ER M dite A gi ep, 2 PE Ë à ve: à raté tt de UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY purchased for the Geology Collection from the VARSITY PALAEONTOLOGY FUND Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http;//www.archive.org/details/mmoiresurlesbOOblai MÉMOIRE SUR LES BÉLEMNITES. LE a STRASBOURG, DE L'IMPRIMERIE DE F. G. LEVRAUL 5) 4, | 1 fl k Î eu À Li UN \ ù En let : ; 5. 108 » | = ] fe Var MÉMOIRE SUR LES BÉLEMNITES. CONSIDÉRÉES ZOOLOGIQUEMENT ET GÉOLOGIQUEMENT : PAR M. H. DUCROTAY DE BLAINVILLE, Membre de l’Institut (Académie royale des sciences); Professeur d’anatomie, de physiologie comparée et de zoologie à la Faculté des sciences de Paris; Membre de l'Académie royale de médecine, de la Société philomatique, du Cercle médical, de la Société Linnéenne de Londres, WVernérienne d’Édimbourg, d'histoire naturelle de Dublin, vétérinaire de Copenhague, philosophique de Philadelphie, des sciences physiques et médicales du Rhin inférieur, d'histoire naturelle et de médecine de Dresde , d'histoire naturelle de Halle, de médecine de Dieppe, des Académies impériales de Moscou, des Curieux de la nature de Berlin, des sciences naturelles de Philadelphie. La any lanches lihograplues A PARIS, Chez F. G. LEVRAULT, libraire, rue de la Harpe, n. 81; Et rue des Juifs, n° 33, à STRASBOURG. 1827. SC CS CC AVERTISSEMENT. ve. ouvrage, commencé il y a plus de trois ans, fut lu à la Société philomatique dans le mois de Mai 1825 : un extrait assez étendu en fut publié dans son Bulletin pour le mois d'Octobre de la même année; mais depuis ce temps il a été notablement augmenté par de nouvelles observations faites sur les bélemnites du cabinet de M. SAGE, achetées par M. DE Roissy; sur celles de la collection de MM. Marin, à Paris; D'ORBIGNY, FLEURIAU DE BELLEVUE, à La Rochelle; Mixer, à Angers; du Muséum de la ville de Nantes. J'ai pu profiter du travail intéressant de M. MiLLer sur le mème sujet. M. ÉLIE DE BEAUMONT m'a communiqué généreusement non-seule- ment les bélemnites qu'il avait rapportées de ses voyages de la mer Méditerranée à Grenoble, à travers les Alpes; mais mieux encore des renseignemens géologiques certains, ce qui mal- heureusement m'a manqué trop souvent. Ces nouveaux maté- riaux ont nécessité un assez grand nombre d’additions que j'ai placées à la fin de l'ouvrage. J'y ai joint les corrections des fautes de différentes natures qui m'avaient échappé dans la partie déja imprimée depuis plus de six mois. Je prie donc le lecteur d’avoir soin de faire les rectifications indiquées avant de commencer la lecture de cet essai, dont le but est essen- tiellement zoologique; mais qui, peut-être, sera de quelque utilité aux géologues. Paris, 10 Septembre 1827. ——_— TABLE DES MATIÈRES. Datoineionr EN SPIP A St PO TR TE SE PS AE ER AE Section I.” Histoire de la bélemnitologie. . . . . . . . . . . Secrion II. De la nature et de la place des bélemnites dans la série. Secrion III. Des modifications que les bélemnites doivent à leur séjour dans le sein de la terre . ‘. . . . . . . Secrion IV. De la distribution géographique et géognostique des STE ES NE US, He 0 PONT Rien cie dE ui a Secrion V. De la classification des bélemnites . . . . . . Secrion VI. Résultats généraux et application à la géologie . . Supplément. 1 quel cours ete MibonetcorrecHonst.dee DM RE UT UE, Secrion VII. Catalogue des ouvrages cités . « . . . . . . Explications de figures. . . . . . . . . . + . . . . . a) ED ————— $ LA FI s4 a 2 nf! <… W! 00e ou ADAM 1H HA) 5 one mi fol ANS tel st a A FR MAUR ET 4 47 oem RC Den | CE 351 \ ‘où € À > LE Le TL À 1 x Me à AAA AAA AA AAA RAA A AAA A AR LE AR AA AA AAA AAA AA AAA AAA AA AAA AAA IA MÉMOIRE SUR LES BÉLEMNITES. ES D) Pan: les corps organisés que l’on rencontre fossiles dans le sein de la terre à des profondeurs variables , il n’en est certainement aucuns qui aient autant occupé les naturalistes que ceux auxquels on a donné le nom de Bélemnites, d'un mot grec qui veut dite dard ou flèche, à cause de la forme des espèces les plus communes. Il est vrai qu'il n'y en a guère que l'on trouve plus communément et en plus grande quantité à la fois, du moins dans les couches secondaires de notre Europe ; aussi depuis THéoPHRAsTE, qui les a déjà, dit-on, signalées, jusqu’à nos jours, le titre seul des ouvrages sur les bélemnites rem- plirait plusieurs pages. Je n’ai pas besoin d'ajouter, pour les per- sonnes qui connaissent un peu la nature de l'esprit humain, que les opinions les plus singulières , les plus opposées, ont été émises, et alternativement adoptées et rejetées ; les bélemnites en effet ont été, pour ainsi dire, promenées dans toutes les classes de la série animale, depuis les mammifères jusqu'aux polypiers et aux plantes -marines, comme on va le voir dans l'analyse que nous allons donner de l'histoire des travaux dont elles ont été le sujet; enfin, la manière de voir qui a prévalu, et qui est le plus généralement admise, c’est que c'est une coquille du groupe des polythalames, voisine des argonautes et des ammonites. Mais cette opinion même, quelque vraie quelle soit, n'a pu éncore être démontrée de manière à pouvoir être généralement adoptée, et cela à défaut de principes et parce quon ne s'est pas suflisamment enquis de ce que cest 1 2 MÉMOIRE qu'une bélemnite telle qu’on la trouve fossile. Est-ce un moule ? est-ce la coquille elle-même? l'aspect fibreux qu'elle offre quand on la brise, lui est-il naturel, ou n'est-il qu'un effet de l'état fossile ? ce que l'on nomme l'alvéole, en est-il une partie qui appartienne nécessairement à la bélemnite, ou bien est-ce une coquille étran- gère? Nous allons nous occuper de répondre à ces questions préliminaires ; après quoi nous verrons sur quelles parties doivent reposer les caractères, et par conséquent la distinction des espèces, et si la géologie peut tirer quelques avantages de ces distinctions. Notre travail sera donc naturellement partagé en sept sections. Dans la première, nous exposerons l'analyse des travaux de nos prédécesseurs sur les bélemnites. Dans la seconde, nous traiterons de leur nature, de leur structure et par suite de la place qu'elles doivent occuper dans la série. La troisième sera consacrée à l'examen des changemens et acci- dens que les bélemnites ont pu éprouver dans le sein de la terre, et à leur analyse chimique. La quatrième comprendra leur distribution géographique et géo- gnostique. La cinquième traitera de leur classification, de la distinction des espèces, en ayant égard aux lieux et aux circonstances géologiques où elles se trouvent. La sixième sera formée des corollaires ou résultats généraux, et de l'application de ces résultats à la géologie. La septième, enfin, renfermera le catalogue des ouvrages cités. SECTION I" Histoire de la Bélemnitologie. Quoique la plupart des auteurs qui se sont occupés à la re- naissance des lettres et des sciences de ce genre de corps, aient fait remonter son histoire à THÉOPHRASTE, qui cite lui-même un auteur plus ancien, un nommé DiocLis, il n'est rien moins que certain que les auteurs grecs, et même les latins, qui les ont la plupart du temps copiés, aient connu de véritables bélemnites. SUR LES BÉLEMNITES. 3 Quant à THÉOPHRASTE*, qui est évidemment le plus ancien, voici le passage de ce philosophe que l'on regarde comme ayant trait aux bélemnites. A la fin de son article sur l’'émeraude (smarag- dus), il dit quil faut quelque peine pour la polir, car d’abord elle est bien moins brillante; cependant elle est remarquable par cette propriété, de même que le Iyncurium. On fait de celui-ci des cachets sculptés, tant cette pierre est dure. Elle jouit de la vertu at- tractive du succin, non-seulement pour le bois et la paille; mais encore pour le cuivre et le fer, quand ils sont en parcelles, comme le rapportait aussi Diocrës. Il ajoute que les lyncuriums sont très-diaphanes, couleur de feu, et que ceux qui proviennent des lynx sauvages et des individus males, sont meilleurs que ceux des animaux domestiques et femelles, et qu’on doit grandement avoir égard aux alimens dont l'animal a fait sa nourriture, ainsi qu'à son état de santé; car il admet que cette pierre est due à la solidification de l'urine de lynx. Il fait même remarquer que, comme cet animal cache son urine dans un trou quil fait en terre et quil recouvre avec soin, il faut de l'habileté pour décou- vrir les lyncuriums. Après avoir dit qu'on fait des cachets avec plusieurs autres pierres qu'il nomme successivement , il continue l'histoire des lyncuriums , en les distinguant en mâles et en fe- melles, par la couleur; ceux-là étant plus noirs et celles-ci plus jaunes, plus diaphanes. Ainsi donc le lyncurium était pour Tnéo- PHRASTE une pierre gemme, dure, susceptible d'un beau poli, pouvant être gravée et servant à faire des cachets, de couleur de feu , quelquefois jaune , d’autres fois noire, ce qui est un peu contra- dictoire ; jouissant de la faculté attractive pour des parcelles de bois, de fer et de cuivre; se trouvant dans le sein de la terre, et pro- duite par la solidification de Purine du lynx : ce qu'il dit non-seu- lement dans son Traité des pierres, mais encore dans le fragment qui nous est resté de son livre intitulé : De animalibus quæ dicuntur invidere. 1 Pour ne pas rompre la narration et pour ne pas surcharger le bas des pages des titres souvent fort longs des ouvrages des auteurs cités, j'ai préféré de les renvoyer à la fin du Mémoire dans une section particulière. 4 MÉMOIRE Voilà réellement tout le texte de THÉOPHRASTE, sur lequel on a pu s'appuyer pour croire qu'il avait parlé des bélemnites. Cherchons maintenant comment on sest dévié peu à peu, jusquau point où, lon est parvenu à nadmettre plus de doute. Le premier Latin qui s'est emparé de l'histoire de THéopHrasTr, est l'auteur des Métamorphoses, Ovine*. La conversion de l'urine en pierre entrait naturellement dans son sujet; aussi lui at-il con- sacré trois vers dans le quinzième livre de ses Métamorphoses, en rapportant que l'Inde vaincue donna à Bacchus les Iynx, dont on rapporte, ajoute-t-il, que ce qui sort de leur vessie, se convertit en pierre, et se durcit au contact de l'air. Pine”, après ‘avoir traduit mot pour mot (liv. 37, chap. 3), le passage de Tnéopnrasre, à l'article des pierres précieuses, nie que l'urine d’un animal puisse se convertir en une masse pierreuse; il nie même que de son temps on connût une pierre sous le nom de lyncurium. Il en dit encore quelques mots (liv. 37, chap. 2) toujours d'après THÉOPHRASTE , et cependant à l'article du lynx (liv. 8, chap. 38), il rapporte sans critique Fhistoire de la for- mation de la pierre de Iynx, dont il se borne à dire que c'est une gemme semblable aux escarboucles, et couleur de feu. On y trouve également quelque confusion entre cette pierre et le sucocin, puisque (liv. 37, chap. 2) il rapporte que DémosrraTE nommait celui-ci lyncurion, parce quil croyait qu'il provenait de l'urme du lynx. Mais nous avons vu que cette confusion était déjà un peu dans THÉOPHRASTE; ainsi il n'y a rien dans Pre de plus que dans TaéopurAstre, qui prouve que le lyncurium fut une bélemnite. On suppose que cela est plus certain pour les zdæi dactyl du même auteur. Or, voici tout ce quil en dit encore dans un cha- pitre consacré aux pierres gemmes, par ordre alphabétique, zdæi dactyli in Creta ferreo colore, pollicem humanum exprimunt. Ve bonne foi y a-t-il là quelque chose qui appartienne exclusivement aux bélemnites ? y a-t-il dans cette île plus de ces fossiles qu'ail- leurs? C'est ce qui n'est rien moins que certain, et nous verrons que BELon à leur occasion parle de celles des environs de Luxembourg. On a aussi pensé que la pierre dont parle Peine (liv. 37, chap. 11) sous le nom d'astrapias, et dont il dit : astrapiæ in nigro SUR LES BÉLEMNITES. 5 aut cyaneo discurrunt a medio fulminis radus, était une bélemnite, parce qu'on a supposé qu'il s'agissait ici de leur structure radiée : mais il est évident que Puine ne fait allusion qu'à l'effet des rayons de lu- mière, comme on le voit des pierres gemmes dont il parle ensuite. Dioscorine*, soit quil ait vécu avant ou depuis PLINE, paraît avoir, comme celui-ci, suivi exactement THÉOPHRASTE : il parle bien du lyncurium, mais il ajoute que de son temps on ne croyait pas du tout que ce fût de l’urine de lynx changée en pierre. Sozin*, qui vivait bien après Pune, dont il est presque l'abré- viateur, en parlant des animaux de Ftalie, Polyhist., chapitre 11, de Italia, p. 15, rapporte à peu de chose près ce que THÉOPHRASTE a dit de la pierre produite par l'urine du lynx. Mais il a considéré cet animal comme de la Ligurie, c’est pourquoi il en parle en cet endroit. Au même chapitre 11, sur l'ile de Crète, il donne comme un on dit, que le dactylus idæus est commun dans cette ile; du reste il emploie les propres expressions de PLINE. Au sixième siècle, Isipore, de Séville, dans ses Origines, liv. 16, chap. 14, pag. 392, à l'article de lidœus dactylus, copie encore la phrase de PLINE, mais sans prononcer le nom de bélemnites. Il ne parle du lyncurium ou ligurium, comme provenant de l'urine du lynx, qu'à l'article du succin, chap. 13, pag. 386, liv. 16. Ici com- mence donc l'opinion que la pierre de lynx et le succin sont la même chose. Ainsi il me semble à peu près certain que les bélemnites n'étaient pas connues des anciens, et que par conséquent l'origine et toutes les vertus qu'on leur a attribuées sont de date moderne. C'est en effet dans les auteurs de la renaissance des lettres, et surtout chez les Allemands, qu'il faut en chercher la source, pro- bablement dans la dernière moitié du quinzième et dans la pre- mière moitié du seizième siècle. Il paraît que les premiers auteurs qui en ont parlé, sont ceux qui se sont occupés de minéralogie et surtout de matière médicale , et que, comme cela a eu souvent lieu à cette époque, les vertus qu'on leur a attribuées ont pris leur source dans l’origine qu'on leur a également supposée. Ainsi, comme TuéoPnrasre avait dit que le lyncurium provenait de l'urine de 6 MÉMOIRE lynx convertie en pierre, on en a conclu que cette pierre, dissoute par un menstrue, devait être très-eflicace, par une sorte d'aflinité, sans doute, pour agir contre la gravelle. Il ne s'agissait plus que de trouver le lyncurium. Mais comme dans THÉOPHRASTE même il y a une certaine confusion entre ce qu'il dit du lyncurium et de l'ambre, et qu'en Prusse l'on trouve communément celui-ci dans un terrain d'alluvion avec des morceaux de bélemnites de la craie, que l'on a pu autrefois regarder comme du succin, on entrevoit comment le passage s'est fait du lyncurium aux bélemnites. Le quinzième siècle est sans doute celui où toutes les idées plus ou moins absurdes, que les médecins et les naturalistes eurent d'abord de ce genre de corps, prirent naissance ; mais il nous a été impossible d'en assigner la date et l'origine comme nous l’eussions désiré : nous n'avons pas été plus heureux en compulsant les auteurs de la première moitié du siècle suivant. CurËÉTIEN ENCELIUS?, dans son Traité sur les métaux, s'efforce de prouver, liv. 3, chap. 17, par beaucoup de fables, que le lyncu- rium est bien réellement le produit de la solidification de l'urine de Iynx; mais il ne connaissait probablement pas encore les bé- lemnites. 1546. C'est donc, à ce qu'il paraît, à GEORGE AGrICOLAŸ que sont dues les premières observations raisonnables et un peu étendues sur les bélemnites, dans son ouvrage véritablement remarquable pour l'époque à laquelle il fut publié, sur l'origine et la cause des fossiles ou des corps souterrains. Il est le premier auteur, à notre connaissance du moins, dans lequel le mot de bélemnite se trouve attaché aux corps que nous distinguons aujourd'hui sous ce nom; il les connut tout entiers, c’est-à-dire avec leur alvéole. Il n'admit pas que ce fut le lyncurium des anciens; les décrivit en observant les différences de grandeur , de forme, de transparence ou d’opacité, de transformation en telle ou telle substance. Il nia les vertus qu'on leur attribuait; mais il ne s'inquiéta nullement de leur origine. C'était tout simplement une pierre figurée. Dans la dernière moitié du même siècle, les idées d'AcricoLA sétendirent; dans ce temps se multiplièrent les traités de minéra- Jogie et commencèrent les collections d'histoire naturelle. SUR LES BÉLEMNITES. 7 BELON ?, 1553, dans ses Singularités, chap. 15, adopte aussi le nom de bélemnites, qui était évidemment antérieur à lui; rejette l'opinion de ceux qui pensaient que le Zapis lyncius des anciens füt le même corps; mais il admet que c’est bien le dactylus idœus de SOLIN, qui a pris son premier nom du mont Ida. Il ajoute, qu'outre ce qu'il s'en est trouvé en Crète, sans dire que ce soit par lui, en a vu dans une montagne voisine de Luxembourg, appelée Saint-Jean, et en si grande quantité, que la plus grande partie de ce que bé- chaient les ouvriers pour la fortification de cette montagne sous les ordres de François I, en était composé. 1554. MarTriozr ®, dans ses Commentaires sur DioscoripE, n’em- ploie cependant pas encore le mot de bélemnite, quoiqu'au sujet de la pierre de lynx ou du lyncurium de l’auteur grec il s'étende assez longuement pour repousser l'idée qu'elle puisse être le ré- sultat de la solidification de l'urine de lynx. Du reste, il ne lui at- tribue pas encore de propriété, et paraît croire que ce n’est que de Jl'ambre. 1565. JEAN KENTMANN'', dans sa Nomenclature des fossiles, et surtout ConraD GESNER *, dans son livre sur les fossiles, les pierres et les gemmes, accompagné de bonnes figures, qui font partie l'un et l'autre de la collection de ce dernier sur le règne minéral, n’al- lèrent pas plus loin. Cependant ce fut, à ce qu'il me semble, GESNER qui, le premier, donna une figure de bélemnite, de manière à fixer les idées d’une manière irrévocable sur ce genre de corps. En 1596, je trouve que Césazpin ®, dans son Traité sur les mé- taux (liv. 2, pag. 133) a commencé à s'occuper de l'origine des bélemnites, lorsqu'il dit que les bélemnites, les glossopètres et les pierres que l’on croit tombées avec la foudre, tirent leur origine de la pinne marine ou de quelque autre coquillage. Micuez Mercari *, élève de CésALpiN, proposa transitoirement de regarder les bélemnites comme des dattes pétrifiées, comme nous le voyons dans sa Métallothèque, publiée au commencement du 18.° siècle, c'est-à-dire plus de deux cents ans après sa mort, et qui est la description du premier cabinet d'histoire naturelle qui ait été formé. Comme ce célèbre médecin, né en 1541, est mort en 1593, la date de son ouvrage remonte plus haut que celui de CésaLrin. S MÉMOIRE En 1598, Baunin *, dans son Histoire des bains de Boll, fit connaître les bélemnites pyriteuses de cet endroit, mais ne s’occupa nullement de rechercher ce que ce pouvait être. En 1599, Imperato , dans son Histoire naturelle, émit l'opi- nion que c'étaient de véritables stalactites. Ainsi il me semble que c'est dans le cours du seizième siècle que le nom de bélemnites fut imaginé et fut appliqué comme nous le faisons aujourdhui; que la première figure en fut donnée, et même que fut hasardée l'opinion que ce sont des corps organi- sés. Déjà fut abandonnée l'idée d’analogie des bélemnites avec la pierre de lynx, et les propriétés thérapeutiques qu'on leur attri- buait, quoique conservées , comme nous le verrons, dans les Matières médicales, jusqu'assez avant dans le dix-huitieme siècle, furent cependant déjà quelquefois passées sous silence. La première moitié du dix-septième siècle n’avanca pas beaucoup l'histoire des bélemnites, comme le fait justement observer WaLcx. Cependant lardeur des collections particulières, qui fut assez con- sidérable à cette époque , dut en augmenter le nombre, et par con- séquent la comparaison. En 1600, ScHWENKkFELDT 7 commenca à recueillir les bélemnites de la Silésie. En 1601, Ligavius ‘*, dans la troisième partie de ses Singularités, ne connaissant probablement que celles de la Prusse, proposa l'opinion que ce n'était que du succin durci. En 1609, Borrius pE Boot", qui n’est rien moins que le pre- mier qui ait employé le nom de bélemnites, comme M. BeuDanr le dit sans doute par inadvertance, leur a cependant consacré trois chapitres de son Histoire des pierres et des gemmes. Dans Fun il parle des différens noms.qu'on leur a donnés, de leur structure, de lodeur qu'elles répandent quand on les brüle. Il y joint aussi une figure reconnaissable. Dans le suivant il traite de leurs différences et des lieux où elles se rencontrent, et enfin dans le dernier il in- dique les propriétés qu'on leur attribuait. Mais il ne donne rien de nouveau, et cest une simple compilation de ce qui avait été dit avant lui, surtout par AGRICOLA. En 1622, Bexenicro Ceruro, et surtout AnDreA Cuiocco *, don- SUR LES BÉLEMNITES. 9 nèrent dans la Description du muséum de Calcéolari, celles de quelques bélemnites, mais sans aucune considération nouvelle. 1636. On ne trouve rien de plus dans la Minéralogie de Czæsrus, publiée à Lyon dans cette année.*! 1647. JEAN DE Larr, dans son petit Traité des pierres et des gemmes *, copia à peu près DE Boor, à la suite de l'ouvrage duquel le sien est ordinairement réuni. 1648. ALDrovanDi, dans son Museum metallicum* , se borna éga- lement à copier ce qui avait été fait avant lui. 1655. OLaxs Worm * parait avoir eu si peu d'idées de la nature des bélemnites, qu'il les confondit avec certains silex de la craie, qui affectent en effet quelquefois la forme du doigt. 1667. Merrer, dans son Pinax des choses naturelles d'Angleterre *?, fit connaître les espèces de son pays, mais toujours d'une manière très-incomplète. 1668. La définition qu'en donne CHARLEroN dans son Onomasti- con *, est assez juste, mais il n'en fait eneore qu'une pierre. Il les dis- tingue du reste fort bien des céramites et des brontites ou pierres de tonnerre. 1669. LacamunD, dans son Oryctographie d'Hildesheim *, fit un pas de plus, sinon pour la connaissance réelle des bélemnites, au moins pour la distinction des espèces, en donnant un assez bon nombre de figures, qui, quoique en bois, rendent assez bien les objets. Il en indiqua treize espèces, mais sans les définir autrement que par la phrase de dénomination. 1674. OLrarius, dans son Cabinet de curiosités*#, compila, comme la plupart de ses prédécesseurs, ce qui avait été fait avant lui; mais sans avantage réel pour la science. 1678. Ecsuorrz*® fit connaître à cette époque les bélemnites de la Prusse, en les comparant avec le succin. Dans cette même année Lister Ÿ, plus avancé que la plupart de ses contemporains, placa les bélemnites au nombre des corps or- ganisés, immédiatement après les oursins, dans sa division des La- pides turbinati non spirati, mais sans aucune discussion. Il décrivit même deux espèces dans autant d'articles. 1681. Cependant son compatriote, GREw, dans le Catalogue des- 2 10 MÉMOIRE criptif qu'il a donné de la collection des raretés de la société royale de Londres*', les place encore parmi les pierres à côté des stalactites. Il en distingue plusieurs espèces, et entre autres mon B. plenus. 1683. JEAN SCHROEDER, dans sa fameuse compilation médico-spagy- rique, en parlant des bélemnites, insista plus particulièrement sur les propriétés attribuées avant lui à ces corps, dont il fait du reste encore une espèce de pierre. 1684. SisraLo, dans son Écosse illustrée #, en décrivit aussi quel- ques-unes de cette partie de l'empire britannique. 1691. LEIBNITZ, qui a consacré un paragraphe à ce genre de corps fossiles, p. 50 et pl. VIII de sa Protogée**, les admettait parmi les corps organisés, puisqu'il en parle entre les glossopètres et les strom- bites; mais il ne poussa pas la question plus loin. 1696. Jacosæus, dans sa Description du muséum du roi de Da- nemarck , parla des bélemnites de l'ile de Mœnen en Séelande, et réfuta l'opinion qui s'était encore perpétuée jusqu'à lui, que les bé- lemnites de la craie sont de l'urine de lynx pétrifiée, en s'appuyant surtout sur l'observation qu'il n’y a pas de lynx dans le Danemarck. A la fin du dix-septième siècle, l'étude des bélemnites avait donc pris une plus grande extension, et déjà plusieurs auteurs s'étaient décidés à en faire des corps organisés; mais cela était encore fort loin d'être généralement admis. En effet, des deux naturalistes qui en recueil- lirent la plus nombreuse collection, aucun ne suivit l'idée de Lisrer. 1699. Lawyp %, qui s'occupa avec grand soin de faire une collec- tion des minéraux et des fossiles de différens pays, mais surtout de l'Angleterre, consacre la quatrième lettre de son ouvrage aux bélem- nites. Il en décrivit et figura toutes les variétés qu'il avait en sa possession, leur rattacha d'une manière définitive ce qu'il a désigné sous le nom d'alvéole, et que nous verrons n'être autre chose que la matière étrangère moulée entre les cloisons de la cavité. Il re- chercha assez peu du reste ce que ces corps pouvaient être, mais il paraît les avoir regardés comme des concrétions faites dans le creux de différens tubes marins, et non comme des dents de Narwhal, ce qui les lui fit ranger néanmoins parmi les pétrifications. Dans le même pays et à la même époque, un autre Anglais, JEAN WoopwarD, dans la première édition de son Essai sur l'histoire na- SUR LES BÉLEMNITES. 11 turelle de la terre”, malgré la grande quantité de bélemnites qu'il avait recueillies de tous côtés, les placa parmi les minéraux de forme régulière, quoiqu'il paraisse en avoir fort bien établi les différences. Le dix-huitième siècle commenca donc avec une connaissance plus positive des bélemnites, à cause des nombreuses collections qui en avaient été faites en Allemagne, en Suisse et en Angleterre. : Ce dût être à cause de cela le moment où lon soccupât davan- tage de déterminer ce que ce pouvait étre. Des deux opinions pré- dominantes, l’ancienne que c'étaient des substances minérales suë generis, était à peu près abandonnée; celle que c'étaient des concré- tions irrégulières, des espèces de stalactites, ne l'était guère moins; celle que c'étaient des concrétions faites dans un moule, était aussi fortement sur son déclin, et enfin la pensée que ce pouvaient étre des corps organisés, des espèces de coquilles, commencait à être soutenue avec avantage; nous allons cependant voir d'abord quelques vacillations. 1702. ScHEUCHZER, dans ses différens ouvrages, et entre autres dans celui qu'il a consacré plus spécialement aux fossiles de la Suisse %#, conserva l'ancienne opinion que c’étaient des minéraux. Du reste, il enrecueillit un très-grand nombre, les compara avecsoin, eten enrichit les collections d'Angleterre, de manière à faciliter leur comparaison. A la même époque, TourNErorT sétaya de la structure et de la forme constante des bélemnites, qu'il appelle encore pierres de lynx, pour soutenir son opinion de la végétation des pierres et de leur reproduction par germes. 17905. Guepini, à l'occasion justement de l'ouvrage de ScHEucazER sur la Lithographie de la Suisse, y ayant vu cité une bélemnite en forme de pistil de l'arum , et pensant encore que c’étaient des cristallisations, fut conduit à supposer que les bélemnites doivent avoir deux pointes quand elles sont complètes, par analogie avec les cristaux. ° 1708. LANG, compatriote de ScHEucuzer, dans son Histoire des pierres figurées de Suisse“, admit que c'était une pierre sui generis, une espèce de stalactite, et s'occupa surtout de réfuter Lawvp. Dans la même année, BaïEr fit connaître par des figures les bélemnites des environs de Nuremberg.‘ 12 MÉMOIRE 1711. Rumpru, dans la Description des raretés du cabinet d’Am- boine“#*, les regarda encore comme des pierres de foudre. 1714. BUTINER avanca un peu plus dans sa Coralliographie sou- terraine , en disant que c'était une partie d'animal marin. 1917. HELzwixG #, qui d'abord avait adopté l'opinion de Lawyp, établit ensuite que c'était un corps organisé marin, soit ce quon nommait alors une plante marine, c'est-à-dire un zoophyte pier- reux, soit un tube marin (entalium); il ajoute quelles devaient être toutes pointues par les deux extrémités, et qu'elles étaient pétrifiées avant que de faire partie de la pierre : deux hypothèses qui nont, je crois, été admises par personne depuis; mais on a encore exagéré le défaut de justesse sur le rapprochement qu'Her- WING Bisait des bélemnites, en supposant, comme lont fait plu- sieurs auteurs modernes, qu'il les rangeait dans le règne végétal. 1720. VOLKMANN, en parlant des bélemnites de la Silésie#, proposa une opinion nouvelle, en supposant que c'étaient des épines ou mieux des colonnes vertébrales de poissons. Mais il parait qu'il ne considérait que les alvéoles, et même qu'il confondait les orthocères avec ces parties des bélemnites; sans cela, il serait réellement impos- sible de concevoir comment il était parvenu à cette opinion bizarre. Dans la même année, Myuius* fut plus utile à la science, en re- cueillant les fossiles de la Saxe, et par conséquent les bélemnites. À la même époque, MELLE en fit autant pour celles du territoire de Lubeck, dans son Histoire des pierres figurées de ce pays, qu'il accompagna de bonnes figures. # 1722. SWEDENBORG #, n'ayant observé que les alvéoles, crut que ce n'étaient que des queues d’écrevisse. 1724. Enfin parut la célèbre Dissertation d'Exruarr sur les bé- lemnites de la Franconie #, dissertation dans laquelle l'auteur, re- cherchant plus profondément qu'on ne l'avait fait avant lui la nature des bélemnites, arriva à démontrer, 1° que ce sont des coquilles marines, voisines des nautiles et de la spirule, ce qui lui permit de concevoir le rapport de l'alvéole décrite et figurée par LawyD avec le corps de la bélemnite; 2.° qu'elles s’accroissaient par application de couches extérieures; 3. que leur composition chimique indique bien un corps organisé, SUR LES BÉLEMNITES. 13 Une planche de figures, ajoutée à la seconde édition de son ou- vrage, en 1727, rendit ses démonstrations encore plus évidentes. 1725. Elles furent en outre solidement établies par Rosinus*, qui paraît être arrivé de son côté au même résultat. En effet, dans une dissertation ex professo sur ce sujet, après avoir réfuté les différentes opinions sur la nature des bélemnites en général, il démontre absolu- ment les trois points admis par Exrxarr. Waccx, du reste, n'ose accorder la priorité à aucun de ces deux auteurs. Lemery, dans son Dictionnaire universel des drogues’, admit en- core la synonymie des auteurs du seizième siècle, et attribua aux bélemnites prises en poudre la faculté de faire rendre les graviers. 1728. Malgré cela, quatre ans après, BRuckMANN, dans son Trésor souterrain du duché de Brunswick **, proposa une nouvelle opinion, en supposant que ce pouvait être une espèce de pholade, sans doute à cause du nom de dactylus marinus, sous lequel ce genre a été quelquefois désigné. 1729. BourGuEr, dans ses Lettres philosophiques sur la formation des sels et des cristaux ®, quoiqu'il connût le travail d'ExrHarT, qu'il s'efforce même de réfuter, crut établir d'une manière irréfra- gable que les bélemnites ne sont que des dents de quelque grande espèce de cétacé, de quelque cachalot; opinion dont il douta plus tard (1742) dans son Traité des pétrifications, eu qui fut cependant adoptée par Piucne, dans son Spectacle de la nature, et par Formey, dans l'Encyclopédie de D'ALAMBERT. 1731. KLEIN, dans la Description des tuyaux marins*, parut d'abord penser que les bélemnites devaient aussi être rangées parmi eux, puis- qu'il en parla dans cet ouvrage; mais comme dans la petite addition qu'il fit au mémoire de ScHEUcHZER, dans son ouvrage sur les our- sins, trois ans après, il expliqua plus clairement sa pensée, on voit qu'il ne les regardait pas moins comme voisines des argonautes, de la spi- rule, ou des coquilles chambrées. Il est cependant probable qu'il avait été conduit à cette rectification par le Traité de BrEyN qui venait de paraître dans cet intervalle. Il ne voulut pourtant pas se rendre à ses raisons pour les bélemnites pleines, et même pour celles qui n'ont pas d'alvéoles; il soutint son ancienne opinion, que c'étaient des bâtons d'oursins. 14 MÉMOIRE En général, tout ce qu'a dit KLEIN sur tout ce sujet des bélemnites, est assez embrouillé. 1732. La comparaison qu'EnruART avait faite des bélemnites avec les nautiles, devait nécessairement conduire à la séparation des coquilles univalves en monothalames et en polythalames, comme le fit à cette époque Breyn dans sa Dissertation de polythalamis ”; À; cependant cet auteur ne sentit pas le rapport qu'il y a entre les bélemnites et les orthocères, et il voulut que les premières fussent des tuyaux marins; il est vrai quil ne regardait comme telles que celles qui sont sans alvéoles, confondant les autres avec les orthocères. Il rapporta même aux bélemnites les baguettes d'oursins, en supposant que la partie inférieure, celle qui est creuse, avait été brisée : opinion évidemment exagérée. Il n’en distingua pas moins deux ou trois espèces, Dans la même année, Sivers, dans ses Essais sur les curiosités de Niendorp *, consacra le troisième chapitre aux bélemnites. 1935. Duray”, dans son Mémoire sur la lumière des diamans et d'autres pierres, montra dans la bélemnite calcinée la pro- priété de devenir lumineuse, après avoir été calcinée depuis cinq ans. 1937. KUNDMANN, dans ses Raretés de la nature et de l'art *, revint encore à placer les bélemnites dans le règne minéral, comme une pierre su generis; mais c'est peut-être le dernier FRS dans ce siècle de l'opinion du précédent. 1740. KLEIN, dans lédition de la See pRie lithologique de ScHEucuzerR quil donna à cette époque”, adopta définitivement l'opinion d'EsertrarT, mais non pas pour les espèces fusiformes, quil regardait toujours comme des baguettes d'oursins. C'est à cette même époque, dans la lettre que joignit.à cet ouvrage Carezzer sur l'étude de la lithographie, que cet auteur proposa de regarder les bélemnites comme une espèce d'holothuries, en admet- tant que le suc lapidifique s'est joint à la nature molle de l'animal. La cavité est l'ouverture de la bouche, étalée pour saisir la proie, et l'alvéole, une coquille étrangère à moitié avalée. Je dois aussi citer ici le petit ouvrage de BRoMELL sur la miné- ralogie et la lithographie suédoise®, parce qu'il contient la figure d'une espèce particulière de bélemnite, mais sans considération au- cune sur ce genre de corps, dont il fait encore une pierre de foudre. SUR LÉS BÉLEMNITES. 15 1941. Ritter, dans son Oryctographie du Calenberg dans le duché de Brunswick, me paraît avoir regardé les bélemnites sans excep- tion comme des baguettes d'oursins. 1747. Malgré les travaux de Rosinus, d'EBERHART et de BREYN, pA Cosra ( Emman. Medez)* ne fut pas convaincu; puisqu'il pro- posa de revenir à l'idée que ce sont des pierres sui generis, formées à la manière des stalactites. Cependant Linné, dans son Systema naturæ, avait déjà placé convenablement les bélemnites, quoiqu'il ait un peu varié dans la suite. Le célèbre minéralogiste WaLLerius , dans la partie de sa Minéralogie® réservée aux pétrifications, fait des bélemnites une espèce de son genre helmintholithe, en admettant, sans doute sans l'avoir bien discuté, que ce sont des pétrifications de vers qu'on nomme holothuries. Du reste, il les partage en bélemnites coniques, cylindriques, cannelées, sillonnées, creuses, ventrues, à cercles con- centriques et transparentes. 1748. Baker, dans une Note sur deux bélemnites extraordinaires #, fut un peu plus hardi, puisqu'il les regarda comme provenant indu- bitablement d’un animal marin, parmi les pétrifications animales et tout auprès des orthocères. 1752. Srosœus® revint à une idée précédemment admise, que c'est une espèce de la famille des coraux, et que c’est du pore terminal que sort ce qu'il nomme la fleur ou le polype; mais du reste ne contribua nullement aux progrès de la bélemnitologie. JEAN GESNER, dans son excellent petit ouvrage sur les pétrifications en général$6, n'alla pas plus loin que KLeIN, dont il adopta les idées. 17924. TorrurA 7 se borna presque à nous apprendre qu'il se trouve des bélemnites en Espagne. 17994. Gusrave Branper%, dans une Dissertation spéciale sur les bélemnites, admet toutes les idées de Rosinus et d'EHRHARDT à ce sujet, les compare aux argonautes, les rapproche des orthocératites, et explique par la différence d'âge pourquoi certaines bélemnites ont ou n’ont pas de cavités, ou n’en ont qu'une très-petite, en sorte que toutes auraient eu, suivant lui, une alvéole, si elles eussent vécu. Il joint à son mémoire des figures à l'appui de son opinion. 16 MÉMOIRE 1755. CarruEuser consacra quelques pages de ses Rudimens d'Oryctographie de Francfort sur lOder aux bélemnites de ce pays. D'ARGENvILLE, dans son Oryctologie?’, en fit aussi le sujet d’un court article de mauvaise compilation, avec une figure encore plus mauvaise. 1797. ALLIONI, dans son Oryctographie piémontaise?", tout en adoptant avec Lanné l'opinion de BREYN, annonce que TArGION10 Tozzeri dit dans ses Voyages (t. 1, pag. 281), avoir vu dans le ca- binet du chanoine Vincent Capponi une bélemnite vivante, encore attachée à une masse de corail rouge. WaALcx veut que ce soit une orthocératite, ce qui ne serait pas moins singulier. Ne serait-ce pas plutôt quelque baguette d'oursin ? 1761. M. Vrazer?*, ayant découvert une bélemnite à deux pointes dans une carrière des environs de Chälons-sur-Marne, crut pou- voir en déduire qu'originairement toutes devaient avoir également été bicuspidées. : 1963. BERTRAND , dans son Dictionnaire des fossiles7?, paraît admettre à peu de chose près l'opinion de CAPELLER, que c'est le résultat de la pétrification d’une holothurie, en s'appuyant sur l'ob- servation qu'on n'a jamais rencontré de têt véritable. On trouve dans le même ouvrage un mémoire de M. Le Monnier, qui s'efforce d'étayer par de nouveaux argumens l'opinion de Lan et de D'Acosra, ainsi qu'une lettre de M. DE LA ToURETTE, dans laquelle il hasarde, sans avoir sans doute examiné suflisamment la question, que c'est une espèce de polype, revêtue d’une enveloppe testacée, analogue à la penne marine, et que l’alvéole est aussi une autre espèce de polype, composée d'articulations osseuses, qui a sa demeure dans la coquille. Ainsi c'est presque une exagération ridicule de l'opinion de SroBous. On trouve encore à la même époque une opinion à peu près de même force, proposée par Trrius7*, qui pensait que les bélem- nites pouvaient bien être les griffes ou ongles d'une espèce d'étoile de mer cartilagineuse, à l'aide desquelles elle se cramponnait dans la mer. Mais, à dater de ce temps jusqu'aujourd'hui , il n'y a presque plus eu de vacillation sur la nature et la place des bélemnites dans la série animale. SUR LES BÉLEMNITES. 17 1764. Le mémoire que Josuxa PLarr inséra à cette époque dans les Transactions philosophiques sur la structure des bélemnites””, et dans lequel il confirma et étendit convenablement ce qui avait été dit par EnrHaRT, et entre autres que le mode d’accroissement se fait par couches superposées, qu'il suppose produites par les deux lobes du manteau de l'animal, à la manière de la coquille des por- celaines; et peut-être aussi la seconde publication du Mémoire de FRosius, en allemand, dans le Magasin de Hambourg, en 1767, durent contribuer dans les deux seules parties de l'Europe où l'on s'occupait de bélemnites, l'Allemagne et l'Angleterre, à faire valoir la vérité. Les Lettres d'AxDrÆA sur la Suisse’$, qui parurent aussi à cette époque, et qui en firent connaître plusieurs espèces fort singulières, confirmèrent encore ce rapprochement; cependant je dois remar- quer qu'ANDRÆA, au sujet d’une bélemnite à deux pointes, de la collection d’Amanw, à Schaffhouse , renouvelle la question de Gué- ini, si les bélemnites complètes ne sont pas toutes ainsi formées, en supposant que l'animal parvenu à son plus grand degré de dé- veloppement, n'avait qu'une pointe à sa coquille, mais qu'ensuite, venant à décroitre, du moins en épaisseur, il ne formait pas l'autre. 1765. Je trouve à cette époque dans les Mélanges d'histoire natu- relle de Ducac, t. 1, p. 266, que M. pE TrEssaN, dans ses Observa- tions sur le Catalogue de la collection de GEorrroy”, en critique avec raison l’auteur de ce qu'il les range encore parmi les moules ; il en décrit assez bien la structure, et pense que ce pourrait bien être un lepas ou patelle : opinion qui n'avait pas encore été proposée, et qui n’a pu être adoptée; mais une observation plus intéressante, c'est que jamais les bélemnites des mines de fer ne perdent leur nature calcaire. 1767. La nature des bélemnites eùt été démontrée encore mieux que par une simple analogie, si l'observation de Puicipre Firmin , soutenue par son ami L'ENARD, avait été admissible, puisqu'il pré- tendait avoir trouvé l’analogue vivant; mais cet analogue n'était qu’un calmar mutilé, dont la forme a en effet assez bien celle de certaines bélemnites, comme le fit voir un auteur anonyme (PaLLas) dans la troisième section du Magasin de Stralsund, p. 192. 18 MÉMOIRE 1779. Le chapitre très-étendu et extrêmement remarquable par la sagesse de la critique et la richesse de l'érudition, que WaLcx a placé dans le tom. 2, part. 2, p. 220, du grand ouvrage de Korn sur les fossiles 79, nous servira de point de repos dans cette histoire de la bélemnitologie. Après avoir analysé successivement les opinions de ses prédécesseurs et de ses contemporains, il regarde comme prouvé que la bélemnite a dù appartenir à un animal marin, que c'est un tuyau de mer cloisonné; mais cependant différent des or- thocératites, qui venaient d'être découvertes à l'état vivant par Bran- cui : en effet, il pense que le cône chambré ou l'alvéole qu'il admet comme terminé par un petit bouton, a sa coquille indépendante, quoique logé dans le tube, ce qui n’est pas dans les orthocératites. Il croit que la dernière loge du cône chambré était habitée par l'animal, qui était attaché au tube par un appendice charnu qui, pénétrant dans le siphon, se continuait jusqu'au sommet de la bé- I ? ] lemnite. Waccx divise ensuite les bélemnites en opaques et en transpa- rentes, puis les premières en cylindriques, coniques, fusiformes, sillonnées et courbées. En considérant ensuite dans les premières divisions la forme du sommet, dans les deux suivantes la forme du renflement et le nombre des cannelures, il parvient à distinguer treize espèces de bélemnites, qu'il ne dénomme ni ne caractérise ; mais pour chacune desquelles il -cite une figure d'un de ses prédé- cesseurs. Malheureusement il n'eut pas l'heureuse idée d'appliquer aux corps organisés fossiles le système de nomenclature que LiNNÉ depuis assez long-temps employait pour les corps vivans. 1783. GuerrARD Ÿ, qui paraît n'avoir pas connu le beau travail de Waccx, eut pour but, dans son Mémoire sur les bélemnites, l'exa- men critique de toutes les opinions émises avant lui; mais quoiqu'il le fit avec beaucoup de sagacité, il arriva à ce simple résultat, que ceux qui ont appelé la bélemnite un nautile droit pourraient bien avoir raison, Le commencement du dix-neuvième siècle fit encore un pas vers une connaissance plus exacte de la bélemnite, en cherchant, non plus à quel animal elle pouvait avoir appartenu, mais sa position dans le corps de lanimal; et ce qu'il y a de remarquable, c'est que les deux SUR LES BÉLEMNITES. : 19 personnes qui s'en occupèrent d'abord, M. SAGE, de l'Académie des sciences, et M. Decuc, quoique différant d'opinion, y contribuèrent l'un et l'autre : le premier dans un Mémoire inséré dans le Journal de physique pour le mois de Brumaire an 9 ( Octobre 1800 )‘', ad- mettant aussi la manière de voir d'Enruarr, l'exagéra peut-être un peu en n'y voyant que le noyau d’une orthocératite; opinion quil modifia dans un second Mémoire, inséré dans le même Jour- nal ( Fructidor an 9), contre l'attaque de M. DeLuc, celui-ci cher- chant à établir qu'au contraire les orthocératites et les lituoles sont des alvéoles d'espèces particulières de bélemnites, et que ces alvéoles sont des coquilles de la nature des cornes d'ammon. Nous verrons en effet plus tard que cette idée a quelque chose de vrai, puis- qu'on trouve des passages de la bélemnite la moins creuse aux orthocères. M. Decuc combattit donc l'opinion de M. SAGE dans deux notes in- sérées dans le même Journal de physique; l'une, t 52, p. 362, et l'autre, t.58,p. 181%, voulant que la bélemnite ne füt pas une coquille analogue à celle de l’orthocératite; parce que, dit-il, celle-là n’a pas à son entrée une bien plus grande loge que les autres, pour placer l'animal, comme cela a lieu dans celle-ci, ce qui est réelle- ment faux, comme nous le verrons plus loin: du reste, soutenant avec raison que ce doit être un os intérieur, comme l'os de sèche et la nummulite. Quant à ce qu'il ajoute sur les cloisons qui com- posent l'alvéole, qui se touchent de manière à remplir totalement la cavité conique de la bélemnite, il a pris la substance étrangère moulée entre les cloisons pour les cloisons elles-mêmes, et alors il a été conduit à nier l'existence du siphon, qui est toujours bien visible. 1808. Denys De Mowrrorr, dans sa Conchyliologie systématique ‘, proposa une idée qui n'était encore, je crois, venue à personne, en regardant l'alvéole comme complétement indépendante de la bélem- nite proprement dite, et comme, lorsqu'on l'y trouve logée, s'y étant placée accidentellement, ce qui le conduisit à faire de l'alvéole seule un genre distinct sous la dénomination de Callyrhoë. Il éta- blit aussi avec les bélemnites plusieurs genres sous les noms d'Hibo- lithe, de Porodrague, d’Acame, Paclite , Cétocine, Thalamule, Ami- 20 MÉMOIRE mone, mais sur des caractères purement accidentels et mal circons- crits: aussi n'ont-ils pas été adoptés. Il placa du reste ce genre dans la division des coquilles polythalames. 1810. M. Faure BicuEer, dans une petite Dissertation ex professo sur le même sujetŸt, admit à peu près la même opinion que celle de M. Decuc; mais en outre il commença à distinguer nettement les espèces les unes des autres, ce qui était un point important. Il en établit seize; cependant je ne pense pas qu'il s'en soit servi pour la connaissance des terrains ou qu'il en ait fait l'application à la géologie. 1810. M. BEuDanT, ayant observé une espèce de bélemnite qui n'a pas de cavité, et dont la base même est plutôt mamelonnée qu'aplatie, crut y trouver un argument à l'appui de l'opinion qui voit dans ces corps des baguettes d'oursins, et que nous avons vue avoir été proposée par KLEIN, en 1734, pour les espèces fusi- formes. Sa Dissertation fait partie du tome troisième des Annales du Muséum : il y donne des observations exactes, mais incomplètes, sur la structure de la bélemnite, et, partant de là, il arrive à une exagération justement opposée à celle de BrEyw, c'est-à-dire, quil fait de toutes les bélemnites des pointes d'oursins; toutefois en sen- tant fort bien que, si son rapprochement peut encore se soutenir pour les bélemnites pleines, il ne peut que difficilement avoir lieu pour les autres espèces ; il termine ses conclusions par cette ob- servation que, pour les espèces non pleines, la grande cavité coni- que, les alvéoles qui y sont renfermées (je puis ajouter les sillons basilaires), sont les bases d’un problème qui reste encore à résoudre, Nous voici enfin arrivés au moment où, comme pour tous les corps organisés conservés à l'état fossile, les bélemnites vont être envisagées comme caractéristiques des terrains. C'est, à ce qu'il me semble, M. Derrance qui, le premier, a eu lheureuse idée de séparer les bélemnites en bélemnites antérieures à la craie et en bélemnites de la craie, il est vrai, je crois, sans bien les caractériser , comme on peut le voir à l'article Bélemnite du grand Dictionnaire des sciences naturelles. M. Beupanr, à la fin de sa Dissertation citée, a aussi admis la méme division sans la caractériser, et il a limité la succession de SUR LES BÉLEMNITES. 21 terrains dans lesquels on en a trouvé jusqu'ici, et ceux où elles sont plus abondantes. | Pour aller plus loin, il fallait distinguer les espèces, s'il y en avait; les caractériser nettement, et surtout les figurer avec soin, ce qui était plus difficile qu'on ne pense, à cause de la ressemblance que toutes les bélemnites semblent avoir entre elles, quand on ne sait pas les examiner. MM. Cuvrer et DE Lamarck, dans leurs ouvrages généraux , se bornèrent à ranger d'une manière définitive les bélemnites parmi les céphalopodes, division qui comprend les coquilles polythalames. Le dernier cependant en distingua deux espèces, dans lesquelles ne se trouve pas celle de la craie des environs de Paris. M. ParkiNsoN, dans son grand ouvrage sur les corps organisés fos- siles”, alla un peu plus loin, et pensa, comme nous, que la structure spathique de la coquille est due à l'état fossile ; il crut même re- marquer assez de différences dans cette structure pour caractériser trois espèces, qu'il nomme Bélemnite fusiforme , Bélemnite cylindri- forme et Bélemnite conique. C'est M. DE ScaLorrHeIM, dans son Traité des pétrifications'$, qui a pris cette initiative, admettant avec juste raison l'opinion à laquelle la succession des travaux de nos prédécesseurs a amenée aujourd'hui sur la nature des bélemnites; il en distingue onze espèces, que malheureusement il caractérise incomplétement, souvent sans syno- nymie, il est vrai, fort difficile en pareil cas. Il n’a pas eu l'idée de les séparer en groupes naturels, et plus malheureusement encore il n'en a pas donné de figures ; en sorte que, quelque désir que jen eusse , il m'a été impossible de savoir positivement si les espèces que je distinguais ne l'avaient pas déjà été par lui, et si par conséquent je n'ai pas fait de doubles emplois. Dans le cas probable où cela serait, je puis trouver encore une sorte d’excuse dans l'observation que mon travail était à peu près terminé, quand l'ouvrage de M. DE ScnLoTTHEIM est parvenu à ma connaissance. 1822. M. pe Férussac®, dans un article étendu du Dictionnaire classique d'histoire naturelle, a fait un extrait du mémoire de Guer- TARD ; mais, en outre, il a très-bien confirmé, d'après ses propres 22 MÉMOIRE “observations, ce qu'il y a d'exact dans tout ce qu'on a dit de ce singulier genre de fossiles. Il admet cependant que le siphon est quelquefois central, que, dans certaines espèces, il se prolonge jus- qu'au sommet de l'étui et que les cloisons sont en même nombre que les couches de celui-ci, ce qui n’est pas, d'après nous. 1823. Je dois surtout m'arrêter à l'examen du travail très -inté- ressant sur les bélemnites que vient de publier dans les Mémoires de la société géologique de Londres, M. J. S. Mizcer®. D'après la date de la lecture de son Mémoire à la Société (4 Avril 1823 ), il est évident quil a beaucoup d’antériorité sur moi; car le mien n'a été commencé qu'en 1824, peu de temps après le retour de M. Bron- GxiART de la Norwége, et presque à son invitation; mais il a été communiqué dès l'année dernière à la Société philomatique®’ : un long extrait a été publié dans son Bulletin, et le Mémoire de M. Miccer ne fait que paraître et arriver à Paris en Août 1826. Il n’en a pas moins une véritable priorité de publication, et comme le Mé- moire est accompagné d'assez bonnes figures, je tâcherai d'établir au moins une Synonymie exacte, autant que cela se pourra. M. Mirrer, outre la distinction des espèces qu'il a pu voir, et qui me paraissent être presque bornées aux terrains de l'Angleterre, s'est aussi occupé de la nature de la bélemnite et même de la ma- nière dont elle était contenue dans l'animal. C'est à peu près l'opi- nion de Deruc qu'il admet, c'est-à-dire que c'était une pièce com- parable à los de la sèche; ce que nous avons également adopté, et ce qui est une rigoureuse conséquence de son mode d’accroisse- ment par couches enveloppantes : mais au lieu de la regarder comme tout-à-fait intérieure, il la concoit et même la représente, pour ren- dre son idée plus claire, comme servant à loger une petite partie de l'animal dans la dernière cellule, et tout le reste à moitié exté- rieure, où mieux simplement recouvert par deux lobes du manteau de l'animal, auquel il a donné gratuitement la forme d'un calmar. La cannelure de quelques espèces lui paraît indiquer la ligne où se joignaient les lobes du manteæg. Cette opinion n’est réellement pas admissible. M. Mirser regarde aussi la bélemnite comme composée un peu différemment de ce qu'on avait fait avant lui, et de ce que nous SUR LES BÉLEMNITES. 23 avons fait nous-mêmes. D'abord pour l'étui il pense que la structure rayonnée et spathique, et même la grande pesanteur, sont naturelles et nullement dues à la spathification, comme M. Parkinson la cru et nous aussi. Il la regarde du reste comme composée d'un très- grand nombre de cônes excessivement minces, s'emboitant les uns les autres, ou formant des couches concentriques parfaitement cor- respondantes à celles du cône chambré. Dans l'examen qu'il fait ensuite de l'alvéole , qu'il nomme le cône chambré, il admet qu'il est composé d'une enveloppe générale, moins lisse ou plus rugueuse à l'extérieur qu'à l'intérieur, dans la structure de laquelle il reconnaît une couche fine de texture fibreuse- spathique entre deux couches de matière nacrée non iridiscente. Quant aux cloisons qui constituent les chambres, il pense qu'elles sont aussi formées de trois ou quatre lames spathiques fibreuses, séparées l'une de l’autre par les lames nacrées. Il croit également que la dernière loge n'était pas plus grande que les autres, et que par conséquent elle ne servait pas à loger l'animal, comme quelques auteurs l'orit admis. Il cite à l'appui de cette opinion un échantillon bien conservé dans sa matrice, dont le bord mince était bien com- plet et qui présentait cette particularité. Il démontre la structure lamellaire des cloisons par une expérience curieuse, si le résultat en est certain; en traitant une de ces cloisons par un acide éten- du , il ést resté des traces évidentes de matière animale sous forme de pellicules. Recherchant ensuite l'usage de ce cône chambré, il établit par analogie avec ce qui existe dans le nautile, qu'il servait à l'animal de la bélemnite à augmenter ou à diminuer sa pesanteur spécifique à volonté. Pour démontrer, à ce qu'il croit, cette opinion, il a ima- giné de faire une expérience: pour cela, dans une bélemnite vide, la plus complète qu'il ait pu se procurer, il a introduit un cône de papier huilé, plein de coton, et pour contre-balancer le poids de la bélemnite dans l'eau, il a vu que le cornet de papier n'avait pas be- soin d’être d’une plus grande étendue que celle qu'on peut supposer, dit-il, avoir eu lieu, et que l'on trouve dans les individus qui en. sont communément pourvus. D'après cela il faudrait donc croire que l'animal se tenait verticalement ; cependant la grande ressem- 24 MÉMOIRE blance de celui qu'il attribue à la bélemnite avec le calmar vivant actuellement dans nos mers, ne permet guère de lui supposer cette position. M. Mirer a en effet porté le rapprochement jusqu’au point de faire figurer un animal pour exprimer aux yeux comment il concoit que la bélemnite était sur son corps et son mode de formation. J'avoue n’y avoir pas concu grand'chose , pas plus qu'à la descrip- uon, ce qui au reste était peu important. Le Mémoire de M. Mizrer n'en est pas moins ce qui a paru jus- quici de plus complet sur les bélemnites, et peut-être même n’au- rais-je pas entrepris mon travail à ce sujet, si je l'eusse connu il y a deux ans. D'après cette histoire même il est évident que les bélemnites ont été désignées sous des dénominations très-diverses, qui ne leur ap- partenaient pas; il ne sera donc pas inutile d’en faire connaître les principales, quand même cela ne servirait qu'à remplir une petite lacune. Voici toutes celles que j'ai rencontrées dans les auteurs que j'ai parcourus, en ne rapportant pas toutefois leur traduction dans les différens idiomes européens, donnée par GuerrarD à la fin de son mémoire et par Denys DE Monrrorr. Lycurion, Lyncurium, Lapis Lyncis, Luchsstein, en allemand, pierre de Lynx en français, provenant de l'opinion que nous avons vu ètre fausse, comme KLEIN l'a montré le premier, que ces corps fossiles étaient la même chose que la pierre de lynx de TuéoPnrasrE, quil supposait être de l'urine de lynx pétrifice. Ce nom a été plus spécialement affecté cependant aux espècés couleurs de vin de Falerne ou d'ambre , qui sont pellucides, c’est- à-dire aux bélemnites de la craie. Dactylus idœus, de ce qu’on a supposé encore sans preuves évi- dentes que c'était la même chose que la pierre ainsi nommée dont a parlé PLINE, parce que certaines espèces ont en effet quelque ressemblance avec un doigt. WaLcn nous apprend qu'en eflet ce nom était réservé aux espèces cylindriques à pointe émoussée et arrondie. Corybantes ou Lapis phrygius en général et anciennement dans SUR LES BÉLEMNITES. 25 les premiers auteurs allemands; mais il est fort probable, comme le fait justement observer M. Beupanr , que cette dénomination leur aura été donnée à tort, lorsqu'on les aura confondues avec les cé- raunites en général, parmi lesquelles on rangeait les pierres dites de la circoncision : en effet, il est évident que leur peu de dureté ne permet pas de croire qu'elles aient pu être aiguisées assez pour couper dans l'opération qui a rendu les corybantes célèbres. Ceraunites où Pierre de foudre. Cest en Allemagne que ce nom paraît avoir été d’abord employé, et lon supposait par là qu'elles devaient être rangées dans une espèce de genre que les minéralo- gistes anciens faisaient sous cette dénomination avec les corps fos- siles ayant une forme plus ou moins conique; mais ce n'étaient que les grandes espèces et les plus colorées que lon appelait ainsi. Coracias où Corvinus lapis. Cest encore dans les auteurs alle- mands que se trouvent ces dénominations, qu'ils traduisent par le mot Rappenstein où Rabenstein ; mais il parait qu'ils ne les appli- quaient qu'aux espèces noires, et probablement à celles qui étaient plus ou moïns recourbées à la pointe. Oxyrhynchi était un nom à peu près de même sorte, qui n'était appliqué qu'aux espèces eflilées et pointues. Schosstein est encore un nom allemand de la même époque et qui indique sa forme de flèche; d'où : Alpfescht, Alpschos, Alpschosstein, qui signifient flèche d’incube, parce qu'on supposait que C'était un excellent remède contre l'in- cube, en allemand #/p, supposition aussi vraie que la maladie. Spectrorum candela, Chandelle des spectres ; Digiti diaboli ou Doigts du diable, sont des dénominations qui, quoique très-rare- ment employées, indiquent assez que les auteurs allemands, chez lesquels on les trouve, attachaïent à ces corps des idées supersti- tieuses, qui sans doute avaient conduit à les employer contre l'in- cube, que l’on attribuait à la présence du diable. 26 MÉMOIRE SECTION II De la nature et de la place des bélemnites dans la série. Une bélemnite est un corps crétacé, solide, symétrique, c'est-à-dire, pouvant être partagé en deux moitiés semblables par un plan dans la direction de son axe longitudinal, ordinairement de forme coni- que, plus ou moins alongé, à coupe circulaire ou ovale, et dans lequel on peut distinguer un sommet, un corps, une base, avec une cavité plus ou moins profonde, souvent partagée en plusieurs loges par des cloisons en nombre variable. La surface des bélemnites est souvent parfaitement lisse; mais quelquefois elle est comme labourée par des espèces de sillons ramifiés, subvasculaires , ou bien par une fissure ou des canne- lures plus ou moins profondes ; quelquefois aussi la surface des bélemnites est encroûtée par un dépôt de nature différente et qui en cache la véritable superficie. Cela est dû à la substance qui ser- vait de matrice à la bélemnite; quelques auteurs ont cru à tort que c'était le tét même de la bélemnite. La forme générale de ces singuliers fossiles est ordinairement plus ou moins alongée ; quelquefois presque cylindrique, ou d’un dia- mètre égal dans toute leur longueur : ils peuvent être aussi à peu près coniques, ou fusiformes, ou enfin plus renflés en arrière qu’en avant, c'est-à-dire en massue; mais le plus souvent ils se renflent en partant du sommet, pour diminuer ensuite un peu, et enfin se terminer en se dilatant plus ou moins vers la base. La coupe d'une bélemnite n'est pas moins variable que sa forme générale ; ordinairement circulaire, elle est quelquefois ovale verti- calement ou transversalement ; d'autres fois elle est subtrigone, ou même subtétragone : en outre, elle n’est pas toujours la même dans toute la longueur. Le sommet par où la bélemnite a commencé, présente également des différences dans sa forme et dans sa position; ainsi, aigu, mu- croné, eflilé, obtus, ou même ombiliqué, il peut être complétement médian, c’est-à-dire dans l'axe de la coquille, ou bien au-dessus comme au-dessous de cet axe. SUR LES BÉLEMNITES. 27 Le plus souvent il est lisse; mais il peut aussi présenter de sim- ples plis, peut-être subréguliers, qui s'irradient à sa circonférence, ou des sillons, l'un dorsal et l'autre ventral, ou enfin des cannelures latérales, une de chaque côté, assez profondes, et qui se prolongent plus ou moins loin en arrière. La base de la bélemnite ou sa terminaison actuelle, lorsque la coquille est complète, est presque toujours plus ou moins pro- fondément excavée par une cavité conique qui se prolonge dans Pintérieur du corps. Cette cavité est toujours droite, comme la bé- lemnite elle-même, et parfaitement symétrique. Quelquefois elle n'occupe pas la douzième partie de la longueur totale, tandis que dans le plus grand nombre de cas elle s'enfonce souvent bien au- delà de la moitié. Il est encore à remarquer que son sommet n’est pas toujours dans l'axe même de la coquille, quoique le centre de sa base y soit complétement. Les parois de cette cavité ne sont jamais lisses; on y voit souvent très-bien des stries circulaires très - fines, serrées, et un peu irrégu- lières, et en outre, d'espace en espace, des espèces de cannelures circulaires plus profondes, indices de l'endroit où les eloisons étaient attachées. Dans quelques bélemnites on remarque en outre que la ligne dorsale et la ligne ventrale de cette cavité sont creusées d’un sillon qui va jusqu'au sommet. La cavité des bélemnites est certainement partagée, surtout dans sa partie supérieure, en plusieurs loges d'autant plus grandes qu'on s'approche davantage de l'ouverture, par des cloisons nombreuses, excessivement minces, en forme de verre de montre, convexes en arrière, concaves en avant, et ainsi empilées à la suite les unes des autres. Toutes ces cloisons sont percées par un trou, ou mieux peut- être par une échancrure marginale, correspondant à la ligne ventrale, et ce trou forme un canal qui se continue entre les cloisons, quelque- fois en se renflant dans les intervalles. Cest ce que l'on nomme le siphon, dont la forme paraît assez varier, être cylindrique ou renflée dans chaque loge. La dernière loge paraît être toujours bien plus grande que les autres ; c'est celle dans laquelle communique immédiatement You- verture. 28 MÉMOIRE Cette ouverture, que l’on trouve très-rarement complète, tant les bords qui la forment sont minces, doit avoir presque toujours la forme du corps de la coquille, c'est-à-dire, être circulaire ; ovale ou trigone. Son bord ou péristome, ordinairement entier et tranchant, est quelquefois profondément entaillé par une scissure qui bientôt se change en un sillon extérieur et un sillon intérieur; mais quelque- fois il ny a qu'une cannelure extérieure, qui n'est pas même tou- jours aussi sensible à l'ouverture que dans le reste de la bélemnite. Si de la forme extérieure d'une-bélemnite nous passons à sa struc- ture, on voit d'une manière évidente sur certains individus jeunes, ou dans un état moins avancé de fossilification, qu'elle est compo- sée, comme toutes les autres véritables coquilles, d'une très-grande quantité de cônes ou de cornets excessivement minces, qui s'em- boitent les uns dans les autres depuis le sommet jusqu’à la base ; mais la différence capitale de ce genre de coquilles est que cest le plus grand, le plus nouveau de ces cônes, qui est le plus extérieur, et par conséquent le plus petit, le plus ancien, qui est le plus interne; d'où il résulte que les stries d’accroissement, au lieu d'être visibles à l'extérieur, comme dans les autres coquilles, le sont à l'intérieur de la cavité, quand il y en a, ou seulement à sa base, dans le cas contraire. | D'après ce qui vient d'être dit sur la forme et la structure de la bélemnite , il est évident qu'elle à appartenu à un animal pair, symétrique ; qu'elle était complétement intérieure, comme los du calmar ou de la sèche, et que, comme ces corps protecteurs, elle était contenue dans une loge de l'enveloppe dermoïde, dont les parois déposaient la matière calcaire. Par analogie elle était donc évidem- ment dorsale et terminale, et lorsqu'elle était complète, c'est-à-dire pourvue d'une cavité, l'extrémité postérieure des viscères de Fanimal (très - probablement l'organe sécréteur de la génération et partie du foie ) y était renfermée. Avant cela, il y avait une simple adhé- rence à l'axe, mais sans pénétration, et après que la cavité a été formée, l'animal saccroissant, il s’est successivement détaché et a produit un nombre plus ou moins considérable de cloisons, en même temps qu'il diminuait sa pesanteur spécifique par le vide SUR LES BÉLEMNITES. 29 formé entre elles, absolument comme le font encore sous nos yeux la spirule et l'argonaute. De cette manière on concoit donc dans la même espèce de bélem- nite trois formes particulières de la coquille, qui dépendront de l'âge _auquel elle aura été enlevée à l'animal. Dans la première il n’y a pas encore de cavité, et les cornets composans montrent leur tranche à la base même de la coquille. Dans la seconde il y a une cavité plus ou moins profonde, et les stries d’accroissement sont visibles à l'in- térieur; et, enfin, dans la troisième, outre l'accroissement de la ca- vité, elle se partage dans son fond par des cloisons d'autant plus petites et serrées, qu’elles sont plus anciennes. Les nombreuses variations dans les élémens d’accroissement d’une coquille en ont dù déterminer dans les bélemnites, et nous devons convenir que nous ignorons assez complétement dans quelles limites ces variations sont circonscrites. Dans la grandeur on en trouve qui n'ont qu'un pouce de long sur deux lignes de diamètre, tandis que d’autres ont près d’un pied de long, sur deux ou trois pouces de diamètre. On en cite même de grosses comme le bras, et Hezwine de plus de trois pieds de long. La couleur ne varie guère moins; en général cependant les espèces des terrains de craie ou des premières sections sont d'une couleur d’ambré plus ou moins parfaite, et quelquefois d'une transparence assez belle, tandis que les bélemnites des autres terrains sont d'une couleur plus foncée, plus obscure, et sont complétement opaques. Cette description détaillée de la forme extérieure et de la struc- ture d'une bélemnite nous met en état de déterminer les rapports naturels de l'animal qui l'a produite, avec les êtres actuellement vivans. Nous avons déjà fait observer qu'elle était parfaitement sy- métrique et qu'elle était complétement intérieure, comme los de la sèche. Ce rapprochement peut être confirmé par plusieurs autres considérations; mais, pour les mieux comprendre, il ne sera pas inutile de donner quelques détails sur la forme et la structure de celui-ci. Un os de sèche est une pièce calcaïre ovale, bien symé- trique, mais très-déprimée de haut en bas, et presque également convexe sur ses deux faces. Il semble donc ne pas y avoir de cavité; cependant en arrière on en trouve réellement une assez prononcée, 30 __ MÉMOIRE mais fort large, qui se continue avec le sommet de la coquille, qui est conique et pointu, solide et plus ou moins alongé : elle est en outre agrandie par des appendices qui s'ajoutent de chaque côté de ce sommet. Quant à la structure, elle est assez singulière ; ce sont des plans ou couches de fibres verticales qui se placent les unes en dedans des autres, et obliquement en avant, de manière à laisser visibles deux zônes, l’une en arrière et en dessous, et l'autre en avant et en dessus. Cette singulière espèce de coquille croît donc, comme toutes les autres, par son bord antérieur, qui forme une avance bien au-delà de la cavité; mais elle en diffère éminemment, en ce qu'elle n'a qu'une très-petite cavité viscérale, que ses couches composantes ne forment pas une succession de cônes, mais seulement des lames, et qu'elle a une très-grande avance en avant et une pointe solide en arrière. Les pièces fossiles que M. Cuvrer a justement regardées comme ayant appartenu à des animaux fort voisins des sèches, font encore un passage plus évident aux bélemnites, en ce que la partie que j'ai nom- mée la cavité dans los de la sèche, est ici beaucoup plus prononcée, prend une forme conique, seulement un peu ouverte à sa partie inférieure , et qu’elle est évidemment formée par des lames dont la plus nouvelle et la plus grande est extérieure, de sorte que les stries d’accroissement sont évidemment visibles à l'intérieur, et simulent quelquefois des appuis de cloisons. Du reste, il y avait en arrière une partie solide encore plus prononcée, et il serait peut-être hardi d'assurer qu'il y eut en avant le même prolongement que dans l'os de la sèche. ( Voyez pl. I, fig 2, 2a, 2b.) Ce doute devient encore plus grand, lorsqu'on examine un autre corps organisé fossile qui a beaucoup d'analogie avec le précédent, et que M. Desnares, qui avait fort bien entrevu ses rapports avec les bélemnites, depuis que je lui en avais expliqué la nature, a bien voulu me communiquer. En effet, la cavité dans celui-ci est tout- àa-fait complète; elle est conique et ressemble parfaitement à celle de la base des bélemnites; son péristome est bien continu; on y voit évidemment la même structure fibreuse que dans ce genre de corps, quoique l’on reconnaisse très-bien les couches composantes. est même assez probable qu'il y avait des cloisons fort minces; SUR LES BÉLEMNITES. 31 car leur bord d’adhérence est encore bien marqué. Or, cette cavité p'a rien qui indique qu'elle eût en avant aucun prolongement ana- logue à ce qui existe dans les sèches : elle a cependant toujours les deux dilatations alaires latérales, et en outre un sommet tout-à-fait solide et en massue. Ce qu'il y a de plus remarquable, et ce qui m'avait pas échappé à l'observation de M. Desnairs, c'est qu'entre le bord postérieur de l'aile et ce sommet il part un sillon vascu- laire dont les ramifications se répandent sur le dos de cette pièce calcaire, comme je lui avais montré que cela a lieu sur les bélem- nites de la craie. (Voyez pl. I, fig 3, 3a, 3b.) Or, pour convertir ce corps en bélemnite, il suflirait presque d'alonger le sommet plein et solide, en lui donnant une forme plus conique, et de diminuer les appendices alaires. Ainsi se trouve démontré d'une manière je pense à peu près irré- fragable, le rapport des bélemnites avec les os de sèches, et par conséquent leur place dans la série où elles viennent remplir une lacune jusqu'alors regardée comme assez difficile à faire disparaître, si ce n'est pour ceux qui n'envisagent ces sortes de sujets que d'une manière extrêmement superficielle. Nous verrons plus loin que les bélemnites passent insensiblement aux orthocères, et comme celles-ci le font également aux baculites, aux ammonites et aux argonautes, il en résulte que la place des premières est assurée d’une manière à peu près irrévocable à la tète des coquilles polythalames , entre les sèches, qui doivent se terminer par les béloptères et les orthocères véritables. Mais avant de passer à l'étude des différences spécifiques que peuvent présenter les bélemnites, voyons les modifications qu'elles ont recues de l'état fossile, auquel on les trouve constamment. SECTION III. Des modifications que les bélemnites doivent à leur séjour dans le sein de la terre. Quoiqu'il soit évident que ce genre de coquilles est formé de couches extrêmement minces, emboîtées les unes dans les autres, comme des cornets de papier, il est bien rare que l'on puisse dé- TAN ; MÉMOIRE montrer cette structure dans toutes les espèces, et même dans tous les individus d’une même espèce. Le plus souvent on ne voit les traces des bords de ces cornets qu'à la face interne de la cavité, ou sur la base elle-même, quand celle-là n'existe pas encore, ou enfin à la surface externe, lorsque par une altération la coquille a été usée dans une plus ou moins grande partie de son étendue. Mais ce qu'on a regardé comme caractéristique de ce genre de corps orga- nisés, C'est cette structure fibreuse , dans laquelle les fibres convergent de l'axe de la coquille à sa circonférence. Ce caractère est si cons- tant, que tous les oryctologues l'ont regardé comme le signe émi- nemment différentiel d'une bélemnite, et que Warcu, et KLEIN avant lui avaient avec juste raison fait observer que, pour être une bélemnite, il ne fallait pas seulement qu'une pierre eût une forme co- nique, comme on le voit quelquefois sur des silex de la craie. Je le regarde cependant comme un produit de la spathification , quoiqu'on pût très-bien le concevoir d’après ce qui existe dans les os de sèches. Cest un fait auquel on n’a peut-être pas fait jusqu'ici une attention suflisante, que la matière minérale, empruntée pour ainsi dire au règne inorganique dans les corps organisés, pour servir à en solidifier quel- ques parties, rentre sous les lois qui la régissent, et auxquelles elle a été momentanément soustraite, à mesure que la matière animale qui lui était inhérente, qui la retenait dans ses mailles, se décom- pose et se détruit. Sans doute, comme il y a ici réciprocité d’ac- tion, que la destruction de cette matière se fait beaucoup plus lentement que sil ny avait pas eu de combinaison entre les deux matières; mais enfin il vient un temps où la matière inorganique reste seule. Cest alors que ses molécules tendent à prendre et pren- nent en eflet peu à peu une des dispositions qui lui sont propres, ce qu'on nomme cristalliser. Moins la substance inorganique des ani- maux contient de matière animale, plus celle-là tend de bonne heure à cristalliser, comme on en voit des exemples dans loper- cule calcaire très-épais des turbots, et surtout dans le têt des our- sins, même à l'état vivant, à plus forte raison quand ils sont séparés de l'être qui les a produits depuis un temps extrêmement long et peu susceptible d'être apprécié ; c'est le cas, à ce qu'il me semble, des bélemnites : la prédisposition des molécules calcaires dans la SUR LES BÉLEMNITES. 33 composition des couches a pu y contribuer, ainsi que la petite quantité de matière animale qu’elles contenaient ; mais la disposi- tion fibreuse qu'elles présentent constamment est une des formes si variées sous lesquelles la chaux carbonatée se présente dans la nature, et par conséquent me semble devoir être regardée comme un pro- duit de la spathification. Je supposerais même volontiers qu'il entrait dans la composition des cornets enveloppés des bélemnites une grande quantité de matière animale, de manière à être infiniment plus légères qu’elles ne sont dans l'état où nous les voyons aujour- d'hui, et que c'est au remplacement de cette matière par la ma- tière spathique qu'elles doivent cette énorme pesanteur qui per- met dificilement d'expliquer comment un animal mou pouvait les trainer après lui. Quoi quil en soit de cette supposition, qui ne paraîtra peut-être pas dénuée de toute vraisemblance, on peut, en chauffant fortement une bélemnite et en la plongeant ensuite subi- tement dans l'eau froide, démontrer assez bien sa structure pre- mière lamelleuse : elle s’exfolie en effet assez bien. Une autre production de l'état fossile où on les trouve, est ce qu'on a nommé leur alvéole. D'après la définition de ce mot, ce nom a dû être donné d'abord à la cavité elle-même de la bélemnite; mais par un singulier renversement d'idées, dont on a plusieurs autres exemples, il est resté à la masse minérale, au corps qui la remplit et qui s'y est moulé. Lawyp, qui a employé le premier ce nom d’alvéole, l'appliquait seulement à l'empilement des calottes produites entre les cloisons, à ce corps conique que l'on a aussi appelé nucleus concameratus, et il nommait nucleus alveoli, la matière conique qui remplissait la cavité, et qui n'offrait pas de traces de cloisons ; ce sont les nuclei simplices de quelques auteurs. D’après ce qui a été dit plus haut sur la cavité d’une bélemnite et sur les cloisons régulières qui la partagent en plusieurs loges, il est donc évident que l'alvéole n’est autre chose que la substance étran- gère, la matière de la roche dans laquelle se trouve la bélemnite, qui a pénétré entre les cloisons, dans les loges qu’elles forment, soit à tergo, par le siphon, soit par imbibition à travers les parois même des cloisons, ce que l’on reconnait aisément; car, dans le premier cas, c'est de l'argile ou du calcaire oolithique qui forme 5 34 - MÉMOIRE lalvéole, tandis que dans le second ce sont de véritables cristaux de carbonate de chaux ou même de la silice. On trouve des indi- vidus dans le blue-lias des Anglais ou dans nos argiles anciennes, qui démontrent manifestement ce mode de formation. J'en possède un où cela est très-évident ; les cloisons s'y remarquent encore : elles sont excessivement minces et d'une autre nature que la substance même de J'alvéole. À mesure que celle-ci s'accroît, les cloisons dis- paraissent peu à peu, et il en résulte une masse étrangère qui re- présente seulement Îa forme de la cavité : cette masse est formée d'un nombre plus ou moins considérable de calottes épaisses, quel- quefois distinctes et séparées, mais plus souvent entièrement con- fondues, réunies, et ne montrant plus qu'à sa superficie la trace de la place des cloisons, en même temps que celle du siphon. On voit quelque chose de tout-à-fait analogue dans ce qu'on nomme les articulations des ammonites, qui quelquefois sont par- faitement libres et jouent les unes sur les autres; tandis que le plus ordinairement elles sont soudées et ne forment qu'une seule masse, dans laquelle il est souvent fort diflicile d’apercevoir les traces des cloisons. Ainsi Denys DE Montrorr avait parfaitement raison de regarder les alvéoles des bélemnites comme des corps étrangers; mais il avait tort de penser qu'elles avaient pris cette forme par elles-mêmes, et que par conséquent elles devaient former un genre distinct de celui des bélemnites : c'est un des exemples qui commencent à devenir assez fréquens, d'établissement de genres sur des corps fossiles, sans s'enquérir de ce qu'ils sont, et que l'on est obligé d'abandonner quand ils sont mieux connus. Il paraît qu'anciennement quelques auteurs, et entre autres SWE- DENBORG, Ont pris ces moules empilés et un peu écrasés pour des queues d'écrevisses, des vertèbres de serpent, et plus probablement pour des trilobites. M. Mizer attribue, très-probablement avec raison, à la décompo- sition plus facile des sommets successifs, composés, dit-il, de plus de matière nacrée, l'espèce de canal comme médullaire ou spa- thique que l'on remarque souvent dans les bélemnites de la craie du sommet de la cavité à celui de la coquille elle-même. Cest sans SUR LES BÉLEMNITES. 35 doute ce qui fait que plusieurs individus paraissent ombiliqués. Quel- ques auteurs ont donc eu tort de regarder ce canal artificiel comme le prolongement du siphon, qui n’est jamais central. Les accidens qu'offrent les bélemnites sont assez fréquens et mé- ritent encore d'être distingués. Je ne parlerai pas de ceux qui pro- viennent de la nature de la masse minérale dans laquelle elles ont été enveloppées, et qui leur donne souvent un aspect tout particulier, soit dans la couleur, soit dans la transparence ou l'opacité. Il en est qui tiennent à ce qu'elles ont été long-temps roulées dans le fonds de la mer qu'habitait l'animal qui les à produites; dans ce cas, leur superficie offre souvent des traces des cornets com- posans; le sommet, et surtout les bords, sont évidemment altérés. Je place dans la même catégorie les espèces de pores irréguliers, plus ou moins alongés, peu profonds, que lon a remarqués à la surface de certaines bélemnites, et dont Denys DE Monrrorr a tiré les caractères qui ont servi à l'établissement de son genre Porodrague. J'ignore par quels animaux ils ont été produits, mais il est à peu près certain que ces pores sont.dus à l'action de quelque aninial marin, de même que les excavations beaucoup plus profondes qu'of- frent certaines bélemnites, et qui paraissent avoir été produites par des pholades ou par quelque autre genre de mollusque lithodome. Le Muséum possède quelques morceaux de bélemnites ainsi alté- rées, où l'on voit manifestement ce que je viens de dire. Les coquilles adhérentes du genre Huïtre et les tubes de .chéto- podes, que l'on trouve assez souvent aussi à là surface de certaines bélemnites, sont des altérations dont l'origine. est trop évidente pour avoir besoin d'autre chose que d’une simple indication. IL en est d’autres qui tiennent à la forme de la bélemnite elle-même, et à la pression des couches qui se sont successivement accumulées au-dessus de celles qui les renfermaient. Ainsi il est extrémement rare de trouver une bélemnite avec son ouverture entière; cela tient à ce que la base de ces coquilles était ordinairement fort mince, et peut-être en grande partie membra- neuse : alors, à peine était-elle abandonnée par l'animai, que ses bords étaient brisés et détruits plus ou moins profondément. Il n'est pas rare non plus de rencontrer des bélemnites dont la 36 MÉMOIRE base est plus ou moins fortement déprimée, à l'endroit surtout où cessent les cloisons, mais irrégulièrement ; cela est dû à la pression exercée sur la partie la plus mince de la coquille. Enfin , il est encore plus commun de les trouver fracturées, bri- sées en morceaux plus ou moins considérables, ce à quoi leur struc- ture semblait les prédisposer et ce que la pression des masses sup- posées a dû produire avec facilité. Quelquefois même cette fracture n’a eu lieu qu'à moitié, et les morceaux sont restés en contact, du moins d’un côté; c'est cet ac- cident que les anciens oryctographes avaient apercu en faisant une division des bélemnites courbées. Il arrive quelquefois qu'il s’est fait un dépôt fort mince et ordi- nairement spathique à la surface extérieure et même intérieure de la bélemnite: plusieurs personnes pensent alors posséder la coquille elle-même, et paraissent croire par là que toute la bélemnite ne serait qu'un moule ou un noyau; mais c'est à tort : ce dépôt n'a pas la structure lamelleuse, ni même fibreuse ; il est évidemment spa- thique. On le voit le plus souvent à l'extérieur dans les bélemnites de la craie, et surtout dans celles de Maëéstricht, et au contraire à l'intérieur dans les espèces de terrains antérieurs à cette formation. C'est même à cette couche de dépôt qu'est due, suivant moi, l'erreur des personnes qui, comme M. Mircer, ont pensé que l'alvéole était une coquille cloisonnée , logée dans la cavité de la bélemnite. La nature du terrain dans lequel se sont trouvées les bélemnites, a dü avoir une influence évidente sur leur conservation, et surtout sur leur état d'adhérence ou de liberté. En effet, dans les terrains de craie elles sont bien distinctes, bien séparées, et ordinairement peu ou point altérées : dans ceux d'argile, il en est à peu près de même; mais cela est très-différent dans les calcaires oolithiques, et surtout dans ceux qui sont à l'état de marbre. Il n'est plus possible d'en extraire la bélemnite, qui fait corps avec la masse pierreuse, et ce n'est que par des coupes en différens sens qu'on peut les apercevoir. Il est digne de remarque que les bélemnites, quelle que soit la nature de la gangue qui les enveloppait, ne sont que rarement SUR LES BÉLEMNITES. 37 changées de nature, même au milieu des gangues les plus ferrugi- neuses, comme l'avait observé depuis long-temps M. pe TRessan; qu'on les trouve presque toujours elles-mêmes, et jamais à l'état de moule ou de contre-moule, et que par conséquent elles n’ont jamais été fondues, pour employer l'expression de M. DErRANCE, qui s'est beaucoup occupé de cette circonstance de la fossilification. M. Miccer cite cependant des exemples où des bélemnites enveloppées par le silex ont été dissoutes; alors, dans la cavité laissée par leur destruc- tion se sont formées des espèces de fontes siliceuses de forme co- nique, avec des fibres concentriques, semblables aux corps que M. ConyBEARE a décrits dans le 8.* volume des Transactions géologiques de Londres, comme résultant d'infiltrations siliceuses dans des ca- vités formées par des animaux térébrans. M. Mizcer dit avoir vu quelques échantillons dans lesquels il restait des traces de la partie fibreuse de la bélemnite. M. Mrrcer dit aussi posséder une bélemnite des environs de Dantzick, entièrement convertie en calcédoine, et dans laquelle la structure fibreuse a totalement disparu. Il parait que son B. minutus est aussi quelquefois silicifié. La nature chimique des bélemnites a été essayée déjà plusieurs fois, mais d'une manière plus ou moins complète, suivant les moyens que pouvait fournir la science analytique. On sest apercu de bonne heure, qu'en brisant ou frottant un de ces fossiles, il exhalait une odeur assez particulière, un peu fé- ide, dont ils semblent pénétrés; et en effet, cette odeur a la plus grande analogie avec celle que répandent certains marbres, nommés puans à cause de cela. On avait également fait l'observation, qu'exposées au feu, les bé- lemnites décrépitent un peu, perdent tout-à-fait leur aspect cris- tallin , et se décomposent en une sorte de poudre blanche, après s'être délitées par couches plus ou moins épaisses. M. Miicer voit dans cet état de la bélemnite un aspect subnacré. On savait également que, comme toutes les coquilles, elles sont composées de carbonate de chaux; mais personne avant M. Mizer n'avait fait une analyse un peu complète de ce genre de fossiles. En mettant des bélemnites dans de l'acide nitrique étendu, cet 38 MÉMOIRE auteur assure avoir découvert de la matière animale offrant le même aspect que dans les coquilles nacrées, et qu'il n’a pu obtenir les fibres séparément. La dissolution s'est colorée en jaune, et avait une odeur agréable du cerambyx moschatus. M. Aïron a trouvé que, sur cent parties, les bélemnites contiennent 45,55 d'acide carbonique, 53,95 de chaux, 0,40 d'oxide de manga- nèse, et 0,10 d'eau et de perte, ce qui laisse bien peu de chose, ce me semble, pour la matière animale. “ J'ai prié M. Caevreuz de vouloir bien analyser la bélemnite bisillonnée du calcaire oolithique ferrugineux du Calvados, et voici la note qu'il m'a remise : _ « Les expériences que j'ai pu faire sur la petite quantité de bé- « lemnite que j'ai eue à ma disposition, ne m'ont pas permis de tirer « des conclusions définitives sur la composition chimique de ces fos- « siles. Cependant je crois pouvoir dire: « 1. Que la plus grande partie de leur masse est formée de sous- « Carbonate de chaux radié, doué à un haut degré de la propriété de « décrépiter par la chaleur; « 2. Quil y a dans la bélemnite une petite quantité de peroxide « de fer, et vraisemblablement des traces d’alumine, de phosphate « de chaux, de peroxide de manganèse et de sulfate de chaux; « 3° Qu'il y a en outre une matière organique, laquelle est très- « probablement formée de plusieurs principes immédiats. « Cest à cette dernière matière que je rapporte la cause des phé- « nomènes Suivans : « à) Quand on soumet un fragment de la bélemnite précitée à la « distillation, on obtient de la vapeur aqueuse et de l'ammoniaque, « dont une partie m'a paru unie à de l'acide hydrocyanique; le ré- « sidu est légèrement gris. « D) Quand on dissout un fragment de cette bélemnite dans l'acide « hydrochlorique, il se dégage avec le gaz acide carbonique une va- « peur qui semble par son odeur avoir de l'analogie avec le naphte. « c©) Le papier imprégné de sous-acétate de plomb, exposé à cette « Vapeur, prend une très-légère couleur brune, qui semblerait y « indiquer l'existence d’une trace de soufre. « Cest la vapeur odorante dont je parle ici, qui donne aux bélem- SUR LES BÉLEMNITES. 39 + nites fétides la propriété de répandre l'odeur qu’elles exhalent par « le choc ou le frottement d’un corps dur. « d) L'eau qui a bouilli sur la bélemnite, évaporée à sec, laisse < un résidu qui noircit par la chaleur, exhale de l'ammoniaque et « Contient en outre du sulfate de chaux. Toutes les bélemnites ne « présentent pas les phénomènes dont je viens de parler. Ainsi, une « bélemnite de la craie de Beauvais, examinée comparativement avec « la précédente, n'exhalait aucune odeur fétide par le choc ou le « frottement. Quand on la traitait par l'acide hydrochlorique, elle « laissait un résidu de sable blanc; représentant environ 4 de son « poids. Elle ne décrépitait pas par l'action de la chaleur; elle con- « tenait d'ailleurs, comme la bélemnite fétide, du sulfate de chaux, « du peroxide de fer et des traces d’une matière organique suscep- « tible de donner de l'ammoniaque à la distillation. ” SECTION IV. De la distribution géographique et géognostique des bélemrites. Malgré le soin avec lequel un grand nombre de personnes se sont occupées depuis près de trois cents ans de recueillir des bélemnites, d'abord comme substance médicamenteuse, ou comme amulettes, puis successivement comme pierre figurée, comme fossiles adventifs, et enfin comme fossiles caractéristiques en géologie et remplissant une lacune zoologique, il est fort remarquable que presque aucun des auteurs que j'ai consultés n’ait encore parlé d'espèces de ce genre de corps organisés, trouvées dans d’autres parties du monde qu'en Eu- rope. Il est vrai que jusque dans ces derniers temps, et même encore aujourd'hui , les fossiles d'Afrique, d'Asie et même d'Amérique, ont été extrêmement peu étudiés, et qu'ils n'existent qu'en très -petit nombre dans les collections les plus riches de notre Europe. Ainsi il serait généralement prématuré de regarder ce silence des orycto- graphes et des voyageurs comme dû à une absence réelle des bélem- nites dans les sept huitièmes au moins du monde connu. En effet, 4o MÉMOIRE il est possible que les terrains dans lesquels on en a trouvé jusqu'ici dans notre Europe, n'existent pas dans les autres parties du monde, ce qui paraît être certain pour le terrain de craie, par exemple, ou mieux encore, qu'ils ne soient pas à découvert, ou n'aient pas été observés, de manière à ce que les fossiles qu'ils contiennent n'ont pu arriver à notre connaissance. En effet, je dois faire observer que si WoopwarD, dans son Catalogue des fossiles étrangers à l'Angleterre, et dont un certain nombre lui avait été envoyé d'Afrique, d'Asie, et surtout d'Amérique, ne cite aucune bélemnite de ces trois parties du monde, déjà M. le docteur Mrrcuizz, dans ses Obervations sur la géologie de l'Amérique du nord, parle de plusieurs endroits des États-Unis où l'on en a recueilli, comme nous allons le voir dans un moment. D'ailleurs les bélemnites, ainsi que les animaux de l’ancien monde, ne sont-elles pas dans le cas de ceux du monde actuel, qui vivent dans des espaces plus ou moins limités, et n’étaient-elles pas bornées aux parties septentrionales et tempérées du globe? Cela même est l'hypothèse la plus probable; quoique, je le répète, nos connaissances sur ce genre de fossiles et sur les fossiles en général soient beaucoup trop peu avancées, pour que j'ose imiter ces per- sonnes qui, ayant à péine entrevu un petit coin de notre Europe, se hâtent d'en tirer des conclusions générales. En Europe il n'est presque pas de contrée qui n'en ait offert, et souvent en très-grande abondance. Il me semble cependant qu'elles sont plus nombreuses dans les régions moyennes de cette partie du monde qu'aux deux extrémités; mais peut-être parce que cest la partie de la terre qui a été le plus étudiée et depuis un plus grand laps de temps. Dans l'énumération que nous allons faire des localités où l’on a signalé des bélemnites, nous marcherons du nord au sud et de lorient à l'occident. La Russie d'Europe contient sans doute ce genre de fossiles, et peut-être en beaucoup d’endroits ; mais je ne connais pas d'auteur qui se soit occupé de nous donner quelques détails à ce sujet. PazLas en cite cependant des bords du Volga en très-grand nom- bre et d’une grande dimension ; puisque quelques-unes avaient jus- qu'à un pouce et demi de diamètre. Nous savons que la Suède renferme aussi des bélemnites, par les SUR LES BÉLEMNITES. 41 observations de BromELL et de WAnLENBERG; mais il paraîtrait qu'il ÿ en aurait assez peu, ce qui nest pas probable, si lon sen rap- portait à ces deux auteurs. Le premier, en effet, ne parle que d'une espèce de la craie qui se trouve en Scanie, et quoique le second dise que les bélemnites sont en très-srand nombre en Suède, il n’en cite réellement aussi qu'une seule espèce, qu'il dit commune dans les couches coquillières de la Scanie méridionale, orientale et septen- trionale , la même que celle observée par BromELr, et que M. Wax- LENBERG nomme B. subventricosus seu fusiformis; quant à la se- conde, dont il parle sous le nom de B. cylindricus ou subconicus, et qui se distingue de la précédente parce que sa cavité est beau- coup plus grande, elle n'existe, dit-il, que dans les pays étrangers. Le Catalogue de Davica cite cependant plusieurs bélemnites de différens endroits de la Suède, et entre autres de la Dalécarlie. Quant à la Norwége, je ne me rappelle pas que ni M. pe Bucx ni M. Haussmann aient indiqué des bélemnites dans ce pays. Aucun auteur ne parle non plus de bélemnites en Islande. Dans la zone suivante nous apprenons de Pazras que la Crimée en renferme, mais très-rarement et de fort petites. La Pologne en contient certainement, du moins dans la formation craieuse ; car nous en avons vu dans la collection de M. BRONGNIART des environs de Grodno en Lithuanie et de Krzeminiec en Volhynie. La Prusse est peut-être le pays d'Europe où l'on ait observé les premières bélemnites, soit roulées et à l'état fragmentaire, ce qui les a fait confondre avec le succin, qui se rencontre aussi fréquemment dans les sables de ce pays, soit même entières dans le terrain de craie. Le Traité de Breyn en fait foi. VoLckMANN nous a fait connaitre les bélemnites de la Silésie ; Ezsxozrz celles qui se trouvent aux environs de Potsdam dans un terrain de craie, et CARTHEUSER celles de Francfort sur lOder. IL est probable que le Holstein, et même les îles du Danemarck et de la Poméranie suédoise, en contiennent aussi de la même espèce; car on voit que le bassin de craie de cette partie de l'Allemagne y existe d’une manière évidente, dans l'ile de Rugen, par exemple. L'ile de Mœnen en Séelande renferme aussi des bélemnites, d'après ce que nous savons de JacoBæus. 6 42 MÉMOIRE MEcLo nous a fait connaître celles des environs de Lubeck, qui sont certainement de la craie. Le Catalogue du Muséum de Hunter à Glasgow nous apprend que l'Écosse en renferme en plusieurs endroits; il en cite, par exem- ple des environs de Glasgow à Thornlie-Bank, de bésus échantil- lons, et plus anciennement Si8aLD en avait Paie dans son Écosse illustrée. Je n’ai jamais entendu parler de bélemnites trouvées dans la Tur- quie d'Europe, ni même dans la Hongrie. En effet, M. Beupawr, dans son Voyage minéralogique et géologique de ce pays, n'indique pas un seul endroit où il en ait rencontré. J'en trouve une citée dans le Catalogue de DE Borw, provenant de Kozorcz, près Prague en Bohème, comme peu commune, fusi- forme, marquée de petits points creux, avec une alvéole très-étroite. Il n'en est pas de même de l'Allemagne, et surtout de l'Allemagne occidentale. En effet, il n'existe peut-être pas de pays où l'on n’en ait pas trouvé, et souvent en grande abondance , comme on peut s'en assurer dans les nombreux oryctographes allemands. Mais cest surtout dans la Saxe, dans la Hesse, la Thuringe, le Hanovre, le Wurtemberg, etc., qu'on en a recueilli le plus grand nombre, sur tous les points. Celles de la Souabe ont été décrites par Myzrus. Celles de la Franconie par ExrHaART, Baïer, BANDER et Bauxix. Celles de la Saxe par Myuius. Celles de Brunswick par BRuCKMANN et par RiTrER. Celles d'Hildesheim par LacHmann et LEIBNITz. Celles de Goslar par RITTER et ZUCKERT. M. pe Scacorrneim en cite du Wurtemberg, de Geœttingue. Rirrer, HezwinG et SIEVERS nous ont fait connaître quil en existe dans le territoire de Salzthal, d'Angersbourg et de Niendorp. Mais M. DE ScHLOTrHEIM a fait voir combien ce genre de fossiles est répandu dans tout le bassin nord-occidental de l'Allemagne. Il en cite en effet d’Altdorf, de Gœttingue, de Gundershof, d'Aach, du Petersberg, de Balsberg, d'Olting, du pays de Closterbanz, du Mecklenbourg, etc. L'Allemagne méridionale ne m'a pas autant offert de bélemnites que SUR LES BÉLEMNITES. 43 la septentrionale. On en connaît cependant des environs d’Anspach, de Nuremberg, de Ratisbonne; mais je n’en ai pas vu citer du reste de la Bavière, ni même de l'Autriche. Les Pays-Bas ont aussi offert des bélemnites, mais seulement dans un petit nombre de localités, comme à Maëstricht. Burrin n’en cite aucune des environs de Bruxelles. L'Angleterre en renferme peut-être encore plus que l'Allemagne occidentale , comme le montrent les catalogues de LawyD, de Woop- WARD, le grand ouvrage de M. Parkinson, et la Dissertation de M. Micrer. Il est en effet peu d’endroits des comtés d'York, de Devon, d'Oxford , de Glocester, de Northampton et de Kent, où lon n’en ait pas trouvé; au point que Luwvp, pour abréger, dit qu'il y en a partout , si ce n’est dans le pays de Galles. Merrer, Lusrer, BRANDER, BAKER, sont les auteurs anciens qui nous les ont fait connaître, et dans les temps modernes PARKINSON, Mrzzer, et plusieurs autres géologues, qui n'en ont parlé cependant que transitoirement. Je ne connais aucun auteur qui ait parlé de bélemnites de l'Irlande. Il est cependant plus que probable que cette grande île en contient. La Suisse est, comme l'Allemagne, une des contrées les plus riches en bélemnites, comme il est aisé de s'en assurer en jetant un coup d'œil sur le Catalogue de Scneucuzer, les Lettres d'ANDR&A, celles de BervouizLt, le Traité de BourGuer sur les pétrifications et lIti- néraire d'EsEL; mais c’est surtout dans la ceinture des Alpes qu'elles se rencontrent. Il en existe même dans le terrain salifère de Bex, et, dit-on, dans les schistes de Glaris, observation qui a servi à M. Kerersrein pour ne plus placer ces terrains dans les terrains intermédiaires, et pour les regarder comme analogues du lias des Anglais. Malheureusement aucune collection de Paris, à ma connais- sance du moins, ne possède de bélemnites de ces localités inté- ressantes. On en connaît dans la montagne de Muttenz, aux environs de Pratielen, à Aristof, dans un calcaire oolithique ; et M. DE ScaLorr- HEIM en cite du pays d'Arau et des environs de Neufchâtel. La France est dans le cas de la Suisse et de Allemagne pour la grande quantité de bélemnites de toutes les époques qu'elle contient. AA MÉMOIRE Ainsi j'en connais : au nord-est et à l’est, des environs de Mé- zières dans les Ardennes, comme à Prix sur les bords de la Marne; mais surtout de ceux de Metz à Thicourt, de Nancy, de Bar, de Saint-Paul-Trois-Châteaux, à Chatenay, ou mieux de toutes les par- es de la Lorraine, du Barrois, depuis Nancy jusqu'à Pont-à-Mous- son; des environs de Dijon à Tallant, et dans beaucoup d'autres endroits de la Bourgogne, et surtout dans le territoire de Monbart, de Semur , de Saulieu, de Sainte-Reire et d'Époisses. M. DE BonxarD en cite de cette dernière localité dans un calcaire à gryphées, placé immédiatement sur l'arkose de la Bourgogne, au château de Beau- regard ou de Namsouthil, assez peu loin de Semur, dans un psam- mite coquillier appuyé immédiatement sur le granite, et surtout en quantité innombrable dans le calcaire à gryphées qui constitue la plaine de Saint-Thibaud et que traverse le canal de Bourgogne. Au nord-ouest de presque tous les points du Cotentin, de Caen à Valognes, et en allant du nord au midi, des environs d'Alençon au village de Mercennes, auprès du Mans; puis de beaucoup d'en- droits du Poitou et de la Saintonge, comme de Lusignan, de Chan- tonay, des environs de Lucon, du territoire de Niort, de la paroisse de Bon-Père, près la ville de Pouzanges, à la Jarrie à deux lieues de La Rochelle, à Condé, etc. Dans les provinces centrales j'en connais citées dans les auteurs des différentes parties du Berri et du Nivernais, et entre autres des environs de Nevers, dans la montagne de Préaux, sur les bords de l'Allier dans le Nivernais. J'ai parlé plus haut de celles de la Bour- gogne. Dans le reste de la France, et surtout dans ses parties méridio- nales, il semble que les bélemnites soient plus rares, du moins les collections de Paris en sont plus dépourvues. M. Ramon ni M. PA- LAssou n'en citent aucune des Pyrénées, quoiquil soit probable qu'il en existe dans la bande de calcaire jurassique qui en borde le pied. Dans le versant à la Méditerranée je remarque qu'on en a trouvé dans le territoire d’Alais, voisin des Cévennes, dans la paroisse du Pin, dans la vallée du château d’Areira, dans les environs de la ville d'Uzès, de celle de Mande, comme à Blumat. D'ArGENvILLE, dont SUR LES BÉLEMNITES. 45 _jextrais ces détails, ajoute qu'à Vauvernague, au pied de Sainte- Victoire en Provence, il y a beaucoup de grosses et longues bélem- nites à queue (j'ignore ce quil entend par là), de couleur noire, avec des ammonites. Les bélemnites sont aussi nombreuses dans la montagne de Saint-Vincent, dans celle de Sure à Saint-Vincent et même avec des ammonites dans des argiles noires. M. Berrranp GEsLiN en cite des bords du bassin gypseux d'Aix. En allant à Barcelonnette on trouve une roche noire toute rem- plie de bélemnites fort longues et d’'ammonites. M. Drerrance en possède de Gap, ce qui indique dans cette partie des Alpes des lambeaux de calcaire jurassique qui ne sont pas marqués dans la carte géologique de France de M. »'Omazrus D HarLoy. Au sud-est on a observé des bélemnites presque dans tous les lieux, aux environs de Besancon, à Salins, à Ribeauviller dans le Jura ; dans le Lyonnais, comme au village de Saint-Cyr au pied du mont d'Or; dans le territoire de Roanne. Aux environs de Lons-le- Saulnier elles sont extrémement abondantes dans le calcaire à gry- phites et dans l'oolithe qui le recouvre, d'après les observations de M. CHARBANT. Dans toutes ces localités qui circonscrivent le bassin de Paris au nord et l'Auvergne au midi, ce sont toujours des bélemnites an- ciennes ou des trois dernières divisions que l’on rencontre ; mais on en trouve des premières dans différens points de la formation craieuse qui circonscrit le bassin de Paris. J'en connais, en effet, de Meudon, de Bougival, près Saint-Germain, de Beauvais, de Champagne aux environs de Reims, dans le bourg de Cernay, de Chälons-sur-Marne, des environs de la ville d'Aï, du territoire de Réthel. La collection de M. Bronenrarr en contient du.petit bassin de craie de Périgueux, et de la perte du Rhône, mais en fragmens mé- connaissables. Les bélemnites semblent devenir plus rares à mesure qu'on s'ap- proche davantage du midi de l'Europe. En Espagne cependant nous savons, par l'ouvrage de TorRuBIA et par celui de BowLes, qu'il en existe, et même en assez grande quantité, dans une partie de la montagne de Molina en Arragon, et 46 MÉMOIRE ce sont très-probablement des bélemnites anciennes. Une bélemnite de ce pays avec un trou au sommet est indiquée dans le Catalogue de Davica. Tout dernièrement M. BronGniART en a recu quelques échantillons de deux espèces anciennes provenant de la province de Guipuscoa. M. HoniNcHaus possède des bélemnites du Portugal dans sa riche collection. : Mais cest surtout en Italie que ce genre de fossiles se montre ra- rement; en effet, malgré le grand nombre de personnes qui depuis trois cents ans ont fait des collections d'histoire naturelle dans ce pays, je n'ai trouvé dans les ouvrages qui en donnent la description ou dans les Traités d'oryctologie de bélemnites citées, que deux individus des environs de Bologne, dont a parlé Guépinr, et celles qu'ALLion: dit lui-même être si rares dans un marbre puant du Sambucero en Piémont. M. Derrance dit aussi qu'il en existe dans le comté de Nice et dans la vallée de Lagno. M. BRoNGNIART n’en a rapporté aucune de son voyage, et MM. MenarD DE LA GROYE et BerrranD GEsLiN, qui y ont voyagé pendant plusieurs années, ont eux-mêmes fait cette observation, que les bélemnites semblent ne pas exister en Îtalie, comme au reste ALLiont l'avait déjà dit pour le Piémont. L'ouvrage d'Aucusrin SciLLA sur les fossiles de la Sicile, pourrait nous porter à penser qu'il en est à peu près de même de cette grande île de la Méditerranée; en effet, parmi les fossiles dont a parlé cet auteur, et que souvent il a figurés, il n’est pas question de bélemnites. Je n'ai pas encore vu de bélemnites de la Corse ni de la Sardaigne, et Malte, si riche en fossiles analogues à ceux de la Sicile, paraît ne pas contenir de bélemnites, du moins sil nous est permis d'en juger parce que SciLLA n’en a figuré aucune. Ainsi il semblerait que le pourtour de la Méditerranée contien- drait peu de ce groupe de fossiles ; c’est ce qui semble être confirmé par l'observation que le reste de ses côtes asiatiques ou africaines ne nous en a pas encore offert. Je nai jamais lu ni dans les voyageurs, ni dans les catalogues des anciennes collections, qu’on eüt encore trouvé aucune bélem- . SUR LES BÉLÉMNITES. 47 nite dans l'Asie mineufe ; et je n'en ai pas rencontré davantage dans les collections modernes que j'ai visitées. Il est vrai que nous connaissons bien peu de chose sur la structure géognostique de cette partie du monde. À plus forte raison puis-je appliquer à la haute Asie, à la Perse, à l'Asie orientale et à l'Asie méridionale ce que je viens de dire de l'Asie mineure. Je suis cependant bien loin de croire que ces vastes contrées ne renferment pas de bélemnites : je me borne à dire que je n'en ai pas vu, et qu'aucun auteur à ma connaissance actuelle n'en a parlé. L'Afrique est absolument dans le même cas; quoique nous ayons un peu plus de renseignemens positifs sur la géognosie de cette partie du monde. En effet, aucun des auteurs qui ont dit quelque chose des fossiles de la partie septentrionale, ainsi que de l'Égypte et de la Nubie, comme SHaw, Hassezquisr, ForskAL, Porrer, etc., n’ont signalé l'existence d'aucune bélemnite dans ce pays; M. Rurrez en a cependant rapporté dernièrement des environs du lac Natron en Égypte. On connait si peu de chose sur l'Afrique méridionale et sur la. grande île de Madagascar, qui doit y être rattachée, qu'il n’est pas étonnant que nous ne puissions rien dire des bélemnites de cette région. Tout l'archipel indien, et à plus forte raison l’Australasie, sont à peu de chose près dans le même cas. Les roches et les fossiles rap- portés de ce pays que j'ai pu voir, ne m'ont offert aucune trace de bélemnites. Dans l’état actuel de nos connaissances sur la géologie de l'Amé- rique du Sud, à la Terre de feu, au Brésil, au Chili, au Pérou, ainsi quau Mexique, et même dans l'archipel, nous ne pouvons rien dire, si ce n’est qu'aucun naturaliste n’a encore parlé ‘des bélemnites de ces vastes contrées, et nos collections de Paris les plus riches n’en possèdent pas. IL paraît cependant qu'il en existe au Brésil, puisqu'elles y ont une dénomination particulière *. Malgré cela M. GrevouGu, dans son Examen critique des systèmes de géo- * Cucaotetel, ou pierre de corbeau , Éphém. germ., déc. 1, ann. 4, 109. A) MÉMOIRE logie, révoque en doute l'existence des bélemnites au Brésil, quoique M. ne Humsorpr, dans l'article INDÉPENDANCE DES FORMA- TioNs, du grand Dictionnaire des sciences naturelles, paraisse ne pas approuver le doute du géologue anglais, je ne vois pas quil ait jamais cité de bélemnites de aucun terrain de l'Amérique du Sud ; au moins ne doit-il pas s'en trouver des premières sections, puisque M. pe Huusozprt lui-même dit que le terrain de craie n'a pas été reconnu dans cette vaste partie du monde. Il n’en est pas de même de l'Amérique du Nord, qui a tant de ressemblance géognostique avec notre Europe septentrionale; en effet, nous apprenons par les observations du docteur Sauvez Mir- cHILL, sur la géologie des États-Unis, qu'on a déjà trouvé des bé- lemnites en différens endroits, et entre autres aux environs de Cin- cinnati, à quelque distance d'Albany, dans la partie inférieure des monts Neversink, dans la Virginie, dans les comtés de Monmouth, de New-Jersey et sur les bords de la rivière Jacques. M. le docteur MircuiLz a même donné une figure, il est vrai, un peu grossière d'une bélemnite qui a été trouvée avec une dent implantée de grand saurien, que je rapporterais volontiers à l'ichthyosaure. Mal- heureusement les colléctions de Paris ne contiennent pas encore de bélemnites trouvées dans cette partie du monde. La position géologique des bélemnites n'ayant été un peu étudiée que dans ces derniers temps, il est impossible d'assurer qu'il n’en existe que dans telles ou telles formations ; cependant nous avons déjà eu l'occasion de faire observer que jusqu'ici leur présence est presque caractéristique des terrains secondaires, ou des formations qui se trouvent entre les terrains intermédiaires et les terrains ter- tiaires supérieurs à la craie; mais, pour le prouver, entrons dans quelques détails. Je ne connais en effet presque aucun auteur qui indique des bé- lemnites véritables dans les différens strates du terrain de transition, non plus que dans les terrains de sédiment supérieurs à la craie. Pour la première assertion il y a cependant encore quelques doutes; ainsi M. DE ScuLoTrHEIM dit que son B. penicillatus se trouve dans le calcaire de transition de Namur. Comme nous ne sommes pas certain d'avoir vu cette espèce de bélemnite, et quoique SUR LES BÉLEMNITES. 49 le marbre de cette localité, qui existe à Paris en si grande abondance, ne nous ait jamais offert de bélemnites, nous ne pouvons rien ob- jecter à l'assertion du célèbre oryctographe allemand; mais nous croyons cependant devoir conserver quelques doutes. Toutefois je dois faire remarquer avec M. pe BonnarD, qui a bien voulu m'en avertir, que M. PorrierR DE Saint-BricE, dans sa Géo- gnosie du département du Nord, dit que ce genre de fossiles paraît appartenir de préférence aux couches les plus anciennes des terrains de transition, tandis qu'il n’y en a pas dans les calcaires situés près et probablement sous le terrain houiller, qu'il regarde comme les moins anciennes de ce même terrain. Malheureusement l’auteur ne dit pas sur quoi il appuie ce qu'il avance. Une autre objection à cette assertion est que bien certainement il existe des bélemnites dans le terrain salifère de Bex et même dans celui de Glaris *, que jusqu'ici les géologues les plus célèbres ont rangés dans ceux de transition; mais tout dernièrement M. Kerer- STEIN S'est justement servi de cette présence des bélemnites dans ces deux localités, pour appuyer son opinion, établie sur des considéra- tions de pure géognosie que la formation de Bex et le terrain schis- teux de Glaris qui lui appartient, ont beaucoup d’analogie avec les roches du terrain de Lias du Wurtemberg, et ne doivent pas être rangés dans les terrains de transition. Quant à la seconde assertion, qu'on ne trouve plus de bélemnites au-delà de la craie, cest un résultat qui jusqu'ici n’a été contredit par personne, du moins à ce que je sache; en sorte que dans notre Europe, et probablement dans l'Amérique septentrionale, du moins dans le versant des monts Alleghanys qui regarde le grand bassin atlantique qui nous sépare, les bélemnites fournissent un caractère plus certain que les ammonites, s'il est bien vrai qu'il existe de ces dernières en place dans des marnes subordonnées au Nagelflue de la Suisse, regardé comme parallèle à notre argile plastique, et même dans le Zondon-Clay parallèle à notre calcaire parisien, comme je * Cest du moins ce que dit M. Kerersren ; car MM. BroxGxranr et Corner, qui ont visité avec beaucoup d'attention cette localité célébre, m’ont assuré non-seulement n’avoir pas recueilli de bélemnites eux-mêmes dans leurs recherches, mais même n’en avoir vu dans aucune collection. 7 50 MÉMOIRE le trouve dans le Traité de l'indépendance des terrains de M. DE Humsozpr. M. Uvnerwoon m'a cependant assuré que, bien loin qu'on eût trouvé des bélemnites dans le London-Clay, il avait au contraire noté que parmi le grand nombre de fossiles qui existent dans ce strate, il n'y avait jamais de fossiles de ce genre. Mais de plus, la présence ou l'absence des bélemnites en général, ou de certaines espèces en particulier, confirment-elles les distinc- tions géognostiques que les géologues établissent dans les terrains secondaires ? c'est à quoi il est très-difficile de répondre, parce qu'il y a ici une sorte de cercle vicieux entre la géologie et la zoologie. En effet, les localités indiquées pour les individus de bélemnites que j'ai observés, ne sont pas assez précises géologiquement parlant, et en outre ces déterminations dépendent souvent de la manière de voir de celui qui les a recueillies. On trouve en effet que la géologie générale se compose de matériaux préparés d’après des principes tout différens : plusieurs géologues voulant que, pour reconnaître l’iden- tité des terrains, on ait recours essentiellement, et presque exclusi- vement, à la nature de la roche et surtout à sa position géognos- tique; tandis qu'un grand nombre d’autres prétendent que l'on doit s'en rapporter presque tout-à-fait à l'identité des corps organisés fossiles qui s'y rencontrent, comme si entre ces corps organisés et la roche il y avait un rapport nécessaire, une condition d'existence, et que les mêmes corps organisés ne puissent pas vivre dans des eaux reposant sur des sols de nature très-différente. Rapportons cependant le résultat de nos recherches à ce sujet. Le terrain de grès rouge ou de grès houiller, de quelque manière presque qu'on le limite ou qu'on le décompose en ses différens strates, paraît ne jamais contenir de bélemnites de quelque espèce que ce soit; ainsi jamais encore on n’en a trouvé dans la houille elle- même, ni dans les schistes argileux qui la partagent en lits plus ou moins nombreux, non plus que dans le grès rouge, ni même dans les calcaires fétides ou schistes bitumineux qui lui sont subordonnés; et qui font le passage au calcaire alpin qui se trouve au-dessus. Le calcaire alpin, Zechstein des Allemands, calcaire magnésien des Anglais, paraît être à peu près dans le même cas que le grès houiller sous le rapport qui nous occupe ; aussi quelques géologues ont-ils SUR LES BÉLEMNITES. bi été portés à penser que ces deux formations ne devaient en constituer qu'une, quoique leur développement soit presque toujours dans un rapport inverse. Aucun auteur, et entre autres M. DE FREIESLEBEN, qui nous a donné le plus de détails à ce sujet, ne parle de bélem- nites ; ainsi On nen a pas encore trouvé dans les schistes cuivreux de Mansfeld, dans l'argile muriatifère, ni dans le sel gemme qui en fait partie : le gypse et le calcaire fétide, non plus que le calcaire magnésifère , le calcaire ferrifère ou à gryphites épineuses n’en con- tiennent pas davantage. Le grès bigarré de la Thuringe; connu en Angleterre sous la dé- nomination de Red marl, et qui, d'après la découverte de M. Bové, existe aussi au pied des Pyrénées, ne renferme pas encore de bé- lemnites, d’après les personnes qui se sont le plus occupées de ce genre de recherches. Cest donc dans le Muschelkalk, ou calcaire coquillier des Alle- mands, souvent confondu avec les assises inférieures du calcaire ju- rassique, que l’on commence à voir des bélemnites; mais encore elles paraissent y être assez rares, malgré le grand nombre de co- quilles brisées qu'il contient et dont il a tiré son nom. M. DE ScHLorr- HEIM cite le B. paxillosus comme se trouvant dans cette formation; mais si jen crois mes observations, et surtout en admettant que le Lias des Anglais n’est pas identique du Muschelkalk des Allemands, ce serait certainement dans cette formation que se trouverait le plus grand nombre d'espèces de bélemnites des dernières sections, Cest- à-dire, sans aucune trace de cannelures ni même de sillons. Le Quadersandstein, d'après MM. pe ScuLorruerm , HAUSsMANN et RAUMER, n'en contient pas, et comme il ne renferme pas non plus d'ammonites, on pourrait se servir de cet argument pour soutenir l'opinion des géologues anglais, qui en font une formation postérieure au calcaire jurassique; alors il n’y aurait pas d'interruption entre le Muschelkalk, où nous avons vu commencer à paraître les bélemnites, et le calcaire jurassique, commencant par le Lias, qui contient un si grand nombre de ces fossiles, et finissant à la craie. Cette opinion est en effet en harmonie avec celle de M. nE Bonnarn, qui pense qu'une sorte de poudingue, située au-dessous des argiles sousposées à la craie, et que Les auteurs flamands nomment Tourtia, bo MÉMOIRE répond au Quadersandstein des Allemands, au Greensand des An- glais. En effet, M. Porrier DE Saint-BRICE y a trouvé des bélemnites. En admettant comme membres composant la formation du calcaire du Jura : Le calcaire marneux rempli de gryphées arquées ou le Lies des Anglais, Le calcaire à oolithes gris-jaunâtre , Le calcaire compacte à oolithes blanches, Le calcaire madréporique ou à polypiers, Coral rag des Anglais, Le calcaire schisteux de Pappenheim, Les argiles supérieures du cap La Hève, comprenant les calcaires de Portland et de Purbeck des Anglais ”, on peut dire d'une manière générale que t'est presque exclusive- ment dans les trois premières couches que l'on irouve le plus de bélemnites de mes troisième et quatrième sections, c'est-à-dire de celles qui sont toujours plus ou moins hastées, avec un grand sillon médian inférieur, et celles qui ont des plis au sommet; mais il m'est à peu près impossible de dire si chacune d'elles affecte une de ces couches ou les strates de chacune d'elles. Quant aux trois dernières de ces couches, je ne connais pas de bélemnites qui en proviennent. J'en ai bien cherché dans le calcaire à polypier de Caen, au cap La Hève, sans en jamais trouver, et les auteurs qui ont parlé des fossiles de Pappenheim n'en font pas mention. Le grès vert, Greensand des Anglais, qui lie le calcaire jurassique au terrain de craie, ne m'a pas encore offert de bélemnites en nature. Je remarque cependant dans l'Esquisse de la géologie d'Angleterre et du pays de Galles, par M. ConysEare, que l'on a trouvé une bé- lemnite alongée avec un petit sillon au sommet dans ce strate. J'ai également appris de M. Unnerwoop que le B. minutus, dont il m'a procuré plusieurs individus, se rencontre assez fréquemment dans un strate que les auteurs anglais désignent sous le nom de Gault * M. pe Humsoror comprend en effet ce calcaire dans le calcaire jurassique, ce qui ne doit pas être s’il est vrai qu’il soit d’eau douce, comme me l’a assuré M. Uxorrwoop. On y a en effet trouvé une petite espèce de vivipare. SUR LES BÉLEMNITES. 53 de Cambridge, et qui paraît appartenir à leur Chalk marl ou marne de la craie. Il est assez digne de remarque que cette espèce est réel- lement intermédiaire aux bélemnites des terrains anciens et à celles de la formation craieuse. Après cette légère interruption dans l'existence des bélemnites dans les terrains secondaires, on les voit reparaître, quoique d'une autre forme, dans le reste de la formation; et ce qu'il y a de remarquable, c'est que chaque partie ou chaque localité semble être accompagnée d'une espèce particulière. Ainsi la craie inférieure, la craie chloritée, glauconie craieuse de M. Browcnrarr, qui, suivant beaucoup de géologues, ne diffère pas du Greensand, m'a présenté les bélemnites que j'ai nommées d'Oster- field et à ouverture carrée. Je n'ai pas encore rencontré de bélemnites dans la craie compacte des environs de Fécamp ou de Dieppe ; mais dans la pierre grenue et friable de la montagne de Saint-Pierre, à Maëstricht, on trouve assez souvent une bélemnite que je n’ai pu distinguer spécifiquement de la bélemnite mucronée que l’on voit dans la craie supérieure à Meudon , aux environs de Paris, dans la craie de Périgueux, et même à Grodno ; en sorte qu'il est difficile de ne pas regarder comme ap- partenant au terrain de craie la roche qui constitue le plateau de Saint-Pierre de Maéstricht, comme le pense M. Broncnrarr et la plupart des géologues. M. BucxLanD * paraît cependant croire que ce pourrait bien être du calcaire grossier; il faudrait donc alors sup- poser que les bélemnites y seraient adventives, ce qui serait fort difficile, à ce qu'il me semble. M. Broncniarr, qui s'est servi si habilement de la comparaison des fossiles de la montagne des Fis dans la chaîne des Alpes en Savoie, pour montrer que, malgré sa couleur noire et sa grande élévation, le calcaire qui la constitue doit être regardé comme appartenant à la formation crayeuse, n'y a cepeudant pas trouvé de bélemnites. * Dans une lettre de Février 1825, à M. Unperwoop, M. BucxraXp s'exprime ainsi: « J'ai e visité Maëstricht au mois de Juillet dernier; c’est un strate particulier, placé entre la craie et « le calcaire grossier. J'en suis parfaitement sûr, et vous pouvez à ce sujet vous appuyer sur mon « opinion.» 54 MÉMOIRE SEC TTOINTV: De la classification des bélemnites. Les terrains dans lesquels on a trouvé des bélemnites sont assez nombreux, depuis les couches les plus inférieures des terrains se- condaires jusque dans la craie inclusivement. J'ai déjà fait l'obser- vation qu'on en trouve quelquefois des amas très-considérables de la même espèce ou de la même variété. Jusqu'ici on ne s'était guère occupé de rechercher si en effet il en existe plusieurs espèces, et si lon pourrait se servir de cette distinction pour caractériser les cou- ches ou strates où on les trouve. Les oryctographes anciens ont commencé par établir une division parmi les bélemnites, suivant que leur cavité était vide ou quelle était remplie d’un alvéole simple ou concaméré; d'où les B. cavz et les B. nucleati, a) nucleo simplici, où b) nucleo concamerato. Dans la première section ils comprenaient les bélemnites qui n'ont jamais d’alvéole dans leur cavité; dans la seconde, celles où la ma- tière qu’elle contient forme une masse d’une seule pièce; et dans la troisième, celles où l’alvéole présente des traces de cloisons, ou méme est composé de plusieurs calottes emboîtées. Ils ont eu quelquefois égard à l'aspect minéralogique et à la cou- leur, d'où la division des bélemnites semi-diaphanes, ou de couleur d'ambre, dans laquelle se trouvent essentiellement les bélemnites de la craie. Mais le plus souvent ils ont considéré la forme générale et les sillons ou cannelures de la base et du sommet. Voici la subdivision qu'avait proposée WaLcn dans son excellent article sur ce genre de corps fossiles. Il fait une première subdivision d'après la transparence ou l'opacité. Les bélemnites opaques sont ensuite partagées en: a) Bélemnites cylindriques, dont il distingue trois espèces; 1.° B. cylindriques à pointe aiguë; 2.° B. cylindriques à pointe aiguë et alongée (Oxyrhynchi de LawyD); 3° B. cylindriques à pointe émoussée et arrondie ( Dactyli idæi). SUR LES BÉLEMNITES. 55 b) Bélemnites coniques, partagées elles-mêmes en trois espèces ; 4° B. coniques à pointe effilée; 5° B. coniques à pointe émoussée ; 6.° B. coniques pyramidales. c) Bélemnites fusiformes, qui ne renferment que deux espèces : 7 B. fusiformes plus grosses au milieu qu'aux extrémités; et 8° B. _fusiformes plus grosses vers l'une des extrémites ou plus ou moins en massue. d) Bélemnites sillonnées, B. canaliculati ou sulcati, qu'importe où est le sillon : contenant, 9 les B. creusées d’un seul sillon de la base à la pointe (B. monosulci); 10° les B. à deux sillons vers la pointe (B. bisulcz ) ; 11° les B. à trois sillons ( B. trisulci). e) Bélemnites courbées, division composée d'une seule espèce : la B. à pointe courbée. Quant aux bélemnites semi-transparentes dont il parait ne faire qu'une espèce, il n’a pas eu besoin de les subdiviser. Ainsi à cette époque on admettait déjà au moins une douzaine d'espèces, sans y comprendre même celle que l'on a désignée sous le nom de bélemnite à deux pointes; mais ces espèces n'étaient pas nommées, et encore moins établies sur des caractères positifs. M. DerraAncE avait depuis long-temps reconnu la différence qui existe entre la bélemnite de la craie et celles des terrains antérieurs; mais il n'avait pas été plus loin. C'est donc M. DE ScLOoTTHEIM qui, après FaurE-Bicuer, a eu le premier l'idée de distinguer plusieurs espèces, et même de leur don- ner des noms; mais malheureusement il ne les caractérise pas, ou le fait d'une manière si vague, qu'il est réellement presque impossible de se servir de ce qu'il a commencé, d'autant plus que souvent il ne cite pas même de figures. Je vais donc être obligé, à mon grand regret, de considérer ce qui a été fait jusqu'ici sur la distinction des espèces de bélemnites, presque comme non avenu ; mais avant de donner la description de celles que j'ai cru pouvoir caractériser, et par conséquent distinguer par des noms particuliers, je vais indiquer les parties qu'il faut principalement envisager pour arriver à cette distinction. La forme générale du corps de la bélemnite est d'une assez grande importance; cependant il ne faut pas croire que l'on puisse en tirer 56 MÉMOIRE des caractères rigoureux et suflisans pour distinguer les espèces, et à plus forte raison pour les répartir en sections. En effet, la même espèce est quelquefois cylindrique, subfusiforme, et même un peu hastée ; quelquefois son appointissement est en arrière, insensible ou plus re et son évasement vers l'ouverture commence ou plus tôt ou plus tard. La considération du sommet est d’une valeur ne grande ; mais pour cela il faut l'envisager dans sa position normale, et en ayant égard à ses rapports avec l'axe de la coquille, ainsi qu'à la manière dont les lignes ventrale et dorsale contribuent à le former. Son pro- longement mucroné ou non, la forme de sa pointe, les stries sim- ples ou doubles, que l'on remarque dans ses lignes ventrale ou dorsale, fournissent d’assez bons caractères, mais de moindre valeur que l'absence ou l'existence des cannelures de ses côtés, qui peuvent cependant être plus ou moins marquées. On trouve si rarement les bélemnites avec leur base complète, que je n'ai pu employer la considération de Fouverture que dans un très-petit nombre de cas. Il ne faut cependant pas nier que les caractères qu'elle fournit ont une véritable importance, suivant que sa forme est ovale, ronde, subtriquètre ou même subtétra- gonale. L'intégrité ou l'échancrure plus ou moins prononcée, c'est-à-dire fissurée et canaliculée, de son bord, m'ont fourni des caractères de premier ordre par la grande constance de cette modification. La forme de la fissure ou de la cannelure qui part ainsi du bord de l'ouverture d'une bélemnite, fournit de fort bons caractères, sui- vant quelle est arrêtée brusquement, ou continuée et perdue avant le sommet, ou prolongée jusqu’au sommet. La cavité de la bélemnite n’est pas non plus à négliger, et il faut la considérer non-seulement dans sa forme générale, conique, éva- sée, dans la position de son sommet par rapport avec l'axe de la coquille; mais encore dans sa proportion relative avec la coquille en totalité. Je ne dois cependant pas cacher que, si dans certaines espèces cette proportion est assez fixe, il en est d’autres où elle est sujette à un assez grand nombre de variations; alors le sommet est ce que j'ai appelé plus ou moins surchargé. J'avais cru d’abord qua SUR LES BÉLEMNITES. S\, cette proportion était fixe ou ne variait du moins que dans des limites assez rapprochées; mais de nombreuses observations m'ont parfaitement convaincu du contraire. Je ne puis dire si la forme des cloisons, leur nombre, ainsi que . la position du siphon et sa forme, fourniront de bons caractères, ce qui se peut concevoir; mais On trouve trop rarement ces parties bien conservées, pour qu'il m'ait été possible d'acquérir à ce sujet quelque certitude. Quant à l'alvéole, on peut faire l'observation qu’elle traduit fort bien la cavité dans laquelle elle s'est formée, et que l'on peut aussi s'en servir pour connaître celle-ci, mais sans autre importance. Enfin , il ne faut pas non plus entièrement négliger l’état minéra- logique de la bélemnite, c’est-à-dire sa structure bien radiée ou plus ou moins spathique, non plus que la couleur et la transparence; car les espèces les plus anciennes me paraissent être les moins fibreuses, les moins blondes et translucides, tandis que les plus modernes le sont au contraire toujours bien davantage. Je ne parle pas de la position géologique , parce que, dans ma manière de voir, une circonstance extérieure à l'être qu'on veut classer ne doit être jamais prise en considération; on pourra ce- pendant s'en aider pour arriver à la distinction des espèces de bé- lemnites, sans que cela puisse jamais fournir de caractères véritable- ment zoologiques. Je passe maintenant à la description des espèces de bélemnites que j'ai pu observer dans les différentes collections de Paris. Grâce à la complaisance de leurs possesseurs, j'ai pu décrire et figurer celles qui se trouvent dans les cabinets de MM. Broxcnrarr, Consranr Prévosr, Desnoyers, DesnaAIESs, MENARD DE LA GRroYE, FÉLiIXx DE Roissy, Micmezin, DErrance, REGLEY, DE BoONNARD, ainsi que celles du Muséum et de la collection de l’école des mines. Je leur en fais mes remercimens, et surtout à M. Broxcnrarr, à qui je dois la pre- mière idée de lutilité de ce travail, et à MM. pe Roissy et C. Prévosr, qui ont bien voulu m'éclairer de leurs conseils. L'ordre dans lequel j'ai disposé les espèces de bélemnites que jai établies est bien simple, et dans la marche du passage des sèches aux orthocères, et par conséquent suivant le degré d'augmentation sue- 8 58 MÉMOIRE cessive de la cavité qui, dans les premières espèces, n'existe pas, au contraire, de la partie pleine ou de l'étendue et de la surcharge du sommet, qui diminue de plus en plus, à mesure qu'on approche des orthocères ; en sorte que celles-ci ne sont réellement que des bé- lemnites entièrement creuses, à parois extrêmement minces. Pour en faciliter ensuite la connaissance, je les ai réparties en plu- sieurs petits groupes, que les partisans de dénominations tranchées pourraient décorer du nom de genres; mais ce que je ne crois pas né- cessaire, d'autant plus qu'en les étudiant avec soin, on voit déjà quelques passages d'un de ces groupes à l'autre, ce qui doit faire présumer que des découvertes ultérieures viendront remplir les hiatus qui peuvent exister dans l'état actuel de la science. J'en fait huit sections“: A. Espèces sans cavité. B. Espèces à cavité très-petite, fissurée sur le bord, et sans cloisons. C. Espèces à cavité grande, fissurée sur le bord, et sans cloisons. D. Epèces à cavité grande, cloisonnée, siphonée, avec une gout- tière ventrale, plus ou moins évidente de la base au sommet. Æ. Espèces à cavité grande, cloisonnée, siphonée, sans fissure ni . gouttière à la base; mais avec deux sillons latéraux au sommet. F. Espèces à cavité très-grande, cloisonnée, siphonée , sans fis- sure ni gouttière à la base, ni sillons au sommet. G. Espèces à cavité beaucoup plus grande proportionnellement, cloisonnée, siphonée, sans fissure, cannelure, ni sillons. H. Espèces mal ou incomplétement connues. * Quoique je sois bien persuadé qu'avant peu ces divisions seront aisément érigées en genres, ce qui ne coûtera la peine que de leur assigner des noms, par des personnes qui croiront même avoir fait beaucoup pour la science, je me résous encore au petit inconvénient que j'ai déjà éprouvé plusieurs fois, en ne le faisant pas moi-même, n’adoptant pour genres en zoologie que ceux qui sont établis sur des différences d'organisation, traduites par des caractères extérieurs et en rapport avec des différences de mœurs et d’habitudes. SUR LES BELEMNITES. O7 le) À. Espèces sans cavité : genre ACTINOCAMAX (Mizer). 1. La BÉLEMNITE PLEINE, B. plenus. (PL. 1, fig. 6—6a.) PARKINSON, Organ. Rem., vol. I, pl. IV, fig. 19; Beupanr, Observ. sur les Bélemnites; Annal. du Mus., tom 16. pl. 5, fig. 8, 9; J. S. Mure, loc. cit., pl. IX, fig. 17. Coquille épaisse, médiocrement alongée, subtriquètre et étroite à sa: base, s'arrondissant et s'élargissant jusques en avant du sommet, qui est médian et obtus; aucune trace de cannelures ni de sillons partant de ce point; une paire de cannelures obsolètes, ou assez peu marquées de chaque côté de l'angle supérieur de la base; base pleine, et même un peu convexe, avec des sillons subréguliers bien mar- qués, rayonnant du centre à la circonférence. Axe, à très-peu de chose près, central dans toute l'étendue de la coquille. Du terrain de craie, et quelquefois enveloppée dans les silex qu’elle contient. Dans les comtés de Kent, de Wills et de Sussex en Angleterre. Observations. J'ai caractérisé cette espèce d’après un individu pres- que entier, un peu fruste cependant, de la collection de M. Fézrx DE Rorssy, et dont il ignore la localité originelle. Son sommet est un peu tronqué; sa cristallisation est évidemment plus spathique, moins fibreuse que celle des autres espèces. J'y rapporte d’une manière à peu près certaine la bélemnite fgu- rée par M. BeupanT, Mém. cité, Ann. du Mus., t. 16, pl. 3, fig 8, de la collection de M. MENARD DE LA GROYE, ainsi que celle repré- sentée fig. o de la même planche de la collection de l'école des mines. Je les ai vues l’une et l'autre; celle de M. MExarp est assez ex- foliée, mais son sommet est complet et très-pointu. Celle du Cabinet de l’école dés mines a son sommet plus obtus. Cest sur l’examén de cette bélemnite que M. BEupanr à été conduit à l'opmion qu'il a émise sur ce genre de corps, et que nous avons analysée dans Fhistoire de la bélemnitologie. Go MÉMOIRE M. Parkinson a adopté la même manière de voir, du moins pour cette espèce. Je ne serais pas étonné que cette espèce de bélemnite appartint à un terrain de craie; mais c'est ce que je ne puis assurer , disais-je dans mon manuscrit, avant de connaître le mémoire de M. MiLLer: aujourd'hui cela est certain. Depuis que cet article est écrit, je trouve que M. Mizzer a cru devoir former de cetie espèce de bélemnite un genre particulier, auquel il donne le nom d’ÆActinocamax, de deux mots grecs, œuris, radius, et xau«£, sudes; à cause de sa ressemblance avec un rayon d'oursin, genre qu'il définit ainsi : « Concrétion spathique en forme de massue, formée de deux parties « presque égales, jointes longitudinalement, et composée de lames « fibreuses enveloppantes; sommet pointu; base convexe en cône « obtus. « Animal inconnu, mais probablement marin.” Du reste il prouve aisément, comme presque toutes les personnes qui ont vu ces corps, qu'ils n'ont absolument aucun rapport de structure avec les bâtons d'oursin, qu'ils sont au contraire organisés tout-à-fait comme les bélemnites, si ce n’est que jamais ils n'ont eu de cavité contenant une alvéole. Quant : à ce qu'il ajoute qu'elle devait en être séparée, c'est ce qui ne nous paraît point démontré, et ce qui est même incompa- tible avec notre opinion particulière. Enfin, il pense avec raison que cette bélemnite occupait la même place et avait les mêmes usages que l'os de la sèche et le tube des bélemnites. Dans la description qu'il donne ensuite de la seule espèce de ce genre, à laquelle il assigne le nom d’4. verus, il signale comme se ramifiant vers le sommet les deux espèces de cannelures latérales, et les regarde comme des empreintes de vaisseaux analogues à ce qui existe dans la bélemnite mucronée ; mais c'est ce que je n'ai pu voir sur les individus que jai observés ; ils étaient en effet ou bien assez altérés, ou bien un peu encroûtés : c'est ce qui m'a sans doute aussi empêché d’apercevoir l'aspect demi - transparent et comme corné, que M. Mrieer attribue à cette bélemnite. SUR LES BÉLEMNITES. 61 Il me paraît assez probable que c'est à cette espèce que l'on doit rapporter les deux bélemnites altérées sur lesquelles Denys DE Moxrrorr a établi ses genres Cétocis et Acame, parce que cest celle qui m'a paru s'exfolier le plus ordinairement. B. Espèces à cavité très-petite, fissurée sur le bord et sans cloisons. 2. La BÉLEMNITE DE SCANIE, B. Scanic. (PL. 1, fig. 7 —7a.) BromeLz, Mineral. et lithogr. suecica, chap. 7, pag. 54, édit. allem. Coquille subtriquètre, courte, un peu plus étroite à la base qu'un peu avant le sommet ; sommet médian, avec un pore ovalaire, ver- tical, sans aucune trace de sillon ; cavité extrêmement peu profonde; ouverture subtriangulaire, avec une incisure ou fente peu prolon- gée en sillon au milieu de la face ventrale. Dans l'état adulte cette bélemnite est beaucoup plus épaisse, plus triquètre, plus renflée vers le tiers postérieur; le ventre est plus plat; le sommet est à peine prononcé; son pore est petit, ovale, resserré et vertical. La couleur est aussi un peu plus foncée et moins transparente. Dans le jeune âge elle est proportionnellement beaucoup plus étroite, plus alongée; sa cavité est plus profonde, mais absolument de même forme; son centre, profondément ombiliqué, se prolonge dans l'axe de la coquille jusqu’au sommet; le sillon ventral est aussi un peu plus long proportionnellement. L'aspect est plus corné, plus jaunâtre. Observations. Je connais de cette belle espèce un assez grand nombre d'individus jeunes et adultes, dans un état parfait de con- servation, de la collection de M. Broneniarr, qui les a recueillis lui-même dans une formation crayeuse de Scanie. Aucun auteur n’en a parlé, si ce n'est BROMELL, que j'ai cité plus haut. 62 MÉMOIRE 3. La BéLEMNITE D'OsrerriELD, B. Osterfield. (PL 1, fig. 8—8a.) Coquille assez eourte, presque cylindrique, s'atténuant un peu seulement vers le sommet, qui est très-obtus, arrondi et percé d'un grand pore central; une paire de sillons dorsaux peu marqués et s'étendant du bord jusqu'au milieu de la coquille à peu près; ca- vité peu profonde, un peu plus cependant que dans la bélemnite de Scanie , indiquant évidemment les bords des lames composantes; une fissure au milieu du bord inférieur ou ventral ; un sillon mé- dian intérieur dans la ligne opposée ou dorsale; ouverture sub- triangulaire. Dans un terrain de craie. Des environs d'Osterfield. Observations. J'ai étudié cette espèce, qui a évidemment beau- coup de rapports avec la bélemnite de Scanie, dans la collection de M. MicueLiN, amateur distingué d'histoire naturelle. Le seul in- dividu qu'il possède est entier et assez bien conservé; un dépôt ferrugineux en encroûte cependant quelques parties, et le bord de l'ouverture est moins parfait que dans la bélemnite de Scanie. Il provient d'Osterfield, et comme il était accompagné du plagiostome épineux, il est extrêmement probable que cette espèce appartient à la formation crayeuse. J'en ai vu un second individu dans la collection de M. Desnares, et un troisième, mieux conservé, dans celle de M Dernance. Dans celui-ci la cavité était plus profonde que dans les autres, l'ouverture était un peu carrée, comme dans le B. quadratus, et il y avait de chaque côté un sillon vasculaire, un peu comme dans la bélemnite de Meudon ou mucronée. Il se pourrait que le pore de l'ouverture füt dü à la destruction du sommet, qui, était plus ou moins mucroné. 4. La BÉLEMNITE À OUVERTURE CARRÉE, B. quadratus (DEFRANCE). (PL 1, fig. 9—9a.) Coquille médiocrement alongée, subfusiforme, à coupe subovale, à surfasse lisse, avec deux méplats peu marqués à la base; sommet SUR LES BÉLEMNITES. 63 assez obtus, submucroné, médian; base ovale, creusée par une ca- vité médiocrement profonde, dont l'ouverture est comme carrée par quatre angles à l'extrémité des deux diamètres perpendiculaires vers lesquels tombent les stries d'accroissement. Une fissure courte au milieu du bord. Observations. J'ai vu de cette espèce un individu bien conservé dans la collection de M. DErRANCE, qui l'avait distinguée sous la dé- nomination que j'ai adoptée. Quoique rapprochée de la bélemnite d'Osterfield , je l'en crois distincte par la profondeur et la forme de sa cavité. M. Derrance ignore au juste sa patrie; mais il est plus que pro- bable qu’elle vient d’un terrain de craie. Je sais en effet maintenant par M. HosninGuaus, qui m'en a donné plusieurs individus, qu'elle se trouye dans la craie chloritée à Osterhofen, près Eisen. 5. La BÉLEMNITE GRANULÉE, B. granulatus ( DEFRANCE). (PL 1, fig. 10— 104.) Coquille subcylindrique, un peu plus renflée au milieu que vers les extrémités, à coupe subtriquètre, obtuse et arrondie au sommet submucroné; surface extérieure finement chagrinée; base presque ronde, un peu triquètre, creusée d'une cavité peu profonde, avec une fissure très-peu prolongée et non subitement arrêtée. De la formation crayeuse. Des environs de Beauvais. Observations. J'ai vu de cette espèce quatre individus plus ou moins bien conservés dans la collection de M. DEFRANCE, qui l'avait parfaitement distinguée. Quoiqu'elle soit évidemment assez rapprochée de Îa bélemnite de Scanie, elle en est cependant réellement distincte par sa forme générale , par celle de sa cavité et par le travail granuleux dont sa superficie est ornée. J'avais d’abord cru que cette granulation pou- vait être due à un dépôt extérieur et étranger à la coquille; mais toutes les couches, en s'exfoliant, présentent le même caractère. Elle à été trouvée dans la formation crayeuse des environs de Beauvais. 64 MÉMOIRE 6. La BÉLEMNITE STRIÉE, B. striatus (DEFRANCE). (PL 1, fig. 12—71a.) Coquille conique ou diminuant peu à peu de la base au sommet, à surface striée finement dans sa longueur, du moins dans sa partie antérieure; cavité peu profonde, à ouverture subtriquètre ; le som- met probablement médian; le reste inconnu. De la formation crayeuse. Des environs de Chimey en Ghampagne. Observations. Je ne connais cette espèce que d'après un tronçon de la base d'un individu conservé dans la collection de M. DEFRANCE. Une grande partie de l'extrémité postérieure manquait; mais ce qui en reste est labouré par un grand nombre de stries fines, qui pro- bablement divergeaient du sommet. Ce troncon vient certainement des terrains de craie de Chimey en Champagne. C. Espèces à cavité très-grande, fissurée sur le bord et sans cloisons. 7. La BÉLEMNITE MUCRONÉE, B. mucronatus. B. mucronatus, BroGx. et Cuv., Géogn. par., pl. IIT, fig. 1, A et B (figure assez bonne, mais âvec des indices de cloisons d'imagination) ; B. mu- cronatus, DE SCHLOTTH. , n° 4; FauJas DE SainT-Foxos, Mont. de Saint- Pierre, pl. XXXIT, fig. 3; Parkinson, Organ. Rem., vol. III, pl. VIII, fig. 12 et 10; Manrecz., Geology of Sussex, pl. XVI, fig. 1; Mieer, Belemn. , loc. cit., pl. VIIT, fig. 18— 21. B. electrinus. Coquille conique, un peu étranglée vers son quart antérieur, et se dilatant ensuite un peu jusqu'à l'ouverture; surface extérieure marquée d'empreintes vasculaires, partant de chaque côté d'un tronc principal; sommet médian, souvent prolongé en une pointe aiguë ou mucronée, avec un ombilic peu marqué; ouverture circulaire, un peu plus haute que large, s'évasant un peu en trompette , à bords fort minces, tranchans ; une fente ou rimule médio-dorsale se pro- longe en dehors par un sillon profond, terminé brusquement à SUR LES BÉLEMNITES. 65 peu de distance du bord, et en dedans par une rigole peu marquée jusqu’au fond de la cavité, qui est très-grande et conique; une autre petite rigole intérieure exactement opposée à l'autre. Couleur jaune de corne ou de sucre d'orge. * Des parties supérieures de la craie, en France , dans les Pays-Bas, en Allemagne, en Pologne, en Angleterre. Observations. J'ai vu déjà un assez grand nombre d'individus de cette espèce (dix à douze}, mais tous plus ou moins incomplets, surtout du côté de l'ouverture. Celle-ci est toujours remplie de craie bien pure, sans que la masse qu'elle y forme présente le moindre indice de cloisons qui auraient partagé cette cavité. M. DE Rorssy m'a dit qu'il n’en avait non plus jamais aperçu. Tous les individus que j'ai vus avaient à peu près la même gros- seur; en sorte que je ne connais pas son jeune âge. Cette espèce se trouve abondamment dans la craie de Meudon, et en général dans les parties supérieures de la formation crayeuse à Meudon, à Bougival, à Mantes, et dans la craie marneuse de Isebourg, en Prusse. Cest le B. mucronatus des auteurs, et entre autres de M. p£ ScHLOTTHEIM, qui dit qu'elle appartient essentiellement à la forma- tion crayeuse. Il en cite des échantillons très-complets du Pétersberg, des envi- rons d'Aix-la-Chapelle , d'Oldenbourg, de l'ile de Rugen, de Bals- berg, des bords de la Suède, de l'Angleterre. Dans le Pétersberg, près Bruxelles, et dans les environs d’Aix-la- Chapelle, elle se trouve très-bellé et parfaitement entière. C'est bien le B. paxillosus de Denys DE Monrrorr, du moins d'après sa description d'une gouttière au bord de l'ouverture qui se trouve dans sa figure. Cest le B. electrinus de M. Micrer, loc. cit. D'après ce quil dit que dans les individus parfaits, chez lesquels le tube adhère à * C'est ce qui avait fait donner à ces bélemnites par les anciens auteurs les noms de B. e/ectrinr, semidiaphant, semipellucidi ; il parait que c’était aussi celle à laquelle on rapportait plus ordi- nairement le Zapis lyncurium des anciens, et par conséquent à laquelle les pharmaciens attri- buaient le plus de vertus. 9 66 MÉMOIRE l'alvéole, il y a une rainure longitudinale dans le centre, il sem- blerait que cet auteur aurait trouvé dans cette espèce un alvéole, ce qui, je crois, n'était pas encore arrivé : peut-être aussi n'est-ce qu'une conjecture. : Nous devons au même M. Mrrrer l'explication judicieuse de l'existence des bélemnites de la craie dans les sables de la Prusse ; elles y proviennent sans doute de la destruction des roches crayeuses des iles de Mœn et de Rugen dans la Baltique : aussi a-t-il pu rap- porter à cette espèce des morceaux roulés sphéroïdaux, qui ont quelque chose de l'aspect de petits morceaux d'ambre, et qui ne sont que des restes de bélemnites. M. Miccer a aussi expliqué d'une manière plausible l'espèce de canal qu'on trouve quelquefois remplissant l'axe de cette bélemnite et qu'on a cru être le siphon prolongé; il pense quil est artificiel et dû à la décomposition de cette partie. Je n'ai pu trouver aucun caractère certain qui püt servir à dis- tinguer, même comme variété fixe, la bélemnite qu'on trouve en assez grande abondance dans la montagne de Saint-Pierre, près Maëéstricht, et dont j'ai vu plusieurs individus dans les collections du Muséum au jardin du Roi, de M. Broncniarr, de M. M£nanD DE LA GROYE, de MM. Derrance et DesnatEs : quelquefois une sorte de dépôt spathique d'une demi -ligne d'épaisseur s'est formé à la surface de la bélemnite et a caché les ramifications vasculaires ; mais jen ai vu plusieurs échantillons où elles étaient bien évidentes. La forme du sommet parait être assez variable ; en effet, il est quel- quefois très-mucroné, tandis que d’autres fois il est court et presque obtus, sans qu'il y ait cependant de détérioration à la coquille. Peut- être cependant la bélemnite de Maëstricht a-t-elle sa coupe un peu plus ovale, est-elle plus alongée, plus conique, moins hastée et moins transparente que la bélemnite de la craie supérieure. M. Derrance possède un individu de cette espèce qui vient de la craie des environs de Réthel. Un échantillon de la collection de M. Broncnrarr, provenant de Grodno, dans une craie blanche et fine tout-à-fait semblable à celle de Meudon , offre aussi tous les caractères de la bélemnite de cette localité. à SUR LES BÉLEMNITES. 67 8. La BÉLEMNITE SEMI-CANALICULÉE, B. semicanaliculatus. (PL 1, fig. 13—13a.) Coquille cylindrique, un peu moins renflée aux deux extrémités qu'au milieu, ou subfusiforme, ou subhastée; sommet médian un peu aigu ; base circulaire avec une cannelure assez profonde, mais courte et comme bornée , quoique moins que dans la bélemnite de la craie, formant fissure à son origine; cavité grande, avec un sillon intérieur correspondant à la cannelure externe ; point de sillon supérieur. Couleur subcornée, blonde, comme dans la bélem- nite de la craie, quoique bien moins transparente. De la craie chloritée et tuffau. Des environs de Saint- Paul-Trois-Chäâteaux. Observations. J'ai vu un individu de cette espèce dans la col- lection de M. DE Roissy; n'ayant pu le rapprocher d'aucune autre espèce, il ma semblé qu'il devait en constituer une nouvelle, qui fait le passage des bélemnites fissurées aux bélemnites canaliculées à la base. Je ne serais pas étonné qu’elle provint d'un terrain de craie; car la substance qui remplissait la cavité de l'individu que j'ai examiné était blanche, à grains fins et contenant de petits points verts, peut- être de la chlorite. M. DEFRANCE m'a assuré que cette espèce, dont il possède la variété hastée, est bien certainement de la formation crayeuse ; car il a trouvé avec elle une espèce d'ammonite analogue à celle qu'on connait dans la montagne Sainte-Catherine près Rouen. Elle vient de Saint-Paul-Trois-Châteaux. D. Espèces à cavité grande, cloisonnée, siphonée et avec une gouttière ventrale de la base au sommet. 9. La BéceuniTe D’Acrporr, B.- Altdorfensis. ? B. canaliculatus, n.° 7, DE SCHLOTTHEIM ; SCHROETER, Einleit., IV, tab. 111. Coquille longue, eflilée, satténuant assez régulièrement, subdé- primée , à coupe subtétragonale , avec un sillon ventral très-large, très-profond, se prolongeant sur la face large de la base au sommet; 68 MÉMOIRE du reste parfaitement lisse. Ouverture inconnue; cavité également inconnue, mais prolongée en un canal très-fin bien sensible, très- excentrique jusqu'au sommet, à peu près inconnu. L’alvéole quelquefois terminé par un petit mamelon. Observations. J'ai vu de cette espèce plusieurs individus, malheu- reusement incomplets, dans la collection de M Broncnrarr. Ils provenaient d'Altdorf. J'ai vu un autre individu complet du côté de la pointe, de la collection de M. Desxoyers, et provenant de l'oolithe ferrugineuse de Curey, au sud de Caen, où il a été trouvé avec des individus de la bélemnite aiguë et de la bélemnite bisillonnée. Je la rapporterai provisoirement à ma bélemnite d'Altdorf, à cause de sa forme sub- tétragonale bien évidente, sa dépression, sans élargissement sensible, la grandeur de son sillon, qui se prolonge bien évidemment jusqu'à la pointe; mais en outre il y avait à cette pointe un sillon bilatéral manifeste, plus rapproché de la ligne dorsale que de la ventrale. Il se pourrait donc que ce füt une espèce distincte. J'ai encore vu de cette espèce un individu dans la collection de M. Derrax ces; le sillon très-grand offre les indices des cônes composans en forme de chevrons. Je regarde ce caractère comme accidentel, quoique M. DerrAncE ne soit pas de cette opinion. Un autre ca- ractère que jai remarqué sur cet individu, cest que l'alvéole com- mence ou est terminé à son sommet par un petit renflement en forme de bulle. Il provenait de la Suisse, et, en effet, M. DEFRANCE avait distingué cette espèce sous le nom de B. helveticus. J'ai rapporté avec doute à cette espèce le B. canaliculatus de M. DE SCHLOTTHEIM, parce quil ne la distingue que par la rigole pro- fonde étendue de l'alvéole au sommet, et que ce caractère est com- mun à plusieurs espèces. Quant à ce que dit M. ne ScaLorrneim, qu'il se pourrait que cette rigole füt arrivée par une simple impression, au moment de la pé- trification, cela ne peut être réellement supposé. Il parait que cette espèce est très-commune en Allemagne, puis- que M. pe ScaLorraeim dit qu'il en possède douze indiv ERA pro- venant du pays d'OEningen et de Closterbanz. La bélemnite que M. Mrccer a figurée, pl VIT, fig. 5, de son SUR LES BÉLEMNITES. 69 Mémoire, et dont il fait la B. sillonnée, B. sulcatus, de M. nt SCHLOTTHEIM, appartient à cette espèce. 10. La BÉLEMNITE APICICÔNE, B. apiciconus. (PL 2, fig. 2—2a.) Coquille assez courte, à coupe circulaire, à peu près conique, se terminant cependant assez brusquement au sommet, qui est un peu obtus , sans traces de sillon et submédian ; surface extérieure parfai- tement lisse, avec une cannelure large et peu profonde, étendue de la base jusqu'à quelque distance du sommet; ouverture circulaire; cavité fort profonde. De la formation argileuse des Vaches noires aux environs de Dives. De l'oolithe inférieure à Dundy, près Oxford, suivant M. Mrcrer. Observations. J'ai vu un individu de cette espèce dans la collec- tion de M. C. Prévosr; il provenait des Vaches noires près Dives : d’autres individus étaient chez un marchand d'objets d'histoire na- turelle. Je rapporte à cette espèce les figures 3 et 4 de la planche VIII de M. Mrzzer, dont il fait la B. sillonnée, B. sulcatus, de M. DE ScHLOTTHEIM, dénomination que je n'ai pas employée, parce qu'il y à au moins cinq ou six espèces qui ont le même caractère d'un grand sillon ventral. 11. La BÉLEMNITE AIGUE, B. aculus. (PL 2, fig. 3—3a.) Coquille eflilée, alongée, cylindrico-conique , subtétragone et un peu plus comprimée latéralement, à peine un peu rétrécie vers la fin de la cavité et dilatée à l'ouverture; un sillon ou une rainure large de la base au sommet sur le côté étroit, avec une très-légère carène mousse sur le milieu de chaque côté large ; sommet pointu, eflilé, médian, sans aucun indice de pore ni de plis; cavité grande, coni- que, profonde; axe central dans toute la longueur. Les individus adultes ont la coquille en général plus étroite, plus alongée, un peu aplatie de chaque côté de la base, au lieu d'une 70 MÉMOIRE légère carène qui se voit dans le jeune âge,,et le sommet est peut- être un peu moins pointu. La couleur est moins transparente, moins cornée. Des sables calcarifères inférieurs au calcaire de Caen à Falaise. Observations. J'ai vu douze à quinze individus de cette espèce dans la collection de M. DEsxoyers, et qui provenaient de la même localité : il y en avait de jeunes et d'adultes, ce qui se reconnaissait aisément aux caractères indiqués plus haut, et parce que la coquille avait son sommet bien moins surchargé ou plus près du fond de la cavité dans les jeunes. M. pe Roissy possède dans sa collection la pointe d’un individu beaucoup plus grand que tous ceux de la col- lection de M. DEsxoyers, et qui en a tous les caractères, si ce n’est que le sillon est un peu plus effacé. 11 vient d'Oberville, aux Vaches noires. Elle est évidemment rapprochée de la bélemnite d’Altdorf, mais je l'en crois distincte, surtout en ce qu'elle est comprimée au lieu d'être déprimée. Ne serait-ce pas le B. canaliculatus de M. DE SCHLOTTHEIM ? qui, dit-il, est distinct par la rigole profonde qui va de l’alvéole jusqu’à la pointe. Je le croirais volontiers. Il en possédait douze individus du pays d'OEningen et de Closterbanz. Au sujet de cette espèce il parle aussi d'une autre, qu'on a nom- mée, dit-il, B. clavatus, qui est aussi canaliculée, avec l'extrémité en forme de coin, et dont il avait deux individus provenant d'An- spach. Je rapporterai, au moins provisoirement, à cette espèce des fragmens assez nombreux d'une bélemnite de la collection de M. BronGniaRT, et qui proviennent du calcaire jurassique de Grünbach près Amberg. Tous ces échantillons n'offrent qu'une petite partie de la base et presque toute la cavité : on voit que cette bélemnite était à peu près de la taille de notre bélemnite aiguë, qu'elle devait être à peu près conique, et surtout qu'elle avait un sillon ou une rigole basale, comme dans cette espèce, mais peut-être plus profonde et plus anguleuse ; il se pourrait quelle füt aussi plus conique ou sans compression dans aucun sens. J'ignore du reste si elle n'offre pas quelque autre caractère distincuüf; ce qui rend en outre ces échan- SUR LES BÉLEMNITES. 7L tillons remarquables, c'est qu'ils sont convertis, du moins l'alvéole, en silex corné, et qu'ils sont souvent saisis par une matière analogue de forme subglobuleuse. Faut-il croire que dans cette espèce le sillon inférieur diminue .et finit presque par disparaître ? J'ai vu en effet dans la collection de M. pe Roissy deux sommets d’une assez forte bélemnite, dont lun ne peut guères être rapproché que de ma bélemnite aiguë, par la forme générale et même un peu comprimée ; le sillon est peu marqué : quant à l’autre, il s'éloigne plus sensiblement pour se rap- procher du bisulcatus, par la forme générale; mais il na pas de traces des deux sillons latéraux, et il y en a un médian inférieur assez prononcé, mais qui vient de la pointe et qui s'efface à un pouce et demi de distance, au contraire de ce qui a lieu dans le B. acutus. Ne serait-ce pas mon B. excentricus ? M. Mizcer a aussi défini une espèce de bélemnite sous la même dénomination et qui présente en effet les mêmes caractères que la mienne. 12. La BÉLEMNITE HASTÉE, B. hastatus. (PL 2, fig. 4—4a) Coquille alongée, subtétragonale, renflée et déprimée, ou élargie vers son tiers postérieur, s'étranglant peu à peu en forme de col jusqu'au quart antérieur environ, pour se dilater ensuite de nouveau jusqu’à l'ouverture; une seule èt unique cannelure étroite et assez profonde au côté ventral, commencant un peu en arrière de la base et ne se prolongeant certainement pas jusqu'à l'extrémité postérieure; sommet médian, obtus et très-surchargé; cavité probablement assez petite, peu profonde et étroite ; axe central dans toute l'étendue de la coquille. Du blue Lias. En Angleterre et en France. Observations. Jai vu un assez bon nombre de fragmens plus ou moins complets de cette espèce, que j'ai quelque temps confondue avec la suivante, dont elle diffère principalement parce qu'elle est beaucoup plus effilée, plus étroite, moins déprimée, et que le sillon est plus profond et moins évasé. 72 MÉMOIRE Un échantillon, ou mieux un troncon, de la collection de M. Des- HAIES, m'a fait voir que la cannelure ne se prolonge pas jusquà la base. L'individu que j'ai fait figurer vient de la collection de M. Cons- TANT PRÉVOST. J'avais d'abord rapporté à cette espèce toutes les petites bélem- nites hordéacées ou en forme de graines d'avoine très-alongées, à deux pointes, de couleur d’ambre, qu’on trouve communément dans le blue Lias de notre basse Normandie. Cependant il m'a semblé plus probable que ce sont des jeunes individus de la suivante, ou de la bélemnite semi-hastée, quoique je n’en aie pas la certitude. Il est probable qu'il faut rapporter à cette espèce, où au moins à la suivante, le B. canaliculatus de M. pe ScaLoTrHEIM, et peut-être même son B. lanceolatus, qui paraît en être le jeune âge; car il dit qu'elle se distingue seulement par sa forme de lance et par la petitesse de son ouverture. Ce dernier caractère va même très-bien à ma bélemnite hastée; mais c'est ce qu'il n'est impossible d'assurer. En général la figure plus où moins fusiforme se présente assez souvent comme simple variété de plusieurs espèces très-distinctes de bélemnites. Il ne faut donc pas y attacher autant d'importance que le faisaient les anciens oryctographes, qui établissaient sous ce nom une division particulière. Est-ce la bélemnite fusoide de M. ne Lamarcr ? 13. La BÉLEMNITE SEMI-HASTÉE, B. semihastatus. (PL 2, fig. 5— 52.) Coquille assez courte, épaisse, déprimée, élargie dans une partie de son étendue, et assez près du sommet plus où moins obtus et très-surchargé; une cannelure ventrale peu étroite, à bords évasés, et s'élargissant à sa terminaison avant l'extrémité postérieure; deux sillons fort légers, mais bien distincts de chaque côté. Cavité à peu près inconnue. Dans le très-jeune âge cette coquille est non-séulement beaucoup plus petite et d’une couleur bien plus ambrée que dans l'état adulte, mais elle n'offre aucune trace de cavité; elle présente même cette SUR LES BÉLEMNITES. 73 particularité qu’elle est également atténuée ou pointue aux deux extrémités, de manière à ressembler à un grain d'avoine gigantesque. On voit très-bien alors à sa base les couches composantes et qui finissent plus ou moins loin dans la longueur du têt. Les figures 50 et 59 montrent cet âge. Plus âgée, la base est moins atténuée, moins pointue et coupée plus carrément : elle se prolonge en une partie cylindrique plus ou moins longue, comme on le voit pl. 2, fig. 5f. Enfin, plus tard, cette dernière partie commence à se dilater un peu pour former la ae et la coquille passe à un autre degré, plus voisin de l’état adulte. Les figures 4, 4b et 4c de la planche première représentent une coupe idéale d'une bélemnite semi-hastée complète, dans laquelle on voit réunis les différens âges; au centre, et ombrée, est une bé- lemnite à deux pointes égales, vue du côté de la cannelure. Le trait blanc qui l'entoure indique la coupe d’une jeune bélemnite avec la base plate; enfin, dans la coupe du reste on peut prendre les diffé rens degrés avec cavité, jusqu'au terme de l'état parfait de l'ouver- ture. Observations. J'ai vu un grand nombre d'individus plus ou moins mutilés de cette espèce dans les collections de Paris. Les individus très-jeunes se rencontrent surtout fréquemment dans les argiles bleues des Vaches noires aux environs de Bayeux, ainsi que dans le blue Lias des Anglais. M. Desnoyers a trouvé beaucoup de gros individus dans un grès calcarifère correspondant aux argiles de Dives, sous le Coral rag, sur la seconde oolithe à Courgeourt près Mortagne. Je rapporterai avec M. DE ScHLorraeim à cette espèce le Poro- dragus restitutus de Denys De Moxrrorr, ainsi que son /Zibolithus hastatus ; cependant pour celui-ci le sillon marqué dans la figure de ce dernier conchyliologiste n’a réellement aucune ressemblance avac ce qui existe dans la bélemnite semi-hastée, ni même dans la bélemnite hastée. Quant au Porodragus restitutus, le rapprochement est plus cer- tain. J'ai examiné attentivement des morceaux de bélemnites creusées de petites loges obliques, irrégulièrement réparties, qui ont servi à 10 74 MÉMOIRE Denys ne Moxrrorr de caractère essentiel pour l'établissement de son genre Porodrague, et je me suis assuré que ce sont bien évi- demment des loges artificielles sur des bélemnites semi-hastées. Le Muséum en possède plusieurs échantillons. M. REGLEY en a aussi un morceau. Une variété assez singulière, ou plutôt une monstruosité, que je rapporte aussi à cette espèce, est celle que jai fait figurer pl 2, fig. 5A et 5z, d'après un individu de la collection de M. Desxaies. Elle ressemble à certains bâtons d'oursins; son sommet est un peu recourbé : du reste ce sont assez bien les caractères de l'âge inter- médiaire de la bélemnite hastée. Je n'ai pas besoin d'ajouter que ce sont les jeunes individus de cette espèce qui très- probablement constituaient les bélemnites fusiformes des anciens auteurs. Ce quil y a de remarquable, c’est que Wazcu dit que les alvéoles que renferment ces espèces sont également fusiformes ; ce qui me semble à peu près impossible. Il ne parait pas du reste qu'il en ait vu lui-même ; mais il cite Lawyp. 14. La BÉLEMNITE FUSIFORME, B. fusiformis (MiL.). Lawyp, tab. 25, fig. 1705; Parkinson, vol. 3, tab. 8, fig. 13; Æibolithus hastatus, Denys DE Monrrorr; Porodragus restitutus , id.; B. lanceola- tus, DE SCHLOTTHEIM, n. 8; Mixer, tab. 8, fig. 22, et tab. 10, fig. > —7. Coquille opaque, rétrécie vers le sommet de la cavité, s’'élargissant ensuite et se terminant en pointe aigué; un sillon profond s'étendant dans presque toute la longueur de la partie élargie; cavité inconnue. Couleur d'un gris-brun foncé. Dans le schiste de Stonefield. A Stonefield. Dans les environs de Gap. De la Lorraine. é Observations. J'ai trouvé souvent dans les collections des mor- ceaux de bélemnites qui auraient dü être rapportés à cette espèce, à cause du sillon médian inférieur et l'élargissement du milieu du corps, et je les rapportais à ma bélemnite hastée ou semi-hastée ; SUR LES BÉLEMNITES. 75 cependant ces deux espèces paraissent avoir le sillon prélongé au moins jusquà la cavité, ce qui n'a pas lieu dans celle-ci: sans cela, ce $erail certainement la même espèce. M. De ScaLorrnein dit de sa B. lanceolatus, qu'on la distingue à sa forme en fer de lance et par la petitesse de son alvéole. Il parait qu'il en possédait un assez bon nombre d'individus. 12. La BÉLEMNITE NAINE, B. minimus (Miir.). (PL 4; fig. 1.) LisTER , Anim. angl., pl. 228, fig. 52; B. Listeri, Manrerz, Geology of Sussex ; Mirzer, loc. cit., pl. 9, fig. 6. Coquille épaisse, solide, subfusiforme, lisse, avec deux sillons latéraux et une courte cannelure basilaire à la base ; sommet coni- que, convexe, submamelonné; couleur cornée semi - transparente ; cavité assez petite; alvéole inconnue. De l'argile (blue Marle) inférieure à la craie grise à Folkestone en Angleterre, d'après une note de M. BerrranD GESLIN, et en outre à Ringmer, Sussex, Surrey, Kent, Cambridgshire en Angleterre, d'après M. Mirer. Observations. Je n'ai jamais encore rencontré cette espèce, que je n'ai caractérisée que d'après la figure et la description de M. Miicer. D'après une observation de cet auteur, que, dans cette espèce, le centre de la coquille est souvent dans une sorte d'état de décom- position, et qu'on remarque à sa surface des vaisseaux longitudinaux, lon pourrait supposer que ce serait une espèce de la craie, ce qui se trouverait-en rapport avec une autre observation, qu'il n'a jamais vu l'alvéole. Luisrer, en décrivant une très-petite espèce, qui paraît bien être celle-ci, dit qu'elle est blonde, couleur de succin, et qu'on la nomme - Lapis lyncurius, et qu'on l'employait en thérapeutique, ce qui n’a- vait guère lieu que pour les bélemnites de la craie; mais cependant cela n’est pas encore certain. MM. BerrranD GEsLin et UNnErwooD m'ont confié plusieurs indi- vidus de cette jolie espèce de bélemnite; ce qui ma permis de la dé- -6 MÉMOIRE crire. Sa forme est réellement assez bien celle d’un fuseau renflé au milieu et s'atténuant doucement vers les extrémités. Le sommet que j'ai vu sur un individu est assez conique et plus ou moins obtus, sou- vent avec un pore, sans doute de décomposition; l'extrémité antérieure ne présente aucune tendance à se renfler ou à sélargir; quoique j'aie vu plusieurs individus qui avaient une bonne partie de la cavité. Cette bélemnite est parfaitement lisse, plus ou moins jaune d’ambre, quel- quefois translucide, presque comme de lagathe, et ses lames, tendant à s'exfolier, prennent un aspect blanc nacré, mais qui n'appartient pas à la coquille. On voit souvent très-bien le bord de ses lames vers l'ou- verture, et encore mieux à l'intérieur de la cavité; ce qui tient, ce me semble, à la légère décomposition que cette petite bélemnite a quelquefois éprouvée. Il n'y a certainement aucun sillon au sommet; je n’en ai vu qu'un basilaire ou petite rigole, qui ne paraît jamais dé- passer la cavité; mais de chaque côté il y a une double et légère, ou mieux, une simple cannelure, partagée en deux par une très-fine arête, et qui, commençant sensiblement au niveau environ de la fin dé la rigole, se termine insensiblement avant le sommet : la cavité est conique , assez petite, à ce que je MDP bien axée ; elle offre quelquefois une sorte de couche blanche qui en double Le parois ; mais cela est dù à la décomposition. Je ne serais pas étonné que ce füt un jeune âge de ma bélemnite semi-hastée, dont je n'ai jamais vu la cavité, mais qui offre d’une manière manifeste les deux sillons latéraux. M. Micaezin possède un individu de cette espèce. Il vient à ce que je crois de Lésigny, dans le département du Calvados. E. Espèces à cavité grande, cloisonnée, siphonée, sans fissure né gouttière à la base, mais avec deux sillons au moins au sommet. 16. La BÉLEMNITE APICICOURBE, B. apicicurvatus. (PL 2, fig. 6—6a.) Coquille conique, à coupe subtétragonale, se déprimant et s'éva- sant ensuite d'une manière plus évidente que dans aucune autre es- SUR LES BÉLEMNITES. 77 pèce ; sommet conique, obtus, se recourbant un peu en en-bas, avec deux plis ou petits sillons, un de chaque côté, plus rapprochés de la ligne ventrale que de la dorsale, et formés par l'avance de cette dernière partie sur l'autre. Le reste de la coquille tout-à-fait lisse ; cavité conique, plus ou moins prolongée dans l'intérieur de la co- quille, sans traces de sillon extérieur ni intérieur ; ouverture à bords fort minces, circulaire ou subtétragone ; les angles aigus dorsal et ventral; des cloisons concaves, en verre de montre, avec un siphon marginal et dorsal; axe subcentral. Du blue Lias. De Lyme-Regis en Angleterre. Observations. J'ai vu de cette espèce deux individus ; un dans la collection de M. C. Prévosr et provenant du blue Lias, Lyme-Regis en Angleterre; et un dans la mienne, et dont j'ignore la patrie: un troisième individu existe dans la collection de M. Micreuiw ; il en ignore la patrie; mais les traces d’argile bleue qui en recouvre en- core une partie, portent à croire qu'il vient aussi du blue Lias. Enfin, M. pe Rosny en possède aussi un individu, aingi que M. Derrance ! ils en ignorent la patrie. Quoique fort voisine de la suivante, je l'en crois cependant dis- tncte. 17. La BéLemnirE crocuue, B. aduncatus (Mir. ). (PI. 4, fig. 2.) Maicer, loc. cit., pl. 8, fig. 6, 7, 8. Coquille très-lisse, quelquefois cependant très-finement striée, à coupe circulaire, conique , s'atténuant peu à peu jusqu'au sommet, qui est très-pointu, assez fortement recourbé en en-bas, avec quatre où cinq sillons terminaux, dont les intervalles sont quelquefois légè- rement tuberculeux; cavité conique, médiocrement prolongée ; le reste inconnu. Du blue Lias et du Lias clay. À Weymouth et à Lyme-Resis en Angleterre. Observations. Cette espèce, qui a été établie par M. Mizcer, ne parait pas beaucoup différer de ma bélemnite apicicourbe, si ce 78 MÉMOIRE n’est en ce que le sommet est ici beaucoup plus pointu, plus cro- chu, et que les sillons sont plus profonds et plus nombreux. M. Mizzer la cite comme provenant du Lyas et du Lyas clay à Weymouth et à Lyme-Regis; or cest aussi de ce terrain que pro- vient ma bélemnite apicicourbe. 18. La BÉLEMNITE ONGULIFORME, B. ungulatus (DE SCHLOTTHEIM). CPL 4, fig. 3.) Ksorr, Monum., part. IT, tab. 1*, fig. 7; Denys DE Monrrorr, Conch. systém., tom. 1, pag. 319; Paclites biforatus. Coquille conique, à coupe circulaire, droite, si ce n'est au sommet qui est recourbé subitement et percé d'un pore médian, circulaire, avec un sillon borné au-dessous, à quelque distance et dans l'endroit le plus concave. Des environs de Prattelen, du désert de Zaara en Afrique, d’après Denys ne Monrrorr, et même des grottes de Sichem près Maëstricht. Observations. Je ne connais cette espèce que d’après la figure de Kxorr : elle a été faite sur un individu unique de la collection de D'ANNowE, qui s’est borné à assurer à WaLcn que cette courbure ne provenait nullement d'une compression, ni d'une altération quel- conque. D'ANNONE a répété la même assertion dans une Lettre à ANDRÆA4, qui la rapporte avec une figure, tab. 3, fig. a, de ses Lettres sur la Suisse. | Dans la collection d'AMMAN, médecin à Schaffhouse, il y avait aussi, suivant le même AnprÆaA, une bélemnite recourbée vers la pointe, qui venait des grottes de Sichem près Maëéstricht. Dexys De Monrrorr, en constituant un genre avec cette espèce sous le nom de Paclite, n’a fait encore que modifier la figure de Kxvorkr et tirer ensuite les caractères de ces modifications, ce qui lui arrive malheureusement trop souvent. Quoique je présume beaucoup que le pore médian, circulaire, terminal, et peut-être même le sillon borné, soient le résultat d'une altération, cependant j'ai dû parler de cette espèce, qui peut-être diffère peu de la B. aduncatus de M. Mizen. SUR LES BÉLEMNITES. 79 J'en donne la figure copiée de Kxork, n'ayant pu trouver dans la collection du Muséum l'individu dont parle Denys DE Montrorr, et quil dit avoir été rapporté du désert de Zaara en Afrique par M. DEsronTaINrs. M. DE ScHLorrHEIM possède dans son cabinet un individu de cette espèce, provenant d'Anspach; il se borne à dire quil est en forme de grifle, et qu'il constitue une espèce très-rare. Ce quil y a de singulier, c'est que dans la synonymie de cette espèce il ne cite pas le genre Paclites biforatus de Denys DE Moxr- FORT, quoiqu'établi sur la même figure de Kwonr, et il cite comme pouvant lui appartenir le Thalamus polymitus, et même l'4mimo- nus elephantinus du conchyliologiste français. 19. La BÉLEMNITE BICANALICULÉE, B. bisulcatus. (PL 2, fig 7—7c) Coquille épaisse, solide, droite, subtétragone, conique de la base au sommet; celui-ci épais, obtus, comme tronqué, non recourbé, avec un sillon latéral de chaque côté, disposé comme dans l'espèce précédente, mais plus profond ou plus marqué par plus de saillie de la partie dorsale ; cavité grande, conique ; son axe d'abord médian, devenant peu à peu plus dorsal ; ouverture circulaire un peu évasée, à bords entiers; cloisons concaves, assez nombreuses, à siphon mar- ginal. Les jeunes individus n’oflrent souvent que des traces des sillons apiciaux, et ceux-ci sont d'autant plus prononcés que la coquille est plus grosse. Du calcaire oolithique. Dans les environs de Caen et dans beaucoup d'autres endroits. Observations. J'ai vu de cette espèce un grand nombre d'indi- vidus plus ou moins incomplets et recueillis par M. Desnoyers dans la même localité ; quoique fort rapprochée de la précédente, il me semble cependant qu’elle doit en être distinguée. Sur un individu de ma collection l’alvéole est parfaitement aga- thisé, quoique le tét de la coquille soit simplement spathifié, comme dans les autres espèces. 80 MÉMOIRE J'avais d’abord cru probable qu'il fallait rapporter à cette espèce celle que M. DE SCHLOTTHEIM a nommée B. tripartitus, quoiqu'il dise qu'elle a trois sillons à la pointe, longue et en forme de poin- con, et qu'elle est divisée en trois parties par autant de rigoles ; ce qui n'a certainement pas lieu dans notre B. bisulcatus. Je n'en aï pas même vu qui eût ce caractère, à moins que M. DE SCHLOTTHEIM n'ait regardé comme un troisième sillon une légère ligne creuse, quelque- fois double, qui se remarque au milieu de la face dorsale et même de la face ventrale, quoiqu'il n'y ait pas de comparaison à faire entre ces deux genres de sillons ; mais depuis l'observation de M. Mizer sur la bélemnite tripartite, j'ai changé d'avis. WaLcu fait une division des espèces de bélemnites à deux sillons vers la pointe, Belemnites bisulci, ce qu'avait fait aussi ScHEUCHZER, Merrens et KLEIN; mais il ne cite pas de figure. Faut-il aussi rapporter à cette espèce la bélemnite représentée fig. 11 du Mémoire de M. Beupawr : on y distingue fort bien les deux sillons du sommet; mais celui-ci est très-large et ses parois sont autrement conformées. La dilatation ou l’évasement de la base parait aussi faire croire que ce pourrait être ma bélemnite apici- courbe. J'y rapporte aussi un individu de la collection de M. Desuaïss, qui est monstrueux en ce que la pointe s’eflile et se comprime d’une manière assez singulière et assez brusque, un pouce ou seize lignes avant le sommet; du reste on y voit bien les deux rigoles latérales et le dos a deux sillons très-fins. M. Derrance, qui possède cette espèce dans sa collection, m'a assuré que c'est celle dont Denys DE Monrrorr a formé son genre Cétocine, et à l'appui il m'a montré l'individu même qui a appar- tenu à ce conchyliologiste. Cela me paraît cependant un peu dou- teux; car il est certain que Denys DE Monrrorr cite pour le type de ce genre une figure de Kworr, et n’annonce pas quil en ait un échantillon dans sa collection. M. Desuaïes en possède plusieurs individus assez incomplets du côté du sommet, quoiquils aient leur base presque entière, et qui proviennent d'un terrain d'oolithe ferrugineuse des environs de Nancy. SUR LES BÉLEMNITES. 81 J'ai encore vu un grand nombre d'individus de cette espèce dans la collection de M. Marmis ; ils provenaient des environs de Mendes, et les sillons apiciaux étaient peu marqués. Dans la même collection j'ai observé aussi plusieurs individus provenant des Ardennes. D’après les nombreux échantillons que j'en ai vus dans la collec- on de M. »p'OrBieny, cette espèce est aussi fort commune dans les environs de Fontenay, dans le département de la Vendée, comme à Lorbic, à Pissote, à Saint-Benêt, entre Fontenay et Niort, à Fortery, etc. J'ai aussi remarqué, dans la collection de M. Marin, plusieurs bélemnites provenant des Ardennes et qui appartiennent à la variété de cette espèce qui, outre les sillons latéraux, en a un troisième dorsal, bien prononcé. ( Voyez pl. 5, fig. 12.) Enfin, la collection de l'École des mines de Paris possède un grand individu de cette espèce dans un calcaire noir, argileux et schistoïde de Bex, qui lui a été envoyé par M. pE CHARPENTIER. Ainsi, en définitive on peut dire que c'est cette espèce et ses variétés qui est la plus commune dans toutes les parties de la France, et probablement en Allemagne et en Angleterre, et qu’elle est carac- térisque du blue Lias. 20. La BÉLEMNITE UNISILLONNÉE, B. unisulcatus. (PI. 5, fig. 21.) Coquille effilée, pointue, à coupe subcarrée, un peu rétrécie en arrière de la base, qui est un peu évasée; sommet submédian , un peu incliné vers la face ventrale; un sillon apicial dorso-médian très- sensible, assez prolongé, avec des indices des deux latéraux; une carène obsolète au milieu de deux sillons très-peu profonds, étendus de chaque côté du sommet à la base. Cavité grande et conique. Du calcaire jurassique aux environs de Caen et de Pissote, près Fontenay dans le département de la Vendée. Observations. J'ai vu un individu presque complet de cette espèce dans la collection de M. pe Roissy, c'est celui que j'ai fait figurer, et un autre dans celle de M. »'OrB1Gnx: il était un peu plus grand et les sillons apiciaux latéraux un peu plus prononcés. 11 82 MÉMOIRE 21. La BÉLEMNITE TRIPARTITE, B. tripartitus (DE ScuLotre.). CPL 4, fig 4.) De Scucorreim, Petref., vol. 1, Bélemn. n.° 6; Mirrer, loc. cit., pl. 8, fig. 10, 23. Coquille épaisse, subtriquètre, marquée dans sa longueur de trois sillons, un ventral et les deux autres latéro-dorsaux, qui se prolon- gent de la base au sommet, terminé en pointe longue en forme de poincon, suivant M. DE ScHLoTTHEIM, et au plus conique obtus, d'après M. Mizer; le reste inconnu. Du pays d'Altorf et d'OEttingen, dans la formation jurassique, d'après M. DE ScHLOTTHEIM. Observations. Avant d'avoir vu la figure de cette espèce donnée par M. Mizcer, j'étais porté à croire que ce nétait qu'une simple variété de ma bélemnite bisillonnée, dont le sommet, en effet, offre quelquefois trois sillons ; le dorsal, il est vrai, fort peu prononcé. Mais d’après cette figure, quoique très-incomplète, puisque ce n’est qu'un tronçon du sommet, j'ai pu massurer quelle doit en différer, non-seulement par la coupe subtriangulaire, et par l'existence des sillons longitudinaux, dont le ventral est cependant bien plus pro- noncé et en forme de gouttière, mais encore par la singulière pro- priété qu'elle a de se partager, par le choc sans doute, en trois parties longitudinales, dans la direction des sillons, quoique cela ne puisse former un caractère. D'après cela, cette espèce à elle seule pourrait faire une section distincte; car aucune autre n'offre ainsi trois sillons dans toute sa longueur. M. pe ScaLorrHeIm, auquel on doit l'établissement de cette es- pèce, dit que, comme il a observé la trifurcation du sommet dans un grand nombre d'individus, il la croit distincte. Il en possédait dix individus, pour la plupart bien conservés, pro- venant du pays d’Altorf et d'OEttingen dans la formation jurassique. Wazcx et les anciens oryctographes avaient déjà fait une division de cette espèce de bélemnite, sous le nom de B. trisulci: le premier en cite une figure dans Baïer, Oryctograph. norica, p. 36, tab. 1, fig. 5; et dans ExrHArT, De belemnit. suevicis, fig. 1. SUR LES BÉLEMNITES. 83 Je dois faire observer que jai plusieurs fois remarqué, et entre autres sur un individu de la collection de M. DE Roissy, venant des environs de Caen, et sur deux autres tronçons beaucoup plus gros, de celle de M. Desxaïrs, des environs de Nancy, que la bélemnite bisillonnée offre quelquefois, outre les sillons latéraux, un sillon médio-dorsal plus ou moins prononcé; mais jamais ces trois sillons ne se prolongent autant que dans le B. tripartitus de M. DE ScHLoTTHEIM. 22. La BÉLEMNITE TRISILLONNÉE, B. trisulcatus. (PL 5, fig. 13.) Coquille conique , médiocrement alongée, se dilatant graduelle- ment du sommet à la base, à coupe subcirculaire ; trois sillons, un dorsal et deux latéraux infères, se prolongeant du sommet vers la base jusqu'à moitié au moins de la longueur de la cavité, qui est large et conique. Du calcaire jurassique des environs de Fontenay dans la Vendée. J'ai observé, dans la collection de M. »'OrmIGNY, un troncon de cette bélemnite qui a trois sillons fortement prolongés du sommet vers la base, un dorsal et deux latéraux; mais aucun n'est une véri- table gouttière ventrale commencant à la base, comme cela paraît avoir lieu pour le B. tripartitus figuré par M. Miicer, en sorte que je crois que l'espèce décrite par celui-ci n’est pas même de cette section, et qu'elle doit en former une particulière, au contraire de la bélemnite trisillonnée, qui offre une exagératiôn de ce qui existe dans une variété de la bélemnite bicanaliculée. Maintenant est-il certain que la bélemnite tripartite de M. Mizcer soit identique avec celle de M. DE SCHLOTTHEIM? c'est ce que je ne puis assurer. 23. La BÉLEMNITE QUINQUÉSILLONNÉE, B. quinquesulcatus. (PI. 2, fig. 8—8a.) Coquille conique, aiguë, à coupe ovale, subcirculaire, probable- ment courte, terminée au sommet par cinq sillons apiciaux peu pro- longés, un médio-dorsal et deux paires de latéraux, un latéro-supère et lautre latéro-infère; cavité grande, subcirculaire, peu éloignée du sommet; ouverture, cloisons et siphon inconnus. 84 MÉMOIRE Du calcaire du Jura. Des environs de Mézières et d'Angleterre. Observations. Je ne connais cette espèce que d'après un individu incomplet de la collection de M. Derrance et qui provient des en- virons de Mézières. Elle a un peu la forme de mon B. acutus ; mais les sillons de son sommet, qui m'ont paru bien régulièrement dis- posés, l'en éloignent pour le rapprocher du B. tripartitus, dont la forme l'éloigne évidemment. J'ai retrouvé dans le peu de bélemnites rapportées d'Angleterre par M. BerrranD Gesuix, une pointe de bélemnite qui offre sensi- blement les mêmes caractères, une grande brièveté et une acuité particulière ; le prolongement de la cavité jusqu'à peu de distance du sommet, et enfin ce sommet avec deux grands sillons latéraux, deux supérieurs très-fins et très-rapprochés, et de même en dessous. 24. La BÉLEMNITE COMPRIMÉE, B. compressus. (PI. 2, fig. 9—9a.) Coquille fort épaisse, droite, très-comprimée, de manière à ce que son diamètre vertical est beaucoup plus grand que le transverse, et que sa coupe est ovale ; sommet médian tout-à-fait droit, offrant de chaque côté un sillon large, peu profond, se prolongeant assez loin en arrière et s'effacant peu à peu; cavité conique, ovale, dont l'axe vers son sommet est assez au-dessus de l'axe de la coquille; cloisons également ovales, très-concaves et assez nombreuses; ouver- ture probablement ovale, mais inconnue. Le siphon assez enfoncé, de manière à ne pas être visible sur le côté de l'alvéole que par une très-lésère inflexion de ses lignes cloisonnaires. Du calcaire oolithique ferrugineux. Dans le département du Calvados et en Allemagne. Observations, Cette espèce a évidemment un certain nombre de rapports avec la bélemnite bicanaliculée ; cependant sa très-grande compression, et même la forme de sa pointe, suffisent pour l'en dis- tinguer. Elle me paraît aussi parvenir à une bien plus grande taille. En effet, un des individus que j'ai vus avait près de six pouces de lon- SUR LES BÉLEMNITES. 85 gueur sur un diamètre de dix-huit lignes et demie, et certainement il en manquait un bon tiers. J'ai observé plusieurs individus incomplets de cette espèce dans la collection de M. Desxoyers; ils avaient été trouvés dans la même localité dans l'oolithe ferrugineuse bien inférieure aux argiles bleues des Vaches-Noires. Je rapporte à cette espèce celle figurée dans Kworr, Suppl. IV, fig. 15. Le Muséum possède aussi deux beaux morceaux de cette espèce et qui très-probablement proviennent de la même localité. J'en ai vu un bel individu, d’un pied au moins de long, dans la collection de M. Reczey. M. DerrAnce en possède aussi un fragment assez considérable. M. Broncnrarr vient d'en recevoir deux fragmens très-intéressans d’un terrain à oolithes ferrugineuses d’Auerbach, dans le cercle du Haut-Mein bavarois : l'un, de trois pouces et demi de long sur un diamètre de vingt-une lignes à une extrémité et de dix-huit lignes à l'autre, fait voir que cette espèce atteint une très-grande taille, puisque ce troncon- n'offre aucun indice de la cavité ni des deux sillons terminaux; un autre troncon est la partie supérieure de la cavité. On y voit très-bien que les cloisons sont très-nombreuses et fort serrées; enfin, un autre morceau est une portion d’alvéole de calcaire à oolithes ferrugineuses : cet alvéole est comprimé et le siphon est assez rentré pour ne pas être sensible à l'extérieur. On l'a envoyée à M. BroncnrarrT sous le nom de B. giganteus; sa nature minéralogique est évidemment plus conchoïde, son tissu étant peu ou point fibreux; l'alvéole est au contraire de véritable oolithe. Celle de Vieux, auprès de Caen, est absolument dans le même terrain. M. BerrranD GESLIN a rapporté d'Angleterre une bélemnite d'une bien moins grande taille que n'est ordinairement la bélemnite com- primée ; mais qui du reste en offre tousles caractères : elle a également les deux petits sillons apiciaux effacés ou obsolètes ; à sa couleur bleue et à son encroûtement argileux il paraît qu'elle provient du blue Lias : à la partie inférieure elle sévase un peu, comme dans ma bélemnite apicicourbe. 86 MÉMOIRE 2b. La BÉLEMNITE ÉPÉE, B. gladius. (PL 2, fig. 10— 104.) Coquille extrêmement longue, étroite, très-comprimée, décrois- sant très-lentement de la base au sommet ; à coupe très-ovale ; sommet aigu ? avec une cannelure latérale très-plate, et se convertissant en arrière en un méplat disparaissant peu à peu vers la base, qui est ovale; cavité assez peu profonde proportionnellement avec la lon- gueur de la partie solide, conique-alongée. Du calcaire oolithique des Vaches-Noires, commune d'Oberville, sur la côte de la Manche. Observations. J'ai vu de cette espèce un bel individu dans la col- lection de M. Desnaies, et qui avait neuf pouces de long sur une épaisseur de dix lignes à sa base. Il avait été trouvé, dit-on, aux Vaches-Noires dans la commune d'Oberville ; mais, d’après l'opinion de M. pe Roissy, il est plus probable qu'il provenait d’un calcaire des environs de Caen. J'en ai vu aussi quelques troncons dans la collection de M. Des- NOYERS et dans celle de M. pe Roissy; ils provenaient de l'oolithe ferrugineuse de Bayeux, bien inférieure aux argiles bleues des Vaches-Noires. F. Espèces à cavité en général très- grande, cloisonnee, siphonée, sans fissure ni gouttière à la base, sans sillons au sommet. 26. La BÉLEMNITE cOURTE, B. brevis. CPL 3, fig. 1,2,3—3a.) Coquille courte, droite, conique, large à sa base, pointue ou obtuse au sommet, plus ou moins comprimée sur les côtés, sans sillon à sa base, non plus qu'au sommet, qui offre cependant quel- quefois une strie médiane inférieure et deux supérieures ; cavité grande et assez courte, quoiqu'occupant la moitié de la coquille, ayant son sommet dans l'axe, qui est partout médian. Du blue Lias. SUR LES BÉLEMNITES. 87 Dans le département du Calvados. De l'oolithe ferrugineuse des environs de Nancy. De Mendes, département de la Lozère; de la Charente inférieure, à Maurice, etc. Observations. Yai observé un assez grand nombre d'individus de cette espèce dans la collection de M. Desnoyers; tous avaient été recueillis par lui dans le département du Calvados, mais dans deux localités différentes : aussi peut-on trouver à les partager en plusieurs variétés. A. La première, provenant du calcaire bleu fétide de Pierre-Pont, a son sommet plus pointu, plus aigu; elle est-cependant plus large à sa base, plus comprimée, et sa cavité me semble plus profonde. B. La seconde, provenant des argiles à gryphites arquées, au-des- sous de l’oolithe ferrugineuse et des argiles de Dives, des environs d’Argentan et d'Issigny, a le sommet plus obtus, moins médian ; elle est aussi proportionnellement moins large à la base, avec un méplat latéral très-sensible dans presque toute son étendue ; la ca- vité est moins profonde ; les parois sont plus épaisses, et la pointe n’est pas formée de la même manière par les deux lignes dorsale et ventrale, la première étant plus droite que la seconde. Je trouve à peu près les mêmes caractères dans une bélemnite de la collection de M. MarmiN et venant des environs de Mendes; son ouverture est cependant un peu subcarrée, à cause d'une légère carène latérale. C. Je rapporte aussi, au moins provisoirement, à cette espèce comme une simple variété, une bélemnite de la collection de M. Desuaies, beaucoup plus grosse que celles des environs de Caen, mais qui est également remarquable par sa grande brièveté : elle diffère en outre par la grande obtusité de son sommet, qui a de plus un très-petit mamelon pointu. Elle paraît provenir de l'oolithe fer- rugineuse des environs de Nancy. La figure en est pl 3, fig. 3— 3a. Si on croyait devoir la distinguer comme espèce, on pourrait la nommer Bélemnite borne, B. meta. M. »'OrBienx possède aussi, dans sa collection à La Rochelle, des individus de cette variété provenant de Maurice, près l'Aïguillon, à l'extrémité septentrionale de la baie de la Sèvre-Niortaise. 83 MÉMOIRE J'ai hasardé de regarder comme appartenant à cette espèce, la bélemnite dont Denys DE Monrrorr a fait son genre Pyrgopole, et qu'il a nommé P. Mosæ, P. de la Meuse. 27. La BÉLEMNITE OoVALE, B. ovatus. (PL 3, fig. 4—5.) Tét assez court, très-comprimé, à coupe ovale, ou beaucoup plus large que haute; à sommet obtus, médian ; à base un peu dilatée en trompette; aucune trace de sillon ni de cannelure ; cavité grande, évasée à son ouverture et assez courte pour la moitié de la longueur totale, à axe subcentral au sommet. De loolithe ferrugineuse ? Des environs de Nancy. Observations. J'ai vu cette bélemnite dans la collection de M. Des- HAIES; elle est vraiment assez singulière. Je l'avais d'abord rapprochée de la bélemnite courte, variété C, qui est de Nancy, comme elle, ou bien de la bélemnite pénicillée, à laquelle elle ressemble en effet beaucoup ; mais sa grande compression , l'acuité un peu plus grande de son sommet, m'ont porté à la distinguer. Cependant, comme l'é- chantillon que j'ai vu a été gratté, il se pourrait que ce ne fût qu’une variété accidentelle, d'autant plus qu'il ne m'a pas paru bien symé- tique. Il était encroûté de minérai de fer. 28. La BÉLEuNITE poicr, B. disitalis (Faure Bicuer). (PL. 3, fig. 5—6.) Coquille longuement conique ou diminuant lentement de la base au sommet, très-comprimée de droite à gauche, à coupe ovale; sommet subtuberculeux, à peu près médian, avec un pore indiqué et un seul sillon peu marqué au bord supérieur; cavité grande, profonde. Du calcaire du Jura. Dans différens pays. SUR LES BÉLEMNITES. 89 Observations. J'ai vu de cette espèce, qui me paraît parfaitement distincte, plusieurs individus dans la collection de M. BronGxrarT : ils provenaient tous du département de la Vienne ; mais j'ignore de quelle localité. J'en ai trouvé aussi deux individus dans la collection de M. Micue- LIN; l'un d'eux avait le sillon dorsal assez marqué, l'autre n’en avait aucune trace. Îl ne connaissait pas non plus leur patrie. M. Derrance possède un individu de cette espèce des environs de Nancy; un autre, un peu plus grêle, de Talant près Dijon. Enfin, sous le nom de B. complanatus, j'ai vu dans la même col- lection un ou deux individus de Folkstone, et que M. Bucrraxn dit être de la formation crayeuse ; mais cela paraît fort douteux à M. DEFRANCE, et avec juste raison, à ce qu'il me semble. 29. La BÉLEMNITE PÉNICILLÉE, B. penicillatus. CPL 3, fig. 7—7a.) De Scarorrneim, loc. cit., n° 10; Knorr, part. II, pl. 1*, fig. 1,2, 3 et 4; Denys DE Monrrorr, PR polyforatus , pag. 375, Cetocis glaber, pag. 371. Coquille courte, assez peu conique ou décroissant assez peu ra- pidement de la base au sommet, quoiqu'un peu plus que dans la bélemnite doigt, assez fortement comprimée ou à coupe ovale; axe subexcentrique, ainsi que le sommet, qui est très-obtus et plus ou moins plissé; cavité conique, presque circulaire , profonde; le bord ventral plus épais; l'alvéole de même forme et indiquant par ses anneaux transverses des cloisons assez nombreuses. Du calcaire jurassique. Des environs de Nancy, de Gundershoffen (Bas-Rhin), et des environs de Praitelen, sur la montagne de Muttens, en admettant l'identité de notre bélemnite avec celles des auteurs cités. Observations. Cette bélemnite ressemble assez à la bélemnite doigt, et d'autre part, comme son extrémité est plissée peut-être assez régulièrement, il se pourrait que ce füt la même que la bélemnite pénicillée de M. DE SCHLOTTHEINM. J'en ai vu quatre à cinq individus dans la collection de M. Des- 12 90 MÉMOIRE HAIES ; tous étaient encroûtés par une substance crétacée bien évi- dente, qui en cachait un peu la forme et la rendait très -rugueuse. Ils provenaient de Nancy. Deux plus gros et un plus petit n'avaient pas de plis bien sensibles au sommet, tandis que trois ou quatre en avaient quatre de chaque côté semi-doubles et avec un sillon médian supérieur et inférieur. J'ai dû rapporter avec quelque doute cette bélemnite, qui n'est réellement peut-être qu'une simple variété de la bélemnite doigt, à la bélemnite pénicillée de M. ne ScnLorrneim : en eflet, celui-ci, en disant qu’elle se distingue par sa pointe saillante , très-finement can- nelée , ajoute qu'il doute si cette saillie et la cannelure de la pointe ne seraient pas dues à quelques circonstances particulières qui n'exis- tent pas sur les nombreux individus qu'on trouve dans la même localité. Il cite en effet, comme de la même espèce, le cetocis glaber de Denys pe Mowrrorr, qui n’est établi que sur une figure de Kxork, part. I, tab. 1, fig. 4, faite d'après un individu certainement altéré, et qui pourrait bien, comme le pense M. Miccer, appartenir à la bélemnite pleine. M. pe SCHLOTTHEIM aurait aussi dû rapporter à cette espèce l'Acame multiforé de Denys De Mowrrorr, puisqu'il a cité les figures de Kworr qui ont servi à son établissement. 30. La BÉLEMNITE EXCENTRIQUE, B. excentricus. (PL 3, fig 8—8 a.) - Coquille subtétragone , plus large vers le dos; un méplat subca- naliculé de chaque côté; sommet obtus, un peu comprimé, ovale, très-dorsal, sans trace de sillon dans aucun sens ; axe très-oblique ; bord ventral plus convexe que le dorsal; cavité conique, à sornmet se rapprochant fortement du dos; cloisons assez peu concaves et assez rapprochées. De l'argile des Vaches-Noires. Sur la côte entre Honfleur et Oberville. Observations. J'établis cette espèce d'après un échantillon de ma collection trouvé aux Vaches-Noires, près Dives, qui forme à peu SUR LES BÉLEMNITES. 91 près la moitié postérieure de la coquille; il a quatre pouces quatre lignes de long sur un diamètre de treize lignes à sa base. - Je ne vois pas qu'il puisse être rapporté à aucune des espèces précédentes. J'ai encore observé un autre tronçon du sommet et un échantillon plus complet de cette espèce dans la collection de M. De Roissy; il avait tous les caractères de celui que je possède, et entre autres la très-grande excentricité de l'axe. Il venait d'Oberville. Un autre troncon existe dans la collection de M. Derrancr. 31. La BÉLEMNITE RACCOURCIE, B. abbreviatus (Mrrx.). CPL 4, fig. 5.) Cop. de Mizcer, loc. cit, pl. 7, fig. 9 —10. Coquille courte, épaisse, comprimée de chaque côté, lisse, sans traces de sillons, se terminant par une pointe conique, assez obtuse et très-légèrement courbée ; cavité très-grande, très-profonde, occu- pant presque les quatre cinquièmes de la longueur totale. Le reste inconnu. Dans l'oolithe inférieure à Weymouth et à Dundry en Angleterre. Observations. Cette espèce, que je ne connais que d'après M. Mi- LER, devient, dit-il, grande; elle est un peu subovale et non rare- ment striée finement dans sa longueur; sa cavité a en général une position latérale, c’est-à-dire que son axe ne suit pas exactement celui de la forme extérieure ; aussi ses parois sont-elles plus épaisses d’un côté que de l'autre. Le sommet a fréquemment une légère courbure. D'après cela, elle me paraît bien voisine de ma bélemnite excen- trique, qui vient des Vaches-Noires. 32. La BÉLEMNITE GIGANTESQUE, B. gigas. (PL 3, fig. 9—9a.) Coquille d'une très-grande taille, assez alongée, un peu renflée au milieu , subtétragone ; le dos plus épais que le ventre, avec un 4 Q , A,? = ? F méplat subcanaliculé de chaque côté, n'existant cependant qu'entre 92 MÉMOIRE la base et la pointe; axe moins oblique que dans la précédente; ca- vité très-grande, très-prolongée, circulaire, la paroi dorsale plus épaisse que la ventrale ; sommet pointu, assez acuminé, submédian, un peu plus dorsal que ventral, sans trace de sillons. Dans les bancs inférieurs du calcaire jurassique. Dans beaucoup d'endroits de la Bourgogne. Observations. Je possède un individu incomplet ou un troncon seulement de cette espèce dans ma collection. Il provient des bancs inférieurs du calcaire oolithique du Jura. Elle doit être évidemment séparée de la précédente, et même de la bélemnite comprimée, avec laquelle elle a de grands rapports, surtout pour la taille. Je lui rapporte les figures 3, 4 et 5 de la planche IV du Supplé- ment de Kworr, à cause de sa grosseur, de la position de l'axe et même de la coupe : elles ont été faites d'après des individus du cabi- net de ScHEUCHZER, et ensuite de celui de KLEIN, tirés des mines de fer de Furstemberg. 3 M. DE ScHLOTTHEIM, qui cite une espèce sous ce nom, dit qu'elle ressemble beaucoup par la forme à son B. paxillosus, mais qu'elle se termine davantage en pointe : elle est, ajoute-t-il, un peu renflée au milieu; son diamètre s'accroît jusqu'à l'alvéole de la cavité, et diminue ensuite un peu. Elle n’a pas de rigole à l'ouverture, mais bien des entaillures à la pointe; sa superficie est toujours très-rude. Enfin, en faisant la juste observation que dans les endroits où le B. paxillosus est très-commun, on ne le trouve jamais à l'état de gigantisme : il en conclut que ce doit être une espèce distincte. Suivant cet auteur, on trouve le B. gigas aux pieds des montagnes d’Anspach et du Wurtemberg, en très-grande quantité et souvent presque complet; d'autres fois en grands morceaux, et souvent même des alvéoles seulement. Elle lui paraît appartenir à la formation du Jura : il en avait re- cueilli vingt exemplaires. M. Desuaies possède dans sa collection une bélemnite assez com- plète, qui me paraît avoir la plupart des caractères de mon B. gigas. Elle est subtétragone, le dos plus large que le ventre; elle a un méplat subcanaliculé de chaque côté et qui ne s'étend pas jusquà SUR LES BÉLEMNITES. 93 la pointe ; sa cavité est également grande, conique, et la plus grande épaisseur de son bord cassé correspond au dos : caractères qui tous conviennent également à la bélemnite gigantesque; en sorte que j'ai pu conclure de l'individu de la collection de M. Desmaïes les autres caractères de cette espèce, comme sa forme générale et celle de sa pointe ou de son sommet. Elle me semble aussi avoir la plupart des caractères du B. gigas de M. ne ScuLorrrim; car elle est également fort rude, comme cariée, du moins dans l'individu de M. Desuaïss; la seule différence c'est que la pointe est sans entaillures. M. C. Prévosr en possède aussi un assez bel échantillon, qui vient d'Oxford en Angleterre. M. SAGE avait réuni dans sa collection un assez grand nombre de troncons de bélemnites de cette espèce, qui pour la plupart avaient été sciés et polis. Un entre autres, acheté par M. pe Roissy, est presque complet, à peine tronqué au sommet. La cavité est entière, et l'on y voit très-bien que les cloisons sont bien plus rapprochées et beaucoup plus concaves vers le sommet qu'à la base. L'étui a mal- heureusement été usé et gratté en dehors, de sorte qu'il est assez difhi- cile de juger positivement de sa forme. Toutefois on peut voir que la surcharge du sommet égale à peine la longueur de la cavité; que celui- là est assez aigu; que celle-ci se dilate rapidement, et que l'enfon- cement de la dernière loge devait être assez peu profond. Tout est rempli d'oolithes ferrugineuses. (Voyez pl. V, fig. 20.) Dans la collection de M. Desnaïrs existe un alvéole, c'est-à-dire un moule de cavité de bélemnite qui est régulièrement conique, dont les traces du siphon forment des espèces de renflemens trian- gulaires pour chaque loge, et qui n’est formé que par douze calottes, quoiqu'il ait une longueur de 78 millimètres sur un diamètre de 0,055. En le rapportant à cette espèce, comme cela est fort probable, on voit qu’elle est susceptible d'atteindre une très-grande taille. M. pe Roissy m'a appris que dans un village de Bourgogne les enfans se servent de ces bélemnites au lieu de quilles, tant elles y sont communes. 94 MÉMOIRE 33. La BÉLEMNITE CYLINDRIQUE, B. cylindricus. (PL. 3, fig. 10 —10&). Coquille droite , fort longue, cylindrique ou décroissant très-peu de la base au sommet; celui-ci très-obtus, tout-à-fait médian, sans aucun indice de sillon quelconque ; cavité peu considérable propor- tionnellement avec la longueur du sommet. Observations. J'ai observé un troncon d'un individu que je rap- porte à cette espèce dans la collection de M. C. Prévosr: il offrait une partie de la cavité; sa transparence cornée égalait presque celle de la bélemnite de Meudon, tandis que des échantillons du cabinet de M. Desnaiss avaient un aspect blanchätre. M. pe Roissy m'a montré un troncon de sa collection qui a éga- lement l'aspect corné, dont la longueur est de vingt-cinq lignes sur un diamètre d'une hgne et demie au plus. Un autre troncon d'une bélemnite également cylindrique existe dans la collection de M. Desnaïrss : il est plus complet, puisqu'il offre une partie de la cavité et un commencement d'apointissement; mais il indique toujours une bélemnite fort longue et presque tout-à-fait cylindrique , sans sillon ni cannelure. Ce tronçon vient des environs de Nancy. Wazcn, qui établit une division des bélemnites cylindriques, dit que, lorsqu'elles sont tronquées au sommet, elles ressemblent à de petits bâtons droits, et que celles d’une grosseur médiocre ont en- viron six lignes de diamètre. Il en cite une à pointe aiguë, KLEIN, tab. VIIT, fig. 6 — 10; et Eurnarr, fig. 6. Une à pointe aiguë et alongée, KLEIN, tab. VIE, fig. 5. Une à pointe émoussée et arrondie, KLEIN, tab. VIE, fig. 1; et tab. VIIE, fig. 8; Bruckmann, tab. X VI, fig. 8, 9,10. J'ai trouvé dans des débris de bélemnites que m'a confiés M. Des- NoyErs, des fragmens d'une espèce grosse comme une plume, et tout-à-fait cylindrique, sans sillons; ils appartiennent peut-être à la Bélemnite aiguille, B. acuarius de M. DE SCHLOTTHEIM. SUR LES BÉLEMNITES. 05 34. La BÉLEMNITE ALONGÉE, B. elongatus (Mi. ). (PL 4, fig. 6.) Copiée de Mirer, loc. cit., pl. 7, fig. 6, 7, 8; PLorr, Phil. transact., vol. 54, pl. 17, fig. 4, et Abrégé, vol. 12, pl. 3, fig. 8. Coquille alongée, déliée ou effilée, se terminant en pointe coni- que, lisse, sans sillons dans aucune partie de son étendue; cavité grande , conique, parfaitement axée; cloisons nombreuses et peu concaves; couleur d’un brun foncé. Du Zias et du Lias-clary. A Lyme, dans le comté de Dorset. Observations. C'est encore une espèce que je ne connais que d'après ce qu’en dit M. Miccer, et malheureusement ce qu'il en dit est fort peu de chose, en sorte que j'ai été obligé d'y suppléer par l'inspection de la figure. Ce que je ne concois pas dans cette figure, c'est la manière dont les calottes empilées, qui constituent l’alvéole, dépassent de beau- coup la cavité de la coquille ou du tube, dont les bords sont ce- pendant assez amincis pour croire que le péristome est parfait. Peut- être le dessinateur a-t-il exagéré cet amincissement, et le bord de- vrait-il être prolongé au moins jusqu'à l'extrémité de Palvéole, et bien plus loin dans ma manière de voir. Si réellement cette espèce n’a pas de sillons terminaux, elle est bien complétement nouvelle. 35. La BÉLEMNITE TRÈS-LONGUE, B. longissimus ( MrLr.). (PL. 4, fig. 7.) Mie, loc. cit., pl. 8, fig. 1— 2. Coquille très-gréle, très-effilée, fort longue , tout-à-fait lisse, sans traces de sillons et terminée par une pointe conique; cavité subaxée; sommet extrêmement surchargé ou fort éloigné de la cavité; couleur d'un brun jaune et plus communément encore opaque. Du blue Lias et de l'argile du Lias. MÉMOIRE 96 À Lyme-Regis, dans le comté de Dorset. Observations. Je ne connais cette espèce que d’après la courte description et la figure de M. Mizzer; malheureusement l'une et l'autre sont fort incomplètes. Y a-t-il ou n'y a-t-il pas de sillon apicial? S'il y en a, alors j'ai vu dans la collection de M. Desnaies une bélemnite qui se rapprocherait beaucoup de celle qu'a figurée M. Mizzer, et dont je n'avais fait qu'une simple variété de ma bélem- nite bicanaliculée; s'il n’y en a pas, c’est bien une espèce nouvelle, assez voisine de la bélemnite eflilée de M. Mizcer. 36. La BÉLEMNITE AIGUILLE, B. acuarius. (PL 4, fig. 10.) De ScuLorrmeim, Petrefact., n.° 2. Coquille extrêmement alongée, très-gréle, de la grosseur d'un tuyau de plume dans la plus grande partie de son étendue, et s’élar- gissant subitement d'un AApoR vers l’alvéole. Du calcaire jurassique ? Du pays d’Altorf, et de Lyme-Regis en Angleterre. Observations. Je ne connais cette espèce que par cette simple note de M. DE ScHLorTHEIM, qui se borne à ajouter qu'elle paraît avoir un pied de long, que très-rarement elle est libre, et qu'il en possède deux échantillons. J'avais d'abord supposé que ce pourrait bien être la même espèce que celle à laquelle j'ai donné le nom de B. fistulosus ; ensuite il m'avait semblé plus probable qu'elle se rapprochait davantage du B. longissimus de M. Micrer; mais, depuis que j'ai vu la partie in- férieure d'une bélemnite rapportée d'Angleterre par M. BERTRAND GESLIN, je la crois distincte. Celle que j'ai vue est en effet de la grosseur d'un tuyau de plume, et inférieurement elle se dilate un peu en trompette. Quoiquà peu près cylindrique, cependant on voit, en l'examinant attentivement, qu'elle a une subcarène arrondie de chaque côté avec une trace de sillon. En outre, on trouve à la base de chaque côté opposé une petite crête irrégulière : elle est d’un brun subroussâtre. SUR LES BÉLEMNITES. 97 J'ai observé dans la collection de M. D'OrgIGNY, à La Rochelle, la base d'une bélemnite de cette espèce : elle provient de Charon, dans le pays d’Aunis. 37. La BÉLEMNITE OMBILIQUÉE, B. umbilicatus. (PL 3, fig. 11—11aet114.) Coquille droite, assez longue, subcylindrique et cependant un peu hastée, étant un peu plus large avant le sommet qu'au-dessus de l'ouverture; coupe subcirculaire ou mieux subtétragone ; axe mé- dian dans toute la longueur de la coquille ; le sommet médian et évidemment ombiliqué; cavité médiane; un indice de méplat de chaque côté avec une légère dilatation à la base. Du calcaire argileux à gryphées arquées. De la Basse-Normandie. Observations. Cette espèce a certainement quelques rapports avec la variété de la bélemnite bicanaliculée, dont les sillons sont peu marqués; mais elle est évidemment encore plus grêle, plus alongée, et le sommet, d’ailleurs, est tout-à-fait différent. J'en ai vu un échantillon presque complet dans la collection de M. Deswoyers; il provenait du calcaire argileux à gryphées arquées de Vieux-Pont, près Bayeux, où il avait été trouvé avec des indivi- dus de la variété ci-dessus de la bélemnite bicanaliculée. Un autre échantillon de cette espèce se trouve dans la collection de M. DErrAnce : il vient de la même localité que celui de M. Des- NOYERS. ; 38. La BÉLEMNITE CLAVIFORME, B. clavatus. (PL. 3, fig. 12—12a, 120,120.) Coquille épaisse, assez courte, à coupe circulaire, subtétragonale, ou un peu déprimée, étroite à sa base et se renflant vers le sommet, qui est médian, obtus et très-surchargé; aucune trace de cannelure ni de sillon; cavité conique, à axe central et à bords presque égaux, quoique assez loin du péristome complet. Des environs de Nancy. 13 98 MÉMOIRE Observations. Je connais cette espèce d'après six individus de la collection de M. DesxaiïEs, qui proviennent de Nancy; quatre d'entre eux sont fort petits et bien semblables : aucun ne n'a offert de cavité, étant coupés carrément à la base. Les deux autres individus sont le double environ: l'un est un peu comprimé, tandis que l'autre est à peu près carré; tous deux ont une partie de leur cavité, sans cependant offrir d'indice de canne- lure, en sorte qu'on ne peut les rapporter à la bélemnite hastée, ni même à la semi-hastée, dont ils se rapprochent davantage : en effet, ces deux espèces ont toujours une cannelure, même quand elles n’ont pas encore de cavité. Ne serait-ce pas tout simplement un jeune de la bélemnite dila- tée ? elle en a en effet presque tous les caractères, sauf la compres- sion et l'élargissement, qui sont assez sujets à varier. 39. La BÉLEMNITE PISTILLIFORME, B. pistilhiformis. CPL 5, fig. 14, 15, 16,17.) Coquille très-lisse, allongée, à coupe circulaire ou ovale dans toute sa longueur, plus ou moins rétrécie à sa base, et renflée en forme de pistil d’arum dans le reste de son étendue ; sommet tout-à-fait mé- dian ; cavité probablement très-petite, mais entièrement inconnue. Du calcaire jurassique. A Castellane, dans les Basses-Alpes ; à Esnandes, dans le pays d'Aunis; à Pouilly, en Auxois; dans un véritable blue Lias, d'après un individu de la collection de M. Derrance. Observation. Cette espèce ne diffère peut-être pas beaucoup de la Bélemnite claviforme, si ce n’est parce qu'elle est plus rétrécie à la base, et bien plus alongée. Elle me parait offrir plusieurs variétés qu'il est bon de signaler. Tous les individus de Castellane offrent une coupe parfaitement circulaire; mais les uns (fig. 15) ont bien la forme du pistil de larum, tandis que d’autres sont beaucoup moins élancés, et ressem- blent davantage à certains bätons d'oursin, comme on peut en juger d’après la figure 14. SUR LES BÉLEMNITES. 09 Ceux que j'ai vus d'Esnandes sont, au contraire, quelquefois assez fortement comprimés à la base ( fig. 17). ko. La BÉLEMNITE DILATÉE, B. dilatatus. PI1.3, fig. 13—13&, 13 4, 13c, 13d,13e. > NE Coquille extrêmement comprimée, ou beaucoup plus haute que large; la plus grande hauteur étant presque tout-à-fait au sommet, et diminuant ensuite à mesure qu'on approche de l'extrémité anté- rieure; sommet obtus, bien plus dorsal que ventral: le reste à peu près inconnu. À Saint-Geniès de Dromont, près Castellane, Basses-Alpes, d’après M. Rozay ; d'Esnandes, département de la Charente inférieure, dans le calcaire jurassique, d’après la collection de M. »'OrB1Gny. Observations. C'est une espèce que je ne connais que d’après un petit nombre d'échantillons plus ou moins tronqués; un seul m’a offert des traces de cavité : c’est celui de la collection de M. Desnarss. Le plus gros individu de la collection de M. BRONGNIART avait le sommet très-inférieur, tandis qu’un beaucoup plus petit et plus com- plet l'avait médian. Il sera donc possible d'en faire deux variétés distinctes : A. Les individus dont le sommet n’est pas médian et qui sont bien plus larges, fig. 13 b et 13 d. B. Ceux qui, ayant seulement une forme spatulée, ont le sommet médian, fig. 13 a. J'en ai vu un petit individu chez M. BronGnIaART et un plus grand, qui avait le même caractère, chez M. MENARD DE LA GROYE. Il y en a un de figuré pl. LV, 354, du Traité des pétrifications de BourGuET. Ne serait-ce pas cette espèce que Warcx désigne sous le nom de Belemnites fusiformes, plus grosses vers le milieu que vers les extré- mités : il ne dit cependant pas qu'elles fussent comprimées. Je crois qu'il faut aussi rapporter à cette espèce celle que M. Beu- DANT a représentée (loc. cit., fig. 10); elle est bien régulièrement 100 MÉMOIRE dilatée, comprimée; son sommet est assez pointu et médian : cet individu ne présentait du reste aucune trace de cavité. La collection du Muséum au Jardin du Roi possède plusieurs individus de cette espèce de bélemnite; mais ils ne se ressemblent aucun, si ce n est en cela que tous font comprimés, dilatés et sans trace de cavité; l'un est arrondi à son sommet, un autre a au contraire une pointe assez prononcée. Il y en a même qui ont un sillon peu marqué sur une des faces; mais ces individus pourraient bien n'être que des variétés de la bent hastée : j'ai observé deux autres individus de cette variété dans la collection de M. DErrANCE; mais ni l'un ni l'autre n'avait la même forme. Je donne, dans la planche 5, fig. 18, la figure d’une variété de cette espèce qui vient de Mende, département de la Lozère, et qui fait partie de la collection de M. Marin. Elle est remarquable par la forme de son sommet tout-à-fait arrondi. G. Espèces à cavité beaucoup plus grande proportionnelle- ment, cloisonnée , siphonée, sans. fissure , cannelure, ni sillons, ha. La BÉLEMNITE FISTULEUSE, B. fistulosus. Knore, part. Il, pl. 1, fig 5—6;.cop. PI 5, fig. 15. Coquille subcylindrique, fort longue, à sommet médian, obtus, probablement sans sillon ni cannelure ; cavité extrêmement grande, se rapprochant beaucoup du sommet, peu surchargé à axe médian; ouverture circulaire, à bords extrêmement minces et tranchans, et par conséquent terminée. Dans un marbre gris verdätre probablement très-ancien. Observations. C'est une espèce que je ne connais que d'après les deux figures citées de Kworr : elle me paraît distincte de toutes les autres espèces par la grande étendue de sa cavité. Cependant il est bon de faire observer qu’elle est bien plus prolongée dans l'une que dans l'autre; peut-être cela tient-il à l'âge et à la grosseur. Quoi qu'il en soit, la figure de Knwonkr est faite d'après une coupe selon SUR LES BÉLEMNITES. 101 Jaxe d’une bélemnite changée en spath rougeñtre contenue dans un marbre gris tirant un peu sur le vert, dont on ignore l'origine. 42. La BÉLEMNITE oBTUSE, PB. obtusus. Kxorr, Suppl., tab. 4 f, fig. 2; cop. PL 3, fig. 14. Coquille très-courte , grosse, arrondie ou hémisphérique au sommet, s'évasant un peu vers la base; cavité presque aussi grande que la co- quille , dont le sommet est à peine plus surchargé que les parois : cloisons peu concaves. De Lauffenbourg. Observations. Je ne connais encore cette espèce que d’après la figure citée de Kwork, faite d’après une moitié de bélemnite fendue dans sa longueur et provenant de Lauffenbourg : elle avait fait partie du cabinet de KLEIw. WaLcx fait la juste observation que cette bélemnite doit former une espèce bien distincte : elle offre en effet cela de remarquable, que c'est presque un passage aux véritables orthocérates. Aucune des collections de Paris ne m'en a offert de morceaux. H. Espèces mal ou.incomplétement connues. 43. La BéLEMNITE PIEU, B. paxillosus. Kvorr, Petrefact., tom. IT, sect. IT, pl. 1, fig. 3—4, et BREyNIUS, Com- ment. de belemn., tab. 5, fig. 3—4,. Observations. M. DE ScHLOTTHEIM dit que cette espèce se trouve dans un grand nombre de pays, et particulièrement dans ceux de Gœttingue, de Wurtemberg, d’Altdorf, d'Arau dans la Suisse, de Gundershoffen (Bas-Rhin), d'Aix-la-Chapelle, etc. (en effet il en a quarante exemplaires); qu’elle est tantôt libre, tantôt prise dans la roche, et qu’elle paraît appartenir aussi bien au calcaire alpin qu'à celui du Jura, au muschelkalk en couche, à la craie et au grès nouveau. Mais il y a sans doute ici quelque confusion, et il n'a pas plus étudié son gisement que ses véritables caractères : en effet, il ne paraît pas 102 MÉMOIRE certain ni de l'existence d’une rigole*, ni de la forme du sommet; aussi lui paraît-il difficile de dire si elle diffère réellement de la bélemnite mucronée, qui est tout autre chose, puisque cest une bélemnite de la craie. La figure 4 de Kwnork paraît avoir eu deux cannelures apiciales, comme le fait justement observer WaLca; aussi ne serais-je pas éloigné de penser que c'est le B. giganteus ou mon B. compressus: elle semble cependant assez peu comprimée. Quant aux figures > — 3, il n’est pas aussi certain que ce soit la même espèce : elles n'indiquent en effet qu'un troncon sans sommet et avec une partie de la cavité, dont la forme est toute différente que dans celle du n° 4, surtout parce qu'elle est bien plus éloignée du sommet. Ainsi il mest absolument impossible de dire ce qu'est la bélemnite pieu de M. DE SCHLOTTHEIM, et qui parait être si com- mune en Allemagne. M. pe Lamarck qui, le premier, a désigné une bélemnite sous le nom de B. paxillosus (Anim. sans vert., 1.” édit., p. 104), ne l'a pas définie; mais s'est borné à lui rapporter les figures 2 — 13 de KLEIN (De tubulis marinis, tab. 8), et les n° 1 — 14 de la tab. 1 de la Dissertation de BREYNIUS. 44. La BÉLEMNITE ELLiIPTIQUE, B. ellipticus ( Miur. ). Ki, Tub. mar., tab. 9, fig. 3—4; Kworr, Monum., vol. III, Suppl., tab. 4, fig. 5—4; Muier, loc. cit., tab. 8, fig. 14— 17. Coquille très -alongée, elliptique, terminée par une pointe mu- cronée , opaque, d'un brun grisâtre. Des mines de fer de Furstenberg, d'après Korn. De l'oolithe inférieure en Angleterre, d'après M. Mrccer, pour les deux variétés. Observations. M. Mizer, dans ses observations sur cette espèce, dit qu’elle devient très-grande et très-longue, entièrement opaque et de couleur d’un brun jaunätre. * Cependant il cite la figure de Kxorr, qui en a une au sommet, SUR LES BÉLEMNITES. 103 Il ajoute que dans son état adulte ou d’accroissement complet, elle est en général ronde, mais que par l'application de nouvelles couches elle devient elliptique. C’est d’après cette hypothèse qu'il en forme deux variétés; lune, qui est moins elliptique et qui se ter- _ mine en pointe conique, et l'autre, qui est elliptique avec le sommet mucroné. Cette espèce me paraît n'être que ma bélemnite géante; cepen- dant M* Mizcer ne parle pas des deux méplats qui s'y remarquent sur les côtés; ou bien, mieux encore, ma bélemnite comprimée, quoique l'auteur anglais ne dise rien des deux sillons apiciaux. 45. La BÉLEMNITE PoLYFoRÉE, B. polyforatus (DE SCHLOTTHEIM). Kwork, part. II, sect. IT, tab. 1, fig. 6; cop. PL. 4, fig. 9,9a,9b; Acamus polyforatus; Denys DE Monrrorr, loc. cit., tom. I, pag. 375. M. pe ScaLorrneim, en dénommant cette espèce, se borne à dire qu'elle se distingue des autres par sa pointe ayant une ouverture en forme d'étoile, entourée de plusieurs points profonds, et qu'elle appartient à ces espèces très-rares qui demandent un examen plus approfondi. Il en possédait un individu provenant de Gundershoffen (Bas-Rhin). Denys pe Monrrorr ne cite pas pour type de cette espèce la même figure de Kworr que M. pe ScuLorrHEIM, mais bien les figures 1, 2 et 3 de la même planche, qui représentent évidemment une bélem- nite altérée au sommet, et c'est de cette altération même que le conchyliologiste francais a tiré les caractères de son genre Acame. Cest cette bélemnite que M. DE ScaLOTTHEIM rapporte à son B. pe- nicillatus. N'ayant vu que les figures de Korn, dans l'explication desquelles WaLca, ou mieux D'ANNONE, ne dit absolument rien, il est très- difficile de déterminer si cette bélemnite, évidemment altérée, appar- tient à une des espèces précédentes. Je crois cependant voloftiers que c'est une petite B. gigas tronquée au sommet. 104 - MÉMOIRE 46. La BÉLEMNITE IRRÉGULIÈRE, B. irregularis (LEON®.). Man. min. de LEeoNHaRD , 7. ann., tab. 5. fig. 2 a, Bb, c. Coquille plate, ronde, alongée ; sommet ombiliqué, avec un tuber- cule pointu, élevé dans le milieu, et tout près d'une rigole commen- cant comme à l'ordinaire. Observations. M. DE SCHLOTTHEIM possédait onze individus de cette espèce, qui pourraient bien être mon B. dgitalis ? Ts étaient bien conservés et provenaient des environs d'Altdorf, d'OEttingen et de Closterbanz, dans la formation jurassique. LE serait-ce pas plutôt ma bélemnite dilatée, B. dilatatus ? SECTTON'VE Résultats généraux et application à la géologie. Les résultats généraux de ce travail sont historiques, zoologiques et géologiques. Comme résultats historiques nous trouvons les faits suivans : AGricOLA, en 1546, parle le premier“, d'une manière évidente, des corps qu'on désigne aujourd'hui par la dénomination de bé- lemnites. Le même auteur emploie le premier ce nom, qui n'était par con- séquent pas connu des anciens Grecs. C Gesxer en donne la première figure reconnaissable en 1565. CésaLrix en soupconne la nature organique, que Lister établit positivement un siècle plus tard, en abandonnant ainsi l'idée d'un lusus naturæ, où mème de la formation dans un moule produit par PA corps Organisé. * Je suis obligé de dire cela, parce que je n’ai pu réussir à trouver un auteur plus ancien qui en ait parlé; mais je suis cependant à peu près certain qu’il en existe et que le mot bélem- rule n'a pas été inventé par cet auteur. Vs EU ET RE RAA TR ‘: SUR LES BÉLEMNITES. 10 Enrnarr d'un côté et Rosinus de l'autre confirment l'opinion de Césazrin et de Lisrer, et commencent à apercevoir son analogue dans la nature vivante. LacHmanN commence à recueillir et à figurer les espèces; FAURE Bicurr et M. pe ScLoTTHEIM distinguent incomplétement peut-être encore les espèces de leur collection, les dénomment et les carac- térisent, ce que fait encore mieux M. Mizzer. M. DErrance, enfin, commence à appliquer cette distinction à la connaissance des différentes couches de la terre où on les rencontre. Ainsi, malgré le grand nombre de personnes qui se sont occupées des bélemnites, il a fallu plus de trois cents ans pour amener leur histoire au point où elle est aujourd'hui. Comme résultats zoologiques : 1. Les bélemnites sont des coquilles intermédiaires aux os de sèches et aux coquilles polythalames véritables des nautiles et des spirules ; il n’est pas sûr cependant qu'elles aient appartenu à des animaux semblables à ceux des sèches. Comme les premiers, elles étaient tout-à-fait internes, ainsi que le prouvent les impressions vasculaires qu'on remarque sur certaines espèces, et leur mode d’accroissement; et, comme dans les secondes, une partie de l'animal était contenue dans la dernière loge de la cavité cloisonnée ou non, dont elles sont ordinairement creusées à leur base. ® Toutes sont formées de couches ou de cônes extrêmement minces, qui semboitent les uns les autres comme des cornets de papier; mais la plus nouvelle, la plus grande en dehors, la plus petite , la plas ancienne en dedans, de manière à ce que les stries d’accroissement ne sont visibles qu’à la base, ou à l'intérieur de la cavité, au contraire de ce qui a lieu dans É coquilles ordinaires , et même dans le nautile et la spirule. . 3° Le nombre des espèces qu il m'a été possible de caractériser est d'environ cinquante; mais je ne puis pas assurer qu'il n'en existe pas davantage, même dans notre Europe, à plus forte raison dans les autres parties du monde. 4° En suivant l'augmentation de la cavité des bélemnites, depuis les espèces où elle paraït être toujours nulle à tous les âges, jusqu'à celles où elle s'accroît au contraire tellement que l'épaisseur des 14 106 MÉMOIRE lames dont le sommet est surchargé, est à peine plus grande que dans la circonférence de la cavité, on passe insensiblement aux or- thocératites véritables, dont les caractères principaux sont la minceur des parois, ce qui empêche peut-être de voir leur structure radiée , l'étendue de la cavité du sommet à la base et la position latérale du siphon. Quant à celles dont le siphon est médian , elles paraissent devoir former une division générique particulière. 5° Dans l’état où nous connaissons les bélemnites, elles ont été altérées dans leur structure organique et dans leur structure miné- ralogique : elles sont évidemment spathifiées; mais la coquille elle- même est restée. 6° Ce qu'on nomme l'alvéole des bélemnites est au contraire un moule de substance minéralogique très - variable, qui s’est formé a tergo ou par infiltration dans la cavité de la bélemnite, et qui en représente la forme et la disposition. 7° Toutes les bélemnites n’ont cependant pas nécessairement une alvéole, ce qui est certain pour les espèces pleines, et cette alvéole n'a pas toujours la même structure : ainsi dans les espèces de la craie il parait qu'il n’en existe pas, ou quelle est toujours formée par la substance de la roche, sans indice d’articulations, au contraire de ce qui a lieu dans les autres, où elle est composée souvent d'espèces de calottes empilées les unes dans les autres, adhérentes ou plus ou moins libres, suivant l'état de conservation des cloisons entre les- quelles elles se sont formées. ; Pour résultats géologiques : 8° Je connais des bélemnites de presque toutes les parties de notre Europe; mais je n’en ai pas encore vu des autres parties du monde. Il est maintenant certain qu'il en existe au moins en Amé- rique, dans le versant oriental de notre grand bassin de la mer Atlantique, qui offre cette particularité d’avoir beaucoup d'espèces vivantes ou fossiles, à peu près analogues à ce que nous connaissons dans le versant occidental ou européen. 9° En Europe même, tandis que la Suède, la Norwége, le Dane- marck, toutes les parties de l'Allemagne, la Russie, l'Angleterre, les Pays-Bas, la France, l'Espagne même présentent souvent en abondance quelque espèce de bélemnites ; l'Italie, ni même la Sicile, , es RE See SUR LES BÉLEMNITES. 107 ne semblent pas en contenir, du moins il paraît qu’elles y sont fort rares. En effet, en compulsant avec quelque soin les auteurs italiens assez nombreux qui ont parlé de ce- genre de corps, je n’en vois cités qu'aux environs de Bologne, et MM. MÉnARD DE LA GROYE et BerrTranD GESsLIN, qui ont voyagé long-temps dans ce pays, n’en ont pas rapporté une seule, et celui-ci m'a fait expressément cette observation. : 10. On a trouvé des bélemnites dans tous les terrains de sédi- ment, depuis le terrain houiller exclusivement, jusqu'au terrain de craie inclusivement. Jamais on n’en a encore rencontré dans les terrains schisteux, ni même dans le calcaire alpin. Jamais encore on n'en a trouvé dans les terrains supérieurs à la craie. Dans le premier cas elles semblent suppléées par les orthocératites, dans le second par les béloptères, c'est-à-dire, des corps crétacés qui offrent déjà une bien plus grande analogie avec ce que nous con- naissons d'existant aujourd'hui à la surface de la terre, ou bien par de véritables sépiostaires , comme on en trouve certainement dans le calcaire de Pappenheim; ce qui prouve en passant que ce calcaire est bien moins ancien qu'on ne le croit ordinairement. 11. La formation crayeuse est caractérisée par les espèces parti- culières de bélemnites qui constituent nos trois premières divisions, comme M. DErRANcE l'avait déjà observé pour l'une d'elles. Peut-être même chaque membre de cette formation l'est-il par quelque espèce particulière , la bélemnite de la craie chloritée différant notablement de celle de la craie supérieure. Malheureusement je n'ai pu me pro- curer des renseignemens géologiques suffisans pour établir les rap- ports de telle espèce avec telle partie de la formation. 12.0 Je n'ose encore assurer que les terrains de sédimens antérieurs à la craie soient dans le même cas, c’est-à-dire que chaque forma- tion, ou chaque membre de formation, soit caractérisé par une division ou même une espèce particulière de bélemnites; cependant cela est probable. 13° L'étude des espèces que jai caractérisées m'a conduit à ce singulier résultat, que plus leur cavité est grande, ou plus elles se rapprochent des véritables orthocères, plus elles sont adhérentes 108 MÉMOIRE et confondues avec la roche qui les contient, plus elles sont an- ciennes ; par contre, plus la cavité diminue, plus le sommet se sur- charge, plus elles sont libres dans leur gangue, et plus elles appar- tiennent à des terrains nouveaux. 14° J'ai cru également remarquer que plus de appartiennent à des terrains de sédiment nouveaux, plus leur structure est évi- demment fibreuse, et qu'au contraire plus elles viennent de terrains anciens, moins cette structure est sensible et devient au contraire cristalline ; c’est ce que m'a confirmé bien clairement M. ÉLIE DE BraumonrT, en me montrant les bélemnites dont sont lardées en quelques endroits les roches cristallines de la Tarentaise. Ainsi l'état plus ou moins cristallin de la gangue à une influence manifeste sur la structure actuelle de la bélemnite : n'en pourrait-on pas conclure que ces coquilles sont naturellement fibreuses ? 15° De ce qu'on trouve des bélemnites, quelquefois de la même espèce, réunies en très-grande quantité dans un espace souvent assez circonscrit, il n'en faut pas conclure que les animaux dont elles fai- saient partie vécussent ensemble et en troupes ; mais que leurs dé- pouilles ont été entrainées par quelque courant, rassemblées par quelque remou, comme nous le voyons encore aujourdhui pour les os de sèches, et en effet elles sont presque toujours mutilées. M. Consranr Prévosr m'a même fait faire à ce sujet l'observation que les bélemnites des couches vaseuses, ou dont la finesse et l'ho- mogénéité annoncent des dépôts tranquilles, ne sont pas aussi fré- quemment mutilées que celles des couches non homogènes des cal- caires oolithiques inférieurs, par exemple. 16° Les têts parasites que l’on rencontre assez souvent adhérens à la surface des bélemnites, ne sont pas nécessairement leurs con- temporains : en eflet, il est possible de concevoir que les bélemnites ayant pu se trouver long-temps au fond de la mer depuis leur mort et à découvert, des animaux parasites beaucoup plus récens qu'eux ont pu s'y attacher; cest ce dont on voit un exemple évident aux Vaches-Noires, sur la côte de la Basse-Normandie, où des coquilles actuellement vivantes s'attachent sur des bélemnites à découvert dans le terrain de calcaire argileux qui forme le rivage de la mer. SUR LES BÉLEMNITES. 109 SUPPLÉMENT. J'avais dessein de faire comme supplément à ce travail sur les bélemnites l'examen des deux genres de corps organisés fossiles, l'un que j'ai dit faire le passage aux os de sèches, et l'autre auquel les bélemnites conduisent, c'est-à-dire les orthocères ; malheureusement des travaux plus pressés me forcent de renoncer en partie à ce projet, et je vais me borner à dire quelque chose sur les fossiles que M. Des- HAIES a nommées Béloptères, et dont la description complète en- trera nécessairement dans son ouvrage sur les coquilles fossiles des environs de Paris, que nous regrettons beaucoup de voir suspendu. J'y joindrai cependant la distinction de quelques autres corps organisés fossiles qu’on serait tenté de rapporter, mais à tort, ce me semble, aux bélemnites et même aux béloptères. Pour bien entendre la définition du genre Béloptère, je vais commencer par donner celle d'un os de sèche, que je nommerai SÉPIOSTAIRE. Coquille crétacée intérieure, symétrique, ovale, très-déprimée, droite ou non enroulée; à sommet médian, plein, solide, à peine un peu recourbé en dessous; cavité très-large et extrêmement peu profonde; ouverture aussi grande que la coquille, à péristome con- tinu, formé par une expansion submembraneuse, se prolongeant et bordant une avance clypéacée considérable, épaisse, convexe sur les deux faces du bord supérieur et antérieur. Cette définition bien entendue, voici celle du BéLorrÈre, Beloptera. Coquille intérieure, crétacée, symétrique, droite ou non enroulée; à sommet médian, très-épais, solide, très- surchargé en arrière; cavité conique, grande, plus ou moins profonde, et fermée en dessous, avec des cannelures transverses ; ouverture obli- que, à péristome continu, et augmentée par une expansion simple ou double et aliforme, mais toujours sans prolongement clypéacé antérieur. Je connais déjà au moins trois espèces de ce genre singulier, dont lune a été regardée avec juste raison par M. Cuvier comme analogue 110 MEMOIRE de la partie postérieure d’un os de sèche, opinion qui a été adoptée par M. »'OrBiGny dans son Tableau méthodique de la classe des Céphalopodes, et par M. DEFRANCE. GuerrarD avait depuis long-temps figuré ces fossiles dans la plan- che >, du Mémoire 7, du tom. V de ses observations ; malheureu- sement il n'en donne pas de description, et ses figures sont assez grossières. Quoiqu'il en parle comme de dents de poissons, cepen- dant il est aisé de voir qu'il doute fortement de ce rapprochement. Les espèces que je connais doivent être réparties dans deux sous- genres bien distincts, dont le premier rappelle beaucoup plus les sépiostaires et le second les bélemnites. A. Espèces dont les appendices aliformes développées sont réuntes en dessous du sommet par une plaque radiée qui les continue, et dont la cavité est un peu en forme de hotte. Le BÉLOPTÈRE DE CUVIER, BP. sepioidea. (PL 1, fig. 2, 2a, 26.) Guerra», loc. cit. , pl. 5, fig. 30. Sæpia Cuvieri, D'ORBIGNY, Céphalo- podes, pag. 66. Corps crétacé, triangulaire, à dos rugueux, à sommet comprimé, recourbé en en-haut, séparé du dos par une échancrure profonde; cavité en forme de hotte, incomplète inférieurement, l'ouverture s'évasant entre les appendices aliformes et la plaque radiée, recur- rente sous le sommet. Le BÉLOPTÈRE DE DEFRANCE, B. compressa. (PI. 4, fig. 10, 102— 106.) Corps crétacé, triangulaire, comprimé, beaucoup plus élevé que large, à dos rugueux; sommet conique, épais ; cavité complète ; ou- verture ovale, le diamètre vertical plus grand que le transverse, avec une grande plaque radiée en dessous, sans appendices aliformes dis- tinctes. ds SUR LES BÉLEMNITES. 111 J'ai observé ce fossile dans la collection de M. DErrance. J'ignore sa patrie. Il faut sans doute rapporter à cette division les fossiles figurés par GuEtrTarD , pl. 2, fig. 23, 24, 29 et 30; mais je n'ose assurer que ce soient des espèces différentes des deux que je viens de si- gnaler. La figure 23 a évidemment quelque ressemblance avec le béloptère de DErrance, comme la figure 30 avec le béloptère de Cuvier ; mais il se pourrait cependant que ce rapprochement ne fût pas exact: quant à la figure 29, elle semble indiquer une espèce bien distincte, parce que la cavité très-grande est bien complète, sans appendices aliformes et même sans plaque radiée; ce qui ferait le passage à la section suivante. B. Espèces dont les appendices aliformes sont distinctes, ou non réunies par une plaque radiée inférieure, dont la cavité est conique, complète, et le sommet dilaté en massue . un peu recourbé en dessous. (Ce sont les véritables bélop- tères. ) Le Bécoprère Desuarrs, B. belemnitoidea. (PL 1, fig. 3, 38, 3e.) GuerrarD, Meém. vol. V, pl. 2, fig. 11 et 12. Sæpia parisiensis, D'ORBIGNY, loc. cit. Corps ovale, un peu courbé en dessous, formé en avant par un tube conique, en arrière par un sommet en massue, et de chaque côté par un appendice aliforme qui semble réunir ces deux parties; des stries vasculaires sur le dos; cavité offrant la trace de cloisons et d'un siphon médian inférieur. Il est impossible, en voyant ce corps fossile, de n'y pas reconnaitre un passage évident vers les bélemnites; le tube offre même sur sa coupe la disposition radiée de ce genre de fossiles. Je l'ai observé dans la collection de M. Desuarss. Il provient du calcaire grossier des environs de Paris. On trouve en outre dans le sein de la terre des fossiles que l'on 112 MÉMOIRE serait tenté de rapporter aux bélemnites ou aux béloptères ; mais qui nous semblent en être véritablement très-différens. Les premiers ont une forme plus ou moins cylindrique, ou mieux sont coniques ; mais ne décroissent que très-insensiblement d’une extrémité à l'autre, de manière à ressembler presque complétement à certaines espèces de bélemnites : mais, en examinant leur structure, on voit aisément que ces corps, qui sont pleins, sans trace de cavité, n’offrent en aucune manière la structure radiée des bélemnites, et qu'ils sont formés par une sorte d'écorce peu distincte, entourant une partie granuleuse ou finement cristalline qui constitue toute la partie centrale. Cette structure me parait même aussi différente de celles des bélemnites que de celles des bâtons d'oursins; aussi nommerai-je, provisoirement du moins, ces corps que l’on peut confondre avec les bélemnites, Pseudobelus, et je caractériserai ce groupe de fossiles ainsi qu'il suit : PsEUDOBÈLE, Pseudobelus. Corps subcylindrique ou conique, très-alongé, à coupe circulaire, sans cavité, à cassure compacte ou subcrystalline , avec une sorte d'écorce peu distincte. Je connais déjà deux fossiles qu'on peut rapporter à ce groupe; mais il est probable qu'il en existe d’autres. Le PsEUDOBÈLE LISSE, P. lœvis. (PL 4, fig. 14—14a.) Corps fort alongé, longuement conique, coupe à peu près circu- laire ou mieux ovale, entièrement lisse. Je ne connais de ce corps qu’un troncon de deux à trois pouces de long, conservé dans la collection de M. De£rFrANCE: sa couleur est d’un brun foncé; sa pesanteur spécifique est plus grande que celle des bélemnites en général. Il est aussi beaucoup plus dur et d'un tissu bien plus compacte, dans lequel il est impcssible d'aper- cevoir aucune trace de couches ni de fibres, mais seulement une disposition cristalline très-serrée. SUR LES BÉLEMNITES. 113 Il vient de la montagne du Pilore, dans le département de la Vienne, probablement d'un terrain de sédiment ancien. Le PSsEUDOBÈLE STRIÉ, P. striatus. (PL 4, fig. 13— 134.) Corps conique , à coupe à peu près circulaire, à sommet mousse, obtus, strié dans sa longueur par des sillons quelquefois assez mar- qués, et dont deux ou trois sont plus profonds que les autres. C’est encore dans la collection de M. DErrAncE- que j'ai observé ce corps, qui a de même quelque ressemblance avec une bélemnite. Cest un troncon de dix-huit lignes environ de longueur, dont le sommet est un peu tronqué, et dont la base bien pleine offre un aspect serré, compacte, peu cristallin au milieu, avec une sorte d’écorce à la circonférence; sa couleur est d'un blanc jaunâtre. Ce fossile vient des environs de Valogne, en Basse-Normandie, et probablement de la craie chloritée, ou du moins il est resté un peu de cette substance dans quelques endroits de l'échantillon que j'ai observé. LE PsEUDOBÈLE BIPARTITE, P. bipartitus. (PL 5, fig. 19.) Corps cylindro-subtétragone, plus comprimé sur deux côtés, où règne un sillon profond qui semble le partager sur la coupe en deux parties inégales ; un troisième sillon peu prolongé sur un des petits côtés; aucune trace de stries sur aucun point. Ce fossile, dont je n'ai vu que quelques petits tronçons d'un pouce au plus de long, sur une ou deux lignes de diamètre, a été trouvé par M. ÉLre DE BEAumowT avec des petites bélemnites dans la montagne de Chadres, au sud de Serres, département des Hautes- Alpes, dans les couches les plus basses du premier étage du caleaire oolithique. M. »'OrB1GNY a aussi un troncon de ce fossile provenant de Castellane. 15 114 MÉMOIRE L'autre groupe de fossiles, dont je dirai aussi quelque chose dans ce supplément, serait à tort confondu avec les béloptères, dont ils n’ont aucun des caractères et avec lesquels on ne les trouve jamais, étant de terrains beaucoup plus anciens : j'en ai fait figurer un de la collection de M. DErrANcE dans ma planche 4, figure 11. Ce sont les RayncuouTHes de FaAurE-BiGuer, que l'on a assez généralement regardés avec BLUMENBACE, qui parait avoir eu le premier cette idée, comme des becs de sèches. Quoique le corps organisé fossile, re- présenté dans cette figure 11, n'ait réellement aucuns rapports avec les véritables dents de sèches, qui sont toujours cornées ou complétement membraneuses, tranchantes sur les bords, et par conséquent creuses, pour Finsertion des muscles qui les meuvent, on ne peut cependant pas nier que très-probablement c'était une pièce solide, servant d'organe masticateur, saisi dans une partie de son étendue, en forme de manche, par les puissans musculaires qui devaient le mouvoir, et dont le reste, formant une espèce de bec triangulaire, agissait par sa face plate sur les corps à broyer, tandis que dans les sèches il n'y a que les bords tranchans des dents et leur pointe qui puissent avoir quelque action. On pourra donc caractériser ainsi ce groupe de fossiles, auquel le nom de genre ne convient guères, puisque ce n’est qu'une partie et non un tout. RuyncnoirTHe, Rhyncholithes. Corps solide, calcaire, un peu alongé, sub-symétrique, convexe en-dessus, plat en dessous, et composé de deux parties continues : l'une antérieure triangulaire, convexe un peu en forme de bec court; l'autre postérieure, plus étroite, formant une sorte de manche un peu élargi en arrière. Il parait que l'on connaît déjà plusieurs espèces de ce groupe et qui toutes proviennent de terrains anciens. Celle que nous avons figurée, et que l'on pourra appeler le rhyncholithe lisse, À. htrudo, avec Faure-BicuEr, vient du calcaire coquillier des environs de Lunéville, à Richainvilliers, contenant des térébratules et des ammonites. M. GAïLLARDOT a donné, dans le tome IT des Annales des sciences naturelles, pl. 22, des figures nombreuses (15 — 26) de ce singulier fossile. SUR LES BÉLEMNITES. 119 M. »'OrBiGy, Annales des sciences naturelles, tom. V, pl. 6, fig. 2, ayant constamment rencontré une grande espèce de ces rhyncholithes avec le Nautilus gigas, a supposé que ce pourrait avoir été l'appareil masticateur des animaux de ce genre; mais ce n’est qu'une pure hypo- thèse, comme le fait justement observer M. DErrancr. L'autre fossile, représenté dans la pl. 4, fig. 12, en dessous, et dans la fig. 124 en dessus, a réellement quelques rapports avec nos bélop- tères; mais est fort éloigné de ressembler à un bec de sèche, Je proposerai de le désigner sous le nom de CONCHORHYNQUE, qui in- dique sa ressemblance avec l'extrémité d'une coquille bivalve, en forme de bec, peut-être de quelque genre voisin des Térébratules. On pourra le définir ainsi : ConcHorayNQUE, Conchoïynchus. Corps pierreux, solide, symétrique ou subsymétrique, triangulaire, élargi en avant, convexe en dessus, avec une bande médiane, relevée, également triangulaire, formant en arrière un sommet aigu, à peine incliné sur le bord, concave en-dessous, avec des cannelures obliques au bord postérieur et épais de l'ouverture. L'espèce figurée pourra être nommée le conchorhynque orné, C. ornatus, à cause de la double série de fovéoles obliques qui guillochent la bande dorsale. Le bord antérieur est malheureusement tronqué. De la marne argileuse du calcaire coquillier des environs de Lunéville. M. GAILLARDOT, qui a représenté ce corps organisé sous différens aspects, et d'après des échantillons plus ou moins bien conservés dans les fig. 3 — 14 de la pl. 22 du tom. II des Annales des sciences naturelles, dit que ce qui lui a donné l'idée quils pourraient avoir appartenu à quelque céphalopode, cest qu'ils se trouvent cons- tamment enveloppés d'une matière noire, ressemblant à de la suie ou à du noir de fumée, mélangée avec de l'argile, plus pure dans les cannelures et fovéoles du dos. 116 MÉMOIRE M. »'OrgiGny a fait de ce fossile une espèce de rhyncholithe sous le nom de Rhyncholithe de Gaillardot, À. Gaillardoti. Je terminerai enfin ce Mémoire sur les bélemnites, par dire que lon a trouvé dans le calcaire de Pappenheim des véritables Sépiostaires, absolument conformes à ceux que nous connaissons aujourd'hui. ADDITIONS ET CORRECTIONS. Page 1 ligne 4 d'en bas, au lieu d’argonautes, lisez nautiles. SECTION I" Zistoire de la Bélemnitologte. Page 6 ligne 5, au lieu de de Yambre, lisez du succin. — 13 — 31, au lieu d'argonautes, lisez nautiles. — 14 — 25, au lieu d'EsErHART, Lisez EHRHART. — 15 — 4, idem idem. — 15 — 32, au lieu d’argonautes, Lisez nautiles. — 21 — 21, au lieu d’amenée Usez amené. — 23 — 12, au lieu d'imidiscente, lisez iridescente. SECTION IL. De la natureet de la place des bélemnites dans la série. Page 27 ligne 33, après varier, ajoutez et. — 29 — 2, au lieu de l'argonaute, lisez le nautile. — 30 — 44 après la phrase qui se termine par a bien voulu me communiquer, ajoutez et quil nomme Béloptères. — 31 — 22, au lieu d’argonautes, lisez nautiles. SECTION IE Des modifications que les bélemnites doivent à leur séjour dans le sein de la terre. Page 34 ligne 12, au lieu de sa, lisez la. SECTION IV. De la distribution géographique et seoenos ee des bélemrutes. Page 49 ligne 12, ajoutez à cet alinéa ceux-ci : SUR LES BÉLEMNITES. 117 Depuis l'impression de cet article j'ai vu dans plusieurs collections de Paris, et surtout à l'École des mines, des roches de calcaire par- faitement cristallisé de la Tarentaise, qui sont lardées (c’est le terme, tant il y en a en certains endroits) de bélemnites indubitables, quoi- que la plupart du temps elles aient perdu leur structure fibreuse pour prendre la structure cristalline de la roche qui leur sert de gangue.* Ces bélemnites me paraissent même appartenir à l'espèce que j'ai nommée B. bisulcatus ; mais c'est ce que je ne voudrais pas assurer positivement, parce que je n'ai pu réussir à en trouver un échan- tillon qui m'ait offert les caractères de cette espèce d'une manière tout-à-fait évidente. Quoi qu'il en soit, voilà bien certainement des bélemnites dans ces roches, regardées comme appartenant à un terrain de transition. Mais ici, comme dans le cas du terrain salifère de Bex, ne serait-ce pas plutôt une preuve que ces prétendus terrains de transition doi- vent remonter assez fortement dans la série des terrains de sédiment? C'est l'opinion de M. Écie DE BEAuMoNT, qui, depuis plusieurs an- nées, a étudié avec soin la structure géognostique des Alpes, en re- montant pied à pied depuis les bords de la Méditerranée jusqu'à Grenoble et à la Tarentaise. Au reste, ce n’est pour ainsi dire que l'extension de la manière de voir de M. KerersreIN, et cela devait être, puisque celui-ci n’a entrepris les voyages alpins qui l'y ont con- duit, que sur les indications que lui avait fournies généreusement l'ingénieur francais, en lui faisant part de ses idées sur la modernité de beaucoup de terrains des Alpes, qu'il rapproche depuis plusieurs années du terrain de Lias des Anglais. Je ne dois cependant pas cacher que, malgré la présence des bé- lemnites dans le calcaire de la Tarentaise, plusieurs géologues dis- tingués ne les regardent pas moins comme des roches de transitign. Ainsi, suivant qu'on adoptera cette ancienne manière de voir, ou celle de MM. ELre DE BEaumonwr et KerErsrEIN, les bélemnites com- menceront à paraître dans les terrains de transition, ou seulement dans le blue Lias, membre du calcaire oolithique. * M. Êue pe Bgauwonr pense que l’état saccaroïde de ces bélemnites peut être dû à l’action de la chaleur des roches pyroxéniques qu’on trouve au-dessous et qui ont tout bouleversé. 118 MÉMOIRE M. Éure DE BrAUMONT a certainement trouvé des bélemnites dans les Alpes dans une couche située immédiatement au - dessus d’un terrain qui contient des empreintes végétales tout-à-fait semblables à celles qui sont si communes dans la formation houillère. Page 51 ligne 8. Les gryphites épineuses dont il est question en cet endroit, ne sont peut-être que des productus. SECTION V. De la classification des bélemnites. Page 57, avant-dernier alinéa, ajoutez aux personnes qui ont bien voulu me communiquer les bélemnites de leurs collections, M. Marin à Paris et M. »'OrB1Gny à La Rochelle. Page 65 ligne 17. M. DE Roïssy m'a fait l'observation quil est fort douteux qu'il y ait des bélemnites à Mantes. Page 65, à l’énumération des lieux où se trouve la bélemnite mu- cronée, ajoutez les environs de Saintes, de Cognac et de Péri- gueux. Page 67 ligne 5. La cannelure de la base de cette bélemnite est réel- lement assez longue et à peine bornée. Page 67 ligne 9. La bélemnite de la craie, dont il est question ici, ést la bélemnite mucronée. Page G9 ligne 12. Dundy, près Oxford, suivant M. MiLLER; mais ce doit plutôt être Dundry-Hill, près Bristol. Page 70, après la ligne 4, ajoutez : D'un véritable terrain de blue Lias, auprès des bains chauds de Digne, d'après M. ÉLie DE BEaumowr. Des environs de Mende, département de la Lozère. De Charon, département de la Charente inférieure. Page 71. Placez l'espèce suivante avant la bélemnite hastée : L 11”. La BÉLEMNITE CONIQUE, B. conicus. (PL 5, fig. 4.) Coquille fort petite, très-courte, conique, à sommet médian peu surchargé et peu aigu; base large, non rétrécie, avec une gouttière médiane prolongée ; cavité évasée, peu profonde, ayant un sillon dé chaque côté. = 7, SUR LES BÉLEMNITES. 119 Des couches les plus basses du premier étage du calcaire oolithique. Dans la montagne de Chadres, au sud de Serres, département des Hautes-Alpes. Observations. Quoique cette petite bélemnite, rapportée par M. . ÉuiE De BEaumonr, ait beaucoup de rapports avec ma bélemnite aigué, il me semble cependant qu’elle doit en être distinguée. Un des dix individus que j'ai vus, était creusé de trous obliques, comme le porodrague. Page 72, ajoutez à la fin de l'article de la bélemnité hastée l'alinéa suivant : IL faudra peut-être distinguer comme espèce, ou au moins comme une variété, une bélemnite de couleur subcornée, hastée, un peu déprimée , et avec un grand sillon ventral ; mais qui est beaucoup plus grêle, plus élancée, moins élargie vers le milieu que la bélem- nite hastée. Elle est représentée pl. V, fig. 3. J'en ai vu un individu provenant du blue Etas en Angleterre, et un autre des couches supérieures de Charon, dans le pays d’Aunis. Page 73 ligne 27, au lieu de Courgeourt, Zsez Courgecourt. Page 74, à la fin de l’article sur la bélemnite semi-hastée, ajoutez : Je regarde encore comme des monstruosités de cette espèce les deux bélemnites que j'ai fait figurer pl. V, fig. 1 et 2 : l’une est forte- ment mucronée et régulière; l'autre, dont l'extrémité renflée se re- courbe un peu vers le dos. Elles viennent du calcaire tufau et sont dans le cabinet de M. Mizcer, d'Angers. Page 75, après la ligne 18. Pour excuser l'espèce de contradiction qui existe entre ce paragraphe et le dernier de la même page, il suflit de voir qu'ils ont été écrits à des époques très-différentes, et que cette jolie espèce, que je n'avais pas vue, m'a d’abord été communiquée par M. BerrranD GESLiN et ensuite donnée par M. Unperwoon. M. Marmin en possède aussi quelques individus, qui viennent des environs de Boulogne-sur-mer. J'ai observé dans la collection de M. MarmiN un assez grand nombre d'individus d'une bélemnite que je rapporte à la B. minimus, quoi- qu’elle soit sensiblement plus grande, le double au moins; mais elle 120 MÉMOIRE a la même forme générale et les mêmes caractères : un petit sillon en rigole à la base, et les deux cannelures latérales; son sommet est cependant généralement plus pointu, et elle est beaucoup moins transparente et cornée. Voyez-en la figure, pl. V, fig. 5. Elle provient des environs de Castellane, versant de la Méditerranée. Il paraït que, comme dans la bélemnite naine et dans la bélemnite semi-hastée, elle est assez long-temps sans cavité, et qu’alors elle est at- ténuée à sa base, à peu près comme àsonsommet: en effet, M. Marin possède plusieurs individus venant de la même localité, et qui n’ont ni cavité ni rigole à la base. La figure 6 en représente un grand in- dividu, et la figure 7 un beaucoup plus grêle et plus transparent. M. Derrance en possède un individu provenant des environs d’Apt; mais il est plus claviforme. Page 75, entre le n° 14 et le n° 15, il faut intercaler la caracté- ristique d'une petite espèce de bélemnite que m'a communiquée M. Éuie pe BEaumonr, et qui diffère essentiellement de la bélem- nite naine par l'existence de deux sillons basilaires. 14. La BÉLEMNITE BICANNELÉE, B. bicanaliculatus. (PL 5, fig. 8 et 9.) Coquille fort petite, courte, plus ou moins renflée vers son mi- heu, et rétrécie à sa base; sommet médian, obtus; deux sillons ba- silaires assez prolongés sur deux côtés opposés; cavité probablement peu considérable. Des couches les plus basses du premier étage du calcaire ooli- thique. Dans la montagne de Chadres , au sud de Serres, département des Hautes-Alpes. Observations. J'ai vu de cette petite espèce un seul individu dans la collection de l'École des mines, rapporté par M. ÊLiE DE BEAU- MONT. Quoique rapprochée des B. fusiformis et B. minutus, entre lesquelles je la place, elle me semble en être réellement distincte : de la première, parce qu’elle n’est pas élargie et déprimée au-delà de la cavité, et que d’ailleurs le sillon, qui n’a pas la même forme, SUR LES BÉLEMNITES. 121 est double, un de chaque côté ; de la seconde, parce qu'elle est plus rétrécie à sa base et qu’elle offre un double sillon latéral. L'échantillon que j'ai observé était creusé de petites loges obliques, irrégulières, comme dans le porodrague de Denys DE Monrrorr. Je donne dans la même planche, sous le n.° 9, la figure d’une bé- lemnite qui vient des environs de Castellane, département des Basses- Alpes, et qui a aussi les deux grandes cannelures basilaires, mais qui a le sommet pointu, et qui est assez comprimée; ce qui la rend un peu hastée. Elle fait partie de la collection de M. »'OrBiGny. Sa couleur est blonde. Page 76, aux observations sur la bélemnite naine, ajoutez que M. ÉLre De BEaumonr a trouvé quelques individus de bélemnites, qui ont tous les caractères de cette espèce, dans la même localité que la bélemnite pistilliforme. Page 76. Ajoutez à la fin de la division D: 15°. La BÉLEMNITE LARGE, B. latus. (PI. 5, fig. 10.) Coquille assez courte, très -comprimée, à coupe subovale, un peu plus épaisse cependant au dos qu'au ventre; sommet obtus, un peu recourbé, extrêmement excentrique et presque ventral; un sillon basilaire étroit, profond, occupant au moins la moitié de la longueur totale. Ouverture profonde, du reste inconnue. Des environs de Castellane, et, à ce quil paraît, dans un terrain ferrugineux. Observations. J'ai vu trois ou quatre individus de cette espèce dans la collection de M. Marmin; ils étaient plus ou moins colorés en brun-noir ferrugineux. 15°. La BÉLEMNITE POLYGONALE, B. polygonalis. (PI 5, fig. 12.) Coquille assez courte, hastée ou subhastée, comprimée, tétragone ou subtétragone; à la base, chaque angle, dont le supérieur et l'in- férieur plus aigus, s'effacant avant les quatre faces planes de la partie élargie, dont les latérales sont beaucoup plus grandes; 1 122 MÉMOIRE sommet assez pointu, submédian; ouverture non dilatée et mème rétrécie, assez profonde; un sillon basilaire inférieur étroit et assez peu prolongé. De la marne argileuse. Dans les environs de Castellane. Observations. J'ai vu plusieurs individus de cette singulière espèce dans la collection de M. Marmin et dans celle de M. »'OrBieny, à La Rochelle : quoiqu'on concoive difficilement comme cela a pu se faire, il semble que sa forme singulière provienne d'une compression en sens opposé dans ses deux moitiés. Des individus ont en eflet les angles et les faces moins prononcés que d’autres, surtout à la base; la dilatation de la partie terminale varie également un peu. Page 77 ligne 11. Ajoutez, et de Pouilly en Auxois. Ibid. ligne 18. Au lieu DE Rosny, Uisez be Rorssy. Page 79 ligne 30. Par précédente il faut entendre la bélemnite apicicourbe. SECTION VIL atalogue des ouvrages cités. * 1. Taéornrasre ( Eresius). De Lapidibus ; interprete Daniele Furlano ; dans l’édition génér ale des œuvres de Théophraste, par Daniel Heinsius. Mo 2 1693; petit in-fol. . Ovinrus (Vaso). Metamorphoseos liber. 3. Punius (C. secundus). Historia naturalis, lib. XXXV11; Jo. Har- duini interpretatione et notis illustrata; Parisis , 1723; in-folio. 4. Dioscorines (Pedacius). De Materia medica, Johann. Ruellio inter- prete, lib. VIT. Parisiis, 1549; in-8° 5. Sounus (Cajus Julius). Polyhistoria, ex veteribus libris emendatus CL Salmasio Plinianis exercitationibus. Parisiis, 1629; in-folio. 6. Isinore DE SÉviLce. De Originibus. Mort en 656. 7. Excerius (Christophorus). De re metallica, hoc est, de origine, varietate et natura corporum metallicorum , lapidum , gemmarum atque * Autant que j'ai pu, j'ai cité la première édition de chaque ouvrage. SUR LES BÉLEMNITES. 123 aliarum quæ ex fodinis oriuntur rerum, ad medicinæ usum deservientium, Gb. 111. Francofurt., 1557; in-8.° 8. AGricoLa (Georgius). De ortu et causis subterraneorum; lib. F. De natura eorum , queæ effluunt ex terra; lib. IF. De natura Jossilium ; lib. X. De veteribus et novis metallis ; lib. IL. Burmannus, sive de re me- tallica dialogus. Basileæ , 1558 ; in-folio, avec des figures gravées en bois. 9. BELon (Pierre). Les observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie et autres pays étrangers, rédigées en trois livres. Paris, 1553; in-4.° 10. Marriont ( Petrus Andræas). Commentarii in XV1 libros Pedaci Dioscoridis Anazerbii de materia medica ab ipso authore recogniti et locis plus mille aucti. Adjectis plantarum ac animalium iconibus, ad vivum delineatis , accesserunt quoque ad margines Græci contextus quam plurimi, ex antiquissimis Codicibus desumti qui Dioscoridis ipsius depra- vatam lectionem restituunt. Venetiis, 1554, en italien, et en 1558 en latin. 11. KENTMANN (Jean). Nomenclator rerum fossilium quæ in Misnia præcipue et aliis quoque regionibus inveniuntur. Tiguri, 1565; in-8.”, dans la collection de Gesner. 12. GESNERUS (Conradus). De rerum fossilium , lapidum et gemmarum maxime figuris et similitudinibus liber , cum iconibus nitidissimis, dans son recueil intitulé : De omni rerum fossilium genere, gemmis, lapidibus, metallis, libri aliquot collecti. Tiguri, 1565 ; in-8.° 13. Cæsazrinus (Andræas). De metallicis, lib. III. Romæ , 1506 ; in-4., et Norimbergæ, 1602; in-4.° 14. Mercari (Michael). Metallotheca et Appendix ad metallothecam Vaticanam, additis notis et novis iconibus cochlearum cornu Hammonis forma, cura et studio Mariæ Lancisi. Romæ, 1717 et 1719; in-folio. 15. BauniNus (Johannes). Historia novi et admirabilis fontis balneique Bollensis in ducatu Wirtembergico ad acidulas Gæœppingenses, cum plurimis figuris variorum insectorum quæ in et circa hunc fontem reperiuntur. Monte Belligardo, 1598, 1605, 1607, 1612, et enfin 1666; in-4. 16. Imperaro (Ferrante). Historie naturale nell quale ordinatamente si tratta dei diversi condition di minere, di pietre pretiose , e altere curio- sita, con varie historie di piante. Napoli, 1599; in-folio. 17. Scnwenckrezpr (Casparus). Stirpium et fossilium Silesiæ catalogus, in quo præter etymon , natales, tempus , natura et vires cum vVaris ex- perimentis assignantur. Lipsiæ , 1600 ; in-4.° 18. Lisavius (4ndræas). Singularium pars tertia, continens octo libros, bituminum et affinium , historicè, physicè, chymicè , cum controversiis dif- 124 MÉMOIRE ficillimis, expositorum judicatorumque , nunc primum in lucem edita, in gloriam creatoris, et usum multiplicem variæ sapientiæ studiosorum et imprimis de petrolesi, ambra, halosantho, succino, gagate, asphalti, pissasphalti, mumia terra ampelitide toruenis, lithanthrace, lapide fossile, lyncurio , dactylo idæo , ebore fossili, ebeno fossili et aliis pluribus cognatis audire nova desiderantium. Francofurt., 1601; in-8.° 19. Borrius pE Boonr ( 4Ænselmus). Gemmarum lapidium historia, quæ non solum ortus, natura, vis et pretium; sed etiam modus quo ex üs olea, salia, tincturæ , essentiæ , arcana et magisteria arte chymica confici possim ostenditur. Hanov., , 1609; in-4.”, et edente Adriano Toll. Lugduni Batavorum , 1656; in-8 20. Cniocco (4ndræas) et Cr D Museum Francisci Cal- ceolari luculenter descriptum et perfectum. Veron., 1622 ; in-folio. 21. Cæsius (Bernhardus). Mineralogia, sive naturalis philosophiæ the- sauri, in quibus metallicæ concretiones, medicamentorum , fossilium , miracula lapidum et gemmarum dignitas continentur. Lugdun., 1636; in-fol. 22. DE Laer (Johannes). De gemmis et lapidibus, libri duo. 23. ALDROvANDUS (Ulysses). Museum metallicum in libros IF distribu- tum ; a Bartholino Ambrosino compositum, edente Marco Antonio Bernia. Bononiæ, 1648; in-folio. 24. Wormius (Olaus). Museum Wormium, seu historia rerum rariorum quæ Hafniæ in ædibus auctoris asservantur. Lugd. Batav.et Amstel., 1655 ; in-fol. 25. MERRErT (Christophorus). Pinax rerum naturalium britannicarum , continens vegetabilia, animalia et fossilia in hac insula reperta inchoatus. Londini, 1667; in-8.° 26. CHaRLETON (Gualtieri). Onomastocon zoicon animalium, continens plerumque differentias et nomina propria pluribus linguis exponens, cui accedit mantissa anatomica et quædam de fossilium vartis generibus. Lond., 1668; in-4.”, avec figures gravées sur cuivre. 27. Lacamunous (Fridericus). Oryctographia Hildesheimensis, sive ad- mirandorum fossilium quæ in tractu Hildesheimensi reperiuntur descrip- tio, cui accedunt alia de calculis et fontibus. Hildesheim., 1669; in-4., avec figures en bois. 28. OrEarius (4damus). Gottorffische Kunstkammer,worinnen allerhand ungemeire Sachen, so theils die Natur, theils künstliche Hände hervor- gebracht und bereitet, vor diesem aus allen vier Theilen der Welt zusammengetragen und vor einigen Jahren beschrieben. Schleswig, 1674; in-4.°, avec des figures gravées en cuivre. 29. Ecsnorrius (Johannes Sigismundus). De succino fossili et lapide belemnite. Miscell, cur. nat., 1678 — 1679. Observ. 87. SUR LES BÉLEMNITES. 125 30. Lisrerus (Martinus). Historiæ animalium Angliæ tractatus III. Primus, de araneis ; secundus, de cochleis tunc terrestribus, tunc fluvia- tilibus ; tertius, de cochleis marinis , quibus adjectus est quartus, de lapidibus ejusdem insulæ ad cochlearum quamdam imaginem figuratis, cum tab. 1. Londini, 1678; in-4.° 31. GREW (WVehemias). Museum societatis regalis Angliæ, or a Catalogue and description of the natural and artificial varities belonged to the royal society preserved at Gresham College, etc. London, 1681; in-folio. 32. ScHROEDER (Johannes). History of animals. London, 1659. 33. Sissarpus (Robertus). Scotia illustrata, sie prodromus historiæ naturalis Scotiæ. Edimburgii, 1684; in-folio. 34. Leisnirzius (Godofredus Guillelmus). Protogæa, sive de prima facie tellurio ex antiquissimæ historiæ vestigis in ipsis naturæ monumentis dissertatio, ex schedis manuscriptis in lucem a Christiano Ludovico Scheidio. Gættingæ, 1740; in-4.° 35. Jacosæus (Oligerus). Musœum regium, seu Catalogus rerum tam naturalium quam artificialium quæ in Basilea bibliotheca Christiani F Hafniæ asservantur. Hafniæ, 1696; in-folio , cum tab. æneis. 36. Lawypius (Eduardus). Lithophylaci Britannici ichonographia , sive lapidum aliorumque fossilium brittannicorum singulari figura insignium ; quotquot hactenus vel ipse invenit, vel ab amicis accepit , distributio classica, scrinii sui lapidarii repertorium , cum locis singulorum natalibus exhibens, additis rariorum aliquot figuris ære incisis; cum epistolis ad clar. viros, de quibus circa marina fossilia , et stirpes minerales præsertim _notandis. Londini, 1699 ; in-8.°, cum tabulis XXIIT æneis. 37. Woobwarp (Johannes). An essay towards a natural history of the earth and terrestrial bodies, especially minerals as also of the sea, rivers and springs, with an account of the universal deluge and of the effects, that it had upon the earth. London, 1695 ; in-8.° 38. Scmeucuzerus (Johannes Jacobus). Specimen lithologiæ heketicæ curiosæ, quo lapides ex figuratis helveticis scrutissimi œrt incisi sistuntur et describuntur. Tiguri, 1702; in-8.”, cum VIT tab. æneis. 39. Guenini (4ntonius). De belemnite quibusdam agri bononiensis. Acta Bonon., vol. 1, p. 70.. 40. LawGius (Carolus Nicolaus). Historia lapidum figuratorum Helvetiæ ejusque viciniæ, in qua non solum enarrantur omnia eorum genera, species et vires, æneisque tabulis repræsentantur, sed insuper adduntur eorum loca nativa, in quibus reperiri solent, ut cuilibet facile sit eos colligere, modo adducta loca adire libeat. Venetiis, 1708; in-8., cum tabulis æneis LIT. 126 MÉMOIRE 41. Barerus (Johannes Jacobus). Monumenta rerum petrificatarum, etc. Norimb., 17957 ,in-fol., et Oryctographia Norica, etc. Norimb., 1758;in-fol. 42. Rumenius ( Georgius Everhard.). Thesaurus cochlearum, concha- rum, conchyliorum et mineralium. Lugduni Batavorum, 1511; in-folio, cum tabulis æneis. 45. Burrnerus (David Sigismund.). Coralliographia subterranea , seu Dissertatio de corallüis fossilibus, in specie de lapide cornea. Lipsiæ , 1714; in-4.°, cum tabulis PT œæneis. 44. HecwinGius (Georgius Andræas). Lithographia angerburgica, seu lapidum et fossilium in districtu Angerburgensi et ejus vicinia ad 3 vel 4 milliarii spatium in montibus, agris, areno fodinis et imprimis circa lacuum littora et fluviorum ripas collectorum , brevis et succincta descriptio. Regiomonti; in-4.", cum tabulis XI æneis. Pars altera de lapidibus figuratis ad triplex regnum minerale, vegeta- bile et animale redactis, aliisque fossilibus in districtu angerburgensi ejusque vicinia noviter detectis; et in specie de origine lapidum litteras experimentium , OCCASsione lapidis cujusdam resariensis litteras latinas LR repræsentantis, succincte disseritur. Lipsiæ, 1720; in-4.", cum tabulis VI æneis. 45. VorkManNus (Georgius Antonius). Silesia subterranea (en alle- mand). Lipsiæ, 1720 ; in-folio. | 46. Myuus (Gottlob Fridericus). Memorabilia Saxoniæ subterraneæ (en allemand). Lipsiæ, 1720; in-4. 47. Mezce (Jacobus a). De lapidibus figuratis agri littorisque Lubecensis ad fossilium monti commentatio epistolica. Lubecæ ; in-4°, cum tabulis IF ŒærTreis. 48. SWEDENBORGIUS (Emmanuel). Miscellanea observata circa res natu- rales, et præsertim circa mineralia, ignem et montium strata. Lipsiæ , 1722 ; in-8.” 49. Exruarrus (Johannes Balthazar). De belemnitis suevicis Dissertatio. Lugduni Batavorum, 1724; in-4., et Augustæ Vindelicorum , 1727; in-4.° Nouvelle édition augmentée, avec une nouvelle préface et une planche représentant des bélemnites. 5o. Rosinus (Michael Reinh.). De belemnitis et his plerumque insidentibus alveolis animadversiones. Frankenhausen, 1728; in-4°, et Hamburger Magazin, vol. VIII, p. 95. 51. Lemery (MVicolas). Dictionnaire universel des drogues simples, contenant leurs noms, origine, choix, principes, vertus, étymologies, et ce qu'il y a de particulier dans les animaux, dans les végétaux et dans les minéraux. Paris, 1699; in-4.° SUR LES BÉLEMNITES. 127 _ 52. Bruckmannus (Franc. Ernest.) Thesaurus subterraneus ducatus Brunswigü. Brunswici, 1728; in-4.°, cum tabulis XXV1. Centuria episto- larum itinerariarum prima. Wolffenbutelæ, 1742; in-4.°, Epist. 65. 53. BourGuer (Louis). Lettres philosophiques sur la formation des sels et des cristaux, sur la génération et le mécanisme organique des plantes et des animaux, à l’occasion de la pierre bélemnite et de la pierre len- ticulaire; avec un Mémoire sur la théorie de la terre. Amsterdam, 1729; in-12. 54. KLeiN (Jacobus Theodorus). Descriptiones tubulorum marinorum ; accessit dissertatio epistolica de pilis marinis. Gedani, 17531; in-4°, avec des planches gravées en cuivre. Naturalis dispositio Echinodermatum , accedente lucubratiuncula de acu- leis echinorum marinorum. Gedani, 1754; in-4.°, avec fig. gravées en cuivre. 55. Breynius (Johannes Philippus). Dissertatio physica de polythalamiüs, nova testaceorum classe, cui quædam præmittuntur, de methodo testacea in classes et genera distribuendi. Huic adjicitur commentatiuncula de belemnitis prussicis, tandemque Schediasme de echinis methodice dispo- nendis. Gedani, 1732; in-4°, avec XI planches gravées en cuivre. 56. Sivers (Henr. Jacob.) Curios. Niendorp. Specim. III, sistens belemn. descript. Lubecæ, 1732; in-8.°, cum tab. æneis. 57. Duray. Mémoires de l’Académie des sciences. 58. Kunpmannus (Johannes Christianus). Promptuarium rerum natura- lium et artificialium uratislaviense. Uratislaviæ , 1726; in-4.° 59. Kzein (Jacobus Theodorus). Sciagraphia lithologica curiosa , seu lapidum figuratorum nomenclator , olim a celebri Joh. Jac. Scheuchzero in gratiam amici conscriptus ; postmodo auctus et illustratus a J. Theod. Klein, præmissa epistola M. A. Capeller , de studio lithographico; de entrochis et belemnitis, cum additionibus et figuris. Gedani, 1740, avec des planches. 60. BromeL (Magn.). Mineralogia et lithographia suecana. Holmiæ et Lipsiæ , 1740; in-12. 61. Rirrerus ( 4lbertus). Specimina oryctographiæ calembergicæ, sive rerum fossilium quæ sub appellatione rerum naturalium vulgo veniunt, et in ducatu electorali Brunswico - Lunenburgico Calenberg oriuntur his- torico-physicæ delineationis. I. Sondershusæ , 1741; in-4, II. Sonders- husæ , 1743; in-4.", avec figures. 62. Da Cosra (Emanuel Mendes). À Letter to Martin Folkes, concerning a dissertation on those fossil figured stones called belemnites. Philosoph. transact., vol. 44, n° 482, p. 389. 63. WazLerius (Johannes Gottschalk). Mineralogia, où du Règne mi- néral. Holmicæ , 1747; in-8.°, avec une planche. 128 MÉMOIRE 64. Baker (David Erskine). Considerations on two extraordinary belem- nitæ. Philos. transact., vol. 45, n.° 488, p.598, tab. 4, fig. 1, 2, 5. 65. Srosœus ( Xilianus). Opuscula , in quibus petrefactorum, numisma- tum et antiquitatum historia illustrata, in unum volumen collecta. Dantisci, 1752; in-4.°, cum figuris. 66. Grsnerus (Johannes). Dissertatio de petrificatorum differentiis et varia origine. Tiguri, 1752, et Tractatus physicus de petrefactis, in duas partes distincta. Lugd. Batav., 1758; à vol. in-8.° 67. Torrusta (Fr. Joseph). Apparato para la historia natural espagnola. Madrid, 1754 ; inolio. 68. Branper (Gustave). À Dissertation on the belemnites. Philosoph. transact., vol. 48, p. 803, pl. 34, ann. 17954. 69. CarTHEUsER (Fredericus Augustus). Rudimentæ oryctographiæ via- dro-francofurtanæ. Francofurti ad Viadrum, 1755; in-8. 70. D'ArGenvizze (Desallier). L'Histoire naturelle éclaircie dans une de ses parties principales, l’'oryetologie, qui traite des pierres, des terres, des minéraux et autres fossiles. Paris, 17955; in-4.”, avec figures. 71. AzuoNt (Carolus). Oryctographiæ pedemontanæ specimen, exhi- bens corpora fossilia terræ adventitia. Parisüs, 1757; in-8.° 72. Viauer. Sur une bélemnite a deux pointes. Allion Dulac, Mélanges d'histoire naturelle, tom. 3, p. 154. 73. Berrrano (Élie). Dictionnaire universel des fossiles propres et des fossiles accidentels, contenant une description des terres, des sables, des sels, des soufres, des bitumes, des pierres simples et composées, com- munes et précieuses, transparentes et opaques, amorphes et figurées ; des minéraux, des métaux, des pétrifications du règne animal et du règne végétal, etc., avec des recherches sur la formation de ces fossiles, sur leur origine, leurs usages, etc. Lahaye, 1763; 2 vol. in-8.° 74. Tirius. Gemeinnützige Abhandlungen ; part. 1, p. 67, 68. 75. Prarr (Josua). Sur la formation des bélemnites. Transact. philos., tom. 54, ann. 1764. 76. Anpræa. Briefe aus der Schweiz, etc. Zurich et Winterthur, 1776, 2 vol. in-4.”, avec des planches, 77. De Tressan. Observations sur le Catalogue de la collection de Geoffroy. Mélanges d'histoire naturelle d'Allion Dulac, tom. 1, p. 266. 78. Firmin (Philippe). Sur l’analogue vivant de la bélemnite. Biblio- thèque des arts et des sciences, tom. XXVI, part. I, ann. 1766, art. 4, p. 85. 79. Waicn (J. E. Emman.). Sur les bélemnites, dans l'ouvrage intitulé : Reçueil de monumens des catastrophes que le globe de la terre a es- SUR LES BÉLEMNITES. ‘129 LA La . . L r ,’ 0 r suyées, contenant des pétrifications dessinées, gravées et enluminées, NT CE sie d'après les originaux, commencé par George - Wolfgang Knorr, et con- tinué par ses héritiers, avec l’histoire naturelle de ces corps par Jean- Ernest-Emmanuel Walch. Nuremberg, 1768 — 1773; 9 vol. in-folio, avec un grand nombre de planches gravées sur cuivre. 80. Guerrarp. Sur les bélemnites, Mémoires sur différentes parties des sciences et des arts, 1783; tom. V, 9 mémoire, p. 215. Dix-neuvième siecle. 81. SAGE (Balthasar-George). Recherches sur les bélemnites, Journal de physique, 1800, tom. 51; Recherches sur l’origine et la formation des bélemnites, Journal de physique, 1802, tom. 53. 82. De Luc (Jean-André). Mémoire sur les bélemnites, Journal de physique, 1799, tom. 48 ; Observations sur la bélemnite, Journal de phy- sique, 1801, tom. 52, et 1802, tom. 54. 83. Denys DE Monrrorr. Conchyliologie systématique et classification méthodique des coquilles, offrant leurs figures, leur arrangement géné- rique, leurs descriptions caractéristiques, leurs noms, ainsi que leur synonymie en plusieurs langues. Ouvrage destiné à faciliter l'étude des coquilles, ainsi que leur disposition dans les cabinets d'histoire natu- relle. Paris, 1808; 2 vol. in-8.”: pour les coquilles univalves seulement, avec figures grossières en bois. 84. Faure BiGuer. Considérations sur les bélemnites, suivies d’un essai de Bélemnitologie. Lyon, 1810; in-8.” 85. Beupanr (F. $.). Sur les bélemnites ; Annales du Muséum, tom. 16, pl. 3. 86. Derrance. Article Bélemnites du Dictionnaire des sciences natu- relles, tom. IV, Suppl. p. 66. 87. ParkiNsoN (James). Organic remains, etc. Lond. 1804—1811;in-4° 88. ScuLortHEIM (J. F. von). Nachträge zur Petrefacten-Kunde. Gaœt- tingen , 1820 ; in-8., avec 16 planches gravées. 89. De Férussac. Dictionn. class. d’hist, nat., art. Bélemnites. 90. Mir (J. S.). Mémoire sur les bélemnites, lu le 4 Avril 1823, et publié dans la partie I, vol. IT, de la seconde série des Mémoires de la Société géologique de Londres. Londres, Juillet 1826 ; in-4.", avec 3 planches. g1. Ducrortay DE BLaINviLE (Henri-Marie). Mémoire sur les bélem- nites, Bulletin pour la Société philomatique; ann. 1825, p.171. 22 130 MÉMOIRE EXPLICATIONS DES FIGURES. Planche 1. F1G. 1. Os de sèche oflicinale, vu en dedans ou en dessous, pour mon- trer ses rapports avec les bélopteres. : 1a et 1 b. Cette figure représente le même os de sèche vu de profil du côté gauche entier dans la moitié postérieure 1 a, et scié longitudi- nalement dans la moitié antérieure 1b. On y peut remarquer les lames longitudinales composantes; mais-le dessinateur n’a pu rendre leslamelles verticales, extrêmement nombreuses et fines, qui les réunissent. Fic. 2. Le BéLoprÈRe DE Cuvier (Z. sepioidea). 2. Vu du côté gauche et dans Ja même direction que l'os de sèche en 14; 2a, vu en dessus, pour montrer les anfractuosités d'adhérence ; 2b, vu en dessous et en dedans. F1. 3. Le BécoPtÈère DE Desnaies (B. belemnitoidea), sous les trois mêmes aspects que le précédent :3, de profil; on y voit les sillons vasculaires qui se répandent sur chaque appendice latéral; 3 b les montre encore mieux en dessus; 5c démontre d’une manière manifeste que dans ce genre la partie essentielle de la coquille était tubuleuse, conique, et non élargie et aplatie comme dans los de sèche. Le dessinateur n’a pas rendu des traces de siphon qui existent dans la ligne médiane. F1c. 4. Coupe idéale d’une BÉLEMNITE HASTÉE, pour faire comprendre le mode de formation de ce genre de corps organisés. Malheureusement, ar inadvertance , elle a été représentée le sommet en avant au lieu d'être en arrière. On y voit comment la bélemnite a commencé par un corps ovale, alongé, pointu aux deux extrémités, avec un sillon médian inférieur, et par conséquent sans trace de cavité. En dehors de cette espèce de bélemnite à deux pointes est un trait blanc qui cir- conscrit un autre degré de développement, dans lequel il n’y a plus qu'une pointe, la base étant coupée carrément; enfin, tout le reste est formé par des stries beaucoup moins nombreuses qu'il ne devrait y en avoir, si l’on n'avait pas craint la confusion. Ce sont les couches com- posantes, dont la derniere, la plus grande et la plus extérieure, est celle qui forme le bord de la cavité plus ou moins profonde, suivant l’âge. Les stries qui coupent ces lames sontanalogues à celles qui existent dans l'os de HN Les lignes transverses qui partagent la partie supérieure ou mieux postérieure de cette cavité, indiquent les cloisons excessive- ment minces, dont les intervalles, remplis par une substance étrangère, constitueront les calottes de l’alvéole. Les lignes flexueuses qui occupent le reste de la cavité, sont les stries d’accroissement, visibles seulement à l'intérieur dans ce genre de coquilles, et dans la partie non cloisonnée occupée par un appendice de l'animal. SUR LES BÉLEMNITES. 131 4a. Coupe de la bélemnite dans le milieu de sa partie renflée où ne pénètre pas la cavité. Les deux cercles blancs indiquent la coupe de la bélemnite à deux pointes et de celle à base plate. Le reste montre l'aspect radié et lamelleux que toute bélemnite présente plus ou moins, et qui est dù, suivant nous, à l’état fossile. 4b. Coupe à l'endroit de la dernière cloison, et dans laquelle on a oublié d'indiquer la place du siphon. 4c. Ouverture conique, bordée par la circonférence du dernier cône composant, laissant voir les autres dans l’enfoncement, et au fond la concavité de la derniere cloison. Fi1G. 5. Alvéole de la bélemnite géante, montrant encore les traces de l'endroit où étaient les cloisonset la succession des renflemens du siphon. Le peintre a oublié de montrer en perspective la concavité de la der- nière calotte, comme il a fait voir la convexité de la postérieure. Fi. 6 et 6a. Bélemnite pleine, de grandeur naturelle, vue par sa face dorsale, avec les deux subsillons latéraux. La base convexe et conique a été mal rendue, au point qu'elle paraît concave. Elle est beaucoup mieux dans la fig. 6 a, qui la représente de face. Fic. 7. B. DE Scan1e, de grandeur naturelle, d’après un individu de la collection de M. Drrrance, vue par la face dorsale, et dans la petite cavité de laquelle le dessinateur n’a pu indiquer les stries d'accroisse- ment et les sillons médians; 7a, sa base, vue de face, est bien rendue. Le sillon qui échancre le bord est bien indiqué. FiG. 8. B. »'Osrerriezn, de grandeur naturelle, de la collection de M. Micmernin, mais assez peu complète; 8a, sa base vue de face, le mame- lon du sommet n’a pas été assez marqué, et l'ouverture est incomplète. F1G. 9. B. À OUVERTURE CARRÉE, de grandeur naturelle, de la collection de M. DEFRANCE, vue du côté ventral, bien complete; 94, sa cavité assez peu profonde et formée par quatre pans convexes. FiG. 10. B. GRANULÉE, de grandeur naturelle et de la collection de M. Derrance. Les petites taches noires indiquent les granulations; 10 a sa base, qui rend mal la profondeur de la cavité. F1G. 121. B. srriée, de grandeur naturelle, d'apres un individu incom- plet de la collection de M. DerrancE; 114, sa base, dont la cavité n’est pas assez profonde. FiG. 12. B. mucronér, de grandeur naturelle, d’après un individu assez complet de ma collection, vu à la face inférieure. Le sommet est souvent plus mucroné, plus saillant; 124, un tronçon presque complet du côté de l’ouverture, vu de profil, pour montrer la disposition des ramifications vasculaires; 12 b, sa base indiquant, dans la cavité trop peu profonde, les deux sillons médians; le bord est trop épais. Fic. 13. B. sEmI-canazicuiée, de grandeur naturelle, d'après un indi- vidu de la collection de M. Consranr Prévost, vue à la face inférieure; 134, sa base, un peu comprimée par accident, 132 MÉMOIRE Planche ». F1G. 1. B. »’Arrorr. De grandeur naturelle, d'après un individu tron- qué à sa base, de la collection de M. pe Roissy, vue du côté de la face ventrale; 1 a sa base, montrant le large sillon qui léchancre. F1G. 2. B. apicicône. De grandeur naturelle, d'apres un individu pres- que complet de la collection de M. Consrant Prévost; 24, sa base. F1G. 5. B. aicur. De grandeur naturelle, d'après un individu presque complet de la collection de M. Desnoyers, vue à sa face inférieure ; 3a, sa base, trop peu profondément excavée. F1G. 4. B. uasrée. De grandeur naturelle, d’après un individu incom- plet de la collection de M. Consranr PrRévosr, vue du côté inférieur, 4a,sa base tronquée, mais montrant cependant une partie de la cavité. FiG. 5. B. sEmI-uasrée. De grandeur naturelle, d’après un individu tronqué à sa base, de la collection de M. Coxsranr Prévosr, vue à sa face inférieure; Ba, sa coupe sans cavité; 5b, la même, vue de côté, pour montrer les deux sillons très-peu marqués qui s'y trouvent; 5c, 5d,5f, individus beaucoup plus petits, à base plate, non excavée, que je re- garde comme des degrés d’accroissement de cette espèce; 5e, 5g, autres individus de grandeur naturelle, à deux pointes, formant un autre degré de développement de la même espèce. 5h. Variété en massue de la même espèce, vue à la face inférieure; bi,la même de profil. F16. 6. B. aricicourge. De grandeur naturelle, d’après un individu presque entier, comprimé à la base, de la collection de M. Constant PRÉvOsT, provenant du blue Lias en Angleterre. Fi1G. 7. B. picanarrcuiée. De profil, de grandeur naturelle, d'apres un tronçon de la collection de M. Desnoyers, provenant de l’oolithe fer- rugineuse de la Basse-Normandie, 7a. La même, vue à sa base, 7 b. La même, vue par le dos, plus large et un peu pluslongquele ventre. 7c. La même, du côté du ventre, et montrant les deux sillons à la fois. F1G. 8. B. QquinquésiLLoN NÉE. De profil de grandeur naturelle, d'apres un tronçon sans base ni pointe de la collection de M. pe Roissy, pro- venant d'Oberville, sur la côte de Dives. 8a. Montre la base du tronçon. 8b. La troncature du sommet et la manière dont sont disposés les cinq sillons; un dorsal et deux latéraux. Fic. 9. B. comPrimée. De profil, moitié de grandeur naturelle, d'apres un tronçon tronqué à sa base, et même un peu au sommet, de la col- lection de M, Desnoyers, provenant de l’oolithe ferrugineuse de la Basse- Normandie. 9a. Est la base du tronçon. SUR LES BÉLEMNITES. 133 F1G. 10. B. ÉPéÉe. De profil, de grandeur naturelle, d'après un individu presque entier, cependant un peu tronqué aux deux extrémités, de la collection de M. Drsuaies, et provenant du calcaire oolithique de la Basse-Normandie. 10 a. Est sa base. Planche 5. Fi1G. 1. B. couRTE, var. 4. De profil, de grandeur naturelle, d'apres un individu presque complet de la collection de M. Desnoyers, prove- nant de la Basse-Normandie. 14. La même, de face. Fi1G. 2. La même, var. Z. Vue de profil, de grandeur naturelle, pro- venant de la même localité et du même cabinet. Fi1G. 3. La même espèce, var. C. De profil, de grandeur naturelle, d’après un individu complet de la collection de M. Desnarrs; des en- virons de Nancy. 3a. Sa base, dont les bords devraient encore être plus minces. F1G. 4. B. ovae. De profil, de grandeur naturelle, d’après un individu presque complet, tant les bords de l’ouverture sont minces, de la col- lection de M. DesHaiss, provenant des environs de Nancy. 4a. Sa base. F1G. 5. B. poicr. De profil, de grandeur naturelle, d’après un individu un peu tronqué à sa base, de la collection de M. Desxarss; des environs de Nancy. F1G. 6. B. poiGr, var. 4. Vue par le ventre, de grandeur naturelle, d’après un individu tronqué à sa base, venant de la même collection et du même lieu que la précédente. F1G. 7. B. PÉNicizcéE. Vue de profil, de grandeur naturelle, d’après un individu tronqué à sa base, de la même collection et du même pays que la bélemnite doigt. 7a. Montre les plis du sommet. 7b. La base tronquée. Fic. 8. B. excentrique. De profil, de grandeur naturelle, d’après un individu tronqué à la base, de ma collection, provenant du blue Lias, de la rive gauche de l'embouchure de la Seine. 8a. Sa base tronquée. É F1G. 9. B. GiGanresque. De profil, moitié de grandeur naturelle, d'apres un individu tronqué à sa base de la collection de M. Desnoyers, pro- venant de l’oolithe ferrugineuse du Calvados. 94. Sa base tronquée. F16. 10. B. cyzinprique. Vue par le dos, de grandeur naturelle, d’a- près un individu tronqué aux deux extrémités de la collection de M. »E Roissy, provenant des Vaches-Noires à Oberville. Fe ) 10 a. La même, d’après un autre individu, moins tronqué à sa base. 134 MÉMOIRE F1G. 11. B. omsiiQuÉE. Vue par le ventre, de grandeur naturelle, d’a- près un individu presque complet de la collection de M. pe Roissy, pro- venant du blue Lias. 114. La même, vue de côté, pour montrer l'espèce de carène qui suit sa longueur. 11 b. Base montrant encore mieux les carènes latérales. F1G. 12. B. cravirorue. De profil, de grandeur naturelle, d'apres un individu tronqué à la base, sans cavité, de la collection de M. DEsnares, provenant des environs de Nancy. 12 a. Sa base. 12 b'et 12 c. Autres individus de la même espèce. F1G. 15. B. pirarée. De profil, de grandeur naturelle, d’après un in- dividu un peu tronqué à sa base, de la collection de M. DEsnaiïss, pro- venant des environs de Nancy. 154. La même, vue par le dos. 150. Sa base. 15c. La même, d'apres un individu plus complet, avec une trace de” sillon à sa base. 15 d. La même, d’après un autre individu assez complet et beaucoup plus comprimé. 13e. Sa base. F1G. 14. B. osrusr. Copiée d’après la figure donnée par Korn. . F1G. 15. B. risrureuse. Copiée du même auteur; malheureusement l'impression n’a pas été heureuse, et les traits qui indiquent la coupe de la bélemnite ne sont pas assez marqués. Planche 4. F1G. 1. B. naine. De face en dessous, de grandeur naturelle, d'après un individu presque complet, de la collection de M. BERTRAND GESLIN , provenant d'Angleterre. 14. La même, vue de profil, pour montrer les deux sillons latéraux. 1b. Sa base. 1c. La même, copiée de M. Mirrer, et paraissant offrir deux rigoles. F1G. 2. B. crocaue. Copiée de M. Mir. Fi1G. 5. B. Ex crocuer. Copiée de Knorr; c’est sur cette figure que Denys ne Monrrorr a établi son genre Paclite. F16G. 4. B. rrRiparriTe. Copiée de M. Mise, vue par la face dorsale. 4a. La même, vue par la face ventrale. 4b et 4c. La coupe de la base. F1G. 5. B. raccourcir. Copiée de M. Mirer. 5a. Sa coupe à une hauteur assez grande. F1G. 6. B. AzoNGÉE. Copiée de M. Mir, avec l'alvéole n'étant pas complétement recouverte par la coquille, ce qui provient, suivant moi : de ce que les bords excessivement minces de celle-ci ont été détruits. SUR LES BÉLEMNITES. 139 Fc. 7. B. TRÈs-LONGUE. Copiée de M. Mare. F1G. 8. B. aiGuizce. Vue de côté, de grandeur naturelle, d’après un tronçon de la collection de M. BERTRAND GEsLIN. 8a. La même, vue par sa face inférieure ? 8b. Sa coupe, montrant les carènes latérales. F1G. 9. B. roryroRÉe. Copiée de Knorr, type du genre Acame de Denys DE MonrTrort. 9a. La même, également copiée de Knorr. 9b. La même, également copiée de Knork, type du genre Cétocine de Denys pe Monrrorr. E F1G. 10. BécoprÈre DE Derrance. De grandeur naturelle, vu de profil, d'apres un individu de la collection de M. Derrance. 104. Le même, vu en dessous. 106. Le même, vu en dessus. FiG. 11. RayncnozTHe Lisse. De grandeur naturelle, vu de profil , d'après un individu de la collection de M. DEFRANCE. 114. Le même, vu en dessus. 116. Le même, vu en dessous. FiG. 12. CONCHORHYNQUE ORNÉ. De grandeur naturelle, vu en dedans, d’après un individu de la collection de M. DErFRANCE. 12 a. Le même, vu en dessus. F1G. 13. PsEUDOBÈLE srRié. De grandeur naturelle, d'apres un indi- vidu de la collection de M. DEFRANCE. 15a. Sa base. Fi. 14. PseunoBèe usse. De grandeur naturelle, d’après un individu de la collection de M. DEFRANCE. 144. Sa base. Planche 5. F1G. 1 et 2. Variétés monstrueuses de la B. sEMIHASTÉE, vues l’une de face et l’autre de côté. F1G. 3. Variété de la B. HASTÉE. 3a. Sa coupe, montrant la profondeur du sillon. F1G. 4. B. CONIQUE. 4a. La même, vue de profil. 4b. Sa base tronquée. Fi1c. 5. B. NAINE. 5 a. Montre la base du tronçon. Fic. 6 et 7. La même, atténuée à l'extrémité antérieure et sans cavité. Fic. 8. B. BICANNELÉE. De face, en dessous. 8a. Vue en dessus. 8b. Sa base tronquée. F1G. 9 et 9a. Variétés de la même. 136 MÉMOIRE SUR LES BÉLEMNITES. F1G. 10. B. zaRGE. Vue de profil. 104. Vue de face, montrant le sillon. 10b. Coupe de la base, avec cavité de l'alvéole. Fi1G. 11. B. PoLYGONALE. Vue de côté. 114, 11b, 116. Variétés de la même, offrant diverses sortes de dé- pressions. 114, Sa coupe, montrant les carènes latérales formées par les dépres- sions. F1G. 12. B. BISILLONNÉE. 124. Variété de la même. 120. Sa base, avec la cavité de l’alvéole. F1G. 13. B. TRISILLONNÉE. Vue de face. 134. Sa coupe, indiquant les trois sillons. F1G. 14. B. PISTILLIFORME. 14a. Montre sa coupe. FiG. 15, 16 et 17. Variétés ou différens âges de la même. F1G. 18. Variété, vue de profil, de la B. niarée; de la collection de M. Marin. 18a. Sa coupe, avec la cavité circulaire et centrale. F1G. 19 et 194. PSEUDOBÈLE BIPARTITE. Vu sur deux côtés différens. 19b. Sa coupe, présentant la disposition des sillons. F1G. 20. Coupe longitudinale et de grandeur naturelle de la B. G1Gan- TESQUE, d’après un individu de la collection de M. pe Roissy. F1G. 21. B. unisiLLONNÉE. Vue de face. 214. Vue de côté. 21 b. Coupe de sa base. F1c. 22. RuyNchouiTHE aiGu. De grandeur naturelle, vu en dessus; d’après un individu de ma collection. 22 a. Le même, vu en dessous. 22 b. Le même, vu de profil. 247 6 Béloptere 34.58 6. 4a.f E. 4.0 Coupe. Sfreol dune _L. geante de Civéer CALE Lonnit pleine de Deshaies T7 Ta de Scance d'une Bélem. haslée 8 £a ____ 74 Oterpietd A7 | F- 2 45. 135 « Bélemnile Semr — canelle Zmpd cle de Bose, dériy et pus Nil à E g. 9. a. PBélemnile à our. carree AOMONZ. EX granulée 7/24/2772 Eee “striee POIL . ab. PALICTONRCE À $ H i 4 { Î i 22, Prévost long. Lille Bove . firiqee por Noël acné cd UE Lu à Pelemrile d'Alidorl Ÿ. Belemnile Semi Lasle: & 6. & Belemnite Ssillonnee AR -2 C2 Li aprercone Sa SO Êc! Sd. Se F5 IR Sr 9. g. & Le « ermprinée > 4 c ‘ 3 De DRE ceque 6 Ca apicrcott be 0.40 à& =. 272 72 ER Lastee T Ta T6.Ze. beanalisntee V4 U ARE oE ve penmpeni enr 7/2: C À. Prev. Lip Lith de Bot. dirige par Noé ainé cl! Belemanite courte, L'AT À . b Bcemnite dorgl var. À We «à. Bélemnite orrlilrquee var B . DÉTAA Peretcillee 12.12 a 12b 1e c. d'aviférme dar. C. #.#a cxcerdrique 13,13 & 136 130c./3d 43e. d'élatee ZA 0 O0 @ _ gigartisque 4 obluse Loturteyree Lee roms d LA * Ë * . ra 'h 4 PSE Len crane À DSC LU RR Lorplith de A (onguin er 6. 1: Balernmlte na rar Béemnite 4 enges LE la. 100, Béloptere de Delrance crachree —__— (ris longue H Ha HE Rhvnchotithe lesse c en crochet LÉCIOTR (SEL aiguille 7 a Cnchorh vague vrne Ha.hl. 4r. lrpartite £ 1.949 (Re 27 pelylerée 13 134 Picrdebil strié | 1} 144 NT er a LHC 7 Prvest welt 22... 72 monst de lu 2 Semthaste. hat l all B, conique B5e D, naine Te Ni A R 3e Tardlrp Last 10.10 a 404 rg Er FI : La x Fa KE À | À Es E | : ë | À kr | à F ï ‘ Ë Ê ë k È pl Het sea 5 em. Age ve one RE Es ! Zap. lité, de H Caugain 9.94 B. lire à 1} Tha. 19. CT. B. pis illilôrme. B. large 1€. 182. Via: de lo B. dilatée HA. HE fe 114 B. pelrgenale {9 19 & 19 72 Pscuebèle liparite 12. 12æ 120, B. bisellonnee. \ 20 » la même sans cavi 13.1/3a- B Hsillonnce. 24 La. LE. Buncsillonnée Cr D: 0 - ‘ | 92.224 9924 DL TOURS nn ee UP OR: Q/R ___" VV QE Blainville, Henri Marie 807 Ducrotay de B4B6 Mémoire sur les bélemites Geology 1e PLEASE DO NOT CARDS OR ROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY 8 600 20 IC 20 60 6€ d 41HS AVA 39NVEH M3IASNMOQ 1v 71n