S.701. s. A- Cfyo/. T. U* ,^__iL,^iiJBC: r — * ■ -»*— ^-^ 0. . MÉMOIRE LA qWe^Ition: Quels font les végétaux indigènes que l'on pourroit fubftituer dans les Pays-Bas aux végétaux exoti- ques relativement aux différens ufàges de la vie? Qui a remporté en i y 8^ Le Prix de l'Acadé- mie Impériale & Royale des Sciences & Bel' le s- Lettres de Bruxelles. VKR- M. FRANC, XAV. BURTIN5 Médecin Conf. de feu S. A. R. le Duc Charles de Lor- raine , &c. Membre de la Société Roy. de Médecine de Paris & de celle de Nanci, de l'Académie Hol- landoife des Sciences de Harlem, & de la Société de Physique, Hiftoire naturelle dkChymie de Laufanne. Peregrina quid aequora tentas? Quod quiris , tua terra dabit. . • . , , A BRUXELLES, De l'Imprimerie Académique, M. DCC. LXXXJK ^ INTRODUCTION. X^ OS ancêtres , contens des tréfors que leur fol produiibit, fàvoient les approprier aux diilërens belbins d'une vie , qui n'étoit ni plus malheureulê ni de plus courte durée que la nôtre : cependant ils ignoroient julqu'aux noms des denrées étrangè- res dont nous faifons aujourd'hui dépendre une grande partie de notre félicité ; ou , li par la con- tagion du luxe Romain, quelques produdions des Indes ont pénétré jufques chez eux, tout fait croire que l'ufage n'en hit jamais géiléral : il pa- roît même que ce n'eft qu'après la découverte des deux Indes que nous nous fbmmes familiarifés avec les exotiques. Mais mallieureufement les ri- cheflès immenfes que les premiers navigateurs rapportèrent de ces contrées, firent tourner tous les cerveaux, & la palfion pour ce qui venoit des Indes s'empara tellement des efprits, qu'on com- mença par méprifer les produdions du pays , & qu'on finit par ne plus s'en fervir. Ce qui n'étoit d'abord que l'effet de l'enthou- fiafme dégénéra peu-à-peu en affaire d'habitude, qui effaça fi bien la mémoire des propriétés de nos végétaux, qu'ils devinrent enfin étrangers dans le lieu de leur naiffince. Aujourd'hui même , où l'hiftoire naturelle , la A ij iv Introduction. Chymie & la Phyfique éclairent tout d'un jour nouveau, nous n'avons pas le courage de ceflër de payer un tribut volontaire aux Indes , ni de rentrer dans la jouiflance de notre propre bien. Qui plus eft, fi quelqu'ami delà patrie ofe fran- chir le pas, en remettant l'un ou l'autre de nos végétaux dans la place qui lui eft due, il s'expo- fe à paflèr pour novateur ou pour un homme dangereux par trop de hardielïè, & à coup fur il fubit la mortification de voir l'inutilité des ef- forts qu'il Elit pour éclairer fes concitoyens fur leurs véritables intérêts : cela eft caufe que per- fonne n'ofe entreprendre un tr9,vail que la force de 1 habitude rendra infrudueux , à moins que de certaines circonftances ne lui donnent un relief qui faftë une imprelfion extraordinaire fur l'efprit du public. C'eft fans doute cette confidération qui a en- gagé l'Académie de Lyon à propofer pour un prix double , la fubftitution des végétaux indigènes à ripécacuanne, au Séné, au Jalap, à la Scammonée & au Quinquina ; prix qui a été remporté par Meftieurs Cofte & Willemet, auteurs du favant Mémoire publié fous le titre ^Ejfais de matiez re médicale indigène. Le bon effet qu'a produit ce programme , quoi- que borné à un jfi petit nombre d'exotiques , prou- ve la fageftè du programme aduel , dont une foule de raifons confpire à démontrer l'utilité. Introduction. v Sans vouloir les citer toutes, je ne puis me dif- penfer d'en toucher quelques-unes. D'abord il tend à diminuer notre commerce d'importation en remplaçant l'ufage des végétaux exotiques par celui des indigènes & à augmenter notre com- merce d'exportation en multipliant les matières premières qui en ihnt la balè. La néceifité de cette réforme ne devient que trop palpable quand on confidere que la balance de ces deux com- merces eft tellement à notre défavantage , qu'il devient difficile de rendre raifon du numéraire qui nous refte encore; n'y ayant aucun pays commerçant qui ne s'enrichiiïè à nos dépens , l'Efpagne feule exceptée & peut-être l'Italie, car je compte pour rien le petit avantage que nous donne le tranlit fur une partie de l'Allemagne. D'un autre côté le programme tend à mettre les denrées à portée de tout le monde par la mé- diocrité du prix , & par-là , comme on a coutume de mefurer le bonheur par le nombre des jouif- fances , il tend à rendre le peuple plus heureux. Mais ces confidérations font peu importantes en , comparaifon du bien qui doit en réfulter pour notre confervation & la guérifon de nos maladies, qui toutes deux dépendent de la bonté des médicamens dont nous nous fervons , & du degré de certitude que nous avons de leurs ef- ficacité. Or, rien n'eft plus incertain que les qualités vj Introduction des médicamens exotiques , fujets à toute forte d'accidens , tant par Tignorance des peuples qui les cueillent & des marins qui les achètent^ que par leur vétufté prefqu'inévitable , vu la longueur du trajet & la manière de. commercer dans ces régions lointaines ; & fur-tout vu l'avarie plus ou moins grande qu'ils foufîrent toujours par les eaux de la Mer, par l'infedion que leur commu- niquent les marchandifes voilines , ou enfin par la corruption fpontanëe qu'ils contraâent entalfés pendant un fi long efpace dans un lieu ou l'air ne fe renouvelle jamais. Mais de combien cette incertitude n'augmentê-t'elle pas par la crainte trop bien fondée des falfifications nombreufes que ces médicamens iùbiffent dans les différentes mains où ils paffent avant d'être employés 1 fal- fifications^ toujours plus communes en proportion delà valeur des drogues; de façon que Gilibert dans fon Anarchie Médicinale affure, après des preuves certaines, qu'il fe confomme cent fois plus de Quinquina que l'Amérique n'en peut four- nir ; il en efî à-peu-près de même de la Man- ne , dont , celle furtout qu'on appelle graffe , ne contient pas un atome de Manne réelle. Faut-il dont s'étonner de la répugnance que témoigne une grande partie des malades pour les drogues exotiques ? Circoriflance que favent fi bien mettre à profit les médicaftres , qui ne ;nanquent jamais d'annoncer leurs fpécifiques Introduction vij comme compofés de feuls (impies du pays. Je ne finirois pas , fi j'entreprenois de détail- ler toutes les tromperies, falliiications & lubfti- tutions qui le commettent au fujet des médica- mens exotiques & que d'autres ont aflëz vive- ment dépeints ( a ) : )e ne puis cependant mW- péchçr de remarquer , que notre fécurité au fii- jet des médicamens ell 'telle, qu'on pourroit croire que nous Tommes afTurés de ne jamais en avoir belbin. Il y a des gens prépoles pour vili- ter une partie de nos alimens flijets à corruption, on prend des précautions fcrupuleufes pour l'aloi des métaux précieux ; mais que fait-on pour la fureté publique à l'égard des drogues? On vifite les boutiques des Apothicaires ; cela efl: vrai , dans certains endroits : mais cette vifite même devient inutile par les ménagemens qu'on y met , fur- tout parce qu'au lieu de prendre à volonté les boîtes & bouteilles pour voir leur contenu , on fe contente de demander telle drogue , qu'on dé- figne par fon nom, & qu'il eft toujours permis {a) V. J.E. Gilibert, anarchie médicinale, Neuchatel, 1772, 3 vol. in- II. A. G. Richteri, de corruptdis medicamentorum , Col. Allobr. 1761, in-8vo. Secrets & fraudes de la Chymie &c pharmacie, La Haye, 1759, jn-8vo. Duplanil , introd. au cinquième vol. de la médecine domef- tique de fiuchan. viij Introduction à l'Apothicaire de ne pas avoir, quand il fait qu'il ne l'a pas bonne. Cet abus eft û grand, qu'il ne demande que d'être connu pour qu'on y porte remède : mais en vain on y remédiera, fi Ton ne veille pas avec un foin égal à l'entrée des médicamens dans le pays, .qui devroit être léveremenr interdite à toute préparation chymique & à tout médicament compofé ; rien ne pouvant excufer nos Apothicai- res de ne pas les préparer & compofèr eux-mê- mes : l'entrée des médicamens {impies devroit être permise; mais en les foumettant , comme en Ruffie & ailleurs (b), a. l'examen le plus rigou- reux. Au refte j'aime à me flatter que le pro- gramme aduel, failant renaître l'ufage des mé- dicamens indigènes, dont le prix ell trop médio- cre pour faire craindre les falfifications , ren- dra ces précautions moins néceffaires. J'ofe tout efpérer en faveur de cette réforme pour la partie des exotiques qui regarde la ma- tière médicale, & qui dépend des Médecins feuls, dont le zèle pour le bien public éclate en toute occafion : je n'en dirai pas autant de la partie qui regarde les arts & la matière alimen- taire, dont la première dépend des perfonnes qui , travaillant pour leur propre compte , ne font -- ■ {h)V. Parmentier , Récréations Chymiques de Model, T. I, page 430. Introduction. ix font refponfables de leurs procédés à qui que ce foie , & font trop attaches à ce qu'elles appel- lent leur fecret pour fonger qu'il iôit fufceptible d'amélioration. La partie alimentaire me donneroit plus d'ef- poir, Il elle ne m'ofFroit l'obftacle de l'habitude, dont les uns ne voudront pas fe départir par indolence, par irréfolution , par caprice ou par entêtement, tandis que d'autres trouveront leur excufe dans la délicatefTe de leur palais, dont ils feront trop idolâtres pour le gêner par une faveur non accoutumée, qui ne fera dégoûtante que par fa nouveauté, & qui auroit obtenu la préférence, (i elle étoit v^enue la première. Qui fait même fi l'on ne trouvera pas abfufde de fatisfaire fa fenfualité par des herbes fi commu- nes & que tout le monde peut avoir ? Mais ti- rons le rideau fîir des idées qui font fi peu d'honneur au patriotifme , & ofons tout elperer du tems, de la raifon & fur-tout de l'exemple de quelques perfonnes fënfées que l'autorité de la- Compagnie favante à laquelle nous devons ce programme intéreflant, ne manquera pas de dé- cider à fuivre des confeils fi utiles. B M É M,0 I R. E SUR LA question: Quels font les Végétaux indigènes que l'on pourroit fuhjlituer dans les Pays - Bas aux Végétaux exotiques , relativement aux difjé" rens ufages de La vie? PLAN DU MEMOIRE. I L s^ofFre deux manières de nous exempter du tri- but que nous payons aux nations étrangères pour leurs végétaux , dont nous nous fommes fait un befoin. La première & la plus naturelle eft de nous appro- prier leurs tréfors en les familiarifant k notre fol & climat : l'autre de leur fubftituer des végétaux indi- gènes qui produifent le même tfFet qu'eux : je me fuis fervi de ces deux moyens égalcm.ent dans le cours de ce Mémoire, en indiquant d'un côté les exotiques dont la réuflite eft aflurée dans ce pays ; & en propo^ant d'un autre côté des indigènes à fubftituer aux e:çoti- Bij IX Prix ques que je ne fuis pas afluré pouvoir fe faire à notre climar. Quoique les limites d'un Mémoire ne m'aient pas permis de m'étendre autant que Timportance de la matière & le nombre des objets étoicnt en droit de ^exiger , je n'ai pas laifTé d'entrer dans des difcuffions qui m^ont paru indifpenfables , fur-tout pour cer- tains points de matière médicale qui étpient trop fé- rieux pour être traités légèrement, & pour quelques autres articles, comme celui des grofeilles, dont l'im- portance réclamoit toute mon attention : j'ai même fait mention de plufieurs propriétés que je ne propofe pas comme moyens de fubftitutions direds^ mais que j'ai cru devoir joindre comme peu connues , très-inté- reffantes ou comme offrant des moyens indirects de fubftitutions. Telle eft entre autres la vertu purgative de certains indigènes, que je n'ai pas cru pouvoir comparer avec celle d'aucun purgatif exotique , ai- mant mieux laifler la décifion de ces efpèces de fub- ftitutions aux circonftances & au jugement ties prati- ciens. En revanche j'ai paffé légèrement fur quelques ar- ticles , & n'ai même fait qu'indiquer nombre d'autres où les détails me paroiflbient fuperflus : mais par- tout j'ai tâché de ne rien omettre d'effentiel, quoique j'aie été obligé de faire le facrifice de bien des chofes , tel- les que les defcriptions des plantes, leurs analyfes, les vertus qu'elles poffedent indépendamment de celles qui font relatives à la fubflitution , leur culture & les lieux où elles viennent fpontanément : mais cette per- te eft facilement réparable en joignant à la lecture de mon Mémoire celle d'un bon ouvrage quelconque de Botanique ou de Matière médicale. Un article fur lequel j'ai été d'une exaditude ri- D K L* A K 1783. 13 goureufe , c*cft celui de la nomenclature des végétaux • indigènes dont je propofc la fubftitution , afin que perlonne ne puifTe fe méprendre aux plantes dont je parle; ayant appris par expérience combien il en coûte de peines & combien même il eft fouvent im- polïîble , vu la prétention ridicule qu'ont eu les bo- taniftes de baptifer les plantes chacun à fon tour, de reconnoître une plante défignée par quelqu'auteur fous iin feul nom , qui fouvent chez deux Botaniftes très-cé- lebres préfentera deux végétaux très-différens. Ce dé- faut s'oppofe beaucoup aux progrès de nos connoif- fanccs , & feroit impardonnable dans un Mémoire Aca- démique, où la clarté doit aller de pair avec la véri- té .• auJfi fuis-je perfuadé que ceux qui ont voulu con- noître botaniquement les plantes dont parlent les Ma- tières médicales, me fauront bon gré d'un travail auffi pénible que peu apparent, que m'a coûté cette exac- titude , qui devenoit d'autant plus néceflaire dans un pays où l'étude de la nature eft encore au berceau. J'ai donc joint à chaque article, autant qu'il a été poffible , les nomenclatures de Linnœus {a) , de Tour- nefort (^), de Cafpar Bauhin (c),de Jean Bauhin (d) & de Dodonéeus (e) : j'ai donné régulièrement les noms ( T. x, p. 298. C i8 Prix Mémoire déjà trop volumineux ; telle eft P. E. celle du L 3i> 31 Prix, ctoit un garçon de dix ans, fils de Mr. Vandievoec, Apothicaire, qui a pris, fans aucun efFet, rinfufion de trois onces de feuilles récentes en un jour. Je pafTe fous filence les vertus qu'Ettmuller & d'au- tres ont attribuées, peut-être avec trop de profufion, aux amandes, à l'huile empyreumatique des noyaux, & à la gomme qui découle abondamment des parties malades de cet arbre , pour m'arrêter à ce que le ha- zard heureux & l'obfervation m'ont appris fur la vertu antifébrile des feuilles & des noyaux ; vertu dont je ne crois pas que quelqu'un ait parlé , & dont je me compte heureux de pouvoir faire hommage à mes juges &L à ma Patrie. Voici ce qui a donné occafîbn à mes obfervations fur ce fujet : il y aura quinze ans au mois de Septembre prochain, que quelqu'un me demanda un rernede peu coûteux pour un payfan très-pauvre , tourmenté depuis plufieurs mois d'une fièvre intermittente devenue irré- guliere ; trop jeune praticien pour connoître par la leéture aucun autre fébrifuge que l'unique qu'on donne pour tel dans les écoles de Médecine, favoir le Quinquina , dont le prix ne convenoit pas à la pauvreté du malade, & dont il avoit même déjà pris une cer- taine dofe inutilement , je me fouvins d'avoir oui dire dans ma jeunefTe , que les feuilles & noyaux du pêcher font un remède infaillible contre les intermittentes de toute efpece : perfuadé qu'au moins ce remède ne pou- voit nuire , je me décidai pour les feuilles, comme étant d'un emploi plus facile, dont je prefcrivis deux poi- gnées a infufer dans un pot de forte bierre brune prefque bouillante pendant une demi-heure, pour en prendre la colature en 14, heures Comme ma confiance étoit totalement concentrée fur le Quinquina à l'exclufion de tout autre fébrifuge , je li E l' A N 1783. 33 je ne fus pas peu furpris d'apprendre quinze jours après que ce payfan, pour avoir pris deux fois la dofc prcf- cricc , éroit entièrement débarrafle de fa fièvre & fe portoit môme beaucoup mieux qu'on auroit dû fe pro- mettre d'une convalefcence à la fuite d'une maladie Ci longue. Charmé de cette réuflîte , j'ai depuis prefcrit ce re- mède afTez fouvenc, & je puis aiïurcr que les trois quarts au moins de ceux qui en ont- fait ufage ont été délivrés de leurs fièvres; de façon que je lui dois au- delà de vingt guéri fon^. Malgré ces fuccès j'ai quelque regret de ne pas m'é- tre fervi des noyaux par préférence aux feuilles; tant parce que la perfonne qui dans ma jeuncfTe m'avoit communiqué ce remède, dont elle faifoit un grand fecret, fc fioit beaucoup plus aux noyaux qu'aux feuil- les , que parce que depuis peu le père Linus, Apothi- caire des Capucins, m'apprit qu^une famille de fes connoifianccs fe vante de polféder un fecret infaillible contre les intermittentes , & qu'il ell parvenu à dé- couvrir que ce fecret n'eft autre chofe que le bois des Jioyaux des pêches pulvérifé & donné à la môme dofe que le Quinquina. Il m'afTura même que ces gensgué- rifTcntpar ce moyen nombre de malades de toutes for- tes de fièvres intermittentes, & me dit avoir été té- moin de cinq cures. Ceci reveilla mon attention ; je fis ce que je pus pour ramafTer des noyaux ; mais la faifon étant paffée , je ne pus en trouver qu^iutour de trois onces, que j'ai partagées entre deux tierçaires, qui, préparés par un feul vomitif, fuivi d'une médecine, ont été guéris fans récidive chacun par h moyen de douze gros environ de poudre de noyaux de pèches. Depuis ce temps j'ai E 34 Prix encore guéri une fièvre tierce au moyen d'une once de feuilles en poudre. Quelque facisfadion qu'ait pu me donner la décou- verte de ce fébrifuge indigène, je fais trop combien les guérifons des maladies, fur-tout des intermittentes, tiennent fouvent aux circonftances du temps, du lieu èc encore plus de la condition & manière de vWre des malades, pour ofer propofer les feuilles, ni même les noyaux du pêcher comme un remède infaillible, après le petit nombre de fuccès que j'en ai vu ,• fur-tout puif- que ces.fuccès n'ont eu lieu que chez les pauvres & les gens de la Campagne , dont l'eflomac , moins tour- menté par les pallions & la variété des mets , obéit avec bien pins de facilité à l'adion des remèdes. Ce n'efl: donc que du temps & de la multitude d'ob- fervations que j'elpcre une décifion certaine lur le mé- rite ce celui ci. Mais ti.! qu'il puifle être , ce fera toujours un moyende plus de fe paffer du Quinquina, fur-tout cheZlts pauvres & chez 'es perfonncs qui n'ont pas encore pu renoncer à l'ancien préjugé contre cette écorce falutaire, & chez .celles qui ne peuvent fouffrir le goût du Quinquina, fur lequel le pêcher a beaucoup d'avantage de ce côté, pouvant être rendu très- agréable au moyen du fucre. Je finirai cet article , trop long pour les limites af- fignées à ce Mémoire , mais trop court, comme bien d'autres, quand on confîdere l'importance du fujet, en ajoutant que les amandes des noyaux de pêches rem- placent très-bien les amandes ameres du commerce ^ avec lefquelles on les confond fouvent. (a}. (j) V. Chymie du goût & de l'odorat, p. 144. D E lVa N 1783. 35 ANGELICA , archang : foliorum impari Lobato. Linn. Syft. veg. pentand digyn. 360 imperatoria fativa. Tourn. 317. Angelica fativa. C. Bauh. Pinax 155. & J. Bauh. 3 part. X 140. Angelica major. Dodon. Pempr. 318. Gall. Angélique. Belg. grootc oftc tainmc angelica Dod, ^ii. ofte tngelwortel. REMPLACE ^Lc Méum athamantiquc , le Cojlas vrai odorant ou Cojhis Arabique Ù l'Angélique exotique. Toutes les parties (ie l'Angélique font très-aroraati- qucs : de-là il eft aifé de voir , que fon ufage n'eft pas . borné à un petit nombre de maladies , dont on peut s'inftruire dans toutes les Matières médicales. Je n'en dirai donc autre chofe , finon que depuis long-temps on fubftitue fa racine à celle du Méum Athamantique, de même qu'à celle du Coftus Arabique ou Coftus vrai odorant, {a) à laquelle on fubftitue également la racine d'Aunée, inula Hclenium Linn. Comme les tiges de l'Angélique en confiture feclie font d'un ufage allez général pour les deflerts, il eft éton- nant qu'on ne cultive pas aflez de cette plante en ce pays pour ne plus être obligé de tirer cette confiture de rétranger. APOCYNUM, Cûnna3in.'/ra,Cauîe rediufculo, her- (d) Farvacqucs droogbereydende fchatliamer. parr. a. p. i66. Eij 2$ Prix bâceo , foliis oblongis, panicis terrninalibus. Linn.Syft. veget. pentand. digyn 31 1. Apocynum ereâ:um , incanum, ladfolium, ^gyp- riacum, floribus croceis. Tourn. 91. ' Apocynum iïlgyptiacum ladefcens, filiqua. Afclepiadis. C. Bauh. pin. 303 Beidelfar alpini , five apocynum fyriacum J. Ba:uh,. ^. 136. Periploca ereila. Dodon.5^9 Gall. ApociiiyOU Soyciife. Belg. Feriploca ofu apocynon. D. 663^ REMPLACE £c Coton , le. Lin & le- Sucre. La Soyeufe eft de toutes les plantes exotiques pro- pres à notre climat celle que je délire le plus voir de- venir indigène. La ouatte que contient fon fruit remplace le. coton , & même, comme plufieurs le prétendent, jouit de certains avantages que le coton ne poliedepas; tan- dis que fes tiges donnent par le rouï unefilafle qui ne cède en rien à celle du lin, & qui a fur celle-ci l'avan- tage d'une longueur beaucoup plus confidërable. Elle monte jufqu'àla hauteur de fept pieds, & vienr avec une facilité étonnante, même dans les terreins les plus mauvais : une fois femée elle fe multiplie d'elle- même comme le chiendent & ne foufFre même aucune mauvaife herbe ; avantage que le Lin & le Chanvre font 'bien éloignés d'offrir. Je ne finirois pas , fi j'entreprenois de détailler ïes éloges qu'on lui donne &. qu'elle mérite : j'aime donc mieux renvoyer nos agriculteurs, qui voudront profi- DE l' A N 1783. 37 ter de ce nouveau tréfor, au Mémoire intéreflanc de M. Gclot, inféré dans le premier volume de ceux de l'Académie de Dijon , qui ne laifle rien à defirer fur cette matière : ou , h. fon défaut , on pourra fe conten- ter de ce qu'en dit Mr. Bomare, au mot Apocin,dans fon Dictionnaire d'hilloire naturelle. Il ne faut cependant pas s'en rapporter entièrement à ce dernier fur cette plante utile, fur-tout quand il aflTure que fon fuc eft un poifon , tandis que trois lignes plus bas il dit que ce fuc figé donne une gomme fem- blable à la gomme adraganthe. Je n'ai rien obfervé par moi-même au fujet de ce fuc , mais je fais bien, que de tout temps j'ai été per- fuadé d'après les meilleurs auteurs que c'eft l'Apocin Syriac ou la Soyeufe qui donne le fucre d'Egypte, qui diffère du fucre d'Amérique par un goût un peu amer & falc & par une plus grande denfité. ARBUTUS ,uncdo , caule arboreo, foliis glabris ferratis , baccis polifpermis. Linn. fyfè. veg. decand. monog. ^66. Arbutus folio ferrato. Tourn. 598 & C. Bauh. Pin. 460. ~ « Arbutus comarus Thcophrafli. J. Bauh. i. 83. Arbutus Dodon. pempc. 804. GalL Arboujier. Belg. Arbutus D. 1259 oftc haag-appel-boom oftc , aard-be[ie-boom. JR.EMPLACE Le Kermès & la Cochenille. Celle d^entre les couleurs qui paroît nous manquer jufqu'ici, ou qu'au moins nous tirons entièrement ^8 Prix du dehors, eft la cochenille , que notre Garance ne remplace qu'imparfaitement; mais qu'en revanche le Kermès d'Europe remplace très-bien. Ce Kermès eft le produit d'un Gallinfeéîre hémip- tere , dont le Chêne verd ou Ilex fournit annuel- lement une quantité aflez confidérable à la Provence de même que le Scleranthus percnnis , efpece de pied , de Lion à la Pologne , pour qu'il devienne un objet de commerce aflez important. Le Chevalier Linnaeus, que fes connoifTances étendues en hiftoire naturelle ont rendu le bienfai- teur du genre humain , aiTure que l'Arboufier porte un Kermès , dont le volume eft le double de celui de Pologne, favoir de la grofleur d'un grain de ris. II occupe la partie du tronc la plus contigue à la ra- cine & qui eft recouverte de moufte ou de terre un peu humide , & il donne le rouge le plus beau, (a.) Cet arbrifteau, qui eft un des plus beaux orne- rnens des jardins, où il donne fes fleurs en Octobre ^ Novembre , en même temps qu'il porte encore fon fruit , qui met un an a mûrir , mérite de toute façon de devenir indigène ici , comme il Teft depuis long-temps en Angleterre, où on ne le cultive juf- qu'ici que par agrément. Il y a plufieurs autres de nos végétaux indigènes fur lefquels on a découvert le Kermès, tant en France & en Angleterre, qu'en Suéde & ailleurs. Tels font la Pilofelle , le Prunier , l'Orme , le Cerifier , la Vigne , le Bouleau , l'Argentine , le Chiendent & quelques autres. Moi-même je. puis aflurcr en avoir rencontré fur ((7).V. Colleft. Acad. part, étrang. T. ii. p. 66. \ DE l' A N 1783. 39 des végétaux de ce pays; mais comme mes obferva- tions là-dcfTus ne font ni aflez fuivics nf afîez nom- brcufcs pour être communiquées à l'Académie, je n'en dirai rien pour le préfent : j'ofe cependant me flatter de la douce efpérancc , que fi un jour on vient à fentir en ce pays, la néceflîté de l'étude de la Botanique & de l'hiftoire naturelle en général , qu'on y a négligée d'une manière fi inconcevable jufqu'ici, les indications que je donne ne feront pas infruc- tueufcs ; perfuadc comme je fuis , qu'on rencontrera du Kermès ou d'autres infeftes , analogues par la couleur à la Cochenille , fur plus d'un de nos vé- gétaux ,• comme Liflcr a trouvé fur tous les Jufquia- mes une punaife dont les œufs donnent un rouge fijperbe. (a) Quant h la manière d'élever les Gallinfeftes qui donnent le Kermès , la meilleure cil celle des Mexi- cains , qui vont les recueillir fur les difFérentes cfpeces de plantes où il s'en trouve & les tranfpor- tent fur une qui eft à leur portée &c près de leurs habitations , connue fous le nom d'Opuntia ou Fi- guier d'Inde, Ca6lus coccinellifer. ARISTOLOCHIA, clematitis, foliis cordatis , caule erefto , floribus axillaribus confertis. Linn. fyft. veg. Gynand. hexand. 1361. Ariftolochia, clematitis reéta; Tourn. i6z& C.Bauh. Pin. 307 Ariftolochia clematitis vulgaris, J. Bauh, 3. 560. Ariftolochia farracenica. Dodon. Pempt. 316. Gall. Arijioloche cUmatiu. , {à) CoUed Acad. part- ^trang. T. ». p. 331. 41 Prix Bdg. farraiyns cruydt oftc wilde arijlolochia D. 515. ofte hol wond ofu baar wortd oftc ojicdudc. REMPLACE La raàne d' Arljlolochc longue & cdlc d' Arïjlolodic ronde, La vertu la plus aflurée de la racine de cette plante cft d'être très-apéritive : elle ne cède en rien pour ceci à celles de l'Ariftoloche longue & de i'Ariftolo- che ronde , qui font principalement en ufage , & qu'on nous apporte fur-tout du Languedoc & de la Provence. On peut doue la leur fubftituer fans le moindre danger. ( <2.) ARTEMISIA , -^^/?/2f Ak//w , foliis compofitis, mul- tifidis , floribus fubglobofis', pendulis , receptaculo villofo. Linn. fyft. veg. fyngen. Polyg. fuperflua. ^184 Abfinthium ponticum feu Romanum officin. feu Piofcoridis Tourn. 457. & C. Bauh. Pin. 138. Abfinthium vulgare majus L Bauh. 3. 168. Abfinthium latifolium. Dodon. Pempt. ^3. Gall. Abjînthc ordinaire. ■ Bdg. aljjcm Z>. 2.5. ofte alfl. REMPLACE l^afemmce contre les vers , ou Santoline^ ou Barbo- tine , ou Semendne ^ la raàne de Quajfie^ Radix Quaffise amar« , le Quinquina. Le nombre des maladies , dans lefquelles cette plante . cft [a) V. Cartheufer. M^c méd- T. a. p 331 & Trillcri DifpenC p- 47. DE l' A N 1783. 41 eft falucaire, eft trbs-confidérable; mais je paflerai fur la plupart de fes eftets pour ne m'arrêcer qu'à ceux par lelquels elle peut remplacer des végétaux exotiques. Pcrlonne n'ignore fa vertu ftomachiquc & vermi- fuge , qui va de pair & furpafTc quelques fois celle de la Santoline ou Scmen contra, à laquelle elle mé- rite d^étre fubftituée. Son amertume extrême, caufe la plus probable de fon efficace ( a ), fait qu'elle réfifte également aux acides & à la putréfadi'on ; principes trop ordinaires de notre deftruÛion ,• de la vient que, quand on en met quelques poignées fur un tonneau dont la bierre commence à aigrir , en peu de minutes tout l'acide difparoît : {b) de la naît auffi fa qualité àntigangré- neufe , & fon efficace contre les fièvres intermitten- ces qui rendent nos humeurs fi acides, & pour lef- quellcs je la fubftitue avec fuccès dans ma pratique à la racine du Quaifie , dont la grande amertume fait le principal mérite, (c.) Cette fubftitution ett fondée fur les raifons mê- mes qu'allègue M. Bloni en faveur du Quaflie. ( J ) je la fubftitue de même très-fouvcnt avec fuccès au Quinquina, tant par application extérieure contre la gangrène , qu^intérieurement contre les fièvres inter- mittentes^ fur-tout celles qui naiflent par le fcjour dans une atmofphcre humide, ou qui par leur durée (j) V. Cartheufer, Mat. méd. T. a. De modo operandi & virtuti- ius amarorum. (b) V. J. Raii. Catal- plantar. cire à Cantabrig. nafcent. p. a. (c) V. Patris. Hilt nat. Du Quaflîe. Journ. de Pbyf. I771. I vol. p- 140. (_d) Difltrtatio de ligno Quafliac. Upfai. 176^ F 4^ Prix font devenues anomales, ou font accompagnées d'ob- . ftruâions ou de cachexies. Dans ces dernières fur-tout j'en ai vu des effets furprenans chez plufieurs mala- des, qui, par un mauvais régime ou pour avoir com- mencé par prendre le Quinquina' en trop petite dofe, y écoient devenus infenfibles au point qu'ils le pre- noient depuis bien du temps inutilement. ASARUM , europœum , foliis reniformibus, ob- tufjs, binis. Linn. fyft. veg. Dodecand. monog. 633. Afarum Tourn. 501 & C. Bauh. Pin. 197 & J. Bauh. 3. 548. & Dodon. pempt. 358. (y ail. Cabaret, Oreille d'homme, Oreillette , Rondelle, Girard Roujfin , Nard fauvage. Belg. hajelwortel ofte manj-ooren. D. ^80. REMPLACE VIpécacuanne. De tout temps cette plante indigène & commune a été d'ufage en Europe ; & l'ufage en a été confervé jufqu'à nos jours parmi les payfans de plufieurs can- tons, mais il a été abandonné aflez généralement , fur-tout dans les villes, depuis les combats bruyans foutenus pour les vertus panchreftes de l'Antimoine & depuis la découverte de l'Ipécacuanne. Le mal ne feroit que médiocre fi l'amour de la nouveauté n'avoit produit d'autre effet que l'abandon d'une drogue dont l'utilité reconnue auroit toujours fait revivre l'ufage : mais cet abandon de tous les gens du bon ton, ayant probablement mis les Médecins dans la néceffité de fuivre le torrent, a relégué Pad- miniflration de ce remède adif entre les mains de DE L* A N 1783. 43 la clafTe la plus pauvre & la plus ignorante du peu- ple, qui, faute de connoifl'ances & de prudence, s'en c{t fervi fans préparation & fans précaution. De-là les mauvais effets , qui peu à peu ont décrié ce médicament, au point, que plufieurs Botaniftcs, étourdis pas la voix publique , ont été tentés de le placer parmi les poifons plutôt que parmi lès remè- des ; hcureufement que le témoignage de plus d'un bon praticien , appuyé de l'expérience journalière de nombre de villageois^ a empêché la profcription to- tale d'un médicament, qui, par le réfultat des obfer- vations réunies de plufieurs auteurs très-graves (a), que je puis confirmer par une multitude de mes pro- pres obfervations , peut & doit remplacer l'Ipéca- cuanne , à laquelle il n'eft inférieur en rien. Ceux qui ont écrit fur le Cabaret lui attribuent nombre de vertus, que j'ai en partie obfervées moi- même , fur-tout celle qui le rend fi falutaire dans les cbflruélions ; mais je ne m'arrêterai qu'à celle qui le rend de toute façon digne de remplacer Klpéca- cuanne ; favoir, de faire vomir & de purger fans le moindre danger de fa part; je dis de fa part, pour faire fentir, que, fi on le donne mal-à-propos, il (a) V- Tournefort. Hift. des plantes des environs de Paris, p. 318, où il s'appuie du témoignage de Diofcoride. Scheffler. Difïert. de Alàro. Schulie de codera. 1739. Boerhaave. Hift. plant. 2. p. 5^9. Sim. PauUi. quadrip. Botaa. 2. p- 13. Zurn. Botanol. 9 T. GcortVoy. Mat. m) qui dit, qu'il eft contraire à Teftomac , agit lente- ment & trouble les vifceres : mais les purgatifs, comme tels, ne font-ils pas tous nuifibles à l'efto- mac par les troubles qu'ils y excitent? Aufli, fi quel- ques-uns, comme la Rhubarbe & les feuilles de Pêcher lui font moins contraires que les autres, c'eft qu'ils font doués d'une double propriété , dont l'une ;^ (a) V. Vogel. Mat. raed. p. m 2. & i6j ic fur-tout Trill. difp. p. 1 50 & 165 qui en cite plufieurs autres. (b) Dia. univ. de Mat. méd. au mot Cartame. DÉ l'an 1783. 61 ftoma'chique, aromatique ou tonique corrige les mau- vais effets de la purgative fa compagne. J. Bauhin remarque donc très-bien («) que la femence de Carthame eft nuifible k Fcftoniac , mais qu'elle perd cette qualité ennemie dès qu'elle eft alliée avec quelque ftomachique , & que , li on y qjoute des remèdes acres ou piquans , tels que le Cardamome, le Gingembre ou le fel gemme, ils accélèrent fon cfFet purgatif & empêchent les tranchées: mais Boer- haave n'exige cette précaution que quand on donne la femence en fubftance (b). Il n'elt pas inutile de remarquer , que Camerarius foutient, que la femence du Carthame d'Europe n'eft pas fi purgative que celle qui vient d'Alexandrie. Enfin, tout bien confîdéré, je me crois en droit de propofer k l'Académie de remplacer le Séné par notre femence de Carthame ; perfuadé qu'elle a au moins autant de droit k cette fubftitution qu'aucun autre indigène. Si Ton m'objecte , que Meilleurs Cofte & Willc- mct dans leur favant Mémoire couronné n'ont pas fait la moindre mention de cette femence , quoiqu'il foit vifible qu'ils ont fait tous leurs efforts pour ne rien omettre; je réponds que dans des ouvrages de cette nature les recherches font fi étendues, les obfer- vations k faire fi nombreufes , qu'il n'efl pas éton- nant qu'à des perfonncs obligées de confacrer pref- que tout leur temps k la confervation de leurs con- citoyens., il échappe par-ci par-lk un article, même (a) J. Bauhini & Chcrleri hift. Plant. T. 3. 1. z}. p. 80. (*) Boer-haave de virib. medicara p. ajj. e-L R I X incéreffant, dans le grand nombre de ceux q\]i for- ment le champ immenfe de leurs recherches CHRYSANTHEMUM, Scgttum, foliis ampiexi- caulibus , fupernè laciniatis , infernè dentato ferratis. Linn. Syft. Veg. fyngen. polyg fuperfiua 1151. Chrylanthemum l'egetum flore fulphurei coloris; Tourn. 492.. Bellis lucea. Q Bauh. V\n.iS%, Chiyfanthcmum bellis lucea. Dodon. 41g. G ail. Murguerite jaune. Beig, Vokdaar j ofte gecle gan-:^nbloeme. D. ^1^. REMPLACE Le Carcuma ou 1 crra-mcrita. Le nombre de nos indigènes dont Tufage nous eft connu ett bien petit en comparaifon de celui dont nous ignorons l'utilité : notre ina6livité à cet égard tft en partie pardonnable en Médecine , où l'expérience eft dangereufe; mais dans les arts rien ne peut nous excufer de ne pas avoir étendu plus loin la fphere de nos con- noiflances. Tous les jours on répète qu'il n^exifte pas d'herbe inutile, & tous les jours on s^obftine k ne con- fidérer que celles donc on fe fert & à fouler aux pieds les autres. J'ofe prédire que ce mal durera tant qu'on regardera l'étude de la nature comme une occupation fubalterne : heu'-eufement que quelques grands hommes, s'élévanc au-defTus des préjugés populaires, & confacrant leurs vies à la connoiffance des corps naturels, parviennent de temps en temps à augmenter le nombre des fecours que la nature fournit aux arts. DE l' A îf 1783. 63 Tel Bernard de Jufîîeu , ce Botanifte infatiguable , a découvert que la Heur de Marguerite, dont il eft quef- tion, fournit une teinture jaune excellente & fixe au débouillis de l'eau chaude, laquelle peut être fubftituée à la racine de Curcuma , dont elle imite le jaune doré. On peut voir le détail des expériences de ce Savant dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Pa- ris (fl), où l'on fe convaincra entr'autres , que les ma- tières dont fc fervent les Indiens pour donner des cou- leurs fi belles à leurs étoffes, ne font en rien fupérieures à celles que nous employons, d'où l'on pourra conclure que la différence qui s'y trouve dans les effets ne peut être due qu'à la manière de préparer & d'appliquer les couleurs. Pour faire voir un échantillon de nos richefl!es en matière de teinture, je joindrai ici une partie de ceux d'entre nos végétaux qui fournifl^ent des parties colo- rantes jaunes : j'y nommerai fur-tout ceux defquels je ne fais pas mention ailleurs dans ce Mémoire relati- vement aux couleurs. Anthémis t'wâ^oùa. Camomille puante. Be''ula alba. Buuleau. Bidens cernuus. Efpccc d'Eupatoire. Bidens tripartica. Le Cornuct. Caltha paluftris. Souci d'eau. Carpinus Betula. Charme. Chaîrophyllum Sylveftre. Cerfeuil fa nv âge. Galium verum. Caille-lclt jaune. Impatiens noli me tangere. Balfamine jaune. Iris pfeudo-acorus. Giayeul. (a) Me'm. de l'Acad. des Scienc. de Par. 1714. p, 353. ^4 Prix Lycopodium annotinum. Lycopode annuel. Lyfimachia vulgaris. Corneille. Populus. Peuplier de toute efpece. Ruraex maritimus. Peme Patience aquatique. Salix pentandra. Saule rouge. Tanacetum vulgare. Tanaijie. Verbafcum Thapfus, B&uillon blanc. Xanthium ftrumarium. Petite Bardane. CICHORIUM , intyhus , floribus geminis feffilibus, foliis runcinatis. Linn. Syft. veg. fyngen Polyg. œqua- lia. I I4X. Cichorium fylveftre officinar. Tourn. 479. & C. Bauh. Pin. 1x5. Cichorium Sylveftrc, J. Bauh. 2. 1007. Cichorium Sylveftrc picris. Dodon. pempt. 635. Gall. Chicorée fauvage , Pijfenlit. Belg. Smalle oj'tc bitterJU cicoreye D. 58^. ofte wildc Suyherye ofte Pijfe bloeinen. REMPLACE Le Caffé. Tous les Botaniftes & tous les praticiens s^accordent fur les vertus médicinales , apéritives & fondantes de cette plante , pour lefquelles elle tiendra toujours une place très-dittinguée dans cette clafle de médicamens. Mais ce qui la fait entrer dans ce Mémoire eft la propriété qu'on lui a découvert depuis quelques années d^être capable de fuppléer au Caffé, Toutes les feuilles périodiques ont tant parlé de cette propriété depuis peu , que je me crois difpenfé d'en alléguer d'autres preuves : je me contenterai donc de o E l'a n 1783. 6^ dire, qu'aprbs l'avoir fechée, on la torréfie & on i'in- fufe de même que le Caffé. Il y a des cantons entiers en Allemagne qui en font ufagc, pliifieurs pcrfonncs de mes connoiirances font dans le même cas , & moi-même j'en ai fouvent fait l'efiTai. Je dois avouer cependant avec la candeur due à "l'illuflre Compagnie à qui ce Mémoire s'adrefTe, qu'à l'amertume près, j^ai trouve fon goût .différent de celui du Caffé , quoiqu'il ne fût aucunement rebutant. Mais le Caffé lui-même, pris pour la, première fois fans fucre, paffcra-t-il pour une boiffon agréable ? Drogue pour drogue, j'en préférerai toujours une dont les vertus médicinales font indifpurables & ne peuvent jamais nuire , à une qui eft prefque générale- ment nuifible, qui eft un vrai poifon lent pour lesper- fonnes attaquées de maladies nerveufes, & que j'ai re- connue pour une des caufes les plus ordinaires des morts fubites & des apoplexies qui arrivent entre la quaran- tième & la foixantieme année de la vie humaine, & qui malheureufement font devenues fi fréquentes de nos jours. Quoique je n'aie pas trouvé le goût de la racine de Chicorée fauvage torréfiée parfaitement fembiable à celui du Caffé , ce goût cependant étoit tel que par un peu d'habitude ou pourroit s'y faire, au point de la prendre à la fin par préférence à la fève exotique , qui après tout ne jouit que d'une faveur d'habitude. D'ailleurs fi on mêle moitié Caffé & moitié racines de Chicorée, l'infufion conferve le même goût de celle faite avec le Caffé feu!. Beaucoup de perfonnes en ce pays font ufage de ce mélange, dont on a débité une quantité prodigieufc en détail' pendant la dernière cherté du Caffé , fans I 66 Prix que les acheteurs fe foient apperçus de la fupercherie , non plus que de celle qu'on pratiquoit pa-r4e mélange du grain avec le Caffé j dont l'ufage eft moins falutaire que celui du premier mélange. Je me flatte donc qu'à force d'eflais on parviendra un jour à perfe6tionner ce procédé culinaire ; & par conféquent qu'on n'eft pas fans efpoir de rendre la Chi- corée préférable au Caffé par le goût autant qu'elle Tell par fa bienfaifance. Que de fommes épargnées pour la patrie, fi mon fouhait peut tôt ou tard être accompli ! CICER , Arïetinum , foliolis ferratis. Linn. Syfl. veg. diadelph. decandr. I040. - Cicer fativum flore candido. Tourn. 389. & C. Bauh. Pin. 347. Cicer arietinum. J. Bauh. 2. 292 & Dodon. pempt. Gall. Pois chichcs. Belg. gchoccktc ofu kantige Cicers D. 8^%. REMPLACE Le Caffé, Entre tous nos végétaux l'on n'en connoît aucun dont le goût approche davantage de celui du CafFé que les Pois chiches, auffi eft-ce une pratique aflez familière à ceux qui vendent du CafFé en détail & moulu, d'y mê- ler une bonne partie de ces Pois. Par cette tromperie falutaire ils nous montrent eux- mêmes le chemin pour nous pafler de leur marchan- dife , en fubflrituant complètement les Pois chichcs au CafFé; fur lequel, quand même ils ne mériteroient pas DE l' A N 1783. 67 la préférence par le goût, ils la mériteront toujours par leur falubrité , étant reconnues pour incifives, emme- nagogues ^ & même par plufieurs pour vermifuges {a). COLUTEA, arhorefccns, foliis obcordatis Linn. Syft. veg. diadelp. decandr. 1045. Colutea veficaria. Tourn. 649. & C. Bauh. Pin. 496. &c J. Bauh. I. 380. Colutea. DodoiT. pempt. 784. Gall. Bagucnaudicr , Scné bâtard , faux Scnc , Senc d'Europe. Bdg. Lombaardfche linfcn. D. mt?. REMPLACE Le Caffé, Depuis long-temps je connoifTois la vertu purgative des feuilles du Baguenaudier : le nom même de Séné d'Europe, que le grand Boerhaave lui a confervé après Cordus , joint à la reflemblance qui fe trouve entre les feuilles & follicules de cet arbre & ceux du Séné du Levant, m'avoientinfpiré dès lors l'envie d'en faire ufage , fur-tout depuis que j'étois convaincu par l'ex- périence & par le témoignage des Auteurs {b) que rien n'eft plus commun que de trouver une quantité de feuilles du Baguenaudier mêlées avec le Séné dans le commerce , fans que pour cela les effets de celui - ci foient altérés. {a) V. Geoffroy, Mat. mcd. T. 6. p. 57. C * ) V. Junken Lexicon pliarmac- p. x & Richtcr de corruptel. medicam. p. 4. 68 Prix Mais en parcourant à ce fujec les anciens Botanifles , je trouvai que, tandis que Fuchiius (a ), s'appuyant de l'autorité de Théophrafte, paroît faire peu ou point de différence entre ces deux végétaux , Dodonaeus (b) & Munting (c) après Matthiole afTurent, que, quoi- que les feuilles du Baguenaudier lâchent le ventre , ceux qui prérendent les fubftituer au Séné (e trompent. Vou* lant décider ce procès j'eus recours à l'hilloire des plantes de Jean Bauhin & de J. H. Cherler , l'ouvrage le plus complet , le plus érudit & probablement le plus favant qu^ait produit fur la Botanique le dix-fep- ciemp fîecle : mais ce que j'y trouvai au fujet de cet arbre (^) ne fervit , qu'à augmenter mon indécifion à l'égard de la fubftitution que je defirois inrroduire ; en m'apprenant qu'il n^exifte pas le moindre accord en- tre les différens auteurs cités à cette occafion dans le- dit ouvrage, vu que les uns difcnt fans héliter qu'oui , tandis que les autres avec une fermeté égale décident que non. Ce que toutes ces recherches m'offrirent de plus affuréj c'eft que le Baguenaudier eft réellement le feul arbre à qui les noms de Séné bâtard , faux Séné & Séné d'Europe aient été donnés ; je ne puis donc concevoir ce qui a engagé Meflieurs Cofte, Willemet & Bomare à tranfporter les deux premières de ces dénominations au Corunilla Emerus de Linna^us. (a) Fuchfius cruydt-boeck. Cap. i6^. {V) Dodonsus cruydt-boeck. p. 1230. (c) Munting befchryving der aerd-gewaflen. p. 176. (d) J. Bauh. Hift- plant. T. 3. 1. 11. p. 380. DE l' A N 1783. 69 Je ne fais fi ce dernier pofTcde la vertu du Bague- naudier, n'ayant aucune raifon pour le croire ; je n'ai pas même pu le rencontrer dans tous ce pays , quoi- que Clufius dife ^ii'il l'a vu cultivé aux jardins des Pays- Bas (a) ; ce qui ne peut guères fe concilier avec Do- donaïus, qui n'en fait pas la moindre mention , tandis que perfonnc ne connoiflbit mieux que lui les végétaux de ce pays. A force d'incertitude & d'irréfolution jV vois donc perdu de vue le Baguenaudier , lorfque je reçus le Mémoire couronné de Mcffrcurs Cofte & Wil- lemet, à la vérité trop tard pour pouvoir vérifier leurs obfcrvations, mais au moins aflez à temps pour pou- voir dire que ces Mcffieurs , plus heureux que moi , ont prefcrit à dix malades les feuilles de cet arbre, avec aflez de fuccès pour avofr pu confirmer le fentimenc de ceux des anciens , qui les ont fubftituées à celles du Scné, de môme que leurs follicules aux exotiques. Voici la formule dont ils fc font fervi , que l'on pour- roit, comme je crois, fans aucun mal rendre un peu moins compliquée. R Feuilles de Baguenaudier , depuis une once & de- mie jufquà trois , fclon la force du fujet. Un bâton de Réglijfe ejffilé & concajfé. Une pincée de Scrophulaire (^h). Une pincée d'Anis & autant de Coriandre. Faites infufer pendant la nuit fur des cendres chau- (a) Clufii rarior. plant. Hift. p. 98. (5) La grande Scrophulaire pafTe pour un excellent correâif du Séné. V. Me'm. de i'Acad. des Se. de Far. 170 1. yo Prix des dans une caiFeticre de terre avec une pinte d'eau de fontaine,* le lendemain faites fubir une très-légerc ébullition ; pafTez enfuite \o tout pour une tifanne Royale & purgative , dont on prendra trois gobelets chaque matin , pendant deux jours de fuite , laiffant entre chaque dofe trois heures d'intervalle, obfervant d'avaler un bouillon de veau entre chacune . des ver- rées. Il ne faut pas faire une ébullition confidérable, ni une expreffion trop forte non plus qu'au véritable Scné. De cette manière ces Mefîîcurs ont procuré allez régulièrement à leurs malades fcpt à huit felles copieu- fes fans fatigue. Comme le détail qu'ils donnent fur l'hiftoire du Ba- guenaudier, fur fes vertus & 'leurs eflais eft trop long, je me vois obligé à regret de ccffer cet extrait en me contentant d'ajouter, que je fuis perfuadé que les fuc- cès de ces favans praticiens , joints aux témoignages de tant d'anciens, détruifent fuffifamrrient l'opinion de ceux qui fe font déclarés contre l'analogie du Séné d'Europe & celui du Levant. II feroit donc k fouhaiter que nous employaffions de" préférence ce Séné; qui dès long-temps eit indi- gène en ce pays («2), par préférence à l'exotique, que la falfification &c la vétufté rendent fouvent peu cer- tain , & qui, pour coûter beaucoup davantage , n'en produit pas des effets plus falutaires. CONFERVA, bullofa, filamentis gequalibus ramo- fis, bullas aëreas includentibus. Linn. Syft. veg. cryp- togara. algœ. 1633. (i7) Poederlé, Manuel de l'Arborifle. 80. DE L* A N 1783. 71 Linum aquaticum impcrati. Alpja viridiscapillaceo folio. C. Bauh. Pin. 3640011- fcrva Plinii Dodon. 780. Gall. Confcrva ou Fervalc à huiles. REMPLACE Le Coton & le linge pour le papier. Mr. Defmars a propofé aux Naturalittes la folution de laqueftion problématique : lilaConferva appartient au rcgne végétal par les Algues ou au règne animal par les Zoophytes (a) : fans vouloir réfoudre le pro- blême , je la regarde pour une fubftance qui lie lès deux règnes ii-pcu-près autant que la Tremelle : je la ran- gerai cependant , avec les auteurs dont j'allègue les dénominations^ parmi les végétaux, quand ce ne feroit que pour avoir occafion de parler de fon étouppe , que Mr. Willcmet (/>), (i jufîement célèbre pour fes connoifTances botaniques, affure être propre à la fila- ture & donner une toile qui imite celle du Coton. Je penfe que ce Naturalifte a jugé trop favorable- ment cette étouppe, puifque ^Académie des Scien- ces de Paris (c) a décidé que la maticrc cotonneufe de la Fervale cil trop fragile & trop friable pour être em- ployée avec fuccès dans aucune forte de manufactu- res : je fuis cependant perfuadé que cette fentence eft à fon tour trop rigoureufe ; car l'infpection de cette produ(5lion aquatique, fort commune dans nos eaux (a) Journal t'conomique. 1-61. Mois d'Avril. (i) Phylographie économique de la Lorraine p. ïz6. (c) Me'ra. de l'Acad. des Se. de Par. 1741. Hift. p. 85. yi Prix ftagnantes, me fait croire qu'elle pourroit au moins fervir, mêlée dans d'autres matières,, à quelques fabri- ques, comme celles des chapeaux & du papier ; d'au- tant plus que, n'ayant pas trouvé fa ouatte fi friable, j'ai conclu que celle qu'on avoit préfentée à l'Acadé- mie de Paris n'ctoit devenue telle que par une trop longue macération dans l'eau , fuivie d'un trop grand deflëchement à l'air libre par l'ardeur du foleil & l'ac- tion des vents. J'ai été encore plus perfuadé de ceci quand j'ai vu que cette ouatre , qui pendant fa féchereffe me pa- roiflbit friable, redevenoit très-flexible après que je l'eus mouillée. La Linaigrette, Enophorum polyjlachium Linn. donne auffi un duvet propre à ouatter des couffins & des habits , & pour les fabriques des chapeaux & pa- piers : on en fait aufli de trcs-bonnes mèches à brûler. Outre la Conferva , la Linaigrecte, la Guimauve, les Mauves & le Mûrier, dont je parle en d'autres endroits , de ce Mémoire , Mrs. Guettard & Schcffer ont reconnu bien des fubftances végétales propres à faire du pa- pier , telles qtie l'Ortie, qui donne une filaffe égale à celle du Lin. Le Genêt , le Sapin j le Chiendent, les Chardons , la Feuille de mer, le Muguet , le rebut du Chanvre & du Lin, la Pervenche, les Choux, la MafTe d'eau, le Saule , la Moufle , qui chacune fourniflent des parties propres à cet ufage; & pour dire tout en deux mots , jufqu'aux feuilles de tous les arbres, la paille & les pommes de terre mêmes , tout s'eft converti en papier plus ou moins bon entre les mains de Mr. Scheffer comme on peut s'en convaincre par les échantillons, qu'il en donne, (fi). CONVOL- {a) V. J. SchfFaers. Nsueverfuche. i-j6<^. DE l'a N 1783. 73 CONVOLVULUS,/£/JW//n, foliis fagittatis, pof- ticè truncatis , pedunculis tetragonis unifloris. Linn. Syit. veg. Pentand. monog. xio, Convolvulus major albus. Tourn. 8i. & C Bauh.. Pin. 194. Convolvulus major. J. Bauh. a. 154. Smilax lœvis maj. Dodon. Pempr. 391. ■ Gall. grand Ltferon ou LifetU. Belg. groote ^achte Jf^indc ofu grootc clocksketis Wïndc. D, 642. REMPLACE ha Scammonée. La vertu purgative de cette plante a toujours été connue , de même que fon analogie avec la Scammonée à laquelle je la fubftitue. Hoffmann l'ap- pelloit Scammonée d^ Allemagne , &c Tragus la pre- noit pour une efpece de Scammonée fauvage moins nuifible que celle des Boutiques, (a) Ce n'efl donc pas, comme le penfent Mrs. Cofte & Willemet (è) , ftu le Baron de Haller qui a un des premiers propofé cette fubftitution. J'avoue cepen- dant que fon autorité a pu ajouter un grand poids à celle des anciens dans cette -matière. Quoi qu'il en foit, les eflais que plufieurs favans praticiens modernes viennent de faire avec un fuc- cës confiant fur la vertu de .cet indigène , prouvent évidemment que , fans faire craindre les mauvais (a) V. J. Bauh. & Cherl. hift. plant. T. a, p. 155. (J>) ■' Effai de Mat. méd. indigène p. 46. K 74 Prix effets de la Scammonée , elle nous en ofFre tous les avantages , au point que dorénavant la Scammonée ccflera d'être un, objet de commerce, fi les Médecins daif^nent préférer le bien de la patrie à un attache- ment d'habitude aux formules anciennes. J^ofe d'autant plus infifter fur la nécefîité de cette fubftitution , que j'ai toujours regardé avec les meil- leurs praticiens (û) la Réline exotique pour fort fuf- pe£le , tant par la violence des fymptomcs qu'elle produit , quand elle eft donnée à une dofe un peu forte & même à une petite dofe chez les perfonnes délicates , que par les marques de corrofion trouvées dans l'eftomac & les inteltins des cadavres de ceux qui en avoient fait fouvent ufage. Ajoutons qu'il eft rare qu'elle ne foit fophiftiquée avec le fuc de Tithymale ou d'Efule (^), comme fi par elle-même elle ne fut pas déjà allez k craindre. Il n'eft donc pas étonnant , que Triller après avoir fait un tableau terrible des effets de la Pou- dre de Cornachine dont la Scammonée fait la bafe, finifTe par l'appeller Foudre des trois Démons (c). La façon de fe fervir du Liferon la plus analogue à la Scammonée, qui eft un fuc épaifli, eft d'en exprimer le jus & de le faire évaporer à la confif- tence d'extrait dont on donne depuis 15 jufqu'à 30 grains , félon l'exigence des cas. {a) Duttelii de virulent, purgant. indole. Cap. i. & Trilleri dif- penfat. x6^, où il en cite plufieurs autres. (a) Richter de Corruptcl. medicam. p. 4. & EttmuUeri T. i. pag. 871. (c) Trill. difperif. part. 2. p. 519. D 1 l' A N 1783. 75 Les anciens Botaniftes font d'opinion , que toutes les efpcces de Liferons ont à peu près le même effet ; ce qui rend la fubftitution plus naturelle , puifque la plante qui donne la Scammonée appartient aux Life- rons. Munting dit (a) qu'avec beaucoup de foins la fe- rncnce , apportée du Levant , levé & croît en ce pays-ci, mais ne porte pas de graine : fi cela cft , il ne faut pas cfpérer qu'elle y devienne jamais indi- gène. CROCUS ; Jhtivus , officinalis, Autumnalis, foliis anguftioribus , margine rcvolutis. Linn. Syft. veg. Triand. Monog. ço. Crocus fativus. Tourn. 350. & C. Bauh. Pin. 65. Crocus. J. Bauh. t. 6'^'j. &c Dodon. Pempt. 113. Call. Safran. Belg. Safraan. D. 319. REMPLACE Le Saffran étranger. Il eft inconcevable comment cette plante , donc les fleurs fourniflent un objet de commerce fi re- cherché & conftituent une branche d'agriculture fi lucrative , n'ait pas encore obtenu la place qu'elle mérite fi bien dans notre économie rurale , tandis qu'à l'exception des parties les plus Septentriona- les, l'Europe prefqu'entiere retire le fruit de cette culture. La Médçcine , l'Art culinaire , devenu : fi inté- reflan* aujourd'hui, & fur -tout la teinture, en font une confommation journalière : auffi , non obf- (a) Munting. befchryv. der aard-gewaflen. p. 507 K ij iS Prix tant la quantité qu'on en recueille tous les ans , le SafFran fe vend encore un louis d^or la livre. Quand on penfe avec cela , qu\in arpent ordi- naire de France de loo verges , chacune de ao pieds quarrés , en donne dans une bonne récolte jufqu'à 20 livres; de façon qu'il arrive quelquefois dans le Gâtinois que la récolte d^une année rap- porte la fomme totale de l'achat de la terre fur laquelle' elle s'eft faite , il paroîtra de plus en plus furprenant que fa culture ne (bit pas encore éta- blie parmi nous. Rien cependant n'eft mieux avéré que la poffibi- lité de cette culture , non-feulement par celle qui eft établie tout autour de nous dans des pays donc la température & les fols font conformes aux nô- tres , mais auffi par le nombre d'efTais en petit qu'on en a faits & qu'on fait encore tous les jours,- fur-tout par l'exemple de fa culture en grand , que quelques patriotes zélés commencent à nous fournir: tels font entre autres M. le iMajor Dellafaille a An- vers, qui en cultive depuis plufieurs années un journal , dont il obtient du SafFran d'une qualité fi fupérieure au Saffran étranger , prefque toujours falfifié , que dans les Pharmacies d'Anvers on n'en veut plus d'autre que le fien : dont il a cueilli entre 6 & 7000 fleurs par jour en 0) dit , qu'à la dofe d'un ou de deux gros de feuilles récentes, pilées & réduites en bol ou bien en poudre fechc jufqu^à un gros, avec un peu de Crême-de-tartre & de fcmence d'Anis,ellc fournit un purgatif très-doux, & qu'on prefcrit utilement contre les fièvres inter- mittentes & contre l'hydropific. Mrs. Cofte & Willemet (c), qui n'en ont vu qu'une feule obfervation , la fubftituent au Séné à la dofe de deux gros en infufîon. N'ayant pas eu occafion d'obferver par moi-mcmc les effets purgatifs de cette plante , je ne puis que re- commander aux praticiens de vérifier cette fubflitu- tion par des obfervations ultérieures. MIRABILIS , Jalapa , floribus congeflis termina- libus ereclis. L. S. V. pentand. monogyn. 25 x. Jalapa flore purpurco. Tourn. 1x9. Solanum .Mexicanum flore magno purpureo feu Kcrmcfîno. C. B. Pin. 168. ' Jafminum Mexiocanum five flôs Mexiocanus. J. B. a. 814. Jafminum Mexicanumu Dod. 1439. G.;//. BdU-de-nuit ou Jalap. Bdg. îf^onder-bloem van Peru ofie wdrlckendc Naf- chaye. D. ^435?. (") Vogel Mat. mt-d. p. 107. (b) Geoffroi .Mar. mcd. T. 7- p. 3 1 j. {c) Effai de Mat. m(Jd. ind. p. 3) Jour, de Phyf. 1771. p. ^6^ DE l' A N 1783. 117 avoir ôté les tiges des bulbes , on lave ceux-ci & on enle- vé avec une brofle la peau fine qui les recouvre, ou, pour avoir plutôt fait , on les trempe dans l'eau chaude & on enlevé la peau au moyen d'un linge un peu rude: enfuite on les étend fur des plateaux de fer- blanc, qu'on met l'efpace de (ix à dix minutes dans un four prêt à cuire le pain : par cette opération elles perdent leur blancheur laitcufe & prennent , fans diminuer de grofleur j une tranfparence de corne : après quoi on les met dans un lieu où ils puilTcnt durcir, ce qui fe fait le plus commodément en peu d^heurcs devant un feu modéré. Cette méthode m^a paru préférable pour empêcher les bulbes de moifir. On doit cueillir l'Orquis au printemps, avant qu'il n'ait poulTé fa tige; il ne faut prendre que les bulbes qui foient groffes, bien fermes, fucculcntcs , vifqueufes & douces. Une livre de ce Salep indigène toute préparée ne coûtera pas plus que le prix d'une once de Salep de Perfe : encore ce prix n'appauvrira pas les pays. Outre rOrquis mâle , il y en a plufieurs autres indi- gènes , qu'on peut employer au même ufage ; Mrs. Cofte & Willemet en propofent cinq efpeces par pré- férence aux reltans , (a) qu'ils rejettent , en partie pour leur odeur; quoique d'autres propofent de fe fervir indiftindement de tous les Orquis, fur-tout Mr. Moult, qui aflure très-pofitivement, d'après fa propre expérience , que les bulbes de toutes les efpeces d'Or- quis font fi parfaitement femblables en ce point , qu'a- près la préparation , on n^ rencontrera pas la diffé- rence la plus légère. Mon fentiment eft conforme au (a) EITais de Mat. méà. ind. p. 79. ii8 Prix fieri , d'autant plus que l'odeur de bouc, qu'on repro- che à certaines efpeccs , n'exifte que dans la fleur & point dans les bulbes. Les cinq efpeces que ces Meffieurs propofent font : rOrquis morion, Urchïs morio. Linn. L'Orquis tacheté, Ovchis maculata.JJmv). L'Orquis à large feuille , Orchis latijoiia. Linn. L'Orquis capette , Orquis militaris. Linn. L'Orquis pyramidal , Orchis pyramïdalis. Linn. PAPAVER, yomn{/èrum, calycibus capfulifque gla- bris, foliis amplexicaulibus incilis. L. S. V. Polyand. monogyn. 7x5, Papaver hortenfe femine albo , fativum Diofc. al- bum Plinii. Tourn. x37. & C. B. Pin. 170. Papaver album. L B. 3. a 90. & Dodon. 730 GalL Pavot blanc. Bclg, Wittcn luul oftt mankop. D. 730. REMPLACE L'Amphion ou Opium 6* l'huile d'Amandes. Les environs de Malines fourniflent une quantité fi confidérable de Pavots blancs , que nous fommes inexcufables de ne pas en tirer l'extrait (rt) qui , pris à double dofe , remplace le meilleur Opium ou Am- phion de Natolie, qui eft plus analogue à notre confti- tution , qui coûtera beaucoup moins, & confervera nos efpeces ; mais fur-tout qui lera exempt des falfi- fications dangereufes, auxquelles nous expofe la cher- té du médicament Oriental. (a) V. de Beunie Mttn. couronné p. 5a. DE l' A N 1783. 119 Beaucoup d'auteurs célèbres fe font fait un devoir de recommander à leurs concitoyens cette lubftitu- tion en donnant la compoficion de l'extrait : outre ceux que 1\1. de Beunie a cités il en elt encore plu- (ieurs qui ont eu le même zcle patriotique , entr'autres Quercetan & Schroder(û), qui , fous le titre d'Opium d'Allemagne , en donnent la préparation , qu'ils font au moyen d'une liqueur vineufe , & qui me paroît très-bien raifonnce , quoiqu'un peu longue. Encore depuis peu le tradudcur de la Médecine domeltiquc de Buchau ; ouvrage qui pour fon utilité eft entre les mains de tout le monde, en recommande , après Lieu- taud , l'ufage j & en donne une compofition(/7) qui ne me plaît cependant pas autant que celle de Querce- tan. M. Guettard (c) afTure que feu le Duc d'OrléanS, en faifaht l'extrait de Pavot blanc félon I4 méthode d'Edimbourg a obtenu quatre onces & demie d'ex- trait folide de trois livres de têtes de Pavot. Mais à quoi nous ont fervi les efforts réunis de tous ces hom- mes favans , puifque perfonnne de nous n'a eu affbz d'aétivité pour fuivrc leurs confcils patriotiques autant que falutaircs , & que nous aimons encore toujours mieux de nous expoferkêtre empoifonnés par des dro- gues exotiques, que nous payons très-cher, que de tirer parti des tréfors dont la natufe bienfaifante nous a fi libéralement pourvus? Ce n'cft pas le Pavot blanc feul dont l'extrait rem- place l'Opium ; celui du Pavot rouge ou Coquelicot f^.\ («) J, Schroderi pharm. Medico-Chym. part. 4. p. iid. (i) Buchau Méd. domeflique. T. 5 p. jgr. (c) Guettard Mc-moires fur les fciences & arts p. CXIIF, 110 Prix peur nous rendre le même fcrvice , comme l'a obfer- vé Boulduc (a) : qui de quatre onces de têtes de Pa- vot rouge vertes & récentes , fans fleurs, a tiré c'nq gros d'extrait folide , qui à la dofe de deux jufqu'à quatre grains remplacent, félon lui ^ complètement rOpium. L'huile des femences de Pavot blgnc , qui ne pof- fedenc rien de la vertu fomniferc de la fubftance des têtes qui les renferment, eft fort agréable, & on la fubftitue fouvent fous le nom d'huile d'CEillet à celle d'Amandes douces; comme en peut également fubfti- tuer à celle-ci l'huile des noyaux d^Abricotier dont les Amandes douces remplacent en tout celles du commerce (b). PARIS , qiiadrifolia , L. S. V. Oârand. tetragyn. 516. herba puris. Tourn. 233. & J. B. 3. 613. & Dod. Solanum quadrifohum bacci-ferum. C. B. Pin. 167. Gall. Paris , Raifin de renard , Herbe à Paris. Bclg, U^olfs-beiien ofte Jpinnekoppcn. D. J3.(). REMPLACE 'Ulpécacuannc. Tout eft plein de difputes & de confufion chez les Botaniftes non-feulement au fujet des vertus de cette plante , mais aufli pour ce qui regarde fa claffifica- tion & fa dénomination , les uns recommandent ou condamnent (a) Mémoire de l'AcaJ. des fciences de Par. I7I1. hift. p. jr. (i) V.Carth. Mat. med. T. i- p. 3^9- DE l' A N 1783. ïll condamnent toutes fes parties indifféremment , les au- tres ne s'attachent qu'à une de fes parties, & entre ceux-ci mômes ne (c trouve aucun accord , puifque tel ne parle que des baies , tel autre que des feuilles, tandis que le troifieme s'en tient aux fcyles racines. Les principaux de fes Panégyriftes , que mes re- cherches m'ont offerts, font Sarde, Mathiole, Ca- merarius, Turner , Ca:falpin, Lobel, Wedel, Schro- der , Etmuller , Tournefort , & l'auteur anonyme du Didionnaire univcrfcl de Matipre médicale, qui tous la recommandent pour fes vertus anodines & calman- tes tant internes qu'externes. Entre ceux qui fe font déclarés contre elle, les principaux font Tragus , J. Bauhin , Chenler , Fuchfius , S. Paulli , Buchner , Geoffroy , Hoffmann , Boerhaave , Zorn , Triller & Bomare , qui tous la regardent comme un vrai poi- fori narcotique, de façon que plufieurs fe fervent à fon fujct de Texpreilion de Fragus qui dit, quil Je gardera bien^d\n prendre pour dormir , crainte qu!elU ne le faffe toujours dormir. Tandis' qu'entre tous ces auteurs , bien loin de quelque mention de vert,u émétique , il n'a été quef- pion que du plus ou moins d'effet narcotique , le célè- bre Naturaliite Linnaeus fe met fur les rangs («) & annonce fa vertu vomitive, & pour fa bénignité, pro- pofe de la fubfHtuer à fl^écacuanne : d'un autre côté Vogel après avoir prôné(/>)la vertu narcotique de toute la plante, rapporte eniuitc après Linnsu?(c)que fa *'■ ■ Il , ; . - ((») Linnri -fiora iapponica. p. 15.5. (6) Vogel. Mat. mcd. p. ni. {c) Ibid. p. ^^^. ixt Prix racine à double dofe fait le même effet que l'Ipéca- cuanne. Les auteurs de la Matière médicale indigène, fur l'autorité de Lînnaîus , ont employé trois fois cette ra- cine, & quoiqu'ils l'aient plutôt trouvée trop foible- ment émétique , ils ne laiflent pas de la fubftituer à l'Ipécacuanne. J'avoue ingénuement que je n'ai pas été tenté de répéter leurs eflais dans cette multitude de contradic- tions, par la crainte fur-tout qu'il fe pourroit que la différence des fentimens ne vienne que de la différence des herbes que chaque parti a employées, & qu'ils peuvent avoir défignées par un même nom ; ce qui eft d'autant plus pofïible que J. Bauhin (a) & Tourne- fort (b) rapportent des preuves non équivoques de cette différence. PIMPINELLA , faxifraga, foliis pinnatis, foliolis radicalibus fubrotundis, fummis linearibus. L. S. V. Pentand. digyn. 378. Tragofelinum minus Tourn. 309. Pimpinella faxifraga minor. C. B. Pin. 160. Saxifragia hircina minima, pimpinella crifpa tra^i. J. B. 3. part. z. 113. Saxifraga parva. Dod. p. 315. GalL grande Saxifrage , Fimprenelle blanche , grande Fimprenellc , Saxifrage , grande Bouquctinc , Boucage , grand Pcrfil de Bouc. Belg. Bcverncllc , ofte kleyne Stccnbrccke. D. 5o5. {a) J. Bauhini & Cherleri Hift. plant. T- 3. p. (îij. (6) Tournefort Hift. des plant, des environs de Paris p. '^66. DE L* A N 1783. 1x3 REMPLACE La racine de Pyréthre, le poivre rond , la Cochenille , Cartheufer (a) dit que fa racine a les mêmes vertus que celle de Pyrêchre, je crois donc après cet auteur judicieux pouvoir la fubftituer à celle-ci , que je re- garde cependant comme trop acre pour l'ulagc inté- rieur , quoique plufieurs la prefcrivent ,• tandis que la racine de Boucage elt très-falutaire prife à une dofe convenable, comme fondante & ftimulante. Je n'entends donc la fubftituer à celle de Pyrêthre que comme mafticatoire pour exciter la falivc dans les paraiylies de la langue ôc tout autre cas ou le ptya- lifme & rirritation de la bouche font jugés néceflaires. Une fubftitution plus intéreflante qu'offre cette ra- cine , c'ett que pulvérifée elle peut tenir lieu de Poi- vre (b). Toutes les efpeces de Boucages ont les mêmes ver- rus que celle dont je viens de parler : je ne puis cepen- dant pas aflurer que toutes nouriflent comme elle à leurs racines un gallinfeile qui eft la Cochenille fau- vage & qui donne la même' couleur que la vraie. PINUS , abies, foliis fblitariis, fubulatis, mucro- natis , l.Tvibus , bifariam verfis. L. S. V. monœc. adclph. ii^i8. Abics tenuiore folio, fru^u deorfum inflexo. Tourn. 585. () que notre Polygale vulgaire eft la même plante que la l'olygaja amara de Linn^eus & de Crantz_,donc la racine , après avoir eu une grande réputation pen- dant quelque temps en ce pays , a été mal-à-propos abandonnée. L'identité des effets que j^avois obfervés dans ces racines, m'a fait adopter le fentiment de ces Meffieurs avec d^iutant plus de facilité , que j'ai reconnu plus d'une fois, que Linnœus , tel grand Botanifte qu'il aie ■été, n^a pu éviter de tomber dans quelques inexacti- tudes , dont Tarticlc de la grande & petite Saxifrage que cet Jiomme célèbre confond , vient de me don- ner une preuve récente dans mes recherches aéluelles. Mais quand même fa Polygale amere feroit une plante diftincle de fa vulgaire, je crois toujours pour l'analo- gie de leurs vertus devoir propofer la fubftitution de la dernière à la place de la première, qui coûte un prix (a) V, Mémoire de l'Acad. des Se. de Par. i744. p- 17- &hift. 14- ib) EfT. de Mat. mtd. ind, p. 71. DE L* A N 1783. 119 prix exorbitant ici, aufll bien que je la propofc avec Cartheufer pour remplacer le Sénéka ou Polygale de Virginie. Je ne puis cependant m'empécher de prévenir les praticiens , que je donne toujours la Polygale , tant îbus le titre d'amere que fous celui de vulgaire, à une dofe aflez forte , favoir k une once & demie & au de- là en décodion par jour , & que, prife à cette dofe , elle a fouvent excité des naufces ou des felles , & en- core plus fouvent un fentiment d'ardeur à l'éfophage fans que ces fymptômes aient eu aucune mauvaife fuite, ou qu'ils aient mis obftacle à la guérifon. POLYGONUM, avlculare , floribus odandris, tri- gynis , exillaribus , foliis' lanceolatis , caule procum- bente herbaceo. L. S. V. O^tand. trigyn. 516. Polygonum latifolium. Tourn. 510. & C. B. Pin. a8i. Polygonum five centinodia. J. B. 3. 374. Polygonum maf. Dod. p. 113. G ail. Renouée. Belg. Kcrkens gras oftc duy':^ndcnoop manneken. D. 156. REMPLACE Vccorce de Simarouba. La vertu aftringente de la Renouée a produit de fi bons effets dans le relâchement , qui eft la fuite de la dyflenterie {a), que Chomel la regarde comme un fpé- cilique dans cette maladie : elle peut donc ccre fublti- (a) V. Chomel Hift. des plantes ufuelles. T. x. p. 57J. & Geof- froy Mat. m^d. T. 9. p. 4i. R 130 Prix tuée à l^écorce de Simarouba quand le cas exige qu*OQ fe ferve d^aftringens. POLYGONUM, perficaria , ûonhMs hexandris di- gynis , fpicis ovato-oblongis , foliis lanceolatis ftipu- lis ciliatis. L. S. V. Odand. trigyn. 516. Perficaria mitis. Tourn. & C. B. Pin. ibi. & I. B, 3- 779; . Perficaria. Dod. 95 g. Gali. Perjicaire vulgaire. j Belg. Perfen-cruydt. D. g^g. Tournefort afrure(rt)que la décoction de cette plante dans du vin , dont on fe fert en fortne d'épithême , arrête la gangrène d'une manière furprenante ; elle remplace donc en ce cas la vertu du Quinquina. POLYGONUM , amphibium , floribus pentandris femi-digynis , fpicâ ovatâ. L. S. V. 0£tand. trigyn. 516. Potamogeiton falicis folio. C. B, Pinn. 193, Potamogeiton. Dod. p. jSx. Gall. Perjîcairc amphibie. Belg. Fonteyn-cruydt. D. $3.j, REMPLACE La Salféparille. Voici encore une plante indigène , & commune dans nos fofîes à eau dormante , dont la racine rem- place complètement celle de Salféparille pour les mê- mes raifons que j'ai détaillées au fujct de. celle de hou- () Farvàcquïs draog-bcreydcnde Schackamer. Part. a. p. 1^^. 138 Prix Les racines font reconnues pour être un des meil- leurs remèdes pour diflbudre les concrétions calculeu- fes (a) , Matthiole foucient même , qu'infufées dans du vin, elles ont guéri la carie par caufe vérolique. Quel eft le végétal exotique qui réunifTe tant de vertus dans fes différentes parties ? & cependant , fi ce n'étoit fon fuc épailîi , la moins nécefTaire de fes par- ties, quel feroitle végétal indigène moins en ufagc de nos jours que notre Prunellier, dont les Ebéniftes ont prelque feuls tiré parti jufqu'ici , en fubftituanc fon bois à celui du Cyprès & aux autres bois exoti- ques jaunes nuancés ? PYRUS , Malus ^ foliis ferratis , umbellis feffilibus. L. S. V. icofand. pentagyn. 626. Malus fativa. Tourn. 634. Pomus fwe Malum. C. B. Pin. 432. Malum five Pomum. Dod. 1^36. Gall. Pommier. Belg. Appdboom. D. iijô". REMPLACE Les vins étrangers , les Tamarins , la Manne , le vi- naigre de vin, les bois d'Amérique 6' l'Ebene noir. Dans ce pays nous nous contentons de faire fefvir les pommes comme aliment .'en d'autres pays , fur-tout en Normandie & en Angleterre , en en fait de plus une boiflbn agréable & vineufe appellée cidre, & pi- quette j quand elle eft faite de pommes fauvages. Quand ces boiflbns font faites avec des pommes {a) V. Commercium Litter. JNorimb- 1735- DE l' A N 1783. 139 de choix & par une bonne méthode ; elles égalent les meilleurs vins, comme on le verra à l'article du Grofeillier. La plupart des pommes font laxatives, & coites, elles peuvent être fubftituées aux Tamarins, mais à une dofc beaucoup plus forte. Il en elt qui les fubfti- tuent à la Manne ; je ne fuis pas de leur fentiment , &c je penfe que notre miel y feroit beaucoup plus pro- pre. Dans le pays de Liège & dans plufieurs autres , on fait un vinaigre de pommes qui vaut celui du vin pour la force & la bonté. Le bois de Pommier, de même que celui du Pru- nier imitent trës-bien les bois de l'Amérique, fur-tout quand ils ont été trempés dans de la chaux éteinte ave€ de l'urine. (^2) , je penfe donc que c'eft par abus que Mr. Roubo range le premier parmi les bois blancs pour les Kbéniftes. (A). Les bois de Pommier , de Poirier & de Cormier , quand ils font fans veines, trempés dans de la limaille de fer rouillé, contrefont le bois d'Ebene noir: mais entre tous nos bois, celui qui contrefait le mieux ce dernier, c'eft le -Houx, quand il a trempé un temps fuftfant dans une cuve de chapellier. (c). QÙERCUS , robnr , foliis deciduis, oblongis , fu- perné latioribus , finubus acutiori'ous , angulis obtufis. Xi. S. V. mona;c. polyand, 1411. («) V. L'Emery, nouveau Jlecucil. T. 4. p. 19J, (b) Roubo, Art de l'Ebcnifte. p. 788. (c) L'Emery. IbiJ. T. 4. p. 204. Sji 140 Prix Quercus latifolia mas, quae brevi pediculo eft. Tourn. jSx. & C. B. Pin. 419. Quercus vulgaris , brevibus pediculis. J. B. i. 70. Robur five Quercus Dod. 1x91. Gall. Chêne. Bdg. Eyken-boom. D. izgi. REMPLACE Le S'imarouba , les noix de Galles Çf le Caffé. Pour ne pas m'écarter de mon fujec par le détail de toutes les vertus médicinales que les auteurs des Matiepes médicales attribuent avec raifon à cet arbre, je me bornerai à dire que toutes fcs parties font ame- res & très-aftringentcs , au point qu'elles peuvent rem- placer le Simarouba dans les fuites des dyllenteries. Elles font également \i matière ordinaire du tan des cuirs; avec cette différence que i'ccorce , quoi- qu'on s'obftine en ce pays à l'employer par préférence , y ell moins propre que le bois même, & celui-ci en- core inférieur aux jeunes branches , comme l'a démon- tré Mr. Du Rondeau dans le Mémoire qu'il a préfenté à ce fujet à l'Académie. Mais toutes ces qualités, non plus que la grande uti- lité du boiis pour la conftrudion & pour fuppléer au défaut de Noix de galles , ne méritent pas au Chêne une place fi diftinguée parmi les végétaux qui font l'objet de ce Mémoire, comme la propriété qu'on a découverte depuis quelques années dans fes glands de remplacer le Caffé ^ quant ils font torréfiés comme celui-ci. Les premiers Médecins que je fâche en avoir pref- crit la fubftitution font Mrs. Avenbrugger & Marx : DE l' A N 1783. 141 plufîeiirs les ont fuivis, mais perfonnc avec autant de feu que Mr. le ProfelFeur Hoftimann à Munfter en ^X^eftphalie ,' qui ciï fi bien parvenu à faire écouter la raifon ,^ue la plupart des gens de condition dans cette ville ne font plus ufage d'autre Cafte , même quand ils en prélcntent aux étrangers. Deux habitans des plus- notables de ladite ville, qui en ont fouvcnt goûté, m'ont ad'uré , qu'à moins qu'on ne foit prévenu , il n'eft pas poffiblc de trouver au goût de la différence entre ce Gaffe de gland de Chêne & le vrai Caffé de fèves. De quelle importance ne feroit donc pas l'introduc- tion de ce Cafté indigène dans notre pays, quand d'un coté Ton pefe les fornmes immenfes que nous dépen»- fons tous les ans pour cette boiflon nuifible , & que d'un- autre côré l'on fait la comparaifon entre les qua- lités bienfaifantes , toniques & apéritives du gland de Chêne & lés qualités lentement délétères du Caffé ! RHAMNUS , Cathartlcus , fpinis terminalibus flo- ribus quadrifidis , Dioicis, foliis ovatis , -caulc ereéto; L. S. v. pentand. monooyn. xyg. Rlamnus catharticus. Tourn. 593. & C. B. Pin. 478. & J. B, 1. 55. Rhamnus iolutivus. Dod. p. 756. Gall. Nerprun , Noirprun , ou Bourgépine. Bdg, R/iynùei^ien. D. ii86. oftc Ramsbe^kn, REMPLACE La Scammonée , la graine. (T Avignon , le Stil de grain & le verd de vejjie. Tous les Pharmaciens donnent la compofition du fyrop fait avec les baies mûres de Nerprun : les au- 141- Prix teurs de la Matière médicale indigène (a) fubftituenc ce fyrop k la Scammonée. La fubititution , je l'avoue, n'entraîne aucun danger, mais je penfe, que pour qu'elle foit plus exade , il faudroit la faire a» moyen de l'extrait qu'on prépare de fes baies, le fyrop étant •beaucoup moins violent que la Scammonée. Cet arbrifleau ofFre un phénomène fingulier , c'eft que les Pruniers & Cerifiers, qu'on y greffe , contrac- tent fa vertu purgative. Les baies , avant leur matu- rité , donnent un beau jaune à !a teinture , qu'on nom- me graine d'Avignon , & qui incorporé avec l'alun , le blanc de plomb , la marne ou la terre calcaire , forme, le ftil de grain. • - Quand ces baies font parvenues à maturité , elles donnent le verd de veffie, & fi on les laiffe fur l'arbre jufqu'à la St. Martin , on en tire une couleur écarlate , que d'autres trouvent belle, mais qui n'a pas paru telle à Mr. de Beunie. Comment fe peut-il , qu'avec les avantages qu'offre cet arbriffeau , non-feulement il n'obtienne pas de place entre nos plantes cultivées, mais que nous né- gligions même de tirer parti de ceux qui croilfent na- turellement en plufieurs endroits incultes de ce pays, fur-tout dans le Luxembourg. RHAMNUS , Frangula , inermis , floribus mono- gynis, hermaphroditis, foliis integerrimis L. S. v. pentand. monogyn. xyg. Frangula. Tourn. 6ix. & Dodon. p. 784. Alnus nigra baccifera. C. B. Pin. 4x8. & J. B. i. 560. . (a) Eflai de Mat. méd. indig. p. 49. * DE l' A N 1783. 143 Gall. Bourgene , Aune noir, bois puant. Bclg. Sporcken-houty oftc Pylhuut. D. lll8,oftc Jiincke-boom , oftc Vuyl boom, REMPLACE Vlpécacuannc & la Scammonce. L'ccorce récente de cet arbrÈ , à la dofe d'une poi- gnée cuite dans du lait , eft un des vomitifs les plus doux, & que j'ofe , après robfcrvation , ranger parmi les .indigènes qui remplacent l'Ipécacuanne. Cette même écorce feche , depuis un gros jufqu'à quatre en infufion , forme un bon purgatif, que les auteurs de la Matière médicale fubftituent à la Scam- monée {a) , mais qui me paroît infiniment plus doux que cclle-çi. Elle donne d'ailleurs une teinture jaune j & fes baies vertes teignent les laines en verd. RHEUM , palmatum , foliis palmatis acuminatis. L. S. v. enneand. monogyn. 531. Rhabarbarum forte Diofcoridis & antiquorum. Tourn. 89. Rha. C. B. Pin. 116. Rhabarbarum. Dodon. 636. Gai/. Rhubarbe. Belg. Rha oftc Rhabarber D. SjS. REMPLACE La vraie Rhubarbe, Rheum verum palmatum. Uu bienfait réel , dont le public eft redevable aux (a) ElTais de Mat. raéd. iodig. p. 48. 144 Prix vues patriotiques de l'Académie, efl la culture de la Rhubarbe, qu'on s'eft empreffé d'introduire dans pus d'un endroit de ces provinces , depuis que le Mémoire de Mr. Du Rondeau en a fi bien démontré la poffibili- té ; je puis même annoncer avec beaucoup de (atjisfac- tion qu'un de mes amis, qui poffede la vraie Rhu- barbe ou Rheum palmaturn de Linnaeus, en tout con- forme à la défcription de Mr. Buquet, compte dans peu d'années en faire un objet de commerce. L'ufage de cette racine eft fi général & fi ancien y qu'il ed étônûant qu'on fe foit avifé fi tard d'en int-ro- duire la culture en Europe, où on cultive depuis des fiecles à grands frais tant d'exotiques objets de curio- fité plutôt que d'utilité , tandis que la Rhubarbe n'exige prefqu'aucun foin , pas même une terre bien excellen- te , puifqu'elle vient le mieux dans un fol fec'& fablon- neux .' la feule précaution qu'elle exige étant de ne la tranfplanter & recueillir qu'au printemps, & de laifler au moins trois pieds de diftance en tout fens entre les racines. Différentes contrées d'Europe ont" fenti la néceflité de cette culture prefqu'en même temps : elle réuflît par-tout (fl) ; & les expériences les mieux faites & fou- vent répétées , ont démontré l'identité de fes effets avec ceux de la Rhubarbe de la Chine. Je ne puis donc affez recommander à mes concitoyens la culture d'une plante qui rapporte un bénéfice immenfe & éga- lement affuré , vu que la Rhubarbe eft devenue objet de première néceffité : je ne puis même afl'ez recom- mander l'ufage de la nôtre aux praticiens par-préfé- rence ((?) V, Journ. de Pbyf. lut' T. a. p, 415. D E l'a V 1783, 14c rence k celle de la Chine, qui par fon éloigncmcnt nous arrive fouvent corrompue & par fa cherté n'cft que trop fujetre à être fallifiéc. Je dois cependant prévenir ceux qui voudront s'a- donner à cette culture , qu'entre les Rhubarbes qu'on cultive en ce pays, je fuis perfuadé qu'il' en eil plu- fieurs , qui , au lieu d'être la vraie Rhubarbe de la Chine ou le Rheum palmatum de Linnacus, ne font que la Rhubarbe de Thracc ou Rfuum Rhabarbarum de Linnseus. Ce qui m*a convaincu de ceci eft que , fâchant qu'une Communauté Réiigicufe à Anvers cultive cette plante aflez abondamment pour fon ufage & au-delà , je me procurai un échantillon de cette Rhubarbe ^ que je reconnus d'abord pour celle de Thraee. La méprife n'eft nullement dangcreufc , puifque l'expérience a démontré (tf^que fes vertus font les mê- mes que (ielles de la Rhubarbe Chinoife.'mais comme celle-ci vient avec une facilité égale à l'autre dans ce pays , je penfe qu'on doit la cultiver par préférence ; d'autant plus que c'elt elle qui eft le vrai objet de com- merce , & allez aifée à diftinguer de l'autre; puif- qu'outre les différences qu'offre la plance même & qu'on peut voir dans le Journal de phyfique (i») & ail-" leurs,, j'en trouve encore de bien fenfibles à la racine feche , qui paroît moins marbrée, plus légère, plus fpongieufe, &à fibres longitudinales plus prononcées dans„qç|^ ,de Thraee que dans la Chinoii)î^:.,lç.goûc ■ ■ ' ■ ■ ■ ' -^-.^^ ■- ■ ■ - ^- A ^S. ^ A L W L --^.^ .._. . ^ . -jl't ii_t_jLl_t _àj (a) V. Canh. Mat. ttiéd. T. t. p. s^ï. & Jotifriaf de phyfiq. itl- trodud. T. a p. 514. {h) V. Jour, de phyf. introd. T. 2. p^ ji^k & philojophical frah- faclions ïy6^. p. 191. T 146 P R ï X • de la première efl: d'ailleurs plus aftringent , moins nauféabond & moins défagréable , en même temps que quand on la mâche , elle remplit la bouche d'une certaine mucofité. En attendant que le pays fourniffe affez de vraie Rhubarbe pour notre confommation, on peut lui fub- ftituer la racine du Rhaponticum vulgarc fpurium ou celle du Rhabarbanim monachorum (a) ; mais de cette dernière il faut donner une dofe prefque double ,* fur- tout il ne faut pas confondre ces deux dernières plan- tes comme on le fait alTez généralement. RHUS, vernix , foliis pinnatis , integerrimis, pe- tiolo imegro pcquali. L. S. V. Pentand. digyn. 379. Rhus Virginianum. Tourn. 611. & C. B. Pin. 517.. Sumàch five Rhus virginiana park. Gall. Sumach des jardins ou de Virginie. Bdg. Sumakvan Virginicn. REMPLACE '■.[Le Sumach d^Efpagnc ou rourc' des corroyeurs. Ce Sumach efl: un arbrifleau qui mérite de toute façon qu'on le cultive en ce pays où il viendra très- bien, non-feulement pour la vertu médicinale de fes baies & fur-tout de fes feuilles, dont on fe fert comme d'un très-bon afliringent , mais principalement pour fon bois qui remplace très-bien le Sumach ordinaire d'Efpagne, qui efl: le roux ou roure des corroyeurs & des teinturiers (h) auquel celui de Virginie efl: fouvent prerere. __^_ (a) V. Carth. Mat. mcd- T: a. p- 394. (i) V. Geofiroy Mat> méd. T. 9. p. laj, DE L*A N 1*783. 147 Ce bois qui cft d'une belle couleur verte nuancée peut être fort utile aux Ebéniltes. , M. Duhamel confeille d'effayer de faire de la réfinc qui découle de cet arbre par incifion, un vernis ana- logue à celui de la Chine. Nos corroyeurs trouveront dans le Fuftet , qui eft devenu indigène fclon M. Bats , un fubflitué de plus au Sumach d'Efpagne : quant aux teinturiers , il eft à defi- rer qu'ils ne s'en fervent jamais comme matière colo- rante. RIBES , riibrum , inerme , racemis glabris , pendu- lis , floribus planiufculis. L. S. V. Pentand. monogyn. a^o. Groflularia multipliai acino, five non fpinofa hor- tenfis, rubra , five ribes officinar. Tourn. 639. & C. B. Pin. 45 ç. Ribes vulgaris acidus ruber. J. B. 2. 97. Ribclium frudu rubro. Dod. p. 749. Go.ll. Grojciller rouge. Bclg. roodc ofte gcqitync aalbc^.cn. D. iijx , ofte S. Jans druyfjcns , ofte bc:^'un over [ee, REMPLACE Le jus de Citron j les Oranges douces , les Vins étran- gers , le vin de Madère , le vin de Malvoijîe , le vin du Neckar , le vinaigre de vin & les vins étrangers. Quoique fon fruit foit généralement rouge , il s*eti trouve aufli du blanc , qui ne diffère de celui-là que par la couleur & par un peu moins d'aigreur. Ce fruit qu'on a regardé jufqu'ici d'un ccil affez in- différent , employé convenablement & multiplié en proportion de fon utilité, peut devenir une des bran- T ij 148 Prix ches les plus importantes de notre économie rurale : voici comment,- d'abord il elt d'une vertu égale & d'un effet moins dangereux dans les fièvres aiguës que le Citron , parce que fon fuc acide eft plus mûr &c plus tempéré j par conféquent moins ennemi des nerfs que celui du Citron , qui , par fa nature & par Tétat d'im- maturité auquel on le cueille pour le mieux conferver, refte toujours agaçant : tandis que l'acide des Grofeil- les à l'avantage de la maturité joint celui d''être enve- loppé par les parties douces, huileufes & mucilagineu- fes , dont cet indigène abonde (a). Tous les Médecins qui ont effayé ce remède dans les fièvres aiguës, font convaincus de la vérité de ce que j'avance : je me contenterai de citer le feul M. de Beunie (b) dont les obferyations fur les vertus de cet indigène dans la petite vérole ont mérité l'approbation de TAcadémie , comme elles la mériteront de tous les praticiens : il n'héfite pas d'affurer, qu^il a vu plus d'ef- fet des Grofeilles feules que de tous les autres acides. On n'a d'ailleurs qu'à confulter ceux qui ont le mieux écrit fur la Matière médicale, & Ton trouvera la lifte des vertus de ces deux fruits prefque fembla- ble en tout. Je me crois donc difpenfé de citer des autorités dans un cas fi évident. Je ne puis cependant m'empêcher d'ajouter , que chez le petit peuple j'ai employé conftamment avec fuccès pendant l'été les Grofeilles contre le fcorbut chaud ou alcalefcent, au lieu de Citrons & d'Oranges , fi juftcment prônés par Lind. dans fon excellent traité du Scorbut. Il eft vrai (ff) Carth. Math. méd. T. i. p. 43 j. (h) V. Journal de phyfîque. I77j. T. i. p. 184. DE l' A N 1783. 149 que chez les pcrfonnes plus en état de fupporter la dé- penfc , je ne me fuis pas borné aux feules Grofeilles j dont le bon marché, autant que l'efficacité, méritoic la préférence chez les pauvres; mais chez ceux-là j'y ai joint l'ufage des Fraifes, bonnes Cérifes & de tout autre fruit choili & mûr. Je me crois donc en droit de recommander aux Médecins patriotes un ufagc plus fréquent des Gro- feilles, en les fubftituant aux Citrons & aux Oranges, qui abforbent tous les ans une bonne partie de notre numéraire. Je les confeillerois de même à ceux qui s'en fervent par goût dans leurs boiflbns, puifque les Grofeilles, tant en jus qu''en fyrop & géiée, en four- niflent d'aufTi délicates au moins que le Citron : mais les goûts font fans réplique , & l'habitude eft fans raifon. Cette habitude, obftacle éternel à toute nouveauté utile , en fera un des plus terribles à l'introduétion du vin de Grofeilles que je vais propofer, & dont je defire f» ardemment voir introduire l'ufage dans un pays, qui par le vin fcul , comme objet d'importa- tion, elt devenu tributaire delà France au point que là balance du commerce réciproque de ces deux pays cft de plufieurs millions par an en faveur du dernier; défivantage qui ne peut qu'augmenter de jour en jour, fi les vins de France acquièrent plus de facilité pour l'entrée en Angleterre, & qui deviendra plus rui- neux pour nous à proportion que la profpérité de l'A- mérique Septentrionale s'accroîtra ; à moins que fcs habitans ne parviennent à faire réuiïir la Vigne chez eux, ce qu'ils ont tenté inutilement jufqu'ici. Mais j'entends déjà les cris s'élever de toutes parts, j'entends mon projet taxé de chimérique : trop heureux fi l'on daigne en épargner l'auteur , & fi on fe contente de ijo Prix le punir en portant contre lui condamnation avant de l'avoir entendu ! En effet le goût pour cette boilTon délicieufe & fa- l^jtaire eft fi généralement établi , fon ufage eft deve- nu li néceffaire , que je crains beaucoup que , nonobf- tant les bonnes raifons que j'ai à alléguer en fa- veur de la fubftitution , mon projet n'ait le fort de tous les plans utiles , qu'on forme fi fouvent , mais toujours inutilement centre d'anciens abus. N'importe , je dirai ce que l'amour du bien public & ma propre conviftion m'infpirent ; fi' la Compagnie favante qui doit être mon juge , approuve mon zèle & mes vues, je ferai dédommagé des clameurs d'un public , qui tôt ou tard fentira la néccffité de ce que je propofe d'après ma propre expérience & celle d'au- trui. . De tout temps perfuadé par le témoignage de plu- fiéurs de meilleurs auteurs^ de la pofFibilité de faire une liqueur vineufe avec toute fubfiance qui contient du doux rauqueux &; huileux en quantité convenable, & que ce vin fera d'autant plus parfait ^ fi ce corps renferme en même temps une jufle proportion d'acide aromatique; confirmé dans cette idée par les procès dés détaillés que donnent quelques-uns pour la cora- pofition de tels' vins , je goûtai il y a plufieurs années du vin de GroTeilles chez un de mes amis que je'he pus m'empêcher de trouver excellent. Quelque temps après je fus appelle pour afliflrer un étranger, qui. après avoir demeuré long-temps en Ef- pagne, étoit venu s'établir k Etterbeeck pour y faire commerce en vins. . , ., , J'en goûtai plufieurs chez lui fous dés couleurs & dénominations connues ^ je les bus avec plaifir & réi- folus d'en prendre provifion, lorfqùejdans le premier DE t' A N 1783. 151 moment du retour de fa fanté, dans ce moment où la rcconnoiflTance envers le Médecin cft encore en Ton entier , mon malade me fit la confidence, que tous fes vins, que je trouvois fi bons, avoicnt pris naiflance dans fa cave & ne contcnoient pas une goutte de vin réel. ' Etonné de ce que je venois d'entendre, je lui de- mandai de quoi & comment ils étoient donc compo- f(^s, il me répondit qu'à l'exception de tel &c tel autre, qui étoient compofés de raifins fecs, tout le rette l'4- toit avec les feuls fruits du pays. ' Charmé de cette découverte, j'infiftai fur des par- ticularités ultérieures , mais il reprit fon férieux & je ne pus jamais en tirer davantage. Je réfolus donc de faire quelque eflai moi-même & je fis, dès la première fois en petite quantité, du vin de Grofeilies , qui fans être excellent n^étoit nullement mauvais: je fuivis pour cet eflai le procédé que je trouvai décrit page 339 dans un livre imprimé à Paris 1768, fous le titre de nouveaux Secrets éprouves. ' *' Probablement mon vin de Grofeilies feroir parvenu à un plus grand degré de perfedion. , fi la quantité en eût été plus conlidérable & que je lui eud'e laiffc le temps de vieillir. Après cette épreuve , toute im- parfaite qu^elle fût , je reftai pleinement convaincu, par l'expérience de la poflîbilité du vin de Grofeil- ies , comme je l'étois par le témoignage des auteurs, fur-tout par ce que la fociété philosophique de Phila- delphie avoir publié au fujet de ce- vin , qu'on prépa- roit depuis plufieurs années en quantité h. Bethléem (a); publication par laquelle cette fociété tâche d'engagés («) Shaw Chemical Icâures. p. n8. iji Prix les habitans de Penfylvanie &■ de Maryland k imiter ceux de Bethléem , en leur communiquant la méthode de faire ce vin , & en leur détaillant tous les avantages qui doivent réfuiter pour l'Amérique d'un vin qui ap- proche de celui de Madère & qui furpalTe tous ceux d'Europe qu'on y tranfporte. Quoique l'autorité d'une Compagnie patriotique fi éclairée me paroifTe fuffifante pour démontrer l'utilité .& la praticabilité du vin de Grofeiiles en ce pays, je ne lailTe pas de craindre, que la différence des latitu- des ne fourniffe une objeîèion fpécieufe contre mon projet : mais mon embarras difparoît par ce qui eft dit au fujet des vins indigènes d'Angleterre dans l'ex- cellent ouvrage de Shaw((?), où il donne la méthode de préparer ces différens vins d'après le principe incon- teftable, que la matière, jacrie. que. contieintem les corps y ou, ce qui revient au même, leur fucre naturel y eji la vraie hafe de tout vin: d'où convaincu par l'expé- rience „ il conclud avec rai>Ébn que toute fubftance qui en contient, donnera du vin , qui duement fermenté, fera aulfi réel & auffi parfait que celui que donnent les Raifins les plus exquis dans le^ meilleurs pays au vin {h). Mais ce que je propose fe trouve fur -tout appuyé finguliércment par le huitième eflai des Acha chemica Holniienjîa , qui eft relatil* aux moyens; de pourvoir la Suéde des articles nécellaires qui- lui manquent na- turellemenc (j) Voici fes propres paroles, p. 119. Any oj thefe vegetable juices , being dulj fermented, afford as real and ptrjécl wine , according to thdr feveral natures , afthe richcji gra- fcs ofthe bep wine countries. (J) Aâa chemica Holmicnlia. T. a. p. 177- DE L* A N 1783. '^3 turellement, & dans lequel M. Hierne , après avoir bor- né ces articles au Tel , au vin & à l'huile d'Olive , pro- pofe à fa patrie , avec toutes les inttances dont fon zèle & fon favoir le rendent capable, de fuppléer au vin du Raifin par celui des Grofeilles , dont il commu- nique le procédé qui lui a réufli , & paroît fi perfua- dé que ce vin a toutes les qualités requifes pour être du vrai vin, qu'il propofe même de s'en fervir pour la communion dan? l'Eglife. Le célèbre mincralogue Wallcrius , dans fes notes fur cette diflertation intérefîante , vient h l'appui du fentiment du favant Hierne , & propofe deux autres méthodes pour faire le vin de Grofeilles (a). Quand au témoignage de deux hommes fi célèbres on aura joint celui de plufieurs autres Naturaliflies & Chymilles , entre lefquels Juncker aflure, qu'avec les poires Mufcades ou Mufcadelles on prépare du vin nullement inférieur au Malvoifie, & avec les pommes de BorfdorfF un autre qui ne cède en rien au vin du Necker(/') : tandis que l'Abbé Rozier (c)fe fait hon- neur de communiquer à la France la compofition bien détaillée d'une liqueur qu'il appelle fans héfiter un vrai vin de Grofeilles, & dont il propofe l'ufage aux pro- vinces où le vin eft cher, & au Royaume entier dans les années de difette: quand fur-tout on aura pefé mû- rement le témoignage non fufpeâ de M. Macquer (d) («) ASa Chemica Holmienfia. T. a. p. 177. (b) Junckeri confpedus Chymir. T. 2. p. 493. (c) Journ. de Phyf. 1773. T. i. p. 1&6. {d) V. Macquer Did. de Chymie- T. 4. au mot vin. . V IJ4 Prix qui tout prévenu qu'il eft pour les vignes de fa pa- trie , ne peut s'empêcher d'avouer que toutes les'matie- res nutritives, tant végétales qu'animales, peuvent être converties en un vin dont la bonté fera en propor- tion de celle.de la faveur de ces différentes matières, j'ofe efpérer que, fi l'on n'eft pas totalement convain- cu, on daignera au moins fufpendre fon jugement, jufqu'à ce que des expériences multipliées & perfec- tionnées par le temps aient amené une décifion, -que j'efpere devoir être favorable à mon projet. C'eft pour lors que notre heureufe patrie pourra jouir de toutes fes richeffes , c'eft pour lors que cha- que particulier à la campagne , fans perdre un pouce de terrein pour Tagriculture, aura des vignes chez lui; il ne faudra pour cela qu'établir par-tout la fage mé- thode des enclos, en employant pour les confiruire des Grofeillers, qui croiflent fi promptement & fi in- diftéremment dans tous les fols, au lieu d'autres bois dont on conftruit nos haies, fouvent inutiles, toujours de peu de rapport. Si cette culture prend faveur , on ne doit pas crain- dre de fe voir enlever des fruits dont l'abondance même tiendra lieu de gardien. Quand après cela on confidere Tavantage de notre climat fur celui de la Suéde, le peu de foin que demande la culture du Gro- feiller , la quantité de fruits qu'il rapporte , combien il réfifte au grand froid & à l'excefïîve chaleur , com- bien fur-tout il fe plaît dans des pays marécageux , qui fe refufent à l'agriculture , on pourra s'étonner, fi ce que je propofe ne produit pas quelque effet , au moins parmi les perfonnes fenfées ,* car pour la clafTe la plus nombreufe des gens de la campagne , le meil- leur confeil devient inutile, dès qu'il heurte fes pré- jugés : il ne faut donc pas s'étonner du moyen que. DE L*A N 1783. IJJ Hierne , dans un enthoufiafme parriotique , propofe au Gouvernement de Suéde au fujet de la culture des Grofeilles quand il dit : opus vero ejf ut plehs , pecu- dum injiar , à fuperiori manu ad hoc opus dirigatur , & in initia de faciendis injiruatur {a). Au lieu de donner ici les procédés à fuivre pour faire notre vin de Grofeilles, qu'on trouvera dans les ouvrages que j'ai cités, j'aime mieux m'arrétcr à quel- ques reflexions générales , qu'on ne trouvera pas fi facilement dans ces mêmes ouvrages , & qui confti- tucnt en grande partie les principes fondamentaux pour bien réuflîr dans cette opération intérefTante. Ces réflexions font prefque toutes fondées fur l'axio- me inconteftable que le Sucre eji la haj'e de toute fermentation vineufe ; d'où fuit que celle-ci ne fera par- faite , qu'autant que la liqueur à fermenter contiendra une quantité fuffifante de fucre, foit naturel, foit addi- tioncl : cela efl: fi vrai que M. Macquer a fait avec des Raifins prefque verds d'excellent vin au lieu de ver- jus en ajoutant au moût une quantité fuffifante de Sucre {}>). Ceci prouve que le Sucre étant en proportion du degré de maturité , plus le fruit fera mûr plus le vin fera parfait /c'eft pourquoi , quand il n'a pas pu mû- rir fulfifamment par l'aétion du foleil , on y fupplée , tant par le Sucre , la mélafle ou le miel qu'on y ajoute avant la fermentation , qu'en laiflant mûrir le fruic dans un endroit fcc & chaud pendant 3 ou 4 femai- nes après qu'il a été cueilli avant de le prefler. (c) Aâ. Chera. Holm. T. a. p. I93. (t) V. Macquer Did. de Chytn. Ihid. V îi 156 Prix D'autres propofent d'évaporer par la cuiflbn le moût jufqu'à ce qu'un œuf y furnage , avant de le laifler en- trer en fermentation .■mais Baccius(û)défapprouve les vins cuits comme défagréables & nuifibles à l'efto- mac ; cependant cette pratique eft aflez commune en Efpagne & en Italie pour rendre les vins plus liquo- reux. Je ne puis aflez répéter, combien grands feroient les avantages qui rélulteroient pour le pays , fi ce que je propofe au fujet des Grofeilles vient à exécution ; fur-tout (i, au lieu de jettcr le marc du moût & les fruits preffes , comme cela fe pratique aflez générale- ment dans les pays au vin, manque de tonneaux, ou faute de connoiflance , fi, dis-je, on y ajoute quatre fois autant d'eau bouillante, procédé par lequel on obtiendra du vinaigre excellent, en laifTant le tonneau pendant quelques femaines en un lieu chaud , comme on peut obtenir de même d'une infinité d^autres ma- tières végétales qu'on jette aujourd'hui comme inuti- les ; dont on peut fe convaincre par les expériences du Chymifle célèbre Shaw (A).^ Quant à la Vigne que M. Bats propofe de cultiver, quand môme il leroit vrai qu'elle nous donneroit de bon vin , ce dont il efl permis de douter , cette cul- ture entraîne le défavantage de prendre la place d'au- tres végétaux utiles; tandis que, de la façon que je propofe la culture de la Grofeille , elle ne prendra la place que de haies inutiles dans les enclos, ou de vé- gétaux perdus dans les terreins marécageux. Si quelque cenfeur de mauvaife 'humeur me de- (a) Baccii de nat. vin. hift. p. %6. (b) Shaw ibid- p. 114. DE t* A N 1783. 157 mande fi je prétends pour mon vin de Grofcilles faire abandonner les vins étrangers les plus excellens ; je lui répondrai que, les gens d'une fortune moyenne ig- norent Tufage de ces vins fi vantés, &: qu'il vaut mieux pour eux de boire un vin naturel indigène à bon mar- ché , qu'un vin médiocre incertain de l'étranger à force d'argent : les riches entre temps pourront con- tinuer de jouir tranquillement du fruit de leur opu- lence , jufqu'à ce que l'amour de la patfie , ou le de- gré de perfection que l'ufage aura procuré à notre vin de Grofeilies , donne enfin l'exclufion fi défirable aux vins étrangers. Ce n'eft pas notre Grofeiller feu! dont le fruit donne un vin excellent , plufieurs autres végétaux ou leurs fruits nous rendront le même fcrvice , quand il nous plaira; les Framboifes, les Fraifes , les Brinbelles, les Mûres, les fruits des Ronces, les baies de Sureau , les Cerifes , les Prunes, les Pommes,. les Poires, les feuil- les de Primerole & de Buglofe & plufieurs autres , tant fruits que feuilles , racines & fucs de nos végétaux ont chacun à leur tour donné de très-bons vins , dont le goût varie félon l'acide aromatique de chaque plante,* comme on peut le voir dans les ouvrages que j'ai cités en cet article & dans plufieurs autres tels que la CAy- mic du goût, (Sec. RICINUS, communis, foliis peltatis , fubpalmatis, ferratis, L. S. v. mona:c. adelph 1430. Ricinus vulgaris. Tourn. 531. & C. B. Pin. 431 & J. B. 3. 642. Ricinus. Dod. p. 367. Gall. Arbre qui donne la graine de Ricin.' Belg. îf^onderboom , ofte Mollen-cruydt, D. ^$6*. ijS Prix REMPLACE L* huile de Ricin , h Ricin d'Amérique & les Pignons d'Inde. Monfieur Canvane a publié en Anojlois une Difler- tation fur l'huile de Ricin ou de Canor ou de Falma . ChriJH y dont la traduction fut imprimée à Paris en 1777- ^ . r -. Il y prône ce remède fi finguliérement, que pref- que toute l'Europe en a voulu faire l'cfîai. Sans entrer en détail fur les fuccès de ces nombreux efTais , je me contenterai de dire que les miens m'ont lailTé très-per- fuadé que cette huile fi vantée efl: fort éloignée démé- riter les louanges que fon apologifte lui prodigue. La nature de ce Mémoire ne me permettant pas de m'étendre, je dirai feulement que Mr. Canvane lui- même , en avouant que toutes les huiles par expreffion font douces & ne confervent rien de l'acrimonie de la fubftance dont on les tire^auroit dû reconnoître l'iden- tité de fes effets avec ceux des autres huiles douces, qui ne différent entre elles que du plus au moins. Mais ce qui auroit dû le convaincre pleinement , c'eft quand il s'appuie lui-même (ji) en faveur de fon huile , de l'autorité de Baglivi & Bellini , où il avoue que ces grands praticiens , en rejettant les purgatifs - irritans dans les coliques bilicufes , prefcrivent à leur place dans ces maladies l'huile d'Amandes douces ou quelqu'autre huile analogue , qui ne manque jamais d'opérer fur-le- champ. D'ailleurs Mr. Canvane ne peut difconvenir que les (a) Canvane. DifTcrt. fur l'huile de Talma Chrijîi. p. 15. O K L* A N 1783. 1J5 graines de Ricin ne foient un des purgatifs les plus dangereux & généralement bannies de la Matière mé- dicale : il n'ignore pas non plus que ce danger dé- pend de fon huile cauftique, dont on doit toujours craindre qu'il ne pafle une partie avec l'huile douce pendant l'cxpreflion. Quoi qu'il en foit , fi l'on veut continuer de fe fervir de cette huile en notre pays à la place de celle de lin , qui faità-peu-près les mômes effets, tant contre les vers que pour lubrifier les premières voies (rt) ,j'efperc qu'au moins on ne refufera pas de prévenir les dangers de la raauvaife préparation & de la rancidité , dont Mr. Canvane convient lui-même , & que Mr. de Machy détaille encore mieux (^) ; j'efpere , dis-je , qu'on vou- dra bien éviter ces inconvéniens en fubflituant au Ri- cin d'Amérique celui qui ell devenu indigène chez nous , & qui y vient avec une facilité aufîi grande que la plus mauvaife de nos herbes. Comme le Ricin donne beaucoup de graines , & que celles-ci rendent la moitié de leur poids en huile par exprefïion , j'ai calculé qu'une livre de cette huile ne reviendra pas à un florin , qui eft le prix d'une once aujourd'hui. On ne doit pas prendre pour une omifîîon, fi je ne fubflitue pas la graine de Ricin aux Pignons d'Inde, comme fait Mr. Duplanil avec quelques autres ; j'aime trop mes concitoyens pour leur propofer de tels fub- ftitués , non plus que les Pignons terribles qu'ils de- vroient remplacer. {a) Boerhaave de Tir. med. p. 2<îj. (ft) V. Journ. de PhyC 177^. T. i. p. 479. i6o Prix RVBIA , foliis fenis. Linn. hort. Olffort. 3Ç. Rubia tindorum faciva. Tourn. H4,.'& C. B. Pin. 333- Rubia fativa. J. B. 3. 714. Rubia. Dod. P. 35x. Gall. Garance. Belg. Mec , ofte Meekrap ofteRottc. D^jt, REMPLACE Plujîeurs rouges exotiques , le Chat ou Garance de Co- rornandel y le Li:^ari ou Garance de Smyrney le bois de Fernambouc lîi'tùut autre bois exotique quifcrt à teindre en rouge. Mrs. de Beunie & du Rondeau ont donné des dé- tails (i fatisfaifans fur cette plante à l'Académie , que dans rimpoflibilicé de dire mieux, je me bornerai à ce qui eft relatif à la fubllitution. Comme il eft de fait (û) que de tous les rouges ce- lui de la Garance eft le plus folide , & que , malgré ce qu'en ont dit quelques auteurs , il jouit^dc cet avan- tage, non-feulement pour la teinture des laines, mais auffi , comme le prouve Mr. de la Folie {b) , pour cel- les de la foie , du fil & du coton ; dès qu'il pourra entrer en concurrence pour la beauté avec la Coche- nille , il eft évident qu^il devra être préféré à celle ci , par conféquent furpaflera tous les rouges connus ; or. j'ai tout lieu de croire que la manière de la traiter, de (a) V, Hellot. Art de la teinture, p. 148. (t) V. Journ. de Phyf. 1778. T. i. p. 71. DE L* A N 1783. 161 de la fécher &c de la préparer peuvent augmenter de beaucoup la beauté de la couleur qu'elle donne. Mr. de Beunie , qui dans Tes expériences en a ob- tenu plus de cent couleurs différentes , a peut-être déjà fait un grand pas vers cette perfeftion : la manière de réduire en extrait fa pajtic colorante, que propofe avec raifon Mr. du Rondeau , y contribuera peut-être auffi pour fa part , fur-tout s'il parvient à éviter par la promptitude de l'extradion ou de toute autre fa- çon , le mélange de la couleur fauve que donnent les hbrés ligneufes , fi nuifible à la beauté de la couleur rouge , qui ne réfide que dans un cercle de même couleur , qui entoure la moelle & qui eftrevêtu de la pellicule brune de la racine. En attendant ce bonheur , que j'ofe plutôt defirer qu'efpérer, nous pourrons toujours fubftituer notre Garance à celle de la côte de Coromandel , appellée Chat , & à celle de Smyrne , appellée Li:^ari , la plus eftimée de toutes; fi, félon le confeil de Mr. Hellot, au lieu d'employer des étuves , nous laiflbns fécher la nôtre en plein air, ce dont on peut fans frais faire l'effai fiir une petite partie; efTai qui eft trop intéref- fant pour être négligé ; car fi le confeil fe trouve fon- dé , outre la bon.é lupérieure de la Garance , qui doit en réfulter , combien cette méthode ne diminuera-t- elle pas la dépenfe. Peut-être auffi l'extrait propofé par Mr. du Rondeau , procure-t-il le même avantage à la couleur. L'on ne doutera pas après ceci que la Garance ne puilTe être fubftituée & ne foit fupérieure au bois do Fernambouc & tout autre bois étranger dont on fc fert pour le rouge , d'autant plus que leur couleur efl pafTagere. Je dirai ici en pafTant que notre raoufTe de Prunel- X i6% Prix lier,. que Linnxus dans fon Syftême végétal appelle ■ Lichen priinajîri foUaccus erecliujculus , lacunofus ^ J'ub- tus tomcntoJUs albus , donne une belle teinture rouo^e de même que quelques autres de nos moufles , au moyen defquelles, en perfcdionnanc les procédés , nous pourrions remplacer l'OrfeilIe. J'ajouterai qu'on trouve dans l'ouvrage de Mr. Hellot , fur la teinture en laines à la page 374, , une méthode fort facile pour connoître la couleur que les moufles renferment. RUMEX, acetofa , floribus Dioicis, foliis oblongis fagittatis. L. S. v. hexandria trigyn. 476. Acetofa pratenfis. Tourn. jox. & C. B. Pin. 114, Oxalis vulgaris folio longo. J. B. i. 989. Oxalis Dod. P. 648. Gnll. Ofcille. Bdg.furkcl ofu Zuuring. D. toiz. Les feuilles de cette plante , de même que celles de toutes les autres efpeces d'Ofeille , peuvent très- bien remplacer les Oranges & les Citrons dans le Scorbut alcalin ; {a) ; &c leur jus peut être fubftitué à celui des premiers pour une infinité de ragoûts, de même que pour effacer les taches d'encre. SALIX, alba , foliis lanceolatis , acuminatis , ferratis, utrimque pubefcentibus , ferraturis infimis glandulofis. L. S. V. diîec. Diand. i44x. Salix vulgaris alba arborcfcens. Tourn. 590. & C. B. Pin. 473. • Salix maxima fragilis alba hirfuta. J. B. i. iii. (a) V. Mém. de l'Acad. des Se. de Paris. 1708. Hift. p. ji. D E L*A K 1783. 1^3 Salix. Dod. 1318. Gall. Saule , Saule vulgaire , ou grand Saule. Belg. U^ilgenboom, D. t^i8. REMPLACE Le Quinquina , ie bois de Candie & tout autre bois blanc exotique. Les obfervacions que j'ai faites depuis nombre d'an- nées fur la vertu fébrifuge de l'écorce du Saule , que j'appelle le Quinquina d'Europe, font afTez nombreu- fes pour que ce article fcul demande un Mémoire entier : c'ert donc bien à regrec que je remarque le peu de place que je puis lui accorder dans celui-ci , dont l'étendue touche déjà trop près aux limites fixées. Heurcufement que l'autorité de piufieurs ouvrages par- ticuliers , tels que ceux de Meflîeurs Gerhard , Meyer , Cloffius, de Beunie , de Cotte & Willcmet fe joint à celle d'une Compagnie favante , {a) pour donner à mes obfervations le poids que je delirerois leur don- ner par l'exaditude des détails. Je me contenterai donc de dire qu'outre un nom- bre aflez confidcrable de malades , que j'ai guéris par fon ufagc feul /après les préparations nécefîaires ,'j'cn ai guéri quelques-uns qui avoient été manques par le Quinquina , entre autres j'ai eu depuis peu le plaifir de voir une Dame fe guérir d'une fièvre tierce par l'u- fage de crois gros de cette écorce , après avoir pris JnutilemcAc crois onces de bon Quinquina en deux jours. (^) V- Philofophical Tranfacltons. iy6/^. Xii 164 Prix Le bonheur que j^ai eu de voir réuffir fi fouvent ce fébrifuge indigène , fans en avoir jamais obTervé au- cun mauvais effet , eft caufe que , par préférence à tous les autres fébrifuges connus , je le fubftitue au Quinquina, à moins que peut-être le Pêcher ne lui difpute le pas dans ma confiance. Si quelques praticiens n'ont pas eu la même réuiïite que moi en employant cette écorce , cela peut fort bien dépendre de la différence des dofes. La mienne a toujours été , quand il a été en mon pouvoir , de deux onces de poudre en 14 heures; & celle pour la déco6tion entre quatre & fix onces, qui font les. mê- mes auxquelles je donne le Quinquina, perfuadé que ce qui fait ordinairement manquer la guérifon^ eft la trop petite dofe du remède. . Je dois cependant avouer que la vertu antifébrile de cet arbre n'eft pas infaillible, puifque dans le nom- bre des malades, à qui j'ai fait prendre fon écorce, pluficurs n'ont été débarraffés de leur fièvre, qu^après que j'ai joint à fon ufage celui du Quinquina ou des feuilles de Pêcher : je crois même avoir lieu de foup- çonner que fon effet efl peu affuré dans les fièvres quartes , fur-tout, celles qui ont duré trop long-temps. Mr. de Beunie a fort bien obfervé que , comme tonique , le Saule mérite encore d'être fubftitue au Quinquina. Quoique l'efpece de Saule, dont je me fuis fervi , ait été la blanche, j''ai lieu de croire que plufieurs entre les autres efpeces ont à-peu-près la même vertu , quoique Mr. Gerhard dans fa Matière médicale donne la préférence à celle qui eft à trois étamines, qui efl le Salix triandra de LinnsEus , & Mr. Meyer , dans fa Differtation fur le Saule, la donne au Caffant, Salix ftagilis de Linhœus. Comme c'eft ici le dernier des fébrifuges indigènes DE l'an 1783. l6ç dont je parlerai , quoiqu'il s'en trouve une infinité d'au- tres auxquels cette rriôme vertu eft attribuée par l'un ou l'autre des auteurs, mais dont l'efficacité ne me pa- rok point comparable a celle de ceux dont j'ai fait mention en ce Mémoire, je crois devoir dire en peu de mots mon fentiment fur leur vertu comparée à celle du Quinquina. Si j'étois obligé de juger d'après ce que j'ai vu , je décideroisque les fébrifuges indigènes, que j'ai effayés, fur-tout le Saule & le Pêcher, peuvent prefqu'aller de pair avec l'écorce exotique: mais comme il ne m'a pas été permis d'en donner aflcz fouvent à des perfonnes moyennées , & que par conléquent mes obfcrvations fe bornent aux pauvres & aux gens de la campagne , fur lefquels les médicamens opèrent avec beaucoup plus d'effet que fur ceux dont l'cftomac'eft harralle par des alimens fucculens & épicés & par les boiffons fortes , tandis que d'un autre côté il eft plus troublé par les pallions, je me garderai bien de prononcer fur l'égalité de leur vertu avec celle du Quinquina , fur-tout du rouge, qui me paroît infaillible dans les intermittentes. Je me bornerai donc à prier les praticiens de ne pas dédaigner de conftater le degré de vertu de nos indi- gènes dans le coursordinaire de leur pratique, leur protcf- tant que de ceux que je propofe ils n'ont pas à craindre de mauvais effet quelconque ; n'y ayant que la vertu pur- gative des feuilles de Pêcher qui demande quelque pré- caution. Je les prie d'ailleurs de vouloir bien s'écarter des formules dont je me fuis fervi , n'étant nullement pcrfuadé qu'il ne s'en trouvera peut-être pas de plus efficaces en variant la forme & les dofes : de cette fa- çon , quand on aura afTez multiplié les obfcrvations fur des perfonnes de toute condition , on pourra dans i66 Prix peu d'années parvenir k apprécier au jiifte le degré d® confiance qu'ils méritent, & à rendre par-là un lervice d'autant plus canfidérable à TEurope entière, que, non-feulement la cherté du Quinquina nous expofe à des falfifications auffi dangereufcs que communes, mais qu'on peut être dans une appréhenfion bien fon- dée, qu'à force d'être employée, cette drogue falutaire ne vienne enfin à nous manquer, comme l^appréhen- doit déjà Mr. de la Condamine , lors de fon voyage en Amérique (a). Je ne puis finir cet article fans dire que les Ebénif- tes fubftituent le bois de Saule ou d'Ofier, de même que ceux d'Ali fier & de Charme au- bois de Canelle & à tout autre bois blanc exotique, (b). SAMBUCUS , nigra , cymis quinque partitis , caule arboreo. L. S. v. pentand. trigyn 385. Sambucus frudu in umbellâ viridi. Tourn. 606. & C. B. Pin. 456. Sambucus. Dod. P. 1311. Gall. Sureau. Beig, VUcr. D. îjzî. REMPLACE La Cajfc & les Tamarins , le Séné en /JiBJIance , la Scamnionée^ le bois de Gaiac & les autres buis fu- dorificjues étrangers , le Quinquina , le bois de San- tal citrin & tout autre bois jaune exotique. - Entre tous les végétaux indigènes il n'en eft aucun (j) V. Mc'm. de l'Acad. des Se. de Paris. 1738. p. ii6. (b) V. Roubo Art de l'Ebeniftc. p. 788. D E L* A M 1783. 1^7 qui par la diverfité de fes effets falutaires puifle être fubftitué à un plus grand nombre d'exotiques que le Sureau. Le fuc épaifli de fes baies poflcdc à une dofe plus force, l'eflcc réuni de la cafle & des Tamarins, & le rend rcconmiendablc par fa vertu antifcptique & an- tiphiogiftîquc , jointe à fon efi^et purgatif, bien plus que par la ludorifiquc, qu'on lui a julqu'ici trop géné- reufcment attribuée. Il cft flimilicr à nos payfans de manger les jeunes feuilles du Sureau en falade , qui leur tiennent lieu d'un purgatif doux , & qui pari'analogie des effets rempla- cent chez eux le Séné pris en fubftance , tandiji que vieilles elles ceflent d'être purgatives (a). Rien nci\ plus commun que de voir les gens de la campagne & le peuple dans les villes fe fervir de l'é- corce moyenne du Sureau dans les hydropifies, qu'ils parviennent fouvent à guérir par fa vertu draftique , analogue k celle de la Scammonée , & moins dange- reufe qu'elle : BucharT , dans fa Médecine domeflique donne la manière de préparer cette écorce(/)). L'obfervation conftante m'a fi bien confirmé la vertu fudorifique des fleurs de cet indigène, prifes pe- tit à petit en infufion chaude à la doïe moyenne de deux onces, que je ne me fers prefque jamais d'autre remède, quand il ne s'agit que de provoquer la fueur, & que j'en préfère Fufage à celui du Gaïac &c tout autre bois étranger, donc on fe fert avec tant de con- fiance dans ces cas ; mais , comme fi c'étoit peu de cette (j) V. Olaus Borrichius Aâ. Holra. i6yi. (b) Buchan Méd. domeft. T. 3. p. ij8. i68 P R I X vertu feule , le favatic Nacuraîifte «5c Chirurgien Hoff- man de Macftricht, donc tout ce pays a admiré les ta- lens j m'a afluré les avoir employées plus de cent fois contre la gangrène avec le fuccès le plus heureux & avec un eflet beaucoup plus certain que celui du Quin- quina même , en les faifant infufer pendant quelque temps dans de la forte bierre brune prefque bouillante , & en enveloppant auffi chaudement que fouftrable toute la partie malade d'un bon pouce d'épaifleur. Engagé par le témoignage d'un praticien fi éclairé, je me fuis fervi deux fois de ce remède dans des gan- grènes aux jambes, où le Quinquina & le cataplafme de la Pharmacopée de Vienne ne faifoient aucun eifct, & j'ai eu tout lieu de me louer de ma confiance en ce remède par la réufïite complète que j'en ai obtenue. Le bois de Sureau, quelque méprifable qu'il puifTe paroître , ne laifle pas d'être fubftitué, de même que le Buis, TEpine vinette & le Fufain au Santal citrin & tout autre bois jaune exotique par les Ebénifl:es(fl). J^ajouterai ici, pour ne pas en faire un article par- ticulier , que le bois du Cytife leur fert pour rempla- cer le Calambour, l'Ebenc verd , & le Gaïac (^). SAMBUCUS, e3«///i,cymis tripartitis, ftipulis fo- îiaceis , caule herbaceo. L. S. V. Pentand. trigyn. 38^. Sambucus humilis , five ebuîus. Tourn. 606. & C. B. Pin. 456. Ebulus five Sambucus herbacea. J. B. i. 54°- Ebulus. Dod. p. 381. Gall. Ycble ou petit Sureau. Bels. Hadich ofte Ebulus. D. 62.0. REMPLACE ,_^ Il — Il I I ' {a) V. Roubo Art de l'Ebt'nifte p. 788. 0) V. ibid. DE L*A N 1783. REMPLACE [^9 Le Cajfc & les Tamarins , le Séné en fiihjîance , la Scammonée , h bois de Gaïac & autres fadorijiques ^ le Vin Mufcat & le Genièvre de Hollande. Les baies , les feuilles & Pécorce moyenne de cet indigène ont les mêmes vertus & font propres aux fub- ftitutions , auxquelles ces mêmes parties le font dans le Sureau; avec cette différence , qu'étant beaucoup plus a(5lives, fur-tout les baies , elles doivent être em- ployées en moindre dofe. On peut cependant ôter à ces différente» parties au- tant que l'on veut de leur activité , & même les ren- dre tout-à-fait inaélives félon Fcrnel par la cuilîon ()V. Pbytographie économ de la Lorf • p. a4. DE t' A N 1783. 173 REMPLACE Le Caffé & le Lin. Perfonne n'ignore l'ufage que fait le peuple de la femcncc de Genêt torréfiée au lieu de Caffé. Il en eft qui prétendent que cet ufage n'eft pas fans danger ; d'autres Soutiennent le contraire ; mais tous s'accor- dent fur fa vertu diurétique. C'eft au temps & à l'ob- fervation à déterminer, fi fa fubftitution au Caffé peut être continuée fans péril, "auffi bien que j'ai employé juf qu'ici, contre les hydropifies , fon infufion fans re- marquer aucun mauvais effet. L'ufage économique de l'herbe même eft moins problématique : perfonne ne doute de fon utilité pour fertilifer les terres nouvelle- ment défrichées dans .lefquellcs on la fçme : elle ef^ très-propre à faire des claies & des balais : elle paffe d'ailleurs pour être infoutenable aux chenilles, &c rend plufleurs autres fervices aux hommes .• mais entre les plus importans, on peut compter ceux que M. de Beunie dans fon Mémoire couronné lui afiigne , fa- voir de fournir à la teinture une couleur jaune p.île , tant pour les étoffes animales que végétales , & de mé- riter une place parmi les plantes dont on peut faire de la toile & du papier. SORBUS , aucuparhis foliîs pinnatis , utrimque glabris. L. S. V. Icofand. trigyn. 683. Sorbus aucuparia. Tourn. 634. & L B. i. 6%. Sorbus fylveflris , foliis domefticas fimilis. C. B. *Pin. 41Ç. Ornus vel fraxinus fylveflris. Dod. 1305. 174 Prix Gall. Sorbier ou Sorbier des oifdeurs ou Cormier faU' vage Belg. Havcrejfchcn ofte qualjlcr. D, îjo6. ofte Ha- vereijjèn ofte Spreeuwen-boom. REMPLACE Le bois hleu ou Jakas Hapuk , & tout autre exotique qui fcrt pour teindre le noir fin de Cajlor. Cet arbre qui fe recommande par le beau coup d'œîl qu'il préfente , le fait encore d'avantage par fon uti- lité, depuis que M. Urlander. (û)a découvert qu^il efè préférable au Jakas Hapuk ou bois bleu &: à tout au- tre exotique pour teindre le noir fin de Caftor. Les teinturiers trouveront les procédés à fuivre & les précautions à prendre à l'endroit cité : je me dif- penie donc d'en dire davantage ; en recommandant les efTais d'une teinture qu'on annonce , comme fi avantageufe, & qui reviendra fi peu chère par la mul- titude de Sorbiers que nous pofTédons. TANACETUM , vulgare, toliis bipinnatis , incifîs ferratis. L. S. V. Syngen. polygam. fuperflua. ii8z. Tanacetum vulgare luteum. Tourn. 461. & C. B. Pin, 13a. Tanacetum vulgare flore luteo. J. B. 3. 131, Tanacetum. Dod. 47. GûIL Tanaifie ordinaire ou herbe aux vers. Bclg. Reynvaer ofte worme-cruydt. £). 47. («) Recueil des Mémoires d'Upfal & Stockljolni. T. a. p. 30J. DE l' A W 1783. 175 REMPLACE La fcmencc contre les vers , ou Santoline , ou Barbo- tine j ou Semencine. Entre toutes les clafTes des remèdes , celle des ver- mifuges eft fans contredit la plus nombreufe : les amers, lesftomachiques, les toniques, les purgatifs, les vomi- tifs, les acres, les fcls, les huiles viennent s'y ranger chacun à fon tour, & nous offrent une lifle très-lon- gue d^indigenes à fubftituer à la fameufe femence du Levant , dite Barbotine ou Santoline, &c à tout autre vermifuge végétal exotique. Entre ces vermifuges nombreux il en eft quelques- uns , qui de tout tcn>ps n'ont été employés en Méde- cine que fous ce titre feul, & qui par cette raifon & par leurs fuccès conftans méritent la préférence fur les autres dans la fubftitution: telle eft la femence de Ta- rai fie , qui, félon le témoignage de Mrs. Cofte & Wil- lemet, fe vend dans toutes les Pharmacies de la Lofr» raine depuis bien du temps pour celle de la Barbotine, fans qu'on y ait pu obfervcr la moindre différence dans les effets, (a). Telle eft encore la femence de Rue que Cartheu- fer (h) & d'autres placent à côté de celle de Tanaifie pour remplacer la Santoline , de même que la femence d'Aurone femelle , Santolina chamœ-cyparijjus , qui entre les mains de M. Bagard a fait conftamment les mêmes effets que l'exotique (c). -M M, Il I ■ - - -■ 1 "^ 1^~^~^~ "™ (a) EfT. de Mat. Méd. ind- p- 70. . ' • {b) Carth. Mat. MeU T. 3. p. 4^7 • (c) V. Eir. de Mat. Méd. ind. p. 71- lyô Prix Mais tel efl: fur-tout la Fougère mâle, Polypodiutn jîlix mas. Linn. qui fait la bafe du fameux rtmede de Madame NoufFer contre le ver folitaire , & qui de tout temps avant elle a été employé par les Médecins avec fuccès contre ce terrible infeéle. TORMENTILLA , erc^a , Caule ereaiufculo , foliis feflîiibus. L. S. V. Icofand. polygyn 716. Tormentilla fylveftris. Tourn. xcjS. & C. B. Pin. •326. Tormentilla. J. B. x. ^98. & Dod. p. n8. Gall. Torincntillc. Belg. Tormcndlle. D. tS^. oftc :^cvcnblad. REMPLACE Vécorce de Simarouba & le Quinquina. Entre les remèdes fliptiques , la racine de Tormen- tille a tellement obtenu la préférence, chez nombre de praticiens , que Ludovici prétend (rt) qu'on peut fe paffer de tous les autres. C'ell cette vertu qui la fait fubftituer au Simarou- ba, fur-tout dans le relâchement à la fuite des dyffen- teries. On foutient d'ailleurs que fa vertu contre les fiè- vres intermittentes égale celle du Quinquina (à). Car- theufer attribue les mêmes vertus à la racine de Bif- torte, a\ec cette différence, qu'il préfère la Tormen- tille , dont la ftipticité eft plus modérée. Les {a) Ludov. Pharmacop'. p- 337- Q) Carth. Mat. UéA. T. 1. p. 137- D B l' A N 1783. 177 ' Les habitans de l'Ifle de Feroë & les Lappons s'en fervent pour teindre en rouge; les premiers le cuir & les féconds la laine. VACCINIUM, /7iyrW//:/jj pcdunculis,unifloris^ fo- liis ferratis, ovatis , deciduis. L. S. V. Octand. mono- gyn498. Vitis id«a foliis oblongis crenatis , frudu nigri- cante. Tourn. 608. & C. B. Pin. 470. Vitis idaea angulofa. J. B. i. jix. Vaccinia. Dod. 1104. Gall. Brinbdk , Airelle , ou Mirtile. Bdg. Craakc Be^ien oftc FoJielbc:^ien. D. 1104, REMPLACE Le vin rouge & Icfuc d'Acacia véritable y Succus Aca- • cité verse vel ^gyptiacac Voici encore un arbriflcau , dont notre fol nous gratifie libéralement , fans exiger la moindre culture de notre part, & que nous méprifons au point de ne l'employer à aucun des différens ufages auxquels on s^en fert dans d'autres pays. En Suéde M. Strom en a fait du vin en tout fem- blable au vin rouge (a). ., , ,, Ailleurs on en épaifîît le fuc , que pour fa vertu aftringente on fubftitue à celui du vrai Acacia. Ce Suc donne une couleur violette bleuâtre , qui fert pour teindre la toile & le papier: du temps même de Pline, les habitans des Gaules s'en fervoient pour (tf) V. Aâa Cheinica Holjnienl. T. i. p, \i6. z 178 Prix teindre en pourpre les habits des efclaves (a). Mais nous n'avons pas l'art de rendre fa couleur perma- nente , non plus que la bleue du Biuet, le cramoifi vif de la Laitue fauvage, le verd des Epinars & de tant d'autres de nos végétaux qui en contiennent. Que de tréfors perdus faute de favoir les employer ! En feroit - ce de même du charbon qui attaque les fleurs de la Bombarde , dont M. Willemet foutient que le noir remplace l'Encre de là Chine? {b). VALERIANA, officinalis, floribus triandris , foiiis omnibus pinnatis. L. S. V. Triand. Monogyn. 44. Valeriana fylveftris major Tourn. i^x. & C. B. Pin. 164. Valeriana fylveftris magna aquatica. J. B. 3. part. x. aïo. Valeriana fylveflris. Dod. p. 349. Gall. Valériane, ou grande Valériane des hois. Belg. Groote Valériane , ofte Speerkruydt^ ofte 6 . Joris Tcruydt. D. <6$, REMPLACE La femencc contre les Vers , le Quinquina , la Serpen- taire de Virginie & le Carpefium. "La. racine de cet indigène , qui de tout temps a été regardée pour une efpece de fpécifique contre Tépi- lepfie, & qu'on peut au moins placer parmi les meil- leurs remèdes contre ce mal cruel, eft encore un ex- cellent vermifuge, &( depuis peu elt employée dans les » I .. ■! I ■ I ■ I « ' (a) Plinii Hift. natur. lib. 16. Cap. 18. (b) Phytogr. Econ, de la Lorr, p. 91. D S L* A N 1783. 17^ maladies des nerfs avec un fuccès fi général , quelle parok l'emporter en ceci fur l'efficacité du Quinquina même , auquel on peut par conféquent la luollcucr comme antifpafmodique avec autant de radon que Cartheufer la fubititueà la fcrpentaire de Virginie(./), dont elle pofTede toutes les vertus dans un degré un peu moindre. Farvacques la fubitituc également à dju- blc dofe au Carpefium des anciens (à). VERONICA , ojfîcinalis, fpicis lateralibus pcdun- culatis, foliis oppoiitis, caule procumbente. L. S. V. Diand. monogyn. ix. Veronica mas fupina & vulgatiflîma. Tourn. 14.3. 8c C. B. Pin. 146. Veronica vulgatior folio rotundiore. J. B. 3. z 8x. Veronica mas ferpens. Dod. p. 40. Gall. yéroni(jue mâle ou 1 lié de l'Europe. Belg. Cruypenden Ecr en Pryfinanneken, D. 52. oftc Eer en Frys. REMPLACE Le Thé de la Chine & du Japon, Rien ne. fait mieux voir l'entêtement de l'habitude , que la conduite que tient l'Europe entière à 1 égard de la Véronique. Prefque tous les auteurs tant de Ma- tière médicale que de pratique, qui en ont parleront prôné fes vertus , & en ont recommandé l'ufage au (a) Canh. Mat. taéd. T. 3. p. 6S. {b) V. Farvacques Schat-kamcr part. a. p. 166. Zij i8o Prix lieu- du Thé de la Chine : plufîeurs , tels que Frank , Cohaufen , Hoffmann , Sattler & Goel fe font donné la peine d^écrire des differtations entières pour démon- trer fa fupériorité fur le Thé , dans la vue d'engager leurs concitoyens à s'en fervir par préférence ; enfin par une convention unanime on lui a déféré le titre de . Thé d'Europe. A quoi tout cela a-t-il fervi? Quelques perfonnes fenfées en ont fait ufage par raifon , quelques pauvres par néceflité, le plus grand nombre a fuivi l'ancienne coutume, qui , comme ellefait toujours , elt enfin par- venue à étouffer complètement le germe de la réforme falutaire. Ceci eft dans l'ordre des chofes: mais ce qui n'yeft guère, c'eft qu\]n Naturalifte auffi célèbre que M. Bo- . mare , après avoir entamé Tarticle de la Véronique par les louanges les plus magnifiques , confirmées par fa propre expérience , finit par vouloir les obfcurcir fur des foupçons vagues, fondés fur un paffage du grand Haller, fous prétexte que fon infufion noircit avec le vitriol : beau reproche ! comme fi le Thé & toute au- tre herbe allringente n^en faifoient pas de même. Au refte , aucun praticien n^a douté jufqu'ici de la bienfaifance de la Véronique ; bienfaifance que Satt- ler (^)& bien d'autres ont démontrée par l'obferva- tion & l'analyfe; tandis que plus d'un auteur accufe le Thé de mauvais effecs ; de manière qu^à l'exception deBonttkoe,qui étoit payé pour en dire du bien , fes plus zélés partifans ne peuvent difconvenir de fon prin- cipe volatil narcotique, ennemi des nerfs, contre le- ' quel les Chinois s'arment de plufîeurs précautions» (fl) Sattler de infufi veronicae efficiciâ prsferendâ herbs Thée HaL Magd. 170 j. D X L* A N 1783. l8l prefque toujours infuffifantes : aufli cette qualité nui- fible tient encore au Thé qu'on nous apporte , qui en eft plus chargé à proportion qu'il clt plus fin , & qu'on n'en débàrrallë que quand on le fait bouillir au lieu de rinfulér comme on a coutume de faire. Je ne iinirois pas fi je voulois épuifer cette matiè- re; j'aime donc mieux renvoyer pour des détails ulté- rieurs à Kaempfer , du Halde, Raynal, Boccone,Fou- geroux & plufieurs autres qui en ont écrit, fur-tout Coakicy (a) , d'autant plus que l'expérience journa- lière confirme ces mauvais effets principalement chez les perfonnes fenfibles ou attaquées des nerfs. Je ne m'arrêterai donc pas plus long-temps au paf- fage équivoque de M. Bomare , perfuadé que la fupé- riorité de la Véronique fur le Thé eft trop bien éta- blie du côté de la fanté. Voyons maintenant fi elle perd cet avantage du côté de la fcnfualité : j'avoue que la chofe n'cft pas fa- cile à décider, vu que rien n'eft moins fufceptible de règles & de difcuffion que les goûts : heureufemenc qu'il y a d(.s circonftances qui font inconteflablcs & qui éclairciffent la matierci D'abord , depuis le Thé Impérial jufqu'au Thé le plus commun , il n'y a pas moins de différence pour les goûts, qu'il s'en trouve depuis les vins délicieux de Tokay&duCap jufqu'aux vins rebutans de Fran- conie. Cette variété ne vient pas feulement des différentes méthodes employées pour cueillir & préparer le Thé, & des faifons auxquelles on le cueille, comme on l'a penfé généralement; mais elle dépend en grande partie («) Coakicy Hiftoire naturelle du The. Par. 1773. i8i Prix des difFérens terrains & expofîcions où croît cet arbrif- feau, & fur-tout de la différence des efpeces de végé- taux qu'on emploie pour faire du Thé de commerce &c de confomrnation intérieure. Entre ces Thés il fe pourroit que les premières qua- lités foient préférables quant au goût à la Véronique; mais celle-ci en revenche l'emporte de beaucoup fur tous les Thés communs & médiocres dont dix-neuf vingtièmes des habitans du pays fe fervent. Je citerois en faveur de cette vérité les témoigna- ges de tant d'hommes célèbres qui ont dit la même chofe avant moi ; je m'appuyerois de mes propres ex- périences fi fouvent répétées , mais j'aime mieux prier tous ceux qui ne feroient pas convaincus de ce que j''a- vance, de vouloir en faire eux-mêmes TefTai qui leur tiendra lieu de conviction. Plùfieurs perfonnes de mes connoiffances s'en fervent aujourd'hui communément &: de préférence au Thé : plufieurs autres ont bu ce Thé d'Europe chez moi fans être prévenues & l'ont pris pour du bon Thé de la Chi- ne. D'où vient donc , me dira-t-on , que parmi ceux qui s'en font fervi , foit chez nous , foit ailleurs , il s'en trouve tant qui n'y ont pas pris goût? la raifon eft fim- ple ; c'eft qu'ils ont pris la Véronique chez le premier venu , telle qu'on la trouve ordinairement, cueillie fans foin, féchée & confervée fans précaution, rem- plie de poulTierc & d'ordures & fouvent furannée. Tandis que les Chinois obfervent tant de règles , pour cueillir & préparer leur Thé , qu'ils en ont fait un art véritable : précendra-t-on s'en exempter entiè- rement ici pour les indigènes qu'on veut lui fubftituer? L'abfurdité de cette prétention eft trop frappante pour m'y arrêter, & fi l'on ne veut pas s'aftreindre à toutes Us formalités que les Chinois obfervent , il faut au DE t' A N 1783. 183 moins ne cueillir la Véronique que pendant un temps fcc , le matin aflcz long-temps après le Icvet du foleil pour que les vapeurs & brouillards foient difllpés : il faut rejctter toutes les feuilles malfaines, fanées &qui ne font pas d'un beau vèrd : il faut enfuite féchcr le plus promptement poffible les feuilles cueillies , en pré- venant tant qu'on peut la diflipation des parties vola- tiles; après quoi il faut les conferver dans des bouteil- les ou boëtes très-exaftement fermées. Avec ces pré- cautions, auxquelles il faudra peut-être en joindre d'au- tres, que l'ufage indiquera , telle que de ne la cueillir qu'au printemps , on peuf être alfuré d'avoir dans la Véronique un Thé, qu'on ne tardera pas de préférera celui qu'on n'tftimoic tant , que parce qu'on n'en con- noifloit pas d'autre : & ce qui eu d'autant plus heureux c'eft que la Véronique , par la variété de fes efpeces& la différence de ltuj?s faveurs, offre de quoi contenter tous les goûts (ci). Mais comme en général les Thés verds de la Chine ont une légère odeur de violette & les Bohés une odeur de rofe , Ton peut imiter à volon- té ces odeurs par le moyen de celles de nos fleurs indi- gènes; d'autant plus qu'a la Chine même l'odeur de rofe du Thé Bohé neiï que fa(3;ice {b). VERBASCUM , thapfus , Mus decurrentibusutrim- que tomcntofis , caule limplici. L. S. V. Pentand. mo- nogyn. 153. Verbafcum màs latifolium luteum. Tourn. 147. & C.B. Pin 139. (a) V, au fujet dil goût excellent du Teucriiim verum , les ac!a Med, Berolin. T. il. p. iij. {h) V. TAe new difpenfatoty. London IJJO. part- a. p. 140. 184 Prix Verbafcum vulgare flore luteo magno, folio ma- ximo. J. B, 3. Append. 871. Verbafcum lacius. Dod. p. 143. Gall. Bouillon blanc , Molénc , bon homme. Belg. wit wolle cruydt. D. 2,08. oj'te wolU cruydt, REMPLACE Le Thi étranger. Voici encore une plante indigène dont les fleurs , fans avoir exaélement le même goût que le Thé, en pofledent un, qui eft beaucoup plus agréab'e,& que j'ai tout lieu de croire qu'il fera préféré par le plus grand nombre au Thé & à la Véronique même , qui tous deux pofledent une petite amertume dont le Bouil- lon blanc eft exempt. »;*<■ Quelques perfonnes de condition en font ufage, mais comme il faut de l'exotique en tout , on fait venir de France à grands frais des fleurs de Bouillon double, dont le goût ne diffère en rien des nôtres qui font Amples. Au refte fi c'eft du Bouillon blanc à fleur double qu'il faut , rien n'eft plus facile que d'en femer chez nous où il vient très-bien. La perfuafion intime où je fuis de la préférence que mérite notre Véronique & fur-tout le Bouillon blanc fur le Thé de la Chine, fait que je regarde d'un œil aflez indiffèrent les fuccës de ceux, qui, effrayés par les fem- mes immenfes que dépenfe annuellement l'Europe pour l'acquifition de ces feuilles de la Chine, ont efl'ayé d'y naturaliser le Thé. Le premier de tous que je fâche a été le célèbre Naturalifte Linn^euSj qui en a fait voir des plantes à la Suéde dans l'année 1763; Depuis ce temps les D K l* A N 1783. iSj Anglois, qui femblent ne pouvoir cxifter fans cet exo- tique , en ont introduit la culture chez eux, qui a fé- condé leurs efforts au point qu'ils ont vu cet arbrifTeau porter des fleurs en plein air ; les François n'ont pas tardé d'en tirer d'Angleterre, & comme ces deux na- tions efperent de le rendre indigène chez eux, ce ne doit pas être une petite confolation pour ceux des ha- bitans de nos provinces, qui , plus attachés à l'habi- tude qu'à la raifon ont réfolu de ne pas en abandon- ner l'ufage. Ce ne font pas la Véronique &c le Bouillon blanc fculs entre nos indigènes qui f'ourniflent de quoi rem- placer le Thé, peut-être en exifte-t-il d'autres plus propres encore à cet ufage ,* mais en attendant que nos recherches ou le hazard nous les faflent connoître , j'en nommerai encore deux qui ont un droit acquis à cette fubttitution, charmé de pouvoir multiplier les fecours dans une matière où l'abondance ne nuira ja- mais, vu la variété étonnante qui règne dans nos goûts. Hedyfarum , onobrychis Lin. Sainfoin. Ses feuilles ont la propriété de fe contourner commele Thé verd , dont elles ont le goût, mais fur-tout l'odeur, quand elles font cueillies & fechées avec foin ; cela va au point que des marchands avides de gain en mêlent fouvenc une quantité au Thé verd. Spirœa ,faUci folia. Linn. Spirée de Theophrafte. Depuis long temps les feuilles de cet arbre font en ufage au lieu du Thé chez nombre de perfonnes à la campagne en ce pays. Tel que puiffe être le choix que chacun fera félon fon goût de l'un ou de l'autre de ces Thés d'Europe pour remplacer ceux de la Chine : il ne faut jamais négliger deux précautions efTentielles à la perfe(?Hon de leur faveur : l'une de n'en jamais prendre une dofe Aa i86 Prix trop forte pour une infufion ; Tautre de ne fe fervîr des feuilles qu'après que le temps a fait fuffifamraent difparoître leur goût herbacé. VIOLA, odorata, acaulis, foliis cordatis, ftoio- nibus reptantibus. L. S. V. Syngen. Monogam. 1323. Viola Martia purpurea , flore fimplici , odoro, Tourn. 41 9. & C. B. Pin. 199. Viola Martia purpurea. J. B. a. j^x. Viola nigrafive purpurea. Dod. p. 156. Gall. Violette ou Violette odorante. Bdg, Gcmeyne ofte blauwc Violette. D. zjo. REMPLACE VIpécacuanne. Ayant lu dans les eflais de Matière médicale indi- gène {a) que Mrs. Cofte & Willemet d'après l'autorité de Linnffus avoient fubftitué avec fuccès la racine de Violette à l'Ipécacuannc , j'en ai donné k deux mala- des; à l'un en poudre à la dofe de quatre fcrupules , à l'autre à celle de trois gros en décoftion comme le pref- crivent ces Meffieurs : le premier de mes malades a eu un feul vomilTement ; le fécond n'a eu que quelques naufées , mais tous deux ont été aflez bien évacués par les felles : je regarde donc cette racine comme un re- mède afrezdoux& nullement dangereux, de même que celle de la Violette fàuvage inodore , Viola canina Linn. que ces Mrs. fubftituent au même exotique,' mais je préférerois m'en fervir comme purgatif, ne l'ayant trouvé nullement comparable au Cabaret quand il s'agit d'évacuer un malade par le haut. (tf) E(r. de Mat. méd. ind. p. 3. D B l'an 1783. 187 CONCLUSION. O ANS prétendre avoir épuifé une matière que les ob- fcrvations de plufieurs fieclcs éclaires n'épuiferont pas, je termine ici mon Mémoire , dans la certitude d'a- voir concouru de mon mieux, pour autant que mes occupations nombreufes me l'ont permis, aux vues bienfaifantes de l'Académie , par le foin que j'ai eu de faire par-tout le facrifice de l'érudition en faveur de l'utilité , afin de pouvoir réunir avec le plus de clarté & le plus fuccinélement poffible mes propres obfcrva- tions & les principales découvertes relatives au Pro- gramme qui fe font faites jufqu'à nos jours ; pour qu'en cas que j'aie le bonheur de mériter les fuffrages de mes juges, les obfervateursà venir trouvent en mon travail un répertoire utile , qui leur préfente d'un coup d^œil les découvertes de leurs prédécefleurs , par où ils éviteront des incertitudes & des recherches, & pour- ront avec plus de fruit employer leur temps prétieux, foit à vérifier les effets des indigènes dont je fais men- tion , foie à en découvrir de nouveaux. FIN. FAUTES NÉCE SSAIRES A CORRIGER. V^omme l'auteur n'a pas vu les épreuves ^ il s'eft glif- fé nombre de fautes dans ^ouvrage. Pour obvier en partie à cet inconvénient , le ledeur eft prié , de con- fulter cet errata avant la leélure du mémoire. Sans relever les fautes de la ponctuation , des accens, ni même celles de l'orthographe qui ne font rien au fens, on s'efl: contenté , de corriger celles , qui rendoient ia didion douteufe & fouvent inintelligible. Page. IV, ligne xj , indigent , lifez indigène ,&c par- tout ailleurs où ce mot fe trouve. Sup- pléez de même la plupart des autres ao- cens graves. Page V , ligne 27 , leurs , lifez leur. , Page II, ligne 15, effacez qu'eux. Page 13, ligne % , dans les notes ij"- îi fez ^3"- Page 14., ligne i() , communes ,\\{çz connues. Page 17, ligne x, Agine^ lifez Aigine. Page 19 , ligne zo , du bois ., lifez des bois. Page 14 , ligne 3 , Buchau , lifez Buchan , & par-tout de même, ligne 8, Afculus , lifez JEfculus. ligne IX, Cajfanea , lifez Cajîanea. ligne 15 , wild ecajîanien, lifez wilde cafla" nien. ligne I ^,Jiecles , Xi(tzjîeclcs. Page 30 , ligne 7, carni, lifez carui. ligne 17,/. Bauh. lifez /. Bauh. Page 36, Page 4T, Page 48, Page 5^, Page 53 > Page 56, Page 58, Page 63. Page 67, Page 71, Page 74» Page 76, Page 78, Page 8i, Page 84, Page 86, Page Sz, Page 93 y Page 99, Page lOl, Page IIX, Page "7, Page IlO, Page IXI, Page ia8. Page 119, gne Ç , fiîicjïia , V\(ezjiligua afclepiadis. ignc xç , analogue , Iifez analogue, igné zo , («) liiez (i^). igné dernière, ^gur:. igne X, des notes, junken , liiez jungken, notc(Z'), phylographie , Iifez phytographie, note X. (û), lifcz(/'). Igne 17 , lacclienen , Iifez lacchcîen. gne 7 , Dancus , Iifez Daucus. igne 10, dancus j Iifez daucus. igne 5 , Vmropfermi majori , Iifez ZiMo- Jpermi majoris. igne 9 , Lithymahis , Iifez Tithymalus. igne XI c/o« , Iifez ico/z. ignc 13, Lyonnois , fi'/e, Iifez Lyonnai- fes. Je ligne XI , icofant, Iifez icofand. igne 6 , mûw quand, Iifez ma/.? ^wa/zf i. igne 10, Dz^f, Iifez Diœc. gne 0 % jfujlhituer , \\icz fubjlituer. igne II , conduite , Iifez conduits. ignés X4 & X5 , tout ce qui fuit après le mot girofle , ne doit pas s'y trouver, igne xc , les pays , Iifez /e ^cy^. !igne 1 6 , jp^rw , lifcz paris. igne 18 , Fragus , Iifez Tragus» igne XI , ff/, Iifez quelque. • "gne 14, cxillaribus , lifez axillaribus. Page 130 , ligne 17 , pînn. lifez pin. Page 143, ligne dernicre, uu^ liiez un. Page 14.6, ligne ij , fiimak , van , Yïkzfmak van. Page 147 , après REMPLACE , lifez le jus de citron ; les oranges douces , les vins étrangers fir le vinaigre de vin. Page 148, ligne ly, le renvoi (^) ne doit pas s^y trou- ver , & par-là toutes les notes de cet ar- ticle doivent rétrograder d'une place. Page 150, ligne 18, de meilleurs, lifez des meilleurs. PAfty-Kw \' I