t^ :^ ^4^^ MEMOîME SUR LES FOSSILES DU BAS DAUPHINÉ, CONTENANT Une defcription des Terres , Sables ^ pierres , Roches compofées , & géné- ralement de toutes les couches qui les renferment. Par M. D. G. Offickr reformé. ^«^ ^UJctn. Quoi donc , s'écrie Pyrrhon , ce petit caillou que j'apj perçois au bord de ce ruiiî"eau qui fuie en murmu* ranc , lient à la nature entière ? Contemplation de la Nature, A AVIGNON, Chez François Seguin , Impr. Lib. près la Place S. Didier. m ^ r—Tll^ M. DCC. LXXXI. Avec Termijfion des Supérkurs*^ 4) B ^'û^- 6-^ ù A MONSIEUR DOMINIQ.UE AUDIBERT, Membre de l'Académie de Marfeille. Mo NSIEUR, V. OU S réanijfei a un coeur honnête & bienfaifant , un efprit fage & éclairé. Avec les connoif^^ fances que vous avej acquifes dans les Sciences & dans tous les genres A ij de Littérature , vous ave^ ennoi> bli Vétat le plus refpeclable & le plus utile a vos Concitoyens» Rece^ ve^ à tous ces titres , ce premier ejfaide ma plume ^ & le témoigna^ ge public des fentimens d^ejîime & d'attqçkement avec lefquels je fuis , ONSIEUR Votre très-humble & très- obéi(ïant fervit^ur, D. G. Officier reformé. AVERTISSEMENT de VEditeur. CE Mémoire n'a rien de commun avec celui qu'on trouve dans le feptieme Re- cueil de la Société Typogra- phique de Bouillon 1778. &t annoncé dans les Journaux Encyclopédiques du 15 Sep- tembre de la même année , fous ce titre : Mémoire fur les FoJJîIes du Dauphiné. Celui - ci eft de M. Faujas de St. Fond : il ne roule que fur des bois de Cerf Foflîles trouvés dans les environs de Montelimar en Dauphiné. L'Ouvrage que j'offre au Public eft rédigé depuis plu- fîeurs années rl'impreflion ntn a été retardée que par un en- Aiii çhaînement de circonftances partiGulieres , dont il lerok inutile de rendre compte. Si rexaâitude des faits & des defcriptions eft ie princi- pal mérite d'un Ouvrage de cette nature , ce Mémoire doit latisfaire les Amateurs de FHiC toire naturelle. Il paroit qu^ FAuteur s'eft particulièrement attaché à lui imprimer ce ca- raftere de nttteté 6c de pré- cifîon 5 qui convient égale* ment à la Nature , ôc à l'Au- teur qui iMtudie. m — ^ ^■^^ ^^^ Ih^^S ■ ^W 1 ^^s m m 1 ^^^81 MÉMOIRE SUR LES FOSSILES DU BAS DAUPHINÉ. Es Foflîles qu'on trouve il généralement répandus dans la terre, ont mérité a curiofité de tous les Phi îofophes : ils fe font principalement attachés à confidérer leur analogie avec les productions de la mer, & la liai- fon qu'ils pourroient avoir avec les autres phénomènes de la na- ture. La plupart ont eu recours aux hypotheles les plus fingulieres, pour expliquer leur origine : mais A iv (8) 5Î n'appartenoit qu'au fiecle le plus éclairé » de prononcer d'une manière fatisfaifante fur une ma- tière auffi épineufe , 6c de fixer l'incertitude des différentes opi- nions , qu'elles avoient fait naître. Depuis qu'on s'applique avec beaucoup tîe foins à Fétude de TO- rydiologie , les pierres , & particu- lièrement celles qui ont la forme de coquilles de toute efpece, des ma- drépores, des cruftacées qu'on trou- ve dans la mer ^ celles fur lefquelles font empreintes des figures de poif- fons j les plantes tant marines que terreftres , ( qui ne font certaine- ment point, comme l'a dit un Au- teur célèbre y de fimples jeux . de la nature , ni les ornements du bonnet des Pèlerins , qui revenoient de St. Jacques ) ont fur-tout fixé Tattention des Naturaliftes, parce que, def toutes les parties de IHif- îoire Naturelle , c'eft fans doute < 9 ) , , celle qui fournit le plus de recher- ches intéreflantes. Elle préfente en effet à Tefprit l'idée d'une révolu- tion étonnante , qui a changé la contexture primitive 6c extérieure du globe que nous habitons j mais dont le comment fera peut-être toujours ignoré , & l'époque très- difficile à déterminer. La chute de Técole Péripatéti- cienne a entraîné avec elle tous ces fiftêmes extravagans , par le fecours defqueîs on cherchoit à expliquer la formatian des Foffi- les en général j & l'on regarde aujourd'hui Tefprit Architeutoni- que 3 les idées figillées , les vertus pratiquées, comme des rêveries dif- -fipées par le génie de M. de Buffon, Il y a une reflemblance fi frap- pante entre les coquilles Foffiles ,. & les différents coquillages de la mer , qu'il eft impoffible de la méconnoitre ; même conforma- (10) tion extérieure , même pefantear fpécifique , même produit chymi- que. Auffi paffe-t-il pour conftant parmi les Phyficiens éclairés , que les eaux de îa mer , pendant leur féjour fur la partie du globe que nous Iiabitons, ont fuceeffivement dépofé les matières , qui compo- hm les différentes couches , dont toutes les montagnes font formées y & qu'elles ont également entraî- né les productions marines eiï tout genre , li univerfellement ré- pandues dans la terre. La finguliere confervation que j'ai remarquée dans les Foffiles 8t les pétrifications que préfente le feas Dauphiné, la multiplicité des efpeces , leurs variétés , le goût que montre le Public pour cette partie de THiftoire naturelle, m'ont déterminé à donner ce petit Ca- talogue» Ce n'eft qu'une efpece d'itinéraire des différentes courfes^ Cri) qae j*ai faites fur nos montagnesr fon premier mérite fera de facili- ter aux Naturaliftes que la curio- fité ou le defir de s'inftruire , con- duiront fur les lieux , le moyen de trouver eux-mêmes, & fans le fe- cours d'u^n guide éclairé , (tou- jours difficile à rencontrer ) les quartiers , Se même les couches particulières de nos montagnes ^ qui contiennent ks morceaux les: plus intéreffans : de pour qu'on ne me taxe pas de prévention en fa- veur de mes découvertes , j'indi- querai les différents Cabinets, où Ton pourra voir une fuite de tou& les objets , dont il eft queftion dans ce Mémoire. Bien éloigné en ceci , d'un très- grand nombre d'É- crivains qui , du fond de leur ca- binet , ou fur des Mémoires pref- que toujours infidèles ^ nous ont donné des defcriptions brillantes des^ Pays qu'ils n'avoient jamais vife- tés. Auflî la plupart font- ils tom- bés dans les bévues les plus grof- fieres. Il ne fuffit pas qu'un Ouvrage d'Hiftoire naturelle foit bien écrit : il faut encore qu'il foit bien vu. Mais entre voir , & voir vrai , dit l'ingénieux Montaigne , il y a par- fois diftance de plus d'une lieue. Entièrement livré depuis fept ott huit ans à rétude de nos monta- gnes , y furetant fans cefle , exa- minant avec Tattention la plus fcrupuleufe tous les lieux où m*ont conduit le defir 6c la facilité de m'inftruire , peu d'objets ont dû échapper à mes regards avides. Si cet effai n'a pas le mérite d*être écrit avec cette élégance , cette magie de ftile , qui enlèvent tous les fuffrages , du moins aura-t-il en fa faveur la fidélité 6c l'exac- titude des defcriptions ôc des dé- tails. ( 'î) Qu'il me foit permis de le dire : rien ne contribueroit d'avantage aux progrès de l'Hiftoire de la Na- ture 5 que l'Hiftoire Naturelle de chaque Province du Royaume , en particulier. Le projet d'une Hiftoire Naturelle univerfelle mérite i'ans doute les plus grands éloges : mais la Nature 5 toujours enveloppée de voiles épais , ne découvre qu'in- fenfiblement les tréfors. Si la vie d'un homme ne peut fuffire à dé- velopper les propriétés d'un Am- ple minéral , ou d'un végétal j s'il meurt avant que d'être parvenu à épuifer la Matière , comment ofe- roit-on fe flatter de trouver une fociété d'Écrivains ^ aflez éclairés j aflez inftruits, pour donner l'Hif- toire de tous les objets de l'Univers , faire connoître leurs propriétés , déterminer le rapport qu'ils ont entr'eux , Se celui qu'ils pourroient avoir avec nous-mêmes? < H ) ïl ne s*agît point ici d*une fimplc compilation de faits hiftoriques ; il faut marcher d'expérience en ex- périence , d*obfervation en obfer- vation,pofer des principes certains, & arriver à des réfultats qui en foient la fuite & la conféquence immédiates. A force d'épier la Na- ture y on peut parvenir a deviner fon fecret. Il faut encore que TOb- fervateur éclairé ait le courage de facrifier fa propre gloire , & de confacrer uniquement fon travail & fes veilles à la perfection de la Science elle-même ( ^ ) (a) Le détail des faits hiftoriques de cha- que Province , doit paroître infipide & minu- tieux aux jeux de tout homme de goût , lorf- qu'il n'efî préfentê que par des efprits fecs 8c arides. Ces Hiftoires particulières fourmillent néceffairement de froides defcriptions , qui ne peuvent avoir qu'un intérêt très - foible 8c très -borné : ce ne font que des matériaux pour le tableau général du Royaume. Mais l'Hiftoire Naturelle de chaque Province of- fre des productions de toute efpece à décrire, des objets de comparaifoa, des variétés infi- Un Académicien célèbre , Au- teur des Mémoires fur les diffé- rentes parties des Arts ôc des Scien- ces , &c M. Faujas de St. Fond , très - avantageulement connu par fon goût pour l'Hiftoire Naturelle , & par divers Ouvrages j avoient commencé l'Hiftoire Naturelle par- ticulière x^ij^.pauphiné. Que d'a- vantages j-l^ Habitans de cette Province n'auroient-ils pas retiré de leurs recherches & de leurs ob- fervations , foit relativement aux Arts ôc aux Sciences , foit par nies. Chacune de ces produdîons peut avoir un caradere qui les diflingue , ou des pro- priétés efTentielies. On n'y retrouve point cet- te monotanie , cetite fécherefle fi ordinaires dans, les .compilations d'événements & de faits. II n'ajipartient qu'à ceux qui n'ont pas étudié la [Nature en détail , & qui ne l'admi- rent que dans fon enfemble , de dire froide- ment : cette étude eft frivole : ce n'eft qu'un objet de pure curiofité. Ils ne connoiffent pas fans doute. les fecours que l'Hiftoire Naturelle procure aux Arts- &. aux ScieB- rapport à l'économie rurale ? Ce n*eft point du fein de la Capita- le , éloignés des lieux qu'ils vou3 loient décrire, que ces Savansde-' voient nous donner l'Hiftoire des Animaux, des Végétaux , & des Minéraux particuliers à cette Pro-*' vince ; ils s'étoient^ eux-mêmes' tranfportés fur les moî*ttà.gnes les plus élevées du haut''i3auphiné : ils avoient parcouru , mefuré , étudié 5 la partie des Alpes qui s'y prolonge ; aucun obftacle n'avoit pu refroidir leur zèle ; ils avoient tout vu 3 tout examiné, tout fou- rnis à l'analyfe : cet Ouvrage au- roit peut-être fervi de modèle au3c Nâturaliftes ^ que le- défit ^d'êtr^ utiles à leurs Gohcitoyëfts Jaurolt engagé dans la même carrière. lîts auroient pu tenter dans leurs Prc^:;: vinces ce que MM. Guettard 6c Faujas auroient exécuté dans le Dauphiné j car rien n*eft fi puif^f fant («7) fant que l'exemple, (a) Malneu- reufement le beau projet n'a pas eu encore fon exécution. On ne doit point s'attendre à trouver dans ce petit eflai , cet ordre , ces méthodes ingénieufes qu'ont fuivi la plus grande partie des Naturaliftes dans la claffifi- eation des différentes fubftahces qu'on retire du fein de la terre. (a) « La réglé, dit M. le Chevalier de Jau^ a court , ( Encyclopédie , mot Exemple , ) ne » s'exprime qu'en termes vagues , au lieii » que Texemple fait naître des idées déter^ jj minées, & met la choie fous les yeux, que » les hommes croient beaucoup plus que les » oreille?.- » Nous aurions grand befois- d'exempie en Dauphiné. On y chercheroit en vain cette émulation qui crée les auteurs ;^ les efprits y font naturellement engourdis :■ & tandis que tout le Royaume pullule d'É-- crivains , notre Province eft refiée dans un- état d'apathie , dont l'inllitutiôn d'une Bi- bliothèque publique & d'un Cabinet d'Hiftoire Naturelle pourroient- la retirer.- Celle d'une- Académie toujours utile aux- progrès des- connoifTances humaines ,• acheveroit fans^ doute ce que le premier établiflement- a- 'Commencés- ■ .;c;^ 6^ (i8> J'ai étudié les montagnes plus que* les livres ; je décrirai comme j'ai vu; je fuivrai dans ce Catalogue l'ordre de mes courfes dans nos montagnes , fans avoir égard aux; différents genres y aux différentes^ familles ni aux différentes efpecesi qu'on trouve prelque toujours con- fondues enfemble;: je préfenterai; donc fous un même point de vue,, en parlant d'un quartier particu- lier d'une montagne ou fimplement: d'une couche que j'aurai examir- jiée , tous les objets qu'elle ren-^ ferme; cette marche me paroif- fant plus naturelle, ôc moins em^- barraflTante. On trouvera dans lé Cabinet de; M. Faujas de St; Fond ôc dans lai fuperbe CoUedkion que M. deMar- cheval , Intendant de cette Provin- ce, a eu la générofité de joindre à lài Bibliothèque: publique de Gre- nolilè:i>unee fuite: grefque: complets (19)' , te de tous les objets dont il eft ici queftion. Il fera donc très-facile aux Na- turaliftes de fe convaincre , que je n'ai rien hazardé dans ce Mémoi- re ; & ils avoueront avec moi qu'il eft peu de montagnes auffi riches, auffi variées , & aulîî intéreffantes. Avant que d'entrer dans aucun détail , je donnerai une defcription générale de la montagne de Sain- te Jufte & fucceffivement de cel- les qui Tavôifinent. J'indiquerai' feulement les changements locaux , dont je ferai une mention plus par- ' ricuh'ere en décrivant ( a ) les dif- férents Foffiles & pétrifications de c^tte partie de la Province. ' C*fl) La defcription des produftions dé la* Nature fait la bafe de fon Hiftoire. C'eft le- 'feul moyen" dé les faire Cc^nnoître chacune - .en particulier, & dé donner une idée deleur' conformation. Encyicl.Tomv 8. page 225; mort (20) La montagne de Sainte Jufle , au midi de St. Paul- Trois- Châ- teaux , l'une des plus riches & des plus intéreflantes par le nombre de la belle confervation des Foffiles êc pétrifications qui y [font répan- dues , peut avoir environ trois lieues de circonférence & trois cerxt toifes^ d'élévation. Au levant & à la hauteur moyenne eft bâti le viî>- îage de St. Reftitut. Au midi de Mn peu plus haut, le hameau de Chabrieres* A la même hauteur &. à Textrêmité de la montagne eft: fitué le hameau de? Bary , vis-à- vis^ de Bollene , petite Ville dtiî Comté- Venaiffin. Cette montagne, ainfi que celles; des environs ,, eil:: généralement formée par couches parallèles 6c horizontales. Les pre- mières qu'on apperçoit au pied de: lai montagne j font i^. une cou-- che: fort étendue de pierres blau'- Gh£Si^ calcaires 5, d'upa tiflUla^he^ (21 J d'un grain aflez fin , fe divifanr en tout fens Se en mufles irrégu- lieres, dans laquelle on trouve feu- lement quelques noyaux de Bou- cardites. 2^. Plufieurs couches de fable marin fort épaifles , colorées dans certains endroits en rouge , jaune ou brun. j^. Une couche de roches compofées par blocs con- lîdérables , dont le caraélere gé- néral eft d'être très-dures , de don- ner des étincelles^, & de faire ef- fervereence avec les acides. Elles font formées par de petits grains de fable vitrifiable du quartz, une quantité étonnante de corps ma- rins détruits , brifés ôc confondus enfembîe , parmi lefquels on dif- ^iingue ,de petits peignes , des •^lioyaux de moules , & des gloflb- ^pétres , le tout uni & lié enfemble par un fuc lapidifique de calcaire. 40. Une couche de matières caîcai- ms ,, (âblonneiiles: &. argiUeufe:,, \/ïii4i* i /Ji'-* (22> remplies de petites pierres arron- dies formées de ces différentes fubf- tânces. çp. Une couche de pierres felanches calcaires d'un tiflu lâ- che, d*un grain groflier , dont Té- paiffeur connue eft de plus de cin- quante pieds y formée en entier par des corps marins détruits , & réunis enfemble par un gluten la- pidifique. (<« ) I ^" - I II ' '~" - (fl) Toute la terre calcaire qu'on trouve à là fuperficie du globe terreftre eft formée, fui- vant l'opinion de M. de Bufibn , par ladé- compolition de tousjes infeftes marins qui fe- conftruifent des niches pierreufes , & par les- coiffons teflaeées. Ge feniiment eft établi fur les obfervations & les analyfes chymiques les mieux faites. M. Sage dans fon Eflai Dèciftiaftique, pre- îïïiere Édition , dit que les animaux qui ha- bitent &t bâiiflent eux-mêmes les coquilles 6c les coraux , font compofés d'une matière hul- leufe & de terre abforbante ; (probablement eiie n'eft autre chofe qu'une terre viirifiable" & élémentaire, mais qui en diffère effentïèl- lement par les altérations que lui ont fait éprouver les corps organifés auxquels elle- fert de b'afe ) qu'au moment de la putréfac- tion des fubftances animales , l'alcali volatil , (25) Cette couche , Tune des plus cu- rieufes que je connoifle, occupe tou- te rétendue fupérieure de la mon- tagne : on y a ouvert plufieurs car- rières d'où Ton tire toutes les pier-- r€S taillées qu'on emploie dans les bâtiments de la Ville & des enviv ronsi Elle eft fort tendre en for-- venant à fe combiner , avec une portion de la terre , il en réfulte un fel , avec excès de terre abforbante , qui eft la vraie pierre cal-- oaire. L*étonnante jijtrantité de matière calcaire: qu'on trouveTi généralement répandue fur la; terre , ne peut préfenter une difficulté infoiu-- ble , qu*à ceuK qui ignoreroient combien eft- rapide & prodigieufe la propagation des co- quilles , mais fur-tout des coraux; J'ai vu à la Martinique & à la Guadeloupe,- & partieuliéremenrt à St. Domingue , des tas de madrépores de toute efpece ,-de iço pas de longueur , fur une hauteur & épaifTeur fort confîdérables , qui avoient été arrachés du fond de la men Un grand nombre de mai- fons du Cap- François en font conflruites. J'^ai été curieux- de vifiter les bas-fonds d'où l'on - retire ces produftions fingulieres. ils en font entièrement tapiffés. Les ouvriers occupés à ^ lés: arracher , m'ont tous alTuré qu'elles éîoient remplacées par de nouvelles,, dans^ l*efpace de- d€ux^ ou trois ans. • (24) tant de la carrière , mais elle dur- cit à Tair. Dans une étendue de plus de deux cent toifes , d'où Ton retire depuis un tems immémorial «ne quantité prodigieufe de quar- tiers de pierre, on ne trouveroit pas une gerfure où Ton pût fai- re paffer la lame d'un couteau. Il fuffit d'obferver cette pierre avec un peu d'attention , pour y recon- noître la fubftance des Coquilles ©u des Coraux. Il n'eft même pas^ rare d'y trouver des Coquilles Foffiles de différentes familles en- core très-bien confervées. Mais il eft difficiie de les en retirer par- faitement entières. Elle eft recou- verte par une couche de terre vé- gétale épaiffe & cultivée. Enfin la montagne eft terminée par une pe- tite élévation compoiée d'un bane de fable grisâtre , dans lequel on rencontre une couche de pierre are- nacéefon t^dre ?: & beaucoup de ^ galètsi (^5) , galets ou cailloux roules qui don- nent des étincelles. J'ai dit , page 20, que le village de St. Reftitut étoit iîtué au le- vant & à la hauteur moyenne de la montagne de Ste. Jufte. Arri- vé à la hauteur du village , à gau- che du chemin qui y conduit , au nord de la Chapelle du St. Sépul- chre, entre deux bancs de roches compofées , on trouve une couche de cailloux roulés qui fous une écorce groflîere , verdâtre ou noi- râtre 5 préfente dans fa frafture qui eft luifante , un grain fin de ferré , des couleurs vives & variées qui les rapprochent de la nature des agates. Ils font mêlés avec un fable marin , dans lequel on trou- ve une très- grande quantité de pe- tites gloflbpêtres dont les formes varient. Les unes font en pyrami- des très-comprimées à bords min- ces 5c tranchants , à bafe p'ate ou C ( 2S ) fourchue ; les autres font en cônes plus ou moins droits , à côtés ar- rondis &C terminées par une poin- te obtufe. Elles font recouvertes d'une croûte très-mince 6c luifan- te , grife ou jaunâtre. Le noyau eft un aflemblage de filamens fi- breux & ofleux , entièrement ana^ logue à la fubftance des os. Au midi de la montagne après avoir depaffé le Village , on trou- ve entre deux couches de pierres aren^cées , plus ou moins friables en certains endroits , une couche d'ourfins pofés avec ordre les uns fur les autres de la plus belle con^ fervation. Ils font entièrement blancs & très-minces, n'ayant que quatre lignes d'épaiffeur au cen- tre 5 ôc un quart de ligne fur le bord; l'anus & la bouche font pla- cés fur la face la plus applatie ; la bouche au centre ^ où viennent fe terminer cinq petits enfoncemens 1BÏ1 bandes qui marquent la divî- ïîon des lobes dont la coquille ejft compofée , réunies enfemble par des engrenures ^ qui rentrent exac- tement les unes dans les autres. L'anus eft parfaitement rond , très- petit & placé à une ligne du bord. Au centre de la face convexe on voit la figure d'une très-petite étoi* le à cinq rayons , marqués d'un point , à chaque extrémité de l'an- gle defquels partent cinq doubles rangs de petits trous qui en s'elar- giflant en ligne courbe 6c venant le réunir à un demi-pouce de la circonférence , forment la figure d'une fleur à cinq pétales bien def- fînée. Le teft de cet ourfin eft en- tièrement femé de petits cercles , au centre defquels on découvre un petit mamelon prefque impercep- tible , auquel eft adhérente une très-petite pointe cilindrique lifie, courte & terminée par une pointe Cij ( 28 ) fort aiguë , qui s'en fépare dès que l'animal ceffe de vivre :, l'analo- gue fe trouve au banc de Terre- Neuve. A cent pas de là , vers le le- vant 5 parallèlement à la même couche 3 on trouve une autre ef- pece d'ourfins également bien con- lervés. Ils font ovales dans leurs contours & l'une des extrémités eft un peu moins arrondie que Tau- tre. la face fupérieure ejft relevée hémifphériquement; l'inférieure eft concave. C'eft fur celle-ci que fe trouvent placés la bouche & l'a- nus y & cinq petits enfoncemens qui naiffent vers la circonférence de l'ourfin , &c fe terminent après s'être approfondis au tour de la bouche, qui eft grande, ovale , 6c dont Tune des lèvres eft un peu plus relevée que l'autre. L'anus qui eft également ovale & aflez grand , eft placé tout-à-fait vers Fextremité la moins arrondie. Du centre de la face convexe partent cinq doubles rangs de petits trous qui en s'élargiflant & fe rappro- chant enluite vers la circonféren- ce , en décrivant une ligne cour- be y forment la figure d'une fleur à cinq pétales. Les deux faces font entièrement recouvertes de petits cercles en creux , au centre def- quels s'élève un très-petit mame- lon , auquel eft attachée par uri mufcle une petite pointe très- min- ce cilindrique & fort aiguë lorf- que l'animal eft encore en vie. C'eft 5 je penfe , l'echinite fibulai- re de quelques Auteurs. Un peu plus bas , on rencon- tre un banc de gravier très-menu & vitrefcible, avec lequel eft mêlée une grande quantité de très-peti- tes gloflbpêtres , dont les unes font faites en pyramides comprimées 6c à bafe fourchue , les antres font- G ii j coniques. Elles font d'une fuperbe confervation & d'un beau luifant. On y trouve auflî des bufFonites > efpece de gloffopêtres orbiculaires faites en forme de verre de mon- tre, & qui ont confervé le poli de: rémail : elles reffemblent aux yeux de ferpent dont elles ont fouvent pris le nom. A cinquante pas de la dans une couche d'argile bleuâtre , compo>- fée d€ parties grolîieres , mêlées d'un peu de fable très-fin Ôc luifant,. on trouve de petites coquilles fof- files d'une efpece d'huître, très- minces j orbiculaires ôc formées par feuillets. Des griphites à bec re- courbé en dedans ; quelques arti- culations de madrépores étoiles 5c des fragments de dentales. En tournant la montagne du le- vant au midi, la chute des eaux, fupérieure a creufé un ravin pro- fond au bas de la montagne, &. laifle à découvert un banc de fable très-blanc 5 d'une demi - tranfpa- rence. Il s'y forme de petites bou- les qui différent dans leur groîTeut depuis fîx lignes de diamètre juf- qu'à trois pouces compofées du même fable , réunies & liées en- femble par im gluten lapidifique. Elles forment une efpece de pou-* dingue en mafle folide. En remontant près du hameau de Chabrieres , au-deffous d'une tour en ruines, dans une couche de pierre calcaire blanche y d'un tiffu extrêmement lâche , on voit i^. des peignes à grandes canel- lureis & à petites ftries longitudina- les 9 la valve fupérieure eft conca- ve ou plate , l'inférieure eft con- vexe. 2°. Une féconde efpece de pe- tits peignes ronds dans leurs con- tour?, dont les deux valves font éga- lement relevées jCanellées & ftriées. lîs ont deux oreilles égales , & font Civ fouvent couverts de groupes nom- breux de glands de mer de la pe- tite efpece. 3°. On y trouve encore des balanites très-petits à bouche ronde d*une confervation admira- bk , & d'une fraîcheur unique. Les différentes lames qui compofent cette coquille multivalve y font marquées de petites ftries longi- tudinales. Ils ont confervé une teinte légère de la couleur rouge dont ils font ordinairement colo- rés. Réunis en groupes nombreux 6c ordinairement adhérents à des noyaux de vis ^ de buccin , de rouleaux 5 de peignes ou de ma- dreporites ^ ils produifent un effet pittorefque par la fingularité de leur arrangement. 4*^. Des echi- nites fibulaires décrits ci-devant. M^ de Marcheval , Intendant de cette Province , en a un dans fon Cabinet , fur lequel s'eft atta- ché un groupe de ces petits ba- lanïtes. 5°. Une autre efpece aouf- fin , dont la face la plus élevée eft partagée en cinq découpures profondes : celle du milieu eft plu^ grande que les autres , terminée à l'extrémité la moins arrondie de l'ourfin , elle y forme un enfonce- ment profond. Ces cinq découpix- res ou lacunes ^ font garnies inté- rieurement par uti double rang de petits trous qui fuivent la même direftion : une efpece de zone en zigzag entoure ces lacunes. La bou* che & l'anus font placés fur la face la plus applatie 5 la bouche au cen- tre » elle eft grande & ovale ; la levre poftérieure eft beaucoup plus relevée qtie l'antérieure ;^ l'anus eft placé à l'extrémité la moins arron- die de l'ourfin où vient aboutir la grande découpure fupérieure. Les- deux faces font femées de petits mamelons auxquels font adhéren- tes les pointes de cet ourlîn , lorf- (34) que ranimai eft vivant. L'analo- gue fe trouve dans la Méditerranée. Au-deffous de cet endroit en fe rapprochant du hameau de Bary à îa hauteur moyenne de la mon- tagne 5 on trouve plufieurs cou- ches de grais fort étendues , le grain en eft groffier. On y voit une quantité étonnante de rna- drepores étoiles , tubulaires , erf- mafles folides , des meandrites, des^ fongites &e. d'où il eft impoffi- ble de les retirer. Je ne décrirai pas toutes les efpeces , parce qu'el- les font trop communes» JVtais il en eft une qui fe fait remarquer par une forme particulière. C'eft une efpece de madreporite bala- nite à grands tuyaux creux cylin- driques ; la partie fupérieure eft plus grande que l'inférieure ; la longueur dès tuyaux eft de cinq, à fix pouces ; il y a dans le con- ÎKHir de la bouche trois évafemens^ arrondis intérieurement, evafesex* térieurement & qui fe correfpon- dent ; ils font réunis en groupes nombreux dans des blocs de grais- qui leur fert comme de matrice* Il y a encore dans le même grais des rouleaux du genre de ceux qui ont la bouche fort allongée. J'ei^ ai envoyé un beau groupe de cinq à M^ Faujas de faintFond, qu'on^ pourra voir dans fon Cabinet. Ce" R'eft point feulement un fimple noyau qui fe feroit moulé dans la €oquille & en auroit- reçu la forma & les contours , c*efl là coquille elle-même fi parfaitement pétrifiée qu'elle donne des étincelles , quoi- que le grais auquel ils font atta- chés fafle effervefcence avec lès acides : expérience que j'ai renou- vellée fur toutes les pétrifications qui fe trouvent dans cet endroit & qui m'ont conftamment donna le même réfultac On trouve encore dans le mê- me endroit i*^. des ftrombites ou' vis contournés en pîufieurs fpira- les & tous pofés parallèlement à la pierre à laquelle ils font forte- ment attachés. 2°. L'oftracite ou coquille d'huître fiilannée, oblon- gue & raboteufev 30.. Enfin quel- ques cornes d'ammon lifles 5 à pe- tites ftries. Quelques noyaux nau* îiles r chambrés & des cames. En remontant vers le hameau de Bary on voit dans différentes» couches de pierres arenacées , des glands de mer ou bàlanites d^une grolTeur prodigieufe , d'une beau-^ té ôc d'une confervation uniques. Ife font compofés de douze pièces d'autant plus diftinftes les unes des autres 5 que celles qui font fail- lantes , font ftriées longitudinale- ment êc terminées en pointe vers k haut ; au Heu que les autres- font ftriées circulairement ,. ia^-ges:- ( 37 ) par le haut & pointues vers leurs extrémités. M^ Faujas de Saint- Fond en poflede un groupe de huit de la plus grande beauté ; j'en ai auffi un d'une groffeur monftrueu- fe , attaché fur la valve- inférieu- re d'une coquille d'huître-Foffile. A deux cent pas de-là dans une couche de fable jaunâtre , j'ai dé- couvert des reftes du fquelette d'un animal quadrupède. Le volume des os qui font totalement pétri- fiés, m'a fait croire que l'efpece à laquelle ils appartiennent , n'eft point de notre continent. Je don- nerai un Catalogue particulier de tous ceux que j'ai découverts, foit dans cette partie de la montagne de Ste Jufte , foit dans les autres. Au-defîus de Bary au pied de la montagne on rencontre un banc de fablon de couleur grifâtre cou- vert d'une prodigieufe quantité de coquilles d'huîtres - Foffiles. Elles ( 38 ) font de la petite efpece 3 allongées, orbiculaires ou repliées en mille formes différentes, ce qui leur don- ne les figures les plus bizarres 5 elles font de l'efpece des huîtres parafites ; on en trouve qui font adhérentes à des pierres ou à des corps étrangers. Il arrive fouvent que plufieurs font réunis enfemhîe, & qu'il s'y eft même attaché des glands de mer de la petite efpe- ce très-bien confervés : ces coquil- les font abfoîument Foffiles & n'ont effliyé aucune altération fenfible ; l'analogue eft très-commun fur les côtes de Provence. En parcourant la partie de la montagne fituée au couchant , j'ai découvert i®. plufieurs efpeces de noyaux formés dans les coquilles de la famille des buccins , fur lef- quels fe font formées des cryftaîli- fations fpathiques. 2^. Des noyaux de cornes d'ammon fort grands , tres-comprimés ^ à ftries fimples dt entièrement herboriiees. 3''. Des cames , dont la fubftance primiti- ve de la coquille eft entièrement changée en fpath cryitalîiié en rayons perpendiculaires. 4^. Des ourfins ovales dans leurs con- tours 5 tronqués vers Tune des ex- trémités 5 ayant le dos relevé hé- rnifphériquement 5 fur lequel font marquées quatre lacunes peu pro- fondes accompagnées de deux dou- bles rangs chacune de petits trous qui forment tous enfemble , la fi- gure d'une fleur à quatre feuilles, 50, Dans une couche particulière de pierres calcaires jaunâtres , lé- gèrement fablonneuies , en petites mafles irrégulieres , on trouve des noyaux de cames de la famille des pétoncles fur lefquels fe font for- més des cryftaux de fpath. 6*^. Un bois parfaitement agatifé. Au nord de la même montagne <4o) de Ste. Jufte on trouve une quan- tité étonnante d'os pétrifiés dont je rendrai compte à la fin de ce Mémoire. Au levant on trouvera dans une couche de pierre blanche calcaire Se friable 9 i®. une quantité éton- nante de petits peignes , munis de deux oreilles d'égale grandeur , canellés & ftriés longitudinale- ment. 2^. Des groupes nombreux de grands balanites. 3^. Des échi- nites fibulaires. 4^. Des ourfins très- grands, parfaitement ronds dans leurs contours : la face fupérieure €ft relevée hémifphériquement & marquée d'une fleur à cinq péta- les formée par un aflemblage de cinq rangs de petits trous : la face inférieure eft. convexe. Au centre eft fituée la bouche , l*anus efl: placé tout^à-fait fiir le bord* Ils différent eflentiellement de ceux que j'ai déjà décrits , par leur for- me ( 41 >, me ronde & hémifpherique & par la figure de la fleur faillante donc ils font marqués. 5^. Des ourfins en forme de cœur convexes d'un- côté , très-applatis de l'autre y re- marquables en ce que la bouche- eft au centre de la face convexe, d'où partent quatre doubles rangs^ de petits trous qui en fe réuniffant forment la figure d'une fleur Tail- lante en forme de croix. L'anus' eft placé fur la face la plus appla- tie, tout- à- fait fur le bord de la^ partie la plus allongée. Le teft de cet ourfin eft divifé en bandes tw zigzag , marquées par de très- petits mamelonsè Sur le haut de la même montai gne , dans le chemin qui^ conduit^ au village de St. Reftitut, à la car--' riere dont j'ai fait mention , page^ 20 5 on trouve de petits ourfins^ miliaires , d'une jolie confervationi> de:^ forme- hémifghérique , divifé&J C 4^ > en cinq compartimens , femés de^ petits mamelons; la bouche lituée fur la face la plus applatie , eft dia* métralement & perpendiculaire- ment oppofée à l'anus. A quelques pas de - là , les champs font femés de fragmens; de peignes à deux oreilles , ôc à grandes cannelures. Un peu plus loin on rencontre une couche d'environ un pied & demi d'épaiffeur , entièrement formée par des noyaux de mou- les, fortement aglutinés enfemble ;, au-deflbus dans une couche de marne blanchâtre légèrement fa- blonneufe , on trouve quelques pe- tits glands de mer très- bien con^ fervés. A deux cent pas de-la , en ti^ rant vers le midi de la montagne,, on- rencontre une couche de fai- ble groffier , mêlée de parties cal- caires 3î dans, laquelle. il; y; a. de^ (43 y grands oftracites à valves înegà* les , fort épaiffès , très-rlongues , & formées par écailles minces. La valve inférieure eft relevée , gar- nie d'un bec fort alongé recourbé extérieurement , avec un canal - profond ôc étroit , à la naifîance intérieure duquel s'adapte par une- efpece de charnière , la valve fu- périeure qui eft un peu moins grande 5 plate , du un peu convexe.- Au nord & tout-à-fait au bas^ de la Montagne il y a parmi piu- fieurs couches de pierres arenacées^ ou dans des bans de roches com- pofées une quantité prodigieufe^ d'oflements danimaux quadrupè- des, plus ou moins bien confervés^^ & pétrifiés. La partie bafle de la^ Montagne^ dans la direftion du nord au midi' préfente plufieurs couches de marné- blanchâtre , les unes pures , creta^- C€es&- calcaires , les autres légl-- 1Pi)j , C44) rement fableufes ou argileufes. Toutes pourroient également fer- vir d'engrais, fi quelque perfonne; intéreflee aux. progrès de rAgri- culture^ qui languit dans la Pro^ ■vince^ vouloit tenter dès expérien- ces, & la faire connoître à nos Payfans agriculteurs. Mais on n'ea^ tire aucun partie, parce qu'en Phy- sique comme en Morale ,. il eft d'anciennes erreurs que les préjugés ont rendu refpeûables aux yeux: des perfonnes peu éclairées. JHontagne de Chatillonà un demi: quart de lieue ,^ au levant de-.: Jain tr-Paul" Trois- Châteaux . Cette, montagne peut avoir en- viron trois cents toifes d*élévation^, la bafe eft compofée de couches de- fable blanc ou coloré en rouge ou rouge brun. Au-deflus on trouve: une CQUcHe d'argilt rougeâtre. ^ C45) Ferrugîneufe , dans laquelle il' y ^. de très-petites géodes ferriigineu- fes^. formées par eoucKes concen-- triques : la Hauteur dfe cette mon-' tagne eft terminée par un banc fort épais de roches compofées , dans lequel on découvre au mi- lieu ^d'urre quantité immenfe de fragmens de ces rochers, i®. Des^ gloflbpêtres triangulaires très- com- primées , dentelées en forme de fcie fur les Bords , à bafe fourchue 6c ofieufe & qui ont confervé le poli dé ré m ail. 2^. Des ftagmens d'os 5 très-bien pétrifiés :, qui fai- foient partie des côtes d'un ani- mal quadrupède. 3°. Des pointes: d'ourlins ciHndriqiies , canellées 6c grenellées ; rextrêmité par oii elles s'adaptent au mamelon de Tôurfin eil arrondi en formé de tête , percé au centre d'un petite trou , étranglé au-deffus, furmonté gar un £etit haurrekt- ôc terminé^ (40 par une pointe tronquée. 4^ De^- balariites ou glands de mer dé la grande & moyenne efpèce. Au nord & tout-à-^fait au bas de cette - montagne dans une pe- tite élévation formée par dèscou- cKes de fable groflîer fortement lié par un fuclapidifique\ on trou- ve i°- des terebratules liffés, lon- gues, renflées par le milieu, dont la valve inférieure \, qui eft plus grande que la fupérieure , a unjbec recourbé & comme percé d'un petit trou. 2^. De petits écHinites mil- liaires , couverts dé très-petits mamelons y dont Tanus eft dia- métralemenr & perpendiculaire- ment oppofé à la bouche. 50. B'ourfin appelle le bouton. 4°: ti'ourfin élevé Hémilphériquement^ parfaitement rond dans ion con- tour , marqué de cinq doubles rangs de petits trous , qui vien- nent aboutir àJa bafe de l'ourfm »- (47) après s'être également éloignés^ les uns des autres. La bouche 8c l'anus font placés fur la face la plus applatie. 55. L'ourfin en for- me de cœur , applati d'un côté ^^ convexe de l'autre , marqué de quatre lacunes peu profondes 5' garnies intérieurement de deux: rangs de petits trous fur la partie la plus élevée. 6°. Des noyaux - de corne d'ammon monftrueux. J'en ai un actuellement fous les yeux qui a vingt- trois pouces de diamètre , & une épaiffeur énorme. Les fpirales du centre font à gros tubercules 6c à grandes canellu— res ; celles de la circonférence font lifles & entièrement herborifées. J'en ai brifé un beaucoup plus grand , en voulant le détacher de ces couches de fable 5 auxquelles; il étoit adhérent. J'en ai auffi re- tiré plufieurs autres de huit , dix,, &.de. douze pouces. JJen ai ea-^. . C4-8 5 ^oyé un dé ces derniers à M^ Faujas de Saint-Fond , autour duquel on voit le tuyau ou fiphori' qui traverfe les concamérations" ou cellules dont cette coquille eft formée. J'en ai rompu d^autres dans le centre dêfquels fe font for- mées dès cryftallifations quart-^ zeufes , dont les^ cryftaux font Hexagones Se terminés par une' pyramide. Ils font feu , étant frap- pés avec l'acier. 7"°. Dès noyaux- de nautiles fort épais & très-gros, lifles & chambrés , dans les cellu- les dêfquels fe font également for- mées des cryftallifations quartzeu- fes ou fpathiques. 8^. Une efpece' de fongite creux en forme d'en-^ tonnoir , accompagné intérieure- ment de cryftaux en prifme Héxa-^ gone. 9^. Des ficoïdes 6c des pria-- polites , ^fpece de fôngires. lo^.- Enfin des huitres épineufes orbi- culaires 5,& parfaitement pétrifiées;- Montagne (49) - Il ■ - ■ — . . Montagne de Ventcrol , à un quart de lieue au nord de St» Paul Cette petite Moatagne paroît être un prolongement ^ xelîe de Clanfayes , & en avoir été fepa- Tee par quelque courant de mier. Elle eft en général formée par des couches de fable très-ferrugineux , dans lefquels on voit de très- groffes géodes d*un rouge brun for- mées par couches concentriques , & des mafles confidérables de grais d'un grain grofîîer. Au couchant au pied de la Montagne dans un banc de fable marin , on apperçoit une couche de corps marins bien inté- reflante aux yeux d'un vrai Natu- ralifte. On y trouve i^. des cornes d'ammon à grandes ftries & à petits tubercu'es , d'autres liffes & her- borifées , la fubftance de la co- E quille, quoique mince & très-dé- licate , eft encore en fon entier , l'intérieur en eft vuide , on y ap- perçoit les articulations qui ren- trent les unes dans les autres, & qiû forment les cellules ou concamé- rations de cette coquille , elles font traverfées par un petit tuyau ou fiphon 5 qui communique de l'un à l'autre. 2^. De petites ai*- ches de Noé avec leurs ftries très- fines 6c bien confervées. 3°. De petits cames Se des noyaux de moules. 4^. De petits buccins à tubercules y dont la coquille eft encore parfaitement confervée. Des nerites , des limaçons & Tourfin appelle bouton. 5®. Enfin du bois pétrifié & ver-moulu. Près de la ville de St. Paul- trois-Châteaux règne dans la di- reftion du nord au midi une hau- teur peu confidérable. La première couche fupérieure eft compofée en (50 entier d'un affembîage de galets ou cailloux roulés tous vitrefâ- bles 5 parmi lefquels on trouve quel- ques fragmens de bafaltes également arrondis : cette couche peut avoir environ dix pieds d'épaifleur , & au-deflbus on trouve une féconde couche d'une épaifîeur inconnue , Cômpofée de petites pierres calcai- res & roulées , au centre de la- quelle on rencontre un banc con- fidérable & continu de pierres blanches ^ calcaires , entièrement compofées de détrimens de coquil- les & autres corps marins détruits, le grain en eft groflîer , le tiflii la- che , elle fe décompofe aifément à i'air. Entre cette élévation & Pierre- lâte la plaine eft couverte des mê- mes galets qui compofent la pre- mière couche fupérieure de la hau- teur dont je viens de parler , par- mi lefquels on trouve des bafaltes Eij (50 en colonnes , dont les angles n'ont point été afl'e'z arrondis par le roulis des eaux pour les mécon-, noître. On y rencontre en petit les mêmes accidents que dans ceux du Vivarais , tels que fchorlsverds , pouzolanes, pierres poreufes, laves, &c, 6cc. enfin les mêmes iubftan- ces volcaniques ^ qu'on trouve dans la plaine de Montelimart. Cette obfervation conduit néceffairement à la conféquence , que le mêrhe courant qui a entraîné les maffes énormes de bafaltes & les poudin- gués volcaniques, que M^Faujas m'a fait obferver dans les difFéreii- tes parties du territoire de Monte- limart 5 a également charié celles qu'on trouve ici : & celai paroît d'autant plus vraifemblable ., que cette couche immenfe de galets ou cailloux roulés , fe prolonge fans interruption & dans la mêiiie di- reftiondans la Provence , leDau- (55) phiné j le Lyonnois , la Bourgo- gne , Sec. refte à obferver fi au- deffus de Montelimart on trouve les mêmes matières volcaniques. - Je terminerai Tartide concer- nant St. Paul -trois -Châteaux , par une obiervation fur une terre imprégnée d'un fel de nitre qu'ori trouve à un quart de lieue de la Ville au quartier appelle boulouP fas. Cette terre efl: argilo-fablonneu- fe , d'un gris fale; les jours d'été après une rofée abondante , le fel fe manifefte Superficiellement 3 en forme de gelée blanche : aucuii végétal ne peut croître ou du moins parvenir à un certain degré de ma- turité 5 dans l'endroit où ce fel eft le plus abondant. J'ai pris une certaine quantité de cette terre : je lai leflîvée à l'eau ch^ude^, j'ai fuivi les mêmes procédés en petit ; que ceux qu'on emploie en grand dâ,ns la pétrifia- E iij (54) cation du falpêtre. j'ai fait évapo- rer le produit de cette leffîve , Se lorfquelle a été cuite , au point de fe congeler , je l'ai expofée à la fraîcheur d*une cave , & au bout de quelques jours , j'ai trouvé at- tachés aux parois ôc au fond du vaiffeau , de petits cryftaux de fel en prifme hexagone , terminés par une pointe aiguë. Il imprime fur la langue un lentiment d'amertu- Hie & de fraîcheur , iî fufe fur les charbons ardents , & tombe en efflorefeenee , s'il refle expofé à l'air.. j ^envoyai un échantillon de ce fel à M^ C . . . Médecin auflî dif* tingué , que favant Naturalifte : après 1 avoir examiné en Phyfîcien éclairé , il m'affura » que c'étoit 3î un fel njtreux à bafe d'argille ^ 3> qu'il pouvoir bien y avoir encore » quelque mélange de félenite , » mais en petite quantité , & qui! (55) » ne femanifeftoit que d'une ma- 3î niere incertaine , par les obfer- » varions même réitérées , ôcc. » Il eft facile de comprendre quels fecours on pourroit retirer de cette terre précieufe fi on parvenoit à priver le fel qu'elle contient de fes parties hétérogènes : c'eft au chymifte éclairé de jaloux du pro- grès des connoifiances humaines à la foumettre à Tanalife ^ à indiquer d'une nrianiere précife quelle eft la nature de ce fel , & enfin à déter- miner i'ufage qu'on tn poui'foit faire dans les Arts» Montagne de Clanfay es aune lieue au nord de St. Paul '-trois '^ Châteaux* Cette montagne fera fameufe dans THiftoire du Dauphiné , par les fecoufles multipliées de trem- blements de terre , qu'on y a E iv éprouvé depuis le 8 Juin 1772 jufqu'au 7 Février 1775. Eile eft également intéreflante par les beaux Fo0i,lles & les pé- trifications qui y font répandues avec une extrême profufion ^ 6c c'eft à cette partie que nous nous arrêtons uniquement 5 parce qu'elle entre feule dans le plan de ce Mémoire. La montagne peut avoir envi- ron cinq lieues de tour fur deux cents cinquante toifes d'élévation , le vîilage de Cianfayes eft bâti au midi & à la hauteur moyenne de la montagne. Au nord , & dans la partie bafle eft fitué le village de Chantemerle; au levant celui de Chamaret : la montagne eft formée en général ^ 1^. par des couches de fable marin diverfe- ment colorés en certains endroits , par quelques diffolutions martiales. 2^ D'un banc de roches comgo- • (57) , fées très- étendu & d'une epaitTeur fmmenfe. 3*^. D'une couche d'ar- gile fort épaiffe , blanchâtre , mê- lée de parties calcaires , dures Se fe divifant par feuillets affez épais. Au levant on trouve une couche de pierres^ calcaires blanches afiez dures & formées par des détriments de coquilles. Au fud-eft ^ la mon- tagne eft couverte de filex en pe- tites maffes d'un grain groflier y qui frappées avec l'acier donnent des étincelles. Tout-es ces différen- tes couches font parallèles & ho- rizontales. Dans différents prolongemens de la montagne du côté du midi , on trouve dans une couche de pierre calcaire blanchâtre ^ d*un grain^ très-groffi^r 5 formée par feuillets minces & défunis. i^. L'échinifte- fibulaire. 2^. L'ourfin pas de pou- lain. 30. L'ourfin de la mer rouge à grands mamelons relevés hémif- (58) pliériquement , dont l'anus eft au centre de la face convexe , diamé- tralement & perpendiculairement oppofé à la bouche. J'en ai trouvé un d'autant plus intéreflant , que la matière calcaire qui l'enveloppe tient fixées far leurs mamelons cinq ou fi^ pointes fort grofles Se cylindriques de cet ourÊîi. 40. Des peignes tuiles de à petites ftries. 50. Plufieurs efpeces de madrepo- rites fongites , en mafles folides , marqués de petites étoiles. 6^. Da bois parfaitement biçii agatifé d'un gris fombre , veiné , d'un rouge foncé. Au~deffous à gauche du chemin qui conduit de St. Paul au vil- lage de St. Raphaël , dans une couche de fable groffier , lié en- femble par un fuc lapidifique , il y a de très-gros cames dont les deux valves encore jointes enfem- ble > font changées en matière (59) fpathique, & des noyaux de nautiles chambrés, dans les différentes con- camérations defquels fe font for- més de petits çryftaux de fpath» Au levant de la montagne ^ au nord de Chamaret fous une cou- che de roches compofées y on trou- ve un amas de corps marins dé- truits 5 dont la partie la plus con- lîdérable eft de noyaux de cames ôc de moules , parmi lefquels on rencontre quelques balanites de la grande efpece , bien confervés , de grandes huîtres oblongues , très-épaiffes , formées par feuillets affez minces : au nord de la mon- tagne il y a une très-grande quan- tité de noyaux de peignes y de pe- tites arches de Noé , quelques ourfîns. Mais le tout d'une confer- Vâtion médiocre. Au-deffus du village Chante- merle , on trouve quelques grands peignes à deux oreilles , à grandes ( 6o ) caîielliires , dont la valve Tupé- rieure eft plate ou convexe , Ôc l'inférieure relevée hémifphérique- ment. En fe rapprochant du vil^ kge de Glanfayes , dans la partie la plus élevée de la montagne on retrouve la même efpece de pei- gne dans une couche d'argile blan- che mêlée avec des parties terreu- fes & calcaires ; ik y font beau- coup mieux confervés , les canellu- tes faillantes 5 font à ftries longi- tudinales, les creufes font ftriées iranfverfalement. A un demi- quart de lieue du nord-eft de Glanfayes à droite Se à gauche du chemin qui conduit à Grignan dans des débris d'une couche de pierre calcaire blanche & très-tendre» on trouve. i°. De petits peignes orbiculaires dont les deux valves font convexes , avec des canellures profondes , mar^ qiiées de ftries très-délicates ,, ils- (61) ont deux oreilles égales & font de la plus belle confervation. 2°. Des peignes tuiles d*une grandeur monf- trueufe , dont les deux valves font égales & convexes. 3^. Des huitres épineufes orbiculaires. 4^. De pe- tits ourfins miîliaires. 5^..L'ourfia en forme de cœur & l'échinite fi- bulaire. 6°. Enfin des madrépores çn forme de branche d'arbres ôc d'arbriffeaux , ôc des madreporites fongites. Derrière le village, dans quel- ques fragmens de roches compo- lées , on rencontre beaucoup de gloiTopêtres coniques à bafe plate ou fourchue , dun pouce ou un pouce & demi de longueur y des groupes nombreux de milleporites. J.en ai vu un au centre duquel fe trouve un balanite de la plus gran- de efpece. Dans un ravin très-profond au couchant du village ^ dans des ( 62) couches de fable légèrement argi- leux on trouve des géodes ferrugi- neufes d'une groffeur prodigieufe , formées par couches concentriques, dont la cavité eft occupée par un fable très-fin également ferrugi- neux. A deux cents pas vis»à-vis de ce ravin on rencontre un banc énorme de fable marin très-pur, d'une étendue confidérable , & d'une épaifleur immenfe , dans plu- iîeurs endroits duquel on trouve une couche très-finguliere entière- ment formée par des corps marins brifés & confondus enfemble , ou bien par des noyaux qui fe font moulés dans différentes efpeces de coquilles , le tout eft réuni en çer- tains endroits & fortement lié en- femble par un gluten lapidifique , pénétté d'une dilTolution martiale. On ne remarque aucun ordre dans cette couche j tantôt elle eft verti- cale , Se tantôt parallèle : ici elle eft épaifle 5c continue , là mince & ifolée. Toutes les efpeces y font ■confondues enfemble. On y trouve de petits gloflbpêtres, desbelemni- tes, du bois pétrifié & vermoulu, des corallites de toute efpece, des ourfins , des huitres , des terebra- tules, des peignes , des nerites , &c. ôcc. En un mot Tordre des couches eft ici totalement inter- rompu 5 l'obfervateur étonné croit voir le refte du défordre caufé par une irruption fubire de quelque courant de mer. On peut préfir- mer que ce courant après avoir rompu la digue qui s'oppofoit à fes efforts 5 aura entraîné avec vio- lence & amoncelé pèle mêle , dans cet endroit de parmi ces fables , tous les corps marins qui avoient été accumulés contre la barrière qui les retenoit. De l'autre côté du ravin , au couchant , dans un pro- (H) Jongement du même banc de fa- ble , on retrouve la même couche toujours dans le même défordre. A cent pas de-là ^ le paralléliC- me horizontal des couches fe ré- tablit 5 on trouve dans un fable lé- gèrement argileux & dans des cou- ches de pierres arenacées d'un pied & demi d'épaiffeur des belemnites, dont les plus longues ont environ quatre pouces fix à huit lignes de diamètre , les plus petites font de la grofleur d'un tuyau de plume de pigeon. Elles font de couleur grife tirant iiir le roux. La fubf- tance en eft cornée , elles font for- mées par rayons parallèles qui par- tent du centre & divergent vers la circonférence. On y obferve une petite canellure extérieure & peu profonde qui fe prolonge dans toute la longueur du belemnite j il y en a qui ont une demi-tranf- parence qui laifle apper ce voir Taxe ou diîime efpece de petit fiphon qui part de îextrêmité fupérieure de Talveole & fe termine tout-à-fait à la pointe du belemnite. Ils ont tous à leur bafe une cavité ou al- véole oecupée par une articulation conique , formée par un aflemblage de petites pierres, très-luifantes , faites en forme de verre de mon- tre qui feroient proprement en- chaiTés les uns dans les autres , Se qui iroient en diminuant , depuis la bafe , jufqu'à la pointe fupé- rieure. En pofant le belemnite perpen- diculairement fur fa bafe 6c frap- pant un coup de marteau fur la pointe 5 il fe fend longitudinale- nient, ôc Tarticulation conique fe féparant de la cavité jlaiffe apper- cevoir diftinélement une fubftance' felenitique parfaitement analogue^ à celle des coquilles qui tapiiTent: les parois intérieurs de- l'alvéoi©;' E < «6 ) M. Bourguet dans fes Lettres pKi-r lofophiques , ni M. Bertrand dans^ fon Diftionnaire des Fofliles , ne difent point qu'ils aient fait la même obfervatian dans les diffé^ rentes belemnites qu'ils ont été à portée d'examiner : elle me paroît cependant bien intérefîante , puif- qu'elle peut fervir à déterminer d'une manière eertaine , le régne & même la famille à laquelle ap^ partient ce Foflile iîngulier. Les différentes pièces qui composent l'articulation conique fe divifent aifément. Elles fe féparent même de l'alvéole ôc y font fouvent rem^- placées par un noyau compofé des Blêmes fubftances de la couche où on les trouve , ou bien par de petites cryftallifations. On voit quel* ques-uns de ces belemnites recou- verts de vermiculites ^ ou piqués par ces petits infftes marins qui a^t- taquent tous les coq^uiliages* (^7) Vi .1 «II. I I I I —— — m ■■! j Comté de Su^e à une lieue & demie au levant de St. Paul* Trois -Châteaux. La terre de Suze étoit auflî peu connue , que les montagnes des en- virons de St. Paul : elle mérite ce- pendant toute Tattention du Na- turaîifte. On n'y rencontre point de hauteurs coniidérables \ tout fe réduit à de petites élévations for- mées par des couches de fable, ds; pierres calcaires ^ de pierres are- nacées &c. Je ne parlerai que des couches qui renkrment quelques Foffiles ou pétrifications intéref- fantes. En entrant dans la forêt de Suse^ par le chemin qui conduit de Se Paul à Bouchet ^ on rencontre une couche de pierres arenacées d'un pied ou un pied & demi d'é- paifleur 5 fe divifant en petites maf- ('68) fes irrégulieres , dans lefquelles il- y a une infinité de térébratules ,, compofées d'écailles très-minces Se. unies ; là valve fupérieure eft plus petite que l'inférieure ^ elle eft mu- nie d'un petit bec recourbé fur la première , & percé d^un petit- trou. Gn y trouve encore Tottreo-' peftinite ^ qui eft une térébratule: iîUonnée ou à petites ftries , ron- des & renflées par le milieu , les unes ôc les autres font fouvent* cryftalHfées intérieurement. Le même chemin conduit au: grand étang deSuze, au couchant duquel il y a dans une couche- d'argile fablonneufe colorée en rouge, du bois parfaitement aga- tifé d'un rouge très- vif , d'un grain; trés-fin, fouvent accompagné de: petites cryftallifations , ou qui' femble avoir été piqué par des vers% d'une très-grofle efpece. Aiii nord, du; même, étang >. om voit une grande couche de pierre- calcaire 5 d'un tiffu tort lâche ,^ d'un grain groffier , formée en en- tier par des détrimens de coquilles^ ou par d'autres dépouilles de l'O- céan , dans laquelle il y a i®. des- échinires fibulaires fur la plupart defquels le font attachées de pe- tites balanites parfaitement bieni confervées. 2^. Des pointes d'our— fin, courtes, fort épaifles , ovales , à tête arrondie y ftriées longitudi- nalement 5 ayant un petit pédicu- le qui leur donne une reflemblan-- ce parfaite avec le gland du chêne.. Au levant eft- une couche de^ matière calcaire 3 également for-^- mée par des corps marins confon- dus & broyés enfemble , unis &: aglutinés par un fue lapidifique.- On y trouve plufieurs efpeces de- coquilles Foffiles encore entières ,. comme le grand peigne tuile, dont: lés. deux, valves font également, re^- f 70 ) levées , formées par feuillets & à ftries tranfverfales , de petits peignes à deux oreilles avec des canellures profondes ftriées longitudinale- ment , de grandes coquilles d'huî- tres orbiculaires &c. &c. A droite ^ un peu au-deffbus du même chemin , au bas d'une pe- tite élévation formée tn partie par des couches compofées de noyaux de moules , fortement liés enfem- ble 5 fur la plupart defqueis on voit de petites cryftallilations fpa- thiques , on trouve à un pied de profondeur , une cauche de fable argilleux , remplie dîme quantité étonnante de coquilles d'huîtres FoiTiles de la plus belle conferva- tion* Elles font très-grandes y or- dinairement orbiculaires , formées par feuillets , liffes ou raboteufes „ la valve fupérieuTe eft plus petite, que rinférieure , elle eft plaie ou concave j l'inférieure eft convexe (7t 1 6c munie d'un bec court &c ar- rondi. Les deux valves font join-» tes enfemble par une efpece de charnière placée à la partie inté- rieure du bec arrondi. On en trou- ve plufieurs réunies enfemble , qui forment des groupes très agréables^ d'autres ont été piqués par de pe- tits infeftes & par des dails : dans quelques-unes qui fe font trouvées vuides , il s'eft formé de petites ôaîadtites d'une fubftance blanchç 6c crétacée. A un quart de lieue au couchant du village de Suze>dans des cou- ches de fable terreux qui forment une petite monticule près d'une vieille Chapelle ruinée appellée Su Sauveur ; on trouve des gloflb- pêtres femblables à ceux de Mal- the 5 d'une grandeur monftrueufe,. j'en ai une fous les yeux trouvée dans cet endroit & qui m'ar été confiée par M, Ribaii l'aîné ha-* (70 Bitant à Suze , amateur qui poîTcde une très-jolie colleftion de coquil- les & plufieurs autres morceaux très-curieux d'Hiftoire Naturelle. Elle eft parfaitement triangulaire , les côtés en Ibnr minces, grenelés en forme de fcie j & terminés par une pointe fort aiguë / fa racine eft fourchue , épailTe , fibreufe & ofleule. t>e refte eft recouvert d'u- ne croûte mince gniatre & qui a confervé le poli de Témail. Les côtés & la bafe ont trois pouces & dix li2:nes de grandeur ( ^ ) i on (j) L'Anatomie comparée a convaincu les Naturaiiiles que ces grandes dents FcOîles^ triangulaires . qu'on trouve en h grand nom- bre d.ias le feîn de la terre , avcient appar- tenu au requin, ou à la lamie ,. poiiTons du genre du cetacée. J'en ai cinq naturelles qui ont été arrachées dé la mâchoire inférieure d'un requin , qui .fut pris fur les côtes de la Guinée i a plus grjcde ell triangulaire , à bafe fourchue. Elle a quatre pouces neuf lignes' de hauteur. Les autres font un peu tnoins grandes , mais elles n'ont d'ailleurs aucune diâerence efîenneiie. y trouve aiim quelques groupes de grands balanites très-bien con- fervés. A cinquante pas de-là au cou. chant de la Chapelle dans une cou- che de pierre arenacée , il y a des ourfins plats très-minces bien con- fervés, exaftement femblables pour la forme générale à ceux que j'aî décrits ci -devant :, mais qui offrent une fingularité remarqua- ble. Ils font tous percés de deux La grandeur de ces dents ne doit pas étonner , puifqu'il y a des requins , d'une taille (ï monftrueufe , & dont raefophage efl fi prodigieufement large , qu'on a trouvé un homme tout entier dans l'eflomac d'un de ces animaux les plus voraces qu'en connoif- fe. On en a vu au rapport de Ronde'et , qui pefoient trente mille livres. Des navi- gateurs François en ont vu aufîi dans la mer d'Afrique , qui avoient plus de 30 pieds de long. Ils fuivoicnt quelquefois leurs na- vires , jufques fur les côtes des Antilles , pour fe nourrir des Nègres qui mouroient à bord ♦ & qu'on jsttcit à la mer pendaai latraverfce. , (74) trous d^egale grandeur , de tro» lignes de diamètre , à un pouce environ de diftance l'un de l'au- tre : c'eft entre ces deux trous qu'eft ccnflamment placé l'anus de cet ourfin ; c'eft ici une varié- té bien caraftériléè de ceux dont on trouve l'analogue au banc de Terre-neuve , on pourroit les noms- mer ourfins à lunettes, (a) Je vais fucceflîvement jeter un coup d'œil fur les montagnes de Boulene, d'Uchaud, de Taulignan , de Dieulefit ôc de la montagne de la Lance ; les produétions marines qui y font répandues avec une magnifique profufion ^ ayant beau- coup de rapport avec celles qu'on trouve dans les montagnes de St. ( a ) Il me paroît que l'Hiftoire des Our- fins préfeme dans la nature plus de varié- té que les autres animaux d'une même claf- fe. Malgré l'Ouvrage de M. Klein traduit en François par M. Defbois , je ferois por- té à croire qu'il n'y en a pas la moitié de connus. (75) ^ Paul , les Amateurs me fauront grc de leur en avoir donné une idée, pour ne pas tomber dans des répé- titions faftidieufes ; je me bornerai à décrire les objets qui ne fe trou- vent point dans les environs de St* Paul & à indiquer les autres feu^ lement par leurs noms. Boulene eft une petite ville du Comté VenaifÏÏn , fituée à une lieue & demie au midi de Saint«Psul- trois-Chateaux. Dans une partie de ion territoire , appellée faint Eyriés , le long d'un torrent qui coule entre deux montagnes voifi- nes 3 parmi de grandes couches d'argile groflîere, de couleur bleuâ- tre , mêlée d'un peu de fable très- fin & luifant , légèrement vitrio- lique , fe divifant par feuillr;ts , on trouve. 1°. Des cames Folfiles d'une grandeur monftrueufe & d'une épaifleur confidérable ; la confervation en eft unique, elles Gij (76) loiit orbiculaires dans leurs con- tours , quelquefois un peu plus lar- ges que longues. Les deux valves ou battants font également con- vexes , & réunis par une charnière dentée. Elles font liffes , marquées alternativement de bandes longi- tudinales , grifes ôc blanches , les bords en font ondes , il eft rare de trouver les deux pièces d'une même coquille. 2°. De petits cames ca- nellés ôc à bec un peu contourné. 5<^. Des vis contournés en fpirales peu profondes , terminés par une petite pointe fort aiguë , 6c mar- qués de petites ftries autour des fpirales. 4^. Une autre efpece de vis à bouche fort allongée , renflés; dans le milieu du corps 5 dont les fpirales font couvertes de canellu- res tuberculeufes. 5®. Des zones ou globoffites à une fimple fpirale dont la lèvre eft fort épaiffe & re- pliée extérieurement > au-delTus de laquelle règne une petite baridô d'uB gris fombre. Le refte du teft eft bianc & uni. 6^. Des aftroïtes Foffiles formés par un affemblage de tuyaux cylindriques & parallè- les , marqués chacun d'aune étoile à plufieurs rayons qui partent d^ la circonférence de chaque tuyau & viennent aboutir à un petit point placé au centre. La fubftance en eft calcaire & de couleur blan- che 5 elles font communément per- cées par des dails , dans les trous defquels fo font nichés d'autres pe- tits coquillages. 7^. Des dentales de la famille des tuyaux de mer , il font recourbés , de figure coni- que y longs & étroits , marqués de petites canellures longitudinales, di- vifés^ par nœuds ou petites cloifons circulaires où ils fe féparent en fe brifant. 8^ Des buccins fort grog à plufieurs fpirales fort alfongéeç avec ua appendice à la bouche j G iij ( 78 ) le fuft efl: couvert de gros tubercule?* 9*^. Enfin du bois Foffile réduit en charbon couvert d'une croûte pi- riteufe : expofée à l'air ^ elle tom- be en efflorefcence , elle s'enflamme promptement au feu & y répand une odeur fuffocante. A une petite lieue de- là dans la montagne d*Uchaud que pîufieurs Naturaliftes diftingués ont déjà vi- fîtée 5 on trouve une quantité pro- digieufe de madreporites & de: p-antes coraîlites fi parfaitement pétrifiées qu'elles donnent des étin- celles. Il y a entf autres , de périra fongites : les uns l'ont en forme de cônes un peu comprimés , à bou- che évafée , ftriés & entrecoupés extérieurement par de petites ca- nellures circulaires. L'intérieur eft: un aflemblage de petites lames fort minces 6c féparées les unes des au- tres. Les autres font en forme de chapeau détrouffé^ parfaitement oc- (79) biculaires , le deflus eft un peu con- cave , & marqué par des ftries circulaires qui différent entr'elles dans leur grandeur & leur diftance. La face inférieure eft un peu con- vexe , fans pédicule , formée par un aflemblage de lames minces fepa- rées les unes des autres ôc qui s'é- tendent du centre vers la circon- férence. Ils font dans une efpece de grais d'où on peut les détacher âiiement. Les pétrifications qu'on trouve dans la même partie de la montagne , confiftent. i°. En de petites arches de Noé de la plus belle confervation , avec leurs ftries & leurs deux valves jointes enfem- ble. 2^. Des cames canellées & épineufes. 3^. Des cornes d'ammon très-minces tranchantes furies bords, & herborifées ; du petites cornes d'amm.on à ftries très- délicates. Un peu plus loin , tirant vers le midi de la montagne on trouve G iv ( 8o) des maffes de grais remplies de co- quilles de toute efpece , & qui for- ment des gâteaux on ne peut pas plus curieux ; les vis% les fa- bots , les globofites , les buccins , les nerires , &c. &c. s'y trouvent mêlés & confondus enfemble, & cependant la confervation en eft remarquable ; ils font fi fartemeat attachés à ces maffes de grais , qu'on ne peut les en détaclier fans craindre de les brifer. Au couchant à deux cents pas de-là on voit d'autres mafles de grais par couches parallèles , rem- plies d'une quantité étonnante de cames liffes bien confervres, 6c don- nant des étincelles. Parmi les dé- bris de ces couches de grais on ren- contre des groupes très-gros de vermiculites &l des morceaux de bois agatifés y le tout cryftallifé ; enfin toute cette partie de la mon- tagne ne préfente que des corps ( Si ) marins pétrifiés; on ne peut faire un pas fans fouler aux pieds les dépouil- les delOcean. Les couches de grais qui la compofent en font totalement couvertes ; le fable en eft rempli ;nl n'eft peut-être aucune montagne du monde , dans laquelle on trouve une aufÏÏ grande profufion de Fof- files. La pétrification eft d'ailleurs parvenue à fon dernier degré de perfeftion j toutes les coquilles qui font dans cette montagne ne don- nent aucune prife aux acides , &c font feu frappées avec l'acier ^ le grais qui leur fèrt de matière , fait eflfervefcence avec le vinaigre , Se fur- tout avec Taide nitreux. Taulignan village afiez eonfidé- rable du bas Dauphiné eft fitué au pied de la montagne de la Lan- ce 5 la plus élevée de cette partie de la Province. Il eft bâti fur des couches de pierres calcaires , ea- tiérement formées de noyaux de (80 motiles ou autres produftions mari- nes. A un quart de lieue au nord du village il y a une couche con- fidérable de pierres formées en eii-^ tîer par des plantes coralîoïdes. Ces pierres font parfaitement aga- tiiées au centre. Elles ont une demi - tranfparence , &: donnent des étincelles. La fuperficie offre encore des reftes de fcares 5 de k&- ratophites &l de retepores bien ca- radlérifés. A côté dans uîle couche d'à^r-^ gile fablonneufe , il y a des pierres ©rbiculaïres dans leurs contours , |)Iates d'un côté, un peu convexes de l'autre, également agatifées , fur les faces deiquelles on obferve des filamens en faifceaux , fem- blables à des cheveux qui partent d^u centre & fe développent vers la circonférence , après avoir décrit plufieurs finuofités. C'eft apparem- ment uns efpece de madreporîtes ^ ^5 ) , fongîtes , ou bien une efpece par- ticulière de méandrite. On voit encore dans la même couche de petits peignes & des O'Urfins milliaires. Au levant du village fur la mon- tagne qui eft à la rive droite d'une petite rivière nommée le Lez , au^ éefllis duPont-au-Jard, on trouve dans une couche de marne fablon- neufe & terreufe > i°. Des échini- tes mamillaires de la plus belle conCcrvation. 2°. l'Échinite fibulai- re, 3*^. Des écuflbns des ourfins de la mer rouge à grands mamer- Ibn? , 4°. L'ourfin en forme de cœur défigné fous le nom de Spa- tagus , ou Biffm , 5^. Des pointes d'ourfins cylindriques ftriées & gre- nelées iTextrêmité par 011 elle eft attachée au mamelon de Fourfin eft arrondie en forme de tête , percéa d'un petit trou au centre , étran- glée au-deffus de rarrondiffement (84) avec un petit bourelet au-deffus de rétranglement ; l'autre extrê- îiiité eft en forme de couronne an- tique à pluîieurs rayons , fort ai- gus. 6°. Plufieurs petits peignes , fur lefquels fe font attachés des madreporites fongjtes en maffe fo- lide. 7^. Enfin plufieurs efpeces de plantes coralites. Cell M^ Faujas de St. Fond qui m'a indiqué cet endroit , ainfi que celui dont je vais parler. ^^ A une lieue de-là dans un grand ravin au bas de la montagne de la Lance , dans des couches immen- fes d'argile b'euâtre groflîere , légè- rement vitrioiique mêlée d'un peu de fable très-fin > on trouve i°. De petites cornes d'ammon chan- gées en pyrites ferrugineufes , vi- trioliques & fulphureufes ; elles font lifTes , 5c très-bien herborifées» 2^. Des belemnites d'une moyenne grolTeur , analogues à ceux que j'ai (85) , , , , décrit ci- devant; ils font pénétré? d'un fuc bitumineux qui leur a donné une couleur noirâtre, 3**. Des pyrites fulphureufes vitrioli- ques & ferrugineufes. On apperçoit dans le mêrrie ra- vin fur un plan très-incliné , un joli pavé formé par un affemblage de pierres Foffiles de fix à dix pouces de longueur, fur trois ôc quatre de largeur & deux pouces d'épaiffeur, qui femblent avoir été ajuftées au niveau ; la fubftance en eft calcai- re , de couleur blanchâtre , d'un tiflli ferré & d'un grain médiocre- ment fin ; au-deflb(fs de ce pre- mier pavé j il y en a un fécond fé- paré du premier par une couche de marne blanchâtre d'un pouce d'épaifleur ^ celui-ci ne diffère de Pautre que par les proportions des pierres dont il eft formé , qui lont de moitié plus petites dans toutes leurs dimenfioas. (86) Le village de Dkulefit eft à deux lieue deTaulignan , au nord de la Lance. A un quart de lieue, ^ au levant du village, dans la partie du territoire appellée Mal- lemort , parmi des couches de pier- res calcaires blanches y d'un tiflli lâche , d'un grain aflez fin , fe di- vifant verticalement en mafies ir- régulieres , il y a des cœurs ou boucardites d'une belle conferva- tion. Les deux battans font d'é- gale grandeur , & également rele- vés ; ils font marqués de petites canellures,& garnis d'une arête faillante dans la partie où les deux battans fe réunifient. La fubftance primitive de la coquille eft entière- ment changée en fpath cryftalli- fé , en rayons parallèles entr'eux. Dans la partie de la même mon- tagne qu'on appelle les ferres de ipondon , on trouve des pierres colorées en verd , compofées d'un ( 87 ) fable fort aifé à diftinguer. Elles. ne font point luifantes dans leur fraâiure ni d'une figure détermi- née j elles ne reçoivent aucun poli , elles font par couches de différen- te épaiffeur & ont la même dureté entr'elles ; leur caraftere diftinftif confifte i^. Dans leur couleur qui eft d'un beau verd , 2°. Dans leurs parties intégrantes , qui font un îable paffablement fin aglutiné par un fue lapidifique calcaire. 3^. Dans le genre particulier de plan- tes coralloïdes qu'on obferve dans leurs caffures , qui refiemblent aux tiges du fucus & dont la couleur eft d'un verd un peu moins foncé, 40. Enfin dans les petites coquil- les qu'on y trouve comme peignes, cames , &c. Au couchant du village , au bas d'une haute montagne , on trouve de grandes couches d'argile grof- fiere , bleuâtre , mêlée d'un peu de (88) fable très- fin ôcluifant, furlafu- perfide de laquelle fe manifeftent en forme de gelée grumelée , blan- che ou jaunâtre , des émanations abondantes de vitriol : cent livres de cette argile leffivée & le pro- duit des leflîves mis en évaporation donnent douze à quinze livres de beau vitriol de mars , quoique le procédé qu'on emploie foit très- vicieux. On y trouve encore des pyrites vitrioliques, fulphureufes & ferrugineufes ^ du bois réduit en charbon («) , couvert d'une croûte (a) L*ordre qu'on obferve parmi ces cou- e4ies d'argile , & dans toutes les couches de pierre & de terre qui les avoiiinent , le pa- faiiéîirme horizontal qu'elles confervent en- tr'elles , ne laifTent aucun doute fur les caufes qui ont pu changer , le bois qu'on y trouve , dans l'état charbonneux. Je penfe qu'on ne dait point l'attribuer à des feux fouterrains ou accidentels que rien n'annonce avoir eu lieu , mais, feulement aux vapeurs d'acide vitriolique préparé dans le laboratoire im- menfe de la nature. Ces vapeurs venant à pyriteufe. pyriteufe. Cette croûte expofee a l'air tombe en efflorefcence ; elle s'enflamme promptement au feu , Ôc répand alors une odeur de foie de fbufre , fétide & fuiïbcante. Un fpathi fufible & tranfparent , formé pat feuillets très- minces. Au fond du ravin au-deflbus des couches d'ar- gile , jailliflent deux fources d'eau: minérale , Tune cuivreufe , l'autre' vitriolique , ce qui les met dans to clafle des eaux acidulés. Dans plufieurs autres endrcitS' du territoire de Dieulefit on ren- pénétrer les matières combuftibles , dans leur' état naturel, produifent fur elles les mêmes^ effets que le feu qu'on pourroit imïrédiate-" ment leur appliquer , ^ les réduifent- eii^ charbons. Celui-ci ne diftere du charbon or- dinaire, que par là flamme légèrement bleuâî-- tre dont il paroit enveloppé , lorfqu'il eil- expofé au feu , & par l'odeur fuffocante de-" foiie de foufre qui s'en dégage. Les- char-- hon de- bois Foffile- , que j'ai trouvés dans» des couches d'argile , infiniment moins- vi^ trioliques à St. Eyriés près de Bbulene ,, oii^c Skas doute^ la radme orisine;- M " contre pluneurs efpeces dé corp^- marins pétrifiés , comme des tere- bratules liffes & renflées par le mi- lieu , des ourfins orbiculaires rele- vés hémifphériquement , des poin- tes d*ourfins , &g. &c. Au village de Gomps à une: tîeue de Dieulefit on trouve des pierres qui ont la forme d'un œuf,, dont le diamètre varie depuis fix. ïignes jufqu'à trois pouces. Elles font très-pefantes , d'un gris fom- bre , raboteufes ôc ternes. Elles ne^ donnent point d'étincelles ; elles ne font point efFervefcence avec les acides. Dans l'intérieur dé la: pierre eft un talc cryftalUfé en la- mes très- minces, également inat- taquable par les acides» Cette pierre: paroit avoir tous les caraderes qui: font diftinguer les pierres pliofpho- tiques de Bologne. Je ne doute; prefque pas qu'en leur faifant fu- bit un: çeitaini degré de calcina.- imtion 5 elles ne produififlent le même phénomène. Os FoJJîles. Les os Fofliles qu'on a trouvé dans les entrailles de la terre for- ment un des points les plus impor- tants de la théorie de ce globe, La très-grande quantité qu'on en a découvert dans l'ancien 6e dans le nouveau continent , leur grof- feur prodigieufe qui a fait juger à tous les Naturalises qu'ils avoient- appartenu à des quadrupèdes de- la première grandeur , la taille- moyenne des animaux qui exiftenr aujourd'hui en Europe , 5c dans lé* nouveau monde , toutes ces obfer--- vations réunies ont donné lieu aux' difcuflîons les p!us férieufes & aux- fyftêmes les plus extraordinaires. Je laifle la décifion de ce points extrètnement: difficile aux- Savanss Hiijj du premier ordre. Sans m'attacher a aucune des différentes hypothefes auxquelles il a donné lieu , je me bornerai à fuivre les obfervatiohs qui ont été faites à ce fujet 5 & celles que j'ai faites moi-même fur les lieux où j'ai découvert les os Foflîles dont je donnerai fimple- ment la lifte. L'Auteur des Recherches fur les Américains en parlant des os Fof- files trouvés à fleur de terre dans le nord de l'Amérique , proche l'Hio, s'étonne qu'ils aient pu fe conferver pendant un laps de tems qui fufRroit 5 comme il le dit lui- même, pour décompofer les plus hautes montagnes. Ce Savant dont J'admire les vaftes connoiffances & la profonde érudition , n'a pas fans doute réfléchi que tout , dans la nature , tendant à fon niveau, les pluies , la chute des eaux fupérieu- «es>. les torrents 5, les. fleuves au?- , ( 9? ) ront entraîne les premières couclies' de terre qui recouvr.oient ces os , ôc les avoient décliarnés depuis peu. Il eft indubitable que fi ces os avoient été expofés au contaftde l'air ambiant. > ils auroient été bientôt détruits ; mais dès qu'ils ont été enfouis dans la terre , foit par quelque alluvion ou atterrif- jfement conlidérable , Ont par la chute de quelque montagne , ou l'éruption de quelque volcan , ils ont pu fe conferver bien plus longr tems encore à l'abri des viciflîtudes du climat le plus âpre ; d'autant plus que la fubftance des os eft folide 6c pierreufe.. . Parmi les oflements Fofilles que j'ai découvert dans les montagnes du bas Dauphiné , les unes étoient à fleur de terre épars'ça 6c là, les autres dans des couches de fable , de pierres arenacées , de graviec très-memi- lié pat un fuc lagidifi^ (94 ) qye , &tlans des bancs derocHes:^ compofées. J'ai examiné des côtes d'un volume confidérable ; j'en ai' vu dont une partie avoit été dénaturée Se entièrement changée en pierre , tandis que l'autre étoit encore filamenteuie , fpongieufe & offeufe. Les couches de fable , près du^ hameau de Barri , où j*ai trouvé desoflemens Foffiles en plus grande' quantité que par-tout ailleurs, n'ont éprouvé aucune altération fenfible. Elles font parallèles à l'horizon ,. elles confervent la même épaifleur 8c la même homogénéité dans toute l'étendue où j'ai pu les obferver &c les mefurer. Ces offemens y ont donc été entraînés avec le fable dont les couches fonf compofées. Je dis en-- îiraîné ôc je !e préfume ainfi , par- ce que parmi les différents os qui' doiveat^ concourir^ à formera un fbul^ C95 ) , , fquelette , j*en ai trouve de beau- coup plus petits deftinés aux mêmes fônâions dans des individus d'une- autre efpeGe. Les différentes vertèbres j lès côtes^ & autres fragmens d*os que j'ai retiré des roches compofées de pierres arenacées, ou dés coucHes^ de gravier pétrifié , étoient ifolés ,. plus ou moins changés en pierres,. & plus ou moins bien confervés. 11 s'enfuit néceflairement qu'ils ont été entraînés ou dépofés dans ces difrérentes couches dans le m.o- ment où elles étoient encore dans un état de mollefle , ce qui fuppofe une très- grande antiquité ,, ôc ce qui prouve en même-tems que les oflemens peuvent fe con— fêrver très-long- tems enfouis dans, la terre.. C 96 ) CATALOGUE Des os FoJJiles découverts près' du hameau de Barri , dans une couche de fable^ 1°. La première vertèbre du^ €ou y nommée atlas. Eile eft for- tnée d'un cercle ofleux , rempli tout autour d'éminences ôc de ca- vités : on obferve au milieu de la partie antérieure de cette ver- tèbre , une petite éminence , ôc dans la face interne vis-à-vis cet^ te éminence y une cavité fuper- ficielle 3 fur laquelle Tapophife odontoïde eft appuyée à la par- tie moyenne & poftérieure de ce cercle ofleux ^ on découvre un tu- bercule marqué d'impreffions muC- culaires. Ce tubercule paroit ici tenir lieu d'apojjhife épineufe, 2^^ Une vertèbre des lombes » la^ellei laquelle on diftingue parfaitement le corps & le trou qui donne paf- fage à la moelle épiniere. On y voie les fept apophifes : Tépineu- fe ^ les deux traverfes & les qua- tre obliques ou articulaires. 3^ Un fragment de la féconde pièce , qui forme le fternum aux parties latérales , duquel on apper- çoit deux échancrures , qui reçoi- vent la partie cartilagineufe des côtes, 4°. Des fragmens d'un grand nombre de groffes côtes , parmi lefquels il s'en eft trouvé trois des vraies & bien entières , auxquelles on diftingue le corps & les deux: extrémités. On apperçoit à celle qui eft antérieure la cavité qui reçoit la portion cartilagineufe qui la joint au fternum ; la partie poftérieure , qui eft entièrement changée en pierre, eft terminée par l'éminence nommée condyle. I (98) 5^* L'os facrum^ Se les deux os des ifîes qui par leur union for- ment ce qu'on nomme le baffin. 6°. L'extrémité fupérieure du fé- mur dans laquelle on voit le grand & le petit trochantes avec les im- preffions mufculaires. 7^\ L'angle antérieur de Tou- coptale terminée par la cavité glénoïde. 8°. L'extrémité inférieure de Thumerus , à laquelle on obferve la cavité qui reçoit l'apophife co- îonoïde du cubitus dans la flexion de Tavant-bas , & celle qui re- çoit l'olécrane dans l'extenfion. 9^. Un fragment du perorié. ^10. Une partie de Tos du tarfe. Os FoJJiles trouvés près de St» Reflitut dans des couches très-' dures de roches compofées. i^. La première pièce du fter- num> aux parties latérales de la- (99) quelle on obferve plufieurs échanL- crures dont la fupérieure , qui eft la plus confidérabie , eft deftinée à recevoir une dés extrémités de la clavicule ^ & les autres la par- tie cartilagineufe des deux premiè- res côtes. Cet os n'a effuyé aucune altéra- tion fenfible , on y apperçoit enco* re la fubftance fpongieufe de reti- culaire des os. - 2°. Une vertèbre dorfale ; foh apophife épineufe elt très- bien confervée. On obferve une partie de cette efpece de crête qui rè- gne le long de fa partie fupérieure , 6c la rainure qu'elle a eu deflbus. Les apophifes traverfes ôc obliques font totalement détruites y mais on apperçoit encore aux parties latérales de cette vertèbre les ca- vités deftinées à recevoir le con- dile des côtes. Cette vertèbre eft fenfiblement (lOô) pétrifiée; ce n'eft plus qu'à Tex- trêmité de fon apophife & à la fuperficîe de fon corps qu'on dif- tingue un refte de fubftance of- feufe 6c fpongieufe. {a) 3^. Un fragment d'une vertè- bre des lombes. 4^. Trois des vraies côtes aux- quelles on apperçoit leurs condiles & l'extrémité antérieure. Elles ont été retirées d'une couche de gravier très-menu & vitrifiable y fortement aglutinés enfemble par un fuc lapidifique. ( a ) L'obfervation & l'expérience démon- trent tous les jours que la pétrification des corps organifés enfouis dans la terre , com- mence toujours par le centre , ce qui les diilingue effentieilement des incrullations pierreufes qui font des concrétions feuillet- îées , attachées fur divers corps » dont l'au- gmentation extérieure s'opère par juxta-po- fition. On les diftingue entre elles par rap- port à la nature des fubftances dont elles font compofées , des diffolutions minérales qui les ont pénétrées , & même des corps iur lefquels elles font attachées. (lOl) 50. Enfin plufieurs fragment des autres parties qui concourent à former un fquelette 5 auxquelles on ne fauroit affigner leurs places ; elles ont été fi mutilées qu'elles font devenues méconnoiflables* Dans la partie de la monta- gne de Ste. Jufle , fituée au nord, dans une couche de pierre arena- cée , j'ai encore découvert une quantité prodigieufe d'oflemens Foffiles entièrement pétrifiés , mais abfolument brifés. Dans différentes parties de la montagne de Claniayes ^ dans celle de Çhatillon , dans le Com- té de Suze , on trouve également des os Foffiles , mais d'une con- fervation au-defibus du médiocre. F / N. TABLE DES MATIERES. AvertiJJement de VÈditeiir. Page 5 Mémoire fur Les Fojfiles du bas Daa- phiné, 7 Montagne de Chatillon , à un demi- quart de lieue au levant de St, Paul- trois - Châteaux, 44 Montagne de Venterol , à un quart de lieue au nord de St, Paul. ^p Montagne de Clanfajes ^ à une lieue au nord de St. Paul. $$ Comte' de Su\e , à une lieue ù demie au levant de St. Paul. 67 Os Fojfiles, ^ ^i Catalogue des os F o [file s découverts près du hameau de Barry , dans une couche de fable, ^ 96 Os Fojfiles trouvés près de St. Refiitut dans des couches très'dures de roches compofées. ^8 Fin de la Table, By Appointment Only ggg^^B Tel. (610) 660-0132 43 Sabine Avenue Sfl^^^M Fax (610) 660-0133 Narberth, PA 19072-1741 ^KlHB mckrare@voicenet.com Bruce M^Kittrick Rare Books, Inc. AN ENGAGING & ENERGETIC FRIEND GIVES A LIVELY WALKING TOUR Genton du Barsac, François Auguste de. 1745-1825. Mémoire Sur Les Fossiles Du Bas Dauphiné. Avignon, F. Seguin 1781. 12mo. 101 [r. 105], [1], [2blank]p. Original blue paper wrappers (worn, spine partly gone), uncut. $2800.00 Only Edition, his only book. Village by village, outcropping by outcropping, stream bed by stream bed, the author introduces us to and describes the fossils and minerais of his naMvc région. Friend and disciple of Faujas de St. Fond, Genton points out an unusual spécimen hère, scratches the surface and turns up a find there. He discourses on the exchange of spécimens among friends and colleagues, récent earthquakes in the région, the CARIBBEAN SLAVE TRADE AND THE CORAL REEFS AT MARTINIQUE, SANTO DOMINGO AND GUADELOUPE. He closes with an essay on the use of fossils on dating geological strata and notes on two favorite haunts (Barri and St. Restitut). A keen mineralogist, he discovered a lead mine and several coal mines. During his fifteen years in the New World, he formed a superb natural history collection. I hâve found one copy in the U.S. It is worth noting that Smith records no French ISth century régional mineralogy ("Régional Mineralogies of the World'' in Minerai Books éd. W.E. Wilson 113-134), (5enton's Mémoire was unknown to Schuh (Mineralogy and Crystallography: An Annotated Biobibliography...l469 to 1919 (online)). In good condition, title stamp of the agronomist and Interior Minister Adrien Etienne Pierre de Gasparin (1783-1862), who wrote a history of Orange (just next door). Barbier III: 172; Quérard III: 316; Conlon, Siècle des lumières 81: 1168 (two exx.). ^%^x%