“ ES r we E = A. qe) = a — en [sa] = a un eg © | 5 = L Vu . ’ : . b 0 + 4 7 ! 0] E ul 1 = r . r I - f = CIE , L L * Fr. + " L \ h a Pe | à ré L j . 4 r u A .. ' 1 D . \ \ A ö | » 5 3 5 x‘ 2 « + « \ D r i D \ 1 ‚ 5 \ 0 5 0 Ü k L {} L P 1 = ' ’ LL L À [ # ü * \ \ | : 7 “| | ï À D \ 4 4 ‘ 1 + L 1 * ï \ } « x 11e) ' N : ‘ 1] {I * Le 0 \ LEA . 2 1 Un . F \ Car ' nt à 1 u # CE j y 1 ; 1 2 2 . 10 ‘ 1 # 4 N + \ x « - 1 ‘ r nd 1 p ï MEMOIRES SUR LES LEPIDOPTERES REDIGES par N. M. ROMANOFF. Tome IV. Avec 2I planches coloriées, ı lithographiée et une carte. ; grap ST.-PETERSBOURG. Imprimerie de M. M. Stassul&witsch, Was. Ostr., 5 ligne, 28. 1890 er 5 nsonia an In [CS C ht EN à LA IA ei Ce volume des Mémoires a été mis, en entier, à la disposition de l’auteur, qui, par ce fait, devient exclusivement responsable des ‘idées ire dans son travail. $ La Rédaction. : I - 14 3 p * ms à D LE Be) à j ei D - D Au A : à ns + CRE La) f “ FR : GIISTE / | L 0 BE Kr 2 ws : - i =. LS RS Warionat ss 7 d : u Er er > * Fe or | Burner 2 7 Lie = Aa ME RON Vas e 2 “ a (> LE PAMIR ET SA FAUNE LÉPIDOPTÉROLOGIQUE PAR Gr. GROUM-GRSHIMAÏLO pre TABLE DES MATIERES du Quatrième volume. AVant-PTOPOS rc ce me ee RI XVII PREMIÈRE PARTIE (Générale). CHAPITRE I. — Caractère particulier de l’Asie intérieure.—Le peu de connaissance que nous en avions avant la con- quête du Turkestan.—Richthofen; sa méthode exacte adaptée à la division du continent asiatique en ré- gions. — Contrastes des deux parties principales: partie intérieure et partie périphérique.—Zone des „distriets de transition“. — Le Turkestan ne peut être séparé, d’une manière précise, du Han-Hai.— Preuves directes de leur analogie géologique. — Moment de leur séparation.— Différentes conditions physico-géographiques de leur position expliquent le contraste, qui existe entre eux.— Il n’est pas absolument nécessaire d’adopter la „zone de tran- sition“; elle doit être comprise presque en entier dans l’Asie centrale.— Qu'est-ce que l'Asie centra- le?— Le Turkestan faisant partie de cette dernière, 9 NES à Elle VII Cuarirre II.—Relief orographique du Pamir, du Bokhara orien- tal et du Thian-Chan. — Division en systèmes. — Rivières: Climats euere ee IA ÖHAPITRE III. —Les premiers insectes sur la terre appartiennent à l’époque silurienne. — Breyeria Borinensis. — A partir des couches inférieures de l’époque mé- sozoïque apparaissent des genres et des familles de papillons connus.—Transition de la faune exo- tique d'Europe à la faune paléarctique pendant l’époque miocene. — Le Pamir: patrie de tout un groupe de lépidoptères qui ont peuplé l'Europe à la fin de l’époque glaciaire.— Le Pamir et le Thian- Chan à l’époque mésozoïque— Le premier mouve- ment des lépidoptères était dirigé vers l'Ouest; au commencement de l’époque glaciaire il cesse presque entièrement. — Migrations vers le Nord.— Causes qui, à l’époque glaciaire, ont effectué la distribu- tion considérable des types du Pamir. — Le mou- vement vers le Nord continua aussi plus tard, mais son caractère était limité. — Migration des types septentrionaux au Pamir.— Pas de migration vers PEst.—Similitude de la faune du Pamir et de celle de l'Himalaya N. O., à l’époque mésozoïque. — Causes de leur séparation successive.—Niveler fut l'effet des transmigrations du Nord et de l’Ouest.— COnCuSion ME ENS RE 17167 Cuapirre IV.— Système de montagnes du Pamir.— Pamir inté- rieur; son caractère, Confins Nord-Est. Confins Sud-Est— Cirque de Sarikol.—Lien entre les con- fins Sud-Est et les confins meridionaux. — Notices peu preeises que nous avons concernant ces der- niers. — Limites probables. — Confins septentrio- naux.— Koudara. Cirque de Khingoob. Alai. Lien entre les crêtes du Hindou-Kouch et de Ghissar- Alai.—Caractere de cette dernière.— Confins occi- dentaux. — Cirque de Chiwa.— Conclusion . . . 68—106 CHAPITRE V.— Relief orographique du Pamir— une des causes principales de la remarquable sécheresse de ses parties intérieures.— De cette sécheresse du climat, qui influe sur l'élévation de la limite des neiges persistantes, dépend aussi le plus ou moins d’ele- vation de la zone végétative.—Plus la zone alpine est élevée, plus l'été est court. — Vie animale et végétale sur les grandes élévations. — La hauteur absolue n’a pas d'influence sur la composition de IX la faune des lépidoptères; cette composition dé- pend entièrement du caractère des arènes. — Par- ticularités caractéristiques de la faune des lépi- doptères du Pamir.— Table indiquant les rapports de cette faune avec les autres faunes de la Palé- arctique. — Résultats SECONDE PARTIE (Spéciale). I. Rhopalocera . II. Sphinges . III. Bombyces . Table alphabetique des noms de genres, d’especes, de varietes d’aberrations et de synonymes mentionnés dans ce volume. Errata et Corrigenda. Explication de la carte . — — 107—139 140—509 510—527 527—565 567—575 AVANT-PROPOS Je termine ce livre au milieu des préparatifs d’un nou- veau départ pour les confins de l’Asie Intérieure. Ce voyage, qui doit durer deux ans, pourra s'effectuer grâce au soutien moral et au généreux concours pécuniaire de l’auguste ré- dacteur de cette édition, Monseigneur le Grand-Duc Nicolas Mikhailovitch. Si, comme le nouveau voyage projete, mes trois premie- res expéditions dans le Pamir, faites exclusivement aussi au compte de Monseigneur, et pour lesquelles Son Altesse a sa- crifié une grosse somme, fournissent à la science quelques matériaux nouveaux, c’est surtout celui qui a facilité l’accom- plissement de ces voyages qui mérite la gratitude générale. Je serai personnellement heureux, si mon travail peut justifier la confiance, que mon auguste protecteur a daigné avoir en moi. J'ai fait ma quatrième expédition, si féconde en résultats, au Pamir et aux frontières de Kounjout, avec les sommes que le Comte Serge Dimitriévitch Schérémétieff a bien voulu a mettre à ma disposition. Et comme c’est ce dernier voyage qui à contribué à celui que je vais entreprendre encore, je XII veux exprimer ici au comte ma sincère reconnaissance. Dans des contrées inexplorées j'ai déjà pu la lui témoigner en donnant à un ensemble de pics et d'énormes glaciers qui en descendent, le nom de „systeme des glaciers Schérémétieff". Jamais mes quatre expéditions n'auraient été couronnées d'autant de succès et n'auraient pu avoir les résultats qu’el- les ont eus, si je n'avais pas été appuyé par la Société Im- périale Géographique Russe. Je lui adresse done, en la per- sonne du vice-président le Sénateur P. P. Séménoff, et du secrétaire A. V. Grigorieff, l'expression de toute ma gratitude. Dans les confins du Turkestan, à Orenbourg et dans le territoire transcaspien, l'administration locale m'a si active- ment soutenu, m'a prêté un concours si éclairé, et offert une si large hospitalité, que le souvenir de mon séjour dans ces parages amis restera pour toujours un des plus chers souve- nirs de ma vie. Merci! a toutes les autorités du Turkestan auxquelles j'ai eu affaire: au gouverneur-général le lieutenant-général N. 0. Rosenbach; aux gouverneurs les majors-généraux N. A. Iva- noff, N. I. Korolkoff, N. I. Grodekoff, A. M. Yafimovitch; aux chefs de districts: les colonels G. A. Arendarenko et A. J. Deubner; et au chef de l’administration du district du Fer- ghana: le major-général Medinsky. Merci! à tous les officiers du 4-ème bataillon de ligne, à MM. A. J. Wilkins, W. Th. Oschanine pour leur aide et leur bienveillant accueil. Merci! a tous les autres personnes qu'il m’est impossible d’énumérer ici, car la liste contiendrait les noms de tous ceux auxquels je me suis adressé dans ces lointaines et vastes contrées! En partant pour le voyage que j'entreprends, je remets mon manuscrit entre les mains du secrétaire de Son Altesse le Dr. G. Sievers. Quiconque s’est occupé d'imprimer un ou- vrage et de rédiger une traduction, comprendra combien M. Sievers a été obligeant en se chargeant d’un si immense XIII travail. Je ne trouve pas assez de termes pour apprecier ce dévouement à s’acquitter d’une tâche si minutieuse et si in- grate. Le présent ouvrage „Le Pamir et sa faune lépidoptéro- logique“ m’a coùté deux années de travail, ou, pour mieux dire, deux hivers de 1887—1888 et de 1888—1889. Quoi- que les matériaux en aient été rassemblés en partie plus tôt et que les renseignements bibliographiques, les textes et ci- tations aient été recueillis et classés bien avant, ce livre ce- pendant a été écrit très vite. C’est là certainement son grand défaut. Je sens moi-même que certaines parties de la section générale, par exemple, tout le 3-me chapitre, pourraient être plus approfondies, plus soignées; que certaines conclusions de- vraient être appuyées par un plus grand nombre de données, mais tel est le sort de chaque voyageur qui publie le résul- tat de ses explorations dans l'intervalle de deux expéditions, lune accomplie, l’autre seulement projetée, mais qui occupe déjà toutes ses pensées! Feu le général Przewalsky nommait ses voyages dans l’Asie Intérieure „reconnaissances scientifiques“. On pourrait dire aussi que tout mon travail, dans lequel je cherche à indiquer de quelle manière doit être étudiée la faune de cha- que pays, porte ce même caractère. Il est donc naturel que le premier essai d'élaborer des matériaux zoologiques à l’aide d’études géologiques ne soit pas irréprochable. Je ne suppose pas non plus que la méthode que j'ai choisie dans mes ex- plorations soit toujours commode et surtout juste sous tous les rapports. Néanmoins, elle introduit une méthode toute nou- velle et parfaitement saine dans le système d'élaboration des matériaux pratiqué depuis Linné jusqu'à nos jours dans tou- tes les branches des sciences naturelles. Il y a toujours eu des novateurs, mais aucun n’a eu la bonne fortune de tra- vailler dans des conditions aussi favorables que moi. C’est à XIV ces circonstances heureuses que mon ouvrage doit plusieurs de ses conclusions positives qui peuvent être formulées ainsi: 1) A partir de la fin de l’époque paléozoïque, le Pamir- Thibet présente une île tout-à-fait isolée, qui a des rapports avec les autres parties du continent, mais, comparativement, pendant des termes de très courte durée. 2) Vers la fin de l’époque mésozoïque, la surface du Pa- mir-Thibet est soumise à un grand mouvement. Les révolu- tions géologiques en le redressant simultanément sur toute son étendue, entassent toute une suite de replis gigantesques, qui dans la période suivante, modifient complètement tout le relief des montagnes de cette contrée. 3) Vers la fin de l’époque tertiaire, commence le dessé- chement de la mer Irano-Bengale, de celle du Turkestan et de Han-Haï. Le Pamir-Thibet commence peu-à-peu à com- muniquer avec la terre ferme, qui fait actuellement partie du continent asiatique, d'abord avec le Thian-Chan, puis, par le Hindou-Kouch, avec toute l'Asie antérieure. Simultanément s'effectue toute une suite de migrations qui inondent l'Asie antérieure de formes du Pamir, lesquelles d’un autre côté ont pénétré dans le Thian-Chan nouvellement re- dressé. 4) Dans les périodes suivantes, se dessèchent les restes pliocènes des mers du Turkestan et du Han-Haï. Le Thian- Chan se relie à l’Altai. Arrive enfin l’époque glaciaire. Tous ces phénomènes donnent une nouvelle impulsion à la migra- tion des types du Pamir, lesquels antérieurement, par des voies tout-à-fait inconnues, probablement par le Khingan, le Japon, et, par une digue continentale disparue actuellement, pénètrent jusqu'en Amérique, sy divisent en tout un groupe de formes parentes et de là envahissent à cette même époque la zone intermédiaire, disposée entre la limite des glaciers et les montagnes de la Sibérie méridionale. Par cette zone les XV émigrés ailés du Pamir entrent avec les aborigènes de l’'Amé- rique septentrionale dans l’Europe méridionale, où ils ren- contrent un autre flot d’emigrants du Pamir, partis un peu plus tôt aussi pour l’Europe méridionale, le Balkan et l’Ana- tolie. Le troisième flot des émigrants du Pamir descend di- rectement du Thian-Chan, atteint l’Altai, se confond là avec la population originaire de celui-ci et se répand dans les deux sens le long de la limite méridionale des glaciers. Cette faune amalgamée donne naissance à celle qui est connue actuellement sous le nom de faune sibiro-européenne ou pa- léarctique. 5) En même temps, les soulèvements volcaniques redres- sent le Pamir à une immense hauteur. Le climat se modifie complètement. Les conditions favorables au développement de la faune et de la flore disparaissent aussi. Le Pamir central se dénude et devient un obstacle pour les migrations des con- fins méridionaux vers le Nord et vice-versa. Il en résulte une différenciation rigoureuse des zones, une division en fau- nes de cirques séparés. La faune du Pamir commence à perdre son caractère et continue à le faire jusqu'à nos jours. Ces résultats ont été exposés en partie dans le 3-ème chapitre, et en partie sont épars dans tout l’ouvrage; une analyse spéciale des faits se trouve dans l’apercu de la distri- bution géographique des genres Parnassius et Colias. Comme je ne suis expert ni en géologie, ni en botanique, j'ai certainement fait une foule de fautes en touchant à ces sciences. Puissent messieurs les spécialistes être indulgents! „Le Pamir et sa faune lepidopterologique“ est le premier ouvrage sérieux que je soumets au jugement public. Mon peu d'expérience en cette matière, le manque de sources écrites où puiser des renseignements, et quelquefois la nécessité de se contenter de données fort suspectes augmentaient tellement les difficultés du travail, que les erreurs devenaient à priori XVI inévitables. En me mettant à l’oeuvre, je me conciliais d’a- vance avec ses erreurs, persuadé que la critique, tout en cor- rigeant les détails, saura apprécier le fond. En écrivant la partie générale, j'ai plus d’une fois pro- fité des conseils du professeur Mouchketoff, président des sec- tions réunies de géographie physique et géographie mathé- matique. Pour la seconde partie, j'ai particulièrement suivi les bons avis de M. Alphéraky et de M. Christoph. La bibliothèque de M. N. Erschoff a toujours été gra- cieusement mise à ma disposition, de même que la biblio- thèque et les richissimes collections de Son Altesse Impé- riale. M. A. Strauch, directeur du musée zoologique de l’Aca- démie des Sciences, M. I. Portschinsky, secrétaire de la So- ciété Entomologique, M. le Dr. Fixsen, M. G. Duske et M. Christoph m'ont généreusement prêté leurs livres. Je suis heureux d'adresser publiquement à ces Messieurs mes plus vifs remerciements. Tous les spécialistes auxquels j’ai fait appel, se sont char- gés, avec une obligeance extrême, de déterminer une partie de mes matériaux. C’est M. le Dr. O. Staudinger pour quel- ques espèces du genre /no; M. F. J. M. Heylaerts à Bréda pour la description des deux espèces de Psyche; c’est M. 8. Alphéraky pour les Noctuélites, les Géométrides et les Micro- lépidoptères que j'ai recueillis, et dont les Noctuélites ont déjà paru dans le Tome V de ces , Mémoires“. Cependant je suis encore loin d’avoir cité toutes les per- sonnes qui ont participé à mes labeurs. Je ne saurais ou- blier le rédacteur en chef des éditions cartographiques d'Asie, le colonel Bolschoff, dont la superbe carte est jointe au pré- sent tome, et M. Kawriguine qui a dessiné avec talent une partie des Parnassiens et des Coliades, et MM. Lang et G. G. Rybakoff qui ont exécuté les autres planches. XVII Comment assurer de toute ma gratitude ceux dont le zèle a tant contribué au succès de mes expéditions, qui n’ont suivi dans mes pérégrinations, ont partagé avec moi les difficultés de la route sans murmurer, et ont souvent éprouvé de cruelles priva- tions: mon frère, lieutenant de la 2-ème brigade d’Artillerie, M. E. Groum-Grshimailo, qui a participé à mon dernier voyage, le plus pénible, par le Pamir aux montagnes Kounjout; M. A. I. Eck, M. A. M. Sviridoff compagnon de deux expéditions et M. L. Conradt, qui a été avec moi au Thian-Chan, dans le Kachgar et au Pamir en 1886. Enfin un dernier salut et un dernier merci! à une foule de personnes auxquelles ces lignes ne parviendront jamais! Mais, en terminant cet avant-propos, il m'est doux de me rappeler ces soldats dociles, simples et courageux, qui ont porté sur leurs épaules tout le poids du voyage! Février 1889. ES E—— * 4 » L > 2 | » cé , ? 1 Te. i | ji >? vr | ï « ’ = * g1 ji L i { I ? . [a » 2 f A j ee - "st fi ’ EA ur A » 2 A { "HE 4 3 IE | ” j BR ir Ÿ LE 5 4 5 a t . > } 3 y _ TAN i nés: ze , er B 1 are 5 & Ê ‘ har Fe À là r 3 la I 1 a 3 {: cit Dh $ in Fr BEN La Hubs a 1804 CHATONS : à x u . 5 En 2 u BA= Br | 72 OR 4 j i BED MEET ME nn | A Pa Bi - f 44 = - = 0 4 he f - L k - » 5 4 be 07 ” A, et u = 5: E Pe : { . L B | N im | B jt Rae ! M ‘ = D Fr u Q Oo, > F D j ur : hg * à ne x : -. Éd + - Te CL ES PCR os b i > CNE : = . Le Merci eve RTS } —4 ve. a à + VE DL | L'OTAN ATi, à - = - we [ER — Pr e 5 ST US er h i j Ast CITE SH, $ E : = È : dd . 7 7 5 - Tr cz u rg BE 2 ; @: . > wi u F 1 - n L , h LL ui * , Tl. PARTIE GENERALE CHAPITRE I. Caractère particulier de l'Asie intérieure.—Le peu de connaissance que nous en avions avant la conquête du Turkestan.— Richthofen; sa méthode exacte adaptée à la division de l'Asie continentale en régions.—Contrastes des deux parties principales: partie intérieure et partie périphérique. — Zone des „di- striets de transition“.—Le Turkestan ne peut être séparé, d'une manière pré- cise, du Han-Haï.—Preuves directes de leur analogie géologique. Moment de leur séparation.—Différentes conditions physico-géographiques de leur po- sition expliquent le contraste qui existe entre eux.—Il n’est pas absolument nécessaire d'adopter la „zone de transition“; elle doit être comprise, presque en entier, dans l'Asie centrale, — Qu'est-ce que l'Asie centrale? — Le Turkes- tan faisant partie de cette dernière, ses limites. L’etendue qu'occupe l'Asie intérieure est immense. Les chaînes de montagnes, de la plus grande altitude, les pla- teaux les plus élevés et les déserts les plus vastes y trou- vent leur place. Nulle part ailleurs, la force créatrice de la nature ne s’est manifestée sur échelle aussi vaste; nulle part elle ne s’est affirmée avec semblable vigueur. Les contrastes y sont extraordinaires et frappants; et cependant où trouver une aussi grande uniformité? Patrie d'innombrables hordes, qui se sont précipitées sur l'Occident comme des torrents im- pétueux, l'Asie intérieure n’a qu'une population fort clair-se- 1 9 PA mée. C’est là, selon toute probabilité, que fut le berceau de l'humanité, et c’est précisément là que l’homme ne peut pré- tendre au titre de maître de la création! Originale dans ses moindres détails, telle est cette contrée qu'on compare, avec raison, à un vaste continent enfermé dans un autre plus vaste encore! '). La différence entre ces deux parties est si manifeste et si distincte qu'elle n’a pu échapper aux premiers visiteurs de ce noyau de l'Orient. Ne pouvant la caractériser entièrement, ils distinguaient déjà cette partie intérieure tantôt sous le nom de Haute Tartarie, tantôt sous celui de Haute Asie ou Asie montagneuse et moyenne, et plus tard encore sous celui d'Asie centrale. Cependant toutes ces dénominations, peu ou point mo- tivées, ne devinrent jamais termes géographiques et étaient re- jetées tout aussi facilement qu'elles avaient été acceptées. Les notices sur les parties centrales du continent s’accumulaient en un tas de matériaux où la vérité et la fable étaient éga- lement confondues. Ce désordre aurait probablement duré, et l’amoncellement des documents aurait pu se prolonger indéfi- niment, si deux des plus célèbres géographes de notre siècle, Al. de Humboldt et Ch. Ritter ne s'étaient occupés à les débrouiller et à les examiner sous deux côtés bien distincts. Leurs aperçus bibliographiques, la mise en système des faits, voilà leur plus grand, mais non pas leur seul mérite: ils ont été les premiers à signaler les lacunes dans la connaissance des parties centrales du continent, et ce sont eux encore qui ont indiqué, quoique d’une manière différente, mais avec le même talent, la route qu'avaient à suivre les futurs géogra- phes et explorateurs de l’Asie centrale. La tentative AI. de Humboldt de préciser les limites de l’Asie centrale n’a pas 1) Prof. I. V. Mouchketow. Le Turkestan, T I, p.2. Elisee Reclus. T. VI. Asie russe, p. 2. Richthofen. China, Bd. I, S. 191. 3 réussi par suite de sa methode peu scientifique °). A cette époque, on manquait de données, de faits positifs et des prin- cipes qui auraient pu guider et permettre de séparer de l’é- norme continent asiatique un autre continent intérieur. C’est ainsi que le plus éminent géographe de son temps n'a pu dé- finir exactement les limites d'une contrée si nettement mar- quées par la nature même! N'est-ce pas un exemple qui prouve au prix de combien de peines et de quels énormes efforts on à pu arriver à résoudre les questions qui agitaient l'esprit humain et qui étaient si simples en elles-mêmes? Il a assez duré, et il est passé ce temps de l'incertitude pendant lequel les geographes, dans leurs recherches scienti- fiques, S’adressaient, pour leurs notices, aux historiens-orien- talistes *) ou puisaient dans les mémoires des missionnaires et de quelques rares voyageurs “). La conquête du Turkestan par les Russes a nécessaire- ment amené la chute de l’ordre des choses établi par lisla- misme... La religion de Mahomet dut descendre de son pié- destal; le culte et les traditions de l'isolement furent oubliées. Les obstacles artificiels, élevés par le fanatisme, furent dé- truits, le voile arraché, et l’on put contempler l'Orient, tel qu'il avait été dans son état primitif! Nous sera-t-il jamais possible d'apprécier à sa juste valeur un moment aussi im- portant pour la science? La route du nouveau continent était 2) C’est néanmoins grâce à lui que le terme „d’Asie centrale“ eut, sous certain rapport, une popularité immense et une plus grande précision. On sait qu’Al. Humboldt adopte le degré 44°5 de latitude comme parallèle moyen de l'Asie centrale, et lui assigne, du côté N. et du côté S. de cette ligne, 5 degrés. Il en résulte que cette région s'étend géographiquement depuis le 490,5 jusqu'au 395 latitude. Ses limites à l'Est et à l'Ouest restent indéter- minées (Mouchketow, Le Turkestan, Chap. 1. Richthofen, China, Bd. 1, S. 4. Humboldt, Asie centrale). 3) Littérature chinoise, arabe et grecque. *) Pour détails, voir: Mouchketow. Turkestan, T. I, 1-ère partie, et Richthofen. China, Bd. I, Abth. II, ainsi que Cap. 1, S. 21 etc. 1* 4 découverte; il était naturel qu'on se hätät d’en profiter. A mesure que les Européens pénétraient au coeur même de l’Asie intérieure, croissait aussi le prestige du nom russe. Les documents augmentaient et les faits acquéraient une impor- tance plus sérieuse et plus scientifique. C’est au génie de Richthofen qu'il fut réservé de les grouper et de les illustrer. est lui le premier qui a établi une division géologique du continent asiatique, seul principe juste en ee cas. Il distin- gue deux parties principales: la partie centrale ou le terri- toire des bassins intérieurs, et la partie périphérique à la- quelle Ja mer, baignant les côtes, sert de bassin. De plus, il reconnaît deux parties encore qui ont une signification par- ticulière pour nous: la „zone de transition“ et la „zone des iles“ qui se sont séparées du continent °). Les deux premiè- res partie, les plus importantes, different entre elles comme deux valeurs s’excluant mutuellement. Sans aucune analogie, ni comme caractère physique, ni comme formation géologique, elles se distinguent sensiblement par leur flore, leur faune et l’histoire des peuples qui les habitent. Cette différence ne provient que d’un nombre restreint d’agents géologiques qui, à leur tour, se trouvent modifiés par la diversité des rela- tions de l’une et de l’autre de ces parties par rapport à l'Océan. L’Asie centrale, limitée par des chaînes de montagnes de premier ordre et qui forment des reliefs de plateaux très considérables, est presque inaccessible aux vents de la mer, c’est-à-dire aux vents humides °). Son climat est essentielle- ment continental, et c’est pourquoi l'amplitude des écarts jour- naliers et annuels de la température y atteint souvent le 5) Richthofen, China, Bd. I, S. 7—8. 6) A propos des vents dominants en Asie centrale, voir Richthofen, China, Bd. 1, S. 86 etc. maximum. En outre, toutes les montagnes et le sol des step- pes sont rarement couverts de vegetation; ce ne sont que pentes nues et plateaux sablonneux qui s’etendent à perte de vue; deux conditions importantes pour amener les tempêtes et les vents les plus forts. Toutes les saillies, chaînes de mon- tagnes, objets isolés, et tout-à-fait insignifiants, se refroidis- sent sensiblement pendant la nuit et s’&chauffent rapidement, au lever du soleil, par leur côté tourné vers l'Est. L’equi- libre atmosphérique est ébranlé, et il se forme des courants qui sont autant plus intenses que la difference de tempéra- ture entre la partie S. E. des objets échauffés et la partie N. O., qui se trouve à l'ombre, est grande. A certaines épo- ques de l’année, par exemple au printemps, viennent se joindre à ces conditions essentiellement locales de la formation des vents, d’autres plus générales, telles que les grandes diffé- rences de température entre les régions basses et les régions élevées ‘). Quoique ces causes paraissent, au premier abord, fort peu importantes, elles contribuent sensiblement à amener et à augmenter les vents N. O. qui y dominent. Ils soufflent surtout au printemps, avec une violence qui se change sou- vent en ouragan ‘). Ces tempêtes sont très fréquentes. Joints à d’autres agents (brusques écarts de température, pluies, neiges etc.), les ouragans non-seulement accélèrent la destruc- tion des roches qui constituent les massifs des montagnes; mais ils coopèrent à l’aplanissement de la contrée. Les eaux torrentielles, les ruisseaux et les rivières, venant des hau- teurs, enlèvent aux montagnes les produits de la destruc- tion chimique et mécanique des roches; et les cours d’eau, tout aussi nombreux tributaires de la mer, les emportent à ?) Dans differents passages de son livre: „Le Thibet et les sources du Fleuve-jaune“, 1883, Przewalsky énonce la même opinion. s) D'après les observations de Przewalsky, c’est à cette époque de lan- née que les amplitudes sont les plus grandes. 6 leur tour dans les bassins intérieurs. A mesure qu'ils sont comblés par ces dépôts, les réservoirs siensablent, se vident peu-à-peu grâce à l'extrême sécheresse de l'air, produite par une température ou très élevée ou très basse, et disparais- sent enfin complètement en laissant après eux une couche de sel argileux ou d'argile sablonneuse. Ces couches, ainsi que les terrains voisins, donnent libre champ aux ouragans et aux vents qui soulèvent des nuées de sable, les chassent, avec mille poussières ou petits débris, d’une place à l’autre, com- blent les basses régions et les dépressions du sol "). C’est ainsi que l'Asie centrale est devenue une contrée de forma- tions subaériennes. Celles-ci, constituant d'énormes dépôts ") dans toutes les parties basses, produisent l’extrème, et pres- que constante, uniformité du paysage. Là, rien ne se perd; les régions inférieures profitent de tout ce qui a été enlevé aux régions élevées, phénomène complètement contraire à ce- lui que l’on voit dans les contrées où les fleuves sont tribu- taires de l’infinité des mers. Les vents ne trouvant presque rien à niveler, les rivières y sont les principaux agents g60- logiques. Elles emportent vers les mers tout ce qui a été dé- truit; mais le paysage n'en devient pour cela nullement plus uniforme; au contraire, le pays est très accidenté; mille val- lées sauvages, les ravins, les montagnes rocheuses et inacces- sibles frappent par leur beauté pittoresque et surprenante. Voilà d'où provient la grande diversité des conditions vitales et lexcessive richesse de la flore et de la faune. °) Quelquefois des nuées d’atomes, emportées par les tourbillons, coopè- rent à la formation des couches de loess; dans d’autres cas, elles forment des couches, se rapprochant du loess (lüssartige Gebilde), si fréquentes, pa- raît-il, dans le Han-Hai (Richthofen). 10) Ces couches sont particulièrement considérables aux sources du Hoang- ho, où le loess forme des murs verticaux de plus de 1,000 p. de hauteur. A certains endroits, il comble, à une élévation immense, toutes les inégalités du relief des montagnes (v. Middendorf. ,Ferghana“, p. 71). 1 Sans entrer dans des détails à propos des contrastes qui existent entre la partie centrale et la partie périphérique du continent asiatique, il est facile de désigner les territoires qui font partie de la première. Comme nous l’avons dit, ces territoires des bassins intérieurs ont été sensiblement modi- fies par l’action des vents. Toute l’Asie intérieure, depuis la mer Caspienne à l'Ouest, jusqu'aux montagnes Khingan à l'Est, depuis les ramifications meridionales de l’Altai au Nord jusqu'à l'Himalaya au Sud, est soumise plus ou moins à ces conditions. Cependant, selon Richthofen, tout ce qui a été dit ne peut être appliqué dans toute la force du terme qu'à une bien plus petite partie de cette énorme étendue. Cette partie, c’est le Han-hai des Chinois. Ce n’est qu'à cette ré- sion que se rapporte le terme d'Asie centrale. Tout le reste l’Ordos, Koukou-Noor, Tsaidam, Hora (Thibet), Kara-Koroum, Pamir, Koundouz, Hindou-Kouch, Bokhara, Ferghana, le Thian-Chan du Naryn, la région de Kouldjà et d’autres territoires appartiennent à la „zone des territoires de tran- sition“. Mais, d’après le même savant, ces contrées, à une époque peu éloignée, correspondaient au même type que le Han-haï. Les immenses couches de loess témoignent éloquem- ment des périodes où le climat y était plus sec et plus con- tinental "). Depuis, les temps ont changé: les rivières du Tsai- dam, de l’Ordos et du Thibet ont trouvé une issue dans la mer, et les contrées intérieures sont devenues peu-à-peu pé- riphériques. Tel a été aussi le sort de l'Occident, quoique le travail de la nature sy soit accompli en sens inverse. Le Turkestan est bien plus récent que le Han-haï. Lorsque ce dernier faisait déjà partie du continent, les eaux d’une mé- diterranée de la période tertiaire inondaient encore le Tur- kestan. La mer Caspienne, l’Aral, le Balkhach ete. en sont 1) Cette hypothèse est contredite (Middendorf „Ferghana“, p. 82). des preuves, et forment, jusqu'à present, de considérables ré- servoirs d’eau. Cependant Mouchketow a raison de prétendre que Richthofen avait constaté un nombre trop restreint de faits géologiques pour pouvoir affirmer une semblable hypo- thèse. La postériorité supposé du Turkestan, par rapport au Han-Hai, a principalement servi de base à Richthofen pour le ranger dans la zone des territoires de transition“. En comparant les formations géologiques du Turkestan avec cel- les analogues du Han-Haï, le professeur Mouchketow en con- clut que les couches les plus caractéristiques à huîtres de la formation crétacée, et les récentes assises tertiaires se confon- dent insensiblement, du Han-Haï au Turkestan, non-seule- ment par la passe de Djoungar, mais aussi plus méridionale- ment “). Il en résulte que le Han-Hai, lors de l’époque cré- tacée et tertiaire, ne formait que la partie orientale d’une énorme mer méditerranéenne à laquelle les monts Mougod- jar, Oust-ourt, le grand et le petit Balkhan servaient de fron- tiere à l'occident. Ce n'est que dans la période suivante qu'eût lieu leur séparation, surtout à la suite de grands soulèvements volcaniques qui non-seulement divisèrent en bassins séparés la ci-devant mer de l’époque tertiaire, mais encore firent sur- gir l’entassement des plus hautes montagnes de l'Asie cen- trale ©), Ce n’est que depuis cette époque que date leur iso- lement graduel, et ce n’est que depuis lors que des causes multiples, agissant chacune indépendamment, les ont réduites ©) Mouchketow. Le Turkestan, p. 14. 7*) Lorsque la mer de l’époque tertiaire existait, les sommets des mon- tagnes du Pamir, du Thian-Chan et probablement aussi ceux de l'Himalaya et du Hindou-Kouch étaient à peu près de moitié plus basses, car on trouve des gisements tertiaires à une hauteur de 11,000 p. par exemple près du Tscha- tyr-Koul, sur PAlaï (Col de Taoun-Mouroun). Done, si l'on évalue la hauteur du Thian-Chan à 14,000 p., celle de Pamir à 16,000 p. les énormes massifs des mon- tagnes actuelles n'étaient jadis que des élévations peu considérables (ibid., p. 15). 9 à l’état actuel, état qui, pour chacun de ces groupes de mon- tagnes, pris séparément, offre des différences sensibles. Le Han-Haï, y compris le bassin du Tarym et le désert de Gobi, présente une contrée ceinte de tous côtés, des plus hautes montagnes. Ce n'est qu'au S. E. que ses limites ne sont pas assez nettement tracées. Le Han-Haï est un sou- levement d’une élévation moyenne ") et présente une steppe, tout-à-fait unie ©), qui s'étend de 1’O.-8.-0. à VE.-N.-E. Au Nord, c'est lAltaï qui lui sert de frontière; au Sud c’est le Thibet; à l'O. et à V’E., comme il a été dit ci-dessus, c'est le Pamir d’un côté, de l’autre les monts Khinghan et la ligne de partage de Yan-tse-Kiang et de Hoang-ho, les plus gran- des rivières de la Chine. Cette énorme cavité, complètement isolée du monde entier, a sa vie spéciale et est soumise à des forces actives que l’on trouve, il est vrai, dans les con- trées adjacentes, mais qui apparaissent ici avec une terrible vigueur. L’extreme sécheresse du climat, les écarts des tem- pératures journalières, les enormes amplitudes annuelles, les vents continuels qui sont souvent violents et deviennent même des ouragans, les pluies et les rosées peu abondantes qui en outre ne tombent que sur les sommets des montagnes, tels sont les principaux agents qui ont desséché la mer de Han- Haï et transformé son fond en ce que nous voyons à présent. Plus l’eau de cette mer diminuait, plus la réaction des agents devenait sensible et plus le desséchement s’operait vite. En- 4) La hauteur absolue du Han-Haï n'est pas partout la même. Les plus basses parties du bassin du Tarym (Lob-Noor 2,500 p., Kachgar 4,000 p., Yarkend 3,900 p., Khotan 4,500) se trouvent en Djoungarie (1,800-—2,500 p.) et le long de la route de Kiachta à Kalagan. Ensuite, les extrêmes confins (où l'élévation du désert au-dessus du niveau de la mer varie), sont compris entre 3,500 et 5,000 p. (Przewalsky. „De Saïssan par Hami au Thibet et aux sources du Kleuve-jaune“, p. 424). 5) L’etendue de cette steppe comprend 1,800 lieues géographiques, long. oceid. 75930”, long. orient. 114°30' (Richthofen. „China“, Bd. I, S. 25). 10 suite commença le dépôt du loess qui s’est accumulé pendant des siècles et qui aujourd'hui à atteint, à ses extrêmes limi- tes S. E., une épaisseur formidable. Le loess, qui a comblé toutes les inégalités du sol, est la principale cause de la mo- notonie du paysage de l'Asie centrale et du triste aspect de sa flore. Que ce coin de terre est aride, sauvage et morne! La nature semble y anéantir elle-même le moindre vestige de la vie qui à pu trouver un timide refuge aux endroits où les conditions ne lui sont pas trop hostiles. Des Haloxylon ammo- dendron noueux, des Æphedra nains, Reaumuria songarica, Calligonum, Agriophyllum gobicum, çà et là des Zygophyllum, Tamarix, Caragana, Nitraria et Rheum, partout des Salso- lacées; près de l’eau, le Lasiogrostis splendens et sporadique- ment au printemps des Tulipa "). Voilà presque toute la vé- gétation que l’on voit, et encore s’abrite-t-elle seulement là où des cailloux ou du sable se sont mêlées au loess. Plus loin s’etalent des étendues de loess, nues et trans- formées par les rayons ardents du soleil en une masse com- pacte et argileuse. Elles s’allongent à perte de vue, pareilles à un désert sans bornes, et semblant menacer de faire mourir de faim chaque être vivant! Des troupeaux d’antilopes (Anti- lope subguttwrosa) et de Koulans (Asinus Onager, A. He- mionus) ") qui se sont hasardés jusque-là pendant les mois d'hiver, fuient au premier rayon du soleil printanier qui ré- chauffe ces déserts. Dès que la neige vient à fondre, les eaux s’evaporent vite; le sol se resserre et se crevasse plus rapi- dement encore et il ne reste que de larges bandes grisätres d'argile saline, couvertes de temps à autre d’une rouille rou- 17) Ibid. 15) Middendorf. Ferghana, p. 10. 11 blanc comme la neige. Ces déserts prennent alors un aspect repoussant, mais original en même temps. Les vents devien- nent de plus en plus constants et sèchent définitivement la surface du sol. Au moindre souffle, la poussière s'élève, reste suspendue dans l'air pendant des journées entières, et donne à l'atmosphère un coloris monotone et jaunätre. Tout disparaît peu à peu comme dans un brouillard; tout est enve- loppé d’une poussière qui, parfois et sans aucune cause visible, commence à tourbillonner et s'élève avec impétuosité dans les airs. C’est alors que la chaleur devient insupportable. En hiver, cette contrée n'est pas plus attrayante: l’intolérable chaleur fait place à un froid des plus intenses. Telle est la nature de cette partie de lAsie intérieure que Richthofen désigne sous le nom „d’Asie centrale“. Le Turkestan nous offre le même tableau, à un degré plus modéré. Il possède plus d’oasis, plus d’endroits sans pa- reils quant à leur fécondité, un plus grand nombre de ces „perles d’Orient“ comme disent les peuples asiatiques. Des montagnes, connues pour leurs gras pâturages, y contrastent singulièrement avec les plaines de loess et de sable qui sy étendent à perte de vue. Ce sont ces montagnes, occupant toute la partie orientale du bassin, ce sont ces „perles“ et ces „beautes“ dispersées qui ont fait la juste renommée du Turkestan, renommée qui à fait oublier la proximité des sables qui couvrent plusieurs centaines de verstes vers l'occident. Les ramifications occidentales des gigantesques soulevements de l’Asie centrale, avec leurs oasis verdoyantes, font diversion à la morne harmonie des massifs de montagnes et des déserts qui occupent toute l’Asie intérieure, d'une mer à l’autre. Il n'est question que de ces oasis quand on parle des contrastes entre le Turkestan et la mer chinoise desséchée du Han-Hai; sous tous les autres rapports, ils sont analogues; le contraste même ne devient sensible que lorsqu'on saute largement de 12 l'un dans l’autre. La partie S. E. des hauteurs du Turkestan c'est le plateau de Pamir dont les vallées et les chaînes de montagnes ont le même caractère que, celles du Han-Hai; ce n’est que là qu'il peut y avoir plus d'humidité et que les pâturages peuvent être plus riches ”). Le Thian-Chan oriental, qui s'avance jusque dans le centre du Han-Haï, abonde en forêts de sapins et est tout aussi rocheux et inaccessible que toutes les déclivités des montagnes de l'Asie périphérique. En surgissant, la chaîne des montagnes qui sépare le Turkestan enferma le Han-Haï qui laissa libre champ à son voisin, mais en lui envoyant, de temps à autre, les bouffées brülantes du vent d’Est, comme pour ne pas lui laisser oublier son voisinage! A mesure que s’effectuait le desséchement du sol, le Turkestan s’etendait et grandissait, tout en gardant son caractère à la fois majestueux et riant. Accessible de tous côtés, il était mis à découvert contre les vents humides dont l'influence modératrice et bienfaisante vivifiait toute cette vaste contrée. Quoique le desséchement ne fût que long et progressif, toutefois les eaux de la mer se retiraient sans cesse vers l’Ouest. Toute lhumidité s’amassait sur les cimes des montagnes et formait des glaciers et d'énormes plaines de neige qui alimentaient d'innombrables cours d’eau. Cette humidité faisait prodigieusement croître les herbes. Un riche tapis de verdure et une abondante végétation arborescente conservaient, à leur tour, la fraicheur qui ne se dépensait que peu à peu. Cette verdure réagissait sensiblement sur le climat, diminuait ou supprimait même les causes produetrices des courants atmosphériques venant des parties des montagnes non rechauffées et allant à celles exposées au soleil. Les vents, n'y étant ni fréquents, ni forts, contribuaient encore à con- server l’humidité du sol. C’est toute une longue suite de causes, #) Il ne s’agit que des confins E. et S. E. du Pamir. 13 importantes au premier abord, enchainees les unes aux autres et produisant une force énorme et ininterrompue, qui à con- tribué à l’existence de ce beau coin de terre situé aux con- fins orientaux du Turkestan russe. Mais tous ces agents, pris séparément, faiblissent de siècle en siècle. Les restes d’une mer méditerranéenne tertiaire, énorme jadis, s’evaporent ra- pidement et disparaissent. Les sables envahissent sans pudeur ces plaines verdoyantes et les arrachent une à une à la main de l’homme. Sans être prophète, on peut prédire au Turkes- tan, sinon un sort semblable à celui du Han-Haï, du moins une diminution considérable de ses „greniers à blé“ et de ses „perles d’Orient“. Les terrasses rocheuses des hauteurs du Pamir et les mon- tagnes du Thian-Chan ont été inondées récemment encore (récemment, au point de vue géologique) par les eaux d’une grande mer centrale asiatique. Depuis, elles ont atteint une élévation considérable. Leurs flancs abruptes, sillonnés de gorges sombres, semblent regarder vers l'infini des déserts qui ont pénétré jusque parmi les blocs dispersés! Le temps n'a rien changé à leur aspect, il n’a fait qu'ajouter peut- être quelques rides, tout en accentuant davantage ceux qui existaient déjà. Il ne peut encore être question là des agents niveleurs, dont nous avons parlé, qui font disparaître peu à peu au Han-Haï et peut-être aussi au Pamir les gigantes- ques chaînes de montagnes. Le climat de ces contrées est trop humide, les neiges trop abondantes pendant l'hiver. De continuelles eaux torrentielles emportent des monceaux de roches détachées qui n’ont ni le temps, ni la possibilité de rester longtemps sur place, tant les déclivités y sont abruptes. Ils sont entraines dans la plaine, et peu importe que le cours d’eau qui les a enlevés se réunisse à un autre, que tous les deux aillent se jeter dans la mer ou qu'ils disparaissent dans les sables du désert! Peu importe que ces fragments de roches 14 forment des depöts de sable et de gravier; jamais cependant, en ce cas, les montagnes ne prendront l'aspect de collines comme nous le voyons au Han-Haï. Le rôle des bassins „in- terieurs“ est si insignifiant que si même les montagnes ne s’elevaient qu'à quelques centaines de pieds au-dessus du ni- veau de la plaine (mais à condition toute fois que de nou- veaux cours d'eau vinssent à se former sans cesse), les pics et leurs pentes n'éprouveraient aucun changement, Ce n’est que lorsque les montagnes, comme celles du Han-Haï, ali- mentent faiblement quelques misérables et rares cours d'eau, et lorsque la neige ne forme que des couches insignifiantes (dont l'effet est encore diminué par l'extrême sécheresse de l'air) qu'un affaissement graduel des montagnes et un élar- gissement des vallées deviennent possible. La neige fondue n'a pas la force de former un puissant jet d’eau qui pourrait se frayer partout un passage; elle siinfiltre au contraire sur toute sa route, mine les massifs des montagnes qui se déta- chent par monceaux ”), et presque partout de la même ma- nière *). Les différentes conditions orographiques du Han-Haï et du Turkestan ont aussi produit tout ce contraste. Ce n'est pas la postériorité comparative du Turkestan, réfutée par les faits °°), ni la circonstance que les rivières sont tributaires d'un lac *) ressemblant à une mer, c'est autre chose qui a établi la différence entre les formes. des gigantesques mon- °°) Le plus ou moins grand degré de destructibilité dépend, avant tout, des espèces de roche formant les massifs, et ensuite des conditions de leur gisement. 1) C'est pourquoi les pentes septentrionales sont là toujours moins acces- sibles et plus escarpées que les déclivités méridionales qui se distinguent par leur aridité, et abondent en éboulis. #) Voir plus haut, ainsi que Prof. Mouchketow, Turkestan, Chap. I. #) Le Lob-Noor ou Han-Haï présente encore à présent quelque chose de semblable. 15 tagnes, la configuration des vallees et la vie organique; et ce quelque chose .....c’est l’eau. Le climat trop continental du Han-Haï est la principale cause de toutes les infortunes échues en partage à cette malheureuse contrée! Le beau Ferghana, dont les charmes ont été chantés avec tant d'enthousiasme par le sultan Baber, est intime- ment uni au Han-Haï par le caractère analogue de sa po- sition. Lui aussi présente une vallée fermée de tous côtés par des montagnes, mais elles sont moins élevées vers le Nord, et l'issue de la vallée est dirigée vers l'Occident. Ce doit être le seul motif de leur difference, car il est impossible de supposer que les montagnes voisines aient acquis leur aspect actuel et les vallées leurs richesses naturelles au mo- ment où le Naryn s’est frayé un passage vers l'Ouest à tra- vers une étroite crevasse. Non, elles ont été toujours telles, et peut-étre même qu’elles se sont distinguées par une plus grande abondance *). Quelle est donc la différence entre les bassins du Han- Hai et ceux du Turkestan? Où sont les limites si marquées sur lesquelles est fondée leur séparation? Il est évident qu'elles n'existent point. Des steppes sablonneuses et des déserts de loess, également arides et presque également mornes à lPEst et à l'Ouest de l’Asie intérieure, s'étendent à perte de vue. La flore et la faune, le caractère physique et la structure >) C’est ce que confirme en quelque sorte le loess: celui du Ferghana contient différentes particules, tantôt ce sont des couches de gravier, tantôt des couches de conglomérat; il est loin d'atteindre une épaisseur aussi pro- digieuse qu’en Chine. De plus, ce n’est pas un loess homogène („Struktur- Loess“); partout celui-ci alterne avec du loess à couches. C’est une circon- stance fort importante qui prouve incontestablement qu'autre fois l'effet des eaux était remplacé par les agents sub-aériens (Middendorf. ,Ferghana“, p. 85). L’humidite du climat et l’eau jouaient ici en général un rôle de pre- mier ordre. Les coquilles caractéristiques: Succinea oblonga et Helix hispida, que contient le loess du Ferghana, attestent ce fait avec évidence (Midden- dorf, 1. c., p. 82). géologique sont les memes. Les ramifications occidentales du Thian-Chan et les déclivités N. O. du Pamir apparaissent parmi ces déserts comme de petites oasis, et ce n'est pas ce coin de terre qui peut servir de limite scientifique à ces deux moitiés inégales d’un seul tout. Le Turkestan est un chainon important dans la „zone des territoires de transition“; et s'il n’est plus du nombre, toute la chaine de ces territoires, qui ceignaient toute l'Asie centrale comme d’un large bandeau, se brise en chainons séparés. Le lien entre eux est insignifiant. Là se groupent des contrées à conditions vitales parfaitement opposées, les unes formant, pour ainsi dire, la transition des parties centra- les aux parties périphériques du continent asiatique, et les autres en faisant partie sans preuves évidentes. Il s’agit du Tsaidam, du Koukou-Noor, d’une grande partie du Thibet sep- tentrional, des contrées situées au nord de la chaîne de mon- tagnes de Kara-Koroum, ainsi que de Koundouz et d’autres. En reculant ainsi les frontières de l'Asie centrale vers l'Occident au-delà du Turkestan, y compris l'Iran et la zone de transition de Richthofen presque en entier, nous donne- rons, d’après le professeur Mouchketow, à toutes ces contrées, enfermées et presque privées d'écoulement dans la mer, le nom qui convient complètement: celui „d’Asie intérieure“ ”). Nous ne voyons donc plus la nécessité absolue de conserver, comme le fait M. Mouchketow, le terme „central“ qui se ré- fute par lui-même. L’Asie centrale, comprise dans les étroites limites marquées par Richthofen, n'est rien autre que le Han- Hai. Désignons-la donc sous ce dernier terme qui a le grand avantage de ne pas présenter quelque chose d’isole ou quel- que étendue de terre ayant eu jadis une surface bien plus = >) Professeur Mouchketow, Turkestan, T. 1, Chap. 1. 17 #). Cette dénomination est neuve, et c’est ce qui considérable lui donne de la force. Les parties occidentales de lAsie intérieure ont eu le même sort: c'était même terminologie confuse et volontaire: „Turan“, „Bassin Aralo-Caspien ou simplement „Turkestan “ ou bien (pour le distinguer du Turkestan oriental ou Chinois) „Turkestan occidental“. Voilà les termes attribués, pour la même contrée, comme synonymes ou comme termes qui s’ex- cluent mutuellement! Dans ce dernier cas, ces dénominations ne se rapportaient qu'à une partie quelconque de tout ce territoire; quant au territoire proprement dit, il n'en était pas question. C’est ainsi que le Turan ne comprenait princi- palement que les possessions des Turkmènes, et le Turkestan: le Kokan, ainsi que le Bokhara, le Kachgar et autres petits khanats niches au pied du Thian-Chan et des montagnes du Pamir. Mais les frontières fixées par la politique n'avaient jamais rien de solide et de constant. Un pareil état de choses ne pouvait durer que tant que le Turkestan était pour nous une terra incognita. Les brouillards se sont vite dissipés dès qu'il a été possible de lexplorer sous le rapport géologique. Aujourd'hui, le terme „Turkestan “ est un terme stable qui comprend toute la surface s’eten- dant entre les montagnes de Mougodjar et de lOust-Ourt à l'Ouest; l’Ala-Taou de Djoungar, le Thian-Chan et le Pamir à l’Est; des monts Kopet-Dagh et du Khorassan au Sud, jusqu'au Tarbagatai, le Tehingis-Taou et la ligne de partage 26) Comme nous l’avons dit au commencement de ce chapitre, ce terme d’„Asie centrale“ a été introduit par A. de Humboldt. De son temps cepen- dant, il avait une tout autre acception que celle que lui a attribuée Richt- hofen. Le terme d’,Asie centrale“, comme la comprend Richthofen, n’a pas été encore accepté, et le public l’emploie dans le sens que lui a donné A. de Humboldt. 18 Aralo-Irtysch au Nord ”). C’est ainsi que le Turkestan d'à pré- sent comprend en entier: le Turan, le territoire du lac d’Aral avec le Khiva (Khavaresm), les steppes du Balkhach et enfin le Turkestan occidental. Les termes de Turkestan ,oriental* ou „chinois“ comme synonymes d’Altyschar (six villes) plus tard Djittyschar (sept villes) *), de petite Bokharie et de Kachgarie, ont perdu le droit d’être, et, pour éviter toute confusion, ils doivent être réfutés une fois pour toutes. Le terme „Bassin du Tarym“ doit le remplacer pour désigner ces territoires. En ae 7) Mouchketow. Le Turkestan, T. 1, p. 13. 2°) Se nommait ainsi grâce au nombre des villes ou des oasis: Kachgar, Yarkend, Khotan, Turfan, Karachar, Ouroumtschi, Kourlia. CHAPITRE I. Relief orographique du Pamir, du Bokhara oriental et du Thian-Chan.—Di- vision en systèmes.—Rivières.—Climat. Le Pamir ') est un plateau vaste et élevé qui, au Sud, s'appuie contre les monts Hindou-Kouch, tandis qu'au Nord il décline graduellement jusqu'au 40-ème degré de latitude; là sa dernière saillie abrupte, connue sous le nom de monts Alaï, est limitée par la vallée de Ferghana. Le plateau est nettement eirconserit à l'Est par les monts du Kachgar *), à l'Ouest, à peu près sous le méridien de Altyn-Mazar, il change brusquement d'aspect et devient région montagneuse avec tout 1) J’extrais les lignes suivantes de mon compte rendu à la Société Impé- riale russe de Géographie, inséré dans les Isvéstiya de la société. 1886. Tome XXII. 2?) Cette chaîne de montagnes est encore inexploree, car aucun voyageur européen n'a réussi à la franchir. Les membres de l'expédition du Pamir et moi n'avons pu l’étudier que du côté occidental seulement. De là elle se pré- sente comme une masse gigantesque à cimes dentelées, couvertes de neiges éternelles; un nombre considérable de glaciers importants (on n’en compte pas moins de 40) s’échelonne tout le long des pentes de ses ravins profonds. Elle semble se terminer au Sud par le célèbre Moustagh-Ata (Père des monts de Glace); son altitude est de 25,800 p. (D. Ivanow. Voyage au Pamir). Isvéstiya d. 1. Soc. Imp. Russe de Géogr. T. XX, livr. 3. 1884). Du un labyrinthe de ramifications ‘). Cette contrée, contigüe au Pamir, est occupée actuellement par les khanats de Chougnan, Rochan, Darwaz et le Badakhehan septentrional. Plus loin vers l’Ouest, le caractère sévère de cette région se modifie encore, et les chaînes de montagnes qui se relient à celle du Pamir s’affaissent par degrés et disparaissent, à peu près au- dessous du méridien de Gouzar, dans les sables et le loess des khanats des steppes du Bokhara. En admettant comme limites du Pamir celles que nous venons d'indiquer, la surface de ce plateau embrasse à peu près 85,000 verstes carrées, ou 70,000 v. c., si l’on en exclut la vallée d’Alai et que l’on prenne pour borne septen- trionale les monts Transalaïens. On considère la région du cours supérieur de l’Ak-sou comme le point culminant de cette vaste superficie; à partir de là le plateau, comme nous l'avons dit, s’'abaisse peu à peu vers le Nord, et plus encore vers l'Ouest. Le niveau du lac Kara-Koul se trouve à 13,200 p.; quant à l’altitude moyenne des limites occidentales, acceptée par nous, elle oscille entre 9,000 et 11,000 p., celle des contrées situées aux pieds des monts Vakhan (sources de l'Istyk) compte plus de 14,000 pieds. Ces trois points suffi- sent pour déterminer l'élévation du Pamir entier, dans les détails orographiques duquel je n’entrerai pas à présent ‘). Je dirai seulement que ce n’est pas un plateau continu, mais un système de vallées étroites, bordées de contre-forts de möntagnes relativement assez basses (ne dépassant pas 5,000 p. au-dessus du niveau du plateau) et dont la direction est, pour la plupart, parallèle aux monts Hindou-Kouch. 3%) Selon moi, toutes les autres limites données au Pamir sont plus ou moins factices et, dans le cas présent, je m'en tiens à l'avis de D. Ivanow, énoncé dans son article sur le caractère orographique du Pamir (l. c.). 4) Elle n'a été parfaitement déterminée qu'en dernier lieu, grâce aux travaux de l'expédition du capitaine Poutiata. Ces chaînes (montagnes de Vakhan, Pamir, Alitschour et Mourghab) se rejoignent à lEst pour y former un écheveau de rameaux qui s’entrelacent capricieusement. Leurs extré- mités occidentales semblent se diriger d’abord vers le midi; elles s’épanouissent ensuite et deviennent insensiblement la région montagneuse dont nous avons déjà parlé. Malheureusement cette partie nous est peu connue. Ni le capitaine Poutiata, dans son expédition au Pamir oriental, ni moi du côté occidental °) et ensuite du côté oriental (Expé- dition de 1887) n'avons réussi à y pénétrer afin d'éclaircir un point si essentiel pour les connaissances orographiques de la contrée. La partie septentrionale du plateau, où nous devons sup- poser un redressement énorme, un noeud à partir duquel ra- yonnent, comme d'un centre, des chaînes gigantesques, d’eten- due différente, est tout ce qu'il y a de plus intéressant. Les indigènes appellent ce noeud ,Sel-Taou“, c’est à dire „Mon- tagne de Glace“. C’est là que descendent vers le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest des glaciers dont nous ne pouvons éva- luer les dimensions qu’approximativement °). A l'Ouest du Sel- Taou se détachent deux chaînes: l’une qui sert de ligne de partage entre le Khingoob et le Vantch (en tadjique: Lia- 5) Avant moi, en 1882, le topographe Kossiakoff y est parvenu par la même route; cependant la levée de son plan diffère souvent du mien, fait à l'oeil, ainsi que de celui du capitaine du corps des topographes Rodionoft, attaché à ma personne par ordre du Gouverneur Général en 1885. Les dé- nominations varient aussi singulièrement. Je crois les miennes justes 1) parce qu’elles ressemblent souvent à celles notées par Rodionoff et 2) qu’elles sont parfaitement identiques à celles du colonel Arendarenko, qui connaissait à fond la langue tadjique et qui a pu se les procurer en prenant des renseigne- ments lors de son séjour au Darwaz. 6) Le glacier situé le plus au nord et surnommé par Ochanine „Glacier de Fedtchenko“, semble être le plus grand d’entre-eux et se trouve probable- ment en communication avec deux autres qui descendent vers l'Ouest et le Sud. Le glacier Sud-Est, que j'ai découvert pendant ma dernière expédition et que j'ai nommé „Glacier du Comte Chérémétiew“, est isolé de ces derniers. ne khour) et qui porte le nom de monts de Darwaz; l’autre le Periokh-Taou nommée par Ochanine monts de Pierre I. Elles longent des deux côtés la vallée du Khingoob, suivent d’abord la direction S. O. et ensuite O., et leurs ramifications oceu- pent toute l'étendue entre les rivières Sourkhab et Pyandj. Presque parallèlement aux montagnes de Pierre le Grand, mais plus loin vers le N. E., se dresse la chaîne Transa- laïenne, qui marque la limite proprement dite du Pamir. A l'Ouest, elle se divise en tout un réseau de chainons et d’em- branchements; à l'Est, elle forme une écluse, qui sert de ligne de partage aux eaux du Kizil-Sou alaïen et du Kizil-Sou du Kachgar (Kachgar-Darya) et le réunit à une autre chaîne qui lui est parallèle: les monts Alaï. Ces derniers, en général moins élevés ‘), ne sont que l’appendice oriental d’un autre massif, connu sous le nom de Kok-Sou et couronné de glaciers très vastes °). A l’ouest de ce noeud, deux crêtes décrivent *) La hauteur moyenne de l’Alai est à peu près de 13,000 pieds. Les cols atteignent 14,700 p. (Isfaïramsky Kaïndy) et une hauteur plus considérable encore dans l’Alai occidental. Vers lEst, la chaîne diminue; son minimum (12,070 p.) est au col de Taldyk. Les monts Transalaïens sont bien plus élevés, quoique leur altitude moyenne ne soit pas en proportion avec leur altitude réelle sur toute leur extension, grâce à deux affaissements excessifs: sur le Ters-Agar (12,160 p.) et le Kizil-Art (14,540 p.). Les pics isolés dé- passent de beaucoup 20,000 p. C’est ainsi que le pic Kaufmann atteint 23,000. °) Son extrémité orientale s'appuie contre l’Aiou-Tapam, noeud de mon- tagne qu'une ramification puissante et énorme quant à sa hauteur fait com- muniquer avec un autre noeud sur la ligne des monts de Ferghana près du _ col de Souëk. C'est déjà une ride méridionale du système du Thian-Chan, qui se plisse vers l'Est jusqu'à Outsch-Turfan, peut-être même un peu plus loin, et porte divers noms: d'abord celui de Kara-Teke, ensuite de monts Tschatyr-Koul méridionaux (Karpé-Taou ou Terek-Taou) et enfin de Kok- chaly. Il est done évident que l’Alai ne trouve pas sa continuation dans les monts Tschatyr-Koul méridionaux, comme le supposaient les deux premiers explorateurs de ces chaînes: A. Fedtschenko et Stoliczka (Richthofen. China - Bd. I, p. 216, Mouchketow. Turkestan, p. 37). Il faut remarquer que les monts Transalaïens ne traversent pas la vallée du Kachgar-Darya (ce n'est pas une vallée d’erosion), mais vont se terminer à l'Est par les hauteurs de Maltabar. 23 un angle insignifiant et ne sont pas moins hautes que l’Alaï. La chaîne méridionale appelée Ghissar, avec ses nombreux rameaux (parallèles aux monts Karateguine) qui occupent tout le triangle compris entre le Zarafchan, l’Amou-Darya, le Sourkhab, et la chaîne septentrionale (qui n’en est séparée que par le défilé de la rivière Zarafchan) se dirige d’abord à l'Ouest, puis enfreint la loi générale quant à la direction des crêtes du Pamir, fait une courbe violente au N. O., dé- cline ensuite sous le nom de monts Nourachine et va se perdre dans les sables de Kizil-Koum. Ce n'est qu'au N. E. que tout le système, décrit ci-dessus, trouve une sorte d’ecluse dans une masse de crêtes, qui s’en- trelacent et réunissent ces montagnes adjacentes du Pamir à celles du Thian-Chan. Le plus grand nombre des montagnes faisant partie de cette écluse °) ont surgi à leur hauteur actuelle à une époque comparativement récente. Les roches primitives ne percent que rarement, sporadiquement et sans aucune relation visible entre elles, sous la couche générale des dépôts tertiaires et crétacés. Cette relation n’est peut-être à remarquer que dans les monts de Ferghana ), où des roches cristallines saillissent à ses deux extrémités comme un mur continu. Tout en allant vers le N. O., cette chaîne en traverse d’autres, qui s’alli- gnent vers le Sud-Ouest, sans accuser de renflements pro- noncés. Elle est partout très élevée, surtout au Sud, où elle devient tout à coup région montagneuse avec un dédale de défilés sauvages et inaccessibles. De là se détache une autre chaîne ayant la direction E. N. E.: ce sont les monts de °) Plusieurs crêtes dépassent la limite des neiges éternelles. Les cols sont partout très élevés et atteignent une hauteur d'environ 12,000 p. 10) Selon le professeur Mouchketow, cette chaîne de montagnes fait partie du système des monts du Thian-Chan proprement dit. 24 Kokchaly; ils vont jusqu'au méridien Outch-Turfan et for- ment, pour ainsi dire, la continuation de la chaîne du Fer- ehana. Le Thian-Chan, dont la partie orientale appartient en entier au Han-Haï, offre dans le Turkestan l’aspect »d’un système très compliqué de crêtes presque parallèles les unes aux autres, et se termine à l'Ouest par des pentes abruptes à peu de distance du méridien de Tachkent. La chaîne de Kara-Taou, semblable à une flèche, part de là et s’elance au loin vers le N. O. Les sommités n'y atteignent jamais la limite des neiges persistantes, qui n'apparaissent qu'à l’extré- mite N. O. de ce plateau comme une énorme tache lumineuse (amas de Manasse, dans l’Ala-Taou de Talasse). Plus on avance vers l'Ouest, plus ces amas sont fréquents; les pics entrent peu à peu dans les régions des neiges éternelles, les vallées se resserrent, le paysage devient plus sévère. Le plus grand renflement du Thian-Chan, le Khan-Tengri (22,000 p.) pré- sente déjà un énorme entassement de glaciers. Au-delà de celui-ci, vers l'Ouest, les monts s’abaissent encore une fois. Le Thian-Chan, qui se ramifie dans le Turkestan, ne pré- sente ici qu'une nouvelle et unique crête qui s’alligne vers le Han-Haï. Presque perpendiculairement aux monts Tschatkal, rameau du Thian-Chan, là où ce ‘dernier interrompt sa continuité par des escarpements rapides, les rochers du Kara-Taou s’amoncellent les uns sur les autres et se dressent en étroite arête vers le N. O. Le Kara-Taou n’est qu'une ramification occidentale de lénorme renflement qui est à l’axe de tout le système des montagnes du Thian-Chan. Cette ride, la plus élevée et la plus étendue en même temps, commence sous le 37° de longitude Est par la chaîne de Kara-Taou, continue ensuite dans l’Ala-Taou de Talasse, franchit les montagnes Soussamyr et Karakol dans le Terskeï Ala-Taou, le Khan-Tengri 25 et Mousarte, et va jusqu'à la ville de Karatara sous le 56° long. E. '') Au nord de cette chaîne, s’allignent les monts d'Alexandre qui se marient insensiblement avec le Koungei- Ala-Taou et les monts Kandet-Taou qui se joignent à l’Ala-Taou transilien. A cette dernière rangée se rattachent probable- ment les monts Ak-Bourkhan, qui vont se perdre plus loin vers l'Est dans les rameaux du Thian-Chan. Encore plus au Nord, en projetant vers le N. O. un système puissant de plis de montagnes, se dresse la chaîne du Boro-Khoro; à l'Est, à peu près sous le méridien d’Ouroumtehi, il se réunit aux monts Bogdo-Ola ”) et à l’Ouest, il va s'appuyer contre les rochers de granit du Djoungar-Ala-Taou, qui se dirige de nouveau du N. E. N. à l'O. S. O. Aux pentes septentriona- les de cette dernière chaîne s'étend dans toute sa largeur l’embranchement du Djoungar, au-delà duquel s’entassent les monts de Tarbagatai. Presque tout cet important système de chaînes de montagnes, si embrouillé parfois, à atteint son alti- tude actuelle à une époque géologique peu reculée. Des couches crétacées et tertiaires s’allongent en masses conti- nues, par dessus le col Taoun-Mouroun (11,200 p.) et sont déposées sur les versants Nord des monts méridionaux du Tschatyr-Koul, c’est-à-dire à une hauteur d'environ 12,000 p. Mais ce sont là les points les plus élevés, où l’on rencontre des dépots tertiaires. L'effet du soulèvement, qui s'est effectué du N. E. au $. O. “) apparaît ici dans toute sa force et a complètement changé le relief de la contrée. 1) Mouchketow. Le Turkestan. T. I, p. 37 etc. La chaîne de Tschatkal mentionnée ci-dessus, formée presque en entier de roches massives, se dirige vers le S. O. et se réunit insensiblement au Soussamyr-Taou. Les autres chaînes parallèles au Tschatkal sont si insignifiantes qu'il serait superflu d'en faire mention dans cette notice. 2) Les monts Bogdo-Ola sont la continuation de V’axe du Thian-Chan c’est-à-dire de la principale ride de tout le système. 15) Mouchketow. Le Turkestan. T. I, p. 33. Re Les formidables révolutions dynamiques qui ont commencé à la fin de l’époque tertiaire, et qui peut-être ne sont pas encore calmées aujourd'hui, ont entassé une chaîne de mon- tagnes sur l’autre et en ont dessiné les énormes lignes ar- quées, convexes vers le Sud et concaves vers le N. Deux forces élévatrices opposées, agissant à des époques différentes ont produit la configuration actuelle. Le plus récent de ces deux soulèvements formait des rides colossales du N. O. au S. E.; quant au plus ancien, le soulèvement paléozoïque, il amoncela les énormes massifs des roches primitives à di- rection S. O. au N. E. Ce dernier relief „de granit” ne put cependant résister à la pression des énergiques ondula- tions des soulèvements post-tertiaires. Des roches détachées et dispersées couronnent encore maintenant les crêtes les plus élevées; ce ne sont que ces rares débris qui, comme des ilots parsemés sur toute l'étendue du squelette du Pamir et du Thian-Chan, indiquent la direction d'autrefois. Projetées à une hauteur immense, elles ont résisté jusqu'à présent au mouvement general; ce sont ce qu'on appelle des „noeuds“, c. à d. les points culminants du relief, couronnés de glaciers puissants et grandioses "). Si l’on exclut du profil général les ramifications si compliquées, qui partent de ces noeuds, on s'étonne de la simplicité et de la régularité qui dominent 14) Voici les plus importants sur le Pamir: le Moustag-Ata, dont la hau- teur est considérable, 25,800 p., le Sel-Taou, gros noeud de montagnes, auquel, comme il a été dit ci-dessus, se ramifient de tous côtés d'énormes chaînes de montagnes; sa hauteur, ainsi que celle du noeud Kok-Sou situé au N. O. du dernier, n'est même pas connue d'une manière approximative. De tous les deux descendent des glaciers puissants. A l'Est de ceux-là il y en a plu- sieurs, et dans la chaîne Transalaïenne et dans la chaîne d’Alai; ils sont tous plus bas et moins considérables que les deux précédents, mentionnés ci-dessus. Il y en a aussi quelques-uns au Thian-Chan; mais les principaux parmi eux, le Khan-Tengri (22,000 p.) et le Manasse se trouvent dans l’Ala- Taou de Talasse; la hauteur de ce dernier est inconnue. 27 dans la configuration des rides arquées depuis le Tarbagatai jusqu'au Hindou-Kouch, „difterentes par leur grandeur et leur élévation, mais uniformes par leur direction, le caractère de leurs versants et leur structure geologique“. Néanmoins toute cette série de rides doit se diviser en trois groupes ou systè- mes naturels: celui de Tarbagataï, de Thian-Chan et de Pa- mir-Alaï, séparés les uns des autres, sous le rapport orogra- phique, si distinctement ,qu'il n'existe point de semblable démarcation entre les chaînes de montagnes d'un même “ ©). Admettons que l’origine de ces trois systèmes ait groupe été plus ou moins simultanée, cependant l'action des forces souterraines élévatrices s’y est manifestée dune façon variée pour chacun d'eux, et c’est une raison assez importante pour supposer que ces trois groupes ont plus de droits à être considérés comme indépendants que les systèmes Kara-Taou et Thian-Chan de Richthofen, qui ne sont basés que sur la différence de la direction des massifs "). Resserre au N. et au S. par le Koungeï Ala-Taou et le Terskeï Ala-Taou, à une hauteur de 3,500 p., se trouve l'Issik- Koul, vaste lac alpin d’eau douce. Aucune rivière ne s'y déverse: mais le versant septentrional du Terskeï lui envoie un grand nombre de ruisseaux impetueux et rapides. A une certaine époque il était beaucoup plus grand, mais aujourd'hui son desséchement, allant de VE. à lO., est très sensible. Deux lacs alpins, le Son-Koul et le Tschatyr-Koul, Fun à 9,400 p., l’autre à plus de 11,000 p., sont situés sur le même point de desséchement. Des pentes septentrionales du Thian-Chan se déversent trois grandes rivières: le Talasse, le Tschou et I’Ili. Les deux premieres se perdent dans les sables, la troisieme se jette 15) Mouchketow. Le Turkestan, p. 39. 15) Mouchketow. ibid. 28 dans le Balkhach. Cependant sur les confins du Turkestan, ce möme Thian-Chan alimente encore un grand fleuve du désert, le Syr-Darya ou le Yaxarte des anciens. Il prend sa source dans les bois vierges du Thian-Chan et porte le nom de Grand et de Petit Naryn, nom qu'il garde jusqu'à sa sortie des défilés des monts de Ferghana. Une fois libres, les eaux troubles et impétueuses du Naryn deviennent tout-à- coup calmes. Dans le Ferghana elles coulent tranquillement vers le Kara-Darya, dont le courant n’est pas moins rapide et le débit d’eau moins considérable. Après s'être réunies, ces deux rivières forment le plus petit des deux fleuves ju- meaux, le grand Syr-Darya, qui, plus loin, ne reçoit d’affluents que sur la rive droite: ce sont l’Angren, qui n’a d'importance qu'au printemps, le Tchirtchik et l’Arys. D’autres rivières riches en eau, mais secondaires, qui descendent du versant septentrional des monts Alai-Turkestan, sont loin d'atteindre au Syr-Darya; elles se perdent en „aryks“ (canaux d'irrigation) et disparaissent soit dans les jardins et les champs des indi- gènes, soit dans les sables du Ferghana intérieur. L’Amou-Darya, ce majestueux fleuve des steppes, sert seul d'écoulement à toute la quantité de dépôts atmosphériques, qui tombent sur l'immense étendue de 200,000 verstes car- rées environ, enfermée entre le Hindou-Kouch au Sud et les monts Alaï-Turkestan au Nord. Formé de deux rivières, le Vakhan-Darya et le Pamir, qui toutes les deux ont leurs sources au Pamir, l’Amou-Da- rya, porte le nom de Pyandj jusqu'à son confluent avec le Sourkhab "); ce n’est qu'à partir de là que sous le nom qu'on 1) A sa source, ce fleuve porte le nom de Kizil-Sou; à-son embouchure il est plutôt connu sous celui de Vakhch. Le nom de Sourkhab (en tadjik: „rouge*) a été donné à son cours moyen, et celui de Aïliam à la partie comprise depuis sa source jusqu'à son entrée dans l’Alai. [ou] de) lui a donné à son embouchure, il roule ses ondes calmes et imposantes. Sans entrer dans une description détaillée du bas- sin de ce fleuve, je dirai seulement que jadis, probablement avant que les tribus d'Iran et d’Ousbek *) eussent peuplé et cultivé cette contrée, ce fleuve ainsi que son voisin, le Syr- Darya, avaient un bien plus grand débit d'eau. Plusieurs de ses principaux affluents se divisant dans leur cours moyen en tout un ensemble d’,aryks“, disparaissent dans les sables, sans parvenir jusqu'à l’Amou-Darya ”). Lui aussi se divise en „aryks“, surtout à son embouchure, et après avoir arrosé les terres environnantes, il déverse dans la mer à peine la dixième partie de ses eaux. Ce n'est que dans son cours moyen, pres de l'embouchure du Sourkhab, qu'il présente, à la fin du printemps, laspect réellement grandiose de toute une mer. Cette abondance d’eau dure longtemps: elle ne diminue sensiblement qu'en hiver, quand la plupart de ses affluents cessent un à un de lui apporter le même tribut qu'aupara- vant. Au commencement du printemps, €. à d., à la fin de Mars, l’eau augmente par suite du débordement des afflu- ents de droite, le Sourkhab et le Kafirnagan. Ensuite, dé- borde le Sourkhab, assez grande rivière, et ce n’est qu'alors que se met à grossir le Vakhch-Darya. L'époque des hautes eaux de cette énorme rivière dure très longtemps, grâce aux 15) Middendorf, Esquisse de Ferghana, p. 162— 163. On n'est pas en- core fixé sur le point de savoir laquelle de ces deux races a introduit le système d'irrigation (v. Nalivkine, Histoire du khanat de Kokan). Il est probable que ces deux nations connaissaient déjà ce genre de culture avant leur rencontre. 1°) Parmi ceux-ci le Zarafchan occupe le premier rang. Le Samarkand et le Bokhara doivent aux eaux de cet énorme fleuve leur surprenante fé- condité, si célèbre dans les anciens temps Un autre grand fleuve, le Kara- Sou de Karchi va se perdre dans les sables. Du côté gauche, il faut citer: le Khoulm, le Balkh etc. 30 nombreux ruisseaux, venant des montagnes, qu'elle reçoit sur toute l'étendue de son cours, et qui gonflent tous à différentes époques. Le Pyandj ne déborde qu'à la fin de Mai. En remontant aux sources de ruisseaux et rivières, indi- qués ci-dessus, on constate que plus on avance vers l'Est, plus l’époque de leur crue au printemps est tardive. Le Pyandj grossit le dernier, et cela est tout-à-fait naturel, parce que ses eaux viennent du Pamir, où les premiers signes du printemps ne se voient qu'en Avril °). A la fin de Mai le soleil fait fondre les neiges; il se forme des mares d’eau, qui cependant ne subsistent pas longtemps. Malgré les fré- quentes gelées et les ouragans de neige, le sol imbibé se couvre, au commencement de Juin, d’abord sur les pentes mé- ridionales des montagnes et ensuite sur toute sa surface, d’un beau tapis de verdure ”). A cette époque le temps s’adoucit, les ouragans sont moins fréquents, l’eau ne gèle plus durant la nuit, et c’est alors que commence l'été du Pamir, été sec et de courte durée, .et qui est remplacé subitement et fort inopinément par un froid automne. Des vents glacés et per- cants, qui suivent presque toujours la direction des vallées *) et des gorges, deviennent plus forts. Au commencement d’Aoüt, les gelées nocturnes ne sont plus des exceptions ”); des nuages 2°) Nous n'avons aucune connaissance positive et précise du climat du Pamir et principalement de son printemps. Les observations faites là ne sont que partielles, et se fier aux enquêtes est tout-à-fait impossible. Mes obser- vations ne se rapportent qu'aux mois de Juin et de Juillet. >!) Naturellement seulement là où le sol offre les conditions nécessaires pour une telle verdure. Le Pamir ne possède malheureusement que peu de semblables endroits, comme nous le verrons dans l’un des chapitres suivants. 2) Observations faites par D. Ivanow, membre de l'expédition au Pamir, et communiquées dans les comptes rendus de la Société de Géographie; j'ai observé les mêmes faits. #) Du 6 au 8 Août 1884 la température moyenne au lac de Kara-Koul à 7h. du matin n'était que de—2 C, (constatée par l’auteur). Cependant, comme le prouvent mes observations thermométriques, en 1887, cette tempé- rature est encore assez élevée. Eu obseureissent le ciel, il neige; il tombe quelquefois même de gros flocons, qui ne résistent pas à la chaleur diurne et fon- dent aussitôt *). L’immense hauteur à laquelle se trouve le Pamir, nous permet de supposer que l'hiver, qui ordinairement m'est pas très neigeux, y est très rigoureux. Quoique le courant des affluents du Pyandj soit fort rapide, ceux-ci se couvrent cependant d’une couche assez épaisse de glace, et l’eau du Pyandj diminue alors tellement, que, près de Kala-i-Khoum, les indigènes se hasardent à le passer à l’aide des „tour- souks“ ou „goupsars“ (en tadjik) ”). On voit combien les con- ditions vitales sont dures dans cette contrée élevée où, selon les Kara-Kirghises, ,lon ne trouve rien, et où la terre est nue comme le plat de la main“ *). En descendent du Pamir dans la vallée de l’Alai, le cli- mat devient plus tempéré. L'hiver y est, il est vrai, très rigoureux aussi, les neiges plus abondantes, mais elles fon- dent plus vite ‘); l'hiver est moins long et l'été plus chaud. Vers le Karateguine, à l’ouest, là où la vallée s’abaisse (le „Basch-Alai“, c. à d. „tete“, „cime de l’Alai“, se trouve à une hauteur de 11,000 p.) jusqu'à 7,500 p., l'été dure au-delà de 3 mois et la culture des céréales y devient pos- sible (orge) *). Un peu plus loin, le long de la vallée du Sourkhab on cultive en outre des légumes et des fruits. >) Une neige abondante tomba cependant à la fin de Juillet, en 1887, et une couche épaisse couvrit le sol pendant 3 jours. 25) Peaux de chèvre ou de mouton remplies d'air. 26) D. Ivanow, Caractère orographique du Pamir (Isvéstiya d. 1. Soc. Imp. Russe de Géogr. T. XX, 1884, livr. 3, p. 257). Ce terme cependant est loin d’être juste. 7) Les neiges se trouvaient pourtant encore à diverses places au com- mencement de Juillet en 1887. 25) On y cultive le froment, quoique les récoltes y soient rarement satis- faisantes. Dans la vallée Touz-Dara, on sème aussi l’avoine, mais en petite quantité, Le climat est bien plus rude, si l’on franchit les monts de Pierre le Grand, dans la vallée du Khingoob *) et princi- palement aux sources de cette rivière. Là on trouve des coins de terre où l'orge mürit avec peine. Cependant, à mesure qu'on avance vers l'Ouest, en descendant vite, l'été devient plus chaud et le nombre des semaines d'hiver diminue. Dans la vallée du Ghissar et le long du Sourkhab et du Kafırna- gan il ny a, pour ainsi dire, plus d'hiver. Il neige parfois, mais la neige fond tout de suite, comme dans les steppes du Bokhara. Il nest impossible d'entrer dans plus de détails sur les particularités du climat de cette immense contrée. Les noti- ces que jai réussi à rassembler ne sont que partielles, et il y à un si grand nombre de conditions et de particularités différentes qu'il ne peut être question d'en tirer des conclu- sions. Le climat de la vallée de Ferghana nous est mieux connu. Ici nous avons des données plus complètes. Bien groupées par Vacademicien Middendorf, elles nous présentent assez exacte- ment et assez clairement les particularités de ce grand bas- sin. Les conclusions de l'honorable auteur des „Esquisses“, fondées sur des données peu nombreuses et quelquefois acci- dentelles, sont néanmoins si Justes, que nous les prenons sans scrupule pour base de la seconde moitié de ce chapitre. Notre modeste notice étant destinée non pas à réunir des données détaillées sur cette contrée, mais à faire une description som- maire, aussi complète que possible et en même temps géné- rale, des conditions orographiques, climatologiques et autres, favorables à l'existence des organismes. La vallée de Ferghana est située entre le 41° et 40° lat. nord. L’altitude de son bassin est à peu près de 1,500 p. *) On sous-entend les méridiens correspondants. Eu nn 33 au-dessus du niveau de l'océan, et cette élévation devient néanmoins tout-à-fait insignifiante comparativement aux mas- sifs de montagnes de premier ordre qui l'entourent presque de tous côtés et dont les cimes crénelées et couvertes de neiges éternelles se perdent dans les nuages. C’est dans ce fait que nous devons principalement chercher la cause inté- ressante de ce que cette vallée, malgré son étendue relati- vement minime, nous offre, dans ses différentes parties, de grands „contrastes et une extrème diversité sous le rapport du climat”. „Que ces contrastes se manifestent en zones annu- laires superposées les unes aux autres est chose aussi natu- relle que la chaleur tropicale de la vallée exposée exclusi- vement à l'influence des vents O. et S. O. qui viennent des brülants déserts sablonneux et rendent l'été étouffant“ *). „Ce n'est qu'en arrivant au pied des montagnes, que nous entrons dans la région des couches d'air qui descendent dans la val- lée, du moins pendant la nuit, à cause de leur plus grande pesanteur“. Ces courants ne rafraichissent cependant pas le centre de la vallée. Le calme est complet. La température moyenne pendant les nuits de Juillet et d’Aoüt oscille entre 25° et 28° C. A cette époque les journées sont particulière- ment chaudes et les nuits ne donnent aucune fraîcheur; elles sont étouffantes. Au mois de Février, il y a déjà assez sou- vent absence de gelées; à la mi-Mars la température monte rapidement; il y a fréquemment plus de 20° à l'ombre. L’herbe commence à pousser; vers la fin du mois, elle couvre déjà toutes les prairies: les saules bourgeonnent, les abricotiers fleurissent. En Avril, la chaleur augmente vite; en Mai elle est „accablante pour les europeens du nord“; dans la seconde moitié de l'été, elle devient presque insupportable, la tempé- rature moyenne des journées atteignant jusqu'à 35 degrés à »°) Middendorf, Esquisses de Ferghana, p. 104. 34 l'ombre et même au-delà ”). „Au soleil le sol s’&chauffe jus- qu'à 70° et davantage, si bien qu'un oeuf, déposé dans le sable, peut y être cuit à point“. Pendant la nuit, l'air ne se refroidit que peu; dans tous les cas, moins sensiblement que dans les steppes. On n’a qu'à regarder le firmament pour expliquer ce phénomène: ,à la tombée de la nuit, le ciel se voile de nuages et souvent les couches supérieures de l'air sont remplies de poussière“. » Cependant la plus grande chaleur à l'ombre ne se fait sentir que bien tard dans la journée, comme dans toutes les contrées continentales; en été elle ne commence même que vers les 4 heures de l’après-midi, de sorte que le réseau d’ir- rigation ne modifie aucunement le caractère continental de la contrée et ne le modère nullement“. »Là, le mois de Septembre ressemble au mois de Mai, et le mois d'Octobre au mois d'Avril. Malgré cela, la nature offre partout un aspect des plus tristes: des prairies jaunies, des champs changés en surface de loess, où se voient çà et là des herbes à moitié desséchées et des hauts Carduus fa- nés. Les jardins, semblables à des oasis, présentent encore de temps à autre un paysage riant. Si un rayon de soleil vient à les éclairer, vous voyez par moment des bouquets d'arbres encore verts, mais leur nombre est fort restreint: ce sont des ormes (karagatch). Tous les autres arbres ont de- puis longtemps perdu leur verdure; quelques feuilles fanées, qui ont résisté à la fureur du vent, se balancent encore aux branches, agitées par le plus léger souffle“. „I n’y a plus de gelées au mois de Mars *); elles débutent en Novembre et #1) Middendorf, 1. c., p. 118. - %) Cependant il paraît que dans la première moitié de Mars, la tempé- rature baisse au-dessous de zéro. Selon Middendorf, cela n'arrive que par exception. Les observations que j'ai faites ne me permettent pas d'être du 35 forment une transition au mois de Decembre, qui se trouve être le mois le moins constant. Il y a des années où effecti- vement il ne tombe point de neige en Decembre, la tempé- rature ne descend que de quelques degrés au-dessous de zéro, et elle se soutient en moyenne au-dessus de zéro; à midi elle monte même au-delà de 10°. En d'autres années, la tempé- rature baisse, même à midi, jusqu'à — 16° et la moyenne; dans le courant du mois, est de beaucoup au-dessous de zéro. „En Janvier, le temps n’est qu'un peu plus doux, mais gé- néralement est tout aussi variable qu'en Décembre“. Dans toute l'Asie orientale, selon la loi de Dove, les mois depuis Avril jusqu'en Septembre sont proportionellement plus chauds quant à la latitude géographique. Il en est de même au Ferghana; mais les hivers y sont plus froids, ce qui pro- duit quelquefois des contrastes énormes. Les montagnes d’a- lentour expliquent facilement la raison d’un semblable phé- nomène. „Si de la base d’une vallée l’on fait l'ascension d’une montagne on peut se trouver, dans un très court espace de temps, dans tous les climats imaginables, en passant rapide- même avis. A différentes dates du mois de Mars, et particulièrement pendant les nuits (1884, 1835 et en 1887), les gelées étaient si sensibles, qu'il fallait se couvrir de pelisses et de bottes de feutre. En 1584, près de Khodjent, il y eût vers le 10 du mois une forte gelée avec ouragan de neige. Les circon- stances me faisaient voyager en ,arba“ et je dus passer la nuit dans un „khane“. Les vêtements chauds, dont nous nous étions munis, furent tout- à-fait insuffisants et nous faillimes geler près du misérable feu, selon l'usage de la contrée alimenté non de bois, qu'il était impossible de se procurer. mais de minces gerbes d’Artemisia, d’Alhagi et de Calligonum. Le feu flam- bait, enveloppait de sa chaleur bienfaisante et d’une agréable odeur d’Arte- misia tous ceux qui se pressaient autour et s’eteignait aussitôt, sans avoir eu le temps de réchauffer les mains et les pieds engourdis. L’ouragan sévit toute la nuit et, au matin, tous les alentours étaient couverts de près de 3 pouces de neige. Une autre fois, à Namangan, le 18 Mars en 1886, il survint un froid si rigoureux que la neige ne fondit pas pendant près de deux jours. On allait en traineau le 18 Mars, à Ferghana! Naturellement que ce n’est là qu'un cas exceptionnel. : + 9% 36 ment d’une chaleur tropicale à des neiges persistantes et à des glaciers, où règnent en hiver des froids de Sibérie“ *). C’est ainsi que l’inconstance et la diversité sont les traits distinctifs du climat de Ferghana ,et cela provient autant de la température et de l’humidité que de l’état de repos et du mouvement de l'air“. Les mêmes causes influent sur le temps et le rendent si variable. Les régions qui se trouvent entre les deux extrémités, le fond des vallées et les hautes mon- tagnes, sont particulièrement exposées à l'influence de leurs puissants voisins. Là le temps change brusquement et passe d’un extrême à l’autre *). Les maximum et les minimum ne 3) Déjà à une hauteur de 8,000 p., au sources de la rivière de Zaravchan, la température va jusqu’a—23° (Remarque de Middendorf). #) Comme pour confirmer ce qui a été dit, Middendorf cite Przewalsky (La Mongolie et la contrée des Tangoutes. 1875, I, p. 339, 358), d'après le- quel dans les montagnes de Gan-Sou, sous la 38° lat. nord, il y avait à la fin de Mai des gelées de —4 à —5°, 3 C. à une époque où 76 arbrisseaux étaient déjà en fleurs. Ils supportèrent néanmoins parfaitement ce froid. Cependant cet exemple n’est pas tout-à-fait juste, car les montagnes de Gan-Sou se trou- vent dans des conditions physico-géographiques bien différentes de celles du plateau de Ferghana. J’ai observé quelque chose de semblable le 23 Mai en 1886, dans la vallée de Kara-Koïn (versant septentrional des monts Tache- rabat), à une hauteur d'à-peu-près 8,500 p. Il avait bruiné la veille, et, vers le soir, le thermomètre baissa rapidement; à 9 heures il ne marquait plus que +2°. Pendant la nuit, tomba une neige épaisse qui couvrit toute la sur- face à perte de vue. En certains endroits elle avait plus d’un pied; mais nulle part elle n'avait moins de */« de pied. Le thermomètre indiquait à 5 heures du matin— 3°, et à 7 h.—2°. A midi la neige commença à fondre çà et là; cependant à l'ombre le thermomètre ne montrait pas plus de 10°. Il faisait en général froid et humide. Je ne sais combien de plantes et de buissons avaient déjà cessé de fleurir à cette époque, car je ne m'en suis pas occupé spécialement, je me souviens cependant fort bien que les Zris et les Cara- gana étaient en fleurs et que les jeunes jets du Zasiogrostis splendens n’a- vaient pas plus de 4 pouces, les Renonculacées fleurissaient; en un mot, on était en plein printemps et peut être même à sa fin. Il n’y avait point de papillons, mais une quantité de scarabées (p. e. Cicindela Burmeisteri, Dor- cadion sp., différentes espèces de Blaps et autre Tenebrionides, de petites Carabides ete.). Dans la nuit du 26 au 27 il y eut, il est vrai, à une hau- 37 sont pas les seuls à rivaliser dans leurs écarts; même les températures moyennes varient tout autant. Dans la vallée, où la végétation porte le plus le cachet subtropical, nous trouvons cette inconstance non-seulement dans les saisons de transition, mais encore pendant l'hiver, qui est très variable. Après toute une suite d’hivers si tempérés qu'ils méritent à peine de porter le nom d’hivers, et pendant lesquels la neige fond à mesure qu'elle tombe en changeant le sol de loess en un terrible marais et une affreuse boue, surviennent subite- ment des froids inouis, qui emprisonnent quelquefois pendant deux mois les eaux de tous les réservoirs; la température très basse pendant tout ce temps baisse parfois même jus- qu'à —16° *). A la suite de semblables écarts climatériques, particuliè- rement en hiver, écarts qui se répètent chaque année, Mid- dendorf à raison de dire que le Ferghana ne peut être placé teur de 12,000 p., une gelée des plus fortes. J'étais si fatigué par la marche que je m’endormis profondément. En m’öveillant le matin je fus désagréable- ment surpris de trouver ma couverture ainsi que mes effets tout blancs de givre; mes cheveux étaient gelés à mon oreiller revêtu d’une couche de glace. J'étais transi de froid, quoique j’eusse dormi dans une pelisse de renard blane et que je fusse à l’abri du vent dans notre kibitka, qui, quoique fort primitive, était cependant en feutre. Le sort de mes domestiques et des co- saques d’escorte, qui couchaient sous des tentes de toile, était bien plus dé- plorable encore. Quoique les chevaux fussent couverts de caparaçons chauds, ils se serraient les uns contre les autres et ne mangeaient presque rien. Les ruisseaux étaient entièrement gelés. 85) I] y avait par exemple, un semblable froid pendant l'hiver de 1877 à 1878; la neige avait un pied d'épaisseur et se maintint depuis le 10 Décembre jusqu'à la mi-Fevrier; le froid alla jusqu’à 20 degrés, et fit périr non-seule- ment un grand nombre d'arbres fruitiers et de ceps de vigne, mais aussi une quantité de Sartes, qui s'étaient réfugiés dans les mosquées. L'usage chinois d’endosser plusieurs habits pour se préserver du froid, usage que les Arabes trouvaient déjà fort digne d'attention, existe aussi au Turkestan et atteste évidemment cette inconstance du climat. Dans tous les cas, un froid de 4 ou 5 „khalats“ doit être vraiment excessif (Remarque de Middendorf). 38 sur la même échelle qu'avec la steppe, ce centre de tous les excès météorologiques *). „Le Ferghana, petite vallée entourée de gorges profondes, qui atteignent une extrème élévation, est exposé à des vents qui s'élèvent soudainement et sont d'autant plus forts que la différence de la température entre les vallées et les hauteurs est grande“ °?). „Aux confins extérieurs de la vallée ces vents violents sur- gissent de différents côtés“. Toutefois, il est facile d'observer ici une certaine régularité: ce sont des courants aériens, qui montent pendant la Journée et descendent pendant la nuit. Ce phénomène, particulier à toutes les montagnes cei- gnant la vallée de Ferghana, produit, grâce à la position géographique de la contrée, ces courants froids venant de quatre côtés opposés. Ces courants néanmoins, comme il a été dit ci-dessus, ne pénètrent pas jusque dans le fond de la allée horriblement échauffée le jour, ou bien s'ils y parvien- 35) Middendorf, Esquisses du Ferghana, p. 119. %) Middendorf a observé que souvent en Mai et en Avril il lui est .ar- rivé de se mettre en selle par un temps beau et tout-à-fait calme; subite- ment le ciel s’obscurcit: il s'élève un ouragan très fort et le vent lance le gravier à la face du cavalier et de son cheval avec une telle violence, que ni l’un, ni l’autre ne sont en état de continuer leur chemin. Un semblable vent (il soufflait du N. O.) s’éleva soudain et augmenta si rapidement que je courus risque de périr, ainsi que tout le détachement de l'expédition, pen- dant le passage de la chaîne de Ferghana (Kougart). Le vent soufflait avec violence surtout sur la crête des montagnes et menaçait de précipiter les cavaliers au fond de l’abime, ce qui faillit m’arriver à moi et à mon inter- prête tartare. Ce passage était des plus malheureux et nous remerciämes le Tout-Puissant, d'avoir du moins préservé les hommes de notre détachement de grands accidents. Par contre, la plus grande partie de nos bagages ainsi que toutes les collections furent perdues. Nos guides perdirent quatre de leurs chevaux, l’un de ceux-ci gela durant la nuit, n'ayant pas pu être retrouvé jusqu'au soir; les trois autres eurent les jambes cassées. Tout ceci eut lieu le 8 Mai 1886. 39 nent de temps à autre, ce n’est que comme de faibles brises, aspirées avec avidité par chaque être vivant. Le vent d'Ouest domine positivement là et souffle à certaines époques avec une force surprenante. Cependant non-seulement il domine dans le centre de la vallée, mais Middendorf l’a éprouvé dans l’amont de la vallée, et Fedtchenko sur l’Alai. Quant à moi, je lai ressenti souvent et partout, en toute saison et à toute heure de la journée. Il souffle à certaines époques au Kach- gar et n'a que de faibles écarts vers le Nord et le Sud. Sur les élévations S. O. du Thian-Chan, j'ai observé durant le mois de Mai une seule fois un vent nord, et ordinairement un vent N. O. Dans le Bokhara oriental souffle le plus sou- vent un vent S. O. Au Pamir, d’après mes fréquentes obser- vations, dominent tantôt le vent S. E. tantôt le N. O., mais ils suivent le plus souvent l’axe des vallées. Przewalsky les cite plus d’une fois comme dominant à certaines époques au printemps et au commencement de l'été dans le bassin du Tarym, au Thibet et dans les steppes de Gobi. Dans son der- nier ouvrage, il tâche d'expliquer l’origine de ces courants *). Nous en avons parlé au 1-r chapitre. On observe parfois au Bokhara et plus encore vers le Sud (jusqu'au 30° lat. N.) un vent meridional qui fait faiblir les hommes et même les animaux. Il commence subitement et augmente avec rapidité quoiqu'il ait été précédé par un calme complet et une chaleur étouffante. Il s'élève dans la matinée et devient suffoquant; laissant de côté le Bokhara, il prend deux directions différentes: une partie du courant monte et forme des nuages „eirrus“, et l’autre se répand dans le Ferghana, se réunit au vent d'Ouest qu'il échauffe plus #5) De Saïssan par Khami au Thibet et aux sources du fleuve Jaune. 1883, 40 encore et Jui fait changer son mouvement au N. E. Il pé- nètre aussi dans la vallée de Zaravchan *). Sous le rapport de l'humidité de l'air, le Ferghana offre tout autant de diversité que sous le rapport de la tempéra- ture. Les plus grands contrastes se rencontrent dans une pro- ximité immédiate. En hiver, les pluies sont tout aussi fortes dans la vallée que dans les parties attenantes; au printemps et en automne elles y sont plus rares et en été elles cessent tout-à-fait *). Par contre, en été, les pluies sont très fré- quentes dans les montagnes voisines *) et elles doivent être abondantes sur les plateaux N. E. du Ferghana. Ce qui a été dit de la pluie se rapporte aussi à la neige, qui est rare et de courte durée dans la vallée même, tandis que les cols des montagnes en sont encombres à une hauteur de plusieurs sa- gènes et restent impraticables jusqu'à la moitié de l'été. 3%) Middendorf, 1. c., p. 123. Ce vent fatal, qui évoque des fièvres, est connu sous le nom de „garmsel, garmsir, sak-chamala et tebbad“. 10) Middendorf communique des observations fort intéressantes de M. Sa- vinoff, faites dans le courant du mois de Juin à Namangan. „Le vent du nord (venant des montagnes) chasse presque chaque jour à 2, 3 et 4 heures de l'après-midi une quantité de nuages menacants sur le Namangan. Le tonnerre gronde et l’on attend une averse d'un moment à l’autre. Mais en vain... Le vent cesse; l'horizon commence à s’éclaircir; vers 5 heures les nuages se dis- sipent complètement et il survient une chaleur étouffante, qui devient tout- à-fait insupportable entre 5 et 6 heures. Vers le soir reparaissent de sem- blables nuages; il tonne; un éclair succède à un autre; l’on attend de nou- veau de moment en moment une averse, mais à 10 et 11 h. du soir il n’en est plus question; mille étoiles scintillent à la voûte du ciel. Les nuages dis- paraissent comme la fumée chassée par le vent, avec la seule différence qu'il n’yapas de vent ici; les nuages se dissipent pendant un calme parfait“, L'ef- fet résolvant d'un courant d'air ascendant se conçoit clairement par l’obser- vation que nous venons de citer. L'air sec, et par lui-même avide de vapeurs, le devient plus encore à la suite des chaleurs excessives. L’humidit& tom- bant sur le sol est rapidement absorbée par l’air; même la pluie venant des couches plus élevées est absorbée avant d’arriver à la surface du sol (Mid- dendorf, 1. e., p. 123). *) Ma correspondance d’Osch (Mémoires s. 1. Lep., T. II) et de Samarkand (Mémoires s. 1. Lép., T. III) peuvent servir d’excellente illustration. Je termine ici mon aperçu sur le caractère du climat de la vallée de Ferghana, aperçu qui, à quelques exceptions près, peut s'appliquer aussi aux contrées situées plus vers l'Ouest. Je parlerai des particularités exclusives du climat du Pamir, à un des chapitres suivants, dans une description détaillée de ce plateau. — È— à — CHAPITRE Il. Les premiers insectes sur la terre appartiennent à l’époque silurienne (Breyeria Borinensis).— A partir des couches inférieures de l’époque mésozoïque appa- raissent des genres et des familles de papillons connus. — Transition de la faune exotique d'Europe à la faune paléarctique pendant l’époque miocène.— Le Pamir patrie detout un groupe des lépidoptères qui ont peuplé l'Europe à la fin de l'époque glaciaire.—Le Pamir et le Thian-Chan à l'époque méso- zuique. — Le premier mouvement des lépidoptères était dirigé vers l'Ouest; au commencement de l’époque glaciaire il cesse presque entièrement. — Mi- grations vers le Nord.—Causes qui, à l’époque glaciaire, ont effectué la distri- bution considérable des types du Pamir. — Le mouvement vers le Nord con- tinua aussi plus tard, mais son caractère était limité. — Migration des types septentrionaux au Pamir. — Pas de migration vers l'Est. — Similitude de la faune du Pamir et de celle de l'Himalaya N. O., à l’époque mésozoïque. — Causes de leur séparation successive.—Niveler fut l'effet des transmigrations du Nord et de l'Ouest. — Conclusion. Quelque grande que soit la difficulté de se représenter la somme des heureux hasards qui ont pu conserver un insecte et surtout un papillon à l’état fossile, néanmoins ces hasards, quoique rarement, ont eu lieu. Dans le miocène supérieur de la Suisse on à trouvé à côté de l’une des plus riches flores fossiles, toute une faune de divers genres d'insectes, comptant plus de 1,300 espèces différentes '). DASIR. Wine Die onde Verbreitung der Thiere. Das Ausgabe von A. B. Meyer. 1876. Bd. I, S. 200. Découvertes spéciales des lépidoptères fossiles, voir: ,Memoirs of the American Association for the advencement of science“ I, 1875. S. H. Scudder „Fossil buttertlies“. On ignore tout-à-fait à quel type appartenaient les pre- miers insectes apparus sur la terre, quoique déjà dans les formations devonienne et silurienne °) aient été découverts de nombreux Orthoptères et Neuroptères et en même temps la première flore terrestre, composée exclusivement de crypto- games. Ce n’est que dans les schistes de la formation carbo- nifere de Belgique, que füt trouvé le papillon Dreyeria Bo- rinensis, espèce se rapprochant beaucoup des Saturnides *) de nos temps, c’est-à-dire dun type de lépidoptères à organisa- tion des plus développées; ce qui prouve indubitablement qu'à cette époque reculée la classe des insectes se divisait non-seu- lement en groupes séparés, mais que ces groupes étaient spé- cialisés en familles, en genres et en espèces. On trouve aussi dans les dépôts de la même époque d’autres représentants d'insectes qui ne se rapprochent que des Ephémérides, Blat- tides etc., mais ils appartenaient, paraît-il, à un type de ces classes qui n'existe plus de nos jours. On ne rencontre des familles et des genres connus qu'à partir du lias, c’est-à-dire depuis les plus anciennes couches de la formation jurassique, époque, où, d’après Unger, la surface de la terre avait l’a- spect suivant: „Du fond de l'Océan émerge un rivage plat. On aperçoit dans le lointain, à la surface de l’eau, des îles annulaires de corail. Des lézards ailes se croisent dans les airs; d’autres, ?) Sam. H. Scudder „Systematische Uebersicht der fossilen Myriapoden, Arachnoideen und Insecten“, Leipzig, 1885, S. 820.— Prof. Dr. Fr. Bauer „An- sichten über die paläozoischen Inseeten und deren Deutung“ (Annalen des K. K. Naturhistor. Hofmuseums zu Wien, 1886, Bd. I, N 3). 3) A. R. Wallace, Bd. I, S. 202 et Bd. I, S. 259. Mae Lachlan et plu- sieurs autres ne reconnaissent pas la justesse d’une semblable dötermination de Borre, mais eux-mêmes, à leur tour, donnent des déterminations contra- dictoires de cet intéressant insecte. C’est ainsi que Mac Lachlan et Eaton le rapportent aux Ephémérides et Hagen aux Orthoptères. (Dr. Paul Oppen- heim; die Ahnen unserer Schmetterlinge in der Secundär- und Tertiärperiode), 44 à longs cous, nagent sur la mer, et des os d’ichthyosaure, vomis par les eaux, sont épars sur la plage. Le continent et les iles sont couverts d’une végétation abondante: ici s'élève un groupe d'arbres élancés, ayant de haut en bas, de larges feuilles plumacées qui semblent sortir de courtes branches noueuses. Ce sont des Pferophyllum moitié palmiers, moitié fougères. Plus loin, un petit bosquet de Pandanus à énormes feuilles pendantes, à troncs droits et sveltes, soutenus par des racines aériennes fourchues. Le sol et les rochers sont par- tout tapissés de fougères à feuilles vigoureuses et variées“ ‘), à l'ombre desquelles, ajoutons à notre tour, s’abrite un monde entier d'insectes, ancêtres de nos espèces actuelles. Dans l’oolithe d'Oxford °) fut découvert un autre papillon Palaeontina oolitica — appartenant aux Brassolides habitant de nos jours l'Amérique méridionale, et dans l’oolithe de Bavière fut recueilli, à côté du célèbre Archeopteryx, un crépusculaire du genre Sphinx °). Encore plus haut dans les couches su- périeures de la formation crétacée, près d’Aix-la-Chapelle, furent trouvées deux Satyrides — Satyrites Reynessi et Cyllo Sepulta *) genre existant à présent, dont le dernier est ré- pandu dans toute l'Inde, en Afrique et en Australie. Le mio- cène inférieur donna un nombre considérable d'insectes, ayant encore le caractère exotique, et parmi ceux-ci Junonia Sp. à dessins d'ailes parfaitement conservés *). Cependant la plupart 4) Prof. Dr. K. A. Zittel, Aus der Urzeit, 1872, p. 319. ù 5) A. R. Wallace, Bd. I, S. 202. Dans le Jura brun, sans indication de couche, furent aussi trouvés deux papillons: Palaecossus jurassieus Opp. et Phragmatoecites Damesi (Dr. P. Oppenheim: „Die Ahnen unserer Schmetter- linge“. Berl. Ent. Zeitschr. 29. Bd. 1885, Heft. 2). 2 5) Ibid. Détails chez Oppenheim, 1. ce. | 7) Ibid. Aussi S. H. Scudder „Fossil buttertlies... p. 14— 40 et Oppen- heim, qui énumère pour l’éogène 22 espèces de lépidoptères et met au nom- bre de ceux-ci les deux mentionnés ci-dessus. 5) Ibid. Il paraît que ce même papillon a été d’abord décrit par Char- pantier sous le nom de Sphinx Atava Charp.? ou bien c’est Wallace qui 45 des espèces provenant du miocène supérieur appartiennent aux genres existant actuellement en Europe. Toutes ces découvertes prouvent évidemment l’enorme an- cienneté des différents types d'insectes d'aujourd'hui. A lé- poque où il n'y avait d'autre flore que la flore cryptogame, d’autres mammifères que les marsupiaux, où aucun des pois- sons d'à présent ne nageait dans les eaux, et où des Ptero- dactylus planaient dans les airs, il existait déjà des insectes, parfaitement différenciés et dans des formes positivement fixées, qui se sont conservés jusqu'à maintenant. Voilà pourquoi cette dernière faune, qui a vu passer des centaines de milliers de siècles sans éprouver presque aucun changement, offre au z00- géographe des difficultés quelquefois presque insurmontables. Lorsqu'on étudie, même superficiellement, la distribution des insectes de nos jours, quelle grande variété et quelle multi- tude de transmigrations ne faut-il pas supposer qu'il y a eu jadis! Des groupes d'îles séparées se réunissant pour former peu-à-peu un nouveau continent; ce continent disparaissant au fond de l'océan et reparaissant à sa surface après des dizai- nes de milliers de siècles, mais avec des contours tout diffé- rents; des massifs de montagnes s'entassant la où il n’y avait eu que des terres basses, voilà ce qui a incontestablement réagi sur le climat, la flore et la faune. Les modifications climatériques sont générales sur toute la surface de la terre et elles sont spéciales pour chaque partie de cette surface: d'innombrables flores et faunes s’y sont succédé et, pour la classe des insectes, ces modifications ont été encore plus con- siderables et plus nombreuses que pour tout autre groupe d’a- nimaux terrestres. Parmi ceux-ci, aucun ne se distingue par mentionne Jumonia? Pluto Butl.? Details chez S. H. Seudder, 1. e., p. 41 et sq.; aussi Oppenheim, qui rapporte d’ailleurs cette découverte A l’oligocène supérieur (?). 46 une longévité aussi frappante et par conséquent n'était plus soumis à l'influence du total des changements qui ont eu lieu depuis la période silurienne jusqu'à nos jours. Au commencement et pendant l’époque miocène, on trouve en Europe une faune tout-à-fait exotique; à la fin apparaissent déjà des espèces vivant aussi à present dans l'Europe centrale. Le climat tro- pical devint peu-à-peu tempéré pour être remplacé, à une époque suivante qui nous est plus proche, par un climat po- laire. Survint l’époque dite glaciaire pendant laquelle l'Eu- rope centrale éprouva les plus grands écarts de température. Ce froid polaire, comme on le sait, disparut ensuite; le cli- mat s’adoucit et devint tempéré. D'où provenaient done ces nouveaux genres et espèces qui lors de la modification du climat tropical en climat tem- péré peuplèrent l'Europe dès la fin de l’époque miocène? Il n'y a aucune doute que cette faune arriva du Nord, mais on ne sait où trouver sa patrie primitive. Je suis d'avis de la chercher non-seulement dans l'Amérique du Nord, mais aussi dans les montagnes de la Sibérie orientale, d’où, lors de l’é- poque glaciaire, une partie de cette faune se précipita, comme un torrent, vers l'Est; l’autre, après s'être confondue avec les types américains, se porta vers l'Ouest et se répandit sur toute l'Europe centrale et méridionale *). Mais de même, avec °) On peut trouver une confrontation des faunes de l'Amérique septen- trionale et de l'Europe dans une petite brochure de L. Dupont: „La faune entomologique de l'Amérique septentrionale et ses affinités avec la faune eu- ropéenne“, insérée dans la , Feuille des jeunes naturalistes“, 1887, N 201 — 202.— Voir aussi Ernst Hofmann: „Isoporien der europäischen Tagfalter“ et le travail de W. Petersen: Die Lepidopteren-Fauna des arctischen Gebietes von Europa und die Eiszeit. S-t Petersburg, 1887. D’abord Adolphe et Auguste Speyer, en comparant dans leur livre: „Die Geographische Verbreitung der Schmetterlinge Deutschlands und der Schweiz“ (Leipzig, 1858) la faune de l'Europe centrale et de l'Europe polaire avec celle de la Sibérie, conclurent qu'il fallait considérer la Sibérie comme la patrie de la faune des contrées mentionnées ci-dessus. Ernst Hofmann dé- u cette transmigration du Nord-Est au commencement de le- poque glaciaire, des types de VE. et du S. E. pénétrèrent en Europe. La patrie de ces émigrants ailés nous est main- tenant parfaitement connue: c’est le Pamir. Pendant la période mésozoïque le Pamir présentait une presqu'île ou bien peut-être une partie d'une énorme île, fendit ensuite la même idée et tâcha de prouver géographiquement ses argu- ments à l’aide des „Isopories“; Petersen fit le même. Comme ce dernier se sert de tous les principaux arguments de Hofmann, sans se laisser entraîner par ses hypothèses volontaires, nous nous en tiendrons, dans ceite note, à son travail: En désignant la Sibérie comme patrie du plus grand nombre des espe- ces des lépidoptères habitant l’Europe de nos jours l’auteur n'indique pas les raisons qui l’amènent à une semblable conclusion. Il trouve, à ce qu'il paraît, que les „Isopories“ de Hofmann le prouvent avec une parfaite évi- dence. Or, à mon avis, la dissertation de ce dernier ne prouve rien, quoi- qu'elle permette de faire toute une suite de déductions assez vraisemblables. Mais c’est tout. En constatant le fait de l’affinité des faunes de la Sibérie et de l'Europe septentrionale il est impossible de dire que toute la faune euro- péenne provienne de la Sibérie. Un raisonnement dans le genre de celui-ci: l'Europe. est plus petite que l'Asie et par conséquent les transmigrations devaient aller de l'Est à l'Ouest, est peu probant, par la raison d’abord, que les contours de ces deux continents à cette époque ne nous sont pas connus. De plus, il ne suffit certainement pas d'indiquer simplement la Sibérie, car la Sibérie est fort grande. Des données tirées des deux brochures en question nous devons conclure qu'au temps où l'Europe était couverte de glaces, la Sibérie jouissait d'un climat tempéré. Mais sur quoi cette allégation est-elle fondée? Petersen sou- tient, sans aucune preuve à l'appui, qu'à cette époque la Sibérie avait un cli- mat continental et que par conséquent les glaciers ne pouvaient avoir les mêmes dimensions qu'en Europe. Les faits contredisent une semblable asser- tion. Si, à cette époque, il n'existait plus de communication ininterrompue entre la mer polaire et la mer centrale de l'Asie, il y avait cependant par- tout des traces de celle-ci. Toutes les vallées de l'Amour ainsi que celles des cours inférieurs de la Lena, du Jenissei et de l'Ob étaient, sans aucun doute, couvertes d’une mer diluvienne. Aussi y-a-t-il des voix qui opinent pour Pexi- stence d'une époque glaciaire au Thian-Chan; pour les monts de Sayan elle a même, paraît-il, été prouvée. Il faut done considérer de pareils arguments comme trop prématurés, jusqu'à ce que nous ayons des données géologiques plus solides. Quant à l’époque glaciaire, les conditions climatériques n'étaient certainement pas si mauvaises qu’elles aient pu exclure toute vie animale, 48 dont l'étendue probable du Nord au Sud était de 4° (39°— 35°). S’il est encore possible d’indiquer plus ou moins exacte- ment ses limites oceidentales (probablement 63° de Green- wich), il est de toute impossibilité, avec nos connaissances actuelles, de le faire pour les frontières orientales. Il ny a cependant aucun doute que le Pamir proprement dit se ter- ce que tâche de prouver M-r Hofmann. Attendre d’abord que les limites méridionales des glaces allaient à peine jusqu’au parallèle de Riaisan et que, pour la plus grande partie de l’Oural, elles n’ont pas été constatées jusqu'à présent; ce qui atteste qu'il y avait même en Europe des surfaces considé- rables où la vie animale devait se développer sous des conditions favorables. De larges espaces de terrain exempts de glaces s’etendaient sur toute la Rus- sie méridionale jusqu’ n Sibérie et allaient le long des confins des montagnes méridionales de la Sibérie, ce qui ne contredit cependant nullement le fait que les montagnes subirent toutes les conséquences d’un affreux froid polaire qui caractérisa cette époque. Dans ce chapitre, indépendamment de ce que nous venons de dire, nous énoncerons notre opinion sur les migrations possibles dans la famille des lé- pidoptères pendant les temps qui ont précédé l’époque glaciaire et ceux qui lui ont succédé, principalement par rapport au Pamir. Des raisonnements plus généraux nous mèneraient trop loin, et, je le répète encore, seraient trop prématurés, n'ayant pas de notions assez précises sur la géologie du pays. Je ne puis cependant, avant de clore cette note, ne pas indiquer quel- ques bons côtés du travail de Petersen: Il me semble que le mérite princi- pal de l’auteur est d’avoir prouvé que, même à l’époque glaciaire, l’Europe était habitée de lépidoptères. Ce fait par lui-même et très important. On peut en profiter indirectement pour indiquer à Hoffmann, combien ses „Isopories“ sont peu scientifiques. Nous avons déjà vu que durant l’époque tertiaire la faune des lépidoptères de l'Europe changeait peu-à-peu en prenant de plus en plus un caractère paléarctique. A cette époque la faune de Sibérie n’a- vançait cependant pas encore vers l'Ouest? Il est évident que le changement de climat dans tout le Nord déplaçait les arènes progressivement vers le Sud. Cette retraite de la faune circumpolaire, peut-être presque égale à l'Est comme à l'Ouest (voir: article de Petersen, où il indique les particularités caracté- ristiques de la faune paléarctique européenne), s’effeetua sans doute parallè- lement sur toute l'étendue de l'Europe et de l’Asie, etatteignit, pendant l'é- poque glaciaire, un certain maximum, c’est-à-dire les frontières les plus mé- ridionales de sa distribution. L'époque glaciaire dura assez longtemps même au point de vue géologique, et comme alors, sur toute la ligne des territoi- res, situés entre les montagnes au Sud et la zone de glaces au Nord, les conditions climatériques devaient être à peu près le mêmes, les conditions 49 - minait à VE. en pentes abruptes, par les monts de Kachgar (le Kizil-Art des géographes d'autrefois); au S. E. il allait se joindre au Kara-Koroum et au Kouen-loun. Au Nord se trou- vait une île, de dimensions moins grandes, séparée par un détroit fort peu large (vallée de l’Alai) et à frontières bien marquées par les ramifications des monts Ghissar-Alaï et les monts Turkestan. Si l’on néglige cet étroit bras de mer ayant tantôt 40 et tantôt 5 verstes de largeur, et si l’on réunit cette île au Pamir, alors l'étendue de celui-ci augmente d’un degré vers le Nord. Ensuite, encore plus au Nord, dans la direction du Thian-Chan d'à présent, se trouvait une série d'assez grandes îles séparées du Pamir par la large manche de Tarym-Ferghana. Vers la fin de l’époque tertiaire la hauteur moyenne de toute la surface du Pamir n'allait pas beaucoup au-delà de pour l’amalgame complet des faunes étaient très favorables. Un mouvement inverse des types vers le Nord, cette fois-ci avec un mélange considérable d'espèces descendues des montagnes dans ce même territoire intermédiaire (existant non-seulement dans mon imagination, mais prouvé géologiquement), s’effectuait tout aussi graduellement et successivement. Universellement ni- veler fut l’effet de cette colossale double migration s'étendant sur le S. E. le long du Khingan jusqu'au Thibet, et fondre complètement les faunes orien- tales et occidentales en fut aussi la conséquence. La question du mélange de la faune actuelle d'Europe ayant été soule- vée, je vais indiquer les parties intégrantes qui me semblent les plus pro- bables; cette faune est composée de: 1) Aborigènes, habitant le nord de l’Europe au commencement de l'époque pliocene (v. l’article de M. Petersen). 2) Emigrés de Sibérie, dont la patrie est à l'Est de l’Irtysch et dans les confins de ses montagnes, et de l'Amérique Septentrionale. 3) Emigrés du Pamir. 4) Emigrés de l'Iran. 5) Restes de la faune de la zone du miocène inférieur, qui s'étant con- servés jusqu'à l’époque contemporaine, habitent à présent les rives de la Mé- diterranée (cf. entre autres Hofmann, 1. c.). 4 50 -2,000 p. ‘), et la hauteur moyenne des chaînes de montagnes n’était alors que de 6 à 8,000 p. au-dessus du niveau de la mer; cependant certains groupes avaient une hauteur plus considérable. C’est ainsi que le Mouz-tagh-Ata et la plupart des autres colosses, à neige éternelle, des montagnes du Kach- gar avaient probablement déjà 14,500 p.; toute une série de pics dans la chaîne Transalaienne 10,000 et même 12,000 p.; et le gigantesque groupe du Sel-Taou, ne le cédant pas au Mouz-tagh-Ata, allait jusqu'à 16,000 p. La plupart des som- mites des monts Hindou-Kouch, de l'Himalaya N. O., du Kouen- loun et du Kara-Koroum atteignaient de même cette hauteur ""). Ainsi pendant la période mésozoïque et même encore à l’époque tertiaire, le Pamir était loin d'offrir le même aspect que de nos jours. Il y avait alors grande abondance d’eau (ce qu'attestent maintenant des bassins de lacs desséchés et des vallées mortes), douceur de climat, absence de forts vents continentaux, partout gras pâturages allant presque jusqu'aux sommets des montagnes sur les crêtes desquelles, en certains endroits, dormaient des neiges éternelles ")... Quelle faune de lépidoptères a pu avoir existé pendant cette période? » ‘®) Meridien d’Altyn-Mazar. Meridien de Kara-Koul. Méridien un peu à TE, sur Alam 8,400 sur l’Alaï. . .... 11,200 sur I’Alai. ... 11,200 pres duKara-Koul . 13,430 sur lePamir(Sarez)10,490 ensuite vient un Vallee d’Ak-baital 14,000 abaissement sur l’Alitschour . . . 12,700 Vallée Riang-Koul 13,000 sur Zor-Pamir . . . 13,200 et à Vakhan. ... 10,900 Zor-Koul( Victoria) 13,990 1) Si l’on s’en tient à l'hypothèse de a formation des montagnes par suite d’un refroidissement graduel du centre de la terre, nos calculs ne seront pas tout-à-fait justes. ‘?) La ligne des neiges éternelles se trouve à présent au Pamir à une hauteur de 15 à 16,000 p.; cependant ce phénomène doit être considéré comme anormal. Il s'explique par l'extrême sécheresse d'air, les vents excessifs et la quantité insignifiante de dépôts météoriques, ce qui ne permet pas à la neige 5l Les forces qui ont redressé le Pamir à sa hauteur actuelle ne se sont manifestées qu'à la fin de l’époque tertiaire, ont continué avec une intensité particulière pendant la suivante et n'ont peut-être pas faibli jusqu'à présent. Avant la manifes- tation de ces forces, qui ont sensiblement modifié le relief de l’Asie intérieure et ont produit un changement définitif dans le climat, le Pamir n’a pas subi, paraît-il, pendant toute la période mésozoïque, de perturbations de terrain plus ou moins sensibles, et si le climat a été soumis à des change- ments, ce n’est que sous l'influence de changements similaires sur des étendues plus vastes. Un déplacement régulier des espèces séparées ne pouvait s'effectuer que dans la direction Sud-Est, mais il est impos- sible de définir jusqu'où ces déplacements pouvaient aller alors. Il faut supposer néanmoins qu'ils allaient jusqu'au Thibet orien- tal. Ce n’est qu'à la fin de l’époque crétacée où même pen- dant la tertiaire que commença la transmigration le long du de s’accumuler en grandes masses pour résister à l’effet des rayons du soleil échauffant fortement les blocs de rochers. Des expériences comparatives sur la température de l'air et sur celle des blocs de rochers tournés du côté du soleil n’ont jamais été faites au Pamir. Nous avons des preuves directes qui confirment ce que nous venons de dire. Les glaciers au Pamir descendent jusqu’à 10,500—11,000 p. et l’on trouve dans les vallées d'énormes couches de neiges séculaires servant d’issue à beaucoup de rivières; c’est ainsi que dans la vallée Mouz-Kol (ruisseau de glace) de semblables neiges se trouvent dé- posées à 13,000; dans la vallée Kokouibel à 12,800 et dans la vallée Ak-baital à 14,000 p. Même sur les pentes septentrionales du Hindou-Kouch oriental les neiges forment des couches sur les bords des rivières à une hauteur n’al- lant pas au-delà de 13,500 p. Il existe une certaine relation entre la quan- tité de neige qui tombe, le climat plus ou moins continental, et l'élévation de la ligne des neiges. Plus il y a d'humidité, plus cette ligne baisse. C’est ainsi qu'à la période mésozoïque le Pamir entouré de vastes étendues d’eau et ayant un climat humide, malgré sa position et son climat tempéré (ce qui distinguait dans le temps les contrées situées même sous des latitudes bien plus septentrionales) devait avoir une ligne de neige passant bien plus bas que celle d'à présent. 4* Hindou-Kouch vers l'Ouest. Elle augmenta à la fin de l’epo- que mentionnée ci-dessus et a dû atteindre son maximum lors de la période qui a immédiatement précédé l’époque glaciaire. Ensuite elle a presque cessé pendant cette dernière, et un mouvement inverse des espèces de la Perse dans la direction Est s’est effectué pendant les époques suivantes. Il est difficile de dire jusqu'à quel point cette transmi- gration a pénétré vers l'Ouest, mais il est incontestable qu'elle a inondé la partie septentrionale de la Persée d'à présent et s’est répandue sur toute l'Asie antérieure où, placée dans des conditions un peu autres, elle a péri en partie et a subi par- tiellement de sensibles changements. Je puis indiquer les espèces qui ont, presque incontesta- blement, pris part à ce mouvement; ce sont les suivantes: { Parn. Nordmanni Parn. Gigantea ‘) | , Mnemosyne Pier. Krueperi Pier. Krueperi , Leucodice » Leucodice » Iranica „ Jranica » Chloridice „ Chloridice Col. Fieldii Col. Myrmidone, Edusa » Thisoa » Thisoa Rhodoc. Farinosa Rhodoc. Farinosa Thecla Lunulata ; Thecla Lunulata » Sassanides ” Sassanides | 13) Ce Parnassius est si répandu que la voie qu'il a prise en émigrant en Europe n’est pas douteuse. En Perse, au Caucase et dans la partie orien- tale de l'Asie antérieure vole en général une espèce qui ne se distingue de celle du Pamir que par sa dimension (v. Nubilosus Chr.). Sur les versants septentrionaux du Caucase la Mnemosyne garde encore les particularités de celle du Pamir. On rencontre de temps à autre en Tyrol et dans les Alpes suisses des exemplaires avec les mêmes particularités caractéristiques; cepen- dant plus loin vole partout une forme parfaitement tranchée (le type) qui s'éloigne le plus dela Gigantea de la Russie S.E. Il n’y a que l’époque de leur transmigration qui puisse être discutée; je suis porté à croire que la Mne- mosyne tient aux formes qui ont deux fois emigré du Pamir. TS ES I SE 53 Polyomm. Solskyi 14) Polyomm. Thetis (aut Alpherakii ?) x Ochimus = Sarthus '?) n Caspius 5 Dimorphus 1) : Phoenicurus Lyc. Trochylus? Lyc. Trochylus „ Rogneda „ Christophi „ Haberhaueri » Sieversi » Fergana „ Loewü » Baton? - Baton : „ Cytis 1 Alaiea &) { à D 14) Le Polyommatus Solskyi, Ochimus et Thetis sont sans aucun doute des formes parentes. Déjà dans les confins des élévations du Pamir, au Sud, on rencontre le premier dans des formes très proches d’Ochimus. Je le de- crirai même comme une espèce particulière — Pol. Alpherakii. Dans tous les cas la différence entre ces deux espèces est si insignifiante, que je considère les deux derniers comme des formes provenant du même prototype et ayant beaucoup de commun avec Solskyi (m’est-ce-pas le Pol. Alpheraküi?). 15) Le Pol. Sarthus ne se trouve encore que dans les vallées les plus inac- cessibles du Pamir. C’est évidemment la forme prototype de tout ce groupe des Polyommatus. En se répandant vers l'Ouest, en Perse, elle s’est changée en Pol. Caspius, ayant conservé çà et là des formes transitoires dont l’une a été décrite en dernier lieu par le Dr. Staudinger sous le nom de Transiens. Cependant Caspius n’est pas la forme extrême de ce groupe. Pendant une seconde migration, en retournant des confins de la Perse au Pamir, elle a subi encore de nouveaux changements et y a paru comme forme s’ecartant plus encore du type et connue sous le nom de Pol. Sultan. 16) On sait que la @ Pol. Dimorphus ne se distingue en rien de la @ Pol. Phoenicurus. La principale différence se trouve dans les 4 &. Le mâle du Pol. Phoenieurus a en général le même dessin sur le ailes supérieures, que le P. Dimorphus. Un fort chatoiement lilas qui cache presque entière- ment le dessin de Phoenicurus en fait toute la différence. Cependant si nous prenons en considération que ce phénomène se répète souvent chez différents groupes des Rhopalocères, nous ne pouvons à cause de ce reflet établir une différence spécifique. Le Pol. Dimorphus est rentré au Pamir, mais sous la forme de Phoenicurus; jusqu’à présent, il vole sur les contreforts peu élevés des monts Turkestan. “) Ce qui vient d’être dit par rapport au Pol. Sarthus et Dimorphus peut être répété aussi ici. La Lycaena Alaica et apparemment le prototype du groupe Cytis-Panagaea. La Lye. Alaica a un rapport immédiat avec la première et avec la seconde, grâce à la Panaegides. 1’ Alaica, sous la forme Cytis, variété qui vole en Perse, retourna au Pamir ainsi que plusieurs autres espèces. Je l'ai trouvée non-seulement sur les promontoires occidentaux du Pamir, mais aussi au Rochan. 54 Lyc. Astrarche? Lyc. Astrarche „ Icarus „ Jearus „ Riparti „ Ripartiü Poseidonides » Poseidon » Iphigenides » Iphigenia, Kindermanni ete Phyllides » Phyllis „ Actinides „ Actis „ Dagmara „ Erschoffi Van. Interposita *°) Van. Egea Mel. Arduinna Mel. Arduinna „ Didyma „ Didyma var. „ Fergana ‘) „ Saxatilis Arg. Hecate ?°) Arg. Hecate Melan. forma inter Lucidam et Melan. Japygia Parcem ?:) et var. Erebia Myops Erebia Tekkensis Satyrus Sartha °°) Satyrus Sieversi , Kaufmanni = Bischoffi » prototype du groupe Bo- loricus, Abramowi n Geyeri 5 Alaica > Parthica Epin. Davendra Epin. Davendra „ Dysdora » Dysdora 18) La Vanessa Interposita unit deux espèces, C. album et Egea. En outre, sur les hauteurs alpines, l’Interposita se rapproche plus de la pre- mière, et, dans des terres basses, se rapproche plus de la seconde. Il n'y a done aucun doute que les deux espèces européennes ont la même forme aborigène, la V. Interposita. 9) Cette espèce doit avoir été l’une des dernières à pénétrer en Perse, à une époque qui a immédiatement précédé l’époque glaciaire. 20) Il est difficile de dire quoi que ce soit de positif sur les autres espè- ces d’Argynnis. Il faut supposer qu'au Pamir ainsi qu’en Perse ces espèces : sont arrivées d'autre part, mais d’où? 21) ]] faut supposer qu'à la période mésozoïque le Pamir a été habité par une forme qui s’est divisée plus tard en Parce et Lucida, la premiere habitait l’Archipel, voisin du Pamir, et la seconde au Pamir même. Du temps de l’&migration vers l'Ouest, l’une de ces formes (apparemment Parce) pro- duisit toute une série de variétés qui forment à présent le groupe de Ja- Pygia. 2) Dans les environs de Goultscha j'ai trouvé une interessante variété de la Sat. Staudingeri, à raie blanche très étroite, ce qui la fait beaucoup res- sembler à Sieversi. Il est possible que cette variété, ou une autre très proche, ait servi de prototype à tout ce groupe de Satyrus (Bischoffi, Staudingeri, Gultschensis, Sartha, Sieversi, Kaufmanni). 55 Pararge Menava Pararge Menava (Pyrgus Proto EyrgussExätens \ , Staudingeri » Tessellum » Tessellum » Sidae » Sidae » Orbifer » Orbifer Cependant ce ne sont probablement que les restes d’une énorme migration des types du Pamir dans la direction occi- dentale, migration qui évidemment ne s’est pas effectuée en une fois, mais peu-à-peu. D’immenses territoires disposés entre le Pamir et la Perse et non explorés jusqu'à présent cachent certainement de précieuses indications pour nous; mais après tout, la marche de la plus ancienne des migrations, intime- ment liée aux révolutions suivantes du Pamir, est peu discu- table. La question de savoir si toutes les espèces énumérées ont passé par la Perse à cette époque ou bien si une partie d’entre-elles n’y est parvenue que plus tard est quelque peu douteuse; mais cette question est secondaire et son importance bornée. Si mème un mouvement a eu lieu à cette même époque dans la direction Nord, il était tout-à-fait insignifiant et acci- dentel. Le Thian-Chan ne présentait, à la fin de l’époque tertiaire, qu'une série de grandes iles, séparées du Pamir par de larges cours d’eau, quelque chose de semblable à ce que nous voyons maintenant dans l’Archipel de la Sonde par rap- port à l’Indo-Chine, ou bien dans les Antilles par rapport au Youkatan. Mais dans la période qui a immédiatement pré- cédé l’époque glaciaire, cette union entre les îles isolées et le Pamir, faible d’abord, devint ensuite plus solide. De nou- velles îles apparaissaient sur la surface de l’eau, les anciennes grandissaient, le Pamir se rehaussait et les eaux de la mer se retiraient vers l’Est et vers l’Ouest... Deux causes, d’abord ce continuel rehaussement au-dessus de l'Océan, puis les chan- gements généraux rendirent le climat de plus en plus rude. 56 L'époque correspondant à l’époque glaciaire réagit par un froid des plus intenses. Les glaciers baisserent beaucoup, et leur développement fut énorme *); le Pamir devint désert, et la migration vers l'Ouest, qui probablement avait d’abord augmenté, cessa alors presque entièrement “). A l'Ouest, le Pamir finit brusquement par une pente ab- rupte, et quoique le Hindou-Kouch s’etende jusqu'à Hérat, il n'y parvient cependant que comme chaîne de montagnes comparativement peu élevée. Cet abaissement est très visible sur le méridien de Balkh; le Hindou-Kouch n’est escarpé que bien avant et nommément dans la contrée des Kiafırs. Ce n’est que par cette voie qu'a pu avoir eu lieu la migration vers l'Ouest. A l’époque glaciaire émigrèrent du Pamir non- seulement les espèces des basses terres, mais aussi les types alpins, qui, pour cette fois, formaient un grand °/, des types emigrants et durent s'arrêter et rester dans les montagnes et les vallées du Kafiristan. Voici pourquoi, entre autres, à côté d'une quantité considérable des formes appartenant aux basses terres, on ne rencontre dans la faune de la Perse presque pas d'espèces des hautes Alpes du Pamir. Ces espèces qui se trouvent davantage, comparativement, dans le Thian-Chan, les Alpes suisses, et les contrées subpolaires de l'Europe, de l'Asie, de l'Amérique, y sont arrivées, soit par la voie septen- 22) On voit encore jusqu'à présent des traces des champs de glace qui jadis couvraient d'immenses surfaces. C’est ainsi que lors de ma dernière expédition au Pamir (1887), en explorant le Kara-Koul, j'ai découvert d’é- normes couches de glace, immédiatement sous les dépôts alluviens. Nous trou- vons une explication de ce fait dans les champs de neiges persistantes qui sont dans les environs du Kara-Koul. Il est évident qu'à l’époque correspon- dant à l’époque glaciaire de semblables champs, mais bien plus puissants, couvraient les vallées du Pamir. #) A cette époque ont dû passer en Perse: Melit. Fergana, Parn. Mne- mosyne, Lyc. Pheres, indubitablement la forme primitive de la Zye. Aega- grus, peut-être le Pol. Solskyi et différentes autres. 57 trionale, par un col existant déjà alors et unissant le Pamir au Thian-Chan et partageant la mer de l’Asie centrale en deux bassins: le bassin du Turkestan et la mer Han-Hai ”), soit par la chaine de Khingan. Jusqu'où cette nude de papillons se repandit-elle au Nord, quel était l'horizon qu'elle embrassa d’abord? nous ne le sa- vons pas plus que nous ne connaissons ses migrations ulté- rieures. Les énormes perturbations climatériques qui ont amené l’époque glaciaire, provoquèrent aussi dans le monde animal une migration des plus énergiques, et pendant qu'elles sévis- saient, une partie des émigrants ailés du Pamir s’egara et se retrouve maintenant, emportée par le hasard, à d'énormes distances. Il semble invraisemblable que certaines formes aient pu, pendant une époque comparativement aussi courte que lépo- que glaciaire, parvenir du Pamir en Laponie, aux Alpes suisses et même jusqu'en Groënland. Cependant ce phénomène incon- cevable s'explique tout simplement, si l’on se rend compte de la marche des événements qui ont précédé le commencement de l’époque glaciaire et de ceux qui l'ont suivie. Cette mi- gration n'avait nullement besoin de se répandre, dès le com- mencement, beaucoup vers le Nord. Cependant elle a été une suite naturelle de l’adoueissement du climat à la fin de l’epo- que glaciaire. Les glaces et les neiges se retiraient vers le Nord, elles diminuaient dans les montagnes, et en même temps se retiraient et s’élevaient aussi les émigrés du Pamir. C’est ainsi que nous ne devons chercher à présent les restes de la migration que dans les contrées polaires et subpolaires de l'Europe, de l’Asie, de l'Amérique et sur les élévations 5) La communication entre ces deux mers dura encore quelque temps par la manche de Djoungar, 58 alpines de toute la Paléarctique. Et en effet, de semblables restes s’y retrouvent partout. Nous indiquons ci-dessous les espèces, ayant pris part à la migration: Pieris Ochsenheimeri Pieris Napi » Orientalis *#) » Callidice » Daplidice » Daplidice Anthocharis Belia Anthocharis Belia z Cardamines? : Cardamines? Leucophasia Sinapis? Leucophasia Sinapis? (Colias Bebrii » Nastes Colias Cocandica ?7) » Werdandi » Melinos Phicomone n ?6) Nous connaissons à présent trois centres, d'où est issue la Pier. Callidice: 1) les Pyrénées et les Alpes suisses, 2) l'Arménie, la Perse septen- trionale et l'Asie mineure, 3) le Thian-Chan et le Pamir avec le Hindou- Kouch et le N. O. de l'Himalaya. Ces trois centres ont chacun leur forme particulière de Callidice, parmi lesquelles la forme suisse occupe le milieu entre celle du Turkestan et celle de la Perse. Ce fait ne peut être expliqué que par l'hypothèse suivante: Pendant l’époque glaciaire l’Orientalis descen- dit du Pamir et se retira vers le Nord et l'Ouest; ensuite, s'étant differen- ciée en forme séparée, elle mourut en partie à la fin de l’époque glaciaire et se retira en partie dans les contrées alpines de l'Europe. Ce n’est que de là, à une époque où les circonstances lui étaient favorables, qu'elle émigra en Asie mineure, où non-seulement elle conserva, mais où elle augmenta les particularités acquises. 7) M. Erschoff a décrit la Cocandica, comme une forme locale de la Nastes. Quoique la Cocandica doive être envisagée maintenant comme espèce bien tranchée (ou pour mieux dire, quoique toutes les espèces de ce groupe se soient déjà séparées de la Cocandica), l'opinion de M. Erschoff est néanmoins tout-à-fait juste: la Nastes se rapproche extrêmement de la ©. Cocan- dica. Des exemplaires de la ©. Behrü, que j'ai vus, different sensiblement sous certains rapports de la ©. Cocandica; cependant M. Alphéraky m’assure avoir vu dans la collection du Dr. Staudinger des exemplaires de ce papil- lon, qu'on peut à peine distinguer de la C. Cocandica. Je possède en outre des exemplaires de Ja ©. Cocandiea qui forment une transition et à la ©. Behrü et à la ©. Phicomone, forme qui, selon moi, s’est le plus éloignée du type general. On peut done dire que la Cocandica du Pamir, pendant l’époque EE TE A Colias Palaeno Colias Marco-Polo **) „ Interior „ Philodice Hecla nn Eten | „ Boothii Thecla Rubi Thecla Rubi Polyommatus Alaica °°) Polyommatus Thersamon : Phlaeas? „ Phlaeas Lycaena Aegon? Lycaena Aegon 5 Argus ; Argus 5 Lehanus = Pheretes = Pheretulus : Orbitulus diluvienne, se répandit sur toutes les contrées paléarctiques, en laissant par- tout des traces de son séjour sous forme d'espèces locales qui peuvent être comptées à présent comme espèces séparées. 22) Quoique le genre Colias soit extrêmement répandu sur tout le globe, ce n’est que dans l’Asie centrale et dans une partie de l'Amérique septen- trionale que ses représentants sont très nombreux. Jusqu'à présent il avait été de toute impossibilité de savoir où chercher le centre de la distribution de ce genre, tous les types d'Amérique et de l'Asie centrale différant entre eux. Mais voici qu'on a enfin trouvé, dans un des coins les plus retirés de l'Asie centrale, la forme primitive des Colias d'Amérique qui jusqu'alors se trouvaient tout-à-fait isolées dans le système de ce genre. C’est la C. Marco- Polo, papillon remarquable sous tous les rapports, et qui, partout où il est répandu, présente une suite de variétés qui servent de formes transitoires à tout un groupe d'espèces d'Amérique: Alexandra, Interior, Christina ete. I est probable aussi que si ce n’est pas ce Marco-Polo contemporain, c'est du moins son prototype qu'il faut considérer comme la forme aborigène de nos C. Palaeno et Pelidne. La question d’origine se résout done d'elle-même, et je ne serais nullement étonné si dans quelque coin de l'Asie intérieure se trou- vaient, à côté des nouveaux types, des espèces dans lesquelles on pourra chercher la forme prototype d’autres groupes de ce genre. >») La Colias Eogene, sous la forme si commune dans les collections et pro- venant des versants septentrionaux du Pamir, offre effectivement, à premiere vue, des particularités importantes. Cependant elle varie beaucoup et c’est parmi ces variétés qu'on trouve des exemplaires se rapprochant de la Hecla. ll est remarquable qu'à PEst du Pamir volent des formes de l’Kogene se rapprochant de la Hecla encore plus que ne le font sur le Pamir les aber- rations du type. %) 11 est possible que le Pol. Thersamon ne se soit nullement répandu par cette voie, mais par la Perse. Quant à Phlaeas, la Lyc. Aegon et Argus, il se peut que, dans la suite, ce ne sera pas le Pamir, mais quelque autre coin de la terre qui ce trouvera être leur patrie. Lycaena Astrarche Lycaena Astrarche “ Amor = Eros - Eumedon » umedon . Semiargus 5 Semiargus - Buddhista = Minima Cyllarus e Cyllarus ” Vanessa Interposita Melitaea Didyma Argynnis Hegemone 3 Generator 5 Lathonia Pyrgus Malvae Pamphila Comma? Vanessa C. album Melitaea Didyma Argynnis Selene - Pales - Lathonia Pyrgus Malvae Pamphila Comma Bombyx Alpicola var. Bombyx Alpicola Agrotis Rava Agrotis Rava n Islandiea var. „ Islandica Plusia Hochenwarthi Plusia Hochenwarthi ete., etc: Les migrations qui plus tard eurent lieu au Pamir et dans les contrées adjacentes, dependaient presque exclusivement de deux causes, dont l’une était probablement en rapport avec l’autre, c.-à-d. le rehaussement continuel du plateau du Pamir et le desséchement de la mer du Turkestan. Vers le Nord cette migration continua sans interruption pendant toute la période suivante, mais le caractère de cette migration fut autre. L’union entre le Pamir et le Thian-Chan était parfaitement établie. Depuis longtemps les îles s'étaient réunies pour ne plus faire qu'un seul entier, se rehaussant en même temps que le Pamir et s'étendant à mesure que s’et- fectuait le desséchement de la mer. Il se forma l'énorme massif qui porte le nom de Système des monts du Thian- Chan °'). Une déclivité très grande vers le Nord, une diffé- rence très considérable du climat entre les sommités et les plaines qui s'étendent à perte de vue aux pieds de leur ver- 31) Des dépôts pliocènes ont été découverts par M. Potanine à une hau- teur de 2,500 p. viré 61 sant septentrional, voilà les obstacles qui, alors comme à pré- sent, empêchaient la faune alpine de pénétrer au Nord au- delà du 44 parallèle et qui reduisirent la grande migration de jadis, de l’époque glaciaire, en migration locale. A cette époque, semble-t-il, passèrent du Pamir au Thian- Chan les espèces suivantes ”): Parnassius Apollonius 2: Discobolus „ Actius = Delphius Pieris Ochsenheimeri » Orientalis » Leucodice #) Je prévois que l’on pourrait me faire des objections et trouver arbi- traires mes listes des espèces émigrées. Pourquoi en effet admettre que toutes ces espèces soient émigrées du Pamir et non le contraire? Aussi je crois qu'à l'appui de ma thèse, quelques arguments, dans une note, auront quelque intérêt: Nous avons vu déjà se dérouler sous nos yeux un tableau général de la formation du continent et de celle du relief actuel du bassin turkestan de l'Asie intérieure. A une époque, lorsque le Pamir, sur la surface duquel se voyaient partout des massifs crystallins et des formations paléozoïques, offrait déjà tous les éléments de solidité et faisait partie d’une grande ile ou d’un continent, le Thian-Chan, tel que nous le trouvons maintenant, n'existait pas encore. Une suite de petites iles se transformait en une chaîne de montagnes encore lors du pliocène et du diluvium. Ce n’est qu’alors que les fonds des mers et des détroits se dressaient hors des eaux; et où pouvaient-ils prendre leur population, si ce n’est des contrées voisines dont l'ancienneté est pro- digieuse? Et, effectivement, nous voyons en étudiant la faune des lepidopte- res du Thian-Chan, qu’elle ne présente presque pas de formes endémiques et qu'elle a été formée d’abord par deux et ensuite par trois migrations, pro- venant du Nord et du Sud et enfin de l'Ouest: Ce n’est que grâce à un peu- plement aussi tardif, que ces émigrés, si nombreux, n’eurent pas le temps de se différencier et s’y trouvent sous la même forme, comme ils volent encore actuellement en Sibérie et au Pamir. Nous ne pouvons rapporter aux formes exclusivement propres au Thian-Chan que cinq ou six espèces: Colias Er- schoffi (?), Coenonympha Mongolica, Satyrus Mercurius, Erebia Kalmuka (?)» Polyommatus Splendens. 62 Colias Cocandica #) , Staudingeri » JThisoa Thecla Lunulata Polyommatus Dimorphus Lycaena Fergana a Sinensis 5 Tengstroemi . Sarta n Iphigenia var. r Buddhista à Persephatta Vanessa Interposita Melanargia Turanica 5 Fergana . Minerva Argynnis Hegemone Erebia Myops Satyrus Heidenreichi à Regeli Epinephele Interposita ; Cadusina 5 Kirghisa Coenonympha Sunbecca Pyrgus Antonia » Tessellum *) 3%) A l’époque glaciaire la Colias Cocandica ainsi que plusieurs autres espèces ne se sont probablement pas fixées au Thian-Chan. Quoique main- tenant la ©. Cocandica y ait été trouvée, ce n'est cependant que dans la proximité du Pamir. Elle est évidemment très peu répandue au Thian-Chan. Mes exemplaires ont été pris par M. Krasnow à l'Ouest du Khan-Tengri. 4) J'évite ordinairement de baser mes conclusions sur les Noctuides, car elles ne sont pas encore suffisamment connues au Pamir. Néanmoins je ne trouve pas inutile de dresser une liste séparée des espèces qui ont pris part à cette migration: Acronyeta Centralis Agrotis Juldussi = Confusa Dianthoecia Orientalis Polia Centralasiae „ Orientalis Isochlora Viridis? ” N hdes Hadena Arschanica Expallescens Leucania Dungana Ala Jugorum Leucanitis Caucasica? Spintherops Maculifera ete. 63 Ce mouvement, qui continue jusqu'à nos jours, S’accuse en sens inverse allant du Tarbagataï et du Thian-Chan au Sud, dans les promontoires du Pamir; toutefois il est peu accentué et n’a probablement commencé que dans les derniers temps. Nous pouvons, avec quelque certitude, mettre au nombre des émigrants ailés de cette catégorie les espèces suivantes: Parnassius Romanovi, Melitaca Ala, Oeneis Hora, Saturnia Schenkii, Harpyia Przewalskyi et peut-être encore Melitaea Sibina *) Isochlora viridis ete. Il est évident qu'il n'y a pas eu de mouvement direct à l'Est, ni antérieurement, ni ultérieurement à l'époque glaciaire. A l'Est, le Pamir était longtemps encore baigné par le Han- Haï dont, en longeant le rivage septentrional, les émigrants arrivaient à l'Amour. Lorsque disparut cette mer, elle fut remplacée par un vaste désert sablonneux, obstacle presque - aussi insurmontable aux migrations, que l'infini de la mer. De nos jours, la frontière orientale du Pamir est une accumulation de géants neigeux et d’un labyrinthe de défilés étroits se perdant entre de puissantes arêtes grisätres d’une hauteur formidable; au-delà de celles-ci: une énorme déclivité de plus de 9000 p. et la steppe sablonneuse du Tarym se perdant au loin. Conditions fort peu favorables à la migration des types, et il n'y en a effectivement qu'un très petit nombre qui suit cette direction ®). 5) La distribution actuelle dela Melitaea Phoebe et par conséquent aussi celle de la forme Sibina qui lui est très proche, est telle qu'il est difficile de faire provenir son prototype du Pamir à l’une des époques indiquées ci-dessus. 35) Je ne connais qu'une seule forme qui vole dans les environs du lac Lob et au Pamir, c’est la Pieris Roborowski Alph., découverte par Prze- walsky. 64 S'il ny a pas eu de migration ici, il y en a eu certaine- ment au Sud-Est oü le Pamir est en rapport immediat avec les montagnes N. O. de l'Himalaya, le long des chaînes fai- sant partie du systeme de Kouen-loun. Le considérable °/, des formes identiques répandues au Turkestan, Lekh, Kachmir et en général sur l'Himalaya septentrional nous prouve, sans aucun doute, que jadis sur toute cette étendue il n'existait qu'une seule faune originale et différenciée. Et ce fait est tout naturel si nous nous rappelons l'individualité géologique du Pamir par rapport au Nord et ses intimes connexions avec le Sud depuis la fin de la période paléozoïque. Change- ments ultérieurs dans la division de l’eau et de la terre ferme sur toute l'étendue de l’Asie intérieure, perturbations du cli- mat lors de l’époque glaciaire, affluence de toutes parts de nouvelles formes, extraordinaire énergie de la force abyssody- namique qui a redressé le Pamir à sa hauteur actuelle, et enfin modifications plus rapprochées de notre époque qui ont transformé le climat maritime de l'Asie intérieure en climat continental, telles sont les raisons principales qui ont établi la différence des faunes dans les diverses contrées contigües au Pamir. Et cette difference devait s’accentuer à mesure que le Pamir, de riant coin de terre, tel que nous le présente la période mésozoïque, se transformait en ce plateau le plus élevé du monde, froid et sauvage, dépourvu presque de toute végétation, comme il l'est maintenant. Il s’est dressé comme une frontière infranchissable entre ses parties septentrionales et méridionales, orientales et occidentales; il est devenu dé- sert et sert de triste refuge à une dizaine d'espèces qui trai- nent là une existence inconcevable! Le relief du Pamir a toujours joué un immense rôle dans les migrations des lépidoptères, migrations dont nous avons indiqué les principales époques. La direction des chaines de montagnes allant presque constamment de l'Est à l'Ouest nous PRET = m Dane EEE HEBEN “mie hi mt montre, pour ainsi dire, la route suivie par la colossale transmigration des types dans les deux sens opposes. Aux types de la Perse et de la Syrie, qui innondaient pendant la dernière époque non-seulement les déclivités occi- dentales du Pamir, mais aussi tout le Thian-Chan occidental et le Tarbagataï, vinrent se joindre plus tard des émigrés de ce district, si remarquable quant aux lépidoptères, qui se trouvait jadis entre la mer Caspienne et celle du Turkestan, qui avait l’aspect d'une étroite bande de terrain, et au centre (?) duquel, selon toute probabilité, s’elevaient les monts Balkhan. Notre époque retrouve, il semble, à son moment le plus animé, cette migration comprenant un grand nombre d'espèces, parmi lesquelles on remarque des formes qui suivent cette route pour la seconde fois, mais à habitus déjà un peu modifié. Ce sont: Polyommatus Sultan °”) er Phoenicurus Lycaena Christophi OCyES Les espèces suivantes participèrent aussi, selon toute pro- babilité, à cette migration de l’Ouest: Ismene Helios Anthocharis Pyrothoë Zegris Fausti Cigaritis Acamas Lycaena Baetica 5 Trochylus? = Dschagatai . Zephyrinus ; Baton? Miris ” Neptis Ludmilla Satyrus Parisatis Pamphila Ahriman %) #7) Voir note 14 et suivantes. °) Peut-être aussi toutes les autres Pamphila du Pamir du groupe Nostradamus. 66 Pyrgus Poggei „ Phlomidis ®°). Les 3 premières espèces seront peut-être reconnues un jour pour des formes aborigenes du Pamir. Ces émigrés ailes de l’Asie antérieure montent de plus en plus par les vallées qui ont en général une déclivité fort sensible vers l'Ouest; et quelques-uns d’entre-eux ont même réussi à pousser jusqu'aux frontières du Pamir occidental (Lyc. Cytis, Satyrus Parisatis). On remarque en même temps sur les différents confins de ce plateau des modifications ra- pides et caractéristiques des formes primitives qui ne peuvent être expliquées pour le moment par suite du peu de connais- sances que nous avons des rapports existant, comme on le suppose, entre les organismes et les conditions de leur existence. Si l’on y joint une migration venant du Nord, qui n’a com- mencé qu'en dernier lieu et dont le rôle principal est de niveler, on comprendra facilement combien la faune du Pa- mir, jadis si différenciée, perd rapidement ses traits caracté- ristiques. Les plus anciens aborigènes de la contrée prédominent encore, mais çà et là ils sont visiblement rejetés au dernier plan par les nouveaux-venus, ou bien ils perdent eux-mêmes leur aspect ordinaire et donnent le jour à toute une série de variétés qui s’en écartent beaucoup “). Il est vrai que la %) I] faut y rapporter aussi Deil. Alecto, s’il est prouvé que le Turkes- tan n'est pas la patrie de la vigne, Deil. Bienerti, Deil. Zygophylli, peut- être Smer. Kindermanni, Pterog. Proserpina, Lasioe. Sordida, et ensuite Holeocerus Sericeus, Phragmat. Furia (ces deux especes n’ont pas encore été trouvées dans le district Transcaspien), Phragmat. Castaneae ete. Dans le Thian-Chan occidental ont encore pénétré: Lyc. Torgouta, Lyc. Anthra- cias, Satyrus Alpina, Epinephele Naricina etc. 40) Je vais indiquer quelques exemples intéressants: La Col. Wiscotti se trouve à l'Ouest sous une telle forme qu'elle attire l'attention par son étonnante et originale beauté. Mais plus vers l'Est ses particularités frappantes disparaissent peu-à-peu. La couleur verte du g' passe Pmersmeoseemtbmmmsmassésess mms mecs. mat 67 faune des lepidopteres du Pamir, qui s’est développée pen- dant des centaines de milliers d’annees, est loin d’avoir perdu définitivement son originalité, mais il n’y a aucun doute que ce moment approche à grands pas, et alors il sera tout aussi difficile de se retrouver au milieu de tous les phénomènes que nous avons mentionnés, quil est difficile de le faire à présent par rapport à différentes autres parties de la Pa- léarctique. Après tout ce que nous avons dit, il est aisé de comprendre le rôle important que joua jadis le Pamir lors du peuple- ment des contrées septentrionales. Il est aisé aussi de voir quelle clarté l'étude détaillée des particularités de la faune du Pamir à répandu sur la masse des matériaux de la faune de la Paléarctique qui s'étaient accumulés depuis longtemps. Ce n’est qu'en définissant exactement les centres qui ont servi de point de départ à la propagation des faunes séparées qu'il sera possible d'appuyer, sur de solides et définitives bases, de semblables documents. Je serai heureux, si mon premier essai d'élaboration scientifique des matériaux que j'ai recueillis, peut corroborer un jour d’autres travaux du même genre et, espérons-le, plus complets. na _— au jaune ou à l'orange, la bordure devient bien plus étroite et le papillon reçoit un aspect assez modeste. Les 2 @ varient tout autant, si ce n’est da- vantage. Aujourd’hui 7 variétés du Parnassius Delphius ont été décrites: Cardi- nal, Namanganus, Infernalis, Illustris, Staudingeri, Stoliezkanus et Hunza. Cette énumération seule, qui est loin d'être complete, prouve à quel point ce type varie et cela dans des confins géographiques assez restreints. Le troisième exemple c'est le groupe de Satyrus Huecbneri—Boloricus. Jusqu'à présent on a découvert jusqu'à 10 formes, dont le prototype se rap- prochait probablement assez de la Huebneri. 5* CHAPITRE IV. Système de montagnes du Pamir. — Pamir intérieur; son caractère. Confins Nord-Est. Confins Sud-Est.—Cirque de Sary-kol.—Lien entre les confins Sud- Est et les confins méridionaux.—Notices peu précises que nous avons concer- nant ces derniers.—Limites probables.— Confins septentrionaux.— Koudara.— Cirque du Khingoob.— Alai.— Lien entre les crêtes du Hindou-Kouch et du Ghissaro-Alaï.—Caractère de cette dernière.—Contins occidentaux.—Cirque de Chiva.— Conclusion. Le Pamir est le noeud central de tout le continent asia- tique; il relie l’Asie intérieure à l'Asie antérieure '). Les systèmes des monts Himalaya, Kouen-Loun *) et Thian-Chan s'y rencontrent avec celui du Paropamise, et c’est là aussi qu'ils se croisent. Une multitude de plissements et une ramification des plus variées rendent extrêmement originale l'orographie de cette region qui, sous ce rapport, se trouve tout-à-fait isolée. On a depuis longtemps renoncé à l'opinion que le Pamir intérieur est un plateau. Chaque nouvelle exploration a amené la découverte de nouvelles chaînes de montagnes qui croi- 1) Sapisky de la Soc. Imp. Russe de géogr. T. XIII. N. A. Severtsow: „Esquisse orographique du système des montagnes du Pamir“, p. 368. ?) Severtsow réunit ces deux systèmes en un seul, ce qui est tout-à-fait arbitraire, et ce qu'il n’explique presque pas. C’est son „systeme des mon- tagnes du Thibet“. 69 saient dans tous les sens la carte du Pamir de Ch. Ritter. Aujourd'hui, il a été exploré dans toutes les directions, et son orographie est exactement connue. Avec les regions des montagnes attenantes, le Pamir in- térieur occupe un territoire égal à tout l’empire Allemand. Borné au Sud-Est par l'Himalaya et le Kouen-Loun, il est en- touré, presque de tous les autres côtés, de terres basses et particulièrement de steppes de sable et de loess, et nous avons déjà eu occasion de voir combien cette position, en égard aux territoires voisins, est d’une importance significative pour la distribution des lépidoptères. Sur toute cette énorme étendue, il n'y à pas un seul espace qui ait le caractère d’un plateau. Des chaînes, des chaînons latéraux, s’entassant et s’entrelaçant sans ordre, forment, presque à tous ses confins, des régions montagneuses très typiques, avec des vallées resserrées, à pentes verticales, et qui ne sont souvent que des gorges. Vers l'intérieur du Pamir, ces vallées s’elargissent et perdent le caractère de gorges, mais, en même temps, malgré leur co- lossale hauteur, elles n’acquierent jamais celui d’un plateau. Si l’on exclut la grandiose vallée de lAlaï (d'après N. A. Severtsow °), intimement unie, sous le rapport hypsométrique et géologique “), aux vallées de Karatéguine, de Ghissar, de Sourkhan à l'Ouest, de Kachgar-Darya à l'Est, et qui atteint souvent en diamètre une largeur de 30 verstes), toutes les autres sont relativement bien plus étroites. La plus large d’entre-elles est celle d’Ak-sou, vers le Nord et le Sud de laquelle se trouvent les deux principaux redressements de tout le système du Pamir, savoir: les environs du lac Kara-koul et le Grand-Pamir. Elles possèdent toutes les particularités 3) L ec. p. 163 et suivantes. 4) Ivanow. Isvéstiya Soc. Imp. Russe de geogr. T. XXI. 1885. Livr. 2, 108 Zaire 70 de l’Alai, c.-à.-d. qu'elles sont autant haute vallée de mon- tagnes que plateau. Vers l'Est, l’Alaï s’elargit, descend des crêtes, et, comme nous l'avons dit, se dirige vers l'Ouest, décline graduellement pour se réunir aux contreforts de deux chaînes parallèles qui le limitent au S. et au N. Celles-ci se resserrent subitement et transforment l’Alai presque en gorge, ne laissant de place qu'au lit de la rivière °). L’elevation relative des montagnes du Pamir intérieur est, en général, insignifiante °). Leurs versants escarpés n'ont ce- 5) Fedtchenko a publié, sur le caractère de l’Alai, une excellente notice: Isvéstiya Soc. Imp. des amateurs des sciences natur., de l’anthropol. et de V’ethnogr. T. XI, livr. 7. „Dans le khanat de Kokan“, pag. 144. 6) Les chiffres mentionnés ici ne sont qu’approximatifs, à cause du petit nombre de données hypsométriques. a) Montagnes du bassin de Kara-koul.—Pour ces montagnes nous possé- dons deux chiffres: col de Kalta-davan 16,400 et Ak-Baital 15,500 p. Si l'on accepte le chiffre de 13,400 p. pour le défilé de Kara-koul, il faut supposer alors que la hauteur moyenne des montagnes de ce bassin oscille entre 5,000 p. (Kara-Djilga et Ak-Djilga) et 3,500 p. (Kara-koul meridional). b) Montagnes du bassin Riang-koul, comparativement plus basses que les précédentes. Hauteur de Riang-koul: 13,000 p. Les cols des montagnes voisines sont tous beaucoup plus élevés que 15,000 p. C’est pourquoi, relati- vement, l'élévation moyenne de ces crêtes est à peu près de 4,000 p. ce) Partie orientale de l’Alitchour. Hauteur approximative de la vallée: 12,500 p. Les montagnes voisines dépassent la ligne des neiges, et leur hau- teur relative n’est pas de moins de 5,000 p.; en certains endroits même elle les dépasse, comme p. ex. le col de Bach-gumbez qui atteint 16,400 p. Les montagnes limitrophes de l’Ak-sou sont, en général, plus basses. d) Zor-Pamir.—La hauteur relative de ces crêtes est moins grande que celle des montagnes de l’Alitchour, quoiqu’elles soient limitées au N. par celles-ci. Cela provient de ce que le Zor-Pamir lui-même est très élevé. Le niveau du lac Zor est évalué à 14,000 p., et ce chiffre peut être accepté comme hauteur moyenne de tout le Grand-Pamir. La chaîne de Vakhan dé- passe de beaucoup, sur toute son étendue, la ligne des neiges persistantes. e) Vallée de l'Ak-sou.—L'abaissement de la vallée ne dépasse pas 80 p. par verste. Les crêtes déclinent très rapidement vers le Nord. L’elevation moyenne des montagnes Kounjout doit dépasser de beaucoup 18,000 p., de même que le plus bas de leurs cols, le Beïk, a probablement beaucoup plus de 16,000 p. Ainsi la hauteur relative des crêtes du côté oriental de la vallée varie vers le Nord. Du côté occidental, les montagnes sont généralement plus basses, mais le caractère de leur abaissement ne change pas. 71 pendant rien de grandiose. Ils se distinguent par l’uniformité de leurs défilés. Tous les paysages qui s’offrent aux regards sont majestueux, mais peu pittoresques. Vallées, montagnes frappent également par la monotonie de leur perspective, de leur coloris, de leurs contours. Ni arbre, ni buissons; des taches de verdure, ressemblant à de petits ilöts ou à des bandes étroites, sont dispersées sur toute l’immensité de ces mornes et froids déserts dans la teinte jaune-grisätre desquels ils dis- paraissent. Les bords des fleuves sont en pente douce; le cou- rant, quoique rapide, est cependant tranquille et se partage souvent en une quantité de bras qui inondent quelquefois les steppes salines et forment, pendant les hautes eaux, des marais impraticables. En quelques endroits, ces steppes sont très vastes; en d'autres, elles s'étendent jusqu'à la limite et au-dessous des neiges qui comblent les vallées jusqu'à la fin même de l'été. Malgré la considérable hauteur absolue des montagnes du Pamir, les neiges persistantes en couronnent rarement les cimes, et elles fondent vers la mi-Juillet. Là il n'y à presque jamais absence complète de vent qui souffle par intervalles, sans aucune régularité, presque toujours le long des vallées. C’est au printemps, c€.-à.-d. à peu près jusqu'au 20 Juin, et en automne que les vents sont les plus constants et les plus forts. Perçants et froids, ils amènent presque toujours des nuages qui se déchargent en ouragan de neige de peu de durée, et quelquefois en pluie. L'hiver dure là bien plus de six mois, et l'été un mois et demi seulement. Le printemps ne commence pas à la même épo- que partout, et c'est sur les redressements dont nous avons parlé qu'il est le plus tardif. D’après les témoignages de Gor- don ‘), on peut rarement, à cause des neiges, pénétrer sur 7) Minaew. Notices sur les contrées du cours supérieur de ’Amou-Darya. 1879. p. 157. Tau le Grand-Pamir avant la fin de Juin, et quoique l’expedition fût parvenue le 1-er Mai au Zor-koul, ce lac était gelé et couvert d'un épais linceul de neige sans aucune trace de dégel °). J’ai eu occasion de constater le même phénomène sur le renflement septentrional, c.-à.-d. dans les districts situés entre les défilés Riang- et Kara-koul; ce n'est qu'au commencement de Juin que l’on observait les premiers avant- coureurs du printemps: l'herbe nouvelle apparaissait; quelques espèces de Carex, Festuca, une espèce de lavande, des Re- nonculacées fleurissaient çà et là; néanmoins de grandes cou- ches de neige remplissaient encore le fond des vallées, et les bords du Kara-koul étaient, en partie, couverts de glace. Souvent des nuages s’accumulaient et des ouragans de neige sévissaient avec une fureur épouvantable. Cette neige cepen- dant ne tenait pas plus de vingt-quatre heures sur les flancs des massifs voisins; C'était plutôt le vent que le soleil qui la faisait disparaitre. : On prétend que le Khargoch présente en hiver un tableau tout aussi désolé qu'au printemps. Les neiges ne cachent ja- mais entièrement ses particularités sauvages, et la tristesse de ses paysages ne gagne rien à ce changement de décoration. Tel est le caractère de cette contrée, la plus typique du Pa- mir, Où le maximum de la température, probablement même en été, dépasse rarement +15° R., tandis que le minimum va souvent jusqu'à —8° *), et la température normale n'est que —2° R. "°). La vallée de Riang-koul doit être, en général, plus tem- 5) Selon les observations du capitaine John Wood, la débacle de ce lac n’a lieu que vers la fin de Juin (1 c., p. 120). °) 24 Juin 1887, même—8!, 5 R. 1) Je m'en tiens à mes propres observations dans la déduction des va- leurs moyennes, car, jusqu'à présent, autant que je sache, il n’en existe pas d’autres pour cette partie du Pamir intérieur. 73 pérée, mais pas de beaucoup. Depuis le 25 au 30 Juin, le maximum moyen se rapprochait de 16° R.; quant au minimum il était —3°,6 R., et juste un mois plus tard, e.-A.-d. pen- dant la saison la plus chaude, les chiffres moyens, pour les mêmes grandeurs, n'étaient que d'un peu plus élevés. Dans la vallée de l’Ak-sou, je n'ai fait d'observations qu'en Juillet. Le minimum moyen y va jusqu'à +0°,6 R. ”); le maximum, aux sources de l’Ak-sou, est de +12° R., et à son embouchure il est un peu plus élevé, ce qui fait que les amplitudes journalières doivent naturellement être plus petites que dans les vallées fermées, d'origine lacustre. Je ne sais à quelle époque se termine la saison chaude dans la partie méridionale du Pamir intérieur; mais au N., dans le bassin du Kara-koul, l’automne commence avant la mi-Août. Déjà le 27 Juillet un léger vent N. O. avait couvert ce ciel toujours serein, et les nuages fuyaient au-dessus du lac légèrement agité. Dans le courant de la journée il avait mème bruiné deux fois; quant à la nuit, elle était remar- quablement chaude (+1° R.). Vers le soir du lendemain le tableau changea subitement. Le léger vent N. O., qui de temps à autre cessait complètement, fut tout-à-coup remplacé par un vent N. des plus impétueux. Des nuages, couleur de plomb, couvrirent l'horizon, et un épais brouillard enveloppa les montagnes voisines. La température baissa subitement. Il commença à neiger, et il s’eleva un ouragan qui sévit, à petits intervalles, au N. du lac, et dura presque tout le jour suivant. Quand le ciel s’éclaircit, la contrée entière était couverte d’une couche de neige de 20 centimètres. Comme je dus passer du côté Nord de la chaîne Transalaïenne il m'est impossible de dire combien de temps resta cette neige, 11) Ce minimum est le résultat de 9 observations. 74 mais je crois qu'elle dura longtemps. Les intempéries nous poursuivirent aussi de l’autre côté des montagnes. Il pleuvait et il neigeait tous les jours. Le minimum était d'environ —3° R. et le maximum à peine de + 13° R. Quoique nos connaissances du Pamir soient fractionnées, celui-ci se présente néanmoins à notre imagination comme une contrée déserte, froide et lugubre: de hautes vallées sans vie, des crêtes nues qui, semblables à des vagues coniques, ondulent dans toutes les directions sur cette triste contrée, forment comme une seule île morte environnée d’une région de montagnes à ravins pittoresques, à ruisseaux bruyants, à pics neigeux s’elevant jusque dans les nues, et à flore et à faune des plus variées. Comme nous l’avons dit dans le cha- pitre précédent, le Pamir intérieur, par suite des extrèmes contrastes qui le distinguent des districts qui l'entourent, a posé entre ceux-ci une frontière insurmontable au plus grand nombre des types animaux et végétaux, et il a forcé chacun de ces districts, en en séparant les confins, à vivre chacun de leur vie spéciale. Ces confins qui ceignent le Pamir de toutes parts et qui ont entre eux une connexion fort incomplète, offrent aujour- d’hui des régions à contours très marqués, à conditions vi- tales tout-à-fait particulières, et à faune souvent très distincte. Malheureusement, sous le rapport de la faune, on est loin d’avoir étudié ces confins partout également. Mon itinéraire, qui ne croise le Pamir qu'en deux directions, mais qui s'étend sur les districts limitrophes, n'a souvent pu, faute de res- sources, mais principalement faute de temps et à cause de circonstances politiques, s'étendre sur le Vakhan, le Tchitrar, le Badakhchan et, en général, sur les contrées contigües au Hindou-Kouch et sur celles situées à l'Est de Sary-kol. Il est donc fort regrettable qu'aucune des deux grandes expéditions russes et qu'aucune des deux expéditions anglaises au Pamir 75 dont la plus récente, c.-à.-d. celle de T. D. Forsyth qui avait des plans si vastes et disposait de si larges ressources, n'ait pas rassemblé quelques documents pour la faune des lé- pidopteres des contrées visitées ”). C’est pourquoi en donnant le caractère de la faune et, dans la plupart des cas, celle de la flore de ces confins, je dois m’en tenir exclusivement à mon journal et à mes propres matériaux assez complets toutefois pour certains districts. L'extrémité N. E. des montagnes du Pamir qu'Ivanow = D)yvet: dont. les limites coïncident le plus avec notre Pamir intérieur “), se distingue le moins de celui-ci par le carattère de sa localité, ses particularités climatériques et, en général, par sa nature. annexe à ce qu'il appelle „Pamir à prairies Mes itinéraires ne touchèrent pas cette région et elle ne m'est connue que par une description tout à fait générale d’Ivanow, laquelle cependant a le mérite de donner un assez bon aperçu sur l’orographie peu compliquée de cette longue, mais étroite bande de terre "). 2) Il est vrai que les membres de l'expédition de Forsyth traversèrent le Pamir pendant les mois d'hiver; mais ils s’avancerent à l'E. de Sary-kol déjà au printemps. Cependant le Dr. Ferd. Stoliezka réussit à recueillir plu- sieurs dizaines de lépidoptères revus ensuite par F. Moore (Scientific results of the second Yarkand mission; based upon the collect. and notes of the late Ferd. Stoliezka—Lepidoptera. Calcutta, 1879). Cette collection a malheureu- sement un caractère tout-à-fait accidentel, et si l’on en exclut plusieurs espèces fantastiques (par ex. Lyc. Yarkandensis et Lyc. Kashgharensis — Lyc. Icarus), elle ne contient en tout que 20 espèces de Rhopalocères, ce qui est insuffisant pour une étendue de 5,000 lieues carrées, parcourue par l'expédition (sans compter les contrées à l'O. de Sary-kol). 2) Il eut été plus exact de la nommer „Pamir à steppes“. Voir Iva- now: „Voyage au Pamir“ et ,Esquisse orographique du Pamir“ dans les Isvestiya Soc. Imp. Russe de geogr. Tome XX, liv. 3. 1884. 4) Ce terme a été introduit par Severtsow: „Esquisse orographique du systeme des montagnes du Pamir“, 1888. La précision de ce terme me l’a fait aussi accepter. 15) Sur une longueur de 175 verstes, sa largeur, depuis une crête jusqu'à l’autre, ne mesure que 30 verstes. T6 Les montagnes qui lui servent de limite occidentale ne s’alignent pas en chaîne suivie; elles sont relativement peu hautes et se frayent un passage par une suite de vallées transversales, à cols bas, faciles à franchir; elles présentent, généralement, un parfait contraste avec les limites orientales où nous voyons dans toute sa vigueur le massif continu de la chaîne de Kachgar. La crete de celle-ci, couverte de neiges persistantes, est surmontée d'environ quarante sommités des plus élevées, dont quelques-unes ne le cèdent pas en hauteur à l’amas de Mouz-tagh-Ata "). Du côté de Kachgar, cette chaîne s’interrompt par une pente abrupte, et sur toute son étendue elle n’a que deux passages creusés par les deux rivières du Pamir s’épanchant vers l’Est, le Ghez et le Markan-sou. Le défilé de cette dernière sert de limite septentrionale à tout ce chapelet de vallées qui s'étendent de Khounza par Sary-kol jusqu'aux monts Kizil-Art. Depuis le col d’Ouloug-rabat vers le Nord toute la contrée garde encore le cachet du Pamir intérieur, particulièrement la vallée du Ghez septentrional où la végétation n'apparait que comme des taches insignifiantes, éparses sur un plateau d'argile salin et de gravier sablon- neux. Ce sont probablement différents petits Carex et peut- être aussi diverses espèces d’Echinospermum, plante très ré- pandue au Pamir. Dans la vallée du Ghez meridional, sur- tout dans le détilé du petit Kara-koul, ces taches de verdure atteignent une dimension considérable et tapissent souvent des étendues entières. Ce sont, pour la plupart, des prairies hu- mides, à herbes caractéristiques, et sur leur lisière on ren- contre sporadiquement Festaca. Mais, en général, comparati- vement à la larguer de la vallée, d’une crête à l’autre, ces mares verdoyantes occupent la partie la plus insignifiante, et 16) Du moins tel était l’effet que produisirent sur moi les montagnes vues du défilé Riang-koul et à la descente du col de Mouz-Kourou. 7 présentent, en même temps, presque l’unique endroit où se concentre cette végétation si pauvre en espèces. Il est très important, pour nos travaux, de noter le fait que ce sont principalement ces confins, ainsi que les vallées du Pamir intérieur, qui sont aujourd'hui un obstacle insurmontable à la migration au Sud du plus grand nombre des types du Pamir septentrional et à leur retour. Les vallées qui, comme nous venons de le dire, se distinguent partout par l’uniformité de leur flore, sont vers le Nord, sur plusieurs dizaines de verstes, encore plus désertes et plus isolées des pentes verdoyantes des montagnes septentrionales que le défilé de Markan-sou et les montagnes du Kara-koul oriental. La chaine de Kach- gar, du moins le long de ses versants occidentaux, ne réunit pas les confins septentrionaux du Pamir à ceux du Sud-Est. Cette chaîne, sans le moindre symptôme de végétation, très élevée et escarpée, à vallées étroites, le long desquelles des- cendent d'innombrables glaciers, à contreforts courts, parsemés d'énormes blocs de rochers et presque toujours enveloppés de nuages, est encore moins favorable que la vallée à la mi- gration des lépidoptères. A partir d’Ouloug-rabat s'étendent, vers le Sud, des val- lées d’une configuration particulière, parmi lesquelles la der- nière—Dangnym-bach débouche sur les monts Kounjout cou- verts de neiges éternelles. Depuis Kourgan-Goudjabaï vers le Sud cette vallée se rétrécit et peu à peu elle se change en défilé, forme une gorge étroite à travers les premiers contre- forts et se termine par de puissants glaciers qui descendent de la chaîne principale. Dans cette région, elle devient vallée alpine et, comme telle, en a toutes les particularités. Un tapis de verdure cache toutes les inégalités du sol et prend une coloration des plus vives sur les berges des ruisseaux sans nombre qui jaillissent de pierre en pierre et se répandent en une nuée poudreuse ou s’epanchent en serpentant capricieu- sement. Une prairie vert-mat de Festuca est émaillée depuis le commencement de Juillet de bouquets de Myosotis, de Pri- mula, Trifolium, Geranium, Viola et d’une quantite d’autres fleurs qui encadrent de leurs riches guirlandes tous les bas- sins et les marais qui, à leur tour, abondent en Renonculacées. Les versants des montagnes, sur une grande étendue, ainsi que les pentes méridionales des collines et des ravins sont garnis d’Artemisia grisätre, d’Oxytropis, d’Androsace et, de temps à autre, d’Echinospermum. Les neiges éternelles en sont encore fort éloignées, quoique les vallées soient à une éléva- tion très considérable "). Dans le voisinage de la colline de Goudjabai, la vallée de Dangnym-bach dépouille tout à coup animation et beauté. Elle est coupée par une crête sablonneuse qui s'étend jusqu'à la rivière, après quoi elle perd tout-à-fait son caractère. Le fleuve Mazar se réunit là au Myn-teké qui est en- core plus abondant en eau, et après avoir fait une brusque courbe, il continue son cours en se creusant un lit profond dans les dépôts de sable argileux dont la surface reste à dé- couvert ). Cette surface unie, faisant une croûte sèche et crevassée, occupe plusieurs dizaines de verstes vers le Nord et toute la largeur de la vallée de Dangnym. Le tableau dé- solant de cette steppe n'est égayé que par des bouquets de Lasiogrostis splendens formant, par endroits, des colonies en- tières, et d’Echinospermum, ou par des ravins transversaux 7) Au Goudjabai 12,000 p. et plus vers le Sud elles s'élèvent probable- ment au-delà de 14,000 p. 18) Ils rappellent le loess. Cependant malgré leur structure, en certains endroits, toute perpendiculaire, je ne me décide pas à les reconnaître comme tels, pour deux raisons: 1° à cause du contenu considérable d'argile visible à l’oeil nu; 2° à cause des minces couches de gravier qui, d’ailleurs, se trouve partout. Cela me fait supposer que ce ne sont pas des dépôts subaériens, mais les anciens sédiments des rivières. au fond desquels murmurent des ruisseaux et poussent des taillis de Caragana jubata et de Hippophaës rhamnoïdes. A cinq verstes en amont de Tach-Kourgan cette vallée change de nouveau d’aspect. Les „tougai“ ”) qui bordaient le Dangnym-Darya semblable à un étroit ruban, deviennent plus touffus. La rivière se divise en une multitude de bras et inonde les terres basses qui, des deux côtés des rives, s'étendent jusqu'aux montagnes. C’est là le célèbre Sary-kol séparé, par un étroit rempart, d’une autre superbe vallée, nommée Tagarma, qui doit sa vie autant à la rivière Kara- sou qu'à une quantité de petits ruisseaux s’epanchant des montagnes d’alentour et à des sources locales. Les deux val- lées forment des cirques indépendants, entourés de terrains incultes et de hautes chaines de montagnes tout aussi arides. Dans tout le Pamir oriental, c’est le seul endroit où la cul- ture des céréales soit possible et où se rencontre une végé- tation arborescente représentée principalement par des plan- tations de saules (Salix alba) et de peupliers. Dans les mon- tagnes des alentours, se trouvent cependant quelques défilés boisés où prédominent aussi des saules, des peupliers à l’état sauvage °); mais tous ces buissons sont si insignifiants et s’abritent si modestement sous des rochers et sur les bords des torrents écumants, qu'ils ne modifient aucunement l’im- pression d’affreuse aridité que donnent les versants des mon- tagnes entourant la vallée de Sary-kol °”'). La rivière Kara- sou qui se déverse principalement des déclivités orientales des monts Sary-kol, ne traverse que dans son cours supérieur 1) Prairies humides couvertes d’une rare végétation arborescente, %) Le saule sauvage n'est pas le Salix alba. Les espèces d’arbrisseaux et d'arbres qui se voient là sont: Juniperus, le bouleau, Ephedra, Hippo- phaës rhammoides. 4) Ces buissons ne se rencontrent pas dans les défilés limitrophes de la vallée de Tagarma. 80 des étendues couvertes de Festuca, et s'engage ensuite dans une étroite vallée à pentes de sable argileux et à „sai“ *) couvert de gravier et sporadiquement de buissons d’Ephedra, #) (?) et de Lasiogrostis splendens. Ce n’est que près des prairies submergées du Tagarma que cette vallée s’anime. Çà et là croissent des roseaux entremélés de Care, de Rumex hydrolapathum et probablement de beaucoup d’autres plantes de marais à hautes tiges, qui, avec les saules et les Hippophaës, composent, à divers endroits, des taillis presque impénétrables. Mais ici aussi, comme dans toutes les autres parties des confins du Pamir oriental, ces petits ilôts de ver- dure sont environnés d'énormes étendues désertes et couvertes de Tamarix presque exclusivement d’Echinospermum. C’est ainsi que toute une suite de vallées, formant les confins S. E. du Pamir, se divise en autant de parties spé- ciales, à contrastes très marqués et parfaitement séparées les unes des autres. Les deux cirques septentrionaux (Tagarma et Sary-kol) qui se ressemblent beaucoup et ont en même temps beaucoup de traits communs avec la vallée du petit Kara- koul, ne sont cependant pas, sous le rapport de leurs parti- cularités phytographiques, une continuation naturelle des val- lées alpines du courant supérieur du Dangnym-Darya dont ils sont d'ailleurs séparés par une steppe de 70 verstes appar- tenant au type du Pamir. Les montagnes, servant de limite à toute cette multitude de vallées, ne les encaissent pas non plus. Nous voyons partout des murs crénelés formés de marbre, 2) „Sai“ désigne le lit aride d’un fleuve, temporaire ou constant, couvert surtout de gravier. #) En kirghiz „balguine“. Il rapelle Tamarix et se distingue essentiellement de celui-ci en ce qu'il a l’aspect d'un véritable arbrisseau à branches droites sortant comme d’un même nœud au-dessous de la surface du sol. Il est d’un vert plus vif. Mêmes fleurs roses, à panaches non pas épars comme chez les Tamarix, mais réunis en huppe toute droite. Hauteur normale: 1 mètre. 81 de schiste et de granit, dépourvus de toute végétation sur une énorme étendue et se terminant dans la vallée par une pente rapide. Il en résulte un isolement très marqué des vallées alpines le long des pentes septentrionales des monts Kounjout, et leur parfaite individualité par rapport à l’Alai et en général par rapport aux limites septentrionales du Pa- mir intérieur. Cette conclusion, particulièrement importante pour l’étude de la distribution géographique des types des lepidopteres, nous permet d'indiquer avec une certaine exactitude l’époque de la transmigration au Nord de beaucoup d'espèces dont nous devons chercher la patrie dans les contrées à l'Est du Kounjout. Toute une série de défilés et de prairies alpines dévalant des déclivités septentrionales des monts Kounjout et termi- nant la série des vallées qui se succèdent sur tout le Pamir oriental et dont cependant ce dernier est isolé sous bien des rapports, ne constitue, paraît-il, qu'un chainon intermédiaire à une suite de semblables défilés à l’E. le long du Kouen-loun et à PO. le long du Hindou-Kouch. Nous ne connaissons pas le degré de cette connexion dans la direction Est; nous ne savons pas non plus jusqu'où vers le Sud vont les versants du Pamir intérieur. L'étude de tous les matériaux mis à notre disposition, ne nous permet pas de donner une conclusion quelconque, d’autant plus que même la nature des pentes méridionales du Hindou-Kouch ne nous est presque pas divulguée *). Non-seulement nous manquons pour ces contrées d'indications géognostiques et géologiques tant soit peu détaillées, mais son orographie aussi n’est sue que 4) On peut puiser quelques notions dans l'intéressant livre du major Biddulf: , Peuples habitant le Hindou-Kouch“, trad. par Lessar. 1886, Askhabad. 6 d’une façon sommaire. Les difficultés augmentent extr&mement en ce que la ligne de démarcation du plateau de Thibet (Hi- malaya et Kouen-Loun) et de celui du Pamir ne nous est connue qu’approximativement. Cette ligne, d’apres N. Severtsow, embrasse les montagnes limitant le Kounjout du côté Sud; de là elle se. dirige en aval de la rivière Khounza, passe jusqu’à l’Indus, suit d’abord le cours de cette rivière, puis prend la direction Ouest jus- qu'au méridien de Kaboul où elle fait une courbe droit au Nord jusqu'à l’Amou-Darya. A l'Est de la rivière Khounza cette même ligne passe jusqu'au cours supérieur de la prin- cipale source du fleuve Yarkend et parvient ensuite, par la vallée de cette rivière, à Djittychar. Les limites du Pamir indiquées ci-dessus semblent être les plus naturelles, et ce n’est que dans ces confins que nous voyons les traces d’une même faune, qui cependant conserve dans les différentes parties ses particularités locales et carac- téristiques dépendant et de l'influence des faunes voisines, et des événements qui accompagnaient les révolutions des époques antérieures ”). C’est ainsi que le Ladak, le Baltistan et le Cachemir se trouvent hors des limites du Pamir; et si leurs faunes lépidoptérologiques possèdent un certain °/, des espèces Pamiriennes, ce fait s'explique par le relief actuel de ces contrées et par les grandes migrations qui probablement s’ef- fectuent là dans des proportions tout aussi grandes que sur les versants septentrionaux du Pamir. Les confins méridionaux du Pamir sont ainsi fort vastes: Ils comprennent depuis Liangar tout le défilé de Vakhan et au Sud du Hindou-Kouch les vallées de la rivière Khounza et les affluents de droite de l’Indus, Ponial, Guilguit, Yassin, 2) Voir chap. IL. 83 Tschitrar et tout le Kiafiristan, c.-à.-d. des contrées complè- tement inconnues sous le rapport de l’histoire naturelle. Je suis le premier des naturalistes qui ait réussi à pé- nétrer sur le versant septentrional des monts Kounjout et dans la partie orientale du Hindou-Kouch. Les matériaux que jy ai rassemblés servent, en attendant, seuls de base à nos travaux zoogéographiques. S'il est positif que ces confins mé- ridionaux cachent encore de riches trésors dans leur sein, il est tout aussi positif que le caractère de leur faune est déjà défini d’une manière générale. Ce sera l’ancienne faune du Pamir avec un mélange insignifiant d'espèces de l'Iran et de l'Himalaya. La vallée du Myn-teké et toute une suite de défilés, qui y trouvent leur issue, relient les confins Sud-Est aux élé- vations du Hindou-Kouch et à la vallée de lAk-sou supé- rieur, qui d’ailleurs appartient déjà au Pamir intérieur. La rivière Myn-teké est l’un des cours supérieurs du Dangnym. En été elle est difficile à traverser même lors de ses débordements les plus larges. Son eau est assez limpide même pendant les crues. Elle bondit avec fracas par-dessus les noirs monceaux de roche. Le défilé, très étroit compa- rativement à la largeur de la rivière, présente des pentes verticales et des éboulements escarpes. De toutes parts s’e- chappent des ruisseaux, des chutes d’eau bruyantes dont les bords sont couverts d’une vegetation des plus diverses: saule, Hippophaes, Ephedra, Lonicera, Caragana et Lasiogrostis splendens. Dans les endroits submergés par la principale ri- vière dorment des marais et des „tougai“ avec les plantes qui leur sont propres. Le Myn-teké, à son cours supérieur, se partage en plu- sieurs bras dont les vallées conduisent au col de Kounjout et de Vakhan. Le caractère général de la vallée principale se conserve jusqu'aux cols, qui sont probablement très élevés. 6* 84 La végétation arborescente, ainsi que le Lasiogrostis, dispa- rait d’ailleurs bientôt et elle est remplacée par des prairies humides, couvertes de différentes herbes et de plantes à bulbes. Toute la contrée prend un aspect plus ouvert, et la flore—le caractère de celle des Alpes. Nous ne savons pas jusqu'à quel point .ce caractère se conserve au-delà des cols. A en croire les descriptions du Vakhan des voyageurs anglais, la vallée de Sarkhad, à partir de Liangar, abonde en végétation arbo- rescente dans laquelle prédominent des bouleaux, des saules et des genevriers; en divers endroits la rivière forme des marais couverts de buissons de saules, et sur les pentes des montagnes s’allongent partout de verts pâturages alpins ”). Autrement dit, cette vallée rappelle, en général, celle du Myn-teké, de laquelle elle se distingue par une moindre élé- vation et par conséquent par une température moyenne plus élevée, ce qui favorise tant soit peu, à son cours inférieur, la culture des légumes et des céréales. Il en est de même des vallées au-delà de l’Hindou-Kouch: elles commencent, comme par exemple au Khounza, par une gorge à peine pra- ticable, s’elargissent ensuite subitement et quoique les rivières roulent encore leurs eaux écumantes au fond des vallées, celles- ci se transforment déjà en superbes päturages et en prairies alpines *). Il serait naturel, des pentes méridionales du Pamir, de passer à ses confins occidentaux avec lesquels elles ont tant de commun; cependant l’orographie très compliquée de ces derniers, toute une suite de larges vallées qui les entrecou- pent, un abaissement graduel vers l’Ouest et le changement du caractère de la flore et de la faune qui en résulte nous #6) Minaew: „Notices -sur les contrées du cours supérieur de l'Amou- Darya, p. 115 et suiv. >”) Major Biddulph, 1. c. 85 obligent à revenir d’abord au Nord-Est et à retourner en- suite à l'Ouest en descendant les vallées. Ce n’est qu'à cette condition qu'il nous sera plus facile de saisir les contrastes, et que les chainons faisant communiquer ou isolant les parties séparées des confins seront plus marqués. Les pentes septentrionales du Pamir descendent au Fer- shana en terrasses. Les vallées longitudinales du Mouk-sou et de l’Alaï les divisent en trois groupes naturels de erètes qui forment des noeuds dont aucun n’a une position tout-à- fait centrale. Le plus méridional d’entre-eux est le Sel-Taou. Les montagnes qui se lient de toutes parts à ce noeud se trouvent au N. O. du Pamir intérieur dans lequel elles forment, à plusieurs endroits, des angles; elles perdent alors subitement leur type de confins et prennent celui d’arete de montagne, à caractère et à configuration parfaitement sem- blables aux montagnes du Pamir. A l'Est elles sont contigües au défilé de Kara-koul; au Nord elles se réunissent presque avec le Trans-Alaï, et à l'Ouest, en déclinant graduellement, elles occupent tout l’espace entre les vallées Mourgab-Pyand] et Vakhch. Le noeud du Sel-Taou se trouve au S. E. de l’énorme gla- cier Fedtschenko, dont l’une des gorges descend probablement droit vers le Nord. Autant qu'on le sait, de grands glaciers s’abaissent par de semblables défilés et vers l'O. dans la vallée de Khingoob *), et au Sud dans la vallée Vantch. Outre ces glaciers faisant partie d’un système assez compliqué, j'en ai découvert d’autres qui descendent vers le S. E. et non pas seulement de là où l’on suppose le noeud caché par des escar- pements et des contreforts peu accessibles, mais encore des 28) Proprement dit dans les vallées du Darya-Sargui et Darya-Mazar qui forment la rivière de Khingoob. 86 pentes des montagnes les plus proches. Il s’agit donc ici de tout un groupe cernant d’une large zone tout le massif central. Les montagnes qui partent dici à l'Est et de même au Sud, des deux côtés de la rivière Koudara, ont principale- ment un aspect désert, et, à leurs extrémités, comme il a été dit ci-dessus, elles affectent de plus en plus la structure des élévations du Pamir. Elles ne sont cependant pas entiè- rement dépourvues de végétation qui, en certains endroits, se distingue même par une grande variété et une extrême ri- chesse surtout près des glaciers et sur les pentes le long des roches de gneiss, de schiste et de syenite composant, paraît- il, presque exclusivement le principal massif. Quelquefois les pentes sont couvertes de Stipa et de Festuca, mais rarement. Des étendues marécageuses sont plus rares encore et plus insignifiantes. La végétation arborescente est surtout déve- loppée dans la vallée de la rivière Koudara dont l'aspect rappelle les vallées si fréquentes au Karatéguine et moins fréquentes au Darvaz et probablement aussi au Rochan et Chougnan. Ce n'est que son élévation qui est comparative- ment plus considérable, ce qui fait que les espèces d'arbres sont tout autrement groupées. Près des rivières: le bouleau, l'Ephedra, Tamarix, Hippophaës, le saule; plus haut: des ge- -névriers, de rares touffes d’eglantiers et de Caragana, parmi lesquels sont épars Ferula foetidissima, des buissons d’Oxy- tropis et d’Acantholimon, qui donnent aux éboulements un aspect mamelonné; enfin beaucoup d'autres plantes dont les plus répandues sont: Scabiosa et différentes espèces de gra- . minées. | Cependant deux crêtes qui s'alignent d'ici vers l'Ouest, connues sous le nom de montagnes de Pierre le Grand au Nord et monts Darvaz au Sud, offrent des particularités si typiques qu’elles établissent la principale différence entre la faune des lépidoptères des montagnes de l'Est et de l'Ouest; cette différence, à son tour, a été probablement provoquée presque exclusivement par une distribution peu égale de l’hu- midité sur les deux versants du massif du Sel-Taou. De fréquentes pluies, un ciel couvert qui modère l’évapo- ration de l’humidité, l'absence de vents froids et percants, et, en même temps, une considérable hauteur absolue des montagnes, ainsi que de la vallée Khingoob, telles sont les causes de la prodigieuse végétation sur les pentes des mon- tagnes depuis leur base jusqu'aux neiges. La zone des plantes alpines et subalpines ne ceint que d’une bande étroite les neiges éternelles qui ne descendent, paraît-il, nulle part au-dessous de 14,000 p. La Festuca Sy mêle bientôt; un peu plus bas c’est la Stipa qui, avec un nombre fort restreint d’autres espèces, garnit toutes les pentes moins escarpées. On rencontre presque partout à la même hauteur, et même le long des défilés jusqu'aux neiges, des prés parsemés de différentes espèces d’Allium, dont la teinte vert-foncé fait grand. contraste avec l'herbe vert-émeraude et la blancheur éblouissante des neiges. - A 9,500 p. et dans les défilés, peut-être même à une hauteur plus considérable, se joint à la Stipa une telle masse d'herbes et de fleurs variées, que celui qui ne s'occupe pas spécialement de botanique s’y retrouve difficilement. Je cite, au hasard, les genres suivants, comme étant, selon moi, les plus répandus sur toute l'étendue des deux chaînes: Sisym- brium à fleurs blanches, Ranunculus, Anemone, Adonis, Gera- nium, Galium, Gentiana, Taraxacum, Trifolium, Viola, Pri- mula, Polemonium ete. ete. Presque à la même hauteur, le long des vallées et des „sai“ commence déjà une végétation arborescente, composée exclusivement de genévriers, de bou- leaux et de saules. Mais plus on descend, plus cette végétation s'enrichit de nouvelles espèces. Apparaissent l’erable, le peu- 88 plier et bientôt après l’aubepine qui atteint ici d'énormes di- mensions, Caragana frutescens, Rosa berberifolia, Lonicera, Spiraea, Berberis, le peuplier pyramidal et argenté, des aman- diers, des abricotiers sauvages et enfin Æippophaës et Salix qui forment parfois des fourrés impraticables. Des Eremurus (turkestanicus et autres), Ferula, Peucedanum, Epilobium et plusieurs herbes et plantes à tiges élancées complètent cette grande variété de végétation. Différentes espèces de Coronilla, Vicia, Veronica, Primula, Gentiana, Campanula, des Scabiosae elevant leurs corolles au-dessus des bouquets de Mentha ont trouvé un refuge dans les places ombrageuses et sur les pentes des vallées. Particulièrement sur le versant méridional et en général partout où l'argile rouge et le loess sont mis à nu, le caractère de la végétation change complètement. Là pré- dominent les graminées et de temps à autre des Æuphorbia, des Carduus et des Centaurea monstrueux. La vallée du Khingoob se détache, par cette richesse de types végétaux, de celles qui l'entourent de toutes parts et avec lesquelles elle à cependant beaucoup de traits communs, dans ses zones supérieures. Des prairies alpines la joignent du côté S. E. aux monts Yazgoulan et au N. E. à la chaîne Transalaïenne par la chaîne Kokouïbel et Ak-Djilga. Dans les confins des autres zones, formant presque un cirque séparé, elle trouve’ son issue dans la vallée du Sourkhab à „sai“ très resserré, le long des bords duquel la végétation appar- tient déjà au type du Karatéguine. Vers le Sud la vallée du Vakhch ne communique presque pas avec celle du Pyandj et moins encore avec Khoullias *). La communication avec la vallée d’Ak-sou est plus ou moins possible par le col peu élevé de Polouzak. Seulement quelques particularités caracté- #) Deux provinces de la vallée de Khingoob: Vakhch occupe sa partie supérieure, Khoullias sa partie inférieure. 89 ristiques de cette vallée qui n’est presque qu'un défilé, son abaissement vers le Sud, très rapide au commencement, expli- quent pourquoi cette connexion reste cependant comparative- ment très insignifiante. On peut faire la même remarque par rapport aux vallées disposées vers le Nord et à celles qui sont parallèles à lAk-sou. Elles ont toutes, à leur cours supérieur, le caractère d’une gorge et un abaissement tout aussi rapide vers Kouliab. La végétation est groupée autre- ment. Apparaissent: thus cotinus, Elaeagnus, Juglans; les peupliers deviennent espèce prédominante; le bouleau et l’erable, qui se montraient encore sporadiquement à la partie supé- rieure, ne parviennent pas jusque-là; le Berberis et la Cara- gana, semble-t-il, disparaissent aussi complètement, Les herbes des prairies font place aux herbes des steppes. La Stipa ne s'y trouve que rarement, et d’autres graminées la remplacent. A perte de vue on n’apercoit que différentes espèces de Sca- biosa et, vers la fin du printemps, les prés qui en sont re- vêtus, présentent un aspect des plus beaux. Phlomis et Gly- cyrrhiza se montrent d'abord ici. Des petits buissons d’Arte- misia, des pavots de toutes couleurs et des Convolvulacées couronnent les hauteurs des collines dont les flancs sont entièrement plantés de taillis bas et épais d’eglantiers; der- rière eux émergent çà et là quelques Althaca et différentes ombellifères. Cependant, plus on marche vers le Sud et l'Ouest, plus les montagnes prennent un aspect désolé. Elles se ramifient en différents groupes, s’abaissent ensuite rapidement comme de simples collines et se déroulent jusqu'à la vallée de PAmou en légères ondulations. En même temps, à mesure qu’elles s’eloignent des neiges éternelles, elles deviennent de plus en plus désertes. Les étendues de végétation disparaissent; le calcaire et l'argile restent partout à découvert, et leur sur- face renvoie les rayons du soleil avec une telle intensité que 90 le voyageur n'avance qu'avec peine. De petits bosquets de pistachiers, fréquents vers l'Ouest, et des pelouses vert-mat de Alhagi Camelorum et Phlomis font un peu diversion à ces tristes et mornes paysages. Ainsi nous revoyons ici ce que nous avons observé à l'Est du Pamir. Ce ne sont pas des obstacles insurmontables tels que vastes bassins d’eau ou suite de chaines de montagnes d’une hauteur extraordinaire, mais c’est cette bande de dé- serts montagneux, avec ses paysages désolés et sa maigre végétation, qui a fait de la vallée de Khingoob un cirque indépendant, par dessus les remparts duquel (remparts n’e- xistant réellement qu'au Sud) ne peuvent passer que fort peu d'espèces de lépidoptères. Entre les vallées du Mouk-sou et de l’Alai se dresse, à première vue, le gigantesque massif continu du Trans- Alai. Deux énormes cols le divisent en trois parties dont les deux de l'Est forment deux noeuds de montagnes: le pic Kaufmann et Maltabor. La partie occidentale est composée d’un laby- rinthe de ramifications qui s’entrelacent sans ordre, d’embran- chements rocheux à pentes verticales et, au lieu de vallées, à gorges qui d’ailleurs ne sont comparativement que peu éle- vées. Un nombre fort restreint de ces roches est couvert de neiges éternelles. Cette partie occidentale sert de trait-d’u- nion entre les monts Karateguine-Ghissar et les monts de Chougnan-Rochan et Hindou-Kouch. Je ne puis dire quoi que ce soit de positif sur les types de la végétation, parcequ'il faudrait ici une détermination non des genres, mais des espè- ces, ce qui m'est impossible sans collections faites sur place. Néanmoins je suppose qu'il y a parmi les différentes flores la même connexion que parmi les types de lépidoptères. J'aurai encore plus d’une fois l’occasion de parler de ces ramifications du Trans-Alai rappelant par leur caractère les monts Karatéguine et Ghissar; maintenant je les détache PT nt mi ns Fr De Carre hs Etes 2 ge ol er , 91 complètement des deux autres parties de cette chaîne pour en former un groupe séparé d’elevations, et j'aborde la des- cription des monts Transalaïens et de la vallée de lAlaï avec laquelle ils sont intimement liés. Cette vallée, d’une étendue de 150 verstes, unie sous le rapport hypsometrique et géologique avec la vallée de la ri- vière Kachgar à l'E. et le Karatéguine-Ghissar à l'O. forme néanmoins, comme la vallée de Khingoob, un cirque tout-à-fait indépendant, franchement marqué à l'E. à l'O. et au S., et moins distinctement au N. Le fleuve Alaï descend du col de Taoun-Mouroun et des versants septentrionaux du Transalaï avec une pente maximum de 20 pieds par verste. D'abord relativement assez large, il est déjà, à FO. de l'embouchure du Kok-sou, rapidement resserré par des contreforts très tranches. Il s’elargit ensuite encore une fois, perd son nom et ses particularités caracte- ristiques près du Karamouk, fait une courbe vers le Sud et coule dans cette direction non par une vallée de steppe, mais par un ,saï étroit à bords escarpés et rocheux. La hauteur de cette vallée à l'E. atteint 11.000 p., à l'O. seulement 7.000 et quelques pieds. Sur toute son étendue, c’est une steppe élevée montant du côté méridional, par des contre- forts, presque jusqu'aux neiges de la chaîne Transalaïenne, et au Nord s'appuyant contre les sombres roches des monts Alaï ou pénétrant par des vallées latérales. Elle est caracté- risée par la Festuca à l'Est de Kizil-Art et un peu vers l'Ouest par la Stipa qui exclut presque tout autre végétation. Dans le voisinage des neiges, sur les „sai“ des vallées laté- rales, sur les pentes des avant-monts et dans les ravins la Stipa disparaît presque complètement; elle fait place à une végétation de prairie qui, en certains endroits, est très va- riée. A la sortie de la gorge de Kizil-Art, dans la chaine Transalaïenne, l’été ne commence qu'à la fin de Juillet: tout 92 fleurit alors; un tapis de verdure de toutes nuances drape les vallons et les pentes; penches sur les gercures du sol les myo- sotis bleuissent, et sur toutes les basses terres s’y mélent des Renonculacées, du Trifolium, Gentiana, Taraxacum, Galium, Primula, Geranium etc. Différentes espèces d’Allium appa- raissent en bouquets d’un vert foncé et descendent plus loin, se mariant aux Mentha et Caragana de toutes les déclivités des ramifications voisines. Les ,saï et les éboulis sont parsemés de buissons d’Ar- temisia, Echinospermum, Oxytropis, Onosma, Androsace ete.; plus haut, sur les places dégagées des neiges, prédominent les Viola et les mêmes Renonculacées. En dehors de la Caragana sp. mentionnée ci-dessus, l’on ne rencontre nulle part ici de végétation arborescente dont V’absence absolue caractérise principalement la flore de PAlaï. L'apparition des premiers arbres et arbustes dans ces mon- tagnes coïncide presque avec la frontière septentrionale du cirque de l’Alaï qui cependant, très peu marquée ici, l’est bien davantage vers l’Est par la vallée stérile du fleuve Kach- gar. Cette vallée, avec les montagnes environnantes, contraste avec ce que nous venons d'observer à l'Ouest; un large „sai“ à rares bouquets de buissons de Tamarix, Ephedra, Salix, et plus bas de Halimodendron argenteum; plus rarement encore à petits bosquets de Populus nigra et P. diver- sifolia et à taillis de saules, de Lonicera, de roseaux, de Lasiogrostis splendens, et enfin de petites surfaces couvertes d’Iris et de cette même graminée. En dépit d’une végétation aussi variée, c’est un désert vaste et désolé qui s'étend depuis Irkeschtam presque sur 200 verstes à l'Est et sy confond avec la célèbre steppe sablonneuse de Tarym. Les montagnes d’alentour sont encore plus nues et plus tristes. Toute végé- tation se cache dans des ravins profonds; des rochers de calcaire, de marne et de grès saillissent partout. « des „tougai 93 Vers l'Ouest, la première végétation arborescente apparaît déjà à l'embouchure du Kok-sou et suit depuis là, à de petites intervalles, tout le cours inférieur du Kizil-sou. Il est remar- quable que c’est précisément ici que l’Alaï est coupé par la zone des territoires isolés. Cette zone commence par le Chou- gnan et le Rochan, longe le Koudara dans la vallée du Mouk- sou, passe près du Sel-Taou, des monts Transalaïens occiden- taux par la basse vallée de l’Alai, et arrive dans la partie des hauteurs de lAlaï qui, se joignant au massif du Kok- sou, sont le plus intimement liées à la chaine de Ghissar. Ne possédant aucuns matériaux sur la faune des lépidoptères du Hindou-Kouch occidental et des élévations de Chougnan, je me décide cependant, par différentes combinaisons orogra- phiques et quelques données insignifiantes sur la faune, de fixer cette chaîne en réunissant le Hindou-Kouch occidental avec le versant occidental des monts de Ghissar. Ce n’est que dans les confins de cette chaine, avec ses déviations de peu d'importance, que j'ai trouvé: Parnassius Rhodius Colias Alpherakii , Wiskotti Polyommatus Solskyi Lycaena Cytis Limenitis Lepechini Melitaea Saxatilis 7 var. Maracandica °°) Erebia Hades n Jordana Satyrus Lehana „ Josephi an Dissoluta Zygaena Cocandica Arctia Intercalaris (et probablement beaucoup d’autres formes). #0) Il est remarquable que l’on trouve ici la même forme de la Melitaca Saxa- tilis qu’à l'extrême Ouest du Pamir, tandis que dans l’Alai Oriental, qui en est plus proche, se trouve déjà la forme, connue sous le nom de var. Fergana Stgr. 94 La ligne de partage qui sépare la faune lépidoptérolo- gique de l'Est de celle de l'Ouest et qui passe également par ici, est encore plus remarquable. Espèces qui ne se trouvent pas à l'Ouest Espèces qui ne se trouvent pas à l'Est ‘de cette chaîne: Parnassius Apollonius Romanovi Discobolus Actius Charltonius Delphius var. Infer- nalis SS ss 3 Colias Cocandica Eogene Regia Pamira » Romanovi Lycaena Rutilans Venus Actinides „ Persephatta „ Buddhista Polycaena Tamerlan Argynnis Hegemone Erebia Meta = Mongolica „ Radians Oeneis Hora Satyrus Heidenreichi » Wilkinsi n Abramowi Epinephele Pulchella Coenonympha Sunbecca Pyrgus Tessellum _ n ” n ” de cette chaine: Parnassius Honrathi v. Cardinal . v. Staudingeri Pieris Tadjika Colias Christophi m Sieyersi Lycaena Iris # Amor 5 Kogistana 5 Poseidonides 5 Magnifica ; Dagmara Erebia Maracandica Satyrus Josephi „ Lehana Pyrgus Nobilis » Lutulentus 51) __*) Cette liste ne contient que des espèces des hautes régions de mon- tagnes ou bien celles qui ne volent pas au-dessous de 4,000 p.; mais elle peut être considérablement augmentée, si nous y joignons les formes, qui vo- s 95 Si les limites du cirque de l’Alai des steppes ne sont pas aussi accentuées à l'Ouest qu'à l'Est, une démarcation devient cependant évidente dans les deux listes dressées ci-dessus. Cette limite, correspondant à l'horizon des premiers bosquets et des taillis sur le Kizil-sou,- fait ensuite une courbe vers le N. O. et se perd dans les monts Alaï en zig-zags indé- terminés. La partie centrale de ces derniers entre le Kara-Kazouk et le Taldyk offre la frontière la plus positive du cirque de PAlaï au Nord. Sur toute cette étendue la crête se rapproche de la vallée: les déclivités sont abruptes, pierreuses et sans vie, les contreforts courts et entrecoupés de gorges peu pro- fondes dans lesquelles serpentent de petits ruisseaux. Ce n’est que le long de ces cours d’eau que sont dispersés çà et là des buissons de genévriers sans former nulle part des futaies continues ou des „tougai“. Les environs sont plus ou moins revêtus de Stipa; mais, tout à côté, s'étendent des surfaces désertes ou bien s’alignent des éboulements pierreux. Depuis là, vers l'Est et l'Ouest, la steppe pénètre jusque sur les promontoires de l’Alai, franchit même les sommets des con- treforts et, montant de plus en plus, atteint à peu près les crêtes principales pour aller se perdre dans les neiges éter- nelles. Son extension vers le N. E. de la chaine de l’Alai a une signification fort importante pour la transmigration des lépidoptères. C’est ici que se rencontrent avec la steppe Alaienne les „syrtes“ du Thian-Chan. Le groupe des montagnes, connu en Russie sous le nom de monts Alai, ne presente cependant pas une seule chaine lent plus bas, ou bien celles dont je n’ai pu fixer la distribution avec exactitude, Je citerai p. ex.: Polyommatus Sarthus, que l’on trouve probable- ment sur tout l’Alai, Pol. Sultan, Satyrus Stheno, Lim. Lepechini, Van. Urticae d’un côté, Kaschmirensis de l’autre etc. 96 continue. La partie orientale, avec le noeud central d’Aiou- Tapam, qui se réunit aux crêtes de Ferghana et aux „syrtes“ du Thian-Chan, semble être indépendante dans le groupe des élévations, et sera peut-être, avec le temps, même séparée du Pamir et se rapportera au système du Thian-Chan. Ce groupe de montagnes a, pour nous, la même signification que l’angle de la steppe de l’Alaï. En se complétant mutuellement, cette partie des élévations forme un chainon entre les monts Ghissar-Alaïens et les monts Transalaïens d’un côté, et le Thian-Chan de l’autre. Quant à la ramification des monts Alaï vers l'Ouest, elle est; en général, moins importante et aussi moins intéressante. La chaîne de l’Alai, s'appuyant à l'O. contre le noeud du Kok-sou, et les monts Turkestan et Zaravchan-Ghissar qui l’avoisinent du côté opposé, occupent ensemble une étendue de 700 verstes et forment la dernière saillie des hauteurs septentrionales du Pamir. Cette chaîne, d’une élévation par- tout égale, s’aligne de l'E. à l'O. presque dans la direction du parallèle, et une légère courbe de l’axe dans la direction Sud, près du noeud de Kok-sou est nettement indiquée grâce à des contreforts très accentués. Une semblable direction de la chaîne principale, formant angle aigu avec les vents humides N. O. qui dominent ici, a une importance extrème et qui devient évidente, quand on compare les deux versants des monts Ghissar-Alaiens, se di- stinguant non-seulement par la hauteur de la région des neiges, le caractère de leurs versants, mais encore sous le rapport phyto-géographique. Dans l'aperçu des confins du Pamir, mentionnés ci-dessus, - certaines différences s’accusent d’elles-memes, mais ici, dans cette dernière chaîne, exposée du côté Nord à l'influence des vents humides, ces différences deviennent singulièrement ma- nifestes. 97 La crête principale sert presque partout de limite à la propagation de la végétation arborescente vers le Sud, et si même celle-ci vient à dépasser cette limite, elle ne s’abrite que dans les ravins et n'est-ce encore qu'à une hauteur prodigieuse. La zone jusqu'à laquelle montent certaines espèces d'arbres et d’arbrisseaux varie sensiblement. Cependant la limite de leur propagation dans les monts Alaï a été fixée à 12,000 p., la limite la plus basse pour les forêts à 6,000 p. et pour les arbrisseaux à 3,000 p. ”*). La zone de forêts et d’arbris- seaux à donc une énorme étendue dans les monts Alaï et influe à son tour sensiblement sur le caractère de la végé- tation herbacée et sur le caractère du paysage. lei cependant on ne rencontre pas, comme dans le Thian-Chan, des bosquets et des forèts continus. Les arbres croissent isolés ou en petits groupes, et, dans la plupart des cas, ce ne sont pas des forêts d'arbres à feuilles, mais ce sont des genévriers (‚Juniperus semiglobosa), qui se voient jusqu'à la hauteur de 10,000 p. Ils sont remplacés par des genévriers noueux, qui montent presque jusqu'à la crète même des montagnes. A 10,000 p., le saule vient se joindre au genévrier et avec lui aussi les premiers Lonicera (Lon. Olgae etc.) et Ephedra; un peu plus bas le bouleau, l’érable, le sorbier, d’autres Lonicera (p. ex. L. Altmanni), Salix Trautvetteriana, Ephedra glauca, Rosa berberifolia‘ (?), forment des buissons impraticables et croissent avec d'autres arbrisseaux jusqu'à 4,000 p.; vient enfin Cara- gana. Les forêts continues ne se trouvent presque plus à 6,000 p.; les taillis n’y sont que rares et la végétation ar- borescente qui figure ici, est toute autre à peu d’exceptions près. Il est vrai que l’on voit ici l’artscha (espèce de Juniperus), #) Fedtschenko: „Dans le Khanat de Kokan“, p. 122. Le chiffre 6,000 p. ne paraît pas être juste partout. Selon moi il faudrait le diminuer de 1,000 p. fi 98 mais à côté de celle-ci aussi: Crataegus, Salix sarawschanica, S. Wilhelmsiana, S. alba, Hippophaës rhamnoides, Vamendier, l’abricotier sauvage et différentes espèces de peupliers, dont on trouve quelques-unes dans le ,saï* à une hauteur bien plus considérable. Les espèces d’arbrisseaux varient aussi. On rencontre des églantines, Spiraea, Ephedra, Ribes, Cotoneas- ter, Caragana tragacanthoides, Lonicera et quelques espèces de saules en buissons. Quant à la végétation herbacée celle de la zone alpine et celle qui se trouve sous les neiges est représentée ici comme partout ailleurs par différentes Renonculacées, Statice, Del- phinium (D. altissimum etc.), Corydalis (C. Fedtschenkoana, C. paniculigera, Schtschurowskyi ete.), Potentilla, Primula, Viola, Myosotis, Geranium, Androsace, Polemonium, Carex sp., Sedum, Draba, Tulipa, Lloydia serotina et Oxytropis. Plus bas vien- nent s’y joindre différents Allium, Umbelliferae, Asperula, Valeriana, Erigeron, Serratula depressa, Gentiana, Taraxacum, Solenanthus semiflorus, Nepeta, Calamagrostis. La hauteur de 9,000 à 4,000 p. est caractérisée par différentes Ferula, dont la plus répandue est la F. foetidissima *). En même temps paraissent les premiers Eremurus, dont une espèce se trouve aussi plus haut *); cette zone se distingue encore par des graminées, qui ne prédominent que sur les versants S.-0., où croissent en plus en grande abondance différentes Artemisia, Euphorbia, Oentaurea, Scabiosa, Diunthus et Tulipa. Les pentes sablonneuses et les surfaces de loess sont couvertes d’Astra- galus, Iris, Phlomis tomentosa, Artemisia, Rheum et une masse d’autres herbes parmi lesquelles les graminées prédominent #) Dans mes ,Berichte“ (Mémoires s. 1. Lép. T. II et III) Scorodosma foetidum. : 54) J'ai trouvé une espèce d’Eremurus blanc dans les montagnes de Ghissar à une hauteur de 11,000 p. (Col de Liagar-Mourda). 9%) de nouveau. Enfin, pour completer ce tableau general, ajou- tons qu’en remontant les defiles il y a, appartenant exclusi- vement aux steppes, des plantes qui pénètrent jusque dans les montagnes, telles sont: les Tamarix, Halimodendron argen- teum, Capparis spinosa, Alhagi Camelorum, Psamma, Hordeum Kaufmanni ete., tandis que dans les salines on ne voit que de basses et päles Salsolacées dans le voisinage desquelles on peut presque toujours trouver des places couvertes de pavots, de camomilles et de différents Convolvulus. Tel est le caractère général des versants septentrionaux des monts de l’Alai, de Ghissar-Zaravchan et de Turkestan dont les ramifications couvrent non-seulement l’enorme étendue au Nord, mais encore celle à l’Ouest du Pamir intérieur. Ces élévations occidentales, coupées par les vallées longitudinales de Sourkhan, Kafirnagan et Vakhch en trois groupes de montagnes, sont, par suite de leur faible altitude, l'absence presque complète de réservoirs d’eau, de leur peu d'humidité et en même temps de la remarquable chaleur du climat, sont, dis-je, si tristes, si sauvages et originales, qu'en en donnant un aperçu superficiel nous devons y trouver, d’hors et déjà, ainsi que dans les vallées qui les traversent, plus de ressemblance, sous le rapport phytographique et zoographique, avec les steppes voisines de l’Amou-Darya qu'avec les montagnes de Ghissar qui sont dans leur proximité. Notre conclusion se trouve confirmée a priori. Comme le Kara-Taou de Kouliab offre des particularités analogues, nous le mettons au nombre de ces élévations. Nous avons donc ainsi une zone de montagnes séparées, désertes, en partie à caractère rocheux, en partie à caractère de steppe. Elles se perdent au Sud et à l'Ouest dans les sables près de l’Amou-Darya, et à l’Est elles s'appuient contre le Badakhchan dont elles différent tout aussi sensiblement que des montagnes au-delà de la vallée de Ghissar. Dans les confins du système du Pamir elles forment, avec les vallées qui les entrecoupent, 7* 100 une zone tout-à-fait indépendante sous le rapport phytogra- phique et zoographique. Elles servent en même temps de chainon de réunion entre l'occident lointain et les vallées des pentes septentrionales et occidentales du Pamir intérieur. Nous n'avons pas la prétention de décider jusqu'à quel point s’en rapprochent par leur type les monts de Badakhchan entre le Pyandj et la chaîne Khodja-Mahomet. Cependant, au-delà de cette dernière, on tombe de nouveau, paraît-il, sur un cirque indépendant auquel le lac de Chiwa sert de centre et des montagnes de neige de limites. Ce cirque séparé des éléva- tions du Darvaz, Chougnan et Rochan par la vallée du Pyandj, doit, le long de la chaîne Khodja-Mahomet, être intimement uni au Hindou-Kouch occidental. Il faut espérer que dans un avenir prochain nous saurons si ce fait est exact. En resumant tout ce qui a été dit du Pamir intérieur et de ses confins, nous en arrivons à conclure que, malgré son relief continu et compacte, il se divise sous le rapport zoogéographique et probablement aussi sous le rapport phy- togéographique, en parties indépendantes soit cirques, soit chaînes séparées. Ce sont ces rehaussements, décrits et étu- dies en detail dans le chapitre III, qui ont commencé la séparation de la faune. Cette conclusion est le résultat imme- diat de l’ensemble des données que nous avons exposées dans les pages précédentes. Le Pamir intérieur — centre désert de tout ce système — sépare aujourd’hui les confins Sud de ceux du Nord et les confins Est de ceux de l'Ouest. A leur tour, ces derniers sont, pour la plupart, loin d’avoir une union parfaite entre eux. Le rapport zoogéographique le plus intime existe entre les confins Sud et Sud-Est qui, à leur tour, ont probable- ment une relation avec le cirque Chiwa par la chaîne Khodja- Mahomet. Peut-être même y en a-t-il une autre par le Vak- han, les hauteurs de Chougnan, de Rochan et par le Trans- Ei WERE Alai occidental, la chaine Karateguine-Ghissar et, par conse- quent, aussi avec la chaine d’Alai. Cependant cette union ne nous explique nullement la distribution actuelle de bien des espèces des hautes Alpes, telles que: Parn. Delphius, Pier. Callidice, Colias Eogene, C. Cocandica, Lyc. Pheretes, Meli- taea Solona, Argynnis Pales, Epinephele Pulchella, Pyrgus Alpina ete., qui se trouvent et dans les monts Hindou-Kouch, et dans les monts Transalaiens. En étudiant même d’une façon superficielle la nature des districts intermédiaires, il est facile de se convaincre que la voie par le Chougnan ne convient nullement à nos émigrants ailés. Les espèces des vallées *) sont les seules à en profiter; elles contournent la chaîne, et, en suivant cette voie si longue, mais déjà frayée, elles conservent peut-être jusqu'à présent des rapports animés entre les confins méridionaux et septen- trionaux du Pamir. Telles sont par exemple: Colias Wiskotti, Lycaena Cytis, Limenitis Lepechini, Satyrus Lehana, Pararge Eversmanni, P. Menava etc. | Tout en reconnaissant comme inaccessible à certaines espè- ces, vivant dans les deux confins, la voie que nous venons d'indiquer, nous tranchons pour ainsi dire d'avance une ques- tion: si cette route n’est plus frayée aujourd'hui, il fut ce- pendant un temps où elle l'était; autrement dit, à une cer- taine époque, sur les confins et les stations intermédiaires existait la même faune de lépidoptères. Nous avons essayé, dans le chapitre précédent, de donner un tableau du Pamir tertiaire. Ses montagnes, paraît-il, étaient déjà alors d'une hauteur considérable, quoiqwelles n’attei- %) Sous le nom espèces des vallées“ je sous-entends celles qui habitent principalement le fond des vallées parfois très élevées (allant au-delà de 10,000 p.); ce qui n'empêche pas quelques-unes de ces espèces de descendre beaucoup ou de s’abriter dans les montagnes. 102 gnissent probablement pas toutes la ligne des neiges. En comparant les différentes élévations des dépôts tertiaires, nous en arrivons à conclure que les forces qui ont opéré le soulè- vement, ont agi le plus énergiquement au Nord-Est du Transalaï. On peut donc supposer avec raison que la partie orientale du Pamir a été redressée, dans la dernière période, bien au-delà des élévations du Chougnan. Néanmoins, la hauteur des monts Kachgar et Karakoul orientaux (Kara-Djilga) est telle à pré- sent qu'ils ont dù certainement s'élever déjà alors, sur une étendue considérable, au-delà de la ligne des neiges éternelles, et former ainsi ce „pont“ qui réunissait les deux confins opposés de la partie intérieure du Pamir. Si ce pont est anéanti maintenant, c’est principalement parceque le redres- sement. du Pamir et le desséchement de la mer Han-Haï et de celle de Turkestan s’effectuaient en même temps, ce qui eut pour conséquence, de nos jours, un changement complet de climat sur toute l'étendue de l'Asie intérieure: d’humide et maritime qu'il était, le climat devint tout-à-fait continental; il sut anéantir complètement la force végétative d'autrefois et toute trace d’une zone de prairies alpines sur les deux versants des monts du Kachgar et de Kara-Djilga. Des deux côtés de la route de Chougnan, seule encore possible de nos jours pour bien des types et qui joint deux chaines tout à fait analogues, celle du Hindou-Kouch et de Ghissar-Alaï, se trouvent deux cirques séparés: à l'Ouest Chiwa et Khingoob, à l'Est Sary-kol et Alai. De ces cirques, c’est celui de Sary-kol qui est limité le plus complètement. Nous ne pouvons, jusqu'à plus amples données, rien dire de positif sur Chiwa; quant au Khingoob et à l’Alai, qui sont parfaitement séparés dans les basses zones, ils ont cependant, semble-t-il, quelque union dans la zone alpine. La différence et la res- semblance de ces deux cirques sont facilement visibles d'après la liste suivante: Alaï. Papilio Machaon Parnassius Apollonius Discobolus Romanovi Actius Rhodius Charltonius ; Infernalis Pieris Callidice Chloridice 3 3 3 3 3 ” Colias Cocandica „ Alpherakii „.Hyale „ Erate »„ Eogene „ Regia „ Pamira „ Thisoa Romanovi » Wiskotti Polyommatus Solskyi Er Sarthus Lycaena Eversmanni 5 Haberhaueri a Rutilans 5 Tomyris , Alaica "N Pheretulus A Venus 5 Sarta A Actinides ñ Phyllides 5 Persephatta 103 Khingoob. Papilio Machaon var. Parnassius Honrathi = Discobolus a Rhodius - Cardinal A Mnemosyne Pieris Krueperi „ Tadjika „ Ochsenheimeri » Callidice » Leucodice Anthocharis Belia Leucophasia Sinapis Colias Alpherakii » Pieversi „ Erate » Thisoa Thecla Mirabilis a Rubi Thestor Fedtschenkoi Polyommatus Sarthus a Phoenicurus Lycaena Alaina er Aegon . Rogneda 2 Eversmanni (?) a Fergana : Zephyrinus : Baton = Sinensis > Tengstroemi = Venus 5 Icarus 5 Kogistana 104 Polycaena Tamerlana Melitaea Arduinna var.? = Didyma ” Maracandica 5 Minerva Arzynnis Hegemone = v. Generator nr Hecate ” Aglaja = Lathonia Erebia Jordana » .Hades » Mongolica „ Radians Oeneis Hora Satyrus Heydenreichi » Lehana , Abramowi Wilkinsi Pamirus Intermedius Dissoluta Cordula v. Alaica Epinephele Haberhaueri var. 5 Pulchella Coenonympha Sunbecca Pyrgus Proteus BESZESTEYH INES » Alpina » Orbifer , Tessellum Pamphila Comma Lycaena Amanda Sarta Dagmara Magnifica Persephatta Semiargus Cyllarus Limenitis Lepechini Neptis Ludmilla Melitaea Didyma et var. Ala = Pamira Minerva SUSUA' LE Ts! ? ? Argynnis Adippe Erebia Maracandica Satyrus Anthe Pararge Eversmanni Epinephele Haberhaueri Coenonympha Nolckeni Pyrgus Alpina v. Darwazica „ Sidae Le troisième groupe des élévations du Pamir, qui ont un habitus zoographique et phytographique special, est forme par ces montagnes peu élevées, disposées entre la vallée de 105 l’Amou et du Ghissar, et qui sont, pour ainsi dire, la conti- nuation du Bokhara et du Turan, seuls endroits où la faune primitive des basses terres du Pamir de l’époque tertiaire soit encore conservée. Elle est caractérisée par quelques espèces dont les noms sont marqués d'un astérisque dans la liste suivante des lépidoptères, habitant ces contrées: * Ismene Helios * Melitaea Catapelia Pieris Raphani . Didyma var. RC ITANICE Satyrus Briseis var. * -„ Chloridice * 4 Staudingeri * Anthocharis Pyrothoë “ a Sieversi v. Sartha Zegris Fausti? & > Kaufmanni Colias Erate 2 Anthe Polyommatus Phlaeas var. 5 Parisatis Cigaritis Acamas * B Stulta Lycaena Baetica * Epinephele Interposita A Trochylus Pyrgus Poggei “= n Phiala À Phlomidis „= ; Elvira Pamphila Nostradamus e Roxane » Ahriman r : Djagattai is = Ormuzd *) : Christophi Deilephila Zygophylli " Miris Pterogon Proserpina % ; Charybdis etc. “= e Gigantea Tout ce systeme des élévations du Pamir se joint direc- tement, par la partie orientale des monts Alai, aux „syrtes“ du Thian-Chan, et est intimement uni par les monts de Koun- jout avec le Kouen-Loun et l'Himalaya. C'est grâce à cela que %) Ce groupe d’Hesperides noires est, selon moi, originaire de l'Iran, quoique ’Ormuzd, p.ex., soit une espèce encore inédite. La distribution géo- graphique de ce groupe est aujourd'hui telle qu’on ne peut fixer leur origine sur les élévations du Pamir. De tous les autres types marqués ici (*), la Pieris Iranica, trouvée, comme on le sait, pour la première fois en Perse, est le seul douteux. La connaissance que nous avons à présent de la faune entre la Perse et les steppes sablonneuses de l’Amou-Darya ne nous permet pas d'indiquer avec précision la distribution d'autrefois et celle d'aujourd'hui de Lycaena Trochylus, Miris etc. 106 la transmigration s’effectue dans cette direction, en d'assez grandes proportions. On voit par cet aperçu des versants du Pamir, où existe une certaine faune de lépidoptères, que cette faune garde partout son cachet spécial, c’est-à-dire celui du Pamir, et qu'elle offre aujourd’hui, dans les différents confins, des écarts caractéristiques dont il faut faire remonter le commencement à la période des derniers soulèvements et à celle qui corres- pond à l’époque glaciaire. Avec le redressement du Pamir, sa population émigra et n’y revint plus. Les glaciers glissè- rent dans les vallées; les neiges couvrirent pour longtemps les versants des montagnes et lorsqu'elles disparurent, le Pamir s'élevait déjà à une hauteur considérable; les mers voisines avaient disparu, et le climat humide s'était changé en climat sec. Tout être vivant, après y avoir laissé des traces fort insignifiantes de son séjour, avait fui sur les confins dans les contrées nouvellement formées qui n’emergeaient qu'alors du fond des mers voisines. Avec le temps, les confins perdirent presque toute union entre eux; mais, en revanche, ils se con- fondirent avec les contrées rapprochées où ils firent passer une partie de leur population et où ils en reçurent une partie à leur tour. Ces arènes, ayant chacune sa vie spéciale, à conditions vitales diverses grâce au relief des montagnes du Pamir en général, à l'inégalité des soulèvements, et surtout grâce à leurs positions différentes par rapport aux vents hu- mides, présentèrent, lors du commencement de notre époque, des particularités si typiques qu’elles durent influer sensible- ment sur l'organisation de tout être vivant dans leurs confins et enfermé là-bas par la force des circonstances. er — CHAPITRE V. Relief orographique du Pamir. — Une des causes principales de la remar- quable sécheresse de ses parties intérieures. De cette sécheresse du climat, qui influe sur l'élévation de la limite des neiges persistantes, dépend aussi le plus ou moins d’élévation de la zone végétative. — Plus la zone alpine est élevée, plus l'été est court.—Vie animale et végétale sur les grandes éléva- tions.—La hauteur absolue n’a pas d'influence sur la composition de la faune des lépidoptères. Cette composition dépend entièrement du caractère des arènes. — Particularités caractéristiques de la faune des lépidoptères du Pa- mir.— Table indiquant les rapports de cette faune avec les autres faunes de la Paléarctique.— Résultats. Les chaînes primitives et en mème temps les plus an- ciennes du Pamir font partie, selon Richthofen, du système des montagnes du Thian-Chan. Cette dépendance s'exprime principalement et peut-être uniquement par leur parallélisme. Cependant les derniers redressements ont fait du Pamir une digue longitudinale entre le Thibet et le Hindou-Kouch au Sud, et le Thian-Chan au Nord; et l'allongement de pareils redressements ne s’est pas autant manifesté dans la direction des chaînes que dans la direction générale du Pamir du Nord au Sud, dans la raideur des versants des deux extré- mités Ouest et Est, de ceux des massifs faisant partie du Thian-Chan, que dans leur étendue particulièrement minime, et enfin dans ce que la ligne de partage des eaux des deux rivières, le Tarym et l’Amou, se trouve sur le Pamir '). Nous ne voulons et ne pouvons discuter ici cette hypothèse et nous laissons aux spécialistes le soin d’en réfuter la justesse. Notre but est de faire connaître à nos lecteurs, le plus claire- ment possible, ce que présente le Pamir de nos jours. A ce point de vue les lignes précédentes nous sont précieuses, comme donnant en peu de mots une idée très nette de son relief. Malgré sa direction longitudinale, le Pamir est bariolé de rides courtes, mais profondes, allant de l'Est à l'Ouest. Au Pamir même, ainsi qu'à trois de ses confins à celui du Nord, du Sud et de l’Ouest, contre cette suite de rides s’en ap- puient d’autres qui s’entrecroisent dans les directions les plus variées, et changent en chaos tout le relief de cette partie de la contrée. Ce chaos s’eclaire cependant, si l’on regarde ce même Pamir du sommet de quelque élévation imaginaire, suffisamment haute pour l’embrasser d’un seul coup d'oeil: Sur un fond général, peu distinct et obscur, de différentes chaînes et élévations séparées se détachent alors nettement . de larges bandes de neiges éternelles, à direction toujours uniforme de l’Est à l'Ouest. Ce sont les principales chaînes du Pamir, et ce n’est qu'à ses confins que nous verrons de nouveau de semblables bandes blanches perpendiculaires aux dernières. A l'extrémité Ouest: les courtes ramifications des chaînes de Ghissar; près du Pamir intérieur: la chaine de Khodja-Mahomet, et à l'Est: celle de Kara-koul, de Sary-kol (partie méridionale) et les monts Kachgar. Un pareil relief des montagnes du Pamir, par rapport à 1) N. et Severtsow, ,Esquisse orographique du système des montagnes du Pamir“. p. 5. la direction N.-O. des vents humides, a une signification extrème pour expliquer une foule des particularités climatéri- ques, et entre autres la remarquable sécheresse du Pamir intérieur. Pour y pénétrer, les vents doivent consécutivement surmonter du côté Nord des obstacles, tels que les monts Alaï, la chaine Transalaïenne et au-delà de celle-ci les rem- parts verticaux du massif de Sel-Taou, avec une suite de chaînes. Plus loin vers l'Ouest ces vents rencontrent encore de plus grands obstacles. Leur passage est intercepté par les monts Turkestan, Zaravchan et Ghissar et vers le centre par les monts plus hauts de Pierre le Grand, Darvaz et Yazgou- lan. Une voie indirecte, aussi complètement interceptée à ces vents, comme nous l'avons dit déjà, par des chaines longi- tudinales et par une contrée très montagneuse, occupée par le Darvaz et le Badakhchan septentrional. Au Pamir intérieur, la limite des neiges éternelles, dé- pendant de l’extrème sécheresse de l'air, s'élève parfois au- delà de 17,000 p. Ce fait d’ailleurs m'est pas isolé. L’Hi- malaya nous offre un exemple intéressant d’une semblable corrélation entre la quantité d'humidité et la limite des neiges éternelles. On sait que les pentes méridionales des montagnes susmentionnées offrent un obstacle des plus grands aux mous- sons qui s'élèvent le long de ces versants jusqu'à la crête, et, s'ils la dépassent, ils perdent considérablement de leur hu- midité, restée presque en entier de l’autre côté des montagnes sous forme de neige ou de pluie. La limite des neiges sur les versants méridionaux dépend de ce fait et s’élève environ à 15,500 p., tandis que sur les versants septentrionaux elle atteint la hauteur énorme de 18,500 p. Le Nord du Pamir nous présente le même exemple. Comme nous venons de le dire, les limites des neiges ont, au centre, environ 17,000 p.; dans la chaîne Transalaïenne elles baissent jusqu'à 15,500 110 et 15,000 p. et dans celle d’Alai jusqu'à 14,000 et même 13:000 pr) D'après la ligne de neige, la zone des prairies alpestres est plus ou moins élevée, et plus elle est élevée, plus le printemps s’y annonce tard. De même le commencement de toutes les autres saisons dépend directement de la hauteur: c’est ainsi que l’automne sur les grandes élévations commence incomparablement plus tôt que sur celles qui sont moins hau- tes, fait fort important pour l'étude de la vie animale de cette contrée. Par exemple sur des confins tels que les ver- sants septentrionaux de la chaine Transalaienne près de Ki- zil-Art, des neiges se voient encore à la mi-Juin, quoique l'élévation des pentes couvertes de gazon en été, ne dépassent pas en général 12,000 p. Le printemps commence là à la fin de ce mois ‘), et l'automne arrive vers la fin d’Août. A la fin de Juin fleurissent encore les Myosotis, des Renon- culacées, Geranium, Taraxum et autres plantes printannières, et en même temps Allium, Caragana, Mentha et Galium, qui, comme on le sait, fleurissent en été à une élévation bien moins grande. Il en est de même dans le monde des insectes. Avec des formes de printemps telles que Parnassius, Colias et autres, volent différentes Argynnis, Satyrus et Epinephele, formes particulières à l'été. Tout se hâte de vivre et de pro- fiter de ces quelques semaines pendant lesquelles le soleil chauffe davantage. Le Transalaï oriental ne jouit que de peu de semblables semaines. Les énormes masses de neige très voisines, et la position des versants de la chaîne tournés vers le nord, doivent naturellement réagir sur le climat par un ?) En fixant les limites des neiges persistantes je ne prends en consi- dération que les versants septentrionaux. Sur les versants méridionaux cette limite est parfois de 1,000 p. plus élevée. 5) Ce qui n'empêche pas quelques insectes et même des papillons de paraître plus tôt, p. ex., une Macrogl. Fuciformis fut prise là le 6 Juin. Zu abaissement de la température moyenne. Voilà pourquoi l'été est là court et comparativement froid. Les amplitudes journa- lières sont énormes; les rosées sont froides, le givre continuel, les pluies et même les neiges très fréquentes. Si l’on compare cette partie du Transalaï avec les pentes méridionales de la chaine Alaï, qui lui sont opposées et si l’on y choisit des confins ayant la même hauteur absolue, on constatera des contrastes excessifs. La végétation y sera autre. Au commencement d’Aoüt tout prend une teinte jaunätre, les papillons terminent leur vol, on ne voit presque plus de sca- rabées et d’autres insectes. Et ce fait n'a rien d'étonnant. La vie active a commencé là déjà à la fin de Mai, ayant ainsi devancé de tout un mois la vie identique du côté opposé de la vallée d’Alai. A la fin de Mai volaient Parnassius Del- phius, Lycaena Pheretulus, Melitaca Minerva et une masse d’autres, tandis que je rencontrais des exemplaires tout frais des mêmes espèces dans le Transalaï jusqu'au 10 Août 18. Mais en même temps, comme nous l’avons dit, volaient dans le Transalaï d’autres espèces telles que: Argynnis Pales, Lycaena Venus, Satyrus Wilkinsi ete. que j'ai trouvées même un peu plus tard dans les monts Alaï, il est vrai sur les versants septentrionaux, mais à la même hauteur et en exem- plaires encore assez bien -conservés. En résumant tous ces faits on doit en arriver à une conclusion fort importante: si l’on étudie la faune d’une contrée de montagnes aussi vaste que le Pamir, même sans en avoir de connaissances prélimi- naires, l'indication des dates nous dessine, sous un certain rapport, le caractère de l'arène, tandis que sous un autre elle nous est presque inutile. Si des dates accompagnent des formes printannières, p. ex., Parnassius, Anthocharis, Colias et autres, ces données accusent facilement le caractère de l'arène où a vécu l’insecte. Nous recevons, p. ex., deux exemplaires de Par- nassius Delphius, Yun marqué du 25 Mai, l’autre du 25 112 Juillet. II n’est pas difficile de caractériser ces deux arènes, où le printemps commence à des époques aussi différentes. Cependant si de semblables chiffres accompagnaient les Sa- tyrus, nous ne pourrions, vu ce qui a été dit plus haut, tirer les mêmes conclusions *). Dans la chaîne Alaï la zone alpine ne descend jamais au-delà de 9,000 p., cependant l'extension normale de sa limite inférieure est au-dessus de 10,000 p., dans la chaîne Transalaienne cette zone ne descend pas au-dessous de 11,500 p. et s’eleve probablement jusqu'à 14,500 p. Dans les monts Kounjout cette même zone s'élève encore plus et la limite inférieure de son extension se trouve probablement à 13,000 p. Si nous comparons ces trois nombres en rejetant celui du 4) Il est intéressant de trouver les mêmes rapports non-seulement dans le monde des insectes, mais aussi parmi les animaux vertébrés. Cependant il faut ici mettre les chiffres d'accord avec la qualité de la fourrure ou du plumage de l’animal, si nous avons à faire à des animaux hibernants, ainsi qu’ avec le moment de leur réveil. En étudiant attentivement la distribution géographique de ces mêmes animaux vertébrés, on constate parfois des faits, qui, relativement à tout ce qui nous est connu par les chapitres précé- dents, sont si intéressants, que même ici, dans ce travail, spécial et soumis à un programme bien arrêté, nous nous permettons une légère digr Sr per- suadés que nos lecteurs nous en sauront gré. Nous avons indiqué plus d’une fois la digue de montagnes qui existe maintenant entre le Thian-Chan et le Pamir. Si nous n'avions point d’autres données que les données zoologiques pour retrouver l'endroit où s’etendaient les rives du courant qui réunissait autrefois la mer de Tarym avec celle du Ferghana, les marmottes nous l’indiqueraient avec précision. On sait que le Pamir est habité par l'Actomys caudatus, et le Thian-Chan par l'A. baïba- cinus. Les deux espèces se rencontrent sur cette digue, et la limite de leur distribution est si distincte que celui qui n’a pas observé personnellement ce phénomène, peut difficilement se le représenter. J’ai pu, à certaines occasions, observer l'Actomys caudatus sur les versants méridionaux de la chaine et l'A. baibacinus sur ceux du nord. Le naturaliste Alexandre Wilkins a été témoin du même fait dans des proportions bien plus considérables et il m'a communiqué les résultats de ses observations. De semblables faits sont assez fréquents aussi pour d’autres groupes de mammifères (p. ex., la distribution du genre Ovis), mais ils ne sont pas aussi manitestes. 113 milieu, et si nous prenons les deux extr&mes massifs des mon- tagnes—la chaîne Alai et les monts Kounjout — nous aurons les chiffres 10,000 et 13,000 p. comme extrèmes confins in- férieurs de la zone alpine dans ces montagnes. Ces différences d’elevation n’agissent cependant nullement sur la composition de la faune des lepidopteres qui, de cette maniere, pour la zone alpine, reste constante en ligne verticale dans ses con- fins au-delà de 6,000 p. J’ai rencontré Parnassius Delphius, P. Rhodius, Colias Eogene, Lycaena Amor, Argynnis Pales, Melitaea Fergana, Pyrgus Alpina, Pieris Callidice v. Orien- talis et maintes autres especes essentiellement alpines dans les monts Alai à un peu plus de 9,000 p. et, dans les monts Kounjout presque à 16,000 p. Cependant ce ne sont pas seulement les espèces alpines qui restent tout-à-fait insensibles à ces changements d’elevation, j'ai remarqué la même chose pour les espèces des parties basses. J’ai rencontré Epinephele Interposita partout en Ferghana, dont l’arene ne dépasse pas en général 1,000 p. et j'ai retrouvé la même E. Interposita au Karatéguine à 6,000 p. Même phénomène pour la Colias Erate, Thecla Lunulata, Thestor Fedtschenkoi, une quantité de Lycénides, comme p.ex. Lyc. Haberhaueri, L. Eversmanni, volant sur toutes les hauteurs jusqu'à 14,000 p. L. Fergana, L. Zephyrinus ete., Argynnis Lathonia, Melitaca Sibina et quelques Satyrides se trouvant simultanément à 2,000 et à presque 7,000 p. Certaines espèces, comme p. ex. Pieris Chlo- ridice, ont souvent été recueillies à moins de 1,000 p. et je les ai rencontrées à des hauteurs les plus différentes jusqu'à 11,000 p. et au-delà, pourvu toutefois que les conditions locales leur fussent favorables °). Les plantes nous offrent de 5) Il n’est pas inutile de remarquer que les animaux vertébrés nous pré- sentent beaucoup d'exemples analogues: l’agile lézard Ablepharus deserti Strauch n'est pas rare dans les sables de Kizil-Koum, ainsi que dans toute la vallée du Turkestan; j'ai rencontré des exemplaires de cette même Able- 8 114 semblables rapports avec les élévations, quoique pas absolu- ment les mêmes. Combien d’herbacdes essentiellement propres aux steppes et aux terres basses ont été trouvées en dernier lieu sur d'énormes hauteurs, et non-seulement des herbacées, mais aussi des plantes telles que Tamarix qui, sous des con- ditions très favorables, s'élève jusqu'à 13,000 p. N’etant pas botaniste je n’ai jamais herborisé; cependant, comme lépidop- térologue, il ne m’a pas été difficile de deviner ces rapports. Tout le monde connaît les intimes relations qui existent entre les plantes et les papillons, et si nous voyons p. ex. un Par- nassien quelconque à 9—10,000 et ensuite à 16,000 p., nous devons en conclure que les plantes lui servant de nourriture telles que Sedum croissent aussi à peu près à la même élé- vation. A Tout ce qui vient d’etre dit est parfaitement suffisant, je crois, pour nier avec une certaine assurance l'influence directe des élévations sur le caractère de la faune des lépidoptères. Ce caractère depend entièrement des particularités phytogra- phiques de l'arène qui, à son tour, dépend principalement: 1) De la proximité des neiges éternelles. 2) De la position °) et du caractère des versants. pharus deserti, ne se distinguant en rien de celle de Kizil-Koum, dans les monts Transalaïens (partie occidentale) à une hauteur de 10,000 p. Le blai- reau (Meles taxus) offre un autre exemple fort interessant; je l'ai trouvé à une hauteur de 9 à 12,000 p. (Bach-Alai). De semblables exemples sont forts fréquents parmi les oiseaux. Je me bornerai à n’en indiquer que deux: 1) l’outarde (Otis tarda) niche constamment sur le Bach-Alaï (11,000 p.). 2) le Pterocles arenarius, qu'on n’a vu nulle part au-delà de 1,000 p. et qui habite exclusivement les steppes, a été trouvée par moi sur le Dangnym Bach à une hauteur d'à peu près 12,000 p., au nombre de plusieurs exem- plaires (une couvée). Selon les indigènes, ce même oiseau est aussi très com- mun sur le Alitschour-Pamir. 5) A. N. Krassnow remarque que les formes végétatives des prairies alpi- nes ne se rencontrent au Thian-Chan que sur les versants septentrionaux, sur Jes versants méridionaux elles ne se trouvent que sur les berges des 3) De la composition du sol. 4) Des particularites du sol. 5) De la qualité et du nombre des réservoirs d’eau. Ces conditions, en se combinant les unes avec les autres de la manière la plus variée, créent toute une série de zones et de formations végétatives transitoires. Cette variabilité ne doit cependant pas mettre de l'obscurité dans nos conclusions. Nous avons des types fondamentaux d’arenes et nous pouvons toujours y rapporter leurs différentes variétés. Ces arènes sont quelquefois très vastes et renferment soit un cirque entier, soit un groupe de montagnes (p. ex. l’Alaï et le Koudara); quelquefois au contraire elles sont parfaitement insignifiantes, succèdent parallèlement à d’autres et y pénètrent sous un angle aigu. Parmi de semblables arènes figurent le plus sou- vent les arènes végétatives, surtout alpines, intimement liées à l'arène des prairies submergées, et celle des Artemisia. Conformément aux particularités caractéristiques des dif- férentes arènes, nous distribuerons la faune des lepidopteres du Pamir en groupes suivants: I. Groupe occupant les prairies alpines. Arène: Zone végétative alpine. * Parnassius Discobolus ?) Pieris Tadjika = Romanovi , Ochsenheimeri > Rhodius „ Callidice v. Orientalis 3 Delphius * Anthocharis Belia ruisseaux et des rivieres provenant des neiges, et forment, pour ainsi dire, des prairies inondees. Voir: „Explorations géo-botaniques dans le Thian-Chan oriental et sur ses contreforts“. Compte-rendu préliminaire, inséré dans les Isvéstija de la Soc. Géogr. Imp. Russe. Tome XXII, livr. II, 1887, p. 167. Nous avons fait la même communication à propos du système des mon- tagnes du Pamir (Chap. IV). 7) Les espèces marquées d’asterisques se rencontrent aussi dans d’autres arènes, 8* 116 * Colias Alpherakii Lycaena Chrysopis » Sieversi * Polycaena Tamerlana » Hyale Vanessa Urticae » Eogene , Caschmirensis » Pamira Melitaea Ala » Thisoa : Pamira * , Romanovi ” Minerva Polyommatus Alpherakii * Argynnis Hegemone : Solskyi - Pales v. Generator * PR Sarthus 5 Hecate v. Alaica » Thersamon Erebia Radians v. Alaica * 75 ‚Meta Lycaena Alaina » Mongolica , Rutilans Oencis Hora n Tomyris ? Epinephele Pulchella ; Lehanus * Coenonympha Nolckeni [ = Pheres-Pheretulus . Sunbecca mn Amor Hesperia Comma 1 " Venus Pyrgus Alpina # Buddhista 24°), * 5 Persephatta II. Groupe occupant les prairies et les bois. Arène: prairies inférieures à la zone alpine, clairières, marais, en général étendues couvertes d’une riche végétation de prairie. Parnassius Honrathi * Polyommatus Phlaeas 5 Mnemosyne $) * Lycaena Fergana 1 Aporia Crataegi Re Zephyrinus * Pieris Rapae = . Tengstroemi » Leucodice “ x Astrarche * * Anthocharis Belia 5 Venus Leucophasia Sinapis ñ Icarus h Rhodocera Farinosa 5 Kogistana Thecla Rubi a Eumedon \ Thestor Fedtschenkoi 3 Amanda 5) Parn. Mnemosyne s’egare quelquefois jusque dans l’arène alpine, mais il est évident que ces cas sont rares et ce phénomène a un caractère tout- à-fait accidentel. 117 Lycaena Phyllidis Argynnis Adippe 5 Poseidonides 5 Pandora * a Iphigenides Melanargia Parce * 5 Actinides Erebia Maracandica : Magnifica Niere, x hr Persephatta Satyrus Cordulina 5 Semiargus Pararge Eversmanni : Cyllarus * Coenonympha Nolckeni Limenitis Lepechini B Pamphilus Neptis Ludmilla Hesperia Stigma ‘ Pyrgus Proteus Antonia Vanessa Interposita ? Melitaea Arduinna *“ X % *% $ Minerva var. : Sidae * Argynnis Hegemone s Orbifer 5 Lathonia 36/0 ÿ Aglaja III. Groupe occupant les éboulements pierreux et vivant sur les „sai“. Arène: territoires rocheux, éboulements, lits de rivières 4 . A » 0 . . N » ’ . à gravier. Elevation minimum de 10,000 p. (a). Vegetation: Oxytropis, Onosma, Androsace, Potentilla, Saxifraga, Arte- misid. Parnassius Actius Melitaea Saxatilis var. Fer- = Charltonius °) gana 5 Simo ? Melitaea Saxatilis var. Mara- * Colias Cocandica ‘ candica , Christophi Erebia Jordana » Regia » ‘Hades * Lycaena Eversmanni Epinephele Capella r 5 Sarta Pyrgus Malvae var. * Polycaena Tamerlana 28%], Élévation au-dessous de 10,000 p. (8). Vegetation plus variée: viennent sy meler de rares arbrisseaux (Cotoneaster 9) Sur des ,saï“ près de l’eau (car il y a des „sai“ sans eau) on trouve à certaines heures de la journée quelques espèces qui n’ont pas été mention- nées ici, p. ex. Parn. Romanovi, d’où pourtant il ne s’en suit pas, que ces espèces appartiennent au Groupe III. 118 etc.), un Crataegus; çà et là des Eremurus, Carduus, Mentha, differentes Scabiosa tres repandues, Phlomis, Artemisia, Astra- galus, différentes espèces d’Iris et des graminées. Pieris Krueperi var. Satyrus Briseis var. Maracan- » Canidia dica » Iranica * Satyrus Anthe Thecla Mirabilis » Sieversi var. Sartha Polyommatus Dimorphus » Stulta a Phoenicurus var. = Parisatis var, Lycaena Boetica B Stheno 5 Aegon Pararge Menava > Rogneda * , Eversmanni be Eversmanni Epinephele Davendra à js Zephyrinus 5 Dysdora > Sinensis * » Interposita iR Sarta 24°], Dagmara IV. Groupe, occupant les déserts élevés. Arène: Plateau couvert d’Astragalus, Oxytropis, de diffe- rents Echinospermum et de rares Eremurus. Minimum: 10,000 p. * Parnassius Discobolus var. Lycaena Cytis et var. Pieris Roborowskii uf 5 Hunza » Shawii * , „ Iphigenides Colias Marco-Polo HUE Actinides A a Cocandira * Melitaea Catapelia ? * „ Alpherakii Satyrus Huebneri » Wiskotti “ 5 Dissoluta Polyommatus Sultan = Josephi 5 Caspius v. Tran- » Boloricus siens rn Lehana * Lycaena Iris 222), 5 Bellona V. Groupe occupant les steppes élevées. Arène: plateau couvert principalement de Festuca et de Stipa. 119 * Papilio Machaon * Satyrus Lehana Parnassius Apollonius 5 Wilkinsi '°) 5 Princeps ? : Pamirus * Pieris Chloridice ÿ Intermedius * Colias Cocandica = Dissoluta * „ Romanovi * > Abramowi FT SR ETAe n Cordula var. * Polyommatus Phlaeas Epinephele Haberhaueri et * 5 Sarthus var. Lycaena Argus n Cadusina * = Haberhaueri ; Naubidensis 5 » Hunza Pyrgus Tessellum R Icarus var. ? à » Sidae ? Melitaea Arduinna + » Antonia ÿ Sibina var. ? 5 » Orbifer 5 Didyma n Alceae Melanargia Lucida 31/0 Satyrus Heydenreichi VI. Groupe habitant les vallées. Arène: Steppes de loess, de sable et d'argile salin, se trouvant principalement sur les confins des montagnes du Pamir. La hauteur absolue dépasse rarement 2000 p. — La végétation est rare et incolore. Les espèces prédominantes sont: Phlomis, Alhagi Camelorum, Capparis spinosa, Convolvulus, Carduus, Sophora alopecuroides, Zygophyllum, Astragalus, Pe- ganum Harmala et des Salsolacees; parmi les arbrisseaux: Tamarix, Ephedra, Halimondendron argenteum, Haloxylon » 7 ) b ) y ammodendron ‘ete. * Papilio Machaon * Pieris Rapae pP I Ismene Helios ; Daplidice ” Pieris Brassicae » Y. Raphani 1) Je place ici la Sat. Wilkinsi, quoiqu’elle vole aussi dans les arènes voi- sines. Je l'ai souvent rencontrée sur des „sai“ couverts, il est vrai, d'Oxytropis, d’Echinospermum, mais aussi d’autres plantes. J'ai trouvé des Sat. Josephi dans des conditions tout aussi variées. Le type appartient incontestablement au Groupe V. 120 * Pieris Chloridiee Lycaena Charybdis Anthocharis Belia var. Pulve- > Gigantea rata Vanessa Cardui > Pyrothoë * Melitaea Sibina Zegris Fausti 5 5 Catapelia * Colias Erate = Didyma var. Persea * Thecla Lunulata a Acraeina Polyommatus Thersamon Satyrus Briseis var. Fergana Cigaritis Acamas . Staudingeri Lycaena Argiades var. ? > Kaufmanni : Trochylus x Gultschensis P Phiala > Anthe 5 Elvira * Epinephele Interposita 5 Roxane 5 Lycaon 5 Dschagatai Coenonympha Pamphilus n Christophi Hesperia Ahriman a; " Haberhaueri n Ormuzd “ 5 Iris 5 Nostradamus “ Fr Fergana Pyrgus Nobilis ‘!) x en Zephyrinus » Phlomidis 5 Baton » Lutulentus + a Tengstroemi » Poggei = 5 Miris „ Staudingeri ? , Astrarche 23%, = Icarus v. Persica C'est ainsi que des 47 espèces, propres au Groupe I, nous ne comptons que 11 que l’on trouve probablement en partie accidentellement, dans d’autres arènes, comme p. ex. Parnassius Romanovi, Delphius, Discobolus ete., e.-A.-d. en tout près de 23°/,. Dans le Groupe II le °/, augmente pres- que d’une fois et demie; cependant à l’exception des espèces qu'on à accidentellement trouvées dans cette arène, ou bien de celles, au contraire, qui sont propres à cette arène, mais qui se trouvent accidentellement dans une autre, —ce °/, baisse jusqu'à = 25. Pour le Groupe II (a) il atteint le chiffre 11) Les deux espèces P. Nobilis et Lutulentus prouvent que cette arène s'élève quelquefois à une hauteur très considérable (9,000 p.). Cependant la P. Nobilis se trouve aussi à une hauteur bien moins considérable (Karob), 121 de 28; il tombe cependant pour le même groupe (3) jusqu'à 240/,; de façon qu'ici aussi le °/, reste à peu près le même. Pour le Groupe IV il dépasse 40°/,; pour le Groupe Vu tombe jusqu'à 37°/0; il faut cependant remarquer ici que ce °/, baisse d’un tiers, si nous en excluons les espèces qui se sont égarées tout-à-fait accidentellement dans cette arène de steppe, ou bien celles que l’on retrouve aussi plus bas; telles sont d’un côté Colias Romanovi, C. Cocandica (les steppes formant les pentes des montagnes de Kounjout), d’un autre Melitaea Sibina, Lycaena Haberhaueri, Pieris Chloridice etc. Enfin pour le Groupe VI, qui apparait comme le plus caracte- ristique et le plus isolé, le °/, des espèces qui passent aussi dans d’autres arènes atteint le chiffre de 23. La diversité des arènes, la variabilité des conditions vi- tales, et de plus l'ancienneté du Pamir, sont la cause de la remarquable richesse de la faune des lépidoptères, et de leur particularité incontestable, particularité qui, à la suite des transmigrations dont l'effet est de niveler, n'a commencé à s’effacer assez sensiblement qu'aux époques récentes. Nous voyons cependant qu'il y a là aujourd'hui, un énorme 1/, de formes, qui, paraît-il, ne sont pas spécialement aptes à la transmigration et qui sont restées parfaitement étrangères aux confins voisins. Voici ces formes: Parnassius Princeps Parnassius Cardinal H Honrathi » Hunza n Romanovi ô Staudingeri n Rhodius En Gigantea Es Illustris Pieris Roborowskii ©) ? = Infernalis „ Tadjika 12) Deux exemplaires de ce papillon (Z 2) ont été pris par M. Robo- rowsky près du lae Lob-Noor; malgré cela je suis porté à croire que cette Pieris est une véritable forme du Pamir et qu’elle est descendue du Kouen- loun dans la vallée du Tarym. 122 Pieris Ochsenheimeri Colias Marco-Polo Alpherakii Christophi Sieversi Eogene Regia Romanovi Wiskotti „ Leucotheme Thestor Fedtschenkoi Polyommatus Alpherakii ; Solskyi » Sultan a Sarthus . Transiens Lycaena Alaina Phiala Elvira Roxane Dschagatai Rogneda Eversmanni Iris Rutilans Fergana Tomyris Bellona Panaegides Alaica Pheretulus-Pheres Amor Hunza Venus Kogistana Poseidonides Phyllides Iphigenides Actinides Dagmara Magnifica Charybdis Chrysopis - Gigantea CSS EE OC fie" (ec Ss NS" 3 3 33 3 3333 1 CNE PRE ON - QC PA PSE ETES PSC ES DC DR Polycaena Tamerlana Limenitis Lepechini Vanessa Interposita Melitaea Catapelia > Turanica 5 Fergana n v. Maracandica ” Acraeina 5 Pamira Melanargia Parce n Lueida Erebia Meta Maracandica Jordana v.? Fasciata Hades Mongoliea » Radians Oeneis Hora Satyrus Staudingeri , Kaufmanni 5 Gultchensis n Sartha Wilkinsi Intermedius Pamirus Leechi Josephi Boloricus Abramowi Stulta Stheno Alaica » Cordulina Pararge Eversmanni Epinephele Haberhaueri : Cadusina + Naubidensis Thymelicus Stigma Pamphila Ormuzd Pyrgus Proteus , Nobilis Alpina Lutulentus SH 3.33 JUIN I SUN SES 3 123 Si l’on ajoute ici quelques espèces, dont la distribution hors des confins du Pamir est jusqu'à présent tout-à-fait insignifiante: Parnassius Apollonius Lycaena Buddhista " Actius 2 Persephatta 5 Charltonius Melitaea Ala rn Simo . Minerva Pieris Schawii Argynnis Hegemone Colias Cocandica '?) Erebia Myops Polyommatus Dimorphus Satyrus Lehana Lycaena Sinensis Epinephele Pulchella ” Sarta Pyrgus Antonia etc. 2 Lehanus on aura le chiffre général de 119, soit plus de 50°/, d’espè- ces et de variétés exclusivement caractéristiques pour le Pamir. Pour les Rhopalocères un semblable °/, élevé n’est connu dans aucune faune de lépidoptères de la Paléarctique. Mais il y a encore d’autres particularités, qui outre cette proportion, placent la faune du Pamir dans une position tout-à-fait exceptionnelle. Ces particularités ont un caractère tout-à-fait négatif, aussi ne frappent-elles pas à première vue. Si l’on examine les types de lépidoptères que j'ai rassemblés et si l’on prend en considération toutes les données publiées jusqu'à présent sur la faune du Turkestan, on est étonné du nombre compa- rativement minime d'espèces des Hétérocères, recueillies au Pamir. Certains groupes de lépidoptères n'ont jamais été observés au Pamir, d’autres n’y sont représentés que par un nombre d'espèces très restreint. C’est ainsi que dans les con- fins du Pamir on ne trouve pas un seul représentant des fa- milles et des genres suivants: 18) A. N. Krassnow m'a procuré la Col. Cocandica du Thian-Chan (Khan- Tengri), C’est, a ce qu’il paraît, la limite orientale de sa distribution. 124 Lithosidae (une seule espèce a été trouvée dans le Ferghana) Emydia Callimorpha Hepialidae Cochliopodae Lasiocampa 1) Endromis Saturnidae Drepanulidae Notodontidae ‘#) Cymatophoridae, sans compter plusieurs autres, tels que Axiopoena, Pleretes, Euchelia, Hypeuthina, Trochilium, Naclia ete., qui n’ont que très peu d’especes aussi dans les autres parties de la Paléarcti- que. On remarque en même temps une pauvreté frappante parmi les représentants des autres groupes des Hétérocères, p. ex. des Sphingides; quoique nous ayons parmi eux Sphinx Convolvuli, Deilephila Insidiosa, Zygophylli, Alecto, Smerinthus Kindermanni, Populi, Pterogon Proserpina, Macroglossa Fuci- formis et Ducalis, cependant ce ne sont que les deux dernières espèces que nous pouvons rapporter avec une certaine assu- rance aux espèces du Pamir; toutes les autres vivent dans des confins très éloignés, principalement dans la vallée du Ferghana et ne sont venues ici, paraît-il, que récemment "). 14) La Lasiocampa Sordida, en général moins ordinaire dans le Ferg- hana que dans le district Transcaspien, ne peut être envisagée comme faisant partie de la faune de l’ancien Pamir. #5) A l'exception des genres Harpyia et Pygaera. Cependant ces deux genres vivent dans les environs de Taschkent qui se trouve hors des confins du systeme du Pamir, ou bien dans la partie septentrionale du Ferghana (Harpyia Przewalskii et H. Interrupta). 6) J'ai trouvé sur ’Eremurus turkestanica dans les montagnes de Ghis- sar, à une hauteur considérable, un troisième représentant des Sphingides du Pamir, une Déilephila, dont la chenille rappelle beaucoup celle de la Galii, mais s’en distingue essentiellement. Quoiqu’elle se fût transformée en chrysalide, elle ne supporta pas le voyage et périt. 125 Nous n’avons que peu de représentants du genre Bombyx et nommément trois espèces: Alpicola var.?, Neustria et Evers- mannt, dont la première seulement peut être comptée comme espèce aborigène du Pamir. Ensuite plusieurs autres genres des Bombycides ont pour le Pamir des représentants parfaite- ment caractéristiques, p. ex.! le genre Crateronyx. . . . . l'espèce Sardanapalus 7 CPONNEST » Kargalica =) Beucomas ON = Flavosulphurea 5 Oreyias a mn: 5 Prisca et Tristis ” Endaeniaree ne : ‘Alpicola 5 SP1lOsSOma EE : Turensis et Melanostigma Du genre Spilosoma on trouve en même temps la Fuligi- nosa et Menthastri, deux espèces répandues partout dans la Paléarctique et vivant ici presque exclusivement dans les contrées habitées par les Sarthes. Même si de semblables genres, comme p. ex. Harpyia ont ici leurs représentants, ils ne sont cependant caractéristi- ques que pour l’Asie intérieure, pour centre de laquelle nous prenons le Pamir. Nous ne connaissons jusqu'à présent que deux genres de ce groupe des Bombycides, qui sont caracté- ristiques pour le Pamir: Dasorgyia et Euarctia, avec une espece pour chacun. Tous ces faits confirment nos conclusions, fondées prinei- palement sur une étude comparée de la distribution géographi- que des Rhopalocères. Nous voyons ici toujours le même ?/, élevé des espèces pouvant servir à caractériser la faune des lépidoptères du Pamir et démontrant jusqu'à quel point cette faune s’est différenciée des autres. La table suivante nous indique clairement cet isolement et en même temps le rapport qui existe avec les principales faunes de la Paléarctique "). 7) J'ai mis au nombre de ces rubriques celle de ,Kouen-loun occidental“. Il est à regretter que nos connaissances sur cette contrée soient si vagues 126 = — £ (1e Eu £ lee = = 5 | À © 3 13 |8 | 2£ = |8 8 =l214 4, =2| = £ | 2 Ele 2 [le | 33| = Z = Sie 5 | |Pg|j*8 2215 = 8 à =] Win. = »2|3%8]|' Zul: 2 2 | 2 |#84|2 2 | £ |S5|%8 SES ln | S|Sl |S 1318) 21 IE selsj3|2|5|2|3|2|5)|2|5 | 33715» HW l[H|<|aiR|e|S |<|a| Discobolus var. Insignis . J— | t. | —- | -— || -|- — - — | - | — | — & Romanowi na - nee al SE ee ; Achus eee . Rhodius. . 1. Si. | > Charltonins na aa SN ee : Delphiusy: Inermals MO SE - on VER ee | . 5 sauter ee ee 5 5 Aion See let le — 5 = y. Stoliezkanus . COR RE pe en | a PTS EE (v. Hunza) n So aaa ee que j'ai eu garde de tirer quelque conclusion des données dont je disposais. La rubrique „les Alpes“ n’embrasse que les dernières trois régions (Subal- pine, Obere Alpen, und Subnivale Region) fixées par Mr. Speyer pour les Alpes Suisses (Die geogr. Verbreitung der Schmetterlinge Deutschlands und der Schweiz $ 47—48). La Sirie n'est pas entrée au nombre des rubriques, parceque les données sur sa faune sont en général très fractionnées et fort = insignifiantes. 3 B El 5 = £ 3 a + 2 = Fi} 4 5 2 = le je 3 à 3 | À Is | |l& lé a | |a |à . . | | | Parnassius Mnemosyne y. Gigantea . I | — — |— | v. 2) v.|vit|t|t|t |—|— LUN | . . LL | | | | Aporia Crataegi . . . . . . . *|—|+|+|+ +++) te EE EE a ls | | | Pieris Roborowskü . . . . 2.2.1? |I1-|1-|-| -— — — — —|-|-|-|— — —- — - + | MeBrassicae ee + a Rapace St Tadjikae cu. er _ ze , Krueperi v. Prisca. . . . .1-|-|-|— || —|t |.) —|—-|- || — a; j gen. I Vernalis . .) Par | en var. Mahometanaf] | | || | | | El Es Cantet || — » Ochsenheimeri . . . . . . [—|—|—|— _ — — » Callidice v. Orientalis. . . . | + +\—|v|—-|v|v\—-|t/—-|-|-|— 2 D lencodico es el + + + = +1 + + + —+ —- + + ar Daplidicen. Re ENT CO I n » v. Raphani. . . . [—|— = Ele = 158 = „Tania. AU UN a =) = Concert EE , Shawii +1-\-|-|-|-|- ||) |< Anthocharis Belia var.. . . ...1+12/— | —-|t., — | t | t.|t.| tt. | > '#) Mr. H. Christoph dans son travail: „Lepidopteren aus dem Achal- Tekke-Gebiete“ (Mémoires s. 1. Lep. T. III. p. 51) mentionne P. Mnemosyne prise dans les monts près de Noukhour. Nous rattachons ces montagnes à l'Iran. 128 = - n œ = =! Ex | 5 = = = | & |» | = & © 2 =] e'| 212 198 = = 3 2 2/1218 ls 26 £ 8 o|® E32 [&e 8 = = em s|»lS IS2 = = = e,|= 2 | 5 |Seols = m © 4 ._ 228 5 51, [518 S | 281258 D 7 © 3 FA Ele | 2 2 |SEISE ER a | e | 218 | à lE@IES CRIER RS ES leslLls | ls | %& lesles ei Br Ka] er 13 8 z E | = E | & | S = A| le |" | æ 2 | Anthocharis Belia var. Pulverata . rn Cardamines . ...* À Pyrothoë . . Zegris Fausti . © 2.2... Leucophasia Sinapis . | Colias Marco-Polo » Cocandica . 1 Alpherakup er er » Christophi . 5 MODIOVerSsi cd D Re LÉ 7 AHyalervs AIT ee FRE Ce en galet ee on to Me ne UT ON OM CONTE on AMIE TNT FN ES CNE ar AE nl ee AE ES RS PES ST ES ST TILL EE = Deren 4 Eee en 7 ARMES CS RE A EST | JT TR F HErate » _, v. Hyaleoides. » Eogene . —- | | | | | | | | ] | | | 2 REGARD RE » Staudingeri v. Pamira. u „ Thisoa var. | _ | | | | | | | | | » Romanovi » Wiskotti. | | | | | | | | | | | | | : 2 v. Aurantiaca . Rn 5 v. Separata. . . . —|—|—|—|—|—| - =|)—- |) —-/— | —|— | — | | | | | | | | | | | | | | » Leucotheme (spec. propria?) . Rhodocera Farinosa var. . . . . .[—|—|—|—1t2| ? |t|t1|t?2|—|—|— | |— 129 | | stranscaspiennes | 2 = a |, = 2 2 8 | er] © EH | & ni = 3 = | à UE | Nes ES 5 Hi NE = | = [© 1 5 le: pi Al 5 || 5 le 8 | [7 & 2 © 2 d SF lelsle | B = ca | 2, = Ey | 3 Ss 8 | 5 | = EE LES | 2» ö/ v. Fulminans . || —- — 1-1 —- 1 —|— n Caspius v. Transiens . [| — | —|— | t.|t. = le ST ele el Se 3 || el] li - Dimorphuse 2 CCS Je — —|—|=j—|— Phoenicurus v. Marge- Banane va + + + + | | + | | s Thersamon . . . . .1—-/|+1+|1— 4 v. Alaica .|\— || — | — | — le | ” » n Phheas . . . . .*l+/+141+ 4141414141414 14 v2! vo SL Cigaritis Acamas. 2 » 2» „om. 21 —|— | || + Lyeaena Boetica . . » 2... -/-/— ++ ++ +/-|-)—-|—- | — BE N\ecTadesuvaDeeolors tt je et se te er. ta NEE 0 0 el a Trochylus .......(=-|—|-/—-/)#+/2|+/+/+[|—-)—-|—-|—-)— > Phase _ = == Hima- 130 Lycaena Elvira Aegon Argus. Argiva Roxane (syn. praeced. tan- Une) ee Dschagatai. Christophi . = v. Rogneda Eversmanni Sieversi v. Haberhaueri . Iris. Rutilans. Bellona . Tomyris. Fergana . Zephyrinus. Baton. Cytis . » Y. Alaica . Panaegides. Sinensis . . Tengstroemi . FA 2 EI 8 2 à 2 1 © = 5 © |8 3 = = 3 £ 21313 15 85 = 2 e|= E|ma [8 = A a £ =] [> = = |© e HE > = zo PIC 58| & S 2 8 | & 02 2 Sa iD 1 o elslale = 2 Sal Es le lé à | $ &|I2|3]2%lE2lE | ,2 = LT = > © © = E3 2 à |£LIE BE! 3 2 ea E ._ Ex © = © = = = gs + = nm = — 5 ss Io o Cd H|<|m| |nmn | |<|R |< |A | be | 131 ı 8 a = LE 4 5 3 =: = = à © 3 |3 8 HA = = 5 |© me 8 | 8 l'E 2 125188 de 5 = En B et D] A = ER) IS als |£ 8 | £ a [7 CNE 5 CIS Ss 4 | I<ı a| A| a Oo |< | A| << | A| mn DO | Lycaena Tengstroemi v. Carbonaria. |—|— | — —|- - — | - | - - | - | — ; Lehanus (Pheretes var. tan- tum?) . ». . . .+l—it|—|—|—|—|—|—|t|—|—|t | — = Pheretulus . . ae 5 Pre | | 3 Miris. . — ||| ee ; Astrarche . . . . . . *[— | ++ HIHI El ++ ++ +|— : Eros v. Amor. — v2v?2/—|\—|—-|—-|v./%)|t|v|v/—|— n „ var. Erigone . = | — te) = = HUNZA 5 < Zee el | 5 Venus. 2 ar oe Zeile | | li | ” Icarus . . . . . . . *—|+l+L ++ + +) + +++) A , v. Kaschgarensis . . [—|—|—|—|—| || || | —|—|— » 7 Na NEE RE a a EE FR Kogistana . . ae | ñ Eumedon var? . . . . .[—|+|+|—|—| | ++ El ++? + 6; Amanda var.?. . . . . *|— ++ EL LL + 4H + +++ |— 5 Rae ee || Ill | I 5 Admetus v. Ripartü . . || += LEE == |— || 5 Poseidon v. Poseidonides . [—|—|—|—|—|—||+t | —|—|—|—|—|— | 3 Iphigenia v. Iphigenides. .[—|v.|—|—|t|t|t|t|—|—|—|—|—|— '9) Lyc. Eros se trouve dans les Alpes et aussi dans les Pyrénées. 9* 132 Lycaena Iphigenia v. Melania . e Actis v. Actinides . = Phyllis v. Phyllides. à Erschoffi v. Dagmara . LA nl . a = Eu & = == "Z E |» æ == = = = © 5 |® E32 Pen =] = 8 = Ss alé 18 Ss = £ e |& LS [Se ra © 1 u sl = = lo HH 535 E= 1 £ Is £ | 5 #2 =: se| a Ss 5 =] El © molles na) | = 2 CN] LE | oa |o 518 = 1 2 © 2 E 2 2 Ss |SEl Caschmirensis var 2e I ee » Cardui. . Ele am le EE Lee Melitaea Arduinna? . . . . . . .[—|+|+|—|—|—|+1—|+1——|+1—|— 5 vw. Evanescens re E = Sibina 133 3 ] 1 2? gs | El Ei 2 a 2 Hs © eo a © © [9 8 rn = = E: Nele JB 2; £ 5 =} = a 8 © =] A 7 SZ je] do [= | aZ| à © A u {2} LS à le SB Bel 8 Bei a EU IS |Aag2las =SS| A S E a | 4 o a S|mx 516 = ANNEES o | 8 [823125 SAN a | S À | © à | à ha là Ba |.S a | © ei u | © © = © a ASS IS Same ar re ala ae 3 |5°7|3= ka AHl<ı a |aldo |<|Aa|4|a|àä [8 (5 Melitaca Trivia v. Catapelia. | | + —+ | | er SE + | æ — | | 5 IDR ET ENe A à some 0 < En < + < < -H + Pr + + | | 5 h v. Turanica . .. — = 22 5 » ae 5 ee See » 5 RAS 00 o en EE . SAAB Fer RE | UN NN » » v. Maracandica . = ee > =. 5 ACTE ee 5 PaMirai MN TU re 2 n Minerva sr + u. a ee 65 - VAPAIAS FER" _ — = Argynnis Hegemone. . . . . . . | — ll 5 PAGE Generator 0 IN ae ee 5 Hecate AI Et Ne tit |—|t |— . AGAIN CNE 5 Adippe . + + + + + + + + | | | +++ += + + + + + + + + + + + + + + + Pi kathoniag ss er + 5 Pandora. Melanarsianbarcer ge ee , Mie NEA " Se NINE ee Eirebiag retail ; IM On Coca — — —| =|—|— 134 Erebia Maracandica. . . » Jordana en » V. Fasciata . n Hades® » Myops. » Radians Oeneis Hora. Satyrus Briseis v. Fergana . . . . ei » v. Maracandica „ Heydenreichi 5 Anthe v. Enervata . : » ab. 2 Analoga . = Lehana » Leechi. D MINS EE EE : PAMTOS PRE » Intermedius. . SU CHUOSENDIN re nee 5 » V. Dissoluta. mn =Boloricus sen ae „ Abramowi . . . „2 Staudinger, nn ar 5 : v. Gultschensis . EA nl = a £ Es = = 2 et © a = ® |2 s = 8 Ss À 215 Ss | = o| #3 PTE a = 3 A | Ss | +1 lg) je |&| JEIS) SIGNES 2| 4 Ss 5 = = S æ © = © me la lle oa SENS em | À E|=2|&|% 85 CE s | © a m 2 = 2 = = |: a 8 |£ En 2} Ale = Dr Be |) a Fe Bu en = a 3 R|I| ei a 2 Blé |<|S 4 las 4l4| Lutulentus „ Orbifer var.. Thymelicus Stigma 5 Thaumas. Pamphila Comma . laya occidentaux Konen-loun et Hima- Thian-Chan | Sibérie orientale Steppes transcaspiennes Asie mineure Europe méridionale d'Europe Contrées polaires Alpes Steppes Kirghises Europe centrale Contrées polaires +1 +\+!+/- |+1-|? | +++) +4) +4) #4) La Pyrgus Poggei a été trouvée en Syrie. d'Amérique 137 a ‘ © a £ 5 £ . CE a = ä zes ls Er = 3 2 31218 | Sie FE 2 2 ue En à [= [Sol 33 re © 2 4 nz = le B € = a D A 5 |A = ES À 5 el El 3 IH. 4Lel del: 2 2ı2|8ı 2 | 8 12558 Ë El ds ja a = u m 5 Ses |8|8| 418418 l9/18/|8|$)A4/SA/IE< cel EE NEA EN RENE EE QE EN Pa SN EE 4 |IEI<|3|53|2|5|)<|a|< |A |ù 10 F3 Pamphila Ahriman . . . .2..2..1-\-|-1-|1-|+1-|1-|\-|-|- | -|1-|— A Nostrodamus. . . . . . |[—|—|—|—|—|—|—|+|+|—|—|—|—|— Ormuzd. . . 2.2.2..1-|1-|1--|1-\-|- | -|-|-|-|-|—| —-|— ” > Sylvanus . 2» . . . . *[—|+ LH IL) + ++ + ++) Nombre d'espèces et de variétés ca- ractéristiques — 232 ea welalalelalaja|ı Nombre diespeces en nz zeige Nombre d’especes en °/,, à l'exception des types dont se trouvent dans le © ale SEE Pamir des variétés bien distinctes. I-|5 2/2 SS |2 SS |2//|a2|S|2|- Nombre d’especes en °/,, à l’exception | des formes repandues dans tous les 6 | = aA I In | m territoires Mans u = la ls le ee ea ee en © =) Les derniers chiffres de la table, indiquant le °/, des espèces communes au Pamir et aux autres contrées de la Paléarctique, à l’exception des formes circumpolaires, c.-à-d. de celles propres à tout le territoire paléarctique, nous offre un intérêt tout particulier. Ils nous montrent le Pamir comme le centre de la distribution de toutes ces espèces. Le plus grand °/, des formes du Pamir, comme on devait s’y attendre, 2) Ces espèces sont marquées d’un astérisque. 138 se trouve au Thian-Chan (25,5°/). Plus loin vers le N. E., dans les montagnes d’Altai et de Saïan, ce °/, m’atteint pas même la moitié, et à l’extrème Est il ne va pas au-delà de 3°/o. Ce même phénomène se répète à l'Ouest. L’Iran abonde surtout en espèces propres aussi au Pamir (21°/;). Ensuite ce °/, diminue graduellement dans la direction N. et N. O.— Dans la premiere direction nous avons les steppes Trans- caspiennes (16,7°/) et les steppes Kirghizes (12,7°/,) (je mets au nombre de celles-ci les steppes Kalmouk). Dans la seconde direction nous avons le Caucase ou, pour mieux dire, la Trans- caucasie (19°/), l'Asie Mineure (17,5°/), enfin l’Europe méri- dionale (13,1°/%) ”) et l’Europe centrale (8,7°/,). Les Alpes ont un nombre fort insignifiant aussi d'espèces propres au Pamir, nommément 4,4°/. Ce °/, est un peu plus élevé dans les contrées polaires de l’Europe; toutefois pas une seule espèce vivant au Pamir n’atteint les parties polaires de l'Amérique (Labrador ou Groënland). Ce dernier fait ne contredit nullement ce que nous avons exposé plus haut *); nous y avons pris en considération même des formes qui s’éloignent beaucoup des types, telles que: Colias Cocandica Colias Behrii _ » — Nastes etc. » Eogene » Hecla » Marco-Polo » Pelidne etc. Ici cependant nous avons affaire à des formes identiques entre-elles ou à des variétés si peu différentes qu'elles ont été généralement reconnues pour telles. D'ailleurs si à l’épo- 2) L'Europe méridionale est principalement redevable du grand °%/, des formes du Pamir & la peninsule du Balkan, limite oceidentale de la distri- bution de plusieurs especes, telles que Pieris Krueperi, Lycaena Trochylus, Pyrgus Tessellum etc. #4) Voir chap. III, pag. 57 et note 27. 139 que actuelle, en dehors de quelques espèces circumpolaires, nous n'avons aucune espèce commune à l'Amérique polaire et au Pamir, ce fait, quoique d’un certain intérêt, perd un peu de son importance comparativement à un autre fait, indi- quant clairement qu'il fut un temps (l’époque glaciaire) où il y avait une liaison entre le Groenland d'un côté et le Pa- mir de l’autre. C’est la distribution géographique des trois Noctuides suivantes: Agrotis Rava (Pamir, Islande, Labrador) za Islandica (Pamir, Oural, Finlande, Islande et Labrador) Plusia Hochenwarthi (Pamir, Alpes, monts Scandinaves, Lapo- nie et Labrador) et ce .ombre trois, si l’on en exclut le genre Anarta, compose justement l/; de toutes les espèces de Noctuides communes à l’Europe et l’Amérique polaire. En general létude de la distribution géographique de plusieurs Noctuides du Pamir offre un grand intérêt zoo-géographique. Si, pour appuyer nos arguments, nous n'avons presque pas profité de nos matériaux pour ce groupe de lepidopteres, ce n’est que parce que nous supposions que le groupe des Rhopalocères, généralement mieux connu (et ce fait est important), offre tant de preuves à l’appui de nos arguments, qu'il nous a paru superflu de surcharger continuellement nos pages par de nouvelles données. pe II. PARTIE SPECIALE Rhopalocer: 1- PAPILIONIDAE 1. PAPILIO L. 1. P. Machaon L. var. Centralis Ster. Stett. Ent. Z. 1886. S. 193. Les exemplaires que j’ai rapportés, et qui ont été pris, en Mai, dans le Ferghana et dans les contreforts des monts Alaï, ne se distinguent en rien des exemplaires de l’Altai et de Sarepta. Selon le Dr. Staudinger, la seconde generation mérite une dénomination et une description particulières. Ce- pendant nous ne sommes pas tout à fait persuadés que les exemplaires qui ont servi à ce lépidoptérologue, dans sa description, appartiennent à cette seconde génération. Non- seulement les dates que donne le Dr. Staudinger ne prouvent rien, mais ni lui, ni qui ce soit ne peut assurer que ses exemplaires aient été pris à Marghelan ou bien à Samarkand. Il est à supposer qu'aux dates en question, ses collection- 141 neurs erraient dans les montagnes, mais s'ils y prenaient le P. Machaon, il est à croire que les captures n’appartenaient pas à la seconde génération. Il ne m'est arrivé qu'une seule fois (le 7 Juillet) de trouver le P. Machaon dans les montagnes, à une hauteur de 7,500 p. (Vallée de l’Alai), mais l’exemplaire était si mal conservé qu'il était impossible de vérifier toutes les particularités signalées par M. Staudinger pour la variété Centralis. J'ai trouvé quelques chrysalides ') ainsi que la che- nille, dans les environs d’Aravan, le 21 Mai, sur Cupparis spinosa? 2. HYPERMNESTRA Men. ?). 2. H. Helios Nick. var. Maxima Stgr. in lit. Se distingue des exemplaires de Krasnovodsk par sa di- mension et des taches bien plus grandes, dont la couleur varie et passe du rouge-rose au rouge-carmin. J’ai rencontré dans les environs de Gouzar des exemplaires à taches d’un ocre vif. Je propose de distinguer cette aberration qui ne présente aucune transition, dans la coloration des taches, au rouge typique, par le nom: ab. Ochraceomaculata Gr. Gr.—Se trouve, en Avril, partout dans les steppes du Bokhara; pres des colonies. 1) Dans mon „Bericht über meine Reise in das östliche Buchara (Mém. s. 1. lép. T. III) je fais mention, p. 388, d’un papillon se rapprochant de P. Machaon, mais que je n'ai pu réussir à prendre, Ce n’est peut-être qu’une aberration intéressante ou même une variété de P. Machaon, duquel elle diffère par la teinte fauve des aïles supérieures et le dessin extrêmement foncé. ?) Comme le genre Ismene existe déjà dans la famille des Hespérides, je remplace Zsmene Nick. par Hypermnestra Men. 142 3. PARNASSIUS Latr. Un nombre considérable d’especes propres au Pamir et aux territoires voisins rendent ce genre particulièrement ca- ractéristique pour la faune de toute l'Asie intérieure. En comparaison avec d’autres genres, celui-ci n’est en général que peu répandu sur la surface de la terre. Au-delà des confins de l’Asie intérieure nous rencontrons encore ses représentants en Europe, dans la Sibérie orientale, les Cordillères de l’Ame- rique septentrionale et enfin dans les massifs des montagnes bornant l'Asie intérieure du côté Sud. Il se trouvera être encore moins répandu si l’on exclut les plaines et les vastes steppes, si fréquentes dans les territoires de la Paléarctique, et que l’on ne prenne en considération que les districts de montagnes. Et ceci sera d’autant plus juste que les contrées montagneuses sont, en général, partout et presque sans ex- ception, le seul endroit qu'habitent les représentants de ce genre. Il est intéressant que sa distribution géographique coïncide parfaitement avec celle du genre Ovis habitant aussi les mon- tagnes. Cette coïncidence n’est certainement pas accidentelle et peut facilement être expliquée en ce que ces deux genres se sont simultanément répandus sur la surface de la terre, ont été soumis à d’egales impulsions et aux mêmes change- ments géologiques et climatériques. Selon toute probabilité, un même centre sert d’origine à ces deux genres, et nous devons le chercher, sinon au Pamir même, du moins au S.-E. de celui-ci. Nous pouvons même indiquer, avec une certaine assurance, certains moments importants de leurs migrations d'autrefois lesquels influaient identiquement sur la distribution des espèces. En général, la distribution actuelle de ces deux 143 groupes d’aminaux, si différents, présente tant de rapport que parler de la distribution de l’un, c’est indiquer en même temps les principales particularités de l’autre. Voilà pourquoi je ne trouve pas superflu d'entrer à ce propos dans quelques détails. N. A. Severtsow °), dans son aperçu sur la distribution géographique du genre Ovis relève le fait que leur affinité systématique ne coïncide pas parfaitement avec leur proxi- mité géographique (le genre Parnassius offre les mêmes par- ticularités); au point de vue de la constance des espèces, la chose semble incompréhensible, tandis qu'au darwiniste elle offre „des indications précieuses pour l’histoire de la forma- tion et de la transmigration des différentes espèces de ce genre“. Sans entrer dans les détails de l’hypothèse de Severtsow sur la distribution circulaire des moutons de montagnes ‘), arretons-nous à ce moment intéressant où les premiers Owis ont passé dans l'Amérique du Nord. Il est incontestable, écrit Severtsow, qu'à cette époque la partie occidentale de l'Amérique septentrionale était réunie à l’Asie et était séparée de sa partie orientale et de l’Améri- que méridionale où les moutons des montagnes ne se sont pas répandus (comme les Parnassiens); alors croissaient à Sakha- line ces arbres américains que Mr. Schmidt y a retrouvés à l’état fossile. Survint l’époque glaciaire; les Ovis ainsi qu'une quantité d’autres animaux sur les deux continents furent re- foulés vers le Sud. Cependant cet énorme changement du climat eut peu d'influence sur la formation des espèces. Les 5) „La distribution verticale et horizontale des animaux du Turkestan“, Moscou 1873, formant le T. VIII, 2-ème liv. du „Bulletin de la Soc. des ama- - teurs de l'Histoire naturelle, de ’Anthropologie et de l’Ethnographie“. zer p.2156. formes du Thibet, Ovis Hodgsoni et Ovis Blythi, se distin- guent moins de l’Ovis montana d’Amerique que de l’Ovis Polii qui lui est proche sous le rapport géographique. En gé- néral, dit encore l’auteur, il est évident, pour quiconque connaît la proximité systématique de ces espèces, que les moutons de montagnes ont passé en Amérique à une époque où les différences entre les espèces de nos jours commençaient seulement à s’accentuer; ce qui fait, entre autres, que les différences entre les cornes, spécifiques en Asie, ne sont qu’in- dividuelles en Amérique du Nord. On a observé précisément le même phénomène pour les Parnassiens de l'Amérique septentrionale! En comparant P. No- mion avec P.Smintheus (Delius var.), Elwes s’écrie °): „Il est interessant, au plus haut degré, que ces deux espèces si dif- ferentes dans la partie N. E. du continent asiatique restent, dans le N. O. de l’Amerique, à tel point conjoints que par- fois il est impossible de les separer!“ Un autre entomologiste, Reakirt °) trouve même possible d'établir toute une suite de variétés entre P. Nomion et P. Smintheus, prenant ces der- niers pour des formes extrèmes d’un seul type. Ce point d’a- nalogie entre les moutons de montagnes et le genre des Par- nassiens étant, dans les deux cas, le résultat final de migra- tions commencées et terminées simultanément, est extrème- ment curieux. Mais cette analogie est aussi sensible dans la suite. Selon Severtsow, vers la fin de l’époque glaciaire, ces moutons ont dù de nouveau émigrer au Nord, et, en même temps, une partie d’entre-eux repassa probablement dans l'Asie orientale où elle se modifia, quoique pas assez sensiblement. De semblables hypothèses peuvent être admises car elles nous >) H. J. Elwes: „On butterflies of the Genus Parnassius“, p. 27 Proc. Zool. Soc. Lond. 1886. 5) Ibid., p. 26. 145 expliquent le développement des espèces et ne nous presen- tent rien de positivement impossible. La communication entre l’Asie et l'Amérique pouvait s’in- terrompre et se renouveler également souvent, comme cela a été prouvé avec évidence pour la France et l'Angleterre. Il est à supposer qu'une partie des Parnassiens a passé à cette époque plus d’une fois d’un continent à l’autre et a engendré des variétés intéressantes qui, avec le temps, sont devenues des espèces bien tranchées. Des migrations de ce genre ont pu être effectuées par le groupe suivant. Il est fort probable, en ‘effet, que P. Thor, connu malheureusement par un seul exemplaire Jet, à en juger par la courte description d’Ed- wards ?), très proche de P. Eversmanni et P. Felderi, est le type qui, revenu en Asie, s’est divisé en ces deux espèces, semblables à Ovis montana, qui a engendré en Sibérie deux espèces très proches: l’Ovis nivicola et V’Ovis borealis *). On trouvera de plus amples particularités sur la distri- bution géographique des moutons et des Parnassiens dans les tableaux schématiques comparatifs ci-dessous: 7) Cette description ne m'est connue que par les extraits d’Elwes. 8) L'existence du P. Eversmanni à l'Aliaska ne contredit nullement ce qui vient d'être dit. A une époque plus récente le P. Eversmanni a pu emigrer aussi en Aliaska. 10 146 1 Lez a 5 Br CE + a 4 .— mn = a8 - FA © RB 25 zn ES KE Es SE a 5 « o À 25 2.3 Ex ©0 a = = = . a um Er n © u TT © [1 ei Er) os 5 Ce NE a. 3a © n = = a 2 7 0 Ê=] x Es P.Glaeialis . SULUO LIU) ‘I QUES 099V ‘4 tuononborug y SUUTYZILLOIS “I TARIADAUH “À SISUO AU "cd éSUPOUX "A Jopniodup °T wa 1guomonbonp*d LASLEMOZUT "A snruoppody "cd ma opjody cd SULOAOOSTEL "4 Suroy ' SA TO (LL ouus ‘4 DOM’ DUSSOUOU "A SUTUOFLLEN) "A SNURYZOITOIR "L va SULAO(L SUV TAOUBUOYT "T "A SU[OUO9SI(L I LOT *ct suruopjody 'd ma DUSsSOOU "cd opody ‘4 CROIENT EN Eee IRA OUÂSOUOU *J À oufsouwuyg* opjody Cu aps Kahn Tune paoN "d op[ody ‘4 © ! LE à f , £ nv Puale orfody ‘a , ESS ouÂsououn 4 oa E 2% er 8 A > Rum 80190087 * LOST ‘0 18110 tuosäpo "O0 vyuquf ‘0 AOONEN ‘O0 DUUUL WLUCL'O , EUTAUU(E °O may ‘0 AO ua O8 éouñIA O0 STUDIO ‘0 [ose au LIEU) way ‘0 NN ER up-ox UOUTSU IL ‘Oo 147 Actuellement, le genre Parnassius compte jusqu'à 31 espèces et 17 variétés dont la distribution géographique est assez claire dans les plans tracés ci-dessus ainsi que dans le tableau suivant: E | 3 18 | = 2 | a| DIE = & Er 2\8|= |: Re 2% = Bl | 8 ad Be 8 | EE APE RE ” IS 2 =] = = A EL EMIRE a |É Sols |S|< |A a lSléÉ 12131415 I | | Parnassius Apollonius . . — elle | | 1 | n BTNGEDSE —|—\#È 5 Honrathi. . . —|— | + N Apollo. ++1-— || -|- | + » » v. Hesebolus — JE SE A| SE n Discobolus . —|—|—|—|—|+ | | » 5 v. Insignis . — | — | + » 5 v. Minor —\—|—-|— |) —-|—- | + | | > Romanovi | = | | | ” Actius. || Eh) | HIT) 9 » Jacquemonti —, | » n v.Sikkimensis [1 — | —|+|+ n Rhodius . — | 5 Himalayensis . — ll 2) ” Delius. + | D » V. Intermedius . = — ll — IE > » Y. Sedakovii. —|-|-|—1-)-|-/- + | | » » V. Smintheus. {|| — Ei Eu | + | | ! LL 148 ei Amérique septentrion. Asie mineure, Caucase Tarbagataï et Ala-Taon | de Dsongarie et Perse Kouen-loun et Thibet Sibérie orientale Chine et Japon Himalaya Thian-Chan Parnassius Nomion Davidis . Bremeri . . . DelDRIUs EEE v. Namanganus. v. Illustris . . y. Infernalis. . y. Cardinal . . v. Staudingeri . v. Stoliczkanus . » v. Hunza .. Charltonius. . Imperator SIN Hardwickü . Przewalskii. Acco . Tenedius. . Felderi . . 2.Thor Eversmanni. Clarius . . Clodius or) D 1 [er] T S [ep] at 48 formes 8 | 5 |15| 9 |3-5 Dans cette table, s'écartant sensiblement de celle de M. Elwes, n’ont pas été mentionnées l'espèce Corybas F. 4. W. et les variétés de Smäntheus: Behrii et Hermodur. La pre- mière, parce que son existence même est douteuse, les deux dernières parce qu’elles ne présentent pas des variétés bien tranchées mais des aberrations semblables à celles que nous trouvons parmi les autres Parnassiens (Hermodur), ou des formes ne s’éloignant presque pas du type (Behrü) ). Quoi- qu'il en soit, cette liste compte 9 formes de plus que celle de M. Elwes '), ce qui provient principalement de ce que celui-ci ne connaissait pas les découvertes des dernières années. °) On a récemment décrit une foule de semblables variétés. J’indiquerai p. ex. les suivantes: Minima (Nordmanni), Graeseri (Bremeri), Princeps (Charltonius), Rocky (Smintheus), Dentata (Clarius) ete. 10) Elwes, 1. c., p. 18—19. 2 3 É 8 = 3 =|2|3 | 3 = = Eller =: s|8:\ Ele NS E 2 |£ Ei Er £ =) = = | Nez | 7 N © | = A en A #4 |E an |< | © | 5 ° | | | | | Parnassius Nordmanni . . . . . . Fr + | 5 IMmemosyness le a v. Nebulosus |— | + | | | | | | . | | 3 . v. Gigantea . |[—|—|+| | x Stubbendorfi 2. . ||| - -|= || "02 » 5 v.Citrinarius? || — | -|- |) -|)- | - | — + | | ._1° | = GlACIALIS — | - À 150 Voici les autres differences que présente notre table: 1) Plusieurs formes (Discobolus, Rhodius, Himalayensis, Stubbendorfii et Felderi) figurant chez Elwes comme variétés ont été séparées par moi comme bonnes espèces. 2) Au contraire, d’autres que le même auteur compte comme bonnes espèces (Stoliczkanus) ne sont considérées par moi que comme variétés. 3) Le nombre des faunes atteint dans ma liste le chiffre 11. J'ai introduit la faune de Tarbagatai-Alataou, caractérisée non par des espèces qui lui sont exclusivement propres, mais par son caractère collectif accusé avant tout par la position géographique de ses chaînes de montagnes entre l’Altai et le Thian-Chan. C’est ce caractère collectif qui me force de grouper les Parnassiens du Tarbagataï-Alataou en une faune séparée. J’evite ainsi la faute ou d'insérer dans la faune du Thian- Chan les espèces caractéristiques de l’Altai, ou d'ajouter à la faune de l’Altai des espèces qui lui sont étrangères. De plus, la faune du Turkestan est divisée en faune du Thian- Chan et faune du Pamir, ce qui est parfaitement compréhen- sible à la suite de toutes les énonciations détaillées et cir- constantielles données dans la partie générale de mon ouvrage. De même, j'ai séparé la faune de l'Himalaya de celle du Kouen-loun et du Thibet, et ce ne sont pas tant des considé- rations de caractère zoologique (sous ce rapport ces contrées sont encore peu connues) que géologique qui m'ont servi de base dans cette séparation. Sous un pareil aspect, la table de la distribution des Par- nassiens est extr&mement instructive. D’abord, c’est la faune du Pamir qui se distingue par son grand pourcent (au-delà de 30). On y trouve jusqu'à 15 formes parmi lesquelles au moins 3 espèces et 7 variétés particulières. Les autres cinq formes: Apollonius, Actius, Rho- dius, Simo et Charltonius ne sont que fort peu répandues 151 hors du Pamir et peuvent être assurément mises au nombre des émigrés ailes de celui-ci. On n’a besoin que de se rap- peler ce que nous avons dit plus haut ") de létat présent du Pamir intérieur et de ses rapports à ses confins pour s’ex- pliquer que le commencement de la distribution actuelle de ces deux dernières espèces (d’un côté l'Himalaya et de l’autre les versants septentrionaux du Pamir) doit être rapporté à la période du redressement de ce dernier, autrement dit à l’é- poque qui a immédiatement précédé l’époque diluvienne. Dans la suite, la population du Pamir se divisa en groupes, dont l’un passa au Sud au territoire du Hindou-kouch-Himalaya, et l’autre au Nord. Le P. Charltonius p. ex. faisait partie des formes qui se sont répandues de deux côtés opposés. Le nombre de ces espèces est très grand et il suffira d'indiquer les suivantes: Parnassius Delphius, Pieris Callidice var., Co- lias Eogene, ©. Cocandica, Melitaea Fergana, M. Solona, Argynnis Jales var., Satyrus Lehana, Epinephele Pulchella, Dasorgyia Pumila. L’Himalaya forme le second territoire quant à la quantité des espèces. Il en compte 9, €. à. d. 19°/,, parmi les- quelles 3 à 6 particulières. Le reste est distribué ainsi: 3 espèces (mentionnées ci-dessus: Ahodius, Simo et Charltonius) propres à l'Himalaya ainsi qu'au Pamir, et une (Jacquemonti B.) répandue jusqu'au Thibet (v. Sikkimensis). Plus loin vers l'Est, la quantité des Parnassiens diminue rapidement, et au Thibet nous ne comptons que 3 formes (peut-être même 5) dont deux parfaitement caractéristiques. Vers le Nord et le Nord-Est du Pamir nous avons suc- cessivement quatre territoires ou faunes de Parnassiens ayant toutes la même quantité de formes: 6 et comme p. "/o: 15. #11 Chap. IV 152 La faune du Thian-Chan a 3 formes propres: Discobolus (typ.) Delphius (typ.) et Namanganus. Les autres se trouvent aussi au Pamir, au Sud, (Apollonius, Actius) et à lAla-Taou au Nord (Actius, Hesebolus). La faune de l’Ala-Taou-Tarbagataï ne possède qu’une seule forme particulière: Discobolus var. Minor. Les cinq autres sont réparties presque également entre l’Altai et le Thian-Chan. La faune de lAltaï ne compte qu'une seule espèce qui lui est propre: Tenedius; et malgré cela sa physionomie est tout autre que celle de la faune du Pamir. Si l’on ne compte pas Actius ”), dont la présence à l’Altai est plus que dou- teuse, il ny a pas une seule espèce commune à ces deux faunes. En même temps, la faune de l’Altaï offre beaucoup de rapport avec celle de la Sibérie orientale, et de lAmé- rique du Nord, et celle de l’Europe, formant ainsi un lien entre l'Orient et l'Occident. La circonstance que d’un côté du bras de Djoungar volent des représentants du genre Parnassius, que l’on ne retrouve pas de l’autre côté, éveille en nous l’idée que la division de ce genre en deux groupes principaux, celui du Nord et celui du Sud, est une suite naturelle des phénomènes produits par l'époque glaciaire. Si l’on admet que les contrées à l'Est du Pamir ou même le Pamir lui-même ont servi de point de départ à la distribution du genre Parnassius sur toute la Paléarctique, les données fournies dans le Chapitre III prou- vent parfaitement que l’Altai n'a pu être peuplé du côté du ’amir directement par le Thian-Chan, ni à l’époque tertiaire, #2) J'ai reçu souvent de différents endroits de l’Altai, des envois de Cla- rius, Nomion, Intermedius et d’autres Parnassiens, mais je n'ai pas reçu une seule fois P. Actius. Cependant je possède dans ma collection des & $ de cette espèce marqués comme venant de l’Altai et de M. Honrath. Comme celui-ci ne les a pas obtenus de première main, il a été très facile de con- fondre leur patrie. nine. 153 ni aux époques qui ont précédé cette dernière. Ce peuplement a dû s’operer par une voie circulaire par le Thibet et la chaîne du Khingan à l'Est et le Hindou-Kouch, le Caucase et l’Anatolie à l'Ouest. Ces deux courants circulaires se sont réunis en partie à l’époque glaciaire dans la zone qui se trou- vait entre la ligne des glaciers terminaux et les massifs de montagnes, et dont j'ai fait mention dans le Chapitre II. Une semblable hypothèse ne doit pas paraître invraisem- blable. Si nous ne savons pas à quel point la chaîne de Khin- gan a été redressée à l’époque tertiaire, nous n'avons cepen- dant aucune preuve de son abaissement depuis lors. Toutes les probabilités, au contraire, sont pour un certain redresse- ment à l’egal de tous les autres massifs des montagnes de l'Asie intérieure depuis l’époque dont nous venons de parler. Comparativement aux autres massifs de la partie centrale du continent asiatique, le Khingan produit, de nos jours, l'effet d’une chaîne insignifiante et, de même, il n’a pu jadis pré- senter quelque chose de très imposant. Cette circonstance est fort importante. S'il est certain, en effet, que les glaciers ne s’etendaient pas jusqu'aux extrémités septentrionales des monts de Khingan, il n'y a aussi aucun doute que le climat de toute la partie septentrionale de notre planète, à une époque correspondant à l’époque glaciaire et à celle qui la précédait immédiatement, était beaucoup plus froid que de nos jours. Tout ce qui vivait à une hauteur considérable descendit et eut la possibilité d’emigrer par le Khingan au Nord. Mais, bientôt après, l'union qui s'était établie entre le Sud et le Nord s’anéantit de nouveau, et le Khingan cessa d’être un chainon entre le Thibet et les montagnes de la Sibérie. Les Parnassiens émigrés du Thibet continuèrent leur mi- gration aussi dans la suite. Une partie d’entre-eux s'établit aussitôt dans les montagnes de la Sibérie (Tenedius, Bremer‘); une autre, la plus grande, ne s'arrêta pas dans son mouve- 10* 154 ment et pénétra jusqu'en Amérique. A ce qu'il semble, un certain nombre d’emigrants ailés y a passé à une époque de développement, lorsque les espèces venaient d’être séparées par la nature. Parmi les Parnassiens restés en Asie, cette différenciation s’effectuait avec rapidité, en Amérique elle fut retardée quoiqu’elle continuät à suivre la voie marquée par la nature elle-même. Au coeur même de l’époque glaciaire, le P. Delius, s’e- tant séparé de Nomion et laissant partout des traces de sa transmigration sous des formes de variétés transitoires, se ré- pandit rapidement sur toute la Paléarctique de VE. à l'O. mais seulement le long des confins de la zone des glaciers, ce qui l’a empêché de pénétrer au Caucase ) séparé alors de la Russie méridionale par un bras de mer; mais il attei- gnit l’Europe centrale où il se fixa, dans la suite, dans les Alpes de la Suisse. L'objection la plus sérieuse que l’on puisse faire à l’hy- pothèse exposée ci-dessus, est celle-ci: Si nous faisons provenir les Parnassiens sibériens des territoires situés entre le Thibet et le Pamir, il est singulier que du moins dans la première de ces contrées on ne trouve point d’affinite avec les formes sibériennes et que le type de la faune diffère parfaitement des formes du Nord: Tenedius, Bremeri, Clarius, Eversmanni, Delius etc. Cette objection, juste jusqu'à un certain point, est réfutée par l'argument suivant: nous savons qu'au Nord du Thibet, à l’époque qui a précédé l’époque glaciaire, s’étendait l'énorme mer méditerranéenne Han-Haï, ce qui rendait son climat incomparablement plus humide et sa végétation plus variée. Depuis, les conditions vitales dans le Thibet comme au Pa- 3) Le Dr. Staudinger, dans son Catalogue, a commis une faute en met- tant P. Delius au nombre des lépidoptères du Caucase. 155 mir furent soumises à de grandes et rapides modifications. La diversité de la végétation fut anéantie par la sécheresse du climat et bien des types de plantes cessèrent d'exister. Qui pourra dire maintenant si de semblables perturbations climatériques ne furent pas le signal de la disparition de toute une flore et en même temps de toute une faune d'insectes? Si nous envisageons attentivement les Parnassiens de la Sibérie, nous y trouvons des types qui dépendent peu du plus ou moins de l'élévation et tout à fait aptes au milieu am- biant possible seulement dans un climat plus humide que celui du Thibet actuel (à l'exception de P. Tenedius). Ayant émigré en Sibérie, les Parnassiens pouvaient sy conserver, et, au contraire disparaître dans le Thibet où les conditions vitales ne leur étaient plus favorables. Enfin, nous possédons dans ce même Thibet-Pamir des prototypes, si ce n’est de tous les Parnassiens sibériens, du moins, sans aucun doute, de deux groupes. Dans la section des Parnassiens americo-siberiens nous avons les trois groupes suivants: a. Clodius 8. Stubbendorfii Clarius Glacialis y. Felderi Thor Eversmanni dont P. Gigantea (Mnemosyne), selon moi, est le prototype. Tout le monde sera de l'avis que le groupe Glacialis-Stubben- dorfii offre des formes très proches de Mnemosyne et plus proches encore de Gigantea, variété se trouvant au Pamir. Or, dès que l’on regardera ce fait comme parfaitement prouvé, l’on en viendra immédiatement à la conclusion que le Stub- bendorfii de l’Altai n'a pu venir que de l'E. et jamais de l'O., car dans ce cas on ne pourrait, sous aucun rapport, s'expliquer sa distribution géographique. Quant au groupe a, l’explication est un peu plus difficile; cependant on n'a qu'à comparer attentivement les deux séries parallèles, celle de P. Clarius et de P. Gigantea pour se persuader qu'il n’y a entre eux aucune difference essentielle. Ces deux formes ne produisent une impression différente que par leurs taches sur les ailes postérieures qui sont rouges chez Clarius-Clodius, noires et en partie effacées chez Gi- gantea. En envisageant largement les choses, on n’a qu'à se représenter Clarius avec des taches noires, et la différence dans les détails sera si minime quelle perdra toute impor- tance. Je possède dans ma collection un pareil exemplaire de Clarius qui ne se distingue presque pas de Gigantea. Le groupe y se distingue sous tant de rapports de Mne- mosyne-Gigantea qu'il paraitrait déplacé de ma part de mettre ce groupe au nombre des dérivés de cette dernière forme. Récapitulons cependant les faits que la nature elle-même nous impose avec évidence. On a cité plus d’une fois l'exemple frappant de deux types aussi peu ressemblants que Nomion et Delius, qui apparaissent comme ramifications extrèmes d’une même souche. Un autre groupe, celui de Romanovi- Discobolus nous présente un exemple non moins frappant. Dans le Pamir, ces deux espèces volent comme formes si parfaitement isolées, dans un rayon si caractéristique pour chacune d'elles, et dans des contrées si proches l’une de l’autre, qu'aucun entomologiste expérimenté n'aurait l’idée de les distinguer comme des variétés. Cependant, dans le Thian- Chan, l'aspect change tout d’un coup; la forme de Discobolus y diffère extr&mement de celle du Pamir et le Romanovi y a des traits si distinctifs qu'il se rapproche beaucoup du Discobolus, non pas de celui du Pamir mais de celui du Thian-Chan. Nous trouvons donc, en ce cas, comme résultat, la répétition de ce qui a été exprimé si clairement dans l'exemple précédent: Deux formes, fondues sur un point ex- 157 trème de leur distribution, sont parfaitement séparées sur un autre. Pour en revenir au groupe + des Parnassiens de Sibérie, nous nous bornerons à faire observer que, dans nos collections, les longues séries de toutes les espèces composant les trois groupes dont nous venous de parler nous permettent de nous prononcer avec certitude en faveur de largument mentionné ci-dessus. Nous avons déjà consenti à voir dans Stabbendorfü une forme provenant de Mnemosyne-Gigantea, ce qui d'ailleurs a été ratifié plus d’une fois dans les ouvrages publiés à ce sujet. Au Sud de l’Amour, Stabbendorfii vole sous des formes qui la rapprochent de Glacialis du Japon “). Je possède une série considérable de P. Felderi que j'ai obtenue grâce sur- tout à l’amabilité de MM. Tancré et Wiskott. Parmi les dd de cette série, il y a des exemplaires que l’on ne peut sé- parer, sous aucun rapport, des Glacialis du Japon. Parmi les autres groupes des Parnassiens de Sibérie, nous en avons encore un dont le prototype a été trouvé dans l'Himalaya: C’est le ÆHimalayensis Elw. ou le Jacquemonti auct. (non Jacquemonti B.) et les formes dérivées de Nomion- Delius de la Sibérie. Si l’on compare les ® ® de Smintheus des Monts Rocheux et Himalayensis, il est presque impossible de les distinguer, ni du dessus, ni particulièrement du dessous si caractéristique pour tout le groupe de Delius par son dessin mat comme sil était exécuté sur cire. La seule diffé- rence essentielle est l'absence (et pas toujours), des taches basales rouges chez le Smintheus. Qui ne connaît cependant 4) Le P. Glacialis diffère principalement, comme on le sait, par les | ; poils, jaune-vif, de l'abdomen et qui chez le P. Stubbendorfii sont gris-clair; la couleur des poches des femelles diffère aussi. 158 pas linconstance de semblables traits distinetifs dans le groupe de Delius? Je puis indiquer toute une suite de semblables écarts sur les exemplaires de ma collection, tant parmi des Delius typi- ques que parmi les Intermedius de l’Altai et les Smintheus de l'Amérique. Il est remarquable que pour le prototype de tout ce groupe — Himalayensis — ce symptôme est tout aussi constant que pour le Rhodius parmi lesquels, si je ne me trompe, on n’a trouvé jusqu'à présent, aucun écart. Le P. Rhodius se rapproche tellement, par son habitus, de Himalayensis, qu'il n’est pas étonnant que M. Elwes ait placé ce dernier de front avec les premières variétés de Actius. Cependant il me semble que M. Elwes se trompe dans ce cas, comme dans quelques autres. Les poches des femelles, dont nous ne connaissons encore avec précision ni la nature, ni le but, ni le mode de forma- tion, ne peuvent guère servir comme seul argument dans la classification, et, dans tous les cas, elles peuvent plutôt ser- vir de caractère guidant dans la détermination de l’affinité mutuelle des différents types, que de caractère pour réunir ces types en une seule espèce. Pour avancer une pareille affirmation, il faut prouver d’abord qu'il existe un certain parallélisme entre la rapidité du changement de l’habitus extérieur et celle du changement de la forme de la poche, autrement dit, que le genre Parnassius présente maintenant autant d'espèces qu'il y a de types de poches, et que ces dernières, à leur tour, provenant d’une seule forme proto- type, se sont développées et ont atteint leur forme extrème progressivement et parallèlement avec les changements exté- rieurs de l’habitus du prototype de nos Parnassiens. Si, un instant seulement, on doute que le progrès des organes inté- rieurs (auxquels nous attribuons les poches en question), ne correspond pas au progrès des formes extérieures du corps, 159 une partie considérable de la valeur du criterium systémati- que que pourraient acquérir ces poches, dans le cas contraire, S’aneantit d'elle-même. Malheureusement, nous nous trouvons en présence de faits justement de ce genre, et qui nous indi- quent que dans un cas a): l’organisation extérieure de l’ani- mal faisait de plus grands progrès que l’organisation intérieure; et dans l’autre b), qu'au contraire l’organisation extérieure se trouva être plus constante que l’organisation intérieure. Tout le 1-er groupe (Apollo, Delius, Nomion, Actius, Hi- malayensis, Rhodius, Romanovi, Discobolus, Honrathi, Davidis, Apollonius, Bremeri) et le 9-ème (Mnemosyne, Stubbendorfi, Glacialis, Felderi, Thor, Eversmanni, Clarius, Clodius, Nord- manni) de la table synoptique de M. Elwes appartiennent au cas a). La vaste distribution de ces groupes éveille en nous l’idée que c’est justement cette circonstance qui a eu une influence décisive sur la rapidité du changement sous différents rapports de lhabitus extérieur de chacune des formes prototypes de ces deux groupes, rapidité qu'à son tour n’a pu atteindre le progrès des organes intérieurs qui, dans tous les cas, n’ont changé qu'insensiblement. Au cas b) appartiennent, au contraire, les 9 autres grou- pes ”) des Parnassiens, avec une espèce pour chacun d’eux, Gr. I. Simo Gr. VI. Imperator no TSEAteco „ VI. Charltonius „ III Przewalskii » VIII. Tenedius „ IV. Hardwickii » IX. Jacquemonti '°) „ V. Delphius #5), La 2 P. Simo n'est pas connue (en 1888, La Réd.). Il est fort pro- bable que sa poche se distingue de celles des autres espèces, et qu’elle com- posera ainsi un nouveau groupe. 15) Il m'a été plus commode de ne pas m'en tenir dans cette liste à l’ordre de M. Elwes. De plus, celui-ci ne connaissait pas encore le P. Prze- walskii, en faveur duquel il a fallu ajouter aux 7 groupes de M. Elwes un S-cme. Ensuite Simo a formé un groupe séparé. 160 et qui ont en outre une distribution limitée par des contrées intimement jointes au centre primitif. Ceci est très important, surtout si l’on prend en considération que, selon leur habitus, toutes ces espèces se divisent en de plus grandes sections que les groupes indiqués ci-dessus. Je ne m’occuperai pas des espèces: Acco, Przewalskii et Hardwickii dont la différence individuelle, si l’on néglige les célèbres poches des femelles, est, en général, moins signifi- cative qu'entre un Æversmanni quelconque et Mnemosyne, ou entre ce même Mnemosyne et Clarius. Je passerai à une autre section qui m'est plus connue et qui contient trois groupes de la table synoptique de M. Elwes, et en mème temps, trois espèces de Parnassiens: Delphius, Imperator, Charltonius "). Toutes les différences entre ces trois espèces (abstraction faite encore des poches des femelles), sont si peu importan- tes, qu'il est difficile de trouver dans l’une d'elles un indice quelconque que l’on ne retrouve, peut-être sous une forme moins développée, dans l’autre. Afin que l'exposé suivant soit parfaitement clair, arr&tons- nous d’abord sur Delphius et ses variétés, et tächons de nous rendre compte quels sont ceux ‘des indices de l'espèce les plus constants, et quels sont ceux, au contraire, qui présen- tent le plus les éléments de variabilité et de développement dans différentes directions. Nous distinguons actuellement les variétés suivantes: 1. Delphius Ev. Thian-Chan oriental. 2. v. Namanganus Stgr. Thian-Chan occidental (près du lac Issyk-Koul, des formes transitoires). 3. v. Infernalis Stgr. — Partie orientale des monts Alai. 4. v. Illustris Gr. Gr.—Trans-Alaï occidental (vers l'Est des formes transitoires à la variété précédente). *') Il est à supposer que Simo appartient à ce même groupe. 161 5. v. Cardinal Gr. Gr. — Koghistan et partie orientale des monts de Pierre le Grand. 6. v. Staudingeri Bang-Haas.— Monts Ghissar (partie occi- dentale). 7. v. Hunza Gr. Gr. — Hindou-Kouch oriental. 8. v. Stoliczkanus Feld. — N.0. Himalaya (Ladak). Le dessin des ailes supérieures de ces 8 formes est pres- que identique si l’on ne prend pas en considération sa dila- tation plus ou moins grande. Les deux variétés du Pamir meridional: Hunza et Stoliczkanus présentent, sous ce rap- port, la seule objection sérieuse. Leur seconde bande noire, à partir du bord extérieur, s’interrompt brusquement vers le milieu de l'aile, et la tache noire qui se trouve entre la première et la deuxième nervure (à partir du bord intérieur) et qui par une pénombre s’unit ordinairement avec la bande précédente, n’est pas du tout visible. Cependant cette différence si marquée est atténuée en ce que l’on trouve parmi les autres variétés de Delphius des exemplaires avec de semblables parti- cularités, seulement en ce dernier cas, cet écart du type général ne présente qu'une particularité individuelle et chez Stoliczkanus et Hunza une particularité d'espèces. Le dessin des ailes postérieures est soumis à des change- ments encore plus grands: Commençons par le bord transparent. Il est le plus large chez Infernalis, le plus étroit chez Staudingeri et disparaît com- plètement chez certains Cardinal. Cette circonstance, comme nous le verrons dans la suite, n’est pas sans importance. Une bande ordinairement ombreuse, rarement bien marquée, qui se confond parfois complètement avec ce bord ou bien tra- verse l'aile séparément, n’atteint jamais le bord anal. Ici deux taches noires (Staudingeri, Cardinal) forment comme une continuation naturelle de cette bande; quelquefois elles sont remplacées par des points à peine visibles (Illustris) ou 11 162 par de petites ocelles bleuâtres, le plus développées chez Yamanganus et Hunza, et que l’on rencontre aussi chez d’autres variétés de Delphius (Illustris, type.) — Sur cette même bande, chez certaines variétés constantes (Namanganus, Hunza, Stoliczkanus, Staudingeri) apparaissent de petits points ou taches, au nombre de 2 ou de 3 et même de 4 (Stoliczkanus, quelques Staudingeri) munis parfois, comme les deux taches anales, d’ecailles bleuâtres (Æunza). Les deux taches rouges varient encore plus, ayant des dimensions extraordinaires chez Cardinal, se réduisant chez Hunza à de simples taches noires, munies d’ecailles rougeätres, et ceci seulement chez le &', chez lequel en outre la tache, disposée plus près du bord intérieur, n’est pas de forme ronde mais triangulaire comme chez Charltonius. Des écailles blanches sur le fond rouge de ces taches sont rares (Namanganus); quant à la tache anale rouge, elle se développe tantôt très considérablement (Na- manganus), tantôt elle disparaît complètement (Staudingeri, Stoliczkamus, Hunza). En comparant toutes les variétés de Delphius, connues jusqu'à present, nous voyons clairement qu'en général, à en juger par la somme totale des caractères et de l’habitus, cha- cune d'elles conserve d’une manière frappante le type qui leur est propre à toutes, et cependant ces caractères pour la plupart (il n’y a qu’une exception — le dessin des ailes su- périeures) varient à l'infini, mais en général dans le sens qu'ils ont acquis chez Imperator et Charltonius. En effet, la différence entre Charltonius et Imperator est plus grande que la différence entre chacun d’eux et les va- riétés connues de Delphius. Leur taille et jusqu'à un certain point le dessin des ailes supérieures les rapproche l’un de l’autre, ce qui cependant wa pas une grande importance, vu que chez toute cette section du genre Parnassius ce dernier symptôme est le plus caractéristique et le plus constant. . 163 Qu'est-ce quest l’Zmperator proprement dit, et par quoi se distingue-t-il essentiellement, outre la poche, des variétés du Delphius? 1) par sa dimension; 2) par les taches rouges munies toujours d’écailles blan- ches; 3) par deux taches anales bleuâtres très développées, et 4) par deux autres taches aussi bleuâtres, se trouvant dans la bande ombreuse marginale. Ce sont done des caractères, à l'exception du premier, qui lui sont propres ainsi qu'au Delphius, qui ont atteint ici leur plus grand développement et qui sont peut-être parfaite- ment suffisants pour séparer Imperator comme espèce, mais qui sont loin d’être suffisants pour l’envisager comme repré- sentant d’un type particulier du genre Parnassius. Quel est done le rôle que doivent jouer en ce cas les poches des femelles dans le système et comment expliquer la différence qui s’est manifestée dans leur forme et leur structure? Quoiqu'il y ait des entomologistes (Elwes, Burmeister, et, je crois, q. q. autres) qui prétendent que ces poches n'ont aucun but pratique, ou pour mieux dire, que leur existence est un problème; je suppose que de semblables raisonnements ne sont pas sérieux et ne cadrent pas avec l’idée que l’on doit se faire de la nature, qui est avant tout une force réfléchie et ne crée que ce qui est utile. Si parfois elle nous offre des exemples d’un ordre inverse, ces faits cependant alors même qu'ils seraient cent fois plus fréquents, ne detrui- sent pas l’axiome. Des organes inutiles, disons même devenus aujourd'hui nuisibles, avaient, à une certaine époque, leur destination directe. Ces organes ont cessé d’être nécessaires, mais ils continuent à être héréditaires, et sont soumis soit à une atrophie graduelle, soit à un progrès ultérieur provo- 11* 164 qué non par la nécessité et continuant encore à agir en vertu de quelque loi inconnue. Dans le cas present, nous n’avons, il semble, affaire ni à l’un, ni à l’autre de ces deux phénomènes, et nous devons nous borner à croire que les poches des femelles continuent à remplir leur destination; qu'elles sont tout aussi indispen- sables qu'autrefois, et que les organes intérieurs, qui produi- sent la sécrétion laquelle en raidissant prend ensuite une certaine forme, continuent à agir et à se perfectionner, ce que nous voyons d’une manière évidente dans le groupe indi- que ci-dessus du Delphius, Charltonius et Imperator. Le premier et le dernier de ces Parnassiens qui ont choisi pour lieu d’habitation les deux extr&mes pôles de l’ancien continent secondaire, et se sont même retirés au-delà de ses anciens confins, sont cependant restés dans une proximité immédiate du centre primitif, et s'ils ont été soumis à quel- ques écarts, cependant la somme de ces écarts n’a pas été assez considérable pour faire disparaître complètement leur lien originaire. Celui-ci frappe à première vue. Un semblable progrès lent de l’habitus extérieur ne répond nullement au progrès des organes intérieurs dont nous venons de parler. Celui-ci a été comparativement très rapide et nous avons déjà sous nos yeux les résultats extrêmes de son activité. La nature de ces organes nous est complètement inconnue; nous ne savons même pas à quel sexe *) ils appartiennent, quoique nous ne doutions pas de leur existence! Nous n’avons non plus aucunes données positives sur leur constance; aussi je suppose qu'il serait trop prématuré de les prendre comme principe dans la classification, surtout pour établir des sous- 18) Il est admis de les compter comme masculins. Nous possédons des faits intéressants qui confirment, il semble, parfaitement cette supposition. Nous en parlerons dans la suite. 165 genres ou des sections. M. Elwes, comme on sait, le premier qui ait sérieusement étudié la différence de la conformation des poches des femelles, et qui ait donné à cette circonstance une importance parfaitement méritée, est, à ce qu'il paraît, porté à croire à la permanence de la forme des poches. Cette supposition cependant est loin d’être tout-à-fait absolue. Quoi- que j'aie eu à ma disposition de considérables matériaux des différentes espèces de ce genre, je ne me suis cependant pas décidé à me charger de l'énorme travail de revoir et de comparer les poches des femelles de tous les Parnassiens, dans le but de définir leur permanence. Je me suis borné à l'espèce Charltonius. Mes comparaisons m'ont montré que les poches de cette espèce ont conservé en général leur forme habituelle et ont été soumises à des écarts considérables qui atteignent leur extreme dans la forme reproduite sur la Pl. A. fig. 2 a, 2 b. En même temps, ces poches présentent des écarts aussi sous le rapport du pigment. Il m'est arrivé de trouver à l'Ouest du Pamir intérieur (Koudara) une jolie forme du Discobolus, dont les poches étaient tantôt brunes, tantôt blan- châtres, ce qui dépendait principalement de l'absence ou de la présence du pigment. Quant à la différence entre Charltonius et les variétés du Delphius, elle est bien plus grande que dans le cas pré- cédent, quoique, sans compter les poches, elle se borne exclu- sivement au dessin des ailes inférieures qui, comme chez tous les représentants du genre Parnassius, se trouve être le moins constant. Il ny a point de marge extérieure transparente; mais elle manque, comme on sait, à plusieurs formes constantes du Delphius (p. ex. certaines Staudingeri, Cardinal et autres). Les taches anales, se distinguant fort peu des taches de la bande ombreuse, forment une même série avec ces dernières 166 et excluent sur le champ Charltonius des autres espèces de ce groupe. Mais on n'a qu'à se rappeler tout ce que nous avons dit à ce sujet et on négligera cet indice parmi ceux exclusivement propres à cette dernière espèce. D'ailleurs ces taches, si marquées sur les exemplaires de l'Himalaya, varient en grandeur sur tous les exemplaires des versants septentrionaux du Pamir et ne présentent quelquefois qu'une rangée de points noirs sans aucune trace d’ecailles bleues. Le groupe de taches rouges, se distinguant dans ses formes extrèmes d’une manière aussi marquée de tout ce que nous offre le genre Parnassius, peut néanmoins être réduit à ces deux ou trois taches rouges qui nous sont si bien connues. Elles ne sont pas aussi déve- loppées chez les &'& que chez les ® Q®, et, parmi ces dernières, on en trouve quelquefois chez lesquelles elles sont peu accentuées. Après cette tache anale rouge, assez marquée aussi chez certains Delphius, vient une très grande tache rouge, quelquefois divisée, à deux petites taches blanches au milieu, ne frappant souvent nullement par leur dimension et sans aucune trace d’ecailles blanches. Elle correspond à la tache interne rouge du Delphius, de laquelle elle se distingue principalement par sa forme irrégulière. La seconde tache, près du bord intérieur, est très peu développée en comparaison avec la précédente et, semblable à celle de la var. Hunza, présente une forme triangulaire. Entre ces deux taches ne se trouve que rarement une quatrième petite, oblongue, qui, sur certains exemplaires, se réduit à un trait noir; cepen- dant cette particularité est tout aussi propre au Charltonius qu'à l’une des plus intéressantes variétés du Delphius: Cardinal. Ainsi, si le total des particularités distingue cette espèce des autres espèces de ce groupe, cependant aucune des parti- cularités, se répétant dans les autres espèces, ne peut être considérée comme caractéristique à ce groupe. Quant à la dimension comparativement plus grande, à la 167 forme plus allongée des ailes inférieures et à la coloration plus vive de l’abdomen des femelles, elles ne sont pas si importantes et ne peuvent, en général, être prises en consi- dération quand on veut établir l’affinité des différentes espèces. Revenons maintenant à notre table de la distribution géographique du genre Parnassius. Du district central du Kouen-loun-Pamir, vers l’O., la transmigration des Parnassiens s’effectua probablement à des époques différentes et ne s’opera jamais, paraît-il, dans de grandes proportions. Le premier flot, sans doute très ancien, se dirigea vers l'O. par des voies inconnues et s'arrêta sur le plateau de l'Arménie ou bien poussa peut-être plus loin vers l’O., par l’Anatolie et la Grèce, en Italie et en Sicile. Avec ce flot pénétrèrent à l'Ouest: le Parn. Apollo et Nordmanni. Le prototype du Apollo n'existe plus au Pamir; cependant, selon toute probabilite, il se rapprochait beaucoup du P. Romanovi. Comme forme originaire du second, nous sommes portés à prendre de nouveau le P. Mnemosyne, qui a fourni un si grand nombre de formes en Orient. Les causes géologiques qui ont borné à l'Ouest sa distribution ne nous sont pas connues; il paraît cependant plus que probable que les Parnassiens ont pénétré au Caucase avant que ne s'établit la liaison entre l’Anatolie et l'Arménie. Avant d’émigrer plus loin, le P. Apollo eut le temps, dans les confins de l'Arménie, de subir de tels changements, qu'il allait se diviser en deux formes, dont l’une produisit celle de l’Europe centrale et l’autre la variété qui occupe les contrées situées plus vers PEst. A l’époque glaciaire, I’ Apollo pénétra du Caucase au Nord, non pas directement, mais par un détour, dans cette zone intermédiaire qui se trouvait entre les extrèmes glaciers au Nord et les bords de la mer ou les montagnes au Sud, et, à la fin de cette époque, c’est partout dans ces montagnes 168 qu'il se fixa. Pendant que le P. Delius se répandait de l'E. à l’O., le P. Apollo avait un mouvement tout à fait inverse, et tous les deux se fixèrent presque en même temps à l’Oural et dans les contrées à l'O. de cette chaîne. Le second flot passa à une époque comparativement plus récente. Au commencement de l’époque glaciaire *) le P. Mne- mosyne, déjà pour la seconde fois, pénétra au Caucase par le Hindou-Kouch et se répandit plus loin à la même époque et par la même voie que l’Apollo. C’est ainsi que, comme cela a été dit déjà, ont été peu- plés par les Parnassiens du Pamir, de deux côtés opposés, non-seulement l’Altai, mais encore, à la même époque et par la même voie, la partie centrale du continent européen. Dans les îles de la Méditerranée, le P. Apollo, ainsi que certaines espèces des moutons de montagnes, a dù pénétrer à une époque bien plus reculée. Cependant ici, comme partout ailleurs, se manifeste une étonnante analogie dans la distribution géogra- phique de ces deux groupes du règne animal. L’Himalaya et toute la contrée au N. de celui-ci, dans les confins du continent de l’époque secondaire, sont les seuls en- droits où sont rassemblés les représentants du genre Ovis proprement dit et du sous-genre Musmon. De là, une partie (les Musmones) se répandit à l’O. et occupa toute la contrée montagneuse s'étendant le long du Hindou-Kouch, par le Caucase, l’Anatolie, Chypre, jusqu'à la Corse et la Sardaigne; l’autre (les Oves) peupla le Thibet, la Mongolie, la Sibérie Orientale, dans les confins indiqués ci-dessus. Nous terminerons cet aperçu de la distribution géogra- phique des Parnassiens par l’énumération des espèces qui, sans être acceptées comme formes originaires, doivent cepen- dant se rapprocher le plus des prototypes qui ont occupé à ®) Voir Chapitre II. 169 l’époque tertiaire les parties centrales du continent asiatique contemporain, et nous indiquerons les formes qui, d’après nous, en proviennent: SECTION I Clarius, Clodius Gigantea... Nordmanni Felderi Stubbendorfii, Glacialis... {Thor Nebulosus Eversmanni Mnemosyne SECTION II Tenedius SECTION II Hardwickii, Acco, Przewalskii (le prototype n’est pas connu) SECTION IV Delphius, Imperator, Charltonius, Simo? (le prototype n’est pas connu) SECTION V (Davidis? Groupe 1. Himalayensis omion |Smintheus, Intermedius, Delius 2. Jacquemonti B., Actius?, Rhodius? (prototype non connu) 3. Discobolus, Romanovi, Apollo? (prototype non connu) » 4. Princeps, Apollonius (prototype non connu) 5. Honrathi (prototype non connu) 6. Bremeri (prototype non connu) ?°) *) L’affinité des 3 derniers groupes, par rapport aux 3 précédents, est si insignifiante qu'il est difficile de réunir en un seul groupe toute cette masse de types, comme le fait M. Elwes. Une „Section“ indique cependant un prototype d’une époque plus éloignée. Il est probable que Actius et Rhodius ainsi que Apollo doivent être rapportés à des groupes particuliers. 170 3. P. Apollonius Ev. Bull. Moscou, 1847, II, p. 71. Pl. III, 1—2. Je commence ma revue spéciale des représentants du Pa- mir de ce genre par le superbe P. Apollonius décrit, par feu Eversmann, d’après les plus beaux exemplaires de cette espèce ”). Au Sud des monts Djoungar, la dimension des taches rouges des deux sexes diminue graduellement ”), et la colo- ration foncée. des femelles, si caractéristique, disparaît. Les exemplaires du Thian-Chan présentent, sous ces deux rap- ports, des formes transitoires; de même ceux du Ferghana (versant septentrional de l’Alai et occidental des monts du Ferghana) offrent de semblables transitions. On y trouve, quoique rarement, des femelles toutes noires. C’est cette der- nière forme qui a été décrite par le Dr. Staudinger comme v. Alpinus Stgr. Stett. Ent. Z. 1887. N 1—3. S. 49. Quoique M. Staudinger suppose que ses exemplaires aient été pris à une élévation remarquable, nous nous permettons cependant d'en douter. De plus, les endroits où ils ont été trouvés, indiqués par M. Staudinger, ne peuvent pas être exacts. Pendant l'été de 1886, l’un des collectionneurs Ha- berhauer a fait des excursions près de Namangan, qui est très éloigné des monts Alexandre; l’autre, Maurer, ne parvint pas dans la même année aux monts Transalaïens quoiqu'il passät par le col de Kara-Kazouk sur le versant méridional des monts Alai. Ce ne sont que les dd, pris par ce der- #1) Le seul exemplaire de ce papillon se trouvant dans la collection d’Eversmann est étiqueté: „Songaria“, sans indication plus exacte de pro- venance. +?) C’est un fait interessant que la femelle figurée et décrite par Evers- mann, a des ailes à teinte blanche, comme la femelle de la v. Alpinus. Tou- tes les femelles venues depuis en Europe, de là ou du moins des contrées voisines, avaient pourtant la belle coloration foncée dont nous parlons ici. 171 nier, qui peuvent être rapportés à la var. Alpinus, caracté- risée moins par les G'@ que par les @ ® qui ne se distin- guent pas de ceux-là par la coloration. En effet, de la su- perbe coloration des PP typiques du P. Apollonius la fe- melle de la v. Alpinus ne garde, sur les ailes supérieures, qu'une penombre noirätre à peine visible, réunissant la tache rouge de l’apex et celle qui se trouve près du bord inté- rieur, ainsi qu'une légère pénombre d’ecailles noires se trou- vant à la base des deux ailes. Quoiqu'il y ait des cas où le pigment noir soit bien plus prononcé, il ne m'est cependant Jamais arrivé de rencontrer des exemplaires présentant de vraies transitions à la coloration typique. Quant à la taille du papillon et la grandeur des taches, ces deux indices ne sauraient être rangés au nombre des traits caractéristiques. Le Dr. Staudinger fait mention d’un mâle dont l’envergure des ailes ne dépasse pas 60 mm. Je possède environ une di- xaine d'exemplaires, tant dd que PP, qui sont encore plus petits (54—56 mm.). Cependant il m'est arrivé de trou- ver, à côté de ces pygmées, des exemplaires de la v. Alpinus qui dépassaient même la dimension moyenne des Apollonius du Thian-Chan (86 mm.). Quant aux taches chez P. Alpinus elles sont développées et variées à l'infini. La var. Alpinus vole sur les versants septentrionaux de la chaîne transalaïenne, mais seulement sur les versants ayant le caractère de la steppe. Quant au type, on le trouve dans les montagnes confinant la vallée de Ferghana, dans le Thian- Chan central et sur toutes les élévations au nord de celui-ci. Elle ne dépasse pas une hauteur de 8,500 p. (la rivière Myn-Teké dans les monts Transalaïens), et ne descend pas au- delà de 4,500 p. (montagnes au S. de Vouadil); on ne la trouve nulle part dans les confins du Pamir. Haberhauer pré- tend avoir pris Apollonius dans les environs de Marghelan, cependant nous nous permettons de ne pas le croire. 172 La chenille du P. Apollonius (Pl. VI. fig. 1) toute noire, veloutée, porte deux taches d’un rouge vif sur chaque segment. Elle ne se distingue pas, par une forme particulière, des che- nilles des autres Parnassiens. Elle se nourrit des feuilles à peine écloses d’une Scabiosa. J'ai trouvé de ces chenilles, le 10 Mai, sur le versant septentrional de la chaîne de Fer- ghana, au-dessous du col de Kougart. Elles se transformèrent immédiatement en chrysalides qui ne sont écloses qu'à la fin du mois de Juin. 4. P. Princeps Gr. Gr. (Pl. I, fig. 2a,b.). Hor. Soc. Ent. Ross. T. XXII, M 3—4. 1888. A P. Apollonius Ev., cui proximus, differt: alis albido- flavescentibus nigro-atomatis, maculis puniceis majoribus, serie lunularum antemarginalium fasciam formanti limboque externo translucido latiore. d'-is long. al. ant.=32—37 mm. (P ignota) *). La dimension et la forme des ailes ressemblent à celles du Discobolus; Yeur coloration cependant est plus jaune, et elles sont comparativement moins saupoudrées de noir; en même temps la bande composée de petites lunules noirätres ressort mieux sur le fond que chez Discobolus, tandis qu’elle est sinuée comme celle de l’Apollonius. La partie marginale transparente est un peu plus étroite, mais pas plus claire comme chez Discobolus. Frange large, blanc-vif, entrecoupée de noir comme chez le P. Romanovi. Le caractère des taches rouges des ailes antérieures est le même que chez Apollo- nius; celui des ailes postérieures comme chez Discobolus. Les #) En reproduisant dans ce travail les diagnoses que j'ai publiées il y a quelque temps, j'ai pensé faciliter le lecteur. J'ai cru devoir aussi réunir dans ce volume tout ce qui a été communiqué sur la faune du Pamir. Les cir- constances m'ont forcé de hâter la publication des diagnoses parce qu'un nombre considérable de nouvelles espèces que j'avais rapportées de mes voya- ges, ont été immédiatement décrites et publiées à l'étranger. 173 taches basales rouges sont peu marquées, mais cerclées aussi distinctement que chez Apollonius. L'ombre anale noire des ailes postérieures est plus accentuée sur tel exemplaire que sur l’Insignis, et moins marquée sur tel autre. On remarque même chez le premier une tache allongée noire très accentuée, à l'endroit où passe la nervure transversale. Le dessous des deux ailes présente le même double ca- ractère que le dessus. Les taches basales rougeätres, p. ex., sont comme chez Discobolus, et toutes les autres tantôt comme chez ce dernier, tantôt comme chez Apollonius. An- tennes noires; les poils du corps, quoique en général plus foncés que chez Apollonius, ne s’en distinguent pas essentiel- lement. Cette espèce a été prise, à la fin de Juin, en deux exem- plaires mâles un peu différents, dans un défilé solitaire, entre le Katta- et Kitchi-Karamouk, à une hauteur de 7.000 p. C’est, dans tous les cas, l’une de mes découvertes les plus intéressantes. La supposition que le P. Princeps soit un hybride des Discobolus et Apollonius n’est pas admissible, parce qu'en dehors de ces deux exemplaires, qui volaient isolés le long des versants orientaux du défilé, on n’a plus rencontré d’autres espèces à cet endroit. L’extreme hâte que j'avais de m’avancer vers le Karatéguine, et l'espoir de trouver cette même espèce plus loin vers le Sud m’empechörent de m’ar- rêter dans ce défilé ne fut-ce que pour un jour. Mes prévi- sions ne se réalisèrent cependant pas, et, malgré mes péri- grinations durant 3 ans sur les élévations du Pamir, je n’ai rencontré nulle part cette espèce si intéressante qui rapproche l’Apollonius, à un certain degré, du groupe du Discobolus. Les antennes noires et les taches basales rouges rapprochent néanmoins le Princeps plus du premier que du second. Les deux exemplaires en question se trouvent dans ma collection. 174 5. P. Honrathi Stgr. Berl.. Ent. Zeitschr. Bd. XXVI. 1882. Heft 1, Taf. I, fig. 4 (2). Taf. II. fig. 5 (2). P. Corybas Ersch. (non F..d. W.). Lep. in itin. Fedtschenkoi coll. 1874,-p: 2, PL I, f, 1-2. Pour l’etude de cette espèce, M. Erschoff possédait deux exemplaires, un mâle et une femelle. Une description fort détaillée et une excellente diagnose indiquant les traits mar- quants de cette espèce ne laissent rien à désirer. Malheureu- sement il eut l’idée malencontreuse d'identifier son espèce avec une très douteuse de Fischer de Waldheim. M. Staudinger décrivit, dans la suite, cette mème espèce sous le nom de Honrathi, que nous devons réserver, jusqu'à nouvel ordre, à ce Parnassien. Le Corybas F. de W. *) est une espèce qui, au fond, n'existe pas, et l’adapter au Delius (Ménétriés, Staudinger, Strecker) ou au Nomion (Staudinger en 1861, Erschoff) ou bien le faire entrer comme espèce indépendante dans le sys- teme (l’auteur, Boisduval, Eversmann dans sa collection, et enfin Staudinger aussi en 1861) n’est pas tout-à-fait raison- nable. Le dessin de Fischer, comme Erschoff le remarque avec raison, est tel qu'il peut être adapté à la femelle de chaque Parnassien de ce type. Le premier exemple d’une pareille adaptation nous a été donné par Eversmann qui, sous le nom de Corybas F. de W., avait dans sa collection cinq exemplaires de Parnassiens tout-à-fait différents ”). Le se- #4) Entomogr. Imp. Ross. Vol. II, 1823, p. 242, tabl. VI, fig. 1, 2. 25) Nommément: 3 4 & du P. Discobolus v. Minor . . . . .. Tarbagataï @ „ P. Delius v. Intermedius Men. . Altaï 29(?) „ P. Nomion v. Dis Gr.-Gr. . ... Irkoutsk Une -courte observation au sujet de cette intéressante variété du No- mion qui peut être facilement reconnue plus tard pour une nouvelle espèce. Je me suis décidé à fixer cette forme d’après deux 2 2, dont l’une, comme je l’ai dit, se trouve dans la collection de M. Eversmann, et l’autre dans la mienne. Toutes les deux viennent des environs d’Irkoutsk. Mon exemplaire a 175 cond exemple nous a été fourni par M. Erschoff qui a rap- porté à cette espèce douteuse des Parnassiens du Zaravchan. On peut juger par ce qui suit combien ces attributions étaient peu fondées: D'un côté, le dessin de Corybas se rapproche remarqua- blement des Q ® du Honrathi, de l’autre, l'indication de Fischer, que le Kamtschatka est la patrie de ce Parnassien, peut soulever des doutes. Eversmann, qui devait le mieux con- naître le type de Fischer, cherchait, comme je l’ai dit déjà, le Corybas dans le Tarbagatai, dans l’Altaï et dans les en- virons de ces montagnes. D’un autre côté, il est impossible d'admettre que Fischer n’ait reçu rien autre du Kamtschatka qu'un seul exemplaire d’un Parnassien. Et cependant, c’est le cas. Jai eu la patience de revoir tout le second volume de son „Entomographia Rossica“, et j'ai trouvé qu'il ne cite le Kamtschatka nulle part une seconde fois. M. Strecker assure posséder un véritable P. Corybas F. de W. du Kamtschatka. M. Strecker cependant peut se tromper tout autant que se sont trompés Eversmann et Erschoff. Fischer dit claire- ment ”) que son Corybas a une tache rouge sur le thorax. été pris à 25 années de distance, ce qui fait supposer que c’est une forme parfaitement constante. Ailes tout-à-fait noires, sans aucune trace d’écailles blanches, dimensions beaucoup moins grandes, taches d’un rouge vif, d’une seule nuance sur mon exemplaire et légèrement saupoudrées de blanc sur celui d’Eversmann; et enfin poils noirs et non grisätres le long du bord anal des ailes postérieures. Voilà ce qui le distingue essentiellement du Nomion et ce qui rend cette espèce superbe sous le rapport de la beauté et de l’origi- nalité. La description et le dessin de ce nouveau Parnassien paraîtront dans l’un des prochains volumes de ces „M&moires“. #) Comme les entomologistes ont de la difficulté à se procurer le vol. II de l’„Entomographia Rossica“, je reproduis ici la description de Fischer: Ailes arrondies entières, les antérieures avec deux taches noires et cinq ocellées rouges, les postérieures avec trois taches ocellées rouges. Le corps est moins velu que celui d’Apollon, mais sur le corselet se trouve une tache rouge. Les taches rouges près de la racine des ailes d'en bas sont ocellées de blanc, et la grande tache des ailes postérieures est comme doublée. Je n'hésite point de l’annoncer comme une espèce distincte“, Nous n’avons pas le droit de negliger cette indication. Nous n’avons pas non plus le droit de supposer ici une méprise. Nous pourrions tout autant assurer que toute la description de Fischer n’est qu'une erreur. Voici les particularités du Corybas de Fischer qui frap- pent lorsqu'on étudie soigneusement son dessin: 1) la frange est très étroite, à peine visible, et, à ce qu'il semble, grisätre. 2) la marge transparente est d’egale largeur tout le long des ailes antérieures. 3) la bande marginale, composée par des lunules noirätres, est parallèle au bord extérieur, sans sinuosité vers l’intérieur de l'aile, enfin, 4) (ce qui est très intéressant): absence, sur la frange des ailes postérieures, de petites taches noires entrecoupant le blanc et se trouvant à l’extrémité des nervures, très mar- quées chez tout le groupe de Nomion-Delius de Sibérie et d'Amérique. Toutes ces particularités du Corybas F. de W., sans parler des énormes taches rouges sur les ailes antérieures, que l’on ne trouve jamais chez les représentants du groupe mentionné ci-dessus, indiquent clairement que c’est une bonne espèce. Malheureusement Fischer lui-même a ébranlé la confiance que l’on pourrait avoir dans sa description en mettant au nombre des traits caractéristiques de Corybas une tache rouge sur le thorax, tache qui, certainement, n’est pas exacte et que l’ar- tiste, fidèle à l'original, n’a pas reproduite sur son dessin. Boisduval, qui indique aussi la même tache sur le thorax, fonde son dire sur les paroles de Fischer, et sa description plus détaillée sur le dessin. Comment expliquer autrement la disparition simultanée des types de Corybas en Russie et en France? Quant à l’exemplaire qui se trouve dans le Musée de Berlin, il ne peut certainement avoir rien de commun avec le Corybas F. de W. et n’est, malgré M. Honrath ”), rien autre que la femelle du P. Rhodius et non de Delius. Je possède dans ma collection des femelles tout à fait ana- logues, avec deux taches basales sur le dessus des ailes posté- rieures, et la circonstance que la provenance de l’exemplaire de Berlin est l'Himalaya me confirme encore plus dans ma supposition. Nous ferons encore remarquer que si, dans la suite, après une exploration plus spéciale des territoires de la Sibérie Orientale *), on ne trouve pas d’autres espèces de ce type que Nomion et Delius, le Corybas ne sera certaine- ment plus reconnu pour espèce distincte par les entomolo- gistes à venir. Mais une fois que le Corybas F. de W. ces- sera d'exister ou passera au nombre des variétés d’une espèce quelconque de Sibérie, le Parnassien du Turkestan devra re- prendre son nom originaire de Corybas Ersch., lequel peut naturellement exister parallèlement avec Corybas F. de W. et en même temps que lui, comme variété de Delius ou de No- mion. Nous possédons p. ex. deux Colias Werdandi: la Wer- dandi HS. et la Werdandi Zett., ou dans le genre Agrotis: l’Obseura comme espèce et deux Obscura comme variétés des espèces Cursoria et Deserta, ou bien enfin dans le genre Par- nassius: deux Princeps, le Princeps m. comme espèce et le Princeps Honr. pour la variété du Pamir de Charltonius, qui ont été publiés en même temps. La distribution géographique de P. Honrathi Stgr. est très restreinte. A l'O. le méridien de Farab ”) indique son 21) Berl. Ent. Zeitschr. Bd. XXVI. 1882. S. 180 23) Nous espérons que ce temps n’est pas très éloigné, et qu'avec l’ou- verture du chemin de fer de Sibérie, qui doit réunir Varsovie à l’un des ports du Grand Océan, sera aplanie l’une des plus grandes difficultés pour l'étude des parties les plus éloignées de notre vaste patrie, c.-à-d. l’inaccessi- bilité de la Sibérie. %) Au fond, une ramification occidentale de la chaîne de Ghissar, prise par Haberhauer pour les montagnes de Hazret-Sultan, se trouvant plus vers l'Est et inaccessibles au N. et N.-O. 178 extrème limite, à l’E., c’est le méridien de Polouzak, le col le plus occidental de la chaîne du Darvaz. Tous les exem- plaires que j'ai rapportés ont été pris sur ce dernier point, à une hauteur d'à peu près 7,000 p., ce qui correspond aux données de Haberhauer (2,000—2,500 m.) à l'Ouest. Le type ne varie que peu, et voilà pourquoi je n'ai rien à ajouter à l'excellente description de cette espèce faite par M. Erschoff. Le dessin de Staudinger est, en général, très bon, quoiqu'il ne reproduise pas exactement le type de ce Parnassien. Ce- la vient principalement de ce que les ailes antérieures sont trop longues en comparaison avec leur largeur, et de plus, de ce que la bande extérieure, composée de lunules noirätres, est tracée, chez le -G', en ligne trop droite et comme elle ne se voit jamais. Quant aux taches, elles ne sont jamais aussi roses que sur le dessin. Sur la plus grande partie de mes exemplaires (plus de 300), elles ont même une coloration orange, ce que j'ai aussi observé chez les exemplaires rap- portés par Haberhauer fils, en 1887, de son expédition dans le district du beg de Maguian (au Sud de Pendjkent). Le P. Honrathi appartient au nombre des rares espèces de ce genre qui ont une étroite frange noirâtre. 6. Parnassius Discobolus Alph. ”) v. Insignis Stgr. Stett. Ent. Z. 1886. S. 194—195. Jusqu'à présent ont été décrites trois formes de ce type: la forme originaire qui vole dans tout le Thian-Chan, la var. Minor Stgr. du Tarbagatai ”) et la var. Insignis Stgr. des 30) Nous ne comprenons pas pourquoi le Dr. Staudinger, dans la Berl. Ent. Zeitschr, de 1832, écrit Discobolus Stgr. et non Discobolus Alph. Dans la Stett. Ent. Z. il ne décrit que sa var. Minor, sans presque parler du type fixé peu de temps avant, comme on sait, par M. Alphéraky et décrit comme Corybas Ersch. v. Discobolus. De plus, en 1881, il a écrit encore partout: Discobolus Alph. %) M. Staudinger dans la Berl. Ent. Z. 1882, liv. I, p. 161, fait mention du Discobolus v. Minor des monts Ghissar. Il faut supposer ou que la dé- | L | 5 179 versants septentrionaux du Pamir. Quoiqu'il soit très difficile d'indiquer la différence de ces trois formes, elles ont cepen- dant, en général, une physionomie assez distincte. Parmi les particularités de la var. Insignis, signalées par M. Staudinger, nous indiquerons les deux suivantes comme les plus essentielles: 1) une rangée de grandes taches triangulaires noires le long du bord externe des ailes postérieures, et 2) une bande très marquée et arquée, composée de lunules disposées le long du bord externe des ailes antérieures. Cependant ces indices sur les exemplaires dont disposait M. Staudinger ne sont pas constants. Les exemplaires de l’Alai ©) varient beaucoup, en se rapprochant (plus de 50 p. °/, du total) du type, qui, à son tour, varie dans le sens opposé c.-à.-d. vers la forme dont l'extrême "est représentée par la var. Insignis, si bien qu'il est impossible de marquer stricte- ment la limite entre le type et le Discobolus provenant de l’Alaï. Cependant si l’on met à côté des exemplaires du Thian- Chan ceux que j'ai pris à Koudara (Province Rochan, Af- ghanistan), toutes les particularités de I’Insignis s’affirment d’une manière si frappante, les Discobolus provenant de là sont si superbes, que j'ai été disposé un instant à décrire termination de M. Staudinger n’est pas exacte, ou que Haberhauer a fait une confusion en envoyant le reste des papillons qu'il avait pris dans le Tarba- gataï avec les exemplaires recueillis dans les monts Ghissar. Cette dernière supposition est la plus probable. En outre, on peut dire, presque avec cer- titude, que le Discobolus ne vole pas dans les monts Ghissar. Je n'y ai ren- contré que deux espèces: le Staudingeri et le Rhodius. Deux autres y furent trouvées par Haberhauer-fils (Cardinal in. et Honrathi) qui en même temps cependant ne trouva pas un seul exemplaire de Discobolus. #) M. Staudinger les a reçus, par MM. Maurer et Haberhauer, des con- trées situées sur les versants méridionaux des monts Alai, vers l'O, de la rivière Kok-sou. 12* ul. cette forme comme var. Superba. Mais ayant trouvé, plus tard, parmi mes matériaux rassemblés, en 1885, dans les montagnes de Pierre le Grand, et, en 1886, dans la chaîne transalaïenne, toutes les formes intermédiaires de l’{nsignis de l’Alai et de l’Znsignis de Rochan, j'ai dù abandonner ma première intention. Voici la caractéristique de mes Znsignis de Rochan: Les dd sont plus foncés ”), mais toujours bien plus petits que les femelles. Les atomes noirs dont ils sont sau- poudrés sont très abondants et se détachent parfaitement sur le fond blanc des ailes. Les taches triangulaires noires des ailes postérieures sont immenses. La bande de lunules noirà- tres sur les ailes antérieures est très marquée et le bord transparent fort large. On observe souvent aussi une jolie pénombre noire qui réunit les taches noires (rarement rouges) du sommet avec la tache se trouvant au bord intérieur, et qui vers la base se condense en une seconde tache sans con- tours cependant marqués. Cette courte description montre et la ressemblance et la différence des Insignis de l’Alai et de Rochan. Nous ferons encore observer que, parmi ces derniers, 1) il n’y a point de transitions au type et 2) qu’on ne trouve point de femelles avec une coloration aussi foncée que celle que présentent ordi- nairement les Discobolus du Thian-Chan (ab. Nigricans Stgr.). A l'exception de I’Insignis de Rochan volant sur les pentes des ravins peu profonds, couverts de differentes especes d’As- tragalus, le Discobolus choisit, en général, les endroits à riche végétation alpine. On le trouve depuis le Tarbagataï jusqu’à la rivière Mourgab (courant supérieur de ’Amou-Darya); nous ne connaissons pas ses limites à l'Est; à l'Ouest il ne 83) Le type du Thian-Chan et même les Insignis de VAlaï présentent juste le contraire. 181 depasse probablement pas le meridien du noeud de montagnes Kok-sou *). On ne le trouve nulle part au-dessous de 7,000 p. (ri- vière Kitchi-Karamouk). 7. Parnassius Romanovi Gr.Gr. (Pl. I, fig. 1a, b, e). Horae Soc. Ent. Ross. T. XXII. 1888. p. 301. A P. Discobolo Alph., cui proximus, differt (feminae ha- rum specierum differunt plus quam mares): alis albido-flaves- centibus, anticis saepe ochraceo-coloratis, maculis puniceis per- magnis, posticis saepe albo-pupillatis et nigro conjunctis; toto diagrammate distinctissimo. GP = 34—48 mm. Cette espèce remarquable par sa beauté a éveillé beau- coup de doutes parmi les lépidoptérologues. Les uns, comme p. ex. Honrath, Wiskott et autres, ne voulaient voir en elle qu'une forme locale du Discobolus, d’autres, au nombre des- quels se trouve le Dr. Staudinger, le plus perspicace des lé- pidoptérologues de notre temps, l'ont reconnue dès le premier abord pour une forme distincte. Avant de décrire en détail cette espèce, nous rappelle- rons un fait fort instructif: Alpheraky et Erschoff adaptèrent primitivement le Discobolus au Corybas Ersch., c.-à.-d. au Honrathi Stgr. Honrath décrivit d’abord son Rhodius comme une variété de l’Actius. Elwes rangea son Himalayensis au nombre des variétés de l’Actius. Toutes ces erreurs prouvent le peu de connaissance du genre et de ses particularités ori- ginales. Je suis le seul, je crois, auquel il ait été donné d’ob- server sur place la vie d’au moins 15 différentes formes de ce genre, et d'en étudier plus de 7 à 8,000 exemplaires. %) V. note 31 de ce chapitre. Personne, j'espère, ne niera done ma compétence dans cette question. J'ai eu l’occasion de parler, dans mon aperçu général sur les représentants de ce genre, des rapports du Æomanovi au Discobolus. Je répète ici que le Romanovi, dans les confins des élévations du Pamir, est une espèce tout aussi distincte que le Nomion de Sibérie. Les formes transitoires ne doivent z point obscureir le tableau général, sans quoi il faudrait ac- cepter telle classification du genre où le Felderi, Eversmanni et Clarius figureraient comme variétés de Mnemosyne, et des formes aussi proches que le Princeps m. et l’Apollonius se trou- veraient très loin l’une de l’autre, grâce à l’absence de formes intermédiaires. Il est évident qu'une semblable classification du genre ne trouverait pas beaucoup de partisans et que l'essai même en serait bläme. La coloration des deux sexes du Romanovi ”) est égale. Sa teinte est même plus jaune que celle du Discobolus du Thian-Chan; sa frange plus large. La bande des ailes anté- rieures, composée de lunules noirâtres, ressemble plus à celle des Discobolus typiques qu'à celle des Insignis, quoique sa direction soit un peu autre que chez cette espèce, la sinuosité étant plus faible. Toutes les taches noires et parmi celles-ci les immenses taches marginales triangulaires des ailes posté- rieures se détachent d’une manière particulièrement distincte, parce que le fond blanc n’est presque pas saupoudré de noir. Les taches rouges, dont il y a jusqu'à 5 sur les ailes supé- rieures et presque toujours 2 sur les ailes postérieures, sont particulièrement grandes et d’un éclat sans pareil. Parmi mes 600 exemplaires de Romanovi il ne s’en est trouvé que deux à taches noires sur les ailes antérieures, et deux autres qui %) La confrontation a été établie sur un matériel de plus de 1.000 exem- plaires des deux espèces. 183 avaient, outre les deux taches indiquees, encore une tache basale cependant assez oblitérée. En revanche, il s’est ren- contre beaucoup d'exemplaires à deux ou à une tache anale sur les ailes postérieures. Il est encore intéressant qu'une barre noire réunissant les deux grandes taches rouges des ailes postérieures et ne se trouvant jamais ni chez le Disco- bolus typique, ni chez ses variétés, devient presque caractère spécifique chez le Romanovi comme p. ex. chez le Cardinal. Il arrive assez souvent que hors les deux taches anales noires, en apparaît encore une troisième et alors il se forme paral- lèlement au bord extérieur de l’aile une espèce de chaîne, se prolongeant jusqu'au milieu des ailes postérieures. De sem- blables taches ne se trouvent qu'à de rares exceptions chez les Insignis de Rochan, mais elles n’y sont pas très mar- quées et ne forment pas de chaîne. Le dessous des ailes se distingue d’une façon si sensible que si même tous les traits caractéristiques que nous venons d’énumérer n’existaient pas, cette seule particularité assurerait au Romanovi une place distincte dans le système des Par- nassiens. Le dessous des deux ailes de toutes les formes de Discobolus est, comme on sait, presque dépourvu d’ecailles, ce qui d’un côté ne donne au dessin que l'aspect d’une copie de celui du dessus et d’un autre laisse paraître les ailes lui- santes, comme vernissées. Le dessin du dessous des ailes chez Romanovi ne correspond au contraire presque jamais à celui du dessus, et il est si abondamment saupoudré d’eeailles qu'il est difficile d'indiquer un autre type avec lequel il pourrait s’egaler sous ce rapport. Les taches triangulaires parfaitement isolées en-dessus et disposées le long du bord extérieur des ailes postérieures sont réunies sur le dessous par des inter- valles vitrés en une raie continue ressortant distinctement sur le fond blanc. Les deux grandes taches rouges ne coinci- dant rarement pas avec les taches rouges du dessus des ailes _.184 ne cèdent pas en dimension à ces dernières; les taches anales, au contraire, sont toujours plus grandes, et, si elles sont au nombre de trois, elles forment une jolie ceinture presque con- tinue, réunie par une raie noire qui devient ici particularité spécifique. Les exceptions sont rares. Antennes un peu plus robustes que celles de Discobolus, annnelées de noir et de blanc, le blane est très apparent ”). Abdomen et thorax couverts de poils plus épais et plus jaunes que chez Discobolus. Les poches des femelles ne diffèrent pas essentiellement; elles sont plus carinées chez Romanovi, à pointe plus allongée et plus relevée. Il ne vole dans les confins des élévations du Pamir que sur les pentes septentrionales de la chaîne transalaienne. Il est le plus typique à l'Ouest où il se trouve dans le plus proche voisinage avec l’Insignis. On le trouve à une altitude de 8,500—12,500 p. (Kizil-Art). On peut rencontrer depuis la fin de Juin jusqu'au commencement d’Aoüt des exemplaires très frais. Il préfère les „Sai“ et les pentes arides. J'ai nommé cette superbe espèce Romanovi en l'honneur de S. A. I. Monseigneur le Grand-Duc Nicolas Mikhailovitch de Russie. S. Parnassius Actius Ev. Bull Moscou. T. XVI. 1843. p. 540. Pl. IX. fig. 2 a, b. Eversmann, en décrivant cette espèce, la compare avec Nomion. Staudinger ”) la reconnaît pour une espèce distincte. Honrath a cru possible de lui adapter le Rrhodius, non-seule- ment dans sa première remarque sur cette espèce *), mais aussi plus tard. Il trouve que toute la différence entre ces 36) Chez Discobolus: „antennis obscure-griseis nigro-annellatis“.... Alphé- raky. Horae Soc. Ent. Ross. T. XVI, p. 350. 37) Stett. Ent. Zeit. 1881. S. 278. 38) Berl. Ent. Zeitschr. 1882. S. 178. 185 deux espèces ne consiste qu’en l’absence des taches basales rouges chez l’une et la présence de celles-ci chez l'autre. Elwes va plus loin encore et réunit avec l’Actius non-seule- ment le Ahodius et l'Himalayensis comme variétés, mais aussi le Discobolus. L'année dernière Staudinger dans sa , Preis- Liste“ place même le Romanovi parmi les variétés de l’Actius. L’Actius est aujourd’hui non-seulement une espèce parfai- tement distincte, mais il réunit encore un si grand nombre de traits caractéristiques que ceux-ci l’isolent parfaitement de la sphère de tout rapprochement avec d'autres espèces. Le P. Actius, le plus blanc de tous les représentants de ce genre, et s'en distinguant par la coupe des ailes, montre en- core les particularités que voici, qui le séparent tout aussi bien de Æhodius que de toutes les formes mentionnées ci- dessus: Bord transparent extrêmement étroit et n’allant chez quel- ques mâles que jusqu'au milieu des ailes antérieures. Assez sou- vent presque complète absence de la raie marginale de lunules noires sur les ailes antérieures, et quelquefois disparition com- plète du dessin noir sur les ailes postérieures. Fond des ailes très faiblement saupoudré de noir même assez souvent chez les ® ®; le fond de celles des ZZ ne l’est point; enfin, frange comparativement très large, blanche, entrecoupée de noir. Tels sont les traits qui joints aux deux précédents (coupe particulière des ailes et leur teinte extr&mement blanche) l'isolent sans nul doute dans le système des Parnassiens. La série des exemplaires se trouvant à ma disposition prouve combien peuvent varier les taches rouges tant en nombre qu'en dimension. J'ai même eu la chance de prendre trois femelles pourvues de taches basales rouges. Deux de ces exemplaires se trouvent dans ma collection; j'ai cédé le troi- sième au Dr. Standfuss à Zurich. Quant à la distribution géographique de cette espèce, j'ai 186 déjà eu l’occasion de dire que l’Altai n’a jamais pu lui servir de patrie. Eversmann est tombé ici dans la même erreur que dans la description du Delphius, ce qui est étrange, car tous les types de sa collection portent les étiquettes de Tarba- gataï *). Dans les confins des élévations du Pamir l’Actius ne vole que dans la partie orientale des monts transalaïens et pro- bablement dans les monts Alaïens à l'Est du méridien Tal- dyk “); on le trouve sur les versants abruptes et pierreux, à une élévation de 12,500 p. 9. Parnassius Rhodius Honr. Berl. Ent. Zeitschr. Bd. XXVI. 1882. S. 178. T. 2. fig. 6 (&). La description du Rhodius a été faite d’après cinq exem- plaires mâles, pris sur les pentes septentrionales de l’'Hima- laya (cours supérieur du Yarkend-Darya) par le Dr. Stoliczka . et les frères Schlagintweit. La description de M. Honrath est si superficielle que si le Rhodius ne s'était pas, dans la suite, répandu presque dans toutes les collections, elle eût donné beaucoup d’embarras aux classeurs futurs "). %) Voir aussi Staudinger, remarque sur l’Actius (Stett. Ent. Zeit. 1881. p. 278). 10) Inutile de dire que l’Actius n’a jamais volé dans les monts Ghissar. Ici, de nouveau, se présentent deux suppositions: ou M. Honrath a confondu et a pris pour Actius des Rhodius du Ghissar — ce qui n’est nullement im- possible comme nous le verrons dans la note suivante— ou Haberhauer a en- voyé les restes de sa collection du Tarbagataï sous l'étiquette de Hazret-Sul- tan, ce qui aussi est très probable, 41) En effet, qu'est-ce que le Rhodius, d'après M. Honrath? L’Actius, chez lequel la raie marginale de lunules noirâtres est un peu plus distincte! Pour prouver dans quel embarras peuvent nous jeter des descriptions aussi superficielles, je me permets de raconter le cas dans lequel je me suis trouvé moi-même: en 1883, dans les collections de St-Pétersbourg, il n'existait ni d’Actius, ni de Rhodius, en dehors des types mal conservés de Eversmann. Je partis donc pour ma première expédition avec l’idée que j'avais pu me 187 Comme la femelle du Rhodius n’a, jusqu'à present, été décrite encore par personne, je crois utile de caractériser exactement cette espèce. La coloration des ailes est tantôt d'un blanc pur, tantôt jaunätre, ayant la tendance à se couvrir légèrement d’ecailles noires qui disparaissent presque entièrement seulement chez les exemplaires du Transalaï qui aussi, sous d’autres rapports, offrent des écarts bien sensibles. Ailes très arrondies *). Le bord transparent, chez les deux sexes, est presque de la même largeur et reste tel sur tout son parcours; frange très étroite, blanc-gris, faiblement entrecoupée de noir. La bande, com- posée de lunules noires, est toujours continue, très marquée faire de ces deux espèces par la remarque de Honrath et la diagnose de Eversmann. Ayant parfaite confiance en Honrath, je tombai cependant en mille erreurs. Je cherchais partout l’Actius, et, m’imaginant lavoir trouvé, j'étais involontairement consterné n'étant pas en état de saisir les limites entre celui-ci et le Rhodius, c.-A-d. la forme figurée et décrite par M. Hon- rath. Dans la suite, cette question s’eelaireit et je compris l'erreur de ce der- nier qui, en décrivant le Æhodius de l'Himalaya, ne le comparait pas avec l’Actius, mais avec les Rhodius de Hazret-Sultan, définis primitivement aussi comme Actius. Les résultats d’une pareille comparaison ne pouvaient être autres que ceux dont nous venons de parler. Il est impossible de s'expliquer autrement comment une si énorme différence entre les deux formes aurait pü échapper à M. Honrath. Nous avons donc peut-être le droit de reprocher à cet entomologiste de s'être acquitté un peu trop superficiellement de ses devoirs d'auteur. Ses remarques tant sur l’Achus que sur le Corybas m'ont encore induit dans une autre erreur: Etant tombé sur un véritable Actus et ayant de suite vu l'énorme différence entre le soi-disant Actius c.-à.-d, entre Rhodius et cette espèce, je ne doutais plus avoir sous les yeux une nouvelle forme originale que je nommais d’abord P. Caesar (,Mémoires“, T. II, p. 247) et plus tard P. Mouzaffar. Quoiqu'il en soit, il est assez singu- lier que ce soit M. Honrath lui-même qui m'ait aidé dans la suite à me re- trouver dans tout ce chaos. Je dois done Jui en exprimer ma gratitude, d’au- tant plus qu'il ne lui a pas été aisé de me dissuader, car je n’ai reconnu mon erreur que lorsque j'ai compris que lui-même n'avait pas une represen- tation claire de l’Actius à l’époque où il décrivait son Rhodius. #2) Chez l’Acrius c’est le contraire. Pour mieux saisir la physionomie de cette espèce, comparer cette description avec celle qui a été donnée plus haut et qui se rapporte à l'Actius. 188 et atteint, & de rares exceptions (exemplaires de Ghissar), toujours le bord intérieur; en même temps, cette bande est toujours tout à fait parallèle au bord extérieur de l’aile non sinuée vers l’intérieur, ce qui est très caractéristique pour cette espèce. Les lunules noires des ailes postérieures, se trans- formant rarement en taches triangulaires, sont considérable- ment développées et ne se réunissent jamais en une bande continue. Les taches rouges sur les ailes antérieures sont ordi- nairement au nombre de deux ou de trois, mais il arrive quelquefois qu’elles sont remplacées par des points noirs. Les exemplaires typiques ont 3 taches sur les ailes posté- rieures, mais, assez souvent, leur nombre va jusquà 4 et même jusqu'à 5 (P), ou bien, au contraire, diminue jusqu'à 2 (G). J'ai déjà fait mention de semblables exemplaires de Rho- dius lesquels ont,.au lieu d’une, deux taches basales; on trouve plus souvent encore des exemplaires (ordinairement des fe- melles) avec une seule tache anale rouge. Quant aux points blancs sur les taches rouges, ceux-ci sont spécifiques pour les Rhodius de Rochan et individuels pour quelques exemplaires du Trans-Alaï. La présence des taches basales rouges est un symptôme tout à fait constant; du moins plus de 1,000 exem- plaires de cette espèce que j'ai pris dans les monts de l’Alai et Ghissar, dans les ravins du Trans-Alai, dans les monts du Darvaz et du Rochan et enfin sur les versants N. E. des monts Kounjout, ne présentent pas d’exceptions à cet égard. Je termine la description de cette espèce en faisant ob- server que la tache noire, réunissant les 2 taches principales des ailes postérieures, n’est pas rare “), mais ne se trouve 4) J'Actius ne l’a jamais. Je possède cependant une 2 de lIssyk- koul qui en a des traces; cette 2 s’écarte du type aussi sous d’autres rap- ports. x 189 presque exclusivement que chez les femelles. Cette particu- larité est extr&mement apparente chez les exemplaires prove- nant du Darvaz, lesquels offrent, en même temps, certains écarts aussi sous un autre rapport, particulièrement en ce que leurs femelles se distinguent par une superbe coloration foncée et présentent par cela même de l’analogie avec lab. Nigri- cans des Discobolus du Thian-Chan. La taille du Rhodius varie assez sensiblement. Je possède des exemplaires ne dépassant pas 52 mm.; d’autres cependant ont une envergure de 72 mm. Le Rhodius est l'espèce la plus répandue et en même temps la plus ordinaire sur toute l'étendue des élévations du Pamir, au-delà des confins duquel on ne le trouve nulle part. Il ne vole pas au-dessous de 10,000 p. et préfère les prairies alpines. 10. Parnassius Charltonius Gray (Pl. II. fig. 1 a,b, EP). Gray. Catal. of Lep. Ins. Coll. Brit. Mus. Part. I. 1882. p. 77. Pl. XII, fig. 7. Fr. Moore. Scientific results of the Sec. Yarkand mission. Lepidoptera. 18795 Bla Het) Honrath. Berl. Ent. Zeitschr. Bd. XXXI. 1888. S. 351 (v. Princeps Hon.). Cette superbe espèce a été décrite par John Edward Gray d'après un seul exemplaire de femelle, trouvé par le major Charlton à une élévation de 15,000 p. dans le Turkestan Oriental (Chinese Tartary) probablement près du cours supé- rieur du Yarkend-Darya, quelque part près du col de Kara- Koroum “). Le même Parnassien fut importé pour la seconde fois en Europe, un quart de siècle plus tard, par les membres “) Je ne sais pourquoi M. Elwes identifie „Chinese Tartary“ avec , La- dak“. De temps immémorial, le nom de Tartarie chinoise a désigné le terri- toire connu à présent sous le nom de Kachgarie ou Turkestan chinois (Oriental). Autant que je sache Ladak n'a jamais appartenu aux chinois, depuis qu’existe l'empire de Chine, et le major Charlton n'avait aucune rai- 190 de la mission de Forsyth. Il est regrettable que Moore n’ait publié que le dessin de la femelle et n’ait accompagné ce dessin que de la mention trop laconique: „Kharbu (13,000 feet.) Ladak“. Le nombre d’exemplaires que possédait Moore nous est inconnu. Je suppose qu'il n’en avait qu'un seul, et que, voyant la différence entre son exemplaire et celui de Gray, il crut que celui-ci avait figuré un ' et non une 9 Ÿ), et voilà pourquoi il a refait une seconde fois le dessin de son exemplaire. Cette espèce fut importée en Angleterre pour la troisième fois, en 1879, et alors en un plus grand nombre d’exem- plaires. Pris par Lionel de Nicéville et par le capitaine Young, ces exemplaires se répandirent très vite dans les meilleures collections des entomologistes européens. Ils provenaient tous des versants occidentaux de l'Himalaya (Lahoul). Enfin, en 1887, M. Leech a rapporté de nouveau cette espèce de l'Hi-- malaya (Cachemire?), mais je ne sais quel est le nombre d'exemplaires, qu'il y a pris. Cependant, en 1884, j'ai trouvé cette espèce dans l’Alaï ainsi que dans le Trans-Alai, et, deux ans plus tard, j’ai réussi à prendre une très grande quantité d'exemplaires près du cours supérieur de la petite “rivière Aram-Koungueï dans le Transalaï. Ce sont assurément des exemplaires provenant de ma ré- colte qui ont été décrits, sans mon consentement, par M. Hon- rath sous le nom de v. Princeps. son d'appeler Ladak: Tartarie chinoise. A une certaine époque, il est vrai, l'autorité et l'influence chinoises s’étendaient sur tout le bassin de l’Amou- Darya et du Syr-Darya (à peu près en 150 apr. J.C.), mais elles ne dépassè- rent cependant jamais l'Himalaya. #5) M. Elwes, dans son „on Butterflies of the genus Parnassius“ (Proc. Lond. Zool. Soc. 1886) tombe dans la même erreur. Soit que cet auteur, qui écrit si consciencieusement sur le genre Parnassius, n'ait pas jeté un coup d'oeil dans le livre de Gray, auquel le mâle n'était pas du tout connu, et qui commence ainsi sa diagnose: „Female (Pl. XII, fig. 7). The primary...“ ete., soit qu'il ait préféré s’en rapporter entièrement à Moore. 1 Voyons jusqu'à quel point cet entomologiste avait raison d'établir sa variété. Il suffit d'ouvrir une carte détaillée et d’y trouver d’un côté Lahoul et Ladak, et de l’autre le cours supérieur du Yarkend-Darya pour voir à l'instant même que, sans compter les énormes étendues montagneuses qui les séparent, ces points se trouvent dans des conditions tant climatériques que phy- siques tout à fait différentes. On sait que l’élévation de la ligne des neiges éternelles sur les deux versants de l’Hima- laya présente l'énorme différence de presque 3,000 p., d’où dépend aussi par conséquent la différence d’elevation des en- droits où ont été pris le Charltonius Gray et le Charltonius Moore. En effet, pour le premier il est indiqué à 15.000 p. et pour le second seulement à 13.000 p. Conclure de là, comme le fait M. Honrath, que les exemplaires de Kocksir (Lahoul) appartiennent au type de Gray et, à la suite d’une déduction si peu fondée, faire entrer dans nos catalogues, déjà assez surchargées, un nouveau nom, nous paraît témé- raire. Nous allons même plus loin et, personnellement, nous arrivons à une conclusion tout à fait inverse. Nous supposons plutôt que l’exemplaire de Moore ainsi que ceux de Kocksir sont incomparablement plus éloignés du type de Gray que les représentants de cette espèce du Pamir septentrional. Examinons donc un peu les différences dont fait mention Honrath dans ses remarques et voyons jusqu'à quel point elles peuvent supporter la critique. Voici ce qu'il écrit: 1) „Grundfarbe hellweiss, bei den Q ® nur einen Schein ins Gelbliche spielend, aber lange nicht so gelblich-weiss — yellowish-white—wie die typische Form“. Ceci n’est pas juste. Gray a tout à fait exactement dé- terminé la couleur du fond de cette espèce. Elle est en effet blanc-jaunâtre. Quant à la coloration si jaune des exemplaires 192 de Kocksir, elle a, sans doute, dü provenir de ce qu'ils ont été tués à l’aide du cyankali qui a une grande influence sur la couleur fondamentale de cette espèce. 2) „Die gebogene Innenrandbinde der Vorderflügel schmä- ler und, besonders bei den & &, nach unten hin nur noch schwach oder erlöschend“. Comme Gray ne décrit pas les mâles, et comme il n'en existe pas un seul exemplaire typique dans aucune collection, n'est il pas au moins prématuré d’en parler? Quant aux fe- melles, lopinion de Honrath est justifiée à peine par 20 exemplaires sur 100. Je possède beaucoup d'exemplaires qui, sous ce rapport, ne diffèrent pas du type de Gray. 3) „Der grosse schwarze dreieckige Flecken dicht unterhalb der Medianrippe, wie solchen Gray erwähnt und abbildet, fehlt bei der var. Princeps gänzlich, bei einzelnen Stücken ist derselbe nur ganz schwach angedeutet oder durch einen. isolirten halbmondförmigen Innenrandflecken ersetzt“. Si l’on laisse de côté les mäles, cette assertion est tout à fait fausse. Parmi des dizaines de femelles, je n’en possède pas une seule qui confirme le dire de M. Honrath. Ce symp- töme, en général, est très peu constant; certains de mes exemplaires, aussi sous ce rapport, ne diffèrent aucunement du dessin de Gray. On ne rencontre pas sur les pentes septentrionales du Pamir de femelles comme les figure Moore. La dernière différence, mentionnée par Honrath, relative- ment aux taches rouges, est encore moins convaincante que tout ce qui a été dit ci-dessus. Gray, comme on le sait, a fait sa description d’après un seul exemplaire qu'il représente en même temps. Il est possible que les taches rouges peu développées distinguaient seulement cet exemplaire et nulle- ment toute l'espèce, comme le suppose Honrath. Je possède p. ex. des exemplaires chez lesquels les taches rouges sont encore plus petites que chez le type de Gray, et d’autres 193 où celles-ci sont plus développées que chez la femelle de Moore. Les exemplaires de Ladak et de Lahoul presentent une particularité caractéristique omise par Honrath: ce sont les taches bleues, comparativement très grandes et extraordinaire- ment développées, au nombre de 5. Sur le type “) ainsi que sur la forme du Pamir septentrional elles sont tout à fait noires ou légèrement couvertes d’ecailles gris-bleues; les ex- ceptions ne sont, en general, que fort rares. Avant de terminer, je ne crois pas superflu de mentionner les faits suivants que j'ai eu moi-même l’occasion d’observer: 1) J’ai souvent trouvé le Charltonius in copula avec P. Del- phius. Comme je n'ai jamais vu d’hybrides des deux espèces, jen conclus qu'un semblable accouplement reste sans résultat. 2) J’ai observé plus d’une fois un Kirghize portant une paire de cette espèce in copula, et l’un des deux exemplaires qui avait pleine possibilité de s'envoler ne profitait cepen- dant jamais de la liberté offerte. 3) Il m'est arrivé de prendre des femelles toutes fraîches, qui n'avaient même pas eu le temps de dilater leurs ailes, in copula avec des mâles tout usés, et, vice versa, des mâles tout frais in copula avec des femelles très frustes. Ces der- nières avaient alors des poches tout à fait développées. 4) J'ai trouvé quelques femelles non pas à une, mais à 2 poches disposées comme l'indique le dessin (Pl. A fig. 5). 5) Dans ma collection il se trouve deux mâles à poches iné- galement développées (Pl. A. fig. 3 et 4) *) dont l'ouverture est dans un sens inverse à celui que nous voyons chez les femelles. 45) having a row of five deep black sublunate spots along the outward border“... (Gray). #) Les autres dessins de cette planche représentent: la et 1b poches normales de Charltonius. 2a et 2b, formation extrême de ces poches. 13 194 Tous ces faits indiquent d’abord une sensualité toute parti- culière chez les individus de cette espèce, la faculté de s’accoupler plus d’une fois, et, ensuite, que c’est le mâle et non la femelle qui produit la sécrétion pour la formation des poches *). Encore quelques mots sur une aberration très intéressante de cette espèce. Une absence presque complète de dessin noir sur les ailes antérieures et un point noir au lieu de. toute la série de taches rouges, la rendent tout aussi intéressante que l’aberration du P. Apollo figurée par Felder dans sa „Reise der Fregatte Novara“ Tab. XXI, fig. C. Le Charltonius a une distribution très restreinte dans les con- fins des élévations du Pamir septentrional, et vole presque exclu- sivement sur des pentes escarpées et arides couvertes de débris de rochers. Il ne se trouve pas au-dessous de 10,000 p., en Juillet. Les dessins de cette espèce ont été faits par M. N. Ka- wrigin, d’après des exemplaires recueillis, en 1885, sur les monts Alaï. Les exemplaires transalaïens en diffèrent un peu par des taches rouges plus développées. 11. Parnassius Delphius Ev. Ce Parnassien a été décrit par Eversmann dans le Bull. de la Soc. Imp. des naturalistes de Moscou, 1843 p. 541, d'après deux exemplaires trouvés dans le Tarbagatai “). Les exemplaires du Delphius, pris par M. Alphéraky dans le Thian-Chan central (Youldousse) 1881, s’en rapprochent le plus. Un peu vers l'O. vole déjà une autre forme dont M. Stau- dinger fait mention °), sans vouloir toutefois lui donner une 48) Dans une des séances de la Société Entomologique russe, le profes- seur E. Brandt s’est opposé à cette supposition. Il assure que les mâles ne peuvent pas séparer cette sécrétion, n'ayant pas de glandes aptes à remplir une semblable fonction! Qu'il nous explique, en ce cas, l'apparition des poches chez les mâles! #) Les types de la collection d’Eversmann (2 & 4) portent des étiquettes: „Tarbagatai“ écrites par l’auteur lui-même. 5°) Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 196. 195 autre dénomination. Cette forme réunit les particularités de deux variétés: l’Infernalis et Namanganus, dont la première vole dans les montagnes de Ferghana et dans la partie orien- tale de la chaîne de l’Alai, et la seconde dans la partie occi- dentale du Thian-Chan ”). Quant à la distribution géographique de cette espèce, nous remarquerons que la partie orientale des monts transalaïens se présente comme le second centre de sa distribution. Là vole la forme transitoire entre la var. Infernalis et Illustris, dont la premiere, comme il a été dit plus haut, se répand vers le Nord et la seconde vers l’Ouest. Vers l'O. du méridien de Kok-sou, le Delphius se differencie encore du type en pre- nant cette fois une forme particulière, celle du Cardinal; plus loin vers l'O. dans les monts Ghissar, elle apparaît de nouveau sous la forme de la variété si tranchée nommée Staudingeri. Nous connaissons encore deux variétés du Delphius (la var. Hunza et la var. Stoliczkanus) des territoires formant les confins méridionaux du Pamir, et-qui occupent une place tout-à-fait isolée dans le système général des variétés de cette espèce. D’après cette distribution du Delphius et de ses variétés, on doit conclure que notre époque trouve cette espèce dans la période de sa division en groupes, dont chacun doit occuper, dans la suite, une place indépendante dans le système des espèces des Parnassiens. Cet exemple est loin d’être unique. En 51) En 1888 Haberhauer a envoyé à M. Christoph, pour en faire la des- cription, 2 4 et 1 2 d’une forme très grande et très claire de la var. Namanganus. Mais comme il n’a pas voulu dire l’endroit ‘où il les avait pris et qu'on n’a pu savoir si tous ses exemplaires ou bien seulement ces trois offrent de semblables particularités, considérant que les exemplaires de l’Issyk- koul ne se distinguent presque pas des 3 exemplaires de Haberhauer, j'ai conseillé à M. Christoph de ne pas les décrire jusqu’à nouvel ordre, d’au- tant plus qu'ils ont déjà le nom de Delphinus i. litt. Dans tous les cas, mes indications —grande taille et coloration très claire de cette forme—sont par- faitement suffisantes pour conserver la priorité à M. Christoph s’il est prouvé dans la suite qu’elle mérite, en effet, une description détaillée. 196 étudiant la faune du Pamir, j'ai constaté un fait analogue dans la famille des Satyrides. J’aurai l’occasion d’en parler plus loin & propos du groupe Satyrus Huebneri- Abramowi-Josephi. Pour donner un meilleur aperçu de la distribution géogra- phique du groupe des variétés de Delphius, en voici un scheme: Yonldousse Ferghana % Samarkand ” Monts Alai „7 I = Kachgar. + Hindou-Kouch ZA Kouen-loun o Sy GE te 4 Ramifications de l'Himalaya AS en I. Delphius typicus IV. v. Infernalis VII. v. Staudingeri II. var.? Intermedia V. v. Illustris VII. v. Hunza III. v. Namanganus VI. v. Cardinal IX. v. Stoliezkanus 4 LI ev 297 Les variétés suivantes de Delphius volent dans les confins des élévations du Pamir: a) Var. Infernalis Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886. S. 195. Le Dr. Staudinger fait une description fort superficielle de cette variété, et se borne à indiquer les particularités qui la distinguent du type ainsi que de la var. Staudingeri: 1) les deux bandes très apparentes sur le fond blanc des ailes antérieures la séparent du type, et 2) le large bord noirätre transparent des deux ailes— de la variété Staudingeri. Comme j'ai lieu de croire que mes Infernalis ne different en rien du type de Staudinger, je me permets de présenter ici une caractéristique complète de cette forme de Delphius si parfaitement différenciée et n'ayant de transition qu'à U’II- lustris m., que j'ai pris un moment, comme il sera dit plus loin, pour la variété Infernalis. Le bord des deux ailes est plus large et plus foncé que chez tout autre variété de Delphius; de plus il se confond presque toujours, sur les ailes postérieures, avec la bande extérieure composée de lunules noirätres. La coloration noire de toutes les bandes, principalement de celle du milieu, se présentant chez d’autres formes sous l’aspect d’une pénombre plus ou moins oblitérée, est excessivement apparente ici; la dernière est souvent si large qu’elle occupe presque en entier l'étendue entre la partie basale de l’aile et la bande exté- rieure. Chez les exemplaires les plus typiques, l’ombre anale des ailes postérieures s'étend ordinairement jusqu’au trait noir qui réunit presque toujours les deux taches rouges et qui est aussi ici, comme chez le Cardinal, une particularité spécifique. Chez les autres variétés, ce trait n’est qu'individuel (Staudin- geri, Illustris) ou bien n'apparaît jamais (Stoliczkanus, Hunza 198 et Namanganus). Les taches marginales anales ne sont tou- jours qu'au nombre de deux, ce qui n’est encore caractéris- tique que pour deux formes de cette espèce: le type Delphius et la var. Illustris ”). Ces taches ne sont jamais saupoudrées d’écailles bleues, ce qui ne distingue qu'une seule forme parmi toutes les variétés du Delphius, nommément la var. Staudin- geri, et cela également du dessous et du dessus. Les taches rouges mont jamais d’ecailles blanches ni en-dessus (Naman- ganus), ni en dessous (Namanganus, Cardinal), et une tache anale rouge n’est qu'une exception. La couleur rouge n’est presque jamais remplacée par le jaune (un seul G' fait ex- ception). Les cas cependant où les écailles rouges disparais- sent complètement est assez ordinaire ici comme chez Illustris. La forme typique de I’Infernalis vole dans la partie orien- tale de la chaîne de l’Alaï (défilé Taldyk); les formes tran- sitoires à l’Zllustris dans la partie orientale des élévations transalaïennes (Kizyl-Art). Depuis le commencement de Juin jusqu'au commencement d’Aoüt; on ne le trouve pas au-dessous de 11,000 p. Il préfère des pentes comparativement peu es- carpées, couvertes de Festuca et d’Allium. b) Var. Ilustris Gr. Gr. Horae Soc. Ent. Ross. T. XXII, 1888, p. 304. A var. Infernali Stgr., cui proxima, differt: alis albi- dioribus, rarius nigro-atomatis (ad P. Infernalem transitus), fasciis angustioribus, posticis maculis analibus parvis, saepe evanescentibus. Le bord transparent n’est que rarement aussi large que chez Infernalis; il n’est ordinairement pas plus large que >) Parmi le grand nombre de mes exemplaires d’Infernalis, il n’y a qu’une seule femelle qui fasse exception, ayant 4 taches comme la var. Stau- dingeri. Bern chez Staudingeri quoiqu'il en diffère sensiblement: 1) en ce qu'il est limité d’une manière très accentuée sur les ailes postérieures et 2) en ce qu'il ne descend pas autant, ce qui, comme on sait, chez Staudingeri est le résultat de la réunion de la bande antémarginale avec le bord transparent. Ce der- nier cas ne se présente jamais chez Illustris, ce qui le dis- tingue principalement de la var. Staudingeri ainsi que de la var. Infernalis, Stoliczkanus et Hunza, et le rapproche, au contraire, beaucoup de la forme du Delphius de lIssyk-koul (Terskoï Ala-Taou?). La bande marginale des ailes postérieures, comme aussi chez cette dernière forme du Delphius, est ra- rement continue; elle est ordinairement très peu apparente et disparaît quelquefois entièrement ou est réduite à 2 ou 3 lunules très minces, toujours cependant séparées du bord trans- parent par une étendue blanche comparativement assez large. Le lavis anal est moins développé que chez toute autre va- riété de Delphius, ce qui fait principalement paraître Illustris' comme la plus blanche de toutes les formes connues de cette espèce ”). Quant aux ailes antérieures, à la suite 1) de labsence de la poussière écailleuse noirâtre, en général très développée chez les autres variétés, et 2) du peu de développement de la bande mitoyenne, elles éloignent aussi extrêmement la var. Illustris du Delphius du Tarbagatai et des autres formes de cette espèce et la rapprochent, sous ce rapport, le plus de Staudingeri et d’Infernalis. La bande mitoyenne est remplacée, sur certains exemplaires, par une pénombre occupant le milieu de l'aile, n’allant pas vers son bord intérieur, mais vers la base où elle forme une tache noire très apparente chez un seul exemplaire. Les taches anales, au nombre de deux, dis- 53) On prévoit cependant deux exceptions: 1) la var. Hunza m., et 2)la var. Delphinius Chr. in litt. mentionnée dans la note 51. paraissant souvent presque entierement, sont quelquefois nor- malement développées et sont sablées alors d’écailles bleuätres. En dessous, Illustris se distingue de toutes les formes de Del- phius, sans en excepter Staudingeri, par son extreme blan- cheur °*). Quoique j'aie pris plus de 500 exemplaires de cette va- riété, il ne m’est pas arrivé de voir le pigment rouge rem- placé par un pigment jaune. Cependant, les taches rouges, comme il a été dit déjà, sont comparativement assez souvent remplacées par des noires. Guidé par la description peu détaillée de M. Staudinger, j'ai longtemps pris cette variété pour Infernalis et je n’ai vu mon erreur que lorsqu'en 1887 je suis tombé, dans les montagnes de l’Alaï, sur les véritables Infernalis. Illustris vole dans la partie occidentale de la chaîne trans- alaienne, dans les mêmes conditions qu’Infernalis, c.-à.-d. sur des pentes couvertes de Festuca et de différents Allium. Juillet. Altitude près de 10,000 p. J'ai trouvé au même endroit 2 chenilles, probablement de cette espèce et non de Charltonius d’après les dimensions de la chrysalide. Malheureusement les papillons n’ont pas éclos. L'une des chenilles a été soigneusement préparée et on trouve son dessin sur la Pl. VI, fig. 2 a, b. Le type de la chenille est du genre Papilio *), et par son habitus ne se distingue en rien des chenilles des autres Parnassiens. Fond couleur olive-sale: en-dessus, chaque seg- ment à deux petites ceintures dont l’antérieure est compara- tivement plus large, d’un noir velouté et fendue au milieu; deux points clairs y sont disposés. La postérieure est olive- 54) Il est possible qu’aussi sous ce rapport Delphinius fera une exception. 55) M. Elwes écrit dans son „On butterflies of the genus Parnassius“: „larva distincta, larvis Heterocerorum affinis“. Je ne sais sur quoi cet argu- ment est fondé. 201 noire, bordée derrière d’une strie veloutée-noire à peine per- ceptible et à peine visible sur tous les segments. Des deux côtés, se trouve une raie claire, entrecoupée, au milieu de chaque segment, par un petit trait un peu plus foncé et à peine visible. Au-dessous de celle-ci, sur chaque segment, se Long: — 36 à 40 mm. Je les ai trouvées, à l’état parfait, sous des pierres. Elles n'avaient plus besoin de nourriture, ce qui ne m’a pas permis de définir la plante dont elles se nourrissent. trouvent deux points veloutés-noirs c) Var. Cardinal Gr. Gr. [PL IL, fig. 2 a, c (G'), 2b, d (@ )]. Mémoires s. 1. lép. T. III, p. 397. Alis antieis obscurius fasciatis; posticis maculis puniceis permagnis, late nigro circumscriptis et nigro conjunctis. Tout le dessin des ailes anterieures est ordinairement plus foncé que sur les autres variétés de Delphius, et, sous ce rapport, ce n’est que lInfernalis et certains Staudingeri qui font exception. Par le caractère de son bord transparent et des deux bandes, Cardinal se rapproche aussi le plus de cette dernière forme. En général, cependant, c’est une variété tout-à-fait distincte et qui occupe une place exceptionelle dans le système des variétés de Delphius. Aussi, si je me permets des com- paraisons dans ma description, elles auront pour but de faire ressortir les particularités de ce Parnassien, et non de lui trouver une place conforme dans le système. Le bord transparent des ailes postérieures n'existe pas ou bien il n'y est marqué que très faiblement. La série de lunules disposées le long du bord extérieur forme ordinaire- ment une bande continue mais très fine et à dentelure pointue. Comme chez les autres formes de Delphius elle s’interrompt immédiatement avant la seconde tache anale noire. Ces deux taches n’offrent chez Cardinal rien de particulier; elles sont 13* 202 tantôt toutes noires, tantôt sablées d’écailles bleuätres. En dehors de ces deux taches, Cardinal a encore un point noir sur la seconde dent de la bande marginale, à partir du bord anal, ce qui forme une de ses particularités caractéris- tiques. Les deux principales taches rouges sont de dimension con- sidérable et présentent, avec la barre épaisse qui les réunit toujours et le cercle noir aussi très épais, la particularité la plus intéressante de cette superbe variété. Il n'existe aucune espèce de ce genre à taches rouges aussi développées. II y a, en effet, des exemplaires femelles chez lesquels ces taches sont si grandes que la barre entre elles disparaît complète- ment. Il arrive aussi que celle-ci est entrecoupée d’une petite tache rouge, et relie en ce cas parfaitement les deux ocelles. Cependant à côté de ces formes extrêmes se trouvent aussi des exemplaires (principalement mâles) qui se rapprochent excessivement de certains Illustris qui se sont le plus écartés du type. De semblables Cardinal ont les taches seulement un peu plus grandes et la barre pas plus large que chez Illus- tris. Des taches anales rouges se trouvent relativement sou- vent, mais ne sont jamais aussi développées que chez Nu- manganus. Chez les femelles, à taches rouges, particulière- ment grandes, le pigment rouge apparaît aussi à la base de l'aile; malheureusement le nombre assez restreint de mes exemplaires ne me permet pas de dire avec assurance S'il existe de représentants de cette variété à deux taches basales assez développées. En dessous, Cardinal offre, en général, les mêmes princi- pales particularités qu’en dessus. Ajoutons seulement qu'ici les grandes ocelles rouges sont toujours couvertes d’ecailles blanches, et les taches anales et basales ne le sont que très rarement. Ces dernières sont surtout développées chez les ® ® et sont cerclées de noir. Ce symptôme, comme Hon- 203 rath °) le dit avec raison, se rencontre constamment dans le groupe des variétés de Delphius et ne peut être admis comme exclusivement caractéristique pour Cardinal. Cependant il ne nous est jamais arrivé de trouver un semblable développement du pigment rouge dans la partie basale de l'aile chez les autres formes de cette espèce. J'ai pris Cardinal dans la chaîne de Pierre le Grand, à une altitude d'à peu près 10.000 p. Un an plus tard, en 1886, il a été trouvé dans les monts Ghissar (district de Maguian ??) d'où il a été rapporté en quantité considérable d'exemplaires par Haberhauer fils. d) Var. Staudingeri Bang-Haas. Berl. Ent. Zeitschr. Bd. XXVI. 1882 S. 163. T. II fig. 7 (4) 8a (2). Il ne nous reste à ajouter que fort peu à cette description. Quatre points noirs, dont les deux derniers se trouvant plus près du bord anal, sont plus développés que les autres et forment une particularité si caractéristique de cette forme qu'il est étonnant que M. Bang-Haas ne les ait pas remar- qués. Nous avons déjà eu occasion de voir, par l'aperçu général du groupe Charltonius-Delphius, combien leur rôle est impor- tant dans l'explication des rapports génériques de ses formes, et nous croyons devoir faire encore une fois mention de ce caractère important. Ces taches sont le moins développées chez Illustris. Ex- cepté cette variété, ces deux mêmes principales taches margi- nales ne se retrouvent que chez le type et la var. Infernalis. Chez tous les autres représentants de ce groupe, leur nombre augmente graduellement quoiqu’en général elles n'apparaissent 56) Berl. Ent. Zeitschr. 1887, T. XXXI, S. XI. L'opinion de M. Honrath que Cardinal n’est qu'une aberration de Delphius est cependant injuste, si toutefois ce mot est employé dans son acception générale. 204 que sous l’aspect de points peu visibles. Les exceptions sont: Charltonius, chez lequel toutes les taches marginales sont développées presque également; Imperator, chez lequel, hors les deux immenses taches anales, les deux suivantes sont saupoudrées d’ecailles bleuätres; et enfin, rarement, Naman- ganus chez lequel la troisième tache et quelquefois aussi la 4-ème, sans céder en grandeur aux deux taches anales, sont aussi sablées d’écailles bleuâtres. Chez Staudingeri, il n’y a ordinairement, hors les deux principales, que 2 taches margi- nales; mais il y a des cas où leur nombre atteint le maximum possible — 3; ce qui fait un total de 5 taches noires comme chez Charltonius, quoiqu’elles ne soient pas également déve- loppées ”). On sait que ce maximum n’est normal que chez l'une des variétés de Delphius, notamment chez Stoliczka- nus *), qui, sous ce rapport, se rapproche le plus de Charlto- nius avec lequel le compare le Dr. Felder ”). Chez l’autre variété — Hunza — le nombre des taches varie, paraît-il, comme p. ex. chez le seul @ que j'ai pris; il n’y en a au fond que 3 (disposées comme chez Cardinal), les deux autres sont si faiblement marquées que ce n’est qu'avec peine qu'on peut les distinguer dans la teinte géné- rale noirätre du bord transparent. Par contre, la femelle de 57) J1 y a même des exemples où leur nombre va jusqu'à 6, mais le der- nier point est si peu marqué que je prends ces quelques écailles noires, grou- pées en petite tache, comme tout-à-fait accidentelles. 58) „.„limbo externo, introrsum sinuato, maculis quinque diffusis nigris (paenultima majore)* (Felder). 5%) Il est impossible de ne pas admirer autant la justesse de jugement que l'esprit observateur de ce lépidoptérologue de premier ordre, surtout si lon prend en considération le peu de matériaux qu'il avait alors à sa dispo- sition et le manque de connaissances sur ce genre. Voici ce qu'il dit, par rapport à ce Parnassien, dans son remarquable ouvrage „Reise der Fregatte Novara“: „Derselbe (Stoliezkanus) kommt dem gleichfalls in den Hochthä- lern Loldak’s (?) gesammelten P. Charltonius Gray zunächst, ist jedoch um die Hälfte kleiner und in vorbeschriebener Weise verschieden“ (p. 138). 205 cette variété en a 6 parmi lesquelles cependant celle qui est le plus rapprochée du bord intérieur est marquée faible- ment comme dans l’exemplaire de Staudingeri dont j'ai parlé note 57. Quoique je n’aie pas pris moins de 500 exemplaires de cette forme, il ne m’est jamais arrive de tomber sur un exemplaire ayant moins de 4 taches marginales. Les écailles bleuätres sur ces taches manquent tout aussi constamment. Staudingeri vole sur les versants N. O. du Pamir, c.-à-d. dans les ramifications limitrophes (vers l'Ouest) de la chaîne de Ghissar. Haberhauer l’a pris dans le district de Farab. Je l’ai rencontré plus vers le Sud, sur le col de Liagar- Mourda. Altitude probable: environ 12.000 p. Il préfère les pentes pierreuses, ordinairement très escar- pées, couvertes de gravier et privées presque de toute végé- tation. — Fin de Juillet et commencement d’Aoüt. e) Var. Hunza Gr. Gr. (Pl. X. fig. 1 a, b). P. Stoliczkanus Feld. var. Hunza Gr. Gr. Hor. Soc. Ent. Ross. XXII p. 303. Varietas major. Alae posticae S-is maculis fuscis, ® -ae nigris et parvis vel subnullis. Cette forme se rapproche effectivement le plus du Stolicz- kanus, duquel elle diffère principalement par sa taille con- sidérable; envergure = 64 m.m. Comme Stoliczkanus a été parfaitement décrit, il ne me reste plus, guidé par le dessin et la diagnose du Dr. Felder, qu’à indiquer les particularités qui distinguent ma variété non du type, mais de celle du Dr. Felder. Il est regrettable que nous ne possédions que 3 exemplaires, un d et 29 Q pris, avec une peine infinie, dans les monts Kounjout; car nous pouvons supposer à priori que notre description pourra, avec le temps, ne pas paraître assez complète. 206 Chez Hunza comme chez Stoliczkanus, le bord transpa- rent des ailes antérieures, ainsi que la bande antémarginale, ne se distinguent, au fond, que fort peu de ceux de Staudin- geri; et cependant chez l’un comme chez l’autre, il n’y a aucune tache noire près du bord interne; il y a aussi absence de la pénombre qui occupe tout le disque de l'aile et qui souvent, se transformant en bande bien nette, relie cette tache avec les taches discoïdales. Cette pénombre est cependant remplacée, chez les femelles de Æunza, par la poussière écailleuse noire entre la 2-ème et 3-ème nervure, grâce à la- quelle le milieu de la bande antémarginale est relié 1) avec la tache discoïdale extérieure, et 2) avec la bande demi-ar- quée qui se trouve entre cette tache et la bande antémargi- nale. Ni le G' de Hunza, ni les deux sexes de Stoliczkanus, ni même le type Delphius, ni l’une de ses variétés n’ont rien de semblable, et voilà pourquoi nous devons supposer qu'un pareil développement de pigment chez les femelles de Hunza n’est qu’une particularite individuelle de ces deux exemplaires. Les taches principales des ailes postérieures chez Stolicz- kanus, comme chez Hunza, contrastent avec celles de Car- dinal par le minimum de leur developpement, avec cette différence que le &' Stoliczkanus a une tache au milieu de l'aile ©), et la ® °) en a deux; chez Hunza, au contraire, la ® a une seule tache et le &' en a deux. Cependant cette différence est peu essentielle, et je ne doute nullement que, dans la suite, quand nous connaitrons mieux ces deux formes, nous trouverons des exemples tout à fait contraires. Quant à la coloration, ces taches sont presque noires chez le seul & 50) ,Macula rubra ordinaria parvula, nigrescenti eineta“ (ibid.) aussi Pl. LXIX, fig. 2, 3. 4) „Macula ordinaria majore pallidiore, angustius cincta, altera ejusdem coloris, sed multo minore et latius marginata“ (ibid.). 207 de Hunza (celle du milieu a l’aspect jaune brun) et tout à fait noires chez les 2 femelles. Le bord transparent de Hunza, comme chez Stoliczkanus, se confond tellement avec la bande des lunules, que les points noirs surmontant les sommets des dents semblent disposes dans ce bord. Chez Hunza ceux-ci sont, il semble, moins distincts que chez Stoliczkanus, mais aussi, comme chez ce dernier °), ils sont pupillés en partie, chez les femelles, d’ecailles bleuätres, chez les G'&' ils sont noirs ®). J’ai pris Hunza dans les montagnes inhospitalières de Kounjout (ramification orientale du Hindou-Kouch) dans les domaines du Khan (tzoum) de Kounjout (Hunza) probable- ment à une hauteur très considérable, car mon anéroïde, au- delà de 15.000 p. n’agissait plus, et les chevaux kirghises, habitués aux grandes élévations, respiraient péniblement. Pen- dant les quelques jours que nous restämes dans l’une des vallées moins élevées, nous souffrimes continuellement d’une extrème faiblesse dans les jambes, de violents maux de tête et de l’asthme, ce qui ne nous permit pas d'y rester plus longtemps. — Mi-Juillet *). 12. Parnassius Simo Gray (PI. XXI. fig. 3 a, b, c). Catal. of Lep. Ins. in the Coll. of the Brit. Mus. Pl. XII. fig. 3—4. G. R. Gray, n’ayant reçu de la part du major Charlton que 4 exemplaires de ce Parnassien, et les ayant parfaite- 62) „Limbo hyalino paulo latiore quam in mare, pallidiore, maculis quin- que bene distinetis fumato-nigris introrsum caerulescenti-albo aspersis (tertia infra venam discoidalem sita reliquis majore) ornato“ (ibid.). 6) Voir note 58. Les taches anales noires passant au rouge chez Nu- manganus ainsi que chez d'autres formes du Delphius n'existent pas ici ainsi que chez Stoliczkanus. %) Le Hunza était très rare. Nous primes tout ce que nous vimes. Je suis persuadé qu’il fallait le chercher quelque part encore plus haut et plus au fond des défilés. 208 ment bien décrits, ne dit cependant pas à quel sexe ils appartenaient. Le mauvais état de ses exemplaires était pro- bablement la cause de son silence, mais je suppose que c’est surtout l’abdomen si velu des femelles du Simo et l'absence absolue de poches qui embarrassaient Gray dans la définition du sexe. A en juger d’après le dessin, il possédait autant de males (fig. 4) que de femelles (fig. 3). Les Simo du Pamir diffèrent un peu de ceux de Gray. Ces différences ne sont cependant pas assez tranchées pour qu'elles puissent servir dès à présent de base pour la sépa- ration d’une nouvelle forme. Voici ce que dit Gray de la frange des ailes antérieures: „the outer margin is fringed with black scales“. La plu- part de mes exemplaires ont, en effet, une frange noirätre, mais il y a aussi des & & chez lesquels celle-ci est parfaite- ment blanche. La base des ailes, sur les exemplaires du Pa- mir, est loin d’être saupoudrée d’autant d’ecailles noires que sur les exemplaires de Kara-Koroum ®), et enfin, la diffé- rence la plus essentielle, c’est chez ceux-ci le long du bord extérieur des ailes postérieures une rangée de croissants noirs, quelquefois plus, quelquefois moins foncés ), et chez les Simo du Pamir toutes ces petites lunules se confondant ordinaire- ment en une assez large bande marginale. La dimension des uns et des autres est approximativement la même; l’enver- gure moyenne est de 48 mm. Il n’est nullement difficile de déterminer la place du Simo dans le système des espèces de ce genre. C’est une forme proche du Delphius quoiqu’elle en soit plus éloignée que Imperator. € %) Et non ceux de Ladak comme le dit Elwes en corrigeant Gray. 66) „With a row of small black lunes at a little distance from the outer margin“. 209 Lorsque j’eerivais l’apercu général des espèces de ce groupe, je n'avais encore aucune idée du Simo. Cependant tout ce que j'ai à dire maintenant au sujet de cette espèce ne fera que confirmer mes suppositions d'autrefois. Malgré la remarquable ressemblance des espèces: Delphius, Imperator et Charltonius, les poches de leurs femelles sont, comme on sait, complètement différentes. Comment expliquer ce fait, si l’on n’admet pas qu'en ce cas l’organisation exté- rieure a été plus constante que l’organisation intérieure? ‘?). Simo qui appartient au groupe du Delphius, comme cela sera prouvé plus bas, permet de constater parfaitement une semblable supposition. Au fond, peu importe de quelle ma- nière nous nous expliquerons l’absence des poches chez les femelles de Simo,—est-ce par une atrophie des organes sexuels, est-ce par une suspension du développement de ceux-ci — le fait reste toujours le même: dans le groupe des espèces de Delphius-Charltonius nous rencontrons un nouveau type chez lequel ces organes (ou du moins la partie des organes qui produit et sépare la sécrétion, au moment de l’accouplement) sont organisés autrement que chez le reste du groupe. En ce dernier temps, règne la manie de classifier les espèces d’après l’analogie ou la différence des organes sexuels et de leurs accessoires. Les partisans du microscope ayant posé l’axiome que les organes sexuels, ainsi que tous les or- ganes intérieurs, sont les parties les plus constantes d’un in- dividu organisé, se mettent sans peine à démolir ce qui avait été érigé auparavant, bouleversent nos habitudes et nos croyan- ces. Sans nier que dans bien des cas la différence des orga- nes sexuels est un argument fort important pour la démar- cation des espèces, nous ne comprenons cependant pas com- ment ces mêmes organes peuvent, plus que le type, servir 87) Voir plus haut page 158. 14 210 de principe pour la démarcation des genres, des familles etc. Les partisans les plus acharnés de cette nouvelle méthode d'exploration devraient bien avouer que, mème dans une unité aussi insignifiante que le genre, chaque type a des accessoires sexuels organisés d’une manière particulière. Et si c’est le cas, leur grande diversité ne prouve-t-elle pas leur constante faculté de modifications ou de complications qui marchent pour la plupart parallèlement et simultanément avec les mo- difications extérieures, étant quelquefois ou en retard, ou en avance même sur celles-ci? Nous avons des exemples sous nos yeux et ils sont assez nombreux pour nous convaincre. Prenons p. ex. le groupe de Melitaea Aurinia qui s’est divisé en un grand nombre de variétés. Que voyons-nous? Les formes Aurinia, Provincialis, Merope, Iberica, Sareptensis, Asiatica etc. ne different nul- lement entre elles par leurs organes sexuels, et des formes qui se rapprochent de quelques-unes d'elles (Provincialis et Sareptensis) par la coloration: Desfontainei (= Baetica?) et Orientalis ont déjà les organes sexuels considérablement mo- difiés. Tout le groupe de la Zygaena Pilosellae offre un exemple semblable et non moins intéressant °). La théorie de la con- stance des accessoires sexuels est parfaitement compromise par ces faits, et des discussions quant à la signification de ces accessoires comme caractère des plus importants pour sé- parer les grandes unités de classification, comme les groupes (subgenus), les genres ete., ne devraient plus avoir lieu. Ainsi done l’absence de poche chez Simo ne prouve nul- lement que cette espèce appartienne à quelque groupe indé- pendant du genre Parnassius. D'un autre côté, son habitus en général, le dessin des ailes antérieures, typique pour tout 58) Voir pour les détails: „Alte und neue Agrotiden der europ. Fauna“ du Dr. Standfuss (Correspondenzblatt des Ent. Ver. „Iris“ 1888, S. 215). DR ce groupe, ne se distinguant p. ex. en rien du dessin de cer- tains de mes Illustris; l'absence des taches basales rouges sur le dessus des ailes postérieures; la forme et la coloration des antennes; le caractère de la frange °); et enfin même la bande marginale des ailes postérieures, laquelle, par suite de l'absence des taches et des points noirs, présente la différence la plus essentielle des autres représentants de ce groupe, tout en conservant les particularités propres aux bandes de ceux- ci, — tout cela, prise en somme, rapproche le Simo des repré- sentants du groupe Delphius-Charltonius, mais lui assigne en même temps une place indépendante dans le système des es- pèces de celui-ci. Si je ne me trompe, j'ai trouvé le Simo deux fois: dans les monts Alaïens et Trans-alaïens, mais chaque fois un seul exemplaire isolé et si mal conservé ”) que je n'ai pu les dé- finir autrement que Delphius var. Les exemplaires qui m'ont servi pour la description pré- cédente ont été pris par Maurer, probablement dans les mon- tagnes trans-alaïennes. Je me les suis procurés en partie chez le Dr. Staudinger et en partie chez d’autres collectionneurs. 13. Parnassius Mnemosyne L. var. Gigantea Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886. S. 197. Cette superbe variété de Mnemosyne a été décrite si par- faitement et d’une manière si détaillée par le Dr. Staudin- ger, qu'il ne me reste presque plus rien à y ajouter. Je ferai seulement observer que la taille de mes Gigan- tea, pris en partie dans les mêmes endroits que ceux du Dr. Staudinger (monts Alaï près de Goultcha et Chakhimardan), 55) Chez quelques-uns de mes Staudingeri la frange des ailes antérieures est aussi noire; chez d’autres elle est à moitié noire et à moitié blanche. 70) Je ne garantis pas que ma définition soit juste: il ne restait des ailes postérieures que des fragments. 14* et en partie dans des contrées où ne pénétrèrent pas ses col- lectionneurs, ne justifie nullement le nom donné à cette forme. Je possède des exemplaires des environs de Sarepta et de Reichenhall qui ne le cèdent aucunement en dimension aux plus grands Gigantea. Standfuss, en décrivant la var. Hart- manni ) présente des figures photographiques de deux exem- plaires non moins grands. Enfin, ce qui n’est pas sans inté- rêt, ce mème Gigantea, tout en conservant ses particularités typiques, vole à une altitude considérable en exemplaires aussi si petits qu'on n’en rencontre pas toujours dans les en- virons de St.-Petersbourg. Comme dans mon aperçu général sur le genre Parnas- sius je rapproche de Gigantea toute une série de différentes espèces, je ne trouve pas superflu d'indiquer quelques parti- cularités de celui-là, que Staudinger omet tout-à-fait ou qu'il n'indique que sommairement. Selon moi, la principale diffé- rence entre Clarius et Gigantea consiste en ce que la tache médiane des ailes postérieures — füt-elle rouge ou noire, ce qui est parfaitement indifférent dans le cas présent —se trouve chez le premier assez éloignée de la cellule discoïdale, et chez le second, au contraire, elle lui est adjacente. Cepen- dant, par l'aperçu de tout ce groupe, nous verrons facile- ment combien le rôle de ces taches est insignifiant dans la determination de la parenté des différentes formes, et com- bien elles varient dans les limites des espèces et même des variétés. En effet: 1) tout le groupe de Stubbendorfii-Glacialis ne les a pas du tout. 2) chez Mnemosyne du S. E. de la Russie, elles n'apparaissent non plus jamais. 5 5; des environs de Pétersbourg) elles sont très faibles et man- : de Hanovre, Reichenhall etc. ne quelquefois tout-A-fait. 3) chez Nebulosus et Gigantea—elles sont très marquées et chez cette der- nière forme souvent nettement contourées et compara- tivement très foncées. “) Berl. Ent. Zeitschr. Bd. XXXII, S. 234, fig. 1, 2. 213 4) chez Felderi—elles sont très marquées chez les femelles et disparaissent quelquefois entièrement chez les mâles. 5) chez Eversmanni, Clodius, Clarius et Nordmanni— elles sont toujours par- faitement marquées, quoique le fait que le pigment noir disparaît soit assez connu. Quant à la disposition comparativement différente de ces taches chez Clarius, Eversmanni, Nordmanni etc. et chez Gi- gantea, j'ajouterai ce qui suit: je connais certains exemplaires de cette dernière à taches parfaitement séparées de la nervure extérieure de la discoïdale; et il y a des cas où les taches rouges se réunissent presque entièrement avec cette dernière (Nordmanni). Dans le groupe des variétés de Mnemosyne, la tache se trouvant près du bord interne manque encore plus souvent que la tache du milieu. Je ne connais cependant pas un seul cas où elle manque chez Gigantea. Non-seulement les ® ®, mais aussi les G'& de Gigantea ont quelquefois sur les ailes posté- rieures une ligne marginale dentée, qui cependant n’est pas toujours très marquée. Si nous comparons les autres espèces du groupe Gigantea-Olarius-Eversmanni, nous remarquerons que: chez Eversmanni— elle se trouve toujours chez le & ainsi que chez la 9; „ Ularius et Clodius — elle disparaît quelquefois chez le &. » Felderi — elle n'existe que chez la 9; enfin » Mnemosyne, Nordmanni \ „ Stubbendorfii, Glacialis j elle disparaît complètement 7?). Ce qui fait que, sous ce rapport, le Gigantea occupe aussi le centre dans le système des espèces de ce groupe. 7) Chez quelques 2 @ de Mnemosyne du Tyrol on voit encore des tra- ces de cette ligne dentée. Staudinger parle aussi de semblables 2 @ (Stett. Ent. Z. 1886. S. 198). IT- PIERBRIDIZIE 4. APORIA Hb. 14. Aporia Crataegi L. Se trouve partout, le long des versants septentrionaux du Pamir, sur des montagnes peu élevées. 5. PIERIS Schrk. 15. Pieris Brassicae L. var. Nepalensis Gray. Lep. Ins. Nepal. PI. VI, fig. 1. Tous les exemplaires de ce papillon du Ferghana ont le dessous des ailes postérieures verdätre et richement saupoudré d’ecailles noires. Cette forme se rapproche surtout de celle des Indes, décrite par Gray, dès 1846, comme Pieris Nepa- lensis. M. Erschoff (Lep. in itin. Fedtschenkoi coll. p. 4) est d’un avis contraire, et dit qu'il ne trouve aucune difference entre les exemplaires du Ferghana et ceux de St.-Péters- bourg. 16. Pieris Roborowskii Alph. Mémoires s. 1. Lépid. T. III, p. 404. T. V, p. 69. PI. IV, fig. 3a, b. Cette intéressante espèce a été rapportée, en deux exem- plaires, par les membres de l'expédition du général Prze- walsky, lors de son dernier voyage, et a été immédiatement décrite par M. Alphéraky dans ces , Mémoires“. Comme, quel- ques mois plus tard, j'ai pris cette même Piéride sur des élé- vations considérables du Pamir, je crois devoir en faire une 215 description détaillée, sans attendre la publication du travail de M. Alphéraky ”). Les exemplaires de Przewalsky ne se distinguent, sous aucun rapport, de quelques-uns des miens; et, par le carac- tere et la vigueur de leur dessin, ils se rapprochent surtout de la forme qui vole sur le Khargoche-Pamir. Quoique je possède des exemplaires chez lesquels les par- ticularités caractéristiques de cette Piéride s’effacent plus que chez les exemplaires du Lob-Noor et d’Ak-sou, je ne puis ce- pendant partager l’avis de M. Alpheraky qui prétend que ce papillon se trouve en très proche parenté avec Brassicae. Il occupe une place à part dans le système des espèces du groupe Brassicae-Rapae “*) et peut tout aussi bien être com- paré au premier qu'au dernier. En grandeur, ÆRoborowskii égale presque les Brassicae moyennes; l’envergure est de 54—62 mm.; la frange d’un blanc éclatant. La coloration des deux ailes est indentique et toujours plus blanche que chez Brassicae ou Rapae. Le bas de l’aile n’est que rarement couvert d’ecailles noires à peine visibles. Le bord noir des ailes antérieures dépasse tou- jours la seconde nervure, s’elargit vers l’apex, forme d’abord entre la 5-&me et la 6-ème nervure un angle droit, passe ensuite dans le bord costal et se confond avec la tache noire qui nest très distincte que sur le dessous de ces ailes. Cette différence caractéristique de Brassicae ”) a échappé à Alphé- raky; elle donne à la marge de la dite Piéride une teinte 73) La description détaillée a paru depuis dans le Vol. V de ces ,Mémoires“. ”4) Je rapporte à ce groupe les espèces suivantes de la faune paléarc- tique: Brassicae L., Cheiranthi Hb., Tadjika Gr. Gr., Rapae L., Ergane H.-G., Roborowskii Alph., Canidia Sparm., Krueperi Stgr. (?); cette dernière, sans en être parfaitement convaincu. 75) Dans tout le groupe de Brassicae, ce n’est encore que chez Ærue- peri et Canidia que l’on trouve cette tache. Celle-ci ressemble surtout à Roborowskii par le caractère de son bord. 216 toute particulière, qui est encore augmentée par ce que, rac- courcie le long du bord costal, elle descend davantage, en restant, dans toute son étendue, presque également large et très dentée. Chez le G', les taches sur le dessus de l'aile sont à peine marquées; sur les ailes antérieures elles ont l'aspect d’un petit trait, et sur les ailes postérieures celui d'une virgule, ce qui est particulier au groupe entier de Bras- sicae. Chez la ®, ces taches sont ordinairement très déve- loppées; outre la tache costale, indiquée plus haut, il y en a toujours deux sur les ailes antérieures, dont l’inferieure est toujours accompagnée d’une virgule noire, allant vers la base. La tache supérieure a quelquefois, des deux côtés, une légère pénombre, ce qui forme parallèlement au bord extérieur comme une sorte de bande ”). Sur les ailes postérieures, il y en a deux et même trois, et, à l’exception d’un seul exemplaire, il y en a une un peu plus arrondie toutefois que chez Bras- sicae. Le bord noir des ailes postérieures varie ordinairement beaucoup en largeur; je possède une ® et un d de cette espèce provenant des monts Kounjout et chez lesquels le bord atteint une largeur de 3,5 mm.! En général cepen- dant, chez les G'&', il est toujours plus étroit, mais aussi plus distinctement séparé du fond de l'aile que chez les P Q. Ce n’est que dans des cas très rares que le bord est entiè- rement uni; il est ordinairement interrompu entre les ner- vures par une petite flèche blanche. En dessous, la Roborowskii se distingue aussi essentielle- ment de la Brassicae. Le fond des ailes postérieures et la partie marginale des ailes antérieures ne sont pas jaunes, mais rose-mat, ne passant que par endroits à une teinte jau- nâtre. Ces parties sont fortement saupoudrées d’écailles noires; vers le bord et la base, les ailes postérieures sont plutôt 76) Semblable à ce que nous voyons quelquefois chez Ergane. 217 noires. Toutes les taches des ailes antérieures sont très mar- quées, et moins accentuées sur les ailes postérieures. La P. Roborowskii est, paraît-il, répandue sur tout le Pamir oriental, depuis Khargoche (bassin du lac Kara-koul) jusqu'aux contreforts du Hindou-Kouch et depuis là, le long de ces derniers et du Kouen-loun, jusqu'au méridien du Lob- Noor. Elle habite les déserts les plus tristes, privés de toute végétation, sauf quelques Astragalus et des Carex épars. Elle vit isolée et est excessivement rare. Depuis le commencement de Juin jusqu'à la fin de Juillet, je n’ai réussi à en prendre que 12 exemplaires dont seulement deux (G'®) étaient assez bien conservés. Voici les endroits, où j'ai trouvé ce papillon: Versants méridionaux des monts Ak-Djilga (c.-à.-d. ,crète blanche“, montagnes à l'Ouest du Kara-koul) à une altitude d’a-peu-pres 14,200 p.; rivière Kokouï-bel, 13,000 p.; ver- sants septentrionaux des monts Ak-Baïtal (au Sud du Kara- Koul), 14,200 p:; rivière Ak-Baïtal, 14,000 p.; rivière Ak- sou, 12,300 p.; et enfin rivière Beïk du Sud, environ 14,200 p. 17. Pieris Tadjika Gr. Gr. (Pl. VI, fig. 3 a, b). Horae Soc. Ent. Ross. XXII, p. 304. Supra alae '-is albae, in apice nigro-atomatae, maculis paginae anticarum irregularibus et saepe litteram Z forman- tibus. Alae ®-ae plus minusve nigro-atomatae. Subtus alae posticae in utroque sexu griseo-virescentes et griseo-atomatae. EP =21—22 mm. Ailes antérieures blanches, semées, à la base, d’écailles blanches. Frange blanche aussi et nettement séparée du limbe par un liséré noir, qui disparaît presque complètement chez la femelle. Chez les deux sexes, le sommet de l’aile et très légère- ment sablé d’atomes noirs; si cependant toute l’aile antérieure est uniformément saupoudrée de noir (ce qui a souvent lieu chez les ® ®), alors l’apex ainsi que le bord extérieur for- 218 ment la partie la plus claire de l’aile. Les taches sont au nombre de trois; la tache costale est toujours peu marquée ”), et les deux autres d’un dessin fort peu régulier, rappelant le plus souvent un W brisé et renversé. La tache inférieure est chez la ® toujours accompagnée d’une virgule noire, dont la pointe est dirigée vers la base; chez le G', on la trouve exceptionnellement. Les ailes postérieures, vert-blanc chez le & et jaunâtres chez la Q® , ne présentent rien de particulier. La tache ordinaire, ayant l’aspect d’une virgule, est très variée chez Tadjika. Tantôt elle disparaît presque entièrement, tantôt elle est très marquée. En dessous, les ailes antérieures sont d’un blanc pur, lé- gerement ombrées vers le sommet et avec deux taches très marquées; les postérieures sont verdâtres et partout également semées d’ecailles noirätres. J'ai trouvé cette Piéride (un &'), pour la première fois dans la vallée du Kitschi-Karamouk, à une altitude de 7,000 p. L'année suivante, j'en ai recueilli un assez grand nombre d'exemplaires dans les monts de Darvaz, ainsi que dans les montagnes de Pierre le Grand; presque tous les exemplaires étaient très défectueux. —Hauteur 9,000 p. environ. Juin. 18. Pieris Rapae L. Dans le Ferghana, vole une très grande forme de cette espèce. Elle est partout très commune, quoiqu’elle ne monte pas au-delà de 7,000 p. Les exemplaires de Taschkent, de Samarkand et de Bokhara ne se distinguent pas de ceux du Sud de l’Europe. Elle est aussi commune dans le bassin du Tarym *).— Deux générations. 7) Le & figuré ici fait exception en ce que, à la place où doit se trou- ver la tache en question, on ne remarque que quelques écailles de plus. Au contraire, la 2 figurée aussi ici a cette tache très marquée, quoique cepen- dant pas autant que l’a figurée le graveur. 78) Fr. Moore: Scient. Res. of the see. Yarkand Mission. Lepid. p. 4. 219 19. Pieris Canidia Sparm. var. Palaearctica Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886. S. 199. Cette variété a été décrite par le Dr. Staudinger d’une manière très détaillée. Elle vole sur les versants septentrio- naux du Pamir, depuis la fin de Mai jusqu'à la moitié d’Aoüt, et se rencontre là sous forme de deux générations, qui diffe- rent un peu l’une de l’autre. Sa distribution verticale est très restreinte: 5,000—7,000 p. Elle choisit de préférence les défilés pierreux et isolés. Elle est généralement assez rare Défilé du Taldyk, Chakhimardan, Karatéguine. 20. Pieris Krueperi Stgr. var. Prisca Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886. S. 199. M. Staudinger a eu raison de séparer les Krueperi du Turkestan comme variété distincte. Je ne sais pas si cette Piéride se trouve dans les environs les plus proches de Mar- ghelan, mais, dans tous les cas, elle ne vole jamais à des élévations considérables comme le suppose l’auteur. Je ne l'ai rencontrée que sur les pentes septentrionales des monts Alaï, entre 2.000 et 5.000 p. M. Staudinger a remarqué déjà que la Krueperi vole dans le Ferghana sous forme de deux générations, dont la première, celle du printemps, garde toutes les particularités de la Vernalis dont elle se distingue néanmoins 1) par le blanc pur des parties du dessous des ailes postérieures qui ont une teinte jaune chez les Vernalis grecques, et 2) par la teinte verte plus foncée du dessous des ailes postérieures. Comme les Krueperi du Turkestan ont déjà été attribuées à une variété distincte, il faut, par analogie donner aussi aux Vernalis du Turkestan une dénomination particulière. Je pro- pose de les distinguer à l’avenir comme: gen. I. Verna Gr. Gr. dont la diagnose serait la suivante: 220 Alis subtus albis, non flavicantibus; pictura obscuriore. J’ai trouvé à une élévation considérable (8,000 p.), dans les ravins isolés des monts Darvaz, encore une autre variété de Vernalis: var. Mahometana Gr. Gr. Horae Soc. Ent. Ross. T. XXII, p. 304. Alis supra nigro-marginatis, subtus multo obscurioribus. Les taches du dessus des ailes anterieures sont un peu plus grandes; le bord noir descend un peu plus et n’est pas si denté. Les extrémités des nervures des ailes postérieures sont abondamment garnies d’écailles noires, qui, remplissant aussi l’espace entre les nervures, forment ensuite un bord noir continu, quoique étroit. On trouve la même disposition sur le dessous des deux ailes; cependant là les écailles noires sont partout entremeldes d’autres verdâtres, ce qui rend princi- palement le bord des ailes postérieures plus large et ses contours moins marqués. Tout le dessin vert du dessous est richement sablé de noir; ce dessin noirâtre, en général très marqué, est très visible sur le dessus des ailes. L’envergure de la Mahometana est de 4 mm. plus petite que celle de Vernalis. J’ai pris plusieurs exemplaires dans le défilé de la rivière Khobou-Rabat, sur les pentes méridionales de la chaîne du Darvaz. Commencement de Juin. 21. Pieris Napi L. Quelques '&', pris dans les ravins de Khobou-Rabat (Montagnes de Darvaz), ne se distinguent en rien des Napi européennes. Juin. Elévation 8,500 p. 22. Pieris Ochsenheimeri Stgr. (Pl. XIV. fig. 1 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886. S. 199. Cette espèce, si bien décrite par le Dr. Staudinger, se distingue principalement par le dessin noir du &', dessin qui 221 n'est que faiblement développé chez Napi, tandis qu'il est très marqué chez Ochsenheimeri. C’est ainsi que toutes ces taches du dessus des deux ailes sont plus grandes et que le sommet des ailes antérieures est plus amplement sablé de noir; de même les extrémités des nervures sont noires et de plus toujours marquées écailles noires. La différence des femelles, quoique plus superficielle, est pourtant très caracté- ristique. L’abondance du pigment noir joue aussi ici un rôle très important: de grandes taches noires, et surtout les nervu- res du dessus des deux ailes toujours richement saupoudrées d’ecailles noires, distinguent toujours l’'Ochsenheimeri Stgr. de toute autre forme de Napi, à l'exception peut-être seulement des exemplaires de cette espèce provenant du Thian-Chan. Quoique nous ayons des formes transitoires aux Napi du Thian-Chan, les quelles, à leur tour, selon Staudinger ”), se rap- prochent beaucoup des exemplaires norvégiens de cette espèce, je suis d’avis que Ochsenheimeri, comme forme constante et bien différenciée, mérite non-seulement une dénomination parti- culière, mais aussi une place indépendante dans la classifica- tion du genre. Au fond, c'est un cas analogue à celui qui s’est déjà présenté en étudiant le genre Parnassius; pendant l’époque glaciaire, Napi franchit le Thian-Chan, alla au Nord et se répandit sur toute la Paléarctique. En même temps, une partie en resta au Thian-Chan et eut le temps de se modifier à un certain point et de leguer les particularités acquises, mais à un plus haut degré, à ceux des émigrants ailés qui passèrent de là au Sud et peuplèrent les pentes septentrionales des monts Alaï et de la chaine du Ferghana. Voilà pourquoi les Napi du Pamir se rapprochent davantage de celles de l’Europe septentrionale que les Napi du Thian- Chan. Je ne possède pas, dans ma collection, d'exemplaires 7) Je ne possède point de Napi norvégiennes dans ma collection. 222 de Namangan: cependant, à en juger par la distribution géographique d’Ochsenheimeri— Napi présentée plus haut, dans le tableau schématique, je suppose que la forme provenant de ces localités doit être la moins typique des Ochsenheimeri. Je ne puis rien dire de positif concernant les exemplaires des pentes méridionales de la chaîne d’Alai. Je m’ai pas eu de femelles, et tous les mâles pris au cours supérieur du Kok-sou (district de Tchagdar) furent très défectueux. L’Ochsenheimeri est assez commune dans la partie orien- tale de la chaîne d’Alai. J'en ai pris au pied du col de Taldyk, à la fin de Mai 1887, une quantité considérable d'exemplaires (plus de 500). Elle habite les prairies alpines et descend rarement. 23. Pieris Shawii Bates (Pl. X fig. 2, a, b). Mesapia Shawii Bat.—Henderson and Hume’s Lahore to Jarkand, p. 305 (2) 1873. Baltia Shawii Moore.—Ann. Mag. Nat. Hist. 1878, p. 228. Baltia Shawii Moore.—Scient. Res. of the sec. Yarkand Mission. 1879. Lepid., p. 3. PL I, fig. 5 (&). ; Cette Piéride intéressante, a été placée par Bates dans le genre Mesapia, fixé, comme on sait, en 1860, par Gray pour la Pieris Peloria Hew. Alphéraky a décrit une seconde fois cette Mesapia Peloria, par erreur, sous le nom d’Aporia Lama *). Une semblable méprise est très concevable, car qui chercherait une Aporia typique parmi les Papilionides comme c’est le cas dans le Catalogue de Kirby? ”). Nous ne pouvons pas non plus comprendre pourquoi Bates, en décrivant Shawii, Va placée dans la famille des Papilionidae et l’a en outre rapprochée de Peloria Hew!! 50) „Memoires s. L. Lep.“, T. III, p. 404. 1) V. Kirby. A Synonymic Catalogue of diurnal Lepidoptera, p. 510. Sup- plem., p. 807. 223 D’ailleurs, Moore, qui n’avait à sa disposition, qu'un seul exemplaire &' de cette espèce, provenant de la collection du Dr. Stoliczka, a séparé Shawii des Papilionidae, mais, de son Côté, à trouvé nécessaire de créer pour ce papillon un nouveau genre, celui de Baltia. Selon nous, Shawii est tout aussi bien une Piéride que la Chloridice ou la Daplidice; d’ailleurs tout ce qu'écrit Moore par rapport à cette espèce peut tout autant se rapporter à celle-là qu'à toute autre Piéride quelque peu typique; c’est pourquoi nous nous décidons à supprimer non-seulement le genre Mesapia, mais aussi celui de Daltia. Cette espèce a été décrite d’une manière assez détaillée par Moore; en outre le dessin de cette jolie Pieride est si simple et original que nous n’avons rien à ajouter. La Shawii vit dans les localités tout-à-fait stériles et pri- vées de toute végétation; elle vole très bas et disparaît ra- pidement dans les inégalités du sol; elle aime jouer au soleil et parcourt sur le sable, ailes à moitié déployées, des distances assez considérables. Je lai trouvée dans les localités sui- vantes: sur les pentes méridionales de la chaîne trans-alaïenne (14,000 p.); dans les environs du lac le Grand Kara-koul (13,700 p.), pres de la riviere Ak-Baital (14,000 p.); sur le col du même nom (14,500 p. et plus haut); sur le Ak-Baital méridional; enfin sur la rivière Beik septentrional, dans les monts Kounjout (15,200 p.). Depuis le commencement de Juin jusqu'au commencement de Juillet, je n'ai pas pris plus de 60 exemplaires. 24. Pieris Iranica Bien. Bienert. Lepid. Ergebn. einer Reise in Persien in d. J. 1858—59, p. 27. H. Christoph. Mémoires s. 1. Lép. T. IL, p. 201. Pl. XII, fig. 1, a, b, ce. Jai pris un & très défectueux et une superbe Q le 19 Mai 1885, sur les rives du fleuve Vakhch, dans les con- fins de Kourgan [district de ’Amliakdar de Tiubin (16,000 p.)]. Les exemplaires ne se distinguent pas de ceux provenant de la Perse. 25. Pieris Daplidice L. Cette espèce est très répandue dans tout le Ferghana, le Bokhara et dans le Pamir le long de l’Ak-sou et au Sarikol. La Daplidice a donc une distribution horizontale et verticale des plus vastes dans les montagnes du Pamir (extrême élé- vation 13,000 p. environ). Dans les contrées limitrophes, telles que le Thian-Chan, le bassin du Tarym, le Kachmir *), l’Afghanistan °), la Perse, les régions transcaspiennes, dans toute l’Asie antérieure et plus loin vers l'Ouest, l'Est et le Nord, elle n’est pas moins commune; ce qui fait supposer que cette Piéride est du nombre de ces papillons, qui savent non- seulement s’accommoder, mais se multiplier dans les conditions les moins favorables à l'existence. La génération de printemps, connue sous le nom de: var. Bellidice O. Schmett. v. Europa I (2) 1808, S. 154. n'a été prise que dans les environs de Oche, ce qui ne prouve nullement que cette forme ne paraisse pas aussi sur toute l’é- tendue des élévations du Pamir. Je ne crois cependant pas que l’on puisse la trouver à des hauteurs aussi considérables que la rivière Ak-sou ou le Sarikol. J'ai reçu, des environs de Marghelan, sans indication de date, un exemplaire G' de la variété, ou plutôt de l’aberra- tion si rare et problématique: #) Moore. Scient. Res. of the sec. Yarkand Miss., p. 4. °») C. Swinhoe. List of Lep. coll. in South Afghanistan (Trans. Lond. Ent. Soc. 1885, p. 342). 12 Le) © ab. Raphani Esp. Daplidice v. Persica.—Bienert, L c., p. 26. Daplidice v. Albidice. Obthr. — Etudes d’Ent., livr. VI, p. 47; livr. XII, p 22 PI AVE fig. 12. Les rapports de cette forme avec le type ne me sont pas tout-à-fait clairs. Grâce à l’obligeance de M. Oberthür, qui m’a envoyé un d de son Albidice, je pretends qu’elle ne differe pas de la var. Raphani Esp. De sorte que celle-ci se rencontre non-seulement à l’Est, mais aussi bien loin à l'Ouest, comme aberration constante, mais en même temps très rare. Je ne me charge pas d'expliquer ce fait intéressant. L’exemplaire du Marghelan ne diffère presque pas de ceux provenant de la Perse. 26. Pieris Chloridice Hb. Samml. Eur. Schmett., fig. 712. La distribution horizontale et verticale de cette Pieride est assez vaste dans les confins des élévations du Pamir. Je l'ai trouvée dans les environs de Oche (3,000 p.); près de Schir-Abad (1,300 p.); dans les montagnes Trans-alaïennes (9,000 p.); et le Dr. Stoliezka l’a prise à Sarikol (10,000 p.) *). Nous n'avons aucune preuve qu’elle l'ait été au-delà de l'Hi- malaya et du Hindou-Kouch, mais il est fort probable qu'on la trouvera dans le bassin du Tarym ”). Elle vole au Nord jusqu'aux pentes méridionales de l’Altai, à l'Ouest jusqu'au Volga, et ensuite atteint la Turquie ) par la Perse septen- trionale *), le Caucase et l’Asie antérieure. 81) Moore. Scient. Res. of the Sec. Yarkand Miss., p. 4. #5) Je possède même quelques exemplaires provenant du Thian-Chan mé- ridional (Terek méridional), rapportés par le naturaliste A. Wilkins. 8) Le Dr. Staudinger, dans son Catalogue (1871) indique la distribution géographique de Chloridice plus vers l'Est que l’Altai (Sib. or. et mer.); ce- pendant je ne vois aucune indication de ce genre dans les livres que j'ai sous la main. Il serait fort intéressant de vérifier le fait. 81) Dans les parties centrales de l'Iran, elle doit être déplacée par l’Ira- nica (?). 15 226 Les exemplaires du Pamir ne different en rien des exem- plaires de Sarepta ou de la Perse. Selon l’elevation, on la trouve d’Avril jusqu'à la mi-Juillet *). 27. Pieris Callidice Esp. var. Kalora Moore. P. Kalora Moore. —Proc. Zool. Soc. 1865, p.489, Pl. XXXT, fig. 15 (2). P. Callidice var. Chrysidice HS.—Staudinger. Stett. Ent. Z. 1881, S. 259. P. Callidice var. Orientalis Alph.—Hor. Soc. Ent. Ross., T. XVI, p. 359. Cette variété de Callidice, très répandue dans toute l’Asie intérieure depuis l’Altaï *) au Nord jusqu'à l'Himalaya au Sud, a été si bien décrite par les trois auteurs, qu'il ne me reste plus rien à dire de nouveau sur ce papillon. J’ajoute- rai seulement que la tache noire, près du bord intérieur des ailes antérieures, et, semble-t-il, caractéristique pour les Ka- lora du Thian-Chan, disparaît presque entièrement chez les Kalora de l'Himalaya, mais figure encore chez les exemplaires du Pamir et du Hindou-Kouch. Toutes les autres particula-. rités de cette variété sont autant accentuées sur les exem- plaires du Nord que sur ceux du Sud et peuvent être envi- sagées comme caractères propres à cette forme de Callidice. La var. Kalora vole presque partout, mais nulle part au- dessous de 10,000. Elle préfère les riches prairies alpines. Depuis le commencement de Juin jusqu'à la fin de Juillet. Pas de formes transitoires aux Chrysidice HS. 28. Pieris Leucodice Ev. Bull. de Moscou, T. XVI, 1843, p. 541, Pl. VII, fig. 2a, b (&'). Eversmann, en décrivant cette Piéride, intéressante et curieuse au plus haut degré, dit textuellement: „eadem magni- tudine et forma, qua P. Bellidice, eique simillima. Comme 88) Stoliczka l’a prise à Sarikol le 2 Mai (nouveau style). #) Dans l'envoi de M. Souvortsew se trouve un exemplaire de Kalora marqué: pentes méridionales de l’Altai. Aoudié 2/vır, 1887. Leucodice est à présent l’un des papillons les plus fréquents dans les collections des entomologistes, je laisse à chacun le soin d'apprécier combien le jugement de l’auteur, à propos de cette Piéride, est original. En réalité, Leucodice non-seu- lement ne ressemble pas à Bellidice, mais je suppose même qu’elle est tout-à-fait isolée dans tout le genre Pieris. Grâce à l'extraordinaire simplicité du dessin, la diagnose de Leucodice par Eversmann, indépendamment de l’originale comparaison avec Bellidice, est concise, et tous les traits ca- racteristiques y sont nettement indiqués; qualité de l’auteur qui, entre parenthèse, n’est pas familière à tous les entomologistes. Dans les confins des élévations du Pamir, la Leucodice se trouve dans toute la région septentrionale, exclusivement cependant dans la zone arborescente. Nous la voyons encore en Perse, dans le Thian-Chan, l’Ala-Taou de Djoungarie et enfin le Tarbagataï "). C’est là la limite septentrionale de Leucodice, et on ne la rencontre plus au-delà du bras de Djoungarie. Sur toute cette étendue, Leucodice vole sous deux formes: 1) la forme claire, habitant le Tarbagatai, l’Ala-Taou de Djoun- garie, les versants méridionaux du Thian-Chan central "'), des monts Alaiens, la vallée de la rivière Khingoob dans le Dar- vaz; c’est le type d’Eversmann; et 2) la forme plus foncée, habitant les pentes septentrionales du Thian-Chan, des monts Alai et la partie septentrionale de la Perse montagneuse; c’est celle que je décris ici comme: var. Illumina Gr. Gr. Supra fascia externa anticarum et nervis ad marginem externum latius nigro-fuscis; subtus alis anticis ad apicem, %) Il est dit chez Eversmann: „Habitat in campis herbidis (?) ad la- cum Noor-Saisan“, ce à quoi nous n’ajoutons pas tout-à-fait foi. %) Collection de A. Wilkins. 15* 228 posticis ex toto flavescentibus; nervis posticarum latius fusco squamatis; fascia externa lata fusca. Les particularités les plus caractéristiques de cette va- riété sont les suivantes: 1) sur le dessus des ailes postérieures: la partie des nervures, se trouvant entre la bande exté- rieure du dessous, vue par transparence, et le bord extérieur est saupoudrée de noir; 2) coloration plus foncée des bandes en dessus comme en dessous et en même temps largeur plus grande que chez le type; 3) large bordure noire de toutes les nervures du dessous des ailes postérieures; enfin: 4) coloration jaunätre ‘) du dessous des ailes postérieures et du sommet des ailes antérieures. Parmi toutes les formes connues, celle du Khingoob est la forme extrême d’un côté, et celle de Chakhimardan l’est de l’autre; le reste est réparti dans l’ordre suivant: forme 4. de Khingoob forme 7. Alaï septentr. (Chakhimardan) 3. Alaï méridional 6. Thian-Chan septentrional 2. Thian-Chan méridional 5. Perse 1. Tarbagatai—Ala-Taou (le type). Je ne me charge pas d'expliquer l'étrange distribution géographique de cette espèce. Je suppose néanmoins qu’elle dépend plutôt de la migration du type, effectuée à différentes époques, et qu'il est représenté par la forme de Khingoob. Très commune, partout où on la trouve, dans les taillis arborescents. Juin. Elevation de 2,000—10,000 p. (pentes méridionales de la chaîne Alai; localité Balakty); je ne lai pas vue au dessous de 4,000 p. ®) Chez Eversmann: „alae utrinque albae“… DD [ie] Ne) 6. ANTHOCHARIS B. 28. Anthocharis Belia Cr. Staudinger écrit au sujet de cette Anthocharis, dont l’iden- tité avec la Belia du Tarbagatai est incontestable, „passen noch am besten zur v. Simplonia, jedenfalls sind es keine typischen Belia noch Ausonia“ "”). Je suis parfaitement d’ac- cord avec la conclusion de Staudinger, et quoique je possède un nombre d'exemplaires bien plus considérable qu'il n’en avait à cette époque, je m’abstiens cependant de toute des- cription de cette forme. Ses variétés se rapprochant ou du type, ou de la Simplonia des Alpes, sont infinies, et il est extrèmement difficile de saisir les particularités caractéristi- ques de l’Anthocharis Belia Cr. Elle vole exclusivement dans les prairies des zones al- pines et subalpines, nulle part au-dessous de 5,000 p. Selon l'altitude, à la mi-Mai jusqu'à la fin de Juin. Une autre forme de 14. Belia vole à moins de 5,000 p. dans la vallée du Ferghana, c’est: var. Daphalis Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 491. Pl. XXXI, fig. 14 (&) var. Pulverata Christoph. Mémoires s. 1. Lép. T. I, p. 99. 1884. L'avenir prouvera si j'ai raison d'identifier ces deux formes; cependant de toutes les variétés de Belia, celle de Kunawur, à en juger par la description de Moore et le dessin qui y est joint, se rapproche surtout de la variété Pulverata Chr. ca- ractérisée par les taches blanches confondues au sommet *), ») Stett. Ent. Zeit. 1881, S. 259. #) „Alarum anticarum maculae apicales albae conjunctae“ (Chr.). Moore indique moins clairement ce caractère: ,Fore wing with the costal margin and apex delicately chequered with black“; mais le dessin supplée à ce man- que d'expression. 230 et l’absence absolue de coloration jaune du dessous des ailes postérieures "). Les exemplaires du Ferghana ne different pas de ceux de Kisil-Arwat, que j’ai pris en 1887, en passant par le territoire Transcaspien. Oche. Avril. 30. Anthocharis Cardamines L. Les Cardamines du Turkestan ne different pas de celles d'Europe. En certains endroits, très communes, on ne les trouve pas au-dessous de 5,000 p. ”). Mai. Pentes septen- trionales du Pamir. 31. Anthocharis Pyrothoë Ev. Nouv. Mém. Soc. Imp. Nat. Moscou. 1832, p. 352. PI. 20, fig. 3, 4. J'ai eu un seul exemplaire Q très défectueux, sans indi- cation de date, provenant des environs de Marghelan (pro- bablement de la route entre cette ville et Kokan). 7. ZEGRIS Rbr. 32. Zegris Fausti Chr. Horae. Soc. Ent. Ross. T. XI. Pl. V, fig. 1 (a), 2 (2). Cette jolie espèce a été parfaitement décrite par Christoph. Les exemplaires du Ferghana ne se distinguent en rien de %5) „Subtus posticarum maculae plures minores nitentes albae“ et plus loin: „Die Unterseite entbehrt jeder Spur von Gelb; die rein-weissen Flecke sind grösser und zahlreicher und haben etwas Glanz“ (Chr.). Moore dit la même chose, quoiqu'il nomme la couleur au fond du dessous des ailes postérieures: „yellowish brown“; si le terme et juste il est alors fort singulier que le des- sin ne corresponde pas à cette indication de couleur car celle-ci est d’un vert olivâtre, c.-à-d. telle que chez les Pulverata du Tekké. Moore écrit: „Hind- wing yellowish brown, interspersed with numerous large and minute silve- ry-white spots“. %) Je ne l’ai pas non plus trouvée sur des montagnes très élevées; se- lon moi elle ne peut pas se rencontrer dans les prairies alpestres. Migration de ce type au Pamir probablement encore fort récente. v” RC A LEE om M — PES ceux de Krasnowodsk et de Kisil-Arwat que j'ai pris en tra- versant le territoire Transcaspien en 1887. Dans les contrees transcaspiennes, elle vole au commen- cement du printemps, à la fin de Mars; dans le Ferghana au mois d’Avril et même au commencement de Mai sur des collines, des étendues de loess, couvertes d’une riche végé- tation printanière. Les exemplaires du Ferghana proviennent des environs de Oche (3,350 p.). Je n’ai pas trouvé cette espèce dans le Bokhara *). 8. LEUCOPHASIA Stph. 33. Leucophasia Sinapis L. Sinapis, semble-t-il, ne se rencontre ordinairement que sur les pentes septentrionales de l’Alai. Je ne l'ai trouvée qu’une seule fois encore dans les montagnes de Pierre le Grand. Elle n’a pas été rapportée par l'expédition de Fedtschenko; aussi ignorons-nous si ce papillon existe au-delà du Hindou- Kouch ou de l'Himalaya. Il faut donc supposer que la L. Si- napis est un type émigré au Pamir, à une époque relative- ment très récente. On ne la trouve pas au-dessous de 5,000 p. Environs de Goulotsch, en Mai; monts de Pierre le Grand, en Juin. Tous les exemplaires appartiennent à la var. Lathyri Hb., et ne se distinguent nullement des exemplaires européens *). %) Il est reconnu que la Z. Fausti ne se trouve pas au Nord du Thian- Chan; c’est la Z. Eupheme qui y vole. Par conséquent, la distribution géo- graphique de la Fausti n’est que fort restreinte: depuis les monts du Fer- ghana jusqu'aux rives de la mer Caspienne, et depuis le Grand-Balkhan jus- qu’à l'Iran. Telle est l’arène de cette espèce qui encore n’y vole pas partout. ®) Des Lathyri seulement se trouvent aussi dans la collection de A. Wilkins: un & marqué comme venante du Touioun-Sou (courant supérieur 9. COLIAS. L’introduetion de l’etude des organismes fossiles, e.-à.-d. de la paléontologie, dans le cadre des sciences naturelles a eu pour conséquence l'étude de la distribution géographique de différents groupes contemporains du règne animal. Cepen- dant ce n’est comparativement qu’assez récemment que la question zoogéographique a pris tellement d'intérêt qu’elle commence à occuper l'esprit de la plupart des naturalistes. On en est arrivé à la conviction que seule l'étude approfondie de cette question peut donner une idée juste de chaque unité du règne animal, fût-ce une famille, un genre ou une espèce. Le darwinisme prouva, dans ce cas, sa puissante influence, en donnant de l'impulsion à cette conviction. Cependant, de- puis le remarquable essai de Wallace ”) il n’a paru aucun ouvrage de ce genre, füt-il même d’un caractère moins uni- versel. Les causes en sont fort nombreuses et l’une d’elles c’est l'insuffisance des connaissances géologiques de la plus grande partie de la surface du globe terrestre. Lorsque la ,théorie des cataclysmes“ fut rayée du nombre des hypothèses scientifiques, la relation directe qui existe entre le monde d'autrefois et le monde contemporain devient incon- du Souëk-Sou, plus exactement Souok-Sou, ‘c'est-à-dire „eau froide“, qui a sa source sur le col du même nom, servant de passage des montagnes Kara- teké) et 4 autres exemplaires étiquetés: ,Kok-tonlyk-ata“ 3 Juin 1883. Je mai pu découyrir cette localité sur les cartes les plus détaillées du Thian-Chan. Alphéraky dans le Thian-Chan (Lep. du distr. de Kouldjà, p. 362) et Ha- berhauer aux environs de Lepsa (Ala-Taou de Djoungarie, Staudinger. Beitr. z. Lepidopteren-Fauna Centr. Asiens, p.279), n’ont aussi trouvé que la forme Lathyri Hb. Il faut done supposer que la seconde génération de ce papil- lon ne se rencontre pas dans les confins du Turkestan. %) A. R. Wallace. Die geographische Verbreitung der Thiere. Bd. I u. II. ; D testable. En approfondissant la distribution des animaux de nos jours, il faut, pour la solution de bien des problèmes, s'adresser de plus en plus souvent au passé et la chercher dans les phénomènes de la nature des époques écoulées de- puis bien longtemps. Le legs de celles-ci est immense et des plus variés. En même temps, les éléments de jonction ont disparu presque partout, les chaînes se sont brisées en chai- nons, et l'esprit humain n'est que rarement en état de les ressouder. Toutes les pensées des zoographes modernes sont principalement occupées à chercher, par la distribution géo- graphique actuelle des groupes séparés d'animaux, la patrie originaire de ceux-ci, à les relier en un seul tout et, en indi- quant l'ancêtre probable ou véritable de chacun d’eux, à re- tracer le tableau de leur vie passée. Cependant, la vie d'aucun type animal .n’était indépen- dante. Elle allait son train, et le type se développait toujours parallèlement et-dans une parfaite sujétion aux forces de la nature, étudiées principalement par la géologie. Voilà en quoi consiste la relation entre la géologie et la zoogéographie, re- lation dont nous avons parlé plus haut et qui doit être claire pour quiconque a lu la première partie de mon travail et l’article sur le genre de Parnussius. Cette sujetion parfaite de la zoogéographie aux progrès de la géologie donne à celle-là un rôle des moins avantageux. Les zoogéographes suivent au fond la même route que les anthropologistes (dans la plus large acception de ce terme) pour arriver à la vérité. Le privilège de ceux-ci, dans la détermination du point de départ d’une race humaine, est qu'ils ne dépendent pas de la géologie. Ils ont entre leurs mains un matériel qui a peuplé la terre à -une époque com- parativement récente. Ils n’ont pas affaire aux différentes configurations de la surface du globe pendant les périodes qui ont précédé le diluvium et l’époque actuelle. Ils rassem- 234 blent toutes espèces d’indications, d’un caractère superficiel, et ces indications, comme des poteaux de verstes dans une steppe infinie, les amènent pas à pas vers les lieux où vivait et se développait cette race humaine à laquelle est vouée leur étude. Faut-il donc s’étonner que l’anthropologie ait eu le temps dans le courant d’une trentaine d'années '”) grandir si rapidement? Le zoologiste, et en particulier l’entomologiste, par la na- ture même des matériaux auxquels ils ont affaire, rencontrent bien plus de difficultés pour arriver au même résultat avec leur espèce de prédilection ou avec une plus ou moins grande unité systématique. En cherchant les traces de la transmigra- tion d’un type, füt-ce sous forme de variétés éparses ou de formes parentes, l’entomologiste doit toujours avoir en vue le genre de vie de l'espèce qu'il étudie. La voie qu'a pu suivre la migration doit se trouver aussi dans une dé- pendance absolue de ce genre de vie. Cette voie cependant est toujours très faiblement tracée. Il suffit de récapituler ce que nous avons dit plus d’une fois au sujet du Pamir et du Thian-Chan. A l’époque où nous vivons, les deux systè- mes sont à un tel point réunis que, jusqu'en dernier lieu, aucun géographe n'avait pu admettre la différence complète de leur faune. Et cependant les faunes lépidoptérologiques des deux systèmes sont jusqu'à présent encore tellement diffé- rentes qu'au point de vue zoogéographique les deux groupes de montagnes doivent être envisagés comme des arènes tout- à-fait indépendantes. J'ai exprimé cette pensée des 1885, et elle a été con- firmée l’année suivante, d’une manière brillante, par les re- cherches géologiques du professeur Mouschkétoff. Déjà cette de naître et de 100) La première société anthropologique fut fondée à Paris le 18 Mai 1859. 235 même idée était venue au premier de nos explorateurs du Pamir et du Thian-Chan, à l’ornithologue, le prof. N. Sé- vertsow. Sa grande oeuvre posthume '"), dont nous avons cité plus d’une fois des fragments dans notre V-ème chapitre, est principalement consacrée à ce sujet. C’est ainsi que trois des explorateurs du Pamir et du Thian-Chan ont étudié cette mème question, presque à la même époque, mais chacun à sa manière et à un point de vue différent; et ils en sont venus tous les trois aux mêmes résultats. Toutefois, ce n’était que la voix du géologue qui pouvait avoir dans le cas actuel une valeur incontestable, et, sans cette voix, tous nos arguments zoologiques les plus per- suasifs n'auraient pu ébranler l'opinion des géographes. Un autre argument fourni par le même Pamir, est encore plus intéressant. Nous avons vu '”) qu'il y a dans les confins d’un même système certaines conditions, qui séparent parfaitement les différentes parties de montagnes appartenant au système en question. Ces exemples nous prouvent avec quelle immense circonspection et avec quelle grande profusion de connais- sances nous devons nous mettre à l'étude des voies suivies par une espèce quelconque ou par des groupes entiers d’es- pèces. Il ne suffit pas d’examiner seulement la carte. Même un squelette de montagnes, isolé de tous parts, ne peut pas toujours indiquer avec précision sur toute son étendue les mi- grations contemporaines des différentes formes alpines et de montagnes, et cet isolément des massifs ne peut pas non plus servir de garantie que, sous le rapport de la faune, ces massifs ne forment qu'une seule arène. 101) Esquisse orographique du système des montagnes du Pamir“ (Sapiski de la Soc. Géogr. Russe, T. XIII, 1886). 12) Chapitre IV. Difficultés de ce genre, relation qui existe toujours entre le caractère de l’animal et les conditions de la contrée où il s’est développé ou bien où il se trouve de passage, voilà ce que le zoographe doit toujours avoir en vue; voilà ce que néglige l’anthropologiste et ce qui présente quelquefois des ob- stacles insurmontables aux recherches du zoogéographe. Aussi la méthode qui gwide ce dernier dans ses recherches, est-elle strictement opposée à celle qui est acceptée chez les anthro- pologistes. Il définit d’abord le centre, la patrie probable d’un certain groupe d'animaux, fait ensuite un aperçu de toute l’arène occupée par celui-ci, et ce n’est qu'alors qu'il examine les voies dont a pu profiter chacun des prototypes pour parvenir aux Confins de l’arène. Cependant cette mé- thode n’est pas avantageuse, car on ne réussit que fort ra- rement à définir directement et immédiatement le centre de la distribution du groupe des animaux que l’on étudie. Le genre Colias a présenté particulièrement, jusqu'à mes dernières découvertes, un groupe de lépidoptères dont la pa- trie n'avait pu être indiquée qu'approximativement. Il était même difficile de décider si c'était au continent asiatique ou au continent américain qu'il fallait donner la préférence sous ce rapport, tant chacune de ces deux faunes présentait de particularités distinctes. Aujourd'hui il faut considérer cette question comme parfaitement tranchée. Le Pamir ou peut- ètre les pays adjacents ont été, sans aucun doute, le terri- toire où vécurent et se développèrent les ancêtres des espèces contemporaines qui occupèrent ensuite une arène si vaste que ce genre est regardé à présent comme l’un des plus ré- pandus. D’innombrables défilés, des vallées encaissées, les mon- tagnes les plus hautes, toute une suite de très rapides mé- tamorphoses climatériques et autres tombèrent en partage à l'Asie intérieure à une époque géologique peu ancienne, et ce sont là les facteurs qui ont dü réagir de la manière la plus énergique sur le développement des espèces dans les directions les plus différentes. Je ne sais s'il existe ailleurs une autre contrée offrant une étendue aussi considérable, un si immense entassement de massifs de montagnes, de vallées séparées, et présentant tant de données pour isoler et diffé- rencier chaque population, animale ou humaine "”), jusqu'à un isolement absolu. Il n’y a cependant aucun doute que le Pamir ne soit une contrée privilégiée sous le rapport de la richesse inépuisable des conditions vitales. Mais si le Pamir est tel actuellement, il doit avoir pré- senté, à des époques plus reculées, un aspect tout autre, et quoique noûùs n’ayons pas le droit de soutenir que jadis il n'existait pas de vallées séparées, il faut supposer néanmoins que leur nombre en était fort restreint. En même temps, sur toute son étendue, les contrastes climatériques n’ont pas dû ètre très tranchés. De façon qu'à l’époque qui a précédé l’époque tertiaire, il y à eu, sous un certain rapport, bien plus de conditions de communication parmi les différentes parties du cirque du Pamir, et, sous un autre, les particularités pouvant différen- cier les espèces de chacun de ses confins étaient insigni- fiantes. Voilà pourquoi, pendant longtemps, les espèces sépa- rées du genre Colias ont dù avoir entre elles beaucoup de commun "); et ce ne furent que les perturbations de l’époque 103) Quoique ses confins Sud et Ouest ne soient peuplés que de Tadjiks, partout chaque vallée plus grande a son langage, ses us et coutumes et même sa religion! Si les hommes ont pu s’isoler à tel point, il n’est pas dif- ficile de comprendre combien ont dû s’isoler là certains types d’animaux qui présentaient plus d’aptitudes à varier. 104) Comme nous le montrent aussi d’un côté les variétés de Delphius du Pamir septentrional et celles du Thian-Chan (Delphius, Namanganus, In- fernalis, Illustris, Staudingeri) et d'un autre les variétés du même Delphius, propres au Pamir meridional (Stoliczkanus, Hunza). 238 glaciaire et simultanément le rapide redressement du massif du Pamir, le desséchement de la mer de Turkestan et de celle de Han-Hai qui ont pu réagir d’une manière décisive sur la mi- gration en masse des types et sur leur rapide développement dans un certain sens. Le résultat fut une grande abondance de formes distinctes. Nous aurons encore occasion, plus d’une fois, de parler de ce moment important dans la vie des Co- liades. Passons maintenant à l'indication des faits qui nous ont servi de motifs pour désigner le Pamir comme berceau probable de ce genre. Si, en faisant un aperçu général d’une arène occupée par un genre quelconque, nous tombons sur un territoire qui à non-seulement une abondance de représentants de ce genre, mais encore, ce qui est fort important, principalement une abondance de représentants de différents groupes de ce genre, on ne peut, pour expliquer ce fait, admettre que deux sup- positions: 1) ou bien cette partie de l’arène ne formait, à une cer- taine époque géologique, qu'un point de transition à la mi- gration générale de ce genre, dont quelques-uns des repré- sentants se sont fixés ici, 2) ou bien c’est le berceau du genre. Le Pamir, formé de roches azoïques et de plus anciens dépôts paléozoïques, est certainement intimement uni au $. E. au Kouen-loun et au Karakoroum, lesquels, selon les recher- ches du Dr. Stoliczka, sont aussi composés des mêmes ro- ches. Il est regrettable que nous ne sachions rien sur la for- mation géologique des élévations du Thibet oriental car, jus- qu'à présent, il est impossible de décider jusqu'où s’etendait vers l'Est cet ancien continent ou cette île dont une partie formait le Pamir contemporain. Si même nous ne le faisons aller en cette direction que jusqu'au méridien du lac Kou- HE 239 kou-Noor, ses dimensions cependant seront assez considé- rables '”). Il n’est donc pas difficile de se figurer qu'un semblable territoire fut une arène parfaitement suffisante pour le déve- loppement originaire d’une unité systématique telle que le genre. Naturellement, nous ne pouvons pas nous faire la moindre idée des premiers représentants de ce genre, quoi- qu'il n’y ait aucun doute que certaines particularités de ces derniers se soient conservées dans les types existant à pré- sent, et qui offrent ou des formes isolées dans le système gé- néral de ce genre, ou composent des groupes plus ou moins grands de formes parentes. Il est remarquable qu'il y ait deux contrées qui se distinguent par des formes isolées semblables: ce sont l'Amérique méridionale et l’Asie centrale, avec cette différence cependant que dans l'Asie centrale, les formes sem- blables ne composent pas plus de la moitié de toutes les espèces qui l’habitent; quant à la faune des Coliades de l’A- mérique méridionale, elle est composée presque exclusivement d’especes semblables [ Vautieri, Dimera, Imperialis (?), Euxan- the (?)]. Sans nous arrêter à expliquer ce fait intéressant qui prouve, en tous cas, l’extr&me ancienneté des Coliades d’Amé- rique, nous passons à l'étude: 1) de l’arène de ce genre, et 2) des types de celui-ci, indépendamment de ce qu'ils soient composés de groupes de formes parentes ou qu'ils paraissent individuels et différenciés. Malgré un certain nombre de formes, vivant entre les tropiques, il faut cependant attribuer tout le genre Colias à 1%) Environ 70,000 lieues carrées. Voici quelques chiffres pour faciliter les comparaisons: Nouvelle Hollande . . . .. 140,0001.c Etats-Unis del’ Amérique 135-140,0001. c. Continent Européen . . . . 170,000 „ Le Mexique. ......... 40,314 , RussierdiBuroper...... 99432, Madagascar... ......... 10,500 „ Grande-Bretagne et îles . 5,770 „ Hindoustan .......... 67,000 , Be... la Paléarctique. Quatre (ou peut-être trois?) espèces de l’A- mérique méridionale et une des îles Sandwich sont les seules exceptions et elles sont plus fictives que réelles, car les lo- calites qu'habitent ces espèces (les Andes), grâce à une con- sidérable élévation au-dessus du niveau de la mer, se rap- prochent considérablement, par leurs conditions climatériques, des cirques de la zone tempérée. Du reste, les régions mon- tagneuses, non-seulement dans l'Amérique du Sud, mais, en général, dans toute la Paléarctique sont le cirque de prédi- lection des Coliades. Il est facile d’en juger par les chiffres suivants: Il y à à peu près 82 espèces et variétés dont 38 appar- tiennent exclusivement aux montagnes, 10 tant aux montagnes qu'aux plaines et 34 exclusivement à la plaine. La dernière rubrique ne contient presque exclusivement que des formes polaires dont les cirques, par leurs conditions climatériques et autres, se rapprochent surtout de ceux des élévations alpestres. Quoique, au commencement de l’époque tertiaire, le cli- mat du Pamir fût tout autre et ressemblät beaucoup à celui des tropiques, il a dù néanmoins être déjà alors comparative- ment un peu plus rude, et, dans tous les cas, bien plus froid que celui du Sud de l'Europe, où pouvait vivre une faune tout-à-fait exotique dont les beaux restes sont actuellement le Danais Chrysippus, le Charaxes Jasius etc. Il est remar- quable qu'à l’époque où des espèces tropicales composaient presque entièrement la population de tout le bassin de la Méditerranée, de l'Asie antérieure ”) et de toute la contrée depuis la chaîne du Khingan à l'Est, le Pamir se trouvait tout-à-fait isolé sous le rapport de sa faune, qui jadis était tout aussi opposée à tout ce qui l’entourait, qu’elle y est PP q > 16) A. R. Wallace „Die geogr. Verbreitung d. Thiere“. Bd. I, S. 423—424. 241 liée (amalgamée) à présent. Est-ce que ce fait ne plaide pas suffisamment en faveur de notre opinion, énoncée plus d’une fois, c’est-à-dire que le Pamir, lors de l’époque qui a pré- cédé le néogène, était un territoire complètement séparé? Au- trement comment expliquer cette parfaite absence d'espèces ayant au moins une ressemblance éloignée avec les formes tropicales? L’elevation du Pamir, la rudesse de son climat, des arguments dans le genre de celui-ci: ,sa faune d’autre- fois s’est éteinte“, n’ont aucun fondement, attendu que mal- gré des conditions si peu favorables pour l'existence des or- ganismes des tropiques, ce même Pamir présente des contrées où mürissent le djougar (Sorghum cernuum), le coton, le riz, les pistaches, les pêches et autres plantes ou fruits. En- suite, ce n'est pas seulement le Pamir proprement dit, mais aussi des contrées comme le Kachgar (dont la population animale est venue du Pamir), qui n’ont conservé nulle part des formes tropicales. Même à cette époque reculée, le Pamir offrait toutes les conditions nécessaires à l'existence des représentants du genre Colias. En général, elle se distinguaient probablement peu des conditions vitales que nous trouvons actuellement dans les mon- tagnes de la Bolivie, du Pérou et du Chili. Pendant les der- nières époques, quand le caractère exotique de la faune dis- parut peu-à-peu sur toute la surface de l’Asie antérieure et de l'Europe méridionale, et quand la faune paléarctique en- vahit des étendues de plus en plus grandes, la population du Pamir descendit, entra dans des régions nouvelles et sous des conditions qui différaient peu de celles du Pamir. Vint alors l’époque glaciaire, qui, par son début et sa fin, évoqua les migrations consécutives des représentants de ce genre dans des directions toutes différentes. Cependant, longtemps avant, probablement pendant la pé- riode qui précéda le miocène, eut lieu la première migration 16 242 des Coliades du Pamir vers l'Est. Il est impossible d’indiquer la voie qu'elle suivit. Nous ne connaissons encore ni la géo- logie des confins orientaux de cette île supposée de Pamir- Thibet, ni la géologie de toute la partie orientale du conti- nent asiatique; par conséquent toute hypothèse serait dépla- cée et ne ferait que discréditer le côté sérieux de nos ex- plorations, dont le but n’est pas de créer des hypothèses, mais d'exposer les résultats logiques de certains faits. Si même nous ne connaissons pas les voies qu'ont suivies les émigrants, nous avons du moins sous les yeux les stations terminales de leur migration: ce sont les îles Sandwich, les Cordillères et les Andes d'Amérique. Se fondant avant tout sur des données fournies par la faune '”), plusieurs zoologistes admettaient la possibilité d’une union territoriale jadis entre l'Amérique méridionale et l’Aus- tralie; après une étude plus approfondie, cetté hypothèse se trouva être fausse. Wallace prouva parfaitement que tous les arguments des partisans de cette théorie ne supportaient pas même une critique sérieuse et n'étaient basés que sur un nom- bre fort insignifiant de faits, qui, pour être expliqués, n’a- vaient nullement besoin d’hypothèses aussi ingénieuses '®). Ce même savant fut d’un tout autre avis relativement aux îles Sandwich. Prenant pour point de départ l'argument, que l'identité des flores et principalement des plantes des zones alpestres, ou bien leur différence, indique avec la plus grande évidence soit l’union qui existait jadis entre les îles et le continent, soit le parfait et constant isolement de ce dernier, Wallace est porté à croire que jadis existait un contient, dont les îles Sandwich et la Californie ne sont que le reste? 47) P. ex.: sur la distribution simultanée des marsupiaux, de quelques amphibies et des poissons d’eau douce. 15) Wallace, 1. c., Bd. I, p. 461—467. 243 Il énumère jusqu'à 30 genres de plantes arctiques et des zones tempérées (zone alpine), dont quelques-unes ont une distribu- tion généralement paléarctique et d’autres ne se trouvent parti- culièrement que dans l'Amérique septentrionale et sont propres en même temps aux îles Hawaï et Honoloulou. Quant à l'Amé- rique du Sud, soumise à différents changements de relief et de contours, elle a, paraît-il, presque toujours été isolée par rapport à tous les autres continents, excepté l'Amérique du Nord, avec laquelle l'union a été comparativement souvent interrompue et pour de longs espaces de temps. Le dernier abaissement du sol (une partie de Nicaragua et de Honduras) coïncida, semble-t-il, avec le miocène et le pliocène; après quoi, peu avant l’époque glaciaire, l'union, jusqu'alors interrompue, fut rétablie et ne fut plus enfreinte jusqu'à nos jours '). Ceci indique parfaitement la voie qu'ont suivie les émi- srants aîlés du côté des îles Sandwich ainsi qu'en Amérique du Sud. D'abord cette voie a dû passer le long des confins orientaux du continent asiatique (ne serait-ce pas le Khin- san?), ensuite par les Cordillères de l’Amérique septentrio- nale. Les restes de ce premier flot de migration ont été con- servés jusqu'à nos jours sur toute cette longue route qui a pu être suivie par ces derniers, seulement à une époque qui a précédé le miocène. Toutes les espèces qui ont pris part à cette migration ont eu le temps de se différencier à tel point qu'il n’est plus possible de les rapporter à présent aux types du Pamir. Voilà pourquoi elles apparaissent toutes main- 19) Wallace. Bd. II, S. 95. Selon Severtsow, cette union n'a pu s'établir qu'après l’époque glaciaire, ce qui explique parfaitement la remarquable distribution de certains groupes d'animaux. Severtsow indique les moutons de montagnes. De notre côté, nous indiquons encore: les cerfs, les ours, Za- gomys, Actomys et autres, dont la distribution géographique est excessive- ment intéressante et coïncide avec celle de certains genres de Lépidoptères. 16* 244 tenant comme représentants de groupes séparés dans le sy- stème général du genre: Type I. Dimera Doubl. syn.? Euxanthe Feld. „ I. Vautieri Guér. „ III. Ponténi Wallengr. Imperialis Butl. *!°) (syn. praeced?) » IV. Meadii Edw. „ V. Lesbia-F. Aurora Esp. 110) A. Butler, indiquant Port Famine pour la patrie d’Imperialis, accom- pagne cependant cette indication d’un—? et dit ce qui suit: „From the sup- plementary cases of the Banksian Cabinet in company with a collection from Port Famine, presented by Capt. King“ (Proc. Zool. Soc. Lond., 1871, p. 250). De sorte que nous n’avons aucune raison fondée de compter l'Amérique mé- ridionale comme la patrie d’Imperialis. Si l'on compare la description de Butler avec la courte description de Col. Ponténi par Wallengren (Wien. Ent. Monatsschr. 1860, p. 33), il est facile de remarquer l'énorme ressem- | blance de ces deux formes. Je cite ici en entier la diagnose de Wallengren et la mets en regard de quelques extraits de la diagnose très détaillée de Butler: » Wallengren Alis supra fulvido-flavis, maris iridatis, macula discoidali anticarum, limbo latissimo omnium costisque extra cellulam nigris; apice anticarum flavo-maculato; omnibus maris infra fulvido-flavis, posticis apiceque anticarum feminae grisescente-flavis; ? costa flava intersecta, margineque Buttler Alae supra aurantiacae; anticae area externa late fusca, flava squa- mosa; posticae area costali fusca, externa late nigra.. macula margi- nem-costali externum attingente ve- nisque nigris... margine extremo costali-fulvo (? sur la figure presque noir). (Z) striölis tribus subapicalibus fla- vis in venis positis; (2) alae supra maculis tribus suba- picalibus et duabus subanalibus in- ter venas aureo-flavis; Alae S-is subtus flavo-virescentes; anticae area discoidali fulvotinctae... Alae 2-ae subtus pallide virides; an- ticae dimidio interno-fulvo. fascia discali nigro-fusca..., : 245 Le dernier type est le plus intéressant pour nous. Quoi- que les deux espèces qui le composent aient été déjà décrites il y a plus de 100 ans, et que depuis elles aient eu le temps de devenir des formes assez répandues dans les collections, il ne m'est jamais arrivé de trouver dans un seul ouvrage l'opinion de la remarquable proximité de ces deux Coliades. Et néanmoins, en les comparant, cette proximité saute aux yeux; les différences sont si insignifiantes qu’elles ne sont que secondaires: Taille moins grande, marge plus étroite parce que le pigment rouge envahit le noir; en général, quantité fort insignifiante de celui-ci sur tout le dessus des ailes, et, enfin, chez les dd: reflet soyeux tirant sur le lilas—telles sont toutes les particularités qui distinguent la Lesbia et qui interiore (?) late nigro-pustulato. extrorsum profunde dentata, intror- sum diffusa; area interna late rufo fusca... 2 fascia submarginali ad ramum discoidalem superiorem continuata, posticis macula ferruginea discoidali posticae area, medio - discali fulvo tincta; macula discocellulari auran- tiaca fusco cincta... anticis eirculo discoidali ferrugineo puncto triangulari fulvo pupillato discocellulari. Clava antennarum ejus quam in Clava compressa (?) congeneribus magis determinata. fere ovata La coïncidence des particularités les plus caractéristiques de ces Colia- des est si complète qu'il est difficile de se figurer que deux types distincts, et encore partagés par les plus vastes étendues d’eau, puissent les conserver aussi complètement. De plus, la patrie de Col. Ponténi est un Archipel, c.-à-d. l'arène qui admet la possibilité de la formation de variétés avec de sensibles déviations. Dans tous les cas, ces superbes papillons sont, sans aucun doute, deux formes du même type, et tout en présentant un groupe séparé dans le genre Colias, ils offrent une particularité qui leur est commune à elles seules (clava compressa ou mieux déterminée par Wallengren: magis determinata, fere ovata), et qui nous force déjà à renoncer à toute compa- raison avec les représentants de tous les autres groupes de ce genre (Butler, qui compare l’Imperialis avec la Thisoa, ete.). 246 sont suffisantes pour en former une espèce séparée de Aurora, mais pas assez importantes pour l’envisager comme un type séparé. Cette proximité de deux espèces, dont l’une provient de la Sibérie méridionale et l’autre de l'Amérique meridio- nale, ne fait que confirmer notre supposition, c’est-à-dire: que la faune des Coliades d'Amérique n’est qu'une faune émigrée et venant de l’Asie intérieure "'). Ce qui sera dit dans la suite rendra ce fait plus évident et donnera au tableau des transmigrations d'autrefois plus de relief. Des autres quatre types: le type III (Ponténi Wall., Impe- rialis Butl.) m'est parfaitement inconnu; quant à la Meadii Edw. de l’Amérique septentrionale, c’est un type si intéressant, que je me décide à lui consacrer ici quelques lignes: La Colias Meadii ne se distingue ni par sa taille, ni par le dessin de la marge noire sur le dessus des ailes, ni enfin par la coloration de quelques-unes de mes Æogene du Pamir. Elle ne diffère que: 1) par le dessous plus verdätre des ailes postérieures chez Meadii et 2) par l'absence chez celle-ci des „taches empesées“. La première différence n’est pas très sensible et est para- lysée en ce que nous retrouverons cette même coloration chez quelques autres espèces du type Æogene, comme p. ex. chez la C. Staudingert v. Pamira, ou bien chez la ©. Regia; quant à la seconde différence, son importance n’est soumise à aucun doute. En même temps c’est le seul caractère qui détache la Col. Meadi comme type en un groupe séparé. Jusqu'à quel point cette séparation est-elle conforme à la vérité, et 11) I se peut qu'à cette ancienne époque pénétrèrent du Pamir-Thibet avec l’Aurora, dans la Sibérie méridionale, quelques Parnassiens, comme p. ex. Bremeri, Tenedius, formes se trouvant isolées dans le système des espèces. | 247 jusqu’à quel point ces fameuses „taches empesdes“ expri- ment-elles la „differenciation“ génétique d’une espèce? c’est une autre question. Nous disposons pour le moment d’un nombre trop minime d'observations pour en tirer une conclu- sion quelconque, d'autant plus que l'utilité de ces „taches empesdes“ nous est incompréhensible. Néanmoins ces observa- tions nous montrent: 1) que ce caractère est constant chez toutes les espèces comptées comme les plus anciennes, et, en même temps, comme formes les plus fixes. C’est ainsi qu'il se trouve chez les ty- pes I, I, IV et V et peut-être aussi chez Imperialis-Pontent, quoique les deux auteurs le passent sous silence; 2) que ce même caractère apparaît rarement et à un différent degré de développement chez de telles formes, aux- quelles du reste il n’est ordinairement pas particulier. Dans le Tome I des „Memoires“ nous avons déjà fait mention d’un exemplaire de Col. Erate à „taches empesees“; plus tard, dans la collection de M. Alphéraky, se trouva un semblable exemplaire, mais à ,taches empesdes“ à peine développées. Nous sommes persuadés, qu'après une étude plus approfondie des exemplaires des différentes collections, il y aura bien des formes chez lesquelles ces taches seront plus où moins déve- loppées. Il n’est pas possible de toujours expliquer de sem- blables cas par l’hybridisme, et ne serait-ce plus naturel d'admettre dans ces faits des cas d’atavisme? 3) qu'il existe des formes, chez lesquelles ce caractère se trouve, pour ainsi dire, dans un état transitoire; on se de- mande, pour quelle raison? se développe-t-il, ou disparait-il? A en juger d’après ce qui a été dit dans les deux paragraphes précédents, il faut supposer, qu'il est en train de disparaitre. On constate le même fait après une étude attentive de la Colias Chlorocoma Chr., chez laquelle j'ai été le premier à remarquer cette particularité. Il n’y a aucun doute que la 248 ©. Chlorocoma est la plus proche parente de l’Aurorina dont elle ne se distingue principalement que par la coloration. La séparation de ces deux espèces a dü se faire à une époque relativement peu éloignée; mais supposer que c’est justement depuis lors que ces deux espèces ont acquis peu-à-peu ce ca- ractère, et que c'est alors que la C. Aurorina a surpassé sous ce rapport la ©, Chlorocoma, c’est un argument que nous n'avons aucun droit d'accepter. Il est plus logique d'admettre que ce phénomène se produit dans une direction tout à fait inverse, et que le saupoudrement original, propre au proto- type des deux espèces et conservé chez Awrorina, devient parfaitement inutile à Chlorocoma, c’est pourquoi il disparaît peu à peu. Il est donc clair que chez cette dernière forme, ainsi que par exemple chez Erate, les cas d’un complet dé- veloppement des „taches empesées“, ne doit être regardé que comme un cas d’atavisme; 4) que tous les types plus jeunes, loin d’être parfaitement développés et fixés, sont complètement privés de ce singulier saupoudrement. Les groupes suivants peuvent servir d'exemples: 1) Marco Polo, Palaeno, Interior, Erate, 2) Nastes, Cocan- dica, Eogene, KRegia, dont nous parlerons un peu plus loin. Cependant, à l’époque qui a précédé le miocène et, peut- être géologiquement simultanée avec la transmigration des Coliades vers l'Est, s’effectua aussi leur migration vers l'Ouest. Si l’on prend en considération que, pendant toute la durée de l’éogène et probablement pendant une partie considérable du néogène, depuis le golfe du Bengale, par toute l'Inde, Iran, la Syrie, l'Arabie et le Sahara, s’étendait une mer continue, et quen même temps vers le Nord de la chaîne de Kopet-dagh s’etendait l’immense bassin turkestan, nous ne nous tromperons probablement pas en désignant le Hindou- Kouch et lElbours comme la voie que suivirent à cette époque les espèces du Pamir. 249 L'un des types de ces émigrants: la Colias Aurorina, à complètement disparu de nos jours dans le Pamir, si l’on ne prend pas la ©. Wiskotti pour une forme qui s’est différenciée du prototype commun. La forme extravagante sous laquelle parut la ©. Wiskotti pour la première fois en Europe, pré- sente en effet un être si étonnant, qu'il serait difficile de l'adapter à quelque type que ce soit, connu jusqu'ici. Pour- tant, plus vers l'Est, ce papillon perd rapidement ses ca- ractères exclusifs: la marge excessivement large devient plus étroite; la coloration des &'@'. passe du vert d’abord à une teinte jaunätre et ensuite à l’orange. Après une exploration plus détaillée du Hindou-Kouch et des versants occidentaux du Pamir, il est fort probable qu'on trouvera des variétés de ce papillon, qui nous indiqueront plus exactement encore sa véritable place dans la classification du genre: je me bor- nerai ici à faire la simple remarque que certaines &® ® de la ©. Wiskotti et de la ©. Heldreichi (C. Aurorina var.) se ressemblent excessivement, et chaque lépidoptérologiste sait, combien les PP, quant à la taille des espèces, sont ordi- nairement plus conservatrices que les dd. Toutes les variétés de la C. Aurorina sont concentrées actuellement dans l’Asie antérieure et sur la presqu'ile du Balkan, e.-ä.-d. sur le territoire qui, lors de la période mio- cène, était séparé de l’Europe centrale par la mer de la ’annonie. Un peu plus tard, mais ce ne fut probablement pas si- multanément, deux autres espèces de Colias la C. Edusa et la €. Myrmidone suivirent cette même voie, ayant laissé au Pamir, sinon le prototype, du moins une espèce très parente: la Colias Fieldii. Celle-ci, répandue sur toutes les élévations du Thibet jusqu'à ses pentes orientales, varie assez sensible- ment sur toute cette étendue. Les exemplaires du Sikkim se rapprochent particulièrement des Myrmidone d'Allemagne. La 250 difference en est tellement insignifiante qu'il est difficile de distinguer ces deux formes. La C. Edusa s'est un peu éloignée de la ©. Fieldii *), cependant pas ä tel point qu’on ne puisse y retrouver le type primitif de ce papillon. Une coloration plus jaune et des ner- vures jaunätres sur le fond noir de la marge—voilà ce qui la distingue principalement. Ces particularités de la C. Edusa, si insignifiantes par elles-mêmes, perdent toute signification en ce qu'il vole dans les Pyrénées une forme plus faiblement colorée, mais dont le dessin et l’habitus de la marge ne se distinguent en rien de ceux de la C. Fieldii. Quant à la coloration en général, c’est le caractère systématique le plus insignifiant dans le genre Colias, car on observe dans la même espèce des modifications de coloration très considérables. A l’époque pliocène, lorsque le éontinent européen reçut une con- figuration presque telle que nous la voyons actuellement, la C. Edusa a dü se répandre assez rapidement dans toute l’Eu- rope méridionale. Ensuite mais pas avant, et en même temps que les singes, les différents chats, les éléphants, les rhino- céros et autres animaux, qui avaient peuplé toute l’Europe méridionale et centrale lors de l’époque miocène, elle se di- rigea par deux voies vers l'Afrique centrale: 1) par la Tu- nisie et les monts Tarso, et 2) par la Syrie, le long du ri- vage de la mer Rouge et lAbyssinie. Comme quelques-uns 12) On a beaucoup écrit sur la différence entre Ædusa et Myrmidone. Déjà Duponchel (Histoire natur. d. Lép. Suppl. 1832) et après lui Boisduval, Treitschke, Herrich-Schäffer, v. Prittwiz, et enfin Zeller (Isis 1847, p. 229 — 233), qui ont d’une manière détaillée, examiné la différence entre les deux espèces, en sont venus à la conclusion, qu'il n’y a entre elles aucune diffé- rence importante, et que si elles ne volaient pas ensemble, on pourrait les prendre pour des formes locales de la même espèce (?). C’est un fait fort instructif et ayant une signification particulière, en présence des discussions qui surgissent à propos de Pelidne, dont l'indépendance, comme espèce, est contestée par quelques entomologistes (Elwes, Hagen, Schilde ete.). 251 des animaux mentionnés ci-dessus, elle réussit peu-à-peu à atteindre les extrémités méridionales du continent, et à s’y différencier sous une forme séparée — la Colias Electra L. La ©. Myrmidone, répandue maintenant dans toute l’Eu- rope orientale et dans la partie centrale de la Russie, vole aussi en Turquie, en Asie mineure, et ses variétés se trou- vent dans l’Oural et les montagnes du Caucase "”). Le mo- ment de sa transmigration du Pamir-Thibet en Europe ne nous est pas exactement connu; cependant il n’y a aucun doute qu'elle est comparativement récente. Lors du commencement de l’époque néogène, toute la Russie méridionale, la Hongrie et la Bulgarie, ainsi qu'une partie de l’Asie mineure, faisaient partie du fond d’une seule immense Méditerranée intimement unie au bassin Aralo-Caspien tant au Nord qu'au Sud du Caucase. Vers la fin de cette époque, les dimensions de cette mer diminuèrent considérablement, et, en divers endroits, se formèrent des digues qui divisèrent dans la suite tout le bassin en parties séparées; la mer Noire, la mer Caspienne et le lac d’Aral en sont actuellement les restes. Par conséquent, si à l’époque qui a précédé le miocene le prototype ©. Myrmi- done a émigré vers lOuest, ce ne sont que le plateau de l'Arménie, la partie centrale de l’Anatolie et le Balkan qui ont pu être les confins extremes de sa propagation. C’est là peut-être qu'il est resté jusqu'à la fin de l’époque glaciaire, après quoi il avanca et peupla la presqueiile du Balkan et ensuite toute la partie orientale du continent européen jusqu'à l’Oural, y compris le Caucase. Une semblable direction de migration, dépendant de la configuration de l’Europe pendant le diluvium, est distinctement exprimée aussi par les variétés 113) La C. Olga Rom. s'est éloignée à tel point du type Myrmidone, qu'elle mérite une place séparée dans le système des Coliades, 252 graduelles que le prototype Myrmidone a laissées sur son passage: Myrmidone, Ermak "”) et Olga. L'époque glaciaire, qui a produit une grande révolution dans la population animale de l’Europe, influa aussi considé- rablement sur la vie animale du Pamir, lequel, comme nous le savons, se trouvait déjà à cette époque dans un rapport immédiat avec le Thian-Chan au Nord, et, par le Khingan, avec les montagnes de Sibérie à l'Est. La rapidité relative avec laquelle ces phénomènes se succédaient, la dualité de la cause, qui eut cependant un seul résultat définitif: la fuite du Pamir de sa population animale qui se répandait vers le Nord surtout par les voies indiquées ci-dessus, et enfin la migration inverse d’une partie des émigrés, à une époque qui précéda l’alluvium,—tout cela influa de la manière la plus originale sur le démembrement des types en groupes entiers de formes parentes qui s'étaient déjà différenciées au point de former de véritables espèces, ou bien étaient au moment de se diffé- rencier à ce point. Parmi ces groupes, c’est celui de la ©. Marco Polo qui est le plus considérable: nous y rapportons les formes: Pa- laeno L., Pelidne B., Scudderi Reak., Interior Scudd., Occi- dentalis Seudd., Alexandra Edw., Christina Edw., Emilia Edw., Astraea Edw., Laurentina Scudd., Edwardsi Behr., Bar- bara Em et Pelé aussi toute la série de formes dont Philodice et Hyale sont les extrèmes. Nous tächerons de prouver ici combien un groupement semblable est naturel. Parmi tous les travaux, tant sur la 14) La Myrmidone de l’Oural, qui se distingue par son énorme taille et par la marge un peu plus large, mérite un nom particulier. Je désigne cette forme sous le nom de var. Ermak, nom du conquérant de la Sibérie, premier russe ayant franchi l’Oural. Cette variété est sous tous les rapports la forme transitoire à Olga. RS CV classification du genre Colias en général, que sur les repré- sentants Américains de ce genre en particulier, il n’y a que les ouvrages suivants qui ont un mérite scientifique "®): H. Strecker: Catalogue of the American Macrolepidoptera North of Mexico. H. J. Elwes: Additional notes on the genus Colias (1883). H. A. Hagen: The genus Colias (Proc. Boston Soc. of Nat. Hist. XXII, 1882). Voyons maintenant jusqu'à quel point ces trois auteurs, qui avaient sous les yeux des séries considérables de toutes les espèces mentionnées ci-dessus, sont d'accord dans leurs résultats et de quelle manière ils les groupent: Strecker Hagen Elwes C. Palaeno C. Palaeno C. Palaeno ). Pelidne v. Pelidne subsp. Pelidne syn. Scudderi C. Interior 7 „intenior. v. Interior ? syn. Edwardsi syn. Oceidentalis syn. Laurentina » Emilia „ Edwardsi v. Christina „ Astraea » Christina C. Alexandra » Alexandra „ Alexandra v. Edwardsi » Seudderi » Seudderi C. Emilia | Sendder ne les » Occidentalis „ Emilia C: Barbara/ connaissait point 5 Christina Astraea C. Philodice var. Harfordii v. Harfordii v. Occidentalis „ Laurentina syn. Barbara v. Eriphyle C. Philodice v. Laurentina C. Astraea — non connue syn. Eriphyle C. Philodice par Scudder syn. Eriphyle 118) En admettant que le groupement d’Elwes ait été fait exclusivement sous l’influence du travail de Hagen, alors même 115) Je ne fais pas mention du travail du Dr. Staudinger: „Catalog d. Le- pid. d. Europ. Faunengebiets“. On n’y énumère qu'un nombre fort restreint d'espèces de ce genre, ce qui au fond ne lui donne pas le droit d’être placé au nombre des ouvrages que j'indique. 116) Möschler réunit Labradorensis et Interior avec Anthyale Hb., la- quelle n’est qu'un synonyme de Philodice et non de Pelidne, comme le sup- pose Staudinger (Stett. Ent. Zeit., 1870, S. 114). cette liste a de l'intérêt pour nous, car nous ne pouvons contester à Elwes une certaine indépendance d’opinion que l’on remarque entre-autres dans sa brochure: „On the genus Colias“, écrite en 1880, dans laquelle Elwes accepte le système de Strecker, mais exprime néanmoins l’idée que la C. Philodice et Occidentalis doivent être rapportées au type Palaeno. Dans tous les cas, ces trois listes servent d'excellente confirmation à notre opinion. Elles nous indiquent éloquemment, d’un côté, la remarquable proximité de toutes ces formes, et d’un autre l'absence, dans tout ce groupe, d'espèces ou de formes d’un caractère qui pourrait nous guider pour établir une classification plus vraie. Plus nous étudions toutes ces formes, plus nous sommes persuadés qu’elles proviennent tou- tes d’un même type; les unes s'étant déjà tellement différen- ciées qu'elles doivent être considérées comme espèces à ca- ractères individuels bien marqués (Palaeno, Pelidne, Philo- dice), les autres étant en train d'acquérir ces caractères (tout le groupe Interior). Quel est donc ce type qui s’est développé si largement et qui à occupé une si vaste arène, et quelles en sont les prineipales particularités? Nous ne sommes pas tout-à-fait persuades que Philodice fasse partie de ce groupe, quoique, d’après son „habitus“, elle soit très proche de la plus grande partie des membres de celui-ci; cependant, si on l’en exclut, il reste encore un nombre assez considérable de formes, dont les caractères principaux, communs à tous, sont tellement effacés par des particularités moins : importantes, que, si l’on se guide sur les formes actuelles, il est presque impossible de rétablir le prototype de tout ce groupe tel qu'il a été jadis. Il devait cependant se distinguer par une coloration jaune-soufre tirant sur l'orange (Christina, rarement aussi d’autres espèces de ce groupe); la tache médiane noire sur les ailes supérieures 255 pouvait disparaître (Pelidne, quelques Palaeno), la marge tou- jours toute noire chez le G'd ou très légèrement sablée d'écailles jaunes (Palaeno, Pelidne), ou entrecoupée de nervu- res jaunätres (Pelidne, presque tout le groupe de l’Znterior) devait varier tant en largeur que par le nombre de ces nervu- res qui disparaissent quelquefois [comme par exemple actuelle- ment chez Palaeno '")]; la tache médiane des ailes inférieures, ayant toujours l’aspect d’un point, devait être d’une nuance plus claire que celles-ci, mais peu accentuée; en dessous on devait constater un certain mat dans le dessin et une complète absence de vivacité de coloration; tout le long du bord exté- rieur des ailes supérieures et sur toute la surface des ailes postérieures on devait voir un pigment noir, tantôt plus fort (certaines Palaeno, Pelidne, Scudderi), tantôt plus faible, comme si le fond était saupoudré d’ecailles noires (Alexandra, Ed- wardsi, Occidentalis etc); la tache médiane devait de même avoir l'aspect d’un point blanc sans être appuyée par aucune ombre (Alexandra, Edwardsi) ou bien légèrement cerclée d’un pigment brun-roux (comme chez tous les autres représentants de ce groupe). Tel à-peu-près a dû être l'extérieur du & de notre prototype; la ® a dû en outre se distinguer par la faculté de perdre à un certain degré sa marge (Pelidne, Scudderi, Alexandra) et varier quant à la coloration, passant de l'orange au jaune (Christina), puis à une nuance blanchätre et au blanc (Palaeno). La coupe des ailes de notre prototype a dû aussi se distinguer par une remarquable inconstance, — arrondies à l’apex (Palaeno, Pelidne, Scudderi), elles ont pu devenir aussi plus pointues (le groupe Interior). A tous ces caractères répond d’une manière frappante la 17) Il faut cependant observer, qu'on trouve quelquefois des exemplaires à nervures jaunâtres, comme chez Pelidne (Schilde: „Lepidopter. Mitth. aus Nord-Finnland“, Stett. Ent. Zeit., 1873, S. 169). SS . Colias Marco Polo, que j'ai découvert dans les monts Koun- jout. Il n’y a aucun doute que cette aborigene du Pamir a probablement pu, pendant l'énorme espace de temps écoulé depuis le commencement du dilivium, dévier du prototype qui a émigré en Amérique; et cependant sa proche parenté d’un côté avec Pelidne et de l’autre avec tout le groupe d’Interior est évidente. Une description. détaillée de ce remarquable papillon sera faite plus loin; nous ne ferons qu’ajouter, que les variations dans la coloration, la largeur et le caractère de la marge, même dans la coupe des ailes, et, en général, dans tous les caractères mentionnés ci-dessus comme proba- blement propres au prototype de tout ce groupe, sont infi- nies ici. Si mème cela na pas été prouvé directement par les géologues, le fait que, lors de l’époque tertiaire et de l’époque diluviale, lunion territoriale entre l'Amérique septentrionale et l'Asie orientale à été interrompue et rétablie plus d’une fois, n’est soumis à aucun doute. Cette union a dü être parti- culièrement solide au commencement du diluvium et à la fin de la formation tertiaire. Un énorme flot, composé des types d'animaux les plus variés, se précipita à cette époque du Pamir-Thibet vers le Nord, et en suivant deux voies —celle du Khingan et un peu vers l’Est une bande de terre dont les îles Aléoutes, les îles Kouriles et celles du Japon sont à présent le reste, — se répandit des deux côtés—à l’Est dans la Sibérie méridionale et au Nord-Est en Amérique. En même temps, avec ce flot a dù émigrer le prototype de tout le groupe des Coliades du type Marco Polo. A quelle époque et en quel lieu s’effeetua le démembre- ment de ce type et quelles furent les principales formes qui en provinrent — c'est ce que nous ne pouvons dire à présent avec exactitude. On peut supposer néanmoins que ce fut dans les confins de l'Asie orientale, à l’époque où le Japon faisait 257 encore partie du continent asiatique, que s’effectua la diffe- renciation de la C. Palaeno. La distribution géographique de cette espèce, son isolement parmi les espèces de tout le groupe, en sont une preuve certaine; en même temps, la constance de l’habitus nous prouve la considérable ancienneté de cette espèce, qui sait conserver ses particularités typiques presque sur toute l'étendue de la Paléaretique '"®). La seconde scission doit avoir eu lieu, sans aucun doute, déjà dans les confins de l'Amérique. Alors s’effectua la sépa- ration de Pelidne, forme la plus proche de Palaeno, mais, en même temps, espèce à particularités individuelles si soli- dement fixées, qu’elles lui donnent une place séparée dans ce groupe. Des C. Palaeno Gé, à veines jaunâtres sur le fond noir de la marge, n’infirment aucunement ce qui vient d’être dit. De semblables exemplaires, naturellement très rares, sont des preuves d’atavisme et prouvent seulement la proche parenté qui existe entre Palaeno et Marco Polo. Si l’on s’en tient au point de vue de Schilde et de Hagen, il est de toute impossibilité de s’expliquer la distribution géographique de ces deux espèces. Strecker et Elwes se rapprochent bien plus de la vérité, quoique ce dernier, ‘ajoutant parfaitement foi à Hagen, se contredit lui-même en rapportant Scudderi non pas à Pelidne, mais à Interior "”). 118) Voir: Distribution géographique des Coliades, groupe Nastes-Regia. 119) Les 22 jaunes de Pelidne (un pareil exemplaire se trouve main- tenant dans ma collection, grâce à l’amabilite de M. Wiskott qui, à son tour, l’a reçu de feu Moeschler), ne prouvent nullement une très proche parenté entre Pelidne et Palaeno, comme le suppose, à ce qu'il paraît, M. Schilde. Tout le groupe de Interior, celui de Philodice ete., dans la plu- part des cas, nous montrent le dimorphisme des 2 2. C’est un fait fort in- téressant et qui n’a pas encore été parfaitement expliqué, et ne peut donc pas servir de point de départ pour une hypothèse ou explication. Exemplai- res oranges de Pelidne voir: Möschler, Beitr. z. Lepid.-Fauna von Labrador (Wiener Ent. Monatschr., 1860, S. 354). 17 Emilia et Astraea, especes du groupe Interior me sont inconnues; je ne me charge donc pas de juger à quel point Elwes et Hagen ont raison de les placer au nombre des sy- nonymes de la C. Interior. Cependant ces deux lépidoptérolo- gistes se trompent positivement en mettant au nombre des synonymes de cette espèce des formes aussi tranchées que Alexandra, Occidentalis et Christina. Il est non-seulement faux de poser la question de cette manière, mais au lieu d'avancer c’est reculer sous le rapport de la classification. Les systématiciens, du temps de Linné, n'avaient, comme on sait, aucune idée des variétés quelconques. Ils s’en tenaient sévèrement à la loi fondamentale de l’espece, — „species tot sunt diversa, quot diversae formae ab initio sunt creatae“,— ce qui s’accordait alors parfaitement avec „la théorie domi- nante des cataclysmes“, suivant laquelle les périodes consé- cutives de la formation de la terre possédaient des flores et des faunes distinctes créées chaque fois à nouveau, et sépa- rées par de puissantes catastrophes qui anéantissaient sur la surface du globe chaque être organisé. Cependant cette „theorie d’epoques“ si commode, a fait son temps. Depuis, l’homme a appris à mieux connaître la nature des choses. Après avoir rejeté tout ce qui était surnaturel, il a compris que dès le moment de la conception de la matière organique sur terre rien ne demeurait, relativement, à l’état de repos, mais que tout vivait et devait se changer. Aujourd’hui, il est admis qu'une espèce n’est point une grandeur absolue et stable; que ce n’est qu'une phase transitoire à l’époque actuelle, compa- rativement constante et définie, mais qui néanmoins ne forme qu'un chainon dans la chaîne infinie des formes par lesquelles a dû passer l'organisme. Indiquer la parenté des formes, la croissance et le développement de l'organisme dans différentes directions, telle est la tâche si difficile tombée en partage aux systématiciens contemporains. Le point de vue superficiel 259 des temps passés a fait place à une étude plus détaillée et plus raisonnée des organismes; c’est à la suite de cela que l'idée de lespèce est devenue plus restreinte et qu'on a em- ployé de nouveaux termes, tels que: „race“, „aberration“, ,variété* et autres, dont le but est d'exprimer, d’une façon plus précise, la parenté des formes, leurs rapports mutuels et enfin aussi la différenciation du type en question. Ainsi donc, il est évident que plus il y aura de gradations, plus la classi- fication se rapprochera de la vérité. En effet, représentons- nous le cercle vital d’un type quelconque par une ligne courbe imaginaire, dont chaque point mathématique correspondrait à un moment de la vie d’un organisme (en désignant par ce terme non un seul, mais toute une série d'individus). Tout polygone inscrit dans cette courbe, s’approchera d'autant plus de celle-ci, qu'il aura plus de côtés. De même ici: plus nous connaitrons de moments du développement de l’organisme, plus le nombre que nous en inscrirons sera grand, plus nous nous approcherons de la courbe vitale parcourue par lorga- nisme. Ainsi, si nous admettons même que, dans la definition d’une espèce et des variétés, il y a, pour la plupart, absence d’un criterium scientifique, e.-&.-d. objectif, et que c’est l’éva- luation individuelle et le tact naturel de l’observateur qui tranchent la question; il ne serait cependant pas prudent d'ignorer certaines convictions adaptées pour la solution de certaines questions. Le penchant au séparatisme dans les opi- nions et, pour ainsi dire, le nihilisme d'idées donnent rare- ment les résultats dont s'inquiètent les novateurs, une fois que ceux-ci sont des gens qui ne se distinguent par rien de par- ticulier et que leur horizon est restreint. Pour en revenir à l'ouvrage capital de Hagen, il faut nécessairement en indiquer le grand défaut: c’est la trop large conception que se fait l’auteur de l’espèce, ce qui ne répond pas à la conception des naturalistes de la nouvelle école qui 175 260 tendent à démembrer l’espece en autant de formes que pos- sible. Hagen n’a pu atteindre son but, e.-ä.-d. introduire un certain ordre dans la classification du genre, puisqu'il réunit des formes aussi différentes que Christina et Edwardsi, Seudderi et Occidentalis, Palaeno et Pelidne. Nous prenons pour variétés d’Interior les formes: Chrysomelas Edw. re Seudd. (syn. praec?) Alexandra Edw. (bona sp.?) an Behr. (syn. praec.) Christina Edw. (bona sp.?) ? Emilia Edw. ? Astraea Edw. Le groupe suivant s’est un peu éloigné du prototype: C. Philodice Goût. v. Laurentina Scudd. v. Harfordii Edw. v. Hageni Edw. v. Eriphyle Edw. C. Poliographus Motsch. v. Nilgherriensis Feld. C. Erate Esp. v. Hyaleoides Gr. Gr. C. Hyale L. Indiquer maintenant l’ancêtre de ce groupe est fort dif- ficile. Nous avons déjà eu occasion de constater une certaine proximité entre les espèces du groupe Interior et la Philodice, ce qu'atteste, entre autres, le fait que d’abord Hagen et en- suite Elwes ont rapporté au type Interior deux variétés in- contestables de Philodice (Lawrentina, Harfordü) et, qu'au contraire, une des formes appartenant indubitablement au groupe de I’Interior (Occidentalis), est rapportée par Scudder au type Philodice. La ©. Philodice est, en général, une espèce très indé- finie. En rappelant par son habitus général l’Occidentalis D 4 261 et d’autres représentants du groupe Interior, elle présente à son tour des particularités si frappantes qu’elles l’en séparent de la manière la plus décisive. 1) La marge complètement noire des G'& et presque toujours sans traces de veines jaunes; 2) le coude très considérable formé par la marge près de l’apex des ® ® et 3) le dessous des ailes postérieures tout-à-fait analogue à celui d’'Ærate et Hyale quant à la co- loration et au dessin, la rapprochent considérablement non- seulement de ces dernières, mais aussi de Chrysotheme. En même temps, toutes ces particularités de Philodice sont loin d'être constantes. Déjà dans les exemplaires des collections de St-Pétersbourg (près de 60) en remarque facilement des variations considérables du côté du groupe Interior se mani- festant entre autres en ce que les deux premiers caractères ne sont presque pas visibles, et que le troisième disparaît complè- tement grâce au mélange d’ecailles noires, à une petite tache centrale et à la presque totale absence des taches brun-roux du bord. C’est cette particularité que veut indiquer W. H. Edwards, en offrant plusieurs dessins de pareilles aberrations dans son ouvrage: „the Butterflies of North-America“ '”). Les variétés de Philodice-Laurentina, Harfordü et Hageni se rap- prochent toutes plus du groupe Interior, que de celui d’Erate. C’est ainsi que de 3 Harfordü & &, reçus par M. Alphé- raky de M. Edwards, deux sont par le dessous des ailes des Philodice typiques, et le 3-e présente toutes les particularités du groupe Interior. Et, vice-versä, la var. Eriphyle se rap- proche à tel point d’Erate, qu'il est de toute impossibilité de distinguer quelques-unes de leurs femelles. En considérant tout ce qui a été dit ci-dessus, on en vient à l'opinion que Phi- lodice se trouve dans une parenté tout aussi proche du groupe central d’Interior que Palaeno-Pelidne. Cette hypothèse cor- 12) Second Series, Part. V, 1876, Pl. II, fig. 5, Pl. III fig. 2, 6. 262 respond parfaitement à la distribution géographique des espèces du type Erate. Nous avons déjà indiqué plus haut le moment où Pelidne a dü se séparer. Nous supposons que Philodice s’est séparée plus tard que celle-ci, et particulièrement au moment où le prototype de ce groupe, chasse du Nord par les frimas des glaciers, commença à se différencier peu-à-peu et avanca com- parativement avec rapidité vers le Sud. Avec le changement des conditions vitales au Nord, à la fin de l’époque glaciaire, toute la masse des animaux qui s'était retirée vers le Sud, se mit à s’avancer peu-à-peu, comme on sait, de nouveau vers le Nord. Si le lecteur s’en souvient, nous avons déjà eu occa- sion, dans l’article sur le genre Parnassius, d'analyser d’une manière très détaillée ce moment si important dans la vie des types paléarctiques et d'indiquer entre autres l’Ovis mon- tana et le Parnassius Nomion-Delius, qui, à la fin de l’époque glaciaire, émigrèrent de nouveau dans l'Asie orientale où chacun d'eux se subdivisa en deux formes que nous avons maintenant plein droit de compter pour espèces parfaitement distinctes. Quelque chose de semblable a eu lieu ici: Philodice, ayant produit toute une série de variétés du côté d’Interior, a réussi, pendant l’époque glaciaire, à se fixer définitivement comme espèce. Cependant déjà à l’époque suivante elle a dû, a l’égal d’autres formes, entreprendre une nouvelle migration vers le Nord et se soumettre en même temps à de nouvelles condi- tions de nourriture et de climat. La transformation du type une fois commencée continua évidemment dans la direction prise, et la Philodice, après avoir engendré une suite de va- riétés, dont l'extrême est connue maintenant sous le nom de Eriphyle, et dont tout le reste a disparu ou bien est consi- dere comme faisant partie du type en général très peu stable, émigra en Asie sous une forme très proche de l’Ærate. er Ad pts 263 Le point extrème de la distribution de celle-ci vers l'Ouest, est la Russie orientale; de là son arène s'étend par le Cau- case, la Perse, le Turkestan et la Sibérie méridionale 1) dans l'Inde, 2) dans la partie littorale et insulaire du N.-E. de l’Asie, et trouve sa limite au Japon '”). Sur toute cette immense étendue, ce type varie d’une ma- nière insignifiante; plus vers l'Est (Pamir, Thian-Chan, Altai ete.) il présente des anomalies assez originales (v. et ab. Hyaleoides Gr. Gr.) du côté d’un autre papillon remarquable — Poliographus Motsch. (Simoda de l’Orza, Pallens Butl.). Que Simoda de l’Orza mérite ou non d'être considérée comme bonne espèce, c’est une question à laquelle nous ne répondrons pas. Jusqu'à présent, sous ce nom, se sroupent toutes espèces de formes, rapportées en Europe de la Chine septentrionale, de la Mandjourie, de la Corée, du Japon, de l'Amour et aussi du Kachgar (bassin du lac Lob-Noor), du Thibet méridional et de l'Inde (v. Nilgherriensis Feld.) et se distinguant principalement en ce qu’elles ne se laissent adapter à aucune des espèces extrèmes de ce groupe tranché de Hyale- Erate. On observe, en effet, chez toutes ces formes toujours la même particularité difficile à expliquer au premier coup- d'oeil: les ZZ se rapprochent presque toujours de Hyale et les © Q de Erate. M. Alpheraky, qui le premier a attiré là-dessus mon attention, joint à ce fait une théorie toute par- ticulière, et, paraît-il, très compliquée. Cette théorie cepen- dant est a priori, mais j'ajoute aussi seulement dans le cas présent, tout-à-fait superflue, car ce fait au point de vue de l’histoire naturelle ne présente rien d’extraordinaire. Poliogra- 21) Subaurata Butl., Elwesii Butl., Lativitta Moore — tous des aborige- nes du Japon—sont des synonymes d’Erate; d’ailleurs les espèces de Butler seront peut-être, en effet, des synonymes de Poliogra phus Motsch., comme le suppose Elwes, et non des synonymes de Ærate Esp. (Elwes, Addition. notes on the g. Colias Trans. of the Ent. Soc. of Lond. 1884). * 264 phus est justement la forme que prit Erate à la fin du di- luvium et pendant que les dd s’éloignaient comparativement beaucoup du type, les PP, comme éléments plus conserva- teurs, ne se madifierent qu'insensiblement. Une explication aussi simple est confirmée par le fait qu'on rapporte quelque- fois du Japon et de la Corée des exemplaires dd plutôt du type Erate que de celui de Æyale. Il est évident que ce procédé de transformation d’un type en un autre s’est un peu ralenti dans ces endroits séparés actuellement de ce vaste et général mouvement animal. Dans un moment géologique ultérieur Poliographus, en contournant les restes de la mer Han-Haï, s'est retirée vers l'Ouest par deux voies: celle du Sud par le Thibet et le Kouen-loun *) dans l'Inde, se différenciant en route en Nil- gherriensis Feld., et celle du Nord le long de l’Altaï en Europe. Malgré notre désir de nous procurer, pour en faire une confrontation, des Ayale du courant supérieur de l’Amour ou des environs du lac Baïkal, il nous a été impossible d'en trouver dans les collections des entomologistes de St.-Peters- - bourg. Comme -les livres ne donnent aucune indication plus 22) Bates (Henderson and Hume’s Lahore to Yarkand, p. 306, 1873) parmi 3 espèces de Rhopalocères (Parn. Acco Gray, Mesapia Shawiü et Colias Hyale) fait mention de C. Hyale, prise sur les pentes septentrionales du Kouen-loun. Nous sommes persuadés qu'il y a une faute qui s’est glissée dans la détermination. C’est ainsi que se trompe probablement aussi Moore (Scient. results of the 2-d Yarkand miss., 1879) en désignant comme 7lyale une Coliade, prise par l'expédition à Yangui-Guissar et ensuite plusieurs exemplaires semblables (?) au Kachmir, Sanju et Sarikol. Je n'ai pris à Kachgar et à Sarikol que Zrate; plus vers l'Est, près du Lob-Noor, le gé- néral Przewalsky recueillit Poliographus, et Oberthür fait aussi mention de ce même papillon comme étant très ordinaire dans le Thibet (Etudes d’Ent. livr. 11, 1886, p. 17). Je ne puis dire avec conviction, mais je suppose néan- moins qu'on peut trouver l’Ærate seulement encore sur les confins occiden- taux de la vallée du Tarym; quoique cette vallée, dans toute son étendue, ainsi que le Kouen-loun et toutes les montagnes qui la bornent du côté Sud, soient habités par Poliographus. - 265 exacte sur le caractère de ce papillon dans ces contrées, la question relative à l'endroit où doit passer la ligne de dé- marcation entre ces deux formes, sur cette voie septentrionale, et, en général, la question de savoir si une semblable limite existe, ne peut naturellement pas être tranchée. Actuellement Æyale occupe toute l’Europe presque jusqu’au 65° 1. n., l'Afrique septentrionale, l'Asie antérieure, le Pa- mir, où elle s’est fixée comparativement il y a peu de temps, le Thian-Chan et toute la Sibérie occidentale jusqu'à l’Altai exclusivement '”). En élaborant la question de savoir quelle place occupe la ©. Philodice dans le système de ce genre, nous avons essayé, de nous y rapporter tout-à-fait objectivement. Notre tâche ne consistait qu'à recueillir et, en partie, à mettre en système, les données dont nous pouvions disposer, et si, dans ces con- ditions, l’union génétique de Philodice a acquis une teinte de probabilité, il faut supposer que nous sommes en bon chemin. Un groupe qui n’a pas moins de droits que Philodice d’être rapporté au type de Marco Polo, est celui de: Chrysotheme Esp. Ariadne Edw. Keewaydin Edw. Eurytheme B. Ici nous avons de nouveau affaire à un groupe de Coliades, qui, quoique bien défini, est loin d’être bien limité. Sa pa- renté avec le type que nous venons d'analyser est remarqua- blement exprimée. Nous ne pouvons, par exemple, trouver aucun caractère essentiel, qui pourrait nous servir de fonde- ment dans nos arguments pour la subdivision de ces deux 73) Swinhoe (Trans. Ent. Soc. Lond., 1885, p. 344) fait mention de la C. Hyale (v. Sareptensis) du Kandahar et de Quouöttah. Si la détermina- tion est juste, il faut considérer ces points comme les plus méridionaux de cette espèce. 226600 A À groupes. En même temps, nous trouvons partout, quoique dis- persé dans le vaste groupe de Marco Polo— Philodice, tous les caractères dont la somme seule nous donne une juste repré- sentation de la ©. Chrysotheme, occupant, dans le système général des espèces de ce genre, une place qui, quoique même excentrique, est cependant centrale entre le groupe Interior et le groupe Ærate. Il n’y a aucun doute que Chrysotheme, Ariadne, Keewaydin et Eurytheme ne sont que différentes formes d’une même espèce, dont la première s’est répandue de l'Asie mineure et de la Hongrie jusqu'aux sources de l'Amour, par la Sibérie, et les 3 autres sont des aborigènes d'Amérique. En laissant de côté la question de savoir si les aborigènes d'Amérique sont de différentes générations de la même forme, ou bien ne volent là-bas que comme des variétés l’une de l’autre, nous ne fe- rons qu’observer ici, qu’elles se sont toutes bien moins éloignées du type primitif, que la Chrysotheme d'Europe, qui a peuplé notre continent à une époque comparativement assez récente. Le second groupe quant à l'étendue, à arène seulement un peu plus restreinte que celle du type précédent, est celui d’Æogene-Cocandica, comprenant uniquement des formes alpines ou polaires: C. Boothü Curt. . . . . . contrées polaires Heela Def M à : Regia Gr. Gr. . . . . . zone alpine. . . . 11,000p. Staudingeri Alph. ; » . 7—12,000, var. Pamira Gr.Gr.. . , ide 10—11,000 „ Eogene Held. 2. Sn » + + 10—11,000 „ Var. Arıda ADR ALES : ? var. Stoliczkanus Moore. „ Fat . 17,000 „ Co@andiea Busch OO > 2000, BED EUR TRS 2 Nastes B . . . . . . contrées polaires Vierdandıy Zeit er 5 var. Melinos Ev.. . . contrée subpolaires Phicomone L.. . . . . zone alpine _ nb. Malgré le peu de notions écrites et assez insignifiantes concernant le genre Colias, on a déjà essayé plus d’une fois de créer une classification exacte de chacun de ses représen- tants, ce qui n’a pas du tout réussi. On ne peut imaginer rien de plus impossible que le groupement des espèces tel que nous le trouvons par exemple chez Elwes ‘*) et chez feu Ke- ferstein '”), auteurs qui se sont faits heureusement, par d’autres ouvrages, une renommée assez solide parmi leurs contemporains. Les raisons qui les ont forcé de tomber dans une suite d'erreurs très grossières, lesquelles ont considérablement di- minué leur mérite scientifique, sont, selon moi, principalement les suivantes: 1) La manière peu scientifique avec laquelle les auteurs procédèrent à l'élaboration de la question de la parenté des formes, ce qui les fit prendre pour base dans la classification un caractère aussi peu constant et accidentel que le limbe des dd et des ® ®. Les conséquences d’un pareil procédé pour la classification du genre sont évidentes; aussi ne faut-il pas s'étonner que chacun de ces systèmes soit mort-né. En effet, que peut-on dire d’un système dans lequel Æyale et Erate '”°) sont placées dans des groupes différents, la pre- mière de ces deux formes réunie dans un même type avec Boothii (2), Phicomone et Harfordii(!), et la seconde avec Aurora, Vautieri, Dimera, Philodice et Edusa! ou bien encore dans lequel Palaeno et Behri ne forment qu'un seul type et Eogene et Philodice, Dimera et Aurora un autre!? '”). 124) H. Elwes. On the genus Colias (Trans. Ent. Soc. Lond., 1880, p. 133— 146). Additional notes on the genus Colias (Trans. Ent. Soc. Lond., 1884, p- 1—26). 125) Keferstein. Verh. d. zool. bot Ges. in Wien, 1882, p. 452. 26) Dans les „Addit. notes on the g. Colas“, Elwes ne fait pas du tout mention d’Erate et l’envisage comme variété de Æyale. 27)STPIO, p:6: 268 Ces exemples suffisent pour prouver que de semblables essais de classification sont peu scientifiques et peu naturels. 2) Le peu de materiaux, dont disposaient les deux auteurs, la notion assez confuse de certaines espèces et une parfaite ignorance de certaines autres étaient un vide qui ne pouvait être comblé par des visites aux collections d'Europe. De plus, ces travaux”parurent avant les découvertes de ces dernières années, qui fournirent, comme on sait, tant de nouvelles formes de ce genre (C. Sieversi m., C. Chritophi m., ©. Roma- novi m., ©. Marco Polo m., C. Regia m., C. v. Chrysoptera m., ©. v. Separata m., ©. v. Pamira m., C. Chorocoma Chr., ©. v. Arida Alph., ©. Leucotheme m. (species bona?) etc. etc. En dehors des ouvrages de Elwes et de Keferstein, nous ne possédons dans toute la littérature entomologique aucun travail qui embrasse tout le genre Colias. Différentes remar- ques et même des brochures séparées, consacrées à certains groupes de ce genre par des auteurs tels que Staudinger, Hagen, Strecker, Alphéraky, Edwards et autres offrent sans doute un contingent fort précieux, mais ils sont tous ou bien vieillis ou bien ils traitent assez superficiellement de la pa- renté des différentes espèces du genre Colas. Aussi leur va- leur n'est-elle pour nous que secondaire, et l’appui que tous ces livres réunis nous ont offert est fort insignifiant. Il m'a fallu, outre une méthode scientifique tout-à-fait neuve pour définir la parenté des formes, prendre pour base de mon travail toute une suite de mes propres observations et hypothèses, dont lutilité et la sagacité sont peut-être bien relatives? Je ne veux nullement augmenter le mérite de ces observations. Je conviens d'avance de mes grandes erreurs et omissions et de l'élaboration assez faible des détails; mais tel est le sort de toute innovation, tant dans la vie pratique que dans la science, où aucune pensée ne nait parfaite. L’étendue des matériaux, et, de plus, mes connaissances si restreintes 269 en zoologie et en geologie, ne me permettent pas de pre- senter au public un travail plus complet que celui-ci. Il ne me reste done que la consolation qu'il ne passera pas ina- perçu; que ce chemin tracé avec tant de peine, ne sera pas complètement abandonné, et qu'il y aura un jour des adhé- rents qui, avec plus de talent et de savoir, l’élargiront et le nivelleront. Avant d'entrer dans des détails quant aux motifs qui m'ont engagé à réunir en un seul type des formes aussi différentes, que la ©. Melinos et la ©. Regia, ou la C. Eogene et la C. Dehrii, je poserai cette question: la coloration de dessus des deux ailes des Coliades joue-t-elle effectivement un rôle important dans la distinction des types? En analysant le type de Marco Polo— Philodice nous avons déjà pu observer toute une série de faits qui prouvent que, dans tous les groupes qui en font partie, la coloration jaune ou orange ne joue pas de rôle important; qu'il existe mème bien des espèces, telles que Marco Polo, Erate, Chrysotheme, Philodice et autres “), chez lesquelles on trouve les deux couleurs. Nous avons aussi eu occasion d'indiquer la plus proche parenté d’Aurorina et de Chlorocoma Chr., à coloration vert- bleuätre, et la ©. Wiskotti à coloration tantôt verte (le type), tantôt jaune (v. Separata m.), tantôt enfin orange (v. Chry- soptera). | Un peu plus loin, nous retrouverons un semblable fait (le groupe de Romanovi-Erschoffi), qui certainement, à son tour, attirera notre attention; voilà pourquoi, sans entrer dans des discussions quelconques à ce sujet, et ayant quelque 28) V. p. ex. les ©. Chrysomelas oranges, figurées chez Edwards dans „Ihe butterflies of N. America“, 3-d series, Pl. IV, 1887, Pl. IV fig. 5, 6,7. Nous avons déjà fait mention des Pelidne oranges. Note 119. droit de supposer que les exemples ci-dessus sont suffisants pour donner une réponse négative à la question posée plus haut, nous passons immédiatement au groupe des Coliades, en faveur duquel nous avons fait cette digression. J’ai pris dans les monts Kounjout plus de 400 exemplaires de la Cocandica et parmi ceux-ci il s’en est trouvé plusieurs formant une superbe série de transitions à la C. Æogene. En considérant que celle-ci ne volait pas encore là à cette épo- que, j'avais déjà alors quelque doute quant à la supposition que j'avais sous les yeux une série d’hybrides des deux espèces; d'autant plus, que dans les monts Transalaïens où la C. Eogene et la ©. Cocandica volent simultanément et ensemble, et où j'ai pris plusieurs dizaines d’exemplaires, il ne m’est Jamais arrivé de rencontrer de semblables formes; une étude plus approfondie de ce type m'a presque entièrement persuadé que nous avons à faire ici à un cas remarquable d’atavisme. Voilà ce qui confirme cette conclusion: Chacun sait que Nastes appartient au groupe Cocandica et que les deux espèces sont très proches entre elles. Cependant voici ce qu'écrit M. Staudinger quant à la coloration de l’une des variétés de cette espèce (?) „...ebenso variirt Col. Werdandi Zett. hin- sichtlich der Färbung, die gewöhnlich gelbgrün ist, zuweilen indessen auch bei den Sg ganz weisslich wird oder in seltenen Fällen fast orangegelb wie bei Col. Chrysotheme“ '”). Guénée, en décrivant la C. Rossi, qu'il considère comme forme parente de Nastes, fait aussi mention de la coloration orange dans les termes suivants: ,le mâle se fait remarquer en dessus par une très légère teinte orangée dans la partie correspondant à celle de la Col. Boothüi* ‘*). 129) Staudinger: „Bemerkungen über Arten der Gattung Colias“ (Stett. Ent. Zeit., 1886, S. 45). Deux semblables exemplaires (4 $) se trouvent aussi dans ma collection; je les ai eus par M. Wiskott. 130) Annales d. 1. Soc. Ent. de France, 1864, p. 200. EUR Outre ces faits qui confirment que la coloration orange apparaît aussi sporadiquement chez les formes parentes à la C. Cocandica, nous possédons toute une série qui prouve que la C. Cocandica et la Col. Eogene ne sont que des formes qui se sont écartées du même prototype dans des directions opposées; il s’en suit que mon hypothèse ne présente rien de surnaturel. Essayons de comparer ces deux espèces qui se sont à présent tant éloignées l’une de l’autre quant à la coloration: Les nervures bleuätres sur le dessous des ailes (particula- rité caractéristique de la ©. Æogene, disparaissant entière- ment chez quelques formes qui lui sont même les plus proches), sont particulièrement marquées chez la C. Cocandica dont les variétés présentent sous ce rapport une étonnante analogie avec la ©. Eogene. En général, si l’on étudie chez les deux espèces la coloration du dessous des ailes postérieures, on n’y trouve pas la moindre différence: ailes tout aussi grossière- ment écaillées; mêmes taches marginales noir-roux, avec un reflet jaunätre vers le bord extérieur; et enfin mêmes taches médianes qui lui sont particulièrement propres et ainsi done caractéristiques. La différence dans la coloration du dessous des deux ailes des JS et des ailes antérieures des PP est, en général, extrèémement minime et n’est produite princi- palement que par la différence de la coloration du fond blanc et verdätre chez Cocandica et rouge ou rouge-jaunâtre chez Eogene. Le dessus des ailes des femelles ne se distingue aussi que par la coloration du fond. La différence entre les dd, quoique ‚essentielle, peut être rapportée aux points suivants: 1) différence de la coloration du fond, 2) différence du limbe, uni chez Eogene et tacheté chez Cocandica. En résumé, nous voyons que les PP des deux espèces se distinguent principalement par la coloration, et les dd en outre par le limbe. Ainsi, si nous trouvons de semblables 272 formes de @ ® d’Eogene ne se distinguant pas des PQ de Cocandica par leur coloration, et des dd de cette dernière espèce à limbe uni et à coloration sinon identique (ce qui d’ailleurs est peu probable ou impossible) du moins plus ou moins semblable à celles des dd d’Eogene, la commune ori- gine d’un mème prototype sera pour ainsi dire constatée. Parmi les plusieurs centaines de la ©. Eogene que j'ai prises dans les monts Hindou-Kouch, sur l’Alai et les deux chaînes qui bordent cette vallée, j'ai trouvé quelques dd et PQ d'une coloration très pâle. Parmi celles-ci se trouve une ® qui est d'un rose si pâle qu’on pourrait facilement la prendre pour un hybride entre Cocandica et Eogene, si celle- là volait aussi dans ces endroits ”). En outre j'ai trouvé plus d'une fois dans le Trans-Alaï occidental, en 1884 et 1886, des ® ® toutes blanches, malheureusement tellement défec- tueuses que j'ai hésité de leur mettre l'étiquette d’Eogene; je les prenais donc pour de ® ® de Cocandica, quoique je n'aie rencontré cette espèce nulle part à l'Est du Kisil-Art "?). Enfin ce n’est que cette année-ci (grâce à l’obligeance de M. Leech qui m'a envoyé deux superbes exemplaires de ® ® blanches de la ©. Eogene, pris dans les monts Kaschmir, dont l’un a un reflet rosätre semblable à celui de mon exem- plaire du Trans-Alaï), qu'il m'a été possible de constater le fait de dimorphisme des Q ® aussi chez cette espèce de Co- lias. Peu avant cependant, on a reçu à St.-Petersbourg un exemplaire fort intéressant de Q verdätre ), que M. Alphé- 1) J'ai trouvé des exemplaires d’une coloration pâle, principalement dans la localité Boouné-Tchoukour et au courant supérieur de l’Aram-Koungei, où l’on ne trouve point de Cocandica. #?) Comme ces exemplaires ont malheureusement été perdus, il m'est impossible de vérifier ce fait. =») Elle appartient maintenant à S. A. I. Monseigneur le Grand Duc Nicolas Mikhailovitsch et à été prise par le général Przewalsky au courant supérieur du fleuve Jaune. Comme on n’a plus reçu d’autres Coliades de te nt cine 273 raky définit comme une ® de Stoliczcana, mais qui peut tout aussi bien être rapportée à la ©. Cocandica, dont elle diffère par le fond un peu plus verdâtre des ailes, par une pigmentation un peu plus foncée de celles-ci et par la tache discocellulaire tout-à-fait orange des ailes postérieures *). Ces différences paraissent moins importantes, grâce à quelques exemplaires de Cocandica (parmi ceux-ci une ®) à tache orbiculaire d’un orange pale, et encore grâce à des aberra- tions de femelles de cette espèce, qui ne se distinguent des d' ni par le dessin, ni par la coloration. Il y a encore un fait, dont nous avons déjà parlé, qui est encore plus in- structif et plus intéressant. Je possède dans ma collection une superbe série de formes transitoires, non-seulement par la coloration, mais aussi par le limbe, des GG Cocandica aux dd Eogene. Cette dernière particularité de la C. Eogene ne peut cependant, en général, être considérée comme un élément constant et comme argument important en faveur de la distinction des deux espèces en différents types. Le groupe de Palaeno aussi bien que celui de Ærate nous a montré à quelles variations est sujet le limbe non-seulement dans les limites d’un groupe, mais aussi dans celles d’une espèce. Le groupe de la ©. Cocandica nous offre au fond les mêmes par- ticularités; c’est ainsi que la ©. Behrii présente des exem- plaires à limbe tout uni non-seulement chez les G'@ mais aussi parmi les ® ®. Voici ce qu'écrit le Dr. Staudinger de la C. Nastes et de la ©. Werdandi Zett.: „Diese Col. Wer- dandi Zett., von der ich mindestens ein halbes Tausend Exem- plare sah und noch 19 schöne Stücke in meiner Sammlung cette localité, la définition de M. Alphéraky ne peut être regardée que comme approximativement juste. Les & 4 de OC. Stoliezkana ont été pris dans les montagnes Bourkhan-Bouddha, et à peu près à 300 verstes du cou- rant supérieur du Fleuve Jaune. #4) V. la diagnose de M. Alpheraky: ,Mémoires s. L. lépid.“, T. III, p. 404. 18 274 habe, müsste. nun eigentlich in zwei von den Warneburg- schen '”°) Hauptabtheilungen der Gattung Colias zu gleicher Zeit stehen, da die Männer meistens zwar einen gefleckten Hinterrandssaum der Vorderflügel haben, der indessen gar nicht selten in einen vollständig ungefleckten Saum, wie bei Palaeno, übergeht“. Et plus loin: „auch von ©. Nastes kommen bisweilen d& mit ganz ungeflecktem Hinterrandssaum der Vorderflügel vor...“ "*). D’un autre côté quelques G'&' de la C. Boothii, appar- tenant au groupe d’Eogene, portent, selon Curtis, des traces de taches jaunes sur le limbe noir des ailes antérieures "”); si bien qu'en résumant tout ce qui vient d’être dit, nous pou- vons répéter qu'aussi pour le type Cocandica-Eogene le limbe des dd, comme caractère variable à l’infini, ne joue pas de rôle essentiel et n’a d'importance que pour la séparation des espèces. J'ai épuisé toutes mes preuves en faveur de l’hypothèse de l’origine commune de la C. Cocandica et de la C. Eogene, d’un seul prototype. Malgré toute leur évidence, il se trouvera sans doute des lépidoptérologistes qui nieront la possibilité de l’origme d’un même prototype de deux formes aussi différentes à première vue que la C. Regia et la C. Nastes; on m’accusera de m'être laissé entraîner et l’on trouvera l’ensemble de mes preuves trop insignifiantes. 15) Warneburg, auteur (Stett. Ent. Zeit., 1865, S. 272) d'une classifica- tion insensée des Coliades, trouva, malgré la critique spirituelle de M. Stau- dinger, des adeptes dans la personne de MM. Elwes et de feu Keferstein. 16) Stett. Ent. Zeit., 1866, S. 45. Je possède un semblable exemplaire dans ma collection. Parmi les Cocandica du Hindou-Kouch on trouve, quoi- que rarement, des exemplaires à large limbe noirätre, couvert quelquefois seulement d’6cailles jaunätres. #7) Appendix to the narrative of a Second Voyage in Search of a North- West passage by Sir J. Ross. London. 1835, page LXVI. 275 Autant d’hommes, autant d'horizons; et il est plus facile aux gens superficiels de réunir la Col. Olga et la Col. Aurora Esp. en un seul type, puisqu'elles sont également rouges, que de deviner la proche parenté là où la coloration est aussi différente que dans l’exemple cité. Si d'aussi étonnantes va- riations de coloration comme chez la ©. Wiskotti ou chez le groupe Aurorina-Chlorocoma ne disent rien à ces sceptiques, nous leurs citerons une autre série de faits empruntée au même groupe d'espèces auquelles nous rapportons Nastes et Regia. Voici ces faits: 1) La différence de la superbe coloration de la ©. Regia et celle jaune-verdätre-mat de la C. Boothii, dont la parenté est incontestable, n’est, dans tous les cas, pas moins surprenante que celle entre Cocandica et ÆEogene. 2) Les variétés de la C. Eogene, tantôt d’un rouge écla- tant (et très proches de la C. Regia ‘*) par l'intensité de leur coloration), tantôt rose-pale ou ocre-mat (Stoliczkana), tantôt enfin d’un orange brillant (v. Arida), présentent des contrastes de coloration si convaincants qu'il est impossible d’en deviner les limites. 3) La différence de coloration entre la ©. Regia et les exemplaires les plus rouges d’Eogene est peut-être plus inex- plicable encore, sous un certain rapport, que la transition d’une coloration verdätre ä une coloration rougeätre et jau- nätre, ce que nous avons eu occasion d’observer plus d’une fois. Là nous pouvions du moins indiquer la voie qu'a suivi cette transition graduelle d’une pigmentation à une autre, et expliquer ce remplacement par l'utilité d’une nouvelle coloration; ici ce remplacement d’une coloration rouge par une autre, tout aussi brillante mais différant dans la nuance, est moins évident. #8) Les ©. Eogene du Hindou-Kouch et du Kaschmir se distinguent par une semblable coloration. 18* La portée de ces comparaisons est claire. Dans le groupe se rapprochant le plus de la ©. Eogene, ainsi que dans les limites de la ©. Cocandica, la coloration change à tel point, les couleurs y varient à un tel degré, que notre hypothèse devient tout-à-fait probable, confirmée en outre par les cas d’atavisme indiqués ci-dessus qui rapprochent d’un côté Eogene de Cocandica, et d’un autre celle-ci d’Eogene. Le démembrement de la forme originaire de tout le groupe Eogene-Cocandica à dù avoir lieu encore dans le Pamir et, dans tous les cas, pas plus tard qu'à la fin du miocène, car déjà avant l’époque glaciaire, chacun des ancêtres des deux principaux groupes de ce type s'était établi tout-à-fait indé- pendamment dans les contrées au N.-E. du Khingan. En prenant en considération que Nastes, Rossi (?) et Dehrii se sont moins éloignées de Cocandica (qui à son tour présente peut-être une forme qui a dévié du type originaire) que Melinos, Werdandi, et Phicomone, il est naturel d’ad- mettre que le démembrement de la forme .primitive a eu lieu d’abord en Amérique. De là, à la fin de l’époque glaciaire, Nastes a pu retourner en Asie, et, tout en formant des va- riétés qui se transformèrent en formes Melinos et Werdandi, elle à pu peupler pendant cette époque non-seulement toute la Sibérie, mais parvenir jusque dans l’Europe centrale. Là elle s’est conservée jusqu'à nos jours et occupe les hautes vallées des Pyrénées, les Alpes de la Suisse et du Tyrol; elle s’est cependant si considérablement différenciée pendant l’allu- vium, que si je ne possédais pas parmi mes Cocandica un & se rapprochant beaucoup de Phicomone, il eut été difficile de se prononcer avec quelque assurance en faveur de la parenté _des deux espèces '”). 1%) Je possède d’ailleurs un exemplaire @ de Werdandi Zett., que l’on ne peut presque pas distinguer de quelques 2 2 de cette dernière espèce. Le lecteur qui a suivi avec attention la voie des trans- migrations, que nous avons indiquée, des groupes de différents animaux (et particulièrement des mouflons, de certains Par- nassiens et enfin des représentants de différents types de Co- liades) a dü être frappé d’une particularité originale de toutes ces migrations: dans chaque cas, nous avons eu, pour ainsi dire, deux centres de migration: l’un le plus ancien, au Pa- mir; l’autre, le plus moderne, quelque part en Amérique. En résumant ces faits, nous en arrivons involontairement à la conviction que la plupart des types du Pamir, avant de pé- nétrer en Sibérie, ont dü d’abord séjourner en Amérique, s’y modifier, et ensuite seulement, créant en route toute une série de formes et de variétés, retourner en Occident. J’ai jusqu'à présent et avec intention passé sous silence le moment inté- ressant des migrations de l’époque glaciaire, lesquelles cepen- dant m'ont déjà frappé alors que je tächais de me retrouver dans le chaos de différentes hypothèses qui se succedaient dans mon esprit en faisant un résumé détaillé des arènes occupées par certains groupes d'animaux. Persuadé qu’un sem- blable phénomène dépendait non-seulement de la configuration, du relief de la partie du continent qui réunissait jadis ’Ame- rique à l’Asie, mais encore des changements géologiques, cli- matériques ultérieurs qui modifièrent successivement les con- ditions vitales sur toute l’étendue de la Paléarctique ainsi que la configuration du continent asiatique, et excitèrent d’un côté différents types d'animaux à la migration et d’un autre leur indiquèrent de nouvelles régions pour leurs lieux de sé- jour, j'ai eu recours à la littérature géologique. Malheureusement tout ce que j'ai pu y puiser se borne à la courte indication que toute la vallée de l'Amour abonde en considérables cou- ches de diluvium maritime *’). Quoique cette notion soit brève, 110) Prof. A. Karpinsky: Cours sur les formations sédimentaires, 1883—84. __278 elle suffit parfaitement pour nous donner une explication satis- faisante d’un mouvement aussi problématique des émigrants. Et, effectivement la mer d’Okhotsk diluvienne, ayant pres- que le double de sa dimension actuelle, reçoit, grâce à cette indication, une tout autre configuration. A une époque encore peu éloignée, elle inondait du continent actuel non-seulement une partie du cours inférieur de l’Amour, mais pénétrait en- core jusque dans le coeur de la Mandjourie entre les monts Buréïa et Khingan, baignant de ses eaux au Sud le district montagneux au centre duquel s'élève maintenant la ville de Kalgan. Si l’on admet qu'à cette même époque le Japon était joint d’un côté à la Corée, et d’un autre, par une bande de terre dont les restes sont les îles Kouriles et les iles Aléou- tes, à l’Amérique, la marche des émigrations antérieures à l’époque glaciaire est expliquée. Si, même à l’époque actuelle, la hauteur relative du Khingan est plus grande que celle des montagnes occupant la Mandjourie orientale et la Corée, à l’époque du diluvium ces rapports étaient sans doute inverses. Voilà pourquoi pro- bablement la plupart des espèces des montagnes et des Alpes contournaient à l'Est la mer d’Okhotsk diluvienne et n’allaient pas le long du Khingan vers le Nord. La conséquence né- cessaire d’une semblable direction de migration fut le peuple- ment de l’Amérique septentrionale par les émigrants ailés du Pamir-Thibet. Une nouvelle vaste arène, ensuite l’époque gla- ciaire et les perturbations climatériques à son commencement et à sa fin, tels sont les moments qui éffectuèrent d’un côté le démembrement des types arrivés dans le pays en une masse de formes parentes, et d’un autre, une transmigration inverse par Aliaska, Anadyr et la chaîne Stanovoi vers l’Ouest en Sibérie et en Europe. Il n’y a aucun doute que Eogene ou, pour mieux dire, 279 la forme originaire de l’Æogene actuelle a dü suivre la même route. Si nous comparions la Boothii jaune-verdâtre ou bien même la ©. Hecla avec des exemplaires de la ©. Eogene, décrits par Felder, la somme des différences entre les deux formes serait si considérable, que l’on pourrait douter de la proche parenté des deux espèces. Heureusement nous avons eu récemment la possibilité de voir des variétés de cette espèce qui nous indiquent clairement d’un côté la parenté avec la C. Hecla et la C. Boothü, et de l’autre avec la C. Staudingeri Alph. Parmi les quelques dizaines de lépidoptères, prises par Przewalsky, pendant sa dernière expédition, se sont trouvées deux formes de Coliades, considérées toutes les deux comme des variétés de la ©. Eogene, l'une sous le nom de Sfolicz- kana Moore, l’autre sous celui d’Arida Alph. La première se rapproche probablement beaucoup du prototype de tout le groupe; la seconde dévie visiblement vers la ©. Pamira m., laquelle à son tour n’est rien autre qu'une variété du Pamir de la ©. Staudingeri Alph. Les particularités distinctives d’Arida, qui la séparent d’Eogene, sont: 1) la brillante coloration orange-jaune du dessus des deux ailes; 2) le bord intérieur de la bordure noire des ailes posté- rieures moins aCCusé; 3) le revers plus jaune; 4) presque une absence complète de la coloration caracté- ristique des nervures; particularités qui rapprochent beau- coup cette forme de la var. Pamira m. Il est remarquable que la coloration bleuätre des nervures, si caractéristique pour les Cocandica et Eogene typiques, et surtout pour les exemplaires du Hindou-Kouch et du Kaschmir de la der- nière, disparait presque entièrement chez les variétés des deux espèces. En même temps, se réduit à une bordure in- signifiante d'un fauve rougeätre ou disparaît même entière- ment (comme par exemple chez Melinos), un autre caractère qui leur est propre et commun—-c’est la bordure brune, d’une forme remarquable, qui cercle la petite tache discocellulaire blanche sur le dessous des ailes postérieures. —Le parallélisme sous ce rapport est étonnant. Cependant le même parallélisme se remarque encore sous d’autres rapports: ainsi nous observons par exemple les deux particularités suivantes, qui caractérisent aussi, à un certain degré, la relation qui existe entre les deux séries d'espèces, dont les prototypes sont Æogene et Cocandica: 1) Nous avons, dans les deux séries, des espèces (Phico- mone dans le groupe de Cocandica, Staudingeri et Regia dans celui d’Eogene), chez lesquelles les taches discocellulaires du dessous des ailes postérieures ont perdu leur bordure typi- que qui est remplacée par un double cercle brun-roux, fait analogue à celui que nous avons déjà eu occasion d'observer dans le groupe Philodice-Interior. 2) Nous avons des espèces dans les deux séries (Behrii dans le groupe Cocandica, Boothii dans le groupe Æogene), chez lesquelles de la large bande marginale brun-noir à ta- ches, dont le nombre, comme on le sait, varie beaucoup, n’est conservée qu'une bordure. Que les '&' de la C. Boothi aient dü avoir à l’origine, comme les ® Q, une bande tachetée et non unie, c’est ce dont nous sommes convaincus par la remarque de Curtis: „Jobserve, dit-il, qu'un petit exemplaire & a des taches jaunes peu distinctes sur la bande marginale (fimbria) des ailes supérieures“ '"). Chez les PP de cette 11) ,A small specimen of the male, J observe, has indistinct yellow spots of the fimbria of the superior wings“. Append. to the narrative of a Sec. voy. in search of a N. W. passage by Sir John Ross. Lond. 1835, p. LXVI, 281 Coliade, comme chez Behrii, la large bande tachetee est ré- duite quelquefois à une faible pénombre marginale. C’est ainsi que dans le peu de matériaux rassemblés par l'expédition de Ross, parmi quelques Q ® de cette espèce Curtis a eu 1) des exemplaires à petites (small) taches jaunes à peine indiquées sur le limbe (ab. Chione), au nombre pourtant de 6 à 7; 2) un exemplaire tout-à-fait sans ces taches, à limbe très analogue à celui du mâle I. Je ne possède pas, dans ma collection, de bonnes formes transitoires du groupe Æogene à la C. Regia, qui a conservé d’ailleurs toutes les particularités typiques du groupe Æogene. Keferstein met son Awrivillius dans le groupe Nastes, et commence la diagnose de cette espèce ainsi: „statura Colias Nastes ete.“ *). Comme je n'ai à ma disposition que la description fort brève, il est difficile de dire quoi que ce soit de positif tant sur le caractère de cette Coliade que sur son attribution à l’un des groupes établis. Cependant, je me per- mets d'affirmer positivement qu'il n’y a aucune parenté plus ou moins proche avec le groupe Cocandica. Nous avons eu occasion de trop bien connaître ce type pour ne pas savoir sous quelles conditions et en quels endroits peuvent se trou- ver de nouvelles formes et des descendants du type Æogene- Cocandica. Toute la Sibérie, l’Europe septentrionale, le Thi- bet-Pamir, le Thian-Chan, l'Amérique polaire, les Cordillères et peut-être l’Elbours de l'Iran — telles sont les arènes où lon peut encore trouver de nouvelles espèces de ce type. Mais, à aucune époque, aucune forme de ce groupe n’a pu parvenir jusqu'en Afrique, et l’y chercher est tout aussi inu- tile que d’y chercher une forme parente à notre ours, nos 12) and in another female the upperside very much resembles the male“... (ibid.). 143) Verhandl. zool. bot. Ges. in Wien. 1882. S. 457. 282 marmottes, nos cerfs ou bien aux moutons du Pamir. Tout ce que pourrait représenter Aurivillius n’est qu'une des formes de Poliographus, laquelle a pu venir de l’Inde par l'Arabie et le Habesch jusque dans l'Afrique méridionale. L'avenir prouvera, j'espère, que j'ai eu raison de soutenir, avec autant d'assurance, tout ce que je viens de dire. Je ne possède, dans ma collection, qu'un seul exemplaire de la Col. Ladakensis; un autre semblable appartient à S. A. I. Monseigneur le Grand-Duc Nicolas Mikhaïlovitch. Ces deux exemplaires sont des documents bien pauvres pour en tirer un résumé définitif par rapport à la place que doit occuper ce papillon dans le système des espèces de ce genre. Le parti le plus rationnel serait de la placer dans le groupe Cocandica-Eogene, où elle occuperait cependant une place indépendante et serait le représentant d’un type séparé *). On devrait aussi rapporter ici, selon l’auteur, la Col. Mon- tium Obrth.; cependant le dessin seul, représentant on ne sait quoi, un d ou une ®, accompagné d’une description 144) Felder qui a décrit cette Coliade d’après des-exemplaires pris par le Dr. Stoliczka, la compare avec la Col. Werdandi Zett., et trouve, outre la coloration, encore les différences suivantes: „unterscheidet sich von ihr (Col. Werdandi Zett.) schon in der Flügelform, indem der Innensaum der Vorderflügel und der Costalsaum der Hinterflügel länger sind und der Anal- winkel der letzteren weniger vorragt. Die Mittelzellen sind kürzer, auf den Hinterflügeln breiter und der zweite Subcostalast der Vorderflügel entspringt in grösserer Entfernung vom Zellende als bei Werdandi“ (Reise der Freg. Novara. S. 197). Ces differences existent effectivement, mais elles sont loin d'être les seules, et voilà pourquoi il faut admirer la perspicacité avec la- quelle Felder indique d’une manière si définie la place de cette Coliade dans la classification du genre. Il est remarquable que toutes les formes polaires du groupe Æogene-Co- candica se distinguent par une particularité qui leur est propre à toutes — c'est la longueur des deux ailes très considérable comparativement avec leur largeur. Cette particularité d’ailleurs est loin d’appartenir à tous les exem- plaires, et l’on observe quelquefois des faits complètement inverses. Dans tous les cas, l’habitus des Coliades est ordinairement si peu constant qu'il Lei 283 tout-à-fait superficielle, est tout-à-fait insuffisant pour se faire une juste idée de cette espèce *). Les espèces que nous n'avons pas analysées plus haut se distinguent toutes par la même particularité, c.-à-d. par une extrème originalité; aussi se sont-elles presque entièrement différenciées des autres formes. Elles sont toutes, à l'exception de trois, des aborigènes du Pamir et, presque sous tous les rapports, des représentants de types séparés. Ces formes les voici: Col. Sieversi Gr. Gr. „ Christophi Gr. Gr. „ Alpherakü Stgr. „ $Nagartia Ld. „ Eirschoffi Alph. „ Romanovi Gr. Gr. „ Viluiensis Men. » Thisoa Men. » Wiseotti Stgr. (v. Chrysoptera Gr.Gr., v. Sepa- rata Gr. Gr.) „ Leucotheme Gr. Gr. (species pr.?) Parmi celles-ci se rapprochent le plus: Erschoffi et Romanovi Viluiensis et Thisoa Wiscotti et Leucotheme ne peut être pris en considération dans la détermination de la parenté des espèces. Il est intéressant de comparer l'opinion citée ci-dessus de Felder sur la C. Ladakensis avec celle de Moore qui a décrit une seconde fois ce même papillon sous le nom de Shipkee: „The species of Colias that appears to be nearest allied to this is Col. Vautieri from Chili“ (Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 492 Pl. XXXI, fig. 13). On ne peut pas dire que cette comparaison soit fort heureuse. 15) Etudes d’Entomologie livr. 11 p.16, PI. VI, fig. 1. Nous avons appris, par une lettre privée de M. Oberthür à M Alphéraky, que l’exemplaire fi- guré de la C. Montium est un &. Quoique la description, dans cette lettre, soit bien plus détaillée, nous n'avons cependant pas le droit d'en conclure quoi que ce soit. 284 M. Alpheraky dans son ouvrage: „Lepidopteres du distriet de Kouldjà et des montagnes environnantes“, en décrivant ses Coliades, a fait deux fautes inconcevables, qui ont été remarquées dans la suite: 1) il a décrit un des dd de la C. Erschoffi comme une ® de cette espèce, 2) il a pris la véritable femelle de la Col. Erschoffi pour une Aurora Esp., n'ayant, il est vrai, pour comparer, que deux ® ® de cette dernière espèce, encore rare à cette époque dans sa collection. Je suis persuadé néanmoins, que ni M. Oberthür, ni mon ami Alphéraky ne m'en voudront pas pour ce que je viens de dire et ne soupçonneront pas en moi le désir de blesser leur amour-propre ou de diminuer leur mérite comme lépi- doptérologistes. L'un’ et l’autre ont trop fait pour l’entomo- logie, pour qu'une semblable erreur puisse ébranler la répu- tation qu'ils se sont faites depuis longtemps. Si j'ai cru de mon devoir d'indiquer la faute de M. Alphéraky, ce n’est que dans le but suivant: Il n’y a aucun doute que cet ento- mologiste expérimenté est doué d’une grande perspicacité et d’une idée parfaitement juste sur la parenté des formes, ce qui, au total, le distingue, sous un rapport, des entomologistes qui ne s'occupent que de la description des espèces, et, sous un autre, oblige d'ajouter foi à ses paroles avec une certaine confiance; voilà pourquoi cette erreur même doit nous être de quelque utilité, et nous prouve que la € Erschoffi a du rapport avec quelque autre groupe des Coliades que celui où l'a placée M. Erschoff ainsi que M. Alphéraky ""). Sur les pentes septentrionales du Pamir, vole une des Coliades les plus remarquables, qui aient jamais été décrites: c’est la Colias Romanovi m. Tout en rappelant par sa colo- 46) „Cette Colias doit, selon M. Erschoff, se placer près de la C. Polio- graphus Motsch. du Japon, qui m'est inconnue. Je l'ai placée, dans ma col- lection, entre la SagartiaLd. et la Hayle L.“ (Horae Soc. Ent. Ross. T. XVI, p. 365). x Aue An hs © nn Mae Ze TE 285 ration et son port les representants les plus brillants de ce genre: Olga, Aurora, ete.,—elle se distingue de celles-ci par un trait fort caractéristique, c’est l'absence des „taches empé- sees“. D'ailleurs ce n’est pas la seule particularité qui dis- tingue cette superbe Coliade, parmi les autres groupes de ce genre. La bordure extérieure des G'&', sans limites déterminées, passant quelquefois dans une pénombre marginale peu mar- quée; les variations dans la coloration de cette bordure, tantôt unie et d’un noir intense, tantôt saupoudrée d’écailles jaunes ou bariolée de petites taches jaunes; la bordure noire des ailes postérieures ne parvenant jamais à l’angle anal, mais commençant par une tache comparativement assez dilatée et néanmoins d’un noir intense; et, enfin, la tache discocellulaire allongée en pointe vers le bord extérieur des ailes posté- rieures et la constante grande tache discocellulaire des ailes antérieures, dune forme plus ou moins carrée — telles sont les particularités qui distinguent à l'instant la Romanovi, et qui suffiraient parfaitement pour lui donner une place exelu- sive dans le système des espèces de ce genre, si ces particula- rités n'étaient caractéristiques aussi pour d’autres Coliades. Voyons ce que dit Alphéraky au sujet de la Col. Erschoffi: „Les premières ailes sont saupoudrees d’ecailles gris-vert sur la côte, à la base ainsi que devant le limbe extérieur où elles le sont très richement; ce qui empêche celui-ci de trancher nettement sur le fond de l'aile“. „La bordure est maculée de taches jaunes, petites et arrondies... — ou grandes et confluentes“... „Les secondes ailes ont la bordure-extérieure étroite mais très élargie à l’apex par deux ou trois taches très noires". „La bordure extérieure n’atteint jamais l’angle anal“... „Le point central des premières ailes est verticalement oblong, ...subquadrangulaire ou subtriangulaire?.. 286 „La tache discocellulaire des secondes ailes est grande, “) et je dirais même pointue vers le bord extérieur, comme aussi chez mes Romanovi. — Je n'ai cité, dans cet extrait, que ce que M. Alphéraky a trouvé de ca- ractéristique dans l'espèce qu'il décrit, ainsi tout commentaire serait superflu. Il y a ici, en effet, une ressemblance, et elle est particulièrement frappante chez les ® ® des deux espèces. Quant aux G'< toute leur différence ne se concentre que dans la coloration, — rouge chez Romanovi et jaune chez Erschoffi, si bien que là ou celle-ci n’est pas aussi marquée, comme sur le revers des ailes antérieures, la ressemblance entre elles devient plus frappante. En dehors des exemplaires (à peu près 10), pris par M. Alphéraky, une vingtaine d’autres sont disséminés en Europe, pour la plupart bien conservés et pris par un des collectionneurs de Mr. Tancré, par M. Rückbeil, dans le Thian-Chan occidental. M. Wiskott a pu voir tous ces exem- plaires, ce qui donne une certaine valeur à ses communica- tions. Elles ne se rapportent d’ailleurs qu'à la coloration de cette Coliade, dont les deux sexes varient assez sensiblement sous ce rapport et il se trouve qu'on a pris des @ à co- loration qui se distinguait peu de celle des IQ”). quadrangulaire“ 147) Ibid., p. 364. ? 145) Les exemplaires de la Erschoffi apportés par S. Alphéraky, ont été pris dans le Thian-Chan central et ceux de Rückbeil à l’Est de l’Issyk-Koul. Ceux-ci, quant à la coloration, forment une parfaite transition des C. Er- schoffi typiques aux C. Romanovi m. C’est pourquoi il serait fort intéressant d'étudier la faune lépidoptérologique des montagnes du bassin du Naryk. Quoique j'aie franchi ces montagnes, la saison était si peu avancée (Mai) que, sous ce rapport, ma 3-me expédition n’a eu aucun résultat. Aussi est-il tout-à-fait impossible de se rapporter aux données de M. Haberhauer. Se fondant probablement sur les données de celui-ci, Staudinger a créé une nouvelle forme la var. Alexandrina, comme si elle était originaire des monts Alexandre! Ne doutant nullement que sous le nom Alexandra figurent les Romanovi de l’Alai, nous passons cette indication sous silence. Nous n’avons pas beaucoup à dire par rapport au second groupe, mentionné. ci-dessus, comprenant les deux espèces: Thisoa et Viluiensis. La première n’a été trouvée jusqu'à présent que dans l’Alai méridional (lac Marco-Koul), dans le Tarbagataï, le Thian-Chan, sur les pentes septentrionales du Pamir et dans les montagnes de l’Hyrcanie et du Caucase; la seconde dans la Sibérie N.-E. On ne peut que supposer, mais pas prouver une certaine parenté entre elles, car nous ne disposons que de matériaux trop insignifiants pour des comparaisons. En effet trois G'@' de la Col. Viluiensis, qui nous ont servi comme documents, ne suffisent pas pour en tirer des conclusions déterminées. Comme le type de la Col. Viluiensis n’est que peu connu, je vais indiquer ici les par- ticularités caractéristiques de ce papillon, en le comparant avec la Col. Thisou. La Viluiensis ne se distingue presque pas par son port, sa Coloration et le dessin de la bordure marginale, des Thisoa de Y’Alai et du Pamir septentrional, et présente les traits caractéristiques suivants, qui la distinguent de celles-ci: 1) la taille est plus grande et les ailes sont relativement plus larges; 2) la bordure marginale est un peu plus large (ce que l’on voit d’ailleurs aussi chez les exemplaires de la Col. Thisoa du Thian-Chan et du Caucase); 3) la tache centrale du dessous des ailes antérieures, a l'aspect d’un petit trait, ce que l’on ne trouve jamais chez Thisoa, dont j'ai possédé plus de 500 exemplaires; 4) une parfaite absence de taches quelconques sur le re- vers des deux ailes *). 19) La femelle de la Col. Viluiensis n'est pas connue. Les exemplaires de ’Orza du Japon appartiennent à une des espèces du groupe Philodice- Erate. Alphéraky suppose, que c’est l'Æurytheme du Japon (?). 288 En analysant le type Awrorina, nous avons déjà eu occa- sion de faire mention des formes dans lesquelles vole la Col. Wiskotti Stgr. sur toute l’etendue des élévations du Pamir. Sans entrer dans des details (que nous trouverons ci-dessous dans la description spéciale de cette Coliade) nous nous bor- nerons à indiquer ici ces variétés, dont nous distinguons 3 à 5: Col. Wiskotti Stgr. (forma typ.). . Chaîne de Ghissar v. Separata m. . . . Alaï, Transalaï occidental v. Chrysoptera m.. . Extremite N. O. du Pamir (Kokoui-Bell, Koudara ete.) v.? e Sarykol. . . . Dangnoum bat 1) v.? Leucotheme m.. . Transalaï occidental #1) Dans cet aperçu général sur le genre Colias, nous n'avons pas dit un mot des espèces: Christophi Gr.Gr., Alpherakii Stgr., Sagartia Ld. et Sieversi Gr. Gr., comme types distincts et fixés à l’époque présente. Leurs ancêtres ne nous sont pas du tout connus, et leur place dans la classification du genre est tout aussi peu déterminée que celle de Vautieri, Meadii et Dimera d'Amérique. Néanmoins nous avons trouvé juste de joindre la Col. Sagartia au type Erschoffi-Romanovi et tout le reste au type Bogene-Cocandica. Les résultats auxquels nous sommes arrivés se présentent avec une certaine clarté dans la liste suivante "”). 150) Je ne possède qu'une seule femelle; j'ai vu 2 à 3 mâles qui rappe- laient les Chrysoptera de Koudara. , 151) Forme qui m'est jusqu'à présent problématique; j'en ai pris d 22. 152) Je n'ai pas jugé nécessaire, en composant cette liste, de revoir les ouvrages du temps de Duponchel, d’Ochsenheimer ete., et je me suis laissé guider par les indications de Staudinger (Catalog ete.), de Strecker (Butterfl. N. Am. 1878), de Kirby (Syn. Catalogue etc.) ete. J’ai consulté presque tous les ouvrages nouveaux; il n’y a que quelques éditions et journaux Améri- cains, qu'il m'a été impossible de me procurer. Les espèces qui me sont en- tièrement inconnues sont marquées d’une +. Le nombre de celles-ci n’est pas grand. Quant à la littérature contemporaine, je n’en ai extrait que ce qui pré- sente un intérêt général par son rapport direct avec la classification de ce genre ou avec la distribution géographique de ses représentants. | | | | | GROUPE 1. NBI 1. Colias Marco Polo Gr. Gr. Hor. Soc. Ent. Ross. T. XXII, p. 304; — Mém. s. 1. lép. T. IV, Pl. XI, fig. 1—3. LYAPIEATT 2. Colias Palaeno L. Fauna Suec. 272; — Ochs. Die Schmett. v. Eur. I, 2, 184;—God. Hist. nat. d. lép. d. France II, 4, 2; Enc. Méth. IX, p. 101;—Boisd. Spéc. gén. I, p. 645;—Mén. Cat. Mus. Petr. Lep. I, 83. 1855;—Schrencks Reis. II. Lep. 19. 1859;— Brem. Lep. Ost-Sib. 1864, p. 9;—Eversm. Fauna Volg.-Ur. p. 79; — Schilde. Lep. Mitth. aus N.-Finnl. Stett. Ent. Z. 1873;—Keferst. Verh. Zool.-bot. Wien. 1883, p. 455;—Leech. On the Lep. of Japan etc. Proc. Zool. S. Lond. 1887, p. 408; -Graeser. Berl. Ent. Z. 1888. XXXII, p. 69. syn. Hyale Hufn. Berl. Mag. II, p. 76. 1766. Europomene Esp. Schm. I, 1 tab. 42, fig. 1, 2;—Hb. Eur. Schm. I, fig. 434, 435. 1798. Philomene Hb. ib. fig. 602, 603, 740, 741. 1803; — Dup. Suppl. T. Pl. 47, fig. 3; 5.116832; a) var? Europomene Ochs. 1. c. IV, p. 157. 1816. b) var. Lapponica Stgr. Cat. 1871, p. 5; — Schilde. Lep. Mitth. a. N. Finnl. Stett. Ent. Z. 1873, p. 169. c) var? Chippewa Edw. Synops.p.8; Colias, p. 11 (Calif. Ac.);—Zeller. Stett. Ent. Z. 1874, p. 4385;— Strecker. Amer. Lep., p. 81. syn. Palaeno Möschl. Wien. Ent. Mon. 1860, p. 349; Stett. Ent. Z. 1870, p. 113; — Hagen. Proc. Bost Soc. N. Hist. XXII. 1882, p. 170 etc. » Helena Edw. Proc. Ent. Soc. Phil. II, p. 80. 1863. d) ab. Werdandi (2) HS. Schmett. Eur. I, fig. 41, 42. syn. Palaeno HS. 1. c. I, fig. 621. » Philomene Dup. Suppl. I. Pl. 47, fig. 4. 1832. 3. Colias Pelidne Boisd. Icon. T. 8, fig. 1—3. 1832; Spéc. Gén. I, p. 644. 1836;— HS. 1. c..I, fig. 35, 36, 43, 44. 1844;—Freyer. N. Beitr. VI. T. 511, fig. 2, 3. 1849; — Men. Cat. Mus. Petr. Lep. I, p. 84. 1855;—Möschl. Wien. Ent. Mon. 1860, p. 349; —Schilde. Stett. Ent. Z. 1873;—Dup. Suppl. I. T. 15, fig. 1—3. 1832,— Morris. Syn. p. 30. 1862;—Edw. Butt. N.-Am. II. T. I. Col. 1874;—Boisd.-Lec. Lep. Am. Sept. p. 66. T. 21. 1833. 19 ” n 290 syn. Anthyale Stgr. Cat. 1871, p. 5;— Möschl. Stett. Ent. Z. 1870, p. 113. „ Labradorensis Scudd. Proc. Bost. Soc. N. Hist. p. 107. 1862. „ Palaeno var. Hagen Proc. Bost. Soc. N. Hist. XXII, 1883, p. 175 „ Interior? Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6 et p. 17. Valeria Sievers. Motsch. Et. Ent. 1859, p. 146. a) var? Scudderi Reack. Proc. Ent. Soc. Phil. IV, p. 217. 1865;— Edw. Butt. N.-Am. I, T. VIII, Col. 1872; — Mead. Wheeler’s Rep. V, p. 749. 1875. , syn. Interior Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. XXII. 1883; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. „ Pelidne Strecker. Amer. lep., p. 81. 1878. TYPE M. 4. Colias Interior Scudd. Proc. Bost. Soc. IX, p. 108. 1862;—Edw. Colias, p. 10 (Calif. Acad.); — Brooklyn Ent. Soc. March, 1879; — Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 159. XXII. 1883;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. syn. Philodice var. Keferst. Verh. zool.-b. Wien. 1883, p. 454. » Anthyale Möschl. Stett. Ent. Zeit. 1870, p. 113. » Pelidne var. Strecker Lepid., Rhopal., p. 69. 1873; — Butt. N.- Amer. 1878, p. 31. Solivaga Edw. Proc. Cal. Acad. VI. 1877. a) var? Oceidentalis Scudd. Proc. Bost. Soc. IX, p. 109. 1862; — Edw. Butt. N.-Amer. I: T. VI. Col. 1871;—Keferst. Verh. zool.- bot. Wien. 1883, p. 454. syn. Anthyale Möschl. Stett. Ent. Zeit. 1870, p. 114. » Philodice var. Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 82. „ Interior Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. XXII. 1883;— Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. b) var? Chrysomelas) Edw. Proc. Calif. Ac. 1877, p. 8; — Hagen. (syn. praec.?) } Proc. Bost. Soc., p. 169. XXIL. 1883. Philodice var. Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. XXII. 1883; — Elwes. Trans. Ent. S. Lond. 1884, p. 16. ne à } Strecker. Butt. N.-Amer. 1878, p. 82. 5. Colias Alexandra Edw. Proc. Ent. Soc. Phil. II, p. 15, t. 11. 1863; —Bautt. > N.-Amer. I, t. 1, 1868;—Reack. Proc. Ent. Soc. Phil. VI, - p. 135. 1866; — Mead. Wheeler’s Rep. V, p. 749. 1875; — Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 81;—Keferst. Verh. zool.- bot. Wien. 1883, p. 455. _ syn. Interior Elw. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17;—Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. XXII. 1883. a) ab. Alba (2) Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 81. 291 b) var. Edwardsii Behr. Edwards Butt. N.-Amer. I, t. 6. 1870; Edwards Trans. Ent. Soc. Phil. III, p. 11. 1870;—Mead. Wheeler’s Expl. V, p. 749. 1875;—Edwards. Proc. Calif. Ac. 1877; — Bull. Brookl. Ent. Soc. 1.1879. N 11; Synopt. tabl. X 6;— Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 152. XXII. 1883; — Strecker. Butt. N.-Amer. 1878, p. 82. syn. Interior Hagen. Proc. Bost. Ent. Soc., p. 174. XXI. 1883; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. 6. Colias Christina Edw. Proc. Ent. Soc. Phil. I, p. 79. 1863; Butt. N.-Amer. I, t. II. 1868; Calif. Acad. Colias, p. 6; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien 1883, p. 455. syn. Pelidne var. b. Strecker. Butt. N.-Amer. 1878, p. 81. „ Interior Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. 1883;— Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. 7j. Colias Emilia Edw. Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 12. 1870; Calif. Acad. Colias, p. 10;—Streck. Butt. N.-Amer, 1878, p. 81. syn. Interior Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. 1883; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. 8. Colias Astraea Edwards. Trans. Ent. Soc. Phil. IV, p. 61. 1872; Calif. Acad. Colias, p. 7.—Strecker. Butt. N.-Amer. 1878, p. 81. syn. Interior Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17; — Hagen. Proc. Bost. Soc. p. 174. 1883. TOPIC 9. Colias Philodice Godt. Enc. méth. IX, p. 100. 1819; —Swains. Eurymus Phi- lodice-Zool. ill., 2, Ser. II, t. 60. 1831; — Boisd.-Lec. Lep. Am. Sept., p. 64, t. 21. 1833;—Boisd. Spéc. Gén. I, p. 647. 1836;— Lucas. Lép. Exot., p. 78, t. 39. 1835; —Harris. Ins. Injur. to Veget:, p. 272, fig. 100, 102. 1862; — Morris. Sy- nops. of the deser. Lep. N.-Amer., p. 29. 1862; — Reack. Proc. Ent. Soc. Phil. IV, p. 218. 1865; ibid. VI, p. 135. 1866;—Saunders. Can. Ent. I, p. 54. 1869; —Mead. Whee- ler’s Rep. V, p. 748. 1875;—Edw. Butt. N.-Am. II, t. II, II. 1876. Strecker. Butt. N.-Amer., p. 82, 1878;—Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. XXII. 1883; — Elwes. Trans. Ent. Soc, Lond. 1884, p. 16;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 454. syn. Palaeno Cramer. Pap. exot. I, t. 14. 1775. „ Anthyale Hb. (Zerene Anthyale). Zutr. Ex. Schm. 307, 308. 1823. „ Europemene Stph. Ill. Brit. Ent. Haust. I, p. 10, t. I. 1828; — Humphreys. West Brit. Butt. ete. 1848, p. 17, t. 3; — Swains. Zool. Ill. 1831. Ser. II, t. 70. „ Santes Fitch. Rep. on the nox., benef. and other ins. of the St. of. N.-York. VIII, p. 378. 1854. 19% 292 syn. ? Dorippe Godt. Boisd. Spéc. Gén., p. 646. 1836. a) ab. Alba (2) Edw. Butt. N.-Amer. II, t. II fig. 6, t. III fig. 5, 6. 1876;—Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 82. b) ab. Nigra (a) Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 82;— Edw. Butt. N.- Amer. II, t. III fig. 8, 9. 1876. c) ab. Virida (J') Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 82. d) ab. Aurantiaca (4) Streck. (Hybrida). Butt. N.-Amer. 1878, p. 823;— Edw. Butt. N.-Amer. II, t. III, fig. 1. 1876. e) var. Laurentina Scudd. Proc. Bost. Soc., p.4. 1875; — Edw. Calif. Ac. Colias, p. 7. syn. Interior Streck. (Pelidne var.) Butt. N.-Amer. 1878, p. 81. = E var. Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. 1883; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. f) var. Harfordii (4) Edw. Proc. Calif. Ac. VII, p. 79. 1877. syn. Chrysotheme ab. f. Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 83. » Interior var. Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. 1883; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 17. T „ Barbara (2) Edw. Proc. Calif. Ac. VII. 1877. Keewaydin var. A (8). Edw. Butt. N.-Amer. I, t. IV, Col. fig. 7, 1869. g) var. Hageni Edw. h) var. Eriphyle Edw. Trans. Am. Ent. Soc. V, p. 202. 1876; Calif. Acad. Col. p. 7;— Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 88; — Hagen. Proc. Bost. Soc., p. 174. 1883. syn. Philodice Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 16. IYR/FIEV: 10. Colias Erate Esp. Schmett. I, 2, t. 119, f. 3. 1803?;—Charp. ibid. Fortsetz, p. 13; — Alphéraky. Lép. d. envir. de Taganrog. Troudy Soc. Ent. Russe. T. VIII. 1874; — Gr.-Gr. Mem. s. 1. lép. T. I, p. 164. 1834; — Keferst. Verh. zool.-bot. Ges. Wien. 1883, p. 454; — Alpheraky. Lép. du distr. de Kouldjà, p- 367. 1881; — Swinhoe. Trans. Ent. Soc. Lond. 1885, p. 344: — Schilde. Stett. Ent. Zeit. 1873, p. 174; — Staud. Stett. Ent. Zeit. 1866, p. 46; — Murray. Ent. Monthl. Mag. XII, p. 34. 1876;—? Graeser. Berl. Ent. Z. XXXII. 1888, p. 69. syn. Neriene Fischer. Ent. Ross. I. Lep., t. 11, f. 3, 4. 1323; — Boisd. Sp. Gen. I, p. 646, fig. 13. 1836; — Eversm. Bull. Moscou. 1837, p. 28; Fauna Volg.-Ur. p. 78; —HS. I, f. 30—32. 1843;—? Gray. Lep. Ins. Nep. t. 5 fig. 3. 1846. syn. Hyale var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 23. » Hyale Leech. Proc. Zool. Soc. Lond. 1887, p. 408. a) ab. Pallida (2). Stgr. Cat. p. 3. 1861;—Alph. l.c. Troudy Soc. Ent. 293 Russe. VIII. 1874;—Schilde. Stett. Ent. Zeit. 1873, p. 175;— Alph. Lép. de Kouldjä. p. 367. 1881; —Gr.-Gr. Mém. s. |. lép. T. I. p. 165. 1884;—Swinhoe. Trans. Ent. Soc. Lond. 1885, p. 344;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 23. b) ab. Chrysodona Kind. Boisd. Gen. et Ind., 1840, p. 7;—Alpheraky. Troudy. Soc. Ent. Russe. VIII. 1874;—Gr.-Gr. Mem. s. 1. lép. I, 165. 1884; —Alphér. Lep. de Kouldjà, p. 367. 1881;— . Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 454; —Alpher. Stett. Ent. Zeit. 1883, p. 494. syn. Helichta Leder. Verh. zool.-bot. Wien. 1853, p. 33;—Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 47;—Swinhoe. Trans. Ent. Soc. Lond. 1885, p. 343;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 454;— ? Bremer. Lep. Ost-Sib., p. 93. „ Beckeri Gerh. Berl. Ent. Zeit. XXVI. 1882, p. 125. c) ab. Hyaleoides (4) Gr.-Gr. Mém. s. 1. lép. IV. p. 321. 11. Colias Poliographus Motsch. Et. Ent. IX, p. 29. 1860; — Alpher. Stett. Ent. Z. 1883, p. 494. syn. Hyale var? Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 23. „ Hyale Leech. Proc. Zool. Soc. Lond. 1887, p. 408. » Simoda de l’Orza. Lep. Jap. 1869;—Oberth. Et. Ent. 1886. XI, D: 17. „ Hyale var. Fixsen. Mem. s. 1. Lep. T. III, p. 266. „ Subaurata Butl. Ann. Mag. Nat. Hist. Ser.5, VII, p. 138. 1881. » ? Elwesi Butl. ibid. VII, p. 135. 1881. » Pallens. Butl. Journ. Linn. Soc. Zool. IX, p. 50. 1869; — Lep. Exot., p. 89, t. 34, fig. 3. 1872. „ Lativitta Moore. 12. Colias Nilagiriensis '°°) Feld. Wien. Ent. Mon. III, p. 395. 1859. Hyale var. Elwes Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 23. Erate var. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 454; — Kirby. Syn. Cat.,p. 495. 13. Colias Hyale Linn. F. Suec. p. 272. 1764;—Syst. Nat. I, 2, p. 764.1767;— Godt. Enc. Méth. IX, p. 99. 1819; — Boisd. Sp. Gen. I, p- 650. 1836;—Ochs. Schm. Eur. I, 2, 181;—HS. I, fig. 33, 34;—Frr. Beitr. 547;—Ev. Fauna Volg.-Ur, p. 78. 1844;— Alpher. Troud. Soc. Ent. Russe. VIII. 1874;— Schilde. Stett. Ent. Zeit. 1873, p. 175;—Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 260;— Alphér. Lép. de Kouldjà p. 265;—Gr.-Gr. Mem. s. 1. Lép. I, p. 162; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 23° — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 457. 153) Nilagiriensis (Nilgherriensis) a été décrite avant Poliographus; si les deux formes ne composent qu’une seule espèce, celle-ci doit se nommer ‚var. Nilagiriensis, 294 syn. Palaeno Esp. Schmett. I, 1, t. 4, f. 2. 1777;—Hb. I, f. 433—439. „ Croceus Fourcr. Ent. Paris. II, p. 250. 1785. a) ab. Sareptensis (d'?) Stgr. Cat. p. 5; — Alpher. Troud. Soc. Ent. Russ. VIII. 1874;— Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 260; — Schilde. Stett. Ent. Zeit. 1873, p. 175; — Swinhoe. Trans. Ent. Soc. Lond. 1885, p. 343;—Gr.-Gr. Mém. s. 1. Lép. I. 1884, p. 1623;—Alpher. Lep. de Kouldjä. p. 265. b) ab. Nigrofasciata Gr.-Gr. Mém. s. 1. lép. I. 1884, p. 163. c) ab. Inversa (2) Alph. Horae Soc. Ent. Ross. XVI. 1881, p. 434; Stett. Ent. Zeit. 1883, p. 495. d) var. Alta Stgr. Stett. Ent. Z. 1886, p. 200. e) + var. Marnoana Rogenh. TYPE AVE 14. Colias Chrysotheme Esp. I, 2, t. 65, f. 3, 4, 1781?;—Hb. I, fig. 426—428. 1798; — Boisd. Sp. Gén. I, p. 643, t. VI, fig. 5. 1839; Ico- nes IX, 3,4;—Alphér. Troud. Soc. Ent. Russe. VII. 1874; ibid. X. 1876; —Gr.-Gr. Mém. s. 1. Lép. 1884. I, p. 1(6;— Ochs. I, 2, p. 178;—Godt. Enc. Méth. IX, p. 103. 1819; — Eversm. F. Volgo-Ur. p. 78;—? Morris. Syn. of the descr. Lep. N.-Amer. p. 28. 1862;—? Streck. Lep. Rhop., p. 100. 1874;—Alpher. Stett. Ent. Zeit. 1873, p. 494; —Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 16. a) var. Keewaydin Edw. Butt. North Am. I, t. IV. 1869;—Mead. Wheel. Rep. V, p. 748. 1875;—Edw. Butt. N.-Amer. II, VII, t. IV, fig. 7. 1878. — Streck. Butt. N.-Am., p. 83. 1878; — Elwes Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 16. syn. Chrysotheme Hagen. Proc. Bost. Soc. Nat. Hist. 1883, p. 173. » Eurytheme var. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 454. b) ab. Alba (9) Edw. Butt. N.-Am., t. III, f. 5, 6. 1869; — Strecker. Butt. N.-Amer., p. 83. 1878. < c) Gen. I. Ariadne. Edw. Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 12. 1870; Butt. N.-Am. II, VII, t. IV, f. 1, 2, 3. 1878;—Hagen Proc. Bost. Soc. 1883, p. 173; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p- 16. syn. Chrysotheme Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 83. » Eurytheme var. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 454. d) Gen. IL. Eurytheme Boisd. Ann. Soc. Ent. Fr., p. 286. 1852;—Mor- ris. Syn. of the deser. Lep. N.-Amer. 1862,p. 29; —Reack. Proc. Ent. Soc. Phil. I, p. 136. 1866;—Edw. Butt. N.-Am. I. T. III, p. 169; Proc. Calif. Ac. V, p. 162, 1873; Butt. N.-Am. I, VII, t. IV, £. 8. 1878;—Mead. Wheel. Rep. V, p. 748. 1875;—Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 83;—Hagen. le 16 18. 1 © 295 Proc. Bost. Soc. 1883, p. 173; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 16. syn. Chrysotheme var. Boisd. Sp. Gén., p. 644, 1836. n e) ab f) ab. Amphidusa Boisd. Ann. Soc. Ent. Fr., p. 286. 1852. Edusa Boisd. et. Lee. Lep. Amer. Sept., p. 59. Californiana Men. (Edusa var.) Cat. Mus. Petr. I, p. 80. 1855. Chrysotheme Boisd. et Lec. Lep. Amer. Lept., p. 62. Keewaydin Edw. Butt. N.-Amer. I, p. 47, t. 15. Ariadne Edw. Trans. Amer. Ent. Soc. II. 12. . Alba (2). Edw. Butt. N.-Am., t. II, Col., f. 5, 6. 1869. Flava (2). Strecker. Butt. N.-Am. 1878, p. 83. TYPE VI? . Colias Aurivillius Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 457. GROUPE 2. Tv PRE VITE . Colias Sieversi Gr.-Gr. Mém. s. L lep. T. III, p. 397; ibid. T. IV. Pl. II, f. 3 a, b, c. p. 324. GROUPE 3. AVR TX . Colias CoeandieaErsch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll. 1874, p. 6, t.1, fig. 3;— Gr CR AMÉMS All TRV., Bl: III fo "Na DC p.026: Colias Behrii Edw. Proc. Ent. Soc. Phil. VI, p. 201. 1866; Butt. N.-Am. I, t. 2, Col. 1868; — Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 84; Hagen. Proc. Bost. Soc. 1883, p. 176;—Keferst. Verh. Zool.- bot. Wien. 1883, p. 455; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, 6. syn. Nastes var. Elwes Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137. . Colias Nastes Boisd. Ie., t. 8.1832;—Godt. Dup. Suppl. Lep., I, t. 15. 1832; — Boisd. Spéc. Gen. I, p. 648. 1836;—HS. I, t. 7, fig. 37, 38 (1843); t. 84, fig. 401 — 402 (1843); — ? Wallengr. Skand. Dagf., p. 142. 1853;—Möschl. Wien. Ent. Mon. IV, p. 354, t. 9. 1860 (aberr.); — Morris. Syn. of the deser. Lep. N.- 296 Amer. 1862, p. 30;—Edw. Butt. N.-Amer. II, t. I, 1874;— Streck. Butt. N.-Am. 1878, p. S4;—Stgr. Stett. Ent. Z. 1866, p. 45;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien, 1883, 456;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137; ibid. 1884, p. 13;— Hagen. Proc. Bost. Soc. 1883, p. 176. syn. Hyale var. Warneburg. Stett. Ent. Zeit. 1865, p. 272. a) var. Rossii Guenée. Ann. Soc. Ent. Fr., p. 199 — 200. 1864; — Stgr. Cat., p. 5; — Streck. Butt. N.-Am., p. 84; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137. syn. Nastes var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6. b) var? Melinos '°*) Eversm. Bull. Moscou. 1847. III, p. 72, t. 3, fig. 3—6;—Brem. Lep. Ost.-Sib., p. 10; — HS. fig. 624— 627; — Stgr. Stett. Ent. Z. 1865, p. 46;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien: 1883, p. 457;—Alph. Stett. Ent. Z. 1883, p. 494— Graeser. Berl. Ent. Z. 1888. XXXII, p. 69;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880. 137; ib. 1884, p. 6. syn. Chloë (3‘) Ev. Bull. Mosc. 1847. T. 4, fig. 1, 2, p. 73 (pro parte). Nastes var. d. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 457. ce) var? Werdandi Zett. Ins. Lap., p. 908; — Wallengren. Skand. Dagf. 1853, p. 142;—Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 45; Cat., p. 5;— Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 456;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137; ibid. 1884, p. 6. syn. Palaeno var. Werneb. Stett. E. Z., p. 272. 1865. 20. Colias Phicomone Esp. I, 2. T.56, 1. 2. 1780;—Hb. I. fig. 436, 437. 1798— 1803;—Godt. Enc. Méth. IX, p. 100. 1819; — Boisd. Spee. Gén. I, 649. 1836; — HS. I. fig. 399, 400. 1848; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883. 456. syn. Vautieri 2°) (3) Boisd. Spéc. Gén., p. 649. 1836 (pro parte). „ Hyale var. Werneb. Stett. E. Z. 1865, p. 272. » ? Helice Godt. Lép. Fr. II, t. 4, fig. 4. 1822. 154) ]] serait le plus juste de placer la C. Melinos Ev. et la C. Werdandi Zett. d’une manière tout-à-fait indépendante dans le systeme des espèces de ce groupe, comme ces deux formes sont assez différenciées, très caractéristi- ques et qu'il n'y a pas parmi elles autant que je sache, de formes transitoires à Nastes. - 155) Ch. Oberthür dans la lettre mentionnée ci-dessus (rem. 145) indique à M. Alpheraky V’erreur de Boisduval, qui décrit la C. Phicomone & comme la ©. Vautieri & Guérin; en vue du grand intérêt de cette communication nous croyons pouvoir profiter de l'indication de Ch. Oberthür et mettre Vau- tieri au nombre des synonymes de la ©. Phicomone. as : fi ] % 297 II BIHERE 21. Colias Boothii '°*) Curtis Ross. 2. Voy. App. Nat. Hist., p. LXV, t. A, f. 3—5. 1835;—? HS. I, 36, 40. 1841;—Guen6e. Ann. Soc. Ent. Fr. 1864, p. 198; — Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 47; — Strecker. Butt. N.-Am., p. 84; — Keferst. Verh. zool.-bot. 1883, p. 457 (pro parte); — Hagen. Proc. Bost. Soc. 1883, p- 176. syn. Edusa var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136. „ Nastes var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6 et 25. a) ab. Chione Curtis ibid., p. LXVI, t. A, fig. 6. 1835; —Guenee. Ann. Soc. Ent. Fr. 1864, p. 198; — Streck. Butt. N.-Amer., p. 84. 1878. 29. Colias Hecla ’) Lef. Ann. Soc. Ent. Fr. 1836, p. 383. T. 9;—Kirby. Man. Eur. Butt., p. 17. 1862;—Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 47;— Streck. Butt. N.-Amer. 1878, p. 83; — Zett. Ins. Lapp., p. 908; — Guenée. Ann. Soc. Ent. Fr. 1864, p. 198; — Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 493; — Hagen. Proc. Bost. Soc. 1833, p. 176;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6. syn. Edusa var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 176. » Boothii Boisd. Gen. Ind. Méth. 1840, p. 7;—HS. I, f. 459, 460. 1843;—Wallengr. Skand. Dagf., p. 139. 1835; —? Holmgr. Af. Vet. Acad. Förh. Stockh. XXIX, p. 105, t. 6. Chrysotheme var. Werneb. Stett. Ent. Z. 1865, p. 272. ” 156) Je ne sais rien sur la Col. Moina Streck.—Chez Elwes (Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6) elle est placée au nombre des variétés probables de la ©. Nastes, à côté de Boothii Curt. 157) Al. Lefebvre a décrit la C. Hecla d’après des exemplaires de Groön- land (quoiqu'il supposait, qu'ils venaient d’Islande). Les exemplaires de la Laponie présentent, à ce qu'il paraît, des différences sensibles de ceux-ci: 1) une coloration bien plus claire du dessous des deux ailes; 2) une colora- tion bien plus claire du dessus des ailes postérieures des 2 2; 3) ordinai- rement un limbe plus large et uni des ailes antérieures des &' &', lequel chez les exemplaires du Groënland est non-seulement plus arqué, mais entre- coupé de nervures jaunes, et enfin, 4) le revers des ailes antérieures des SZ non saupoudré de noir. N'ayant en ma disposition que peu d'exemplaires du Groënland, je ne puis juger, jusqu'à quel point ces différences sont con- stantes et ce n’est que dans le cas, qu’elles se trouveraient être réellement assez constantes que je proposerais de distinguer la variété de Groënland comme var. Zetterstedti m. Les Hecla de Groönland se rapprochent plus de la Col. Boothii que celles de la Laponie. 298 syn. Myrmidone var. b. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452. a) var. Glacialis M’Lachlan. J. Linn. Soc. Zool., 14, 108. 1879. b) var. Hela Strecker. 93. Colias Eogene Feld. Reise Nov. Lep. II, p. 196, t. 27, f. schoff. Lep. in it. Fedtsch. coll. 1874, p. 6; Ent. Soc. Lond. 1884, p. 13. syn. Myrmidone var. a. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452. „ Edusa var. Fieldii Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136. a) ab. Cana (2) Gr. Gr. Mem. s. 1. lep. T. IV. p. 333. b) var. Erythas Gr.Gr. Mem. s. 1. lép. T. IV. p. 332. c) var. Elissa Gr. Gr. Mém. s. ]. lep. T. IV. Pl. V,fig.1a(&),b,c (2). p. 332. d) var. Stoliezkana Moore. Ann. Mag. Nat. Hist. 1878, p. 229; Scient. Res. 2. Yark. Miss.1879, p. 4. T. I, f. 1(&);—Alph. Mém. s. 1. lép. T. II. 1887, p. 404; ibid. T. V, p. 74. Pl. IV, É Als, hie, d. syn. Stoliezkanus Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 13. e) var? Arida Alph. Mem. s. 1. lép. T. V, p. 76. 94. Colias Staudingeri Alph. Lép. de Kouldjä, p. 368. T. XIV, £.3, 4; Stett. E. Z. 1883, p. 493; — Romanoff. Hor. Soc. Ent. Ross. T. XVII. 1882, p. 130. syn. Myrmidone var. d. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453. » Eogene var? Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6 et 14. a) var. Pamira Gr. Gr. Mem. s. 1. lép. T. IV. Pl. IV,f.2a,b, c. p. 334. 95. Colias Regia Gr.Gr. Mem. s. 1. lép. T. III, p. 398; ibid. T. IV. Pl. V, L7373,1b2.CHp2 395: 7. 1865; — Er- —Elwes. Trans. TYPE XI. 96. Colias Ladakensis Feld. Reise Nov. Lep. II, p. 197. T. XXVIL, £. 8, 9;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond., p. 24. 1884. syn. Shipkee Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 492. T. XXXI, fig. 13. „ Phicomone var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137. TYPE XII. 27. Colias Montium Oberth. Et. d’Ent. XI. 1886, p. 16. Pl. VI, f. 1. TYPE X. 28. Colias Alpherakii Stgr. Berl. Ent. Z, XXVI. 1882. 164;—Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 494;—Elwes. Trans. E. Soc. Lond. 1884, p. 23;— Gr. Gr. Mem. s. 1. lép. T. IV. Pl. II, f. 2, a, b, c. p. 337. syn. Nastes var. c. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien, p. 456. 1883. 30. 31. 32. 33. 34. 35. TSEIESRIV . Colias Christophi Gr. Gr. Mém. s. 1. lép. T. II, p. 220; ibid. T. IV, Pl. AVS MNA D CD 1840 GROUPE 4. JET II) VE Colias Foro Ld. Hor. Soc. Ent. Ross. VI, p. 75. T. 4, f.1, 2. 1869; — Christ. Hor. Soc. Ent. Ross. X. 1872, p. 20;—Alph. Stett. Ent. Z. 1883, p. 494; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 457; —Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137; ibid. 1884, p. 6. TAYSPIR EXVITE Colias Erschoffi Alph. Lép. de Kouldjà, p. 362. T. XIV, f. 1, 2—Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 494. syn. Aurora (2) Alph. Lép. de Kouldjà, p. 375; — Romanoff. Hor. Soc. Ent. Ross. 1882. XVII. Pl. II, fig. 5. „ Alpherakii var? Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6. Colias Romanovi Gr.-Gr. Mém. s. 1. lep. T. III, p. 398; ibid. T. IV. PIRE 2 a D Cp 319) GROUPE 5. LOF XVI Colias Ponteni Wallengr. Wien. Ent. Mon. 1860, p. 33;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 457. Colias Imperialis Butl. Proc. Zool. Soc. Lond. 1871, p. 250, T. XIX.f. 2; — (var. praec.?) Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137; ibid. 1884, p. 6;—Reed. Mariposas Chilenas. 1877, p. 16. GROUPE 6. TYPE XVIII. Colias Thisoa Mén. Cat. vais. p. 244. 1832; Cat.-Mus. Petr. I, p. 78. T. I, f. 6, 1855;—Boisd. Spéc. Gén. I, p. 636. 1836;—Stgr. Stett. 300 E. Z. 1866, p. 49—? Led. Ann. S. Belg. XIII, p. 20—21. T. 1, £. 1, 2; — Alph. Lép. de Kouldjà p. 373; ibid. App. p. 433:—Stgr. Berl. Ent, Z.XXVI. 1882, p.167. Bem. 1;— Romanoff. Horae Soc. Ent. Ross. XVII. T. IL, £. 1, 2, p. 130;— Alph. Stett. Ent. Z. 1883, p. 493;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 6. syn. Eos HS. VI, p. 22, f. 395, 396 9 ; — Stgr. Stett. E. Z. 1866, p- 43 —Romanoff. Hor. Soc. E. Ross. XVII. p. 129. » Myrmidone var. Chr. Horae Soc. E. Ross. X. 1872, p. 21; — Stgr. Stett. E. Z. 1881, p. 260; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452. „» Myrmidone ab. Werneb. Stett. E. Z. 1865, p. 272. „ Edusa var. Elwes. Trans. Ent. Soc. 1880, p. 136. » Aurorina ab.? Erschoff. Cat. des lép. de la Russie. Troudy. Soc. E. R. IV. 1870, p. 191, rem. 7. a) var. Aeolides Gr.-Gr. Mém. s. 1. lep. T. IV. p. 346. TYPE XIX. 36. Colias Viluiensis !°°) Men. Bull. Acad. Petr. XVII, p. 213. 1859; Schrenk’s Reis. Amur. Bd. II. Lep. 1859, p. 18. T. 1, £. 7;— Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 493. syn. Aurora var. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452. GROUPE 7. TAYAIPIRTEXXE 37. Colias Lesbia F. Syst. Ent. p. 477. 1775; Donovan Nat. rep. II. Tab. 50. 1824;—Boisd. Spéc. Gén. I, p. 640. 1836;—Butl. Cat. Fabr. T. 2, f. 2. 1870;—Berg. Bull. Mose. 1876, p. 198;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 137 et 141;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1383, p. 453; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 13. syn? Pyrrothea Hb. (Colotis Pyrrothea). Samml. Exot. Schmett. 1816—1836;—Boisd. Spee. Gén. 1, p. 640. 1836;—Keferst. +) Il se trouve dans la collection de M. Alphéraky un type 2 de la ©. Viluiensis de l'Orza (Lép. japon. p. 16. 1869). C’est une des formes de Po- liographus Motsch. Alphéraky suppose que c’est Æuwrytheme ou bien une forme, qui lui est proche. 301 Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453; — Capr. Ann. S. Ent. Belg. XVII, p. 12, 13. 1874. a) var? Heliceoides Capr. ibid. 33. Colias Aurora Esp. I, 2, t. 83, f. 3. 1783; — Boisd. Sp. Gén. I, p. 641; — Icon. T. VII, f. 1—4. 1832; —Ev. Bull. Mosc. 1837, p. 25;— HS. I, f. 204, 205. 1844; fig. 405, 406. 1848; — Men. Cat. Mus. Petrop., p. 81 et 100, t. VIII, f 1, 2. 1855; — Dup. Suppl. I, 6, 45. 1832; — Treitschke. Schm. Eur. X, 1, 91. 1834;—Ochs, I, 2, 176. 1308;— Bremer. Lep. Ost-Sib. p. 9. 1564;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452; — El- wes, Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 5; — Graeser. Berl. Ent. Z. XXXII, p. 69. 1888. . Heos Herbst. Nat. Schm. V, t. 114, f. 5, 6. 1792. Sibirica Led. Verh. zool.-bot. Wien. 1853, p. 18. Edusa var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136. Myrmidone var. Werneb. Stett. E. Z. 1865, p. 272 . Chlo& (2) Ev. Bull. Mose. 1847. T. IV, f. 3, 4, p. 73 (pro parte);— HS. I, f. 457, 458. 1850;—Brem. Lep. Ost-Sib. p. 9. 1864;— Stgr. Stett. E. Z. 1862, p. 258; ibid. 1866, p. 19;—-Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452:—Graeser. Berl. E. Z. XXXII. 1888, p. 69. GROUPE 8. TYPE XXI. 39. Colias Myrmidone Esp. I, 2, t. 65, f. 1, 2. 1780; —Hb. I, f. 432, 433. 1798—1803;—Dup. Lep. Er. a) I, t. 14, f3— D: 1839:— Boisd. Sp. Gén. I, p. 637. 1836; —Gartn. Wien. Ent. Mon. p- 306. 1861;—Boisd. Ic. 9. 1, 2; — Treitschke. X, 1. 91. 1834; —Zell. Isis. 1847. S. 229—233;—Werneb. Stett. E. Z. 1865, p. 272; — Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 47; — Romanoff. Hor. Soc. Ent. Ross. XVII. 1882. T. II, f. 4; —Ev. Fauna Volgo-Ur. 1844, p. 77; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452; — Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 193; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 5. syn. Edusa var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136. a) ab. Alba (2) Stgr. Cat. 1871, p. 6. syn. Myrmidone ab. HS. f. 393, 394, t. 81. b) var. Ermak Gr.-Gr. in. litt. 1), 15) Var. fere duplo major. As antieis latioribus; subtus macula cen- trali permagna. 302 je 40. Colias Olga Romanoff. Horae Soc. Ent. Ross, 1882. T. XVII, t. IV, f. 1—4, p. 127—134; Mém. s. 1. Lép. T. I, p. 46;—Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 493;— syn. Myrmidone var? Led. Ann. Soc. Belg. XII, p. 20. var. Caucasica Stgr. (Myrmidone var?) Cat. p. 6;—Christ. Hor. Soc. Ent. Ross. 1877. XII, p. 198. „ Aurora var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 5. 41. Colias Fieldii Men. Cat. Mus. Petr. I, p. 79, t. I, fig. 5. 1855;—Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 49;—Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 492;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 7; — ibid. 1888, p. 414;— Oberth. Et. d’Ent. IX. 1886, p. 17. syn. Edusa? Gray. Lep. Nepal. t. 5, f. 2. Edusa var. Werneb. Stett. E. Z. 1865. 272;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136. var. Myrmidone Moore (Edusa var.). Proc. Zool. S. Lond. 1865, p. 292. » Myrmidone Koll. Hügels Kaschmir. p. 411;—Elwes. Proc. Zool. S. Lond. 1882, p. 401. Aurora var. c. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. p. 452, 1883. »” ” TYPE XXII. 42. Colias Edusa Fabr. Mant. Ins. II, p. 23. 1787;—Ochs. I. 2, p. 173. 1808; — Godt. Ene. Meth. IX, p. 101. 1819;—Boisd. Spéc. Gen. I, p. 638; — Eversm. Fauna Volg.-Ur., p. 77. 1844; — Borkh. Rhein. Mag. 1793. I. 231; — Werneb. Stett. E. Z. 1865. 272;— Zell! Isis. 1847, p. 229; — Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 47;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 5;—Alphér. Troudy Soc. Ent. R. VII, — Gr. Gr. Mem. s. 1. lep. I, p. 166; — Romanofi. Mem. s. I. lép. I, p. 47;—Fitch. Entomologist. XI. 1878, p. 49. syn. Croceus Fourcr. Ent. Par. II, p. 250. 1785. Electra Lew. Ins. Britt. I, t. 31. 179. Hyale Esp. I, 1, t. 4, f. 3 (1777); t. 26, f£. 3 (1778);—Hb. I. £. 329—331. ? Hyale var? (2)? Esp. I. 2, t. 66, f. 1. (1780);—Brkh. Naturg. Eur. Schm. I, 119, 254 (1788), II, 213 (1789). Chrysotheme Steph. Brit. Ent. Haust. I, p. 11, t. 2, f. 1, 2. 1827. Myrmidone Westw. Brit. Butt., p. 130, t. 42, f. 1—3. 1841. Helena HS. Eur. Schm. I, f. 206, 207 (1844); —Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 48; —Werneb. (Edusa var.) Stett. E. Z. 1865. 272. » ” 303 a) ab. Helice (2) ‘%) Hb. f. 440, 441 (1798—1803);—Haw. Lép. Brit. p. 12. 1803;—Ochs. I, 2. 176. 1808;—Stgr. Stett. E. Z. 1881, p. 260;—Alpher. Troudy Soc. Ent. R. 1874. T. VIII, —Gr. Gr. Mem. sl. lép. T. T. p. 166. syn. Edusa alba. Haw. Prodr. Lep. Brit., p. 2. 1802. „ Hyale var? Esp. I. 2, t. 66, f. 1. 1780. 43. Colias Electra Linn. Syst. Nat. I.2, p. 764. 1767;—Godt. Enc. Meth. IX, p. 102. 1819; — Boisd. Spéc. Gen. I, p. 637. 1836; — Trim. Rhop. Afr. Austr., p. 71 et 332. 1862 — 1866; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453;—Alphér. Stett. E. Z. 1883, p. 490;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 5. syn. Hyale Cram. Pap. Ex. IV, t. 351. E. H. 1782. „ Palaeno 2. Cram. Pap. Ex. IV, t. 340. A, B. 1782. „ Edusina Feld. Wien. Ent. Mon. IV, p. 100. 1860. » Edusa var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136. GROUPE 9. TYPE XXIM. 44. Colias Aurorina HS. (Kind?). I. f. 453—456. 1850;—Stgr. Stett. E. Z. 1862, p. 259; — Led. Hor. Soc. Ent. Ross. VI. 1869, p. 74; ibid. 1871. t. I, 1; Ann. Soc. Belg. XII, p. 19;—Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 48; — Chr. Hor. Soc. Ent. Ross. 1872. X. p. 22;—Romanoff. Hor. Soc. Ent. Ross. 1882. XVII, p. 129;— Alpher. Stett. E. Z. 1883, p. 492; —Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 5;—Romanoff. Mem. s. 1. Lep. I, p. 47. syn. Myrmidone var? 11) Romanoff. Mém. s. 1. lép. I, p. 46; Hor. Soc. Ent. Ross. XVII, p. 129, 131. 150) M. Ch. Oberthür dans le Bull. d. 1. Soc. Ent. Fr. décrit une var. (ab.?) $—Helicina; je ne me charge pas de décider si cette forme (inter- mediaire entre le type et l’ab. 2 Helice, comme dit l’auteur) mérite une place indépendante dans la classification du genre ou bien si elle doit être mise au nombre des synonymes du type. 151) La ©. Myrmidone ne vole pas au Caucase; elle y est remplacée par la C. Olga. Selon des informations prises elle ne vole non plus en Perse, quoique M. Christoph la place au nombre des espèces, qu'il a amenées de la Perse septentrionale (Horae Soc. Ent. Ross. 1872. X). Dans les deux cas cette détermination n’est pas juste. Dans le premier cas nous avons à faire à Au- rorina, et dans le second probablement à Thisoa ZI, que M. Christoph prétend ne pas avoir trouvé, quoiqu'il ait amené des 2 2, qu'il rapporte à cette aberration de Myrmidone, comme il le supposait dans le temps. 304 syn. Tamara Nordm. Bull. Mosc. 1851, p. 413, t. 11, £. 2, 3 (2); — Stgr. Cat. 1861, p. 3. Chrysocoma Eversm. Bull. Mosc., p. 622. 1851; — Freyer. N. Beitr. VI, t. 566, f. 1, 2. 1854; — Men. Cat. Mus. Petr. I, p. 80. 1855. » Antedusa Boisd. „ Edusa var. Werneb. Stett. E. Z. 1865, p. 272; —Elwes. Trans. E. Soc. Lond. 1880, p. 136. „ Aurora var. a. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452. » ? Thisoa HS. Nachtr. z. 1. Bde, p. 22. Suppl. 3. Olga aberr. Romanoff. Hor. Soc. Ent. Ross. 1882. XVII. Pl. I. f. 4 © aberr. a) var. Libanotiea Led. Wien. Ent. Mon. 1858, p. 140, t. 2, f. 1, 2; — Stgr. Stett. E. Z. 1862, p. 260; 1866, p. 48; Hor. Soc. Ent. Ross. 1870, p. 41;—Chr. Hor. Soc. E. Ross. 1872;—Alphér. Stett. E. Z. 1883, p. 492. syn. Myrmidone var. Werneb. Stett. E. Z. 1865, p. 272. Aurora var. b. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452. b) var? Heldreichi Stgr. Stett. E. Z. 1862, p. 257;—Mill. Icon. I, p. 335. Pl. 40, f. 1-4;—Stgr. Stett. E. Z. 1866, p. 48:—Alph. Stett. E. Z. 1883, p. 492;—Stgr. Cat., p. 6 (diagn.). syn. Edusa var. Werneb. Stett. E. Z. 1865, p. 272. „ Aurora var. d. Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 452. c) var. Transcaspica Chr. Mém. s. 1. Lep. T. V, p. 4, Pl. I, f. 1. syn. Aurorina Chr. Mém. s. 1. Lép. I, p. 101. 45. Colias Chlorocoma Chr. Horae Soc. Ent. Ross. XXII, p. 308; Mém. s. 1. ep I. Vz En. 193 PILE ie ia pic de GROUPE 10. TYPE XXIY. 46. Colias Wiscotti Stgr. Berl. Ent. Z. XX VI. 1882, p. 166. T. II, fig. 9, 10; — Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453; —Elwes. Trans. Ent. Soc. 1884, p. 5. a) ab. Leuca (2) Stgr. Berl. Ent. XX VI. 1882, p. 167; — Alph. Stett. Ent. Z. 1883, p. 494. b) var. Separata Gr. Gr. Hor. Soc. Ent. Ross. XXI. 1888, p. 305; Mém. s. 1. Lep. T. IV. PL IV. f 3 a, b. p. 349. c) var. Chrysoptera Gr. Gr. Hor. Soc. E. Ross. XXII, p. 305; Mem. sl Lepr -T.EIV.2p.351: 47. ? Colias Leucotheme Gr. Gr. Mém. s. 1. Lep. T. IV. p. 351. 305 GROUPE 1. TYPE XXY. 48. Colias Vautieri Guér. Voy. Coqu.,t. 15, f. 2 (2) 1829; — Blanch. Gay. Fauna Chil. VIT, p. 18. 1852;—Boisd. Sp. Gen. p. 649 pro parte (2 );—Reed. Maripos. Chil., p. 15. 1877;—Butl. Trans. Ent. Soc. Lond. 1881, p. 470; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 142; ibid. 1884. p. 9;—Keferst. Verh. zool.- bot. Wien. 1883, p. 453. syn. Rutilans (4) Boisd. Sp. Gen., p. 642. Pl. 19, fig.3 (4 );—Blanch. Gay. Fauna Chil. VII, p. 18, t. I, f. 7 a,b;—Reed. Mari- posas Chil. t. I, fig. 3, 4; — Butl. Trans. Ent. Soc. Lond. 1881, p. 470. Flaveola Blanch. Gay. Fauna Chil. VII, p. 19, t. IL. f. 6 a, b, 1852:—Reed. Marip. Chil. 1877, p. 18;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 142. a) gen. I? Minuscula Butl. Trans. Ent. Soc. Lond., p. 470. 1881, p. XXI, f. 11;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 9—11. b) var? Cunninghamii Butl. Trans. Ent. Soc. Lond. 1881, p. 471; — Elwes Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 10. ” GROUPE 12. TYPE XXVI. 49. Colias Meadii Edw. Trans. Am. Ent. Soc. III, p. 267. 1871; Butt. N.-Amer. I, t. VIII, f. 69. 1872; — Mead. Wheeler’s Rep. V, p. 750. 1875;— Zeller. Stett. Ent. Z. 1874, p. 437; — Streck. Butl. N.-Am. 1878, p. 83;—Hagen. Proc. Bost. Soc. 1883, p. 175;— Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883,.p. 453;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 8. syn. Boothii var. Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 136. GROUPE 13. DYBE XRVI. 50. Colias Dimera Doubleday. Genera Diurn. Lep. t. 9, f. 3 (2) 1847; — Streck. Lep. Descript. a. coloured ill. Read. P. 1873? t. 4 20 306 f. 3, 4 ( 2);—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 143:— Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 12. syn. Erythrogramma Koll. Denksehr. Acad. Wiss. Wien. Math. Nat. CI°T p: 363..t. 45, f. 13, 142 1850. a) j var.?ansp. ? Euxanthe'°) Feld. Reise Novara. II, p. 196. 1865;— Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1880, p. 143;—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453; — Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 12. b) + syn. praec.? var.? Dinora. Kirby. Trans. Ent. Soc. Lond. 1881, p. 358;—Elwes. Trans. Ent. Soc. Lond. 1884, p. 12. c) j var.? ab.? Semperi Streck. Lep. Deser. ill. Read. 1873, t.4, f.3, 4 (2).—Keferst. Verh. zool.-bot. Wien. 1883, p. 453 155). 12) A en juger d'aprés la diagnose, Huxanthe et Dimera sont identi- ques; cependant en la décrivant, Felder, à ce qu’il paraît, connaissait la Col. Dimera, comme il distingue Æuxanthe de cette dernière dans les termes suivants: „Mit Col. Erythrogramma (Dimera Doubl.) verwandt, aber grösser, die Flügel länger und breiter, die Hinterflügel im Innensaume kürzer, am Innenwinkel gerundet“. Comme il n’avait qu'un seul exemplaire & à sa dispo- sition, nous ne savons pas ce qui l’a décidé à faire de cette forme une espèce séparée; nous supposons cependant si toutes les différences des deux espèces se bornent à ce quia été indiqué plus haut, ces motifs sont loin d’être suffi- sants pour une semblable séparation. 163) Dans cette liste ne sont pas mentionnées: 1) Colias Xenodice Feld. Il existe deux diagnoses de cette espèce: l’une plus détaillée dans la Wien. Ent. Mon. III. 1859, p. 394, l’autre ibid. V, 1861, p. 83. Cependant, malgré la clarté de la description, il est difficile de se faire une représentation exacte de cette espèce, laquelle, selon Felder: „a ©. Edusa praecipue alis anticis longioribus et apice acutioribus, limbo alarum anticarum S-is intus regu- lariter denticulato, posticarum multo latiore, maculis discalibus minoribus coloreque lactiore differt“ et est répandue depuis le Mexique jusqu’au Illinois. Probablement, c’est Burytheme, comme en Amérique ne vole aucune forme qui se rapproche d’Edusa. C’est cependant singulier qu’aueun des lépidopté- rologues américains, tels que Edwards, Strecker, Hagen, etc., ne fait nulle part mention parmi les synonymes d’Zurytheme aussi de la Xenodice Feld. Nous attribuons ceci néanmoins à leur négligence, comme nous n’avons trouvé nulle part dans la littérature des Coliades d'Amérique des indications plus exactes sur la C. Xenodice. Une 2 qui répond parfaitement à la description de Felder, se trouve dans ma collection sous le nom de Eryphile (?); 2) Colias Tyche Boeber. M&m. Moscou. 1812. II, p. 21. T. I, £. 3, 4— qui m'est tout-à-fait inconnue, En terminant cet aperçu, nous ferons observer que le groupement des espèces, mentionné ci-dessus, est un progrès dans la classification exacte du genre; aussi espérons-nous que la méthode d'exploration, adoptée ici, sera appliquée dans des elaborations plus détaillées de l'union générique dans d’autres groupes du règne animal. Rétablir la connexion entre les événements passés et la distribution géographique actuelle des organismes animaux, n'est ce pas le but de tous les naturalistes de notre époque? Une fois ce but atteint, ne nous éléverons-nous pas à la hau- teur d’où nous pourrons apercevoir l’enchainement infini des faits depuis les époques les plus reculées jusqu'à nos jours? Peu importe quand le moment viendra, si toutefois il vient, où le voile tombera et où l’homme contemplera ce tableau caché encore à ses regards! Nous travaillons pour satisfaire notre amour pour la science et nous y trouvons la retribution de nos peines. Le présent aperçu de la distribution géographique du genre Colias exige une grande attention; nous avons cru nécessaire de dresser le tableau suivant pour en faciliter la lecture. 20* 308 Tableau chronologique des modifications de la configuration et du el 0 crétacée jusqu’à nos jours, par rapport aux migrations da: Transmigrations des types d'animaux et leur sort Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet dans la suite So La mer de la formation crétacée supérieure submerge Russie méridionale à l'exception de la zone des granits de la Russie et des îles formant actuellement le Caucase Crimée. Un peu plus tôt, à l’époque du Gault, l’Elbours pr déjà une zone de montagnes séparée; cependant au co ment de l’époque tertiaire sa dimension diminue consi ment. D En même temps se redresse aussi le système de Caucase Crimée-Kopet-dagh, dont plusieurs parties se sont formées déj pendant l’époque jurassique et au commencement du cré La mer se retire sensiblement. Vers le milieu de l’époque éocène, la mer reprend pr ses anciennes dimensions et se trouve en union immédiat. les océans Atlantique, Polaire et Indien. Les groupes d’Elbours et de Kopet-dagh restent encore $ parés. | iu Pamir-Thibet et des contrées limitrophes, depuis la fin de l’époque | x wefois des types des animaux du Pamir à l’Est et à l’Ouest. Transmigrations Territoires à l'Est Le Pamir-Thibet des types des animaux et du Pamir-Thibet ö leur sort dans la suite A la fin de la période mésozoïque le Pa- ir-Thibet presente une ile, dont la surface a à peu pres 70,000 lieues carrées et une| Slévation qui ne dépasse pas 1,000 à 1,500 p. “ Quoique les montagnes existent elles sur- passent comparativement peu le niveau des, allées et,à de rares exceptions près atteignent ou dépassent la ligne des neiges éternelles, laquelle, grâce à l'humidité du climat, est [moins élevée qu'à présent. Vers la fin de l’époque, les procès tecto- ‚niques se renforcent et se manifestent par la formation des plis dans la direction des pa- rallèles avec courbes vers le Sud. L’altitude des montagnes augmente pro- portionellement. (l D org | Le Pamir-Thibet garde, en général, ses particularités et continue à rester tout-à-fait | séparé. Pendant toute la durée de l’époque kéno- zoïque le mouvement de la croûte terrestre ne cesse pas, et pendant l’époque tertiaire les procès tectoniques atteignent partout une force immense. Les chaînes nouvellement formées s’entas- sent dans la direction des lignes de disloca- | tion antérieures. an Zu + on SO VPT LT DS PDT ITS LS DO, AU DRE Sn 308 Tableau chronologique des modifications de la configuration et du relief crétacée jusqu’à nos jours, par rapport aux migrations d’au Transmigrations des types d’animaux et leur sort Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet dans la suite La mer de la formation crétacée supérieure submerge la Russie méridionale à l'exception de la zone des granits au Sud de la Russie et des iles formant actuellement le Caucase et la Crimée. Un peu plus tôt, à l’époque du Gault, l’Elbours présente déjà une zone de montagnes séparée; cependant au commence- ment de l’époque tertiaire sa dimension diminue considérable- ment. En même temps se redresse aussi le système de Caucase- Crimée-Kopet-dagh, dont plusieurs parties se sont formées déjà pendant l’époque jurassique et au commencement du crétacé. La mer se retire sensiblement. Vers le milieu de l’époque éocène, la mer reprend presque ses anciennes dimensions et se trouve en union immédiate avec les océans Atlantique, Polaire et Indien. Les groupes d’Elbours et de Kopet-dagh restent encore sé- parés. Br > u nie 16 309 du Pamir-Thibet et des contrées limitrophes, depuis la fin de l’époque trefois des types des animaux du Pamir à l'Est et à l'Ouest. Le Pamir-Thibet A la fin de la période mésozoïque le Pa- mir-Thibet présente une île, dont la surface a à peu près 70,000 lieues carrées et une élévation qui ne dépasse pas 1,000 à 1,500 p. Quoique les montagnes existent elles sur- passent comparativement peu le niveau des vallées et,à de rares exceptions près atteignent ou dépassent la ligne des neiges éternelles, laquelle, grâce à l'humidité du climat, est moins élevée qu'à présent. Vers la fin de l’époque, les procès tecto- niques se renforcent et se manifestent par la formation des plis dans la direction des pa- rallèles avec courbes vers le Sud. L’altitude des montagnes augmente pro- portionellement. Le Pamir-Thibet garde, en général, ses particularités et continue à rester tout-à-fait séparé, Pendant toute la durée de l’époque kéno- zoique le mouvement de la croûte terrestre ne cesse pas, et pendant l’époque tertiaire les procès tectoniques atteignent partout une force immense. Les chaînes nouvellement formées s’entas- sent dans la direction des lignes de disloca- tion antérieures. Territoires à l'Est du Pamir-Thibet Transmigrations des types des animaux et leur sort dans la suite a "this | Transmigrations des types d'animaux et leur sort Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet dans la suite | { | 1 Î | | Les montagnes de la Crimée, du Caucase et du Kopet-d atteignent la hauteur actuelle, en même temps qne s’entas le Balkan, les Karpathes et les Alpes. A la fin de l'oligocène, le bassin Aralo-Caspien est sé de l'Océan à l'Est, au Nord et à l'Ouest; - Mais à l’époque du miocène moyen elle se réunit de avec la Méditerranée à l’aide d’une manche étroite I. | Le premier flot des émigrés | pentes septentrionales du Caucase et de la Crimée et du Pamir atteint le Caucase. bassin d’eau, occupant la Galicie d'à présent, la P | Volhynie, la Bessarabie, et se réunissant à son tour Austro-Hongrois. 5 Le Pamir-Thibet L’Himalaya et le Thian-Chan s’entassent. | ue Pamir se redresse assez considérablement | ur toute son étendue; rers la fin de l’époque ce redressement s’effec- ue avec le plus de force à l’est, où les dé- »öts du tertiaire inférieur forment les crêtes | le chaînes de second ordre et se trouvent | à présent à une hauteur absolue de 11,000 p. | Le bras Ferghana-Kachgar, qui réunis- | sait le Han-Hai avec la mer Turkestan dis- | yarait complètement, Le Thian-Chan se réunit | au Pamir-Thibet. | En même temps cependant, à l'Ouest, le Pamir-Thibet est encore baigné par la mer miocène de Bengal-Iran. Le Pamir-Thibet est uni à V’Elbours. Territoires à l'Est du Pamir-Thibet Apparaît la digue qui sépare le Han-Haï du Grand Océan et qui réunit pro- bablement le Pamir-Thi- bet tant à la Sibérie orien- tale qu'à l'Amérique sep- tentrionale. Les mouve- ments delacroûte terrestre | sont aussi très forts ici. S’entassent les Andes et apparaît la digue qui réu- nit l'Amérique du Sud à celle du Nord. | Mais ce n’est pas pour longtemps; à l’époque du miocène il disparaît de Transmigrations des types des animaux et leur sort dans la suite Première migration des | types du Pamir-Thibet | (les anciens types des Co- liades et quelques repré- sentants du genre Parnas- sius: Tenedius, Bremeri.) Transmigration dequel- | ques types du genre Co-| lias le long des chaînes nouvellement formées au Sud, dans l'Amérique mé- | ridionale. | | La Col. Erschoffi ou plutöt le prototype du grou- pe 4émigre et se différen- | cie ici. | Premier mélange de la | faune insulaire du Thian- Chan avec la faune con- | tinentale du Pamir-Thi- | bet. | Transmigrations ‚ Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet des types d'animaux et leur sort dans la suite Le Pamir-Thibet Territoires à l'Est du Pamir-Thibet Transmigrations des types des animaux et leur sort dans la suite Nr WW sen Les montagnes de la Crimée, du Caucase et du Kopet-dagh atteignent la hauteur actuelle, en même temps que s’entassent: le Balkan, les Karpathes et les Alpes. A la fin de l’oligocene, le bassin Aralo-Caspien est séparé de l'Océan à l'Est, au Nord et à l'Ouest; Mais à l’époque du miocène moyen elle se réunit de nouveau avec la Méditerranée à l’aide d’une manche étroite le long des Le premier flot des émigrés | pentes septentrionales du Caucase et de la Crimée et d’un vaste du Pamir atteint le Caucase, Volhynie, la Bessarabie, et se réunissant à son tour au bassin Austro-Hongrois. bassin d’eau, occupant la Galicie d'à présent, la Pologne, la L’Himalaya et le Thian-Chan s’entassent. Le Pamir se redresse assez considérablement sur toute son étendue; vers la fin de l’époque ce redressement s’effec- tue avec le plus de force à l’est, où les dé- pôts du tertiaire inférieur forment les crêtes de chaînes de second ordre et se trouvent à présent à une hauteur absolue de 11,000 p. Le bras Ferghana-Kachgar, qui réunis- sait le Han-Haï avec la mer Turkestan dis- paraît complètement. Le Thian-Chan se réunit | au Pamir-Thibet. En même temps cependant, à l'Ouest, le Pamir-Thibet est encore baigné par la mer miocène de Bengal-Iran. Le Pamir-Thibet est uni à l’Elbours. Apparaît la digue qui sépare le Han-Haï du Grand Océan et qui réunit pro- bablement le Pamir-Thi- bet tant à la Sibérie orien- tale qu'à l'Amérique sep- tentrionale. Les mouve- ments delacroüte terrestre sont aussi très forts ici. S’entassent les Andes et apparaît la digue qui réu- nit l'Amérique du Sud à celle du Nord. Mais ce n’est pas pour longtemps; à l’époque du miocène il disparaît de Première migration des types du Pamir-Thibet (les anciens types des Co- liades et quelques repré- sentants du genre Parnas- sius: Tenedius, Bremeri.) Transmigration de quel- ques types du genre Co- lias le long des chaînes nouvellement formées au Sud, dans l'Amérique mé- ridionale. La Col. Erschoffi ou plutöt le prototypedugrou- pe 4émigre et se différen- cie ici. Premier mélange de la faune insulaire du Thian- Chan avec la faune con- tinentale du Pamir-Thi- bet. Zu er Transmigrations des types d’animaux et leur sort dans la suite Commencement de la différen- ciation des faunes: Parnassius Nordmanni, Polyommatus The- tis etc. Paraissent les mouflons, le Parn. Apollo, la Colias Edusa. Paraissent la Col. Libanotica, C. Myrmidone, Pieris Krueperi etc. La faune miocène-pliocène, qui peuplait l'Europe méridio- nale se répand en Afrique et en Asie par deux voies: par l’Ana- tolie, la Syrie, l'Egypte, et par les monts Tarso. Edusa est emporté par ce mouvement général. Le dernier flot des émigrés du Pamir parvient encore en Europe par la terre ferme de l'Égée (p. ex. P. Mnemosyne ete.). Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet A la fin du miocene, la mer se répand plus encore, enyz une partie considérable du Pont, arrive jusqu'aux pieds chaîne du Caucase et du Kopet-dagh, baigne celui-là lement du côté Nord, mais aussi au Sud et sépare de ce nière le Caucase de l'Arménie méridionale et de l’Anatoli Le Caucase et la Crimée deviennent îles. Simultanément, la communication avec l'océan, qui € jusque-là à l'Ouest est interrompue, et une large bande « sépare la mer Sarmate (depuis les Karpathes jusqu'au Por la Méditerranée; l’eteudue de cette nouvelle partie du cont primitivement assez considérable (la Corse), se retrécit jusqu'à l’Adriatique. Pendant l'époque pliocène, la mer Sarmate se divise en ties; la mer Noire se sépare de la mer Caspienne, au N comme au Sud. hi Les procès tectoniques dans les montagnes Kopet-dag] général dans la Perse septentrionale sont moins sens plus au Sud, où les dépôts tertiaires sont souvent redr une altitude de 7,000 p. Dans les monts Elbours ces m pôts atteignent à peine une hauteur de 3,009 p. et dans du Kopet-dagh rarement 2,000 p. La mer Caspienne se divise eu deux bassins, dont lui du Sud, communique avec le bassin du Turkestan. Une ur s'établit entre le Caucase et le Balkhan. | Comme l’affluence des eaux surpasse leur évaporatio veau de la mer Noire et de la mer Caspienne s’ele ment. La mer Caspienne se réunit avec la mer d' même temps la terre ferme de l’Egée disparaît de nou Le Pamir-Thibet La mer du Turkestan et celle de Han-Hai | ntinuent à se retirer, mais elles communi- | ent encore entre-elles à l’aide de la man- e de Djoungar. Les révolutions de la croûte terrestre con- went avec la même force. La communica- mn entre le Han-Hai et le bassin stan par la manche de Djoungar est inter- du Tur- | Territoires à l'Est du Pamir-Thibet nouveau sous les flots de | deux océans. L'Amérique | méridionale est de nou- |veau et pour longtemps | isolée. | tie du continent asiatique, qui se trouve comme au- | paravant uni à l'Amérique | septentrionale. Transmigrations des types des animaux et leur sort dans la suite Le Japon devient par- | | mir qui s’est lancée vers | La population du Pa- | l'Est se répand rapidement sur l'Amérique septentrio- | nale. te 313 Transmigrations des types d'animaux et leur sort Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet Le Pamir-Thibet Territoires à l'Est Transmigrations des t d i : du Pamir-Thibet ypes des animaux et dans la suite leur sort dans la suite A la fin du miocène, la mer se répand plus encore, envahit nouveau sous les flots de une partie considérable du Pont, arrive jusqu'aux pieds de la deux océans. L'Amérique chaîne du Caucase et du Kopet-dagh, baigne celui-là non-seu- méridionale est de nou- lement du côté Nord, mais aussi au Sud et sépare de cette ma- | | veau et pour longtemps nière le Caucase de l'Arménie méridionale et de l’Anatolie. | isolée. Commencement de la différen- Le Caucase et la Crimée deviennent îles. | ciation des faunes: Parnassius | Nordmanni, Polyommatus The- | | tis etc. | Simultanément, la communication avec l'océan, qui existait | 4] | jusque-là à l'Ouest est interrompue, et une large bande de terre | À! sépare la mer Sarmate (depuis les Karpathes jusqu'au Pont) de la Méditerranée; l’éteudue de cette nouvelle partie du continent, Paraissent les mouflons, le | primitivement assez considérable (la Corse), se retrécit ensuite | Parn. Apollo, la Colias Edusa. | jusqu'à l’Adriatique. à! Paraissent la Col. Libanotica, | C. Myrmidone, Pieris Krueperi ete. Pendant l’époque pliocène, la mer Sarmate se divise en par- | La mer du Turkestan et celle de Han-Haï | ties; la mer Noire se sépare de la mer Caspienne, au Nord ! |continuent à se retirer, mais elles communi- | La faune miocène-pliocène, | comme au Sud. | |quent encore entre-elles à l’aide de la man- qui peuplait l'Europe méridio- Les procès tectoniques dans les montagnes Kopet-dagh et en | [che de Djoungar. | nale se répand en Afrique et en | général dans la Perse septentrionale sont moins sensibles que Asie par deux voies: par l’Ana- | plus au Sud, où les dépôts tertiaires sont souvent redressés à tolie, la Syrie, l'Egypte, et par | une altitude de 7,000 p. Dans les monts Elbours ces mêmes dé- | | les monts Tarso. pôts atteignent à peine une hauteur de 3,000 p. et dans la chaine | 4 Edusa est emporté par ce | du Kopet-dagh rarement 2,000 p. | mouvement général. La mer Caspienne se divise eu deux bassins, dont l’un, ce- | lui du Sud, communique avec le bassin du Turkestan. Une union s'établit entre le Caucase et le Balkhan. Le dernier flot des émigrés Comme l’affluence des eaux surpasse leur évaporation le ni- | Les révolutions de la croûte terrestre con- Le Japon devient par- | La population du Pa- du Pamir parvient encore en | veau de la mer Noire et de la mer Caspienne s'élève rapide- 1 |tinuent avec la même force. La communica-| tie du continent asiatique, | mir qui s'est lancée vers Europe par la terre ferme de | ment. La mer Caspienne se réunit avec la mer d’Azow. En {tion entre le Han-Hai et le bassin du Tur-| qui se trouve comme au- | l'Est se répand rapidement l'Égée (p. ex. P. Mnemosyne | même temps la terre ferme de l’Egée disparaît de nouveau sous | kestan par la manche de Djoungar est inter-) paravant uni à l'Amérique | sur l'Amérique septentrio- etc.). septentrionale. | nale. | | | _ 314 Transmigrations des types d’animaux et leur sort dans la suite La Col. Libanotica se diffe- rencie en la forme de Heldrei- chi. Le reste de la faune miocène quitte l’Europe, dont les mers et les terres sont peuplées par les émigrés de la Paléarctique. Seconde migration des types du Pamir vers l'Ouest (Col. Thi- soa, Melitaea Saxatilis ete.). Des représentants de la faune Sibiro - Paléarctique pénètrent jusque-là, s’amalgament avec les espèces paléarctiques originaires d'Europe et les émigrés du Pa- mir, venus-là à une époque plus reculée. Le Parn. Apollo se retire vers l'Est. Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet les flots de la Méditerrannée et il s'établit une nouvelle x entre la mer Noire et la Méditerrannée. La limite des glaciers dans la Russie d'Europe s puis les Karpathes, sous un angle considérable, directem le N.-E., contourne l’Oural central et va ensuite d'une assez indéfinie vers l'Est. ; Le Pamir-Thibet m »mpue, après quoi les deux mers s’ensablent 1pidement. Le Tarbagatai se réunit à l’Altai. Le Pa- ir atteint presque son élévation actuelle et | ne partie considérable de sa population se «pand de différents côtés sous l'influence du rangement des conditions vitales. Le eli- at devient de plus en plus continental et 1 fur et à mesure de l'approche de l’époque aciaire, — plus austère. Le reste des habi- nts du Pamir en descend ct commence à stablir et à se différencier à ses confins. Epoque glaciaire. | Territoires à l'Est du Pamir-Thibet La mer d’Okhotsk pénètre considérablement dans le continent et se réunit probablement avec le Gobi oriental. | nassiens et les prototypes | Pamir- Thibet se répan- | dent vers le Sud et attei- Transmigrations jo] des types des animaux et leur sort dans la suite Là pénètrent les mou- | flons, les marmottes, les | ours, les cerfs et autres | animaux vertébrés; des lé- pidoptères— quelques Par- du I et III groupes des Coliades. Les émigrés du gnent probablement le Me- xique. Dans la zone intermé- diaire entre la ligne des glaciers et les montagnes de la Sibérie méridionale (restes du bassin Aralo- Caspien et du bassin du Turkestan), se concentre la faune la plus variée en partie, la faune paléarc- tique d'autrefois et en par- tie celle des montagnes; ces deux faunes, s'étant amalgamées et différen- ciées donnent le commen- cement de la faune Pa- léarctique contemporaine. Quelques formes paléarc- tiques de l'Amérique et| des représentants des grou- 314 Transmigrations des types d’animaux et leur sort dans la suite La Col. Libanotica se diffé- rencie en la forme de Heldrei- chi. Le reste de la faune mioeene quitte l'Europe, dont les mers et les terres sont peuplées par les émigrés de la Paléarctique. Seconde migration des types du Pamir vers l'Ouest (Col. Thi- soa, Melitaea Saxatilis ete.). Des représentants de la faune Sibiro - Paléarctique pénètrent | jusque-là, s’amalgament avec les espèces paléaretiques originaires d'Europe et les émigrés du Pa- mir, venus-là à une époque plus reculee. Le Parn. Apollo se retire vers l'Est. Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet assez indéfinie vers l'Est. les flots de la Méditerrannée et il s'établit une nouvelle union entre la mer Noire et la Méditerrannée. La limite des glaciers dans la Russie d'Europe s'étend de- puis les Karpathes, sous un angle considérable, directement vers | le N.-E., contourne l'Oural central et va ensuite d’une manière | Dernière séparation de la mer Caspienne de celle d’Aral. Le Pamir-Thibet | rompue, après quoi les deux mers s’ensablent rapidement. | Le Tarbagatai se réunit à l’Altai. Le Pa- mir atteint presque son élévation actuelle et une partie considérable de sa population se répand de différents côtés sous l'influence du glaciaire, — plus austère, Le reste des habi- tants du Pamir en descend ct commence à s'établir et à se différencier à ses confins. Epoque glaciaire, Territoires à l'Est - du Pamir-Thibet | pénètre considérablement | dans le continent et se réunit probablement avec le Gobi oriental. |changement des conditions vitales. Le cli-! mat devient de plus en plus continental et | au fur et à mesure de l'approche de l'époque | La mer d’Okhotsk | Transmigrations des types des animaux et leur sort dans la suite Là pénètrent les mou- flons, les marmottes, les ours, les cerfs et autres animaux vertébrés; des lé- | pidoptères— quelques Par- nassiens et les prototypes du I et III groupes des | Coliades. Les émigrés du ‚ Pamir- Thibet se répan- dent vers le Sud et attei- | gnent probablement le Me- xique, Dans la zone intermé- diaire entre la ligne des glaciers et les montagnes de la Sibérie méridionale (restes du bassin Aralo- Caspien et du bassin du Turkestan), se concentre la faune la plus variée en partie, la faune pal6are- tique d'autrefois et en par- tie celle des montagnes; ces deux faunes, s'étant amalgamées et différen- ciées donnent le commen- cement de la faune Pa- léarctique contemporaine. | Quelques formes paléare- | |tiques de l'Amérique et des représentants desgrou- 316 Transmigrations des types d'animaux er leur sort Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet dans la suite De la zone intermédiaire de Sibérie pénètrent en Europe: Parn. Delius, Col. Nastes, Col. D Hecla ete. Dernière séparation de la mer Caspienne de celle d’Azo ; 4 La faune glaciaire se retire vers le Nord et ce concentre sur —— les Alpes de l'Europe méridio- nale et centrale. Transmigration de quelques Seconde réunion de l’Anafolie avec la presqu'ile espèces alpestres (P. Callidice) | kans. en Anatolie. Nouvelle migration des types miocènes en Europe. Migration des représentants de la faune persane à l'Est. Migration des types caspiens dans la même direction. Disparition de cette union. Epoque contemporaine. Le Pamir-Thibet Fin de l’époque glaciaire. Les restes du bassin Turkestan se reti- nt dans la mer Caspienne, la mer d’Aral et | lac de Balkhach. Commencement des formations subaërien- s dans le Turkestan ainsi qu'en Chine. Le climat du Pamir devient tout-à-fait ntinental. La ligne des neiges s'élève à la uteur actuelle. L'union entre les confins ptentrionaux et méridionaux de toute cette ntrée montagneuse est interrompue. Parfaite disparition des restes du bassin ı Turkestan dans le Ferghana et plus vers Juest. Territoires à l'Est du Pamir-Thibet L’isthme de Panama reparait de nouveau. Le Japon se separe du continent Asiatique et l’u- nion entre l'Asie et l’A- mérique septentrionale est interrompue. Transmigrations des types des animaux et leur sort dans la suite pes de Coliades haut-al- | pines et polaires (Gr.Iet | III) pénètrent ici. | Dernière migration des | |types américains en Si-| | bérie. | Migration des formes | du Thian-Chan au Pamir et réunion des deux faunes. 316 Transmigrations des types d’animaux er leur sort dans la suite De la zone intermédiaire de Sibérie pénètrent en Europe: Parn. Delius, Col. Nastes, Col. Hecla etc. La faune glaciaire se retire vers le Nord et ce concentre sur les Alpes de l'Europe méridio- nale et centrale, Transmigration de quelques espèces alpestres (P. Callidice) en Anatolie. Nouvelle migration des types miocènes en Europe. Migration des représentants de la faune persane à l'Est. Migration des types caspiens dans la même direction. Territoires à l'Ouest du Pamir-Thibet Dernière séparation de la mer Caspienne de celle d’Azow. Seconde réunion de l’Anafolie avec la presqu'île des Bal- | kans. Disparition de cette union. Epoque contemporaine. = | Septentrionaux et méridionaux de toute cette Le Pamir-Thibet Territoires à l'Est du Pamir-Thibet Transmigrations des types des animaux et leur sort dans la suite N Fin de l'époque glaciaire. Les restes du bassin Turkestan se reti- | rent dans la mer Caspienne, la mer d’Aral et le lac de Balkhach. Commencement des formations subaërien- nes dans le Turkestan ainsi qu’en Chine. Le climat du Pamir devient tout-à-fait continental. La ligne des neiges s'élève à la hauteur actuelle, L'union entre les confins contrée montagneuse est interrompue. Parfaite disparition des restes du bassin | du Turkestan dans le Ferghana et plus vers l'Ouest, L’isthme de reparait de nouveau. Le Japon se sépare du continent Asiatique et l’u- nion entre l'Asie et l'A- mérique septentrionale est interrompue, Panama | pes de Coliades haut-al- pines et polaires (Gr. I et III) pénètrent ici. Dernière migration des types américains en Si- bérie. Migration des formes du Thian-Chan au Pamir et réunion des deux faunes, 318 34. Colias Marco Polo Gr.Gr. (Pl. XI. fig. 1—3). Horae Soc. Ent. Ross. 1888. T. XXII, p. 304. Supra alae anticae -is sulphureae, ochraceae vel ochraceo- fulvae; alae posticae obscuriores. Limbo externo plus minusve lato (ad costam semper latiore) nigro fusco, venis sulphureis. Puncto centrali nullo, subnullo vel magno, toto nigro. Ciliis flavicantibus. Alae anticae Q-ae ochraceo-fulvae vel ochraceo-sulphureae. Limbo externo nigro vel nigro-fusco, notato maculis 4— 7 parvis vel permagnis flavis, disco confluentibus. Alue posticae obscuriores, rarius lilacino micantes; limbo externo angusto nigro, rarius fusco, marginem analem non attingente, macu- lis 7 plus minusve magnis flavis (interdum nullis). Puncto centrali sicut in d'-e. Ciliis roseis vel flavicantibus. Macula discocellulari in utroque sexu distincta. Subtus alae anticae dilutiores marginem externum costam- que versus griseo-virescenti-infumatae, rarius punctis 2 ante- limbalibus; alae posticae &-is griseo virides, P-ae griseo- caerulescentes. Puncto discocellulari parvo albo. d'£ = 20—28 mm. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de cet étonnant papillon (p. 254—255), dont la découverte a beaucoup aidé à éclaircir les étroites relations génériques entre les types des Coliades d'Amérique et d'Europe. Il est fort difficile de décrire ce papillon en peu de mots, attendu qu’on ne trouve pas deux exemplaires identiques, et que les variétés en sont non-seulement innombrables, mais encore très diverses. Impossible de décider, sur laquelle s’ar- reter, quelle forme prendre pour le type et laquelle recon- naître pour variété. J’ai choisi 30 exemplaires de cette espèce pour ma collection, parmi lesquels il n’y en a pas deux par- faitement pareils. Les variations de coloration, du caractère des bandes, de la coupe des ailes, des taches centrales de celles-ci, enfin mére même de la coloration des antennes tantôt roses, tantôt vert- sale, sont infinies. La diagnose de Marco Polo est si détaillée, qu'il est aisé de se faire une parfaite idée de cette Coliade. Aussi, dans la description, qui suit, je me bornerai principalement aux formes de cette espèce qui s’éloignent le plus du type. Par sa dimension, Marco Polo tient le milieu entre Pe- lidne et Palueno. Ses ailes ont l’air d'être plus rétrécies que chez Palaeno et ceci principalement chez les ® ®. La plu- part des G'@' rappellent les deux espèces par leur colo- ration, mais, en même temps, elle n'est pas aussi pure et aussi éclatante que chez Palaeno; elle est mate. On observe ce même mat dans la coloration des dd oranges surtout si on les compare aux dd de la C. Christina 7). Parmi ces formes extrêmes, existent toutes les transitions dans la coloration; on rencontre même des exemplaires jaune-soufre à taches très marquées et à petits traits oranges. La coloration prédominante des ® ® est orange, mais le passage au jaune ou pour mieux dire au jaune-sale n’est pas rare; une seule Q, presque jaune blane, fait exception et je n'en possède effectivement qu’une, cependant des exemplaires très éclatants et foncés, quelquefois à chatoiement violet, ne sont pas rares. On remarque, quoique fort peu souvent, un semblable cha- toiement, mais fort délicat et soyeux, chez les dd. Les ailes postérieures tant des Jg que des PP ont une colo- ration bien plus foncée que les ailes antérieures, ce qui fait que les taches centrales qui ne diffèrent pas de la couleur du fond, sont pour la plupart très saillantes. De même que chez Palaeno et Pelidne, les taches centrales des ailes antérieures 154) Pour ceux qui peignent à l’aquarelle, cette différence sera claire, si je dis que les rapports dans la coloration sont les mêmes, comme si l'on com- parait une couleur pure avec une autre mêlée de blanc. 320 tantôt sont très marquées, tantôt disparaissent complètement, ou sont remplacées par de petites plus claires que la colo- ration du fond de l’aile. Le limbe des @ d' rappelle surtout celui de Pelidne, et n'a que rarement l’aspect des espèces du groupe Interior; tout ceci naturellement dépend surtout de la coupe de l’aile tantôt plus pointue vers le sommet, tantôt ar- rondie comme chez Pelidne. La largeur de la marge est quel- quefois considérable, quelquefois comme chez beaucoup d’Ale- zandra d'Amérique elle n’est représentée que par un étroit bord noir, qui alors n’a sur les ailes postérieures que l’aspect d’un liséré noirätre atteignant le bord intérieur de l’aile, ce qui ordi- nairement n’est pas le cas chez Marco Polo. Les nervures cou- pent très franchent la marge des ailes antérieures et celle des ailes postérieures. La marge noire des ® ® varie plus que chez les dd. Elle est tantôt unie, tantôt bariolée de taches habi- tuellement jaunes, très variées, quant à la dimension et au nombre, ou bien elle a l’aspect d’une bordure noire pâle, por- tant les traces des trois taches apicales. Elle rappelle surtout par son caractère la marge des espèces d'Amérique du groupe Interior et rarement (un ou deux cas) Palaeno v. Lapponica. Sur les ailes postérieures, elle n’est pas aussi tranchée que sur les ailes antérieures, mais, comme le disque de l'aile est très foncé, elle ressort chez Marco Polo bien plus que chez toutes les espèces qui lui sont proches. Par la coloration du revers, Marco Polo se rapproche surtout d’Alexandra, cependant la couleur du fond des ailes postérieures est plus saturée et en même temps plus bleue, particulièrement chez les Q ® , que chez cette dernière espèce; le disque est peu distinctement accusé et chez quelques exem- plaires particulièrement foncés en dessous, il n’est pas du tout indiqué. La tache centrale (un point blanc à reflet argenté), nullement ombragée comme chez Alexandra, est toujours très saillante. Les ailes antérieures sont couvertes vers le sommet d’atomes gris-vert, très prononcés surtout chez les PP. Les taches marginales noires sont rarement visibles. La frange blanche est légèrement colorée de mille nuances roses et jaunes. Les antennes sont tantôt d’un vert-sale, tantôt d’un rose-sale; ce fait est sans exemple dans le genre Colias, si l’on en excepte la ©. Alpheraki. Les superbes dessins, qui accompagnent notre texte, com- plètent cette description sous tous les rapports. Cette Coliade, que j'ai nommée en l’honneur du premier Européen, qui ait franchi le Pamir, le vénétien Marco Polo, est le superbe butin de ma dernière expédition au Pamir. Elle a été trouvée dans la partie Kounjout du Hindou-Kouch. Elle préfère les régions les plus désertes et vole sur des „sais“ et des étendues argileuses couvertes d’Echinospermum, d’Oxytropis, etc. Elle vole très bas et très vite. Elévation: 14,500—15,500 p. Commencement de Juillet. 35. Colias Erate Esp. Schmett. I. 2 T. 119, fig. 3. 1803? J'ai déjà eu l’occasion de parler plus d’une fois de cette Coliade, dans la première partie de ce travail et dans l’a- perçu général de ce genre. C’est un des papillons les plus répandus dans le Turkestan, et qui vole non-seulement à une: hauteur de mille pieds, mais bien au-delà. C’est ainsi que nous l'avons trouvé dans le Pamir à environ 12,500 p., dans les vallées d’Alai à 10,000 p. Les Erate du Pamir ne dif- fèrent en rien de ceux de Sarepta, si bien qu'en général cette espèce doit être considérée à l'Ouest (voir sa distribution géo- graphique) comme forme très constante. Cependant, sa géné- ration printanière offre des particularités si essentielles, que j'ai trouvé nécessaire de la distinguer sous le nom de Hyaleoïdes Gr. Gr. Minor; limbo externo angustiore maculis flavis notato (G). 21 Cette forme est très interessante et, comme l’indique la diagnose, diffère de l’Erate typique principalement par des taches jaunes dans la bordure, ce qui empêche presque de reconnaître les dd et les PP. Ce n’est pas seulement dans le Ferghana que l’on rencontre de semblables exem- plaires: Alphéraky en a pris au Thian-Chan, mais les envi- sage comme Ayale v. Sareptensis Stgr.; j'en ai aussi reçu dans la suite quelques exemplaires provenant du Thian-Chan et de l’Altai. J’ai rencontré cette même forme à des altitudes con- sidérables dans les montagnes Ghissar et Alaï, mais déjà comme aberration et à côté d'exemplaires gg à marge nor- malement développée. La forme dimorphique de la ®, Pallida Stgr. vole et au commencement du printemps (Mars, Avril), et tard en automne; elle est en outre ordinaire comme la Q typi- que jaune de cette espèce. Un fait qui ne me semble pas sans intérêt, c’est la prise d’un parfait hermaphrodite de cette espèce, chez lequel l’un des côtés, comme chez les exemplaires de Sarepta ), repré- sente la Pallida et non la forme typique jaune de la ©. J'ai trouvé, presque en même temps avec cet hermaphro- dite et aussi dans les environs de la ville Oche, une aber- ration de la ©. Erate © , remarquable sous tous les rapports. Toutes les nervures de cet exemplaire sont noires et très marquées sur le fond des ailes, lesquelles ont un aspect noir verdätre, grâce aux écailles, dont elles sont richement sau- poudrées; en dessous, les ailes sont à moitié noires et à moitié d’une coloration normale. En général, l'abondance de la couleur noire rend cet exemplaire extrèmement original. Quant à lab. Chrysodona B., lab. Helichta Ld. et la 165) Mém. s. 1. Lép. Tome I, page 105. var. Beckeri Gerh., cette forme orange d’Erate se trouve de temps à ‘autre toujours avec le type. Il est inutile de dire que Chrysodona, du moins au Turkestan, ne doit être comptée que pour une aberration du type et dans aucun cas pour une hybride d’Erate et d’une autre Coliade rouge. Il est vrai- semblable d'expliquer l'apparition de Chrysodona par l’ata- visme. Ces cas ne sont pas rares chez les autres représen- tants de tout le premier groupe du genre Colias, par exemple chez Pelidne, Occidentalis, Philodice, ete., dont nous avons déjà parlé dans l’aperçu général sur ce genre. Parmi ces Chrysodona on rencontre aussi des exemplaires de Æyaleoïdes. Il y a, selon toute probabilité, trois générations qui vo- lent dans le Ferghana; la première mérite une dénomination particulière; cependant dans les régions montagneuses ou dans le Pamir central, cette espèce, d’après moi, ne vole que sous forme d’une seule génération. 36. Colias Hyale L. var. Alta Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 200. Cette variété a été parfaitement décrite par le Dr. Stau- dinger. Nous nous bornons donc à dire que la distribution de cette forme est fort restreinte dans les confins du Pamir. De plus, elle ne descend pas au-delà de 9,000 p., et les prairies alpines sont son arène. Elle ne vole pas sur les pentes méridionales du Pamir '"). 166) La C. Hyale de Moore du Sarikol, de Bates du Kouen-loun, d’El- wes du Sikkim, ne sont, sans aucun doute, que des formes de la C. Polio- graphus Motsch. Staudinger fait mention de la C. Hyale v. Sareptensis du Ferghana. Si ce n’est pas Hyaleoides m., je ne sais trop comment expliquer le fait que pendant les quatre années que j'ai séjourné au Turkestan, il ne me soit pas arrivé une seule fois de trouver la C. Hyale dans cette vallée. Dans les collections de MM. Wilkins et Krasnow, il y a aussi seulement des Hyale de Naryk-Gol, de l’Alataou de Talasse, mais jamais du Kachgar, de lAk- Sou et autres places de ce genre, où cependant on a aussi collectionné. 21* 324 37. Colias Sieversi Gr. Gr. (Pl. III, fig. 3a, b, €, d). Mem. s. 1. lep. T. II, p. 397. | Alae &-is flavae vel virescente-flavae (saepius); anticae ad basim griseo-viride squamatae, limbo nigro, maculis magnis confluentibus, latam fasciam saepe formantibus; posticae disco tenuiter griseo-virescente, ad basim multo obscuriores, limbo nigro subnullo vel nullo; Q-ae albae; anticae limbo nigro saepe subnullo, maculis magnis, fasciam formantibus; posticae disco virescente-albido, ad basim multo obscuriores. Puncto centrali magno, toto nigro (rarius albo-pupillato), extus angulato. Fimbriae roseae vel flavescente-albidae (rarius). Subtus: in utroque sexu alae anticae colore ut supra sed pallidiores; posticae disco griseo-virescente, sat distincte limitato a margine pallidiore. Puncto centrali albo-pupillato. Puncto discocellulari argentoso, fusco et violaceo-fuscescente circumdato. 9 = 25m. La coloration des dd varie assez sensiblement et passe du jaune-soufre clair au jaune-canari vif. La base des ailes antérieures, le long du bord interne, ainsi que celle des ailes postérieures, vers le bord anal, est saupoudrée d’écailles noirâtres. Une marge très large, d’un noir accentué intérieu- rement et grisâtre vers le bord externe, est divisée par une rangée de grandes taches dela couleur du disque de l'aile; elles se confondent souvent en une seule bande intérieure à largeur variable. Il arrive même’qu’elle s'étend jusqu’au bord extérieur et envahit le saupoudrement noir, ce que l’on voit presque constamment chez les ® ®; la bande intérieure de celles-ci est plus large que celle des dd. Sur les ailes postérieures les traces de cette bande sont à peine esquissées, mais pas toujours, et chez les ® © elles n'existent pas du tout. En revanche, le disque des ® ® est très accentué, 325 parce que le saupoudrement noir ne se concentre pas unique- ment le long du bord anal, comme chez les dd, mais le couvre en entier. Toutefois la différence des deux sexes, sous ce rapport, n’est pas très prononcée; elle se borne principale- ment à la coloration blanche et blanc-jaunätre chez les ® ® et jaune chez les dd. La tache discoïdale jamais ronde, est plus ou moins rhomboïdale, toujours pointue vers le bord extérieur, ce qui la rapproche d’Erschoffi, et quelquefois remplie d’écailles de la teinte des ailes. La tache discoïdale des ailes postérieures est toujours petite, ordinairement peu marquée et presque toujours orange pâle. Les franges sont roses. Des atomes roses couvrent quel- quefois le bord costal des ® Q et rarement celui des IL. Pour en finir avec la partie supérieure des deux ailes, mentionnons une particularité dans leur teinte, qu'on ne ren- contre chez aucun des représentants de ce genre: la ,area costalis“, chez toutes les Coliades, d’une teinte plus claire que celle du fond des ailes, est, sur les ailes postérieures de Sieversi, plus foncée et chez les exemplaires jaune-vif, elle est souvent jaune orange. La coloration du dessous des ailes ne varie que peu; celle des ailes antérieures est, en général, plus claire qu'en dessus. Cette remarque cependant ne se rapporte pas à la base et à l’apex de l’aile, dont la coloration est souvent bien plus foncée que le reste de l'aile. Les taches marginales noires varient en nombre et en dimension. Chez les ® ® la base est toujours blanche et l’on observe à la partie apicale une teinte d’un jaune plus ou moins vif; quant aux taches marginales noires, elles sont ordinairement moins marquées que chez les dd et leur nombre est plus restreint. La coloration des ailes postérieures ne varie que peu; 326 elle est tantôt plus jaune, comme chez la ® représentée sur la Pl. III, tantôt tirant sur le vert. Les écailles sont géné- ralement plus grossières, le disque presque toujours distincte- ment limité. Les taches brunâtres ne sont que rares et sont réduites même dans ce cas à des points à peine perceptibles. Cependant ce qui vient d’être dit ne se rapporte pas à la tache en virgule du bord interne; celle-ci sy trouve con- stamment. La tache discocellulaire des ailes antérieures conserve la même forme qu'en dessus, mais elle est toujours pupillée. La discocellulaire des ailes postérieures est simple, quelquefois double et toujours entourée de brun comme chez Cocandica. Dans le système des Coliades, la Sieversi est tout-à-fait à part, quoique son prototype, selon toute probabilité, devait se rapprocher surtout de celui de la Cocandica, avec laquelle la Sieversi a le plus de traits communs. Espèce très localisée, la Sieversi préfère les prairies alpi- nes. Je l’ai rencontrée dans les montagnes de Pierre le Grand à une élévation de 9500 à 11,000 p. M. Haberhauer l’a prise sur les pentes septentrionales des monts Ghissar. J’ai dédié cette Coliade intéressante à M. le Dr. G. Sievers, qui a bien voulu se charger de la rédaction du présent travail. 38. Colias Cocandica Ersch. (Pl. III, fig. 1a, b, c). Lepid. in itin. A. Fedtschenkoi coll. p. 6. T. I, fig. 3 (2) 1874. Le premier exemplaire de cette espèce a été trouvé sur le versant septentrional du noeud de montagnes de Kok-Sou, près du glacier Schtschourowsky. J’ai pris cette espèce dans les monts Trans-Alaï et dans les monts Kounjout; Krasnow l’a rencontrée dans le Thian-Chan central, près des monts Khan-Tengri, et Rückbeil dans les montagnes près de l’Issyk- koul. Sur toute cette énorme étendue, la Cocandica, malgré 327 ses innombrables variétés, est une forme si fixée, qu'il est impossible de la décrire comme une variété de Nastes. Sil existe même toute une série de transitions à cette dernière espèce, il y a cependant, parmi ces Cocandica, une certaine quantité de variétés se rapprochant de toutes les formes de ce groupe. M. Erschoff n’a connu que la ® de cette espèce. Dix années après la publication de son ouvrage, j'ai pris le pre- mier & de la ©. Cocandica; aujourd'hui cette espèce est déjà très répandue dans les collections. Son caractère le plus saillant est la large bordure noire, très marquée sur les deux ailes. Indépendamment de leur dimension, les taches sont toujours distinctes. En général, la netteté du dessin caractérise principalement cette espèce. La couleur du fond des & 4 de Cocandica est plus vive que celle de Nastes. La coloration des ® ® est très variée; elle est tantôt verdâtre, tantôt blanc-gris; des femelles toutes blanches sont une rareté et je ne puis en citer qu'un seul exemple. Les taches de la bordure sont plus claires qu’en général le fond de l'aile dont l'aspect est plus foncé. En outre le saupoudrement gris, couvrant ordinairement la base de l'aile, s'étend dans l’intérieur et, tout en ombrant les nervures, il s'étale quelquefois jusqu'à la marge, avec laquelle il se confond; quelquefois il remplit tout le disqué de l’aile, ce qui, à distance, fait paraître ces exemplaires tout-à-fait noirs. Les ailes postérieures, grâce au bord noir, qui est particulièrement large, semblent toujours plus foncées que les antérieures. Les taches bariolant la bande et se réduisant à des petits traits clairs à peine visibles ou disparaissant comple- tement sont en général peu communes, et les cas, où elles se confondent et forment une espèce de bande intérieure, sont encore plus rares. La tache centrale des ailes antérieures varie considérable- 328 ment; elle est ordinairement d’un noir vif et tout-à-fait irrégu- lière quoique en forme de rhombe; en même temps, tantôt l’angle intérieur, tantôt l'angle extérieur est plus allongé que les autres, absolument comme chez Sieversi; quelquefois aussi la tache a la forme d’un cercle, dont l’intérieur est rempli d’ecailles de la couleur du fond, ou la forme d’un rhombe; enfin il y a des exemplaires, où cette tache disparaît complè- tement. La tache centrale des ailes postérieures est d’une gran- deur disproportionnée, quoiqu'il y ait des cas où elle est ré- duite à un petit point clair, très saillant sur le fond foncé de l’aile. Quelquefois elle est coupée en deux parties inégales par une nervure et affecte alors une forme très bizarre. Elle est, en général, irrégulière et à pointe dirigée vers l’exte- rieur. Sa couleur s’harmonise ordinairement avec la nuance de l’aile, mais il y a des cas, quoique rares, où elle est orange-clair. Comme nous l’avons déjà dit dans l’apercu gé- néral du genre, on retrouve la même couleur des taches cen- trales chez tous les exemplaires couleur orange. Chez la Cocandica la frange et le bord costal sont roses, quoique cette coloration ne soit pas aussi intense que chez Nastes, Werdandi et Phicomone. En dessous, la C. Cocandica se distingue principalement par: 1) le saupoudrement bleu-clair des nervures des deux ailes et 2) la tache centrale des ailes postérieures, entourée d’une large bordure rose-fauve, de forme très irrégulière, di- rigée en pointe vers le bord extérieur, comme sur le dessus de l'aile. Quelquefois la tache centrale est réduite à une in- signifiante tache argentée, légèrement tracée et tout aussi légèrement bordée; mais il arrive aussi, que cette tache est divisée en deux parties par une nervure, ce qui lui donne l'aspect de deux points argentés de grandeur inégale, disposés sur le fond rougeätre d’une large bordure. | 329 Les autres traits distinctifs de la Cocandica, quoique moins importants, sont: 1) une rangée de taches marginales noires, très marquées sur les ailes antérieures, et 2) une rangée de taches marginales fauves tout aussi accentuées sur les ailes postérieures. Ces deux particularités caractéristiques jointes aux deux premières expliquent parfaitement l'originalité du dessin sur le dessous des ailes de Cocandica. Quant à la coloration gé- nérale, elle est ordinairement analogue à celle du dessus, mais elle est plus pâle; celle des ailes postérieures ne présente en général rien de particulier. La distribution géographique de cette espèce a été déjà indiquée. Partout, où vole la C. Cocandica, c’est toujours sur d'immenses élévations. Je ne l’ai trouvée nulle part au des- sous de 12,000 p., et dans les monts Kounjout sa distribu- tion allait au-delà de 16,000 p. Cette arène est représentée par des „sais“ des ruisseaux venant des montagnes, des pentes pierreuses, des surfaces argileuses couvertes d’Echinospermum, d’ Oxytropis, etc., enfin des pentes alpines désertes et quel- quefois seulement des prairies alpines. 39. Colias Eogene Feld. (Pl. V, fig 1 a,b, c). Reise d. Freg. Novara. Lep. II, p. 196. T. XX VII, fig. 7 (& ). Felder n'avait à sa disposition que des JG, quand il décrivait cette espèce; voilà pourquoi il n’y a rien d'étonnant à ce que Erschoff, qui lui aussi n'avait reçu que des dd, ait énoncé l'opinion que la ©. Cocandica P pouvait ne pas du tout être une variété de la ©. Nastes, mais seulement la ® d’Eogene ). Les premières véritables PP furent reçues environ dix 17) Lep. in itin. Fedtschenkoi coll. p. 6. 330 anndes plus tard par le Dr. Staudinger, qui cependant n’a pas jugé nécessaire de compléter la description de ‚Felder! Je crois donc à propos de décrire ici cette forme bien connue et très répandue dans les collections. Les dd de Felder furent pris par le Dr. Stoliezka dans l'Himalaya; ce ne sont done que les exemplaires de l’Hima- laya, qui doivent être comptés comme types. Malheureusement nous ne savons pas où ont été prises les premières Æogene. Je possède dans ma collection des Eogene du Kachmir et en outre toute une série provenant des pentes septentrionales de l’'Hindou-Kouch oriental et de ses pentes méridionales. Les unes et les autres, mais surtout celles du Kachmir, se distin- guent assez sensiblement des représentants de cette espèce du Pamir septentrional; voilà pourquoi je commence ma descrip- tion par ces dernières, comme étant la forme la plus proche de l’Eogene typique. La dimension des exemplaires du Kachmir est très grande; leur envergure dépasse 54 mm., quoiqu’on trouve aussi des exemplaires de moins de 50 mm. Les ® ® de cette espèce sont superbes. De rares G'@G' du Hindou-Kouch ont une co- loration aussi vive; cependant je ne connais pas de pareils exemplaires du Pamir septentrional. Les nervures sont noires mais chez les G'€' légèrement couvertes d’ecailles rouges. Le limbe, large, forme entre la 3-e et 4-e nervure un angle obtus et s’elargit vers le bord costal à tel point qu'il envahit celui-ci presque jusqu'à la moitié (jusqu'à 12 mm.). Il n'y a que 3 à 4 taches jaune-orange, petites et peu marquées. La base et une partie du bord costal sont gris-cendré avec une légère teinte verdâtre; le reste du bord costal est rouge-rose. Les ailes postérieures sont noires et ont vers la base et le bord anal une teinte fauve tirant sur le vert; les taches marginales orange-jaune sont légèrement marquées et dispa- raissent entièrement chez quelques exemplaires. 331 La tache centrale des ailes antérieures est analogue à celle de Cocandica, c.-à-d. qu'elle est en forme de rhombe et irrégulièrement allongée tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. La tache centrale des ailes postérieures est d’un rouge vif, double, pointue vers les deux côtés, comme chez Cocan- dica, plus allongée vers le bord extérieur, mais en même temps comparativement très petite. Frange rouge-rose sur les ailes postérieures, mêlée de poils blancs. En dessous, les ailes antérieures sont rouges, vers le som- met et le bord extérieur elles passent peu-à-peu à une teinte jaune et vers le bord costal à une teinte verdâtre. Les ner- vures sont vert-bleu, le bord costal lilas-rose. Les taches mar- ginales noirätres sont à peine marquées et disparaissent en- tièrement vers le bord costal. Les ailes postérieures sont grossièrement saupoudrees de vert-jaunätre. Le disque et plus foncé, et, vers le bord inte- rieur, ombré de taches fauves de forme irrégulière. Les ner- vures sont très accentuées et de couleur verte tirant sur le bleu '®). La tache centrale des ailes antérieures est petite et remplie de petites écailles blanches. La tache centrale des ailes postérieures est blanc-argenté, entourée d’une large bordure violet-rougeätre, de forme très irrégulière et s’allongeant comme chez Cocandica vers le bord extérieur. Une tache de même couleur, très marquée, se trouve sur la partie basale de la cellule discoïdale. Cette tache, plus ou moins développée, se trouve chez tous les représentants de ce type. Telle est en général l’Eogene de Kachmir. Les exem- plaires de cette espèce du Hindou-Kouch présentent des par- 165) Chez Felder ,cano venatae“..., p. 197. __ 832 ticularités si importantes qu'elles donnent la possibilité de les désigner par un nom particulier. Cependant ces particularités ne sont propres qu'aux femelles qui se distinguent par: 1) une coloration moins vive; 2) un limbe moins large qui forme en outre un angle plus obtus et paraît plus clair, parce qu'il a plus de taches que le type, et que celles-ci sont pour la plupart grandes et très marquées. Il y a de semblables taches sur les ailes posté- rieures, où le limbe ressort parfaitement sur le disque clair de l’aile; 3) une coloration plus claire des ailes postérieures et enfin par, 4) la tache centrale, qui est bien plus grande. J’ai nommé cette forme: Erythas Gr. Gr. Celle du Pamir septentrional diffère encore plus du type; voici ses principaux caractères: 1) l’envergure est plus petite, il n’y a qu'un exemple de 50 mm. 2) une coloration encore plus claire tant des G'@' que des ® ©; celle des ailes postérieures de celles-ci est parti- culièremet claire; 3) des taches jaunes très développées sur la bordure; il y a des cas, quoique rares, où ces taches se confondent; 4) un développement disproportionné des grandes taches centrales sur le dessus des ailes postérieures, et enfin, 5) une coloration plus verdâtre des nervures sur le des- sous des ailes postérieures, ce qui fait que celles-ci disparais- sent complètement ou bien ne ressortent que très faiblement sur le fond général de l'aile. J’ai nommé cette forme: Elissa Gr. Gr. | Parmi ces trois formes d’Eogene il existe de transitions assez visibles, et Ærythas occupe sous tous les rapports le 333 milieu. C’est justement l’une de ces formes transitives d’Ery- _thas à Elissa, prise sur les pentes septentrionales des monts Trans-Alai, qui est figurée sur la Pl. V. Malgré ces transi- tions, la différence entre elles est plus grande que p. ex. entre Libanotica et Heldreichii ou bien entre Palaeno et Lapponica, Hyale et Alta. Elissa varie excessivement dans la coloration; parmi les exemplaires de ma collection se trouvent toutes les transitions du rouge-feu au jaunätre et au vert-jaunätre. Ces derniers ne diffèrent presque pas de la forme, qui a été décrite par Moore sous le nom de C. Stoliczkana; selon moi, cette aber- ration si peu constante ne mérite pas de nom particulier, et il me semble qu'il serait trop prématuré de tant différencier les espèces, ce qui n’amènerait qu'à des malentendus. Cepen- dant, si dans la suite cette forme se trouvait être constante, je proposerais, par son analogie avec ©. Erate et Chrysodona, de la nommer ab. Subrubicunda Gr. Gr. Dans mon aperçu général sur le genre j'ai déjà eu l’oc- casion de faire mention de la forme blanche des ® ® d’Eo- gene du Kachmir, que j'ai reçue de M. Leech. Je propose, par son analogie avec la ©. Erate-Pallida, Myrmidone-Alba, Wiskotti-Leuca, de la distinguer sous le nom de: ab. ® Cana Gr. Gr. La distribution géographique de cette espèce à déjà été sommairement énoncée. Proprement dit, la ©. Eogene ne dé- passe nullement les limites du Pamir dans les confins indi- qués dans le Chapitre V, lesquels au Sud touchent à l’Indus. Mais sur toute cette énorme étendue ses conditions vitales restent partout les mêmes: zone alpine, ravins humides, bord d’un ruisseau, pentes des montagnes, couvertes d’une riche végétation alpine. Elle est très agile, vole vite et une fois surprise elle disparaît en un clin d'oeil. La hauteur, où on Sr la rencontre, est très variable: entre 9,000 p. (Artscha-Basch, sous le Kara-Kasouk) et 16,000 p. (col Beïk dans les monts Kounjout). 40. Colias Staudingeri Alph. var. Pamira Gr. Gr. (PLAIN ESS ADO) Alphéraky a décrit cette espèce d’une manière si détaillée qu'il ne me reste plus qu'à indiquer la différence qui existe entre les représentants de cette espèce du Thian-Chan et de ceux du Pamir septentrional. La var. Pamira se distingue par: 1) la dimension; Alphéraky donne à sa Staudingeri: 44— 51 mm. pour les G'& et 43— 50 mm. pour les ® 9. La var. Pamira est incomparablement plus grande, vu que les dd ont 52—56 mm. d’envergure, et parmi toute une centaine d’exemplaires, il ne s’est trouvé qu'un seul de 46 mm.; quant aux @ ©, elles ont de 54 à 60 mm.; 2) la largeur et le caractère de la bordure des dd, laquelle a le double de la largeur et est parfaitement limitee intérieurement; particularite—propre aux deux ailes; 3) la complète absence de saupoudrement noirätre dans le sommet du dessous des ailes antérieures "”), particularité spéciale à plusieurs autres représentants de ce type, p. ex. C. Hecla et enfin, 4) la coloration plus verdätre du dessous des ailes posté- rieures. Par la v. Arida Alph. (Mem. s. 1. Lép. T. V, p. 76) la v. Pamira se rapproche tellement d’Eogene qu'il ne peut y avoir aucun doute quant à sa place dans la classifica- tion du genre. Alphéraky compare sa Staudingeri: 1) avec Hecla, 2) avec Thisoa et suppose, que dans la classification 169) Alphéraky, Lép. du district de Kouldjà, p. 369 ,subtus ale antice viridi-flavæ in disco plus minusve nigro squamatæ.... 335 du genre c’est précisément entre ces deux espèces qu'il faut la ranger. Naturellement, en énonçant une pareille opinion, il s’en tient à la classification de Staudinger, laquelle, jusqu'à présent, paraissait être la plus juste et la plus scientifique. Après avoir lu mon aperçu sur le genre, on sera probable- ment parfaitement persuadé, qu'il ne peut être question d’au- cune proche parenté entre la C. Thisoa et la C. Staudingeri. La var. Pamira vole dans les confins des élévations du Pamir, seulement sur les versants N. O. de la chaîne transa- laïenne. Elle préfère, ainsi que Æogene, les prairies alpines et humides. Hauteur près de 10,000 p. 41. Colias Regia Gr. Gr. (Pl. V, fig. 3 a, b, e). Mém. S. 1. Lep. T. III, p. 398. 1887. Alae G'-is supra purpureo-rubrae, saepius violaceo-mi- cantes; limbo externo, ad costam latiori, nigro flavo consperso, costa dilute virescenti, rarius dilutiori disco. Alae P-ae supra purpureae; anticae limbo externo lato nigro, maculis parvis 4 flavis notato; posticae limbo latissimo coracino saepe maculam discocellularem attingente. Puncto centrali oblongo, toto nigro. Subtus alae ut in ©. Staudingeri, sed multo cbscuriores et magis virides; punctis antelimbalibus tribus nigris. Puncto centrali nigro, rarius albo-pupillato. Puncto discocellulari parvo, tenuiter rubrescente-fusco circumdato. ER = 22—26 mm. Aucune des Coliades connues n’a une coloration aussi éclatante que celle-ci. On en trouve de semblable parmi les lepidopteres exotiques appartenant à d’autres genres et à d’autres classes, mais aucun n’a cette intensité de couleur et en même temps ce mat. Il est impossible de la décrire; il est tout aussi impossible à un peintre de trouver sur sa pa- lette les couleurs nécessaires pour la reproduire; aussi il à 336 fallu nous contenter du dessin ci-joint qui ne laisse rien à désirer sous tous les autres rapports. Les ailes antérieures chez Æegia sont plus arrondies que chez Æogene; la frange est plus foncée et la bordure, dans la plupart des cas, comparativement plus arquée. Chez les G'&' la bordure est entrecoupée, vers le sommet, de plusieurs ner- vures jaunes, et chez les ® ® il y a quatre petites taches d’un jaune vif. Dans la partie basale il n’y a que la racine de l’aile qui soit couverte d’écailles noir-verdätre; quant au bord costal, il est vert-jaunâtre, soit en entier, soit seule- ment à la base. La tache centrale des ailes antérieures est de forme ovale et dans tous les cas, sans exceptions, d’un noir intense. Toutes les particularités caractéristiques des ailes posté- rieures dépendent d’un dessin de bordure tout autre que chez Eogene. A la partie supérieure du bord extérieur de l'aile elle se confond avec une tache dilatée d’un noir vif, comme chez la C. Romanovi, et ce qui fait qu’elle a, même chez les dd, le même caractère qui est propre aux bordures des Q Q® d’Eogene. Elle n’a jamais de traces de taches jau- nes. Sa couleur est plus foncée que chez Æogene. Le disque de l'aile est d’une coloration plus vive chez les G'&' que chez les ® ®, mais, dans les deux cas, plus foncée que sur les ailes antérieures. La base de l’aile, ainsi que tout le bord anal, sont d’un vert vif, devenant cependant plus pâle vers l'extérieur. La tache centrale est d’un rouge vif et d’une forme plus régulière que chez ÆZogene. En dessous, le disque est bien plus pâle qu’en dessus et a quelquefois une teinte rouge-orange pâle. Tout le bord costal, ainsi que toute la partie extérieure est jaune-vert. Toute la surface des ailes postérieures est de la même couleur, et le disque, quoique plus foncé, n’est que peu marqué. Les 337 taches marginales noires sur les ailes antérieures, quoique de dimension assez grande, ne sont dessinées que faiblement; elles sont ordinairement au nombre de trois. Les nervures sont loin d’être aussi distinctes que chez Æogene, quoiqwelles soient quelquefois couvertes d’écailles bleuâtres. La tache ba- sale fauve est réduite à un point, et sur ces mêmes ailes postérieures la tache centrale est entourée d’une bordure assez large quoique pâle. La tache centrale des ailes antérieures est ordinairement toute noire; il n'arrive que rarement que son centre soit rempli d’ecailles blanches. Il est tout aussi rare que la partie supérieure du disque des ailes antérieures soit couverte d’une poussière noire, ce que nous avons déjà observé chez Staudingeri, Hecla, etc. La coloration de l’abdomen, des pattes, des antennes et des autres parties du corps ne présente rien de caracté- ristique. Ce superbe papillon vole dans des endroits peu accessibles; des éboulements pierreux très escarpés, avec une végétation des plus pauvres, sont son arène habituelle. La hauteur, où on le rencontre, est toujours considérable, pas moins de 10—11,000 p. Son vol est saccadé et impetueux; il se pose rarement. Courant supérieur du fleuve Aram-Koungeï, dans les monts transalaïens et la localité Yagatsch-Art dans les monts Alaï (Juillet). 42. Colias Alpherakii Ster. (Pl. III, fig. 2a, b, c). Berl. Ent. Zeit XXVI. 1882, p. 164. Staudinger a décrit cette espèce d’après des exemplaires reçus de deux localités: des pentes septentrionales des monts Alaï et des ramifications occidentales de la chaîne de Ghissar. La distribution de cette espece est pourtant plus vaste. De- puis les ramifications meridionales de la chaîne de Ghissar jusqu'au noeud du Kok-Sou et de la vers l'Est, le long des 22 338 pentes méridionales de la chaîne Alai jusqu'au méridien de Kara-Kasouk; les monts de Pierre le Grand et ceux du Dar- vaz; les ramifications occidentales du Trans-Alaï et enfin les pentes méridionales du noeud du Kok-Sou jusqu'à la rivière Mourghab, telle est la vaste région, où vole cette belle Co- liade. La riche collection, que j'ai rassemblée dans tous les districts, que je viens d'indiquer, est partout si identique qu’on peut parfaitement affirmer, que l’Alpherakii est un type fixé et isolé depuis longtemps. Il ne reste done à ajouter que fort peu à la description de Staudinger. 1) D’après cet auteur, l’envergure est de 40 à 49 mm. Je n’ai pas trouvé un seul exemplaire aussi petit; le plus minime mesurait 46 mm. et le plus grand 54 mm. La taille d’Alpherakiüi est analogue à celle des Æogene du Kachmir, quoique, grâce à la largeur de ses ailes, elle paraisse plus grande que celle-ci. 2) Voici ce que dit Staudinger des antennes: „Die Fühler sind grüngelb mit schwarzem (?) Kolben, der ein gelbes Ende zeigt, durchaus nicht roth, wie bei den nahen Arten; nur bei den Stücken vom Alai sind sie zuweilen mit einem Stich ins Röthliche versehen“. Je puis ajouter, que chez les exemplaires du Rochan les antennes sont pour la plupart rose-foncé, quoiqu'on trouve assez souvent des exemplaires à antennes vert-gris. à 3) Voici ce que dit le même auteur à propos de la bor- dure des ailes postérieures: „Die schwarze Randzeichnung ist auf den Hinterflügeln ziemlich verschieden und verschwindet hier öfters fast ganz. Die unmittelbar am Aussenrande sitzende schwarze Randzeich- nung fehlt bei den meisten Stücken von Alpherakii ganz, nur bei wenigen dd sind hier 3 bis 5 getrennte schwarze Rand- flecken vorhanden; bei den ® ® sind höchstens die Spuren davon erkennbar. Dahingegen tritt der nach innen befindliche x 339 Theil der schwarzen Binde, entweder als ganz kurze Binde oder als ein bis drei schwarze Flecken unter dem Vorder- winkel stets auf. Nur bei einem g und zwei ® ® sind die- selben fast ganz verschwunden, so dass diese Stücke zeich- nungslose helle Hinterflügel haben“. Une semblable femelle est reproduite sur la Planche III. C’est déjà une forme extrême; les exemplaires de Koudara "") dont la bordure, également marquée chez les deux sexes, atteint en même temps le bord anal de l'aile, présente une autre forme. 4) Staudinger ne dit rien de la coloration du dessous des ailes antérieures, et cependant c’est elle précisément qui est la moins constante; le disque d’ailleurs a toujours la même coloration; seule varie la coloration du bord costal, du som- met et de tout le bord de l'aile, qui sont soit tout-à-fait pâles sans la moindre présence d’une ombre quelconque, soit couverts de petites écailles vert-olive ou jaunes, quelquefois très épaisses. Cette dernière particularité caractérise princi- palement les exemplaires de Koudara. 5) La coloration du disque du dessous des ailes posté- rieures, comme l’observe l’auteur, varie souvent. Elle est sur- tout foncée chez les exemplaires de Koudara. 6) Il arrive, chez ces mêmes exemplaires de Rochan, que la tache centrale argentée du revers des ailes postérieures à l'air de se partager; mais il arrive aussi qu'elle est entourée d’une bordure très fine, très foncée. Alpherakii est une espèce tout-à-fait alpine et ne vole nulle part au-dessous de 10,000 p. '"). Des pentes désertes et des prés couverts de végétation, tels sont les endroits pré- 110) Koudara est une des localités de Rochan (Afghanistan oriental). 11) Je ne possède pas d'exemplaires des pentes septentrionales des monts Alaï, c’est pourquoi je ne puis dire à quelle altitude ils ont été pris. 22* 340 férés par cette espèce; cependant à Koudara ses conditions vitales sont tout-autres: là elle se tient sur des éboulements tantôt argileux, tantôt pierreux, couverts d’une végétation de steppe, mêlée d'herbes alpines et d’arbrisseaux tels que „artcha“ (Juniperus), rabougris et chetifs, de Caragana, etc. Elle vole vite, et, malgré sa vaste distribution, est rare partout. J'ai réussi à prendre dans les montagnes de Pierre le Grand deux exemplaires d’hybrides entre la ©. Sieversi et la ©. Alpherakü. Ts sont presque égaux. Sur le dessus prédo- mine la coloration d’Alpherakii, en dessous celle de Sieversi; par la coupe des ailes et la coloration des antennes les deux exemplaires se rapprochent plus de la dernière espèce. La ©. Alpherakii est un type indépendant dans le groupe d’ Eogene- Cocandica. 43. Colias Christophi Gr.Gr. (Pl. IV. fig. 1 a,b, e). Mém. s. 1. Lép. T. II, p. 220. 1885. Alae anticae &'-is et P-ae nigrae superiore parte, prae- sertim cellula discoidali aurantiacae, ad marginem interiorem late virescenti-griseae, fascia lata, submarginali lutescente albida, interrupta nervis nigris (@ -ae fascia latior et albidior), puncto centrali grosso nigerrimo. Posticae nigrae, basin versus vires- centi-griseae, fascia punctoque centrali albidis. Subtus anticae disco caerulescente-griseae, in apice griseo- virescentes; posticae griseo-virescentes, macula discocellulari parva rotunda albida. dd=40—43 mm; PP —42—48 mm. Sa coloration est très compliquée et en même temps très originale. Le bord costal et toute la partie de l’aile près du bord intérieur est grise et mème vert-bleu; le disque des ailes postérieures est de la même couleur, mais il est mêlé de plus de noir, principalement aussi vers la base des deux ailes. La bordure, particulièrement large, d’un noir vif, se dilatant 341 et sans contours déterminés, occupe plus que la moitié de l'aile. Elle a les taches très grandes, d’un blane pur ou comme voilées d’une légère fumée gris-bleuätre; ces taches se con- fondent et forment comme une seconde bande intérieure, qui est plus large chez les G'&' que chez les Q Q. Les nervures, qui la coupent, sont toujours noires. Tout le milieu de laile chez les G'& et la partie subcostale chez les ® ® est cou- verte d’un semis d’écailles orange, très vif chez quelques IC. La tache centrale des ailes antérieures est d’un noir vif, de forme ovale et quelquefois très grande. La tache centrale des ailes postérieures est un point blanc très distinct. La frange est blanche avec une légère teinte jaunâtre ou rosée. Antennes roses; la massue plus foncée vers la base et jaunätre en dessus. Le thorax et l'abdomen vert-gris. En dessous, toute la surface des ailes antérieures est gris- bleu, plus claire vers la base et, vers le sommet, saupoudrée de vert-jaune, disparaissant quelquefois entièrement. Les ta- ches marginales, qui forment sur le dessus des ailes une bande intérieure, ne sont que peu visibles sur le dessous de TYaile. Ce n’est que rarement que des taches noires forment une se- conde rangée près du bord intérieur, et le nombre de ces taches est très restreint. La tache centrale est très petite et presque toujours rem- plie d’ecailles blanches. Les ailes postérieures sont vert-gris et légèrement mêlées de jaune vers le bord extérieur. Le disque quoique plus foncé ressort peu; les exceptions cependant ne sont pas rares. A la base il n’y a pas la moindre trace d’une petite tache brun- roux (comme chez Alpherakü, avec laquelle Christophi a le plus de ressemblance) et laquelle est propre à beaucoup de représentants du 3-me groupe. La tache centrale n’est qu'un point argenté. Le thorax est plus clair en dessous; les pattes sont rose-sale. Cette espèce ne varie presque pas. Je l’ai découverte en 1884 sur les pentes septentrionales des monts Alaï. Dans la suite, je l’ai rencontrée encore sur les pentes septentrionales du col Liagar-Mourda dans les montagnes Ghissar, et Haber- hauer l’a trouvée quelque part près de Maguian dans les mêmes montagnes. Hauteur près de 10,000 p. Des éboule- ments de gros cailloux, restes d'anciennes morènes, avec leur triste végétation, ou localités de ce genre servent d'habitation à ce singulier papillon, dont le vol se distingue par une ra- pidité étonnante. Cette Coliade est certainement le plus extraordinaire de tous les représentants de ce genre, que j'ai découverts, et je l'ai dédiée avec un plaisir tout particulier à mon estimé ami M. H. Christoph, qui a tant travaillé pour la lépidoptérologie et qui a tant fait pour l'étude des confins les plus éloignés de notre vaste patrie sous le rapport entomologique. 44. Colias Romanovi Gr.Gr. (Pl. V, fig. 2 a, b, e). Mem. s. 1. Lép. Tome III, p. 398. 1887. ; Alae '-is supra purpureo-aurantiacae, rarius rufo-fulvae, saepius violaceo-micantes. Anticae limbo externo, ad costam la- tiori, fusco, flavescente. consperso, saepius in apice maculis parvis 1— 4 flavis notato. Costa basin versus sulphurea vel virescente-sulphurea. Posticae limbo externo angusto nigro-fusco, ad marginem anteriorem coracino, lilacino micante; marginibus: anteriori viride-flavo analique griseo-viride-flavo. Alae ®-ae supra purpureo-rubrae; anticae limbo externo, saepius. latissimo nigro, maculis 3 — 6 flavis; posticae plus minusve nigro adumbratae; macula discocellulari distincta pur- pureo-rubra, limbo externo lato nigro, maculis flavis. Puncto centrali magno nigro. 343 Subtus in utroque sexu: anticae viride-flavae, disco dilute aurantiaco, punctis antelimbalibus (3 — 6) fuscis; posticae vi- ride-flavae; punctis marginalibus saepius subnullis rufo-fuscis. Puncto centrali nigro, albo-pupillato. Puncto discocellulari permagno argentoso, fusco et violaceo- brunnescente circumdato. d=25 — 32 mm. La ©. Romanovi est la plus grande des Coliades, vivant dans les confins des élévations du Pamir et, en même temps, l’un des plus beaux représentants de ce genre. La teinte générale des ailes antérieures des G' @' est plus claire que celle des ® ® , chez lesquelles la couleur rouge est quelquefois d’une intensité et vivacité telles que ne l’a au- cune des Coliades connues, à l’exception peut-être de ÆRegia. Le bord costal est d’une teinte plus pâle et couvert vers la base d’écailles jaune-verdâtre. La base de l’aile est revetue d’ecailles semblables, mais elles sont considérablement meldes d'écailles noires. La bordure des JA est assez étroite, ra- rement toute noire et unie; elle est ordinairement plus ou moins couverte d’ecailles jaunâtres, surtout serrées au sommet de l'aile, où se voient en outre très souvent de petites taches jaunes au nombre de quatre et, dans un seul cas, au nombre de six. En général, les contours de cette bordure sont peu distincts et dépendent presque exclusivement du pigment rouge du disque qui envahit celle-ci tantôt plus, tantôt moins. Ja- mais la bordure ne disparaît entièrement sous cette pigmen- tation; en revanche, il arrive souvent, que presque une moitié de la bordure en est couverte; assez souvent aussi une pé- nombre à reflet violacé se dessine le long du contour de la bordure. En général un reflet violet paraît très souvent sur le dessus des deux ailes et caractérise également les dd et les ® Q; ce reflet se répand quelquefois légèrement sur toute 344 la surface des ailes, mais forme la plupart du temps des ta- ches et est alors très tranchée et très marquée. Quoique la bordure des ® ® varie en proportions, elle reste cependant toujours assez large, si bien qu'aucune des Coliades rouges connues ne peut rivaliser avec la Romanovi "”)? La coloration est d’un noir vif; les 3 ou 5 taches jaunes, qui la percent, ne sont pas grandes; cependant leur nombre peut augmenter, si sur les nervures costales les écailles jaunes sont assez épaisses pour sembler former encore deux taches; il y a aussi des cas, où il en paraît encore une autre entre la 3-ème et 4-ème nervure; ils sont tout-à-fait exceptionnels. La tache centrale est très grande, tantôt ovale, tantôt en forme de rhombe irrégulier. Les ailes postérieures sont plus foncées que les ailes an- térieures. L’,area costalis“ est semée d’écailles jaune-päle presque verticales, qui cependant ne sont jamais assez serrées pour former des „taches empesées“; quelquefois même, chez le d, cette partie de l'aile est recouverte d’écailles gris-vert pâle, et alors les dd ne se distinguent presque pas des ® ®, chez lesquelles l’,area costalis“ est cependant d’une coloration plus claire que tout le reste de la surface de l'aile. La bor- dure, tant chez les dd que chez les ® Q, est plus étroite que sur les ailes antérieures et commence par une tache noire très dilatée, particulièrement éclatante et ayant toujours chez les dd un reflet violet; l’extrémité inférieure de cette bor- dure n’atteint jamais le bord anal de l'aile, lequel chez les deux sexes reste vert. Les taches de la bordure des ® ® sont plus grandes et leur nombre varie de 4 à 6. Le disque de l'aile orange-fauve ou même rouge-fauve près du bord inté- rieur de la bordure reçoit vers la base une coloration pres- 12) Excepté la C. Erschoffi et la C. Wiscotti chez lesquelles, comme on le sait, les @ 2 sont aussi oranges. 345 que olive ou olive-roux (chez les & & on remarque encore entre la bordure et le disque une petite zone claire, qui ca- racterise non-seulement la Romanovi, mais aussi beaucoup d’au- tres Coliades, p. ex. Eogene, Myrmidone, etc.) et est couvert de poils longs et mous, de couleur olive. La tache centrale est d’un rouge vif, de forme irrégulière, s'avançant en pointe vers le bas et vers l’exterieur et sou- vent marquée à l’intérieur par une rangée de légères écailles noires. La frange tantôt entièrement rouge-rose, tantôt blanc-jau- nâtre est entremelee de poils roses. Les antennes sont presque en entier de couleur rose-sale. En dessous, les ailes antérieures sont bien plus pâles qu'en dessus, particulièrement chez les d& où l’,area interna“ à souvent une coloration paille. La costale, le sommet de l'aile, ainsi que le bord extérieur de celui-ci sont vert-jaune; la costale et une partie du disque sont quelquefois saupoudrées d'écailles vert-foncé toujours très délicates. Le développement des taches marginales est très différent, mais elles sont ordi- nairement très accentuées; elles perdent quelquefois seulement leurs contours et atteignent alors de considérables dimensions. La tache centrale est tres-grande et son milieu est tou- jours rempli d’ecailles blanches. La frange et le bord costal sont roses. Les ailes postérieures vert-jaune; le disque n’est qu'un peu plus foncé et toujours séparé par une rangée de taches fauves, dont la grandeur varie beaucoup; la tache basilaire n'est pas grande. La tache centrale très grande, est souvent double et allongée en pointe vers le bord extérieur. La bordure en est large et double. L’abdomen est d’un vert-jaune vif, plus foncé en dessus; les pattes—rose pâle. 346 Je me permets de dédier cette superbe espèce à l’Auguste rédacteur de ces Mémoires, à Son Altesse Impériale le Grand- Due Nicolas Mikhailovitch. La C. Romanovi ne vole que dans les montagnes bordant la vallée de l’Alai, c.-à-d. dans la chaîne transalaïenne et sur les pentes méridionales des monts Alaï ”). On ne la trouve pas au dessous de 8,000 à 7,500 p. Elle préfère les pentes désertes et pierreuses et se trouve très fréquemment dans le Trans-Alai; son vol est extrème- ment rapide. Juin et mi-Juillet; en certains endroits on la rencontre aussi plus tard. 45. Colias Thisoa Men. var. Aeolides Gr. Gr. Supra in utroque sexu limbo angustiore; pagina anticarum et disco posticarum in ®-a pallidioribus obtusisque. Subtus viridior; maculis antemarginalibus anticarum nigris et posticarum fuscis dilutioribus minoribusque. La Thisoa du Pamir se distingue parfaitement du type. Cette différence est très constante, quoiqwelle se borne à ce qui a été dit dans la diagnose. La vive coloration des ® Q de la Perse et de la Trans- caucasie frappe particulièrement, quand on les compare avec les exemplaires mats à coloration pâle du Pamir et du Thian- Chan, surtout quant à la coloration des ailes postérieures, laquelle chez le type est d’un noir velouté, très éclatant et chez les Thisoa de l’Alaï d’un noir pâle, à reflet mat; ceci caractérise particulièrement la var. Aeolides. La bordure des dd est bien plus étroite et, grâce à la coupe plus arrondie 13) Nous avons déjà eu l’occasion de dire que nous n’ajoutons pas foi à l'affirmation que cette Coliade vole aussi dans les monts Alexandre. L'avenir prouvera si j'ai raison. 347 des ailes, plus arquée vers l’exterieur que chez les Thisoa du Caucase; elle est aussi plus étroite chez les ® ®, non- seulement sur les ailes antérieures, mais aussi sur les ailes postérieures, où ses contours sont assez marqués. En dessous, la coloration des deux sexes est plus verte. Toutes les taches ressortent moins et disparaissent quelquefois entièrement sur les ailes postérieures. La bordure de la tache centrale sur celles-ci est aussi plus étroite et plus claire. La C. Thisoa est tout-à-fait isolée dans la classification des espèces de ce genre. J'ai eu la chance de prendre dans les montagnes transa- laïennes une forme hybride entre Thisoa et Romanovi. Cet exemplaire est une femelle. Il ne se distingue de Thisoa ni par sa taille, ni par la coloration du dessous des ailes posté- rieures; tout le reste y compris la tache centrale des ailes postérieures est comme chez Romanovi. Cet exemplaire est particulièrement bien conservé et volait avec Thisoa. La var. Aeolides est assez ordinaire dans les montagnes alaïennes, dans le Trans-Alaï et les monts de Pierre le Grand. On ne la trouve qu’exclusivement sur des pentes désertes et sur des prairies alpines. Hauteur minimum: 9,500 p. Son vol est très rapide, ce qui m'a fait donner à la Thisoa du Pamir le nom d’Aeolides. Juin, commencement de Juillet. 46. Colias Wiskotti Stgr. Berl. Ent. Zeit. XXVI. 1882. p. 166. Pl. II. fig. 9, 10. Staudinger a parfaitement décrit cette espèce originale, quoiqu'il n’ait pas trouvé de différence entre les exemplaires de l’Alai et ceux de Ghissar (Hazret-Sultan d’après Haber- hauer). Je reconnais pour types ceux du Ghissar occidental, puisque Staudinger a fait sa description presque exclusivement d’après des sujets de cette région où cette espèce est l’une des plus ordinaires- Plus vers l'Est, elle devient excessive- 348 ment rare et vole dans des formes, qui méritent des descrip- tions particulières. Ce fait dépend des raisons suivantes: La chaîne de Ghissar présente, particulièrement vers l'Ouest, une contrée de montagnes complètement indépendante, à ra- mifications s’entrecoupant mutuellement et dont la principale direction est du $S.-0. au N.-E. Elle est entourée de toutes parts de steppes arides, développées surtout naturellement vers l'Ouest. C’est à cette circonstance ainsi qu'à la différence de température entre les steppes, formées d’un terrain sablonneux ou de „loess“ échauffées jusqu'à 60° C., et les montagnes, cou- vertes de neiges éternelles, qu'il règne là des vents locaux très forts pendant lesquels de chaudes bouffées d’air s'élèvent par les défilés jusqu'aux crêtes des montagnes, font monter la ligne des neiges persistantes jusqu’à une hauteur de 14,500 p. et produisent en même temps une excessive sécheresse. Il en résulte une parfaite absence de prairies alpines et de pla- teaux ayant le caractère des steppes, qui sont remplacées là, comme dans les parties centrales du Pamir, par des contrées de sable et d'argile couvertes d’Astragalus, d'Oxytropis, d’ Echi- nospermum, etc. Ce sont ces surfaces, disposées le long du versant méridional des monts Ghissar, qui réunissent, à l’aide des élévations du Karatéguine et du Trans-Alaï occidental, le Pamir avec la contrée de montagnes du Ghissar occidental, dont il a été question ci-dessus, par une voie ouverte à tout un groupe d'espèces. C’est donc cette région séparant les cir- ques des prairies de Khingoob et d’Alai, et réunissant le Hindou-Kouch avec les élévations de Hazret-Sultan, que l’on peut appeler la zone d’Oxytropis. Nous avons déjà eu occasion de faire plus d’une fois mention de cette voie par laquelle ont passé tant d'espèces; nous ne ferons qwobserver ici que la C. Wiskotti fait partie de celles-ci; qu’actuellement la dis- tribution de cette espèce est limitée par les confins de la région d’Oxytropis, et qu’elle devient rare dans les parties 349 des montagnes où cette région n’est exprimée que bien fai- blement (le Trans-Alai occidental, les montagnes pres du col Kok-Sou, etc.). L’extreme forme, sans aucune trace de saupoudrement orange, à bord très large et à ® ® presque exclusivement rouge-orange, vole sur les pentes méridionales des monts Ghissar dans le plus proche voisinage du col Liagar-Mourda. Il ne m'est pas arrivé de trouver des dd à reflet lilas, dont Staudinger fait mention. En même temps j'ai trouvé la forme des ® Q blanches, que Staudinger décrit sous le nom de ab. Leuca Stgr. (D) ). Disons que la Wiskotti de Hazret-Sultan, c.-à-d. la forme typique, présente la seconde phase de coloration. lei la colo- ration des ® ® est plus pâle, quelquefois même jaune-ver- dâtre (monts Maguian); les dd ont une légère teinte orange- jaunâtre. Les transitions entre les deux formes sont fréquentes et celles-ci ne méritent pas, en général, d’être séparées. Nous ne possédons point de représentants de cette espèce des contrées à l'Est de Maguian parce qu’elles n’ont pas encore été explorées. La forme de Karateguine-Alai: var. Separata Gr. Gr. (Pl. IV, fig. 3a, b). Hor. Soc. Ent. Ross. 1888: T. XXII, p. 305. diffère d’autant plus. Alae in utroque sexu virescenti-flavae; pagina alarum anti- carum Q-ae ochraceo colorata. Limbo externo angusto, venis flavis intersecto. 174) Staudinger fait mention d’une „halbweisses“ @. A en juger d’après ces quelques lignes on peut supposer que ce n’est pas du tout Leuca, mais Christophi. Il est impossible dene pas se souvenir que Staudinger a fait eir- culer la premiere Christophi comme C. Wiskotti ab; et ce ne fut que dans la suite qu’il reconnut sa faute. Dans tous les cas je ne possède rien de semblable dans ma collection. 390 La var. Separata diffère du type par ce qui suit: 1) colo- ration jaune-verdätre, et la partie centrale du disque des ailes antérieures chez les && toute jaune et chez les ® Q légèrement colorée d’un orange même vif, 2) bordure étroite et, chez les &, très distinctement divisée par des nervures jaunes, qui chez les ® ® ne sont pas aussi distinctes, et il arrive même (Leuca) qu'elle ne tranchent pas du tout sur le fond de la bordure, et enfin 3) le dessous des deux ailes plus jaune chez les deux sexes. Chez cette forme, les ® Q blanches sont plus fréquentes que les Jaunes; elle diffère principalement, entre autres de la Leuca typique, par la tache centrale du dessous des ailes postérieures, qui est toujours d’un blanc vif et non jaune- orange. La var. Separata est très rare; la plupart de mes Q 9 n’ont pas été prises dans les monts Alai, mais dans la vallée de Touz-Dari, sous ‘le col de Ters-Agar. Quoique Wiskotti soit très rare dans la partie occidentale du Trans-Alaï, elle y vole, paraît-il, sous des formes très variées. C’est ainsi p. ex. qu'en 1884 j'y ai pris un & orange, très proche de la var. Chrysoptera décrite ci-dessous, mais se distinguant de celle-ci: 1) par la dimension et 2) par la marge entrecoupée par des nervures jaunes comme chez Separata. Ensuite j'ai trouvé là même, c.-à-d. dans les défilés du Trans-Alaï occidental, une forme très originale, que je compte pour une variété de Wiskotti, laquelle cependant dans la suite sera peut-être reconnue pour une espèce se rapprochant beaucoup de Wiskotti. Je regrette de ne posséder que deux ® ® et pas un seul & de cette forme, ce qui rend la description plus difficile. On peut aussi admettre que ce ne sont que des variétés de la ® de Separata, ce qui dans tous les cas n’a rien d’invraisemblable. Les caractères distinctifs sont: 35l 1) la coloration des deux ® ® qui est différente, l’une blanc-gris, l’autre jaunâtre clair "®); 2) la marge très étroite, à très grandes taches, formant chez la première presque une bande intérieure et à petites taches séparées par un espace noir entre la 3-ème et 4-ème nervure chez la seconde; 3) la tache centrale’ des ailes antérieures grande et ovale, mais non en forme de rhombe, comme chez Wiskotti, et enfin; 4) la marge du dessus des ailes postérieures à tache d’un noir vif dans la partie supérieure et disparaissant ensuite presque entièrement, et le disque de l’aile, plus clair que chez la plupart des Leuca, ne se séparant qu’'indistinctive- ment de la partie marginale de l'aile. En dessous, cette forme, que je nomme Leucotheme Gr. Gr. ne se distingue pas essentiellement de Wiskotti. Enfin dans lextrémité N. O. du Pamir central, des deux côtés des monts Koudara, vole une forme très intéressante, dont nous venons de faire mention et qui peut-être est aussi répandue vers le Sud. C’est la var. Chrysoptera Gr. Gr. Hor. Soc. Ent. Ross. 1888. T. XXII, p. 305. Varietas minor. Alae in utroque sexu simili tictura ochra- ceae (rarius virescenti-ochraceae), limbo externo angustiore. C'est la plus petite des variétés de Wiskotti, que je connaisse. L’envergure du type est de 45 à 60 mm., celle de la Chrysoptera 50 mm.; le plus petit exemplaire a à peine 38 mm. 15) Je ne puis comparer la coloration de cette @ qu'avec celle de la C. Palaeno var. Lapponica. 352 La coloration des ailes est la même chez les deux sexes et peut être nommée orange-ocre; il arrive cependant, mais rarement, de trouver des exemplaires d’une coloration plus foncée, surtout quand la coloration orange est assombrie par des écailles vertes. Le bord costal est jaune-vert. La bordure n’est ordinairement pas plus large que chez Separata, mais il y a des cas, où elle est très large. Les nervures ne divi- sent pas la bande en parties, comme chez celle-ci, mais ressortent cependant quelquefois distinctement de dessous le saupoudrement jaunâtre, qui recouvre toute la bordure chez les exemplaires exceptionnellement bien conservés. En dessous, le disque des ailes antérieures est orange- pâle, vers le bord interne (,area interna“) il passe au jaune- paille. Le bord costal, le sommet et le bord extérieur sont vert-gris lequel a un aspect très foncé à la suite du sau- poudrement noir, qui recouvre chez quelques exemplaires (tou- jours dd) toute la surface de l’aile jusqu’à l’,urea interna“. Les taches marginales noires sont pour la plupart très dis- tinctes, mais ne dépassent jamais le nombre de 4. La coloration des ailes postérieures est toujours très foncée. La tache centrale est particulièrement marquée et, comme chez le type, faiblement entourée de fauve. Les ® ® blanches (Leuca) sont, paraît-il, plus rares que les ® ® oranges et se distinguent de celles du type: 1) par une bordure unie, en même temps très étroite, 2) par le disque plus foncé des ailes postérieures. J'ai trouvé dans les alentours de Goudjabai, sur les pentes N. E. des monts Kounjout, encore une forme de Wiskotti, qui se distingue essentiellement de toutes celles analysées ci-dessus, et se rapproche le plus, quoique cela paraisse fort singulier, des Wiskotti transalaiennes. Malheu- reusement je n’ai réussi à prendre qu'une seule Q bien con- servée et 2 ou 3 E& très défectueux. 353 En dessous, les dd ne se distinguent pas de Separata; leur dimension est aussi égale; la bordure est large, mais comme chez cette variete, entrecoupee de nervures jaunes; leur coloration est orange foncé. La seule ® se distingue de la ® jaune de Separata (Pl. IV, fig. 3 b): 1) par une bordure plus large sur les deux ailes, 2) par une coloration plus vive des ailes antérieures et 3) par un vert plus vif du dessous des ailes postérieures, de la costale, du sommet et du bord extérieur des ailes anté- rieures. Je propose de nommer cette variété: var. Seres Gr. Gr. en souvenir du peuple, qui jadis a habité le cours supérieur du Yarkend-Darya, si toutefois des naturalistes plus heureux que moi peuvent la distinguer comme une forme particulière. Nous avons indiqué ci-dessus la distribution géographique tant du type Wiskotti que de ses variétés; quant à sa dis- tribution verticale elle n’est qu'insignifiante; la limite la plus basse de cette espèce doit être fixée à peu près à 9,000 p., et la plus haute à environ 12,000 p. (col Liagar, riv. Mazar dans le Sarikol, ete.). Elle préfère des surfaces argileuses, couvertes d'Oxytropis et d’Astragalus épineux. Les chenilles de Wiskotti se nourrissent indubitablement de différentes espèces de cette famille d’arbustes, car l’on trouve le plus souvent les ® ® posées sur les touffes de ces plantes. J'ai pris Wis- kotti dans les monts Alaï à la mi-Juin, dans les monts trans- alaïens un peu plus tard; dans le Rochan en Juin; au Sarikol j'ai trouvé au commencement de Juillet des exemplaires déjà fanés, et près du col Liagar-Mourda, j'ai recueilli, même au commencement d’Aotıt, des ® Q assez bien conservées. Leur vol est rapide et fort. 23 354 10. RHODOCERA B. 47. Rhodocera Farinosa Zell. Isis. 1847, p. 5. Pentes septentrionales des monts Alai; entre 4,000 et 5,000 p. Les exemplaires ne se distinguent en rien de ceux du Pont. ELLI GEBEN ED IIE: 11. THECLA F. 48. Thecla Sassanides Koll. Ueber d. Charakt. d. Ins.-Fauna Süd-Persiens. Wien. 1849, p. 10. Th. Deria Moore.—Proc. Zool. Soc. Lond. 1845, p. 507. Pl. 31, fig. 11. Th. Mirabilis Ersch.—Lepid. in. it. Fedtschenkoi coll. 1874. PI. I, fig. 4.— Swinhoe Trans. Ent. Soc. London. 1885, p. 342. D’apres Erschoff, Sassanides et Mirabilis different en ce que: 1) chez Sassanides „la petite raie transversale sur le des- sous des ailes postérieures est plus étroite”, 2) „il n'existe qu'une seule rangée de points noirs“ 3) et la tache noire dans l’angle anal de ces ailes n’e- xiste pas. Nous n'avons à faire qu'une courte observation: Kollar, relativement à la petite raie transversale, s'exprime d’une manière très vague et très brève, brièveté, qui caractérise en général cet auteur; cependant, ailleurs, il parle de la largeur de cette raie en comparant Sassanides avec Acaciae: „statura Th. Acaciae, a qua... strigaque alba latiore valde differt“. M. Erschoff n’a pas eu occasion de voir ls dd 355 de cette espèce, sans quoi il n’aurait certainement pas décrit une nouvelle espece, en se basant sur un caractere aussi peu stable que la largeur plus ou moins grande de la raie qui chez les dd est plus étroite que chez les ® ® et qui, par conséquent, ne présente rien d’extraordinaire. Quant à la rangée des points noirs, Kollar écrit „serie punctorum ocelli- formium nigrorum ante marginem externum“; il me semble, qu'en s'exprimant ainsi, il a bien plus raison que Erschoff, qui nomme le ,punctum ocelliforme“: „punctum duplex“, s’en tient ensuite à ces différentes expressions et suppose, qu'il y à aussi une différence de type! Enfin, quant à la tache noire dans l'angle anal, Kollar n’en fait pas mention; ce- pendant elle caractérise tout le groupe des Thecla, auquel appartient autant Sassanides que Acaciae. Chez quelques-uns des représentants de ce groupe, elle est moins marquée, p. ex. chez cette dernière espèce; chez d’autres elle l’est davantage, p. ex. chez W. album. Kollar, en comparant sa Thecla avec Acaciae, la fait entrer pour ainsi dire dans le groupe en ques- tion et fait par conséquent sous-entendre chez elle l’existence de la tache anale noire. Kollar est si bref, qu'il ne dit pas un mot de la coloration de la frange, et M. Erschoff écrit tout-à-fait à tort que les ailes chez Mirabilis sont ,supra unicolores fuscae“, tandis qu’elles sont toujours bien plus fon- cées vers le milieu du disque. Il n’est donc pas raisonnable de s’en tenir à une description peu exacte et de créer ainsi de nouvelles espèces et des synonymes complètement inutiles. Cette espèce a une distribution assez vaste. Elle a été trouvée dans la Perse méridionale, dans l'Afghanistan, l'Hi- malaya occidental ”) et dans les confins des élévations du Pamir, où elle ne se rencontre pas aussi haut, comme p. ex. 176) Je possède des exemplaires du Kaschmir. 23% 356 à Kunawur (11,000 p. angl.) '”), ou dans le Kaschmir. Les limites les plus élevées de sa distribution sont à 6,000 p. (embouchure du Mouk-Sou) et les plus bas à 3,000 ou même à 3,200 p. (environs de Baldjouan). En outre, j'ai trouvé cette espèce sur toute l’étendue des pentes septentrionales des monts ‘ Alaï et dans les confins du Bokhara montagneux. Mai, Juin. (Karatéguine). Elle préfère les contrées désertes avec une vé- gétation propre aux steppes, ou bien des pentes rocheuses à rares buissons et à végétation herbacée très pauvre. 49. Thecla Lunulata Ersch. Lep. in itin. Fedtschenkoi coll., p. 7. T. I, fig. 5. J’ai trouvé cette espèce dans les ramifications occidentales des monts Ghissar et les confins septentrionaux du Pamir. Sa distribution occidentale est assez vaste; elle a en outre été prise dans les monts Kopet-Dagh ) et la Transcaucasie '"). Elle vole à la même époque que l'espèce précédente, mais elle la surpasse dans la distribution verticale; c’est ainsi, p. ex., que je l’ai rencontrée au-dessous du col de Liagar-Mourda, dans la partie occidentale des monts Ghissar, à une altitude de 10,000 p. Elle préfère les contrées dénudées et désertes. J’ai pris les plus grands exemplaires de cette espèce dans les environs de la ville Oche. 50. Thecla Rubi L. Elle est très rare, mais vole, paraît-il, au commencement du printemps, dans toute la zone des forêts des élévations du Pamir. 177) Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 507. 18) H. Christoph. Mém. s. 1. Lép. T. I, p. 101. 19) N. M. Romanoff. Mém. s. 1. Lép. T. I, p. 48. os Su 1 12. THESTOR Hb. 51. Thestor Fedtschenkoi Ersch. Lep. in itin. Fedtschenkoi coll. p. 3. T. I, fig. 6. Se rapproche le plus du Th.Romanovi Chr. du Caucase. Il a une distribution assez vaste dans les confins du Turke- stan. Je l’ai trouvé dans les domaines du beg de Ghissar, près de Karatag, dans le Ferghana aux environs de la ville Oche et sur les pentes S.-O. de la chaîne du Ferghana, où il s’eleve même jusqu'à 5,000 p. On dit lavoir rencontré dans les monts Kara-Taou, et Fedtschenko l’a recueilli dans la vallée du Zaravchan. Fin d’Avril et commencement de Mai. Dans certains endroits très répandu. Prairies à riche végé- tation printanière. J’ai pris au-dessous du col d’Agwai-Po- lousak, dans les monts Darvaz, à une élévation de 9,500 p., une variété fort intéressante de ce Thestor que j'ai nommée: var. Alpina Gr. Gr. Elle diffère principalement dans la coloration du disque, qui est paille. De plus, la couleur y est posée d’une manière si inégale qu’elle fait l'effet d’un grossier badigeonnage. Toutes les autres particularités de cette forme ne frappent pas autant; nous signalerons toutefois les suivantes: 1) le noir de la base de l’aile est plus foncé et avance plus vers le milieu de l'aile; 2) les ailes postérieures ne sont pas absolument brun- foncé comme chez les Fedtschenkoï typiques, mais chez les &K on y voit les indices de taches de la couleur du disque, et enfin, 3) la bordure des ailes antérieures est plus large et forme un angle plus aigu vers le bord costal. J'ai trouvé, au commencement de Juin, un d' et une Q 358 encore très bien conservés, en même temps quelques exem- plaires très défectueux, en général peu différents entre-eux et qui sont dans ma collection. 13. POLYOMMATUS Latr. B. 52. Polyommatus Solskyi Ersch. Lep. in itin. Fedtschenkoi coll., p. 8. T. I, fig. 7. J’ai pris un grand nombre d’exemplaires de cette superbe espèce dans les ramifications occidentales de la chaîne de Ghissar, sous le col de Liagar-Mourda, à la fin de Juillet, à une élévation d’a peu près 10,000 p. Fedtschenko dit avoir pris son exemplaire au mois d’Aoüt près de Samarkand. On ne peut cependant pas ajouter foi à cette indication. Le P. Solskyi est une espèce alpine et ne peut se rencontrer dans les environs de Samarkand, surtout à une saison aussi avancée. Plus vers l’Est, le type est remplacé par une forme, que j'ai décrite sous le nom de var. Fulminans Gr. Gr. (Pl. VI fig. 4 a,b). Hor. Soc. Ent. Ross. XXII. 1888, p. 305. Supra alae in utroque sexu floridioris coloris, punctis an- temarginalibus ® -ae parvis. Subtus alae anticae multo obscu- riores, posticae canae. Erschoff a décrit Solskyi d’après un seul exemplaire mâle. Les Q © du type et celles de Fulminans diffèrent à tel point, que je préfère en faire une description, qui leur sera commune, et indiquer en même temps leurs caractères distinctifs. La ® de Solskyi ne diffère pas de la Q d’Ochimus par la coloration du dessus; la var. Fulminans a une coloration bien plus brillante et quelques-uns des exemplaires ne se distin- guent presque pas des G'@' les plus éclatants du P. Thetis 359 Klug. La disposition des taches et le caractère général du dessin sont tout-à-fait les mêmes chez les deux formes et iden- tiques avec le dessin d’Ochimus. Toutes les taches du type sont en même temps considérablement plus grandes que chez Fulminans, où elles disparaissent presque entièrement sur les ailes antérieures. Le disque des ailes postérieures chez Solskyi et Fulminans est plus foncé que chez Ochimus. En dessous, Solskyi se distingue d’Ochimus: 1) par la co- loration plus claire du disque des ailes antérieures, 2) par la rangée, sur les deux ailes, de lunules marginales oranges, qui se confondent, sur les ailes antérieures, avec la teinte orangée du disque, et 3) par la coloration plus blanche du dessous des ailes postérieures. En dessous, Fulminans se distingue de Solskyi: 1) par la coloration orange-vif de presque toute la surface des ailes antérieures, l'intensité de cette coloration, augmentant progres- sivement depuis la base jusqu'au bord extérieur; 2) par la coloration blanc-gris du dessous des aïles postérieures. Enfin la forme typique de la ® Solskyi, comme celle de Thetis, a toujours un appendice caudal, tandis que Fulminans ne l’a pas. La différence entre les dd de ces deux formes s'affirme: 1) dans la coloration d’un rouge plus vif du dessus des deux ailes; 2) dans la coloration d’un orange plus vif du dessous des ailes antérieures; 3) dans la plus petite dimension de tous les points et de toutes les taches noires et 4) dans la colo- ration plus blanc-gris du dessous des ailes postérieures. Fulminans vole dans les confins du cirque des steppes de V’Alaï; il s'élève quelquefois à une hauteur de 11,000 p. Juillet. 53. Polyommatus Alpherakii Gr. Gr. (Pl. XIV, fig. 2). Hor. Soc. Ent. Ross. T. XXII, p. 305. Alae G'-is supra valde a Pol. Solskyi Ersch. colore dif- ferunt, margine apiceque angustis nigris, subtus sicut in Pol. Solskyi, sed pallidiores, punctis minoribus. Species inter Pol. Ochimum HS., cui colore similis, et Pol. Solskyi ponenda. d=15 mm.; Q ignota. Cette espèce remarquable réunit en elle les particularités de tout le groupe, dont les membres extrêmes sont d’un côté Ochimus et d’un autre Thetis. En dessus, c’est Thetis à coloration rouge-dorée d’Ochi- mus; en dessous il se distingue de tous les Polyommatus de ce groupe, quoiqu'il occupe la place entre Ochimus et Solskyi. L’Alpherakii n'a de commun avec cette dernière espèce que la bande marginale composée de lunules oranges; le disque de ses ailes antérieures a une coloration tout aussi faible que chez Solskyi; par contre, la coloration du dessous des ailes, le caractère et la dimension des taches noires sont tout-à-fait identiques avec ce que nous voyons chez Ochimus. Alpherakii est le plus petit représentant de tout ce groupe de Polyommatus. Sa patrie sont les monts Kounjout; élévation 14,000 p.; Juillet. Un seul exemplaire, qui a servi à la description, se trouve dans ma collection. Cette espèce remarquable peut servir de prototype à tout ce groupe de Polyommatus; je l'ai nommée Alpherakü en l’hon- neur de mon ami. 54. Polyommatus Caspius Ld. var. Transiens Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 201. Haberhauer a pris cette espèce près de Farab; quant à moi, il ne m'est pas arrivé de la trouver. 55. Polyommatus Sultan Stgr. (Pl. VI, fig. 6 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 202. Cette espèce, assez ordinaire sur les pentes occidentales des monts Ghissar, et parfaitement décrite par Staudinger, 361 vole exclusivement sur des étendues couvertes presque seule- ment d’Astragalus. Fin de Juillet. Elévation 10,000 p. 56. Polyommatus Sarthus Stgr. (Pl. VI, fig. 5). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 202. En décrivant cette espèce, Staudinger fait l’observation suivante: „wohl bei Karakasuk Pass gefangen“. Si ce n’est pas une remarque oiseuse de la part de l’auteur, ces données, dans tous les cas, ne sont positivement pas Justes. 1) Les conditions vitales près du col du Karakasouk ne sont pas favorables à l’existence de cette espèce, et 2) elle ne s'élève jamais à une telle altitude. Les exemplaires, reçus par Staudinger, ainsi qu'une partie des miens, ont été re- cueillis au pied des monts Alaï et dans la vallée même, à une hauteur de 7,500 à 8,000 p. Cette espèce, qui existe exclu- sivement dans des steppes, se trouve aussi dans le Karaté- guine et dans le Darvaz; cependant on ne la rencontre plus vers l'Ouest. Les confins les plus bas de sa distribution sont 5,320 p. (Tobi-dara sur la riv. Khingoob). Juin et premiere moitie de Juillet. 57. Polyommatus Phoenicurus Ld. var. Margela- nica Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 282. Le choix de cette dénomination n'est pas très heureux, car cette forme ne se trouve jamais près de Marghelan ). Dans les confins des élévations du Pamir elle vole sur les 180) M. Staudinger est peu prudent en donnant le nom de différentes localités à de nouvelles formes, quand il ne sait ni d’où ces formes vien- nent, ni ce qu'il reçoit. En voici un exemple: il n'existe pas de montagnes de ,Namangan“, et la ville de ce nom est sur une élévation assez insigni- fiante (1,340 p.) et est entourée de rizières et de plantations du coton. On se demande quelle raison il y a de nommer Parnassius Delphius var. Na- manganus? C’est tout aussi erroné que les noms de T’hecla Rubi, Quercus etc. ou celui de Arctia Dahurica pour un papillon de la Californie. Toutes 302 pentes septentrionales des monts Alai, le long de la chaine Ghissar, dans le Karateguine, où elle atteint la distribution verticale la plus élevée (6,500 p.) et dans le Darvaz (à la fin de Mai et au commencement de Juin). On la voit sur des pentes rocheuses, des éboulements de gravier et des ,saï* à végétation caractéristique de buissons et d'herbe. 58. Polyommatus Dimorphus Stgr. (Pl. VI, fig. 7 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 282. C’est une des espèces les plus intéressantes du genre Po- Iyommatus. Dans les confins du Pamir je ne lai trouvée qu'au- delà du Kischljak Jordan *), d’où proviennent aussi les exemplaires de Staudinger. Là cependant ce papillon volait avec le Pol. Phoenicurus, comme à l'extrémité septentrionale de sa distribution près de Lepsa "”). Il est done difficile de dire, comment il faut envisager Dimorphus, qui, comme on le sait, ne se distingue de P’hoenicurus que par l’absence du fort reflet violet propre aux dd de cette dernière espèce. Une fois que Phoenicurus vole avec Dimorphus, au même endroit et à la même époque, il est impossible de distinguer leurs ® ©. ces appellations ne font qu'induire en erreur. Que dirait M. Staudinger si j'avais l'idée de décrire l’Argynnis Thore de l'Oural comme variété Petropo- litana ou bien la Deidamia de l'Oural septentrional comme variété ex Oren- bourg uniquement parce qu’en revenant, j'ai passé avec mon butin des monts Oural par Orenbourg? Si M. Staudinger jetait un regard sur la carte, il ne ferait certainement pas voler le P. Delphius sur les rives du Syr-Darya moyen (Namangan est situé au confluent du Naryk et du Kara-Darya). 11) Le Kischljak Jordan est à une distance de 5 verstes et au-dessus de Chakhimardan. 182) Staudinger écrit à ce sujet: „bei Lepsa (oder auf dem Alatau?) kommt die Art... nur allein vor, bei Margelan (und, wie ich glaube—auch im Thian- Chan) kommt sie mit Phoenicurus zusammen vor“. Nous savons cependant que Phoenicurus vole aussi dans les monts Ala-Taou; en outre Staudinger ne possède de Lepsa qu'un seul & et 5 2 2, nombre insuffisant pour juger de cette forme 1) comme distincte de celle du Ferghana (qu'il nomme var. Di- lutior) et 2) pour compter avec assurance les 5 9 Q comme appartenant à cette espèce. 363 J'ai pris deux Dimorphus in copula; les deux ® @ dont l’une est figurée sur la Pl. VI, sont très foncées et tout le dessin en est très prononcé. Malheureusement ce n’est pas là le caractère distinctif de Dimorphus; je possède des ® P tout- à-fait semblables de Naoukat et de Chakhimardan, où cepen- dant Dimorphus ne vole pas. Staudinger indique certaines différences entre Dimorphus et Phoenicurus; mais quiconque aurait & sa disposition des series aussi abondantes que moi, comprendrait, que toutes. ces differences sont insignifiantes; ce- pendant il faut rendre justice & Staudinger, il est le premier à rejeter l’importance de ces differences naturellement dans le cas où l’on ne se borne pas à comparer ces deux formes seulement d’après des exemplaires du Ferghana. Quoiqu'il en soit, il fait tout ce qu'aurait pu faire à sa place un lépidopté- rologue, et si la question, qu'est-ce que le Dimorphus, n'a pas été élucidée, ce n’est certainement pas Staudinger, mais la complication elle-même de la question qui en est princi- palement la cause. Nous avons déjà ”) eu l’occasion de parler de cette espèce; nous ne ferons qu’observer ici qu'en étudiant la faune du Pa- mir, des phénomènes analogues, dont nous avons constaté plu- sieurs, parlent en faveur de l'hypothèse enoncée plus haut, et qu'ainsi ce que nous avons admis pour une espèce peut être admis aussi pour une autre. Dimorphus vole au commencement de Juin. Elévation: près de 6,000 p. Rives de Chakhimardan couvertes de buissons de Mentha. 59. Polyommatus Thersamon Esp. Vallée du Ferghana. Depuis la mi-Avril jusqu'à la fin de Mai. Elle n’a pas été trouvée plus haut qu'à 4,000 p. Dans 183) Chapitre III. 364 la vallée du Petit-Karamouk, à une altitude de 7,000 p., il m'est arrivé de trouver une variété fort interessante que j'ai décrite sous le nom de: var. Alaica Gr. Gr. Hor. Soc. Ent. Ross. XXII, p. 305. Supra alae in utroque sexu multo obscuriores, graviter li- lacino micantes (posticae nigro-atomatae); subtus obscuriores, punctis antemarginalibus permagnis. En dessus, non-seulement le disque des ailes posterieures, mais aussi toute la surface des ailes anterieures sont bien plus foncés que chez les Thersamon typiques. Chez les dA ce coloris dépend principalement du reflet violet, qui est sur- tout accentué aux extrémités du disque des ailes postérieures ainsi que le long du bord extérieur des ailes antérieures où le reflet s’accumule en forme de triangle dont le sommet se dirige vers la base de l'aile. Chez les ® Q ce coloris dépend principalement des écailles noires très abondantes par endroits. De plus, chez les dd de la var. Alaica la tache centrale noire des ailes antérieures ressort presque toujours; quant aux autres taches du dessous, elles sont parfaitement visibles d’en dessus, quoique couvertes d’ecailles rouges. En dessous, Alaica diffère encore davantage et rappelle plutôt quelque Polyommatus du groupe Phoenicurus ou même Caspius, qu'une forme aussi proche de Thersamon. Chez ce dernier, comme on sait, il y a, le long du bord extérieur, une double rangée de points, qui forment avec des taches d’un rouge plus vif que la coloration du disque, quelque chose de semblable à des ocelles; il n'y a rien de pareil chez Alaica. Là ces taches perdent tout-à-fait le caractère d’ocelles et font l'effet de gros points noirs noyés dans une bande orange. Les ailes postérieures ne sont pas gris-cendré, comme chez la forme typique, mais blanc-jaunâtre; toutes les taches sont très 365 grandes et produisent toutes ensemble à peu près le même effet que chez Phoenicurus; la bande rouge est large et inin- terrompue. La différence entre Alaica et le type ne se borne cepen- dant pas à ce qui vient d’être dit; elle se manifeste aussi par la forme des ailes qui chez Alaica sont plus allongées et en même temps plus arrondies, et par la coloration de la frange qui est plus foncée chez la dernière que chez la première forme. Commencement de Juillet. 60. Polyommatus Phlaeas L. Dans le courant du mois de Mai elle se trouve partout, mais pas au-delà de 4,000 p. Au mois d’Aotıt, vole la se- conde génération, qu'on ne peut cependant pas rapporter à Eleus, qui, quoique „supra nigricans“, n’est cependant pas „caudata“. D'ailleurs, autant que je m'en souviens, elle sert déjà de transition à la forme de Phlacas du Bokhara, que je décris comme la: var. Oxiana Gr.Gr. et qui differe du type: 1) par la coloration très foncée du dessus des deux ailes chez les &&, 2) par une coloration très pâle de toute la surface du dessous des ailes postérieures. Kabadian. A la mi-Mai. La forme, que j'ai rapportée du versant S. E. des monts Kounjout, se rapproche beaucoup de cette variété. Malheureu- sement je ne possède qu'une seule ®, d’après laquelle il est fort difficile d'établir une nouvelle variété. Voici ses caractères distinctifs: ! 1) Le plus grand exemplaire de Phlaeas de ma collection est de 31 mm.,et la forme, que je décris, a 36 mm., 2) la coloration du dessus est très pâle et 3) la coloration du des- 366 sous est plus pâle que chez Oxiana; toutes les taches sont tres grandes et particulierement developpees sur les ailes posterieures. Dans le cas, où cette forme se trouverait être constante, je propose de la nommer var. Comedarum. Près du col Beïk; 14,000 p.; mi-Juillet *). 14. CIGARITIS Luc. 61. Cigaritis Acamas Klug. Vallées du Kafırnagan et de Vakhch. Mai. Sur le cours inférieur de ces deux rivières cette espèce est très commune. 15. LYCAENA F. 62. Lycaena Boetica L. Quelques exemplaires se rencontraient dans le défilé Sang- Guirdak, dans les ramifications occidentales de la chaîne de Ghissar (Juillet). 63. Lycaena Phiala Gr.Gr. (Pl. XXI, fig. 4). Alis supra violaceis, late fusco-limbatis, nervis fuscis; pos- ticis macula anguli analis parva nigerrima. Cilüs albis. Subtus dilute fuscescentibus; punctis anticarum ut in L. Fischeri Ev. dispositis, dilute fuscis, albido cingulatis; posti- carum — duobus anguli analis nigerrimis caeruleo pupillatis, primo in serie punctorum antemarginalium tribusque basalibus nigris, ceteris dilute-fuscis omnibusque albido cingulatis. d'=8—11 mm; ® ignota. 184) Erschoff a trouvé, parmi les matériaux rassemblés par Fedtschenko, outre les espèces de Polyommatus mentionnées ci-dessus, encore les formes suivantes: Dispar v. Rutilus Werneb. sur la rive du Syr-Darya et Thersa- mon v. Omphale Klug. dans la vallée du Zaravchan. Soie C’est l’un des plus petits représentants du genre Lycaena. En dessus, Phiala est parfaitement identique à la Z. Galba; de même la tache noire qui se trouve près de l’angle anal n’est pas toujours très marquée chez la première. En dessous, la différence est bien plus tranchée, ce qui m'a engagé à sé- parer cette forme comme espèce particulière: 1) La tache sur les ailes antérieures, que les Allemands nomment „Wurzelauge“, manque chez Phiala; ce , Wurzel- auge“ se trouve pourtant au milieu entre la base et la tache lunulaire centrale; ö 2) cette espèce a deux taches extrêmement noires, cou- vertes d’ecailles à reflet vert-métallique et disposées, comme ordinairement, à l’angle anal des ailes postérieures; 3) toutes les taches sont plus claires que chez Galba, à l'exception de quatre: celle, extrême dans la série des taches disposées le long du bord extérieur des ailes postérieures, et les trois basales, qui sont toujours d’un noir vif. J’ai trouvé la L. Phiala, à un nombre fort restreint d'exemplaires, dans le Kabadian. Mi-Mai. Elle vole dans les endroits couverts de Alhagi Camelorum. 64. Lycaena Argiades Pall. var? Je ne possède qu'une seule Q des environs de Nouveau- Marghelan, laquelle se distingue des Argiades typiques par le dessous brun-clair (alae subtus dilute-fuscescentes) des deux ailes. Je l’ai prise le 23 Juillet. Comme Staudinger a trouvé nécessaire de donner une dénomination particulière à la forme printanière, correspondant à Polysperchon: var. Decolor Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 203. il sera naturel que cette seconde génération exige aussi, dans la suite, un nom particulier. 368 65. Lycaena Alaina Stgr. (Pl. VIII, fig. 7). Stett. Ent. Zeit. 1837, p. 50. — L. Muzaffar Gr. Gr. Mém. s. 1. Lep. T. III, p. 399. Species L. Fischeri Ev. proxima. Alis &-is supra viola- ceis, late nigro-limbatis; posticis punctis submarginalibus et margine antico lato nigris; subtus ut in L. Fischeri Ev., sed multo obscurius. d=13 mm. 9 ignota. La description de Staudinger a précédé la mienne de quel- ques semaines, ce qui donne la priorité à ce lépidoptérologue. Je trouve cependant utile de joindre ma diagnose à celle de Staudinger, pour faire valoir mon opinion sur cette Lycaena que je place, dans le classement de ce genre, immédiatement après la L. Fischeri dont Alaina se distingue: 1) par la co- loration violet-foncé du dessus des ailes; 2) par le dessous gris-foncé des deux ailes, et 3) par la plus petite dimension de toutes les taches du dessous des deux ailes. Je n’ai pas pris de ® ®; mais, à en juger d’après la description de Staudinger, elles doivent être d’une couleur noir-brun, à légères traces du dessin près de l’angle anal des ailes postérieures; quant à la coloration du dessous, nous ne savons rien; il faut supposer qu'elle ne se distingue pas essentiellement de celle des IC. Chez Alaina les petites queues n'existent pas, même à un état aussi rudimentaire qu’on le voit chez Fischeri Ev.; néan- moins les poils de la frange sont là plus épais et avancent assez sensiblement. Localité de Touptschek dans le Darvaz (chaîne de Pierre le Grand), élévation 12,000 p.; 27 Juin. Staudinger l’a reçue des pentes méridionales de l’Alaï, probablement du cours su- périeur du fleuve Tekelik. 369 66. Lycaena Elvira Ev. (Pl. VII, fig. 4 a, b). Bull. de Moscou. 1854, p. 177. — L. Oberthüri Gr. Gr. Mem. s. 1. Lep. T. III, p. 399. Alis G'-is supra caeruleis late nigro-limbatis, cilüs albis latis; posticis punctis submarginalibus nigris, lato margine antico fusco; P-ae fuscis, anticis puncto centrali subnullo, posticis punctis submarginalibus obscurioribus; subtus in utro- que seæu albidis, basi plerumque caeruleo-virescente squamatis; anticis puncto discocellulari seriebusque tribus macularum ni- grarum; posticis punctis 4 basalibus, discocellulari, serie externa, seriebusque duabus punctorum antemarginalium etiam nigris; macula subanali ut in Lyc. Sieversi atra, caeruleo pupillata (rarius sine squamis caeruleis). Oculis nudis. dP=15 mm. Le dessin de cette espèce remarquable n’avait pas encore été publié. TI m’a été d’abord impossible de reconnaître ma L. Oberthüri i. litt., parmi les trois exemplaires fanés et dé- fectueux d’Elvira de la collection d’Eversmann et qui lui ont servi d’originaux. Je ne me suis aperçu de mon erreur que dans la suite, lorsque je me suis sérieusement mis à élaborer mes riches matériaux et que j'ai fait plus ample connaissance avec la collection en question. Jusqu'à présent cette intéressante Lycénide, à laquelle il est impossible de fixer une place dans le classement des espèces de ce genre, en est encore un des représentants les plus rares. Après un intervalle de plus de trente ans, j'ai eu la chance de la trouver une seconde fois, mais je n’ai pu la prendre qu'à un nombre fort insignifiant d'exemplaires, dont deux ont passé à l'étranger et les autres se trouvent en partie dans la collection de Monseigneur le Grand Duc Nicolas Mikhaïlo- vitch, en partie dans la mienne. Elvira est réellement superbe. Aucune des Lycénides con- nues n'a une coloration azurée et transparente à la fois comme 24 celle-ci. Les nervures sont noirätres; la large bordure est d’un fauve noirâtre et ses limites ne sont très marquées que sur les ailes postérieures où elle devient en même temps plus étroite. Les ® ® sont brun-noir, cependant à nervures plus foncées que la coloration du fond. Le long du bord extérieur, à partir de l’angle anal, ressortent des taches encore plus foncées et, chez les deux sexes, entourées d’une pénombre assez claire. En dessous, elle est encore plus intéressante: sa coloration générale est blanc-laiteux, et toutes les taches sont d’un noir vif. Il n’y a point de traces d’écailles rouges, si ordinaires chez les Lycénides; à leur place se trouvent près de l’angle anal deux grandes taches d’un vert métallique, qui disparaissent quelquefois tout-à-fait, quoique rarement. Le saupoudrement bleu-métallique, qui couvre la base de l’aile, est aussi peu constant et disparaît quelquefois entièrement. Les exemplaires d’Eversmann viennent du Syr-Darya; les miens, de l’un des affluents principaux de ’Amou-Darya, de la rivière Sourkhan où je les ai pris à la mi et à la fin d’Avril, au bord de l’eau. Elevation environ 1,500 p. 67. Lycaena Trochylus Fır. Vallée du Ferghana, Bokhara; Mai; pas au-delà de 3,500 p. 68. Lycaena Aegon Schneid. Darvaz: vallée du Khingoob. Commencement de Juin. 69. Lycaena Dschagatai (ir. Gr. Alis '-is supra riolaceo-caeruleis, tenwissime nigro-mur- ginatis, ciliis albidis; Q-ae fuscis, posticis punctis submar- ginalibus nigris, ut in L. Argus superpositis maculis fulvis; ciliis fuscescente interruptis vel rarius albis. Subtus in utroque sexu canis ad basim &-is dilute gri- sescentibus, ® -ae dilute fuscescentibus, minute-maculatis, fascia 371 submarginali lata aurantiaca, maculis nigris, quatuor vel om- nibus caeruleo-squamatis. Oculis nudis. G'P—=13—14 mm. Dans la collection d’Eversmann ce papillon est marqué du nom Argus L., avec lequel il n'a d’ailleurs rien de commun. La coloration du dessus des deux ailes est soyeuse, lilas- bleu; les nervures ne ressortent pas du tout, ce qui donne aux ailes un aspect très délicat et pale. La bordure est noire et plus étroite que chez toute autre espèce du groupe Argus L. La frange est large, quoique cependant plus étroite que chez Aegon ou chez Argus, et chez les Gé elle est souvent blanche. Chez les Q ®, dont la coloration ne diffère aucu- nement de celles d’Argus, la frange a au contraire, par en- droits, une teinte fauve. Le dessous des ailes est plus clair que chez Argus; les points et les taches sont plus petits, quoique bien plus mar- qués. La bande marginale orange-vif est comparativement large et passe par les deux ailes. Il n’y a pas moins de quatre taches métalliques; elles ne sont pas grandes, mais se distinguent néanmoins par une extreme vivacité. La base des ailes postérieures n’est que légèrement couverte d’un bleu métallique. J'ai trouvé pour la première fois cette interessante Ly- cénide sous Schir-Abad, tout près de l'enceinte de la ville; ensuite je lai trouvée dans les buissons sur les rives de Ja riv. Sourkhan, mais pas plus avant vers PEst. Mon ami A. 1. Wilkins Pa prise dans la suite près de la ville Perowsk sur le Syr-Darya (Eversmann l’a aussi reçue du Syr-Darya). De sorte que les confins de la distribution de cette espèce coïn- cident à peu près avec les frontières politiques du khanat Dja- gataï, qui, jadis, existait dans l'Asie intérieure. Voilà pour- quoi j'ai ainsi nommé cette Lycénide. Mi-Avril. 372 70. Lycaena Argus L. Trois exemplaires dd pris sur la rivière Kitschi-Kara- mouk, quoique différents des Argus d'Europe, se rapportent cependant tous à cette espèce. En dessous, ils rappellent sur- tout les Argus de France; ils se distinguent principalement du type par la coloration du dessus bien plus foncée. La marge est aussi plus large. En général Argus est, paraît-il, la Lycénide la plus rare dans le Pamir. On la trouve sur les rives des ruisseaux, couvertes d’une riche végétation. Fin de Juin. 71. Lycaena Roxane Gr. Gr. (Pl. VII, fig. 3 a, b). Mém. s. 1. Lép. T. III, p. 400. Alis G'-is supra violaceo-caeruleis, albo ciliatis lateque vel tenue fusco-nigro limbatis; ®-ae fuscis. Subtus in utroque sexu fuscescente-canis; omnibus puncto discocellulari serieque macularum nigris, albo cingulatis; maculis atris posticarum duabus (rarissime) vel omnibus caeruleo-squamatis; fascia sub- marginali rufa leniter interrupta in venis. Oculis nudis. d9=13—-15 mm. Cette Lycénide se trouvera peut-être identique avec: 1) Argus var. Maracandica Ersch. Lep. in itin. Turkest. a Fedtschenko lecta p. 10. „Subtus punctis ocellaribus subnullis, ® supra caerulea, fusco-adumbrata“ , et 2) Argiva Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1866, p. 204. Quand on a sous les yeux la description d’une espèce - telle qu'une Lycénide du groupe Argus, il est ordinairement fort difficile de se figurer celle-ci en entier, c.-à-d. dans tous ses détails. Ainsi, par exemple, comment se représenter Argiva? 373 „Die Stücke sind von mittlerer Grösse, eher klein zu nennen... Von Planorum Alph. unterscheiden sich die & leicht durch einen etwas breiteren schwarzen Saum und durch schwarze Augenflecke, die vor diesem Saum auf den Htfl. stehen. Auch die Argiva ® zeigen diese Augenflecke durch blau abgegrenzt mit fast ohne jeden Anflug von Roth, wel- ches sonst bei den Argus ® hier stark auftritt“. Von drei ®@ zeigt nur das eine „einen blauen Anflug ganz schwach an der Basis der Flügel“. „Besonders auffallend ist die Unterseite, wo auch das Roth am Rande meist ganz verschwindet“. „... Die schwarzen Randaugen der Htfl. sind wie bei Argus mehr oder minder silbergrün bestreut. Die vor diesen Rand- zeichnungen bei Argus stehenden dreieckigen schwarzen Flecke sind bei Argiva fein linienartig“... voilà comment la carac- terise Staudinger. A en juger seulement par la description, Roxane se di- stingue en bien des points d’Argiva: 1) elle égale par sa taille les plus grands Argus, Venver- gure étant de 30 mm.; 2) quoique la largeur de la marge noirätre varie, elle est cependant toujours plus étroite que chez Argus v. Pla- norum, que j'ai reçu de l’auteur lui-même; 3) il se trouve parmi mes Rorane assez de ® ®, chez lesquelles les taches marginales noirätres des ailes postérieures sont à moitié cerclées d'orange; ces exceptions cependant ne sont pas très fréquentes; 4) il y a des cas, où ressort également aussi une bande orange sur les ailes antérieures; 5) les cas sont encore plus fréquents, où toute la surface est entièrement ou seulement en partie couverte d’ecailles bleuätres, de sorte que l'expression de Erschoff „Q supra cae- rulea, fusco adnmbrata“ est ainsi parfaitement justifiée; et enfin, 374 6) malgré la diagnose de cette espèce, écrite en 1887, j'ai pris, au printemps de la même année, aux environs d’Oche, plusieurs d'&' de Roxane tout-à-fait sans taches métalliques qui étaient remplacées par des taches noires. L'expression de Erschoff „subtus punctis ocellaribus subnullis“ peut donc être aussi facilement adaptée ici. Cependant je ne me charge pas de prouver l’indentité de Maracandica, Argiva et Roxane et nommément parceque tant Erschoff que Staudinger adaptent cette forme à Argus; selon moi Roxane ne doit avoir une parenté que fort éloignée avec cette forme et occuper dans le classement des espèces de ce genre une place indépendante '®). Dans les confins du Pamir, Roxane semble peu répandue. Elle se trouve dans la vallée du Ferghana et dans une partie du Bokhara, contigu& aux ramifications occidentales de la chaîne Ghissar. C’est là que j'ai trouvé une variété ou peut- être une aberration de cette espèce, que je nomme: var. an ab. Bactriana Gr. Gr. et qui se distingue particulièrement parce que la ® ne dif- fère presque pas du @ par sa coloration. D’après Staudinger, l’Argiva se trouve dans l’Alai, à Mar- ghelan, Namangan, et il exprime en même temps l'opinion, que c’est une forme particulière de montagnes. Roxane se trouve exclusivement dans les vallées et nulle part au-delà de 3,700 p. Si Staudinger a raison et si son Argiva et ma Roxane ne sont pas identiques avec Maracan- “ 155) A en juger d’après la description, Argiva et ma Roxane doivent se rapprocher surtout de la Zye. Acdestis m. i. litt., que j'ai rapporté en 1888 de l’Oural septentrional et qui se distingue de toutes les espèces du groupe d’Argus par sa coloration ressemblant à celle de la Z. Kindermanni Ld. Cette Lycénide sera décrite dans l’un des tomes suivants de ces ,Mémoires“, 375 dica Ersch., il est singulier, que je n’aie rencontré nulle part cette espèce. Roxane vole en Avril et au commencement de Mai. 72. Lycaena Eversmanni Stgr. (Pl. VII, fig. 2 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 205. Cette espèce a été parfaitement décrite par Staudinger. Je suis néanmoins porté à croire qu'il se trompe, en indiquant les dimensions de cette Lycénide de la manière suivante: „Sie hat im Durchschnitt die Grösse von mittleren Argus“; dans le cas contraire, il ne me reste qu'à admettre que les Argus de ma collection du Turkestan, de Sarepta, de la Podolie, des Alpes, de la France, de St.-Petersbourg. etc., etc., sont tous, par un étrange hasard, extraordinairement petits. Evers- manni, selon moi, malgré les variations quant à la dimension, est la plus grande Lycénide du groupe Argus. Sa distribution verticale dans les confins des élévations du Pamir, ainsi que sa distribution horizontale, est extrème- ment vaste. Nous la trouvons dans les plus proches environs d’Oche à une hauteur de 3,200 p. et dans le centre même du Pamir à une élévation de 14,000 p. (Monts à l'Ouest du cours inférieur de V’Ak-Baital méridional); dans les monts du Ferghana et les ramifications oceidentales des monts Ghissar; enfin dans les monts Karatéguine et tout le long de la chaîne Alaï du côté septentrional. Ses conditions vitales sont partout les mêmes. Pentes pierreuses, quelquefois des escarpements très rapides, des „sais“ avec leur triste végétation, tels sont les endroits, qu’elle choisit pour séjour. Avril, Mai et Juin, selon l'altitude. 376 73. Lycaena Christophi Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1874, p. 87. Christoph. Mém. s. 1. Lép. T. I, p. 102. Pl. VI, fig. 2 a, b "*). Samadra Moore. —Proc. Zool. Soc. Lond. 1874, p. 574. Pl. 67, fig. 2. La description de Staudinger a paru quelques semaines avant celle de Moore, ce qui donne la priorité au nom Chri- stophi. J’ai pris des exemplaires se distinguant peu de ceux de la Perse, à la mi-Avril, dans le plus proche voisinage de Schir-Abad, à une altitude d’un peu plus de 1,500 p. Les Christophi '”) du Kaschmir (Samadra Moore) sont plus grands que ceux de la Perse et forment une transition à la var. Rogneda Gr. Gr. Varietas fere duplo major. Alis supra et subtus obscurio- ribus, minute maculatis, fascia aurantiaca. Sa patrie, c’est le Kaschgar (environs de Myn-iola, mais je rapporte aussi à cette variété les exemplaires, pris dans le Darvaz, à l'embouchure du Khingoob-Darya. Dans les deux cas, l’élévation et l’époque de la prise sont les mêmes: 6,500— 7,000 p., commencement de Juin. Le caractère le plus intéressant de cette variété, outre sa plus grande taille et la coloration très foncée tant du des- sous que du dessus des ailes, c’est certainement la bande orange, qui, chez certains exemplaires, se trouve non-seu- lement sur le dessous des ailes postérieures, mais aussi sur le dessous des ailes antérieures. Toutes les taches aussi sont considérablement plus petites. 185) Ces dessins présentent la Z. Christophi presque deux fois plus grande qu’elle n’est en réalité. 187) Samadra a été décrite d’après les exemplaires de Baltistan; la distri- bution de cette Lycénide est done énorme: l'Iran, terres basses du Touran, le Pamir, le Djittischar, le Kaschmir et enfin le Petit-Thibet. 3m 74. Lycaena Tomyris Gr.Gr. (Pl. VII, fig. 5). d ignotus. Alis P-ae supra nigro-fuscis ad basin cae- ruleo-squamatis; posticis maculis submarginalibus obscurioribus, griseo-circumdatis. Ciliis albis. Subtus fuscescentibus, basi caeruleo-virescente squamatis; anticis puncto discocellulari serieque macularum antemargina- hum nigrarum lato albido circumdatis; posticis punctis ante- marginalibus et basalibus—nullis, macula discocellulari nigra lato albido circumdata, fascia submarginali dilute-aurantiaca, maculis submarginalibus plus minusve caeruleo pupillatis. 0213} mm: Il n’existe qu'une seule ® de cette espèce intéressante au plus haut degré. Je pensais d’abord avoir affaire à une aber- ration quelconque, et j'ai täche de l'adapter à l’une des espèces connues, mais sans succès. Elle se rapproche surtout d’Æume- don, dont elle se distingue, outre l'absence des taches sur le disque des ailes postérieures: 1) par la présence de taches plus foncées que la colora- tion du dessus et assez grandes le long du bord extérieur des ailes postérieures; 2) par un reflet bleuâtre à la base, et 3) par des taches métalliques sur le dessous des ailes postérieures — ce qui me force de rapporter cette espèce au groupe d’Argus. En voici la description détaillée: Coloration du dessus des ailes brun-foncé, se rapprochant surtout de celle de la ® de la L. Eversmanni. Le saupou- drement bleuâtre à la base de l'aile rapproche aussi Tomyris de la L. Eversmanni. Frange blanche. Sur le bord extérieur des ailes postérieures s'étend une rangée de taches presque noires, ombrées d’un saupoudrement grisätre; une semblable rangée de taches, quoique peu marquées, se trouve aussi sur les ailes antérieures. En dessous, le dessin est excessivement simple. Le long du bord externe des deux ailes s’allonge une rangée de taches ocellées, plus marquées sur les ailes posté- rieures, et comme entrecoupée par une bande orange-clair, qui cependant n’atteint pas le bord supérieur et est inter- rompue par les nervures. Outre cette rangée de taches exi- stent encore: 1) des taches centrales en virgules noires, noyées dans des écailles blanches; 2) une rangée de taches, dont deux seulement bien marquées, qui s'étend le long du bord exté- rieur sur le disque des ailes antérieures. Les taches métalli- ques sont petites; de plus ce n’est que la 3-ème tache, depuis l'angle anal, qui ressort distinctement. La base des ailes postérieures est sablée d’ecailles métalliques. Mi-Juin. Chaîne transalaïenne près de la rivière Aram. Cet exemplaire se trouve dans ma collection. 75. Lycaena Rutilans Stgr. (Pl. VII, fig. 7). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 208. Elle a été très bien décrite par Staudinger. L’arene de cette espèce est le cirque des steppes de l’Alai, au-delà du- quel on ne la rencontre plus nulle part; en certains endroits, par les défilés, elle s'élève assez haut dans les montagnes. Je lai prise en 1884, c.-à.-d. deux ans avant que lait reçue Staudinger, sur la rive rocheuse de la rivière Tekelik dans les monts Alaï, et plus tard près du col Ters-Agar (10,500 p.), etc. Juin et même commencement de Juillet. 76. Lycaena Iris Stgr. (Pl. VI, fig. 8 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 207. Je ne sais trop, pourquoi Staudinger compare dans sa description Iris avec Anisophthalma Koll. et Miris Stgr.; je suppose, qu’Zris n’a rien de commun avec ces deux espèces. 379 Dans le classement des espèces, Iris doit être mise à côté de Hyrcana et Sieversi du groupe Argus. La ressemblance d’Iris avec Rutilans est frappante, et si celle-là ne volait pas dans des endroits, où il n’y a point de traces de Autilans, il serait fort difficile de distinguer ces deux espèces, qui auraient présenté alors tous les cas de transitions de lune à l’autre, soit par croisement, soit par d’autres raisons. Il faut supposer, dans tous les cas, que le demembrement du prototype en ces deux formes a été fort récent. Iris vole dans toute la partie occidentale du Pamir et sur les pentes septentrionales de la chaîne Alaï, sa distribu- tion verticale, paraît-il, n'est pas limitée. J’ai pris des Iris typiques tant à une altitude de 1,500 p. (vallée de la riv. Kafirnagan) qu'à plus de 10,000 p. (col de Liagar-Mourda). Suivant la hauteur, depuis Mai jusqu'à la fin de Juillet. 77. Lycaena Sieversi Chr. Hor. Soc Ent. Ross 12 x, pr 23 pl. T fie. 1; 2. Deux '&', que j'ai pris sur les rives de Kitschi-Kara- mouk, dans les premiers jours de Juillet, ne se distinguent presque en rien de ceux de Perse. Dans le Ferghana le type est remplacé par la var. Haberhaueri Stgr. (Pl. VII, fig. 6 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 206. Qui se distingue du type: 1) par sa taille bien plus grande, 2) par un plus large bord noirätre sur les deux ailes et 5) par l’absence d’un reflet violet-bleu chez les ® ®, lequel, comme on le sait, recouvre chez le type non-seulement la base, mais aussi une partie du disque de l'aile. Quant à la plus petite dimension des taches métalliques, qui parfois disparaissent même totalement chez Haberhaueri, les exemplaires, que j'ai pris dans le Ferghana, ne confirment 380 nullement l’opinion de Staudinger. J’ai recueilli pres d’Oche plus de 300 exemplaires de cette Lycenide, et, parmi tout ce grand nombre d’exemplaires, je n’en ai pas trouvé un seul, qui se distinguät par les particularités indiquées ci-dessus. Je n'ai pas collectionné près de Samarkand et dans les environs de Namangan; c’est pourquoi je ne possède point d'exemplaires de ces localités. Partout, où elle vole, on la rencontre en grande abondance. Commencement de Mai. 78. Lycaena Bellona Gr.Gr. (Pl. XV, fig. 1). Horae Soc. Ent. Ross. XXII, p. 306. Alae supra caeruleae, late nigro-fusco limbatae, ciliis albis; anticae puncto centrali nigro, posticae punctis submarginalibus latoque margine antico nigro-fuscis. Subtus sicut in L. Haber- haueri Stgr., sed pallidiores, macula anguli analis parva fusca, caeruleo non pupillato. G'=12—14 mm; 9 ignota. Cette Lycenide est remarquable par l’absence des taches métalliques; elle occupe cependant la place à côté de Sieversi, Iris et Rutilans. La coloration du dessus est d’un bleu foncé. La tache centrale noire a, sur un exemplaire, l'aspect d’un trait, sur un autre, l'aspect d’un point. La bordure noire est large; elle s’elargit vers le bord intérieur et disparaît comme pénombre sous le saupoudrement bleuâtre du disque. L’area costalis des ailes postérieures est noirätre. La bordure est plus étroite mais aussi plus noire que sur les ailes antérieures. Les taches marginales sont plus claires et s’inserent en forme de virgules noires dans le disque. Frange blanche. En dessous, les taches marginales ocellées ne sont que peu distinctes. On remarque sur les ailes postérieures de légères traces d'orange et vers le centre du disque ces taches sont comme surmontées d’autres petites triangulaires blanches. Point 381 de taches métalliques, mais elles sont remplacées par deux noires très accentuées. Toutes les autres taches sur le dessous des deux ailes sont très grandes, d’un noir vif et cerclées de blanc. La base de l’aile est sablee d’ecailles métalliques ver- dätres. La frange est blanche à intervalles plus foncés. Par la coupe de ses ailes, Bellona se distingue de toutes les Lycénides, qui me sont connues, par l’angle obtus intérieur des ailes antérieures. Malheureusement cette particularité n’a pas été reproduite sur le dessin. Bellona n'a été prise qu’en deux exemplaires près de la rivière Koudara, à une altitude d’ä peu près 10,500 p. Mi- Juin. 79. Lycaena Loewii Z. var? Ferghana Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 262. En décrivant cette espèce, Staudinger l’envisage comme variété de Loewü L. On sait, que les opinions sur les rapports réciproques entre des formes parentes sont tou- jours personnelles; aussi n’aurais-je rien à dire à ce sujet, si Staudinger s’en tenait toujours à la même opinion. Mais c’est justement par là qu'il pêche. Ainsi il sépare p. ex. la Pieris Ochsenheimeri comme espèce bien tranchée; il trouve, que cette forme s’est assez différenciée de P. Napi (ou bien au contraire?), et il réunit en même temps deux formes telles que Loewii et Ferghana encore plus différenciées entre elles et ne présentant Jamais des formes transitoires, ce qui ne peut être dit de Napi et d’Ochsenheimeri. On pourrait ad- mettre une semblable inconséquence, dans la définition des espèces, chez des systématiciens aussi faibles que le sont feu Keferstein et Elwes, qui ont eu le talent, comme nous l’avons vu plus haut, de réunir jusqu'à 20 formes différentes en une espèce, se fondant sur des caractères communs fort insigni- fiants ou même sans aucune raison; mais cette inconséquence 382 est tout-à-fait inconcevable chez Staudinger, le plus fort et le plus expérimenté parmi les lépidoptérologues de notre temps. Quoique nous ayons placé Ferghana comme var? de Loewü, nous supposons cependant qu'il eùt été plus juste de compter la première comme une bonne espèce, qui doit étre mise à côté de Loewit. Les exemplaires de la var. Ferghana du Bokhara oriental et du Ferghana ne présentent point de différences tant soit peu essentielles; ceux du Darvaz au contraire se distinguent en ce que l'orange s'étend presque sur toutes les taches, for- mant la bande extérieure sur le dessous des ailes postérieures. Fin d'Avril et commencement de Mai. Elevation de 1,500 à 4,000 p. Les exemplaires du Darvaz datent du commen- cement de Juin. Hauteur: 6,500 à 8,000 p. 80. Lycaena Zephyrus HS. var. Zephyrinus Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 204. Christoph. Mém. s. 1. Lép. T. I, p. 102, PI. VI, fig. 3 a, b. Zephyrus est une Lycénide des plus répandues. Elle se répand de l’Andalousie et de la Suisse par la presqu'île du Balkan, l'Asie Mineure, l'Arménie, la Perse, la Mésopotamie et ensuite le Touran et le Bokhara vers l’Est jusqu'aux mon- tagnes cernant à l'Est la vallée de Ferghana. Sur toute cette énorme étendue existent plusieurs variétés de Zephyrus, dont la plus orientale, depuis les rives de la mer Caspienne jusqu'aux monts Ferghana, est la var. Zephyrinus, connue depuis longtemps, mais décrite depuis peu par Staudinger. Si l'on s'en tient aux lois posées par Je D-r. Staudinger ©), cest M. Christoph, qui doit étre reconnu comme auteur de la var. Zeplyrinus, puisque c'est lui qui a publié, deux ans avant la description de Staudinger, d'excellents dessins de cette espèce. Voici en effet ce qu'écrit Staudinger: 188) Catalogue. 1871, p. XV. 383 „La priorité de la découverte d’une espèce ne peut être reconnue qu'à celui qui a publié cette espèce, d’une manière reconnaissable, par voie d'impression ou de gravure“. Je ne suis pas tout-à-fait de l’avis de l’honorable lepi- doptérologue, qui donne un si vaste champ à tant de malen- tendus. Selon moi, ce n’est qu'une description et non une gravure, qui donne le droit de priorité. Zephyrinus est, en général, une forme qui varie, mais cependant pas à tel point, qu'on puisse la briser en chainons séparés. J’ai trouvé cette espèce dans les confins des éléva- tions du Pamir, quoique à un nombre d'exemplaires assez restreint, partout à une hauteur de 2,000 à 8,000 p. Les exemplaires de ma collection proviennent des localités sui- vantes: Oche (3,400 p.), Isske-Naoukat (4,000 p.), Goultscha (5,300 p.), Karatagh (2,800 p.), Karnak (7,000 p.), Tabi- Dara (5,360 p.) et vallée de la rivière Khingoob. L’epoque de la prise dépend de l'élévation; depuis la fin d'Avril jusqu'à la mi-Juin. Zephyrinus vole sur les bords des „sai“ et se pose volontiers sur des cailloux réchauffés par les rayons du soleil de midi; il vit aussi sur des éboulements de sable, mais rarement. 81. Lycaena Baton Brestr. Nomencl. d. Ins. IT. Tabl. 60. fig. 6-8. p. 18. 1779. Vicrama Moore (Polyommatus) — Proc, Zool. Soc, Lond. 1865. p. 209. Pl. 31. fig. 6 (2). Cashnwirensis Moore (Scolitantiles)—Proe. Zool. Soc, Lond. 1874. p. 272. Swinhoe, "Trans. Ent. Soc. Loud. 1885. p. 341. Qu'ils sont singuliers ces entomologistes anglais! Leurs descriptions sont, en general, très sensées, mais par contre la critique n'existe pas chez eux, et je ne sais comment expliquer le sans-gène de Moore et de Butler, qui décrivent des formes décrites déjà il y a 100 ans et se trouvant dans les collections de chaque écolier, et cela, comme dans le cas 384 présent, à plusieurs reprises. Nous aurons encore, dans la suite, occasion de constater ce fait; pour le moment, il est seulement curieux de remarquer que la même L. Baton a été enrégistrée par Moore dans deux genres différents. La Baton du Turkestan ne se distingue en rien des exemplaires de Sarepta, mais elle est plus grande et plus claire que ceux de France. Je l’ai prise dans le Ferghana (Oche) et dans le Bokhara oriental (riv. Sourkhan). Selon toute apparence, c’est une espèce peu commune dans le Turkestan; sa distribution, en général, est cependant immense: toute l’Europe, l’Asie ante- rieure, l’Afghanistan, le Turkestan, et au Sud le Baltistan, le Kaschmir et le Thibet occidental. Il est remarquable que cette espèce, rare dans le Turkestan et dans le Thian-Chan "”), ne se rencontre jamais dans l’Altaï ""). 82. Lycaena Devanica Moore (Pl. VII, fig. 4 a, b). Proc. Zool. Soc. Lond. 1874, p. 573. T. 66, fig. 4. Sarta Alph—Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 387. T. 16, fig. 8. Phryxis Stgr.—Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 212. C’est une des Lycénides les plus originales, que nous connaissions; sa place dans le classement des espèces est assez indéterminée. Il vaut peut-être mieux la ranger près de Zephyrus, comme le fait Staudinger, quoique, sous un autre rapport, elle présente tant de particularités que cette place aussi ne peut lui être décernée. Dans les confins des élévations du Pamir cette espèce est extrèmement répandue et partout à une élévation de 2,000 189) Alpheraky. Lepid du district de Kouldjà etc. 120) Jai déjà plus d’une fois fait mention des matériaux sur la faune lé- pidopterologique de l’Altai, rassemblés par M. Souvortzew. Parmi ces maté- riaux, comprenant plus de 120 espèces de Rophalocères, je n'ai pas vu un seul exemplaire de la Z. Baton, quoiqu’une espèce voisine Orion fût parmi d’autres Lycénides. Il est vrai qu'au Tarbagatai, Baton a été trouvée par Haberhauer. 385 à 8,500 p. Elle vole, paraît-il, sous forme de deux généra- tions aussi sur des hauteurs insignifiantes; p. ex., dans le défilé de la riv. Sang-Guirdak, au-delà du Sari-Djoui et à une alti- tude de 2,500 à 3,000 p. je l’ai rencontrée à la fin de Juillet, pendant que, dans les environs de Voadil (Ferghana) et presque à la même hauteur, je l'ai prise déjà à la fin de Mai. Ses variations sont infinies, mais ses transitions sont en même temps si considérables, qu'il est difficile de diviser cette forme en variétés à caractères déterminés. Le type de Moore vient de Ladak. Je ne possède pas d'exemplaires provenant de là. Les Devanica du Kaschmir se rapprochent le plus des exemplaires transalaïens, avec les- quels elles ont cela de commun, que les ® Q sont aussi richement sablées d’écailles bleuâtres à la base. Une autre particularité des exemplaires alaïens (vallée des riv. Aram- Koungei et Tous-darya) est la coloration bleu de ciel des 4 et le considérable développement des taches marginales oran- ges sur les deux ailes, ce qui donne à quelques PP un aspect brun-rouge (couleur de la Z. Rutilans). Cette parti- cularité distingue aussi les exemplaires du Darvaz. Les ® Q du Ferghana sont toujours très foncées, quelquefois tout-à-fait sans taches marginales oranges. Quant à la taille, elle varie également beaucoup. L’envergure du plus petit exemplaire est de 18 mm., celle du plus grand 34 mm. 83. Lycaena Cytis Chr. Hor. Soc. Ent. Ross. XII. T. V, fig. 5, 6. Je n'ai pris Cytis ni dans les ramifications occidentales des monts Ghissar, ni sur les pentes septentrionales de la chaîne Alaï, d’où l’a reçue Staudinger; aussi ne puis-je juger, à quel point cette espèce varie du côté de Panagaea Hb. Je l’ai rencontrée cependant dans la vallée de Koudara, sur la 25 pente méridionale du géant Sel-taou. Là Cytis est tout-à-fait typique et ne se distingue pas des types de Christoph. Elle volait sur des arbrisseaux d’Astragalus. Mi-Juin. Altitude: 10,500 p. 84. Lycaena Panaegides Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 206. Tout en décrivant Panaegides, Staudinger lui-même n’est pas persuadé, que ce soit une bonne espèce et émet l'opinion que Cytis, par la var. Alaica et Panaegides, se réunit avec Panagaea HS. en un seul type. Je n’ai pas pris de Panaegides, mais j'en ai plusieurs exemplaires provenant de Staudinger, et je conclus que sa variété de Cytis var. Alaica Stgr. (Pl. VII, fig. 8). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 207. ne se distingue positivement en rien de la Panaegides men- tionnée ci-dessus. Afin d’eviter des malentendus, j’ajoute, que les exemplaires de sa var. Alaica proviennent de deux endroits différents où je les ai aussi pris en assez grand nombre; c’est la localité d’Artcha-Bach (10,000 p.) sur le versant septentrional de l’Alai, sous le col du Kara-Kasouk, et sur le versant méridional de la dite chaîne, la localité Tschag- Dar (11,000 p.). Je possède en outre cette forme des monts transalaïens (9,000 p.) et des bords de la rivière Kitschi- Karamouk (7,500 p.). Partout elle est égale et toujours identique avec les Panaegides, que j'ai reçues et dont les ra- mifications occidentales des monts Ghissar, probablement le district de Farab, sont la patrie. Je ne sais, pourquoi Staudinger a séparé les Panaegides de l’Alaï comme forme particulière et la considère comme variété de Oytis et non de Panaegides. Les points noirs, qui caractérisent Cytis, se trouvent aussi, il est vrai, sur le dessus Er des deux ailes des formes de l’Alai, mais de semblables points se voient aussi chez les Panaegides de Ghissar; c’est pourquoi elles ne peuvent servir de motif de séparation pour ces deux représentants de la même forme. La taille ne doit pas non plus jouer de rôle ici, car parmi les Panaegides de l’Alaï se trouvent aussi des exemplaires très grands et ne le cédant en rien aux plus grands de Ghissar. Ainsi done la var. Alaica, décrite par Staudinger, n’a pas de raison d’être; quant à la question de savoir, ce que sont Panacgides et Cytis, je suppose, que ces formes se sont déjà tant différenciées, qu'elles peuvent facilement être comptées pour des espèces bien tranchées. D'ailleurs, nous avons déjà eu l’occasion, dans le 3-ème chapitre du présent travail, dénoncer notre opinion quant aux rapports réciproques de ces deux formes; c’est pourquoi il ne nous reste qu'à exprimer l'espoir, que les explorations futures des ramifications occidentales du Hindou-Kouch con- firmeront parfaitement mon hypothèse, que Cytis est une Pa- naegides différenciée, qui a pénétré une seconde fois de la Perse dans les parties occidentales du Pamir. Panaegides vole à la mi-Juin; au Kitschi-Karamouk appa- remment plus tôt, car je n'ai trouvé à la fin de Juin que des exemplaires très défectueux. 85. Lycaena Tengstroemi Ersch. Lep. in itiner. Fedtschenkoi. coll. p. 11. Pl. I, fig. 8. Fedtschenko a pris cette espèce dans les sables de Kisil- Koum (n'est-ce pas dans les monts de Nourotine?) et encore sur la rive du Syr-Darya près de Baïrakoum et dans le Ferghana dans les prairies de la rivière Khodja-Tchibour- gan ). Nous n'avons nulle part trouvé cette espèce à une #1) Probablement Khodja-Boukirgan, coulant vers la ville de Khodjent. 25* hauteur si peu insignifiante et, selon nous, les limites de sa distribution verticale sont depuis 3,000 p. jusqu'à 6,000 p. La L. Tengstroemi vole exclusivement sur des prairies. Mai. Dans les confins du Bokhara oriental, pres de Balid- jouan et dans la vallée du Khingoob, à une altitude maximum de 3,200 p., mais aussi quelquefois dans la zone subalpine (9,000 p.), j'ai pris une forme très intéressante de la Teng- stroemi, que je decris comme: var. Carbonaria Gr. Gr. (Pl. VIII, fig. 9). Cette forme se distingue principalement par la coloration toute noire du dessous des ailes anterieures; le noir faiblit vers la base et le bord costal, qui est toujours gris-brun. Chez les ® Q®, cette particularité est moins accentuée que chez les G' &. Les autres particularités de cette variété sont: la taille plus grande, la coloration plus claire du dessous des ailes postérieures et la plus grande dimension des taches marginales noires du dessous des ailes antérieures. Quelques exemplaires de Goultscha forment, sous tous les rapports, transition à cette variété, quoique d’autres, au con- traire, ne se distinguent en rien du type qui, d'après Erschoff, est „subtus fuscescenti-cinereis (alis)“. La var. Carbonaria paraît être la forme des montagnes, tandis que la Tengstroemi habite les vallées. 86. Lycaena Sinensis Alph. Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 383. T. 14, fig. 7. = Pretiosa Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 209. Cette espèce est très répandue dans la zone des buissons des monts Alaï et surtout très fréquente dans les alentours de Chakhimardan. On ne la trouve plus au-delà de l’Alai et des monts Ghissar, mais elle est de nouveau très commune DE dans la vallée du Khingoob, dans le Darvaz. Depuis la fin de Mai jusqu'à la fin de Juin. 87. Lycaena Pheretes Hb. var. Lehanus Moore (PI. X, fig. 4 à, b). Scient. Results of the sec. Yarkand Miss. p. 6. T. I. fig. 6. Stoliezka a rapporté cette espèce de Ladak. Je l’ai trouvée dans les monts Kounjout, sous le col de Beik, à une altitude de plus de 15,000 p. Cette forme se distingue de Pheretes: 1) par sa taille moindre, 2) par l’,area costalis“ plus foncée et 3) par les taches noires le long du bord extérieur du dessus des ailes postérieures. Le cas de saupoudrement bleu sur le dessus des ailes chez les P® est connu aussi chez Pheretes (je possède un sem- blable exemplaire), et c'est pourquoi ce caractère, rare éga- lement chez Lehanus, ne peut être mis au nombre des signes distinctifs de cette dernière forme. Lehanus semble assez répandue à l'Himalaya ainsi que dans le Thibet meridional (Sikkim); du moins Elwes fait men- tion de cette forme sous le nom de Pheretes v. Asiatica. Quant au type, il vole presque dans toutes les montagnes (zone al- pine) de l’Europe et de la Sibérie, mais pas au Caucase ni dans les montagnes de l’Asie Mineure et dans l’Elbours. Lehanus vole lentement et ne s'élève pas beaucoup au- dessus du sol. Elle ne se trouve exclusivement que sur les prairies alpines humides. Stoliczka l’a prise à la fin d’Aoüt (7 Sept. nouv. style); elle se voit dans les monts Kounjout plus tôt, c.-à-d. à la mi-Juillet. 390 88. Lycaena Pheretiades Ev. var. Pheretulus Ev. (Pl. VIN, tes): Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 209. — var. Pheres Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 210. Selon Staudinger, il y a deux formes de Pheretiades, qui volent dans les confins du Pamir: l’une, qu'il a nommée Phe- retulus, est plus foncée; l’autre, plus grande (?), est plus claire en dessous, quelquefois même toute blanche, et en dessus tout- à-fait identique au type, qu'il a nommé Pheres. Il prétend, que la première vole sur les pentes septentrionales des monts Alaï, et la seconde sur les pentes méridionales ainsi que dans les montagnes au Nord du Ferghana. Si ces données étaient justes, il ne resterait qu'à s'étonner d’une distribution aussi originale de ces deux variétés. Or Staudinger a reçu ses Pheres nullement des pentes méridio- nales des monts Alaï, mais aussi des pentes septentrionales, seulement des localités se trouvant plus à l'Ouest. Pheretulus lui a été envoyée par Haberhauer, et Pheres pour la pre- mière fois par Maurer, en 1884, de la localité d’Artcha- bach. Je conviens parfaitement, qu'il existe une différence entre les formes provenant d’Artcha-bach et celles de l’Alai oriental, si ce n’est dans la dimension, du moins dans la co- loration tant du dessus que du dessous des deux ailes, comme cela a été dit plus haut, laquelle est plus claire chez Pheres et plus foncée chez Pheretulus. Cependant déjà sur les pentes méridionales des monts Alaï et plus sensiblement dans les - monts transalaïens, ces deux formes s’amalgament à tel point qu'il est impossible de les distinguer. Comment faire dans le cas présent, surtout si l’on ajoute que je possède un exem- plaire de ce papillon provenant des pentes septentrionales des monts Alaï (cours supérieur du Yagatschart, au N.-O. de Taldyk) et qui d’après le dessus est Pheres, d’après le des- sous Pheretulus? A laquelle des deux formes faut-il rapporter 391 les Pheretiades du Trans-Alai? Faut-il créer une nouvelle va- riété et séparer les exemplaires transalaiens en une forme particulière "”)? Ou bien faut-il anéantir l’une des dénomina- tions pour les Pheretiades du Pamir? Il est difficile de résoudre cette question; je me suis cependant décidé à placer dans ma collection toutes les Pheretiades du Pamir comme Pheretulus *?). Le dessin ci-joint représente une Pheretulus d’Artcha-bach (Pheres). Toujours à des altitudes considérables elle préfère des pentes à caractère de steppes. On ne la trouve que sur les pentes septentrionales des monts Alaï au-dessous de 10,000 p.; mais là aussi elle ne descend jamais au-dessous de 9,000 p. Depuis la mi-Juin jusqu'au commencement d’Aoüt, suivant l'élévation. Sur le Yagatschart 1 exemplaire G'—le 29 Mai, et ensuite un peu plus haut, dans le même défilé, au commen- cement d’Aoüt, quoique tous les exemplaires, pris à cette époque, fussent déjà tout-à-fait défectueux. 89. Lycaena Miris Ster. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 263. Christoph. Mém. s. 1. Lép. T. I, p. 103. Pl. VI, fig. 4. Cette admirable Lycénide n’a pas encore jusqu'à présent trouvé de place dans le classement des espèces de ce genre. 12) En ce cas, je proposerais de lui donner le nom de Phereclus; c’est elle qui serait alors la forme primitive du groupe Orbitulus-Pheretiades. Dardanus .. …… Pheres-Pheretiades = Phereclus =” a i En (Orbitulus.' Pyrenaica Aegagrus : : "= Pheretulus ; Aquilo.Wosnessenskii Leila 133) D'autant plus que, parmi les Lycénides, Boisduval a déjà décrit une Pheres de la Californie (Ann. Soc. Ent. Fr. 1852, p. 297). Je ne connais pas cette Lycénide, mais si en effet elle se trouve être une proche parente de Pheretiades, il ne sera pas possible de garder la dénomination de Staudin- ger; en ce dernier cas, je propose de remplacer Pheres par Pherecydes. 392 Christoph l’a mise à côté d’Eurypylus Frr. et Staudinger à côté d’Eumedon et Icarus. Selon moi, ni l’un, ni l’autre n’ont incontestablement raison, et comme je n’ai pas non plus réussi à lui trouver une place convenable, je me suis décidé à ranger cette espèce entre les deux principaux groupes paléarctiques, parmi des espèces tout aussi isolées que Miris. Tel est tout le groupe Orbitulus, Pheretes, ensuite les espèces Myrmecias, Tengstroemi, Rhymnus, etc. Quoique, d’après Christoph, Müiris vole dans les steppes du district Transcaspien, elle ne se trouve plus dans les mon- tagnes adjacentes du Kopet-Dagh. Ce même phénomène a été observé en Perse ainsi que dans le district du Tarbagataï faisant partie du bassin de Turkestan d'autrefois. J’ai cepen- dant pris cette espèce dans les confins du Pamir, à une hau- teur assez considérable, dans la vallée de la rivière Khingoob, près du Tobi-dara, done à une élévation de plus de 5,000 p. J'ai en outre trouvé Miris sur la rivière Kafirnagan, près de Karatag, dans les environs d’Oche, d’Arivan, de Naoukat et de Voadil; mais ce papillon était partout assez rare et volait le plus souvent en exemplaires isolés. Des pentes dé- sertes et peu escarpées, des surfaces de „loess“, couvertes de Convolvulus, Alhagi et Phlomis, sont les endroits préférés par cette espèce. J’ai recueilli deux exemplaires sur des argiles salines, à végétation très maigre (près de la ville Ghissar à l'aval du Kafirnagan). Depuis le commencement de Mai, jusqu'à la mi-Juin. La plus grande altitude est, semble-t-il, 5,500 p. 90. Lycaena Astrarche Bsstr. Nom. d. Ins. III, p. 4. T. 49, fig. 7, 8 (1779). — Nazira Moore. —Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 504. T. 31, fig. 4. Parmi le genre Lycaena il n'y a pas une seule espèce, qui varie autant que celle-ci. Chaque coin de terre a une Astrarche qui lui est propre; si l’on voulait donc diviser cette espèce en variétés, il faudrait ajouter aux cinq, qui existent 393 déjà (Allous, Aestiva, Artawerwes, Salmacis, Fulminans), en- core au moins une vingtaine d’autres. Je ne m’y decide pas, et je me borne à faire observer qu’Astrarche est assez ré- pandue dans les confins du Pamir, ainsi que partout ailleurs, mais qu'elle est en même temps très rare. Les formes, dans lesquelles on la trouve là, se rapprochent du type d’Allous, Aestiva, Fulminans et de l’Astrarche de la Russie méridionale, qui se distingue de toutes les autres variétés par le dessous tout blanc des deux ailes et par une bande rouge assez large sur le dessous des ailes **). Je ne possède pas de données assez positives pour pou- voir définir la limite de la distribution verticale d’Astrarche. Je l’ai rencontrée dans les monts Kounjout à plus de 14,000 p. Ce qu'il y a de remarquable, c’est que cette Astrarche ne se distingue aucunement de la forme de l’Oural central et fort peu seulement des Allous des Alpes. En prenant en considé- ration que sur les différents versants et sur les différentes élévations du Pamir volent les représentants de presqne toutes les variétés d’Astrarche, à l'exception de Salmacis et d’Arta- xerxes des îles Britanniques, nous en coneluons, que la divi- sion du type s’est effectuée dans le Pamir; en même temps, ses différentes formes, tout en se répandant de plus en plus sur la surface de la terre, ont fixé et sous un certain rap- port renforcé les particularités acquises déjà plutôt dans le Pamir. — Le type de Moore vient de Kunawur. 91. Lycaena Venus Stgr. (Pl. VII, fig. 3 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 211. Staudinger, en décrivant cette espèce, avait 16 exem- plaires à sa disposition. Comme Venus n’a pas paru dans les ventes, je suppose, que si Staudinger a, même dans la suite, 194) Je nomme cette forme var, Sarmatis. 394 obtenu ce papillon de ses collectionneurs, ce n’est qu’en nombre fort restreint. Dans le courant de quatre années, j'en ai pris 200 exemplaires dans les deux cirques de l’Alaï et du Khin- goob et, franchement, je ne crois pas que ce soit une bonne espèce. Je décris plus loin deux formes très proches d’Eros; toutes les deux viennent de différentes localités du Pamir. La troisième, qui se rapporte aussi à celles-ci, est Amor Stgr.; elle vole dans les monts Ghissar et sur les pentes septentrio- nales de la chaîne Alaï, quoique déjà sous une forme, qui se rapproche de Eros et de Venus. Nous avons ainsi dans les confins des élévations du Pamir quatre formes, qui se distin- guent assez sensiblement dans les extrémités de leur distri- bution, mais qui présentent en même temps partout des tran- sitions assez accentuées. Un fait, qui n’est pas sans intérêt c’est que ces quatre formes ont des arènes tout-à-fait séparées et ne volent nulle part simultanément. La L. Venus est sur- tout caractéristique dans le cirque Khingoob, Amor dans la chaine du Ghissar, Erigone sur l’Ak-Sou (Pamir central), et Hunza dans la vallée de la rivière Mazar, sur les pentes septentrionales des monts Moustag; Venus et Hunza se sont cependant plus différenciées entre elles qu'Ærigone et Amor. Au point de vue génétique, Eros ne s’est que légèrement différenciée d’Amor (variété la plus éloignée du type); mais, sous le rapport de la classification, Eros doit cependant être le centre, autour duquel se groupent toutes ces formes, ainsi que celles répandues vers l'Ouest, en Europe et dans l’Asie antérieure. En résumant tout ce qui vient d’être dit, on pour- rait peut-être séparer de ce type Venus et Hunza, comme Candalus HS.; mais alors il faudrait partout être conséquent et ne pas réunir des formes aussi différentes que Oytis et Panaegides, V'Erebia Jordana et Fasciata, etc. En décrivant Venus, Staudinger n'indique aucun trait caractéristique, et toute sa description est si superficielle, qu'il 395 est impossible de saisir quoi que ce soit pour se guider dans la définition de la physionomie de cette espèce. Tout le monde connaît l’inappréciable clarté des descriptions de M. Staudin- ger et l’on se demande, pourquoi il n’est pas resté fidèle à lui-même dans le cas présent? C’est qu'en élevant cette forme au rang d’une espèce, on ne trouve rien à indiquer de par- ticulier. Pour confirmer ce que je viens de dire, je cite les paroles de Staudinger. Voici sa description de Venus: „Die Farbe der & ist ein prachtvoll glänzendes Grün- blau (?!), viel lebhafter (?) schillernd als bei Zros, aber nicht ganz so grünlich, mehr blau“. „Der Aussenrand ist schmäler schwarz als bei Eros (?) nur bei wenigen (pour dix dd un nombre assez considé- rable!) Stücken wird er breiter; ist aber nach innen dann nicht so scharf begrenzt, wie bei Eroides“ (à en juger d’après mes Eroides de Sarepta, dont je possédais plusieurs centaines, c’est juste le contraire). „Auf den Hinterflügeln treten zuweilen schwarze Flecken vor dem Aussenrande auf, die nicht, wie bei Eros, mit dem schwarzen Aussenrand, zusammenhängen“ (Les Venus de Kitschi-Karamouk offrent des exemples oü les taches noires se confondent avec la bordure et vice versä; on peut voir dans ma collection des Eroides où les taches sont par- faitement séparées de la bordure). „Auf den Voderflügeln steht noch ein ganz schwacher Mittelstrich“ (pas toujours; une semblable tache se trouve chez quelques Amor de l'Alaï). „Von den ® haben 4 Stücke starke rothe Rand- flecke auf allen Flügeln, wie solche niemals bei Eros (Eroi- des) und nur ausnahmsweise bei Jcarus vorkommen“ (Ca- ractère tout-à-fait inconstant, et si Staudinger se laisse guider par cela, il est tout-ä-fait dans le faux. Le lecteur verra pro- bablement, dans la suite, que c’est aussi une particularité de la ® d’Erigone que je ne me charge, dans aucun cas, de séparer comme forme distincte et que je décris comme une 396 variété pamirienne d’Eros). „Die Unterseite der & ist asch- oder gelbgrau, die der 9 meist braungrau“ (c.-à.-d. tout-à- fait comme chez Amor). „Der Basaltheil der Hinterflügel ist meist stark grünblau glänzend angeflogen, nur bei zwei 9 ist dies fast gar nicht der Fall“ (ainsi c’est un caractère, qui n’est pas constant; c’est le même cas chez Amor, Erigone, Hunza, Eros et autres formes de ce type), „sonst sind hier alle Flecke denen von Zcarus und Eros so ähnlich, dass eine Beschreibung ganz unnöthig ist“... Venus occupe deux cirques de steppes, elle ne vole ce- pendant pas sur des pentes, couvertes d’une végétation de steppes, mais sur des prairies alpines, très fréquentes le long des ruisseaux et des marais. On ne la trouve pas au dessous de 9,000 p. (vallée du Khingoob). Elle est très abondante sur les pentes septentrionales de la chaine transalaïenne. Juin et Juillet. 92. Lycaena Eros O. var. Amor Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 211. Nous avons déjà mentionné cette variété, qui, selon Stau- dinger, diffère surtout du type de l’Ouest. Je ne possède mal- heuresement de cet endroit qu'un seul & et deux @ ®. Mon exemplaire des pentes N. du col Liagar-Mourda est vert- bleuätre, très éclatant et ne se distingue nullement, par sa coloration, des exemplaires d’Artcha-Bach des pentes N. des monts Alai. Fin de Juillet; sur l’Artcha-Bach à la mi-Juin. var. Erigone Gr.Gr. Les dd d’Erigone different d’ Amer: 1) par la coloration bleue plus épaisse; 2) par la coloration gris-brun du dessous des deux ailes, laquelle chez quelques exemplaires est singulièrement foncée sur les ailes postérieures, et enfin 3) par la bandelette blanche (Wisch), particulièrement longue et large, qui avance jusqu'à la base même de laile presque toujours couverte d’ecailles vert-metallique. Les 29 d’Erigone se distinguent de la même variété: 1) par les taches rouges marginales très développées (comme p. ex. chez Venus), qui forment quelquefois une bande continue; 2) fréquemment par la présence d’un saupoudrement d’un bleu vif, qui recouvre surtout la partie inférieure des ailes antérieures et toute la surface des ailes postérieures, à l’ex- ception peut-être de l’area costalis, et 3) par la coloration plus foncée du dessous des ailes. J'ai pris un exemplaire & à la mi-Juin, sur la rive du Tschatschakty, qui se jette dans l’Ak-Baïtal méridional à une hauteur de 13,600 p., et ensuite, un mois plus tard, en un grand nombre d'exemplaires, dans la localité Bach-Mourgab à une altitude de 12,240 p. Erigone vole donc dans le Pa- mir central, presque pendant toute la durée de son court été, sur des prairies humides, couvertes en abondance de trèfle, de crucifères et de ranonculacées. 93. Lycaena Hunza Gr.Gr. (Pl. XV, fig. 2). Alis &-is supra violaceo-caeruleis, tenuiter nigro-margi- natis; Q® -ae nigro-fuscis, basim marginemque externum versus rare caeruleo-squamatis; ciliis albis. Subtus alis &-is dilute fuscescentibus, ad marginem in- ternum anticarum griseo mixtis adque basim posticarum vi- rescente squamatis; maculis submerginalibus et fascia rufa an- ticarum evanescentibus, posticarum fascia distinctissima, in venis interrupta, macula discocellulari radioque medio longi- tudinali lato — albis. Q-ae obscurioribus, griseo non mixtis. dP?=12—15 mm. Les dd ont la coloration d’Icarus, quelques-uns sont plus bleus; la bordure n’est pas plus large que chez toutes les autres espèces de ce groupe. Frange blanche. Les PQ ne se distinguent pas par leur coloration de celles des espèces parentes; cependant on remarque à la base de l’aile et chez quelques-unes, le long du bord extérieur des ailes postérieures, un saupoudrement bleuâtre très délicat. Des traces de bandes rouges, si développées chez les Venus de Khingoob et les Eri- gone de Ak-Baital, ne sont ici qu’exceptionnelles, et les ta- ches marginales ressortent alors ä peine du fond general plus clair des ailes. En dessous, Hunza a une coloration plus foncée que toutes les formes parentes, et la teinte générale de la coloration, tout en étant brunâtre, se rapproche quelquefois de celle de Venus (exemplaires de Beïk), quelquefois de celle des ® ® d’Amor, et est rarement (un exemplaire G' de Mazar) encore plus accentuée; alors la teinte brune passe au gris foncé. Les PP sont, en général, plus foncées que les G'&', mais pas de beaucoup. La base est couverte d’ecailles métalliques ver- dâtres. Les taches marginales ocellées sur les ailes antérieures disparaissent presque entièrement chez les exemplaires typi- ques (riv. Mazar), et la bande marginale orange-rouge est ordinairement ici plus accentuée; par contre, elle est toujours assez large sur les ailes postérieures, entrecoupée par les nervures; elle n’est presque pas limitée de noir. La bandelette longitudinale blanche ressort nettement sur le fond sombre du dessous des ailes postérieures, se prolonge jusqu’à la base et coupe la tache discocellulaire toujours par- faitement blanche. Les Kounjout se nomment eux-mêmes ,peuple Hunza“; j'ai donné ce nom, qui remplit d’effroi les Kirghises voisins, à cette Lycénide qui est des plus belles. Grâce à la terreur, qu’inspire cette tribu de pillards, d’origine sémitique, mais parlant le sanscrit, toute la contrée, qui est contiguë à ce re- paire de brigands, est tout-à-fait déserte et les Kirghises n’y font pas paître leurs troupeaux. Pour nous autres entomolo- 399 gistes, cette partie des élévations méridionales du Pamir est un territoire des plus favorables et justifie le proverbe russe: „Le mal a contribué à produire le bien“. ‘ La Lyc. Hunza vole tout le long de la rivière Mazar, qui prend sa source dans les monts Moustag (Himalaya occi- dental), sur le col Beïk et un peu au-dessous de celui-ci dans les monts Kounjout (là elle est moins typique). Altitude de 12,700 p. (Kourgan-Goudjabai et l’embouchure du Mazar), à 15,500 p. (Beik). Prairies alpines, couvertes principalement de petites ranonculacées, berges de ruisseaux à végétation de prairie très variée, et enfin prairies humides. Juin et com- mencement de Juillet. Une fois que nous avons admis l’hypotèse exposée ci- dessus sur la proche parenté réciproque des deux formes du groupe Eros, c’est la L. Hunza, comme il fallait le supposer, qui est la plus proche d’Eros var. Erigone; ensuite vient Eros var. Amor. Quant à la L. Venus, ainsi que Hunza, elle a une place dans un cercle excentrique et se trouve comme celle-ci à côté de la var. Ærigone. De cette manière, Eri- gone se trouve être l’unité centrale génétique de tout le groupe Eros. 94. Lycaena Icarus Rott. var. Kashgharensis Moore. Ann. Mag. Nat. Hist. 1878, p. 230. Scient. Res. of the sec. Yark. Miss. 1879, p. 5. fig. 7 (8). — Yarkandensis Moore. Ann. Mag. Nat. Hist. 1879, p. 229. Yarkd. Miss. p. 6, fig. 8 (2). Quiconque lira la description de la ZLyc. (Polyommatus) Kashgharensis et verra le dessin, quoique fort mauvais, de ce papillon dans les supplements des Resultats scientifiques de la seconde mission de Yarkand, g’apercevra à l'instant même qu'il a sous les yeux non pas une nouvelle espèce mais un exemplaire défectueux de l'espèce bien connue Zcarus Rott. Cela n'empêche cependant pas Moore d'ajouter à sa descrip- 400 tion „allied to P. Semiargus“. Mais il faut bien savoir se concilier avec des auteurs anglais si perspicaces! Les Icarus sont très répandues dans les environs de Kachgar. Elles ont toutes une jolie forme; les ® ® (Yarkan- densis Moore) ne se distinguent en rien des Zcarus du Fer- ghana, qui méritent, selon moi, d’être séparées comme forme particulière. C’est ce qu’a admis Staudinger, en nommant cette variété var. Turanica. Voici les différences, que présente la var. Kaschgharensis: 1) coloration plus bleue de dessus des ailes antérieures du d'; 2) grandeur plus petite de toutes les taches sur le dessous des deux ailes; 3) coloration plus claire du revers des ailes du d&; 4) faible développement du rouge-orange au-dessus des deux ailes des G'&' et du dessus des ailes chez les ® 9, et 5) présence parfois d’ecailles bleuätres sur la surface supé- rieure des deux ailes des 2 9, recouvrant quelquefois toute la surface des antérieures et des postérieures jusqu'au bord externe (forme Yarkandensis). La forme la plus typique de Kaschgharensis (c.-à-d. la plus séparée du type Zcarus) est celle de l’Alai occidental (Kitschi-Karamouk), qui mérite peut-être une dénomination spéciale; malheureusement je n’en possède point la Q, c’est pourquoi je ne me hasarde pas à introduire un nouveau nom. Les Zcarus du Kachgar se distinguent: 1) par l’absence du rouge sur le dessous des deux ailes, qui n’est visible que rarement et ne produit qu’une légère demi-ombre, | 2) par le revers tout blanc. Ce dernier caractère se retrouve aussi chez la seconde génération (Août) des Zcarus du Ferghana, qui sont tout aussi bleus que les variétés de Karamouk et de l'Himalaya (Ariana Moore). Les ® © de Yarkandensis et les G & de Karamouk, ainsi 401 que ceux de la seconde génération, présentent, en général, une transition à ma variété Zcadius, qui est remarquablement belle et fort distincte. Je l'ai trouvée sur le versant méri- dional du col Beïk, dans les monts Kounjout. Quant à la var. Aritna Moore "”), elle est très proche de la var. Kaschgharensis Moore et devra peut-être la remplacer un jour, ayant été décrite 13 années plus tôt que cette der- nière. Si j’eprouve un doute, en voici la raison: sur le dessin, Ariana a la coloration d’Icarus et elle n’est pas bleue comme mes exemplaires de Kaschmir. Le dessous est très foncé („purple-grey“) et chez mes Ariana, comme chez celles du Kachgar, il est blanc-gris. Tout le reste du dessin est, semble-t-il, comme chez Hunza m. et pas comme chez lcarus, ce que l’on ne peut cependant pas remarquer sur les exem- plaires qui m'ont été envoyés comme Ariana. Il est parti- culierement intéressant de constater que parmi celles-ci est une 9, qui, à en juger d’après le dessous, ne se distingue pas du tout de Aunza, quoique le dessus diffère de l’Ariana typique; selon Moore, celle-ci doit être „duller lilac-blue, with the exterior margin of both wings brownish“. Mon Ariana est brun foncé à bande orange peu accentuée sur les deux ailes. Cependant cette différence n’est pas importante. On peut trouver des ® ® des deux types tant parmi Bri- gone, Kaschgharensis, que parmi Ariana. Ce qu'il y a d’im- portant c’est que chez celle-ci, comme aussi uniquement chez Hunza, la coloration du dessous des deux sexes ne diffère en rien '"®). En résumant tout ce qui vient d’être dit, on en arrive à la conclusion suivante. Les Lycénides du Kaschmir, qui 195) Polyommatus Ariana Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 504. Pl. XXXT, fig. 2 (4). 16) „Underside as in male“ (Moore). 26 402 m'ont été envoyées comme Ariana, n’appartiennent qu'en partie seulement à cette espèce (la ® mentionnée ci-dessus), qui par conséquent n'appartient pas au type Icarus, mais au type Eros, ce qui ne présente rien d’invraisemblable. Il s’en suit donc que dans le Kaschmir ne vole pas seulement Ariana, qui est probablement le prototype du groupe entier des Ly- cénides Zcarus-Eros, mais aussi une des formes d’Zcarus, peut-être celle que nous venons de décrire comme Kaschgha- rensis. Les explorations futures devront naturellement éclaircir tous ces malentendus qui surgissent mal à propos et m’em- pechent ainsi d'établir l’évidente proche parenté entre Zcarus d’un côté et Eros de l’autre. J'ai déjà fait mention d’une remarquable forme d’Icarus, que j'ai nommée: var. Icadius Gr. Gr. Elle se distingue: 1) par la forme anguleuse de ses ailes, produite par ce que la 2-e nervure des ailes postérieures dépasse par sa longueur toutes les autres; 2) par l’absence des taches basales sur le dessous des ailes postérieures, 3) par la par- faite absence d'orange tant sur le dessous des deux ailes des G'&', que sur les deux côtés de celles des ® ®; 4) par la coloration bleu tendre du dessus des d'& et par celle tout aussi tendre, mais tirant un peu sur le violet, des ® ® qui ne se distinguent des dd que par cette nuance de colo- ration, par la présence des points marginaux noirs sur les ailes postérieures et une bordure plus large des ailes antérieures. Je connais cependant une exception de ® à coloration brun foncé et couverte dans toute sa largeur d’un semis bleuâtre, assez épais seulement sur les bords des ailes pos- térieures. Tous les points sur le revers des ailes sont chez Icadius plus petits que chez le type; mais cette particularité est de 403 peu d'importance, parce qu’elle se retrouve chez toutes les variétés de cette espèce du Pamir. Les conditions vitales pour Icarus dans le Pamir sont les mêmes qu'en Europe. Elle vole dans des prairies et se pose pendant les chaleurs sur les bords de mares d’eau. L’altitude est très diverse. Nous l’avons prise dans le Fer- ghana à une hauteur d'environ 1,000 p., et pres du col Beïk à 4,500 p. Mai, Juin. Dans le Ferghana la seconde géné- ration vole au mois d’Aoüt; au Karamouk au commence- ment de Juillet, mais ces exemplaires n’y appartenaient pro- bablement pas à la seconde génération, ainsi que l’exemplaire d’Icadius que j'ai pris au commencement de Juillet dans les monts Kounjout. 95. Lycaena Amanda Schn. var. Amata Gr. Gr. Cette variété se distingue assez sensiblement des Amanda d'Allemagne “’). Elle est plus grande. Sa coloration est plus vive et le bleu ne passe pas au violet, mais & un vert turquoise. En dessous elle est bien plus claire. Toutes les taches sont plus grandes et celles qui sont disposées le long du bord externe des aïles antérieures ressortent davantage. Le rouge-orange ne se voyant jamais sur les ailes antérieures des ® ® d’Amanda forme quelquefois sur celles d’Amata une espèce de demi-bande, qui n’atteint cependant jamais le som- met de l’aile. Cette variété se rapproche, en général, de la L. Escheri Hb. bien plus que le type. La var. Amata a été décrite d’après les exemplaires pris en grand nombre dans les environs de Baldjouan; ils diffe- rent le plus du type; tous les autres exemplaires, recueillis 17) Je ne possède point d’Amanda de Russie. Les exemplaires de l’Ou- ral diffèrent à tel point de ceux des Alpes et de Berlin, que je me suis dé- cidé à les décrire dans la suite comme var. Amycus Gr. Gr. 26* 404 sur les pentes septentrionales des monts Alai, présentent la transition de cette forme au type..Mai et commencement de Juin. On ne la trouve pas au-delà de 5,000 p. 96. Lycaena Magnifica Gr. Gr. (Pl. IX, fig. 1a, b). Mm. s. 1. Lép. II. 1885, p. 232 19°), Mém. s. 1. Lép. III. 1887, p. 399. Superba Stgr.—Stett. Ent. Z. 1887, p. 51. Alis G'-is supra nigro-fuscis; alarum anticarum basi parte- que subcostali usque ad apicem intense violaceo-cyaneis, costa tenuiter alba; Q -ae fuscis, praecipue posticis lunulis margi- nalibus luteis signatis. Alarum ommium fimbria in utroque sexu alba, in speciminibus nonnullis anticarum in medio in- fuscata. Subtus alis utroque in sexw griseo-lutescentibus; amticis maculis ocellaribus, ut in L. Icarus ®, sed obtusioribus et majoribus serieque punctorum submarginalium obtusa, fusca; posticis, ut in L. Escheri, sed maculis ocellaribus minori- bus, fascia submarginali lata, aurantiaca, tenuiter in venis interrupta. d&? =17—19 mm. Pourquoi Staudinger s’est-il donné la peine de décrire cette espèce une seconde fois, quand il savait parfaitement "”) 198) Voici ce que j'ai dit dans ma correspondance relativement à cette Lycénide: ...„Eine derselben (Zycaena) kann sich, was Schönheit betrifft, mit den hübschesten exotischen Repräsentanten dieser Gattung messen. Sie ist schwarz wie Ebenholz, mit lebhaft violettem Schiller auf der ganzen Flü- gelfläche und mit einem breiten noch lebhafter violettem Costalrande; die’ Unterseite ist bleichgelb mit goldigem Glanze. Gruppe des Icarus. Ich habe sie Lyc. Magnifica genannt“. Je ne crois pas qu’on puisse exiger une de- scription plus détaillée dans une diagnose brève. Les mots „Gruppe des Ica- rus“ disent assez et complètent ainsi principalement ce qui a été omis par rapport au dessous des deux ailes. Que Staudinger fasse un sommaire de sa propre description et il se convainera que la mienne est parfaitement suffi- sante pour une Lycénide telle que Magnifica. 1%) Des exemplaires de cette espèce lui furent envoyés. 405 que c’est justement celle-ci, et pas une autre, que j'ai décrite dans ma première correspondance? Je l’ignore. J’ai exprès copié mot à mot, dans la note 198, ma courte description de Magnifica, et je crois, qu'elle est suffisante. Mais il faut rendre justice à Staudinger; sa description est si complète, qu'il ne me reste presque rien à ajouter, je dirai seulement que, selon moi, Magnifica se rapproche plutôt d’Escheri, par le dessin du revers des ailes, que d’Eroides. Du reste cela est indifférent, puisqu'elle occupe dans le groupe des Lycéni- des de ce type une place dans un cercle tout-à-fait excentrique. Staudinger se trompe, quand il prétend que ses exemplaires ont été pris: a) dans les monts transalaïens, b) sur les pentes septentrionales des monts Alaï. Cette Lycénide n’y vole ja- mais. La rivière Katta-Karamouk (7,500 p.) lui sert de limite de distribution vers l’Alaï. C’est probablement dans les environs de cette rivière qu'ont été recueillis les exemplaires de Maurer. Cette Lycenide est surtout répandue sur le Kitschi- Karamouk; ensuite je l’ai trouvée dans la vallée du Khingoob (Gouroum supérieur) à une altitude de 6,500 p. et dans les environs de Baldjouan (2,750 p.). Ce sont, paraît-il, les confins les plus occidentaux de cette superbe espèce. Là, je l'ai prise en Mai, près de la rivière Khingoob, à la mi-Juin, et sur les Karamouk au commencement de Juillet. 97. Lycaena Eumedon Esp. Schmett..in Abbild. 1780, 52. 2. La L. Eumedon du Pamir se rapproche surtout de celle de l’Oural, de laquelle elle se distingue pourtant; elle est en general plus petite, plus claire en dessous, et les taches mar- ginales ocellées sont moins accentuées. Ensuite elle a, comme presque tous les exemplaires de l’Oural, une bandelette blanche, qui va jusqu'à la tache discoidale sur le dessous des ailes postérieures. Ce caractère (ab. Fylgia) se trouve aussi comme 406 rare exception chez les représentants d’Allemagne de cette espèce, et plus souvent chez la forme des Alpes; chez les exemplaires de l’Oural il est assez ordinaire et présente une particularité spécifique des Eumedon du Pamir. Peut-être cette forme mériterait-elle une dénomination particulière; cependant comme les Æumedon de l’Oural sont une forme transitoire entre celles de l'Allemagne et celles du Pamir, je serais em- barrassé de la caractériser en termes plus précis. Eumedon vole sur des prairies de la zone des buissons. Elle est ordinaire sur les pentes septentrionales des monts Alaï, et aussi dans d’autres endroits du Pamir. Je l’ai par exemple trouvée dans la localité Tagarma au N. de Sarikol (11,200 p.). Mai, commencement de Juin; à Tagarma à la fin de Juin. 98. Lycaena Kogistana Gr.Gr. (Pl. VII, fig. 6 a, b). Hor. Soc. Ent. Ross. XXII, p. 306 (1888). Alae supra in utroque sexu nigro-fuscae, ciliis fuscescen- tibus; posticae Q-ae maculis submarginalibus duabus rufis; subtus dilute fuscae, posticae ad basim caeruleo-squamatae, fascia antemarginali lato-aurantiaca; puncto discocellulari se- rieque punctorum antemarginalium nigris, albido cingulatis. G'P—=10 mm. C’est une des plus petites Lycénides. En dessus, elle a la coloration d’Eumedon, et la Q se distingue du G' par deux taches oblongues orange-rouge pres de l’angle anal des ailes posterieures. Frange brunätre. En dessous, elle est beaucoup plus foncée qu’ Eumedon. La base est légèrement sablée d’ecailles métalliques. La bande marginale orange est large et passe par les deux ailes; son bord interieur est en scie et d’un noir vif; chacune des dents de cette scie est entourée, sur les ailes postérieures, d’un fond blanc, qui avance en flèche vers la partie centrale de l'aile; 407 ce fond blanc n’existe pas sur les ailes antérieures, et les dents sont simplement surmontees de flèches blanches. Toutes les autres taches sont comme chez Eumedon, mais compara- tivement plus grandes. Les antennes sont comparativement très solides. La massue est noire, mais son sommet et le dessous orange. Dans le classement, elle doit être rangée à côté de la L. Eumedon. Elle n’a été trouvée qu’une seule fois, près du col Agwaï- Polousak, où elle volait sur des clairières d’„artcha“ (près de 9,500 p.). Commencement de Juin. 99. Lycaena Admetus Esp. var. Ripartii Frr. Beitr. z. Gesch. Eur. Schm. 133,3. III, p. 128. ; Je possède deux exemplaires de cette variété, venant des monts Guésarte, au Sud de Iské-Naoukat. Tous les deux se distinguent de ceux de l’Asie Mineure par le revers plus clair. Ni l’époque de leur vol, ni l'altitude ne me sont connues. 100. Lycaena Phyllis Chr. var. Phyllides Stgr. (Pl. IX, He M0 Ab) Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 225. De toutes les Lycénides du groupe Damon, c’est la plus répandue. Je lai trouvée sur les pentes septentrionales des monts Alaï (Goultscha); dans les monts Ghissar; dans les monts Babatagh; dans le Karatéguine, sur les rives de la riv. Kitschi-Karamouk; enfin au sortir de la vallée d’Alai, à une élévation de 8,000 p. Cette Lycénide a été très bien décrite par Staudinger et il ne me reste qu'à ajouter, que la bordure noire varie beaucoup en largeur et quelquefois (exem- plaires de Goultscha), malgré l'opinion de Staudinger “”), elle nest pas plus large que celle de la L. Poseidon Ld. 200) „Auch haben die & meist einen schärfer abgeschnittenen, breiteren dunklen Aussenrand aller Flügel“. 408 De 4,500 à 8,000 p. Steppes et prairies; depuis le com- mencement de Mai jusqu'à la fin de Juin (Alaï). 101. Lycaena Poseidon Ld. var. Poseidonides Stgr. (Pl... X, fig pra): Staudinger n’avait que cinq exemplaires à sa disposition, lorsqu'il faisait la description de cette forme si rare au Pamir. J’ai eu la chance de trouver une prairie dans le Karaté- guine, aux environs de Obi-Garm (environ 4,000 p.), où cette forme volait en abondance. En deux jours, j'ai pris 200 exemplaires; malheureusement le nombre de ceux bien con- servés et surtout des ® ® était fort restreint; le dessus de ces dernières se distingue de celui des ® ® typiques par une large bande orange sur les deux ailes. J’ai trouvé en même temps 3 exemplaires Q ® tout-à-fait conformes à l’ab. Cue- rulea Stgr., quoique plus faiblement que celle-ci couvertes d’écailles bleues. J’ai nommé cette forme: ab. ® Refulgens Gr. Gr. Poseidonides vole en Juin. 102. Lycaena Kindermanni Ld. var. Iphigenides Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 213. Staudinger, en décrivant cette forme, n’avait que quatre exemplaires d'&, qui, selon lui, diffèrent parfaitement des Kindermanni de VAlaï méridional, décrites par lui sous le nom de var. Melania Stgr. (Pl. IX, fig. 3). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 213. De cette Melania aussi Staudinger n’avait que deux exem- plaires et ce n’etaient aussi que des G'd'. Quoique les diffé- rences, qu'il indique, soient assez accentuées, elles s’effacent entièrement grâce aux transitions infinies; si bien qu'il est de toute impossibilité de limiter ces deux formes de Kindermanni. 409 Le dessin ci-joint représente une ZLyc. Kindermanni, prise près du col Kaouk, c.-à-d. sur les pentes méridionales de l’Alai — c’est donc Melania. Cet exemplaire cependant ne se distingue pas du tout de mes Iphigenides du Ghissar et de l’Alaï septentrional, et je suppose, que Staudinger lui-même serait du même avis. Je dirais plus encore. Parmi les Iphi- genides du Ghissar (sommet du défilé de la riv. Sang-Guir- dak) et parmi celles de l’Alaï (défilé de Tourouk, cours su- périeur de l’Ak-boura), il y a des exemplaires, qu'il est im- possible de distinguer de ceux du Transalaï (les Melania les plus typiques) et qui justifient parfaitement la description de Staudinger de la var. Melania. Il serait donc bien plus juste de supprimer l’indépendance de cette forme que de la conserver. Les ®® des deux formes sont identiques et se distin- guent de l’/phigenia par la bande rouge traversant le dessus des deux ailes. Cette espèce répandue est rare partout. Elle vole dans des endroits déserts, couverts d’Oxytropis, sur lesquelles elle se pose volontiers. Elevation de 6,000 (Tourouk) à 10,000 p. (riv. Sang-Guirdak, riv. Myn-teké dans le Transalaï, col de Kaouk). Juillet. 103. Lycaena Actis HS. var. Actinides Stgr. (PI. IX, fig. 4 à, b). De toutes les Lycénides du groupe Damon, I’ Actinides est la forme la plus différenciée, et je suppose, qu'il vaudrait mieux ne pas se laisser entraîner par l’analogie et séparer cette variété comme espèce distincte. Les PP, que Stau- dinger, entre autres, ne connaissait pas du tout, frappent ex- cessivement. Elles n’offrent, ni par le dessus, ni par la colo- ration du dessous, rien de commun avec le groupe des Ly- cénides, que nous sommes habitués de nommer groupe de Da- mon. Actinides doit se trouver très proche de Hylas Esp., et 410 avec elle aussi tout le groupe des Lycenides du Pamir de- crites par Staudinger comme variétés des espèces déjà con- nues du groupe Damon. Telle est la question au point de vue génétique. Tout le groupe des Pamiriens, mentionné ci- dessus, ne présente pas dans le classement des espèces de ce genre un cycle fermé et bien distinct. Il entre avec Hylas comme chaînon indépendant dans ce vaste groupe, que nous nommerons groupe d’I/carus. Dans ce dernier, nous avons déjà eu l’occasion de rencontrer de pareils types, qui ont une ban- delette radiale blanche bien plus accentuée que chez nos Pa- miriens et traversant le disque des ailes postérieures dans toute sa longueur. La coloration excessivement brillante des représentants du groupe Damon perd toute signification, comme caractère séparatif, si nous revenons de nouveau à nos Pa- miriens, que Staudinger compte avec raison pour prototypes de toute une suite d'espèces de l'Iran et de l’Asie Mineure. Enfin, nous avons déjà parlé d’une intéressante Lycénide du type Zcarus, laquelle a cependant la coloration de la L. Er- schoffi; c’est la L. Magnifica m. Les taches basales, qui n’exis- tent pas chez Actinides, Iphigenides et chez les formes, qui leur sont parentes, n’ont aucune valeur comme caractère gé- nétique, ce qui est prouvé par la disparition de ces taches chez quelques variétés d’Icarus (Icarinus, Icadius, etc.) et leur parfaite absence chez des espèces comme Kogistana, Eumedon, etc. Nous avons déjà autrefois réuni en un seul type le groupe Eros et Icarus; nous insérons maintenant dans ce même groupe, comme chaînon indépendant, aussi le type Hylas-Actinides, et nous y joignons la L. Glaucias, Donzelii et toute la série des espèces appartenant au groupe Damon. Que celui qui s’inte- resse à la nouvelle classification des espèces des Lycénides, que je propose, rejette pour un moment tous ces Poseidon, Actis, Iphigenia et qu'il n'accepte que les prototypes Pami- 411 riens de toutes ces formes: le tableau changera à l'instant même d'aspect, et tout ce qui a été dit ci-dessus sera con- firmé de la manière la plus évidente. Je ne puis malheureusement pas entrer maintenant dans les détails de ma nouvelle classification. Je les garde pour l'avenir et je me flatte de l'espoir qu'avec le temps je sur- monterai les difficultés de ce problème et élaborerai mono- graphiquement le genre Lycaena d'une manière tout aussi détaillée, et peut-être plus détaillée encore, que j'ai élaboré actuellement le genre Colas. Je ne fais à prèsent que la remarque suivante: La Zye. Astrarche, Coridon et Bellargus ne sont pas génétiquement très proches du groupe Zcarus et composent probablement un groupe séparé. Revenons cependant sur nos pas. Nous avons dit, qu’Acti- nides mérite le nom d’espece. Ceci est tout aussi juste qu'il est juste qu’Orbitulus et Pheretiades v. Pheretulus soient deux espèces distinctes. Staudinger ne possédait qu'un seul d, quand il décrivit cette variété; depuis il a reçu de ma part plusieurs exemplaires de cette forme et parmi ceux-ci une ©. J'ai eu la chance d’en prendre une quantité considérable (jusqu'à 150 ex.), à peu près 40 ® Q. Voici ce que j'ai à dire pour compléter sa description: 1) les dd sont d’une coloration plus lilas que p.-ex. les Actis de Kasikoparan, moins brillants et à bordure noire plus large; 2) ils sont en dessous d’un gris uniforme et bien plus foncées que les Actis typiques; 3) toutes les taches et même les marginales ocellées ressortent très nettement sur le fond général gris foncé; elles se distinguent non-seulement par leur plus grande dimension et leur plus grand nombre, mais elles sont nettement cerclées de blanc; enfin 4) quoique les écailles rouges sur l'extrémité des ailes ne se réunissent pas en bande continue, elles constituent cependant des taches assez distinctes 412 sur les ailes posterieures et rarement aussi sur les ante- rieures. Quant aux @ ©, elles sont en dessus plus foncées; la bande marginale rouge-vif (dans un seul cas, jaune) est par- ticulièrement large; elle s’allonge le long du bord extérieur des deux ailes et n’atteint pas le sommet de l'aile antérieure. En dessous, les ® ® sont presque aussi foncées que les dd, quoique leur teinte soit plutöt brune que grise. Les taches sont plus grandes que chez les dd, se confondent presque entre elles et se réunissent sur les ailes antérieures avec la bordure noir-vif de la bande marginale, qui traverse les deux ailes sans interruption; aussi est-elle de la même largeur tant sur le dessus que sur le dessous. La bandelette radiale est peu distincte et son extrémité se perd ordinairement au-delà de la tache centrale. Toutes ces différences me semblent suffisantes pour envi- sager l’Actinides comme espèce distincte. Actinides vole exclusivement dans le cirque des steppes de l’Alai. Je l'ai prise sur la rive d’un ,saï de l’Aram, desséché depuis longtemps et couvert de toute espèce de plantes, ainsi que sur les pentes des montagnes à végétation de steppes. Actinides, comme toutes les Lycénides de ce groupe, vole tran- quillement; une fois effrayée, elle se calme bientôt et, après avoir voltigé un peu, se pose sur la première fleur venue. C’est grâce à cette particularité que j'ai pu, moi qui suis à moitié aveugle, en prendre dans le courant de deux heures 50 exemplaires. Elévation: environ 4,000 p. Juin et commencement de Juillet. 104. Lycaena Dagmara Gr. Gr. (Pl. IX, fig. 2 a, b). Hor. Soc. Ent. Ross. 1888, p. 306. A L. Erschoffi, cui proxima, differt: supra basi alarum anticarum (saepe etiam posticarum) tantum intense violacco- 413 cyanea, posticarum ® fascia submarginali aurantiaca; alis subtus obscurioribus nigris albo (non albido) cingulatis, fascia antemarginali aurantiaca. e2=15 m Ce qui a été dit plus haut explique, pourquoi je décris Dagmara comme espèce et non comme variété de la L. Er- schoffi. D'après l’analogie et selon Staudinger j'ai tort; mais il me semble cependant, que, sous ce rapport, je reste fidèle à moi-même, plus que Staudinger, qui tantôt sépare deux for- mes très proches (comme la P. Napi et la P. Ochsenheimeri, Lyc. Rutilans et L. Iris, Lyc. Venus et L. Amor, ete., etc.), tantôt réunit des formes, dont les rapports génétiques sont, il est vrai, incontestablement proches, mais qui par elles- mêmes, ne sont pas assez intimes pour être réunies. Dagmara se distingue de Erschoffi en ce que: elle est plus grande; le reflet violet-vif qui recouvre presque toute la surface de l'aile chez Erschoffi, et particulièrement le long du bord costal, est tout-à-fait autrement disposé chez Dagmara; il est moins dense, d’une nuance plus bleue; il est également distribué depuis la base jusqu'à la tache discocellulaire et se trouve non-seule- ment sur les ailes antérieures, mais aussi sur les postérieures où la surface, qu'il occupe, est cependant toujours insignifiante. C’est l’un des plus importants caractères de Dagmara. Le reflet bleuâtre couvre non-seulement la base des deux ailes chez les dd, mais aussi celle des ® ®; sur un exemplaire Q il était tout aussi développé que chez les dd”). Dans le cas en question, on pouvait distinguer la Q du d': 1) par la coloration générale plus claire; 2) par la bande orange sur les ailes postérieures. Cette bande ne passe que rarement sur 201) Cet exemplaire s’est malheureusement perdu avec d’autres rares qui se trouvaient dans une caisse qui a été brisée pendant le trajet à St.- Petersbourg. 414 les ailes anterieures. L’un des dessins de la Pl. IX represente un cas semblable. L’autre dessin représente un &' unique en son genre, ayant aussi une bande orange sur les postérieures. En dessous, la difference des deux espèces n’est pas moins considerable. Parmi les 10 exemplaires de la L. Erschoffi de ma col- lection, il n’y a que deux ® ® sans taches basales sur les ailes antérieures; chez Dagmara, dont j'ai possédé au moins 100 exemplaires, ces taches n'apparaissent jamais. Les autres taches sont comparativement plus petites. La bande marginale est orange et également développée chez les deux sexes. Je n’ai trouvé Dagmara qu'une seule fois, pres du col Agwaï-Polousak et ensuite sur l’ancien „sai“ du Khingoob- Darya, près de Tobi-Dara. De 7,000 à 5,500 p. (Commen- cement de Juin). 105. Lycaena Argiolus L. — Kasmira Moore.— Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 503. PI. 31, fig. 1. Très rare, semble-t-il, dans les confins des élévations du Pamir, quoiqu'on la rencontre à des altitudes peu considé- rables et dans le voisinage des habitations. Je l’ai prise des la fin de Mars sur des abricotiers fleurissants. Dans les par- ties centrales du Ferghana elle vole probablement encore plus tôt. C’est ce que confirment aussi les données de Fedtschenko, qui a recueilli cette espèce dans les environs de Samarkand depuis le 3 jusqu'au 9 Mars. 106. Lycaena Sebrus B. Icones, etc. PI. 71, fig. 1—3, p. 72. Espèce très rare dans le Pamir. Je n’en possède que deux exemplaires, dont l’un a été pris dans les environs de Chakhi- mardan, l’autre sur les rives du Kitschi-Karamouk. Tous les deux sont des JG et ne se distinguent pas essentiellement de mes sujets de l’Asie mineure et des Alpes. L'un a été capturé en Mai, l’autre en Juin. 107. Lycaena Persephatta Alph. var. Minuta Gr. Gr. (BSR Reg): Hor. Soc. Ent. Ross. Pl. XVI, p. 396. Pl. 14, fig. II. Il y a une forme de la L. Persephatta, qui vole au Pa- mir, que je voudrais décrire comme var. Minuta m., si j'en avais à ma disposition, outre les descriptions et un très mau- vais dessin, quelques exemplaires du Thian-Chan. D’après les dimensions indiquées par Alphéraky, l’envergure du plus petit exemplaire est de 25 mm. Les Persephatta du Pamir sont considérablement plus petites et le plus grand de mes exem- plaires, figuré sur la Pl. X, n’a que 24 mm. En même temps, Minuta n’a jamais en dessus, à la base, les poils bleuätres, qui couvrent les deux ailes de Persephatta. Cette Lycenide vole partout sur les pentes septentrionales des monts Alai et nulle part au-dessous de 6,000 à 5,500 p. Je l'ai aussi trouvée dans les monts de Pierre le Grand, à plus de 10,000 p. (localité Touptschek) et dans les montagnes transalaïennes, où elle s’eleve à plus de 12,000 p. Elle pré- fère les prairies. Depuis la mi-Mai jusqu'à la fin de Juillet, suivant l'altitude. 108. Lycaena Semiargus Rott. Naturk 1779.p. 20507. Les Semiargus du Pamir ne se distinguent presque en rien de celles de l’Europe. Cette espèce est très rare dans le Pamir et je ne l’ai vue que deux fois: aux alentours de Chakhimardan et dans la vallée du Khingoob (Mai, Juin). 109. Lycaena Cyllarus Rott. Naturf. 1775, p. 20. VI. Espèce répandue partout, à l’Ouest et au Nord du Pamir central. Je l’ai trouvée à Goultscha et plus vers l’Ouest le long de la chaîne Alai, au sortir de la vallée Alai, dans la vallée du Khingoob, et enfin dans les monts Baldjouan. Elle présente des échantillons de toute les transitions aux formes européennes, se rapprochant surtout de celles d’Espagne. La différence est cependant, en général, si minime (disparition de taches sur le revers des ailes postérieures), qu'il ne vaut pas la peine de séparer les Cyllarus du Turkestan comme variété distincte. Cyllarus vole sur des prairies et dans des ravins couverts d’une riche végétation (Mai, Juin). Altitude extreme: 8,000 p. (au sortir de la vallée d’Alai), mais on ne la rencontre nulle part au-dessous de 4,500 p. 110. Lycaena Chrysopis Gr.Gr. (Pl. X, fig. 5 a, b). Horae Soc. Ent. Ross. XXII, p. 306. Supra alae d'-is violaceo-caeruleae, late nigro-fusco lim- batae, ®-ae fuscae ad basim caeruleo-violaceae. Subtus alae anticae canae, dilute fuscescentes; puncto dis- cocellulari serieque punctorum antemarginalium sicut in sectione Lyc. Sebri B.; posticae virides metallico scintillantes, serie punctorum alborum. CS mm. Cette superbe Lycénide, avec la Galathea Blanch. *) et l'Omphissa **) Moore, forme un groupe tout-à-fait séparé, cependant intimement uni à Cyllarus Rott. d’un côté et à Sebrus B. de l’autre. En dessus, Chrysopis rappelle Cyllarus; mais elle a la bor- dure plus large et plus accentuée. La frange est blanche comme chez Cyllarus. Les ailes antérieures sont en dessous grisâtres ou brun-gris. L’unique rangée de taches a la di- 22) Jacqu. Voy. d. l’Inde. IV. Ins., p. 21. Pl. 1, fig. 5, 6 (1844). 23) Proc. Zool. Soc. Lond. 1874, p. 573, t. 66, f. 2. 417 rection propre à toutes les Lycénides du type Sebrus B. Leur couleur est brun-noir, celle de la bordure blanc-gris. Les ailes postérieures sont vert métallique, surpassant par leur éclat toutes les autres Lycenides; on y remarque une rangée de points blancs, disposés en demicercle le long de leur bord extérieur (leur nombre varie) et une tache centrale blanche aussi. Le dessous des ® ® ne se distingue pas de celui des dd, mais par la disposition des écailles violettes, elles rappellent beaucoup les PP de la L. Jolas, avec lesquelles elles n’ont cependant rien de commun. J'ai découvert Chrysopis dans les monts Kounjout, où elle volait sur les bords d’un ruisseau, qui se déverse dans le Beïk méridional. Dans cette région assez limitée, cette espèce était très nombreuse, et mes collectionneurs ont pu en prendre, pendant une seule excursion, plus de 200 exemplaires. Il n’y avait malheureusement que le tiers des exemplaires qui fussent bien conservés. Je ne puis rien dire par rapport au genre de vie de cette ravissante espèce, parce que je n'ai pas eu occasion de l’observer moi-même. J'avais pénétré pen- dant ce temps dans les montagnes se trouvant du côté opposé et où j'ai recueilli d’autres Lycénides que je n'avais pas ren- contrées jusque-là: la Lyc. Hunza et la Lyc. Lehanus. Je ne revins de mon expédition que vers quatre heures de l’après- midi et le lendemain nous dümes continuer notre route. Elé- vation 14,000 p. Commencement de Juillet **). 20) Je l'ai d'abord déterminée comme Omphissa Moore, n'ayant, pour comparer, qu'un seul exemplaire défectueux 4 de cette dernière espèce. Dans la suite, j’obtins de ces Omphissa du Kaschmir et je m’apercus de mon erreur. Les 29 de ces espèces diffèrent considérablement. Voilà pourquoi le dessin porte le nom d’Omphissa. 27 nn 111. Lycaena Charybdis Stgr. (Pl. IX, fig. 7 à, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 226. Chrysopis est placée, il est vrai, à côté de Cyllarus, mais dans un cercle excentrique différent, tandis que Charybdis se trouve dans sa proximité immédiate. Quoique la description de Staudinger soit très brève, elle est suffisante, et il ne me reste qu'à dire par rapport aux Q De 1) qu'elles sont ou toutes noires, sans la moindre trace d’ecailles bleuätres même à la base, ou 2) très richement couvertes de celles-ci surtout sur le dessus des ailes postérieures, comme par exemple la ® figurée sur la PI. IX. Staudinger a reçu ses Charybdis des environs de Na- mangan et de Marghelan. Ces deux endroits doivent être exacts, cette espèce volant en effet dans des conditions propres aux environs de ces villes. J’ai trouvé cette espèce sur les rives du Sourkhan, sur de petites prairies, couvertes d'herbe et de Curices. Akh- Kourgan et Kokaïty (1,100 p.). Avril. 112. Lycaena Gigantea Gr. Gr. (Pl. IX, fig. Sa, b). Mem. s. 1. Lep. T. II, p. 125 (1885) °%). — Iphicles Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 227 °%). Cette superbe Lycénide justifie le nom que je lui ai donné; elle est effectivement l’un des plus grands repsésentants de 205) Je cite ici mot à mot ma description de cette espèce, qui se trouve dans ma première correspondance: „der Grösse und der Zeichnung der Un- terseite nach steht diese Art der Jolas am nächsten; das @ ist braun, von matter Färbung, und, nach dem, Rande zu, heller. Unter den vielen Weib- chen, die ich gefangen, ist kein einziges mit bläulichem Anflug, wie solchen die 29 von Jolas zeigen. Das & ist glänzend himmelblau und hat auf der Oberseite den Habitus eines riesigen Poseidon. Dies scheint mir einstweilen genügend, um diese Art zu characterisiren“. 206) La légende du dessin porte par erreur le nom: L. Iphicles Stgr. au lieu de Z. Gigantea m. Cette faute est toujours possible quand on prépare les planches avant la description et pendant plusieurs années. 419 - ce genre. Son dessin est tellement simple, qu'on peut se con- tenter des descriptions qui en ont déjà été faites. Je l'ai prise, au mois de Mai, dans les environs d’Oche et d’Outsch-Kourgan, à une élévation d'à peu près 3,500 p., et un peu plus bas dans les environs d’Iski-Naoukat. Elle préfère les éboulements pierreux et vit sur un arbrisseau de la famille de Légumineuses, à grandes fleurs jaunes. Un peu au-dessus d’Oche, sur les rives de l’Akh-Boura, j'ai trouvé cette Lycénide en exemplaires bien plus petits. Staudinger fixe l’envergure à 34—38 mm., mes exemplaires typiques d’Outsch-Kourgan sont considérablement plus grands; ils mesurent de 43 à 44 mm. Ceux d’Oche, tout en ayant une taille plus petite (34—36 mm.), se distinguent aussi par la coloration un peu différente des G'&', cest-à-dire par une teinte plus bleue. Ces différences permettent de séparer la forme décrite par Staudinger comme var. Iphicles, à moins que dans la suite nous ne trouvions des transitions importantes d’une forme à l’autre. Cette Lycénide vole dans le Pamir non-seulement en Mai, mais aussi en Juin, si toutefois les dates indiquées par Ha- berhauer sont exactes. Ces données cependant doivent être vérifiées, car je n'ai trouvé ce papillon nulle part dans les montagnes °”). 207) Cependant, selon Fedtschenko aussi, la Zye. Gigantea (Jolas d'après Erschoff) vole au commencement de Juin; ce qui, naturellement, ne contre- dit nullement mes données; les exemplaires devaient être très défectueux pour qu’un entomologiste aussi expérimenté que Erschoff ne les ait pas dis- tingués de Jolas. Parmi les Lycénides rapportées par Fedtschenko, il n’y a que la Z. Damone Ey., prise le 3 Juillet près de Chakhimardan (4,500 p.), que je n’aie pas trouvée. Je connais parfaitement Chakhimardan, et les collectionneurs de Staudinger l’ont visité plus d’une fois. J’ai eu l’occasion de voir leurs collec- tions et je ne me souviens pas qu’ils aient pris là cette espèce. J’en conclus qu’une faute s’est glissée dans la détermination, d’autant plus que Erschoff n’a eu affaire qu'à un seul exemplaire Q. 27* 420 IV. BEBZECOTNESZIE 16. POLYCAENA Ster. 113. Polycaena Tamerlana Stgr. (Pl. X, fig. 6 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 229. Ce petit papillon, des plus gracieux, a été parfaitement décrit par Staudinger. Le dessin ci-joint présente la forme que Staudinger a obtenue, en premier lieu, de son collectionneur Haberhauer fils. Tamerlana vole dans la zone alpine sur tous les monts Alaï et partout dans la chaîne transalaïenne. Elle varie considérablement sur toute cette étendue et se rapproche surtout de Timur Stgr., variété du Thian-Chan, particulière- ment dans la partie orientale de la chaîne Alai. Plus vers l'Ouest, et ensuite dans la partie occidentale des monts transalaiens, Tamerlana ne présente plus de différences aussi distinctes des deux sexes; les @ ® ont de plus en plus une coloration grisätre qui quelquefois ne permet pas de les distinguer des dd. La ressemblance des sexes s'affirme sur- tout chez la forme que je décris comme: var. Temir Gr. Gr. Alis in utroque sexu supra subtusque concoloribus ferru- gineis; tota pictura plus minusve obtusa. Les dd sont un peu plus foncés et n’ont pas une colo- ration aussi uniforme, mais sont cependant très mats. Tous les points sur le dessous sont plus petits et peu accentués; la rangée des points marginaux est blanche et n’est pas sau- poudrée de noir du côté intérieur comme chez les exemplaires typiques. Le dessous des deux ailes est presque de la même coloration, et chez les ® ® ne se distingue presque pas par 421 la teinte du côté supérieur. Ceci s’applique, à un certain degré, aussi aux IQ. Tamerlana vole en Juin et, dans le Transalaï occidental, même en Juillet, la var. Temir à la fin de Juillet. La patrie de celle-ci est le défilé de Kisil-Art dans le Transalaï (13,000—14,000 p.). Le type se trouve aussi plus bas, de 9,000 à 11,000 p. Prairies alpines. , Tamerlana vole bas et aime à se poser sur des pierres échauffées par le soleil. Elle est, en général, très répandue, mais ne se voit nulle part en grande masse. IE INESPNTP EL ETDNE 17. LIMENITIS F. 114. Limenitis Trivena Moore. Ent. Monthl. Mag. I, p. 113 (1864). L. de Nicéville—Butt. India. II, p. 161. Pl. 24, f. 113 (4). 1886. — Ligyes Hew.—Trans. Ent. Soc. Lond. II. 1864, p. 264. Pl. 15, f. 3, 4 (2). Lang.—Ent. Month. Mag. V, p. 35. 1868. — Hydaspes Moore. —Proc. Zool. Soc. Lond. 1874, p. 270. Pl. 43, f. 2. — Lepechini Ersch.—Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 14. Pl. 1, fig. 10 (4). 1874. J'ai extrait toute cette nomenclature du superbe ouvrage de Lionel de Niceville: „The Butterflies of India, Burmah and Ceylon“, paru sous forme de trois livraisons volumineuses; et qui n’est pas encore terminé. L'auteur y fait preuve d’une érudition qui l’honore, et le livre par lui-même est une acqui- sition des plus précieuses pour la littérature lépidoptérologique. Souhaitons donc que cette publication se termine avec le même succès, avec lequel elle a été commencée! La L. Trivena, d'après les indications de A. P. Fed- tschenko, vole dans les environs de Samarkand; cependant je n’y ajoute pas foi. Il n’y a point là d’endroits favorables à son existence. Vers le Nord de Samarkand, s'étend une plaine entrecoupée par plusieurs bras du Zaravchan, et entière- ment envahie par les céréales, le riz, le mais; on n’y voit pas d'espaces couverts de buissons; si ça et là poussent des futaies d'arbres, ce sont des jardins de Sartes ou des planta- tions artificielles composées d’ormes (Ulmus), de peupliers et de saules. Le dernier „aryk“ passe à une distance de 40 verstes de Samarkand. Au-delà s'arrête toute culture et com- mence une steppe ondulée et déserte: les promontoires des monts Nouraty. A l'Ouest et au Sud, se déroule le même tableau. Vers l'Est, la région cultivée s'étend plus loin; elle est interrompue par l’ancien „sai“ de Zaravchan ou par des marais, Couverts de roseaux et de Carices. Où done chercher là une Limenitis? Ce n’est certainement pas, je suppose, dans les roseaux du Zaravchan! A. P. Fedtschenko n’était pas spécialiste en lépidoptéro- logie. Il collectionnait les représentants de toutes les familles d'insectes, d’amphibies, de reptiles, poissons, oiseaux et mam- mifères. Il était en même temps botaniste, géographe, ethno- graphe, etc. C’était un homme d’une immense érudition, un chercheur remarquable et d’une énergie hors ligne; mais ses collections de papillons étaient mal conservées, les étiquettes manquaient parfois, et il est naturel, qu'il y ait eu quelques confusions. J'ai pris Trivena, en assez grand nombre d'exemplaires, dans le fond des bois le long du cours du Khingoob, depuis la petite rivière Sagir-Decht jusqu'au fort de Tobi-Dara, ensuite dans les environs d’Obi-Garm. J’ai visité cette forte- resse au commencement de Juillet et jy ai trouvé cette espèce à la dernière époque de son vol. Sur la rivière Khingoob où j'ai été au commencement de Juin, je nai pas non plus vu la L. Trivena en exemplaires bien conservés, d’où je conclus que jy étais arrivé trop tard. En effet, pour rassembler en- viron 30 papillons présentables, j'ai dû en attraper une cen- taine, ce qui m'a forcé à m’arreter à Sagir-Decht toute une journée, malgré la hâte que j'avais d’aller plus loin. Du reste, la Trivena, même au commencement de la période de son vol, du moins sur la riv. Khingoob, ne peut être prise dans un état tout-à-fait irréprochable. Tout le buisson est rempli de grands Hippophaös rhamnoides; le vol de Trivena est hardi et vigoureux; elle ne craint point les buissons, elle s’y élance imprudemment et se blesse aux perfides épines de l’Hippophaës. 18. NEPTIS. 115. Neptis Lucilla F. var. Ludmilla HS? Je ne suis pas persuade que quelques-uns de mes exem- plaires, d’une grandeur remarquable, captures au mois de Mai en 1884, dans les environs de Jordan (5,000 p.), et en Mai 1887 dans les alentours de Goultscha (5,200 p.), appar- tiennent à cette variété. Toutefois je ne me décide pas à en créer une forme particulière. Leur principale différence provient de la bande, qui est extraordinairement étroite. Ce papillon vole, il semble, dans toute la partie inférieure de la zone des buissons. 19. VANESSA F. 116. Vanessa C. album L. var. Interposita Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 286. En décrivant cette variété, Staudinger remarque: „sehr eigenthümlich sind 2 & aus Margellan, von denen das eine oben auch ganz mit der v. Interposita stimmt, das andere aber oben fast grade so hell wie Egea ab. I. album ist. Auch 424 unten stimmt es damit fast völlig überein und auch das an- dere Stück ist genau so stark längs gestrichelt; das C-Zei- chen ist hier auf einen Strich reduzirt. Diese beiden Stücke gehören mehr zu Ægea als C. album; doch rechne ich sie beide zur var. Interposita“. Je ne possède pas d’Interposita typiques dans ma collection, et il m'est impossible de décider où doit être rapportée Inter- posita, comme variété de C. album ou d’Egea. Quant aux exemplaires du Ferghana, ils doivent être attribués incontes- tablement à la forme intermédiaire entre Z. album et le type Egea. On ne peut en dire autant de Grapta qui ne vole que dans la zone alpine des monts Alaï. Elle est beaucoup plus foncée en dessus et en dessous quoiqu’elle conserve cependant, en général, sur le revers, le dessin qui caractérise ÆEgea. Elle tient, d’après son habitus général, le milieu entre C. album et Egea, et c’est pourquoi je la mentionne ici comme étant probablement une C. album v. Interposita *). Localité: Artcha-Bach. Mi-Juin. Je vais décrire maintenant l’Egea du Ferghana (que j'ai d'abord à tort déterminée comme Interposita), comme var. Undina Gr. Gr. [Pl. XVII, fig. 1 (G')l. En dessus, cette forme se distingue de l’ab. I. album sous les rapports suivants: 1) le bord extérieur des ailes antérieures est plus large, et celui des ailes postérieures plus étroit; en même temps, ses contours sont moins irréguliers; 2) la tache marginale, ou mieux celle du disque, entre la 3-ème et 4-ème nervure, manque presque toujours (il n’y a pas plus de 5 p. °/, d’exceptions), et si même elle y est, elle n’est qu'à peine per- ceptible; la seconde tache, plus bas, est toujours très peu 208) Deux exemplaires pris à Artcha-Bach ont probablement été perdus ou se sont peut-être égarés parmi les Undina de Ferghana. Ce que je dis ici est extrait des notes de mon journal. 425 accentuée, et les cas sont assez fréquents où elle disparait comme la superieure sans laisser de trace; 3) la tache dis- posée entre la 1-ère et 2-ème nervure, plus vers la base, varie beaucoup et atteint même une dimension plus grande que chez I. album; elle est alors réunie par une semi-ombre avec la discocellulaire toujours plus grande que chez le type et chez l’ab. I. album; 4) le dessous est plus clair; tout le dessin plus distinct, et les deux bandes transversales ressor- tent particulièrement par leur teinte moins foncée. Par la coloration du revers, Undina rappelle davantage l’ab. Z. album que la forme typique. Elle est de plus petite taille qu'Ægea ou sa variété; dans le signe blanc je ne constate pas de différence. Oche.—Fin de Mars et commencement d'Avril. La forme que Erschoff détermine comme I. album est tout-à-fait identique à mes exemplaires d’Artcha-Bach, done, d’après Staudinger, à la var. Interposita. 117. Vanessa Urticae L. Syst. Nat. X. 477. Un exemplaire provenant des monts transalaïens près de la rivière Myn-Djar à une altitude de 10,000 p., ne diffère nullement de nos Urticae de St-Pétersbourg (22 Juin). La V. Kashmirensis Kollar “”) se distingue, comme on le sait, de la V. Urticae, principalement: 1) par la forme des ailes; 2) par une coloration plus foncée et le faible dévelop- pement du rouge; 3) par une absence presque complète des taches marginales violet-bleuätre sur les ailes antérieures; 4) par une semi-ombre noir-roux limitant la bande marginale du côté intérieur, et 5) par la coloration unie du revers des deux ailes. 209) Hügel. Kaschmir. IV, p. 442. PI. XI, fig. 3, 4 (1848), 426 J’ai rencontre dans les monts de Darvaz une forme tres interessante d’Urticae, qui, en dehors de l’habitus tout-à-fait identique à celui du type, présente sous tous les autres rap- ports une transition parfaite à la W. Cashmirensis. Je nomme cette forme: var. Nixa Gr. Gr. Elle se distingue du type: 1) par l’absence presque com- plète de taches bleues dans la bande marginale des ailes antérieures; 2) par une semi-ombre noirâtre assez large limitant du côté intérieur la bande marginale des ailes postérieures, et 3) par la coloration unie noir-roux du dessous des ailes anté- rieures. Nixa a, il semble, une distribution assez vaste et peut- être se trouvera plus tard être le chainon central pour tout un groupe de Vanessa près duquel se placent d’un côté: Urticae, et de l’autre: Cashmirensis, Ladakensis ‚et Rizana. J'ai reçu de M. Oberthür une Nixa étiquetée: Urticae var. du Thibet. Cette forme vole au Darvaz dans le défilé de Khobou- rabat, sur les pentes méridionales des monts Darvaz, à une altitude de 9,000 p. Juin. Les Urticae de Artcha-Bach servent de transition à la var. Nixa. Erschoff les a déterminées comme var. Turcica, ce qui n'est pas juste. Cette forme, à coloration assez vive, vole même à une élévation de 14,000 p., au milieu des neiges et des glaces éternelles, ce qui produit une impression assez singulière. 118. Vanessa Cardui L. Syst. Nat. X, 475. Partout très ordinaire dans les vallées, et s’élevant par- fois à une hauteur considérable. Mai, Juin, et, d’après Fed- tschenko, même en Juillet. Je profite de l’occasion pour faire 427 remarquer que cette espèce ma été trouvée jusqu'à présent ni dans l'Himalaya occidental, ni dans l’Hindou-kouch quoiqu’on l'ait prise dans le Sarikol ”). 20. MELITAEA F. 119. Melitaea Arduinna Esp. var? Rhodopensis Frr. Neue Beitr. T. 193, fig. 1. III. Je ne rapporte à cette variété, qui se distingue générale- ment fort peu du type, que les exemplaires que j'ai pris à la mi-Juin sur le versant septentrional du Transalaï. Approxi- mativement à 10,000. Quant à ceux de Fedtschenko et déterminés par Erschoff comme v. Rhodopensis, il est naturellement difficile d’en dire quoi que ce soit de précis; je suppose néanmoins qu'ils appar- tiennent à la var. Evanescens Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 230. assez vaguement décrite par Staudinger. Ce n’est que diffi- cilement que je rapporte à cette variété, ainsi qu'à l ab. Fulminans Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 230. les Arduinna que j'ai pris, en nombre considérable, dans les domaines du beg de Baldjouan. Tous les exemplaires sont énormes, à envergure de 48 à 54 mm.; ils sont ainsi plus grands que Phoebe. La coloration est identique à celle de la M. Sibina et varie tout autant. La quantité des taches et des points noirs est si peu stable qu'il est impossible de les 20) „Karghalik. Nov. 11-th“; c’est ainsi que Moore fixe l'endroit où a été trouvée la V. Cardui. Scient. Res. of the Sec. Yark. Mission. Lep. d., p. 2 (1879). 428 décrire. Le plus souvent disparaissent: 1) la 3-me tache de- puis la marge; celle du milieu; la bande sur les ailes anté- rieures et postérieures, et 2) la rangée de points disposés parallèlement au bord extérieur des ailes postérieures; deux taches centrales subsistent pourtant toujours. Cette forme volait en quantité sur les riches prairies des élévations de Baldjouan (4,000 p.). Fin Mai. Staudinger a reçu les types des variétés d’Arduinna, mentionnées ci-dessus, des environs de Samarkand, c.-à-d. des ramifications N.O. de la chaîne Ghissar. 120. Melitaea Phoebe Knoch var.? Sibina Alph. Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 400. Pl. XIV, fig. 13 (&). Aucune des nombreuses variétés de Phoebe ne s’est autant éloignée du type que Sibina, de sorte que si je ne possédais pas d’excellentes transitions de Sibina au type dans la forme qui vole sur les prairies de Kitschi-Karamouk, j'aurais été en droit de compter celle-là comme espèce distincte ne pré- sentant pas, dans les confins de la vallée du Ferghana, la moindre trace d’une transition à Phoebe. D’après Alphéraky, l’envergure est de 39 à 45,5 mm.; dans le Ferghana ce sont les exemplaires de la seconde géné- ration qui atteignent cette dimension et qui volent dans les environs d’Oche à la mi-Juillet. La génération du mois de Mai, dont je possède des exemplaires des localités les plus diverses du Ferghana, est considérablement plus grande: leur envergure oscille, en général, entre 46 et 54 mm., quoiqu'il y en ait de plus grands encore. Sibina vole jusqu'à 7,000 p. À partir de cette altitude, apparaît la forme du Kitschi-Karamouk, mentionnée ci-dessus, et qui a, il semble, une distribution très limitée. A 5,000 p., aux alentours de Goultscha, les exemplaires ne diffèrent plus aucunement de ceux d’Oche, d’Aravan et de Naoukat. 429 Sibina n'a pas été trouvée dans le Bokhara oriental, ni dans le Dschittyschar *”). 121. Melitaea Trivia Schiff. var. Catapelia Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 231. Forme parfaitement différenciée et très claire de Trivia; quelques-uns des exemplaires se rapprochent d’une manière frappante des Didyma var. Persea Koll. de la Mésopotamie, et avec laquelle j'ai failli les confondre. Le dessous des ailes postérieures de mes exemplaires est, il semble, plus jaune que chez les types de Staudinger des environs de Samarkand. J'ai rencontré cette forme pres du kischljak Sar-ob, au sortir du défilé , Portail de fer“, près de Karatag, et sur la rivière Tanymas (versants des montagnes qui s'appuient du côté S. E. contre le massif de Sel-Taou). 11,000 p. d’alti- tude. Dans les monts Ghissar, en Avril; dans la localité Koudara, en Juin. 122. Melitaea Didyma 0. Schmett. Ent. I, p. 30. J’attribue aux Didyma typiques les exemplaires pris dans les montagnes de Pierre le Grand et dans le Transalai. Ele- vation de 9 à 10,000 p. Juin et commencement de Juillet. var. Turanica Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 231. Cette forme, très ‘ordinaire dans le Ferghana, vole de- puis la fin d'Avril jusqu'à la fin de Mai. Elévation extrème: 21) Eirschoff écrit, que dans les environs de Samarkand et sur les rives du Syr-Darya vole la var. Aetherea Ev. de Phoebe. Je doute fort de l’exacti- tude de cette indication et je suppose ne pas me tromper en rapportant aussi ces exemplaires à Sibina, forme très différenciée, mais aussi bien va- riable. 6,000 p. Elle est surtout différenciée dans les environs de la ville Oche (3,200 p.). Je ne l’ai rencontrée ni dans le Bokhara oriental, ni dans le Sarikol. var. Ala Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 288. Staudinger écrit: „das nahe Zusammenvorkommen mit einer anderen ganz davon verschiedenen Varietät, Neera, erkläre ich mir so, dass letztere die Form der Thäler und Ebenen, Ala aber die alpine Form Central-Asiens ist“. C’est peut-être effectivement le cas dans les monts Ala-Taou, quoique ce soit douteux; cependant dans les montagnes de Pierre le Grand il est certain que les deux formes c.-ä-d. la Didyma typique et Ala volent ensemble. Faut-il en conclure que Ala soit une espèce distincte? Selon moi, nullement. Il y a des phases dans la vie de chaque type, quand il doit passer par un état de transition: cet état se caractérise par une inconstance de forme que l’on considère comme ty- pique, et par l'apparition d’une immense quantité de variétés et de formes locales. En analysant les Coliades, par exemple, les groupes de Marco Polo, de Cocandica-Eogene, etc., nous avons observ& un phénomène semblable à celui que nous voy- ons maintenant dans le type Didyma. Cette espèce, comme par exemple, la Colias Interior, est comparativement très ré- cente; loin d’être fixée, elle traverse la période de son deve- loppement que l’on pourrait appeler: période de la naissance du type; il faut cependant sous-entendre sous le nom de type toute une série de formes différenciées et sous le rapport gé- nétique plus intimement liées entre elles qu'avec le reste des espèces faisant partie de ce genre. A quelle époque et d’où Didyma a-t-elle paru au Pa- mir? C’est une question qu'en attendant nous passons sous silence; pourtant il n’est pas douteux, que cette espèce a vécu au Pamir avant l’epoque glaciaire. Des ce moment commen- cerent ses migrations. Elle a traverse d’abord la Djoungarie, s’est établie dans lAltaï et s’est répandue sur toute la Pa- léarctique sous la forme que nous prenons pour le type. Pen- dant l’époque glaciaire Didyma, sans subir, semble-t-il, les moindres modifications, s’est propagée tout le long des confins méridionaux des glaciers, sur une énorme étendue, et a ce- pendant occupé le territoire à l'Ouest de l’Altaï. A la fin de l’époque glaciaire, une partie de l'espèce a reculé plus vers le Nord; une autre est restée sur place et est modifiée sous l'influence des conditions vitales locales soumises à leur tour à de telles modifications, qu'il à été possible de distinguer actuellement ses formes: Neera F. de W., Occidentalis Stgr., Meridionalis Stgr., etc. Une fois que ce type a su s’habituer et vivre dans un climat plus chaud que celui dont était dotée sa patrie (subalpine ou alpine), les obstacles qui empèchaient sa distribution plus loin vers le Sud, n’existèrent plus. Sa migration dans cette direction a effectivement eu lieu et nous en voyons aujourd'hui les résultats sous formes de races lo- cales ou de variétés: Dalmatina, Persea, Caucasica, Turanica, Graeca et une foule d’autres innomées. Cette espèce s’est dif- férenciée simultanément dans deux contrées de montagnes— Alpes Suisses et Altaï —sous des formes qui se distinguent plus ou moins du type. La plus intéressante est celle de l’Altaï, que nous regardons comme originaire des deux variétés: Latonigena-Didymoides et Ala. Je n'entre pas, à propos de cette forme, dans des détails qui nous entraîneraient trop loin “”). Latonigena-Didymoides s'est répandue vers l'Est et a atteint le cours supérieur de l'Amour par les monts Altai; Ala poussa vers le Sud, peupla d’abord le Thian-Chan, passa 22) Je décrirai cette forme dans la suite, quand je m’occuperai de la collection de M. Souvortzew. 432 ensuite au Pamir où elle vole actuellement dans les mêmes conditions que le type et avec lui. Ce fait est d’une énorme importance zoologique, car il ré- fute l’axiome que le type et la variété ne peuvent pas se trouver ensemble *”). J'ai pris Ala dans les monts de Pierre le Grand (Toup- tschek), à la fin de Juin; elle se distingue fort peu des exem- plaires du Thian-Chan et ne mérite pas une dénomination particulière. Environ 10,000 p. La var. Persea Koll. Ins. Pers., p. 11, trouvée le 26 Août 1886, dans le Kara-Koum, ne doit pas, en somme, être mise au nombre des formes spéciales au Pa- mir, même dans les confins aussi vastes que ceux que nous lui avons indiqués ci-dessus. 123. Melitaea Saxatilis Chr. var. Fergana Stgr. (Pl. XIL fig. 3 a, b). Berl. Ent. Z. XXVI. 1882, p. 168. Stett. Ent. Z. 1886, p. 232. La M. Saxatilis est aussi un type qui est loin d’être fixé. Chaque vallée, chaque chaîne de montagnes nourrit une forme spéciale de cette espèce. On observe cependant en. même temps deux races qui ne sont pas tout-à-fait différenciées. En tête de l’une d’elles: la var. Fergana; en tete de l’autre: la var. Maracandica. Elles sont, vers l'Ouest, faiblement colorées; à l'Est, au contraire, leur coloration est plus intense. 213) I] ne faut pas confondre ce fait avec un autre qui paraît analogue et que présentent les deux Parnassiens: Discobolus et Romanovi. Les condi- tions vitales de Didyma et Ala sont identiques et elles ont une arène com- mune. Chez Discobolus et Romanovi cette divergence est plus grande et elle s’est même étendue sur le genre de vie qui est tout-à-fait différent chez les deux espèces. La var. Fergana vole sur les pentes septentrionales des monts Alaï. Le point extrême de sa distribution vers l’Ouest est la localité Artcha-Bach. Là elle est le plus bariolee de taches noires et le plus claire; elle est m&me, quoique ra- rement, jaune-rouge (® Q); vers le S.-E., elle se répand jusqu'au défilé de Taldyk où les exemplaires sont effective- ment superbes et d’une coloration rouge si éclatante quelle distingue la var. Fergana de toutes les Melitaea connues jusqu’& present. Elevation entre 9 et 10,000 p. Conditions locales: ébou- lements pierreux presque sans végétation. A Artcha-Bach en Juin; dans le défilé du Taldyk (Yagatschart), à la fin de “Juillet et au commencement d’Aoüt. var. Maracandica Stgr. (Pl. XII, fig. 2 a, b). Berl. Ent. Z. 1882, p. 168. Stett. Ent. Z. 1886, p. 232. Elle est répandue dans les monts Ghissar et dans la partie occidentale du Transalaï. Très pâle à l’extrême Ouest, et d’un rouge intense dans le Transalai. Commencement de Juillet. 10 à 10,500 p. Eboulements de cailloux. Dans les monts Kounjout, vole une forme très pâle de Saxatilis, qui se rapproche surtout de la var. Maracandica des monts Ghissar. Malheureusement je n’ai que trois mauvais dd et une QE avec aussi peu d'exemplaires je n’ose établir une nouvelle forme. 14,000 p. Terrain pierreux. 124. Melitaea Acraeina Stgr. (Pl. VII, fig. 2 a, b). Stett. Ent. Z. 1886, p. 233. Cette espèce originale est indubitablement dans la plus proche parenté génétique avec la M. Saxatilis. Elle ne pré- sente, en effet, aucune différence essentielle avec ce type. Une coloration jaune-paille au lieu de rouge-brique, des antennes blanchâtres au lieu d’être gris-foncé ou même toutes noires, 28 434 enfin un fond anal paille-clair au lieu de noir-gris ou bien même tout noir; telles sont leurs principales differences. Acraeina vole dans les steppes salines et sablonneuses entre Marghelan et Kokan. Fin d'Avril et commencement de Mai. 125. Melitaea Pamira Stgr. (Pl. XII, fig. 1 a, b). Stett. Ent. Z. 1887, p. 53. — Expressa Gr. Gr. Mem. s. 1. Lép. III, p. 401 (1887). Alis anticis G'-is supra fulvis, nigrovenatis; ® -ae in- fuscatis, ante apicem (in cellulis 6, 8 et 9) et in cellula media pallidioribus vel flavescentibus, fascia externa laete-fulva. Limbo externo serieque media transversa punctorum nigrofuscis. Punctis supra in utroque sexu fulvis, parte externa, serie lunularum limboque externo nigris. Subtus fulvis, posticis fasciis tribus flavidis, nigro mar- ginatis, media latiore linea nigra dimidio superiore divisa. 160 17 mm; Orne La description de Staudinger a précédé la mienne de quelques jours; elle est parfaite et me dispense de décrire une forme aussi peu caractéristique que l’est une Melitaea du groupe Athalia. La seule erreur commise par Staudinger c’est la fausse indication de l’endroit de la prise de cette espèce. Pourquoi Maurer, un des collectionneurs de Staudinger, confond-t-il les chaînes de montagnes et remplace-t-il l’Alai par le Transalaï? En 1886, Maurer n’a pas été dans le Transalai; il n’a done pas pu y prendre la Melitaea. Mes exemplaires proviennent, dans la chaîne de Pierre le Grand, de la localité Touptschek, à une altitude d’un peu au- delà de 10,000 p. Prairies alpines. Juin. Cette Melitaea figure chez Erschoff comme Athalia ab., et Fedtschenko indique les environs de Samarkand comme sa + 435 x patrie. On ne peut néanmoins ajouter foi à cette indication; j'en ai donné déjà les raisons. 126. Melitaea Minerva Ster. Stett. Ent. Z. 1881, p. 289; 1886, p. 235. Il y a deux races de cette espèce dans les confins des elevations du Pamir. J'ai d’abord cru que l’une d'elles, à distribution très restreinte et ne se trouvant pas au-delà de 6,000 p., était Minerva, et que l’autre, considérablement plus petite et à immense distribution tant verticale qu’horizontale, était Solona Alph. Mais après une comparaison plus détaillée je m’apercus bientôt de ma faute. Solona est proche d’Aste- roida et non de Minerva Stgr. et n’a rien de commun avec celle-ci à laquelle j'ai adapté cette dénomination. D’après Staudinger, l’envergure de sa Minerva est de 29 à 39 mm. Par sa taille, elle se rapproche donc de la forme, que je considérais comme Solona. La prétendue Minerva, prise dans les environs de Goul- tscha et sur la pente des collines, disposées entre cette ville et Liangar, a l’envergure de 38 mm.; même assez souvent des exemplaires atteignent 45 mm. c.-à-d. la dimension des plus grandes Athalia (v. Niphonica, v. Mehadiensis, ete.). Voici en quoi diffère cette forme, outre sa grandeur: 1) elle est plus foncée que Minerva; 2) le bord extérieur noir est plus large et se confond très souvent avec la bande marginale noire; 3) toutes les taches sont plus grandes et tou- jours nettement accentuées, ce qu’on ne peut dire de Minerva, chez laquelle non-seulement les taches mais aussi les bandes entières disparaissent fréquemment; 4) elle a en dessous une coloration bien plus vive que les Minerva du Pamir. Ces différences sont si grandes que j'ai même considéré un instant ces deux races comme espèces distinctes; d’autant 28* 436 plus qu'il n’y a pas entre elles de formes transitoires. Je pro- pose de nommer cette forme: var. Palamedes Gr. Gr. [Pl. X, fig. 7 (Q)l. Le dessin ci-joint présente un des plus petits d'd' de cette forme, qui surpasse cependant la Minerva d’Ala-Taou que Staudinger reconnaît dans une note comme les plus typiques. Il décrit dans cette même note une autre variété de Minerva, qu'il appelle: var. Pallas Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 235. et à laquelle il rapporte les exemplaires des pentes méridio- nales des monts Alaï. Cette forme cependant est très peu différenciée et est intimement liée au type de l’Ala-Taou à l’aide des formes transitoires habitant la zone alpine du côté septentrional des monts Alaï. Dans le Hindou-Kouch, vole une forme, qu'il est impos- sible de distinguer de la Minerva du Trans-Alaï. Cette même Minerva se trouve aussi ça et là sur les rares prairies al- pines du Pamir central. Sa distribution, en général immense, est verticalement entre 9,500 et 14,000 p. (col de Beïk). J’ai trouvé un albinos très intéressant de cette forme dans les monts transalaïens (défilé de Kisil-Art) ”*). 127. Melitaea Parthenie Bkh. var. Sultanensis Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 234. trouvée par les collectionneurs de Staudinger dans les envi- rons de Samarkand, ainsi que la 214) Je suppose que Staudinger a eu raison de rapporter la Parthenie aberr. de Erschoff (Fedtschenko, T. I, fig. 12 @) à sa M. Minerva. 437 128. Melitaea Asteroida Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 292, 1887, p. 59. (qui, à ce qu'on prétend, vole près d’Oche), n’ont pas été rencontrées par moi. Ce sont en même temps les seuls pa- pillons diurnes du Pamir, que je n’ai pas réussi à observer moi-même ?°), 21. ARGYNNIS F. 129. Argynnis Hegemone Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 292. Alphéraky. Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 407. Pl. XV, fig. 16, 17. Les deux auteurs ont presque simultanément décrit cette espèce. Les deux descriptions, en se complétant mutuellement, sont si détaillées et si achevées que je serais fort embarassé d'ajouter quelque chose à propos de ce papillon. Cette espèce vole dans les confins du Pamir sur les mon- tagnes bordant des deux côtés la vallée de l’Alaï; il faut évaluer son élévation extrème, sur les pentes septentrionales de l’Alaï, à 7,000 p.; dans la vallée de l’Alaï, à 8,500 p.; nulle part au-dessous de cette hauteur. J'ai rapporté l’Arg. Hegemone en très peu d'exemplaires; ce west cependant pas sa rareté, qui en est Cause, mais mon arrivée tantôt trop prématurée, tantôt trop tardive dans les endroits, où elle vole. Quelques chiffres sont si intéressants, que je ne juge pas superflu de les extraire de mon journal: 18 Mai. Courant supérieur de la Djoussala. 7,000 p. Un superbe &, couvert presque en entier de noirätre. 16 Juin. Artcha-Bach. 9,800 p. Un d. 25) Il faut cependant rapporter au nombre de ceux-ci l’Er. Myops Stgr. que j'ai reçue par hasard avec quelques autres de la partie Outsch-Kourgan des monts Alaï. 438 1 Juillet. Cours supérieur de l’Aram-Koungueï. 10,000 p. Une superbe ® et quelques G'@' défectueux. 1—5 Août. Défilés de Souëk et de Kisil-Art. Jusqu'à 12,000 p. Une dizaine d'exemplaires très défectueux. 9 Août. Défilé de Yagatschart dans l’Alaï. 10,200 p. Environ dix exemplaires, dont deux Q® ® toutes fraîches. Cette espèce vole donc depuis la mi-Mai jusqu'au com- mencement d’Aoüt, selon l'élévation et l’époque de la fonte des neiges; exclusivement sur des prairies alpines à végétation riche et variée *”). 130. Argynnis Pales Schiff. var. Generator Stgr. (PL RT ne ap): La var. Generator est très ordinaire dans le Pamir, aussi bien que dans le Thian-Chan; ensuite cette même Generator, quoique en exemplaires un peu differents de ceux du Pamir septentrional, n’a été envoyée du Kaschmir *”). C’est ainsi que la distribution de cette variété est énorme et va au-delà des confins du Pamir, où elle vole exclusivement dans la zone des prairies alpines. Je l’ai rencontrée sur les pentes septentrio- nales des monts Kounjout (14,500 p.), dans les monts Trans- Alaï (11 à 13,000 p.), dans toute la région montagneuse de l’Alai (9 à 11,000 p.) et dans la chaîne de Pierre le Grand 216) Le seul exemplaire de cette espèce, très mal conservé, rapporté par l'expédition de Fedtschenko (défini par Erschoff comme ÆEuwphrosyne L.), & été pris sur les rives du Khodja-Bakirgan, le 24 Juin, et probablement à une altitude de moins de 7,000 p. 217) J'ai reçu du Kaschmir, en même temps et avec ces Generator: V'Ar- gynnis Pales var. Sipora Moore (Proc. Zool. Soc. Lond. 1874, p. 568, t. 66, fig. 11), fait d’une importance et d’un intérêt extrême qui exige une étude spéciale et exacte. C’est avec intention que je l’indique pour engager les lé- pidoptérologues anglais à étudier d’une manière plus détaillée non-seulement les rapports réciproques de ces deux formes, dont le Kaschmir est la patrie, mais encore les causes qui ont stipulé l’existence compatible de deux races aussi opposées de l’Arg. Pales, que Generator d'un côté et Sipora de l’autre, 439 (10,000 p.). Selon l’elevation, dès les premiers jours de Juin jusqu'à la fin de Juillet et même jusqu'au commencement d’Aoüt “*). 131. Argynnis Hecate Esp. var. Alaica Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 236. La distribution de cette espèce dans les confins du Pamir est nettement limitée par le cirque des steppes de l’Alai et par les montagnes qui l'entourent. Altitude de 8 à 10,000 p. Fin de Juin et commencement de Juillet. Elle n’est fréquente que sur les prairies de la riv. Aram-Kounguei. 132. Argynnis Lathonia L. Syst. Nat. X. 481. Espèce très rare partout. Sur des prairies tant à une élévation de 3,200 (Oche), qu'à 11,000 p. (vallée de Kisil- Art). II y a dans le Ferghana deux générations; dans les monts Trans-Alai en Juillet *”). 133. Argynnis Aglaja L. Syst. Nat. X. 481. — Vitatha Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1874, p. 568. Comme la précédente, quoique très répandue, est rare par- tout. Je possède des exemplaires du Hindou-Kouch, du Trans- 28) Je ne connais pas l’Arg. Pales var. Baralacha Moore (Proc. Zool, Soc. Lond. 1882, p. 242, Pl. XI, fig. 1, 1a) que Nicéville identifie avec la var. Sipora Moore. Il est cependant fort possible que Nicéville se trompe et que la var. Baralacha soit nommément la forme de Pales que j'identifie avec Generator, dernièrement décrite par Staudinger. 219) Nicéville, Elwes et autres identifient l'Argynnis Lathonia avec l'A. Isaeea Gray. Je suis parfaitement d’avis que cette espèce ne mérite pas de place à part dans le classement du genre; cependant si ce n’est pas le des- sin, c’est la coupe des ailes d’Zsaeea qui est à tel point originale et parti- culière qu'il est très juste de lui conserver son nom et de la réduire à une variété de Lathonia. 440 Alai, des montagnes de Pierre le Grand et de l’Alai. Prairies des zones alpines et subalpines. 8,000 à 14,000 p. (Kounjout). L’Aglaja du Kaschmir, décrite par Moore sous le nom de Vitatha “”), ne mérite même pas d’être séparée comme variété. Les exemplaires du Hindou-Kouch sont identiques à ceux de Guilgat et, en général, à ceux de l'Himalaya occidental. 134. Argynnis Niobe L.°”) var. Eris Meigen. Syst. Bearb. Eur. Schm. I, p. 64. T. XIV, fig. 5, 6. Une paire très claire de cette forme a été prise dans la vallée de Kitschi-Alai. Mi-Juillet. Elle vole, d'après Fed- tschenko, sur les prairies inondées du Syr-Darya. 135. Argynnis Jainadeva Moore. Ent. Monthl. Mag. I, p. 131 (1864). Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 495. Pl. XXX, fig. 1 (2). Scient. Res. 2-d Yark. Miss. Lep., p. 2 (1879). Butler. Ent. Monthl. Mag. XXI, p. 66 (1884). Nieeville. Butt. Ind. Burmah. II, p. 135. La seule ®, que j'ai trouvée au Pamir, ne se rapporte pas, selon toute probabilité ”°), à I’A. Adippe L., mais à cette espèce intéressante au plus haut degré. Sa coloration est d’un rouge vif, et les ailes tant postérieures qu’anterieures ne sont ) Je cite ici mot-à-mot la description de Moore: „Allied to A. Aglaja; markings similar but more prominent. Underside of hindwing with the whole of the space from base to the transverse discal series of silvery spots, as well as their outer bordered spots and marginal lunules, dark powdery green“. #1) Dans le butin de Fedtschenko se trouva aussi une Niobe L. typique des rives du Khodja-Bakirgan. Ë #2) Toute la différence entre Jainadeva Moore et Adippe est, comme on le sait, principalement dans les & &. Chez Jainadeva les 2-ème et 3-ème nervures ne s’elargissent pas en lamelles dans leur partie centrale, comme cela a toujours lieu chez Adippe. Les autres dissemblances ne sont que se- condaires et ne peuvent servir à distinguer les deux formes, c’est pourquoi ma détermination pourra, dans la suite, se trouver être toute fausse. 441 pas couvertes d’ecailles foncées à la base. Vallée du Khin- goob. Juin. 136. Argynnis Pandora Schiff. Syst. Verz., p. 176. La coloration en dessous est un peu plus gaie que chez les Pandora de la Crimée et du Caucase. Très commune par- tout sur les contreforts de l’Alaï et des monts Ghissar; pas au delà de 9,000 p. Juin, Juillet. D’après Fedtschenko, à la fin de Mai. NAN SERRES ED CE 22. MELANARGIA Meig. 137. Melanargia Parce Ster. [PL VII, fig. 1 b (Q)l. Berl. Ent. Zeit. XXVI, p. 270 (1882). Cette espèce diffère tant, particulièrement dans ses va- riétés, de Suwarovius Hrbst., que je ne puis concevoir par quoi quelques entomologistes se sont laissé guider en tächant de les réunir et en considérant cette forme aussi comme va- riété de Japygia Cyr. Staudinger a très bien décrit cette espèce et a indiqué avec précision les différences, qui existent entre elle et les formes du type Japygia. Selon moi, ces différences sont plus que suffisantes pour séparer Parce comme espèce distincte. Dans les confins du Pamir, Parce se voit exclusivement sur les pentes septentrionales des monts Alaï. Juin, Juillet. De 4,500 à 8,000 p. Elle vole dans les environs de Samarkand sous une forme qui présente une transition à la: - 442 var. Persa Gr.Gr. [Pl. VI, fig. 1a (J)). Un & des plus fonces est figure, sur la Planche VII, par mon inadvertance, sous le nom de Parce Stgr. Cette forme differe tellement du type, que je lui aurais volontiers donne une place independante dans le classement du genre, si d’un côté les Parce de Samarkand, et d’un autre les Lucida Stgr. de ’Alai ne les unissaient réciproquement. Elle diffère: 1) par la coupe des ailes, tant des G'&' que des ® ®, qui ne peut être comparée qu'à célle des espèces du groupe Galathea; 2) les d& et les PP ont tout à fait la même coloration, sauf le desssous des ailes postérieures blane chez les dd et ocre clair chez les ® 9; 3) la bande transversale passant par le milieu de la cellule basale (Mittel- zelle) est à peine accentuée et disparaît quelquefois entière- ment; 4) les parties basales des deux ailes ne sont jamais couvertes d’ecailles noirätres, particularité, qui la distingue, elle et la Lucida Stgr., de toutes les autres Melanargia; 5) la bande transversale, qui passe, chez Parce et presque chez toutes les autres Melanargia, par le milieu de la cellule basale des ailes postérieures, est, pour la plupart, tout-à-fait absente (sur le dessus), mais visible à travers l'aile; enfin 6) dessin en mailles, entourant la cellule basale des posté- rieures (sur le dessous), est parfaitement visible à travers; mais en dessus il n’est ombré que faiblement ou même pas du tout. Toutes ces particularités distinguent nettement la Persa des Parce typiques qui, à leur tour, ne diffèrent pas moins d’une autre variété, décrite par Staudinger sous le nom de var. Lucida Stgr. (Pl. VIIL fig. 1 a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 237. Tandis que Staudinger a jugé nécessaire de décrire deux fois, et presque dans les mêmes termes, sa Parce (Berl. Ent. Zeit. XXVI, p. 170 (1882) et Stett. Ent. Z. 1886, p. 236), 443 il ne consacre à Lucida que deux ou trois lignes, qui sont loin d’être suffisantes pour nous guider dans une conclusion définitive relativement à cette variété. Ce laconisme et le fait de réunir les deux formes, celle de Samarkand et celle de V'Alaï, me prouvent, que Staudinger ne disposait que d’un nombre d'exemplaires fort restreint. Je vais indiquer les dif- férences entre la var. Persa et la var. Lucida de l’Alai. La Lucida est de moindre taille; sa coloration plus jaune; les bandes transversales, passant par le milieu des cellules basales des deux ailes, apparaissent assez souvent et sont plus nettes; ce qui vient d’être dit, s'applique aussi au dessin en mailles entourant la cellule basale des ailes postérieures; la poussière noire ressort assez souvent non-seulement à la base des antérieures le long du bord intérieur, mais aussi sur les posté- rieures, entre la 1-ère et 2-ème nervure; cependant les taches ocellées disposées le long du bord, extérieur de celles-ci, sont plus légèrement ombrées d’écailles noires, et tout le dessin marginal est, en général, plus fin et plus distinct. Quant à la coupe des ailes, elle est tout aussi pointue chez Lucida que chez Parce. Lucida vole au sortir de la vallée d’Alai, près de Katta- Karamouk, à environ 7,500 p.; Persa, dans les monts Bald- jouan, à 3,000 p. Dans le Karatéguine (Atschik-Alma) vit une forme intermédiaire qui relie ces deux variétés très pro- ches; Juin—dans le Baldjouan, à la fin de Mai ”). #3) La Parce de Samarkand, prise par Fedtschenko dans les villages Gousj et Khodja-douk au pied du district de Farab des monts Ghissar, est mentionnée chez Erschoff sous le nom de Suwarovius. 444 23. EREBIA B. 138. Erebia Meta Stgr. (Pl. XIII, fig. 2). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 237. Cette Erebia a été très bien décrite par Staudinger; de plus, le dessin ci-joint, particulièrement réussi, complete tout ce qui a pu être omis par l’auteur. Mes Meta proviennent du district Yagatschart des monts Alai (à l'Ouest du col Taldyk), par conséquent presque de la même région d’où les a reçues Staudinger. Je suis arrivé là trop tard (commencement d’Aoüt) et je ne les ai pas ren- contrées tout d’abord. Je n’ai réussi à prendre que très peu d'exemplaires bien conservés quoique cette espèce y volät en grand nombre. Environ à 10,000 p. Vallée à végétation de prairie, entourée de toutes parts par des buissons d’Artcha. 139. Erebia Maracandica Ersch. Lep. in itin. Fedtschenkoi coll. 1874, p. 17. T. I, fig. 13. Staudinger. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 242 (2). D’après Fedtschenko, cette espèce doit avoir dans les confins de l’élévations du Pamir, une énorme distribution ho- rizontale et verticale. Fedtschenko l’a trouvée sur les hauteurs de Tschoupak-Ata, done à 2,600 p., et dans le plus proche voisinage de Samarkand. Je ne sais ce qu'étaient ces éléva- tions de son temps, c.-à-d. il y a quinze ans et avant la fon- dation de la ville „russe“; mais actuellement je ne puis m’ex- pliquer, où cette Ærebia pouvait trouver un refuge sur toute l'étendue du Tschoupak-Ata. A en juger d’après le dessin, les exemplaires, dont dispo- sait Erschoff, étaient déjà tout à fait défectueux; c’est ce qu’atteste aussi la date: 20—21 Juin. J'ai pris l’Ærebia Maracandica, à-peu-près à la même 445 époque, sur le versant méridional des monts Alai, mais à une élévation minimum de 10,500 p.! Ensuite je l’ai rencontrée un peu plus bas, à environ 8 à 9,000 p. Mais là les exem- plaires y étaient isolés et exclusivement dd. J’ai cependant trouvé cette espèce en masses considérables dans les environs de Baldjouan, dans les vallons de montagnes rongées par les eaux et couvertes de toute espèce de buissons (3,000 à 3,500 p.), vers le 20 Mai, ensuite dans la vallée de Khin- goob quoique un peu plus tard, et à une élévation bien plus considérable (environ 6,000 p.). L’E. Maracandica est un des représentants les plus ty- piques de la faune lépidoptérologique du Pamir. Elle compose avec Hades, Jordana, Shallada, Kalinda et Mani un groupe bien distinct et nettement limité d’Zrebia, qui vit au Pamir dans les confins que lui indique N. Severtsow. L’Erebia Shallada Lang [Jour. A. S. B. Vol. 49. Pl. II, p. 247 (1880)], dont je n’ai malheureusement qu'un seul 4, doit être considérée sans aucun doute, comme prototype de Maracandica peut-être aussi de Hades; V'Er. Kalinda comme celui de Mani (qui est probablement identique à Jordana) et de Fasciata (Roxane). Si nous prenons en considération que Kalinda diffère bien moins de Shallada que Hades, Maracandica et Jordana, nous devons en conclure, que la patrie de tout ce groupe n’est pas le Pamir septentrional, mais ses versants méridionaux ou peut- être même la partie de l’ancien continent auquel le massif du Kouen-loun servait d’axe. Le dévoloppement des espèces peut être représenté gra- phiquement de la manière suivante: 446 92 / N V2 N / > 7 Kalinda Shallada ER N N \ f \ Mani / Jordana \ Maracandica Hades NY Alaï) N (Transalai) Jordana (Icelos) (Ghissar) Hades Fasciata (monts Ghissar) (Roxane) 140. Erebia Hades Stgr. (Pl. XIII, fig. 3 a, b). Berl. Ent. Z. XXVI. 172 (1882). Je n'ai pas réussi, pendant les quatre années de mes voyages, à en prendre beaucoup d'exemplaires quoique j’aie trouvé chaque fois cette superbe espèce d’Zrebia. Est-elle, en réalité si rare ou bien ne venais-je pas à temps? Je ne saurais le dire; je ferai seulement remarquer que je possède plus de PQ que de EG. Je n'ai pas de Hades des monts Alai, c.-à-d. typiques. Deux exemplaires de la collection du Grand-Due Nicolas Mikhailovitch et que S. A. I. a reçus de Staudinger (par consé- quent des veritables Hades provenant de l’Alai), se distinguent autant des Hades du Ghissar que de celles du Trans-Alai oriental, tout en unissant ces deux formes extrêmes entre elles et en nous indiquant distinctement la voie, par laquelle 447 s’est effectué le peuplement des pentes septentrionales du Pa- mir par cette espèce haute-alpine. Les Hades de Souëk et de Kisil-Art se rapprochent beau- coup de la Shallada Lang; cependant pas autant les GG que les ® ®, dont le revers des ailes antérieures est rouge foncé. L'avenir nous dira s’il faut compter Hades comme bonne espèce, ou simplement comme variété de la Shallada de l'Himalaya. On peut cependant dire dès à présent que la différence entre Fasciata (Roxane) et la Jordana du Ghissar est plus grande qu'entre Shallada et la Hades de Kisil-Art. Ainsi done si l’on considère Fasciata (grâce à la circonstance qu'il existe des formes transitoires), comme variété de Jor- dana, il faut par analogie considérer la Hades comme va- riété de Shallada. Voulant être conséquents, nous limitons les trois formes: Maracandica, Shallada et Hades et assignons à chacune d’elles une place séparée dans le classement du genre. Nous connais-- sons bien, à présent, la destinée préhistorique du Pamir, qui, peut-être pendant des milliers de siècles, a eu sa vie complè- tement isolée et a été réuni au reste du monde à une épo- que comparativement très récente, mais pas dans toutes ses zones ni dans toute son étendue. L'effet niveleur des migra- tions n'a pas encore effacé toutes les particularités originales des types des animaux, qui se sont différenciés et développés là tout en gardant jusqu'à present les traces de ce développe- ment. Il ne faut pas oublier que le Pamir est un territoire séparé et. pas assez vaste pour permettre à chaque espèce de se différencier en un type particulier; aussi est-il impossible, ayant affaire aux Pamiriens, de leur appliquer la même me- sure qu'à la faune paléarctique d'Europe, faune, composée d'éléments étrangers lun à l’autre, qui n'est pas originaire mais arrivée de tous les coins du monde, sans quoi nous nous égarerions et nous perdrions pied. Si nous réunissons Fasciata 448 et la Jordana de Ghissar, la Jordana de V’Alai et Kalinda, Kalinda et Mani, nous devons aussi reunir par analogie cette meme Kalinda avec Shallada, et celle-ci avec Maracandica et Hades. Quel en sera le résultat? C’est que des formes aussi différentes que Maracandica, Hades et Jordana devont n’etre que les variétés d’une seule forme: Kalinda Moore, qui a eu la bonne fortune d’être décrite plus tôt; résultat, il faut l'avouer, fort inattendu et peu logique quoique tout à fait dans le goût de lépidoptérologistes tels que Elwes et autres qui ont le talent, comme nous l’avons déjà vu, de réunir et de généraliser tout dans l’acception la plus vaste. L'exemple, que nous présente le groupe des Zrebia du Pamir, est loin d’être unique en son genre. Nous avons encore à toucher une question très épineuse: celle de savoir s’il faut considérer toutes ces Satyrides: Huebneri, Leechi, Wilkinsi, Pamirus, Dissoluta, Josephi, Intermedius, Boloricus, Regeli et Abramovi comme espèces distinctes ou comme variétés d’une même forme qui n’est pas centrale, mais dans un cercle ex- centrique sous le rapport génétique et décrite bien avant les autres. Mais n’avons-nous pas déjà constaté, dans le cours de nos études et de nos descriptions, des faits analogues au cas présent? Qu’offrent, en effet, toutes ces Lycénides du type Eros, Orbitulus et les Coliades du type Interior, si ce n’est la preuve qu'il est fort difficile aux esprits systématiques de rester fidèles à la nature et, en même temps, toujours logi- ques et conséquents avec l'opinion, qu'ils se sont une fois faite sur l'espèce? La ©, figurée sur la Pl. XII, provient du Ghissar; elle se rapproche cependant davantage du type de l’Alaï que de celui du Transalai; car celui-là se distingue en outre par sa plus grande taille et le dessous plus foncé des ailes posté- rieures. Il faudra peut-être, avec le temps, séparer les Hades de Kisil-Art comme forme distincte que l’on pourrait nommer var. Erebus; et si je ne le fais pas dès à présent ce n’est qu'à cause des modiques matériaux dont je dispose. Hades ne vole qu'à des élévations considérables et je ne l'ai jamais trouvée au-dessous de 10,000 p. Elle préfère les „sai“ des torrents des montagnes et les cimes à triste végé- tation, Juillet, pres de Kisil-Art; des ® ® passables, même au commencement d’Aoüt. 141. Erebia Jordana Stgr. [PL XII, fig. 4a (G')]. Berl. Ent. Z. 1882. XXVL p. 171. En parlant de cette espèce, Staudinger a confondu deux formes; il est vrai, qu’elles ne diffèrent pas beaucoup l’une de l’autre, mais elles présentent cependant toute une suite de divergences suffisantes pour les séparer. Cette espèce a, dans le Pamir, deux formes extrèmes: l’une, décrite par Staudinger sous le nom de Fasciata, par moi sous celui de Roxane; l’autre, volant dans le district de Sang-Guirdak des monts Ghissar; et deux intermédiaires: la Jordana de l’Alai et la Jordana du district Farab du Ghissar. Je n’ai rencontré que les formes extrêmes de ce type, tandis que Staudinger ne connais- sait d’abord que les intermédiaires, d’après lesquelles il a fait sa description. Je préfère séparer ces deux formes, dont les représentants extrêmes diffèrent plus entre eux que chacun séparement ne diffère de Kalinda Moore [Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 501. Pl. XXX, fig. 5 (P)l. La Jordana de l’Alai se rapproche surtout de celle-ci, et c’est pour elle que nous voulons garder ce nom, car cette forme a été plus tôt connue en Europe que celle de Samar- kand, et il est plus facile de lui annexer (comme à forme centrale et en qualité de variétés), les deux formes extrèmes: la Fasciata du Trans-Alaï et la Icelos du Ghissar. Je suis cependant persuadé que le démembrement du type s’est effectué 29 450 avant la migration de toutes ces Ærebia au Nord, ce que prouve du reste clairement I’Er. Mani Nicév. de Ladak (Journ. A. S. B. Vol. 49. 1880, p. 247), forme sinon iden- tique, du moins très proche de Icelos et, dans aucun cas, de Fasciata. Quoiqu'il en soit, le parallélisme que l’on observe dans les deux principales branches du prototype de toutes ces Erebia, est remarquable. Si l’on accepte Shallada comme forme centrale du premier groupe, on verra que l’une des branches se distingue par la disparition progressive du pigment rouge ou mieux rouge-cerise (forme extreme—la Hades du Ghissar), et l’autre, au contraire, par son augmentation (formes inter- médiaires encore inconnues; l'extrême est: Maracandica). Le même fait se répète dans le second groupe: une branche, disons une race, est caractérisée par la disparition (Mani, Icelos), l'autre par l’augmentation progressive (Fasciata, Jor- dana) du pigment rouge. La Kalinda est la forme la plus différenciée des 5 der- nières; nous la considérerons, comme espèce distincte, quatrième dans ce groupe d’espèces; la cinquième sera la Mani Nicév., décrite en 1880; je ne la connais pas et ne puis dire défi- nitivement s'il faut y joindre Jordana comme variété ou bien s’il est plus juste de compter cette dernière forme comme espèce distincte et sixième dans le groupe. Fasciata et Icelos sont jointes à Jordana ou à Mani, et se trouvent alors avec Jordana en qualité de variétés. Ainsi toutes ces Ærebia en- trent dans le classement du genre comme groupe indépendant composé de 5 ou 6 espèces: Maracandica, Shallada, Hades, Kalinda, Mani et Jordana (?) et 2 ou 3 variétés: Zcelos, Fasciata (Jordana ?). 1 var. Fasciata Stgr. Stett. Ent. Z. 1887, p. 57. — Roxane Gr.Gr. Mém. s. 1. Lep. III, p. 401 (1887). Species E. Jordanae proxima. Anticarum fascia latior, dilutior et minus distincta; posticis extus rubris. J’ajouterai à cette description, faite à une époque où je prenais Icelos pour la Jordana typique, ce qui suit: 1) la bande des ailes antérieures non-seulement est plus large, mais encore considérablement plus pâle, devenant pres- que toujours jaunâtre paille près de l’oeil du sommet, et 2) la bande des ailes postérieures —particularité spécifique de cette forme—est d’une coloration plus gaie et même plus développée que chez Maracandica; elle est, en même temps, souvent non-seulement rouge-cerise, mais rouge-ocre, ce qui n'arrive jamais chez la Jordana typique de l’Alai. Elle vole, comme le type, dans la zone alpine et subal- pine, et préfère les endroits pierreux privés de toute végé- tation et les éboulements escarpés. Partie occidentale du Transalai; commencement de Juillet. J'ai trouvé dans un des défilés isolés du Pamir, à l’Est de la localité Koudara, un remarquable exemplaire de Ro- xane, lequel offre les particularités suivantes: 1) la frange blanc-pur, à intervalles foncés à peine visi- bles, seulement sur les ailes antérieures; 2) bande unicolore, paille-clair, traversant sans interruption les deux ailes; sur les postérieures elle commence au bord costal et ne se ter- mine que dans l’angle anal; 3) bord extérieur des postérieures: blanc vif (comme chez la Sat. Parisatis); enfin, 4) teinte gé- nérale du dessous des postérieures grisâtre, à bande blan- châtre nettement accentuée; cette même coloration grisâtre couvre le bord costal ainsi que le bord extérieur des ailes antérieures dont le disque conserve complètement la teinte brun-cerise. 29* 452 Si cette forme n’est qu'une aberration elle ne mérite cer- tainement pas de dénomination; dans le cas contraire, il faut la séparer comme espèce distincte que je propose de nommer: Ida Gr. Gr. Montagnes Khodja-Djaïlaou—au pied du col Kisil-Tokay du côté occidental. Elévation 11,000 p. Juin. var. Icelos Gr. Gr. [PL XII, fig. 4 b, e (@ )]. Se distingue de Jordana: 1) par la teinte générale pres- que noire des ailes; 2) par la bande qui non-seulement est plus courte (n’atteignant que la 2-ème nervure), mais aussi bien plus foncée; 3) par l’absence complète d’une trace quel- conque de pigment rouge sur les ailes postérieures. Il faut indiquer comme caracteres moins constants de cette forme: le peu de developpement du rouge-cerise sur le revers des ailes anterieures, et un saupoudrement encore plus gros- sier des postérieures. J'ai trouvé la var. Icelos sur le versant N. E. du col Liagar-Mourda, à une altitude d'environ 11,000 p. Eboule- ments de cailloux. Fin de Juillet. 142. Erebia Myops Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 296; 1886, p. 241. Il vaut mieux la placer tout de suite après le groupe d’Erebia que nous venons d'étudier et avec lequel elle a beau- coup de traits communs. Je n’ai pas trouvé l’'Ær. Myops; j'en ai cependant reçu du versant septentrional des monts Alaï; l'étiquette portait la date du 27 Juillet. 143. Erebia Mongolica Ersch. [Pl. XIV, fig. 3 (dl. Hor. Soc. Ent. Ross. XXII, p. 199. T. IX, fig. 3 (3). 1888. — Sibo var. Sahib Gr. Gr. in litt. J'étais occupé à décrire la diagnose de cette Erebia (que je prenais, d’après quelques Z'& assez défectueux, pour une 453 variété de Sibo), lorsque parut inopinément sa description faite par Erschoff, d’après des exemplaires, qu'il avait reçus depuis longtemps de A. Wilkins. La Mongolica se distingue de la Sibo principalement par la coloration qui est identique chez les deux sexes dont la taille aussi est égale, et par le dessin plus accentué du revers des ailes postérieures. Les exemplaires de Erschoff proviennent du bord méri- dional du lac Tschatyr-Koul où ils ont été pris le 12 Juin; les miens, des monts Transalaï, où les ont collectionnés à mon intention des Kara-Kirguises très peu expérimentés, sur le sommet de l’un des défilés débouchants dans la vallée Touz- Dara. Hauteur approximative: de 10 à 11,000 p. Fin Juin. 144. Erebia Radians Stgr. [PL XII, fig. 1 (d')l. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 240. Superbe espèce, très répandue dans la zone alpine des monts Alai et Transalai. Elle est tr&s nombreuse partout oü on la rencontre; de plus, son vol n’est pas rapide et elle se repose très souvent. Les ® ® cependant sont rares; Staudinger n’en fait pas du tout mention dans sa description assez dé- taillée, elles meritent néanmoins d’être citées. Elles sont tou- jours plus petites que les dd; les raies radiales rouges, presque toujours largement séparées chez les d'd', se con- fondent chez les ® Q, s’allongent souvent et remplissent d’un pigment rouge-cerise tout le disque jusqu'à la base. Dans ces cas, les ailes antérieures des Q ® paraissent être entière- ment rouge-cerise, seulement légèrement ombrées vers la co- stale et le bord extérieur, et bariolées par les nervures noires; enfin le rouge-cerise des ailes postérieures est aussi plus dé- veloppé chez elles que chez les Id. Pas au-delà de 11,500 p. Juin—Juillet. Sur les versants septentrionaux du col Kaouk, presque à 454 13,000 p. et peut-être plus haut encore, il m'est arrivé de trouver une variété de Radians, que je nomme: var. Progne Gr. Gr. Ses particularités distinctives sont: 1) elle est presque de moitié plus petite que le type; 2) les ailes antérieures sont, en dessus, d’une coloration uniforme rouge-fauve passant, vers le bord extérieur, au brun et brun-roux, et 3) sur le dessous des deux ailes on ne voit pas la moindre trace de gris ou de blanc; les antérieures sont rouge-fauve; les postérieures noir-fauve. En général, cette forme est terne et produit triste impres- sion par la monotonie de sa coloration. La Q n’est pas connue. Je nai réussi à prendre que 10 G'@' très défectueux, fin Juillet, à la descente du col Kaouk. 24. OENEIS Hb. 145. Oeneis Hora Gr.Gr. [Pl. XX, fig. 1 (G)]. Hor. Soc. Ent. Ross. XXII, p. 307. Ab Oen. Bore, cui proxima, differt: supra alis anticis punctis duobus parvis vel subnullis; posticis macula anguli analis permagna nigro-fusca. Subtus alae obscuriores. Espèce prise en deux exemplaires d &, sur des prairies humides de la rive droite de la rivière Sousk, à 6 verstes au- dessus de son embouchure dans la vallée Alaï. Commencement d’Aoüt; élévation: 11,200 p. Elle se rapproche surtout de la Bore de la Laponie. Elle a, en dessus, une coloration plus rouge, une bande d’une teinte plus claire peu accentuée. Les ailes antérieures de l’un des exemplaires ont dans cette bande deux petites taches ou plutôt deux points; chez l’autre ces taches ne sont visibles qu’en dessous. Les ailes postérieures sont caractérisées par une grande 455 tache noire, entre la 2-&me et 3-&me nervure, sur la dite bande. La frange est plus foncée et plus courte que chez Bore. En dessous, la bande des ailes anterieures est un peu autre que chez cette dernière espèce; elle a, particulièrement le long de la 4-ème nervure, une encognure dentiforme, dont la pointe est dirigée vers le bord extérieur; la tache ocellée se trouve au dessus de cette dent dans la cellule formée par la 5-ème et 6-ème nervure. Le bord extérieur ainsi que le sommet de l'aile sont plus foncés que chez Bore et ne sont pas sablés de blanc. Le dessin de la bande des ailes posté- rieures rappelle celui de la Bore, mais la coloration de la bande est bien plus foncée. La tache sur le dessus luit à travers de l’aile, mais ici elle est pupillée de blanc. La principale différence entre les deux espèces consiste en ce que chez la Hora la texture du dessus des aïles antérieures est plus délicate et qu'il n'existe pas ces grossières écailles dressées presque verticalement. C’est un caractère très im- portant, que j'ai omis dans ma première diagnose faite à la hâte. Elle a la taille de Dore. Les deux exemplaires en ques- tion sont dans ma collection. 25. SATYRUS F. B. 146. Satyrus Briseis L. var. Fergana Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 242. L’excellente description de cette forme me dispense d’in- diquer une seconde fois les différences entre la var. Fergana et les autres variétés de Briseis. Fergana vole, depuis la mi-Mai jusqu'à la fin de Juillet, à différentes élévations, suivant la saison. Elle paraît avoir dans le Ferghana deux générations. On ne trouve pas cette variété au-delà de 7,000 p. 456 var. Maracandica Stgr. Stett. Ent. Z. 1886, p. 243. A la fin de sa description, Staudinger écrit: „als ich diese var. Maracandica erhielt, hatte ich noch keine Stücke der var. Fergana bekommen und glaubte eine zeitlang, dass es eine von Briseis verschiedene Art sein könne, einen so ganz anderen Eindruck macht sie. Auch heute noch würden gewisse Autoren hierin sicher eine verschiedene Art sehen und sind allerdings auch wenige Localformen so verschieden, wie diese Maracandica von typischen deutschen Briseis“. Je ne suis pas de cet avis. Il y à certainement beaucoup d'auteurs, qui, trop prodigues, créent sans cesse de nouvelles espèces et s’attardent à décrire de nouveau la Pieris Brassicae, Lycaena Astrarche, L. Baton, L. Icarus, etc., etc.; mais quel est donc celui des lépidoptérologues doué de sens -critique et d’une dose de connaissances un peu plus sérieuses que celle de tous ces Moore, Gray, Butler et autres, auxquels Stau- dinger fait probablement allusion, qui se déciderait à décrire la Briseis de Samarkand comme espèce distincte? Staudinger n'avait qu’une paire de cette variété quand il en faisait la description. Quant à moi, je n’en possédais pas moins d’une centaine, ce qui donne, je crois, une certaine valeur à mes paroles. Or, à mon avis, il est impossible de séparer nettement les variétés Fergana et Maracandica; elles sont p. ex. à tel point amalgamées dans la Briseis du Kara- téguine, qu'on ne sait, à laquelle de ces deux formes il les faut rapporter. Les Briseis de la Mésopotamie offrent le même exemple: elles pourraient tout autant figurer dans les collec- tions ou en qualité d’Hyrcana ou de Meridionalis. Malgré tout, il faut conserver le nom de Maracandica, quoique, je le répète encore une fois, il n’existe pas de différence essen- 457 tielle entre les exemplaires de Samarkand et ceux de la Russie meridionale et plus encore ceux du Ferghana. Erschoff est de la même opinion. Ses Briseis provenaient de la ville Turkestan, de Samarkand, de Tachkent (7 Sept.). du kischljak Papana (20 — 30 Juillet) et de la localité Goultscha (9 Août) dans le Ferghana. Il les avait donc re- gues d’endroits très divers; et cependant, voici ce qu'il dit de cette espèce: ,Les exemplaires sont presque identiques à ceux d'Europe, mais ils sont en dessous plus jaunes, et l’échan- crure des ailes postérieures est plus prononcée“. Il faut supposer, que Erschoff comprenait sous le nom de Briseis „d’Europe“ celles de la Russie méridionale. 147. Satyrus Heydenreichi Ld. Verh. zool.-bot. Wien. p. 359. T. I, fig. 2 (1853). Cette espèce, distribuée le long du méridien depuis lAltaï jusqu’au Kaschmir, est particulièrement fréquente dans la vallée de l’Alai et les montagnes environnantes. Juillet. Pas au-delà de 10,000 p. et pas plus bas que 6,500—7,000 p. Espèce des steppes; je ne crois pas qu'on la trouve à l'Ouest du mé- ridien de Kok-Sou. 148. Satyrus Anthe 0.? Schm. v. Eur. I, p. 169. Erschoff en fait mention et ne voit absolument aucune différence entre les exemplaires de Sarepta et ceux de Sa- markand. Je ne possède point des Anthe des environs de Sa- markand; je suppose néanmoins que celles-ci, comme tous mes exemplaires du Ferghana, du Ghissar, de Baldjouan et du Karateguine, ceux envoyes par Leder du territoire transcas- pien, et ceux colleetionnes là-même par Christoph et Koenig, appartiennent à la forme si répandue de 458 var. Enervâta Alph. Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 418. qui, comme on sait, se distingue assez essentiellement du type. La var. Enervata (Analoga était très rare) abondait sin- gulièrement dans les domaines du beg de Kabadian, où je l'ai prise sur des pentes argilo-sablonneuses du Baba-Tagh, au mois de Mai. Cette espece n’etait pas moins frequente dans les domaines du beg de Ghissar, mais je l’ai trouvée là déjà dans la seconde moitié de Juillet, ce qui me fait supposer que Anthe a deux générations dans le Pamir. On peut effec- tivement la prendre partout sur des petites hauteurs. Eleva- tion extreme: 6,500 p. 149. Satyrus Kaufmanni Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoï coll. p. 19. T. I, fig. 14 (2) 1874. Apres Fedtschenko, c’est une espèce, que personne n’a rencontrée, et cependant comment ne pas la trouver? Elle vole dans des localitées habitées, dans les environs de Sa- markand! Samarkand est actuellement une immense ville; un grand nombre de chemins y conduisent; tous les environs ont été depuis longtemps curieusement visités et ont dévoilé leurs secrets!... II n’y aurait que la Satyrus Kaufmanni qui reste- rait cachée comme un trésor! Ce n’est pas admissible. C’est pourquoi, je suppose que l'indication n’est pas tout- à-fait exacte et qu'il est possible, que Kaufmanni ait été prise au N.-0. de Samarkand, dans les sables de Kizil-Koum. L'avenir, et peut-être très prochainement (car le nombre des explorateurs du Turkestan augmente de plus en plus), prou- vera, si ma supposition était juste ou non. Quiconque s'occupe de résoudre de vastes problèmes et voudrait avoir le mérite de faire de nouvelles découvertes n’a presque plus rien à chercher dans ces parages déjà tant de fois fouilles!... Il doit s’élancer 459 dans ce lointain inconnu, qui se cache derrière les montagnes du Hindou-Kouch et les sables de Djittyschar! 150. Satyrus Staudingeri Bang-Haas. (Pl. XVI, fig. 1a, b). Berl. Ent. Zeit. XXVI. 1882, p. 172. C’est la seconde espèce du groupe de Bischoffi, qui ait été trouvée dans les confins du Pamir. Elle vole dans la vallée du Zaravschan, au Sud de Pendjakent. Commentement de Juin. J'ai recueilli dans le Ferghana, et spécialement dans les environs du fort Goultscha, une variété remarquable de Stau- dingeri, que je ne décris pas comme espèce distincte parce que je n'ai à ma disposition qu'une seule superbe ©. J'ai fait la diagnose de cette variété il ya un an, et Je lai nommée var. Gultschensis Gr. Gr. [Pl. XIV, fig. 4 (®) ®)]. Varietas supra et subtus obscurior, fascia transversa an- gusta, maculis alarum anticarum tribus permagnis. Elle diffère de la forme typique en ce que: 1) la bande, qui traverse les deux ailes, se rétrécit excessivement du côté intérieur, ce qui lui donne l’aspect d’un quart de cercle ré- sulier. Elle est nettement limitée du côté intérieur et entre- coupée par les nervures sur les ailes antérieures comme sur Sieversi ou Bischoffi; 2) les taches, au nombre de trois, sont très grandes, surtout la 1-ère et la 3-ème, et enfin 3) la coloration du dessous des deux ailes rappelle, en général, plutôt Bischoffi que le type; elle est bien plus foncée et par- ticulièrement d’un jaune-ocre comme chez la Bischoffi; la bande transversale aussi est saupoudrée de noir du côté extérieur comme chez Bischoffi, et non pas comme chez le type. Le dessin est, en general, si accentué en dessus et sur- 24) Sur le dessin on a, par mégarde, mis & au lieu de 9. 460 tout en dessous, que, parmi toutes les Satyrus de ce groupe, la var. Gaultschensis fournit, autant que je sache, la seule exception. Sa coloration generale en dessus est plus foncée que chez les PP de Staudingeri, et sa teinte rappelle sur- tout la coloration des ailes antérieures de Bischoffi. Ne possédant qu'un seul exemplaire, il m'est impossible de décider, si la Gultschensis est une espèce distincte ou une variété de l’une des 3 espèces Staudingeri, Kaufmanni ou Bischoffi. Je l'ai prise le 13 Août; 5,200 p. 151. Satyrus Sieversi Chr. var. Sartha Stgr. [Pl. XIV, fig. 5 (Il. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 244. Mr. Christoph n’avait pas encore eu le temps de décrire cette espèce des steppes d’Akhal-Tekke, ‘que déjà des variétés de cette forme se multipliaient rapidement. Staudinger rece- vait cette espèce du Ferghana et des montagnes, qu'il nomme monts d'Alexandre, mais qui pourraient peut-être facilement ne pas être ces montagnes-là; moi je l’ai rapportée du Ka- rateguine et reçue de l’Altaï. Et partout où elle vole, elle présente assez de différences pour qu'on la fixe comme nou- velle variété. Staudinger, à propos de la var. Obscurior de Sicversi (Stett. Ent. Z. 1887, p. 58) termine sa description par les lignes suivantes: „... Kaufmanni muss eine gute, noch nicht wieder in Central-Asien aufgefundene Art sein. Dahingegen glaube ich jetzt, dass Staudingeri mit Sieversi als zu einer Art gezogen werden muss, denn sie unterscheidet sich fast nur durch ein bedeutend stärkeres Auftreten des Weiss. Einen Uebergang dazu macht schon meine var. Sartha und das Extrem zu Staudingeri wird von dieser var. Obscurior ge- bildet. Wahrscheinlich dürften sich später noch auffallendere Uebergänge von Staudingeri zur var. Sartha finden“. 461 C’etait précisément un semblable exemplaire, d’une forme transitoire, que Staudinger avait alors sous les yeux. C’est ma Sartha du Karatéguine, que l’on peut aussi justement rapporter aux deux formes mentionnées ci-dessus. Que faire dans ce cas? Tout en restant conséquents, nous tächerons d’abord de présenter graphiquement la parenté génétique de toutes ces formes: PA N Sartha Gultschensis? (Karatéguine) / ze / P N 74 N id N FE À N : % : Kaufmanni Bischoff Staudingeri Sartha (Alai). a > variété de l’Alai Sieversi Obseurior Si jai dépeint Gultschensis comme variété de Staudingeri, Je me suis laissé guider dans ce cas par le raisonnement sui- vant: je n’ai pas de motifs suffisants pour décrire Gultschensis comme espèce distincte; il ne me reste donc qu'à l’adapter à l’une des formes déjà décrites, dont la parenté réciproque 462 est loin d’être établie avec une évidence parfaite. Je l’ai rattachée à la Staudingeri quoique pas définitivement. Stau- dingeri se rapproche cependant plus de la Gultschensis que la Bischoffi, qui s’est bien différenciée, ou la Sieversi si foncée. Le shéme ci-joint ne réfute aucunement ce qui vient d’être dit. Parmi les 4 formes de la branche gauche, Staudingeri a été décrite la première; elle devient par conséquent, sous le rapport du classement, le type, auquel les autres, malgré leur priorité génétique et leur position centrale, doivent être rattachées comme variétés, si 1) elles ne sont pas aussi dis- tinctement différenciées que Bischoffi ou Kaufmanni ou si 2) on ne peut tout de suite les adapter comme variétés à l’une des formes mentionnées. On connaît Bischoffi, et l'excellent dessin de Gultschensis, sur la Pl. XIV, confirme plus ou moins mon opinion, c.-à-d. qu'un seul exemplaire ne suffit pas pour adapter cette forme comme variété à l'espèce originaire de Perse; quant à Kauf- manni, il peut y avoir quelque doute, parce que les deux formes analysées ici sont assez proches. Malheureusement, je mai encore qu'un seul exemplaire typique ', que M. Erschoff avec son amabilité habituelle, a mis provisoirement à ma disposition; c’est pourquoi il est très difficile d’en arriver à | des conclusions plus ou moins définitives. Il est cependant très possible, que Gultschensis se rapporte à Kaufmanni, comme Obscurior à Sartha. Dans ce cas, la question deviendra bien plus simple et nous aurons deux races de ce type, dans l’une desquelles se trouvera: Gultschensis, Kaufmanni et Bischoffi, et dans l’autre: Sartha avec sa variété du Karatéguine, Sie- versi avec Obscurior et Staudingeri. De cette manière, tout ce groupe de Satyrides se partagera en six espèces, qui seront dans des rapports mutuels tout-à-fait égaux. En acceptant cette conclusion, les esprits systématiques sortiront de l’em- barras, dans lequel ils se sont mis par les réciproques relations 463 génétiques de toutes ces formes, et ils trancheront ainsi d’un seul coup le noeud de la question. J'ai deux raisons pour ne pas décrire la Sartha du Kara- téguine sous un nom particulier: 1) je ne possède pas de Sartha de l’Alai; 2) parmi mes exemplaires du Karatéguine, je n’ai pas une seule ® , ce que me semble un obstacle assez sérieux pour établir une variété dans un groupe de Satyri- des aussi embrouillé. Le superbe dessin de cette forme doit combler cette lacune; si cependant il lui faut, avec le temps, une dénomination particulière, je proposerais de la nommer var. Tadjika. J'ai pris cette Tadjika dans les environs du kischljak Atchik-Alma, sur la rive droite encombrée de pierres du Sourkhab, à une élévation d'environ 6,500 p. Juillet. 152. Satyrus Lehana Moore. Ann. et Mag. Nat. Hist. Vol. 1, p. 227 (1878). Scient. Res. sec. Yark. Miss. Lep. Pl. 1, fig. 4 (8) (1879). Nicéville. Butt. Ind. Burm., ete. Vol. I, 2, p. 188. Pl. 16, fig. 48 (2). Cette espèce, répandue dans toutes les ramifications oeci- dentales de l'Himalaya, vole aussi dans le Pamir où elle se distingue de mes Lehana du Kaschmir par l'absence des points blancs, quelquefois cerclés de noir et disposés, comme p. ex. chez la Sat. Alpina, entre les deux grands yeux noirs sur la bande jaune-orange des ailes antérieures. Lehana est assez commune dans l’Alai et sur les pentes septentrionales des montagnes, qui l’entourent, et dans les monts Ghissar. Elle vole à une altitude de 6,500 à 10,500 p. Juin, Juillet, selon l'élévation. Elle préfère les endroits à caractère de steppes. 153. Satyrus Huebneri Feld. Reise Novara. Lep. Vol. III, p. 494. Pl. 69, fig. 8, 9. La Sat. Huebneri, dont j'ai reçu dix exemplaires du Kaschmir, ouvre toute une série de formes à transitions 464 innombrables et qui toutes occupent le Pamir, ne franchissant ses confins indiques par le venerable zoologiste le professeur N. Sévertsow qu’en deux endroits et sous deux formes: au N. E. (Sat. Regeli) et au S. E. (Sat. Huebneri). Nous comptons en tout 10 formes. Faut-il les considerer comme espèces distinctes ou comme variétés? C’est une ques- tion compliquée et dont la solution est entièrement personnelle et individuelle. On est, généralement, d'avis qu'une espèce et sa variété ne peuvent vivre ensemble. Or, cette conviction, fondée principalement sur l’étude de la faune européenne, n’a pu se maintenir quand nous avons rencontré des „nids aussi anciens“ que, par exemple, le Pamir. Nous avons déjà eu l’occasion de constater comment la proportion numérique du type et de la variété dans une même localité de montagnes s'explique simplement. Nous avons aussi vu plus d’une fois que, dans des régions aussi isolées que le sont, en général, les vastes étendues de montagnes de l'Asie intérieure, et parti- culièrement du Pamir avec ses perpétuelles variations de cli- mat et de conditions vitales; il n’y a rien qui favorise le développement d’une faune très distincte, mais qu'il ÿ a, au contraire, une foule de conditions, qui, favorables au développe- ment d’un type, engendrent chez lui la tendance à se modi- fier dans les directions les plus variées et contribuent considé- rablement à son démembrement en formes spéciales. On sait, que ce n’est qu'une migration de longue durée, qui consolide le type, lui donne un aspect achevé et développe quelquefois en lui une constance étonnante. Par contre, un type, limité dans sa distribution, mais non venu d’autre part (comme p. ex. plusieurs formes alpines d'Europe) et enfermé dans la contrée, où il s’est développé, se distingue toujours par l’inconstance et l’aptitude à se modifier à l'infini. Il est toujours fort diffi- cile de ne pas se perdre au milieu de semblables variétés, et une pareille analyse n’a que peu de chances de satis- 465 faire à tous les goûts et principalement d’être conforme à la vérité. Nous tächerons d’élucider cette question autant que pos- sible. Nous avons dit, qu'il y a dix formes, qui composent le type Huebneri; je suppose cependant, qu'il y en a davantage; p. ex. la Wilkinsi de Kisil-Art n’est pas la Wilkinsi de l’Alai, et la Josephi de Farab n’est pas la Josephi de la partie méridionale des monts Ghissar. Selon leurs arènes, ces dix formes se divisent en deux catégories: la première, se composant des espèces Joseph, Leechi, Boloricus et Huebneri (?), vit sur les hauts plateaux de montagnes principalement argileux et couverts de toute espèce d'Oxytropis, d’Astragalus et d’Echinospermum; la se- conde, plus nombreuse et comprenant les formes: Regeli, Abramovi, Wilkinsi, Intermedius, Pamirus et Dissoluta, vit dans les steppes variant quant à leur végétation et à leur sol et différant aussi sous le rapport géo-botanique. Dans des steppes couvertes de Stipa vivent: Abramovi, et peut-être Regeli ””°), dans celles de la zone alpine à Festuca, on trouve: Dissoluta, Wilkinsi, Intermedius *”) et Regeli (2). Enfin, dans des conditions presque identiques à celles de la première catégorie, c.-à-d. sur des plateaux, couverts d’Astra- galus et en même temps d’une quantité de plantes de steppes de la zone subalpine, ordinairement sur d'anciens „sai“, vole la dernière des six Satyrus de la 2-ème catégorie, Pamirus. Quant à leur coloration, toutes ces formes se divisent encore en deux principales catégories. A la première appar- tiennent trois espèces à coloration plus ou moins brun-noir: #5) Je n'ai pas eu l’occasion de prendre Regeli. Près du Tschatyr-Koul les deux espèces volent ensemble, mais reste à savoir si c’est dans les mé- mes conditions. 26) Wilkinsi et Intermedius aiment à descendre sur les „sai“, mais uni- quement pour voltiger près de l’eau. 30 466 Boloricus, Regeli et Abramovi; à la seconde, à coloration ocre de toute teinte et de toute nuance: toutes les autres espèces. Par la coupe de ses ailes, ce type présente encore deux séries de formes, quoiqu’on ne puisse les limiter très exacte- ment. Une forme plus ou moins allongée, pour mieux dire, à angle basal plus aigu, produit par les bords costal et inté- rieur, nous est offerte par Pamirus et Intermedius; une autre, à angle plus obtus, caractérise Josephi, Dissoluta (cependant pas toujours) et Abramovi. Les cinq autres formes doivent être considérées comme intermédiaires, suivant la grandeur de l’angle basal (Bolo- ricus, Regeli), ou comme très peu stables et fournissant, parmi leurs différents représentants, des exemples d’un écart dans les deux directions extrêmes (Wilkinsi, Leechi), ou enfin comme des formes, qui, selon le sexe, se rapportent aux deux caté- gories extrêmes (Huebneri). Nous sommes loin d’avoir mentionné toutes les différen- ciations de ce type. Nous aurions pu le diviser en différents groupes d’après le développement des bandes sur le dessus des ailes, d’après la coloration du dessous des postérieures, etc.; mais nous craignons de nous perdre dans ces détails et de ne présenter comme résultat qu'une masse de faits prou- vant, il est vrai, les divers degrés de parenté des formes, mais rien d’important de plus. z Ce qui nous frappe d’abord dans ce type, ce sont les deux teintes différentes du fond. Comme nous avons, dans les deux cas, des séries de formes répandues dans tout le Pamir, nous en concluons, que cette division existe dès l’origine et qu'elle est fort ancienne. Le- prototype de tout ce groupe n’a certainement pas pu se partager tout d’une fois en deux for- mes, ayant une coloration aussi différente que celle, que nous 467 presentent actuellement Intermedius ou Abramovi; il a dü se l’approprier graduellement; sa coloration a sans doute aussi dü être la moyenne entre ces deux extrémités, e.-A.-d. à peu près semblable à celle, qui distingue ZLeechi ou Boloricus. Ces deux formes ont été trouvées, comme on sait, dans des dé- filés isolés des monts Kounjout où elles volaient ensemble. Elles ne se distinguent pas par le dessous, mais présentent en dessus une quantité de différences, qui les séparent en deux espèces, quoique ces différences ne soient pas assez prononcées cependant pour que leur proche parenté génétique disparaisse entièrement. C’est ainsi que les deux principaux groupes du type Huebneri S'y rencontrent réunis plus intimement que dans les autres formes. Le Hindou-Kouch occupe le centre de cette énorme arène, habitée actuellement par les représentants de ce type. Vers le Nord et le Sud ils ne volent pas sous leurs formes extrêmes, en comptant comme telles Æuebneri d'un côté et Josephi, Pamirus et Abramovi de l’autre. C’est ainsi que j'ai réussi à définir avec une certaine vraisemblance: 1) le centre probable de la distribution de ce type, qui a pu) se trouver quelque part au Nord du Hindou-Kouch, p. ex. sur le Grand Pamir, qui offrait déjà, lors de l’époque des premiers redressements du Pamir, toutes les conditions pour le développement d’une faune subalpine et alpine; 2) à indiquer approximativement les plus anciens représentants de ce type, les plus proches parents de la forme originaire. Une des branches, dont la S. Boloricus peut être regardée à juste titre comme ancêtre, n’a point de représentants au Sud du Hindou-Kouch. Il est évident que dans le chaos général des migrations, produit par le redressement du Pamir, par le 27) La patrie de Zeechi et de Boloricus n’est séparée du Grand Pamir que par la haute vallée d’Ak-sou (environ 13,000 p.) là peu large. Les deux formes ont dû pénétrer dans le Hindou-Kouch déjà séparées car il n’ya entre elles aucunes transitions. 30* 468 desséchement du Han-Haï et du bassin du Turkestan et ensuite par l’approche de l’époque glaciaire, elle a été en- trainée directement vers le Nord; elle atteignit, par les élé- vations de Sarikol et du Kachgar, la partie de Mous-tag du Trans-Alai et passa dans les montagnes, qui ceignaient dans le temps l’immense Tschatyr-Koul où enfin elle se divisa en deux branches. L’Abramovi se retira à l'Ouest, la Regeli à l'Est et au Nord-Est. Regeli forme actuellement, sous tous les rapports, le chainon intermédiaire entre Boloricus et Abra- movi; toutes ces trois formes pourtant sont si bien différen- ciées qu'on peut parfaitement les compter comme espèces dis- tinctes. La seconde branche, venant aussi du Grand Pamir, avec tous les éléments de l’instabilite, placée pendant cette migra- tion dans des conditions un peu autres, ne manqua pas de s’eparpiller dans les directions les plus variées. Quiconque verra ma collection de la S. Leechi sera con- vaincu que cette espèce originale ne peut être caractérisée autrement que comme „type collectif“, car en lui sont réunies, quoique même faiblement, toutes les particularités des espèces telles que Josephi, Wilkinsi, Huebneri et. Intermedius. C’est ainsi que la $. Leechi confirme mieux que tout autre argu- ment secondaire la justesse de l'opinion que je viens d’énoncer. La séparation s’est primitivement effectuée dans un des districts voisins du Hindou-Kouch. Huebneri se sépara d’abord et ensuite Dissoluta. Huebneri franchissait le Hindou-Kouch; Dissoluta et Leechi s'étant d'abord parfaitement différenciées sur les pentes septentrionales de celui-ci, ont été entraînées ensuite dans une rapide migration par des impulsions identi- ques et ont suivi deux voies. La Sat. Leechi choisit la voie orientale; au Nord, dans les monts du Trans-Alaï oriental et puis dans toute la partie orientale de l’Alaï jusqu’au Tehatyr-Koul inclusivement elle se modifia peu à peu en Wilkinsi. Dissoluta u Dee nn D han ue 469 choisit la voie occidentale, laissa partout des traces de son séjour, arriva presque sans modifications jusqu'aux monts Alai, et ce n’est qu'après avoir passé à l'Ouest dans les monts Ghissar, qu'elle fournit une suite de variétés dont le chainon extröme doit être la Josephi de Liagar-Mourda. Dans les deux cas, il s’effectua un complet changement d’arenes, fait qui nous est incompréhensible, et qui peut-être seul opéra ces modifications dans la coloration du dessus et du dessous des deux ailes. Dissoluta et Leechi se trouvent dans le Hindou- Kouch dans des arènes différentes: la première préfère la steppe, la seconde le désert stérile. Elles changent de rôle au Nord. Josephi vole sur des buissons d’Astragalus, d'Oxy- tropis et Wilkinsi dans des steppes à Festuca. Il existe toutes les transitions tant entre Leechi et Wilkinsi qu'entre Disso- luta et Joseph; je ne trouve cependant pas possible et sur- tout conforme à nos plans, de les réunir, si ce n’est que parce qu'il existe juste les mêmes transitions entre Leechi et Dis- soluta dun côté, qu'entre Wilkinsi et Dissoluta de l’autre. Il n'ya cependant pas moyen de réunir des formes telles que Wilkinsi-Leechi et Dissoluta-Josephi, d'autant plus que les unes et les autres sont des représentants de différentes races provenant de la seconde branche du type Æuebneri. Il a déjà été dit ci-dessus, que la Wilkinsi transalaïenne, qui aura peut-être dans la suite une dénomination particulière, ainsi que Leechi se détachent principalement de la sphère de toutes les autres Satyrides de ce type par leur habitus indécis ou, pour mieux dire, par leur faculté de tenir le milieu entre les deux formes extrêmes grâce à leurs ailes tantôt étroites, tantôt aussi larges, que p. ex. celles de Josephi. Cette faculté a permis à une forme à ailes aussi larges que Dissoluta de se séparer du type Leechi et à Wilkinsi de se modifier dans son mouvement vers l'Ouest en une forme, que je nomme Inter- medius et qui à toutes les particularités d’une véritable espèce. 470 La S. Pamirus se trouve tout-A-fait isolée; nous. ne dou- tons néanmoins nullement, qu’en étudiant la forme du Chou- gnan et du Rochan, nous trouverons aussi toutes les transi- tions entre cette forme extreme et la Sat. Leechi. En résumant tout ce qui vient d’être dit, nous reproduisons ici le schème de la parenté génétique de toutes ces formes. Huebneri 4 EL Boloricus Leechi DE ; A Geyeri Y ar Dissoluta E Josephi Pamirus | (de l’Alaï et de Farab). Regeli Wilkinsi Josephi IQ (Liagar-Mourda) Abramovi Intermedius 154. Satyrus Boloricus Gr. Gr. (Pl. XIV, fig. 6 a, b). Hor. Soc. Ent. Ross. XXII, p. 307. Alae G'-is supra olivaceo-fuscae, ad basim pallidiores; fascia transversa alarum anticarum lata, posticarum angusta lutes- centi-albida, saepius ochracea, dentata; illa ocellis 2 notata nigro-fuscis—primo albo-pupillato, secundo caeco. Subtus ut in S. Huebneri Feld. ® a d'-re differt: supra alis multo pallidioribus, saepe ad basim lutescentibus fasciaque latiore. GR — 20 — 21 mm. requete né ot te tm Boloricus a, en dessus, une coloration plus päle que Re- geli. La couleur du fond est olive-brun clair passant chez les EG au gris-doré, la base est plus claire; cependant il y a des exemplaires, où la coloration du fond chez les @Q ne se distingue presque pas de la couleur de la bande; dans ces cas la base est plus foncée. La bande, paille-pâle plus ou moins mêlée d’ocre, est toujours large sur les ailes antérieures et considérablement plus étroite et plus dentée sur les posté- rieures. Elle est ombrée intérieurement chez les dd, en demi- ombre; chez les @ ®, en ligne très fine. Il y a deux taches sur les ailes antérieures: celle du sommet est toujours plus grande et pupillée de blanc; l’autre est plus petite et quelque- fois réduite à un simple point à peine perceptible. La frange ne présente rien de remarquable. Le dessous des ailes antérieures, tout en gardant le dessin propre à tous les représentants de ce type, se distingue de celui de Regeli par un semis ocre quelquefois même si accentué qu'on ne peut de ce côté-là les distinguer des Leechi, d’au- tant plus que dessin et coloration du dessous des ailes posté- rieures rappellent plus Leechi que ÆRegeli. Boloricus vole sur les pentes septentrionales des monts Kounjout, à une altitude d'environ 14,000 p. Commencement de Juillet. Je l’ai appelée ainsi parce que, d’après Marco Polo, là se trouvait jadis le pays des Bolores, qui ont aussi donné leur nom aux montagnes Bolor-tag ou Belour-tagh. Cette contrée cependant est apocryphe et il vaut mieux admettre que Marco Polo s’est trompé en la plaçant au nombre des contrées qu'il aurait visitées 7”). 222) A. Wilkins a pris aussi la $. Regeli dans les environs du lac Tscha- tyr-Koul; cette espèce cependant ne se trouve plus, il semble, vers le Sud et l'Ouest, 472 155. Satyrus Abramovi Ersch. (Pl. XVII, fig. 2 a, b). Hor. Soc. Ent. Ross. XVII. 1884, p. 245. (Regeli var.) Regulus Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 59. Je ne veux pas contester ici l’opinion de Staudinger, qui considère Abramovi comme variété de Regeli. Il est toujours assez peu logique, mais dans le cas présent ne l’est-il pas moins que jamais? Nous sommes, en effet, successivement té- moins du groupement suivant: Josephi—var. Regeli; Josephi— var. Huebneri; Regeli var. Hucbneri et Regeli et Josephi des bonnes espèces; Abramovi—var. Regeli... Peu importe; et c’est sottise, en effet, de s’enteter dans une première opinion parce qu'on l’a une fois admise. Mais, à mesure que les matériaux s'accumulent, cette opinion peut et doit changer, et si elle se modifie ne serait-il pas dési- rable de connaître la raison de telle ou telle modification, et est-on excusable de se contenter des lignes suivantes: , Dahin- gegen glaube ich jetzt, nachdem ich in diesem Jahre von Maurer eine grössere Anzahl von Josephi Stgr. nebst deren var. Dissoluta mit diesem Regulus zusammen erhalten habe, dass Regeli und Josephi zwei verschiedene Arten sind“. Quel pauvre argument! Sans compter que Staudinger, qui connaît parfaitement ses collectionneurs, est impardonnable de se fier aux données que ceux-ci lui fournissent. Je demande a être cru sur parole: j'affirme que Josephi et Abramovi ne volent jamais ensemble; et si même c'était le cas, leurs arènes seraient cependant tout-à-fait différentes. Quant à la Dissoluta, espèce, à laquelle Staudinger joint sans aucune raison, 1) la Wilkinsi de l’Alai et 2) la S. Intermedius m., elle vole dans la même arène avec l’Abramovi, mais dans des zones différentes, comme nous avons déjà eu l’occasion de l'indiquer. C’est pourquoi, sans accuser Maurer, qui ne peut même pas supposer, combien est grande la responsabilité morale de ses communications, nous attribuons toute la faute des lignes 473 citées ci-dessus à leur auteur, qui nous a réservé encore une autre surprise. En effet, Regulus, Dissoluta et Josephi volent ensemble, raison suffisante, dit Staudinger, pour séparer Re- gulus de Josephi comme espèces distinctes, mais insuffisante pour séparer aussi Dissoluta et Josephi! Peut-on comprendre un raisonnement pareil? L’Abramovi vole: 1) dans la partie centrale de la vallée de l’Alai et s'élève là presque jusqu'aux limites du Bach-Alaï c.-à-d. jusqu'aux steppes couvertes de Festuca; 2) dans les montagnes, qui ceignent cette vallée du côté Sud, à l’embou- chure du Touz-dara; 3) sur les pentes méridionales de la chaîne de l’Alai; 4) dans la vallée du Kitschi-Alai; 5) dans le de- file de Yagatschart, sur les steppes, qui couvrent les versants occidentaux; 6) selon les données de Wilkins, quelque-part dans les environs du Tschatyr-Koul. D’après mes observations, cette espèce ne dépasse pas une altitude de 10,000 p. Juillet et commencement d’Aoüt. 156. Satyrus Leechi Gr. Gr. [PI XV, 3 a, b ”)]. Alis supra ochraceis vel ochraceo-fuscescentibus, e basi fere usque ad medium pallidioribus latoque fusco marginatis; fascia lutescenti ochracea, rarius lutescenti-fulva, ocellis duobus no- tata. Subtus alis ut in $S. Huebneri, sed multo pallidioribus. G'$ =18—22 mm. Cette espèce varie au plus haut degré et se rapproche considérablement de Wilkinsi, Dissoluta, ete. Les ailes antérieures, à partir du bord extérieur vers la base, présentent toutes les nuances, depuis le brun foncé jusqu’au paille-grisätre; il arrive cependant qu’elles ont une 2%) J'ai d'abord déterminé Zeechi comme Huebneri Feld.; c'est pourquoi cette dénomination se trouve sur la planche. 474 coloration plus gaie; dans ce cas la bande, toujours de la même nuance que la couleur du fond, ressort particulière- ment grâce à l’absence d’écailles brun-roux. Elle est ordinaire- ment large et pas toujours nettement limitée du côté intérieur par du brun-roux, qui est, en général, plus développé chez les G'& que chez les ® ®. Les deux yeux varient en di- mension et celui du sommet est ordinairement plus grand; il y a des cas où la seconde tache disparaît sans laisser de trace; mais ils sont tout aussi rares que chez Intermedius ou Huebneri. Certains exemplaires présentent, pour ainsi dire, le contraire, c’est-à-dire que la tache du sommet est double et que sur les ailes postérieures apparaissent des points; outre ces points, dont la position est presque indiquée dans ce type, il y en a de semblables, qui se voient quelquefois sur d’autres parties de la bande. Du reste, il est à peine nécessaire d’en parler, car ces cas ne sont pas rares chez toutes les Satyri- des *”) et sont connus à tous les lépidoptérologues. Les pru- nelles blanches des yeux, toujours présentes chez Wilkinsi, sont loin d’être toujours particulières à Leechi; et cette cir- constance si minime indique entre ces deux espèces une diffé- rence essentielle et qui se retrouve chez toutes les formes parallèles, parmi lesquelles celles en-delà du Pamir, c.-à-d. celles du Sud, se distinguent par un faible développement des yeux, et, par contre, celles du Nord souvent par des yeux parfaits. La frange est grisätre, quelquefois brunätre et entrecoupée sur les nervures très indistinctement par des poils plus foncés. Leechi, en dessous, se rapproche surtout de Boloricus, quoique les variations d'intensité et de précision du dessin 330) Je dois mentionner ici un exemplaire de la Sat. Briseis @, du plus haut intérêt, qui a non pas deux, mais quatre yeux. Cet exemplaire appar- tient à la var. Meridionalis et je l’ai reçu de la Semiretschïé? u 2 ne PS ge = Tr 475 soient plus marquées que chez cette dernière espèce. La colo- ration est cependant, en général, plus terne et plus uniforme que p. ex. chez Abramovi ou chez Josephi. Tout ceci se rapporte particulièrement aux ailes postérieures sur lesquelles les nervures ne ressortent presque pas. Leechi volait avec Boloricus, mais en plus grand nombre d'exemplaires que celui-ci. Sa distribution n’est, semble-t-il, que fort restreinte, car ce n’est pas Leechi mais Dissoluta, qui vole sur les pentes méridionales des monts Kounjout. 157. Satyrus Wilkinsi Ersch. (Pl. XV, fig. 5 a, b). Hor. Soc. Ent. Ross. 1884. XVIII, p. 244. La S. Wilkinsi a été décrite d’une manière très satis- faisante par Erschoff, et nous renvoyons à cette description les lecteurs, qui désirent avoir une idée bien précise de cette espèce, qui, sous le rapport génétique, se rapproche surtout de Leechi. Je ne veux indiquer ici qu'une seule particularité à laquelle Erschoff n’a pas fait attention et qui, malgré son peu d'importance, est fort caractéristique pour cette espèce. Ordinairement, la bordure des ailes postérieures, toujours plus foncée que le fond des ailes chez les espèces de la se- conde branche, est en même temps très prononcée. Il n’y a que Wilkinsi, qui fasse exception à cette règle générale. Cette bordure est souvent entrecoupée le long des nervures par des écailles jaune-rougeätre, lesquelles, chez certains exemplaires, refoulent entièrement le brun noirätre, de façon que toute la partie anale de la bordure disparaît et que la partie supé- rieure prend un contour tout-à-fait indécis. Quelque chose de semblable s’observe aussi sur les ailes antérieures, le plus souvent chez les ® ®; Wilkinsi peut donc être caractérisée comme une espèce divergeant des autres surtout par sa bor- dure plus étroite. 476 La Wilkinsi des monts transalaiens (Kisil-Art) se distin- gue de celle de l’Alaï: 1) par sa taille moins grande; 2) par la coloration plus vive du dessus des deux ailes; 3) par le développement plus faible d’écailles brun-noir du disque des deux ailes; 4) par l'absence complète de points quelconques dans Yangle anal des ailes postérieures, et enfin 5) par la coloration plus claire du dessous des ailes posté- rieures. Il n’y a point de Wilkinsi sur l’Alai; je ne l’ai rencontrée que sur les pentes septentrionales des monts Alaï, dans le défilé de Yagatschart. Je ne suis cependant pas persuadé que ce soit réellement Wilkinsi, attendu que parmi les exemplaires parfaitement identiques aux typiques c.-à-d. à ceux du Tscha- tyr-Koul, il y en a que je ne distingue pas de Dissoluta. Cette question, en attendant, n’est pas tranchée parce que malheureusement je n’ai pris qu’une dizaine d'exemplaires de cette forme. Je ne puis fixer exactement l'altitude extreme de cette espèce. Il m'est arrivé de trouver Wilkinsi à plus de 13,500 p. (col de Kisil-Art), elle y est cependant assez rare. Son nlti- tude normale est de 10,500 à 11,000 p. Je ne l’ai”vue qu'une seule fois plus bas (Yagatschart: 10,000 p.). Fin de Juillet et commencement d’Aoüt. 158. Satyrus Dissoluta Ster. Stett. Ent. Z. 1886, p. 246. Cette variété (Josephi var.) a été décrite très superficielle- ment et je ne doute pas que d’abord Staudinger sous-enten- dait sous ce nom la forme dépeinte un peu auparavant par Erschoff comme Wilkinsi. Je fais cette conclusion: 1) parce que Staudinger a reçu les premiers exemplaires de sa Disso- 477 luta des montagnes des environs d’Oche et d’Ousgent (partie orientale de la chaine Alai et monts du Ferghana) et 2) par suite des lignes suivantes de sa description: „Die Vorderflügel sind in beiden Geschlechtern nicht nur so zeichnungslos, wie bei Josephi ® (2), sondern ihr Basaltheil ist meist licht grau- gelb“, particularité, qui ne se trouve que chez Wilkinsi. Voilà pourquoi il serait juste de considérer Dissoluta comme synonyme de Wäilkinsi, et si je conserve ce nom pour une tout autre forme, je ne le fais que pour éviter dans la suite une plus grande confusion dans le groupe des espèces du type Huebneri, assez embrouillé déjà naturellement et grâce au Dr. Staudinger. Le fait est que les années sui- vantes, celui-ci prenait pour Dissoluta un tout autre papillon reçu des pentes septentrionales des monts transalaïens et qui, sous un certain rapport, se rapproche beaucoup de Josephi (sur les pentes méridionales de l’Alai elle dégénère en une forme transitoire à cette dernière espèce), et sous un: autre, de Wilkinsi et d’Intermedius *). La forme, que je propose de nommer Dissoluta, présente les particularités suivantes. La coupe de ses ailes est plus allongée que chez Josephi, mais en même temps elle est un peu plus petite. La coloration est unie, imperceptiblement plus pâle vers la base et d’une nuance plus gaie que chez Wilkinsi. lie bord marginal est presque noir et, pour la plupart, très vif. Le principal élé- ment de la variabilité de cette espèce, qui, sur les pentes septentrionales du Pamir, se distingue par une inconstance extraordinaire, consiste surtout dans la bande, qui se confond >31) Staudinger nous communique (Stett. Ent. Z. 1887, p. 60) qu'il a reçu Dissoluta de Maurer aussi des monts transalaïens. _ Heureusement que je connais l'itinéraire de ce collectionneur, et c’est pourquoi il n’y a aucun doute qu'il n’a pas pris de véritables Wilkinsi, et qu’il a envoyé à Staudinger la forme que je décris ici comme Dissoluta. 478 tantôt complètement avec le disque, tantôt se détache sensi- blement du fond général de l’aile. Je ne connais pas deux exemplaires de cette espèce absolument identiques, et ce n’est que l'impossibilité d'adapter cette forme transalaïenne à l’une des espèces parentes, comme Wilkinsi, Intermedius et Josephi, qui lui donne à un certain degré le droit d'existence comme espèce séparée. Le disque des ailes antérieures n’est jamais couvert d’ecailles fauves; mais on ne peut en dire autant de celui des postérieures, lequel est quelquefois non-seulement tout aussi foncé que chez les Josephi du Ghissar, mais en outre entrecoupé de nervures jaunes absolument comme chez cette dernière forme. La coloration du dessous est tout aussi peu constante et se rapproche tantôt de Josephi, tantôt de Wil- kinsi, si bien qu'il est presque impossible de fixer cette forme d’après le revers des ailes. Si je ne savais pas que ces va- riétés extrèmes, ne formant qu'une même société, volent dans un cirque à Festuca parfaitement isolé près du courant su- périeur de la rivière Aram, je ne me serais fait aucun scru- pule de les partager en deux formes dont j'aurais adapté l’une à Wäülkinsi et l’autre à Joseph. Dans le Transalaï occidental, outre la forme des espèces de la seconde branche, décrite ci-dessus, vole encore Pamirus Stgr., parfaitement différenciée parmi les autres espèces de ce type, et Intermedius, que j'ai nommé ainsi parce que d’après la coupe des ailes, il semble être quelque chose d’intermé- diaire entre Dissoluta et Pamirus. Je n’ai jamais rencontré au Transalaï occidental Josephi, et je suis fermement persuadé, qu'il est impossible de ly trouver; c’est pourquoi je refuse a priori d'admettre ici des cas d’hybridisme. Cette Dissoluta, la plus répandue de toutes les formes connues du type Hueb- neri, qui à partout conservé ses particularités et qui, en même temps, est si variable que toute caractéristique est impossible, est réellement un singulier phénomène zoologique. 479 Dissoluta vole aussi sur les pentes méridionales de l’Alai, mais déjà sous une forme très proche de Josephi; on ne la trouve pas sur les pentes septentrionales de ces montagnes. Il m'est arrivé de la rencontrer sur le cours supérieur de la riv. Mazar (monts Mous-tag, partie du Kara-Koroum de l’'Hi- malaya), ainsi que sur les rives du Beik meridional; là à une altitude de 14,000 p. Première moitié de Juillet; à la même époque aussi près de la riv. Aram-Koungueï dans les monts transalaïens. 159. Satyrus Josephi Stgr. (Pl. XV, fig. 4 a, b). Berl. Ent. Zeit. 1832. XXVI, p. 174; Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 245. Espèce répandue le long des confins septentrionaux du Pamir depuis le méridien de Farab jusqu'à celui d’Outsch- Kourgan. Je ne l’ai trouvée qu'une seule fois sur les pentes méridionales des monts Alaï (localité de Djirtsche-Tal), mais elle volait aussi la tout-à-faît dans les mêmes conditions qu'à l’extrème Ouest, c’est à dire, sur des pentes couvertes d’Astragalus. La forme la plus typique de Josephi et en. m&me temps la plus différenciée, vole sur les pentes septentrionales du col Liagar-Mourda. Elle se distingue par la bande parfaitement accentuée près du sommet (au-delà de la 4-ème nervure); la coloration de celle-ci est paille-päle sans transitions à l’ocre- rougeätre; les nervures sont couvertes d’ecailles ocre-rougeätre; ces particularités ne se constatent dans aucune des autres formes du type Huebneri d’une manière aussi marquée. Le fait que c’est la seule chez laquelle ressort aussi distincte- ment tout le dessin du dessous des deux ailes (ce qui la rap- proche, sous ce rapport, de la Æuebneri), n’est pas moins caractéristique. La Josephi de Farab fournit, en tous points, une transi- tion à celle de l’Alai, que nous devons prendre pour type. 480 La Pl. XV nous répresente la Josephi du Ghissar, laquelle mérite probablement une dénomination particulière. Cependant, ne possédant pas d'exemplaires des pentes septentrionales des monts Alaï, je ne me décide pas à la séparer comme forme spéciale. Josephi volait sur le col de Liagar-Mourda à la fin de Juillet (10,000 p.) et sur les pentes méridionales de l’Alai un peu plus tôt, mais à la mème altitude et presque côte-à-côte avec Dissoluta, ce qui explique peut-être l’extrème mélange de ces deux races. 160. Satyrus Intermedius Gr. Gr. (PI. XV, fig. 7 (® ) *). Alis productis, supra ochraceo-fulvis, ad basim pallidio- ribus, fusco-marginatis; anticarum macula venae transversae ocellisque duobus caecis nigro-fuscis, posticarum fascia indefinita. Subtus anticis ut in S. Wilkinsi Ersch., sed floridioribus; posticis grisescentibus, albido-venatis, fascia externa lata, acute dentata, tenuiter marginata et fuscescente adumbrata, fascia media fuscescente grisea, fusco marginata. EP =22— 24 mm. Cette espèce, que j'ai rencontrée au dessous du col Ters- Agar, à une altitude de 10,000 p., peut être décrite comme Wilkinsi var. et comme Dissoluta var.; je préfère l’envisager comme espece distincte. Intermedius, plus rouge que toutes les autres espèces de ce type, se caractérise principalement par la coupe allongée de ses ailes et la coloration du dessous des posterieures tou- jours très pâle et à dessin excessivement simple. On constate comme quatre bandes disposées l’une à côté de l’autre, dont la basale et l’extérieure, sont presque tout-à-fait grises et les deux intérieures d’un fauve grisätre. Les points noirs et brü- #?) Le X 7 de la Pl. XV, représente Intermedius et les N 6 Pamirus. 481 nätres, qui couvrent, chez les autres espèces de ce type, tantôt plus, tantôt moins tout le dessus des ailes postérieures, ne sont, pour la plupart, pas visibles. Des deux bandes intérieures, c’est celle qui se trouve le plus près de la base qui est la plus foncée; elle ne l’est cependant pas assez pour qu’on puisse dire qu’elle ressort d’une manière très tranchée sur le fond général de l'aile. La largeur des quatre bandes est à peu près la mème, particularité, qui ne distingue aucune des neuf autres formes connues de ce type. Les nervures sont blan- chätres, mais ne se detachent que faiblement grâce à la teinte générale grisätre des ailes; les courtes flèches blanches entre les nervures, et sortant des dents intérieures de la bordure marginale, si caractéristiques pour les espèces Josephi, Abra- movi, etc, manquent aussi ici dans la plupart des cas. Inter- medius enfin présente par la coloration du dessus des deux ailes quelques particularités intéressantes. Nous avons déjà dit, que c’est la plus rouge de toutes les Satyrides de ce type; ajoutons ‘encore, que la coloration de la surface des ailes an- térieures est tout unie; la bande n’est nullement accentuée, si ce n’est par une tache oblongue noir-roux sur la nervure transversale et très distincte seulement chez les femelles; quant à la base, le bord costal et le fond entourant l'oeil supérieur, ils ne sont qu'un peu plus päles que la partie centrale du disque des ailes. Il y a deux yeux: l’inférieur est souvent de la grandeur d’un gros point et tous les deux sont très rare- ment pupillés de blanc. La frange est simple (chez Josephi elle a l’air d’être double, comme chez presque toutes les autres Satyrides du type Huebneri) ou bien elle parait du moins être telle: 1) parce qu’elle est très étroite, 2) parce qu’elle n’est pas aussi richement garnie de poils que, par exemple, chez l’Abramovi ou Josephi. Intermedius vole, en Juillet, sur des pentes de montagnes couvertes de Festuca. Elle descend aussi sur les „sai“, où elle öl 482 aime voltiger pres de l’eau ou se chauffer sur des pierres exposées au soleil. Ses habitudes sont les mêmes que celles que nous avons observées chez la 8. Wilkinsi. 161. Satyrus Pamirus Stgr. [Pl. XV, fig. 6 (© )]. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 61. C’est la plus grande et la plus différenciée parmi toutes les autres Satyrides de ce groupe, ce qui d’ailleurs n’a pas empêché Staudinger d'écrire: „dass man sie für eine grosse Form davon (Dissoluta-Josephi) halten möchte“!... En dehors de la taille, c’est le dessous des ailes postérieures qui pré- sente une différence bien essentielle; le fond en est très pâle, les nervures blanches cependant en ressortent très nettement. En général, la somme des caractères qui la distinguent est si grande, que je suis embarrassé de lui assigner un rang convenable dans le classement des espèces de ce groupe; elle doit occuper, en attendant, une place dans un cercle excentrique. Le plus grand de mes exemplaires est de 58 mm.; le plus petit (G') de 46 mm. Cette espèce vole à une altitude de 8,500 à 9,000 p., dans une localité le long de la rive droite du Touz-Darya, au sortir de la vallée de l’Alaï. Elle préfère la steppe nue, couverte de bouquets d’Artemisia, d’Echinospermum et autres plantes de ce genre. Elle vole avec la S. Lehanus et est parfois très fréquente. Juillet. Elle aime se chauffer au soleil et rester immobile sur des buissons d’Echinospermum ou sur des plateaux argileux dénudés. 162. Satyrus Stulta Stgr. (Pl. XVI, fig. 2 a, b). Berl. Ent. Zeit. XXVI. 1882, p. 175. Espèce très ordinaire dans les deux vallées parallèles du Zaravchan et du Ghissar. On la trouve aussi dans le Kara- téguine, au-dessous de Garm. Juillet. Entre 1,500 et 4,500 p. an dan us nt 483 163. Satyrus Parisatis Koll. Char. Ins. Fauna Süd-Pers. 1849, p. 11. Nicéville. Butt. Ind. Burmah. Ceylon. I (2), p. 184. Vincent Kollar deerit ainsi la Sat. Parisatis: „Alis supra nigris, late albo-marginatis, posticis dentatis; subtus ommibus cinereo alboque marmoratis, fascia media communi angulata alba, ocellis singulae alae duobus nigris, flavo-cinctis, albo-pupillatis. Species distinctissima, ab omnibus hujus generis valde di- versa. Satyr. Faunae et Fidiae quodammodo vicina sed mar- gine latissimo albo longe tamen distans“. Nous devons donc compter comme Parisatis typique la forme, qui vole dans l'Iran, l’Afghanistan, la partie méridio- nale du district Transcaspien, le Darvaz (Bokhara oriental), et conserver à la forme, qui habite la Transcaucasie et que l’on considère je ne sais pourquoi comme le type, la dénomi- nation: var. Macrophthalmus, donnée par Eversmann *). Les deux formes se distinguent, comme nous le savons, principa- lement par leur marge, très large chez Parisatis, d'un blanc vif et qui passe par les deux ailes des deux sexes, et chez la var. Macrophthalmus, au contraire, très étroite et chez les dd se trouvant seulement sur les ailes postérieures. En admettant cette détermination, les Parisatis du Kasch- mir et, en général, celles de l'Himalaya occidental appartien- nent au type; celles de la Mésopotamie à la var. Macroph- thalmus Ev. 233) Bull. Moscou. 1851, p. 615. Cette variété qui vole dans la Transcau- casie, est figurée dans le Tome I de ces Mémoires (Pl. III, fig. 4, 5). Le des- sin représente une forme tout exceptionnelle, formant une transition au type. L'autre dessin de cette espèce, joint à l’ouvrage cité de Nicéville, représente aussi, il semble, une 2 pas tout-à-fait typique et qui a de plus quelques points blancs sur la surface supérieure des ailes postérieures. La Parisatis transcaspienne offre une transition à la variété transcau- casienne Macrophthalmus Ev. 31* 484 Je n’ai rencontré cette espèce qu’une seule fois dans les confins du Pamir, dans les environs du Kala-i-Khoum. Juin. Altitude environ de 4,500 p. Elle volait dans les rochers bordant la riv. Pyandj. 164. Satyrus Stheno Gr.Gr. (Pl. XVI, fig. 3 a, b, c). Mém. s. 1. Lép. T. III, p. 401 (1887). Alis in utroque sexu supra totis nigris; anticis serie lunu- larum 2—5 albidarum, quarum secunda interrupta ocello non pupillato nigro; posticis subtus ut in S. Actaea, sed magis distinctis et multo obscurioribus, venis albis. d'=25—27 mm.; 9 —24 mm. Cette Satyride, en dessus toute noire, à large frange pä- lissant graduellement vers le sommet et entrecoupee sur les ailes supérieures, et d’un brun uniforme sur les postérieures, doit occuper une place isolée dans le classement des espèces de ce genre, quoiqu'elle se rapproche sous un certain rapport d’Actaea. Stheno, d'après la nuance de la coloration extérieure, ne diffère pas des Cordula les plus foncées, et la gravure ci- jointe ne rend pas tout-à-fait l'impression que produit ‘ce pa- pillon. Les ailes postérieures n’ont aucun dessin, et les anté- rieures ont de deux à cinq lunules d’un blanc vif quelquefois légèrement ombrées d’ecailles brunätres; la seconde tache à partir du bord costal est la plus longue et porte au milieu un oeil, dont la coloration se distingue à peine de la nuance du fond des ailes et qui n’est jamais pupillé. La coloration de la ® est un peu plus claire et a une teinte plus brunätre que celle du G'; la frange est non-seu- lement plus claire, mais encore entrecoupée sur les deux ailes. Elle n’atteint jamais la taille du &, aussi les ailes posté- rieures sont-elles plus dentelées que celles du G'. Cependant toutes ces différences ne sont pas très accentuées et, dans u D on le Gui insel : + 485 tous les cas, plus faibles qu'entre les deux sexes de Cordula ou d’Abd-el-Kader, espèce moins voisine. En dessous, les ailes antérieures sont un peu plus claires qu’en dessus, et vers la base on ne voit qu'un affaiblissement de la nuance à peine perceptible. La cellule basale est entiè- rement grise et sur toute son étendue richement couverte de points brun-foncé et même noirs. Un saupoudrement plus uni recouvre, 1) le sommet de l'aile, 2) la partie du disque tou- chant au bord extérieur de l'aile. L'oeil ressort ici plus dis- tinctement et est presque toujours à prunelle blanche; en des- sous de cette tache se trouvent quelquefois deux points blancs, et, des deux côtés, des traces de deux bandes dont l’intérieure est plus longue et plus marquée. Il faut indiquer, outre ces deux bandes blanches, une tache blanche sur la nervure trans- versale en forme de $ et une troisième légère bande, composée de lunules noires, ayant la même longueur que la bande in- térieure et parallèle avec le bord extérieur de laile. Les nervures blanches frappent surtout sur la surface très bigarrée des ailes postérieures; ensuite ressort la bande moyenne plus claire vers l'intérieur, plus foncée vers les marges et saupoudrée, des deux côtés, d’écailles blanches. Entre cette bande et la bande extérieure dentelée, se trou- vent deux petites taches noires; plus haut deux ou trois pe- tites blanches, qui ne sont pas aussi visibles chez la © , dont le revers est en général plus clair que chez le &. Les antennes ne présentent rien d’extraordinaire; elles sont presque toutes noires. J'ai trouvé cette espèce dans le Karatéguine, sur toute son étendue, depuis l'embouchure de la rive Khingoob jusqu'à la fortification de Obi-Garm. Elle était très nombreuse sur les pentes des montagnes voisines couvertes de Stöpa. Com- mencement de Juillet. 4,000—4,500 p. 486 165. Satyrus Actaea Esp. var. Cordulina Ster. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 246. Cette forme vole sur les pentes septentrionales des monts Alai, en Juin. J’en ai des exemplaires du district de Iski- Naoukat des monts Alai. var. Alaica Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 247. Forme très intéressante, qui a, en effet, beaucoup d’ana- logie avec la Parthica Ld. Elle a été, comme on le sait, décrite par Staudinger d’après un seul &. Quoique j’aie apporté bon nombre d'exemplaires de cette forme, parmi lesquels se trouvent beaucoup de Q ®, il ne me reste cependant à ajouter que peu de mots à la description de Staudinger. Le nombre d’yeux varie chez les ® ® (de 2 à 4), mais présentent des différences tout aussi essentielles avec mes Parthica du Kopet- dagh, que les IC. La var. Alaica doit être placée entre Bryce et Parthica, parce qu’elle se rapproche sensiblement de ces deux formes, et particulièrement avec la var. Cordulina de l’Alaï septen- trional, de laquelle je possède toutes les transitions. La var. Alaica diffère de Parthica par l'absence: 1) du saupoudrement ocre-jaune sur le dessous des ailes antérieures des dd et 2) des nervures blanches sur le dessous des postérieures. J'avoue, que je ne comprends pas, ce que dit Staudinger relativement aux yeux. Chez toutes mes Alaica ils sont par- faitement formés; il y en a toujours deux. Ce fait seul, sans prendre en considération ce qui a été indiqué ci-dessus ainsi que la taille plus grande des Actaea de l’Alaï, devrait suffire pour séparer ces dernières comme forme distincte. Alaica vole presque partout sur les contreforts à carac- 487 tères des steppes de l’Alaï méridional, mais ne s'élève jamais au-delà de 10,000 p. Commencement de Juillet **). 26. PARARGE Hb. 166. Pararge Eversmanni F.v.W. (in lit.). Eversmann. Bull. Moscou. 1847. Tab. 2, fig. 5, 6. ? Lepid. Faunae Ross. 1849 (sine descript.). Erschof. Lepid. in it. Fedtschenkoï coll., 1874, p. 19. PL II, fig. 15 (&). J’emprunte les lignes suivantes à Erschoff: „Un dessin non colorié de cette espèce figure sur la Pl. 2, fig. 5, 6 du Bulletin de Moscou de 1847; cependant elle n’est pas décrite et est anonyme. Comme ce dessin est parmi d’au- tres papillons dépeints par Eversmann dans ce même volume, Staudinger dans son Catalogue (éd. de l’année 1861, p. 13), cite Eversmann comme auteur et prend ce papillon pour espèce distincte. Cependant dans les , Lepidoptera Faunae Rossicae“ édition anonyme, publiée en 1849 à Moscou et attribuée à Eversmann, c’est Fischer de Waldheim qui est cité comme auteur de cette espèce, ce qui parait plus vraisemblable, car il est difficile d'admettre, que le prof. Eversmann l'ait nommée ainsi, lui-même, en son honneur. C’est pourquoi dans le „Catalogue des Lepidopteres de l’Empire Russe“ par Erschoff et Field, p. 16, j'attribue à Fischer de Waldheim la paternité de la P. Eversmanni et non à Eversmann. Comme en outre jai eu occasion de me convaincre, par autopsie, de l'indépendance de cette espèce, je l’ai reconnue comme telle #4) Une 2 de cette forme, reçue par Erschoff de la part de Fedtschenko et prise sur les pentes méridionales de l’Alaï au-dessous du col de Kaouk, c.-à-d. sur les mêmes endroits où je l’ai recueillie en grand nombre, a été déterminée par Erschoff comme S. Actaea var. Parthica Ld. 488 (p. 64, 27). Malgré cela, Staudinger, dans la seconde édition de son Catalogue de l’année 1871, p. 30, nomme de nouveau Eversmann et cite l'espèce même comme variété de la P. Roxelanae Cr., avec laquelle la P. Eversmanni n’a presque aucune ressemblance. Comme j'ai trouvé parmi le matériel de l'expédition Fedtschenko deux dd et une ® de cette espèce incontestablement originale, je me suis décidé à en donner un dessin et de la décrire afin de la fixer une fois pour toutes. Naturellement qu’ainsi Fischer de Waldheim perd ses droits de priorité d’après les lois actuelles, n'ayant pas dé- crit l'espèce et le nom étant in Litteris“. Ceci, du reste n’est pas tout-à-fait juste. Celui, dit-on, qui le premier publie un dessin, doit aussi être reconnu comme auteur! C’est une loi absurde, que j'ai déjà eu occasion de réfuter: absurdité qui devient évidente dans le cas présent. En effet, le dessin n’est pas d’Eversmann et on ne sait pas exactement à qui l’attribuer; donc l’auteur de la P. Evers- manni n'est ni Fischer, ni Eversmann, ni même Erschoff, qui a présenté la première description très détaillée de cette espèce, mais c’est plutôt la Rédaction du Bulletin de Moscou! Que celui qui édicte ces lois explique ces contradictions; quant à moi peu m'importe. La P. Eversmanni vole presque partout dans la zone des buissons du Pamir. Elle ne se trouve nulle part à une alti- tude de plus de 7,600 p. (au sortir de la vallée de l’Alai). Mai, Juin et commencement de Juillet, selon l'altitude. La P. Eversmanni des pentes septentrionales des Monts Alaï se distingue de celles du Pamir occidental, par une colo- ration plus foncée du dessous des ailes postérieures. 489 167. Pararge Menava Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 499. Pl. 30, fig. 3 (J°). Nicéville. Butt. India, Burmah etc. I, 2, 180. Romanoff. Mem. s. 1. lép. T. I, p. 64 (1884). — Maeroides Feld. Reise Novara. Vol. III, p. 496. Pl. 69, fig. 1 (2) (1865). Nasshreddini Chr. Hor. Soc. Ent. Ross. XII. Pl. V, fig. 13, 14. Espèce très répandue non-seulement dans la Transcaucasie et les montagnes de l'Iran et de l’Afghanistan, mais aussi plus vers l'Orient. Depuis le Beloudjistan “*), dans les mon- tagnes de toute l’Inde septentrionale jusqu'à Ladak et le Kaschmir inelusivement et ensuite plus vers le Nord dans les confins du Pamir, cette espèce se rencontre partout. On ne peut cependant pas dire qu'elle soit quelque part très fré- quente. Je n'ai réussi à en prendre qu'un nombre fort re- streint d'exemplaires, quoique je l’aie trouvée dans le défilé de Kara-kokty, les environs de Chakhimardan et de Jordan sur les pentes septentrionales de l’Alai, dans le Karatéguine, aux environs de Kala-i-Khoum, ete. Son altitude extreme peut ètre fixée à 6,000 p. Mai. Elle vole aussi en Juin et même au commencement de Juillet, mais en exemplaires à peine reconnaissables. Pentes rocheuses de montagnes, couvertes de buissons **). #5) Erschoff mentionne la P. Maera var. Adrasta Hb., prise dans la steppe entre Djame et Oulouss. Si ce n’est pas un synonyme de Menava Moore, ce dont je doute fort, ce fait est alors des plus intéressants (Lepid. in it. Fedtschenkoi coll., p. 21). 490 27. EPINEPHELE Hb. 168. Epinephele Davendra Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1865, p. 502. Pl. 30, fig. 7. Nicéville. Butt. of. India etc. I, 2, p. 201 °°°), ? Roxane Feld. Novara Exp. Lep. III, p. 491. 69, fig. 12, 13 (1866). Nicéville. Butt. of. India etc. I, 2, p. 202. Butler. Proc. Zool. Soc. Lond. 1880, p. 405. Swinhoe. Trans. Ent. Soc. Lond. 1885, p. 338. ? Comara Ld. Horae Soc. Ent. Ross. VIII, 12. Pl. I, fig. 9, 10 (1871). Je ne puis dire avec assurance si toutes ces trois formes sont analogues, ou bien si ce sont des ramifications d’un même type, dont chacune mérite une dénomination particulière. J'ai pris dans le Karatéguine trois exemplaires (G' et 2 @ Q), qui appartiennent incontestablement à ce type. Alti- tude 6,000 p. Commencement de Juillet. Elles sont étiquetéés comme Davendra Moore dans ma collection. 169. Epinephele Dysdora Ld. var.? Hor. Soc. Ent. Ross. VI, p. 85. Pl. V, fig. 3, 4 (1869). Quoiqu'il existe toutes les transitions des représentants de ce type du Thian-Chan ””) et du Pamir à ceux d’Astrabad et, en général, de l'Iran septentrional, cette forme présente cértaines différences assez bien formulées chez Alphéraky et chez Erschoff *). Dysdora est commune partout. Mai, Juin et commence- ment de Juillet, selon laltitude; elle vole dans la vallée du 2%) De Nicéville joint aussi un dessin de cette Zpinephele (Pl. XV, fig. 39 2), que je ne reconnais pas pour Davendra; c'est probablement le & de ’E. Dysdora Ld. 237) Alpheraky „Lep. du district de Kouldjà etc.“ (Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 422. 1881). >38) Lepid. in itin. Fedtschenkoi coll., p. 21. 491 Ferghana en deux générations; la seconde, celle du mois d’Aoüt, ne se distingue que par sa taille plus grande. Ialti- tude extrème de cette espèce est environ de 6,500 à 7,000 p. Karatéguine. Elle vole dans des conditions assez variées, mais le plus souvent sur des pentes des montagnes nues, argileuses et pierreuses. Dans les conditions, dans lesquelles les a trou- vées Alphéraky: ,près des cours d’eau, bordés de tamariniers sur les fleurs desquels elle se posait volontiers“, il ne m'est jamais arrivé de la rencontrer *). 170. Epinephele Kirghisa Alph. var.? Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 423. Tab. XV, fig. 24, 25 (18S1). Un exemplaire Q, très différent de cette espèce, a été pris en Juin dans les environs de Iski-Naoukat. Les particularités qu'offre cette forme peuvent être formu- lées ainsi: le bord fauve-noirâtre des ailes antérieures est plus large; la costale, l’area interna et la base plus foncées, les ailes postérieures sont d’un fauve-noirätre à traces à peine perceptibles de la bande jaune-ocre; les yeux ne sont pas pupillés de blanc. Cette forme se distingue en général à tel point du type, qu'elle mérite parfaitement d’être séparée comme variété et que je propose de l'appeler var. Sartha. Si je ne lui donne pas dès à présent ce nom, c’est que je ne suis pas parfaite- ment sür, si les différences indiquées pour cette forme sont effectivement constantes. Staudinger a obtenu, pretend-t-il dans la Stett. Ent. Z. 1886, p. 249, bon nombre d'exemplaires du type de l’Æp. Kirghisa provenant des-environs de Samarkand, pris à la fin de Mai; je n’ai cependant nulle part rencontré cette forme, aussi je 23%) Selon les données de Erschoff, dans les monts de Nouraty vole l’Ep. Narica Hb. (Naricina Stgr.?). Montagne Karak. 6 Mai. 492 ne me charge pas de contrôler le fait; je me borne à faire observer, que toutes les Kirghisa envoyées à St.-Petersbourg, sont loin d’être identiques à celles rapportées de Kouldjà par Alpheraky. Sont-ce les mêmes Xirghisa que Staudinger a obte- nus des environs de Samarkand ou bien sont-ce d’autres, c’est ce que seul sait Staudinger, car son indication de „Tura“, qui s’applique à presque la moitié de l’Asie Intérieure, ne nous indique rien. 171. Epinephele Haberhaueri Stgr. (Pl. XVII, fig. 6a, b). Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 247. La description de Staudinger est très complète et n’exige pas d’explications. Cette espece ne vole que sur les pentes septentrionales des monts Alai à une altitude de 3,500 à 6,500 p. sur les bords des ravins et dans les ravins mêmes, dans des endroits à végétation pauvre et sur des pentes exposées aux ardents rayons de soleil. La. ® figurée est très foncée et appartient déjà à la var. Maureri Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 249. qui vole sur les versants méridionaux de ces mêmes montag- nes et aussi en exemplaires un peu plus clairs dans le Kara- teguine et dans les Monts transalaïens, à une altitude qui ne dépasse pas 9,000 p. Les exemplaires les plus foncés sont sur les pentes de la vallée du Kitschi-Karamouk. Mai, Juin. 172. Epinephele Capella Chr. Horae Soc: Ent. Ross. XII. T. V, f. 15 (&). Un G' a été pris le 28 Juillet sur le col Liagar-Mourda dans les monts Ghissar (11,500 p.), un autre le 14 Juin dans la localité Koudara, au Nord de la rivière Mourgab (10,500 p.). Ils ne se distinguent aucunement de ceux de la Perse. 493 173. Epinephele Pulcheila Feld. (Pl. XVII, fig. 3a, b). Reise Novara. Lep. III, p. 490. Pl. 69, f. 16 (1866). Moore. Proc. Zool. Soc. Lond. 1874, p. 566. Nicéville. Butt. of. India etc. I, 2, p. 208. Pl. XV, f. 40. = Hilaris Stgr. (var.? an syn.?). Stett. Ent. Z. 1886, p. 249. Je ne puis dire définitivement, si Hilaris n’est que syno- nyme de Pulchella Feld. ou plus ou moins une forme diffé- renciée, et à quel degré. Je ferai remarquer seulement, que les exemplaires du Hindou-Kouch ne diffèrent presque pas de ceux du Trans-Alaï et que la tache soyeuse, en effet caracté- ristique pour les Hilaris S &, n’est pas toujours très accen- tuée chez ces derniers. Je m'explique enfin tout autrement que Staudinger les paroles de Felder: ,der Mangel sexualer Auszeichnungen auf den Vorderflügeln“. Je suppose que ces mots, se rapportant à une particularité sexuelle des dd d’Epinephele dans le degré et sous l'aspect qu'elle apparaît ordinairement, et l’indication d’une autre structure de la cellule basale n'avaient pour but que de distinguer la Pulchella des autres Æpinephele, et de prouver qu’elle en est tout-à-fait séparée. Dans ce dernier cas, il n’était nullement nécessaire d'indiquer la tache soyeuse, qui, comme cela a déjà été dit ci-dessus, est loin d’être très accentuée chez tous les exem- plaires. Il est impossible de trouver d’autres différences entre ces deux formes, car la taille, dont parle Staudinger, ne doit: 1) jouer ici aucun rôle et 2) n’est nullement grossie sur le dessin. Pulchella ne vole qu'à des altitudes considérables et dans la zone des steppes à Festuca, dans les monts Kounjout et ceux ceignant la vallée de lAlaï. Dans les monts Ghissar vole une variété de cette espèce, qui se distingue par un disque tout-à-fait foncée. Je regrette de ne pas pouvoir en donner une description plus détaillée, mais le seul exemplaire, 494 pris sur le col Liagar-Mourda, est très défectueux; de plus ce n’est pas avec une parfaite conviction, que je rapporte cet exemplaire nommément à Pulchella, quoiqu'il soit presque im- possible de les distinguer quant au dessous des ailes. 174. Epinephele Naubidensis Ersch. (Pl. XVII, fig. 5 a, b). Lepid. in itin. Fedtschenkoï coll., p. 21. Tab. V, fig. 73 (3) 1874. Staudinger. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 273. Erschoff a décrit cette forme comme variété d’Amardaea Ld. Je suppose cependant que toute la somme des différences, que présente Naubidensis, est si grande, qu'il est plus juste de la compter comme espèce distincte. J'ajoute encore aux particularités énoncées dans la diag- nose: Alis posterioribus subtus unicoloribus griseis, fascia media subnulla; & supra absque ocellis—les suivantes: 1) Le dessous des ailes antérieures n’a pas une coloration aussi vive et aussi accentuée, ce qui lui donne un tout autre aspect; 2) l’oeil est considérablement plus petit, tant en dessus qu'en dessous; de plus, rarement chez les dd, mais chez les ® Q presque toujours, outre la tache du sommet, ressort une seconde tache entre la 2 et 3 nervure, qui a parfois l’aspect d’un point et est quelquefois parfaitement développée; 3) les deux taches ocellées, se trouvant dans l’angle anal du dessous des ailes postérieures chez Amardaea, sont toujours absentes chez Naubidensis, et enfin 4) la bande, qui est si accentuée sur le dessus des ailes antérieures des ® ® d’Amar- daea, ne ressort pas du tout chez Naubidensis ou très fai- blement *”). 240) Dans la Stett. Ent. Z. 1881, p. 273. Staudinger décrit une Epine- phele, qu'il nomme Kashmürensis. Cette Epinephele est peut-être identique à l'Ep. Pulchra Eeld. (Novara, p. 491). 495 Naubidensis vole sur les pentes septentrionales des monts Alai, presque partout dans la zone de steppes à Stipa. De- puis le commencement de Juin jusqu'aux premiers jours d’Aoüt (Yagatschart). Fedtschenko a apporté cette espèce: des envi- rons de la montagne Naoubid (?) (9 Juin); de Samarkand?! (16 Juin); du défilé Pasrout (cours supérieur du Zaravchan) (24 Juin), et des environs du glacier Tschourowski (25 Juin). Il ne m'est pas arrivé de trouver cet exemplaire tellement à l'Ouest. 175. Epinephele Cadusina Stgr. var. Laeta Ster. (BESRVIT EA): Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 250. Je n’ai pas rencontré le type Cadusina; mais la var. Laeta est très ordinaire, surtout dans les environs de Chakhimardan. Mai; pas au-delà de 5,500 p. Un &, que j'ai rapporté des monts Ghissar, n’a rien de commun avec l’autre variété var. Monotoma Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 251. décrite par Staudinger d’apres des exemplaires recueillis dans les environs de Samarkand (district de Farab des monts Ghissar?). J’avoue que je n’ai aucune idée de cette variété. 176. Epinephele Lycaon Hufn. var. Intermedia Ster. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 251. Tres ordinaire dans le Ferghana. Tous mes exemplaires ont été pris en Août. 496 177. Epinephele Interposita Ersch. Lepid. in itin. Fedtschenkoi coll., p. 22. Pl. II, fig. 16 (2). Alpheraky. Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 425 (1881). Butler. Proc. Zool. Soc. Lond. 1880, p. 405. Pl. 39, fig. 1 (2). Swinhoe. Trans. Ent. Soc. Lond. 1885, p. 338. Staudinger. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 298. De Nicéville. Butt. of India, etc., II, 2, p. 206. Christoph. Mém. s. 1 lép. I, p. 106. (1884). Cette espèce, répandue dans les collections, est connue de tout le monde. L’excellente description faite par Erschoff éloigne toute possibilité d’un malentendu quelconque. Cette espèce, à en juger d’après les ouvrages cités ci- dessus, jouit d’une distribution assez large et, en effet, outre au Pamir, I/nterposita a été trouvée en Djoungarie, dans le Thian-Chan, le territoire Transcaspien (Noukhour), à Kan- dakhar et à Khaman (Chaman). Cette espèce habite dans les confins du Pamir, le Fer- ghana, les vallées du Zaravchan et du Ghissar et aussi le Karatéguine où elle atteint les limites de sa distribution ver- ticale (6,000 p.). Mai, dans le Karatéguine—commencement de Juillet. Elle vole dans des ravins couverts d’une pauvre végétation. Interposita peut-être se trouvera être une forme identique à la Ep. Cheena Moore (Proc. Zool. Soc. Lond. 1865 p. 501), ce dont fait mention déjà de Nicéville. Cependant comme nous n'avons aucune idée de Cheena, nous ne nous décidons pas à réunir ainsi deux espèces et laissons ce soin à ceux qui disposent d'exemplaires suffisants pour les confronter *). >41) Nous avons déjà plus d’une fois fait mention des matérirux de A. I. Wilkins, très intéressants sous beaucoup de rapports. Erschoff en a profité pour la description de la Sat. Wilkinsi, Sat. Abramovi et de VE. Mongo- lica (dénomination fort singulière pour une espèce, qui vole dans des endroits qui ne sont pas du tout habités par des Mongols). Nous voyons encore dans ces matériaux l'Ær. Calmucca Alph., prise dans le Ferghana, !’Er. Naricina 497 28. COENONYMPHA Hb. 178. Coenonympha Nolckeni Ersch. Lep. in itin. Fedtschenkoï coll., p, 23. Pl. II, fig. 17. Je n’ai pu puiser aucune indication dans la littérature lépidoptérologique relativement à cette intéressante Coeno- nympha. I faut supposer par conséquent que cette espèce à une distribution fort restreinte. Je l’ai trouvée dans le Pamir partout où les conditions vitales lui étaient favorables: belle prairie, clairiere, etc. Jusqu'à 10,000 p., peut-être. qu’elle s'élève aussi davantage. Fedtschenko l’a rencontrée dans les mêmes conditions et à une altitude de 4,000 à 8,000 p. Il est remarquable qu'on ne trouve pas cette espèce dans les monts transalaïens, ni dans les matériaux de A. I. Wilkins, qui à collectionné dans le bassin du Tschatyr-Koul et plus vers l'Est, quoique toutes les conditions favorables à l'existence de la ©. Nolckeni y soient réunies. Mai, Juin. 179. Coenonympha Pamphilus L. Syst. Nat. X, p. 472. Ordinaire dans le Ferghana. Quoique cette espèce y vole presque tout l'été, Lyllus Esp. cependant ne s’y trouve posi- tivement pas. L’indication d’Alpheraky, qui a rencontré Lyllus dans le Thian-Chan, dans la vallée du Kounguesse °”), est d’autant plus surprenante. des versants meridionaux du Thian-Chan, des differentes localites de Djit- tyschar (où elle est évidemment très commune, pendant qu’elle n’a pas été trouvée dans le Pamir), et encore de ces mêmes endroits la Sat. Lehana et l’Er. Interposita. 2?) „En Juillet et Août, dans la vallée du Kounguesse, volait la seconde génération sous forme de var. Zyllus Esp.“ (Alph. Hor. Soc. Ent. Ross. XVI. p. 429). 32 498 180. Coenonympha Sunbecca Ev. Bull. Moscou. 1843. XVI, p. 538. T. VIL, f. 4 a, b (&). Staudinger. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 300; Alphéraky. Hor. Soc. Ent. Ross. XVI, p. 430. Très ordinaire dans les élévations N. E. du Pamir, elle ne se rencontre pas plus vers l'Ouest du méridien Kok-Sou (glacier de Zaravchan). Pas au-dessous de 9,000 p. (montagnes entourant „l’Olguine Loug“ dans le défilé du Taldyk); il est difficile de marquer la limite de sa distribution verticale; j'ai trouvé Sunbecca mème à une altitude d’un peu moins de 14,000 p. (Kisil-Art)... Elle vole dans le Thian-Chan entre 3,000 et 10,000 p.; à en croire Eversmann, on la rencontre vers le Nord encore plus bas „in campis aridis ad lacum Noor-Saisan“, done à une élévation ne dépassant pas 2,000 p. Zone des prairies alpines. Juin *°). VIT) FESPEREPB7I5 29. PYRGUS Hb. 181. Pyrgus Proteus Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 253. L Espèce très douteuse, au sujet de laquelle Staudinger a jugé nécessaire d'écrire deux pages entières dont le contenu est d’un vif intérêt. Nous connaissons bien les difficultés que présente l’analyse de formes aussi proches que Proto, Proteus et Staudingeri, et nous ne nous serions certainement 243) Parmi les matériaux de Wilkins, figure la ©. Iphis var. Mahome- tana Alph., prise en Août sur les rives du Naryn. Ce territoire fait déjà partie du système du Thian-Chan, 499 pas refusés de le faire: 1) si nous pouvions disposer d’un grand nombre d'exemplaires pour comparer les espèces du Turkestan, et 2) si nous avions en outre un certain nombre de Proto de l’Europe “). Toute conclusion ne serait en effet qwarbitraire et la confrontation d’une quantité minime ne donnerait aucun résultat. Dans tous les cas, tout ce qui a été écrit par Staudinger est, nous le répétons, fort inté- ressant, et nous lui souhaitons un complet succès dans l’éla- boration d’un genre aussi difficile que Pyrgus, et qui, nous l’espérons, sera prochainement publiée. Le Proteus vole sur les pentes septentrionales- des monts Alaï-Turkestan, passe en outre sur les pentes méridionales, mais sous une forme transitoire à celle du Trans-Alaï, à la: rar. Prometheus Gr. Gr. [Pl. XVII, fig. 1 (Sl. Varietas paulo minor. Alis anticis supra rubrescente-fuscis, ad basim olivaceo-mixtis; posticis fuscis; maculis omnium. per- magnis. Ciliis &-is lutescentibus, Q -ue rubrescentibus, fusces- cente in venis interruptis. Subtus, antieis pallidioribus, posticis rubrescentibus. Si même Proteus ressemble en général à Proto, on ne peut cependant pas en dire de même de Prometheus. Il est, en dessus, rouge-brun; les ailes antérieures sont toujours plus claires, et, le long du bord costal ainsi qu'à la base ordinairement plus jaunâtres, couvertes de petits poils verdâtres très délicats. Les taches sont grandes, nettement marquées; aussi sont-elles bien plus nombreuses que chez les Proteus des pentes du Ferghana de la chaîne Alaï. Parmi toutes ces taches, il y en a une particulièrement caractéris- tique disposée sur l’area costalis des ailes postérieures, et aussi 1) Je n'ai dans ma collection que 8 exemplaires de Proto: 4 d'Espagne, 2 de la France méridionale et 2 de Sarepta, 32° 500 très accentuée sur l’exemplaire qui a servi d’original pour le dessin ci-joint. La frange des JG est paille claire, chez les ® ® —rosâtre; elle est entrecoupée non pas de noir, comme chez le type, mais de brun. Enfin en dessous il est considérablement plus clair; la teinte générale des ailes anté- rieures est rosée, ou pour mieux dire, rose-rougeätre et celle des postérieures plus gaie. La tête, les antennes, le cou et les épaulettes sont aussi rougeätres et non verdâtres comme chez le type. : Elle vole, comme le type, dans des localités stériles, argileuses, couvertes d’Artemisia et d’autres herbes. Limite d’elevation: 9,000 p. Mai, Juin. Dans le Trans- Alaï (Prometheus) aussi au commencement de Juillet. 182. Pyrgus Tessellum Hb. Samml. Europ. Schm. 469, 470. Deux exemplaires, qui ne diffèrent que par la taille moins grande de mes exemplaires du Caucase et de Sarepta, ont été pris en Juin sur les promontoires de la chaîne trans- alaïenne près de la rivière Myn-teké (10,000 p.). 183. Pyrgus Nobilis Ster. [PL XVII, fig. 3 (G')l. Berl. Ent. Z. 1882, p. 176; Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 255 ?#). Cette superbe espèce, parfaitement décrite par Staudinger, n’a jusqu'à présent été trouvée que sur les pentes occidentales des Monts Ghissar et dans le district de Farab. Localité de Kisil-Gasy sous le col du Liagar-Mourda (environ 9,500 p.), 26 Juillet. Surfaces couvertes d’une espèce de Phlomis et de petits arbrisseaux d’Astragalus. 245) Voilà la seconde espèce décrite par Staudinger une seconde fois et presque dans les mêmes termes. 501 184. Pyrgus Antonia Speyer. Stett. Ent. Zeit. 1879, p. 342. Je ne puis rapporter qu'aux Antonia typiques les exem- plaires de cette espèce du Transalai; ils sont presque de moitié plus petits que la forme de l’Alaï, dont je fais mention plus loin, et en dessous ne diffèrent presque pas de ceux du Saïssan- Noor, c.-à.-d. des typiques. var. Gigantea Stgr. [PL XVII, fig. 2 (@)]. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 255. Cette forme habite les pentes septentrionales de lAlaï. Elle préfère la zone des steppes couvertes d’Artemisia, ainsi que les pentes sablonneuses avec leur triste végétation, où prédominent aussi des plantes du type d’Artemisia. Jusqu'à 7—8,000 p. (défilé de Taldyk). Mai. Le type en Juin. 185. Pyrgus Sidae Esp. Schm. in Abbild. 1784. 90, 3. Plusieurs exemplaires typiques, sur les berges du ruisseau Kitschi-Karamouk (6,500 p.) et dans les Monts de Pierre le Grand, environ à la même altitude (7,000 p.). Commence- ment de Juillet. 186. Pyrgus Alpina Ersch. _Lep. in itin. Fedtschenkoï coll., p. 24. Pl. II, fig. 18. Erschoff, qui n'avait à sa disposition que deux dd de cette espèce, a placé Alpina comme variété de la Syr. (Pyrgus) Alveus Hb.; mais il remarque en même temps qu'il n’est pas parfaitement convaincu de cette détermination. Actuellement, cette espèce est généralement connue, et il me semble que personne ne lui contestera son indépendance. Malgré la brièveté, la description de cette forme est parfai- tement suffisante et elle est accompagnée d’un bon dessin. La P. Alpina vole exclusivement dans la zone des prairies alpines 502 entre 9,500 et 13,000 p.; dans les monts Kounjout aussi plus haut, car je l’ai trouvée sur le col Beik, c.-à.-d. à une altitude d’environ 14,500 à 15,000 p. Juin, Juillet. Dans la chaîne de Pierre le Grand j'ai pris une variété très foncée d’Alpina, que j'ai nommée: var. Darwazica Gr.Gr. (Pl. XXI, fig. 5). Elle présente les différences suivantes: Les taches blanches des ailes antérieures sont plus pe- tites; sur les postérieures très foncées et couvertes, à la base, d’epais poils vert-gris, elles n'existent pas du tout et sont remplacées par des semi-ombres grisätres. En dessous, les ailes antérieures sont plus foncées et vers le bord costal saupou- drées d’écailles verdâtres; les postérieures se distinguent aussi par un faible développement des taches blanches desquelles se détache seulement la rangée moyenne qui avance jusqu'à la 3-me nervure, comme chez le type. La Darwazica est, en général, plus grande que l’A/pina. Touptschek, 10,500 p., commencement de Juillet. 187. Pyrgus Malvae L. Syst. Nat. X. éd., p. 485. Vole en exemplaires qui ne diffèrent presque pas du type. N’a été trouvée qu’une seule fois dans les montagnes ceignant au Sud l,Olguine-Loug“ (Chemin de Taldyk). Fin de Mai. 9,000 p. 188. Pyrgus Phlomidis HS. Syst. Bearb. Schm. Eur. Ep; Je ne l’ai prise qu'une seule fois près de Voadil. Elle est cependant assez commune; j'ai reçu aussi de très mauvais exemplaires d’autres parties du Ferghana. Phlomidis volait dans des ravins argileux peu profonds et à végétation très pauvre. Mai. Environ 3,000 p. 503 189. Pyrgus Poggei Ld. Wien. Ent. Monatsschr. 1858. II, p. 141. Ce que Erschoff écrit à propos de cette espèce m’est tout- à-fait incompréhensible. 1) Parmi les matériaux de Fedtschenko, il y avait des Poggei du Kara-Kasouk (?!), c’est-à-dire, d’une altitude minimum de 10,000 p.; l'altitude du col est de plus de 14,000 p.; 2) le dessous de ces Poggei se distinguait par une coloration plus verdätre. Ni l’une, ni l’autre de ces asser- tions ne concordent avec mes données personnelles. Poggei vole au-delà des confins du Pamir, en Syrie et en Mésopotamie, par conséquent dans des pays d’une altitude inférieure et non pas dans des contrées qui pourraient passer pour contrées de montagnes. J’ai trouvé cette espèce dans les confins du Pamir partout dans les vallées du Bokhara oriental, mais jamais à une altitude dépassant 2,500 p., ainsi à peu près dans les mêmes conditions que dans certaines parties de la Syrie et de la Mesopotamie. Je ne me suis pas contente de prendre seulement le papillon. J’ai ramassé aussi les che- nilles de Poggei (Pl. XVIIL, fig. 4), que j'ai nourries et qui sont écloses’ en bon nombre d'exemplaires. Elles se nourrissent d’une espèce de Phlomis et se font comme Proto, avec les jeunes feuilles de tete, des cocons provisoires. Cette plante, la Phlomis, que je sache, ne monte jamais dans les montagnes aussi haut qu'il faudrait le supposer d’après les Poggei qui ont été recueillies sur une énorme élévation alpine d'à peu près 10,000 p. La conclusion est simple; ou bien c’est Erschoff, qui s’est trompé dans la détermination, ou bien ce sont les données de Fedtschenko, qui sont complètement fausses. De plus, tous mes exemplaires, ayant beaucoup d’autres traits distinctifs, ou ne diffèrent pas du tout du type par le dessous des ailes postérieures, ou au contraire ont un aspect plus pâle et des bandes blanches plus développées. 504 Les Poggei du Pamir fournissent les particularités sui- vantes. Elles sont en dessus plus foncées et ont une coloration vert-foncé plus intense; les taches des ailes postérieures sont considérablement plus petites; le revers des antérieures est aussi plus foncé et tout le dessin plus accentué. Elles sont, en même temps, plus grandes que mes exemplaires de la Mésopotamie; le bord extérieur des ailes antérieures est plus arrondi. La chenille de Poggei se distingue peu de celle de Proto; elle est plus grande, plus foncée; le premier segment porte en dessus un écusson noirâtre sur les bords duquel se trouve un point; toute la surface du corps est recouverte d’un pig- ment rouge-brun, en pointillé (rappellant la peau de chagrin) et divisée par trois raies dont l’une, foncée, se trouve le long du dos, et les deux autres, claires, le long des côtés. La lon- gueur de la chenille est de 28 mm. Les chenilles étaient adultes vers la fin de l’Avril; l’insecte parfait en Mai. 190. Pyrgus Lutulentus Gr. Gr. (Pl. XXL, fig. 6 a, b). Mém. s. 1. lép. III, p. 401 (1887). Alis anticis fuscis albide varüs, maculis fusco circumscriptis subquadratis, formantibus fasciam mediam et posticam dimi- diatam, puncto medio serieque lunularum submarginalium—albis; posticis—nigrofuscis tribus seriebus macularum albidarum; limbo omnium albo nigrofusco punctato; ciliis albis fusco alternatis; subtus lutescente albidis, maculis albescentibus obsoletis. EP=14 mm. D’après le dessin et la coloration des ailes, cette espèce se rapproche surtout de la précédente. Elle est, en dessus, brun-pâle, sablée vers la base de gris-vert; les postérieures sont plus foncées. Toutes les taches sont disposées à peu près comme chez Poggei, mais elles sont plus grandes et à contour 505 plus net. La tache centrale, à l’extrémité de la cellule basi- laire pres de la nervure transversale, est jointe, par une partie blanche du fond (entre la 5-ème et 7-ème nervure), à une rangée de taches qui composent la semi-bande moyenne. Cette partie blanche continue en-delà de la tache centrale, emplit le milieu de la cellule basilaire et se confond enfin (chez la ®) avec une semi-ombre blanchâtre entourant la base de l'aile. Les taches des ailes postérieures n’offrent rien d’extraordinaire et ne sont pas plus grandes que celles des mes Poggei de la Mésopotamie. En même temps, le long du bord extérieur des deux ailes s’allonge aussi (comme chez Poggei, mais en bande plus large), une rangée de taches alternantes blanches et brunes, et se confond presque insensiblement avec la frange assez large. Lutulentus est, en dessous, la plus pâle de toutes les Pyrgus connues jusqu'à présent. Elle se rapproche surtout de la Poggei et s'en distingue: 1) par la coloration tout-à-fait pâle presque blanche des deux ailes et 2) par l’absence de la tache blanche qui chez Poggei est entre les deux bandes et la 5-ème et 6-&me nervure. Les antennes paraissent être un peu plus courtes que chez Poggei. Je n’ai rencontré Lutulentus qu'une seule fois dans la localité de Kisil-Gazy, sous le col de Liagar-Mourda (environ 9,500 p.). J’y suis arrivé trop tard pour cette espèce et je n’ai réussi à en prendre qu'une dizaine d'exemplaires assez défectueux. 26 Juillet. Elle volait parmi des buissons de Phlomis et d’Astragalus, avec la P. Nobilis. 191. Pyrgus Orbifer Hb. var. Lugens Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 256. Espèce très répandue, tant sur les versants septentrionaux de la chaîne Alaï-Turkestan, que dans tout le Bokhara oriental, 506 entre 3,000 et 10,000 p. d’elevation. Juin, en partie en Juillet. A Baldjouan à la fin de Mai. Les Orbifer de Ghissar, déterminées comme telles aussi par Erschoff (col Moura), présentent déjà une transition au type. Vole dans des prairies et passe très rarement dans les steppes. 30. SPILOTHYRUS Dup. 192. Spilothyrus Alceae Esp. Schm. Abb. T. 51, fig. 30. Espèce très répandue dans le Ferghana. Je l’ai aussi ren- contrée dans la vallée de l’Alai, pres du Katta-Karamouk. Fin de Juin. Dans le Ferghana depuis le mois d’Avril, dans le Bokhara et à Samarkand plus tôt. var. Australis Z. Isis. 1847, p. 285. vole ici comme aberration. Fedtschenko l’a rapportée des environs de Tachkent et d’Oche (Mady) où elle volait pen- dant le mois d'Avril; je l’ai trouvée à Chakhimardan en Juin. 193. Spilothyrus Altheae Hb. var. Baeticus Rbr. Faune Entom. de l’Andal. T. 12, fig. 3, 4. Parmi les matériaux de Fedtschenko un exemplaire est étiqueté: Oche, 2 Août. Je l’ai rapportée du courant supérieur du Sang-Guirdak, où cette espèce volait en exemplaires fort défectueux. Mi-Juillet. 507 31. PAMPHILA F. 194. Pamphila Sylvanus Esp. Schm. Abb. T. 36, fig. 4. Deux très mauvais exemplaires ont été pris le 11 Juin dans la vallée du Khingoob. 195. Pamphila Comma L. Syst. Nat. ed. X, p. 484. Dans la zone des prairies alpines, entre 10,000 et 13,000 p. presque partout dans les confins des élévations tant septen- trionales qu’occidentales du Pamir. 196. Pamphila Nostrodamus F. Ent. Syst. 1793. III. 1, p. 328. Les exemplaires’ provenant des environs de la ville Ka- badian et des rives du Vakhch ne se distinguent en rien de mes Nostrodamus de l'Asie mineure. Elle volait avec la Ci- garitis Acamas au milieu de buissons d’Alhagi Camelorum et de différentes espèces de Curduus, Artemisia, ete., qui pous- sent aux alentours de la ville et des entassements de terre artificiels. Mai. 197. Pamphila Ahriman Chr. Mém. s. 1. lép. T. I, p. 108. PI. VI, fig. 5 a, b (2). J'ai rapporté cette Pamphila, un an après que Christoph l'avait décrite, des environs de Baldjouan où elle était assez ordinaire. Quoique je l’aie aussi rencontrée un mois plus tard dans le Karateguine, parmi une trentaine d'exemplaires plus ou moins bien conservés, il n’y avait qu'une seule ® très défectueuse. Christoph comme on le sait maintenant, n’avait aussi à sa disposition que des dd. 508 Nous ne doutons pas que la future description **) de la Q sera tout aussi satisfaisante que toutes les autres descrip- tions de mon très estimé ami M. Christoph, et il ne nous reste qu'à faire remarquer que les Q® ® se distinguent des d KG par un plus grand nombre de taches, qui sont en même temps d’une coloration bien plus vive. J’ai rencontré Ahriman exactement dans les mêmes con- ditions où l’a trouvée Christoph dans le territoire Transcas- pien: au fond des ravins et des deux côtés de la grande route à triste végétation grisätre caractéristique pour les steppes d’Artemisia. Environ à 3 ou 4,000 p. Mai. Dans le Kara- téguine au-dessous de Garm; commencement de Juillet. 198. Pamphila Ormuzd Gr. Gr. (Pl. XVIII, fig. 5). Hor. Soc. Ent. Ross. XXII, p. 307 (1886). Alae supra olivaceo-fuscae; serie macularum pellucidarum (in antica 6, in postica 4); subtus multo pallidiores, anticae ad basim nigro-fuscae, posticae olivaceae. d=16 mm., ® ignota. En dessus, brun-olive, et, en general, ne se distinguant presque pas de l’Ahriman quant à la coloration. Toutes les taches sont transparentes; sur les ailes anterieures il yen a 6, parmi lesquelles la plus grande est celle disposée entre la 2-ème et la 3-&me nervure; sur les postérieures il y en à 4; la frange est blanc-brunätre. j En dessous, les ailes antérieures sont ombrées vers la base, le long du bord costal et vers le bord extérieur, d’une coloration jaune-olive qu'ont aussi les ailes postérieures. Malheureusement, je n’ai trouvé de cette espèce dans les environs de Kabadian qu'un seul exemplaire &, ce qui est bien dommage, car c’est un type intéressant. 12 Mai. 246) La véritable 2 a été décrite et représentée dans le V-e volume de ces Mémoires (p. 10. PI. I, fig. 4) (La rédaction). 509 32. THYMELICUS Hb. 199. Thymelicus Thaumas Hfn. Berl. Magaz. 1766, p. 62. C’est peut-être une variété de cette espèce; elle se distingue des exemplaires d’Allemagne: 1) par la marge noire plus accentuée des deux ailes; 2) par la coloration foncée des postérieures et surtout par leur area costalis noire. Elle vole sur des prairies humides, entre 2,000 et 5,000 p., et presque partout. Mai, Juin et même jusqu'à la mi-Juillet. 200. Thymelicus Stigma Ster. Stett. Ent. Zeit. 1886, p. 256. Cette espèce est parfaitement décrite par Staudinger d’après des exemplaires qu'il a reçus du district de Farab des monts Ghissar. Je ne l’ai trouvée que dans les environs d’Obi-Garm à une altitude d'environ 4,000 p. Juillet. 510 Heterocera SPHINGES VILILIYSPEITNG EDZSE 8; 33. SPHINX O. 201. Sphinx Convolvuli L. Syst. Nat. ed. X, p. 490. Deux exemplaires, l’un d’Oche (28 Août), l’autre du ki- schliak Artysch au Nord de Kachgar (30 Mai), sont plus pe- tits et plus clairs que ceux d'Europe. 34. DEILEPHILA O. 202. Deilephila Insidiosa Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 25 (1874). — Bienerti Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1874, p. 91. Je ne saurais dire, quelle est celle de ces deux descrip- tions, parues presque en même temps, qui a été publiée la premiere; je n'affirme donc pas que I’Insidiosa, parfaitement décrite, ait la priorité. bienerti semble commune dans la vallée du Ferghana, si ce n'est à l’état parfait, du moins comme chenille. Ce n'est pas sans scrupules que je rapporte à cette espèce les chenilles ayant une grande ressemblance avec Gali et que j'ai ramassées en quantité sur des Æremurus jaunes, à la mi- Juillet; elles ont volontiers mangé en route d’autres sortes aussi d’Eremurus; une partie cependant d’entre-elles ont péri, les autres se sont transformees en chrysalides, mais je n’ai pas réussi à les amener jusqu'à St.-Petersbourg; elles n’ont pu supporter les 2,000 verstes de trajet en „perekladnaia“, et toutes ont succombé. Je les avais recueillies à l'embouchure du Sang-Guirdak, à une altitude d'environ 9,000 p. 203. Deilephila Zygophylli O. Schm. v. Eur. II, p. 226. . J'ai trouvé un exemplaire de cette espèce engagé dans une toile d’araignde, dans des buissons d’Alhagi Camelorum, au voisinage de Kourgan-Tube. Mai. Fedtschenko l’a rencontrée dans les sables de Kisil-Koum (1 Mai), il n'y a donc rien d’invraisemblable d’en conclure que cette espèce a aussi dans les confins du Pamir, sans de- passer les limites des steppes de „loess“, une distribution ho- rizontale considerable. 204. Deilephila Euphorbiae L. var. Centralasiae Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 64. Variété assez commune dans les environs d’Oche. Mai. Je n’en ai pas trouvé la chenille. 205. Deilephila Livornica Esp. Schm. Abb. PI. 46, fig. 3. Prise par l'expédition de Fedtschenko dans les sables de Kisil-Koum, le 1 Mai. Je n'ai nulle part rencontré cette espèce. 206. Deilephila Alecto L. Syst. Nat. ed. X, p. 492. Très commune dans le Ferghana et probablement aussi dans tout le reste du Turkestan. La chenille vit sur la vigne. Mes exemplaires proviennent de la ville de Tachkent. Août. 512 35. SMERINTHUS O. 207. Smerinthus Kindermanni Ld. var. Orbata Gr. Gr. Varietas minor. Thorax, abdomen, alae anticae supra om- nesque subtus olivaceo-fuscescentes; maculae venarum transver- sarum submullae; posticae supra obtusae, pallidiores, angulo anali griseo mixtae, subtus indistincte expictae. La différence entre les Sm. Kindermanni typiques et les Orbata du Ferghana est si grande, que je m'étonne quelle ait échappé jusqu'à présent à Staudinger ainsi qu'à d’autres entomologistes. La coloration du type est fauve rougeätre, à dessin très accentué, plus foncé, mais aussi de la même nuance; les taches qui ressortent le plus distinctement sont: 1) la blanche sur la nervure transversale, 2) celle en flèche dont la pointe est dirigée vers la base de l’aile, entre la 1-ère et la 2-ème ner- vure; enfin 3) celle en zig-zag au sommet de l'aile. On ne voit rien de pareil sur la var. Orbata. La coloration générale est olive-sale, à dessin quoique bien plus foncé mais ne res- sortant pas aussi distinctement que sur les Kindermanni ty- piques; toutes les taches mentionnées ci-dessus ne se déta- chent presque pas du fond général de l'aile. Chez le type, l’area costalis des postérieures des PP est presque toujours recouverte d’ecailles rouge-pourpre; chez les dd, cette par- tie est blanchâtre et chez la var. Orbata elle est toujours gris-foncé. De même pour Orbata, l’espace blanchätre entou- rant l'oeil d’une large ceinture: 1) se retrécit considérable- ment et 2) a toujours une coloration gris-foncé. Enfin, même la coloration du fond des ailes postérieures est plus foncée et plus vive que sur les exemplaires du Ferghana. En dessous, les différences sont les mêmes — une colora- tion tout autre du fond, un dessin moins distinct et une dis- 513 parition presque complete des taches blanches sur les ner- vures. J'ai donné le nom d’Orbata à cette variété, parce que, grâce à l’espace gris-foncé, dans lequel se trouve l'oeil, la prunelle oblongue (qui partage cette tache en deux parties) ne ressort pas très distinctement; de plus, la tache elle-même est très terne et ne saute pas autant aux yeux. Parmi les Orbata du Ferghana, il n'y a pas, que je sa- che, de transitions aux Kindermanni typiques dont j’ai actuel- lement einq exemplaires (4 dd et 1 ®) à ma disposition. A. Fedtschenko a apporté la var. Orbata (?) aussi de la vallée du Zaravchan où un &' de cette forme a été pris le 2 Juin. 208. Smerinthus Populi L. var. Populetorum Ster. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 65. Je ne puis distinguer cette variété de Turkestan de mes Populi de Saratow. Mon unique exemplaire G' à été pris dans la ville d’Oche, à la fin d'Avril *). 36. PTEROGON B. 209. Pterogon Proserpina Pall. Spic. Zool. 9. T. II, 7, p. 26 (1772). Une gigantesque ® de cette espèce, d’une conservation parfaite et dont le bord costal a une longueur de 24 mm., a été prise à Kabadian, le 12 Mai. Si cette forme se trouve être constante, elle mérite déjà, grâce à sa dimension hors ligne, d’être séparée comme une forme particulière que je pro- pose de nommer var. Japetus Gr. Gr. A7) Erschoff a déterminé cette forme comme étant Populeli Bien.; Alphé- raky pourtant considère les exemplaires de Kouldjà comme des Populi, et je me range tout-à-fait à son avis. 33 514 37. MACROGLOSSA O. 210. Macroglossa Ducalis Ster. [Pl. XVII, fig. 6 (G')]. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 66. — Temiri Gr. Gr. Mém. s. 1. Lép. III, p. 401 (1887). Thorace abdomineque albocingulato et basi alarum antica- rum olivaceo-viridibus, quarum majori externo dimidio atro- purpureo, medio bifenestrato; alis posticis ferrugineis medio unifenestratis. GP? =20—21 mm. Staudinger a parfaitement décrit cette espèce, partout très rare. Je l’ai rencontrée pour la première fois dans les envi- rons de Chakhimardan, ensuite encore dans la vallée du Yakh- Sou (Ak-Sou de Kouliab) et dans celle du Khingoob, partout à une élévation ne dépassant pas 6,200 p. Juin. Zone des buissons. 211. Macroglossa Fuciformis L. Syst. Nat. ed. X, p. 493. Assez commune, au commencement du printemps, dans la zone des steppes de Festuca. Au commencement de Juin, sur le Bach-Alaï ainsi que sur les chaînes voisines, partout à une assez grande altitude. Je ne l’ai trouvée qu'une seule fois, un peu moins haut, sur les montagnes entourant le „Ol- . guine Loug“, c.-à-d. à environ 9,500. 212. Macroglossa Stellatarum L. Syst. Nat. ed. X, p. 498. Se rencontre partout jusqu'à 8,000 p., quoiqu’elle ne soit pas commune dans le Pamir. Dès le commencement de Mai, suivant l'altitude. Les premiers exemplaires de l'expédition de Fedtschenko ont été pris déjà à la fin de Février. 515 IS ES TETE NHS. 38. SCIAPTERON Stgr. 213. Sciapteron Tabaniforme Rott. var. Kunges- sana Alph. Hor. Soc. Ent. Ross. XVII, p. 20 (1882). Un exemplaire de cette variété a été pris à Tachkent, le 22 Juin 1885; la var. Kungessana ne peut donc pas en- core être comptée comme faisant partie de la faune du Pamir. 39. SESIA F. 214. Sesia Senilis Gr.Gr. (Pl. XVII, fig. 7a, b). Palpis &-is pilis promissis nigro-fuscis, intus lutescen- tibus, capite thoraceque griseis praetectis; abdomine cingulis tribus lutescentibus caerulescente-nigro, ad apicem pilis nigris, torulis uno, inferiore, lutescente duobusque, extremis, ferrugi- neis — circumdatis; pedibus lutescentibus, in articulationibus obscurioribus, pilosis; antennis percrassis et pectinatis, nigris. Palpis Q-ae capiteque ejus ochraceis; antennis incrassatis, thorace et abdomine caerulescente-nigris, postremo—cingulis tribus luteis circumdato; pedibus ochraceis, in articulationibus fuscis. Alis diaphanis. Costa, margine externo, area inter venas 1 et 2 cellulaeque discoidalis macula nigris; area interna et partibus disci, macula discocellulari margineque externo appli- catis, lutescentibus (P-ae dilute aurantiacis); posticis d'-is nigro-marginatis, Q-ae ad basin dilute aurantiacis. Ciliis fus- cescentibus. gQ=11—12 mm. 33* 516 Antennes longues, très robustes, chez les dd pectinées et d’un noir luisant. Les palpes, la tête et le thorax du d sont couverts des poils excessivement longs, ceux des palpes sont extérieurement noirs, intérieurement jaunes; ceux de la tête et du thorax gris-souris. Chez la ® (qui n’a pas de poils), les palpes et la tête sont orange ou plutôt ocre-vif; le thorax et l’abdomen d’un noir bleu métallique avec trois an- neaux jaune-vif (chez le &' -ces anneaux sont plus étroits et plus pâles). Le pinceau anal du G' est noir au milieu, d'un rouge-rouille des deux côtés et paille-clair en dessous. Les pattes sont jaune-pâle et couvertes de poils de la même cou- leur, noirs aux articulations; on peut en dire de mème des pattes des Q ®, quoiqu’elles soient moins poilues et que tou- tes les couleurs soient bien plus vives. Les deux ailes sont transparentes. Les nervures des an- térieures sont jaunâtres, celles des postérieures —noirâtres. Les bords costal et extérieur, ainsi que l’espace entre la 1-ère et 2-ème nervure sont noirs; la tache discocellulaire est de la même couleur, et chez le G ombrée de jaune vers le bord extérieur et chez la Q — d'orange. L’orange oceupe en- core l’area interna, et en outre chez la Q la partie du dis- que touchant au bord extérieur de l'aile. Chez celle-ci, le pigment orange est, en général, assez développé et passe aussi aux ailes postérieures, mais n’y est concentré que vers la base. La frange a la même largeur chez les deux sexes et est plus claire que le bord extérieur. En dessous, les pigments colorants sont plus abondants; c’est la seule particularité du revers qui est généralement plus pâle et le moins caractéristique. La 8. Senilis est tout-à-fait isolée parmi les autres espè- ces de ce genre, grâce 1) aux antennes robustes et très den- telées et 2) à l'abondance de poils; c’est pourquoi elle ne peut être comparée avec aucune des autres Sesiides. 517 Elle a été prise au sortir du défilé de Kisil-Art, dans les monts transalaiens, à 11,500 p. Commencement d’Aoüt. 215. Sesia Ceiformis Stgr. [PL XVII, fig. 8 (Q)l. Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 395. Un exemplaire de cette espèce a été pris, le 29 Août, dans les environs d’Oche. 216. Sesia Mutilata Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 67. Cette espèce, découverte par Haberhauer, le 23 Juillet, dans les environs de Samarkand, n’a pas été retrouvée par mol. 217. Sesia Chrysidiformis Esp. var. Turanica Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 26. T. V, fig. 74. J'ai rencontré un exemplaire ® très défectueux de cette forme, dans la localité de Kisil-Gasy, sous le col de Liagar- Mourda; il faudrait, selon moi, compter cette forme comme espèce distincte, quoique très proche de Chrysidiformis (26 Juillet, à 9,000 p.). I Ze CR ASE NT ED E 40. INO Leach *). 218. Ino Ambigua Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 71. Je n’ai trouvé cette petite /no qu'une seule fois, dans les environs du kischliak Balian, dans les monts Djilian-taou, un peu au dessous de 5,000 p. Mai. >) Presque toutes mes Ino (excepté Dolosa et Ambigua) ont été dé- terminées par Staudinger, qui connait admirablement ce genre. Je crois de mon devoir de le remercier encore une fois ici de l’amabilité qu'il a eue de se charger de ce travail. 518 219. Ino Amaura Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1837, p. 70. Semble très commune sur les pentes septentrionales de toute la chaine Alai-Turkestan. Juin. 220. Ino Splendens Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 68. Un exemplaire de cette espèce a été pris, le 12 Juillet, à Obi-Garm (fortifications de la frontière du Karatéguine), un peu au-delà de 4,000 p. Staudinger m’ecrit à propos de cet exemplaire, qu'il ne le trouve pas tout-à-fait typique et qu'il mériterait d’être envisagé comme espèce distincte. Comme je ne possède pas de Splendens typiques, il n’est plus difficile encore de me décider qu'à Staudinger qui a à sa disposition d'énormes matériaux quant au genre /»o et en outre deux d & typiques de l’Alaï. 221. Ino Incerta Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1837. p. 72. De toutes les espèces de ce genre, la moins répandue, paraît-il. Je ne l’ai trouvée que dans les environs d’Oche, à Goultscha et ensuite à Chakhimardan (?). Fin d'Avril et com- mencement de Mai. De 3,000 à 6,000 p. Staudinger n’est pas d’avis de rapporter les exemplaires d’Oche à cette espèce; mais il est embarrassé aussi pour les séparer comme forme distincte. 222. Ino Cognata Rbr. var.? Suspecta Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 71. Staudinger a reçu la Suspecta de Oche, de Namangan et de Samarkand; mes exemplaires ont été pris, en Mai, sur les pentes septentrionales de la chaîne Ak-Schiiriak “*), à une élévation probablement de plus de 8,500 p. >49) Les montagnes Ak-Schüriak sont au N.-E. de la chaîne du Ferghana, et appartiennent donc déjà au Thian-Chan et non au Pamir. Elles ne sont pas indiquées sur la carte ci-jointe. 519 323. Ino Subsolana Stgr. var.? Solana Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1837, p. 72. Les Solana de Staudinger proviennent des environs de Marghelan, de Namangan et de Samarkand; tous mes exem- plaires, bien plus grands que ceux de Ferghana (25 mm.), ont été pris dans les environs de Baldjouan, à une altitude de 3,000 p. Mai. Pentes couvertes de champs. 224. Ino Budensis Stgr. var. Asiatica Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 73. J'ai trouvé Asiatica dans les environs de Goultscha, à 6,000 p. Tous mes exemplaires sont plus foncés que le type, et à coloration très terne. 225. Ino Dolosa Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1837, p. 69. La Dolosa, espèce parfaitement distincte, varie très con- sidérablement quant à sa taille, selon l'altitude. Les exem- plaires de Goultscha sont les plus foncés et les plus grands; les plus petits sont ceux du cours supérieur du Kok-Sou, dans la localité de Tchagdar (10,000 p.) On peut considérer comme forme intermédiaire la Dolosa du Karatéguine (Atchik- Alma). L'observation de Staudinger indiquant de semblables rapports entre l'élévation absolue et la taille des individus est tout-à-fait exacte (il a reçu les plus petits exemplaires des monts Transalaï). A Goultscha, en Mai (6,000 p.); à Atchik- Alma (3 ® 9) vers la fin de Juin; dans la localité Tchagdar, à la mi-Jun dd”). 250) Erschoff cite les espèces suivantes, apportées par l'expédition de Fed- tschenko: Z. Tenuicornis, I. Geryon et I. Obscura, toutes les trois de la vallée de Zaravchan. Nous n’avons pas pleine confiance en cette détermination; e’est pourquoi nous ne nous décidons pas à faire entrer ces espèces dans la liste de la faune du Pamir. 520 41. ZYGAENA F. 226. Zygaena Pilosellae Esp. var. Nubigena Ld. Wien. zool.-bot. Verh. I. 1852, p. 93. M. Erschoff assure, que cette forme a été prise par l'ex- pédition de Fedtschenko le 7 Juillet, dans le défilé en amont de Chakhimardan. Nous n'avons trouvé la Nubigena nulle part. 227. Zygaena Hissariensis Gr. Gr. [Pl. XIX, fig. 1 (&)). Alis anticis nigriviridibus, maculis parvis, duabus basi, duabus mediis, obliquo positis, et una postica—puniceis, albo- cinctis (rarissime ut in Z. Fraxini, 6 macula oblonga minus que distincta etiam apparet); posticis rutilis, nigricante mar- ginatis latius ad apicem. dP=11,5 —13 mm. Hissariensis n’est peut-être qu'une variété de la Z. Fra- xini Mén., malheureusement, je ne possède qu’un nombre fort restreint d'exemplaires de cette espèce, et c’est pourquoi je ne puis rien dire de positif à ce sujet. Les ailes antérieures sont, en dessus, noir-verdätre à 5 petites taches rouges, cerclées de blanc; la sixième tache oblongue n’est que rarement visible; elle est toujours assez près du bord extérieur et jamais cerclée de blanc. Le rôle de cette tache, relativement à la classification de cette espèce, est très important, car c’est grâce à elle qu'il est facile de décider s’il faut rapporter Hissariensis au groupe Cacuminum ou à celui de Fraxini. J'aurais certainement pu trancher cette question qui ne présente au fond aucune difficulté, si le seul de mes exemplaires, sur lequel cette tache ressort nettement, n’était extr&mement mauvais. Les ailes postérieures sont plus claires que chez Fraxini et en même temps aussi plus étroites; le bord noirätre, s’elargissant vers le sommet de l'aile, con- un tinue comme chez Cacuminum. La frange des anterieures est plus claire que le fond, mais, comme chez la plupart des autres Zygénides, excessivement étroite. L’abdomen et toutes les autres parties du corps sont complètement noires comme chez Fraxini. J'ai pris Hissariensis dans la localité de Kizil-Gazy, au dessous du col Liagar-Mourda (9,000 p.), le 26 Juillet. Ha- berhauer jeune l’a trouvée dans la suite près de Maguian, sans indiquer l'altitude. 228. Zygaena Sogdiana Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoï coll., p. 27. T. II, fig. 20 (2) (1874). Staudinger. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 75. Cette espèce a été analysée d’une manière très détaillée par Staudinger, qui, citant une masse de données fort inté- ressantes sur les rapports entre la Z. Sogdiana et la Z. Fra- xini, ne tranche cependant pas une question qui, selon moi, ne présente aucun embarras. La somme des différences est si grande, les deux formes ont un facies si distinct, que je considère la Z. Sogdiana comme espèce séparée. La Sogdiana est très commune dans le Ferghana, mais ne se trouve pas en delà de la chaîne de l’Alai-Turkestan et du Ghissar. Dans les environs de Goultscha vole une forme que Staudinger a décrite comme: var. Separata Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1837, p. 74. Elle ne dépasse pas laltitude de 6,000 p. Mai. J’ai ramasse dans les environs d’Oche la chenille de cette espèce (Pl. XIX, fig. 2). Elle est gris-foncé, à raie large et plus elaire sur le dos; de la même coloration, parfois peut- être un peu plus vive, sont aussi les grandes taches à côté des tubercules noires, veloutées, garnies de poils courts; ceux- 522 ci entourent aussi en petits pinceaux les stigmates, et se voient sur le segment du cou. La tête est noire. Mi-Avril. J'ai trouvé, sur les tiges d’une plante sèche, deux de ces chenilles à l’état adulte; l’une se transforma immédiatement en chrysalide, quant à l’autre, je me hâtai de la préparer pour la conserver. Je ne puis donc indiquer exactement la plante qui leur servait de nourriture. Là croissaient des Astra- galus et quelques Legumineuses rampantes. 229. Zygaena Truchmena Ev. Bull. Moscou. 1854, p. 184. Ordinaire, en certains endroits, dans les steppes de „loess“, à une élévation peu considérable. Elle n’a pas été trouvée dans le Bokhara, quoiqu’on la rencontre encore dans les en- virons de Samarkand. Juin, Juillet. 230. Zygaena Kawrigini Gr.Gr. (Pl. XVII, fig. 9). Mém. s. 1. Lép. T. II, p. 402 (1837). Collari, scapulis abdomineque puniceis. Alis anticis cae- ruleo-nigris, macula basim occupante, maculis duabus mediis confluentibus maculisque duabus posticis (posteriore maxima, ovata et transversa, priore parva) contiguis puniceis, saepius tenuissime lutescente-marginatis. Posticis puniceis anguste, sed latius ad apicem, caeruleo- nigro marginatis. Dal differt: abdomine toto puniceo maculisque majoribus. EP =12—13 mm. Les épaulettes, le cou et chez les QP quelquefois le front et une partie du thorax sont rouge-vif; l'abdomen de la même couleur quoiqu'il y ait souvent des cas où les deux premiers segments des ® ® sont recouverts de poils noirs. Chez les SG, au contraire, ces exceptions sont anormales; 523 le dessin qui accompagne ce texte, présente une exception de ce genre. Les ailes sont noir-bleu, à frange jaune-fauve assez large. Les taches rouge-vif et cerclées de jaune; leur disposition et leur forme sont identiques à celles des autres représentants de ce groupe, Sogdiana, Cocandica, ete. Les ailes postérieures sont d’un rouge tout aussi vif avec une bordure noir-bleu, qui varie en largeur; le bord diffère peu de celui de la Z. Cocandica. La coloration des ailes antérieures est, en dessous, plus pâle et les contours des taches moins accentués. Cette Zygénide, dediée à Mr. N. Kawriguine, entomolo- giste à St-Pétersbourg, et qui a exécuté plusieurs dessins pour le présent volume, se distingue parmi tous les autres représentants de ce groupe par une coloration rouge remar- quablement vive. Elle appartient au groupe Sogdiana- Cocan- dica, où elle occupe presque la place du milieu. Cette espèce varie: 1) par la dimension des taches; 2) par la bordure jaune de celles-ci, qui disparaît quelquefois entièrement, et 3) par le développement et l'intensité du rouge sur l’abdomen. J'ai trouvé cette espèce dans les montagnes Djilian-Taou et aussi dans les environs de Baldjouan, les deux fois, à une altitude de 4,000 p. Mai. 231. Zygaena Erschoffi Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1837, p. 76. — Olivieri var. Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 28. T. IT, fig. 21. Cette Zygénide réunit en elle les particularités de Sog- diana, Kawrigini et Cocandica et peut être considérée comme prototype de tout ce groupe intéressant, dont les membres extrêmes sont si différents et dont ceux du milieu fournissent toutes les données voulues pour une semblable réunion. Je ne mentionnerai pas les espèces se trouvant hors des confins du 524 Pamir, telles que Fraxini, Olivieri, etc., qui font partie de ce groupe, et je me bornerai à faire observer que nous trou- vons déjà dans le Pamir tous les éléments nécessaires pour etablir une classification certaine de ce type. En étudiant la Z. Cocandica, qui se distingue de toutes les autres Zygenides de ce groupe par une extrémité jaune de l’abdomen, nous constatons des cas où cette particularité ca- ractéristique disparaît et où toute la partie inférieure de l’ab- domen devient toute rouge; le jaune disparaît en même temps aussi sur les ailes antérieures où toutes les taches sont pupillées de rouge. C’est déjà une complète transition à la Z. Kawrigini. Dans ce même groupe des variétés de Cocandica, en figure une où les taches jaunes sont remplacées par des rouges, de sorte que cette forme ne diffère plus en rien de Erschoffi, si l’on ne tient pas compte de l’extrémité jaune de l'abdomen, qui la rapproche de la Cocandica et pas de la Erschoffi. J'ai encore trouvé, dans les environs du kischliak Sang-Guirdak, une remarquable Zygaena, qui pourrait être également considérée comme variété de l’une ou de l’autre des formes mentionnées. Malheureusement, l’exemplaire est unique et je crains de la décrire comme forme séparée. Si nous revenons à Ærschoffi, nous lui trouverons à l'instant même une certaine ressemblance avec la Z. Sogdiana et par conséquent avec Fraxini. Il n’y a que peu de différences essentielles entre ces deux dernières formes: 1) une nuance plus jaunätre du rouge des deux ailes; 2) les épaulettes rouge- jaunätre, et 3) la bordure jaunätre de toutes les taches des ailes antérieures. Staudinger indique une particularité impor- tante de Erschoffi, qui la rapproche de la Sogdiana; dest nommément la dimension des taches basales rouges, lesquelles seulement chez ces deux formes n’atteignent pas le bord in- térieur de l'aile; il mentionne encore une autre particularité qui réunit cette même Ærschoffi avec la Z. Oliveri et, nous 525 ajoutons, qui la réunit aussi avec tout le groupe Cocandica- Kawrigini: c’est la frange jaune-ocre des deux ailes. Ainsi done, quel que soit le rapport, sous lequel nous envisagions les choses, la parente de toutes ces formes n’est que trop evidente. La Z. Erschoffi vole sur les pentes septentrionales des monts Alai et aussi dans la vallée du Zaravchan, entre Yori et Dachty-Kasy. Juillet. 232. Zygaena Cocandica Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 28. T. II, f. 22 (2). — Cocandica var. minor Ersch. loc. cit. Les deux ® ® représentées offrent des formes extrömes de la même espèce, et la Minor ne peut même pas être comptée comme aberration de Cocandica, tant les transitions entre ces deux exemplaires sont infinies. Cette espèce habite les vallées de Kitschi-Alai, de l’Alai depuis la riv. Myn-Teké à l’Ouest et celle du Khingoob avec les massifs des mon- tagnes contigües, puis le Karateguine depuis la frontiere russe jusqu'à celle du Ghissar (fort d’Obi-Garm). Entre 5,000 et 9,000 p. Dans les environs d’Obi-Garm, Cocandica vole aussi moins haut (environ 4,000 p.), mais là elle présente assez de particularités pour la séparer comme: var. Karategina Gr. Gr. Nous avons déjà parlé des particularités de cette forme, qui se distingue: 1) par l’abdomen plus rouge, ce qui la rap- proche de la Z. Kawrigini; 2) par l’extrémité rouge de l’ab- domen; 3) par les ailes antérieures aussi plus rouges. On rencontre dans le Darvaz, comme aberration, une autre forme très intéressante de Cocandica, que l’on peut nommer: ab. Conserta Gr. Gr. Elle diffère en ce que le jaune du cou et des ailes est complètement remplacé par le rouge. 526 Quelquefois dans le Karateguine, mais commune dans le Darvaz et presque exclusivement représentée par des IQ. Juin, Juillet. Steppes de Stipa. 233. Zygaena Huguenini Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 73. Decouverte par Haberhauer dans la partie orientale de la vallée du Ferghana et dans les montagnes voisines où elle volait depuis la fin de Mai jusqu'à la fin de Juin; je ne Vai pas rencontree. CES SAN ONE ENE, 42. SYNTOMIS Hb. 234. Syntomis Bactriana Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 29. T. II, f. 24 (2). (1874). Evidemment très commune dans les vallée du Zaravchan où elle vole en Juin et en Mai. Je ne l’ai trouvée nulle part. 235. Syntomis Maracandica Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 30. Tb. II, fig. 25 (2). Vole, selon Fedtschenko, à l'Ouest de Samarkand, entre 700 et 4,000 p., et dans les sables de Kisil-Koum. Mon exemplaire vient de Tachkent. Mai et commencement de Juin. Erschoff joint à cette espèce, comme variété: var. Cocandica Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 31. T. II, fig..26 (&'). que Fedtschenko a recueillie sur les pentes septentrionales des monts Turkestan, à une altitude de 8,000 p. Je n’ai pas 527 trouvé cette forme, mais j'en ai trouvé une autre qui se dis- tingue de Cocandica par des antennes grises, blanches vers leur extrémité. Cette différence, qui rapproche notre forme de Bactriana, eüt été un argument suffisant pour la séparer comme espèce distincte. Je ne le fais pas, parce que je n’en possède qu'un seul G' très défectueux; en outre, je ne sais pas parfaitement jusqu'à quel point sont sérieuses ses diffé- rences avec Bactriana (dimension et caractère des taches). Cet exemplaire fut pris, le 28 Juillet, dans la localité Kisil- Gasy, sous le col de Liagar-Mourda, à 9,000 p. d'altitude. BOMBYCES DOME AO TEOTDAE HS. 43. SARROTHRIPA Gn. 236. Sarrothripa Musculana Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 31. T. I, fig. 27 (2). Fedtschenko n’a rapporté qu'une seule ® de cette espèce prise, le 4 Juin, dans la vallée du Zaravchan, près de Yori. Depuis, autant que je sache, la Musculana n'a plus été re- trouvée. DAT LEP EROSTED EL: 44. NOLA Leach. 237. Nola Turanica Ster. Stett. Ent. Z. 1887, p. 77. Le Pamir se distingue en général par l'absence des pe- tites espèces de Bombycides et, parmi les plus grandes, ce 528 ne sont que les Arctiidae, qui fournissent un certain nombre de représentants. Nous avons déjà indiqué toute une serie de genres des Bombyeides, qui ne se trouvent pas dans le Pamir et dont plusieurs, comme p. ex. toutes les Saturnidae, Lasio- campa, Psilura, Hepialus, etc., sont distribuées dans toute la Paléarctique et, quelques-unes, dans le monde entier. On ne peut pas attribuer ce phénomène exclusivement à l’absence de grandes surfaces boisées sur toute l'étendue du Pamir, quoique ce fait, sans aucun doute, y ait contribué un peu; il faut donc l'expliquer par l'isolement du Pamir, particulière- ment lors de l’époque géologique où s’effectuaient les grandes migrations parmi tous les genres mentionnés. Ce problème fort intéressant exigerait, pour être résolu, un plus grand nombre de données, que celles, dont nous disposons actuelle- ment; nous n'avons pas, du reste, l'intention d’aborder main- tenant cette question, quoique, dans la suite, quand nous au- rons fait plus ample connaissance avec la faune du Thibet et du Kouen-loun, nous aurons peut-être la possibilité de l’elaborer d’une manière détaillée. Nous nous bornerons, en ce moment, à dire que quoique toutes ces Nola, Sarrothripa, etc. (dont nous ne connaissons jusqu'à présent que fort peu de repré- sentants), soient admises dans la liste des lépidoptères du Pamir, elles lui sont parfaitement étrangères. Elles sont toutes: formes des vallées et ne se sont répandues dans les confins du Pamir que parce que les vallées basses de celui-ci ne dif- fèrent nullement de celles des Thian-Chan et de l'Iran, aux- quelles elles sont d’ailleurs réunies par des steppes de „loess“ et même des étendues sablonneuses. La Nola Turanica n’en fait pas non plus exception; c’est aussi une forme propre aux vallées et a été trouvée à Mar- ghelan, au commencement de Mai. 45. LITHOSIA F. 238. Lithosia Lutarella L. var. Pallifrons 2. Stett. Ent. Zeit. 1847, p. 339. Fedtschenko l’a prise, le 4 Juin, dans les environs de Samarkand. DR IN ASE CE TED AE 46. DEIOPEIA Stph. 239. Deiopeia Pulchella L. Syst. nat. ed. X. p. 534. J'ai trouvé cette espèce, au mois d’Aoüt, à Oche, à Mar- ghelan et à Tachkent; dans le territoire Transcaspien, près de Kisil-Arwat, en Mars, ce qui me fait supposer que les exemplaires du mois d’Aoüt appartiennent à la seconde géné- ration dans le Ferghana et à Tachkent. 47. NEMEOPHILA Stph. 240. Nemeophila Russula L. var. Mortua Stgr. Stett. Ent. Zeit., p. 78. 1887. J'ai pris un exemplaire de cette variété, le 30 Juin, près du Katta-Karamouk. 7,500 p. Cette espèce vole, selon Stau- dinger, dans les deux chaînes bordant la vallée de l’Alai du Nord et du Sud, et, selon Erschoff, aussi dans les environs de Samarkand (monts Ghissar). Cette même variété a encore été trouvée dans le Thian-Chan, et ces exemplaires ne dif- fèrent pas des Mortua de lAlaï. 34 530 48. EUARCTIA Stgr. 241. Euarctia Proserpina Stgr. (Pl. XIX, fig. 7 a, b, c). Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 79. En fixant ce genre, Staudinger a juge possible de com- parer Proserpina avec des représentants des genres Calli- morpha et Pleretes. Cela m'étonne d'autant plus que Stau- dinger possédait, outre des papillons, plusieurs chenilles pré- parées de cette espèce excessivement. intéressante. J’avoue sin- cèrement, que si la description de Staudinger n'était pas déjà publiée, j'aurais pris Proserpina pour une Axiopoena, avec la- . quelle Euarctia a beaucoup de ressemblance. Coupe des ailes, surface poilue, forme des pattes et de toutes les parties de la tête, et enfin, forme de l’abdomen (qui se termine dans les deux cas chez les ® ® par 3 à 4 segments noirs ve- loutés); tous ces traits communs rapprochent beaucoup l’un de l’autre en un seul genre. Proserpina est, comme Maura, un insecte extr&mement peu agile. Le moment de leur éclosion est une période fort pénible de leur vie; leurs pattes sont tellement faibles qu’elles peuvent à peine soutenir le corps et donner assez d'espace aux ailes pour se développer. Ces ailes sont toujours molles et excessivement faibles. Leur vol est très peu agile; elles mènent une vie fort retirée. Les chenilles des deux types en question sont presque identiques. Proserpina a une rangée de grandes taches blan- ches le long des côtés, Maura ne les a pas, violà toute leur difference; naturellement je ne parle pas de leur dimension. Une Artemisia à larges feuilles leur sert de nourriture; mais elles mangeaient aussi dans la suite avec plaisir 1’ Euphorbia. Elles se nourrissent pendant la nuit, se cachent pendant la journée dans des crevasses du sol et sous des pierres. Peu 531 remuantes, paresseuses, elles n’empêchent pas leurs voisines de grimper mutuellement par dessus leur corps, ascension périlleuse et qui ne réussit pas toujours, car leurs pattes les trahissent sans cesse et ne les portent qu'avec difficulté. L’Eu- arctia, d'un caractère apathique, s’accomodant visiblement de tout, ne rappelle nullement les agiles Arctia ou Spilosoma et se rapproche, selon les données de Christoph, aussi sous ce rapport d’Axiopoena. Les chenilles, prises à l’état adulte, à la fin d'Avril, mangeaient jusqu'aux premiers jours de Juin; puis s'étant retirées dans des coins cachés de la caisse qui les renfermait, elles y restaient tranquillement plus ou moins longtemps; quelques-unes ont fait tout le voyage à travers le Pamir et le Hindou-Kouch, sont retournées avec moi dans le Ferghana et ne se sont transformées en chrysalides qu'après ma rentrée à Tachkent, à la fin de Septembre, ayant sup- porté par conséquent 600 verstes en chariot de poste. Puis, mes voyageuses descendaient tout au fond de la caisse, se mettaient à tisser leur cocon presque transparent et, se trans- formant assez rapidement, restaient à l’état de chrysalides pendant 2 à 4 semaines. Parmi les 300 chenilles gçollectionnées dans les environs d’Oche, où les avait trouvées aussi Haberhauer, et non à Ousgent et dans les monts de Ferghana comme il l’a annoncé à Staudinger, 50 p. °/, moururent, dévorées par des para- sites, et 10 p. °/, pour d’autres causes; le reste arriva jusqu’à Tachkent ou se transforma en chrysalides; sur 70 chrysa- lides, il est éclos 40 exemplaires parmi lesquels 50 p. 6 n'étaient que des avortons, 8 superbes, et si les autres ont péri, ce n’est que parce qu'ils sont éclos pendant le trajet. Toute la peine que j'ai eue de soigner des centaines de che- nilles pendant plusieurs mois n’a donc été couronnée que d’un succès fort médiocre. Je l’attribue surtout au continuel chan- gement de place, au froid du Pamir et maintes autres cir- 34* ‚538 constances du voyage qui ont naturellement eu une influence nuisible sur le développement de l’insecte. Cette espèce a été trouvée à Oche et encore (1 exempl.) dans les environs dé Chakhimardan, et d’après Staudinger, aussi quelque part dans les environs de Samarkand. 49. ARCTIA Schrk. 242. Arctia Caja L. Syst. Nat., ed. X. p. 500. Un très mauvais exemplaire a été ramasse dans les „tou- gai“ de Touze-dara, à l’embouchure de l’Aram-Koungueï. 24 Juillet. Environ 8,000 p. Je regrette infiniment de n’avoir pas conservé cet exem- plaire, car je n’ai nulle part retrouvé cette espèce. Je mai pas non plus de données attestant que cette espèce existe, en général, dans les confins du Turkestan, à l’exception peut- être des montagnes au Nord du Thian-Chan. D'ailleurs, il n’est pas impossible qu’elle ne présente, à une saison moins avancée, dans les montagnes, rien de particulièrement rare. 243. Arctia Intercalaris Ey. [Pl. XIX, fig. 3 (J)l. Bull. de Moscou. 1843, p. 544. T. 10, fig. 1a, b (2). Tous mes exemplaires, pris dans les montagnes trans- alaiennes (Aram-Koungueï), vallée de Kitschi-Alai, enfin près du col de Liagar-Mourda dans les monts Ghissar, exclusive- ment & @', au nombre de 40, ne diffèrent presque pas de l'unique ® tout-à-fait défectueuse de la collection d’Evers- mann qui définit ainsi la taille de ses Intercalaris: „paulo minor quam Euprepia Fasciata“, ce qui correspond parfai- tement aux Zntercalaris de Kitschi-Alai; ceux de Ghissar sont un peu plus petits et leur coloration est plus vive. Au nombre 533 des particularités de cette Arctia, omises par Eversmann, nous citerons les suivantes: 1) les antennes sont d’un fauve-noirâtre seulement vers la base et le sommet; tout le milieu est blanc; la longueur de l’anneau blanc varie assez considérablement; 2) le thorax est recouvert de poils d’un fauve-noirätre; les épaulettes, le cou avec deux raies au milieu sont couleur paille, particula- rité qui n’est spéciale ni à Fasciata, ni à d’autres espèces proches; enfin 3) la tache centrale des ailes postérieures n’est pas absolument particulière à cette espèce et disparaît sou- vent entièrement. Intercalaris ne vole que sur des surfaces de montagnes couvertes d’Astragalus et d’Oxytropis et se cache dans les bouquets de ces plantes. Elle vole rapidement en zig-zag, de haut en bas et de retour et se cache très adroitement dès qu’elle sent qu'on est à sa poursuite. Juillet. Entre 7,000 et 10,000 p. 244. Arctia Hebe L. var. Sartha Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 82. Selon Staudinger, cette variété a été trouvée sur les pentes méridionales de l’Alai, le 5 Juillet. 245. Arctia Erschoffi Alph. var. Ferghana Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 82. vole, selon les mêmes données, dans les monts Alaï, au com- mencement d’Aoüt. 246. Arctia Glaphyra Ev. var. Gratiosa Gr. Gr. [Pl. XIX, fig. 5 (Sl. Alis anticis nigro-fuscis, ad basim latius, ad marginem externum angustius albido-strigatis; posticis ochraceo-rubris, in venis basin versus nigro-atomatis; macula discocellulari sub- Zu DS nulla; area costali, tribus maculis submarginalibus majoribus et una triangulari marginem attingente—nigris. Yarietas paulo major, ® ignota. Staudinger écrit qu'il a reçu la véritable Glaphyra Ev., à ailes jaunes, des versants septentrionaux de l’Alaï (?). Cette communication mérite, dans tous les cas, notre attention, parce qu’elle prouve une fois de plus la justesse de notre supposi- tion, c’est-à-dire la compatibilité d'existence commune du type et de sa variété. Nous n’avons que peu à ajouter à la diagnose de la var. Gratiosa. Le dessin des ailes antérieures est presque le même que chez Glaphyra, quoique Gratiosa présente, en général, des transitions plus marquées des teintes foncées aux claires; les ailes postérieures sont rouge-orange; l’area costalis est noire; toutes les nervures se réunissant vers la base sont très ombrées; la tache discocellulaire n'existe pas; toutes ces particularités distinguent parfaitement la Gratiosa - des Glaphyra de V’Ala- Taou. La disposition des taches noires le long du bord exté- rieur des ailes postérieures, et qui sont, en général, plus rapprochées du bord que sur le type ou sur Manni, contri- buent beaucoup à la différencier; en outre on n’y compte pas 3 mais 4 taches; la quatrième est triangulaire; sa base se trouve sur le bord même et son sommet passe entre la 2-ème et 3-ème à partir du bord anal. Cette variété bien distincte vole sur les versants septen- trionaux de lAlaï (Artcha-Basch — 9,500 p.). Elle a été prise à la mi-Juin et figure dans ma collection. Haberhauer a eu la chance de trouver G'@ de Gratiosa à ailes jaunes, dans le district de Maguian des monts Ghissar; les antennes des g'& sont aussi autrement colorées. Déjà chez la forme de l’Alai elles ne. sont pas brun-fauve, comme chez le type, mais noir grisätre; ici elles sont gris-blanchätre. Comme je ne dispose que d’un nombre fort restreint d’exem- 535 plaires de toutes ces formes, je ne me décide pas à dire, à quel point toutes ces différences sont essentielles; mais je crois qu’elles ne sont pas suffisantes pour séparer la forme de Maguian. La ® de Maguian est comparativement assez grande, à corps robuste et court; la coloration des ailes antérieures rappelle beaucoup celle de mon Arctia Rupicola. La Gratiosa de Maguian appartient à la collection de Monseigneur le Grand-Duc Nicolas Mikhaïlovitch. 247. Arctia Rupicola Gr.Gr. [Pl. XIX, fig. 6 (P)]. Alis anticis nigro-fuscis, in parte externa multo pallidio- ribus, fuscescente-strigatis; posticis fuscescentibus, in venis basin versus fusco-atomatis et pariter pallidioribus; macula discocel- lulari tribusque maculis submarginalibus permagnis et fere confluentibus—fuscis. G'—ignotus; 9 =12 mm. Les ailes sont, en dessus, presque noires, à l’exception de la partie des ailes antérieures près du bord extérieur; celle- ci n’est qu'un peu plus foncée que le dessin en mailles qui est disposé à peu près comme chez Glaphyra Ev. Les posté- rieures sont gris blanc, mais à légère teinte rosée; le bord extérieur et les nervures sont plus foncés; la tache discocel- lulaire est très grande et se confond presque avec la large tache brun-noir, qui occupe tout l’angle du sommet de l'aile; les deux autres taches, qui grâce à une semi-ombre, se con- fondent entièrement, ne sont pas moins grandes. L’abdomen est court; le thorax est recouvert de poils noir-brun à deux raies longitudinales brun-clair et à collier de la même couleur. La partie antérieure de l’abdomen est presque noire et la partie postérieure recouverte d’ecailles jaunätres. La Rupicola se rapproche surtout de Glaphyra, mais pré- 536 sente cependant des differences assez essentielles avec toutes les formes connues de celle-ci, dont la plus proche cependant est notre var. Gratiosa. Les grandes taches marginales, l’ab- sence de la quatrième tache en triangle, une tout autre co- loration, et. la tache discocellulaire très marquée nous per- mettent de distinguer à l'instant la ÆRupicola d’une forme quelconque de Gratiosa. La Rupicola a été trouvée sous une pierre, au cours su- périeur de l’Aram, dans les monts transalaïens, à une altitude d'environ 10,000 p. Localité: une pente abrupte, semée de monceaux de roches. Commencement de Juillet. 248. Arctia Guttata Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 33. T. II, fig. 28 (2). A. Fedtschenko a pris un exemplaire de cette espèce in- teressante, le 22 Mai, à Ourgout; depuis personne n’a plus eu la chance de la retrouver. 249. Arctia Spectabilis Tausch. Mémoires Moscou. 1806, p. 212. T. 13, fig. 6. Espèce très commune dans le Ferghana, où elle vole en Août. Tout aussi ordinaire dans d’autres parties du Turkestan. On peut trouver les chenilles, qui sont polyphages, dans chaque cavité à fraîche et riche végétation, pendant tout le mois d'Avril. 50. OCNOGYNA Ld. 250. Ocnogyna Diva Stgr. [PL XX, fig. 2 (J)l. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 84. — Arctia Haberhaueri Alph. Stett. Ent. Zeit. 1888, p. 67. La description de Diva est si bonne, que je me décide à identifier les deux papillons. Cette Ocnogyna (selon Alphéraky 537 une Arctia), n’a jusqu'à présent été trouvée que dans les en- virons de la ville Ousgent et de Samarkand; mais sa distri- bution est certainement plus vaste. Je profite de l’occasion pour faire observer, que j'ai élevé pendant les 4 années de mes voyages une foule de chenilles, parmi lesquelles beaucoup rappelaient considérablement celles d’Arctia et d’Ocnogyna. Malheureusement je n’ai réussi que très rarement à les faire éclore. Elles périssaient par des . causes différentes: le manque de nourriture, le froid (environ 100 chenilles et chrysalides ont péri sur le col de Kougart pendant la catastrophe; une grande quantité à la suite de 9 degrés de froid sur le Pamir, etc.), l'absence presque constante de jour et d'air, et principalement les perpétuelles secousses sur le dos d’un cheval, etc. J’en ai préparé autant qu'il n’était possible; mais la plupart des chenilles se trouvèrent être par- faitement inconnues; il y en avait 2 ou 3 qu'il était impos- sible d'adapter à aucun des genres connus des Bombycides. Il faut en conclure que la vallée du Ferghana et tous les pro- montoires du Pamir nous réservent encore bien des surprises, et autant la faune des Rhopalocères est bien explorée, autant celle des Bombycides ne l’est que peu encore. Toutefois, je ne crois pas que les élévations du Pamir soient particulière- ment riches en espèces des différents groupes des Bombycides. Il faut chercher celles-ci, ainsi que les Noctuélites, principa- lement dans la zone des buissons et plus bas encore, et en- suite dans les sables qui occupent dans le Turkestan de si vastes étendues. Je n’ai pu visiter toutes ces contrées et je le regrette. J’ai étudié les régions des montagnes et je crois y avoir fait tout le butin que pouvait faire un collectionneur énergi- que et un lépidoptérologiste doué de quelque expérience. Je me flatte qu'après mon passage, il ne reste à y moissonner que fort peu; je me permets donc de donner un conseil aux 538 explorateurs futurs de ces parages si intéressants: laissez les montagnes, fouillez les steppes maigres et arides, Nourata, les sables du Kokan, l'issue de la vallée du Zaravchan, enfin les contreforts de Farab et les élévations de Djam... vous n’y trouverez pas, je crois, beaucoup de Rhopalocères, mais un nombre infini d'espèces nouvelles appartenant au groupe des lépidoptères qui quittent leur refuge solitaire pendant la fraicheur du crépuscule ou pendant les nuits tièdes; en même temps, vous économiserez la moitié des dépenses de voyage. Dieu veuille seulement que ces explorations futures ne soient pas confiés à des gens aussi peu instruits que ceux qu'avait engagés Staudinger! Il serait alors plus difficile encore qu'à présent de se débrouiller au milieu de toute une masse de données fausses, car ce n’est pas l’altitude relative où seront faites là les trouvailles qui sera importante à noter, mais les faits géo-botaniques. 51. SPILOSOMA Stph. 251. Spilosoma Fuliginosa L. var. Fervida Stgr. Cat. Lep. Eur. 1871, p. 59 #1). Très commune dans la vallée du Ferghana, à Tachkent et probablement aussi dans toutes les autres parties du Tur- kestan. Elle vole sous forme de deux générations. 252. Spilosoma Placida Friv. Je mentionne cette espèce uniquement d’après les indica- tions positives de Erschoff, qui ne sont pas douteuses puisqu'il parle aussi d’un point rouge, sur les ailes antérieures, qu’on ne constate jamais chez Fervida. 251) Erschoff, en mentionnant Placida, l'a évidemment confondue avec Fervida, car il parle aussi de semblables Placida, qui n’ont pas de tache rouge. 539 253. Spilosoma Puella Stgr. Stett. Ent. Z. 1887, p. 85. Décrite par Staudinger, d’après un seul exemplaire d', pris, le 8 Mai, à Marghelan. 254. Spilosoma Turensis Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 33. T. II, fig. 29 (&). Staudinger. Stett. Ent. Z. 1881, p. 403. Alpheraky. Hor. Soc. Ent. Ross. XVII. (1882). Fedtschenko a pris la Turensis dans les sables de Kisil- Koum et entre Oulous (?) et Djam. Je l’ai rencontrée deux fois dans la ville de Marghelan, où elle doit être fort ordi- naire. Avril; premiers jours de Mai. Cette espèce est très répandue, comme on le sait mainte- nant, et a été trouvée non-seulement dans le Thian-Chan, mais aussi plus vers le Nord dans l’Ala-Taou de la Djoungarie. 255. Spilosoma Melanostigma Ersch. Hor. Soc. Ent. Ross. T. VIII, p. 316 (1871). Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 33. T. IL, fig. 30 (2) ne se trouve, il semble, que dans la vallee du Zaravchan, d’où l’a apportée Haberhauer en 1886. L’endroit de la prise n’est, comme d'ordinaire, naturellement pas connu; quant aux exemplaires de Erschoff, ils ont été recueillis par l'ingénieur des mines Myschenkoff près de Varsiminar, cours supérieur _ du Zaravchan. 256. Spilosoma Menthastri Esp. Schm. Alb. T. 66, fig. 6. La plus ordinaire de toutes les Spilosoma du Turkestan. 540 VV: COSSTEIPDAEME 257. Cossus Campicola Ev. Bull. Mosc. 1854, p. 184. L'expédition de Fedtschenko a rapporté quatre exemplaires de cette espèce, si rare dans les collections, des sables de Kisil-Koum; ce qui prouve que la Campicola y doit être très ordinaire. Ces exemplaires ont été pris en Avril, l’un d’eux même le 12 Mai (puits de Dusseboï). Je n'ai pas trouvé cette espèce, n'ayant pas collectionné dans cette région. J'ai ramassé la chenille d’un Cossus typique dans une habitation à Irkeschtam (fortification sur la frontière de Kach- gar, à l’extrémité orientale de la vallée de l’Alai, à une alti- tude absolue de 8,660 p.). La maison était construite en planches d’artcha (Juni- perus Pseudosabina). L’arbre le plus rapproché (un bouleau) est à une distance de deux verstes et demie de la fortifica- tion; il faut donc supposer que ce Cossus se nourrit de l’artcha, ou des racines d’une plante quelconque. Cette dernière suppo- sition est la plus probable puisque l’insecte a péri sans toucher aux parties molles de l’artcha. J’ai préparé cette chenille, et elle figure dans ma collection. 258. Cossus Intractatus Stgr. Stett. Ent. Z. 1887, p. 89. Selon Staudinger, cette espèce a été trouvée par Ha- berhauer dans les environs de Samarkand. 541 53. HOLCOCERUS Ster. 359. Holcocerus Gloriosa Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll., p. 35. T. II, fig. 31 (2). Christoph. Mem. s. 1. lép. III, p. 57 (1887). Erschoff, en décrivant cette superbe espèce, l’a placée, jusqu’à nouvel ordre, dans le genre Hypopta, ne voulant pas dépeindre un nouveau genre d’après un seul sexe. Il possé- dait plusieurs ® ® prises le 6 Mai, pendant un campement, au pied de la montagne Karan dans les sables de Kisil-Koum. Dans la suite, comme Gloriosa fut aussi trouvée dans les steppes transcaspiennes, il fut facile de constater un nouveau genre qui compte actuellement jusqu'à 10 espèces habitant une contrée cernée de trois côtés par les élévations du Pa- mir, du Kopet-Dagh et de la mer Caspienne. Christoph a donc établi 5 nouvelles Holcocerus. 260. Holcocerus Sericeus Gr. Gr. [PI. XX, fig. 3 (P)]. Species robusta, abdomine perlongo, antennis vexis. Thorace, alisque anticis albido-luteis, ex apice fere ad basim brunnescente adumbratis tribusque maculis inter venas 3 et 6 fuscis; posticis nigro-fuscis. Subtus magis unicoloribus, fuscescentibus, basin versus commodis capillis lutescentibus. Ciliis seriebus duabus squamarum superpositis paginae an- ticarum concoloribus. GS ignotus; P = 20—24 mm. Belle et grande espèce rappelant, au premier abord, le genre Hypopta. Parmi tous les représentants de Holcocerus, cette espèce se distingue: 1) par les antennes très minces; 2) par le corps allongé et à extrémité pointue, et 3) par l'abondance de poils sur tout le dessous de l’aile antérieure depuis le milieu jusqu'à la base. 542 Cette surface poilue a l’aspect d’un coussin qui ressort d’au- tant plus qu’il est paille-clair tandis que tout le reste de l’aile est brun-noir. Les ailes antérieures ont, en dessus, un reflet gras, paille blanchâtre, à légère semi-ombre brunätre, qui commence au sommet de l’aile et va de là transversalement vers la base en contournant la cellule centrale. Chez une 9, se trouvent sur cette semi-ombre trois petites taches brun- foncé. Les ailes postérieures sont brun-noirâtre. La frange est large et composée de trois séries d’écailles, dont les deux extrêmes sont plus foncées et plus étroites. C’est dans les environs de Obi-Garm qu'ont été pris avec un filet, en plein jour, les deux exemplaires en question; c’est ce qui explique, qu'ils ont été tant abimés. L’envergure des deux PP présente une différence de 8 mm. Mi-Juillet. Les deux exemplaires appartiennent à ma collection. 54. PHRAGMATOECIA Newm. 261. Phragmatoecia Castaneae Hb. Beitr. Gesch. Schm. 1790. I, 1, 1, C. Un exemplaire très pâle a été pris à Tachkent, donc au- delà des confins des élévations du Pamir; on trouvera proba- blement encore ce papillon plus au Sud *). 262. Phragmatoecia Furia Gr. Gr. [Pl. XX, fig. LV (J)]. Alis anticis (cum thorace) nigris, posticis. griseis, ciliis omnium lutescentibus. d=19 mm; Q® ignota. 252) Erschoft décrit cette forme comme var. Albida ainsi qu'il rapporte à Albida non-seulement les exemplaires de Kisil-Koum de Fedtschenko, mais aussi ceux du Syr-Darya d’Eversmann. Je ne vois aucune différence entre ces Albida et mes Castaneae de la Russie méridionale, et c’est pourquoi je n’en fais pas mention dans ma liste des Cossides du Pamir. 543 Les ailes sont plus larges et le papillon est plus robuste que la Phr. Castaneae; le thorax et les ailes antérieures sont noirs, quoique d’une coloration pas tout-à-fait intense; un mélange de gris et de brun est très visible, particulièrement au bord extérieur, où se trouvent quelquefois mème des flèches fauves qui se confondent ensuite avec l’étroite frange de cette couleur. L’abdomen est gris et seulement un peu plus foncé que les aïles postérieures qui sont d’une coloration uniforme. Furia est en dessous un peu plus claire qu'en dessus. Les antennes comme chez la Phr. Castaneue. Deux mâles furent pris, à la lueur de la lampe, le 27 Avril, sur la rive du Sourkhan. 55. HYPOPTA Hb. 263. Hypopta Caestrum Hb. Eur. Schm. f. 190. Fedtschenko a rapporté une Q. de cette espèce, prove- nant des ruines de Soutkent, le 3 Mai. 56. STYGIA Latr. 264. Stygia Aethiops Ster. Stett. Ent. Z. 1887, p. 91. La © de cette espèce fut prise par Haberhauer, le 18 Juin, à Namangan (?), et le @G' le 7 Mai, à Marghelan. Malgré cela, Staudinger juge parfaitement possible de réunir ces deux espèces en une, et il faut supposer qu'il a raison, d'autant plus que la coupe et la structure des ailes des deux exem- plaires sont identiques. Malheureusement les représentants du genre Stygia sont très rares et on ne peut attendre de long- temps l’éclaircissement de ce fait. 544 57. ENDAGRIA B. 265. Endagria Monticola Gr.Gr. [Pl. XX, fig. 5 (J)]. Alis antieis (cum thorace) dilute cinereis ad basim costam- que fuscescentibus, strigis transversis striolisque costalibus nigris, macula venae transversae—alba; posticis griseo-fuscis, basim versus obscurioribus; subtus anticis fuscis, in parte externa griseo mixtis, macula venae transversae albida, area interna dilute grisea; posticis unicoloribus griseo-fuscis; omnibus supra et subtus dupliciter fusco circumscriptis. Ciliis latis grisescen- tibus fuscescente variis. Antennis bipectinatis. d=13 mm.; ® ignota. C’est une superbe et grande Endagria. Thorax et tete richement couverts de longs poils blanc-gris, comme chez Cossus, légèrement entremeles de poils brun foncé; bord posté- rieur du collier de la même couleur. Abdomen brun-gris, comparativement plus court que chez les autres Ændagria. Pattes alternativement noires et blanches; antennes longues et minces. Les ailes antérieures, en diagonale depuis le sommet et ensuite le long du bord intérieur jusqu'à la base, ont une colo- ration gris-blanchätre; bord costal de la même couleur; disque de l'aile: gris-brunätre. Tache centrale blanche ressortant assez distinctement. La costale est entrecoupée dans toute sa longueur par des lignes transversales presque entièrement noires. De semblables lignes noirâtres traversent aussi le reste de la surface de l'aile en lui donnant un faux air des ailes des véritables Cossus et de quelques Holcocerus; mais ici elles se réunissent si ce n’est en minces bandes régulières, du moins en bandes qu'il est facile de suivre malgré leur fréquente interruption. Nous en comptons trois extérieurement de la 545 tache centrale blanche, et quatre, très faiblement marquées, de son côté intérieur. Enfin, tout l’espace extérieur clair de l'aile est aussi parsemé de petits traits délicats effacés ou réapparaissant par endroits. Enfin, le long du bord extérieur, s’allonge une étroite bande plus foncée que la partie contiguë gris-clair, serrée entre deux rangées de petits traits noirätres; elle est moins accentuée sur les ailes postérieures, à colora- tion gris-brunätre, et plus foncées vers la base. Frange large, grisätre, et brunätre au point de départ des nervures. Ailes anterieures plus foncees en dessous qu’en dessus. Elles sont brun-noir, et gris-noir vers le bord exterieur; tache centrale blanchätre, area interna gris clair. Le long du bord extérieur, ainsi qu'en dessus, s’alligne une bande plus foncée, serrée entre deux lignes noirâtres très délicates. De semblables lignes passent aussi par les ailes postérieures, en général plus claires et à coloration plus uniforme qu’en dessus. La Monticola ne se rapproche d'aucune des autres espèces de ce genre. Elle a été prise sur les pentes méridionales des monts Alaï, sur le col Djirgué-tal-bil (10,500 à 11,000 p.), à la mi-Juillet, la nuit, à la lueur d’une lampe, et pendant une averse. 266. Endagria Agilis Chr. Mém sl eEép Lips PEVIL 69-13 ab: Staudinger. Stett. Ent. Zeit. 1887, p: 92. Staudinger prétend avoir reçu plus d’une fois cette espèce de différents endroits du Ferghana. 267. Endagria Lacertula Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 92. Staudinger a reçu cette espèce avec la précédente; ce- pendant on ne peut pas considérer les rapports de ces deux formes comme définitivement fixés. 35 546 268. Endagria Nigritula Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1837, p. 9. Cette espèce a été décrite d’après un seul G' défectueux, que Staudinger a reçu du Transalaï. Ni l’endroit de la prise, ni la date ne sont connus; Staudinger n’a pas non plus indi- qué l’année, ce qui est, pour moi, d’une grande importance à cause des données peu exactes de Maurer, qui a eu le ta- lent de transporter tout le massif transalaïen à 60 verstes et même plus vers le Nord *”). ZNVAINESACETEDEENE. 58. PSYCHE Schrk. 269. Psyche Unicolor Hfn. var. Asiatica Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 94. J’ai trouvé un fourreau appartenant probablement à cette espèce, dans les environs d’Oche, au commencement de Mai. Staudinger a reçu cette forme non-seulement des environs de Marghelan, mais aussi de l'Amour. 59. ACANTHOPSYCHE Heyl. 270. Acanthopsyche (Amicta) Grummi Heyl. (Pl. XX, fig. 9 a—f). Comptes-rendus de la Soc. Ent. de Belg. Octobre 1837. M. Heylaerts a été assez aimable de se charger de la description de deux Psychides dont l’une, l’Amicta Grummi, 253) J’ai trouvé dans les environs de Kala-i-Khoum (Darvaz) une Cos- side très intéressante mais tout-à-fait défectueuse; c’est selon Christoph, une Holcocerus; selon moi, le représentant d’un nouveau genre. Elle a les ailes très étroites et à peu près telles que Hepialus; sa teinte générale est fauve, le corps mince, les antennes comme chez Holcocerus, mais très courtes. Juin. 547 est éclose chez moi; j’en ai trouvé la chenille en quantité pres du col Agvai-Polousak (9,000 p.) sur une plante que je n’ai su determiner, qui a de grandes feuilles fendues en forme de doigts et qui sortent du sol en grosses touffes; la seconde, Chalia Staudingeri, nommée ainsi, selon mon désir, en l’hon- neur du chef des lépidoptérologues contemporains, a été prise au nombre de 2 exemplaires près du col Kara-Kasouk, à une altitude minimum de 12,000 p., en Juin. Les Amicta Grummi, malgré tous mes efforts, ont péri presque toutes par suite de manque de nourriture; il ne m'est resté qu’une dizaine de chrysalides qui m’ont donné deux d'&' et trois PQ. . J’exprime encore une fois toute ma gratitude à M. Hey- laerts, qui s’est acquitté de sa tâche d’une manière brillante, et je lui cède la parole: Mas. Flavo-albidus longe atque dense hirtus; capite omnino pseudopalpisque longis ejusdem coloris; antennis canis, ciliis brunneo-fuscis longioribus ad '/, apicem versus decrescentibus, 34-articulatis; oculis parvis et pilis fere capitis abditis. T’ho- race abdomineque omnino longe flavo-albido pilosis; partibus genitalibus flavo-brunneis. Pedibus flavo-brunneis; femoribus posterioribus nigricantibus, flavo-albido pilosis, tarsis nudis; tibiis anterioribus spina maxima. Alis subrotundatis, subhyalinis, pilis squamulisque flavo- brunneis obtectis, venis brunneis, anguste brunneo-marginatis, fimbrüs flavo-brunneis nitidis. Alis anterioribus cellulis 8, 9, 10 et 11 dense pilis et squamulis obtectis; costis 11:7 +8 longe pedunculatis, et 1a et 1b ut apud subgen. Amictam m.; cellula media lata fere cordiforme. Alis posterioribus costis 7 liberis; cellula media magna, parte posteriori multo majore. Expansio alarum 17—18 mm. 35* 548 Femina. Longitud. 10 mm., latit. 1'/;—3 mm., livida, ca- pite parva, segmentis tres primis nitidis. Pupa feminae castanea. Larvam non vidi. Larvae involucrum cylindricum, longitud. 25 mm., ramulis foliorumque segmentis longitrorsum obtectum. Habitat: Turkestania Rossica prope faucem Polusak. Amicta Grummi m. se distingue à première vue de tou- tes les espèces de son genre. Sa taille assez grèle et la lon- gueur des barbes ferait plutôt penser à une Oreopsyche Speyr. La tête, très petite, est tellement couverte de poils longs et blanc-jaunätre, que l’on aperçoit à peine les yeux; elle porte des antennes de médiocre longueur, un peu plus que le tiers du bord antérieur des ailes antérieures, à hampe grise et à barbes longues, ressemblant à celles des espèces du genre Oreopsyche, comme par exemple Albida Esp., et d’un brun jaunâtre. Les pseudopalpes sont longs et d’un blanc jaunätre (fig. 9a). Le thorax, relativement fort, est couvert de part et d'autre, comme aussi l'abdomen assez grele, de longs poils blanc-jau- natre. Les parties génitales sont d’un jaune brunâtre. Les pattes, dont les antérieures ont les tibias pourvus d’une épine très longue, sont très velues aux trochanters et aux fémurs, qui sont plus foncés à l’intérieur, presque brunâtres, qu'à l'extérieur, où le teint est un gris-blanc sale, couleur que por- tent aussi les tibias et les tarses nus (fig. 9 b patte ant.). Les ailes antérieures sont larges à apex et à angle anal arrondis. Leur bord antérieur un peu recourbé à la base, est presque droit comme leur bord interne, qui est ‘/, moins long que le premier nommé; le bord externe est entièrement recourbe. Elles sont un peu diaphanes, couvertes de poils et d’e- cailles piliformes d’un blond brunâtre, surtout les cellules 8, 9, 10 et 11. La côte est brune et très foncée; un liseré brun très mince sépare la frange, qui est d’un brun jaunâtre lui- 549 sant, de l’aile proprement dite. Elles ont onze nervules, dont 2 et 3 naissent de la partie postérieure de la cellule; 4 vient de l’angle postérieur, 5 du milieu de la discocellulaire, 6 nait un peu plus haut, 7 et 8, sur un long pédoncule, de l’angle antérieur, et 9 et 10 prennent leur origine du bord anté- rieur de cette même cellule, tandis que 11, la costale, vient librement de la base de l’aile. La cellule est pyri-, ou mieux, cordiforme et est simplement divisée en deux portions à peu près égales (fig. 9 c aile ant.). Les ailes postérieures sont larges aussi et elles sont teintes comme les antérieures, mais la coupe en est très remarquable. Or, le bord antérieur commence par se lever obliquement, et en ligne droite, jusqu'au tiers interne, puis s’abaisse, toujours droit, jusqu'à l’apex, qui est pourtant peu prononcé. Le bord externe forme un triangle à jambes droites et presque égales; l’interne est droit aussi et porte des poils d’un blanc blond très longs. Elles ont 7 nervules, dont 2, 3, 4 et 5 très courtes, parce que la cellule discoïdale, divisée en deux por- tions très inégales, l’antérieure n'ayant que le tiers de la postérieure, est très large. Toutes sont libres; toutefois 7, qui nait de la base, est très rapprochée de la sous-costale pour les deux tiers internes de celle-ci (fig. 9 c aile post.). La femelle a une longueur de 10 mm. environ, et sa lar- geur varie de 1'/; mm. (tete) à 3 mm. (milieu du corps). Sa couleur est un jaune de cire. La tête est très petite, les an- tennes sont plus claires et à peine perceptibles. Les taches oculaires sont brunes. La face dorsale des trois premiers seg- ments est plus jaunätre et très luisante. L’écusson du pre- mier est en forme de capuchon, qui couvre presque entière- ment la tête en haut; celui du second est très étroit, et ce- lui du troisième est très large et bombé au milieu. Le pénultième et le dernier segment sont bordés de poils courts et blonds. ; 550 Les pattes sont très rudimentaires et ressemblent à de petits tubercules (fig. 9 d). La chrysalide de la femelle, celle du &' je n'ai pas vue, a une longueur de 11 à 12 mm. et une largeur allant de 2 (tête et partie anale) à 4 mm. (milieu). Sa couleur est un châtain bien clair, un peu orange. L’etui de la tête s'étant détaché je n’en sais rien, par contre le dernier segment, porte les tubercules, indiquant les parties génitales de l’in- secte parfait, très prononcés. Pour le reste la chrysalide elle- même à la coupe ordinaire (fig. 9 f). Le fourreau cylindrique, d’une longueur de 25 mm. et d’une largeur au milieu de 6 mm. est couvert dans le sens de la longueur de petits morceaux de tiges de graminées des- séchées, ou d’autres plantes, de petits morceaux de bois ou de feuilles. La soie en est grise et celui du G', le seul que j'ai vu, porte un tuyau pas trop long (fig. 9 e). A mon grand regret, la chenille n’a pas été préparée, du moins je ne l’ai pas vue. Je dédie cette espèce intéressante à Monsieur Grumm- Grshimaïlo, le courageux explorateur du Turkestan russe, le savant naturaliste, qui l’a trouvée, à une hauteur de 10,000 p., pres des sources de la rivière Taluar-Ssu (Vide loc. cit. , Mé- moires“, Tome III, pag. 377—78). J'en ai eu à l'étude 2 G'&', 4 Q et le fourreau du d. REMARQUES. 1. J'ai émis des doutes sur la validité de la détermina- tion d’un ex. de Bijugis proxima Ld. trouvé en Italie (Vide loc. cit. ,Mémoires“, Tome II, pag. 190). Monsieur l'ingénieur A. Curo m’a fait parvenir un des exemplaires trouvés. Je l’ai examiné et j'ai trouvé que cette espèce vole également là-bas. 551 2. Dans le même tome des ,Mémoires“ j'ai dit, que le fourreau de l’Amicta Uralensis Frr. n’était inconnu (Vide loc. eit. pag. 180). Monsieur Christoph a eu la bonte de m’en- voyer un fourreau authentique de cette espèce. Celui-ci res- semble entièrement au fourreau de la var. Demissa Ld., seu- lement il est plus petit et les débris des plantes desséchées, qui le couvrent, sont plus minces. Bréda, le 20 Novembre 1887. 60. CHALIA Moore. 271. Chalia Staudingeri Heyl. Comptes-rendus de la Soc. Ent. de Belg. Séance du 6 Avril 1889. Chalia Staudinger 6 Heyl 552 Mas. Nigricans, dense nigro-griseo hirto; capite parvo om- nino pilis nigro-griseis obtecto; antennis laete luteis, 30 arti- culatis, ciliis longis, nigris et a '/; apicem versus decrescenti- bus; pseudopalpis nigricantibus sat longis; thorace abdomineque nigro-griseo pilosis. Pedibus, trochanteribus, femoribus tibiisque longe nigro-pilosis, tarsis tamen luteo-griseis supra brunneo- maculatis; tibiis anterioribus spina maxima. Alis nigricantibus subhyalinis, aterrimo-cinctis; fimbrüs brunneo-luteis nitidis.— Alis anterioribus elongatis, apice subro- tundato; margine anteriori fere recto ut margo interior, mar- gine exteriori subobliquo; costis 11:4 et 5 ex eodem puncto, angulo posteriori cellulae mediae, 7+8 longe pedunculatis; cellula intrusa nulla. Alis posterioribus subrotundatis ut anguli omnes; costis 7: 4 et 5 ex eodem puncto; cellula intrusa nulla, sed cellula appendiculata nervula transversa costalem et subcostalem jun- gente. Expansio alarum 19 mm. Larva feminaque mihi ignotae sunt. Habitat: Turkestania Rossica prope faucem Kara-Kasuk, altit. 12,000 p. Le genre Chalia Moore de la manière que moi-même je le comprends, c’est-à-dire se basant sur la nervulation sur- tout et sur d’autres caracteres essentiellement anatomiques, non sur la coupe des ailes, la longueur des barbes des an- tennes, etc., qui, d’après moi, ne sont que des caractères spé- cifiques, pourrait être divisé en quelques groupes. Je ne les ai pas nommés, parce que je l'ai cru inutile. Chalia Staudin- geri m. appartient au groupe 6 avec Chalia Elwesi m. et quelques autres. Le seul G', que j'ai pu examiner, est d’un gris noir assez foncé. La tete est petite et est entièrement couverte de poils longs (couvrant presque les yeux), qui sont, comme les pseudo- ! 553 palpes, noirätres. Les antennes ont la hampe d’un jaune de cire clair et leurs barbes longues, qui ne décroissent en lon- gueur que vers le tiers supérieur, sont d’un brun noir. De cette couleur sont aussi les poils, qui couvrent le thorax et l'abdomen: ce dernier toutefois est moins foncé en dessous. Les pattes sont très velues, les tarses exceptés; ceux-ci sont nus, d’un gris jaunätre et tachetés de brun en dessus. Les tibias antérieurs sont pourvus d’une épine bien longue. Les ailes antérieures sont très allongées et étroites, beau- coup plus que celles de Chalia Elwesi m., qui les a plus larges et plus courtes avec l’apex plus arrondi. Le bord an- térieur est presque droit (ne se courbant que vers l’apex même) comme aussi le bord interne: celui-ci différant bien peu en longueur avee le premier, environ ‘/,, le bord externe est peu oblique mais recourbé. Il y a 11 nervules marginales, dont 4 et 5 d’un même point et 7+8 sur un long pédoncule. Il n’y a pas une cel- lule interposée. la émet une seule branche vers le bord in- terne. Les ailes postérieures sont aussi allongées et à bords arron- dis; elles ont 7 nervules, dont 4 et 5 naissent d’un seul point. Une petite nervule transversale unit la souscostale à la cos- tale. La cellule discoïdale, sans cellule interposée, est irré- gulière: sa partie antérieure est très petite et étroite, tan- dis que la postérieure est beaucoup plus longue et plus large. Les ailes antérieures et postérieures sont d’un gris noi- râtre uniforme, couvertes comme elles sont de poils et d’e- cailles de cette couleur. Elles sont lisérées de noir le long des bords antérieurs et externes. La frange est d’un jaune brunâtre luisant. Nous devons la découverte de cette espèce intéressante à M. Grumm-Grshimaïlo, qui l’a trouvée dans le col Kara- Kasouk (Vide diagnos.). 554 D'après son désir, je lai dédiée au D-r. O. Staudinger. M. le professeur J. van Leeuwen Jr., de Leyde, a bien voulu dessiner exactement la nouvelle espece pour moi. 61. FUMEA Hb. sp. J’ai trouvé le fourreau d’une Fumea dans des endroits cou- verts d’Hippophaes, sur la rive du Goultscha, sur un -vieux roseau, en Octobre. Ce fourreau ne se distingue presque pas de ceux de la Fumea Nocturnella Alph. Je n’affirme pas que ce soit justement la Nocturnella de la Russie méridionale; je me borne à faire remarquer que les représentants de ce genre ne sont pas étrangers au Pamir. VIE s LTIPAERIDAE 62. ORGYIA ©. 272. Orgyia Tristis Gr.Gr. [PL XX, fig. 6 a (G')l. Supra et subtus alis nigro-fuscis; ciliis anticarum lutescen- tibus, posticarum fuscis. &=l4rmm, La coloration de cette Orgyia est très simple. Les an- tennes, le corps et les deux ailes, en dessus et en dessous, sont d’un brun foncé uniforme presque noir; la frange des ailes postérieures est de la même couleur; ce n’est que la frange des antérieures qui interrompt cette uniformité; elle est d’un paille-blanchâtre vif. La © est comme celle de l’Orgyia Dubia. La chenille (Pl. XX, fig. 6 b) est orange clair, en des- sus, jaune foncé en dessous; les côtés sont gris. Elle a trois 555 raies: une dorsale noire, et deux latérales jaunätres, en des- sus ombrées de noir. La tête est noire; les pattes orange. Les touffes de poils, sur les 4—7 segments, sont fauves, et deux, sur les bords du premier et sur le dos du dernier seg- ment, noires; toutes les autres touffes de poils sont gris-fauve. La chenille de Tristis est assez nombreuse au mois de Mai, et je l’ai trouvée non-seulement à Oche, mais aussi dans les environs de Goultscha, c.-à.-d. à une altitude approximative de 5,500 p. Elle est polyphage. Par suite d’une foule d’en- traves à l’éclosion, je n’ai obtenu pour ma collection qu'un & et une ® de cette espèce. Le & est très mal conservé parce qu'il est éclos pendant que nous étions en route; la Q a été retirée du cocon. 273. Orgyia Dubia Tausch. Mém. Soc. Moscou. 1806. T. XIII, fig. 3. Cette espèce n’a pas été trouvée dans les confins du Pa- mir; mais, à Kara-Koum, au-delà de la ville Turkestan, j'ai découvert des nids entiers de chenilles de cette espèce qui se nourrissaient de la Sophora alopecuroides et de Peganum Har- mala. Elles sont beaucoup plus foncées que celles de Sarepta; et cette forme mérite peut-être un nom particulier, car le seul & provenant de ces endroits présente aussi certaines différences; sont-elles constantes ou seulement individuelles? c’est une question que l'avenir élucidera; mais je crois néces- saire de les indiquer dès maintenant. Les Dubia de Kara-Koum sont, en général, plus pâles; le bord noirâtre très étroit; la bande marginale interrompue devant le point discocellulaire, et le point lui-même, confondu entièrement avec la moitié inférieure de la bande, donnent à tout le dessin de Dubia un caractère tout-à-fait original. Si toutes ces différences sont constantes, elles justifieront le nom que je propose: Interrupta. 556 274. Orgyia Prisca Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 95. La Prisca me paraît être une espèce bien distincte; je l’ai trouvée encore au mois d’Aotıt dans les environs d’Oche et deux ou trois exemplaires mème en Septembre. Cette espèce, dit Staudinger, lui a été envoyée d’endroits fort divers du Ferghana où elle a été prise à la fin de Juin et au commencement de Juillet. Je n’ai pas rencontré de représentants du genre Orgyia au Sud de la chaîne Turkestan-Alaï. 63. DASYCHIRA Stph. 275. Dasychira (Dasorgyia) Selenophora Stgr. |Pl. XIX, ig. 4 (I) 9. Quoiqu'il me soit arrivé plus d’une fois de prendre moi- même la D. Selenophora et de l’observer pour ainsi dire dans son milieu naturel et dans ses conditions de vie, néan- moins n'ayant à ma disposition que des exemplaires d’un même sexe, il ne m'est pas possible de dire mon opinion d’une manière plus déterminée que Staudinger, qui a sur moi l'avantage, grâce à un heureux hasard, de posséder actuelle- ment non-seulement des dd de Pumila et de Selenophora, mais aussi des ® ® de la première de ces espèces. Stau- dinger néanmoins, dans la question de savoir si ces deux espèces (auxquelles on peut en joindre une de l'Himalaya), méritent ou non de former un genre séparé, reste neutre, ce 254) La description de D. Pumila est très peu claire; aussi ai-je d'abord déterminé mes Selenophora comme étant des Pumila. Je n’ai compris mon erreur que plus tard, lorsque la Planche XIX était déjà gravée. Quant à Pumila, elle n’a pas été trouvée dans les confins du Pamir (Stett. Ent. Zeit. 1881, p. 405). 597 qui au fond est très prudent de sa part, d’autant plus que, comme il me le confirme dans une lettre partieuliere, non- seulement il n’est pas tout-à-fait convaincu que ces Q Q appar- tiennent en effet à cette espèce, mais qu'il doute même qu’elles soient normalement développées. Ainsi la solution de cette question dépend des explorateurs futurs. La Selenophora jouit, dans les confins du Pamir, d’une distribution très vaste. Je l’ai trouvée: 1) près du col Kara- Kasouk, à 12,000 p., mi-Juin; 2) dans le défilé de Kisil- Art, à peu près à la même élévation, fin de Juillet; 3) dans les monts Kounjout près du col Beïk, à plus de 14,000 p., commencement de Juillet. Les conditions étaient partout les mêmes: des petites sur- faces à peine dégagées de neige, en partie humides et cou- vertes de Renonculacées qui commencaient à fleurir, d'herbes et de Gentiana (?). La Selenophora vola bas et très tranquillement; voilà pour- quoi la plupart des exemplaires sont irréprochablement bien conservés; elle est en même temps excessivement rare et vole à peu près à midi. La Selenophora ne varie pas assez pour que l’on puisse don- ner des dénominations spéciales à toutes ses formes locales. Celles du Hindou-Kouch sont plus claires et ont, en général, une teinte rouge-jaunâtre plus accentuée que chez le type (forme du Kara-Kasouk que j'ai indiquée à Maurer); la Se- lenophora de Kisil-Art occupe la place centrale. 276. Dasychira Fascelina L. var. Nivalis Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 97. Forme assez répandue, habitant le cirque des steppes de VAlai (pas au-delà de 9,000 p.) et les pentes septentrionales de la chaîne Alai-Ghissar jusqu'à 6,500 p. Commencement de Juillet. Les chenilles ne se distinguent en rien de celles 558 du type; je les ai trouvées à l’état adulte déjà dans les pre- miers jours de Mai, aux environs de Goultscha où le prin- temps commence d’ailleurs assez tôt. J’ai reçu de M. Tancré des exemplaires des environs du lac Issyk-Koul; la Nivalis est donc répandue non-seulement dans les confins septentrionaux du Pamir, mais aussi dans tout le Thian-Chan. 64. LEUCOMA Stph. 277. Leucoma Flavosulphurea Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoï coll., p. 35. T. III, fig. 34 (d'). Hor. Soc. Ent. Ross. VIII. 1871, p. 316. Espèce commune partout dans les oasis cultivées. La che- nille vit sur le peuplier. Comme j’en ai trouvé en Avril (Yourtschi), et que j'en ai pris, à la lueur de la lampe, aussi à la fin d’Aoüt (Goultscha), il faut supposer que cette espèce vole sous forme de deux générations si ce m'est partout, du moins sur les petites élévations (p. ex., jusqu'à 3,000 p.). J'ai attrapé la Flavosulphurea de temps à autre à Oche et à Voadil (toujours à la lampe), à la fin du mois de Mai, et dans les environs de Samarkand plus tard même c.-à.-d. au commencement de Juin. Aux environs de Goultscha, une quan- tité des ® ® de cette espèce, dans des creux d’arbes et les fentes de l'écorce d'énormes Populus nigra, étaient rarement bien conservées; elles étaient pour la plupart crevees ou sur le point d’hiberner. La saison était avancée, nous étions à la fin d’Aoüt et le vol finissait évidemment. 559 65. PORTHESIA Stph. 278. Porthesia Karghalika Moore. Ann. and Mag. Nat. Hist. 1878, p. 231. Scient. Res. Sec. Yark. Miss. 1879, p. 7. PI. I, f. 18 (2). Staudinger. Stett. Ent. Z. 1881, p. 406 (Kargalika). Alpheraky. Hor. Soc. Ent. Ross. XVII, p. 22. Sept. (Kargalika) ?). Espèce assez répandue et, en certain endroits, excessi- vement abondante. C’est ainsi que sur le col de Teliam-Baï dans les monts Ghissar, les abrisseaux de la Rosa pimpi- nellifolia (?) étaient tout parsemes, comme de flocons de neige, de Karghalika blanches; je n'ai jamais revu une seconde fois un semblable tableau. La chenille (Pl. XX, fig. 7) ”°) rappelle beaucoup celle de la P. Chrysorrhoea L., espèce, qui lui est proche sous tous les rapports. Elle est polyphage. Je l'ai trouvée dans la vallée du Khingoob sur des saules, dans le Baldjouan sur des églantiers et autres abrisseaux, Juin; le papillon en Juillet. 66. OCNERIA HS. 279. Ocneria Dispar L. Syst. Nat., ed. X. p. 501. Commune dans les régions cultivées; cependant je n'ai jamais entendu les jardiniers se plaindre de ces chenilles, ce qui me fait supposer que là l’insecte n’est pas nuisible. Fait, 255) MM. Staudinger et Alphéraky ont conservé l'orthographe du mot Kargalika telle qu’elle a eté employée par Moore dans sa première descrip- tion (La Rédaction). 256) Par une erreur impardonnable de ma part, sur la PI. XX, fig. 7, a été mis le nom Leucoma Flavosulphurea Ersch. J'ai élevé la Porthesia Kar- ghalika en grandes quantités, j'en connais donc parfaitement la chenille, —ma méprise est inconcevable. 560 d’ailleurs, fort naturel, vu le nombre restreint des jardins et le peu de soins donnes aux arbres. 280. Ocneria Sartus Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoï coll., p. 36. Pl. II, fig. 32 (8). Elle habite deux endroits du Turkestan. Tachkent et Samarkand oü elle vole en Aoüt. Je ne l’ai pas rencontree. XVII BOMEBZBEDZIIEMBT): 67. BOMBYX B. 281. Bombyx Alpicola Stgr. var. Prima Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 97. Je n’ai trouvé cette espèce que dans la zone des steppes à Festuca de la vallée d’Alai où elle volait à la fin de Juillet. La Prima vole, d’apres Staudinger, aussi sur les pentes septentrionales des monts Alai et dans le Thian-Chan aux environs du lac Issyk-Koul. 282. Bombyx Castrensis L. Syst. Nat., ed. X. p. 500. Les Castrensis du Turkestan, selon Erschoff, ne se dis- tinguent aucunement de celles de l’Europe centrale. Je mai 257) J'ai trouvé près de Djam, à la fin de Mars, des chenilles qui, selon Christoph, appartiennent à une espèce du genre Chondrostega. La chenille, à l’état adulte, a une longueur de 30 mm. Elle est en dessus noire, en dessous jaune sale. Sur les côtés elle a 8 raies d'un jaune sale. Elle est recouverte d’une villosité épaisse, qui forme sur le dos des demicercles, d’un rouge vif, bordés de gris; de semblables poils gris-blanchâtre recouvrent le reste du corps. La tête est noire, les pattes oranges. 561 rencontré le papillon nulle part, quoiqu’il me soit arrivé plus d’une fois d’en trouver les chenilles sur différentes espèces d’Euphorbia, ordinairement à des altitudes peu considérables, en Mai. 283. Bombyx Neustria L. var. Parallela Stgr. Stett. Ent. Z. 1887, p. 98. Espèce assez commune dans tout le Ferghana. Malheu- reusement les différences entre les Neustria du Turkestan et celles d'Europe, indiquées à présent par Staudinger, ne m’ont pas frappé autrefois et je me suis contenté d’une annotation dans mon journal. Comme je ne considère pas mes explora- tions dans le Turkestan comme terminées, je suppose avoir encore l’occasion de parler de ce Bombyx et de réparer ainsi mon inadvertance. 284. Bombyx Eversmanni Kind. Bull. de Moscou. 1843, p. 542. T. X, fig. 2 a—c. Staudinger décrit une variété de cette espèce venant du Ferghana, qu'il nomme Nana. Comme ces exemplaires pro- viennent de chenilles élevées par Haberhauer, il n’y a rien d’invraisemblable que, menant une vie nomade, il ait souvent pendant ses voyages fait souffrir de faim ses élèves; le ré- sultat en est la pâleur du dessin et la petite taille de ses exemplaires. Je ne puis réfuter entièrement l'existence d’une forme Nana dans le Ferghana; mais je me permets cependant d’en douter, attendu que mes exemplaires de cette espèce, pris près de Tachkent, ne diffèrent, sous aucun rapport, de ceux de la Transcaucasie (Août) **). 258) J'ai trouvé dans la vallée du Kafirnagan sur l’Athagi Camelorum une chenille très intéressante d’un Bombyx; elle rappelait beaucoup Castrensis. C’est, sans aucun doute, une nouvelle espèce de Bombyx. 36 562 68. CRATERONYX Dup. 285. Crateronyx Sardanapalus Stgr. [PI. XX, fig. 8 (d')]. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 99. Haberhauer trouva les chenilles de cette superbe espèce dans le voisinage de Marghelan, au commencement du prin- temps; comme il les élevait en masses considérables, il faut supposer qu’elles y étaient très communes. Je ne me suis jamais arrêté dans cette ville longtemps et je n’ai fait presque aucune excursion aux environs. Sardanapalus a aussi été prise à Samarkand, ce qui me fait conclure que sa distribution géographique est assez vaste. Elle vole tard dans la saison, à la fin de Septembre et mème en Octobre, fait, qui explique dans une certaine mesure sa rareté relative dans les collec- tions. En effet, un collectionneur, qui a travaillé pendant tout l'été, se rend peu volontiers à la chasse nocturne, qui lui promet peu de butin intéressant; assez souvent le mauvais temps empêche de sortir; la fin de Septembre et Octobre sont des mois relativement très froids; les pluies sont fréquentes, les vents deviennent impétueux; n’est-on pas excusable alors de préférer le coin du feu? 69. LASIOCAMPA Klng. 286. Lasiocampa Obliquata Klug. Ehrenberg. Symbolae phys. XX, fig. 2. = L. Sordida Ersch. Lep. in it. Fedtschenkoi coll. p. 36. Pl. II, fig. 33 (&'). Au courant inférieur du Kafırnagan, du Vakhch et, en général, dans les vallées à altitude absolue peu considérable (jusqu'à 3,000 p.) cette espèce est l’une des plus communes. J'ai trouvé un seul exemplaire d’une chenille adulte, à la mi-Mai, dans les environs de Laïlakan sur Alhagi Camelorum. 563 Le papillon volait à peu près à la même époque. Tous les exemplaires que j'ai rapportés proviennent des cocons que j’ai recueillis sur les branches de la dite plante, dans les confins du Bokhara, près de l’'Amou-Darya. Cette espèce fut trouvée, on le sait, à grande distance des confins du Turkestan, dans la Haute et Basse-Egypte; la distribution de la Lasiocampa Obliquata coïncide tout-à-fait avec celle de plusieurs reptiles (Varanus Scincus, etc.), fait intéressant et qui mériterait d'attirer l'attention. 70. MEGASOMA B. 287. Megasoma Primigenum Stgr. Stett. Ent. Zeit. 1887, p. 100. Je ne pense pas, que cette espece soit aborigene du Pa- mir, et le nom donné par Staudinger ne me paraît pas très heureusement choisi. La seule 9, que possède Staudinger, fut prise par Maurer, en ma presence, parmi des blocs de rochers, sur les pentes de l’une des élévations voisines de Chakhimardan, en Mai. J’ai trouve une chenille adulte, indubitablement de la m&me espèce, dans les environs de Goultscha. Malheureusement, la chrysalide à péri sur le Pamir. Les explorations futures prou- veront si Primigenum est une espèce indépendante ou une variété de l’une des deux espèces du genre Megasoma: Re- panda et Alpheraki. Je préfère compter, jusqu’à nouvel ordre, Primigenum comme espèce distincte et ne pas l'adapter à Repanda, dont elle est très éloignée sous le rapport géogra- phique, quoique cette parenté ne présenterait absolument rien d’impossible. 36* 564 XIX. INOTODONERDAAE 71. HARPYIA O: 288. Harpyia Interrupta Chr. Stett. Ent. Zeit. 1867, p. 233 %°). Prise une seule fois à Marghelan. D’après Wilkins, à Tachkent elle est ordinaire en Juillet. La chenille vit sur le peuplier. 289. Harpyia Erminea Esp. Schm. Abb. Taf. 19. fig. 1, 2. M. Erschoff assure, que cette espèce a été trouvée par M. Doboujinsky dans la ville de Samarkand. 290. Harpyia Przewalskii Alph. Hor. Soc. Ent. Ross. XVII. T. I, fig. 37 (8). Antennis Q-ae quam in H. Vinula pectinatioribus, abdo- mine magis unicolore et albidiore. Alis omnibus niveis, tenuis- sime nigro pulveratis vageque signatis. Alphéraky n’a rapporté de Kouldjà que trois d& de cette espèce d’après lesquels il a fait sa déscription. J’ai trouvé la ® vers le Nord du Kara-Darya, dans le kischliak Khanabad, le 2 Mai; elle diffère sous bien des rapports des deux autres formes proches: la Vinula et l'Erminea. Les antennes sont plus longuement pectinées; la surface des deux 259) La Harpyia figurée dans ces Mémoires s. 1. lép. T. II. Pl. I, fig. 2 a, b, est la A. Petri Alph. (Hor. Soc. Ent. Ross. 1882. XVII, p. 37. T. I, fig. 36). La H. Interrupta ne se rencontre pas dans le Caucase, mais, si je ne me trompe, outre à Sarepta, seulement dans le Turkestan. 565 ailes est plus blanche que chez Vinula, mais très delicate- ment sablée de noir, ce qui cependant n’a pas lieu sur les ailes postérieures; le dessin est à peine marqué et par endroits presque effacé; les taches marginales sont, par contre, compa- rativement grandes et réunies sur les ailes antérieures par une semi-ombre. Les nervures sont dénudées et de la même couleur que chez Vinula; l'abdomen est d’une coloration uni- forme et caractérisé par une absence complète de taches noires. Le thorax est presque aussi blanc que celui de l’Ærminea. Je l’ai trouvée posée sur un peuplier. A la lueur de la lampe, je n’ai pas pris un seul exemplaire de Przewalski. 291. Harpyia Vinula L. Syst. Nat. ed. X. p. 499. J'ai recueilli une chenille adulte de cette espèce sur un jeune peuplier, à Kala-i-khoum (Darvaz), à la mi-Juin. Vi- nula a été trouvée aussi dans les territoires transcaspiens *”). 72. PYGAERA O0. 292. Pygaera Anachoreta F. var. Pallida Stgr. Stett. Ent. Z. 1887, p. 101. Espèce très commune dans tout le Turkestan. A Tachkent, jai pris l’Anachoreta en Août; dans le Ferghana plus tôt. Staudinger possede des exemplaires provenant aussi de Sa- markand. 260) Mem. s. 1. lép. T. III, p. 62. TABLE ALPHABETIQUE des noms de genres, d’especes, de variétés, d’aberrations et de synonymes, mentionnés (Les variétés, les aberrations et les synonymes sont marqués en italiques). Acanthopsyche Heyl . Grummi Heyl. nov. sp. Amicta Heyl. . Anthocharis B.. Ausoria Hb. Belia Cr.. Cardamines L.. . Daphalis Moore . . Pulverata Chr. syn. . Pyrothoë Ev. Simplonia Fır. Aporia Hb.. Crataegi L. . B Lama Alph. syn. Arctia Schrk. . Caja L. 2 Erschoffi Alph. Ferghana Stgr. Glaphyra Ev. . 546 546 546 229 229 229 230 229 229 230 229 214 214 999 244 532 532 533 533 533 dans ce volume !). Gratiosa Gr.-Gr. var. nov: . Guttata Ersch. { Haberhaueri Alph. syn. Hebe L. . ans Intercalaris Ev. Rupicola Gr.-Gr. nov. sp. Sartha Star. Spectabilis Tausch. . Argynnis F. Adippe L. Aglaja L. Alaica Star. Baralacha Moore. Eris Meise. . Generator Stgr. Hecate Esp. Hegemone Stgr. . Jainadeva Moore. Isaeea Gray. D4, 533 536 536 533 532 535 533 536 437 440 439 439 439 440 438 439 437 440 439 1) Afin d’6viter la répétition, la rédaction a cru pouvoir omettre les noms des espèces énumerées dans les listes nombreuses, qui se trouvent dispersées principalement dans la partie générale de ce travail. Lathonia L. Niobe L.. Pales Schiff. Pandora Schiff. Sipora Moore . Vitatha Moore syn. Baltia Moore . R Bombyz2Br me Alpicola Stgr. . Castrensis L. . Eversmanni Kind. Nana Stgr. . Neustria L.. Parallela Stgr. Prima Stgr. Chalia Moore . Staudingeri a 6 nov. Eu Charaxes 0. B. Jasius L.. ae Chondrostega NA Coenonympha Hb. Mongolica Ersch. Nolckeni Ersch. . Pamphilus L. Sunbecca Ey. . Colias F. Aeolides Gr es Var. nOY. 568 439 440 438 441 | 438 439 999 560 560 560 561 561 561 561 560 551 551 240 240 560 497 61 497 497 498 59, 232 346 Alexandra Edw. 59, 252,255, 258, 260 Alexandrina Stgr. . Alpherakiïi Stgr. Alta Stgr. es Anthyale Hb. syn. Ariadne Edw.. Arida Alph. Astraea Edw. . Aurivillius Kef. 286 . 288, 337 323 253 . 265, 266 266, 268, 275, 279 . 252, 258, 260 . 281, 282 Aurora Esp. 246, 267, 275, 284, 285 Aurorina HS. 248, 249, 269, 275, 288 Barbara Edw. syn. . 252 | Beckeri Gerh.. : 323 Behrii Edw. 58, 266-—269, 973, 276, 280, 281 Boothii Curt. 266, 267, 270, 974, 275, 279, 280 Cana Gr.-Gr. ab. noy.. Chione Curt. 333 281 Chlorocoma Chr. 247, 248, 268, 269, 275 Christina Edw. 59, 252, 254, 255, 258, 260 Christophi Gr.-Gr. nov. sp. 268, 288, 340 Chrysodona B, : » 2.232 Chrysomelas Edw. . . . 260, 269 Chrysoptera Gr.-Gr. var. nov. 268, 269, 288, 351 Chrysotheme Esp. 261, 265, 266, 269, 270 Cocandica Ersch. 58, 62, 248, 266, 270—276, 279—282, 288, 326 Dimera Doubl. 239, 267, 288, 306 Edusa F.. . 249, 250, 267 Edwardsii Behr. 252, ER 260, 306 Blecta EME 251 Elissa Gr.-Gr. var. nov. . . 332 Blwesii But 2 WER 20 Emilia Edw. . . 252, 258, 260 Eogene Feld. 59, 246, 248, 266, 267, 269—282, 288, 329 Erate Esp. 247, 248, 260—269, 273, 287, 321 Eriphyle Edw. . 260— 262, 306 Ermak Gr.-Gr. var. nov. 252, 301 Erschoffii Alph. 61,269, 234—286, 288 Erythas Gr.-Gr. var. nov. . 332 Erythrogramma Koll. . . . 306 Eurytheme B.. 265, 266, 287, 306 Euxanthe Feld. . 239, 306 Fieldii Mén. . . 249, 250 Hageni Edw. . . . 260, 261 Harfordii Edw. . 260, 261, 267 Hecla Lef. . 59, 266, 279 Heldreichi Stgr. . . 249, 260, 333 Helichtonlidiyen 12 2 ON 322 Hyale L. 252, 260, 261, 263— 265, 267, 284 Hyaleoides Gr.-Gr. var. nov. 263, 321 Imperialis Butl. . 239, 244—247 Interior Scudd. 59, 248, 252— 258, 260—262, 266, 280 Keewaydin Edw.. . 265, 266 Labradoriensis Scudd.. . . 253 de it sims 569 Ladakensis Feld. . . 282, 283 Lapponica Stgr. . 23201333 Lativitta Moore . . . . . 263 Laurentina Scudd. . 252, 260, 261 Wesbis AE es EE 202015 IDEUCHISEL ONE 349 Leucotheme Gr.-Gr. var. nov. 268, 288, 351 AD NO CO Marco Polo Gr.-Gr. nov. sp. 59, 248, 252, 256, 257, 265, 266, 268, 269 Meadii Edw. . . . . . 246, 288 Melinos Ev.. 266, 269, 276, 280 Montium Obthr. . . . . 282 Myrmidone Esp. . > 949252 Nastes B. 58, 248, 266, 270, 273— 276, 281 Nilagiriensis Feld. . 260, 263, 264 Occidentalis Scudd. 252, 254, 255, 258, 260 Olga Rom. . 251, 252, 275, 285 Palaeno L. 59, 248, 252, 254, 255, 257, 260, 261, 267, 273, 274 BallenssButl: 2 2% 263 BalhdaıSter er: 322 Pamira Gr.-Gr. var. nov. 246, 266, 268, 279, 334 Pelidne B. 59, 250, 252—257, 260— 262, 269 Phicomone Esp. 58, 266, 267, 276, 280 Philodice Godt. 252—254, 257, 260—262, 265—267, 269, 280, 287 Poliographus Motsch. 260,263, 264, 282, 234 Ponteni Wallengr. + 244—247 Regia Gr.-Gr. nov. sp. 246, 248, 266, 268, 269, 274, 275, 280, 281, 335 Romanovi Gr.-Gr. nov.sp. 268, 26), 284—286, 288, 342 Rossii Guén. . 270, 276 Sagartia Ld. . 284, 288 Sareptensis Stgr.. . -. . . .265 Scudderi Reak. . 252, 255, 257, 260 Separata Gr.-Gr. var. nov. 268, 269, 288, 349 Seres Gr.-Gr. var. nov. . . 353 Shipkee Moore syn.. . . . 283 Sieversi Gr.-Gr. nov. sp. 268, 288, 324 Sumoda de 1’Orza. 0263 Staudingeri Alph. 266, 279, 280, 334 Stoliezkana Moore. 266, 273, 275, 279 Subaurata Butl. syn. . . . 263 Subrubicunda Gr.-Gr.ab.nov. 333 Thisoa Mén. . 245, 287, 346 IychesBocbysr er 206 Vautieri Guer.. . 239, 267, 288 IVilutensisy Mens 2.2 2.2987, Werdandi Zett. 260, 270, 273, 276, 282 Wiskotti Stgr. 66, 249, 269, 275, 288, 347 Xenodice Feld. . . . ... 306 COBBUSBELT EN N ae 40 Campicol By ER 0540 Intractatus Sier 202.2 1540 Crateronyx Dup 562 Sardanapalus nue er a D62 Danais F. . . RE en DA) ChEYSIPPUSR AE NES 210 Dasorgyia She. ee BR 500 Dasychira SIDE ern Hascelina I ent INvalisıSter re RO PumWasStor RE PT RO D6 Selenophora Stgr. . . . . 556 Deilophila 0. 510 ACTOR RE N en 66, 511 Bienerti Stgr. syn. . . . 66, 510 Centralasiae Stgr. - . . . 511 Buphorbiaease.2 20.020251 InsidiosawEirsche. 2.2 22.2.5510 ÉYOTMICA MES D SC NE LIT Zygophylli O0. . . . . . 66, 511 Deiopeia Stph . . .. .. 529 IEolenellaylaree 2 EindagriapBe 22. 70054 Anis CRE 0. 20 RD Lacertula Stgr. : . 545 Monticola Gr.-Gr. noy. ne 11544 570 Nieritulasten.. OO ED Przewalski Alph. . . . . 564 Epinephele Hb.. . . . . . 490 Vinta Es 2, 2.0 2 ren Cadusina Stgr.. . . . . . 495|Holcocerus Stgr. . .... 541 Capella Chr? ER 02 GlotiosayEirsch TT Cheena Moore. . . . . . 496 Sericeus Gr.-Gr. nov. sp.. 66, 541 Comara ld. syn.. . . . . 490|Hypermnestra Mén.. . . . 14 Davendra Moore. . . . . 490 HERO NICE 2 ra Sr Dysdorarkder ner) Maxima Stgr.. . . . 141 Haberhaueri Stgr. . . . . 492 Ochraceomaculata Gx.-Gr. ab. Hilarıs Star. syn. - ... 49 MOV Re Ce rer Intermedia Stgr.. "NC" 495) HypoptaHb.. 545 Interposita Ersch. . . . . 496 Caestrum Ab eu Kirghisa CAÏPR EE OR OT none 17 DGEOMSIE ER RENTE AMAUTa DIET. . 2 wen, nl Tyeaon EUR MO) AMDICULESIER NC RO PROS NM AISOUCORSIET. end Monotoma Stgr. . . . . . 495 BUdENSIS ISO SE 10 NARICINANS IEEE 66 COLA SRE ES IE Naubidensis Ersch. . . . . 494 DOlOS Sa ee rl) Pulchella Held... 2722493 Ineeriaxsiere re NDS Roxane Feld. syn. . . . . 490 SOUANTISICT 2 DT BTrODIA D ee CCS ad, Splendens Ster. "518 Fasciata Star. . . 2... As Subsolana/Ster. 2 2 2285519 HadesiSter..ı ER ers, ISUSDECLUAS IE ns Ida Gr,-Gr.jyar nov NU emene NC Icelos Gr.-Gr. var. nov. . . 452| Lasiocampa Klug. . . . . . 562 Jordana Stern AD Obliquata Klug. "1162 Kalinda Moore. . . . . . 445 Sordida Ersch. syn. . 66, 124, 562 KalmukarAlphe vr 61|MeucomatSIp EE 558 Mama NICE EE Flavosulphurea Ersch.. . . 558 Maracandica Ersch.. . . . 444| Leucophasia Stph.. . . . . 231 MetaS Ier 20 20200020444 TOI ONE EME 6 6 te L Zi Mongolica Ersch. . 15 Sinapis: I =, Eine meet IMyOopSuSiIer 0% 452 HimMenitis ee T2 I Progne Gr.-Gr. var. nov.. . 454 Hydaspes Moore. . . . . 421 RadiansıSters PRE TL Lepechini Ersch.. . . . 95, 421 Roxane Gr.-Gr. sn. . . . 451 TAGYES Hewi Sahıb Gr.-Gr. syn. 452 Trivena Moore. "121 Shalladar lange er 45 I GR OR PEN 90 SIDOPA IDR sr RER 152 IR QNEMIERNENS ES PONT nHPE) uaretia SIC NC OU) PGUTONS EL ENT D 29 ECOSCTDINA SION DIE y CAEN RR 366 Eumena HD C0 554 Aectinides Stern. 2 202 15409 Harpyia2 0 re "194, 564 ACUSSHS RT ET 00 ErMINED ESD ER CRE DCE AGMELUS ESD. . M RU InterruptaChr 205564: AePACTUSICRE ESS 56 Aegon Schneid. Alaica Stgr. . Alaina Stgr. . Amanda Schn. . Amata Gr.-Gr. var. nov. . Amor Sigr.. . Anthracias Chr. . Argiades Pall.. Argiolus L.. Argiva Stgr. ATEUSU ESS ME ee Astrarche Brgstr. Bactriana Gr.-Gr. ab. nov. Baton Stgr.. Bellona Gr.-Gr. nov. sp. Boetica L. Carbonaria Gr. Gr. Cashmirensis Moore syn. Charybdis Stgr. Christophi Stgr. . . . Chrysopis Gr.-Gr. nov. sp. Cyllarus Rott. . D Cytis Chr. Dagmara Gr.-Gr. Decolor Stgr. . Devanica Moore . nov. Sp. 59, 53, 59, var. nov. Dschagatai Gr.-Gr. nov. sp. . Elvira Ev. : Erigone Gr.-Gr. var. nov. Eros OT ENT NE Eumedon Esp.. . . . Eversmanni Stgr.. Ferghana Stgr. : Gigantea Gr.-Gr. nov. sp. . Haberhaueri Stgr. Hunza Gr.-Gr. nov. sp. Icadius Gr.-Gr. var. nov. Icarus Rott... Iphicles Stgr. syn. Iphigenides Stgr. Iris Stgr... Jolas 0. . AE Kashgharensis Moore. . Kasmira Moore. . . . . Kindermanni Ld.. Kogistana Gr.-Gr. nov. sp. 13, 75, 571 370 386 368 403 403 396 66 367 414 372 372 392 374 383 380 366 388 383 418 376 416 415 389 412 367 384 370 369 396 396 405 375 381 418 379 397 402 399 418 408 378 418 399 414 408 406 Lehanus Moore. . Loewii Z. RS Magnifica Gr.-Gr. nov. Em, Maracandica Ersch. Melania Stgr.. a Minula Gr.-Gr. var. nov.. Miris Stgr. 3105, Muzaffar Gr.-Gr. Syn. PR Nazira Moore syn... . Oberthüri Gr.-Gr. syn... 5 Panaegides Stgr. . 53, Panagaea HS. . Persephatta Alph. Phereclus Gr.-Gr. var. nov. . Pheres Stgr. Pheretes Hb. . . Pheretiades Ev. . Pheretulus Stgr. . Phiala Gr.-Gr. nov. sp. Phryxis Stgr. Phylliodes Stgr. . Phyllis Chr... Poseidon Ld. ë Poseidonides Stgr. . Pretiosa Stgr. . Refulgens Gr.-Gr. ab. nov. . Ripartii Fır. 9 Rogneda Gr.-Gr. var. nov. Roxane Gr.-Gr. nov. sp. Rutilans Stgr. . Samadra Moore syn. Sarmatis Gr.-Gr. var. nov. . Sarta Alph.. Sebrus B. Semiargus Rott. Sieversi Chr. Sinensis Alph.. Superba Stgr. syn. Tengstroemi Ersch. . Tomyris Gr.-Gr. nov. sp. . Torgouta Alph. Trochylus Frr.. Venus Stgr.. Vierama Moore. . Yarkandensis Moore . Zephyrinus Stgr. . 75, 389 381 404 372 408 415 391 368 392 369 386 53 415 391 56 389 390 390 366 384 497 407 408 408 388 408 407 376 372 378 376 393 384 414 415 379 388 404 387 377 66 . 105, 138, 370 393 383 399 382 572 Zephyrus HS. . 382 Macroglossa 0. . 514 Ducalis Stgr. LL SERHTA Fueiformis L. . . 110, 514 Stellatarum L.. . . et Temiri Gr -Gr. syn.. 514 Megasoma B.. 563 Primigenum B. 563 Melanargia Meig. . 441 Japygia Cyr. ; 54 Lucida Stgr. 54, 442 Parce Stgr. . 54, 441 Persa Gr.-Gr. var. nov. 442 Melitaea F. 427 Acraeina Stgr.. 433 Ala Stgr. 430 Arduinna Esp.. 427 Asteroida Stgr. 437 Catapelia Stgr. 429 Didyma ©. . 429 Evanescens Stgr. . 497 Expressa Gr.-Gr. syn... 434 Fergana Ster.. . 56, 93, 432 Fulminans Stgr. . „427 Maracandica Stgr. . 433 Minerva Stgr. . eu 2435 Palamedes Gr.-Gr. var. nov. 436 Pallas Stgr. 436 Pamira Stgr. . 434 Parthenie Bkh. 436 Persea Koll. 0, 152 Phoebe Knoch 63, 428 Rhodopensis Frr. 2 3427 Saxatilis Chr. . 93, 432 Sibina Alph. 63, 428 Sultanensis Stgr. . 436 Trivia Schiff. 429 Turanica Stgr.. 429 Mesapia Gray. : 222 Nemeophila Stph. . 529 Mortua Stgr. 529 Russula L. . 529 Neptis F. E 423 Tucllachrerse 423 Ludmilla HS. . 423 Nola Leach. 527 Turanica Stgr. . 527 Ocneria HS. 559 Dispar L. e 559 Sartus Ersch. . 560 Ocnogyna Ld. 536 Diva Stgr. 536 Oeneis Hb.. R 454 Hora Gr.-Gr. nov. sp. . 454 OreyITO EEE 554 Dubia Tausch... 555 Interrupta Gr.-Gr. var. nov. 555 Prisca Stgr. 556 Tristis Gr.-Gr. nov. sp. 554 Pamphila F.. 507 Ahriman Chr. . 507 Comma L. ; 507 Nostrodamus F. . 507 Ormuzd Gr.-Gr. nov. sp. . 105, 508 Sylvanus Esp. . 507 Papilio L. . 140 Centralis Stgr. 140 Machaon L.. 140 Pararge Hb. . 487 Eversmanni F. d. W. . 487 Maeroides Feld. syn. . 489 Menava Moore. 489 Nasshreddini Chr. syn. 489 Parnassius Latr. 142 Acco Gray . . 159, 160, 169 Actius Ev. 150, 152, 158, 159, 169, 184 Alpinus Stgr. . a) Apollo L. . 159, 167—169 Apollonius Ey. 150, 152, 159, 169, 170 Behrii Edw. 8 149 Bremeri Brem. 149, 153, 154, 159, 169, 246 Caesar Gr.-Gr. syn. 187 Cardinal Gr.-Gr. var. nov. 161, 162, 165, 166, 201 Charltonius Gray. 149 — 151, 159, 160, 162, 164—166, 169, 189 Clarius Ev. 149, 152, 154 — . 156, 159, 160, 169, 213 Clodius Mén. 155, 156, 159, 169, 213 Corybas F. d. W. (Ersch.). 149, 174 Davidis Obth. . . 159, 169 573 Delius Esp. 144, 154, 156 — Nubilosus Chr. . . 52, 169, 212 159, 168, 169, 262 Princeps Gr.-Gr. nov. sp. 169, 172 Delphinus Chr. syn. . . 195, 199 Princeps Honr. . . . . 149, 189 Delphius Ev. 67, 152, 159, Przewalskii Alph. . 159, 160, 169 160—166, 169, 193, 194, 208 Rhodius Honr. 150, 151, 158, Dentata Stgr. . . . . 149 ue 169, 186 Dis Gr.-Gr. var. nov. . . 174 Rocky: an u) Discobolus Alph. 150, 159, Ro Gr. = Gr. nov. Sp. 156, 159, 165, 169, 178 156, 159, 167, 169, 181 Eversmanni Mén. 145, 154, Sikkimensis Elw.. . + . . 151 155, 159, 160, 169, 213| Simo Gray 150, 151, 159, Felderi Brem. 145, 150, 155, 160, 169, 207 157, 159, 169, 213 Smintheus Ld. 144, 149, 157, 158, 169 Gigantea Stgr. 52, 155—157, 169, 211 Staudingeri Bang-Haas. 161, Glacialis Butl. 155, 157, 159, 162, 165, 203 169, 212, 213| Stoliczkanus Feld. 150, 161, 162, 205 Graeseri Honr. . . :. . 149 Stubbendorfi Men. 150, 155, Hardwickii Gray . . 159, 160, 169 157, 159, 169, 212, 213 Hartmanni Stdfss. . . . . 212 Tenedius Ev. 153—155, 159, 169, 246 Hermodur Edw. . + ... 149 Thor Edw. . . 145, 155, 159, 169 Hesebolus Nordm. . . . 152 | Phragmatoecia Newm. . . . 542 Himalayensis Elw. 150, 157— 159, 169 VastaneaesHib... .. 2... 166,542 Honrathi Stgr.. . . 159, 169, 174 Furia Gr.-Gr. nov. sp... . 66, 542 Hunza Gr.-Gr. var. nov. 161, Pieris Schrk. . . . Dr 214 162, 166, 205 Albidice Obthr. syn, RCA Jacquemonti B. 151, 157, 159, 169 BINGO RE 000221! Illustris Gr.-Gr. var. nov. Brassieaenlise ere en 214 160—162, 198 Callidice Sp" 58:1226 “ Imperator Obthr. 159, 160, Canidia Sparm. . . . . 215, 219 ’ 162—164, 169, 208 CLeTantht Ab CNE 215 Infernalis Stgr. . . 160, 161, 197 Chloridice Hb RER .905 InstgqmisaSter eo RIT Chrysidice HS. a Re 2,226 Intermedius Men. . 152, 158, 169 Daplıdice Br ma nern 224 Minimas Horn x ig HreanesEHi-Gsr 2 200 2.20.0215 MiNnOTASIET Me CO IS 2 le Illumina Gr.-Gr. var. nov. . 227 Mnemosyne L. 52, 56, 127, TranieaaBien 00 0107,2223 155—157, 159, 160, 167 — HUICRGAMOOTE- er 206 169, 211—213 Krueperi Stgr.. . . 138, A 219 Mouzaffar Gr.-Gr. sn. . . 187 Leucodice Ev.. . .1. . 226 Namanganus Stgr. 152, 160, Mahometana Gr.-Gr.var.nov. 220 162, 195, 207 Napıcl. 2. u rt 220 Nigricans Stgr. . . . . . 7180| Nepalensis Ca D OPA Nomion F. d. W. 144, 152, Ochsenheimeri Stgr. . . . 220 154, 156, 157, 159, 169, 262| Orientalis Alph. syn. . . 58, 226 Nordmanni Nordm. 149, 159, Palaeorctica SIgr 219 167, 169, 213| Peloria Hew. . . . . . . 222 Persica Bien. syn. Prisca Stgr. Rapae L.. 5 Raphami Esp. . Roborowskii Alph. Shawii Bates. Tadjika Gr.-Gr. nov. sp. - Verna Gr.-Gr. var. nov. . -. Vernalis Stgr. Polycaena Stgr.. Tamerlana Stgr. . Temir Gr.-Gr. var. nov. . Timur Stgr. B Polyommatus Latr. B. . Alaica Gr.-Gr. var. nov. . Alpherakii Gr.-Gr. nov. sp. 53, Caspius La. . 53, Comedarum Gr.-Gr. var. nov. Dimorphus Stgr. . 53, Fulminans Gr.-Gr. var. nov. Margelanica Stgr. . Ochimus HS. Oxiana Gr.-Gr. var. nov.. Phlaeas L. . Phoenicurus Ld. . Sarthus Stgr. Solskyi Ersch. . Splendens Stgr. Sultan Ster. Thersamon Esp. . Thetis Klug. Transiens Stgr. Porthesia Stph. . Karghalika Moore. . Psyche Schrk. Asiatica Stgr. . Unicolor Hfn. . Pterogon B. Japetus Gr.-Gr. var. nov. Proserpina Pall. Pygaera O.. : Anachoreta F.. Pallida Stgr. . Pyrgus Hb. 5 Alpina Ersch. . Antonia Speyer. . 53, 59 58, : . 53, 95, . 53, 56, . 53, 95, 59, 53, 66, . 124, 225 Darwazica Gr.-Gr. var. nov. 502 219 Gigantea Stgr. 501 218 Lugens Stgr. £ 3. ala) 225 Lutulentus Gr.-Gr. nov. sp. 504 214 Malvae L. 502 222 Nobilis Stgr. 500 217 Orbifer Hb. . 505 219 Phlomidis HS.. 0 219 Poggei Ld. . 235 420 Prometheus Gr.-Gr. var.nov. 499 420 Proteus Stgr. 498 420 Sidae Esp. . u 501 420 Tessellum Hb. . . 138, 500 358 | Rhodocera B.. 000 364 Farinosa Z.. . 354 359 | Sarrothripa Gn.. 527 360 Musculana Ersch. 527 366 | Satyrus F.B.. 455 362 Abramovi Ersch. . 472 358 Actaea Esp. 486 361 Alaica Stgr. 486 358 Alpina Stgr. 66 365 Anthe O.. RAT, 365 Bischoffi HS. 54, 461 361 Bolorieus Gr.-Gr. nov. sp. 67, 470 361 Briseis L. a: 455 358 Cordulina Stgr. . 486 61 Dissoluta Ster. 476 360 Enervata Alph. 458 363 Fergana Stgr.. . . 455 53 Gultschensis Gr.-Gr. var. nov. 54, 459 360 Heydenreichi Ld. . 457 559 Huebneri Feld. 67, 463 559 Intermedius Gr.-Gr. nov. sp. 480 546 Josephi Stgr. . 119, 479 546 Kaufmanni Ersch. 54, 458 546 Leechi Gr.-Gr. nov. sp. 473 513 Lehana Moore. 463 513 Macrophthalmus Ev. 483 513 Maracandica Stgr. . 456 565 Mercurius Stgr. 61 565 Obscurior Stgr. 460 565 Pamirus Stgr. . 482 498 | Parisatis Koll. . 83 501 Sartha Stgr. ee) 501 Sieversi Chr. . 54, 135, 460 Staudingeri Bang-Haas. Stheno Gr.-Gr. nov. sp. Stulta Stgr.. Tadjika Gr.-Gr. Wilkinsi Ersch. Seiapteron Sigr.. Kungessana Alph. Tabaniforme Rott. . Sesia F. . STR Ceiformis Stgr. Chrysidiformis Esp. . Mutilata Stgr. . Senilis Gr.-Gr. nov. sp. Turanica Ersch. . Smerinthus 0. Kindermanni Ld.. var. NOV. Orbata Gr.-Gr. var. nov. . Populetorum Stgr. Populi L. Sphinx 0. . é Convolvuli L. . Spilosoma Stph, . Fervida Stgr. . Fuliginosa L. . à Melanostigma Ersch. Menthastri Esp. . Placida Friv. Puella Ster.. Turensis Ersch. Spilothyrus Dup. Alceae Esp.. Altheae Hb.. Australis 2. Baeticus Rbr. . Stygia Latr. Aethiops Stgr. . Syntomis Hb.. , Bactriana Ersch. . Cocandica Krsch. . Maracandica Ersch.. Sie 575 54, 459 95, 484 . 482 463 475 515 515 515 515 517 517 517 515 517 512 512 512 513 513 510 510 538 538 538 539 539 538 539 539 506 506 506 506 506 543 543 526 526 526 | 526 | 66, Thecla F. Acaciae F. . Deria Moore syn. Lunulata Ersch. . Mirabilis Ersch. . Rubi L. . Ä Sassanides Koll. . Thestor. Hbr vr. rer Alpina Gr.-Gr. var. nov. . Fedtschenkoi Ersch. Romanovi Chr, Thymelieus Hb. Stigma Stor. Thaumas Hufn. Vanessa F. C. album L. Cardui L. Egea Cr.. ; Interposita Stgr. . Kaschmirensis Koll. . Nixa Gr.-Gr. var. nov. Undina Gr.-Gr. var. nov. Urticae L. . Zegris hbr. Eupheme Esp.. Fausti Chr... Zygaena F. Eu Cocandica Ersch.. Conserta Gr.-Gr. ab. nov. Erschoffi Stgr.. Hissariensis Gr.-Gr, Huguenini Stgr. . 54, 54, 95, nOV. Sp. Karategina Gr.-Gr. var. nov. Kawrigini Gr.-Gr. nov. sp. Minor Ersch. syn. Olivieri var. Ersch. syn. . Pilosellae Esp. Separata Stgr. . . Sogdiana Ersch. . Truchmena Ev. —e —,— 354 354 354 356 354 356 354 357 357 397 357 509 509 509 425 423 426 54 423 95 426 424 425 231 230 520 525 525 523 520 526 525 522 525 523 520 521 521 522 Page 65 ligne 37 ” TOR 212 „ 31 LOT NT 0) 286 » 34 304 » 26 390 » 5 61,269,284— 286,288,299 N VII fig. ı a, b — ANA UD MIT arab = » 5 — „8ab Tre SES ND = 3 — ,„8ab ME a zn » 4% b 773 » 53% b en 007 XL "44, bc XIV. , Ve ea == » ee < Les =! bi JRE RE MU AT w ERRATA et CORRIGENDA. Au lieu de: Nostradamus Nebulosus n Stoliczkanus Alexandra Chlorocoma Pheretulus Ev. Erschoffi M. Parce Stgr. 82 L. Oberthüri Gr.-Gr. L. Sarta Alph. L. Pheretulus Stgr. L. Cytis v. Alaica L. Erschoffi v. Dagmara L. Iphigenia v. Melania Stgr. L. Iphicles Stgr. P. Stoliczkanus v. Hunza Gr.-Gr. IL, . Lehanus Moore L. Omphissa Moore Mel. Minerva Stgr. Erebia Jordana Stgr. Erebia Sibo v. Sahib Gr.-Gr. Sat. Hübneri Feld. Sat. Intermedius Gr.-Gr. Sat. Pamirus Stgr. Vanessa Interposita Stgr. Pyrgus Proteus Stgr. Pyrgus Antonia Stgr. Dasorgyia Pumila Stgr. Arctia Haberhaueri Alph. Leucoma Flavosulphurea Ersch. Lisez: Nostrodamus Nubilosus 2/1 Stoliczkana Alexandrina Chlorocoma Pheretulus Stgr. Erschoffii {M. Parce Stgr. fig. 1 b (2) \M. Parce v. Persa Gr.-Gr. 1 a (&') . Elvira Ev. . Devanica Moore . Pheretiades Ev. v. Pheretulus Stgr. . Panaegides v. Alaica . Dagmara Gr.-Gr. . Kindermanni v. Melania Stgr. . Gigantea Gr.-Gr. . Delphius v. Hunza Gr.-Gr. . Pheretes Hb. v. Lehanus Moore . Chrysopis Gr.-Gr. Mel. Minerva v. Palamedes Gr.-Gr. je Jordana Stgr. fig. 4 a (d) a » v. Icelos Gr.-Gr. fig. { ab,c(®) Erebia Mongolica Ersch. Sat. Leechi Gr.-Gr. Sat. Pamirus Stgr. Sat. Intermedius Gr.-Gr. V.C. album v. Undina Gr.-Gr. P. Proteus v: Prometheus Gr.-Gr. P. Antonia v. Gigantea Stgr. Dasychira Selenophora Stgr. Ocnogyna Diva Stgr. Porthesia Karghalika Moore HNHUHHHmHHhHms a — ERXRPEICATIONZSDESEN CARTE. La carte, ci-jointe, des sources de l’Amou-Darya a été dressée d’après la projection de Gauss, à l'échelle de 30 verstes par pouce. Elle embrasse toutes les levées topographiques instrumentales exécutées dans l'arrondissement militaire du Turkestan et dans le Bokhara, jusqu'en 1888, ainsi que celles des itinéraires, faites à l’aide de différents instruments goniométriques, le long des frontières de la Chine et de l'Afghanistan. On a utilisé, pour la partie méridionale de la carte, les éditions carto- graphiques anglaises les plus récentes. Toutes les indications ont été fixées d’après les points astronomiques déterminés par les géodésiens russes, ainsi que par les astronomes anglais, qui ont passé, à différentes époques, par le Pamir et l'Afghanistan. Toutes les élévations sont indiquées en pieds. Dans la traduction des noms propres, on s’est guidé sur la prononcia- tion locale des indigènes qui, à de rares exceptions près, ne présente pas de différence importante. La plupart des noms propres ont été contrôlés par des personnes con- naissant la langue du pays ainsi que par M. Gr. Groum-Grshimaïlo, qui, par ses fréquents voyages dans les possessions bokhares, chinoises et le Pamir, a surtout contribué, par ses indications, à fixer la prononciation exacte des noms, conformément à la prononciation locale. Parmi les matériaux cartographiques les plus récents, qui ont complété toutes les notions déjà acquises, il faut surtout citer l'itinéraire du lieute- nant Groum-Grshimaïlo, qui a accompagné son frère et a poussé les levées de ses plans jusqu'au 37° de latitude Nord. A l’époque où notre carte était déjà terminée et imprimée, ont été re- çues de nouvelles déterminations d’après les points astronomiques, et dont le contrôle a prouvé que. dans quelques endroits, la position des localités n’a nullement changé, ce qui a permis de constater la justesse de nos tracés et de nos indications. Colonel A. Bolschoff. l-er Mars 1889. s x r 5 h > 2 : = ; fi 1 JA r fs ba = arte |) Br +- € 3 er se. { A) d'a a. 2 ? ET [3361 Atlas tesa CNE LUE ré RE L MITA UE À } : 4 (ER 4 En 0e 4) . ÿ ’ 1730.23 DRI f = me À 8 at | : C LOL A) LC UP WETTE R Be LA om 3:0 ? 23 5 > = ars NT LS ' er L ‘ a a DR À #- Lu PLA pinx: auctor. Castelli, Lith. Charltonürs 1 l c. Parnassurs Gray © p. sivs Delphivs var. lardinal Gr: Gr: 6. a,b. c,d. Parnas. 2 IB nm EU UE l'a bce Colas Cocandica Ersch. do 2. dc Colas Alpıherastı Syn 00 9. @be.d (olias Sieverst Gr Gr 00 oo» pinx ® 1. © & b, © Colas Christonhé Gr-Cr dp a, à, ©. Colas Staudinger: var Pamira Gr-Gr à o a, b. Colias Wiskotti var Seraratı Gr-Gr do sculf l. Be (las Bogene Feld do 2. @bc. Cokas Romanort Gr Gr 6 4 3. «bc Colas legia Gr Gr do Lang pınx® stelli scul vo Parnassins ab. Parnassürs Apollonius Delphius a,b. Pieris Tadiika Ev. Ev Gr. Gr. Ô Ye Polyommatas 4 5 a,b. Polyommatas Solskyi v. Fulminans Gr.Gr.d'o. Potyommatas JSarthus Star a b. Polyommatus N'uitan Star. À j Dimorphus Star. 6 9 Iması Les ı Air B "€ ‘Al LL os T Lan vv [N 4 6. Melanargia Parce Styr d'p 6b. Lycaena Eversmanné Stgr à 0. b Lycaena Roxane Gr Gr ö 9 & Iycaena- Öberthürt Gr Gr do 6 N Lycaena- Tomyris Gr Gr o a, b.L Steverst var Haberhauerr Stgr do Lycaena- Rutllans Stgr d Iycaena Jris Stgr d o l. 2,6. Melanargıa Parce var Lucıda Stgr.o 5 WA IT: 2. a,b Melitaea Acracına Stgr 0 0. 6 3. a, b Lycaena- Venus Stgr d p 7: 4. a,b. Iyeaena Sarta Alyıh; d 0 8 Lycaena’ Pheretalus Stgr à. a,b Lycaena Kogıstana’ Gr Gr 0 p. Lycaena Alama Styr d .… Lycaena’ (ytıs Chr var Alarca Stgr p 9. Zycaena Iengstroemi Erschivar (arbonaria Gr 67.0. Lang pinxt Castelli sculp à vi J TH, 1 ÿ ALES EE, CA = Ù ne) UE ! , é | - nr LR 2 .a,b. Lyeaena Magnifica Gr Gr à 0 a,bL.Erschoff var Dagmara Gr Gr do L.Jnlugenia var Melama Stgr d. a bL Acts var Actnides Stgr do 6 8 a,b]. Poseidon var Foseidonides Stgr do a,bL.Phyllıs var Phylirdes Stgr d 0 a,b. L.Charybdis Sigr à 0 a,b L/nhieles Stgr 0 0 PIE Den #0 MINE " TE VE IRAN » u do “ u A | Pet 2 By IM 5 "4 à = | 2 al - à Ne IB. 0 Ï | a FF | Ai Zr CE j WA Æ : 41 Pier : n } er \ FR 1 | Û ro, 2 U 14 ur), ann ach NA 1. «, 2. Parnassias Stolczkanus var Hunza Gr Gr do 2. a,b, Prerts Shawti Moore do 5. «à, & lycacna Omphzssa Moore do 3. Zycaena Persephatta var Minuta Gr. Gr 6. à Polycacna Tamerlana Stgr do +. à D Zyeaena Lehanus Moore ö; 7. Aeltaca Minerra Stgr pinx* 4 @ Colias Marco Polo Gr. Gr: lab Ô (Zap) 2 ab d (abrzz) 3abe o er la 5. Melitaea Famira Star do 2a 6b Melitaca Saxatils var Maracandıca Stgr d p 34 b Melitaea Saxatilés var Fergana Star 6 0 à « D Argynnıs Pales var Generator Stgr 6 9 Erebia. Radians Stgr d Erebia Meta Stgr. d a,b. Erebia Hades Stgr do a; bc. Erebia- Jordana Star dc à wen 65 Lab Pieris Ochsenheümert Stgr 6 2 A Salyrus 5 taudıngeri var Gultschensis Gr Gr 6 2 PolyommalusAlpherakti Gr Gr 6 5 Salyrus Sieverst var Sartha Stgr 6 3 Zrebia Sıbo var Sahıb Gr Gr 6 6 ab Satyrus Boloricus Gr: Gr: 0 © PI XV 1 Zycaena Pellona Gr Gr d 4. a,b. Satyrus Joserhi Stgr do 2. Zycaena Hunza Gr Gr d DC Pb! Satyrus Wilkinsi Ersch. d 0 5. a, b Satyrus Hübneri Feld 6 0 6. Satyrus Jntermedius Gr Gr 0 7. Satyrus Pamirus Stgr 0 Lang pinx Gastelli seulp l. à, b Satyrus Staudingert Bang-Haas. 6 0 2. a, b Satyrus Stulta Stgr do 3. @ be. Satyrus Stheno Gr-Gr do Lang pinx: Castelli sculp © Fax ni 1 AA ap CORNE PI XVII 3b 34 1. Vanessa JInternostta Star 0. 4. Epingphele Cadusina ver baeta Stgr à 2 à, b Satyras Abramomı Ersch. de. 5. ab Epinenhele Naubidensis Ersch. à o 5. a,b. Eninenhele Pulchella Feld. d 0 6 à b Eninephele Haberhauert Stgr da Lang pinx Castelli scult w [A] —_ > . Iyrgus Proteus Slyr. 6 5. Hesnerta Ormuzd Gr Gr. . Pyrgus Antonia Stgr:g 6. Macreglossa Ducalis Str à . Pyrqus Nohulıs Stgr: 6 7. a,b Sesia S'eutis Gr Gr: do . Pyrqus Foggei Ld \eruca) 8.,Sesta Cejformes Stgr: 9 9. Zygaena kawrigin GrGr. d 1. Zygaena Hıssariensis Cr: Gr d 4.Dasorgya Pamila Slqr: à . 2. Zygaena Soydana Ersch.(eruca) 5.Archa Glaphyra var Gratiosa Gr: Gr d 3. Arctia Jntercalaris Ev. d 6. Area Bugs ola Gr Oro Take Enarcha Froserina Syn do ef eruca Sastelli scul l.Yeners Hora Gr. Gr. 6. 5.Zndagrıa Monticola Gr Gr. 0. 2.Arctia Haberhauert Ath 0. 6.ab Orgyra Tristis Gr: Gr. 3.2 Holeocerus Sericeus Gr Gro. TLeucorna Flavosulphurea £rsch . 4. Phragmatoccia Furta Gr Gr 6. 8.Crateronyx Sardanapıa les Star d Ja-f Acanthonsyche Grumt Heyl Lang pit Castellı sculp sand p tr 6 1. a, 4 Parnassius Delphins v Mustris Gr Gr d 0 4 Zycaena Phiala Cr Alpina v. Darwazica Gr (ro Yrgus oO, 0 0. nelis Stqr 2. a, b Parnassius Delydtrius v.’nt yrqus Iutulentus Gr Gr 0 6. ab Pı be. Parnassius Simo Gray. do I. A, + ' =. u DR ’ TL 2 \ CARTE DES SOURCES DE L AMOU DARYA DRESSÉE EN 1888 À LA SECTION TOPOGRAPHIOUE DE L'ETAT MAJOR CÉNÉRAL D APRÈS DE NOUVELLES DONNÉES. Echelle 50 verstes pour un pouce (rss) ET ES er: EEE GE Von 2 v. en À 5 ONE A TUN Maren 5 1 d eg > TE, IE Te sata BEA x Hart Kr AND PER D KA pa ELU à RS 7 i L \ © Zoran | DEE Kung N r LUS fl er > Rn: : PULAC RED ln IN, Push} IE SE PEN p, 9 ae A I Le Fed Aron an Y < Y Nr Mag gen pr Le BI Er Baldjouan PT nu Moser Les e MEIGHRARKHANA - char! æ PA Er \ - } | 7 \ Fendur FRÈRE \ LORS / N sé Ölinslr- hd c | \ Nauraa tach po à / KT ER : N | sed: Say ÿ | ur) Rn | os oe Dr pr Gr nur Pts ion use E ol K ober th AR ba), PR dt eee f (AG aan p Ba NT OA N Sary-tcherhma Tache u 2 70 + À MÜKARA-TAOQ BEN Free pu 2 bot D Cem 2 % I S { J A Ÿ \, a Etre ) SR rs Gl à N I) WA X Ten A UE kN dé F Gén p AR «fou kokayt, ) UBE / bifıch\lenazba, \ uch kat a AK-TUB > gan 0 Fir komıgun Phir-boulak” # : Ned Yfma rite Mia Arabadian 7 N 1360 À, £ Chuck { M KHOOA- GOUI-SAOUÛR Sdrgore 9 NıNaraouttepe à v Chourtepe N AN Tombe et À Terme N à 2 pr RU PE "4 >> Kl Nounda 2370, or \ ÿ ù Rousta x x roots rauS | L FR à 5 ; = 4 +2, FZ 7 er RT» BE) ONE Te A ne rag Sen a \ } x = | f \ N à Ke! er a v y 1 &, : / x se DS | > fl Ve N = if k % re enger! 7? ee, \ lei 6e » Î | A sp$so 2 (© *ounvet® \ À ar N ) / \| \ } X Latabggu pas 36807 À ? \ x J Zah, N N } j KL = pu Vag à misao eur Le NN j & 7 = RFA Ynusin } | Y | An | M ir Derben.d > \er f ‚ir Derben d pad, Doi AL ioran hr Y IEN N | TU | | a K Kihpunz —\ 00 [ — — 180À ac Kourgyan Der à = ’ / PA R = \ VAN ANOUER ADO SE S / À > ) D RE, | à 3 A | ir | ARE / Aguibm par, So A | 2. / | / Naffihazıct Soulten A | | | | | | MmouDyan \ À l / | / A Mirigaranmın, Data pas). 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