franc. T. 2. p. 155. (d) Acta helvetica. Vol. 9. . 3. à.‘ 44 Mémoires relatifs - régularité de l’ornement de graines, les reunif: fent; maïs la plante obfervée par M. de la Che- nal, a des poils branchus fur les feuilles : cet exemple prouve encore l’inftabilité des caraéteres reçus pour diftinguer les es de Pifenlits ; 4} faudrait former autant Me. qu’on obferve d'individus. La plante de M. de la Chenal croît dans les lieux arides des environs de Bâle. M. Gofle a eu la complaifance de me com- muniquer un individu de la variété des terres arides , dont la coupe des feuilles eft exactement la même, que celle de la variété des rochers ; leurs finuofités font aufli profondes, auili irré- gulieres & parfaitement courbées en dehors; mais elles étaient couvertes de poils branchus fort nombreux. La fleur était compofée d’un grand nombre de fleurons jaunes, bruns, verdà- tres en deflous ; le calice ctait couvert de poils femblables à ceux des feuilles. Cet individu, qui appartient à la variété des terres arides , forme donc, par fes feuilles , un point de réunion avec la variété des rochers , & démontre que c’eft uniquement la fécherefle exceflive des lieux, où croît la derniere, qui la différencie. M. Gofle foupconne avoir cueilli cet individu, dans les environs du Mont Saleve. LE PISSENLIT,VARIÉTÉ DES TERRES HUMIDES (a) Cette variété, à-peu-près aufli commune que (a) Leontodon hafiile Linn. au vegne végétal. 4$ éelle des terres arides, offre plufieurs variations, qui s’éloignent plus ou moins de la forme pri- mitive ; mais qui en | nd cependant le tipe: ces variations dépendent aufli de la nature des Ë x : \ ul lieux où elles c SE contribuent à étendre + la fphere des nuances "connues, toujouts néccf. faires pour la connaiflance de l’efpece. * 4 La racine de cette variété refflemble à cellé des précédentes : elle et également épaifle” 7] à l’extrèmité, & terminée par des @hevelus 10: & fimples. J'ignore {ur quel fonden inné Va décidée annuelle, puilqu’elle 4 toi D N ractéres des plantes vivaces & qu’elle le cf" 4 ment. Les feuilles font en général plus profon- dement découpées, que celles des variétés pré- cédentes : leurs finuofités font plus irrégulieres, … fouvent recourbées , & d’une forme bifarre. Mais en général les feuilles confervent la forme eflentielle aux pifflenlits, c’eft-à-dire une feuille, diminuée vers la racine, jufques près de la côte, qui s’élargit infenfiblement; & n’acquiert des finuofités , qu’à une certaine diftance de la raci- ne: leur fubftance paraît moins ferme & moins épaifle, que celle des variétés des terres arides. Le péduncule s’éleve plus ou moins , fuivant les individus ; j'en ai vu, où il reftait à la hauteur des feuilles, & d’autres où il s’élevait le double plus haut. Il eft en général aflez épais , & ter- miné par une fleur compofée de M de demi fleurons. Le calice eft formé de Tr rs rangs de feuilles, qui fe recouvrent#mutuelle- ment. J'ai attendu jufqu’à préfent de parler de. à la villofité de cette plante, qui varie exceflive- ment, Les individus , qui croiflent dans les terres 46 Memoires relatifs humides, font abfolument ras dans toutes les parties ; mais dès qu’ils croiflent dans des ter rains, où l’humidité n’efb,ni forte ni conftante, ils commencent à fe couvrir de poils. Ceux qui offrent les premieres nuances portent fur le ca- lice quelques poils blanc& fort courts; infenfi- blement ils s'étendent {ur le péduncule ; enfin d’autres ie en portent fur toute la plante , unifent à la variété des terres arides. individus ont leur calice ras, & les es ; mais cette nuance eft très-rare, ue , la maniere d’ètre ordinaire des S font les parties voifines des organes génération, qui portent le plus de poils. Me Profefeur de la Chenal a déja fait lob- fervation, que la variété des terres humides fe charge quelquefois de poils en tout ou en par- tie (a). M. Allioni a aufli remarqué, que cette plante eft rale, dans les lieux humides, & ve- lue , dans les lieux rocailleux : mais la figure qu’il donne, exprime plutôt une plante très- velue de la variété des terres arides, que celle des terres humides (2). La figure donnée par M. de Jacquin exprime très-bien la variété des terres les plus humides ; il elt rare cependant d’en trouver, dont les feuilles foient auifi peu découpées ( c ). JE trou AG RREDIS le Piflenlit dans les. fa forme y elt modifiée, comme DE les autres plantes. Ses feuilles *' (a) obferfétiohes botanico - Medicæ , p. 1. …. (b) Flora pedem. Tab. 7o. f. 3. (c) Flora aufir. Tab. 164. Au regne végétal. 47 xeftent petites, longues d’un pouce, de: deux au plus , & confervent la découpure qui leur eft effentielle. Le péduneule eft mince, courbé par le poids de la : cette. derniere elt petite . compofée d’un t nombre de fleur ; {on calice eft formé d’un feul rang de Ruis quelques petites à leur bafe. Les aigre qui, dans les individus bien développés F n plu meufes, font fimples dans ceux- en- dant impofhble de faire une efp 4, RE rence de ces deux caractères , magie diviliots de plus d’un botanifte célèbre. Ces individus des tourbieres me ae” 2 démontrer , que le Leontodon livens de M AI bioni , n’eft qu’une variété : fes feuilles , les ham- pes, le calice & les fleurs font ras, & les mês mes que dans la varieté des terres humides; mais {es aigrettes {ont fimples. La figure, que cet Auteur célèbre donne de fa plante, exprime très. bien une maniere d’être de cette variété, que jai trouvée plufieurs fois (a). Le caractère, qu'on tire des aïigrettes fimples ou plumeues, me paraît plutôt un caractère fiftématique, qu’un caractère fondé fur la nature. Tout naturalifte , qui aura un peu étudié les plantes & fuivi leur dégradation, doit avoir obfervé, que les aigret- tes perdent de leurs poils, à mefüure que la plan- te eft moins vigoureufe ; & que de elles deviennent infenfiblement fin fuppofant mème que le Leontodondivens ne foit pas une déoradation du Picris da (a) Flora pedem. Tab. FRE NA S, AVEC D ol La 48 Memoires relatifs caractère ne peut pas fuffire pour établir deux elpeces , & à plus forte raifon deux genres. Des individus d'une mème efpece fe clafleraient d’eux- mêmes , fous deux genres; ceïque tout natura- lifte. doit éviter. M ue Je dois réunir 1ci une plante , que j'ai cueillie danséles ravins du chemin neuf, qui conduit depuis le village d’Aven , dans le haut Vallais, au mont Cheville. Ses feuilles doivent ètre dé- compolées, pour pouvoir les décrire. Leur côte “ft bordée jufqu'à l’extrèmite, d’une expanfon feuillée, d'environ une demi-ligne de largeur; d'où fortent, d’efpace en efpace, des lanieres, larges à leur origine, qui fe retréciflent tout-à- coup & fe prolongent , ou droites ou courbées, fur une longueur de quelques lignes & une largeur très-petite. Ces lanieres ne font jamais parfaitement oppofées ; ce qui contribue à rendre finguliere la forme de l’enfemble. Les feuilles font rafes , ainfi que le refte de la plante. Les péduncules furpañlent les feuilles , & font ter- minés par une fleur, compofée d’un petit nom: bre de fleurons. Le calice eft ras, & compofé d’un feul rang de feuilles : les aïgrettes font plumeufes. Quoique je n’aie pu découvrir les caufes, qui ont fi fort altéré la forme de ce Piflenlit, j'ai cru devoir le rapporter aux varictés innombrables du Piflenlit ordinaire. Des obfer- -vations plus multipliées nous offriront fans peine les nuancesé qui le rapprochent des variétés , dont les feuilles font prefque entieres. Ke LE $ au regne végétal. 49 "LE PISSENLIT, VARIÉTÉ A PÉDUN- .CULE ÉPAISSI SOUS LE CALICE (a). Cette variété particuliere aux alpes, a des caracteres très-diftinéts : fon péduncule eft rare. ment plus haut que deux pouces , ,& s’épaiflit à , mefure qu'il s’éleve, de maniere que fa partie la plus large touche le calice, & fouvent égale fon diametre. Les poils qui le couvrent, font longs, foyeux, & d'autant plus nombreux, qu’ils font plus pres de la fleur ; ordinairement le bas du péduncule eft ras. Les feuilles varient infini- ment pour la profondeur des découpures : j'ai cueilli des individus , où les divifions pénétraient prefque jufqu’a la côte ; d’autres, où à peine elles étaient marquées; & mème j'en pofléde un, dont quelques feuilles font entieres. Ainfi les mèmes variations qu’on obferve fur les autres piflenlits, fe retrouvent fur celui-ci; & fi elles ont été moins vues, c’elt qu’il eft plus rare. C’eft auf pour. cette railon , que plufieurs formes accidena telles ont pañlé pour caraétériftiques. Haller dits que les péduncules font courbés ; jen ai vu plus fieurs qui ne l’étaient pas. On donne générales inent l’exceflive villofité du calice pour caractere #$ éependant je poflede un individu que je dois à M. Thomas, dont le calice n’a que des poils éoufts en petit riombre : cet individu forme une huance qui rapproche cette plante de la variété rafe. Les feuilles de cette variété font ordinai- rement rafes; tous les naturaliftes donnent ce (a) Picris cale hirfuto unifloro ; foliis glabris, fes mipinnatis ; calycibus hirfutis Hall. hifi. n°. 27. Tome L. D ! fo Mémoires relatifs 4. at te caractere ; & comme eux je ladoptais ; jufqu’au moment, où j'ai vu dans l’herbier de M. van Berchem fils, une plante cueillie au jardin (a), qui mie parait aflez intéreffante pour exiger quel- qües détails. Cômme toutes les produétions végé- tales que les naturaliftes y-ont cueillies, elle eft d'une petitefle finguliere : fon péduncule haut dun pouce, s’épaiffit en approchant du calice ; il ft couvert de longs poils, mais peu nom- breux, & leur nombre diminue à mefure qu’ils s’éloignent du calice. Le calice eft plus velu que le 'péduncule. Les feuilles font courtes, entieres, dvec des dents prefque infenfibles ; & refflemblent par leur forme à celles de la variété des alpes, mais elles n’ont pas le rétréciflement qui caractérife ces dernieres : elles font couvertes de poils rudes très nombreux, de là couleur de la feuille. Ainfi cetté plante réunit, l’épaiflifflement de la variété dont nous nous occupons, une partie de la forme de la variété des alpes, & les poils de celle des tertes arides. Joignons ici les différences que j'obferve , en comparant les bonnes figures de cette variété aux individus que jai cueillis, pour rendre Fhiftoire de fes variations aufli complete que poflible. La figure donnée par M. Retz & fa def- cription (b), nous la peignent avec des feuilles tafes à peine dentées, un péduncule ras, épaiffi | 5 | - (a) Les naturaliftes connaïffent ce lieu fingulier, par la defcription que M. van Berchem en a donné, dans ün ouvrage intéreflant, intitulé, Æxcur/ions dans les adnes di haut Faucigny , @ÿc, (b) Retz fat. IV. Tab. 2. au mêgne végétal. Si fous le calice, & une fleur penchée avant la floraifon. Nous n’avons jamais obfervé cette nuta- tion en Suife ; mais le refte de la figure exprime parfaitement celle de notre plante, excepté {ur les poils; les individus prelque ras font fort rares dans ce pays. La figure que donne M. Allioni (a) eft très-bonne : excepté feulement, qu’elle repré- fente des individus à deux fleurs , individus qu’on obferve rarement. J’ignore fi quelqu’autre auteur a fait craver cette plante. Il eft plus difficile de concilier les defcriptions : celle que donne Linné (h), differe en quelques points ; comme relativement au calice, qu’il dit très-embriqué, tandis que fur les individus de la Suifle, il l’eft peu ou point; il eft vrai que le nombre des feuilles du calice varie beaucoup, & cela influe fur le degré de fa compofition. Cependant cette différence, & quelques autres que }’ai cru recon- naître, m'empéchent de décider fi la plante de Linné eft différente de la nôtre, ou fi elle doit fes caracteres particuliers à la nature des lieux qu’elle habite. La delcription que M. de la Marck donne, fous le nom de Piffenlit de montagne (c), convient parfaitement à notre plante. Je puis feulement propofer des indu@ions, tirées des principes généraux fur les variations des plantes, pour preuves de mon opinion fur cette variete : les circonftances m'ont empèché juiqu’à préfent de le cultiver dans la plaine; & de prouver par les chansemens de forme qu’elle (a) Flora pedem. Tab. 31.f. 1. Cb) Hieracium Taraxaci Linn Sif. veg. ed Reich. (c) Flore françaife. T, 3. p. 640. s Z ÿ2 ÎMesnoires relatifs y doit fubir, fon identité Mec les autres variétés qui compofent l'efpece du Piflenlit. Cette variété croit fur les alpes élevées, dans les lieux découverts, expofés à toute l’action du foleil : les individus qui croifflent dans des régions moins élevées, & ceux qui fe trouvent dans des pofitions à l’om- bre, ont leurs caracteres moins fortement expri- més : l’épaifliffement de leur péduncule eft moins grand ; leur villofité diminue; & l’augmentation de volume qu’ils y acquierent, contribue encore à faire difparaïître leurs formes eflentielles, car l'intenfité de leuts caracteres dépend fur-tout du peu d’extenfion des parties. Les nuances que j'ai obfervées dans ces deux pofitions , m'ont fait préfumer celles que cette plante fubirait dans la plaine; je me propofe de les vérifier un jour, & alors je les ferai connaître. Il eft connu que les forces reproductrices des plantes ne diminuent pas dans leurs variétés des alpes, & que même au contraire elles augmen- tent. Le petit nombre des fleurs, figne d’apau- vriflement dans les plantes de la plaine (a), eft compenfé fur les alpes, par une ou deux fleurs, qui fouvent égalent, ou furpañlent le volume de la plante. Les molécules nutritives fe portenit ‘avec plus de force, vers les organes de la repro- duction ; foit à caufe du peu de fubdivifion qu’elles foufrent ; foit à caufe de l’accélération de la vie, qui eft conftante fur les hautes fommités. Elles agiflent avec plus de force, & augmentent les L8. VEN CRE. €. (a) Je parle ici des plantes herbacées , & non des _ plantes ligneufes , qui ont une organifation tres.diffe- rente, { 4 _. au regne végétal ‘3 parties voifines de gelles de la génération, où leur mouvement rencontre néceflairement des retards. De-là laugmentation de volume des fleurs; celle des péduncules , dans la variété dont nous nous occupons ; & le nombre des poils, qui font en général plus fréquens vers les parties fexuelles qu'ailleurs; & qui le font infiniment davantage dans les variétés des alpes, que dans celles de la plaine. Enfuite de cette explication, dès qu’une plante, ou un de fes individus ferait dans une pofition moins élevée, ou garantie de la lumiere , l’épaiffidément de fes péduncules , & le ombre de fes poils diminueraient ; & cette conclufion des gpincipes eft d'accord avec les obfervations qua rapportées. | La plante que j'ai oblervée dans l’herbier de M. van Berchem, eft encore une confirmation de mes principes. Toutes les apparences nous annoncent, que c’eft un individu de la variété des alpes ; qui ayant cru dans une pofition plus élevée , qu’elle ne fe trouve ordinairement, a pris un caractere qui le rapproche de la variété parti- culière à cette pofition : un feul fait nous in£: truit fréquemment des plus grandes vérités. Le: jardin eft de tous les lieux, que jai vu dans les alpes , celui qui nous offre les faits les plus inf tru@ifs : fon élévation eft jointe à la chaleur, que fa pofition abritée, & la reverbération des glaces qui l’entourent, produifent : il réunit dans un mème lieu, les effets de la hauteur & de la chaleur. On peut en trouver des preuves frap- pantes dans la notice que M. van Berchem a bien voulu donner, des obfervations botaniques que j'y ai faites, $4 Mémoires relatifs Ÿ Depuis que cet article eft fini, j'ai reçu une lettre de M. Smith, näturalifte connu par plu- fieurs bons ouvrages , & poñlefleur de l’herbier & des manufcrits de Linné : il a eu la complai- fance de comparer Ja plante, contenue dans cet herbier , {ous le nom de Hieracium Taraxaci, avec les figures données par les différens auteurs ; & m'afiure qu’elle reflemblerait à celle du Picris Taraxaci de M. Allioni (a), fi cette derniere n'avait pas deux fleurs. Cette comparaïlon fixe donc les incertitudes, que la defcription impar- faite de Linné peut faire naître. L’herbier de Linné, étant entre les mains d’un botanifte éga- lement inftruit & communicatif, deviendra d’une utilité infinie , pour ‘éclaircir 1@ obfcurités, où la méthode ra travail, adoptée par cet auteur, jetera les naturaliltes futurs. LE PISSENLIT, VARIÉTÉ DES ALPES (b). Cette variété eft certainement la plus modi- fiée de toutes celles dont nous devons nous occu- per; aucune ne s'éloigne autant de la forme pri. mitive , & cependant par un fingulier hafard, ceft la feule dont Linné ait fait une variété. Sa racine, .eit femblable à celle des variétés précé. dentes, également tronquée à l’extrèmité ; mais, comme celle du plus grand nombre des plantes des alpes , elle s’étend horifontalement & Îe garnit de chevelus {ur un de fes côtés. Les feuilles ont un rétnéciffement plus marqué & plus long, ( a) Flora pedemontana Tab. 31. Fe Cb) Leontodon pyrenaicum Gouani. 2 au regne végétal. S$ que celles. des autres variétés ; fouvent äl égale en longueur le refte. de la feuille, &:sélargi infenfiblement , pour former une expanfion ovale, entiere , ou légerement. finuée fur, les contours. Leur furface eft quelquefois .rafe.& d’autres-fois couverte de poils, plus ou moins nombreux + ces poils font plus minces que ceux, des variétés précédentes, on les trouve quelquefois, branchus. Dans d’autres individus lerrétécidement &&.plus court, la feuille eft garnie de finuofités plus;mar- quées ; & ces nuances plus où moins expriméess fe rapprochent de la variété des terres arides. Des deux figures , que M. Gouan.a données, ! l’une offre la forme de cette variété, &-la feconde celle d’une des nuances : il ferait à défirer,.qué cet auteur:eût donné. quelques autres. figures, encore plus éloignées de la forme connue, ( a). Une autre variation qu'offre encore cette plante; eft la forme qui termine les feuilles : les unes {ur tout, celles où le retréciflement eft très-lons, font terminées d’une maniere fort arrondie ; d’autres, & cela augmente dans celles où.le rétréciflement eft le plus court ,, diminuent infenfiblement. de largeur depuis leur milieu & fe terminent'ien pointe : des nuances réunifflent deux formes aufff différentes, fouvent mème fur un feul individu. La hampe furpañle toujours les feuilles : elle eft mince, & porte une feule fleur, femblable à celle des autres variétés ; excepté peut-être qu’elle con- tient un plus petit nombre de fleurons; fon calice eft légerement cotonneux, &. formé d’un feul s (a) Uluftr. bot. Tab. 22. fig. 1 €3 2. 6 Mémoires relatifs rang de feuilles, ou de deux , fuivant le degré de développement de Pindividu. Les aigrettes font Grdifiaitement plumeufes. L 1 Cette”plante eft commune dans tous les pâtu. rages élevés des alpes; & je fuis étonné que le baron de Haller, qui paraît lavoir connue (car {on Taruxucum n°.$ (a), ne peut ètre que notre planté’) en parle à peine comme variété, dans fa feconde édition, M. de la Chenal a retiré cette plante de Poubli; & en donne une bonne defcrip- tion dans une differtation inaugurale (b). Il ef difficile à une perfonne , qui voit mème une feule fois, les Alpes, de'ne pas la cueillir, puifqu’elle eft un des compofans des pâturages à une certaine hauteur. Et | ‘Un petit nombre d'auteurs a parle de la variété des alpes du Piffenlit, d’une maniere reconnaiffa- ble ; car les figures de Taberné & de l’Eclufe ne font pas aflez exactes, pour que leurs fynoni- mes doyent fürs ; & la phrafe de Vaillant, Tara- xaconoides slabra , minor ; fpatule foliis integris au €ÿ dentatis. flore majore (ec), qui paraît fe rap- porter ici, ne nous offre aucune certitude. Ilme paraît préférable de laifler ces citations douteufes, & de fe borner à des defcriptions ou figures modernes, aflez exactes pour nous garan- tir dorénavant des erreurs ; & les figures qu’a fait graver M. Gouan, répondent completement à ce qu'on defire : elles ne different abfolument - \ (a) Taraxacum foliis intepris | dentatis ; calice hif- pido. pappo plumofo. Hall. Enum. fhrp: p. ar. * (b) Obftervationes botaniço-medicæ.p. 1... (c) Mémoires de l'académie des ft. année 1721. p. 179. au regne végétal. _ . $7 des échantillons cueillis en Suifle , que par le nombre des ftipules qui couvrent les hampes. M. Allioni décrit une nouvelle efpece , fous le nom de Picris faxatilis , qui me parait fe réunir ici : Ja figure que ce botanifte célebre donne (a), exprime une nuance, entre la variété des alpes & celle des terres arides; mais jai de la peine à concevoir , que cet auteur y rapporte comme fynonime, le Leontodon alpinum de M. Jacquin, lante très-différente, On ne doit pas confondre he la refflemblance du nom fpécifique, le Picris faxatilis de M. Allioni & le Leontodon faxatile de M. de la Marck; c’eft un inconvénient de donner les mêmes qualifications à des efpeces différentes. Le Hieracium incauum de M. de Jacquin (b) . ne peut pas être tout-a-fait réuni äscette variete : fes feuilles longues, lancéolées, finuées fur les bords , blanches en deflous, qui n’atteignent que le tiers de la hampe; & {es fleurs plus grandes, le différencient un peu, fans néanmoins en faire une efpece diftinte. Comme il n’a pas encore été cueilli en Suifle , je me bornerai à cette notice. On trouve dans les autres pays de l’Europe, fur- tout dans la partie méridionale , quelques efpeces de Pifflenlits, qui me paraïiilent évidemment des variétés d’une feule efpece primitive; mais comme je ne pourrais en parler que fur les rapports, fouvent imparfaits des autres botaniftes, jai pré- fére d’avertir feulement de la pofhbilité de leur réunion : ces plantes font le Leontodon bulbofun: ce: , Ca) Flora pedemont, Tab. 14. f. 4. (b) Flora aufriaca Tab. 287. s8 Memoires relafifs . L. le suberofum L. le raji G., tous de la France méridionale. I] ferait intérefflant, que les botaniftes de cette belle partie de l’Europe obfervaflent les nuances de ces efpeces ; ils verraient certainement les pañages qui les réuniflent, & les caufes de leurs différences. À Outre les Piflenlits, dont j'ai crayonné l’hif toire, on trouve en Suifle deux plantes, qui peuvent être réunies à leur group : ce font le Leontodon aureum L. & la Hyoferis fetida. L. La premiere a déja été réunie aux Piflenlits, & la feconde en a été féparée à caufe de fes graines, dépourvues d’aigrettes. J'ai déja fait remarquer dans ce mémoire, que les caracteres tirés de la pré- fence ou de labfence des aigrettes, de leur for- me &c. ne font pas fufffans pour diftinguer des efpeces, à plus forte raifon pour diftinguer des genres. On obferve des varietés du Piffenlit, dont une partie des graines manque d’aigtettes, & ce caractere était évidemment accidentel. Lors mème que l’abfence des aigrettes ferait un, carac- tere fixe, comme il ne peut être faifi que dans un moment de la vie des individus , il me paraît infuMifant pour clafler des plantes ; à peine pourrait-il fervir pour diftinguer des efpeces, & encore faudrait-il que la différence du port, ou d’autres caracteres fcrviffent de confirmation. Ces principes établis , il paraît vifible que la Hyoferis fetida L., dont le port, la dilpofition des feuilles , la hampe nue, uniflore & pleine, reflemblent à ceux des Pifflenlits; peut ètre réunie au group qu'ils forment, quoique fes graines n’ayent jamais d’aigrettes. | Comme cette efpece eft fort connue, & que au regne vègetal. 59 je ne lui ai obfervé aucune variation marquée , je me bornerai à donner uñe courte notice des caracteres qui la diftinguent des Piflenlits : comme on ne l’a jamais comparée à ces plantes, ce tra- vail ne fera pas inutile. Les feuilles de la Hio- feris fetida {ont plus minces que celles des Pif- {enlits ; leurs dentelures pénetrent jufques pres de la côte; elles font plus nombreufes, plus près les unes des autres, & les intervalles qui les féparent, n’ont point cette forme courbée en fegment de cercle, qui diftingue. celles des Pifen- lits : les dentelures des feuilles de la Hioferis fetida font prefque quarrées ; elles{ont aufli à peu près: également diftantes dans toute leur longueur. Le, péduncule eft mince, faible, de orte une fleur. remarquable par le petit nomb 1 fes fleurons. Quoique l'obfervation fuivante n’aye pas éte faite , avec touté l'attention qu’elle aurait exigé, pour acquérir une parfaite certitude, Je crois. devoir la rapporter. J'avais envoyé en Suifle des graines de Hyoferis minima L., que j'avais recueil- lies en Gueldre : ces graines , femées dans un jardin , ont manqué pour la plupart; mais il a levé deux ou trois individus qui fe font trouvés, lors de leur floraifon, être l'Hypocheris glabra L. les botaniftes favent que cette derniere efpece différe de l’autre, par fon volume plus confide- rable , & par les aigrettes qui couronnent fes graines. Une telle obfervation devrait être répé- tée, pour être parfaitement fûre : cependant l'Hypocharis glabra L. n’exiftait pas dans ce jar- din, elle ne croît point dans cette partie de la Suifle, je ne l'ai jamais vue en Gueldre, & elle a leve dans Pendroit où on a femé les graines C2 60 Mémoires relatifs de la Hioferis minima. Si cés probabilités n’égalent pas une certitude, elles font aflez fortes, pour nous faire douter de la certitude d’un caractere ’ 71 ñ » 1 . générique , fondé fur la nature des aigrettes. DE LA DENT DE LION. Jai confervé à cette plante, le nom qu’elle porte dans plufieurs endroits, pour la diftinguer des précédentes, dont elle differe par un carac- tere très-frappant: Elle leur reflemble, par la conformation des racines & des feuilles; fes. fleurs font également portées par des hampes ; mais ces hampes font creules & d’une fubftance très-caffante, d'où tranfude beaucoup d’un fuc blanc, dès qu’on les blefle ; au lieu que celles des Piffenlits font pleines, ou fi elles ont une cavité, c'eft immédiatement vers le calice, dans les variétés dont la hampe s’épuiflit fous la fleur. Les fleurs, par leur conformation & teurs détails fexuels, n’ofrent aucune différence caractérifti-, que : car la fimplicité ou villofité des aigrettes varie ; leur maniere de s'implanter fur la graine varie auf, puifque tantôt elles font pédiculées, & d’autrefois fefliles : la réflexion des feuilles inférieures du calice eft un caractere peu fixe, qui ne pouvait être admis qu’en nomenclature. Mon but actuel n’eft pas de faire lPhiftoire complete de cette plante : il me manque encore plufieurs des variations qu’elle fubit, quoique j'en aie déjà réuni plufieurs : maïs j'ai cru devoir. faire connaître une variété finguliere & peu con-. nüe , fur:tout en Suifle ; c’eft celle des tourbieres * que M. Scopoli a confidérée comme efpece , fous “ eu. regne végétal. éi le nom d’Hedypnois paludofa (a), & que MM. Ligt- foot (b), & Hudfon (c); tbouionnient /à-da Dent de lion. Cette variété contredit les phrafes & définitions des auteurs ; il eft donc eflentiel de la bien décrire. Sa racine eft unë cuifle char- hue, garnie dans fa longueur, de quelques che- velus plus ou moins ram ee. Son collet eft ordinairement fimple & garni de quelques feuilles dont l’enfemble eft moins “a que celui de la variété Commune : chaque plante en porte rare- ment plus de trois ou quatre. Les feuilles font étroites à la partie qui Là aux racines , … &ç s'élargiffent infenfiblement”juigues près de leur extremité ; elles ne font FR mais couchées : leur côte Brincipale elt plus g v. plus char- nue ; leur fubftance eff plus paie & plus ferme; elles nous préfentent quelque analogie, avec les plantes aqueufes, fi communes dans les pays chauds. Leur contour eft fréquemment entier & fans dentelures, alors elles font prefque linéai- res ; mais quelquefois elles font plus larges & garnies de quelques finuofités , plus ou moins ñombreufes , profondes , ou variées. Ainfi il exifte, dans la forme de ces feuilles & dans leurs variations, des nuances qui les rapprochent plus ou moins de la forme originelle. Les hampes ont creufes & fragiles, comme celles des autres variétés : mais elles nous préfentent fréquemment une forme qui eft plus commune dans les pro. ductions des alpes, que dans celles de la plaines * ÿ # 4 y (a) Flora carniolica Ed 2 Tab. 48. à à (b) Flora ftotica p. 432. Sal (c) Flora anglica Ed, 3 T: 3, p. 339: # Ni 1 j ? e . 62 Memoires relatifs c’eft une courbure; en forme de S renverfée , plus ou moins prononcée, mais dont le tipe exifte toujours. À peine la hampe eft-elle dégagée du collet, qu’elle commence à fe contourner ; elle s’allonge prefque horizontalement, & pres de la fleur, elle fe courbe encore pour prendre la pofition verticale. La fleur eft petite, d’un jaune pâle; ellesn’offre du refte aucune diffé- rence, excepté dar n calice, dont les feuilles intérieures font elliptiques, ferrées contre les fleurons, & $allongent un peu plus qu'eux; tandis. que le extémieures font la moitié plus courtes, ovales ,n peu allongées, & fortement appliquéesgcontmé les premieres ; elles ne font jamais M PE en déhors. Les graines font rabo- teufes, & portent leur aigrette fur un pédicule. Les différences de cette variété confiftent donc : 1°. Dans la confiftance & la forme entière des feuilles : 2°. dans la forme contournée des ham- pes : 3°. dans le défaut de feuilles courbées au calice. Mais, quoique ces caracteres ayent été jugés eflentiels (a), par beaucoup de natura- liltes ; nous ne pouvons confidérer cette plante, que comme une variété due à Ja nature des lieux qu’elle habite. On la trouve dans les tourbieres & les marécages, expolés à l’aétion du foleil; principalement dans ceux, où croiffent le Poulliot, - * (a) Linné donne la phrafe fuivante, calice inferne « ® réflexo, foliis runcinatis dentatis, & tous fes copiftes ont fuivi. Haller donne la fuivante celycibus glabris , Quamis, imis reflexis. Or, files phrafes doivent renfermer caracteres les plus effentiels. ces auteurs ont commis une erreur , en admettant la conformation du calice: au regne végétal. 62 le Scordium, &c. Elle eft commune dans la partie méridionale de la Suifle; on la trouve autour de Laufanne, däns les marais de St. Sulpice, & près de la fontaine des plaines du Loup; dans le marais de Choulin, au-deflus de Vevey, &c. M. de la Chenal la cueillie dans les prairies marécageufes des environs de Michelfeld (a). (a) Aëla helvetica T. 9. NE LT QE : Bi. | CORRECTIONS Et augmentations à faire, à la premiere famille de l'Hifioire des plantes de la Suiffe, . du BARON:DE HALLER. ; Par M. EL. 4 CHENAL. : Profeffeur de Botanique hé , à l'Académie de Bâle. * + Traduit du Lane Tome IX. des Aëta helvetica aveé des notes, par M. RE YNIER. | $. L | Baron de Haller a confondu deux efpeces différentes ; fous le nom d’Hypocharis caule uni= floro, foliis dentatis birfutis. Hall. Hift. fi. n°.2. La premiere, à qui convient principalement la defcription de cét auteur, & la figure qu'il a donnée dans fon ouvrage, PL r., eft la mème qué celle des auteurs fuivans. Hypocheris hbelvetica NWVÜLFEN , décrite dans les Mifc. auftr. JacQ T. 2. p. 25, & figurée dans les Plant. rar. JACQ. Tab. 4. n Hiéracium montanum ; fois dentatis ; flore Managno. C. B. Prodr. p. 6$. Pin. p. 128, d’après | n herbier. | * Lin ; Hier aciun alpinum latifolium , birfutie inca- m, flore maguo. SCHEUCHZ. Itin. p. 135$. Je oupconne que cet auteur parlait de cette efpece ; | puifqu'il Vs au regne végétal. 6s puifqu’il dit que fa plante a toujours une feule fleur , portée par une tige épaifle & creufe. Hypochæris foliola VicL. f. delphin. p. 88. . Hypocharis, uniflora. ALL. Stirp. pedem. T: x: 2-230. n. 350. Tab. 32. f. 1. Hypocheris (helvetica ) caule fimplici, foliofe ; unifloro ; foliis lanceolatis, dentatis. MURRA y. LiNN. Sy. Ves. Ed, 14. p. 721. n°. 1. Cette plante n’eft point rare dans les prairies des hautes Alpes: Gafpard. Bauhin & moi, nous l'avons obfervée fur le S. Gothard : je l’ai cueilli enfuite daus la vallée d’Urferen & fur le Splü- gen : Scheuchzer l’a vue fur le Maloja; & d’au- tres en Vallais , dans les Grifons ; & dans le gou- Vernement d’Aigle. MC or On reconnaît facilement cette efpece , à fa tige épaiflie fur le calice, couverte de feuilles vers le bas , & terminée par une fleur d’un tres - gros volume, dont le calice eft garni de cils fur les bords. . La feconde efpece eft l’Hypocheris maculatæ de Linneé & des autres auteurs ; plante trop con- nue, pour que }’aie befoin de citer fes fynonimes. J'ai cueilli cette efpece fur le mont Generofo, & dans les paturages les plus élevés du mont Ballon en Alface. Peut-être que quelques-uns des endroits cités par le Baron de Haller , doivent être rapportés à cette plante. x Le S..IE _ J'ai cueïlli PHypocharis. glabra L. dans fes champs humides, derriere le village d'Allchwei- ler , à peu de diftance de Bâle. | # Tome lI. . 66 Mémoires relatifs 4 due 2 ONSD LU Bu 14: Une plante que jai cueïillie, dans plufieurs térres fort arides des environs de‘Bäle , me pa- rdit fe rapprocher, par fon caractère générique, du Rhagadiolus foliis Jemipinnatis , afperrimis Hazz. Hifi. fl. T. 1. p.5. n°. 7. Elle en differe par fes feuilles fimplement couvertes de poils & ‘peu rudes , femblables à celles du Leontodon pit L., mais moins grandes & plus étroites. Son calice eft prefque ras & fa fleur plus petite. Peut-on la réunir aw Leontodon birtum LiNN.? mais cet auteur lui attribue des poils fimples, & ceux de notre plante font aufli fourchus , que ceux du L. hifpidum : 1] paraît cependant par la courte defcription que Linné a donnée , qu’il vou- lait parler de la mème efpece. | Les fynonimes les plus certains de notre plan- te, font les {uivans. . | _ Rhagadiolus taraxacoides ALL. ff. ped T. 1. D. 227. n. 836. nos ot Hyoferis (taraxacvides ) folis fsnuato dentatis,, feminum centralium pappis plumofs, pilis foliorum furcatis , radice fitrofa ViLL. Profp. p.33. Tab. 26. f.3:, d’après M. Allioni. Le nom me parait ‘convenir, mais je ne connais pas la figure. » Leontodon faxatile, Piffenlit de Roche. La MaRCK fl. franc. T. 2. p. 115. bonne defcription. f Leontoaon birtum LEERS fl. herborn. p. 168. « « 7°. 606., avec une excellente defcription. * Leontodon bifpidum PorricH Hift. plant. Palat. té 382. n°. 737.: du moius il le paraît par defcription. | Q é: au regne végétal. 67 Comme j'ai traité dans un mémoire par. ticulier , l’hiftoire des Piffenlits de la Suife ; je n’entrefai ici dans aucun détail fur cette plante. Il parait, par la defcription de lau. teur & par fes citations , qu’elle eft une des nuances, entre la variété des terres arides & celle des rochers. Elle fe rapproche fur- tout de celle à poils bifides & fommités prefque rales, que j'ai cueillie dans les val. lons , entre les Dunes de la Nord Hollande, Note du traduiteur. EN SL La Prenanthes tenuifolia LiNN. fp. plant. Ed. REICH. p. 929. n°. 1, ALL. fhirp. Pedem. T. à, pu225. n°. 828. Tab. 33. f. 2., doit être ajoutée à la lifte des plantes indigenes en Suifle, fi elle differe réellement de la Prenanthes purpurea. Je l'ai cueillie autrefois dans les bois montagneux des TS de Muttenz. Ses feuilles font lancéolées , prefque linéaires, longues , entieres {ur les bords : du refte elle lui retlemble , & je préfererais de les réunir. $. V. _ On trouve en Suifle, cinq ou fix des efpeces de Picrides à tiges uniflores, qui ont été diftin- guées par les auteurs ; je vais les faire connaitre en peu de mots. JL. Pieris caule nudo, unifloro ; foliit: afperis dentatis. HaLL. Hif. ff. T.s.p. 11. n°25 Taraxacum foliis afperis , ériangulariter denta- 2 68 Mémoires relatifs ci tis, pappo plumofo, calice hifpido. HALL. Enum. IRD V7AS. n". 6: * Leontodon hifpidum L. & de prefque tous les auteurs modernes. | Hieracium caulibus aphyllis glabris.DixLL.Ephem. mat. Cur. Cent. 6. app. p. 62. Tab. 9. f. 18. Picris hifpida ALL. fhirp. ped. T. 1.p.210.n°.764. Hieracium dentis leonis folio monoclonon fubaf- perum. C. B. Pin. p. 127. & de {on herbier. Hieracium afperum folio oblongo , obfcure laci- uiato C. B. On trouve, fous ce nom , dans fon herbier , une variété à feuilles prefque entieres. Cette plante varie infiniment : tantôt fes feuil- les font entieres ou légerement dentées, termi- fées pat une pointe obtufe ou aiguë; d’autres fois 0 font plus dentelées & mème femipin- nées. La villofité des feuilles, des -hampes &'du calice , varie également. On trouve auf des diffé- xences dans la grandeur de la plante; j'ai devant moi, pendañt que j'écris cet article, des échan- tillons, dont les hampes ont deux pieds de lon- gueur & les feuilles plus d’un pied; tandis que d’autres atteignent à peine Ja hauteur de quelques pouces.Cette efpece eft commuñe, & fleurit pen- dant tout l'été, jufqu’en automne. On peut rapporter à cette plante , comme très-voifine le Leontodox alpinum JACQ. f. quir. Vol. 1. Tab. 97. Leontodon ( alpinum) calyce toto ereflo €3 fcapo. anfra florem hilpidis, foliis dentatis [ubpilofis, fetis frmplciffimis. MurRAY LiNN. Syf. Veg. Ed. 14. D. 715: N°. 7. Les échantillons que j'ai reçus de M. Jacquin, reflemblent parfaitement à d’autres, que j'ai Li L + variété. & Fu au regne. végétal, | 69 # v': : Qucillis autrefois , dans les endroits monta. gneux des environs de Muttenz & dans l'Engen- thal. sé 2 plante me paraît une fimple Dès que l’auteur regarde le Leontodon alpinum JACQ.:, comme une variété du Leon- todon ‘hifpidum ; il doit admettre, que le nombre & la divifion des poils font un ca- ractere infufffant, pour la diftinction des efpeces ; & par conféquent, que la diftinc. tion des efpeces de Piflenlits eft très-arbi- . traire. Ce fentiment eft cependant oppofé a celui qu'il adopte , *puifqu’il cherche à augmenter le nombre des efpeces connues en Suifle. Note du traduéteur. SEL, Picris [capo unifloro , folüis glabris femi pinnatis ; calice levi HALE. Hifi. fi. * Taraxacum foliis integris finuatis, ne plu m0/0, calice glabro HALL. Enum. ft. p.740. n°. 4: Leontodon haflile LiINN. JacQ. fl. auf. Tab. 164. onne figure. todon ( danubiale } calice toto ereo , Levi 5 foliis dentatis levibus ; fcopo unifloro , fabnudo JacQ. Enum. Vind. p.139. Obf. p. 270. n°. 69. avec une-defcription. e ?ePieris danubialis ALL. fhirp. pedem. T. x. p. 211. n°. 768. Tab. 70. f.3. La figure ne me paraît pas devoir être rapportée à notre plante , à caufe dees feuilles étroites , dentées & couvertes de poils : la defcription ne lui convient pas non plus. Hieracium dentis leonis folio, monoclonon, gla. brum C. BAUH. Pin. p. 127. d’après {on herbier. * # Hedypnois paludofa Scor. fl. corn. T. 2. D. 100. n°. 958. Tab. 48. Cette plante, que M. E 3 Lu ” | L3 N 70 Mémoires relatifs | me parait ÿ Scopoli dorinait:comme nouvelle | la mème que celle-ci, & la figure la reprélente affez bien. | 3 Cette plante varie autant , pour la grandeur & la forme, que la précédente , à qui elle reflem- ble Héabconbt: excepté qu’elle eft 'rafe. Je cof1- fens volontiers qu'on les réunifle , ayant des échan- tillons a feuilles velues & calice glabre ; &::d’au- tres qui offrent le contraire. Je fuis furpris que l'auteur ait donné l’He- ‘dypnois paludofe Scop:, pour fynonime à cette variété de Pifleniit ; les auteurs moder- nes font convenus, de la rapporter à la variété de la Dent de lion, dont l’auteur parle , au paragraphe XXXIX. de ce mé- moire. On peut confuler à ce fujet la def. cription que j'ai inférée, dans ce volume ;: SÉ fin de lhiftoire naturelle des Pilenlitss Note du traduiteur. “TL. Picris birta ALL. fl. pedem. 7. 1.p. 210. n°. 764. ? Taraxacum foliis afperrimis, pene fpilofs , pinnato fi Ja nuatis, pappo plumolo HaLt. Enum. ff... 174 AaU 8. La phrale & la defcription , que donne cet auteur, conviennent à cette plante. ainfi qu’une partie des {ynonimes qu'il cite; mais il l'indique dans les mèmes lieux, où il place ; dans fes derniers ouvrages, fon Rhagadiolus , AE: - Hieracinm parvoum yen: vmale aphyllo , M pum quando ficcatum. fi B. ‘hill. T. 2. p. 1038 : la figure & la defcription paraiflent s’y rapporter. Hieraciuni dentis leonis folio hirfutie afperum. ninus C. B. Prod. p. 63, avec une aflez bonne figure. L ré: Qu FACE MOnOClonon à Ph fol afperum C. B. a, ap arence que-ceit de la plante, claffée Ps er ans fon herbier & qu'il avait d'E£ A agne ou ne de fes variétés, que cet auteur LL dans {on Prodrome, fous la dénomination récédente,. - Hieracium afperum minus ffabes folio C. B. On Quye ous ce nom, dans {on herbier, une va- L. petite. à feuilles prefque ailées, couvertes e.poils;raides; de couleur blanche. Il indique avoir recue des terrains fablonneux des environs de Montpellier. Cette efpece differe de la. précédente , en ce qu’ elle efkiplus petite, & que fes feuilles, {à Rampe & fon calice font couverts de poils blancs, + aflez raides pour paraître des épines.. Cette plante eft finguliérement confondue, parles auteurs, avec le "Rhagadiolus dont j'ai déja parlé ($.IIL.); ils rapportent indi fféremment , Jes fynonimes , À toutes deux, de maniere qu’on ne:peut pas les diftinguer, Du refte ,.je dois avouer, que je ne is Dés abfolument convaincu, qu elles doient des efpeces différentes. - Je ne puis pas aflurer, d’une maniere décifive, que cette plañte croit en Suifle : j'en poflede quelques échantillons , que je foupe onne avoir cueiilis dans les environs de Bâle ; mais j'ai ou- blié Len & ne les ai pas vu depuis plufieurs a | de individus , dont l’auteur forme une “im different feulement par leur gran- deur &, par la confiftance des poils qui les couvrent; ils font vifiblement une variété locale du Piffenhit ordinaire. J'ai démontré, E 4 dans mon mémoire fur cette planté le nombre, la confiftance “& la poils varie, fuivant les p ILE eroit & de JS augmentent , à Mmefure que H62 climat eft plus ec & plus chaud: Ees ete, échantillons de Bauhin, que Pauteur cités ont; Pur d'Efpagne, ère de “France "9% © méridionale ;'&. ceux qu'il pofléde ; font! des "environs de ‘Bale ;‘dont le’ climat ER plus . + chaud , que ‘celui ‘du relte de” a” Ni À HO FUINOSE di trodricFeur. a IV. Leontodon (pyrenaicum ) fénpo Levi, pe- dunculis tumidis fquamojis", calicibus ‘villofis * fo. “lis ovato - lanceclatis, petiolatis ; - “fibintegerrins GOUAN. IL. bot. p. $$. n°. 2. Tab. 22. fig. 1. 2. Les figures font bonnes, & repréfentent de etitsindividus ; femblables à ceux que j'ai cueil- Ës dans Ja vallée d'Urferen. re Picris faxatilis ALL. Sxrp. ped. TT. 1. 2 211. n°. 766: Fab. 14. f. 4. = Leontodon pyrenæim Virs. Hi if. Li by du Dauph. T. 1: p:368. ? Taraxacum foliis integris pie: calyce Di pido , pappo plumofo HAzL. Enum. #. ? 74ÿ-n.$. Ir ne s’en éloigne pas. V2: Picris 2$ var. Lfoliis obtufs ‘ovatis € oblou- gi, parum dentatis aut integris HatL. Hif f. P.' 12. ? Cette ef pece était RAT rente, 1- ‘gwellé varie pour la longueur & largeur es feuilles , leur furface velue ou rafe, Fee contour ‘plus ou moins dentelé , &c. : on peut toujours la diftinguer , aux écailles qui font à la partie fupé rieure de fa hampe, < 5 … | egue véét | 73 nte dans plufieurs endroits des Alpes. Je l’aieueillie ävec des’ feuilles un | _peu velu 1 orme fpattile telle que la foute ‘fec de M. Gouan la repréfente , ins'les prés de la vallée d'Urferen:-J'ai oueilli des individus plus développés, dont les feuilles étaient prefque rafes ; & les fleurs plus orandes , fut quelques rhontagnes, comme fur le Vogel- bete; & fur le Bali & le Bloutberg ; forimités élevées des Vôg 19 La pie Hate All doit bien être rap | poÊtée” a. cetté plante; mais la figure , que cet auteur Eh à donnée, exprime-une nuance, ‘entre a'variété!des terres arides du Piflenlit & celle des Alpes. Il ferait inconéevable que _: M: Alliôhi eût connu la véritable plante de à. Gouani, &° qu'il Peût nommée faxariliss . puifqu’elle croit uniquement dans les “prai- ries. + du tradrcteur. UV. Hieracium ( incanum)-foliis ‘integerrimis FRANRE, lanceolatis ; fcabris ; ERA » vd unifloro pond Ves. Ed: 14. p. 716. n°. Leon _bifpidi Linn. Jpec. pl. F. he TIR, D: 1124. n°.8. var. ff. pe. is À qe incanum JACQ. }. auf. T. 3. Tab. 287 Hieracium fois lanceolato linearibns, integris , villofis , Jcapo unifloro. GERARD f. gallopr. p. 166. Apamgia incana ScOP. fl. carn. T. 2. ?- 113. n°. 982. Hieracium montanum 6 CLUS. Pann. p- 145. 146. bonne figure. Hif. P. 2. p. 141. Hieracium montanum 6 Clufio angufifolinm J. B. Hifi. pl. T.2. p. 1038. mn ÀHAENER PRE a 6 74. incanum C. B. pin. :p. 129. Hieracium ridion olio , atfiden Rafladter Tourero leu a: Burfero C B. Se hetbier. ! .. 2 >Les; feuilles { FAR nn point légérement dentelées,, patio par le PPS, | qui les couvre; & doucesau toucher. La hampe eft écailleule vers le fommet...Les fleurs font "d'une certaine grandeur &,.de couleur j if une. Le calice eft noiratre, un, peu, velu, :& formé de trois rangs. de, feuilles. L'aigrette elt. vifiblement plumeufe.;, ainfi.on doit, le claffer, parmi es Picri- des: -& de. setrancher. du nombre,des Ha. Je l'avais réuni, dans les. Aka, helvetica 5 de née 133 avec. le précédent; mais, après lavoi examiné de nouveau, je les fépare. | Jignore, fi on l'a obfervé en Suifle ;,mais je lai cueilli fur le mont Bloutberg ,Wrès-de fainte Marie aux Mines, avec le see pyrenaicum L;, le Leoutodon pyrenaicum G. , + plñeug autres plantes rares. | Jai propoié, dans mon. mémoire fur. les Piflenlits, mes doutes fur la. réalité de cette elpece : : Jai cru devoir attribuer le duvet, L qui couvre fes feuilles , à la chaleur du climat; & en effet , on ne trouve cette plante, que dans les pays méridionaux dé l’ pe. Note du tradutteur. VL Pieris fcapo unifloro hirfuto , foliis Enbrée femi-pinnatis , calycibus hirfutiffimis HazL. Emen. 3. n°. 256. Hifi. Je T1. p. 12. n°. 27. | à Pieris Taraxaci ALL. St. ped. T, 1. p.211.1n" « 769. Tab. 31. f. 1. La figure exprime un indi- A: garni Pr : 1, Ô du refte elle ef bonne. F Hieracidin foliis Manceolatis , gla- bris, {capo Jub calyce birfuto. LINNs rs unifior "e Ed.‘ 2. T.2. p. 1125. n°.2. La defcription É conviént pas parfaitement : à notre plante. * Hieraciuir Taraxaci RETZ OP]. bar ae. 4.30. n°. 1o1. Tab. 2, Les feuilles de la figure font trop peu dénteléés, du refte elle eft bonue,. La racine. eft troiquee ; & donne. naiffänce à beaucoup de me pq & épaifles. A feuil- les font ordinairement rafes , quelquefois elles font hn peu velues ; leur contour, ft, découpé par des dentelures plus ou moins. profondes recourbées. La hampe et Haute de or ou trois up pouces , rafe vers le bas & garnie .. ; éllé fe couvre de poil 5 & pprochañt de la fleur. Le calice e trèmément vel & formé, de trois rangs de feuil- les é qui fe "Rat à peine, & dont les ex- térieures font beaucoup plus courtes que les au- tres. La fleur eft aflez grande, & l’aigrette eft . plumeufe. On trouve cette plante dans plufieurs endroits des Alpes. © Les Crépides, qui croiflent en Suiffe , font ex- ceff ement difficiles à diftinguer. Quoique leur , en fs ,‘EX- $. VE Ê genr * abfolument artificiel , je ne m’occue perai qu’à bien diftinguer les efpeces. La premiere dont Haller parle, ef la fuivante. Crepis foliis fcabris pinnatis, pinnis angulofis dentatis, retroverfis, extrema tr iangulari, maxi= ma Ha. Hifi. fi. T. 1.p. 12. n°. 29, La LE bi , bill * etiolis Jras INN. REICH. T. 3. A 650. n°. se Me eft fiutive ; Gouan 1/L.'bot. p. 59. 1., où il cite comme variété le Hieracium foliis pinnatifidish, binc boflatis, pedunculis nudis lonailfs mis GMEL. À. fr. TL 2 TRE 8. 4 D, que je préfére- fais de rapporter à la, Crépide n°, 31. de Haller. . Fomets pluficurs finonimes allez connus, & | je me difpenfe de donner une defcription d'une plante aufli commune. | Cette plante, qui eft commune dans nos champs. caillouteux & pres des chemins fecs ;. n’eit pas, ue à diftinguer de la füivante, à qui elle femble beaucoup. La couleur plus grifatre de ue lE re à fes feuilles plus velues, , es OS penchées leur ‘épanouiffement; & & fur-to odeur forte de caftoreum , daniandes : ameres , ou d’écorce fraîche de faule, qu’exhale, non- feule- inent la racine, comme M. Gouan 'affare , Gos toute la plante, la font reconnaître. gs % r DONS UE L. D c D tt. 213 La feconde eft la Crepis folis fubfcabris, femipinnatis , pinna ex treme maxima HALL. Hifi. fl. T.1.p.13. n°. 30. Hieracioides foliis ad terram ferratis, pinnatis , pinnis alterne majoribus HaL fl. p.750. n°. 2. | Hieracinm afperum Maximum Chondrilla folio. C. B. Prodr. p. 64. n°.7. Pin. 127. On trouve , fous ce nom, dans fon herbier, une variété un peu rude. , # | (] tà ) tv | À : , Ég AN! À à MR 14 " ér. ” 4 +) D ya “GAP ” « M végétal. 77 Hieyaci nca folio birfutum 4 mer : ar. p- 102$. vec, onne deféription. Crepis tectorum Vie. Hif. des pl. du Dauph. T. 1. p. 367., avec une bonne defcription. Ces fynonimes font les plus fù | ? Crepis (biennis) foliis runcinato pinnatifidis, bafi fuperne dentatis, calycibus muricatis LiNx. Spec. pl. Ed. REICH. T3. p.653, n°2. He ler & plufeurs autres perfonnes ajouter onime , t mais il me ar convenir également # Jefpece fuivante. à u: Le Cette plante eft commune dans er ÿ, ‘au bord des chemins, & dans les rires éiés des environs de Bäle & du reite de” ifle. lle reflémble , comme je lai déjmdit, beaucoup à la précédente : l’une & Pautre, elles ont les femences menues, & leurs aïgrettes pédiculées ; mais celle-ci éft ordinairement plus haute, plus épaifle , & moins velue ; l’extrèmite de fes feuilles eft plus large. De plus, elle n’a point d’odeur, & {es fleurs ne font jamais penchées. Cette plante varie beaucoup, ainfi que les autres Crépides. STVETE U La troifieme efpece eft Crepis foliis ad terram pinnatis, fuperne aw- plis pinnatis haftatis. HaLL. Hif. fi. T3 MAD Aa. Hieracioides foliis variis fubafperis , caule alri[- fimo, foliofo €$ mulrifloro HaLz. Enum. fi. æ. 753: 1. 3: “Au Hieracium maqjus’ ereflum latifolium C. B. de fon herbier caule afpero Pin. p. 127. +: » 1. i . ” Hat 12 PR b un ? “à À 2 "M L 2 *: | 7. . "* 12 "1 Mémoires sh: “ Sr Hieracium imajus erelluntangujlifolium C. B de foh herbieasL pero’ Pin.dfihi 27. L Hieracium aliis Cichoriuni lutetim birfutum J.B. 2, p. 1024. avec une aflez bonne figure. Crepis biens Eÿc. PoiL. Hif. pl pal. T. 24 p. 401. n°. 7$2. avec une bonne defcription. Crepis biennis ViLL. Hif. des pl. du Dauph 4 avec une defcription. ï myhelle La M. Fl. franc. T.2. p.110. D ter ici la Crepis biënnis, LiNN., que us grand nombre des auteurs rapporte à ite 2 te croît dans les prés & dans les pas humides. On Jlaidifbingue fans peine des précédentes; 4 fes feuilles ‘caulinaires femi - pinnées, dont el divifions font recourbées , & dont l'extrémité elt entiere en forme de triangle ; à {on calice brun, & couvert de poils; à fes corolles jaunes des deux côtés; & à fes femences cilindriques, obtu. fes, garnies d’une aigrette fellile. J'ai cueilli, dans les prairies en pente des en. : virons de Gundeldingen, une variété finguliere de cette plante. Chaque racine portait plufieurs tiges, hautes d'un pied, qui ne portaient qu’un Ê petit nombre de, feuilles & de fleurs. Les feuilles radicales étaient nombreufes & difpofées circu- Jairement : leur bafe était retrécie en forme de + pétiole , & leur extrèmité était fort obtuie; de maniere que leur emfemble avait prefque la for- , me dune. fpatule : elles étaient fort minces, fales, mais couvertes de quelques poils fur les bords , & garnies de quelques finuofités peu pro- fondes & cependant recourbées. Les feuilles de 0 Mi f k:1f d + jf k , à fs LT au regne vegetal. 79 la tige étaient en petit nombre, & l’appendice qui accompagne ordinairement leur bafe , “était à peine fenfible. Les fleurs n’offraient aucune différence, = N'ayant jamais vu la variété Bbde Haller , dont les feuilles font linéaires & fans dentelures, je ne puis rien en dire. quée au baron de Haller. Depuis lors je ne Pai pas vue, & je ne crois pas que perfonne Pait obfervée en Suille. On trouve, dans l’herbier de Gafpard Bauhin, un petit échantillon de cette plante, fous le nom de Hieracium minus alter capitulo inclinato. $ X. La cinquieme des efpeces de Haller# ét plus difficile de toutes à déterminer , aptes botaniftes : elle recoit des changemens infitis, de la diverfité des pofitions, du tempsude fà o- + railon , de la grandeur des individus, de Age ù découpure ou villofité de fes feuilles, de la +pré- fence ou du défaut de poils lurgle calicap de fes | L * ‘à 80 Mémoires relatifs fleuts, &c. C’eft pourquoi j'extraitai de mes 0: tes, tout ce qui peut faciliter la Connaiflance dé cette plante, & fa diftinction d’avec les efpeces voifines , & j'y ajouterai les fynonimes les plus fürs & la citation des meilleures figures. Fa La premiere variété eft commune dans les prés, les jardins négligés , les mafures, les champs fertiles, _&c. Sa tige elt haute d’un pied, ou d’une coudée , ordinairement rafe, canelée, rameule, & rouge vers fa bafe : il n’eft point rare qu’elle foit tortueufe. Les feuilles radicales font difpo- esicirculairement , lancéolées , retrécies en forme SEE » & découpées par des finuofités plus ou moins profondes : leur furface eft rafe, où couverte de quelques poils fur les bords ; elles font minces & d’une fubftance délicate. Les feuille qui couvrent Je bas de la tige reflemblent aux radicales , excepté que leur retréciflement eft plus court : cellés qui font au-deflus font fefliles, &: garnies de deux appendices qui embraflent la tige ; elles font, ou profondément découpées ; où fimpleméent dentelées : à mefure que les feuilles font plus élevées fur la tige, elles font plus étroi- tes , & feraient entieres, fi elles n'avaient pas des: découpures à leurs bafes: les plus élevées per- dent ces découpures & forment une feuille lan- éolée , garnie à fa bafe des appendices, dont nous : a RE au fujet des feuilles inférieures. Les ei font difpolées au fommet des rameaux; font plus petites, que celles des elpeces *. précédentes , de couleur jaune foufré, plus pâles ent efous , avec quelques nuances pervurines. Le calice eft formé de deux rangs de feuilles’, comimé” celui Me toutes les Crépides : les exté. # rieures + au vesne vegetal. Qi tieurés: font lâches, trois fois pius petites que leé autres, fort étroites & couvertes d’une efpece dè duvet : les intérieures {ont plus ferrées & for: ment entrelles, s'il eft permis de parler ainfi, une pointe fort émouilée ; les bords de ces feuil: les font verts, & leur dés eft hériflé de poils bruns. Les graines font petites, minces, canelées ‘& obtules à leur extrèmité. Leurs aisrettes font {effles, fimples & d’une molefle finguliere. Les fynonimes, qui m'ont paru les plus fûrs ; font les {uivans. | Hedypnois Plinii €$ Aphacà Theophrafti : Ci: chorium luteum pratenfe Dentis Leonis folio. Lo: BEL Ic. p. 229. La figute repréfente très bien les individus , dont les découpures des feuilles font peu profondes. | | Hieracium foliis 3 facie Chondrille Los. Ic: p.239. Quoique la figure foit grofliere, elle n’exprime point mal les individus , dont les feuil- les font profondément découpées. Hieracinm minus Diofcoridis TABERN. Ic. ps 181. La figure eft aflez bonne. Hieracinms majus ereum atgufifolium caulé levi. C. B. Pin: 127: d’après fon herbier. Hieracium luteum glabrum feu minus birfutuni 1. B. IL. p. 1024. Crepis (teëforum) folis lanceolato : runcinatis Jefilibus , levibus , inferioribus dentatis. LINN. Sp. pl. Ed. REICH. T.3. p. 6$2. n°. 12., mais une partie des {ynonimes eft faufle. PorcicH. Hi pl. pal. T: 2. p. 399. n°. 751: avec une bonne def: cription. REICHARD f. mænofr. P.: « F9- Hs 558. à caule de laigrette {eflle. Crepis Jirila Scor. fl. "+ T. #. 99. n° Tome L M * 82 Mémoires relatifs 956. Tab. 47. quoiqu'il la donne pour une nôws velle efpece. La feconde variété eft commune dans les champs , vers la fin de l’été, & differe peu de la précédente. Elle eft abfolument rale, plus bafle & plus rameule; fes feuilles {ont moins décou- pées, & feulement un peu dentelées; fes fleurs {ont plus petites, & le calice elt ras, ou couvert d’un léger duvet. Cette plante elt. “ Hieracium minus glabrum. C. B. Prod. p.63. n°. 2. & de fon herbier folüs eleganter virentibus Pin. p. 127. bas. p. 37. Lapfana ( capillaris ) feminibus pappolis ; foliis radicalibus lanceolatis obtufis fubdentatis ; caulinis baflatis , caule filiformi. LinN. Sp. pl. Ed. I. T. 2. p.812. n. 6 | Crepis (virens ) foliis runcinatis , glabris , aw- plexicaulibus , calicibus fubtomentofis LiNN. Sp. pl. Ed. ReiCH. T. 3. p. 653. n°. 13. - Haller a réuni cette variété & la précédente, fous le nom de | Crepis caule ramofiffimo , foliis glaberrimis, te- neris , integris €©ÿ dentatis HALL. Hifi. ff. Ti 1. Ru iAUn 33. _ Hieracioides foliis variis glabris, caule ramoji[ fimo HALL. Enum. ff. p.751. n°. 4. SX L Crepis ( Diofcoridis ) foliis s'adicalibus runcina- Lis ; caulinis bafiatis , calicibus fubtomentofis LiNN. Sp. pl. Ed. ReicH. T. 3. p. 6$4. n°. 14. NECKER AG. Pal, T. 2. ps 464 PorLicx. Hif, pl. pal. La «. de au repne végétal. 83 T. 2: p. 399. n°. 750. avec une bonhe defcription, Hieracium majus Diofcoridis TABERN. Ic. p. 180. Cette Sgure ne reprélente pas mal la plante dont nous nous occupons, quoique G. Bauhin, Va rapporte à l’efpece précédente. Hailler a omis cette efpece dans fes ouvra: ges, à moins qu'il ne l'ait confidérée comme une variété de la Crepis 33. de fon Hijt. fi. J'ai cueilli cette plante , nouvelle pour la Suif- fe , dans quelques-uns des champs caillouteux des environs de Bale : dans les environs du pont de la Wiefa, près de Wÿl, hors de la porte de S. Jean du côté de S. Louis, a Huningue. MM.Gouan, La Marck, Villars & Vaillant croient que cette plante eft une variété de la précé- dente , mais elle me parait aflez diftincte pour former une efpece. | | La racine de l’efpece précédente eft bifannuel: Je; celle-ci eft annuelle, & porte une feule tige, haute de quelques pouces, d’un pied au plus, droite, tale, ou légeremient cotorineufe vers le bas, canelée & mème anguleufe à lori- gine des rameaux. Ces derniers font écartés les uns des autres, fimples, ou divifés en deux ou _trois petites ramifications ; l’angle. qu’ils forment avec latige , elttres-ouvert. Les feuilles radicales font difpofées circulairement ; elles font retrécies vers la racine, ovales, ou ovales lancéolées, rafes, ün peu pâles en deflous ; partagées par une côte épaifle , & découpées {ur leur contour, de cinq, fix ou fept dentelures, qui font ordinairement peu profondes, mais qui pénétrent quelquefois jufqu’à la côte. Les feuilles qui font fur la partié iufcrieure de la tige, font feffiles , mais du relte e mn # 84 Meroires relatifs elles reffemblent aux radicales. Les feuilles fu- périeures lont étroites , longues, entieres, ou garnies d’une ou deux dentelures: elles ont deux appendices qui manquent quelquefois aux feuil- le: lés plus elevées fur la tige. Les fleurs reflem- blent à celles de l’efpece précédente, & mème font un peu plus grandes ; leur calice eft cou- vert d’une efpece de duvet, ou de farine ; fes feuilles extérieures font prefque capillaires & fort lâches. Les fleurons font jaunes , & tres fouvent de couleur pourpre en deffous. Les grai- nes font minces ; & le double plus longues que celles de l’elpece précédente; leur aigrette eft feflile. Sa, à ER Crepis (alpina) involucris [cariofis longitudine ca- lycis , floribus folitariis LiNN. Spec. pl. Ed. ReicH. T. 34050. 1 . ÿe | Picride des Alpes, Picris alpina La M. fl. franc. T. 2. p. 109. Leontodon calyce toto erecfo , inferiore [quamis ficcis, foliis amplexiceulibus GMEL. fi. fiber. T. 2. . 16. Tab. 5. La figure & la delcription font Doe Jai découvert cette efpece, nouvelle pour la Suifle , fur le mont Geuerofo , avant l’année 1760 , & l’aicommuniquée a M. de Haller ; je fuis étonné qu'il l'ait omile dans fes ouvrages. La maniere , dont l’auteur a diftingué les efpeces de Crépides, qui croiflent en Suifle, eft trop parfaite, pour que j'aie beloin d'entrer dans beaucoup de dérails. Les deux premieres efpeces $. VI & VII, quoique au regne vègétal. as femblables, different par plufieurs caracte. res; il ne paraît qu'on peut ajouter , aux différences que lAuteur donne , que les rameaux de la Crepis fetida L. commencent vers la racine, & qu'ils font tous réunis vers les fommités dans [a feconde : cette derniere porte aufli un plus grand nombre de fleurs-fur chaque rameau ; au lieu que fur Pautre, chaque branche eft: ordinaire . ment terminée-par une feule fleur. Il me paraît que.M. de La Marck a tres-bien dé- crit Ja Crepis $. VIL, fous le nom.de Crépide farineufe (a). La feconde. & troi- fieme elpeces $. VIT. & VIIT. font plus fa- ciles à diftinguer : la troilieme eft ordinai- rement plus grande, d’un beau vert ; au lieu que la feconde eft toujours grifatre : les fleurs de la troifieme font plus grandes & jaunes des deux côtés. Pour les Crépides des $. IX. X. & XI., ily a beaucoup d’ap- parence , qu’elles font des variétés d’une feu- le efpece, qui fe diverfifie à l'infini. Cette Crépide, comme toutes les plantes dont la vié ft prolongée, change d’apparence fui- vantiles faifons : fa caducité eft longue; & Jes'inftans, qui la précédent, font encore ornés de fleurs. Le développement exceffif … de quelques parties , fe joint au dépérifflement “du plus grand nombre , & dénature abfo- lument le port de cette plante Il eft vifi- ble , par exemple , que les deux variétés du $. X. ne font que deux époques différentes (a) Flore françaife, Tome 2. p. 1009. 2 86. Mémoires relatifs d'un mème individu. La figure que M. Curtis a donnée, du Crepis tectorum , dans la Flora Londinenfis , peut etre citée, comme une des plus parfaites de cet auteur : elle confirme Popinion de M. de la Chenal. Note du tra. ducteur. QU UAMENLUE Les plantes fuivantes, qui forment les Hiera. cium de Haller, m'ont donné beaucoup de peine. Ce genre cft le plus difficile de tous ceux qui compofent la famille des planipétales, à caufe du nombre des efpeces qu’il contient, de leur nature variable, & du peu d'apparence de leurs carac- teres fpécifiques. Je m’occuperai uniquement des efpeces fur lefquelles il reftait quelques doutes, & qui ne me paraiflent pas fufhfamment diftin- uées. F $ X'T V: _ Quoique j'aie beaucoup de notes rélatives aux deux Epervieres n°. 34 & 35 de Haller, favoir le Hiceracium umbellatum & le fabandum de Linné ; que jaye cueilli différentes variétés, & que je poflede plufieurs échantillons de diflérens endroits, je ne crois pas avoir tout ce qui m’eft néceffaire. Je les examinerai avec plus de foin l’été fuivant, & jinlérerai mes obfervations dans le premier volume des Aa helvetiça , qui fuivra celui-ci. Je prie toutes les perfonnes qui pofléderont.des plan- tes douteufes , fur-tout cueillies en Suife; ou des notes, de me les communiquer. | & X V. Fajouterai au Hieracium foliis ovato-lanceçle- au regie veévbtal. g7 fis, varitey dentatis , caulinis aplexicaulibus Hall. Hif. f. T. L.p. 16, n°. 36. des fynonimes, afin de le rendre plus facile À connaître. Hier acirim pumilum faxatile afperum adice pre morfa C. B.'‘Prodr. p. 66. avec ue figure qui appartient à une autre plante Pin. p. 128. ‘Aÿho2 nime pris dans l’herbier de cet auteur. Hieracii pradicti fecunda fpecies, que Hiera. cium faxatile afperum radice prémorfa ; folio [ub. rotundo dici poteff EjUSD. Prodr. p. 66, €ÿ Tertiæ fpecies radice craffa , caulibus ‘in plires ramulos divifis ÉjUsD. fe à 66. Cet auteur dit que cette efpece croît fur les rochers de Clufe, dans Je canton de Soleure, où notre plante eft très- commune. Elle eft dans fon herbier, fous le nom de Hieracium faxatile afperum folio oblongo. Hieracium fruticofum fubrotundo folio Ç. B. Prodr. p. 67. Pin. p. 129. d’après fon herbier , échantillon de Jungerman de Leipfic. Hieracium alpinum bumile Doronici facie. PLU. KENET Phytogr. Tub. 194. f. 1 Hieracium ( amplexicaule foliis radicalibus ovato lanceolatis , acutis , bafi dentatis , caulinis baflato-cor datis, amplexicaulibus. GOUAN IIL bot. p. 58. n°. 6. Cet auteur a tort de réunir cette plante, au Hieracium blattarioides Linu., s'il parle de la mème efpece que nous. Eperviere amplexicaule, Hieracium amplexicaule La Marck f. fr. T. 2. p: 100. Hieraciu amplexicaule Allioni Stirp. Ped. T. I. D. 217. n°, 792. Tab. ir f. 1. ES Tab. 30. f. 2. Ces figures font bonnes, fur-tout la derniere. ? Hieracium Camplexicanle ) foliis amplexicau- hibus cordatis, fubdentatis, PORRRUE uvifloris bir= 4 88: Mémoires relatifs fatis, canleramofo. Linx. fp. pl. Ed. Retcu. T. 3, n°..23. 1] paraît que c’elt cette: plante, quoique {es péduncules foient rarement uniflores, & qu’ils portent le plus fouvent deux , trois ou quatre fleurs. : I faut ajouter. à la defcription que: Haller à doûnée ; que les feuilles radicales ont leur pétiole bordé de longs poils jaunâtres , que les feuilles cau. linaires ont ordinairement la forme.en cœur, & que les calices, font compofés de feuilles très- lâches. RÉSE FAP A TS SQE E 4e M. Gouan décrit trois principales variétés de cette efpece ; 1°. à feuilles de la tige larges & forme de cœur ; 2°. à feuilles de la tige ovales; 3°. à feuilles étroites linéaires lancéolées. Ces: trois, variétés ne font pas rares fur les rochers, dans la partie montagneulfe de la Suifle. Outre les variations de cette plante , que M. Gouan & d’autres auteurs ont fait con- naître, Jai eu occafion d’en remarquer une plus générale. & qui parait avoir échappé qjuiqu'à préfenc..Lorfque cette plante croît fur: les rochers des alpes, fa fleur eft plus grande, {es feuilles {ont plus allongées.& garnies de finuofités plus profondes ; l’angle d’infertion des branches eft plus aigu, & . Podeur de la plante ef faible , ou mème nulle. On la reconnaît cependant à fa villo- fité, quelquefois .un peu vifqueufe, &.à {es feuilles qui embraflent la tige : fes rameaux: font. fréquemment uniflores. Cette variété croit dans les fentes des rochers {ur les alpes ; il n’eft pas rare de la trouver. dans les mèmes endroits que le Hieracium humile. Eorfque cette plante croît fur les rochers de &; >. >, Shi 2 | du regne végétal. 89° Ja plaine, fa fleur eft plus petite, l’angle d’infertion des branches eft plus ouvert, P& toute la plante exhale une odeur d’onguent, , qui s'attache aux doigts avec la vifcofité, dont toute la plante eft couverte, Plus le lieu où cette plante croît, eft chaud, plus cette odeur eft pénétrante. On peut obferver cette variété près de Laufanne, fur les rochers de Rochettaz, au-deflus de Paudex. Note du tradnéteur, ki.) $ XVI. * IMfaut ajouter qu Re fbivane au Hier a. cium Cd c. 38 HaLL. Hiff. fi. | . Hieracium montanum JAcQ. fl. ‘auffr. Vol. IL p. $4. Tab. 191. ALL. f. ped. p. 212. n°. 770, Andryele (pontuna ) foliis femiamplexicaulibus , bai Jubrdtundo latioribus. V1LL. Hifh des pl. du Daupb. T. I. p. 283. € 291. Cet auteur aflure que le réceptäcle eft velu, & point écailleux; d’où il conclut, qu'on ne peut rapporter cette plante , ni aux Epervieres, comme Haller & Jacquin lont fait, ni aux Porcelles, comme Linué. Les variations, qu’on oblerve entre les auteurs, qui ont admis les formes du récep- tacle, comme diftinctives, devraient ouvrir les yeux fur linftabilité de ce caragtere. L’au- teur en rapporte un exemple, & on pourrait “en donner plufieurs autres. M. Scopoli a Café divers Piflenlits, dans fon genre fac- tice des Aparvie, parce qu'il leur trouvait le réceptacle couvert de poils : cependant d'autres naturaliftes ont remarque que ces 90 Mémoires relatifs mêmes plantes avaient le réceptacle ras; & quoique j'aie obfervé avec beaucoup d’atten- tion, je n'ai pu y voir des poils. Aïinfi le réceptacle des fleurs eft auffi fujet, que les autres parties de la plante, à varier; & la préfence ou l’abfence des poils, ne peut pas fervir de caractere. D'ailleurs, lors mème que ce caractere ferait fixe, peut-on l’ad- mettre ? 1l me paraît infiniment minucieux. M. Jain m'a fait voir dans fon herbier, un Onoporde, dont le réceptacle était couvert de poils ; il le croyait un mulet, produit par des graines d'Onopordes fécondées p: des poufheres de Chardons. Quelle quoi Ja certitude de cette opinion, il eft certain que ce fait indique l’inconftance d’un tel caractere. Note du traducteur. $ _X VIT. J1 faut ajouter les fynonimes fuivans ai Hie. jacium Sc. n°. 39 de Haller. Hieracinm montanum latifolium glabrum majus C. B. pin. p. 129. d’après fon herbier. Crepis (auflriaca ) foliis oblongis , denticulatis, ariplexicaulibus ; involucro laxiffimo €ÿ calycibus bifpidis. JACQ. Enum. Stirp. Vind. p. 140 €ÿ 270. la defcription eft bonne, ainfi que la figure. Crepis aufiriaca JaAcQ. Fl. aufir. Vol. $. p. 20. Tab. 4.1. 1i , Hieracium ( pyrenaicum) foliis amplexicaulibus, obovato-lanceolatis, retrorfiuin dentatis; caule fim- plici; calycibus laxis. LINN. Sp. plant. Ed. REICH. T. 3. p. 64$. n°. 24. varietas R blattaroides ; du regie végétal. OT warietas y Picris pyrenaica. Je croirais plutôt que c’eft la variété >, diftinguée par le nom d’aujiriaca. Z Crepis (Jibirica) foliis amplexicaulibus oblon- gis, rugofis, inferne dentatis , caule hirto, calyci- bus carina ciliatis. LiNN. Sp. pl. Ed. REïCH. T. 3 ?. 652. n°. 10. Mais la tige de notre plante eft ordinairement glabre, ou trés-légerement velue. Hieracium magnum bifpanicum PLUCK Alm. p.184. Phytogr. Tab. 116. f. 1. La figure rend aflez bien la partie fupérieure d’un individu fleuri. , Eperviere blattairiforme, Hieracium blattarioi. dé La M. F. franc. T. 2. p. 97. pard Bauhin dit, dans fon herbier, que cetté plante croît fur notre mont W/aflerfallen. $ X VIIT. Le Hieracium n°. 40 de Haller a beaucoup de traits, communs avec le précédent ; fes feuilles font garnies d’appendices bordées d’épines molles ; fes Ars font portées par des péduncules longs & fans branches, qui fortent de laiflelle des feuilles au nombre de trois, quatre ou cinq, fur chaque plante fauvage ; tandis que les individus eultivés en porterit fur toute leur longueur : on oblerve ce même changement fur l’efpece précé- dente. Ces deux Epérvieres fe refflemblent aufli , par leurs calices formés de longues feuilles très- lâches, couvertes de poils : mais la derniere a fes feuilles plus étroites & velues, comme le refte de la plante. Les fynonimes les plus nouveaux, font les fuivans. | Hieracium (conyzaæfolium ) foliis argute denta EF radicalibus lauceolato-oblongis, acutis , caulinis Fo 92 Meinoires relatifs fagittatis, oblongis ; pedunculis unifloris, calycibus: pilofiffimis laxis. GOUAN Ill. bot. p. $9. n°. 7.1? Hieracii pyrenaici LINN. var. € helvetica. - Hieracinm grandifiorum ALL. : ped. T. IL. p 217. n°. 792. Tab.:29. fig. 2 Hieracium pappo- SARA AN Hifé des pl. du Per. T. I. p. 368. folüis lyrato fpathulatis, retror/am dentatis, caulinis auritis ; caule fulcato, apice vifeofo , paucifioro. Ejusp. Profp. p.30. Ga N 10: f. 2. Je n'ai pas vu cette figure. ” À Eteruiere conifée, sé trs conproideuns : à Mack F1. franc. T. Z. p. 97- - J'ai cueilli deux variétés de cette Dé at diféraient un peu : l’une dans la vallée d’Urtefen ,’ dont les feuilles étaient fort peu velues, & les calices couverts de longs poils d’un brun noïirâtre : la feconde fur le mont Generofo , dans la Suifle tran- falpine, dont les feuilles & les tiges étaient très- velues & preique hériflées ; les calices étaient couverts de longs poils blanchätres , Fe Re 4 ferrés & touffus. * ' À 2 $. XIX. de " difficile de découvrir ter fynonimes äs Hiérucium 41 de Haller, fi mème il en exifte. Je n'ai aucune certitude, que le Hieracium intÿba- ceum » flore imagno albido C. B."Prodr. p. 64. Pins p2128 , rapporté par Haller à-cette plante, foit la mème etpece. La defcription que Bauhiw en donne, dans fon prodrome eft tellement courte & imparfaite, qu excepté la couleur de la fleur; on ne peut rien-en conclure, Le fynonime de Scheuchzer ( Jter. belv. 4.p. 336. ) me paraît für, au regne végétal. 93 ? Hieracium foliis radicalibus oblongis, baftato f muatis , caulinis lanceolatis amplexicaulibus , Jub- dentatis ; caule rain0f0 ; floribus folitariis , GERARD FI. gallopr. p- 169. n°. 12. La defcription ne me paraît pas s’en écarter. + Hieraciuin intybaceum ALL. fl. ped. T. L p. 217: n°. 793. Cet auteur cite Haller & Scheu- chzer, mais fa defcription ne me parait pas con- venir : il dit que fa plante et branchue dans toute fa longueur , & lui donne encore d’autres caracteres a font ditiérens. 2 Hieracium albidum Vill. Hifi. des pl. du Dauph. HE à 272. 381. caule hirto rasmis diva “ur : folii gulato runcinatis. EJUsD. eh delph. p. 8 Il me parait que c’elt la même plante. _ Les échantillons que j'ai cueiliis dans la vallée d’Urferen , étaient extrèmement velus, & comme enduits d’une huile gluante. Chaque racine por- tait une feule tige droite , haute d’un pied , ou uni pied &+ demi. Les feuilles radicales étaient lon- gues , icéolées , rétrécies en forme de pétiole, & découpées {ur leurs bords par plufieurs finuo- fités de grandeur inégale , en forme de dents. Les feuilles de la tige étaient fefliles & garnies de deux appendices , qui fe prolongeaient de chaque côté : les plus élevées étaient fenfiblement plus étroites, entieres {ur les bords, mais également garnies de ces appendices. De l’aiflelle des feuilles fupérieures fortaient, prefque à angle droit, trois ou quatre péduncules fans feuilles, mais couverts de quelques lanieres : ils portaient chacun une ou deux fleurs grandes, & d’un jaune très-pale. Les feuilles intérieures du calice font grandes, brunes & velues fur le dos, & bordées fur chaque côté 94 Mesoires relatifs d’une expanfion membraneufe, de couleut bjait- châtre, dénuée de poils. Les feuilles extérieures font plus petites, & n’ont point cette bordure. Les échantillons , que j'ai cueillis dans les prat- ries les plus élevées du mont Generofo, étaient un peu différens : ils étaient plus velus & pref- que hériflés , ils n'étaient enduits d’aucune humeur vifqueufe, les poils de leurs calices étaient blan- châtres, les finuofités de leurs feuilles plus pro- fondes, &c. La defcription , que l’auteut donne de cette éperviere, eft tres-exacte ; cependant je ds obferver , que j'ai cueilli dans Ja lé Chamouny , des individus , où chaque racine portait plufieurs tiges, & d’autres, où la tige portait une ou deux branches. Ces indi- vidus prouvent que le Hieracium intybaceunt de M. Allioni ne differe pa$ de celui de nos alpes. La feule efpece, avec laquelle on pour- rait confondre cette Eperviere , eft lamplexi- caule, dont il a été queftion au paragraphe XV de ce mémoire; elles fe refflemblent par l’enduit vifqueux qui les couvre, par leur odeur , par leur villofite, par leur teinte jau- nâtre, & par la conformité de leurs feuilles , fur-tout de celles de la tige : cependant elles ont plufieurs différences, outre la couleur des fleurs, & la forme de leurs calices. Note du traducteur. ; $. X X. Hieracium intybaceum JAcQ. F. aufir. Vol. fe ?. $2. Tab. app. 43. & peut-etre le fynorime au regne végétal. 9$ de M. Allioni rapporté à l’efpece précédente. Cette plante qui eft nouvelle pour la Suifle, me paraît différer de la précédente; je ne l'ai jamais cueillie , mais je lai recue dès l'an 1761, d’un de mes amis, M. Nicolas Linder , qui l'avait apportée des alpes du canton de Berne. La racine eft noueule & porte plufieurs tiges, jufqu’à dix, minces, hautes d’un pied, droites, velues, fimples, ou peu rameufes. Les feuilles radicales, & celles qui garniflent le bas des tices, font velues, rétrécies en forme de pétiole, & gros une éliple très-allongée ; leurs bords font coupés par de grandes dentelures triangulaires. Les feuilles qui font fur la partie fupérieure des tiges font peu nombreufes, rétrécies vers le bas, & fefliles fans ètre embraffantes , ni garnies d’ap. pendices ; du relte elles reflemblent aux radicales. Mes échantillons portaient une feule fleur , rare. ment deux, mais elles étaient grandes. Le calice était compolé d’une trentaine de feuilles longues, linéaires , étroites, couvertes de poils, & de cou- leur noirâtre : il était environné de deux à huit feuilles , également étroites, vertes, qui étaient plus longues que le calice, & qui étant fort lâches, paraifaient des braétées. Les femences étaient oblongues, de couleur roufle, & terminées d’une maniere obtufe. Les aigrettes étaient fimples. On peut confulter pour de plus grands détails, la de{cription que M. W/ulfen a faite, dans les ouvrages de Jacquin, fur la plante fraiche. Les échantillons que je poflede, paraiffent avoir été enduits d’une humeur vifqueufe ; car des mou- cherons , des petites araignées, & d’autres corps D étrangers y font adhérens. <* 96 Mémoires relatifs La figure que M. de Jacquin a publiée de fon Hieracinm intybaceum ; porte eflective- ment quelques caracteres difiérens de ceux du Hieracium 41 de Haller; elle eft plus rameufe , fes feuilles font plus profondément finuées ; elle a un plus grand nombre de feuilles libres fous fon calice , elles font auff plus grandes : cependant on ne peut difcont- venir que ces deux plantes font très-voifines ; & que peut ètre même , elles font unique- ment des variétés ou des races différentes d’une feule efpece. Note du traduileur. à SX IX LE v Les fynonimes fuivans doivent ètre rapportés au Hieracium 42 de Haller. Hieracium alpinum incanum , faxatile, Prunellé foliis integris. BOCCONE wuf. di piante rare p. 33. Tab. 24. Crepis (pyemaæa ) foliis ovatis, integris ; villofi 15 pp caule pr ocuinbente LINN. Sp. plent. Ed. 2e 2.p. 1131. n°. 1. Ed. REICH. T. 3. p. 648. n°. 1: bete Va (dentarnin ) foliis ovatis , petiolis den- tatis, Jcapo nudo unifioro.LINN.Mant. I. p.107. n°.9. Hieracinm (pumilum) foliis ovatis, petiolis dila: tatis, denticulatis , fcapis fubunifioris. Linx. Mont. II. p. 279. Syfi. meer, + 14. p. 716. n°. 2. Ed: Reich. T. 3. p. 636. Hieracium (pr "AE fous) caule ramofos mule tiñoro, foliis lyratis, tomentofis , pedunculis Hni- flori is. GOUAN. I. bot. p. $7. Tab. 22. f. 3 La figure repréfente très-bien les dividie les plus rameux. | | Hieracinns au regne végétal 97 Hieracinm prunelle folium ALL. FL ped. T. 1. ?. 215$. n°. 784. Tab. 15. f. 2. Eperviere pygmée, Hieracium pygmaeum La Marck F. franc. T. II. p. 100. $. X X.I EL Hieracium alpinum pumilum Chondrille folio C. B. Prodr. p. 64. n°. 9. Pin. p. 129. d’après fon herbier. Hieracium ( chondrilloides ) caule ramofo , foliis caulinis elongato dentatis, radicalibus lanceolatis. Linx. Sp. pl Ed. REICH. T. 3. p. 641. avec une defcription. JACQUIN Enum. pl. Vind.p. 143. n°. 10 € 273. n°. 73. Tab. 7. la defcription & la figure font bonnes. F1. auftr. T. I. p. 13. Tab. 429. figure excellente. Hieracium chondrilloides. ALL. FL. pedem. T. I. D. 215. n°. 783. Cette efpece, qu'il faut ajouter à la lifte de celles qui croiflent en Suifle, a été découverte par M. Bellardi, dans les environs de Martigny, & dans les prés de St. Remi dans la Val-d’Aofte. On trouvera, dans la lifte des plantes découvertes en Suifle , inférée dans ce volume, la notice de plufieurs lieux où cette plante croit. Note du traducteur. SUR'ALTE Je defirerais que les botaniftes , qui en auront loccafion , examinent attentivement le Hieracium 43 de Haller. Je lai cueilli autrefois , dans les foffés de la vallée d'Urferen ; mais il ne m’en refte qu'un petit nombre d'échantillons fans feuilles radicales, de forte que je ne puis rien dire de certain {ur cette plante, Tome I. G - Mémoires relatifs _ La tige de mes échantillons a un pied & demis mais je me fouviens d'en avoir vu de trois riedh de hauteur, droits, velus, & fans branches quf- qu'aux péduncules qui les terminent. Les feuilles font couvertes de poils fur les bords & fur les nervures : celles qui adherent au bas des tiges {ont fefliles & garnies de petits appendices ; elles {ont longues , ovales , lanceolées , découpées par quelques finuofités profondes vers leur bafe, & fimplement dentelées fur le refte de leur contour. Les feuilles fupérieures font fefhiles, ovales, ou ovaies lancéolées ; & d’autant moins dentelées , qu’elles font plus près du fommet des tiges. Les fleurs font en petit nombre fur les échantillons que je poffede , trois ou quatre au plus, foutenues chacune par un péduncule long de près de deux pouces, qui fort de l’aiffelle des feuilles fupérieu- res. Le calice eft formé d’un feul rang de feuilles noirâtres, couvertes, {ur leur dos, de longs poils noirs. | Il eft facile de reconnaître cette plante, à fa tige élevée, & à fes grandes feuilles, qui font tellement molles, qu’elles fe roulent tres-promp- tement. Je n'ai pu trouver cette plante dans les ouvra- ges d'aucun auteur. Site DCE UV, Hieracium caule foliofo , foliis amplexicaulibus, ovato-lanceolatis , dentatis , floribus [picatis HALL. Emend. HI} DORE TS. Catal. rar. p. $$. n°.978. Hift. Jirp. T1. p. 18 , où cette plante eft réunie , avec doute, à la précédente comme variété &. au regne végétal. 99, Hieracium fpicatum ALL. Fl ped. T. I. p. 218, n°. 795. Tab. 27. f. 1. € 3. La premiere figure ne me plaît pas, mais la feconde repréfente très-bien notre plante. Hieracium prenanthoides ViLL. Hif. des pl. de ; Dauph. T. I. p. 3638. caule reéfo Jummo conice L' ramofiffimo , folis ellipticis, hirfutis , bafi amplexi. caulibus EyusDp. Profp. p. 35. Tab. 9.f. 2. €ÿ Tab. 10. f.1. Cette citation eft fur l’autorité de M. Allio- ni, & me paraît jufte ; je n’ai pas vu les figures. La tige eft haute d’un pied, d’une coudée au plus, droite, velue & fans branches, excepté vers le fommet, où elle {e partage en plufeurs péduncules qui fe fubdivifent. Les feuilles radi. cales font rétrécies en forme de long pétiole, ovales, ou ovales lancéolées, garnies fur les bords de quelques dents écartées & peu profondes, & couvertes de poils. Les feuilles de la tige font nombreufes , alternes, rales en deflus, & cou- vertes de poils en deflous & fur les bords : les inférieures font un peu rétrécies vers le bas, & garnies de deux appendices aflez courts qui envi- ronuent la tige ; elles s’élargiflent depuis ce rétré- ciflement, & {ont ovales, ou ovales allongées : les fupérieures n’ont point d’appendices , mais embrafent la tige par leur bafe : les plus élevées font fefliles & très-pointues. Les fleurs ont été bien décrites par Haller. | On peut conclure de cette defcription & de celle de Haller, que cette efpece differe beaucoup de la précédente, à qui cet auteur la réunilait en propofant fes doutes. J'ai cueilli cette plante dans les prés de la vallée d'Urferen & fur le Splugen. à 100 Mémoires relatifs So AUX Vo Je ne puis rien ajouter au Hieracium 44 de Haller , excepté quelques fynonimes. Conyza pannonica lanuginofa C. B. de fon herbier. Conyza helenitis pilofa EjusD. de fon herbier : 11 l'avait nommée, dans fon Pinax p. 265$ , Conyza alpina piloffimas & Agerius lui en avait envoyé des échantillons, cueillis dans les lieux humides des alpes de Styrie, fous le nom de Pilofella hix- Jfutiffima. Hieracium villofum JACQ.: FI. aufir. Vol. I. p. 55. Tab. 87. | Cette figure repréfente très-bien les petits indi- vidus à une ou deux fleurs, tels qu’on les trouvé le plus communément fur les alpes de la Suifle, SAIXURUVRE I] faut ajouter au Hieracium 4$ de Haller Île fynonime fuivant. Hieracium paludofuin ALL. FI. ped. T. I. p. 216. n°. 788. Tab. 28. f. 2. ES Tab. 31. f. 2. Cette plante et commune dans les bois mon- tagneux des environs de Ramitein & de Wallen- burg, fur les monts Vogelberg & Wafferfallen &c. : je lai cueillie autrefois fur la pente du St. Gothard, du côté de Wälen. M. Gaguebin m'a fait l'honneur de m’é- crire, qu'il n'avait jamais cueilli cette plante dans les environs de la Ferriere, & qu'il faut effacer cette citation de l'Hiftoire des plantes de la Suifle. Ce naturalifte ajoute qu’il l'a cueillie fürle mont Chafferalle & au au ego végctal. IOF pied de la roche au corbeau près de-Boinoud. Je l'ai cueillie communément autour. Gu lac de Bret, dans le bailliage de Laufanne. Note du traducteur. | $.:°X;:X Vi EE Le Hieracium 46 de Haller, eft une efpece qui varie infiniment, & qui parait n'avoir aucune forme fixe ; cependant je crois que dans le nom- bre des huit variétés que cet auteur cite, ily a plufieurs. efpeces réelles; je vais tâcher de les éclaircir... | 6. "X XV'EFE Ea premiere eft la plus commune de toutes. … Hieracium caule fubnudo , paucifloro.foliis ovato= lanceolatis, circa petiolum dentatis. Hall. Hif. f. Te EP Au dE el": tin : Hieracium ( murorum ) caule ramofo , foliis radi- calibus ovatis, dentatis,, caulino minori. LiNN. Spec. pl. Edit. REICH. -T. 3. p. 642. n°. 19. | Hieracin murorum folio pilofiffimo C. B. pin D. 129. flore luteo Ex. de fon herbier., ..Pilofella major quibufdam aliis Pulmonaria flore duteo J.;B. Hiff. T. 2. p. 1033. Pulmonaria gallica [. aurea TABERN. Ic. p. 194 J'omets plufieurs autres fynonimes , & me dif. peufe de donner la defcription d’une plante, dont tous les naturaliftes ont parlé. On trouve dans les bois, une plante qui eft abfolument, une variété de celle-ci ; fa tige eft plus haute, plus branchue ; fes feuilles radicales font plus profondément découpées , & leur pétiole eft plus long: | | Gigi 102 Mémoires relatifs Hieracium murorum laciniatum minus pilofuns €. Bauh. Pin. p. 129 & de fon herbier. Pulmonaria gallica femina Tabern. Ic. p. 194 Pilofelle majoris f. Pulinonaria lutea Jpecies magis lacinieta J. B. IL. p. 10. 34. avec une figure copiée fur Taberné. Hieyacii pracedentis varietas foliis fubhirfutis , dentibus Re LE , pinnis vetroverfis Hal. Ro EF 19. var. 8. Hieracium ( [ylvaticum ) caule NPA) filios ; foliis radicalibus ovatis ; acutis, petiolatis ; cauli= nis Jeyrisqus , pedunculis multifloris Gouax. II. bot. p. 56. n°. 1. RETZ: obf. bot: Fafc. I. ?. 27. n°. 90. Wildenow ‘Flor. ber. prodr. p. 253: n°. 779- On doit aufli rappotter à cette variété le Hieracinm profunde fnuatum pubecens C. B. pin. ?. 129: Baf. p. 38, fur le témoignage de {on herbier; quoique Haller le donne pour fyno: nime d’une autre variété. vu La feconde variété a une tige bañle, haüte de quelques pouces, nüe , excepté quelques lanieres, velue & fans branches. Sés feuilles radicales {ont pétiolées, ovales, velues ,'obtufes au fommet &: prefque entieres für les bords. Ses fleurs au nom bre de quatre ou cinq, font au fommet de la tige, & tres-près les unes des autres : leur calice eft vert & legerement velu. Cette: plante eft le Hieracium pumilum , faxa- tile, afperum, radice premorfa , folio fibrorundo de l’herbier de G. Bauhin. # Pulmonarie gallorum rôtundifolià LA Bar- REL. Ic. 342. Cette figure elt un peu trop rameule , du refte elle eft bonne. Varietas E. folio ovato aut vix dentato ; auf: #ibil quidquam HaLc. loco cit. » au regne vegetal. 103 La troifieme variété a la tige baffle, fimple, nue, & couverte de quelques lanieres comme la précédente ; maïs fes feuilles, quoique pétiolées & velues, font différentes : elles font plus gran- des, plus longues, ovales lancéolées, pointues au fommet; & garnies, vers leur bafe, de den-. télures étroites & profondes, qui pénétrent quel. quefois juiqu’a la côte. Les fleurs font perites,, foutenues. par des péduncules affez courts , & tet- minent en petit nombre les tiges : leur calice eft de couleur pâle & couvert d’un léger duvet. C’eft le Hieracium montanum lanuginofuin , laciniatum , parvo flore C. B. Pin. p. 129..d’apres fon herbier. La quatrieme variété a une tige haute d’un pied, droite, velue , feuillée, & branchue dans la-partie fupérieure. Les feuilles radicales & les inférieures de. la tige font pétiolées ; les fupé- rieures font prefque fefliles, ovales lancéolées., pointues, dentelées & couvertes de poils : elles ont quelquefois des taches brunes à leur furface, C'eft la | | Pulmonaria gallica tenuifoliaT ABERN..Jc. p. 195. bonne figure Dizc. Car. pl. giel]. 95. Defcr. nov. fpec. p.48. :Pilofelle majoris [. Pulmonarie lutee fpecies angufhifolia J. B. 2. p. 1034. ous trouvons quelquefois cette plante cou- verte de tâches, dans les prés humides des envi- rons de Bâle , & fans tâches, dans quelques endroits de nos bois. fai cueilli fur le penchant du St. Gothard, du côté de Wafen, & au-deffus de Burgdorf, des individus dont la tige était plus haute , les feuilles plus nombreufes, plus étroi- tes & plus profondément deñtées : ils avaient prefque le port du Hieraciun umbellatum L. Is G 4 104 Mémoires relatifs paraïflent être la variété à du Hieracium 36 de Haller. Je pañle fous filence pluf ieurs variétés moins marquées. SX NT DEN ei pi (2 penfe différemment fur une autre variété, que j'ai decouverte dans le bois de Wyl, qui peut-etre meme eft une efpece diftinéte. J'avoue qu’elle a beaucoup de rapport avec l'Eperviere dés murs ; mais elite a un fi grand nombre de différences, que je préfere la féparer. Sa tige eft haute de trois ou quatre side) épaiflie, droite, feuillée, couverte ‘de poils ; & branchue vers le fommet. Ses feuilles font gran: des, minces, un peu velues , &' découpées pat quelques finuofités triangulaires : les radicales {ont ovales, allongées, & rétrécies en forme de pétiole affez long & couvert'de poils : les inféz rieures de la tige ont ce mème‘ rétréciflement; elles font un peu plus larges , pointues , & dif. pofées alternativement à quelques pouces de dif. tance : les fupérieures font fefhles. Les fleurs ter. minent la tige, & font difpofées en maniere de panicule , fur des péduncules branchué : leur calice éft couvert de quelques poils. À ces fleurs Æuccedent des graines d’un brun noirâtre ; carac- tere qui rapproche cette plante de l’Eperviere des murs. À la premiere vue, on lui trouve à port du Hieracium fabaudurm L. ait rogne végétal os | ASE D tie. Pilofelle majoris feu Pulmonarie luteæ laciniate fhecies minor :J. B. 2. p. 1034. avec une figure pañlable. Hieracium pumilum (a) JacQ: Fl. auffr. Vol. 2. p. 53. Tab. 189. Cette planche reprélente très- bien les petits individus. | Hieracium (humile ) caule paucifloro , foliis in. ferioribus , hirfutis € incifis vix altiore. MURRAY Lin. Syf. veg. Ed.-ult. p. 727. n°. 22. maïs cette dénomination ne peut pas convenir aux grands individus. | >. Hieracii 46. Hall. var: J. X1 paraît cependant que cet auteur confondait cette plante , avec le Hieracium profunde finuato pubeftente folio C: B. Je crois pouvoir décider, que‘cette plante eft une efpece diftinéte , d’une ‘maniere plus füre, que pour celle du paragraphe précédent. 8 La racine de cette plante donne naïflance à plufieurs tiges , hautes d’un pied & moins; minces, rudes au toucher ; qui font courbées vers leur bafe , & fe redreffent enfuite; leur partie inférieure eft rougeitre : elles portent dans toute leur lon- gueur , des branches peu nombreufes, fimples , ou divifées en deux. Les feuilles font d’un vert pâle, velues , & couvertes d’un léger enduit vifqueux : les radicales font retrécies en forme de pétiole; d’une forme peu fixe, ovales ou ova- les lancéolées, pointues ou obtufes ; & découpées (a) M. de Jacquin donne, dans fes ouvrages pofte- tieurs, le nom de Hieracium liumile à bois. La M., de l’Eperviere des murs La M. 0 & du Hieracium humile:'Jaca. Mais je le repete, ik eft poffible que je fois dans ler- :. reur, nayant pas encore fini l'étude de . cette plante : je me propofe de donner fon hiftoire, dès que j'aurai approfondi tous les * détails qui la concerne. & XXXL J'ai cueilk , il y a long-temps , dans les prai- ties du mont Vogelberg, & cultivé dans mon jar- din, une Eperviere, que je croyais nouvelle, ne ne la trouvant décrite , dans aucun des ouvrages de botanique que j'étais à mème de confulter : depuis peu je lai retrouvée, près de l'auberge du mont la Tourne, dans un voyage que j'ai fâit {ur les montagnes du comté de Neufchitel. Lors de mon retour chez moi, j'ai vu que cette plante était très-bien décrite par M: de Jacquin, fous le nom de Hieracium molle dans le Tome fecond, p. 12. de fa Hora aufiriaca, avec une bonne figure, Planche 119 de cet ouvrage. ,; Notre plante differe un peu de la defcription donnée par M. de Jacquin: cet auteur dit que les feuilles font , ou couvertes de quelques poils, bu parfaitement rafes; au lieu que celles: de notre plante font molles & vélues; cette différence, la feule qui exifte, peut être un-effet du climat. La plante cultivée ne change pas, mais devient feulement un peu plus rameufe : M: de Jacquin a déja fait cette obfervation. . Ce. mème favant au regne vegetal 109 ocbferve très-bien que cette Eperviere peut être diftinguée des autres efpeces, mème de celle des murs, à caufe de fes fleurs d’un jaune foncé. Cette plante eft-elle la mème que le Hiera- cium foliis levibus, integerrimis, radicalibus longe petiolatis, ellipticis ; caulinis amplexicaulibus, ba. mis obtufis HaLL. Hif. fl. p. 20. n°. 47. ? ? Hieracium foliis ad terram longe petiolatis , ad caulem amplexicaulibus , longe ovatis € pene integyis HALL. enum. À. p. 747. n°. 15. Il paraît que cette plante de Haller fe rapproche des in- dividus de la nôtre à feuilles rafes & prefque pas dentées. ? Hieracium fuccile folium Az. FI. ped. T. 1. p.215. n°. 786. Cet auteur ne donne aucune def- cription, mais 1l cite Haller. _ ? Hieracium molle ALL. FL. ped. p. 216. n°. 787. cet autenr cite M. de Jacquin & ne donne au- cune defcription. L'EXX EI Le Hieracium 48 de Haller contient deux efpe- ces très-diftinctes. L’une | 1 Hieracinm caule nudo, brachiato, pauciflo- ro, foliis linearibus, rariter dentaris HaLL. Hif. fe T. 1.p.20. n°. 48. a. Catal. rar. p. $4. n°.966. Hieracium foliis glaucis, linearibus , leviflime finuatis , caule pene nudo , ramofo HALL. Enum. ff, D: 749. n°. 23. Hieracium montonum anguflifolium , nonnihil incanum C. B. Pin. 129. d’après {on herbier. Chondrilla folio non diffeéto , caule nudo J. B. 2. ?. 1041. avec une figure, 110 Mémoires relatifs Hieracium alpinum , foliis anguflis, raro den: tatis , flore magno SEGUIER Plant. Ver. Juppl. p. 270. on doit rapporter ce fynonime à cette ef- pece, & non pas à la fuivante, comme Haller Pa fait. Hieracium flaticefolium ALL. Fl ped. T. 1.1. 214. n°. 782. Tab. 81. f. 2. bonne figure Vizr. Hift. des pl. du Dauph. p. 368. FI. delph. p. 85. La tige eft haute de demi-pied, d’un pied au plus , nue , excepté quelques lanieres : elle ne porte fouvent qu’une fleur , d’autres fois deux ou trois, mais jamais plus de quatre. Les feuilles font linéaires , d’un vert blanchätre, rafes, ou couvertes de poils épars, obtules au fommet, & garnies fur leur contour de quelques dentelures écartées. Les fleurs {ont aflez grandes , d’un jaune fouffré qui verdit en féchant : leur calice eff couvert d’une pouflere blanchitre. 4 XXXIIE IL. Hieracium fois lanceolatis, glaucis , caule brachiato , multifloro HaLL.Emend, IE p. 73. Cat. . Var. D. 54. N'. 973. Hieracii pracedentis , n°.48. HALL. var. ff caule plerumque multifloro, foliis plerumque integerri. MIS ; ACUÉIS graines. Chondrilla folio non diffeëfo, caule foliato J. B. 2. p. 1041. avec une figure. , Hieracium tragopogonis, folio C. B. Pin. p. 129. d’après fon herbier. L’échantillon qu’on y voit, a les feuilles fort étroites, la tige bañle & pref- que nue, & un petit nombre de fleurs; Burfer le lui avoit envoyé du Mont Geyer , dans la bal Autriche, au règne vegetal. Iit Hieracium folio ffatices, caule folinto SEGUrER Plant. Veron. fuppl. p. 270. fynonime rapporté mal-à-propos à l’efpece précédente. Hieracium glaucuin ALL. For. pedem. T. 1, p 214.n°.781. Tab. 28./f. 3. €S Tab. 81. f. 1. Hieracium ( fcorzonere folium ) foliis glaucis € pulpofis , oblongo - lanceolatis ; caule paucifioro. ViLz. Profp. p.35. M. Allioni le rapporte à cette plante , & ce nom paraît lui convenir. La tige de cette efpece eft ordinairement plus haute, d’un pied & demi, cylindrique , rafe , cou verte de feuilles, & de branches qui portent plufieurs fleurs : on la trouve cependant avec des tiges uniflores & prefque nues. Les feuilles ra- dicales font-longues , lancéolées , fort pointues, entieres ou garnies fur les bords de quelques dentelures , d’une couleur glauque, & rafes, ex- cepte que dans leur jeunefle , elles ont des poils fur les bords & fur les côtes. Les feuilles de la tige reflemblent aux radicales. Les fleurs font plus petites que celles de l’efpece précédente, & ne verdiflent pas pendant leur deflication. J'ai cueilli cette plante, fur les Monts de Muttenz & Waflerfallen, fur les rochers au - deflus de Dornach, & dans les environs de Ramftein. Quoique M. Allioni diftingue l’efpece fuivante de celle-ci, je ne puis pas les féparer. Hieraciuim alpinum anguftifjimo oblongoque fo- lio. C. BAUH. prodr. p. 64. n°. 8. d’après fon herbier. | Hieracium montanum Afphodeli foliis BOcCONE Mus di piante rare, p. 147. Tab. 106. Hieracium (porrifolium ) caule foliofo , multi- floro , foliis linearibus; integerrimis JACQ: Enurr. 112 Mémoires relatifs Vind. p. 143. n°. 14. 3 p.273. n°. 72. Tab. 6. Hieraciun porrifolium JAcQ. FH. aujir. p. 47. Tab. 286. ALLIONI F. ped. T.:1, p. 244.) n 780. VicLars F/. delphin. p.85. : Hieracium ( porrifolium) caule ramofo , folio- fo, foliis lanceolato-linearibus fubinteverrimis LINN. Sp. pl. Ed. ReicH. T. 3. p. 642. n°. 18. Les feuilles de cette plante font plus étroites, fa tige eft plus haute & plus rameufe, du refte elles fe reflemblent. | On peut confulter les Afa helvetica, Vol. 8. p.135. $. 4. S'en ou XT\VS On peut ajouter au Hieraciuin 49. de Haller ‘les fynonimes fuivans. Hieraciuin pilofuis Broccenbergi de Yherbier de G. Bauhin. | Hieraciuin alpinum ŒDER Ic. fl. dan. p.7. Tab. 27. bonne figure ALLION1 Flora pedem. T. 1. p. 212. n°. 771 Tab, 14. f. 2. cette figure meme plait pas, à caufe de {es feuilles rafes ondulces. Les botaniftes modernes diftinguent trois efpeces différentes, qui croifflent en Suifle, & paraiflent avoir été réunies par Haller, fous fon Hieracinm 49. La premiere eft le Hieracium alpinum de Linné, de Jacquüt, &c. ; dont les feuilles {ont ovales, ovales Jancéolées, mème lancéolées. & couvertes de poils. La feconde eft le Hieraciunr al- peftre JacQ ; dont les feuilles reflemblenc à celles de l’efpece précédente, mais {ont ra- {es : c’eft à cette plante, qu’on doit rapporter le Hieracinm alpinun ALL. Tab. 14. f. 2., que au règne végétal. 113 gue l’auteur cite avec doute. La troilieme eft le Hieracium capillaceum ALL. Tab. 31. f. 1.5 dont les feuilles font linéaires , entie- res fur les bords, & parfaitement rafes. Quoiqu'il y ait peu de temps que job. ferve ces efpeces en Suifle, je pollede déja des individus qui paraiflent intermédiaires ; je traiterai leur hiftoire d’une maniere plus détaillée dans la fuite de cette collection, Note du traducteur. $ XX X V. M. de Jacquin a donné une excellente figuredu Hieracium n°.$0. de Haller , dans la Hora auflriaca Vol. $. p. 5. PI. re Il paraît cependant, à fon port & fur-tout à {es grandes feuilles, que l’indivi- du qui a fervi pour ce deflein, avait été cultivé. Hieracium aurantiacum ALL. F. pedem. T. 1. ?- 213. n°. 779. Tab. 14. f. 1. Cette figure, pour me fervir des expreflions de l’auteur , re. préfeute une variété finguliere, dont la fleur était de couleur foufre, & compofée de demi - fleu. rons frangés à leur extrèmité. | XX NV K Je n'ai pu trouver aucune différence, entre les Hiefacium $1. € $2. de Haller ; quoique ces plantes foient très-communes dans nos environs, & que je les aie examinées très - fréquemment. Ces plantes pouflent, fur les peloufes qui bor. dent les chemins, une ou deux tiges, outre la principale ; & quelques rejets feuillés partent de Tome I. | H 114 Mémoires relatifs leur racine: l'un & l’autre manquent aux indi- vidus, qui croiflent fur les murs & dans les lieux rocailleux. Les feuilles font plus ou moins étroi- tes & velues , fuivant la nature des lieux que la plante habite. La hauteur des tiges varie égale- ment : elles ont depuis demi-pied jufqu’àa deux, des branches plus ou moins nombreufes, des poils ou une furface rale : il n’eft pas rare qu'el- les aient une feule branche, qui part du milieu de leur longueur: le nombre des fleurs qu’elles portent , la villofité des péduncules & leurs ra- mifications, font aufli peu fixes. La grandeur des fleurs varie aufl. Jai vérifié, dans lherbier de G. Bauhin, tous les fynonimes que Haller cite ; ils fe {ont trou- vés juites, excepté le dernier, qui devait être rapporté au Hieracium porrifolium. Je pañle fous filence les autres fynonimes. $ XX XVII. Je regarde, comme une variété du Hieracium $3. de Haller, une plante, que j'ai reçue depuis peu de M. Reynier , fous le nom &dEperviere des ‘glaciers, qu'il avait cuerllie au Jardin dans les glaciers du haut Faucigny : elle était haute de trois doigts , terminée par trois ou quatre fleurs plus petites que célles de la variété commune; fon calice était extremement velu; fes feuilles w'avaient que quelques poils , clair femés fur leurs bords ; elle n'avait aucun rejet, ce qu'on voit fréquemment fur la variété ordinaire. On peut confulter l’Excurfion dans les mines «+ 4 L A #1 D 1 : au regne vegetal. FOUR 7 du haut Faucigny , par M. Berthout van Ber. Chem, p. $3. | On voit déja, dans l’article précédent, que l’auteur cherche à diminuer le nombre des efpeces de Pilofelles : fi, comme il le paraît, l’auteur a des preuves fuffifantes, pour réunir les Hieracium $1 €ÿ $2 de Haller ; il eft certain qu’on doit réunir mon Eperviere des glaciers, au Hieracium $3 de Haller. J'avoue que jufqu’à préfent, j'ai cuéilli plufieurs variétés des deux premiers, fans en avoir une feule, qui paraifle inter médiaire ; & c’eft ce qui m'avait déterminé à me conformer à la décifion des autres botaniftes. Ils diftinguaient le Hieracium s1,du $2, par l’abfence des rejets; & je m'étais fervi du mème caractere, pour dif. tinguer mon Eperviere des glaciers , du Hieracium $3. Ainfi, dès qu’il fera démon- tré que ce caractere elt fautif, je confentirai des premiers à l’abolition de ma nouvelle éfpece; puilque la diminution d’une efpece nominale , elt un pas de plus vers la vérité, Note du tradufteur. k DOS Q'SEE Le Hieraciur $4 de Haller differe des prés, cédens (S. XXXVI. ) par fa racine courte & tronquée à fon extrèmité , d'où fortent beaucoup de chevelus longs & fimples : fa hampe eft rafe & beaucoup plus rameule ; fes feuilles font plus étroites , rafes , mais parfemées de quelques poils, & plus dentelées. Les tiges font nues & portent 2 116 Memoires relatifs un plus grand nombre de fleurs , la moitié plus petites ; dont le calice, fans être abfolument ras, eft beaucoup moins velu. Je pencherais à ne pas en faire une efpece diltinéte. - Cette plante ne croïît pas dans les environs de Bâle, où Haller affure que je lai cueillie, mais fur les bords fablonneux du Tefin. :-On doit rapporter à cette plante le | Hieracium montanum angufhifolium parvo flore de l’herbier de G. Bauhin. Hieracium florentinum ALL. Fl. ped, T. 1. p.213. n 79%: $ XX XI X. On trouve communément , dans les prés ma- récageux des environs de Michelfeld , une va- riété remarquable du Taraxacum n°. $6. de Hal- ler : elle eft entiérement rafe : fes feuilles font très-étrbites, linéaires, mais un peu élargies vers leur extrèmité & à peine dentelées : fa hampe eft haute de trois doigts, & les feuilles de fon calice font conftamment redrefces. On doit rap- porter à cette variété les fynonimes fuivans. Dens leonis anguftiore folio C. B. Pin. p. 126. d’après fon herbier. | Taraxacum foliis integris, dentatis, pappo Jim. plici. HaLL. Enum: p. 749, n°: 2. Taraxaci $6. HALL. Hifi. fi. T. 1. p. 23. var. y foliis integris dentafis. 2 Dens leonis alpinus minimus glaber SCHEUCHZ. If. alp. I. p. 35. I] me parait que c’eft cette plante. Jai déja dit quelque chofe fur cette plan- te, dans ma note au paragraphe V. de ce mémoire, C'eft à cette variété, & non au règne végétal. “117 à la variété rafe du Piflenlit, qu’on doit . rapporter l’Hedypnois paludofa de Scopoli; plante qui a été fubordonnée au Leontodon Taraxacum, par MM. Hudfon & KRelhan, {ous le nom de Leontodon paludofum. On ne peut ajouter aucune confiance aux fynoni- mes cités par l’auteur: car, fi la variété de Haller était la mème que celle dont nous nous occupons, il aurait apperçu la difpo- fition des feuilles du calice, & aurait parlé d’un caractere, qui contrafte autant avec la phrafe de fa plante (a). Le fynonime de Scheuchzer doit être rapporté à une variété tout-à-fait différente de la Dent de lion, qui eft commune fur les hautes Alpes. S'il refte encore des doutes fur cette plante , on peut confulter l’'Hiftoire que j’ai donnée des Piflenlits de la Suifle, dans le cours de ce volume. GRR Il faut ajouter , au Taraxacum n°. $7. de Haller les fynonimes fuivans. Leontodon aureum JAcQ. F1. auflr. Vol. 3. p. 53. Tab. 297. excellente figure. .ALLIONI F/ pe- dem. p. 209. n°. 760. Hieracium aureuim Scop. Fl. carn. T. 2. p. 104. n°. 96$. Eperviere dorée, Hieracium aureum La MarcK FI. franc. T. 2. p. 91. (Ca) Taraxacum calycibus glabris, fquamis imis re- flexis HALL. Hifi. fi. n°. 56. / à + 7 118 Memoires relatifs J'ai rapporté iei toutes les notes, corrections & augmentations, que je poflede relatives à la famille des planipétales. Je me propole de con- tinuer ce travail, dans les volumes fuivans des Aa belvetica, afin qu'il puifle fervir de com- mentaire à l’'Enumération des plantes de la Suifle , que je me propole de publier. Cet ouvrage fera, fuivant le fyftème de Linné, corrigé par M.Thun- berg; & je lui donnerai le format in-8°., a£n que les botaniftes qui voyagent en Suifle, puif- {ent fans fervir plus commodément. 977) a es Re ee ee SH IS TOUR E D'une partie des Joncs qui croillent en Suiffe, Par M. REYNIER. Le —— Mo but n'étant pas de répéter les affertions des botaniftes , qui m'ont précédé; je préfere de me borner aux plantes, fur lefquelles je puis offrir des faits, des expériences, ou des réfultats nouveaux. C’elt ce qui n'engage à ne parler ici que d’une partie des Joncs qui croiffent en Suife; les autres font ou trop peu connus. ou trop bien décrits, pour que je puifle offrir des chofes in-. téreflantes , qui lesconcerne. L’Hiftoire naturelle de la Suifle , approfondie dans fes détails, pourra être réunie en corps & former un ouvrage fuivi, lorfque toutes fes parties feront également con- nues; avant cette époque, la méthode qui me paraît préférable, elt celle que j'ai adoptée. Il eft effentiel, avant de commencer l’hiftoire des diverfes efpeces de Joncs, de traiter de leurs caracteres généraux, de l’exiftence de leur fa- mille, & de leur pofition dans le canevas des ètres. Rarement les caracteres fexuels font d’ac- cord avec la reflemblance des formes ; & ces derniers rapports ont été facrifiés à une analogie atbitraire, . Des plantes fans feuilles, dont les FAN 120 Mémoires relatifs tiges portaient les fleurs & les fruits terminals ou latéraux , furent confondues avec d’autres , qui avaient des feuilles très-diftinétes & un port très - diflérent. Linné & en général tous les bo- taniftes modernes les ont réunies , fur une fimple reflemblance des parties de la fleurs Micheli, Scheuchzer, & plus nouvellement Adanfon les ont diftinguées en deux genres, fur le nombre des graines contenues dans chaque loge. Ce caractere minucieux s’eft heureufement rencontré avec la grande divifion, que les formes peuvent offrir, & paraît plus el qu'il ne devrait ètre ; car dans ces plantes, comme dans toutes les autres, tout caractere qui ne peut être faifi, que dans une certaine circonftance de leur vie, eft vicieux, puifqu’elles reftent néceflairement inconnues, pendant tous les cfpaces de temps intermédiaires. Ce que les botaniftes nomment caractere, doit être une marque fûüre & conftante dont la préfence dénote invariablement lefpece qu’elle défigne: or tous ceux qui ne font fon- dés, que fur une partie fugitive, quelqu’impor. tante qu’elle foit à lindividu , ou à lefpece , font vicieux , puifqu’ils ne peuvent être reconnus, qu'à de certaines époques. Il paraît qu’on n’a eftimé les caracteres, qu’en raifon de la facilité avec laquelle on les décrivait : ainfi ceux qui n’exigeaient qu'un mot, étaient préférés à ceux qui exigeaient une phrafe; ces derniers, à ceux qu'on ne pouvait développer que par une def. cription. Mais, il eft difcile que des formes par- ticulieres à une efpece puiflent être aflez faciles a décrire, pour qu’un mot, ou une définition, luMife pour les faire connaître : çar une défini- ou regne vécétal. | fort tion , mème la plus exacte , ne peut exprimer qu’un feul état de fon objet; & nous ne connaif ons aucune partie des etres orgauifés, qui ne change plufieurs fois d'apparence , de forme, ou de proportions , dans le cours de fon exiftence. La diftinétion des Joncs & des Joncoides , faite par Micheli & Adenfon fur le nombre des grains contenus dans chaque loge, nous a conduit’ à une difcution des plus importantes. Des regles générales font infiniment utiles , lorfqu’elles {ont juftes; mais leur influence eft non moins mar- quée, lorfqu’elles font vicieufes. La famille des Joncs forme un point aflez marqué dans le canevas des êtres : ils fe réu- niflent aux gramens, par la fécherefle de leur tiflu , par les bâles écailleufes des fleurs & des panicules , & par la gaine que forment les feuil- les de quelques efpeces : ils en diferent, par la moëlle qui remplit leurs tiges; tandis que celles des gramens font vides, ou remplies par l’em- boitement des diverfes parties du chaume, qui doivent fe développer. Les Scirpes & les Sou- chets forment un group intermédiaire entre ces deux divifions, & fe réuniflent par leurs extrè- mes avec elles : d’un côté le Juncus niveus L.- & le Schenus albus L. offrent aflez de points de réunion , pour qu’un botanilte très-exaét (a) ait rapporté ce dernier aux foncs: d’un autre côté le Juncus Jaequini L. ‘le rapproche par fa forme du Schenus nigricans L; & d’autres nuances, (a) Vaillant fous le nom de Juncus paluffris gla- ber , floribus albis, dans fon Botanicon, Paris, p. 110. … 122 Mémoires relatifs | plus ou moins marquées, offrent de nouvelles analogies. | Des rapports d’une efpece différente réunif- fent d’un autre côté les Joncs aux Liliacées , par des nuances aflez infenfbles, pour que l’extrè- me difñierence de ces deux familles difparaifle. La Nonfeuillée réunit à une tige, des feuilles, un port de jonc, des fleurs colorées & charnues : les Antérics forment un intermédiaire exact, en- tre l’aridité des Joncs , & la fucculence des liliacées ; & ce chainon eft d'autant plus décifif, qu'ils reuriflent les caracteres des deux femelles. Les Joncs doivent donc être confidérés comme un group diftinct, mais réuni par des paflagess il refte à confidérer fi leur réunion , fous une feule famille, eft fondée. Trois formes bien diftin@es paraiflent au pre- mier coup d'œil : on concoit difficilement la maniere de les réunir. Efflayons de développer leurs caracteres. Une racine traçante donne naïif- fance à des bourgeons écailleux, qui {e prolon- gent, s'ouvrent au fommet, & laiflent pañler des tiges fans feuilles, cylindriques & terminées en pointe. Les plus vigoureufes acquierent en s’éle- vant, une tubérofité jaunâtre vers la moitié. ou les deux tiers de leur hauteur : elle croflit ; on apperçcoit une gaine , qui laïlle paraître une pa- nicule de fleurs abfolument nue, qui s’étend., fe rami£e & reproduit l’efpece. Cette organifa- tion fimple s'éloigne beaucoup des autres formes . connues, & {e rapproche de celles de quelques Scirpes, dont lestiges , pareillement nues, portent auf leurs fleurs, ou latérales, ou placées au fommet : leur réunion formerait une famille » A *% Sn # au regne végétal. 127 vraiment diftinéte , qui porterait un caractere connaifflable des la naiflance de l'individu. . Un autre group contient des efpeces , dont les tiges portent des feuilles réelles, mais cylindri- ques , dures, & qui tiennent de la nature des tiges : elles forment une gaïne très-marquée à leur bafe. Les fleurs dans ce group font difpo- fées en panicule plus ou moins denfe ou rameu- fe, qui eft placée au fommet de la plante. Ce caractere , d’avoir les feuilles d’une nature fem- blable à celle des tiges, eft aflez marqué pour frapper dans tous les états : il eft particulier à ces plantes. Un troifieme group contient des plantes plus difficiles à faifir, lorfqu’elles n’ont pas de fleurs. Leurs tiges & le collet de leur racine, portent des feuilles molles, plates, femblables à celles des gramens, des glayeuls, & de plufieurs lilia- cées; la confiftence de ces feuilles differe de celles des tiges ; les fleurs forment aufli une panicule. Le premier de ces groups eft tranché, aucune _efpece ne le réunit avec les deux autres ; il eft ilolé, & fon organifation eft trop finguliere, “pour n'être pas facile à connaître. Les deux derniers font tres - diltinéts, quand on compare les efpeces centrales; mais des nuances inter- médiaires rendent leur {éparation difficile. Le Joe trifore, qui devrait entrer dans la feconde ivifion, à caule de Ja forme cylindrique de fes feuilles , {e réunit à la troifieme , à caufe de fa molleffe : & le Jonc rude, au contraire, avec la raideur des feconds, poffede les feuilles appla- ties des derniers. Ainfi les Joncs fe divifent naturellement en 1%. 124 Mémoires relatifs deux groups très-diftincs ; le premier ferait for- mé par les efpeces, qui n’ont pas de feuilles, &, qui devraient être réunies aux Scirpes & aux autres plantes, qui ont une forme femblable ; le fecond contiendrait tous les Joncs, qui ont les feuilles diftinctes des tiges :’on pourrait le fubdivifer, pour la facilité du travail, quoique d’une maniere peu tranchée , en Joncs, dont les feuilles font de la nature des tiges, & Joncs, où elles different. On pourrait joindre à cette derniere divifion du fecond group, qui contient les Joncoides de Micheli & de Scheuchzer, la Scheuchzere des marais : elle leur a été réunie de tout temps, mais Linné crut devoir en faire un genre féparé. Ce mème auteur qui réuniflait tous les Joncs, malgré la différence de leur or- ganifation, & malgré le nombre des graines contenues dans chaque loge de leurs capfules, les fépare; parce que dans la Scheuchzere les trois divifions du piftil reftent diftinctes jufqu’à Povaire ; au lieu que dans les Joncs , elles fe réunifflent & forment un corps, avant d'y par- venir. Les graines de la Scheuchzere, au lieu d’ètre réunies dans une caplule à trois loges, le font dans trois capfules applaties & diftinc- tes : mais ces caracteres, difhciles à faifir, n’in- fluent pas fur leur reffemblance générale, fon- dée fur lenfemble des formes, & fur le port, auquel on eft conftamment obligé de revenir , maleré les efforts qu’on fait pour s’en écarter. CA au regne végétal. 125 LES JONCS LATÉRAUX. Le group des Joncs latéraux, quoique un des plus faciles à counaître, un des plus répandus, & peut - être celui qui a occafonné le moins d'erreurs , offre encore de nouveaux réfultats à difcuter. Les faits les plus connus en appa.- rence font fréquemment négligés pour cette rai. fon ; & fouvent on ne s’en occupe pas, parce qu’on les croit approfondis. Les Joncs latéraux font communs dans les prés marécageux , au bord des chemins, & en général, dans tous les terreins ftériles où l’eau féjourne : leur appari- tion dénote la ftérilité, l’abfence , ou le vice des cultures ; leur dépériflement eft un des plus fürs garans du fuccès des agriculteurs. Un pré qui contient des Joncs eft peu eftimé, fa valeur elt : prefque nulle ; & cependant quelques travaux lui ôtent fes mauvailes qualités ; & les Joncs ne dénotent, que la parefle, ou la négligence des pofleffeurs. La racine des Joncs latéraux eft horifontale ; elle fe couvre de bourgeons qui donnent naif. fance à d’autres individus : cette maniere de re- production eft celle qu’on obferve le plus com- munément, celle par les graines eft moins fré- quente; foit que le trop grand développement des racines & des poufles épuile la plante, ou que le tiflu ferré & compacte du terrain empèche les graines d’y pénétrer. Lorfque la graine eft dans une pofition qui lui permet de germer, elle pouffe deux cotiledons , {uivant l’obfervation de 126 Memoires relatifs M. Adanfon (a); quoique toutes les autres plantes , qui lui font analogues , n’en aient qu’un. Cette exception finguliere m’a paru de nature a être vérifiée, & je l’ai trouvée juite. Un bour- geon conique, écailleux , paraît enfuite , & donne naifance à une tige cylindrique, qui s’allonge infenfiblement : la racine groilit, il fe forme de nouveaux bourgeons fur elle, & de nouvelles tiges environnent la premiere. C’elt feulement la feconde année , que cette plante a des tiges allez fortes, pour porter des fleurs; & fa durée me paraît être de plufieurs années , quoique je n'ai aucune obfervation décifive qui le démon- tre, excepté la grofleur & l'étendue des groups qui fe forment par le développement fucceilif des racines. Les fleurs font difpofées en panicule fur un des côtés de la tige; aucune feuille n’em- brafle leur bafe; mais uniquement une ou deux braétées : ces deux caracteres réunis fufhfent pour les faire connaître, Leur panicule fe ramifie plus ou moins, fuivant les variétés, & même fuivaht les individus; & les fleurs font placées au fommet des divifions, ou garniflent leurs angles. Les, naturahftes ont- diftingué quatre efpeces principales de Joncs latéraux, les Juncus effufus L. I. inflexus L. I. conglomeratus L. € IL fili- formis L.; mais des oblervations fuivies & quel- ques expériences m'ont démontré, qu’elles ne font que des manieres d’être dépendantes de la nature des lieux ; & ce font mes preuves qui feront en grande partie le fujet de ce mémoire. (a) Farrille des plantes, Tom.z2.p. 45. au regne végétal. 127 LE JONC LATÉRAL , VARIÉTÉ A PANICULE LACHE (a). Cette variété ayant fes parties plus écartées, lobfervateur appercoit mieux fa conftruction, & peut plus facilement établir ce qui caractérile. la maniere d’être des Joncs latéraux. J'ai déja parlé de la pofition & de la forme des racines ; je me bornerai à dire qu’elles font dures, i- gneufes , raboteufes, & couvertes de nœuds à l'extérieur : leur partie inférieure donne naif- fance à un grand nombre de racines fimples , aflez épaifles, qui s’implantent verticalement en terre ; ces racines paraiflent plus charnues & moins dures que la fouche dont elles fortent. Le collet des racines, ou pour ètre plus clair, l'endroit ou les tiges s’implantent fur elles, eft garni d’une & quelquefois de deux écailles , lon- gues d’un ou deux pouces, qui {e defféchent & accompagnent les tiges : on ne peut pas les re- garder comme des feuilles, leur confiftence s’y oppofe. Les tiges s’élevent depuis quelques pou- ces, jufqu’à deux & trois pieds ; elles font cylin- driques , remplies de moëlle, & plus où moins canelées fuivant leur volume. Et non-feulement l'épaifleur des tiges influe fur la profondeur des canelures, mais aufli la fécherefle du terrain: avec un peu d'attention, on peut obferver les nuances produites par cette combinaifon de deux caufes, qui forment un mème caractere. (a) Juncus effufus Linn, © N 128 ÎMemoires relatifs La panicule des fleurs nait au-deflous du fom- met des tiges: le lieu où elle fe développe n’eft pas fixe ; quelquefois elle n’eft qu’à deux pouces du fommet, {ur une tige de deux pieds ; d’autres fois elle fe trouve plus bas, vers le tiers, & mème vers la moitié. Elle fort de l’intérieur des tiges & adhere à une cloifon, ou partie dure, qui la foutient au-deflus de la moëlle : la tige fe referme un peu au-deffus d'elle, & continue à être cylindrique juiqu’au fommet. Un, deux, ou plufieurs péduncules , chacun enveloppé d’une bractée écailleufe , longue d’une ou deux lignes, fortent enfemble de la tige, & forment, en 1e ramifiant , la panicule. Chacun de ces péduncules fe divife en un faifceau de deux ou plufieurs pé- duncules multiflores, accompagnés de fleurs, fou- tenues par des péduncules fimples ; & les pédun- cules multiflores fuivent la même divifion; les dernieres ramifications font terminées par des fleurs folitaires , & quelquefois en portent de feifiles, dans leur longueur. 1] eft inutile de rap- peller que chaque divifion eft garnie d’une brac- tée, & qu’il y en a deux fous chaque fleur. La longueur des panicules dépend neéceflairement de celles des péduncules avant leur divifion ; mais dans la variété que je décris ici , lorfque la plante eft vigoureufe, elle furpafle toujours un pouce & fouvent en à plus de deux. | Les fleurs font petites, formées par un calice, compolé de fix feuilles étroites & terminées en pointe. Les étamines font oppofées aux divifions du calice, & font implantées fur le receptacle autour de la capfule : leurs filets font lifles & font corps avec l’anthere; ce caractere leur eft | particulier ; + nu regne végétal. 129 particulier, puifque ni les gramens , ni les lilia. cées , deux familles avec qui ils ont le plus d’ana. logie, ne le partagent pas. Les antheres s'ouvrent par les côtés, pour répandre leur pouffere, A cet appareil des fexes, fuccede une capfule ova- le, partagée en trois loges, dont chacune con: tient plufieurs graines; ces graines font ovales, de couleur jaune , & adherent par une de leurs extrémités, à l’axe qui réunit les cloifons des loges. Les feuilles du calice perfiftent autour du fruit, juiqu’a fa maturité; & le piftil , après la chûte dés {tigemates, fe durcit & forme une poin- te fur Ja capfule. | Le nombre des étamines n’eft pas fixe, c’elt la raifon pour laquelle je l'ai omis dans ma defcrip- tion : chaque fleur en contient ordinairement fix ; niais M. Relhan, dit dans un ouvrage qu’il vient de faire paraître (a), n’en avoir trouvé que trois. LE JONC LATÉRAL, VARIÉTÉ A SOM- MITÉS PENCHÉES (b). ; L Cette variété m'a toujours paru une maniere d’ètre de la précédente : lorfque la panicule eft bafle & que les tiges ne peuvent pas Îe foute- nir, à caufe de leur allongement, ou de leur minceut, elles penchent & fe courbent du côté. où le poids les détermine, du côté de la pani- cule: mais l’allongement des tiges, n'étant qu’u- (a) Flora Cantabrigenfis, p.141. (b) Juncus inflexus Linn, Tome I, X 130 Mémoires relatifs ne fuite de la pofition où les plantes croiffent, ce caractere ne peut etre aflez conftant, pour former l’eflence d’une elpece. Plufeurs auteurs après Linné, en ajoutentun autre ; c’eft l’applatiflement, en forme de feuille membraneufe, des fommités. Les botaniftes ne ont pas d'accord fur ce caractere. M. Villars dit uniquement que les fommités font applaties , & donne aufli ce caractere au jonc filiforme (a). M. de la Marck prétend que les tiges fe prolon- gent, en maniere de feuilles très- faibles & ar- quées (b); mais’ il eft pollible qu’il n'ait pas vu cette plante, ainfi que plufieurs autres qu’il décrit. M. Krocker ne parle pas de l’applatifie- ment des fommités ; & paraît attribuer l’incli- haifon des tiges, à la longueur de la partie fu- périeure à la panicule (c). M. Relhan n’en parle pas, & dit que la tige eft filiforme, longue, mince , {triée , tenue , très-allongée au-deflus de la panicule ; fa partie fupérieure eft pointue , & courbée par deflus les graines. dans leur matu- rité (d). Les figures de Morilon, Section 8. PI. 10. f. 25. & de Barrelier fig. 204. expriment la courbure des tiges, mais point leur applatifle- ment : & Hailer ne fait pas mention de ce ca- ractere. Au milieu de ces incertitudes, nous croyons pouvoir nous fixer aux obfervations que . nous avons faites, & recarder la courbure des tiges, comme une fuite de leur longueur ou fai- (a) Hifloire des plantes du Dauphiné, T. 2. p.235. (b) Flore françaife . T. 3. p. 291. (c) Flora Jilefiaca, T. 1. p. 554 (d) Flora cantabrigenfis , p. 141. au regne vêgétal, 131 blefle, & l’applatiflément des fommités, comme un caractere variable , dû à une plus grande extenfion de cette partie. Ordinairement la pani- cule de cette variété et plus lâche & plus irré- guliere ; ce caractere eft une fuite de Pallonge- ment des autres parties. Les fleurs font pareille. ment décolores; elles font petites, formées de pétales fort allongés & contiennent fix étamines, {uivant M. Relhan; mais je doute que ce nom. bre f{oit plus fixe, que dans la variété pré. cédente. JONC LATÉRAL, VARIÉTÉ A PANI- CULE DENSE (a). Une tige plus épaiffle & moins haute, & Ja denfité des panicules , qui forment une fphere plus ou moins parfaite autour des tiges, ont en- gagé les botaniftes à faire de ce Jonc une efpece diftincte. Mais les principes généraux fur l’al- longement des plantes, ou de leurs parties, qu’u- ne multitude de faits m'ont démontré, me don: nerent les doutes de lexiftence de cette efpece : bientôt des obfervations me convainquirent de la juftefle de ces doutes; & la fuite des nuances, entre la variété à panicule lâche, & celle-ci que j'ai recueillies pour mon herbier , me met à mème d'en donner la démonftration. Non content d’avoir des preuves aufli fortes , j'ai profité d’une pofition finguliere , que j'ai vue en Gueldre, pour faire des expériences. Une tourbiere féche, (a) Juncus congloméeratus Linn. 132 _ \Memoires relatifs couverte de la variété à panicule denfe, avait dans une de fes parties, une petite fondriere , où l'eau ‘des pluies féjournait, & qui nourriflait la Yariété à panicule lâche. Je féchai, en automne, cette place, par des faignées , qui facilitaient l'écoulement des eaux ; & l’année fuivante les panicules de ces plantes furent fenfiblement plus £errées : je n’ai pu fuivre plus long-temps cette obfervation ; ; mais, d’après les changemens arri- vés dans l’année , je fuis perfuadé, que ces joncs auront pris tous les caracteres de ceux qui les environnent. Je poflede , dans mon herbier , des échantillons des deux états. Une expérience que je n'ai pu faire & qui ferait intéreflante , ferait la culture du Jonc latéral : il ferait inftructif de le voir pafñler par diverfes nuances, depuis la variété la plus allongée , jufqu’e à celle où Île rac- courcifiement eft le plus marqué. Le Jonc latéral à panicule denle ( Jaiffant un moment les nuan- ces, pour ne s'occuper que de fa forme la plus décidée ) eft moins élevé que celui à panicule lâche; il a rarement plus d’un à deux pieds de hauteur i & {ouvent il relte : au-deflous : à mefure que fa tige diminue de longueur, la panicule acquiert une plus grande denfité ; au point que fur les individus de NES Pouces, malgré le arrondi ; A Der néanmoins , malgré ce changement, d'apparence , la divifion des au- tres variétés, mais plus coutte dans toutes les “parties. M. Relhan dit avoir obfervé que les fleurs de cette variéténe contiennent que trois au regne végétal. 133 étamines (a) : cette obfervation démontre la variabilité d’un tel caractere; puifque dans d’au- tres pays, on en trouve toujours fix. Mais un caractere que je crois plus fixe eft la teinte des fleurs, toujours plus brune, à mefure que les caracteres de cette variété {ont mieux prononcés. LE JONC LATÉRAL, VARIÉTÉ DES TOURBIERES (b). . Cette variété eft pour les précédentes, ce que dans les Joncs articulés, la variété des alpes eft pour les autres ; une diminution de toutes les parties, & fur-tout celle du nombre des fleurs, Ses tiges ont à peine un pied de hauteur ; elles font molles, très minces, & moins nombreufes fur chaque racine ; on en trouve rarement plus de trois ou quatre réunies enfemble. Le fommet des tiges m’a paru cylindrique , fur les divers échantillons que j'ai obfervés ; mais M. Villars prétend qu’elles font applaties (c), ainfi les caracteres , qu’on veut tirer de Papplatiflement des fommités, ne font pas aflez fixes pour être admis. Vers la moitié de la tige, & fouvent au-deflous, fortune panicule de fleurs décolores, prefque blan- ches , rarement plus nombreufes que fept ou dix; elles font écartées les uhes des autres, & reffem- blent à celles de la prémiete de nos variétés. La panicule eft ordinairement compolfée d’un pédun- (a) Flora cantabr. p. 40. (b) Juncus filiformis Linn. | | -(c) Hiffoire des plantes du Dauphine. T. 2. p. 231 2 134 Mémoires relatifs cule chargé de plufieurs fleurs & de deux ou trois péduncules uniflores, qui tous fortent en- femble de l'ouverture de la tige. Linné place en gencral cette plante dans les tourbieres; mais en Suiflé, elle nous paraît particuliere aux alpes : le baron de Häaller ne l’a vue que dans cette pofition; & depuis cet auteur, je ne fais per- fonne qui lait cucillie dans la plaine. Je lai trouvée communément dans les tourbieres de la Gueldre; & la je me fuis convaincu que le carac. tere que plufeurs auteurs tirent du développe. ment de la panicule vers la moitié de la tige, n'eft pas conftant : j'ai vu plufieurs individus où elle fortait près du fommet, dont néanmoins. les autres caracteres répondaient à ceux de cette variété ; le nombre des fleurs était aufl petit, & leurs couleurs auffi pâle. fai eu occafion de voir dans ces mémes tourbieres , des nuances entre cette variété, & celle à panicule lâche; je les ai retrouvée aufli dans les alpes : ainfi cette efpece eft aufli peu fixe & auffi peu caradérifée , que les autres dont nous faifons des variétés. Des qu’on admet que toutes ces formes diver- fes, que le général des botaniftes regarde comme le tipe de plufieurs efpeces, ne doivent leur dif. férence, qu’à la nature des lieux, ou en géné- ral, à des circonftances accefloires qui ont mo. difié la forme primitive ; Pexamen des lieux , où ces variétés croiflent le plus fréquemment, de. vient indifpenfable. L’a@e de la vie, plus accé. léré , remplit plus promptement les mailles de la charpente d’un être; il acquiert une longueug moins confidérable, & nous préfente fous un volume plus petit, plus d’épaiffeur & un appareil au regne végétal. 139 de vie aufli marqué : la teinte de fes couleurs eft plus foncée ; tout annonce en lui la vigueur & la force. Le Jonc latéral à panicule denfe nous offre ces mèmes traits caracteriftiques; c'eft donc une organifation plus active, qui lui a imprimé {es différences; & par conféquent il croit plus fréquemment dans les terrains fecs , expofés à toute l’action de la lumiere, que dans les autres ; cette conclufion me paraît confirmée par la nature. Le Jonc latéral qui croit dans les tourbieres, fur-tout dans celles des alpes, doit vifiblement à cette pofition les différences qui le caractéri{ent. Toutes les variétés des tourbieres font petites, minces & rabougries : elles portent un petit nom- bre de fleurs, dont la teinte pale & la diminution de volume annoncent la faiblefle. Toutes les plantes des tourbieres ont cette apparence; &, pour peu qu’on étudie les variétés, on faifit ce ca- ractere qui les diftingue, Ainfi la diminution de volume , la décoloration & le petit nombre des fleurs, qui diftinguent le Jonc latéral des tour . bieres, font les mêmes caracteres qui diftinguent les variétés qui croiflent dans cette même pofi- tion; &-{1 on veut en faire une efpece, on doit accorder le mème avantage à toutes les autres. Ayant fenti depuis longtems la néceilité d'étudier les variations des plantes, je me fuis infiniment attaché à cette partie; & chaque jour je f{ens davantage, combien elle eft néceflaire, pour la détermination des efpeces. Les JONCSs ARTIGULÉSs. Il exifte des efpeces communes , qui, plus 4 136 Mémoires relatifs xépandues & mieux acclimatées que d'autres ; croiflent dans les pofitions les plus variées: leur forme eft modifiée par chacune de ces pofitions, & chaque individu offre peut-être des différences. Auffi ces efpeces ont été plus fujettes qu'aucune autre , à ces divifions arbitraires d’efpeces & de variétés, qui offufquent la vraie étude de la mature, & réliltent aux efforts de la raifon. Ces plantes habitent des latitudes très-différentes ; les marais & les landes, les tourbieres & les terrains cultivés, les terres arides & les plus fertiles les recélent également; & ces pofitions les modifient plus ou moins, fuivant des lvix que perfonne n’a établies jufqu’à préfent, & qui cependant me paraiflent néceflaires. Les Joncs articulés font vivaces ; leur racine eft petite, féche, mais non ligneufe, raboteufe & couverte d’afpérités; elle fe divife en plufeurs cuifles, qui s'étendent horifontalement , & fe couvrent de chevelus à la partie inférieure. Le collet principal & les plus grandes cuifles pouf- . {ent des bourgeons coniques, couverts d’écailles, qui s’allongent infenfiblement & fe changent en une gaine, percée au {ommet par la feuille qui cherche à fe dégager. Cette feuille fe détache infenfiblement & s’allonge; & le tiers environ de fa longueur fert de gaîne à la feconde feuille; cette feconde à une troifieme ou une quatrieme, ou enfin à la tige florale, fuivant le degré de développement de la plante. Chaque feuille eft cilindrique , quelquefois un peu comprimée du côté carrefpondant à la tige : fon intérieur eft creux , mais divifé par une multitude de petites cloilons , qui lui donnent l'air articulée. Les au yegne végétal. É37 fleurs forment près du fommet de Ja feuille fupé- rieure des pouiles les plus fortes, une paniculé qui fe divife toujours en deux ou plufieurs bran- ches inégales, avec un paquet de fleurs inter- médiaire ; & cette divifion le reproduit plus ou moins, fuivant les variations & les formes loca- les : mais toujours les fleurs font fefliles, foit au fommet de l’angle de divifion , {oit aux extrèmi- tés des ramifications , & y forment des paquets dont la grandeur varie. On obferve aufli conf- tamment que la derniere feuille s’éleve plus haut que Ja panicule, ou du moins à {a hauteur, & qu’elle forme une gaine , femblable à celle qu’on retrouve à la naiflance des feuilles. Les fentimens des auteurs, {ur les Joncs arti- culés , ont été de tout temps partagés. Plufieurs, & entr'autres Linneé & Retz, les regardent comme des variétés d’une feule plante : le baron de Haller prétend, avec le plus grand nombre des anciens botaniftes & prelque tous les modernes, qu’ils forment plufieurs efpeces, dont les caracteres font diftinéts. Si Linné donnait quelques raifons du fentiment qu’il adopte ; fi fa décifion lui avait paru exiger quelques preuves, comme les per- fonnes les mieux perfuadées de fes talens font en ‘droit de l’exiger , les obfervations qui font le fujet de ce mémoire, feraient inutiles. Mais fa maniere d'écrire laiffle cette difcution interminée ; puifque perlonne n’a répondu aux auteurs, qui voulaient prouver le fentiment contraire. | Les végétaux étant foumis à l'influence des agens extérieurs , @& leur forme étant modifiée par cette influence ; fi deux plantes ont une ref. femblance générale, & ne croifient pas dans des 138 Mémoires relatifs pofitions femblables, on peut fuppofer qu’elles doivent leurs différences à l’action du climat. Si on peut ramener ces variations & l’action qui les produit à des principes fûrs , on peut conclure l'identité de caufes, de l'identité d’effets , dès que les principes établis ont un degré de certitude. Cette méthode abréserait certainement, & mème anéantirait toutes les difcufions fur lhiftoire naturelle, qui ne {ont fondées prefque toutes, que fur le poids des autorités, & qui n’offrent. pour la plupart, que des citations accumulées, au travers defquelles on faifit à peine une vérité. Les différences qu’on établit entre les efpeces de Joncs articulés, que nous confidérons comme des: variétés, confiftent principalement dans le degré de ramification des panicules; & comme leur développement eft toujours accompagné d’une grandeur proportionnelle du refte de la plante, ce rapport nous offre une forte préfomption , contre le fentiment de ceux qui les féparent en plufieurs efpeces. Les defcriptions que nous allons “offrir, nous mettront à même de difcuter ce fen- timent avec plus de clarté. LE JONC ARTICULÉ, VARIÉTÉ ORDINAIRE (a). Ce Jonc articulé eft la variété la plus com- €. ? È ë (a) Juncus foliis compreffis, articulatis , panicula Jemel ramofa. Hall. Hiff. ff. n°. 1322. Juncus aquaticus All. FL T. 2. p. 217%. Juncus compreffus Kelh. FI. cant. p. 142. au regne végétal. 139 mune; il croît près de tous les foffés & dans les: lieux humides. Ses tiges font hautes d’un pied., ‘plus ou moins couvertes de feuilles cilindriques ; canelées, & prefque toujours un peu applaties fur le côté correfpondant à la tige. De la gaine de la feuille fupérieure, fortune tige qui fe divife en deux ou plufieurs principales branches , dont chacune {e divife encore une fois ; & c’eft à l’an- gle de ces divifions, & au fommet de chacune des petites branches , que les fleurs font difpofées en paquets fefliles. Haller fixe leur nombre à trois, dans chaque paquet. Ordinairement une des branches s’allonge au-deflus des autres, quel- quefois mème d’une maniere très- confidérable. À. la bafe du paquet, qui garnit l’aiffelle de chaque divifion , on obferve deux ou trois bractées féches, lancéolées, avec une pointe longue; & on les retrouve , mais plus petites, fous les paquets qui font aux extrèmités. Les fleurs font brunes, avec une côte verte qui fe prolonge un peu. La capfule eft brune, ovale, avec trois côtes faillan-. tes ; elle eft formée de trois loges , qui renfer. ment un grand nombre de graines. On peut réunir à cette variété, ou lui fubor- donner, une plante que MM. Pollich & Krocker ont diftinguée (a). Elle eft haute d’environ un pouce, & compolée de quelques feuilles & de tiges terminées, quelquefois par un feul paquet de fleurs, d'autres fois par deux ; {ouvent la tige a deux branches terminées par un ou deux paquets, avec un autre paquet à leur aiffelle. Ces variations (a) Flora Silefiaca, Tab. 50. Juncus ericetorum. 140! Ménoires relatifs fe trouvent prefque toujours fur la même plante. Les feuilles font applaties du côté correfpondant à la tige; & fous les fleurs ou la panicule, on trouve une feuille plus petite que les autres, qui fert de gaîne à la tige. Cette organifation eft la mème que celle des Joncs articulés, & cette plante n’en differe que par fa hauteur ; car le nombre de fleurs , déjà variable dans cette plante, eft le mème que dans le Jonc articulé des alpes. Et d’ailleurs cette variation, fur les différentes tiges de la mème plante, n’indique pas une efpece bien déterminée. Les lieux où elle croît, ne pro- duilent jamais que des plantes raboupgries ; & je crois devoir confidérer cette prétendue efpece, comme un rabougriflement des Joncs articulés. On Ja trouve dans les bruveres & les tourbieres féches : M. Krocker l’a obfervée en Siléfie, & je l'ai cueillie fréquemment en Gueldre. LE JONC ARTICULÉ, VARIÉTÉ RAMEUSE (b), Cette variété décrite par le baron de Haller, comme particuliere à quelques endroits de la Suifle ,-eft moins rare qu’il l’a fuppofait : je l'ai cueillie près de Morat , près du lac de Surfée, entre Altorf & le lac de Lucerne, dans plus d’un endroit du Vallais, & dans quelques marais du Faucigny. Je lai vue enfuite dans les marais des Provinces-Unies. (b) Juncus foliis teretibus , articulatis , panicule repetito ramofa Hall. Hiff. n°. 1323. Juncus Jylvaticus All FI. T. 2. p. 217. Vill. Hiff. Va pDsi232. * Juncus atratus Krocker F1 Silef. T, x. p. 562. 2 au regne vegetal. Ldt : Ce Jonc articulé eft le plus grand & le mieux développé de tous : je l'ai vu fréquemment haut de près de trois pieds, & fa grandeur ordinaire furpañle un pied & demi. Sa racine elt forte, & poufñle un grand nombre de tiges, couvertes de trois, quatre, ou cinq feuilles, engaînées les unes dans les autres : elles font cilindriques & prefque point canelées. La fupérieure s’élargit un peu, dans lPendroit où elle enveloppe la pani- cule ; ou plutôt, elle paraît plus large, parce qu’elle eft ouverte, au lieu que les gaines des _ feuilles font courbées autour d’elles. L’applatife. “ment des feuilles , fur le côté correfpondant à la tige, eft plus rare dans cette variété, que dans la précédente, quoiqu’on l’obferve quelquefois; ainfi ce caractere, que Haller croyait diftin@if, neft pas invariable. La panicule de cette variété eft plus grande , compofée d’un plus grand nom- bre de fleurs, quoique le volume de chacune d’elles foit moins confidérable : elle fe divife en deux, ou plufieurs parties, avec un paquet de fleurs à l'angle, qui, fuivant Haller, eft toujours multiflore ; & cette divifion fe répéte plus fou- vent. Les pétales font décolores, aigus, mais fans pointe ; & la capfule, qui fuccede à ces fleurs, eft petite & d’une teinte pâle. Les brac- tées , qui garniflent les divifions des panicules & la bafe des paquets , font ovales un peu allongées. 142 Mémoires relatifs LE JONC ARTICULÉ, VARIÉTÉ DES ALPES (4). Cette variété, que le baron de Haller a regar- dée dans {es premiers ouvrages, comme telle ; eft décrite dans les derniers, comme elpece. Mais fi des caracteres, qui font vifiblement l'effet de l’action du climat, doivent ètre admis comme différenciels, les efpeces fe multiplieront à infini, fans que nos connaiflances réelles foyent augmentées., Il eft connu que la hauteur des plantes, & le nombre de leurs fleurs diminuent, Jorfqu’elles croiffent fur les alpes ; eft-il éton- nant que le Jonc articulé, plante de la plaine, plante des marais, devienne plus petit, dans une pofition fi contraire à fa nature? Une defcription le prouvera. Le Jonc articulé, qui croît fur les alpes, pré- fente toutes les nuances, depuis fa forme ordi- naire , jufqu’aux extrèmes oppolés : ce font ces derniers qui ont fervi pour la defcription de Haller , & qui ferviront auffi pour la mienne. La tige de cette variété eft haute depuis un pouce, juifqu'à demi pied; du moins je vois dans mes notes, que je l'ai cueillie de la pre- miere de ces grandeurs , dans les alpes de Savoye. Ses feuilles font courtes, applaties fur le côté correfpondant à la tige : de la gaine de la fupé- rieure, naît une panicule de quelques fleurs, fix (a) Juncus foliis fiflulofs , articulatis ; panicula fimplici, glumis ariftatis. Hall. Hifi. n°. 1327. Juncus alpinus Will, Hifi. F. 2. p. 233. 4 au regune végétal. 143 . au plus, qui font ifolées, ou rarement au nombre de deux, & font placées au 1ommet des pédun- cules, & à l'angle de leurs divifions. Une ftipule linéaire , prefque filiforme , accompagne chaque fleur, mais à quelque diftance ; & une autre plus large , de la confiftance de la fleur, & garnie d’une pointe prolongée, elt immédiatement def- fous. Les pétales font bruns & terminés par une pointe, plus allongée que dans la variété ordinaire. Un autre caractere que Haller donne, et que la feuille fupérieure {e prolonge au-deflus de la panicule; il eft une fuite de fon peu de développement. LE JONC ARTICULÉ, VARIÉTÉ DES TOURBIERES SECHES. Cette variété, dont aucun auteur que je con- naifle n’a parlé, me paraît d'autant plus frap- pante, qu’elle a plus d’analogie avec celle des alpes, malgré l’énorme différence de ces deux pofitions, qu'avec la variété ordinaire. J’avertis que de mème, que pour la variété des alpes, je vais décrire les individus les plus modifiés. Sa racine , la maniere dont les tiges en naïiflent, le port & l’enfemble de la plante, n’offrent aucune différence ; on voit au premier coup d'œil que c'elt le Jonc articulé, mais aufli dénaturé que pofhble. Ses tiges, hautes de quelques pouces, portent quelques feuilles engaînées les unes dans les autres : ces feuilles fortement canelées, & plus ou moins applaties d’un côté , confervent fur l’autre la convexité, & à l’intérieur les cloifons qui les caractérifent. La feuille fupérieure 144 Mémoires relatifs furpafle de béaucoup la panicule, qui fort de Pouverture , où elle eft engagée en partie. Cette panicule fimple, ou divilée en deux ou trois branches, eft compofée de trois à dix fleurs, dif: pofées une à une, ou deux à deux , au fommet de chaque rameau. Une ftipule lancéolée & fort pointue fort à quelque diftance de chaque fleur ; & une autre plus arrondie, mais terminée par une pointe longue, eft immédiatement à fa bafe. Les pétales font bruns clairs, terminés par une pointe, au moins auflhi marquée que dans la variété des alpes! La capfule ne préfente aucune fingularité. D’autres individus confervent , avec un plus grand nombre de fleurs, ces pétales & ces. bradtées terminés en pointe; & des nuances, que je conferve dans mon herbier , & dont tous les paflages ne peuvent ètre exprimés dans une defcription , me confirment l’identité d’efpece de cette variété & de l’ordinaire. I] eft impothble, pour peu qu’on ait obfervé ces individus inter: miédiaires , de fixer les bornes de ces deux efpe- ces apparentes ; & fi elles n’en forment qu’une; elles fe réuniflent aufli à la variéte des alpes, dont l’analogie avec celles des tourbieres féches eft des plus marqnée. De plus, j'ai obferve les mêmes nuances dans celle des alpes : j’en poffede dans mon herbier, qui ont des fleurs en paquet, en confervant leurs autres caracteres, & Scheu- chzer (a) parle de femblables variétés; car for Granien junceum, folio articulato, alpinum neft qu'une variété à paquets multiflores du Jonc articulé des alpes. Une ee Ça) Iter helveticum p. 333: 334: ‘ Pr RS RE Ent nn au regne. végétal. 14$ . Une récapitulation des traits d’analogie & de différence de ces variétés n’eft pas étrangere à cet ouvrage. Les quatre variétés, dont je donne Ja defcription , ont un port femblable, & leurs principaux caracteres {ont les mèmes, Elles diffe- rent par la hauteur de la tige, par le plus ou moins de compreilion des feuilles, par le degré de ramofité des panicules, par la grandeur des fleurs, & leur nombre dans chaque paquet, enfin par la pointe plus ou moins longue, qui termine les bractées & les pétales. Aucune de ces différences n’elt décifive ; puifqu’elles ne {ont que des degrés d’intenfite du mème carac- tere, & que mème elles varient d’un individu à l’autre. La hauteur des tiges eft trop varia- ble, eft trop fubordonnée à la nature du lieu que les plantes habitent , pour pouvoir ètre employée comme caractere diftinctif. L’applatif- fement des feuilles n’eft pas plus fixe , puifqu’il eft facile d’en voir fur le mème individu, qui le font fortement, d’autres très-faiblement, d’autres mème qui ne le {ont pas du tout : comme le degré d’in- tenfité de ce caractere elt généralement propor.- tionné à la petitefle de l'individu , on peut fup- poler , que c’eft un obftacle au développement des feuilles , qui leur imprime cette forme. Aufi les mieux développées , comme la variété rameule, ont des feuilles moins comprimées, l’ordinaire les à davantage, & la nuance eft encore plus forte fur les variétés rabougries; de plus, cette comprefhion weft bien fenfible, qu’à la bafe de Ja partie libre des feuilles, l’extrèmité eft toujours cylindrique. Le degré de ramofité des panicules, étant fubordonnée à la grandeur de la plante; Tome I, ! 146 Mémoires relatifs eft encore une fuite du degré de fon dévelop- pement ; & d’ailleurs il eft connu que les variétés des alpes & des tourbieres n’ont jamais qu’un petit nombre de fleurs. Les nuances qui réunif- fent ces variétés, & qui font tellement intermé- diaires , qu’il elt impotlible de décider de laquelle elles dépendent, nous prouvent que ces quatre variétés ne font que quatre anneaux écartés de la même chaîne. Jai vu fréquemment des indi- vidus rameux fur les alpes, qui confervaient les autres caracteres de leur pofition; j'en ai cueilli dans la plaine, qui m’offraient d’autres nuances; & fi je n'avais pas été convaincu antérieurement, je l’aurais été, en obfervant la variété des tour- bieres feches de la Gueldre. Le nombre des fleurs dans chaque paquet, & leur grandeur font aufli peu caractériltiques ; Scheucher l’a vu, je lai oblervé depuis, & d’autres botaniftes auront aufli trouvé le Jonc articulé des alpes, avec des paquets de deux ou trois fleurs ; & chaque naturalifte peut vérifier, fi la variété ordinaire a aufli conf. tamment trois fleurs que Haller le fuppofe. La forme des bractées & des pétales, l’intenfité de leurs couleurs, & la pointe prolongée de leur fommet , ne font pas des caracteres aflez fixes pour être admis. De toutes ces obfervations réunies, je crois pouvoir conclure que ces quatre variétés, dont * A € L trois font décrites comme efpeces, par le baron . de Haller, & par M. Villars, font des modifi- cations produites par l'influence du climat; & que mème elles ne font pas des races différentes, dont l’origine eft commune. La poftion feule du Jonc articulé, plante qui s’acclimate en tous g 5 LEE « ; au regne végétal. 147 lieu , produit les différens changemens de forme qu’il fubit, & {ur lefquels nos connaifances {ont encore très-incompletes. I] nous manque des ob: fervations locales {ur la nature des plantes d'Eu- rope dans les diverfes pofitions où elles croifent; & c’eft fous ce point de vue, que les voyages botaniques. deviendraient infiniment utiles. On peut efperer , actuellement que les favans français s’eHorcent de faire renaître cette fcience , que des obiervateurs tourneront leurs cocbenotel de ce côté-là ; & qu'on quittera enfin le cahos de la nomenclature , pour s'occuper d’obfervations utiies. Les caufes phyfiques qui produifent ces chan gemens de forme, font faciles à connaître. La variété rameufe croit dans les bois (a), dans les lieux ombragés, & en général dans tous les lieux où laction immédiate de la lumiere eft affaiblie. Cette plante rentre donc dans une de ces nuances, entre l’état ordinaire & l’étiolement, dont j'ai parlé dans mon mémoire fur la Renon- cule aquatique : fon tiflu plus lâche, s’allonce davantage ; fes fleurs reftent plus petites & déco lores; & {on enfemble, quoique plus développé, a une apparence plus faible. Une action du foleil plus forte, ou plus continue; produit la variété ordinaire ; qui croit dans les lieux humides & découverts ; fa nature eft plus forte, fa coloration plus intenle; elle forme un pañlage aux variétés fuivantes. Les variétés des alpes reçoivent l’in- (a) Les Baukins, & parmi les modernes MM. Allioni & Villars lui ont donné pour cette raifon le nom de Juncus Jylvaticus, K 2 148 Mémoires relatifs fluence d’une lumiere plus forte & plus active; leur forme en eft aufli modifiée que pofhble; & ces variétés, dont la vie eft exceflivement accélérée , font plus vite dans leur degré de perfec- tion, & n’acquierent qu’un volume très-médio. cre, La lumiere joue un rôle des plus importans dans la formation des végétaux ; fon abfente détruit leur organifation , elle produit un allon- sement exceflif de toutes leurs parties, & les prive de leurs couleurs ; & toutes les gradations qu{qu’à {on action exceilive, font marquées pat des nuances, que l’accourciflement des parties , l’intenfité des couleurs, & l'accélération de la vie rendent fenfible, r 3 :# à | au regune vegetal. 149 MAO UE RER DE LA RENONCULE AQUATIQUE. . Par M REYNIER. L, claffification des plantes que plufieurs bo- taniftes ont propofé de faire, enfuite des lieux où elles croiflent ; puérile aux yeux du nomen- clateur , offre des vues intéreflantes à l’obferva- teur philolfophe. Les productions d’un même climat ont une certaine analogie qu’il aime à voir ; il cherche à pénétrer fes caufes ; & remonte fouvent à des loix générales, qu’il aurait à peine foupconnées, & qui lui offrent les plus grandes lumieres fur Porganifation végétale. Toutes les plantes qui fe développent fous Peau ont des tiges, longues, minces, & fpon- gieufes, quelquefois mème cellulaires : elles fe ramifient peu, & fous des angles fort aigus; ex- cepté dans une feule circonftance , lorfque la principale tige peut fe foutenir d’elle - mème ; alors , dans quelques plantes , les branches fui- vent la direction de l’eau & forment des angles droits (a). Les feuilles des plantes aquatiques font généralement plus longues & plus divifées, 2 — EU, (a) La Girandole d'eau, &cs K 3 LA Le) Mémoires relatifs que celles des plantes aériennes ; leurs découpuz res font plus longues & prefque capillaires: on peut obierver ces nuances dans les plantes, dont une partie des feuilles fe développe fous l’eau, & l’autre à l'air (a). Ces caracteres, vus géné- ralement , paraiflent donc une fuite du dévelop. pement fous l’eau, & c’eft dans l'influence de . cet élément qu'on doit chercher leurs caufes : ce travail tient infiniment à la phifiologie des plan- tes, a laquelle toutes les autres branches de la botanique conduifent néceflairement , & qui feule eft vraiment inftructive. On réunit à la famrille des renoncules une plante, diftinguée par le nom d’aguetique:; qui, avec une fleur & des organes fexuels, parfaite ment femblables à ceux des renoncules, poflede éminemment les traits diftinétifs des plantes qui végetent fous l’eau, Cette plante, ifolée au mi. lieu d’efpeces , avec qui elle n’a d’autre analogie, que par fa florailon ; m'a paru préférable aux autres , pour faire des expériences relatives au! déve oppement aérien des plantes aquatiques ; & mes expériences, par un hafard fingulier, m’ont donné des reéfultats. au moyen defquels je crois pouvoir terminer la longue difpute des botaniftes au fujet de cette plante Les uns diftinguent plu. fieurs efpeces de renoncules aquatiques , d’autres les réunifflenc & les confiderent comme des va- riétés : ces fentimens , fondés {ur lopinion , n'étaient confirmés par. aucune obfervation, ni par aucune expérience. La botanique &en gé- (a) Le Phalandri, le. Sifon inonde, le Creffon amMs phibie, &c. … | | au repne végétal. IS néral l’hiftoire naturelle, qui dans fon eflence devrait ètre une fcience de faits, par une fuite de la maniere dont on la traite, devient une férie d'opinions arbitraires : aufli long-temps qu’on y admettra comme démontrées, des chofes que l’ex- périence n'aura pas établies, cette {cience man. quera de certitude. Toutes les Renoncules aquatiques, confidé- rées comme efpeces ou comme variétés, ont des traits généraux communs , qu'il me paraît eflen- tiel de développer , pour éviter l’ennui des répé- titions; me bornant enfuite à tracer un expolé des différences de chaque forme , le tableau acquerra une clarté néceffaire dans l’hiftoire de la nature. Les Renoncules aquatiques végétent fous l’eau, leur fleur s’éleve feule à la fuperficie. Leurs racines font formées par des bulbes, allongés, cylindriques, difpofés en paquets, femblables à ceux de quelques efpeces aériennes, comme celle à feuilles d’aconit. De leur collet naiflent des tiges cylindriques , dont les ramifications font diftantes & peu nombreufes: les unes & les au- tres s’allongent jufqu’à la fuperficie de l’eau; & leur longueur, étant déterminée par lépaifleur de la couche qu’elles doivent traverler, ne peut ètre fixée. Ces tiges, trop minces pour fe foutenir & réfifter à l’impulfion du milieu, fuivent la direction du courant, dans les eaux qui ont un cours déterminé , & le vacillement des eaux pu- rement agitées. Les branches font fimples ou peu ramifiées ; leur$ infertions fe font fous un angle très-aigu, qui ne varie pas fenfiblement, dans les différentes directions que l’eau commu- nique à la plante, Les feuilles font difpofées en & K 4 152 Mémoires relatifs fpirale fur les tiges: elles font divifées en plu: fieurs lanieres capillaires , dont plufeurs réunies forment une foliole fur le pétiole commun; & leur enfemble, ces paquets étant oppofés avec un terminal , produit une forme ailée ou en tréfle. Leur pétiole général eft large d’une con- fiftance de feuille , il embrafle la tige à fa bafe. Les fleurs font ifolées fur des péduncules placés en oppofition avec les dernieres feuilles (a) ; elles font blanches , jaunes à l’onglet ; leurs bou- tons commencent à groflir , lorfqu’ils font à deux pouces! environ de la fuperficie, & fe develop- pent à l’inftant meme où ils s’échappent des eaux. Ces caracteres , communs à toutes les Renoncules aquatiques , fe nuancent dans leurs différentes variétés, mais uniquement par des formes plus ou moins fortement prononcées. I. VARIÉTÉ, DONT LES FEUILLES ONT LEURS DIVISIONS PARA- LELLES (D). Plufieuts botaniftes , qui confentent à réunir (a) Ce caractere, qui ne fe retrouve dans aucune autre Renoncule , avait engagé Vaillant à diftinguer ces plantes, fous le nom de Ranunculoides ; mais les na. turaliftes modernes , étant devenus entierement fexua- liftes , les ont réunies aux, Renoncules; malgre , leur air, leur pofition, celui des péduncules, & la forme des feuilles. La reflemblance;: des caracteres fexuels les a déterminés, & les difcuflions purement de nomen- clature font trop peu importantes pour combattre leur fentiment. j | (b) Ranunculus peucedanifolius Allioni Fi pedem. . an regne végétal. 157 les variétés fuivantes , croient que celle-ci doit former une efpece diftincte. J'aurais adopté fans peine leur maniere de voir, j'y penchais mème, avant d'avoir obfervé divers faits, & vu le re- fultat de quelques expériences , qui démontrent fon identité d’efpece ; je parlerai dans la fuite de ce mémoire des obfervations qui n'ont déter- miné. Cette variété de la Renoncule aquatique reflemble aux autres par la forme & les divifions des tiges; les angles d’infertion des branches, & la pofition des feuilles font les mèmes. Elle differe par fes feuilles, dont les divifions font longues , paralleles entr’elles, & moins nombreu- fes; & par fes entrenœuds, qui paraiflent plus confidérables ; mais ce caractere ne peut être admis comme diftinctif, la longueur rélative des arties dépendant de celle des tiges. En effet, la ts des tiges varie depuis un à quelques pieds ;, fuivant la profondeur de l’eau; & les nuances , que peuvent {ubir les autres parties de la plante, font circonfcrites dans une aire moins confidérable. Les fleurs , fuivant le baron de Haller & quelques autres botaniftes, font plus grandes que celles des autres variétés ; ce qui n’eft vrai que dans de certaines occafions. Ainfi la feule différence réelle & conftante de cette va- riété eft celle des feuilles ; différence qui, ajou- tée à leur écartement fut les tiges, lui donne un air moins touflu, & une apparence qui paraît d’abord très-diftinéte de celle des autres variétés. Kanunculus fluitans, petiolis unifloris, fokis capilla- ceis , longiffimis, laciniis paralellis. Hall. St, helv, n°. 1161, _ 154 Mérioires relatifs 2°. VARIÉTÉ, DONT LES FEUILLES: SUBMERGÉES SONT A DIVISIONS PARALELLES ET LES SUPÉRIEURES RÉNIFORMES. Cette variété ne me paraît pas avoir été {épa- rée de celle que je décrirai au n°. $., dont elle differe réellement : mais toutes deux avaient des feuilles réniformes ; & ces feuilles étant regar- dées comme eflentielles, on a négligé les autres caracteres diftin@ifs. Cette variété differe de la précédente par {es feuilles fupérieures, qui ont une forme de rein & font couchées fur l’eau; tandis que toutes celles de l’autre font fubmer- gées & fe reflemblent. Ces feuilles réniformes {ont divifees en trois , quatre, ou cinq lobes, dont les féparations , excepté une, font peu profondes; chacun d’eux eft entier, ou échancré par deux ou trois crénelures ; leur contour eft conftam- ment arrondi. Ces feuilles font portées par des pétioles aflez longs, qui adherent à leur centre : elles feraient entierement pavoifees, fi la fépa- ration de deux lobes ne pénétrait pas jufqu’à linfertion du pétiole. On trouve rarement plus de trois ou quatre de ces feuilles fur chaque branche, & les fleurs leur font oppofées. 3°. VARIÉTÉ, DONT LES FEUILLES SONT A DIVISIONS DIVERGENTES. J'ai fait obferver que les deux premieres va- tiétés ont un caractere commun, marqué par le ah vegne vegetal. tré paralellifme des divifions de la feuille ; ce ca- ractere les diltingue des fuivantes. Celle dont il eft ici queftion, n'offre aucune différence , dans Ja difpofition des tiges & des rameaux ; mais les entrenœuds paraiflent plus courts, ce qui peut être une apparence produite par l’évafement des feuilles. Les divifions des feuilles font plus courtes & plus nombreules que dans les variétés précéden- tes; &, des leur origine, elles divergent fous un angle plus ou moins ouvert: toutes ces divi- fions ne parviennent pas à la mème longueur ; mais elles prennent, dans leur enfemble, une forme plus ou moins fphérique , quoique peu réguliere. Le pétiole eft plus court & plus élargi, de forte qu’elles embraflent à peu pres les tiges. Plufeurs botaniftes attribuent à cette variété une fleur plus petite , que celle de la premiere ; mais ce caractere n’eft pas aflez fixe pour être admis: il dépend d’une multitude de circonftances loca- les; qui, plus ou moins fortes & agiffantes , n’ont jamais une mème intenfité d'effets. 4°. VARIÉTÉ, DONT LES FEUILLES ONT LEURS DIVISIONS DIVERGEN- TES, MAIS PLUS COURTES, ET FOR- MANT UNE SPHERE PAR LEUR EN- SEMBLE (a) Cette variété a été diftinguée de la précédente, 7 Ca) Ranunculus aquaticus albus, cincinnatus , te. nuiffime divifis foliis , fioribus ex alis, longis pediculis innixis. Pluck. Tab. $5.f. 2, 156 Mémoires relatifs par plufeurs botaniftes : mais les légeres diffé. rences, que les extrémes peuvent nous offrir, font anéanties par les sradations intermédiaires , qu'on peut facilement obferver. On a donné pour caractere diftinétif de cette Renoncule, la . forme réculiere que prennent {es feuilles, & la brieveté de fes pétioles. Les divifions de fes feuilles font plus courtes, plus divergentes, peut-être plus nombreufes, que celles de la va- riété précedente ; elles prennent une forme fphé- rique plus réguliere; & leur pétiole étant plus court , elles embraffent davantage les tiges. Mais, comme on peut le remarquer, ces différences font des nuances plus fortes d’un mème caractere. $". VARIÉTÉ, DONT LES FEUILLES SUBMERGÉES SONT A DIVISIONS DIVERGENTES ET LES SUPÉRIE U- RES RÉNIFORMES. | Les feuilles fubmergées de cette variété font parfaitement femblables à celles des variétés troi« fieme & quatrieme; on y obferve les mêmes oradations , & les mêmes nuances : mais cette variété en differe par {es feuilles fupérieures , qui font reniformes , & reflemblent à celles de la feconde variété. Elles font en partie pavoifées comme elles ; & divifées en lobes, dont les f6- parations font peu profondes, excepté une qui pénetre Jufqu'au pétiole. Haller , dans fon Hif _ toire des plantes Suifles (a), reftreint les divi- Ça) Haller Hifi. fi. n°. 1163. at regne végétal. 157 fions des feuilles de cette renoncule à trois lobes; dont chacun fe fubdivife en deux ou trois pieces. Jai fréquemment obfervé des individus, dont les feuilles étaient divifées en quatre & mème en cinq lobes principaux : ce ferait un détail trop minucieux , que {éparer chacune de ces ma- nieres d’être. Les cinq variétés de la Renoncule aquatique different donc, par la longueur & l’écartement des lanieres des feuilles , par l’abfence ou la pré- fence des feuilles réniformes, & par la grandeur de la fleur: nous devons démontrer que ces ca- racteres {ont variables, pour établir leur unité d’efpece. Car, jufqu’à préfent, nous ne nous fommes pas écartés de la méthode reçue ; où on fe borne à fubordonner les variétés aux efpeces, fans donner de preuves de fon fentiment : aufli les décifions des botaniftes, fondées uniquement {ur le poids des autorités, n’ont jamais la certi. tude & la fanétion néceffaire. J'avais adopté la divifion des Renoncules aquatiques en deux efpeces ; lorfqu’un fait, dont je vais parler, réveilla mon attention & m’enga- gea dans de nouvelles recherches. Pendant mon féjour en Gueldre, j'ai trouvé plufeurs plantes de ces Renoncules, fur des tas de terre qu’on avait fortie d’un foffé : cette terte était fablonneu- fe, placée à quelques diftances du foffé, & trop poreufe pour retenir l’eau des pluies. Les indi- vidus de Renoncule, qui y croiflaient, avaient des tiges d’un à trois pouces, arquées vers leurs bâfes, & garnies de quelques feuilles. Leurs feuilles avaient confervé la découpure eflentielle de l’efpece ; mais les divifions étaient fort cout- 158 Mémoires relatifs tes, & avaient un enfemble très-arrondi. La fleur avait la grandeur, la forme, & la vigueur ordinaire ; elle donua des graines fécondes, qui + mürirent , & que Jai recueillies ; je parer bien- tôt de l’ufage que jen ai fait. Il était *eflentiel de déterminer , quelle des va- riétés de la Renoncule aquatique avait produit ces individus : & quoique toutes les inductions me fiflent foupconner , que c'était la feconde variété décrite dans ce mémoire , la feule com- mune en Gueldre ; j'ai voulu m'en aflurer par des expériences. Je recueillis la graine de cette Renoncule crue dans l’eau, & celle des indi- vidus crus à l'air ; je les femai féparément, dans une terre fabloneufe médiocrement {éche ; & jobtins des individus pareils à ceux que j'avais obfervé. Ainfi toutes les nuances de forme, que produifent l’écartement des lanieres & la préfence des feuilles réniformes , ne font pas eflentielles aux Renoncules aquatiques; mais elles font un eflet du climat : puilque des individus, produits par la variété à divifions paralelles & feuilles réniformes (#°. 2. )5 ont eu des divifions divergentes, &.ont manqué de feuilles renifor- mes. Peut-être ferait-il poffible , après quelques années de culture fuivie, de transformer cette pere aquatique cn plante aérienne ; qui ne con- erverait de fa forme primitive, que des feuilles formées par la réunion de plufeurs faifceaux de lanieres, & des péduncules oppofés aux feuilles. Cette obervation prouve combien l'influence du climat eft puiflante ; & combien il eft néceflaire de fixer fes eflets, & l'étendue de fon action, nu regne végétal. I$9 avant de pouvoir déterminer ce qui conftitue les elpeces & les variétés. Il eft intéreflant de connaître les caufes natu. . relles des variations de la Renoncule aquatiqueg _ de développer les influences qui agiffent fur elle, & par conféquent de connaître l’action de l’eau fur les plantes qui naïffent dans {on fein. L’ana. Jogie nous offre des induétions, qui cefleront de l’être , quand nous aurons démontré leur rapport avec la marche de la nature. On con- naît l'influence de la lumiere fur les végétaux, & les viciations qu’occafionne fon abfence ; ces viciations fonc principalement une fuite de lal- Jongement exceilif des parties, produit par le relachement du tifu. Des nuances , qu’il eft aifé de fuivre dans les expériences {ur cet objet, nous offrent un racourciflement des parties & un tiflu plus ferré, à mefure que l’action du {oleil augmente ; dès-lors fon action extrème doit produire des effets exceflifs, dans un genre oppofé. | L'eau, fluide plus denfe que l'air , oppofe une réfiftance infiniment plus confidérable à lac- tion de la lumiere, action qui devient prefque nulle à une certaine profondeur : ainfi les plantes qui {e développent fous l’eau fubiflent une efpe. ce d’étiolement naturel, trop faible pour vicier leur ,organifation ; mais aflez grand pour relà- cher leur tiflu & les allonger. Et les individus qui fe développent à l’air , y recevant une in- fluence plus immédiate de la lumiere, acquie- rent un tiflu plus ferré; & leur grandeur y di. minue, fans que leurs parties fexuelles chan- gent de volume : caractere effentiel, qui diftingue 160 Mémoires relatifs le rapétifflement, produit par l'accélération de Ja vie, effet d’une action plus vive & plus immé- * diate de la lumiere; de celui qui eft une fuite #’une viciation de l'individu. C’eft ainfi que les plantes des Alpes, où la lumiere a une action fi vive (a), diminuent de volume , en raifon de la hauteur ; quoique leur fleur conferve un volume confidérable, fouvent égal à celui du Corps. Ces principes établis, nous trouvons une ana- logie finguliere, entre les conféquences qu’on peut en déduire , & le réfultat des obfervations. Plus Peau oppofe de réfiftance à l'action de la lumiere, & plus l’allongement doit être confi- dérable; mais les deux premieres variétés de ce mémoire éroiflent dans les eaux courantes, dont le mouvement continu affaiblit l’action de la lu- micre; ou {uivant quelques botaniftes , dans des eaux colorées , dont la tranfparence doit être diminuée par ces molécules hétérogenes (b): les trois dernieres croiflent dans les eaux crou- piffantes. On oblerve de plus une analogie fin. guliere, offerte par les latitudes; car les deux premieres variétés {ont d’autant plus communes, qu’on fe rapproche des latitudes feptentrionales ; & les dernieres {ont plus fréquentes dans les pays métfidionaux : il faut obferver de plus , que la quatrieme variété, dont les caracteres font plus fortement exprimés, croit aufli dans les marais : les plus chauds. pai | ai … CC) Voyages de M. de Sauffure, T.4. p.75. 139% ” CD) Hagen, Comment, de ranunc. pruff. p.38 au règne végétal. | T6I Jai démontré par mes expériences , que la divergence des lanieres, & la prélence des feuil- les réniformes , {ont plus fufceptibles de varier ; que par conféquent on ne peut établir ni fixer + aucune elpece par leur moyen. Les raifons phy=" fiques de la produétion & de l’abfence de ces’ cafacteres ; dépendant d’un trop grand nombre de principes, que je n’ai pas encore développés ; ; ne peuvent être éclaircies dans ce mémoire; je renvoie à mon ouvrage fur l'influence du cli- mat. On me permettra feulement d'établir fur des faits ; que la divergence des lanieres des feuil- les augmente , à melure que la plante croit dans une latitudé , ou dans une pofition plus chaude ; que leur paralellifme augmente dans les régions froides ; & que la production des feuilles réni- formes parait plus MSAUERER dans cette derniere pofition. + Tonié ; L pe (1, 662: 3 D DESCRIPTION DE DEUX ESPECES DE TRPRLES. Par M. REYNIER (a). LE TREFLE GAZONANT. PI IT. C ETTE plante a une racine divifée en plu- fieurs cuifles charnues, prefque fimples, & lon- gues, comme celles de toutes les plantes qui croiflent dans les ravins, & qui journellement expofées aux éboulemens , ne fe foutiennent que par la longueur de leur appui. Son collet eft fimple dans la jeunefle de la plante; mais il fe divife enfuite en plufi ieurs fouches tortueufes , couvertes de cicatrices, dalpérités , & fur-tout de fibres, reftes des anciens pétioles. Ces fouches font plus ou moins nombreules , & s'étendent en tout fens ; de maniere que l'enfemble de la plante forme un gazon aflez touffu, qui ne furpañle jamais un pied, & fouvent n’a que quelques pouces. Ces fouches principales fe fubdivifent (a) Ce mémoire a déja paru en allemand, dans Ze Magazin für die naturkuade hclvetiens, heraufgebenr von Albrecht Hæpfner, 2weyter Band Zurich 1788 p.; mais il contient ici plufieurs corrections importantes , faites enfuite des nouvelles recherches, Pen: ï one Hubs en fehaed fs “ Mémoires relatifs a regne végétal. 163 quelquefois très-irrégulierement , elles s’allongent par un développement fuccefhif, & c'eft à leurs extrémités feulement que les feuilles paraiffent; le refte eft couvert de cicatrices & de fibres deffé- chées. Le pétiole eft beaucoup plus long que les feuilles, mince, mais ferme; il foutiert trois feuilles ovales un peu allongées, d’un beau verd, & veinées de nervures blanches, qui font plus larges vers la circonfcrence que pres de la côte principale. Les feuilles les plus développées ont quelques dentelures fur leurs bords, fur-tout près de leur bafe; mais ces dents font à peine vifibles, & font formées par les nervures qui débordent. Les péduncules font ordinairement le double plus longs que les pétioles, {ouvert da- vantage; ils portent à leur fommet un paquet arrondi de fleurs, dont le diametre eft au plus d'un pouce. Chaque fleur eft blanche, un peu pourprée vers fa bafe, & droite jufqu’au moment où fa maturité l’a fait pencher en mème temps qu’elle brunit : elle eft allongée, étroite, formée par des pétales très-inégaux en longueur, car le fupérieur furpañle les autres d'environ la moitié ; il eft ployé en deux, & les couvre. Le calice eft blanc, légerement verdâtre. Les goufles font allongées , plus courtes que le calice , & con- tiennent trois ou quatre graines. L’efpece avec laquelle le Trèfle gazonant a le plus de rapport, eft le Trèfle rampant. Ils fe refflemblent par la conformation des épis & des fleurs , par leur couleur & les changemens qu’elles éprouvent dans leur vétufté, par la forme des feuilles, & par le rappoft de longueur des pétio- les & des péduncules. [ls different pour la maniete L 3 164 . ” Mémoires relatifs d’être des tiges : celles dù. Trèfle gazonant font des fouches raboteufes , dures & prefque ligneu- fes, qui portent à leur fommet les fleurs & les feuilles : celles du Trefle rampant font faibles, herbacées & couchées fur la terre ; elles s’en- tacinent d’efpace en efpace, & y donnent naïf: ‘fance à des feuilles; de plus le dernier a. des ftipules entre fes feuilles , qui manquent 4 lautre. FH neit pas hors de propos d'examiner , fi la ficulté de poufler des rejets fuffit pour diftinguer des efpeces., Une plante vigoureufe porte des tiges, qui ont añez de confiftance pour refter droites : lx mème efpece, dans un lieu plus ombragé ou plus humide, a un tiflu plus lache ; fés. tiges trop faibles pour fe foutenir, couchent fur la terre, s’y enracinent, & prennent une maniere d’être un peu différente. C’eft ainfi que la Ranunculus repens L. eft une variété locale de Ja R. bulbofus L. ; la Ranunculus reptans L. de la Flammula L., &c. D’autres plantes pouflent de véri- tables rejets, qui dépendent du degré de vigueur de lindividu; ces rejets {ont des efpeces de bran- ches, un excès de vie qui cherche à fe répandre au dehors. La premiere maniere de ramper dimi- nue , à mefure que l'individu croît, dans une pofition plus favorable ; la feconde au contraire augmenté dans cette mème pofition : il était elentiel de diftinguer deux effets, qui font fem- blables , malgré que leur origine foit diHiérente. _ [l'était impoilible de déterminer d’une maniere précile, l& rapport qui exifte entre les Trefes rampant & gazonnant, avant que ces idées pré. Jiminaires fuflent développées. La propagation. du- Frefle rampant eft du nombre de celles qui dimi- au yegne vépétnl TGS tuent à mefure que la plante eft dans une poñ. tion plus heureufe. Ses tiges deviennent plus courtes, & {ouvent ne pouflent point de racines dans les terres feches : elles s’allonsent, à mefure que le terrain elt plus humide & plus ombragé, Ces inductions me porteraient à reparder mon Trefle, comme une variété du Trefle rampant particuliere aux Alpes, fi j'avais pu altérer fa forme par la culture. Il eft certain que lation de la lumiere elt infiniment plus vive fur les alpes , que par conféquent les tiges doivent y être plus courtes & plus fortes ; mais comme j'ai cultivé le Trèfle gazonant dans la plaine pendant deux années, fans lui faire fubir aucun changement , je n’ole point prononcer fur des analogies, & préfére de la diftinguer par un nom particulier, Le lieu où je lai cultivé, était trop fec & trop chaud , pour produire des effets un peu prompts; il ferait a défirer que quelqu'un répétat l'expérience dans un lieu humide & fort ombragé. Si le Trèfe gazonnant y exilte plufeurs années fans changer de forme, & fur-tout après avoir été élevé de graines recueillies dans ce mème lieu, il y aura de foïtes prélomptions qu’il forme une efpece diftinéte, Le Trefle gazonant croit dans les ravins & les éboulemens qui font fur le penchant des montagnes ; & ces lieux perpétuellement dévaf: tés, font les feuls où on le trouve. Sa grande reflemblance avec le Trefle rampant, a feule retardé le moment où il a été connu, car il eft tres-commun fur les baffes alpes. Il croit fur Îa Dent de Jaman, les Martinets, la Dént rouge, le Moleifon, Charboniere, Prapioz, les Diable- 73 166 Memoires relatifs rets, Panérofa, Bovonnaz, &c. Je lai:vu,.f je ne me trompe, fur Pormenaz & fur le penchant du Buet en Savoye. Feu M. Favrod m'a écrit avoir trouvé fréquemment dans fes excurfions ; & M. Thomas, à qui je lai fait connaître, m’a dit la mème chofe. | LE TREFLE DES GLACIERS.. C’eft à M. Thomas, connu par les nombreufes découvertes qu'il a communiquées, au baron de Haller, que je dois la connaiffance de cette plante, M, Thomas a la complaifance de me fournir les jantes qu'il découvre, & la lifle qui eft dans da fuite de ce volume, prouve que peu de bota. niftes ont autant enrichi le catalogue des plantes de la Suiffe. Les échantillons de cette plante que je poflede , font trop incomplets, pour que je puifle en donner la figure. … Les tiges de cette plante font longues de fix à huit pouces, couchées fur la terre, & divifées en branches qui naïffent de loin en loin : ces branches font couvertes de quelques poils & prefque fimples. Les feuilles font foutenues par des pétioles plus longs qu’elles, & font garnies à leur bafe de deux ftipules ovales, dont la pointe eft allongée; chaque foliole eft velue ; ovale lancéolée , &échancrée en cœur au fommet.. Les branches font terminées par un paquet {phé- rique de fleurs, & cependant elles font également feuillées : on trouve quelquefois un ou deux paquets fefliles à laiflelle des feuilles. Chaque group de fleurs eft accompagné de trois à cinq grandes bractées ovales, échancrées en cœur à du regne vegetal. 167 leur bafe; ces bractées font blanches & rayées de nervures pourpres. La fleur eft médiocre , d’un blanc jaunâtre , & prefque couverte par les poils du calice. Le calice eft couvert de longs poils blancs & foyeux. ; Les échantillons que M. Thomas m’a commu- niqué, les feuls qu'il poffédait, font trop incom- plets , pour que je puifle donner une defcription plus circonftanciée ; mais le peu que nous en connaiflons , nous annonce une plante différente de toutes celles que le baron de Haller'a décrites. 11 parait qu'elle n’eft point renfermée dans les bornes de la Suifle ; cat de Trifoliun faxatile de M. Allioni ( «) eft parfaitement la mème efpece, & cet auteur la place dans les mèmes lieux. Le Trifolium cher leride Line, pour lequel cet auteur cite une figuredle Barrelier (}, me parait avoir beaucoup d’analogie avec notre efpece : mais la figure de Barrelier exprime une plante, dont les tètes de fleurs font plus groffes & les feuilles plus allongées ; ces caracteres fuffifent-ils pour diftinguer deux efpeces, ou font-ils uniquement un effet de Ja diverfité des lieux où elles croif, fent? Le Trifolium faxatile birfutiffimum de Gaf pard Bauhin me paraît être aufli la mème plante; mais la defcription que cet auteur en donne, eft trop incomplette, pour que je puifle l’aflurer. : M. Thomas:a découvert le Trefle des glaciers, dans les morènes des glaciers du mont Sylvio, qui termine la vallée de St. Nicolas. On ne peut trop engager les naturaliftes à parcourir cette (a) Flora pedemontana Tab. 59. f. 3. (b}) Icones plantarum rariorum Ic. 859. 4 168 Mémoires relatifs au regne végétal. partie du Vallais, qui me pärait infiniment inté- retlante , fi jen juge par le nombre de ‘plantes rares que M. Thomas en a rapporte. AA un échantillon de Trefle des glaciers , dans l'herbier de M. Favrod, que M. Davall Hoède actuelie- ment ; j'ignore où il l'avait cueilli. | DESCRIPTION DE DEUX ESPECES DE TOURRETES Par M. REYNIEX. LA TOURRETE COTONEUSE. Cou on n’a aucunes données fixes, enfuite defquelies on puifle déterminer ce qui conftitue les efpeces ; je fuis très-indécis fur la plante dont je m'occupe actuellement. Feu M. Favrod me la communiquée, comme nouvelle efpece , fous le nom de Turritis molliffima : il l’avait découverte fur les rochers les mieux expolés & les plus chauds des alpes du pays d'Enhaut ; je ai cueillie depuis lors fur la pente méridionale du mont Croix, dans la vallée d'Ormond deflus. Sa racine, outre la cuifle principale qui eft en navet & d’une certaine longueur, en poufle plu- fieurs autres, qui fe ramifient & font terminées par des chevelus. Les feuilles radicales font rétrécies en pétiole à leur bafe, & s'élargiflent infenfiblement, de maniere que leur contour acquiert une forme ovale allongée ; leurs bords font échancrés par quelques crénelures obtufes ; & leur furface et couverte d’un duvet très-fin & doux au toucher, qui leur donne une teinte un peu blanche, Ces feuilles font difpolées cir- 170 Mémoires relatifs culairement autour des racines, comme celles de Ja Tourrete velue. Chaque plante porte une ou plu- fieurs tiges, droites, hautes d’un pied ou envi- ron, couvertes de feuilles femblables aux radi- cales , mais plus profondément dentelées, & feffiles avec deux appendices qui embraflent la tige; ces feuilles font aufli cotonneufes & douces au toucher. Le haut des tiges porte quelques fleurs, foutenues par des pétioles qui s’allongent graduellement. Ces fleurs font petites, blanches, formées de quatre pétales, dont l’ongleteft très- court; & d’un calice de quatre feuilles, gonflées à leut bafe & fort lâches. A ces fleurs fuccédent des filiques qui font d’abord paralleles à la tige, mais qui s’en écartent enfuite; ces filiques font linéaires, & laiflent appercevoir les graines au travers des enveloppes. Je fuis tres-éloigné d'affirmer que la Tourrete cotonneufe eft une efpece réelle; je ne l’ai obfer- vée qu’une feule fois, & les échantillons que je poñlede font incomplets; je pencherais plutôt à la regarder comme une variété de la Tourrete velue, à qui elle reffemble par fon port. Mais comme il eft poflible que d’autres perfonnes Vaient obfervée, j'ai cru devoir en donner cette courte notice. I] ferait très-poffible que la Tourrete cotonneufe fût la mème efpece que l’Arabis faxatilis de M. Allioni ; la defcription que cet auteur en donne, conviendrait aflez à notre plante ; & les lieux où il dit qu’elle croît, font aflez femblables. Je n’ofe pas cependant propofer cette idée d’une maniere décifive. | « V MORE | , a regie vegetal. 171 ba T'O-U-RÈRE TE OTLTÉE : Les notions que j'ai für cette plante , font encore plus imparfaites que celles que jai fur l'efpece précédente. Je ne l'ai jamais cueillie.; mais M. Favrod m'en a fait parvenir quelques échantiHons , avec une notice très-abrégée. Ce- pendant comme cette Tourrete me paraît une efpece diftinéte, je crois devoir en HUE une defcription. p Cette plante poufle une racine vivace , cylin- drique , divifée en plufieurs cuifles, qui fe ramis fient & forment des chevelus. À fon collet naif- lent un grand nombre de feuilles prefque fefiles, ovales, un peu allongées, d’un vert jaunâtre, quelquefois teintes de rouge en deflous ; leur furface eft abfolument rafe , mais leur contour eft garni de poils & de quelques dentelures pref- que fuperficielles. La tige eft haute d’un ou deux pouces, droite; couverte d’une à trois feuilles {efliles, ovales, creufées en cœur à leur bafe, & cilices comme les radicales. Les fleurs font dif pofées comme celles des autres cruciferes , en corymbe, qui s’allonge en épi à mefure que la plante fe développe. Chaque fleur eft portée par un péduncule afflez court, & formée de quatre pétales blancs, plus longs que le calice; ce der- nier eft très-obtus. Je n'ai jamais vu les filiques. M. Favrod a cueilli cette plante fur le M. Char- bonet , dépendant de la vallée du Chäteau-d'Oex. { 172 ) ARE L A T TLON. D'un doyage botanique fait dans le but Vallais, €$ dans La partie voifine du gouvernement d'Aigle. | Par M, REYNIER (a). eee ÉD gs | NT rélations de voyages font inutiles aux nomenclateurs, & en général à tous ceux qui fe bornent à la découverte de plantes nouvelles; parce qu’il leur eft indifférent de connaître les à (a) À mon retour, j'avais écrit cette relation comme un canevas . dont je me fervirais après avoir multiplié mes recherches dans le Vallais : mais un mémoire {ur lequel je comptais, lorfque j'ai commence l’impreflion, ayant manqué, j'ai dû y fubftituer cette relation. Elle eft d’agtant plus imparfaite , que je n'avais, en faifant ce voyage, aucun autre but, que de vérifier quelques données fur un petit nombre de plantes; ainfi j'ai omis différentes recherches , que je renvoyais à une autre époque, J'efpere que les perfonnes entre les mains de qui cette rélation pourra tomber, ne décideront pas, fur fa mauvaifé exécution , l’inutilité des voyages botani. ques : ils font néceflaires , & fi nous en poflédions un plus grand nombre, peut-être que les notions fur la nature des plantes ferait moins imparfaite. Maïs refpere que les perfonnes qui adopteront ce genre, ne fe bor- neront pas à publier des canevas. Li Mémoires relatifs au reghe végétal. 173) nuances qui les ont conduit à ces découvertes. Flles peuvent être néceflaires aux. botaniftes qui travaillent fur le plan que j'ai tracé dans mon difcours préliminaire; parce que l'étude des: pofitions, le rapprochement des efpeces qui leur hé propres, & fur-tout l’examen des variétés. qui y croient, peuvent les inftruire. Ces variétés: . cueillfes dans un autre climat le guident, lorf- qu’il veut connaître les effets généraux de celui qu’il étudie; & le mettent à mème de voir dans l'examen de chaque efpece en particulier, ce qui. Jui eft eflentiel & ce qui eft un effet de la pofi- tion ; il vérifie enfuite ces données , lorfqu'il examine des variétés différentes dans d’autres _ lieux. Les voyages mettent les botaniftes à mème d’apprécier une foule d’erreurs ; les rélations qu'il donne, peuvent être également utiles à d’au- tres naturaliftes. Il ferait à défirer que leur nom- bre pût augmenter , & qu’on les fubftitue aux- flores qui ont été publiées. jufqu’a préfent. Mais il ferait aufli à défirer que les écrivains de ces rélations nous fifent graces de leurs aventures propres , des anecdotes d’auberges ,, & autres qui peuvent les avoir intéreflés pour le moment, fans produire le mème effet fur le lecteur. Ils ne devraient écrire que pour les botaniftes ; & pour- quoi multiplier leurs lecteurs par des accefloires ? L'art de fe renfermer dans les bornes de, fon. füjet eft un des plus difficiles. M. Thomas naturalifte connu par fon travail avec le baron de Haller, & depuis lors par les. découvertes nombreufes qu’il m'a communiquées, m'ayant promis de faire avec moi une courle quelconque, je me rendis chez lui, & nousarran-: 174 Mémoires relatifs geâmes le plan de notre voyage. Je ne parleraï _ pas de quelques excurfions que nous fimes dans les montagnes des environs ; l'ouvrage de M. Wild qui eft actuellement fous prefle Les fera connaître, & je ne me propofe d’en parler , qu’au moment où je pourrai traiter l’hiftoire de leurs plantes, d’une maniere un peu complete. : Le jour de notre départ pour le Vallais, nous. ‘nous rendimes fur le mont Enzeindaz, d’où nous nous propolions de pañler le mont Cheville pour nous rendre à Sion. Cette montagne, l’un des pâturages les plus élevés de cette partie des alpes de la Suifle, eft connu par fa beauté ; dominée d’un côté par les fommites des Diablerets , elle Meft jamais expofée aux vents du nord; le côté oppofé aboutit à une montagne couverte de ver- dure jufqu’au fommet, nommée la Corde, & au glacier de Panéroffa ; ces deux montagnes nous occupetent. Nous nous rendimes fur les bords de ce glacier, & mème nous nous éleva- més au- deflus, en nous fervant des faillies de rochers comme de gradins. Cette pofition dans les alpes eft généralement intéreflante , & réunit les plantes de rochers avec celles des hautes prai- ties. Plufieurs efpeces y croiflent habituellement, quelques-unes mème qui font très-rares. Nous y cueillimes la Drabafladnizenfis de Jacquin , plante que M. Thomas ÿ avait découverte l’année pré- cédente ; il l’a cultivée dans {on jardin , où elle a srofli & s’elt rapprochée pour la forme de la Draba verna , en confervant fon caractere vivace. Serait-elle une variation de cette plante, & de- vrait-elle fon extenfion de vie au climat qu’elle habite ? elle eft trop peu connue , pour que nous au regirk végétal. 175 hafardions de le décider. 11 eft certam que les plantes alpines ont à peu pres toutes des racines qui durent plufieurs années ; & qu’en général les variétés des alpes, dans les efpeces qui en Ve ont d’une inégale durée, {ont toujours vivaces. - La variété, par exemple, de la Scorpioune qui croit dans les alpes, outre celle que Haller à diftinguée comme efpece , eft celle des marais de la plaine, mais rappétiflée & couverte de poils; elle conferve la grandeur de fa corolle & la durée de fes racines. Des probabilités nous feraient pencher à croire que la Draba fladnizenfis et une variété vivace de la Draba verna, particuliere aux alpes; mais il nous manque des preuves déci- fives, & jufqu’à ce moment nous adopterons la décifion de M. de Jacquin qui la confidere comme efpece. Nous y cueillimes aufli l’Ophrys alpina L., P'Arabis pumila J., la Saxiflaga 98$ Hall., plante d'autant plus intéreflante , qu’elle eft la feule de: à famille qui ait une odeur balfamique.Ses feuilles, fur-tout celles qui forment le bouquet radical, font très-vdorantes. On cueille fréquemment dans. les memes lieux une variété naine à feuilles en tieres de la Saxifraga mufcoides Jacqg., qu’on ne doit pas confondre avec cette Saxifrage ; outre qu’elle n’a point d’odeur, fes feuilles font molles, flexibles & d’un vert clair ; au lieu que celles de la premiere font d’une confiftance plus ferme & plus feche , leur couleur eft d’un jaune blan- châtre. Elles forment toutes deux des gazons épais , qui s’appliquent contre les rochers, & dans leurs fiures ; ils ont une forme circulaire , lorf- que rien n'y met obffacle, Nous cueillimes auff + 176 Mesnoires relatifs le Hypnum 1786 Hall., la Cardamine refedifolià L:, le Salix herbacea L.; & le Laferpitium Jim plex L. P Anemone vernalis L., & une variété du” Carex atrata , qui n’eit vrailemblablement qu’ac- cidentelle ; fes épis avaient un péduncule long &prefque pendant, quoique le caractere habituel de cette’plante foit de les avoir prefque fefhles. Je’ me difpenferai de nommer les plantes’ com- munes ; mon but eft de faire connaître les ‘obfer- vations neuves que je dois à ce voyage , & point de faire un catalogue des productions de chaque montagne: | | -+ Pinvite les naturalifkes qui vifiteront ce gla- cier , à voir la montage qui le borde du côté oppofé ; nommée la tête a gros Jean. Les couches qui la:compofent, font contournées & ployées en colimacons, d’une maniere encore plus frappante qu'aucune que j'aie vu, meme que celles du petit Axemberg. Ses couches forment un zigzac,’ qui commence vers le fommet-de là montagne & def" cend jufques vers la‘ bafe 5 ‘elle paraît compofce d’une pierre calcaire grile en feuillets aflez minces's" mais à la diftance où je lai vue ; ‘il’eft poilible” de: fe tromper... LS - Nous reprimes le chemin d’Enzeindaz & paf: ‘fämes {ur la montasne de la Corde; elle ne nous” offrit rien d'intéreflant pour’la botanique, ‘mais’ nous -y vimes ‘avec plaifir- un banc de pierre” lenticulaireque nous avions déja obfervé: fur le mont Argentine ; ainfi il parait qu’il fe prolonge * fous une chaîne de montagnes de quelques lieues." Le principal but que nous avions en montant” fur la Corde ;'était de voir-une fubftance fin- guliere qu’on trouve fur -cette montagne À “elle” | orme ail regne végétal. 177 forme une couche irréguliere , qui parait avoit coulé, puifqu’elle s’eft moulée dans toutes les finuofités de la pierre ; & qu’elle a enveloppé tous les morceaux détachés. Quelques perfonnes ont foupconné qu’elle avait été liquéfiée par des feux fouterrains ; mais les fragmens calcaires qu’elle a englobé, & qui ne paraiflent pas avoit été expolés à lation de la chaleur, ne me per: mettent pas de le croire. Je pencherais à foup- conner que c’eft plutôt à une diflolution aqueule, qu’elle a dû fa liquidité. Comme M. Wild, au: teur de la découverte , fe propofe de faire con: naître cette {ubftance , je ne m'étendrai pas fur fa nature. De retour au mont Enzeindaz, nous parcou: rumes fes environs, mais nous n’y vimes rien de nouveau: cette montagne était connue du baron de Haller. Nous y vimes avec plaifir le Hieracium prunellefolium G.( H.42. Hall) , l'A tragalus Tragacantha ; l'Androface obtuffolia All. le AMyofotis 890. Hall. ; l'Arenaria bifiora L., & far-tout l'Aveza 1489. Hall, plante rare que le baron de Haller y a découverte ; & que lui feul a décrit. C’eft une joniffance réelle de voit les objets rares , {urtout Jorfqu’on les obferve fur les lieux où l’auteur de leur découverte les à cueillis, & qu’on peut les comparer à la defcrip: tion qu’il en donne. Cette avoine a une analogie remarquable avec l’Aira fubfpicata ; Va difpofi- tion des fleurs eit la mème , elles forment feule- ment une paniculé plus derife fur la derniere efpe- ce ; la villofité des péduncules leur eft commune, ainfi que la forme des feuilles: mais celles de l'Avena, 1489, s'écartent des tiges , parce que es - Tome L M 178 Mémoires relatifs racines étant rampantes, le lui permettent; au lieu que dans l’Aira fubfpicata , les racines fe multiplient en touffe, & gènent l’extenfion des feuilles. Ces plantes font rares , perfonne ne les a cultivées jufqu'àa préfent ; ainfi nous ne pou- vous que propoler nos doutes , & laiffler fubfifter l’efpece. Nous cueillimes aufli dans les paturages du mont Enzeindaz, les Poa 1456 , 1457, & 1458 de Haller. Ces plantes que j'avais obfervées dans plufieurs endroits différens, me confirme rent dans l’idée qu’elles n’étaient que des variétés d’une feule efpece. Le Poa 1456. (Poa alpina L.) a de l’aveu de cet auteur, depuis quatre jufqu’à huit fleurs dans chaque épi ; pourquoi fepare-t-1l le Poa 1457, fur le nombre de trois fleurs que ces épis contiennent ordinairement? Je renvoie les preuves jufqu’au moment où je travaillerai cette partie de nos plantes fuifles; & je le ren- voie juiqu'au moment où mes preuves feront aflez décifives &iaflez nombreufes , pour termi- ner les querelles d'opinions. Le fommet du mont Enzeindaz , qu'il faut pañler pour entrer en Vallais, eft remarquable par la petiteñle des plantes, indice prefque fùr de l'élévation des montagnes : un gazon ferré, haut d'un pouce ou deux , forme toute lhèrbe de cette fommité, & cependant de nombreux trou- peaux s’y nourriflent. Ce paturage eft compofé prefque tout de Mutelline, & m’a confirmé la bonté de cette herbe, que j'avais propolée pour les prairies artificielles dans le Journal de Lau- fanne. Le mont Cheville eft la premiere montagne dépendante du Vallais que nous rencontrames ; 16: an regne vegetal. 179 on y parvient depuis Enzeindaz , par une defcen- te très-rapide; deux fentiers y conduifent, nous choifimes celui qui côtoie les bafes des Diable. rets, pour examiner un banc aflez épais de pé. trofilex gris qui parait fe prolonger fous cette montaone. Ce pétrofilex donne des vives étin- celles frappé avec le briquet; mais fa caflure eft moins lifle que d’autres échantillons que j'ai ob- fervé. On ne trouve fur le mont Cheville au. cune plante rare , mais nous étions trop preflés, pour l’examiner dans toute fon étendue. Une plante cependant nvy fit plaifir, c’elt la variété à feuilles larges, & tiges branchues de Ranun- culus pyrenæus L. ; je l’avais vue fréquemment , mais les nuances qui la réuniflent à la variété dont les tiges font uniflores , paraïffaient plus réunies ici, & permettaient de les comparer fraiches. . Nous arrivâmes bientôt fur les bords du lac de la Derborefle , formé par les éboulemens des Diablerets, qui arrèterent le cours de la Luzerne. Ce lac peu confidérable, environne de débris entailés , offre une peinture des déferts , & laifle une impreflion femblable, C’eft vers fes bords que nous entrâmes dans les débris formés par la chute d’une des pointes des Diablerets, arri- vée en 1714. Ces débris font difpertés fur une étendue confidérable, & ont détruit une vallée qui, dans ce temps la était couverte de paturages : nous employämes environ une heure & demi pour les traverfer. La couche de terre végétale eft à une trop grande profondeur , pour que les plantes enfevelies fous les débris, aient pu percer : quel- ques végétaux qu’on voit épars, font nés depuis M 2 — 180 Mémoires relatifs cet événement, &il était intéréffant de les exa- miner. Le Hieracium amplexicaule ( H. 36 H.) y croit en abondance. Cette efpece exigerait un nouveau travail ; ayant occafion d’en parler , peut être ferai-je utile, en faifant connaître mes obfervations. J'ai cru diftinguer deux races prin- cipales très-diftinétes. L'une eft celle que nous avons cueillie fur le mont Cheville, & en général fur les rochers des Alpes : elle a fes fleurs d’un pouce & demi de diametre, d’un jaune foncé; fes rameaux forment un angle aigu ; fes feuilles font un peu finuées ; & toute la plante a peu ou oint d’odeur. L’autre race croit fur les rochers [Es plus chauds de la plaine ; on peut en voit fur les rocs de Rochettaz, près de Laufanne : fa fleur eft plus petite & d’un jaune pâle ; fes ra- meaux font plus ouverts, & plus divifés; fes feuilles font peu ou point finuées ; & toute la plante a une forte odeur d’ongÜent , qui s’atta- che aux doigts avec la vifcofité dont cette plante eft enduite. Je fuis très-perfuadé que la culture identifierait ces deux races ; j'ai trouvé des indi- * vidus qui paraiffaient intermédiaires ; mais il eft important d’obferver des effets auili marqués du climat. Nous cueillimes aufli fur ces débris le Hie- yacium humile Jacq. (a), plante commune fur les rochers des Alpes , & que cependant Haller n’a pas connue , l’Epilobium Dodonai Vill. , l'Arenaria (a) Flora auffriaca Tab. 189. L'auteur a corrige dans des ouvrages poftérieurs, le nom abufif de Hie- racium pumilum qu’il lui donnait dans cette planche. au regne véretal. iQi fulticaulis L.', la Veronica fruticulofa L., & en général , les principales plantes qu'on trouve dans les terres éboulées. Nous y vimes un Rofier aflez curieux : il était certainement de lefpece de Rofa canina L., la forme & la teinte de fes fleurs, les feuilles , le port de larbrildeau étaient les mêmes: mais la dilpofition des fleurs en pani- cules au fommet des branches, & la forme des feuilles du calice étaient la mème que fur le Rofier multifore. Ses épines étaient nombreufes & cro- chues. Les feuilles étaient rangées au nombre de fept fur une côte principale , couverte de pi. quants ; leurs dentelures étaient plus pointues que dans les autres variétés. L’ovaire était ovale allongé ,-& les feuilles du calice étaient prefque fimples , garnies d’une ou deux divifions & de la longueur des pétales. Après avoir examiné attentivement ce Rofier , j'ai cru devoir le claffer parmi les variétés du Rofier des haies ; il a quel- ques analogies avec le Rofier multiflore, mais plufieurs caracteres, & fur-tout la teinte de fes feuilles, les féparent. S'il était plus commun, on pourrait obferver des nuances qui décideraient à quelle efpece on doit le réunir; mais je n’ent ai vu qu'un feulebuiflon , qui était prefque à l'ex. trémité des débris. j Une queftion qui fe préfente d’ellemème, & qui me paraît aflez intéreflante , eft comment ces débris ont pu fe couvrir d’une végétation qui n'exiftait pas dans ces montagnes? On répond affez généralement que la graine a été portée par Jes vents, mais cètte réponfe me paraît iñfuMi- fante. L’Eperviere 36 de Haller, le Hieracium buinile Jacg., l'Epilobiuis Dodonei Vill., n’exif- 13 182 Mémoires relatifs taient pas dans ces montagnes avant cette épo- que; J'ai parcouru tous les lieux qui n’ont pas été couverts, fans en voir une plante; par con- féquent les graines auraient dû être portées de tres-loin ; ce qui rend la chofe aflez difficile. A quelle époque qu’on remonte, on doit nécefai- rement s’arrèter à un individu né de l'agrégation fortuite des divers conftituans du végétal, & qui a été la fouche de l’efpece : or fi la nature a pu produire un être dans un temps, a-t-elle perdu de fes forces produétrices depuis lors 2 Les Végétaux paraiflent abfolument dépendans de la nature des lieux qu’ils habitent, ne ferait- ce pas, parce que chaque pofition a les forces néceflaires pour donner l’exiftence à de certaines elpeces ? Ce font des queftions que je propofe aux naturaliltes. Un peu avant de quitter ces débris, on ap- perçoit fur la gauche une maifon; jen parle ici, parce qu'elle peut fervir d'indice à ceux qui dé- fireraient obferver un group de Pinus Combra L., le feul qui fe trouve dans ces montagnes & qui exifte, fur la hauteur, dans cette pofition. M. Thomas me fit appercevoir à-peu-près du même endroit, le lieu où il a découvert le Spar- zium radiatum L.; c'eft fur le mont Verruet, fitué à la droite de ces débris, dans un endroit fort chaud, un peu au-deflus de l'endroit où la région boifée finit : le temps ne nous permit pas d’aller voir cette plante pendant ce voyage. Notre but était d'examiner une partie du haut Vallais, tous les lieux quenous traverfions , ne devaient pas nous retarder. Nous vimes avec plaifir dans ces débris les au regne végétal. 187 différentes efpeces de pierres dont les Diablerets font compofés ; fi la veine de charbon de terre que M. le comte de Razoumowsky a cru apper- cevoir (a) exiftait, nous en aurions trouvé des traces; mais c'était uniquement un banc de fchif= te noir friable, & nous en vimes des échantil- lons dans les débris. Nous y vimes auffi quel. ques blocs d’une pierre femblable à celle qui forme le fommet de Chamofaire , que M. de * Razoumowsky a nommée porphire (b), quoi- qu’elle foit compolée de fragmens de quartz , de feldfpath & de fpath non cryltallifés & réunis par un ciment marneux (ce). Dès qu’on a pale les débris, ou peu de temps après, on entre dans ce chemin étonnant, qui tantôt creufe dans leroc, & tantôt placé en faillie fur le précipice, eft une preuve de l’induftrie deg montagnards. Il eft prefque aufli large que celui de la Gemmi; les reflources de Part y paraiffent davantage, parce qu’on a choifi les moyens les plus fimples pour parvenir à fon but; & ce qui contribue encore à faire naître l'admiration , il eft l'ouvrage d'un particulier qui poflédait quel. ques paturages dans ces montagnes, avant que ka chûte des Diablerets les eût changées en déferts. J'invite tout homme, qui aime voir des exemples d’induftrie, à traverfer ce chemin peu connu des étrangers ; les points de vue les plus pitorefques varieront fes jouiflances ; je lai tra- (a) Voyages min. dans le Gouv. d’Aigle, &c./p. 27. (b) Voyages min. dans le Gouv. d’Aigle , &c. p. 57. (c) L’échantillon que j’en ai apporté , fe trouve dans le füperbe cabinet de M. le baron d’Erlach de Spiez. M 4 194 Mémoires. relatifs verfé plufieurs fois; & toujours avec un nou: veau plaifir. Nous cueillimes fur les rocs aus ce chemin traverfe , le Rhamnus pumilus L. , l'Audryala lanata L., le Hieracium [picatum All, , plufieurs nuances entre le Thalifrum fetidun & le minus, une variété du Pifenlit que j'ai décrite dans ce volume, le Hieracium . amplexicaule L. variété odorante.le Hieracium Jiaticefolium, le Lilinun bul. biferum , & un Rofier qui me paraît aflez difhcile à déterminer. Ses tiges étaient hautes de deux ou trois pieds, droites, couvertes d’une écorce xouveatre & de piquants crochus, femblables à ceux du Rofier des hayes. Les branches ctaient nombreufes, ouvertes, à angles prefque droits, fimples & terminées par une fleur. Les feuilles étaient formées de fept ou neuf petites folioles!, portées par un pétiole commun , parfemé de pi- quants femblables à ceux des tiges, mais plus petits. Le péduncule était nud , terminé par une fleur d’un rouge vif. L’ovaire était fort allongé, & couvert de poils rudes, longs d’une ligne &. plus, qui avaient la confiftance des épines. Ce Rofier reflemblait au Rofier des Alpes par fon port, par fes tiges droites, par l'angle d’infer- tion des branches; il en différait par la forme & la grandeur des piquants , par la forme des ovai- res, & par les épines qui les couvre. Comme je n’en ai trouvé qu’un ou deux individus, je ne puis décider , fi c’eft une efpece ou fimplement une variété. | On trouve dans les environs de ce chemin, là où le précipice n’eft pas perpendiculaire, beau- coup d'Erables printanniers, quelques-uns. font ai rogne végétal. 196 très-gros, & ontiprès de deux pieds & demi ou- trois pieds de diametre. Cet arbre eft fort com: mun dans les pentes boifées des Alpes, qui font fituées au midi: M. Villars n'écrit qu’on le trou- ve en Dauphiné, jufqu’à la hauteur de huit cent toiles ; je n’ai jamais fait cette obfervation dans uos Alpes. Je l'ai vu conftamment fur les côtés méridionaux des montagnes, & dans les vallées les plus chaudes : lErable du Dauphiné ( Acer opuhfolium Vill, ) eft-il différent de celui de la Suifle ? y eft-il diverfement acclimaté ? ce font des queftions à réfoudre. | La pofition du chemin eft nécefairement va- riée : les différens çontours de là montagne chan- gent fes afpects ; tantôt creufé, ou foutenu fur le roc; tantôt tracé au travers des ravins, om- bragé par des bois, ou expofé à toute lation de la lumiere, fes productions doivent s’en ref- fentir. Dans les endroits découverts , on trouve des plantes des pays chauds, comme le Lis bul- bifere ; ailleurs fes productions fe rapprochent de celles des bois ou des ravins. | Lorfqu’on apperçoit pour la premiere fois la vallée, les productions changent entiérement : V'Afiragalus onobrychis, l'Ifatis tintforia , V Arte. mifia abfinthium, annoncent qu’on pañe fous le climat de PItalie. Le Vallais eft un des pays les plus inftrud&ifs, les extrèmes y paraiflent réunis ; fi la différence des climats influe {ur la forme & la nature des végétaux, nulle part on ne peut faifir {es effets d'une maniere plus füre : ils y font néceflaire.- ment plus tranchés, parce que les nuances entre les pofitions différentes {ont moins nombreules, . 186 Mémoires relatifs En moins de quatre heures, nous avons pañlé du fommet d’Enzeindaz , où nous marchions fur des neiges & cueillions des plantes du Groënland (a), juiqu’à la vallée du Vallais, où les cigales nous étourdiffaient & où les plantes de Ja France méridionale, de l'Italie, & meme d’Efpagne & de Barbarie (b) croiflent communément : ainfi dans une diftance de moins de quatre lieues , puilque les détours allongent néceffairement les chemins dans les montagnes, on peut obferver toutes les nuances entre les productions des zones glaciales & de celles qui font voifines du tropique. La Flore du Vallais ferait une des plus nombreu- fes , eu égard à la petite étendue du terrain , fi elle était connue ; mais à peine un botanifte a parcouru quelques-unes de fes parties: on peut y voir des chofes nouvelles fans s’écarter des grands che- mins. Quelques voyages que j'ai déja fait dans ce pays-là, me déterminent à l’examiner avec foin, je me propofe de le divifer en portions que j'exa- minerai fucceflivement , de cette maniere on peut efpérer de pofléder enfin une hiftoire com. plette d’un pays. Dès que le chemin neuf a con- tourné la montagne, on parvient bientôt au vil- lage d’Aven; les champs qui l’environnent, font remplis de plufieurs efpeces de plantes particu- lieres aux pays chauds, nous y vimes le Cau- calis latifolia L., l'Androface maxima L. , le Scan- dix infefta Jacg. Cette derniere plante me paraît (a) Ceraflium latifolium L., Saxifraga oppofitifo.. lia L., Salix herbacea EL. ”- (b) Ephedra dyffachya L. , Caëfus Opuntia L., Cenchrus racemofus L., €ÿc. > q "à | à 2, au Tegne vègetal. '\187 avoir êté confondue avec d’autres efpeces par les botaniftes modernes. Elle eft différente du Caucalis ‘helvetica Jacq. (a), avec laquelle on voulait la réunir: le Scandix infeflu a fes feuilles plus raccourcies ; les foholes principales font plus rapprochées , compofées elles-mèmes de deux ou trois paires de folioles lancéolées, profondément dentées ; la foliole terminale eft moins allongée & ne diflere pas fenfiblement des autres; cette plante me paraît être le Caucalis procumbens de Rivin. Tab. 33. Le Caucalis helvetica a moins de folioles ; elles font moins divilées, & la termi- nale paraît compofée de plufeurs paires qui {ont réunies, & d'autant moins féparées qu’elles font plus près de l’extrèmité; cette efpece qui a beau- coup d’analogie avec le Tordilium Anthrifeus L., eft la même que le Caucalis 742 Hall. & que le Caucalis bumilis de Rivin. Tab. 32. Elle croit dans les environs d’'Orbe, où M. Davall Pa découverte ; je l'ai cueillie dans les champs entre Avanche & Payerne, au commencement de l’au- tomne. Nous cueillimes auffi dans ces mèmes champs, la variété couchée d’Aériplex patula L., que Vaillant a diftinguée ; toutes {es feuilles font lancéolées , fans appendices à leur bafe ; les tiges font couchées fur la terre ; on ne peut pas ce- pendant les féparer, & je croirais que la forme de cette variété eft un effet de la {échereffe des champs où elle croit. Nous avons cherché fans fuccèes l'Hibifcus Trionum . L., que M. Favrod m'avait envoyé avec la note qu’il croit dans les D A (a) Hortus vindobon. T! 3. Tab. 16. il 198 Mémoires relatifs champs des environs d’Aven: mais lorfqu’on n’eft pas habitué dans un pays , il eft poffible de pañler bien des efpeces fans les voir ; & cela ne peut infirmier la découverte de ceux qui les ont apperçues. Le chemin qui conduit d'Aven au village de S. Severin , borde des terres incultes où nous avons cueilli abondamment le Telephium Impe- yati L., le Cenchrus racemofus L., & un Phleum, qui, s’il eft une variété des autres , a des carac- teres finguliers, La racine donne naiffance à une ou plufeurs toufes de feuilles, qui ne font pas aflez épaifles pour former une bulbe , quoiqu’el- les en aient l'apparence. Ses feuilles {ont larges d’une ligne , longues de deux ou trois pouces, rafes à leur furface; mais garnies fur les bords d’afpérités recourbées , qu’on appercoit à la loupe & au ta : ces feuilles font partagées par trois côtés paralelles, dont celle du centre eft la plus confidérable. Le chaume eft haut d'environ demi- pied, & s’éleve verticalement, après avoir fubi une petite courbure vers la racine: ce chaume eft mince, prefque filiforme , & couvert d’une ou deux feuilles , dont la partie libre eft très-courte. L'épi de fleurs eft long de moins d’un pouce & cylindrique. Les bâles du calice font blanches, veinées de verd, échancrées au fommet, avec des appendices d’une demi-ligne , qui fe prolongent de chaque côté : les bords de ces bâles font garnies d’afpérités vifibles à la loupe, & leur furface eft velue. Ce Phleum reflemble un peu au P. nodofum L., mais fes racines ne font pas bulbeufes : fi ce caractere peut difparaître dans des terres ari- des, je pencherais 4 croire que le Phleum d’Aven, * au regne végétal. 189 ” eft une variété rappétiflée par la nature des lieux qu’elle habite. Une autre conclufion qu’on pour- rait tirer de cette inconftance des bulbes, c’eft la réunion des efpeces diftinguées par les noms de P. pratenfe & bulbofum. Ce feutiment , que je n’ofais admettre que comme une probabilité, a été propolé par M. Leers; cet auteur aflure que le Phleun bulbofum cultivé dans une bonne terre, perd fes bulbes dès la feconde année (a). Mais fi l’obfervation de ce botanifte eft juite, comment une bonne terre & une terre aride dans un lieu très - chaud, comme les environs d’Aven, peuvent-elles produire un même effet? La plaine du Vallais commence un peu au- deflous de S. Severin ; le bas eft occupé par le Rhône, & par les terrains qu’il couvre & abana donne fucceilivement : livré à fa fougue, il porte fur les bords de fon lit, les fortes impulfions que les montagnes , dont il defcend , lui ont communiquées ; & dès que fes eaux font groflies par la fonte dès neiges , rien n’arrète fes effets. Le Vallaifan parefleux & fans énergie, refte courbé fous le poids de l'habitude ; & n’oppofe aux dé- vaftations du Rhône, que des prieres & des pro- ceflions. Au milieu de ces terres inondées & couvertes de fables, s’élevent des efpeces de mondrains , qui imitent très-imparfaitement les dunes des côtes de Hollande ; ces mondrains paraiflent des reftes de l’ancien état du Vallais, dont le fond de la vallée, d’abord exhauflé par limmenfité de débris que les eaux y apporte- (a) Flora herbornenfis, T3, f, 2. _490 Mémoires relatifs rent, fut enfüite fillonné par le Rhône, dont la malle d’eau plus faible ne put déplacer tous ces obftacles. Ces mondrains font formés par des lits horizontaux de fable & de galets , qui démon- trent leur origine (a). Quelques-uns font cul- tivés, d’autres fontftériles ; mais les mazures qui leur font adoflées, prouvent que jadis le Vallais était plus floriffant. Ceux qui font cultivés font prelque tous couverts de champs, je n’en ai vu qu'un petit nombre qui euflent des prairies : leur ifolement les prive du cours des eaux fupé- rieures ; & leur nature graveleufe facilitant la filtration des eaux de pluie , ils font d’une fé- cherefle finguliere. On y trouve quelques-unes des plantes des pays fablonneux , & plufieurs autres des pays chauds; jen parlerai avec quel- ques détails, en remontant la vallée où ces mon- drains deviennent plus fréquents. La bafe des montagnes eft cultivée dans les endroits où l’afpérité des rochers ne s’y oppole pas : les champs & les vignobles en occupent la plus grande partie. Sous un climat aufli favo- rable , les productions devraient ètre d’une qua- lité fupérieure, fi lindolence des habitans leur permettait d’en profiter. Leurs vins feuls pour- raient faire une branche d’exportation très-lucra- tive, s'ils étaient mieux foignés. Depuis S. Severin juiqu’a Sion, nous vimes plufieurs efpeces de plantes particulieres aux pays chauds, la Centaurea paniculata L., & {x (a) M:le comte de Razoumowfky a eu la même idée. V. fon Voyage minéralogique en Vallais, p. 95. €S Juiv. À + au Yegne végetal. 191 rièté à fleur blanche , le Ssachys germanica , rremife Abfinthium L., la Crepis ferida L., le Xeranthemum annuum L. , l’Artemifia 128. Hall. , V'Achillea nobilis L. , là Scorzonera laci- niata L., la Lacfuca [cariola L., la Latfuca an- guflana All, V'Affragalus onobrychis L. , & le Prenanthes viminea. L., plante que le baron de Häaller avait omife dans fon hiftoire des plantes Suifles, & qui eft une des plus communes au bord des chemins du Vallais. Elle reflemble par- faitement par {on port à Ja fisure de la Prenan- thes rumo/iffima que M. Allioni a donné dans fa flore ; & par fon calice, elle reflémble à la Pre- nanthes viminea L. Ces deux plantes ne feraient. elles que deux manieres d’être de la mème efpe- ce ? j'adopterais volontiers cette opinion ; car le feu] caractere que M. Allioni donne pour diftin- guer ces deux plantes, confifte dans le calice qui eft fimple & garni de quelques écailles vers fa bafe dans l’une, & embriqué dans l’autre. Je doute que ce caraétere fufhle pour les féparer; & la plante qu’on trouve en Valais, depuis Sion juf. qu’au pied du mont Sylvio , forme une nuance entr’elles. Les plantes dont je viens de donner la lifte, font communes près des chemins dans tout le haut Vallais, & quelques-unes fe trou- vent aufli dans les environs de Martigny. Avec cet avertiflement, je les omettrai dans tout le refte de cette relation , & les fuppoferai réunies à celles dont j'aurai occafion de parler. Au moment où nous arrivames à Sion, M. Thomas me fit appereevoir fur la hauteur un terrain, où il avait trouvé l’année précédente le Chelidonium glaucium - L.; la nuit qui commençait, ne nous permit pas d’y aller. 192 Mémoires relatifs | « Les environs de Sion font intéreffans, & reu niflent plufieurs efpeces de plantes qui ne croif: fent pas ailleurs ; nous y vimes l’Ephedra dyjta- chia L., plante de Barbarie, non-feulement fur les rochers de Tourbillon , mais aufli fur les murs ,; en fortant de Ja ville pour aller à Sierre. L’Antirrhinum Cymbalaria L. croît dans la ville mème, fur les murs qui bordent une efpece de foffé. Nous montämes {ur Tourbillon dans l’ef- pérance d'y voir des plantes intéreflantes ; notre attente fut infructueufe , & nous n’y vimes rien que nous n’ayons vu ailleurs, excepté une va- riété de l’Eperviere des bois La Marck, que je regarde comme; très-inftructive. Elle croît dans les fentes des rochers , dans l'enceinte du chà. teau. La racine elt groffe , longue & prefque ligneufe : doit-elle cette augmentation de dureté à fa pofition dans un lieu plus fec & plus chaud 2? il ferait intéreflant de le vérifier. Les feuilles font ovales, velues , ainfi que leur pétiole ; elles font plus ou moins petites, fuivant la grandeur de la plante; mais quelle que foit leur grandeur , elles confervent la forme eflentielle à leur efpece. La tige eft haute d’un à quatre pouces, fimple ou garnie d’une branche; la tige principale & la branche portent chacune une fleur , plus petite: que celle des autres variétés: le calice eft cou« vert de poils blancs. Cette variété confervant la forme des feuilles de fon efpece, prouve d’une maniere décifive l'exactitude de la diftinétion que: M. le chevalier de La Marck a faite de l’Eper+ viere des murs ; dont la bafe des feuilles eft échancrée , & de celle des bois, dont la bafe fe tetrecit graduellement, Mais elle prouve en même temps « f «+ 1 } " , & * 4 au règne végétal. ‘193 items l’inexactitude des noms par léfquels cet ‘auteur les a défignées : car cétte variété, croif. fant fur les rochers, ne ferait jamais réunie à fon efpece, fi la forme ne lindiquait pas. J'ai obfervé une variété femblable à celle-ci dans les À morenes des glaciers du Trient ; elle en différait feulement par fes feuilles, qui étaient abfolumen couvertes d’un duvet blanchäâtre. EL T MES En examinant l'étendue de terrain qui forne 7 NE À le fommet de Tourbillon , nous vimes un Erable “printannier d’une belle grandeur , dans l’intérieur de la tour méridionale du château ; j'ai cru devoir en faire mention , parce qu’un endroit aufli recon- _ naïiflable met tous les botaniftes à mème de recon- -naitre la plante que j'ai décrite fous ce nom. Les botaniftes Suiiles , favent qu’on trouve fur les rochers de cette colline, l’Ephedra dyfta- chya L., le Cadfus Opuntia L., & le Punica Graz natum L,; ce dernier nous parut vifiblement échappé des jardins : un feul arbrifleau adhérent au rocher à côté d’un jardin, a fui au baron de Haller, pour placer cette plante au nombre » des indigenes en Suifle, & à peine devait-on la regarder comme acclimatée. Nous quittâämes Sion, & prinies le chemin de k Sierre, où nous nous propofions de nous arrèter, À une lieue de Sion , nous vimes dans un marais, fitué près du village de St. Léonard, /e Juncus bulbofus L. & la Typha minima Morifon que les modernes ont tort de réunir à la Typhe angufti- folia de Linné. Son épi de fleurs femelles eff arrondi, du diametre d’un pouce en tout fens, & l’on ny voit aucune trace des fleurs mâles ; lorfque j'ai cueilli cette plante, lépi était trop Tome LI. N # ‘194 Mémoires relatifs avancé, pour qu’on pût reconnaître f1 les fleu mâles exiftent {ur d’autres pieds; maïs il ferait intéreffant de voir cette plante au printemps, & de la faire connaître d’une maniere plus parfaite. La figure que Morifon donne, fous le nom de Typha palujiris minima, xepréiente aufli l’état de “maturité de cette plante ; ainfi rien ne nous inf> truit fur l’état de fa floraifon. # Près de St. Léonard, on trouve beaucoup de Chenopodium Botrys au bord du chemin. Depuis St. Léonard jufqu’à Sierre, on côtoie prefque conftamment les rochers, ou des terres en friche à moitie eboulées qui dominent le Rhône. Cette partie de notre route était d'autant plus infiructive, que non-feulement elle réunif- fait plufieurs plantes rares, mais que les plantes communes y avaient un caractere lingulier. Les teintes étaient plus foncées , fouvent les feuilles étaient cotonneufes, & -le volume des plantes était plus confidérable ; je ferai connaître quel- ques-unes des variétés les plus frappantes, après avoir parlé des efpeces rares. Outre celles que nous avons nommées avant l’article de Sion, on y trouve abondamment le Tragopogon majus Jacg. plante que le baron de Haller avait omife, PEchinopus fpharocephalus L., le Bromus fguarro- fus L. , le Telephium Imperati L., l'Orobanche pur- purea All, le Cheiranthus belveticus Jaca. , le Tri- folium flexuofum Jacq. Cette derniere plante paraît avoir été confondue avec le Trifolium alpeftre Linn., malgré fes formes différentes, puifque perfonne ne l’a obfervée en Suifle, où elle n’eft point rare. La courbure conftante de fes tiges ft un cara@tere aflez {ür pour qu'on puifle la te OT LA TEa + au regne végétal. 196 teconnaître ; & ce que je ne puis concevoir, c'elt que Rivin l'ayant parfaitement diftinouée du Trifolium alpejtre , les «uteurs qui l'ont con- fulté, ayent commis cette erreur. Les variécés qui croillent dans ce lieu , font en ‘général plus grandes que celles des autres pof- tions. L’Af/perula cynanchica a une racine grofe & dure, d’où fortent dix, vingt & mème trente tiges, hautes d’un pied & demi ou deux pieds, plus rameules que celles de la plante ordinaire, plus groiles & plus fermes ; les feuilles , la difpo- fition des fleurs & le port n’offrent aucune dif. férence. L’Andropogon Ifchemum offre les mèmes carac- teres ; {es fouches font plus grofes & donnent naiflance à un plus grand nombre de tiges ; les feuilles ont jufqu’a deux & trois lignes de larges, & font garnies de longs poils à leur bafe ; les tiges font épaifles, terminées par quinze ou vingt épis, qui forment une grappe générale; chacun de ces épis eft plus épais, mais conferve les caracteres de fon efpece. Comme dans le moment où j'ai fait ce voyage, je ne me propolais pas d’en publier la rélation, J'ai feulement pris les notes dont j'avais befoin pour la fuite de mon travail actuel : il eft vrai. femblable que j'ai négligé plufieurs variétés, & des obfervations intéreflantes, qui s’offriront à ceux qui parcourront ce pays-là, fi les circont- tances me favorifent, je me propofe de me con- facrer pendant quelques années à fon examen ; il réunit dans une enceinite peu confidérable, une afflez grande variété de climats, pour offrir ut tres-grand nombre d’obfervations nouvelles. N'a 4 196 Îfemoires relatifs Les environs de Sierre font plus diverfifiés que le refte de la vallée : d’un côte, le terrain s’éleve en amphithéâtre, jufqu’aux rochers qui le cou- vrent du côté du nord; & la eulture y paraît mieux foignée , que dans le refte de la vallée : de l’autre côté, la ville eft environnée de ces mondrains formés par les attériflemens du Rhône, dont j'ai déja parlé : cette diverfité de fites pro- met au botanilte une récolte abondante, & {on efpérance n’eft pas déçue. Nous commençâmes par vifiter les bords de deux petits lacs, qui font à un petit quart de lieue de Sierre ; nous efpérions d'y voir des plantes intérefantes, mais nous n’y vimes que des efpeces communes, telles que le Salix trian- * dra , le Schenus Marifcus L., différens Joncs & Scirpes, des Nymphées, &c. HS En quittant les bords de ces lacs, pour nous élever fur les mondrains qui les environnent , nous cueillimes une plante de la famille des ombellifères , que je n’ai pu rapporter d’une maniere décilive à aucune efpece connue. Jignore fi elle eft une variété de Laferpitium prutenicum de Jacquin , ou une efpece particuliere. Sa racine eft vivace, garnie de fibres defléchées à fon collet ; elle s'implante verticalement en terre, & fe divife en une ou deux cuifles. Cette racine porte deux à cinq feuilles, dont Je pétiole eft très-étroit, long de quelques pouces avant de porter des folioles : la côte principale porte une, deux, ou rarement trois paires, qui s’implantent fur elle fous un angle droit : chaque paire forme encore une côte, {ur laquelle s’implantent des folioles; celles qui {ont les plus voifines de la s | \ | au règne vegetal. 197 côte principale, font divifées en plufieurs folio- les plus petites , réunies par une expanfion feuil. lée; les plus éloignées ont uniquement des divi- fions qui pénetrent jufqu’à leurs côtes; chacune des divifions eft encore fubdivifée en plufieurs lobes entiers, ou crénelés fur les bords. Chaque individu porte une feule tige, haute d’un à deux pieds , garnie de deux feuilles écartées l’une de l’autre, qui reflemblent aux radicales, mais font plus petites & portées par un pétiole applati qui embraffe la tige. Cette derniere eft terminée par une, deux, ou trois ombelles d’un ou deux pouces de diametre, garnies à leur bafe d’une colerette ; les ombelles particulieres ont une cole- rette femblable à la premiere, mais plus petite. Je n'ai pas vu la graine de cette plante, aucun individu n’était aflez avancé. Je défire que quel- que naturalifte examine cette plante fur les lieux, & décide ce qu’elle eft : on la trouve au pied du mondrain, qui eft fitué au midi des lacs; ce mondrain eft reconnaiflable à un couvent qui eft placé deflus. J'ai trouvé le véritable Lafer- pitium prutenicum près de Laufanne, au bord du chemin qui conduit de Rovereaz à la Clef aux moines; cette plante croit fur une petite colline, qui borde le chemin du côté du midi, après avoir traverfé le ruiffleau. Je ne fuis point afluré que la plante de Laufanne, & celle de Sierre foyent abfolument de mème efpece ; je crains toujours de former une décifion fur les ombel- liferes. , Nous cueillimes fur cette mème colline, & fur celles qui lenvironnent , le Tragopogon majus Jacq., ke Cheiranthus belveticus Jaca., lAr- N 3 198. Mémoires relatifs butus Uva urf L., V'Anemone Pulfatilla L., Y Oro- banche purpurea All, & une Alfme mucronata à dix étamines , que j'avais déja obfervée dans d’autres endroits, & particulierement dans les champs du pays de Vaud. Cette plante indique- rait la reunion des A/ine mucronata L. & Arena- via fafciculata L.; & mes obfervations me por- teraienna croire, qu’elle a cinq étamines dans les pays froids, ou dans les lieux ombragés : alors fes tiges {ont plus allongées & plus flaiques , fes paquets de fleurs moins nombreux & plus écartés, & tout fon enfemble annonce moins de vigueur. Cette plante a dix étamines dans les pays tem. pérés, ou dans les pofitions chaudes & placées au foleil ; fes tiges ont alors plus d’épaifleur & de confiftance , les paquets de fleurs font plus tapprochés. Les individus que j'ai cueillis fur les collines de Sierre, croiflatent dans un climat chaud, mais dans une pofition ombragée; ils avaient aufl les dix étamines de la féconde variété, & la forme de la premiere. Des individus qui réunifflent des formes diHérentes , font infiniment inftrudtifs, fur-tout lorfqu’on peut découvrir les çaufes qui les ont produits. Depuis Sierre jufqu'à Varona, principalement depuis qu’on a paifé le village de Jalves . le chemin borde des champs çconfidérables, fs nous vimes en abondance l’Euphorbia felcata L., le Micropus fupinus L., l'Andreface maxima L., la Ceutaurea crupina L., V'Adomis miniata Jaca. , l’Adonis flammea Jacqg., le Popaver Argemone L. Comme on y fait les moiflons près d’un mois avant celles du pays de Vaud, nous manquâmes certainement bien des plantes intéreffantes : pour bien voir le au règne vegetal. 199 Vallais , il faudrait parcourir la plaine dès le mois de mars, & ne le quitter que vers la fin de feptembre : dans le cours de cet été, on pour. rait s'élever infenfiblement jufqu’aux fommités , à mefure que les neiges difparaitraient ; & peut- être que quelques étés confacrés à ce pays-là, fuffraient à peine pour le connaitre. Arrivés à Varona, nous cueillimes près du village, une plante qui nous parut être le B/- tum virgatum L.; comme elle avait été coupée, & que nous n’y pûmes voir que des pouflès d’au- tomne, je m’ofai pas le décider avec certitude. Après qu’on a pañlé Varona, les perfonnes qui veulent aller aux bains de Loiche , quittent le grand chemin; & commencent une montée d'autant plus fatiguante , qu’elle eft rapide, fans ombre , & expofée à toute l’ation du foleil : les végétaux qui y croiflent, fe reflentent de la Chaleur exceflive qui y regne. M. Thomas mon compagnon de voyage, m'y fit obferver une plante, qu’il avait remarquée dans un précédent voyage : un examen attentif, & fur-tout la comparaifon que jen ai fait depuis lors avec les planches de Miller, citées par Linné, m'a confirmé qu'elle était la Coromilla glauca L., elpece qu’il faut ajouter à la lifte des indigenes de la Suifle. Peu de naturaliftes Suifles ont autant contribué à augmenter cette lifte que M. Thomas : il voyage toutes les années , & fes connaiffances botaniques , jointes à l'habitude de voir qu'une longue expérience lui a donnée, rendent fon coup d'œil d’une füreté extrème : il prédit. en quelque forte les plantes qu’il pourra cueillir dans un lieu, lorfqu'’il peut en voir l’expofition. N 4 % 200 Mémoires relatifs Cette pente elt bordée à une certaine éléva- tion, par un bois de Pins, où croît l’Euphra- fa vifcoja L., plante que M. de Haller place par erreur au-defñus de Salges ; la Sripa capillata L., V'Orobanche purpurea All, & fur-tout l’Arrragalus … Onobrychis y croiflent en abondance. Un peu après LL avoir pañé le bois où croit l’Euphrafia vifcofa L., le chemin contourne ; & les plantes des bafñes alpes fuccedent prefque inftantanément à celles des pays méridionaux de l’Europe. | Depuis ce moment, le chemin commence à traverfer alternativement des bois de fapins, & des ravins couverts des débris des fommités voi- fines; dans quelques endroits, il a été taillé dans le roc. Dans aucun de ces endroits, il ne préfente des plantes rares, toutes croiffent dans d’autres lieux & font communes. Les rochers qu’on traverle, & mème les mafles un peu con- fidérables qui {e trouvent au milieu des débris, font couverts de Rhamimus pumilus L., & de Po- tentilla caulefcens L.; excepté la premiere de ces deux plantes, qui, malgre qu’elle eft commune, était ignorée de Haller, aucune ne peut attirer l'attention des voyageurs qui ont déja vu des pays de montagnes. Un peu apres avoir traverfé ces lieux, nous arrivâmes au village d’Inden ; fes champs qui. font tous placés fur une pente tournée au midi, contiennent plufieurs plantes de la plaine ; le temps nous a manqué pour les examiner avec attention ; mais nous diftinguâmes depuis le chemin l’Artemifia Abfinthinm L.; le Lathyrus tuberofus L., & le Lathyrus beterophyllus L.s ces plantes annonçaient, qu'il y en aurait d'au. e : » » Ze au regue vegetal, 201, tres à obferver. Près du village nous cueillimes beaucoup de Rubia tinttorum L. ; j'ignore fi elle s’eft échappée de quelque lieu cultivé, ou fi elle y eft indigene; je pencherais pour le premier fentiment. | Un peu après qu’on a pañlé le village d’Inden , on commence à voir le villase & les bains de Loiche, fitués dans le fond d’une vallée, qui n’eft acceffible que du côté par où nous arrivions. Le chemin traverfe des prairies continuelles , où nous vimes quelques plantes intéreflantes. Le Rapunculus 683 Hall., que cet auteur diftingue du Phyt. fpicata , à caufe de la couleur violette de fes fleurs, & de la longueur de fon piftil, eft une de celles qui y font les plus communes. Cette plante a beaucoup de reflemblance avec le Phy- teuma fpicata L., peut-être que plus d’un natu- ralifte les réunirait; mais je crois devoir refpec- ter la décifion du baron de Haller , jufqu’au moment où des expériences décifives confirmeront l'un ou l’autre fentiment. On trouve aufli dans un endroit de ces prairies , remarquables par leur pente rapide au-deflus du chemin, & par un petit ruifleau qui coule auprès, une affez grande quan- tité d’Hypocheris maculata L. , plante que le baron de Haller a confondue avec l'Hypocheris helvetica Jacq. M. de la Chenal les à très-bien diftinguées, & les a trouvées toutes deux en Suifle; mais la premiere y eft certainement très-rare (a). Plufieurs autres plantes croiflent dans ces prai- (a) Aëla helvetica vol, 9. f, I. & la traduction dans ce volume. | LA | à 202 Mémoires relatifs | riess mais comme elles font les mèmes que celles qu’on trouve ordinairement dans les vallées des alpes, il eft inutile de les rappeller (a). Les eaux minérales de Loiche font chaudes ; & j'ai cru intéreffant d'examiner , quelles plantes croiflent dans les baflins qu’elles forment à leur fource, & quelle pofvait avoir été l’influence de ces eaux fur leur forme. L'intérieur du baflin contient beaucoup de Chara vulgaris L., de Scir- pus cœfpitofus L., & de la variété ordinaire du ohc afticulé : ces trois plantes, quoique plon- gées dans une eau chaude au 32 degré, & énvironnées d'une vapeur continuelle , plus Chaude que l’atmofphere, n’ont fubi aucun chan- gement. Plus loin, dans l'endroit où ce petit. baflin fe décharge, nous cueillimes la variété des alpes du Chryfanthemum Leucanthemum L., qui a été diftinguée fous le nom de srontanum par M. Allioni & le Gnaphalium luteo albums. X] eft digne de remarque, que cet endroit eft le feul dans toute la vallée des bains où croifle cette plante; comment s’y eft-elle établie ? ce ferait une chofe intéreflänte à découvrir. Il paraît qu’il y a deux variétés très-diftinctes , réunies fous le nom de Grapbhalium luteo album L. ; peut.ètre mème deux elpeces qui n’ont aucune analogie entr’elles. L'une eft celle que nous cueillimes aux bains de Loiche, & que M. Thomas me dit avoir cueilli entre le Trient & Piflevache, dans un pré humide que le nouveau chemin traverfe. Cette plante fe à (a) De ce nombre eft la Crepis aufiriaca Jacq., Hie- racium 40 Hall. + | | at PE ÿ au règne vegetal. 203 divife dès la racine en plufeurs tiges droites , hautes d’un ou deux pieds , terminées par un paquet de fleurs jaunâtres. Cette plante eft la Chryfocoma &c. Barr. ic. 367, le Gnaphalium ad Stechadem vertins J. B. T. 3. part. 1. p. 160, & L'Elychryfum [ylveftre latifoliun capitulis conglo- batis C. B. pin. p. 264. L'autre plante fe divife aufli dès la racine en plufieurs tiges , mais elles font couchées fur la terre , plus divifées & moins longues, les feuilles font plus étroites, les fleurs reflemblent aux pré. cédentes. J'ai cueilli cette plante dans les dunes de la nord Hollande, où elle avait été décou- verte par M. de Gorter. M. Thomas m'a dit qu’elle eft commune fur les murs & dans les lieux ftériles & rocailleux de la val d’Aofte. Cette plante eft le Gnaphalium Plateau II. Cluf. hifi, 2. 329. Gnaphalium majus lato oblongo folio Moris. #2. 3. Je. 7. Tab. IL. f. 18. Ces fynonimes m'ont été fournis par M. Willemet, célebre botanifte de Nancy , à qui j'avais communiqué ces plantes; & je les ai vérifié depuis lors, en remontant aux {ources. Il faudrait des expériences pour déter- miner d’une maniere füre, le plus ou moins . d’analogie qui exilte entre ces deux plantes; les auteurs anciens les croyaient des efpeces diftinc- tes, depuis lors on les a réunies, peut-être fars les avoir comparées ; ainfi il refte à décider, fi la diverfité des lieux où elles croiflent, {ufit pour produire leurs différences. Le lendemain nous montâmes fur la Gemmi ; le chemin ne nous offrit rien d’intéreffant, ju£ qu’au moment où nous arrivâmes pres des rochers; avant ce temps il traverfe d’abord des terres cul- 4 204 .… Mémoires relatifs | tivées , enfuite un bois clair femé qui fe ter- mine aux premiers éboulemens des rochers. Des fraix énormes ont tracé un chemin, fur les contours d’un précipice prefque vertical. Ce che- min intérefflant pour tous les hommes , l’eft aufli pour le naturalifte; il y trouve plufieurs plantes curieufes, telles que l’Afragalus campeftris L. les Draba aïizoides L. & hirta L. le Filago Leontopo- dium L. la Veronica fruticulofa L. l'Ophrys alpina L, le Picris Taraxaci All. le Pyrethrum 97 Hall. plante qui paraît être une variété locale du Chry- fanthemum Leucanthemum Hall. , puifqu’on obferve la découpure de fes feuilles fur quelques indi- vidus de la plaine, & que le caractere de la couronne des graines eft trop minucieux pour être conftant. Il eft certain que le degré de déve- loppement de la plante, ou d’adivité de la feve, doit influer avec plus ou moins de force fur les diverfes parties de la plante; & cette couronne n'étant qu'une fimple expanfion de l'écorce des graines, doit recevoir cette influence d’une maniere très-prochaine : j'attends des expériences pour le décider completement. Cette difcuffion nous a éloigné de la liffe des plantes qui croiflent au bord du chemin de la Gemmi, nous allons la reprendre, le Senecio Doronicum L., plufeurs des nuances qui réuniflent les Thalilrum feti- dum L. & minus L., l'Erigeron uniflorum L. & Palpinum L., la Potentilla fubacaulis L. le Rho- dodendum birfutum L. Y'Aretia alpina L. l Arte- mifia rupelris L. le Sedum atratum L., & le Ceraflium latifolium L., toutes ces plantes ne croiflent pas enfemble , mais à différentes hauteurs: il aurait été infiniment long de tracer: toutes les . é 4 # ,* \W V4 È au yegne vêgetal. 2of dignes de démarcation entre ces diverfes efpeces. Le plateau de la montagne, ou plutôt l’efpece de vallon environné de fommités plus élevées qui porte le nom de Gemmi, n’a pas répondu à notre attente. Comme elle eft citée fréquem. ment par Haller , nous efpérions de voir une montagne fertile ; mais nous n’eumes d’autres confolations, que d’avoir vu une montagne que plufieurs perfonnes avaient déja traver{ée. Un peu de terreau, dans les baffins que forment les bancs des rochers, nourrit le peu de végétation qu'on y obferve : aufli nous ne pûmes voir qu’un très-petit nombre d’efpeces, lArabis cerulea All, la Draba fladnizenfis Jacq., le Phyteuma bemifpha- rica L.,le Si/ymbrium burfifolium L.,le Cardainine bellidifolia L. , la Cherleria fedoides L., le Salix ber- bacea L. l’Aira [ubfpicata L. & une Avoine qui m'a paru finguliere. Ses tiges rampantes & cou- vertes de nodofités, femblables à celle du Triti- cum vepeus L. donnent naiflance à une multitude de tiges droites , couvertes de feuilles vers la bafe , & prefque nues vers le haut : ces feuilles au nombre de fix & plus, réunies dans l’efpace de moins d’un pouce, s’enveloppent les unes & les autres; & leur partie libre forme un angle droit avec la tige, cette partie eft ployée en goutiere fort étroite, & longue au plus d’un pouce. Le refte de la tige s’éleve à la hauteur d’un pied, & n’a qu’une feuille vers le milieu de fa longueur. L’épi qui termine chacune de ces tiges eft rameux vers la bafe, comme celui de plufieurs Fétuques. Les épillets font grands, compofés de deux fleurs; les valves du calice font inégales , terminées en pointe; & du milieu des “ | # À: 206 : Mémoires relatifs bâles florales , fort une arifte de la longueur dé Pépillet. La couleur de ces fleurs eft mêlée de jaune, de vert, & d’un peu de rouge. Cette Avoine reflemble beaucoup à lAvena 1489 Hall. par la maniere dont fes tiges rampent & fe pro- pagent : mais elle en differe par la minceur de fes tiges vers l’épi, & par le défaut abfolu de poils fur cette partie, tandis que cette plante de Haller eft très-velue. Ces différences fufhfent- elles pour les {éparer ? ou, comme je pencherais à le croire, cette plante & l’Avena 1489. Hall ne forment-elles qu’une feule efpece , différenciée par la nature des lieux ? En s’avancant dans l’intérieur du vallon, on rencontre un petit lac, bordé d’un côté par des éboulemens. Nous efpérions y trouver quelques plantes, mais nous n’y vimes que la Viola cœni- Jia L., l’Arnica fcorpioides L., & un Saule qui me paraît être le Sa/ix ferpillifolia de Scopoli. La figure & la defcription que cet auteur donne, lui conviennent parfaitement : j'ai d’abord foup- çonné que Haller en avait parlé fous le n°. 1646, mais les figures de la Flora lapponica qu'il cite, ne conviennent pas à la plante de la Gemmi. M. Thomas m'a fait voir un Saule à peu près femblable , en montant depuis la montagrie de la Boulaire , aux glaciers de Panéroffa, par une route abrégée. Ce Saule forme un arbriffeau , dont la tige eft tortueufe , irréguliere , divifée en branches dont l'angle d’infertion elt prefque droit; fon écorce eft d’un rouge noirâtre, & il ne fe couvre de feuilles qu’à l’extrèmité des branches : fes feuilles font plus petites que celles du Salix mirfinites L. XI férait intéreflant de déterminer cette plante, _. (7 de ‘au règne végétal. 207 qui n’eft point encore décrite dans l’'Hiftoire des faules de M. Hoffmann. Le côté oppolé que nous vifitâmes enfuite, ne nous offfit aucune plante intéreflante ; il eft vrai que la pluye, & les nuages qui nous enve- lopperent, ne nous permirent pas de l’examiner avec beaucoup d’attention. En général , le fommet de la Gemmi eft fec & aride, le terreau a peu de profondeur, & cette pofition ne produit ordi- nairement qu’un petit nombre d’efpeces de plantes. | Le lendemain nous montâmes fur le Letfcher- berg , montagne fituée du côté oppolé du vallon des bains : nous primes pour y aller le fentier . qui y conduit depuis le village ; celui qui pañe par Albinen eft meilleur , mais plus long. Le _{eñtier traverfe un bois aflez confidérable, où nous cueillimes le Satyrium albidum L. & le viride L., l'Aquilesia alpina L., le Lichen 1974 Holl., & les Chevrefeuilles des alpes. En conti- nuant de monter, nous parvinmes à une cla- riere où coule un ruifleau ; nous y vimes deux variétés de Saxifraga flellaris, que j'avais déja obfervées ailleurs, mais qui fe trouvaient réunies dans ce lieu. L’une eft plus grande, fes feuilles font plus fortes, & fes fleurs d’un blanc mat fans aucune autre teinte : la feconde eft plus petite & plus délicate , fes pétales font d’un blanc un peu tranfparent avec du rouge à leur onglet, les efpaces qui les féparent, font plus marqués que dans la premiere, & les antheres font d’une couleur foncée ; j'avais toujours attribué ces dif- férences à la diverfité des pofitions ; mais com- ment peuvyent-elles être réunies dans un même - + v ) % ‘208 Mémoires relatifs lieu ? On trouve auffi dans ce ruiffeau quelques Carex, maïs ils étaient d’efpeces communes :1ce font le Carex muricata L., le Carex paniculataæ L.; & le Carex 138$ Hall. P’obletiifeai au fujét. de cette plante , que le caractere donné par Haller, de l’épi femelle radical, n’eft pas conftant; fur dix échantillons que j'ai cueillis, à peine trois avaient. Cette Lèche eft reconnaiffable à la lon- gueur & épaifleur de la pointe qui termine les capules. | Lorfque nous eûmes quitté la région boïfée, nous vimes fur les murs d’un châlet ruiné, beau coup de Saxifraga adfcendens L., plante qui -paraît évidemment une variété de la Saxifraga tridactilites. À mefure que nous nous élevions, les plantes changeaient, & devenaient plus inté- reffantes. Nous cueillimes fucceflivement le Phy- teuma bemifpharica L., la Veronica bellidioides L., & l’aphylla L., l'Afler alpinus L., la Cherleria fedoides L. , l'Anthericum Jerotinum L., la Pedi- cularis flammen L. , le Lychnis alpina L., PAne- mone vernalis L., le Hieracium alpeflre Jacq., la Campanula Allioni Vill. Plus haut on trouve des arrètes, où le rocher forme des faillies ; les efpa- ces entr’elles font couverts de débris & d’un peu de terreau. Nous cueillimes dans cet endroit de la montagne, l’Aretia Vitaliana L,, le Laferpi-. tium fimplex L., une variété du Poligala vulgaris L. , particuliere aux alpes ; elle eft remarquable par le nombre de fes branches, qui partent tou- tes du bas de la tige, & forment une touffe haute d’un pouce environ ; les feuilles font ui peu arrondies : le Sesecio incanus L., & le AMyo- fotis nana All. , plante remarquable par {es feuilles ; | rondes . à \ au regne végétal. | 209 rondes & velues, un peu femblables à celle de POriganum Diéfamnus L. On ne doit pas la con- fondre avec la Scorpione des marais, dont on voit plufieutg variétés fur les alpes, mème {ur les plus élevées, & qui font communes fur ie Letz. cherberg. Depuis cette fommité, nous allimes à une autre fituée au midi, qui domine Ja ville de Loiche, un vallon nous fournit l’Androface obtujifolia All. , Y Androface carnea L., le Juncus alpinus Vill. , la Companule Allioni Vilk, le Juncus fpadicus All, le Juncus luteus All, la Sibbaldia procumbens L., V'Alchemilla pentaphylla L., l Ane- mone fragifera Jacq., &c. En montant {ur la fom- mité où nous allions , nous vimes {ur les rochers, la Soxifraga afpera L., la Saxifraga bryoides L., la Saxifraga 98$ Hall, la Potentilla fubacaulis L. , & la Potentille blanchatre, variété fort déve- loppée de la précédente , que j'ai cru d’abord être une efpece particuliere; elle eft décrite dans l’ou- vrage de M. van Berchem (a). Cette feconde fommité ne nous offrit rien de plus, que ce que nous avions vu fur la premiere ; mais nous y * jouimes d’une vué admirable : on domine la plaine du Vallais, depuis Brigs jufqu’a Martigny ; & lPhorifon eft terminé par une chaine prefque con- tinue de glaciers, depuis ceux du haut Vallais, juiqu’à ceux du Faucigny. Le Letfcherberg offre peu de chofes nouvelles, nous n’y avons cueilli aucune variété intéreflante ; mais les naturaliftes y verront toujours avec plaifit un grand nombre d’efpeces rares, réunies (a) Excurfion dans les mines du haut Faucigny, Tome I. O 210 Mémoires relatifs au regne végétal. dans un petit efpace ; cette montagne à plufieurs afpeés , qui lui fourniront tous quelque chofe de particulier. Comme nous avons traverfé pendant notre retour à Laufanne, les mèmes lieux que nous avions déja examinés ; j'ai réuni toutes nos ob- férvations dans une {eule courfe, perfuadé qu’il importe fort peu aux naturaliftes , que nous ayons fait une obfervation à notre premier paflage , ou au fecond.s Je ne me flatte pas d’avoir épuifé la partie du Vallais que nous avons parcourue ; com- me je ne me propofais pas alors de publier la rela- tion de ce voyage, j'ai fait feulement les obfer- vations néceflaires à mon plan d’études; avec un but différent , je les aurais multipliées davantage. … st k Me - È Qe * he: L 2 .° de — ‘ >. M Le + 14 ; , CP ; Ps + à tr ‘à TS 7 na n w Eh het dû RS À PRISES TE PE ., slèm 1 Pay. - l enr | Lan pe. Ye ARRET eh +" PSS | Done ( 217 ) La | ne ER, INAONMPPIICTE SUR LE GENET DE HALLER PL 2. (a). Par M. REYNIER. GR 22» QE ———— me, Le Genet de Haller eft une des efpeces, dé. couvertes par le baron de Haller, qui n’ont pas été cueillies ailleurs : il paraît que lui - mème avait des notions tres-imparfaites fur cette plan- te, & qu'il n'avait pas eu occafion de la voir fraiche. J'ai profité de la complaifance de M. Da- vall qui avait fait defliner cette plante, pour en donner une figure. M. Gagnebin m’a fait l'honneur de m'écrire au fujet de cette mème plante, & de me communi- quer quelques corrections qu’il faut faire dans la delcription de Haller. Ce botanifte célebre m’a- vertit qu’il faut ajouter, que les légumes font velus ; & qu'il faut effacer, dans la lifte des lieux où elle croît, la Chaux-de-fond , où on ne l’a ja- mais cueillie, & y fubftituer la chaux d’Abel, le Cernil chaude dans la montagne des bois, & la grande pature des bois. M. Davall a cueilli cette plante au bord du chemin , qui conduit de la Rufflle à Lignerolles. (a) Spartium caule decumbente ramofo , foliis folitas ris ovatis , floribus longe petiolatis. Hall. hiff. fi. n°.355 2 212 Mémoires relatifs ee À EEE nee LOTISITOE: Des plantes qui ont été découvertes en Suiffe , depuis limpreffion des ouvrages de Haller , avec la notice des lieux où elles croient. NB. Lsrénmisque. indique les plantes fur lefquelles je n'ai pas une certitude parfaite. TRAGOPOGON MAJUS JACQ. | Dans la plaine du haut Vallais, près de Bran- fon, Follatal , Sion, Sierre, Brigs, Lax, &ec. (MM. Davall €$ Thomas.) PRENANTHES TENUIFOLIA LINN. Dans les bois montagneux des environs de Muttenz , dans le canton de Bäle ( A1. de la Che- nal). L'auteur de cette découverte obferve avec raifon , que cette plante devrait plutôt être confi- dérée, comme variété de la Prenanthes purpurea L. PRENANTHES VIMINEA LINN. Commune près des chemins dans tout le haut Vallais, depuis Sion jufques dans la vallée de Praborgne. (M. Thomas ). R LACTUCA AUGUSTANA ALLIONI. Commune dans le haut Vallais, entre Sion & Sierre, &c. Je foupconne fortement que cette - plante eft une variété de la Lacfuca Scariola L. . SONCHUS PLUMIERI LINN. Dans les ravins & les éboulemens des bafles . alpes : au pied de la Dent de Jaman, dans un lieu nommé Haute; aux Angeurs, au-deflus de au vegne vegetal. 213 Charnex dans le bailliage de Vevay ; aux Meu- fes , vallée de Geflenay ; à Zweifimen, dans un lieu nommé Teufelsgraben. (AL. Favrod ). SONCHUS PALUSTRIS LINN. Dans les marais entre Noville & Villeneuve. J'ailieu de croire qu’il croîït auf dans les marais entre Orbe & Y verdon; puifqu’ ila cru dans le jar din de M.Davall à Orbe , où il n’a jamais été femé. PICRIS ECHIOIDES LINN. Dans une prairie au - deflous’ du village de Brent dans le bailliage de Vevey. Comme j'ai _ cueilli cette plante dans un pré artificiel, je foup. çonne que la graine avait été apportée de la France méridionale. C’eft ainfi que la Centaurea folflicialis L. & quelques autres elpeces {e font aclimatées en Suiñe. CREPIS DIOSCORIDIS LINN. Dans les champs caillouteux des environs de Bale ; pres du pont de la Wiefa; près de Wyli; hors de la porte de $. Jean, du côté de-S. Louis & d'Huningue. (M. de la Chenal. ) CREPIS ALPINA LINN. . Sur le mont Generofo. ( A. de la Chenal. ) HIERACIUM CHONDRILLOIDES LINN. Dans les prairies des bafles alpes dépendantes de la vallée du Château - d''Œx. ( M. Favrod ). Dans les environs de Martigny & de S. Remi. (M. Bellardi. ) | HIERACIUM INTYBACEUM JACQ. Sur les alpes du canton de Berne { M. Linder. ) Je pencherais volontiers à à croire due cette plante et une ‘variété du Hieracium 41 Hall. cepen- dant comme M. de la Chenal les diftingue, je fufpens mon jugement. k Ô ; 214 Mémoires relatifs HIERACIUM HUMILE JACQ.Fauftr.T.189. Sur les rochers des.alpes & dans les vallées. (M. de la Chenai €ÿ Favrod.) J'ai cueilli cette plante dans un tres - grand nombre d’endroits : celui qui elt le plus à la portée des botaniftes du pays de Vaud eft la porte du Sex, où elle eft très-commune. { HILRACIUM ALPESTRE JACQ. Dans les prairies des alpes ( M. Thomas ). Cette plante me parait une variété du Hieracium alpinum : L. : je poffede des individus intermédiaires. HIERACIUM CAPILLACEUM ALL. Sur les alpes du gouvernement d’Aigle & du Vallais. Cette efpece me parait aufli une variété du Hieracium alpinum L. : je me borne dans cette lifte, à propoler mes doutes , je donnerai les preuves ou rectiferai ces affertions , à mefure que je traiterai l’hiftoire de chacune de ces plantes. HIERACIUM MONTANUM SCOP. Sur les rochers qui environnent la citadelle de Walleburg dans le canton de Bâle. | CHRYSANTHEMUM MONTANUM ALL. Commun dans les lieux rocailleux des alpes & dans les terrains qui en defcendent : à la Gemmi, dans la vallée de Trient ; &c. Cette plante eft vifiblement une variété alpine du Chryfanthemum Leucanthemum L. * ARTEMISIA. ABROTANUM LINN. Dans les environs de Sion ( M. de Coppet ). Je pencherais à croire qu’elle eft échappée des jardins, cependant l’auteur de la découverte m'a afluré le contraire. MICROPUS ERECTUS LINN. Dans les environs de Nion, à l’Effert, aux au regne vegetal. 211$ Ecornilleres (M. Ducros ). En Vallais, dans les environs de Sierre , des Salges, de Varona, &c. : * CENTAUREA BENEDICTA LINN. Près des ruiffeaux dans le haut Vallais ( 4. Favrod. ) | DIPSACUS LACINIATUS LINN. Dans les environs de S. Cergues, au - deflus de Nion. SCABIOSA PYRENAICA ALL. Au bord du lac Léman. M. Allioni eft peut- être la feule perfonne qui verra une efpece dif- tincte , dans cette variété uniflore de la Scabiofa columbaria L, , produite par l’aridité des lieux où elle croît. 1 ù * VALERITANA PHU LINN. Dans la vallée de Château -d'Œx & de Leti- vaz ( M. Favrod ): je crois cette plante échappée des jardins. MANTHA GENTILIS LINN. Pres des foflés dans les vallées de Château- d'Œx & de Letivaz ( M. Favrod ). | MENTHA AUSTRIACA JACQ. Dans les champs humides de Rovereaz près de Laufanne. On diftingue cette plante de la Mentha arvenfis L., à caufe de la longueur de fes étamines qui égale celle de la corolle : mais ce caractere n’eft pas décifif; j'ai cueilli des va- | riétés , où la longueur relative des étamines était différente, de plufieurs efpeces, & particuliere- ment des Mentha rotundifolia [ylveftris aquatica. On trouve parmi les individus de Mentha auf- triaca , d’autres individus dont les fleurs font beau- coup plus grofles & ne contiennent point d’éta- mines , mais {eulement un piftil. O 4 {| Z1É … Mémoires relatifs * SALVIA SCLAREA LINN. Près des lieux cultivés & des villages; à a Fe- nallet & à Bex (AM. Thomas ); à Morges ( M. Jain); à ii à ÂArnex (AM. Ducros 3 à a Ou- chy , à Riez, SPARTIUM RADIATUM Lo Sur le mont Verruet-audeflus du Mont Che- ville. (M. Thomas ), | ULEX EUROPÆUS LINN. Au fignal de Bougy près d'Aubonne (M. Lo- Yimier ). | LE TREFLE GAZONANT REYN. Dans les ravins & les éboulemens des alpes du pays d’Enhaut du pop Tons d’Aigle & du Vallais. LE TREFLE DES GLACIERS REYN. Trifolium Jaxatile All. Dans les morènes des glaciers) du Mont Syl- vio. ( M. Thomas ). TRIFOLIUM FLEXUOSUM JACQ.. Sur les collines de Lavaux, fous le fignal de Laufanne , & dans plufieurs endroits du Vallais. CORONILLA GLAUCA LINN. Au bord du chemin entre Varona & les bains de Loiche ( M. Thomas ). LUPINUS ANGUSTIFOLIUS LINN. Dans les champs d’Aflens , d'Echallens, de Polier le grand, de S. Barthelemi, &c. ( M. de Coppet ). J'en ai cueilli une ou deux fois dans les champs de Chamblande près de Laufanne. . ASTRAGALUS DEPRESSUS LINN. Dans la vallée de Château - d'Œx près de PEglife & dans les environs de Bex. ( M. Fa. vrod). Sur la montagne de la Grand Vire dans au regne végétal. 217 le gouvernement d’Aigle & fur celle de l’Au fous la Cornette en Savoie (M: Thomas ). VICIA PISIFORMIS LINN. Dans les environs de Pfirt. ( A. de la Chenal). * VICIA LUTEA LINN. à M. Davall en a cueilli un feul individu dans les environs d’Orbe, aufli j'ai long-temps héfité de la regarder comme une plante Suifle : cepen- dant comme M. Allioni lainferée dans fa Flora Dedemontana , j'ai cru devoir l'indiquer dans cette lifte avec doutes. ARABIS HALLERI ALL. Sur le mont Sylvio (M. Allioni ). J'ignore ce que peut être cette plante, & je l’admets {ur la foi de l’auteur de cette découverte , qui la décrit comme nouvelle dans fa Fora pedemoutana. LA TOURRETE COTONNEUSE REYN. Sur les rochers les mieux expoles & les plus chauds des alpes du pays d'Enhaut; fur le M. Croix. (M. Favrod ). LA TOURRETÉ CILIÉE REYN. Sur le mont Charbonet dépendant de la val- lée de Château-d'Œx ( M. Favrod). SISYMBRIUM ERUCASTRUM GOUAN. Dans le lit de la Veveyle & de la baye de Clarens. ALYSSUM INCANUM LINN. Dans les environs de Gonthey en | Valais. (M. Favrod ). DRABA PYRENAICA LINN. Sur les alpes du canton d’Appenzel & Li culierement fur le mont Melmer. ( MM. Kirr € Girtanner ). _* DRABA CILIARIS LINN. 218 Mésnoires relatifs Près du fommet du mont Paray , & au-deflus d’un précipice du mont Thomaley , dans la val- lée de Letivaz. (M. Favrod). DRABA FLADMIZENSIS JACQ]. Sur les montagnes qui bordent le glacier de Panexroffla & fur la Gemmi (M. Thomas ). VERONICA LONGIFOLIA LINN. Sur la montagne de la Dolaz ( M. Thomas). La plante de M. Thomas reflemble abfolument à Ja figure de P'Hortus romanus de Sabbati que Linné cite pour fa Veronica longifolia ; auffi je foupçonne que lune & l'autre font une variété fort développée de la Veronica Jpicata : tous les naturaliftes favent que les figures de l'ouvrage de Sabbati, outre qu’elles font mauvaifes, ont été deflinées dans un jardin, & que les plantes cultivées font plus grandes que les fauvages. FLUVIALIS MINOR FOLIIS ANGUSTIS- SIMIS , &c. Mich. Tab.S.f. 3 À Nion , dans une mare Re du Lac & du pont du Boiron. ( A. Ducros). * VIOLA MIRABILIS LINN. Dans les bois des vallées de Château - d'Œx & de Roffiniere ( M. Favrod)},. Il eft poffible que Pauteur de la découverte ait pris pour cette plan- te , des individus de Viola canina, dont les fleurs de la tige n’ont pas de corolle, tels que jen ai trouvé quelquefois : aufli n'ayant pas vu cette plante, je l’infcris comme douteufe. CERINTHE MINOR LINN. Dans les environs de Pfrt ( M. de la Chenal ): dans les environs d’Aubonne ( M. Lorimier ): dans les vallées de Château-d'Œx & de Letivaz. ‘ (M. Favrod ). au yegne végetal. 219 ANAGALLIS TENELLA LINN. Entre S. Saphorin & Vevey, fur une roche humide à l’oueft de Gonelles. PLANTAGO ALTISSIMA LINN. Dans les paturages des alpes du pays d'Enhaut. (M. Favrod ). Quoique cette plante répondit parfaitement aux figures & defcriptions du PL altiflima , j'ai héfité de l’admettre au nombre des plantes de la Suifle, jufqu'au moment où jai vu que M. Allioni l’a inicrée dans fa Flora pe- demontana. GENTIANA CAMPANULATA JACQ. Sur le mont Bovonnaz dans le gouvernement d’Aigle ( M. Thomas ). Je foupconne que cette plante eft une variéte de la Gent. purpurea , ainfi que la puncrata. CAMPANULA CERVICARIA VILL. Aux Sambres au-deflus de Nion. (M. Ducros ). CAMPANULA ALLIONI VILL. Commune dans les prairies élevées des alpes : fur le Letfcherberg près des bains de Loiche, &c. CAMPANULA UNIFLORA VILL. Dans les débris au pied des rochers des alpes : entre les tours d’Ai & de Mayen. CAUCALIS LEPTOPHYELLOS LINN. Dans les champs de Michelfeld (A.de la Chenal). SESELI MONTANUM LINN. Sur le mont Wañflerfallen , dans les environs de Bruntrut, à Montbeillard ( M. de la Chenal ). PIMPINELLA DIORIA LINN. Dans une prairie féche près de Michelfeld (M. de la Chenal ) : fur les collines qui bordent Je fentier entre la Sarraz & les bains de S. Loup. LASERPITIUM PRUTENICUM JACQ. pe < 220 Mémoires relatifs Dans les environs de Laufanne entre la cam- pagne de Rovereaz & la Clef-aux-moines, fur la colline qu’on rencontre après avoir traverfé le ruifeau. SELINUM CHABREÆI JACQ. Dans des bofquets humides au bord de la Birie pres de Moœnchenftein (M. de la Chenal): au Monterct au-deflus de S. Cergues (M. Jain): entre Romainmotier & la Praz ( M. Davall ). SIUM NODIFLORUM LINN. Dans les foflés du vignoble de Culet près de Nion. (A. pere SIUM REPENS JACQ. Près d’un Aeuu vers le moulin d’Allamand. (M. Loriier ). TORDYLIUM MAXIMUM LINN. Sur Je bord des champs dans les environs d'Orbe (4. Davall }. RHAMNUS PUMILUS LINN. Sur les rochers des alpes & particulierement dans leurs fentes. Dans le pays d'Enhaut, {ur les monts Thomaley, Paray, Croix, &c. (M. Favrod) : {ur lesaipes du gouvernement d’Aigle CAL. Gbowas ): dans tout le Vallais , aux bains de Loiche, à la Gemmi, au mont Cheville » &c. ARENARIA VERNA LINN. Sur les rochers des alpes. Cette plante a été confondue avec l'Arenaria Jaxatilis dont elle me ie une variété. {[ANTHUS VIRGINEUS LINN. V4 Ja montagne de la roche blanche près de Suchet ( M. Davall). * DIANTHUS BARBATUS LINN. Sur es roches colombines près de Château- au regné végétal. 221 d'Œx & dans les environs de Moudon ( Àf. Fa- vrod). Les échantillons que M. Favrod m'a donnés , me paraiflent une variété à larges feuil- les du D. armeria L.; il eft vrai que ces deux plantes ont beaucoup d’analogie. LE BEC DE GRUE A FEUILLES DE MAUVES , REYN. Geranium pyrenaicum Curtis. Près des chemins dans le Pays de Vaud & dans les vallées du pays d'Enhaut & du gouverue- ment d’Aïgle. * SEDUM ANNUUM LINN. Sur les murs dans le Rheinthal & près de Bur-w giftein dans le canton de Berne ( M. Kirt). L’'ERABLE PRINTANIER REYN. Acer opulifolium Villars. , Sur les rochérs à la defcente du mont Croix ( M. Favrod ) : dans les environs de Bex , Bévieux, les Plans, Val de lie, &ec. (M. Thomas ): près de Roche & dans tout le Vallais , à Piffevache, Fouly, Cheville, à Sion dans la forterefle de Tourbillon : dans les environs du château de Chillon. On le trouve aufi au pied de la chaine du Jura, vers la Dolaz, à Romainmotier, &c. EUPHORBIA FALCATA LINN. Dans les environs de. Nion (M. Ducros ): près de Laufanne du côté des monts de Pully 3 dans les champs à l'occident du Village de Chex- bres: en Vallais, près d’Aven, Sion, Sierre, Varona, &c., en Savoye près de la Bonneville. * MALVA CRISPA LINN. : : En Vallais pres des terres cultivées (A Fa- vrod ) : je doute qu’on puifle admdttte cette efpe- ce, au nombre des indicenes de la Suifle ; elle eft vifiblement échappée des jardins, on" 222 … Mémoires relatifs * HIBISCUS TRIONUM LINN. Dans les champs des environs du village d’Aven. ( M. Favrod ). CRATÆGUS MONOGYNA LINN. Dans les hayes du canton de Bâle (M. dela Chenal) : cet arbufte eft commun fur les colli- nes & dans les haies du pays de Vaud & du gou- vernement d’Aigle. LE ROSIER RAMPANT REYN. Dans les haies, fur les collines, & dans les taillis du pays de Vaud. LE ROSIER PRINTANIER REYN. ». La variété à fleur fimple croît près de Laufan. Fr, dans un lieu nommé Rofiaz, au-deffus de Pully. La variété à fleur double croit dans les préci- pices qui dominent l’Aubonne ( A. Curchod) ; dans plufeurs endroits des vallées de Chateau- d'Œx & Rofliniere. ( M. Favrod ) ; dans les en- virons de Laufanne , fous Sauvabelin & le fignal , au délert, &c. à Lille, près de la Venoge. LE ROSIER MULTIFLORE REYN. Dans la vallée de Praborgne & fur plufieurs des montagnes du gouvernement d’Aigle , aux . Efluyeres, &c. ( M. Thomas ) : entre le pont du Diable & Stek (M. Davall) : dans les vallées de Letivaz, Rofliniere, Château - d'Œx; dans celles de Valorfine, du Trient, &c. . LE FRAISIER VERT DUHAMEL. Traité des arbres fruitiers. Dans le bois du Pavement, pres de Laufanne. POTENTILLA ALBA LINN. Dans la partie méridionale du bois de Prangins près de Nion. (M. Ducros ). GEUM HYBRIDUM JACQ. | Dans les environs des bains. de Loiche (34 ù | = AP" L ” é | : au règne végétal. 223 | Davall) : fur les montagnes du gouvernement d’Aigle, à Bovonnaz, &c. ( M. Thomas ): fur les montagnes du pays d’Enhaut ( M. Favrod )}. Cette plante eft vifiblement une monftruofité in- dividuelle, _THALICTRUM ATROPURPEREUM JACQ. Commun dans les bois des älpes ; je le crois . une variété du Thal. aquilegifolium. RANUNCULUS FOLIS LONGISSIMIS ? BREVISSIME BIFURCATIS RUPP. __ Dansoles environs de Buntrut & de Mont- . beillard ( M. de la Chenal). =. RANUNCULUS HEDERACEUS LINN. Dans les environs de Pfirt. ( M. de la Chenal). RANUNCULUS PLATANIFOLIUS LINN. Dans les bois des bafles alpes du pays d’En- haut & du gouvernement d’Aigle ( M. Favrod ). Cette plante eft une variété fort développée de Ranun@ulus aconitifolius : ai fuivi toutes JJes nuances intermédiaires. RANUNCULUS HIRSUTUS CURTIS. Près des chemins au - defflus de Laufanne , à Vevey ,.à Lavaux, &c. SCILLA AMŒNA LINN. Dans les prés des environs de Morges ( M. Jain ) : dans les environs du village de Fenallet, au-deflus de Bex (A. Davall ). * IRIS VARIEGATA LINN. | Dans un lieu nommé Vernex dans la vallée de Rougemont ( M. Favrod ) : n'ayant vu de cette plante qu’un échantillon fort mal féché, je la propole comme douteufe ; il eft certain qu’elle differe des autres Iris de la Suifle. ORCHIS LAXIFLORE LA MARCK. Commun dans les prairies un peu humides, ‘ 4 AA 224 Mémoires relatifs ORCHIS PALUSTRIS JACQ. Dans les prés marécageux qui environnent le lac de Vevay ( M. Davall. ) TYPHA PALUSTRIS MINIMA MORIS. Dans un marais entre Sion & le village de S. Léonard. :!" JUNCUS PÉDIFORMIS VILL. Commun dans les prairies des alpes : je foup- conne que c’eft une variété fort développée du Juncus fpicatus. | SCIRPUS HOLOSCHŒNUS LINN. Près de l'embouchure de l’'Aubonne ( MM. Lo- "'yimier © Jain ) : au marais Gonceruz fous Gland & à Coudrai en Savoye ( M. Ducros) : à l’'embou- chure de la Venoge & près des marais de S. Sulpy. SCIRPUS SUPINUS LINN. Près des marais de S. Sulpy : cette plante eft une variété fort développée du Scirpus fetaceus L. CAREX PAUCIFLORA LIGTFOOT Dans les tourbieres de la vallée des Mofes. LA FETUQUE HETEROPHYLLE LA MARCK. ’ Dans le bois de Sauvabelin, près de Laufan- ne , & dans quelques-uns des bois du Jorat, vers la tour de Gourze, &c. POA RIGIDA LINN. Dans les lieux les plus chauds des chemins qui bordent le Leman : à Allamand près du pont & dans les champs ( M. Lorimier ): à La- vaux, entre Glerolles & S. Saphorin , & entre Vevay & la campagne des Gonelles. MELICA UNIFLORA RETZ. V. PI. 3. Dans les bois du Jorat & du gouvernement d’Aigle ; 224: » \ : . hé, Tome 1 4 Tone 1; Terre argilleufe 17 + Terre argilleufe 19 Terre calcaire 23% Terre calcairepure 3 à / / Terre de magnéfie 4 10 Terre de magnéfie $ + Somme 82 Z Somme 92 L’addition de ces produits offre un déficit de 7,790 grains, qui pouvait être dù à de l’acide aërien , ou à quelque autre acide, ou enfin à quelque principe volatil. Pour parvenir à connaître, en quoi confiftait cette perte, je tentai les expériences fuivantes. Je pris 200 grains d’adulaire, réduite en poudre fine, que je mis avec deux onces d’acide vitrio- lique dans une cornue, à laguelle j'adaptai un récipient qui contenait de l’eau diftillée. Je donnai un feu doux, que j'augmentai peu à peu juiqu'à J’ébullition : au bout de quelques heures, je laifai éteindre le feu ; mais je ne pus point remar- quer cette pellicule qui fe montre ordinairement, lorfque l'acide fpathique fe dégage. L’eau refta limpide ; elle ne fe troubla point, & je ne vis point les vapeurs blanches qui s'étaient élevées dans la diftillation du melange fuperfaturé d’acide de fel; d’où je foupconne que les phénomenes que m'avaient préfenté cette diflolution, ne font dûs qo”à l'acide de fel, dont les vapeurs s’attachent volontiers aux parois des vales & les recouvrent d'une efpece de pellicule blanche. Il ferait aufli poilible, qu’ils ayent été dûs à quelque [ubftance + PA au regne mineral. 247 étrangere, qui unie avec l'acide, pafñle dans le récipient pendant {on union avec l’acide. Comme je l’ai déja dit, le verre ainfi recouvert. prenait dès qu’on le lavait, fa tranfparence & fon éclat naturel ; ce qui m'infpirait déja quelque doute; parce qu’un verre attaqué par l'acide {pathique, ne redevient jamais clair, lorfqu’on le lave. Quant au foupcon que j'ai eu d’abord fur la pré- fence de la terre pefante, il s’eft trouvé fans fon- dement, car il me fut impoihble d’en découvrir par mes dernieres expériences. L’infolubilité dans: l'acide de fel, du précipité obtenu au moyen de l’alcali fixe , était due, comme je lai vu par la fuite, à la faiblefle de mon acide, qui n’était pas en état de difloudre la terre arcilleufe ; d’autant plus, que j'avais négligé d’aider fon action par la chaleur. J'ai donc eu de vraie perte 7,790. Je compte dans cette perte l'air fixe, qui pou- vait {e trouver dans la terre calcaire, & dans celle de magnéfie, fans que pour cela, les acides verfés fur la pierre en décélaflent la préfence. Dans l'intention de découvrir les pertes ulté- rieures, j'examinai l’adulaire qui avait été en digeftion avec l'acide vitriolique ; comme aufi Vacide, qui avait pañle de la cornue dans l’eau diftillée du récipient. J’examinai la premiere avec de la diflolution de terre pefante, & il tomba ou fe {Cpara du fpath pefant; avec le vinaigre de plomb , il fe précipita du vitriol de plomb, qui était indifloluble dans l'acide nitreux ; avec la diflolution d’argent, il {e fépara une chaux qui n’était pas en flocons. Comme ces expériences indiquaient feulement l’abfence de l’acide de fel, faus rien déterminer au fujet de l'acide {pathi- 4 248 Mémoires relatifs que; je faturai la liqueur acide avec de Palcali fixe, & je l’expofai à la chaleur, pour -chañler tout l'air fixe. Je verfai pour lors dans ce melange falin, de l’eau de chaux qui ne le troubla pas; elle aurait certainement produit cet effet, fi ce mélange avait contenu une combinaifon renfer- mant l'acide {pathique ; car l’eau de chaux l’eût décompofée, parce que cet acide a plus d’affinité avec les terres, qu'avec lalcali. J'examinai enfuite le mélange acide refté dans Ja cornue; je le délayai avec beaucoup d'eau, & décantait fouvent la païtie liquide qui, était très- acide. Après avoir réuni toutes ces eaux, J'y verfai aflez d’alcali pour tout précipiter, & pour rendre la liqueur un peu alcaline. Il fe dépofa beaucoup de cryftaux, qui réfultaient de l'union de l’acide avec l’alcali, fur lefquels je verfai peu à peu de l’eau bouillante, jufqu’à-ce que j'eus la terre feule fur le fond du verre. Le précipité édulcuré avec de l’eau froide, pefa lorfqu’il fut. fec 14 2 grains : ce qui était refté, fans fe dif- foudre dans l'huile de vitriol, pela 164 grains lorfque je l’eus féché; ainfi il y avait en tout 36 grains de perdus & de diflous. Si l’on con- fidere la quantité qui n'a pas été difloute , on trouvera que la terre filiceufe, & la terre argil- leule s’y trouvent a peu pres dans la quantité, qui répond à notre évaluation ; car 200 Ïb doi- vent çontenir 163 7 de terres filiceufe & argil. Jeufe. L’acide vitriolique a donc diflous, par la fimple cuilon, la terre calcaire, la terre de magné- fie; on a retiré la derniere a l’état de {el amer, par le moyen de l’eau froide, dans un rapport répondant à nos expériences précédentes ; & enfin | J } 1 6 CU s “hoc au regne mineral. 249 én a retiré la terre calcaire, fous l’état de félénite, qui s’eft difloute, en la faifant fortement bouillir dans de l’eau, Je ne pus féparer au moyen de Palcali, que 11 + grains ; ainfi il refte encore 10 grains de perte. NES 4 C’elt ce qui m’engagea à prendre 100 grains d’adulaire pilée fine, que je mèlai avec 200 grains d’alcali préparé avec le nitre, & que je fis cuire pen- dant une heure avec de l’eau diftillée. Je décan- tai le liquide, & j'édulcorai avec beaucoup d’eau le réfidu, qui ne pefa plus que 93 grains. J'éva- porai la leflive, jufqu’au point de crytallifation ; il fe forma au fond du bocal de beaux cryftaux, qui par leur figure & leur peu de folubilité, paraiflaient ètre. du tartre vitriolé. Je les lavai avec de l’eau froide, juiqu’a ce que l’eau n’eut plus le goût alcalin ; & je fis enfuite difloudre ces cryftaux dans de l’eau diftillée. La diflolution de terre pefante que j'y ajoutai, m'indiqua par un précipité copieux de {path pefant, la préfence de l’acide vitriolique. Pour lors je crus avoir découvert le principe, qui avait échappé à mes recherches ; car la perte actuelle répond aflez bien avec la précédente; fur-tout fi on fait atten- tion , que je n’ai pas fait rougir la pierre, fur laquelle lalcali avait agi pour la fécher, parce que je ne voulais pas chafler l’air fixe ; qui, par l'action de l'acide fur Palcali, s'était dégage & uni à la terre. On peut donc à jufke titre admettre , que l’adu- läire elt compofée des parties fuivantes. oso Mémoires relatifs au regne minéral. Pau. had eat. 0 MINT ERRONS Terre fhibemest 0e UP GOT Me Terre argilleufe. . :. . . : CE Terreïide imagnéfies 7", 4. 140000 NIQUE Sélemttes suis > 5 ANIME Somme grains 100. J'avoue ingénument, que cette analyfe m’a beaucoup coûté de peine, parce que je ne pou- vais jamais trouver le conftituant qui m'avait échappé, &qui contre mon attente, s’eft trou vé de l'acide vitriolique. Cette pierre ditiere donc du Feldfpath blanc, en ce que ce dernier contient plus de terre filiceufe, moins d’argil- leufe , point de terre calcaire, mais à fa place de la terre pefante. Je {ouhaiterais que quelqu'un répétât l’analyle de cette pierre; car toute per- fonne qui s’eft occupée de pareilles recherches, fait combien la moindre circonftance peut faire échouer l’obfervateur, & le faire errer. Je foumets mon ouvrage au public avec tous fes défauts, dans l’efpérance que quelque chy- mifte inftruit voudra bien m'indiquer, où je me fuis écarté de la route que je devais tenir, & corriger mes erreurs. * \ ù (: af) a —— A | DESCRIPTION DES CARACTERES EXTÉRIEURS . DE LA PIERRE MURIATIQUE, OU DU JADE SUISSE. Par M. ALBRECHT HŒPFNER. Traduit de l'allemand , par M. STRUVE (a). M ONSIEUR de Sauflure a fait connaître le premier la pierre muriatique ( Biterflein ) fous le nom de Jade (b). Les Mineralogiftes, & fur-tout les Français , connaiflent fous ce nom la pierre que Wallerius a défignée par ces mots. Jafpis unicolor partibus . {ubtiliffimis, vifu €S atta&u pinguis, durus ; (c) mais notre Jade eft aflez différent de cette pierre qui eft de la nature des jafpes, comme le prou- vera l'examen fuivant, On le trouve fréquemment (a) Magazin &ÿc. von À. Heæpfner x. Band 1787. “26% 4 (b) Voyages dans les alpes T. 1. . xr2. (c) M. Wallerius donne à cette pierre, dont la phrafe vient d’être rapportée , le nom de Lapis nephri- ticus IV. Syff. min. fpec. 140; & M. Bomare la décrit p. 206. 137. de fa minéralogie, fous le nom de Jade ou Agathe verdâtre ou pierre néphritique. Note du traduceur. 252 Memoires relatifs en Suifle (a), faifant partie de différentes roches # compolées; fouvent aufli en morceaux purs, & exémpts de melange. Comme 1l ne faut point la confondre avec la {téatite proprement dite, ffeatites IWaller. fpec. 185$, ni avec la pierre néphrétiques e me fuis vu obligé de lui donner un nouveau nom, “ pour la diftinguer de ces fofiles, malgré que je vois éloignées de toute innovation dans la nomen- clature des pierres déja nommées. Comme la magnéfie domine dans fa compoñftion, & que dans les vallées des Alpes, on trouve fouvent cette pierre couverte d’eMorefcences de fel d'Ep- foin ; j'ai cru ne pouvoir lui donner de nom plus convenable, que celui de pierre muriatique:; dénomination que je {uis prèt à abandonner , dès ‘qu'on m'en fournira une meilleure (b}). (a) “M. Goffe vient d'apprendre à M. Reynier qu'il ‘#5 a trouve le Jade dans la vallée des Anuviers”. Note du traduéteur. (b) M. Hœpfner trouve que notre Jade differe aflez de celui des minéralogiftes, pour lui donner un nom particulier , favoir celui de pierre muriatique , ou de magnelithe ( Bitterfiein. ) On doit éviter avec autant de foin de réunir des fofliles différents fous une même efpece, que d’en créer de nouvelles fans un befoin urgent, ou de mettre des varictés au rang des efpeces. On ne faurait dire com- bien on nuit par-la aux progrés de la minéralogie. D'après un grand nombre d’échantillons de Jade que Jai eu occafion devoir dans mes voyages, & d’après -toutes les defcriptions affez bien détaillées qu’on a de «cette pierre, je ne faurais regarder le nôtre que comme -une variete du Jade ordinaire. La defcription qu’en donne :Pinçomparable Verner fous le nom de Nephrite , & celle que nous donne M. Wallerius, fous le nom de Lapis: ai régne sninéral.- 253: DESCRIPTION DES CARACTERES EXTÉRIEURS. La pierre muriatique eft ordinairement d’un vert de porreau tirant un peu Îur le bleuitre, mais les éclats qui paraiflent fur la fraûure de Ja pierre, font d’un blanc meélé d’une légere æinte de bleu. ’ Ca Jufques ici on l'a trouvée feulement difléminée dans des roches primitives, dont elle était une des parties conftituantes. | Les morceaux purs qu’on trouve épars, parai{- fent ètre des fragmens détachés de la roche dans la compofition de laquelle ils entraient , qui ont enfuite été roulés. Sa furface eft un peu inégale. * Elle n’a intérieurement prefque point de poli. nephreticus , fuit, ce me femble, pour lever tout doute à cet égard. J'obferverai en paflant que l’on ne doit pas confondre la vraie pierre nephritique , ou le Jade avec la ferpentine ou ftéatite verte, qui quelquefois porte ce nom, à caufe de fa reffemblance extérieure ; erreur dans laquelle font tombés MM. Pott, Baumer, Neumann, Lehmann, Vogel. La dureté & le poids font : deux caracteres aflez diftinctifs pour les feparer- Le Jade, outre le nom de pierre néphretique, porte \aufli celui de pierre divine, & de pierre d’amazone. On a cru jufques ici qu’il ne fe trouvait qu’en Orient & en Amérique. Nous ne parlerons pas ici de l’emploi que les fauvages en font pour en faire des armes & des ornemens. On peut confulter la defcription de la nou- . velle Guyane par M. Barrere p. 140, & les voyages de . M. dela Condamine p. 263. Nous laiflons aux géologues le foin de nous expliquer fa formation : M. de Buffon fe trompe aflurément , lorfqu’il croit que le Jade n’eft qu'une fiéatite durçie par le.feu. Note du Traducteur, | te LD tige lle 254 Memoires selatifs Sa fracture préfente des éclats, d’une grandeur inégale , & l’on ne remarque abfolument rien de fibreux dans la texture de cette pierre. Elle fe cafe en morceaux de figure indéter- minée , dont les angles {ont très-vifs, & les arrèe- tes tranchantes. | Elle a un peu de tranfparence fur les bords de fes arrètes. Elle a un très-grand degré de tenacité, & de dureté. | Elle eft très-froide au toucher. Sa fracture n’eft pas grafle au toucher, fans doute à caufe de fes inégalités & des éclats qu’elle préfente; mais polie, elle acquiert cette apparence. Elle eft très-pefante, & il paraît qu’elle poffede le plus éminemment cette qualité après le fpath pelant. Ce rapport de fa pefanteur à celle de l’eau eit comme 3320 —— 3380 : 1000. CE Il n’y a pas long-temps qu’on ne connaiflait la pierre muriatique , que par les pierres roulées de nos lacs & de nos rivieres qui la contiennent fréquemment unie à du Schort & du mica; c’eit {eulement depuis peu, que M. le baron d’Erlach de Spiez, ce protecteur zélé de la minéralogie, faifant creufer les fondemens du bocard de Lau- terbrunn, trouva un bancde granite dont la pierre muriatique , était une des parties conftituantes. J'ai trouvé dans la vallée du Grindelwald près du … glacier inférieur, un grand bloc détaché de gneis . où la pierre muriatique remplaçait le quartz. M. le Commiffaire général Manuel , a aufli décou-. { au regne mineral. 25$ vert plufieurs granits roulés qui avaient la pierre muriatique pour partie compofante principale. M. le Comte de Razoumowski a trouvé près de Moudon un très-gros bloc de granit, qui était en grande partie compofé de pierre muriatique, de fchorb & de mica; on peut en voir un frag- ment confidérable dans le beau cabinet de M. Sprüngli à Berne. Depuis lors on a examiné avec plus d’atten. tion nos montagnes, & l’on a trouvé la pierre muriatique, unie à toutes fortes de granits & de gneis. Je pofñléde mème plufieurs porphyres, dont la pate au lieu d’être de Jafpe , eft de pierre muriatique, & je propolerai dans le Mémoire fuivant, mes idées fur {on origine. "+4 °"s | \ / dirasé ss) EXPÉRIENCES CHYMIQUES, SUR L'ANALTSE DE LA PIERRE MURIATIQUE. Par M. HŒPFNER. Traduites de l’allemand par M, Struve (a), (b). x: La pierre muriatique eft fi dure & fi tenace en mème tems, qu’elle réffte aux coups répétés du meilleur bocard. Jen ai mis un morceau roulé, fous le marteau d’un martinet à cuivre, qui fit très-peu d’effet fur cette pierre. Comme il m'importait de ne foumettre à l’analyfe, que des fragmens purs, je la foumis à l’incandefcen- ce, & la plongea à plufieurs reprifes dans l’eau; par ce moyen, je parvins à la briler & à fépa- rer les portions de {chorl fibreux, qui lui étaient adhérentes. SF LL Je pris une once de cette pierre, & après lui avoir (a) Magazin für die naturkunde helvctiens I Band. pag. 261. (b) Je me difpenfe de tout jugement fur cette ex- à cellente analyfe. L’eloge de M. de Sauflure dit plus que tout ce que je pourrais ajouter. (Note du Traducfeur.) LI ] QU au végne minéral. 257? avoir fait fubir plufieurs incandefcences, je la réduifis en poudre très-fine, {ur laquelle je ver. fai quatre onces d'acide, de fel rectifié. Dans les premiers moments, Je ne remarquai aucune ef. * fervefcence ; mais au bout de deux heures; lorf- que je l’eûs expofée à la chaleur , il y en eut une légére. Je mis le mélange dans une petite cornue de verre, au bain de fable, & je la dif tillai à ficcité : pour ètre plus {ür d’obtenir tout l'acide de fel, je mis un peu d’eau diftillée pure dans le récipient. Ce qui pañla, était un peu trou- ble. Une expérience que mon digne maitre & refpectable ami, Mr. le fénateuf Wiegleb, fit un jour en ma préfence, me fit foupcçonner qu'une petite portion d’acide fpathique, pouvait ecre la caufe du peu de tranfparence du liquide, qui avait pañlé; c'eft ce qui m’engagea à le met- tre de côté, pour l’examiner. Je verfai huit on. ces d’eau diftillée, fur le reéfidu qui fe trouvait dans la cornue; je mis le tout fur un filtre, & je lédulcorai jufqu’à ce que l’eau n’eût plus au- cun goût. . is Di 90 e96qu090 S6G1IIL -+ Je verfai dans la liqueur filtrée; de laleali phlogiftiqué , 'jufqu’à ce qu’il ne fe forma plus de ‘précipité bleu : le précipité étant lavé & parfaitement fèc, pela.4r grains. : | CRPE- L $. IV. Cela fait, je pris Ja liqueur dont j'avais fé. paré tout le fer, fous l’état de bleu de berlin, & pour voir fi'elle contenait ‘de la terre calcai- Tome F + K. 258 \ Mémoires relatifs re, j'y ajoutai goutte à goutte de l'acide vitrio- lique, jufqu’à ce qu’elle ne {e troubla plus. Eu pañlant le tout par un filtre, que je fis fécher, jobtins 9 grains de felenite. gi à Je précipitai du refte de la liqueur, au moyen de lalcali fixe, une terre qui fe fépara fans la moindre effervefcence, & qui me parut, à la maniere dont elle fe dépofa, ètre de la magné- fie. Elle pefa après avoir été féparée & féchée, 23 grains. Je la fis difoudre dans de l'acide vi- triolique, & le goût de la diflolution, joint à la figure des cryftaux, fut une preuve queje ne m'étais point trompé dans mon foupcon. Cepen- dant, l'acide vitriolique ne fut pas en état de tout difloudre; il refta une petite portion du poids de deux grains, que je crus être de la fe- lenite. Il y avait donc 21 grains de magnéfie, & 11 grains de felenite, dans la liqueur. YVIL. Les perfonnes qui fe font occupées de la pré- paration de Ja magnéfie, favent, que la liqueur qui furnage le précipité, en contient encore beau. coup, & qu’on peut la féparer en la faifant éva- porer au moyen de la chaleur; c’eft ce qui-nv’en- gagea à cuire.la leflive, filtrée. pendant une de- mi heure, avant que de féparer la terre. Cette nouvelle magnéfie que j'obtins, pefa lorfque je l’eus lavée & féchée, 1 gros & 7 grains. ARTE T Afin d’être afluré que j'avais retiré du réfidu _ au vegne mineral. 259 fec, toutes les terres folubles, je réitérai l’ex- périence ci deflus, ($, IL. ); & je verfai fur le réfidu 3 onces d’acide de fel, que je laiffai pen- dant une nuit en digeltion; le jour fuivant, je diftillai le mélange à ficcité, & j'édulcorai le réfidu avec 8 onces d’eau diftillée. La leflive qui pañla, avait encore une couleur jaune de vin, & ce qui relta fur le filtre, avait l'œil gre- nu, fablonneux ; il était d’un blanc argentin & brillant, & pela lorfqu’il fut fec, $ gros, fi grains. | ( | $. VIIL. La couleur & le goût du liquide, me faifant foupconner qu’il pouvait contenir encore un peu de fer en diflolution, j'y verfai goutte à goutte, de la leifive de fang, jufqu’a ce qu’il ne {e forma plus de précipité bleu. Le bleu de ber- lin, obtenu lavé & féché, pefa 30 grains. $. IX. j La liqueur filtrée avait encore un goût un peu amer, tirant {ur le doucâtre, ‘& en même tems un peu aftringent; ce qui me fit foupçon- ner la préfence d’un peu de terre d'alun. La dif- ficulté que préfente la féparation de la terre d’alun, de la magnéfié, demandait toute mon at- tention. Je délayai, en conféquence ,‘la liqueur avec beaucoup d’eau diftillée, & je comimençai à la précipiter avec de l’alcali fixe, verfé lente- ment & goutte à goutte, & je continuai auf long-tems, que la figure & oies parties’ 3 ‘ 260 Aemoires relatifs précipitées ; me perfuaderent qu’elles étaient de la terre d’alun. Je cefai avant que d’etre für que toute la terre d’alun fût précipitée, de peur de faire tomber avec elle, de la terre de magne- fie : enfuite, je {éparai par un filtre la terre d’alun, qui fe trouvait dans un état gélatineux. Pour m'aflurer, fi la leflive contenait encore de la terre d’alun, je précipitai avec de l’air fixe, le refte de magnefie qu'elle contenait, & la fe- parai au moyen d'un filtre; j'obtins enfuite de la liqueur , 3 grains de terre d’alun, qui, fechée avec la précédente , pefa 22 grains. / à : Je fis-diffoudre une feconde fois la magnefie ,: reftée fur, le, filtre , dans de acide vitriolique, & je mélai cette diflolution avec la derniere lef- five, donc j'avais précipité 3 grains de terre d’a- lun, & je.précipitai de nouveau la magnefe qu’elle contenait; enfuite après avoir filtre & édulcoré cette terre, je cuifis prefque à ficcité la leflive, dont il fe fépara encore une quantité aflez confidérable de magnefie, qui , réunie avec la précédente, pefa $8 grains. Lrl 3 è $. XI. | Fi Comme, les acides n'avaient plus d'action fur le réfidu ($. VII. ), j’entrepris de le traiter avec des fels alcalis. Je mèlai le refidu dans fon état terreux, (pefant $ gros f1 grâins), avec une. once d’alcali purifié; je fis rougir le mélange dans une cueiller de fer, pendant une grande au vegue mineral. 261 heure ; il n’entra pas en fonte; mais contractà une légere cohéfion : après l'avoir pulvérifé, je le fis difloudre dans 10 onces d’eau, pour dé- gager les parties alcalines des parties terreufes, que je {éparai par un filtre , & que je féchai après les avoir fuffifamment édulcorées avec de l’eau diftillée, pour les féparer entiérement des par- ties falines. | $. XII. Je pris enfuite la leffive alcaline délayée, (S. XL), pour voir fi pendant Ja calcination, : il m'était point entré de parties terreufes dans là diflolution. Lorfque je l’eus faturée avec de l’a. cide vitriolique, on ne vit aucun changement. Je fuperfaturai la diflolution, & je n’eus encore ni nuage ni précipité; enfin, je faturai cette lef- five fuperfaturce avec de l’alcali fixe, & lorfque je fus parvenu au point de faturation, j'obtins un précipité fin, fablonneux & pefant, qui étant fec, pefa 24 grains, & réfifta entierement à tous les 3 acides minéraux ÿ il était par conféquent, une terre filiceufe. $. XIIL. l Je pris le réfidu terreux, ($. XI. ), qui avait été traité avec des alcalis, & après l'avoir pul- vérilé, je le mis dans un petit matras, avec deux onces d’acide vitriolique pur, & des plus concentré : je le fis digérer à grand feu, pen- dant deux jours, & après y avoir ajouté 6 on-. ces d’eau diftillée, je féchai le mèlange. Après ‘avoir délayé , filtré & lavé ce qui me refta, j'ob- j =“ 262 Mémoires relatifs tins trois gros $6 grains, d’une terre blanche, $. XIV, Comme la leffive avait un goût aftringent & vitriolique, je l’examinai de nouveau, avec de la leflive de fang, (ou de l’alcali phlogifti- qué,) & j'obtins du bleu de Berlin, qui féché, pela 29 grains, | ne $. XV, La leffive féparée par le filtre, avait au goût une amertume femblable à celle que donne la difolution de magnefie. Précipité au moyen de l'alcali, elle me fournit {ans effervefcence fenfi. ble, une terre qui avait toutes les apparences d’une terre de magnefie pure; je la verfai fur le filtre, j'évaporai derechef la leflive à moi. tie, & je féparai ce qui fe précipita, en ver. fant le tout fur le filtre. Les deux précipités pe- {erent enfemble 2 gros & 1 grain, lorfqu'ils fu. renc fecs. Cette terre fe diflolvait actuellement dans l'acide vitriolique, avec effervefcence, & le goût de la diflolution était celui de la magne- fie pure, unie à cet acide, $. XVL Ï1 reftait à examiner fi les 3 gros 56 grains, de refidu ($. XIII. ) étaient encore fufceptibles de décompofition, ou fi c'était de la terre fili- ceufe pure. Dans ce but, je mélai cette terre avec une once d'alcali fixe purifié, & je l’expo- fai au feu, dans une cueiller de fer; lorfque ° | .: CA «) au regne mineral. 263 tout fut entré dans une fonte pâteufe, je le re. tirai & je le fis digérer deux jours ; avec 8 on- ces d’eau diftillée , après lavoir réduît en pou- dre. Au bout de ce tems, tout fut diflous à l’exception d’un peu de poudre jaune verdatre, due fans doute à la cueiller ; la diflolution mélée avec beaucoup plus d’acide vitriolique , qu’il n’en fallait pour faturer l’alcali, fe trou. bla & fournit une gelée qui, au lieu de 3 gros 56 grains, — donna féchée & rougie, 3 gros 4 grains de terre, qui réfifta à tous les acides, — & qui fondue avec de l’alcali fixe pur, don- na un beau verre; elle était par confequent une terre filiceufe pure, | $. X VIT. Pour voir la quantité de fer contenue dans le Jade, je pris le bleu de Berlin, que javais ob- tenu, ($. IL. VIIL & XIV ,) qui pefait en tout, 1 gros 40 grains ; je le fis rougir, & j'ob- tins $6 grains, d’une chaux de fer noirûtre, que laimant attirait en entier. Si l’on défalque de cette quantité un huiticeme, pour la portion . qui peut ètre cachée dans la leflive de fang, on aura 48 grains de fer pur. $. XVIIL. Je repris la liqueur ($. IT. ), dans laquelle javais foupconné qu’il pourrait fe trouver de l'acide fpathique. Je l'avais mife de côté, pen- dant tout le tems que j'ai employé aux expé- riences précédentes, & lorfque je voulus pren- KR 4 264 … Mémoires relatifs dre le verre qui la contenait, je trouvai qu'il s’y était formé un anneau, à la furface du liquide, & que depuis cet anneau , le verre était trouble & avait perdu fa tranfparence, avec fon poli, fans qu’il ne me fût poflible de le lui rendre, en le lavant. J’évaporai à ficcité la liqueur qu’il contenait, à un feu des plus doux, dans une tafñle de porcelaine de Dresde, Je ne remarquai d'autre odeur , que celle de l’acide de fel, & je trouvai au fond un réfidu terreux, de $ grains; le fond de la tafle & les fleurs bleues de fon “émail, étaient rongées, & en pefant doucement fur ce fond, il fe détacha, comme s’il avait été coupé er rond. Quoique je n’aye pas foumis ces $ grains de terre, à un examen par voye feche, vû que la quantité était trop petite, je crois qu’on peut le regarder comme une com- binaifon d'acide fpathique , & de terre filiceufe. $. XIX. Pour déterminer la quantité de terre calcai. fe, contenue dans les 11 grains de felenite ($. V.), je la fis diffoudre dans beaucoup d’eau diftillée, jy ajoutai goutte à goutte, de la diflolution de terre pefante, dans de l'acide de fel, & difcon. tinuai, des que la liqueur cefla de fe troubler. Après avoir filtré, je fis encore ufage de la diflolution de terre pefante, & je continuai juf- qu’au point .de faturation. Enfin, après avoir filtré la liqueur, je précipitai au moyen de l’al. cali fixe, la terre qui étant féche, pefa 7 grains, & donna de la felenite avec de l'acide vitriolique. au regne minéral. 26 s S. XX. Si l’on compte tous les produits de cette ana- lyfe, on trouve, | . : Terrefiliceufe , felon. . 12. 24 grains: ê ( , LE . . . . . {. 16. 3 gros ç6. + gros 40 grains’ Terre de magnefe. €. 5..... 7 DAT CT D CNRS RAR RN Le Ces us id 0 2 à 4 gros 47 grains, . dé ne Cia AUS D ALORS Terre.d'alun. 5 Lions ne os, 0 22:grains. Force Galcaire 012 Mr LT 44 erihs, PERTE TS URI Mae is NL ons, . em” 10 gros 48 grains. CNE De cette maniere, j'aurais fur une once de pierre muriatique employée, une augmentation de 2 gros 44 grains, ce qui n’eft pas difficile à expliquer. Les terres diflolubles dans les acides, ont toujours, lorfqu’on les précipite de leurs diflolutions par des alcalis, un poids plus grand que dans l’état où elles fe trouvent dans les pierres. Elles fe chargent d’air & d’eau, & il y ad- here toujours quelque portion du diflolvant & du précipitant, dont le lavage, quoique fait avec exactitude , ne les débarrafle point. Convain- cu de ces vérités, j'ai fait rougir toute la terre de magnefte, dans une cueiller de fer, & j'ai obtenu pour lors au lieu de 4 gros 47 grains, feulement 3 gros 4 grains. La terre d’alun s’eft réduite à 18 grains, & la terre filiceufe à 3 gros 46 grains. 266 Mémoires relatifs Les parties conftituantes ont donc le rapport fuivant: Terre filiceufe. . . . . 3 gros 46 grains. Terre de magnefie. . . . 3 gros 4 grains. Sexe dalun à 1227". PRE Er Terre calcaire "60 LUN INR 0 AN UE Ci NN EN AE 8 gros 3 grains. S.'XXITL. Par les expériences précédentes, on voit, que cette pierre tient un rang intermédiaire, entre les pierres vitrifiables & les pierres à bafe de magnefie. Elle doit fa dureté à la terre filiceufe. Sa tenacite & fon œil gras, lorfqu’elle a recu le poli, dépend de la terre de magnefie, $& XXIITL Je remets aux lumieres d'un de Born, d’un Weltheim, Verner, Gerhard ou Leske, le foin d’afligner à la pierre muriatique, la place qui lui convient dans un fyftème de minéralogie, & de voir fi elle n’entre pas dans la compofi- tion de leurs roches. Au moins elle eft commu- ne dans nos Alpes. $. X XIV. J'introduis en minéralogie, une nouvelle par- tie conftituante des roches primitives, car, je . e CE . L4 ne crois pas que jufqu’ici on ait obfervé que: À. 4 au fegne mineral. 267 Ja terre de magnefie, entra dans la compofition des granits & des gneis. On trouvera dans mon eflai, fur une clafffication & delcription métho- dique , des roches de la Suiffe, des détails ulté- rieurs, {ur les différentes combinaifons de cette pierre, dans les roches compolées (a). (a) Cet effai fe trouve dans le s volume du maga- ain de M. Hœpfner, page 271. Gm6855 7) 48. 12e 4 DESCRIPTION De la plombagine charbonnenfe « ou bexaïdre | découverte nouvellement en Suiffe. Par M. STRUVE. Ca (her, C: "EST ainfi que je nomme un nouveau foflile découvert, par M. le comte de RazoumowWski (a); qui enfuite de toutes les expériences que. J'ai faites , & dont je feraimention, parait fe rap- procher de la plombagine. Je Ini donne en at-. tendant l'épithéte de charbonneule, parce qu’elle reflemble extrèmement au charbon de pierre. fchifteux , ou d’hexaëdre, parce que fes fragmens* ont cette forme. Des recherches ultérieures fur ce fingulier foflile décideront, s’il forme un genre. à part, ou fi on doit le confidérer , comme une” plombagine. Il eft très-commun dans une roche | (a) M. le comte de Razoumowsky à a qui nous de- vons la découverte de ce foflile , a fait avant moi desw expériences très- intéreffantes pour découvrir fa nature, | qu'il vient de me communiquer , & qui fe trouveront dans le dixieme volume des Aa helvetica. Suivant ces expériences , ilrenferme un demi-métal particulier. M Je me ferai un devoir de les répéter & d’en publier le réfulrat, & d’avouer ingénüment mon erreur au ças que mes foupcons ne foient pas fondés. k au regne minéral. . 269 vqui forme un pañage entre les granites & les . brèches ; qu’ on n’a trouvée Jufqu’a préfent qu’en males roulées dans le pays de Vaud. À A ER DES CARACTERES _ EXTÉRIEURS DE LA PLOMBAGINE CHARBONNEUSE. La couleur de ce foffile eft Las gris de fer plus ou moins foncé, qui s'approche quelquefois du noir parfait. Il parait que fa couleur .eft, plus foncée, lorf- qu’il a été expofe aux injures de l'air. On yre- marque quelquefois un léger chatoyement dont la principale teinte eft jaune. | -On trouve, cette. plombagine. en males de Miférente grandeur , renfermées dans une pierre, : qui, comme nous l'avons dit, tient le milieu en- tre les. granits & les bréches. Intérieurement elle a un éclat confidérable favoir un éclat métallique , mais les injures du tems diminuent à la longue fon éclat, & le chan- gent de métallique en ordinaire. . | Sa fraure confidérée dans les grands frag… mens eft fchifteufe.. Dans les petits fragmens qu confidérée en détail , elle eft imparfaitement con, prhoide &:pañle du conchoide. au Jamelleux. Elle fe cafe en morceaux anguleux, qui affec, tent pour l'ordinaire une figure parallépipede ou. imparfaite, dont les angles &'les arretes. font. tranchantes. | * Elle eft compofée de pieces: parallépipedes. ou rcubiques, qu’on peut aifément {éparer. - ' ÿ 270 … Mémoires relatifs | -Elle eft parfaitement opaque. | Elle falit les doigts, lorfqu’elle a été un peu : pilée, f-elle eft dure, & fans cela fi elle eft ten- dre. Sa raclure & fa poudre ont une couleur : noire de charbon , & préfente, comme la poudre! de charbon, des particules brillantes, lorfqu’elle ieft pas broyée extrèmement fine ; humedée par le foufle, elle ne répand point d'odeur terreufe. | Elle eft ordinairement mi- dure, & fe laifle racler au couteau en s’égrenant, & fans laifler de trace luifante. Quelquefois elle eft tendre & fria-! + ble, mais il paraît que c’eft lorfqu’elle a déja | fubi quelque altération. Elle eit aflez caflante ou aflez fragile. Elle eft maigre au toucher. Elle eft un peu froide. - Elle eft légere, & a environ le poids du char. bon de pierre gras. : 4 À 2 CARACTERES CHYMIQUES. Les acides aidés mème de la chaleur ne Ia difolvent point, foit avant, loit après fa calcina- tion, & le fucre n’augmente point JPadion des. acides fur cette pierre. ‘Les alcalis n’ont aucune action fur elle par _ voie humide. | Expofée au chalumeau à un feu brufque , elle decrépite ; expofée à une chaleur graduée , elle ne s’enflamme point , ni ne colore point la flamme, mais elle devient d’un gris jaunâtre & diminue de volume , fans qu'on apperçoive ni flamme bleue ou verte, ni odeur fulphureufe. Quoique j'aie fait agir perdant très-long-tems le chalu- À L À ax regne minéral. 27&. eau fur elle, je n'ai pas pu parvenir à la VO- Jailifer en entier. . * Le Borax la divife fans la diffoudre. Ayant expole pendant une heure dans un creu- Let a un feu aflez vif, 60 crains de morceaux choifis , je vis une flamme. bleue. ondoyante, qui dura pendant long-tems, fans pouvoir obferver d’odeur. La couleur gris de fer difparut, & fut remplacée par.une couleur d’un gris clair jau- nâtre. Les morceaux avoient un œil Jamelleux, peu de cohérence & pefereut 4$ grains. Il y a donc eu 1$ grains de volatilifé. Mèlée avec huit parties de falpètre, & jettée HET emeur dans un creufet incandefcent, elle détonna avec force. En verfant de l’eau fur le nitre fixé obtenu, il refta, après que la difolu. tion fut faite, une terre d'un jaune grifatre, qui e comporta comme notre pierre calcinée. Si on la mèle avec la moitie de, fon poids d’als cali fixe, & qu’on fafle rougir le mélange dans un. creufet ,.on obferve la même flamme qu’on remarque pendant fa calcination. La pierre, ne paroit point altérée ,. & je n'ai pu découvrir au- cun changement dans l’alcali employé. Cette Aamme pourrait faire foupçonner la pré He du foufre ou au moins de l'acide vitrioli, que ; mais. les liqueurs: alcalines , ‘obtenues, en verfant de l’eau fur. le produit.des. deux dernie: es expériences ; nè donnérent auçun figne de foie Ë foufre ou d’acide vitriolique , lorfque je les ëlai avec de l'acide nitreux affaibli , & lorfque Py ajoutai enfuite différentes diffolutions métal- ques , & de la didolution de. terre..pefante. … … _Ges expériences fufhfent pour. montrer; que A Cu ‘ . #4 DL, L x « # dx «+ er L. | 4 ps À a RATS «7 272 Mémoires relatifs riotre pierre n'eft ni un bitume, ni une piérré j de corne cryftallifée , ni une manganèfe , ni uné ! blende , ni enfin une molÿbdene, comme quels ques perfounes l’ont foupçonné. Élles prouvent … . qu’elle eft très - voifine de la plombagine , fi ce n’en eft pas une; car elle eft comme la plom- bagine , inattaquable aux acides , elle déton- ne comme elle avec le nitre; chauffée brufque- ment au chalumeau , elle décrepite comme elle, & y devient plus légere— elle laifle un réfidu » d’un gris jaunâtre qui, il eft vrai, eft plus con _ fidérable que dans la plombagine ordinaire; \ qui vient peut-être de ce qu’elle eft unie à un peu de terre filiceufe, qui occafionne fà plus grande. dureté. Le borax enfin , comme elle, ne la dif fout point. Quelque phénomenes qu’elle préfente pourraient faire foupconner , qu'elle eft du genre À Ja molybdene ; mais la molybdene eft attaquas ble par les acides ; acide vitriolique donne avec” elle une difloiution verte & bleue ; lorfqu’ellé eft froide ; calciñée, elle répand une’ odeur ful- phureufe ; calcinée , elle donne avec un acide & . un métal un précipité bleu ; elle ne détonne pas vivement avec le falpètre ; au chalumeau elle donne une fumée & üne terre blanche à la fla mé extérieure , qui devient d’un beau bleu, frappée par le cône intérieur. Les- vapeurs qui … fe dégagent, colorent la partie jaune’de la Ramme:À en/vert, elle coloré les flux. Phénomenes que ne préfente pas notréfoflile; & de plus leur pes. fiiteur eft: différente.’ 11" 2908 IN ENS Je" crois ‘donc’ être fuffifamment fondé à * (FALL! du: à ee / hr au Yegne miner al. “273 - mé*uhe vraie plombagine, je fufpens mon ju- gements ne trouvant pas les expériences que J'ai faiteS fufifantes pour lever tous les doutes à.cet égard. S1 le-tems me le permet, je ferai desre- cherches fuivies {ur cette fubftance. $ Ce Me Grgulier ne paraît pas appartenir à la Stife ‘feule. J'ai dans ce moment devant le$ yeux une fubftance parfaitement! femblable, . fi on en excepte la couleur qui tient ke milieu, entre le gris de fer & le rouge mordoré; elle vient du pays de Gotha de la Friedrichs Grube, proche d’Ilmenau. On le regarde comme un eifen- rahmi uni à du charbon de pierre J'invite ceux qui en auront des échantillons aflez confidera- ble , pour pouvoir les foumettre à des expériences, d'examiner , s’il fe comporte en tout comme la plombagine. La plombagine eit, à ce qu'il me paraît, plus commune qu’on ne le penfe. Les dif- férens eifenrahms, le wat des Anglois, quelques fubftances crues manganèfes , pourraient bien n'être que des efpeces particulieres de plomba- gjnes. Je me propofe de faire quelques recher- ches à cet égard, dont je donnerai le réfultat dans le fecond volume de cet ouvrage. x Tome I | | ». (2749 — A. N A LY SE DE L'EAU MINERALE DE LEENSINGEN Pres du lac de Thoun. Par M. FRÉDErRIC MoRELL, Apothicaire a Berne, |," Traduit de lallemand par M. STRUVE. (a) ee \ AVIS PRÉLIMINAIRE. Les bains de Leenfingen, établis depuis plu- fieurs années, & fréquenté avec fuccès, {ont fitués fur les bords .du lac de Thoun, un quart de lieue au-deflous de Leenfingen, à trois lieues (a) Magazin, &ÿc. Jon A Hoepfner, I Band. p. 245. Depuis que l'ouvrage du célebre Bergmann a paru, on eft fi fort accablé d’analyfes d'eaux, qu’on pert prefque toute envie d’en lire de nouvelles. Celle que nous préfentons ici, fe diftinguant d’une maniere qui fait honneur à l’auteur, par la marche, le choix des expériences , & la jufteffe de leur interprétation, j'ai % 4 + ai règne minéral. 275 de Thoun, vis-à-vis du Beattenberg, & au mi- lieu de la courbe que décrit lé lac, dans un site qui offre à l'œil une des vues les plus agréa- bles & les plus étendues; une montagne efcar- pée, dont le pied s’étend jufqu’à la fource de l’eau des bains, le borde au midi. Cette monta- gne eft en partie calcaire, en partie gypfeufe. _ Il y a trois fources: la premiere elt l’eau de bains ordinaires, entourée d’une grande caifle pour cet ufage ; elle eft abondante, & doit four- nir en tout tems la mème quantité d'eau; ce qui a auf lieu pour les deux autres fources. On ne doit pas en être furpris, car le rocher d’où elles fortent, eft trop efcarpé pour que les eaux des pluyes & des torrens, puiffent s’infiltrer fi fa- cilement. La feconde fource nommée l’eau foufrée, eft environ à 1$O pas des bains; la quantité de l’eau eft aufli toujours la mème, quoiqu’on ne puifleh pas appercevoir la maniere dont le baïflin fe rem- plit & fe vuide; il ferait à fouhaiter qu’on eut plus de foins de cette fource, qu’on peut regar- der comme la principale. La quantité d’eau qu’elle fournit, compenferait les fraix, que plus de foins occafionneraient. | La troifieme fource fe trouve à un coin de la penfé qu’elle ne ferait pas fans intérêt, & j'ai cru pouvoir l’inférer d'autant plus que, l’Hydrologie de la - Suifle entre naturellement dans notre plan. ( Note du traduéteur. ) S 2 276 Mémoires relatifs maifon entourée d’un baffin. Elle donne 2 loths: d’eau: jufqu’à préfent on ne l’a pas employée, Pour plus de briéveté & de clarté, j'ai établi le tableau fuivant, où la premiere colonne indique les moyens que j'ai employés dans l’examen des trois fources, auxquelles j'ai deftiné les trois au- tres colonnes. EXAMEN PRÉLIMIN . Chaleur. Poids. Goût. Odeur. Clarté. iment, ou dépôt à Ja fource, u bout de 24 heures, ConeluGon, INonre ÆEau des bains. 10 degrés ; le thermo- mêtre étant, à l'air, à 18 degrés deRéaumur. »: L'aréomêtre indiqua 7 degrés (a) dans l'eau frai: chement puifée, dont le degré de chaleur était de ro degrés au thermométre de Reaumur. Minéral (b), & de foie de foufre. Elle a une faible odeur de foie de foufre. Elle eft un peu trouble. Eft blanc, délié, & trop peu confiderable pour étre ralemblé, Elle devint plus claire, & il fe forma un dépôt blanc, prelque imperceprible, La fource eft plus faible que N°.2, & du nombre des fources foufrées froi- des qui font faturées de az hépatique ; elle contient plus de parties terreufes que N°. 2. N.2°, Eau foufrée. 107 degré; le thermo- mêtre étant, à l'air, à 18 | degrés de Réaumur. Elle doit roujours con- ferver le même degré de chaleur: L'aréomètre defcendit à 16 degrés dans l'eau, dont la température était de 10! degrés de Réaumur, De foïe de foufre très- confiderable , mais pèu mi- néral. Elle a une forte odeur de foie de foufre. Trouble & läiteufe. Elt blanc, très-délié, & on ne plt en raffembler. Plus claire; peu de dé. pôt, comme N°. 1, C'eft une forte eau fou- frée, chargée de beaucoup dé gaz hépatique, qui laille "tomber, peu à peu, le fou- fre qu'elle contient, & qui renfèrme peu de parties terreules. AIRE. REZ Source aucoin de lamaifen. 8 degrés; le thermomé- tre étant, à l'air, à 17: de- grésude Réaumor, À 8 degrés de tempéra- ture , l’aréomêtre en indi- qua 53 degrés, Poïnt foufre, mais plus minéral. Sans odeur. Parfaitement claire, Un peu tirant ur le noir: En l'examinant de prés, il s'élt trouvé que ce n'etait qu'un fable fin, Point de dépôt. C'eft une eau imprégnée depeu de parties volatiles, mais qui contient d'autant plus de parties terreufes. EXAMIEN APIEC LES RÉACTIFS. Acide vitriolique. » Infufion de tournefol. N°. 1. Ne donna point de pré- N°. 2. Point de précipité; une cipité, mais une odeur ful- | plus forte odeur hépatique; fureufe, & des bullesadhé- | des bulles aux parois du rentes aux parois du verre, Marque de la préfence d'une terre libre, ou d'un alkali & de l'air hépatique. Aucun indice de foie de foufre terreux. Relta violette. Indice qu'il n'y a point d'acide libre. vale. : Mémes indices que N°. 1. Refta violette, Marque qu'il n'y a point d'acide libre. N° 3: Point de précipité, point d'odeur, mais quelques bul- les d'air, Indice d'une terre alka- line aërée, Aucun air hé- patique, Refta violette, b Preuve qu'il n’y a point d'acide libre. Ca) M: P fourcés, paraît indiquer une échelle très-étendue. . C8) Sans doute que 7 à e ifFS 1 s rell a oublié de nous dire quel aréomètre il a employé. La grande différence qu'il a trouvé entre ves trois A. Morell entend fous Le terme de goût minéral ; le,goûtique donnent Les fels terreux à l'eau. : Syrop de violettes. Alkali fixe. Difolution d'argent. Difolution de mercure, Vinaigre de plomb. : ® Alkali phlogifliqués purifé. [ L L" Mfuñon de noix de galles © Nitriol de fer. Ld Li Argent fous forme métalli- que, Conclufon fur les parties contenues. LÀ 4 #. NP Devint vert, Indice d'une terre alka- line aërée libre. Produifit un précipité blanc, pefant au commen- cement, & léger enfuite. Indice d’un fl terreux, & de terre calcaire aëtee. Ne donna point de pré- cipité. Le mélange était un peu jaune. Indice qu'il y a un peu de foufre, mais point d'a- cide de fel qui lui foit uni. Donna un précipité con. fidérable. Ainf l'acide vitriolique eft ici l'acide contenu dans les fels de l'eau. Unprécipité blanc, fale. Indice tant de l'acide vi- triolique, que du foufre. Ne donna point de pré- cipité. Indice de l'abfence d'un métal. . Neproduifitaucun chan- gement, ainf, il n'ya point de fer. Donna un précipité jau- ne, füle. Indice d'une terre alkali- ne, libre, & du foufre. Devint couleur d'or. Indice d'un peu de foufre, 1°. De l'air hépatique. 2°. Dela magnéfie, avec de l'acide vitriolique. 3°. De la félénite. 4°. De la magnéfie aërée. _5°. De la terre calcaire acree. CONTINUATION du Table de Péxamem par les lréatifs. Nr Devint vert. Indice comme N°. 1. Donna un précipité peu confidérable qui était pe- fant, & de couleur blanche. Indice d'un fel terreux. Un fédiment jaunâtre, prefque imperceptible, Indice d’un peu d'acide de fel, avec du phlogifti- que. Un précipité jaune, fale, très-peu confidérable, qui fe dépofa peu-à-peu. Indice de la.préfence de l'acide vitriolique, qui pou- vait être contenu, En par. tie, dans le gas fulFureux. Un précipité noir. Preuve de la grande quantité de foufre, & d’a- cide vitriolique, Point de précipite, Indice qu'il ne sy trouve point de métal. Point de changement, point de fer. Un précipité noir, & l'eau devint auffi noire. Indice du foufre ; & de Ja terre calcaire, libre, com- me auffi de beaucoup de gas fulfureux. Devine noir. Yndice d'un peu de foufre, 1°, De l'air hépatique. 2°. De la chaux falée. 3°. De la magnéfie falée. 4°. De la magnéle wi. triolée, ou du fel amer. N°. 3. Devint rait Indice comme N°. r. Comme N°, 1: le préc. pite paraïlfait plus léger. Indice de N°. 2, avecui peu plus de magnéfe. Point de précipité, par conféquent, point d'acide de fel. Précipité jaune , délié, Indice comme N°. 1. Un précipité blanc. Preuve de la préfence d V'acide vitriolique fans fou fre. À Point de précipité. Indice de l'abfence di tot métal. Ge Point de changement point de fer. Un précipité jaune, clair4 Indice de terre alkaline | aërée, | Ne changea point. Point de foufre. | 1°. De lachaux aërée. 2°. De la magnéfie aërée. : 3°. De la félénite, 4°. Du fel amer, C5: AT ANALYSE CHYMIQUE DE L'EAU DE BAINS. N°:'E. am Parties ou principes volatils. Ux pot d’eau fraîchement puilée à la fource, donna dans un appareil preumato-chymique con- venable, tenu au bain-marie, au degré de l’eau bouillante, 3 + pouces cubiques d’air, quine fe trouva être autre chofe que de l’air commun, qui fe trouvait fans doute dans l’eau, fans. être combiné. Je fis cuire enfuite l’eau qui avait en- core une forte odeur de foie de foufre; dans le mème appareil; & j'obtins, après avoir continué long-tems la euite, $ 2 pouces cubiques d'air, dont 2 : pouces furent abforbés par l’eau, qui, pour lors précipita l’eau de chaux, & colora en rouge la teinture de Tournefol. Les trois pouces d’air reftant, ne contractaient aucune union avec. J'eau , éteignaient la flamme, & étaient par con- » a féquent de Pair phlogiftiqué. Il avait une forte odeur de foie de- foufre, ____ PA Eos Pour féparer le foufre contenu dans l’eau, je verfai fur une livre de cette eau, du vinaigre diftillé; mais il n’y eut point de précipité. L’a- cidevitriolique ne produifit non plus aucun pré cipité, ainfi il paraît que le DER ef contenu  3 # 2738 Memoires relatifs dans le gas hépatique, comme le remarque M. Bergmann, car, en cuifant cette eau, elle perd {on odeur. Les principes volatils, contenus dans . un pot de cette eau, font, Air ordinaire, femblable à celui que toutes les eaux contiennent, . , . 3 3 pouces cubes. Air ou gas méphitique . . 2 3. Air phlogiltiqué . . . . 3. Une remarque que je dois faire, c’eft que l'air hépatique, qui fe dégage, lorfqu’on précipite du foufre doré d’antimoine, eft compolé d'air fixe & d’air inflammable ; ce qui prouve que le foufre elt ici plus volatil, & n’eft pas diflous par un principe fixe (a). PRINCIPES SALINS ET FIXES. / Six pots d’eau de cette fource, évaporés len. : tement dans un bocal évaporatoire, donnerent au commencement une forte odeur de foie de foufre, & laiflerent après avoir été évaporé, au 2, un dépôt falin, qui pefa 124 grains, & qui parut être de la félenite ; j'évaporai le refte & Jobtins 40 grains de réfidu. Je verfai {fur ces 164 grains de l’eau diftillée, & il y eut 144 grains qui ne furent pas dif. (a) Il ferait à défirer que Mr. Morell nous eût développé le rolle que joue le gas hépatique, & fa décompofition. Il ne nous explique point ce qu’eft de- venu ce gas, & fuppofe que le lecteur le fait, fans penfer que nombre de lecteurs ne font qu'amateurs, © # _ au regne minéral. 279 fous ; la diflolution faline ne donna. point de précipité, ni avec l'acide de fucre, ni avec la diflolution d'argent; mais au moyen de l’alcali, il fe fépara une belle magnefie. Les 144 grains laiflerent, après avoir été digérés avec du vinai- gre diftillé, un réfidu de 130 grains. La diflo- lution aceteufe, donna avec de l'acide vitrioli- que, de la felenite qui contenoit, 3 + grains de chaux privée d’air, en fuivant les évaluations de M. Bergmann. Le refte de la diflolution ne {e troubla point, par l'acide de fucre, & fe trouva être une diflolution de magnefie (a). Je conclus là qu’il y avait 10 5?, grains de magne- fie privée d’air. AE | Les 130 grains pañlerent peu à peu dans l’eau diftillée , que jy ajoutai; mais il fallut un poids d’eau, pañlé $000 fois plus grand pour les dif foudre. Cette diffolution donna avec de l’alcali fixe, une vraie chaux, qui tomba promptement au fond. Les parties contenues dans un pot d’eau font donc : Magnefe vitriolée . . . .:.3 3 de grains, Selenitenih diuvs 20) di Afaar sé ; Magnelenéree ns. . . 7, 1€ Chan iaGés sons {ir 050 605 2e (a) Je trouve la maniere de féparer la terre calcai- re, par l'acide vitriolique un peu fufpe“te , de même que l'emploi de l'acide de fucre, pour la découvrir dans une eau à laquelle on a ajouté un acide. 1 8.1 PA ( Note du traduéleur, | S 4 280 Mémoires relatifs ANALYSE DE L'EAU SOUFRÉE. N°. 2. Je pris un pot de cette eau puifée à la four- ce, & je la filtrai pour en féparer les impure- tés. Elle ne perdit point fon œil laiteux, & don- na au bain-marie, au moyen de l’appareil pneu- matochymique, z pouces cubes d'air ordinaire. Je fis bouillir l’eau, & j'obtins encore 9 + pou- ces d'air, dont 4 furent abforbes par l’eau & fe trouverent être, comme le prouva l’eau de chaux, du gaz méphitique. L'air reftant que l’eau n'avait point abforbé, éteignait promptement la flamme, avait une forte odeur de foie de foutre, & fe trouva être du gaz phlogiftiqué. J'eflayai aufi de féparer de cette eau le fou- fre, au moyen d’un acide; mais ce fut en vain. N'ayant point d’efprit de nitre fumant, je ne pus tenter la féparation du phlogiftique, à la maniere de Bergmann. Un pot de cette eau donna par diftillation en vales clos, une eau faturée de gaz hépatique, qui précipitait l'eau de chaux, & qui colorait en brun le vinaigre de plomb, fans former de pré- cipité; preuve convaincante de l’exiftence du foufre mème, dans l’eau qui avait pañlé dans la diftillation. Six pots de cette eau évaporée lentement, Jaiflerent tomber, des qu’ils eurent diminué d’un tiers, une poudre légere couleur de cendres, & perdirent en grande partie l’odeur de foufre, Cette poudre raflemblée & féchée, pefa 46 grains. En continuant l’évaporation, il ne s’en forma plus, ou feulement une quantité inappréciable. Le refte évaporé à ficcité, donna encore 24 an regne minéral 281 grains, fur lefquels je verfai de l’eau diftillée, qui ne fut en état d’en difloudre que, 19 £ grains. Cette diflolution ne préfenta avec l'acide de {u- cre, aucun indice de terre calcaire; mais la dif. folution d'argent, donna un précipité peu conf. dérable; ce qui indique que c'était une diflolu- tion de fel amer, uni à un peu de magnefie fa- lée. La quantité de ce fel était trop petite pour m'engager à faire des recherches ultérieures. Je verfai {ur les 42 grains, & fur les 46 grains dont il a été fait mention, du vinaigre diftillé, & ces fo + grains furent diflous, à l'exception de 2 grains; cette diflolution aceteufe, donna avec de Pacide vitriolique de la felenite, & il ne me fut pas-poflible d'en féparer du fel amer. J'effayai de difloudre les 2 grains de terre, dans de l'acide de fel, & je vis à mon grand éton- nement que cet acide la diflolvait & formait avec lalcali phlogiftiqué , un précipité bleu, un vrai bleu de Berlin. Ceft fans doute la petite quantité de ce principe, qui na empèché de lap- percevoir, au moyen des réactifs. Un pot de cette eau contient donc: En principes volatils. MERS ete et Air hépatique . . . . . 93. Celnect contient ee 2 1 AE HSE 2 NN PRE Se 2. Air phlogiftiqué .:. L | Ce dernier conferva {on odeur de foufre , après qu'on leût féparé de l'air fixe, pouces cubes, 282. Mémoires relatifs En principes fixes. SE AMTr PR ANT PUS RAT AE STARS Chaux rael'ée: #0 012.270 LORS TE | Térré martiale 4; #5 © 45 07e ANALYSE DE LA SOURCE. N°. 3. Un pot de cette eau donna à une légere cha- leur, au moyen de l'appareil pneumatochimique, 3 Z pouces cubes d'air, qui renfermaient 27 pou- ces cubes de gaz méphitique. En pouflant l’eau à Pébullition, on ne put plus ef obtenir. Six pots de cette eau légérement évaporée, ‘laifferent tomber peu de tems après que l’eau eût diminué d’un tiers, des molécules cryftalli- {ées, que je raflemblat, lorfqu’il y eut les % de l'eau évaporée. Elles peferent 164 grains après avoir été féchées. J’obtins encore 66 grains, en pouffant l’évaporation à fec. | L'eau diftillée ne put difloudre que 31 grains, de ces 230 grains. La diflolution ne donna au- cun indice de terre calcaire , avec l'acide de {u- cre, & la diflolution d’argent n’y dévoila point d'acide de fel, mais lalcali en fépara une vraie magnefie; ce qui fait voir que ce qu’elle conte- nait était du {el amer. | Les 189 grains qui refterent après que Jj'eus extrait avec du vinaigre diflillé, toute la ma- gnefie & la chaux aërée qu’ils contenaient, Jaif- ferent un réfidu de 160 grains. La difolution aceteufe donna avec de l'acide vitriolique, 27 grains de felenite, qui, d’après Bergmann , répond a 8 35, de chaux aérée, & après que la {elenite au regne minéral. 283 fut féparée la liqueur ne fe troubla point, lorf- que j'y ajoutai de l'acide de fucre, & ne con- tenait que du fel amer. Il y avait donc dans ces 189 grains ; fi nous en Jeans les 160 & les 8 3 de terre calcaire, 20 Æ de magnefie. . Les 160 grains ne fe trouverent. être que de la felenite. [ls étaient folubles, quoique avec difficulté dans l’eau diftillée. Un pot de cette eau contient donc, en prin- cipes volatils. Air ordinaire un peu phlogiftiqué 1 pouce cubique, Aie ne le ee EN EU UE TT En principes fixes. SO ARR: 0 AUS SOON NS RARE EU G D te 42 RUN PM EN OE PAREUE Mâgnefie aërée + . . . . à: 3 Selenite ou SyPs DST EURE ET TETE Il fuit de ces expériences que, ces 3 fources es aflez différentes les unes des autres. L’eau .1, eft une eau fulfureufe froide, très-propre ar les bains, malgré les parties terreufes dont elle eft chargée ; mais quelle eau eft exempte de parties terreufes ? celle de Pyrmont mème en contient. L'eau foufrée n°. 2, mérite la plus grande at- tention, foit par la grande quantité des prin- cipes volatils & fulfureux qu’elle contient, {oit par le peu de terre & fur-tout de felenite qu’elle renferme ; elle eft préférable pour cette raifon à beaucoup d’autres eaux foufrées pour lufage in- terne, On devrait donner plus de foins à cette fource. 284 Mémoires relatifs _ La briéveté de mon féjour à Leenfingen, & le manque de vales néceflaires, a rendu mon analyfe très-imparfaite, fur-tout pour ce qui re- garde la détermination des parties fulfureufes, qu'elle contient. La fource n°. 3, pourrait, à caufe du fel amer qu’elle contient, {ervir mèlée avec l’eau de bain n°. 1, pour l’ufage externe; mais la quantité de parties feleniteufes qu’elle tient en diflolu- tion, ne permet pas qu'on en confeille lufage interne. (Q 285 ) D de se DESCRIPTION Du plomb antimonial de la mine des Chenets près de Servoz, dans la vallée de Cha- MOUHIX. Par M. STRUVE. Ge papa DO, E: mine que nous allons décrire, répond par- faitement par fes caracteres externes au Blei- Jchweif des Saxons, & au Bleifchweif décrit par M. Wallérius & défigné par la phrafe Plum- bum fulphure €ÿ arfenico mineralifetunr minera folida plumbeo colore , fere malleabilis. PLuMBA- GO fpec. 370 ; aufli la defcription que jen donne correfpond parfaitement à celle que M. Werner en donne dans fes lecons. | On n’eft pas d’accord fur la nature du Bei. fchweif. M. Wallerius le regarde comme du plomb minéralifé par le foufre & l’arfenic; M. Cronftedt comme du plomb minéralifé, par une petite portion de foufre. Les minéralogiftes Sa- xons font du même fentiment & le claflent parmi les galenes. La mine des chenets, que je regarde comme un B/eifchweif, elt une combi- naifon de plomb & de régule d’antimoine , mi- néralifée par un peu de foufre & d’arfenic, com- .me on le verra par une analyle qui entrera dans le fecond volume de ces mémoires. 286 Mémoires relatifs Je me contenterai pour le préfent d’expofer: quelques phénomenes qu’elle préfente. Expofée au chalumeau elle y décrépite, fi on n’a pas foin de la pulvérifer. Expolée pulvérifée à l’action du chalumeau, après l'avoir réduite en poudre, elle s’y fond à une légere chaleur, répand cette fumée propre à l’antimoine, & exhâle une légere odeur de fou- fre , mèlée d’une très-légere odeur arfenicale. Enfn fi on ajoute un peu de borax, elle Jaifle après que la fumée a ceflé, un bouton de plomb malléable , du poids environ du tiers du minerais employé. La facilité avec laquelle le vent vola- tilife le régule d’antimoine, & l’arfenic, a conduit M. Exfchaquet, qui le premier a découvert la nature antimoniale de cette mine, à une méthode fort fimple d’en retirer le plomb, en faifant jouer le vent d’un fouflet fur la mine fondue. L’acide de fel difout complettement ce miné- ral, & l'acide nitreux en difout une partie & change l’autre en chaux blanche. | J'ai cru qu’une defcription des caracteres ex- térieurs de ce minéral ferait de quelque utilité, car nous ne pourrons faire un fyltème de miné- ralogie, que lorfque nous aurons des analyfes jointes à des defcriptions extérieures des princi- pales fubftances minérales. Tous les Chymiftes qui nous donnent des analyfes de différens corps du regne minéral, devraient y joindre une def- cription détaillée des caracteres extérieurs ; pour fe rendre vraiment utiles. Que nous fert en effet une analyfe, fi la fubftance qu’elle concerne, n’eft pas fuffifamment déterminée ? Quand nous lifons , par exemple, lanalyfe d’une mine de au regne 1ninêr al. 287 cuivre grife, d’un fpath en barres, d’une mi- ne d'argent grife, fans que ces minéraux foient fufffamment décrits, comment pouvons - nous favoir, fi une mine de cuivre grife, un fpath ou un autre foffile que nous trouvons, eft effecti- vement le mème que celui qui a été analy{é? Tel minéralosifte nomme mine d’argent blanche, ce qu'un autre nomme mine de cuivre grile, & il en eft ainfi de nombre de fofliles. Si je ne con- nais pas les caracteres extérieurs d’un minéral fur lequel le chymifte a opéré, je ne fuis pas beau- coup plus inftruit que s’il n'avait pas travaillé, qu'on me pardonne cette digreflion ; l’importan- ce du fujet m'a fait {ortir des bornes que j'aurais dû me prefcrire. CARACTERES EXTÉRIEURS (4). … Cette mine eft pour l'ordinaire d’une c o u- LEUR GRISE DE PLOMB, vive ou fraiche , qui ne tire que rarement un peu fur le noir. Tr La couleur de cette mine s’obfcurcit , lorf- qu’elle a été expofée quelque tems à lair. Elle fe couvre quelquefois par places d’une couleur d'acier trempé au bleu, & elle eft quelquefois recouverte par places d’une ochre jaune, tirant fur le vert de ferin. On la trouve pour le plus fouvent en mafe (ou folide ), & il arrive rarement que fa furface (a) Suivant que ces caracteres font plus ou moins diftindifs, je les ai écrit en plus grand ou plus petit çaractere, 288 … Mémoires relatifs extérieure foit polie, & forme ce qu’on appelle miroir de plomb; dans ce dernier cas fa furface miroitée à beaucoup d'éclat ; intérieurement elle eft affez reluifante, ou pour m’exprimer plus clai- rement, elle eft intérieurement d’un éclat aflez vif, comme produit par une multitude de petites facettes. Lorfque la couleur de cette mine tire: un peu fur le noir, cet éclat eft tres - faible; ce que je viens de dire, s’entend de la fracture frai- che; car lorfqu’elle a été expofée à l’air, elle perd de fon éclat; en général elle eft d’un ÉCLAT MÉTALLIQUE. Sa fraëfure ejt compacte €S unie. Sa fracture eft unie ; mais approche quelque- fois un peu de l’imparfaitement conchoïde , quel- quefois de la fracture inégale à petit grain. Elle fe cafle en fragmens ivdéterininés , dont les angles € les arrêtes, ne font pas fort tranchantes ; elle eft quelquefois compoñée de couches épaif- fes ; elle prend de léclat lorfqu'on la rack; elle - eft sendre, traitable ( ou douce) fe cale affez facilement , eft froide au toucher, & EXTRÉE- MEMENT PESANTE. Voilà quels font les caracteres extérieurs de cette mine; n'ayant point été fur les lieux où on lexploite, je ne puis rien dire fur fon gîte, mais je crois devoir obferver que la gangue qui l'accompagne , eft du {path pefant. | Can) LETTRE ( 289 ) LIRE DORE EN R RRRT Pal TDF RES ANME., ZX. Sur létude de la Lithologie (a). Vue vous plaignez, Monfieur , de la diff: culté que vous avez de diftinguer, Wallerius à la main, le pétrofilex du filex & du quarz, la cal- cedoine du filex , quelques jafpes des filex colo- rés , &c. — Vous fouhaiteriez favoir fi le quarz rouge, que vous m'avez envoyé à votre retour des glaciers, n’eft pas un pétrofilex , fi la pierre que vous avez fous le nom de Jade dans votre cabinet, n’eft pas un fchorl , file foffile noir que vous avez oblervé dans les granits de Chamou- nix, eft un Feld{path , &c. Sans répondre à vos différentes queftions pour le préfent, je me bornerai à vous donner quel- Ques-uns des caracteres diftincifs , propres à dif- tinguer quelques genres tres-voifins, en fuivant pour guide M. Warner, dont les ouvrages mont pas encore été traduits. La fraéture du pétrofilex eft à petites écailles, & d’un éclat mat; — celle du nr eft écail- (a) Le PR nous FN Fe PAR d’'inférer cette let- tre, qui ne peut pas intérefler un minéralogifte inftruit ; mais comme notre but eft d’exciter nos compatriotes, à n'être pas indifférents aux tréfors que nous offre la Suifle, nous devons aufh leur faciliter les moyens de les connaitre, Se (+ Tome I. T 290 Mémoires relatifs leufe , mais a de l'éclat ; — celle du filex eft con- choïde & d'un éclat produit par les particules, : dont il eft compofé , ou par mille points imper- ceptibles, à-peu-près comme eff l’éciat de l'argent blanchi; — celle de la calcedoine & de la chry- oprafe eft unie: La dureté & la pefanteur dite aflez les -opales, & les pirites des pierres vitrifiables. Dans les premieres, la fracture eft parfaitement con- choïde ; dans les dernieres, elle eft imparfaitement conchoïde. | La fra@ure plus ou moins imparfaitement con- choïde, douce de peu d’éclat & l’opacité carac- térifent fufifamment les jafpes. Vous trouverez les fchiftes, les pierres de corne fupérieurement bien caradtérifés dans les ouvrages de M. de Sauflure ; comme Wallerius elt votre guide, je dois vous faire obferver que cet auteur a placé dans la famille des fchiftes des pierres qui font évidemment de celle des pierres de corne, telles ont, fon Jchiftus tesularis, {on fchiflus lydius , fon fchifius durus. Jufques ici les auteurs ont confondu les wica & les sales. Ces deux fubitances doivent être foigneufement diftinguées, {ur - tout dans l’exa- men des pierres compolées , dans la compofition defquelles elles entrent : le talc elt tendre, {es lames fe laiflent courber ; mais fans être élafti ques, & il eft gras au toucher ; le mica au contraire, eft mi - dur, fes lames font douces d’élafticité, & il ne préfente rien de gras au toucher. Les produ@tions volcaniques font très-difficiles au vegne minéral. 291 à reconnaître , fi on ne fait pas ufage de la réu- nion de plufieurs caracteres extérieurs. C’eft pour wavoir pas connu fufifamment ces caracteres, que plufieurs naturaliftes font, pour ainf dire, un cratere de notre globe. Si vous voulez le permettre , j'en ferai le fujet de ma premiere. J'ai l'honneur d’être, &c. sf. 292.) OBJETS D'HISTOIRE NATURELLE SUR Lefquels on défirerait des renfeignemens. L: montagnes à couche renferment plufieurs foffiles, utiles à la fociété; les charbons de pier- re , l’afphalté , le fel , différentes mines de fer, le gyps, la marne , les terres refractaires, &c. fe trouvent dans les montagnes à couche. Ces montagnes font, comme l’on fait, compo- fées de bancs ou couches de différente efpece, mais la nature obferve toujours un certain ordre dans leur fuite, qui fe trouve toujours , à quel- ques exceptions près, le mème dans une grande étendue de pays. Cette fuite une fois connue dans une contrée, on en peut tirer des confé- quences tres-utiles pour la recherche des fofliles indiqués. Il feroit donc des plus important de la connaître pour la Suifle, C’eft dans ce but que nous invitons les perfonnes qui s’intéreflent pour la géologie , d'examiner , fi les roches compolées primitives , là où leur couverture eft vifible font au-defilus d’elles de la pierre calcaire faline & de la pierre de corne, & fur celle-ci une bréche compofée de débris primitifs, réunis par un glu- ten argilleux , fuivie de chytes cuivreux ou au- tres & d’autres, foffiles dans l’ordre fuivant : pierre calcaire bitumineufe , fans ou avec fer, gres, gyps, argille & fable, pierre calcaire en Le w” ie auregne minéral. . 293 couches, recouverte de couches tertiaires, & de terre végétale, A uù | RER Les environs de Vevai font très-propres pour déterminer l’ordre dans lequel. fe trouve le grès, les bréches & le marbre; 1l n’eft pas encore en- tiérement décidé, fi le, grès s'enfonce fous le marbre, & fi la bréche des environs de Vevai repofe fur ce dernier. En ie Les environs d’Aigle & ceux de Spiez, peu. vent fervir à fixer le local du gyps, & à déter- miner s'il s'enfonce {ous le marbre. Les environs de Nidau, peuvent nous appren- dre le local de la pierre calcaire, fchifteule qui renferme des pétrifications. | Le tems ne nous permet pas pour le préfent, d'entrer dans ‘une énumération d’obfervations , que chaque partie de la Suifle, & fur-tout du canton de Berne peuvent fournir, mais cette matiere eft trop intéreflante, & trop utile pour que nous la négligions. Nous en ferons le fujet d'un mémoire , qui entrera dans le fecond volu- me de cet ouvrage, & qui, à ce que nous ofons nous flatter, ne fera pas entiérement indifférent a ceux qui ont à cœur de connaître plus parti- culierement la partie géologique de notre pays. Ce genre d’obfervations demande des atten- tions , que nous tâcherons d’expofer dans ce mémoire. Le local du bois foflile & des charbons de pierre , mérite fur-tout une attention particuliere. Il importerait de favoir, s’ils {e trouvent dans le grès, ou dans la pierre calcaire; fi les premiers different des derniers, fur quelle pierre ils re- pofent, quels foffiles ils ont pour toit au-deflus AC w r 294 Mémoires relatifs au regne mineral. de leur toit, fi leur toit eft toujours une argille; ou une marne endurcie. La nature des emprein- tes de végétaux ou coquillages détruits , quil renferme; leur direction — épaifleur — qua- lité —— poids — s'ils donnent des cendres , ou une mafle {pongieufe , en les brûlant , &c. Ce n’eft que par des recherches de cette nature, qu’on peut efpérer de parvenir à connaître la partie géologique de notre patrie. FIN du premier Volume. Us fé , 29%" 1 AR D VÈUE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. D Ifcours fur l'étude de l'hifloire naturelle €ÿ principalement de la botanique. . page 1 MÉMOIRES RELATIFS AU REGNE. VÉGÉTAL. Hifloiré dés piffenlits qui croiffent en Suifle. 31 Corrections ©ÿ augmentations à faire à la pre- miere famille de lhifloire des plantes de la Ce Suifle du baron de Haller. . . 64 Hifioire d’une parie des Nue pe croifa en Suifle. + . d 119 Hifhoiré dé la Yonitile asie MES ef Defcription de deux efpeces de trefles. . . 162 Defcription de deux efpeces de tourrets. . 169 Notice fur le genet de Haller. . . . . 211 Lifle des plantes qui ont été découvertes en Suifle ; depuis Pimpreflion des ouvrages de . Haller, avec la notice des lieux 0% elles OO er Ne ee Le VS MA). 242 MÉMOIRES RELATIFS AU REGNE MINÉRAL. De l'adulaire ©S de [es caraë&eres extérieurs. 229 296 QAR RE É Analyfe chymique de l'adulaire, où du feld- fpath tranfparent. : . .. .'tpage 237 Defcription des caraëferes extérieurs de la À pierre inuriatique, ou du jade Suifle. . 254 Expériences chymiques [ur PR de rt ve murialique. . . 256. î 4 Defcription de la ANS AU chenal ou bexaëdre, découverte nouvellement ce Suiffe. RUE _ 268. Analyfe de l'eau lle dé Len ge hé "4 du lac de Thoun. . . Re: : : Analyfe chymique de l'eau de Bains. +: 2720 Defcription du plomb antimonial de la mine des Chenets, près de Servoz , dans la val- lée de Chamounix. . . LR ENTER Lettre a M. Z*. fur l'étude sl rs lithologie. 289 Objets d'hifloire naturelle [ur lefquels on dé- firerait des renfeignemens, . . . . . 292 Fin de la Table. Et 1 A ra pe RER fat. QE il { ce ‘au « HA * « . F