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BULLETINS

1 DE

L'ACADEMIE ROYALE -

SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS

DE BELGIQUE.

= GINQUANTE-SRPTIÈME ANNÉE. 3m SÉRIE, T. 14.

1896. nr BRUXELLES, oo HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGI Me Ü rue de Louvain, 108. i

4887

ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

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BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

56 awuee , 3* sue, tome 44

N 1.

Mo. Bot. Garden. 1896.

BRUXELLES,

F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE,

Rue de Louvain, 108.

1887

BULLETIN

DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

1887. 7.

CLASSE DES SCIENCES.

——

Séance du 2 juillet 1887.

M. De Titty, directeur, président de l'Académie.

M. Lian, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, -

..— Briart, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mens- - brugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, membres;

E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; L. Frederieq, - Paul Mansion, P. De Heen et C. Le Paige, correspon-

dants

. $"* SÉRIE, TOME xiv. 1

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'industrie et des Travaux publies envoie, pour la bibliothéque de l'Aca- démie, l'ouvrage du lieuteuant Jéróme Becker, intitulé : La vie en Afrique, avec préface du comte Goblet d'Alviella. Remerciements.

M. le maréchal des logis d'artillerie en retraite Delaey, à Roulers, adresse des communications se rappor- tant à divers sujets. Dépót dans les archives.

M. F. Terby, docteur en sciences, à Louvain, demande 1 le dépót dans les archives d'un billet cacheté daté du 1 30 juin 1887. Accepté. 1

Le Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles envoie le tome XIII (avec planches) de la Description des ossemenis fossiles des environs d'Anvers, par P.-J. Van Beneden. Remerciements.

Hommages d'ouvrages :

Travaux du laboratoire de Léon Fredericq, à l'Institut de physiologie de l Université de Liège, tome 1°", 1885-86;

a) Note sur l'hypnoscope et sur les phénomènes de transfert par les aimants ; b) La matière brute et la matière vivante ; par J. Delbœuf;

(5)

Sur les tempétes, théories et discussions nouvelles ; par H. Faye, associé de la Classe, à Paris;

4 Der jetzige Stand der morphologischen Disciplinen mit Bezug auf allgemeine Fragen. Discours par A. von —. Kólliker, associé, à Wurtzbourg;

a) Sur les causes des variations diurnes du magnétisme terreste et sur la loi qui régle la position du courant per- turbateur principal; b) Variations diurnes intertropicales et variations annuelles du magnétisme terrestre; par Ch. Lagrange (présenté par M. Folie, qui « estime que cet ..» ouvrage semble avoir fait faire un grand pas à la théorie E du magnétisme terrestre) » i Fauna und Flora iti ce von Neapel : Polygor-

| dius; par J. Fraipont (présenté par M. Éd. Van Beneden); .. a) Notes de technique microscopique; b) Résumé d'une . conférence sur la microphotographie, appliquée à l'histo- ogie, l'anatomie comparée et l'embryologie; par P. Fran- cotte (présentés par M. Éd. Van Beneden). Remer- ciements.

OL Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à

1 examen de commissaires :

- 1? Note sur les oscillations d'un pendule produites par le Beplacemen: de l'axe de suspension ; par E. Ronkar. Commissaire : : M. Folie;

E Description de quelques cucurbitacées nouvelles ; par Cogniaux. Commissaire : M. Crépin ;

Sur le sulfure de cadmium colloidal ; par Eug. Prost. Commissaires : MM. Stas et Spring.

RAPPORTS.

Développement sur la théorie des formes binaires; par J. Deruyts.

Rapport de M. €. Le Paige.

« Les fonctions invariantives d'un systéme de formes algébriques satisfont, comme on le sait, à deux équations aux dérivées partielles qui suffisent pour les définir.

On s'est occupé, depuis longtemps, des fonctions des coefficients seuls qui satisfont à l'une de ces deux équa- tions, et qui, pour cette raison, ont été appelées semi- invariants. M. Deruyts a obtenu de trés intéressantes propriétés de ces fonctions et les a communiquées récem- ment à l'Académie.

Dans le travail actuel, il se propose une question ana- logue : celle de déterminer les fonctions des coefficients et des variables qui satisfont à une seule des équations diffé- rentielles que nous venons de mentionner ; il appelle semi- covariants ces expressions nouvelles.

La nature du travail de notre jeune collégue de Liége ne nous permet pas d'entrer dans de longs développe- ments : nous nous bornerons à signaler quelques-uns des théorémes énoncés.

L'auteur rencontre d'abord cette propriété fondamen- tale : Dans un semi-covariant, le coefficient de la plus haule puissance de X, est un semi-invariant.

Lorsque la fonction satisfait à la seconde équation aux dérivées partielles, ce coefficient suffit pour déterminer,

( 9)

d'une maniére unique, tous les autres coefficients, c'est-à- dire le covariant. Il n'en est naturellement plus de méme dans le cas actuel. Mais, grâce à l'opération d- définie dans un travail précédent de l'auteur, celui-ci poil à montrer la liaison entre les coefficients du semi-covariant et celui de son premier terme.

Il arrive ainsi à cette propriété :

Tout semi-covariant est une somme de produits de puis- sances de x4 par des expressions de la forme

dk, » ke pi 1 4 d bo

h do, PURA

ko étant un semi-invariant.

M. Deruyts établit ensuite un autre mode de formation des fonctions qu'il étudie.

Comme nous l'avons dit, il nous est impossible de reprendre un à un les nombreux théorémes énoneés par l'auteur : ce serait simplement reproduire son travail en supprimant les démonstrations.

Nous signalerons cependant la liaison intéressante que M. Deruyts établit entre les semi-covariants et la théorie des fractions continues, et le procédé ingénieux qu'il en déduit pour retrouver le canonizant de Sylvester, ainsi que les remarques auxquelles il est conduit sur l'addition de certains déterminants.

En résumé, nous pensons que le nouveau travail de M. Deruyts est trés digne d’être approuvé par la Classe, et nous en proposons bien vivement l'impression dans un des Recueils in-8° de l'Académie. »

La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles M. Man- -

sion, second commissaire, s'est rallié.

(6)

Application de la photographie à l'étude de l'électrotonus des nerfs; par M. Henrijean.

Rapport de M. Léon Frederica.

« Les méthodes les plus ingénieuses de l'électro-physiolo- gie ontété utilisées pour l'étude des courants électrotoniques des nerfs. Malheureusement ces méthodes sont extréme- ment compliquées, et ne permettent d'arriver à reconsti- tuer la courbe qui représente les différentes phases de l'électrotonus, qu'en combinant les résultats fournis par un grand nombre d'expériences successives. Il faut bien se résigner à faire abstraction de l'influence de la fatigue du nerf, et des autres modifications qui peuvent se pro- duire dans sa substance, au cours d'une série d'ex périences.

Bernstein, l'an des physiologistes allemands qui s'est occupé avec le plus de succès de ce sujet difficile, émet- tait récemment le vœu de voir répéter ces expériences, en les disposant de manière à n'avoir à soumettre le nerf qu'à une seule action de polarisation, ce qui s'obtiendrait le mieux, dit-il, au moyen de l'électrométre capillaire, dont on photographierait les excursions.

Ce vœu exprimé par Bernstein, M. Henrijean est par- venu à le réaliser. Il a pu, au moyen de la photographie, recueillir, en une seule expérience, la courbe compléte du courant éleetrotonique. Hâtons-nous de dire que son tra- vail confirme, en grande partie, les résultats obtenus par d'autres expérimentateurs; son intérét réside donc moins dans la découverte de faits nouveaux que dans la sub- stitution d'une méthode directe, simple et facile, aux pro- cédés compliqués et laborieux utilisés jusqu'à présent.

i C

Nous vous proposons :

De voter l'impression de la notice de M. Henrijean, avec la planche qui l'accompagne, dans le Bulletin de l'Académie ;

D'adresser des remerciements à l'auteur, en lenga- geant à poursuivre ses recherches et notamment à étendre à l'étude de quelques autres problémes de l'électro-physio- logie la méthode qui lui a si bien réussi dans celle de l'électrotonus. »

La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est rallié M. Van Bambeke, second commissaire.

Sur la circulation du sang dans le cercle artériel de Willis,

par M. G. Corin.

Rapport de M. Léon Fredericq.

« Quatre gros vaisseaux, les deux carotides et les deux vertébrales, amènent au cerveau le sang artériel qui doit le nourrir. Ces vaisseaux s'anastomosent largement à la base du crâne, de manière à former une espèce de polygone vasculaire, connu sous le nom de cercle artériel de Willis.

C'est gràce à l'existence de ces anastomoses que le cer- veau et le cervelet peuvent supporter l'oblitération d'une ou de plusieurs artères nourricières, les canaux qui restent suffisant à la nutrition.

M. Corin a cherché à déterminer dans quelle mesure se fait cette suppléance. Il a constaté que, chez le chien, la ligature de deux et méme de trois des grosses artéres,

(8)

n'exerce que fort peu d'influence sur la pression du sang dans le cercle artériel de Willis, et par conséquent sur les conditions de la circulation cérébrale. Dans la plupart des cas, la ligature des quatre vaisseaux afférents n'améne pas non plus de troubles graves : le cerveau recoit alors son sang par des voies détournées, notamment par les anasto- moses avec les vaisseaux spinaux.

Il n'y a donc pas lieu, selon M. Corin, de s'étonner du peu d'influence que la ligature des carotides ou des verté- brales exerce sur le rythme respiratoire, et l'on n'est plus en droit d'invoquer ces faits contre la théorie respiratoire de Rosenthal.

On sait que, d'aprés ce physiologiste, le rythme respira- toire est réglé, en grande partie, par la qualité (composition des gaz) du sang qui circule dans la téte, notamment par les conditions de l'irrigation sanguine de la moelle allongée.

M. Corin termine son travail en déterminant la vitesse de propagation des ondes pulsatiles à travers le cercle de Willis. Cette vitesse est notablement plus faible que dans les gros troncs artériels voisins du cœur.

La notice de M. Corin contient plusieurs fait nouveaux et intéressants.

Nous vous proposons :

1* D'insérer son travail dans le Bulletin de l’Académie;

2 De voter des remerciements à son auteur. »

La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est rallié M. Van Bambeke, second commissaire.

(9)

Nouvelles recherches sur le spectre du carbone; par M. Ch. Fievez.

Rapport de 73. Stas.

« Dans son travail, M. Fievez expose brièvement l'état de nos connaissances sur le spectre du carbone, qui a déjà fait de sa part l'objet de longues et délicates recherches. Des spectroscopistes attribuent au carbone un spectre différent de celui de ses composés hydrogénés; d'autres spectroscopistes considèrent le spectre des composés hydro- génés du carbone comme le spectre propre de cet élément.

Des expériences nouvelles, consignées dans la notice presentée à l'Académie, M. Fievez conclut que « dans l'état actuel de nos connaissances, le carbone n’a pas de spectre différent de celui de ses composés hydrogénés ».

L'Académie sait qu'il y a plusieurs années déjà j'ai fait des recherches sur le spectre du carbone et le spectre de l'hydrogène, en soumettant à l'analyse prismatique succes- sivement : la flamme du gaz d'éclairage et des vapeurs hydrocarbonées alimentée par l'air ou par l'oxy- gène; la flamme de l'hydrogène pur dans l'air et dans l'oxygène; 5? le gaz de l'éclairage contenu dans des tubes de Geissler à la pression de 90 millimétres et rendu lumi- neux par le passage d'un courant électrique.

A l'oceasion d'un rapport que jai eu l'honneur de faire à l'Académie sur un Mémoire de M. von Konkoly, Jai communiqué à la Classe l'introduction d'un travail inédit sur des recherches chimiques et spectroscopiques, dans lequel j'expose mes investigations sur le spectre de

(10) flamme de l'hydrogène alimentée par l'air ou par l’oxygène, et le spectre de flamme du gaz d'éclairage alimentée par l'air ou par l'oxygène.

Depuis la présentation de la notice de M. Fievez, j'ai eu soin de soumettre à un nouveau contróle mes observations, en priant mon savant ami et collègue, M. Depaire, profes- seur à l'Université de Bruxelles, de me préter son concours actif et éclairé en méme temps que sa remarquable et si parfaite installation spectroscopique.

Il résulte de mes anciennes et nouvelles observations que :

Le spectre de flamme du gaz d'éclairage et des vapeurs des hydrocarbures liquides, alimentée à l'oxygène, brülant à la température de la fusion de l'iridium, se com- pose des raies et des bandes décrites dans l'introduction déposée sur le bureau de l'Académie et paraphée à cette époque par M. le Directeur et M. le Secrétaire perpétuel. Les raies C. F. G. de Frauenhofer, caractéristiques de la présence de l'hydrogéne, font absolument défaut dans ce spectre.

On constate l'absence des raies de l'hydrogène, lors méme qu'on fait passer une étincelle ou une décharge à l'aide de cónes de charbon ou de sphéres de platine au travers de la partie de la flamme hydrocarbonée considérée. Quelles que soient les dispositions que M Depaire et moi nous ayons prises pour la position des cónes ou des sphéres dans la flamme, notre impuissance à faire apparaitre les raies C. F. G., et méme la raie C. qui se présente toujours dans le spectre de l'étincelle jaillissante à la surface d'une solution saline aqueuse, notre impuissance, dis-je, a été absolue;

2^ Le spectre électrique du gaz de l'éclairage et des

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vapeurs hydrocarbonées, observé à la tension de 20 milli- mètres dans la partie rétrécie des tubes de Geissler, se compose des raies et des bandes du spectre de flamme de ces mémes gaz et vapeurs, auxquelles viennent s'ajouter, suivant l'intensité du courant, soit la raie C. soit les raies C. et F., soit les raies C. F. et G. de Frauenhofer, caracté- ristiques de l'hydrogène ; |

Le spectre de flamme de l'hydrogène pun, suivant que la flamme estobscureetiNCOLoRE ou portée à l'incandescence et colorée dans ce cas en bleu d'azur, est représenté par un espace spectral totalement obscur ou par un espace spectral illuminé, formé d'un spectre continu présentant un facies propre, distinct absolument du facies du spectre continu qu'on observe par l'analyse prismatique des radia- tions lumineuses émises par les solides opaques et fixes, tels que le platine, l'iridium, le carbone, portés à la plus vive incandescence.

Quelles que soient les dispositions prises pour la com- bustion de l'hydrogéne dans l'oxygène, quels que soient la partie dela flamme analysée et les spectroscopes employés, il est impossible de constater, à la vue, dans le spectre continu, faiblement ou intensément illuminé, la présence d'une raie de l’hydrogène. D’après mon expérience, suffi- samment contrôlée, je me crois en droit d'affirmer que le spectre de flamme de l'hydrogène pur est dépourvu de raies brillantes ou noires proprement dites;

4 Le spectre électrique de l'hydrogène pur observé dans des tubes de Geissler est caractérisé par les raies parfaite- ment connues C. F. et G. de Frauenhofer. Je dis observé - dans des tubes de Geissler, car j'ai des doutes sur la possi- bilité de constater l'apparition des raies de Frauenhofer dans le spectre de l'arc électrique, produit dans l'hydro-

(12) gène. A mon avis, l'apparition ou la non apparition des raies C. F. et G. de Frauenhofer, dans le courant, l'étincelle, la décharge ou l'arc électriques, exige des recherches nouvelles.

Des faits qui précédent, je me erois autorisé à dire que la conclusion que M. Fievez déduit de ses recherches et dont j'admets, sans réserves aucunes, la parfaite exacti- tude, n'est pas absolument adéquate à ces faits. Elle ne s'adapte qu'au spectre du carbone de l'arc électrique et qu'au spectre de flamme des hydrocarbures. Elle ne s'applique pas au spectre électrique des hydrocarbures observé dans les tubes de Geissler. Ce spectre électrique n'est pas le méme que celui du spectre de flamme; il est représenté par la somme du spectre de l'arc du carbone et du spectre électrique de l'hydrogene.

L'énoncé des expériences exposées ci-dessus dit suffi- samment pourquoi le spectre de flamme des hydrocar- bures n'est pas le méme que le spectre électrique des mêmes hydrocarbures, et pourquoi ces différences existent et doivent exister; mais je ne veux pas insister davautage.

Quoi qu'il en soit, je partage l'opinion de M. Fievez que le spectre de flamme des hydrocarbures représente le spectre vrai du carbone, spectre identique à celui observé à l'aide du carbone dans l'are électrique fonctionnant dans le vide. En conséquence, j'ai honneur de proposer à l'Académie d'ordonner l'impression du travail de M. Fievez dans le Bulletin de la séance, de lui voter des remerciements pour sa communication,et de l'engager à continuer lesrecherches qu'il annonce avoir entreprises sur le spectre des différents composés carbonés. »

Adopté.

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COMMUNICATIONS ET LECTURES.

——

Sur une relation entre l'élasticité optique et l'activité chi- mique dans un cristal de Spath d Islande; par Walthére Spring, membre de l'Académie.

Jai eu l'honneur de communiquer à la Classe des

_ sciences de l'Académie, dans la séance du mois de mars

dernier, les résultats de recherches que j'avais entreprises en vue de connaitre comment variait, avec la température, la vitesse de réaction des acides minéraux sur le marbre.

J'étais arrivé à un résultat trés simple, car la vitesse de la réaction s'est montrée indépendante de la nature chimique des acides, et variable avec la température sui- vant une exponentielle dont le module est 2 : toutes autres conditions (étendue de la surface du marbre, concentra- tion des acides, etc.) restant les mêmes, bien entendu.

Le marbre n'étant pas un corps identique à lui-méme, sous le rapport physique, dans toutes ses parties, puisqu'il

n'est pas rare de rencontrer des régions plus ou moins . dures, j'ai tenu à vérifier le résultat trouvé d'abord en

faisant usage, cette fois, d'un corps cristallisé : le spath . d'Islande.

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Ga)

J'ai examiné la vitesse de dissolution d’un cristal de cette espèce minérale, dans ses diverses directions prin- _cipales. Je prie l'Académie de vouloir bien accueillir la relation des résultats obtenus afin de me permettre de prendre date pour quelques faits qui me paraissent assez curieux.

Toutes les faces du solide de clivage se dissolvent avec la méme vitesse dans les acides minéraux, toutes conditions étant égales d'ailleurs.

Les sections obtenues en taillant un crista! perpen- dieulairement à l'axe optique, ou parallélement à celui-ci, se dissolvent inégalement vite.

La section qui se dissout le plus rapidement est aussi celle pour laquelle l'indice de réfraction d'un rayon lumi- neux est le plus grand. Si l'on détermine le rapport des vitesses de réaction des deux sections mentionnées, on trouve, en moyenne, qu'elles sont entre elles comme 1:1,14; d'autre part, les indices de réfraction correspon- dants sont entre eux comme 1 : 1,12.

Il n'y a pas identité entre ces rapports; mais la diffé- rence ne comporte que 2 °/, de la valeur totale, de sorte que l'on est fondé à conclure, me semble-t-il, que l'élasti- cité optique dans une direction donnée d'un cristal n'est pas sans influence sur l'activité chimique. Peut-étre bien y a-t-il la trace de connexion entre les phénomènes chimiques en général et les mouvements ondulatoires que l'on a nommé lumiére.

J'aurai bientót l'honneur de présenter à l'Académie le complément de cette note.

din OSEE VIRUS

CAP EASTER, ACE CT T

Sur une nouvelle interprétation de quelques dépóts ter- tiaires ; par M. Mourlon, membre de l'Académie.

M. Ém. Vincent vient de publier une intéressante Note sur trois coupes de dépóts tertiaires relevées à Nossegem, Sterrebeek et Ophem, sur le territoire dela Planchette de Saventhem (1

Cette Note remet en question l'interprétation d'une partie de ces dépóts telle qu'elle se trouve consignée dans la légende de la carte géologique à l'échelle de !/20000 et aboutit à des conclusions qui laissent entrevoir d'impor- tants résultats.

Pour le moment, M. Vincent se borne à l'examen minu- tieux des deux groupes de couches sableuses qui, dans la région dont il s'agit, s'observent entre les sables laeke- niens de l'Éocéne moyen et l'argile glauconifére que Dumont range dans son Tongrien.

Le plus inférieur de ces groupes de couches, séparé des - sables laekeniens par un gravier à Nummulites variolaria, est considéré comme étant la base de l'étage wemmelien, mais il parait bien plutót devoir constituer un étage spécial. Le groupe de couches supérieur, au contraire, renferme la faune-type des sables de Wemmel proprement dits, et c’est par erreur qu'il a été, en de certains points comme à Nossegem, rapporté à un nouveau systéme de couches

~x

(1) Procès-verbal de la séance du 2 avril 1887 de la Société royale malacologique, p. xxvii.

( 16 au MM. Rutot et Van den CER ont donné le nom d'asschien.

Sans vouloir me prononcer pour le moment sur la valeur de ce nouveau systéme qui me parait tout au moins sujette à discussion, je crois pouvoir conclure de mes pro- pres observations sur les dépóts en question que le nou- veau classement proposé par M. Vincent est celui qui, dans l'état actuel de nos connaissances, répond le mieux à la réalité des faits.

Le tableau suivant permettra de bien appréeier en quoi . ce nouveau classement diffère de l’ancien :

PART Série ge i das prawo inférieurs N vana ; à l'argile glauconifère classement. sur la planchette de Saventhem. SRE Argile glauconifère (Tongrien de Dumont). Asschien , . . pile LATE TE w eheh. un N. SENTE Hd ^ Sable ferrugineux. j Wemmelien . f AEE HEN A } Ledien. . 1 Gravier à N. variolaria 5 à © j Sable blanchâtre ealearifere . 3 i Laekenien . .; 2 pee ; t l Laekenien. l Gravier à N. lœvigata roulées : Bruxellien 5. | Sables siliceux et ealeariferes . . . | Bruxellien.

J'ajouterai qu'un nouvel examen des échantillons de roches et de fossiles déposés au Musée de Bruxelles et se rapportant aux nombreuses coupes dont plusieures ne sont plus guère visibles aujourd'hui et qu'il m'a été donné de relever dans les différentes parties du bassin franco-

TP

(m) belge, semble devoir confirmer en tous points la nouvelle interprétation qui fait l'objet de cette communication.

Les sables à N. variolaria présentent un faciès faunique différant de celui des sables de Wemmel proprement dits, notamment à Lede et à Moorsel prés d'Alost, à Forest et à Melsbroeck près de Bruxelles, à Baeleghem prés de Gand, à Cassel en France, etc. C'est cette considération qui, jointe à celle des caractéres minéralogiques et stratigra- phiques des sables en question, me fait proposer, d'accord avec M. Vincent, de les considérer comme formant un élage spécial, et de désigner ce dernier sous le nom d'étage ledien comme le renseigne le tableau ci-dessus.

Déjà, en 1875 (1), j'avais proposé de désigner les sables à N. variolaria sous le nom de « sables de Lede », mais le degré d'avancement des études de nos dépóts tertiaires n'autorisait pas à cette époque de les séparer nettement des sables de Laeken et de Wemmel, comme les nom- breux et remarquables travaux effeetués depuis, per- mettent aujourd'hui de le réaliser.

Ne voulant pas antieiper sur les résultats des recherches qui ne peuvent manquer de se produire à bref délai sur les autres dépôts composant le système asschien, je me bornerai à faire remarquer que, partout il m'a été donné d'observer le contact des sables lediens à N. variolaria, soit avec les sables wemmeliens qui les surmontent, soit avec les sables laekeniens qu'ils recouvrent, ils m'ont paru avoir une épaisseur et un développement beaucoup plus consi-

. dérables que ces deux autres dépóts sableux.

C'est ainsi que, dans la coupe de Baeleghem (Géologie

(1) Patria belgica, t. I, p. 194.

$"* SÉRIE, TOME XIV. 2

( 18 j

de la Belgique, t. I, fig. 45, p. 259), les sables et grès 11, que je rapporte au nouvel étage ledien, sont beaucoup plus épais que les sables wemmeliens réduits à la couche n? B. Ces derniers sont séparés des sables lediens par le bane de grès coquiller 6, constituant un gravier de base à peine visible, et sur lequel l'attention n'avait pas encore été appelée lorsque je relevai cette coupe en 1875. Il parait en être de même du banc de grès avec sable blanc légérement glauconifére et graveleux qui, dans ma coupe du Mont des Récollets (Ibid., p. 945), sépare les sables wemmeliens 3 des sables lediens 4.

C’est le banc de grès le plus inférieur de la première zone à N. variolaria de coupe de MM Ortlieb et Chel- lonneix (1).

Quant aux sables laekeniens, ils ne sont représentés dans ees deux coupes que par un faible dépót de sable graveleux à N. levigata roulées avec blocs de grès perforés.

Il est à remarquer à ce sujet qu'en de certains points des environs de Bruxelles, notamment à Boitsfort et à Watermael, ces mémes sables laekeniens semblent faire complétement défaut, et l'on voit le gravier ledien reposer directement sur les sables et grès ferrugineux brusxelliens.

Qu'il me soit permis, en terminant, de faire remarquer que, tout en adoptant le nouveau classement proposé par M. Vincent et dont je viens de montrer l'application en des points assez éloignés de ceux qu'il a plus particuliè- rement étudiés, je erois devoir insister sur l'intérét qu'il y aurait à faire connaitre la répartition des nombreuses

(4) Études des collines tertiaires du département du Nord, p. 62, fig. 9.

née

(19)

espèces fossiles recueillies dans les dépôts qui font l'objet

dudit classement.

Pour effectuer cet important travail, M. Ém. Vincent trouvera dans la personne de son pére, M. G. Vincent, un collaborateur d'autant plus autorisé que, par ses habiles et persévérantes recherches, il a contribué pour une trés large part aux progrès si marquants réalisés depuis quelques années dans la connaissance de nos terrains tertiaires.

Les genres EcrEiNAsciDiA Herd. RinopraLEA PniL. et SLui- TERIA (nov. gen.). Note pour servir à la classifica- tion des Tuniciers; par Édouard Vau Beneden, membre de l'Académie.

Nos connaissances relatives au groupe des Tuniciers se sont considérablement accrues dans ces derniéres années, et cela à un double point de vue. Plusieurs travaux récents, traitant soit de l'anatomie soit du développement des Urochordes, ont largement contribué à élucider les diverses questions relatives à la morphologie de ces animaux; d'autre part, un grand nombre de formes inconnues jus- qu'iei ont été décrites et figurées; les caractères distinctifs des familles ont été mieux définis. Il y a cinq ans l'on con- naissait à peine quelques espéces exotiques; aujourd'hui, gràce surtout aux travaux de Herdman, qui a fait connaitre les Ascidies simples et les Synascidies recueillies pendant l'expédition du Challenger, gràce aux mémoires de Sluiter - sur les Tuniciers de la Malaisie, de von Drasche et de Traustedt, qui ont décrit un grand nombre de formes nou- - velles provenant de diverses parties du globe, particuliè-

( 20 ) rement du Pacifique, la liste des Ascidies simples et com- posées, décrites et figurées, a plus que doublé.

L'ensemble de ces recherches fait pressentir une réforme de la classification des Tuniciers, et diverses tentatives ont été faites dejà en vue d'établir la systématique sur des bases nouvelles.

Je me propose de publier prochainement la critique de ces essais et de faire connaitre les résultats auxquels j'ai été moi-méme conduit, en ce qui concerne la classification des Urochordes. La présente note, préliminaire à ce travail, . a pour objet l'étude critique du genre Ecteinascidia établi par Herdman (1). Il comprend einq espèces, dont trois ont été décrites par Herdman lui-méme, sous les noms de Ecteinascidia crassa, Ecteinascidia fusca et Ecteinascidia turbinata, deux découvertes par Sluiter (2) et désignées par lui sous les noms de Ecteinascidia diaphanis et Ecteinascidia rubricollis. Quatre de ces espèces se multi- plient à la fois par voie sexuelle et par bourgeonnement stolonial, à la facon des Clavelines et des Pérophores; la cinquième est probablement une Ascidie simple. Le genre Ecteinascidia que Milne-Edwards eut certainement rangé à côté des genres Clavelina et Perophora, dans son groupe des Ascidies sociales, est placé par Herdman à cóté de ces

(1) Herpman, W.-A. Preliminary Report on Tunicata of the Challenger Expedition. Part. IL Edimb. Roy. Soc Proc. Session 1879-1880.

Report tho upon the Tunicata collected during the voyage of H. M. S. Challenger during the years 1875-1876. Zool. Chal. Exp. Vol. VI, part. XVII, 296 pages et 57 planches.

(2) SLuiTer, Ueber einige einfachen Ascidien v. d. Insel Billiton. Natuurkund. Tijdsch. v. Nederl. Indie. Bd. XIV, p. 4

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es

( 24 genres, dans la famille des Clavelinides, parmi les Ascidies simples.

L'organisation des différentes espéces de ce genre et les affinités qu'elles manifestent les unes avec des Ascidies simples, les autres avec des Synascidies, démontrent avec évidence qu'il faut renoncer à chercher dans les modes de reproduction un principe de classification. A ce point de vue, aucun groupe d'espéces de la classe des Tuniciers n'est plus instructif. Des cinq espèces réunies dans le genre Ecteinascidia, deux doivent prendre place dans le genre RAopalea Phil., deux peuvent être conservées dans le genre Ecteinascidia; la cinquième constitue un type générique distinct, que je diae de désigner sous le nom de S/uiteria.

RHopaLoEa Phil.

Quand, en 1879-1880, Herdman créa le genre Ectein- ascidia, l'on ne connaissait que par la description qu'en avait donnée Philippi (1), la forme si particulière que ce naturaliste avait découverte, en 1842, dans le golfe de Naples, et qu'il avait baptisée du nom de RAopalea neapo- litana.

Jusqu'en 1881, personne ne réussit a retrouver cet Asci- dien, ou tout au moins, si des exemplaires sont tombés entre les mains de naturalistes, n'ont-ils pas été reconnus comme appartenant au type découvert par Philippi. En visitant l'an dernier les collections zoologiques de l'Uni-

versité de Leipzig, je fus surpris de trouver, parmi les :

250 Piueni, Ein neues genus d. einf. Amilin Müller’s dmm

(22) Ascidiens, un bel exemplaire de Rhopalæa neapolitana sous le nom de Phallusia mentula.

Traustedt (1), que la direetion de la Station zoologique de Naples a chargé, en 1882, de la publication des Asci- dies simples du golfe, ne fait pas méme mention du genre Rhophalæa. ;

En 1884, Roule (2) annonçait à l’Académie des sciences de Paris la découverte qu'il venait de faire d’une station de Rhopalea sur les côtes de Marseilles, dans les fonds du pourtour des Zostéres, dans les sables vaseux charriés par les courants, par 25 à 60 mètres de profondeur. H donna d'abord quelques renseignements sommaires sur l’organisation de ce Tunicier; il en a publié depuis, dans le Journal de Fol (5), une description anatomique accom- pagnée de fort beaux dessins.

Pendant mon séjour à Naples en 1881, j'avais réussi à retrouver le RAopalea neapolitana de Philippi; j'en ai rapporté cinq exemplaires. M. Roule a bien voulu m'en envoyer quelques autres recueillis par lui à Marseille, et j'ai pu ainsi non pas seulement m'assurer de l'identité de la forme des côtes de Provence avec l'espéce napolitaine, mais aussi étudier par moi-méme l'organisation de cette forme intéressante.

Roule avait reconnu que la description de Philippi, trés exacte d'ailleurs pour la plupart des détails d'organisation qu'il signale, devait étre rectifiée sur un point important. Philippi avait cru reconnaitre que les barres longitudinales

(1) TaavsrEpT, Die einfachen Ascidien (Ascidiæ simplices) des Golfes von Neapel. Mitth. a. d. Zool. Stat. zu Neapel. 1883. Heft. 1V.

(2) Roue, Sur le genre Rhopalæa. Comptes rendus du 19 mai 1884.

(9) Rovte, Revision des espèces de Phallusiadés des côtes de m vence. Rec. Zool. Suisse, t. HI.

us

ni dir

(25 )

du sac branchial portent des papilles comme on en observe chez la plupart des Aseidiadés. C'est une erreur; ces papilles n'existent pas. A ce point de vue, les Rhopalæa ne différent en rien des trois espèces du genre Ecteinascidia décrites par Herdman. Or, si Herdman s'est décidé à créer, pour désigner ces trois formes, un nom générique nouveau, c'est en se fondant principalement sur la présence supposée de papilles chez les Rhopalæa, et sur l'absence totale de ces organes dans les trois formes ramenées par le Challenger. Faut-il en conelure à la suppression du genre créé par Herdman?

Si l’on étudie avec soin les caractères des trois espèces désignées par l'ascidiologue anglais sous les noms de Ecteinascidia crassa, E. fusca et E. turbinata, on con- state entre elles des différences considérables, touchant à des points d'organisation fort importants. Dans deux d'entre elles, E. crassa et E. fusca, la masse viscérale se trouve placée en arriére du sac branchial, de facon à constituer un véritable abdomen séparé du thorax par un étranglement qui, pour être moins apparent à l'extérieur dans E. crassa que dans E. fusca, n'en est pas moins réel : « The alimen- tary and genital viscera, ainsi s'exprime Herdmen en décrivant E. crassa, extend in this species for a conside- rable distance beyond the branchial sac, so as to form a distinet abdomen, which is almost as large as the thorax, and is connected with it by a narrow pedicle traversed by the esophagus, the intestine and the genital ducts ».

Chez Ecteinascidia fusca, le caractère est plus apparent

encore, et extérieurement déjà on reconnait que le corpsest divisé en deux portions renflées séparées l'une de l'autre par un étranglement, et reliées entre elles par un pédi- cule, comme dans les genres Rhopalea et Diazona.

Cette division du corps en un thorax comprenant le sae

(24) branchial et un abdomen composé de la plus grande partie du canal alimentaire, des organes génitaux et du cœur, ces deux portions se trouvant séparées par un étranglement médian traversé par l'esophage, le rectum, les conduits génitaux et l’épicarde, constituent le caractère le plus sail- lant de l'organisation du Rhopalæa.

Ce n'est pas le seul caractère qui rapproche du Rho- palea neapolitana les espèces Ecteinascidia crassa el . E. fusca.

Dans ces deux formes, rapportées par Herdman au genre Ecteinascidia, E.crassa et E. fusca, comme dans le Rho- palea neapolitana, le test est résistant et de consistance cartilagineuse; en outre, il est épais, moins cependant autour du thorax que daus la région abdominale et autour du pédicule qui relie l'une à l'autre les deux portions du corps. Les trois espèces se fixent par l'extrémité posté- - rieure de leur abdomen au moyen d'une surface irréguliére et inégale moulée sur les corps étrangers qui les portent. Les bandes musculaires longitudinales de la tunique interne sont trés développées; le sac branchial est pourvu de barres longitudinales fixées à des prolongements triangulaires dépendant des côtes transversales. Il n'existe pas de papilles le long des barres longitudinales.

On ne peut distinguer, pas plus chez les Rophalea que chez les E. crassa el E. fusca divers ordres de côtes trans- versales. Toutes se rapportent à une seule et méme catégorie, et les différences que Roule signale, entre ce qu'il appelle les sinus transversaux de premier et de second ordre, sont si peu marquées et si peu constantes, qu'elles méritent à peine d’être signalées : elles sont plus appa- rentes que réelles et dépendent des ondulations de la paroi du sac branchial. Roule reconnait lui-méme combien peu

RS a nii

CNE a

(25)

les deux ordres de côtes qu'il distingue diffèrent entre eux quand il dit : « Toutes les descriptions qui précèdent sont faites d’après lexamen de la branchie par sa face externe; il wen est plus tout à fait ainsi lorsqu'on regarde la face interne du même organe. Les calibres des sinus ne sont plus très différents, et comme leurs rapports avec les sinus longitudinaux sont semblables, on ne peut distinguer qu'avec difficulté les deux ordres l’un de l'autre. » J'ai examiné avec grand soin la branchie des Rhopalœæa et je dois déclarer que si, en certains points de la branchie, les ondulations de la paroi sont bien marquées, on peut reconnaitre une alternance plus ou moins régulière de vaisseaux un peu plus et un peu moins volumineux, en d'autres points, les ondulations sont moins apparentes, il est absolument impossible de distinguer des vaisseaux de premier et de second ordre. De plus, et ce point est essentiel, toutes les cótes affectent les mémes rapports avec les barres longitudinales, toutes fournissent des insertions à ces derniers organes.

Il n'existe donc, chez Rhopalea comme chez E. crassa et E. fusca, qu'un seul ordre de vaisseaux transversaux (cótes transversales ou sinus transversaux).

Dans les trois formes, les stigmates diposés en séries transversales régulières présentent les mêmes caractères : ce sont des boutonnières à direction longitudinale, de forme ovalaire allongée.

Dans les trois formes, il existe, le long de la ligne médio- dorsale, une série de languettes indépendantes les unes des autres, insérées aux points les cótes transversales croisent le raphé dorsal. |

Il n'existe done aucun caractère dans C e qui We permette de séparer génériquement le ripas ép :

( 26 ) lilana des espèces Ecteinascidia crassa et Ecteinascidia fusca. Aussi je pense qu'il faut les réunir en un seul et méme genre, pour lequel le nom de RAopalea doit être conservé (1). Ce genre comprendrait done actuellement trois espèces :

Rhopalea neapolitana, Philippi;

Rhopalæa crassa, Herdman;

Rhopalæa fusca, Herdman.

Roule, auquel les analogies entre les genres Ecteinascidia et Rhopalea n'ont pas plus échappé qu'à Herdman lui- méme, quoique ni l'un ni l'autre de ces auteurs n'ait appelé l'attention sur la distinction qu'il y a lieu de faire à cet égard entre Ecteinascidia crassa et Ecteinascidia fusca, d'une part, Ecteinascidia turbinata, de l'autre, Roule croit trouver la justification de la séparation des deux genres dans le fait que Rhopalea neapolitana serait un organisme monozoique, tandis que les Ecteinascidia seraient polyzoi- ques. Il attache une grande importance à l'absence de la faculté de bourgeonner chez les Rhopalæa.

À supposer que réellement les RAopalea ne puissent pas se multiplier par gemmation, ce qui ne me parait pas encore absolument établi, il n'en faudrait pas encore conclure, à mon avis, à l'obligation de séparer g ] t Rhopalea neapolitana de Rhopalea crassa el fusca.

(1) Je ne vois pas qu'il y ait lieu de substituer, comme Roule en fait la proposition, le mot Rhopalona au mot Rhopalea. S'il fallait corriger les écarts commis aux lois qui régissent la confection des mots scientifiques créés au moyen de racines grecques ou latines, on en arriverait à transformer une bonne partie de la nomenclature. Ce serait certes avantageux au point de vue de la correction du langage, mais il en résulterait un grave inconvénient, celui de compliquer davantage encore la synonymie.

(27)

Il y a lieu de faire observer que, en ce qui concerne Rhopalæa crassa, il n'est nullement prouvé que cette espèce se multiplie par bourgeonnement. Herdman n'a eu entre les mains que deux exemplaires de cette espéce trouvés sur une éponge Hexactinellide. Il ne dit pas s'il existait ou non des connexions organiques entre les deux individus.

D'autre part, en ce qui concerne Rhopalæa neapolitana, nous ne pouvons faire abstraction de l'observation de Phi- lippi, qui a représenté un exemplaire de son espèce pourvu de deux excroissances qu'il dit étre des bourgeons. Il est difficile d'admettre qu'un observateur aussi consciencieux eût pris pour des bourgeons d'autres Ascidies accidentel- lement fixés sur le Rhopalæa. Tout récemment, M. Lahille, dans une note sur le systéme vasculaire colonial des Tuni- ciers, exprime l'opinion que les formes isolées de Rhopalæa sont produites aux dépens de colonies, par suite de l'atro- phie des stolons qui les réunissaient entre elles (1).

Mais à supposer méme que réellement RAopalea soit monozoique et qu'il en soit de méme de R^opalea crassa, alors que nous savons positivement que RAopalea fusca est une forme polyzoïque, en résulterait-il qu'il faille séparer génériquement cette dernière espèce des deux autres? Je ne le pense pas. On peut citer dans le groupe des Zoophytes plusieurs exemples de genres renfermant, à côté d'espéces se multipliant par bourgeonnemant, des espéces à peine différentes, dépourvues de cette faculté, sans que l'on ait songé à se fonder sur cette différence

(1) Lane, Sur le système vasculaire colonial des Tuniciers. Comptes rendus du 24 janvier 1887.

(28 ) pour les ranger dans des genres distincts. L’Actinia mesem- bryanthemum se multiplie par bourgeonnement, alors qu'une foule d'espèces voisines sont dépourvues de cette faculté. Des faits du méme genre ont été révélés chez les Fungies et les Flabellum.

Et à supposer qu'une Hydre ou une Claveline, sous l'in- fluence de conditions particuliéres, contrariant sa multipli- cation par bourgeonnement, en füt réduite à ne se repro- duire plus que par voie sexuelle, cesserait-elle pour ce motif d'étre une Hydre ou une Claveline? En quoi l'organi- sation de ces étres s'en trouverait-elle modifiée ?

EcrEiNASCIDIA. Herd.

Si les ressemblances remarquables que j'ai fait ressortir entre les deux premières espèces du genre Ecteinascidia et Rhopalea neapolitana justifient pleinement, à mon avis, l'identification générique de ces formes, il me parait évi- dent, d'autre part, que l Ecteinascidia turbinata représente un type générique fort différent. Et tout d'abord la division du corps en un thorax et un abdomen n'existe pas chez l Ecteinascidia turbinata. M ressort en effet aussi bien de la description que des figures produites par Herdman que, chez cette espèce, le sac branchial s'étend jusque prés de l'extrémité inférieure du corps, et que la masse viscérale siége en grande partie, non plus en arriére du thorax, mais sur la face gauche du sac branchial. Ce fait à lui seul éloigne l Ecteinascidia turbinata du type Rhopalæa et rap- proche cette forme des Ascidiadés proprement dits.

. De plus, le test est mince et membraneux, non de con- sistance cartilagineuse, comme c'est le cas chez Rhopalæa.

(29 )

Au lieu de s'insérer par une large surface répondant à l'extrémité postérieure de l'abdomen, le corps s'effile en arriére pour se continuer dans le stolon par un pédicule.

Les supports des barres longitudinales n'ont pas la forme de languettes triangulaires, insérées par leurs bases aux cótes transversales, pour se terminer en pointes au niveau des barres; ils s'élargissent au contraire à partir de leur insertion, pour atteindre leur maximum de largeur au niveau des barres. Les stigmates sont des fentes allon- gées et étroites, non des boutonnières ovalaires.

Les languettes insérées le long du raphé dorsal sont distantes et ont l'apparence de tentacules, nou de lamelles triangulaires.

La composition et le trajet du tube intestinal différent notablement de ce que l'on observe chez Rhopalæa neapo- litana, R. crassa et R. fusca. L'eesophage est court; il se dirige en arrière et à gauche pour aboutir à l'estomac, situé, au moins en partie, sur la face gauche du sac branchial. L'in- testin est placé dans toute sa longueur sur la face gauche du sac branchial, le long duquel il remonte d'arriére en avant pour atteindre le cloaque.

Les organes génitaux sont placés dans la concavité de l'anse que forme le canal alimentaire.

Herdman ne décrit pas la musculature; mais il est pro- bable, à en juger par ce qui existe dans une espèce décrite par Sluiter, Ecteinascidia diaphanis, trés voisine de Ectein- ascidia turbinata, que les faisceaux longitudinaux sont trés réduits, tandis que les faisceaux à direction transversale sont relativement trés développés. ' ;

Ces caractères, et avant tout celui qui résulte de l'ab- sence de toute division en un thorax et un abdomen, me

( 30 ) paraissent justifier pleinement la séparation de l'Ectein- ascidia turbinata du genre Rhopalæa. Je pense donc qu'il yalieu de conserver le nom générique erée par Herd- man pour désigner génériquement l'espèce turbinata.

Sluiter a déerit, postérieurement aux travaux de Herd- man, deux formes nouvelles recueillies par lui à l'ile Billiton; il a cru devoir les rapporter au genre Ectein- ascidia. Il les a appelées Ecteinascidia diaphanis et Ectein- ascidia rubricollis. Je dois à l'obligeance du D" Sluiter, qui a bien voulu m'envoyer quelques exemplaires de ces deux espéces, d'avoir pu les étudier par moi-méme.

Les caractères extérieurs de la première, E. diaphanis, aont si semblables à ceux de E. turbinata de Herdman, que l'on pourrait hésiter, et que Sluiter lui-méme a hésité, à distinguer spécifiquement la forme recueillie à Billiton de l'espéce des Bermudes. Cependant l'étude de l'organisation a permis de constater quelques différences qui justifient bien l'établissement d'un nom spécifique distinct. En effet, l'espéce de Billiton est incolore; son test est absolument transparent et fort délicat. La lamelle dorsale est repré- sentée par une série de languettes dont la forme diffère assez notablement de celle des languettes dorsales de E. turbinata.

Le nombre des tentacules est de quarante, moitié moin- dre à peu prés que chez E. turbinata.

Les organes génitaux, disposés dans l'anse unique formée par le canal alimentaire, semblent différer assez notable- ment de ceux de £. turbinata. Chez E. diaphanis lovaire occupe le centre d'un ma NE par les ighüles tesli- culaires, et les canaux acco-

[2] 2

(51) lés l'un à l'autre, d'abord assez écartés de l'intestin, s'en rapprochent ensuite et s’accolent à lui mais ne le croisent jamais.

D’après Herdman la position relative des testicules et de l'ovaire serait inverse chez E. turbinata, et chez cette espèce le canal déférent croiserait le rectum avant de s'ouvrir dans le cloaque. Il y a lieu de douter de la réalité de ces deux particularités signalées par Herdman. Elles éloigne- raient VE. turbinata non seulement de E. diaphanis, de laquelle elle est si voisine par tous les autres caractéres, maisaussi de Clavelina, Perophora, Ciona, et de la plupart des Ascidies. Dans toutes ces formes les lobules testi- culaires entourent l'ovaire, et chez aucune d'elles le canal déférent ne croise le rectum.

Quoi qu'il en soit, il ne peut y avoir le moindre doute sur le bien fondé du rapprochement établi par Sluiter entre son E. maps et E. o arala

Legenre E tei peut étre l l suit:

Le corps de forme M nettement cylindroïde, se rétrécit assez brusquement en arrière pour se fixer au stolon par un pédicule grêle et court. Il est tronqué en avant. Les orifices buccal et cloacal, assez rapprochés l'un de l'autre, répondent à la troncature antérieure. L'un et

. l’autre sont sessiles. Surface du corps lisse.

Dans les deux espéces actuellement connues, de nom- breux individus sont réunis en colonie par un stolon rampant.

Test mince, délicat, diaphane, peu consistant, dépourvu - de tubes stotoniaux stériles; tunique interne mince et déli- cate pourvue seulement de faisceaux musculaires à direction transversale, sauf au niveau du siphon buccal et du siphon

( 92)

cloacal. Les muscles longitudi des siphons ne dépassent pas les bases de ees organes. Au contraire, les muscles à direction transversale sont répandus dans toute l'étendue de la tunique interne, sauf au niveau de la gouttiére hypo- branchiale et de la masse viscérale. de ces points, la tunique interne est total lép (1). Le système musculaire rte considérablement le genre Ectein- ascidia du genre Clavelina, aussi bien que des Rhopalæa et des Ciona. Chez les Clavelines, si l'on excepte les siphons, il n'existe dans la tunique interne que des muscles longi- tudinaux. Par les caractères du système musculaire les Ecteinascidia se rapprochent au contraire des Pérophores, chez lesquels les faisceaux musculaires longitudinaux se trouvent aussi considérablement réduits, quoique à un moindre degré et des Ascidiacés en général.

Sae branchial à côtes transversales toutes semblables. Barres longitudinales grêles, dépourvues de papilles, fixées par des pédicules assez longs s'insérant sur les barres par une base élargie. Pas de membranes le long des cótes transversales.

Lamelle dorsale représentée par une série de languettes tentaculiformes, distantes les unes des autres, peu nom- breuses et non réunies entre elles par une membrane lon- gitudinale. -

Tentacules coronaux simples et nombreux.

Orifiee de la glande sub-ganglionnaire de forme ovalaire allongée dans le sens transversal, et de petite dimension.

Le tube alimentaire forme une anse unique sur le côté

(4) Ces earactéres tirés de la musculature résultent de l'étude que j'ai faite de l'Ecteinascidia diaphanis de Sluiter.

jo HAS ei GS

( 98 ) gauche du sac branchial, l'estomac dépassant seulement en partie l'extrémité postérieure du sac. En partant de l'estomac, l'intestin se dirige en avant et en haut pour se rendre directement au cloaque. Les organes génitaux occupent la concavité de l'anse unique formée par le canal alimentaire.

Genre SLUITERIA, nov. gen.

Sluiter a décrit, sous le nom de Ecteinascidia rubricollis, une autre forme qu'il a rencontrée également à Billiton. Tout en reconnaissant qu'elle diffère de Ecteinascidia tur- binata beaucoup plus que l'espèce qu'il décrit sous le nom de Ecteinascidia diaphanis, il a cru devoir la faire rentrer dans le méme genre. Je pense que ce rapprochement ne se justifie guère et que Ecteinascidia rubricollis constitue un type générique différent.

La forme générale de Ecteinascidia rubricollis rappelle celle des Pérophores. Les deux orifices ne sont point ter- minaux,comme chez Ecteinascidia turbinata et diaphanis: ils sont fort distants l'un de l'autre. L'orifice buccal répond à la petite extrémité du corps ovoide et est exactement terminal ; l'orifice cloacal est placé du cóté du dos, à une distance de la bouche équivalent au tiers environ de la longueur du corps. Les deux orifices sont portés à l'extré- mité de siphons allongés, incomplétement rétractiles. Chacun d'eux est pourvu de sept festons, tandis que chez les Esteinascidia les orifices sont dépourvus de festons ou à peine lobulés.

Le test est notablement plus épais, plus résistant et moins vitreux que chez les Ecteinascidia. De plus, il n'est

O"* SÉRIE, TOME XIV. 5

(54) pas lisse, mais présente çà et des prolongements papil- laires, conoïdes, dans lesquels se terminent des tubes stoto- niaux qui cheminent et se divisent dans l’épaisseur de la tunique externe. Des grains de sable, des fragments de coquilles ou de polypiers, des squelettes de foraminifères adhèrent à la surface du test.

La tunique interne, assez épaisse, est riche en faisceaux musculaires à direction transversale; on ne trouve de mus- cles longitudinaux que dans les siphons.

Le sac branchial est pourvu de barres longitudinales supportées, suivant les côtes transversales, toutes de mêmes dimensions, par de longs pédicules. Les barres portent des papilles qui, pour être peu développées et réduites à de simples tubercules, n'en sont pas moins distinctes. Les pédi- cules, qui supportent les barres, naissent par une base élargie de petits replis intersériaux, régnant le long des côtes transversales. Ils sont rétrécis au milieu et s'élar- gissent de nouveau au voisinage des barres.

Le long du raphé dorsal régne une lame dorsale continue trés élevée, s'étendant jusqu'à l'entrée de l’œsophage. Cette lame membraneuse se termine suivant son bord libre par un feston au niveau de chaque cóte intersériale. Les replis membraneux transversaux, qui régnent le long de ces côtes, se prolongent sur les deux faces de la lame, de facon à lui constituer des bourrelets ou des crêtes; ces cótes se poursuivent jusqu'aux sommets des festons. Elles sont au nombre de quatorze; elles sont dirigées, non pas perpen- diculairement au raphé dorsal, mais trés obliquement d'avant en arriére. La lame dorsale est incurvée et en quelque sorte enroulée; la convexité de la surface cylin- drique qu'elle décrit regarde à gauche, la concavité à droite; à cause de l'obliquité des cótes qu'elle supporte et

( 35 )

qui paraissent la consolider, il semble qu'un dessin spira- loide régne dans toute la longueur de la membrane, enroulée en un cylindre creux incomplétement fermé; en effet, l'extrémité libre de chaque cóte se projette à peu prés sur la base de la cóte suivante. La premiére cóte répond à la cóte transversale interposée entre la deuxiéme et la troisième série de stigmates. La neuvième siège au niveau de l'anus; les cinq dernières répondent au rectum. . Dans la partie antérieure de la lame dorsale se voit une gouttiére épibranchiale qui se termine en pointe en arriére, au niveau de l'extrémité postérieure du cerveau.

La lame dorsale est constituée de la méme maniére dans une foule d'Ascidies simples. Herdman a donné, pl. XXIX, | fig. 7, et pl. XXXI, fig. 7 des dessins d'une portion de cette D lame chez deux Ascidies appartenant la premiére au genre M Pachychlena, lautre au genre Ascidia (1). Ces dessins rappelleraient fort bien la lame médio-dorsale de Ectein- ascidia rubricollis, n'était que, chez cette dernière espèce, les côtes, au lieu d’être perpendiculaires au raphé dorsal, sont au contraire trés obliques, et que, en outre, elles sont . beaucoup moins nombreuses et moins rapprochées les unes des autres.

La description que je viens de faire de la lame dorsale de Ecteinascidia rubricollis repose sur l'examen de trois individus chez lesquels elle présentait identiquement les mémes caractéres.

Wesen: n'a pas bien décrit cet organe Veg il dit : « Die

rsalfalte besteht ans ziemlich breiten 7i l , welche

Wa

SEREEN

(4) Heroman, Report on the scientific results of the exploring voyage of H. M. S. Challenger, vol. XIV. Tunicata.

A

( 96 )

mittelst einer schmalen Membran miteinander verbunden sind ». D'aprés sa description et ses figures, on pourrait croire que Ecteinascidia rubricollis porte, le long du raphé dorsal, des languettes assez semblables à celles qui existent chez Ecteinascidia diaphanis, à part qu'elles seraient réunies entre elles par une membrane étroite. Il n'en n'est pas ainsi : il n'existe pas ici de languettes comme chez Clavelina, Perophora, Ecteinascidia, Rhopalæa, Ciona et quelques autres Ascidies, mais bien une membrane con- tinue, trés élevée, terminée par un bord festonné, pourvue de cótes obliques et contournée en cylindre, comme chez la plupart des Ascidies proprement dites. Ces caractéres de la lame dorsale éloignent complètement Ecteinascidia rubricollis des genres susmentionnés et la rapprochent au contraire des vraies Ascidies.

Sluiter décrit l'orifice de la grande subneurale comme étant circulaire; il me paraît plutôt qu'il a la forme d'un ovale allongé dans le sens transversal, et dont le grand axe serait légérement incurvé : la lévre antérieure de l'orifice est semi-circulaire; la postérieure est au contraire faible- ment convexe. Quoique j'aie trouvé la méme forme à cet orifice dans les trois individus que j'ai désséqués, il est pro- bable qu'ici comme dans d’autres espèces il se présente des variations individuelles. Si j'ai cru devoir indiquer les particularités que j'ai constatées, en ce qui concerne la forme de cet orifice, c'est que cette forme parait intermé- diaire entre l'orifice en fer à cheval de la plupart des Ascidies et la forme circulaire de l'orifice dans les genres Clavelina, Perophora et autres.

Le sac branchial est trés étendu, de sorte qu’une petite partie seulement de l'estomac dépasse en arrière le bord postérieur du sac. La masse viscérale est appliquée

( 97 ) contre la face latérale gauche du sac branchial. La courbe intestinale est presque identique à celle que l'on trouve chez Perophora.

Les organes génitaux occupent la concavité de l'anse, à peu prés complétement fermée, que forment ensemble l’œsophage, l'estomac et la première partie de l'intestin.

L'ovaire est au milieu, les vésicules testiculaires à la péri- phérie, au voisinage de l'intestin. L'oviducte et le canal déférent, intimement accolés l'un à l'autre, accompagnent le rectum et s'ouvrent dans le cloaque un peu en avant de l'anus.

Tentacules simples, au nombre de quarante-huit, de trois longueurs et disposés en cercles concentriques de diamétres différents.

Les caractères par lesquels Ecteinascidia rubricollis s'éloigne du genre Ecteinascidia sont donc :

1. Le test pourvu de papilles conoides et traversé par des tubes stoloniaux (vaisseaux de la tunique), comme il en existe chez la plupart des Ascidies.

2, Siphons bien développés; orifices trés écartés l'un de l'autre, la bouche étant terminale, l'orifice cloacal sur le dos. Lévres buccales et cloacales décomposées en sept festons.

9. Barres pourvues de papilles E Lame

- dorsale formée par une membrane continue trés développée,

renforeée par quatorze cótes obliques.

4. Le tube alimentaire forme une première anse à peu prés fermée, logeant les organes sexuels; la direction du rectum forme un angle droit avec la première portion de

. l'intestin. Chez les Ecteinascidia, le tube alimentaire . décrit, au contraire, une courbe ayant la forme d'un ?

_ renversé : 4, le rectum formant avec la première portion | de l'intestin un angle trés obtus, peu accusé.

( 58 )

L'espéce Ecteinascidia rubricollis ne peut être rangée dans aucun genre connu. Je propose de créer pour cette espéce un nom générique nouveau et de l'appeler désor- mais, en la dédiant à l'éminent observateur de Batavia, à qui nous sommes redevables de sa découverte, Sluiteria rubricollis.

Des cinq espèces rapportées au genre Ecteinascidia, Herdm., deux rentrent donc dans le genre Rhopalæa, Phil., sous les noms de Rhopalæa crassa, et Rhopalea fusca; une constitue un genre nouveau et sera appelée Sluiteria rubricollis; deux restent dans le genre primitif et con- servent leurs noms : Ecteinascidia turbinata, Herdm., et Ecteinascidia diaphanis, Sluit.

Voici les caractères distinctifs des trois genres:

G. RHoPpaLoEA. Philippi.

Ascidies simples ou sociales.

Corps allongé, fixé par son extrémité postérieure, divisé en un thorax et un abdomen, séparés l'un de l'autre par un étranglement traversé par l'eesophage et le rectum, les conduits génitaux et l'épicarde.

Orifices du corps sessiles, placés prés du bord antérieur tronqué de l'animal. 3

Test à surface inégale à l'extrémité inférieure de l'abdo- men, translucide, de consistance cartilagineuse, aminci autour du thorax.

Sac branchial à côtes transversales d'un seul ordre, C'est-à-dire toutes semblables entre elles, à barres longi- tudinales dépourvues de papilles; stigmates ovalaires allon-

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JUS WW OT UU ET REUA A EPS PRO EE ET ERNEST PER | a ER E CONES PE

( 39 ) en festons, le long des côtes transversales; les barres sont fixées aux extrémités des festons faisant fonction de pédicules,

Au lieu d’une lame médio-dorsale membraneuse, une rangée unique de languettes, très nombreuses, triangu- laires, indépendantes les unes des autres et aplaties d’avant en arrière.

Tentacules simples, filiformes.

Organes génitaux remplissant la cavité de lanse intesti- nale et s'étendant autour de l'intestin; très richement lobulés.

Cœur et péricarde repliés sur eux-mêmes de façon à former un U, dont la convexité serait dirigée en arrière comme dans le genre Diazona et chez les Polyclinides. U occupe la méme position et affecte les mêmes rapports avec les viscères que chez piason,

Ci-joint quelques t srie de coupes transversales de l'organe cardiaque de Rhopalea neapoli- tana; ces figures montrent les rapports du cœur avec le tube épicardiaque. La figure 1, faite en avant du cœur propre- ment dit, montre qu'ici, comme dans le Polyclinien, étudié par Ch. Maurice, le péricarde se prolonge en avant en deux culs-de-sac tubulaires, C.Pe. La figure 2 montre une coupe passant par les orifices cardiaques, C.c. La figure 5, faite plus en arriére, montre les deux cornes péricardiques accolées l'une à l'autre comme dans les figures précédentes. ll semble, à ne voir que cette coupe, qu'il existe deux cavités por et deux tubes cardiaques. La figure 4

montre ité mun C.Pe; l’épicarde C.Ep. Mie Je raphé cardiaque. La figure 5 EZ près " l'ext de l'organe, nvexit

de "t. On y voit le tube cardiaque unique C.c. inscrit dans

( 40 ) la cavité péricardique indivise C.Pe. Dans toutes les figures la cavité épicardique est désignée par C.Ep. La portion supérieure de l'épicarde n'est pas figurée. Il y a lieu de supposer que le cœur présente les mêmes caractères chez Rhopalæa crassa et Rhopalæa fusca.

Fig. 1.

Le cœur de Rhopalæa neapolitana diffère donc notable- ment de celui de toutes les Ascidies simples, des Clavelines

( 42) et des Pérophores; il est constitué, au contraire, comme chez les Diazona et les Polycliniens.

L'estomae et la première portion de l'intestin forment avec les organes génitaux, le tube épicardique et le cœur, la masse viscérale ou l'abdomen.

Trois espéces connues :

Rhopalæa neapolitana Philippi, de la Méditerranée ; fait partie de la faune littorale; monozoique ?

Rhopalæa crassa, Éd. V. Ben. = Ecteinascidia crassa, Herdman, de Ki Island, Malaisie. 199 brasses. Monozoique?

Rhopalea fusca, Éd. V. Ben. Ecteinascidia fusca, Herdman. Banda, Iles Moluques. Faune littorale (17 bras- ses). Polyzoique.

( 45 )

Genre SLUITERIA. Éd. Van Beneden.

Ascidies sociales.

- Corps ovoïde, fixé par un pédicule court, répondant à la grosse extrémité de l'ovoide ; non divisé en thorax et abdomen.

Orifices du corps portés sur des siphons bien dévelop- pés, incomplétement rétractiles. Bouche terminale; orifice du eloaque dorsal, placé à assez grande distance de la bouche.

Test translucide, pourvu de prolongements papillaires allongés, rares, délicats, adhésifs, dans lesquels se termi- nent des tubes stoloniaux peu nombreux, se divisant par voie dichotomique dans l'épaisseur du test.

Sae branchial à cótes transversales d'un seul ordre (toutes semblables entre elles), à barres longitudinales pourvues de papilles rudimentaires ; pas de replis mem- braneux aux cótes transversales. Les barres sont suppor- tées par des pédicules étranglés à leur milieu. Stigmates allongés, disposés en séries transversales bien régulières.

Lame médio-dorsale consistant en une membrane con- tinue trés développée, pourvue de côtes fortement inclinées en arriére; le bord de la membrane est festonné, un feston correspondant à chaque cóte.

Tentacules simples, filiformes, insérés suivant deux ou trois cercles concentriques.

viscérale au cóté gauche du sac branchial.

L'estomac forme avec l'intestin une anse fermée dans laquelle siégent les organes génitaux. Le rectum suit une direction formant avec la première partie de l'intestin un angle droit ou méme un peu aigu.

| ds T Bi 3 | E E

i

( 44)

Organes génitaux rappelant ceux de la Pérophore par leur siége, leur composition et leurs rapports. Lobules tes- tieulaires disposés en cercle, beaucoup plus nombreux que chez la Pérophore; entourent l'ovaire.

Le cœur droit croise obliquement le fond du sac bran- chial. Il est adjacent à l'estomac.

Le genre Sluiteria est le seul genre l'on ait constaté jusqu'ici la coexistence de tubes stoloniaux fertiles, sup- portant des Ascidiozoides multiples, nés de ces stolons par bourgeonnement, et des tubes stoloniaux stériles, logés

. dans l'épaisseur du test des Ascidiozoides. Les uns et les

autres sont constitués de la méme manière et proviennent - d'un méme tronc traversant le pédicule des individus associés en colonie.

Une seule espéce connue : Sluiteria rubricollis, Éd. Van Ben. Ecteinascida rubricollis, Sluiter, lle Billiton. Faune littorale. Espéce polyzoique.

Genre Ecr&iNAscipiA, Herdman.

Ascidies sociales.

Corps cylindroïde tronqué en avant, se rétrécissant progressivement en arriére pour se fixer par un pédicule court sur le stolon colonial; non divisé en thorax et abdomen.

Orifices sessiles, voisins, siégeant le long du bord anté- rieur. Festons des orifices peu accusés.

Test trés délicat, tout à fait vitreux, lisse, peu y vicina dépourvu de tubes stoloniaux.

Sac branchial à côtes transversales d’un seul ordre (toutes semblables entre elles), à barres longitudinales

PRIE ie : 201 OU ER TT LE RM Eu EEE uL cu Ade * j

( 45) dépourvues de papilles. Pas de replis membraneux aux côtes transversales. Barres supportées par des pédicules rétrécis à leur base. Stigmates allongés, en séries transver- sales régulières. Le long du raphé dorsal la première barre longitudinale est remplacée par une série de papilles en T.

Lame dorsale absente, remplacée par une série unique de languettes, en forme de tentacules, indépendantes les unes des autres.

Tentacules coronaux simples, filiformes.

Masse viscérale au côté gauche du sac branchial.

Tout le tube intestinal forme une anse intestinale unique commençant par œsophage et se terminant par le rec- tum. Cette anse est largement ouverte en haut et en avant. Le rectum se trouve dans la même direction à peu près que la première portion de l'intestin : à peine les deux portions de l'intestin forment-elles ensemble un angle. Les organes génitaux sont logés dans la concavité de l'anse intestinale.

Cour rectiligne, court parallélement à l'estomac sur le cóté droit de cet organe.

Deux espéces :

Ecteinascidia turbinata, Herdman. Bermudes. Faune littorale. Espèce polyzoique.

Ecteinascidia diaphanis, Sluiter. Billiton. Faune litto- rale. Espèce polyzoique.

Il me resterait à discuter la question des affinités de ces genres entre eux et avec les autres groupes de l'ordre des Ascidiens. Je réserve cette discussion pour le travail qui paraîtra prochainement sur la classification des Uro- chordes.

( 46 )

Détermination de la loi théorique qui régit la compressi- _bilité des gaz ; par P. De Heen, correspondant de l'Aca- . démie.

On désigne sous le nom de gaz parfait un gaz idéal con- stitué par des molécules infiniments petites, n'exercant aucune action les unes sur les autres.

A moins d'adopter l'hypothése d'une matiére continue, hypothése dont le résultat serait de revétir d'une appa- rence paradoxale tous les phénoménes qui dépendent de la nature intime de la matière, il faut admettre, non à titre d'hypothése mais à titre de fait établi, que les molécules qui constituent les gaz sont animées de mouvements de translation. Ceci nous est démontré par le phénoméne de la diffusion.

Pour un gaz idéal, constitué tel que nous venons de le définir, la loi de Mariotte se vérifierait d'une maniére abso- lument rigoureuse ; les volumes occupés par ces corps seraient toujours inversement proportionnels aux pres- sions, quelle que füt du reste l'intensité de celles-ci.

Mais si l'on attribue un certain volume aux molécules, il faut considérer dans l'expression de cette loi, non pas le volume total du gaz, mais bien le volume éntermoléculaire, ainsi que M. Hirn l'a fait remarquer (*).

Cette proposition est conforme à la théorie cinétique; en effet, si la pression exercée par un gaz est représentée par le nombre de chocs d'une molécule sur la paroi d'un vase pendant l'unité de temps, ce nombre sera inverse- ment proportionnel au volume intermoléculaire.

(*) Théorie mécanique de la chaleur, t. II, p. 207, 1876.

RES Re

I( 47)

Si l'on désigne par P la pression exercée sur un gaz, par V le volume de ce gaz et par v le volume occupé par les molécules elles-mémes, nous écrirons à titre de pre- miére approximation :

P(V v)

= t P,(V, v) (1)

Po et V, représentant la pression et le volume pris pour origine. Comme on peut attribuer à ces grandeurs des valeurs telles que le gaz puisse être considéré comme un gaz idéal et poser, lorsque cette condition est satisfaite, Po = 1, Vo= 1, nous écrirons plus simplement :

PV e RSR VU

Cette relation permet déjà de nous faire un idée appro- chée de la valeur de v, laquelle nous est donnée par l'ex- pression :

PV 1

5 E Let

v On doit à M. Natterer (") un travail remarquable tou- chant les variations de volume que les gaz éprouvent lorsqu'ils sont soumis à des pressions variant entre des limites trés étendues. Ce physicien trouve, par exemple, que l'azote soumis à une pression égale à 2750 atmosphéres occupe un volume égal à !/;,) du volume qu'il occupe sous la pression normale. En introduisant dans l'expression (2) les plus grandes valeurs observées de P, on trouve:

() Annales de Poggendorff, t. LXM, p. 459 et t. XCIV, p. 456.

(48)

Pour l'azote:

3,908 1 = —————— va 9750 0,00105 Pour l’hydrogène : 2,767 1 Es = 0655. v 2790 0,000655 Pour l'oxygéne: ensi as 0,000785. v "i 0,000785

Les observations de M. Cailletet et de M. Amagat sur l’oxygène et sur l'azote établissent que, pour des pressions relativement faibles, on a PV « 1, ou, en d'autres termes, que v est négatif. Ce résultat paradoxal nous montre qu'il ne s'agit ici que d'une premiére et assez grossiére approxi- mation, méme si l'on considère des pressions élevées. Il y a lieu d'admettre avec M. Hirn qu'il faut ajouter à la pression extérieure P une pression II correspondant aux attractions que les molécules exercent les unes sur les autres.

La loi de Mariotte entiérement eorrigée doit donc se mettre sous la forme:

(P--I)(V—v)—4. . . . . . (4)

Le travail actuel a pour objet la détermination des valeurs de II et de v, détermination qui nous permettra de caleuler la pression correspondant à un volume donné.

Voici la méthode que nous avons suivie et qui nous parait étre la plus commode.

(49 ) L'équation (4) nous donne: MON iecit PV + Po

II V —v

(5)

Introduisons dans cette équation la valeur de v qui nous était donnée à titre de premiére approximation par l'équa- tion (3), et calculons la valeur de II correspondant à des valeurs connues de P et de V, différentes de celles qui ont servi au calcul de v.

Cela étant, supposons que l'attraction réciproque des molécules s'exerce en raison inverse d'une puissance égale à n de la distance, ou égale à = m du volume, et caleu- lons la valeur de U correspondant à un autre volume V' (de préférence au volume qui a servi au premier calcul de v) en attribuant à n une valeur que l'on se donne.

Nous aurons la relation :

Hes...

II. désignant les valeurs de II calculées à l'aide de cette expression. Si l'on résout l'équation (4) par rapport à v, on trouve:

PV + IIV 1

= 7 > P+II ()

Introduisons dans cette équation une valeur de IL cal- _ Culée et les valeurs de V et de P correspondantes. Nous . Obtenons ainsi une nouvelle valeur de v que nous intro- . duisons dans l'équation (3) à titre de deuxième approxi- . mation.

En répétant ces opérations, on obtient des valeurs de II et de v (correspondant à une valeur déterminée de n) aussi approchées qu'on le juge convenable. :

SÉRIE, TOME XIV. 4

Fr. D d'Awibnn

( 90) Enfin l'équation (4) résolue par rapport à P nous donne: 1 (V v) IDEO Dr qa

Cette équation nous permettra de calculer la valeur de P correspondant à une troisiéme valeur de V, aprés avoir déterminé la valeur de II, donnée par la relation (6).

Le résultat correspondra à une valeur observée de P, si nous avons attribué à » une valeur convenable.

Les observations que nous possédons actuellement nous portent à eroire qu'il faut admettre pour les gaz n 5 ou m = 1,666..

Voici les résultats que nous avons obtenus en utilisant les observations de M. Natterer.

EA |

Oxygène v = 0,00102. Valeur Valeur de P Valeur de PV VOLUME. der en atmosphères. | calculée. | observée. | calculée. | observée. 1,000 0,01319} 0,988 (*) » 0,988 » 0,01 28,33 83,0 » 0,830 » 0,00666 55,65 491,7 » 0,810 » 0,00500 89,9 163,9 » | 0,849 » 0,00333 116,5 256,4 » 0,854 » 0,00250 285,3 383,0 » 0,957 » 0,00200 374,4 648,9 650 1,298 4,900 0,004808 484,2 185,0 195. f Lu» 4,491 0,00454 640,5 14290,0 4300 1,984 2,000 (*) On peut qu l t valeurs de | r ——— et gens sont en réalité trés faibles, car m mo indie erreur

mise dans la détermination du volume donne bs à une variation consi- dérable de la pressio:

( 91)

Azole

| v = 0,001105,

d Valeur Valeur de P Valeur de PV

VOLUME. der 1 en almosphères. | calculée. | observée. [ calculée. | observée.

4,000 0,006411 0,995 » 0,995 » 0,02 4,136 48,16 » 0,913 »

0,00200 191,10 944,00 912 1,828 1,824 0,004666 259,60 1416.00 1562 2,409 2,602 0,004428 335,80 2130,00 150 3,898 3,908

| Il est inutile de dire que les données expérimentales que . nous possédons actuellement sont encore insuffisantes pour fixer, d'une manière définitive et rigoureuse, les con- stantes v et m de notre équation. Notre intention en . publiant cette note est seulement de poser un premier jalon.

Les observations de M. Natterer semblent douées d'un | degré de précision tolérable pour les pressions élevées, - | _ mais elles semblent par contre peu rigoureuses pour les | pressions relativement faibles. Je suis même assez porté à | croire que ce physicien s'est laissé guider par cette idée, | préconcue et erronée, que la compressibilité d'un gaz doit nécessairement diminuer avec la pression. S'il n'en avait été ainsi, il est probable que M. Natterer aurait constaté le maximum de compressibilité de l'oxygène; il a sans doute pris cette anomalie pour une erreur d'observation. Ce maximum correspondrait, d’après les observations de

(52) M. Amagat et d’après notre calcul, à une pression voisine de 130 atmosphéres. L'azote présente également un maxi- mum de compressibilité, mais il est moins accentué que celui de l'oxygène.

Pour ce qui concerne l’hydrogène, qui ne présente pas de maximum de compressibilité au-dessus de 1 atmosphére, les observations de M. Natterer concordent sensiblement avec celles de M. Cailletet. On sait que ce gaz se comprime de moins en moins à mesure que la pression s'élève. Cette. circonstance est due à ce que la valeur de II est toujours extrémement faible. Les observations que nous possédons ne nous permettent pas de nous foire une idée approxima- tive de cette grandeur, car les valeurs de v que l'on obtient en supposant IT 0 sont sensiblement concordantes, alors que l’on considère des pressions très différentes.

C'est ainsi que l'on trouve:

| Valeur de P. Valeur de V. Valeur de v. 400 0,0025 0,000656

940 0,001666 0,000602

- 2690 0,001000 0,000628

Moy. 0,000628

Il est seulement permis de dire que, pour l'hydrogène, la valeur de IT est inférieure à 0,000628 atmosphères sous la pression normale. C’est la pression interne qui devrait être introduite dans notre équation, si l’on avait rigoureu- sement pour une pression de | atmosphère PV 1 (on sait qu'il n'en est pas méme ainsi). -

(55) Dans cette hypothèse, l'équation (8) nous donne en effet II (1 0,000628) 1 0,000628 Soit sensiblement II 0,000698.

1 À

Développements sur la théorie des formes binaires; par Jacques Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège.

Soit k une fonction entière, homogène et isobarique des variables x4, x, et des coefficients de formes binaires:

Nous supposerons que la fonction k est égale à sa transformée K par la substitution : x; = X4 + 2X3, = X, : nous dirons, pour abréger, que la fonction k est un semi-covariant.

I. Soit un semi-covariant.

k = kor? + HL n, + RIRE ++ ka; (1)

d’après la définition précédente, k satisfait à l'une des équa- . tions des covariants :

eh Meme v0 ce Eras (9)

- la signification de " dérivée symbolique À gest donnée par la formule

d d z—S|« ILE + + ee Ne ;

dans laquelle a, qoi. pour une forme binaire, le coeffi- cient de a£, abstraction faite du nombre binomial corres- = pondant; du reste, le signe sommatoire se rapporte aux

Fa

(54) différentes formes, dont les coefficients entrent dans l'expression soumise à l'opération + Les équations (1) et (2) donnent immédiatement :

dk, à

—— 5

9. G) dk,

——h,. 4 (4)

k d z rd 9k, : (5) et en général,

dk,

MAGOS Tis k ds (

di pe (6)

Ces formules montrent que, dans un semi-covariant, le coefficient de la plus haute puissance de x, est un semi- invariant. IL. Nous ferons usage de la formule d dT d dT

x cer ie n Rot, dL p EN dido, do, dt 0)

dont nous avons développé récemment plusieurs appli-

cations (7). Dans " relation (A), les notations sont les suivantes :

T est une fonction homogène, du degré total T,, par -

rapport à des séries de quantités, analogues à dos ais la, c... lis Aiz RN

i

et formant un système c;

() Sur quelques propriétés des semi-invariants. Cue de l'Académie royale de Belgique, mars 1887).

TENEAT NONIS

nd + is ci dd quem

(55)

est définie par

la dérivée symbolique -2 "m

d 5 d d

—— + du T m c], dog “47 T TA AC da, 7 den da;

le signe sommatoire se rapportant au systéme c.

Soit dans la formule (A), T kọ; désignons par À la valeur de T, dans ce cas particulier; nous aurons, à cause de l'équation (5),

CL SKILL. o 5 o I8 ou» ox

D'après ce résultat, et d’après la formule (4), nous aurons : m dk, (s - (t) e

k désignant un semi-invariant de méme poids et des mémes degrés d'homogénéité que + o, Soit encore dans la formule (A):

m(m-——1)1 dk m—14,,

T— i9 Fis I b

et par suite, T, = h.

(°) A l'occasion de cette formule, nous signalerons une Note trés intéressante de M. Perrin, Sur les péninvariants de formes binaires (Comptes rendus, 18 avril 1887). Dans cette Note, se trouve démontrée la relation

m— pP

dans le cas d'un semi-invariant k,, d'une seule forme.

5 HN. ut

( 86 )

En tenant compte de la condition —? T = 0, nous aurons

d [m(m —1) 1 dk, m —11 dk 1 ae 12 hds 1 hdo

mm 1) 1 d dko) m(m—1)4 dk m—1 -5 12 Adds, ride:

E.

D'aprés l'équation (7), la relation précédente devient

m (m —41) 1 dk, | m —41 dk,

z 12 hdéó 14 hde, | | 1 nid k 1) k.

=(m— 1) TER i n )

Si l'on tient compte de ce résultat, on a par la for- mule (5) :

m m\ 1 d'k, m—1\1 dk, i 2^ ahi +

1 h das

k, étant un FRE a même poids et des mêmes degrés d'homogénéité que 722.

En continuant de même, o on ner :

(2) x CL dk, ES za 4 d una. dk; p” s)" ig h? dok 2 /M de uf 1 hdo, TM

si l'on représente par k; un pal de même poids et des mêmes degrés que ài.

La formation des coefficients de k est facile à suivre, et on en déduit que tout semi-covariant est une somme de

( 97 ) produits de puissances de x, par des expressions de la forme :

^m 4 dk, [m 1 d?k, 1 d"k here ) tato + ju aT Et —— x7, (8) Vt MER T o^ (2 pgs h” do” 2m (8) ko étant un semi-invariant. IHI. On peut établir un autre système de formation des semi-covariants : nous l’indiquerons succinctement, en nous servant de la formule

senso aida Y. QUEE

donnée par M. Cayley. Dans cette formule, la dérivée symbolique + analogue à la dérivée symbolique 7; , est définie par

( d d d | + à na q + 0—1) ay + ED T5. si l'on désigne par n l'ordre de la forme, qui a pour coeffi- cients ay a, az...; T est une fonction homogène et isoba- rique des coefficients analogues à a,; t est un facteur numérique égal à

Hf + fat. 5. . e... (9)

_ Sb ny, Ta... désignent les degrés d'homogénéité de T, par . rapport à des formes d'ordre n4, n... ; enfin, p représente

le poids de T.

() Voir notre travail cité plus haut.

( 58 )

En employant la formule (B), de la méme maniére que nous avons employé la formule (A), on trouve que tout semi-covariant est une somme de produits de puissances de x, par des expressions de la forme :

m(m —1) 1 Pko n-ty? ees (10) m(u 1)4.2 dy?

(v. désigne la valeur de 7 (9), quand on prend pour T le semi-invariant ko).

Remarque. Dans le cas particulier de m y, l'ex- pression E est, d’après le théorème de M. Roberts, le covariant C qui a pour source kọ.

On trouve sans difficulté que le covariant dont il s'agit peut s'écrire

4 dE 1 E C = Ext" + 14H zi tm. + 13 dif: xix +) si l'on prend d d d

dH dy ^ da,

IV. Les coefficients p, p, d'un semi-covariant linéaire pox, + Pi, se transforment de la méme manière que x, et x,, par la substitution

Xi = Xi + Xa, L = Xa On voit par qu'en remplaçant x,, xa par Ppi, Po

on déduira du semi-covariant k, un semi-invariant. Plus généralement, les produits (— 1}x7-'x; se trans-

| | | 1

( 99)

forment, par la substitution x, = X, + 1X3, x, = X,, de la méme manière que les coefficients de xix? * dans un semi-covariant d'ordre m (abstraction faite des coeffi- cients binomiaux). On obtiendra donc un semi-invariant, en remplaçant dans k les produits (— 1)" - ‘x; *z$ par les coefficients de xíx?-' dans un semi-covariant de méme ordre.

Remarquons encore que, pour le cas actuel, les coeffi- cients de xjx7-' dans un semi-covariant, se transforment, comme les dérivées ds d'un semi-covariant quel- conque l. On déduira done du semi-covariant k, un autre semi-covariant &', en y remplacantles produits (—1)"— x; par les dérivées LET ces résultats sont tout à fait ana-

logues à ceux qui ont été donnés pour les covariants.

Exemple. Soient les semi-covariants

k ax? + 2a,x,r2 + d,22,

l= bx? + Sbirixs + 5b:x,x2 m wy bx. Remplacons dans k, successivement x?, x, x», 3? par

dl dx,dxa

dl dil : dx? 6(bax, Sg b:x:), p 6(b,x, + baxa), dé. 6(bor + bit).

Nous obtenons le semi-covariant k = 6 (ab, 2a,b, + aabo) x, + 6 (ab; 2a,b3 + ab) xs.

V. La proposition suivante nous permettra d'établir plusieurs propriétés des semi-covariants :

em Lu Be et LT ÉD RENE A dr T : j t

( 60 )

Si l'expression du semi-covariant m Sr E ca k = kat + (^) kas EENE cat.

se change en

E EA (5) KOC... RSS

par la transformation x, X, + ÀXo, r4 = X,, la suite

2 : $ X m+1 SEE eu EE à i + (2) see -fe (— 4r". = Ti Xi X, yi

peut s'écrire

a co B" (t "X. K, X +K, s AE 5 TE x»: ©)

En effet, de l'égalité 2 MITES + XX = Y (p \K, X7x% ,

on déduit, par l'identification des coefficients de X:

MIK m mp EE azm ) (8-2 (5) (51) en (0252 ou bien, K, = 25. d Lier $95,123 xc

4 La . (^) La notation ( d représente, suivant l'usage, une suite de

termes en 1 1 1 suani d VETRO Od 1 RARE à ele xvt MT en

Ue PEST PROS en NM YE.

(61) D'autre part, on a, en remplaçant x4, x, par leurs valeurs X, + 2X4, X, :

m

9-53 C7 nnt, |

P p—0

—(p+1)

H

E ) 1+2— x| | X,

le coefficient de | zt dans cette expression est

Par Ar DU Lol Xc ye 72) 0 - c n: c'est le résultat annoncé.

VI. Réciproquement, si l'on a

Aa : X, 2 £ X, m+-1 1 =K, = K, x) Were te (7 1) A + sia) la quantité

m

ku? + p ) kar te a a

est égale à sa transformée par la substitution X, = X, +- 1Xs, Lo = Xs

Pour le vérifier, i! suffit de reprendre exactement, en sens inverse, la démonstration précédente.

() Nous désignons par (77-2) le coefficient de a*-* dans le développement de (Ate) PEN.

(62) Comme application de cette propriété réciproque, nous pouvons énoncer la proposition suivante : Si l'expression

hax, ia kx oix, +. + kna? est un semi-covariant, il en est de même de ^ m —i SUR ; kx 1 | har iiy, + kart,

i étant un nombre inférieur à m. Cette propriété pourrait du reste se déduire de la for- mule (6).

Exemple. Pour une forme apx; + (1)a,xi ‘Xa + = on a le semi-covariant

(a$a; + 2aj Sais) x + 5 (aas + atja; Lao) x12; + 5(2aja; aa; a;a.a;) x,x$ + (58,0405 aja 2a3)xi.

On en déduit le semi-covariant

(aas + 2a; 9a,a,u;) xi + 9 (aja; + ata; 2a,a2) xixs + (2aja; a,a$ a,4,45)23.

VII. Pour abréger, nous dirons que la suite : x r 2 +1 4 =Z (2) 4 oc (— Dk (GJ - X1, Li est une suite invariantive d'ordre m, quand sa trans- formée T, par la substitution x, X, + ÀX,, x4 = Xs. peut s'écrire

1 prb xer

ddr x lec E EE T E EER SE LE EEA

a

( 65 ) du reste, les quantités ko, ki, ka, ... seront supposées fonc- tions entières et homogènes des coefficients de formes binaires, les poids de ces différentes fonctions formant une progression arithmétique de raison 1.

Plus généralement, nous dirons qu'une suite y de la forme khak; za)? + .., est une suite invariantive d'ordre #, quand ses m + 1 premiers termes forment une suite invariantive d'ordre m.

Il existe des suites invariantives d'ordre infini : en effet, soit kọ un semi-invariant; on obtiendra, par la formule (8), l'expression d'un semi-covariant, et l'on pourra fairecroitre m indéfiniment.

Si y est une suite invariantive d'ordre m, et si k' est un semi-covariant d'ordre m' inférieur à m + 1, la partie entière du produit yk’ est un semi-covariant : de plus, la partie fractionnaire du méme produit est une suite inva- riantive d'ordre m m'.

Soit le semi-covariant

k' kar + ML tte + hat", qui se change en E = K' Rx + (^ Ey X + + EUX, par la transformation ti= Xi + 1X, Te X.

Soit d'autre part, la suite invariantive d'ordre m :

qa CES A Te m+i 1 dl tori EL zm

: X; Te \ a ( 1 ) c LT he Ape / um FPE + | —— |}

*

(64)

Nous aurons :

x Sal E: "t / ER Fm, 1 nm | [2-42 +e+(—1)"4, a a r ek xS X, Wn a.

wn pe e Gb na ] == E » e DS "ii Pa EXC. AA Ki m EE +(—1"K, x EE TE oX1 + ||

Dans les deux membres de cette égalité, les parties entières sont égales entre elles : de plus, elles s'expriment de la même manière au moyen des quantités k, K', 24, et K, K', X,, Xa, si l'on suppose m' Z m.

On en déduit facilement que, pour ce cas, la partie

7 entière de yk' est un semi-covariant.

Pour démontrer la seconde. partie du théorème énoncé, observons que, dans les deux membres de l'égalité (11), les parties fractionnaires sont égales; dans ces parties fractionnaires, la somme des m m'+ 1 premiers termes s'exprime de la méme manière, au moyen des quantités k, k', x4, x et des quantités K, K', X,, Xə. De plus, la dif- férence de ces expressions peut se mettre sous la forme - 36a : la proposition énoncée résulte de là. 1

Corollaire. Dans toute suite invariantive, le coeffi- cient du premier terme est un semi-invariant. Le coeffi- cient de z dans le produit yk’ est donc un semi-invariant, et nous pouvons énoncer cette propriété :

(11)

kat m aoe kit

} ge x à m - : ES k = kaT + | 1 kar T s ons + Ex,

(65 ) sont deux semi-covariants, la quantité RA, (^T JR ie ("9 sen e C s (19)

est un semi-invariant, dans le cas de m' cm

Applications I. D'après la formule (8), on peut prendre idk 2 Adk UC kdo,’ o fi dat, *

si l'on emploie A, et Re comme notations analogues à ^ et a--(S 2). Dans le cas actuel, la restriction de m’ inférieur à m + 1 ést inutile, car dans la formule (8) on peut supposer m aussi grand que l'on veut. D'aprés le corollaire précédent, nous voyons que si k, et k, sont des semi- invariants, il en est de méme de l'expression

d'k; (^) | dd (^) | d'ko d^ (*

1 Md, A hz! bdo; det! 7 2/ kh? do? dar? Si l’on suppose plus particulièrement que les semi- invariants k,, k, dépendent d’une seule forme, on retrouve un théorème démontré récemment par M. Perrin (Comptes rendus : 18 avril 1887). IL D’après la formule (10), on peut prendre

i 1 d'k; p(w Li 1). (ue i o 1) dy! ?

= Si p' représente la valeur x correspondant au semi- f invariant £j.

"ar mt 2

C) Nous remplacons m' par r, pour simplifier l'écriture. SÉRIE, TOME XIV.

( 66 )

Prenons encore

dk

k, = hi dei.”

nous aurons, par la formule (12), le semi-invariant :

;fF 1 1 d'kd'^h () xcv) Eu —1) e NT dur daz

On voit facilement que l'on pourrait encore déduire de la formule (12) d'autres suites de semi-invariants.

VIII. Soient | un semi-covariant d'ordre v, k' un semi-covariant d'ordre r + i; il existe une suite invarian- tive y d'ordrer +i—1 telle que lk? ^ xiestla partie entière du produit yk’.

Soient

l= h + (i) LE aa tes,

SM r+i AGE + , Rhone + | 1 ) AE. + oi,

Par la condition

t

r+} i /4 yk = 1" meli), M woe. sl DN Xi on peut déterminer une expression

CEE

dont les coefficients sont des fonctions entières des coefficients de k' et de l.

"p NEM OTT UO

rem

(C) Ce résultat est établi, pour le cas de r 1, à la page 8 de notre travail déjà cité,

( 67 ) En effet, on a les équations suivantes, pour déterminer les coefficients K :

(^1 jee ks (1) y , D r , La ip 4 P4 Jh g ^g LS + Kk = (s),

Par la transformation des variables x,, x, en X, + 2X, Xa; k', ka, l, y se changent en K’, Ki, L, Tet l'on a : : r4-1 1 FK' == LXK; + (t) Or, on a K =k, K—k, Ll

soit y, l'expression de F, quand on y remplace X,, X, par leurs valeurs x, Àx,, x4; on aura :

eu c c sk = IE sie (2) Ti

_ Cette équation, comparée à la formule (15), démontre la relation

1 Fri art it T

Si l'on observe que les coefficients de y sont homogènes t de poids convenables (VII), on voit que 7 est une suite _ Invariantive d'ordre r + i 1.

( 68 ) Exemple. Soient ll dx k= Kai + 2x: + kar:

on trouve la suite invariantive du premier ordre : 2 1 y = LK (24ilo 2 e a- - (2) Ti

IX. Soit C un semi-covariant, contenant les coefficients d'une suite invariantive y : on obtiendra un semi-covariant Cı, en remplaçant dans C les coefficients de y par les coefficients analogues d'une suile invariantive y, d'ordre égal ou supérieur (`)

En effet, il résulte des propriétés indiquées ci-dessus (V et VI) que l'expression de C, se déduit de C, en substi- tuant aux coefficients d'un semi-covariant k, les coefficients d'un semi-covariant k’ de méme ordre. D'autre part, C, sera un semi-covariant, puisque les coefficients de k et de k' se transforment de la méme maniére par la substitution g,c X, 2- AX,, T, = X,.

Applications I. Supposons que la suite invariantive

do id ES E E pace

| |

x gt y = Ro k, (=>) -+ ses X, X, est d'ordre infini : la suite

2 `p jrr vm e (xL (B d uu | ( ) X Xi X, Pa

CY Cette propan se rapporte de même aux semi-invariants, qui sont des semi-covariants d’ordre zéro. (°) p est un nombre entier.

( 69 ) est évidemment une suite invariantive d'ordre infini. Done : si le semi-covariant C contient les coefficients de y, on obtiendra un semi-covariant C,, en remplaçant ces coefficients par les coefficients correspondants de 7". Soit par exemple :

1 C == (kokz Fr ki)a? + (kokz DR k, k ax lo + A (kok; a keh; la supposition de p 2, donne di Le xi y^ kh US 9 kk, apy + (2k,k A ki) Jm NM etc. : xi e zi

on obtient le semi-covariant ki (kixi + 2k k, x,xs + kits), en remplaçant successivement ko, ky, ka, kz par 0, —R8, —929hk,.-—-(3kk, + kj).

Plus généralement, si 7', y”, y”, ... sont des suites inva- D riantives d'ordre infini, on obtiendra, au moyen de C, un pe semi-covariant, en remplaçant les coefficients de y par les o coefficients correspondants du produit yy"'7"…, qui est aussi une suite invariantive d'ordre infini.

II. L'opération To ge appliquée à une suite invarian- tive y d'ordre m fournit une suite invariantive d'ordre m + 1.

En effet, de la formule.

on déduit :

[XY (Xe MA cns e = «(e —x (©) ++ (—1)"{(m + Dae [0€ I

De méme, l'opération x} n appliquée à 7, fournit la | suite invariantive d'ordre m + p : | m ; : itp+i

y = (— Ay + D + 2) fi + pr?) ^

i-o X4

dont les p premiers termes sont nuls. à D’après le théorème énoncé ci-dessus, on obtient un E semi-covariant, en remplaçant dans C les coefficients de 7 par ceux de 7, ; on a donc cette propriété :

Si C désigne un semi-covariant, on obtiendra un semi- covariant en remplacant dans C, k, par zéro ou par i(i 4) (1— p + Dk, ,, suivant que l'indice i est infe- rieur ou non au nombre p.

X. Considérons le développement en fraction continue d'une suite invariantive d'ordre m.

Le numérateur et le dénominateur d'une réduite, sont des semi-covariants, quand cette réduile ne contient pas de puissance des variables supérieure à F (Cet énoncé suppose le numérateur it le dénominateur écrits sous la forme entière la plus simple, pour laquelle

les coefficients arithmétiques sont entiers). .. Soit

=h- mw ER h(E) bwg A m zr. y xj dose pod RS i

gr A

: En supposant n = 2

( 74) une suite invariantive d'ordre m. Soit 5 la réduite d'ordre n, ("z 1H), dans le développement de y en fraction continue. On a, par la propriété cihin des réduites :

e-e E]

,

pe (a)

X,

Désignons par P, , F, les transformées de p, , f, correspon- dant au changement de variables x; = X, + AX, x= Xa. Nous aurons, en conservant les notations précédentes :

; " TP, F, + (=). n n 25 xe

Dans cette relation, remplacons les quantités K, X,, X, en fonction de k, x,, x, : soient p,, f, les expressions

de P,, F,; nous aurons, par la propriété fondamentale des suites invariantives (V) :

el par conséquent,

Pe ~

! on pourra écrire

Nis E (x

(72) La fraction s est, d'aprés cette relation, une réduite du développement en fraction continue de y. On a donc Fn = da, ou bien :

Pa = ap, fief,

si l'on désigne par a un coefficient de proportionnalité. Les égalités précédentes peuvent encore s'écrire

P, = apn,» FE, = a/,,

Le coefficient a est égal à l'unité : en effet, P, et F, sont formés de la méme manière que p, et f, et n'ont aucun facteur commun; de là, p, = P,. Le dénominateur p, de la réduite 7^ fa est donc un semi- covariant ; le numérateur f, est de méme un semi-covariant; du reste, il suffit d'obser- ver que f, est la partie entière du produit 7p, (S VH).

XI. Cherchons l'expression

n-i

OX + ai

n—?2

Le + ALT r$ + +. + à, A3,

du dénominateur p, de la réduite 77 Je , dans le développement en fraction continue de

2 Te Le

y = ko— Lu k, (=) S ug a X, X,

pour plus de simplicité, nous supposerons que cette suite invariantive est d'ordre infini. Les coefficients « doivent satisfaire aux conditions

a, Ky i al + &, We. ve + (— Ay'zok, Ste 0, a, ki a, Aka + TEE A (— 1y'« e je 0,

" LI .

a, k, a ux aik. + a AN er tee e 1 Y'avlt, 4 = 0;

Se VS CS ce FE zT à Vu DES ar e T PV NES S

(75) ces conditions expriment que le produit yp, ne contient pas de terme en

1 1 mu TA ELT FA Ti Xi Xi On déduit de là; x5 HEN MAE Xe. di . ( 1) Xi ko k, k, k, Pa = k, VA b. Ec Es k, kizi kan- 1

Le numérateur de la réduite 7 z s'obtiendra en remplaçant sucessivement dans p, , les quantités

X5 xb S es par les parties entiéres des produits n-i

Ma WEB Od; €4 VAE dise à

Le semi-covariant p, est le canonizant de M. Sylvester, quand ;

kis. (mi Der tee (ee Phat " Jide -+ kon- aF y

représente une forme binaire (°). On peut établir directement une liaison entre la théorie

(*) On a remarkable discovery in the theory of canonical forms and of hyperdeterminants. (Philosophical Magazine. 1854, 1l, p. 551).

UTE.) des fractions continues, et la réduction d'une forme hinaing d'ordre 2n 1 à la somme des puissances (2n 1)" de n fonctions linéaires Considérons la forme binaire

d 2n 1 oi jede + | p [uni xs + ee + au E

et la suite invariantive d'ordre 9n 1 :

Soit ^ la réduite d'ordre n dans le développement de y en fraction continue; soient 0,, 05, ..., 0, les valeurs de = 5 pour lesquelles on a p, 0 : soit encore : le R de x; dans pn.

Nous avons

a t | E(x, xs) (x, xs) ee (x4 9,7) = (= Dans le second membre de cette égalité, les coefficients de T. 1 R? n?

^ Tant X5 c c gl

sont nuls : il en est done de méme dans le premier membre, et l'on a :

HN AG ER [. (9) 0 No s X ats

en général,

(— ya = X^, ((—0,1,2...24 —1): (14)

(75) dans ces formules, nous représentons par f, (0) et par p; (8) les valeurs de f, et de dz Pa» pour x, ——0, 2,551. Les relations (14) montrent que l'on a :

f— Agi 6,3," "+ A(X, ds)" + + A, (x, 6,23)" !,

si l'on prend

XII. Les résultats obtenus ci- dessus sont susceptibles de généralisation. Soient K&', Kk" ..., K^, u semi-covariants d'ordre m,

LT:

m, ... m", analogues à eU ae m "i m. kr, Yom A Le X9. t t + katz;

Soient Yo ni les suites invaria S analogues à y. Déterminons une quantité

Q = at + XXe + aati X + ee + ulh, de telle facon que les parties fractionnaires de 7'q, y ‘4, 74; ..., 7"q commencent par des termes d'un certain

ordre en =:

le nombre des conditions équivalentes étant égal à u. Pour définir complètement la fonetion 1. nous EE GNT tirons aux conditions suivantes :

de s Piper sous forme entiére au moyen des coefficients de 7', y” ... y”, les coefficients arithmétiques étant des nombres entiers.

( 76 ) de ne contenir aucun diviseur satisfaisant aux conditions précédentes. Cela posé, si le nombre p. 2 est inférieur aux nombres

m'—r, m"—r,.., m'—r,, la quantité q est un semi-covariant. En effet, nous devons avoir v relations de la forme

, 1 M yg =e + (a) "OR TEE A (15)

e désignant la partie entière du produit 7q. Soient respectivement F et Q, les expressions qui remplacent y et q, aprés la transformation

X4—XÀ AX, qa PE nous aurons les relations 4 rQ = E + ye ,

analogues aux équations (15), E désignant un polynóme en X,, X,. Soient q, et e, les valeurs de Q et de E exprimées au moyen des variables x,, x, et des coeffi- cients de y’, y” ...; nous aurons par la formule

1 r=r+ e]

en supposant v. 2 < m —r:

1 qi ur " + =) X,

Cette relation, de méme que la relation (15), tient lieu de ¢

POPE Tete PRESE Io NE IEA PMP S EE

EPIO UM Rene CERA TRATTE UNT ms A E

(71) relations analogues : il en résulte, d’après les suppositions établies ci-dessus, que la fonction q ne peut différer de q; c'est-à-dire de Q; cette fonction est d'ailleurs isobarique et homogène : elle est par suite un semi-covariant.

MS TEN s. VES NES Marc a dU RENTE d sint rA PEN PUS ere A E RON A NE CET EM CY. zx " 3s ` 4 Run de | T v |

Exemple. Soient p 9, r, = 1, r, —2, r, —0: prenons pour y’, 7'' les suites invariantives d'ordre infini :

COR TM Meus

La fonction Q = ali + ALL + X3X,X1 + axi,

devra satisfaire aux conditions

On trouve

xi x;x, xx? x

(16)

sS t. E LI E er

b- db b b, Remarque. Pour le semi-covariant

{= IF + mx, T H e xx,

( 78 ) on a, d’après la formule (6),

ds, = |u xum |. + (15 ou mm 1)

da, ER (p + lou, 1.

Les coefficients 2, ,, 4, , , sont, dans le cas actuel, des déterminants d'ordre u, dont les rangées sont respective- ment de la forme

Ka Fiti ... Eni k ope pas TR

k;, kiss doi NP | TS Labia | M

les coefficients k se rapportant à l'un ou à l'autre des semi- covariants k', k” ... Les coefficients k, sont les coefficients de xj dans des semi-covariants (abstraction faite des nom- bres binomiaux) : on a

dz

Il résulte de que ——" sera la somme des déterminants obtenus en remplacant successivement l'une des rangées de «,, ,, telle que

ki kiza RU : ka, -E3 k opta rs kirus par la suite d'éléments

iEn (i af- 4)k;, .…. + p mesa DE,

GE pa yk e (+ ak à. La somme des déterminants ainsi obtenus est égale à

(p + 1e, ,, : Si l'on observe que a, , , est aussi un

TNCS E A GS US tendent eu nt ste anna SECTEUR

(79 ) T

4 déterminant, on voit que les v égalités

p. da...

= (p 1s

donnent autant de théorèmes sur l'addition dés détermi-

.. nants. Ne pouvant actuellement développer ces considé- Hod . rations, nous nous bornerons à un exemple. | cud . Considérons le semi-covariant de la formule (16); nous E | avons do 0, d. | do 0, 3 ) A | 7 Hp b, b, bs 5 y = b, b, b; ; ~ Es A b, b. b; | b, b, b, E i À i

Gy, t Q5 | "t b, 2b, 4b;

$

^

( 80 )

Application de la photographie à l'étude de l'électrotonus des nerfs (communication préliminaire) ; par F. Henri- jean, assistant à l'Université de Liége.

(Travail du laboratoire de physiologie.)

E

Lorsque l'on fait passer un courant constant (courant dit polarisant) à travers une portion de nerf, il se produit, dans toute la longueur de ce dernier, des modifications extrémement remarquables de l'état électrique.

Ces phénomènes, découverts par du Bois-Reymond, ont recu le nom d'électrotonus. Ce savant chercha à déterminer exactement les différentes phases du développement des courants électrotoniques des nerfs, en reliant deux points de la partie extra-polaire au circuit de la boussole de Wiede- mann et en observant, d'une maniére continue, la dévia- tion de l'aiguille aimantée. Les valeurs trouvées de cette facon lui permirent de construire la courbe des cou- rants éleetrotoniques.

Malheureusement, la boussole de Wiedemann est un instrument paresseux qui n'est pas susceptible de suivre et d'indiquer les variations rapides qui peuvent se pré- senter dans l'intensité d'un courant électrique. Ce défaut est surtout sensible au début de l'observation, au moment l'aimant, primitivement au repos, est brusquement mis en mouvement sous l'influence du passage d'un courant électrique. Il faut plusieurs secondes avant que l'aimant

LSU SPI RE N EEEE S SAPE CT AESSR EEIE E MEE SE EMINET PINE GR

( 81) apériodique prenne sa nouvelle position d'équilibre. Avec une boussole non apériodique, comme celle qui servit aux premiéres recherches de du Bois-Reymond, le reproche . est encore plus grave. Aussi, l'illustre physiogiste de - Berlin dut-il laisser en blanc la partie des courbes repré- .. sentant le début de l'éleetrotonus (1).

Les méthodes les plus ingénieuses et les plus compli- quées de l'électrophysiologie furent utilisées pour combler cette lacune.

Helmholtz (2) chercha à déterminer l'intervalle de temps aprés lequel le début des phénoménes électrotoniques se manifeste et se propage dans le nerf, en se servant de la secousse secondaire de la patte galvanoscopique comme signal de l'arrivée du courant électrotonique en un point déterminé du tronc nerveux. Supposons un nerf de gre- nouille AB; faisons passer un courant constant à travers une portion de nerf voisine de A; pour déterminer le inoment le courant d'électrotonus se manifeste en B, appliquons sur cette extrémité le nerf d'une patte galva- noscopique (3). Celle-ci sera disposée de façon à inscrire

. Ses secousses sur un cylindre enregistreur. On inscrira, en

CDU rop T Pet or RP

(4) Dv Bois Reymonv. Ueber die elektromotorische Kraft d. Nerven u Muskeln. Arch. f. Anat, u Physiologie, 1867, p. #17. Et Gesam- melte Abhandlungen, M, p. 232.

(2) HeLmaoLrtz. Ueber die Geschwindigkeit einiger Vorgänge in Muskeln u Nerven. Bericht. Akadem. d. Wiss. z. Berlin, p. 528.

(9) Les courants éleetrotoniques peuvent exciter un second nerf placé sur le premier. Le nerf d'une patte galvanoscopique, dans ces conditions, se trouve excité à chaque ouverture et à chaque fermeture du courant polarisant, et il en résulte une contraction des muscles : Contraction paradozale.

9"* SÉRIE, TOME XIV. | 6

(82)

regard, le début du courant polarisant sous l'influence duquel s'est développé le courant électrotonique. L'ex pé- rience montre que le retard de la secousse, sur le début du courant de polarisation, est fort petit. Par conséquent, les courants électrotoniques se propagent avec une trés grande vitesse. Celle-ci, d'aprés Helmholtz, serait trés analogue à celle avec laquelle l’excitation elle-même se propage dans les nerfs; c'est-à-dire de 27 mètres à la seconde, comme l'a démontré le méme auteur.

Tschirjew (1) s'est également efforcé de mesurer la vitesse de propagation des courants d'électrotonus, c'est- à-dire de déterminer le retard de l'apparition du début du courant électrotonique en un point de la partie extra- polaire du nerf, retard compté à partir du début du cou- rant de polarisation.

Dans les expériences de cet auteur, la partie extra- polaire d'un nerf de grenouille est reliée soit à la boussole, soit à l'électrométre capillaire, et le courant propre du nerf est exactement compensé de facon à ramener au zéro l'instrument qui sert de galvanoscope.

Dans une série d'expériences successives, il cherche à rompre le circuit galvanoscopique 1, 2, 5, 4, ete., 10 mil- lièmes de seconde aprés le début, c’est-à-dire aprés la fermeture du courant polarisant. Si la rupture du courant galvanoscopique se fait avant que le courant d'électrotonus ait atteint la partie extra-polaire du nerf comprise dans ce circuit, l'instrument reste au zéro, et il n'y a de

(4) S. Tscmmsew. Ueber die Fortpflanzungsgeschwindigkeit d. elec- trotonischen Vorgänge ins Nerven. Dv Bois-REvwoxp. Archiv. f- Physiologie, 4879, pp. 524, 552, t. VIII, fig. 8.

| j | : | 1

( 85 )

déviation ni de l'aimant, ni de la colonne mercurielle. Si, au contraire, la rupture du conduit galvanométrique a lieu aprés l'arrivée du courant de polarisation, celui-ci aura le . temps d'agir sur l'instrument, ce qui se manifestera par = un commencement de déviation de l'aimant ou de la - colonne de mercure de l'électrométre. C'est par tàtonne- ments que cet intervalle de temps se détermine.

Tschirjew a employé le mouvement de la plaque du E myographe pour fermer automatiquement le courant de

f

= polarisation, et pour ouvrir le circuit galvanométrique à 1 des intervalles de temps trés petits, variables et exactement = mesurables. |l trouva, comme Helmholtz, que la vitesse de propagation du début du courant d'électrotonus est trés considérable, mais qu'elle est, cependant, en général infé- rieure à la vitesse de propagation du processus d'excitation.

. Les valeurs qu'il indique varient entre 15,4 et 22,2 mètres

| à la seconde.

Plus récemment, J. Bernstein (1) est parvenu non seu- lement à déterminer le moment de début des courants _d’électrotonus, mais encore à construire la courbe qui _ représente les phases successives par lesquelles passe la _ valeur de ces courants. L'une des extrémités du nerf étant soumise à l'action d'un courant constant, l'autre extrémité est introduite dans le circuit de la boussole, au moyen du rhéotome de Bernstein, pendant un temps trés court et aprés un intervalle de temps variable, compté à partir du moment de la fermeture du courant de polarisation. On

(4) J. BenssriN. Ueber das Enstehen u Verschwinden der elektro- tonischen Ströme ins Nerven u die damit verbundenen Erregungs- Schwankungen. d. Nervenstromes. Du Bois Reymono. Archiv. f. Physiologie, 1886, pp. 497-250, t IX et X.

( 84)

répète l'expérience un grand nombre de fois, en augmen-

tant graduellement cet intervalle. A chaque expérience, la déviation observée sert de mesure au courant électro- tonique au moment de l'observation. Chaque observation fournit donc un point de la courbe à construire.

Bernstein est arrivé à des résultats analogues à ceux de ses devanciers. La méthode du professeur de Halle, bien que fort compliquée, est des plus élégantes. Le principal reproche que l'on puisse y faire, c'est que la eonstruction de la courbe n'est possible que par le groupement de valeurs obtenues dans un grand nombre d'expériences exécutées successivement sur un même nerf. Or, les résultats des dernières expériences ne sont pas rigoureusement comparables à ceux des premières, à cause de la fatigue du nerf et des autres modifications qui peuvent se produire dans sa substance au cours d’une série de recherches. Ce défaut n’a d’ailleurs pas échappé à Bernstein lui-même; aussi exprime-t-il le désir de voir se répéter ces expériences en les disposant de manière à n'avoir à soumettre le nerf qu'à une seule action de pola- risation, ce qui s'obtiendrait le mieux, dit-il, au moyen de l'électromètre capillaire dont on photographierait les excursions (1).

(1) Auch wäre erwünsch für diesen Fall, den Verlauf der ganzen

Curve bei einmaliger Polarisation aufzunehmen, um Ermüdung

zu vermeiden, und dies würde sich vielleicht am besten mit Hülfe des Capillarelektrometers ausführen lassen, wenn mann dessen Aus- sehläge photographisch aufzeichnete (t), pages 208 et 213 : « Ein einzelne Curve aufzunehmen würde ebenfalls eine dankbare mit dem Capillarelektrometer auszuführende Aufgabe sein. »

(*) BURDON SANDERSON, Journal of Physiology, t. IV, p. 321.

TEM math DIIS PME S entrée

Ce vœu exprimé par Bernstein, je suis parvenu à le réaliser, c'est-à-dire que j'ai pu photographier les excur- sions de la colonne de mercure de l'électrométre capillaire relié à une portion de nerf soumise à l'électrotonus. J'ai pu recueillir, de cette facon, en une seule expérience, la courbe complète du courant électrotonique. Ces courbes sont très analogues à celles construites par Bernstein.

Le présent travail confirme done en grande partie les résultats obtenus par d'autres expérimentateurs ; son inté- rét réside moins dans la découverte de faits nouveaux que dans la substitution d'une méthode directe, simple et facile, aux procédés compliqués, laborieux et indirects utilisés par Tschirjew et Bernstein.

Toutes mes expériences ont été faites sur des nerfs de lapins, de chiens et de grenouilles. Les nerfs pneumogas- triques, scialiques, etc., des mammifères se prêtent tout aussi bien que le sciatique de la grenouille aux expériences d'électrophysiologie, ainsi que l'a démontré Léon Frede- ricq (1); de plus, ils ont l'avantage d'étre beaucoup plus longs et plus faciles à manier.

L'expérience est disposée de la maniére suivante: le nerf est tendu horizontalement au-dessus d'une plaque de liège, au moyen de deux stylets de verre faisant office d'épingles. Les deux extrémités du nerf sont fortement serrées au moyen de fil de lin imprégné d'une solution de

——— Mot UR uei

(1) L. Freperico, Ueber die elektromotorische Kraft. d. Warmblüt- nerven. Archiv. f. Physiologie.

( 86 )

chlorure sodique (solution physiologique). Ces ligatures sont placées en dedans des aiguilles de verre; elles repré- sentent des sections transversales du nerf, de telle façon que, pour mettre celles-ci en rapport avec les électrodes, il suffit d'enrouler le fil imprégné de la solution de sel marin sur les extrémités de ces derniers. Chaque extré- mité du nerf est reliée avec une paire d'électrodes impo- larisables de du Bois-Reymond, dont l'un est en rapport avec le fil qui correspond à la coupe transversale, l'autre avec la surface longitudinale. (AB et ab, figure 1.) Le cou- rant polarisant est fourni par un élément de Daniell D, figure 1. Ce circuit contient, outre l'extrémité AB du nerf. une clef C? qui permet d'ouvrir ou de fermer le courant et un commutateur de Pohl qui permet de changer si direction. L'extrémité ab du nerf qui sert à l'étude de l'électronus est reliée à l'électrométre capillaire par Pinter- médiaire d'une clef Ci.

L'image du capillaire, vivement éclairé à la lumiere

( 87) électrique, est projetée, au moyen de la lanterne Duboscq, à travers la fente d'une chambre obscure, sur le cylindre enregistreur recouvert de papier au gélatino-bromure d'argent (Hutinet).

L'ombre de la colonne de mereure mettant le papier sensible à l'abri des rayons lumineux, l'image que l'on obtient est négative. Grâce à cette disposition, les moindres mouvements de la colonne mercurielle se traduisent par des déplacements de la limite entre l'ombre et la lumiére.

La partie de la fente qui permet le passage des rayons lumineux est en partie employée pour inserire le temps et le passage du courant de polarisation. Le temps est inscrit en disposant une horloge à seconde de telle facon que le balancier interrompe et permette alternativement le pas- sage des rayons lumineux. L'horloge dont nous nous sommes servi produisait deux interruptions à la seconde. Pour inscrire le début et le passage du courant de polari- sation, un second circuit électrique, provenant d'une pile de Grenet, est relié à un signal électro-magnétique dont la plume projette son ombre sur la partie du papier sen- sible non protégée par l'image de la colonne de mercure. Ce courant est fermé par la clef C?, dont les mouvements sont solidaires de ceux de la clef qui sert à ouvrir et à fer- mer le courant de polarisation, c'est-à-dire que le signal S indique exactement les phases de ce dernier.

Les graphiques obtenus de cette facon présentent donc en regard : la courbe du courant électrotonique, le tracé de la durée du courant polarisant et celui du temps.

Les figures 1, 2, 5 de la planche I représentent trois de ces graphiques. Les échancrures de la partie inférieure de - chaque tigure correspondent à des demi-secondes. Le trait blane représente l'ombre du style du signal électro-magné-

( 88 )

tique. Dans les figures A et B, le signal présentait le défaut de vibrer quand le courant cessait de passer, d'oü est résulté le vague dans le trait blanc à ce moment ; dans la figure c, nous avons remédié à cel inconvénient, le trait est aussi net à la fermeture qu'à l'ouverture du courant. Ajoutons que, dans les figures A et B, le style du signal se rapproche de l'inseription du temps quand le cou- rant de polarisation passe, de sorte que, pendant toute la durée de celui-ci, le trait formé par le signal électrique se trouve au-dessous de celui qu'il donne au repos. Dans la figure C, le passage du courant polarisant est, au contraire, indiqué par le fait que le trait blanc se rapproche de la courbe de l'électrotonus.

Le graphique 1 représente la courbe de l'anélectro- tonus et lesn% 2et 5 celle du katélectrotonus. Dans le pre- mier cas, le mercure rentrait dans le capillaire, de sorte que la lumiére venait influencer une plus grande partie du papier sensible. C'est donc la limite entre la partie noircie qui s'éléve au-dessus du niveau ordinaire qu'il faut lire, tandis que pour le katélectrotonus la colonne de mercure étant projetée en avant, c'est la partie du graphique qui se trouve enfoncée dans la partie noire qu'il faut étudier.

Dans la figure 1, nous voyons que le courant électroto- nique s'établit rapidement;il atteint presque son maximum en moins d'un quart de seconde. La courbe qui représente le passage au maximum forme presque un an;le droit. Le courant s'établit immédiatement, ainsi que l'indique l'as- cension brusque de la courbe à la fermeture. Cependant, il serait possible de calculer le temps perdu et, par suite, la vitesse de propagation de l'électrotonus, en employant des nerfs trés longs et en faisant tourner plus rapidement le cylindre qui porte le papier sensible. Dans

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( 89)

la figure 3, par exemple, la vitesse est déjà notablement plus grande que dans la figure 1, et sur le trait S qui indique le passage du courant polarisant, on peut élever, au moyen d'une équerre, au point qui correspond à la fer- meture du courant polarisant, une droite représentant exactement la fente par laquelle la lumiére passe. Cette droite tombe au point P. On voit que le courant ne s’éta- blit qu'un peu vers la droite de celle-ci. Il n'est pas trés facile de mesurer une aussi petite portion du graphique, parce que la limite entre la lumière et l'ombre n'est pas absolument nette; mais, on pourrait considérablement agrandir cet espace en se servant de plaques sensibles se mouvant trés rapidement. J'évalue l'espace à droite de P à environ !/, de millimètre. La vitesse du cylindre étant de 45 millimétres à la seconde et la longueur du nerf à parcourir dans le cas représenté figure C étant 7,5 centi- métres, la vitesse de propagation serait de 15", 5 à la seconde, ce qui correspond exactement au chiffre le plus faible donné par Tschirjew. La disparition du courant éleetrotonique parait se faire immédiatement sur les courbes des figures 2 et 5, mais sur la figure 1 il persiste encore pendant !/,, de seconde.

Pour apprécier exactement les phénoménes du début et de la fin de l'électrotonus, il faudrait employer des plaques rapides se mouvant extrémement vite.

Il faudrait, également, répéter les expériences en employant des vitesses trés faibles, afin de déterminer la marche dela diminution ducourant électrotonique signalée par du Bois-Reymond. C'est ce que nous faisons en ce moment. Nous n'avons pas constaté l'existence de la varia- tion négative signalée par plusieurs auteurs.

EXPLICATION DES FIGURES.

Les tracés se lisent dans les directions des flèches. La ligne infé- rieure H représente le temps en demi-secondes. La ligne supérieure correspond à l'extrémité de la colonne de mercure de l'électrométre. La ligne blanche S représente l'aiguille du signal électro-magné- tique indiquant le passage du courant polarisant.

Fig. 4. C. P courant propre du nerf.

Pm. O = anélectrotonus.

ab. passage du courant polarisant.

Fig. B, mémes lettres qu'à la figure précédente. P. M. O. katélec- trotonus.

Fig. C. P O anélectrotonus. Mêmes lettres qu'aux figures précé- dentes. Vitesse du cylindre plus grande.

Sur la circulation du sang dans le cercle artériel de Willis; par G. Corin, préparateur de physiologie à l'Université de Liège.

Les conditions de la circulation du sang dans le cercle - artériel de Willis n'ont jamais fait l'objet d'une étude spé- ciale.

Un seul auteur, à notre connaissance, Steiner (1), ren- - seigne une valeur absolue de pression prise dans le bout - périphérique de la carotide. :

Quant aux modifications que cette pression subit sous - l'influence d'oblitérations plus ou moins étendues des artères afférentes du cercle de Willis, quant au retard que - peut subir la propagation de l'onde pulsatile dans le canal

(4) Sreiner. Grundriss M Physiologie des Menschen; zweite Auflage. Leipzig, 1885.

Bull. Série, Tome XIV.

Fig. 3. Insenplorw photographique de l Electrotonus.

(91) irrégulier constitué par les carotides et le cercle artériel, nous n'avons trouvé à ce sujet aucun renseignement.

La question a cependant de l'importance, puisque la valeur des expériences de Schiff, de Kussmaul et Tenner sur l'anémie expérimentale du cerveau, la théorie chi- mique de la respiration émise par Rosenthal et admise aujourd'hui par la plupart des phys:ologistes, ont été remises en question de différents cótés dans ces derniers temps (Mosso, Hoppe Seyler, Herter, Marckwald) (4).

L'absence de modifications du rhythme respiratoire à la suite de la ligature d'une ou de deux carotides a été invoquée contre la théorie de Rosenthal, qui admet une corrélation étroite entre le fonctionnement des centres respiratoires et les conditions de la circulation encépha- lique. On admettait a priori que la ligature des carotides devait amener une baisse considérable de pression dans le cercle artériel de Willis.

Nos expériences ont eu principalement pour but de vérifier l'exactitude de cette assertion.

Steiner attribue à la pression artérielle dans le cercle de Willis du chien une valeur beaucoup plus élevée (156 mil- limétres de mercure) que celle trouvée par nous. Nous avons vu, il est vrai, cette valeur atteindre quelquefois 150 millimétres; mais dans la grande majorité des cas, elle n'est que de 80 à 90 millimètres, quelquefois méme de 60 millimètres, alors que la pression dans le bout central de la carotide oscille entre 120 et 180 millimètres de mer- cure. La valeur de la pression dans le bout périphérique - renseignée par Steiner serait donc égale à la moyenne de

(4) Die athembewegungen und deren Innervation beim Kaninchen. Zeitschrift für Biologie, Bd. XXIII, N. F, Bd. V, 1886.

(92) la pression que nous avons trouvée dans le bout central de la carotide.

La déperdition de pression causée par le maintien de l'ouverture des branches externes de la carotide est d'ail- leurs trés faible. Sous l'influence de leur fermeture, la pression n’augrente que 5 à 7 millimètres de mercure.

Les branches afférentes du cercle de Willis sont les deux carotides internes et les deux vertébrales. La fermeture de l'une d'elles doit avoir a priori pour effet de faire baisser la pression dans le cercle de Willis et la fermeture de trois d'entre elles; la quatrième, une des carotides, par exemple, étant reliée au manométre, doit amener la pres- sion au zéro, à moins qu'il n'existe des branches collaté- rales autres que les vertébrales et les carotides.

Ces branches collatérales supplémentaires existent trés certainement chez tous les animaux de laboratoire, car jamais la pression dans le cercle de Willis n'arrive au zéro sous l'influence de la fermeture des quatre branches affé- rentes principales.

Mais leur développement n'est pas le méme chez tous les animaux, et cela explique pourquoi l'expérience de Kussmaul et Tenner, qui consiste à provoquer l'asphyxie chez le lapin par la fermeture des vertébrales et des caro- tides, ne réussit pas dans tous les cas, et pourquoi elle ne réussit qu'exceptionnellement chez le chien.

Tout au moins devrait-il se produire chez ce dernier une dyspnée plus ou moins accentuée sous l'influence de cette occlusion. C'est ce qui arrive à la vérité dans quel- ques cas, mais cette dyspnée est passagère, et dans la grande majorité des cas elle n'existe pas du tout.

Dans la théorie de Rosenthal, cette anomalie apparente devrait étre évidemment justifiée par un maintien de la pression à son niveau primitif. C'est ce que nous avons cherché à vérifier.

PÉTER ANNE KZ BE PAT AR SRE TP OU v EC NEUEN A 1^ 30 a TRE QU MAU UN ES ONE. á AET NRS = igri ie iii

2 PERMET

(95 )

Si chez un chien on isole soigneusement les deux caro- tides et les deux vertébrales, si on ligature les branches externes d'une des carotides et qu'on mette le bout péri- phérique de l'artére ainsi préparée en rapport avec un manométre à mesure, on obtient la pression dans le cercle de Willis. Si maintenant l'on comprime successivement ou simultanément les trois autres branches afférentes acces- sibles, on s'attend à voir la pression diminuer d'une cer- laine quantité.

Mais, chose remarquable, cette baisse de pression dans la plupart des cas n'est que momentanée; bientót la pres- sion se reléve jusqu'à revenir à peu prés à son niveau pri- nitif.

Cette régulation est d'autant plus parfaite et d’autant plus rapide que l'animal a été soumis un plus grand nombre de fois à la méme expérience, d'autant plus aussi qu'on a laissé plus de branches afférentes un peu considérables libres de compression.

Il arrive méme que la pression devient plus grande aprés qu'avant la fermeture de l'une des branches affé- rentes, et dans certains cas nous avons vu celle pression augmenter immédiatement aprés la fermeture, de façon à dépasser d'emblée et de beaucoup le niveau primitif.

Ne pouvant consigner ici graphiquement nos résultats, nous allons résumer quatre expériences qui peuvent servir de types.

Nous écarterons dés l'abord les expériences nous avons obtenu une baisse de pression durable par la ferme- ture d'un ou de plusieurs canaux afférents du cercle de Willis, les animaux de ce genre rentrant en somme dans la catégorie de ceux chez qui réussit l'expérience de Kussmaul et Tenner. Nous n'avons d'ailleurs obtenu. ce résultat qu'une fois dans quinze expériences.

(94)

Type I. 54 mars 1887.

Chien mâle VIII; 40 centigrammes de morphine, chloroforme.

Les branches externes de la carotide droite sont liées, et un mano- mètre introduit dans le bout périphérique.

Pression : 60 millimétres de mercure.

On comprime la carotide gauche; la pression baisse de 2 centi- mètres, puis remonte légèrement (0,005 en 50 secondes). On com- prime la vertébrale gauche; la pression n'est pas modifiée; on comprime la vertébrale droite; la pression baisse de 4 centimétre, puis tend à remonter. On ouvre la carotide droite, la pression remonte brusquement à la normale. On ouvre les vertébrales, la pression n'est pas modifiée.

La compression des vertébrales seules ne produit pas d'effet. Cette compression persistant, si l'on ferme la carotide gauche, la pression . baisse du coup de 5 centimètres et n'a que peu de tendance à remonter

Pression dans le bout central de la carotide : 120 millimètres de mercure.

Type Il. 42 avril 1887.

Chien måle Xll; 40 rs de morphine, chloroforme.

Les branches externes de la carotide gauche sont fermées. Mano- mètre dans le bout périphérique.

Pression : 410 millimètres de mercure.

On comprime la carotide droite; la pression baisse de 40 milli- mètres ; puis, en 50 secondes, remonte de facon à n'étre plus qu'à 1 centimétre sous la normale. On ferme alors la vertébrale gauche, puis la droite, sans que la pression soit modifiée. On ouvre la caro- tide droite et le niveau redevient normal.

Il n'est plus influencé par l'ouverture des vertébrales.

La fermeture des vertébrales, la carotide droite restant ouverte, n'influence en rien la pression. La fermeture des carotides, les verté- brales étant comprimées, produit une baisse de pression de 2 centi- mètres; puis la pression tend à se relever légèrement.

Pression dans le bout central : 180 millimètres de mercure.

TS

( 98 )

‘Tye III. 22 mars 1887.

Chien mâle Il; 40 centigrammes de morphine, chloroforme.

La pression dans le cercle de Willis, prise par la carotide gauche, est de 80 millimétres de mercure.

On ferme la carotide droite; la pression baisse de 10 millimètres, puis remonte et, au bout de 25 secondes, est revenue à Ja normale. On ouvre; pas de modifications. On ferme la carotide, la pression baisse de 5 millimétres, puis remonte et, au bout de 12 secondes, dépasse la normale de 5 millimétres et se maintient à ce niveau. On ferme la vertébrale gauche, la pression baisse de 40 millimètres, puis remonte à la normale en 20 secondes. On ferme alors la vertébrale droite, la pression baisse de 25 millimétres et, pendant 90 secondes E environ, ne parvient à remonter que de 10 millimétres.

E Pression dans le bout périphérique : 160 millimétres de mercure.

Nous n'avons pas la prétention d'établir ici trois types invariables.

Il existe, comme on peut le voir, des transitions d'un E type à l'autre, et, d'ailleurs, tel chien qui, au début d'une ME expérience, ne possédait qu'une régulation imparfaite comme le type l, montrait à la fin une régulation tout aussi parfaite que le type HI. Il est donc vraisemblable que cette régulation dépend, au moins en partie, du cali- bre des voies collatérales, et que celui-ci devient assez grand au bout de quelques expériences, sous l'influence de l'augmentation de pression centrale qui résulte de la à fermeture d'une des branches afférentes, pour permettre à la pression de se relever dans le cercle de Willis. C'est par des transitions également que l'on arrive au type de | régulation que nous allons décrire. Les

Type IV. 28 mars 1887.

Chien mâle V ; 40 centigrammes de morphine, chloroforme.

Pression dans le bout périphérique de la carotide gauche : 90 mil- limètres; aprés fermeture des branches externes de la carotide: 97 milimètres.

On ferme la carotide droite; la pression baisse de 25 millimètres, puis remonte rapidement vers la normale; aprés 35 secondes, elle n'en est plus éloignée que de 5 millimètres.

On ouvre la carotide droite; la pression remonte de 7 millimètres, puis baisse et revient à la normale. Nous répétons la méme expé- rience avec les mémes résultats, plus accentués L'animal est laissé tranquille pendant 5 minutes; puis nous fermons la carotide droite. La pression augmente rapidement et, au bout de 10 secondes, est à 20 millimètres au-dessus de la normale. Nous ouvrons alors la carotide droite; la pression baisse graduellement et revient à la normale en 50 secondes. Une nouvelle tentative donne le méme résultat; une troisième aussi; seulement, la baisse de pression que nous avions constatée à l'ouverture est précédée d'une légère ascension et, d'une facon générale, se fait beaucoup plus rapidement.

Cette régulation paradoxale s'accentue de plus en plus et, au bout de 2 minutes, l’ocelusion de la carotide droite produit dans le cercle de Willis une augmentalion de pression de 40 millimétres.

La carotide droite étant ouverte, l’occlusion des vertébrales donne une légère baisse de pression (10 millimètres) et, cette occlusion se maintenant, si nous comprimons la carotide droite, l'augmentation de pression ne se produit plus, mais est au contraire remplacée par une baisse de 20 millimétres. La pression tend cependant à remonter et, aprés 20 secondes, elle l'a fait de 10 millimétres. Nous ouvrons alors les vertébrales; la pression monte de 25 millimétres ; nous ouvrons la carotide droite ; la pression baisse rapidement et, en 10 secondes, est arrivée à 20 millimètres au-dessous du niveau qu'elle occupait avant l'ouverture, puis elle remonte un peu pendant une minute.

Nous fermons la carotide droite et la pression remonte de 50 mil- limétre et se maintient à ce niveau.

Pression dans le bout central : 14 millimètres de mercure.

( 97)

Nous n'avons pu obtenir ce singulier phénoméne dans toute sa pureté que chez deux chiens intacts ; nous voyons d'ailleurs que cette régulation paradoxale n'est que l'exa- gération de celle que nous avons constatée à la fin chez les trois premiers types, et qui s'est montrée au début chez le type IV.

À quoi tient cette régulation? Nous devons dire tout d'abord que chez des chiens à pneumogastriques coupés, qui ne présentaient avant cette opération qu'une régulation imparfaite comme celle du type I, nous avons observé une fois la régulation du type III, une autre fois celle de type IV.

Chez tous les chiens, d'ailleurs, le manométre introduit dans le bout central de la carotide montre que, sous l'in- fluence de l'occlusion d'une branche considérable telle que la carotide de l'autre cóté, la pression augmente considé- rablement (40 millimétres), que les vertébrales soient liées ou non. Cette augmentation est tout aussi durable que celle que l'on obtient dans les mémes conditions si l'on explore la pression dans le cercle de Willis des chiens du type IV. La fermeture de branches moins développées, celle des vertébrales, par exemple, n'a que peu ou point d'influence sur la pression dans le bout central de la carotide.

En méme temps que cette augmentation de pression, on observe une accélération, assez faible, il est vrai, des batte- ments cardiaques (117 pulsations à la minute au lieu de 105).

La régulation de la pression dans le cercle de Willis dépend donc bien certainement de l'augmentation de pression qui se produit en amont du point observé du vaisseau afférent.

Si ce vaisseau est la carotide, cette augmentation est considérable et peut dans certains cas dépasser la quantité

O"* SÉRIE, TOME XIV. 7

(98 ) exigée par une compensation parfaite; si c'est la vertébrale, elle est faible ou nulle.

Si les voies collatérales restées perméables sont assez larges, la pression dans le cercle de Willis pourra, soit res- ter la méme, soit devenir plus forte qu'auparavant. Si ces voies ne sont pas suffisamment étendues, la pression bais- sera dans le cercle de Willis. Mais dans la grande majorité des cas, la dilatation qui se produit dans les voies collaté- rales par la répétition ou la prolongation de l'expérience, sera grande assez pour que la pression ne baisse plus dans la suite sous l'influence de la fermeture de la caro- tide.

Quand l'augmentation de pression dans le bout central de la carotide est plus forte que ne le ferait supposer la fermeture de la carotide du cóté opposé, et que cette augmentation se maintient quelques secondes aprés la réouverture de cette méme carotide, on observe, préala- blement à la chute de la pression dans le cercle de Willis, une augmentation passagère.

Nous ignorons encore à quoi peut étre due l'augmen- tation de pression si considérable dans la régulation para- doxale du IV. Peut-être faut-il la rattacher à la lègère augmentation du nombre des pulsations que nous avons constatée sous l'influence de la fermeture de la carotide.

Ces résultats expliquent évidemment pourquoi, en admet- tant théorie de Rosenthal, l'expérience de Kussmaul et Tenner ne réussit le plus souvent pas chez le chien.

La vitesse de la propagation de l'onde pulsatile doit étre beaucoup moindre dans le canal irrégulier formé par la earotide d'un côté, le cercle de Willis et la carotide de l'autre côté, que dans les autres artères du corps le calibre va en diminuant régulièrement. Chez les grands

U—-m o

| ( 99 )

; chiens qui nous servent au laboratoire, la circonférence moyenne intérieure des carotides à la région cervicale est 1 de 1 centimètre, celle des communicantes antérieures du cercle de Willis de 5 millimétres, celle des fémorales de : 15 millimétres.

| L'intercalation entre deux artéres aussi. volumineuses que les carotides d'un caual aussi étroit que le cercle de Willis, doit augmenter considérablement les résistances. Le fait seul qu'il est pour ainsi dire impossible d'obtenir un tracé sphygmographique du bout périphérique de la carotide, montrant nettement le dierotisme, suffirait déjà à le démontrer.

Le tracé ci-joint montre que le retard éprouvé par l'on. dée sanguine pour se propager de l'aorte à travers le cercle de Willis, est égal à celui qu'elle éprouve pour arri- ver à la fémorale.

Chez le chien sur lequel ce graphique a été obtenu, la distance de la fémorale à la crosse aortique était de 39 centimètres; celle de la crosse au bout central de la carotide de 13 centimétres ; celle de la crosse à la base du crâne de 50 centimètres ; de la base du crâne au cercle de Willis, de 25 centimètres; entre les deux carotides dans le cercle de Willis, 4 centimétre; de la base du cràne au bout périphérique de la carotide, 6 centimètres. Il en résulte que la distance à parcourir par l'ondée sanguine pour arriver aux sphygmoscopes placés dans le bout péri- phérique de la carotide et le bout central de la fémorale. était respectivement de 99 et de 40 centimètres plus grande que celle qu'elle devait parcourir pour arriver au Sphygmoscope placé dans le bout central de la carotide.

Pour parcourir ces distances, elle a mis de 4 à 5 cen- tièmes de seconde.

La vitesse était donc :

( 100 ) De la crosse à la fémorale

40 x 100 A AC = 8m88.

De la crosse au bout périphérique de la carotide par le cercle de Willis

29 x 100 stes td dor perse 644.

Nouvelles recherches sur le spectre du carbone; par Charles Fievez.

Quoique le spectre du carbone se trouve parmi les spectres les plus étudiés par les chimistes et les physi- ciens, les opinions sont encore divisées sur sa nature, les uns attribuant au carbone un spectre spécial, différent de celui de ses composés hydrogénés, et les autres considérant le spectre des composés hydrogénés du carbone comme celui de cet élément.

Il en résulte que le spectre des comètes (identique au spectre des flammes hydrocarbonées) et les spectres de cer- taines (1) étoiles, peuvent étre considérés comme indiquant la présence soit du carbone seul, soit des composés hydro- génés de cet élément.

Bien que les expériences citées par les observateurs à l'appui de leurs conclusions semblent à l'abri de toute critique, la divergence de ces conclusions permet cepen- dant de croire que certains faits ont été mal interprétés.

Aussi nos recherches ont-elles été entreprises, non pour

(4) Düwzn, Sur les étoiles à spectres de la troisième classe, p. 122; 1884. Académie des sciences de Suéde.

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C 101 } vérifier celles des savants qui se sont occupés de la ques- tion, mais piutót pour examiner la valeur des conclusions tirées des faits observés.

Elles ont porté sur trois points controversés, savoir :

a) Le carbone a-t-il un spectre différent de celui de ses composés hydrogénés ?

b) Les composés hydrogénés du carbone ont-ils un spectre spécial, différent de celui du carbone pur?

c) Le carbone possède-t-il plusieurs spectres distincts?

D’après Angstróm (1) et Huggins (2), le carbone exige une décharge électrique disruptive pour amener la produc- tion de son spectre réel, presque semblable à celui de l'hydrogéne, et caractérisé par la présence d'une forte raie rouge un peu moins réfrangible que la raie C.

Larc voltaique ne donne pas, selon Angstróm, le spectre propre du carbone, mais seulement ceux des carbures d'hydrogène et du cyanogéne.

Les expériences de Piazzi Smyth (3) confirment celles d'Angstróm et de Huggins. Un spectre, consistant princi- palement en une double raie rouge située prés de la raie C de l'hydrogène, a été observé par ce savant en faisant éclater une étincelle condensée entre deux électrodes de carbone.

Cette expérience peut être aisément répétée en observant

(1) Ancsrrôm. Recherches sur le spectre solaire, p. 98, 1868. Recherches sur les spectres des métalloides. Nova Acta Upsaliensis, 75.

(2) Huseins. On the spectra of some of the stars and nebulae. Philo- sophical Transactions, vol. 158, p. 555.

(5) Piazzi Suvrn. Carbon and carbohydrogen spectra. Philosoph. Magazine, 5* série, vol. 8, p. 117.

į 4102 ) dans lair le spectre d'une forte étincelle électrique (1) éclatant entre deux électrodes de charbon (tels que ceux employés pour la lumière électrique) de 5 millimètres de diamètre, terminées en pointe et distantes l'une de l'autre de 3 à 4 millimètres.

Le spectre, observé avec un spectroscope d'une disper- sion équivalente à six prismes de flint, est alors constitué par deux raies rouges très brillantes, trés voisines l'une de l'autre et trés proches de la raie C, deux raies brillantes dans l'orangé, et un grand nombre de raies dans le vert.

Si l'on dispose l'expérience de maniére à faire passer l'étineelle entre les électrodes de carbone placées dans l'hydrogène, à la pression de 700 à 1000 millimètres, on remarque, avec Huggins, qu'une seule des deux raies rouges est visible, les autres raies ayant disparu.

On constate encore qu'une seule des deux raies rouges est visible, en placant les deux électrodes de carbone dans une flamme d'hydrogène brülant à l'air libre (on observe de plus l'apparition des bandes carbonées). Mais, en plaçant les deux électrodes dans l'air trés raréfié (pression 40 mil- limétres) et desséché, on observe, par contre, la disparition totale des deux raies rouges, quelle que soit l'énergie de l'étincelle électrique, ce qui semble indiquer qu'aucune de ces deux raies n’appartient au spectre du carbone.

Remplaçant alors les électrodes de carbone par des fils d'aluminium et opérant à l'air libre, on reconnait que le spectre, observé dans ces conditions, est absolument sem- blable, sauf une raie rouge, au spectre de l'étincelle éclatant entre les deux électrodes de carbone, c'est-à-dire constitué par une raie rouge trés brillante, deux raies dans l'orangé et un grand nombre de raies dans le vert. En superposant

(1) Produite par une bobine munie d'un grand condensateur.

( 103 ) le spectre solaire, on s'assure que la raie rouge coincide exactement avec la raie C de l'hydrogène.

Cette expérience démontre que loutes les raies, sauf une, du spectre présumé du carbone, sont étrangères au spectre réel de cet élément.

Il s'agit maintenant de déterminer l'origine de la seconde raie rouge.

A cette fin, on observe le spectre de l'étincelle éclatant à l'air libre entre deux électrodes de carbone de 1 milli- mètre de diamètre, en superposant ce spectre sur le spectre solaire, el on constate que l’espace obscur séparant les deux raies rouges coincide exactement avec la raie noire du spectre solaire.

Et, par un examen attentif, on acquiert la certitude que les deux raies rouges, séparées par un espace obscur, con- Stituent dans leur ensemble le renversement de la raie rouge de l'hydrogène, renversement formé par une raie noire au milieu d'une raie brillante trés élargie, c'est-à- dire présentant la méme apparence que deux raies bril- lantes trés proches séparées par un espace noir.

Cette dernière expérience n'est pas sans présenter quelques difficultés d'observation, à cause des change- ments de réfrangibilité qui se produisent sous l'influence de l'étincelle d'induction.

Aussi, pour toute certitude, j'ai employé successivement des speetroscopes de construction différente, notamment - le spectroscope à demi-prismes de Christie et le spectro- scope à réversion de Young, en disposant les électrodes de carbone tantót suivant la longueur de la fente des spec- troscopes, tantôt transversalement à cette longueur, en employant la méthode de projection, c'est-à-dire en pro- jetant sur la fente du spectroscope, au moyen d'un objec- tif, une image des électrodes et de l'étincelle.

( 104 )

Je crois donc pouvoir conclure que le spectre spécial attribué au carbone n'appartient pas à cet élément chimique.

Examinons maintenant les raisons qui s'opposent à considérer le spectre des composés hydrogénés du carbone comme le spectre du carbone pur.

Swan (1), en 1856, avait déjà remarqué que les raies brillantes du spectre d'un hydrocarbure sont identiques aux raies similaires du spectre d'un oxycarbure, l'éclat des raies variant avec la proportion de carbone brülé, et le nombre des raies avec l'intensité lumineuse.

Ensuite, Atifield (2) avait conclu que ce spectre est celui du carbone, puisqu'il peut étre observé dans tous les composés du carbone, quelles que soient les forces élec- triques ou chimiques qui en déterminent l'incandescence.

« Si c'est bien la vapeur du carbone qui est en jeu, dit Morren, on doit toujours rencontrer le même spectre lorsqu'on rend libre le carbone par la décomposition d'un composé il entre comme élément, quel que soit d'ailleurs le eorps auquel il est uni (5). »

Dibbits (4), Lielegg (3), Lockyer (6), partagent aussi

(1) Swan. On the prismatic spectra of the flame of compounds of carbon and hydrogen. Edinburgh Philos. Trans., t. XXI, p. 411.

(2) ArrriELD. On the spectrum of carbon. Philos. Trans., vol. 152, p. : ; (5) Morren. De la flamme de quelques gaz carburés Annales de chimie et de physique, 1865, p. 505.

(4) Disirs. Ueber die Spectra der Flammen einiger Gaz. Poggen- dorf's Annalen, tome CXXII, p. 497.

(8) LigLEGe. Contributions to the knowledge, etc. Philos. Magazine, 4* série, t. XXXVII, p. 508.

(6) LockvEm. Note on the spectrum of carbon. Proceedings Roy- -

Soc., vol. 50, p. 355.

UM La 3 x i veo me Te tsp Se mtem t eS PRISE et ee RP EE ee

105 ) celle opinion, en s'appuyant sur l'éclat avec lequel ce spectre se développe lorsque le cyanogène est brûlé dans l'osygéne, et lorsque l'étincelle électrique passe dans le cyanogene, le tétrachloride de carbone, l'oxyde carbonique à haute pression, tous ces gaz étant desséchés avec le plus grand soin.

Mais d'autre part, Plücker (1) affirme que les composés du carbone peuvent donner naissance à des spectres appar- tenant à quatre types différents; Angstróm et Thalén (2) soutiennent que le spectre des oxycarbures est différent de celui des hydrocarbures et que le spectre à bandes, tel qu'il est observé dans l'arc voltaique, appartient aux car- bures d'hydrogène et au cyanogéne; Hasselberg (3) con- clut que le spectre de tous les composés hydrocarbonés se rapporte avec une grande probabilité à celui de l'acétyléne.

Entin Liveing, Dewaar (4) et Piazzi Smyth (5), arrivent aux conclusions d'Angstróm en s'appuyant sur le fait que le spectre à bandes est toujours bien développé dans les circonstances l'on sait que les hydrocarbures sont pré- sents, et sur l'impossibilité d'exclure toute trace d'humidité, par conséquent toute trace d'hydrogéne, dans les autres cas.

On voit par cet exposé que la raison principale qui

(1) Prückzn. a the spectra of ignited gazes. PERAS Trans., 1865, vol. 155, p.

(2) Ancsrrôu. Mond sur le spectre solaire, A808. -

(9) HasskLpEnc, Ueber die spectra der Cometen, 1880.

(4) Livene et Dewaar. On the spectra of the compounds of carbon. Proceedings Roy. Soc., vol. 50, p. 152.

(8) Piazzi Suyru. Micrometrical measures of. gaseous spectra. Tran- sactions. Roy. Edinburgh Soc., vol, 32.

( 106 ) s'oppose à considérer le spectre des composés hydro- génés du carbone comme étant celui du carbone pur, consiste daus l'impossibilité d'éliminer toute trace d'hy- drogène des corps et des appareils employés dans les recherches.

Je crois cependant qu'il est un appareil qui, plus que tout autre, par les nécessités de son emploi, satisfait en partie à cette condition : c'est la lampe à incandescence à filament de charbon, car les gaz occlus dans ce filament sont éliminés en portant celui-ci à l'incandescence, pendant qu'un vide aussi parfait que possible est déterminé dans l'appareil.

Pour étudier le spectre du carbone dans des lampes ainsi construites, il faut pouvoir observer l'ignition instan- tanée du filament [lorsqu'il est traversé par un courant électrique d'intensité croissante] au moyen d'un spec- troscope de faible dispersion et de préférence à vision directe.

Au moment de l'ignition, une vive lumiére illumine soudainement le champ du spectroscope, et le carbone vola- tilisé se dépose sur les parois intérieures de la lampe; ce n'est qu'aprés quelques essais infruetueux qu'on parvient à observer le spectre du carbone et à constater qu'il est absolument semblable au spectre des flammes hydrocarbo- nées et au speetre des cométes, observés avec le méme spectroscope.

Lorsque les lampes à ineandescence sont ainsi brúlées, il arrive fréquemment qu'une petite portion du filament est seule détruite, de maniére que les deux extrémités restantes peuvent alors étre employées comme électrodes.

En faisant passer entre ces deux électrodes une faible étincelle d'induction, on vérifie l'expérience précédente

( 107 ) dans de meilleures conditions d'observation, et on s'assure encore que le spectre est bien identique à celui des hydro- carbures.

Je considère néanmoins cette expérience comme moins probante que la précédente, car en admettant qu'une faible trace d'hydrogène soit encore présente dans l'appareil, cette faible trace serait insuffisante pour produire, lors de ligni- tion du filament de charbon, un spectre d'hydrocarbure d'un éclat suffisant pour être visible, tandis qu'un pareil spectre | pourrait être produit avec l'étincelle éclatant entre les | deux portions du filament. Cependant l'éclat da spectre |... observé, dans la seconde expérience, est tel qu'il ne permet : pas de l'attribuer à la présence de faibles traces d’hydro- . . Carbures.

De l'ensemble de ces expériences, je crois pouvoir con- clure, avec une grande probabilité, que :

| Dans l'état actuel de nos connaissances, le carbone wa

= pas de spectre différent de celui de ses composés hydro-

génes.

Mais il ne s'ensuit pas que toutes les raies ou bandes visibles dans les spectres des principaux composés car- bonés, autres que les hydrocarbures, appartiennent au spectre du carbone, car il faudrait pouvoir établir que le spectre de cet élément, dans les conditions je l'ai étudié, est constitué par une partie ou par toutes les bandes signalées dans les spectres de ces composés. J'espére pou- voir disposer bientót des moyens suffisants pour entre- prendre ce travail.

( 408 )

CLASSE DES LETTRES,

Séance du 4 juillet 1887.

M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Lust, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, J.Gantrelle, Ch. Loo- mans, Tiberghien, L. Roersch, membres; J. Nolet de Bran- were van Steeland, Alph. Rivier, M. Philippson, associés ; A. Henne, A. Van Weddingen et le comte Goblet d'Al- viella, correspondants.

CORRESPONDANCE.

La Classe apprend, avec un vif sentiment de regret, la perte qu’elle vient de faire en la personne de l’un de ses associés, M. Ludolphe Stephani, conseiller impérial de Russie, décédé récemment à Kurzlich.

S. A. R. Mgr. le duc d'Aumale accuse réception de son diplóme d'associé.

na zo wr ES NET SE AEN AE

( 409 )

Sur l'invitation de la Société d'Émulation de Bruges, la Classe délégue un de ses membres, M. Piot, pour la représenter au Congrès de la Fédération historique et archéologique de Belgique, dont la session s'ouvrira dans la méme ville, le 92 du mois d'aoütprochain.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publies envoie, pour la bibliothéque de l'Acadé- mie, les ouvrages suivants :

L'amiral Georges van Spilbergen et son temps, par Alphonse de Decker;

> L'Église et l'ordre social chrétien, par Pierre De Decker ;

La principauté d'Archaie et de Morée (1204-1430), par Ch.-A. Beving;

4" Bibliotheca Belgica, publiée par F. Vander Haeghen, livraisons 73 à 78;

® Middelnederlands Woordenboek, van E. Verwijs en J. Verdam, deel, 9** en 10° aflevering (Gebuur-Gelove.) Remerciements.

A la demande du même haut fonctionnaire précité, la Classe émet un avis favorable sur le buste en marbre de M. L.-P. Gachard, que M. Fraikin vient d'exécuter pour la galerie des bustes des académiciens décédés qui ont rendu d'importants services au pays.

Hommages reçus :

Géographie et histoire des communes belges : canton qe Léau, par Alph. Wauters (avec une note qui figure ci-après);

( 110 )

2X ['agnosiicisme contemporain dans ses rapports avec la science et avec la religion, par Tiberghien;

Épistémonomie ou tables générales d'indications des connaissances humaines, par feu Ph. Vandermaelen. Pré- senté par M. Wauters avec une note qui figure à la p. 129;

a) Sulla topografia antica di Palermo dal secolo al XV*; b) Saggi di critica religiosa e filosofica, par V. di Giovanni, associé à Palerme. Présentés par M. Roy avec une note qui ligure ci-aprés.

Principes de la politique, par Franz de Holtzendorft; traduit de l'allemand par M. Ernest Lehr. Présenté par M. Rivier avec une note qui figure ci-aprés. Remercie- ments.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

„Notre savant et fécond associé sicilien, M. Vincenzo di Giovann;, ne laisse pas s'écouler une année sans nous donner plusieurs fois signe de vie. Il nous présente aujour- d'hui deux nouveaux opuscules qui se recommandent à des titres bien différents. Je ne les analyserai pas; je me contenterai d'en signaler l'intérét.

En voici les intitulés :

Sulla topografia antica di Palermo del Secolo x"° al "". Saggi di critica religiosa e filosofica.

L’attrait du premier est avant tout local. L'auteur y poursuit ses curieuses études sur la topographie du vieux Palerme, avec ce soin de l'exactitude et ce souci des moindres détails dont les patients fouilleurs d'archives connaissent seuls tout le prix. Les recherches de M. Gio-

xv

( 11 )

vanni font penser à celles des géologues, qui retrouvent dans les stratifications du sous-sol les éléments de lhis- toire de notre planéte. Peu de villes ont été, autant que la capitale de la Sicile, successivement habitées, colonisées ou conquises par des populations appartenant aux races les plus diverses : les Phéniciens, les Grecs et les Romains ont passé par là, et aprés eux les Arabes, les Normands, les Italiens, les Espagnols, les Slaves, que sais-je ? chaque flot laissant, en se retirant. des épaves, chaque domination nouvelle marquant ses reconstructions du sceau de sa religion et de ses mœurs, rebâtissant sur des ruines une cité splendide, elle-méme destinée à ne rester debout que daus quelques vieilles murailles, témoins muets d'une civi- lisation disparue. M. di Giovanni ne s'est pas seulement occupé des monuments : il n'a visé à rien de moins, dans le mémoire que nous avons sous les yeux, qu'à ressusciter tous les quartiers et jusqu'aux rues et aux boulevards du Palerme du moyen âge, depuis le XII* jusqu'au XV* siècle, d'aprés des documents manuscrits authentiques, publics ou privés, qu'il résume méthodiquement, par un travail minutieux qui rappelle les procédés de notre honorable confrère M. Alph. Wauters. On a beaucoup écrit sur l'histoire des villes italiennes; néanmoins il est à constater que le plan adopté par M. di Giovanni est une innovation dans son pays. L'auteur se promet bien de ne pas s'en tenir : j'apprends qu'il prépare un travail spécial sur les Palermitains eux-mémes, aux différentes périodes de leurs annales. Cette fois nous aurons plus qu'une étude locale : nous aurons une contribution importante à l'histoire des peuples méditerranéens. Maintenant le théâtre est décrit : les acteurs vont entrer en scène.

Le second ouvrage dont je viens de dire un mot atteste

( 113 )

que, pour s'étre fait archéologue par patriotisme, M. di Giovanni n'a pas cessé de se tenir au courant du mou- vement religieux et philosophique si accentué de nos jours, depuis que le génie de la critique a tout ébranlé, tout remis en question. Le professeur sicilien vient de réunir en un volume une série d'essais, qui ont vu le jour pour la première fois dans la Rassegna nationale, de Florence. L'Aistoire des religions, qui commence à étre partout à l'ordre du jour, y tient une plus grande place que la métaphysique, objet principal, jusqu'ici, des médi- tations de l'éminent disciple de Miceli. Je signalerai d'abord quelques pages sur des lectures faites à Oxford et à Londres par un savant hollandais, M. A. Kuenen, et répandues en France par la traduction par M. Maurice Vernes. ll s'agit de l'élément d'universalité qui se révèle dans les grandes religions à côté de leur caractère national, et qui a finalement atteint dans le christianisme sa plus complète expansion. C'est à ce point de vue que l'auteur se place pour faire ressortir, en remontant jusqu'à Abraham, les points de contact de l'Islam, du Jahvisme et de la pré- dieation du Christ. Si le livre de M. Kuenen était animé d'un souffle de foi, M. di Giovanni y verrait une sorte de Préparation évangélique au sens d'Eusébe. Le Bouddhisme est touché en passant; contrairement à l'avis de certains critiques, M. Kuenen estime que ses origines n'ont rien de commun avec celles du christianisme.

Dans les autres essais, consaerés aux derniers travaux de MM. Ad. Franck, L. Ferri (ici la métaphysique reprend ses droits), Ernest Havet, Ernest Renan, La Banca et Albert Réville, les grandes controverses modernes sont exposées avec une bonne foi qui témoigne chez l'auteur de l'amour le plus sincère de la vérité, ce qui ne l'empéche pas de laisser transparaitre ses fortes convictions person-

( 445 )

nelles, notamment quand il prend à partie le professeur de Rome, M. La Banca. Encore une fois, je ne puis entrer dans des détails : un seul mot résumera tout l'ouvrage. La préoccupation dominante de M. di Giovanni est de pré- mnuir le publie contre l'abus de la critique, laquelle, selon lui, en est venue à dogmatiser en se permettant des néga- tions à priori, et s'est trop souvent laissé envahir par l'es- prit de système, sans souci des données positives de l'histoire. ALPH. LE Roy.

Le volume que j'ai l'honneur de présenter à la Classe (Belgique ancienne et moderne, arrondissement de Lou- vain, 5* livraison) contient la description du canton de Léau, l'une des parties de Brabant. dont Phistoire est la plus intéressante, On y trouve, en effet, à cóté des localités dont le passé féodal est des plus curieux, comme Rummen et Dormael, un bourg qui a jadis été une commune remuante, une forteresse entourée de puissants remparts, un centre de commerce trés actif, et qui, aujourd'hui encore, attire le voyageur par la profusion des richesses archéologiques de son église paroissiale, devant laquelle s'éléve un gracieux hótel de ville en style renaissance.

J'ai déjà eu l'occasion, il y a dix-neuf ans, de vous faire. connaitre le nom de l'artiste auquel on doit le célèbre tabernacle de Léau, ce triomphe dela renaissance flamande, ce joyau que l'on avait trouvé trop beàu pour étre d'un Belge. Le travail que je vous offre aujourd'hui établit, d’une manière positive, deux circonstances de la plus haute importance pour l’histoire de Léau, c’est que son origine remonte au moins à l'époque romaine, et que sa prospérité, au moyen àge, eut pour principaux aliments : d'une part, le commerce par eau qui s'y faisait avec les villes de la

9"* SÉRIE, TOME XIV. —— 8

( 414 )

vallée du Démer et de la vallée de l'Escaut et, d'autre part, le commerce par terre qui répandait dans le pays de Liège les marchandises arrivant par eau de l'aval. Pour ceux qui sont habitués à contempler dans la rade et les bassins d'Anvers de gigantesques steamers el de magni- fiques trois-mâts, la navigation s'opérant dans d'étroites riviéres pourra paraitre plus que modeste; il ne faut pas s'arrêter à cette idée. Si cette navigation était moins importante, elle était cependant trés active et elle enri- chissait la contrée voisine du Démer. A en juger par les chiffres que j'ai recueillis et qui concordent entre eux d'une manière parfaite, quoique puisés à des sources différentes, les petites villes et les villages situés prés des rivières citées plus haut, en aval de Léau, nourrissaient une popu- lation trés dense et se trouvaient en général dans une situation trés favorable.

Pour ce qui est de l'antiquité de Léau, elle avait déjà été soupçonnée, et il se rattachait, aux commencements de cette ville, des traditions, je n'ai pas besoin de dire qu'elles sont fabuleuses, dont on trouve un écho dans l’œuvre de Jean d'Outre-Meuse. Elles se rattachent à une colline, située à une demi-lieue environ au N -N.-E. de Léau et connue encore sous le nom de Casteelbergh (la Montagne du cháteau). H n'y a eu ni un poste fortifié, ni une habitation féodale, mais simplement des ruines dont les derniers vestiges ont disparu au commenccment de ce siècle, et dont une partie a été remblayée il y a environ 160 ans, pour que les malfaiteurs et les vagabonds n'y trouvent plus un asile. Ces constructions inconnues à l'his- toire remontent évidemment trés haut; elles sont, selon toute apparence, un souvenir de plus de l'existence sur notre sol du peuple-roi. ALPHONSE WAUTERS.

(145)

Les études de M. le baron de Holtzendorff sur les Prin- cipes de la politique ont paru, en première édition, en 1869; la traduction dont notre savant confrère fait hommage à l'Académie, et qui est due à la plume trés habile de M. Ernest Lehr, forme en réalité une édition nouvelle, qui est la troisiéme. Ce succés d'un livre de théorie, sur une matiére que l'on n'est point habitué à voir traitée scienti- fiquement, est pleinement justifié; M. de Holtzendorff y déploie la richesse d'idées, la hauteur de vues, l'esprit large et lumineux que nous lui connaissons depuis longtemps ; et si la leeture n'en est pas toujours facile, personue ne regrettera de l'avoir entreprise ; on la poursuivra jusqu'au bout, la plume à la main, et on en tirera grand profit.

L'auteur étudie d'abord l'objet de la politique, envisagée comme science du gouvernement et comme art de gou- verner; puis le principe juridique et moral de la politique ; enfin la mission de l'État, considérée comme principe de la politique. Il passe en revue, en les soumettant à une cri- tique approfondie, les diverses missions idéales que l'on a voulu assigner à l'État : la réalisation du bien public au moyen d'une tutelle générale exercée par le gouvernement sur les citoyens, vieille et énervante doctrine dont les effets subsistent dans quantité de nos institutions; la mission de la garantie des droits individuels, théorie moins arbitraire que la précédente, mais tout aussi erronée dans son exa- gération, d’après laquelle « le centre de tous les intérêts publies, le but et la fin de toute activité gouvernementale, est la liberté de l'individu, que l'État est impuissant à rendre heureux d'autorité, et qui doit étre reconnu maitre de son sort »; la réalisation de la loi morale, mission moralisatrice qui est ou bien rationaliste ou bien ecclé-

(446 ) siastique et théoeratique. Cet examen aboutit à constater que « toutes ces conceptions du róle de l'État, de sa mis- sion, de son but, manquent de précision », que, « nées de réflexions abstraites sur l'État, elles ne s'adaptent que médiocrement aux phases du développement politique de notre époque et aux États actuellement existants. »

Aux missions idéales, M. de Holtzendorff oppose la mis- sion réelle : « Il est clair que le but matériel de l'activité de l'État doit étre indiqué par les sentiments intimes de la nation tout entiére, et non pas seulement d'aprés les données théoriques d'un idéal de l'État ou les exigences égoisles des partis. La politique n'a à prendre en considé- ration comme situation donnée, comme fait acquis, que les idées qu'en réalité le peuple se fait de la mission de l'État. » Considérant les nations, de civilisations en somme assez égales, qui forment le domaine du droit des gens dit européen, M. de Holtzendortf constate que, chez elles, la mission réelle de l'État porte sur les trois objets suivants : organisation de la puissance nationale, garantie des droits individuels, perfectionnement social.

C'est bien ce que la constitution de 1871 indique comme triple but de l'empire allemand : protection du territoire national, protection du droit en vigueur sur ce territoire, développement de la prospérité publique en Allemagne. C'est aussi ce qu'exprime la constitution actuelle de la Confédération suisse, en déclarant que la Confédération a pour but d'assurer l'indépendance de la patrie contre l'étranger, de maintenir la tranquillité et les droits des Confédérés et d'aceroitre leur prospérité commune.

Les Principes devraient être lus et médités par toute personne qui s'occupe de prés ou de loin du maniement de la chose publique, et c'est fort justement que l'auteur

PET

les caractérise, dans un sous-titre, comme [ntroduction à l'étude du droit public contemporain. Malheureusement cette science de la politique, si délicate et si difficile, est, seule peut-être dans notre siècle de division du tra- vail, considérée communément comme susceptible d'étre acquise et appliquée sans aucune préparation spéciale, et par le premier venu. ALPH. RIVIER.

PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1889.

PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire des relations politiques du pays de Liège, au XVII et au XVIIF siècle, avec la France, les Pays-Bas espagnols et les Pays-Bas autrichiens.

DEUXIEME QUESTION. Quelle a été en Flandre, avant l'avénement de Gui de Dampierre, l'influence politique des grandes villes, et de quelle manière s'est-elle exercée ?

TROISIÈME QUESTION.

Faire l'histoire de la littérature française, dans les livres et dans les publications périodiques belges, de 1801 à 1850.

QUATRIÈME QUESTION.

On demande une étude sur Jean Van Boendale au point de vue de l'état social du Brabant à son époque.

(118)

CINQUIÈME QUESTION.

Quel est l'effet des impôts de consommation sur la valeur vénale des produits taxés? En d'autres termes, dans quelle mesure cet impôt pese-t-il sur le consomma- teur ?

Exposer et discuter, à l'aide de documents statistiques,

les résultats des expériences récemment faites à cet égard dans les divers pays, et plus spécialement en Belgique.

SIXIÈME QUESTION.

Faire, d'après les auteurs et les inscriptions, une étude historique sur l'organisation, les droits, les devoirs et l'in- fluence des corporations d'ouvriers et d'artistes chez les Romains.

La valeur des médailles attribuées comme prix à la

solution de ces questions sera de huit cents francs pour

chacune d'elles.

Les mémoires pourront étre rédigés en francais, en flamand ou en latin. Ils devront être éerits lisiblement et adressés, francs de port, avant le 1** février 1889, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies.

Conditions réglementaires des concours annuels.

L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations et demande, à cet effet, que les auteurs indiquent les éditions et les pages des livres qu'ils citent.

Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront

Wire dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur étre accordé.

Les ouvrages remis aprés le temps prescrit, ou ceus dont les auteurs se feront connaitre, de quelque maniére que ce soit, seront exclus du concours.

L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dés que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuei.

PRIX PERPÉTUELS PRIX JOSEPH DE KEYN. Quatrième concours : deuxième période (1886-1887). Enseignement moyen.

La Classe des lettres rappelle que la « deuxième période du quatrième concours annuel » pour les prix Joseph De Keyn sera close le 31 décembre 1887. Tout ce qui a. rapport à ce concours doit être adressé, avant celte date, à M. le secrétaire perpétuel (au palais des Académies).

Cette période, consacrée à l’enseignement du second degré, comprend les ouvrages d'instruction ou d'éducation moyenne, y compris l'art industriel.

Peuvent prendre part au concours: les ceuvres iné- dites, aussi bien que les ouvrages de classe ou de lecture qui auront été publiés du 4% janvier 1886 au 51 décem- bre 1887.

Conformément à la volonté du fondateur, ne seront admis au concours que des écrivains belges et des ouvrages

(12D ) concus dans un esprit exclusivement laique et étrangers aux matières religieuses.

Les ouvrages pourront étre écrits en francais ou en flamand, imprimés ou manuscrits. Les imprimés seront admis quel que soit le pays ils auront paru. Les manu- serits pourront être envoyés signés ou anonymes : dans ce dernier cas, ils seront accompagnés d'un pli cacheté con- tenant le nom de l'auteur et son domicile.

Un premier prix de 2,000 francs, un second prix de 1,000 francs et un troisième de 500 francs, pourront être décernés.

Les travaux manuscrits qui sont soumis à ce concours demeurent la propriété de l'Académie, mais les auteurs peuvent en faire prendre copie à leurs frais.

Tout ouvrage manuscrit qui sera couronné devra étre imprimé pendant l'année courante, et le prix ne sera délivré à l'auteur qu'aprés la publication de son ouvrage.

La Classe des lettres jugera le concours sur le rapport d'un jury de sept membres, élu par elle, dans sa séance du mois de janvier de l'année 1888.

PRIX CASTIAU. (Troisiéme période, 1887-1889.) La Classe rappelle que la « troisième période » du pris Adelson Castiau sera close le 54 décembre 1889. Ce prix, d'une valeur de mille francs, sera décerné à l'auteur du meilleur travail belge, imprimé ou manuscrit : « Sur les moyens d'améliorer la condition morale, intel-

lectuelle et physique des classes laborieuses et des classes pauvres. »

(121)

Règlement.

ART. 1°. Ne seront admis au concours Castiau que des écrivains belges.

ART. 2. Seront seuls examinés les ouvrages soumis directement par les auteurs au jugement de l'Académie.

Art. 3. Ces ouvrages pourront être rédigés en francais ou en flamand. Les manuscrits seront reçus comme les imprimés, S'ils sont anonymes, ils porteront une devise qui sera répétée sur un billet cacheté contenant le nom et le domicile de l'auteur.

ART. 4. Le jury se composera de trois commissaires délégués par la Classe des lettres de l'Académie. Il n'y aura qu'un seul prix.

ART. 5. Si le concours demeure sans résultat, la somme restée disponible s'ajoutera au capital primitif.

ArT. 6. Le nom du lauréat sera proclamé dans la séance publique de la Classe des lettres.

ART. 7. Tout ce qui concerne le concours devra être adressé à M. le secrétaire perpétuel de l'Académie, avant le 51 décembre 1889.

ArT. 8. Si l'ouvrage couronné est inédit, il devra être imprimé dans l'année.

Le prix ne sera délivré au lauréat qu'aprés la publica- tion de son travail. :

ART. 9. Les manuscrits envoyés au concours devien- nent la propriété de l'Académie (art. 24 du règlement général).

(12)

PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE. (Cinquième période prorogée : 1875-1880.)

Conformément à la volonté du donateur et à ses géné- reuses dispositions, la Classe des lettres offre, pour la période prorogée (1875-1880) de ce concours, un prix de mille francs à l'auteur de la meilleure notice, écrite en francais, en flamand ou en latin, consacrée à la vie et aux travaux de David Teniers (né en 1610, mort vers 1690).

Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 1* février 1888.

Les concurrents se conformeront aux conditions régle- mentaires, données ci-dessus, des concours annuels de l'Académie.

GRAND PRIX DE STASSART POUR UNE QUESTION D'HISTOIRE NATIONALE. (Quatriéme période prorogée : 1877-1882.) Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- reuses dispositions, la Classe des lettres offre, pour la période prorogée (1877-1882) de ce concours, un prix de trois mille francs à l'auteur du meilleur travail, rédigé

en francais, en flamand ou en latin, en réponse à la ques- lion suivante :

« Tracer, sur la carte de la Belgique et des départe- ments français limitrophes, une ligne de démarcation indiquant la séparation actuelle des pays de langue romane et des pays de langue germanique. Consulter les anciens documents contenant des noms de localités, de lieux-

(XX)

dits, etc., et constater si cette ligne idéale est restée la méme depuis des siècles, ou si, par exemple, telle com- mune wallone est devenue flamande, et vice versa. Dresser des cartes historiques indiquant ces fluctuations pour des périodes dont on laisse aux concurrents le soin de déterminer l'étendue; enfin, rechercher les causes de l'instabilité ou de l'immobilité signalées. »

Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 1*' février 1888.

Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires, données ci-dessus, des concours de l'Aca- démie.

PRIX DE SAINT-GENOIS POUR UNE QUESTION D'HISTOIRE OU DE LITTÉRATURE EN LANGUE FLAMANDE. (Premiére période prorogee : 1868-1877.)

Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- reuses dispositions, la Classe des lettres offre, pour la 1'° période prorogée (1868-1877), un prix de mille francs à l'auteur du meilleur travail, rédigé en flamand, en réponse à la question suivante :

« Letterkundige en wijsgeerige beschouwing van Coorn- herts werken. »

(Étude littéraire et philosophique des œuvres de Coornhert.)

SE RE TN Ee y a

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Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 1** février 1888.

Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires, données ci-dessus, des concours annuels de l'Académie.

(12)

PRIX TEIRLINCK POUR UNE QUESTION DE LITTÉRATURE FLAMANDE. (Première période prorogée : 1877-1881.)

La Classe des lettres proroge jusqu'au février 1888 le délai pour la remise des manuscrits en réponse à la question suivante, mise au concours pour la premiére période quinquennale du prix fondé par feu Auguste Teir- linck, greffier de la justice de paix du canton de Cruys- hautem (Flandre orientale).

« Faire l'histoire de la prose néerlandaise avant Marnix de Sainte-Aldegonde. »

Un prix de mille francs sera décerné à l'auteur du mémoire couronné.

Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires, données ci-dessus, des concours de l'Aca- démie. !

RAPPORTS.

ALEXANDRE D’ABONOTIGHOS : Un épisode de l'histoire du paganisme au Il° siècle de notre ère; par Fran umont.

Rapport de M. Wagener, premier commissaire. « Le travail de M. Cumont peut être considéré comme

une dissertation historique sur le traité de Lucien intitulé : Alexandre ou le faux prophète. Si incroyable que paraïsst,

( 125 ) à premiére vue, l'étrange réeit du sophiste de Samosate, on a le droit d'affirmer qu'il est de tout point conforme à la réalité. Voici, en trés peu de mots, de quoi il s'agit. L'ac- tion se passe vers le milieu du siècle de notre ère. Un certain Alexandre, en Paphlagonie de parents obscurs, aprés s'étre signalé dans sa jeunesse par des désordres scandaleux, parvient, vers l'àge de quarante ans, à se faire prendre au sérieux comme prophète à Abonotichos, petite ville de l'Asie-Mineure, située sur les bords du Pont-Euxin. il réussit à y faire établir un sanctuaire en l'honneur du dieu Esculape, dont il devint immédiatement le grand prétre. Ayant fait l'acquisition d'un serpent familier, auquel il adapte une espèce de tête humaine, fabriquée en toile, il fait accroire à des milliers de personnes que ce serpent, nommé par lui Glycon, est l'épiphanie, l'incarnation du dieu de la médecine. Lui-méme se fait passer pour fils de Podalire et descendant de Persée. Il déclare que sa fille a pour mére la déesse de la Lune, Séléné, et il réussit, chose à peine eroyable, à lui faire épouser un des plus grands personnages de Rome, Publius Mummius Sisenna Rutil- lianus, fils de consulaire, consulaire lui-méme, chargé plus lard du proconsulat de l'Asie, c'est-à-dire de la plus haute dignité qui püt échoir en partage à un sénateur. Fort de cette illustre alliance, il se rend redoutable à ses ennemis s et continue à émetttre d'innombrables prophéties, soit en 2 faisant, à l'aide d'un porte-voix, parler le serpent lui-méme (genre de miraele jusqu'alors inédit), soit en donnant des réponses en vers, d'une obscurité caleulée, à des lettres cachetées dont il est censé ignorer le contenu. Non seule- ment il prodigue ses conseils aux malades, mais il se trans- forme en oracle universel, à l'instar de celui de Delphes, - . dont l'importance, on le sait, avait notablement baissé à

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cette époque. De tous les cótés de l'empire, de la capitale aussi bien que des provinces, on vient le consulter. L'em- pereur Marc-Auréle lui-méme ne dédaigne pas de deman- der son avis au sujet des mesures à prendre contre les Marcomans et les Quades, qui menacaient l'empire d'une guerre terrible. Il est vrai que les conseils donnés par Alexandre aboutirent à une épouvantable catastrophe. Mais son crédit n'en fnt pas ébranlé : le culte du serpent Glycon se répandit de plus en plus, et nous en trouvons encore des traces environ un siécle aprés la mort du misé- rable imposteur qui l'inventa.

Les traits pri ncipaux de l'épisode que nous venons de résumer ont été empruntés à Lucien. Mais M. Cumont, pour le mettre pleinement en lumière, a le placer dans son cadre naturel, en nons faisant connaitre une foule de détails curieux, qui étaient familiers aux contemporains du spirituel auteur des Dialogues des morts, mais qui ne le sont nullement à ses lecteurs du XIX* siècle. Il s'est servi à cette fin de toutes les ressources que pouvait lui fournir l'érudition de nos jours.

Toutefois il ne s'est pas borné à tirer parti des auteurs modernes qui se sont occupés des croyances répandues dans le monde romain au le siècle de notre ère. ll est allé puiser directement aux sources, notamment à cette source inépuisable de documents authentiques qu'on appelle les Inscriptions. Il a emprunté en outre des indications pré- cieuses à la numismatique.

Le mémoire de M. Cumont est divisé en trois parties principales, précédées d'une assez longue introduction. Dans celle-ci, aprés avoir jeté un coup d'œil d'ensemble sur la nature des croyances qui avaient cours dans l'em- pire romain, notamment en Asie, au premier et au

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deuxième siècle de notre ère, il montre qu'il ne faut voir rien de bien extraordinaire dans les faux miracles du pro- phéte Alexandre, succédant à ceux d'Apollonius de Tyane, de Néryllinus, de Pérégrinus et d'autres. ll n'y a donc aucun motif, d'aprés lui, pour mettre en doute la véracité du récit de Lucien, si sarcastique qu'il soit, d'autant plus que ce récit a été composé à la demande expresse d'un homme considérable, portant le nom de Celsus, qu'assu- rément Lucien n'aurait pas voulu mystifier. Quel était ce Celsus? Était-ce le méme que celui qui combattit les chré- tiens et composa contre eux « Le discours véritable », conservé par Origéne dans la réfutation qu'il en a faite. La diseussion à laquelle se livre à se sujet M. Cumont, pour prouver l'identité des deux Celse, ne nous parait pas avoir abouti à des résultats concluants.

Le corps du travail soumis à notre appréciation com- prend, nous l'avons dit, trois parties principales : la pre- miére contient le récit de la vie d'Alexandre; la seconde est consacrée à l'exposé du culte qu'il fonda; dans la troi- siéme, l'auteur a tàché de montrer comment ce culte se propagea et quelle influence il exerca.

Pour compléter ce qu'il dit au sujet de l'adoption du culte de Glycon par les Gnostiques, nous croyons devoir lui signaler que le cabinet des médailles de Paris vient tout récemment de faire l'acquisition d'une pierre gnostique, portant le nom et l'image du dieu-serpent Glycon. Voir : Revue critique d'hist. et de litt., 1887, 13 juin, p. 480.

Dans un appendice, M. Cumont s'est efforcé d'établir, d'une manière aussi rigoureuse que le permettent les docu- ments dont nous ss la chronologie de la vie d'Alexandre.

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La dissertation dont nous venons de présenter l'analyse nous parait pleinement satisfaisante dans son ensemble.

Elle dénote non seulement une érudition de bon aloi, mais aussi un véritable esprit critique. Le sujet dont elle s'occupe n'avait pas encore, que nous sachions, été traité ex professo. Les détails fournis par Lucien y ont été com- plétés d'une maniére fort heureuse. Aprés avoir lu le mémoire de M. Cumont, on se rend parfaitement compte de la surprenante carriére d'Alexandre le Paphlagonien, et de l'importance de l'oracle créé par lui. Ce travail est donc une contribution utile à l'histoire, hélas éternelle, de l'in- sondable crédulité humaine.

J'ai en conséquence l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'impreszion de l'étude de M. Cumont dans son Recueil des Mémoires in-&. »

M. Willems, deuxiéme commisssaire, déclare se rallier volontiers aux conclusions du rapport de son savant con- frére M. Wagener.

Rapport de M. L. Hioersch, troisième commissaire.

« Comme mes savants confrères, je suis d'avis que ce Mémoire mérite un accueil favorable dans les publications académiques. Je m’associe pleinement aux éloges que lui a décernés M. Wagener. Je prierai seulement l'auteur de voir s'il n'a pas été trop affirmatif en déclarant qu'Alexandre n'a pu naître à Abonotichos, pour la raison qu'il était Paphlagonien et que cette ville, au point de vue admi- nisiratif, était détachée de la Paphlagonie depuis l'époque de Pompée. Qu'il considère que Strabon, comme plus tard

(429.3 Hierocles et les Novelles de Justinien, 29, c. 1, continuent de nommer Abonotichos une cité paphlagonienne, et que Lucien dit expressément (c. 12) qu'Alexandre, arrivant dans la ville, rentra dans sa patrie.

Je conseillerai aussi à M. Cumont de collationner encore une fois son Mémoire avec le texte de Lucien. En certains points, il m'a paru s'en écarter sans molif, par exemple dans des détails rapportés aux chapitres 11, 13, 15, 22, 96, 47,48 et 54. Enfin, l'orthographe de quelques noms propres devrait être revue : il faut écrire : Cocconas et non Cocon- nas, Rutilianus (conformément aux inscriptions et comme le réclame le primitif Rutilius) et non Rutillianus. »

La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses

commissaires, décide l'impression du travail de M. Cumont dans le recueil des Mémoires in-8.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Sur l'ÉPISTÉMONOMIE de feu Philippe Vander Maelen, ancien membre de l'Académie; par M. Alphonse Wauters, membre de l'Académie.

Dans une brochure récemment publiée sous le titre de Notice sur les catalogues des bibliothéques publiques (Bruxelles, Vanbuggenhout, 1887, in-8° de 24 pages), on insiste fortement sur la nécessité d'établir dans les grandes bibliothéques, à cóté et indépendamment des catalogues d'ouvrages, un dépouillement ue des matières.

5"* SÉRIE, TOME XIV. 9

( 150 ) qui sont traitées dans les volumes, de manière à faciliter, autant que possible, la tâche au chercheur et de mettre à sa disposition le plus d'éléments possible.

Qui ne sait, en effet, que les livres, les recueils, les journaux, contiennent d'excellentes données que, plus tard, faute de tables ou de toute autre indication suffisante, on ne retrouve plus qu'au prix d'efforts considérables, au prix d'une énorme perte de temps? L'idée est done excel- lente, et l'on ne peut que féliciter l'auteur de la bro- chure citée plus haut de s'en être servi pour rendre plus accessible les trésors de tout genre de notre Bibliothèque royale.

J'aurais désiré que, en énumérant les avantages résul- tant de cette méthode, l'auteur eût rappelé l'application qui en a été faite, il y a longtemps déjà, par un homme que la plupart d'entre nous ont connu, et que l'on peut citer au rep ip a ceux qui ont ni en Belgique à la Je veux parler de feu notre confrère Philippe Vander Maelen, fondateur de l'Établissement géographique de Bruxelles. Il est inutile de rappeler les services éminents de ce citoyen; ils ont été savamment exposés dans l'Annuaire de l'Académie, par la plume exercée et compétente de M. Houzeau.

Je veux me borner à dire aujourd'hui que, pendant prés d'un demi-siècle, M. Vander Maelen avait fait dépouiller, jour par jour, les nombreux ouvrages, journaux, revues, brochures, qui venaient enrichir ses précieuses collections. En 1840, longtemps avant sa mort, il avait déjà recueilli plus de trois millions de notes, qu'il classait lui-même avec le plus grand soin.

Ces notes, il ne les réservait pas pour lui seul, car Van-

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der Maelen était à la fois la modestie et la complaisance incarnées. Sesnotes, sa bibliothèque, ses collections, étaient ouvertes, avec la plus grande libéralité, au publie, et surtout aux travailleurs, qu'il avait en haute estime. Son plus grand plaisir était d'étaler à tout venant ses richesses, et autant il faisait peu parler de lui, autant il agissait sans relàche pour propager tout ce qui concernait les sciences, eten particulier la géographie. C'est lui, on peut le dire, qui, en Belgique, l'a fait sortir de la torpeur dans laquelle elle était plongée.

Il existe des notes de M. Vander Maelen un témoignage vivant. C'est la brochure intitulée : Épistémonomie ou Tables générales d'indications des connaissances humaines, par Ph. Vander Maelen et le docteur Meisser. (Prospectus. Bruxelles, 1840, in-8° de 16 colonnes; il y a des exem- plaires ayant 72 colonnes). Je prie la Classe d'accepter le don de cette brochure, l'on verra quelles étaient les idées des auteurs. On y a réuni, sous la rubrique Chemins de fer, une foule d'indications de tous genres, à l'aide desquelles on pourrait, sans peine, écrire un trés bon livre sur les premiéres années de l'établissement des chemins de fer. MM. Vander Maelen et Meisser auraient voulu publier, c'est-à-dire mettre à la portée de tous, les innom- brabies notes de l'Établissement géographique. Inutile de dire que cette pensée féconde resta sans suite, faute d'en- e elle mérite d'étre rappelée et sauvée de

oubli.

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Barthélemy Latomus, le premier professeur d’éloquence latine au Collège royal de France; par L. Roersch, membre de l'Académie.

Le Collége de France, à Paris, doit, comme on sait, son origine au Collège Royal. fondé par Francois I*" à l'instar du Collége des Trois Langues de notre ancienne Université de Louvain. D'abord le roi n'avait voulu y établir que des cours de grec et d'hébreu, mais bientôt il compléta son œuvre par l'institution d'une chaire d'éloquence latine, et Y fit monter l'Arlonais Barthélemy Steinmetz ou Masson, plus connu sous le nom de Latomus. Pendant huit ans, Latomus enseigna avec assez d'éclat, puis, se lançant dans une nouvelle carrière, il exerça des fonctions politiques dans le pays de Tréves, comme conseiller de l'Électeur, et joua un róle d'une certaine importance dans les querelles religieuses de l'Allemagne. Ces faits ont appelé sur notre eompatriote l'attention des annalistes de Tréves aussi bien que celle des historiens du Collége de France. Les écrivains belges n'ont pas manqué non plus de noter les détails de sa vie et de dresser le catalogue de ses ouvrages. Mais ils n'ont pas toujours vu eux-mémes les livres dont ils donnent les titres, ou ne paraissent en avoir fait qu'un examen superficiel. De là, des erreurs constamment répé- tées par les écrivains postérieurs, qui ont cru pouvoir ajouter foi à leurs assertions sans recourir aux sources.

En nous adressant à diverses bibliothèques du pays et de l'étranger, nous sommes parvenu à lire la plupart des écrits de Latomus ; il nous a été ainsi possible de compléter el de rectifier les notices qui lui ont été consacrées

( 155 ) jusqu'iei (1) et d'indiquer en méme temps, sinon la valeur réelle de ses ouvrages, du moins les circonstances dans lesquelles ils ont vu le jour. C'est ce que nous avons tenté de faire dans le présent travail.

Bartholomaeus Henrici, ou Barthélemy, fils de Henri, devait à la profession de son pére le nom additionnel de Steinmetz ou le Masson (— maçon). Selon l'usage des humanistes, il traduisit ce dernier en grec et s'appela Barth. Latomus (2). Il naquit à Arlon, vers la fin du

(1) Les principales sont : Gesner, Bibliotheca universalis (Zurich, 1545), fol. 455; Simler, Bibl. collecta a Gesnero in Epitomen redacta et aucta (Zürich, 1574); Henri Pantaleon, Prosopographia illustrium virorum totius Germaniae (Basileae, 1566), t. II, p. 229; Valère André, Bibl. Belgica, p. 406; Goujet, Mémoire histor. et littér. sur le Collège Royal de France, t. Il, p. 148; D. Calmet, Bibliothèque lorraine (Nancy, 1751), p. 861; Nicéron, Mémoires, etc., t. XLII, p. 14; Paquot, Mémoires pour servir à l’hist. littér. des Pays-Bas, éd. in-fol., t. I, p. 156; W. Wiltheim, Disquisitio antiquit. luxemb., Il c., 11, $ 9 (Bibl. roy. de Bruxelles, sect. des manuser., 7146); Chr. Brower, Annales Trevirenses, t. Il, pp. 527, 558, 565, 568, 570, 573; Hontheim, Histor, Trevir. diplomatica, t II, pp. 554 et 699. Ces deux auteurs ont servi de source à J. Marx, Geschichte des Erzstifts Trier, t. MI, p. 499, d’où est extraite la notice de F.-H. Kraus dans l Allgemeine Deutsche Biographie, t. XVIII, p. 14; A. Neyen, Biographie luxembourgeoise, p. 509; Douret, Notice sur les ouvrages composés par les écrivains luxembourgeois dans l' Inst. archéol. de la

prov. de Lux., t. VI, p. 175. (2) Son inscription comme bachelier au registre de la Faculté des Arts de Fribourg est conçue en ces termes : Bartholomaeus Henrici

magister, sous les noms de Bartholomaeus Latomus Arlunensis.

burg im Breisgau (Fribourg, 1857), t. H, p. 195.

lapicidae Arlunensis. L'année suivante il était inserit, en qualité de

V. H. Sehreiber, Geschichte der Albert- Ludwigs Universität zu Frei- mu

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XV* siècle et mourut à Coblence, le 5 janvier 1570. L'an- née de sa naissance ne peut étre exactement établie. La biographie insérée dans la Prosopographia de Henri Pantaléon la place vers 1485; Valére André la suit, mais en supprimant la particule vers. Marx, l'historien de Tréves, croit plus probable qu'il vit le jour vers 1498. Il y a bien certains faits qui militent en faveur de cette opinion : le mot d'adolescentia, appliqué par Latomus à l'époque de sa vie antérieure à 1598 (Advers. Buccerum altera defensio O ij); le terme iuvenis, par lequel Érasme le désigne en 1521 (Epistol. 650); mais d'un autre cóté Dathenus, en 1558, parle de lui comme d'un vieillard ayant un pied dans la tombe, langage qui eadre mieux avec soixante-treize ans qu'avec soixante, et dans l'ouvrage de Pantaléon imprimé en 1536 il est dit encore vivant à Coblence, déjà octogé- naire.

Latomus fit ses premières études dans sa ville natale. Dans la dédicace de son édition du discours pro Caecina (1559), il rappelle à Matthias Held, vice-chancelier de l'Empire, les années qu'ils avaient passées ensemble à l'école d'Arlon (1). Le jeune Held le conduisait souvent dans la maison de son oncle paternel, excellent juriscon- sulte, possesseur d'une riche bibliothéque, dont la vue le remplissait d'admiration et le stimulait au travail (2).

(1) La date de la naissance de Latomus pourrait-étre approxima- tivement établie par celle de Held, mais cette derniére est également inconnue. C'est par erreur que la Biographie nationale, t. VIL, p. 889, fait naitre Held en 1500. Voir la notice plus up de la Allge- meine Deutsche Biographie.

(3) Bibliothecam illius vidi puer una eum essemus, non solum assiduitate ludi litterarii, sed etiam amore coniuncti.

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Nous avons lieu de croire qu’il continua ses études à Trèves. Il se trouvait dans cette ville le jour de Pâques 1519, lorsqu'en présence de l'empereur Maximilien, la relique de la Sainte Robe fut montrée pour la première fois au peuple (1). Était-il déjà à cette époque professeur de latin à Trèves? Goujet prétend qu'il y enseigna tout d'abord, mais Latomus lui-méme désigne Fribourg comme le pre- mier siège de son professorat (2). Il est du reste peu pro- bable qu'il ait enseigné dés 1512, car dans un écrit de 1559, il dit s'étre livré à l'enseignement depuis qua- rante ans, ce qui nous amène à 1519 (3).

En 1514 ou 1515, il alla suivre les cours de la Faculté des Arts à l'Université de Fribourg. Le 98 septembre 1516 il subit avec succès l'examen de bachelier devant six magistri ou docteurs appartenant, comme c'était l'usage à Fribourg, pour une moitié à la tendance des réalistes et pour l'autre à celle des nominalistes (4). A la fin de l'année suivante il surmonta brillamment les épreuves de magister en obtenant la première place parmi dix candidats. Aussi, le 15 janvier 1518, il fut admis dans le corps des maîtres de la Faculté et autorisé en cette qualité à ouvrir des cours

(1) Mazim. defunctus b. ij : Ipse aderam, sacrum celebrabant tempora pascha et dabat aethereas mystica mensa dapes.

(2) Adversus Buccerum defensio altera : cursum iactationemque adolescentiae meae, quam primum Friburgi, deinde Treviris, postea Coloniae in Gymnasiis egi.

(9) De docta simplicitate H. 2. : Quadraginta plus iii tnt studiis operam dedi, exceptis paucis quibus nunc Reipublicae milito. -

(4) Les examinateurs furent : Vominalistes, Mag. Mathieu Zell, M. Henri Klamer et M. Melchior Fatlin ; Aéalistes, M. Albert Krauss, s M. Joh. Caesar, et un troisième pris en dehors du conseil dela Faculté. Voir Schreiber o. c. |

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à l'Université (1). Le 26 décembre 1519 il devint membre du Conseil de la Faculté (2), et il fat élu, l'année suivante, comme régent ou conventor d'une bourse (3). On donnait ce nom aux collèges ou pensionnats dans lesquels les étudiants de Fribourg étaient logés et nourris soit à leurs frais, soit avec les produits d’une fondation (4). Latomus exerçait encore cet emploi, quand Érasme, qu'il connaissait depuis 1515 (5), traversa en 1521 l'Alsace pour se rendre à Bâle. Il l'accompagoa de Strasbourg à Schletstadt, et Érasme, racontant plus tard ce fait au chanoine Marc Laurin de Bruges, fait l'éloge de son esprit et de son affabilité : singulari morum et ingenii dexteritate iuve- nis (6).

Les maitres de la Faculté des Arts étaient, comme nous l'avons dit, divisés selon les tendances ou les voies, viae,

(4) Convocatis Magistris de Consilio 15 die Jan. 1518 sequentes Baccalaurei ad Regentiam seu consortium Magistrorum assumti sunt : Barth. Latomus, Theobald. Bapst, ete. (Extrait des Protocoles de la Fac. des Arts, dans Schreiber o. c.).

(2) 26 Dee. 1519. Concludebatur : M. Theobaldum et M. Latomum assumendos esse in Consilium Facultatis. /bidem.

(5) Mag. Latomus an. 1520 conven torem bursae, uti vocarunt, egit. Note de J.-A. Riegzer, dans Udalrici Zasii Epistolae ad viros aetatis suae doctissimos (Ulm, 1774, p. 512). :

(4) Voir Schreiber o. c., t. I, pp. 56, 44.

(5) Lettre de Lat. à Érasme, Ep. 1285, datée de Paris le 29 juin 1555 : lam vigesimus annus est, opinor, et amplius ex quo primum mihi cognitus fuisti.

(6) Epist. 650 du février 1525 : Inde (Argentorato) Sletstadium me confero comitantibus aliquot, inter quos erat Bartholomaeus Latomus Trevir, singulari morum et ingenii dexteritate juvenis, qui Friburgi moderabatur collegium philosophicum.

PETERS

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en nominalistes et en réalistes. Latomus se trouvait dans la seconde (1). Mais si ces dénominations rappelaient les disputes de l'école, l'humanisme n'en dominait pas moins à Fribourg, et l'on y accordait une large place aux études littéraires, aux exercices poétiques et oratoires, à l'inter- prétation des auteurs latins et grecs. Latomus fit dans ce sens des cours privés ou extraordinaires, s'attirant parfois le reproche d’occuper les heures des cours publies ordi- naires (2), comme aussi on le blàmait de ue pas observer strictement la tenue prescrite par les règlements (5). Les maîtres és arts étant obligés de fréquenter certains cours des autres Facultés (4), il assista à ceux du célèbre juris- consulte Zasius (5). Enfin il s'exerca beaucoup à la poésie latine, fort en honneur à Fribourg, elle avait méme un professeur publie spécial (6). Le fruit de ces exercices furent les premiers ouvrages de Latomus.

En 1519 parut de lui : Imp. Caesar. D. Maximilianus

(1) Electi examinatores die 20 Febr. 1521: In via Realium : Doctor Caspar. Nell, Mag. Joh. Caesar, Mag. Bartholomaeus Latomus Arlu- nensis. Prot. Facult., dans Schreiber, t. H, p. 129.

(2) 25 Aug. 1521. « Barth. Latomum Art. Mag. placuit vocari ad . Universitatem eo quod horam non mutaret ad conclusa Universitatis, ordinariis lectionibus praeiudieantem. » Prot. Univ., dans Schreiber, t. II, p. 195.

(9) 24 Jan. 1521. « Dictum fuit quod Mag. Barth. Latomus et Mag. Gregorius Frauenfeld, studentium praesides et institutores, Byrreta gestant Galeris similia. Placuit quod eis dicatur per pedellum, ut istis Byrretis abstineant similiter et longioribus illis gladiis quibus cingantur. » Prot. Univ., dans Schreiber, t. H, p. 85.

(4) Schreiber, t. II, p. 167.

(5) Dans la lettre qui a été publiée par Riegger (Epist. Zasii, p. 509), il le désigne comme amicus et praeceptor colendissimus.

(6) Schreiber, t. I, p. 69.

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defunctus Bartholomaeo Latomo Arlunen. Germano autore (Augustae Vindelicorum 27 oct. 1519, 17 feuillets non chiffrés in-4° (1). C'est une élégie de trois cent soixante- treize distiques célébrant les vertus et les exploits de Maximilien décédé ; le style est coulant et prend une cou- leur vraiment poétique, quand l'auteur décrit les derniers moments de l'empereur. L'auteur la fait précéder d'une épitre dédicatoire aux princes Charles et Ferdinand, datée de Fribourg, le 8 mai 1519 (2).

C'est aussi de Fribourg, ex Academia nostra, que le premier janvier 4520 il dédia à son ancien élève Jean Louis de Hagen et à Godfroid d’Eltz, chanoines de l'église de Trèves, une lettre en vers, que l'Autriche personnifiée es! supposée adresser à Charles V, pour le prier de se rendre sans retard dans le pays de ses péres : Epistola Austriae ad Carolum Imp. fictitia Barptolomaeo Latomo Arlu- nense (3) authore. Argentinae, Jean Knobloch, novembre 1521 (4), 12 feuillets in-8°. En décrivant l’âge d'or que

RARE PR

(1) Réimprimé dans Schardius, Orationum ac elegiarum in funere illustris. principum Germaniae, t. I, pp. 59-72.

(2) Latomus étant encore un inconnu, son ouvrage est introduit par une lettre de Jacques Spiegel J.-C. au conseiller Jérôme Prunner, écrite à Augsbourg le 15 octobre. Spiegel y déclare avoir fait imprimer cette poésie à cause du sujet traité et de l'élégance des vers.

(9) L'exemplaire de la bibliothèque de l'Université de Liège porte, par suite d'une faute d'impression, ar nense.

(4) Simler, dans son résumé complété de la Bibliothéque de C. Gesner (Zurich 1574), donne par erreur la date de 1527 et fait un léger changement au titre : Epistola Elegiaco carmine Austriae nomine ad Carolum V, Imp. Le faux millésime se retrouve dans Valère André, avec un titre complètement altéré : Elegia de À ustriae nomine. Cette double erreur a été reproduite par tous les biblio- graphes.

( 159 ) fera naître en Allemagne le séjour du nouvel empereur, Latomus s'élève assez vivement contre le luxe de la Cour de Rome et le commerce des indulgences. Une tirade sem- blable se rencontre aussi dans le Maximilianus defunctus (1), mais ces attaques paraissent plus étonnantes dans une épitre adressée directement à Charles V et dédiée à deux chanoines, dont l'un occupa plus tard le siège épiscopal de Trèves et se montra un ardent défenseur de la cause catho- lique (2). Cependant il ne faut pas oublier que les plaintes dont Latomus se fait ici l'écho, formaient un lieu com-

(1) b iiij au verso : Rhoma fidem toties (veniam da Petre) fefellit Quasque dedit populus pro cruce caepit opes. Et male divitias rebus cessisse prophanis Inque ferunt usus sacra abiisse leves.

(2) F. 10 : Tune solium Petri nullis violabile stabat Artibus, externas nil cupiebat opes. Regna levi sumptu Papam moderata ferebant, Pompae aberant, aberat luxuriosa domus. Non famulos totidem Scribasque fovebat inertes . Rhoma, levis vitiis fabula facta suis. Non tibi bis centum tua limina, Petre, tenebant Helvetii, pacis tu tibi tutus eras. Non tibi regales cura ostentare paratus, Tunc sua pontificum gloria Christus erat. -... Pró, perhibent Rhomam venales tradere coelos Vertereque arbitrio limina celsa suo.

Quum volet haec precio claudet, rursumque recludet. Quum volet haec vacuus Juppiter exul eris. Juppiter exul eris, nisi sit tibi Juppiter aurum.

Si venias, ibis tu quoque Christe foras. Pauper eras, pauper genitor, tibi paupera mater Discipulique inopes, i quoque Christe foras.

( 140 ) mun dans les écrits des humanistes de cette époque, et que les partisans de Luther n'étaient pas seuls à les faire entendre.

Peu après il fut appelé à Trèves Il y était en septembre 1522, lorsque Frans de Sickingen leva, avec les chevaliers, l'étendard de la révolte et tenta un coup de main contre la ville. Notre professeur prit lui-même les armes en cette circonstance (1) et fut ainsi témoin oculaire des faits qu'il exposa, l'année suivante, dans un réeit poétique de 1089 hexamétres: Factio memorabilis Francisci ab Siccin- gen cum Trevirorum obsidione, tum exit dem : Barpto- lemaeo Latomo Arluneñ autore. (Apud sanctam Ubiorum Aggrippinam, in aedibus Eucharii Cervicorni, 1595, 20 ff. non chiffrés, petit in-4° (2). Brower en donne de nombreux extraits dans les Annales Trevirenses. M décrit en style pompeux, avec nombreuses réminiscences de Virgile, les forces de l'ennemi, les préparatifs de la défense, le bom- bardement, l'arrivée des secours, la fuite de Sickingen, la prise de son château et sa mort. La liberté de langage que nousavonssignalée dans les précédentes poésies se retrouve encore dans celle-ci. La cause de la sédition est à son avis la haine du peuple contre le clergé (Invidia populi erga

(4) Ipse ego qui placidis fueram sacer ante camoenis Tranquillae pacis, studiorum cultor et oci, Non ulla expertus bella aut Mavortia regna, Exceptis vatum ingeniis elarisque loquentum Librorum pugnis, horrendo corpora ferro Accingor.... (=) Réimprimé dans Schardius, Scriptores rerum Germanicarum, t. II, pp. 1019-1050. :

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clerum), haine provoquée par le faste et l'orgueil dont Rome avait donné l'exemple (1) :

Cetera pars sequitur reliquum dispersa per orbem, Exemplumque ducis proceres turbaeque minores Arripiunt : leges et mercenaria iura

Conduntur, premitur populus, fit iniqua tyrannis Relligio et toto pietas vilescit in orbe.

L'histoire du siége est suivie d'une poésie de quarante et un vers intitulée Bombarda, et dédiée à Jean-Louisde Hagen. L'instrument de destruction y décrit lui-méme ses ravages :

En ego tartareis Bombarda reperta sub umbris Vulcani et durz Telluris filia, flammas Ore gerens, ferro aut duro cavus ære Chylindrus Deicio terras, celsas demolior arces, etc.

Aprés avoir enseigné quelque temps à Tréves, Latomus se rendit à Cologne. Il y composa plusieurs manuels de logique et de rhétorique, et l'on peut en conclure qu'il fut professeur de ces arts. Le 30 septembre 1527 il dédia In Coloniensi Academia, à Jean-Louis de Hagen etau frére de celui-ci, un résumé de la dialectique et de la rhétorique réu- nies dansun méme traité; il lesregardait comme constituant ensemble l'art du discours, dont le but est docere, movere, delectare : Summa totius rationis disserendi, uno eodemque corpore et Dialectices et Rhetorices partes complectens, Bartholomaeo Latomo Arlunensi authore. Coloniae excu- debat Joannes Gymnieus, 1527 (9). Il com posa aussi des notes

(!) Latomus pensait surtout à la cour d'Albert de Mayence, sur laquelle on peut voir l'ouvrage de J. Janssen, Geschichte des deutschen Volkes seit dem Ausgang des Mittelalters, t. Il, pp. 60 et 359. :

(2) Une réimpression datant de 1544 a 112 feuillets non chiffrés, in-8e,

( 142 ) sur la logique de Georges de Trébizonde, qui était généra- lement employée dans les écoles. Jean de Nimégue avait fait paraitre à Cologne une édition corrigée de cette logique avec un commentaire. On y ajouta plus tard les notes de Latomus : elles sont courtes, ne remplissent que dix pages et demie, mais claires et bien appropriées à la matière : Georgii Trapezuntii de re dialectica libellus, ab innu- meris, quibus hactenus scatuit mendis repurgalus una cum scholiis Joannis Noviomagi et Bartholom. Latomi illustratus. Coloniae, Martin. Gymnicus, 1544, 1549. 126 feuillets, petit in-8° non chiffrés (aussi Lyon 1545 in-4°).

n autre traité de dialectique fort estimé était celui de Rodolphe Agricola. Latomus en fit un résumé qu'il dédia le 5 mars 1550 au jurisconsulte Henri Olieslager, et qui parut chez Gymnicus en 1532 : Epitome commentario- rum Dialecticae inventionis Rodolphi Agricolae. Per Bartholomaeum | Latomum Arlunensem. (A97 p. in-8°. Réimprimé en 1534.) Il est divisé en trois livres : de locis, de usu locorum, de movendi et delectandi ratione.

Le professeur appliqua les préceptes de la E à l'interprétation des œuvres oratoires, dans les ouvrages suivants : Oratio Ciceronis pro Milone, expositione artificio et annotationibus illustrata. Coloniae, 1528; et Artificium Dialecticum et Rhetoricum in quatuor prae- clarissimas orationes ex T. Livio et Cicerone. Coloniae, J. Gymnicus, 1539, in-8°.

Nous ne savons si c'est à Cologne ou à Fribourg que Latomus éerivit les notes sur Térence qui furent jointes à l'édition de ce poète publiée en 1559, à Paris, chez Jean de Roigny, in-folio. Ces notes donnent un court argument de chaque scéne, exposent la suite des idées ainsi que les intentions du poète et les artifices du style. Quelques

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(145 ) mots difficiles y sont traduits en allemand (1), d'ou l'on peut conclure que le commentaire n'a pas été fait pour des auditeurs ou des lecteurs francais. Plusieurs de ces notes se retrouvent dans l'édition. variorum de Corn. Schrevelius, Leyde, 1651.

C'est aussi en Allemagne que furent rédigées les notes sur les Paradoxes de Cicéron, qui parurent à Cologne en 1532 (2) et furent souvent réimprimées (5). Dans une édition du traité de Officiis et des autres petits écrits moraux, de 1559, ces notes oecupent huit pages et demie in-8*. Elles se bornent en général à indiquer les noms techniques des arguments et des figures.

Nous trouvons mentionnée dans G. Lizel, Historia poe- larum graecorum Germaniae (Francf. et Lipsiae, 1730), page 32, une poésie greco-latine composée par notre Latomus in orationem Christi passionalem et imprimée, aprés sa mort, à Rostoch, en 1595. Il est à supposer qu'elle à été écrite en Allemagne, mais nous ne l'avons pas vue et ne saurions en indiquer l'époque.

(1) Eun. IV, 4, 16 varia veste, i. e. gedeylt ; v. 22 colore mustelino, flavo, bleychgeel, ad colorem mustelae. Adelph. V, 9, 29 prae manu, vulgo uff die hant. :

(2) Paradoxa cum annotationibus D. Erasmi, additis in margine scholiis B. Latomo autore. Coloniae J. Gymnicus.

(5) Entre autres à Cologne, 1554, 1559; à Paris, 1541, 1545, 1545, 1556; à Bâle, 1547. On les trouve aussi dans M. T. C. Para- doxa ad M. Brutum Audomari Tolaei tario explicata. Lutetiae, C. Stephani, 1551, in-4. Puis avec le traité de Officiis, Lyon, 1535; Paris, 1558, 1541, 1545, 45406, 1550; Francfort, 1545; s. L. (Stras- bourg) 1559,

( 144 )

De Cologne, Latomus partit pour Louvain (1). Melchior Adam (Vitae Germanorum philosophorum, page 158), raconte qu'il y fut le condisciple de Jean Sturm, avec lequel il se lia d'amitié. Or, Sturm demeura à Louvain pendant cinq à six ans, de 1524 à 1529, trois ans comme éléve, et deux comme professeur. Nous savons que Latomus était à Cologne le 30 septembre 1527 et le 5 mars 1550; si l'assertion de M. Adam est vraie, son séjour dans l'Université brabanconne doit étre placé entre ces deux dates ou vers 1523. Mais nous n'avons trouvé aucune trace du séjour de Latomus à Louvain à cette époque. fl est établi au contraire qu'il s'y fit inscrire le 51 juillet 1550 sous le rectorat de Pierre Curtius (2). il y demeura peu de temps; aprés avoir suivi quelques cours, il se rendit à Tréves, il semble avoir été appelé pour enseigner les lettres à l'Université, mais dans des conditions peu avantageuses.

Un certain découragement s'était emparé de lui, mais soutenu par Zasius, son ancien maitre de Fribourg, il se remit avec zèle à l'étude. Nous le voyons par une lettre écrite de Tréves à Zasius en 1530 le jour des Innocents, c'est-à- dire le 28 décembre (3). En janvier 1531, Ferdinand fut

(1) Adv. Buce. alt. def. O ij : cursum iactationemque adolescentiae meae, quam primum Friburgi, deinde Treviris, postea Coloniae in Gymnasiis egi, donec robustior faetus evolavi Lovanium, mox in Galliam atque Italiam. |

(2) H est mentionné comme il suit dans les matrieules de l'Uni- versité: 1550. « Pridie Augusti Bartholomaeus Latomus, Arlonensis, clericus Trevirensis. » Nous ignorons dans : eise sens est pris ici le terme de clericus.

(5) Elle a été publiée par Riegger, Ud. Zasii Epist., p. 509. L'année n'est pas indiquée, mais peut étre facilement fixée. Zasius

( 145 ) couronné comme roi des Romains. Latomus célébra aussitôt cetévénement par un poème, comprenant, d’après C. Gesner, une feuille et demie : Gratulatio in Coronationem Regis Romanorum ad Carolum V Caesarem et Ferdinandum regem, fratres Augustos (1). Mais il ne devait pas longtemps professer à Tréves. Le 15 mars 1551 mourut l'archevéque Richard de Greiffenklau, parent de Louis de Hagen, le protecteur de Latomus. Un personnage influent auprés du nouveau prélat, Jean de Metzenhauzen, élu le 27 mars, était mal disposé pour l'humaniste ; il critiqua vivement le systéme qu'il avait inauguré pour les études latines et rendit fort difficile sa position à l'Université. Latomus se décida donc à prendre le chemin de l'étranger, mais avant de partir, il voulut laisser un souvenir de reconnaissance envers l'évéque décédé, et pour avoir l'occasion de louer ses mérites, il écrivit un discours funèbre, qu'il supposa avoir prononcé lui-même au dôme, le jour des funérailles. ll le fit paraître après son départ et signa ex itinere in Galliam, le 98 juin 1551, la préface à Louis de Hagen,

y est dit avoir sous presse la nouvelle édition de ses Singulares intellectus, qui parut à Fribourg en 1552. La lettre a donc être écrite en 1530 ou en 1531; mais en décembre 1531 Latomus, comme nous verrons, n'était plus à Tréves. Notre humaniste y déplore le dédain qu'on a maintenant pour les études: « dolenda profecto misera et deploranda studiorum conditio, quae eo nunc redacta est, ut intra vilissimarum etiam artium sordes habeatur. » Aussi se serait-il repenti de sa vie passée, si les exhortations de Zasius ne lui avaient donné du courage. « In quo functus es cum praeceptoris tum amici officio, et tua adhortatione ita me obfirmasti ut ab honesto iustituto numquam defecturus sim. » (1) Il nous a été impossible de voir cette pièce. O"* SÉRIE, TOME XIV. 10

( 446 )

il se plaint dela conduite tenue à son égard (1) : Decla- malio funebris in obitum magnanimi et excellentissimi Principis Richardi, Archiepiscopi Treverensis, Bartholo- maeo Latomo Arlunensi autore. Coloniae, apud Joannem Gymnicum. 1531, 12 feuillets in-16° non chiffrés. Le Père Brower en donne de nombreux extraits ; il croit à tort que le discours a été tenu réellement.

Le départ de Latomus devait avoir pour lui les plus heureux résultats. Arrivé à Paris, il entra d'abord en rela- tion avec les savants allemands qui y étaient établis,entre autres avec Jean Sturm. Puis il ne tarda pas à se faire apprécier des lettrés français ; il possédait en effet à un haut degré l'art du style latin, auquel on attachait une $i grande importance; il parlait correctement, écrivait en vers et en prose avec une rare élégance, savait à fond la logique et la rhétorique et pouvait non seulement enseigner la théorie oratoire, mais reconnaitre mieux que personne la nature des arguments, des figures et artifices employés par les écrivains classiques. C'était en un mot un parfait humaniste. Le 15 septembre 1533 nous le voyons installé au Collège S'*-Barbe, dirigé par André Goveau, qui était

(1) Gratiam habeo vobis et tibi imprimis, pro singulari tua in me liberalitate ac beneficentia. Deinde caeteris Treveris meis, qui me omni officio et benignitate prosecuti sunt. Unius hominis invidiam ac malevolentiam in me singularem dissimulare non possum... Detraham illi falsam personam, sub qua latuit, et re ipsa commonstrabo non eum esse qui (ut videri affectavit) sanis studiis ac literis melioribus consultum velit : sed qui omni conatu et libidine obiecerit se meis commodis, ex quibus solis in deplorato Gymnasio spes aliqua futura erat : tum qui omni contentione et acerbitate studia mea ita impugna- verit, ut ea calumniari non sit veritus, quae ab optimo et doctissimo quoque tamquam electa et frugifera ad primae aetatis institutionem uno ore confirmantur.

( 147 )

alors recteur de l'Université. Il lui dédia, à cette date, une édition corrigée de son résumé de la dialectique de Rodolphe Agricola. Elle parut à Paris, chez Fr. Gryphius, en 1554, et fut souvent réimprimée, entre autres à Bâle, en 1556, à Paris, chez Nic. Buffet, en 1542 (93 feuillets non chiffrés, in-8°), à Cologne, chez Cholin, en 1561 (110 pages in-4°).

Une plus brillante destinée attendait notre compatriote. Francois avait résolu, au commencement de 1534, de fonder à cóté des chaires de grec et d'hébreu du Collége Royal, une chaire d'éloquence latine. Budée, tout puissant auprés du Roi pour les questions scientifiques, avait cru reconnaitre en Latomus l'homme le plus capable pour inaugurer ce nouvel enseignement; il le recommanda donc au souverain, et l'humaniste arlonais devint le pre- mier professeur de latin au Collège de France. Sa nomi- nation ne se fit cependant pas sans obstacle; beaucoup de gens criaient au scandale de voir un Allemand appelé à cette chaire, au moment l'Allemagne était infestée par l'hérésie; plusieurs directeurs de colléges étaient hostiles à l'institution méme, ils eroyaient inutile de créer une chaire publique pour l'éloquence latine, enseignée déjà dans leurs établissements, et craignaient méme d'être désertés par leurs éléves (Bulaeus, Historia Universitatis Parisiensis, t. VI, p. 244). L'animosité ne fut cependant pas de longue durée et Latomus put enseigner paisiblement pendant huit ans, devant un grand concours de jeunes gens de diverses nations (1). Il fut seulement inquiété sur la fin de l'année

i TONS. duo putes epa per bets annos in

paonibos habui. Des neuf années indiquées ici, il faut retrancher d m

un àn pour le voyage d'Italie.

( 148 )

13534. Les protestants ou sacramentaires, comme on les appelait alors, ayant placardé des affiches injurieuses pour le roi et les catholiques, le peuple se souleva contre les Allemands de Paris et plusieurs faillirent étre tués, mais uneenquéte prouva que les coupables étaient des Francais, et plus de vingt-quatre furent punis du dernier sup- plice (1).

En prenant possession de sa chaire, il prononca, sur l'étude des lettres, un discours qui fut imprimé la méme année chez Fr. Gryphe (Oratio de studiis humanitatis. Paris, 1534, in-4°). « Il y exposa avec éloquence, dit Goujet, les avantages que l'étude des lettres procure à un royaume, il y entra dans le détail de ceux qu'en avaient retirés les Grecs; les Romains et d'autres nations, déerivit les effets pernicieux de l'ignorance, peignit la barbarie des derniers siècles et finit par un bel éloge de Francois I°% et du savant Budée. » La correspondance d'Érasme contient, au sujet de ce discours, une lettre de Latomus lui-méme; il lui écrit qu'ayant été nominé professeur d'éloquence latine par la recommandation de Budée, il a publié sa harangue pour lui témoigner publiquement sa reconnais- sance.

Le Collége Royal n'ayant pas encore de local spécial, les cours devaient se faire dans d'autres établissements de l'Université. C'est ainsi qu'en 1334 Latomus inaugura son enseignement au Collège de S'*-Barbe, par l'interprétation des Satires et de l'Art poétique d'Horace. Les notes dictées à ce cours nous ont été conservées; un cahier qui les con- tient était venu en la possession de Joseph Scaliger et

(1) Lettre à Érasme, Ep. 1283.

oai D SE RIRE

( 149 )

passa après sa mort dans la bibliothèque de l'Université de Leyde. ll y forme le 75 des manuscrits de Scaliger et porte pour titre : Annotationes in Sermones Horatii et eiusdem de arte poetica, anno 1534, Parrhisiis, calamo excerptae Barptolomæo Latomo Trevirensi in Collegio Barbarae ibidem publice legente (67 feuillets petit in-8°). Le savant bibliothécaire de Leyde, M. le D" du Rieu, a bien voulu mettre ce manuscrit à notre disposition.

Les remarques sur les Satires sont loin de constituer un commentaire continu. Latomus les distribue un peu au hasard ; dans la satire, par exemple, qui raconte le voyage de Brindes, les deux premiéres notes se rapportent aux vers 11 et 12, la troisième au vers 32, alors que les autres vers présentent bien des difficultés. La plupart des remarques qui paraissent propres à Latomus sont du genre des notes sur Térence.

L'Art poétique a été l'objet d'une explication suivie; le professeur s'y est efforcé de ne rien passer qui püt avoir besoin d'éclaireissement. Il s'attache à bien établir la nature des préceptes donnés par Horace, montre la suite des idées, rend compte des expressions et des figures, et fournit les explieations historiques nécessaires, sans se livrer à des digressions inutiles. Mais la critique du texte fait entiérement défaut, l'auteur ne cite pas la moindre variante; les notes grammaticales sont rares et insigni- fiantes; plusieurs interprétations sont empreintes d'une grande naïveté; la signification des mots est donnée par des périphrases manquant souvent de précision ou d'exac- titude ; enfin, le commentateur est plus d'une fois à côté du sens ou se trompe dans des détails d'histoire ou d'anti- quités. Au lieu de citer des exemples, nous préférons donner en appendice le commentaire des quatre-vingts

( 150 ) premiers vers. On pourra se faire ainsi une idée complète de ce qu'était le premier enseignement du latin au Collège de France.

L'année suivante, il ouvrit ses leçons par un discours à la

louange de l’éloquence et de Cicéron (Oratio Bartholomaei

Latomi, professoris regii, Lutetiae, de laudibus eloquentiae

et Ciceronis dicia in Auditorio, cum enarrationem Actio-

num in Verrem auspicaretur. Paris, Gryphius, 1535, in-4°).

« L'orateur, dit Goujet, y montre fort bien le pouvoir que

- l'éloquence a sur tous les esprits et sa nécessité dans toutes

les professions il est question d'arts, de sciences et de

littérature, combien celle de Cicéron était vive, pressante,

supérieure à tous les obstacles, quand il voulait vaincre, et

persuasive quand il ne voulait que persuader. » Le dis-

cours eut un certain retentissement. Quand Jean Oporinus

fit paraître à Bâle,en 1555, son édition avec commentaires

de toutes les œuvres oratoires de Cicéron, il imprima en

tête celte introduction de Latomus. Elle est écrite en effet

en beau latin et peut rivaliser, au point de vue du style, avec les meilleures productions de l’époque.

Comme on le voit par le titre du discours, os avait résolu d'enseigner l'éloquence en expliquant Cicéron. Nous pouvons juger de la nature de sesexplications par les notes qui ont été publiées. Il s'attachait avant tout à faire saisir les particularités du style oratoire, les figures du langage ou de la pensée, la disposition des parties, la nature des arguments. Aujourd'hui, qu'on étudie moins les anciens pour se faire un style que pour pénétrer au fond de leurs peusées, les notes de Latomus paraissent avoir peu de valeur, et l'on comprend que Halm ait pu dire en parlant de son commentaire sur le discours in Vatinium : « Nihil frugi invenimus in hac editione. (Cicer. orat. in Vatin.

A

C1 j superiorum commentariis suisque annotationibus explana- rit Carolus Halm. Lipsiae, 1845, p. 55.) Mais les contem- porains en jugeaient autrement; ils avaient ces notes en grande estime et plusieurs éditeurs s'empressérent de les publier, soit seules, soit avec les scolies d'autres commenta- teurs. Ainsi Francois Gryphe fit paraitre avec arguments et notes marginales de Latomus: en 1554 pro Archia; en 1535 pro Milone; en 1556, les discours pro Deiotaro, pro Liga- rio, pro Marcello, pro Roscio Amerino, pro lege Manilia ; en 1538, pro Coelio, pro Murena. Michel Vascosan édita en 1589, pro Plancio, en 1540, orationes tres ante exilium et

piques. Francois Gryphe ajouta, en 1545, à l'édition des Verrines, une analyse ou partitio faite par Latomus pour chaque discours (1). En 1539, parut à Strasbourg, chez

enarrationibus Bartholomaei Latomi nunc primum aeditis, atque iterum ab ipso autore recognitis et genuino candori restitutis (Petit in-8°, 952 pages. Bibl. Nat. de Paris), avec une dédicace intéressante pour l'histoire intellectuelle d'Ar- lon, datée de Paris, le 1** mai 1539, et adressée, comme nous l'avons déjà dit, au vice-chancelier de l'empire Mathias Held. Plus d'une fois ces notes furent réimprimées, par exemple, à Paris, chez Fr. Gryphe pro Archia, 1536, 1538; pro lege Manilia, 1559; pro Milone, 1537, 1539; pro Ros- cio Amerino, 1551; in Verrem, 1558; chez M. Vasco- san, pro Coelio, 1544; pro Deiotaro, 1547; pro Ligario,

p. 15. Nous n'avons pu les voir.

post reditum; en 1545 pro Quintio, en 1544 les Philip- -

Craton Mylius: M. T. Ciceronis Oratio pro A. Cecinna cum |

(4) Ces éditions sont cité dans l'O ti Tullianum d'Orelli,

( 152 ) 1539 (1), 1542; pro lege Manilia, 1541; pro Marcello, 1556; pro Milone, 1537, 1539, 1541; pro Roscio Amerino, 1541, 1544; in Vatinium, 1560; in Verrem, 1559 (2); chez J. L. Tiletan, pro Marcello, 1539 ; pro Milone, 1559; pro Murena, 1545; in Verrem, 1545; chez Calvarin, en 1550, pro Ligario, lege Manilia, Marcello, Roscio Ame- rino; chez Mathieu David, en 1555, pro Marcello (3); chez Th. Richard, en 1549, pro Roscio Amerino; en 1558 pro Archia et pro lege Manilia; en 1560, pro Ligario (4); en 1565 pro Cecina; en 1564, in Vatinium; chez Th. Brumerius, pro Milone, 1547, pro Murena, 1519; à Cologne, chez Gymnieus, pro Ligario, 1555, 1579; pro Milone, 1544, 1545, 1565; pro Murena, 1540, 1545, 1565, etc. Enfin, le grand recueil de commentaires sur les discours de Cicéron, qu'Oporinus fit paraitreà Bàle en 1553 Lyon 1574), renferme toutes les explications citées. À

(1) M. Tul. Ciceronis orationes tres ad C. Caesarem pro M. Mar- cello, pro Q. Ligario, pro Deiotaro Rege, Eruditissimis lucubrationibus Francisci Sylvii, Bartholomaei Latomi, Philippi Melanchthonis et Antonii Luschi illustratae, Parisiis, ex officina Michaelis Vascosani. 1559, 67 feuillets in-4*.

(2) M. T. Ciceronis Actionum in Verrem libri quatuor priores, Q. Asconii Paediani et Francisci Sylvii commentariis, Christophori Hegendorphini artificio et Bartholomaei Latomi Partitionibus explicati. Parisiis, apud Michaelem Vascosanum. 1559, in-4°, 528 pages.

(9) M. T. Ciceronis pro Marcello oratio Fr. Sylvii commentariis, argumentis et annotationibus Bart. Latomi etc. illustrata. Parisiis ex ly p. Matthaei Davidis, 1555, in-4*,

(4) pro Archia Fr. Sylvii comm. Barth. Latomi annotatiunculis... illustrata pro lege Manilia F. Sylvii, Jac. Omphelii, Ant. Luschi comment. et Barpt. Latomi artificio Rhetorico illustrata. pro Ligario F. Sylvii comm, et Barpt. Latomi artificio Rhelorico explicata.

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( 155 ) l'exception des notes sur les discours pro Cecina, pro Plancio et sur la seconde Philippique, qui ont plus d'éten- due, elles se bornent pour la plupart à indiquer ce que l'on appelait l'artificium rhetoricum, ou sont de courts arguments marginaux.

Parfois Latomus prenait pour texte de ses lecons une œuvre de rhétorique de l'orateur romain. Ainsi, pendant l'hiver de 1557, il expliqua les Topiques. Le 1‘ juin 1558, il dédia ses notes sur ce traité à Jean Morin, président du Collége de Navarre, et les fit imprimer à Strasbourg chez Craton Mylius, elles parurent au mois de mars 1539 (127 pages petit in-8). Elles obtinrent un grand succès, comme le prouvent les nombreuses réimpressions; nous trouvons mentionnées les suivantes dans divers cata- logues : Paris, Fr. Gryphe, 1559 et 1540, in-4^, Bàle 1541; avec d'autres commentaires : Paris, Tiletan 1545, 1546, in-4°, Palierius, 1542, in-4°, Richard, 1549, 1554, 1557, 1561, in-4*, Vascosan, 1554, in-4°.

L'année suivante, il avait préparé et en partie copié pour l'impression des Enarrationes in Ciceronis Partitiones ora- torias, lorsqu'il entreprit le voyage d'Italie. Pierre Galand, désigné pour le remplacer pendant son absence, se chargea à sa demande de la revision de l’œuvre et en surveilla la publication. Elle parut à Paris chez Fr. Gryphius en 1559, in-4°, fut réimprimée en 1545, ainsi que chez Tiletan en 1545, chez Richard en 1549, 4555 et 1558, à Lyon en 1541 et 1545, à Cologne en 1547 et 1558. Latomus y expliquait le texte par de nombreux exemples choisis d'ordinaire dans les discours mémes de l'auteur, et parfois aussi dans Virgile ou Horace. ll a fréquemment recours

. aux autres écrits de Cicéron, ainsi qu'à Aristote, à Quin-

tilien et à Agricola. En un endroit, il corrige avec bonheur

( 154 ) la lecon recue. Les notes, d'abord assez étendues, dimi- nuent vers la fin.

On le voit, l'activité littéraire à Paris du professeur belge fut assez considérable. 11 ne négligea pas non plus de cultiver la poésie et de faire sa cour en vers aux grands personnages. A la fin de 1536, il composa un poème sur un sujet qui avait déjà exercé sa verve et l'envoya comme étrenne au roi Francois 1°, dans un magnifique exemplaire sur vélin, qui se trouve actuellement à la Bibliothèque de l'Arsenal (1). Elle a pour titre : Ad Christianissimum Galliarum regem Franciscum Bartholomaei Latomi pro- fessoris eius in bonis litteris Lutetiae Bombarda. Franc. Gryphius excudebat ann. M.D.XXXVI Mense Decembri, Lutetiae (11 feuillets). Il y rappelle qu'il a vu lui-même à Trèves les effets terribles de la bombarde, en décrit la puissance, trace le tableau des victoires de Francois I" et termine par le vœu patriotique de voir le roi, récon- cilié avec l'empereur, s'unir avec lui pour combattre les Turcs (2). La guerre aux Turcs était encore un lieu com-

(1) Nous devons à l'obligeance de M. Parmentier, professeur agrégé et ancien élève de l'école normale des humanités, la description de cette piéce et plusieurs autres détails bibliographiques sur les ouvrages de Latomus qui se trouvent à Paris. Nous ne savons Si c’est le méme exemplaire qui est mentionné dans Brunet, Manuel du libraire, t. HI.

(2

At vos, o Superi, tantos avertite luctus, Praecipitesque inhibite minas, miserescite gentis Christicolae......

Sit satis immanem multo vix robore Turcam Quod ferimus, nostrisque minantem arcemus ab oris.

SEDE E RT NRI RR

PART An TN T E

PR SRE M ciens REOR E T E RO SES SIS TRIS CABOS Y v "RS bipes: =

( 459 ) mun des humanistes de ce temps; mais il est assez piquant de la voir conseiller au roi au moment méme il était leur secret allié.

Un exemplaire sur papier du méme poème à la Biblio- théque Nationale annonce de plus sur la feuille du titre eiusdem ad Cardinalem Bellaium episc. Parisiensem Ele- giacon; mais cette dernière poésie n'est pas dans le volume. Elle y manquait probablement déjà en 1750, comme semble l'indiquer la mention de piéce dans le catalogue de la Bibl. du Roi, t. I, p. 369, 9555.

Enfin Latomus ne négligea pas sans doute de recom- mander en vers, selon l'usage, les nouveaux livres de ses amis. Gruter, dans les Deliciae poet. Belgicorum, t. M, p. 57, insère l'éloge poétique qu'il fit des hymnes de Sal- monius Macrinus, qui parurent à Paris en 1557. Ce sont les seuls vers de notre écrivain que Gruter ait admis dans son recueil; il aurait pu se montrer plus généreux.

En 1539, Latomus obtint un congé et peut-être aussi

. un subside pour aller visiter l'Italie. En décembre, il était

. à Venise et peu après à Bologne. Il s'arréta quelque temps 1 dans cette dernière ville, pour faire des études de droit . €ivil, et c'est probablement qu'il reçut le grade de legum . doctor, dont nous le voyons orné dans la suite. C'est de - Bologne aussi que, le 9 février 1540, il adressa à son ami . Jean Sturm, alors directeur du gymnase de Strasbourg, [une longue lettre sur les dissensions en Allemagne et la 3 nécessité de maintenir la paix pour lutter contre les Turcs. . Une guerre civile entre les deux partis aurait les consé-

quences les plus funestes : si le parti évangélique triomphe, il est bien à craindre que tout ne soit pas réglé conformé- ment à l'Évangile; si la victoire appartient en ce moment

( 156 )

aux catholiques, tout espoir de réforme est perdu, et il aurait mieux valu ne pas commencer le mouvement que de le voir arrêté avant qu’un sage et libre concile ait pu décider de la querelle (4). Sturm répondit longuement à cette lettre le 31 mai, en exposant les griefs des réfor- més et en protestant de leur amour pour la paix. Puis jugeant la publication des deux écrits utile à sa cause, il les fit imprimer encore la même année sous ce titre : Epistolae duorum amicorum Bartholomaei Latomi et Joannis Sturmii de dissidio periculoque Germaniae et per quos stat quominus concordiae ratio inter partes inea- tur. Strasbourg, 1540; seconde édition en 1567. La lettre de Latomus comprend quinze pages, celle de Sturm, vingt el une.

A son retour d'Italie, Latomus s'arréta quelque temps à Strasbourg, fêté par les humanistes de l'endroit et fréquen- tant familiérement aussi les professeurs du séminaire pro- testant, Capiton, Hédion et Bucer(9). Il semble s'étretrouvé dans la ville alsacienne dés le commencement de juillet, car il accompagna les Strasbourgeois à la conférence de Hagenau, comme il parait résulter d'un écrit du chanoine Grópper, à Cologne (1545), invoquant le témoignage de

——

(4) Quis finis omnino futurus est cum in hane vel illam partem fortuna inelinaverit? Vicerint Evangelici, metuo tamen ne non omnia protinus evangelica futura sint. Ecclesiastici vicerint: hie vero quan- tum spei occiderit, ut mihi satius millies videatur, nullam unquam querelam motam fuisse, quam abrupta iam infraetaque animorum intentione, causam tantam... aut indecisam reiici, aut non liberrimo sapientissimoque concilio definiri.

(2) Scripta duo adversaria.

( 157 ) Latomus au sujet d'un entretien qu'il y eut avec Bucer et auquel, il le dit, avoir assisté (1).

Revenu à Paris, il y prononca, au mois d'octobre 1540, un discours dans lequel il fit la relation de son voyage (Oratio Lutetiae in auditorio regio dicta mense octobri 1540, qua peregrinalionem suam per lialiam describit. Paris.

. 8p. Fr. Gryphium, in-#. Nous avons cherché en vain à

nous le procurer). Il continua ensuite son enseignement et rendit en méme temps des services de secrétaire auprés du cardinal de Bellay, lorsque son ancien protecteur Louis de Hagen fut appelé à l'archevéché de Tréves et fit des offres à Latomus pour l'attacher à sa personne.

Ayant accepté la proposition de l’évêque, il fut nommé son Conseiller, au commencement de 1542 (2), s'éta- blit à Coblence, et s'y maria, peu après, avec Anna Zie-

. glins (3). Dans une lettre adressée le jour de l'Ascension

(18 mai) 1549, au cardinal de Bellay, il annonce son mariage comme ayant eu lieu peu auparavant, s'excuse de ne pouvoir revenir en France et recommande Pierre Galand pour le remplacer auprès du prélat (4). C'est à tort

. que Brower place le retour de Latomus à Trèves en 1540

(1) Voir le passage dans Dr Pastor, Die Kirchlichen Revisionsbe-

w Strebungen während der Regierung Karels V. Freiburg, 1879, p. 258.

(2) Gesta Trevirorum, dans de Hontheim, Prodromus historiae Trevirensis, t. I, p. 866.

(S) Diplôme du 47 avril 1544, dans de Hontheim, Historia Trevi- rensis diplomatica, t. I, p. 694.

(4) Biblioth. Nation. de Paris, sect. des manuser., Fonds latin, 1587, fe 67 : Uxorem duxi his proximis diebus Confluentiae, et nune eo loco sum ut videar non posse redire in Galliam.

( 158 ) et qu'il le fait assister, à la fin de cette année, au premier colloque de Worms, en confondant ce colloque avec la conférence de 1557 (1).

Les historiens de Tréves louent le zéle et la capacité déployés par Latomus dans ses nouvelles fonctions, et affirment qu'il rendit au prince les services les plus signa- lés. Dans les querelles religieuses qui agitaient l'Allemagne, il prit, comme son maitre, résolument le parti des catho- liques et mit en œuvre pour le défendre tout son talent d'écrivain (2). Il n'intervint cependant pas spontanément dans les disputes théologiques; il y fut en quelque sorte provoqué et s'y trouva engagé malgré lui par la force des circonstances. Les réformateurs le croyaient d'abord favo- rable à leur cause. Il était lié d'amitié avec plusieurs d'entre eux et avait attaqué plus d'un abus dans ses écrits. Peut-être méme avaient-ils espéré de le voir déterminer l'Electeur de Tréves à suivre l'exemple de Herman von Wied, qui avait résolu d'introduire la réforme dans son diocèse de Cologne et appelé dans ce but Bucer de Stras- bourg. Mais leur espoir fut bientót décu. Le conseiller de

(1) Annales Trevirenses, t. I, p. 368. Voir plus loin les détails sur le dernier colloque de Worms.

(2) Brow. Ann. Trev., t. I, p. 527 : munus Senatoris constantis e catholici magna pariter et integritatis et eruditionis laude dum vixit in hac Dioecesi implevit; ibid. 565 : Magna sane et eximia Joh. tudor. ue ecco virum in Ecclesiam suam ornamenta contulit, e q presidio, per id tem- pus admirandae, res entholiva, quae tum a vicinis hostibus acerrime oppugnabatur, fortiter, strenueque multos annos defensa stetit. Voir aussi Marz, o. c.

E TES EEEN?

( 459 ) Jean-Louis manifesta des idées bien différentes et blàma ouvertement les innovations de l'archevéque de Cologne. Bucer l'apprit pendant qu'il préchait à Bonn et lui exprima sa surprise et son mécontentement dans une longue lettre datée de cette ville, le 15 juin 1545. La lettre était accom- pagnée d'un écrit de Melanchthon sur les questions en litige. Bucer invitait son ami à le lire et à lui écrire ce qu'il trouverait à y répondre. Ainsi mis en demeure, Latomus motiva ses opinions dans une épitre détaillée, datée de Coblence le 12 juillet 1545; aprés s'étre excusé d'aborder, lui simple laïque, une discussion théologique, il soutient la doctrine eatholique sur la communion sous les deux espéces, l'invocation des saints, le célibat des prétres, l'autorité de l'Écriture et celle de l'Église. Une copie de sa lettre circula quelque temps parmi les partisans de la foi ancienne et fut imprimée à son insu à Cologne. Bucer entreprit alors de la réfuter en détail et fit paraître sa réponse, avec la lettre de Latomus, à la fin de mars de l'année suivante, dans : Scripta duo adversaria D. Bartholomaei Latomi legum doctoris et Martini Buceri theologi... Argentorati, Wendelin Rihel, 1544, 262 pages in-4°. L'écrit de Lato- mus y occupe les pages neuf à vingt-huit; celui de Bucer remplit le reste du volume. L'étendue de ce dernier ouvrage, la quantité de faits qui y étaient allégués, ren- daient une réplique nécessaire. Latomus demanda et obtint un congé pour s'y livrer à loisir. Le 7 septembre elle était lerminée et elle parut sous ce titre, avec une dédicace à l'Électeur : Bartholomaei Latomi adversus Martinum Buc- cerum de controversiis quibusdam ad religionem pertinen- libus altera plenaque defensio. Coloniae, Melchior Neus, 1545, 144 feuillets non chiffrés, in-4°. Cet ouvrage se :

SE c op e EOD

160 ) distingue par l'élégance du style et la force de l'argumen- tation. Il s'y trouve un passage important pour l'histoire de l'écrivain O ij.

L'attitude prise par Latomus dans cette discussion le confirma dans les bonnes grâces de l’évêque. Celui-ci lui montra sa satisfaction en accordant, par diplóme du 7 avril 1544 (1), comme demeure viagére à lui et à sa femme, la Cour électorale à Coblence, dans le voisinage de l'église de S'-Florent, maison que de Hontheim dit avoir occupée comme official à partir de 1758, et qui sert maintenant de presbytère au curé de Notre-Dame (2). Latomus y avail déjà demeuré antérieurement et y avait fait des pant: tions (5).

Il accompagna l'icdhitapd en 1544 et en 1545 aux diétes de Spire et de Worms, et fut envoyé, comme audi- teur catholique, au colloque sur les affaires religieuses tenu au commencement de 1546 à Ratisbonne. Les théo- logiens protestants ayant quitté brusquement la conférence le 20 mars, il en résulta une polémique entre les deux partis sur les causes de leur départ. Latomus rédigea une relation allemande de tout ce qui s'était passé, et la fit paraître peu après, mais sans y mettre son nom : Hand-

(4) Le texte du diplôme se trouve dans Hontheim, Hist. dipl., t. ll, p. 694. Latomus y est qualifié comme hochgelehrter, unser Rath und liebe getreuwe Doctor.

(2) Voir Marx, o. c.

(5) La cession est faite en partie pour le dédommager des frais, et en partie par considération pour le service utile et agréable qu'il a rendu à l'Electeur.

( 161 ) lungen des Colloquiums zu Regenspurg (1). Le Codex miscellaneus 47457-50 de la Bibliothèque royale de Bruxelles, section des manuscrits, contient un résumé de la lettre que Latomus écrivit sur ces faits à ses amis, à la date du 2 avril.

Le 25 mars 1547 il eut la douleur de perdre son ancien protecteur, Jean-Louis de Hagen. Mais cet événement n’amena aucun changement dans son existence; les élec- leurs suivants lui continuèrent leur confiance. S'il faut ajouter foi à Paquot, Charles V, à la recommandation de Viglius, lui donna, en 1548, le rang de conseiller à la Chambre impériale de Spire. Pendant les années qui suivent, on n'entend plus parler de lui, mais au mois de septembre 1557, il reparait au dernier colloque religieux. de Worms. Cette conférence échoua, comme on sait, grâce à la désunion qui régnait dans le camp des protestants (2). La discussion devait avoir lieu entre les catholiques et les partisans de la confession d'Augsbourg, mais les réformés ne parvenaient pas à s'entendre sur l'étendue de cette confession. |

Les théologiens luthériens du duché de Saxe et de Brunswick prétendirent en exclure les adhérents de Calvin, d'Osiander et d'autres dissidents; ils partirent quand ils ne purent faire prévaloir leur opinion. Les interlocuteurs catholiques refusèrent dés lors de continuer la discussion, ignorant, disaient-ils, quels étaient les vrais partisans de la

(4) L. Pastor o. c., p. 325, note 2,

(2) Ranke, Zur Deutschen Geschichte vom Religionsfrieden bis

zum dreissigjährigen Krieg. OEuvres sus t. VII, + 59. | 9"* SÉRIE, TOME XIV. 11

( 162 ) confession et ne sachant plus avec qui ils avaient à traiter. La conférence fut ainsi levée, mais avant de quitter Worms, les calvinistes y firent paraître un éerit ils aceusèrent les catholiques d'avoir amené la rupture des négociations, et soutenaient que leurs doctrines étaient comprises dans la confession d'Augsbourg. Latomus rétablit les faits dans un opuscule allemand, rédigé sous forme de dialogue, dans un slyle clair et incisif. Il est intitulé : Spaltung der Auspurgischen Confession durch die newen und streitigen Theologen mit kurtzer Widerlegung der unbestendigen lehre derselben... Auch welche Parthey die Trennung des angestelten Colloquii zu Wormbs verursacht habe, 1557. 40 feuillets non chiffrés in-4^, sans nom d'imprimeur (Bibliothéque royale de Munich).

La question était de la plus haute importance pour les calvinistes flamands réfugiés alors en Allemagne et peu certains d'y trouver un asile. C'est pourquoi Dathenus, lors du congrès des princes à Francfort, se décida à ébran- ler l'effet de la dialectique de Latomus et le combattit dans une brochure latine : Ad Bartholomaei Latomi rheto- ris calumnias responsio. Ce titre seul montre le ton dans lequel l'opuscule était écrit; le conseiller de Tréves y est apostrophé comme calomniateur, menteur, impie, rhé- teur, etc. Il répondit avec non moins de vivacité : Respon- sio Bartholomaei Latomi ad impudentissima convitia et calumnias Petri Dathaeni. Scripta Franckfordiae in Con- ventu Caesaris et Principum Electorum Imperii, Mense Martis anno 1558, 11 feuillets in-4*, non chiffrés (Biblio- thèque royale de Munich). `

L'année suivante il erut devoir rompre une lance avec

un nouvel adversaire. Une discussion s'était élevée entre

P REMIT IRAE AM Er TS S

( 465 )

Jean Brentz et Mathias Bredenbach, recteur du gymnase, alors trés florissant, d'Emmerich. Le débat portait sur la messe et la communion, la question brülante du jour. Jacques Andreae, pasteur protestant de Góppingen, vint au secours de Brentz dans un Hyperaspistes ; il s'y éleva vive- ment contre un passage de la réponse de Latomus à Bucer, l'ancien professeur de Paris avait employé le mot rudis pour caractériser la simplicité des institutions primitives de l'Église. Andreae qualifiait cette expression de blas- phéme et appliquait au docteur Latomus le dicton : juristen böse Christen. Ainsi pris à partie, Latomus intervint dans le débat par l'opuscule intitulé : De docta simplicitate pri- mae Ecclesiae et de usu calicis in Synaxi et de Eucharis- lico sacrificio, adversus petulantem insultationem Jacobi Andreae, pastoris Góppingensis, Barth. Latomi responsio. Coloniae, apud Maternum Cholinum, 1559, 35 feuillets non chiffrés. Un curieux passage de cet écrit est celui le grave conseiller reproche à son adversaire d'avoir préché à Worms, lors de la conférence de 1557, en habit de cour, le couteau de chasse au cóté. Brower l'a reproduit dans ses Annales.

Peu aprés parut la réplique de Dathenus à la réponse qu'il avait recue deux ans auparavant : Ad Bartholomaei Latomi calumnias responsio altera. Latomus y recoit les épithètes d'idolàtre, flatteur et parasite; mais il n'était pas homme à se taire. Il reprend donc la plume, oppose aux accusations de son adversaire un tableau de sa vie passée, et combat les idées de Dathenus sur l'autorité de l'Écriture et le caractère de l'Église : Ad furiosas Petri Datheni cri- minaliones falsasque et absurdas eiusdem de Verbo Dei, et Scriptura, item de Ecclesia Catholica eiusdemque commu-

( 164 )

nione sententias, interiectis interim et aliis controversae Religionis locis Barth. Latomi altera responsio. Coloniae, apud Maternum Cholinum, 1560, 88 feuillets in-8° non chiffrés (Bibliothèque royale de Munich). Dathenus avait raillé la vieillesse du conseiller, qui avait déjà, selon son expression, un pied dans la fosse. Latomus se déclare prèt pourtant à recommencer la dispute, quand son antagoniste le désirera : nunc si quid amplius delectat te, fac pericu- lum, efficiam quantum potero ne cum fungo tibi aut stipite negotium fuisse videatur. Mais la querelle en resta là, et Latomus put passer dans le repos le reste de ses jours.

Lorsqu'en 1569 l'évéque Jacques d'Eltz réforma sa cour de justice, Latomus obtint, malgré son grand âge, le pre- mier rang aprés le chancelier Wimpheling et fut méme placé au-dessus des conseillers de l'ordre équestre (1). Il ne jouit pas longtemps de ce nouvel honneur et mourut à Coblence, le 5 janvier 1570 (2).

Le personnage dont nous venons d'esquisser la vie et es travaux passait de son vivant pour un des hommes les plus savants de l'époque (3). Cependant il n'a guère laissé de traces; ses écrits sont aujourd'hui rares et oubliés, quelques-uns semblent méme avoir completement disparu.

(4) Honth. Hist. Tr. dipl., t. II, p. 554.

(2) Ibid.

(3) On lit dans la Prosopographia de Pantaléon : magnum sibi nomen comparavit et talis evasit ut inter viros doctissimos recense- retur. Guicciardin (Description des Pays-Bas. Anvers, 1582, p. 457), dit en parlant d'Arlon : « De ce lieu fut natif Barthélemy Latomus ou le macon) bien versé en toutes sciences et qui a escrit beaucoup d'œuvres excellentes. »

( 165 )

Dans le domaine de la philologie, qu'il a particuliérement cultivé, il a été bientót dépassé. Le cours sur l'Art poétique professé par le Hollandais Nannius au Collége des Trois Langues de Louvain, peu de temps aprés que l'humaniste d'Arlon interprétait le méme ouvrage au Collége Sainte- Barbe, a été publié par Valére André (1), d'aprés un cahier d'éléve qu'il tenait d'André Schott. Si l'on compare les deux cours, on reconnait dans le second une exactitude bien plus grande, une connaissance plus profonde de la langue et de l'antiquité, et surtout l'esprit scientifique qui marquera les œuvres de la génération suivante et qui a fait dire à Juste Lipse que Nannius avait le premier allumé le feu sacré à Louvain : Petrus Nannius qui primus ibi honestum ignem accenderat (2). Le progrés est encore plus sensible dans le commentaire à moitié critique de Lambin, qui occupa, une vingtaine d'années plus tard, la chaire d'éloquence latine inaugurée par Latomus. Mais si notre humaniste ne fut pas un initiateur, sa place n'en est pas moins marquée dans l'histoire littéraire de la première moitié du XVI* siécle, et au moment la Biographie nationale va l'accueillir, il nous a paru utile de le faire connaitre avec plus de détails que ne le comportent les notices nécessairement restreintes de ce recueil.

(1) Derrière l'Horace de Torrentius, Anvers, 1608. Nannius enseigna le latin, au Collège des Trois Langues, de 1539 à 1547. Il prit possession de sa chaire le 1er février 4539 par un discours sur l'Art poétique d'Horace. Il expliqua done cet ouvrage dés la première année de son professorat. Voir F. Nève. Mémoire historique et litté- raire sur le Collège des Trois- Langues, p. 150.

(2) Epist. Miscell., c. ML, 87. i

( 166 )

APPENDICE.

Annotationes Bartolomaei Latomi in Horatii Artem poeticam, vs. 1-82. ARGUMENTUM.

Florente imperio Populi Romani sub Augusto principe, cum simul florerent ingenia, honosque esset poetis, multi poemata

scribebant non tam quod possent seribere, quam ut se osten-

tarent. Itaque adductus Horatius vel sponte sua, vel ut gratifi- caretur Pisonibus, scripsit hunc libellum de Arte poetica, in quo docet quid observandum sit in condendo poemate, et unde materia petenda, tum quae adhibenda cura et diligentia : reprehendens interim vitia et ineptam ostentationem suæ elatis multorum, qui nullis ingeniis, nullaque arte freti, rem paucis concessam indigne tractabant. Primum igitur de corpore totius poematis praecipit, et de verbis in universum. Deindc subtexit particularia praecepta, et digerit in varias officii partes.

HUMANO CAPITI. PRIMUM PRECEPTUM, DE CONYENIENTIA TOTIUS í OPERIS ET PARTIUM INTER SE.

Humano capiti.

Monstro simile erit poema quod non omnibus partibus et inter se el cum toto conveniet,ut unum quodammodo efficiat corpus. Hæc est summa totius huius opusculi. Primum autem præcipere videtur de dispositione et convenientia et dxoAouQíz poematis et carminis. Humano, A similitudine incipit, qua rem

I IAE ONEEN E em m

( 407 ) declarat. O amici admissi spectatum, scilicet in theatrum ad spectandum, ut spectetis. Est supinum. Teneatis, possitis tenere. Collatis, aliunde sumptis, ut conferre sepem, i. e. sumere undique. Desinat in piscem,i. e. in monstrum : hoc autem cum dicit, respicit ad Sirenes. Cervicem, collum. Tem- poribus Ciceronis iu singulari erat inauditum, dicebantque cervices, quia duo semper sunt colla. Hortensius autem primus legit cervicem, ut notant Quintilianus et Aulus Gellius. Varias, diversi coloris avium plumas. Undique, i. e. aliunde ex variis animalibus sumptis.

Pisones. Ad Pisones, patrem et filios, scribit, doctos ea ætate homines et poeticæ studiosos, ex gente Calphurnia, quae fuit nobilissima apud Romanos.

Credite. Aecommodatio similitudinis ad propositum. Tabule,

i. e. picturæ. Fore librum, i. e. poema. Vane, inepte.

Velut ægri. Ægris variæ occurrunt species propter valetu- dinis perturbationem. Est igitur apta comparatio. Fingentur, v sc. a poeta. Vane, i. e. non cohærentes, more somniorum ægri, qui non cohærent inter se. Uni forma, i. e. cert; speciei.

Pictoribus. Occurrit obiectioni et concedit fictis eatenus utendum esse in poemate, quatenus congruant inter se et a i summa totius non abhorreant. Eadem præcipiunt rhetores d deberi fieri in narratione, ut ostendit Rodolphus in 2? libro. Pictoribus atque, subaudiatur dicat aliquis.

Scimus ete. Respondet Horatius. Veniam, i. e. licentiam fingendi quivis, modo sint apta. Petimusque, sub. tanquam nos etiam poet. Damusque, sc. tanquam censores et eritici aliorum poematum. Sed non, sc. concedimus. ^

Non ut serpentes. Hæc allegoricos dicuntur et intelligenda - de partibus poematis. Tigrihus, i. e. animalibus efferatissimis. A gni, sc. qui sunt mansuetissimi. E ^

:

( 168 )

INCEPTIS GRAVIBUS. SECUNDUM PRECEPTUM. DE DIGRESSIONIBUS FACIENDIS IN ALIQUO OPERE.

Inceptis gravibus.

Vetat ab extraneis rebus ornatum intempestivum petendum esse, ne alio evadat oratio quam institutum sit. Inceptis, i. e. operibus et exordiis operum, quæ præ se ferunt magni aliquid. Magna professis, i. e. præ se ferentibus et pollicitan- tibus. Assuitur, i. e. attexitur, sc. a vitiosis poetis. Allegoricos antem hæc dicuntur. Pannus, est fragmentum. Purpureus pannus, i. e. purpura que multum splendet. Lucus, sylva sacra. Pluvius arcus, i. e. Iris, cum describitur per digressio- nem, sed parum aptam et intempestivam, et per quam rece- dunt plerumque ab instituto, eius obliti instituti, Sed nunc, i. e. in hoe opere quod instituis.

Scis simulare. Facit eiusmodi poetam imperito pictori similem, qui nihil praeter cupressum pingere noverat. Ad hunc igitur eum aliquando naufragus venisset et petisset ut casum suum exprimeret, interrogavit ille, num et de cupresso aliquid addi vellet: quse res postea in iocum et proverbium abiit, eum rem intempestivam et ineptam significare vellet. Scis simu- lare, i. e. pingere et nil aliud; id est quaeris locum amæniorem qui nil faciat ad propositum tuum, in quem per digressionem eas. Enatat, i, e. evadit, emergit. Exspes, i. e. sine aliqua spe. Ære dato, i. e. pretio. Amphora cepit. Loquitur &Xnyoptx06 de poeta, ducta similitudine a figulis, qui in rota fingunt vasa currente. Sensus est: cum a magnis incipias, turpe est te desinere in minima.

Denique sit, Vetat ne diversæ misceantur res in poemate, sed unius argumenti tractatione unum tanquam corpus effi- ciatur : nam vitiosum erit, si, cum de Oreste fabulam insti- tueris, ad Ipbigeniam sororem eius dilabaris. Possunt tamen

4

| | | |

ERR RE ro e DI S UE ge 1 crate

( 169 )

duo negotia simul tractari, si non misceantur inter se, sed perspieuo ordine alterum separatim ab altero per vices describatur, ut in Andria et Adelphis Terentii, quce sunt duplicis argumenti. Denique sit quodvis, sc. poema. Simplex, i. e. non pannosum et citra ineptas digressiones in locos com- munes : nec ita desinas et perficias tuam compositionem humiliter, cum in propositione magna pollicitus sis. Hactenus praecepit de inconvenientia, iam de genere elocutionis.

MAXIMA PARS VATUM. TERTIUM PRÆCEPTUM. DE ELOCUTIONE. Maxima.

Genus elocutionis aptum adhibendum est, ut neque brevitas obscuritatem pariat, neque effusa explanatio languorem, neque tumorem magnitudo, neque fastidium humilitas, neque affec- tata varietas absurditatem Cum enim hæc vitia propinqua sint virtutibus, facile in his aberrant imperiti, et culpam vitantes in eandem incidunt. Alloquitur autem Pisones. Specie, i. e. imagine, hoc est, fallimur recto iudicio, non possumus rectum iudicare in poemate : non possumus iustam formam consti- tuere in poemate aliquo, ut simus aut breves, aut prolixi.

Brevis esse, se. in explanando poemate. Obscurus fio, i. e. multa omitto et non intelligor. JVervi deficiunt, i. e. vires et animi, spiritus. Alludit ad currentes, qui amittunt spiritum. Levia, i. e. copiosa, effusa et prolixitatem. Turget, i. e. inflatur, ut fit in tragædiis.

Serpit humi. Alludit ad navigantes, qui tempestatem metuentes terram premunt. Tutus, cautus. Timidus procella, i. e. qui timet ne fiat turgidus.

Qui variare. Sicut pictura coloribus, ita poema verborum et sententiarum figuris variandum est, in quo cavendum est ne id affectate et præter decorum faciamus, alioqui absurdi et inepti erimus : nam id est delphinum sylvis et fluctibus aprum appingcre. Variare, rem unam, aliquam, ornare,

( 170 ) expolire : quod solet fieri apud oratores expolitione. Prodi- gialiter, i. e. mirabiliter, sc, ut videatur mira illi inesse elo- quentia. Appingit, sub. tanquam pictor ineptus. Dicitur autem &hAnyoptxws pro eo quod est, facit orationem absurdam et prodigiosam. In vitium, se. contrarium. Eniowvnuatixwg hoc subiungitur.

Æmilium circa. Non satis est poema una atque altera parte elaboratum esse per elocutionem elegantem, sed oportet vir- tutibus elocutionis totum æquabiliter esse perfectum, quod declarat per similitudinem Z2Xvyog:x. nam loquitur de fabro ærario, intelligens poetam.

mus, i. e. in ima parte eius loci habitans cirea Lucium - Æmilium gladiatorem (1). Apparet autem in eo loco multos habitasse fabros, quia dieit imus. Non est autem proprium nomen viri, ut quidam putant. Ungues, statuarum. Capillos, comam. [mitabitur, i. e. exculpet. Ponere, exprimere et absol- vere totum opus. Infelix, se. hic faber. Summa, i. e. perfec- tione, i. e. quantum attinet ad summam. Curem, velim. Quid, aliquod poema reete componere. Hunc, i. e. talem imperitum. Vivere, i. e. esse. Pravo, distorto, et quamvis tamen habeam

pulchros oeulos et crines. Spectandum, laudandum, dignum spectatu, formosum.

SUMITE MATERIAM. QUARTUM PRÆCEPTUM. ELIGENDA MATERIA. Sumite. Materia non supra vires tentanda est, sed apte eligenda, ita nc . E e et estera facilius constabunt de quibus dieturus est. Jtaqu

videmus alios in aliis generibus excellere, quia aptam mate- riam sibi quisque eligit et sumit.

cigar until

(1) L'erreur commise ici disparaitrait, si on lisait : circa ludum Aemilii gladiatorium.

(AA ) Et versate diu. Alludit ad baiulos, qui diu tentant num humeris onus ferre possint. Versate, i. e. perpendite, Recusent, negent, non possint. Viribus, se. eruditionis. Res, i. e. mate- ria scribenda. Potenler, apte, nec supra vires et quam recte tractare possis. Lecta, electa. Facundia, i e. virtus elocutionis. Ordo lucidus, i. e. dispositio apta Aptum epithetum, quia ordo lueidam reddit orationem.

h ORDINIS HÆC. QUINTUM PRÆCEPTUM. DE ORDINE MATERIÆ.

Ordinis hec.

Commode subnectit ordinem materi», quia dispositio est in rebus. Vide Rodolphum lib. 5*, de dispositione. Venus, i.e. gratia. Aut ego fallor, i. e. si recte dico : modeste loquitur. Jam nunc, sc. quæ debent diei hoc loco. Pleraque differat, et dicat alio loco, quamvis ordo rerum gestarum tamen hoec non patiatur. Ut Virgilius incipit a septimo anno, tanquam a media re, missis quz illis reliquis annis gesta erant et translatis in secundum et tertium librum. Hoc amet, sc. in dispositione et ordine rerum.

IN VERB:S ETIAM. SEXTUM PRÆCEPTUM. DE VERBIS NOVANDIS VEL COMPOSITIONE, VEL FICTIONE.

In verbis. De verbis singulis precipit, quæ vel compositione vel fic- tone novari solent: nam in his scite et prudenter agendum est,

S! res vel utilitas postularit. Componantur verba ut superiec- tum, supereminere, subclamare, item expectorare, eliminare,

(1) Il est probable que le professeur avait donné un mot composé comme purificare, pessumdare, procrastinare.

purpurare (1), et velivolum mare, et ignivomus sol, quæ poe-

(272 ÿ

tica sunt et omnia ex notis verbis significandi causa compo- nuntur, vel gratia necessitatis. Fieta autem sunt et derivata tum ex latina, tum ex græca origine parceque ad latinitatem detorta, ut ratiocinatio, veriloquium, beatitas. Item syllo- gismus, ens (1) essentia, tum grammatica, rhetorica, musica et alia multa, quz partim ex latinis, partim ex græcis formata et deducta temporibus Ciceronis nova fuerunt. De quibus vide Fabium lib. 8, Erasmum de copia (2). Nova hodie sunt ut bombarda et campana et alia pleraque, quæ in consuetudine eruditorum observare licet.

Quia locutus est de elocutione, nune de verbis agit quibus constat elocutio, Tenuis, i. e. parcus, sc. si fueris. Votum, sc. extra compositionem et novum per compositionem. Junctura, i e. compositio callida, apta et prudenter facta. Indiciis recen- tibus, i. e. novis vocabulis. Abdita, i.e. latentes significationes. Exaudita,se. vocabula. Cethegis, i.e. veteribus Romanis; posuit enim partem pro toto, sc. familiam Cethegorum pro omnibus priscis Romanis.

Cethegi. Cethegi ex gente Cornelia fuerunt, quos cinctutos pro einctos vocat, metri causa, vel expeditos et bellicosos : significans ab habitu militari, vel ad morem et habitum genti- litium spectans : quo dextro humero exerto Cethegi in bello prodibant, subter brachia cincti, Gabino, ut opinor, ritu : nam is einetus ita erat, ut altera lacinia, i. e. ora vestis, reducta super dextrum brachium, per sinistrum humerum in tergum reiiceretur. De Cethegis apud Silium Italicum (5) est: /pse humero exertus gentili more parentum, difficili gaudebat equo, et apud Lucanum (4): exertique manu saga Cethegi.

(4) Voir Acron. (2) Fabius Quintilianus VIII, 5, 30. Erasm. de duplici copia erborum.

v (5) Sil. It. VIII, 587. (4) Luc. Il, 545. On y lit : exsertique manus vesana Cethegi.

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A ross Dixit autem cinctutis pro cinctis per speciem pleonasmi ut induperator. Unde incincti, i. c. imbelles et mulierosi. Habe- bunt fidem, i.e. probabuntur. Ficta, formata, ut triclinium a Tplç et xAlvn, lectus et calix.

Quid autem. Exemplo Plauti et Caecilii, vult cæteris etiam poetis novationem verborum concedendam esse. Plauto, Caecilio, i. e. veteribus comicis. Virgilio Varioque, sc. novis poetis et proinde Horatio, qui florebat eorum tempore : nam postea de se loquitur. Acquirere, i. e. nova facere et fingere. Invideor. Passive usurpat secutus naturam verbi : nam invi- dere est nimium intueri alienam felicitatem : unde et Actius in Melanippa accusativo non dativo iunxit : florem quis invidit meum. Hunc versum citat Cicero in Tuscul. quest. (Tertio libro) et hane novationem laudat in poeta, etsi contra consuetudinem erat. Mire autem cum de novis verbis praecipit, ipse novitatem usurpat. /nvideor, i. e. cur mihi invidetur. Acquirere, i. e. adiicere pauca nova verba linguæ Latinæ.

Cum lingua. Profert exempla qua vim habent a minori. Si Ennius, vetus ille scriptor et horridus, potuit fingere nova, quidni et ego, qui elegantiori utor stilo et novus sum, Enni, pro Ennii.

Licuit. Claudit sententiam | ézteevnaztxo sg. Signatum. Metaphoram facit a moneta, quæ certa nota signatur, atque ita demum proba est et in usu habetur. Idem in vocabulis faciendum est. JVota, i. e. autoritate alicuius authoris boni, ut moneta ab autoritate principis ct nota eius valet. Producere, proferre. ;

Ut silve foliis. Similitudine monet prisea nomina interire et nova succedere. Pronos, i. e. volventes, ut dixit Virgilius (1), et transeuntes, per metonymiam, quod qua prona sint faeilius volvantur. Aetas, i. e. usus. Prima, sc. folia, i.e. vetera quæ prima fuerunt.

(1) Volventibus annis, Aen. I, 234.

(174)

Debemur morti. Argumentatur ex maiori : homines et

euncta humana opera interire, qualiaeunque sint; ergo et vocabula interire. Jam exempla humanorum operum sumit : Luerinum lacum, in quem immisso mari Augustus portum Baianum effecerat; item Pontinam paludem, quam siccaverat, ut ager ampliaretur : Tybrim autem crebro inundantem alveo purgato et per vicina directo represserat Agrippa. Vostraque, ie. omnia humana opera. Neptunus, i. e. mare HETOYULLXOS. Receptus, i.e. immissus in Lucrinum lacum. Arcet Aquilonibus, i.e. prohibet a ventis, per syneedochen. Est autem úT:

pro arcet Aquilones a classibus; nam in tuto sunt naves, cum sunt in portu, quem ibi fecerat Augustus et appellabat portum Baianum.

Regis opus. Regem Augustum vocat dycoyop.2aztxo6, pro magnifico ae potente. Sie alibi in Epistolis : rex eris, ete (1). Palus, se. Pontina in Campania. Apta remis, i. e. navigabilis. Grave aratrum, i. e. laboriosum. Amnis, Tybris. Iniquum, i. e damnosum propter frequentes inundationes. Cursum, alveum. Doctus, i. e. directus. Est autem audax metaphora, cum dicit amnem doctum, quem docuit Agrippa recta fluere nec amplius inundari. Honos, usus. Vivax, ie. durabilis. Sermonum, vocabulorum. Cecidere, caue et antiquata sunt. mes ta renascentur, sub. nova vocabula.

Si volet usus. Ostendit magnum momentum esse in consue- tudine et docet nos debere semper sequi usum et consue- tudinem.

RES GESTÆ. SEPTIMUM PRÆCEPTUM. DE GENERE METRI.

Res gestæ.

De genere metri, nam aliæ materiæ alio genere tractandæ sunt, et hexametro res geste scribentur, ut apud Homerum et Virgilium, elegiaco res tristes et flebiles, ut apud Ovidium

DESDE PNEU Ed

(4) 1, 4, 59.

lr M P d Nur EUM Mar c CU T

( 175 ) de Ponto et Tristibus. Solent ctiam læta et prospera elegiaco versu scribi, ut Amores Ovidii, Tibulli, Propertii. Jambicum carmen, quod varium est, comædiis et tragcediis accommo- datum, lyrieum deorum et heroum laudibus : item materiis iucundioribus, ut amoribus et conviviis : unde et quondam in conviviis adhibebatur. /Vumero, i.e. versu.

Versibus impariter, sc. carmine elegiaco. Quaerimonia, i. e. calamitates sunt inclusæ. Sententia voti compos, i. e. res lætæ et prospera. Fuerit auctor. Alii tradunt Etheoclem (1) Naxium, alii Archilochum, alii Calinorum (2). Exiguos, i. c. humiles et demissos, qui grandibus rebus apti non sunt, sed semper binis versibus absolvunt sententiain : quod in ampla materia fieri non potest. Dicti autem ab £Acéc, quod est misereor.

Archilochus, poeta Lacedæmonius (5) cum in Lycambem socerum, qui desponsatam sibi filiam Neobulem denegaverat, stilum stringere vellet, excogitavit iambum pedem, cuius acrimonia nimirum ita insectatus est, ut ad laqueum redegerit. Constat Jambus brevi et longa syllaba imitans ictum pugnantis, qui celeriter veniens hæret in corpore. Rabies, i. e. ira. Jambo proprio, quem ipse primus invenit, ut uleisceretur Lycamben, a quo fuerat iniuria affectus. Socci, i. e. comedia, ab habitu, quod soccus esset habitus comicorum. Cothurni, i. e. tragoedia. Allernis sermonibus, i. e. dialogis, dramatico genere, ut in comædiis Terentii.

Populares strepitus, i. e. populi turbam et clamores in theatro. Natum, i. e. aptum. Rebus agendis, i. e. dramatico genere : nam est narrativum, activum et pésoy.

(1) Theoclem. Voir Etymologicum magnum, p. 327.

(2) Callinoum (dans Terentianus de Metris, v. 1729).

(5) Ces deux mots sont écrits au-dessus de la ligne. L'erreur qu'ils contiennent devra probablement étre mise sur le compte de l'éléve.

( 176 )

Fidibus, i. e. lyrico versu, quia hoc genus metri ad lyram cantabatur, ut sunt Odæ Horatii et Pindari carmina apud Grae- cos, quæ deorum laudes et Olympiacas, i. e. sacrorum certami- num victorias (1), ut Castorem Pollucemque et cæteros heroas celebrant. jg deiken sub. Pollucem. Et equum, i. e. equitem Castorem ie. Curas, iw

*

amores, Divos, i. e. eorum laudes. Referre, m A celebrare. Vina libera, i. e. liberas comessationes, quia liberius faciunt vina homines loqui, ut Anacreon.

Fac-simile des derniéres lignes de la lettre de B. Lato- mus à Ulrich Zasius, publiée par Riegger (voir note 3, p. 144). .

Vale et Magistrum Johannem Cesarem unicum parentem meum plurimum saluta. Date Treviri die Innocentum. Tuus ez animo Latomus Trevirensis.

(1) Le professeur a dit sans doute : Olympionicas, i. e. sacrorum certaminum victores.

( 477 )

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 7 juillet 4887.

M. C.-A. FnRaikIN, directeur. M. LiacnE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Robert, vice-directeur; le chevalier Léon de Burbure, Ern. Slingeneyer, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Jos. Schadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, Charles Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Vinçotte et le chevalier Edm. Marchal, membres; Joseph Stallaert et Max. Rooses, correspondants.

CORRESPONDA NCE.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie el des Travaux publies fait savoir que, conformément au désir qui lui a été exprimé par la Classe des beaux-arts, il vient de commander à M. Thomas Vincotte le buste en marbre de feu Louis Alvin.

La Classe prend, en méme temps, notification d'une lettre de remerciements de la famille Alvin, pour l'hom- mage que l’Académie a rendu à Louis Alvin lors de ses funérailles.

O"* SÉRIE, TOME XIV. 19

( 178 )

M. le Ministre de l’Agriculture demande que la Classe veuille bien lui faire connaitre son avis sur les bustes en marbre de Louis-Prosper Gachard, ancien membre de la Classe des lettres, et de Louis Melsens, ancien membre de la Classe des sciences. Le premier de ces bustes a été exécuté par M. C.- A. Fraikin, le second par M. Charles Brunin. L'avis favorable de la Classe, émis séance tenante, sera communiqué au Gouvernement.

Le méme Ministre rappelle que, aux termes de l'article 5 de l'arrêté royal du 5 mars 1849, relatif aux grands concours de composition musicale, la Classe doit désigner trois de ses membres pour faire partie du jury du eoncours, qui s'ouvrira le 20 juillet prochain. Ont été élus : MM. Gevaert, Samuel et Radoux.

ÉLECTION.

La Classe avait à pourvoir au remplacement de Louis Alvin comme délégué auprés de la commission adminis- trative pendant l'année 1887-1888 : M. Éd. Fétis a été

em.

RAPPORTS.

= M est donné lecture du rapport de M. Éd. Fétis, auquel ont souscrit MM. Slingeneyer, Robert et Verlat, sur le rapport semestriel de M. Émile het id prix de Rome pour la peinture en 1885.

Ce rapport sera envoyé à M. le Ministre de hri ture, de dicun et des Travaux pum

———-———

3^7) eds cpi

( 479 )

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

De Decker (P.). L'Église ct l'ordre social chrétien. Lou- vain, Paris, 1887; vol. in-8° (404 pages).

Delbœuf (J.). La matière brute et la matière vivante. Paris, 1887; vol. in-12 (184 p.).

Note sur l'hypnoscope et sur les phénoménes de trans- fert par les aimants, Paris, 1887; extr. in-8° (5 p.).

Fredericq (Léon). Travaux du laboratoire de l'institut de physiologie à l'Université de Liège, tome 1°", 1885-86. Gand, 1886; vol. in-8°.

Tiberghien (G.). L'agnosticisme contemporain dans ses

rapports avec la science ct avec la religion. Bruxelles, 1887; extr. in-8* (52 p.).

Wauters (Alph.). La Belgique ancienne et moderne. Géo- graphie et histoire des communes belges : canton de Léau. Bruxelles, 4887; extr. in-8°. i

Vander Maelen (Ph.) et Meiser. Épistémonomie, ou tables générales d'indications des connaissances humaines. Bruxelles. 1840; broch. in-8° (16 p.).

Beving (Ch.-A.). La principauté d'Achaie et de Morée (1204-1450). Bruxelles, 1879; in-8° (100 p.).

Lagrange (Ch ). Sur les causes des variations diurnes du magnétisme terrestre, et sur la loi qui règle la position du cou- rant perturbateur principal. Paris, 1887; extr. in-4° (4 p.).

Variations diurnes et variations annuelles du magné- tisme terrestre. Paris, 1887; extr. in-4° (4 p.).

Francotte (P.). Résumé d'une conférence sur la micro- photographie appliquée à l'histologie, l'anatomie comparée et l'embryologie. Bruxelles, 1887 ; extr. in-8° (34 p., pl.).

ET PEDE i y x J TX ew i y à L LE © de d MUR E "e ONES |

( 180 )

Francotte (P.). Notes de technique microscopique. Bruxelles, 1887; extr. in-8* (20 p., 1 pl.).

Vander Haeghen (F.). Bibliotheca Belgica, livraison 73-78. Gand, 1887; in-12.

Becker (Jérôme). La vie en Afrique, ou trois ans dans l'Afrique centrale, avec préface du comte Goblet d'Alviella, Qme édit., t. V et JI. Paris, Bruxelles, 1887; 2 vol. in-8° avec pl.

Delvaux (E.). Visite aux gites fossiliferes d’Aeltre, et exploration des travaux en cours d'exécution à la Sape de Saint-Pierre à Gand. Bruxelles, 1887; br. in-8° (27 p

Swaen (A.). Études sur le développement de torpille, i'e partie. Gand, 1886; extr. in-8° (50 p., 5 pl).

Lyon (Clément). L'inventeur du gaz d'éclairage en France (article de journal].

Institut archéologique liégeois. Bulletin, t. XX, 1" livr. Liege; in-8

Willems-Fonds. Uitgave 445 : Dc hollandsche schil- derkunst (Henry Havard). Gand, 1887; in-8*.

Société de médecine d' Anvers. Livre jubilaire du cinquan- tième anniversaire de la fondation. Anvers, 1887; vo!. in-8°.

RE I EN

ALLEMAGNE ET AUTRICHE-HONGRIE.

Kölliker (A. von). Der jetzige Stand der morphologischen Disciplinen mit siR auf allgemeine Fragen, Rede. léna, 1887; in-8° (26 p.).

Holtzendorff (Franz de). Principes de la politique. Intro- duction à l'étude du droit public contemporain. Ouvrage tra- duit par Ernest Lehr. Hambourg, 1887 ; vol. in-8°.

Fraipont (Jul.). Fauna und Flora des Golfes von Neapel, XIV. Monographie : Polygordius Berlin, 1887; vol. in-4°.

[39 2

Physikal.-medic. Gesellschaft zu Würzburg. Verhand- lungen, XX. Band, 1886; in-8°.

Zoolog.-botan. Gesellschaft, Wien. Verhandlungen, Band XXXVII, 1 un d. In-8*.

Casopis.... matematiky a fysiky, XVI. Prague, 1886; vol. in-8*.

Wetterauische Gesellschaft für die gesammte Naturkunde. Bericht, 1885-87. Hanau, 1887 ; in-8°.

Geodütisches Institut, Berlin. Astronomisch-geodätische Arbeiten, I. Ordnung. Jahresbericht, 1886-87; in-#°.

Gesellschaft für Natur- und. Heilkunde, Dresden. Jah- resbericht, 1886-87. In-8°.

Naturwissenschaftlicher Verein in Magdeburg. Jahres- bericht, 4886. In-8*.

Physikalische Gesellschaft, Berlin. Die Fortschritte der Physik im jahre 1881, 1.-3. Abtheilung. Verhandlungen. 5. Jahrgang.

Naturforschende Gesellschaft in Danzig. Schriften, neue Folge, VI. Bd. 4. [n-8*.

Verein für vaterländische Naturkunde in Wurttemberg. Jahreshefte, 45. Jahrgang. Stuttgart, 1887; in-8°.

Verein für Erdkunde, Darmstadt. Notizblatt, IV, 7. In-8*,

Gesellschaft der Wissenschaften, Güttingen. Abhandlun- gen, Band 55. Nachriehten und Anzeigen für 1886; in-8°.

Universitaet Heidelberg. Die altdeutschen Handschriften (Karl Bartsch). Hei lelberg, 1887 ; vol. in-4*.

Verein für Geschichteund Alterthum Schlesiens, Breslau. Codex diplomaticus Silesiae, Bd. XII. Zeitschrift, Bd. XXI; in-8*,

Gesellschaft für Schleswig- Holstein. Geschichte, Kiel. Regesten und Urkunden 1, 5; I, 2-4. Zeitschrift, XVI. Bd.; in-8, ;

( 482 )

AMÉRIQUE.

Manterola (Ramon). Ensayo sobre una clasificacion de las ciencias. Mexico, 1884; vol. pet. in-8°.

Lockwood (Samuel). Raising diatoms in the laboratory. New-York, 1886; extr. in-8° (14 p.).

Peabody Institute. Annual report, 1887; Baltimore; in-8*,

Geological and natural history Survey of Minnesota. Report for 1884 and 1885. St-Paul, 1885-86; 2 vol. in-8°.

New-York Academy of sciences. Transaetions, 1885-86, vol. V, 7 and 8. Annals, vol. IH, ns 44 and 12. Nest York; 2 cah. in-8*.

Histor ical Society of Pennsylvania. The pennsylvania Magazine, vol. X, 1, 5 and 4.

Blue Hill meteorological Observatory. Results of obser- vations, 1886. Boston, 1887; in-4°.

Smithsonian Institution, Washington. Fourth annual report of the Bureau of ethnology, 4, 1882-85. Miscella- neous Collections, vol. XXVIII-XXX; in-8°.

Chief signal office. Annual report, 1885, parts 1 and 2. Washington; 2 vol. in-8*,

Summary and review of international meteorological observations, 1885; 1885 : july-december. In 4^

Monthly weather Review, 1886; july-december. In-^".

Department of the Interior : U. States geological Survey Mineral resources, 1885. Washington; in-8*.

Oficina meteorologica Argentina Anales, tomo v. Buenos-Aires, 1887; vol. in-4°.

D SE aE

( 483 )

FRANCE.

Faye (Hervé). Sur les tempétes : théories et diseussions nouvelles, Paris, 1887 ; in-8° (75 p.).

Institut de France : Académie des sciences. Mémoires par divers savants, t. XXIX. Mémoires relatifs au passage de Vénus sur le soleil, t. III, partie, texte et atlas.

Académie des inscriptions. Mémoires, t. XXXII, 1'* partie

avec atlas, Notices et extraits, t. XXVII, 1"° partie, 1** fasc. (avee pl.); XXXI, partie; XXXII, 1** partie. Histoire litté- raire de la France, t. XXIX. Recueil des historiens des Croisades : historiens orientaux, t. II, 1'* partie; historiens occidentaux t. IV et V, 1"° partie. Corpus inscriptionum Semitiearum, etc., pars prima, t. I, fase. 3 et 4. OEuvres de Borghesi, t. IX, 1** et 2* parties. Paris, 1885-87.

Académie de législation de Toulouse. —Féte de Cujas : séance publique du 27 mars 1887. In-8*.

GRANDE-BRETAGNE, IRLANDE ET COLONIES BRITANNIQUES.

Royal Society of South Australia, Adelaide. Transactions and proceedings, vol. IX, 1885-86. In-8°.

Geological Survey of Canada. Rapport annuel, 1885, vol, I. Ottawa ; 9 vol. in- 8°.

British disockhin for the advancement of science. Report for the 35% and 56" DUM (Aberdeen, 1885, and Bir- mingham, 1886). Londres; 2 vol. in-8°.

Radcliff Observatory, Oxford. Results of observations, 1885; in-8°.

Linnean Society of New South Wales. The proceedings, vol. lI. Sydney, 1886; vol. in-8°.

ns |

(184)

ITALIE.

Giovanni (V. di). Sulla topografia antica di Palermo dal secolo X al XV. Palerme, 1887; vol. in-8*.

Saggi di critica religiosa e filosofica. Florence, 1887; in-8° (188 p.).

Luvini (Giov.). Perturbazione elettrica foriera del terre- moto. Florence, 1887; extr. in-8° (5 p.).

Scuola normale superiore di Pisa. Annali, sc. fis. e matem., vol. IV. In-8°.

PAYS DIVERS.

Academia de ciencias morales y politicas, Madrid. El cre- dito agricola. In-8°,

Société helvétique des sciences naturelles. Actes et comptes- rendus des travaux de la 69* session, réunie à Genéve en 1886. 2 br. in-8*.

Natur[forschende Gesellschaft in Bern. Mittheilungen, 1886. In-8*.

Naturforscher- Gesellschaft, Dorpat. Sitzungsberichte, Band VII, 1, 1886. Archiv, erste Serie, IX, 4.

Gesellschaft für Literatur und Kunst. Sitzungs-Berichte, 1886. Mitau, 1887 ; in-8*.

Nordhavs-Expedition. XVMI***^: the north Ocean (H. Mohn). Christiania, 1887; 2 vol. in-4*.

Association géodésique internationale. Comptes rendus de la 8* conférence réunie à Berlin en 1886. Berlin 1887; vol. in-4°,

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e OEC »- s

TABLE DES MATIÈRES.

ASSE DES SCIENCES. Séance du 2 juillet 1887. Connesrosasc Billet,cacheté déposé par M. mem rages. Tra

=

vaux manuscrits soumis à l'examen (0 1 "yiri Sport de MM. Le Paige et Mansion sur un SEU de M. J. Deruyts concernant la théorie des formes binaires ,9

Rapport de MM. L. Fredericq et Van Bambeke sur un travail de M. Monrjonn concernant a de la Poe à l'étude ka V’électrotonus des nerfs .

Rapport des mémes —Á sur un travail à M. 6. Corin | conia

la circulation du sang dans le cercle artériel de Willis . . 1, 8 Rapport de M. iere - les nouvelles recherches de M. ORO concernant le spectre du 9 Cowonicanions ET LECTURE + une udin à entre l'élasticité ANE et des vité ur dui un cristal de d'Islande; "- Walthere Spring. 3 Sur une Fa interprétation de quelques dépôt u tertiaires ; pen Michel Mourlon E Les genres EcTEINASCIDIA nn, not: Pmi el SLUITERIA (NOV gen S5 Notes pour servir à la classification des Tuniciers, g re Van E eden k Détermination de "E boi théorique - rép i pr essibolie den gori par P. De . 6 Pasce ung sur la théorie "s fe mes poems par jede Der sin 39 jy een ae - page à l'étude de p des nain " h Sur la peara du sang ie le cercle artériel d wW illis ; par G. Cori 90 Nouvelles recherches sur le spectre du carbone; par Ch. Fievez . . . 100 LASSE DES LETTRES. Séance du 4 juillet 1887. f gapar Annonce de la mort de M. Ludolphe Stéphani, aseocie. seigneur le duc Fame remercie pour son diplôme d’associé l. Piot, délégué au Congrès de la Fédération historique et iichéola- gique de Belgique, à Bruges. Acceptation du buste en marbre de L.-P. Gachard exécuté bann. Fra - Hommages d'ouvrages . 108 P. Far dio cop antica di Palermo del Secolo x" ad aggi per. re ses jn ca (V. di note Hu Lee f f 1 ); " 110 Géographie et histoire den mad neiges: ; unit e tán (Alph. Wauters); note par Paute n Principes de la politique par F. ú Holtzendorf}, t traduit t de l'una à par Ernest Lehr ; note par M. Alph. Riv 118 CONCOURS ANNUEL. detre pour gen D o vM UY a PRIX PERPÉTUELS. Program 154 RAPPORTS, Rapports de M. Wagener, Willems et L Roerseh sa uin: travail de M lexand z de l'histoire du paganisme au IH* siècle de notre ère . T 128 COMMUNICATIONS fag LECTURES. Sur P esed d hs Philipp Vander Maelen, ancien membre de l'Académie; par Alph. Wauters 129 gen Latomus, le ied poem dt latine au Collie al de France; par L. Roers 132 CLASSE DES BEAUX-ARTS. Sianco du; 7 juillet 1887. M9 Buste en de L. Alvin commandé à otte. Remerciem a famille Alvin, = Avis enrabien sur iie i en marbre de. ow rd et L. MM. Gevaert, uel et gener "m s membres du jury jour d grand Gr =

coti paa 0 COMMISSION ADMINISTS TIVE. a Féis Ng RaPponTSs. Lecture de l' appréciation du o

prix de Rome pour la peinture en 188 OUVRAGES PRÉSENTÉS. . . . . .

. Y

ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

———Ó

BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

56 auuce, 3 serie, tome 14

N 6.

BRUXELLES,

F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE, Rue de Louvain, 108.

ES

1887

Les quatre planches photographiques du travail de MM. Éd. Van Beneden et Neyt seront jointes au prochain Bulletin.

BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

1887. N^ 8.

CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 6 août 1887.

M. Fn. Cn£PIN, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liacng, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, J. C. Houzeau, G. Dewalque, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry et M. Mourlon, membres; Ch. dela Vallée Poussin, associé; Paul Mansion, P. De Heen et C. Le Paige, correspon- dants. :

- M. J. De Tilly, directeur, devant se rendre à l'étranger. pour affaire de service, s'est fait exeuser de ne pouvoir: présider la séance. | 3°* SÉRIE, TOME XIV. 15

CORRESPONDANCE.

La Classe apprend avec un profond sentiment de regret la perte qu'elle a faite en la personne de M. Laurent- Guillaume de Koninck, membre de la section des sciences mathématiques et physiques, décédé à Liége, le 15 juillet dernier, dans sa septante-neuviéme année.

Elle vote des remerciements à son directeur, qui a bien voulu se charger d'étre son organe aux funérailles du défunt.

Le discours de M. De Tilly paraitra dans le Bulletin.

Une lettre de condoléance sera écrite à la famiile de M. de Koninck.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics communique le rapport qui lui a été adressé par M. Paul Pelseneer, sur les résultats de sa mission à la station zoologique de Naples. Commis- saires : MM. Van Beneden, père et fils, et Plateau.

M. Van der Mensbrugghe présente, pour le prochain Annuaire, la notice biographique de M. Francois Duprez, ancien membre de la section des sciences physiques et mathématiques. Remerciements.

M. Malaise demande le dépót dans les archives de l'Académie d'un billet cacheté portant pour suscription : Silurien S. M. Accepté.

( 187 ) L'Académie des lettres, sciences, arts et agriculture de Metz adresse son programme de concours pour l’année

1887-1888.

L'Académie de Stanislas, à Nancy, adresse le pro- gramme du prix de chimie appliquée, de 500 francs (fon- dation Paul Bonfils), à décerner au mémoire qui lui parai- tra le plus recommandable, soit sous le rapport des faits nouveaux qu'il contiendra, soit sous le rapport des progrés qu'il peut étre appelé à faire faire à la chimie appliquée.

Délai pour la remise des travaux : 51 janvier 1888.

La Classe vote des remerciements aux auteurs des ouvrages suivants, dont il lui est fait hommage :

1? a. Détermination d'une relation empirique entre le coefficient de frottement intérieur des liquides et les varia- tions que celui-ci éprouve avec la température; b. Déter- mination, à l'aide d'un appareil nouveau, du coefficient de diffusion des sels en solution, etc.; c. Détermination des variations que le coefficient de frottement intérieur des liquides éprouve avec la température; trois extraits par P. De Heen;

2 A. DE LasauLx : Précis de pétrographie, traduit de l'allemand par H. Forir;

La poterie en Belgique à l’âge du Mammouth (quaternaire inférieur), première partie. La poterie de la grotte d'Engis; deuxième partie. La poterie de la grotte de T Spy, par Julien Fraipont; ext. in-8° ; C

4" a. De la réhabilitation de la saignée, etc.; b. Rapport | de la commission qui a examiné le travail de M. le docteur Bedoin, à Chambéry, intitulé : Les applications des pro- priétés antiseptiques du borax et de l'acide wn dens, z brochures in-8°, par le D' Borlée; | à

( 188 )

« Les trous » au mauvais air de Nivezé (Spa). Notice

sur les sources naturelles d'acide carbonique, par le D" Ach.

Poskin. Bruxelles, 1887; brochure in-8°, présentée par M. G. Dewalque.

La Classe renvoie à l'examen de MM. Houzeau et Folie le travail suivant de M. L. de Ball, préparateur des cours d'astronomie et de géodésie à l'Université de Liège: Masse de la planéte Saturne déduite des observations des satellites Japhet et Titan, faites en 1885 et en 1886 à l’Institut astronomique de Liège.

MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke examineront une note, avec planche, intitulée : Contributions à l’étude du développement de l'œil pineal (Épiphyse) chez les rep- tiles, par Francotte.

RÉSULTATS DU CONCOURS DE LA CLASSE 1887.

Un mémoire portant pour devise : Numeri regunt mundum, a été recu en réponse à la question suivante de la partie du programme de concours se rapportant aux sciences mathématiques et physiques :

On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement linéaire des liquides chimiquement définis par des tubes capillaires, en vue de déterminer si l'on peut appliquer aux liquides hypothèse des molécules, telle que l'étude des gaz nous l'a fait connaître.

lia Mic NE

PRSE Net Pel PEN UTERE CONSENSUM ETSI NIE E Ee et

( 159 )

On se placera au point de vue des trois hypothéses principales admises aujourd'hui pour rendre compte de la constitution intime des gaz.

Commissaires : MM. Spring, Van der Mensbrugghe et Stas.

Un mémoire portant pour devise: Trado quæ potui, a été recu en réponse à la question suivante de Ja partie du programme se rapportant aux sciences naturelles :

On demande des recherches sur le développement embryonnaire d'un mammifère appartenant à un ordre dont l'embryogénie wa pas ou m'a guère été étudiée Jusqu'ici.

Ce mémoire porte pour titre : Onderzoekingen over de ontwikkelings geschiedenis van den Egel (Erinaceus euro- paeus).

Commissaires : MM. Van Bambeke, Éd. Van Beneden et Plateau.

Discours prononcé aux funérailles de M. de Koninck, par M. De Tilly, directeur de la Classe.

MESSIEURS,

L'Académie traverse une période fatale. En six mois, nous avons perdu autant de confréres que pendant les deux années précédentes réunies. Aprés Cornet, Laurent, Alvin, Tielemans, De Man, c'est aujourd'hui notre respec- table et affectionné confrère de Koninck à qui nous devons dire adieu. En entrant dans cette maison mortuaire, j'ai appris la triste nouvelle du décès d'un septième membre.

( 190 )

Entré à l'Académie en 1836, à l’âge de 27 ans, comme correspondant, aprés avoir produit plusieurs travaux de chimie, dont trois avaient été insérés dans les Bulletins, de Koninck fut élu membre titulaire en 1842. Depuis sa participation, toujours active, aux travaux de la Classe des sciences, dont il fut directeur en 1862, ses efforts se tournérent principalement vers la paléontologie, science qui a pris en Belgique un développement si considérable.

Il était aussi membre de l'Académie de médecine, et avait obtenu de nombreuses distinctions regnicoles et étrangéres; mais je ne dois parler que comme représentant de l’Académie des sciences.

Le moment n'est pas venu d'énumérer et d'analyser les ceuvres de notre confrére; toutefois, ce ne sera pas déro- ger aux usages que de rappeler ici, rapidement, celles qui lui valurent le plus de succés.

La Société géologique de Londres, qui lui avait déjà accordé un prix dés 1853, lui décerna en 1875 la médaille de Wollaston pour ses travaux sur le terrain carbonifère.

En 1882, il obtint en Belgique le prix quinquennal des sciences naturelles (période de 1877-1881), pour lequel il avait déjà été désigné en 1852 et en 1857, mais en partage avec d'autres personnes. C’est un fait peut-être unique que ce prix ait été obtenu par un membre de la section des sciences mathématiques et physiques. De Koninck appar- tenait, en effet, à cette derniére section et présida méme en 1884 le jury qui décerna le prix des sciences mathé- matiques. J'ai déjà fait observer que, dans sa jeunesse, il s'était adonné surtout à la chimie et que l'ardeur pour les sciences naturelles ne lui vint que plus tard.

Pour apprécier complètement les travaux auxquels le

er OR nier iv po SRE CUR m Pa tie

( 491 ), jury de 1882 décerna le prix quinquennal, il faudrait lire tout le rapport de ce jury. Je ne puis y emprunter que quelques mots.

« Nous nous trouvons », dit le rapporteur, « en présence des œuvres sur le choix desquelles le jury a longuement hésité dans l’accomplissement de son mandat. Dues à MM. P.-J. Van Beneden et L.-G. de Koninck, elles reste- ront certainement au nombre des travaux les plus considé- rables que le pays ait produits. C'est avec admiration que nous voyons deux vétérans de la science belge, illustres à plus d'un titre, entreprendre, à un âge qui commande d'ordinaire le repos, d'aussi vastes ouvrages, avec une énergie et un élan qui n'ont d'égale que leur puissante expérience, »

Entre ces deux noms illustres, cest pour de Koninck que le jury se prononca à l'unanimité.

L'ensemble de ses travaux couronnés peut se résumer ainsi : elassement des terrains par la paléontologie, étude zoologique des faunes primaires, particulièrement de la faune carbonifère belge, recherches sur les faunes simi- laires du globe et notamment de l'Australie.

Par cette ceuvre considérable, de Koninck affirmait en Belgique les principes de l'école paléontologique, qui voit dans la connaissance des fossiles l'auxiliaire indispensable du stratigraphe, pour le classement et le raccordement des couches.

Mille à mise base: fossiles de diverses localités de la Nouvelle-Ga Qad „résultat "Hac lorati pro'ongées du révérend Clarke, avaient été remis aux mains de de Koninck pour étre décrits.

Cette large immixtion dans la paléontologie de l'Austra-

( 192 )

lie obtint une autre récompense, décernée par les savants de ce pays méme. En 1886, la Société royale de la Nouvelle-Galles du Sud décernait la médaille fondée en mémoire de Clarke, à L.-G. de Koninck, comme témoi- gnage d'admiration pour ses nombreux et importants tra- vaux paléontologiques, et particulièrement en reconnais- sance de sa publication relative aux fossiles paléozoiques de la Nouvelle-Galles du Sud.

Le directeur de la Classe des sciences, en portant celle distinction à la connaissance de ses confrères, rappelait les récompenses de même nature récemment obtenues par M. Stas à la Société royale de Londres, et par M. P.-J. Van Beneden à l'Académie des sciences de Paris. « La Classe peut étre fiére », ajoutait-il, « des honneurs rendus à ses trois plus anciens membres, dans les pays étrangers et jusque chez nos antipodes ».

Peut-étre, en m'arrétant ainsi aux travaux que j'ai consi- dérés comme principaux, d’après les éloges qui leur ont été officiellement décernés, n'ai-je pas eu la bonne fortune de mettre réellement en relief les parties les plus importantes de l'eeuvre considérable du regretté défunt. Les idées que les contemporains apprécient et récompensent ne sont pas toujours celles que sanctionnera l'avenir. Si j'ai péché sous ce rapport, il faut l'attribuer, d'abord à la hâte extrême avec laquelle ces lignes ont étre écrites en quelques heures, ensuite et surtout à mon incompétence personnelle. Mais je n'ai pas voulu m'appuyer sur cette dernière consi- dération pour décliner le pénible devoir que je viens remplir.

Les hommes qui s'adonnent à une science quelconque n'ont pas le droit de se dire étrangers aux autres sciences,

( 195 ) jusqu'au point d'ignorer les noms et les ceuvres principales de leurs compatriotes illustres.

On a pu constater, à diverses reprises, que des savants belges, jouissant à l'étranger d'une célébrité éclatante,sont à peine connus dans leur pays, lorsque leur science ne fournit point d'arguments à la politique. Sans tomber dans l'exagération contraire, qui serait encore plus fâcheuse, il est de notre devoir de protester et de réagir contre les indifférences injustes.

Cher et vénéré confrére, il ne sera point dit que tes travaux, admirés par le monde entier et récemment accla- més jusqu'aux antipodes, sont oubliés dans ton pays, ou n'y sont connus que dans les étroites limites de ta spécia- lité. C'est au nom de toutes les sections de la Classe que je viens rendre hommage à La renommée, et exprimer en méme temps les regrets que nous cause à tous la perte d'un confrére si bon, si dévoué, si affable, si attentif à faire oublier sa supériorité.

Que ces regrets, et ceux de sa respectable famille, dont un membre suit noblement les traces de son pére, soient tempérés en ce jour par la conviction que celui qu'elle pleure jouit déjà de la récompense méritée par une vie entiérement consacrée au culte de la science, de la vérité et de la justice.

Adieu! cher confrére! au nom de l'Académie, au nom de tous ceux qui ont pu apprécier tes brillantes qualités, adieu !

(194 |

RAPPORTS.

La Classe décide le dépôt aux archives :

D'une lettre de M. le maréchal des logis d'artillerie en retraite, J. Delaey;

D'une lettre de M. Nic. Daniel, de Mal-Mets, R 2/2 (Asie-Mineure), se rapportant au mouvement perpétuel.

Elle ratifie l'avis favorable exprimé par MM.Van Beneden, père et fils, et Van Bambeke, sur la demande d'un subside adressée au Département de l'Agriculture par M. Ch. Julin, à l'effet de pouvoir participer au congrès organisé, cette année, à Manchester, par l'Association britannique pour l'avancement des sciences.

La Classe vote l'impression au Bulletin des communi- cations suivantes :

1* Des variétés dans l'espéce MusrELA PUTORIUS, PA Adolphe Drion, fils; examinée par MM. P. Van Beneden et de Selys Longchamps;

2* Note sur quelques espèces rares de la faune des ver" tébrés de la Belgique observées dans le Limbourg belge par le D" Bamps; examinée par M. de Selys Longchamps.

Note sur les oscillations d'un pendule produites par le déplacement de l'axe de suspension; par E. Ronkar.

Rapport de M, Folie.

M. Ronkar a eu l'idée du présent travail en recher- chant quel serait le procédé expérimental le plus propre à manifester les petites irrégularités que je viens de signaler dans le mouvement de l'écorce solide du globe.

Il s'est demandé si un pendule en repos, librement sus- pendu, ne pourrait pas prendre un mouvement oscillatoire dans le cas son point de suspension éprouverait un mouvement de méme nature.

Voici quelles sont les conclusions qu'il tire de l'analyse élégante à laquelle il a soumis la question proposée.

Lorsque l'axe d'un pendule au repos recoit un certain nombre d'impulsions ondulatoires simples horizontales, le pendule peut conserver un certain mouvement oscilla- toire, ou ne le peut pas, suivant les cas.

Lorsque la durée d'oscillation du pendule est la méme que celle de l'axe, le pendule conserve un mouvement dont l'amplitude est proportionnelle au nombre d'impulsions recues par l'axe.

En dehors de ce cas, le pendule peut ne conserver aucune trace d'oscillation, méme si les périodes ci-dessus sont dans un rapport trés simple, tandis qu'il peut prendre un mouvement sensible dans le cas contraire. Ce mouve- ment dépend de l'amplitude, du nombre et de la durée des impulsions ainsi que de la phase.

(490 )

Ces résultats ne sont pas entièrement conformes à l'as- sertion de Rossi relativement aux pendules employés dans les observations sismiques, quand il dit que des pen- dules, qui reçoivent quelques impulsions conformes au rythme, sont naturellement fortement agités, et qu’au con- traire, avec des impulsions qui se succèdent suivant un rythme différent, ils ne bougeront pas.

uand on considère l'action d'une onde simple de longue durée, on peut assimiler, pendant son action, le mouvement du pendule à un mouvement oscillatoire, de la période propre au pendule, autour d’une certaine position moyenne qui est elle-même assujettie à un mouvement pendulaire dont la durée d’oscillation est celle de l'onde simple considérée.

L'amplitude de ces deux mouvements est inversement proportionnelle à l'intensité de la pesanteur pour le cas de longues périodes, et on conclut de un procédé d'expéri- mentation pour la recherche d'irrégularités périodiques dans le mouvement de rotation diurne ; ces irrégularités, trés faibles, peuvent étre rendues plus sensibles en dimi- nuant l'action de la pesanteur.

J'espére que nous arriverons prochainement, M. Ronkar et moi, à réaliser dans de bonnes conditions cette expé- rience, qui serait (ondamentale pour l'astronomie.

Je propose à la Classe d'ordonner l'impression du tra- vail de M. Ronkar au Bulletin et de voter des remercie- ments à l'auteur. » Adopté.

( 197 )

Sur le sulfure de cadmium colloidal; par M. Eug. Prost.

Rapport de M. Stas.

« Les solutions des substances cristallines se diffusent avec la plus grande facilité. Cette propriété fait à peu prés complétement défaut aux solutions des substances que Graham a désigné sous le nom de corps colloides. Dans ces derniers temps, l'attention des c himistes a été portée sur ce sujet : aux solutions colloidales des hydrates sili- eique, aluminique et ferrique, primitivement découvertes, sont venues se joindre les solutions colloidales des sulfures arsénieux, antimonieux et stannique, et des oxydes anti- monieux, manganique et stannique. Dans le travail qu'il présente à l'Académie, M. Prost ajoute à cette liste, longue déjà, le sulfure de cadmium, qui jusqu'ici n'était connu qu'à l'état insoluble. Il obtient une solution colloi- dale de ce composé en faisant passer de l'acide sulfhydrique 3u travers de l'eau tenant en suspension du sulfure cad- mique récemment précipité, et en éliminant ensuite par l'action de la chaleur l'acide sulfhydrique dissous dans le

. liquide, devenu limpide et coloré en jaune. M. Prost a étu- .. dié avec soin les propriétés de la solution; il a reconnu Par l'examen spectroscopique du liquide que le sulfure . Cadmique est réellement à l'état dissous, et que la solution i présente les caractères constatés jusqu'ici à tous les corps colloidaux dissous, c'est-à-dire, la faculté de se coaguler Spontanément par le temps, souvent fort court, et par l'addition de substances étrangères.

( 198 )

Son travail renferme à ce sujet des détails très précis et intéressants, qui concordent du reste avec les faits observés sur les solutions des sulfures colloidaux d'arsenic et d'an- timoine. |

Le travail de M. Prost est incontestablement bien exé- cuté. Je l'engage à compléter son étude en recherchant si le sulfure cadmique colloidal devenu spontanément insoluble, et le sulfure colloidal coagulé par l'addition à sa solution de substances étrangères, et enfin le sulfure cad- mique précipité, chauffé de maniére à faire cesser son état pulvérulent et soumis en présence de l'eau à un courant d'acide sulfhydrique, peuvent passer de nouveau à l'état de solution colloidale.

J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'ordonner l'impression du travail de M. Prost dans le Bulletin de la séance et de voter des remerciements à l'auteur pour sa communication. »

M. Spring, second commissaire, se rallie à la proposition de M. Stas, qui est adoptée par la Classe.

Descriptions de quelques Cucurbitacées nouvelles; par M. Alfred Cogniaux.

Rapport de Ff, Crépin.

« La notice que M. Cogniaux a soumise au jugement de l’Académie comprend les descriptions de quatorze espèces et de plusieurs variétés inédites appartenant à la famille des Cucurbitacées.

( 495.)

Ces descriptions constituent une addition assez impor- tante à la monographie générale de cette famille, que l’auteur a publiée dans les Monographie phanerogamum de M. Alphonse de Candolle.

Nous avons l'honneur de proposer l'impression de ce travail dans le Bulletin et de voter des remerciements à l'auteur. » Adopté.

Sur la représentation des involutions unicursales; par

Fr. Deruyts.

Rapport de M. €. Le Paige.

« Dans un mémoire présenté à l’Académie, il y a près de dix ans, j'ai signalé le parti que l'on pourrait tirer des espaces à un nombre quelconque de dimensions pour la représentation des involutions

C'est celte méme idée qui sert de point de départ au travail de M. Fr. Deruyts (*).

L'auteur se sert de la définition ordinaire de l'involu- tion I? par l'équation

=k

» À fi 0,

m i=l

C) IL avait été devancé dans cette voie par un jeune géomètre italien fort distingué, M. G. Castelnuovo, mais je erois pouvoir ajouter que c'est moi qui ai signalé à M. Deruyts l'existence de ce travail antérieur, alors qu'il m'avait déjà communiqué les principaux résul- tats de son étude,

( 200 ) f, représentant un polynôme du degré n. A l'une de ces formes

fi aix + ai x5 xo agua X3, il fait correspondre la forme linéaire F, = aj z, + Qi za + ce + Ola Za

Maintenant, on peut imaginer un espace à n dimensions, dans lequel l'équation

F, 0,

représentera un espace E, , Si l'on suppose en particulier k= n 1, l'ensemble des n équations

F, == 0, F4 0,... F, 0,

déterminera un espace E, ou point; c'est ce point qui représentera l'involution Iž.

Mais en cherchant à quelle condition doit satisfaire le point Ey pour que l'involution Iz , soit décomposable en un élément fixe et une involution E71, il trouve que ce point doit se trouver sur une courbe d'ordre n, C, , qui est précisément la courbe normale de l'espace E,.

C'est l'inverse de la voie que M. Castelnuovo et moi- méme avions suivie, et je pense que la méthode de M. Deruyts l'emporte en élégance, car elle indique en quelque facon l'origine de cette courbe C,.

Si, au lieu de l'égalité

DR RAS TUE TU ur WAS NET E Jede rd i rd WARS Tes 7X ae EU Pet LUTTE

( 201 )

on part d'une relation restreinte k+i Zah =d,

on a une I; et l'on obtient un système d'équations linéaires en nombre £4-1, dont chacune définit un espace E, ,, et dont l'ensemble caractérise un espace E, , , que l'auteur appelle, avec M. Castelnuovo, l'espace central de l'involu- tion l}.

Si maintenant on considère la courbe normale C,, les espaces E, ,qui passent par E, , , rencontrent cette courbe et des groupes de n points, dont les paramétres, sur la courbe C,, sont liés par l'équation

k+1 Y ^i fi es 0, 1 ,

À côté de la représentation par des formes binaires, on rencontre une représentation des involutions par des formes plurilinéaires.

. Cette double représentation a l'avantage de faire cor- respondre, à l'aide des mémes formes algébriques, deux involutions conjuguées. n

En se servant de cette seconde méthode, M. Deruyts est amené à regarder l'espace central d'une |; non plus comme l'intersection de k + 1 espaces E, ,, mais comme la jonction de n k espaces E :

Je ne suivrai pas l'auteur dans tous les développements de ces principes : je signalerai certe la ihanière me pm | O"* SÉRIE, TOME XIV. - | id t

| ( 202 ) nieuse dont il établit l'équation de l'espace E, , déterminé par k points de la courbe C,.

M. Deruyts applique ensuite la méthode de représen- tation à quelques-unes des questions les plus intéressantes de la théorie des involutions : détermination des éléments neutres, qui lui servent à établir, comme corollaire, une forme canonique élégante; et détermination des groupes singuliers composés d'éléments multiples.

Nous nedoutons pas que le jeune auteur ne communique bientót àla Classe d'autres conséquences des principes qu'il établit dans le présent travail : ces principes sont, en effet, d'une grande fécondité et permettent de présenter, d'une maniére qui fait image, des résultats souvent fort compliqués.

Nous espérons que la Classe voudra bien accueillir favo- rablement la proposition que nous faisons d'imprimer la notice de M. Deruyts dans le Bulletin de la séance. » Adopté.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

M. Folie présente la troisième et dernière partie de sa Théorie des mouvements diurne, annuel et séculaire de l'axe du monde.

La Classe décide l'impression de cette nouvelle commu-

nication dans le Recueil des Mémoires in-4*,

( 205 ) M. Folie a lu la note suivante au sujet de son travail précité :

Le livre III traite des variations séculaires.

. Jyaiajouté en appendice les formules qui expriment l'ensemble des variations en obliquité et en longitude, telles qu'elles résultent de ma théorie et de l'adoption des con- stantes de Struve et Peters pour la précession et la nuta- tion, de Leverrier et Oppolzer pour la variation séculaire de l'écliptique.

On verra que mes formules relatives à l'obliquité con - cordent mieux qu'aucune des précédentes avec les obser- tions. ll se manifeste encore, toutefois, lorsqu'on les applique aux observations les plas anciennes, des écarts qui restent à expliquer. Ils proviennent peut-étre de ce que l'obliquité a été considérée comme constante dans l'intégration.

Dans une Addition au Livre I, j'ai fait voir que l'exis- tence de la nutation diurne a pour conséquence indiscu- table une irrégularité dans le mouvement de rotation de l'écorce solide du globe. Cette irrégularité, qui consiste en un balancement semi-diurne de la croüte autour de son axe de rotation, est une véritable nutation ; et comme elle n'affecteque l'heure, on pourrait l'appeler nutation horaire. Son maximum peut s'élever à 05,06, et se produit au bout de 6 heures, c’est-à-dire qu'une pendule dont la marche serait parfaite accuserait, comparativement au mouvement diurne du ciel, une avance ou un retard de 05,06 aprés 6 heures. Cette quantité n'est plus négligeable aujourd'hui en astronomie, Dans les mêmes conditions, le déplacement linéaire d'un point de la croûte terrestre serait, sous la

204 )

latitude de 45°, de 20 mètres environ plus grand ou plus petit que le chemin qu'il parcourrait dans le cas d'un mouvement de rotation uniforme de la croüte. Ce déplace- ment est peut-étre assez sensible pour pouvoir étre accusé par un flotteur qu'on maintiendrait bien immobile pen- dant quelques heures dans un liquide en repos, et qu'on abandonnerait ensuite à son inertie. Si, comme j'ai lieu de le penser, la résistance du liquide n'est pas suffisante pour vaincre cette inertie, on verra le flotteur se déplacer vers PE. ou vers W., selon que le mouvement de j écorce ter- restre sera accéléré ou retardé.

J'ai installé à Cointe un appareil destiné à des observa- tions de l'espéce; la condition essentielle d'un semblable appareil est une grande stabilité que je ne saurais obte- nir à Bruxelles. D'autres expériences très intéressantes peuvent être faites dans le même ordre de recherches. A ce dernier également se rapporte la note que M. Ronkar a communiquée par mon intermédiaire à l'Académie dans sa dernière séance, et dont il a eu l'idée en recherchant le moyen le plus propre à mettre en évidence l'irrégularité, théoriquement démontrée, du mouvement de rotation de l'écorce terrestre.

J'ai eru utile de signaler aux physiciens une expérience du plus grand intérét, qui n'est nullement dispendieuse, mais qui exige une installation d'une stabilité absolue, dans un milieu de température bien uniforme.

( 205 )

Petite expérience relative à l'influence de l'huile sur une masse liquide en mouvement; par G. Van der Mens- brugghe, membre de l'Académie.

Récemment, M. le vice-amiral Cloué a rappelé l'attention du monde savant et du public, sur l'efficacité d'une trés mince couche d'huile pour calmer les vagues de la mer (1); le travail du savant francais fait ressortir pleinement, par les conclusions de plus de deux cents rapports, dont cent et quatre-vingts faits à bord de navires de long cours, l'uti- lité de l'emploi de l'huile débitée par trés minces filets ou méme par gouttes, non seulement pour calmer les vagues en pleine mer, mais encore pour rendre accessibles les vaisseaux en détresse ou les cótes rendues inabordables par les brisants, et pour combattre les effets désastreux des marées. On se rappelle qu'en 1882, j'ai proposé une théorie rationnelle de cette efficacité si mystérieuse, théorie fondée sur les variations d' énergie potentielle des surfaces liquides : je faisais alors, comme l'a fait maintenant M. le vice-amiral Cloué, le vœu consistant à voir obliger tout Capitaine de navire d’être muni non seulement d'une boussole destinée à guider sa route à travers l'océan, mais encore d'une provision de pétrole ou d'huile de baleine, dont l'emploi judicieux protégerait contre les tempêtes ses passagers, son équipage et sa cargaison.

C'est avec la plus grande satisfaction que j'ai appris les

(1) Sur le filage de "huile, Paris, librairie L. Baudoin, 1887. (2) Sur les moyens proposés pour calmer les vagues de la mer. ( Bull. de l'Acad. roy, de > Belge, 1882, 5»* série, t IV, p. 176.)

( 206 ) efforts tentés dans ce but aux États-Unis, en Angleterre et tout récemment en France.

A ce propos, qu'il me soit permis de décrire une petite expérience de cours, qui me parait bien propre à rendre manifeste l'influence d'une quantité minime d'huile sur le mouvement d'une masse d'eau animée d'une grande force vive.

I. On fixe sur un support un entonnoir parfaitement débarrassé de toute trace graisseuse, et ayant, par exemple, 25 centimétres de largeur au bord supérieur, 12 millimétres de largeur à l'orifice et une hauteur totale de 52 centi- mètres ; aprés qu'on a fermé l'oritice au moyen d'un bou- chon, et rendu vertical l'axe de l'entonnoir, on remplit l'appareil d'eau distillée, puis, à l'aide d'une lame de bois ou de verre bien nettoyée (1), on imprime au liquide un mouvement de rotation autour d'un axe aussi rapproché que possible de la verticale. On débouche ensuite l'orifice, et l'on constate les effets suivants, dont plusieurs ont été signalés depuis des années, mais interprétés d’une facon différente.

1* Le liquide se creuse graduellement vers le milieu de la surface libre; cela doit être, car, à cause de la force centrifuge, l'eau qui s'écoule par l’orifice est surtout four- nie par les portions voisines de l’axe, cette force est le moins sensible,

Les portions superficielles descendent-elles aussi facile- ment que les particules inférieures? Nullement; en effet,

PR

(1) La lame de bois dont j'ai fait usage avait 26 millimètres de largeur; je tournais pendant une minute, et je faisais effectuer cinquante tours à la lame solide.

et

(-207 ) au fur età mesure que le creux se prononce davantage, la surface libre doit augmenter : or, dans les portions supé- rieures m, m' (fig. ci-contre), m'/ leliquide tend à obéirà la for-

E. F x f ce centrifuge, tandis que le MR EU: sommet concave o du creux \ f a une grande tendance à des-

Lt: cendre; par conséquent, il rd doit se produire constam-

| | ment des surfaces fraiches

dans les parties intermédiai-

res p, p' ; mais, d’après un prineipe que j'ai avancé depuis

longtemps, un pareil accroissement de surface doit donner

lieu à une résistance d'autant plus grande que l'énergie

potentielle de la couche superficielle du liquide employé est plus forte.

Lorsque l'écoulement se prolonge encore, la portion centrale descend de plus en plus, jusqu'à former une figure creuse dont la longueur dépasse notablement le diamétre; mais alors cette figure liquide est instable, et, d'aprés un principe démontré par Joseph Plateau, elle doit se transformer en bulles séparées les unes des autres : C'est précisément ce que l'expérience confirme parfois, du moins dans les premiers moments, car bientôt la force centrifuge rend cette transformation impossible.

5 L'écoulement continuant toujours, la foree centrifuge imprime à une méme masse liquide voisine du bord de l'entonnoir une vitesse angulaire croissante : en effet, si l'on applique le principe des aires à l'unité de masse en mouvement, arrivée successivement à deux distances r et r' de l'axe, les deux vitesses angulaires corresponia a et a' seront liées entre elles par la relation ar? = a'r?; done = TD c'est-à-dire que la vitesse angulaire irait en

( 208 )

croissant en raison inverse du carré de la distance à l'axe. Bien que cette solution ne soit qu'approchée, il est certain que la vitesse croit rapidement quand r diminue : voilà pourquoi le tube central d'air peut s'allonger jusqu'à dépasser l'orifice, sans donner lieu à la transformation en bulles isolées : toutefois, on voit, le long de la figure tubu- laire, une suite de renflements et d’étranglements qui rendent manifeste la tendance à la transformation.

4 Pour savoir quelle forme la masse liquide doit affecter aussitót aprés sa sortie de l'orifice,il faut remarquer que la force centrifuge animant le liquide ne se trouvera plus génée alors par la paroi solide de l'entonnoir, et agira immédiatement pour élargirla masse tubulaire; c'est effec- tivement ce qui a lieu; mais, en raison de cet élargissement, il se produit, d'une part, une augmentation de distance à l'axe pour chaque particule, ce qui entraîne une diminu- tion rapide de vitesse angulaire; et d'autre part un amin- cissement de la lame liquide, d’où résulte une perte notable de force vive; c’est pourquoi la pesanteur agit plus librement, et la largeur de la masse tubulaire atteint bien- tôt son maximum; si, à partir de ce moment, le régime était établi, c’est-à-dire si le mouvement pouvait continuer dans les mêmes conditions, les pressions normales exercées sur les deux faces de la lame auraient pour effet de rappro- cher de nouveau celle-ci de la verticale, ce qui amènerait à la fois une augmentation de la vitesse angulaire et un accroissement de force vive; pour ce motif, la lame ne pourrait atteindre l'axe; elle s'en rapprocherait jusqu'à une distance minimum à partir de laquelle la figure s'élargi- rait encore une fois, et ainsi de suite. En réalité, les con- ditions du mouvement sont tellement variables, qu'on ne constate généralement qu'un renflement et un étrangle- ment, aprés quoi la lame s'éparpille en gouttelettes. /

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( 209 ;

II. Tous ces phénomènes sont profondément modifiés, lorsque, avant l'écoulement, on a soin de verser à la sor- face de l'eau distillée une trés mince couche d'essence de térébenthine, ayant, par exemple, 0,27" à 0,5"" d'épaisseur; puis on met le liquide en rotation en faisant effectuer à la lame de bois le même nombre de tours pendant le méme temps que dans l'expérience précédente, et l'on débouche l'orifice de l'entonnoir : on voit alors le liquide se creuser plus rapidement et la figure tubulaire se former plus promptement que dans le premier cas; ce qui s'explique par diminution de la tension de la couche superficielle du liquide (la tension 7,5 milligrammes de l'eau distillée est remplacée ici par la force contractile 4,2 milligrammes environ de la couche comprenant la surface libre de l'essence de térébenthine et la surface commune à ce liquide et à l'eau distillée).

En second lieu, la figure tubulaire a un plus faible dia- mètre et offre des renflements et des étranglements moins marqués à l'intérieur de la masse liquide : ce résultat est à ce que les pressions normales dues à la tension sont devenues plus faibles que dans le cas de l'eau distillée, et offrent ainsi des différences de valeur moins sensibles aux divers points de la ligne méridienne de la figure.

En troisième lieu, la figure se renfle davantage après la sortie de l'orifice, ce qu'il fallait prévoir, attendu que l'aceroissement de surface libre à l'action de la force centrifuge se trouve maintenant contrarié par une résis- lance notablement moindre, puisque l'énergie potentielle 7,5 de l'edu distillée est remplacée par la valeur 4,2 envi- ron : le renflement qui, dans le premier cas, avait 5 à 6 centimètres de largeur, peut en avoir actuellement 7 à 8 et méme davantage, si l'on a réussi à faire tourner la

( 240 )

masse liquide autour d'un axe dirigé à fort peu prés sui- vant la verticale. Comme on le comprend aisément, le renflement atteint les dimensions les plus fortes, lorsque, avant de verser l'eau distillée dans l'entonnoir, on mouille parfaitement d'essence de térébenthine toute la paroi inté- rieure de l'entonnoir et celle du bec; on ferme alors l'ori- fice, on remplit à peu prés l'entonnoir d'eau distillée et l'on y verse la mince eouche d'essence. Dans ces conditions, l'écoulement du liquide tournant donnera nécessairement lieu à une figure liquide creuse, dont la surface extérieure, aussi bien que l'intérieure, aura partout une tension moindre que celle de l'eau. C'est en opérant ainsi que j'ai obtenu une figure liquide creuse qui allait en s'élargissant à partir de l'orifice et, aprés avoir atteint une largeur maxima d'envirou 8 centiméres, se prolongeait suivant une lame cylindrique avant prés de 20 centimètres de longueur, pour se résoudre ensuite en une infinité de gouttelettes.

Ainsi se trouve démontrée, d'une facon bien simple. l'influence exercée par une mince couche d'huile sur une masse d'eau relativement grande, animée d'une notable quantité de mouvement.

III. Dans les expériences précédentes, on imprime un mouvement de rotation à la masse liquide, aprés avoir fixé l'entonnoir à un support convenable; mais les résul- tals seraient du méme genre, si, sans faire tourner le liquide, on imprimait au contraire un mouvement de rota- tion à l'entonnoir. Une vérification curieuse de cette propo- sition se réalise dans l'expérience classique du tourniquet hydraulique, quoique le vase supérieur l'on verse le liquide n'ait pas la forme d'un entonnoir. Aprés que, par le jeu des pressions latérales, l'appareil a été mis en rota- lion, on voit aussi se creuser graduellement |a masse

( 211 )

liquide vers l'axe du système, et finir par atteindre le tube vertical de verre fixé au-dessous du vase; bientót aprés, le tube cesse d’être rempli entièrement de liquide, et, à partir de ce moment, l'appareil tourne de moins en moins vite, bien qu'il y ait encore du liquide dans le vase supérieur. On concoit que cet effet serait obtenu beaucoup plus rapide- ment si le vase du tourniquet hydraulique avait la forme d'un entonnoir suffisamment évasé.

IV. Il n'est pas méme nécessaire d'imprimer un mouvement de rotation à l'eau contenue dans un entonnoir suffisamment grand et convenablement fixé, pour voir se produire des phénoménes analogues à ceux que j'ai décrits plus haut; mais alors il sont beaucoup plus lents à se manifester et, de plus, beaucoup moins prononcés. C'est ce que bien des personnes ont pu constater en transvasant de grandes quantités de liquide à l'aide d'un entonnoir.

Sur les éléments neutres des involutions ; par C. Le Paige, correspondant de l'Académie.

Les géométres qui ont traité des involutions supérieures se sont occupés des éléments singuliers appelés neutres, mais ils se sont bornés, au moins autant que nous sachions, aux groupes neutres de première espèce, c'est-à-dire que dans une I? ils ont considéré seulement les groupes de k points tels qu'il leur corresponde oc' groupes de (n k) points, au lieu de déterminer un groupe unique.

Les propriétés de ces groupes se résument dans les trois propositions suivantes, démontrées, par exemple, dans la Note de M. Deruyts :

(212)

IL. Une involution I} possède ! couples neutres. lll. k 9 éléments arbitraires d'une ìk entrent ans yg —- groupes de k éléments neutres. Nous avons déjà signalé, dans un travail antérieur (* la possibilité d'une indétermination plus générale. Considérons, par exemple, une I; ,. Elle sera définie par une équation telle que

n—4) (n—9) 4.2

R Ge E 0, = 0. Cette équation peut s'écrire Lie d, Ay Q; Qu soe 0; + Xo. 04 Qy Az Uu oe 0, = 0.

L'élément X sera indéterminé si nous avons simultané- ment, d, d, Q, Qy ... Q = 0, Az Ay Qz Qu ... A, = D.

Chacune de ces équations définissant une 1-3, l'ensemble caractérise une 1*2. C'est le théorème I rappelé plus haut. La méme équation pourra aussi s'écrire :

2,94. 040,0, ... Pan CU Em EU DOUTE CRE AHLY 0920 PRES a, =0.

Les éléments X et Y seront indéterminés si l’on a simul- tanément : j 04 8, 0, ... 0, 7 A dy 4, Qu ... d, = 0, nd 05 équations qui définissent une I?-*. diri E

t V.

wv 3 H * » " >, () l de sciencias astronomicas e matematicas de Coimbre,

( 215 )

Par suite, dans une l5. ,, les groupes doublement neutres constituent une 1255.

En général, les groupes qui laissent k éléments indéter- minés forment une l-z.

Ces propriétés permettent d'étudier, dans un espace quelconque, des courbes rationnelles différentes de la courbe normale.

Ainsi supposons qu'il s'agisse de notre espace E;.

L'involution l; permet, comme on sait, d'établir toute la théorie des cubiques gauches.

Considérons, dans ce méme espace, une courbe ration- nelle C,.

Tous les plans de TM marquent sur C, une Ej. Les éléments neutres déterminent sur cette courbe une lI; Ils sont évidemment formés de groupes de trois points en ligne droite. Il existe donc une infinité de trisécantes de C4.

Si, d'un autre cóté, nous considérons une droite quel- conque / de l'espace, les plans du faisceau ! marquent sur C, une lj. If et If ont, d’après un théorème connu, six couples communs. Or, chaque trisécante de C, donne trois couples communs Il en résulte que / est rencontrée par deux trisécantes de C, : le lieu de ces trisécantes est donc un des systémes de génératrices d'une MED du second ordre.

Si, au contraire, nous prenons un point G, les plans de |

cette gerbe marquent sur C, une E. Les deux involutions I}, I5 ont trois ternes communs. Donc par uu point G, on peut mener trois trisécantes de la courbe C,.

De méme, si nous considérons, dans l'espace E,, une

courbe rationnelle Cy, les E; de E, marquent sur Cy une li Les groupes de quatre points neutres forment une Ki.

"d "

Ss nc 2 ral

d |

( 214 )

Si nous considérons successivement les espaces E; pas- sant par un Ey, un E,, ou un E, nous obtenons des involutions I5, 15,

Ces involutions ont en commun avec l; respectivement

1* 0 quaterne.

2 trois ternes.

douze couples.

Il n'est pas difficile d'interpréter géométriquement ces résultats. Prenons encore une l; ,; on peut la regarder comme définie par les deux équations

Q, 0, Az Qy ... 0, = 0,

b, b, b, b, b, 0.

Par suite, pour qu'un élément X soit indéterminé, il faudra que l'on ait simultanément

a, Qy Qz ... d, = 0; as a, a, ... a, = O, b, b, b, b = 0; b, b, b, m" b, = 0.

Les groupes de n 1 éléments neutres forment ainsi une 17-1.

En général les groupes de n k points laissant & points indéterminés forment une [775 ,.

Ainsi, si nous considérons une I$, il existe une lj, C'est- à-dire un groupe de six points tels que les deux autres points sont indéterminés.

ous ne pousserons pas plus loin cette étude, que nous espérons compléter par l'exposé des conséquences géomé- triques qu'on en peut déduire.

indie Ém——

: 9185 )

Nouvelles recherches sur la fécondation et la division milosique chez l'Ascaride mégalocéphale. Commu- nication préliminaire; par Édouard Van Beneden et Adolphe Neyt.

INTRODUCTION.

Quand, aprés deux années de recherches consacrées en grande partie à l'étude des phénoménes de la fécondation et de la division cellulaire chez l'Ascaride mégalocéphale, je me suis décidé à livrer à la publicité les résultats de ces études, je ne me suis fait illusion ni sur le nombre ni sur l'importance des lacunes de mon travail. Les œufs qui m'ont servi à rechercher la genése des pronucléus et la division des premiers blastoméres avaient été fixés par l'aleool et colorés au carmin boracique. Je me suis rendu compte de la nécessité de contróler les résultats obtenus au moyen de l'alcool par l'emploi d'autres réactifs. Il importait de trouver une méthode qui permit de durcir rapidement le corps ovulaire, d'arréter le développement à volonté et d'obtenir, sur un méme porte-objet, un grand nombre d'œufs mon- trant tous un seul et méme stade évolutif. La présence, autour du corps ovulaire, de couches périvitellines épaisses, qui opposent une résistance vraiment prodigieuse à la pénétration de la plupart des liquides, tels que l'acide chromique, les bichromates, l'acide picrosulfurique, l': | osmique, le sublimé, constitue une source de difficultés

Dd UNI dei oro WR cM E D rur VORMI a e ES a

( 216

dont il n’a pas été facile de triompher. Ce n'est qu'après de nombreuses tentatives et des essais infructueux que j'ai réussi à trouver une méthode qui permet de fixer en quelques minutes, de colorer sur porte-objets et de mon- ter en préparations permanentes, sans qu'aucune défor- mation se produise, les stades relatifs à la fécondation proprement dite et à la division des premiers blasto- méres, Il y a maintenant plus de deux ans que ce résultat a été obtenu, et je n'ai guère discontinué, depuis celte époque, à poursuivre l'étude des préparations exécutées suivant ce procédé, que je ferai connaitre plus loin. J'ai démontré à Berlin, au dernier Congrés des naturalistes, en septembre 1886, dans le laboratoire particulier de Prings- heim et à l'Institut zoologique dirigé par F. E. Schulze, quelques-unes de ces préparations, et je me suis fait un devoir de faire connaitre aux naturalistes présents à ces séances la méthode employée pour fixer, colorer et monter les œufs en préparations permanentes. Vers la fin de septembre de la méme année, M. le D" O. Zacharias de Hirchberg m'éerivit pour me demander de vouloir bien lui communiquer quelques-unes de mes préparations. Je n'hésitai pas à lui envoyer les mémes préparations que j'avais démontrées à Berlin, et qui y furent examinées par un grand nombre de naturalistes, parmi lesquels je citerai Pringsheim, Strasburger, R. Hertwig, F. E. Schulze, Hensen, Selenka, Reinke et Pfeffer.

Depuis un an environ, M. Ad. Neyt, dont le nom est lié à l'histoire des applications de la photographie à microscopie et à l'astronomie, a bien voulu s'associer à moi pour l'étude des diverses questions qui se rattachent à la fécondation et à la division cellulaire chez l'Ascaride . mégaloeéphale.. Il s'est consacré en outre à reproduire

B m

par la photographie tous les détails relatifs à la pénétra- tion du zoosperme, à la formation des globules polaires, à la genèse des pronucléus et à la karyokinése. Il a si complétement réussi à photographier, non seulement les éléments chromatiques des pronucléus et des noyaux, à tous les stades de la division, mais méme les figures achro- matiques, les sphéres attractives avec leurs corpuscules polaires, les fuseaux nucléaires et les radiations protoplas- miques des asters, que nous serons en mesure de publier à bref délai, avec planches photographiques à l'appui, les résultats de nos études communes. Le nombre des clichés actuellement exécutés est de 1900 environ. Chaque cliché représente un œuf unique grossi de 750 à 780 fois (!/16° de pouce Imm. Eau Powell et Lealand) et mesurant en photographie un diamètre moyen de 5 à 6 centimètres.

Les recherches nouvelles que nous avons faites contir- ment pleinement, sauf sur quelques points de détail, qui seront relevés ci-dessous, les résultats que j'ai fait Connaître précédemment. Nous avons réussi en outre à

combler plusieurs lacunes, à trancher différents points

restés douteux et à découvrir, notamment en ce qui con- cerne la karyokinèse, des faits nouveaux auxquels nous croyons devoir attacher une grande importance et une haute signification.

Quoique peu partisan, en général, des communications préliminaires, j'ai proposé à M. Neyt de publier dés à pré- sent, sous une forme sommaire, les faits nouveaux que nous avons constatés et de faire connaitre la méthode qui permet de les contróler. J'ai déjà exposé, dans une conférence que J'ai faite aux membres de la Société royale de microscopie de Bruxelles, au mois de février dernier, quelques-uns de

ces Bree notamment la division des sphères attrac= -

° SÉRIE, TOME XIV. 5

*

(218 ) tives, précédée par celle des corpuscules polaires. Nous joindrons à cette note quatre planches photographiques destinées à montrer qu'il est possible de rendre par la photographie bien des détails relatifs aux plus délicates particularités de structure des éléments anatomiques.

Épovanp Van BENEDEN.

Méthode de préparation.

Les œufs du vagin el des portions avoisinantes des utérus sont pourvus de deux éléments nucléaires, qui apparaissent, dans les œufs vivants, sous la forme de deux taches claires dans le fond granuleux du vitellus.

Si, aprés avoir fixé un Ascaris vivant dans un baquet au moyen de deux épingles placées l'une prés de l'extrémité antérieure, l'autre prés de l'extrémité postérieure du corps, on incise la paroi musculo-cutanée, ce qui peut se faire en un instant et d'un seul coup de ciseaux, les deux utérus étant mis à nu, on peut en quelques minutes avoir déposé sur une série de porte-objets de petits amas d'œufs retirés de l'appareil sexuel en des points de plus en plus éloignés du vagin, et distants les uns des autres d'un quart de cen- timètre environ. Ces œufs sont traités sur porte-objet. soit par de l'acide acétique glacial, soit par un mélange à parties égales d'acide acétique cristallisable et d'alcool absolu. En suivant au microscope l'action du réactif, on constate qu'au bout de cinq minutes quelques ceufs se font remarquer par leur transparence : de granuleux et à peine translucide qu'il était, le vitellus est devena transparent. Ce changement d'aspect du vitellus se fait brusquement et pour ainsi dire instantanément. Au fur et à mesure que

o e Suet

( 949 )

le réaetif agit plus longtemps, un plus grand nombre d'œufs subissent cette transformation; au bout de vingt minutes on ne trouve plus guère d'œufs restés granuleux ; tous ont été frappés de mort: l'acide a passé à travers les enveloppes périvitellines, est arrivé au contact du proto- plasme et a déterminé les modifications que nous venons de signaler. Au moment choisi, soit quand quelques œufs seulement ont été tués, soit aprés que tous ont été fixés, on remplace l'acide par de la glycérine au tiers additionnée d'une solution aqueuse de vert de malachite, de vésuvine, ou, ce qui vaut mieux, des deux matières colorantes à la fois. Il est à peu p:és indifférent que la glycérine soit plus ou moins chargée de matière colorante. Moins d'une heure aprés, les éléments nucléaires apparaissent distinctement, plus ou moins énergiquement colorés, dans le foud clair et uniforme du vitellus. La coloration s’accentue avec le temps; on peut sans inconvénient laisser les œufs pendant plusieurs jours, voire méme pendant des semaines ou des mois dans la glycérine colorée. S'il s'est produit un excès de coloration, on décolorera soit par l'eau pure, soit par l'eau acidulée d'aeide acétique, soit par la glycérine au tiers ou méme plus fortement étendue d'eau e! très légèrement acidulée d'acide acétique.

Un point intéressant à noter c'est que, si l'on substitue la glycérine à l'acide acétique pur ou au mélange à parties égales d'aeide et d’alcool, au bout de cinq à dix minutes, alors qu'un nombre plus ou moins considérable d'œufs n'ont pas encore été tués, ces œufs, quoique placés dans la glycérine colorée, voire méme dans des préparations for- mées à la paraffine, se développent, se segmentent régu- liérement, donnent parfois méme naissance, après des semaines ou des mois, à des embryons normaux, absolu- ment comme si rien ne s'était produit.

( 220 )

Au moment l'on verse sur les ceufs l'acide pur ou mélangé à l'aleool, l'amas se gonfle considérablement. Ce phénomène dépend exclusivement du gonflement de la eouche de substance qui, dans l'utérus, se dépose à l'extérieur de chacun des œufs et qui, sur le frai, se montre composée de bàtonnets juxtaposés les uns aux autres. L’œuf lui-même conserve exactement son volume primitif. La substance gonflée par l'acide est visqueuse, molle, parfaitement transparente et homogène en appa- rence. Elle fait adhérer les ceufs au porte-objet et permet d'exercer sans aucun inconvénient une pression suffisante sur le cover pour étendre lamas d'œufs, traités par le réactif, en une seule assise d'ovules.

Quand l'acide a traversé la première couche périvitel- line et qu'il commence à imprégner la seconde couche, celle-ci perd l'apparence fibrillaire, si marquée sur le vivant, de sa couche corticale.

La substitution de la glycérine à l'acide n'améne pas la moindre déformation de l’œuf, ni rétraction des mem- branes, ni altération de la forme du corps vitellin.

Que l'on ait employé l'acide pur ou le mélange d'acide et d'aleool, on distinguera avec la plus grande netteté, moins d’une heure aprés que l'on aura commencé l'opé- ration, deux éléments nucléaires sphériques dans l'im- mense majorité des œufs. Si l'on a affaire à des œufs rétirés du vagin ou du quart inférieur de l'utérus d'un ascaris vivant, chacun des éléments nucléaires montre une structure réticulée trés délicate, et les éléments chroma- tiques des pronueléus, aussi bien que ceux des globules polaires, apparaissent vivement colorés en vert ou en brun, suivant les matières colorantes employées. Comme nous l'avons dit plus haut, la présence de deux éléments nuclé-

( 221 ) aires, dans l'immense majorité des ceufs retirés soit du vagin, soit du quart inférieur de l'utérus, peut étre d'ail- leurs constatée sur le vivant : ces noyaux apparaissent alors comme des taches claires dans le fond granuleux du vitellus (1). Mais il est impossible, par l'examen des œufs vivants, de se rendre compte de la structure de ces éléments, et ce n'est guére que quand on a reconnu, par l'emploi des réactifs, la présence dans le vitellas de deux beaux noyaux sphériques, bien délimités et plus ou moins chargés de chromatine, que l'on acquiert la certitude que les deux taches claires, qui se voient sur le vivant, sont bien déterminées par ia présence de deux éléments nucléaires.

Pour étudier la genèse du pronucléus femelle aux dépens de la seconde figure pseudo-karyokinétique, du pronucléus mâle aux dépens du spermatozoïde, il faut examiner des séries de préparations d'œufs rétirés de l'utérus, en des points suffisamment éloignés du vagin. La méthode à l'acide acétique et la coloration au moyen de la glycérine additionnée de vert de malachite et de vésuvine, permet de constater avec la plus parfaite évidence deux faits impor- tants : le moment le pronucléus mâle se consti- tué aux dépens du petit noyau chromatique du zoosperme coincide exactement avec celui le pronucléus femelle se forme aux dépens de deux éléments chromatiques, en forme de bâtonnets, qui proviennent de la seconde figure pseudo-karyokinétique (2); 2 au moment il prend

mn RPG ME Qe

(1) Enovanp Van Bengoen, Recherches sur la maturation de l'eeuf, la fécondation et la division cellulaire, planche XIX, fig. 10.

(2) Ibidem, planche XIX, fig. 4, 5, 6, 7 et 8. Planche XVIII, fig. 3, 4, 5 et 6.

( 222 )

naissance le pronucléus mâle est enveloppé par le résidu dégénéré du corps protoplasmique du zoosperme; celui-ci ne se confond pas avec le protoplasme ovulaire : il consti- tue autour du noyau du spermatozoide une couche parfai- tement délimitée, qui ne se sépare du pronucléus mâle qu'aprés que celui-ci s'est constitué en une vésicule. Jusqu'à ce moment le résidu du protoplasme spermatique enveloppe partiellement le pronucléus et affecte la forme d'une calotte à surface irréguliére (1). Cette calotte, aprés s'être éloignée du pronucléus, se ramasse sur elle-même; elle diminue rapidement de volume, au point de n'étre bientót plus qu'un globule, puis un granule à peine per- ceptible; enfin toute trace du corps dégénéré du zoosperme disparait complétement. Le résidu du protoplasme sper- matique se dissout dans le vitellus, probablement par une sorte de digestion.

Ce qui rend particalièrement facile l'observation de ces faits, que l'un de nous avait observés, décrits et figurés d'après des préparations à l'alcool, colorées au earmin boracique, c'est que si l'on traite par la glycérine addi- tionnée de vert de malachite et de vésuvine les œufs fixés par l'aeide acétique, le corps protoplasmique dégé- néré du zoosperme se colore vivement en brun, tandis que les éléments chromatiques nucléaires prennent une coloration verte, le vitellus restant à peu prés incolore. Impossible de ne pas distinguer à première vue, dans ces préparations, les deux pronucléus d'une part, le résidu du corps protoplasmique du zoosperme de l'autre. Rien de plus facile à constater que ce fait capital que, au moment

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(1) Loc. cit., planches XVII” et XIX.

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( 223 )

il se constitue en un noyau vésiculeux et réticulé, au voisinage du centre du vitellus, le pronucléus mâle est encore enveloppé en tout ou en partie par le résidu du corps protoplasmique du zoosperme. ll atteint des dimensions considérables et affecte une forme sphérique régulière, avant de sortir de la concavité de la calotte fortement colorée en brun que, dans des œufs plus rapprochés du vagin, on trouve recroquevillée et séparée du pronucléus. (PLIL già g)

Avant que le pronucléus mâle se soit dégagé de son manteau de protoplasme dégénéré, le pronucléus femelle s'est constitué en un noyau réticulé au voisinage du second globule polaire.

Dans cette genèse des pronucléus, la chromatine, jusque- homogène, se résout en un réticulum formé de granules chromatiques reliés entre eux par des filaments; de la péri- phérie des deux bàtonnets ponctués partent de petites trai- nées de grains achromatiques, réunis en filaments; les bàtonnets siégent à ce moment dans un espace clair; ils augmentent rapidement de volume, au point d'envahir bientôt tout cet espace, dont les limites deviendront celles- des pronucléus. On ne peut mieux comparer l'aspect du phénoméne qu'au gonflement d'une éponge comprimée d'abord, au moment elle s'imbibe de liquide.

La méme méthode, traitement par l'acide acétique cris- tallisable pur ou mêlé à parties égales avec de l'alcool absolu, coloration par la glycérine additionnée de vert de malachite et de vésuvine et remplacement aprés deux ou trois jours de la glycérine colorée par de la glycérine au tiers non colorée, cette méthode donne des résultats

( 224 )

superbes pour l'étude de la karyokinèse dans les blasto- méres de l'Ascaris. Pour faire apparaitre les éléments chromatiques il est indifférent que l'on emploie l'acide seul ou l'acide additionné d'alcool. Mais les fibrilles achro- matiques des fuseaux el des asters se conservent beau- coup mieux dans le mélange d'alcool et d'acide. Quant aux sphères attractives avec leurs corpuscules polaires, elles apparaissent trés distinctement aussi dans les prépa- rations colorées aprés l'action de l'acide pur; mais elles présentent un autre aspect daus les deux catégories de préparations, ce qui dépend de ce que les fibrilles achroma- tiques ne résistent guère à l'action de l'acide seul, tandis qu'elles se conservent bien par le mélange d'acide et d'al- cool. L'acide fait gonfler les granules punctiformes des fibrilles et parait résoudre celles-ci en granulations. L'alcool empéche l'acide de produire ce résultat.

Pour étudier la métamorphose des pronucléus, voir un cordon chromatique d'abord trés ténu, puis de plus en plus épais, se constituer aux dépens du réseau nucléaire dans chacun des pronucléus, pour observer les phases succes- sives de la karyokinèse pendant la segmentation, voici comment il faut procéder. Les œufs retirés du vagin et du quart inférieur des utérus d’un Ascaris vivant sont mis en culture dans un verre de montre ou sur des fèces de che- val. La rapidité du développement est fonction de la tempé- rature. Les œufs retirés de l'utérus ou du vagin placés dans un verre de montre, sans addition d'aucun liquide et maintenus dans un milieu humide à une température de 25 degrés environ, sont déjà segmentés en deux, douze heures et méme moins de douze heures aprés avoir été mis en culture. Ils se segmentent moins vite si, au lieu de

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les mettre en contact avec lair atmosphérique, on les maintient plongés dans un liquide, eau, sérum ou glycé- rine. Mais pour être un peu plus lent, le développement n'en marche pas moins régulièrement dans ces conditions. Des températures plus basses ralentissent le développe- ment; mais elles n'aménent, pas plus que l'immersion, aucun phénoméne anormal ou pathologique. On peut, comme l'a montré Hallez, arréter à volonté le développe- ment pendant un temps plus ou moins long, soit en abais- sant suffisamment la température, soit en empêchant l'accés de l'oxygène, sans que le développement normal de l’embryon en soit affecté d'aucune manière. Quelles que soient les conditions dans lesquelles les ceufs retirés du vagin et du quart inférieur de l'utérus se trouvent placés, qu'ils soient immergés dans l'eau ou maintenus dans un verre de montre sans addition de liquide, que l'on prenne la précaution de les placer dans une chambre humide ou qu'on les laisse se déssécher, qu'on les conserve à une tem- pérature constante ou qu'on les soumette pendant l'hiver à toutes les variations journalières de chaud et de froid, on est certain, en examinant les œufs aprés un laps de temps variant de six semaines à trois mois, de trouver un embryon complètement développé et parfaitement vivant dans chaque ceuf.

Les œufs de l'Ascaris du cheval, admirablement pro-

tégés par les enveloppes périvitellines, si peu perméables qu'elles s'opposent à la pénétration de la plupart des réactifs, tant que l'œuf est vivant, présentent donc une résistance merveilleuse, et l'on chercherait en vain, dans

n'importe quelle classe du règne animal, des œufs mieux -

abrités contre l'action des causes extérieures.

-

v 226 |

L'hypothése purement gratuite d'aprés laquelle les ceufs, chez lesquels la conjugaison des pronucléus n'a pas lieu, seraient des œufs pathologiques, peut être écartée à priori. Les expériences de contrôle sont d'ailleurs des plus simples et des plus faciles à faire. Elles ont été répétées un grand nombre de fois. Des œufs sont mis en culture dans un verre de montre. De demi-heure en demi-heure on en fait deux ou trois préparations. Au début, on trouve deux pro- nucléus dans chaque œuf; puis on voit un cordon chro- matique se constituer dans chaque pronucléus et deux anses chromatiques primaires se former aux dépens de chacun d'eux ; puis le vitellus se divise et les préparations donnent successivement tous les stades de la karyokinése. Sur le méme porte-objet les ceufs se trouvent à peu prés tous au méme stade du développement. On varie la durée de l'action de l'acide dans les trois préparations faites au méme moment, de facon à tuer dans chacune d'elles un nombre plus ou moins considérable d'œufs, ou bien à les tuer tous. Dans ce dernier cas encore, les œufs présentent tous indistinctement les mêmes particularités. Dans les préparations l’action de l'aeide a été moins prolongée, un certain nombre d'œufs ont échappé à la mort. Si l'on prend la précaution d'enlever le couvre-objet, ou méme sans prendre cette précaution, ces ceufs conti- nuent leur évolution normale et, après quelques semaines, on y trouve des embryons complètement développés, pat- faitement vivants et se contournant en tous sens. Les œufs mis en culture ne sont pas tous employés. Aprés quelques semaines, on trouve un embryon vivant dans chacun dés œufs conservés dans le verre de montre.

ll faut bien admettre que ces œufs n'étaient point patho-

( 227 )

logiques, et si ceux qui sont restés en culture et qui ont pu se développer complétement étaient des ceufs normaux, capables d'un développement normal, dira-t-on que ceux qui ont été tués par l'acide et chez lesquels deux anses chromatiques se sont constituées aux dépens de chacun des pronucléus, sans aucune conjugaison préalable, étaient des œufs pathologiques?

Soutiendra-t-on que l'acide acétique les a rendus malades avant de les tuer? Comment se fait-il alors que ceux qui ont été plongés dans l'acide pendant plusieurs minutes, mais qui ont néanmoins échappé à la mort, à raison de l'action trop peu prolongée du réactif, donnent naissance à des embryons parfaitement vivants? Il faut n'avoir jamais observé l'instantanéité avec laquelle l'aspect du vitellus change, au moment l'acide, aprés avoir traversé les enveloppes, arrive au eontact du globe vitellin, pour expri- mer semblable opinion.

Si l'on plonge les œufs dans de l'aleool faible, ils ne sont tués qu'aprés une immersion prolongée. On pourrait Croire que, dans ces conditions, les œufs avant de mourir ont pu pendant quelque temps évoluer anormalement. Ici, l'objection pourra paraître fondée; et cependant elle ne l'est pas; nous n'avons rencontré dans les œufs traités de celte manière que des stades normaux, montrant les mêmes phénomènes que l'on constate en traitant par l'acide acétique et dont on peut contrôler le caractère normal, tout au moins en ce qui concerne les phénomènes exté- rieurs de la segmentation, en comparant avec le vivant. Quant au traitement par l'acide acétique ou par un mélange d'acide et d'aleool absolu, l'objection tombe d'elle-même en présence de ce fait que les ceufs sont tués en quelques

( 238 ^

minutes. Il serait plus exact de dire qu'il suffit de quelques minutes pour que le réactif traverse les couches périvi- tellines et arrive au contact du vitellus. Dès le moment l'acide atteint le globe vitellin, il est instantanément tué et fixé dans sa forme, comme le serait un œuf nu ou entouré de membranes n'opposant aucun obstacle à la pénétration des liquides.

La méthode à l'acide acétique, qui donne des résultats si favorables pour l'étude de la formation des pronucléus et de la segmentation, ne convient pas pour l'analyse des .figures qui se rattachent à la formation des globules polaires. La cause en est dans la composition du vitellus, toute différente pendant la période de maturation de l'œuf et aprés la maturation. Il existe probablement dans le protoplasme ovulaire, préalablement à l'expulsion du second globule polaire, des substances qui gonflent au con- tact de l'acide. Ce gonflement détermine des altérations profondes du corps cellulaire et des figures pseudo- karyokinétiques.

Nous n'avons pas réussi à trouver, pour l'étude de formation des globules polaires, de méthodes plus favo- rables que celles qui ont donné à l'un de nous les résultats qu'il a fait connaitre. La valeur de ces méthodes a été critiquée et l'on a révoqué en doute le bien-fondé des con- clusions tirées de l'étude de ces préparations, quant à la signification des globules polaires. La plupart des au- leurs continuent à penser que les globules polaires sont essentiellement des cellules, et que les phénoménes préa- lables à l'expulsion de ces éléments sont assimilables à ceux qui caractérisent essentiellement la karyokinèse.

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( 229. )

Nous réservons pour plus tard la discussion des objec- üons qui ont été faites à l'interprétation des figures décrites et figurées dans le mémoire sur la maturation de l'eeuf et la fécondation chez l'Ascaris. Nous nous bornons à déclarer que nous maintenons absolument l'opinion émise par l'un de nous quant à la nature des globules polaires. Sans entrer dans le détail des phénoménes qui préludent à la formation de ces éléments, nous appelle- rons l'attention sur le fait suivant qui, à notre avis, résoud la question. Chaque fois qu'une cellule de l'Ascaris se divise, on constate dans la plaque équatoriale de la figure dicentrique l'existence de quatre anses chromatiques, et les noyaux dérivés se constituent aux dépens de quatre anses secondaires. La division karyokinétique n'a donc pas pour effet de réduire le nombre des éléments chroma- tiques du noyau, mais seulement de dédoubler ces élé- ments. Au contraire, la genèse des globules polaires a pour résultat de réduire de moitié le nombre des éléments chro- matiques du noyau ovulaire. Dans les œufs primordiaux et les spermatoméres en voie de division, comme dans les cellules des tissus et les blastoméres en cinèse, la plaque équatoriale se constitue de quatre anses chromatiques. La chromatine de l'œuf ovarien, condensée dans le corpuscule germinatif, procéde de quatre anses chromatiques. Tout au contraire, le pronucléus femelle se constitue aux dépens de deux bàtonnets chromatiques et il ne fournit que deux anses chromatiques à la première figure dicentrique : il n'est donc, au point de vue de la quantité de chromatine qu'il renferme, qu'un demi noyau. Pendant la genése des globules polaires, le noyau ovulaire a done subi une réduc- tion nucléaire. Le noyau ovulaire, aprés le rejet des globules polaires, n'est plus qu'un demi noyau.

250 ?

Ce fait capital, établi pour la première fois dans le mémoire sur la maturation de l’œuf et la fécondation chez l'Ascaris, montre à l'évidence qu'il existe une différence radicale entre une division cellulaire et la formation des globules polaires.

Dans son mémoire sur la spermatogenése chez l'Ascaris, publié en collaboration avec Ch. Julin, l'un de nous à montré qu'il en est de méme lors de la formation des sper- matozoides. Tandis que, dans les spermatoméres en cinése, la plaque équatoriale se constitue de quatre anses chro- matiques, identiques à celles que l'on observe dans un blastomére en voie de division, dans les spermatogonies l'on ne trouve plus, au stade de la métaphase, que deux élé- ments chromatiques primaires, et il en est de méme dans les spermatocytes et par conséquent dans les spermato- zoides.

Done, tandis que les noyaux de toutes les cellules de l'Asearis sont caractérisés en ce qu'ils renferment l'équi- valent de quatre anses chromatiques, l’œuf, après avoir subi les phénomènes de la maturation, les spermatogonies, les spermatocytes et les spermatozoïdes, ne renferment plus chacun qu'un demi-noyau. Alors que, dans toute division mitosique, il s’opère un dédoublement des éléments chro- matiques, jamais de réduction, la formation des globules polaires et la genèse des spermatozoïdes sont caractérisés par une réduction de moitié des éléments chromatiques de la cellule. Tandis que, dans toute cellule de l’Asearis; existe l'équivalent de quatre anses chromatiques, dont la présence caractérise un noyau complet, il n'existe dans l'œuf mür et dans le spermatozoide que Rs de deux anses chromatiques.

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RÉSULTATS. $ I. Formation des pronucleus.

L'une des conclusions fondamentales que l'un de nous a formulées dans le mémoire qui fut livré à la publicité au commencement d'avril 1884, c'est que l'un des deux élé- ments nucléaires, que l'on trouve dans les ceufs vaginaux et utérins (quart inférieur de l'utérus) de l'Ascaris, se développe tout entier et exclusivement aux dépens du zoosperme, tandis que le second procéde d'un reste de la vésicule germinative, concurremment avec le second glo- bule polaire. Seul le noyau du spermatozoide intervient dans la formation du pronucléus mâle : le protoplasme du zoosperme subit, pendant la maturation de l'eeuf, une dégénérescence progressive, qui s'aecuse notamment en ce qu'il acquiert une grande avidité pour les matières colo- rantes. Au moment le petit noyau chromatique du Z00Sperme se transforme en un noyau vésiculeux, sphé- rique et à structure réticulée, le résidu dégénéré du pro- toplasme spermatique entoure ce noyau, en tout ou en partie, et lui constitue un revêtement à surface irrégulière, qui se colore énergiquement en brun par la vésuvine. (Pl. I, tig. 1.) Quand le pronucléus a atteint un certain volume, il quitte la concavité de la calotte que lui formait le résidu du protoplasme spermatique, et l'on trouve alors le résidu de ce dernier dans le vitellus, à cóté du pronu- cléus. (PI. I, fig. 2 et 5. Voir aussi pl. XVIII*^, fig. 5, 5 et

( 232 )

6, pl. XIX, fig. 4, 5, 6, 7, 8 du mémoire cité). La calotte recroquevillée, réduite à un amas irrégulier de substance assez réfringente, nettement circonserite et se colorant vivement en brun par la vésuvine, est alors progressive- ment résorbée (pl. I, fig. 4); elle finit par disparaître complétement. Pendant ce temps, le pronucléus mále con- tinue à s'accroitre.

En méme temps que se forme pronucléus mâle, aux dépens du noyau du zoosperme, le pronucléus femelle prend naissance à la périphérie du vitellus, au voisinage du second globule polaire. (Voir pour les détails du phé- nomène, pl. XVII”, fig. 5, 4, 5 et 6, pl. XIX'^, fig. 1, 2, 3, 4, 5 et 6 du mémoire cité.

Les préparations faites au moyen de la méthode à l'acide acétique et coloration par les matiéres d'aniline ont si complétement confirmé ces résultats, que nous n'avons rien à ajouter, rien à retrancher de la description que l'un de nous à faite précédemment de cette période du développe ment.

8 H. Prophases cinétiques.

Un autre résultat du méme travail, c'est que, dans l'im- mense majorité des ceufs, il ne se produit pas, chez l'Ascaris du cheval, de conjugaison des pronucléus. Dès que les élé- ments nucléaires ont atteint leur complet développement, il se constitue dans chacun d'eux, aux dépens du reticulum nucléaire, un cordon chromatique. Les préparations à l'acide acétique nous ont permis d'étudier de plus près la genése de ce cordon. Il se forme exelusivement à la péri- phérie du pronucléus, et siége, tout au moins en grande

( 299 ) partie, dans l'épaisseur de la membrane nucléaire (1). Il se présente, au début, sous la forme d'un cordon extréme- ment fin, trés sinueux, contourné et pelotonné. Il est diffi- cile de dire si, à ce stade, chacun des pronucléus pré- sente exactement l'aspect que Flemming a si bien figuré pour les noyaux de la salamandre au début de la cinése (Beitr. zur Kenntn. der Zelle. Arch. f. Mikr. Anat. Bd. 16, pl. XVII, fig. 5), le cordon est continu ou discontinu. À mesure que le développement progresse, le cordon s'épais- SiL et se raccourcil; son trajet devient moins flexueux, et bieutót il devient facile de constater que, dans chacun des pronucléus, il n'existe qu'un cordon unique et continu, formant dans la plupart, sinon dans tous les cas, une courbe fermée. A un moment donné, on distingue nette- ment, dans chaque pronucléus, un champ polaire répondant à la zone que Rabl a décrite sous ce nom dans les noyaux de la salamandre. Le cordon décrit à la surface de chaque pronucléus un certain nombre de lignes méridiennes qui, à des distances variables du champ polaire, se réunissent en anses deux à deux. Ces méridiens, flexueux à des stades plus jeunes, se régularisent progressivement; leurs termi- naisons en anses s'éloignent progressivement du champ polaire et aussi du póle du noyau opposé à ce champ. I! arrive un moment le cordon chromatique ne forme plus qu'un anneau sinueux, à mi-distance entre les deux póles du noyau. Puis une moitié de l'anneau est refoulée dans l'autre : le cordon chromatique de chaque pronucléus forme une figure analogue à celle que l'on produirait au moyen d'un anneau élastique, en le pliant suivant un de

I TA Sq ennt

(4) Loc. en... page 552. Ó"* SÉRIE, TOME XIV. 16

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ses diamètres de façon à en faire deux demi-anneaux super- posés. Chaque demi-anneau n’est pas cependant régulière- ment semi-circulaire; il décrit encore des sinuosités plus ou moins marquées. Aprés ce stade, le cordon chromatique subit généralement une rétraction ; il quitte en partie la surface des pronucléus et se pelotonne plus ou moins vers l'intérieur, de sorte que, dans beaucoup d'œufs, il devient difficile d'analyser le cordon.

Le plus souvent avant, parfois seulement aprés cette rétraction, qui est du reste plus ou moins accusée et présente des aspects variables d'un œuf à l'autre, le cordon subit la segmentation transversale. Il résulte de cette segmentation que, dans chacun des pronucléus, le cordon chromatique se résout en deux anses chromatiques primaires, plus ou moins paralléles entre elles, parfois emboitées l'une dans l'autre; parfois les deux anses, encore réunies entre elles par une de leurs extrémités, forment ensemble une sorte de W. Le plus souvent l'une des anses est un peu plus courte que l'autre. A ce moment les pronucléus, dont les contours sont devenus fort indislincis, se regardent l'un l'autre par leurs faces latérales, les champs polaires étant dirigés d'un méme côlé, vers les sphères attractives adjacentes entre elles. Les anses primaires ont leurs extrémités divergentes et elles dirigent toutes, vers le centre de la figure, la con- vexité de la courbe qu'elles décrivent. Leur position relative se modifie peu à peu: au moment elles viennent de Se constituer, les quatre anses forment encore deux groupes composés chacun des deux éléments dérivés d'un méme pronucléus. Souvent les deux anses d'un méme groupe sont au début plus ou moins paralléles entre elles; elles décrivent la méme courbe, et l'une se trouve logée dans la concavité de l'autre. Plus tard les anses d'un méme groupe

( 255 ) s'écartent l’une de l’autre et en viennent à se placer l'une à côté de l'autre. A ce moment il devient impossible de distinguer les anses paternelles des anses maternelles : les quatre anses forment ensemble une étoile composée d'élé- ments semblables juxtaposés entre eux. Les membranes des pronucléus n'existent déjà plus depuis longtemps et il peut sembler, si l'on n'y regarde pas de trés prés, que les anses chromatiques sont librement suspendues dans le proto- plasme ovulaire. Alors s'accomplit la division longitudinale ou le dédoublement des anses primaires en anses secon- daires : l'étoile ehromatique primaire se divise, suivant le plan équatorial de la figure, en deux étoiles chromatiques secondaires, identiques entre elles; adjacentes l’une à l'autre au moment elles prennent naissance, elles s'écartent progressivement l'une de l'autre, gagnent peu à peu les póles de la figure dicentrique et constituent les ébauches des noyaux des cellules filles. Cette découverte du chemi- nement vers les póles opposés de la figure des anses jumelles, nées du dédoublement d'une anse primaire, fut faite en méme temps par l'un de nous chez l'Ascaris (1),

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(4) Le premier exemplaire de mon mémoire fut remis à Dubois- Raymond, Jors de son passage à Liège, le 4 avril 1884. Le travail de Heuser parut dans le courant de mars 1884. Il résulte de ces dates que cette découverte à été faite et publiée à peu prés simultanément par Heuser dans des cellules végétales et par moi dans des cellules animales. Le mémoire de Rabl, sur la karyokinése chez la salamandre, Parut plusieurs mois plus tard. C'est done tout à fait à tort que Waldeyer, dans un écrit récent, attribue à Heuser et à Rabl la décou- verte dont il s'agit. Je tiens à en revendiquer la priorité pour Heuser et pour moi-même. Nos travaux ont paru à moins d’un mois d'inter- valle, De méme due Pan à EA ce E Sr HER chez les Végétaux, S hez l'Ascaris,

( 256 ) par Heuser dans les cellules végétales et, bientót aprés, elle fat confirmée par Rabl dans les cellules des tissus de la salamandre. Elle donne la elef de l'interprétation des phé- noménes si compliqués, jusque-là incompréhensibles, de la karyokinése.

En ce qui concerne la division du premier blastomére de l'Ascaris, cette découverte a permis de reconnaitre que la chromatine des noyaux des deux premiers blastoméres dérive, par moitiés, du pronucléus mâle et du pronucléus femelle, sans qu'à aucun moment il y ait eu ni fusion, ni mélange, moins encore d'imprégnation (Durchdringen Hertwig) des chromatines paternelle et maternelle. Si l'on rapproche l'un de l'autre ces trois faits : le fait bien connu que le descendant hérite, à égalité de titres et par parts égales, des caractères paternels et des caractères maternels, qu'il tient également du père et de la mére; 9? le fait, résultant avec une absolue certitude de l'étude du développement de l'Ascaris, que le corps protoplasmique du spermatozoide dégénére et n'intervient pas dans l'édification du corps protoplasmique de la première cellule embryon- naire, que le noyau du zoosperme est le seul élément paternel fourni à l'eeuf fécondé; que les noyaux des deux

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de méme je n'avais et je ne pouvais avoir aucune connaissance de ses travaux, quand j'ai reconnu, dans les blastoméres de l'Ascaris, la raison de la division longitudinale des anses primaires. Je pense aussi que la constatation des mêmes faits par Rabl, dans les cellules de la salamandre, a été tout à fait indépendante. Cependant le mémoire de Rabl parut assez longtemps aprés les recherches de Heuser et aprés mon travail, pour avoir permis à cet auteur de citer nos ouvrages. Quelques-uns des résultats consignés dans mes « Recherches » sont cités par Rabl à la page 248, dernier alinéa, de son mémoire. Épovanp Van BENEDEN.

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premiers blastoméres et tous les noyaux subséquents se constituent aux dépens de quatre anses chromatiques sem- blables entre elles, dont deux paternelles et deux mater- nelles, on en arrive à cette double conclusion : que le noyau est le support exclusif des propriétés héréditaires et l'organe directeur du développement, de la forme et de la fonction ; et 2 que l'hérédité se conçoit chez les êtres les plus compliqués, au méme titre et de la méme maniére que chez les Protozoaires qui se multiplient par division. La premiére de ces conclusions a été surtout mise en lumière, aprés la publication de nos recherches sur la fécondation chez l'Ascaris, par Strasburger, par O. Hert- wig, par Weissmann et par Kólliker.

S Ill. Théorie de la fécondation.

Les observations que nous venons de rappeler, pleine- ment confirmées par l'étude des préparations faites au moyen de l'acide acétique, ont conduit l'un de nous à formuler une théorie de la fécondation toute différente de celle de Hertwig, généralement acceptée aujourd'hui en Allemagne.

Pour O. Hertwig, comme pour Strasburger et beaucoup d'autres auteurs, la fécondation consiste essentiellement dans la conjugaison du noyau spermatique avec le noyau ovulaire. Pour ces auteurs il n'y a pas de différence entre les éléments nucléaires que l'un de nous a le premier. appelés pronucléus, afin de bien les distinguer des noyaux complets, et des novaux de cellules ordinaires. La forma- lion des globules polaires consisterait, d'aprés eux, en une division cellulaire ne différant en rien d'essentiel de toute

( 258 )

autre karyokinése; elle ne se rattacherait pas à la féconda- tion, et il faut attribuer aux globules polaires une signifi- cation non pas physiologique mais morphologique. Le sens qu'il faut attribuer au mot conjugaison, les frères Hert- wig l'ont bien précisé dans leur dernier travail, quand ils ont cherché à montrer que la fécondation n’est accomplie, qu'un développement normal de l'œuf n'a lieu, qu'à la condition que le noyau spermatique et le noyau ovulaire se soient non seulement soudés entre eux, mais qu'ils se soient intimement eonfondus (Durchdringt) : « nur dann, wenn die Substanzen von Ei- und Spermarkern sich ganz durchdringen, entstehen Kerne, welche mit allen für die weitere Entwicklung nötigen Lebenseigenschalten ausgerüstet sind (1) ».

La théorie qui'a été formulée précédemment par l'un de nous, fondée sur les phénomènes observés chez l'Ascaris, voit dans la conjugaison des pronucléus un phénoméne tout accessoire el en quelque sorte accidentel. La fécon- dation et la maturation de l'œuf sont des phénomènes inséparables, en ce sens que le second est nécessairement préalable au premier : la fécondation consiste essentiel- lement dans un remplacement, dans la substitution d'un demi-noyau fourni par le mâle et introduit par le sperma- tozoïde, à un demi-noyau éliminé par œuf sous forme de globules polaires. La cellule-œuf, réduite après la matura- tion à un gonocyte femelle, à un organisme élémentaire pourvu d'un demi-noyau, et pour ce motif incapable de multiplication, se complète et devient la première cellule

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(1) O. et R. Herrwic. Uber den Befruchtungs-und Teilungs- Vor- gang des thierischen Eies, unter dem Einfluss aüsserer Agentien.

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( 259 )

de l'embryon, quand un demi-noyau d’origine mâle ou paternelle s'est constitué, dans le vitellus, aux dépens de l'élément nucléaire du zoosperme. La fécondation, de | méme que la nutrilion, se constitue de deux ordres de [ phénoménes opposés : élimination et remplacement d'une part, décomposition et recomposition de l'autre : dans l'un comme dans l'autre cas une réduction s’accomplit d'abord, une reconstitution ou une substitution ensuite. Cette com- = paraison n'a d'ailleurs que la valeur d'une image destinée = à faire comprendre la pensée; car dans la nutrition il s'agit d'un phénoméne chimique, dans la fécondation d'un phénoméne morphologique.

Mais dés que ces deux demi-noyaux existent dans le corps protoplasmique de l’œuf, la fécondation est accom- plie et il est absolument indifférent, pour la suite du déve- loppement, que les demi-noyaux que nous avons appelés des pronucléus se confondent en un noyau unique ou qu'ils restent séparés et écartés l'un de l'autre. Dans l'immense majorité des œufs d'Ascaris, ils restent séparés l'un de l'autre et M se "nm l'élification dela premiére figure karyokiné t comme s'ils ne formaient

ensemble | qu'un noyau u unique. Les éléments qui, dans une mitose ordinaire, procédent du noyau, sont fournis ici, par moitiés égales, par chacun des pronucléus.

Cette théorie repose sur les faits suivants :

La genèse des pronucléus coincide exactement avec l'élimination du second globule polaire, c'est-à-dire avec le moment l'œuf a achevé sa maturation ;

2 Dans l'immense majorité des cas, il ne se produit pas même d'accolement entre les pronucléus;

Les changements préalables à la constitution de la figure dicentrique s'accomplissent simultanément dans les

( 240 ) deux pronucléus, qui, quoique écartés l'un de l'autre, se comportent exactement comme s'ils ne formaient qu'un noyau unique ;

Deux éléments nucléaires, l'équivalent de deux anses chromatiques, sont éliminés par l'ueuf, lors de la formation des globules polaires, de telle sorte que le pronucléus femelle differe des noyaux des cellules des tissus de l'As- caris, en ce qu'il ne renferme plus que deux anses chroma- tiques au lieu de quatre.

Le noyau du zoosperme ne renferme lui non plus que deux éléments chromatiques au lieu des quatre anses que l'on observe constamment dans les spermatomères en voie de division. L'élément nucléaire du zoosperme, aussi bien que l'ébauche du pronucléus femelle, ne sont donc, en se fondant sur le nombre des éléments chromatiques qu'ils représentent, que des demi-noyaux.

Dès le moment les pronucléus se sont constitués à l'état de corps nucléaires sphériques et réticulés, dès le moment ils ont atteint leur complet déveroppement, la cinèse commence. La première cellule embryonnaire; capable de division et représentant virtuellement l'individu futur, est donc constituée dés le moment où, aux dépens du reste de la chromatine ovulaire d'une part, de la chro- maline du spermatozoïde de l'autre, se sont formés deux éléments nucléaires réticulés.

Les deux éléments représentent ensemble un noyau complet, et il est absolument indifférent qu'ils s'aecolent et se fondent ou non l'un avec l'autre puisque, chez l'As- caris, celle fusion n'a pas lieu dans l'immense majorité des œufs.

Quelques-uns des faits qui servent de base à notre théorie ont été réceniment contestés par deux auteurs

241 M. le chanoine Carnoy, professeur à l'Université de Lou- vain (1), et M. le D" O. Zacharias, de Hirchberg.

(4) Il ne peut me convenir ni de discuter avec M. le chanoine Carnoy, ni de répondre aux critiques dirigées contre mes travaux dans ses ouvrages, dans les conférences qu'il a faites, notamment à la Société de microscopie de Bruxelles, dans des journaux poli- tiques belges, tels que le Patriote et le Bien public, et dans la Revue scientifique. Les motifs les voici : M. Carnoy affirme, dans le prospeetus de sa Biologie cellulaire, qu'il fit paraitre en juin 1885, que les globules polaires se forment, chez les Nématodes, au sein du corps ovulaire! Dans un œuf que l'auteur représente cinq fois, et qu'il dit avoir suivi durant 2 !/, heures, un globule polaire est repré- senté en voie de formation, aux dépens d'un noyau ovulaire sphérique, AU SEIN DU CORPS PROTOPLASMIQUE, puis arrivé plus prés de la surface, puis enfin éliminé (fig. 211 ct 212, b, c, d, f, g)! M. Carnoy figure LE SPERMATOZ0ÏDE de l'Ascaris mégalocéphale, entouré d'un magnifique asler, EN CONJUGAISON avec un noyau femelle consistant en quelques granulations entourées d'un autre aster (fig. 217)! Il figure sous le nom de cellule mére des spermatoblastes, un spermatozoide (fig. 200 B)! Alors que les travaux de Munk ont établi depuis trente ans qu'il ne se forme jamais, chez les Nématodes, que quatre sperma- lozoides aux dépens d'une spermatogonie, non par bourgeonnement mais par division, M. Carnoy représente jusqu'à 15 spermatozoïdes se formant par bourgeonnement aux dépens d'un spermatoblaste! (Fig. 201.) Ces spermatoblastes n'existent pas. M. Carnoy ignore qu'il se forme successivement DEUX globules polaires chez l'Ascaris; il n'a pas la moindre notion des pronueléus : il fait conjuguer le spermato- zoide avec le noyau ovulaire! Ces faits donnent la mesure des apti- tudes de M. Carnoy cn matière d potes en même temps qun ils montrent l'étendue de son savoir.

Le méme auteur qui, en juin 1885, s'imaginait que les obala polaires siègent, chez les Nématodes, au sein du corps ovulaire, qui . les représente tout formés, blottis (sie) dans le protoplasme, qui igno- rait l'existence de deux globules polaires chez ces animaux, qui repré- sentait la conjugaison entre le spermatozoïde et le noyau ovulaire, a

( 242 )

Nous ne savons quelle méthode M. e D" Zacharias a employée pour obtenir les préparations qui lui ont fait voir les images extraordinaires qu'il a représentées pl. IX, (ig. 12 à 17, de son mémoire. Cette méthode, il n'a pas cru devoir la faire connaitre. M. le D* Zacharias n'a pas vu qu'au moment de la formation du second globule polaire, le spermatozoide existe encore au centre du vitellus; que son corps protoplasmique dégénéré enloure encore le noyau spermatique; que c'est entouré par ce résidu que le pronucléus mále se constitue à l'état de noyau vésiculeux et rétieulé; que le pronucléus ne se débarasse de ce revé- tement que quand il a atteint des dimensions déjà consi- dérables; que le pronucléus femelle se forme à la périphé- rie de l’œuf, aux dépens de deux bâtonnets chromatiques qui, d'abord homogènes en apparence, plus foncés et plus

publié en 1886, deux ans aprés l'apparition de mon Mémoire, deux travaux dont les résultats et les figures rappellent d'autant plus ceux que j'avais fait connaitre, qu'ils s'éloignent davantage des résultats et des figures consignés dans le prospectus de la Biologie cellulaire.

Cependant M. Carnoy ne cite mon nom que quand il croit devoir me combattre, et pour en avoir de plus fréquentes occasions, il relate mes observations d'une maniére erronée; il tronque les citations et m'attribue des opinions que je n'ai jamais exprimées. C'est du reste une habitude, peut-étre méme un prineipe, chez lui, de ne citer les auteurs que pour relever les erreurs qu'il leur attribue.

La conclusion des œuvres de M. Carnoy, c'est qu'aucune loi ne se dégage de l'étude des phénoménes de la karyokinése et de la fécon- dation : qu'aueun phénoméne n'est essentiel, que tous sont variables! Cette thèse M. Carnoy s'est efforcé de l'établir; je ne sais s'il s'imagine avoir réussi à le faire. Mais je pense qu'il a surtout réussi à démontrer qu'il n'est pas donné au premier venu de contribuer efficacement aux progrès de la science. Non cuivis homini contingit adire Corinthum.

Épovanp Van BENEDEN.

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( 243 ) réfringents à leurs extrémités qu'à leur milieu, prennent peuà peu une apparence ponctuée; qu'en méme temps qu'ils se résolvent en granulations chromatiques, reliées entre elles par de fins filaments, ils augmentent de volume, et que, de leur périphérie, partent de fins filaments traver- sant l'espace clair qu'ils occupent; qu'au moment ils se constituent à l'état de noyaux vésiculeux et réticulés les deux éléments nucléaires se trouvent presque toujours fort écartés l'un de l'autre, le pronucléus mále occupant dans l'immense majorité des cas le centre du vitellus, tandis que le pronucléus femelle siége à la périphérie, au voisi- nage du second globule polaire; que l'on trouve pendant longtemps, à cóté du pronucléus mále exclusivement formé aux dépens du zoosperme, le résidu du corps protoplasmique du spermatozoïde. M. le D" O. Zacharias n'a constaté aucun de ces faits, que chacun pourra contrôler, non seulement en employant l'acide acétique pur ou le mélange d'acide et d'alcool, mais méme en examinant des œufs non segmentés

. fixés au moyen de l'alcool et colorés par le carmin bora-

Cique. Nous nous offrons à envoyer nos préparations, démontrant la genése des pronucléus, à tout histologiste, à tout embryologiste compétent, qui nous en exprimera le désir. Nous affirmons de la facon la plus eatégorique que jamais, dans auenn ceuf, il ne se fait aucune union entre les éléments ehromatiques mâles et femelles, comme ceux que M. Zacharias a eru observer et qu'il a figurés planche IX, figures 15 et 14 de son mémoire; que jamais, dans aucun cuf, les deux éléments nucléaires que renferment les œufs du vagin et du quart inférieur de l'utérus n'ont la significa- tion que M. Zacharias a cru devoir leur attribuer. L'un de ces éléments nucléaires dérive toujours et exclusivement du zoosperme, l'autre toujours et exclusivement de l'œuf.

Autant M. le D" Zacharias se trompe quand il décrit et

( 244 )

figure une conjugaison entre chromatines mâle et femelle d’où résulterait la formation de deux noyaux conjugués, autant il a raison quand il affirme que, dans certains œufs, les pronucléus s'accolent l'un à l'autre, pour donner nais- sance à un noyau unique. Tandis que, dans la plupart des femelles, il est difficile, parfois méme impossible de trou- ver un seul œuf montrant les pronucléus soudés entre eux, dans d'autres, ces eas ne sont pas extrémernent rares, tout en restant toujours exceptionnels. C'est ce que M. le D" O. Zacharias pourra lire à la page 525 de notre premier mémoire. Il. y est dit :

« On rencontre dans un certain nombre d'œufs un véritable accolement des deux pronucléus qui se défor- ment et s'aplatissent suivant la portion de leur surface par laquelle ils se touchent. ll s 'agit toujours alors de pronucléus arrivés à maturité et présentant la constitution que j'ai décrite et représentée planche XIX*™, figure 8. Ces élé- ments se moulent partiellement l’un sur l’autre, mais sans jamais se confondre en un noyau unique et indivis. Ces cas d'accolement sont relativement rares: sur une cen- taine d'eeufs montrant les pronucléus complétement sépa- rés, on en trouve deux ou trois à peine dans lesquels l'accolement s'est produit. Dans l'immense majorité des cas, les deux pronucléus restent distincts et indépendants l'un de l'autre, et toute la série des changements que je vais décrire, qui préludent à la division cellulaire et con-

situent les premières phases de ce phénomène, s'accom- plissent dans les pronucléus encore écartés l'un de l'autre. Ces mêmes changements peuvent se produire aprés acco- lement préalable; mais il est certain que cette union est accidentelle: elle n'entraine pas une fusion: on ne peu! donc lui accorder aucune valeur principielle : les deux pronucléus ne se confondent jamais. »

Tae tem

M ds 2

( 245 )

Qu'est-ce à dire, si ce n'est que dans des cas exception- nels les cordons chromatiques procédant l'un du père, l'autre de la mère, peuvent se constituer aux dépens des pro- nucléus unis en un noyau unique en apparence, tandis que dans l'immense majorité des œufs ces cordons se forment alors que les pronucléus sont encore séparés et écartés l'un de l'autre? M. Zacharias croit-il qu'il serait logique d'ad- mettre que, si dans quatre-vingt-dix-sept œufs sur cent, deux des anses chromatiques primaires dérivent incon- testablement et exclusivement du pronucléus mâle, deux autres du pronucléus femelle, les quatre anses chromati- ques auraient une autre signification dans les cas oü, au lieu de rester séparés l'un de l'autre, ces pronucléus s'ac- colent entre eux?

Nous avons estimé à 9 ou 5 p. */, la proportion des œufs chez lesquels on constate une union des pronucléus préalablement à la formation de cordons pelotonnés dans chacun d'eux, Nous avons fait le dénombrement des œufs de cinq préparations faites au moyen d’œufs vaginaux ou utérins de cinq femelles différentes. Voici les résultats de l'analyse de ces préparations :

Nombre des œufs

2c mE Nombre total Nombre des œufs t ro- Préparation. montrantles pro- masr dea dard à en des œufs. nucléus séparés.

1 341 348 2 2 322 305 4 3 134 134 0 4 940 : 936 4 5 512 503 9

Toraux. | 1,875 4543 32

( 246 )

La moyenne est donc de deux et une fraction p. */,. Que conclure de là, si ce n'est que la conjugaison, l'accolement et la fusion apparente des pronucléus constituent un phé- noméne aceidentel, indifférent et sans aucune importance. A supposer méme que la fusion, au lieu de se présenter exceptionnellement, se produise dans l'immense. majo- rité des œufs, mais que le développement s'aecomplisse normalement et amène la formation d'une larve normale, dans quelques rares œufs la conjugaison des pronu- cléus n'aurait pas eu lieu, qu'il résulterait encore avec évidence de l'existence de ces faits exceptionnels que la conjugaison n'est pas essentielle à la fécondation.

La conjugaison des pronucléus a été observée chez plu- sieurs espéces animales et végétales. Nous n'avons jamais songé à contester l'exactitude des observations faites chez ces espèces, nous n'avons pas pensé qu'elles pussent être invoquées comme objection contre notre théorie de la fécondation. Le fait qu'il est établi pour une espéce ani- male, l'Ascaride mégalocéphale, que le développement normal et complet de l'embryon s'accomplit sans qu'il y ail eu au préalable conjugaison de pronucléus, non pas dans tous les œufs, mais dans l'immense majorité des œufs (97 au moins), ce fait prouve inéluctablement que l'essence de la fécondation ne réside pas dans une union des pronucléus.

La circonstance que chez l'Ascaris la conjugaison peut indifféremment se produire ou ne pas se produire, sans qu'il en résulte aucune conséquence pour la suite du développement, ne prouve-t-elle pas à elle seule tout le bien fondé de la conclusion? Et comme les phénomènes qui s’accomplissent dans chacun des pronucléus sont de tous points identiques à ceux qui, dans le noyau unique

X

( 247 ) d'une cellule ordinaire, se passent préalablement à la.con- stitution de la figure karyokinétique, que les pronucléus se conduisent exactement comme s'ils ne formaient ensemble qu'un noyau unique, il est de toute évidence que la première cellule embryonnaire se trouve constituée, que par consé- quent la fécondation est accomplie dés le moment les pronucléus ont atteint leur complet développement.

L'étude des préparations à l'acide acétique ou à l'aleool acétique ne nous ont rien appris à cet égard que ne nous aient montré les préparations d'œufs fixés par l'alcool. Dans les unes comme dans les autres on trouve exception- nellement et là, au milieu de centaines d'œufs, montrant les pronucléus bien distinets et plus ou moins écartés l'un de l'autre, quelques rares œufs les pronucléus se trouvent accolés el soudés entre eux.

Quand les pronucléus ont perdu leur contour et qu'un gros cordon chromatique se trouve constitué dans chacun d'eux, il n'est pas toujours possible de décider s'il existe un cordon unique et commun aux deux éléments ou deux cordons distincts. Il suffira que les deux pronucléus soient voisins l’un de l'autre ou qu'ils se projettent légèrement l'un sur l'autre, pour qu'il soit impossible de trancher la question de savoir s'il y a ou non continuité entre les cor- dons chromatiques des deux pronucléus. A plus forte raison, s'il y a eu soudure au stade réticulé entre les deux pronucléus, sera-t-il bien difficile de dire s'il s'est constitué, dans le noyau de segmentation, un cordon chromatique unique ou deux cordons distinets. Mais tous ceux qui vou- dront prendre la peine d'étudier les objets dont il s'agit reconnaitront que l'on ne peut absolument rien conclure de ces eas douteux, alors que l'immense majorité des œufs démontrent de la façon la plus évidente la formation d'un

( 248 ) cordon distinet et de deux anses chromatiques primaires dans chaque pronucléus. Si méme dans tous les œufs qui se prétent mal à l'observation, et la solution de la question est douteuse, il n'existait réellement qu'uu cordon unique, en serait-il moins vrai que dans la grande majo- rité des œufs le développement s'accomplit sans fusion préalable des pronucléus? Mais hâtons-nous d'ajouter

que neus n'avons jamais eu sous les yeux un seul œuf qui

nous ait montré avec certitude un cordon chromatique unique et commun pour les deux pronucléus; nous n'avons jamais vu des images comme celles que M. O. Zacharias a représentées planche X, figures 91, 99, 95, 94 de son mé- moire. Ce jeune auteur invoque volontiers à l'appui de ses affirmations l'autorité de Flemming, saus indiquer de quels points particuliers Flemming est disposé à se porter garant. Il serait intéressant de savoir si les œufs repré- sentés planche X, figures 21, 29, 95, 94 du mémoire de M. le D" O. Zacharias ont été mis sous les yeux de Flemming, et si l'éminent cytologue de Kiel est disposé à certifier l'exactitude de ces images. Consentirait-il à affir- mer, aprés l'examen des préparations de M. Zacharias, que les éléments qui sont pour nous l'un un pronucléus mâle, l'autre un pronucléus femelle, et cela dans tous les cas, sans aucune exception, sont, au contraire, à ses yeux des noyaux conjugués? A-Lil constaté par l'examen des préparations de M. Zacharias qu'il ne se forme qu'un cor- don chromatique unique dans le noyau de segmentation, dans les cas exceptionnels un semblable noyau prend naissance ?

La tentative faite par M. Zacharias de représenter les phénomènes que l'on constate chez l'Ascaris mégalocéphale, comme corroborant la théorie de Hertwig, est donc,

|

Rte En ee Ve sai RE de C IPTE MET Site pe RS C HA i A eta e er C EL "Ret ME

( 249 ) d'aprés nous, tout à fait malheureuse. On comprendra que nous ayons quelque peine à nous incliner devant l'au- torité de ce jeune auteur, quand il proclame la supériorité des recherches de MM. Nussbaum et de A. Schneider. Nous attendons de l'avenir un jugement basé sur des observations moins superficielles et moins rapides.

S IV. Métaphase et anaphase.

Le dédoublement des anses chromatiques primaires présente fréquemment, dans les œufs de l'Ascaris, une particularité intéressante, dont la constatation a permis de rattacher à la karyokinése ordinaire les phénoménes que Flemming avait observés, en étudiant la cinése des sper- matocytes de la Salamandre, et qui lui avait fait admettre l'existence d'un type aberrant, s'écartant assez notable- ment de la mitose normale. Voici en quoi consiste cette partieularité. Dans les blastoméres de l'Ascaris, les anses jumelles ou secondaires restent parfois unies entre elles à leurs extrémités, alors qu'elles sont déjà notablement écartées l'une de l'autre dans la plus grande partie de leur longueur. Leur écartement est alors maximum vers leur milieu et déeroit vers leurs extrémités. Quand cette union terminale se maintient pendant longtemps, l'ensemble de la figure chromatique prend l'aspect d'un tonneau, carac- téristique de la figure doliforme de Flemming. `

Flemming, à la suite de nouvelles études faites par lui sur spermatogenése chez la Salamandre (1), a reconnu

(4) N. Fremmine, Neue Beiträge zur Kenntniss der Zelle, 1887,

à Archiv für Mikr. Anat. Bd. 29.

9"* SÉRIE, TOME XIV. | 17

( 250 ) que la division longitudinale des cordons chromatiques ne fait pas défaut dans les cas elle lui avait échappé lors de ses premières recherches, et il se rallie pleinement à l'interprétation que nous avons donnée des images qu'il avait produites dans son précédent travail. Ses nouvelles études l'ont conduit d'autre part à admettre trois moda- lités dans la karyokinése: deux d'entre elles, la forme hétérotypique et la forme homéotypique, se rencontrent dans la division des spermatocytes de la Salamandre; il existe dans ce cas un vrai dimorphisme dans la mitose. La première multiplication cellulaire des éléments épithéliaux se fait suivant la forme homéotypique. Les spermatocytes de la premiére génération, qui mesurent en moyenne 28 à 50 p, se multiplient presque exclusivement suivant la forme hétérotypique. Lors de la division des spermatocytes de la seconde génération (18 à 20 p) la forme hétérotypique est encore prédominante; mais On trouve cependant de nombreux cas de division homéoty- pique. Le nombre des cellules en division se rattachant à chacun des types est approximativement le méme dans la multiplication des spermatocytes de troisième génération (14 à 15 p).

Ce qui caractérise principalement la forme hétéroly- pique, c’est l’existence de la figure doliforme, à la suite du maintien prolongé d’une union entre les extrémités des anses secondaires dans le plan équatorial. Dans la forme homéotypique, au contraire, la séparation complète des anses secondaires se fait très tôt. Cependant le stade de la métakinèse est prolongé, en ce sens que les anses secon- daires restent longtemps au voisinage de l'équateur avant de se disposer régulièrement en deux groupes étoilés, carat- téristiques de la phase dyaster.

Lee fe LE Sp) PITE AD

( 254 )

Nous avons reconnu que, à tous les stades de la segmen- tation, il se présente, chez l'Ascaris, des variations indivi- duelles d'un œuf à l'autre, qui font qu'à un méme stade de la segmentation, tantót la mitose s'accomplit suivant le type ordinaire, tantót suivant la forme hétérotypique. Dans certains œufs, la division longitudinale des anses se fait simultanément dans toute la longueur de ces éléments, el les étoiles secondaires, résultant du dédoublement de l'étoile primaire, s'écartent. l'une de l'autre tout d'une pièce; c'est à peine si, au moment elles commencent à s'éloigner l'une de l'autre, pour se rapprocher des póles, et méme au stade dyaster, les extrémités des anses s'inclinent légèrement vers l'équateur : les étoiles secondaires siègent tout entières dans deux plans parallèles entre eux et per- pendiculaires à l'axe de la figure dicentrique. (Pl. IV, fig. 2.) Dans d'autres œufs l'union des anses secondaires, à leurs extrémités, se maintient encore dans le plan équatorial, alors que les convexités des anses se trouvent déjà fort écartées du plan équatorial et fort rapprochées des póles. On rencontre alors de belles figures doliformes, comme celle que nous avons représentée planche IV, figure 5. On trouve toutes les transitions possibles entre ces formes extrémes. L'existence de ces formes de transition et le fait que l'on rencontre, à un méme stade de la segmentation, le grandes variations d'un œuf à l'autre, en ce qui concerne la métakinése, prouvent que ces variations n'ont qu'une importance très secondaire. Nous dirons plus loin à quelle cause nous croyons devoir les attribuer.

Il. Un fait que l'on constate constamment dans la forme hétérotypique, chez l'Ascaris, c'est que jamais les extrémi- tés ineurvées des ans' s secondaires ne sont dirigées direc- tement vers les pôles de la figure dicentrique, comme le

( 252) représente Flemming dans la figure 4, planche XXXI de son dernier mémoire. Sans vouloir émettre le moindre doute sur la réalité, chez la Salamandre, de la disposition figurée par Flemming, nous pouvons affirmer que généralement, peut-être même toujours, chez l'Ascaris, les parties des anses secondaires qui avoisinent le point de rebroussement des courbes se trouvent dans un seul et méme plan, per- pendiculaire à l'axe de la figure, leurs extrémités seules étant obliquement dirigées vers le plan équatorial. Cette dis- position se maintient au stade dyaster, c'est-à-dire aprés l'écartement des anses jumelles du plan équatorial. Il en résulte que, dans la figure doliforme, une portion des anses secondaires répond aux fonds du tonneau, les méridiens étant constitués, non par les anses complètes, comme dans la figure de Flemming, mais seulement par les portions

terminales de ces éléments. Ceci revient à dire que, à

la fin de la métakinèse et, plus tard, au stade dyaster, chacune des branches de chaque anse secondaire décrit une ligne brisée. (PI. VI, fig. 11 et 19.) On peut se repré- senter la figure réelle en s'imaginant le trajet que sui- vraient des méridiens tracés à la surface d'une sphère molle, après qu’elle aurait été aplatie à ses deux pôles, de façon à former une sphère doublement tronquée ou un tonneau.

Ce fait est intéressant, voici à quel point de vue. Nous avons observé que, dans une méme préparation, on trouve des variations considérables d'un œuf à l'autre, en ce qui concerne la netteté des limites du fuseau achromatique- Dans certains œufs les filaments du fuseau achromatique se distinguent nettement des autres rayons de l'aster, en ce qu'ils sont formés par des fibrilles beaucoup plus volu - mineuses et partant beaucoup plus apparentes que celles

( 253 ) qui constituent les autres radiations de l'étoile achroma- lique. Dans ce cas on peut voir que les grosses fibrilles qui marquent les limites du fuseau s'insérent aux anses chromatiques primaires vers le milieu de la longueur des branches divergentes de ces dernières, et que la portion des anses avoisinant leur point de rebrousement se trouve en dedans, tandis que les extrémités des branches diver- gentes des anses se trouvent en dehors du fuseau. (PI. VI, fig. 7 et 9.) Dans les figures doliformes, comme au stade dyaster, on voit que les points des anses s'insérent les fibrilles génératrices des cônes achromatiques répondent exactement aux points les anses secondaires changent brusquement de direction en formant un angle. (PI. VI, lig. 10, 11, 12.)

Ce fait nous parait établir clairement la contractilité des fibrilles constitutives du fuseau achromatique. Nous éta- blirons plus loin que ces librilles ne sont en définitive, comme toutes les autres radiations des asters, que des éléments différenciés du treillis protoplasmique. Nous avons déjà donné ailleurs d’autres preuves de la contrac- tilité de ces fibrilles, et nous avons montré que la structure du treillis protoplasmique est fondamentalement la méme que celle de la substance musculaire striée (1).

On est antorisé à admettre, pensons-nous, que plus ces librilles sont volumineuses, plus leur énergie est consi-

i$

0) Énouann BENEDEN, qun sur la matural ion de l'euf, la féc isi llul 546 et sui tes, pages 572

et suivantes, Voir aussi planche XI, P RR 1 à 51, particulièrement

25, 50 et 31, et planche XV, fig. 3, qui montre que le spermatozoïde -

donne lieu à la formation d'une saillie partout s'insérent em fibrilles du treillis protoplasmique.

( 254 ) dérable. Si les fibrilles des asters, et particulièrement celles du fuseau achromatique, sont les agents actifs de l'écartement des anses secondaires et de leur cheminement vers les pôles, la traction exercée par elles, aux points des anses elles s'insérent, étant d'autant plus intense que les fibrilles insérées en ces points seront plus volumineuses, qu'elles constitueront, si l'on veut, des muscles plus puis- sants, il est clair que si les anses secondaires adhérent entre elles par leurs extrémités et que d'autre part les fibrilles du fuseau achromatique s’insèrent vers le milieu de la longueur des branches divergentes des anses, il en résultera néces- sairemen! des figures comme celles que l'on observe en réalité (pl. VI, fig. 10, 11, 129). Dans certains cas, nous avons constaté des saillies en forme de crochets aux points des anses chromatiques qui donnent insertion aux fibrilles achromatiques du fuseau.

A côté des œufs montrant trés distinctement le fuseau achromatique, il en est d'autres ses limites sont si peu marquées qu'il se confond avec l'aster, dont il constitue un secteur. Cela dépend probablement de ce que les fibrilles du fuseau différent plus ou moins, suivant les cas, des autres radiations des asters. Dans les œufs le fuseau est peu apparent, comme dans ceux il est bien visible, des fibrilles s'insérent aux anses chromatiques dans tous les points de la longueur de ces derniéres, suivant leurs faces dirigées vers les pôles. On conçoit que si ces fibrilles sont toutes à peu prés de mémes dimensions et partant possédent la méme énergie, les anses secondaires unifor- mément sollicitées vers les pôles en tous les points de leur longueur resteront parallèles entre elles, aprés leur écarte- ment, dès le momert leur adhérence est partout la

( 255 ) méme : les étoiles secondaires siégeront alors tout entiéres dans deux plans paralléles entre eux et perpendiculaires à l'axe du fuseau.

Quand, au contraire, des fibrilles plus fortes s'insérent au milieu des branches divergentes, et que d’ailleurs l'adhérence entre les anses secondaires est maximum à leurs extrémités, il devra se produire nécessairement une figure doliforme avec fonds et méridiens. Nous pensons que les variations que l'on observe dans l'aspect de la métakinése dépendent, d'une part, de la constitution des asters et, d'autre part, de différences individuelles dans l'intensité de l'union des anses jumelles aux bouts libres des anses primaires.

Nous avons vu très distinctement, dans un assez grand nombre d'œufs, que les anses chromatiques primaires et secondaires se trouvent rattachées les unes aux autres par des (ibrilles achromatiques interposées entre elles (fig. 6 et 8, pl. 1). La présence de ces fibrilles, probablement contractiles, comme tous les éléments constitutifs du treil- lis protoplasmique, explique le déplacement relatif des anses primaires, préalablement à la formation de l'étoile chromatique de la plaque équatoriale.

IIl. Réédification des noyaux dérivés aux dépens des dyasters. Flemming a admis qu'avant que le noyau d'une cellule fille se reconstitue aux dépens d'un dyaster, les anses secondaires se pelotonnent et que ce stade de pelo- tonnement, qu'il appelle dispirem, répond au stade de pelotonnement de la prophase (spérem), ce qui l'a amené à représenter par un U le schéma de la karyokinése. L'une des extrémités des branches de l'U représente le stade

( 256 ) initial, l'autre le stade final de la division ; l'une des bran- ches de l'U représente la succession des prophases, l'autre, parallèle à la première, la succession des anaphases, la convexité de lU répondant à la métakinèse ou métaphase. La plupart des cytologues admettent en outre que deux éléments interviennent dans la réédification des noyaux : d'une part, les anses chromatiques des dyasters, d'autre part, la portion du corps protoplasmique de la cellule inter- posée entre ces cordons ou délimitée par les branches diver- gentes des dyasters.

Les choses ne se passent pas de cette maniére dans les blastoméres de l'Ascaris. Il est bien vrai que les anses secondaires groupées en une étoile décrivent à un moment donné des sinuosités (pl. VI, fig. 10); mais il y a lieu de distinguer, à ce point de vue, deux portions dans le dyaster modifié : une portion centrale, de forme circulaire, formée par celte partie des anses qui avoisine leur point de rebroussement, et une portion marginale formée par les bouts libres des anses. Tantót ceux-ci se trouvent dans le méme plan que la portion centrale de l'étoile, tantót, au contraire, ils sont dirigés obliquement vers l'équateur de l'ancienne figure dicentrique, la portion centrale de l'étoile siégeant au contraire dans un plan perpendiculaire à l'axe de la figure. Cette différence dépend du caractère de la métaphase, tantôt typique. tantôt hétérotypique.

Seule la portion des anses secondaires qui répond à la portion centrale de l'étoile devient flexueuse, et il en résulte des images trés élégantes, quand on examine une de ces figures stellaires suivant l'axe de l'ancienne figure dicentrique. (PI. VI, fig. 19.) Souvent on observe que les anses sont étranglées à la limite entre la portion centrale

( 257 ) de l'étoile et les bouts libres marginaux. La longueur de ces bouts est du reste trés variable dans une méme étoile, variable d'un œuf à l'autre, variable aussi suivant l'âge de l'étoile. La portion des anses qui siége dans la région centrale circulaire de l'étoile s'allonge aux dépens des bouts marginaux, au fur et à mesure que les flexuosités S'aecusent d'avantage. Souvent, peut-être méme toujours, quelques-uns des bouts marginaux rentrent complètement

dans la portion centrale, de telle sorte que le nombre des

bouts libres n'est plus de huit, mais de sept, de six ou méme moins. Parfois méme tous les bouts libres sont employés à l'édification de la portion centrale de l'étoile, et il se forme alors un noyau arrondi, dépourvu de lobes. Il est trés difficile de dire si, dans ces cas, les extrémités rentrées des anses ne se juxtaposent pas bout à bout, de facon à reconstituer un cordon pelotonné; mais si, dans certains cas, il n'est pas possible d'affirmer que ce phénomène n'a pas lieu, dans d'autres il est absolument certain qu'il ne se produit pas, et qu'il ne se constitue pas, aux dépens des anses secondaires, un cordon chromatique pelotonné par apposition des extrémités libres des anses. Dans l'immense majorité des noyaux des blastomères en voie de reconstitution, les deux bouts d'une méme anse sont d'inégale longueur, et la plus longue des deux bran- ches ne rentre jamais dans la portion centrale de l'étoile, aux dépens de laquelle va se former la plus grande partie . du noyau. Elle se transforme au contraire en un lobe nucléaire qui persiste pendant tout le stade de repos. (Pl. f lig. 9 et 10; pl. VI, fig. 15, 14 et 21.)

Les cordons chromatiques, moniliformes, homogènes au début, au moins en appareuce, prennent peu à peu un aspect.

( 258 )

ponctué; ils se résolvent en fins granules reliés entre eux par des filaments; i's prennent une structure spongieuse. Parfois cette transformation est précédée par une division longitudinale des anses secondaires; elle peut déjà se pro- duire à la fin de la métakinése. Dans un grand nombre de cas, au moment se produit la transformation de la sub- stance chromatique réfringente en une substance ponc- tuée, les cordons présentent une striation transversale trés nette, surtout marquée dans les bouts libres. (Pl. T, fig. 8.) Bientôt, à la place de quatre cordons chromatiques réfrin- gents et homogènes en apparence, le noyau en voie de reconstitution montre huit boyaux ponctués, contournés dans la partie centrale de l'étoile, étranglés à la limite de sa partie marginale et renflés à leurs bouts. (PI. VI, fig. 20.) Les granules chromatiques siégent principalement, sinon exclusivement, à la périphérie de ces boyaux, dans lesquels la strueture réticulée est d'ordinaire trés manifeste.

Les boyaux, en gouflant, finissent par se toucher, dans la portion centrale de l'étoile; ils se soudent entre eux ou, tout au moins, leurs limites disparaissent. Le noyau à pris alors sa forme définitive et sa structure caractéristique du stade de repos. (PI. VI, fig. 91.) H se constitue d'une portion centrale discoidale ou ovoide, formée aux dépens de la portion centrale de l'étoile, et d'un certain nombre de lobes marginaux, qui proviennent de la transformation des bouts libres des anses secondaires. (Pl. I, fi. 9 et 10.) La forme des noyaux des blastoméres est éminemment variable, suivant que les bouts libres des anses secondaires sont restés plus ou moins séparés de la portion centrale de l'étoile, et aussi suivant le nombre de ces bouts libres, d'où dépend le nombre des lobes marginaux du noyau.

( 259 )

Quoi qu'il en soit de ces variations individuelles, il est certain que le noyau reconstitué présente une structure déterminée par la forme de l'aster dont il procéde, et que les extrémités des lobes marginaux de ces boyaux répon- dent aux extrémités des anses secondaires du dyaster. I! est également certain que le noyau se reconstitue exclusi- vement aux dépens des éléments chromatiques du dyaster, qui s'imbibent à la facon d'une éponge; aucune por- tion du corps protoplasmique de la cellule n'intervient directement dans la réédification du noyau. Certes les liquides dont s'imbibent les cordons chromatiques sont soutirés au protoplasme cellulaire; mais le noyau se recon- stitue exclusivement aux dépens des cordons chromatiques gonflés, qui finissent par se toucher entre eux, de facon à donner naissance à une masse réticulée, unique en appa- rence, mais en réalité constituée de quatre parties distinc- les, juxtaposées entre elles, et organiquement liées en un tout unique en apparence qui est le noyau au repos.

Ce mode de formation du reticulum nucléaire aux dépens des anses chromatiques du dyaster diffère complètement de la formation du cordon pelotonné aux dépens du reti- culum au début de la cinése. Ce dernier phénomène résulte de la confluence des granules chromatiques répandus dans certaines parties du retieulum, particulièrement à sa péri- phérie, en un cordon d'abord trés fin et excessivement long, dont les flexuosités courent en partie transversale- ment, par rapport à la longueur de l'anse chromatique transformée. (PI. 1, fig. 11.)

Quand, en effet, au moment une nouvelle division va se produire, un cordon chromatique se reconstitue dans le noyau lobulé d'un blastomére d'Ascaris, on voit, dans

( 260 ;

chacun des lobes, la chromatine se concentrer dans un filament; celui-ci décrit à la surface de toutes les parties du noyau et de chaque lobe en particulier, de nombreuses sinuosités. La direction moyenne de ces flexuosités est transversale. Quand le trajet de ce cordon se simplifie et qu'en méme temps il devient plus épais, ce qui permet de suivre son trajet, on peut s'assurer de ce fait que le cordon ne se termine pas par un bout libre, à l'extrémilé du lobe nucléaire aux dépens duquel il s'est formé, mais qu'arrivé au bout du lobe, il rebrousse chemin, remonte vers la racine du lobe et secontinue dans le corps nucléaire. (PI. I, fig. 11; pl. VI, fig. 15, 11.) La segmentation trans- versale de ce cordon s'accomplit à l'extrémité des lobes marginaux transformés. (Pl. VI, fig. 95.) Il en résulte qu'aus dépens d'une anse chromatique originelle se for- ment ou bien des portions de deux anses différentes, ou les deux extrémités d'une méme anse. En d'autres termes, il résulte clairement de nos observations que les anses chro- matiques aux dépens desquelles s'édifie un noyau, ne se retrouvent pas comme telles dans les anses chromatiques, qui se formeront, ¿au moment de la division subséquente, aux dépens de ce noyau.

Nous n'avons jamais constaté, au stade dit spirem d'un noyau de blastomére, en voie de division, un cordon pelo- tonné unique, mais toujours deux; chacun d'eux fournit à la plaque équatoriale deux anses primaires par division transversale. ll est done probable, quoique nous n'ayons pas réussi à le constater par l'observation, que des quatre anses, aux dépens desquelles se reconstitue un noyau, deux se juxtaposent bout à bout par une de leurs extré- mités, qu'elles restent, au contraire, distinctes par lS

v 261 )

autres extrémités, et que les deux groupes, comprenant deux anses chacun, restent indépendants l'un de l'autre, ~ dans le noyau au repos. (Pl. VI, fig. 22 et 25.)

Si nous désignons par e é e, d les quatre anses = d'un dyaster, comme celui que nous avons représenté, planche VI, figure 19, le noyau au repos, formé aux dépens de ces anses, peut être représenté par la formule e ca Si nous appelons #2, 22 #, g les anses chromatiques qui se formeront aux dépens de ce noyau (pl. VII, fig. 95 et 24), au moment de la division subséquente, nestpaségalà æ, # à 4 A à c etg à &

mais 4 —1/, adi, n —!}, ad, f ='h cd,

Z ='h cd! Cest ce qui ressort avec évidence de la série des figures demi-schématiques, qui ont été repré- sentées. (PI. VI, fig. 19 à 24.)

[ n'est malheureusement pas possible de décider si les groupes ed, cd procèdent, le premier, des anses pater- f nelles, le second, des anses maternelles, ou si les anses paternelles répondent aux éléments æ, e, les anses maternelles aux groupes 4 a si, en d'autres termes, les éléments paternels et maternels restent séparés dans la série des générations cellulaires successives, ou si, au contraire, il s'opére des unions bout à bout d'un élément paternel et d'un élément maternel. La premiére hypothése parait plus probable, si l'on se rappelle que, dans la pre- mière cellule de l'embryon, le noyau est représenté par deux pronucléus séparés, il ne s'opére aucune apposition d bout à bout des éléments chromatiques paternels et maternels. Il est difficile d'admettre que la première cellule de l'embryon diffère beaucoup des cellules qu'elle engendre. -

$ HI. Origine des sphères attractives, des asters et du fuseau achromatique.

C'est au stade équatorial que les sphéres attractives, les eorpuscules polaires logés à leur centre, les radiations des asters et les fibrilles du fuseau achromatique, présentent la plus grande netteté. Si, aprés avoir tué par un mélange à parties égales d'alcool et d'acide acétique un amas d'œufs montrant le stade équatorial dans le premier blastomére en voie de division, on colore les œufs par de la glycérine additionnée de vert de malachite et de vésuvine, tous les éléments achromatiques de la figure dicentrique appa- raissent distinctement. En examinant une de ces figures de profil, l'axe du fuseau étant dirigé perpendiculai- rement à l'axe du microscope, on voit le fuseau achroma- tique coupé à son milieu par la plaque équatoriale compo- sée de ses quatre anses chromatiques, et l'on constate tout d'abord que la portion convexe de chacune des anses se trouve en dedans du fuseau, tandis que leurs extré- mités libres siègent en dehors. Ceci revient à dire que l'étendue Dp pir les quatre anses réunies est beau- coup plus quela section transversale du fuseau, pratiquée à mi-distance entre ses deux extrémités. Il est facile de voir aussi qu'un corpuscule teinté en vert clair siège à chacune des extrémités du fuseau; c’est le corpus- cule polaire que l'un de nous a le premier signalé dans les cellules en voie de division mitosique(1). Ce corpuscule est

RERO

(1) Évouarp Van BENEDEN, Recherches sur les Dicyémides, Bull. Aead. roy. Belg., 1874.

| 1 |

( 265 )

formé ici par un amas de granulations. ll occupe le centre d'une figure radiaire bien circonserite et à contour circu- laire; dans les limites de cette région, circulaire en coupe optique, sphéroïdale en réalité, on distingue des fibrilles trés apparentes, dirigées radiairement; ces fibrilles aboutissent à la surface des sphéres et y présentent d'habitude des renflements. Cependant elles ne s'arrétent pas en ces points : elles se prolongent dans le vitellus et on peut les poursuivre jusqu'à la surface de ce dernier. Au delà de la surface des sphères, elles sont beaucoup plus minces que dans les limites de ces dernières. Si l'on donne à l'ensemble des figures stellaires le nom d'asters, il y a lieu de distinguer dans ces derniers une portion cen- trale, de forme sphéroidale, bien circonscrite, se teignant en vert clair, comme le corpuscule polaire qui occupe leur centre; ce sont ces portions centrales des asters que nous avons désignées sous le nom de sphères attractives; elles se détachent en vert dans le fond faiblement coloré du vitellus, si l'on examine l'œuf à un faible grossissement.

Les extrémités du fuseau achromatique font partie des sphères attractives. Les portions terminales du fuseau sont formées, en effet, par des fibrilles plus épaisses que celles qui sont adjacentes à la plaque équatoriale et souvent il existe, sur le trajet de chaque fibrille achromatique, un renflement, marquant la limite entre les deux portions du fuseau. Il est souvent difficile d'ailleurs de voir nettement la limite entre le fuseau et les fibrilles radiantes des asters: comme nous le montrerons plus loin, le fuseau n'est qu'une portion différenciée des asters, dans les limites de laquelle les fibrilles se font remarquer par une plus grande épais- seur. Et de méme que l’aster se constitue d'une portion centrale, la sphère attractive, et d'une portion corticale

répondant au vitellus, de méme chaque demi-fuseau comprend deux portions, l'une polaire, qui fait partie de la sphère attractive, l'autre équatoriale, qui se rattache à la portion périphérique des asters. Il n'y a pas que les fibrilles du fuseau qui s'insérent aux anses chromatiques primaires: les rayons des asters qui avoisinent le fuseau proprement dit peuvent étre poursuivis jusque dans le plan équatorial, et l'on peut en voir ça et s'y terminer en s'insérant aux cordons chromatiques.

Si l'on examine de plus prés la constitution des sphéres attractives, on remarque qu'il existe, immédiatement autour des corpuscules polaires, qu'il vaudrait mieux appeler corpuscules centraux, une zone circulaire plus claire, dans les limites de laquelle les radiations sont peu marquées et peu nombreuses. Elle est délimitée par un cercle de granulations assez volumineuses. Des fibrilles réunissent ces granulations aux corpuseules centraux. Nous donnerons à ces zones centrales des sphères le nom de zones médullaires, en réservant le nom de zones corticales à leur couche périphérique. Les fibrilles de la couche corticale ne convergent pas toutes exactement vers le centre des sphéres; on voit fréquemment deux ou plusieurs fibrilles partir de l'une des granulations plus volumineuses qui siégent à la limite entre la couche médullaire et la couche corticale. Ceci s'observe aussi dans le fuseau achromatique, et il en résulte que, dans beaucoup d'œufs, il semble que les pôles du fuseau ne répondent pas aux corpuscules centraux, mais bien à la limite entre la zone médullaire et la zone corticale des sphères. Le méme fait se constate à la limite entre la sphére attractive et le vitellus ambiant : aussi l'on voit, si l'on suit les fibrilles radiaires de la périphérie vers le centre, deux ou plusieurs

(265)

fibrilles contiguës aboutir à un des granules qui siègent à la surface limite des sphères attractives. Il ressort de que les radiations des asters et les fibrilles du fuseau achro- matique ne constituent pas des filaments simples, mais qu’elles se résolvent en pinceaux en certains points; ces points sont, d’une part, la limite entre la zone médullaire et la zone corticale des sphères attractives, d'autre part, la limite entre les sphères attractives et le reste du corps cellulaire.

Toutes les fibrilles des asters ne sont pas également épaisses; de la méme facon qu'il existe deux cônes différen- ciés dirigés vers l'équateur qui forment ensemble le fuseau achromatique, et que nous appelons cônes principaux, chaque cône principal répondant à un demi fuseau, de même il existe des cônes antipodes dont les centres répon- dent aux corpuseules centraux, tandis que leurs bases sont dirigées vers les pôles de la cellule en voie de division. Les fibrilles qui constituent autant de génératrices de ces surfaces coniques sont plus épaisses que celles qui sont plus voisines de l'axe de la figure, et aussi que celles qui sont situées plus en dehors. Toutes ces génératrices s'in- sérent à la surface de la cellule suivant une circonférence concentrique au póle, et l'on distingue, suivant cette cir- conférence, un faible sillon que l'un de nous a figuré, sans en connaitre la signification. Nous désignerons sous le nom de cercle polaire la portion légèrement saillante de la sur- face de la cellule délimitée par cette circonférence. Ces cercles superficiels se voient trés distinctement, si l'on suit

dans un œuf vivant. Ils se conservent méme parfois dans - les œufs fixés par les réactifs. Les radiations des asters dirigées vers le plan équatorial 9"* SÉRIE, TOME XIV. 18

au microscope les phases successives de la segmentation, -

P

( 266 )

n'atteignent pas toutes l'équateur : elles s'arrétent suivant deux lignes divergentes à partir des extrémités de la plaque équatoriale de la figure dicentrique. Ces lignes divergentes marquent les limites des asters. Elles aboutis- sent à la surface de l’œuf suivant deux lignes circulaires paralléles aux cercles polaires, plus rapprochées l'une de l'autre d'un cóté dela cellule que de l'autre. Elles délimitent un anneau superficiel constituant, au début de la division, un bourrelet équatorial que l'un de nous a déjà figuré planche XIX'*, figure 5. La portion du corps cellulaire, correspondant à cet anneau, présente en coupe la forme d'un triangle à base dirigée en dehors, et dont le sommet répond à la plaque équatoriale chromatique. (Pl. VI, fig. 2.) Nous ne savons si les fibrilles des asters se prolongent dans cet anneau; en tous cas, s'il en est ainsi, elles y sont plus ténues que dans toutes les autres régions du corps cellulaire.

Pour rendre compréheusible la description qui précéde, nous avons figuré dans un schéma que l'on trouvera plus loin (pl. VI, fig. 2) les différentes particularités que nous venons de décrire.

Il est facile de voir que les fibrilles achromatiques sont moniliformes, qu'elles sont formées de microsomes réunis entre eux par des interfils. On peut voir aussi et que les microsomes de fibrilles voisines sont réunis entre eux transversalement, de telle sorte que les fibrilles ne soni trés probablement que des parties plus apparentes; à cause d'une plus grande épaisseur, du treillis proto plasmique.

Les diverses particularités du treillis protoplasmique; conslitué en asters, que nous venons de décrire, ne se voient pas également bien dans tous les œufs. Les fibrilles

( 267 ) sont plus ou moins complètement conservées par l'agent fixateur. Les préparations par un mélange à parties égales d'acide acétique et d'alcool absolu montrent, en général, fort bien les fibrilles achromatiques et les détails des asters. Cependant, les meilleurs objets que nous ayons obtenus ont été rencontrés dans des préparations faites à l'acide pur. Parmi les œufs restés vivants, au moment on substitue à l'aeide la glycérine colorée, il en est qui meurent plusieurs jours aprés et qui sont lente- ment saisis par le reste d'acide retenu par la glycérine. C'est dans ces œufs que les détails achromatiques se montrent avec la plus grande netteté. Malheureusement, il se développe en méme temps dans le vitellus de ces ceufs des globules arrondis, de dimensions diverses, parfois considérables, qui se colorent en brun par la vésuvine. Leur présence rend la photographie de ces œufs difficile.

Les œufs tués brusquement par l'acide acétique pur conservent fort incomplétement les détails de structure du protoplasme. Néanmoins ils se prétent fort bien à l'étude, non de la constitution, mais de l'histoire des sphéres attractives; en voici la raison :

L'acide parait gonfler les microsomes et résoudre les fibrilles en granulations qui, n'étant plus reliées entre elles, ne permettent plus de reconnaitre les fibrilles dont elles proviennent. Tandis que le corpuscule central des sphères attractives reste parfaitement distinct, les rayons qui en partent deviennent indistincts. A la place de la Sphère attractive à structure rayonnée, se voit alors une masse uniformément granuleuse, entourant le corpuscule central. Cette masse, gráce à cet aspect uniformément gra- nuleux, se détache nettement au milieu du protoplasme

. Vitellin, qui présente un tout autre aspect. En outre, tan-

( 268 ) dis que le reste du corps cellulaire se teinte à peine, la masse granuleuse qui répond à la sphére attractive prend une belle teinte vert clair; la chromatine nucléaire se colore en vert foncé ou en brun, suivant les conditions dans lesquelles s'est effectuée la coloration. Le corpuscule central, qui siége au milieu de la sphére attractive, se colore en vert plus fortement que le reste de la sphére. Les élé- ments constitutifs des sphéres attractives ne fixent jamais la vésuvine, tandis que le reste du corps vitellin se teinte volontiers en brun pàle. Si done on examine, à un faible grossissement, un œuf brusquement tué par l'acide pur et eonvenablement coloré, les sphéres attractives se recon- naissent immédiatement, en ce qu'elles apparaissent comme des taches vert clair, au milieu de chacune des- quelles siége un corpuseule plus vivement coloré de la méme teinte. Les meilleures images s'obtiennent en colo- rant énergiquement les ceufs et en les soumettant ensuite, pendant deux ou trois jours, à une décoloration progressive. Quand la décoloration est suffisante, on monte de nouveau dans la glycérine au tiers.

Des préparations faites suivant cette méthode permettent de décider quand apparaissent les sphéres attractives et de voir ce qu'elles deviennent.

Origine des sphères attractives. L'un de nous, dans son mémoire précédent, disait :

« Je wai jamais vu apparaitre, pendant la série des stades que je viens de décrire (formation des cordons chro- matiques dans les pronucléus), aucune trace ni de fuseau achromatique ni de póles d'attraction. Pour autant que l'on puisse se fonder sur des résultats négatifs, je crois pouvoir exprimer l'opinion que les pôles ne s'accusent qu'au stade suivant, répondant à la phase étoilée de Flemming. »

( 269 )

L'étude des préparations à l'acide acétique nous permet de rectifier et de compléter sur ce point nos précédentes recherches.

1) Les sphères attractives existent déjà dans l'œuf, non seulement pendant les stades de pelotonnement, mais méme plus tôt, alors que les pronucléus sont encore réti- culés et fort écartés l'un de l'autre.

2) Les deux sphéres apparaissent simultanément. Si parfois on croit n'en voir qu'une, cela dépend de la posi- tion relative des deux organes relativement à l'observa- teur.

5) Elies sont peu écartées l'une de l'autre au début et parfois, sinon toujours, des fibrilles réunissent l'un à l'autre leurs corpuscules centraux (préparations au mélange d'acide et d'aleool).

4) Leur position relativement aux pronucléus varie beaucoup d'un œuf à l'autre, au moins en apparence. Nous disons en apparence, parce que ces différences peuvent dépendre de la position de l'eeuf relativement à l'observa- teur; elles dépendent certainement aussi en partie du stade de développement que l'on a sousles yeux. Les deux sphéres contigués se voient parfois fort écartées des deux pronu- cléus, ou de l'un seulement d'entre eux. Elles se projettent parfois entre les deux pronucléus ;le plussouvent on les voit

d A A ip 17 pot " , . d un méme côté des éléments nucléaires, également éloignés

de l'un et de l'autre, ou plus voisins de l’un d'eux. Quand les pronucléus, munis chacun d'un gros cordon chromatique pelotonné, se rapprochent l'un de l'autre, la figure dicen- trique se dessine : les deux sphères prennent alors une posi- lion déterminée vis-à-vis des pronucléus. Elles se trouvent alors au contact immédiat de ces éléments, dans l'écarte-- ment qu'ils laissent entre eux. La droite réunissant les

(270: ) corpuscules centraux croise perpendiculairement celle par laquelle on peut réunir les centres des pronucléus. Cepen- dant ces deux droites ne se trouvent jamais, à aucun stade du développement, dans un seul et même plan. Cela dépend probablement de ce que les sphères attractives sont reliées l’une à l’autre et d’abord placées d’un même côté des pro- nucléus. C'est ce qui fait aussi que l'axe de la figure dicen- trique, ou, ce qui revient au méme, la droite réunissant entre eux les corpuscules centraux des asters, ne répond pas davantage à un diamétre du globe vitellin, et qu'elle ne passe jamais par le centre de l'étoile chromatique. Les cer- cles polaires de la cellule et, par conséquent, leurs centres, ne répondent jamais aux extrémités d'un diamètre du globe vitellin. L'anneau équatorial est plus large d'un côté que de l'autre, et le sillon qui amène la division de la cellule en deux moiliés commence toujours d'un côté, l'an- neau équatorial est le plus étroit. Les centres des cercles polaires, les corpuscules centraux des sphéres attractives et le centre de figure du globe vitellin, se trouvent sur le trajet d’une ligne courbe tournant sa convexité du côté l'anneau équatorial est le plus large. (Pl. VI, fig. 2.) Tou! cela dépend de la position primordiale des sphéres attrac- tives, reliées entre elles, vis-à-vis des pronucléus. (Pl. Vl. fig. 1.) Le plan médian de l'œuf passe par la courbe qui réunit entre eux les centres des cercles polaires, les cor- puscules centraux des sphères attractives et le centre de l'œuf. Ce plan passe entre les deux pronucléus : un pront- cléus se trouve dans chaque moitié de l'œuf, et ces deux éléments nucléaires sont symétriquement placés relative- ment au plan médian (pl. VI, fig. 1).

Comme l’un des pronucléus dérive du père, l'autre de la mère, l'un du mâle, l'autre de la femelle, il n'y a Pas

( 271 ) identité entre les deux moitiés droite et gauche de la cel- lule, quoiqu'il soit impossible de distinguer les uns des autres les pronucléus et les anses chromatiques qui en dérivent.

Le premier plan de division est perpendiculaire à celui que nous considérons comme étant le plan de symétrie. On ne peut considérer le plan suivant lequel se fait la division, comme plan de symétrie, parce que les deux póles de la cellule ne sont pas identiques entre eux :

A l'un des póles siége une saillie polaire beaucoup plus marquée et formée par une accumulation de protoplasme hyalin plus considérable qu'à l'autre; les deux premiers blastoméres différent entre eux par leurs dimensions; l'un est notablement plus granuleux que l'autre; l'un est exclu- sivement ectodermique, l'autre renferme l'ébauche de l'endoderme. Nous étions arrivés, en ce qui concerne la valeur des deux premiers blastoméres, aux mémes conclu- sions que Hallez. Le premier plan de division ne devient pas, chez l'Ascaris, le plan médian de l'animal, contraire- ment à ce qui a été établi pour la grenouille et pour la claveline.

Le premier plan de division ne présente donc pas, chez lous les animaux, le méme rapport avec le plan médian de l'adulte, et l'exemple de l'Ascaris prouve que le plan de sy- métrie du premier blastomère n'est pas le plan de sépara- lion, mais bien un plan passant par les póles organiques de la cellule, fort rapprochés l'un de l'autre au début. (PI. VI, fig. 1.) 5) Les sphères attractives sont d'autant plus apparentes el d'autant. plus étendues que les pronucléus sont plus avancés dans leur développement. Nous ne les avons pas observées au moment de la formation du second globule polaire. Nons ne pouvons rien dire de certain quant à leur

M

(242) origine. Nous inclinons à croire cependant, en nous fon- dant sur certaines images les sphères paraissaient exister au voisinage du pronucléus femelle, encore peu éloigné du second globule polaire, qu’elles dérivent de la seconde figure pseudokaryokinétique.

6) Il est absolument certain que le fuseau achroma- tique dérive en partie des sphères attractives. Alors que les contours des pronucléus existent encore, on voit ceux des rayons des sphéres qui sont dirigés vers les pro- nucléus devenir plus apparents que tous les autres rayons des astérs. Souvent ils convergent, non vers les centres des sphères attractives, mais vers un globule situé à Ja limite entre la zone médullaire et la zone corticale des sphéres. Il semble alors qu'il existe deux centres stellaires, l'un pour le fuseau, l'autre pour l'aster. À ce moment les pronucléus se moulent véritablement sur les

| sphères.

Destinée des sphères attractives. Dédoublement par division des corpuscules centraux et des sphères attrac- tives. Les sphères attractives constituent des organes permanents de la cellule. Elles président à la division de la cellule.

L'un de nous a reconnu précédemment que les sphères attractives n'interviennent en rien dans l'édification des noyaux des cellules filles, qu'on les retrouve, quoique réduites, à côté des noyaux reconstitués. Disparaissent-elles plus tard? Les préparations à l'alcool n'ont pas permis de résoudre cette question. L'étude des préparations à l'acide acélique et au mélange d'acide et d'alcool absolu, colorées

( 275 ) par la glycérine additionnée de vert de malachite et de vésuvine, nous a montré qu'elles ne disparaissent pas, qu'elles persistent à cóté des noyaux, en tant que portions différeneiées du corps cellulaire, avec leurs corpuscules centraux, à tous les moments de la vie cellulaire.

Il y a lieu de faire observer ici que l'on ne peut con- fondre les sphères attractives avec les asters. La structure radiaire du protoplasme cellulaire, d’où résulte l'image désignée sous le nom d'aster, est caractéristique de certains stades déterminés de la vie cellulaire. C’est pendant la cinèse que les asters apparaissent nettement ; ils attei- gnent leur maximum de netteté et d'étendue au stade équatorial. A ce moment le fuseau achromatique est aussi distinct que possible ; il se constitue de deux cônes fibril- laires adjacents base à base, la plaque équatoriale, formée parles anses chromatiques primaires, étant interposée entre les bases des deux demi-fuseaux.

La plupart des fibrilles des cônes s'insérent aux anses chromatiques, et il est impossible de les poursuivre à travers le plan équatorial de la figure dicentrique. On observe souvent de légères saillies aux points les anses chromatiques donnent insertion aux fibrilles achroma- tiques. Cependant toutes les fibrilles ne s'insérent pas aux anses Chromatiques : un certain nombre de ces éléments relient entre eux les deux centres de la figure dicentrique. Au début de la mitose, alors que les deux sphéres attrac- lives se trouvent d'un méme cóté du noyau, au voisinage l'une de l'autre, les centres des sphères sont manifestement reliés entre eux par des fibrilles. Cependant la plus grande partie du fuseau se constitue, non pas aux dépens de ces” filaments, mais aux dépens de deux secteurs des sphères dont les rayons sont dirigés vers le noyau en voie de cinèse.

( 274 )

Au stade équatorial, les rayons des asters intéressent la plus grande partie du corps cellulaire, sinon le corps cellulaire tout entier. Non seulement la couche périphé- rique du corps cellulaire, mais aussi la sphére attractive présentent, à ce moment, une structure nettement radiée.

Les radiations de l’aster, quoique déjà plus faiblement accusées, sont encore très nettes au stade de la division caractérisé par le dyaster, et même encore au moment les noyaux des cellules filles se reconstituent en noyaux vésiculeux à structure rétieulée. Seulement les radiations deviennent de moins en moins apparentes, et quand les noyaux ont revêtu les caractères de noyaux au repos, l'aster est devenu tout à fait indistinet.

Il n'en est pas de méme des sphères attractives : celles-ci persistent; la limite qui les séparait du reste du corps cellulaire ne disparait pas, et la portion du corps proto- plasmique de la cellule, circonserite par cette limite, con- serve des caractères spéciaux qui permettent de la recon- naître : elle montre dans les préparations à l'acide acétique l'apparence uniformément granulée qui contraste avec l'aspect du reste du corps cellulaire; elle conserve cette affinité spéciale pour le vert de malachite, qui la fait apparaitre comme une tache colorée, dans le fond beaucoup clair du protoplasme. Au milieu de la tache se voit toujours le corpuscule polaire simple ou dédouble, reconnaissable à sa coloration d'un vert plus vif que celui de la sphère elle-même.

Au moment les noyaux dérivés se reconstituent aus dépens des éléments chromatiques du noyau maternel, les sphéres s'aplatissent et s'allongent dans une direction perpendiculaire à l'axe de l'ancienne figure dicentrique (PI. VI, fig. 5 et 4 ) Au lieu d'un corpuscule central arrondi

SN NN AN NN NS m

( 275 )

on trouve au milieu de la sphère, modifiée dans sa forme, une tigelle à direction transversale, renflée aux doux bouts et ressemblant à une haltére. (Pl. I, fig. 7 et 8.) Puis les renflements terminaux s'accusent davantage, tandis que le lien qui les réunissait entre eux devient plus gréle. A des stades plus avancés, au lieu d'un corpuscule central, on en voit deux, de sorte que la tache foncée, interposée entre le noyau et la surface de la cellule, présente alors deux centres. Le corpuscule central s'est dédoublé.

Pendant que ces changements s'aecomplissent, le noyau reconstitué s'est approché de la surface de la cellule et, à un moment donné, il n'en est guére séparé que par la sphère attractive. Puis il s'écarte de nouveau de la surface; il atteint son plus grand volume et présente la structure caractéristique du noyau au repos. La sphére attractive. déjà dédoublée ne suit pas exactement ces changements de position: elle reste au voisinage de la surface et se trouve, pendant quelque temps, distante du noyau. Elle est si apparente que, dans les préparations bien colorées, elle se reconnait aussi facilement que le noyau lui-méme.

Au moment le noyau se prépare à une nouvelle cinèse et que les cordons chromatiques s'y constituent, la sphére attractive a subi une modification importante: elle s'est complètement dédoublée en deux sphères contiguës, ayant respectivement pour centres les corpuscules résul- tant de la division du corpuscule central de la sphère maternelle. (PI. I, fig. 9, 10 et 11.)

Cette division de la sphère, qui débute par le dédou- blement du corpuscule central, précéde donc la division du noyau: il y a plus, elle débute avant l'achèvement de la division cellulaire antérieure : avant méme que le noyau

( 276 ) cellulaire soit complètement reconstitué, souvent même déjà au stade dyaster, la sphère attractive est pourvue de deux centres, et l'on peut dire qu'elle est virtuellement divisée. La sphére attractive, ainsi sers e deux corpus-

,

cules centraux „occupe, dans la cell ,la région

avoisinant le cercle. polaire. Il est clair que la cellule pré- sente à ce moment une symétrie bilatérale manifeste. L'axe passant par le centre du cercle polaire, le milieu de la sphère attractive, à mi-distance entre les deux corpus- cules centraux et le milieu du noyau, vient aboutir au milieu de la face cellulaire répondant au plan de sépa- ration entre-les deux cellules filles nées du premier blas- tomère. Il est bien évident que les deux extrémités de cet axe ont une tout autre valeur. La sphère attractive siège entre le noyau et l’une des extrémités de cet axe; de l’autre côté du noyau, il n'y a rien de comparable à cette sphére. Par contre, dece cóté se trouvent les restes des filaments de réunion qui, jusqu'au moment de la division compléte, réunissaient l'un à l'autre les noyaux des deux cellules filles. L'axe a donc deux póles d'inégale valeur, tout comme l'axe d'un œuf de poule ou de grenouille. N'était que la sphère attractive a maintenant deux corpuscules centraux, n'étaient la position du cercle polaire et la direction du cercle subéquatorial, tout plan passant par l'axe cellulaire diviserait celui-ci en deux moitiés semblables. Mais, en raison de la présenee, dans la sphére attractive, de deux centres d'attraction, en raison aussi des autres particularités que nous venons d'indiquer et dont il sera question plus loin, il n'y a qu'un plan qui puisse diviser la cellule en deux moitiés semblables, c'est un plan passant à la fois par l'axe de la cellule et par la ligne réunissant entre eux les deux corpuscules centraux-

CAF )

Les premiers blastomères ont, comme l’œuf fécondé, non seulement une symétrie monaxone, mais une struc- ture bilatérale. Il est probable que c'est un caractère commun à toute cellule et l'on doit concevoir un orga- nisme cellulaire, non comme formé de couches concen- triques, mais comme présentant essentiellement un axe à extrémités différentes et un plan unique de symétrie. Cette symétrie bilatérale de la cellule est probablement la cause de la symétrie bilatérale des organismes plus complexes, des animaux en particulier. Il est bien prouvé maintenant que la symétrie bilatérale est primordiale chez les Radiaires, les Echinodermes et les Zoophytes, comme chez les Mollusques, les Vers, les Arthropodes et les Chordés : la symétrie radiée n'apparait que secondai- rement chez les Échinodermes et les Cœlentérés. Nous pensons que la méme démonstration sera faite un jour pour les protozoaires et pour les végétaux.

Aprés la division de la sphère attractive en deux troie filles, dans chacune desquelles les radiations stellaires ne tardent pas à apparaitre, celles-ci restent adjacentes à la surface de la cellule; elles déterminent une dépression de cette surface aux points elles adhérent. Entre les deux dépressions, la surface cellulaire forme, au contraire, une saillie. Ces dépressions répondent aux cercles polaires et subéquatoriaux des cellules filles en voie de formation, et la saillie interposée entre elles est le premier indice de la portion rétrécie du bourrelet équatorial de la cellule en voie de division. (PI. VI, fig. 5.)

Les deux sphéres attraetives, quoique séparées l'une de

2 l'autre, se trouvent encore du même côté du noyau, au Stade de pelotonnement (spirem). (PI. I, fig. 11.) Leurs

Corpuscules centraux sont reliés entre eux par des fila-

( 278 j ments, qui constituent avec les fibrilles dirigées vers le noyau un fuseau achromatique de trés petites dimensions.

Bientót les sphéres s'écartent davantage de la surface de la cellule, mais elles restent unies à cette surface par des filaments; en méme temps qu'elles s'éloignent l'une de l'autre, elles s'agrandissent et elles en arrivent à toucher le noyau dans lequel des cordons chromatiques de plus en plus épais se sont constitués. Des filaments radiés de chacune des sphéres s'insérent manifestement à la surface du noyau.

Peu à peu les sphères filles en arrivent à gagner deux extrémités opposées du noyau en voie de division (pl. l, fig. 12); à ce moment quatre anses primaires se sont for- mées aux dépens des cordons chromatiques du noyau maternel; ces anses se disposent dans un plan perpendi- culaire à la droite réunissant entre eux les centres des sphéres. Néanmoins la position primitivement latérale du fuseau achromatique est toujours bien reconnaissable : la droite réunissant les centres attractifs ne passe pas par le centre de l'étoile chromatique. (Pl. I, fig. 19, à gauche.) Celle-ci se trouve presque tout entiére d'un méme cóté de cette droite. L'axe de la figure dicentrique est une ligne courbe et les pôles organiques de la cellule en voie de division, marqués par les cercles polaires, ne répondent pas aux póles géométriques de la cellule. Le sillon qui amène la division de la cellule apparait d'abord au point correspondant au cercle polaire, maintenant effacé, de la cellule maternelle.

La figure dicentrique se trouve reconstituée. Une nou- velle division est imminente. Il en résultera la formation de quatre blastoméres.

La série des phénoménes se reproduit identique quand

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(XM )

les quatre premiers blastomères se divisent à leur tour. Nous sommes donc autorisés à penser que la sphère attractive avec son corpuscule central constitue un organe permanent, non seulement pour les premiers blastoméres, mais pour toute cellule; qu'elle constitue un organe de la cellule au méme titre que le noyau lui-même; que tout corpuscule central dérive d'un corpuscule antérieur; que toute sphére procéde d'une sphére antérieure, et que la division de la sphére précéde celle du noyau cellulaire.

Quelle est la fonction de cet organe?

La division de la cellule est activement déterminée par les fibrilles moniliformes des asters et du fuseau achroma- tique. Leur structure est comparable à celle des fibrilles musculaires striées (1). Plusieurs faits établissent que les fibrilles du treillis protoplasmique sont les agents de la contractilité du protoplasme; nous avons fait connaitre plus haut, en parlant des figures chromatiques, de nou- veaux faits qui établissent en partieulier la contractilité des fibrilles du fuseau. Si la division de la sphère attrac- live est déjà en partie effectuée dans la cellule au repos, si tout au moins le corpuscule central s'y trouve déjà dédoublé, il est clair que la cause immédiate de la division cellulaire ne réside pas dans le noyau, mais bien en dehors du noyau, et spécialement dans le corpuscule central des sphères. Il est probable que les filaments des cônes prin- cipaux déterminent en se contractant, sinon le dédouble- ment des anses chromatiques primaires, tout au moins l'écartement et le cheminement des anses chromatiques secondaires vers les pôles de la figure dicentrique; que les filaments qui, partant de ce méme corpuscule central, soit

(4) Épovanp Van BENEDEN, loc. cif.

( 280 ) directement, soit indirectement, se fixent à la surface de la cellule, plus particulièrement suivant les surfaces coniques du cône antipode, retiennent le corpuscule cen- tral et, en l'empéchant d'étre attiré vers le plan équatorial par l'action des fibrilles du fuseau, font de lui un point d'appui permettant l'écartement des anses chromatiques secondaires.

Dans notre opinion, tous les mouvements internes qui accompagnent la division cellulaire ont leur cause immé- diate dans la contractilité des fibrilles du protoplasme cel- lulaire et dans leur arrangement en une sorte de systéme musculaire radiaire, composé de groupes antagonistes; le corpuseule central joue dans le système le rôle d'un organe d'insertion. Des divers organes de la cellule c'est lui qui se divise en premier lieu, et son dédoublement amène le groupement des éléments contractils de la cellule en deux systémes ayant chaeun leur centre. La présence de ces deux systémes entraine la division cellulaire et détermine activement le cheminement des étoiles chromatiques secondaires dans des directions opposées. Une partie importante des phénomènes qui constituent la cinèse a done sa cause efficiente, non dans le noyau, mais dans le corps protoplasmique de la cellule. D'où vient l'impulsion qui détermine le dédoublement des corpuscules centraux, la formation des cordons pelotonnés et la division longi- tudinale des anses? Réside-t-elle dans le noyau, ou dans le corps cellulaire? Aucune donnée positive ne permet de résoudre cette question. Nous n'avons réussi à établir que deux choses : c'est l'existence dans la cellule d'un appareil ou d'un mécanisme qui préside à la division cellulaire, comme notre système musculaire à la locomotion, et le dédoublement de ce mécanisme préalablement à la division nucléaire.

( 281 )

$ 4. Quelques faits relatifs à la forme et à la structure du corps cellulaire pendant la mitose.

La forme du globe vitellin n’est jamais, pendant la cinèse, ni celle d’une sphère, ni celle d'un ovoide régulier. Les faits qui ont été signalés à cet égard et les particularités qui ont été figurées (pl. XIX", fig. 5, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,

{et 12 (1)) peuvent être constatés, non seulement sur

des œufs fixés par les réactifs, mais aussi sur le vivant.

Il existe constamment, au moment de la métaphase, en deux points opposés de la cellule, deux saillies siégeant non pas aux deux extrémités du grand axe de l'ovoide vitellin, mais en des points voisins de ces extrémités, d'un méme cóté de cet axe. (Pl. VI, fig. 2.) Les deux saillies, répondant à ce que nous avons appelé plus haut les zones polaires, sont trés apparentes sur le vivant; elles sont inégalement développées, l’une étant plus marquée que l'autre et formée par une accumulation plus considérable de protoplasme hyalin. Elles sont délimitées par une ligne circulaire suivant laquelle règne souvent un léger sillon, le cercle polaire.

Suivant l'équateur de l’œuf règne un bourrelet équato- rial, plus large d'un côté, plus étroit de l'autre. Il est limité par deux cercles ue ose ee concentriques aux cercles polaires.

(4) Épovanp Van BrEwEDEN, Recherches sur la maturation de veuf, i la fécondation et la divison cellulaire. 51° SÉRIE, TOME XIV. 19

t

< 282 )

L'étude des œufs que l'on a fixés au moyen d'un mélange à parties égales d'acide acétique et d'alcool absolu permet de reconnaitre :

Que les cercles subéquatoriaux marquent, à la surface de la cellule, les limites des portions du corps cellulaire qui sont envahies par les radiations des asters : qu'au stade de la métakinése, le corps cellulaire se constitue de trois parties. (Pl. VI fig. 2.) Il comprend a) deux régions astéroides, de forme arrondie, à structure radiaire, ayant pour centres les corpuscules centraux des sphéres attrac- tives et séparées l'une de l'autre, au milieu du corps cellu- laire, par la plaque équatoriale chromatique; et b) un anneau marginal, déterminant la formation superficielle que nous avons appelée le bourrelet équatorial. En coupe optique, cel anneau a une section triangulaire, la base du triangle dirigée en dehors, répondant au bourrelet équatorial, son sommet dirigé en dedans à la plaque chromatique. L'an- neau équatorial a la forme d'un prisme triangulaire, contourné sur lui-méme en un anneau. Des trois faces du prisme, deux, adjacentes aux régions astéroïdes, sont conca ves ; la troisième, convexe, regarde en dehors. Cette subdivision du corps cellulaire dépend de ce que les deux asters, ovoides l'un et l'autre, séparés entre eux par la pla- que équatoriale chromatique, n'envahissent pas tout le corps cellulaire.

2 Les cercles et les saillies polaires dépendent de la présence des cónes antipodes, c'est-à-dire de cónes fibril- laires suivant lesquels les radiations des asters sont parti- culièrement volumineuses et par plus actives. Les saillies polaires sont. probablement sous la dépendance des Con- tractions des fibrilles des cônes antipodes.

On constate, pendant la division des spermatogonies,

STEADY T RR T tic on Eat ge ECRIRE RENE RTI ERAT NONE T

| ( 285 ) F des particularités rappelant singuliérement celles que je viens de signaler au (voir pl. XIX'*, fig. 16 et 17 (1)); des cercles polaires et subéquatoriaux se montrent trés ud nettement, pendant la segmentation, chez la Claveline et Sa anssi chez le Lapin. iE Il y a donc tout lieu de supposer que ces particularités de forme qui, comme nous venons de le voir, sont sous la -. dépendance de la structure, ne sont nullement accidentelles, mais bien au contraire caractéristiques de toute division cellulaire. L'un de nous avait constaté que, dans les blas- . toméres de la Claveline, deux systémes de cercles concen- triques superficiels, d'abord trés voisins l'un de l'autre au début de la cinése, s'écartent rapidement l'un de l'autre, de facon à gagner peu à peu deux points opposés de la . cellule, au moment de la métakinése. ll en est de méme chez l'Ascaris (pl. VI, fig. 1 et 5), et l'écartement des sys- | témes concentriques superficiels marche parallélement _ avec l'écartement progressif des sphères attractives pen- dant les prophases. Au fur et à mesure que la cinése progresse et que les etoiles secondaires s'écartent l'une de l'autre, les régions astéroides (asters) diminuent détendue, et, au contraire, l'anneau équatorial s’élargit. Il gagne exactement en épais- seur ce dont les étoiles chromatiques s'écartent l'une de l'autre, c'est-à-dire que ces étoiles répondent aux surfaces - qui terminent les asters du cóté équatorial. (Pl. VI, fig. 2,

,

L'anneau équatorial proprement dit, qui se terminait

1) Épovanp Van Benenex, Recherches sur la maturation de l'œuf : la fécondation et la division cellulaire. :

vers

(284 )

en dedans par un bord, au stade de la métakinèse (pl. VI, |

fig. 2), se complète, pendant la période de la métaphase, vers l’axe de la cellule, par la substance protoplasmique qui s'accumule entre les étoiles chromatiques secondaires. L'anneau devient ainsi un disque séparant entre elles les deux régions astéroides réduites. (Pl. VI, fig. 5 et 4.) Ce disque a la forme d'une lentille biconcave. En méme temps. les deux cercles subéquatoriaux superficiels se rapprochent des pôles (voir pl. XIX fig. 9 et 10 (1)).

La réduction des régions astéroides et l'aceroissement progressif du disque interposé s’accusent de plus en plus. Au stade dyaster, le disque se subdivise en deux portions, au moment la division cellulaire s'accomplit.

Chaque cellule-fille se constitue alors d'une région asté- roide réduite, ayant pour centre le corpuscule central, et d'un demi-disque trés épais, plan d'un cóté, concave de l’autre; par sa concavité il se moule sur la région asté- roide et le noyau, en voie de réédification, siège à la limite entre les deux. Un cercle marque à la. surface la limite entre les deux portions: c'est le cercle subéquatorial. Un sillon plus ou moins accusé règne suivant ce cercle. (PL. VI, fig. 6.) Dans le demi-disque qui se moule sur la région astéroide par une surface concave, le noyau se trouvant entre les deux, il y a lieu de distinguer, au point de vue de leur origine, trois régions distinctes. Au moment de la première métakinése, on ne voit plus nettement les contours des pronucléus; la masse achro- matique des pronucléus s'est confondue avec le proto- plasme cellulaire. Cependant l'espace qu'occupaient les

i RARE PRE NES

(1) Épovanp Van BENEDEN, loc. cit.

(285 )

pronucléus présente eucore un aspect particulier, ce qui permet de distinguer encore vaguement la limite des corps nucléaires (voir pl. XIX'*, fig. 6 et suivantes (1)). L'espace nucléaire s'étend trés rapidement, au point d'envahir une partie de plus en plus considérable du corps cellulaire. Quand, d'autre part, les étoiles chromatiques secondaires s'écartent l’une de l'autre, l'espace interposé entre ces étoiles se remplit d'une substance claire, et cet espace est bien délimité par les filaments de réunion, qui relient les uns aux autres les éléments chromatiques des deux étoiles, Quand done la cellule se divise, chaque demi-disque se constitue de trois régions concentriques : une région mar- ginale provenant du corps cellulaire de la cellule mater- nelle, et plus particulièremènt de l'anneau équatorial; une région intermédiaire provenant de la portion achromatique des pronucléus; une portion médiane provenant de la sub- stance accumulée entre les étoiles chromatiques secon- daires, pendant l'écartement de ces dernières. Les fila- ments de réunion les plus externes marquent la limite entre les deux dernières portions du demi-disque.

Et puisque nous parlons des filaments de réunion, nous mentionnerons ici un fait intéressant, c’est que le faisceau tibrillaire, formé par l'ensemble des filaments de réunion, présente des variations remarquables dans le cours de la cinése. Jusqu'au moment le sillon qui amène la division ; de la cellule commence à se former, l’ensemble du faisceau présente, vu en coupe optique, la forme d’une bande fibrillaire, à bords parallèles, interposée entre les étoiles Chromatiques secondaires. Pendant la formation du sillon

(1) Ibne.

( 286 ) et immédiatement aprés, la bande fibrillaire s'étrangle à son milieu (pl. I, fig. 8), les filaments de réunion cessent d’être parallèles entre eux et rectilignes; la section du faisceau au niveau du plan équatorial est plus petite qu'au niveau des étoiles chromatiques. En partant de ces derniéres, les filaments de réunion s'inclinent en dedans, de facon à former ensemble deux cónes tronqués, un pour chaque cellule fille, les bases des cônes répondant aux étoiles chromatiques secondaires. La séparation des deux cellules filles se fait en dernier lieu suivant la troncature des cónes, au niveau du plan équatorial. Immédiatemen aprés, le cóne de réunion de chacune des cellules filles goufle; les fibrilles, de rectilignes qu'elles étaient, deviennent incurvées, leur convexité étant dirigée en dedans. Le cóne augmente trés rapidement de volume; sa troncature s'étend rapidement dans tous les sens, au point de l'emporter bientôt en étendue sur la base du cône répondant à l'étoile chromatique. Les filaments de réunion divergents devien- nent de moins en moins nets, et il est difficile, parfois méme impossible, de les distinguer encore, quand le noyau est complètement reconstitué,

L'étranglement que subit la bande fibrillaire que forment ensemble les filaments de réunion, au moment s'opère la séparation des deux cellules, prouve que la formation du sillon de séparation s'accompagne d'une contraction Ci- culaire du bourrelet équatorial à mi-distance entre les cercles subéquatoriaux. Cette contraction est plus forte du côté le sillon apparait en premier lieu ; car les axes des eónes de réunion résultant de la transformation de la bande fibrillaire ne se trouvent pas dans une méme direc- tion; ils forment ensemble nn angle ouvert du côté le

( 287 ) bourrelet équatorial est le plus étroit, c'est-à-dire du côté le sillon apparait en premier lieu. *

Revenons à la constitution du demi-disque équatorial, E au moment les cellules viennent de se séparer. Nous eu avons vu qu'il se constitue de trois parties : un cóne de | réunion, une portion provenant de la substance achroma- tique des pronucléus, enfin d'un demi-anneau équatorial. A Cui Il présente la méme constitution dans les blastoméres LOS subséquents, avec cette différence toutefois que la partie ca qui, dans les deux premiers blastoméres, provient des pronucléus, dérive, dans les blastoméres subséquents, de la substance achromatique du noyau maternel. |

Le corps cellulaire des cellules filles se constitue done de diverses portions : une de ses moitiés procède de l’aster réduit et, par conséquent, du corps cellulaire de la cellule maternelle; l’autre moitié résulte de la transformation de la substance achromatique du noyau maternel, y compris un cóne de réunion; entre les deux régne une bande circulaire qui dérive, elle aussi, du corps cellulaire, et mest qu'une moitié de l'anneau équatorial de la cellule mère. Dans la portion astéroide du corps de la cellule fille siége la sphère attractive; le noyau se trouve à la limite entre la région astéroide et la région d'origine nucléaire.

La structure du protoplasme est différente dans la. | portion d’origine cellulaire et dans la portion d'origine nucléaire de la cellule fille : le protoplasme est plus dense, - plus finement granuleux et moins transparent dans la portion d’origine cellulaire; il est plutôt vacuoleux, plus clair, moins apte à fixer les matières colorantes dans la portion d'origine nucléaire.

Dans les premiers blastomères, au stade IT, plus encore ::

( 288 ) au stade IV et au stade VIIL, la forme des blastomères au repos est tout à fait caractéristique : les portions astéroïdes des cellules forment une saillie hémisphérique très mar- quée, séparée par un sillon circulaire du reste du corps cellulaire. Il en résulte des images très particulières. (PI. VI, tig. 6)

Comme le bourrelet équatorial de la cellule mère est beaucoup plus large d'un côté, plus rétréci de l'autre, il en résulte que les moitiés de cet anneau sont aussi plus larges d'un cóté que de l'autre dans les cellules filles. La symétrie bilatérale de ces cellules en ressort avec évidence.

Les faits qui précèdent ont déjà été signalés en partie dans les travaux de l'un de nous. Ils n'ont guère attiré l'attention jusqu'ici, et M. Zacharias, qui s'est spécialement occupé du développement de l'Ascaris, ne les a pas remarqués. ll donne à tous les blastomères une forme qu'ils ne présentent jamais.

Nous pensons que ces faits méritent d'étre étudiés; ils montrent que les formes cellulaires sont en rapport avec leur structure complexe; ils établissent la symétrie bilaté- rale de la cellule et se lient intimement aux phénoniènes de la cinése.

Post-seriptum. La communication qui précède a été déposée à la Classe des sciences de l'Académie royale de Belgique à sa séance du 7 août 1887. Un exposé verbal en a été fait par l'un de nous, et les planches ont été mises sous les yeux des membres de la Classe.

Au commencement de février de cette année, l'un de nous a rendu compte, dans une conférence qu'il a faite à la Société royale de microscopie de Bruxelles, des princi-

( 289 )

paux résultats de nos recherches ; il à projeté une série de positifs sur verre montrant la division des sphères attrac- tives et des corpuscules centraux, et il a mis sous les yeux des membres de la Société une série de préparations rela- tive à l'origine et à la multiplication des organes attrac- tifs des blastoméres, et à la reconstitution des noyaux aux dépens des éléments chromatiques du dyaster. La découverte de la division des sphéres attractives et des corpuscules centraux a été communiquée à Flemming dans une lettre que l'un de nous lui a adressée en 1885; à Weissmann, lors de son voyage en Belgique en aoüt 1885, à Rabl, dans une conversation, au banquet d'inauguration du congrés des naturalistes, à Berlin, en septembre 1886.

Le 14 aoüt dernier, huit jours aprés la communication à l'Académie dn présent manuscrit, l'un de nous a recu de M. le D" Boveri, de Munich, une note intitulée : Ueber die Befruchtung der Eier von Ascaris megalocephala. Cette brochure relate une communication faite par cet auteur à la Société de morphologie et de physiologie de Munich le 3 mai 1887

Les observations du D' Boveri confirment pleinement les résultats fondamentaux consignés dans les Recherches sur la maturité de l'œuf, la fécondation et la division cellu- laire. À part l'interprétation donnée aux globules polaires, que l'auteur, contrairement à notre opinion, considére comme des cellules, ses conclusions sont entiérement conformes aux nôtres en ce qui concerne la genèse du pronucléus, la signification de ces éléments nucléaires, -

l'absence de con jugaison dans immense majorité des œufs,

la formation de la première figure karyokinétique , la +.

( 290 ) transmission à chacun des noyaux des deux premiers blas- tomères de deux anses chromatiques mâles et de deux anses femelles, après la division longitudinale des anses chromatiques primaires. ll. pense comme nous que les quatre anses aux dépens desquelles se reconstitue un noyau, restent distinctes dans ce noyau et que les éléments mâles et femelles se maintiennent séparés dans la série des générations cellulaires successives. Il adopte entière- ment notre manière de voir sur la constitution du fuseau achromatique : il a vu également que les fibrilles du fuseau s'insérent aux anses chromatiques ; i! pense comme nous que l'écartement des anses secondaires est à l'ac- tivité contractile des fibrilles du fuseau. Comme nous il a reconnu l'origine protoplasmique d'une partie, sinon de tout le fuseau.

De plus, plusieurs des faits relatés ci-dessus, en ce qui concerne l'origine, la destinée des sphéres attractives, el notamment la division des corpuscules centraux, ont été observés par M. le D" Boveri. C'est une grande satisfac- tion pour nous de constater que cette découverte a été faite en méme temps que par nous-mémes, par un observa- teur travaillant d'une manière tout à fait indépendante, et Cest avec une vive impatience que nous attendons la publication de l'ouvrage in extenso et des planches que

. le D" Boveri nous fait espérer et dont il annonce l'ap- parition prochaine.

Liége, le 25 aoüt 1887.

EXPLICATION DES PLANCHES.

PrawcuE [I

Fig. 1. OEuf utérin montrant le pronucléus mâle entouré par le résidu du corps protoplasmique du zoosperme. Les deux sphères attractives se trouvent au voisinage du pronucléus femelle en voie de formation aux dépens de deux bâtonnnets es E c et encore relié au second globule polaire.

Fig. 2. Les sphères attractives adjacentes entre elles se projettent entre les pronucléus. Le résidu du corps Sep du zoosperme est encore accolé au pronucléus mâle. À

Fig. 5. Un cordon pelotonné est déjà constitué dans chacun des pro- - nucléus, On voit le résidu du corps protoplasmique du zoosperi dans le vitellus.

Fig. 4. Il existe un gros cordon chromatique dans chaque pronu- cléus. Les sphères attractives se trouvent encore ar méme côté des pronucléus.

Fig. 5. La figure dicentrique apparait. Les pronucléus ont encore l'un et l'autre un contour bien apparent. Un cordon chromatique - formant une courbe fermée dans chaque pronucléus. Cha n polaires des pronucléus dirigés en dehors. "coy

Fig. 6. Les quatre anses chromatiques primaires. Striation tran

sale. Pi aoti Sup cine reliant les anses entre elles.

re

de divisiva, Les sphères attractives sont aplaties e a transversalement.

( 292 )

Fig. 8. Stade voisin du précédent. Les anses chromatiques du dyaster montrent une striation transversale très nette. Ces stries sont for- mées par des rangées transversales de granules très avides de matières colorantes,

Fig. 9. Sphéres attractives divisées, Noyaux lobulés.

Fig. 10. Les sphéres attractives sont plus écartées l'une de l'autre.

Fig. 11. Stade plus avancé.

Fig. 12. Les sphéres attractives plus écartées tendent à gagner deux points opposés des noyaux, aux dépens desquels se sont formés quatre anses chromatiques primaires. La position latérale des sphères est encore trés évidente dans le blastomère gauche.

Prancue Il.

Fig. 4. Le spermatozoïde vient de se fixer. La partie de son corps protoplasmique, engagée dans le vitellus, est vivement colorée en rouge, tandis que la partie restée en dehors est à peine colorée. Son petit noyau chromatique est formé de deux bâtonnets chro- matiques; il est entouré d'un espace clair. La vésicule germinative

. n'était pas au foyer.

Fig. 2. Le spermatozoide, complètement entré, est vivement coloréen rouge. Figure Ypsiliforme.

Fig. 5. La méme, plus rapprochée de la surface. Le spermatozoide qui a gagné le centre du vitellus n'est pas au foyer.

Fig. 4. Le premier globule polaire au moment de sa formation. Le spermatozoide n'est pas au foyer. :

Fig. 5. Cordon chromatique, trés long et fin, fortement pelotonne dans chacun des pronucléus.

Fig. 6. Stade plus avancé. Dans l'un des pronucléus, la segmenta-

tion transversale en ses deux parties a déjà eu lieu.

295 ) CONUM

PraANcnE Ill.

Fig. 4. La segmentation transversale des cordons, dans chacun des t pronucléus, a amené la formation, dans chacun d'eux, de deux éléments chromatiques. .

Fig. 2. Les anses chromatiques sont encore groupées en deux groupes. Les bouts libres sont dirigés en dehors, les convexités des anses en dedans. A gauche les deux anses sont encore réunies en un cordon unique par l'un de leurs bouts. L'ensemble de la figure rappelle un W.

| Fig. 5. L'étoile chromatique primaire vue par l'un des póles.

Fig. 4. Les deux pronucléus encore bien délimités, renfermant cháeun un cordon, et les deux sphéres attractives avec leurs cor- puscules centraux. La figure dicentrique se dessine.

Fig. 5. La figure dicentrique au stade de la métaphase, vue de profil. Le fuseau achromatique est bien délimité.

Fig. 6. Idem. Les fibrilles du fuseau ne sont guére distinctes des autres radiations des asters. On distingue assez bien les limites des régions astéroides et le bourrelet équatorial interposé entre - elles. En haut, les limites de la sphére attractive sont assez bien marquées. La ligne transversale brisée qui coupe en deux la sphère résulte de la présence de fibrilles radiaires plus considérables dans la direction suivant laquelle va se faire la division du corpuscule polaire. La plaque équatoriale chromatique sépare entre elles les deux régions astéroides.

1

ee

z

Prancue IV. Fig. 1. Division longitudinale des anses chromatiques primaires. - Les deux étoiles chromatiques secondaires, encore trés voisines - l'une de l'autre, sont vues de profil. Les deux sphéres MORAN et leurs corpuscules polaires sont visibles. Fig. 2. Les étoiles secondaires sont un peu plus écartées l'une l'autre, Fig. 5. Figure doliforme. Forme o háérotypique gel 2 karyokinése.

Ce Pb: ein 2 RE SHE SO MT PERS DA ee SET s Eo TE GE AE D CU AA Le VOS ROSE LA RERO dumm e sas nus ET À TE NP mg

Fig. 4. La division sellai va se produire; un sillon se montre déjà d'un côté.

Fig. 5 La division vient de s’accomplir. Les deux blastoméres sont NR inégaux. Deux corpuseules centraux dans la sphère attractive du | . plus petit blastomére. Dans les noyaux, vus par le pôle, on voit N encore distinctement les quatre anses chromatiques du dyaster. 2 Elles sont flexueuses.

Fig. 6. Le noyau en voie de reconstitution. Les branches divergentes du dyaster se résolvent en granulations chromatiques.

PLancue. V.

Fig. 4. Noyaux lobulés.

Fig. 2, 5, 4 et 5. Les sphères attractives divisées, situées d'un méme cóté des noyaux.

Fig. 6. La division se fait suivant deux plans perpendiculaires entre eux, dans les deux blastoméres arrivés l'un et l'autre au stade de la métaphase. Dans l'un des deux la division est cependant un peu plus avancée que dans l'autre, ce qui est constant. Aprés leur séparation, les deux premiers blastoméres pivotent l'un autour de l'autre d'un angle de 90», de telle facon que leurs plans de symé- trie, qui se confondaient au moment de la séparation, en viennent à former entre eux un angle droit.

Prancne VI. Figures demi-schématiques.

Fi ig. 1. Les sphéres attractives voisines de la surface sont situées d'un méme cóté des pronucléus, La droite qui unit leurs centres est perpendiculaire à à celle qui réunit entre eux les centres des pronu- . eléus; mais ces droites se trouvent dans des plans différents paral-

. lèles entre eux. Un seul pronucléus a été représenté; l'autre $€ . trouve derrière celui qui a été figuré. c. p. cercles polaires; | .€.$ €. cercles subéquatoriaux. L'eeuf est vu de profil.

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Fig. 2. Stade de la métakinése. c. p., c. s. e. comme ci- disi L'œuf

est vu de profil. Fig. 3. Stade dyaster. Les corpuscules centraux des sphères ilta: tives sont divisés. L'eeuf est vu de face. Fig. 4. Noyaux divisés en voie de reconstitution. Les corpuscules polaires divisés déterminent la subdivision des sphéres attrac- tives. c. s. e. cercles subéquatoriaux. Fig. 5. Les cellules filles se préparent à se diviser à leur tour. Les deux sphéres sont nettement séparées l'une de l'autre, mais elles siégent encore du méme cóté du noyau. Les cercles riaux des cellules de seconde génération ont apparu. Fig. 6. Division en quatre pour montrer la saillie bien marquée, délimitée par un sillon profond, que forment les régions asté- roides de chaque cellule. Les sphéres attractives sont déjà divisées. Préparation à l'alcool. Fig. 7 à 44. Phases successives de la cinése, à partir du stade équa- - torial; 8 et 10, cinèse typique; 9, 11, 12, 15, cinese hétéro- typique. Fig. 14. Les noyaux divisés, arrivés au stade de repos, présentent une forme lobulée. Fig. 15. Deux cordons chromati- ques formés aux dépens d'un de ces noyaux. (Non schématique.) - Les figures 7 à 15 représentent des vues de profil. Fig. 16 à 24. Vues polaires. Fig. 16. Étoile chromatique primaire. .. Fig. 17 et 18. Division longitudinale des anses primaires. Fig. 1 | Cinése typique. Fig. 18. Cinése hétérotypique. Fig. 19. Un des dyasters vu du póle. Portions centrales et. bouts ginaux de l'étoile bien distincts. (Figure réelle.) Fig. 20. Reconstitution du noyau aux dépens des quatre anses secon- daires. (Schématique.) Fig. 21. Noyau au repos. Vue polaire. : Fig. 22. Deux cordons chromatiques reconstitués M un de kerros Image peste non schématisée. E

Note sur les oscillations d’un pendule produites par le déplacement de l’axe de suspension; par E. Ronkar, chargé de cours à l’Université de Liège.

Considérons un pendule au repos et supposons qu'à un instant donné, l'axe de suspension A vienne à éprouver un certain mouvement dans une direction déterminée du plan d'oscillation; recherchons le mouvement que prendra le .. pendule autour de l'axe de suspension. Prenons le plan

d'oscillation pour plan des xy, l'axe des y étant verticalet dirigé vers le bas. Soit G le centre de gravité du pendule; . imaginons par le point A deux axes mobiles, AX', AY’, parallèles aux premiers. La position du pendule sera déter- minée par l'angle « que fait la ligne AG avec l'axe AY, cet angle étant considéré comme positif du côté de AY' se trouvent les x positifs

0 X

Pad

N G

( 297 ) e Le principe de d'Alembert nous donne l'équation aet rale connue :

E Ex d'y dL EM

dm (x, y) étant un élément du corps, et les dx, dy étant 1 ie

3 compatibles avec les liaisons du systéme. ` Soient £, » les coordonnées du point A; soit p la distance de l'élément dm à l'axe A et 0 l'angle de p et de AG; nous

avons : PP a | y = y + p COS (6 + a). 3 Considérant p et 6 comme constants, les équations de p

liaison seront satisfaites, si nous prenons :

dx dE + p cos (0 + x) da JE + (y »)ox "T ^ dy dy p sin (0 + à) dx = dy (x —- £)2a.- T

L Pour chaque élément dm du pendule, on a en outre :

X—0, Y —g.

Si nous désignons par Xo, Yo les composantes. de force agissant sur l'axe A, nous aurons l'équation: ——

j gua f: in|-7 S D aeg) (= es : Cette bos se xo Nütrés

m g-e- re ae «-u-

E Ó"* SÉRIE, TOME XIV. a M 20 |

( 298 )

Les deux premiéres de ces équations peuvent servir à la détermination de la force (Xo, Yo), lorsqu'on connait le mouvement oscillatoire du pendule et le mouvement du ps point de suspension; la derniére nous permettra de déter- vor miner le mouvement oscillatoire, connaissant le mouve-

ment du point de suspension. Nous ne nous occuperons que ue celle-ci. Pour cela, remplacons ced e a par leurs valeurs en fonction de £, n et a. Nous avons d'abord : ha dx da da "a E pcos (8 + dis "gr + (y —#)

dy ady de da dy E da = —— 58 E in ds —£)—; Ne ia i "ar dt (r—£) dt | ensuite : f AN dx d% day? man e e—e() dy dy day? auus | EL F1 vul

Si nous substituons dans équation précitée, nous aurons:

P mum (7 MET JE US de er | =o

et en développant, il vient :

hi dm + fe cum f(a—#um +9 (z —&)dm ez 0-

( 299 ) Posons AG = pọ; appelons M la masse du pendule, et i son moment d'inertie par rapport à l'axe A, nous aurons:

I ín M = a] i E eos = in « »- dt g + dt Sin x o £0

Posons encore : Ha = ps, et supposons que les oscilla- tions considérées soient assez petites pour que l'on gon prendre :

PS

sina =a; COsSa = 1;

il viendra alors simplement :

d'a d*, d'£ i-e)

Le mouvement du point de suspension du pendule

étant connu, il s'agira d'intégrer cette équation. n

Supposons, par exemple, que le point de suspension

vienne à prendre un mouvement vibratoire de horizontale, et posons : É y 0

2z (t + À

. £eau--4 NEED]

Nous aurons ainsi :

3r 2z(t4-2) qr

hk |

Nous obtenons ainsi l'équation :

d?z 27 (t + 2) Hol ga PUDE Ne

Cette équation admet une solution particulière de la forme As sin gern. la constante À, est déterminée par

EN)

A

A, m ; oz

9g— hn A

L'intégrale générale de l'équation proposée est donc de la forme : i

27 (t + À) EE Ges V/ 2 À: + À, nr NE ER +

. Le pendulé a été supposé au repos au temps {—0;

obtenons :

C, = A, V^ —' cos ED ; Si nous posons: Jap SE mM " y pa X

*représentera la durée de l'oscillation complète du pendule, * dans le cas l'axe de suspension reste fixe; nous aurons ; alors :

T 1 2r(t+ À) . ra 2rzt à ws PB ar x qe TRS

Recherchons également lorpren de * ire à cet opum. on A en géné

gun ME ui d. SE "A Y A : ( 902 ) , et par suite : ^ | : A R His (5) uni qe (a —ensden e sin "singen. Bs uu, TT = ra, :

FT eed

F DA Si, à cet instant ¿= nT, le mouvement du point de

suspension vient à cesser, le pendule continuera à osciller, et son mouvement satisfera à l'équation :

dx g $ FN ei

Fa D'où l'on tire : ' | . 2r(t + y) CS qs —— T

L'amplitude du mouvement oscillatoire sera 2a.

Il faut déterminer les constantes a et par les condi- tions initiales du mouvement; si nous comptons mainte- nant le temps à partir de l'instant nT que nous avons considéré plus haut, nous pouvons prendre pour second mouvement du pendule :

Nous obtenons ainsi : 2 2r À T 274 det asin —— Ae [s n T = (+ cos2rn) 7008 + ——-sin27^ =] 9x2 . x t cos lrn a --sin Z m sn =] E

9x Fr 2r acos = À, E ES

( 303 )

Faisant la somme des carrés, il vient en réduisant :

1 E Ge TV , 27 3 a? A?| sin KC ne en) + no sin 27n

327 À T PLE Arm : Ass ape Y MES sin! sin? 9a T Ha cos 27 n— Ji -- sin T sin? 2rn :

X 9A r? a 2TA 4 Man an Lu o Le M SE 4 A% sin’ rn : | T + T os? T |

[3 -- r T REA T 27A Qmd sinzan-— sim —— + cos’ ——. T T T T

On peut tirer de cette formule plusieurs conséquences importantes :

Supposons d'abord que la durée d'oscillation du point de suspension soit égale à celle du pendule; nous aurons t= T; et la Rene précédente se réduira : d'abord à :

Si nous faisons à = 1, cette formule prend d'abord la forme indéterminée ; mais en appliquant la méthode g

rale relative à ce cas, nous aurons :

( 304 )

L'amplitude du mouvement pendulaire sera done ?* an, c'est-à-dire qu'elle sera proportionnelle au nombre d'i im- pulsions qu'a subi l'axe de suspension du pendule ;

2 Supposons que la durée d'oscillation du point de suspension diffère de la durée d’oscillation du pendule.

Pour simplifier, remarquons que »T est la durée de l'action exercée sur l'axe de suspension, et soit nT T', il vient :

, 2 gd z i. uas. V putt (5 cos? ex g t T T F T "er

On voit d'abord que sic est un nombre entier, on aa=— 0,

Ainsi, lorsque la durée de l’action exercée sur l'axe de suspension est un multiple entier de la durée de l'oscilla- tion du pendule, celui-ci ne conserve aucune trace du mouvement qui a affecté l'axe. Comme il est entendu que T' comprend un nombre entier de périodes T, la condition précédente sera toujours satisfaite, lorsque la période T sera un multiple entier de la période +.

Le rapport = peut d'ailleurs encore étre entier alors méme que la "durée de l'oscillation du pendule est un multiple entier de la durée de l'oscillation de l'axe; mais alors il est nécessaire que le nombre d'impulsions impri- mées à l'axe soit plus grand que l'unité; cette condition étant satisfaite, le rapport = T peut encore être un nombre entier, et alors le pendule ne conservera aucune trace du mouvement de l'axe.

Au contraire, il peut se faire que le pendule conserve

( 305 ) un assez fort mouvement oscillatoire, bien qu'il n'existe pas de rapport immédiat entre T et +. Par exemple, à supposons que le rapport = soit trés grand; si sin + T n'est pas très petit, nous aurons approximativement : 2A Al. 2A a = + sinz sin —. g t T La valeur maximum que peut prendre celte expression esi: 2A g

L'amplitude correspondante sera PE el l'on voit que

celle quantité est comparable à la valeur Č an qui est relative au cas T 7, surtout si n n'est pas trés grand.

Nous supposons naturellement dans cette comparaison que A a une valeur constante ; cette quantité A n'est d'ail- leurs pas autre chose que la moitié de la variation totale qu'éprouve l'accélération de l'axe de suspension dans une période T. Ainsi, si nous considérons cette amplitude de variation de l'accélération comme constante, il résulte de ce qui précéde : ;

Que si T —+, le pendule conserve un mouvement oscillatoire dont l'amplitude est proportionnelle au nombre d'oscillations de a

2* Que siT S S 7, le pendule peut ne conserver aucune trace du mouvement qui a affecté l'axe; ce cas se présente notamment si T est un multiple entier de 7, et peut se présenter aussi quand est un multiple entier de T; d'autre part, le pendule peut conserver un mouvement oscillatoire

( 306 ) | assez fort, alors même qu'il n'existe pas de rapport simple entre T et «.

Si maintenant nous nous reportons à la formule initiale . 9m (t -—- 2) £ a, + asin ———— , T . nous voyons que l'amplitude du mouvement oscillatoire de l'axe de suspension est 2a, et nous avons posé :

2 s T

Ainsi, pour une même valeur de a,, A est inversement proportionnel au carré de la durée de l'oscillation de l'axe.

Si nous remplacons A par sa valeur dans a, nous aurons :

! ete pr TRE Sela "i UA iil n rh id V sio A + ud cos? [e D SUR otre a T T Lk T Nous pouvons maintenant discuter cette formule en attribuant à a, une valeur constante. La discussion conduit à des résultats analoguesà ceux de la discussion précédente. Ainsi, pour T z, il vient :

ce résultat correspond à celui qui a déjà été obtenu précé- demment.

Sans entrer dans une plus longue discussion, on voit tout de suite que le mouvement oscillatoire qui subsiste dans le

erropa

SHUT.

1 4

p E A 1

E

D D A E Rd dr ES ie ROUEN UN SINE MAD MEAT RETE

( 307 )

pendule, aprés un certain nombre d'impulsions communi- quées au point de suspension, varie beaucoup suivant les cir- constances : l'amplitude du mouvement, le nombre d'impul- sions, la durée d'oscillation, la phase À. En ce qui concerne la durée d'oscillation, l'influence varie beaucoup suivant la valeur du rapport des périodes d'oscillation du pendule et de l'axe. Même dans le cas ce rapport est simple, soit qu'il s'exprime par un nombre entier ou l'inverse d'un tel nombre, i| se peut que le pendule ne conserve aucune trace de l'agitation de l'axe, tandis qu'il peut conserver des traces sensibles de cette agitation, alors qu'il n'existe entre T et + aucun rapport simple.

Ces résultats ne nous paraissent pas entiérement con- formes à l'assertion suivante de M. S. Rossi (1), au sujet des pendules employés dans les observations sismiques : « Chaque pendule, d’après salongueur, oscille en un temps déterminé; celui de prés de 25 centimètrès fait 2 oscilla- tions à la seconde. Si ces pendules recoivent quelques impulsions conformes à ce rythme, ils seront naturelle- ment fortement agités. Au contraire, avec des impulsions qui se succédent suivant un rythme différent, ils ne bou- geront pas. »

Nous venons de voir, en effet, qu'il peut se faire que le pendule prenne un certain mouvement, alors méme que l'axe recoit des impulsions qui ne sont pas conformes à son rythme et que, réciproquement, le pendule peut ne conserver aucune trace d'un mouvement vibratoire dont le rythme serait dans un rapport simple avec le sien.

(1) M. S. Rossi. Programma dell Osservatorio ed archivo: geodi- namico, presso il R. Comitato Geologico d'Italia. Rome, 1883, p. 61.

( 508 )

Les résultats précédents se compliquent naturellement encore davantage si, à l'instant initial, le pendule n'est pas au repos.

Nous avons jusqu'ici supposé que le mouvement vibra- toire de l'axe était un mouvement pendulaire simple. Généralement, on peut consi lérer une onde quelconque comme résultant de la superposition d'une série d'ondes simples.

li faudrait donc, dans ce cas général, poser :

. 9z(t + X) dea Y, Asin MT TR

Les coefficients A, et 2, sont. généralement déterminés par les circonstances qui accompagnent l'ébranlement ini- tial considéré. L'analyse précédente peut étre facilement étendue à ce cas, et nous ne nous y arrêlerons pas davan- tage.

Nekoi. au cas d'une onde simple, et examinons le cas T est assez grand relativement à +. Pendant l’ ébran- lement, le mouvement du pendule est déterminé par l'équation :

—— —sin eos 608 Si T T T

1 [: 2 r(£4-2) 9zA Or Dr} | 241 SIN ———

Dans le cas actuel, nous ponvons considérer la quantité sin TOU) comme constante pendant une période T.

Le mouvement du pendule sera donc à très peu près un mouvement pendulaire simple autour de la position

MEE

:

E 4

L'amplitude 2a’ de ce mouvement sera déterminée par l'équation :

A? T? Irà s 13 s 2 a F EXT sin^— + T T ou: da AU 54 9 2 i UE AA a! = +— ; i "Eoia ig PE uda : 5 TE sin T + T T e T? k LE MS eS is

Supposons, par exemple, que pour t = 0, on ait :

d& 5 —0 t À (): : d A Fe » dt f Lim :

il viendra À = ie

et il reste :

( 310 )

L'amplitude du mouvement pendulaire à un moment donné est done en raison inverse de g. Il s'ensuit que si le pendule était suspendu en partie dans un liquide au repos, ce qui reviendrait à diminuer g, la grandeur des oscilla- tions tendrait à s’accroître; mais il est probable que, dans ce cas, ces oscillations seraient fortement amorties par la résistance du liquide, qui tendrait de son cóté à prendre un certain mouvement vibratoire.

Il n'en résulte pas moins que le mouvement du point de suspension n'étant pas uniformément accéléré, l'incli- naison moyenne du pendule varie avec le temps.

En effet, nous venons de voir qu'à un instant quel- conque, le pendule oscille autour de la position moyenne:

L'amplitude du mouvement oscillatoire de cette posi- tion est :

On pourrait peut-être utiliser ce résultat pour rechercher sil existe des inégalités périodiques dans le mouvemen! de rotation de la terre autour de son axe. Dans ce cas, 5! nous prenions T 19^ 45.900*, on verrait tout de suite que le terme p, ( T) est négligeable vis-à-vis de g, €t 9" pourrait prendre :

92g" zs z

9g

( 914 )

Supposons, pour fixer les idées, que l'amplitude du mouvement oscillatoire, dont la durée est 12 heures, soit ER

À l'équateur, nous aurons :

40.000.000 86-400 D'oà 40.000.000 Iry 9A __ 40.000.000 E 0,1; 86.400 (43.200 et 1 1 1 i 2a" ——.9A— , environ, g 10.016.400

c'est-à-dire 0",0206 en arc. Si g était réduit au !/1999 de sa valeur, on aurait ainsi une déviation de 20'/,6 environ.

ll ne faut cependant pas perdre de vue que, dans ce cas, d'autres influences, telles que l'action du soleil ou de la lune, etc., pourraient altérer la position d'équilibre du pendule; mais, par un certain ensemble d'observations, on pourrait peut-étre isoler les effets de ces différentes causes; par exemple, on pourrait faire varier la direction du plan d'oscillation ; il ne faudrait pas toutefois négliger l'influence de la variation de la force centrifuge résultant de la variation de la vitesse angulaire.

( 312 )

Sur le sulfure de cadmium colloidal ; par Eug. Prost, assistant de chimie générale à l'Université de Liège.

Longtemps on a cru que la solubilité appartenait en propre à certains composés minéraux, tandis que cette propriété faisait complétement défaut aux autres.

Graham, le premier, montra ce qu'il y avait d'arbitraire dans cette division, en mettant eu solution certaines sub- stances absolument insolubles dans les conditions ordi- naires. Ce savant réussit, entre autres, à préparer des solutions d'hydrate ferrique, d'hydrate d'aluminium et d'acide silicique, en se basant sur le pouvoir diffusif des corps cristallisés qu'il appela « cristalloïdes », et sur l'ab- sence de cette propriéte chez les corps amorphes ou « col- loides ». Cet état particulier de solution fut désigné sous le nom d'état colloidal.

Depuis Graham, le nombre des corps colloidaux s'est notablement accru.

En 1882, Hans Schulze (1) obtint le sulfure arsénieux en solution aqueuse, en traitant l'anhydride arsénieux par l'acide sulfhydrique, et éliminant ensuite l'excès de ce der- nier gaz par un courant d'anhydride carbonique.

L'année suivante, le méme chimiste porta ses recherches sur le sulfure d'antimoine (2). Presque en méme temps, M. le professeur W. Spring prépara des solutions colloi- dales de sulfure de cuivre, de sulfure stannique, de per-

ins

(4) Journal fur prak. Chemie, 1882, p. 451. (2) Id., 1885, p. 520

( 515 ) oxyde de manganèse, d'oxyde stannique et d'oxyde antimo- nieux (1).

Toutes les solutions des substances que je viens d'énu- mérer dans cet apercu rapide offrent ce caraetére commun de paraitre troubles ou limpides, suivant qu'on les examine par réflexion ou par transmission. En outre, leur conser- vation est subordonnée à de nombreuses conditions ; la température, la concentration, le temps, sont autant de facteurs qui influent notablement sur l'état colloidal. Dans la plupart des cas, l'addition à une solution colloïdale d'une quantité méme trés faible de matière étrangère détermine la coagulation du corps dissous.

D'autre part, l'examen optique et microscopique a tou- jours montré qu'on avait bien affaire à de véritables disso- lutions. Jai pu observer ces différents faits en étudiant le sulfure de cadmium colloidal dont il est question dans ce travail.

En les combinant, on est amené à voir, dans l'état col- loidal, une phase de transition entre l'état insoluble et l'état de solution parfaite, une sorte d'équilibre instable, suffisant, toutefois, pour nous montrer qu'il n'y a pas de limite tranchée entre les corps solubles et les corps inso- lubles, et pour nous autoriser à penser que la solubilité est une des propriétés générales de la matiére.

J'ai obtenu le sulfure de cadmium à l'état colloidal, en traitant une solution ammoniacale de sulfate de cad- mium par l'acide sulfhyárique jusqu'à précipitation com- plète de tout le métal; le sulfure précipité, aprés avoir été lavé à fond par décantation avec de l'eau distillée, a été

(4). Ber. der deutschen Chem. Ges., 1883, os Gad 5m? SÉRIE, TOME XIV, ` AU onte co t un e o, [

( 314 ) mis en suspension dans l'eau, puis traité par un courant lent d'aeide sulfhydrique. Pendant cette opération, on con- state que le sulfure, d'abord floconneux, devient de plus en plus laiteux, pour finir bientót par disparaitre. Il ne reste plus alors qu'à faire bouillir le liquide, jusqu'à ce que les vapeurs dégagées ne noircissent plus un morceau de papier imprégné d'acétate de plomb.

La solution de sulfure de cadmium est d'un beau jaune d'or lorsqu'on la regarde par transparence. La teinte est naturellement. d'autant plus foncée que la concentration est plus forte; vue par réflexion, la solution parait fluo- rescente.

A la filtration, le liquide passe sans laisser le moindre dépót sur le filtre.

Deux analyses faites sur un volume mesuré de solution ont conduit au rapport atomique CdS. Il est donc hors de doute que la substance dissoute est bien du sulfure de cadmium. A l'évaporation au bain-marie, on obtient avec les solutions diluées un enduit jaune d'or; si le dépót est suffisamment abondant, il se fragmente par une dessica- tion prolongée en de nombreuses partieules rougeàtres et translucides.

Au point de vue de la stabilité, on peut dire qu'en géné- ral les solutions les plus diluées se conservent le plus longtemps intactes. Un liquide renfermant environ quatre grammes de sulfure par litre s'est maintenu limpide pen- dant plusieurs jours.

Pour une concentration de 41 grammes par litre, la coagulation était complète aprés 24 heures. Íl semble cependant que d'autres facteurs interviennent au MOINS aussi énergiquement que la concentration. A titre de simple coïncidence, je ferai remarquer à ce sujet que pendant une couple de jours le temps était orageux, il

à ne A Eh a CORRER OT. e S

EEE TE er ON ES SR TE T oom

( 515 ) m'a été impossible de conserver intactes des solutions, méme trés diluées, pendant plus de quelques heures.

Bien que, d'aprés l'aspect de sa solution et la nature du résidu de l'évaporation au bain-marie, le sulfure de cad- mium m'ait paru réellement dissous, j'ai tenu à m'assurer directement du fait en examinant le liquide au spectros- cope. La solution de sulfure étudiée contenait par litre 15,746 CdS. En l'observant sous une faible épaisseur, (2 à 5 millimétres), j'ai constaté la production dans le spectre d'une bande commencant dans le vert prés de la raie F de Frauenhofer et s'étendant sur la totalité du bleu et du violet. Le restant du vert, l'orangé et le rouge, étaient parfaitement nets.

Dans un second essai, la solution de sulfure a été exa- minée sous une épaisseur de 26 millimètres. Le résultat a été le méme que dans l'expérience précédente ; seulement, la partie éteinte du vert était un peu plus grande. En somme, l'examen spectral permet d'admettre que le liquide est réellement une dissolution de sulfure de cadmium.

J'ai rappelé précédemment qu'un des principaux carac- téres des solutions colloidales est de se coaguler sous l'ac- Lion de quantités méme trés faibles de substances étran- gères. On constate à cet égard des différences trés grandes dans ce qu'on pourrait appeler le pouvoir coagulant des corps. Dans des travaux antérieurs, H. Schulze.a tiré de l'étude de la coagulation des sulfures d'arsenic et d'anti- moine des conclusions intéressantes. Je me suis proposé de rechercher jusqu'à quel point les faits observés par Schulze s'appliquaient au sulfure de cadmium. Dans ce - but, j'ai fait agir sur la solution colloidale un certain nombre d'acides et de sels minéraux et organiques. Les essais ont été faits de la maniére suivante: on introduisait dans un tube à réaction bien see 10 c. c. du réactif à étu-

( 516 ) dier, dont on connaissait la concentration; à l'aide d'un comple-gouttes, on versait ensuite dans le tube cinq gouttes de la solution de sulfure de cadmium; on agitail, puis on observait l'aspect du liquide par transparence ; s'il restait limpide, on recommencait l'expérience avec une concentration plus grande ; s'il se troublait, on mesurait dans un autre tube 5 c. c. de réactif, on complétait avec de l'eau distillée le volume de 10 c. c., puis, après avoir agité pour rendre le liquide homogène, on ajoutait les ‚cinq gouttes de sulfure de cadmium. S'il se produisait encore un louche, on renouvelait l'essai en prenant moins de réactif et de l'eau distillée en quantité suffisante pour parfaire le volume de 10 c. c. Si, aprés quelques tàtonne- ments, on reconnaissait que le réactif était trop concentré, on en prélevait un certain nombre de centimètres cubes que l'on diluait à un volume déterminé, puis, avec cette nouvelle solution, on recommencait une série d'essais. ll est clair qu'avec un peu d'exercice on arrivait à recon- naitre facilement quelle était la concentration à donner au réactif avant de faire les essais. Un exemple pris au hasard fera comprendre aisément la manière d'opérer. Je suppose qu'il s'agisse de déterminer quelle est la concen- tration minimum pour laquelle l'iodure potassique coagule encore le sulfure de cadmium. On constate par un essai préliminaire que 10 c. c. d’une solution d'iodure à 3 */. coagulent instantanément cin] gouttes de sulfure ; 0n observe d'autre part qu'un mélange de 5 c. c. de réactif et de 7 €. c. d'eau distillée ne coagule plus; on essaie avec 5c.c. Klet B c. e. d'eau ; il se produit un trouble. La limite est donc comprise entre les dilutions suivantes:

5c.e KI+ 7 e. c, HO et B e.c, KI + De. c HO.

En faisant varier les proportions du mélange de réactif

(517)

et d'eau entre ces limites, on constate que 5,9 c. e. KI +

6,5 c. ce. H?20 coagulent instantanément le sulfure, tandis

que le mélange 5,4 c. c. KI + 6,6 e. c. H?O magit qu'après quelques instants. Le pouvoir coagulant de l'iodure de potassium est donc représenté par la quantité de ce sel dissoute dans 5,5 e. c. d'une solution à 5 */,, après dilution de ces 5,5 e. e. au volume de 10 c. c. Or, cette quantité est de 07,175. Pour présenter les résultats sous une forme comparable, on a rapporté la dilution à 1 gramme de sel. Dans le cas qui nous occupe, 0,175 KI étant contenu dans 10 c. e. de liquide, 1 gramme est contenu dans 57 c. e. La concentration minima pour laquelle l'iodure de potassium coagule le sulfure de cadmium est donc exprimée par une partie KI pour 37 parties H°0.

Dans le tableau suivant, les résultats sont calculés en faisant abstraction de l'eau de eristallisation que certains sels renferment. De plus, on ne doit accorder aux nombres qui s'y trouvent transcrits qu'une valeur comparative. Dans tous les essais j'ai pris, pour établir la limite,la coagu- lation instantanée du sulfure de cadmium. Voici les résul- tats auxquels je suis arrivé en opérant avec une solution renfermant 57,62 de sulfure par litre.

Chlorure de polhasium < a. -s-a 3 1615 Bromure de potassium . . . . . 1 727 lodure de potassium. . . . $4 57 Cyanure de potassium . I: 108 Chlorate de potassium . sc. di HM Nitrate de potassium. < . 7. . . 1: 109 Dithionate de potassium . . . . 1: 5000 Sulfate de potassium, . . . . . 4: 1666 Tetrathionate de potassium . . - . 1: 855 Ferricyanure de potassium. . . . . i: 166 Rt 100

Ferrocyanure de potassium. . . . .<

( 948 ) Chromate de potassium. . . . . . Bichromate de potassium

Chlorure de sodium. . . . . Hyposulfite de sodium .

Carbonate acide de sodium. a Carbonate neutre de sodium . . . Phosphate secondaire de sodium . Acétate de sodium . . . . . o Benzoate de sodium . Oxalate d'ammonium Chlorure de baryum. Nitrate de baryum Dithionate de baryum Sulfate de magnésium Sulfate manganeux Sulfate de cadmium . Nitrate de cadmium . Chlorate de plomb cio *. en Acétate de plomb. . . . . Cyanure mercurique. . . . Sulfate d'aluminium, . . . . . Alon ammoniaca . v7. 2 ls s Mon de chrome. Ul. Acide chlorhydrique. . . : . . . Acide sulfurique = te 47,

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266

Arme gie. Nu a

L'examen des nombres consignés dans le tableau précé- dent permet de tirer plusieurs conclusions. On voit d'abo que les sels alcalins, c’est-à-dire les sels à métaux mono- valents, sont ceux dont l'énergie de précipitation est la plus faible. Presque tous sont sans action sur le suifure de

p | | | | | | | | |

(2909 ) cadmium. colloidal pour une concentration inférieure à 1/1000. Les sels à métaux bivalents agissent à une dilution beaucoup plus considérable. Ainsi, tandis que le chlorure de potassium à moins de !/,,,5 ne précipite plus, nous voyons que le chlorure de baryum est encore actif à la con- centration de !/,,2,,. De méme, la limite pour le sulfate de potassium est exprimée par {/1666, tandis que pour le sulfate de magnésium elle atteint !/,,;;;. ll convient cepen- dant de mentionner l'écart que montrent à ce point de vue le chorate de plomb et le cyanure mercurique. Ces deux sels se comportent comme les sels alcalins. Le sulfate et le nitrate de cadmium sont, de tous les corps avec lesquels j'ai expérimenté, ceux dont le pouvoir coagulant est le plus énergique; peut-étre ce fait tient-il à l'analogie de compo- sition qui existe entre eux et le sulfure de cadmium. Les sels dans lesquels entrent des métaux trivalents sont doués d'une énergie de précipitation beaucoup plus grande que les sels à métaux bi- ou monovalents. C'est ainsi que le sulfate d'aluminium est encore actif à l'énorme dilution de !/35»558. Dans les aluns, qui sont en somme des sels doubles, le pouvoir coagulant parait étre déterminé par le sulfate à métal trivalent qui y entre, et non par le sulfate alcalin. On constate, en effet, que les dilutions extrêmes

observées pour l'alun ammoniacal et l'alun de chrome sont

respectivement !/,5557; et !/5553. L'action du sulfate alca- lin semble cependant se manifester en ce sens que, bien que trés élevé, le pouvoir coagulant des aluns est inférieur à celui du sulfate d'aluminium. Ce fait contribue aussi à montrer qu'il n'existe pas de relation entre le poids molé- culaire d'un sel et son énergie de précipitation. Les nombres fournis par le ferrocyanure et le ferricyanure de potassium

sont intéressants. Ces deux corps ont un pouvoir coagulant

trés faible et analogue à celui des sels alcalins. H. Schulze.

AT AS

B

( 820 ) dans son travail sur le sulfure d'arsenie colloidal, avait déjà mentionné ce fait et en avait conclu qu'on ne peut assimiler ces composés aux sels doubles.

En général, il ressort des nombres obtenus que la nature de l'acide qui intervient dans la constitution d'un sel est sans action sur la manière dont le sel se comporte à l'égard de la solution colloidale. On ne peut toutefois méconnaitre que les différences que l'on constate entre le chlorure, le bromure et l'iodure de potassium, ne dépendent que des éléments acides, chlore, brome et iode. De méme, le chro- mate et le bichromate de potassium, le carbonate neutre et le carbonate acide de sodium, montrent que le rapport de l'acide au métal n'est pas sans influence. Les nombres fournis par ces sels semblent indiquer que les sels acides ont un pouvoir coagulant supérieur à celui des sels nor- maux. ;

En ce qui concerne les acides, les résultats obtenus indiquent quen général les acides minéraux agissent comme précipitants à des dilutions beaucoup plus grandes que les acides organiques.

En somme, les faits acquis par l'étude de la coagulation du sulfure de cadmium peuvent se résumer dans les quel- ques points suivants :

Il n'existe pas de relation entre le poids moléculaire des acides et des sels et leur énergie de précipitation;

Le pouvoir coagulant des sels est déterminé par le métal qui y entre : les sels des métaux monovalents sont les moins actifs; ceux des métaux trivalents ont la plus grande énergie; enfin, les sels des métaux bivalents

tiennent le milieu entre les deux catégories précédentes.

En général, l'influence de l'aeide n'est pas appréciable. 5^ Dans les aluns, l'influence du sulfate à métal triva- lent l'emporte sur celle du sulfate alcalin;

( 921 )

4' Le pouvoir coagulant des sels acides parait étre supérieur à celui des sels normaux;

Les sels de cadmium ont une énergie de précipitation trés grande à l'égard du sulfure de cadmium.

La plupart des faits que je viens de signaler concordent avec ceux que H. Schulze mentionne dans ses recherches sur les sulfures d'arsenic et d'antimoine à l’état colloidal.

ll est done probable que la coagulation des substances colloïdales est soumise à de véritables lois, dont la cause nous échappe encore. Peut-étre, lorsque la découverte de nouvelles matières colloidales aura permis d'augmenter le nombre des observations, arrivera-t-on par la comparaison des faits à connaître la raison de ces singulières propriétés que présentent les corps colloidaux.

On entrevoit dés à présent que la solution du probléme pourrait contribuer à étendre notablement nos connais- sances actuelles sur la structure moléculaire des substances minérales. ;

En terminant, je mentionnerai que j'ai fait une série d'essais de coagulation avec une solution de sulfure de cadmium renfermant 20 */, CdS de plus que celle dont je m'étais servi d'abord. Mon but était de voir si la concen- tration du sulfure influerait sur le mode d'action des sub- stances précipitantes. Les nombres auxquels je suis arrivé étant tous du méme ordre que ceux qui figurent dans le tableau précédent, il me parait inutile de les reproduire ici. Je crois pouvoir en conclure que la concentration du sulfure de cadmium colloidal est sans action sur la façon dont il se coagule.

Université de Liège. Laboratoire de chimie générale de la faculté des sciences. Juin 1887.

Sur la représentation des involutions unicursales; par Francois Deruyts, docteur en sciences physiques et mathématiques de l'Université de Liége.

Dans son mémoire « Sur quelques applications de la théorie des formes algébriques à la géométrie » (*), M. LE Pace a signalé l'emploi de la géométrie des espaces supérieurs comme moyen d'investigation dans la théorie de l'involution. Plus tard, il a appliqué ce procédé à la recherche des groupes communs à certaines classes d'in- volutions (**). Pour cela, il prend comme support des involutions d'ordre n, la courbe normale C, de l'espace à n dimensions, et il recherche la classe du lieu, enveloppé par les espaces plans à k dimensions, déterminés par k+4 points d'une involution lz.

Plus récemment, M. CasrELNvovo (7) a retrouvé les prineipales propriétés des involutions unicursales, en partant de la définition suivante :

« Soient donnés dans un espace à n dimensions E,, une courbe normale C,, et un espace E, ,,d n—k—1 dimensions; les oc* espaces à n 1 dimensions, Es-

Wor tuer LM re

(^) Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers de l'Aca- démie de Belgique, tome XLIII, 1879.

(*) Bulletins de P Académie de Belgique, tome XI, série, 1886.

(77) atti del R. Istituto veneto di scienzi, lettere ed arli, tome IV, À* série, 1886:

Studio dell involuzione sulle curve razionali mediante la loro curv? normale dello spazio a n dimensioni. :

( 323 ) passant par E, , marquent sur C,,oc* groupes de n points qui constituent une involution d'ordre n et de rang k, >.

M. CasTELNUOVO appelle E, , ,, espace central de Pin- volution.

Nous nous proposons d'étudier la représentation des involutions unicursales, en partant de la définition analy- tique qu'on leur donne ordinairement; nous arriverons ainsi à retrouver, comme une propriété de ces involutions, ce que M. CasrELNvovo en prend comme la définition.

I. L'involution la plus générale d'ordre n et de rang n 1, placée sur un support unicursal, peut se définir analytiquement de deux façons (‘) : soit, par une forme n linéaire symétrique égalée a zéro,

00,0, au ce, avec les conditions 0,0,G; ... Op (at y = Opp = pil 0 t8 Soit, par une équation de la forme, [= Xa + Aa" +. + A a" 0.

À, Aas ... À, étant des paramètres arbitraires, les fonc- tions a! ^" des formes binaires d'ordre n, que nous suppo- serons avoir pour expressions effectives

a (b) qm af" az? + afr + s. + das hr, + abhag

() Voir, par exemple, les Essais de géométrie supérieure du troi- sième ordre de M. Le Paige.

( 924 ) Nous partirons de cette seconde définition. Considérons les n équations linéaires,

AU e aj z, + af)z, + + a, + an) Luna =

AU = a yx, + a(?x, + + + a0 x, + a xu =

. . . . .

n)

A™ aj x, + af"), + + + ac x, + a

pO s.a ==

0,. Loi)

l’ensemble de ces équations peut être regardé comme représentant un point de l'espace E, (°); nous dirons que

ce point correspond à l'involution, définie par

f 44.

Nous allons voir comment, dans ce mode de représen- tation, nous pouvons déterminer les images des différents groupes de l'involution. Supposons que celle-ci soit décom-

posable, l'équation qui la caractérise devient :

; a) a. (n, $ 5a, (10, *7* 2- 3,0, "7 -- «5 + 2,4, 1) = 0.

Les équations du point correspondant sont alors :

VS 1 BO =a P a x, + (af «4 + aa) Te + ve (UPa + a ne), +a, al

BO —q! a! ax, + (f'a + APas)ts Fe + (a? a, + af. 12) aan a

Beef, + (ae, + aP) + --- + (alla, + a) aac, + ani T

` . . . . * LI . -

.

E T IUD MEL

(*) Pour abréger le langage, nous désignerons par espace Ep l'espace

à k dimensions et du premier ordre.

=0, —0,

À

=l. |

( 325 ) Il est facile de déduire de pour les coordonnées de ce point : Ki iXQlEy:1X,.:14,,,:502:— lois d$ re HU ass EU (le signe + selon que n est pair ou impair). Si nous posons © À, nous aurons : 1

DE. Mere c tua em Q7 LAT e tA

ce qui est l’équation, sous forme normale, de la courbe caractéristique, C,, de l'espace E,.

Nous en déduisons ce théoréme :

Le lieu des points qui représentent les involutions d'ordre n et de rang n 1 décomposables, est la courbe normale de l'espace à n dimensions.

Tout espace E, ,, passant par le point correspondant à une involution I? ,, définie par

[55 9. peut se représenter par l'équation ia AO + p AO T ve Ma AT T Pa A) = 0.

Cet espace coupera la courbe C, en des groupes de points dont les paramètres sont les racines de l'équation

( (2) Bad) + pa)" b eee PAPER VE Dn + fe aj "=.

Ainsi, ces groupes de points forment une involution li et la relation qui la caractérise est précisément celle dont le point en question est le correspondant. Ces groupes de points sont donc les images des groupes de l'involution.

( 826 )

II Uneinvolution d'ordre n et de rang k, I7, est définie par la relation,

(2) (k) (+1) DS AM, "4 AME, te ce 4 AQ, + 34440, 0.

Les k+1 équations linéaires AU ax, + ae o + ax, + afanya 0, AO of, + afr, + + aa, + ans = 0,

LI LI . . . . * LI .

AMIE at, + at, a uu. aa + ar = 0, représentent dans l’espace E, un espace E, ,,: Ces! l'espace central de l'involution; nous dirons que cet espace correspond à l'involution.

Si l'involution est décomposable en un point fixe et en une involution 1", auquel cas son équation est

(1) (2) (kH)

at. (1,0, NOM d os Nel ip Ad. Dat T "n = 0,

son espace central sera représenté par

D 1 = BO=a ar, Hapa, +aas)ts --e22-(afJje, +a n)r, HAR ATni

Mo CE 2 = = af DA Y, +(a alfa, + ax) este (ada, +a? ) 2) +a$ al aet um

. * * . . . . .

m Fe Jta ++» D abr dicus te

Ces équations sont vérifiées nique si l'on sup- pose

Dy i Lai ee Li X44 7093: a lg, 2e ….: matt ax: e

( 827 )

Donc : l'espace central de toute involution d'ordre n et de rang k, qui posséde un élément fixe, rencontre la courbe normale de l'espace à n dimensions.

On démontrerait de méme que, si l'involution est décom- posable en k’ éléments fixes et en une involution 17^", son espace central rencontre la courbe normale en Á' points.

Tout espace E, ,, passant par l'espace central d'une involution Iz, peut se représenter par

pa AU + uu AO + sse + uu AUTO = 0, Cet espace coupera la courbe C, en des groupes de points dont les paramètres satisfont à la relation, (4) à UH) Kl)” + pol)" + at "50, c'est-à-dire, à la même relation que l'involution l7 pro- posée.

HI. Si nous prenons la seconde définition de linvo- lution, une I? sera représentée par n— k formes algé- briques n-linéaires, égalées à zéro,

h=a® a a a —0, f= a af a a? —0,

PE ar e a n) a" 0, | Avec les conditions ;

aPaPa?) ... a = al =) =:

(pss "secat

Pour simplifier la notation, nous représenterons les

( 928 ) coefficients de ces formes par les lettres a”, affectées des indices inférieurs, 1, 29, ... n +1.

Nous pouvons considérer les paramétres de chacune de ces formes comme représentant les coordonnées d'un point dans l’espace E,. L'ensemble de ces points représentera un espace E, ,, : c'est l'espace central de l’involution. Il est aisé de s'assurer que cet espace a pour équations,

Zi Za Z5 Zn—k Zn—k+i 1 T 1 1 1

at aj! aj a k a? us 2 2 2 E

a P cn «af ad. a uus

-—k c atc at d

ajn- 9 at -9 ar i variant de 4 à k4- 1.

En partant de là, nous arriverions aux mémes théorémes que plus haut; nous ne croyons pas utile de reprendre la suite de leur démonstration. :

Nous pouvons, d'ailleurs, passer d'un mode de repré- sentation de l'involution à l'autre de la manière la plus simple, ainsi qu'il suit : si l'involution est définie par » k formes n-linéaires égalées à zéro, on en déduit immédia- tement qu'elle peut se représenter par la seule relation,

e Ei : Ue kiits Q&4—4H 9] osa as atta RU à j 1 quU. am un 2 at, Us sri [LL "4 TEN e 2 en aca. am... am , ap. eei 0 3 x p [E] . - LI . , . ^ Mai Le * LI LI . Lg LL RAT 3 Sr. m4 i- dus à (n-—k EX À mue M a) am ati

( 329 ) Cela résulte de ce que nous venons de voir.

Supposons maintenant qu'une involution lẹ soit définie par la relation

SR UA (k+) 1,4, “HAN + aad. "= 0;

son espace central est représenté alors par les k 4-1 équa- lions

ar, x ajx, E ie E allita e atka Li ves CES at x, ua = 0, (21,9, E 4k Si nous désignons par a,,, 2,,. ... &,,4, n —k paramètres,

un point quelconque de cet espace a pour coordonnées, par exemple,

pn - k+!

p—n—k

1 a? k+ (p)

Y aE tr) D mi 1

Xu == , M P k4-1 à p-n -k+l p-—n—k 1 2) k+i ip) Arpal ) as P dhh ud * C Lp AP 1 hamis (9. a, ... ah a : (ai, aj Ug Bia p—n-k4-1 p-n—k (1) a? (kH) =, 84a (0$), aF, ces Ok Ep à ipaa Liga = (5 a a o o ME , (a, atts af ) Bici Tip = CARE W Tapt == Enpi

57° SÉRIE, TOME XIV. 22

(330 ) Ce point définit dans l'espace E, une involution [%_,, qui a pour équation,

[es m aA 2e + a Al PO + | a AQ? TP ars AE T edri CENT © | P-D + + fault + m aM, + + + 0, Af] P7 Tin vi dB voie Poe AU T CRM ONT rie = ,

CET 2, 4 3B, PO en désignant par Pí? la somme des combinaisons des » variables "i Zi Ur Lo VE : Zoa : Us” prises k à k. Nous pouvons écrire l'équation précédente sous la forme, arpa | APP? EAPC D LLL. AQ peA Hk pee -H 443] AQPo + AQpe-0, Lu. AQ). CEF a a

—k\ ue BP + adu) A PO EA pin- 0... + Ape- D, PO | =0.

Si nous considérons tous les points de l'espace central, il leur correspondera un faisceau d'ordre n k— 1 d'involu- tions I ,. Les groupes de base de ce faisceau sont précisé- ment les groupes de l'involution proposée; cette involution pourra done se représenter par les n k équations

: 3 | APPP + ADPT- + + ALPE BQQTC = 0, | APPO + APPO t ace PAM po-0 p, Pet 0, ANAPO 4 AP PPS AUD D p =0, | c'est-à-dire, par n k formes n-linéaires symelr (ques, égalées à zéro.

( 331 )

D'aprés ce que nous venons de voir, nous pouvons regarder l'espace central d'une involution I? comme étant, ou bien l'intersection de k + 1 espaces E, ,, ou bien la jonction de n k points de l'espace E,. C'est à ce dernier point de vue que nous envisagerons l'espace central dans la suite de ce travail.

IV. Lemme. Si nous prenons sur la courbe normale de l'espace E,, n points de paramètres bu - oues diua l'espace E, ,, déterminé par ces points a pour équation : Za Ze Z3 +. Zny M XT UOTA

Ac LATOAp AT ed

AL At od

ou en développant : A zz, z,P(" + z,PP .-. 2E c, Po) 0,

(le signe + selon que n est pair ou impair).

Nous désignons par la notation P? la somme de toutes les combinaisons des q lettres 2,, À, ..., À,, prises k à k. ll est visible que l'on peut écrire,

"RUM í k Az (z a +7, PE. + Zi APP) se Praa ems z,PP-i-z, PP “E Zyrat ) pe pr )) (z;— z,P?a- zp% Pw sx?)

(2 45" PP, Lutz, Pr au PP noz, PP) 0.

Pour plus de facilité, nous mettrons cette formule, en

( 332 )

faisant les conventions nécessaires, sous la forme, A= K, PS TK, + PP, + ce + (— D" PECDE, 4 = 0 Il en résulte immédiatement que l'espace E, ,, déter- miné par k points de la courbe normale de l’espace E,,

peut se représenter dans cet espace par les n k- 1 équations

DEPT Wa UN 0, | -—— *

Si l'espace E, , était osculateur à la courbe au point de paramètre 2, il suffirait de faire

Nous en déduisons encore que l'espace E, ,, qui unit les p espaces,

osculateurs à la courbe normale aux points,

ly a de Api quand on a la condition,

Yt. +1)]=k,

1 est représenté par n k + 1 équations Ko—0, K,—0,.., K, = 0, K, = O0,

les K, étant des fonctions non homogènes du degré k à p variables 2,. Cette fonction est du degré r; + 1, par rapport à la variable À.

( 333 )

V. De notre procédé de représentation, il résulte que, pour étudier les propriétés des groupes d'éléments de l'involution unicursale la plus générale, il suffit d'étudier les propriétés des groupes de points donnés par linter- section d'un faisceau, d'ordre k, d'espaces à n 1 dimen- sions, avec la courbe normale de l'espace à n dimensions. Nous avons vu aussi que l'on pouvait représenter une involution d'ordre m dans un espace E, (n > m); cette remanjué est utile pour la recherche des groupes com- muns à certaines involutions.

Comme application, recherchons le nombre des points neutres d'une I7. Si nous prenons k points sur le support C,, d'une I7 représentée dans l'espace E, par son espace central E, , ,, l'espace E, ,, passant par ces k points et par E, , est complètement déterminé. Cependant il peut arrriver que, par un choix convenable des k points du sup- port, on ait non un espace E, , mais un faisceau d'espaces E, ,. Dans ce cas, il est évident que les points, ainsi choisis, sont soumis à une loi que nous allons rechercher.

Soient,

À 19 ... Àn

les paramètres de k points de C,. L'espace central de l'involution I? peut être défini par n k points de E,,

—k gU, 20, s zm, ^

op e z le point z'? AP pour coordonnées, aP, of, ..., op, aR

L'espace E, ,, déterminé par les k points À, a pour équations, K, 0, K, —0, "^ E 4

( 554 ) L'espace E, , passant par E, , et l'espace central, est représenté par K, + «, K, + i ig um Qu Lk Ke == 0,

les n k coefficients a étant déterminés par les n k

conditions KP +R + +0, KD, 0, K? --oeK(? + ee. + a, ,K?, —0, SD PR Vu ET a, (rue en désignant par K” ce que devient K,, quand on y rem- place les coordonnées courantes par celles du point z”. En général, les équations précédentes permettent de

déterminer d'une facon unique les coefficients «, sauf les cas ou l'on aurait

K KP KU? .. KP,

K? KP KD,

n— um 0.

RAI PRES REP.

Alors l'espace E, ,, passant par E, , et E, , ,, est indé- terminé du premier ordre. Pour résoudre le probléme que nous nous sommes posé, il suffira donc de rechercher combien il existe de systèmes de valeurs des k paramétres ) qui satisfont, par exemple, aux deux conditions,

= (KP, K9,.., KÉP, KUA) = 0 .() B = (KP, KP, …, KEEP, KC?) 0

Il est visible, tout d'abord, qu'il existe o" tels

( 335 ) groupes. Donnons à k 2 de ces paramètres À, par exemple à 2,, À, ... 4,, des valeurs déterminées; nous dési- gnerons par (K/?) ce que devient dans cette hypothèse. On a, les æ, È, y, étant des facteurs constants,

(Kt?) == al” TE B9 (A, ge A4) E Wa À. Le système (1) se transforme en (A) = (KP), (KP), ..., (K7-24)) —0

9 (B) =((K#), qm aida i Recherchons combien il existe de systémes de valeurs de À, et de J, qui satisfont à (2). Remarquons que ces valeurs doivent dépendre de tous les points de l'espace central, et uniquement de ceux-ci. Nous devons done rejeter tout système qui ne satisferait pas à cette condition. Cela posé, nous pouvons considérer À, + À, et À À4,, comme définis- sant les coordonnées non homogènes d'un point de l'espace E. Il nous suffira donc, d'aprés cette remarque, de recher- cher le nombre X des points d'intersection des deux courbes représentées par (2). Ces deux courbes se coupent en (n k)? points, mais le système (2) est vérifié identi- quement si l'on a

(Aj) = (KP, (KP) Te (Kei?) vin

o

(Bj) = (K^, (KP) + (KPE) = 0 Parmi les points d’intersection des deux courbes, répré- sentées par ces équations, il en est qui ne dépendent que de n k —1 points de l'espace central : représentons leur nombre par X,; il en est d'autres, en nombre X,, qui ne dépendent que de n k 2 points de cet espace; en

( 336 )

effet, les équations (3) sont vérifiées si l'on a

(As

= ((KP, (KẸ ) - (KC) =

Ske 3 = (KP, (KË) + (Ke) 0 !

——

(B. En continuant de la sorte, on arriverait à la suite

X = (n X; X, SZ. (n dem ke 1) X: ) TE = | d'où n—k)(n -k+1) X—(n—kJ—(n—k—1) + (nt 2) +1= I Nous en déduisons les résultats suivants : k 2 éléments arbritraires d’une involution li entrent dans (^ $**) groupes de k éléments neutres. Les groupes de n 4 points neutres d'une involu- tton Y; , forment une involution 1275. Une involution I; possède (^;*) couples neutres.

Remarque. En général, une involution I; ne peut posséder d'élément neutre. Cela résulte immédiatement des équations précédentes. En effet, le paramétre d'un élément neutre doit satisfaire aux conditions

(KP, KP... K" 3) 0, (Kf), KB... Ke-9) 0,

les fonctions K” étant linéaires par rapport à 2. Ces équations ne peuvent, évidemment, étre vérifiées par une méme valeur de À que dans des cas trés particuli

Les théorémes que nous venons d'énoncer ont été

( 337 ) donnés par M. Ex. WEvn (‘). lls permettent de mettre l'équation d'une involution sous une forme assez simple. Prenons d'abord le cas particulier de n 5 et de k= 2. Une involution I$ peut se représenter par les points ou les plans d'une gerbe rencontrant une cubique gauche. Le couple neutre de cette involution est mafqué par les points la bisécante, menée du centre de la gerbe à la cubique gauche, rencontre cette courbe. Si donc, nous désignons par = el rx les paramètres de ces points, les coordonnées du centre de la gerbe pour- ront s'exprimer par Xy-—Ep5 EU des Lo == 0, ài + 0303 3 £3 == 0401 + 220%, X; m ad Fi ER L'équation de l'involution pourra donc s'écrire : f (a 3*3 A) 94942, -F (2,8, + a3) (2,9122 + Xi1/271 + Baiji) + (9 + as) naga + LYZ + XYZ) + (2421 + ada) X22272 = 0, ou bien, [—^ r+ 9x3 (y,4- Js) (z4 479423) + (0, + Dale) Ya + djs (zi + 0324) —O..

M. Le Pace a trouvé cette remarquable expression iq canonique, en se servant de ses recherches sur les formes 5a algébriques plurilinéaires (7).

Dans le cas général, une involution l; est définie par son 2 espace central; celui-ci peut être considéré comme la n jonction de n k points de l'espace E,, |

AQ, AM …, Am.

C) Ueber involutionen n'er grades und k*t stufe, Sitzungsberichte z der Kais. Akademie in Wien, 1879). d

(7) Atti dell Accademia Pontifica de’ Nuovi Lincei, juin 1881, et Comptes rendus, mai 1881.

[ur a

i

Tu. Ww AEN. ede cma wee INS, SA um aai pe ve A" DU F Sr COL FREE

( 3358 )

D'un autre côté, si nous prenons un groupe de k points neutres de l'involution, représentée sur la courbe C,, ils déterminent un espace E, , qui rencontre l'espace central de l'involution. Nous pouvons done prendre, par exemple, au lieu du point A? le point B? d'intersection de E, , et E, 3.

i 3 1 1 1 3

Si nous représentons par Jp» jpeg les paramétres des k points neutres et par oj", a, ... ak), des constantes, ce point aura pour coordonnées,

x = o + a + ee + op, Xa = APOP + ao -- ... + ap : D». ^ A) Kai ces adn + a Cs + + offa, ^

Si done nous considérons (n k) groupes de k éléments neutres, et si nous prenons sur chacun des espaces correspondants un point B?, au lieu de regarder l'espace central de l'involution comme formé de n k points A^, nous pourrons le regarder comme formé de n k points B^, Alors, il est visible que les équations de l'involution sont :

fm P (nce apu) Quen) (ea) que du) =O

hes «P (x Pr) (yi+0Pye) (no Pz) (Qn + pu)

p=k fim Y up (nce dr) (yere y) (z+ dpa) (n + dpi)

CASES, ú . LI . . . . . * . x E.

p—k f. elt (x, + dre) + deyiz + ghz). (u, 4-7 Bus) = p=i

| a

( 359 ) D'après ce que nous avons vu, cette transformation peut s'effectuer de œ manières.

Vl. Une des questions les plus intéressantes de la théorie de l'involution est la recherche des éléments mul- tiples associés. Le probléme à résoudre est le suivant :

Combien existe-t-il de groupes de n éléments d'une invo- lution V2, tels que dans ces groupes figurent p points mul- liples d'ordres respectifs

r, + |, LE LT Te Fr avec les conditions,

itrato.+rek, k Fe SN: M. Lrncn (^) a trouvé que le nombre N de ces groupes est donné par la formule

N= (PT E) ios D).

Nous avons retrouvé cette formule par une voie diffé- rente de celle qui est employée par M. Lrncn; il nous semble intéressant de la reproduire, au moins pour le cas particulier de p= 2.

Soit donc une involution I7, représentée par son espace central E, , ,, et la courbe normale, C,. Les équations de l'espace à r, + r, +1 dimensions, qui unit les deux espaces E,, et E, , osenlateurs à la courbe normale C,, aux

————

(°) Sitzungsberichte des Königl. bóhm. Gesellschaft der Wissenschaf- ten, novembre 1883.

( 340 )

points de paramètres 2, et À,, sont :

Ko A 0, K, = 0, Kore j

Les K, sont des fonctions du degré k+2à deux variables non homogènes 2, et 2,, du degré r, + 1 par rapport à À, et du degré r, + 1 par rapport à 7,.

L'espace E, , qui joint l'espace, dont nous venons d'écrire les équations, et l'espace central, quand cela est possible, est représenté par

Ko + a Ki + aKo + +e x,4 à Ka 0,

les paramètres « étant assujettis aux conditions :

K) +R EaR + o... aV a KU, = 0, KỌ +a KO + a, KO Are E E Sun = 0, (A) KE + a KV + RE S nan, KE 30;

nous désignons, comme plus haut, par K?? ce que devient K, quand on y remplace les coordonnées courantes, Zis Za, ... 7,11, par les coordonnées du point A'*de l'espace central. Pour que ces. équations (A) soient compatibles, il faul que l'on ait : KT Ki K? KP, 5 KD,

KP- KEP RP Koss KOs

<=

Ki k-1) grew | | wind | Sera pe xu

EI^ AS AP Ke, Ke,

( 844 ) ou, ce qui revient au méme, il faut que les paramètres À, et 2, satisfassent, par exemple, aux deux relations,

-

A, zz (Ki, K85, ..., Ki, Ke N B

0, | (Kj, Kf», wine Rp x. a AT le )— 0. |

|

-

Remarquons que les valeurs des paramétres, qui répondent au probléme, doivent dépendre de tous les points qui définissent l'espace central et uniquement de ceux-ci.

Cela posé, nous pouvons considérer les deux équations précédentes comme représentant, en coordonnées non homogénes, deux espaces à une dimension et de l'ordre (k + 2) (n k 1), ces deux espaces étant situés dans un méme espace E,. On peut s'assurer facilement qu'ils ont en commun les éléments suivants, étrangers à la question :

Deux espaces nuls d'ordres (r, + 1) (n k 1) et (ra +1) (n k 4), situés sur l'espace E, à l'infini de E}.

2 L'intersection des deux espaces à une dimension dont les équations sont :

js

—(Kj), KO... KOA Ke-E 220 —(KP, KP... Ke, Ke) = 0; )

xd

parmi les points d'intersection de ces espaces, il en est qui dépendent, en effet, uniquement des coordonnées de n k 2 points de l'espace central; soit N, le nombre de ceux-ci et d'autres en nombre N, qui dépendent de n k 3 points de l'espace central, nous aurons :

N, = 2(r, + A)(r, + 4)(n k— 1} —Ns

: o DENT ( 348 ) de méme Na ——2(n-- (re + !)(n k 2f N,

x = ajri M MUN E 1), de sorte que, (m 2(r + Dro 1) (n k— 1) (n—k—9) +. 3-4 f. ou

N == 2(r, IE 1)(re des 1)

(n k)(n k 1) 2 ?

ce qui est bien la formule de M. Lrncn. . Dans le cas général, les calculs devenant assez compli- qués, nous nous bornerons à indiquer la marche de la démonstration. On écrirafles équations de l'espace E,,, .,, formé par la jonetion des p espaces, ES.B. HE

"5 osculateurs à la courbe normale aux points de paramètres

AD ALL

On en déduira l'équation de l'espace E, ,, passant par E,,; €t par l'espace central de l'involution,' en fonction de n k— p paramètres non homogènes qui doivent satis- faire à n k équations linéaires. Pour que celles-ci soient compatibles, il faut qu'un déterminant multiple, formé de n k p + | colonnes et de n k rangées, soit nul. Le probéme revient done à chercher combien il existe de sys- tèmes de valeurs des paramètres À qui annulent ce déter- minant multiple. Or, celui-ci peut étre considéré comme représentant, en coordonnées non homogènes, dans l'espace E,, l'intersection des o + 1 espaces, E?”,, à p—1 dimen- sions et d'ordres p —(n k p + 4) (k + p).

( 345 )

On remarquera que ces espaces ont en commun les éléments suivants :

p espaces E, ,, multiples d'ordres respectifs

(n k p -+ M)(r, + 1),

(n k p + A)(ro + 1),

(n k p => A) (ro + 4), ces éléments sont situés dans l'espace E, , à l'infini de l'espace E,.

La partie d'un espace à p 2 dimensions et dont l'équation s'obtient en retranchant du déterminant mul- tiple primitif o 2 rangées; cette partie ne dépend que de n k 2 points de l'espace central.

On cherchera l'intersection des p espaces E?" ,, en faisant abstraction. des points, situés sur les éléments que nous venons d'énumérer, et on retrouvera la formule de M. Lerch. Nous pouvons done énoncer les théorèmes suivants :

° Les espace à n 4 dimensions, qui passent par les espaces à k dimensions, osculateurs à la courbe normale de l'espace à n dimensions, enveloppent un espace à n k dimensions et de classe (n k) (k + 1).

Nous entendons par classe d'un espace à n p dimen- sions, enveloppé par des espaces plans E, ,. le nombre de ces espaces E, ,, qui passent par un espace plan E, , ,.

2^ Les espaces à n 4 dimensions qui passent par les o espaces E, à r, dimensions,

E (i—4,2,.. Ñ (n + Nbre),

osculateurs à la courbe normale de l'espace à n dimensions, enveloppent un espace à n k dimensions et de la classe

len : 1). pt p Aire t)

PSP MEN RE ricis MES NT s Am Fais dp. xy CORSO Hn PNA do PRES À E

( 544 )

VII. Si nous considérons la courbe normale de l’espace E,, par un point extérieur P, nous pourrons lui mener n espaces E, , osculateurs. L'espace à n —1 dimensions, qui joint les points de contact, s'appelle espace polaire du point P.

Réciproquement, si l'on considère les n espaces E, ;, osculateurs aux points un espace E', , rencontre la courbe C,, l'intersection de ces espaces est le pôle de l'espace E', ,.

Recherchons l'équation de l'espace polaire d'un point de coordonnées :

BÉ. UR cus qu Aur

Les points de contact des espaces osculateurs, issus de ce point, sont donnés par les racines de l'équation,

í 1 n n, eca (o) À dla + (3) Mas ee EE (5 a" au = 0,

(le signe + selon que n est pair ou impair). L'équation de l'espace E, ,, passant par ces points es!

z, z, PI? + z; PO Ur pou E or, E " n " 1 n 9 n-i P=, PP ee Any: Anyi

,

donc l'équation de l'espace polaire est

n n Hn des na Zi HESS H y Z3 dm fr) a, zu = 0.

\

( 545 ) Réciproquement, les équations du pôle d’un plan de l'espace E,,

b, z, + ba za + +++ + ba £a = O, sont |

3) (a)

Nous pouvons en déduire ce théorème :

L'espace polaire d'un point d'un espace à n dimensions passe par ce point, et le pôle d'un espace à n À dimen- sions est situé dans cet espace quand n est impair.

Ou, ce qui revient au méme:

Les points multiples d'ordre n d'une involution Y, , forment un groupe de cette involution, quand n est impair.

Ce théorème est à M. Le PAIGE.

En partant de là, on en déduirait des théorèmes sur les involutions conjugées et par suite des théorémes sur les courbes normales, analogues à ceux que M. APrELL (`) a donnés pour les cubiques gauches, notamment sur les espaces axiaux et diamétraux de ces courbes. On en tirerait encore des propriétés analogues à celles des complexes linéaires de droites de l'espace E,. Nous espérons pouvoir revenir sur ce sujet.

() AppeLL. Sur les propriétés des cubiques gauches et le mouvement hélicoidal d'un corps solide. (Annales de l'École normale supérieure, 2* série, tome V.) :

gme SÉRIE, TOME XIV. : ! 25

( 546 )

Descriptions de quelques Cucurbitacées nouvelles ; par Alfred Cogniaux, professeur à l'École normale de l'État à Verviers, et vice-consul de l'Empire du Brésil.

Depuis la publication de notre Monographie générale des Cucurbitacées dans les Monographie Phanerogama- rum de M. de Candolle, en 1881, nous n'avons cessé de : rassembler des matériaux pour compléter ce travail. Nous avons déjà publié quelques-uns de ces matériaux antérieu- rement ; aujourd'hui, nous décrivons quatorze espèces et plusienrs variétés inédites, provenant de diverses régions d'Amérique, d'Afrique et d'Océanie.

Dans le but de faciliter les comparaisons, nous avons eu soin de rédiger nos diagnoses et nos descriptions exac- tement sur le méme plan que celles des espèces du méme genre dans notre Monographie générale. En outre, nous avons indiqué, autant que possible, la place que chaque espèce nouvelle doit occuper dans l'ordre systématique, et nous avons signalé les principales différences qui la séparent des espéces affines.

Nous espérons être parvenu ainsi à caractériser nette- ment ces diverses espéces, afin qu'aucune d'elles ne reste obscure.

1. Trichosanthes Muelleri Cogn. sp. nov.; foliis ambitu ova- lis, supra punctato-scabris, subtus glabris laevibusque, usque ultra medium 3-sub-5-lobatis, lobis oblongo-lanceolatis, acutis- simis, margine remotissime minuteque denticulatis ; floribus

( 547 ) monoicis, brevissime racemosis subfasciculatis, longe pedicel- latis, ebracteatis; seminibus valde turgidis, longitudinaliter zona crassissime cireumvallatis, unilocularibus.

Rami gracillimi, raraulosi, sulcati, glaberrimi, lacves. Petio- lus gracillimus, striatus, glaber vel sparissime breviterque asperus, 5-4 cm. longus. Folia tenuiter membranacea, supra laete viridia et albo-punctata, subtus paulo pallidiora, 1 1-15 cm. longa, 8-10 em. lata, lobo intermedio longiore, adbasim levi- ter constricto ; sinus inter lobi angusti, obtusi, basilaris subrectangularis, 4 !/5 - 2 !/3 cm. profondus. Cirrhi satis gra- ciles, elongati, angulato-suleati, glaberrimi, bifidi. Pedunculus communis masculus multiflorus, 1-4 mm. longus; pedieellli patuli, eapillares, glabri, 1-4 1/9 em. longi. Flores perfecti ignoti. Fructus subsessilis, pallidus, ovoideus, teres, basi subtruneatus, apice obtusus, 5 em. longus, 4 !/3-2 em. crassus. Semina sordide cinerea, vix rugulosa, basi obtuse attenuata, 7 mm, longa, 4 mm. lata, 5 mm. crassa.

Habitatin Quesland Australia (coll. Palmer et comm.Cl. baron F. von Mueller).

Cette espéce fait partie de la curieuse section du genre à graines presque en forme de marteau, dont Gaertner avail d'abord formé le genre Cucumeroides, nom que

M. Naudin a changé beaucoup plus tard en Plarygonia. -

Elle est assez voisine du T. Himalensis C. B. Clarke, qui s'en distingue nettement par la villosité recouvrant pres- que tous ses organes, et par ses fleurs mâles munies de bractées. Toutes les autres espéces de la méme section different des deux précédentes par leurs graines ponrynes de deux grandes loges latérales vides.

Nous dédions cette espèce au célèbre explorateur de l'Australie, M. le baron von Mueller, de Melbour m de qui nous l'avons reçue en 1886.

2. Eureiandra Balfourii Cogn. sp. nov. caule glabro; petiolo brevissime sparseque puberulo demum glabro ; foliis utrinque breviter sparseque asperis demum albo-callosis, plerumque leviter 5-3-lobatis, lobis saepius triangularibus, apice sub- acutis; floribus pro genere parvis, masculis brevissime racemc- sis subfaseieulatis; calycis tubo late infundibuliformi subeam- panulato ; staminum filamentis glabris; ovario oblongo ; fructu ovoideo-subfusiformi, apice longiuscule aeuteque rostrato.

Caulis gracilis, angulato-suleatus, laevis, cinereus. Petiolus satis gracilis, striatus, laevis vel demum interdum leviter rugosus, 2-6 em. longus. Folia tenuiter membranacea, ambitu ovata, supra laete viridia, subtus paulo pallidiora, 8-15 cm. longa et fere totidem lata, rarius fere usque ad medium lobata, won margine AA, Rp we ee ,ad 1 !/,-5 em. JOE ltosque. Cirrhi graciles, pots. (ateta glabri. Pedunculus communis masculus gracilis, sulcatus, leviter puberulus, V m iR 15-5 em. longus; pedicelli filiformes, recti, puberuli, 4 !/,-2 em. longi. Calycis tubus puberulus, lon- gitudinaliter tenuissime nervosus, superne satis dilatatus, inferne longiuscule attenuatus, 5-6 mm. longus et apice toti- dem latus; segmenta linearia, 6-7 mm. longa, 1 !/; mm. lata. Corolla bibi, segmentis ovato-oblongis, acutis, 5- -B-nerviis, margine brevissime ciliatis, 4 !/, em. longis. Staminum fila- menta ad basim non dilatata, 2-5 mm. longa; antherae bilocu- lares leviter lobatae, 4 mm. longae, 5 mm. latae. Flores feminei solitarii vel rarius geminati. Staminodia lanceolata, puberula, 4 !/, mm. longa. Stylus subfiliformis, 5 mm. lengus. Peduneulus fractiferus satis gracilis, leviter flexuosus, Por longus. Fructus glaber, leviter verrucosus, inferne leviter attenuatus oblususque, 5 em. longus, 2 em. crassus. Semina pd dr ovoidea, leviter compressa, distinete marginata;

( 349 ) utrinque laevia, basi minute bidenticulata, 7 mm. longa, 4-5 mm. lata. Habitat in insula Socotra ad altit. 200-700 m. ubi dicitur « Dachschana » vel « Diehschani » (B. Balfour, n. 181; Schwein- furth, exped. Riebeck, ann. 1881, n. 502, 541, 640 et 747).

En 1882, nous avons recu de M. le professeur Bayley Balfour, de Glascow, tous les exemplaires que nous citons ici de cette espèce; comme nous les lui avons retournés aprés avoir rédigé la description ci-dessus, nous ne pour- rions ciler avec certitude quelles sont les collections publiques elle se trouve aujourd'hui.

ll est facile de distinguer lE. Balfourii des deux autres espèces du genre. Voir Monogr. Phaner., MI, pp. 415-416.

3. Cogniauxia ampla Cogn. sp. nov. foliis amplis, ovato- cordatis, apice acutissime et breviuscule acuminatis, margine vix undulatis, utrinque tenuissime valde reticulatis et ad ner- vos brevissime puberulis caeteris glaberrimis ; racemis mascu- lis folio brevioribus, pedicellis apice vel subapice bracteatis; calyce leviter furfuraceo praecipue ad apicem.

Petiolus robustus, striatus, densiuscule furfuraceo-puberu- lus, 4-6 cm, longus. Folia membranacea, supra intense viridia, subtus paulo pallidiora, 24-50 em. longa, 18-21 em. lata; sinus basilaris anguste subrotundatus, 6-8 em. profundus, 2-4 em. latus; nervi laterales imum sinum marginantes, Pedunculus communis maseulus robustus, profunde striatus, subglaber, superne tantum floriferus, 14-16 em. longus ; pedicelli erecto- patuli, robustiuseuli, brevissime puberuli, 5-8 mm. longi. Bracteae lineares, flexuosae, rigidiusculae, dense furfuraceo- puberulae, 8-14 mm. longae, saepius vix 1 mm. latae. Calycis tubus leviter 10-costatus, ad basim paulo inflatus, apice satis dilatatus, fere 2 em longus, inferne 3 mm. ad medium

1 ![,-9 mm. apice 7-8 mm. latus; limbus remotissime minute acuteque denticulatus. Petala ut videtur flava, late obovata: satis asymmetrica, plus minusve inaequalia, tenuiter mem- branacea, grosse 7-9-nervia, intus glabra, extus tenuissime sparseque punetato-furfuracea, apice subtruncata et longius- cule aristato-apieulata, 5-4 em. longa, 2-5 em. lata. Stamina ori calycis inserta, filamentis brevissimis; antherae liberae, biloeulares 7-8 mm. longae, 5 mm. latae. Pistillodium nullum. Rami cirrhi flores feminei et fructus ignoti.

Habitat in Gabonia 20 sept. 1884 (D* R. Büttner, n. 20 in herb. Berol.).

4. Cogniauxia cordifolia Cogn. sp. nov. foliis pro gencre parvis, ovato-cordatis, apice aculis, margine undulato-subere- nulatis, utrinque tenuissime valde reticulatis, supra ad nervos vix puberulis caeteris glabris, subtus brevissime ct densiuseule puberulis; cirrhis bifidis; racemis masculis folio multo longio- ribus, pedicellis sub apice bracteatis; calyce dense furfuraceo- puberulo.

Rami salis graciles, sulcati, leviter furfuraceo-puberuli. Petiolus satis gracilis, obscure angulatus, brevissime denseque paberulus, 2-5 em. longus. Folia rigidiuscula, supra laete viri- dia,subtus cinerea, 9-11 em longa, 6 1/,-9 em. lata; sinus basi- laris anguste subrectangularis, 2-5 em. profondus, !/,-2 cm. latus; nervi laterales imum sinum marginantes. Cirrhi robus- tiuseuli, elongati, suleati, leviter, furfuraceo-puberuli. Pedun- culus communis masculus robustiuseulus, profundus cule stria, tus, brevissime puberulus, fere usque ad medium floriferus, 11/,-2 dm. longus; pedicelli erecto-patuli, satis graciles, leviter puberuli, 10-14 mm. longi. Bracteae lineares, arcuatae, rigi- diuseulae, dense furfuraceo-puberulae, 6-8 mm. longae. vix 1 mm. latae. Calycis tubus obscure 10-costatus, inferne vix inerassatus, apice abrupte dilatatus, 1 ,'/, em. longus, ad medum

( 851 ) 1 !/; et ad apicem 4-5 mm. latus. Petala lutea, obovata, sati: asymmetrica, paulo inaequalia, tenuiter membranacea, grosse 5-d-nervia, intus glabra, extus densiuseule punctato-furfuracea, apice subacuta et longiuscule apiculata, 2 em. longa, 11-14 mm. lata. Stamina ut in C. ampla. Flores feminei et fructus ignoti. Habitat in Gabonia, 11 august. 1885 (D° R. Büttner, n. 19 in herb. Berol.).

Le genre Cogniauria, décrit par M. le professeur Bail- lon en 1884 (in Bull. Soc. Lin. de Paris, 55, p. 423; Hist. des PI., VIII, pp. 409 et 446), vient se ranger natu- rellement à la suite des Eureiandra. L'espèce décrite som- mairement par M. Baillon, le C. podolaena, originaire également du Gabon elle a été découverte par le P. Duparquet en 1865, diffère des deux espèces que nous venons de déerire par ses feuilles cordées-hastées et par ses braetées se détachant du milieu du pédicelle et non du sommet. En outre, elle se distingue du C. ampla par ses grappes florales plus longues que les feuilles, et du C. cor- difolia par ses vrilles simples.

On sait que le pollen est loin d'étre de structure uni- forme chez les Cucurbitacées; dans ce genre, il est relati- vement assez gros, globuleux, lisse, à peine marqué de trois sillons obscurs, et à déhiscence poricide.

5. Coccinia Buttneriana Cogn. foliis breviter petiolatis, ova- tis, basi profunde emarginato-cordiformibus, apice longiuscule acuteque acuminatis, margine leviter angulato-sublobulatis et remotissime minuteque denticulatis, utrinque glabris laevi- busque et sub lente tenuissime punetulatis; cirrhis simplici- bus; racemis masculis apice 8-25-floris, petiolo paulo longio- ribus; calyce glabro, dentibus ovatis, ereetis. :

( 352 )

Caulis gracillimus, suleatus, glaberrimus, laevis, leviter ramo- sus. Petiolus gracilis, angulato-striatus, glaber, 1-2 em. longus. Folia membranacea, supra laete viridia, subtus paulo palli- diora, basi trinervia, !/,-1 dm. longa, 5-6 em. lata; sinus basi- laris angustus, imum obtusus, 1-1 ?/, em. profondus; nervi laterales bifidi, imum sinum marginantes. Cirrhi filiformes, elongati, obscure angulati, glabri. Pedunculus communis mas- eulus gracilis, leviter striatus, glaber, 1-4 em. longus; pedi- celli ereeto-patuli, sulcati, capillares, glabri, 4-1 ‘/, em. longi. Calycis tubus subpateriformis, 4-5 mm. latus; dentes acutius- culi, 1'/,-2 mm. longi, basi 1-1 '/, mm. lati. Corolla 6-8 mm. x 4 : : £f f. 2% f

nhloneis ODIUHSIS;

longa.ut 54

q ,Seg 5 nerviis, acutis, non ciliatis. Staminum filamenta in columnam coalita, 5 mm. longa ; capitulum antherarum subglobosum, 2 mm. crassum. Flores feminei et fructus ignoti.

Habitat in Gabonia, septemb. 1884 (D' R. Büttner, n. 18 in herb. Berol.).

Cette espéce doit se placer à cóté du C. jatrophaefolia Cogn. (Monogr. Phan., MI, p. 558), originaire d'Abyssinie, qui en diffère beaucoup par ses feuilles divisées presque jusqu'à la base en cinq lobes trés étroits, et par plusieurs autres caractères.

6. Apodanthera crispa Cogn. monoica; foliis mediocribus, breviter petiolatis, latioribus quam longis, fere usque ad medium 3-5-lobatis, supra brevissime subsparseque piloso- scabris, subtus densiuscule breviterque villoso-hirtellis; eirrhis ad basim trifidis; racemis masculis 4-8-floris; calyce densius- cule breviterque villoso-hirtello, tubo subeylindrico, ad basim subtruncato non dilatato, dentibus tubo dimido brevioribus.

Radix carnosa, ut videtur 3-5 cm. crassa. Rami salis

( 555 )

robusti, sulcati, breviter sparseque pilosi. Petiolus robustus, vix striatus, densiuscule breviterque villoso-hirtellus, 2-5 em. longus. Folia rigidiuseula, margine plus minusve crispata, Supra viridi-cinerea, subtus canescenti-cinerea, 2-5 em. longa, 3-6 em. lata, lobis undulato-erenulatis; nervi robusti, subtus leviter prominentes ; sinus basilaris latissimus, parum pro- fundus Cirrhi graciles, brevissimi, compressi, subsparse pilosi, Peduneulus communis masculus satis robustus, striatus, densiuscule breviterque pilosus, 2-4 em. longus; pedicelli erecto-patuli, */,-1 */, em. longi. Bracteolae subulatae, erecto- patulae, hirtellae, 5-5 mm. longae. Calyx cinereo-fuscus; tubus ad apicem leviter dilatatus, 8-9 mm. longus, ad medium 5 et ad apicem 5-6 mm. latus; dentes lineari-subulati, erecti, basi valde remoti, 4-5 mm. longi Petala ovato-oblonga, acutiuscula, subenervia, brevissime denseque puberula, 4 ‘/; em. longa. Peduneulus femineus 5-4 cm. longus, robustus, leviter striatus. Ovarium oblongum, breviuseule denseque villoso-hirtellum, 1 em. longum. Fruetus (immaturus) obovoideus, carnosus, 4 em. longus, 2 !/, em. crassus. Semina perfecta ignota.

Habitat in Mexico ad San Luis Potosi, ann. 1879 (Schaffner, n. 587 in herb. Bcrol.).

L'A. crispa a l'aspect des A. undulata A. Gray et A. Buraeavi Cogn., entre lesquels il doit se placer. Il se distingue sans difficultés de ces deux espèces : l’A.undulata a les feuilles beaucoup plus grandes et presque entières, le calice légérement dilaté à la base, à dents 3-4 fois plus courtes que le tube; VA. Buraeavi a les feuilles aussi longues que larges, les vrilles bifides, le calice tomenteux, insensi- blement atténué en pédicelle à la base.

(554)

Wilbrandia Glaziovii Cogn. dioica?; foliis longiuscule petiolatis, ambitu late suborbicularibus, supra brevissime sub- sparseque piloso-scabriuseulis, subtus brevissime denseque pubescentibus, plus minusve lobatis vel subintegris; floribus masculis parvis, in spicas densiusculas brevissimas ad apicem pedunculi communis foliis paulo brevioris dispositis; bracteis nullis; calyce leviter pubescente, dentibus erecto-patulis, anguste ovato-triangularibus, tubo 2-3-plo brevioribus.

Caulis robustus, leviter sulcatus, subglaber. Petiolus brevis- sime puberulus, striatus, 5-6 em longus. Folia tenuiter mem- branacea, 10-14 em. longa, 12-16 cm. lata, supra laete viridia, subtus viridi-cinerea, margine minute remoteque spinuloso- dentieulata ; sinus basilaris subrectangularis, 2-5 cm. latus, 1-2 em. profondus ; nervi laterales bi-trifidi, imum sinum marginantes. Cirrhi robusti, longissimi, basi leviter incrassati, striati, subglabri Pedunculus communis masculus 10-13-florus, gracilis, striatus, glaber, !/,-1 dm. longus, ab 1-2 cm. florife- rus. Calycis tubus anguste obconieus, 4-5 mm. longus, apice 2-2'/, mm. latus ; dentes pallidi, 1 !/,-9 mm. longi, 1 mm. lati. Petala imperfecte evoluta extus brevissime puberula. Flores feminei et fructus ignoti.

Var. e, subintegrifolia.

Folia 5-angulata vel leviter trilobata.

Var &, lobata.

Folia usque ad medium 5-lobata, lobis acutissimis vel suba- euminatis, mediano oblongo, lateralibus anguste triangula- ribus. :

Habitat var. z, in littore maris ad Gavia prov. Rio de Janeiro; decembr. 1878 (Glaziou in herb. Warming). Var. B. in prov. Rio de Janeiro (Glaziou, n. 12109, in herb. Eichler ct War- ming).

( 555 )

Celte espèce n'a de rapports qu'avec le W. ebracteata Cogn., qui s'en distingue facilement par ses feuilles pres- que glabres en dessous et par les dents du calice étalées, lancéolées-linéaires.

S. Melothria (Eumelothria) Papuana Cogn. foliis brevius- cule petiolatis, integris, ovato-oblongis, utrinque glabris, supra minutissime sparseque punctatis, subtus laevibus, basi rotun- datis vel subtruncatis, apice breviuscule aeuminatis, margine subintegerrimis vel inferne minute remote acuteque dentieu- latis ; floribus femineis longissime peduneulatis ; fructu oblongo, basi rotundato, apice acutiuseule breviterque apicu - lato ; seminibus obscure marginatis, utrinque tenuissime scro- biculatis.

Caulis gracilis, angulato-ramosus, glaber, laevis. Petiolus subfiliformis, glaber vel vix puberulus, striatus, 1-2 cm. lon- gus. Folia membranacea, tenuiter 5-nervia, supra laete viri- dia, subtus satis pallidiora, 6-10 em. longa, 4-5 em. lata. Cirrhi graciles, breviusculi, obscure angulati, glabri. Flores masculi ignoti. Flores feminei solitarii; pedunculus filiformis, glaber, angulato-suleatus, 6-10 cm. longus. Calyx supra ova- rium late cupuliformis, tenuissime furfuraceo - puberulus ; dentes lineari-subulati,2 mm. longi. Corolla brevissime villosa, segmentis erecto-patulis, triangulari-lanceolatis, acutis, 5-ner- viis, circiter 4 cm. longis. Ovarium anguste oblongum, superne longiuseule altenuatum, vix furfuraceum. Fructus 2 !/, cm. longus, 4 cm. crassus. Semina canescentia, 5 mm. longa, ^ mm. lata, 1 1/, mm. crassa.

Habitat in Nova-Guinea ad Strickland River (coll. Bauerlen et comm. Cl. baron F. von Mueller).

| 290 Quoique nous n’ayons pas vu les fleurs mâles de cette espèce, nous croyons pouvoir particulièrement la rappro- cher des M. Grayana Cogn. et M. Peneyana Cogn. (Monogr. Phan., II, pp. 591-592) ; mais tous les deux ont les fleurs femelles brièvement pédonculées et les graines lisses. De plus, le M. Grayana, qui en a presque le port, s'en distingue encore par ses feuilles assez profondément échancrées à la base et son fruit obtus aux deux extrémités, et le M. Peneyana, par ses feuilles cordées-deltoides.

s

€. Melothria (Eumelothria) subpellucida Cogn. foliis tenui- ter membranaceis subpellucidis, late ovato-subcordiformibus vel interdum subdeltoideis, leviter 3-sub-5-lobatis, basi levi- ter latissime Um Mpeg cu sig vix pee sublaevibusque, subtus ad nervos b scabriusculis; racemis masculis Sedi hecal longiori- bus; calyce campanulato, dentibus minutis, basi remotis, lineari-subulatis. i

Caulis subfiliformis, angulato-sulcatus, pallide viridis, VIX brevissime puberulus. Petiolus gracilis, striatus, leviter pube- rulus, 5-4 em. longus. Folia supra saturate viridia, subtus laete viridia, margine minutissime remoteque subulato-denticulata, 5-8 em. longa, 6-9 em. lata, lobis acutissimis ; sinus basilaris late subrotundatus, vix 1 em. prófundus, 5-4 em. latus. Cirrhi filiformes, elongati, sulcati, vix puberuli. Pedunculus commu- nis masenlus filiformis, suleatus, puberulus, 3-6 cm. longus apice 8-15-florus; pedicelli patuli, capillares, leviter flexuosi, sub lente pilis brevissimis ramosis densiuscule vestiti, 1-1 '/, em. longi. Calyx siecitate fulvus, leviter puberulus, basi obtusus, 1 '/, mm. longus latusque. Corolla subglabra, ut videtur 3 mm. lata. Flores feminei et fruetus ignoti.

Habitat in Australia ad Endeavour River (coll. Perseih et comm. Cl. baron F. von Mueller).

$

3 | 3 à 1 1 :

( 557 )

Nous soupconnons que cette espéce pourrait bien venir se ranger dans le voisinage du M. marginata Cogn. (Monogr. Phan., MI, p. 595) ; mais en l'absence des fleurs femelles, du fruit et des graines, nous ne pouvons rien affirmer.

10. Melothria celebica Cogn. in Monogr. Phaner., MI, p. 625.

Var. £, villosior.

Caulis breviter denseque villoso-hirtellus. Folia utrinque canescentia vel canescenti-cinerea et densissime breviuseu-

leque villoso-subtomentosa praecipue subtus. Cirrhi longius-

culi, breviter denseque villoso-hirtelli. Habitat in Australia ad sinum Carpentaria (F. von Mueller).

L'exemplaire que nous possédons de cette plante, recu l'année derniére de M. le baron F. von Mueller, est assez incomplet; il est accompagné de fragments de fruit et de graines qui paraissent identiques à ceux du M. Celebica, mais il ne porte pas de fleurs bien développées. Nous sommes assez porté à croire que lorsqu'on pourra en étu- dier des exemplaires suffisamment complets, il faudra l'élever au rang d'espèce distincte.

11. Kedrostis Boehmii Cogn. foliis longe petiolatis, utrinque subtilissime puberulis praecipue subtus, ambitu suborbicula- ribus, usque ad medium trilobatis, basi profunde emarginatis, apice obtusis et longiuseule mueronatis, margine minutissime remoteque subulato-denticulatis; racemis masculis petiolo vix longioribus; calyce densiuscule breviterque villoso-hirtello, dentibus oblongis, tubum aequantibus ; fruetu sessili, ovoideo,

parvo, longe rostrato, brevissime et densiuseule puberulo, oligospermo.

Caulis gracilis, leviter ramosus, angulato-sulcatus, levissime villoso-hirtellus, elongatus. Petiolus gracilis, striatus, vix puberulus, 3-5 cm. longus. Folia tenuiter membranacea, utrinque laete viridia, 7-14 em. longa, 8-12 em. lata, lobis ovalis, basi plus minusve econstrietis ; sinus inter lobos sae- pius angusti, obtusi, basilaris subrotundatus, 1-2 cm. profun- dus. Cirrhi graciles, elongati, sulcati, brevissime leviterque puberuli. Peduneulus communis masculus subfiliformis, sul- catus, subrectus, puberulus, 5-6 em. longus, apice 5-8-floris; pedicelli capillares, patuli, recti, 1-5 mm. longi, ebracteolati. Calycis tubus campanulato-ovoideus, basi subtruncatus, superne satis constrictus, 1 !/ mm. longus, 4 mm. latus; dentes erecti, 1-1 '/ mm. longi. Flores feminei solitarii vel rarius geminati. Fructus densiuseule breviterque puberulus, 5-8 mm. longus, 4-5 mm. crassus; rostrum rectum, angusiissimum, 4 mm. longum.

Habitat in Africa orientali ad Kakoma, 27 januar. 1881 (R. Bóhm, n. 5 a in herb. Berol.).

Cette espèce doit être rangée à la suite du K. rostrala Cogn. (Monogr. Phaner., MI, p. 636), plante indienne qui en diffère par ses feuilles brièvement pétiolées, entières, arroundics au sommet, les dents du calice subulées, qualre fois plus courtes que le tube, elc.

12. Cayaponia (Eucayaponia) Almeideana Sald. et Cogn- foliis supra densiuscule brevissimeque hirtellis et longiuscule sparseque setulosis, subtus breviuscule denseque birtellis praecipue ad nervos, àmbitu ovatis, fere usque ad medium trilobatis, basi profunde angusteque emarginatis; cirrhis

( 359 ) 3-4-fidis; calyce breviter denseque villoso-tomentoso, segmen- tis erectis, conniventibus, lineari-lanceolatis, longe acuminatis, corolla longioribus.

Rami graciles, profunde sulcati, subsparse longeque villoso- hirtelli. Petiolus robustus, leviter striatus, longe denseque villosus, 4-6 cm. longus. Folia membranacea, supra saturate viridia, subtus viridi-cinerea et leviter reticulata, 4 1/,-2 dm. longa, 14-18 cm. lata ; lobi ovato-triangulares, margine leviter undulati et minute remoteque subulato-dentieulati, laterales acuti vel acutiusculi, terminalis major, breviuseule acumina- tus; nervi satis graciles, subtus paulo prominentes, duo late- rales bi-trifurcati, imum sinum marginantes; sinus inter lobos subaeuti, basilaris obtusus, 4-5 em. profundus; lobi basilares valde approximati, nonnunquam superpositi. Cirrhi satis gra- ciles, longiusculi, suleati, densiuscule breviterque villoso- hirtelli. Flores masculi magni, solitarii vel rarius geminati. Peduneulus gracilis, dense longeque villosus praecipue ad apicem, !/,-2 em. longus. Calyx viridi-cinereus, tubo late cam- panulato, 4-5 mm. longo, apice 7-8 mm. lato, segmentis obscure 5-nerviis, 21-24 mm. longis, basi 4-5 mm. latis. Corolla (imperfeete evoluta) utrinque brevissime denseque tomentosa. Flores feminei ignoti. Fructus pedunculo crassius- culo striato dense villoso-hirsuto 4 em. longo instructus, oblon- gus, basi rotundatus, superne satis attenuatus acutusque, 5 em. longus, 12-15 mm. crassus. Semina perfecta ignota.

Habitat in prov. Rio de Janeiro ad Laranjeiras, ubi dicitur Abobra danta, 22 octobr. 1886 (Glaziou, n. 16.079 in herb. meo).

Notre collègue et ami, M. le consul général J. de Sal-

danha da Gama, a bien voulu s'associer à nous pour étu- dier et nommer cette intéressante espéce, qui est dédiée à son ami de jeunesse, M. le conseiller Thomas Coelho

DA TM x

( 560 ) d'Almeida, député et ex-ministre de l’agriculture du Brésil.

Le C. Almeideana doit se placer entre les C. Flumi- nensis Cogn. et C. hirsuta Cogn. (Monogr. Phaner., IM, pp. 745 et 744), dont il diffère par ses feuilles beaucoup plus grandes, à sinus basilaire profond et étroit. En outre, le C. Fluminensis a les feuilles tomenteuses en dessous, la corolle plus longue que les lobes du calice, le fruit ovoide, arrondi aux deux bouts ; le C. hirsuta a les feuilles à peine lobées, le fruit peu atténué au sommet, etc.

13. Cayaponia (Eucayaponia) reticulata Cogn. foliis brevi- ter petiolatis, trifoliolatis ; foliolis subscssilibus, coriaceis, utrinque glaberrimis lacvibusque, subtus valde nervuloso- retieulatis, margine integerrimis vel vix undulatis; cirrhis tri- fidis ; ealyce glaberrimo, tubo campanulato, segmentis linea- ribus, tubum aequantibus.

Dioica, Rami robustiuseuli, profunde sulcati, glaberrimi, laeves, elongati. Petiolus robustiusculus, striatus, glaberri- mus, 1-2 !/, em. longus. Foliola oblonga vel lanceolata, basi leviter attenuata, apice acuta vel obtusiuscula, utrinque laete vel pallide viridia, 5-12 cm. longa, 2-4 em. lata, lateralia paulo asymmetrica ; nervi robustiuseuli, subtus nervulique valde prominentes. Cirrhi satis graciles, elongati, suleati, glabri , superiores interdum bifidi. Flores masculi majusculi, in pani- eulas terminales longiusculas angustasque dispositi. Peduncu- lus communis 1-2 dm. longus, satis gracilis, sulcatus, usque ad basim leviter ramosus; pedicelli graciles, glabri, braeteo- lati, 5-6 mm. longi; braeteolae subulatae, 5-8 mm. longae. Calyx siccitate nigricans, tubo basi subrotundato, 8-9 mm. longo, apice 9-10 mm. lato, segmentis basi remotissimis, levi- ter flexuosis, 7-9 mm. longis, 4 !/, mm. latis. Corolla utrinque

( 361 )

vix furfuracea, 1 em. longa, usque ultra medium divisa, seg- mentis erectis, ovato-triangularibus, 5- nerviis, apice acutius- culis. Stamina tubo calycis inserta ; filamenta inferne satis dilatata et dense villosa ; antherae in capitulum 4 mm. longum, 3 mm. crassum cohaerentes. Flores feminei in racemos ple- rumque axillares paucifloros dispositi, Pedunculus communis patulus, satis gracilis, 4-6 em. longus; pedicelli basi bracteolati, 2-6 mm. longi. Staminodia minuta, subulata, basi dense vil- losa. Ovarium sphaerieum, glaberrimum, 4 mm. crassum; sty- lus filiformis, leviter flexuosus, glaber, 8-9 mm. longus; stig- mata patula, satis dilatata. Fructus ut videtur olivaceus, sphae- ricus, laevis, nitidus, 7-8-spermus, 2‘/, cm. crassus. Semina fuscescentia, valde compressa, ovata, 1 em. longa, 7-8 mm. lata. 2-2 !/, mm. crassa.

Habitat in Brasiliae prov. Rio de Janeiro (Glaziou, n. 15908 et 15909 in herb. Eichler); ad Petropolin loco dicto Jaco (Gla- ziou, n. 8998 in herb. Eichler et Warming).

Cette espéce n'a d'affinité bien étroite avec aucune autre espéce du genre; cependant, nous pensons qu'il faudrait la placer au voisinage du C. coriacea Cogn. (Monogr. Pha- ner., II, p. 761). Les caractères : feuilles trés glabres sur les deux faces; segments du calice égalant le tube, suffisent pour la distinguer nettement des sept autres espéces de la section Eucayaponia, qui ont les feuilles divisées en folioles distinctes. ;

Des trois numéros distribués par M. Glaziou, le 8998 est en beaux fruits mûrs, le 13908 est femelle, et le 13909 mâle.

14. Cayaponia (Trianosperma ?) Saldanhaei Cogn. foliis longiuscule petiolatis, ambitu suborbicularibus, utrinque gla- bris et punctato-scabris, basi leviter lateque emarginatis et ad

SÉRIE, TOME XIV. 24

( 562 ) petiolum non decurrentibus, usque ad medium vel paulo ultra 3-5-lobatis; cirrhis trifidis; floribus masculis parvis, in axillis foliorum geminatis ternisve, brevissime pedicellatis, pedicellis braeteolatis; calyce glabro vel vix furfuraceo, seg- mentis erecto-patulis, triangulari-lanceolatis, basi conniven- tibus, apice longiuscule acuminatis, interdum leviter puberulis. tubo 2-5-plo longioribus.

Rami graciles, suleati, glabri, laeves, paulo ramulosi. Petiolus satis gracilis, striatus, glaber, scabriusculus, 5-5 em. longus. Folia submembranacea, supra laete viridia, subtus pallide viridia, 10-12 em. longa et fere totidem lata, superiora satis minora, lobis ovatis vel oblongis, apice saepius obtusis, mar- gine undulatis et remotissime minuteque subulato-denticulatis, terminali majore; nervi crassiuseuli, subtus leviter promi- nentes, duo laterales basilares bifureati imum sinum leviter marginantes ; sinus inter lobos angusti, obtusi, basilaris 1-1 !/, em. profondus, 2-5 em. latus. Cirrhi satis graciles, bre- viusculi, profunde sulcati, glabri. Pedicelli masculi graciles, leviter puberuli, 1-5 mm. longi ; bracteolae lineares, circiter !|, em. longae. Calyx pallide viridis, tubo late campanulato- obconico, teretiuseulo, basi acutiuseulo, 2-2 !/, mm. longo, apice 5-4 mm. lato, segmentis leviter flexuosis, tenuiter triner- viis, 6-7 mm. longis, basi 2 1/, mm. latis, Petala (imperfecte evoluta) extus brevissime denseque villosa. Flores feminei el fructus ignoti.

Habitat in Brasiliae prov. Rio de Janeiro (Glaziou, n. 15904 in herb. Eichler).

Nous dédions cette espéce à M. le consul général J. de Saldanha da Gama. C'est par analogie de port que nous la rapportons à la section Trianosperma, car en l'ab- sence de fleurs femelles et de fruits, on ne peut rien atfir-

( 363 )

mer sur ce point. Dans cette section, elle doit venir se placer à côté du C. trilobata Cogn. (Monogr. Phaner., MI, p. 780) ; mais elle en diffère énormément, car celui-ci a les feuilles densément velues-hérissées en dessous, à sinus basilaire très étroit, les vrilles bifides, les fleurs mâles grandes, en grappes, le calice velu, à segments plus courts que le tube.

13. Alsomitra Muelleri Cogn. foliis breviuseule petiolatis, trifoliolatis ; foliolis breviter petiolutatis, eglandulosis, mem- branaceis, anguste ovatis, basi subrotundatis, apice acutissi- mis subacuminatisque, integerrimis, utrinque glaberrimis laevibusque, penninerviis; cirrhis longiuscule bifidis.

Rami graciles, teretes, tenuiter striati, glabri. Petiolus gra- cilis, leviter striatus, glaber, 1-2 em. longus; petioluli glabri, 3-9 mm. longi. Foliola utrinque laete viridia, subtus tenuis- sime reticulata, 5-11 em. longa, 2 !/,-6 em. lata, lateralia vix asymmetrica; nervi subtus leviter prominentes Cirrhi satis graciles, longissimi, profunde sulcati, glabri. Panieulae mascu- lae satis ramosae, multiflorae, interdum foliatae. Pedunculus communis gracilis, subrectus, glaber vel supernevix puberulus, elongatus; rami divaricati, elongati ; pedicelli capillares, glabri vel inferne vix puberuli, saepius fasciculati, basi bracteolati, 4-6 mm. longi; braeteolae subulatae, leviter puberulae, vix 1 mm. longae. Calyx leviter puberulus, segmentis lanceolato- istae apice dicem 1 !/; mm. op DOR vix e

rula p cip albescens,

lrinerviis, apice aeutiuseulis, 5 mm. longis. Sissi fila- menta ?/. mm. longa. Flores feminei et fructus ignoti.

Habitat « Islands near S.-E. coast of N. Guinea, 1884 » - (coll. Armit et comm. CL baron F. von Mueller).

( 364 )

L'affinité de cette espèce avec l'A. Beccariana Cogn. (Monogr. Phan., II, p. 952) est évidente. Cependant, dans l'état ces deux plantes sont connues actuellement, il est assez difficile de les comparer, par la raison que pour l'une, celle que nous venons d'établir, on connait ses fleurs mâles, mais on n'en a encore récolté ni les fleurs femelles, ni les fruits; tandis que l'autre a été décrite sur un exem- plaire de l'herbier du Musée de Florence présentant des fruits et des graines en bon état, mais absolument dépourvu de fleurs. La comparaison ne pourrait donc porter que sur les rameaux, les feuilles et les vrilles. Or, dans ce genre, des espèces trés distinctes ont parfois les organes de végétation presque identiques.

Voici, pour ces organes, en quoi PA. Beccariana diffère de l'espéce précédente: ses rameaux sont distinctement sillonnés; ses folioles sont presque de moitié plus petites. plus largement ovales, moins aigués, les latérales asymé- tiques et notablement plus petites que la médiane; ses vrilles sont seulement bifides au sommet.

16. Feuillea albiflora Cogn., var. B. Glaziovii, var. nov.

Calyx pilis brevissimis leviter flexuosis densiuseule ves- titus.

Habitat in prov. Rio de Janeiro (Glaziou, n. 15906 in herb. Eichler).

Le type de cette espéce, observé dans les provinces de Dahia et de Minas Geraes, a le calice glabre.

Des races et des variétés dans l'espèce MUSTELA PUTORIUS; par Adolphe Drion, fils.

Il existe en Belgique deux races de putois :

1* La race jaune;

2^ La race noire.

Le putois jaune a le corps plutót court; il est haut sur jambes; ses ongles sont effilés et droits; le dessous du corps, les cuisses et les pattes sont d'un poil trés foncé; les flancs sont couleur jaune d'or; le contour des yeux et du museau est marqué de teintes jaunâtres, tirant sur le gris; la queue est brune et fournie, surtout chez les sujets vieux.

Le putois jaune habite ordinairement les endroits humides et le bord des ruisseaux; accidentellement les lieux secs et le voisinage des habitations.

Rebelle à toute éducation, il devient craintif et timide en captivité.

Le putois noir est de forme plus allongée; il est moins haut sur pattes que son congénére; ses ongles sont plus Courts et plus recourbés; les oreilles, le contour des yeux et du museau sont d'un blanc pur qui tranche vivement - sur le poil foncé; la robe est noire; cependant les côtes présentent une teinte jaunâtre, mais effacée.

Il se plait ordinairement dans les lieux secs et le voisi- nage des maisons habitées; accidentellement dans les berges des rivières et les marais.

( 566 )

En captivité il est indomptable; non seulement il se montre, comme le putois jaune, rebelle à toute espèce d'éducation, mais il est hardi et sanguinaire, au point de se jeter furieux sur la main qui le nourrit.

En dehors de ces deux races caractérisées par une différence appréciable dans la structure du corps, la con- formation particuliére des ongles, la couleur de la robe et par les mœurs, il existe des nuances mélangées qui résul- tent des croisements.

Ce sont :

Le putois brun-jaune (issu d'un croisement entre jaune pur et noir pur; conformation demi-allongée; ongles moyens);

2* Le jaune d'or bronzé;

5 Le jaune citron;

Le gris mêlé de jaune terne;

Le putois à plastron (variété accidentelle). ~ Les putois aux nuances jaune d'or bronzé, jaune-citron el à plastron sont des fils du putois brun-jaune croisé avec le jaune pur ou le noir.

Le gris, mélé de jaune terne, diffère complètement des autres par sa robe; celle-ci est d'une teinte beaucoup plus uniforme sur toutes les parties du corps.

Je n'ai pu former mon opinion sur ce point : à savoir sil constitue une race distincte des deux précédentes, sil résulte d'un croisement, ou enfin s'il n'est pas tout simple- ment « le furet » échappé. Cette dernière appréciation parait assez vraisemblable, car le furet-putois est beaucoup moins frileux que le furet albinos et par conséquent beau- coup moins exposé à mourir de froid, à l'état de liberté. . ll existe au Musée d'histoire naturelle de Bruxelles un

( 367 )

jeune putois noir et un jeune putois gris; celui-ci est men- lionné comme « jeune » sans commentaires; Ja différence de teinte qui existe entre ces deux animaux empaillés est frappante.

Le putois gris ressemblant beaucoup au furet métis, il pourrait se faire que ce füt un produit du mélange d'un putois nuancé avec un putois albinos (pour autant que ce dernier existe...). |

Le putois à plastron est remarquable par une tache blanche ou jaune, sous la gorge.

Je possède un sujet gris à plastron blanc et un sujet noir à plastron également blane; et il m'a été donné d'en voir de noirs qui avaient le plastron jaune.

Les putois « brun-jaune » sont les plus communs; les jaunes et les noirs sont assez rares; ces deux derniers constituent les sujets de race pure.

Les putois gris et ceux à plastron se rencontrent trés rarement,

Mes observations portent sur 200 individus de toutes nuances dont 108 capturés par moi-même et 92 qui me furent apportés par des gardes-chasse.

On a eru longtemps que les différences de couleur entre le putois jaune et le putois noir n'étaient que le résultat d'influences locales, accidentelles, climatériques, d'âge ou de sexe.

Je puis affirmer le contraire, parce que j'ai pris des putois jaunes, mâles ou femelles, jeunes ou vieux, qui por- taient les signes distinctifs de leur race en toute saison; j'en ai pris de noirs, jeunes ou vieux, mâles ou femelles, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin.

De plus, j'ai fait une expérience sérieuse qui confirme ma manière de voir :

( 568 )

Je me suis procuré, au mois de septembre 1883, deux jeunes putois mâles, l'un jaune et l'autre noir ; je les ai conservés dans des cages séparées, jusqu'en septembre 1886. Or, pendant ces trois années ils n'ont absolument pas changé de couleur, ni de conformation : le jaune est toujours resté jaune, en été, aux saisons de mue et en hiver; le noir a toujours conservé sa méme robe noire; j'ai remarqué que le noir était plus féroce et plus hardi; il était aussi plus agile et grimpait ordinairement au haut de sa cabane quand on l'inquiétait; le jaune était eraintif, timide et moins léger dans ses mouvements; il avait pour habi- tude d'arracher le pavement de sa cage et voulait chercher une retraite en se creusant un terrier.

Dans les couleurs intermédiaires, les ongles des indivi- dus dont le pelage se rapproche du jaune, sont plus fins, moins recourbés que les ongles des putois à la robe foncée.

Pour bien reconnaitre la différence des griffes, il faut donc posséder des sujets de race pure.

Les tout jeunes putois des deux variétés, âgés à peine de quelques mois, sont noirs; il est donc difficile de déter- miner, dans le premier âge, s'ils appartiennent à la race jaune ou à la race noire.

Les riches fourrures sont celles des putois jaune pur. des jaune-bronzé et des jaune-citron. Les peaux des putois noirs ne plaisent pas à la vue et sont rarement employées dans le commerce.

Enfin, dans toute l'espéce, le mâle adulte est toujours d'un bon tiers plus gros et plus grand que la femelle.

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( 869 )

Note sur quelques espéces rares de la faune des vertébrés de la Belgique, observées dans le Limbourg belge, par le docteur C. Bamps.

OISEAUX. Calamoherpe aquatica Lath. Acrocephalus aquaticus Newt. ex Gm. Dans sa faune des vertébrés, en voie de

publication, M. Alph. Dubois considère cet oiseau comme très rare en Belgique. D'autre part, dans une brochure plus récente (1), le méme auteur le cite comme rare et de passage irrégulier en été, ajoutant : «il parait qu'on le voit chaque année aux environs de Hasselt ». Déjà en 1885, dans un petit travail publié dans les Bulletins de la section scientifique de la Société des mélophiles de Hasselt (9), je cite, parmi mes observations ornithologiques, à la date du 6 octobre, le départ de la rousserolle aquatique. Plusieurs Savants m'écrivirent à ce sujet, pour attirer tout spécia- lement mon attention sur cet oiseau et pour m'engager à vérifier avec le plus grand soin la date des captures éven- tuelles de cette rare espèce.

Dans un nouvel article publié en 1886, aux bulletins de la méme Société (3), je signalai aux dates du 5 août, du 41 et du 14 septembre 1884 et du 2/ septembre 1885, des observations concernant cet oiseau, faites dans les marais de Stockroye, à une lieue nord-ouest de Hasselt,

(4) Voir : Revue des oiseaux observés en Belgique, dans le Bulletin du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, tome IV.

(2) Voir : Les oiseaux des environs de Hasselt et leurs phénomènes périodiques, dans les Bulletins de la section scientifique et littéraire de la Société des mélophiles de Hasselt, tome XIX.

(8) Tome XXII.

( 970 )

par M. Edgard Claes, avocat. Malheureusement cet oiseau n'a jamais été rencontré au printemps par M. Claes qui suppose qu'il passe aprés la fermeture de la chasse (1). Je suis plus porté à croire qu'il s'agit ici d'un oiseau d'été qui vient régulièrement nicher près de nos marais, et que c'est même la rousserolle qui nous quitte la dernière. Les inté- ressantes observations de M. Fontaine de Papignies (2) semblent confirmer entièrement ces suppositions.

Otocorys alpestris. L

Cette espéce, qui est aussi considérée comme trés rare en Belgique elle n'arriverait qu'irréguliérement, d'après M. Dubois, est prise régulièrement depuis six ans au moins, avec l'alauda arvensis, à la tenderie de l'arriére-saison, aux environs de Hasselt. Comme je le fais remarquer dans un de mes articles cités ci-dessus, cette espèce est bien connue des amateurs d'oiseaux de la ville de Hasselt, et plusieurs en conservent continuellement dans leurs voliéres. On en rencontre chaque année, parmi les alouettes ordinaires, chez les marchands de volaille de Hasselt, provenant des alentours de eette ville, particulièrement de Schuelen.

S'agirait-il ici d'un passage localisé en Belgique? Comme celte espèce boréale affectionne les lieux marécageux, il n'y a rien d'étonnant à la voir paraître régulièrement en automne aux environs de Hasselt, si remarquables par leurs nombreux marais, de même que M. Albarda l'a constaté pour la province de la Gueldre en Hollande (3).

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(4) Voir : Compte rendu des observations ornithologiques faites en Belgique pendant l'année 1883, dans le Bulletin du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, tome IV.

(2) Voir idem.

(9) Voir : Ornithologischer Jahresbericht (1885) aus Holland, von Berinai Albarda in Leeuwarden.

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(371)

REPTILES. Lacerta agilis. L. Lacerta stirpium Daud.

Dans la liste des reptiles de la Belgique, publiée dans la Patria Belgica en 1875, M. le baron de Selys-Longchamps dit que ce lézard le plus grand de ceux qu'on rencontre en Belgique, si, comme il est probable, le Lacerta viridis n'y existe pas parait n'habiter que la Lorraine luxembour- geoise. L'an dernier, au mois de septembre, un étudiant de Hasselt, M. Constant Stellingwerff m'apporta un magni- lique exemplaire de cette espéce, lequel mesurait 16 à 17 centimètres de longueur et 6 !/, centimètres de pour- tour à la région abdominale, il venait de le capturer à Lancklaer dans une vaste sapinière. Cette espèce dont les localités sont si restreintes en Belgique, parait étre assez abondante elle existe, car depuis cette époque et sur mes indications, mon ami le baron Paul de Chestret en a trouvé plusieurs exemplaires prés du château de HocAt à Pietersheim, dans des bois montueux qui forment la con- linuation de la chaîne de collines boisées, allant de Neeroe- teren à Lanaeken et qui traverse Lancklaer en longeant, parallèlement à la Meuse, la lisière orientale de la province du Limbourg.

Cette découverte me parait offrir de l'intérêt, parce qu'elle permet d'élargir notablement l'aire de dispersion de celle espèce, connue dans notre pays, et qu'elle tend

à prouver que, malgré de grandes différences de sol ct d'altitude, la Campine limbourgeoise, dans certaines de ses parties, offre non seulement par sa flore, mais encore par sa faune, de frappantes analogies avec les Ardennes et le bas Luxembourg.

(572)

POISSONS.

Leucaspius delineatus. Siebold.

A la suite d’une note de M. Gens, parue dans le Bulletin de l’Académie des sciences (1) et de l'envoi gracieux que l'auteur me fit d'un échantillon de Leucaspius delineatus, découvert par lui dans les eaux du fortin 4 de l'ancienne enceinte des fortifications d'Anvers, je fis de nombreuses recherches dans les étangs, les mares et les ruisselets pré- levés sur les cours d'eau pour l'irrigation des prairies dans les environs de Hasselt. Mes recherches furent couronnées de succés, car, au printemps de l'année 1886, je découvris l'espéce en question en grande abondance dans une mare plusieurs fois séculaire, appelée « Begyne poel », mare des béguines (2) située aux portes de la ville de Hasselt.

Cet étang bourbeux, qui n'est alimenté que par les eaux pluviales et qui déverse son trop plein dans les égouts de la ville, ne nourrit, outre ce rare poisson, que quelques carpes et quelques tanches minuscules. Je pus récolter, sans crainte de détruire l'espéce, plusieurs centaines d'exemplaires du Leucaspius.

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(4) Voir : Note sur un poisson d'eau douce, nouveau pour la faune belge, dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, troisiéme série, tome XI, 1886.

(2) Cette mare est déjà citée dans des actes du XVIe siècle repo- sant aux archives de la ville de Hasselt. Le béguinage qui existait anciennement à cet endroit et qui remontait au XIIe siècle a été détruit lors du bombardement de la ville de Hasselt, en 1567, par le prince-évéque de Liège Gérard de Groisbeek.

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( 575 )

L'absence complète de communication de cette mare avec des rivières ou des ruisseaux nourrissant des brochets ou d’autres poissons carnassiers, jointe à sa proximité d’un centre habité qui éloigne les oiseaux piseivores, nous explique sans doute l'existence en quantité considérable de ce petit cyprinoide en cet endroit, il n'a guère à craindre que le filet du collectionneur.

La rareté relative des mares les poissons sont placés ainsi à l'abri des causes de destruction naturelle, est pro- bablement la cause du nombre si réduit d'habitations renseignées de cette espèce, non seulement dans notre pays, mais encore dans les contrées limitrophes.

En effet, M. Gens nous apprend qu'elle est inconnue en France et en Hollande et rare en Allemagne.

Notons toutefois que cette espéce est facile à confondre avec le fretin des différents leuciscus qui habitent nos eaux, et qu'il faut un filet à mailles fort étroites pour pouvoir le capturer.

Comme M. Gens, je serais tenté d'expliquer la présence de ce poisson dans la mare isolée, dite des béguines, par un transport accidentel d'eeufs de poissons, effectué par des oiseaux aquatiques voyageurs, si je n'avais des rai- sons de croire que cette mare a fait partie autrefois du Systéme de défense des fossés de la ville de Hasselt, les- quels étaient alimentés par le Démer. L'origine de cette espèce dans le Begyne poel reste done bien obscure.

CLASSE DES LETTRES.

Séance du 1% août 1887.

M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liacng, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. P. De Decker, le baron J. de Witte, R. Chalon, Th. Juste, Alph. Wauters, Émile de Laveleye, Alph. Le Roy, A. Wagener, P. Willems, G. Rolin-Jaeque- myns, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, G. Tiberghien et L. Roersch, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland et Alph. Rivier, associés; C. de Harlez et A. Van Weddingen, correspondants.

M. Éd. Mailly, membre de la Classe des sciences, assiste à la séance,

En ouvrant la séance, M. Bormans, vice-directeur, rappelle que les vœux qu'il avait exprimés de ne pas être appelé une seule fois à oceuper cette année le fauteuil de la présidence, ne se sont malheureusement pas réalisés : M. Tielemans est mort. Appelé à lui succéder, M. Bormans ne se dissimule pas les difficultés de la tàche et fait appel à l'indulgence de ses confrères.

( 378 ) CORRESPONDANCE.

La Classe apprend, avee un profond sentiment de regret par une lettre de M"* Z. Poncelet-Tielemans la perte qu'elle a faite en la personne de son directeur, M. J.-Fran- cois Tielemans, ancien premier président de la Cour d'appel de Bruxelles, décédé à Ixelles, le 5 juillet dernier.

Une lettre de condoléance sera adressée à la famille du défunt.

Des remerciements sont votés à M. Bormans pour les paroles qu'il a prononcées, au nom de la Classe, à la céré- , monie des funérailles.

Son discours sera inséré au Bulletin.

M. Faider est désigné pour retracer la vie du défunt. Sa notice paraitra dans un prochain Annuaire.

M. Piot remet, pour l'Annuaire de 1888, le manuscrit de sa notice sur Louis-Prosper Gachard. Remercie- ments.

M. Émile de Laveleye remercie par écrit ses confrères pour les félicitations qu'ils lui ont fait parvenir à l'occasion de sa nomination de membre du sénat académique de l'Université de Saint-Pétersbourg. !

Sur la demande exprimée par M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics, le 4 juillet dernier, une liste complémentaire de noms lui a été adressée, en vue de la formation du jury pour le prix Guinard. |

PER OST ras UPON AD V NET NR TEC RE * r S * e"

( 576 )

Le méme haut fonctionnaire envoie pour la Biblio- théque :

Un Rapport sur la situation des Sociétés de secours mutuels pendant les années 1585, 1884 et 1885;

2 Fleurs d'Ardenne. Poésies par Arthur Drumaux. Bruxelles, 1887; in-18;

Études morales et littéraires. i ppt et romans chevaleresques par Léon de Monge. Vol. in-18;

Bulletin de la section scientifique et littéraire de la Société des Mélophiles de Hasselt; 23° volume, in-8°.

M. le Ministre adresse également, pour être distribués aux membres de la Classe des lettres, des exemplaires du rapport du jury qui a jugé la première période du concours quinquennal des sciences sociales.

Des remerciements sont votés aux auteurs des ouvrages suivants, dont il est fait hommage :

Correspondance du cardinal de Granvelle, tome VI, publié par Ch. Piot (avec note bibliographique insérée ci-après) ;

9" Canakya, Recension de cinq recueils de stances morales, par Eugène Monseur (présenté par Ch. de Harlez avec une note bibliographique insérée ci-aprés);

^ Religion ou irréligion de l'avenir, par le comle Goblet d'Alviella ;

4 Message de Dieu aux hommes de mon temps el å ceux de l'avenir, ou Dieu et l'enfant, par Joseph O' Dru de Revel.

M. H. Pascaud, conseiller à la cour d'appel de Chambéry, adresse une collection de ses travaux, dont les titres parai- tront au Bulletin de la séance.

(577)

L'Académie de Stanislas, à Nancy, envoie le pro- gramme du Prix Herpin, à décerner en 1889.

Ce prix de 1,000 francs sera attribué, s'il y a lieu, au mémoire jugé le meilleur sur le sujet suivant :

Recherches sur les temps préromains, en Lorraine (archéologie, linguistique, anthropologie, ete.).

Discours prononcé aux funérailles de M. Tielemans, direc- teur de la Classe des lettres; par M. Bormans, membre de l'Académie.

MESSIEURS,

L'Académie royale de Belgique tient à faire entendre sa voix au milieu du concert d'éloges et de regrets qui suivent, au bord de sa tombe, le vénérable M. Tielemans.

Elle est fiére d'avoir compté au nombre de ses membres ce grand citoyen qui, aprés avoir fourni dans la politique et dans la magistrature la plus brillante carrière, est venu tranquillement prendre part aux travaux de la Classe des - ettres. ;

Sa place y était depuis longtemps marquée. Comme rédacteur d'arréts, il avait fait preuve d'une science juri- dique profonde en méme temps que d'une grande fermeté d'appréciation; comme écrivain, et notamment comme auteur du Répertoire du droit administratif, i| s'était fait remarquer par sa méthode d'exposition, par la clarté et l'élégance de son style.

3"* SÉRIE, TOME XIV. 25

( 378 )

Malgré ses titres, ce ne fut que bien tard que M. Tiele- mans occupa un siège parmi nous. Entrainé par le tour- billon des affaires, cet homme d'élite, revêtu successivement des plus hautes dignités, qui avait été tour à tour profes- seur et recteur d'université, conseiller et premier président de cour d'appel, membre de la Chambre, deux fois gou- verneur de province, ministre du Roi, n'avait pas eu le temps de songer aux lauriers académiques.

Il nous consacra les dernières années de sa vie; et si la plume, à l’âge de 74 ans, était devenue entre ses mains un instrument rebelle, il sut, pour nous aider de ses con- seils, retrouver en plus d'une occasion l'énergie de l'àge můr et la verdeur de la jeunesse.

Appelé au commencement de cette année méme à l'hon- heur de diriger les travaux de la Classe, vous savez avec quel zéle, avec quelle dignité il sut accomplir sa mission.

Cher et vénéré confrére! La place que j'occupais auprés de vous au bureau m'imposait le devoir de prendre la parole en cette circonstance. Tout autre se serait acquitté mieux que moi de cette tâche douloureuse. Mais cette situation me permet de rappeler la bienveillance touchante de vos rapports avec tous vos confrères et en particulier avec celui qui vous adresse aujourd'hui un supréme adieu; bienveillance qui nous faisait oublier à tous deux et la différence d'âge et la divergence de nos directions d'esprit. J'en garderai précieusement le souvenir.

Au nom de l’Académie, cher et excellent confrère, je vous dis adieu!

LA

( 379 )

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

J'ai l'honneur de faire hommage à la Classe d'un exem- plaire du tome VI de la Correspondance de Granvelle.

Ce volume renferme les lettres adressées au cardinal ou écrites par lui de 1576 à 1577.

Les plusanciennes se rapportent au décés de Requesens, gouverneur général des Pays-Bas. Cet homme d'État expira au moment il était, pour ainsi dire, abandonné de son souverain, harcelé par ses amis autant que par ses ennemis, sans argent, sans ressources, vivant enfin au milieu d'une soldatesque effrénée, presque toujours muti- née.

LI Philippe n'avait pas pourvu au remplacement de son

lieutenant général. Le conseil d'État, en attendant la nomination d'un nouveau gouverneur général, dirigea toutes les affaires du pays, jusqu'au jour les insurgés S'emparérent des membres de ce corps politique. Le désar- roi était grand. Partout les soldats espagnols pillaient, détruisaient, assassinaient , dans les villes, dans les cam- pagnes.

Pendant ce temps-là que faisait le roi? Il délibérait. H délibérait sur le parti à prendre pour la nomination d'un gouverneur général en remplacement de Requesens.

Dés 1575 il avait été question de nommer à ce poste don Juan, le vainqueur de Lépante, le frére naturel de Philippe. Mais le caractére chevaleresque de ce prince, son ambition favorisée par ses secrétaires, n'inspiraient pas de confiance au monarque. Don Juan déplaisait également à Granvelle. Ses imprudences, l'impétuosité de sa nature, ne permettaient pas de faire le moindre fonds sur lui. Était-il capable de rétablir la paix, l'union entre le souverain et

a

( 380 ) son peuple? Avait-il assez d'expérience pour négocier ce rapprochement ? Philippe, qui commencait à comprendre l'impossibilité de réduire les révoltés par la force et la compression, n'avait pas plus de foi dans les aptitudes de son frére.

D'autre part les provinces des Pays-Bas réclamaient un gouverneur de sang royal et déclaraient hautement ne plus vouloir d'Espagnol. La situation était critique. A quelle combinaison s'arréter? Le roi hésitait. Granvelle lui sug- géra l'idée de rappeler Marguerite de Parme. Cette prin- cesse était adroite, intelligente ; elle abhorrait la violence; elle était aimée et respectée de ses compatriotes.

La proposition de Granvelle allait étre adoptée, lorsque

„tout à coup Philippe, cédant aux suggestions de conseil- lers imprudents, résolut d'envoyer son frère aux Pays Bas.

Pressentant combien cette résolution serait nuisible à la cause qu'il défendait, Granvelle écrivit au roi, à don Juan, pour les conjurer d'arranger les choses à l'amiable. C'était tout ce que le cardinal pouvait encore tenter. Il prévit et prédit le fatal dénouement des affaires. Bientôt le conflit entre don Juan et les États, excités par le prince d'Orange, amena la guerre ouverte. ———

Dans cette correspondance, Granvelle n'apparait pas tel qu'on se l'est trop souvent figuré, comme un despote, n séide aveugle de Philippe II. Au contraire, le cardinal veut l'apaisement, la réconciliation. Il condamne l'emploi de la force, répudie les soudards espagnols et blàme leur féro- cité ; il se montre enfin un véritable et sincère patriote. Il eut méme le courage d'écrire au roi : « Je crains que la colére soulevée par les Espagnols n'ait plus de puissance que jamais pour aliéner les cœurs. » Cn. Prior.

.

( 881 )

Cánakya. Recension de cinq recueils de stances morales, par E. Monseur, docteur en philosophie et lettres, avocat à la Cour d'appel de Liége. Paris. E. Leroux, 1887, grand in-8°, pp. xx, 76.

J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres l'ou- vrage d'un jeune avocat belge, qui a uni aux études juri- diques celles de la littérature sanscrite, et qui à ce double titre mérite une attention spéciale de la part de l'Académie royale de Belgique. Trop souvent, nos jeunes compatriotes, entrainés par la nécessité de la vie et les habitudes régnantes, ne visent qu'au pratique et à l'utilité matérielle. Il est du devoir du premier corps savant du pays d'encou- rager, par une attention bienveillante, ceux qui savent s'élever au-dessus des basses régions de l'utilitarisme. M. Monseur, avocat prés la Cour d'appel de Liége, est un de ceux qui ont obéi à des sentiments plus élevés et s'est adonné aux études orientales, qui ne rapportent guére aujourd'hui que de l'honneur, méme aux plus brillants Succés.

Le désir de tout sanscritiste sérieux est d'arriver à enrichir le trésor des textes connus, à publier un manuscrit inédit. C'est par que M. Monseur a voulu faire son entrée dans le monde savant. Ce n'est point naturellement en s'attaquant à une œuvre considérable que l'on fait ses premières armes en ces régions d'abord difficiles; les com- mencements ne peuvent être que modestes; l'important est de choisir un texte qui présente à la fois de l'intérêt par son contenu et une matière suffisante au travail per- sonnel pour qu'on puisse en faire l'objet d'une ceuvre origi- nale. Le temps m'a man qué pour donner àcetteappréciation le caractére que j'eusse désiré, mais j'ai pu cependant

o Nr RE OST, JUN US quae T

( 982 ) m'assurer que, sous ces différents rapports, M. Monseur parait avoir réussi. Le texte, ou plutót les textes, qu'il s'est décidé à éditer, forment de ces pages l'on étudie avec utilité et satisfaction les manifestations originales de l'esprit humain, et en même temps lui ont fourni ample matière au travail de lecture, de collation, de correction, qui constitue le mérite d’un éditeur de texte. C'est surtout que nous devons chercher le mérite de l'œuvre, bien que le premier point de vue ne soit pas à dédaigner.

Depuis longtemps, les indianistes, et spécialement le savant professeur de lena, D" Otto Bóhtlingk, se sont appliqués à recueillir les Indische Sprüche, ou proverbes, maximes indoues. La collection est déjà énorme, mais n'est pas complète. M. Monseur a voulu y ajouter quelques pages et s'est appliqué pour cela à l'étude de cinq recueils inédits, qui portent le nom de Cánakya.

Ce personnage était un brahmane contemporain d'Alexandre le Grand; Cànakya joua un róle politique considérable dans le Magadha, renversa la dynastie régnante des Nanda, pour porter sur le trône Chandra- Gupta (1) qui, à l'aide de hordes de mercenaires, chassa les Grecs de l'Inde et lui rendit son indépendance. Le célébre ministre du grand roi est appelé le Machiavel de l'Inde; il y est resté célébre et y a méme été pris comme héros de drame. On posséde un recueil de sentences qui lui est attribué et d'autres qui portent son nom, soit parce qu'on a puisé dans le premier pour les composer, soit que

VES eee

(1) De méme, semble-t-il, que les Sandracottos ou Sandrogyp!os d'Arrien, et d'autres historiens grecs, cette identification a été con- testée, mais sans succés, à mon avis.

( 985 ) son nom soit devenu générique, comme les Buffon, les Fénelon, etc.

M. Monseur a recaeilli, étudié cinq de ces recueils, dont il nous expose la nature. ll a réuni de nombreux manu- serits, comme on peut le voir dans son introduction ; il les a comparés, soit entre eux, soit avec les recueils de sentences déjà publiés, pour en extraire ce qu'il pouvait y avoir d'inédit et publier le résultat de ses recherches. Son intro- duction està ce point de vue un apparatus complet et trés remarquable. L'auteur a encore faire davantage. En possession de matériaux très imparfaits, il a en cor- riger les défauts, rechercher les fautes des copistes, en découvrir la nature et la correction la meilleure, et son œuvre témoigne, sous ce nouveau rapport, d'une étude sérieuse et d'une érudition de bon aloi. Impossible d'en donner un résumé ou un apercu; il faut tout lire, pour s'en faire une idée exacte et juste. M. Monseur s'est trouvé devant de grandes difficultés, vu l'état de délabrement de ses manuscrits et leur imperfection, dont on se fera aisé- ment une idée quand on saura que plusieurs ont été copiés par des écoliers.

Les restitutions et corrections sont le plus souvent heureuses et méritent, si pas une adhésion complète et constante, une attention sérieuse.

De ses considérations sur la nature des recueils étudiés, M. Monseur tire deux conclusions qui ne peuvent être qu'approuvées et qui lui sont propres. La première est que ces recueils ont été faits ou tout au moins utilisés pour Servir aux leçons des écoles ; la seconde qu'ils portent le nom de Cànakya, parce que le premier de l'espéce avait été extrait d'un livre attribué pour de justes raisons au célébre ministre. Nous nous rangeons entiérement à cel

( 984 ) avis, y ajoulant qu'il se pourrait que le recueil originaire eût été publié sous le nom de Cànakya et comme venant de lui, bien qu'il n'en fût rien, et selon l'usage indien d’après lequel les hommes illustres donnaient leur nom à des publications qu'un autre avait composés pour eux.

Le texte publié par M. Monseur contient 218 stances nouvelles ou 456 vers, dont 196 complétement restituées et 22 plus ou moins désespérées. Mais encore les con- jectures de M. Monseur ne sont pas sans mériter l'atten- tion, sinon l'adhésion compléte. Ce texte est accompagné d'une traduction généralement exacte et qui ne manque pas d'éléganee.

Une derniére partie, non sans importance, nous donne tout ce que M. Monseur a recueilli de variantes relative- ment aux sentences recueillies et publiées par M. Böht- lingk; elles remplissent 24 pages et pourront fournir matière en quelques endroits à une revision du texle connu.

Quelques pages d'addenda, en améliorant certaines parties du livre, nous montrent tout le soin que l'auteur à pris pour mener son livre à bonne et savante fin.

Cette œuvre étant devant nous uniquement pour l'ap- précier en gros et non pour l'améliorer, s'il y avait lieu, je me borne à en donner les caractères généraux, Sans entrer dans aucun détail ni indiquer aucun changement 0U correction désirable ou possible. M. Monseur a été à bonne école; les maitres qui l'ont aidé dans son travail et dont il

cite ls noms avec le sentiment d'une juste reconnaissance,

nous sont garants de la valeur de ses études.

Qu'il me soit permis, en terminant, d' ajouter, pour ceux de mes savants auditeurs qui désireraient avoir une idée de ces textes, quelque spécimen se refléte l'esprit ‘indou.

( 585 ) En voici trois prises au hasard : 2. La divinité des brahmanes est dans les feux sacrés; celle des hommes éclairés, dans le cœur; celle des esprits étroits, dans les images ; celle des gens qui connaissent l'Atman, partout.

15. Le grand voyage (la mort) est inévitable; les provi- sions sont trés utiles, fais-les avec tout effort; la mort est chose certaine.

104. Toutes les divinités sont invisibles; le roi est une divinité visible. On voit les conséquences de sa faveur et de sa colére. C. DE HARLEZ.

RAPPORTS.

La Classe entend la leeture des rapports de MM. Tiber- ghien et Alph. Le Roy, sur le mémoire de M. A. Van Weddingen, intitulé : Les tendances spontanées, dans leurs rapports avec l'objectivité et la certitude des connaissances rationnelles.

Conformément aux conclusions de ces rapports, la Classe vote l'impression du travail dans les Mémoires in-8°.

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 4 août 1887.

M. C.-A. FRatkKIN, directeur. M. Lucre, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Robert, vice-directeur; Éd. Fétis, le chevalier Léon de Burbure, Ern. Slingeneyer, Ad. Pauli, God. Guffens, Jos. Schadde, Th. Radoux, Joseph Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal et Th. Vincotte, membres; J.-B. Meunier, Max. Rooses et J. Rousseau, correspondants.

CORRESPONDANCE.

La Classe apprend avec un profond sentiment de regret la perte qu'elle vient de faire en la personne de deux de ses membres titulaires :

M. Nicaise de Keyser, de la section de peinture, à Santvliet, le 26 août 1815, décédé à Anvers, le 16 juillet

| | | | | | | | l |

( 387 )

dernier, et M. Gustave De Man, de la section d'architecture, à Bruxelles, le 20 mai 1805, décédé à Ixelles, le 10 juillet 1887.

D'aprés les derniéres volontés de M. De Kevser, aucun discours n'a été prononcé à ses funérailles.

En remplacement de M. Fraikin, empéché, M. Robert, vice-directeur, délégué de l'Académie, a tenu l'un des coins du poéle.

Lors des funérailles de De Man, M. Fraikin a prononcé l'éloge du défunt.

La Classe, aprés un dernier hommage rendu par M. le directeur à la mémoire des regrettés défunts, décide qu'une lettre de condoléance sera écrite à leurs familles respectives.

M. Ad. Siret sera prié de faire la notice biographique de M. De Keyser, et M. Rousseau accepte de faire celle de M. De Man.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics transmet : ; i Une copie du procès-verbal du jury chargé de juger le grand concours d'architecture de cette année, d’où il résulte que le grand prix a été décerné à M. Ch. De Wulf, de Bruges, élève de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, et le second prix, en partage, à MM. Michel De Braey et Ferdinand Truyman, tous deux élèves de l'Aca- démie royale des beaux-arts d’Anvers; une mention hono- rable a été accordée à M. Philippe Van Boxmeer, de

Malines, également élève de l'Académie d'Anvers: 2 Une expédition de son arrêté conférant à M. Montald, prix de Rome pour la peinture en 1886, la pension de

i i i : |

( 388 ) 5,000 francs, instituée en vue d'aider les lauréats à per- fectionner leurs études à l'étranger; . Le troisième rapport semestriel de M. J. Anthone, lauréat du grand concours de sculpture de 1885. Renvoi à la section de sculpture et à M. Marchal, rapporteur.

Discours prononcé aux funérailles de M. Auguste De Man, membre de la section d'architecture; par M. C.-A. Frai- kin, directeur de la Classe des beaux-arts.

Dans la mission si complexe de l'État, les arts occupent une des premières places; leur développement marche en première ligne dans la culture de l'intelligence.

Tous les Gouvernements ont toujours été soucieux d'aider les jeunes artistes qui se sont distingués dans des concours à se perfectionner dans le goût du beau. Celle noble mission part du sentiment que l'art fait partie du domaine direct de la société.

L'un des premiers soucis des Gouvernements qui ont présidé aux premiers temps de notre nationalité fut d'étendre aux différentes branches artistiques l'institution des grands concours de peinture et de sculpture, créée par le Roi Guillaume, institution qui avait pour but d'aider par une bourse de voyage l'artiste qui se serait distingué dans une de ces branches, à se perfectionner en allant s'inspirer des immortels chefs-d'oeuvre que piste: les pays étrangers, notamment l'Italie.

PEPN TOR ce) lt M RES

( 389 )

Gustave De Man fut le lauréat du premier grand con- cours d'architecture qui eut lieu en 1854.

Notre confrére avait alors 29 ans. Il était arrivé à la plénitude de la jeunesse, c'est-à-dire à l'époque les organisations bien douées sont l: s plus aptes à s'assimiler le sentiment du beau.

Peu d'années aprés son retour en Belgique, en 1841, le Gouvernement attacha De Man au Ministère des Travaux publics en qualité d'ingénieur pour la construction des bàtiments des chemins de fer. Le nouveau systéme de relations de ville à ville, de contrée à contrée, exigeait des dispositions et une architecture toutes spéciales pour les édifices destinés à ce service.

On cite de De Man, entre autres, ses bàtiments de la halte de Cureghem, de Koekelberg, de l'Ouest, élevés de 1870 à 1879, constructions on ne peut plus heureusement appropriées à leur service et dont le caractère architecto- nique se distingue autant par l’élégance que par de bonnes proportions.

Dix années aprés l'entrée de De Man au Ministére des Travaux publies (1850), le Département de l'Intérieur le chargea de l'inspeetion des bàtiments et du mobilier des athénées et des écoles moyennes de l'État, lourde tâche, dans laquelle notre confrére put surtout faire ressortir l'esprit pratique qu'il avait recueilli pendant ses voyages . à l'étranger. Il dut bien s'acquitter de sa mission, car de 1851 à 1871 le méme Département lui confia l'examen de tous les projets de construction de maisons d'école, el ils étaient déjà nombreux à cette époque, à en juger par les soins que les pouvoirs qui se sont succédé ont mis à développer l'instruction dans tout le pays.

( 390 )

C'est pendant cette longue période que De Man s'occupa à dresser des plans et à élever des édifices pour le Départe- ment de l'Intérieur; que De Man construisit les élégantes tribunes de l'ancienne plaine des Manœuvres, au Quartier Léopold. en 1845; les bàtiments de la grande Exposition agricole de 1848; et d'autres constructions du méme genre que le Gouvernement lui confia ensuite : constructions éphémères, mais qui ne réclamaient pas moins toutes les qualités sérieuses que comporte l'art architectural. Son hospice des enfants rachitiques, à Ixelles (1855), date encore de cette période.

Le sentiment architectonique tout particulier qui prési- dait à ses conceptions, les heureuses dispositions et les agencements de ses constructions valurent à De Man la faveur de nombreuses constructions d'hótels privés et de chàteaux.

A l'architecture civile ne se borna pas le talent de De Man. Il s’acquitta avec un goût heureux de la con- struction, à Bruxelles, de la sacristie de l'église de N.-D. des Victoires, au Sablon, 1846, et de la chapelle évangélique rue Belliard, 1850; des églises de Sugny, 1851; de Rou- vroy, 1856; de Macon, prés de Chimay, 1859; de Couvin, 1865; d'Ethe, 1864, et de Lacuisine, 1869.

Ce n'est que depuis peu d'années que Bruxelles possede un Palais des arts, grâce au talent d'un des nôtres. Avant cette époque, les solennités avaient lieu soit au temple des Augustins, soit dans l’ancien Palais ducal. En 1855, De Man appropria, à la demande du Gouvernement, le premier de ces édifices pour les concerts du Conserva- _ toire, et en général pour les grandes solennités publiques. En 1860, il appropria le second pour la méme destina- tion.

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( 991 )

Il avait espéré pouvoir attacher encore son nom à une œuvre importante : On lui avait confié en 1865 les plans du Palais du Roi à Ostende. Cet édifice, dont on n'a jeté que les fondements, resta inachevé.

Ostende doit au regretté défunt son débarcadère des bateaux à vapeur, dont la construction remonte à 1869.

En raison de sa notoriété artistique, la place de De Man était naturellement indiquée dans la Commission royale des monuments; sa nomination date de 1859.

Quelques années aprés (1865), il remplaca Roelandt comme membre titulaire de l'Académie. Plus d'une fois la Classe des beaux-arts recourut à son judicieux juge- ment; notre confrère prouva qu'il avait aussi quelque habileté à manier la plume.

De Man avait été nommé professeur de l'Académie des beaux-arts de Bruxelles en 1863. Nous n'avons pas à parler iei de son professorat.

Le Gouvernement l'avait nommé à la méme époque chevalier de l'ordre de Léopold.

Telles ont été la carrière et l'oeuvre de celui dont nous entourons en ce moment la dépouille mortelle. Rappeler ce qu'il a fait est le plus bel éloge que nous puissions faire de lui.

Adieu, cher et affectionné confrére, au nom de la Classe des beaux-arts, toi dont l'existence a été si dignement et si noblement remplie par le travail.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

La Classe, après avoir reçu communication d’une dépêche ministérielle transmissive d'une lettre de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, relative à un envoi réglementaire de M. Verbrugge, prix de Rome pour la peinture, décide le renvoi de ces piéces, pour rapport, à une commission composée de MM. Fétis, Slingeneyer, Robert, Guffens et

Verlat. AR ASPE

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

Goblet d’Alviella (Le comte E.). Religion ou irréligion de l'avenir. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (50 p.).

De Heen (P.). Détermination d'une relation empirique entre le coefficient de frottement intérieur des liquides et les variations que celui-ci éprouve avec la température. Bruxelles, 188^; extr. in-8° (5 p.).

Détermination, à l'aide d'un appareil nouveau, du coeffi- cient de diffusion des sels en solution et des variations que cette quantité éprouve avec la température. Bruxelles, 1884; extr. in-8° (20 p.).

Détermination des variations que le coefficient de frotte- ment intérieur des liquides éprouve avec la température. Bruxelles, 1886; extr. in-8° (16 p., 4 pl.) :

Borlée. De la réhabilitation de la saignée et des émissions sanguines dans les congestions et les inflammations, ete: Bruxelles, 1884; extr. in-8° (16 p.).

Rapport sur un travail intitulé : « Les applications eu propriétés antiseptiques du borax et de l'acide borique- ? Bruxelles, 1887; extr. in-8° (7 p.).

«AS do. m AR CERE o. ARTS QE MR

( 393 )

Burggraeve (D'). Concours Guinard pour l'amélioration de la position matérielle et intellectuelle de la classe ouvriére en général, ete., 5?* éd., Gand, 1887; vol. pet. in- 16.

Nizet (F.). Notice sur les catalogues de bibliothèques publiques, éd. Bruxelles, 1887; br. in-8°(50 p ).

Blanckart (Charles de). Histoire moderne (1860-80), tomes I et 1I. Bruxelles, 1885-86 ; 2 vol. in-8°.

Drumaux (Arthur). Fleurs d'Ardenne. Bruxelles, 1887; vol. in-19.

Poskin (Ach.). « Les Trous » au mauvais air, de Nivezé (Spa) Notice sur les sources d'acide carbonique. Bruxelles, 1887 ; in-8° (42

Ministère de l'Agriculture, ete. Rapport sur la situation des sociétés de secours mutuels pendant les années 1883-85. Bruxelles, 1887: gr. in-8*.

Bulletin. de la fédération des sociétés d'agriculture de Belgique, 1885-85. Bruxelles, 1887 ; vol. in-8°.

Société chorale et littéraire des Mélophiles de Hasselt. Bulletin de la section scientifique et littéraire, 25"* volume. Hasselt, 1886 ; in-8°.

Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut. Mémoires, série, tome IX. Mons, 1887 ; vol. in-8*.

gz

ALLEMAGNE.

Kölliker (A. von). Die Untersuchungen von Golgi ueber den feineren Bau des zentralen Nervensystems. léna, 1887; extr, in-89 (7

Verein für Geschichte der Mark Brandeburg. Märkische Forschungen, Band XX. Berlin, 1887; vol. in-8*.

Gesellschaft « Philomathie » , in Neisse. 21°, 22% und

23° Bericht, 1879-86 ; in-8°.

9"* SÉRIE, TOME XIV. 26

( 594 )

AMÉRIQUE.

Pickering (Edw -C.). Observations of variable stars in 1886 Boston. 1887; extr. in-8° (16 p.).

Langley, Young et Pickering. Pritchard's wedge Photo- meter. Boston, 1887; extr. in-4° (99 p.).

Burmeister (German). Atlas de la description physique de la République argentine, 2* section : Mammiféres, 5* liv. Buenos-Ayres, 1886; cah. in-folio.

Academia nacional de ciencias en Cordoba. Boletin, 1886, y 2*. In- 8*.

l'RANCE.

Institut de France. Annuaires pour 1886 et 1887. Prix de vertu : discours prononcé le 25 novembre 1886.

Gosselet (J.). Note sur quelques Rhynchonelles du terrain dévonique supérieur. Lille, 4887 ; extr. in-8* (32 p , 5 pL).

Note sur le Famennien. Lille, 1887; extr. in-8° (16 pe)

Lasaulx (A. de). Précis de pétrographie. Introduction à l'étude des roches, traduit de l'allemand par IT. Forir. Paris, 1887; pet. in-8°.

O'Dru de Revel (Joseph). Message de Dieu aux hommes de mon temps et à ceux de l'avenir, ou Dieu et l'enfant, 9e éd. Grenoble; vol. pet. in-8°.

Fraipont (Julien). La poterie en Belgique à l'àge A Mammouth : 1" partie, la poterie de la grotte d'Engis. Paris, 1887; extr. in-8° (20 p.)

Monseur (Eug.). Cànakya. Recension de cinq recueils i stances morales. Paris, 1887 ; gr. in-8° (xix- 70 p.).

ad Me ee ed UE Ueeee erc Y STR RU T

( 595 )

Pascaud (Henri) Science économique, législation et jurisprudence (articles divers dans l'Économiste francais, la Gazette des Tribunaux, et la Revue critique de législation). Paris, 1875-86 ; 21 br. in-8° et 9 journaux.

Des actions en détaxe contre les compagnies de chemins de fer, Paris, 1885; extr. in-8° (6 p.).

De la responsabilité du colocataire chez lequel l'incendie a pris naissance. Paris, 1884; extr. in-8° (10 p).

Del'abrogation de l'exception de jeu dans les opérations de bourse et les spéculations commerciales. Paris, 1877 ; extr. in-8 (13 p.).

La lettre de change et les modifications qu'elle comparte., Paris, 1885; extr. in-8° (18 p.).

Du recours de l'ouvrier contre le patron en cas d'acci- dent. Paris, 1883; extr. in-8° (7 p.).

De la plainte de la partie civile devant le juge d'instruc- tion, Paris, 1884; extr. in-8° (22 p.)

Un projet de réforme dates Paris, 1885; extr. in-8° (15 p.).

La puissance paternelle et ses déchéances nécessaires. Paris, 18815; extr. in-8° (8 p.).

La séparation des pouvoirs et les conflits d'auributions.

Paris, 1878; in-8° (54 p.).

La police des mœurs. Paris, 1878 ; extr. in-8° (20 p.).

De l'organisation communale ct municipale en Europe, aux États-Unis et en France, Paris, 1877; vol. in-8° (288 p.).

Étude historique et eritique des différents systémes d'organisation du suffrage politique. Paris, 1875 ; in-8° (85 p).

Comité international des poids et mesures. Procés-ver- baux des séances de 1886. Paris, 1887; vol in-8°.

( 396 )

ITALIE.

Guecia(G.-B.). Sui sistemi lineari di superficie algebriche dotati di singolarita base qualunques. Palerme, 1887; in-8° (42 p.).

Accademia agraria di Pesaro. Primo congresso degli agricoltori marchigiani, 1885 : Resoconto. Pesaro, 1887; in-8°.

Osservatorio della regia Universita di Torino. Bollettino, 1887. In-4*.

PAYS DIVERS. Reuter (F.). Observations météorologiques faites à Luxembourg, et volumes. Luxembourg, 1887; 2 vol. in-8°. Steen (A ksel-S.). Die internationale Polar forschung, 1882- 85. Bcobachtungs-Ergebnisse der norwegischen Polarstation Bossekop in Alten, I. Theil. Christiania, 4887 ; vol. in-4°. Warfvinge (F.-W.). Arsberattelse fran Sabbatsbergs Sjukhus i Stockholm, 1886. Stockholm, 1887; in-8".

TABLE DES MATIÈRES.

CLASSE DES SCIENCES. Séance du 6 août 1887.

>

CORRESPONDANCE. Annonce de la mort de L.-G. de Koninck. Commu- ` nication du rapport de M. Pelsener sur les résultats de sa mission à la Station zoologique de Naples M. Van der Mensbrugghe remet, pour l'Annuaire, sa notice sur F. Duprez. D ak d'un billet he par C. Malaise. L'Académie de Metz adresse son programme de concours pour 1887 et 1888. L'Académie de Soie à à Nancy, adresse le pro- sramme du Prix de chimie fondé par Paul Bonfils. Hommage d'ou- vrages. Travaux manuscrits soumis à l'examen, . + + + ++ 186

CONCOURS ANNUELS, Mémoires re 188

Discours prononcé aux funérailles. de L- -G. de Koninck; par Ja De Til. 489

1 : i 4

RAPPORTS. Dépôt aux archive à í ; c ks M. Nic-Daniel . . aa | e am Avis exprimés : de par "a p Beneden e et. cra Bambeke su sur une ee de subside faite par M. Ch 4 . ibid. r M. Bd Van pep e de de Selys Longchamps : sur un travail de. M. Ad. D z ad par M. de Selys Longchamps sur un travail de Bar faune des Nertéhrés de la Belgi

nr ns AT DRE EE e re ME EMEND rie D SD ES Sd COR ÉD, “Site SE T SE RIT MEL. EEEE E OO E E NS CS

d le sulfure de cadmium colloidal; par Eug. Prost | des nn MM par En rancois JE: De r de quelques Cucurbitacées nouvelles; par Alfred DAN Des races et des variétés dans per MUSTELA PUTORIUS; par / rion

Sur. quelques apici rares de de dis des: Vertébrés ds " ipie, (CUR

observées dans le itane d belge; par C. Bamps . . . .

CLASSE. DES LETTRES. Séance. du Lact aoüt 1887.

| Gnome. Annonce de la mort de J.-F. Tielemans. s Faider Par en ip Mie: M. Piot t remet le n rit

in.

és fero e noms pour le choix du jury prix Guinard

ie funérailles de J-F. Tielemans, s, treu de

le M. Ém. de pirn Mme

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ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

56° auuee, 3 sue, tome 14

N" 9-10.

BRUXELLES,

F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE,

Rue de Louvain, 108.

1887

Rae APTE TT NY LENS UR UN NER, Ee m a GROS ET e s TO PRRIG T JUS ND S Léna e reri , - SS À ' à n ui epe A IRVPW UE è ^ IARAA : :

BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE

1887. Nos 9-10.

CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 8 octobre 1887.

M. J. De TirLv, directeur, président de l'Académie. M. Liang, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- champs, Gluge, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candéze, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henr y, M. Mourlon, membres; E. Catalan, associé; A. Renard, P. De Heen et C. Le Paige, corres- pondants.

M. Sterry Hunt, géologue, membre de la Société royale O"* SÉRIE, TOME XIV. ' 91.

( 398 )

CORRESPONDANCE.

=

. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics demande que la Classe des sciences pro- cède, conjointement avec la Classe des lettres, à la forma - tion de la liste double des candidats pour le choix du jury qui jugera la première période du concours décennal des sciences philosophiques (1878-1887).

Le méme Ministre transmet une ampliation de l'arrêté royal du 30 juillet dernier, nommant membres du jury chargé de juger le quatrième concours pour la collation du prix Guinard : MM. P.-J. Van Beneden et Briart, proposés par la Classe des sciences, et Ém. de Laveleye, Liagre et Rivier, proposés par la Classe des lettres.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l’Académie, un exemplaire : :

Des exposés, avec annexes, de la situation adminis" tralive des provinces pour 1886;

> De l'ouvrage de MM. Corneli et Mussely : Anvers e! l'Exposition universelle de 1885 ; À

Du Mémoire de zoologie présenté au concours univer- sitaire de 1886, pour la collation des bourses de voya8e; par M. Oscar Terpve, docteur en sciences naturelles de l'Université de Liège. Remerciements. fait

La Société des sciences naturelles de Hambourg ^

savoir qu'elle célébrera, le 18 novembre prochain, cinquantiéme anniversaire de sa fondation.

(.399 )

Le comité constitué en Hollande pour la célébration du soixante-dixième anniversaire de M. Donders, pro- fesseur à l'Université d'Utrecht et associé de l'Académie, soumet une liste de souscription à l'effet de fonder, à cette occasion, une institution scientifique qui portera le nom du jubilaire.

La Classe accepte le dépót dans les archives de deux plis cachetés adressés, l'un par M. le D" De Keersmaecker, de Bruxelles, l'autre par M. le lieutenant-colonel d'artille- rie Léopold Verstraete.

Elle autorise la restitution à M. Émile Laurent, profes- seur à l'École d'horticulture de Vilvorde, du pli déposé par lui dans la séance du 1** août 1885.

M. Delaey, à Roulers, adresse de nouvelles commu- nications se rapportant à divers sujets scientifiques. Dépôt aux archives.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

1* Action gustative des acides; par Joseph Corin. Commissaires : MM. L. Frederieq et Jos. Delbœuf;

2 Sur la théorie de l'Involution; par Fr. Deruyts. Commissaires : MM. Le Paige et Mansion;

Observations physiques sur Saturne, faites en 1887; par Paul Stroobant. Commissaires : MM. Folie et Houzeau. ;

Hommages d'ouvrages :

Odonates de l'Asie mineure et revision de ceux des autres parties de la faune paléarctique; par le baron de Selys Longchamps; : - X Observations sur une grande scolopendre vivante; par F. Plateau;

. 400 )

Résumé du cours d'analyse infinitésimale de l'Uni- versité de Gand; par P. Mansion;

Théorie mécanique de la chaleur, par R. Clausius, 2* édition traduite sur la 5* édition de l'original allemand, tome ]**; par F. Folie et E. Ronkar;

a) Construction et emploi du métronome en musique; b) Théorie et application du pendule à deux branches; €) La thermodynamique et l'étude du travail chez les étres vivants ; par G.-A. Hirn;

.6* Recherches sur la structure de la substance fondamen- tale du tissu osseux; par O. Van der SUIS

Trajectoire d'un corps assujetti à se mouvoir sur la surface de la terre sous l'influence de la rotation terrestre; par L. Lindelóf, de Helsingfors. (Présenté par M. Van der Mensbrugghe avec une note qui figure ci-aprés);

8" Méthode pour la détermination des parallaxes par des observalions continues ; par Ch. Lagrange.

9" Propositions relatives aux bases à employer dans le calcul des tarifs de la Caisse de retraite, réduits à 3 °l Premier rapport; par le capitaine Mahillon (avec deux autres rapports). Remerciements.

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.

J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un Mémoire très intéressant de M. L. Lindelöf, conseiller d'État, chef de l'administration supérieure des Écoles en Finlande, bien connu par ses travaux d'analyse et notamment par son caleul des variations, rédigé en coliaboration avec

l'abbé Moigno.

Le Mémoire actuel a pour titre : Trajectoire d'un corps assujelti à se mouvoir sur la surface de la terre sous l'in- fl ence de la rotation terrestre.

( 401 )

L'auteur rectifie les notions peu exactes qui ont cours dans des traités populaires et méme dans des publications scien- tifiques sérieuses, quant à l'influence exercée par la rotation dela Terre sur le mouvement des corps à sa surface. S'agit-il, par exemple, d'expliquer la déviation d'un courant atmo- sphérique vers l'O. ou vers l'E. suivant qu'il s'approche ou qu'il s'éloigne de l'équateur, on attribue ce phénoméne simplement à la variation de la vitesse linéaire de la rota- lion terrestre aux différentes latitudes, variation à laquelle le courant ne participerait pas. Mais, suivant M. Lindelöf, cette explication est loin d’être suffisante, et poursuivie par l'analyse, elle donnerait une idée fort inexacte du chemin du courant ou d'un corps en mouvement. Ainsi, d'aprés cette explication, il n'y aurait pas de déviation pour un courant allant vers l'E. ou vers l'O., tandis que. en réalité, la déviation, ou pour mieux dire, la courbure horizontale en un point donné de la trajectoire est exactement la méme pour tous les azimuts et ne dépend que de la vitesse et de la latitude.

Demande-t-on pourquoi les grands fleuves de l'Asie et de l'Amérique qui suivent la direction d'un méridien tendent à ronger leur rive droite, tandis qu'une pareille tendance n'aurait pas lieu pour les cours d’eau dirigés vers l'E. ou vers l'O., la réponse donnée vulgairement est aussi erronée que la précédente : il n'y a pas de raison, dit l'auteur, pour que l'effet ci-dessus ne se produise pas dans tous les cas.

Le Mémoire de M. Lindelóf est divisé en quatre parties: dans la première, l'auteur établit les équations différen-

elles du mouvement, et en tire immédiatement quelques propriétés essentielles de la trajectoire; la seconde ren-

ferme la discussion des diverses formes possibles de la trajectoire, quand on fait varier de toutes les maniéres les données du probléme; la troisiéme est consacrée à l'inté-

( 402 ) gralion des équations du mouvement; enfin dans la qua- trième, l'auteur applique sa théorie à l'étude de la route de l'onde atmosphérique observée à la suite de la mémo- rable éruption volcanique de Krakatoa en 1885.

Je n'ai pas encore eu le temps d'étudier le beau travail de M. Lindelóf avec toute l'attention qu'il mérite; il m'aura suffi, je pense, de faire connaitre l'objet de chacune de ses parties pour montrer tout l'intérét qui s'attache aux der- niéres recherches du savant géométre de Helsingfors.

G. VAN DER MENSBRUGGHE.

CONCOURS EXTRAORDINAIRE POUR 1887.

M. le secrétaire perpétuel dépose sur le bureau deux mémoires reçus pour le concours extraordinaire se rap- portant à l'assainissement des rivières, la vie el la repro- duction des poissons.

Le premier, écrit en francais, porte la devise : Travail el persévérance.

Le second, écrit en allemand, porte la devise : Trutta.

Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden, Spring et de Selys Longchamps.

RAPPORTS.

Il est donné lecture du rapport de MM. Van Beneden, pére et fils, et F. Plateau sur la mission dont M. P. Pelse- neer a été chargé à la Station zoologique du D" Dohrn, à Naples. Ce rapport sera communiqué à M. le Ministre de l'Agriculture, de l'industrie et des Travaux publics.

( 403 )

Sur un mode de préparation de la phénylehydrazine; par A. Reychler.

Rapport de M. Stas.

« M. Reychler, docteur en sciences, m'a prié de pré- senter à la Classe une courte note relative à un mode de préparation de la phénylehydrazine. Ce travail est bien concu et bien exécuté; le doute n'est pas possible ni sur la nature du produit, ni sur le rendement considérable obtenu. J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'or- donner l'insertion de la note de M. Reychler dans le Bulletin de la séance. »

La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles a souscrit M. Spring.

Sur la masse de la planéte Saturne; par L. de Ball. Rapport de M. J. €. Houzeau, premier commissaire,

« J'ai l'honneur de rendre compte à la Classe d'un. mémoire de M. L. de Ball, de l'Observatoire de Cointe, déjà connu de l'Académie par plusieurs travaux exacts d'astronomie. :

Dans la présente communication, M. L. de Ball discute, pour en déduire la masse de Saturne, une partie des obser- vations qu'il a faites des satellites de cette planéte, dans. l'hiver de 1885 à 1886. Il a réuni alors, en se servant du réfracteur de Cointe de 0^,95 d'ouverture, cent cinquante- sept mesures portant sur les cinq anciens satellites de Saturne. Dans ces derniéres années, les observateurs ont

( 404 )

trouvé qu'il était plus sûr de comparer entre eux les satel- lites, qui sont de petits points brillants, plutôt que rappor- ter ces satellites au globe de Saturne. C'est aussi la méthode que l'auteur a employée. Quarante-trois des mesures qu'il a réunies sont des positions relatives de Titan et de Japet, savoir : vingt-cinq différences d'ascension droite et de déclinaison, et dix-huit angles de position avec distances. Le mémoire actuel est consacré au calcul de ces mesures, pour en déduire la correction des éléments des satellites employés, ainsi que la masse de Saturne.

Il ny a rien de particulier à signaler dans la marche des caleuls. L'auteur suit la méthode de correction de Bessel. Il y a apporte d'ailleurs l'ordre et le soin auxquels il nous a accoutumés dans ses précédents travaux.

On voit par ses résultats à quel degré d'approximation les astronomes sont arrivés dans la connaissance du sys- tème de Saturne. Les corrections des éléments de Titan et de ceux de Japet de M. L. de Ball sont fort petites. La plus importante est celle du périsaturne de Japet, qui diffère d'un peu plus de 2 de la longitude déterminée par A. Hall, d'aprés ses observations de 1875-77. Mais comme l'excentricité de l'orbite de ce satellite est peu considérable, le périsaturne est nécessairement assez indécis. Une seconde correction d'une certaine importance est celle de prés de sur l'inclinaison de l'orbite de Titan. Les observations que l'on possédait jusqu'ici s'accordaient cependant à donner à ce satellite une inclinaison un peu moindre que celle du mémoire, et les mesures de W. Meyer

tendaient à diminuer encore les nombres de Bessel et de

Jacob.

Le résultat principal de ces calculs est toutefois la détermination de la masse de Saturne, d’après les élonga- tions. Chaque stallite fournit une valeur. La différence

a ah Pare MR

( 405 )

entre les deux chiffres est un peu supérieure à la somme des erreurs moyennes des deux résultats, circonstance qui prouve une fois de plus qu'on ne peut pas regarder les écarts des observations comme uniquement accidentels, et réglés par la seule loi de possibilité.

Le résultat général [masse de Saturne = de la masse du soleil], est un peu plus faible que les valeurs obtenues par les derniers observateurs, W. Meyer, A. Hall et H. Struve. Mais cette différence est de l'ordre de celles qui se rencontrent dans les déterminations astronomiques; en la notant, je n'ai pas pour but de diminuer le mérite du travail de M. L. de Ball, lequel me parait digne de figurer dans le recueil de nos Mémoires couronnés. Le format in-4* serait évidemment c. lui qui conviendrait le mieux à l'impression des tableaux de calculs.

J'ai done l'honneur de proposer à la Classe de voter cette impression, et d'adresser des remerciements au labo- rieux auteur du mémoire. »

——

Rapport de M, Folie, second commissaire,

« Je me rallie entiérement au rapport de mon savant confrére; je n'ai à y ajouter qu'une remarque, destinée à préciser un peu davantage la dernière observation pré- sentée dans ce rapport.

Le résultat moyen de M. de Ball rzs qui provient de i combinaison des deux résultats partiels 275-5 et 3301.5, Est, à la vérité, plus faible que ceux de W. merr, A. Hall et H. Suoni; ces derniers sont, en elfet, 55353 «Meyer, 1884, zi, (1882) et sraz (1885) (A. Hali), 5194» (Japet) z; sos (Titan) et $755; (Titan) 51008 (Rhéa) (H. Struve). Mais on voit que la seconde détermination de

( 406 ) M. H. Struve se rapproche cependant beaucoup de celle de M. de Bàll, et il semble que la masse attribuée par A. Hall à Saturne soit en effet trop considérable.

Déjà, comme le fait remarquer M. de Ball, Hill a déclaré que ses recherches sur les perturbations mutuelles de Jupiter et de Saturne ne lui permettent pas d'admettre, pour la masse attribuée à ce dernier par Bessel, 3595 (1834), une correction telle qu'elle résulterait de la déter- mination de Hall.

J'ajouterai que Le Verrier a donné (1876) le chiffre

9.6*

IT faut reconnaitre toutefois que les observations sont trop peu nombreuses, vu surtout le grand nombre des équations à résoudre, pour pouvoir en tirer une eonclusion un peu définitive.

Heureusement ce ne sont pas les seules que M. de Ball ait faites. Outre Japet et Titan, dont les observations, au nombre de 45, font l'objet du travail actuel, il a fait éga- lement 36 observations de Titan et Rhéa, 97 de Rhéa et Téthys, 29 de Rhéa et Dione, 22 de Dione et Téthys.

Nous ne pouvons qu'engager M. de Ball à nous donner la suite de ce travail, qui sera certainement de nature à jeter quelque lumière sur la question encore assez indéeise de la masse de Saturne. »

La Classe adopte les conclusions de ces deux rapports: elle décide l'impression du travail de M. de Ball dans le recueil in-4° des Mémoires des savants étrangers.

Des remerciements ont été votés à l'auteur.

. A07

COMMENICATIONS ET LECTURES.

Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthro- podes (première partie). a. Résumé des travaux effectués jusqu'en 1887 sur la structure et le fonction- nement des yeux simples. b. Vision chez les Myriopodes ; par Félix Plateau, membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'Université de Gand, etc.

AVANT-PROPOS.

J'ai fait paraître dans le Bulletin de 1885, sous le titre : Recherches expérimentales sur la vision chez les Insectes; les Insectes distinguent-ils la forme des objets (1)? une notice préliminaire dont la: publication avait surtout pour but de prendre date au sujet de quelques procédés.

La facon dont ce petit travail fut accueilli et les critiques du reste bienveillantes dont il fut l'objet de la part de

genre d'études, et méme à étendre mes investigations bien au delà de la question spéciale dont je m'étais d'abord pro- posé la solution.

end iiie E E

(A) Bull. de P Acad. roy. de Belgique, 5* série, t. X, 8; 1885. (2) J'ai tenu largement compte des objections formulées; elles seront exposées ultérieurement dans la partie.

MM. Westhoffet Aug. Forel (2) m'engagérent à poursuivre ce

( 408 )

Depuis deux ans, j'ai cherché toutes les occasions de m'éclairer, j'ai multiplié les observations sur les animaux en liberté, et j'ai effectué sur la vision des Myriopodes, des Arachnides et des Insectes un nombre considérable d'expé- riences variées, dont les résultats m'ont parfois permis de remplacer par des données positives les hypothéses basées

sur l'anatomie seule.

Malgré mes efforts, je ne puis cependant me flatter d'avoir épuisé le sujet; travailleur isolé, j'ai certainement laissé échapper des détails qui frapperont d'autres obser- vateurs et j'ai dù, faute de temps, réserver pour plus tard des questions importantes, telles que celle de la visibilité des couleurs déjà abordée par des chercheurs éminents, et celle de la vision chez les Crustacés.

Le Mémoire actuel est divisé en cinq parties qui seront publiées snccessivement et qui traitent des matières sui- vantes :

PREMIÈRE PARTIE : a. Résumé des travaux effectués jusqu'en 1887 sur la structure et le fonctionnement des yeux simples. b. Vision chez les Myriopodes.

DEUXIÈME PARTIE : Vision chez les Arachnides.

TROISIÈME PARTIE : a. Vision chez les Chenilles. b. Rôle des ocelles frontaux chez les insectes parfaits.

QUATRIÈME PARTIE : Vision à l'aide des yeux composes. Résumé anatomo-physiologique et expériences sur les Insectes.

CINQUIÈME PARTIE : Perception des mouvements el con^ clusions générales.

E

ai lie ae EESTI EEN SE EC PEE A AEA

( 409 )

En terminant cet avant-propos, j'exprime le désir légi- time que les spécialistes se donnent la peine de répéter quelques-unes de mes expériences. Si j'ai bien vu, de nouvelles confirmations transformeront les résultats que jénonce en faits définitivement acquis; si j'ài peut-étre mal interprété, les objections que l'on formulera auront une tout autre valeur que des critiques théoriques.

PREMIERE PARTIE. CHAPITRE l.

Résumé des travaux effectués jusqu'en 1887 sur la structure et le fonctionnement des yeux simples.

§ 1. Résumé anatomique.

La bibliographie de la structure des yeux simples des Arthropodes, quoique moins étendue que celle qui con- cerne les yeux composés, est encore considérable. Ayant lu et analysé à peu prés tout ce qui a été publié sur cette matiére, je pourrais faire montre d'érudition et remplir plusieurs pages par une longue liste de travaux rangés chronologiquement depuis P. Lyonet (1762) jusqu'à l'aunée actuelle. Cette facon de procéder offre de l'utilité dans un traité, mais elle n'est pas de mise dans un Mémoire l'on se propose, avant tout, de faire connaître Ms résultats d'expériences physiologiques.

Je me bornerai donc, dans les lignes ci-dessous, à

( 440 ) résumer aussi simplement que possible l'état actuel de la question, en utilisant les données fournies par les recher- ches importantes de H. Grenacher (1), V. Graber (2), E. Ray Lankester et A. G. Bourne (3), Ph. Bertkau (4), W. Patten (5), W. A. Locy (6) et E. L. Mark (7).

(1) GnENAcnEn, Untersuchungen über das Sehorgan der Arthro- poden, Göttingen, 1879.

Ueber die Augen einiger Myriapoden (Archiv für mikroskopische Anatomie, Band XVII, Bonn, 1880)

(2) Graser, Ueber das unicorneale Tracheaten-und speciell das Arachnoideen-und Myriopoden- Auge (Archiv für mikroskopische Anatomie, Band XVII, Bonn, 1880).

(9) Rav-LaxkssrEn ann Bourse, The minute Structure of the lateral and the central Eyes of Scorpio and ln (Quarterly Journal of microseopical Science, New series, 89. January, 1885).

(4) Bznrkav, Beiträge zur Kenntniss der Sinnesorgane der Spinnen (Archiv für mikroskopische Anatomie, Band XXVII, 1886)

(8) Parren, Eyes of Molluscs and Arthropods (Mittheilungen aus der zoologischen. Station zu Neapel. Sechster Band, IV Heft. Berlin, 1886). Le Mémoire de Patten a été vivement critiqué par Ray- Lankester (Quaterly Journal of microscopical Science. October 4886, pp. 285 et suiv.) Patten a répondu dans Zoologischer Anzeiger, 251, 20 mai 1887, p. 256. Je dois naturellement me borner à signaler cette polémique.

(6) Locv, Observations on the Development of Agelena navia (Bullet. of the Museum of comparative Zoology at Harvard College, vol. XII, 5, Cambridge, 1886).

7) Mark, Simple Eyesin Arth lsí( il, vol. XIII, 3. Cambridge, 1887) ). L'ai dissate avec i bésubodg. de talent les tra- vaux de ses prédécesseurs (celui de Patten excepté). Le naturaliste qui désire approfondir ce sujet ne peut se dispenser de lire attentive- ment l'étude du savant américain. Cette lecture lui évitera bien des erreurs d'interprétation.

TRAN C NERIS HER EDI NE à

( 4414 )

Je réclame l'indulgence du lecteur, car, en présence de divergences d'opinions parfois multiples, un pareil résumé est fort difficile à rédiger d'une maniére satisfaisante.

Je laisse naturellement de cóté les yeux de Peripatus el de Limulus sur les fonctions desquels je n'ai pu faire d'expériences. Les yeux des chenilles, qui offrent une structure spéciale, doivent aussi être écartés pour le moment : j'en parlerai dans la partie. Ce qui suit con- cerne donc les ocelles des Insectes, des Myriopodes et des Arachnides (1).

L'œil simple d'Arthropode est le résultat d'une invagi- nation locale de l'hypoderme. La partie la plus profonde de cet hypoderme invaginé donne lieu à une vésicule optique plus ou moins sphérique, tandis que la portion voisine de la surface redevient généralement continue pour former, devant la vésicule, une couche cellulaire, consti- tuant le prolongement de l'hypoderme général du corps.

De méme que sur toute la surface de l'individu, la cou- che hypodermique externe sécréte une cutieule ehitineuse superficielle. Seulement, cette cuticule acquiert ici une grande épaisseur et devient, dans la plupart des cas, une volumineuse lentille transparente, la lentille cuticulaire ou le cristallin des descripteurs anciens (pl. I, ff. 4 et 5, l).

La lentille est. presque toujours fortement biconvexe, la convexité de sa face profonde étant tantót moindre, tantôt plus forte que celle de sa face externe.

(1) Je passe intentionnellement sous silence une série de détails tels que le tapis, certains groupes de fibres musculaires, les noyaux des cellules et leur position, ete. Les uns n'ont qu'une valeur histo- logique, et la connaissance des autres ne peut fournir aucun élément nouveau pour la théorie de la vision.

( 442 )

Les valeurs suivantes en fractions de millimètres, empruntées à Graber, peuvent donner une idée approxi- | mative de la convexité de l'organe : i |

1 : Largeur |Épaisseur Ripport d 1 Scorpio (Buthus) europœus, yeux latéraux, 0,92 0,23 0,1 | | Buthus (Heterometrus) afer, yeux médians. 0,41 0,30 1,4 Epeira Schreibersii, yeux antérieurs, . . 0,20 0,45 43 dubihsabulosss Io ilc 0.05 0,08 0,6 Scolopendra cingulata . . . . . . . 0,23 0,22 1,0 Lühobius forficatus. cta . 1. . 0,07 0,07 1,0 á

Dans la lentille, les couches superposées qui caractéri- ;

sent la cuticule des Arthropodes sont devenues plus épaisses, :

. . leur densité, leur réfringence et leur courbure varient de | l'une à l'autre (1). Enfin, si l'on fait attention aux bonnes figures publiées par les auteurs, on voit que les couches

sont enchàssées les unes dans les autres à la facon de ces vases de verre mince pour laboratoires de chimie que le - commerce livre par piles emboitées (2). S. Exner a con-

TT MR RE OHIO RE S a

(4) Dusannix, Sur les yeux simples ou stemmates des animaux articulés (Comptes rendus, Acad. sc. de Paris, t. XXV, p. 711, 1847.)

(2) Voyez Grexacuer, Untersuchungen, ctc. op cit. pl. 1 à V. GRABER, op. cit., pl. VI, fig. 22. Guexacuer, Ueber die Augen einiger Myriapoden, op. cit., pl. XXI, fig. 41, ctc.

( 445 ) slaté à peu près la méme chose dans les cornées des yeux à facettes de l'Hydrophile, et a trouvé, en outre, que les couches centrales réfractent plus fortement la lumière que les couches périphériques (1).

Suivant l'opinion généralement admise et que le beau Mémoire de Locy sur le développement embryonnaire de l’Agelena nœvia me semble confirmer absolument, la couche hypodermique continue qui sécréte la lentille cuticulaire constitue ce que l'on appelle le corps vitré ou couche vitrée de l'œil simple. Interposée entre la lentille et les éléments rétiniens, presque toujours limitée du côté profond par une fine membrane basale (membrane préré- ünienne de Graber), cette zone cellulaire transparente peut être ou assez épaisse (Larves de Dytiscides, Puce, Diptères muscides, œil des Hyménoptères en voie de développement, plupart des yeux d'Arachnides) ou fort mince (ocelle de Vespa complètement développé, Grenacher. Yeux de Myriopodes, Gr aber); mais, malgré certaines assertions qui demandent confirmation, il est probable qu'elle existe toujours (2) (pl. I, fig. 1 et fig. 3 cv).

La vésicule optique dont il nous reste à esquisser la Structure comprend deux catégories de cellules, des cellules Pigmentaires dont je me contenterai de signaler l'existence

——— M M

(1) Sig. Exven, Ein. Mikrorefractometer (Archiv. für mikrosko- pische Anatomie, Band XXV, J. Heft, p. 110. Bonn, 1885).

(2) Sans entrer dans les discussions que soulève ce point, il est utile de remarquer que les quelques recherches faites sur le déve- loppement de l'œil simple montrent que la couche vitrée n'a pas la méme importanee à tous les stades, et que, parfois trés épaisse dans l'eil jeune, elle peut étre réduite à une zone excessivement mince dans l'œil entierement formé.

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( 444 ) afin de ne pas surcharger la description de détails sans ulilité immédiate et des cellules rétiniennes, les rétino- phores de Patten.

Les rétinophores, ainsi nommées (1) parce qu'elles servent de support aux éléments nerveux récepteurs, généralement trés allongées, insérées à peu prés norma- lement sur la paroi de la vésicule optique, convergent plus ou moins vers l'axe de l'ail, c'est-à-dire que leurs directions prolongées viendraient, dans beaucoup de cas, s’entre-croiser approximativement au milieu de la len- tille.

Pendant longtemps on a considéré ces cellules comme répondant au type classique des cellules neuro-épithéliales, chacune d'elles effilée à son extrémité profonde semblant continuer une des fibres du nerf optique. De là, le terme de nerve-end-cells employé par Ray-Lankester et Bourne dans leur description des yeux des Scorpions. Mais d’après le remarquable travail de Patten, qui a fait faire incontesta- blement d'immenses progrès à nos connaissances sur la structure des organes visuels des Articulés, les terminai- sons nerveuses excitables par la lumière auraient une disposition plus complexe.

On sait que chaque cellule rétinienne ou rétinophore produit un bátonnet transparent. Ce bàtonnet, de nature cuticulaire pour la grande majorité des auteurs, de nature protoplasmique pour Bertkau (2), est tantót terminal, c’est-à-dire situé à l'extrémité de la cellule dirigée vers la

rend

(1) J'ai mis au féminin plusieurs des termes nouveaux proposés par Patten; s'ils deviennent classiques, l'usage leur attribuera bientót un genre déterminé,

(2) Op. cit., pp. 598, 599.

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( 415 ) lumière, comme dans les ocelles des Insectes, dans les yeux médians antérieurs des Araignées, et probablement aussi dans les yeux des Myriopodes, tantôt latéral, oceu- pant alors une des longues faces de la rétinophore, modi- fication qui s'observe dans les yeux des Scorpions, ainsi que dans les yeux postérieurs et latéraux des Araignées.

S'il s'agit d'ocelles peu complexes, les rétinophores plus ou moins fusionnées sont associées deux à deux; dans les yeux des Phalangium, elles paraissent associées trois à trois (1); enfin, dans les yeux centraux des Scorpions elles sont associées cinq à cinq. Chacun des petits groupes dis- tincts ainsi formés est une Ommatidie (9) (pl. I, ff. 4 et 5 o).

Lorsque les bàtonnets sont terminaux, l'ommatidie est surmontée d'un corps bacillaire double (parfois triple); lorsque, au eontraire, les bàtonnets sont latéraux, l'omma- tidie enveloppe un faisceau central de deux ou de cinq bâtonnets (pl. I, fig. 9 et 4).

Ceci posé, les fibres provenant de la subdivision du nerf optique, au lieu d'aboutir simplement à l'extrémité profonde effilée des cellules de la zone rétinienne, se srouperaient en petits faisceaux qui occuperaient chacun l'axe d'une ommatidie. De sorte qu'il y aurait non pas autant de fibres séparées qu'il existe de cellules, mais seulement autant de faisceaux ou nerfs axiles (axial nerve, Patten) qu'il y a de groupes ommatidiens (pl. I, ff. 1 et 5 n).

Arrivé à la hauteur des corps bacillaires, le faisceau

on

(1) Aen juger au moins par la disposition des corps bacillaires ou psi: figurés par Grenacher (Untersuchungen, ete., op. cit., pl. II, g- 17

(2) O‘pparidios, petit œil.

MU DUE Th (STER e Sus ES N n. X NAT, ve ji DE

( 446 ) axile pénétrerait dans ces derniers, puis se résoudrait dans l'épaisseur et dans toute la hauteur des bâtonnets en un réseau de fines fibrilles nerveuses transversales, le retini- dium (Patten) (pl. I, ff. 1 et 5 r). Les rétinidies des bàtonnets seraient, par conséquent, les véritables éléments récepteurs.

§ 2. Résumé physiologique.

Réservant pour les chapitres suivants l'analyse des expé- riences faites antérieurement aux miennes et les concep- tions théoriques relatives à des cas spéciaux, j'examinerai seulement ici quelles sont les hypothèses qui ont été émises sur le fonctionnement des yeux simples, considérés d'une facon générale.

La plupart des auteurs, frappés de l'analogie qui existe entre beaucoup d'yeux simples et les yeux des Vertébrés, ont admis la possibilité de production d'une image ren- versée des objets extérieurs. Cependant, préoceupés surtout de la grande convexité de la lentille, ils ont presque toujours ajouté que la distance de vision distincte devait étre trés petite; les yeux simples étant, suivant eux, exclusivement conformés pour la vision des corps rappro- chés.

Cette façon de raisonner suppose deux conditions qui n'existent pas : l'homogénéité de la lentille et la situation des éléments récepteurs au fond de la vésicule optique, comme chez les Vertébrés. :

J'ai déjà dit que la lentille cuticulaire n'est pas homo- gene, qu'elle se compose de couches emboitées de cour- bures ct de réfringences différentes.

EERST LUE At RE ai dl E RS NR qe SE TS on ju ch

( 417 )

F. Dujardin (1), considérant que les zones concentriques de la lentille sont d’autant plus courbes, c’est-à-dire ont des rayons de courbure d’autant plus courts qu’elles sont plus voisines de la surface (pl. I, fig. 1,1), en déduisit que, quelle que soit la distance d'un objet extérieur, les rayons qui en émanent rencontrent une zone susceptible de les réfracter de manière à donner encore lieu à une image située dans l'œil à une profondeur telle qu'elle puisse étre percue.

En d’autres termes, grâce à la structure spéciale du corps réfringent, un objet serait représenté derrière cette lentille par autant d'images successives qu'il existe de zones, ou, si l'on veut, il y aurait une image coincidant avec les extrémités réceptrices rétiniennes pour autant de distances différentes de l'objet que la lentille compte de couches (2).

Joignant l'expérience à la théorie, Dujardin montra à l'Académie des sciences de Paris nne lunette dont l'objectif était composé de plusieurs zones et qui, l'oculaire restant à la méme place, donnait quatre images distinetes pour autant de distances de l'objet visé. Enfin, employant des lentilles d'yeux simples d'Arachnides et d’Insectes, il crut constater que l'image reste en réalité distinete pour des

(1) Duzanpiw, Sur les yeux simples ou stemmates, etc., op. cit., P. 715, et Annales des scienees naturelles, Zoologie, série, t. VII; p. 107, 1867.

(2) S. Parrexneim, Le problème de M. Dujardin relativement aux yeux des Insectes (Comptes rendus de l'Acad. des sc. de Paris, t. XXV, P. 809, 1847), a critiqué le travail de Dujardin, mais pour d'autres points dont nous ne nous occuperons pas ici.

( 448 ) distances variables de l'objet « sans toutefois avoir le brillant de celle que donne une lentille à foyer unique ».

J'ai rappelé aussi, plus haut, qu'Exner avait observé dans les cornéules des yeux composés que l'indice de réfraction des couches successives croissait des couches superficielles vers les couches centrales. Nous ignorons, bien que la chose soit probable, si ce fait est vrai pour les yeux simples; cependant on commettrait une imprudence en raisonnaut à la légère comme si la lentille était homo- géne.

Quant à la situation des éléments récepteurs, on sait (pl. I, fig. 5, rr) que ceux-ci ne sont pas placés à la péri- phérie de la sphére optique, mais qu'ils sont, au contraire, groupés de facon à former une surface concave générale- ment voisine de la lentille cuticulaire, et méme si rappro- chée de celle-ci dans les yeux antérieurs des Araignées, les yeux des Faucheurs et les yeux simples des Vespides que, quelle que soit la grande convexité du corps réfrin- gent et la briéveté de sa distance focale, on peut conce- voir l'existence d'une image percue pour des objets assez éloignés.

Reste, enfin, la question de l'acecommodation. En suppo- sant qu'il ne se forme qu'une seule image et non plusieurs, comme le voulait Dujardin, il est encore possible que la vision puisse avoir lieu d'une facon satisfaisante pour des distances variables : Grenacher (1) a fait remarquer le pre- mier que l'absence d'appareil spécial d'accommodation est peut-être compensée, dans l'œil simple, par la longueur des

(1) Grexacuer, Untersuchungen über das Sehorgan, ete., op. cit p. 144.

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( 419 )

bàtonnets; les rayons provenant d'un objet éloigné agissant sur l'extrémité antérieure de ces éléments, et ceux qui émanent d'un objet rapproché produisant leur effet à une profondeur plus ou moins grande, voisine de l'extrémité postérieure des corps bacillaires (1). Puis, plus récemment, sont venues les observations de Patten, d’après lesquelles toute la hauteur des bàtonnets se trouve occupée par un réseau au retinidium de fines terminaisons nerveuses transversales. Patten ne s’est pas occupé de la vision à l'aide des yeux simples; cependant si l'on applique à ceux-ci ce qu'il dit des yeux composés, aucune accommodation ne serait nécessaire, l'image rencontrant, pour des distances très diverses, des terminaisons réceptrices en nombre suffisant pour être perçue (2).

Il résulte de exposé qui précède qu'il n'est pas du tout certain que les Arthropodes ne possédant que des yeux simples soient. nécessairement myopes, et qu'il n'y aurait rien de surprenant à ce que leur vue füt bonne dans des limites assez étendues. Mais comme toutes ces considéra- lions sont théoriques et que rien ne vaut l'expérimentation ou l'observation directe des mœurs, je n'insisterai pas davantage sur ce sujet, pour le moment. Des conclusions positives et d'une bien autre valeur découleront tout natu- rellement de l'ensemble des recherches expérimentales de mes devanciers et des miennes propres.

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(1) Grenacher, dans le même passage de sa page 144, émet des doutes sur la possibilité du phénomène; la gaine de pigment qui enveloppe les bâtonnets jusque prés de leur extrémité antérieure constituant, pour lui, le principal obstacle à l'existence d'une image Située un peu profondément.

(2) Je combattrai ce dernier point à propos des yeux composés (quatrième partie).

(420 )

CHAPITRE IH. Vision chez les Myriepodes. $ 3. Considérations générales.

Ma notice intitulée : Recherches sur la perception de la lumière par les Myriopodes aveugles (1) qui, malgré son titre, contient la relation d'un certain nombre d'expériences effectuées sur le Lithobius forficatus, dans le double but de prouver que cet animal est excessivement lucifuge et d'apprécier sa sensibilité pour la lumière, est, je crois, jusqu'à présent, le seul travail expérimental à citer. En effet, les recherches de Gervais (2), Sograff (5), Graber (4), Patten (5), le livre de Carriére (6), sont purement anato-

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(1) Journal de 'Anatomie et de la Physiologie normales et patho- logiques, t. XXII. Septembre-octobre. Paris, 1886.

(2) Gervais, Études pour servir à l’histoire des M yriapodes (Annales des sciences naturelles, série H, t. VI, p. 57. Paris, 4857).

(3) Socrarr, Vorlaüfige Mittheilungen über die Organisation der Myriapoden (Zoologischer Anzeiger. II Jahrgang, p. 17, 187

Ip., Anatomie du Lithobius forficatus , pl. MI, fig. 14, Moscou, 1880 (en russe).

(4) Graser, Ueber das unicorneale, ete., op. cit.

(5) Parren, Eyes of Molluscs and Arthropods, ete., op. cit.

(6) Carrière, Die Sehorgane der Thiere, pp. 117 et suiv. (München und Leipzig, 1885).

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(421 ) miques, et les théories émises par J. Müller (1) et Gre- nacher (2) ne reposent que sur des hypothèses.

Le Mémoire de Grenacher étant de beaucoup le plus important, je m'y arréterai quelque peu, prévenant toute- fois le lecteur qu’il ne peut être question ici ni des yeux tout à fait spécianx des Scutigera (3), ni de ceux d'un certain nombre de formes exotiques.

D'une facon générale, les yeux simples des Scolopendra, Lithobius, Julus et Glomeris ont une structure analogue à celle des organes visuels des Araignées, avec cette diffé- rence capitale, cependant, que, sauf chez les Lithobies, les bátonnets terminaux et nombreux occuperaient, d'après Grenacher, une position enliérement transversale par rap- port à l'axe de l'œil.

Patten, s'appuyant probablement sur la composition de l'organe chez le Lithobius l'on observe, au-dessus de bàtonnets tournés vers la lumiére et, par conséquent, entre ces bâtonnets et la lentille, une couche épaisse fine- nement striée en travers, comme si elle était formée de la juxtaposition de poils réfringents horizontaux, admit, Chez tous les Myriopodes, des bàtonnets à situation nor- male surmontés d'un corps vitré volumineux sécrété par des cellules spéciales. Cette manière de voir, à propos de laquelle il donne une figure schématique, expliquerait tout, puisque, dans cette facon d'interpréter, les bàtonnets trans-

(4) J. Mürrzn, F ortgesetzte anatomische Untersuchungen über den Bau der Augen bei den Insecten und Crustaceen (Meckel Archiv., p. 45, Jahrg. 1829). js

(2) GagNacusn, Ueber die Augen einiger Myriapoden., op. cit.

(3) Je n'ai pas eu l'occasion d'observer des Scutigera vivantes.

( 499 ^

versaux, qui ont tant embarrassé Grenacher, ne seraient pas les corps bacillaires véritables, mais une apparence résultant de la texture fibrillaire du corps vitré.

Grenacher, qui regardait naturellement ses observations histôlogiques personnelles comme exactes, a émis, en substance, les considérations théoriques suivantes : à sup- poser qu'une petite image renversée soit produite par l'in- termédiaire de la lentille cuticulaire (1), celle-ci ne saurait être perçue en tant que représentation des objets exté- rieurs, parce que la lumière ne tombe pas sur l'extré- mité des bàtonnets, mais sur la totalité de la longueur de ces corps bacillaires transversaux ; 2? parce que tous ces bàtonnets, qui sont traversés par les rayons luinineux, avant comme aprés l'entre-croisement de ceux-ci, sont nécessai- rement influencés en bloc (2). Chacun des yeux, considérés à part, ne pourrait servir qu'à distinguer la lumière de l'obscurité. Enfin, comme ces yeux sont groupésen nombre plus ou moins considérable chez les Lithobius, Julus et Glomeris, il en résulte, peut-être, une vision mosaïque analogue à celle que J. Müller a admise pour les yeux composés des Insectes.

Telles sont, dégagées des détails, les seules données que nous possédions, données vagues, incomplètes, ue pouvant satisfaire personne. On comprend, après cela, combien des expériences suivies étaient nécessaires el avec quel intérêt j'attendais leurs résultats.

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(1) H fait ses réserves pour les Julus, dont la lentille lui semble avoir une forme telle que la production d'une image est impossible.

(2) Si l'on admet provisoirement la strueture attribuée par Gre- nacher aux yeux des Lithobies, ce raisonnement ne leur est pas applicable.

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( 425 )

CHILOPODES. * $ 4. Expériences sur le Lithobius forficatus. Linn.

La Lithobie à tenailles étant excessivement commune dans mon jardin, j'ai pu, à loisir, multiplier mes observa- tions sur cette forme.

L'animal quiestfortagile possède d'assez longuesantennes de 56 à 48 articles et offre, de chaque côté de la tête, un groupe de 26 yeux simples, dont 25 arrondis de petit dia- mètre et un plus gros elliptique (pl. I, fig. 8). Suivant Ludwig Koch (1), le nombre d'organes visuels varie, du reste, dans certaines limites, d'un individu à l'autre et n'est méme pas toujours égal à droite et à gauche.

J'ai montré ailleurs (2) que la Lithobie est lucifuge et très sensible à la lumière, Comme ce fait a ici une impor- tance spéciale et que j'aurai, à propos d'autres animaux, à parler de propriétés analogues, on me permettra de redé- crire le procédé employé et de résumer les résultats.

Imitant la méthode de V. Graber (3), j'ai fait usage d'une boite en verre de 60 centimètres de longueur,

(1) Kocu, Die Myriapodengattung Lithobius, p. 40, pl. I, fig. 9. Nürnberg, 1862.

(2) Recherches sur la perception de la lumière par les Myriopodes - aveugles, op. eit, fig. 5, pp. 446 et suiv.

(8) Graver, Fundamentalversuche über die Helligkeits und Farben empfindlichkeit augenloser und geblendeter Thiere (Sitzungsberichte Math. Naturwiss, Cl. d. k. Akademie, Band LXXXVII, I Abtheil. Wien, 1885).

( 424 ) 6 centimètres de largeur et 8 !/ de hauteur. Le couvercle est en carton et à rebords (pl. I, fig. 5).

Une seule des longues faces, celle qu'on tourne vers la lumiére, est transparente; toutes les autres sont recou- vertes extérieurement de papier noir épais. Enfin, le sol ou plancher de la boite est revétu à l'intérieur d'une couche de papier à filtrer blanc maintenu humide.

À l'aide de trois rectangles de papier noir double, on à divisé la face transparente en six parties égales, dont trois laissent pénétrer le jour et alternent avec trois parties opaques.

Lorsque la boite fermée est placée devant une fenétre donnant sur un espace largement découvert, l'intérieur comprend naturellement trois régions éclairées et trois régions relativement obscures.

Les divers essais ont été faits à la lumiére diffuse pour éviter les différences de température.

J'ai mis dans l'appareil douze Lithobies et, au moyen des barbes d'une plume d'oie, je les ai distribuées à peu près uniformément partout. Toutes les dix minutes, j'ai noté combien d'individus se trouvaient placés dans les régions éclairées et combien il y en avait dans les régions obscures de la boîte. Puis, après chaque constata- tion, j'ai redistribué uniformément les animaux suivant la longueur de l'instrument, afin de les forcer à manifester nettement leurs préférences.

Dans douze essais successifs, les Lithobies ont été trou- vées cantonnées de la maniére suivante:

Totaur. Dans les régions obscures 41, 42, 44, 19, 42, 49, 42, 49, 12, 44, 11, 12 in Dans les régions éclairées 4, 0, 4, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 1, £0. # Régions obscures 140 _ 35 0

md cd ot: Régions éclairées 4 j

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( 425 ) C'est-à-dire qu'il s'est trouvé trente-cinq fois plus d'indi- vidus à l’ombre que dans les espaces clairs.

La sensibilité des Lithobies pour la lumière et leur désir d'éviter l'éclat du jour sont, du reste, assez intenses pour amener ces animaux à aller se pelotonner en quel- ques instants dans le recoin le plus obscur de la boîte.

Les Lithobies distinguent donc la lumière de l'obscurité et il semble naturel d'attribuer cette faculté à leurs yeux seuls. On commettrait cependant une grossière erreur en raisonnant de cette façon, car il faut tenir compte, en méme temps, de la perception dermatoptique ou percep- tion de la lumiére par les centres nerveux au travers de l'ensemble des téguments (1).

En effet, en répétant les mémes expériences sur des Myriopodes à organisation voisine, mais normalement aveugles, dix-sept Geophilus longicornis et deux Cryptops punctatus, yai obtenu chaque fois, dans douze essais suc- cessifs, les distributions ci-dessous :

Geophilus. laut. Dans les r'gions obscures 45, 43, 43, 45, 12, 46, 44, 43, 8. 13, 44, 45. 163 Dans les régions éclairées 2, 4, 2, 9, 5, 4, 3, 4 9, 4 3, 2 A

Régions obscures 463

Rapport : PROS Régions éclairées 41

3,97, soit à peu près 4.

(1) V. Graser, dans ses Fundamentalversuche déjà citées, ensuite dans Grundlinien zur Erforschung des Helligkeits-und Farbensinnes der Thiere. Prag und Leipzig, 1884, a démontré l'existence des per- ceptions dermatoptiques chez le ver de terre, puis chez le Triton cristalus cl la Blatta germanica. aveuglés. Graber et moi, de mon côlé, avons publié d'assez longues listes d'observations qui semblent

( 496 )

Cryptops.

Dans les régions obscures 2, 9, 9, 9, 9, 2 Dans les régions éclairées 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 00-0)

Comme je le disais dans mon travail antérieur, ces expé- riences démontrent le fait curieux que « la sensibilité des » Myriopodes aveugles pour la lumière est assez grande et » n’est pas beaucoup inférieure à celle des Myriopodes » munis d'yeux (2). »

Ainsi, en définitive, si les Lithobies offrent une sensi-

prouver que le phénomène est plus répandu qu'on ne le croirait au premier abord. Enfin, en 1887, A. Forel à fait paraitre (Expériences et remarques critiques sur les sensalions des [nsectes. Deuxième partie) le résultat de ses recherches sur les seusations dermatoptiques chez les Fourmis.

(1) Etonné de l'uniformité des résultats, j'ai changé à deux reprises, pendant l'expérience, la direction de la boite, de facon à modifier les formes et jusqu'à un certain point l'étendue relative des surfaces éclairées et ombrées; mais rien n'y fit, toujours les deux Cryptops allérent se blottir à peu de distance l’un de l'autre dans l'extrémité la plus obscure de la boite.

(2) Cette phrase se rapporte aux Myriopodes aveugles de la section des Chilopodes. Dans une petite notice que je viens de publier x le titre : Observations sur les mœurs du Blaniulus guttulatus et expe- riences sur la perception de la lumiére par ce Myriopode aveugle (Société entomologique de Belgique. Comptes rendus du 1** octobre 1887) j'ai montré que les perceptions dermatoptiques des Blaniules sont plus faibles que celles des Géophiles.

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( 427 ) bilité excessive vis-à-vis des rayons lumineux, ce n'est pas à lenrs yeux seuls qu'ils la doivent. H se pourrait méme fort bien que leurs organes visuels ne fussent pas plus faci- lement excitables que ceux de la plupart des autres ani- maux.

J'aborde maintenant les expériences nouvelles.

Afin de déterminer jusqu'à quel point les Lithobies dis- tinguent les objets, j'ai employé le dispositif suivant, que je désignerai dorénavant par le nom un peu prétentieux, mais que je crois bien appliqué, de labyrinthe (pl. L, fig. 6).

Une feuille de papier d'emballage brun foncé (couleur neutre de terre), un peu rugueuse, de 68 centimétres de longueur et de 50 centimétres de large est appliquée sur une table bien horizontale placée en pleine lumiére diffuse devant une fenétre.

Au milieu de la feuille de papier qui constitue le sol sur lequel les Arthropodes doivent circuler, est ménagée une zone à peu près elliptique de 18 centimètres de long sur 15 de large. Puis, tout autour, suivant six ellipses concen- triques, on a collé sur le papier, comme l'indique la figure, des obstacles divers d'un centimétre de hauteur représentés par des bandes de carton blanc, des bandes de carton noir, des lames de liége et des fragments d'écorce couverts de mousse,

Ces objets forment ainsi des enceintes interrompues de distance en distance et sont en général placés de façon que ceux d'une des enceintes soient situés vis-à-vis des solutions de continuité de l'autre.

Les obstacles étant blanes, noirs, E de bois ou couleur d' écorce, n'offrant donc rien de particuliérement étrange, il est évident qu'un animal doué d'une bonne vue

( 428 )

circulera dans le labyrinthe en contournant toutes ces petites barriéres et arrivera à la limite extérieure aprés avoir décrit un trajet sinueux. Tandis qu'un animal qui voit mal ou qui ne voit pas, se heurtera d'abord à un pre- mier obstacle, tàtonnera, longera l'objet, ira se heurter à l'obstacle de l'enceinte suivante et ainsi de suite, n'abou- tissant enfin au bord de la feuille de papier qu'aprés une série de chocs et de crochets.

Voici ce que j'ai observé dans des expériences multiples sur des séries d'individus :

Lithobies intactes. Les Lithobies intactes, déposées au centre du labyrinthe, marchent la plupart du temps droit sur les obstacles, quel que soit leur aspect, les ren- contrent par lintermédiaire de leurs antennes que Ces Myriopodes utilisent constamment comme organes explo- rateurs, les contournent, par conséquent, à la distance de la longueur de ces antennes, puis vont aborder de la méme facon une nouvelle barrière et ainsi de suite.

ll en résulte que la sortie du labyrinthe s'effectue avec une lenteur relative, malgré la vivacité d'allures des Myrio- podes en question. Ainsi, ayant compté, dans douze expé- riences, pendant lesquelles on a opéré sur trois individus,

le nombre de secondes employé pour arriver au bord exte- .

rieur de l'instrument, le trajet effectué étant mesuré en ligne droite, à vol d'oiseau, du centre au point périphé- rique atteint, je trouve que les Lithobies n'ont parcouru en

moyenne que 2 4 centimétres par seconde. Ce chiffre pris

seul a peu de valeur; il en acquiert, comme nous le verrons, lorsqu'on le compare à ceux donnés par les autres séries suivantes ;

9^ Lithobies à antennes, mais dont les yeux sont couverts

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( 429 ) de couleur à l'huile noire (1). Je fais vingt essais suc- cessifs en utilisant trois individus. De temps en temps je remets sur les yeux uue nouvelle couche de couleur. La température est assez élevée, + 27° c

Les allures des animaux semblent identiques à celles des Lithobies intactes. Les barrières sont abordées perpendi- culairement et sont reconnues à l'aide des antennes.

Les Myriopodes aveuglés, qui, malgré les obstacles, suivent un trajet bien déterminé, parallèle à la fenêtre, par exemple, parcourent en moyenne 2,7 centimètres par seconde. La chaleur qui excite, comme on sait, les Articulés, suffit pour rendre raison d'un léger accroissement de vitesse ;

9" Lilhobies dont les yeux sont intacts, mais dont on a coupé les antennes. Désirant supprimer le rôle des antennes et voulant obliger les animaux à se servir de leurs yeux seuls, j'ai coupé les appendices antennaires à trois individus que j'ai laissés se reposer, en les nourrissant, pendant dix jours. Les opérés étaient fort vifs et ont vécu encore durant des mois.

Douze expériences conduisent à un chiffre trés voisin du précédent : les Lithobies sans antennes parcourent en moyenne 2,9 centimètres par seconde.

Quant aux allures, elles sont nettement différentes ; de même que les Lithobies intactes ou aveuglées, les individus privés d'antennes marchent presque toujours droit sur les

mm

(1) Je montrerai dans la troisième partie qu'un Arthropode dont On à recouvert les yeux de couleur à l'huile noire perçoit encore un peu de lumière par les organes visuels. La suppression est cependant plus que suffisante pour rendre des expérienees du we de celles qui sont déerites iei tout à fait démonstratives.

D" SÉRIE, TOME XIV. | 29

( 430 ) barrières, mais n'étant plus avertis à temps par leurs appendices, ils viennent littéralement se cogner. Ils se détournent alors d'autant plus vite pour longer l'obstacle ou parfois pour le franchir, et c'est ce qui explique, peut- être, la rapidité un peu plus grande de la progression ;

4 Cryptops punctatus intact.— À titre de comparaison, je mets dans le labyrinthe un Cryptops ponctué, Myriopode peu différent des Lithobies, mais normalement aveugle.

Sept expériences montrent que, malgré des allures

encore plus vives, la rapidité de translation dans l'appareil est beaucoup moindre. Le Cryptops ne parcourt en moyenne que 1,9 centimétre par seconde. Cela tient à ce que le Cryptops palpe encore plus activement avec ses antennes que la Lithobie; il longe les obstacles dans toute leur étendue, puis vient butter contre d'autres qu'il longe encore, etc.

Tandis que les Lithobies, méme sans antennes, suivent ordinairement, malgré les heurts et les détours, une direc- lion générale déterminée, paralléle ou perpendiculaire à la fenétre, par exemple, les Cryptops se jettent à droite, à gauche, et font trois ou quatre fois le chemin nécessaire;

Cryptops punctatus privé d'antennes depuis sept jours; trés vif.

La moyenne de douze expériences montre que l'animal met un temps encore plus considérable à arriver à la péri- phérie; il ne parcourt plus que 1 centimètre par seconde.

Cette fois, le Cryptops décrit presque des cercles, cognant tout. Il n’a plus manifestement pour se guider un peu que le sens tactile trés délicat qui réside dans ses pattes. Marchant la téte en avant et balancant cette téte de droite et de gauche, il se heurte brutalement à chaque

(451)

instant, hésite, se détourne, se heurte encore, etc. Il n’arrive done à l'extérieur que par hasard et y met parfois 50 secondes;

Lithobie sans antennes depuis dix-sept jours et dont on couvre les yeux de couleur à l'huile noire. La Litho- bie se trouve ainsi placée à peu prés dans les mêmes con- ditions que le Cryptops privé d'antennes. Durant les dix expériences effectuées, on renouvelle de temps à autre l'enduit qui recouvre les yeux.

Fait intéressant, bien qu'on püt le prévoir, la Lithobie sans antennes et aveuglée se comporte exactement comme le Cryptops auquel on la compare. Ce sont les mêmes chocs contre tous les obstacles, les mémes courses en zigzag ou en cercle, sans qu'il y ait moindre direction générale dans la marche. Enfin le temps employé à arriver au bord du labyrinthe est aussi trés long; l'Arthropode n'a plus fait, en moyenne que 1,7 centimétre par seconde.

Làché sur le sol de la chambre, il se heurte à tout obsta- cle, quelque petit qu'il soit, par exemple la tige d'un crayon ou le doigt que l'on place verticalement sur son trajet.

Si nous récapitulons les résultats obtenus jusqu'ici, nous constatons que, dans le labyrinthe :

La Lithobie intacte. . . Heurtelesobsta- Conserveunedi- Parcourtpar cles de front, reciiongénérale, seconde 2,4cent,

LaLithobie aveuglée, avec MOAS 0 x

Id, Id. vo, cent. La lithobie munie d'yeux, j sans antennes .'. . Id. Id. 2,9 cent. La Lithobie aveuglée, sans antennes . , . , , Id, Ne conserve au- cune direction Cryptops (aveugle) in- WEST IS S 1d. Id. 1,9 cent.

Le Crypto S. Ne Lm pps rare Id. ld. 4,0 cent.

( 432 ) De quelque facon que l'on envisage ce qui précède, la conclusion qui s'impose est que la vision proprement dite doit être à peu près nulle;

Lithobies intactes libres et obstacles mobiles. Pour déterminer jusqu'à quel point les yeux sont utilisés, je laisse des Lithobies en liberté sur le parquet de sapin bien éclairé d'une assez grande chambre recevant le jour par deux fenétres situées d'un méme cóté (1).

Au bout d'une canne légére j'ai fixé, daus un plan ver- tical, une lame de liége rectangulaire des dimensions d'une carte de visite. On peut ainsi, en circulant dans la chambre et en restant debout, maintenir la lame de liége vertica- lement sur le sol, en un point quelconque, de facon à créer un obstacle on le juge convenable.

En outre, comme il est facile d'attacher sur la lame, à l’aide de deux épingles, des rectangles de méme dimen- sion en papier blanc, noir ou de couleurs vives, il y à moyen de faire des expériences, non sur la visibilité des couleurs, ce qui n'a pas été dans mes intentions, mais sur les influences de l'éclat offert par la surface de l'obstacle et du contraste existant. entre la teinte de cet obstacle et “celle du parquet.

Les Lithobies libres marchent en général en ligne droite

SE EES R HU E So oU E La er

(1) La chambre est au second étage de ma demeure, les fenétres, qui sont larges, donnent sur des jardins et des prairies, le plafond complétement uni, sans moulures, est blane, enfin le papier de tenture des murailles est d'un gris clair, de sorte que les condilions d'éclairage sont fort bonnes.

( 433 ) soit vers les fenêtres, soit parallèlement à ces ouvertures, soit vers le fond de la chambre.

A. Lame de liège seule. Je place de temps en temps la lame de liége transversalement sur le trajet du Myrio- pode, à 5, à 10 et méme à 20 centimétres en avant de celui-ci.

Toujours et cent fois de suite, si l’on veut, la Lithobie vient se heurter perpendiculairement à l'obstacle et ne se détourne à droite ou à gauche qu'après le contact brusque de ses antennes avec l'objet rencontré.

B. Lame de carton blanc. Le liége ayant une teinte brunátre neutre peu différente de celle du parquet, on le recouvre d'une lame de carton bristol blanc.

Dans ces conditions, chaque fois que la position de cette plaque est telle qu'elle se présente à contre-jour ou seule- ment obliquement, de facon à étre obscure ou à offrir une teinte neutre, le Myriopode la heurte comme il se heurtait à la lame de liége. Si, au contraire, la lame est éclairée en plein, de maniére à trancher par son éclat d'un blanc pur sur la surface brunâtre du sol, l'animal aperçoit l'obstacle et change de direction pour passer à cóté.

La distance se manifeste cette perception oscille entre 10 et 15 centimètres. Un grand nombre d'essais sur divers individus me conduisent à admettre 10 centimétres comme étant la distance la plus fréquente.

C. Essai alternatif de la lame de liége et de la plaque blanche. La lame n'étant. couverte de carton blanc que sur une face, il suffit de faire tourner la canne entre les doigts pour présenter le liége aux Lithobies,

( 454 )

En pleine lumière, la lame de liège reste presque tou- jours inapercue et est rencontrée perpendiculairement. Si on présente la face blanche, l'obstacle est vu dans la grande majorité des cas. L'expérience qu'on peut répéter à satiété est excessivement démonstrative.

Les petits individus paraissent ne percevoir la présence de la lame blanche éclairée qu'à une distance moindre que les individus ordinaires. Une petite Lithobie d'un centi- mètre et demi de longueur ne se détournait qu'à 7 centi- mètres de la plaque.

D. Emploi alternatif du blanc et du jaune vif. L'une des faces de la lame de liége est revétue de carton blanc, l'autre de papier jaune (1).

Autant qu'il est possible d'en juger, l'effet du jaune est à peu prés le méme que celui du blanc, avec un léger désa- vantage cependant.

E Lame d'un vert cru (vert-de-gris pur) (2). Résultat beaucoup moins net que pour le blanc. Le Myriopode ne se détourne plus chaque fois et, lorsqu'il le fait, ce n'est qu'à 6 ou 7 centimètres du carton vert.

F. Lame d'un bleu franc (voisin du bleu du spectre). Résultat imparfait analogue. Quand la Lithobie manifeste de la perception, c'est à 10 centimétres de l'obstacle.

G. Lame d'un beau rouge (rouge cerise) (5). Chose

PR PER Nee TUA CAE NUR PE E

(4) Jaune de chrome clair des peintres.

(2) Vert de Paris dans le commerce des papiers destinés aux car- tonnages de luxe. s

(9) Rouge de Perse, id. (c'est le plus beau rouge que l'on puisse trouver dans le commerce).

(‘455 ),

curieuse, le rouge agit comme une teinte neutre, méme dans des cas oü, sortant des conditions habituelles, j'ai fait en sorte que la plaque fût éclairée par le soleil; le Myrio- pode va s'y cogner en plein à peu prés à coup sûr. L

- H. Essai alternatif du rouge et du blanc. La lame de liége porte sur une face une plaque rouge et sur l'autre une plaque blanche.

Sauf de petites indici inévitables dans ce genre d'expériences, la plaque rouge bien éclairée n'est jamais vue, tandis que la plaque blanche l'est toujours et améne constamment le Myriopode à changer de direction.

Cette invisibilité du rouge n'a rien qui doive beaucoup étonner si l'on songe qu'il résulte des expériences de V. Graber qu'un grand. nombre d'animaux lucifuges, soit munis d'yeux, soit aveuglés et qui, dans une boite à com- - partiments clairs et obscurs, manifestent leur préférence pour les régions sombres, soumis à des lumiéres colorées l'une bleue et l'autre rouge, fuient la zone bleue pour se porter dans la zone rouge, cette dernière leur produisant la sensation générale d'une zone obscure (1).

Done, en résumé, lorsque l'obstacle est à contre-jour, lorsqu'il réfléchit peu de lumière ou lorsqu'il offre une : couleur telle qu'il agit sur l'animal comme un corps obscur, le Myriopode ne le voit pas. Si, au contraire, l'objet réfléchit beaucoup de lumière blanche ou réfléchit une lumière -

UR, ee Nc wA EI RER RP RE AR PES wissen cog metti

(4) Graser, Grundlinien zur Erforschung des Hellykeits-und Farbensinnes der Thiere, op. cit. Pour ne citer que des Arthropodes, Graber a observé la préférence des animaux lucifuges pour la lumière rouge chez la Blatte germanique aveuglée, puis chez une dizaine de formes intactes, larves, insectes parfaits et arachnides.

( 456 ) appartenant à la région la plus réfrangible du spectre, ce qui pour les Arthropodes lucifuges semble étre à peu prés la méme chose, le Myriopode s'apercoit de sa présence à une distance approximative de 10 centimètres.

Il y a loin de à la vision proprement dite; la distinc- tion entre la lumière et l'obscurité pouvant toujours, pour les Lithobies, ne l'oublions pas, s'expliquer en partie par des perceptions dermatoptiques.

Quant à la vision de la forme des objets, celle-ci n'existe évidemment pas; une dernière expérience le prouve une fois de plus.

Une Lithobie en captivité depuis deux mois au moins et nourrie à l’aide de mouches est déposée dans un grand cristallisoir de 20 centimètres de diamètre dont le fond est garni d’une couche de sable fin humide. Plusieurs jours se sont écoulés depuis le dernier repas, l'animal a faim. La chambre n'est éclairée que par de la lumiére diffuse (1).

Ces conditions établies, on place dans le cristallisoir et, à peu prés suivant le trajet circulaire que décrit le Myrio- pode, trois mouches vivantes privées d'ailes. Or la Lithobie passe un grand nombre de fois à 9 et méme à 1 centimétre des mouches sans les voir. Il faut que ses antennes explo- ratrices écartées rencontrent par hasard un des Diptères pour qu'elle attaque l'insecte et le mange.

(4) Je préviens le lecteur qu'il est inutile d'essayer cette expé- rience avec des Lithobies que l'on vient de capturer et dans une chambre vivement éclairée. Les animaux affolés courront autour du vase en culbutant les Diptéres comme si ceux-ci n'existaient pas. Il est indispensable d'employer des Myriopodes habitués à la captivi et d'éviter un éclairage intense.

Nord ER RE ESS PESE EEE RER i

(457)

§ 5. Expériences sur la Scolopendra subspinipes Kohlrausch (1).

Grâce à l'obligeance d'un membre distingué de la Société entomologique de Belgique, M. J. Puls, en relations con- stantes avec les horticulteurs gantois, j'ai eu à ma dispo- sition un magnifique exemplaire vivant de Scolopendra subspinipes Kohl., arrivé de Bornéo avec des Orchidées (2).

L'animal avait 14 centimétres de longueur et, durant les premières semaines de captivité, offrit les allures d'un Myriopode bien portant.

On sait que les Scolopendra proprement dites n'ont de chaque cóté de la téte que quatre yeux simples assez dis- tants. Les antennes sont médiocrement longues; celles de l'individu observé étaient de 18 articles (pl. 1, fig. 9).

Comme toutes ses congénères, la Sc. subspinipes s'est montrée trés lucifuge; pendant le jour elle se tenait con- Slamment cachée sous les débris d'écorce humide qui gar-

(1) Scolopendra gigantea, C. L. Koch. (Die Myriapoden getreu nach der Natur abgebildet-und beschrieben, 11 Band, p. 9, fig. 155, Halle, 1865). L'animal a porté une foule de noms, comme le prouve le remarquable travail de Fr. Meinert : Myriapoda Musei Cantabrigensis (Americ. philos. n PRIE 2, aen que Von ne saurait trop recommander aux nat [ titud, les Chilopodes exotiques.

(2) D’après le méme Mémoire de Meinert, cette espèce figure ds les musées comme reçue de toutes les régions tropicales.

(/498 ). nissaient le fond du vase elle était renfermée. Déposée dans la boite à compartiments alternativement clairs et obscurs décrite plus haut ($ 4, pl. I, fig. 5), elle se réfugiait toujours au bout de fort peu de temps dans une région sombre. Enfin, placée sur le parquet de la chambre, elle s'éloignait généralement des fenétres. Voici le résumé de quelques expériences :

A. Emploi d'obstacles fixes. (Lumière diffuse vive, température de l'appartement + 19° c.)

Je mets la Scolopendre au milieu d'un labyrinthe impro- visé composé de quatre grandes enceintes concentriques placées à 10 ou 12 centimètres l'une de l'autre, et formées de blocs de bois blanc et de gros livres in-8° à reliures d'un vert obscur ou d'un brun foncé posés à plat. Ces obstacles sont séparés par des intervalles d'au moins 10 centimètres. L'aire centrale a 80 centimètres de diamètre (1).

La progression est beaucoup plus lente que celle des Lithobies, mais l'ensemble des allures est identique. Comme les Lithobies intactes, la Scolopendre vient rencontrer les barrières perpendiculairement, les explore activement à l'aide de ses antennes et les longe avant de les contourner.

J'ai noté, dans six des essais, l'ordre dans lequel ont eu lieu les arrêts contre les obstacles. Le signe + représente

NENNEN

(1) Afin d'éviter d'effrayer le Myriopode, qui était excessivement craintif et irascible, je ne l'ai jamais pris avec des pinces. A la fin de chaque essai, je mettais simplement, sur le trajet de l'animal, une boite de carton eouchée sur le côté et ouverte; il y entrait infaillible- ment ct c’est cette boite que je retournais doucement lorsqu'il s'agis- sait de placer de nouveau la Scolopendre au milieu du labyrinthe.

RS ON SN SE ee D a e

b 3 4

( 439 ) un arrêt, le signe signifie que le Myriopode passe entre deux objets :

ROREQUEE BR CON PRES

I Q

enceinte | enceinte, | enceinte. | enceinte. | Premier essai . + + + Desin sur Ti + + + + TROSICORP o Cree qus Li LE ER dom Quatrième -+ + -r Cinquième + + se ET Sixième , -+ + +

La seule inspection de ce petit tableau montre combien les arrêts contre les obstacles ont été fréquents.

B. Emploi d'obstacles mobiles (lumière diffuse vive. Température de l'appartement + 21°¢).

Ainsi que dans une partie des expériences sur les Litho- bies ($ 4), l'obstacle mobile est une plaque de liège fixée au bout d'une canne. L'une des faces de cette plaque est revétue de carton blanc, de sorte que l'observateur peut, à volonté, présenter à l’Arthropode, soit la face liège, soit la face blanche.

On se rappelle que, dans ces conditions, les Lithobies Viennent rencontrer la plaque de liége placée en pleine lumière, mais qu'elles voient, au contraire, presque tou- jours la plaque blanche éclairée et qu'elles changent alors de direction à une distance de 10 centimétres environ.

La Scolopendre a la vue eneore plus mauvaise, car elle heurte la plupart du temps l'obstacle présenté, que celui-ci

( 440 ) soit d'un blanc éclatant ou de teinte neutre. Lorsqu'elle se détourne, ce qui est relativement rare, c’est aussi à peu près à 10 centimètres de l'objet.

Certaines précautions sont indispensables pour ne pas fausser les résultats et pour ne pas en déduire, par con- séquent, des conclusions erronées : la Seolopendre, comme presque tous les Arthropodes munis d'yeux, percoit les grands mouvements; ainsi, si on déplace un peu vite l'ob- stacle à droite ou à gauche, une incurvation brusque de la partie antérieure du corps du Myriopode montre que celui-ci a acquis la notion de l'existence d'un objet mobile à droite ou à gauche de sa téte. Il faut donc éviter les mouvements trop brusques et poser la plaque à 20 ou 50 centimétres en avant de l'animal (1).

CHILOGNATHES.

$ 6. Expériences sur l'Iulus londinensis Leach.

Les [ules ont des antennes assez courtes, coudées vers le bas, de huit artieles, les trois derniers formant une petite massue, Derrière chaque antenne existe un groupe d'yeux simples, serrés les uns contre les autres, constitué par cinq séries verlicales d'au moins dix yeux chacune (pl. J, fig. 10).

PAR i

(1) On trouvera dans une petite note que j'ai publiée sous le titre : Observations sur une grande Scolopendre vivante (Comptes rendus de la Société entomologique de Belgique, 6 août 1887), la description de quelques autres faits concernant l'exemplaire dont il est question dans ce paragraphe.

( 441 )

le résultat ci-dessous :

Dans les régions éclairées 4, 0, 2, 0, 3, 4 3

Régions obscures 195 R t: = = 17,8 Lc Régions éclairées T

| Tolaux. : Dans les régions obscures 91, 92, 20, 22, 49, 21 125 :

tiques (1).

! La station habituelle de ces animaux, sous les pierres, entre les racines des plantes, sous les écorces, etc., per- mettait de supposer qu'ils se montreraient trés lucifuges. L'expérience suivante, effectuée sur vingt-deux individus déposés dans la boite à compartiments éclairés et obscurs (pl. I, fig. 5) et examinés toutes les cinq minutes, a donné

Les lules distinguent donc nettement la lumière de l'obseurité, faculté qui, comme pour les autres Myrio- podes, peut tenir, en partie, à des perceptions dermatop-

(20 individus) : Tota

Dans les régions obscures 44, 46, 44, 45, 12, 44, 41, 12, 13, 16 Dans les régions éclairées 6, 4, 6, 5, 8, 6, 9, 8, 1, 4

Régions obscures m E 2,1 17.

mds ‘Régions éclairées

tables, mais assez faibles.

(1) Dans ma notice : Observations sur les mœurs du Blaniulus gullulatus Bosc et expériences sur la perception de la lumière par ce Myriopode aveugle (Comptes rendus de la Société entomologique de Belgique, 4er octobre 1887), j'ai publié le résultat suivant obtenu à

.laide d'un Chilognathe voisin des lules, mais dépourvu d'yeux

qui démontre l'existence de perceptions dermatoptiques incontes-

( 442 )

Lorsque ces Arthropodes circulent sur une surface, ils palpent constamment le sol à l’aide de leurs deux antennes, dont ils touchent le terrain de mouvements alternatifs. Sauf la lenteur des déplacements, on dirait qu'ils jouent du tambour.

- Déposés dans le labyrinthe à barrières d'un centimètre de hauteur (voyez $ 4, pl. I, fig. 6), les Iules n'évitent aucun obstacle; ils les abordent perpendiculairement, absolument comme s'ils ne les voyaient pas, les tàtent de leurs antennes, les longent sans cesser de palper, puis vont rencontrer les obstacles de l'enceinte sui- vante, ete.

Les obstacles blancs bien éclairés d'un centimètre de hauteur ne sont pas mieux vus que ceux de teinte neutre ou de couleur foncée, mais les Myriopodes en question se détournent et changent de direction lorsqu'on leur pré- sente, en pleine lumiére diffuse, un rectangle blanc d'une surface un peu considérable.

Désirant mesurer jusqu'à un certain point la valeur de cette perception, j'ai fait des expériences répétées en met- tant sur la route d'un Iule circulant sur une table en bois foncé presque noir, des rectangles verticaux de carton blane de plus en plus petits, et en notant la distance moyenne l'animal déviait de la ligne droite, distance que l'on peut considérer comme étant celle a lieu la perception. J'ai obtenu ce qui suit :

Rectangle de : . L'Tule se détourne 6 cent.sur10—60 c.c2. toujours . . . à 40 cent. en moy. 6 cent.sur 5—30 c.c? id. » + > à 40 cent. en moy. o censur 292—465 Ce id . . . à 9 cent. en moy, 2,5 cent.sur 3 = 7,5 c.c?, parfois et seulementà 1 cent. en moy.

( 445 )

La perception est done encore nette lorsque le rectangle a une surface de 15 centimètres carrés (quart d'une carte de visite ordinaire); pour 7,5 centimétres carrés (huitiéme d'une carte de visite), elle devient fort douteuse. Il est, par conséquent, évident qu'il ne s'agit pas de la perception de la forme des objets, mais simplement de la perception de la lumière blanche réfléchie. Lorsque la surface réflé- chissante est un peu grande, l'Tule a la notion vague d'une zone lumineuse et, comme il est lucifuge, il cherche natu- rellement à passer dans une zone obscure.

Enfin j'ai employé un procédé fort simple qui m'a donné avec les Chenilles des résultats assez nets. L'Iule est placé sur une petite baguette horizontale de 20 centi- métres de long portée par un fil métallique vertical implanté au milieu de sa longueur. Le tout a done la forme de la lettre T (pl. I, fig. 7). L'animal circule librement sur la barre horizontale du T, mais ne peut en deseendre à cause du faible diamétre et du poli du fil métallique.

Dans cette situation, le Myriopode s'arréte de temps à autre, comme les Chenilles, pour balancer dans divers sens la moitié ou le tiers antérieur de son corps à la recherche d'un nouveau point d'appui qui lui permette de quitter son support. On saisit ces instants pour présenter à l'Iule, à des distances variables, une deuxième baguette verticale du diamètre d'un crayon.

Or, si on fait bien attention de ne pas confondre les incurvations exécutées au hasard, avec des mouvements effeclués dans le but de saisir un objet vu, si l'on met, par exemple, la baguette à droite de la téte pendant que l'animal se courbe lentement vers la gauche, on peut

( 444 )

s'assurer que les yeux ne sont d'aucun secours; l'lule semble ne voir, méme à un centimétre, ni une baguette couverte d'écorce, par conséquent de couleur terne, ni un cylindre de papier blane de méme diamétre; mais dés qu'on agit de facon qu'une antenne fróle l'objet, la pré- sence de celui-ci est reconnue et le Myriopode s'y attache d'un mouvement vif.

Le róle prépondérant des antennes, dont la sensibilité tactile supplée à l'insuffisance ou à l'absence de la vision, peut encore être nettement démontré en plaçant vertica- lement devant un lule qui marche une petite baguette plus étroite que la distance qui sépare les extrémités des antennes écartées. Si l'obstacle est touché par un des appendices antennaires, le Myriopode s'arréte à temps, palpe et se détourne; mais si l'objet est bien situé dans l'ouverture de l'angle formé par les antennes qui, prolon- gées, viendraient donc se placer à sa droite et à sa gauche, l'lule se heurte brutalement, absolument comme un aveugle marchant les bras étendus et un peu écartés peut aller se meurtrir le visage contre un trone d'arbre.

$ 7. Expériences sur la Glomeris marginata Villers (G. limbata, Oliv.).

Ces petits Myriopodes oniscidiformes ont, de chaque côté de la tête, huit yeux simples, disposés suivant une ligne à peu près verticale. Les antennes de sept articles sont analogues à celles des Jules (pl. 1, fig. 11).

J.-F. Brandt, daus ses Observations sur le genre de vie

( 445 )

et la physiologie des espèces du genre Glomeris (1), a bien décrit, dès 1841, la manière dont les animaux en question progressent en tâtant constamment le sol à l'aide des extrémités de leurs antennes. Le róle de ces appendices comme organes d'exploration lui a paru trés important, tandis que celui des yeux, dont il jugeait par les mouve- ments des Glomeris, lui a semblé fort réduit.

Voiei ce que j'ai pu constater de mon cóté : les ioni distinguent la lumière de l'obseurité et sont lucifuges. Placées dans la boite à compartiments éclairés et obscurs (pl. 1, fig. 5), elles vont toujours, après un temps dont la durée assez considérable tient à la lenteur de leur marche, se réfugier dans une zone sombre.

Sur une table située devant une fenétre, elles se diri- gent plus ou moins obliquement vers l'intérieur de l'ap- partement.

Enfin, mises dans le labyrinthe à barrières de 1 centi- mètre de hauteur, elles n'évitent aucun obstacle; elles les abordent directement, les tàtent à l'aide des antenues, les longent entiérement, puis vont se comporter de méme vis-à-vis des obstacles situés plus loin.

Bien que l'excessive lenteur des mouvements rende l'interprétation de ceux-ci difficile, estime que la vision proprement dite est à peu prés nulle.

(1) Baawpr, dans : Recueil de Mémoires relatifs à l'ordre des Insectes Myriapodes (Bulletin scientifique de l'Académie des sciences de S'-Petersbourg, pp. 162 et 167, 1841).

Ó"* SÉRIE, TOME XIV. 30

( 446 )

§ 8. Résumé des résultats fournis par les Myriopodes.

De ce qui précéde on doit, je pense, tirer les conclu- sions suivantes :

1* Les Myriopodes distinguent la lumiere de l'obscurité;

Cette propriété existant aussi chez les Myriopodes normalement aveugles, la perception de la lumière peut, chez les formes munies d'yeux, s'expliquer partiellement par des sensations dermatoptiques;

Les Myriopodes voient trés mal et suppléent à Pin- suffisance de la vue par le toucher, principalement localisé dans les antennes;

4^ Les espéces possédant des yeux ne sont guére mieux partagées à cet égard que celles qui sont aveugles;

^ Les Myriopodes munis d'organes visuels ne per- coivent, à distance, l'existence d'un obstacle placé sur leur route que si celui-ci réfléchit beaucoup de lumière blanche, ou une lumiére appartenant à la région la plus réfrangible du spectre. Cette perception est probablement en partie dermatoptique;

Les Myriopodes ne distinguent pas la forme des objets;

. Certains d'entre eux semblent percevoir les grands mouvements. ;

Les idées théoriques de Grenacher (voir $ 3) qui, en se basant sur la structure seule, émit l'opinion que dans l'œil simple des Myriopodes il ne se produit pas d'image et que ces animaux ne sauraient avoir d'autres notions qué

( 447 ) celles de lumiére et d'obscurité, étaient done exactes sur ce point (1).

Ajoutons, enfin, que l'imperfection des sensations visuelles chez les uns, l'absence totale d'yeux chez d'au- tres, sont parfaitement en accord avec le genre de vie de ces Arthropodes qui, habitant dans l'intérieur du sol, sous les pierres et sous les écorces, passent tous leur existence, comme les animaux des cavernes, dans des milieux sombres le sens de la vision n’a pu se déve- lopper.

EXPLICATION DE LA PLANCHE I.

Fig. 1. Figure schématique d'un œil postérieur d'Araignée (com- binaison d'une figure de Grenacher et d'un schéma de Patten).

l. Lentille cuticulaire avec ses couches emboitées.

h. Hypoderme.

c. v. Corps vitré (modification de l’hypoderme).

m. Membrane basale ou prérétinienne.

b. Corps bacillaires doubles formés de deux bâtonnets accolés.

o. Ommatidie constituée par deux retinophores (cellules rétiniennes) accolées et plus ou moins complètement fusionnées.

(1) La coincidence entre une hypothése de Grenacher et les résul- tats de l'expérience ne signifie pas le moins du monde que l'interpré- fation faite par le savant histologiste de la structure des yeux des

Yriopodes soit la bonne. Le désaccord entre ses vues et celles d'au- tres auteurs sérieux est tel, que la question mérite d'étre reprise orne en évitant les productions artificielles résultant de

l'emploi de certains réactifs.

Fig.

Fig

( 448 ) p. Prolongement effilé d'une ommatidie, pris par presque tous les auteurs pour un filament nerveux. r. r. Rétinidies (réseaux nerveux) dans les corps bacillaires. n. n. Nerfs axiles.

On a fait abstraction des cellules pigmentaires. Les nerfs axiles et les rétinidies ne sont intentionnelle- ment représentés que sur la moitié droite de la figure, afin de faire saisir la différence entre les interpréta- tions récentes droite) et les anciennes gauche).

2. Figure schématique montrant comment, dans l'œil d'Arai- gnée, l'ommatidie résulte de l'accolement et de la fusion de deux rétinophores ou cellules rétiniennes munies, chacune, de son bâtonnet bilatéral.

9. Figure schématique d'œil simple d'Insecte (combinaison d'une figure de Grenacher et d'un schéma de Patten).

Les lettres ont la méme signification que dans la fig. 1.

Les ommatidies sont encore constituées chacune par deux cellules, mais dont les noyaux sont, cette fois, à des hauteurs différentes. Les corps bacillaires et, par conséquent, les rétinidies, sont terminaux.

4. Figure schématique d'une ommatidie d'œil d'Insecte (en grande partie d'aprés Patten).

5. Boite de verre recouverte extérieurement de papier noir, pour les expérienees sur les perceptions dermatopti- ques. La face tournée vers la lumiére comprend trois portions transparentes et trois portions opaques.

6. Labyrinthe avec obstacles d'un centimètre de hauteur. La hauteur des obstacles a été un peu exagérée sur le dessin, afin de rendre ce dernicr plus clair.

7. Baguette horizontale portée par une tige métallique et servant aux expériences sur la vision des lules ou des Chenilles.

8. Téte de Lithobius forficatus montrant la disposition des yeux. Grossissement 7.

9. Téte de Scolopendra subspinipes, id. Grossissement 4.

10. Téte d' [ulus londinensis, id. Grossissement 7. 11. Téte de Glomeris marginata, id. Grossissement 15.

D Bulletins. Serie, Tome AN

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Zu, O-Severems, Brurelles

Remarques au sujet de l'éclipse totale de soleil, du 19 août 1887 ; par L. Niesten, astronome à l'Observatoire royal de Bruxelles.

(Communiqué par M, Folie, directeur de cet établissement.)

Un examen sommaire des photographies prises pendant la durée de la dernière éclipse totale nous donne l'espoir de pouvoir, en agrandissant les images, étudier en détail la structure de la couronne; leur comparaison avec les résul- tats obtenus des éclipses précédentes nous permettra d'ajouter quelques données relatives à la configuration extérieure de l'enveloppe solaire.

Une série de photographies du soleil, que le directeur de l'Observatoire se propose de prendre dans certaines conditions d'exposition, viendra aider à prouvrer ce qui appartient réellement au soleil dans les appendices lumi- neux et de structure si variée que montrent les dessins et les photographies autour de la chromosphère.

Nous pouvons déjà établir les deux points suivants, d'aprés la comparaison de nos photographies avec celles obtenues par M. Karelin, de Nijni-Novgorod, qui opérait, comme nous, à Jurjewetz :

1* Avec les plaques sensibles de Van Mobkdoins: des objectifs photographiques « portrait-lenses » d'un dia- mètre de 12 centimètres donnent presque instantanément (1/50 à t/s de seconde) une image, non seulement des protubérances, mais aussi de la couronne. On pourra done, dans les observations d bes se pour photo- graphier le phénomène, d'emporter avec s disposés sur des montures paroligi qui sont toujours d'un transport difficile et coûteux ; b 2" Des temps de pose de 30 secondes ne donnent pas

( 450 )

des images plus détaillées de la couronne que celles que l’on obtient au bout de 8 secondes; il en résulterait que ce qui forme réellement la couronne solaire doit se montrer au bout d’un temps de pose très court. Si, dans les photo- graphies de la couronne obtenues après une durée d’expo- sition de plus d’une minute, on obtient des auréoles éten- dues et des appendices lumineux, ne devrait-on pas les attribuer à des phénomènes physiques dus aux conditions atmosphériques, ou à des effets de lumière produits dans l'appareil photographique lui-méme, effets d'autant plus seusibles que le temps d'exposition des plaques photogra- phiques est plus long?

A ce sujet, nous croyons intéressant de mentionner que, parmi les photographies de Jupiter que nous avons prises à l'Observatoire de Bruxelles, les images obtenues aprés un temps de pose de 2 secondes étaient parfaitement nettes et définies, tandis que celles exposées pendant 30 secondes montraient une auréole autour de la planète.

Sur un mode de préparation de la phénylhydrazine; par A. Reychler, docteur en sciences, à l'Université de Bruxelles.

J'ai obtenu de la phénylhydrazine d’après un procédé qui n'est point sans présenter quelque analogie avec celui de Fischer. Les matériaux employés sont les mêmes, mais ils entrent en réaction dans un ordre inverse.

Une solution d'une demi-molécule de carbonate de potassium, tenant en suspension une molécule d'aniline, est traitée par un courant d'anhydride sulfureux jusqu'à dissolution complète de la base organique. Dans cette satu-

( 451 ) ration, qui va jusqu’à donner des bisulfites, on évite avec soin l'addition d'un trop grand excès de gaz sulfureux.

La liqueur obtenue est ensuite versée lentement dans une solution aqueuse d’azotite de potassinm, que l'on a eu soin de neutraliser au préalable par quelques gouttes d'acide acétique. | La réaction donne lieu à un dégagement de chaleur peu considérable, ne nuisant pas au rendement si les liquides à mélanger ont été quelque peu refroidis. | On obtient alors, sans aucun dégagement gazeux, une | solution jaune et un abondant précipité de la méme cou- leur. Celui-ci consiste en diazobenzolsulfonate de potas- sium, sans doute déjà mélangé d'une faible proportion d'hydrazine sulfonate.

Un repos d'une couple d'heures est alors nécessaire, pendant lequel on voit le précipité pâlir en nuance, à mesure que le diazobenzolsulfonate subit l'influence réductrice du milieu sulfureux. En méme temps la réac- tion du mélange devient nettement alcaline.

Il ne s'agit plus alors que d'achever la réduction déjà commencée. A cet effet, on chauffe le tout au bain-marie jusqu'à produire une solution claire, on rend la réaction acide par l'addition d'un léger excés d'acide acétique, puis on ajoute prudemment du zinc en poudre et de l'acide chlorhydrique étendu jusqu'à réduction, c'est-à-dire déco- loration, complète.

La solution filtrée, additionnée d’un peu d’acide chlor- hydrique, est alors concentrée à feu nu. Si l'on a poussé l'évaporation suffisamment loin, l'addition d’une quantité peu considérable d'acide chlorhydrique concentré suffit pour faire naitre un abondant précipité de chlorhydrate de phénylhydrazine.

Le rendement en chlorhydrate brut est assez variable : il

STEPS TN

( 452 ) se rapproche le plus souvent de 85 °/, de la quantité théo- rique. Le rendement en produit vrai (déduit du dosage de l'azote dans le produit brut) n’est guère que de 65 à 70 */,.

Le reste de la phénylhydrazine a été en partie détruit lors de l'évaporation, laquelle donne lieu à un faible déga- gement de produits hydrocarbonés (?). En majeure partie il se trouve daus les eaux-méres du chlorhydrate : forte réaction par la liqueur cupropotassique.

L'extraction de la base libre se fait d'aprés le procédé de Fischer. Elle présente absolument les caractères de la phé- nylhydrazine. Par son aspect, elle ressemble beaucoup au . phénol. Elle est solide à la température ordinaire, bout vers 256^, réduit à froid la liqueur cupropotassique et donne avec l'acide pyruvique le produit de condensation caractéristique.

Dans mes essais j'ai employé le plus souvent :

5/49 de poids moléculai 26 à 30 grammes d'azotite de potassium. 5/40 de poids moléculaire 98 grammes d'aniline. 5/29 de poids moléculaire = 21 grammes de carbonate de potassium. Pour une opération, il fallait environ 500 c. c. d'eau, dont 300 c. c. pour la dissolution des bisullites. Le mélange des deux solutions prenait à peine cinq à dix minutes. La quantité totale d'acide chlorhydrique à employer était de 80 à 100 c. c. L'interprétation théorique de la réaction me parait devoir se rattacher aux travaux de Raschig sur les acides sulfazotés (1). Une molécule d'azotite alcalin et une molé-

a A A EE NUNT d

(1) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. XX, pp- 584 et 1158.

Mon étude a éte faite antérieurement à ces pub'ications ct allait donner lieu à des recherches sur les acides sulfazotés, quand parut dans les Berichte le communiqué de Raschig.

( 455 ).

cule d'acide sulfureux tendent à former comme premier produit de condensation une molécule de dihydrox ylamine sulfonate de potassium :

KO NO + HS0,H N (0H), SO,K

lequel, trouvant une molécule d'aniline à sa disposition, forme le produit diazoté CHN N SO;K.

La réduction ultérieure en dérivé d'hydrazine est opérée par la molécule additionnelle de bisulfite et par l'hydro- gène naissant (Zn + 2HCI).

La méthylaniline ne se prête point à la même transfor- mation. La réaction du mélange devient ici fortement alcaline, et la base organique se trouve précipitée. Dans ces conditions il se forme probablement de l'hydroxyla- mine disulfonate de potassium.

Pour finir, je ferai remarquer que l'opération inverse de celle qui a été décrite (verser l'azotite dans la solution des bisultites) conduit à uu tout autre résultat. Les produits de cette réaction n'ont pas été étudiés. Ils forment proba- blement un mélange variable de dérivés diazotés et diazo- amidés, mélés à leurs produits de décomposition.

La Classe se constitue en comité secret pour prendre

connaissance de la liste des candidats présentés par les sections pour les places vacantes.

+

TS e

( 484 )

CLASSE DES LETTRES.

Séance du 10 octobre 1887.

M. P. De Decken, doyen d'àge, occupe le fauteuil. M. LiacnE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. le baron J. de Witte, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, A. Wagener, P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Potvin, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, L. Roersch, membres; M. Philippson, associé; Alex. Henne et A. Van Weddingen, correspondants.

M. Bormans, vice-directeur, écrit qu'il est empêché assister à la séance.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Tra- vaux publics demande que la Classe des lettres procède, conjointement avec la Classe des sciences, à la formation de la liste double des candidats pour le choix du jury chargé de juger la première période du concours décennal des sciences philosophiques (1878-1887).

( 455 ) Le même Ministre demande une liste double des can- didats pour le choix des jurys chargés de juger : La période du concours quinquennal de littérature francaise (1885-1881); La 10* période du concours triennal de littérature dramatique en langue francaise (1885-1881). Ces élections auront lieu dans la séance du mois de novembre. Le méme Ministre envoie : A. Une copie de l'arrété royal du 30 juillet dernier nom- mant MM. P.-J. Van Beneden et Briart, proposés par la Classe des sciences, et MM. de Laveleye, Liagre et Rivier, proposés par la Classe des lettres, comme membres du jury chargé de juger le quatriéme concours pour la collation du prix fondé par le docteur Guinard;

B. Les ouvrages suivants destinés à la bibliothéque de l'Académie : Catalogue descriptif et critique des manuscrits d Am- phonius se trouvant dans la Bibliothéque royale d'Erfurt, une des collections les plus riches et les plus recherchées de l'Europe, en ce qui concerne la littérature scolastique. (En allemand.) Don du Gouvernement impérial allemand; 2^ La Flandre orientale et ses anciennes archives, manuel de renseignements, publié par Félix d'Hoop; Sur la liberté de réunion, mémoire présenté au con- Cours universitaire de 1886 pour la collation des bourses de voyege, par L. Dupriez; 4^ Les mauvaises langues, par Jules De Soignie ;

9* Bulletin de la Société d'art et d'archéologie du diocése de Liège. Tomes I“ à IV;

6* Histoire de la discipline parlementaire, par Auguste

Reynaert. Remerciements.

( 456 )

Hommages d'ouvrages :

Le texte originaire du Yih-King, sa nature et son interprétation, par C. de Harlez. (Présenté par M. P. Wil- lems avec une note qui figure ci-après);

a) I documenti del archivio di Barcelona, e il ribella- mento di Sicilia contro Re Carlo, nel 1282 ; b) L'apologetica cattolica e gli studi etnografici, storici archeologici contem- poranei, par Vincenzo di Giovanni (Présentés par M. Alph. Le Roy);

Le mien et le tien, causerie populaire, traduite de l'itatien par Camille Wiliquet. (Préseuté par M. Alph. Le Roy avec une note qui figure ci-après.) Remer- ciements.

M. Alex. Henne écrira pour l'Annuaire prochain la notice nécrologique sur Alphonse Vandenpeereboom, ancien membre de la Classe des lettres. Remercie- ments.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de notre con- frère, Me de Harlez, un exemplaire d'une étude intitulée : Le texte ordinaire du Yih-King, sa nature et son interpré- tation.

Les Chinois possédent un livre qui remonte à une haute antiquité et dans lequel ils ont prétendu trouver tons les principes et les mystères de toutes les sciences philoso- phiques, morales, politiques, naturelles, etc. Aucune découverte européenne qui ne soit prévue par ce livre. H s'appelle Yih-King ou livres des changements. Ce n'est en somme que l'explieation de 64 groupes formés chacun

( 457 )

de six lignes droites, horizontales et parallèles, dont les unes sont pleines, les autres coupées par le milieu. Cette explication tout entière consiste dans des pronostics à tirer de cette figure et de chaque ligne. Il y a 64 sections dont chacune a une figure hexagramme, un caractère chi- nois qui en est le nom, et une double interprétation, l’une de la figure entière, l’autre de chaque ligne. C’est un vrai livre de bonne aventure.

Tout cela est si obscur, que le livre a-été l'objet de plus de mille commentaires sans qu'on y ait vu plus clair. En outre il est si bizarre qu'on a pu dire qu'aucun livre au monde n'est si absurde que celui-là.

Tous les interprètes et traducteurs chinois ou euro- péens ont admis tout cela sans chercher plus loin, et ils ont travaillé là-dessus avec un courage digne d'une meil- leure réussite.

Enhardi par les doutes émis par un savant sinologue de Londres, M. de Lacouperie, M. de Harlez s'est demandé s'il n'y avait pas autre chose à trouver dans le fonds originaire du Yi^-King. Après une étude approfondie, il a constaté que primitivement ce n'était nullement un livre de bonne - aventure ridicule, mais un recueil de réflexions philoso- phiques tout à fait dans le goüt des meilleurs philosophes Chinois, et, dans la seconde partie ou commentaire, une Série d'explications lexicologiques, des exemples d'appli- Ccalion du sens des mots et autres choses semblables, le tout selon le systéme des dictionnaires chinois.

Pour arriver à ce résultat inattendu et si intéressant, il ne lui a fallu que traduire naturellement tous les mots du texte, en rendant aux premiers caractères chinois leur róle naturel d'interprétation des figures, au lieu d'y voir de simples sons, et en écartant les termes d'augure et de nécromancien qui sont venus interpoler et défigurer un

( 458 ) texte des plus rationnels, sans forcer le sens en aucun point. On pourra comparer les deux résultats et interpré- lations.

La nouvelle interprétation est certainement, autant que nous pouvons en juger, rationnelle et concordante, et remet le vieux livre chinois parmi les œuvres sensées et dignes d'attention. Aussi l'interprétation de M. de Harlez a-t-elle déjà recu l'approbation des sinologues les plus en renom. P. WILLEMS.

J'ai l'honneur d'offrir à la Classe des lettres un ouvrage intitulé : Le mien et le tien, causerie populaire, traduite de l'italien, par Camille Wiliquet.

M. l'avocat Wiliquet nous offre aujourd'hui une nou- velle traduction de l'italien. Son choix n'a pas été moins heureux que d'habitude. Il s'agit d'un simple opuscule de moins de cent pages, mais qui en dit plus que maint gros livre, du moins pour la classe de lecteurs à laquelle il s'adresse. L'auteur est M. Aristide Gabelli, député au par- lement d'Italie, et le titre est suffisamment significatif : Le mien et le tien. Rien de neuf dans ce cadre, on a soin de le déclarer tout d'abord; des vérités aussi vieilles que la société humaine elle-méme, mais des vérités qu'il est plus que jamais utile de rappeler au peuple, en ce temps les sophistes l'égarent à plaisir et « les révolutionnaires sans le savoir » sont de plus en plus nombreux. Le danger est imminent, surtout dans les pays à gouvernement pope" laire, livrés aux fluctuations de l'opinion, préoccupés de compter les suffrages au lieu de les peser.

L'absurdité des théories égalitaires qui, si elles étaient un instant réalisables, n'aboutiraient qu'à l'égalité de la

( 489 ) misère; le salut et la prospérité de l'ouvrier dépendant de son esprit de conduite; la propriété reconnue comme le fondement de la vie civile : ce sont autant de thèses tri- viales, pour ainsi dire, mais sur lesquelles on est bien forcé de revenir sans cesse, en présence des convoitises malsaines et de l'aveuglement des passions. Cependant les plus élo- quents plaidoyers n'y font rien : le grand point, c'est de parvenir à faire écouter les lecons du bon sens dans la mansarde ou la chaumiére. M. Gabelli a compté, pour arriver à ce résultat, sur l'influence des exemples. Il met en scéne des personnages, raconte tout bonnement leur vie, et finit sur leur céder la parole, attentif à leurs objec- lions et y répondant par des faits précis et par des chif- fres. Tout y passe, depuis la réforme des impóts jusqu'à la réforme des salaires, jusqu'aux illusions de l'école qui ne compte que sur le gouvernement. L'auteur ne croit pas aux panacées, mais il croit au progrès et apprécie haute- ment les institutions modernes, basées sur le respect de la justice. Il montre de la manière la plus pertinente que ceux qui en méconnaissent le bienfait sont en définitive les ennemis de ceux qu'ils tentent de séduire : les oisifs des grandes villes et les dépensiers qui ont contracté des besoins factices. Un discours magistral, prêté à un vieux général américain, présente en un résumé clair les conclu- sions échelonnées dans tout l'ouvrage, dans un langage la fois consolateur et fait pour fortifier les âmes.

Ce petit volume sans prétention, mais dont chaque page contient une lecon pratique et s'inspire d'idées élevées, serait avantageusement, ce me semble, introduit dans nos écoles, et je serais surtout heureux de le voir pénétrer au foyer de famille de ceux pour qui il a été écrit. La Bel- gique peut en faire son profit, comme l'Italie. L'honorable traducteur l'a pensé sans doute; mais ici je me permets de

( 460 ) lui adresser une observation. C'était le cas, ou jamais, non de procéder à une version littérale, mais à ce qu'on est convenu d'appeler une adaptation. Si M. Wiliquet se déci- dait à entreprendre ce travail, il pourrait rendre un véri- table service à nos classes laborieuses, mises directement en cause et ainsi plus vivement intéressées.

ALPH. LE Roy.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Vondel et la Belgique; par J. Stecher, membre de l'Académie.

Le 17 novembre prochain, Cologne fétera le troisiéme centenaire du poéte Vondel, de Agrippijnsche Zwaan (le Cygne agrippinien de Colonia agrippina Ubiorum). On s'y propose de jouer sa tragédie Jephta, il a voulu repro- duire la régularité classique. A Amsterdam, dés septembre, à l’occasion du grand congrès littéraire hollando-belge, le Vondels-park a vu des fêtes magnifiques en l'honneur du plus brillant génie poétique de la Néerlande (1). Anvers, à son tour, a eu son comité institué en vue de cette commé- moration, et pour que tout füt bien national, il se compo- sait fraternellement de libéraux et de catholiques. Ils ont

(1) Vonvez, The great ideal poet of the Netherlands. Saturday- Review du 28 août 1886.

"OEC ANT ET CEE Let

: 11

( 461 )

fait représenter les Leeuwendalers, l'idylle patriotique par excellence. Le conseil communal avait chargé M. Robert Fabri de sculpter un buste du poète destiné à l'une des salles du théàtre flamand, Nederlandsch Schouwburg. Dans les écoles, on s'attachait avec une sorte de fiévre à faire connaitre à la jeunesse la vie et les ceuvres de ce Flamand que la Belgique donna à la Hollande (1). A Bruxelles, l'Union littéraire annoncait qu'elle se ferait représenter aux fêtes d'Anvers. Entin on vient d'inaugurer le 2 octobre le grand théâtre flamand de la capitale par la représen- tation de Vondel, le drame du docteur Van Peene.

I

On conçoit l'enthousiasme de Cologne, Vondel est né, et celui d'Amsterdam, il a composé tous ses chefs- d'œuvre. Mais en Belgique, ne faut-il pas se résigner à dire : « Par la fatalité de nos guerres religieuses, nous avons perdu ce grand coloriste flamand, comme nous avons failli en perdre un plus grand encore, Rubens, à Siegen? »

Quelques traits pris dans la vie et surtout dans l’œuvre de Vondel montreront aisément que notre pays peut revendiquer quelque part de cette gloire. C'est bien un fils de parents belges dont on a voulu célébrer la mémoire.

Joost Vondel (ou Van den Vondel) (2) est à Cologne,

Mediae educ mu e

(1) Cf. Notre Histoire de la littérature néerlandaise en i cce page 238.

(2) Un nom tout à fait brabançon del signifie planche ou pont sur un fossé, ; 9"* SÉRIE, TOME XIV. 51

( 462 ) le 17 novembre 1587. Son grand-père, Peter Kranen, était un de ces rhétoriciens anversois qui de la Renaissance avaient glissé jusqu’à la Réforme, allant plus loin que Houwaert ou que Van Ghistele, fakteur de la Goudbloem. I| s'était fait mennonite, doopsgezind, c'est-à-dire non pas anabaptiste (comme on traduit quelquefois), mais, tout au contraire, une sorte de quaker mitigé par les prédica- tions de Menno Simonis, ancien curé catholique. Poursuivi par les sbires du markgraaf, sans doute pour quelque satire trop hardie, Peter Kranen eut le temps de se sauver à Cologne avec ses enfants. Sa femme, prés d'accoucher, fut enfermée au Steen; mais un cousin, Hans Michiels, se portant caution, obtint sa liberté jusqu'aprés ses couches. Ramenée à la prison par Hans Michiels lui-méme, la pauyre femme apprit bientót qu'elle allait étre condamnée au bücher. On ne lui accorda sa grâce qu'à la condition de faire baptiser un de ses enfants qu'il fallut faire revenir de Cologne. C'était la petite Sarah, qui devait étre la mére du poéte et lui préparer, de loin et comme par influence poétique, sa conversion au catholicisme.

A Cologne, refuge d'un grand nombre de Flamands, les Anversois mennonites formaient une sorte de colonie fer- mée. On ne se mariait qu'entre coreligionnaires (1). Ce fut ainsi que Joost Vondel, un chapelier (hoedstoffeerder), épousa la fille de Peter Kranen, qui, baptisée par force,

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(4) On a remarqué partout cette intime solidarité des proscrits flamands. V. Alph. Willems, Les Elzeviers, p. cLxvit. Nous venons de lire dans le Gids de décembre 1887, p. 549 : « L'histoire de nos Réfugiés, de ces énergiques Flamands qui ont fait la grandeur d'Amsterdam, demeure inconnue malgré le concours institué par la Provinciaal Utrechtsch Genootschap. »

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( 463 )

était bientôt ramenée à la douce religion mennonite de sa famille. Bientôt le nord des Pays-Bas s'affranchit, et les protestants purent obtenir la liberté de leur culte, Pour des Flamands, rentrer en Hollande, c'était alors, grâce à l'identité d'idiome, revenir de l'exil. Le chapelier Joost y songea comme tant d'autres; mais des intérêts de commerce le forcèrent d'abord à résider à Francfort et à Brême. Enfin, en 1598, ii put s'établir à Utrecht, le futur poète commenca son éducation. En 1600, son pére est marchand de bas et de chaussons dans la célèbre Warmoesstraat d'Amsterdam. Dans cette ville, se concentrait alors l'énergie néerlandaise, deux Sociétés de rhétorique fla- mande, épaves de la catastrophe d'Anvers de 1585, avaient la vogue. Elles attiraient, à leurs représentations de Zin- nespelen ou moralités allégoriques, non seulement les réfugiés de Belgique, mais le peuple d'Amsterdam, dont le langage ne différait guère du nies pie que par un peu moins de mots francais.

Le jeune Vondel, on l'a généralement remarqué, fut pro- fondément impressionné par ces jeux de scéne oü, avec une naïveté digne du moyen âge, on cherchait avant tout à édifier un public facilement enthousiaste. M. J. te Winkel (1) a parfaitement dégagé ces traces curieuses de l'influence rhétoricale, A dix-sept ans, en 1605, un épithalame pour le mariage de Clara van Tongerloo, montre le poéte déjà tout formé par ce style flamand mélé de réminis- cences évangéliques et de bizarreries dérivées du mauvais

(1) Vondel als treurspeldichter (Haarlem, 1881). Dans le pre- mier volume de sa Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde, qui vient de paraître, le Dr Te Winkel s'attache à faire ressortir l'impor- tance de l'élément flamand dans la littérature néerlandaise.

( 464 ) goût des auteurs de la période bourguignonne. Ce Schrif- tuerlyck Bruylofts-reffereyn est une de ces ballades pom- peuses dont le refrain ou stock-regel ne manque pas d'af- féterie.

L'an d'après, au concours dramatique (land-juweel) de Haarlem, un lied encore assez rhétorical est adressé aux deux chambres de rhétorique brabanconnes qu'on venait d'applaudir. Mais déjà le grand éerivain Hooft, le Richelieu el le Malherbe de nouvelle renaissance, signalait le fils du boutiquier anversois comme un des rimeurs qui don- naient les plus hautes espérances.

En 1609, le doux mennonite, convaincu que la guerre, méme défensive,ne peut s'inspirer d'aucun verset du sermon de la Montagne, célébre avec amour la Tréve de douze ans obtenue par le tolérant Olden Barneveldt, en dépit du trop belliqueux prince Maurice. Il espère que cette trêve pourra bientót amener une paix définitive, que d'avance il se glo- rifie de chanter :

Op hope of met’ er tydt een vrede-zon misschien Den Nederlanden mocht gheduuriglijck bestralen.

Mais quoi! le fanatisme se réveille : Henri IV est assas- siné, et cette victime de Ravaillae, populaire aux Pays-Bas comme en France, inspire à Vondel, dans un style déjà renouvelé, une poésie à détails réalistes comme les aimait la peinture flamande (1). Le Wivaert en treur-dicht déplore

(1) Simon Gonrzn, dans ses Letterkundige studien (2° édition, Amsterdam, 1881) et principalement à propos de Bilderdijk « qui osait se placer au-dessus de Vondel, » analyse finement le réalisme du génie anversois. Il faut pourtant reconnaître que Bilderdijk, dans la préface de son Willem van Holland, se montre plus enthou- siaste que Jonckbloet pour la tragédie de Vondel.

( 465 )

la mort « du défenseur du saint Évangile » et salue naïve- ment Louis XIII comme le protecteur de la république des Provinces-Unies.

Cette méme année (1610), Vondel épouse Maaiken (Mariette) de Wolf. dont le père, qui était un passementier anversois, avait autrefois profiter du refuge de Cologne à cause de son mennonisme. La jeune femme se met bra- vement à la téte de la boutique de la Warmoesstraat et permet ainsi à son mari, d'un an moins âgé qu'elle, de se livrer plus librement aux aspirations de la poésie.

Aussi, dés 1612, voyons-nous Vondel aborder le théàtre pour son propre compte. Rien de plus curieux pour nous que ce début dans un genre longtemps convoité par l'admi- rateur des Flamands. La chambre brabanconne Lavendel- bloem s'était naturellement chargée de la représentation. Het Passcha était une tragédie, ou plutót, comme dit Van Lennep (1), un mystére sur la sortie d'Égypte. Avec une orthographe essentiellement brabanconne, la piéce s'an- nonçait comme donnant une leçon édifiante au peuple, trage comedischer wijze, ce qui signifiait, comme pour Corneille, un dénouement heureux. Il s'agissail, en effet, de la délivrance des Israélites; mais Jéhovah, qui y figure Comme protagoniste, y semble bien promettre une autre déli- Yrance, celle des Pays-Bas opprimés par Philippe H, auquel Pharaon fait sans cesse penser. Dans une « Épistre à mon- seigneur Jean-Michiels van Vaerelaer, mon singulier ami » (les seuls vers francais que l'on connaisse de Vondel), il

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(1) Avons-nous besoin de faire remarquer que la plupart des faits cités dans cet article sont empruntés à la grande édition de Vondel par Van Lennep (12 vol. gr. in-8*, Amsterdam, 1855-1869)?

t

( 466 ) copie la langue de ce Dubartas de la Pléiade, si souvent traduit en flamand (1). À son mécène, un marchand bra- bancon enrichi, il vante toujours la paix :

Durant l'aage doré que nos premiers ancestres Faisoient profession des ouvrages champestres, Astrée florissoit, et la terre à chascun

Estoit avee ses fruiets en partage commun. Les fifres ni tambours n'esveillérent l'orage D'un sanglant eschaffaut.....

Malgré certains mots et certains détails qui se ressentent de la trivialité des rhétoriciens ses premiers maîtres, Von- del rappelle souvent l'élévation de Calderon, qui, lui aussi, n'a fait que transformer des mystères du moyen âge. Puis, quelle intensité de vie à travers cette diction parfois mys- tique! C’est, en vérité, la sensation des choses comme on l'a dans Rubens, jusque dans ses allégories. L'inspiration est à la fois patriotique et biblique, et cependant plus d'une tirade, d'une audacieuse familiarité, a les tournures les plus brabanconnes, les plus naturelles pour exprimer des idées transcendantes. On pourrait aisément se moquer de Pharaon qui maudit Jupyn et les Furies, tout comme un fakteur de Belgique; on se lasserait vite de compter les burgondismes de ce que les Brabancons appelaient « lan- gage de cour, » par exemple, parwyck van Phebus, eene tombe, een aster, etc.; mais que nous importe, dès que la Fama ou Renommée raconte le passage de la mer Rouge comme si elle traduisait le fameux Cantique, en y ajoutant l'ampleur de l'épopée? Que nous fait ce reste de fidélité à

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(1) Par exemple, par le graveur- poète anversois, Zacharias Heyns.

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la rhétorique, si tout à coup, dans les chœurs ou Ryen, on s'aperçoit que le vieux flamand, dégagé de son bariolage bourguignon, retrouve la simplicité, la netteté de Ruus- broec et de Maerlant pour monter jusqu’au sublime? Si la Passcha garde encore çà et l'attirail des Brabandsche Kamers, du moins y trouve-t-on un esprit nouveau, jusque dans le rythme et la cadence. On dirait que la liberté, par ses épreuves, a retrempé ce vieux langage d'antan.

Il

De jour en jour, Vondel s'associait mieux aux destinées de la patrie. Pendant plus de soixante ans, il devait en célébrer les moindres aventures. Le catalogue de ses vers correspond de point en point aux annales de la Néerlande. A peine a-t-il achevé sa tragédie qu'il entreprend une autre ceuvre tout aussi nationale. C'est l'hymne à la marine des Provinces-Unies : O bondigh Nederland! O forte république! que vous voilà vengée de Philippe II! Mais que de ruines en ces quarante années de guerre, jusqu'à ce que l'Espagne nous octroie le chapeau de la liberté! Et alors, avec une netteté de pinceau vraiment flamand, il retrace la perte de l'Armada, la bataille de Nieuport, les lointains voyages, les audacieuses découvertes. Nova- Zembla, Heeinskerk, Nassau, sont chantés d'une facon triomphale. Aprés le triomphe, la priére pour que Dieu préserve ce peuple des ivresses de la vietoire et pour que le brillant Maurice se résigne à la paix. Qui croirait que l'auteur de ces vers magnifiques composait encore, quatre ans plus tard (1616), un chant de Pentecôte (Pinxter | Zangh), signé d'une anagramme à la mode rhétoricale!

On pouvait craindre que cette naïveté à la fois si ger-

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manique et si chrétienne ne se perdit par les nouveiles études entreprises par Vondel. Pour mieux se mettre à la hauteur du cercle des Roemer Visscher, des Hooft et d'au- tres nombreux amis littéraires, il s'était mis à apprendre le latin; il se préoccupait surtout des écrits du Gantois Daniel Heinsius et de l'Anversois Barlœus sur l'esprit de la littérature ancienne. Mais il lui arriva comme à Cor- neille, auquel son génie nous ramène quelquefois : il main- tint la liberté de ses allures malgré toute la vénération qui l'inelinait devant le moindre poète ou critique de l'antiquité.

Cette préférence pour l'érudition se concilie sans effort avec la bonhomie toute flamande et le charmant naturel qui désormais se montrent dans tous ses écrits. En 1615, un libraire lui demande de commenter les gravures du Gulden Winckel, dédié à son beau-frére Abraham de Wolf; il combine la mythologie greeque et la simplicité évangé- lique, sans qu'on s'apercoive de la combinaison, de la soudure. Un autre libraire invoque sa plume pour refaire le fablier du Brugeois De Deene et rehausser d'autant les spirituelles gravures d'un autre Brugeois, Markus Gee- raerts. Aussitôt la Warande der dieren apparait avec un : trésor de vieux dictons, pratiques comme dans Cats, mais d'une tournure plus vive et méme fringante. Pour- tant, on y rencontre maint adage destiné à des héros de Teniers :

Lett vooral op de spreuck : Alst bier is in de man Dan is al zijn verstant en wijsheid in de kan (1).

(4) Prends garde avant tout au dicton : « Quand la bière est dans l'homme, dès lors toute sa sagesse, tout son esprit est dans le pot. »

( 469 ) Lorsque, vers la fin de 1617, pour lutter contre les buveurs, les kanne-kykers des rhétoriques décadentes, le D' Samuel de Coster reconstitua la vieille chambre, de oude kamer, Vondel fut un des premiers à s'inscrire. Il aimait d'ailleurs ce spirituel descendant des gueux de mer, qui savait le guérir de sa mélancolie. Chose curieuse, en effet, ce génie si anversois de raillerie cordiale (voir son portrait en tête de l'édition Van Lennep) était parfois rêveur et concentré. Le docteur, au surplus, lui plaisait, parce que son protestantisme était tolérant, humaniste, à la facon des anciens « politiques ». Quand il finit par transformer les rhétoriques en académie et par obtenir un théâtre permanent, ce fut à la grande joie de Vondel, redoublée encore par la colére de quelques prédicants fanatiques et gomariens (sectateurs du Brugeois Goemare). A ce théâtre régénéré, Vondel fit représenter sa seconde tragédie : La Destruction de Jérusalem. M était alors diacre chez les Mennonites, section des Waterlanders, et l'on pouvait croire qu'il avait mystiquement renoncé au drame et à ses pompes. Mais cette pièce sans aetion, sans véri- table mouvement scénique, était en quelque sorte une élégie religieuse, la gravité de la pensée était relevée Par une noble simplicité de style. : Si mystique qu'il se montràt par moments, depuis sa maladie de 1620, il demeurait fidèle à sa prédilection pour les humanistes. C'est ce qui l'inspira à propos dÉrasme, qui; sous le nom de libertyn (libre-penseur), était violem- ment attaqué par les calvinistes de Rotterdam, ennemis des politiques. Un sonnet contre l'abus des condamnations ecclésiastiques est contemporain d'une ode sur sainte Agnés faite à propos d'un livre de Stalpaert van der Wiele,

( 470 ) archiprétre de Delfland et grand ami de ces deux filles de Roemer Visscher qu'on a pu surnommer les demoiselles Rambouillet de la Hollande. Elles figuraient au cercle lit- téraire de Muiden sous la présidence de Hooft. C'était le vrai foyer de la tolérance, si difficile à réaliser dans une époque de luttes.

Pour un des plus brillants familiers du cercle, Laurens Reael, ancien gouverneur des Moluques, Vondel composa l'Éloge de la navigalion, se remarque encore une fois cette vivacité de coloris, cette exactitude de termes tech- niques, qu'on doit d'autant plus admirer dans une œuvre largement épique et de la part d'un auteur qui n'avait pas encore expérimenté la vie maritime (1). Ce don de la description vivante et poétique le rendait naturellement enthousiaste de Dubartas et de ses traducteurs. On n'a qu'à lire les vers qu'il adressa au poéte-graveur et impri- meur Zacharias Heyns, d'Anvers, membre de la Bra- bandsche Kamer. Un autre traducteur eut part à ces éloges sincères, c'est le baron d'Asperen, gendre de Marnix, en méme temps que le célébre imprimeur Balthasar Moretus (Moerentorf).

En 1695, à la mort de Maurice, Vondel salua, dans des vers encore admirés de nos jours, le nouveau capilaine- général, Frédéric-Henri, qu'il eroyait modéré en religion

E p iia dam sac cista eani

(4) Vondel était un voyant, à l'imagination nette, vive et péné- trante. « Quand il compose son Rhijnlied, dit Simon Gorter, il a nettement dans l'esprit toutes les villes, tous les paysages que par- court le grand fleuve depuis les Alpes jusqu'à Katwijck. » Aussi, ajoute l'auteur du Beeldspraak, son plus grand charme encore "est d'étre vrai.

(47

et grand ami de la paix. C'était comme un réve d'idylle. Avec plus d'énergie et méme avec une certaine virtuosité dramatique, il composa alors Palamedes, une tragédie grecque dont le sous-titre, « l'innocence égorgée », indi- quait une pensée vengeresse à tous les amis du malheureux pensionnaire des Ktats de Hollande, Olden Barneveldt. Les intentions allusives sont transparentes, grâce à une foule de détails nettement caractéristiques des lieux et des personnes que l’on visait. Ce fut un acte de courage. De tous cótés pleuvaient les pamphlets et les pasquins scandaleux. Le fanatisme parvint méme à exciter le zéle du Schout, chef du tribunal des échevins d'Amsterdam ; mais tel était déjà l'ascendant du grand poète, qu'il ne fut condamné qu'à une amende de 500 florins, qu'un ami paya pour lui. La guerre aux juges iniques du tolérant Barne- veldt (4) semblait au moins exiger un long et dur empri- sonnement. Pro libertate, ainsi signait-il ses ripostes, et il en avait bien le droit.

IH

Jamais poète n'a fait plus longtemps (de 1610 à 1672) un nombre incalculable de pièces de circonstance, et tou- jours avec une verve rajeunie. Lui, si modeste et si peu flagorneur, dés qu'il s'avise d'un fait ou d'un homme

meute ie

(1) On sait que le grand pensionnaire de Hollande, aprés avoir été un vaillant soldat dans les guerres de l'Indépendance, se montra, comme Vondel, ami de la paix et de la mansuétude ehrétienne. Le parti des fanatiques le fit condamner à mort en 1617.

( 472 ) qui peut intéresser Amsterdam, aussitót, comme pour Béranger :

Son cœur est un luth suspendu : Sitót qu'on le touche il résonne.

Voyez ses consolations à Hooft, puis son poème (car c'est bien cela) sur la naissance du futur Guillaume II, ses com- pliments tournés en frais tableaux d'idylle néerlandaise, (Alles boter en melk, tout est beurre et lait), et surtout son May-Lied en l'honneur d'Orange. Voyez aussi ses épitres saliriques aux bourreaux des consciences, ses adjurations à des mennonites qui veulent pousser jusqu'à l'anabaptisme, sa piquante raillerie Rommelpot à cóté du splendide poéme sur la prise de Grol. Et quelle variété de cadres rehaussée encore par la prodigalité de détails topiques? Si Hooft se remarie à Heleonora Hellemans, fille d'un marchand, colonel de la garde bourgeoise à Anvers, vite un tafelspel, un épithalame dialogué comme on en faisait chez les anciens rederijkers. Frédéric-Henri arrive-t-il à Amster- dam pour apaiser l'émeute des orthodoxes, Vondel trouve des accents trop agressifs, trop francs, et que le prince n'ose pas récompenser, à cause de la fureur des Arminiens. Une créance importante le poussa jusqu'en Danemark, en méme temps son ami Reael est nommé amiral à propos des menaces de Wallenstein : quelle meilleure occasion pour des piéces nouvelles, soit intimes, Soit publiques, d'autant qu'en ces parages il a rencontré plus d'une colonie hollandaise! Chemin faisant, lui qui incline déjà au catholicisme, ne craint pas pourtant de prophétiser les victoires de Gustave-Adolphe, le héros des ennemis

e Rome.

( 473 )

En 1630, ce fils d'Anversois est mêlé à une lutte curieuse. C'est l'académie de Samuel de Coster que les calvinistes et les rhétoriciens brabancons attaquent avec fureur. Cats même ici ne joue pas un rôle bien honorable. Vondel, ennemi des cafards, kerkuylen, adresse son Ros- kam (l'étrille) au spirituel et libéral Hooft. Ce qui ne l'em- pêche pas de célébrer, presque en même temps, le triomphe de Gustave-Adolphe à Leipzig, et de supplier le vainqueur d'épargner Cologne, sa ville natale.

Il pense en vers aussi facilement que Voltaire pensait en prose : il a toujours la plume à la main. Voici son ami Barleus dont il faut chanter le professorat à l’Athenœum illustre; voici encore Grotius, le philosophe tolérant, qui revient d'exil. Puis c’est Maestricht pris par Frédéric- Henri; c'est Rubens, ambassadeur pacifique; c’est l'infante Isabelle qui meurt, dit le poéte, aprés avoir tout fait pour la paix, la bienheureuse paix. Aprés une touchante prière pour l'installation de l'orphelinat wallon, c'est une aimable boutade en l'honneur de Gillis van Vinckeroy, bourgmestre de Hasselt et empereur « de la noble arbalète ». Il chante avec strophes, antistrophes et épodes, tout comme Pindare 0u... Ronsard, le Démer aux cent moulins (1) et la joie de Saint-Quentin, patron de la ville, au milieu de ces joutes qui jadis étaient pratiquées par les comtes de Flandre. C'est le Hollandais Van Lennep qui aime à signaler par le menu ces moindres témoignages de l'amour que Vondel portait à tout ce qui était belge. Nous aurions mauvaise grâce à ne pas souligner de telles attestatious.

Miti pisi Ei ia ERE me

(4) Nu giet de molenrijcke Demer, Door Hasselt, sijn verheugde stée.

(474)

IV

L'esprit belge de Vondel se remarque partout, dès qu'on y veut faire attention. En 1658, à l'inauguration du grand théàtre d'Amsterdam (1), Vondel fit représenter un chef- d'eenvre resté jusqu'à nos jours au répertoire néerlandais. Gysbrecht van Amstel est une tragédie qui se rapporte à un épisode du quatorziéme siècle. Or, si l'on a pu constater dans ces vers la fidélité de la couleur locale, devancant Walter Scott (comme dit J. de Meyer), nous ne devons pas moins reconnaitre dans plus d'un trait une sorte d'atavisme flamand. On songe aux vieux trouvères thiois quand Bade- loch, la femme de Gysbrecht, développe dans des vers limpides et qui semblent appartenir à un de nos dialectes eristallisés, la théorie germanique de l'héroisme conjugal :

Met smarte baerde ick't kind, en droegh het onder 't hart; Mijn man is 't harte self; °k heb son der hem geen leven (2).

Hou en trou, fidèle et loyale, telle doit être l'épouse,

(4) Cf. N. Wybrands, Het Amsterdamsche tooneel (Utrecht, 1875).

(2) « Avec douleur je portais mon enfant sous le cœur; le cœur méme, c’est mon époux; sans lui, je ne vis plus! » D" Jan Ten Brink a pu dire, au dernier congrés hollando-belge d'Amsterdam : « Au treizième siècle, l’histoire de la littérature néerlandaise est un chapitre de l'histoire du moyen âge français. » Mais, par exemple pour le roman de la Rose, combien ces imitateurs néerlandais ont toujours soin d'écarter tout ce qui semble poétiser l'adultére! Méme

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chantent les burg-saeten, les vassaux du bourg, dans up chœur (Reij van Edelingen) qu'on peut comparer à l'un des plus beaux de Sophocle. La dignité d'une belle tendresse conjugale, faite d'estime, de confiance et de respect mutuel, toute celte poésie domestique se retrouve dans nos vieux poètes, qui n'ont pas, eux, comme les trouvères français, organisé et perpétué la conspiration contre le mariage. Le Rei van Klarissen a un Kerstlied qui rappelle nos vieux noéls flamands.

Dans des vers adressés au D" Plemp, le père d'un pro- fesseur de Louvain, nous rencontrons également des sen- timents familiers à nos rimeurs belges. Le catholicisme qu'il avoue franchement en 1640 est celui de la tolérante Tesselscha, qu'il appelait Eusebia la Pieuse. Est-ce par affection pour cette femme si distinguée, si lettrée et si peu pédante? Non; Van Lennep, qui west guère suspect à cet endroit, nous donne les raisons véritables. Sa nature d'artiste finit par se déplaire aux temples trop nus, aux cérémonies trop sommaires des mennonites. Beaucoup de ses amis de Belgique et de Hollande étaient catholiques.

le Spreker Willem von Hildegaertsberge, aussi bohéme que Rutebeuf, célébre le mariage en des termes aussi respectueux que ceux du Minnen-loep. Dans un mémoire couronné par l'Académie de Bel- gique (Lof van Vondel door Dr de Jager) (MÉMOIRES couronnés, in-8°, 1865), l'on étudie surtout les types féminins du poète anversois, Badeloch, l'héroïne conjugale, occupe la place d'honneur. Récem- ment, H. de Veer dans son Trou-ringh voor *t jonge Holland (5° édit., Leyde, 1876), s'inspire à merveille de ce noble esprit vondélien qui trouve la plus réelle poésie dans les plus humbles devoirs de la vie domestique.

( 476 ) Ceux qui ne l'étaient pas détestaient comme lui les que- relles théologiques, répétant avec Ovide : Molesta omnis argumentatio, et, à tout prendre, s'inspiraient plutôt de l'esprit moderne renouvelé par la Renaissance. Puis, dans son intérieur, Vondel aimait à suivre les conseils de sa fille Anna, qui, aprés la mort de sa mére, s'était chargée de la conduite du ménage et des affaires. Or, elle avait été, on ne sait pourquoi ni comment, élevée à Cologne dans le catholicisme, et elle finit par se faire religieuse. Vondel avait le caraetére trop aimable, et ses amis du cercle de Muiden étaient trop peu fanatiques, pour que le changement de religion amenât autre chose qu'un peu plus de réserve. Grâce à beaucoup de délicatesse en ces matières délicates de la conscience, les relations se maintinrent jusque dans leur cordialité, en dépit de tout changement de culte. On ne s'étonnera donc pas de rencontrer à cette date (1642) des vers charmants adressés à un protestant belge, Constantin Sohier, d'origine montoise, età sa femme, Anna Saye, de Tournai. On dirait que le poéte aime les Belges uniquement parce qu'il regrette de les voir séparés de la Hollande. Il n'eüt voulu de guerre que contre les Tures, comme il le dit dans son poème sur le mariage de Guillaume 1I avec Marie Stuart, la sœur de Charles ll d'Angleterre. Peut-étre alla-t-il trop loin dans ses invec- tives contre les puritains d'Écosse, qu'il appelait sabba- tistes. Du moins les chefs de la régence d'Amsterdam lui en témoignérent leur mécontentement. Le naïf poète con- trariait leur politique, comme l'auteur du Cid celle de Richelieu, sans y songer. En 1645, il dédie à l'archevéque de Malines, Jean Boo- nen, une de ses conceptions les plus grandioses : Altaer

( 477 )

Geheïmnissen (les mystères de l'autel). Ce primat de la Néerlande, qui fut depuis condamné comme janséniste, ne pouvait pas étre un fervent admirateur des lettres ni des arts, On cite de lui ce compliment à Vondel : « C'est fort bien ceci, sinjeur Vondel; mais vous n'étes pas encore un Cats, à beaucoup prés (op verre nae). » Brandt, dans sa naive biographie de Vondel, raconte que l'arehevéque crut le récompenser suffisamment en lui donnant un tableau religieux de valeur médiocre. Étant à Malines, le poéte alla visiter l'atelier du jésuite peintre Daniel Seghers ; l'affinité des goûts dut rendre l'entretien assez intime. Il est pro- bable que les deux artistes flamands ont échangé leurs regrets sur la durée de la guerre fratricide qui ravageait le nord et ie sud de la Néerlande.

V

Enfin, la guerre de Quatre-vingts ans allait avoir son terme. Vondel s'adressa tour à tour au prince Frédéric- Henri et aux vrede vaders (pères de la paix), les quatre bourgmestres d'Amsterdam. La paix de Munster (1648), tant souhaitée, pourrait bientôt être consacrée par le beau tableau de Barthélemy Vauder Helst, l'ami de notre

Le.

Lui-même, au comble de ses vœux, célébrait le grand - événement par une œuvre originale : les Leeuwendalers. A une lecture fugitive, on est tenté de n'y voir qu'une imitation de l'Aminta du Tasse, et surtout du Pastor fido de Guarini. On s'imagine un échange d'élégantes fadeurs, de gracieux compliments, de banalités bien sonores, bien cadencées. ;

Ó"* SÉRIE, TOME XIV. 52

( 478 )

Mais Alberdingk-Thijm (dans le Gids de 1879) nous avertit tout d'abord que c'est le style essentiellement fla- mand de Floris et Blanchefleur, le joli roman de Diederik van Assenede, du XIII* siècle. Les scènes d'amour entre Hageroos (qui symbolise la Hollande) et Adelaert élevé par Lantskroon, c'est-à-dire la Belgique espagnole, sont ravis- santes de fraicheur et de vérité. Ni miévreries, comme dans la pastorale italienne, ni paroles quintessenciées, comme on pouvait le craindre d'une piéce allégorique et méme officielle. Non, Vondel obéit ici mieux que nulle part ailleurs à sa pensée favorite, au sentiment qui domine toute sa vie. D'abord, comme chrétien, il voudrait effacer toute trace de guerre :

Het zaet van tweedraght teelt zoo wrange en bittere vruchten (1).

Puis, comme Néerlandais, fils d'Anversois, il voudrait que le Sud (Warandier, le pays des pares et des bois) et le Nord (Duynrijck, le pays des dunes), gardant leur autonomie, s'unissent pour se compléter à jamais. C'est presque la grande idée du congrés de Vienne, si mal com- prise en 1815 et si lamentablement compromise en 1830. En Hollande méme, plus d'un critique a trouvé que Vondel, dans celte idylle il épanche tout son cœur aimant, donne le plus beau rôle à la Belgique. Il ne songeait pas, sans doute, dans cette œuvre de circonstance, à blesser les sentiments du publie entassé au Schouwburg d'Amster-

EEE ES

- ; !

(4) La semence de discorde donne des fruits si ácres, si amers-

M. Alberdingk-Thijm vient de commencer une très savante édition des œuvres de Vondel.

Pine 2 I EROS EE TOP UE ESPERE EI TE RS PR SEE Le ptet aga Le A DER N EAE e mon Re S

(479 )

dam. Le créateur du néerlandais littéraire, le doux poéte si fiaement flamand et si ingénument pittoresque, n’a pour muse, en ce moment, que la muse de Virgile, dont il tra- duit la première églogue en tête de sa pièce. Comme le chantre de Mantoue, il a horreur de la guerre civile, il en a subi les angoisses, et puisque le Sud veut la paix, c'est leSud qu'il exalte.

Cette véritable passion pour la paix, qu'il célèbre encore dans la dédicace adressée au graveur Michiel Leblon, agent de la reine Christine, a donné à tous ses vers une suavité pénétrante, une ardeur communicative. Que nous sommes loin des raffinements disparates de Granida, la pastorale de Hooft! N'est-ce pas plutôt, par endroits, une éclatante Kermesse vibre la couleur de Rubens l'unique? Que toutes ces bergeries sont vraies, palpitantes de vérité, et comme on sent que les moindres personnages de la pièce, Wouter, le messager, Warner et Govert, les paysans que- relleurs de la frontière, Kommerijn, la nourrice, et même les personnages du chœur, sont peints d’après nature! Il y a ce coloris gai et clair, ce réalisme de la chair vivante et frémissante qu'on admire dans Rubens (1). comme ici, ce qui triomphe, c'est un art sûr de lui-même, fidèle aussi jusqu'au bout à la pensée qu'il a mission de traduire. Un souffle lyrique traverse cette molle idylle plus d'un

(1) Quand on oppose Rembrandt le Hollandais à Rubens le Belge, ne faut-il pas aussi songer qu'à tout le moins Vondel a le coloris belge dans son néerlandais classique? Pour mieux admirer ce réalisme obstiné jusque dans l'allégorie, voyez ce qu'il y a de Vague dans l'allégorie : Flamands et Wallons, jouée à Bruxelles au Vlaamsche Schonwburg, le 22 octobre dernier.

( 480^) détail semble bien rustique; mais ce qui ennoblit cette car- nation rutilante, c'est la pensée si chrétienne de la con- corde.

Pais en vré, paix et concorde, c'est la conclusion des Leeuwendalers. Le choeur termine par ces paroles : « Nord el Sud sont enfin réunis. La Discorde est en fuite; l'union est indissoluble; la prospérité est inépuisable (1). » C'est pour ces strophes que Brandt a pu dire que son vénérable ami savait unir la douceur et le grandiose : Zoetvloeijent- heit met ` hooghdraventheit. Quant aux Belges qui n'ont pas oublié l'une de nos deux langues nationales, avec quel ravissement ils retrouvent ici, sous des termes familiers à nos patois, un sentiment généreux, une haute pensée! Deux ans plus tard, Vondel a lui-méme donné la théorie du style grand à force d'étre simple, éloquent par la précision méme technique, dans son aimable et paternel traité : Aenleidinge ter nederduitsche dichtkunste (Introduction à la poésie néerlandaise (1650).

Il recommande d'abandonner l'afféterie rhétoricale et de remonter jusqu'à la vieille langue, si libre, si coulante | el si facile en son tour : natuerlijcke vrijposligheit, vloient- 1 heit en bevalijcken zwier. Avec quel tact il prémunit contre la manie des composés et des dérivés, dont la fausse richesse abuse aujourd'hui tant de jeunes écrivains! Avec quelle bonhomie spirituelle, pour recommander l'étude et la

nee

(1) « De Koeien geven melek en room : Het is al boter tot den bóom. » Cela sent, dit Hofdijk, l'aubépine, les fleurs de prairie, le tilleul et le saule.

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patience, il donne l'exemple des poules mettant la tête en Pair pour humer et savourer (met smaeck en nasmaeck drincken) et des moutons bien portants qui remâchent et ruminent l'herbe! En tout ce qu'il dit, en tout ce qu'il fait, on voit prévaloir la simplicité, la franchise de nos vieux peintres. En vérité, quand il semble s'abaisser ainsi, il n'en montre que plus de souplesse pour se redresser jusqu'à l'idéal. Méme quand l'oiseau marche, on sent qu'il a des ailes.

Ce « faire flamand » a plus de charme encore quand il l'applique à ses études de Virgile et d'autres poètes de l'an- tiquité, ou bien encore quand, au paroxysme de son élan lyrique, comme dans son beau mystère de Lucifer (1), digne d'inspirer Milton, il dit des choses pindariques ou eschyléennes dans un flamand qu'on dirait l'anversois d'aujourd'hui.

Soit qu'il féte le sacre de l'évéque de Bruges (Karel van den Bosch, de Bruxelles), ou Anvers, la ville de ses peres, ou les triomphes de l'amiral Tromp, ou les écrits de Karel van Mander (de Meulebeke), ou les acteurs de l’archidue Léopold, gouverneur des Pays-Bas, ou le prieur Karel Couvrechef, d'Anvers, ou notre Rubens, ou notre Arthur Quellijn, ou notre Roland de Lattre, quelque sujet qu'il aborde, il le maitrise sans effort, ne s'inspirant que de son Cœur aimant, ne forçant rien de sa langue plébéienne. Aussi coloré, aussi original, aussi mouvementé en prose qu'en vers, il offre partout des modèles. On peut glaner dans ses

an 0 À

(1) Hollàndischen Æschylus, dit Dr Adolf Glazer, de Brunswick (Herrig's Archiv., t. XXII).

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moindres bluettes. C'est l'accord d'une belle âme et d'un beau langage. A 92 ans, il ne sent pas encore la plume trembler entre ses doigts. « C'est Vondel, dit un autre maitre, Nicolas Beets, qui nous révéle le mieux toutes les ressources de notre idiome; c'est lui qui a créé un néer- landais pur, lumineux, transparent et sonore; c'est lui qui doit étre le guide de tous nos écrivains. »

Lorsque, en 1654, les peintres de la gilde Saint-Luc lui offraient solennellement la couronne de laurier, aprés avoir bien souvent cherché à reproduire sur toile les traits si honnêtes et si doux du Vader Hooftpoeet (père et chef des poètes), ils reconnaissaient la solidarité de la Peinture et de la Poésie. N'était-ce pas le propre de Vondel de tout peindre à la pensée, de méme que Rubens, qu'il appelait le phénix, excellait à faire paraitre aux yeux les allégories et les conventions les plus subtiles ?

Au génie pictural de sa race, Vondel sut associer quel- quefois une noblesse singuliérement sculpturale dans ses tragédies, qu'il ne faut juger ni d'après nos classiques, ni d'aprés nos romantiques. Or, le style est si bien l'homme, que si, comme on l'a vu, l'écrivain unit la familiarité au sublime, on en peut dire autant de ce boutiquier employé par miséricorde au Mont-de-Piété d'Amsterdam et gar- dant sa sérénité chrétienne, sa majesté poétique, dans des embarras qui semblaient faits pour humilier et démo- raliser.

La vie de Vondel (mort le 8 février 1679, presque cen tenaire) apparait comme un triomphe de la vertu et du génie, à travers beaucoup d'épreuves et beaucoup de mau- vais exemples. N'a-t-il pas résisté à ceux de ses amis bra- bançons de la Lavendelbloem, Heyns, Van Mander, De

( 483 )

Koningh, Serwouters, Jan Kolm et bien d'autres? Ferme en ses desseins, tenax propositi, comme dit un des poétes qu'il admirait, il a réalisé pour son compte ce que ses contemporains ne cherchaient pas, et ce qu'aujourd'hui méme l'on ne trouve pas communément : la conciliation du grand et du vrai.

Et pour ce qui concerne particuliérement la Belgique, ne paye-t-elle pas un peu la rancon de sa décadence espa- gnole, puisque, comme l'honnéte Boonen, archevéque de Malines, elle fait encore toujours penser au proverbe Cals wordt gelezen en Vondel geprezen (on lit Cats, et l'on se borne à louer Vondel)?

Il fandra pourtant que, dans le peuple flamand, on Saccoutume enfin à reconnaitre le véritable interprète de la race.

Mais cela soit dit, comme le voulait Vondel lui-méme, zonder gal, zonder ergwaen, sans fiel, sans amertume. Est-ce que la fête que l'on a célébrée à Anvers n'est pas de bon augure? Est-ce que ce seul projet ne prouve pas combien nous voulons nous affranchir de nos vieux pré- lugés? Puissions-nous aussi, en relisant ou en revoyant ces Leeuwendalers, hymne triomphal à la paix, pénétrer jusqu'à la source sacrée de l'inspiration du poéte qui, dans le Belgium faderatum de 1579, aimait à rêver l'alliance de la Belgique et de la Hollande! ;

Bi. Lic hoai EY LUN ON ce TRI pue t MN R y VICES EN Me CAESA

(484)

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 6 octobre 1887.

M. C.-A. FRatkIN, directeur. M. Luçre, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Alex. Robert, vice-directeur ;

Éd. Fétis, Ern. Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel,

Godfr. Guffens, Jos. Schadde, Th. Radoux, Joseph Jaquet,

; J. Demannez, Ch. Verlat, G. De Groot, Gustave Biot,

H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, membres; Joseph Stallaert et J.-B. Meunier, correspondants.

M. Mailly, membre de la Classe des sciences, assiste à la séance.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publies transmet une copie du procés-verbal de la séance tenue par le jury pour le jugement du grand con- cours de composition musicale.

(485)

s

Le premier prix a été décerné à M. Pierre Heckers, de Gand.

Un second prix a été voté, en partage, à M. Paul Lebrun, de Gand, et à M. Edmond Lapon, d'Ostende.

Le méme haut fonctionnaire donne connaissance des résolutions du jury chargé de juger le double concours des eantates devant servir de théme aux concurrents pour le grand prix de composition musicale.

Le prix des cantates francaises a été décerné à M. Louis de Casembroot, secrétaire-adjoint et bibliothécaire du Con- servatoire royal de Bruxelles, pour son poème intitulé : Les Suppliantes.

Le prix des cantates flamandes a été décerné à M. J. Van Droogenbroeck, chef de bureau à la Direction des lettres, des sciences et des arts du Ministére de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics, pour son poème intitulé : De Morgen.

M. H. Hymans remet pour le prochain Annuaire sa notice biographique sur Joseph Franck, ancien membre de la section de gravure. Remerciements.

( 486 )

JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887).

ART APPLIQUÉ. Peinture.

Neuf cartons ont été reçus pour une frise décorative à placer à 5 mètres d’élévation :

Les nations du globe apportant à la Belgique les produits de leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie.

Un prix de mille francs était attribué à ce concours national.

Les cartons portaient pour devises ou marques distinc- tives :

1. Peindre au dessiner toujours ; Bramo assai, poco spero; Sapientia ;

Voorwaarts ;

La lettre À dans un triangle; Un double cercle guilloché; Belgique;

Une croix et une ancre;

Pour l'art.

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La Classe, ratifiant la proposition unanime de la section de peinture, a décerné le prix à M. Joseph Middeleer, à Bruxelles, l'auteur du 4 : Voorwaarts.

( 487 )

Gravure en médailles.

La Classe des beaux-arts avait proposé comme sujet le « médaillon préalable à une médaille destinée aux lauréats des concours ouverts par l'Académie ».

Aucun projet n'a été recu.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

M. Stallaert donne lecture d'une note qui se rapporte aux modifications réglementaires des grands concours, question dont la Classe est saisie depuis quelque temps.

M. Hymans fait part, au nom de M. A. Bertolotti, conservateur des Archives de l'État, à Mantoue (Italie), des démarches faites par ce savant auprés de la municipalité romaine, en vue de faire donner le nom de Rubens à l'une des rues de la capitale. M. Bertolotti propose la via della Croce, qui fut habitée par Rubens durant son séjour Rome. ;

Les journaux italiens ont fait le meilleur accueil à la proposition.

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 27 octobre 1887.

M. C.-A. FnRAIKIN, directeur. M. Lucre, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Alex. Robert, vice-directeur; Éd. Fétis, le chevalier Léon de Burbure, Ern. Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godfr. Guffens, Jos. Schadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Charles Verlat, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, membres; Alex. Markelbach et Jos. Du Caju, correspondants.

M. le directeur annonce que M. Ém. Wauters, membre de la Classe, vient d'étre élu correspondant de l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France.

Il fait savoir aussi que le Musée des Offices, à Flo- rence, a demandé à quatre membres de notre Académie, MM. Slingeneyer, Guffens, Verlat et Ém. Wauters, de lui envoyer leurs portraits, qui seront placés dans la galerie des peintres célébres. Applaudissements.

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( 489 )

CORRESPONDANCE.

Par une lettre du Palais, LL. MM. le Roi et la Reine font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la Classe.

A. RR. le Comte et la Comtesse de Flandre font exprimer des regrets semblables.

MM. les Ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publies, des Affaires étrangéres, des Chemins de fer, Postes et Télégraphes, écrivent égale- ment qu'ils regrettent de ne pouvoir assister à la séance.

M. le Ministre de la Guerre fait savoir qu'il aura le plaisir d'y assister.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publies transmet, comme suite à la demande de la commission de publication des œuvres des grands musiciens, une premiére série des Bulletins formant le résultat des recherches que M. Edmond Vander Straeten à faites au Musée de Leyde et à la Bibliothèque royale de

,

Munich. Renvoi à la commission précitée.

M. Joseph Middeleer remercie la Classe pour le Prix accordé à son carton du concours d'art appliqué.

.— M. Marchal présente pour l'Annuaire sa notice biographique sur Joseph Geefs. Remerciements.

( 490 )

RAPPORTS.

M. Joseph Martin, de Visé, soumet une note manu- scrite intitulée : Proposition d'une base harmonique. Renvoi à la section de musique, qui fait, séance tenante, un rapport concluant au dépót dans les archives.

PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE.

Conformément à l'article 15 du règlement de la Classe, M. Fraikin donne lecture du discours qu'il se propose de prononcer, en sa qualité de directeur, dans la séance publique annuelle fixée au dimanche 30 octobre, à 1 heure et demie. -

( 491 )

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance publique du dimanche 50 octobre 1887.

M. Lun, secrétaire perpétuel. M. FnarkiN, directeur de la Classe.

Prennent également place au bureau : M. Robert, vice- directeur de la Classe; M. J. De Tilly, directeur de la Classe des sciences, président de l'Académie.

Sont présents : MM. Éd. Fétis, Ernest Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, God. Guffens, Th. Radoux, Jos. Jaquet, Jos. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, membres; Joseph Stallaert, correspondant.

Assistent à la séance :

Casse pes sciences. MM. Fr. Crépin, vice-directeur; Gluge, J. C. Houzeau, C. Malaise, F. Folie, Ed. Mailly, G. Van der Mensbrugghe, membres; Ch. de la Vallée- Poussin, associé; À. Renard, correspondant.

DES LETTRES. MM. P. De Decker, Ch. Faider, o T Alph. Wauters, Ch. Piot, membres; A. Rivier,

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( 492 )

Les prix de Rome, leur institution et leur but; discours par C.-A. Fraikin, directeur de la Classe des beaux- arts.

Mespanes, MESSIEURS,

La solennité à laquelle nous vous avons conviés com- porte un double caractère : elle est, tout à la fois, la fête des récompenses et la féte de l'intelligence.

En ma qualité de directeur de la Classe des beaux-arts, la tâche m'incombe de prononcer une allocution.

Les collégues qui m'ont précédé au fauteuil vous ont entretenus du sujet favori de leurs études ou de leurs travaux. Ils vous ont exprimé le mouvement et les progrès des branches des arts qui sont l'objet de leurs préoccupa- tions constantes, et, qui, par leur coordination, forment le domaine intellectuel de la Classe dont j'ai l'honneur de présider les travaux cette année.

Ma mission serait donc de vous parler de la sculpture, l'aspiration et le but supréme de toute mon existence. Mais une étude pareille exige beaucoup d'érudition et rentre plutót dans le domaine du livre que dans celui du discours. Je n'entends pas, au surplus, abuser de vos moments, car notre ordre du jour comporte une partie musicale que la plupart d'entre vous attendent avec une légitime impatience.

C'est aux jeunes lauréats, qui ont si vaillamment conquis les couronnes et les palmes que nous allons leur décerner,

( 493 )

que je désire donner quelques conseils, qui, je l'espére, | pourront avoir une certaine influence sur leur carriére au moment ils vont faire leur entrée dans le monde des : artistes. Je me bornerai, à ce sujet, à quelques réflexions sur les grands concours de peinture, de sculpture, d'archi- lecture et de gravure.

A en juger par certaines œuvres soumises à l'Acadé- mie depuis peu d'années, à titre d'envois réglementaires par des lauréats des grands concours, il semble que ces pensionnaires du Gouvernement méconnaissent ou, tout au moins, perdent de vue le but de l'institution des bourses de voyage.

Il est utile, tout d'abord, de faire remarquer que ces bourses sont plus qu'une récompense, puisqu'elles compor- - tent, outre la. distinction honorifique qui y est attachée, des moyens pécuniaires qui doivent étre considérés comme une bonne fortune dans la vie de l'artiste. Elles ont donc été créées en vue d'aider les lauréats à se perfectionner dans leurs études, en les mettant à méme d'aller visiter les grands musées de l'Europe, notamment ceux de l'[ta- lie, cette contrée classique des chefs-d'œuvre de lanti- quité et de la Renaissance.

Comme vous le savez, grâce à la libéralité du Gouver- nement, les lauréats des prix de Rome jouissent, pendant quatre années, d'une pension qui s'éléve de 4,000 à 5,000 francs. Aux termes du règlement, ils ne sont tenus de voyager que durant trois années; pendant la quatriéme année, le montant de leur bourse d'étude leur est concédé, à titre de libéralité, sans qu'ils soient astreints à d'autres obligations.

Les lauréats des prix de Rome semblent croire actuelle- ment que, dés qu'ils ont pu satisfaire à l'examen sommaire

O"* SÉRIE, TOME XIV. 95

( 494 )

sur les branches littéraires et historiques indispensables à

leur art examen qui leur est imposé avant l'entrée en jouissance de leur pension ils sont dégagés de toute autre obligation que celles prescrites par le règlement. Or, celles-ci se bornent à six rapports semestriels, dans lesquels les pensionnaires consignent les réflexions esthétiques qui leur ont été suggérées pendant leurs voyages, et à un ou deux envois réglementaires ou envois-copies, que l'État rétribue largement lorsque ces œuvres en sont jugées dignes.

Rien n'est plus erroné que cette maniére de voir.

Les grands prix de peinture, de sculpture, d'architecture el de gravure, constituent la plus haute récompense à laquelle puissent aspirer les jeunes artistes. C'est, en quelque sorte, une récompense nationale, car ce sont les deniers de l'État qui servent à la payer : c'est le pays tout entier qui contribue à la former. Donc, si le Gouvernement distrait, ehaque année, du budget de l'État, la somme nécessaire pour aider les lauréats à parfaire leur éduca- tion artistique, le pays est en droit d'exiger que ce ne soit pas en pure perte.

C'est donc en vue de perfectionner leur talent dans ses derniéres limites, c'est-à-dire en leur assurant les moyens de se former, par l'appréciation des chefs-d'œuvre tant anciens que modernes, une synthése d'idées ou un senti- ment personnel, autant sous le rapport de l'interprétation de la nature dans son sens réel que pour la composition artistique, que les prix de Rome ont été créés.

De toutes les carrières, aucune ne se prête moins à se former, au point de vue méthodique, que celle de l'artiste. La culture de l'art, en son essence, procède d'un instinet ou d'une disposition propre à certaines organisa-

( 495 )

tions, c'est-à-dire : la vocation. Mais il ne suffit pas, pour se diriger dans celte carriére, de se livrer seulement aux inspirations naturelles et de se borner aux principes méthodiques puisés sur les bancs de l'école; il faut encore enrichir suffisamment son imagination par tous les élé- ments de nature à susciter et à réaliser les grandes pensées,

La peinture, la sculpture, l'architecture, ne sauraient subsister s'ils n'étaient inspirées par des sujets d'ordre moral ou matériel, auxquels concourt ce riche ensemble d'idées que l'on appelle l'imagination ou la pensée humaine. La perfectibilité de chacune de ces manifestations de l'art a toujours marché conjointement avec le mouvement pro- gressif de l'intelligence. Chacune de ces branches répond, non seulement à un besoin, mais aussi à une nécessité d'ordre social; autrement dit, l’art a sa place marquée dans la marche de la civilisation. Il en a méme été tou- jours un des plus puissants éléments moralisateurs, car l'image, reproduite par la pierre, le marbre ou le pinceau, a devancer l'expression de la pensée par l'écriture. Aussi, D'est-ce pas sans raison que la sculpture, entre autres, aux temps reculés, était appelée : l'image ou le miroir de l'univers,

Mais l'étude seule de la nature ne suffit pas à la réali- sation de ces manifestations. Il faut encore que l'artiste sache créer des sujets, coordonner des faits ou des idées . pour en composer une synthèse. Il doit pouvoir réaliser sur la toile ou par le marbre ce que la plume rend dans le domaine de l'histoire et de la littérature.

En s'abstenant, comme elle l'a fait jusqu'ici, de prescrire ` aux candidats pour les prix de Rome un examen, méme des plus sommaires, sur les connaissances historiques et `

( 496 )

littéraires, l'Académie a fait chose sage et prudente. En élevant cette barrière, que tous les jeunes artistes ne sont pas toujours à méme de franchir, elle aurait pu empécher, peut-être, l'éclosion d'organisations heureusement douées uniquement au point de vue de l'art, mais qui, par des circonstances indépendantes de leur volonté, n'auraient pu étre à méme de se mettre au courant des études clas- siques. C'est pour cette raison que le réglement ne prescrit d'examen que lorsque le lauréat est prét à entrer en jouis- sance de sa bourse de voyage.

Mais l'obtention du prix de Rome constitue une sorte de maîtrise, une consécration artistique, et, dés lors, le lauréat doit étre à la hauteur de ce que le pays, la société, est en droit de réclamer de lui.

S'il fallait s'en rapporter à un certain courant d'idées qui s'est produit de nos jours en fait d'art, il semblerait que la grande peinture, que la grande sculpture, que l'art monumental proprement dit, enfin, ne seraient plus de notre temps. Le grand art ne meurt jamais : il est de toutes les époques; mais si ses manifestalions, si ses tendances subissent les fluctuations de tout ce qui est subordonné à la marche des idées, son cóté moral et humanitaire, son cóté sublime reste éternellement debout, comme la Vérité,

S'il faut une justification à l'appui du sentiment que j'exprime au sujet du courant actuel des idées, on la trou- vera dans les motifs émis à propos de la création d'un Institut pour le haut enseignement artistique en Belgique, que renferme le dernier rapport annuel sur les travaux de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers :

« Dans ces derniers temps dit ce rapport le » respect des principes qui concourent au maintien de

( 497 ) l'unité entre les différentes branches de l'art et à leur véritable élévation, s'était considérablement amoindri : la virtuosité dans la pratique semblait être le dernier mot du but à atteindre; de là, dans tous les genres, cette » éclosion de productions faciles, sans vie, sans expression » ni pensée, » Jamais l'art comme le fait encore si judicieusement remarquer ce méme document— n'atteignil des som- mets plus hauts qu'à l'époque glorieuse de notre histoire la peinture, la sculpture, l'architecture, étroitement unies à la science, concouraient toutes à la fois à la grandeur de l’œuvre. » Si la marche constante des faits sociaux nous éloigne à grands pas des époques qui ont servi d'inspiration à tant de grandes pages historiques ou religieuses, formant la richesse artistique du pays, l'état actuel de la société nous offre d'autres sujets mémorables tont aussi dignes d'étre l'objet des pensées des jeunes artistes.

N'oublions pas que c'est aux grandes écoles qui ont brillé en Belgique que celle-ci doit sa gloire la plus pure et la plus enviable; c'est aux maitres de ces écoles qu'elle est redevable de son droit de cité artistique parmi les principales nations européennes.

Nous vivons à une époque où, d’un côté selon l'essor que certaines écoles, si funestes aux jeunes artistes, veulent imprimer à l'art Ja toile hâtivement brossée, l'ébauche

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sculpturale à peine modelée, la conception architecturale

Sans caractère propre au point de vue des styles définis, sont exallées comme étant la vraie expression de l'art; d'un autre côté, d’après les mêmes novateurs, le sujet d'un tableau ou d'un groupe, sous le rapport de l'idée ou de la conception, est laissé complètement de côté, pour

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( 498 ) être remplacé par des compositions le plus souvent d'une pauvreté absolue d'idées. Il semblerait done que tout ce qui a été exécuté jusqu'ici, en fait de chefs-d'œuvre, à toutes les époques, que tout ce qui a été écrit pour le développement du sentiment du beau, n'a plus de raison d'étre pour l'édu- cation des jeunes artistes!

Que serait devenu l'art, lors de ce retour passionné à l'antique qui a si brillamment inauguré les temps modernes, si les artistes du commencement du XVF siècle avaient pensé de la méme manière que les novateurs actuels? Nous n'aurions eu, peut-étre, ni Rubens, ni Collyns, ni Jean Bologne, ni Francois Du Quesnoy, ni tant de célèbres maitres flamands qui s'inspirérent si longue- ment en Italie des œuvres de leurs illustres devanciers ! Ces maitres ne se contentaient pas de peindre ou de sculpter, l'érudition marchait de pair chez eux avec la pratique de leur art. ;

La virtuosité qui sacrifie l'art au procédé technique, et auquel tend la jeunesse artistique, ne peut donc qu'être néfaste non seulement au but que celle-ci veut atteindre, si elle est sincère dans ses intentions d'aider au progrès des arts, mais encore au but réel de l'art. Si, parfois, les anciens ont péché par un excés de maniérisme ou par l'abus des principes conventionnels classiques, dans la recherche du beau, certains de nos modernes sont tombés dans l'excès contraire dont ils voudraient faire la régle. Les réalistes, en ne choisissant que les cótés matériels de la nature, ne sauront jamais arriver à un niveau plus élevé que la banalité ou la vulgarité dans le langage.

Chaque jour ces adeptes mettent, antant dans le choix de leurs sujets que dans leur sentiment de la couleur, des effets que l'on rechercherait vainement. Aussi, sous le pré-

( 499 )

| texte d'établir la vérité dans l'art, ils sont tombés dans la méme licence que certaine littérature l'on ne s'occupe que des sens, au lieu des sentiments qui ennoblissent, et que réprouvent les organisations ayant le souci de leur dignité morale. Que les lauréats des prix de Rome se garent donc de cette voie funeste, qui ne peut que faire tache dans notre histoire artistique.

La virtuosité actuelle, ou cette maniére de sacrifier tout | à l'effet à produire, dérive malheureusement d'une absence | complète de sentiment personnel de l'observation; elle découle également autant de l'étude imparfaite des œuvres des grands maitres que de celle de la nature prise dans i son sens réel; elle est le résultat, enfin, pour certains lauréats, du manque de connaissances historiques et litté- raires suffisantes pour connaitre le passé de l'art et ses utiles enscignements.

Les lecons du passé forment un héritage que nous ne Saurions non seulement assez honorer, mais dont nous ne pouvons assez nous rendre dignes. Pour l'artiste done, comme pour tous ceux qui concourent au développement - intellectuel, le passé oblige. | E <

Si les sentiments que je viens d'exprimer sont empreints E de quelque sévérité, que les lauréats des prix de Rome - E qui m'écoutent n'y voient que des conseils et des encourage- iw ments à mieux faire que certains de leurs devanciers. Nous ne saurions assez les engager à s'inspirer suffisamment E. des œuvres les plus remarquables des principaux musées : le marbre et le bronze, les grandes peintures historiques €t religieuses forment, surtout pour eux, un ensemhle de productions sublimes auquel tant de générations arlisti- ques ont travaillé, et que le Gouvernement leur offre si libéralement d'aller admirer dans les palais, dans les monu- ments, dans tous les sanctuaires de l'art.

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( 500 )

Je leur rappellerai, entre autres, à ce sujet, que Michel- Ange ne se lassait pas d'admirer le célébre Torse du Belvédère, cette merveille de l'art grec au Vatican. Il se glorifiait, disait-il, de s'étre inspiré de cette œuvre sublime !

Il est de notre devoir aussi d'appeler l'attention des lauréats des prix de Rome sur le développement du sens critique, qui fait généralement défaut dans leurs rapports semestriels. Par une application de leurs idées à l'observa- tion, ils saisiront non seulement le caractére synthétique de la composition, mais ils se formeront un jugement sain et correct. En apprenant à connaitre, de cette maniére, les productions des grands maîtres, tout en combinant avec cette étude leur manière personnelle de voir la nature, ils finiront par acquérir dans son sens réel le sentiment du beau. D'autre part, qu'ils s'efforcent aussi de fortilier leur éducation artistique par l'étude de l'histoire et par celle de la littérature sérieuse, enfin, par la lecture des classiques, ces sources toujours si pures el si vivaces accumulées depuis tant de siécles. Au surplus, cette lecture des grands penseurs, à commencer par celle d'Homére, est devenue plutót un délassement intellectuel qu'une fatigue, en raison des soins constants apportés à en élaguer tout ce qui S'y trouvait d'aride ou d'abstrait, et à en faire valoir les beautés. Ils trouveront dans le livre la méme jouissance qu'ils auront ressentie en admirant les chefs-d'œuvre de l'art,

Quel plus noble souci pour l'artiste d'orner son intelli- gence et de puiser, ses inspirations dans les beautés litté- raires de l'antiquité, que l'exemple que nous révéle notre confrére Henri Hymans dans une de ses intéressantes dissertations académiques : Rubens, entouré de ses élèves

( 501 ) dans son atelier, dictant une lettre tout en se faisant lire TaciTE dans cette si belle et si harmonieuse langue latine; Tacite qui est considéré comme le plus correct et le plus difficile des historiens romains!

ll est dans la vie des jeunes artistes, comme dans toutes les organisations le travail intellectuel prédomine, des moments d'irrésolution ou de lassitude morale pendant lesquels le besoin d’une direction ou d’un guide se fait sentir.

Livrés à eux-mêmes pendant trois années, il n’a appar- tenu qu'aux organisations spécialement douées parmi les lauréats des prix de Rome de se soutenir assez fortement dans leurs études pour arriver au résultat désiré. Mais à tous n'est pas accordée cette force morale. Nous comprenons donc les faiblesses qui se sont trahies récemment, el c'est À nous de rechercher les moyens d'empêcher qu'elles ne se renouvellent.

Chaque fois que l'occasion s'est présentée, nous avons cru devoir faire ressortir la sollicitude dont le Gouverne- ment n'a cessé d'entourer l'institution des grands concours.

Il y a peu d'années encore, par suite de l'élévation pro- gressive du prix des besoins matériels de la vie à Rome, les jeunes peintres et les jeunes sculpteurs y ont été pourvus, aux frais du pays, d'ateliers confortables dans lesquels ces pensionnaires de l'État peuvent se livrer à leur art tont en poursuivant leurs études esthétiques.

ll resterait une dernière mesure, hautement désirable, à prendre en faveur de nos jeunes compatriotes : ce serait de pouvoir les entourer, durant leur séjour dans la ville éternelle, d'une haute surveillance artistique, afin d'impri- Mer à leurs travaux la direction voulue pour qu'ils en lecueillent immédiatement le fruit. :

( 902 )

Nous ne doutons pas que l'appel que nous faisons actuellement à ce sujet au Gouvernement ne soit écouté avec bienveillance par le Ministre qui a les beaux-arts dans ses attributions. Nous connaissons suffisamment ses vues éclairées et sa sollicitude en tout ce qui touche au domaine de l'intelligence, pour oser espérer de voir ce vœu se réa- liser dans un avenir prochain. L'institution des prix de Rome restera incomplète tant qu'elle n'aura pas cette direction artistique indispensable à la jeunesse, et qui suscitera chez nos lauréats l'ému- lation nécessaire au travail : ele les réconfortera aussi aux moments de découragement ou d'indécision inhérents à ceux qui sont livrés à leurs seuls sentiments. Nous pourrons espérer alors voir se relever le niveau des études de nos pensionnaires, et voir dorénavant leurs produetions se placer au méme degré que celles de leurs brillants devanciers.

M. le secrétaire perpétuel proclame de la manere suivante le résultat des concours :

JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887).

PARTIE LITTÉRAIRE,

Quatre questions avaient été inscrites au programme de concours de la Classe pour l'année 1887. Elles avaient pour objet des sujets se rapportant à l'architecture, à la gravure en médailles, à la peinture et à la musique.

L'Académie n'a reçu aucun mémoire en réponse à Ces questions.

( 505 )

ART APPLIQUÉ. Peinture.

Neuf cartons ont été reçus pour une frise décorative à placer à 5 mètres d'élévation :

Les nations du globe apportant à la Belgique les produits de leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie.

Un prix de mille francs était attribué à ce concours national,

Les cartons portaient pour devises ou marques distinc- tives :

1. Peindre ou dessiner toujours; 2. Bramo assai, poco spero; 9. Sapientia; 4. Voorwaarts ; 9. La lettre À dans un triangle; 6. Un double cercle guilloché ; 7. Belgique; 8. Une croix et une ancre, 9. Pour l'art.

La Classe, ratifiant la proposition unanime de la section de peinture, a décerné le prix à M. Joseph Middeleer, à Bruxelles, ee du n? 4: Voorwaarts.

Gravure en médailles.

La Classe des beaux-arts avait proposé comme sujet le « médaillon préalable à une médaille destinée aux lauréats des concours ouverts par l'Académie ».

Aucun projet n'a été recu.

( 504 )

PRIX DE ROME,

GRAND CONCOURS D'ARCHITECTURE DE 1887.

Comme suite aux résolutions du jury chargé de juger le grand concours d'architecture de 1887, le grand prix a été décerné, à l'unanimité des voix, à M. Charles De Wulf, de Bruges, éléve de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles.

Un second prix, en partage, a été voté, également à l'unanimité, à MM. Michel De Braey et Ferdinand Truy- man, tous deux éléves de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers,

Une mention honorable a été votée à M. Philippe Van Boxmeer, de Malines, également élève de l'Académie d'Anvers.

Concours DES CANTATES.

Comme suite aux propositions du jury qui a jugé le double concours des cantates devant servir de thème aux concurrents pour le grand prix de composition musicale de 1887, le prix des cantates françaises a été décerné à M. de Casembroot, secrétaire adjoint et bibliothécaire du Conser- vatoire royal de Bruxelles, pour son poème intitulé : Les SUPPLIANTES.

Le prix des cantates flamandes a été décerné à M. J. Van Droogenbroeck, chef de bureau à la Direction des sciences, des lettres et des beaux-arts du Ministére de l'Agriculture, pour son poème intitulé : DE MORGEN.

( 505 )

GBAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE DE 1887.

Comme suite aux résolutions du jury qui a jugé le grand concours de composition musicale de 1887, le premier prix a été décerné à M. Pierre Heckers, élève du Conservatoire royal de Gand.

Un second prix a été voté, en partage, à M. Paul Lebrun, élève du méme Établissement, et à M. Edmond Lapon, d'Ostende, élève du Conservatoire royal de Bruxelles.

La séance a été terminée par l'exécution de la cantate: Les Suppliantes, poéme couronné de M. Louis de Casem- broot, musique (sur la traduction flamande de M. Emma- nuel Hiel) par M. Pierre Heckers, de Gand, premier prix du grand concours de composition musicale de 1837.

Voici les noms des solistes :

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M"? Clémence Van de Weghe (Évadné) ;

M"? Irma De Jaeger (Éthra);

M"* Hortense De Crozières (Une Argienne) ;

M. Paul Van Hende (Thésée) ;

M. Charles Wayenberghe (Adraste).

_ Les chœurs ont été chantés par les éléves du cours . d'ensemble vocal du Conservatoire royal de Gand et les . Membres de la section chorale du Van Crombrugghe's

L Genootschap, de la méme ville.

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LES SUPPLIANTES

(d’après EunipipE); par L. de Casembroot, secrétaire adjoint et bibliothécaire du Conservatoire royal de Bruxelles.

PREMIÈRE PARTIE.

(La scène est à Éleusis, dans le temple de Cérès.)

Adraste. Préte l'oreille à nos prières, Toi qui viens implorer la divine Cérés, Dans ce temple debout au milieu des clairiéres les premiers épis dorérent les guérets.

Chœur des mères argiennes.

Auguste Éthra, mére du grand Thésée,

Par les rameaux fleuris que vers toi nous levons

Sois de toute part enlacée! Auguste Éthra, mére du grand Thésée, Abaisse tes regards vers nos tristes haillons?

Éthra.

Ma pitié s'est émue A voir couler vos pleurs; Apprenez-moi qui cause vos malheurs Et que votre vieillesse ici soit bienvenue !

( 807 »

Adraste,

Sous les murs de Cadmus nos fils sont tombés morts, Dans le combat qu'hier j'ai livré contre Thébes; Argos pleure vaincue, et ses plus beaux éphébes, Sur le champ de bataille se pressent leurs corps, Gisent sans sépulture! Créon, roi des Thébains, au mépris de nos lois, Nous défend d'enlever leurs restes, en pâture Aux hótes farouches des bois.

Le chœur.

Auguste Éthra, mère du grand Thésée, Abaisse tes regards vers nos tristes haillons !

Adraste.

Auguste Éthra, j'invoque ta clémence! Fléchis ton fils au nom de la souffrance, Et que la terre des tombeaux S'amasse enfin sur ceux dont les corps en lambeaux Saignent abandonnés, héroïque pléiade, Sous le ciel bleu de notre Hellade!

Le chœur. Auguste Éthra, mère du grand Thésée, Abaisse tes regards vers nos tristes haillons ! Thésée (arrivant avec sa suite) -

Pourquoi ces femmes étrangéres T leurs gémissements ont-elles diei "Lesacrifice à peine commencé? |

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508

Éthra.

Mon fils, ce sont les méres Des guerricrs argiens tués par les Thébains; Elles tendent vers nous leurs suppliantes mains. ;

Thésée Adraste qui s'est mis à l'écart).

Quel est ton nom à toi qui voiles ton visage? Suspends tes pleurs; reprends courage. D'Athénes contre les Thébains Dis-moi ce que tu réclames.

Adraste,

Je suis Adraste, roi des Argiens ; j'accours, Thésée, implorer ton puissant secours; Des enfants et des femmes M'accompagnent de leurs clameurs: Thésée, ô le plus grand des Grecs, ó chef d'Athéne, Rends les derniers honneurs A nos guerriers tombés sur les bords de l'Ismene' Que leurs mânes délaissés Par tes soins soient apaisés!

Thésée.

Ton orgueil t'a perdu! Le poids de la détresse Est lourd au front de ceux Que punissent les dieux, Et Némésis vengeresse

Mit àu bras de Créon le châtiment d'Argos. A tes morts, je ne puis élever des tombeaux : ; Dans la plaine, c'est Zeus lui-méme Qui coucha tes guerriers, ainsi que des roseaux.

( 509 )

Adraste.

Je venais implorer une faveur suprême

Au milieu de nos tourments;

Je ne t'ai pas choisi pour juge de mes fautes,

Et si je fus coupable il est des mains plus hautes Qui préparent pour moi de justes châtiments.

Le chœur,

Pitié, pitié de nos lourdes épreuves !

Adraste.

Cessez vos pleurs; femmes, courbez le front; Cachez votre chagrin profond! Pauvres mères, tristes veuves, Éloignez-vous! Laissez sur cet autel Les rameaux verts qu'ont humectés vos larmes ; Et prenez à témoins ct la terre et le ciel Et les flambeaux du temple et le droit éternel Qu'Athénes n'a pas eu pitié de vos alarmes!

Éthra,

Mon fils, j'embrasse tes genoux; A mon tour je te conjure.

Ton refus et ton courroux - Aux dieux sembleront un parjure!

+ S.

"

Sme SÉRIE, TOME XIV. 34

(510)

Thésée.

Ma mére, cesse de pleurer; Léve ta tête blanche; Ta pitié qui s'épanche Sur ceux qu'abrite ce foyer A fléchi ma colère impie. Adraste, mon passé de victoire me lie A la cause des malheureux : Puisque au mépris du droit consacré par les dieux, Thébes voudrait priver tes morts de sépulture; Puisque ma mére méme, oubliant le danger, Fait taire dans son cœur la voix de la nature, Et m'exhorte au combat, et supplie et conjure, Adraste, je veux te venger!

€h«eur des mères argiennes et ces soldats de Thésée.

Honneur à toi, soutien de la détresse, Héros rempli de majesté! A jamais ton nom, par toute la Grèce, Sera béni, sera chanté! Argos, à féconde patrie, . O toi que les malheurs font encor plus chérie, Espére, oublie! Les rameaux d'olivier cucillis dans les chemins Qui des bords de l'Isméne nos

s vers Athéne vos pP

Ont conduit j

nos

ge $ H a d. mains! N'ont pas en vain frissonné dans is EM

DEUXIÈME PARTIE.

(Les soldats de Thésée rapportent, en cortège, les corps des principaux

guerriers d'Árgos ; on dresse les büchers.)

Le chœur des mères.

Voici que les büchers s'allument; Les corps sanglants De nos enfants Parmi les flammes se consument. Cruel, erucl malheur! Enfants chéris, objets de ma douleur !

Élevez-vous, triste harmonie Du chant des morts; di Vibrez, plaintifs accords Des lyres d'lonie. ; hit Crucl, cruel malheur!

Enfants chéris, objets de ma douleur!

Í Hut. Les feux de la prochaine Aurore . Ne sécheront pas les pleurs de nos yeux,

Et, dans ees lieux, | Uus is Nous trouveront encore. d Cruel, cruel malheur!

Enfants chéris, objets de ma

ho

( 912 )

Thésée, N'approchez pas, femmes infortunées; N'emplissez point vos yeux d'un spectacle d'horreur;

Les paupiéres des morts, par Thébes profanées, Les mains de mes soldats les ont fermées.

Le chœur,

Cruel, cruel malheur!

Enfants chéris, objets de ma douleur!

Adraste. Au nom d'Argos qu'écrase la défaite Et qui mit son espoir aux mains de l'étranger, Au nom de la patrie souffle la tempête,

Sois salué, toi qui sus nous venger!

Le chœur. Au nom de la patrie souffle la tempête,

Sois salué, toi qui sus nous venger!

(La cérémonie funèbre est interrompue par l'apparition d'Évadné.)

Le chœur. Qui surgit là, sur la colline? O ciel, c'est Evadné!... Voyez, elle s'ineline Sur la flumme du bücher... Evadné, pourquoi t'approcher! . Nous frémissons d'épouvante.

( 943 ;

Li

Évadné (les yeux perdus dans l'extase).

Pourquoi dans les cieux éthérés, Phoebé, répandais-tu ta lumière mouvante, Quand la ville d'Argos, en des chants inspirés, Célébrait l'hyménée Qui m'unissait au héros Capanée ? Pourquoi, chastes nymphes des bois, En cadence, joignant vos voix, Dans la nuit illuminée, Autour de moi, vous méliez-vous? Femmes, demain, avec des gestes doux, Jetez des fleurs nouvelles Sur ce bücher à l'aube éteint. Ne pleurez pas! Puissent vos cœurs fidèles Garder mon nom! Femmes, demain Cueillez pour moi des fleurs nouvelles! Chantez l'heurcux destin Qui me rend au héros que j'aime. Adicu, pure lumière! O rayonnant soleil, Toi qui va t'abaisser sur l'horizon vermeil, Recois mes derniers vœux et mon souffle suprême!

Le chœur, Fille d'Iphis, écoute-nous! Evadné. O mort, étends sur moi tes ailes de ténèbres! Le chœur, Renonce à tes projets funèbres! )vadné (se précipitant dans le bücher qui consume le corps de Capanée).

. Viens me rejoindre à mon époux!

(514)

Le chœur (épouvanté du spectacle qui s'offre à sa vue).

Horreur! Plus d'espérance! Horreur! La voilà qui s'élance Du haut du rocher!

Iphis (survenant). Femmes, je vous implore!

Mon Evadné, la fille que j'adore, Est-elle auprès du bücher 2...

Vous vous taisez?... O cruelle souffrance!

Ah! Je suceombe à mon malheur immense!

O mon enfant! Chère Évadné! Hélas! Infortuné!

Le chœur.

Que je te plains, ó père! Profonde est ta misére!

Iphis,

O toi qui m'entourais de tes bras caressants, La derniére de mes enfants! Serait-il vrai? Je t'ai perdue, Toi qui baisais mes blancs cheveux, Enfant à qui paraissait due La tàche de fermer mes yeux!

Le chœur.

Que je te plains, ó père! (c Profonde est ta misére!...

(515)

Jphis,

Puissance aveugle qui me laisse La solitude et la douleur,

Ah! que je te hais, à vieillesse, Plus forte encor que le malheur!

Thésée.

Mettez un terme à vos cruclles peines;

Adraste et vous, ô femmes argicnnes, Recevez de mes mains

Les cendres de vos fils, victimes des Thébains;

Conservez-les en souvenir d'Athénes !

Adraste. Argos n'oubliera pas ton secours généreux. Sois aimé par les dieux! Que pour toi l'avenir soit riche en jours heureux !

Chœur général. | Argos, ô fécon le patrie, O toi que les malheurs font encor plus heni. Espère, oublie! Les rameaux d'olivier cucillis dans les chemins Qui des bords de Fi ; nos Ont conduit P% vers Athène

j t nos Ln 1 ont pas en vain toin dans 2 mains!

(516).

DE SWHUEEKENDEN.

(Euripines gevolgd.)

(VERTAALD DOOR EMMANUEL HIEL.)

EERSTE TAFEREEL. Scehouwplaals Eleusis, tempel van Demeter.

Adrastos.

Hoort, hoort aandachtig naar ons bidden,

Gij, die Demeter smeckt, 't gemoed met hoop vervuld, Hier rijst haar tempel in het midden Van "t veld, waar eerst het graan heeft dorren grond verguld.

Rei der Argivische moeders.

Doorluchtige Acthra, gij, Thesëus moeder,

Bij 't geurig vcldgebloemt gestoken naar u heen, O, wees ons, armen, thans te goeder !

Doorluchtige Aethra, gij, Thesëus moeder,

Bezie meewarig ons en hoor naar ons geween.

Aethra.

'k Zie uwe tranen stroomen : Mijn hert is aangedaan... Wie tegen u heeft al dit kwaad begaan? O grijsheid, spreckt, gij zijt hicr welgekomen!

C 517)

Adrastos.

Bij Kadmos muren viclen onze zonen dood;

En gistren, in den slag geleverd tegen Theben, Verloor, ach, Argos! Zij, die dapper streden.

De schoone jongens, liggen lijf aan lijf, gansch bloot, Op °t slagveld zonder graf!...

En Kreon, Thebens koning, hij, die onze wet versmaadt,

Verbiedt ons de overblijfsels te begraven : ach! en staat

Als prooi aan °t wild gediert hen af.

Rei.

CNE Ee SEUNS IJ EP

Doorluchtige Aethra, gij, Thesëus moeder, Bezie meewarig ons, en hoor naar ons geween.

Adrastos.

Doorluchtige Acthra, wees nu gocdertieren, Vermurf uw? zoon, het meclij moct hem stieren, Hij schenk’ de lijken ceuwge rust, De heldenlijken, die, door 't zwaard ter dood gekust, Verlaten liggen in hun bloed versmacht, Hier, onder Hellas blauwe hemelpracht.

Rei.

Doorluchtige Acthra, giy Thesëus moeder, ie meĉwarig ons en hoor ons smeckgeween.

Thesëus (komt op met zijn gevolg .

Waarom, dic vreemde vrouwen, Verwarren zij door hun gejammer, Re Den offerdienst, die pas begint?

(518)

Aethra.

O zoon, "t zijn moeders, vol vertrouwen, Der Argivische krijgers, verslagen door Thebanen! Zij smeeken u, en storten bittre tranen.

Thesëas lot Adrastos, die ter zijde geweken is.

Hoe is uw naam, gij die uw aangezicht bedekt? Staak dit getraan, wees opgewekt ! Wat eischt Athene thans van Theben?

Adrastos.

Adrastos ben ik, Koning der Argivers, 'k loop Tot u, Thesëus, °k vraag uw hulp vol hoop, En kindren, mocders, moegeleden, erzellen mij met hun gekerm. Theséus, machtigste aller Grieken, Vorst van 't schoone Athene, Ach, ontferm, ontferm U, over onze helden, lizzend aan de zoomen der Ismene, Bewijs hun' schimmen cer, De laatste, geef ze vrede weer !

Theséus,

Uw trots was uw verlies! 't gewicht van nood Drukt zwaar als lood

Op 't hoofd der menschen, door der Goden wraak

Vervolgd . .. zij schonk aan Kresus arm de straf Van Argos; o verzaak

Thans uwe dooden... Ik sticht hen geen graf

In "t naakte veld. ’t Is Zéus zelf die liet

` Uw krijgers vellen als het zwakke riet.

( 519 )

Adrastos,

Ik smeek om eene hooge gunste van uw edel herte, In "t bitterste onzer smerte ! ... 'k Hcb u, u nict gekozen als rechter mijner schulden : Indien ik plichtig ben, de Goden, die geen misslag dulden, Bereiden dan voor mij de welverdiende straf.

Rei,

Gena! gena! ons leed is zwaar, laat af!

Adrastos.

‘Staakt smartgewcen... gij, vrouwen, buigt uw hoofd ! Uw diep verdriet thans uitgedoofd... O arme mocders, wecuwen, gaat nu henen; Verwijdert u! en leg op "t outer neer De groene twijgen, nat door hoopvol weenen... Neemt aarde en heme! tot getuigen, ja, nog meer, De fakkels van den tempel, t ceuwig recht, der schimmeneer Athene heeft geen meclij met uw leed.

Aethra.

Mijn zoon, o wecs niet wreed,

Ik zwcer u, weiger niet...

Uw gramschap schijnt den Goden Meinced! meineed! meineed!

( 520

Theséus,

O Moeder, die zoo rcin deedt, "t Gewcen is u verboden... Beur 't grijze hoofd, Uw meelij zij geloofd! Het straalt zich uit, door u gcheiligd, Op hen, door dezen haard beveiligd; *t Bedaart mijn helsche woede; Adrastos, mijn beroemd verleden, bindt mij blij te moede Aan `t lot der lijders : Daar, ondanks "t recht, door Goden hier geniti Thans Thcben "t graf wil weigren aan gevallen strijders, Daar gij, o Moederlicf, nict bange zijt, En in uw hert de stem der liefde stil versmacht, Mij smeekt, bezweert en aandrijft tot den strijd. Adrastos, 'k wil uw wraak!

Rei der moeders en der Argivers.

Eer, eer aan u, gij steun der diepbedrukten, Gij. held vol majesteit! Het Gricksche volk verukt en Verheugd, bezingt uw naam in eeuwigheid. O Argos, vruchtbaar vaderland... Gij, gij, ons liever nog door al uw leed, O hoop, vcrgeet! De olijven geplukt, ter boorden der Ismene... Als vredes onderpand!

Dief ona Š stappen vocrden naar Athene,

Zij hebben niet vergeefs gesidderd infon hand!

( 521 )

TWEEDE TAFEREEL.

(Krijgers van Theseus dragen in stoct de lijken der bijzonderste strijders van Argos en richten brandstapels op.)

Roi der moeders. De stapels vlammen, Het vuur verslindt Het blocdig lijk van kind op kind... Gcen fel vergrammen Stilt thans de smert, O kindren lief, van 't mocderhert.

Klinkt, treurgezangen, Klinkt cindloos voort... Gij, klagend Jonisch luitaccoord Stilt geen verlangen Der wreede smert, O kindren lief, van 't moederhert!

De zonnestralen Ze droogen niet De tranen van ons ziclsverdriet, We blijven dwalen Hier met ons smert, O kindren lief, in 't moederhert. Theséus, Ach, nadert niet, rampzaalge vrouwen, : Vervult uw blikken nict met "t beeld van d en smert. Door onze krijgers werden de oogen toegevouwe Der heldenschaar, dic hier door Theben snood ontheilig werd. Rei. O ramp, hoe wreed, hoe wreed! Gij kindren lief, gij oorzaak van ons leed!

Adrastos.

In naam des vaderlands, waar woeden onweérsvlagen, Gij, die ons wrecktet, wees gegroet !

( De begrafenisplechtigheid wordt onderbroken door de verschijning van Evadnee.)

Wie rijst daar op den heuveltop? O God, ‘Lis Evadnee... ze wendt den kop Ten stapel, naar de viam... Ach, Evadnce, neen, nader niet... o gram! We siddren, schrik, schrik slaat ons lam.

Evadnee (de blikken verloren in geestvervoering).

Waarom, in "t blauwe van den hemel, O Phebos straalt ge uw lichtgewemel, Wanneer in Argos stede liefdezangen Luid loofden "t hymenéus, Dat mij met eenen held verbond, met Kapenéus?... Waarom, gij nimfen van het bosch, Sprongt gij vol zwierige dansmaat los In de nacht, glinstrend zacht, Rond mij, vol licfdepracht? O morgen, vrouwen, werpt met teedre hand, Ten stapel, frissche bloemen... Ten stapel, met den uchtend uitgebrand.

Ach, weent niet, laat uw trouwe roemen; Bewaart mijn naam; o vrouwen, morgen Plukt, plukt voor mij. dan frissche bloemen ! Zingt 't heillot, dat voor mij wil zorgen, Dat mij beschikte cen held, door mij bemind...

(525 )

Vaarwel, rein licht, o glanzend licht, dat mij verblindt; à Gij, die nu slapen gaat in "t rozig bed van vrée. O neem mijn laatsten wil, mijn laatsten adem mée.

Roi,

O Iphis dochter, wee! `t gevaar is groot!

Evadnee.

Delf m'in uw duisternis, o dood! o dood!

Rei.

Laat, laat uw ontwerp dwaas en snood!

Evadnee (stort zich in den brandstapel, die het lijk van Kapanëus slindt).

Heil! °k vind u weder, lieve echtgenoot!

el (verschrikt door het schouwspel). p

O ramp! geen hope meer! O ramp! daar stort ze neer

In den gloed ...

Hphis (verschijnt). O vrouwen, mocders, 'k smeek u, Mijn Edvanec ontweck u: Waar schuilt mijn kind, mijn dierbaar bloed? Gij zwijgt ... o bitter lijden !... Gij zwijgt ... o wreed kastijden!... O kind ... Gij spartelt in den gloed .. . O "t sterven waar mij zoet!

( 824 )

Rei,

O vader, laat ons diep uw lot beklagen, Uw leed is nict te dragen.

Iphis,

O Gij, die met uw streclende armen,

Gij, laatste kind, mijn boezem wist te warmen, Zou ’t waar zijn? ceuwig zijt ge heen ?

Gij, die door kussen stilde mijn geween,

Zult mij nict de oogen sluiten? Neen!

Wee! wec! voor ecuwig zijt gij hcen.

Rei.

O vader, laat ons diep uw lot beklagen, Uw lced is niet te dragen.

Iphis,

O blinde macht, o domme kracht,

'k Blijf droef alleen van mijn geslacht... O grijsheid, 'k haat u met meer gloed Dan mijnen helschen tegenspoed.

Theséus.

Bekampt en stilt uw smartlijk rouwen, : Adrastos; ook gij, Argivische vrouwen, ^ Ontvangt uit mijne hand Thans de assche van de zoons, gedood door die van Theben..- En neemt ze als pand, Gedenknis van Athene mede! Zij hebben kloek gestreden!

( 525

Adrastos,

Neen, Argos, neen, vergeet nooit de edeldaad, Dat nooit der Goden zegen u verlaat!

Rei.

O Argos, vruchtbaar vaderland, Gij, gij, ons liever nog door al uw leed, Och hoop, vergeet ! De olijven, geplukt ter boorden der Ismene, Als vredesonderpand, Die onze stappen voerden naar Athene, Zij hebben niet vergeefs gesidderd in ons hand.

Aanmerking. Men moet de tijdmaat der Grieksche namen uitspreken op de volgende wijze :

Te ww —-— NP

Aethra. - Hella.

b aer siib E . MN qe xD Theséus. Argivische. bs E vw AP oer O

Adrastos. Athene.

CONTE v= v Evadnee. Argivers. ra à Syr ce NE

Iphis. . Ismene.

v= vuv ` j vw

Demeter. 4 Zeus.

a M s ; y pe ON Kadmos.. E Jonisch.

wi a à i Zen AV Theben. 2 : Phebos. . : T NE. Argos. : ; Hymenëas, "^ Kreon. Kapanéus.

beteekent : lang. - v beteekent : kort.

SÉRIE, TOME XIV. | 55

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Société khédivale de géographie. Bulletin, 2™° série, 10 et 11. Le Caire, 1887 ; in-8°,

Société d'histoire de la Suisse romande. Mémoires et documents, seconde série, tome 1. Lausanne, 1887; vol. in-8°.

Tifliser Observatorium. Magnetische beobachtungen, 1884-85. In-8°.

1 TABLE DES MATIÈRES

CLASSE DES SCIENCES. Séance du 8 octobre 1887 Y

CORRESPONDANCE. Dépêche a relative à la formation de la : liste des candidats pour le choix du jury de la première période du con- 5 cours décennal dés sciences philosophiques. Membres du jury pour —- E le quatriéme concours du prix Guinard Cinquantième anniversaire de la Societé des sciences naturelles de Hambourg. Liste de souscrip- E tion pour la fondation, à Utrecht, d'une institution scientifique qui poriera.

; le nom de Donders. Billets cachetés déposés par MM. De Keersmaecker et diit Verstraete, Restitution à M. Laurent de son billet cacheté ce

deposé le Aer août 1883. Dépôt aux archives de communications

iau par M. Delaey. Travaux manuscrits soumis. à lexa Metam (sor

Hommage d'ouvrages. . ed SIME S S HUC PUE -— T ajectoire T corps assujetti à se EAE sur. Eja dec

] d Lio? rrestre (L Lindelöf);

note par G. Yan der Mensbrugghe. : Fee RARE cR es T os CONCOURS EXTRAO IRE POUR 1887. Deux | ómoires ont été et "E

Sin la iae onerant aai ères, la vie et |

+

po Lecture du apport e par La Y PES : fils, x

CLASSE DES LETTRES. Séance du 10 ociobre 1887. CORRESPONDANCE. Dépêche ministérielle relative à la formation de la puc gx candidats pour le choix des jurys chargés de juger : la pre- du concours décennal des sciences philosophiques; la buitiide | période du concours quinquennal de littérature francaise: la dixiéme période du eoncours triennal de littérature dramatique en langue francaise. Membres du jury pour le quatriéme concours Guinard. Hommage d'ouvrages. M. Alex. Henne pius pour écrire la notice sur vis . e 'eboom . EMEN Le texte ordinaire du Yih-King, sa i nature el son inter- m (Ch. de NAH Mine par P. Willems. .

de mien et le tien, causerie populaire, traduite de iilatien } de Camille

Wiliquet; en LENA. S. ; | Vondel et la ADU par 23 dee. *

Tarta: e. Y OHaet

E DES nrats-anrs se Séance du 6 octobre 1887 ye

y *

LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

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Aem HA TAS dis E MAD A e

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BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

1887. No 11.

CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 5 novembre 1887.

M. J. De Tiry, directeur, président de l'Académie. M. Liacre, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- champs, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Can- dèze, Ch. Montigny, A. Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, .. Ch. Van Bambeke, Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, 1 W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, membres; E. Catalan, -. Ch.dela Vallée Poussin, associés; J. Delbœuf, L. Fredericq, J.-B. Masius, Paul Mansion, A. Renard, P. De Heen et C. Le Paige, correspondants.

9"* SÉRIE, TOME XIV. P 96

D.

( 834 )

CORRESPONDANCE.

La Classe prend notification de la mort :

1% de Gustave Kirchhoff, l’un de ses associés de la sec- tion des sciences mathématiques et physiques, décédé à Berlin le 17 octobre dernier, à l’âge de 63 ans;

2 de Spencer Fullerton Baird, secrétaire de la Smithso- nian institution de Washington, décéde à Woods Holl (M°), le 19 aoüt dernier ;

du conseiller Antonio-Augusto d'Aguiar, président de la Société de géographie de Lisbonne, décédé le 4 sep- tembre dernier, à l’âge de 49 ans.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics demande l'avis de la Classe sur la requéte de M. Pergens qui sollicite de pouvoir occuper, pendant l'année 1888, la table de la Station zoologique, à Naples, affectée aux Belges. Renvoi à MM. Van Beneden, père et fils, et Plateau.

Le méme Ministre adresse, pour la Bibliothéque de l’Académie, le tome VII des Annales du Cercle hutois des sciences et des beaux-arts. Remerciements.

M. le général Ibanez, associé de la Classe et président de l'Institut géographique et statistique de Madrid, offre plusieurs livraisons de la Carte topographique de l'Espagne au 1/50.000*.

.. M. le lieutenant-colonel Hennequin, directeur de l'in- stitut cartographique militaire belge, adresse, au nom de M. le Ministre de la Guerre, deux exemplaires du premier

ET do i etw

( 995 ) fascicule du tome VI de la Triangulation du royaume de Belgique. ,

Ce fascicule se rapporte aux observations astronomiques faites à Hamipré, en 1884, par M. le capitaine adjoint d'état-major Delporte. Remereiements.

M. E. Ducretet, à Paris, adresse une note manuscrite sur un Enregistreur mécanique et automatique des signaux transmis par les télégraphes et par les projecteurs optiques. Dépót aux archives, le réglement s'opposant à ce qu'il soit émis un avis sur des travaux déjà communiqués à d'autres corps savants.

L'auteur du mémoire portant la devise : Numeri regunt mundum, envoyé en réponse à la question du con- cours de l’année actuelle se rapportant à l'écoulement linéaire des liquides, demande à rentrer en possession de

Son manuscrit. La Classe prononce l'ordre du jour sur

cette demande, qui est contraire au réglement.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : !

Études sur l'aspect. physique de Jupiter (2° partie). Observations faites à Louvain, à la lunette de Secrétan, de 1882 à 1885, par F. Terby (avec 5 planches). Commis- saires : MM. Houzeau, Folie et Liagre;

2 Les plans planétaires et l'équateur solaire; par

: L. Niesten. Commissaires : MM. Folie et Liagre;

9* On Forecasting the weather; par B.-J. Jenkins, (avec 1 planche). Commissaire : M. Houzeau;

4 Sur la nature minérale des silex de la craie de Nouvelles, et contribution à l'étude de leur formation ; Par A. Renard et C. Klément. Commissaires : MM. de la Vallée Poussin et Briart.

Adice. una ECCLE Ne gus » SITE

( 956 )

Hommages d'ouvrages :

1* Observalions sur les mœurs du BLaniuLus GuTTU- LATUS Bose.; par F. Plateau;

2* L'apophyse styloide du troisième métacarpien chez l’homme; par H. Leboucq;

9" Théorie analytique des mouvements des satellites de Jupiter (2** partie); par L. Souillart. Remerciements.

La Classe donne mission à MM. P.-J. Van Benéden, Folie et Fredericq de la représenter à la célébration du soixante-dixième anniversaire du D" Donders, associé de l'Académie, qui aura lieu à Utrecht le 27 mai 1888.

Sur la demande de M. Van der Mensbrugghe, pre- mier rapporteur, M. Ferron sera remis en possession de son travail intitulé : Sur l'insuffisance du système suivi par Cauchy (théorie de la lumière), etc., afin que l'auteur puisse le modifier s'il le juge nécessaire.

RAPPORTS.

Action des acides sur le gout; par J. Corin. Rapport de M, Delbæuf, premier commissaire. « Après avoir fait cette remarque générale que les acides | ont tous le goût acide, M. Corin s’est appliqué à rechercher quelle relation il pouvait bien y avoir entre ce gout et la composition chimique. Il est arrivé à ce résultat curieux, que l'acidité sensible eroitrait avec la quantité d hydrogène basique renfermé dans la molécule acide, ct décroitrait avec le poids méme de la molécule.

( 537 )

lIl n'établit d'ailleurs et c'est avec raison aucune relation numérique précise entre les deux termes com- parés.

Rien de plus délicat que les problèmes qui se rattachent à la mesure des sensations. On peut s'en convaincre en lisant les innombrables travaux, souvent contradictoires, sur la mesure des sensations lumineuses, qui sont, sans con- tredit, les plus favorables à l'expérimentation. Mais, de tous les sens, le goüt est, avec l'odorat, celui qui lui offre le . moins de prise, et les tentatives faites jusque dans ces der-

niers temps pour l'en rendre justiciable, sont loin d'être

pleinement satisfaisantes.

Le travail de M. Corin constitue un essai heureux ct ori- ginal, qui, perfectionné, pourra fournir des résultats plus précis. |

L'auteur a saisi d'emblée les difficultés de la question, et son travail commence par le détail des précautions à prendre pour expérimenter avec toute la rigueur possible. Seulement il ne nous dit pas qu'il a été seul à faire ses dégustations, et c'est un point important à signaler. Il est done possible qu'un autre, en appliquant la même méthode, arrive à une autre classification des acides au point de vue de l'acidité. Qui sait? en matière de goût, il Se révélerait peut-être des différences personnelles, comme en fait de couleurs. i : Provisoirement done, les résultats que M. Corin nous livre ne sont garantis que par lui, et celui qui voudrait les contrôler devrait commencer par faire sa propre éducation, Comme lui l'a faite. Il me parait nécessaire que le mémoire Struise le lecteur de cette circonstance.

I. Corin désigne les degrés d'acidité par des termes assez

“agues en eux-mêmes : très acide, acide, assez acide, peu

VERIS o esae SENTE cde ue. ER CR TE TETE RER ÀÀ

( 538 \

_ acide, limonade, douteux, faible, nul. Il devrait et pourrait arriver à une terminologie plus précise. Pour apprécier le degré d'acidité de ses différentes solutions, il les goütait l'une aprés l'autre, et les rangeait dans l'ordre du plus ou moins. Mais ceci n'est pas dit dans le mémoire, et il faut le deviner. Il se servait donc de la méthode des différences finies. S'il nous donnait un seul tableau des essais aux- quels il s'est livré pour arriver à obtenir sa. classification, nous pourrions nous faire une idée claire de ce que peut ` être une échelle d'acidité. Il parait qu'il s'était exercé au point de ranger toujours dans le méme ordre les solutions qu'il éprouvait. Ce qui semble indiquer que les différences étaient suffisamment sensibles.

Partant de là, on concoit qu'il y aurait peut-étre moyen de classer les différents acides au point de vue de l'acidité, en les rapportant à des dilutions déterminées d'un méme acide type. C'est ainsi que les essayeurs de matières d'or et d'argent apprécient les alliages.

ll est vrai que, d'aprés M. Corin, il serait plus difficile de juger d'une équivalence que d'une différence. Cependant l'essai dont il nous donne un spécimen devrait, ce semble, - l'encourager dans cette voie. Ayant par deux fois obtenu des solutions d'acide chlorhydrique et d'acide sulfurique, sensiblement les mémes au goüt, et les ayant neutralisées par de la soude, il est arrivé les deux fois au méme rap- port 5/5, soit exactement #/,; et 135/219 pour les quantités de soude respectivement employées. |

Ce serait le cas de recourir à la méthode connue en psychophysique sous le nom de méthode des erreurs moyennes. Ce pourra être matière à recherches ulté- rieures. "

En somme, travail intéressant.

( 539 )

Je propose donc d'insérer le travail dans le Bulletin de l'Académie, aprés que l'auteur l'aura complété dans le sens des observations précédentes, et en aura fait disparaitre des négligences de rédaction qu'on y rencontre, surtout dans l'énoncé des théorèmes;

2? De voter des remerciements à l'auteur, en l'invitant à continuer ses recherches. »

+

Rapport de M. Léon Frederic, second commissaire.

Pour aucune calégorie de substances sapides, les relations qui peuvent exister entre le goüt et la fonction chimique ne paraissent aussi évidentes que pour les acides. Tous les corps, acides au point de vue gustatif, le sont aussi au point de vue chimique; comme si certaines ter- minaisons nerveuses de la langue étaient le siége d'une affinité spéciale pour les acides.

Ainsi que le fait remarquer, l'auteur du travail que nous analysons, le bout de la langue peut remplacer le tournesol quand il s'agit de décider si la molécule d'un Composé soluble contient de l'hydrogène basique, Cest- à-dire remplacable par un métal; mais il est incapable de discerner à quelle espèce d'acide appartient cet hydro- gène. En effet, la plupart des acides ont identiquement le méme goût : l'intensité seule de la saveur varie.

Jusqu'oü va cette relation entre l'action gustative et la fonction chimique? L'une peut-elle servir de mesure à l'autre? En d'autres termes, l'intensité de la saveur des différents acides est-elle en rappgrt avec le poids de l'hydrogène basique qu’ils contiennent, ou, ce qui revient

( 540 ) au même pour la plupart d’entre eux, avec la quantité absolue de soude qu'ils sont capables de neutraliser? Telle est la question que M. Corin a cherché à résoudre.

Il a composé, avec les acides chlorhydrique, nitrique, formique, acétique, etc., des limonades contenant la méme . quantité d'hydrogène basique et il est arrivé, en les goù- tant, à un résultat tout à fait inattendu : ces solutions, équivalentes au point de vue chimique, ne le sont pas au point de vue du goüt. Une molécule d'acide chlorhydrique (c'est-à-dire une quantité d'acide chlorhydrique propor- tionnelle au poids moléculaire) exerce sur la langue une action plus forte qu'une molécule d'acide nitrique; celle-ci à son tour est plus acide au goüt qu'une molécule d'acide formique ou d'acide lactique, etc.

En classant les acides de méme basicité d’après l'inten- sité de la saveur acide de leur molécule, M. Corin est arrivé à ce second résultat curieux, que la saveur d'une molécule d'acide est d'autant plus forte que cette molé- cule est plus légère. L'action qu’un atome d'hydrogène basique exerce sur la langue est donc d'autant plus marquée que la molécule dont il fait partie a un poids plus aible.

Si cette proportionnalité était rigoureuse (point que M. Corin n'a pas résolu), il en résulterait cette consé- quence curieuse que, pour composer des limonades éga- lement acides au goût, en partant de solutions d'HCI, HNO;, H,CO,, etc., équivalentes comme acidité au point de vue chimique, il faudrait prendre de chacune de ces dernières solutions une quantité proportionnelle au poids moléculaire de l'acide considéré, et diluer chaque fois au méme volume d'eap. Si l’on partait de poids absolus de HCI, HNO,. H;CO,, il faudrait prendre de chacun de ces

| LE

, DA! y

acides un nombre de grammes ou de centigrammes pro- portionnel au carré du poids moléculaire et dissoudre dans le même volume d'eau, pour avoir des limonades équivalentes au goüt.

Je me hàte d'ajouter que les tableaux d'expériences de M. Corin ne concordent pas bien avec la loi de propor- tionnalité rigoureuse, telle que je l'ai supposée un instant.

D'autres facteurs que le poids moléculaire interviennent sans doute pour déterminer l'intensité de la saveur aigre- lette d'un atome d' hydrogéne basique.

J'ai l'honneur de me rallier aux craie formulées par mon savant confrère, M. Delbœuf. »

Les conclusions de ces deux rapports ont été adoptées par la Classe,

Observations physiques de Saturne faites en 1887; par Paul Stroobant.

Rapport de M, F. Folie.

« M. P. Stroobant, astronome amateur trés zélé, connu par plusieurs publications intéressantes insérées au Bul- letin, a fait avec soin, du 27 janvier au 20 avril, des obser- valions physiques de Saturne et de son anneau. Elles sont résumées dans le travail que l'auteur soumet à | "Académie, et dont le texte sert. d'éclaireissement à la dns qui l'accompagne.

Les faits les plus intéressants signalés par M. Stroobant Sont les suivants. Les fameuses divisions d'Encke et de Stuve paraissent sujettes à de très grands changements quant à la netteté avec laquelle on les aperçoit et quant à

( 542 )

la position qu'elles occupent. C'est ainsi que le 9 et le 12 février, la séparation d'Encke semble diviser en parties égales l'anneau extérieur À, alors que le 4 avril, l'obser- vateur la voit tout prés de la division Cassinienne. Même remarque quant à la division de Struve; celle-ci est beau- coup plus rarement visible, et, lorsqu'on l'apercoit, c'est souvent sur une anse seulement. D'ailleurs, jusqu'ici aucun observateur n'a pu la voir distinctement sur toute la por- tion visible de l'anneau C. Les dentelures que M. Stroo- bant nous montre à différentes reprises, empiétant sur l'anneau A comme des éclaboussures partant de la division Cassinienne, méritent de fixer l'attention, ainsi que les changements dans l'allure de l'ombre du disque sur l'an- neau et les modifications profondes des bandes qui recou- vrent la surface.

L'ensemble des descriptions et des dessins de M. Stroo- bant nous montre que nous sommes bien loin d'une explication compléte du brillant phénoméne admiré dans Saturne. Assurément l'état de l'aumosphére joue un grand róle dans les résultats observés, la limpidité et le calme de l'air, le voisinage de la Lune doivent exercer de l'influence. Nous savons aujourd'hui que, sous un ciel trés pur, les raies de la chromosphére apparaissent brillantes en dehors de toute éruption, mais le caractère des variations signa- lées, par exemple, l'extinetion de la division d'Encke, alors que la division de Struve était apparente, établissent l'existence d’autres causes. Il faut remercier et encourager ceux qui, possédant un bon crayon comme M. Stroobant, ont la patience de dessiner fidélement les changements d'état que Saturne et son anneau présentent dans un bon télescope. Ils contribuent ainsi non seulement à étendre le champ de nos connaissances relativement à cette planéte,

( 545 )

mais à faire avancer la solution du probléme cosmique et ' mécanique de l'anneau.

Je propose done bien volontiers à la Classe l'insertion du travail de M. Stroobant ainsi que de la planche qui y est annexée, dans le Bulletin de la séance. »

M. Houzeau, second commissaire, ayant adhéré aux

conclusions qui précédent, elles sont mises aux voix et adoptées par la Classe.

Sur la théorie de l'involution; par Francois Deruyts.

Rapport de M. €. Le Paige.

« Le travail dont j'ai l'honneur de présenter l'analyse à la Classe est la suite naturelle de celui que M. Deruyts a présenté à l'Académie dans la séance du 6 aoüt dernier. Aprés avoir rappelé la méthode dont il fait usage pour représenter les involutions unicursales dans un espace E, à n dimensions, l'auteur fait observer que le point de cet espace qui représente une involution |; , peut aussi être considéré comme l'image d'une forme algébrique. La courbe normale devient alorsle lieu des points qui représentent des formes binaires, puissances exactes. Lorsqu'il s'agit d’une forme d'ordre inférieur à n, n p, par exemple, la méme représentation a lieu, et il corres- pond, à la forme donnée, un espace E,.

L'interprétation dont il fait usage permet à l'auteur. dénoncer et de démontrer simplement des théorémes dus à M. Rosanes. en

( 544 )

Reprenant les résultats de son étude antérieure, le jeune docteur obtient certaines propriétés des éléments neutres d'involutions supérieures; nous pourrons faire observer, en passant, qu'il retrouve, par une méthode différente, un des théorémes que nous avons énoneés dans une récente communication. Je me hâte d'ajouter que M. Deruyts n'avait pas connaissance de ma petite note et que d'ail- leurs, tont en généralisant et complétant mes résultats, il énonce d'autres propriétés qui découlent immédiatement de ses procédés,

Au surplus, il fait usage de ces propriétés pour établir l'existence de formes canoniques simples pour l'équation des involutions supérieures, et pour démontrer certains théorémes généraux de réduction à des formes normales Tun système de formes algébriques binaires.

Ces théorémes comprennent, comme cas fort particu- lier, les résultats sur la réduction d'une forme binaire à une somme de puissances n obtenus par M. de Paolis.

Cette. courte analyse permettra, je pense, d'apprécier l'intérêt que présentent les recherches de M. Fr. Deruyts, et justifiera, je l'espére, la proposition que je fais à la Classe d'ordonner l'insertion de son mémoire dans le Bulletin de la séance. »

Ces conclusions, appuyées par M. Mansion, second com- missaire, sont mises aux voix et adoptées par la Classe.

( 548 )

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthro- podes (deuxième partie). Vision chez les Arachnides ; par Félix Plateau, membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'Université de Gand, etc.

AVANT-PROPOS.

La première partie de ces recherches (1), consacrée à la vision chez les Myriopodes, conceruait des êtres d'un type très primitif, lucifuges, comparables, pour les habitudes, aux Articulés cavernicoles et fort inférieurs, par le déve- loppement incomplet des facultés instinetives ainsi que par l'absence totale d'industrie, à un grand nombre d'Arthro- podes mieux doués.

Dans la deuxième partie actuelle, qui traite des Arach- nides, il s’agit aussi d'animaux voisins, par l'organisation, des Arthropodes anciens, mais dont les moeurs sont loin d'être restées uniformes : les uns, comme les Scorpio-

ec MU i uA

(4) But. de v Acad. roy. de Belgique, 9* sér., t. XIV, n™ 9-10, p. 407, 1887

.

*

( 946 ) nides, vivent encore à l'abri du jour et, ainsi que:nous le verrons, doivent compter surtout sur le hasard pour se procurer de la nourriture; d'autres, comme la plupart des Aranéides, tendent des pièges aux Insectes; enfin, dans ce dernier ordre, les représentants de famille entiéres recher- chent la lumiére et se livrent à de véritables chasses; ce sont naturellement ceux dont les instincts et les percep- tions visuelles ont atteint le développement le plus élevé qu'ils pouvaient acquérir dans cette catégorie d'Articulés.

Les expériences sur la vision devaient donc donner et donnent, en effet, des résultats un peu différents suivant les types étudiés. C'est pour ce motif, qu'au lieu d'essayer de formuler des conclusions générales à la fin de cette étude, j'ai préféré rédiger des conclusions spéciales pour les trois groupes distinets des Aranéides, des Scorpionides et des Phalangides.

Les figures 4 et 2 de la planche I (première partie) représentant la structure d'un d'œil postérieur d'Araignée, et les figures 3 et 4 de la méme planche, quoique se rap- portant à l'ocelle des Insectes, permettant de comprendre aisément l'organisation des yeux simples à bàtonnets ter- minaus, je prie le lecteur d'y jeter un coup d'œil avant d'aborder l'examen du présent travail.

Enfin, celui-ci étant une suite, les numéros des cha- pitres et des paragraphes continuent les séries com- mencées dans la premiére partie.

(547)

CHAPITRE Ill. Aranéides.

8 9. Considérations générales.

J. Müller (1) attribue aux Araignées une vue nette à courte distance, et Lacordaire (2), qui emprunte peut-étre ses renseignements au précédent, dit la méme chose pour l'ensemble des Arachnides.

Dugès (3) fait probablement allusion à la Mygale maconne {Cteniza cœmentaria) qu'il connaissait bien, lorsqu'il s'exprime ainsi : « Si une Araignée rentre dans ? Son trou à l'approche de l'homme, méme quand il est ? encore éloigné de prés d'une toise (environ deux ? mètres), il n’est pas besoin, pour expliquer ce fait, de » lui supposer une vision distincte jusqu'à cette distance, » mais seulement la perception des masses » (4.

Rappelons, en outre, que c’est Grenacher (5) qui

UE CE 5 0

(1) Müccer, Zur vergleichenden Physiologie des Gesichtsinnes des enschen und der Thiere, p- 955, Leipzig, 1826. n Laconpaig. /ntroduction à l'entomologie, t. II, p. 241, Paris,

(9) Dceis. Traité de physiologie comparée de l'homme et des animauz, t. |. p. 322, Paris, 1853. (4) Nous dirions aujourd'hui la perception des mouvements.

(9) GnENACUER, Untersuchungen über das Sehorgan der Arthropoden. Göttingen, 1879, |

( 548 )

découvrit le curieux. dimorphisme des yeux des Ara- néides : les bàtonnets étant situés aux extrémités des ommatidies dans les uns (yeux médians antérieurs d'Epeira, par exemple) et plus profondément dans d'autres (yeux médians postérieurs d'Epeira, etc.); les éléments rétiniens étant aussi plus petits ct plus serrés dans les yeux à bâtonnets terminaux, plus larges et moins nombreux dans les yeux à corps bacillaires pro- onds.

Sans admettre immédiatement avec Grenacher (1) que la vision doit nécessairement être plus nette avec les yeux de la première catégorie, ce qui serait, du reste, presque impossible à constater, nous pouvons raisonnablement supposer que les deux formes d'organes ont des róles légèrement différents.

se réduisent à peu près les hypothèses générales sur la fonction visuelle des Araignées. Les observations spé- ciales sont consignées ci-lessous.

$ 10. Atrides.

(Genres : Salticus, Epiblemum, Attus, etc.)

Ce groupe, très remarquable par ses maurs, se COM- pose de petites Araignées chasseuses se promenant le jour sur les murailles, la surface des rochers, le tronc des arbres, à la recherche des Insectes et fondant sur leur victime en exécutant un bond.

Nous sommes obligés d'y ranger les Aranéides indéter-

XU ER ME er E

(1) GaENacugn. Untersuchungen, etc., op. cit., p. 146.

( 549 ) minées, dont les auteurs parlent en employant la dénomi- nation d'Araignées sauteuses.

Toutes ont les yeux médians antérieurs plus grands que les autres, parfois énormes (pl. Il, fig. 1); leurs allures curieuses ont attiré l'attention dés longtemps (1).

Treviranus (2), puis des naturalistes plus modernes (3), ont doué les Attides d'une adresse et d'une précision dans la capture des Insectes que l'observation attentive ne con- lirme guère. Dugès (4) est à peu près exact lorsqu'il dit f que les Saltiques « ne poursuivent leur proie qu'à la dis- | » lance de quelques pouces », et E. Simon (5) rend bien certaines attitudes dans la phrase suivante : « l'Atte reste jp 2? Souvent à la méme place pendant des heures entières, i ? lournant de temps en temps sur elle-méme et sou- » levant son grand corselet pour agrandir son horizon » visuel »; mais c'est à Fr. Dahl, à Aug. Forel, à C-B. Lyster et à H.-F. Hutchinson, que l'on doit les renseignements les plus précis.

D'aprés Dahl (6), l'Attus arcuatus. Cl. constate la pré- sence d'une petite mouche (Homalomyia | canicularis)

Ren d Uo M Qu

(1) Voyez, par exemple, CLenck. Aranei suecici, p. 115, Stockholm, 1757.

(2) Treviranus. Biologie oder Philosophie der lebenden Natur, Bd VI, p. 444, Göttingen, 1822.

(3) Lisez à cet égard : Bremm. Les Insectes, traduction de Künckel d'Herculais, t. If, p. 751, Paris, 1882.

(4) Ducès. Traité de physiologie, ete., op. cit., p. 522.

(5) Simon. Histoire naturelle des Araignées, p. 918, Paris, 1864.

(6) Dan, Versuch einer Darstellung der psychischen Vorgänge in den Spinnen (Virteljahrsehrift f. Wissenschaft. Philosophie, pp. 94, 95. IX, 1, 1884).

-me » 5 9 * SÉRIE, TOME XIV. xd

( 550 )

20 centimètres (1); cependant la distance doit être réduite à 1 ‘/2 et même à 1 !/4 centimètre pour que l'Araignée bondisse sur sa proie. L'ingénieux auteur, désirant déterminer jl limite de vision distincte de l'Ara- néide en question, lui présenta un petit Hyménoptère (Hylœus morio) dier peu en forme et en volume du Diptére précédent. L'Atte s'approcha jusqu'à 2 centi- mètres, puis recula aussitôt.

Même résultat avec un Diptére hyménoptériforme, la Cheilosia precox, puis avec une boulette de papier de la grosseur d'une mouche, suspendue et déplacée à l'aide d'un fil (in. L'Araignée recula chaque fois lorsqu'elle ne fut plus qu'à 2 centimètres environ de l'objet.

Dahl eite aussi le eas d'un Epiblemum scenicum qui semblait remarquer les déplacements de l'observateur à 50 centimètres de distance. l| ne s'agit évidemment ici que de la perception des mouvements et non de la vision distincte d'un objet déterminé.

J'arrive aux faits constatés par Forel (2) : « Lorsqu'on » observe, dit-il, une petite Araignée sauteuse faisant la » chasse aux mouches sur une fenêtre, on est étonné de

BUD US BUR EDP LEE ma

(4) H est possible que Dahl ait bien mesuré; cependant cette distance de 20 centimétres comparée à ce que j'ai pu constater moi-même chez l'Epiblemum scenicum, me semble énorme. ll faut, bien étre trés exercé, ou bien porter sur soi une règle divisée pour ne pas commettre d'erreurs.

(2) Forez. Beitrag zur Kenntniss der Sinnesempfindungen der Insekten. (Mittheilungen d. Münchener entom. Vereins, p. 15, 1878.

Forez. Expériences et remarques critiques sur les sensations des Insectes, Premiére partie. (Recueil zoologique suisse, t. IV, À; p. 18, Genève, 1886.)

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( 551 )

voir combien sa vue est mauvaise; elle n'apercoit la proie qui se proméne tranquillement devant elle qu'à deux ou trois pouces (5 !/2 à 8 centimètres), la cherche dans une fausse direction dés qu'elle s'éloigne un peu plus. Et, lorsque la mouche se tient tranquille, cette petite Araignée qui ne posséde que des ocelles peut passer encore bien plus prés d'elle sans la voir. Si les mouches n'étaient pas si stupides et si imprudentes, elles ne seraient jamais prises. »

Forel (1) ajoute plus loin, à propos des Attides : « Quant aux Araignées sauteuses, il m'a paru qu'elles ne voient leur proie que lorsqu'elle se meut à peu de distance d'elles. Alors elles se tournent dans sa direction et sautent dessus. Comme elles ont quelques groupes d'ocelles, on peut facilement se représenter qu'ils doivent suffire pour leur indiquer la direction du mouvement percu, ce qui leur permet d'atteindre l'objet par un saut qui rase terre. Du reste, elles manquent cinquante mouches pour une qu'elles atteignent (2). » C.-B. Lyster, décrivant récemment dans Nature (2) les

allures d'une Attide qu'il désigne par l'expression vague de « petite Araignée chasseuse commune sur la côte occiden-

tale d'Afrique », évalue à 5 centimètres la distance à

laquelle l'Aranéide se trouvait de sa proie lorsqu'elle tixa son fil et à 2 1/2 centimètres l'espace qu'elle franchit en sautant.

L'observation de Lyster, qui concorde fort bien avec

P Eaa inia t E

(1) Forez. Ibid., pp. 40-41. (2) Les passages en italique sont en caractères ordinaires dans le

texte original de Forel.

(9) Lyster. À spider allowing for the Force af Gravitation. (Nature,

Yol. XXXVI, 929, page 566, 18 août 1887.)

( 552 ) les autres, a d'autant plus de valeur à mes yeux qu'elle est indépendante de toute idée préconcue, ayant été effectuée par un naturaliste qui ignorait l'existence de recherches sur la vision des Arachnides.

Enfin, on doit rappeler encore le fait curieux rapporté par H.-F. Hutchinson (1) d'un Epiblemum scenicum pour- suivant sa propre image sur un miroir. Il serait, je crois, difficile d'imaginer une expérience qui démontre mieux que l'Aranéide distingue trés mal la forme des corps, et qu'elle voit surtout les mouvements.

Ces citations un peu longues étaient nécessaires pour pouvoir comparer les faits déjà observés aux résultats de mes recherches personnelles.

§ 11. Observations et expériences sur l'Epiblemum scenicum Clerck. (Salticus scenicus Blackw.)

A. Individus en liberté. Deux Epiblemum circulent sur un mur exposé au midi. Comme la muraille supporte un poirier en espalier, les Arachnides errent tantôt sur les pierres, tantôt sur les branches de l'arbre.

Je proméne dans leur voisinage une mouche vivante placée à l'extrémité d'une longue épingle à insectes implantée elle-même dans le bout d'une mince baguelle : à 10 et à 12 centimètres de distance, l'attention des Ara- néides est évidemment attirée par les déplacements de la mouche; elles se tournent à droite lorsqu'on transporte la

xp S ies rur C d

(1) Hurcnissox. The Hunting Spider. (Nature, vol. XX, p- 581, 1879.) :

G. J. Rowaxes. (L'intelligence des animaux, traduction francalse, iL p. 201, Paris, 1887), reproduit l'observation de Hutchinson.

( 553 )

proie vers la droite, à gauche lorsqu'on la déplace de ce côté. Pour une distance plus grande, 20 centimètres, par exemple, les résultats sont si douteux que je n'oserais rien affirmer. |

Si la mouche n'est plus qu'à 3 centimètres, l'Epible- mum observé s'approche et, en usant de quelques précau- tions, on peut l'amener à suivre sa proie le long des branches du poirier, la distance restant à peu prés 5 cen- ümétres,

Tout ceci ne signifie encore que perception des mouve- ments et non perception de la forme, car ce n'est qu'à une distance notablement plus petite, à peu prés exactement à 2 centimètres, que l'Epiblemum voit assez nettement sa victime pour se décider à la capturer.

On s'en assure aisément en approchant lentement la mouche au lieu de l'éloigner. L'Araignée se ramasse gra- duellement sur elle-même et, au moment seulement la distance n’est plus approximativement que 2 centimètres, ses pattes se détendent et elle saute.

Il faut remarquer à ce sujet : que cette distance de 2 centimètres n’est pas choisie parce qu’elle représente la limite du saut, les Epiblemum pouvant franchir d'un bond un espace presque double ; que l'attention que l'Arach- nide prête aux mouvements de la mouche ne provient aucunement des bruits que pourrait produire le Diptére par le frémissement de ses ailes ou autrement, puisque l'expérience susdite réussit aussi bien avec une mouche mo

D’autres faits prouvent encore qu'à plus de 2 centi- métres il n'y a que perception des mouvements : un Epi- blemum circulant sur la muraille passe et repasse à 4 centimètres d'une mouche vivante posée, immobile, et ne la voit pas; mes individus suivent à 3, à 4 et méme à

( 554 )

5. centimètres de distance une simple boulette de cire noircie que l'on traine devant eux (pl. II, fig. 9). Dans ce dernier cas encore, les Araignées doivent étre très prés du simulacre pour reconnaître leur erreur; à 1 !/, et plus exactement, je crois, à 4 centimètre seule- ment, l'animal s'apercoit qu'il est dupe d'une illusion. Si alors on approche la boulette de cire, l'Epiblemum recule craintif.

D. Individus captifs. Je transporte un Epiblemum dans la chambre d'observations et, afin de pouvoir opérer sans l'effrayer, tout en lui laissant une liberté relative, Je le place dans un cristallisoir de 90 centimétres de dia- mètre flottant sur l'eau d'un assez grand aquarium.

Aprés avoir constaté que là, comme sur la muraille, l'Arachnide apercevait les déplacements d'une mouche à 9 et à 7 centimètres de distance, je lui ai fait suivre une boulette de cire noircie, puis j'ai observé de nouveau qu'elle reconnaissait la nature artificielle de cette bou- lette lorsque celle-ci n'était plus qu'à 4 centimètre.

Mais de nouvelles surprises m'attendaient : l'essai à l'aide de la boulette de cire ayant été répété coup sur coup, il arriva un instant il me fut impossible d'attirer lat- tention de ma prisonnière avec une mouche véritable, et si j'approchais l’Insecte, l'Epiblemum, au lieu de chercher à le saisir, reculait.

De plus, chose à peine croyable et que je n’écrirais pas si je n'en avais été nettement témoin, l'Araignée, qui avail fini par comprendre que la boulette de cire mobile n ’était pas une mouche, agit ensuite comme si elle avait effectué un raisonnement bien autrement compliqué. Placée sur le bord du eristallisoir, elle ne recule plus lorsque Jap-

+ Re

( 955 )

proche lentement la boulette, mais, étendant ses pattes antérieures, elle attend que l'objet soit à sa portée, monte délibérément dessus et cherche ainsi à s'échapper de sa prison flottante en essayant de grimper le long de l'épingle et de la baguette. Il ny a ici ni hasard, ni accident; j'ai pu, dans l'espace d'un quart d'heure, voir l'Arachnide répéter TROIS Fois la même tentative.

On peut donc conclure provisoirement de ces observa- tions que la distance de vision distincte est petite et que, certainement, à 1. centimètre, l'Epiblemum scenicum voit dans le sens strict du mot.

$ 12. Observations sur la Marpessa muscosa Q Clerck (Attus tardigradus Walek.) (pl. I, fig. 1).

Les mouvements de cette Atte sont très lents et elle mérite bien son nom de tardigrade, particularité qui faci- lite les observations et qui augmente la netteté des résultats.

A 4 centimètres, la Marpessa aperçoit les mouvements d'une mouche que l'on promène au bout d'un fil fin; mais il s'agit des mouvements seuls, car à cette distance, et méme à 3 centimètres, elle semble perdre la proie de vue et retombe dans l'indifférence la plus complète si la mouche reste absolument immobile.

A 2 centimétres, la vision est meilleure, l'Araignée continue à voirune proie qui ae bouge plus. Elle s'approche alors graduellement en se tournant de temps à autre de facon à regarder la mouche à l'aide des yeux latéraux d'un seul côté. Elle avance ainsi jusqu'à 1 centimètre, puis, seulement au bout d'un temps appréciable, probable-

( 556 ) ment nécessaire pour la rassurer entièrement, elle étend ses pattes antérieures et capture le Diptère.

J'ai pu lui faire suivre successivement deux grossiers simulaeres attachés à des bouts de fil; un fragment de plume grise de Nandou et une boulette de papier noire et blanche obtenue en chiffonnant un morceau de journal. L'Aue marche comme pour capturer l'insecte artificiel auquel on imprime de petits mouvements, s'arréte encore une fois à 4 centimètre de distance afin de le considérer avec ses yeux latéraux, puis, constatant enfin son erreur, recule ou se détourne.

La distance de vision distincte serait donc de 1 centi- métre. Cependant à cette distanee si faible, la vue doit encore étre trés imparfaite; en effet, en employant comme appàt une boulette de cire noircie trainée à l'extrémité d'un fil, j'ai réussi deux fois de suite à amener la Mar- pessa à saisir la boulette qu'elle a parfaitement prise pour un Insecte véritable.

§ 15. Thomisides.

Les Thomisides ont des mœurs qui ressemblent quelque peu à celles des Attides. La forme de leurs pattes, dont les deux paires antérieures sont beaucoup plus fortes que les paires postérieures, et leur démarche souvent latérale les ont fait comparer à des Crabes.

Observations sur le Xysticus cristatus Clerck (Thomisus cristatus Blackw).

Le Xystique est captif dans un bocal contenant quel- ques rameaux de bruyère, la lumière est diffuse, mais vive.

A 2 1/2 centimètres il aperçoit une mouche que l'on

( 557 )

fait mouvoir au bout d'un fil, se tourne dans la direction de l'Insecte et écarte fortement ses pattes antérieures afin de saisir la proie lorsqu'elle passera à sa portée.

Dans ces conditions, si la mouche est promenée le long : des rameaux, l'Arachnide la suit, pourvu que le monve- ment continue ou que la distance n'augmente pas trop rapidement. Ainsi, à 5 centimétres, le Xystique ne voit plus la mouche lorsque celle-ci reste immobile; à 4 cen- limétres il ne la voit pas non plus, méme lorsqu'on imprime à celle-ci des mouvements divers.

Le méme individu se laisse entièrement duper par une boulette de cire noircie qui sautille au bout d'un fil; non seulement il la suit à la distance il suivait une mouche, mais si on le laisse gagner de vitesse il la capture comme une véritable proie, et s'y cramponne de telle facon qu'on peut enlever l'Araignée avec l'appàt.

Les conclusions sont donc à peu prés celles auxquelles conduisent les observations sur les Attides : visibilité des Mouvements, vue mauvaise, distance de vision trés courte.

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§ 14. Lycosides. (GENRES : Lycosa, Dolomedes, ety.)

Rappelons que les Lycosides sont des Araignées chas- “uses, vagabondes, courant partout avee plus ou moins d'agilité, soit sur les terrains secs, soit dans le voisinage des Cours d'eau ou méme à la surface des plantes aqua- ‘ques. Les Lycoses femelles traînent avec elles le petit cocon qui renferme leurs œufs. Les veux de la rangée

( 558 ) antérieure sont petits; les quatre yeux postérieurs sont plus volumineux.

Je n'ai rencontré, jusqu'à présent, que trois indications touchant la vision des Aranéides de ce groupe. D'aprés le passage ci-dessous de Simon (1), la vue serait nette à une assez grande distance : « lorsque cette araignée (Lycose) » s'empare d'une proie, c'est toujours par bonds; si c'est » un [nsecte ailé, elle s'élance sur lui de fort loin... » D'un autre côté, suivant une observation plus précise de Forel (2), la vue serait au contraire fort mauvaise : « qu'on enléve soigneusement, dit Forel, à certaine Araignée qui court par terre son gros sac blanc rempli d'œufs... et qu'on le dépose à deux ou trois pouces !/ à 8 cen- timétres) d'elle; aussitôt elle se mettra à le chercher partout et l'on verra quelle peine elle aura d'ordinaire à le retrouver. »

Ajoutons enfin qu& V. Graber (5) a constaté par la méthode photokinétique que la Lycosa (Trochosa) ruricola De Geer préfère la lumière à l'obscurité (4).

En présence des deux opinions différentes de Simon el de Forel, il devenait absolument nécessaire d'effectuer des expériences nouvelles. Voici celles que j'ai eu l'occasion de faire.

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(4) Simon. Histoire naturelle des Araignées, op. cit., p- 564.

(2) FonzL. Expériences et remarques critiques, op. cit., p- 19. ;

(3) Graser. Grundlinien zur Erforschung des He tigkeits und Farbensinnes der Thiere, p. 217. Prag und Leipzig, 1585.

(4) Je passe sous silenée les expériences faites par Graber sur visibilité des couleurs, ce sujet étant étranger au travail actuel.

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( 359 )

$ 15. Observations sur le Dolomedes fimbriatus Cl. (Q non complétement adulte).

Le Doloméde voit mal, car il s'est laissé prendre facile- ment. Afin de le placer autant que possible dans son milieu naturel, je le mets dans un large vase contenant de l'eau, des algues fraiches et d'autres plantes aquatiques.

Aprés vingt-quatre heures, temps parfaitement suffisant pour habituer l'Araignée à sa nouvelle demeure, on.s'as- Sure par des essais répétés :

1* Que les mouches promenées au bout d'un fil, soit sur l'eau, soit sur les plantes, soit sur la paroi du vase, ne Sont point vues à une distance de 4 centimètres;

Que pour exciter l'attention du Doloméde, il faut une distance beaucoup moindre, 2 centimètres au maxi- mum; .

Que l'Araignée ne se décide à capturer la proie que lorsque. celle-ci n'est plus qu'à 1 centimètre;

T Qu'à cette faible distance d’un centimètre, elle se laiss: encore tromper à peu prés à coup sür par une bou- lette de cire noircie de la grosseur du corps d'une mouche domestique. Ce n'est qu'aprés avoir touché l'objet à l'aide © ses pattes antérieures qu'elle reconnait sa nature arti- ficielle et qu'elle recule.

La vue est par conséquent trés mauvaise.

( 560 )

$ 16.— Observations et expériences sur la Lycosa amentata Clerck (Lycosa saccata Linn.).

A. Individus en liberté. Les Lycoses circulent sur le sol et à la surface du mur de mon jardin. Elles ont, comme la plupart des Arthropodes, la perception des grands mouvements effectués par les corps volumineux ; ainsi elles fuient lorsque j'approche avec brusquerie, mais elles ne s'apercoivent pas du tout de ma présence si je m'installe doucement dans leur voisinage.

Je proméne devant elles une mouche piquée au bout d'une fine épingle implantée dans l'extrémité d'une baguette. Tandis que les Epiblemum (S 11), habitant la méme muraille, manifestent leur attention en se tour- nant dans divers sens dés que l'appàt est à 10 centimètres de leurs yeux, les Lycoses ne voient rien, ni à cette dis- tance, ni à des distances notablement moindres; je Suis obligé, ainsi que je l'ai constaté nombre de fois, d'appro- cher la mouche jusqu'à 9 centimétres pour attirer mes Araignées. Enfin, ce n'est très certainement qu'à 1 cenli- mètre qu'elles se décident à s'élancer vers leur victime. Elles la saisissent alors avec tant d'énergie qu'on a peine à leur faire làcher prise.

La vision manque cependant encore de netteté à 1 cen- timètre, car il est aisé de tromper les Lycoses à l'aide d'une boulette de cire noircie (pl. II, fig. 2); elles sautent sur ce grossier simulacre, comme sur une mouche vivante, lorsque la boulette, animée de mouvements, arrive à 1 cen- timètre de leur tête. J'ai dupé trois fois de suite de cette maniére le méme individu mále, et ce n'est qu'au quatrième essai qu'il ne s’est plus laissé prendre.

IE: e EoD. DE. a ENN ure e ORE

( 564 )

B. Individus captifs. Il serait, la plupart du temps, parfaitement inutile de tenter des expériences sur une Lycose qui vient d'être capturée. Dépaysée et continuelle- ment effrayée, elle fuirait de tous côtés sans faire la moindre attention aux proies qu'on lui offrirait.

Les individus doivent être placés isolément dans de grands cristallisoirs dont le fend est garni d'une couche de sable fin, un peu humide. Au bout d'un jour, ils sont calmés, accoutumés à leur prison et dans de bonnes con- ditions pour fournir des résultats nets.

J'ai d'abord répété sur une Lycose femelle l'expérience de Forel en la modifiant comme il suit: j'ai préparé d'avance quatre boulettes de mie de pain colorées ayant grossiére- ment la forme et presque la teinte du sac à œufs de l'Araignée, Je dépose ces boulettes vers la périphérie du eristallisoir, puis j'enlève à l'Arachnide son sac véritable. que je place à peu prés au milieu.

La Lycose erre en cherchant, passe plusieurs fois non loin de son sac et même à 4 centimètre de celui-ci sans le voir. Rencontrant une des imitations en mie de pain, elle - sd pose dessus, ainsi que j'ai constaté plus tard qu'elle le faisait pour le vrai sac; l'erreur est bien vite reconnue au toucher et l'Araignée s'éloigne. Quelques minutes aprés, elle commet la même faute, puis, à partir de ce moment, devient si méfiante qu’elle passe sans y faire attention, non Seulement sur les boulettes de mie de pain, mais ?USSI Sur sa poche à œufs, que j'ai fini par mêler aux imi-

| tations vers le pourtour du vase.

Ce n'est qu'au bout d'une heure, lorsque le hasard d'une marche plus lente l'amène sur le sac cherché depuis si nglemps, que la Lycose saisit enfin celui-ci, le trans-

< 562 )

porte quelque temps sous le céphalotorax à l'aide des * palpes, puis finalement l'attache à ses filiéres. La vue doit être bien mauvaise, car cette longue recherche a eu lieu sur un terrain restreint n'ayant que 20 centimétres de diamétre. Les essais, en employant des mouches comme appâts, confirment ce qui précède : une Lycose femelle dans le eristallisoir à fond de sable ne voit pas une mouche sus- pendue à un fil et que l'on promène à 5 centimètres de distance. Ii faut que le Diptère ne soit qu'à 1 '/;, méme à 1 centimètre de l'Araignée pour que celle-ci saute dessus. ; Je dépose sur le sable blane, elle se distingue nette- ment par sa teinte noirâtre, une mouche vivante libre dont les ailes sont coupées. Or, la Lycose n’a aucunement l'air de voir la mouche qui circule devant elle à des distànces variant entre 5 et 5 centimètres ; l'Araignée ne fait aucun mouvement qui puisse laisser soupconner la moindre atten- tion spéciale, Enfin, aprés divers crochets, la mouche stu- pide arrive à 4 centimètre des pattes antérieures de la Lycose, qui l'apercoit, s'élance et la saisit.

$ 17. Observations sur la Lycosa paludicola Q Clerck.

La Lycose est, comme la précédente, dans un cristal- lisoir de 20 centimètres de diamètre, garni d'une couche de sable.

Je lui enlève son cocon et je dépose celui-ci à une petite distance. L’Araignée cherche en décrivant des cles et passe à 2 centimètres du sac sans le reconnaitre. Une chance heureuse l'ayant amenée à 1 centimètre Seu- lement, elle s'assure de la nature de l'objet en le tàlant

( 563 ).

rapidement, non à l'aide de ses palpes, mais à l'aide de ses pattes antérieures. Rassurée, elle monte sur le cocon, puis l'emporte.

Je lui reprends de nouveau le sac à œufs que je place un peu plus loin, et je mets en méme temps dans le cris- tallisoir une boulette de cire blanche de méme grosseur et de méme forme. La Lycose, passant à 1 centimètre du simulacre, se trompe, monte dessus, puis l'abandonne. Une deuxième fois, à quelque temps de là, elle se trompe encore, et cette fois s'efforce d'emporter le faux cocon; elle reconnait probablement son erreur qu'à la différence de poids.

La méme Lycosa paludicola fait ensuite une tentative analogue pour uu débris de cadavre de mouche qui était bien, par sa couleur noire et par sa forme, le dernier objet auquel un animal voyant convenablement eüt fait atten- tion. Quant au cocon véritable, j'ai le poser sur le trajet de l'Araignée pour qu'elle finisse par le reprendre.

La vue des Lycosides est par conséquent courte et mau- vaise. L'opinion de Simon, d'aprés laquelle ces Arachnides s'élanceraient sur leur proie de fort loin, doit donc reposer sur des observations très superficielles.

$ 18. Agalénides. GENRES : A galena, Tegenaria, Argyronela, etc.

Sauf les Argyronètes, dont les mœurs aquatiques sont Spéciales, les Agalénides habitent de grandes toiles en Dàppe plus ou moins horizontale, terminées par un tube au fond duquel elles attendent les Insectes. Les yeux des différentes paires ont à peu prés le méme volume.

LI

( 564 )

V. Graber (1) a soumis la Tegenaria domestica à la méthode photokinétique et a trouvé, ce qui était du reste à prévoir pour la forme en question, que cette Araignée est lucifuge.

$ 19. Observations sur les Tegenaria domestica Clerck el Tegenaria civilis Walck.

Je proméne une boulette de cire noire de la grosseur d'une mouche sur la toile d'une Tégénaire domestique. L'animal, averti par les vibrations du réseau, s'élance du fond de sa retraite, mais à 2 centimètres au plus de la fausse proie, il semble S'apercevoir de son erreur et rentre dans son entonnoir.

Quelques semaines plus tard, résultat analogue avec une jeune Tégénaire civile Q. L'Arachnide s'est approché à peu prés jusqu'à 1 centimétre avant de fuir.

Il est trés probable que, dans ces deux cas, les Araignées ont été effrayées soit par l'ombre que je projetais, soit par les mouvements de mon bras. Les observations suivantes prouvent du reste la chose d'une facon presque évidente :

Je capture la jeune Tégénaire civile dont il vient. d'étre question et je l'installe dans un grand bocal garni de quel- ques rameaux. Ainsi confinés, les animaux ne s'apercoi-

WEE tir Re

(4) Gnangn. Grundlinien, ete., op. cit., p. 217. Après avoir rappelé encore une fois que je ne puis m'occuper ici des autres recherches " l'auteur sur la perception des couleurs, je signalerai au lecteur une erreur d'impression que présente le résultat donné par Graber; les totaux 45 et 5 doivent être évidemment remplacés par 37 et 99.

( 565 )

vent que de ce qui se passe dans leur prison de verre et,

sauf dans les moments l'on imprime des ébranlements

à la table, ou bien lorsque des ombres s'interposent rapi- dement entre le bocal et le jour, ils n'ont aucune notion de ce qui a lieu au dehors. Or, au hout de quarante-huit heures, l'Araignée, parfaitement calmée, s'élance trois et quatre fois de suite sur une boulette de cire noircie sus- pendue à un fil. Lors des trois premiéres attaques, elle touche la boulette de ses pattes antérieures; la quatriéme fois, elle va jusqu'à saisir l'appàt et ne recule qu'aprés avoir reconnu sa méprise par le tact.

Enfin, fait plus démonstratif encore, je parviens à amener la Tégénaire à se précipiter à deux reprises sur un petit bouquet constitué par quelques délicats épillets verts de graminée noués ensemble et rognés aux ciseaux. Per- sonne n'admettra qu'un animal distinguant les formes d'une facon passable puisse faire pareille erreur.

. S'introduis dans la toile d'une Tégénaire civile adulte, en liberté, un grossier simulacre de mouche, formé par un petit fragment de plume d'un gris foncé noué à l'extrémité d'un fil (pl. I, tig. 3). La torsion répétée de l'autre extré- mité du fil, entre le pouce et l'index, imprime au morceau de plume de petits mouvements ayant une certaine ana- logie avee ceux d'une mouche qui se débat.

L'Araignée arrive, capturé cette proie singulière et la perce de ses crochets, mais la mouche artificielle conti- nuant à s'agiter, elle répète ses morsures. J'en compte Jusque 20, séparées par de courts temps d'arrêt, pendant lesquels la Tégénaire recule pour s'élancer de nouveau. Je tire le fil à moi, l'Arachnide suit son faux gibier jusqu'à - l'extrême limite de la toile, A ce moment, une secousse 5M SÉRIE, TOME xiv. 58

( 566 ) un peu trop forte l'effraie et elle retourne rapidement au fond de son tube.

L'expérience a réussi d'une facon compléte, parce que, vu la direction de la lumière, je ne projetais aucune ombre et aussi parce que la longueur du fil ne permettait pas à l'animal de soupconner ma présence.

La vue des Tégénaires est donc trés mauvaise, el il est presque évident qu'elles ne reconnaissent pas les Insectes à leur forme.

$ 20. Observations sur l'Agalena labyrinthica Q Clerck.

A. Individu captif. L'Agaléne est prisonnière depuis trois jours; elle a tissé une toile bien fournie entre les rameaux quigarnissent l'intérieur du bocal.

L'animal distingue d'une facon étonnante entre les vibra- tions imprimées à cette toile par un Insecte véritable el celles que l'on produit à l’aide d'insectes artificiels ou à l'aide d'autres corps. Ainsi je promène inutilement une boulette de cire noircie sur la périphérie du réseau, Aga- lène n'y fait aucune attention; je projette ensuite une mouche vivante dans la méme direction, c'est-à-dire à 9 !/, ou à 4 centimètres de l'Araignée; celle-ci s'en aperçoit immédiatement et vient s'emparer de la proie.

Quelques jours après, l'Agaléne ayant, ainsi qu celles que l'on éléve en captivité, compliqué sa toile d'une manière extraordinaire, de façon à la composer de p! usieurs plans fort épais situés dans des directions diverses, j'essale vainement de l'attirer avec une mouche artificielle ea plume suspendue à l'extrémité d'un fil. Ceci constaté, Je jette une mouche vivante sur le bord de la toile ; aussitôt

e toutes -

( 567 ) l'Araignée, qui ne peut rien votr, séparée qu'elle est de | l'Insecte par une distance de 6 centimètres et par des 1 couches superposées, denses de tissu serré, se met cepen- = dant en route pour capturer le Diptère. La mouche Í s'échappe; j'en profite pour y substituer immédiatement la E mouche artificielle; peine perdue, l'Arachnide ne bouge plus. |

Je jette sur la toile une mouche vivante, el, à 5 centi- métres de là, je fais sautiller une mouche artificielle en plume espérant que l'Araignée se trompera; mais celle-ci discerne parfaitement la différence qui existe entre les deux formes de secousses et se précipite sur l'Insecte véri- table sans hésitation.

B. Individu en liberté. Bien des fois, dans des excursions à la campagne, j'avais essayé d’attirer des Agalénes à l'aide de boulettes de cire ou d'autres petits Corps suspendus à des fils. Les Araignées restaient obsti- nément au fond de leur tube, ou, si elles en étaient sorties, elles y rentraient au moindre mouvement de mon bras.

Persuadé, malgré cela, qu'il s'agissait du phénomène ordinaire de la perception des déplacements des objets volumineux et que les Agalénes ne voient pas mieux que les autres Aranéides, je choisis soigneusement les circon- stances les plus favorables : je me rendis le long d'une haie habitée par des centaines d’Agalènes labyrinthiques à l'heure où, vu la position da soleil, je ne pouvais porter ombre, et je répétai mes essais de toile en toile.

Aprés quelques insuccés dus soit à la forme des réseaux, soit à des fils qui en empêchaient l'accès, je réussis enfin Complètement : nne Agalène femelle attirée par un simu- lacre de mouche en plume sortit de son entonnoir, se jeta

( 968 ) sur l'appàt et, au premier contact, recula étonnée; mais la mouche artificielle sautillant toujours, l'Araignée revint à la charge, mordit, puis recula de nouveau. J'eus ainsi la satisfaction de compter huit allaques successives et huit 2worsures.

Les Agalènes ne font donc pas exception, et leur vue est aussi mauvaise que celle des Tégénaires.

8 21. Amaurobiides.

Je n'ai rencontré, dans les auteurs, aucune indication touchant la vision des Aranéides de cette famille. Ce sont des Araignées à habitudes nocturnes, vivant dans les caves, dans les trous des vieux murs et sous les grosses pierres. La toile lâche, irrégulière, peu étendue, entoure l'orifice d'un tube qui aboutit à la retraite dans laquelle l'animal se tient presque constamment caché.

Observations sur l'Amaurobius ferox Q Walck. L'Amaurobie captive habite un bocal garni de fragments d'écorce sous lesquels elle a construit sa de neure. En plein jour, et alors que la chambre est assez vivement éclairée, il est impossible de l'attirer hors de sa cachette, soit en employant des simulacres, soit en faisant usage de mouches fixées à des bouts de fil.

Les choses se passent tout autrement et les expérience réussissent assez bien si l'on produit une obscurité arti- licielle relative ou si l'on attend le soir.

Ainsi, aprés avoir dressé une grande plaque de car d eutre le bocal et la fenétre, je puis, au bout de quelques instants, faire sortir l'Amaurobie à peu près à coup sür en

ences

( 569 )

faisant sautiller sur les fils de la toile une mouche arti- ficielle en plume (pl. II, fig. 5). L'Arachnide s'en approche jusqu'à 1 centimètre environ. Une seule fois, elle touche la fausse proie de ses pattes antérieures, puis, reconnaissant. son erreur, elle retourne précipitamment à son trou.

Le soir, au crépuscule, l'Amaurobie circule. Bien qu'elle soit très méfiante et. qu'elle fuie pour le moindre ébran- lement du bocal, je parviens, à deux reprises, à lui faire suivre e capturer la même grossière imitation en plume déjà employée. Effrayée au contact de cet objet étrange, l'Arai- gnée recule et s'enfuit rapidement.

Les circonstances dans lesquelles ces résultats, du méme ordre que les précédents, ont été obtenus, montrent com- bien il faut de précautions diverses pour éviter les erreurs d'interprétation.

$ 22. Épéirides. Genres : Meta, Zilla, Epeira, etc.

Tout le monde connait les Épéires; il est à peine besoin de rappeler qu'elles construisent de grandes toiles orbiculaires verticales ou inclinées, dans lesquelles les

nsectes viennent s'engluer. Leurs yeux sont peu inégaux quant au volume.

Dahl a fait sur ces animaux des observations que je vais résumer: la Zilla-x-notata Cl. semble ne reconnaître la Présence d’un Insecte et la position de celui-ci sur la toile qu'à l'ébranlement du réseau et à la tension du fil auquel la proie est fixée, Ainsi Dahl (4) jette une mouche dans la C e t d

(4) Dant. Versuch einer Darstellung der psychischen Vorgänge in Spinnen, op. cit., pp. 95-96.

( 570 )

toile d'une Zilla et, avant que le Diptère soit complé- tement tué, il en jette un deuxième à 2 centimètres du premier ; or, l'Araignée, bien que s'étant aperçue tout de suile de la chute d'une nouvelle mouche, ne courut pas directement à celle-ci, mais se rendit d'abord au centre du filet, et ce n'est que là, aprés avoir appuyé par hasard sur le rayon convenable, qu'elle sut constater la véritable direction qu'elle devait suivre.

Le méme observateur lance dans la toile d'une jeune Zilla un Chironomus beaucoup plus gros qu'elle. Le . Diptère ayant été un peu serré entre les doigts ne bougeait plus lorsque l'Araignée arriva au centre de son réseau. Cette absence de mouvements suffit pour que la Zilla, qui n'étaiL cependant qu'à 2 centimètres à peine du Chiro- nomus, ne süt plus découvrir celui-ci et se mit à tirailler un tout autre fil que celui qui pouvait la guider.

Dahl jette une abeille sur la toile d'une Epeira sclope- taria Cl. L'Arachnide ne reconnut l'Hyménoptére que lorsqu'il en fut à 1 centimètre. L'auteur ayant ensuite lancé sur la méme toile un Diptére plus ou moins apl- forme, un Helophilus pendulus, l'Épéire se trompa de nouveau et prit le Diptère pour une abeille (1).

Enfin, A. Forel (2) dit aussi qu'il suffit d'observer un peu attentivement pour s'assurer que « les Araiguées qui > se filent une toile reconnaissent leur proie à l'ébran- » lement de cette toile au moyen du toucher. »

Comme le prouveront les paragraphes suivants, Dahl et

died be v

(1) Les autres expériences de Dahl concernent la visibilité des couleurs. Quoique trés intéressantes, elles ne doivent pas trouv place iei.

(2j Forez. Expériences et remarques critiques, ete., op. cit, p. 40.

(571)

Forci ont interprété les phénomènes très exactement : les Aranéides tendant des toiles ont une vue détestable et réglent leurs actes d'aprés la nature des secousses ou des vibrations imprimées aux fils de leur piège. Cette particu- larité curieuse explique fort bien les faits dont C.

Boys (1) a été témoin en touchant avec un diapason la toile d'une Épéire-diadéme : l'Araignée tâtait les fils pour déterminer celui qui vibrait; elle courait ensuite du cóté du diapason et cherchait à le saisir en l'entourant de ses pattes. En utilisant les vibrations de son instrument, l'auteur cité a même pu amener l Ep£ire à se jeter plu- sieurs fois de suite sur une mouche imbibée de pétrole (2); « chaque fois, écrit-il, que l'Araignée, ne trouvant pas le ? morceau de son goût, s'en éloignait, je la faisais revenir > en touchant la mouche de nouveau avec le diapason (35). »

Voici maintenant mes expériences personnelles.

8 25. Observations sur la Meta segmentata Clerck.

Une mouche artificielle en plume fixée au bout d'un fil lin (pl. II, fig. 3) et que l'on jette dans la toile d'une Meta segmentata attire presque toujours l'attention de l'Arai- gnée, pourvu qu'on torde l'estrémité libre du fil de facon à provoquer de la part du simulacre de mouche des mou- VENCER OU MES

(1) Boys. The Influence of a Tuning-fork on the Garden spider. (Nature, vol. XXIII, pp. 149-150, 1880-1881.)

(2) La mouche était sur la sies

(3) G. J. Romanes, | i ticle de de Boys 1 L'intellig ñe des animaux (trad. franc , t. 1, p. 195), fait remarquer de son côté que cette expérience permet protte ie des Sherni citées çà et et d'a après lesquelles d for diet te par les sons de " p I

( 572 ) vemenis analogues à ceux que détermine un lusecte, Si l'on s'y prend bien, l'Araignée fond sur cette fausse proie, la saisit et y enfonce ses chélicéres.

On a vu plus haut (8 20) que /'Agalena labyrinthica, lorsqu'il y a à la fois sur sa toile un Insecte véritable vivant et un Insecte artificiel auquel on imprime des vibrations, distingue la différence existant entre les deux genres de mouvements. Afin de décider si la vision ne joue aueun róle dans le choix de l'Arachnide, j'ai disposé les choses de facon que l'Insecte jeté dans le réseau déter- minàt lui-même les déplacements du simulacre.

A cet effet, une mouche vivante est attachée par un bout de fil de 2 centimètres de longueur à une mouche artificielle en plume offrant des dimensions analogues (pl. IE, fig. 4). Lorsqu'un pareil système adhère à une toile d'Araignée, tous les mouvements généraux de la mouche vraie sont répétés avec la méme amplitude par la mouche fausse.

Les essais ont être répétés nombre de fois, parce qu'il suffit que l'Insecte vivant soit placé de telle sorte que l'Araiguée, en se précipitant, le rencontre en premier lieu pour que l'expérience n'ait plus de signification. Enfin, aprés une série de tentatives avortées, j'ai eu le plaisir de voir une Meta se tromper complètement, se précipiter sur la mouche artificielle, l'ataquer en plein, puis s'arréter élonnée.

La proie vivante n’étant distante que de 2 centimètres, pareille erreur n'áurait jamais lieu si la vue des Meta était bonne et si elles l’utilisaient lorsqu'elles se dirigent vers le gibier.

Moins curieuses et plus faciles à répéter, les expériences suivantes montrent aussi combien les Meta voient mal. -

Je jette dans la toile d'un individu habitant mon jardin

(3S )

une petite boulette de papier noir et blane obtenue en chiffonnant un fragment de calendrier à effeuiller. Les dimensions et la couleur de la boulette sont à peu prés celles d'une mouche domestique, mais, en somme, la res- remblance avec un Diptére est si faible qu'à 1 mètre de distance un enfant ne s'y tromperait pas.

Néanmoins, dés que la boulette de papier a touché la toile, la Meta se précipite dessus. L'illusion pour l'Araignée semble compléte, car elle saisit l'objet, le manipule et ne le rejette hors de sa toile qu'aprés un examen d'une durée appréciable.

Une deuxième, puis une troisiéme boulette semblable provoquent le méme manége; seulement l'Arachnide les laisse suspendues à son réseau. Une quatriéme boulette est rejetée. Ce n'est qu'au cinquième essai que la Meta finit par comprendre que ce ne sont que des corps étrangers qui tombent dans sa toile. A partir de ce moment, il n'est plus possible de la tromper.

d'approche ensuite graduellement des yeux de l'Arai- gnée la surface métallique brillante d'un manche de canif en mélal blanc; à 2, à 4, à !/, centimètre l'animal ne bouge pas ; je dois le toucher pour qu'il s'apercoive de la présence d'un objet. L'expérience réussit en employant un

Corps queleonque et presque autant de fois que l'on veut

D'autres Meta segmentata soumises en pleine campagne à l'épreuve des boulettes de papier se laissent duper abso- lument comme la précédente.-

La vue est évidemment détestable à toutes les distances. ne mp ne E |

(1) Il est bien entendu que j'ai glissé la main derriére la toile et que je n'ai pas pris le cóté ventral pour le cóté dorsal.

(574)

$ 24. Observations sur l'Epeira diademata Clerck.

Une jeune Épéire-diadéme ne semble voir aucun des corps que l'on proméne devant ses yeux à des distances variables méme trés faibles (1). Elle ne devient attentive que si l'on tiraille un des fils de sa toile. Ainsi, elle s'élance vivement vers une boulette de cire noircie piquée au bout d'une épingle et promenée légèrement à la péri- phérie du réseau.

J'ai induit plusieurs fois des Épéires en erreur à l'aide d'une mouche artificielle en plume; elles se précipitaient dessus, puis, reconnaissant au toucher qu'il ne s'agissait pas d'une proie bonne à sucer, elles entortillaient le petit pinceau dans un paquet de fils et le faisaient tomber hors de la toile.

Enfin, j'ai été témoin d'un fait qui prouve une fois de plus combien les yeux des Épeires sont inutiles et à quel degré les sensations tactiles remplacent pour elles les sensalions visuelles : je suivais des yeux le vol d'une femelle de Bourdon des jardins (Bombus hortorum), lorsqu'à mon grand étonnement je vis le gros Hyménop- tère empétré dans une toile d'Épéire; je me précipitai pour assister à ce qui allait se passer. L'Araignée, qui était demi-adulte et par conséquent bien petite par rapport à l'Insecte, sortit vivement de dessous une feuille et courut droit au Bourdon qu'elle toucha presque. Elle ne parut effrayée par les dimensions du monstre et ne recula vers

sa retraite que lorsque la distance entre ses yeux el l'Hyménoptére se trouva réduite à 1 !/, centimètre environ. :

uud o LEE

(1) Méme observation que dans la note précédente.

( 575 )

Mais la scéne n'était pas terminée; le Bourdon conti- nuant à se débattre, l'Épéire, encore une fois victime de la méme illusion, retraversa sa toile, pour fuir de nouveau lorsqu'elle eut à peu près touché l'animal dont elle avait eu si peur quelques instants auparavant. Ce manége aurait peut-être recommencé si le Bourdon n'avait fini par se dégager complètement.

$ 25. Observations sur lEpeira cornuta Q Clerck (E. apoclisa Walck.).

L'Épéire cornue habite ordinairement une loge de tissu assez serré fixée à un épi de graminée courbé d'une facon caractéristique. L'animal y attend que des secousses l'avertissent qu'un Insecte est pris entre les fils de sa toile, tendue sous la loge dans un plan à peu prés ver- tical.

Comme je l'avais déjà fait pour la Meta segmentata ($ 25), je jette dans le réseau d'une Epeira cornuta un pelit système double constitué par une mouche vivante reliée par un bout de fil de 1 ‘/, centimètre de longueur à une mouche artificielle formée d'un petit morceau de Plume d'un gris foncé (pl. 11, fig. 4).

Le hasard me sert à souhait; le systéme double tombe Sur le centre de la toile dans une position horizontale ; l'Araignée sort de sa loge et se précipite d'abord sur la mouche artificielle en plume qu'elle touche ou peu s'en faut, puis, seulement aprés avoir reconnu son erreur, elle Se déplace sur le cóté pour s'attaquer à la mouche vivante.

ll serait difficile, ce me semble, de trouver une meilleure preuve de l'insuffisance de la vision et de la préponde- rance du sens tactile, —-

$ 26. Résumé des résultats fournis par les Aranéides.

En réunissant les résultats obtenus par les auteurs qui m'ont précédé et ceux de mes expériences personnelles,

on peut dresser le petit tableau ci-dessous :

Attus arcuatus . Araignée sauteuse .

Araignée sauteuse

Marpessa muscosa .

Dolomedes fimbriatus Lycosa amentata. Lycosa paludicola .

Tegenaria civilis, .

Agalena labyrinthica Amaurobius ferox . Zilla-x-notata . . Meta segmentata.

Epeira sclopetaria . Epeira diademata . Epeira cornuta . .

Epiblemum scenicum .

Xysticus cristatus . .

.

Tegenaria domestica .

Distanceen centi-

"nti qd mètres g Sen la iètresà laquelle | vision est assez Obserrateurs.| l'Araignée s voit | bonne pour ge OBSERVATIONS. es » ie ements res despelitsohjels. s Dahl 20 AL à 4j Forel. 5,3 à 8 2,5 Lyster. 5 2,5 Plateau 40 à 42 1àa29 Id. 4 1 | Id, 5 Aranéides se lais- * sant tromper par Id. 2 1 des imitations gros | | Id. 9 4 Id. 1 ! Id. Id. Id. Aranéides ne re | connaissant gU wa ld. l'existence Cira- proie qu'aux v p Dahl tions delatoilee t aissantaussi tro Plateau. per par des br, 1 Dahl. 1 Plateau. | Id. LE

( 577 ) De ce tableau et des détails donnés à propos de chaque forme, je crois pouvoir conclure que :

Les Aranéides, en général, perçoivent à distance les déplacements des corps volumineux ;

Les Araignées chasseuses (Attides, Lycosides) sont probablement les seules qui voient les mouvements des petits objets;

3 Elles perçoivent ces mouvements à une distance qui oscille, d’après les observateurs et suivant les espèces, entre 2 et 20 centimètres (1);

La distance à laquelle la proie est vue assez bien pour que la capture en soit tentée, n'est que de 1 à 2 centi- mètres;

Même à cette faible distance, la vision n'est pas nette, puisque les Araignées chasseuses commettent de nombreuses erreurs ;

6* Les Araignées tendant des toiles ont une vue détes- table à toutes les distances; elles ne constatent la présence et la direction de la proie qu'aux vibrations de leur filet, et cherchent à prendre de petits objets tout autres que des Insectes, dés que la présence de ces objets détermine dans le réseau des secousses analogues à celles que pro- duiraient les mouvements d'Arthropodes ailés.

(1) Je erois qu'il serait plus prudent d'admeltre que cette distance oseille entre 2 et 42 centimètres. J'ai déjà fait remarquer dans une note du $ 40 que les 20 centimètres indiqués par Dahl pour l'A/tus a7cuatus résultent, peut-être, d'une erreur de mesure.

=

( 578 )

CHAPITRE lV. Scorpionides. 8 27. Historique.

Bien que les mœurs des Scorpions aient été fréquem- ment décrites, les observations sur la vision sont rares; Émile Blanchard et Ray Lankester paraissent être les seuls auteurs qui se soient sérieusement occupés de ce point spécial.

Voici, du reste, ce que l’on peut citer : « Un Insecte, écrit Blanchard (1), vient-il à passer plus ou moins prés d'un Scorpion, celui-ci se dirige vers sa proie et ne lui porte des coups d'aiguillon qu'au moment il en est suffisamment rapproché pour l'atteindre. »

Le méme ajoute plus loin : « ... d'aprés les observations faites sur les individus vivants, on peut dire que les Scorpions voient à une distance médiocre, mais cepen- dant assez variable, les objets placés au-devant ou au- dessus d'eux (2). »

Jousset de Bellesme (3), parlant de la facon dont le Scorpion se sert de son appareil venimeux, dit: « Toute

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v v VU y

(4) Brascmanp. irme du oig animal; Arachnides, p. 97, Paris, 1851-59.

(2) Les passages en italique sont en caractères tt dans le texte original.

(3) Jousser pe BeLLEsME. Essai sur le venin du Scorpion. (Annales des sciences naturelles, 5* sér., Zoologie, t. XIX, p. 15, 1874.)

(9179 )

» proie saisie par les pinces est ramenée devant les yeux; » il en approche alors son aiguillon et pique avec discer- » nement... »

L'attitude que prend ainsi le Scorpion lorsqu'il main- tient l'insecte au-devant des organes visuels pour piquer a été bien représentée par Joyeux Laffuie (1) d’après le Buthus europeus, puis par Ray Lankester (2) d’après l'Euscorpius italicus.

Le savant naturaliste anglais, qui a étudié en méme temps les mœurs de l'Androcionus funestus, Hempr. et Ehrenb. (Buthus australis, Linn.) (5), a pu constater les particularités intéressantes ci-dessous : l'animal, trés luci- fuge, se tient, pendant le jour, soit dans des excavations creusées dans le sable, soit sous les objets déposés sur le fond du vase qu'il habite; extrait de ces retraites, il donne peu de signes de vision. proprement dite (very little evi- dence of sight) et cherche immédiatement à se cacher de nouveau.

Il ne prend de nourriture que la nuit. Les observations faites à l'aide d'une lampe semblent indiquer que le Scor- pion en question ne poursuit pas sa proie, mais qu'il l'attend en quelque sorte. Ainsi les Blattes, se promenant dans le récipient, approchent sans aucnne crainte de l'Arachnide , puis, tout à coup, celui-ci saisit un des Insectes de la pince gauche et le pique.

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(4) Joyeux Larrvie Appareil 7 t venin du Scorpion. (Thèse pour le doctorat en médecine, Paris, 1883, et Archives de zoologie expérimentale, 2 sér,, vol. I, fig. I de la planche. 1884.)

(2) Rav Lankester, Noles on some Habits of the Scorpions. (Journal e hay Linnean Society. Zoology, vol. XVI, p. 455, fig. 2, London, 885.) i

(5) Rav Laxresren, Op. cit., pp. 456-457.

( 580 )

Méme absence de poursuite de la part de l'Euscorpius italicus (1), qui ne se donne pas de peine pour courir aprés les Calliphores dont on le nourrit. La capture de la proie n'est due, en aucun facon, à l'agilité du Scorpion, mais à la stupidité des mouches qui vont, en fait, se promener jusqu'entre les pinces de leur ennemi. C'est le moment que celui-ci parait attendre, encore une fois, pour prendre le Diptére, pour le porter devant les yeux et pour le piquer à la téte.

On peut déjà déduire des extraits ci-dessus : 1? que les Scorpions sont lucifuges et ont des habitudes nocturnes; ce que l'on savait depuis longtemps (2);

2^ Que leur distance de vision distincte est probable- ment courte.

Cependant ces données ne suffisent point, et des obser- vations méthodiques nouvelles étaient nécessaires pour arriver à des conclusions nettes.

$ 28. Observations sur le Buthus europeus Linn. (Androctonus occitanus Amoreux) (3).

M. Jules Chalande de Toulouse, naturaliste bien connu par des travaux intéressants tels que ses curieuses Recher- ches sur le mécanisme de la respiration chez les Myrio- podes, etc., et qui m'avait déjà procuré des Scorpions à deux reprises différentes, ayant eu l'extrême obligeance

(1) Rav Lankester. Op. cit., p. 460. à

(2) Voyez : Amoneux. Notice des Insectes de la France répules venimeuz, p. 47, Paris, 1789.

(5) Voyez, pour la synonymie et les caractères : E. Simon Les Arachnides de France, t. VIH, p. 96, Paris, 1879.

( 581 )

de me faire un nouvel envoi, j'ai eu, à ma disposition, dés les premiers jours de juin 1887, cinq Buthus europœus en parfait état (1).

Je n'insisterai plus sur les mœurs; l'étude des allures des derniers individus et de ceux que j'avais élevés en captivité en 1885 (9) n'ayant fait que me prouver l'exac- litude des descriptions de Ray Lankester; j'indiquerai seulement ce fait, que les Buthus europæus entrent en activité avant le coucher du soleil ou vers cet instant de la journée, ce qui permet d'effectuer les observations à la lumiére naturelle.

Tous les essais ont été répétés à satiété sur les divers exemplaires; je puis done énoncer, sans hésitation, les propositions suivantes :

Pour toute distance supérieure à 1 centimètre, le Scorpion ne voit pas un corps de faible surface (tel que l'extrémité d'une régle, le bout d'une baguette, le manche ou la lame d'un scalpel, une grosse mouche suspendue à un fil, etc.), immobile ou animé de mouvements lents et placé verticalement au-dessus des yeux médians.

2" A 1 centimètre des yeux médians, la présence de l'objet est percue et l'attitude du Scorpion devient mena- cante ;

5 Comme Ray Lankester l'a fort bien constaté, les Scorpions ne voient pas les proies (ici des Calliphores, des

uc SC UNTEN T AMNES NEUE

(1) Au moment j'écris ces lignes (28 octobre) les animaux vivent encore, mais ne prennent plus de nourriture à cause de l'abaissement de la température.

(2) Voyez ma notice: De l'absence de mouvements respiratoires a aq: chez les Arachnides. (Archives de biologie, t. VII, p. 537,

86.)

9"* SÉRIE, TOME XIV. 59

( 582 )

mouches domestiques, des araignées, etc.) qui circulent dans leur bocal à une distance de quelques centimètres:

Les proies libres, les mouches vivantes suspendues à des bouts de fils, enfin les simulacres de mouches qui se meuvent ou que l'on fait sautiller devant le Scorpion, ne sont point vus par celui-ci, si la distance horizontale est de 5 centimètres ou davantage. A 2 centimètres (peut-être parfois à 2 !/, centimètres) seulement des yeux latéraux, ces objets sont vus tout à coup, comme s'ils sortaient d'un brouillard ;

Il résulte des faits ci-dessus que, vers le soir, lorsque les Scorpions ont faim et sont en pleine activité, ils ne chassent pas, dans le sens exact du mot, mais marchent à l'aventure. Des Calliphores et des mouches privées d'ailes peuvent impunément cireuler à 3 centimètres des Buthus, sans que ces derniers s'apercoivent de leur existence.

Pour constater la facon dont les Scorpions prennent et piquent leur proie, j'étais obligé de procéder à une véri- table distribution de vivres; après avoir enlevé à des Calli- phores, à des mouches et à des Syrphes les ailes et les extrémités des larses, je les mettais directement entre les pinces des Buthus. Si l'on ne prend pas ces précautions, il arrive que les D errent toute la nuil sans rien capturer (1);

Le Buthus europœus est assez maladroit et manque

Saan ut de

(4) Il ne faut pas oublier que les Scorpions retirés sous des pierres ou sous d'autres corps reposant sur le sol, profitent très probablement de l'arrivée des Inseetes qui, par instinet, cherchent des retraites. analogues. C'est ainsi qu'en soulevant une pierre plate sous laquelle se trouvait un Buthus élevé en captivité, j'ai trouvé le Scorpion occupé à manger une Forficulé qui s'était glissée sous le méme abri.

( 983 ) de temps en temps l’ udi placé à sa portée. Cette mala- dresse indique aussi une mauvaise vue;

Le Scorpion auquel on a offert une mouche et qui l'a manquée, se montre excité; il marche les pinces éten- dues et ouvertes, tantôt au hasard, quand le Diptère s'est rapidement éloigné, tantót dans une direction bien déter- minée, si la mouche chemine à une distance qui ne dépasse pas 2 !/, centimètres. Le Buthus perçoit alors trés proba- blement les mouvements, mais non la forme, car il s'arréte si la mouche ne bouge plus, se remet en marche lorsque la mouche chemine de nouveau, la progression ayant lieu ainsi par saecades. |

Toutes les fois que la proie a une vitesse telle qu'elle parvient à s'éloigner au moins à 3 centimètres, elle cesse d'être vue et la poursuite ne continue pas;

Le Scorpion ne capture pas une Calliphore ou une mouche domestique placée entre ses pinces et qui reste immobile ;

E. EU " E.

9 inge met deux Scorpions dans le méme vase, ils ne se voient pas mutuellement et, bien qu'ils eraignent beaucoup les individus de leur espéce, ils ne fuient effrayés: que lorsque le hasard les fait se heurter;

10° Une Blatte (Pleriplaneta orientalis) est parfaite- ment en süreté dans un bocal renfermant un grand Buthus europeus, car ce dernier en a peur. Malgré cette frayeur, le Scorpion ne s'apercoit jamais de la priscos .. del'Orthoptére que lorsqu'il le touche.

14° Mis dans le labyrinthe à obstacles d'un centimètre de hauteur (première partie, § 4, pl. 1, fig. 6), un Buthus y circule les pinces portées en avant. Ne contournant aucune barrière, illes aborde perpendiculairement et fran- chit les unes après les autres celles qui sont dans une

( 584 ) direction déterminée. Ses pinces, qui remplissent ici à peu près les mêmes fonctions que les antennes des Myriopodes, semblent seules l’avertir de la présence d'objets placés en travers de sa route.

Afin de rendre les expériences de ce genre plus démon- stratives, j'ai employé ensuite un labyrinthe de dimensions considérables. Les enceintes concentriques au nombre de cinq se composent de lames verticales de carton hautes de 9 centimétres et longues de douze. Les passages ou solu- tions de continuité des enceintes ont, en général, au moins 7 centimétres. Enfin chacune des enceintes comprend des barrières noires, blanches el brunes, de facon que l'animal circulant dans une direction quelconque doive nécessaire- ment rencontrer des obstacles d'aspects très divers.

Les essais ont été effectués au commencement d'août, vers 7 !/, heures du soir, au moment du coucher du soleil et par un temps beau et chaud, par conséquent dans les circonstances les plus favorables, les Scorpions se mon- trant excités el l'éclairage étant presque aussi intense qu'au milieu du jour.

Les Buthus déposés au centre du labyrinthe marchent vers le fond de la chambre, c'est-à-dire en fuyant la lumière; les obstacles qui se dressent devant eux sont donc, pour la plupart, éclairés. Malgré cela, les Scorpions, qui circulent les pinces étendues devant eux, vont donner en plein sur les barrières noires ou brunes comme sI celles-ci n’existaient pas.

La même chose se passe presque toujours pour les bar- rières blanches, et le nombre de fois les Arachnides qu paru se détourner afin de passer à côté est si restreint, qu'il est impossible d'en déduire que les animaux aient vu les obstacles.

( 585 )

L'expérience ci-dessous semble, du reste, prouver que la vision n'est pour rien dans les rares exceptions con- statées ;

12° J'ai fait usage d’un procédé déjà employé pour les Myriopodes (première partie, $ 4). Je veux parler d'une carte blanche des dimensions d'une carte de visite fixée à l'extrémité inférieure d'une canne et que l'on place verti- calement sur le trajet de l'animal circulant à la surface d'un parquet bien éclairé (1).

Or, la plaque blanche réfléchissant la lumiére qui vient des fenétres et tranchant, par conséquent, par son éclat, sur la teinte neutre du sol est, presque sans exception, heurtée en plein par le Scorpion, pourvu qu'on la mette à 10 centimétres en avant de l'Arachnide.

Pour des distances supérieures, le Scorpion passe de temps à autre à côté de l'obstacle; fait qui tient unique- ment à l'incertitade naturelle de la marche; le Buthus progressant rarement en ligne absolument droite sur une longueur de plus de 10 à 15 centimètres;

15 Les allures du Scorpion qui rencontre un obstacle, puis qui le longe, montrent déjà nettement le rôle d'or- ganes explorateurs joué par les pinces; mais on peut mettre encore mieux ce róle en évidence en couchant un vase ouvert ou une boite ouverte sur le chemin d'un Buthus en marche. Chaque fois que l'extrémité des pinces S'engage sous le bord du récipient, l'Arachnide fait tous ses efforts pour s'insinuer entre celui-ci et le sol; chaque fois que les pinces se sont placées au contraire, par hasard, au-dessus de ce bord, le Scorpion entre dans le vase ou dans la boite sans hésiter ; mn

(4) H est entendu que ces essais ont eu lieu dans les mémes conditions d'heure et de lumière que ceux du 11 précédent.

( 586 )

14* La plupart des auteurs paraissent croire que le Scorpion maintient sa proie au-devant des yeux, au moment de la piquer, pour mieux voir la place exacte il enfoncera l'aiguillon. L'observation minutieuse des faits prouve cependant que la vue n'intervient guére et que le sens tactile a une influence prépondérante. En effet :

A. L'Arachnide ne porte pas sa vielime au-dessus des yeux médians, mais à !/, centimètre en avant de la tête, il ne peut l'entrevoir et méme mal qu'avec les petits yeux latéraux (1).

B. L'acte de piquer se fait avec une rapidité telle que si l'animal se laissait en réalité guider exclusivement par ses impressions visuelles, la vue devrait être très bonne; hypothése qui n'a pour elle aucune preuve, et dont les diverses expériences que je viens de décrire semblent démontrer la fausseté.

C. Si l'on approche jusqu'à 2 centimètres d'un Buthus une mouche artificielle en cire ou en plume sus- pendue au bout d'un fil, il saisit le petit objet de la pince gauche (2), puis le rejette de cóté. Jamais il ne l'approche des yeux. Toute fausse proie est ainsi reconnue au lou- cher et dédaigneusement repoussée, sans que la vision paraisse utilisée d'une facon spéciale.

e T ÓÓ M

(1) La position que le Scorpion donne à la proie est scrupuleu- sement reproduite sur la planche qui accompagne le mémoire de M. Joyeux Laffuie ; Appareil venimeux et venin du Scorpion, op. cit.

(2) J'ai vu, mais rarement, le Scorpion saisir une proie vivante de la pince droite. L'animal n'emploie donc pas toujours la gauche, ainsi que des naturalistes ont cru le constater,

( 887 )

D. J'offre à un Scorpion une Calliphore véritable suspendue à un fil (in; il la saisit et cherche à piquer. L'animal donne deux coups d'aiguillon, mais chaque fois le dard rencontre le fil, de sorte que la mouche reste intacte. Non seulement le Scorpion n'a point vu qu'il n'a pas piqué l'insecte, mais persuadé, à la suite de la résis- tance rencontrée, que l'aiguillon avait réellement fait son œuvre, i| dévore le Diptére encore bourdonnant et dont les pattes s'agitent convulsivement.

8 29. Résumé des résultats fournis par les Scorpions.

Les observations de Ray Lankester sur l'Androctonus funestus et l'Euscorpius italicus, ainsi que les miennes sur le Buthus europeus, permettent de considérer comme définitivement acquis : que la vue des Scorpions est trés mauvaise; que la distance de vision distincte ne dépasse pas 1 centimètre pour les yeux médians et 2 !/2 centi- mètres pour les yeux latéraux du Buthus europeus; que ces animaux ne chassent pas, mais, ou bien qu'ils errent au hasard jusqu'à ce qu'une proie soit à leur portée, ou bien qu'ils attendent dans leur retraite les Articulés imprudents qui s'y glissent; que ce sont leurs pinces et non leurs yeux qui les avertissent de l'existence d'obstacles placés sur leur route; entin que, lorsqu'ils ont capturé un Insecte, c’est surtout par le toucher qu'ils jugent de l'endroit doit être enfoncé l'aiguillon (1).

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(1) Il n'y a rien que de parfaitement naturel. Les pages 65, 159, 160 et 220 des intéressants Souvenirs entomologiques de J. H. Fabre (Paris 1879) n t on effet aue lesH s tels que

les Cerceris, les Sphex et les Ammophiles qui engourdissent des

( 588 )

CHAPITRE V Phalangides (Opiliones) 8 50. Considérations générales.

Les Arachnides de l'ordre des Phalangides offrent, comme chacun le sait, des pattes gréles d'une grande longueur et ne possèdent que deux yeux simples situés sur les faces latérales d'une éminence occupant la partie supérieure du céphalothorax.

-La position des yeux et la direction de leurs axes sont telles qu'il semble impossible que l'animal puisse voir un objet placé devant lui sur le sol. Enlin la structure des organes visuels étudiée par Grenacher (2) parait trés voi- sine de celle des yeux antérieurs des Aranéides; la seule

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Insectes dans le but de les offrir en páture à leurs larves et qui piquent, à cet effet, certains ganglions bien déterminés de la chaine nerveuse, n'utilisent en aucune facon leurs yeux dans cette opération délicate. Placés au-dessus de la victime, ils recourbent leur abdomen sous le corps du Charancon, de l'Éphippigére ou de la Chenille, et vont précisément perforer la face de l'Insecte qu'ils ne peuvent voir. Les sensations tactiles seules les guident, et cependant ils opèrent avec une précision et une sûreté remarquables.

On peut soi-même, sans le secours de la vue, effectuer des actes aussi nets que ceux dont le Scorpion nous rend témoins. Fermez les yeux et, tenant entre le pouce et l'index de la main gauche un petit objet quelconque, vous serez étonné de constater, quelle que soit la position du bras, avec quelle précision vous irez, d'un mouvement assez ais tor feet de ipn sis PE main doe

2) Grenacuer. C

( Arthropoden, pl. 11, fig. es (Phalangium opilio), Göttingen, 1879.

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( 589 )

différence un peu importante consiste dans la présence de trois bàtonnets terminaux au lieu de deux, au sommet des ommatidies (1).

Aucune recherche n'avait été effectuée, jusqu'à présent, sur la vision des Phalangides.

$ 51. Observations et expériences sur les Phalangium parietinum de Geer et Phalangium opilio Linn.

Toutes les observations ont été faites soit sur des ani- maux en liberté dans mon jardin, soit sur des individus transportés directement de l'extérieur dans la chambre à expériences,

J'ai eru longtemps les Phalangides lucifuges; cependant, en soumettant six PA. parietinum à la méthode photoki- nélique, c'est-à-dire en les introduisant dans la boite à compartiments éclairés et obscurs (première partie, $ 4, pl. 1, fig. 5) et en répétant les essais dix fois de suite, à 10 on 45 minutes d'intervalle, j'obtins les distributions ci-dessous (2:

Totaux. Dans les régions éclairées 6, 4, 3, 5, 5, 5, 5, 3, 5, 5 46 Dans les régions obscures 0, 2, 3, 4, 1, 4, 1, 3,4,4 14

Régions éclairées 46 Régions obscures 14

Rapport : = 3,2.

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(4) Voir pour la signification de ce terme : Pie partie, $ I. (2) Le fond de la boite était garni de papier à filtrer humide,

Re indispensable, les Phalangides souffrant beaucoup dans ‘air sec.

( 590 )

C'est-à-dire que, malgré une lumière diffuse vive, il s'est trouvé trois fois plus d'individus dans les parties claires que dans les portions ombrées.

L'examen de ce qui se passait dans la boite chaque fois que les animaux avaient été dérangés pour les amener à se distribuer de nouveau, permettait de voir les Phalan- gium se repousser mutuellement pour occuper plus vite une place dans un segment éclairé (1).

Les Phalangides du genre type Phalangium préfèrent donc la lumiére du jour à l'obseurité; mais, malgré l'évi- dence du fait, nous ne sommes en droit de formuler aucune conclusion quant à la vision proprement dite, puisque, dans certains cas, des perceptions dermaltoptiques vives peuvent déterminer des actes qu'un observateur superficiel attribuerait facilement à l'influence de percep- tions visuelles (2). J'arrive, du reste, à ces dernières qui, ainsi que le lecteur en jugera, doivent être d’une bien faible utilité aux Arachnides dont il est question dans Ce chapitre.

Posé sur le sol, sur une muraille ou sur une feuille, le

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(1) A la vérité, beaucoup d'entre eux finissaient par s'appliquer au plafond de l'instrument, parce que ce plafond en carton leur offrait plus de prise que les autres parois qui sont en verre. Cependant, ceia n'altére guère les résultats, puisque le p'ancher étant blanc réfléchissait beaucoup de lumière vers le haut, et que certainement des Arthropodes lucifuges auraient choisi, de préférence, les parties du plafond situees dans les compartiments sombres; fait qui n'avait lieu ici que pour z minorité. . t

(2) Voyez à ce sujet, dans la premiére partie, le $4 il est question des Myriopodes aveugles, et le $ 6 traitant de la vision chez les lules.

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Faucheur ne voit évidemment aucun des corps que Fon approche de ses yeux. J'ai employé à cet effet le doigt, un rameau, une petite sphére de verre. un manche de cou- teau garni de métal blanc brillant, une petite mouche sus- pendue à un fil, un siinulacre de mouche en plume, etc. L'objet peut étre approché horizontalement ou verticale- ment, trés lentement ou assez vite (pourvu qu'on ne pro- voque pas de courant d'air). L'expérimentateur peut l'avaneer en ligne droite ou lui imprimer des oscillations, jamais le Phalangium ne manifeste rien, tant qu'il n’y a point contact soit avec son corps, soil avec ses pattes,

Les Faucheurs ne percoivent pas davantage les dépla- cements des objets volumineux, à la condition que ces déplacements n'aménent ni mouvement d'air eonsidé- rable, ni trépidation du support sur lequel les individus sont placés. Ainsi on cireulera tout prés de ces animaux, on agitera méme avec une vitesse modérée et à 10 centi- métres au plus de distance, la main, une plaque de carton, etc., sans les faire sortir de leur immobilité.

Ces faits qui expliquent pourquoi les Phalangium se laissent facilement capturer soulévent une question plus importante : comment, avee une aussi mauvaise vue, les Faucheurs parviennent-ils à se diriger et comment arrivent-ils jamais à saisir une proie quelconque? (1)

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(4) J'ai montré ailleurs: Note sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Phalangides (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 2 sér., t. XLII, novembre 1876), qu'on trouve dans le tube digestif des Faucheurs des débris d'Insectes, et E. Simon (les Arachnides de France, t. VII, p. 132, Paris, 1879) dit avoir vu ces animaux dévorer des Fourmis, des Lithobies, des Larves et des Cloportes.

( 592 |

En remontant au du $ 26, le lecteur y trouvera que les Araignées tendant des toiles voient aussi. mal et qu'elles suppléent à l'insuffisance de la vision par le sens du toucher. L'observation montre que, chez les Phalangides, ce sont aussi les pattes, appendices tactiles d'une sensibilité extréme, qui servent d'organes avertisseurs et explora- leurs.

Au repos et entouré de ses huit pattes gréles disposées en étoile, le Faucheur est au centre d'un cercle qui peut parfois atteindre 6 centimètres de rayon. Indifférent à tout ce qui pourrait émouvoir un animal doué de bons yeux, il percoit, au contraire, immédiatement le plus léger contact d'un corps étranger avec chacun de ses membres.

Grâce aux dimensions considérables de ses appendices locomoteurs et à leur disposition rayonnante, il est averti à temps du voisinage d'un ennemi ou dn gibier, que ceux-ci soient devant lui, derrière lui ou sur le côté. J'approche, par exemple, des veux d’un Phalangium parietinum un fragment de plume d'un demi-centimètre de longueur, sus- pendu à un fil; l'Arachnide ne bouge pas; mais je touche la patte droite de première paire à l'aide de ce corps doux et léger; le Faucheur lève aussitôt la patte frólée et la maintient levée; je touche ensuite la patte gauche; méme geste; enfin, j'améne le petit morceau de plume en con- tact avec les chélicères, l'animal recule de quelques pas.

Lorsque le Phalangium circule, ce sont les pattes de la seconde paire, les plus longues de toutes, qui lui donnen! des indications sur la nature des obstacles. Courant sur les pattes des paires 1, 5 et 4, il tient lesextrémités des mêm- bres de deuxiéme paire, qui dépassent les autres comme de longues antennes, légèrement relevées, et il s'en ser l pour palper constamment d’un mouvement rapide les divers objets qwelles rencontrent.

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( 593 )

On constate déjà facilement ce rôle des secondes pattes en mellant un Phalangium dans un grand bocal conte- nant quelques rameaux. L’Arachnide ne circule qu'à tàtons et ne s'aventure sur une branche ou sur une feuille qu'aprés avoir palpé la surface.

Cependant, l'absence de vision distincte et son rempla- cement partiel par le toucher deviennent surtout évidents si l'on place un Faucheur dans le grand labyrinthe à obsta- cles de 5 centimètres de hauteur (voir $ 28). L'animal ne se détourne jamais pour passer à cóté des lames verticales de carton noires, blanches ou brunes; il marche directe- ment vers elles sans les voir, s'arréte un instant dés que les extrémités de ses pattes exploratrices de deuxième paire rencontrent une barriére, palpe celle-ci, puis passe au-dessus pour effectuer le méme manège à l'obstacle sui- vant, ete.

La facon de procéder de l'Arachnide est identiquement la méme lorsque, comme pour les Scorpions et les Myrio- podes, on met, en travers du trajet d'un Faucheur circulant librement sur le parquet, une plaque verticale de carton blanc, (ixée au bout d'une canne (voir 17* partie, $ 4, et, dans la partie actuelle, $ 28). Que la plaque soit éclairée vu qu'elle soit à contre-jour, l'individu en expérience la rencontre toujours en plein à l'aide de ses pattes de deu- Xiéme paire, et ne se détourne ou ne monte sur l'obstacle qu'après une exploration rapide de la surface.

Enfin, dernière preuve, encore plus convaincante que les précédentes : les Phalangium parietinum ou les PA. opilio, dont on abolit à peu prés entiérement les perceptions visuelles en leur couvrant les yeux d'une couche de couleur à l'huile noire, et les PA. oplio, complètement aveuglés par

( 594 ) la section des nerfs optiques (1), circulent nn peu moins vite dans le premier c2s, d’une façon un peu plus saccadée dans le second, mais se comportent vis-à-vis des obstacles absolument de la méme manière que les individus jouis- sant de la totalité de leurs organes des sens. Ils tàtent les barriéres du labyrinthe de leurs membres de seconde paire, franchissent les lames de carton ou les contournent pour rencontrer celles qui sont situées au delà, etc., avec des allures si normales qu'un observateur non prévenu serait persuadé que les animaux qui évoluent devant lui sont par- faitement intacts.

$ 52. Résumé des résultats obtenus par les Phalangides.

Les expérienees et les observations sur les Phalangides conduisent, en somme, à des résultats analogues à ceux que nous ont donnés les Aranéides tissant des toiles.

La vue est fort mauvaise, et il semble n'y avoir de vision distincte à aucune distance.

Ces Arthropodes compensent l'insuffisance du sens visuel en utilisant la sensibilité tactile exquise de leurs membres, el surtout en employant, comme organes explorateurs, les longues pattes de la seconde paire, qui jouent à peu prés le róle des antennes des Myriopodes.

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(1) Cette opération assez facile se pratique en enfoncant horizon - talement et de droite à gauche la lame bien aiguisée d'une aiguille à cataracte au travers de la base du tubereule qui porte les yeux. On sépare ainsi presque totalement le tubereule du reste des téguments dorsaux et, lorsqu'on retire l'instrument, l'animal saigne fort peu.

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( 595 )

EXPLICATION DE LA PLANCHE II.

Fig 1. Céphalothorax d'une Attide, Marpessa muscosa, vu de profil. Grossissement, 12.

L'appareil visuel est énorme et cependant la vue est mauvaise (consultez le $ 12).

ig. 2. Boulette de cire noircie suspendue à l'extrémité d'un fil

ig. 9. Mouche artificielle en plume (G. n). Remarquer combien ce simulacre ressemble peu à un Insecte véritable.

+ 4. Système double jeté dans une toile d'Araignée et composé d'une mouche vivante reliée par un fil de 2 centimètres de longueur à une mouche artificielle en plume (con- sultez les $$ 23 et 25).

Simple observation au sujel d'un travail de M. W. Hal- lock (1) intitulé : Tug FLow or SoLips, eic.; par W. Spring, membre de l'Académie.

J'ai démontré, on se le rappelle, par de nombreuses expériences, que les corps solides jouissaient, à des degrés divers, de la. faculté de se souder, à froid, sous l’action d'une pression suffisamment énergique. En comprimant des eorps de nature chimique différente j'ai pu obtenir, à basse température, nombre de combinaisons qui ne se pro- duisent, généralement, qu'à l'aide d'une température plus moins élevée, :

Ces recherches avaient été entreprises en vue de vérifier

a) Voir Te. american Journal of Science, x XXXIV, 202, ctobre 1887, p. 277. eT.

-

( 596 ) s'il est possible de retrouver, dans les corps à l'état solide, la trace des propriétés qui caractérisent surtout l'état liquide. J'ai été amené aussi, à la suite de mes expériences, à formuler en principe, dés 1880, que /a matiére prend, sous pression, un état en relation avec le volume qu'elle est obligé d'occuper; mais cette condensa- tion n'est permanente que si la matiére admet des états allotropiques différents. Depuis, des expériences nou- velles (1), en partie encore inédites, m'ont fait reconnaitre l'importance du róle que joue un certain degré de tempé- rature dans ces phénoménes; de telle sorte que, pour l'état solide comme pour l'état liquide, on observerait une température critique, au-dessus ou au-dessous de laquelle les changements par simple pression ne seraient plus possibles.

La conséquence de tout ceci est, par exemple, que les corps liquides doivent passer, sous pression, à l'état solide, en tenant cc mpte de la température critique, bien entendu, si leur volume spécifique est plus petit à l'état solide qu'à l'état liquide, et réciproquement.

Cette réciproque a été démontrée d'abord par Mouzon, puis, récemment, par moi-méme en collaboration avec mon ami J.-H. van 't Hoff.

Je me proposais de vérifier aussi la proposition pre- miére, mais j'ai été devancé, à ma grande satisfaction, par M. Amagat (9), qui vient de produire la solidification de plusieurs liquides par l'action de la pression.

Voilà une vérification des résultats généraus de mes expériences qui m'a fait le plus grand plaisir; sa graude valeur n'échappera à personne.

PAR NE AR MR RU (1) Zeitschrift f. phys. Chemie, l, p. 227. (2) Comptes rendus, t. CV, p. 165; 1387.

t 997.) . .. Ceci posé, j'arrive à l'article de M. Hallock. 3 L'auteur m'attribue l'absurde pensée que les corps solides se liquéfieraient tous sous l'action de la pression. Il s'imagine méme que j'ai tiré cette conclusion de mes expériences! Pour appuyer son dire il altére des passages . A de mes travaux, en remplaçant partout le mot « soudure » . dont je me suis servi, par le mot « fusion », ou méme en dénaturant complétement le texte. Qu'on en juge :

M. Hallock me fait dire, par exemple (p. 281), « sulphur prismatic 5,000 atm. fusion to the octahedral form. »

TOMOS

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il ajoute de son cru : « and so on throngh a long and varied list. » Or, j'ai dit, page 351 de mon Mémoire de 1880 : « Du soufre prismatique transparent, fraichement préparé, a été soumis à une pression de 5,000 atm. à la - température de 13°; il s’est moulé en un bloc opaque beau- = Coup plus dur que ceux qu'on obtient par fusion !... » Tout commentaire est superflu.

Aprés avoir ainsi préparé le terrain, il fait l'exposé d'ex- périences nouvelles qui lui ont démontré, naturellement, que les corps solides ne fondaient pas sous pression !

Enfin, il achève de démontrer mon absurdité en mop- posant les expériences d'Amagat, qui démontrent, ainsi que je viens de le rappeler, la solidification de certains liquides par la pression, ce qui exclut le contraire.

ll est bien clair qu'il n'y a pas lieu de discaier avec M. Hallock, puisque son travail, qui s'appuie sur une chi- mére, est, pour moi, nul et non avenu.

Mais je crois qu'il ne m'est pas permis de laisser passer son Œuvre sans protestation, car il est de l'intérêt scienti- fique général de rappeler que si, à la vérité, les erreurs ne 9" SÉRIE, TOME XIV.

D. De B.

( 598 ) peuvent pas toujours être évitées, il n'en est pas de méme de l'inattention.

Je dois ajouter, cependant, à la décharge de M. Hallock, que son travail a été entrepris et dirigé par M. J.-W. Powell, de Washington. J'engage M. Hallock à choisir mieux, à l'avenir, ses conseillers.

Sur les dépôts rapportés par Dumont à ses systèmes laekenien et tongrien, au S.-E. de Bruxelles; pas Michel Mourlon, membre de l'Académie.

Les grands travaux de terrassement effectués dans ces

avenue dite « boulevard Militaire » qui relie la « Petite Suisse » aux nouvelles casernes d'Etterbeek, ont mis à

de hàter la publication de ces coupes, afin Ta l'attention des géologues sur les faits intéressants qu’elle

aucune d'elles ne permettant. d'observer la série comp! des dépôts de la région, j'ai cherché à combler lacune en sollicitant de l'administration des chemins fer l'autorisation, qu'elle a bien voulu m'accorder, liser les profondes tranchées du chemin de fer au de la Station d'Etterbeek et au N. de Watermael.

Bull de 14cad. série, t XIV. déadtort.

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( 599 )

Avant de faire connaitre le résultat des observations que m'ont permis d'effectuer les déblais que j'ai fait pra- tiquer dans ces tranchées, je commencerai par exposer les faits intéressants que présentent l'avenue de l'Hip- . podrome et le boulevard Militaire, ainsi que l'ancienne i chaussée de Boendael.

| AVENUE DE L'HippoproME. Au point culminant de - 1 cette avenue, qui est à la eote 105, on observe, daus la |. petite tranchée située un peu en contre-bas de la maison Capouillet, qui domine toute la région, un bel affleurement d'argile grise tachetée de jaunàtre et alternant avec de l'argile sableuse glauconifére. Ce dépót argileux a une épaisseur de plus de 3 mètres sur le talus et représente le Tongrien de Dumont.

En descendant l'avenue de l'Hippodrome, on ne voit plus d'affleurement sur une assez grande longueur, mais prés de la ferme de la Petite Suisse, au coin de l'avenue et du boulevard Militaire, une butte de sable présente la Coupe que voici :

Coupe d'une butte de sable prés la ferme de la Petite Suisse (fig. 1). Q9. Limon et cailloux roulés à la base, ravinant fortement les dépôts sous-jacents. T. Lits de graviers argileux séparés par 0",60 de sable et

recouverts de 0",40 de sable jaune également graveleux.

W. Sable blane et jaune avec concrétions ferrugineuses à la partie supérieure, limité par un gravier de base sur-

( 600 ) monté d'un lit ferrugineux dont il est quelquefois séparé par 07,25 de sable graveleux. mètres. 2,20

L. Sable fin blane et jaune, présentant deux niveaux de conerétions ferrugineuses : l'inférieur continu et en contact avec le gravier de base, et le supérieur non continu, mais paraissant par places se confondre avec le premier, le sable qui les sépare se durcissant en prenant une teinte rouge brunátre ferrugineuse. Entre ces deux niveaux ferrugineux, on observe parfois aussi un lit de gravier à 0",20 au-dessus du niveau MUR I. VL. s (CN or wa RN

LK. Sable jaune verdátre demi-fin, moucheté de noir, ZEN uo oL Rode serm Lt P

En continuant à descendre l'avenue de l'Hippodrome, on observe sur le petit talus de celle-ci, vis-à-vis la maison portant le 451, du sable graveleux laekenien pétri de Num. levigata roulées; et enfin, plus bas encore, dans un déblai pratiqué pour les fondations d'une maison en face du Pavillon du "Tram, situé au coin de l'avenue et de la rue du Bourgmestre, du sable bruxellien durci pissant H grès ferrugineux brun rougeàtre, ayant jusqu'à 2",50 à 5 mètres d'épaisseur.

BovLevard Minrraimmg. Cette nouvelle grande avenue présente, entre la rue du Cygne et le nouveau Pont du chemin de fer de la Station d'Etterbeek, une belle conpe sur le talus méridional de la tranchée. Elle commence à 90 mètres du Pont et s'étend à l'O.-S.-O. sur une longueur de 250 mètres, jusque prés de la rue du Cygne.

< 601 )

Coupe prise au boulevard Militaire entre le nouveau Pont du chemin de fer et la rue du Cygne (fig. 2).

T Q. Limon brun avec cailloux roulés à la base et limon sableux stratifié (q^) entre deux niveaux de cailloux.

W. Sable blane glauconifére quartzeux, parfois trés grossier et passant au gravier vers le bas. ll prend souvent une teinte jaunâtre et se présente à grains beaucoup plus fins à la partie supéricure; il devient brunàtre humecté sur 07,40 vers le bas au contact du gravier, lequel est parfois associé à un petit lit argileux. Ce sable W. ren- ferme des lentilles presque continues, en de certains points, de concrétions sableuses ferrugineuses fossili- féres à Pecten corneus, ete., et de plaquettes de grès ferrugineux passant à la limonite et pétries de I Yum. wemmelensis ; il atteint 27,50 à 5 mètres d'épaisseur.

: L. Sable gris jaunâtre assez fin, légèrement glauconifére, " 4 présentant, en quelques points, des concrétions ferru- gineuses friables presque au contaet du gravier de base.

LK. Sable jaune verdâtre moucheté de noir légèrement glau- conifére avec rares taches ferrugineuses.

Sur le talus septentrional de la tranchée du boulevard Militaire, on n'observe, pour ainsi dire, que du limon quaternaire; mais un déblai pratiqué pour la construction de l'éeout a mis à nu, sous 37,50 de limon avec rares cailloux à la base : 0^,80 de sables blane et jaune séparé du sable sous- jacent par un gravier de 07,05, et correspondant aux Couches L de la coupe précédente ; 3 mètres de sable jaune verdâtre, à peine visible sur l'autre talus de la tranchée (LK).

( 602 )

Interprétation. Comment faut-il interpréter les coupes qui précèdent? Celle de l'avenue de l'Hippodrome montre bien nettement, au-dessus des sables laekeniens séparés des sables bruxelliens par le gravier à Nummulites levigata roulées, une succession de trois dépôts sableux séparés par des graviers bien apparents (fig. 1).

Toutefois, n'ayant pas rencontré de fossiles dans ces dépóts, il eüt été difficile de préciser leur àge géologique, si la coupe du boulevard Militaire n'avait présenté dans la couche W des concrétions de sable quartzeux durci ferru- gineux trés fossilifères, renfermant la faune caractéristique des sables de Wemmel, que MM. Vincent ont eu la bonne fortune de découvrir en maints endroits à ce niveau.

Dés lors, il devenait évident que le dépót sableux qui sépare ces sables wemmeliens des sables laekeniens, représente le nouvel étage auquel nous avons proposé, M. É. Vincent et moi, de donner le nom d'étage ledien (1).

On verra plus loin que la coupe de la tranchée au S.-O. de la Station d'Etterbeek confirme pleinement cette inter- prétation.

Quant à la couche argilo-sableuse et graveleuse qui, dans la coupe de la ferme de la Petite Suisse, surmonte les sables W., elle semble bien représenter la base des dépóts argileux tongriens de Dumont, qu'on a vus si bien caractérisés au point culminant de l'avenue de l'Hip- podrome, près de la maison Capouillet.

Avant la création de cette avenue, on ne connaissail,

AR o E Er MM

(1) Bull. de l Acad. roy. de Belgique, série, tome XIV, 1887, pp. 15-19.

( 605 ) dans la région, de représentant de ce dépót argileux qu'en un seul point situé à peu de distance sur la chaussée de Boendael, vis-à-vis la ferme portant le n? 267.

On y observe, sur le talus de la chaussée, à environ 500 mètres au S-E. du boulevard Militaire, la coupe ci-dessous :

Coupe relevée sur le talus de la chaussée de Boendael.

Q. a. Limon et cailloux roulés recouverts de terre

VE LL VS CA ei 0e NOEL. Un

T. b. Argile sableuse grisâtre et jaunâtre . . 1,00 e. Lit de concrétions ferrugineuses dans un REUS

aune brunâtre . . MEI

d. Sable argileux grisátre bigerri de jure . 0,50 e. Sable blane quartzeux avec grains de glauconie. 0,20

WW? f. Sable blanc et jme... ega "40. QD

Les couches argileuses b-e de la coupe qui précède étant à la cote 99, on pouvait en conclure qu'elles sont inférieures à celles qu'on vient de voir prés de la maison Capouillet; mais comme, entre ces derniers affleurements et ceux de la Petite Suisse et du boulevard Militaire, on n'en observe pas d'autres, il eût été impossible d'établir leurs relations stratigraphiques, sans les données si précieuses que m'ont fournies les tranchées du chemin de fer au S.-E. de la Station d'Etterbeek et au N. de Watermael.

( 604 )

TRANCHÉE DU GRAND PowT AU S.-E. DE LA STATION D'ETTERBEEK., Cette profonde tranchée, dont la hauteur n'atteint pas moins de 20 mètres au grand Pont, ayant ses talus recouverts de végétation et d'arbustes, il ne m'a été possible d'en relever la coupe qu'en pratiquant, de dis- tance en distance, une série de déblais en escalier, per- mettant de voir la roche en place du haut en bas.

Déjà, en avril 1862, cette tranchée avait attiré l'attention du major Le Hon, qui en fit connaitre la composition « au grand Pont du chemin de fer du Luxembourg, prés » de Watermael. »

Voici le relevé qu'il en donne dans son intéressante Note sur les terrains tertiaires de Bruxelles (Burr. Soc. GÉOL. DE FRANCE, série, t. XIX, p. 825):

Altitudes :

102 mètres. Niveau du sol humus, limon hesbayen. Argile verte un peu sableuse.

99 Sable verdâtre, argileux, bigarré de fer.

87 SSablesiliceux pur, gris, bleuátre clair.

85 Sable gris, panaché de fer.

82 Sable ferrugineux (orangé foncé), devenant, en descendant, argileux et panaché de vert.

74 Couches mélangées de sables argileux tachés de

rouge et de vert et de petites veines pures d'ar- gile verte, comme à Schaerbeek.

70 (Voie ferrée).

69 Surface du système bruxellien.

Aprés avoir donné ce relevé des couches de la tranchée

( 605 ) qu'il rapporte au système laekenien, Le Hon ajoute : « On a trouvé, en creusant cette vaste tranchée, des lits de pierres dont une partie contenait des fossiles laekeniens, mais il nous a été impossible, depuis tant d'années déjà, de découvrir le niveau du gisement de ces pierres. »

En comparant la coupe de la tranchée telle que l'a décrite Le Hon, aussi complètement que le permena l'état de la science à cette époque, avec celle qu'on trou- vera ci-aprés, on sera frappé de voir combien l'étude des terrains qui la composent a fait de sérieux progrés depuis vingt-cinq ans.

Coupe relevée sur le talus oriental de la tranchée au Sud-Est de la Station d’Etterbeek (fig. 3).

Cette coupe n'ayant pu être levée qu'à l'aide des déblais pratiqués sur le talus oriental de la tranchée, jai eru bien faire de donner ici le relevé détaillé des couches rencontrées, de haut en bas, pour chacun de ces déblais :

Déblai 4 15 mètres du grand Pont).

Q. a. Limon brun, terre à briques avec cailloux disséminés

à la base. mètres. 4,25

b. Limon sut pále stratifié a avec £ caillonx à à la Dase. c 2 sour 4. E e ceux AM T. c. Argile glauconifère d'un vert foncé. . . . 0,55

d. Argile grise, nuancée de jaunátre par places. 1,00 e. Sable argileux glauconifére, ueneno vers le haut et dso verslebas ; . : . 990

A reporter. . 6,90

( 606 )

Report. . 6,90 f. Sable jaunâtre peu ou point glauconifére avec rares paillettes de mica et conerétions ferru- sp disséminées, devenant argileux vers le . . mètres 2,00 g. Sable z gris anche Tail. glauconifère semblable à . . . 4,00 h. Gravier peu apparent dix le ATA grishtre.

WW. i. Sable quartzeux grisâtre et blanchâtre légè- rement glauconifère, parfois assez grossier, passant au gravier vers le bas et rappelant le sable W. avec ue fossilifères de la coupe figure 2 . . [£948

J- Gravier dans un sable jaune g E t MEE o

L. K Sable fin gris blanchàtre présentant vers le bas,

80 du gravier l, un lit argilo-ferrugi- neux rougeátre(M) .. . . 0. : o. + 920 l. Gravier dans un sable jaune . . . . . . 005 Li. m. Sable jaune visible sur 37,80, dont un mètre sous le niveau de la voie ferrée. . . . 3,80 RAA ES Toul: 20,10 Déblai 2 50 mètres du grand Pont). Q. a. Terre végétale. . . . . mètres 0,70 b. Sable calcarifère qui senile próvetür d'une extraction par bure des niveaux laekenien ouledien. . . «ors . 4550 c. Limon sableux stratifié d remanié m * places avec cailloux roulés à la base. - 5,00 Mete A reporter. 5,00

( 607 )

Hepork..-. s

d. Sable argileux gris verdátre et jaunátre, pas- 1 sant à l'argile grise, nuaucée de jaunâtre, avec concrétions ferrugineuses, rares pail- lettes de mica; ce sable présente un lit de 1 concrétions limoniteuses rouge d'ocre (d") à à 07,90 des cailloux b, et un autre (d") : à 17,10 du premier . TURE A

e. Sable gris blanchàtre E N semblable 1 RO e TH vici c ar D En 3 f- Gravier dans un sable jaune . .

WW. g. Sable blanc quartzeux glauconifére et jaune 1 brunátre au contaet du gravier. . . . . E h. Gravier épais verdâtre e . . . . . . .

LE. ©. Sable gris blanchâtre et jaunâtre ayant, sur-

3 tout à la partie supérieure, un aspect mou- cheté tout particulier gos peu celui de la peau de daim . . .

Jj. Gravier peu apparent dans un abiti jaune.

k. Sables et grès calcarifères blanchåtres et jau- nâtres très fossilifères avec abondantes petites Vummulites.

Le premier banc de grès k’ est séparé du gravier j par 0*,80 de sable; le deuxième bane de grès k” l'est du précédent par 17,60; le troisième bane k”, le plus épais, est distant du deuxième de 07,90. . . .

l; Gravier mince s’annouçant par une mince ligne

jaune brunâtre ondulée.

A reporter, .

$ S

4,70

( 608 ) Report... 47,0

LK. m. Sable et grès calcarifères présentant deux

bancs de grès : le premier séparé de 07,10 du gravier | et de 1 mètre du second, au niveau dela voie . . . . . . mètres. 4,20

Total. . . 18,60

Déblai 3 78 mètres du grand Pont).

a. Terre végétale. . . . mètres. 0,50 b. Limon pâle avec Paus dan à la NN X. 4,00 c. Limon stratifié avee une couch de ciifibus serrés de07,10àlabase. . . . . . . 3,30

d. Plaquettes de sable ferrugineux durci concré- tionné passant à la limonite, en contact avec les cailloux serrés de c, et séparées du gra- vier e par 0®,10 de sable blanc et EG

glauconifère graveleux . . . 0,15 e. Gravier bien apparent dans un be joue brepdtre. ion 10. x M

f- Sable blane calcarifére et fossilifère, et jaune plus ou moins graveleux par places, renfer- mant un lit de plaquettes ferrugineuses 2 séparé par 07,40 des plaquettes d. . .

g. Banc de grès calcarifère, légèrement gian leux, trés fossilifére, et pétri de petites Vum- mulites varioluria rappelant tout à fait cer- tain bane de Lede et de Moorsel prés d'Alost. 0,10

PT

A reporter. . > 10,85

Report: ©

h. Sable blanc jaunâtre calcarifère, avec petites Nummulites, et graveleux surtout vers le bas (h') . i . . mètres. t. Sable ET avec ide Naimoiulites pré- sentant un bane de 07,10 de grès calcari- fère (1') à 17,70 de la couche diee h' et à 17,90 du gravier j TNT J- Gravier dans le sable iee. EE

LK. k. Sable calcarifère avec un banc de grès (A)

séparé par 0,50 du eem j et du niveau de la voie ferrée .

l. Banc de grès calcarifére séparé dá. niveau cle la voie ferrée par 0,20 de sable blanc calca- rifére.

Toth V.

Déblai n* 4 100 métres du grand Pont).

Terrain remanié, sable calcarifère et limon avec cailloux roulés à la base . . mètres. Sable argileux d'aspect remanié et limon au contact de la couche de cailloux de 07,25. .

Gravier formant une épaisse couche de 07,40 avec interposition de sable blane et limité inférieurement par un lit ferrugineux

Sable fin blane et jaune, parfois ferrugineux, présentant le plus souventl'aspect moucheté de la peau de dhimi . o e - -

A reporter. .

10,85

3,70 0,05

16,50

0,40

5,70

. 40,7%

( 610

Report 10,75 e. Banc de grès calcarifère et fossilifére variant en épaisseur de 0",10 à 07,50, et séparé du lit graveleux f par 07,10 de sable. mètres. 0,40 f. Lit de sable jaune ealearifére graveleux. . . 0,05 g. Sable blanc et jaune calcarifère présentant deux bancs de grès : le premier (g’) de 07,20 d'épaisseur séparé du gravier f par 1*,50 et du second banc de grès (9"") de 07,10 d'épais- seur par 07,90 . 3,90 h. Ütavieb hien apparent dens! trabtenietiies 0,05 LK. i. Sable et grès calcarifères blane jaunâtre dont un bane se trouve juste au niveau de la voie HE OE A ul Le. Eu NEG Total 16,25 Déblai 5 110 mètres du grand Pont). Q. a. Limon et terre végétale. . . . mètres. 0,45 b. Sable et grès calcarifères roiublables aux roches b du déblai n°2 . . 12205. 2 KB c. Limon jaunátre devenant baud à la partie supérieure avec cailloux disséminés à la base. 2,70 d. Limon ns présentant a ip de cail- loux lep premier de 07.05 par m 20 et du second de 07,20 par 0",80. 2,30 WV. e. Sable jaune et rougeâtre ferrugineux avec lit mince de sable concrétiénné passant à la Danie. o . 0. 34 xy. RERO + 6,55

A reporter. . +:

611 )

Report. . . 6,55 f. Sable blane et jaune quartzeux très grossier . 0,80

g. Plaquettes de grès ferrugineux fossilifére à Nummulites wemmelensis . . . mètres. 0,15

h. Sable quartzeux jaune brunâtre devenant de

plus en plus graveleux vers le bas, il

présente une couche de gravier de 07,10;

ce sable est traversé par un lit de coneré-

tions ferrugineuses limoniteuses avec géodes renfermant du sable blanc . . . . . 0,65

L. č Sable fin blanc et jaune devenant vérsle bas: T =, 9.20 J+ Sable gris jaunâtre fótied, Rosiers i noir. 4,50 liat 5: prine caa DS Lor Rig 0,05

LK. /. Sable fin blanc et jaune mis à nu sur { mètre

et présentant jusqu'au niveau de la voie ferrée une épaisseur dé... ... . . . 040 Tota. , . 1540

Hd Déblai 6 150 mètres du grand Pont).

Q. u. Limon avec rares cailloux à la base . mètres 4,60 b. Limon sableux stratifié . . . . . . . . 1,15 Calleux foul». 4. . de 00 d. Sable june ét gtéviér 2575. c. 0s UD €. Sable blanc. . . : 0,60

f. Cailloux roulés et patie dis. un "sable humecté LI . . LI . . . . . . e . 0,10

A reporter. : - 4600

(612)

Report.

L. g. Sable gris verdâtre graveleux vers le bas (3) . h. Sable et grès calcarifères plus ou moins grave- leux entre les deux bancs de grès, surtout

sous le premier (h') qui est à 17,25 du gra-

vier g^; le second est au niveau de la voie . 2,45

Total.- ; ^. GUB

LK. ;. Un sondage à la bêche a mis encore à nu, sous le niveau de la voie ferrée : 27,15 de sable et grès cal- cariféres renfermant des vertébres de poissons; un premier banc de grès de 07,10 se trouve à 07,55 du niveau de la voie, puis des moellons de 07,20 teintés en rouge à la surface s'observent à 07,80 du pre- mier bane et à 09,50 du dernier qui à 07,10 est presque continu et séparé du gravier j par 07,90 de sable.

J. Gravier épais avec grès perforés à Num. levigata roulées, 050, *

B. k. Sable quartzeux bruxellien.

La tranchée se termine un peu au delà de ce déblai n? 6 qui se trouve prés du bloc, à la bifurcation des deux lignes, puis la voie vers Auderghem est en remblai et bientôt apparait une nouvelle tranchée au N. de Water- mael. Un déblai pratiqué sur le talus septentrional de celle tranchée, à 700 mètres environ de la bifurcation et à 140 métres à l'O. du petit pont vers Auderghem, m'a. permis de relever la coupe suivante :

( 613 )

Coupe relevée dans la tranchée au Nord de Watermael.

Q. a. Limon et cailloux . . . mètres 0,50 b. Sable jaune durci avec casto rouidé dissé-

miünés . . o5 b ooa NOUO

W. c. Gravier wemmelien? peut-être quaternaire . . 0,05

L. d. Plaquettes de grés ferrugineux fossiliféres (Tur-

ritelles et I llil hes) f t de grandes géodes renfermant du sable bg. vov 4M e. Sable jaune et blanchâtre à la partie supérieure. 1,50 f. Lit ferrugineux de sable jaune rougeátre, pré- sentant plus à l'Est de grandes plaquettes limoniteuses correspondant sans doute à celles qui salcervent à l'entrée du dra chemin : creux à l'Est . . 0,90 g: Sable fin jaune odis Mc vers le buit et rappelant la peau de Daim, sur 17,20; gris blanehátre vers le bas, sur 1,70. 2,90 h. Gravier reposant sur un lit de sable ferr@ineux dun rouge Gd eüx . o o: . 279 Se IO LK. /. Sable jaunátre graveleux vers le bas. . . . 4,20 J. Gravier à Num. lœvigata roulées . . . . . 0,0

B. k. Sable blanc quartzeux bruxellien.

Résumé et conclusion. En résumé, on constate dans les coupes qui précèdent, au-dessus des sables bruxelliens et du gravier laekenien à blocs de grès perforés et à Num.

fères, parfois décalcarisés, au milieu desquels s'observe Me SÉRIE, TOME XIV. Al

. levigala roulées, des sables et grès calcarifères et fossili-

un

( 614 )

gravier tantôt fort apparent, comme entre les et déblais de la coupe fig. 5, je l'ai mis à découvert sur toute la longueur; tantót, au contraire, à peine visible et s'annoncant par une mince ligne ondulée de sable jaune brunàtre foncé. Ce gravier représente la base du nouvel étage de l'Éocéne moyen auquel nous avons proposé, avec M. E. Vincent, de donner le nom d'étage ledien.

ll dépasse 8 mètres d'épaisseur dans la tranchée du grand Pont, il se montre formé de sables et grès calca- rifères, dont certains bancs, très fossilifères et pétris de petites Nummulites variolaria, rappellent entièrement les sables et grès de Lede et de Moorsel, prés d'Alost.

J'ai recueilli dans le banc de grès g du déblai 3 un certain nombre de fossiles peu ou point déterminables, mais parmi lesquels M. G. Vincent a pu, néanmoins, reconnaitre la présence des espéces suivantes :

Turritella crenulata. Cytherea levigata.

Pecten corneus. Cardium Honi.

Tellina filosa. Cardium semi granulatum. Ae agyoroides. Lunulites uyceolata.

Ces dépôts calcaires, plus ou moins graveleux, passent vers le haut à des sables fins blane et jaune offrant fré- quemment, par leurs bigarrures mouchetées, l'aspect d'une peau de daim. Ils sont aussi parfois ferrugineux jaune brunâtre et rougeàtre et présentent, vers le milieu de la masse, un niveau de gravier qui parait assez constant.

Les sables lediens (Éocéne moyen) sont surmontés par un épais gravier que recouvrent des sables grossiers trés quartzeux, renfermant des plaquettes de grès ferrugineux fossilifères à Num. wemmelensis et autres fossiles caracté- ristiques des sables de Wemmel (Éocène supérieur).

Enfin un point important et qui n'a pas, semble-t-il,

(515 ^.

été suffisamment mis en lumiére jusqu'ici, c'est que les sables wemmeliens eux-mêmes sont surmontés par un gravier qui, dans la tranchée du grand Pont, les sépare des dépóts argileux rapportés par Dumont à son systéme tongrien. ;

Ces dépôts, commençant ainsi par un gravier de base et formés de sables argileux glauconifères passant à l'argile grise, se terminent, au contact des cailloux diluviens, par une couche d'argile glaucenifère d'un vert foncé, dans laquelle on serait tenté, à première vue, de voir le repré- sentant de la « bande noire »,si l'on ne savait que celle-ci se trouve à un niveau inférieur, entre le gravier et l'argile grise. C'est dans cette position que je l'ai observée, notamment dans une sabliére d'Esschene, prés d'Assche, que je visitai cette année en compagnie de M. G. Vincent. C'est aussi à cette occasion que je pus constater par un sondage à la béche, que, sur le territoire d'Assche comme sur celui de Tervueren, l'argile grise, correspondant exacte- ment à celle de notre grande tranchée, passe ipsensible- ment aux sables qui les surmontent. Or, la faune de ces Sables d'Assche, bien que trés imparfaitement connue, com- prend des espéces caractéristiques du Tongrien, telles que l'Ostrea ventilabrum et la Terebratulina ornata. Dans ces conditions, on peut dire qu'il était au moins prématuré de renseigner dans la légende de la carte géologique au 20,000*, les sables d'Assche et les dépôts argileux sous- jacents comme formant un nouvel étage de l'Éocéne Supérieur.

On a déjà vu que ce dernier, désigné sous le nom d'étage asschien, comprend des dépôts comme ceux de - Nosseghem qui, par leur faune, correspondent exactement. : eux sables types de Wemmel, alors que d'autres sables, qui leur sont immédiatement inférieurs et qui sont ren-

( 616 )

seignés comme wemmeliens sur la nouvelle carte, consti- tuent, au contraire, le nouvel étage ledien dont le pronun travail permet de bien apprécier l'importance.

L'introduction de l'étage ledien dans la légende de la carte entraîne un nouveau levé pour les parties aflleu- rent les dépóts qui font l'objet de cette communication ; seulement il importe de ne pas perdre de vue que, malgré les derniers résultats acquis, ce serait s'exposer à préjuger une question qui reste encore pendante, que de vouloir fixer définitivement la position des dépóts argilo-sableux d'Assche dans la série tertiaire, sans avoir pu bien pré- ciser leurs relations stratigraphiques avec les dépóts ana- logues des environs de Louvain et du Limbourg.

C'est ce travail auquel plusieurs géologues et moi-méme travaillons depuis assez longtemps déjà, avec l'espoir de pouvoir le mener bientót à bonne fin.

Action des acides sur le goût; par Joseph Corin, prépa- rateur de physiologie à l'Université de Liége. i

Les physiologistes admettent généralement dans le sens du goût quatre énergies spécifiques, c’est-à-dire quatre espèces de sensations élémentaires, qui sont les sensations amère, sucrée; salée, acide (1). Quelque variées qu'elles ta EE E

(4) Zenneck et Valentin n'admettent que deux espèces de um amer et doux,

Clericus, Schiff, Stich et Brück admettent en outre une saveur acide.

Voyez : Hermann, Handbuch der Physiologie der Sinnesorgane, zweiter Theil; Physiologie des Geschmackssins und des Geruchssinnt, par von Vinrscucau, pages 131 à 155.

( 617 ) f nous paraissent, toutes les sensations sapides pourraient être ramenées à des mélanges de ces quatre sensations simples, ou à des modifications de ces sensations simples par suite de leurs combinaisons avec des sensations tactiles ou olfactives.

Les relations qui existent entre le goût des substances sucrées (glycols, glycoses, sucres, glycérine, saccha- rine, etc.), amères (sels de magnésium, acides biliaires, quinine et beaucoup d'autres alcaloides), ou salées (chlo- rure de sodium et quelques autres sels), et leur fonction chimique, sont assez obscures. Pour les substances acides, au contraire, la fonction chimique et la saveur aigrelette sont si étroitement liées qu'on les désigne sous un seul et méme mot, celui d'acide. Tous les corps acides au point de vue du goüt le sont aussi au point de vue chi- mique. Le bout de la langue remplace parfaitement le j tournesol quand il s'agit de décider si une molécule d'un composé soluble contient de l'hydrogène remplacable par un métal.

Jusqu'oü va cette relation entre l'action gustative et la fonction chimique? L'une peut-elle servir de mesure à l'autre? En d'autres termes, l'intensité de la saveur des différents acides est-elle en rapport avec la quantité de soude qu'ils sont capables de neutraliser?

Telle est la question que j'ai cherché à élucider dans ce travail.

Et

l. La plupart des acides présentent exactement le méme goût, si l'expérimentateur se pince les narines ou dilue suffisamment ces acides pour éliminer l'action qu'ils peuvent exercer sur l’odorat.

. ( 618 )

Chacun sait, en effet, que la distinction des différentes substances sapides par le goüt seul est limitée. Mais, l'odorat aidant, nous reconnaissons facilement les unes des autres plusieurs substances présentant la méme saveur, par. exemple, plusieurs fruits également sucrés ou également aigres. De méme, on distingue facilement d'ordinaire les acides acétique, chlorhydrique, nitrique et phosphoreux, tandis que si l'observateur se pince les narines, la distinction de ces substances devient impos- sible (1).

Si donc on a soin de diminuer autant que possible ou d'empêcher l'action de ces corps sur l'odorat, on pourra comparer l'intensité de leur saveur acide et arriver par à résoudre la question que nous nous sommes posée. Cest ainsi que nous avons pu employer les douze acides sui- vants, dont le goüt est presque exactement le méme : chlorhydrique, nitrique, sulfurique, hypophosphoreux , phosphoreux, formique, acétique, oxalique, tartrique, citrique, malique et lactique.

. II. Avant d'aborder la question capitale, j'ai cherché quels étaient les meilleurs procédés à employer et les limites d'erreur possible. à Remarquons d'abord que, par l'exercice, on arrive fact- lement à retrouver de faibles traces d'acides ajoutées à de l'eau distillée, ou à perceyoir de faibles différences de saveur entre des liqueurs de concentrations voisines.

risas sapi pr

(1) Les acides propionique, succinique et salieylique et pude autres peuvent encore se distinguer par le simple goût, alors qu'on à pris toutes les précautions voulues pour empêcher leur action sur l'odorat.

«019 )

Notons aussi qu'il faut prendre certaines précautions pour qu'un acide déterminé provoque toujours sur la laugue la méme sensation.

Qn sait que toute la surface de la langue n'est pas sen- sible aux corps sapides.

Le sens du goût n'est établi d'une facon certaine que pour la base, la région située prés des bords libres, et entres autres une surface placée immédiatement en arriére de la pointe de la langue. Cette dernière partie est la plus accessible et suffit généralement. Car la saveur d'une petite quantité de liquide placée sur la pointe de la langue se caractérise presque toujours aussi nettement. qu'en absorbant une gorgée de ce liquide et en comprimant la langue contre le palais. Ce dernier procédé n'est employé €t ne donne de meilleurs résultats qu'avec des liqueurs trés étendues, c'est-à-dire lorsque ces liqueurs ne donnent plus que des sensations difficilement appréciables en en goütant de petites quantités placées sur la pointe de la langue.

ll est bon desn’opérer que sur un certain nombre de Corps par jour, de changer souvent l'ordre dans lequel on es a pris successivement, et de s'arranger de telle sorte que, ne connaissant pas la substance que l'on veut goùter, on Soit certain de ne pas établir de jugement a priori sur Sa saveur. Pour cela, on doit mettre les différents liquides dans des flacons semblables, faire disposer ces flacons par une personne étrangère à l'expérience, et, aprés avoir nolé les résultats, écrire en regard les noms et les con- centrations des liquides employés.

Il faut de plus prendre des quantités d'acide toujours les mémes et relativement faibles. A cet effet, je me suis servi d'un tube effilé et muni d'un index qui mesurait un

( 620 )

volume rigoureusement exact de liquide (de !/, à !/, centi- mètre cube). Pour les acides très dilués, j'ai pris 2,5 centi- mètres cubes; mais alors, j'ai pris aussi 2,5 centimètres cubes des différents liquides que je voulais comparer dans une série d’expériences. Je laissais couler ces liquides sur la pointe de la langue, je les y conservais un laps de temps égal, 5 secondes, par exemple, je les crachais, et me rincais la bouche avec le moins d'eau possible pour que l’eau conservée sur la langue ne vint pas diluer une liqueur goütée peu de temps aprés. Pour les acides les moins concentrés, je me rinçais la bouche de préférence avec la salive, mais, naturellement, en opérant toujours de la méme manière pour les différents essais à comparer entre eux.

Il est bon aussi de n'opérer que lorsque la langue est parfaitement libre, qu'on n'y percoit aucune saveur, que l'on n'a ni bo, ni mangé, ni fumé depuis un certain temps.

HI. J'ai cherché d'abord à établir pour chaque acide le maximum de dilution auquel on peut lesramener, avant que l'on ne parvienne plus à le distinguer de l'eau pure.

C'était un point important, car si ce maximum est invariable, il suffit de le déterminer pour avoir en quelque sorte une mesure exacte de l'intensité de la saveur de chacun des acides employés.

Malheureusement, et comme on pouvait le prévoir, ce maximum de dilution est un point variable, dépendant sans doute de l'état de l'expérimentateur. En effet, j'ai pu distinguer d’avec l'eau pure une solution d'acide sulfurique telle qu'un litre d'eau contint 0,98 grammes de IPs chimiquement pur, à peu de chose prés, soit !/,ooo 34- Cet essai, répété plusieurs fois le méme jour, et en pre-

( 621 )

nant les précautions indiquées plus haut pour éviter les erreurs résultant d'une opinion établie a priori, ne m'a pas laissé le moindre doute. Mais, d'autres jours, j'ai pu percevoir l'aeidité d'une liqueur contenant seulement 0,5 grammes d'acide sulfurique par litre d'eau, soit 5/10000 tandis que d'autres fois je n'ai pu distinguer de l'eau pure une liqueur contenant moins de 2 pour 1000 d'acide; souvent même je n'ai pu conclure certainement que pour 3,5 grammes de H2SO*^ par litre d'eau. En résumé, les solutions acides les plus étendues que j'aie pu distinguer d'avec l'eau pure varient entre %/16000 et 5/10000:

Le maximum de dilution auquel on puisse amener un acide avant de ne pouvoir plus le distinguer de l'eau pure n'est donc pas un point invariable; mais ce point dépen- dant de l'expérimentation, je pouvais tout au moins com- parer entre eux différents maxima observés à peu d'inter- valle pour des acides différents.

Et ce dernier point m'a été d'un grand secours pour mes expériences ultérieures.

Avant d'abandonner cette question, je vais indiquer les doses minima que j'ai pu percevoir d'ordinaire pour quel- ques acides (1) :

Acide citrique . . . «0,40 p. 4,000 aq. | Acide formique . . . 0,16 p. 4,000 aq. Acide succinique , . 0,55 p. 4,000 aq. | Acide tartrique . . . 0,60 p. 4,000 aq. Acide oxalique. , . 0,20 p. 4,000 aq. | Acide nitrique 0,40 p. 4,000 aq. Acide acétique , 0,35 p. 4,000 aq. | Acide niigi 0,25 p. 1,000 aq.

Pour les acides sur lesquels j’ai expérimenté, une con-

a La SN

(1) Valentin distingue !/,,,,,, d'acide sulfurique dans l'eau pure. Voyez : Hermann, Handbuch der ec parie 7 der Sinnesorgane, Zweiter Theil, p. 211.

( 622 )

centration de 1/1000 Suffisait généralement pour leur don- ner une saveur franchement acide. Notons encore qu'une liqueur trés faiblement acidulée, et qui pourrait étre prise pour de l'eau pure, s'en distingue aisément si l'on a soin de goüter plusieurs fois cette liqueur et une méme quan- tité d'eau distillée. (Le mieux est de prendre de l'une et de l'autre 2 à 5 centimètres cubes).

Un dernier point important était de rechercher jusqu'à quel point je pouvais établir une distinction entre deux solutions acides présentant des saveurs d'intensités diffé- rentes.

En opérant sur l'aeide chlorhydrique dilué, j'ai pu établir une distinction de saveur nettement tranchée entre deux liquides contenant respectivement 0,17 et 0,25 */, de HCI chimiquement pur. La différence était difficile à établir entre des solutions contenant 0,17 et 0,20 */, de HCl; de 0,17 à 0,18 */, la distinction est trés difficile, et enfin, de 0,17 à 0,175 */, elle est impossible. À

En résumé, pour une concentration d'acide d'environ 4,5 pour 1000 à 9,5 pour 1000, on peut établir une dis- tinction bien marquée entre des solutions différant au minimum de 6/,6000-

Lorsque la concentration n’est que de 3 pour 10000 à 1,5 pour 1000, on perçoit encore une différence nette entre deux liquides différant entre eux de 5/10000: c'est-à- dire, entre deux liquides concentrés respectivement à 9 pour 10000 et à 6 pour 10000, par exemple; ce résultat n’est atteint qu'exceptionnellement. Pour des liquides plus dilués, il est assez rare que l'on puisse distinguer la liqueur acide de l'eau pure. :

La marche à suivre pour rechercher ce qui fait varier l'intensité de la saveur d'un acide est done à peu prés

( 625 ) tracée : chercher pour les acides très dilués le degré de concentration nécessaire pour pouvoir les distinguer de l'eau pure, mais, dans ce dernier cas, ne comparer entre eux que les résultats obtenus dans des expériences duites à peu d'intervalle.

Toutefois, notons encore qu’un autre procédé pouvait être suivi : c'était de préparer des liquides tels qu'ils eus- sent tous la méme saveur, puis de les doser pour obtenir des données numériques. Mais j'ai l'abandonner.

Car je me suis rapidement convaincu qu'il est souvent plus facile d'établir une différence qu'une égalité de saveur entre deux substances données; du reste, on conçoit faci- lement qu'en cherchant à savoir si deux saveurs acides sont également intenses, je ne puis accorder que peu de Confiance à une égalité apparente, qui peut bien n'étre qu'une différence trop faible pour étre perceptible au goüt, landis que, par le premier procédé, je puis me prononcer Catégoriquement méme pour des différences assez faibles.

Je citerai seulement deux expériences faites d'aprés ce procédé :

Ayant une solution d'acide chlorhydrique modérément étendue, j'ai cherché à composer une solution d'acide sul- furique provoquant sur la langue la même sensation. Après bien des tàtonnements pour arriver à établir autant que possible une analogie à peu prés complète entre les sen- sations produites, j'ai titré les deux liqueurs par une les- sive de soude. contenant 6,3 grammes de NaOH pour 1000 centimètres cubes d'eau.

10 centimètres cubes de la solution de HCl ont été Salurés par 9,8 centimètres cubes de liqueur alcaline; 10 centimètres cubes de la solution de H2SO4 par 6,5 cen- Umêlres cubes de cette méme liqueur. :

( 624 )

Dans un autre cas, 10 centimétres cubes d'une solution chlorhydrique ont demandé 15,8 centimétres cubes de les- sive alealine; et 10 centimètres cubes d'une solution sul- furique, présentant la méme saveur acide, ont été saturés par 21 centimétres cubes de cette lessive.

Ces deux essais, auxquels je n'attribuai du reste aucune valeur sérieuse, me faisaient cependant douter que la saveur plus ou moins prononcée des acides füt due seule- ment à la quantité d'hydrogéne basique y contenue. Car, dans ce cas, deux liqueurs présentant la méme saveur devraient contenir la même quantité d'hydrogène acide, et par conséquent être saturées par le même volume de lessive alcaline.

Ces deux essais out été faits le méme jour. Aussi m'ont- ils donné des résultats trés rapprochés : le rapport entre les quantités de soude nécessaires pour neutraliser un méme volume de la solution chlorhydrique et de la solution sulfurique est assez constant :

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On voit done que les appréciations émises Le méme jour sr la saveur des liqueurs ne différent presque pas, et que l'on pourrait paccm employer pour des recherches plus complètes tt le, qui est celle des erreurs moyennes. Toutefois, je n'ai pas eru devoir m'en servir ici, parce que ce procédé est trés long, et que, du reste, dans beaucoup de cas, les TPO O émises sur les saveurs de ne rents liquides, d’après ce procédé, et méme à peu d'inter- valle, étaient loin d’être aussi comparables.

Je ferai encore remarquer que les différents essais dont

( 625 )

je publie ici les résultats ont été faits par moi seul, en sorte qu'il est possible qu'un autre expérimentateur arrive à une autre classification des acides au point de vue du goût; du reste, ainsi que j'ai pu m'en convaincre en fai- sant ce travail, l'exercice m'avait rendu capable de distin- guer entre deux saveurs données une différence qu'un autre n'eüt pu reconnaitre sans avoir fait comme moi sa propre éducation.

Pour désigner les différentes intensités des saveurs acides, j'ai me borner à me servir de termes assez vagues. J'aurais pu employer des longueurs ou des chiffres, plus maniables au point de vue de la variété des qualifi- catifs qu'ils auraient remplacés. Mais le lecteur est tou? jours porté à attribuer une valeur absolue aux longueurs aux chiffres, et à établir entre eux des comparaisons rigoureuses,

Ce procédé pourrait à la rigueur étre employé pour désigner des saveurs acides, que j'aurais classées en les comparant à des dilutions déterminées d'un méme acide type; ce qui m'eüt entraîné dans une nouvelle et longue

Série d'essais à pratiquer d'aprés la méthode des erreurs moyennes dont j'ai parlé plus haut.

J'ai done goüté les solutions acides de facon à pouvoir toujours ranger dans le méme ordre les sensations que J'ai percues, et toujours, en effet, les résultats ont con- cordé. Ces résultats ne sont donc pas des moyennes; ils ont toujours été constants, ce qui montre que les diffé- rences percues sont suffisamment sensibles, et c'est pour ce motif que j'ai eru inutile de publier in extenso les diffé- rents tableaux représentant différentes séries d'essais qui donnaient des résultats identiques.

( 626 )

* s I. RÉSULTATS OBTENUS. Acides monobasiques.

I. L'intensité de la saveur n’est pas égale chez les différents acides monobasiques au méme degré de dilution, c'est-à-dire contenant le méme poids absolu d'acide dilué avec un égal volume d'eau.

« En effet, préparons différentes solutions d'acides avec la méme quantité d'eau et des poids égaux (3 grammes) de différents acides monobasiques. Nous obtiendrons des saveurs d'intensités nettement différentes. Nous pourrons les étendre successivement de la méme quantité d'eau, le résultat ne changera pas. Je résume dans le tableau suivant 1 les résultats obtenus. Les solutions acides comparées dans chaque colonne verticale ont été compo-

sées de facon à contenir 3 grammes d'acide (1) pour le :

volume d'eau indiqué en téte de chaque colonne. Dans la dernière colonne (liquides formés de 3 grammes d'acide pour 2,000 d'eau), les liqueurs étant trop étendues pour présenter des saveuys nettement acides ont été goütées par gorgées de 2,5 centimétres cubes.

(1) Ces quantités d'acide, comme toutes les autres renseignées dans cet ouvrage, ont été mesurées par des dosages faits avec une solution de NaOH à 6,5 pour 1,000.

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( 628 )

Il. L'intensité de la saveur acide n'est pas propor - tionnelle chez les différents acides aux quantités d'hydro- géne acide contenues dans les solutions, ou, ce qui revient au même, au nombre de molécules d'acide.

Ainsi, pour 200 grammes d'eau, prenons 5,65 grammes d'acide chlorhydrique, 6,5 grammes d'acide nitrique, 6,6 grammes d'acide hypophosphoreux, 4,6 grammes d'acide formique, 6 grammes d'acide acétique et 9 grammes d'acide lactique, c'est-à-dire des poids d'acide proportion- nels au poids moléculaire de chacun. Aprés avoir goüté ces liquides, nous les étendrons de la méme quantité d'eau. Nous obtiendrons dans tous les cas des saveurs d'inten - sités sensiblement différentes.

Je résume les résultats obtenus dans le tableau 2 construit sur le modéle du précédent.

Si l'intensité de la saveur acide dépendait de la quan- tité d'hydrogéne basique contenue dans la solution, tous les liquides indiqués dans ce tableau devraient présenter la méme saveur, car, d'aprés leur composition, ils ren- ferment à volume égal le méme nombre de molécules d'acides, et, puisqu'ils sont monobasiques, le méme nombre d'atomes d'hydrogéne acide.

III. La saveur acide de différentes solutions conte- nant le méme nombre de molécules d'acide, en d'autres termes, la méme quantité d'hydrogéne basique, est d'au- tant plus prononcée que le poids moléculaire de l'acide est : plus faible.

Une inspection attentive du tableau ci-après (n° 2) suffit pour le démontrer. En effet, disposons les résultats

|

( 629 )

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42

S"* SÉRIE, TOME XIV.

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( 630 )

obtenus de maniére que l'acide dont la saveur est la plus prononcée soit en téte, et que celui dont le goüt acide est le plus faible soit le dernier; nous verrons alors que ces acides, placés dans l'ordre de la saveur la plus prononcée, sont aussi placés dans l'ordre du poids moléculaire le plus faible; c'est-à-dire que leurs poids moléculaires augmentent en sens inverse de leur saveur. Ne voulant laisser aucun doute, j'ai préparé de nouvelles solutions avec les mémes acides et dans les mémes conditions qu'au tableau n* 2. Je les ai goütés avec toutes les précautions indiquées, et les résultats ont encore été aussi concluants. Je les expose dans le tableau n°5, construit d’après le modèle précédent.

Les acides ont été composés comme dans le tableau 2. Leurs poids moléculaires sont inscrits à côté de leurs noms. Les essais sur la langueont été faits à deux reprises différentes. E

S HI: Acides polybasiques.

l. L'intensité de la saveur acide n'est pas égale chez les différents acides polybasiques, pris au même degré de dilution, c'est-à-dire contenant le méme poids d'acide dilué avec le méme volume d'eau.

Il suffit, pour s'en convaincre, de lire le tableau 4. Les différents liquides ont tous été composés avec le. méme poids (3 grammes) des différents acides et les mêmes quantités d'eau (200, 300, 4,000, 1,500 et 2,000 centimétres cubes d'eau).

( 651 )

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( 633 )

il. L'intensité de la saveur acide n’est pas propor- tionnelle chez les différents acides polybasiques aux quan- lités d'hydrogène acide contenues dans la solution.

En d’autres termes, pour des acides de même basicité, l'intensité de la saveur acide n’est pas proportionnelle au nombre de molécules acides contenues dans la solution.

Le tableau 5 montre les résultats obtenus par l'expé- rience. Les différents liquides ont été composés en ajou- tant les volumes d’eau inserits en tête de chaque colonne à des poids d'acides proportionnels aux poids moléculaires de chaque acide.

Par la composition de ces liquides, ils contiennent tous le méme nombre de molécules par centimètre cube. Il s'ensuit que si, pour les acides de méme basicité, l'intensité de la saveur acide était proportionnelle au nombre de molécules acides contenues dans la molécule, les acides bibasiques (les quatre premiers) devraient avoir la même saveur.

Ill. La saveur acide de différentes solutions con- tenant le méme nombre de molécules d'acides de méme basicité, est d'autant plus forte que le poids de la molécule est plus faible. - -

goüt acide d'une molécule d'acide d'une basicité donnée est done d'autant plus prononcé que l'hydrogéne acide est fixé à une molécule plus petite.

Ou bien, POUR DES sOLUTIONS D'ACIDES DE BASICITÉS DIFFÉRENTES CONTENANT LE MÉME NOMBRE DE MOLÉCULES D'ACIDE, L'INTENSITÉ DE LEUR SAVEUR ACIDE DÉPEND DE LA GRANDEUR DU RAPPORT DU POIDS D'HYDROGÈNE ACIDE CONTENU - DANS LA MOLÉCULE AU POIDS DE CETTE MOLÉCULE.

( 634 )

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( 655 ) Le tableau 6 contient les résultats obtenus dans une : série d'expériences répétées avec des acides de basicités différentes. Les liquides ont été composés de telle sorte qu'à unité de volume ils contiennent le méme nombre de molécules d'acides, c'est-à-dire avec des poids d'acides proportionnels aux poids moléculaires de chaque acide par une méme quantité d'eau. Notons seulement que, pour les cinq premiers acides, dans la première colonne verticale 200 centimètres cubes d’eau), si je n'ai pu percevoir de différences de Saveur entre eux, c'est que chacun de ces liquides m'a donné une sensation de brûlure tellement forte que j'ai attendre longtemps avant de recouvrer toute la délicatesse de goüt nécessaire pour continuer mes essais. Le rapport du poids d’hydrogène acide contenu dans chaque molécule au poids de cette même molécule, qui, ainsi que le prouvent ces expériences, est la mesure de l'intensité de saveur acide, est indiqué dans la première Colonne au-devant du nom de chaque acide.

*

$ IV. CONCLUSIONS. I. Acides monobasiques.

3) L'intensité de la saveur acide n'est pas égale chez les différents acides pris au méme degré de dilution, c'est- ä-dire contenant le méme poids absolu d'acide dilué avec le méme volume d'eau.

b) L'intensité de la saveur acide n’est pas pd nelle chez les différents acides aux quantités Ph

acide contenues dans la solution.

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( 637 )

c) L'acidité de différentes solutions contenant le même nombre de molécules d'acides, ou, ce qui revient au méme, la méme quantité d'hydrogéne acide, est d'autant plus forte que le poids moléculaire est plus faible. Le goût acide d'une molécule d'acide monobasique est donc d'autant plus prononcé que l'hydrogéne acide est fixé à une molécule plus petite. i

ll. Acides polybasiques.

a) L'intensité de la saveur acide des acides polyba- siques n'est pas la méme chez ces différents acides pris au méme degré de dilution.

b) L'intensité de la saveur acide des acides polyba- siques n’est pas non plus proportionnelle à la quantité d'hydrogène acide contenue dans la solution.

€) La saveur acide de différentes solutions d'acides de méme basicité, contenant le méme nombre de molécules d'acides, est d'autant plus forte que le poids de la molécule est plus faible.

d) L'ixrENsiTÉ DE LA SAVEUR ACIDE D'UNE MOLÉCULE D'UN ACIDE QUELCONQUE DÉPEND DU RAPPORT DU POIDS D'HYDRO- GÈNE ACIDE CONTENU DANS LA MOLÉCULE AU POIDS DE CETTE MOLÉCULE.

( 638 )

Observations physiques de Saturne faites en 1887, l'Observatoire royal de Bruxelles ; par Paul Stroobant.

Ces observations ont été faites au grand équatorial (ouverture 0",38); les grossissements habituelleme employés sont ceux de 360 et de 480. La dernière obse vation seule (20 avril) a été faite à l'équatorial de PE (ouverture 07,15).

Nous avons, suivant l'usage, désigné les trois annea de Saturne respectivement l'extérieur par A, le mo par B et l'intérieur par C. |

La forme de l'ombre projetée par le globe sur les anneat a particuliérement attiré notre attention.

Ces observations pourront être comparées à celles : M. Terby (Bulletin de l'Académie royale de Belgi série, tome XIII, n? 5, mars, 1887), de M. Stuyv (loc. cit.) et de M. T.-G. Elger (Monthly Notices, vol. XLV p. 911).

27 janvier 1857.

11 heures. La partie plombée du disque parait un plus foncée que l'anneau extérieur. La calotte polaire e portion du disque en contact avec la bande équatork brillante semblent plus grises que la zone intermédioire. soupconne une trace de division dans l'anneau extéri

, Tome XIV.

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Lith C Severeyns, Bruxelles.

( 639 ) qui est moins brillant que l'anneau moyen. La ligne de séparation entre l'anneau sombre intérieur et le fond du ciel est nettement dessinée. L'éclat de la bande équatoriale parait égal à celui de l'anneau moyen.

Grossissement : 360.

9 février.

10 h. 50 m. On soupçonne une trace de division dans l'anse orientale de l'anneau extérieur A. La région polaire parait remarquablement foncée. La bande grise et étroite, qui s'étend au Sud de la zone équatoriale brillante, semble très foncée. La partie moyenne du disque n'est pas d'une teinte uniforme (fig. 1).

Grossissement : 560.

12 février.

10 h. 45 m. Sur l'anse orientale de A on voit la divi- Sion de Encke. Cet anneau se divise en deux zones concen- triques inégales en grandeur et en éclat, la zone intérieure étant plus brillante et plus étroite que la zone extérieure (fig. 2). On aperçoit deux dentelures sombres qui empiè- tent sur l'anneau A dans l'anse occidentale (fig. 3).

L'ombre du globe sur l'anneau moyen B parait assez fortement concave (ig. 4).

La zone équatoriale brillante est séparée vers l'orient par une bande grisátre et étroite qui s'élargit vers le limbe de Saturne (fig. 5). Conditions assez mauvaises.

( 640 )

13 février.

9 h.15 m. La bande grisàtre qui traverse la région équatoriale parait plus large et moins nette qu'hier. On voit assez bien la division de Encke. Les conditions d'observation sont assez bonnes.

17 février.

8 heures. La division de Encke est bien visible. La zone extérieure de l'anneau A parait plus brillante sur l'anse oceidentale que sur l'anse orientale.

L'ombre du globe sur l'anneau est représentée fig. 6.

26 février.

10 h. 45 m. La division de Encke est plus rapprochée de celle de Cassini que du bord extérieur de l'anneau A; elle est mieux visible dans l'anse orientale (grossissement de 360). ;

La figure 7 représente l'ombre du globe sur l'anneau, observée avec un grossissement de 480.

Trés bonnes conditions d'observation.

27 février.

7 h. 40 m. On soupconne la division de Struve dans l'anneau sombre C.

Ombre du globe sur l'anneau (fig. 8).

Grossissement : 480. Temps trés beau.

( 641 )

29$ février.

11 heures. On apercoit deux dentelures sur l'anse occi- dentale de l'anneau A (fig. 9).

L'ombre du globe sur l'anneau est représentée fig. 10.

Grossissement : 480. Les conditions sont bonnes.

17 mars.

7 h. 50 m. On voit avec beaucoup de netteté la zone sombre intérieure de l'anneau moyen. La division de Encke est bien visible. L'espace obscur visible entre l'anneau et le disque de Saturne a une largeur égale aux deux tiers environ de celle de l'anneau sombre. La division de Struve est visible dans l'anse occidentale de l'anneau sombre. La limite intérieure de cet anneau ne parait pas régulière, Surtout dans la partie australe des deux anses (fig. 11).

L'ombre du globe sur l'anneau est représentée fig. 12.

On voit quelques dentelures partant de la division de Cassini et pénétrant dans lanse occidentale de l'anneau extérieur, Ces dentelures paraissent se prolonger à l'inté- rieur de l'anneau A sous forme de stries (fig. 15). Grossis- sement : 480.

7 h. 55 m. L'anneau sombre parait plus large dans l'anse occiden tale que dans l'anse orientale. La division de Struve est visible dans les deux anses (fig. 14).

(64 ) La zone moyenne du globe de Saturne paraît un peu moutonnée. Ombre du globe sur l’annean (fig. 15). Grossissement : 560.

5 mars.

7. h. 15 m. L'ombre du globe sur l'anneau B parait à peu prés rectiligne; on aperçoit à peine un petit crochet à la division de Cassini (fig. 16).

L'ombre du globe sur l'anneau C est visible.

Comme le 5, l'anneau sombre parait plus large dans l'anse occidentale que dans l'anse orientale.

Nous n'avons pas apercu la division de Struve, ni la division de Encke.

L'anneau sombre parait particulièrement bien visible; on le voit avec beaucoup de netteté devant le disque de Saturne.

Grossissement : 480. Les conditions sont bonnes, cepen- dant la lune est assez prés de Saturne.

6 mars.

8 heures. L'ombre a le méme aspect qu'hier (grossis- sement : 560). Les conditions sont mauvaises, le ciel est nuageux.

S mars.

9 h. 30 m. L'ombre du globe sur les anneaux a le méme aspect que les jours précédents. Sur B, elle parait cepen- dant légèrement concave. On ne voit rien de remarquable ailleurs.

Grossissement : 560.

( 645)

10 mars.

8 h. 45 m. Sur l'anneau A l'ombre est parallèle au globe; sur l'anneau moyen B, elle est rectiligne, puis se courbe en tournant sa convexité vers la division de Cassini. L'ombre parait plus large à la hauteur de la division cas- sinienne (fig. 17).

La division de Encke est visible dans l'anse occidentale.

L'anneau sombre est mieux visible dans l'anse orientale que dans l'anse occidentale. Dans la premiére, sa largeur est à peine la moitié de la distance de l'anneau B au globe; dans la seconde, au contraire, la largeur de l'anneau est plus grande que cette moitié.

Dans l'anse occidentale, on soupconne la division de Struve; la ligne de séparation de l'anneau sombre et du fond du ciel parait peu nette et peu réguliére dans cette anse,

Grossissement : 480.

14 mars.

9 h. à 10 h. 15 m. L'ombre du globe sur l'anneau a le méme aspect que le 10. L'ombre est visible sur l'anneau sombre,

On voit bien la division de Encke, surtout dans l'anse orientale. Sa distance à la division cassinienne le liers environ de la largeur de A (tig. 18).

L'anneau B se partage en trois zones concentriques : : la première trés brillante voisine de la division Cassini, la

( 644 ) seconde un peu moins brillante et beaucoup plus large, enfin une troisième intérieure et grisâtre, mais d'une teinte moins terne que A. Le bord extérieur de cette zone sombre est estompé et en festons.

L'anneau C parait extrémement bien visible, surtout dans l'anse orientale; sa largeur est à peine la moitié de lintervalle qui sépare l'anneau B du globe. Malgré la netteté des images, nous n'avons pas vu la division de Struve.

La bande brillante équatoriale sur le globe parait divisée en deux parties, la partie boréale étant moins brillante que la partie australe.

Bonnes conditions d'observation. Grossissement : 480.

15 mars.

7 h. 50 m. L'ombre a le méme aspect que le 5; cepen- dant, au lieu d'étre à peu prés rectiligne sur A, elle est assez fortement convexe.

L'anneau sombre est bien visible dans les deux anses.

Le temps est assez beau.

22 mars.

9 h. 45 m. L'ombre est convexe sur A et concave sur B, le crochet à la division de Cassini est trés accentué.

Mêmes remarques que le 40 mars relativement à la largeur de l'anneau sombre dans les deux anses.

Images assez mauvaises. Grossissement : 560.

23 mars.

8 h. à 9 h. 50 m. L'ombre du globe sur l'anneau A est Convexe (parallèle au limbe de Saturne), sur l'anneau moyen elle est légérement concave et se prolonge jusque sur C.

On soupconne la division de Encke.

a zone sombre intérieure de l'anneau B s'étend presque jusqu'à la moitié de l'anneau. Il est difficile d'en saisir la limite exacte, elle va en diminuant d'éclat insen- Siblement de l'intérieur vers l'extérieur. On apercoit une Zone d'un gris très clair s'étendant prés de la division de Cassini.

L'anneau sombre a dans l'anse orientale une largeur égale à peu prés à la moitié de l'espace qui sépare le globe de l'anneau B, c'est-à-dire un peu moins large que l'anneau extérieur.

Dans cette anse, la limite intérieure de l'anneau sombre est nette,

Dans l'anse occidentale cet anneau est un peu plus large et moins nettement terminé que dans l'anse orientale.

Dans la partie Ouest de l'anneau sombre, on voit la division de Struve prés du bord extérieur. Cet anneau paraît moins large proportionnellement devant le globe de Saturne que dans les anses. | x

Sur le globe on observe en allant du Nord vers le Sud:

La projection de l'anneau sombre; elle est plus foncée que A, mais bien moins sombre que C dans les anses ; en 57° SÉRIE, TOME XIV. n

Ra

( 646 )

2 Une bande septentrionale grise qui dépasse un peu de l'anneau sombre;

La grande bande équatoriale, dont la partie Nord moins brillante, surtout vers l'Est, a une étendue un peu moindre que la moitié de la largeur totale de cette bande;

4^ Une bande sombre et étroite plus foncée que la partie Nord de la zone équatoriale;

La zone moyenne grisâtre et présentant deux ou trois rangs de taches plus claires;

6* Une bande moins foncée, mais cependant bien moins brillante que la bande équatoriale ;

Enfin la calotte polaire qui paraît être la partie la plus foncée de tout le globe.

Bonnes images; vent fort. Grossissement : 480. L'aspect de Saturne est représenté fig. 19.

4 avril.

7 h. 50 m. L'ombre du globe est parallèle au limbe de

la planète sur l'anneau A. Sur l'anneau moyen elle pré- sente l'aspect d'une ligne droite brisée prés de la division cassinienne, Sur l'anneau C l'ombre est légèrement con- cave (fig. 20).

La zone brillante de A n’occupe guère que le quart de

la largeur totale de cet anneau. La division de Encke est visible dans les deux anses comme un léger trait grisátre. . L'anneau A est d'un gris sale, verdátre. La division de Cassini parait bien nette et bien régulière. L'espace le plus brillant de B (proche de la division de Cassini) occupe un quart de la largeur de l'anneau, tandis

( 647 \

que la zone foncée intérieure en occupe deux cinquième. environ, Quoique étant la partie la plus grise de l'anneau B, elle est moins foncée que A. Cette troisiéme zone parait un peu moins large dans l'anse occidentale,

L'anneau sombre, qui est remarquablement bien visible, présente son aspect habituel; moins large et plus régu- lier dans l'anse orientale, plus large et plus diffus dans l'occidentale.

Vers l'Est la division de Struve est faiblement marquée et située près du bord de l'anneau; vers l'Ouest elle est au contraire très noire, et elle parait séparer B de C.

La couleur de l'anneau est gris violacé.

L'anneau parait tangent au globe; celui-ci nous semble cependant dépasser légèrement (fig. 21).

Sur le disque nous observons en allant du Nord au Sud :

La projection de l'anneau sombre sur le globe;

2 Une bande grisàtre qui émerge derrière cet anneau;

La large zone équatoriale brillante séparée en deux parties à peu prés égales par un filet gris; la portion sep- lentrionale parait légèrement plus sombre;

Une bande foncée;

Une bande plus claire;

Une bande foncée et moutonnée; i

Une seconde zone moutonnée dans laquelle les petits nuages paraissent être disposés en files parallèlement à l'équateur: |

8 Une bande relativement claire;

9* La calotte polaire. L'aspect de Saturne est repré- senté (fig. 99),

Au commencement de l'observation il faisait encore un peu clair; le ciel était très pur. Grossissement : 480.

( 648 )

S avril.

7 h. 15 m. à 8 h. 50 m. L'ombre a le méme aspect que le 5 mars (fig. 15). Elle est à peine visible sur l'anneau C.

Le bord intérieur de cet anneau est mal terminé, surtout dans l'anse occidentale; dans cette anse la division de Struve est visible prés du bord de l'anneau.

L'anneau A est d'un gris verdâtre, il parait plus foncé sur l'anse orientale.

La première bande grise australe du globe est trés foncée, surtout vers l'Ouest.

On voit deux zones moutonnées, la plus rapprochée de l'équateur étant plus foncée que l'autre.

La bande claire voisine de la calotte polaire parait unie et notablement moins brillante que la grande bande équatoriale (voir fig. 95). Grossissement : 480.

9 avril.

7 h. 55 m. L'ombre est difficile à voir sur l'anneau C. Cet anneau sombre se voit facilement dans l'anse orien- tale, il parait un peu plus large que la moitié de l'inter- valle qui sépare le globe de l'anneau B. Sa teinte n'est pas uniforme, il parait plus foncé vers l'intérieur.

Dans l'anse occidentale il parait étroit et diffus, mal terminé, et un peu plus large dans la région australe a (fig 24).

Dans cette anse la division de Struve est visible.

La zone sombre de l'anneau B parait radiée dans la région Ovest.

La division de Encke n'est visible que gráce à la zone claire qui avoisine la division de Cassini.

( 649 ) L'auneau A parait verdàtre et plus sombre dans l'anse orientale que dans l'occidentale, sa teinte est d'un jaune sale.

La division de Cassini parait bien régulière.

Les bandes grises voisines de l'équateur paraissent assez foncées.

L'aspect moutonné est moins apparent que les jours précédents.

La bande grise, adjacente à l'anneau sombre devant le globe, se voit difficilement.

La calotte polaire parait foncée. Grossissement : 480.

10 avril.

7 h. 55 m. L'ombre du globe sur l'anneau B présente une partie concave et une partie convexe, le point d'inflexion étant à peu prés au milieu de l'anneau. Sur C l'ombre est difficile à voir (fig. 95). |

La largeur de l'anneau C est moindre que la moitié de l'intervalle qui sépare le globe de l'anneau B, dans l'anse orientale. Dans l'autre anse, on soupconne la division de Struve prés du bord extérieur de l'anneau.

Grossissement : 480.

20 avril.

9 h. 15 m. L'ombre du globe sur l'anneau est repré- sentée fig, 26.

Les deux bandes grises de l'hémisphère Sud paraissent très foncées. Grossissement : 560 (équatorial de l'Est).

( 650 )

Sur la théorie de l’involution; par François Deruyts, docteur en sciences physiques et mathématiques de l’Université de Liège.

Dans un précédent travail ("), nous avons montré qu'une involution d'ordre n et de rang n 1, Ll; *, définie ana- lytiquement par une forme » linéaire symétrique, égalée à zéro, peut étre représentée par un point de l'espace à n dimensions E,, les coordonnées de ce point étant propor- tionnelles aux paramétres de la forme. Dans ce mode de représentation, le lieu des points de l'espace E,, corres- pondant à des involutions décomposables, est la courbe normale, C,, de cet espace; de plus, les espaces à n 1 dimensions, passant par le point correspondant à une involution, marquent sur la courbe C, des groupes de points, qui sont les images des groupes d'éléments de l'involution.

Si l'involution est de rang k, elle est définie par n k formes symétriques égalées à zéro: dans notre système, cette involution est représentée par l'ensemble des n À points, correspondant aux n k formes: du reste, cet ensemble de n k points détermine un espace à n k -t dimensions, qui est l’espace central de l'involation.

Nous nous proposons actuellement d'établir quelques

DID pun iude M Re UAR

() Bulletins de l’Académie royale de Belgique, tome XIV, série (août 1887), Sur la représentation des involutions unicursales.

( 651 ) théorèmes sur l'expression analytique des involutions, en nous servant des résultats, que nous venons de rappeler.

I. En modifiant quelque peu les considérations précé- - dentes, on est amené à représenter une forme binaire d'ordre n,

d n f 5 ax} + (1) aag La + (p)ar: +e (jet: par le point de l'espace à n dimensions, E,, dont les coor- données sont respectivement proportionnelles à p

09, is as ...., ya) ii, €.

Nous dirons que ce point correspond à la forme f. Si la forme donnée est une puissance exacte, il existe entre ses coefficients les relations,

ao t An-2 Ont =

d’où l'on tire

do = À”; a, = sa. a, = À (*)

Nous en déduisons ce théorème :

Le lieu des points, qui représentent des formes binaires, Puissances exactes, est la courbe normale de l’espace, dont le nombre de dimensions est égal au degré de la forme. A CU

C) Il est entendu que dans ce système le signe d'égalité équivaut au signe de proportionnalité.

( 052 ) Cela posé, par le point correspondant à une form donnée, f— a,

nous pouvons mener 2 espaces à n 1 dimensions, oscu- lateurs à la courbe normale de l'espace à » dimensions. Les paramétres des points de contact sont donnés par les racines de l'équation

Go ( 042. + (3) (9 Be + (2) aite,

(le signe + selon que n est pair ou impair) ; ou, en posant

par les racines de

Done, les images des racines d'une forme d'ordre n, égalée à zéro, sont les points de contact des espaces à n 1 dimensions, osculateurs à la courbe normale de l'espace à n dimensions, menés par le point correspondant à la forme.

On peut encore représenter, dans l'espace à n dimensions, une forme de degré m (m < n), de la manière suivante:

Soit une forme de degré n p,

=b r =bg” + ul se + (Aperi

Prenons une forme quelconque d'ordre p :

RUNS de (sara. Lis (?) apk.

( 655 )

À la forme d'ordre n

[= b”,

correspond un point de coordonnées X, satisfaisant aux relations

(Pe (" P) (he (7E) (DET).

(i=0, 4, 2, ...n),

OU, par un changement de notation, n 2 PS n— (tx. e (^ i Py, zs Jem b Cote a LP}.

Ce point se trouve dans l'espace à p dimensions, E,, qui unit les p + 1 points de paramètres,

(z) x = (5 zz b...

r variant de o à p, et ? de o à n.

Nous dirons que cet espace E, correspond à la forme c. Il est visible d'ailleurs que par cet espace on peut mener n p espaces à n 1 dimensions osculateurs; les para- métres des points de contact sont précisément donnés par les racines de l'équation,

p =b = 0.

Le rapprochement des modes je représentation indiqués ci-dessus pour les involutions et pour les formes binaires, nous permet d'envisager un point de TD à n dimensions, E., de deux manières différentes :

< 654 )

Un point de l’espace E, caractérise une involution d'ordre n et de rang n 1 : les groupes de cette involution sont représentés par les points de rencontre de la courbe normale, C,, de l'espace E, et des espaces à n 1 dimen- sions, passant par le point considéré.

2^ Le même point détermine une forme binaire d'ordre n; les images des racines de cette forme égalée à zéro sont représentées par les points de contact des espaces oscu- lateurs, menés à la courbe normale C,, par le point dont il s'agit. dos

Tout point qui représente une involution I} * représente à un autre point de vue la forme binaire, dont les racines sont les paramètres des éléments multiples de l'involution.

II. Soient deux involutions I?-*, définies par

et Em bbb. is M, ect MS

nous dirons que ces deux involutions sont associées, quand les deux formes f, et &,, dont les racines représentent les éléments multiples des involutions, sont conjuguées suivant la définition de M. Rosanes (*). On aura alors (ab) = 0,

si l'on éerit symboliquement

f=, geb

ct ae

(") Journal de Crelle, tome LXXVI, Ueber ein Princip der Zuord- nung algebraischer Formen.

( 655 )

Nous pourrons dire aussi, en nous servant d'une défi-

nition donnée par M. Le Paige (*) que deux involutions

d'ordre n sont associées, quand leurs éléments multiples

sont conjugués harmoniques d'ordre n.

La liaison qui existe entre deux involutions associées s'exprime facilement au moyen des points correspondant : à ces involutions.

L'espace à » 1 dimensions polaire du premier point,

par exemple, est représenté par l'équation

ax, (1)a as T (2 Jeans = E Enp 0; la condition

aby* 0,

~

a, b, A (ie. + (s) E Æ ab, ==

exprime que le second a se trouve dans cet espace, et réciproquement.

Nous pouvons donc énoncer ce théorème :

Pour que deux involutions de rang m 4 soient associées, il faut et il suffit que le point correspondant à l'une d'elles soit situé dans l'espace à n 1. dimensions Polaire du point qui représente l'autre involution, En d'autres termes, pour qu'une involution de rang ^ 1 puisse s'exprimer par la relation

[= > a(x, + d;X3) (ya + dy») (a + d,zs) 2 (u, + dus) = 0, 1

Ta a 0 EN

() Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2* série, tome XLIV : quelques propriétés de l'invariant quadratique simultané de deuz formes "ign

D lie t To ve Ta R aeri Ws ee OE ST A EEE T EUR ND ur Mera S E EAN Slut, eo eue ER s OB A de

( 656 ) c’est-à-dire pour que le point qui la représente ait pour coordonnées

Xa = Xadi, (i=0, 1,...n),

il faut et il suffit que ce point soit situé dans l’espace polaire du point correspondant à la forme binaire, dont les racines sont

Observons encore que la forme dont les racines repré- sentent les éléments multiples de l'involution, se trouve ramenée à l'expression

h —Y« (x, + de)".

Nous retrouvons ainsi ce théorème à M. Rosanes C

Les groupes den points, qui expriment une forme binaire de degré n comme la somme de n puissances n*^^, consti- tuent une involution de rang n 1; ces groupes sont conjugués harmoniques d'ordre n au groupe de n points, que représente la forme.

De plus, le procédé que nous employons permet de trouver immédiatement l'équation de l'involution.

Si la forme est

fza,

RAR

(*) Voir le mémoire de M. Rosanes indiqué plus haut.

( 657 )

l'équation de l'involution est P = 0,0,0, o. Qy = 0,

ou bien, en employant une formule de transformation que nous avons fait connaître antérieurement (*),

i=n

A^

j| RS L'espace à n k 1 dimensions E, , ,, déter- miné par n k points de la courbe C, de l'espace à n dimensions E,, est représenté, comme nous le savons, par les k + 4 équations,

af ai mm == 0.

d,. a;

K=z zP + ap dz, PE 0, Ka Pf? age et 7, PE —0,

LI . * . . . . B . . * . e *

K= cu cpl + zuaSPQ7 e E zu, PEE = 0,

En représentant par P la somme de toutes les combi- naisons des paramètres hi MAS de q points de la courbe C,, pris p à p. : Si cet espace E, , , doit passer par un espace à ? 1 dimensions E, ,, déterminé par points, gens As åz, ås, e Åg»

ttes" à À E

() Voir notre travail cité plus haut.

. 658 ) le point A, ayant pour coordonnées,

ag, af, af... af, il faut que l’on ait les conditions,

ED 0. KP —0,...- 0, AD es0,- EP —90,... RP

Kf 0, pi 6, ... EP 0. Nous représentons par KO = a(? al PP + a, PE- ... E af), Pt

ce que devient K,, quand on y remplace les coordonnées courantes par les coordonnées du point A,.

Nous en parar les résultats suivants :

Quand k < 7 "es Li» nous pouvons, par un espace à e —1 dimensions, E, ,, faire passer oo"7^* *?-* espaces àn—k—1 dimensions, n k fois sécants de la courbe C, de l'espace à n dimensions.

2 Quand & —7—7, ce qui a lieu quand » + 1 est un multiple de o + 1, on ne peut faire passer par un espace à T. 1 dimensions qu'un seul espace à = < dimensions, ET: ; fois sécant de la courbe normale de l'espace à n feu.

o *, on ne peut mener par l'espace Ez-i

d'espace E, , ,, à icd fois sécant de yo normale, que lorsque les coordonnées des points qui composent

( 659 ) l'espace E, ,, satisfont aux k(Ẹ + 1) (n 9) conditions, comprises dans le symbole

apa asas. w^ 07 a) a offa? af), af) ap : a! amu) qeu is à 3 tek e. at?)

Nous pouvons donc énoncer les théorémes suivants : Une involution d'ordre n et de rang n 9 possède F8 Groupes neutres de n k éléments, quand A = R, ; ces groupes forment une involution d'ordren —k et de rang n (1 + 9) k 9. Une involution d'ordre n et de rang n possède un seul groupe neutre de 9 Ti éléments, quand n + 1 est un multiple de 9 + 1.

D'un autre cóté, soient les équations d'une involution d'ordre n et de rang n 9:

fie a QU + a QUO, a... + at QU + a Qi? 0,

h= ajo" spe aP Q, Waa a? ,QP ds a9 Qi? 0, f (= sde m iras ae + a), Qi a a Qi MK

Nous représentons par la notation la somme de toutes les combinaisons des n paramétres

pris i à i.

( 660 ` L'espace central de cette involution, E, ,, est déterminé par les 9 points b Asc dos dn

correspondant aux involutions de rang n— 1, représentées par ehacune des équations précédentes.

Par l'espace EL menons un des espaces à n k 1 dimensions, qui rencontrent la courbe normale C, en n— k points ; appelons

1 1 1

LE AMAR

les paramètres de ces points. Il est visible que les coor- données des points À pourront se mettre sous la forme,

a) a(ài + aps 4. + a0 LL, aP aoi + aoi + -.. + a 08 4,

aP! afp + (Po + ee + aff) à,

i variant de o à n. Dés lors, les équations de l'involution pourront s'écrire : :

= Y QU aP + aal + e Dua) = i0

h= =%0 QU (a9; + aai + e + aD +) = 0

EB . E . " . . . . . LI . LI * * pi

f Qe. (AP + Pa + ee + - ai = 0.

( 661

—k i—n- am, sss alf oc, + dite) Y + 8,2) (24 + 9,23)... (1, + dus) —0,

—k i—n-k AE o (ar, + dcs) (ya 7 dy) (71 7 0722) --- (U1 + 043) 0,

iimg

—k i—n—k PV =N a !

d ii

(Pac, + docs (ys 7 ys) (at 92a)... + dus) = 0.

Nous appellerons la quantité ML (x, Las d,Xe) (y + dYa) (z A 9,24) tt (u, us dia),

produit d'ordre n, et 9, la racine de ce produit.

Donc, dans le cas de k < II

Toute involution d'ordre n et de rang n peut se définir analytiquement de oœ” **?-? manières différentes, par l'égalité à zéro de 9 formes n linéaires symétriques; Chacune d'elles étant la somme de n k mêmes md d'ordre n, affectés de coefficients distincts.

Les groupes de points, correspondant aux racines de ces produits, constituent à leur tour uneinvolution d'ordre n—k et de rang n (1 + g) k

Cette involution est représentée par les 9 (k + 1) équa- tions

KP = aP aP Pe- +... E aP Por 0, K9 = at re af? pte- 5 + s.. = a, PE 0, Kf?) e af a(f (79 +. + af), PE 0,

! Variant de 9 à X.

3°* SÉRIE, TOME XIV. A

662 ) En faisant usage d’une formule, que nous avons rappelée plus haut ($ I), nous pouvons remplacer les équations précédentes par l'unique relation.

4E. -—M mie CPE MEET n 1 1 1 1

a A uv ocu al), E ra a v aù, ai SA 0 i=i E . . . . .

EP Ow uo wm aff),

«US du 4 d afi

Dans cette relation, les lettres À désignent des paramètres quelconques, et nous avons posé pour abréger p = n k, r 9 (k 4- 1) 1.

Nous pouvons encore observer que le système We formes binaires d'ordre n, dont les racines ents multiples de chacune des iaxdthüone ]*-* définies par les équations

fi=0, f-09, .… f,—0

se trouve ramené en méme temps à un systéme de sommes de n k puissances n"^: on a

dre _ (i) past fosse, "= Ai al (x, + d,23)". p—i

Considérons maint tlecasde k— "=. L'involution TA A gi

( 665 ) peut s'exprimer, et d'une seule facon, sous la forme

i=n—k | fi TI ai V, LAE 0,

t ,

i—n—k is à ND Ie h=) aM ues

Donc : Toute involution d'ordre n et de rang n —o peut s'exprimer d'une seule facon par l'égalité à zéro xi 9 formes n linéaires symétriques, chacune d'elles dre n,

lorsque n + 1 est un minh de 9 4- 1.

C'est la forme canonique de toute involution I2 - qui satisfait à la condition que ses deux er bias véri- fient la relation

n

1 . == enker, $E 1 : En particulier, un système de formes binaires d'ordre à up, ap, Paky atf", peut s'exprimer d'une seule manière par un système de Sommes de o + =p mêmes puissances n^"". Il est

facile de S'ássüfet- le canonizant de ce système est

gE a rt cpaau[t'dat

e cap ls - à 1 1 1 a, ane à. a, Lo err T4 9-1 $41 : = 0.

( a? at? Li uei M s

( 664 )

Ces résultats peuvent s'appliquer facilement au cas d'un systéme de formes de degrés différents, en faisant usage de la représentation des formes d'ordre n —p dans l'espace à n dimensions. Un cas partieulier intéressant correspond à 9 1; on arriverait, entre autres, à des théorèmes sur la réduction d'une forme plurilinéaire symétriqueà la somme de produits d'ordre n, et sur la réduction des formes binaires à la somme de puissances d'ordre n; ces derniers théorèmes ont été donnés par M. De Paolis; nous ne croyons donc pas nécessaire de les reproduire à nouveau (`).

La Classe se constitue en comité secret pour discu- ter les titres des candidats présentés aux places vacantes. -

(‘) Atti della R. Accademia dei Lincei, tome XII, série: Sulla espressione di una forma binaria di grado n con una somma di polenze n°.

( 665 )

CLASSE DES LETTRES.

Séance du 7 novembre 1887.

M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liang, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalor, Thonissen, Th. Juste, Alph. Wauters, Ém. de Laveleye, Alph. Le Roy, A. Wage- ner, P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Pot- vin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Roersch, membres; Alph. Rivier, Philippson et Aug. Snieders, asso- ciés; Alex. Henne et A. Van Weddingen, correspondants.

MM. Houzeau et Mailly, membres de la Classe des SCiences, assistent à la séance.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics adresse les ouvrages suivants :

La littérature francaise au XVII siècle, par J.-B. Stiernet ; ;

2 Histoire populaire de Schaerbeek, par De Saegher et Bartholeyns. Remerciements.

( 666 )

M. Loomans présente pour le prochain Annuaire sa notice biographique de G. Nypels, ancien membre de la Classe. Remerciements.

M. Pasquet, ancien professeur à l'Athénée royal de Liége, soumet un travail intitulé : Sermons de caréme en dialecte wallon. Commissaires : MM. Scheler et Bormans.

Hommages d'ouvrages :

Les origines de la métallurgie au pays d'Entre- Sambre-et-Meuse; par Victor Tahon. (Présenté par M. Alph. Wauters avec une note qui figure ci-après.)

2 Études morales et littéraires : Épopées et romans chevaleresques, 1; par Léon de Monge. (Présenté par M. Ém. de Laveleye avec une note qui figure ci-après.)

M. Tvlii Ciceronis pro M. Caelio oratio ad ivdices; par L.-C. Vollgraff. (Présenté par M. Philippson avec une note qui figure ci-après.) Remerciements.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

J'ai l'honneur d'offrir à la Classe des lettres, au nom de l'auteur, M. Victor Tahon, ingénieur, le travail intitulé : Les origines de la métallurgie au pays d'Entre-Sambre-et- Meuse (Mons, Manceaux, in-8°).

M. Tahon s'attache à prouver que l'industrie du fer est très ancienne dans le pays borné d'un côté par la Meuse et de l'autre par son principal affluent, la Sambre. Il rap-

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pelle avec beaucoup d'à-propos ce fait qu'il y a une tren- taine d'années, alors que l'industrie ne s'en était pas encore servie pour les utiliser, il existait dans l'Entre-Sambre-et- Meuse des quantités énormes de scories, attestant une longue et considérable exploitation des couches de minerais de fer de cette contrée. On aura une idée de l'importance de ces dépóts en se rappelant qu'en vingt-cinq années les hauts fournaux du bassin de Charleroi en ont consommé la quantité prodigieuse d'un million de tonnes. Ces scories y Sont connues sous le nom de Crayats de Sarrasins, nom qu'il ne faut pas prendre à la lettre, mais envisager comme un reflet de l'opinion vulgaire, qui voit dans ces débris les traces d'un peuple disparu, d'une époque bien différente de la nótre.

L'auteur de notre brochure a réuni différents témoi- gnàges sur les procédés qu'emploient encore des peuples de l'Asie et de l'Afrique pour se procurer du fer; il décrit les fourneaux de forme rudimentaire qu'ils emploient encore et les rapproche des vestiges de fourneaux, en forme de cuves, que l'on a signalés en plusieurs endroits et, en par- ticulier, à Vodecée, prés de Philippeville. Il en conclut avec raison que les procédés dont ailleurs on se sert encore, ont probablement été d'un usage général dans le passé, et que l'on peut se représenter ce qu'étaient nos forgerons primi- tifs en étudiant les habitudes des forgerons de l'Hindous- lan et de l'Afrique centrale.

Sous la domination romaine, le travail du fer s'améliora et s'étendit. Les découvertes de poteries, faites dans les àmas de scories, indiquent d'une maniére incontestable l’époque cette industrie se développa en Belgique. Afin d'expliquer comment elle envoyait au loin ses produits, M. Tahon a donné une idée des voies de communication

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qui traversaient l'Entre-Sambre-et-Meuse. Sa conclusion que « l'Entre-Sambre-et- Meuse était sans conteste le » pays le plus industriel, au point de vue métallurgique, » du nord des Gaules et peut-étre du monde romain », pourrait étre contestée, mais on s'accordera du moins à reconnaitre que son travail constitue une page intéressante de l'histoire du pays, sous le rapport économique.

ALPH. WAUTERS.

J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de l’auteur, M. Léon de Monge, professeur de littérature à l'Université de Louvain, un livre intitulé : Études morales et litté- raires. Épopées et romans chevaleresques. En parlant des Nibelungen, M. de Monge montre bien comment nais- sent et se développent, d'une facon pour ainsi dire spon- tanée, les épopées nationales ou « naturelles » comme il les appelle. La comparaison qu'il fait entre les idées et les sentiments de la Chanson de Roland et du Romancero du Cid est un modéle d'analyse littéraire. Le style de l'ou- vrage est trés élégant et d'une grande distinclion, sans nulle recherche. Les réflexions ingénieuses et profondes abondent. Le culte du bien et du beau est la base de tous les jugements; partout règne un sentiment de haute mora- lité. On est heureux de lire ces pages d’une inspiration s! élevée et si pure, alors que de toutes parts un souffle de bas matérialisme et de grossiére sensualité envahit la lit- térature. ÉMILE DE LAVELEYE.

( 669 )

J'ai l'honneur de présenter à la Classe, au nom de l'auteur, l'édition du Pro Celio, de Cicéron, publiée par M. J.-C. Vollgratf, mon collègue à l'Université de Bruxelles. Le Pro Celio, négligé pendant le moyen âge, parce que son contenu, parfois assez scabreux, ne permettait guére de le placer entre les mains des éléves et surtout des jeunes pré- tres, ne nous a été conservé que dans un petit nombre de manuscrits, fort corrompus d'ailleurs, et se basant presque tous sur une copie unique, aujourd'hui perdue, et dont le plus ancien représentant est le Parisinus, n? 7794. M. Voll- graff a eollationné attentivement les manuscrits les plus importants du Pro Cælio; pour la première fois, il s'est servi, pour l'émendation de ce discours, d'un codex de Salzbourg, actuellement à Munich, qui, à cóté de bien des fautes, offre cependant un grand nombre d'excellentes lecons, évidemment empruntées à un texte d'une plus grande valeur. Muni de connaissances profondes et solides dans la langue et la littérature latines, comme il convient à un des élèves favoris du grand Cobet, M. Vollgraff a tiré Profit de tous ces matériaux pour établir le texte le plus digne de foi qu'il soit possible de restituer avec les res- Sources dont dispose actuellement la science philologique. Un appendice eritique, assez développé, qui termine le volume, met le lecteur à méme d'apprécier le travail assidu et intelligent auquel l'éditeur s'est livré et, en méme temps, de le contróler. On y découvrira beaucoup de lecons nou- velles et apparemment justifiées, dues aux recherches cri- tiques de M. Vollgraff. Le docte éditeur cite avec un soin scrupuleux, dont bien des auteurs aiment maintement à s'affranchir, les travaux précédents qui se rapportent à

( 670 ) son sujet, et dont aucun, ce semble, n’a échappé à ses investigations. L'édition du Pro Celio que j'ai l'honneur de vous soumettre, Messieurs, est done un excellent spécimen de cette forte et bonne école philologique dont la Hollande se glorifie à juste titre.

M. PuHILIPPSON.

ÉLECTIONS.

La Classe procéde ensuite à l'élection :

de quatorze noms pour le choix du jury chargé de juger la huitième période du concours quinquennal de littérature francaise (1885-1887);

2^ de dix noms pour le choix du jury chargé de juger la dixiéme période du concours triennal de littérature dramatique en langue francaise (1885-1887).

Ces noms seront transmis à M. le Ministre de l’Agri- culture, de l'Industrie et des Travaux publics.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

La dernière séance du Conseil avant le supplice (1); par le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l'Aca- démie.

(D'aprés des documents inédits.)

Walsingham, saluant avec joie le terme de sa disgrâce, était revenu de Barn-Elms à Londres, il devait conférer avec le Secrétaire Davison et avec son beau-frère le clerc du Conseil, Robert Beale.

Tous les trois comptaient parmi les chefs du parti Puritain et attendaient avec la méme impatience l'heure ils pourraient verser le sang de la reine d'Écosse.

Ce moment semblait venu. Le 44 février, Élisabeth, *pouvantée par l'image des complots qu'on déroulait devant elle comme une perpétuelle menace pour sa vie, avait signé le warrant ou ordre d'exécution, et elle avait ajouté en le remettant à Davison : « Jamais un vilain ? Comme toi n'eut entre ses mains un semblable warrant!» Et toute troublée encore de ce qu'elle venait de faire, elle avait prononcé ces paroles, entrecoupées de profonds

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(1) Fragment d'une histoire de la dernière période de la vie de Marie Stuart.

( 672 ) soupirs : « Que personne ne sache que ce warrant est » signé! Qu'on ne m'en parle plus! Je verrai plus tard ce » que j'ai à faire. Les membres de l'Association ne sont- » ils pas tenus par leur serment de décharger ce fardeau » de mes épaules? »

Ce que voulait Élisabeth, ce qu'elle insinuait par ces mots, c'était qu'un vulgaire assassin prit la responsabilité d'un erime qui eüt laissé une tache sanglante sur son manteau de reine.

Le lendemain, Élisabeth avait fait rappeler Davison. Elle répéta ce qu'elle avait dit la veille : « Que tout reste » secret! Que l'on attende que j'aie fait connaitre mon » bon plaisir! » Et insistant sur la pensée qui ne la quit- tait point : « Pourquoi, s'écria-t-elle, rejeter sur moi tout » ce fardeau? Que n'ai-je des conseillers comme Archi- » bald Douglas! » Archibald Douglas, soudoyé par Éli- sabeth, lui avait autrefois rendu le service d'assassiner Darnley.

Davison reparait chez Walsingham. Il lui raconte ce nouvel entretien; il lui montre la reine inquiéte et hési- tante. Peut-étre reprendra-t-elle de ses mains le warrant, depuis si longtemps préparé, et signé avec tant de diffi- cultés. C'est une heure d'anxiété, mais la résolution est bientót prise. Le warrant est signé : il faut en faire usage, et sans délai, avant que la reine puisse le révoquer et l'anéantir. Rien ne sera plus aisé à justifier; car, selon un avis adopté avec empressement par Davison, celui-là méri- terait d’être pendu, qui n'achéverait point, pour le repos de la reine et du royaume, une œuvre si bien commencée:

Ce méme jour, à onze heures du soir, Davison se pré- sente chez Robert Beale : celui-ci convoquera le Conseil à

reenwich, mais, avant de s'y rendre, il devra passer chez Walsingham : c’est qu'on lui révélera la part 1mpor-

( 673 ) lante qu'il aura à remplir dans le drame sinistre qui se prépare.

En effet, le Conseil se réunit à Greenwich le lendemain à onze heures du matin. Walsingham y assistait. Davison prit le premier la parole et fit connaitre que la reine avait signé le warrant prescrivant l'exécution de la sentence prononcée contre la reine d'Écosse. « Tel est-il bien le » plaisir de la reine? » interrompit Burleigh qui, avec son habileté accoutumée, ne songeait qu'à dégager sa respon- Sabilité. « Oui, » répliqua Davison.

Quelques conseillers, alléguant combien la matiére était grave, demandaient qu'on consultàt de nouveau Élisabeth. Walsingham et ses amis ne pouvaient se rallier à cette proposition qui eüt tout compromis. Aussi, eurent-ils soin de faire remarquer que la reine elle-méme avait défendu qu'on lui parlàt davantage de cette affaire; que l'on savait combien elle désirait que ce fardeau füt déchargé de ses épaules; que, par suite, rien ne lui serait plus agréable que de rester étrangère aux mesures relatives à l'exécu- ton du warrant.

Voici ce que Davison écrira plus tard dans son Apo- logie : « Le Conseil avait à rechercher les moyens les plus honorables et les plus convenables pour l'envoi du warrant. Il considéra que Sa Majesté avait, en ce qui la touchait, déjà fait tout ce que l'honneur, la loi et » la raison réclamaient d'elle; et il fut finalement résolu » quon enverrait le warrant sans troubler davantage » Sa Majesté. Vu la charge qui avait été donnée à > Davison, on jugea qu'il n'y avait pas lieu, puisqu'elle ? avait fait, comme il a déjà été dit, tout ce qu'exigeaient » la loi et ]a raison, de l'en entretenir de nouveau jus- ? qu’à ce que tout eût été achevé. On avait pesé les dan- > &ereuses conséquences qui auraient pu se présenter si

( 674 ) » Sa Majesté, à la suite d’une nouvelle démarche sans » résultats, était revenue à quelque intention d'inter- » rompre ou d'arréter le cours de la justice. »

Des lettres avaient été préparées pour les joindre au warrant; mais Christophe Hatton les trouva trop expli- cites. Au lieu de prescrire le supplice de Marie Stuart, il valait mieux, en termes généraux, s'en référer à la com- mission signée par la reine. Aux yeux de Christophe Hat- ton, e'était diminuer la grave responsabilité qu'assumaient les membres du Conseil. On jugea aussi qu'au lieu d'y maintenir le nom de cinq lords (craignait-on le refus de quelques-uns d'entre eux?) il suffisait de les adresser aux comtes de Kent et de Shrewsbury.

La séance avait été interrompue afin de mettre au net ce nouveau texte; elle fut reprise à deux heures, et la rédaction modifiée fut approuvée. Elle était ainsi conçue :

« Au comte de Kent,

» Sa Majesté ayant adressé au comte de Shrewsbury, à Votre Seigneurie et à d'autres sa commission signée de sa main et revétue du grand sceau d'Angleterre, pour son service spécial, afin d'assurer le salut de sa royale personne et le repos de tout le royaume, nous avons jugé convenable de vous faire parvenir la dite commission par le porteur de cette lettre, M. Robert Beale, homme digne de toute confiance et plein d'expérience, afin qu'il la remette d'abord à Votre Seigneurie et puis au comte de Shrewsbury; et vous apprendrez promptement par lui quand Sa Seigneurie et vous-méme vous pourrez vous réunir pour l'exécution de la dite commission. En attendant, Votre Seigneurie entendra par le porteur de cette lettre combien il est nécessaire que tout ce qui se

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( 675 ) » fera reste secret : tel est le motif pour lequel cette » Commission ne sera point remise aux autres lords qui y » Sont nommés. »

On lisait au bas de cette lettre les noms de lord Burleigh, du comte de Derby, du comte de Leicester, de lord Howard, de lord Hunsdon, de William Cobham, de Francis Knollis et de Christophe Hatton. Walsingham et Davison avaient signé les derniers.

Une lettre conçue dans les mêmes termes fut adressée au comte de Shrewsbury. On y avait ajouté qu'elle avait été écrite à la hàte.

Pour mieux cacher cette résolution et les mesures qui devaient en étre la conséquence, on rédigea, en méme temps, un warrant de Aue and cry, qui prescrivait, au nom de la reine, la sévère répression des troubles qui avaient éclaté dans plusieurs parties du royaume, notamment dans les comtés d’Hertford et de Huntingdon.

Dès que la délibération fut terminée, Robert Beale fut introduit. Burleigh lui déclara, au nom du Conseil, qu’on l'avait choisi pour faire exécuter le warrant, parce qu'on le savait honnéte, sage et digne de toute confiance; il ajouta que la matière réclamait une grande célérité et un grand secret; car, si le warrant était connu, la vie de la reine d'Angleterre serait en péril. Il lui recommandait done d'annoncer que sa mission se rapportait unique- ment aux hues and cryes dans certains comtés; on le chargea en même temps de choisir la salle pour le sup- Plice et de veiller à ce que le corps fût embaumé; on lui indiqua même, à cet effet, le nom d'un chirurgien du pays.

Un ordre spécial allait être adressé directement au sheriff de Northampton pour qu'il se trouvàl à Fothe- rngay le 16 février; mais Beale, après avoir vu Powlet, devait remettre lui-même les lettres qui étaient destinées

( 676 ) aux comtes de Kent et de Shrewsbury. S'il rencontrait quelque scrupule chez eux, il pouvait leur déclarer qu'ils n'avaient rien à redouter.

Beale, en ce moment suprême, ne put échapper à ces sentiments intimes de la conscience, que les passions et la - haine elle-méme ne peuvent étouffer. Quelle était done la mission pour laquelle il était choisi entre tous comme le plus cruel et le plus impitoyable? Et cet échafaud méme qu'il allait élever, ne transmettrait-il pas à la derniére postérité son nom couvert de honte à cóté de celui de la vietime?

Burleigh s'efforca de rassurer Robert Beale; mais Beale avait déjà repris son sang-froid. « Je ne crains rien », fut sa seule réponse. « Que pourriez-vous avoir à craindre? » interrompirent Walsingham et ses amis. Vous avez un » ordre de la reine; vous connaissez sa volonté : n'a-t-elle » pas déclaré à Belliévre et à d'autres ambassadeurs » qu'elle ne pouvait point épargner la vie de la reine » d'Écosse? »

Sur ces paroles, le Conseil se sépara.

Le lendemain, Davison étant arrivé à la cour, Élisabeth s'approcha de lui, le visage troublé des émotions de la nuit: « J'ai eu un songe affreux, lui dit-elle; j'ai rêvé » qu'on m'annoncait l'exécution de la reine d'Écosse; et, » si en ce moment vous aviez été là, je vous aurais plongé » une épée dans le corps. »

Davison se borna à quelques vaines paroles : le secret des délibérations du Conseil avait été fidélement gardé.

A l'heure avait lieu cet entretien, deux personnages suivaient la route de Londres à Fotheringay. L'un Se nommait Robert Beale; l'autre était le bourreau.

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(677)

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 10 novembre 1887.

M. Arex. Ronznr, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Lung, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Éd. Fétis, Alph. Balat, le chevalier Léon de Burbure, Ernest Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godír. Guffens, Jos. Schadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, membres; Joseph Stallaert, Max. Rooses et J. Rousseau, correspondants.

M. Chalon, membre de la Classe des lettres, assiste à la séance.

M. Verlat fait savoir qu'une indisposition l'empéche d'y assister.

A l'occasion de la lecture du procès-verbal de la séance du 27 octobre, M. le directeur fait savoir que le nom de M. P.-J. Clays doit être ajouté à ceux des quatre autres membres de la Classe auxquels le Musée des Offices, à Florence, a demandé de lui envoyer leurs portraits, pour être placés dans la galerie des peintres célèbres.

IM——————

O"* SÉRIE, TOME XIV. 45 -

( 678 )

CORRESPONDANCE.

M. le vicomte Henri Delaborde, associé de l’Académie, adresse un exemplaire de la Notice sur la vie et les ouvrages de M. Théodore Ballu, architecte, qu'il a lue comme secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France, dans la séance publique annuelle du 29 octobre 1887. Remerciements.

M. Siret écrit qu'il regrette de ne pouvoir se charger d'écrire, vu son état de santé, la notice biographique de feu Nicaise De Keyser, membre de la section de peinture. M. H. Hymans, sur la demande qui lui en est faite par la Classe, s'engage à faire cette notice.

RAPPORTS. JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887). ART APPLIQUÉ. Peinture. On demande le carton d'une frise décorative, à placer à 5 mètres d'élévation, et représentant : Les nations du globe apportant à la Belgique les produits de leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie.

Les cartons (sur châssis) devront avoir 07,75 de haut sur 27,25 de développement.

Prix : mille francs.

(Ce concours sera national.)

( 679 )

Rapport de M. J. Slaliaert.

La Classe des beaux-arts avait donné pour 1887, comme sujet de concours d’art appliqué (peinture), une frise déco- rative, à placer à 5 mètres d’élévation et représentant : Les nalions du globe apportant à la Belgique les produits de leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie,

Neuf cartons ont été soumis à son jugement.

C'est en 1849 que la Classe de beaux-arts décidait qu'un concours d'art appliqué aurait lieu concurremment avec le concours littéraire annuel. Cette disposition a été mise à exécution en 1872.

Les résultats obtenus depuis permettent de dire que l'Académie a lieu de se féliciter d'avoir institué ce con- cours.

En 1872, M. Mellery, en 1874, M. Dillens, en 1879, M. Bourotte, en 1881, M. Broerman et en 1885, M. Henri Évrard, obtinrent le prix. Plusieurs des œuvres couronnées sont remarquables.

Cette année, les cartons soumis ne le sont pas moins; le nombre de jeunes artistes qui ne dédaignent pas de se livrer aux efforts de la pensée et de se soumettre à un programme donné, augmente toujours; il semble aussi qu'ils comprennent mieux les régles et les conditions qu'exige la peinture monumentale : La clarté dans la dis- position générale de la composition, la simplicité dans l'exécution. Cependant plusieurs encore ne paraissent pas se douter qu'il faut se dépouiller des ressources dont on peut user avantageusement dans un tableau de chevalet : effets de perspective, plans multiples, profondeurs, ombres eL raccourcis, toutes qualités qui sont déplacées dans une peinture décorative et qui nuisent à l'architecture, qu’elle

( 680 ) est appelée à compléter et à embellir; les modelés trop accentués labourent la muraille et détruisent l'harmonie du monument auquel la frise mise au concours est censée être destinée.

Peu de concurrents ont tenu compte de la hauteur à laquelle elle devrait être placée; il aurait fallu plus de fermeté dans les contours pour qu'on püt, à cette distance, distinguer les figures et les accessoires. Quelques-uns des cartons prouvent cependant que ces régles ne sont pas inconnues à leurs auteurs.

Le concurrent qui a obtenu le premier prix, M. Midde- leer, a le mieux compris le programme donné, et a démon- tré qu'il n'ignore pas les conditions que nécessite ce genre de peinture. La Classe a été unanime à lui accorder cette récompense.

Sa composition est simple et tranquille; la lumière est large et également distribuée; ses figures se détachent bien les unes des autres; mais généralement les types manquent de caractère et de beauté, les draperies sont négligées et arrangées sans goüt; la Belgique surtout péche par là.

Néaumoins, ce dessin pourrait étre exécuté avantageu- sement en y faisant quelques corrections. Je me borne à parler de quelques caractéres généraux de cette ceuvre, sans entrer dans d'autres détails, sans demander des chan- gements désirables; et je ferai de méme pour les autres concurrents dont les noms nous sont restés inconnus.

Celui qui a pour devise: Bramo assai, pocco spero, à envoyé une des meilleures compositions; le sujet est clair, les groupes sont bien disposés, et certaines figures sont réussies comme pose et comme caractère; elles sont géné- ralement bien dessinées; l'effet général est large et bien entendu; la figure de la Belgique n'est pas heureuse.

COST.)

Le carton peindre et dessiner toujours est également bien composé; les groupes sont parfaitement disposés, les nations sont bien caractérisées; la Belgique est la figure la moins réussie. L'auteur s'est attaché trop aux détails, son dessin manque d'ampleur et de fermeté. :

Celui qui porte pour devise @ a un ensemble dur et noir, ce qui fait paraitre les figures d'autant plus raides et ainsi leur óte le mouvement. Sa composition est heureuse, le groupe de droite est charmant et disposé avec goût. Malheureusement la figure de la Belgique est manquée.

Sapientia a également une bonne composition, parfaite- ment équilibrée; les groupes sont savamment disposés, l'action est claire et vraie. C'est celui qui a la meilleure figure de la Belgique; mais le dessin est médiocre.

Deux compositions pleines de vie et de mouvement sont signées: pour Part, et JAN . Elles dénotent, de la part des auteurs, de vrais tempéraments de peintre, réellement flamands; mais aucune des deux ne répond au programme, aux exigences d’une décoration mouumentale ; le premier, au lieu d’une frise, en a fait un plafond, et le second s'est tellement préoccupé de l'effet et du modelé qu'à une cer- taine distance on ne peut plus deviner la silhouette d'une

Sure. Le dessin et le caractère manquent absolument dans ces deux cartons. Je n'insisterai pas sur les deux autres cartons, dont l'un est par trop novice et l'autre trop fantastique.

En résumé, les résultats obtenus dans ce concours sont satisfaisants, mais il est évident que le sentiment du beau n'est pas trés développé chez les concurrents; aucune ligure de la Belgique n'a la grandeur, ni la dignité dési- rables; chez tous, le type est banal, et l'arrangement des draperies est sans caractère, sans goùt; ce qui dénote chez

| Le t

: 682 ) eux l'absence complète de l'étude sérieuse des productions de l'art ancien et de la Renaissance.

En terminant je fais des vœux pour que le goût de la peinture murale se développe chez nous; c'est le genre le plus propre à former des artistes sérieux, et pour lequel ils sont obligés d'acquérir des connaissances diverses, de se pénétrer de l'ordonnance d'un monument, d'en faire ressortir les proportions, outre la science de la composi- tion du dessin et de la couleur.

Je fais également des vœux pour que le Gouvernement continue à soutenir ce grand art, et pour qu'il se propage chez les partieuliers. Quelle immense ressource ce serait pour les artistes!

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

La Classe reprend l'examen de la revision du règlement des grands concours pour les arts graphiques et plastiques.

L'assemblée décide que la commission pour les Prix de Rome se réunira avant la prochaine séance de la Classe des beaux-arts, afin de s'occuper des différentes questions soulevées par M. Stallaert dans une note qui a été impri- mée et communiquée aux membres.

Cet objet sera porté à l'ordre du jour de la prochaine séance.

La Classe se constitue ensuite en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures aux places vacantes arrêtées par les sections de peinture, de gravure, d'architecture et des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les beaux-arts.

———— c —M—

( 685 )

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

Plateau (Félix). Observations sur les mœurs du BLaNiULUs GUTTULATUS, Bosc., et expériences sur la perception de la lumiére par ce myriopode aveugle. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (4 pages).

Leboucq (H.) L’apophyse styloide du 5* métacarpien chez l'homme. Gand, 1887; extr. in-8° (15 pages).

Tahon (Victor). Les origines de la métallurgie au pays d'Entre-Sambre-et-Meuse. Mons, 4886; in-8° (46 pages).

Matthieu (Ernest). Surprise de la ville d'Avesnes par les Français en 1325. Douai, 1887; in-8° (15 pages).

Nécrologie : Louis-Alphonse-Joseph Petit. In-8° (6 pages).

Thomas Tordeur, fondeur nivellois. 1887; in-8° (5 pages).

Bastelaer (D.-A. Van). Mémoires archéologiques, tome IV. Mons, 1886; vol in-8°.

Schiffers. Du traitement du catarrhe du sinus maxillaire. Bordeaux, 1887; extr. in-8° (8 pages). *

Monge (Léon de). Études morales et littéraires. Épopées €t romans chevaleresques : I, les Niebelungen; la Chanson de Roland; le Poéme du Cid. Bruxelles, 1887; vol. pet. in-8*.

Deruyts (Jacques). Développements sur la théorie des formes binaires, Bruxelles, 1887; extr. in-8° (28 pages).

Sur la représentation des involutions unicursales. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (26 pages).

Sur certains systèmes de polynómes associés. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (14 pages).

Bollandistes (les). Acta sanctorum novembris, tomus I quo dies primus, secundus et partim tertius. Paris, Bruxelles, 1887 ; vol. gr, in-4*. i

De Saegher (E.) et Bartholeyns (Elo). Histoire populaire de Schaerbeek. Schaerbeek, 1887; in-8° (216 pages, plans et gravures),

( 684 )

Cercle hutois des sciences et beaux-arts. Annales, tome VII, livraisons 1-5. Huy, 1887; 3 br. in-8°.

Stiernet (J.-B.). La littérature française au XVII: siècle : Essais et notices avec une introduction (Moyen âge et XVI: siècle), Bruxelles, Paris, 1887; vol. in-8°,

Souillart (M.). Théorie analytique des mouvements des satellites de Jupiter, partie. Paris, 1887 ; vol. in-4°.

Institut cartographique militaire. Triangulation du royaume de Belgique, tome VI, fascicule. Bruxelles, 1887; vol. in-4°,

Institut archéologique du Luxembourg. Annales, t. XIX. Arlon, 1887; vol. in-8°.

ALLEMAGNE ET ÁUTRICHE-HONGRIE.

Verein für Naturwissenchaft zu Braunschweig.— 5. Jahres- bericht, 1886-87. In-8*,

Naturhistorischer-medicinischer Verein zu Heidelberg. Verhandlungen, neue Folge, 4. Band, 1887; in-8°.

Statistischer Landesamt. Jahrbücher. Württem- bergische Vierteljahrshefte für Landesgeschichte, 1886. In-4°.

Nassauischer Verein für Naturkunde. Jahrbücher, Jahr- gang 40. Wiesbade, 1887; vol. in-8°.

Naturforschende Gesellschaft in Bamberg. XIV. Bericht, 1887. In-8*.

Geodütischer Institut, Berlin. Prücisions-Nivellement der Elbe, 5. Mittheilung. 1n-4*.

Universität zu Kiel. Schriften aus dem Jahre 1886-87. 49 br. in-8° et in-4°. : |

Ministerium. für Landwirtschaft, etc. 5* Bericht der Kommission... der deutschen Meere (1882-86), XII-XVI. Jahr-

ang. Berlin, 1887; vol. in-4°.

j à TERTE def Beobachtungsstationen an den deutschen Küsten über die physikalischen Eigenschaften der Ostsee; und Nordsee, 4886. Berlin, 1887; in-4° oblong.

( 685 ) Académie des Sciences de Hongrie, Budapest. Almanach, 1887. Annuaire, XVII, 4. Bulletin de l’Académie, 1886, 5-7 ; 1887, 1, 2, 5. Nécrologues, IV, 2-5. Rapports de la section philologique, XIII, 5, 4 et 6-12. Phonétique, relative spécia- lement à la langue hongroise. Archives des anciens poètes hongrois, V. Mémoires philologiques, XX, 1, 2. Fragments de poésie populaire des Votjaks. Rapports de la section histo- rique, XIII, 2, 4, 5, Rapports de la section des sciences poli- tiques, VIII, 7-10; IX, 1. L'infraction consommée et la tenta- tive, l'auteur matériel et la complicité, II. L'élection d'Étienne Bathory, roi de Pologne. La famille du comte de Bercsényi, IL. Defters du fise ture en Hongrie, I. Monumenta Comiliorum Transilvaniæ, XI. Aperçus politiques et correspondances de Jean Rimay d'Alsó-Sztregova et de Rima. Codex diplom. Hun- garicus Andegavensis, V (1347-1552). Documents pour servir à l’histoire diplomatique de Gabriel Bethlen. Mémoires archéo- logiques, vol. XV. Bulletin archéologique, VI, 3, 4, 5; VII, 1, 2. Rapports de la section des sciences naturelles, XV, 19; XVI, 1-6; XVII, 4. Rapports de la section mathématique, XIII, 4,2. Bulletin des sciences naturelles ct mathématiques, 1V, 7-9; V, 1-8. Mémoires des sciences naturelles et mathématiques, XXI, 2-5. Annuaires militaires hongrois, I. Ungarische Revue, 1887, 1-7. Naturwissenschafüiehe Berichte, IV.

AMÉRIQUE.

Baxter (Sylvester). Morse collection of japanese pottery. Salem, 1887; in-4° (16 pages, 4 planches).

Coni (D" Em.-R.). Progrès de l'hygiène dans la Répu- blique argentine. Paris, 1887; vol. gr. in-8° (265 p. avec pl.).

U. S. geological Survey, Washington. 6% annual report, 1884-85. Washington; in-4°.

Signal office, Washington. Tri-dailly meteorological Record, January-april 1878-1884; 4 vol. in-4° oblongs.

9"* SÉRIE, TOME XIV.

( 686 ) Essex Institute. Bulletin, vol. XVIII, 1886. In-8°. Academy of sciences, San-Francisco. Bulletin, I, 6, 1887, In-8*, République Argentine. Primer censo general de la Pro- vineia de Santa-Fé. Censo de las escuelas correspondente a fines de 1886 y principios de 1887. Buenos-Ayres, 1887; In-4°.

FRANCE.

Delaborde (Henri). Notice sur la vie et les ouvrages de M. Théodore Ballu. Paris, 1887; in-4*. Guimet (Émile). Sécurité dans les théátres. Lyon, 1887; vol. in-8°. Guccia (G.-B.). Théorème sur les points singuliers des surfaces algébriques. Paris, 1887; extr. in-4° (5 pages). ; Polybiblion. Revue bibliographique universelle : partie littéraire et partie technique pour 1887. Paris; in-8°. Société d'histoire et d'archéologie de Chálons-sur-Saóne. Mémoires, t. VII, 1883-86. In-4*. Société archéologique et historique du Limousin. Bulletin, t. XXXIV. Limoges, 1887; in-8°. Société des antiquaires de la Morinie. Mémoires, t. XX. Saint-Omer, 1887; vol. in-8*. ; Académie des sciences,.. de Rouen. Précis analytiques, 1885-86. Rouen, 1887; vol. in-8*. : Société des amis des sciences naturelles, Rouen. Bulletin, 1886, semestre. In-8°. Société libre d’émulation, Rouen. Bulletin, 1886-87, 1** partie. In-8*. IV. Académie de Stanislas, Nancy. Mémoires, s série, t. In-8*. Sociélé des antiquaires de Picardie. Bulletin, 1886, 2-4; 1887, 1. Mémoires, série, t. IX. Amiens, 1887; in-B°-

Er ENE S REIA dot nl fl dis

( 687 )

École polytechnique, Paris. Journal, 56° cahier. Paris, 1886; in-4°.

Académie des sciences d'Arras. Mémoires, série, t. XVII. Arras, 1887; vol. in-8. .

Société académique indo-chinoise. Bulletin, 2* série,

t. I°, 1881. Paris, 1882; vol. in-8*.

Académie de législation de Toulouse. Recueil, 1885-86. In-8*.

Société des antiquaires, Paris. Mémoires, 5* série, t. VI. Bulletin, 1885; 2 vol. in-8°.

Société des sciences de Nancy. Bulletin, 1886; in-8°.

GRANDE-BRETAGNE, IRLANDE ET COLONIES BRITANNIQUES.

Browning (Oscar). England and Napoleon in 1805 being the despatehes of lord Whitworth and others, now first printed from the originals in the Record Office. Londres. 1887; vol. in-8° (Historical Society)

Cotes (E.-C.) and Swinhoe (C.). A catalogue of the moths of India, pt. 4, Sphinges. Caleutta, 1887; in-8° (40 pages).

Edinburgh geological Society. Transactions, V, 3. In-8°.

Philosophical Society of Glasgow. Proceedings, vol. XVIII, 1886-87. In-8°

ITALIE. Accademia Virgiliana di Mantova Atti e memorie, 1885-87. In-8°. Osservatorio di Brera in Milano. Pubblicazioni, XXXI : Azimut assoluto del segnale trigonometrico del monte Palan- zone sull 'orizonte di Milano. Milan, 1887; in-4*.

( 688 )

Pays-Bas.

Vollgraff (J.-C.). M Tvllii Ciceronis pro M. Caelio oratio ad ivdices. Leyde, 1887; in-8° (96 pages).

Vorsterman Van Oyen (A.-A.). Joost Van den Vondel en zijn nageslacht. La Haye, 1867; in-18 (22 pages).

Fondation Teyler, Catalogue de la Bibliothèque, 5* et livr. Archives du Musée, vol. III, 17^ partie. 5 cah. in-8°.

Natuurkundige Vereeniging in Nederlandsch Indië. Tijdschrift, deel XLVI Batavia, 1887; in-8°.

PAYS DIVERS.

Université d’Upsal. Thèses inaugurales et dissertations, 1886. Arsskrift, 1886. 25 br. et vol. in-8° et in-4°.

Instituto y Observatorio de Marina de San-Fernando. Almanaque nautico para 1888 y 1889. 2 vol. gr. in-8°.

Instituto geografico y estadistico. Memorias, tomo VI. Madrid, 1886; vol. in-8°.

Mapa topogräfico de España, en escala de 1/50000, bajo la direccion del senor don Carlos (Ibañez é Ibanez de Ibero) n" 609, 627, 628, 655, 656, 659, 683-86. Madrid, 1885; in-plano.

TABLE DES MATIÈRES.

CLASSE DES SCIENCES. Séance du 5 novembre 1887. CORRESPONDANCE. Annonce de S mort de MM. G. sese Spencer, Fullerton Baird et Dole Aagi o d'Aguiar. . Pergens demande à pouvoir occuper, en 1888, la pen réservée aux x Belges à in "Station 200- logique de Naples. Dépót aux archives d'une note de la i

soi rsaire du Dr Donders. M Ferr possession de son manuserit concernant le système suivi par Cauchy spei de la pri Homm "- d'ouvrages Travaux soumis à

uie i Na apports de MM. Delbeeuf et Fredericq d un mit E "x M. prede Coriu renis Aetion des acides e goü 536,

Rapport de MM. Folie et Houzeau sur un tra i , M. a Hiroohant int

tulé : fran PH de Saturne faites en 1887 541,

es rt de MM. Le Paige et Mansion sur un cuin de M. Fi unt Deruyts A ji la cH d l'involution. . 545,

COMMUNICATIONS ET LECTURES. Re do rches TEE sur d vision chez p Arthropodes (deuxième partie) Vision chez les AET Ly id Félix

545

544

p observation au sujet d gun travail ü M. w. Hallock intitulé z Tue um SoLips, ete.; par ing . 595

ar cd dipl EE par d à ses s systèmes À lackenien è tongrien s u S.-E. de Bruxelles ; par Michel Mourlon 398 os des acides sur le goût ; par Joseph Corin. . 616

Mifit physi ques scat en 1887, à TOlseroatoire royal

; par Paul Str : 638 630

e la dieto de tinvotution; par La buy $ ae ES LETTRES Séance du 7 mon 18 887.

CORRESPONDANCE. v Loomans présente p PAnnuaire sa notice sur

G. Nypels Hommage « d'ouvrages. Travail de M. kere soumis à

l'examen 665 BIBLIOGRAPHIES. deo rigines rd ja métellue Led " P ys s d'Entr eSanbre-

et-Meuse (Vicron TAnox); note par r Alph. Wau 666 Bude este et littéraires : z ue Gg et romans ehevaleresques (Laos

DE ce); uote par É. de Laveleye 608 M Tv i Ciceronis pro M. ial eret ad divdices a- ‘c. Vorens); note

par Martin Philippson . oop

CONCOURS QUINQUENNAL DE LITTÉRATURE mscus.- Aue de noms 5 pour 2h le choix du jury de la huitiéme période " CONCOURS TRIENNAL DE LITTÉRATURE DRAMATIQUE EX LANGUE FRANCAISE. Liste de noms pour le choix du jury de la dixiéme période. + ibid. re ET LECTURES La derniére amnes du Conseil avant ET i supplice ; par le baron geni yn de Lettenhov AUX-ARTS. Séance di 10 wand 1887.

CLASSE DES BE Portraits a demandés ÿ pour le Musée des offices, à Florence. `- m CORRESPONDANCE. Hommage d'ouvrages. M. Hymans s pe à die E ^ la notice de Fa N. De ! Keyser en remplaceme ent de M. Siret. . rcp ANNUEL. uie ids ppm ditus oppor par " sist- 679 aert. . Comines ET LECTURES, ES men de k revision de règlement ae 682 nds concours pour les arts graphiques et plastiques. - und ÉLECTIONS. Formation de la liste des candidatures aux places vacantes ibid. OUVRAGES PRÉSENTÉES... . o wou Ca wie UT

DES

LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGI

4) p

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BULLETIN

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE

1887. No 12.

CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 3 décembre 1887.

M. J. De Tictx, directeur et président de l’Académie. M. Liscng, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- champs, J. C. Houzeau, H. Maus, E. Candéze, Ch. Mon- tigny, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, Alf. Gil- kinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; Paul Mansion, A. Renard, P. De Heen et C. Le Paige, correspondants. |

Sme SÉRIE, TOME XIV. 4T

( 690 )

M. le directeur donne lecture d’un arrêté royal du 29 novembre dernier, par lequel le prix quinquennal des sciences naturelles, pour la période 1882-1886, est décerné à M. Édouard Van Beneden pour son ouvrage intitulé : Recherches sur la maturation de l'œuf, la fécondation, et la division cellulaire.

C'est la seconde fois, fait remarquer M. De Tilly, que notre confrére remporte cette distinction honorifique; le prix de la période 1872-1876, lui avait été attribué pour ses Travaux d'anatomie comparée, d’histologie, et pour l'impulsion qu'il a donnée à cette branche des sciences.

D'un autre cóté, ajoute M. De Tilly, j'ai le plaisir d'an- noncer à la Classe que notre confrére vient d'étre élu cor- respondant de l'Académie royale de Berlin. Je serai cer- tainement l'interpréte dela Classe en félicitant M. Édouard Van Beneden pour ces nombreux succès, dont l'honneur rejaillit sur l'Académie tout entiére. iie Applaudissements.

M. Édouard Van Beneden remercie M. le directeur pour les félicitations qu'il a bien voulu lui adresser. Il remercie aussi ses confrères pour l'accueil bienveillant qu'ils ont fait aux paroles de M. le directeur. Applaudissements.

CORRESPONDANCE.

ee

Le Gouvernement anglais offre à. l'Académie, par les soins de M. John Murray, la suite des Challenger Reports ; Zoologie, vol. XX, XXI, première et deuxième parties; ci vol. XXII, 4 volumes in-4°. Remerciements.

( 69 )

M.Dormal, de Gembloux, demande à rentrer en pos- session d'un billet cacheté, déposé par lui dans les archives de l'Académie le 4 juin de cette année. Accordé.

Hommages d'ouvrages :

1* Description des fossiles du calcaire grossier de Mons, et dernière partie; par Briart et Cornet;

2^ Compte rendu de l'excursion de la Société malacolo- gique : note sur la structure des dunes; par A. Briart;

Expérience devant servir à l'explication de la vertu curative de l'hypnotisme; par J. Delbœuf;

4 Annuaire populaire de Belgique pour l'année 1888, 4* année; par J. C. Houzeau;

9* Troisième note sur les observations des coups de foudre en Belgique; par F. Évrard (présenté par M. Folie);

Flora Brasiliensis, fasciculus : Melastomaceae V b; par A. Cogniaux. Remerciements.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

A new philosophy, par John Barker Smith. Com- missaire : M. Houzeau;

Recherches sur les causes probables de l'explosion d'un récipient, ete., et Nouvelles tables des pressions, den- sité et vitesse de sortie de la vapeur, etc.; par Delaurier. Commissaire : M. Spring;

9* Sur un nouveau glucoside azoté retiré du « LINUM USiTATISSIMUM »; par A. Jorissen et E. Hairs. Commis- Saires : MM. Stas et Gilkinet ;

4 Notice sur les Mélastomacées MORALE s i sad de M. Éd. André; par. Alfred €ogniaux. Commissaire : M. Crépin. B

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( 692 )

ÉLECTIONS.

La Classe procéde à l'élection de sa Commission spé- ciale des finances pour l'année 1888 : MM. Gluge, Mailly, Maus, Montigny et P.-J. Van Beneden, membres sortants, sont réélus.

JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887).

La Classe entend la lecture des rapports suivants :

De MM. Spring, Van der Mensbrugghe et Stas, sur le mémoire portant pour devise : Numeri regunt mundum,

relatif à l'écoulement des liquides ;

De MM. Van Bambeke, Éd. Van Beneden et Plateau, sur le mémoire Trado que potui, relatif au pps embryonnaire d'un mammifère. É

La Classe statuera dans sa prochaine séance sur les conclusions de ces rapports. Les mémoires restent déposés à l'inspection des membres qui voudront en prendre connaissance; les rapports seront imprimés et distribués.

RAPPORTS.

MM. Van Beneden pére et fils, et Plateau, émettent leur avis sur la requête de M. Pergens, tendant à pouvoir occu- - per, pendant l'année 1888; la table belge de la station zoologique à Naples. Cet avis sera communiqué au Gor vernement.

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( 693 )

M. Houzeau donne lecture de son rapport sur un travail de M. B.-G. Jenkins: On forecasting the weather.

Sur la proposition de M. Houzeau, ce travail est accepté à titre de communication d'attente.

Sur quelques dérivés nouveaux de l'alcool heptylique normal, comparés à leurs homologues; par C. Winssinger.

Sapport de M, WW. Spring.

« Il y a quelques mois, M. C. Winssinger à communiqué à l'Académie le résultat de recherches qu'il avait entre- prises sur quelques dérivés du propane; aujourd'hui, com- plétant son étude, il s'occupe de plusieurs dérivé de l'alcool heptylique normal, dérivés qu'il a préparés sur- tout en vue de procéder à une étude comparée des pro- priétés physiques et chimiques des corps appartenant à des séries homologues déterminées.

Aprés avoir fait connaitre le mode de formation et les propriétés spéciales de l'alcool heptylique normal, du chlo- rure de heptyle, du mercaptan heptylique, du sulfure, de l'oxysulfure, du sulfone et de l'acide sulfonique hepty- lique, tous corps nouveaux, à l'exception de l'alcool et du Chlorure, l'auteur expose des considérations générales sur les séries homologues auxquelles appartiennent les dérivés Sulfurés heptyliques. Ces considérations font connaître la raison de ce travail et lui donnent sa valeur scientifique. Elles contribueront, en effet, à faire mieux connaitre la loi de l'évolution. des propriétés physiques et chimiques des Corps à travers les diverses espèces d'un genre com- Mun. Ainsi, aprés avoir défini une fonction chimique

.

( 694 ) générale, à laquelle il donne le nom trés clair d'intensité réactionnelle, il montre que le caractère chimique des combinaisons heptyliques doit être considéré comme le développement de propriétés dont la trace, ou l’origine, se trouve déjà dans les termes inférieurs de la série figure le heptyle.

Par exemple, la propriété des sulfhydrates d'abandonner facilement de l'acide sulfhydrique, pour devenir des sul- fures, n'apparaît pas brusquement chez le mercaptan hep- tylique, mais ce pouvoir se retrouve dans ses homologues inférieurs, à des degrés d'autant plus prononcés qu'ils sont plus voisins de ce groupe /iepryle.

L'ensemble des remarques faites par l'auteur établit, en résumé, que la tendance à la formation de corps variés, ou multiples, diminue de plus en plus à mesure que s'accroit, dans une molécule, l'accumulation des groupes CHF.

On peut rapprocher de cette observation cette autre, que ce sont généralement les corps à poids atomique faible qui présentent le plus d'activité chimique, ou, pour me servir du terme proposé par l'auteur : le plus d'intensité réactionnelle.

Le travail de M. Winssinger a été exécuté avec grand soin; on y retrouve la marque de l'exactitude serupuleuse qu'il a apportée aux recherches que l'Académie connait déjà. Je n'en doute pas, les résultats numériques qu'il con- tient seront reconnus comme exacts. En conséquence, j'ai l'honneur de proposer à la Classe d'insérer ce travail dans le Bulletin et d'engager l'auteur à continuer ses laborieuses recherches. »

M. Stas s'est rallié aux conclusions du rapport préce- dent. Adopté.

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( 698 )

Sur la nature minérale des silex de la craie de Nou- velles, et contribution à l'étude de leur formation; par

A.-F. Renard et C. Klément.

Rapport de M. Ch, de la Vallée Poussin, premier commissaire

« Le mémoire présenté à la Classe par MM. Renard et Klément traite de la composition chimique, de la consti- tution minéralogique et du mode de formation des silex compris dans la subdivision créée par MM. Briart et Cornet dans le systéme crétacé du Hainaut, sous la désignation de craie de Nouvelles. Quoique ce. travail n'aborde qu'une place limitée de la période erétacée du Hainaut, les auteurs, avec raison, d’après nous, l'ont fait précéder de l'historique plus ou moins détaillé des opinions émises jusqu'à présent sur l'importante question de l'origine des silex de la craie. Ils résument, en accordant une part à la critique, les doc- trines et les hypothèses qui se réclament notamment d'Ehrenberg, de Bischof, de Lyell, de Wyville-Thomson, de Wallich, de Solas, de Julien. La solution du probléme serait d'une telle portée en géologie, qu'on s'explique les nombreux travaux qu'on lui a consacrés dans ces dernières années,

En effet, l'association intime des formations siliceuses €t ealeédonieuses à des calcaires et à d'autres sédiments marins encombrés de restes organiques, n'est pas un fait Propre à la période crétacée. Il se répète, et souvent sur la plus grande échelle, dans le Jura supérieur, dans le Muschelkalk, dans le calcaire carbonifère, dans les cal- caires sénoniens et siluriens de plusieurs pays. I! est établi

.

( 696 )

que, dans un grand nombre d'étages de la série sédimen- taire, des bancs calcaires incontestablement zoogènes sont entrelacés à des produits siliceux qui, ‘d’après toutes les analogies, dérivent également des organismes. C’est ce qu'ont admis depuis longtemps beaucoup d’observateurs, mais sans l'appuyer de preuves suffisantes et avec des vues divergentes. Si l'on obtenait, par l'observation de la craie blanche sénonienne, une démonstration de ce mode d'ori- gine et de son processus, elle conduirait probablement à l'explieation de beaucoup de roches siliceuses à grains fins déposées dans les mers anciennes en bancs puissants el sans mélange avec le calcaire; telles que les Kieselschiefer, par exemple, qui sont encore une énigme lithologique.

MM. Renard et Klément ont étudié les silex de la craie de Nouvelles par l'analyse chimique et à l'aide du micro- scope. lls y distinguent un mélange de silice anhydre cris- talline et de silice amorphe colloïde. Ils consignent leurs propres expériences, confirmant celles de Rammelsberg, qui montrent que la séparation des deux modes de la silice dans une agrégation qui les renferme tous les deux, ne peut s'effectuer sûrement par l'emploi d'une solution de potasse chaude, celle-ci attaquant toujours la silice cristalline pro- portionnellement à la durée de l'opération. C'est pourquoi ils s'en rapportent aux poids spécifiques, qui sont, comme on sait, notablement différents pour la silice anhydre et pour la silice à l'état d'opale.

Le poids spécitique des silex de Nouvelles (2,606), trés peu inférieur à celui du quartz, montre que la silice eol- loide n'y joue qu'un róle trés subordonné. La perte au feu, assez faible, qu'éprouvent ces silex aboutit à la méme con- clusion. Elle ressort également de l'examen de nombreuses plaques minces par le microscope polarisant. Les deux

di 697 ) auteurs ont reconnu entre nicols croisés une polarisation d'agrégat dérivant de grains biréfringents, entre lesquels est interposée une petite proportion de substance isotrope attribuable à la silice colloide.

D'un autre cóté, le microscope révéle, dans ces mémes silex, d'innombrables spicules de spongiaires. On constate qu'autour des spicules, comme dans leur canal axial, la silice s’est déposée le plus souvent à l'état de calcédoine. D'où cette conclusion, que les spicules sont devenus, après la disparition de la matière organique, le point d'appel d'un supplément de substance siliceuse qui a converti l'agrégation en silex compact.

MM. Renard et Klément rapprochent ensuite les faits qui précédent des données acquises sur la boue à globi- gérines qui s'étale dans les grandes profondeurs océa- niques. [Is font ressortir certaines différences qu'elle pré- sente avec la craie blanche sénonienne, et qui font juger que celle-ci n'est pas à proprement parler un dépót péla- gique, mais qu'elle a se former sous une médiocre profondeur d'eau. Il est remarquable que, malgré l'abon- dance des spongiaires vivant sur les grands fonds, la drague n'a jamais ramené un silex des abimes de l'Atlan- lique. Ce contraste entre deux formations aussi semblables minéralogiquement et zoologiquement que le sont la craie et la boue à globigérines, a occupé plus d'une fois les Savants de notre temps, et l'on n'en n'a pas donné jusqu'à présent d'explication satisfaisante. Nos deux auteurs font observer très judicieusement que les silex crétacés appar- tiennent à la catégorie des rognons, sorte de concrétions qui ne se produit à peu prés jamais qu'à l'intérieur des couches, c'est-à-dire quand les dépóts ont acquis déjà une certaine épaisseur, tout en conservant de la plastieité. En

distinguant entre la surface même du fonds marin et les lits immédiatement sous-jacents, ils rendent compte jus- qu’à un certain point, et beaucoup mieux qu’on ne l’a fait avant eux, d'abord de l'absence de rognons siliceux dans les fonds actuels de l'Atlantique, et ensuite du double phénoméne chimique que présuppose la formation des silex, à savoir une dissolution partielle de la silice des spongiaires et des diatomées dans l'eau de la mer, suivie d'une précipitation de cette méme silice pour la pro- duction du silex. L'attaque du”squelette des spongiaires par les agents multiples qui s'exercent dans l'eau marine est communément admise, et l'état corrodé de beaucoup de spicules la démontre. Aprés avoir rappelé les diverses réactions classiques auxquelles on a attribué la dissolution et la précipitation de la matière siliceuse, MM. Renard et Klément font observer que le magrna calcareo-siliceux mélangé à la matiére organique en décomposition qui constitue les lits de dessous, est comme imbibé par l'eau chargée de silice provenant du dessus. Dans un tel milieu les conditions deviennent favorables à la concentration de la silice en rognons autour des organismes siliceux antérieurs, comme à la pseudomorphose de beaucoup d'organismes calcareux qui l'aecompagne ordinairement. Cette interprétation étant proposée pour la genése des silex crétacés, les auteurs terminent en remarquaut que l'alignement des silex dans le terrain erétacé et la dispo- sition stratifiée qui en résulte répondent précisément aux alternanees dans les dépóts et les organismes qui sont propres aux mers peu profondes.

Le mémoire que je viens d'analyser n'éclaircit pas sans doute toutes les difficultés soulevées par un des problèmes obseurs de la lithologie; et les auteurs n'ont pas la pre-

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tention de l'affirmer. Mais leurs analyses des silex, leurs observations microscopiques et l'examen comparatif, en partie nouveau, qu'ils font des couches crétacées et des sédiments pélagiques actuels, me paraissent avoir une importance trés sérieuse; et je propose avec empressement la publication du travail à la Classe des sciences. »

M. Briart, second commissaire, s’est rallié à l'opinion de M. de la Vallée Poussin.

La Classe vote l'impression du travail de MM. Renard et Klément dans le Bulletin de la séance.

Contribution à l'étude du développement de l'épiphyse et du troisiéme cil chez les reptiles. Communication pré- liminaire; par Francotte.

Rapport de M. Éd, Van Beneden,

« Le travail que M. Francotte, professeur de sciences naturelles à l'Athénée royal de Bruxelles, a soumis à l'ap- préciation de la Classe, traite d'une question à l'ordre du jour. ll n'est personne qui n'ait connaissance de la découverte faite récemment d'un œil médian, résidant à' la face supérieure de la téte, chez un certain nombre de reptiles actuellement vivants. Cet œil siège au niveau d'un trou de la voûte du crâne, dont l'existence a été remarquée depuis longtemps; il présente des dimensions particu- lièrement considérables chez des amphibiens et des reptiles secondaires, tels que les Labyrinthodon, les Ichthyosauwres, les Plesiosaures, les Iguanodons, ete. Au niveau de ce trou, appelé trou pariétal, réside un organe bien particulier,

LI

( 700 )

entrevu pour la première fois par Brandt en 1829, étudié par Leydig et désigué par lui sous le nom d'organe frontal (Stirnorgan). Strahl reconnut que l'organe frontal procède de la glande pinéale et Rabl Rückhart, dans ses remar- quables études sur l'encéphale des poissons osseux, aprés avoir signalé l'analogie qui existe entre l'ébauche de l'épiphyse et celle des vésicules optiques primaires, exprima l'opinion que la glande pinéale est le résidu d'un organe de sens impair semblable à un œil, atrophié chez les vertébrés actuels, mais qui a présenté, chez les reptiles secondaires, un grand développement. Ahlborn avait été conduit à la méme idée par ses études sur l'épiphyse des Lamproies.

Cette opinion devait recevoir une confirmation éclatante par les recherches de deux anatomistes, l'un néerlandais, l'autre anglais, de Graaf et Spencer.

De Graaf démontra que l'orgaue frontal de Leydig pré- sente, chez l'orvet, une structure trés semblable à celle d'un œil de mollusque céphalopode, ptéropode ou hétéropode; il y reconnut la présence d'une rétine et d'un cristallin, mais il ne put découvrir aucun nerf le rattachant au cerveau.

Il prouva l'homologie de cet œil impair avec la glande extra-eranienne des Amphibiens, connue sous le nom de glande de Stieda.

Spencer étudia l'organe pinéal dans vingt-huit espéces de Sauriens. C'est chez Hatteria que l'oeil pinéal atteint son plus grand développement. La rétine y est constituée de Six couches bien distinctes et elle est reliée au cerveau par un nerf optique bien développé. Chez d'autres, l'orvet, par exemple, le nerf manque et la composition de la rétine est moins complexe,.quoiqu'elle comprenne encore quatre couches. D'aprés Spencer le cristallin serait en continuité avec la rétine, tandis que de Graaf admet l'indépendance des deux formations.

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( 704 )

Spencer fait connaitre toutes les variations que l'on observe dans le degré de développement et dans la con- stitution de l'œil pinéal chez les reptiles qu'il a étudiés; chez les uns, l'organe montre des traces manifestes de régression, chez d'autres, un arrét de développement. Quant au nerf optique, tantót il existe, d'autres fois il fait totalement défaut.

M. Francotte a étudié le développement de l'organe pinéal chez l'orvet et chez le lézard, et a utilisé à cet effet un riche matériel d'embryons qu'il a recueillis lui-méme, ilya quelques années, dans la province de Namur. Il a fait des séries de coupes frontales, horizontales et sagittales d'embryons d'àges fort différents et, par l'examen compa- ratif des stades successifs, il à pu tracer un tableau trés clair de l'évolution de l'organe dont il s'agit, depuis le moment l'épiphyse prend naissance à la voûte du tha- lamencéphale, jusqu'au complet développement de l'œil pinéal. I] a vu le divertieule épiphysaire s’allonger en haut et en avant, se mettre en contact avec l'épiderme par son extrémité distale renflée en massue; puis celle-ci se séparer par étranglement. s'isoler, former une vésicule distinete ; le cristallin d'une part, la rétine de l'autre, procéder par dif- férenciation dela méme ébauche vésiculaire. Il'analyse les Modifications successives que subit la structure de l'œil pinéal, Un groupe de cellules sous-jacent à la vésicule opti- que, aprés la séparation du pédicule épiphysaire, donnerait naissance à un nerf qui, partant du pédicule, va s'épanouir dans la rétine. Puis ce nerf dégénére et disparait sans laisser de traces. L'organe visuel de l'orvet parcourt dans son évo- lution une série de stades successifs, tous realisés d'une facon permanente chez l'un ou l'autre reptile adulte. C'est un fait bien étrange de voir cet organe de sens innervé

( 702 ) chez l'embryon perdre, dans la suite, le lien, indispensable à son fonctionnement, qui, pendant une courte période, l'a rattaché aux centres nerveux.

M. Francotte a fait aussi de bonnes observations sur la genése des plexus choroides chez l'orvet, le lézard et le poulet.

Son travail est accompagné d'une fort belle planche photographique, trés démonstrative; l'auteur a lui-méme exéculé tous les clichés. Les résultats qu'il a obtenus permettent d'affirmer une fois de plus que la photographie peut rendre dés aujourd'hui d'immenses services au micro- graphe.

Je propose à la Classe : de voter l'impression du tra- vail de M. Francotte dans le Bulletin de la séance; d'or- donner la reproduction par,la phototypie de la planche dont l'auteur tient les clichés à la disposition de l'Acadé- mie; de voter des remerciements à M. Francotte pour son intéressante communication. »

M. Ch. Van Bambeke a souscrit à ces conclusions, qui sont adoptées par la Classe.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

M. Catalan communique une suite à ses précédents tra- vaux : JVouvelles propriétés des fonctions Xn. La Classe ge . . , . = o

en vote l'impression dans le Recueil des Mémoires in-4°.

de Ve du in S annm

PA PS E NEN DS e Fa

Influence des bourrasques sur la scintillation des étoiles ; par M. Montigny, membre de l’Académie.

Dans la soirée du 7 décembre 1886, à Bruxelles le ciel était serein, les instruments météorologiques n'aceusaient l'approche d'aucun trouble atmosphérique, et cependant la scintillation des étoiles était excessivement forte. Cet accroissement me surprit : il était à l'iofluence d'une bourrasque encore trés éloignée, mais dont les effets S'étendaient déjà, dans les couches supérieures de l'air, sur les rayons stellaires qui les traversaient avant de pénétrer dans les couches inférieures, qui étaient encore calmes dans nos régions. Ce fut seulement plusieurs heures aprés mes observations que le barométre com- menca à descendre d'une manière accentuée. Cette chute était provoquée par la bourrasque qui sévit du 8 au 10 dé- cembre dans nos régions avec une intensité telle, que, d'après le Bulletin météorologique de Paris, cette tempête est la plus violente qui ait été signalée en Europe depuis la création du service météorologique (1).

Sere e e PER NEQNE REA NT LES EEE

(1) Bulletin du 9 décembre 1886. Dans l'excellent article de Ciel et Terre (n° du 16 décembre) qu'il a consacré à la tempête du 8, M. Lancaster fait remarquer que, pendant sa durée, la violence du vent n'atteignit pas, dans nos régions, celle de l'ouragan du 12 mars 4876, et qu'on n'a pas eu à enregistrer des malheurs semblables à ceux qui atteignirent alors la Belgique entiére. M. Lan- caster n'en considère pas moins la tempête du 8 décembre 1886 comme l'une desplus mémorables du siècle.

( 704 )

Dans la notice que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca- démie, j'indiquerai d'abord les variations d'intensité et les caractères particuliers que la scintillation présenta sous l'influence de cette tempête. J'exposerai ensuite les résul- tats généraux d'autres observations qui ont coincidé, au nombre de prés de trois cents, soit avec de grands troubles atmosphériques, soit avec des dépressions de moindre importance, dans le cours de mes observations depuis

Voici les indications relatives à la scintillation pendant les soirées des 7, 8 et 10 décembre, telles qu'elles ont été insérées au Bulletin météorologique de notre Observatoire :

Mardi 7 décembre. « Scintillation excessivement forte, à 154 par 16 étoiles. Son intensité est 158 à l'Est, 156 au Sud, 140 à l'Ouest et 159 au Nord. Trait épaissi, diffus

et pointillé. Couleurs trés vives avec excés de bleu marqué pour 7 étoiles. Observations entre 5 !/, et 9 heures. »

Mercredi 8. « Scintillation la plus forte que j'ai observée depuis l'origine de mes observations (1870), à 244 par 16 étoiles. Son intensité est 222 à l'Est, 190 au Sud, 260 à l'Ouest et 507 au Nord. Trait épaissi, pointillé pour toutes les étoiles observées. Couleurs vives avec excés

de bleu trés marqué pour 9 étoiles. Observations entre ,

5 et 8 heures. »

Vendredi 40. « lntensité trés forte à 150 par 14 étoiles. Son intensité est 155 à l'Est, 124 au Sud, 144 à l'Ouest et 199 au Nord. Trait épaissi, diffus el

P MEE. c7

( 705 ) pointillé. Couleurs vives avec excés de bleu par 4 étoiles. Observations entre 6 !/ et 8 heures. »

L'état du ciel ne permit de faire aucune observation dans la soirée du 9 (1).

Résumons actuellement, d'aprés M. Lancaster, les prin- cipales indications concernant la marche que suivit la tempête pendant les journées du 7 au 11 décembre, tem- . péte qui avait été annoncée par le New-York Herald aux

(1) Les indications précédentes sont formulées conformément au mode adopté pour la transmission de mes déterminations à l'Obser- Vatoire, le lendemain au matin de chaque soirée, à la demande de M. Houzeau, depuis la création du Bulletin météorologique, en 1878. Ces indications comprennent, comme on le voit : 1? l'intensité de la scintillation, telle qu'elle a été précisée dans mes travaux précédents; 2 les caractères du trait circulaire que décrivent les images des étoiles par le jea du scintitlomètre adapté à la lunette; l'éclat des Couleurs, et, parmi elles, la prédominance du bleu quand il y a lieu, cet excès annonçant, selon qu'il est plus ou moins marqué, des pluies plus ou moins abondantes, comme je l'ai montré; 4? les heures d'ob- servation.

En ce qui concerne cette dernière indication, je dois dire ici que, Presque toujours, mes déterminations ont été effectuées sans disecon- tinuité. Mais il en a été autrement pendant les trois soirées du 7, du 8 et du 10 décembre. Toutefois, pendant celle du 8, sous l'in- fluence la plus violente de la tempéte, les douze premières étoiles, qui aeeusérent une scintillation aussi excessive que l'ensemble des seize étoiles, furent observées entre 5 et 6 heures et les quatre autres àvant 8 heures,

Je ferai remarquer passagérement ici que l'insertion de mes obser- Vations au Bulletin depuis 4878, constituerait, au besoin, une garantie I Sujet des résultats sur lesquels reposent mes travaux de seintil-

ation, :

3" SÉRIE, TOME XIV. 48

( 706 ) Bureaux météorologiques d'Europe, dés le 5 décembre (1).

Le 7 décembre, au matin, la dépression s'annonca au large des iles Britanniques. A 8 heures du soir, une forte inflexion des lignes isobares indiqua que le centre de la tempête n'était plus loin.

Le 8 au matin, la tourmente avait abordé l'Irlande : un violent ouragan se levait sur une partie de l'Europe occi- dentale; l'agitation de la Manche et de la mer du Nord était extrême; la pluie se déclarait intense et accompagnée de manifestations orageuses, d'éclairs, de tonnerre et de grêle. A huit heures du matin, le foyer de la tempête se trouvait en mer, un peu au N.-O. de l'Irlande. A deux heures du soir, il avait gagné le Nord de ce pays, et à huit. |

‘heures, le voisinage de l'lle de Man. C'était précisément au moment de mes observations d'intensité excessive (244) de scintillation.

e 9 au matin, le centre de la tempête, qui sévissait encore avec une extrême violence, avait son centre sur la mer du Nord, à l'Est de l'Écosse.

Le 10, ayant atteint le Sud de la Norwège, elle cessa d'exercer une influence marquée sur nos contrées et con- tinua sa marche vers le Nord-Est (2).

Nous voyons. par ees indications, que l'intensité de la scintillation, d'abord trés forte à 133 dans la soirée du 7

SR RER nci

(1) Voici le texte du télégramme : Une dépression qui traverse en ce moment l'Atlantique atteindra probablement les iles Britanniques entre le 7 et le 8, en y occasionnant des troubles atmosphériques. ——

(2) La trajectoire suivie par cette bourrasque figure dans le travail de M. Lancaster, ainsi qu'aux Bulletins météorologiques de Bruxelles et de Paris. Je ferai remarquer ici que, malgré la distinction qui

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MUT AEN ee a de ES YOUR ERE aa

( 707 )

avant que la tourmente abordàt l'Irlande, à plus de 900 kilo- mètres de Bruxelles, atteignit sa valeur extrême, 244, le 8 au soir, quand le foyer de la tempéte se trouvait prés de l'Ile de Man, à 600 kilomètres environ, au point de sa trajectoire le plus rapproché de nos contrées. Enfin, le sur- lendemain au soir, l'intensité avait notablement diminué relativement à l'avant-veille, la tempête s'étant éloignée alors à plus de 1000 kilomètres au Sud de la Norwège.

Les variations d'intensité que subit la scintillation du 7 au 10 décembre, sous l'influence des déplacements de la forte bourrasque dont il s’agit, confirment entièrement les conclusions auxquelles j'avais été conduit précé- demment à ce sujet (1).

Pourrait être établie ici, d’après la force du vent, entre les tempêtes et les bourrasques et méme les dépressions atmosphériques, ce der- nier phénomène étant en réalité la cause des déplacements d'air qui produisent les grands troubles atmosphériques, je me sers, dans celle notice, de ces diverses expressions comme si elles étaient en réalité Synonymes. On trouvera des indications précises à leur égard dans l'excellent Traité élémentaire de météorologie, par MM. Houzeau ct Lancaster, pp- 149 et 458.

(4) « L'intensité de la scintillation augmente toujours et trés » fortement quand une dépression s'approche de nos contrées : elle * est le plus marquée au moment du passage de la dépression à Bruxelles, ou dans son voisinage; alors son intensité est toujours supérieure à Ja moyenne correspondant à l'ensemble des jours de pluie. Enfin, l'intensité de la scintillation diminue quand la dépres- sion s'éloigne de nous ou qu'elle se comble. » Recherches sur les variations de la scintillation des étoiles selon l'état de l'atmosphère. ButtgrIN pg L'Acanémre novaLE ne Beccique, 2* série, t. XLII, 1876, ett. XLVI, 1878,

»

( 708 )

Remarquons-le, l'intensité de la scintillation et le caractères du trait annoncèrent, dés le commencement de | la soirée du 7 décembre, l'approche d'une forte bour- rasque, plusieurs heures avant que celle-ci provoquát un baisse marquée du barométre à Bruxelles. En effet, d'apré les indications données par M. Lancaster, c'est à partir de deux heures du matin, le 8, que le barométre, qui avai commencé à descendre lentement quelques heures aupara vant, baissa d'une manière accentuée. Ainsi, dans la soirée du 7, la scintillation annonça, par son intensité si forte 155 l'approche d'une bourrasque huit heures avant que la chute marquée de la colonne mercurielle annoncàt au 1 niveau du sol, à Bruxelles, ce phénomène. Ce fait prouve incontestablement que le trouble produit dans l'atmo- sphére par l'arrivée d'une forte dépression, s'étend, dans les régions supérieures de l'air, à une distance beaucoup - plus grande que son influence déprimante sur le baro- mètre ne s'exerce dans les régions inférieures. Cette extension de l’action d'une bourrasque dans les couches. élevées n'est point surprenante : on concoit que les masses d'air en mouvement tourbillonnant éprouvent une résis- tance moindre à leur propagation dans les régions supé- rieures de l'air, dont la densité est beaucoup moindre que celle des couches inférieures. Il est à remarquer que cette extension des effets d’une . bourrasque persiste en arrière de celle-ci aprés son élo! gnement. Ainsi, le 10 décembre au soir, alors que le foyer de la bourrasque se trouvait entre Christiansund et Brono, l'intensité de la scintillation était encore à 150 et le trait restait. pointillé pour plusieurs étoiles. Ajoutons que la hausse barométrique se déclara, à Bruxelles, dans l'aprés- midi du 9 décembre, puis à l'Ouest et au. Nord-Ouest de l'Europe, le 10, avant huit heures du matin.

( 709 )

J'ai remarqué souvent, et depuis longtemps, qu'après le passage d'une bourrasque dans nos contrées, la scintil- lalion accuse encore une intensité trés forte, quoque le temps se fût amélioré (1).

Pendant la période du 7 au 10 décembre, le trait cir- culaire décrit par les images des étoiles scintillantes dans la lunette munie du scintillomètre, parut pointillé pour un très petit nombre d'étoiles le 7, lorsque la dépression était encore trés éloignée; puis, le 8, pour toutes les étoiles observées, lorsqu'elle était le plus rapprochée de nous et la scintillation la plus forte. Enfin, le 10 au soir, la

(1) Cest ici le lieu de citer un fait particulier qui a été consigné au Bulletin de l'Observatoire, et cela pour montrer ici combien la seintillation est sensible aux changements qui surviennent dans l'état de l'atmosphère, et la rapidité avec laquelle elle les accuse.

Le 17 février 1878, j'observai la scintillation entre 6 et 7 ‘/, heures du soir; je trouvai une intensité moyenne 66 par 15 étoiles ; le trait était régulier et présentait des couleurs pâles. Le même soir, à l 1/, heures, je renouvelai mes observations : l'intensité de la scintil- lation, devenue beaucoup plus forte, s'élevait à 96 par 19 étoiles qui présentaient, pour la plupart, un trait irrégulier et frangé, avec Couleurs vives, parmi lesquelles prédominait le bleu. Cet excès pro- nostiquait l'approche de la pluie. En effet, le lendemain le ciel resta

couvert dans la matinée; puis la. pluie tomba, à Bruxelles, mais en

petite quantité, à partir de trois heures de l'aprés-midi. Ce changement de temps s'est produit sur une région assez étendue, car le Bulletin

de Paris, en date du 18 février, porte cette indieation : « Le ciel,

généralement beau hier, s'est couvert pendant la nuit, et ce matin la Pluie tombe en plusieurs stations, » Il n'est pas inutile de faire

remarquer qu'au méme moment passait près de Haparanda une forte

dépression (74lmm), se dirigeant vers l'Est de la Russie. Ajoutons

que, du 17 au 18, le baromètre était descendu de 6 millimètres à

Bruxelles, à Flessingue et à Yarmouth.

( 710 ) dépression s'étant éloignée sur la Norwége, le trait poin- tillé ne fut plus accusé que par un petit nombre d'étoiles.

La prédominance du bleu parmi les couleurs qui carac- térisent la scintillation est un indice manifeste de pluie, comme je lài montré; cet excès s'est ici produit à chaque soirée d'observation, particuliérement le 8 décembre; la quantité d'eau de pluie recueillie à Bruxelles, du 7 au 10, s'éleva à 19?",6, dont,10"7,4 du 9 au 10 (1).

La bourrasque du 8 décembre a provoqué des vents excessivement forts. D’après M. Lancaster, à Bruxelles le vent commença à prendre de la force le 8 vers huit heures du matin. Le méme jour, à partir de onze heures du

(4) C'est la présence]de l’eau en quantité plus ou moins grande dans l’atmosphère qui exerce l'influence la plus marquée sur la scin- tillation en temps ordinaire, et qui en modifie le plus les caractères selon cette quantité, ainsi que je l'ai fait voir. D’après ce fait, serait-ce l'eau qu'entrainent les bourrasques et qu'elles déversent le plus sou- vent sur le sol, qui serait la cause de l’accroissement si marqué que subit la scintillation sous leur influence? Non, car on peut citer des exemples de fortes dépressions qui ne provoquérent, dans notre pays» que de faibles pluies. Ainsi, le 18 octobre 4882, l'intensité de la scin- tillation s'éleva à 209 sous l'influence d'une forte bourrasque, et cependant la quantité d'eau recueillie à Bruxelles, du 19 au 21 de ce mois, ne dépassa point 4 millimétres. Le 25 du méme mois, l'action d'une autre bourrasque plus violente encore, qui produisit de grands ravages en Angleterre, et à laquelle correspond une san E tillation 255, la quantité d'eau recueillie à l'Observatoire atteignit 5 millimètres seulement, du 23 au 25. Quoique ces deux faits soient. exceptionnels, car les fortes dépressions sont le plus souvent accom-. pagnées de pluies abondantes, ils n'en sont pas moins significatifs ici, au point de vue de la cause même de l'accroissement de la sein- tillation à l'approehe et au passage des bourrasques.

C Ao)

soir jusqu'au lendemain vers trois heures de l'aprés-midi, la tempéte sévit avec fureur et l'air court avec une vitesse moyenne qui varie de 13 à 16 mètres à la seconde (1).

C'est à l'agitation extréme de l'air, surtout dans les couches élevées, qu'il faut attribuer l'aceroissement si marqué qu'épronve la scintillation sous l'influence des bourrasques. Depuis longtemps, des observations à l'œil nu ont manifesté une scintillation trés forte quand des vents violents régnent dans l'atmosphére. Cet acerois- sement sous l'influence du vent s'explique aisément, si l'on a égard aux considérations et aux faits suivants. Les rayons colorés originaires d'une méme étoile sont séparés par dispersion dans l'aunosphére en faisceaux rouge, orangé, jaune, vert, bleu et violet, suivant le plan verti- cal de l'étoile : ces faisceaux sont ainsi é/alés dans l'air Sur une certaine étendue suivant ce plan, à une distance éloignée de l'observateur. Ils sont incessamment traversés par des ondes aériennes en nombre d'autant plus grand que la translation de l'air ou le vent est plus rapide. De là, des chances d'interceptions nombreuses et momen- tanées de ces faisceaux, et par suite des variations de couleurs multiples de l'image de l'étoile, ce qui carac-

maman mt

(4) D'après le Bulletin de Paris, est indiquée la force relative du vent de 0 à 9 pour chacune des stations météorologiques, cette force, à l'ile de Seilly, ne dépassait pas l'intensité relative 5, le 6 décembre.

ais le 7, elle s'éleva au maximum 9 et s'y maintint jusqu'au 9 au soir; alors elle tomba à 5, 6. Il n'est pas inutile de rappeler ici que, lors de la fameuse tempête du 12 mars 1876, le coup de vent le plus violent exerça une pression de 144 kilogrammes par mètre carré, à Bruxelles, Cette pression équivaut à une vitesse de 56 mètres - environ par seconde.

("742 )

térise une forte scintillation. Si le vent est d'une extrême violence, ces interruptions sont excessivement fréquentes.

Ajoutons que, suivant des météorologistes, « à l'endroit régne une dépression l'air est plus léger que sur les régions voisines; il s'éléve donc en vertu de sa légèreté spécifique, eL son mouvement ascensionnel continue jus- qu'au moment il atteint des couches de moindre den- sité que la sienne (1). » Selon d'autres savants, ce mou- vement suivant la verticale s'effectuerait en sens inverse. Quoi qu'il en soit de la direction verticale que suit le mou- vement particulier de certaines masses d'air dans les dépres- sions, elles pressent alors les masses qui les entourent, et il en résulte des différences de densité qui augmentent les chances d’interception des faisceaux des rayons lumi- neux émanés des étoiles. Je ferai remarquer également qu'au milieu du conflit de ses mouvements si divers, il doit se produire des condensations partielles et de courte durée de la vapeur d'eau dissoute dans l'air entrainé par les dépressions, et que cet autre phénomène, qui est indé- niable, tend à accentuer singulièrement la scintillation (2).

(1) Traité élémentaire de météorologie, par MM. Houzeau et Lan- caster, p. 126.

(2) J'ai établi primitivement d'abord es faits de la séparation des rayons émanés d'une méme étoile par suite du phénoméne de la dispersion atmosphérique, puis celui de l'influence si importante que cette séparation exerce sur la seintillation, dans un mémoire qui est inséré au tome XXVIII des Mémoires des savants étrangers, de l'Aca- démie de Belgique (1856). Depuis lors, je suis revenu sur cette question dans un travail particulier, j'ai montré que l'écartement, dans l'atmosphére, des rayons diversement colorés provenant d'une méme étoile, dépend : du pouvoir dispersif de l'air; de la distance

( 715 )

Dans le cours de mes observations, j'ai relevé des inten- silés de scintillation qui ne sont guère inférieures au .. maximum 244, de l'ouragan du 8 décembre : toutes ont coincidé avec des bourrasques sévissant dans nos contrées. = J'airéuni dans les tableaux suivants les indications relatives à dix-huit tempétes auxquelles correspondent des inten- Sités supérieures à 180. Les indications concernant la 3 marche des dépressions, la position du centre ou du foyer - de chacune, d'abord le jour de l'observation scintillomé- trique, 2 huit heures du matin, puis le lendemain à la méme heure; la pression barométrique au centre de la dépres- sion aux mêmes heures; toutes ces indications ont été empruntées aux Bulletins de Paris et de Bruxelles.

J'ai déduit de la pression barométrique au foyer de chaque tourmente la profondeur de la dépression, c'est- à-dire l'excès de la moyenne générale 07,76 de la pression atmosphérique sur la hauteur barométrique à ce foyer, à huit heures du matin des deux jours indiqués. On admet actuellement que la profondeur d'une dépression exprime son importance ou plutôt, au point de vue qui nous occupe, elle mesure, pour ainsi dire, la violence de la tempéte qu'elle provoque. En effet, cette agitation extrême qu'éprouve une partie de l'atmosphére a pour cause un violent appel d'air vers le point le barométre est nota-

pour laquelle on calcule cet écartement; 3? de la distance zénithale à laquelle on considére l'étoile; 4? enfin de la largeur de l'objectif de la lunette, ou de la pupille de l’œil du spectateur quand il observe à

leil nu. Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2* série, t. XXIX, .. 4870.

(HER

blement plus bas que dans les régions environnantes. Or, le lieu la pression barométrique est un minimum, c'est le centre de la dépression. On comprend ainsi que la vitesse, ou mieux la violence, avec laquelle l'air afflue vers ce lieu, est d'autant plus grande que la pression barométrique v est plus faible, et, par conséquent, la profondeur de la dépression plus grande.

Quant aux indications relatives à chaque observation, je me suis borné à signaler, en outre de l'intensité de la scintillation, le nombre des étoiles observées à chaque soirée et celui des étoiles qui accusérent le trait. pointillé ou perlé, afin de mettre en évidence ce curieux caractere qui se manifeste sous l'influence des bourrasques (1).

(4) Dans mes travaux précédents, jai donné la désignation de trait perlé à un caractère partieulier que présente le trait circulaire qui est décrit par les images des étoiles seintillantes, sous l'action des bourrasques, dans la lunette, par le jeu du scintillomètre. Le trait présente alors des parties plus brillantes, espacées sur son contour, qui lui donnent, jusqu'à certain point, l'aspect d'un cercle présentant des perles disposées avec plus ou moins de régularité. Les points lumineux sont plus étroits, plus brillants et plus nombreux sur le trait pointillé. Pour plus de simplicité, j'ai conservé cette désignation seule.

Les eommunications télégraphiques avec l'Angleterre ayant été interrompues par l'ouragan du 12 mars 4876, le Bulletin de Paris ne renferme guère d'indications au sujet des mouvements eycloniques pour le 45 et le 44, la première de ces deux dates figurant au tableau. J'ai trouvé les indications des mouvements qui s’y rapportent dans les Cartes journalières de M. Hoffmeyer (Trimestre Mars-Mai 1876).

( 745 ) | Voici les principales conséquences qui résultent de ces tableaux : Toutes ces observations de scintillation excessive- ment forte ont coïncidé avec de violentes tempêtes, qui troublaient profondément l’atmosphère dans les régions occidentales de l’Europe lors de mes déterminations, soit en automne, soit en hiver ou au mois de mars; l’observa- tion du 23 août 1882 seule appartient à la saison estivale ; Au moment même de la plupart de mes observations, le centre de la tempête se trouvait généralement peu éloigné, et même très près de Bruxelles, comme les indi- cations cycloniques nous le montrent. Ainsi, le 24 octobre 1882, le foyer de la tourmente passa dans l'aprés-midi prés de notre littoral. Le 10 février 1881,celui d'une autre bourrasque se trouva sur les Pays-Bas, à six heures du Soir, au moment méme de mes observations. Le 95 mars 1882, l'atmosphére est troublée par une dépression qui passa prés de Furnes à huit heures du matin. Le 28 mars 1876, le 97 novembre 1881, puis le 95 aoüt 1882, le 11 décembre 1883, des troubles atmosphériques sévirent également, soit sur la Manche, soit sur les Pays-Bas, ou sur la mer du Nord, aux jours de mes observations. Ainsi, l'action qu'exerce une tempête sur la scintillation est excessivement forte quand elle sévit au voisinage du lieu d'observation ; Sauf pour le 18 octobre 1882, le trait circulaire que décrit l'image de l'étoile par le jeu du scintillomètre, est pointillé ou perlé pour toutes les autres observations. Ce Caractère se manifeste donc spécialement sous l'influence dés fortes dépressions;

( 716 )

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( 720 )

La pression atmosphérique au centre de chacune des bourrasques a généralement varié entre des limites res- treintes, dans l'intervalle des vingt-quatre heures écou- lées entre le matin du jour des observations et celui du lendemain. On peut donc admettre que la pression baro- métrique au centre de chacune de ces tempétes, au moment méme de mes observations, est sensiblement représentée par la moyenne des pressions correspondant aux matins du jour de mes observations et du lendemain;

La bourrasque à laquelle correspond la profondeur la plus grande est celle qui provoqua la violente tempête du 8 décembre, pour laquelle se présente précisément le maximum d'intensité de scintillation observé.

Ce dernier rapprochement est trés important au point de vue qui nous occupe, car d’après ce qui a été dit, une tempéte est produite par un violent appel d'air vers une dépression atmosphérique, et cet air est violemment altiré vers le point le baromètre est notablement plus bas que dans les régions qui l'entourent. Ainsi, parmi les exemples cités, le maximum d'intensité de la scintil- lation, celui du 8 décembre 1886, correspond à la tem- péte produite par la dépression la plus profonde, et pour laquelle l'air doit avoir été attiré avec le plus de vio- lence au centre méme.

Les résultats précédents m'ont engagé à étendre ce genre d'étude en recherchant quelles ont été, depuis l'ori- gine de mes observations en 1870, les dépressions plus ou moins profondes qui ont coincidé avec mes mesures d'in- tensité de la scintillation. Ces coïncidences se sont élevées au nombre de trois cent-huit, les intensités de scintillation restant comprises entre 944 et 120. Mais ce nombre eüt été plus grand si j'avais compris les observations d'intensités inférieures à 120, relevées sous l'influence

( 32F)

de plus faibles dépressions. Il a subir d’ailleurs une réduction de vingt-cinq déterminations de scintillation, parce que celles-ci coïncidèrent simultanément avec une dépression, et avec une perturbation magnétique à Bruxelles. Or, j'ai fait voir, à l'aide de nombreux exem- ples, que l'intensité de la scintillation éprouve un accrois- sement marqué lorsqu'une perturbation de ce genre sur- vient à Bruxelles dans le cours de mes observations. Cette influence se produit également quand une aurore boréale apparait, comme d’autres observateurs l'ont constaté dans d'autres régions. La suppression de vingt-cinq soirées d'observations, qui était ici de rigueur, réduit donc à deux cent quatre-vingl-trois le nombre de mes observations rele- vées sous l'influence de dépressions dans les limites indi- quées plus haut (1).

Je me suis assuré d'abord, par l'inspection des Bulletins de Paris et de Bruxelles, que ces observations ont coin- cidé avec des dépressions sévissant, soit sur nos contrées, Soit sur des régions plus ou moins éloignées de Bruxelles.

Afin d'établir aisément la comparaison entre l'intensité de la scintillation et l'importance des dépressions, puis

(1) Il convient de rappeler ici que le fait de l'accroissement de la scintillation des étoiles pendant les aurores boréales fut affirmé d'abord par le Dr Ussher, en Irlande, dés la fin du siècle dernier, et plus tard par Forbes et Necker de Saussure. J'ai confirmé ce fait remarquable par des observations seintillométriques lors de l'appari- lion d'aurores boréales en 1870, aum 1884 e 488, à ne $ Quant à I q per turbati Le: sep x Bruxelles, pendant vs ober Yatiuns,

ul vivit,

j'ai constaté tet site fait, de même RS, dès 1881, comme je l'ai indiqué dans les notices qui sont insérées au Bulletin de l'Académie royale de Belgique (3* série, tomes V et VI).

gme SÉRIE, TOME XIV. | —— 49

( 722 ) leur éloignement, j'ai subdivisé ces dépressions en diffé- rents groupes, d'aprés les intensités de la scintillation correspondantes. Le premier comprend les dix-huit bour-

rasques dont il a été question précédemment; le second, |

les dépressions auxquelles correspondent les intensités de scintillation comprises entre 180 et 170; le troisième, entre 170 et 160, et ainsi de suite.

Le tableau suivant présente les moyennes relatives à l'ensemble des observations appartenant à chaque groupe el qui sont :

1* L'intensité de la scintillation; 2 la fréquence rela- tive du trait pointillé, c’est-à-dire, le rapport du nombre des soirées ce caractère a été observé au nombre total des soirées d'observation pendant les tempétes comprises dans le groupe indiqué; la pression atmosphérique au centre des dépressions à huit heures du matin, d'abord le jour de l'observation scintillométrique, puis le lendemain ; 4 la profondeur des dépressions déduite de ces mesures de la pression atmosphérique; la distance en kilomètres entre le centre de chaque dépression et Bruxelles, à huit heures du matin, le jour de l'observation, puis le lendemain.

Remarquons que les premiers tableaux nous ont offert la réunion des données relatives au premier groupe, sauf les distances des centres des bourrasques qui n'y figurent

as. d Je dois ajouter ici que, quand deux dépressions sévis- saient au méme moment, ce qui s'est rarement présenté, j'ai seulement considéré la dépression la plus rapprochée de nos contrées, parce que c'était celle dont l'action a été la plus directe, et trés probablement la plus marquée, sur la scintillation. Les cas la dépression s'était comblée le lendemain de l'observation ont été excessivement rares.

( 793 )

SYINNIXOK SSONVISIQ

S3SNNWVAON SUNAHANOJOUd

SANNHAON

EGIF SOY LY 8} ETL GYL 190 LSF M *oc Souu Log SLM 8107 97 g} ui g7 ero 967 0c 067 68 080} ¥LO0F Y Sr 9t gy wo QEF Oer 0% 8g SLT 0057 LV 8? er [2] 0go opr [09 ogr 6e Ser 00r y 91 9r v +90 AU OF 09 ge CGFY OLG 9r LI Nn ev 99*0 E 09V OLF 96 ogr SGH 6V 6 H 66 0L'0 A OLF OSI sg. 1507 068 , «6 96 ge EL 16'0 16V 08y Ve op 8} '$9.E]9UIO[!N "S24 19 uro[rN “LU “WW “wu "Wu cur * 0neijosqo, | uerjealosqo, À "uojea2osqo,] | *uoi]ea2osqo,] [ "uorreadosqo] | uoneaosgog [oipnunod prea 'sg1rsuojur | "sQisuo]ut op 9p op op op op np 5 " :9dnoa3 onbeuo uewəpua np | anofnp Juremopuo np| anofnp [oreuopuop np| ano[np OATIEOL P op uneu op | uneur op | uneur o | unew op | unew op | unu op | 99uonboi4 | S9wuofow | saut sonbseainoq “sonbsexnoq sop 'sonbseixinoq sop ‘sanbserimoq 91]u99 ne sop 91]U99 np səp oubrioudsouje uorsso4d 'NOLLV TTLENIOS er ep AUANON

( 724 )

Ce tableau nous montre que les intensités de la scintil- lation et les fréquences relatives du trait pointillé corres- pondant aux divers groupes, forment deux séries de valeurs numériques qui décroissent régulièrement et paral- lélement à la série des profondeurs moyennes des bour- rasques ou des dépressions. Ces profondeurs nous don- nant, pour ainsi dire, une mesure de l'importance de ces météores, les rapprochements que présente le tableau précédent nous permettent d'établir les conclusions géné- rales suivantes :

Sous l'influence dés bourrasques, l'intensité de la scinlillation des étoiles est d'autant plus forte qu'elles sont plus violentes ;

2" Dans les mémes conditions, la fréquence relative du trait pointillé augmente avec l'intensité de la scintillation et par conséquent avec la violence de la tempéte.

Le premier groupe, auquel correspond la scintillation moyenne la plus forte, est aussi celui pour lequel léloi- gnement des centres des bourrasques est le moindre, tant le lendemain au matin du jour des observations que pour ce jour méme. Quoique ce soit aussi le groëpe qui réunisse les deux profondeurs des bourrasques les plus grandes en moyennes, il ne résulte pas moins du rapprochement pré- cédent cette conclusion : toutes choses égales d'ailleurs, l'influence des dépressions sur la scintillation est d'autaut plus marquée que celles-ci sévissent plus prés du lieu des observalions.

Ce dernier résultat justifie toute prévision que l'on aurait pu émettre à priori à cet égard, et il se trouve confirmé par les cas particuliers sur lesquels j'ai appelé l'attention au sujet de l'influence si marquée qu'ont exercée sur la

*

( 725 ) scintillation des dépressions qui troublaient profondément l'air, lorsque leurs centres passaient sur notre pays ou prés de son littoral.

La grandeur si considérable des distances moyennes du centre des bourrasques qui sont réunies dans les deux derniéres colonnes du tableau, nous montre combien l'influence de ces troubles sur la scintillation s'étend au loin dans les régions de l'air. Le fait sur lequel j'ai attiré particuliérement l'attention au début de cette notice, à propos de l'extréme extension que prit la bourrasque du 8 décembre 1886 dans les régions supérieures de l'atmo- sphére, n'était donc pas un fait exceptionnel.

Sur la vitesse de réaction du spath d'Islande avec quelques acides ; par W. Spring, membre de l'Académie.

Dans une note préliminaire que j'ai eu l'honneur de présenter derniérement à l'Académie (1), j'ai fait connaitre une relation entre l'élasticité optique et l'activité chimique dans un cristal de spath d'Islande. En taillant un cristal perpendieulairement à l'axe optique, ou parallèlement à celui-ci, on obtient des surfaces qui se dissolvent inéga- lement vite dans l'acide chlorhydrique. Le rapport des vitesses de réaction a été trouvé, à 2 °], prés, égal au rap-

eee a RENE IR. IE Fr:

(1) Bull. de Acad. roy. de Belgique, 3™° sér., t. XIV, 7, 1887.

.

( 726 ) port des indices de réfraction du rayon ordinaire et du rayon extraordinaire.

Je me permets de communiquer aujourd'hui à l'Acadé- mie le développement de cette note.

La méthode suivie pour mesurer la vitesse de réaction du spath d'Islande avec certains acides, est celle dont j'ai fait usage pour le marbre; je puis done me borner à renvoyer à ce travail pour les renseignements d'ordre tech- nique.

Le spath a été examiné non seulement suivant ses faces de clivage, mais encore dans ses deux directions eristallographiques principales ; pour cela on a taillé des cristaux parallèlement et perpendiculairement à l'axe principal de manière à obtenir les plans de dimensions voulues, destinés à l'attaque des acides. On aura donc trois cas à examiner :

1* Surfaces de clivage. L'expérience démontre que toutes les faces du solide de clivage se dissolvent éga- lement vite, toutes conditions restant égales d'ailleurs. Le tableau suivant reproduit les résutats obtenus à la suite de plusieurs séries d'essais concordants, à l'aide d'acide chlorhydrique au titre de 10 °/, et aux températures de 155, 35° et 55°.

Le volume d'acide employé, chaque fois, élait mesuré de manière à pouvoir fournir, au plus, 522 centimètres cubes de CO? see à la pression normale et à la tempe- rature de 15". C'est-à-dire que, comme dans les mesures faites à l'aide du marbre, la réaction s'arrétait aprés un débit de 522 centimètres cubes de gaz.

J'ai reproduit, dans la dernière colonne des tableaux, pour faciliter la comparaison, la vitesse de réaction obser-

( 727) vée à l’aide du marbre après des débits successifs de 25 centimètres cubes de C02.

L'examen des résultats contenus dans le cédent est beaucoup facilité si l'on trace,

APRES FACES DE CLIVAGE. debit de C02 Vitesse de réaction du spath par dise millimétre carré de surface. cas : du marbre. centim. cubes. 450 350 55° 0 T NS 25 0,00145 0,00234 0,00552 0,00182 50 0,00106 0,00219 0,00488 0,00173 75 0,00205 0,00412 0,00464 100 0,000094 0.00484 0,00349 0.00154 125 0,00082 0,00461 0,00307 0,001444 150 0,00074 0,00150 0,002 0,00136 175 0,00067 0,00133 0,00243 0,00127 200 0,00064 0,00148 0,00246 0,00120 225 0,00034 0,004 0, 0,001414 250 0,00044 0,00088 0,00165 0,00106 275 ,00036 0,00079 0,00140 0,00107 300 0,00034 0,00063 0,004146 0,00094 325 0,00027 0,00055 0,00092 ,00082 350 0,000416 0,00034 0,00069 0,00075 915 ete 0,000418 0,00042 ete ete 0,00018 E

tableau pré- à l'aide des

nombres précédents, des courbes ayant pour abscisses les volumes de CO? débités et pour ordonnées les vitesses

correspondantes. On reconnait alors que :

a. Les lignes figurant la variation de la vitesse de la réaction pour les températures de 15° et de 35°, sont à très peu prés des droites aprés le débit de 50 et de 75 centi- mètres cubes de CO?, et jusqu'au débit de 350 centimètres

cubes environ.

( 728 )

Donc, comme pour le marbre, la vitesse varie entre les limites indiquées, proportionnellement à l concentration de l'acide. Mais pour la température de 55°, il n'en est plus de méme: la ligne est courbe et la concavité de la courbe est tournée vers le haut, c'est-à-dire que, dans ce cas, la vitesse diminue plus rapidement que la concen- tration.

Il est clair que les résultats ne peuvent plus, ici, être exprimés par la formule exponentielle simple applicable au cas du marbre. Méme si l'on compare les vitesses à 15 et à 35°, on trouve qu'elles ne varient pas, en chaque point, du simple au double exactement: la moyenne des rapports calculés pour tous les points est 2,04.

b. Pour chacune des trois températures, la vitesse de la réaction diminue, après le débit de 550 centimètres cubes de CO?, d'une maniére si rapide, qu'en pratique on peut la considérer comme nulle aprés le débit de 400 centi- mètres cubes pour les températures de 13 et de 35°, et de 495 centimètres cubes pour la température de 55°. La concentration de l'acide est descendue alors respectivement à 2,54 et 1,86 */,. J'ai vérifié directement que le spath n'était plus attaqué qu’avec la plus grande lenteur, dans de l'acide chlorhydrique à 2 */,.

Ce résultat parait d'autant plus curieux que rien de semblable n'a pu étre observé à l'aide du marbre. On se le rappelle, la réaction continuait alors jusqu'à épui- sement complet de l'acide. Bien plus, quand l'acide s'était affaibli par les progrès de la réaction, on remarquait, au contraire, une recrudescence de la vitesse. J'avais attribué cette augmentation de la vitesse ou bien à l'accumulation des sels qui, comme Ostwald l'a fait voir déjà, facilite laction des acides, ou bien à la propriété du marbre d'étre inégalement attaqué par les acides faibles ou affai-

>

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729 ) blis ; ainsi, dans les acides organiques, le marbre s'émiette, pour ainsi dire, tout en se dissolvant. Cela étant, la sur- face d'attaque présentée aux acides demeure plus constante. i

. Comme le spath résiste à cet émiettement et que, d'autre part, il montre une diminution rapide de la vitesse de réaction quand les acides s'affaiblissent, il me parait que l'anomalie observée pendant la dissolution du marbre n’est que le résultat d'un accident à l'attaque irrégulière des acides faibles.

c. Pour chacune des trois températures, la. vitesse de

dissolution du spath est plus petite que celle du marbre,

‘toutes autres conditions restant les mémes.

Ainsi, aprés un débit de 100 centimétres cubes de CO?, on obtient les vitesses suivantes, par millimètre carré de surface.

VITESSES. Températ ures. | T—————————————————————————— Rapports. Spath. Marbre. i 130 0,00094 0,00154 35e 0,00484 - 0,00320 1.73 550 0,00349 0,006419 £u

La différence va grandissant avec la température, d'une manière lente, mais régulière. Soit dit, à titre de ren- seignement, le calcul montre qu'à 171" on trouverait la vitesse de dissolution du marbre double de celle du dene S'il était possible d'opérer à cette température.

Mais revenons aux vitesses de réaction du spath aux températures de 15° et 33°; celles-ci, variant proportion- nellement à la concentration de l'aeide, peuvent étre

( 750 ) mieux comparées aux vitesses de dissolution du marbre. „Si l'on trace les lignes des vitesses pour le spath et pour le marbre, on voit que l'on obtient, pour une méme température, DES DROITES PARALLÈLES. La démonstra- tion de ce fait se trouve dans le premier tableau des vitesses ; en effet, on peut passer des valeurs de la vitesse pour le spath à celles qui se rapportent au marbre, en ajoutant aux premières la valeur 0,00060. La loi de la solubilité est donc la même pour le spath et le marbre, à une même température, mais la réac- tion ne commence pour le spath qu'au delà d'une con- centration d'acide chlorhydrique de 2,54 »J,. H faut cette charge d'acide pour vainere la résistance du spath, ou bien encore, pour reprendre une expression déjà ancienne, | on peut dire que la réaction réclame, pour s'accomplir, la présence préalable d'une certaine masse d'acide (2,54 */.) masse qui est probablement en relation avec la cohésion du spath calcaire. d. Pour le spath, comme pour le marbre, si l'on ne prend une précaution spéciale, la vitesse de la réaction n'est pas la plus grande au début, alors que l'acide est au titre le plus fort, mais seulement quand environ 50 à 74 centimètres cubes de CO? ont été produits. Le fait est surtout évident pour les basses températures. La première pensée qui vient à l'esprit, pour expliquer - cette particularité, est que le CO? se dissout d'abord dans - le liquide acide jusqu'à le saturer et échappe, dès lors, par- tiellement à la mesure. Des expériences de vérification entreprises avec le marbre avaient laissé la question sans - réponse certaine; mais, à l'aide du spath, j'ai pu me con^ vaincre que véritablement le retard de la réaction au début | était accidentel et à la dissolution de CO?. Pour s'assurer de la chose il convient, non pas de satu

rer

(7354 )

le liquide acide par un courant de CO?, ainsi que je l'avais fait pour le cas du marbre, mais de préparer une solution d'acide à un titre un peu plus élevé que le titre utile (HCI à 12 */, au lieu de 10 °/,) et de laisser agir cette solution sur du spath jusqu'à ce que le titre soit revenu à 10 */,. On obtient alors un liquide qui se trouve bien dans les con- ditions voulues et avec lequel on observe que la vitesse de réaction est la plus grande au début.

C'est d'ailleurs ce que montrent les nombres figurant dans le tableau des résultats.

e. La vitesse de dissolution du spath parallélement à ses faces de clivage est la méme dans les acides chlorhydrique, azotique, iodhydrique de titres équivalents. Ce résultat est conforme à celui que l'on a observé à l'aide du marbre. Avec l'acide bromhydrique la vitesse dépasse d'autant celle des acides mentionnés que la concentration est plus élevée, C'est-à-dire que la différence tend à s’effacer de plus en plus à mesure de l'épuisement de l'acide. Voici, d'ailleurs, les résultats numériques obtenus à l'aide de cet acide à la lempérature de 35°, comparativement avec l'acide chlor- hydrique :

co? Vitesse Vitesse. : 1 DIFFÉRENCES. débité. pour HBr. pour HCI. 0 PER M

50 0.00302 0,002419 0,00083 400 0,00230 0,00184 0,00066 450 0,00197 0,004150 0,00047 200 0,00430 0,001148 0,00032 250 0,00107 0,00088 0,00019 300 0,00068 0,00063 0 350 0,00036 0,00034 0,00002 400 etc. elc.

(732 ,

*3° Faces taillées parallèlement à l'axe. Je me suis placé exactement dans les conditions précédentes; les résultats numériques contenus dans le tableau suivant sont donc immédiatement comparables aux précédents:

APRES FACES PARALLÈLES A L'AXE. débit de CO? Vitesse de réaction par millimètre carré. en centim. cubes. 49e 350 95» 0 i Ps 25 0,00142 0.00335 0,00782 50 0,00103 0,00340 0,00623 75 0,00094 0,00215 0,00524 400 0,00087 0,00240 0,00442 125 0,00080 0,00208 0,00391 450 0,00072 0,00180 0,00347 178 0,00067 0,00462 0,00343 200 0,00057 0,00142 225 0,00054 0,00122 0,00230 250 0,00040 0,00102 0,00202 275 0,00036 , 0,00086 0,00179 300 0,00030 0,00070 0,00149 323 - 0,00056 0,00144 350 a 0,00042 À 375 He Sr 400 dus Rs dude

à l'aide des faces de Pons on voit que : a. A la température de 15° les faces taillées parallèle-

égale à celle des ilc de clivage. Mais, à mesure que

( 733 )

la température s'éléve, l'égalité disparaît et l'on observe qu'à 35° et à 55° les faces parallèles donnent une vitesse respectivement4,25 et 1,98 fois plus grande en moyenne (1). b. Il résulte nécessairement de que, pour les faces paralléles, la vitesse de réaction n'est plus reliée à la tem- pérature par une exponentielle simple.

c. Enfin, ici comme dans le cas des faces de clivage, la ligne traduisant la variation des vitesses est sensiblement une droite pour la température de 15°, mais au-dessus de ce degré elle devient une courbe de plus en plus prononcée. En d'autres termes, ici encore, au-dessus d'une certaine lempérature, la vitesse ne diminue plus proportionnelle- ment à la température. *

Faces taillées perpendiculairement à l'axe.

Resultats numériques,

APRÈS FACES PERPENDICULAIRES A L'AXE. débit de CO? Vitesse de réaction par millimètre carré. en centimét, cubes, 450 350 550 0,00428 0,00400 0,00754 0,0014147 0,00375 0,00754 0,00107 0,00320 0,00643 0,00400 0,00273 0,00332 ,00094 0,00247 0,00459 0,00082 0,00224 0,00404 mre e ENEA NEIN

(1) Ces moyennes sont calculées en comparant les valeurs des Vitesses correspondantes à un méme débit de CO*, depuis le débit 25 centimétres cubes jusque 500 centimétres cubes.

Résultats numériques (Suite).

P FACES PERPENDICULAIRES A L'AXE

débit de C02 Vitesse de réaction par millimètre carré. en

centimèt. cubes. 15° 350 | 550 475 0,00076 0,00193 0,00857 200 0,00065 ,00167 0,002314 225 0,00058 0,00140 0,00268 250 0,00046 0,004115 0,00225 218 0,06040 0,00095 0,00187 300 0,00034 0,00074 0,00143 325 0,00028 0,00051 0,00106 350 = 0,00035 0,00069 319 un Te 0,00035

On le voit, dans ce troisième cas, les vitesses de réac- tion sont plus grandes encore que dans le cas précédent. Si l'on trace les lignes des variations des vitesses pour: les trois températures, on peut faire les Fra sui- vantes : A 15° la vitesse diminue proportionnellement à la concentration; la ligne est une droite, comme dans le cas de l'emploi des faces de clivage ou de faces paralléles à l'axe; seulement, le coefficient angulaire de la droite est plus grand. b. Pour la température de 35°, et surtout pour celle de 55°, la vitesse diminue d'abord trés lentement jusqu'au. point correspondant environ au débit de la dixiéme partie de CO? possible, puis elle tombe plus rapidement pour se raccorder enfin, après l'épuisement du cinquième environ de I acide, à la droite qui exprime la proportionnalité, pour chacune des deux températures, avec la concentration

CR. Mt MESSEN, E ke t dU E Mr:

(499 )

l'acide. En d'autres termes, au lieu d'obtenir des courbes concaves comme dans les cas précédents, on a des couches d'abord convexes, à points d'inflexion, qui se raccordent à une droite par un arc concave.

La vitesse augmente donc, pendant un certain temps, malgré l'affaiblissement de l'acide, ainsi que je l'ai constaté pour le marbre, et le fait ne dépend en aucune facon de la solubilité de CO? dans le liquide acide au début de la réac- tion, puisque j'ai toujours opéré en saturant l'acide de CO? comme je l'ai dit plus haut. ,

On peut se demander si, pour le marbre, l'induction de la vitesse de réaction n'a pas pour origine la circonstance que, dans une surface taillée, il peut y avoir nombre de petits cristaux découpés perpendiculairement à leur axe.

c. Comparons, eniin, la vitesse de réaction des faces per- pendiculaires à l'axe à la vitesse des faces paralléles à cet axe. À cet effet, divisons, pour les trois températures, cha- cune des vitesses pour les faces perpendiculaires par les vitesses correspondantes pour les faces parallèles, et pre- nons la moyenne des quotients; on obtient :

id E EUR g 5 (d ©

| Rapport des vitesses. . . . 143 | 145 144

Ou, comme moyenne générale, 1,14. Or, les indices de réfraction correspondant aux deux sections mentionnées Sont entre eux comme : 1,115, c'est-à-dire qu'ils condui- Sent à un rapport ne différant que de 2,95 */, du précé- dent. |

Ce résultat curieux donne à penser qu'il existe une relation entre l’activité chimique d'une substance et son élasticité optique dans une direction donnée. Cependant

( 756 ) on ne perdra pas de vue que cette relation peut bien ne pas étre immédiate, car le pouvoir réfringent d'un corps est en rapport inverse de la densité, et celle-ci est, à son tour, trés probablement au moins pour une méme sub- stance, une fonction simple de la dureté.

De l'action du chlore sur les combinaisons sulfoniques et sur les oxysulfures organiques (quatrième communi- cation); par W. Spring et C. Winssinger.

Sous ce litre, nous avons l'honneur de présenter à l'Académie la suite d'un travail dont le début date déjà de plusieurs années (1).

Dans notre troisiéme mémoire, publié il y a trois ans, il nous avait paru nécessaire de rappeler succinctement le but que nous nous étions proposé, et de résumer les pre- miers chapitres de notre étude, afin que l'on püt mieux rattacher nos résultats nouveaux aux précédents.

Au risque de nous répéter encore, nous agirons de méme aujourd'hui, en vue d'épargner au lecteur une recherche peut-étre un peu longue, et de pouvoir dire un mot de la position nouvelle que prennent maintenant nos recherches à la suite des résultats obtenus par nos travaux précédents. Nous pourrons mieux tenir compte, de la sorte, - des modifications apportées, dans ces derniers temps, à la notion de l’affinité chimique comme aux idées admises Sur la structure des corps organiques.

E OE

(1) Bull. de l'Acad. de Betg., sér., t. H, 12; 1881 ; sér., t. IV, ne 8; 1882; 9* sér., t. VII, 1; 1884.

( 737 )

On le sait, Kekulé avait considéré une molécule d'un. corps organique comme résultant, au fond, de l'union des atomes de carbone, les uns aux autres, par la saturation de couples de valence. Les atomes ainsi enchainés ne devaient manifester de caractére chimique différent que par le nombre plus ou moins grand des valences dispo- üibles pour retenir des éléments ou des groupes étran- gers; mais aucun d'eux ne devait jouir par lui-méme d'une propriété prépondérante. Une molécule était à comprendre, en un mot, comme un système mécanique. Suivant Kolbe, au contraire, la molécule devait offrir l'image d'un organisme, chaque atome se trouvant, d'aprés lui, soumis à l'influence de tous les autres, et de plus, certains d'entre eux devaient étre doués d'une in- fluence prépondérante. Dans cet ordre d'idées, les proprié- tés d'un atome, ou d'un groupe d'atomes, dépendaient immédiatement de sa position relative parmi ses voisins ainsi que de la nature de ces derniers. Il nous avait paru qu'il n'était pas impossible de décider, par l'expérience, laquelle de ces deux maniéres de voir était la plus conforme à la réalité des choses ; aussi avions- nous commencé une série de recherches dont la conti-. nuation fait précisément l'objet du présent travail. On se le rappelle, nous avions choisi, comme champ d'expérience, l'action du chlore sur les dérivés sulfurés des hydrocarbures saturés normaux. Ce choix était motivé par la nature même de ces dérivés qui possèdent, grâce à l'union directe du soufre et du carbone, une stabilité remarquable en même temps que des propriétés bien Caractéristiques.

Notre plan consistait à établir d’abord les différences que présenterait l'action du chlore sur un hydrocarbure et, Ó"* SÉRIE, TOME XIV.

( 758 ) sur ses dérivés sulfurés, pour mettre en lumiére l'in- fluence de la nature du nouvel élément soufre, ou de ses dérivés, sur la partie carbure de la molécule; ensuite, à répéter parallélement les mémes expériences sur des corps homologues, à chaines carbonées de plus en plus longues, pour reconnaitre si l'étendue du champ d'induction était limitée, et arriver peut-étre, dans l'affirmative, à la mesurer.

Nos recherches, qui n'ont encore porté, à la vérité, que sur des corps à 2, 5 et 5 atomes de carbone, ont montré qui ni l'une ni l'autre des deux théories rappelées ne sont en état de rendre compte des faits observés d'une maniére salisfaisante.

En effet, nos conclusions précédentes peuvent se résumer comme il suit :

La faculté de substitution du chlore à l'hydrogéne d'une chaine carbonée, dont l'extrémité est unie à un groupe sulfuré, semble une fonction de la longueur de cette chaine, en ce sens que la substitution est d'autant plus facile que la chaine est plus longue; mais,

2^ Lorsque la substitution est possible, elle ne peut étre que partielle : si le nombre des atomes de chlore substitués à l’hydrogène atteint une certaine limite, dépendant de la longueur de la chaine, l'union du groupe sulfuré au car- bone est rompue; enfin,

Si l'on provoque une chloruration à outrance, le chlore s'accumule surtout sur l'atome de carbone uni au groupe sulfoné, de sorte qu'au moment de la rupture, cet atome de carbone se trouve uni à trois atomes de chlore.

On voit git la difficulté. La substitution de l'hydro= gène de la molécule organique par le chlore n’a pas lieu dans la région où, suivant la théorie de Kekulé, elle

BONE CNE EUR

739 )

devrait se produire, c'est-à-dire loin des groupes sulfonés, mais bien dans le voisinage de ceux-ci. On ne doit donc pas dire que le chlore se porte sur les atomes de carbone suffisaniment éloignés des groupes sulfonés.

En outre, le caractére générique des combinaisons sul- fonées (théorie de Kolbe) devrait apparaitre dans chaque espéce, tandis que, en réalité, il fait défaut dans les molé- cules dont le nombre d'atomes de carbone est un peu élevé,

En présence de ces faits, il nous a paru nécessaire de rechercher si les trois lois énoncées plus haut, applicables àux trois groupes de corps successivement étudiés, seraient encore vérifiées par des homologues d'un degré nota- blement plus élevé; cependant, avant d'aborder l'étude des propriétés d'une chaine beaucoup plus longue, nous avons cru prudent de poser un nouveau jalon intermédiaire, afin de découvrir sürement toutes les phases de l'évolution des propriétés dans les séries, et de ne pas nous trouver, par suite d'un saut trop brusque, en présence de carac- léres trop nouveaux peut-étre pour que le processus des métamorphoses füt encore saisissable.

À cet effet, nous avons soumis à l'action du chlore les dérivés sulfurés de l'alcool heptylique normal (1).

Les conclusions à tirer de ces nouvelles expériences

trouveront leur place ci-après, et, dans un dernier para-

graphe, nous mettrons en parallèle tous les résultats acquis jusqu'à présent.

me

(4) La préparation et les propriétés principales de ces substances ont été décrites par l'un de nous. Bulletin de l’Académie, série, t. XIV, 12, 1887.

( 740 )

Ainsi qu'on le verra, les dérivés heptyliques se con-

duisent vis-à-vis du chlore tout autrement que leurs

homologues inférieurs, mais les différences observées sont

précisément de nature à confirmer les lois qui découlent de nos premiéres recherches.

Action du chlore sur l'acide heptylsulfonique normal.

De l'acide heptylsulfonique parfaitement pur a été

dissous dans une petite quantité d'eau et pe l’action

d’un courant de chlore.

Aucune réaction ne s’est manifestée tant que l'acide a été placé à la lumière diffuse, mais il a suffi de l'exposer aux rayons d'une lampe au magnésium ou aux rayons direets du soleil pour provoquer l'absorption du chlore avec dégagement d'acide cblorhydrique.

Afin de hàter l'opération, on a concentré la lumiére solaire au moyen d'un miroir concave, et placé le liquide à une distance du foyer telle que la température n'atteignil jamais 50°.

Au bout de sept à huit heures d'insolation, l'absorption du chlore ne semblait pas s'étre ralentie et le liquide était demeuré limpide et incolore. j

On en a prélevé à cet instant une première portion qui a été soumise séparément à examen.

Le reste. du liquide a subi une seconde période de chlo-

ruration de même durée que la première, Comme au bout

de ce temps le chlore ne paraissait plus être absorbé, et que la liqueur en gardait la coloration verdâtre, méme lorsqu'on la laissait exposée à une lumière intense, on à

TX NC

É

T EAA

( 744 ) sipat alors une seconde portion qui a fait l’objet d’un nouvel examen.

Enfin on a continué à faire passer du chlore dans la dernière partie du liquide, après y avoir ajouté quelques paillettes d'iode. Mais l'analyse a montré que cette addi- tion n'avait produit aucun changement qualitatif dans la composition du liquide précédent.

Nous nous occuperons d'abord du liquide qui n'a été chloré qu'incomplétement.

Il est limpide, incolore et un peu moins fluide qu'à l'ori- gine. Aprés l'avoir étendu d'eau, ce qui ne le trouble pas, on constate qu'il ne renferme pas d'aeide sulfurique; d'oü l'on conclut déjà que le groupe sulfonique SO5H ne s'est pas détaché du carbone pour former de l'acide chloro- sulfurique, qui, réagissant avec l'eau, aurait produit de l'acide sulfurique.

Le chlore a done pénétré dans le noyau carboné sans produire de division dans la molécule. De fait, le liquide est un acide, on le sature par du carbonate de baryum. Comme le sel qui se forme est trés peu soluble à froid, on chauffe jusqu'à l'ébullition et l'on filtre à chaud.

Par refroidissement on obtient un précipité abondant et volumineux de sel de baryum (I), cristallisé en très petites houppes formées de fines aiguilles rayonnées. -

L'eau mére ne renferme pas d'heptylsulfonate de baryum. Il s'ensuit que la réaction a eu lieu dans toute la masse, et n'a point été limitée, ainsi qu'on Ta observé dans les cas de l'acide amylsulfonique.

Le sel de baryum (I) a été soumis à de nouvelles cristal- lisations avant d’être analysé; mais comme on constate qu'il se décompose en présence du nitrate d'argent, avec

( 742 ) production de chlorure d'argent, il est difficile de s'assurer qu'il n'est plus souillé par du chlorure de baryum. Néanmoins l'analyse ne laisse aucun doute sur l'identité de ce sel, qui est un heptylsulfonate bichloré :

Trouvé (C*H!3CI3805)? Ba De. 9474 21,64 Ob o vu 2516 29,45 8. AIC 479 10,11 io 2667 26,54 Ho. kti 4,10 O (diff). 15,57 15,16

100,00 99,98

Le dépôt de BaCO5, séparé par filtration, présentant une odeur térébenthineuse rappelant celle des dérivés chlorés supérieurs des hydrocarbures, on l'a épuisé au moyen d'éther. On a pu en extraire, en effet, une petite quantité d'une substance huileuse; elle a été reconnue pour être un dérivé chloré supérieur. Il s'était donc formé, à côté de l'acide bichloré, un acide polychloré qui s'est décomposé, en abandonnant, au contact de l'eau, le groupe SO5H. Ce qui permet de conclure de la sorte avec certi- tude, c'est qu'on retrouve de l'acide sulfurique dans le liquide à mesure de la formation de la matière à odeur térébenthineuse. ;

Avant d'aller plus loin, il ne sera pas inutile de faire dès à présent ressortir les différences profondes que nous rencontrons déjà entre l'acide heptylsulfonique et les

( 745 ) homologues inférieurs dont nous avons traité précé- demment, savoir :

La propriété de l'acide heptylsulfonique d'échanger facilement deux atomes d'H contre deux atomes de CI, alors que l'acide amylsulfonique n'admettait qu'un seul échange de ce genre par deux molécules d'acide, et que les acides éthyl- et propylsulfoniques n'en admettaient aucun, dans les mémes conditions d'éclairage;

[étendue de l'action du chlore qui n'est plus, comme dans le cas de l'amyle, limitée à une portion de la masse liquide (1);

Enfin la tendance moins marquée du groupe SO5H à abandonner le carbone en présence de la pénétration du chlore.

Revenons maintenant à la portion d'acide sulfonique qui a été soumise à l'action du chlore jusqu'à refus.

L'acide chloré, traité comme le premier, a fourni un sel de baryum (II) tout différent du sulfonate bichloré.

L'odeur camphrée a été également percue pendant la neutralisation, mais pas plus intense que lors de la précé- dente opération.

Le sel (I) est soluble dans cinq ou six fois son poids d'eau bouillante. Par refroidissement, il se dépose presque complétement sous forme de grumeaux constitués par des libres microscopiques transparentes, de diamètre variable, ressemblant à des gouttes pue et visqueuses trés allongées.

(1) Peut-être bien la limite observée dans le cas de l'emploi d'acide amylsulfonique était-elle accidentelle. Elle pouvait avoir Pour cause la présence d'un peu d'acide penthylsulfonique normal.

( 744 )

Par une légère agitation, ces gouttes se rassemblent en une masse molle, facile à séparer du liquide. On redissout celle masse dans une grande quantité d'aleool à 95 ©), bouillant.

Par refroidissement, le sel se prend en une masse feutrée volumineuse, dont l'aspect rappelle celui de l'ouate. Lors- qu'on en exprime l'alcool, le sel se transforme en une pâte qu'on peut couper au couteau comme du savon.

L'analyse a donné :

Pa... ‘49,49 Go os 3005 S... 910 Co 9504 io. 2^ E08 O (dif). 492,24

100,00

On en déduit que le sel (Il) est un sulfonate trichloré accompagné d'une petite quantité du sel (1).

En effet, si l'on se base sur les rapports fournis par l'analyse, on arrive à la formule

25(C'H*Cl'SO*)Ba + (C'H CIS") Ba

qui exigerail :

Ba . 49,58 Ci. . c 30,00 E.: . 24,02 A UT 9,15 HB. . . 00 0: 43,72

Ful gio om Ets VA 28. ipis: cue t

( 745 )

En comparant les rapports des quantités trouvées de C, S, Cl à ceux des quantités calculées des mémes éléments on a le tableau suivant :

Trouvé Calculé C C = 2,66 == 2,62 S CI CI = 1,90 = 1,95 é ü ;

Ainsi l'action du chlore, à la pression ordinaire, à la lumière solaire concentrée, à une température d'environ 40°, et en présence de l'iode, est limitée à l'introduction de trois atomes de chlore dans la molécule d'acide.

De plus, nous voyons que ce degré de chloruration sélend uniformément à la presque totalité de la masse liquide, puisque la formule déduite de la composition du sel indique que l'acide triehloré est de beaucoup plus abondant que le bichloré.

On ne peut cependant pas conclure à l'existence d'une limite quant à /a quantité.

En effet, rien ne prouve qu'en prolongeant le séjour au Soleil de la liqueur acide sursaturée de chlore, nous D'aurions pas obtenu une quantité plus grande encore d'aeide trichloré. Nous avons seulement constaté que l'absorption du chlore finissait, au bout de quinze heures, par devenir insaisissable par les moyens dont nous dis- Posions, mais nous ne pouvons affirmer avoir atteint une limite réelle de chloruration.

Nous ferons remarquer encore, à ce sujet, que pendant

( 746 \ la chloruration, la solution acide devient de plus en plus visqueuse; il en résulte que le chlore éprouve une diffi- culté croissante à rencontrer les parties du liquide sur les- quelles sou action pourrait encore s'exercer.

Action du trichlorure d'iode sur l'acide heptylsulfonique trichloré.

Bien que le but principal de notre étude comparative füt atteint déjà par les expériences que nous venons de rapporter, il était intéressant de pousser plus loin la com- paraison et de savoir comment se comporterait l'acide tri- chloré en présence d'un chlorurant plus énergique.

Nous avons donc soumis notre premier produit à l'action d'un grand excès de trichlorure d'iode en tube scellé.

Un premier tube fut maintenu à 125? pendant trois heures. En l'ouvrant on ne constata qu'un trés faible déga- gement d'HCI, et l'on ne trouva ni cristaux d'iode ni acide sulfurique dans le liquide, dont l'aspect primitif s'était conservé. Le dégagement d'HCl peut être attribué à la transformation en acide trichloré d'une petite quantité d'aeide bichloré existant dans le liquide, comme nous l'avons vu.

Dans une nouvelle expérience, la température de l'étuve a été portée à 167°-170°. Ici l'aeide trichloré a été profon- dément attaqué. Les tubes dégagent des torrents d'HCl et sont tapissés d'une grande quantité de cristaux d'iode. On en verse le contenu dans de l'eau, puis on sépare la partie liquide par filtration. Le résidu est traité par une solution de NaHSOS qui dissout l'iode et abandonne une huile (Ill) semi-fluide, brune, à odeur camphrée, brûlant avec une flamme à bords verts et un grand dépót de carbone.

( 747 )

Cette substance, dont nous n'avons malheureusement pu recueillir que quelques décigrammes, n'a pu être amenée à un état de pureté convenable, et l'analyse qui en a été faite ne peut fournir que des indications sur sa nature. Nous avons trouvé :

UC ds H. 12 490 bo. 61,40 Différ. . 12,41

100,00

Ces nombres se rapprochent néanmoins, d'une manière trés satisfaisante, de ceux auxquels conduit la formule d'un acide oxyheptylique hexachloré :

CB'C*.CHOH..CO*H: ou C’H°CI‘0°

qui exigerait :

Nu vr SR n ü. 60,50 0 . 15,59

99,94

Ce qui tend à démontrer l'exactitude de cette conclu- sion, c’est que la potasse, en solution concentrée, ne dis- Sout que partiellement cette substance.. Il demeure un résidu incolore, d'odeur semblable à celle du produit pri- mitif, et fortement chloré, ce qui s'explique parce que la NENS enlève le groupe CO?H pour laisser une chlorhydrine Chlorée.

EC -

( 748 ) Quoi qu'il en soit du doute qui peut régner encore sur l'identité de la substance, il est néanmoins établi qu'une partie de l'acide sulfonique a éprouvé, pendant la chloru- ration en tube scellé, une décomposition qui a détaché le : groupe sulfonique du carbone. C'est le point essentiel. Il s'est formé d'abord C7H5CI qui, au contact de l'eau, est devenu C7H7CI605. Revenons à la solution aqueuse fournie par le lavage du contenu des tubes scellés. 4 Après avoir éliminé, par une agitation avec du mercure, le chlore et l'iode libre qu'elle renferme, la solution a été saturée à 100° par du carbonate de baryum. Après filtra- tion, décoloration au noir animal et évaporation, elle - abandonne un sel (IV) de méme apparence que le sel (II). On le purifie, autant que possible, par une nouvelle c cris- : tallisation et on le soumet à l'analyse. : Celle-ci montre que l'on a affaire à un mélange d ‘œnan- thylate et d’heptylsulfonate de baryum chlorés qu'on représenter, très approximativement, par la formule : .

(C'H®CFSOS)Ba + 1,5 (CHClO?) Ba + 12H°0.

En effet :

On trouve Au lieu de BA... AO 16,88 0 y. Sa 36,76 Hs OX 3,15 Ci 4 20,71 NH. 2,94 5,55 O. ... 90956 (HE). 48,99

100,00 99,98

(MS

La concordance peut être jugée satisfaisante, si l'on tient compte de l'extréme difficulté des dosages de soufre et de chlore, dans un composé renfermant aussi du baryum.

La masse du chlore a donc produit, dans la molécule, la division à l'endroit du groupe terminal, de sorte que l'extrémité de la chaine

(MEM —(—C-—SO'H a c serait devenue :

Cl Ci po

C—C—CI, Is] e. Qi

puis, sous l'influence de l'eau :

C | Z9 ad. N OH. CI

Cette supposition trouve d’ailleurs sa justification dans les résultats de nos précédents travaux.

Nous avons vu, en effet, que chaque fois qu'un atome de carbone terminal se trouve uni à trois atomes de chlore, il échange facilement ce dernier contre de l'hydroxyle, püis une molécule d'eau se sépare et la substance devient acide. Le groupe CC semble donc, en toute circon- Slance, agir comme dans le chloroforme suivant :

HC.CF + 4KOH = HCO*K + 3KCI + 2H°0.

Action du chlore sur l'oxysulfure d'heptyle.

Pour continuer la comparaison des propriétés de lhep- tyle à celles des radicaux homologues inférieurs, nous avons fait réagir le chlore sur l'oxysulfure heptylique.

Ce corps est solide et ressemble par ses caractéres exté- rieurs à l'acide stéarique. l flotte sur l'eau et fond à 70° en éprouvant une forte dilatation.

Pour nous placer dans des conditions comparables à celles de nos précédentes expériences sur les oxysulfures

inférieurs, corps qui étaient solubles dans l'eau ou au moins

liquides, nous avons traité celui-ci, comme l'oxysulfure d'amyle, en l'agitant avec de l'eau dans laquelle passait un rapide courant de chlore.

Dés l'arrivée des premiéres bulles, l'oxysulfure a com- mencé à se liquéfier, tout en restant à la surface de l'eau.

L'absorption du chlore continuant, la température s'est -

élevée jusqu'à 60° environ, et l'huile formée a fini par gagner le fond du vase.

Aprés 14 à 15 heures, le chlore Rae ne plus être absorbé, on a séparé la couche aqueuse supérieure de la couche huileuse.

La premiére n'était qu'une solution concentrée d'acide chlorhydrique, contenant une trace d'un acide organique chloré. Cet acide provenait de l'action de l'eau sur un chlorure d'acide trés stable, constituant la majeure partie

de l'huile. En effet, cette huile, lavée à l'eau pure, aban- -

donnait une trés petite quantité du méme acide, et l'on pouvait répéter l'opération, méme en employant de l'eau

d 2 «| us c

TEAM t

(3905 VT chaude, sans réussir à décomposer le chlorure d'acide en quantité notable.

Pour obtenir la décomposition compléte, aprés avoir constaté que l'huile ne pouvait être distillée, méme dans

. le vide, sans s'altérer, nous avons eu recours à une solution

concentrée de soude caustique qui a dissous environ les deux tiers de l'huile, en produisant une forte élévation de température.

Le résidu a été traité de la méme facon et à deux reprises par de la solution de soude fraiche, puis lavé à l'eau et séché sur du chlorure de calcium. Aprés ce traite- ment on l’a soumis à la distillation dans le vide et l'on a recueilli un liquide, presque incolore, passant de 420° à 155^ ; le résidu était brun foncé et visqueux (V;).

Le liquide soumis à une nouvelle distillation a fourni une huile incolore (V4) passant de 120^ à 142° et un résidu (Va) légèrement jaunâtre.

L'analyse a montré que ces liquides, composés de car- bone, chlore et hydrogène, étaient des mélanges d'heptane tri- et létra-chloré, ainsi que l'indique le tableau suivant :

Calculé Calculé Trouvé V, Trouvé V5 CH!5CIS C'H12Cl4

Gi, LOU 36,15 41,27 35,29 EK V A 5,29 6,58 5,04 GE, 8640 58,56 52,95 59,67

100,00 400,00 400,00 100,00

Il restait à trouver la position relative des atomes de

Y

( 752 J : chlore dans la molécule, c'est-à-dire, à s'assurer si, comme - | dans le cas des composés amyliques et propyliques, le chlore s'était porté de préférence sur l'atome de carbone | qui avait été uni au soufre.

A cet effet, nous avons d'abord fait réagir en tube scellé, sur une portion de l'huile V4, une solution concentrée de soude caustique à une température d'environ 420°.

Le résultat a été absolument nul : le verre du tube a été | attaqué, mais l'huile V, n'a pas été modifiée.

Daus une seconde expérience, la soude a été remplacée par de l'hydrate d'argent, et la température maintenue pendant 2 !/; heures vers 138°. :

On a retiré du tube la presque totalité de l'huile intro- duite; cependant un commencement de réaction s'était. manifesté, une faible couche d'argent s'était déposée, par places, sur le verre, et il s'était formé du AgCl.

En conséquence on a rechargé un nouveau tube avec grand excès d'hydrate d'argent, et l'on a chauffé de 155° à 162° pendant 5 !/, heures. Il eût été inutile de dépasser - cette température puisque l'huile V, se serait décomposée, comme pendant la distillation.

Aprés la chauffe le tube était complètement argenté sous une épaisseur telle que la couche métallique avait pu, en certains endroits, se détacher par feuilles.

Le contenu du tube fut agité avec de l'eau; aprés filtra tion et addition de BaCI2, on constata la formation d'un faible précipité de AgCI, indice de la jore d'une trace de sel d'argent soluble:

Mais la majeure partie de la substance étudiée était restée sur le filtre, mélangée au chlorure d'argent fi et à l'excès d'hydrate; on traita le dépôt par de l'éther qui | enleva une huile à odeur de fruits, en rappelant

( 753 ) celles de l'alcool et de l'acétate heptyliques. Elle brülait sans résidu avec flamme à bords verts.

Il s'était donc trés probablement formé un éther chloré.

Pour s’en assurer, il suffisait de tenter la saponification de la substance. On fit d'abord bouillir celle-ci avec une solution de potasse caustique dans de l'eau, mais sans aucun résultat. Au contraire, il y eut réaetion immédiate lorsqu'on remplaca l'eau par de l'alcool. La liqueur brunit, changea d'odeur, et il se forma un dépôt de KCI.

On ajouta alors une grande quantité d'alcool absolu, puis de l'acide sulfurique en quantité suffisante pour saturer la potasse et mettre l'aeide inconnu en liberté. Enfin, on sépara le K*SO* formé et l'on satura les acides par une solution de baryte, aprés quoi l'on évapora à siccité pour chasser l'aleool. Pendant toute la durée de cette opération, les vapeurs d'alcool éthylique entrainérent une substance odorante rappelant l'alcool heptylique; C'était probablement l'aleool auquel l'éther inconnu devait sa formation ; mais comme on n'opérait que sur une trés petite quantité de matière, il était impossible de songer à recueillir cet alcool pour l'analyser.

Finalement, le résidu de l'opération, repris par l'eau, et débarrassé de l'excés de baryte par un courant d'anhydride carbonique, a fourni un sel de baryum, mais en quantité insuffisante pour l'analyser méme qualitativement. Nous nous sommes bornés à constater que la solution de ce sel, additionnée d'acide sulfurique, répandait une odeur ana- logue à celle de l'acide cenanthylique.

n résumé, les expériences précédentes montrent que les heptanes chlorés de l'huile (V,) résistent incomparable- ment mieux à l'action des bases que les dérivés corres- pondants du propane et de l'hydrure d'amyle; ces derniers,

9"* SÉRIE, TOME XIV. T E

( 754)

-comme on peut se le rappeler (1), étaient attaqués, même par l'eau à basse température, pendant la chloruration, et nous ont donné de l'acide propionique et de l'anhydride valérianique. Dans le cas actuel, au contraire, ni l'eau, ni méme la soude caustique à 190^ n'ont produit semblable résultat, et il a fallu faire réagir l'hydrate d'argent vers 162".

Mais ne se borne point la différence : il faut comparer aussi les produits obtenus.

Tandis que le propane trichloré a donné naissauce à de l'acide propionique, que l'hydrure d'amyle trichloré a pro- duit beaucoup d'anhydride valérianique et. probablement un peu d'aldébyde valérique, l'heptane tri-ou tétra-chloré a produit, au contraire, trés peu d'acide en combinaison avec l'oxyde d'argent, une quantité trés notable d'aldéh yde (ainsi que le donne à supposer ia couche d'argent métal- lique obtenue), et un éther, impliquant nécessairement la formation préalable d'un alcool et d'un acide.

Il semble donc que, dans les heptanes chlorés que nous venons d'étudier, les atomes de chlore ne sont pas tous groupés vers l'extrémité de la chaine carbonée qui se trou- vait liée au soufre, mais occupent diverses positions diffé- rentes par rapport au dernier atome de carbone.

Remarque. Avant d'abandonner ce sujet, nous ajou- . terons que nous avons procédé à des expériences directes sur l'huile provenant. de la chloruration de l'oxysulfure d'heptyle, pour nous assurer si elle ne contenait pas d'anhydride. Nous ne les rapporterons pas ici pour la

tite adest puto

(4) Voir Bull. Acad. Composés propyliques : sér., t. IV, 8j

1882; Composés amyliques : sér., t. VII, 4; 1884.

( 755 )

raison que le résultat en a été négatif, ce qui était à pré- voir, étant donné que les heptanes poly-chlorés résistent à l'eau et méme aux bases aussi énergiquement que nous

venons de le prouver. |

Passons à l'examen de la dissolution obtenue en trai-

tant par la soude l'huile brute provenant de l'action du

chlore sur l'oxysulfure d'heptile. -

Cette dissolution contient différents sels de sodium qui

cristallisent mal; on les transforme en sels de baryum afin

de pouvoir plus facilement les amener à un état de pureté

relatif.

On trouve successivement dans l'ordre de eristallisation :

Un sel (VI) cristallisant en houppes formées de fines

aiguilles, plus soluble dans l'eau à chaud qu'à froid, et s'y

dissolvant avec un violent mouvement de giration.

Ce sel se décompose assez facilement, surtout à chaud,

en présence du AgNO3, en donnant du AgCI. Il est loin

d'être pur, renferme un peu de sodium, probablement à

l'état de chlorure, et peut-être aussi un peu de BaCl?. On

l'a séché à 100°, puis soumis à l'analyse.

Le résultat permet de conclure que l'on a affaire à un

mélange d'heptylsulfonates de baryum, contenant du

Chlore en différentes proportions. | La formule suivante, qui exigerait cependant une

teneur en soufre un peu plus faible que celle que l'on a

trouvée, exprime assez bien la constitution que le sel

semble devoir présenter

CISO? "H'CISO* CASE Ba + OCT? Da + 9H*0 + 0,28BaCI*

+ 0,16NaCIl.

( 756 ) En effet on a Trouvé Calculé E c. 2394 29,45 n E T 0,26 B. H 9,19 s v 470 14,58 Eq SEES EE 24,13 Hs. ui. A 5,24 O (dif) 22,49 24,15 100,00 99,96 2 Un sel (VII), nacré, formé de fines lamelles prisma- tiques, anhydre, répondant à la formule

C'H4CISO? c 14, 3 C'H*CISO* > Ba + CH > Ba,

ainsi que l'indique le tableau suivant :

Trouvé Calculé

G., 31,02 50,73 H. 5,78 5,21 CI. s 9,82 9,74 S. . A211 11,70 Ba . .. 23508 25,05 O (diff) 16,23 17,56 100,00 99,99

Un sel (VIII), amorphe, en poudre pesante, insoluble dans l'eau froide, répondant à la formule du sel VI, à part cette différence que le sel VIII est anhydre. ?

(751 j Il ressort de ce qui précède que le chlore, agissant en présence de l'eau sur l'oxysulfure d'heptyle

C7H1 —— So e. Chu, ou C'HS 8.5 ("ne

l 0

(si l’on admet la tétra-atomicité du soufre), opère une scis- sion bien nette à l'endroit du soufre : d'une part, le groupe C7H!5 se sépare en formant du chlorure d'heptyle plus ou moins chloré, et d'autre part le résidu C?H'5SO subit une oxydation qui le transforme en chlorure d'acide C'H'5SO?CI., tandis que du chlore se substitue à une partie de l'hydrogène du radical C7H15.

On peut remarquer que les deux groupes C7 H'5 de la molécule d'oxysulfure ne se sont pas comportés de la méme maniére vis-à-vis du chlore: tandis que celui qui est devenu chlorure d'heptyle chloré a pu absorber 5 et 4 atomes de chlore, l'autre, au contraire, qui s'est trans- formé en chlorure d'acide, n'en a admis qu'un seul, ou au plus deux. Cette différence n'a rien qui doive surprendre, si l'on considère que le chlorure d'acide participe déjà aux propriétés de l'acide méme qu'il pent engendrer, lequel, nous l'avons démontré, n'absorbe plus aucun atome de Chlore, si, comme c'était le cas, la réaction se passe à la lumière diffuse.

De cette remarque il semb'e résulter aussi que la scis- sion de la molécule d'oxysulfure doit étre postérieure à la pénétration du chlore dans les deux groupes Aeptyles, tout au moins dans celui qui devient chlorure d'acide.

Si nous comparons la réaction de l'oxysulfure d'heptyle à celles des oxysulfures de propyle et d'amyle, avec le même métalloide, nous apercevons une différence fonda-

( 788 ) mentale, c'est que, dans le cas actuel, nous n'avons pas trouvé trace de sulfone heptylique

(CH'*S0*

parmi les produits de la réaction, alors que, dans les pré- cédentes, nous avions recueilli une notable quantité de sulfone propylique, et une quantité incomparablement plus grande encore de sulfone amylique.

Nous pouvons affirmer aussi que ce corps ne s'est pas formé au cours de la chloruration, pour étre détruit ensuite par le chlore, ear nous avons constaté, par une expérience spéciale, que le sulfone heptylique ne subit pas la moindre action de la part de ce gaz, méme à la lamiére concentrée d'un miroir ardent.

Il faut très probablement voir dans ce fait une consé- quence de la propriété, que nous avons reconnue aux composés heptyliques, d’être plus attaquables par le ch'ore que leurs homologues inférieurs.

En effet, la formation du sulfone n'est possible que si la phase d'oxydation précède celle de chloruration, et nous venons de voir que c'est l'inverse qui semble avoir leu.

Roni DM E n

CONCLUSIONS.

En résumé, les trois lois auxquelles parait soumise 3 l'action du chlore sur les combinaisons sulfonées, trouvent - une confirmation complète dans les faits nouveaux obser- vés au cours de ce travail.

Le chlore se substitue d'autant plus facilement à l'hydrogène d'une molécule contenant un groupe sulfoné, 1 . que le nombre d'atomes de carbone de cette molécule est - plus grand; ensuite, le remplacement de l'hydrogène par -

( 759 ) le chlore affaiblit graduellement la liaison des groupes sul- fonés au point de finir par l’annuler ; enfin, le chlore, loin de se porter sur l'atome de carbone non uni directement : au groupe sulfoné, se fixe de préférence sur celui-ci, de sorte qu'aprés la division de la molécule, on obtient des homologues du chloroforme.

Nous l'avons dit au début de ce travail, ces trois lois ne peuvent trouver une explication satisfaisante ni dans la théorie de Kekulé, ni dans la théorie de Kolbe. Les molécules organiques ne peuvent pas étre assimilées à des Systémes mécaniques simples, ni à des organismes. On verse dans l'erreur en raisonnant dans ces théories, non pas parce que celles-ci seraient complétement fausses, mais plutôt parce qu'elles ne nous donnent qu'un tableau incomplet de la réalité. En un mot, le défaut de ces théo- ries est d'étre trop simples. On doit les compléter.

Mais n'oublions pas non plus qu'il nons manque encore un renseignement essentiel, avant de faire une tentative dans le sens indiqué. On ne connait pas encore le rôle que peut jouer dans les phénomènes de chloruration, ce que l'on est convenu de nommer aujourd'hui la longueur de la chaine carbonée.

Dans notre dernier travail, nous avions déjà fait allu- sion à cette lacune de nos connaissances, et nous avions fait connaître notre projet de mesurer l'aptitude réac- tionnelle comparée des hydrocarbures d'une méme série vis-à-vis d’un même élément : le chlore. Des difficultés extraordinaires nous ont empêché d'aboutir jusqu'à pré- sent; mais nous pensons qu'en reprenant, par une méthode nouvelle, l’étude de la chloruration des hydrocarbures, conjointement avec celle des acides gras, nous pourrions résoudre le probléme.

( 760 ) Tel est l'objet du travail que nous nous permettons d'annoncer dés maintenant comme la suile naturelle de nos recherches actuelles.

Sur quelques dérivés nouveaux de l'alcool heptylique normal, comparés à leurs homologues; par C. Winssinger, ingénieur.

La découverte du premier alcool heptylique, faite en 1862, est due à Faget, qui isola ce corps de l'huile de marc de raisin.

Peu de temps aprés, d'autres chimistes, parmi lesquels on peut citer Bouis, Chapman, Schorlemmer et Cross, firent connaitre de nouveaux alcools présentant la méme com- position que le premier, et décrivirent quelques-uns de leurs dérivés.

Depuis cette époque, nos connaissances sur les dérivés de l'heptane sont restéesà peu prés ce qu'elles étaient; c'est ainsi qu'en ce qui concerne notamment l'alcool heptylique normal, on ne posséde encore des données que sur l'alcool lui-méme et ses éthers acétique, chlorhydrique, bromhy- drique et iodhydrique.

Des recherches précédentes (1) m'ayant fourni l'occasion d'étudier les dérivés sulfurés de quelques termes inférieurs de la série des hydrocarbures saturés normaux, je me vid proposé de répéter cette étude à l'égard des dérivés heptyliques, moins en vue de produire un travail descriptif et de cataloguer quelques substances nouvelles, que dans

ERU a

(4) Notamment, Bull. de l'Acad., série, t. XIII, 5, 1887 : Sur quelques dérivés du propane.

( 761 ) le but d’obtenir des séries homologues assez étendues pour donner lieu à une étude comparative.

Il n’est guère admissible, en effet, que l’étude des corps rangés dans une même série puisse se borner à la déter- mination de leurs propriétés individuelles, ni même à la découverte des analogies qu'ils présentent entre eux; cette étude doit être complétée par la recherche des relations qui doivent exister entre le degré variable de développe- ment des caractéres communs et la constitution molécu- laire des corps. |

Les résultats, encore peu nombreux, auxquels je suis Parvenu, prouvent que ce genre de recherche, loin d'exposer à des redites, ainsi qu’on pourrait le croire, peut Conduire, au contraire, à des observations intéressantes, capables d'apporter des éléments nouveaux à l'étude de la constitution de la matière.

A ce point de vue, la note que j'ai l'honneur de pré- Senter à l'Académie peut être considérée comme une annexe au travail que M. Spring et moi nous avons entre- pris sur les combinaisons sulfoniques et les oxysulfures organiques (1).

Les combinaisons heptyliques que j'ai étudiées sont : le sulfhydrate, le sulfure, l'acide sulfonique et le sulfone.

Avant de les décrire, et afin de ne laisser aucun doute sur l'identité de ces composés pour lesquels de nombreux isoméres sont à prévoir, j'exposerai succinetement le mode de préparation de l'alcool et du chlorure qui m'ont servi de point de départ.

(1) Bull. de Acad., 5* sér., t. Il, 19, 1881 ; sér.. t. IV, 8, 1882; 3* sér., t. VH, 4, 4884.

( 762 )

1. Alcool heptylique. On l'obtient facilement lorsque l'on traite l'eenanthol, produit de la distillation séche de l'huile de ricin, par de l'hydrogéne naissant. Suivant la méthode générale de Krafft (4), on dissout l'aldéhyde dans de l'acide acétique cristallisable, et l'on ajoute, par petites portions successives, de la poudre de zinc. On chauffe légérement pendant plusieurs jours.

L'hydrogénation terminée, l'aldéhyde se trouve convertie en acétate d'heptyle qu'on saponifie par la potasse.

L'alcool rectifié bout de 173? à 176°, retenant encore de l'eau que n'enléve plus le carbonate de potassium. On ne peut faire usage du chlorure de calcium, qui forme avec l'alcool une combinaison cristallisée.

2. Chlorure d'heptyle. On l'a préparé au moyen de l'aleool et de l'acide chlorhydrique que l'on a fait réagir en tube scellé, pendant deux heures, entre 130? et 150".

Le produit, lavé à l'eau, débarrassé d'un reste d'alcool par du pentachlorure de phosphore, puis rectifié, bout à 15852 (corr., à la pression de 760 millimètres (2). Il représente 86 °/, du rendement théorique.

Cette méthode est préférable à celle qui consiste à opérer la chloruration au moyen du chlorure de zinc, lequel attaque profondément l'alcool heptylique, en produisant un mélange complexe de chlorures normal et secondaire accompagnés d’heptylène.

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| 4. (4) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, 1885, s. s (2) Cross, Ann. Chem. Pharm., b. 189, s. 1, donne le no de 15902.

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RER

(765 )

3. Mercaptan. Ce corps prend naissance lorsqu'on met le chlorure d'heptyle en présence d'une solution alcoolique de snlfhydrate de potassium, mais il faut provo- quer la réaction en chauffant légèrement au bain-marie. Dés lors la double décomposition se fait rapidement, sans grand dégagement de chaleur, et le mercaptan formé gagne la surface du liquide, sous forme d'une couche huileuse. De fait, ce sulfhydrate est peu soluble dans l'aleool. C'est un liquide mobile, incolore, doué d'une odeur moins pénétrante que celle de ses homologues inférieurs.

Il bout à 174°.175°, à la pression de 760 millimètres, Sans éprouver la moindre altération. Au contraire, lorsqu'on le chauffe au bain-marie, mélangé à la solution alcoolique dans laquelle il s'est formé, il se décompose rapidement en sulfure d'heptyle et en hydrogène sulfuré.

C'estlà une propriété singulière, étant donnée l'extréme solidité qui caractérise ordinairement la liaison directe du soufre au carbone ; par exemple, dans les termes inférieurs de la série des mercaptans, dans les dérivés du benzol, etc.

La décomposition du mercaptan heptylique, que j'ai d'ailleurs déjà mentionnée (1), parait donc constituer une véritable anomalie. Cependant on verra plus loin, par l'examen comparatif des séries, que cette manière de voir n'est pas fondée, et que le phénomène semble être plutôt la conséquence naturelle d’une relation générale, qui appa- raît entre la tendance des radicaux à entrer dans une com- binaison et le degré de complication moléculaire qu'ils présentent.

(1) Dérivés du propane, loc. cit.

( 764 ^

4. Sulfure. Si l’on emploie, dans la préparation pré- cédente, du sulfure de potassium au lieu de sulfhydrate, on n'obtient plus que du sulfure d'heptyle. Ici encore il faut élever légérement la température pour que la réaction commence, au moins sans trop se faire attendre. Elle s'effectue alors en peu d'instants, et le rendement est presque théorique.

Le sulfure posséde une odeur moins forte et moins persistante que celle du mercaptan. Il bout à 298" sans se décomposer. |

9. Acide heptylsulfonique. L'acide nitrique d'une densité 1,5 attaque le sulfhydrate et le transforme en acide sulfonique.

La réaction, analogue à celle qui donne naissance à l'acide propylsulfonique, en diffère cependant par une moindre énergie. Elle ne se produit méme pas visiblement sans qu'on élève légèrement la température. Une fois commencée, elle s'achéve d'elle-méme avec dégagement de chaleur.

L'oxydation terminée, on sature le mélange acide, étendu d'eau, par un lait de carbonate de plomb. L'heptyl- sulfonate de plomb étant insoluble dans l'eau froide, et se dissolvant bien à chaud, on parvient trés aisément à le débarrasser du nitrate qui s'est formé. Aprés deux cristal- lisations, le sel de plomb est décomposé par l'hydrogène sulfuré, et l'acide est évaporé jusqu'à consistance sirupeuse.

Il est soluble dans l'éther, ce qui permet de lui enlever les dernières portions d'eau. Néanmoins l'acide ne cristallise qu'aprés un séjour prolongé dans le vide au-dessus de l'acide sulfurique. Il est alors formé d'une masse de gros

( 76 ) | mamelons atteignant 1 centimétre en diamétre, et dont la cassure est rayonnée. |l peut être rangé parmi les corps les plus déliquescents que l'on connaisse. Il fond un peu au-dessus de 15*.

6. Oxysulfure d'heptyle. Ce corps résulte de l'oxy- dation du sulfure par l'acide nitrique (densité 1,4). On verse le sulfure dans l'acide tiéde. Le dégagement de cha- leur n'est pas considérable. L'oxysulfure produit reste combiné à l'acide nitrique en excés, sous forme d'une couche huileuse. Cette combinaison est analogue à celles que produisent les oxysulfures en général dans les mémes conditions. On la détruit par l'eau, qui enléve l'acide et abandonne l'oxysulfure. Ce dernier a l'aspect physique d'une graisse solide. On le purifie, d'abord par l'eau chaude, ensuite par des cristallisations dans l'alcool, ou mieux dans l'éther.

L'oxysulfure d'heptyle pur rappelle, par ses caractères extérieurs, l'acide stéarique. Il est incolore; il fond à 70° €n se dilatant notablement. Solide, il posséde à peu prés la densité de l'eau. I! se dissout dans l'acide chlorhydrique Chaud avec lequel il semble se combiner de méme qu'avec l'acide nitrique.

T. Diheptylsulfone. (C7H'5)?SO?. On prépare ce sul- one, comme tous ses homologues à partir du terme pro- Pylique, en oxydant l'oxysulfure au moyen du permanga- Date de potassium.

Comme l'oxysulfure est solide, on le fond sur une Solution sursaturée de permanganate, et l'on agite le mélange pendant qu'on le chauffe jusqu'à l'ébullition. Sitót commencée, la réaction s'active d'elle-même, à

( 766 ) tel point qu'il devient nécessaire de la modérer par une addition d'eau froide. Cette dernière circonstance pourrait faire supposer que la transformation de

(C'H5?S0 en (C55) SO? dégage plus de chaleur que celle de (CH5?S en (C'H'5: SO,

puisque, dans ce dernier cas, la température s'éléve peu pendant la réaction. Mais, sans avoir procédé à des déter- minations calorimétriques, je pense qu'il n'y a qu'une illusion due aux conditions particuliéres de chaque réac- tion. En effet, pendant l'oxydation, le sulfure se dissout dans une grande masse d'acide nitrique, tandis que l'oxysulfure fondu ne se mélange pas à la solution de permanganate, et presque toute la chaleur de combinaison s'y concentre.

On purifie le sulfone obtenu en le dissolvant à plusieurs reprises dans de l'aleool bouillant, qui l'abandonne, par refroidissement, en feuillets nacrés, fusibles à 80°.

A 1%, il est plus dense que l'eau, mais à l'état liquide il est moins dense que cette derniére. ;

Il se dissout trés peu dans l'éther, lentement dans l'acé- tone, le sulfure de carbone et l'acide acétique; presque pas dans la térébenthine, mais trés rapidement dans le chloro- forme, son meilleur dissolvant.

L'acide nitrique le plus concentré ne l'attaque aucune- ment à la pression atmosphérique, méme à chaud. I| se dissout dans cet acide à l'ébullition, mais s'en sépare par refroidissement.

767 )

Considérations générales sur les séries homologues aux- quelles appartiennent les dérivés heptyliques sulfurés précédents.

Ces séries, au nombre de cinq, sont les suivantes :

Séries, Formule, Termes connus. Sulfhydrates. HK. S. H. 1,2, 5,4,:06,7 Sulfures. R. S. R. 5*5. 7 Oxysulfures. RSOR N. CA Sulfones. R.5.0.0: R, LX XEM + Acides sulfoniques. R S. 0.0.0.H. 1,2,5,4,6,7

R figurant un radical alcoolique normal.

A. Relations entre les points d'ébullition.

En général, si l’on trace une courbe en prenant pour abscisses des longueurs proportionnelles aux nombres d'atomes de carbone contenus dans la molécule de chaque terme d'une série, et pour ordonnées des longueurs pro- portionnelles aux points d'ébullition correspondants, on obtient une ligne assez régulière, d'une courbure peu pro- noncée, et dont la concavité se trouve tournée vers l'axe des abscisses.

Si, en un méme tableau, l'on applique ce tracé aux principales séries des corps gras (1), on voit qu'à quelques exceptions prés, les courbes présentent toutes une régu-

sm mur

(1) Notamment aux séries suivantes : acides, chlorures, bromures, iodures, cyanures, sulfures, sulfhydrates, acétates, formiates alcooli- ques, aldéhydes, éthers simples, acétones symétriques, acctones mixtes (dont chaque terme renferme le radical CH*), monamines, etc.

( 768 ) larité de même ordre, et que de plus la grande majorité d’entre elles ont une allure semblable; de telle sorte que l'ensemble du tracé a l'aspect d’un faisceau de lignes presque paralléles à une directrice commune.

En examinant ces courbes, on peut, plus facilement qu'en faisant usage de formules d'interpolation, juger de l'exactitude relative des points d'ébullition des corps rangés en une méme série, ou, inversement, découvrir des erreurs de classification provenant soit de ce que certains corps n'étaient que les isomères des combinaisons sup- posées, soit de ce qu'ils n'étaient pas purs; enfin l'on peut prévoir avec une assez grande probabilité la tempé- rature ébullition d'une substance encore inconnue.

C'est ainsi, par exemple, qu'il est aisé de constater que le sulfure hexylique, passant pour normal, offre un point d'ébullition probablement trop bas d'environ 30». Le fait n'aurait rien de surprenant, étant donné que ce sulfure a éié préparé au moyen d'hexane provenant du pétrole.

Le sulfhydrate hexylique, provenant de la méme source, présente aussi un point d'ébullition qui semble trop faible, mais de quelques degrés seulement.

Autre exemple : En examinant la courbe des sulfures normaux, dont la forme vient d'étre mieux déterminée par la connaissance du terme éloigné

(CHR S ;

qui renferme quatorze atomes de carbone, on voit què le nombre 141°,5-142,5, que j'ai trouvé en mesurant le point d'ébullition du terme propylique, répond mieux à la forme du diagramme que le nombre précédemment admis 150°- 155*. La première de ces données se justifie d'ailleurs par des considérations d'un autre ordre.

( 769 )

B. Relations entre les propriétés chimiques. -

Si l’on possédait actuellement la définition exacte de la cause efficiente de la combinaison chimique, et le moyen d'en mesurer les effets avec précision, de façon que le degré d'intensité des réactions püt être représenté par des nombres rapportés à une unité vraie, il serait facile, aprés avoir mis les termes successifs d'une série homologue en présence d'uu méme réactif, d'apercevoir des relations entre l'intensité réactionnelle (1) et la constitution molé- culaire.

On pourrait notamment faire usage du moyen graphique applicable à la comparaison des points d'ébullition, et il est à présumer que les diagrammes que l'on obtiendrait seraient, comme les précédents, des courbes réguliéres, indiees d'une loi générale de continuité.

Pareille étude est malheureusement au-dessus des forces de la chimie moderne, qui n'est point encore par- venue à mesurer l'intensité réactionnelle.

Dans ces conditions, la comparaison des réactions ne peut étre qu'appréciative et, par conséquent, approxima- live; mais il ne s'ensuit pas qu'elle soit inutile; au con- traire, car les résultats imparfaits qu'elle peut donner

om

(1) Qu'il me soit permis d'employer ici cette expression pour dési- gner la résultante de toutes les forces, quelles qu'elles soient, qui concourent à l'acte de la combinaison.

Sme SÉRIE, TOME XIV. 52

( 4320. ) contribueront peut-être à faciliter la découverte de la cause méme des réactions.

Lorsqu'on étudie parallélement, par séries, les dérivés sulfurés dont l'énumération précéde, on peut, en estimant l'intensité réactionnelle d’après l'ensemble des phénomènes observés, faire les remarques suivantes :

Dans la formation des sulfhydrates par l'action du chlorure alcoolique sur le sulfhydrate de potassium, l'inten- sité réactionnelle semble diminuer à mesure que la chaîne carbonée augmente de longueur. On verra, par exemple, que le mercaptan éthylique se forme immédiatement à la température ordinaire, tandis que l'homologue heptylique ne le fait pas; de plus, les manifestations thermiques sont fort différentes ;

2 Les sulfures se comportent de la méme façon;

De méme, à mesure que la chaine carbonée s'accroît, les sulfhydrates se montrent de moins en moins stables. Le septième terme, par exemple, offre un caractère d'insta- bilité déjà trés marqué; ainsi qu'on l'a vu, il se dédouble facilement en sulfure et hydrogène sulfuré;

4 Les sulfures et sulfhydrates réagissent de moins en moins vivement avec l'acide nitrique;

5 Les oxysulfures eux-mêmes, d'abord facilement oxy- dables, perdent ensuite ce caractére, à tel point que, dés le troisième terme, ils résistent à l'action de l'aeide nitrique ;

D'autre part, les oxysulfures étudiés possèdent tous la propriété de s'unir à l'acide nitrique, pour former une combinaison définie, qui conserve le caractère d'un acide.

Les remarques qui viennent d'étre faites sont toules concordantes et se prétent un mutuel appui. Elles tendent

M E i inc. cu

C TH)

à établir qu'un radical organique devient de moins en moius eapable de se combiner par addition à une méme substance, à mesure qu'il s'accroît du groupe CH?.

Mais avant de généraliser cette thése et de l'ériger en un principe d’où l'on puisse utilement tirer des con- clusions, il importe qu'on multiplie les données sur les- quelles elle repose, et qu'on s'assure qu'elle s'applique à tous les types de réaction qui nous sont connus.

Je me propose d'entreprendre de nouvelles recherches sur ce sujet.

Laboratoire de la Faculté des sciences de l’Université de Liége.

Sur la découverte de poissons devoniens dans le bord nord du bassin de Namur; par C. Malaise, membre de l'Aca- démie.

J'ai l'honneur d'annoncer à la Classe des sciences qu'un de mes éléves, M. Victor Dormal, candidat en sciences naturelles, a trouvé, dans les couches du calcaire de Givet, exploitées à Alvaux (Bossières), divers débris de poissons.

Profitant d'un voyage scientifique en Angleterre, je les ài soumis à l'examen de M. Henry Woodward, chef de la section paléontologique au British Museum, et à M. Wil- liam Davies, attaché au méme établissement. D'après les déterminations de ces messieurs, ils appartiennent à diverses parties se rapportant aux genres Cephalaspis, Coccosteus, et Holoptychius, genres en partie nouveaux

(2/2 ) pour la Belgique. Ils sont analogues à ceux signalés par Pander, en Russie (1). Ces poissons ont été rencontrés dans des calcaires ren- fermant les espèces caractéristiques du devonien moyen :

Macrocheilus arculatus, Murchisonia bilineata, Stringocephalus Burtini, Uncites gryphus, Cyathophyllum quadrigeminum.

M. V. Dormal a également trouvé des restes de poissons dans les roches rouges du Mazy et dans le calcaire de Bovesse, appartenant au devonien supérieur. Il en a aussi rencontré dans le calcaire à crinoides du carbonifère infé- rieur, entre la ferme de Falnuée (Mazy) et le chàteau de Mielmont (Onoz) : dents de Cochliodus et de Helodus.

De mon côté, j'ai trouvé des écailles de Holoptychius nobilissimus, et des dents d'autres espéces dans les psam- mites du Condroz, au bois de la Rocq, prés d'Arquennes; et divers débris de poissons, à Marches-les-Dames, dans les schistes des Isnes au voisinage des oligistes.

E e Leur À ARE

(^) Dr C.-H. Panper, Geognostiche Beschreibung, der Russich Bal- tischen Gouvernements, St-Petersburg, 1857.

(778)

Sur la nature minérale des silex de la craie de Nou- velles, contribution à l'étude de leur formation; par A.-F. Renard et C. Klement.

Dans la notice que nous avons l'honneur de présenter

à l'Académie, nous nous proposons surtout d'étudier les questions qui se rattachent à la nature minérale du silex de la craie : sous quelle forme la silice existe-t-elle dans ces concrétions? Quels sont Tes caractères physiques et chimiques des matiéres siliceuses qui les constituent? Nous nous appuyons pour les résoudre sur l'examen microsco- pique et les analyses que nous avons faites du silex noir de la craie de Nouvelles, troisième assise de la craie blanche du Hainaut, d'aprés la division de MM. Cornet et Briart. Dés les débuts de la géologie, les problémes que pré- sentent ces concrétions siliceuses ont attiré l'attention des savants; on a formulé des opinions diverses sur leur mode de formation et sur l'état moléculaire de la silice qu'elles renferment. Nous avons voulu donner dans cette notice un aperçu général sur la question d'origine des silex de la craie, et nous avons pensé qu'il serait peut-étre utile de voir réunies les diverses hypothéses auxquelles ces Concrétions ont donné naissance. Sans nous arrêter aux travaux anciens, nous nous bornons à les résumer avant * exposer les résultats de nos recherches. A la fin du travail nous indiquons l'interprétation que nous eroyons pouvoir accepter pour expliquer l'origine du silex. Nos recherches, j basées sur des faits dont on a moins tenu compte, mais qu'il importe de faire entrer en considération, apporteront

( 774 ) quelques données complémentaires pour interpréter la formation de ces concrétions siliceuses.

On considére généralement le silex comme un mélange intime de silice amorphe hydratée et de silice cristalline ; comme un état intermédiaire entre le hornstein (silex corné) crypto-cristallin et l'opale amorphe. A cette masse principale viennent s'ajouter de petites quantités de matières accidentelles, telles que l'alumine, le fer, la chaux, les alcalis et des matières organiques. Ces dernières provoquent souvent la coloration des silex. Ils forment des nodules ou des lits eontinus, orientés suivant les couches, ou bien ils affectent une disposition plus irrégu- liére, quelquefois ils traversent la craie sous la forme de veines. On les trouve surtout dans la craie, ils consti- tuent un horizon caractéristique pour certains étages. Leur forme est très variable, elle imite en cela celle des corps concrétionnés. Souvent, ils renferment des restes orga- niques siliceux ou silicifiés, surtout des foraminifères, des bryozoaires, des diatomées, desspicules de spongiaires, etc ; souvent méme on y trouve des éponges entiéres.

Guettard, de Luc, Faujas S'-Fond, Dolomieu, Huot, Parkinson et d'autres, admettaient déjà que ces nodules ne sont autre chose que des spongiaires associés à certains organismes qui auraient extrait, de l'eau de mer, la silice d’où se serait formé le nodule. Plus tard Bowerbank et Ansted, ayant soumis les silex à l'examen microscopique,

confirmérent cette interprétation, en s'appuyant sur le fait ,

que la silice renferme presque toujours des spicules de spongiaires et d’autres organismes microscopiques siliceux.

Dans un travail, publié en 1849, dans le Quarterly Journal of the Geological Society, Bowerbank, résumant les idées qu'on avait émises avant lui sur l'origine de ces

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( 775 )

nodules, se demande d’où peuvent venir les quantités énormes de silice qui ont été emmagasinées dans les fos- siles et qui continuent à se séparer encore de l’océan. On ‘a exprimé bien des opinions sur ce phénomène, dit-il, on à invoqué comme causes l'extréme chaleur, les grandes pressions, les sources thermales, une condition spéciale gélatineuse de la silice. Mais aucune de ces causes ne lui parait donner une interprétation suffisante pour les vastes dépôts de silice unis aux matières organiques. La pression et la température élevée sont incontestablement des agents actifs pour produire la solution de silice en excès, dont quelques sources minérales sont chargées. Ces agents sont peut-étre trés énergiques pour former certains produits minéraux à l'intérieur de la terre; mais, pour ce qui con- cerne la silice des fossiles et celle scerétée par les orga- nismes vivants, les causes invoquées lui paraissent avoir été moins cn jeu qu'on ne le suppose communément. On a attaché beaucoup de poids à l'hypothèse que les spicules de spongiaires agissent comme centres d'attraction, lorsqu'ils se fossilisent; mais c'est un fait remarquable que cer- tains spongiaires dans lesquels ces spicules abondent, sont * extrêmement rares à l'état fossile.

Mantell décrivait les nodules et les veines de silex Si fréquents dans le terrain erétacé supérieur, comme ayant été formés sous l'action d'eau surchauffée tenant en solution de la silice. Il montrait que cette matiére siliceuse devait avoir été páteuse ou dissoute avant sa conso- lidation, paree que certains nodules présentaient des empreintes bien nettes de coquilles, parce qu'un grand nombre de corps organiques étaient inclus dans ces con- crélions et enfin, parce que des spongiaires se rencon- traient si fréquemment enveloppés de silice dans les

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*

( 476 ) couches crétacées. Il eroyait que l'eau surchauffée, dissol- vant la silice des roches, au travers desquelles elle circu-

lait, pouvait réaliser tous les phénomènes présentés par les nodules, les veines, les filons de silex ; que ces concré*

tions pouvaient dériver, en un mot, du quartz des roches granitiques et d'autres roches plutoniques dissous dans des eaux thermales venant se jeter dans le bassin se formait la craie.

Mantell ajoute que d’autres sont portés à penser que les silex de la craie, de l'Oolite de Portland et de certaines couches calcareuses, doivent leur origine aux spongiaires dont on retrouve souvent les traces dans le silex. Bower- bank, dit-il, admet cette origine pour tout le silex que renferment les terrains crétacés (1). Mantell fit remarquer, en outre, que bien souvent des coquilles calcareuses sont remplacées par la silice. Il se ralliait, pour expliquer ce remplacement de la matière calcaire par l'élément siliceux, à une interprétation déjà donnée par Dana. Il admettait que la silice, dissoute dans l'eau de mer surchauffée, sous pression, en présence d’alcalis, se précipitait dés que la pression et la température diminuaient. L'acide silicique remplacait alors, atome par atome, le carbonate de chaux qui entrait en solution. Si nous nous sommes arrêlés un instant à cette interprétation, c'est qu'elle a été souvent reprise depuis pour expliquer la formation des silex.

Notons que Mantell signale dans les silex de l'Irlande des miero-organismes siliceux dont les coquilles sont silici- fiées et dont les chambres, dans le cas elles étaient

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(1) Cité par Waguicu, À contribution to the physical history of the

cretaceous flints, Quart. Journ. geol. Soc., 1880, pp. 68 et 69.

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(777)

vides lors de la silicitication, sont de même entièrement remplies par de la silice. Si ces organismes contenaient encore des substances organiques, on voit celles-ci souvent conservées sous la forme d'une matière à laquelle jl donne le nom de molluscite; dans plusieurs cas, il vit les coquilles remplies d'une substance grenue de couleur ambre, qui est peut-être la matière organique primitive de l'animal, ou de la silice colorée par cette substance. Ces derniéres Observations, comme nous le montrerons, conservent encore aujourd'hui toute leur valeur.

Ehrenberg, dont le nom est lié à l'étude de l'action géolo- gique des micro-organismes, défendit aussi l'origine orga- nique des silex ; il admet que ce sont surtout les infusoites Siliceux, comme il les appelle, qui ont donné naissance à ces nodules. Ils ne seraient autre chose qu'une accumulation de carapaces d'organismes microscopiques siliceux dont tous les pores sont pénétrés par de la silice. I! montra la présenee de spicules de spongiaires et de radiolaires dans Plusieurs nodules de silex. C'est par cette théorie qu'il expliquait pourquoi, dans la craie de l'Europe méridionale, on trouve des couches marneuses remplies d'organismes siliceux, mais le silex est peu ou point représenté; tandis que dans les couches crayeuses du Nord, riches en silex, ces masses siliceuses font défaut; on peut dire que le silex remplace ici les marnes à organismes siliceux.

Avant d'aller plus loin, notons un détail sur lequel Ehrenberg insiste. Le silex est souvent recouvert à la partie externe d'un enduit plus ou moins compact, quel- quefois friable et d’ aspect farineux, blanchâtre ou jau- nàtre. Parlant de ces zones externes, ce savant constate tout d'abord qu'elles ne sont pas de la craie, mais de la Silice ; il admet que ces zones ne sont pas produites par

( 778 ) décomposition du nodule, mais qu'on peut les considérer comme une zone la consolidation. n'est pas encore faite, où, en d'autres termes, la substance siliceuse, qui a cimenté les nodules, ne s'est pas déposée entre les éléments encore plus ou moins isolés. Il appuie cette manière de voir par le fait, qu'il rencontre, dans cette patine, un grand nombre d'organismes dont les formes sont bien nettes,

A ces observations on peul opposer les suivantes : d'abord, pour un grand nombre de silex, la zone externe est. tellement épaisse que non seulement la concrétion en est constituée à la périphérie, mais qu'elle pénétre, peut- on dire, jusqu'au cœur du nodule. On comprend d'ailleurs, si l'on admet que la zone externe est décomposée, que les organismes doivent y apparaitre mieux que dans les par- lies massives, car l'élément qui cimente étant, comme nous le verrons, la partie la plus soluble, a disparaitre sous l'influence des agents d'altération. De méme qu'il est impossible de voir les organismes microscopiques consti- tutifs dans des bancs de calcaire massif, de même appa- raissent-ils parfaitement dès que le calcaire est altéré et devient terreua à la surface des cassures ou des bancs; fait bien connu d'ailleurs des chercheurs de fossiles.

Nous passerons sous silence un grand nombre de tra- vaux qui n'ont fait que redire avec plus ou moins de détail les interprétations que nous venons de rappeler.

Dès que les premiers sondages en mer profonde eurent révélé l'existense de la vase à globigérines, ct fait penser aux relations qui existent entre ces dépóts des océans modernes et les formations géologiques de la craie, l'at- tention fut vivement attirée sur l'origine des silex.

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( 779)

Lycli, dans sa « Géologie élémentaire (1) », rappelant le résultat des sondages en mer profonde par le D" Wallich, dit: sur certains fonds de mer les rhizopodes calca- reux ne sont pas représentés, des plantes microscopiques, les diatomées, dont les parties solides sont composées de silice, s'étalent sur le lit de la mer à des profondeurs de 400 brasses. La grande quantité de silice en dissolution, que réclament ces plantes, dérive probablement de la désintégration des roches feldspathiques dont plus de la moitié de la masse est formée de silice; elles peuvent en fournir des quantités inépuisables à tous les grands fleuves. Il serait possible, en outre, qu'après une longue Série d'années, des modifications se fissent sentir dans l'allure des courants marins; cette. modification des cou- rauls aurait déterminé, en un point, le développement des organismes siliceux et, en un autre, celui d'organismes calcareux. Les éponges peuvent, par leur décomposition, àvoir donné naissance à la silice qui, en se séparant de la vase calcaire, se groupait sur des corps organiques, formait des nodules ou remplissait des fissures de retrait. Dans les Principles of Geology, Lyell dit : « Le caractère homogène » de la craie blanche ou de la partie supérieure de la » grande formation crétacée, qui s'étend sur une aire » considérable de l'Europe, peut s'expliquer maintenant (1872) par le fait qu'elle est formée exclusivement des » restes Calcareux de foraminifères, tandis que la silice » que renferme cef couches doit surtout son órigiite aux » diatomées (2). »

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(1) Lyer.. The Student's Elements of Geology, 1874, pp. 264 et suivantes,

(2) Lveu, Principles of Geology, 41° édition, 1872, vol. I, p. 216.

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Eu 1869, on :ouleva la question de la nature de la vase caleaire trouvée dans le fond de l'océan; on la con- sidérait comme étant le représentant de la craie et on avanca méme que nous vivions encore dans la période crétacée. Nous n'avons pas à discuter ici cette question, mais citons l'interprétation que donne à ce sujet Sir Wy- ville Thomson (1) pour expliquer la présence des nodules siliceux des terrains crétacés : « La silice organique, dis- » tribuée dans la craie sous la forme de spicules de spon- » giaires et d'autres organismes siliceux, doi! avoir été » dissoute sous l'action d'une cause à déterminer, et lors- » qu'elle était à l'état colloïde, elle a se mouler dans » les vides 'aissés par des fossiles. »

Wallieh (2), dans son Histoire physique des silex de la craie, reprend la question; aprés avoir envisagé les résul- tats des sondages en mer profonde, il applique, pour expliquer la formation de ces conerétions, les hypothèses qui avaient cours, à cette époque sur la présence d'une matiére protoplasmique étalée sur le lit de la mer (5).

Nous donnons ici quelques-unes des conclusions de cet auteur qui se rapportent à notre sujet :

La silice des silex dérive surtout des lits d'éponges

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(1; Tnousow, The Depths of the Sea, 1872, p. 482.

(2) Warricu, On the physical history of the cretaceous flints, Quar- terly Journal of the Geological Society, XX€'I, 1880, p. 68.

(3) Wallich n'explique pas seulement de cette facon l'origine, mais la forme du silex; il dit: « Those characteristic amcebiform outlines » which, according to my hypothesis, are dependent on the presence » of, and the consolidation of the silica with, the accumulation of » nearly pure protoplasm still sufficiently recent to have resisted » admixture with caleareous or other matter. »

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( 784 ) qui s'étalent sur de grandes aires dans les parties du lit de l'océan se dépose la vase à globigérines;

2 Les éponges des mers profondes, avec la matière protoplasmique qui les environne, constituent les éléments les plus importants dans la formation et de la disposition stratifiée des lits de silex;

9' Tandis que presque tout le calcaire, sécrété par les foraminifères et d'autres organismes du fond et de la surface, forme la vase calcareuse, presque toute la silice, dérivée des éponges de mer profonde et des protozoaires de la surface, forme les silex;

4' Les éponges du fond des mers sont le facteur essentiel dans la formation du silex ; Ces silex sont le résultat de l'action des organismes tout comme la craie elle-même; La stratification des silex est due à ce que les protozoaires sessiles sont confinés à la couche superficielle du dépôt vaseux.

Dans la discussion, qui suivit la lecture de ce travail à la Société géologique de Londres (1), M. Sorby a fait remarquer, avec beaucoup de justesse, que, puisque dans les couches crétacées qui renferment des silex, les orga- nismes siliceux ne se retrouvent plus; tandis que dans les Vases des océans modernes les restes siliceux existent et les nodules manquent, on doit en conclure que c'est aux organismes siliceux que les silex doivent leur origine.

Les remarques de M. Seeley nous paraissent devoir être surtout notées. Il fit observer que les fissures remplies de silex et les couches tabulaires qui entourent les nodules

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(1) Quart. Journal Geol, Soc., loe cit., p. 91.

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( 782 ) moutrent que la silice s’est déposée dans les couches de la craie. Le flint. des fissures doit être produit par des infil- trations venant de la craie. Il est porté à penser que les masses siliceuses de la craie ont des analogies marquées avec les septaria des argiles, et que les silex s'étaient

développés après le dépôt des couches. M. Huddleston fit

observer que M. Mortimer, dans son travail sur le Marsu- pite Chalk de l'Yorkshire ne renfermant pas de flint, établit que ces couches contiennent deux fois autant de silice que la craie à silex. A North Grimston, dans le

Coral Rag, les couches sont horizontales, il n'y a pas

de flint; partout elles sont infléchies, on en trouve. Nous devons nous arréter plus longtemps au travail de M. Sollas sur les nodules de silex de la craie de Trimmin- gham (1). L'auteur a envisagé les divers aspects de l'his- toire bien compliquée du. silex ; son mémoire mérite à tous égards une analyse détaillée. M. Sollas se rallie à l'opinion défendue autrefois par Ehrenberg, Lyell et plus récemment par W. Thomson, Wallich et Alexis A. Julien. Il démontre que les sédiments qui renferment des nodules de silex doivent avoir contenu autrefois des quantités plus ou moins considérables d'organismes siliceux, qui n'y existent plus aujourd'hui. Ainsi, dans les silex de Trim- mingham, on observe des fragments d'hexactinellides et de lithistides et d'autres restes de spongiaires indiquant, d'une maniére bien évidente, qu'autrefois ces sédiments devaient renfermer des éponges entiéres; d'un cóté, les spicules qui sont conservés montrent des traces incon-

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(1) W.J. Souzas, On the ftint nodules of the Trimmingham chalk, Ann. Mag, nat. hist., nov. 1880. :

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( 785 )

testables de corrosion. Il a constaté des faits analogues dans un grand nombre de roches de formation ancienne et plus récentes de l'Amérique, de l'Écosse et de l'Angle- terre, et il signale aussi que la silice des éponges, dans quelques-uns de ces terrains, est remplacée par la caleite. M. Sollas, aprés avoir montré que les spicules de spon- giaires ont, selon toute probabilité, donné naissance au silex, recherche la cause de l'accumulation de ces spicules. Proviennent-ils d'éponges qui vivaient aux points nous rencontrons leurs débris, ou ont-ils été amenés sous l'action de courants ?

L'examen des silex montre qu'ils renferment des spicules de différents genres et de différentes familles d'éponges. Certains spongiaires bien caractéristiques de la craie, comme Poterion cretaceuim, qui est certainement in situ, est rempli de spicules appartenant à d'autres espèces. L'auteur admet que la profondeur à laquelle les dépôts crayeux de Trimmingham se sont formés, est comprise entre 100 et 400 brasses. Ces conditions bathymétriques ne sont pas inconciliables avec l'existence de courants, et nous verrons plus loin que nous avons bien des raisons d'admettre que des actions mécaniques étaient en jeu lors de la formation de la craie. Mais acceptons ici, pour-le fait «dont il s'agit, l'interprétation que suggère M. Sollas; elle est suflisante pour expliquer la formation des nodules. Nous croyons que l'aire sur laquelle se trouvent aujour- » d'hui les spicules de Trimmingham était autrefois un » lit de spongiaires ces organismes vivaient en grand ? nombre, et s'y accumulaient générations aprés géné- > rations... plusieurs avaient une existence parasitique ? Ou épizoique, d'autres eroissaient sur le même support, > de méme qu'aujourd'hui nous ne voyons pas moins de

( 784 )

sept espéces d'éponges croissant ensemble sur un petit fragment de Lophohelia (1). Aprés la mort et lors de la dissolution des organismes, les spicules se mélérent, des courants peuvent avoir alors contribué à accumuler ces restes organiques.... Les éponges, assez résistantes pour maintenir leur forme, peuvent avoir été recouvertes et remplies de spicules et de vase. Nous aurions ainsi l'interprétation de ces éponges fossiles présentant une forme externe bien préservée et qui renferment un curieux mélange de spicules ».

M. Sollas résume les causes qui peuvent déterminer la solution des spicules. D'après M. A. Julien (9), ce seraient les acides humiques, produits par la décomposition sous-marine des organismes, qui auratent été les agents de la solution. L'auteur eroit que l'eau de mer aidée de la pression pour- rait suflire (5). Lorsqu'il veut expliquer que la silice, aprés avoir élé tenue en solution, va se déposer dans le méme sédiment dont-elle a été éliminée, il se heurteà des objec- lions qui peuvent être levées si l'on admet, comme nous le ferons, que le concrétionnement de ce corps ue s'est pas fait sur le fond méme de la mer. Il arrive, en effet, à sup- poser, pour expliquer la précipitation de la silice, que le fond de la mer aurait pu se soulever et que la silice, tenue

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(1) Carter, Ann. mag. Nat. Hist., sér. 4, vol. XH, pl. 4, fig., s. 1,2. (2) A. Jurien, Proc. Am. Ass. Adv. Science, XXVMI, p. 396, 1879. (5) M. Sollas rapporte (loc. cit., p. 444). pour expliquer la décom- position de certains silex, que la calcite renfermée quelquefois dans les nodules peut les avoir rendus attaquables à l'eau de pluie, plus ou moins chargée d'aeide carbonique; quoique, ajoute-t-il, la quantité extrêmement petite de chaux, que montrent les analy ses, doit nous faire hésiter à sehir cette interprétation.

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( 785 )

en solution sous l'influence de la pression, se serait déposée à chaque exhaussement. Nous verrons que cette hypothèse est au moins aussi peu probable que celle que MM. Hull, Hardman et Renard invoquaient autrefois pour expliquer la silicification du calcaire (1). Hàtons-nous d'ajouter que M. Sollas reconnait lui-même que cette explication soulève des objections sérieuses, et qu’il n’attache pas une grande valeur à cette interprétation.

Après avoir rappelé que la silice peut remplacer le car- bonate de chaux et indiqué les formes qu'affecte le silex de la craie : lits, filonnels, conerétions autour d'éponges, il examine les causes qui ont déterminé cette concentration de silice autour de ces derniers corps. Voici, en résumé, comment il rend compte de ces phénoménes : On sait qne Graham a montré que la silice possède la propriété de se combiner avec des substances, telles que l'albumine et la gélatine, pour former des silicates; il suppose, qu'après la mort des spongiaires, l'acide silicique tenu en solution vient se combiner avec les tissus de ces organismes, et former avec eux un composé chimique qui se décomposera plus tard en carbone, hydrogène, etc., abandonnant la silice, qui se concentrera comme le carbone dans la houille. Il Suppose en même temps que le silicate de sodium qui

(1) Hur et Harpman, Seientifie transactions of the Royal Dublin Society, 1878, vol. I, p. 71.

RENAnp, Recherches lithologiques sur les phthanites du calcaire carbonifère. Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 2* sér., t. XLVI, 1878. L'interprétation donnée par ces auteurs, pour expliquer l'origine des phthanites, n'a pas été admise par M. Sollas et plus récemment par M. Hinde, Dans une prochaine notice consacrée à l'étude de cette question, nous reviendrons sur cette controverse.

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pourrait être contenu dans l’eau se décomposerait sous l’action de l'acide carbonique, provenant de la matière organique en décomposition, et qu’il se formerait ainsi du carbonate de sodium et de l'acide silicique libre. H n'admet pas que toute la silice qui remplace les substances organiques, ou les parties dures des organismes, ait toujours été fournie par la décomposition des spicules de spon- giaires. Dans le cas des coquilles silicifiées de Blackdown, par exemple, la silice proviendrait de l'altération des sables de cette formation par l'action de l'eau contenant de l'acide carbonique.

En résumé, il admet : que la silice se combine avec les matiéres organiques, c'est un fait, dit-il, admis en chimie; 2? que le silicate ainsi formé se décompose et que la silice se concentre. Il ajoute que ceci n'est qu'une hypothése, mais qu'elle se concilie trés bien avec d'autres faits chimiques. Avant d'aller plus loin, insistons sur les difficultés que présente la discussion des idées hypothé- tiques que suggère M. Sollas. On sait, en effet, quels doutes soulèvent encore les questions relatives aux combinaisons qui peuvent se réaliser entre plusieurs corps en présence, et, d'un autre côté, on devrait pouvoir apprécier si les con- ditions, ces nodules se sont formés, sont comparables à celles des expériences du laboratoire. Ainsi, dans les expé- riences de Graham, auxquelles il vient d'étre fait allusion, on à expérimenté avec de la silice en solution concentrée, et rien ne prouve, à notre avis, que des solutions de cette nature aient existé lors de la formation des nodules. Nous ne voulons pas dire que, lorsqu'on le peut, on ne doive pas aller plus loin que les faits, mais encore importe-t-il de détacher nettement les spéculations de l'observation directe. Ceci ne s'adresse pas à M. Sollas, qui fait preuve

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( 787 ) dans le travail, que nous analysons, d'une grande circon- spection à cet égard. M. Julien modifie la théorie de M. Sollas en ce sens qu'il admet que, durant la décomposition des parties molles des végétaux et des animaux, il se forme des substances gélatineuses ou colloïdes ressemblant à la glairine, qui Sont solubles dans l’eau de mer et se combinent avec la silice. Elles concentrent cette matière et dissolvent les particules s'liceuses qui sont disséminées dans les sédiments. Cette opinion se rapproche de celle déjà exprimée par Bischof et d’après laquelle la silicification ne serait autre chose que la combinaison des acides cré- niques (Quellsäuren), produits par la décomposition de substances organiques(par exemple des mollusques) et de la silice qui est en solution dans les eaux. M. Julien attribue la forme des silex non à la matière organique, mais il admet que la silice s'est déposée autour d'organismes et de par- ticules siliceuses non dissous, qui deviennent les centres des nodules, M. Sollas étudie ensuite le rôle qu'ont joué, dans la pré- cipitation de la silice, les squelettes des éponges qu'on retrouve revétus de silex, et il passe enfin aux nodules irré- guliers de flint. Il conclut, contrairement aux idées de Wallich, que cette forme n'est pas due à l'action directe des matières organiques; il Pattribue à la distribution irré- Sulière de solutions siliceuses dans un lit irrégulier lui- méme de spicules de spongiaires, à l'époque ces solu- lions remplissaient la craie et déposaient de la silice entre les interstices de ces masses calcareuses. Il ressort done de ce travail, abondent les vues et bien des points sont traités par un habile spécialiste, que l’histoire du silex commence à s'éclaircir. Nous résumons

( 788 )

les résultats principaux en disant que la silice du silex est dérivée des spicules de spongiaires; qu'elle a été déposée d'abord comme remplacement de la craie, et qu'une dépo- sition subséquente de silice a transformé la craie siliceuse en nodules de silex. Quant à la forme externe de ces nodules, elle a été déterminée par la distribution. des spicules qui leur ont donné naissance et, en partie, par les fissures et les cavités de la roche. Un fait dominant ressort aussi des recherches, c'est qu'une quantité prodi- gieuse de spicules, qui doivent avoir existé dans presque toutes les formations stratifiées, ont disparu, et que leur décomposition nous donne la clef de dépóts de silice que renferment un grand nombre de roches sédimentaires.

Signalons enfin le récent travail de M. Hinde (1) sur les lits de spongiaires du grés vert du sud de l'Angleterre. Ce mémoire, écrit par un savant auquel ses connaissances spéciales donnent une compétence particulière, montre que dans les couches du Greensand du Wealden, de l'ile de Wight et des comtés de sud-ouest de l'Angleterre, il existe des dépóts de matiéres siliceuses dont l'accumulation est due à des éponges. Ces lits sont quelquefois formés d'une roche massive dans lequel on peut distinguer des restes. d'éponges siliceuses. La masse de la roche est constituée par de la silice amorphe ou cristalline. L'auteur a décrit avec beaucoup de soin les spicules de spongiaires qui forment ces dépôts ; il y trouve représentés les quatre ordres d'éponges siliceuses : les monactinellides et les hexactinellides sont peu nombreux, tandis que les tetrac-

tinellides et les lithistides y sont trés abondants. go Tes

(1) Hinne, On beds of Sponge-remains, etc. Phil. Transact. of the Royal soc., Part H, 1885.

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(257 )

Nous venons d'indiquer les notions que l'on a émises sur l'origine des nodules de silex. Voyons maintenant et Cest surtout le but de notre travail quelle est la consti- tution intime de ces nodules composés, comme les ana- lyses chimiques le démontrent, presque exclusivement de silice. On sait que ce corps se présente dans la nature surtout sous deux formes : l'une cristalline, représentée par les diverses variétés du quartz, et l'autre amorphe, représentée par l'opale. I| résulte des recherches de H. Rose que ces deux maniéres d'étre de la silice sont caractérisées par le poids spécifique; celui-ci s'élève, pour la variété cristalline, à peu prés à 2,6; pour la variété amorphe, il varie entre 2,2 et 2,3. Ce savant range le silex parmi la variété cristalline compacte.

Souvent on a avancé qu'on peut distinguer ces deux formes de silice par la solubilité dans la potasse caustique. La silice amorphe, en effet, est remarquablement plus soluble dans ce réactif que la variété cristalline. Mais quant à vouloir trouver dans ce caractére un moyen de diffé- rencier nettement les deux modalités de l'acide silicilique libre, les travaux de Rammelsberg et nos propres recherches démontrent qu'on ne peut pas l'appliquer d'une maniére absolue.

Ce savant a trouvé, en effet, que l'attaque par la potasse caustique ne se borne pas seulement à la silice amorphe, mais que le quartz lui-même peut se dissoudre sous l'in- fluence de cet agent. C'est ainsi qu'en traitant du quartz, finement pulvérisé, par de la potasse (une partie de potasse sur trois d'eau), il s'est dissous jusqu'à 7,75 0/, de la poudre cristalline. M. Rammelsberg arrive à la conclusion que la quantité de silice amorphe est toujours inférieure

( 790 ) à celle qu'on déduirait de la somme de la silice dissoute. Il résulte encore de ses expériences que la solubilité de cette substance augmente avec sa densité (1).

Voici les résultats obtenus sur trois échantillons de silex de la craie de Nouvelles, dont on a traité la poudre fine par une solution de potasse caustique à 20 */, (KHO), au bain-marie pendant trois heures. La masse compacte d'un silex noir s'est dissoute dans ce réactif jusqu'à 51 */,. Ce chiffre concorde avec les résultats de quelques-unes des expériences de Rammelsberg. Mais il est bien évident que la solubilité croît ou déeroit suivant les conditions spé- ciales de l'expérience : élévation de la température, degré de concentration, durée du traitement, finesse de la pou- dre, etc. On ne doit donc attacher qu'une valeur relative aux indications fournies par ces expériences.

C'est ce que montrent d'ailleurs les faits que nous avons constatés nous-mêmes, Ainsi, dans le cas du silex noir qui, aprés trois heures, s'était dissous jusqu'à 51 */», l'expérience ayant été prolongée ensuite pendant neuf heures, la solubilité s'est accrue jusqu'à 86 */,.

M. Rammelsberg a déjà fait observer que certains silex sont attaqués assez facilement par la potasse caustique, tandis que leur poids spécifique montre que la quantité de silice amorphe doit être beaucoup moins forte que celle qui est dissoute par la potasse. C'est ce qu'il a constaté en particulier pour une calcédoine de Hongrie et pour un silex, qui, l’un et l’autre, se sont dissous jusqu’à envi- ron 94 */, de leur masse. Pour éliminer les incertitudes

RUINIS NEN UNT ne

(4) Ramwersserc, Ueber das Verhalten der aus Kieselsäure beste- kenden Mineralien gegen Kalilange. Pogg. Ann., tome CXII, 1861.

( 791) que laissent, comme on vient de le voir, le procédé précé- dent, beaucoup employé autrefois, on a généralement recours, aujourd’hui, au poids spécifique. On sait, comme nous l'avons rappelé, que, pour les variétés cristallines de l'acide silicique, le poids spécifique est approximativement de 2,6, celui de la silice amorphe étant de 2,2 à 2,5. Nous avons pris le poids spécifique des échantillons que nous décrivons, et les résultats obtenus montrent qu'il faut rapporter ces silex à la variété cristalline compacte à laquelle s'ajoute de la silice amorphe. C'est ce que démon- went l'examen optique et les caractéres chimiques des nodules de la craie que nous allons décrire.

Nous avons examiné d'abord un échantillon de silex de la craie de Nouvelles dont le eentre était absolument inal- téré, de teinte noire, à cassure conchoidale, à arêtes tran- chantes dans ses éclats, trés transparent sur les bords, homogéne et compact. Il était entouré, à l'extérieur, par une couche de décomposition de 5 ou 4 millimètres, blanc- jaunàtre, happant à la langue, se laissant entamer par l'acier et se désagrégeant en matière farineuse. Au micro- scope, cette roche se montre composée, pour la majeure partie, de formes allongées présentant des ramifications, et, dans certains cas, on voit le canal central caracté- ristique des spicules de spongiaires. On peut dire que les ?/; de la masse totale sont formés par l'accumulation de ces formes organiques, auxquelles viennent s'ajouter plus rarement des corps sphériques hérissés de spicules microscopiques et qui pourraient bien se rapporter à des rhizopodes. Les spicules de spongiaires présentent sou- vent des sections transverses circulaires dont le bord plus. foncé se détache de la masse entourante. Généralement,

( 792) les bords des spicules sont en quelque sorte soulignés par une matière organique transformée aujourd'hui en matière charbonneuse empätée dans la silice. Souvent, le spicule tout entier se détache de la masse fondamentale par une teinte noiràtre ou grisätre répandue uniformément sur sa section. Dans d'autres cas, cette teinte est jaune clair. On voit en outre des fragments irréguliers noirátres, des petits flocons informes de matiére charbonneuse. Plus rarement ces substances, unies probablement à du fer, remplissent des moules qui ressemblent, à s'y méprendre, à des chambres de foraminifères. Ces faits rappellent le remplissage de ces organismes par la glauconie. Tel est l'aspect, à la lumiére ordinaire, des éléments d'origine organique empátés dans la masse fondamentale. Celle-ci est formée d'une masse grisàtre, presque incolore, qui se présente partout homogéne et sans structure lorsqu'on la voit sans appareil de nicol. Certaines plages, l'on découvre plus de spicules accumulés, sont d'une teinte plus brunàtre. A la lumière polarisée, cette pâte donne la polarisation d'agrégats et se montre en méme temps formée de grains excessivement fins, dont quelques-uns réagissent entre nicols croisés, et d'autres se présentent comme sensiblement isotropes. En employant la teinte sensible, on voit que ces derniers maintiennent la couleur violette pour une rotation compléte. Mais il est difficile de définir exactement les contours respectifs des plages 1507 tropes et cristallines, à cause de la petitesse des grains et de l'enchevétrement des éléments constitutifs de cetle pâte. On dirait que la silice amorphe est intercalée en par- ticules infinitésimales entre tous les grains cristallins. Parmi ces derniers, il en est de plus grands qui se détachent de la masse fondamentale et qui présentent tous les carat-

| E ;

(799-)

tères de la calcédoine. Hs sont isolés, de forme irrégulière ou circulaire; dans ce cas, ce sont souvent des sections et des spicules. Dans ces sections, on observe alors fréquem- ment la structure fibro-radiée de la calcédoine et quelque- fois méme la croix caractéristique de ses agrégats. Les sec- tions de spicules paralléles à l'allongement, lorsqu'elles ne sont pas trop chargées de matière noires, grisátres, opaques, se détachent vivement aussi, par leur teinte brillante, de la masse fondamentale. On voit dans ces sections allongées, les mêmes caractères de silice caleédonieuse que dans les sections circulaires. Les détails mierographiques que nous venons de donner conviennent, peut-on dire, au grand nombre des silex crétacés. Dans quelques-uns, nous voyons moins de traces d'organismes, dans d'autres ils sont plus fréquents; mais les caractères physiques restent à peu prés toujours les mémes, ainsi que les caractéres chimiques dont nous allons parler.

Voici les résultats de l'analyse du nodule noir dont on vient de lire la description lithologique :

Analyse I.

0,8296 gramme de substance séchée à 100^ donna 0,0108 gramme de perte au feu, et, attaquée ensuite par les carbonates alealins, 0,8089 gramme de silice.

0,6740 gramme de substance traitée au bain-marie pendant trois heures par une solution de potasse caustique 20 */, de KHO environ) laissa 0,5139 gramme de résidu insoluble dans le réactif.

0,9998 gramme de substance, traitée de la même manière pendant douze heures, douna 0,8575 gramme de silice soluble dans la potasse eaustique

RP EP OR hh m GL nca v ISI dM duda E f 1 FREE?

( 794 ) UO er AUR RENE ROR MET NEC DAR M L : "00 Silice soluble dans KHO (traitement pendant

trois heures) Red ob a EU EL S |l— » Siliee soluble dans KHO (traitement pendant

douze heures) . (you NEC LE US. DD NE PE T scs 1,30 » A de an 2,606

Si l'on tient compte de la solubilité dans la potasse, de la perte au feu et surtout du poids spécifique 2.606 (celui du quartz étant 2.65); on voit que la silice doit se rapporter, pour la presque totalité, à la variété cristalline de ce corps, comme l'indique d'ailleurs l'examen optique.

Afin de se rendre compte de la nature de la zone blan- chàtre de décomposition qui entoure souvent le silex, nous avons analysé et examiné au microscope un fragment de cette matière. Ce fragment de patine, environnant un silex noir, est blanchâtre, à cassure subconchoïde, mat, légère- ment granulé, happant à la langue, opaque sur les bords, il ressemble à la craie, et se laisse aisément entamer par l'acier. Les préparations mieroscopiques montrent, en lumiére naturelle, une masse incolore, transparente, for- mée, on dirait, d'une infinité de granules microscopiques à contours extrémement vagues, juxtaposés les uns contre les autres et dont l'ensemble reproduit une apparence chagri- née. ll serait difficile de dire s'il existe une substance intercalée entre chacune de ces sections plus ou moins circulaires; il se pourrait fort bien que cette apparence ne fût due qu'aux contours des sections accolées. Çà et on observe comme des éclaircies. Dans cette masse formée de plages irréguliéres, il s'en détache qui présentent la meme structure, mais dont la couleur est sensiblement moins foncée. En lumière polarisée, on voit de nouveau la polar

sation d'agrégats, mais vaguement indiquée cette fois; les

LR PE AN PR Ll CLA EE LEE a pes Le

(793.

grains sont si petits qu'ils réagissent à peine. Entre nicols croisés, la silice isotrope y parait un peu mieux représentée que dans la matière centra!e inaltérée du nodule. Les traces d'organismes, beaucoup plus rares, sont indiquées encore par des plages calcédonieuses, mais elles tendent à s'effacer.

Les résultats de l'analyse concordent, comme nous allons le voir, avec ceux de l'examen microscopique.

Analyse 11.

1,4447 gramme de substance séchée à 400^ donna 0,0188 gramme de perte au feu, et fusionnée ensuite par les carbo- nates alealins, 4,1171 gramme de silice, 0,0059 gramme de sesquioxydes de fer et d'aluminium, 0,0111 gramme de chaux et des traces de magnésie.

1,0757 gramme de substance attaquée par l'acide fluorhy- drique donna 0,0045 gramme de chlorures de sodium et de potassium.

0,7525 gramme de substance traitée au bain-marie pendant trois heures par la potasse caustique laissa 0,1758 gramme de résidu insoluble.

0,998 gramme de substance traitée de la méme manière pendant douze heures donna 0,7950 gramme de silice soluble dans la potasse caustique.

Silice totale . . 97,59 °‘%

Silice soluble dans KHO (sitemen pendant

trois heures) . = e + Silice soluble dans KHO (itement pendant

douze heures). Un Pen . . 88, » Alümine et fer -a 0 a 4 ia 0,52 CRUE o. lov 08504 os EN 0,97 » Aa uou UV USUS 0,25 »

->

c

D =

Perte au feu . PEN E d" Poids spécifique. vici E dk qur oio ne. 2,606

[. 396 )

Dans ce cas, comme dans le précédent, on voit que la silice appartient à la variété cristalline ; elle atteint le poids spécifique de 2,606, mais elle est plus attaquable à la potasse caustique que dans le cas précédent, et enfin sa perte au feu, 1,64, indique, comme les faits que nous venons de citer, un mélange de silice amorphe en petite quantité et de quartz eryptocristallin.

Enfin, nous avons soumis à l'analyse la patine plus compacte, ressemblant à la porcelaine et recouvrant d'une épaisseur de 2 à 3 millimètres un silex noir type. Cette patine représente les silex dans un état moins altéré que pour le cas précédent; elle est blanche, légèrement luisante dans la cassure, translucide sur les bords, sans grains apparents à l'oeil nu, ne happe pas à la langue, ne se laisse pas entamer par l'acier et raie le verre.

L'examen des lames minces prouve que cette zone est encore presque entiérement composée de silice cristalline qui se dévoile par la polarisation d'agrégat. A la lumière transmise, on voit que cette zone d'altération se décompose en deux bandes juxtaposées. Celle superposée sur le nodule est opaque; on dirait qu'une matière pigmentaire charbon- neuse s'y est aceumulée; la bande externe, au contraire, est composée de silice incolore n'apparaissent que de petites ramifications dentritiques de la méme substance qui remplit la bande opaque inférieure. L'analyse som- maire de cet enduit confirme les observations précédentes. On trouve, en effet :

Analyse HI. 0,7820 gramme de substance séchée à 100° donna 0,0108 gramme de perte au feu, et fusionnée ensuite par les carbo- nates alcalins, 0,7675 gramme de silice.

( 797 )

0,7750 gramme de substance traitée au bain-marie pendant trois heures par la potasse caustique donna 0,4120 gramme de silice soluble dans ce réactif.

Silice totale . 98,12-

Silice soluble dins KHO (traitement pendant

trois heures) » . e à Perteau fet 2. 2-25 54 Dh e Des 1,54 » Poids spéeitique ; 3. 95.4 ovx 2,597 (1)

Une conclusion découle de ce que nous venons de dire sur les propriétés physique et chimique de ces nodules de la craie : c'est qu'ils ne renferment qu'une quantité relati- vement faible de silice amorphe. Ce fait, établi par l'ana- lyse mieroscopique et les expériences relatives au poids spécifique et à la composition chimique, nous permet de ranger le silex parmi les variétés cristallines de la silice se rapprochant surtout de la calcédoine.

Il résulte de l'ensemble des observations précédentes que les nodules de silex de la craie doivent avoir été pro- duits par le concrétionnement de la silice, provenant gor- ganismes siliceux, surtout de spongiaires, Lenue en solution par l'eau. On peut ajouter que le concrétionnement s'est Opéré autour des restes ou des déhris organiques dans des masses déjà accumulées de sédiments crayeux, et que la silice a pris généralement la forme cristalline; une petite partie de la masse restant à l'état amorphe. Sans admettre que les conditions de sédimentation et la nature

curseur e ERES A S UG

(1) Le poids spécifique de la masse interne noire du méme échantillon est 2,591.

( 798 )

lithologique aient été les mêmes pour la craie que celles des sédiments pélagiques de la période actuelle, nous pouvons trouver, dans la vase à globigérines des océans modernes, quelques points de rapprochement qui per- mettent d'éclaircir les problémes que présente la formation des silex. Nous savons que, dans les profondeurs moyennes de l'océan, qui ne dépassent pas 1,500 brasses et à des distances assez grandes des cótes pour que les matiéres terrigénes n'y soient pas entrainées, il se forme aujourd'hui de vastes dépôts, composés essentiellement de foraminifères calcareux, dont les dépouilles viennent s’accumuler sur le lit de la mer aprés la mort de ces orga- nismes, Pendant que ces dépouilles de rhizopodes tombent sur le fond de la mer, celui-ci se tapisse d'organismes qui habitent des grands fonds, et parmi lesquels les spon- giaires jouent un rôle important. Ces spongiaires y sont tellement nombreux qu'un seul dragage en ramène quel- quefois plus de 40 espéces, et que la vase est comme cimentée par des spicules ou filaments siliceux. Ils jouent dans les sédiments caleareux, comme le disait W. Thom- son, le méme rôle que le poil dans le mortier (1).

Les vases à globigérines, méme les plus pures, ont tou- jours donné à l'analyse un excès de silice non combinée qui doit se rapporter à cesspicules de spongiaires enchàssés dans ce qu'on appelle la craie moderne (2). Il n'est pas hors de propos de citer ici l'appréciation que formulaient

SR RS CR AE AR

(4) W. Tuousos, Ann. mag. nat. hist., 1869, pp. 119-424. (2) Munnav et Rexano, Classification et nomenclature des sédiments pélagiques, p. 45.

(799 ]

deux pionniers des explorations sous-marines, le D* Car- penter et Sir Wyville Thomson. Ils étaient portés à admet- tre comme hautement probable qu'à toutes les périodes de l'histoire de la terre les rhizopodes et les spongiaires, ou les deux à la fois, prédominaient en nombre sur toutes les autres formes organiques. Thomson écrivait en 1877 (1): « Des éponges vivent à toutes les profon- » deurs, quoique cette classe n'atteigne son maximum de développement qu'entre 500 et 1000 brasses; cependant tous les ordres se retrouvent dans la zone abyssale, sauf l'ordre des Calcarea; à de grandes profondeurs les hexactinellides dominent... »

On sait la part qui revient aux foraminiféres dans la constitation de la craie et combien y sont abondants les débris siliceux de spongiaires. On voit done, d'un coup d'œil, les analogies qui unissent les sédiments crayeux et les dépôts à globigérines; dans les deux cas, c'est l'énergie vitale qui. est la source d’où dérivent les matériaux qui constituent ces roches.

Si nous tenons compte de la grande quantité de spicules de spongiaires qu'on retrouve dans certaines couches de la craie, spicules mélangés et appartenant à des espèces différentes, si l'on se rappelle en méme temps les nom- breux exemplaires d'éponges plus ou moins complètes qu'on découvre dans ces couches, on peut en déduire que ces organismes étaient aussi bien représentés dans les mers erétacées que dans les océans modernes. Les éponges Siliceuses actuelles sont formées de silice amorphe, de

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meer,

(1) Tnousos, The Atlantic, vol. II, p. 540.

( 800 )

méme aussi l'étaient celles de la craie. Les expériences qu'on a faites sur cette variété de silice, montrent qu'elle est la plus facilement attaquable, et les recherches entre- prises par M Thoulet (1) sur les spongiaires dragués par l'expédition du Talisman, apportent une nouvelle preuve en faveur de la solubilité de ces restes organiques. M. Thoulet, en effet, a démontré que la silice de ces spon- giaires se prétait facilement à l'attaque des substances qui agissenl sur ce corps.

La siliee en solution dans l'eau des mers doit avoir été primitivement dissoute par les agents physico-chimiques qui déterminent la décomposition des roches ce corps existe à l'état libre ou à l'état combiné. Les fleuves en apportent à la mer et celle-ci, par son action dissolvante sur son lit et -urtout sur ses côtes, en ajoute sans cesse de nouvelles quantités à celles qui lui viennent de l'intérieur des terres. Les organismes, dont l'enveloppe ou les parties dures sont formées par la silice, puisent dans l'eau de mer cette substance qu'ils fixent à l'état amorphe. Lorsque l'aetion vitale a cessé de s'exercer, l'acide silicique, isolé et accumulé par ces étres, est rendu, peut-on dire, au monde inorganique. La silice se redissout en partie et enfin se lixe ense concrétionnant. Demandons-nous maintenant quelles peuvent étre les causes en jeu pour redissoudre ces restes d'organismes siliceux ?

Nous n’hésitons pas à avouer qu'il est difficile de les spécifier; toutefois on peut avancer, comme hypothèse très probable, en nous basant sur des faits bien connus,

Fi een

(4) Tuoucer, Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1884, p. 1000.

( 801 )

que l’eau de mer chargée de ses sels, aidée de la pression, dans d’autres cas, chargée d’acide carbonique ou d’acides organiques plus ou moins analogues aux acides crénique et ulmique, peut être envisagée comme dissolvant. On doit dire la méme chose à peu prés de l'eau circulant dans les couches. On sait aussi combien l'élévation de la tempéra- ture peut aider l'eau à se charger de silice; mais nous ne pensons pas qu'on doive tenir compte de ce facteur pour le cas dont il s'agit.

Nous verrons plus loin qu'il n'est pas nécessaire d'admettre que cette redissolution se fasse sur l'aire qui est actuellement le fond de la mer ; cependant il résulterait de certaines observations de Carter (1), que des spicules, dra- gués sur le lit de la mer, montrent comme un commence- ment de décomposition : leur surface est pointillée de petites excavations et le canal axial est élargi.

Tout porte à croire que, parmi les organismes à enveloppe siliceuse, ce sont les spongiaires qui doivent avoir fourni, pour la plus grande partie, la silice des nodules que nous avons décrits. Non seulement on a la preuve, par l'exa- men microscopique, que ces nodules sont comme pétris de spicules, mais, suivant une observation déjà ancienne d'Ebrenberg, que nous avons rappelée plus haut et qui se trouve confirmée par de nombreuses recherches, les couches crayeuses la silice s'est concrétionnée ne renferment pas de spicules, et, d'un autre cóté, celles, les spicules sont disséminés en grand nombre dans masse de la craie, ne présentent pas le développement

—————Y!.

(1) Carter, in Sollas, loc. cit., p. 414. 9"* SÉRIE, TOME XIV. 54

( 802 ) de concrétions siliceuses que nous remarquions tout à l'heure (1).

Bornons-nous à citer ici les faits signalés par Petzold et qui confirment ce qu'on vient de dire. Ce savant a montré que, dans une roche dolomitique, les parties les plus voi- sines des concrétions siliceuses ne contenaient que 2,51 */, de silice, tandis que celles plus éloignées de la concrétion en renfermaient prés de 4,75 "/,. Nous avons done la preuve bien évidente que c'est à la silice des spongiaires qu'est due la matiére des nodules siliceux. Ces derniers se seront formés, comme il arrive si souvent pour les concrétions, par concentration sur un point de particules de la méme substance, disséminées dans les couches et auxquelles les eaux servent de véhicule. Ces faits prou- vent, en outre, que la concrétion s'est formée lorsque

(4) La craie de Nouvelles a été analysée dans le but de s'assurer de la teneur en silice. Voici les résultats de cette reclierche.

0,2853 gramme de substance séchée à 1109 donna 0,1594 gramme de chaux et `

0,0022 gramme de pyrophosphate de magnésium, : 0,7082 gramme de substance traitée dans l'appareil de Ludwig par l'acide chlorhydrique donna une perte de 0,3055 gramme d'acide carbonique. ; 3,0917 grammes de substance traité par l'acide acétique laissaient un résidu contenant 0,0214 gramme de silice et 0,0483 gramme de sesquioxydes de fer et d'aluminium,

GR. s 4. s 4S3 v MUR DO NN ir 00 Al Os + Fes 0,. . . . . 059 Mg oO. +... Pen (C 098

100,57

Ces résultats montrent que la craie renfermant les nodules est pure et contient des quantités trés petites de silicc.

f

( 805 )

les séliments s'étaient déjà accumulés. Nous fournirons plus tard d’autres arguments en faveur de cette interpré- lation; admettons-la pour le moment et supposons que des masses crayeuses, remplies de spicules de spongiaires, soient venues recouvrir un lit d'éponges qui s'étalaient au fond de la mer erétacée. Voyons quels sont les phéno- ménes qui se passent et dont le résultat se traduit par la formation du silex.

Un dissolvant de la silice, l'eau plus ou moins chargée de sels ou d'acides, s'infiltre au travers de la masse Crayeuse; celle eau peut être déjà saturée de bicarbonate de chaux, qu’elle possédera cependant encore le pouvoir de dissoudre la silice ; elle trouve dans le sédiment crayeux des spicules microscopiques disséminés et des radioliaires ou des diatomées constitués par de l'acide silicique à l'état amorphe. Ceux-ci, grâce à leurs petites dimensions, à la résistance relativement faible qu'ils opposent comme silice amorphe à l'action des dissolvants, grâce, en outre, aux grandes surfaces d'attaque qu'ils présentent, cèdent une partie de leur substance. Le dissolvant se sature peu à peu d'acide silieique; la capillarité aidant, la solution siliceuse arrive au contact des amas de spicules et d'éponges qui constituent le lit sur lequel ces organismes vivaient avant le dépót des matiéres crayeuses surincombantes. C'est en Ce point que le conerétionnement va se faire; c'est sur ce lit que vont se former les nodules que nous trouvons aujourd'hui alignés à certains niveaux des terrains de la Craie.

Rappelons la propriété, que possèdent d’une manière tout à fait spéciale certaines formes de silice, de se concré- tionner en passant de l'état colloïde à l'état solide cristal- lin ou amorphe ; rappelons, en méme temps, que c'est pré-

( 804 )

cisément à l'intérieur des couches que les formes coneré- tionnées prennent surtout naissance. Nous ne sommes pas dans le domaine de l'hypothése, si nous aflirmons que, d'une solution saturée, la précipitation se fera généralement sur un corps solide et qu'elle se fera de préférence sur un corps de méme nature chimique. Nous pouvons ajouter que le dépót de la substance dissoute s'effectuera méme en raison dela masse qui lui sert de centre. Les eaux infiltrées, chargées de silice, se trouvant au contact de ces lits de spongiaires, vont donc déposer sur ces restes organiques la silice dont elles sont saturées et, d'aprés ce que nous venons de dire, les spongiaires ou les accumulations de leurs débris, étalés en lit plus ou moins continu, serviront de centres d'attraction et de nuclei pour les concrétions.

Il importe de faire entrer ici en ligne de compte la pré- sence de substances organiques, qui doivent se trouver associées aux éponges et à leurs débris, réunis sur l'ancien fond de mer se forment les concrétions. Si la forma- lion de ces nodules trouve déjà sa raison d'étre dans les conditions que nous indiquions tout à l'heure, à plus forte raison serons-nous portés à admettre l'interprétation d'un concrétionnement de la silice autour d'un centre siliceux ; lorsque le centre dont il s'agit est pénétré de matière organique en décomposition. Ces matières, avons-nous dit, peuvent posséder la propriété de se combiner avec l'acide silicique ; d'un autre côté, le carbonate d'ammo- niaque qui se forme, lors de la décomposition, peut préci- piter la silice. Ce sont autant de particularités qui corro- - borent l'interprétation que nous sommes portés à admettre; mais si nous voulions entrer ici dans le détail des réactions, nous serions dans le domaine de l'hypothése. Nous ne citons ces vues générales que pour montrer qu'aucun des

( 805 )

faits n'est en opposition avec l'idée que nous nous faisons de la formation des silex.

Ces concrétions, comme toutes les autres formes inor- ganiques de cette nature, se sont développées par des apports successifs de la matière qui les constitue. L'action dissolvante et continue des eaux dans les couches environ- nantes, s'exercait sur les particules infinitésimales de silice, et dés que celles-ci avaient livré une partie de leur sub- stance, elle venait s'ajouter aux nodules en voie de for- mation. La silice ainsi agrégée se fixe tout d'abord comme un enduit autour des formes organiques préexistantes. Celles-ci, grâce au bain de silice qui les enveloppe et à l'eau saturée qui les entoure, conservent leurs contours primitifs. C'est ce que nous montrent les préparations microscopiques les sections de spicules abondent. Ces derniers ont leurs contours bien souvent mis en relief par une matière bru- nâtre, qui est, suivant toute probabilité, le reste de la matière organique adhérente aux spongiaires. Dans les creux, la silice se dépose sous la forme de grains ou d'agrégats fibreux cristallins qu'on rapporte à la calcédoine; elle se trouve surtout le longdu canal axial des spongiaires. Autour des débris organiques, la silice cristallise en grains microcristallins, et enfin certaines plages, peu nombreuses et très petites, s'observent la silice colloide en se soli- difiant reste à l'état amorphe. Nous pouvons rapprocher ces faits, relatifs au mélange de silice à différents états moléculaires, de ce que nous montrent certaines concré- lions siliceuses la calcédoine et l'opale se sont déve- loppées simultanément. La silice, en se concrétionnant, devait non seulement euglober des restes d'organismes siliceux, mais aussi des fragments ou des coquilles de mollusques ou de rhizopodes à enveloppes calcaires, qui

( 806 ) étaient emprisonnées dans les éponges ou les accumulations de spicules. Dans ce cas, l'élément calcareux est entière- ment remplacé par l'acide silicique, les cavités de l'orga- nisme sont remplies de calcédoine, et l'on a un de ces nom- breux exemples du phénoméne bien connu de substitution de la silice au calcaire.

Nous avons supposé jusqu'ici que ces nodules se sont formés dans les couches de sédiments «rayeux et non sur le fond méme de la mer; il nous reste à établir cette interprétation. Ceci nous fournira l'occasion de montrer les différences que doivent présenter la sédimentation des masses de la craie et celle des vases calcareuses péla-

giques modernes. Nous avons rappelé plus haut les condi- tions dans lesqueHes s'opère le dépôt de la Globigerina ooze; nous avons vu les dépouilles des organismes calca- reux de la surface venir s'accumuler lentement sur le fond de la mer et se réunir zux spongiaires qui vivent sur son lit. L'action mécanique de l'eau, comme agent de sédimen- tation, ne se fait pas sentir dans les profondeurs loin des terres émergées. Tout nous porte à croire que ces carat- tères de dépôt pélagique proprement dit manquent à la craie. Les sédiments, compris sous ce nom, ne sont pas Ce qu'on a appelé des sédiments de haute mer. Si lon admettait que la craie et la vase à globigérines ont un mode de dépôt identique, on aurait tout d'abord à lutter avec les difficultés que présente l'interprétation des couches de _silex intercalées régulièrement dans les masses crayeuses.

Représentons-nous un instant ce qui se passe sur le fond des mers modernes, aux points se dépose lente- ment la vase calcaire. Des spongiaires, pour ne parler que de ces organismes, s'étalent sur le lit, des foraminiféres

( 807 )

vivant à la surface tombent au fond, aprés leur mort, et viennent recouvrir lentement cette végétation de proto- zoaires qui croît à mesure que les dépouilles de foramini- fères se déposent. Supposons un instant qu'on fasse une coupe au travers des couches ainsi formées. Comme les conditions des fonds de mer sont absolument stables, on verra, en admettant méme que la silice des spongiaires se soit concrétionnée, que ces concrétions sont réparties d'une manière irrégulière dans les masses de calcaire qui les enveloppent. IL est évident, en effet, que les organismes siliceux vivant sur le fond doivent continuer à se déve- lopper pari passu avec l'accumulation des dépouilles de rhizopodes qui viennent, en quelque sorte, enterrer les premiers, Nous n'avons pas, en effet, dans les mers actuelles, de raisons pour admettre que les sédiments péla- giques doivent alterner, et l'interprétation donnée par Lyell, et d'après laquelle il se formerait en un point de l'océan, sous l'influence des courants, tantót un dépót siliceux, tantôt un dépôt calcareux, n'est pas fondée et ne sera parlagée aujourd'hui par personne.

Ainsi donc, les phénoménes actuels que nous con- naissons par les explorations sous-marines, ne montrent pas dans les vases à globigérines des faits analogues à ceux que présentent les lits de silex de la craie. La formation du silex, aligné suivant les couches de strati- fication, ne peut s'interpréter en admettant le mode de Sédimentation qu'on observe dans les océans modernes aux grandes profondeurs loin des côtes.

Hàtons-nous d'ajouter qu'aucun fait ne vient prouver non plus que ces nodules ou ces concrétions siliceuses se forment à la surface du lit actuel de la mer. Parmi tant de sondages effectués partout dans les aires à globigérines

( 808 ) de lAtlantique, dans les fonds à diatomées de l'Antarc- tique, dans les sédiments à radiolaires du Pacifique, dans l'argile rouge des plus grandes profondeurs, jamais la drague n'a rapporté un fragment de silice de formation récente, rappelant les silex de la craie.

Il est inutile d'objecter que nous ne connaissons rien ou presque rien du fond des grandes mers actuelles, que les appareils ne rapportent qu'une quantité infinitésimale des matières qui constituent le fond : cet argument perd toute sa valeur dés qu'on réfléchit à l'uniformité de la composition minéralogique que les explorations sous- marines établissent d'une maniére incontestable pour cha- cune des régions du lit dela mer.

Ainsi donc, ni les conditions théoriques dans lesquelles devrait s'effectuer la sédimentation des vases à globigé- rines, ni les faits directement observés, en viennent appuyer l'opinion que les nodules siliceux se forment sur le lit des mers modernes. Rien de ce que nous con- naissons des dépôts pélagiques ne s'oppose à admettre que ces concrétions siliceuses stratifiées se sont formées dans les couches elles-mémes, aprés le dépót des matières crayeuses. Entre un grand nombre de faits, qui plaident d'une facon incontestable en faveur de cette interprétation, bornons-nous à rappeler les suivants : la formation du silex en veines, qui présuppose nécessairement l'exis- tence de fentes dans un sédiment déjà accumulé; l'éli- mination de la silice dans les couches qui renferment les nodules. Cette élimination ne peut se comprendre que dans le cas d'une dissolution de particules enchâssées dans les couches calcareuses, et d'une concentration autour d'amas de matières siliceuses étalées sur un ancien fond de mer. 5

( 809 )

Nous sommes donc amenés à admettre, pour expliquer d'une manière adéquate, la formation des nodules siliceux de la craie, que les sédiments de cette formation ont été accumulés d’une manière bien différente de celle des dépôts pélagiques proprement dits. Bien des preuves ont été données d'ailleurs pour montrer que la formation crétacée n'est pas un dépót de mer profonde. Nous ne voulons rappeler ici qu'un fait, qui nous parait décisif en faveur de cette interprétation. L'examen des fossiles, spécialement des échinodermes, nous prouve à l'évidence qu'ils ont été soumis à des remaniements mécaniques. Or, ceux-ei sont inexplicables si la craie s'est déposée comme les vases océaniques. Non seulement, les oursins de la craie ne se retrouvent presque jamais avec leurs piquants, mais souvent ils sont recouverts de serpules. Ces obser- vations nous forcent à admettre deux interprétations qui sont en opposition directe avec ce que nous savons des conditions dans lesquelles se forment les dépóts des mers profondes. Pour expliquer ces faits, il faut recourir à des émersions successives, qui n'ont rien de vraisemblable, ou bien à l'invasion sur le lit des mers assez profondes et tranquilles de matières sédimentaires calca- reuses. Celles-ci, apportées par des agents mécaniques, les Courants marins ou atmosphériques, viennent recouvrir le fond vivait une faune de profondeur moyenne et dominaient les éponges. Nous arrivons donc, pour rendre compte de la formation des nodules de silex, au méme résultat nous amènent des considérations d'un autre ordre, et la concordance, qui existe dans cet ensemble de faits, nous donne la preuve de la probabilité de l'inter- Prétation que nous avons formulée.

( 810 )

Contribution à l'étude du développement de l'épiphyse et du troisième œil chez les reptiles. Communication préliminaire, par le D" P. Francotte.

PREMIÉRE PARTIE.

Depuis 1879, nous nous sommes occupé de recueillir le matériel nécessaire pour l'étude du développement de l'orvet (Anguis fragilis). Les stades que nous possédons sont, actuellement, suffisamment nombreux pour que nous puissions exposer le mode de formation de l'épi- physe.

Les derniers travaux de Graaf (1) et de Spencer (2) ayant trait à cet organe chez l'orvet et d'autres reptiles adultes, rendent la question intéressante. C'est ce qui nous à engagé à présenter dés aujourd'hui à l'Académie les résultats de nos recherches sous une forme Re mais suffisante pour prendre date (5).

(1) De Gnaar, Zur Anatomie und Entwicklung der Epiphyse bei Amphibien und Reptilien. (Zool. Anzeiger 219, 29 mars 18806.)

De Gnaar, Bijdrage tot de kennis van den bouw en de ontwikkeling der Epiphyse bij Amphibien en Reptilien (Leiden, 1886).

(2) Seecen, The parietal eyeof Hatteria (Nature, 865, mai 1886).

SreNcEn, On the presence and Structure of the Pineal eye in Lacer- tilia. Quarterly journal of Micros. Science. London, 1886.

(9) Le travail complet, comprenant l'histoire du développement de l'épiphyse ehez l'orvet, sera présenté sous peu à la Faculté médecine de l’Université de Bruxelles, pour l'obtention du grade de docteur spécial.

Les embryons d'orvet qui avaient été recueillis par nous jusqu'en

: ;

(81 ) Nous ne croyons pas nécessaire de donner ici l'historique complet des recherches qui ont été entreprises sur la structure et le développement de l'épiphyse. Mais nous indiquerons brièvement les principaux résultats auxquels sont arrivés les différents auteurs qui ont abordé la ques- tion. En 1829, Brandt (1) a reconnu qu'il existait sous une écaille de la tête chez Lacerta agilis, et correspondant à une dépression circulaire, une glande spéciale précisé- ment se trouve le trou pariétal. Cet auteur n'a pas fait figurer dans ses dessins cette particularité, mais il est évi- dent que la glande spéciale qu'il a entrevue est bien la partie distale de l'épiphyse. Milne Edwards (2) et Dugés (5) ont figuré cette modifi- cation externe chez certains lézards ; mais ni l'un ni l'autre n'en ont fait mention dans leur description. Ce n'est que plus tard, en 1875, que Leydig (4) fit con- naître qu'il existe, chez les reptiles, au-dessus du cerveau

1882 avaient été déposés à l'Université de Liége dans les collections du laboratoire de M. Éd. Van Beneden, qui nous avait proposé d'en- treprendre l'étude du. développement des reptiles de notre pays. Ce matériel, considérablement augmenté depuis, a été généreusement remis à notre disposition pour l'étude de l'épiphyse. Nous espérons pouvoir soumettre à bref délai à l'Académie, un travail concernant le développement du systéme nerveux de l'orvet.

(4) Bnawpr, Medizinisch Zoologie. 4829, vol. I, p. 160. -

(2) Mine Enwarps, Recherches zoologiques pour servir à l’histoire des lézards. Annales des Se. nat., 1829, tome XVI.

(8) Ducis, Mémoire sur les espèces indigènes du genre Lacerta, Annales des Se. nat., tome XVI

(4) Levoic, Dic in Deutschland lebenden Arten des Saurien. Tubin- gen, 1872

( 812 )

intermédiaire, un organe Correspondant par sa position au trou pariétal, et consistant en une légère dépression à bord circulaire délimitée par des cellules allongées pareilles à celles d’un épithélium cylindrique. Le bord de la dépres- sion est dirigé vers le haut et possède un anneau épais de pigment noir. Sur une coupe à travers la tête de Lacerta agilis, Leydig a reconnu que l'organe frontal (Stirnor- gan) (1) est nettement délimité, qu'il est logé au niveau du trou pariétal; dans le méme plan et en dessous se trouvait la glande pinéale.

Chez Anguis fragilis le méme auteur a constaté la pré- sence de l'organe frontal. Il l'a trouvé sous forme d'une tache foncée chez de jeunes embryons. Il donne des ren- seignements assez précis sur l'épiphyse, et il établit un rapprochement entre l'organe frontal de l'orvet et le même organe chez les batraciens.

Strahl (2) démontra le premier, en étudiant le dévelop- pement du lézard, que l'organe de Leydig n'est qu'une partie de la glande pinéale.

Dans ses Weitere Untersuchungen zur Entwicklungs- geschichte der Reptilien (5), Hoffmann établit que :

A la voûte du cerveau, il se produit deux diverti- cules épithéliaux; l'un se trouve à la limite du cerveau antérieur et du cerveau médian (c'est le plexus choroide du troisiéme ventricule); l'autre, apparaissant entre le cerveau intermédiaire et le cerveau moyen, formera Mir: physe et l'organe de Leydig;

(1) L'organe du sixième sens.

(2) Sitzungsber. d. Gesellsch. zur Beförderung d. gesammt. Naturv* zur Marburg, 1884.

(5) Morpholog. Jahrbuch, Bd. XI.

( 813 )

2" La portion proximale de l'épiphyse avait l'aspect d'un tube creux piriforme, dilatée vers le haut; la pointe dirigée vers le bas est rétrécie;

9^ Le plexus choroide du troisième ventricule se trouve accolé contre l'épiphyse et ces deux parties ne semblent former qu'un tout; x

L'épiphyse existerait également chez les chéloniens et les sauriens.

Rabl-Ruckhard (4), en étudiant l'épiphyse embryonnaire de la truite, a comparé cet organe aux vésicules optiques primaires. Cet auteur remarque que, chez les reptiles, il existe au niveau de cet organe dans l'os pariétal un trou vient se loger l'organe du sixième sens de Leydig.

Deux ans plus tard, le méme auteur (2), revenant sur cette manière de voir, disait : « die Glandula pinealis der Wirbelthiere als Rudiment einer unpaaren Augenanlage anzusehen ist ». Enfin, il remarque que chez les Enalio- sauriens fossiles du lias, l'Ichthyosaure et le Plésiosaure, un trou impair existe; ce trou correspond par sa position au trou pariétal des sauriens.

Il suppose qu'un organe pinéal s'y trouvait bien développé et servant moins d'organe visuel que d'un organe spécial du sens de la température, à l'aide duquel l'animal était prévenu avant qu'il eüt à souffrir de l'inten- sité des rayons tropicaux.

Remarquons que Ahlborn avait également établi, en étudiant le développement du Petromyson, l'analogie de l'biphyse avec des vésicules optiques primaires, les rap-

(4) Zur Deutung und Entwicklungs der Gehirns der Knochemfische (Arch. für Anat. und Physiologie. Anat. Abth., 1882).

(2) Rasr-Rucknuanp, Gesellsch. für Heilkunde zu Berlin, 20 juin 1884.

( 814 ) ports du premier organe avec la région optique du cerveau et spécialement avec le Thalamus opticus (1).

C'est à de Graaf que revient l'honneur d'avoir montré que l'organe frontal de Leydig, la partie distale de l'épi- physe, était constituée comme un organe visuel chez Anguis fragilis; que cet ceil impair possédait un cristallin, une rétine, ete. Au point de vue phylogénique, cette décou- verte a une importance considérable.

Dans ses recherches, l'auteur a étudié le mode de développement de l'épiphyse chez différents batraciens; nous avons pu vérifier chez plusieurs espéces les résultats qu'il a obtenus et nous pouvons affirmer que son travail est parfait sous ce rapport.

Parmi ses propositions les plus importantes, nous remar- quons qu'il établit : l'homologie entre la glande de Stieda, extra-craniale et logée sous la peau, et l’œil frontal des reptiles; 2? que la structure de l’œil impair de l'orvet rappelle celle d'un œil des céphalopodes, des ptéropodes et des hétéropodes.

Spencer, dans le Quaterly journal of the microscopi- cal science (fascicule d'octobre 1886), étndie l'épiphyse des reptiles d'une facon remarquable; vingt-huit espéces différentes ont été soumises à l'observation.

Les recherches du savant anglais établissent que chez les reptiles l'épiphyse affecte une série de formes présen- tant, au point de vue de la phylogenése, la plus haute importance. Nous ne croyons pas nécessaire d'analyser complétement le travail de l'auteur qui nous occupe en

(4) Anrsonx, Untersuchungen über das Gehirn der Petromyzonten. Zeitsch. für Wiss. Zool., t. XXXIX, 1885.

(^ 815

suivant toutes les variations de chaque partie de l'œil pinéal chez les nombreuses espèces examinées. Nous nous contenterons de rapporter brièvement les grands fails constatés chez les reptiles adultes et qui se repro- duisent successivement, d’après nos observations pendant le cours du développement de l'orvet. Les observations si bien faites de Spencer montrent que, parmi les vingt-huit lacertiliens étudiés, c'est chez l'Hatteria que l'œil pinéal est le plus parfait.

La rétine comprend :

1* Une couche de bàtonnets chargés de pigments tapis- sant intérieurement la cavité oculaire ;

2 Une couche d'éléments sphériques en connexion d'une part avec les bàtonnets, d'autre part avec la couche externe; les cellules nucléées qui constituent cette couche sont placées sur une double et méme sur une triple rangée en certains points. Les bâtonnets reposent sur cette couche ;

Une couche moléculaire constituée par une substance finement ponctuée. Cette couche est trés mince chez Hatteria ;

Une couche de cellules sphériques appliquées contre la couche moléeulaire. Les éléments sont réunis par des prolongements filiformes à la couche 2;

Une couche de corps en forme de cônes, proba- blement sans noyaux. Leur extrémité élargie repose sur la eapsule propre de l'organe, tandis qu'ils s'effilent en cône pour aller se perdre dans la couche moléculaire ;

6^ Entre la base élargie de ces éléments coniques, on trouve une série d'éléments nucléés dont les extrémités vont se perdre dans la couche moléculaire; des prolon- gements sont aussi envoyés dans la couche externe. Ces

( 816) cellules fusiformes se prolongent jusque dans le pédicule de l'épiphyse, et elles se continuent directement avec les libres de ce pédicule.

L'œil pinéal est relié au cerveau par un nerf. Quant au cristallin, Cest une lentille trés épaisse au centre, constituée par des cellules nucléées distinctes et trés nombreuses.

Chez l'orvet adulte, Spencer (comme de Graaf) (1) a reconnu que la rétine était constituée de :

1* Une couche de cellules cylindriques remplies de pigment noir, représentant pour Spencer la couche de bàtonnets chez Hatteria ;

Une couche de cellules sphériques à grands noyaux - disposés sur deux rangées;

Une couche moléculaire ; ,

Une couche externe de cellules à grands noyaux. :

Le cristallin est formé d’une lentille biconvexe; les cellules qui le forment sont en continuité directe avec les cellules de la rétine. De Graaf avait cru primitive- ment que le cristallin était complètement distinct de la rétine; nos observations confirment la manière de voir de Spencer.

Chez l'orvet adulte, il n'y a plus de nerf optique. Par la | suile, nous montrerons qu'à un stade, il existe complè- | tement formé; nous verrons par quel processus il dispa- 4 rait. 3

Chez Lacerta ocellata, Spencer constate que la rétine a | subi une dégénérescence pigmentaire. Les bàtonnets sont bien marqués; ils sont en rapport avec le nerf qui entre

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E c i ; iver- (1) Nous aurons par la suite l'occasion de revenir sur les dive gences entre les observations des deux auteurs.,

( 817 )

postérieurement dans la rétine. En dehors se trouvent deux séries de cellules rangées en une couche interne et une couche externe. Un nerf relie la rétine à la partie proximale de l'épiphyse. Chez Varanus giganteus la plupart des détails de structure signalés chez Hatteria se retrou- vent. Au milieu du cristallin, les ceilules sont envahies par un pigment noir brunâtre. Ce fait n'a pas été constaté chez d'autres espèces (1).

Chez Leiodera nitida, Seps chalcidica, Calotes, il n'y a pas de nerf pinéal reliant l'eeil au cerveau. Il y a analogie de strueture avec ce que nous avons vu chez l'orvet. L'épiphyse chez Cyclodus gigas est arrêtée dans son développement; la partie distale de l'épiphyse qui forme l'œil chez les espèces nommées précédemment, ne se sépare pas de la partie proximale. L'épiphyse reste à l'état d'une vésicule reliée au troisième ventricule. Toutefois, la portion distale est élargie; les cellules ciliées de la paroi n'offrent pas partout le méme aspect et la même dispo- sition. Les noyaux des cellules de la paroi superficielle Sont disséminées sans ordre; l'ensemble représente le cristallin des autres espéces; les noyaux de la paroi pro- fonde sont rejetés vers la périphérie; cette paroi repré- sente la rétine. L'existence d'un pigment n'a pas été constatée.

Chez Chameleo vulgaris, une vésicule distale représente l'œil pinéal ; au lieu d’être en communication directe avec le troisième ventricule par une partie proximale, non Séparée, les deux parties de l'épiphyse sont reliées par un cordon de fibrilles nerveuses; ces derniéres se mettenten

(1) Dans l'étude du développement de l'orvet, nous avons trouvé. Souvent, au centre du cristallin, des cellules pigmentées. O"* SÉRIÉ, TOME XIV.

{ 818 ) communication avec les cellules allongées qui forment la paroi profonde du saccule. Les cellules de la partie dis- tale sont ciliées; il n'y a pas de différenciation cellulaire entre la paroi superficielle et la paroi profonde. Aucun élément cellulaire n’est envahi par du pigment.

Il résulte des observations de Spencer que :

1* Chez les lacertiliens, l'oeil pinéal est hautement orga- nisé chez certaines espèces, qu'il subit une série de modi- fications avec dégénérescence pigmentaire de plus en plus profonde ;

Que chez Cyclodus, eet organe reste à l'état rudimen- taire sans aucune dégénérescence ;

Chez Chameleo vulgaris, il y a arrét dans le dévelop- pement.

Voici les conclusions. que Spencer a tirées de ces études :

Nos connaissances actuelles ne sont pas assez avan- cées pour établir que l'œil de l'Amphioxus est l'homologue de l'œil impair des tuniciers, ou de l'œil pinéal des vertébrés ;

2'L'épiphyse des ehorduta supérieurs est l'homologue de l'œil de la larve des tuniciers ; |

L'œil pinéal est une différenciation secondaire de la partie distale de l'épiphyse ;

4 Il n'est pas suffisamment évident que cel organe existe ou n'existe pas chez les amphibiens éteints, el parmi les formes vivantes, il ne subsiste que chez les lacertiliens ; :

5? Dans toutes les formes existantes, il est à l'état rudi- mentaire et, quoique bien développé quant à la structure chez quelques-uns, il n'est cependant pas parfaitement fonctionnel ; |

{ PEN:

( 819 ) ll a été développé le plus hautement : 1* Dans les amphibiens (Labyrinthodon); Dans les grands groupes des formes éteintes (ichtyo- saure, plésiosaure, iguanodon, qui peuvent être regardés comme ancêtres des reptiles et des oiseaux); L'œil pinéal doit être regardé comme un organe de sens particulier à l’époque prétertiaire. La première ébauche de lépiphyse apparaît chez Anguis fragilis sur l'embryon correspondant à un poulet vers la fin du troisième jour (fig. 2). L'embryon, qui a 4 millimètres de longueur, est alors contourné en- demi-ellipse, couché sur le cóté droit et reposant sur l'aire vasculaire; cette dernière mesure 7 millimètres de dia- mètre; elle est légèrement échanerée en cœur vis-à-vis de la tête (1%) de l'embryon, à l'endroit aboutissent la veine et l'artère omphalo-mésentériques uniques. Le corps de l'embryon est allongé et grêle et mesure en diamètre à peine un demi-millimètre. Les vésicules optiques se sont invaginées, et elles contiennent un cristallin encore creux; les fentes branchiales ont apparu; la figure 2 montre à quoi en est la flexion de la tête par rapport au Corps. Sous sa première forme, la glande pinéale est un diver- ticule creux ayant l'aspect d'un champignon sans stype (fig. 29) ; elle s'est formée aux dépens de la voûte du tha- lamencéphale (fig. 26); elle se trouve ainsi invaginée dans la paroi supérieure du cerveau intermédiaire 5. La paroi de l'épiphyse est alors formée de plusieurs cou- ches de cellules fusiformes. La voüte du cerveau intermé- diaire en avant de l'épiphyse s'amincit jusqu'à l'endroit elle se confond avee le cerveau antérieur; tandis qu'en arrière, elle s'épaissit en se fusionnant avec la paroi du cer-

( 820 .

veau moyen.Quantau creux épiphysaire,il communique lar- gement avec la cavité du troisième ventricule (fig. 2), ét l'or- gane lui-même est logé dans le mésoblaste; il vient en con- tact direct avec l'épiblaste. C'est à ce moment que l'épiphyse ressemble le plus à une vésicule optique primaire. Disons en passant que chez le poulet, d'aprés nos observations, la méme disposition existe vers la fin du troisième jour. Il suffit, pour s'en assurer, de comparer la figure 10, repré-

sentant une coupe d'embryon de poulet, à la figure 2. Ce premier état de l'épiphyse est de courte durée, le "divertieule s'allonge rapidement en doigt de gant en même temps qu'il se porte en avant; les parois s'épaississent, soit que les cellules atteignent une hauteur plus grande, soit qu'il se forme une nouvelle couche d'éléments; la cavité d'abord largement ouverte se réduit un peu parce qu'il y a probablement compression de l'organe au milieu du mésoblaste; par sa face supérieure, l'épiphyse est en contact avec l'épiblaste; par sa face inférieure, elle repose dans toute sa longueur sur la voüte amincie du thalamen- céphale (fig. 5). Chez le poulet, au quatriéme jour (fig. 9), les dispositions sont pareilles à ce qui existe chez l'orvet, mais les dimensions de la vésicule sont relativement bien

plus considérables chez le poulet (fig. 9«).

Mais tandis que l'épiphyse se développe comme nous venons de le décrire, il apparait en méme temps, à la limite du cerveau antérieur, dans le cerveau intermédiaire et dans le plan médian, un autre diverticule d'abord indécis, mais qui ne tarde pas à ressembler quelque peu à la glande pinéale telle que nous l'avons primitivement décrite; toute- fois, au lieu de s'aplatir par la suite comme l'épiphyse, creux reste largement ouvert, débouchant dans le troisième ventricule; la paroi de cette cavité constitue l'ébauche du plexus choroïde du troisième ventricule. |

( 821 )

Les phénomènes que nous venons de décrire ont lieu jusqu'au moment l'extrémité caudale commence à s'en- rouler chez l'embryon.

Dès que l'extrémité postérieure se contourne-(1) sur elle-méme, la partie libre de l'épiphyse s'épaissit considé- rablement (fig. 4), les cellules s'étirent en longueur et deviennent cylindriques; et alors qu'il n'existe encore aucune trace de séparation entre la portion distale et la portion proximaleépiphysaires, i! est possible de distinguer quelles seront les cellules qui sont destinées à devenir le cristallin et celles qui formeront la rétine. Celle-ci est* constituée par les cellules de la paroi profonde placées à l'extrémité.

Les noyaux sont rejetés à la périphérie, tandis que les éléments qui doivent former la lentille sont disséminés sans ordre précis. À ce moment, sans nul doute, nous nous trouvons en présence d'un état voisin de ce qui existe chez Cyclodus, et que Spencer a si bien décrit dans son excellent travail sur l'état de l'épiphyse chez les reptiles adultes. La différenciation s’accentue rapidement et la paroi de la vésicule tournée vers l'épiblaste est nette- ment biconvexe, formant un plateau qui deviendra le cris- tallin de l'œil pinéal. (Nous avons pu dérouler complè- tement un embryon du stade que nous décrivons actuellement ; il mesurait 9 millimètres de longueur.)

Sur des embryons un peu plus développés, un étran- glement apparait et sépare bientôt la partie distale diffé- renciée, comme nous venons de l'indiquer; la séparation se trouve complète dans le stade de la figure 1. PRE

(1) Il n'est plus possible alors de considérer les phases successives en notant la longueur de l'embryon. Par les figures,il est facile de se rendre compte du stade que nous décrivons.

bl A Ke A

( 822 )

La longueur de la téte de l'embryon, depuis l'extrémité nasale jusqu'à l'extrémité du cerveau moyen, mesure 3 mil- limétres. L'axe des cerveaux antérieur (a), intermédiaire (b) et moyen (c), se trouve sur une méme ligne droite; tandis que l'axe du cerveau postérieur est perpendiculaire à cette derniére ligne; le cerveau moyen commence à proéminer; les cavités nasales sont déjà profondes. Quant à l'épi- physe, avec un peu d'attention, on la découvre à l'œil nu en avant du cerveau intermédiaire. Elle a l'aspect d'un petit bourgeon hyalin; à la loupe de Steinheil grossissant *cinq fois, il est possible de constater le sillon qui sépare les deux parties de l'organe que nous étudions. Cette sépa- ration n'est pas aussi simple que pourrait le faire penser un premier examen des figures 7 et 8. Nous verrons par Ja suite que les choses se passent de la méme facon chez Lacerta muralis (fig. 26).

Tandis que le cristallin se ipeo nettement par la scission à la partie supérieure de l'extrémité distale, il reste, dans l'angle formé entre la face antérieure de la partie proximale et la voüte du cerveau intermédiaire, un amas de grosses cellules provenant de l'épiphyse et qui marquent encore la trace de l'union des deux parties de cet . organe.

La figure T montre une dizaine de ces cellules en con- tact avec l'œil pinéal qui, à ee moment, a la forme d'une coupe. Ces cellules adhérent à la partie inférieure de la- coupe par de fins prolongements; ces derniers pénètrent dans les cellules formant le fond de la coupe. Dans la figure 5, à la base de l'œil pinéal, on découvre encore nettement les cellules qui nous occupent; leur réunion à l'aspect d'un court pédicule; enfin, sur des coupes. voisines

de celles que nous avons photographiées, ces cellules repo- -sent sur la voüte méme du cerveau intermédiaire.

( 823 )

En suivant les amas de cellules au stade figuré en 1, 5, 6, 7 et 8, toutes photographies prises sur le méme em- bryon, on voit que ces cellules, d'une part, sont en rela- tion avec la base de l'œil (fig. 1) et, d'autre part, avec lépiphyse proximale méme. Le cordon cellulaire ainsi formé est analogue aux pédicules primitifs des yeux ordi- naires; toutefois, remarquons que ce cordon n'est pas creux ; il conduira cependant les cylindres-axes qni consti- tueront plus tard le nerf optique.

L'examen des figures 7 et 8 nous montre : 1? que le cristallin est formé d'un plateau biconvexe en forme de lentille; 2 que ce cristallin est en continuation directe avec le reste de la paroi de l'œil; qu'il est formé de deux rangées de cellules fusiformes portant des cils vibratiles vers la cavité interne; que le reste dela paroi de la cavité distale est formé de trois couches de cellules à gros noyaux; a) des cellules à la périphérie sont globuleuses et délimitent l'œil pinéal sauf à la partie inférieure, vient aboutir le cordon cellulaire: dont il a été question plus haut; b) une couche de cellules moins volumineuses placées sur deux rangées; c) sur cette derniére couche repose une assise de cellules tournées vers la cavité; elles ont la forme de bâtonnets trés bien délimités et dont les noyaux se trouyent vers lg base; ces bàtonnets sont ciliés vers la cavité ocu- laire; que la partie proximale de l'épiphyse forme une cavité dont la paroi est formée de plusieurs couches de cellules fusiformes et ciliées. Cette cavité See E avec le troisiéme ventricule.

A ce stade, l'œil pinéal ainsi que la partie proximale de l'épiphyse se trouvent logés dans le mésoblaste. Js sont environnés de toutes parts par des cellules sembryonnaire n'ayant subi aucune différeneiation. Une seule rangée de

*

( 824 ) cellules mésoblastiques séparent de l'épiblaste la surface supérieure du cristallin; un vaisseau sanguin arrivant pos- térieurement se dirige vers le plexus choroide S.

La partie proximale de l'épiphyse se trouve rattachée à la voüte du cerveau en avant de la commissure postérieure, qui est déjà trés apparente.

Les figures 1, 5, 6 et 11 nous montrent que la voûte du cerveau intermédiaire est trés mince en avant de l'oeil pinéal jusqu'au plexus choroïde S; nne seule couche de cellules peu élevées en forme la paroi.

Quant à la cavité S, fig. 5 et 6, résultant de la formation du plexus choroide, elle s'est considérablement accrue; elle se dirige en arrière vers l'épiphyse, elle pousse latérale- ment dans le mésoblaste des tubes parfaitement limités (la figure 6 montre la section de l'un de ces tubes). La paroi de l'ensemble de cette eavité est formée d'une seule couche de cellules. Entre la voüte du cerveau moyen et la paroi de la nouvelle cavité s'insinue un vaisseau sanguin.

A partir du stade que nous venons de décrire, la voüte trés mince du thalamencéphale va diminuer en longueur par le rapprochement des hémisphéres cérébraux et du cerveau moyen. La cavité creusée pendant la formation du plexus choroide atteindra la portion proximale de l'épi- physe (fig. 11 et 19), tandis que cette cavité communiquera encore avec le troisième ventricule. Pour se faire une idée des modifications de la voüte du thalamencéphale, il suffit de comparer les figures 11 et 12. On constate par cette comparaisen que la paroi de cette voüte cesse mainte- nant de délimiter extérieurement le troisième ventricule (fig. 11).

Les transformations que vont subir maintenant les deux portions de l'épiphyse s'accompliront trés rapidement ; SUT

( 825 )

les embryons, on découvrira à l'eeil nu la tache pigmentaire signalée autrefois par Leydig. Sur des embryons plus ágés, ou la découvrira facilement au milieu de la plaque, telle que de Graaf l'a figurée chez l'adulte.

L'œil pinéal, qui avait dans notre dernière description l'aspeet d'une coupe, va maintenant en s'aplatissant, et il prend en s'allongeant la forme d'un ovoide. Le cristallin est formé de plusieurs couches de cellules en continuation avec les éléments de la rétine.

De Graaf, chez l'adulte, avait d'abord décrit et figuré le cristallin comme séparé des éléments rétiniens ; Spencer a reconnu que cette disposition n'existait pas et que de Graaf s'était trompé; quant à ce point, nos observations sur un nombre considérable d'embryons confirment que l'auteur anglais a exactement reconnu les rapports du eristallin et de la rétine. Nos photographies tranchent la question d'une facon absolue.

Entre les éléments du cordon cellulaire (fig. 5, 6, 7 et 8) Sinsinuent des fibrilles nerveuses qui prennent leur ori- gine à la face inférieure du pédicule proximal; elles naissent des cellules constituant la paroi de ce dernier organe, qui fait toujours partie du cerveau intermédiaire, et par conséquent doit étre considéré comme partie inté- grante des centres nerveux.

Il nous a été possible de constater que, dans le début, les cylindres-axes, nombreux vers la base du pédicule, S'avancent vers l'oeil pinéal; ils arrivent bientôt en contact avec l'oeil lui-même, ils y pénètrent par la face inférieure le cordon cellulaire vient aboutir.

Dans l'oeil, les cvlindres-axes s'irradient dans les éléments rétiniens, La photographie 11bis nous montre quelques-uns de ces cylindres-axes; il en est que l'on voit s'étendre de

*

( 826 )

Pœil à l'épiphyse proximale. Nos préparations montrent que quelques-unes des cellules du cordon réunissant les deux parties de l'épiphyse fournissent des prolongements fibrillaires; nous pensons que ces cellules peuvent consti- tuer des cylindres-axes. Le uerf est fort bien limité (fig. 16, n). Les cellules du mésoblaste qui environnaient l'eeil se sont différenciées, elles se sont aplaties et elles entourent de toute part l'organe formant une enveloppe piale. La membrane formée ainsi se continue directement autour du nerf auquel elle forme une véritable gaine. Le nerf est d'autre part en contact avec la face inférieure de la partie proximale de l'épiphyse. Quant au reste de la rétine, il se trouve formé : de deux rangées de cellules qui viennent reposer à certains endroits sur une couche de fibrilles provenant du nerf; d'une couche constituée de bàtonnets ciliés tapissant l'intérieur de l'ceil.

La couche fibrillaire occupe, comme nous venons de le dire, le fond de l’œil; latéralement (voir fig. 16) on peut voir une premiére trace de la zone moléculaire future entre la couche de cellules externes et internes.

La cavité résultant de la formation du plexus choroide s’est ranifiée dans le mésoblaste en s'incurvant; elle à atteint maintenant le voisinage de la partie proximale de Teoipet

Les figures 11 et 11 bis montrent le nerf.

La figure 11 bis montre des fibrilles nerveuses s'éten- dant de l'épiphyse proximale à la base de l'oeil, elles vont se perdre dans la rétine.

La figure 19 représente une coupe d'un embryon plus. âgé, sur lequel on aperçoit une traînée de cellules consti- tuant la gaine des nerfs.

La coupe n'a atteint que latéralement le nerf mais il est

( 827 )

possible de voir qu'à la base de l'œil des fibriiles du nerf y pénétrent; vers l'épiphyse, c'est avec la face inférieure de la tige que le contact a lieu.

La figure 12 montre encore les rapports de l'extrémité inférieure de l'épiphyse avec les couches optiques. Elle indique ce que devient le plexus choroide S; on voit que la cavité du troisième ventricule b, qui était relativement grande, est actuellement très réduite.

Sur des embryons plus âgés, le nerf optique a disparu; les cellules et les fibres qui le formaient se sont dispersées et sont perdues sans ordre dans la partie comprise entre le revément commun de l'oeil et l'extrémité de l'épiphyse par la pie-inére; la figure 15 nous montre en effet que l'eil est enveloppé d'une membrane piale commune éga- lement à l'extrémité libre de l'épiphyse.

Dans le stade représenté par la figure 15, les organes qui nous occupent ont atteint, à peu de chose prés, le développement qu'ils auraient sur l'adulte; l'embryon à alors 5 centimétres de long, l'axe de la téte se trouve maintenant dans la direction de l'axe du corps, tandis que dans les figures 14 et 19, l'axe de la tête se trouvait encore perpendiculaire à l'axe du corps.

En examinant la figure 15, on voit que la portion proxi- male de l'épiphyse a subi un allongement considérable; une flexion s'y est produite; dans l'angle de cette flexion est venu se loger le plexus choroide du troisième ventri-. cule. C'est pendant que s'allonge la tige épiphysaire en méme temps qu'elle se plie, que le nerf disparaît; il se rompt d'abord, et ses éléments diparaissent, confondus avec les cellules du mésoblaste; des coupes nous font penser qu'il en est ainsi. Remarquons encore que trés souvent, entre la partie proximale et la. partie distale de

*

( 828 ^

l'épiphyse, nous avons trouvé des amas de cellules pigmentées. La dégénérescence pigmentée intervient- elle dans la disparition du nerf? Nous sommes tenté de le croire, sans que nous puissions l'assurer d'une maniére absolue. Pour se rendre un compte exact des phénoménes qui se produisent relativement aux dimen- sions et à la direction de la partie proximale de l'épiphyse, il suffit d'examiner les photographies.

Chez le lézard, ces phénomènes d'allongement et de flexion sont moins accentués; en comparant la figure 25, représentant une coupe longitudinale d'un embryon de lézard au stade correspondant à celui qui est représenté figure 12 pour l'orvet, on voit que l'épiphyse proximale est perpendiculaire à la direction de l'œil pinéal.

Il sera aisé de comprendre comment il se fait que chez le lézard, le nerf persiste même chez l'adulte, comme Spencer l’a prouvé.

Les figures 11, 12, 13 montrent que l'œil produit une dépression sur la tête. On voit sur la figure 18 qu'au-dessus de l'oeil se trouve, en allant du dehors en dedans : la couche cornée de l'épiderme et le corps muqueux de Malpighi; le derme qui vient ensuite est formé de fibres transversales minces, puis de fibres longi- tudinales serrées les unes contre les autres; elles forment au-dessus de l'œil un épaississement plus considérable que partout ailleurs; la photographie 48 montre nette- ment cet épaississement. Le resie du mésoblaste vient ensuite. Il s'y est produit un commencement de différen- ciation contre le cristallin; cette différenciation, qu’on remarque également tout autour de l'œil, représente la capsule piale de cet organe. Remarquons encore, pour que le lecteur puisse se faire une idée exacte des choses au

( 029]

point de vue topographique, que les figures 15 et 18 pro- viennent du méme embryon, sur lequel: nous sommes parvenu à dissoudre le pigment des bàtonnets à l'aide de réaelifs.

Il nous est ainsi facile de constater que le pigment noir est Contenu dans les bàtonnets, à l'extrémité de ceux-ci; nous voyons encore que les bàtonnets sont ciliés. La cavité de l'oeil est occupée par une substance qui s'est eoagulée par les réactifs.

Sur des coupes transversales de œil, nous avons décou- vert que la pigmentation formait un réseau à mailles poly- gonales, et il nous a été possible de constater que le pig- ment est accolé à la paroi des bâtonnets (peut-être méme entre les parois des bàtonnets); de là, l'aspect réticulé obtenu sur les coupes. Il se peut que par la suite le pigment enva- hisse toute l'extrémité des bàtonnets, ce qui parait exister d'ailleurs chez l Hatteria (voir Spencer).

De Graaf croyait d'abord que l'extrémité des bàtonnets dirigés vers la cavité était tout à fait claire; Spencer a reconnu que cette région claire el réfringente n'existe Pas; nos observations sur des embryons dont le pigment a été enlevé sans nuire à la conservation des tissus (tig. 18) nous permettent d'affirmer que c'est l'opinion de Spencer qui doit prévaloir. :

Sur les figures 18 et 19, nous voyons que les bàtonnets reposent sur une couche de deux rangées de cellules à gros noyaux. Sur la figure 19, on peut s'assurer que ces bâtonnets sont munis inférieurement de filaments qui tra- versent la couche de cellules sous-jacentes et vont méme se perdre dans la couche moléculaire; ces filaments eux- mémes sont envahis par du pigment, c'est ce qui permet de suivre leur trajet; sur les préparations, il est facile de

D Be ot E E re

( 830 ) voir que ces filaments parviennent jusqu'à la couche de cellules externes. z

Ensuite vient une assise, très mince, d'une substance granuleuse qui ne se colore pas par les réactifs. Sur la photographie, elle simule une zone claire séparant nette- ment la couche interne de la couche externe. Enfin, on rencontre une dernière couche formée de grosses cel- lules à gros noyaux; nous avons déjà dit que des prolon- gements filiformes, souvent pigmentés, partent de cette couche, traversant les autres parties de la rétine et se terminant à la partie inférieure des bâtonnets. La couche qui nous occupe est fort bien différenciée de la couche granuleuse; elle s'est accusée d'une facon précise à partir du moment le nerf s'est constitué (1).

Par l'examen des figures 17 et 18, il est facile aussi de

s'assurer que de Graaf s'est trompé en décrivant et en

représentant le cristallin comme un organe séparé de la rétine.

Spencer a reconnu que la rétine et le cristallin étaient | en continuation non interrompue; nos observations mon- -

ara EE. à

(4) De Graaf et Spencer ont comparé l'œil pinéal des reptiles aux

yeux de Céphalopodes et des Ptéropodes. Nous pensons que la

ressemblance entre cet œil et ceux des planaires est aussi trés grande.,

C'est ainsi que d’après Lang (Fauna und Flora des Golfes von Neapel,

XI Monographie 4884) chez Pseudoceros la rétine est formée d'une

couche de cellules volumineuses viennent aboutir les fibrilles du l

nerf optique; ces cellules portent des bâtonnets. D'après ed recherches, chez Leptoplana tremellaris il existerait méme, entre ^?

celles données par Spencer et de Graaf, on sera convaincu ressemblance de structure dont nous parlons actuellement.

E. P. $

couche de cellules et les bâtonnets, une couche moléculaire ; mince ne se colorant pas. En comparant les figures 12 et 15,

22, de la belle Monographie de Lang à nos figures 17 et 18 nr de

E ALE NIMEN OUNT PNE TEE NIAE EEEE E Sd AGF

( 851 ) trent, en effet, qu'il n'existe aucune solution de continuité entre les deux organes que nous décrivons en ce moment, Le cristallin forme une lentille biconvexe composée de cellules allongées ; à l'extrémité tournée vers la cavité ocu- laire ces cellules sont ciliées (fig. 18). I arrive très sou- vent, qu'au centre, les cellules du cristallin Sont envahies par du pigment.

L'œil pinéal apparait maintenant comme une tache noire sur la téte de l'embryon.

Par les figures 15, 14 et 15, nous pouvons fixer la posi- tion de l’œil par rapport aux autres organes. La figure 15 nous représente la section transverse de la téte d'un em- bryon àgé; cette coupe passe par l'oeil lui-méme.

Latéralement et en dessous, nous voyons la section des deux hémisphères cérébraux aa; immédiatement sous l'œil nous remarquons la section de l'artére pinéale, puis la sec- tion du plexus choroidien S, qui ferme supérieurement le troisième ventricule. Sur le Thalamus opticus (t. h.) repo- sent latéralement les deux hémisphéres. j

La figure 44 nous montre une section de la tête d'un orvet du même stade; la coupe passe par le point viennent aboutir les dernières cellules de la tige proximale de l'épi- physe. On voit en avant les deux hémisphères sectionnées ; en arrière et dans l’angle formé par ces deux hémisphères, on découvre la section du sommet du Thalamus opticus, limitant la cavité du troisième ventricule b; on reconnait encore le plexus choroïde S avec la Tela choroïdea.

Nous aurions voulu joindre une photographie d'en- semble représentant une section longitudinale d'une tête d'embryon passant également par l'œil pinéal, mais il n'est Pas possible que nous multipliions les figures déjà nom- breuses. Les photographies 11, 12 : 15 tiendront lieu de cette coupe longitudinale.

( 852 )

L'œil pinéal ainsi formé est semblable, à peu de chose prés, à ce qui a été décrit par de Graaf et Spencer. Si l'on se rappelle ce que nous avons dit antérieurement dans la partie historique, nous voyons que l'œil pinéal a de grandes ressemblances avec celui de l'Hatteria.

Occupons-nous maintenant de la structure de la partie proximale de l'épiphyse, du plexus choroide et des cavités qu'il limite. Nous savons déjà comment ee plexus se forme, nous avons vu comment ces cavilés arrivent à atteindre le voisinage de l'œil pinéal et de la partie proximale épiphy- saire. Nous savons aussi que, sur la ligne médiane, la voüte primitive du thalamencéphale est remplacée par une voüte de formation secondaire; tous ces détails de formation se découvrent facilement si l'on compare les figures 5, 6, 11, 12 et 13.

Quant à l'extrémité libre de l'épiphyse proximale, la

figure 15 nous la montre formée de deux parties; la partie antérieure est composée d'un tube allongé, cylindrique, se dirigeant parallélement à la surface de l'épiderme; la partie inférieure se dirige vers le bas, elle a la forme d'un cône dont l'extrémité repose sur la commissure pos- térieure. Nous savons comment cet état de choses s'est pro- duit; nous croyons inutile de parler encore des phases par lesquelles passe la tige épiphysaire : l'examen des ligures 11, 12 et 15 remettra rapidement en mémoire les trans- formations successives dont il a été question antérieu- rement, : - Remarquons toutefois qu'il y a eu un moment la direction de celle tige était presque perpendiculaire au grand axe de l'œil pinéal; cette disposition existe à un* degré plus marqué chez le lézard (voir fig. 25 24 et 26)

De Graaf a décrit la partie proximale de l'épiphyse

* s 4

( 888 )

munie de sinuosités. Sur des embryons, jamais cette dis- position ne se présente, c’est une différenciation post- embryonnaire. Les figures 20, 21, 22 et 25 représentent des coupes de l'épiphyse proximale et du plexus choroide du troi- siéme ventricule à différents niveaux et parallèles au plancher du crâne. Les tubes sont donc sectionnés à peu prés perpendiculairement. La cavilé représente la lumière du tube épiphysaire; cette cavité diminue à mesure qu'on approehe de l'extrémité inférieure. Nous voyons que la paroi interne est formée de longues cellules cylindriques ciliées, fort analogues aux bâtonnets de la rétine pinéale (fig. 25). Sur certains embryons, on rencontre méme du pigment noir dans les bàtonnets. Ces bâtonnets reposent sur une couche externe formée de deux rangées de cellules. Sur la partie en contact avec le plexus, les cellules sont souvent plus nombreuses (fig. 95). Quant au plexus choroidien, nous le voyons formé de cavités irréguliéres affectant la forme de tubes contournés, et dont les parois sont formées d'une seule assise de cellales peu élevées; extérieurement, entre ces tubes . €horoidiens, se sont glissées des cellules du mésoblaste et. des vaisseaux sanguins. Il existe toujours une cavité prin- cipale S représentant la première invagination que nous avons décrite antérieurement. La figure 22 montre, outre la coupe de cette cavité, la section de la voûte du-cerveau intermédiaire, à la hauteur de l'endroit l'épiphyse vient €n contact avec les couches optiques. Les figures 19, 45, 14, 15 montrent suffisamment les dispositions du plexus choroide par rapport aux organes voisins, pour que nous puissions nous dispenser dione description plus longue. . pe UT O"* SÉRIE, TOME XIV. . 56

( 884 )

Comparaison de l'eil pinéal et de l'épiphyse chez l'orvet el le lézard des murailles.

M. le professeur Swaen, de l'Université de Liége, a eu l'extrême obligeance de nous céder une série d'embryons de lézards sur lesquels nous avons pu étudier le dévelop- pement de l'épiphyse.

Tout ce que nous avons dit de l'épiphyse de l'orvet, tant de la portion proximale que de la portion distale, s'applique en tout point au lézard jusqu'à la phase repré- sentée par la figure 1. A partir de ce stade, le pédicule proximal se place tout à fait dans une direction perpendi- culaire à l'œil épiphysaire; cette direction, que nous avous déjà décrite antérieurement, persiste chez des embryons très âgés; chez ces derniers, le nerf optique persiste, contrai- rement à ce qui a lieu chez l'orvet.

Un coup d'oeil sur la figure 7 se rapportant à l'orvet, et sur la figure 26 se rapportant au lézard, suffit pour se con- vaincre que la structure de l'épiphyse est semblable à ce moment chez les embryons de ces deux reptiles à des stades eorrespondants.

Le plexus choroide du troisième ventricule suit égale-

ment dans son développement le méme processus chez le: ;

lézard que chez l'orvet. : Au stade représenté par les figures 95 et 24, et qui

correspond à un embryon dont la tête a 4 millimètres de

long, l'œil pinéal diffère cependant dans sa structure du méme organe chez l'orvet. Le cristallin est une lem

biconvexe formée de cellules fusiformes; la face tournée vers l'extérieur est claire et hyaline, le mésoblaste ê

( 839 )

beaucoup moins d'épaisseur que chez Anguis. Le cristallin est d'ailleurs en continuation directe avec la rétine. Celle-ci est formée: d'une couche de bátonnets dont l'extrémité tapisse la cavité oculaire; ces bâtonnets commencent à étre envahis par de petites sphérules de pigment; puis on distingue une couche de cellules internes servant de support aux bàtonnets; 5? une couche de cellules sphériques volumineuses à gros noyaux se trouve à la périphérie. Les cellules provenant de l'épi- physe, et qui s'aecolent d'une part à l'extrémité proximale, d'autre part à la couche externe, forment un cordon comme chez l'orvet; plus tard des cylindres-axes apparaissent également. Quant aux cavités du plexus choroidien du troisième ventricule, comme chez l'orvet, elle est tapissée d'une seule couche de cellules peu élévées. Ces cavités sont formées de tubes s'insinuant dans le mésoblaste et venant se loger sous l'œil et dans le voisinage du pédicule proximal épiphysaire. Chez l'orvet et chez le lézard, ce sont des dis- positions qui se ressemblent trop pour que nous refassions à nouveau nos descriptions. Les photographies prouvent suffisamment ce que nous avancons sous ce rapport, et elles nous dispensent de rendre plus longue cette note Préliminaire. d

Pour ce qui est du rôle fonctionnel de l'œil pinéal, Nous avons fait des expériences qui, sans être absolument concluantes, nous permettent de penser qne, chez le lézard du moins, l'œil impair est encore capable de percevoir la umiére,

Nous avons disposé six boites de carton (1)en contact par leur angle et de facon qu'elles limitent un espace hexa-

iore e ous PHP Per T CU

(!) Boites qui avaientcontenu des plaques photographiques 9 x 12.

( 856 ) gonal. Chaque boîte était percée d'une ouverture d'un centimètre carré de surface, chacune d'elles communiquant ainsi avec l'espace hexagonal.

Dans l'une de ces boites nous placons une lampe à incandescence de 4 volts.

Un lézard, dont les yeux avaient été cautérisés profon- dément par un fer rouge, fut placé dans l'hexagone central; ce dernier fut recouvert de son couvercle; en répétant un grand nombre de fois l'expérience, huit fois sur dix, aprés un quart d'heure, nous avons retrouvé le lézard dans la boite fonctionnait la lampe à incandescence. Dans les mêmes conditions, et en opérant avec l'orvet, nous avons trouvé l'animal trois fois sur dix dans la boîte éclairée. Ces expériences militent en faveur du rôle actuellement en partie fonctionnel de l'œil pinéal.

Comme nous l'avons dit antérieurement, c'est sur les conseils et sur les indications de M. Éd. Van Beneden que nous avons entrepris l'étude du développement de l'orvet, alors que nous fréquentions encore les laboratoires d'ana- tomie comparée et d’embryologie de l'Université de Liège. Dans le cours des recherches dont nous présentons les premiers résultats à l'Académie, notre ancien maitre a

bien voulu nous honorer de ses conseils éclairés et bien-

veillants. Qu'il nous soit permis de lui exprimer iei toute notre reconnaissance.

Nòus remercions M. Swaen de l'obligeance qu'il a eue en nous confiant une série d'embryons de lézard. Nous avons été ainsi à méme de vérifier nos observations sur un second reptile. M. Swaen a eu la bonté de nous indiquer également quelle était la marche à suivre, au point de vue de la technique, pour arriver à de bons résultats sur les sujets qu'il nous donnait à étudier.

->

( 837)

EXPLICATION DE LA PLANCHE.

N. B. Toutes les figures ont été obtenues par la photographie; elles représentent des coupes colorées en rouge par le piero-carmin (4). Aucune retouche, quelle qu'elle soit, n'a été exécutée à aueun cliché. Les plaques employées étaient isochromatiques de la marque Attout Tailefer ou d'Obernetter (Perutz) (2). Nous avons nous- méme rendu isochromatiques des plaques Nys suivant les procédés que nous avons fait connaître à la Société belge de microscopie (5). Comme éclairage, nous nous sommes servi simplement de la lampe au pétrole (Lampe belge). Toujours le condenseur d'Abbe a été employé avec le diaphragme 4 millimètres.

Puoroërapnie 4. Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : 4. Cerveau antérieur; b, cerveau intermédiaire ou thalamencéphale; €, cerveau moyen ; o, œil pinéal; e, tige proximale de l'épiphyse.

Objectif 5 de Nachet sans oculaire; amplification 20 diamétres.

PHOTOGRAPHIE 2. Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : E 4, cerveau antérieur; b, thalamencéphale; c, cerveau moyen; c, pre- miére apparition de l'épiphyse à la voüte du thalamencéphale.

Objectif apochromatique NA 0,50 de Zeiss, foyer 16 millimétres; oculaire projecteur 2; amplification 48 diamètres.

- Paorograpmie 5. Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : 4, Cerveau antérieur ; b, thalamencéphale; œ, épiphyse s'allongeant en avant. Objectif NA = 0,50 foyer 16 millimètres de Zeiss; amplification 5 diamètres.

Puorocnapnig 4. Enty on d orret, coupe antéro:postérieure : Portion de la voüte du th qui s'accomplissent dans la paroi de l'épiphyse c.

Objectif NA 0,50 foyer 16 millimétres de Zeiss ; amplification 48 diamètres.

ne Le te

1) Voir Manuel de gens. va re par le Dr P. Franc (2) Voir Résumé d’une con xen a microphotographie appliqué à l'histologie, Foulan eos pard et Pie as lapi ie, par le Dr P. Fra

(3) Voir Notes de technique microscopique, par le Dr P. Francotte. ap edet DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE em bna 30 avril 4887.

( 838 )

Pnotograpmies 5 et 6. Embryon ‘d’orvet; coupe antéro -posté- rieure : b, thalamencéphale; o, œil pinéal; e, épiphyse proximale ; S, plexus choroïde du troisième ventricule; en 5, on voit encore la communication de la cavité de ce plexus avec le troisième ventricule; 6, montre un tube de ce plexus parfaitement limité dans le méso- blaste. En arriére de la tige proximale de l'épiphyse, on voit la premiére ébauche de la commissure postérieure. Méme combinaison optique et méme grossissement qu'en 4.

PuorocRAPHiEs 7 et 8. Embryon d'orvet, coupe antéro-posté- rieure: b, thalamencéphale; o, cil pinéal; e, tige proximale de l'épiphyse; postérieurement à cette tige, commissure postérieure; 7 montre la forme du cristallin futur; sous l'œil et entre cet organe et la voûte du thalamencéphale, on voit de grosses cellules formant le cordon que nous avons décrit; 5 et 6 montraient également un certain nombre de cellules de ce cordon. En 8, on remarquera la cavité de l'épiphyse proximale,

Objectif 6 de Nachet, oculaire 2, projecteur de Zeiss; amplification 250 diamètres.

Puorocrapnies 9 et 40. Embryon de poulet, coupe antéro- postérieure : a, cerveau antérieur; b, thalamencéphale; c, cerveau moyen ; œ, épiphyse à la voûte du thalamencéphale.

Objectif 3 de Nachet, sans oculaire; amplification 18 diamètres. (9, fin du troisième jour ; 10, quatrième jour d'incubation.)

PuorocraPaie 44. Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : b, thalamencéphale; o, œil pinéal; e, épiphyse proximale venant aboutir à la commissure postérieure; S, plexus choroide. o voit sans peine le nerf optique pinéal reliant l'œil à l'épiphyse proximale.

Objectif NA = 0,30, 46 millimètres de foyer de Zeiss, ocula projecteur; amplification 48 diamètres.

PnorocnapPmiE 14 bis. Coupe du méme sujet que 11 à un niveau inférieur. On voit l'œil entier avec le cristallin et la rétine; raphim est un peu détaché; on voit en dessous le derme. À droite - représenté l'extrémité de l'épiphyse proximale ; le nerf optique pinéal relie cette dernière à l'oeil; dans ce nerf, on distingue Sans pros quelques cylindres-axes qui vont se perdre dans la rétine.

iUe CES ine

( 889 ) : Objectif D de Zeiss; oculaire projecteur corrigé per? cet objectif ; grossissement 200 diamètres.

Pnorograpnie 12. Comme 11, mais à un stade moins avancé,

Méme combinaison optique et méme grossissement.

PuorocnaPuig 13. Comme 11 et 42, stade plus avancé. Même eombinaison optique et méme grossissement,

Puorocrapuie 14. Embryon d'orvet, coupe parallèle au plancher du cràne: aa, hémisphères cérébraux; b, thalamencéphale avec le plexus choroide en avant et la tela choroidea; latéralement les couches optiques (thalamus opticus); ce, cerveau moyen.

Objectif 5 de Nachet, sans oculaire, 18 diamétres.

Pmorocnaprmig 15. Embryon d'orvet, coupe transversale et perpendiculaire à l'axe du corps : aa, hémisphéres cérébraux recou- vrant le thalamencéphale; 5, cavité du troisième ventrieule limitée latéralement par les couches optiques (thalamus opticus); vers le haut, le thalamencéphale est limité par le plexus choroide S et la tela choroïdea. Exactement au-dessus du thalamencéphale, on voit l'œil pinéal; vers ce dernier se montre la section de l'artère pinéale. Même combinaison optique que pour 44; grossissement 25 diamètres.

Puorocrapnie 16. OEil pinéal coupé longitudinalement; infé- rieurement et à droite, on voit le nerf optique pinéal pénétrant dans l'œil; on y distingue nettement des fibrilles nerveuses ainsi qu'une série de noyaux dont le grand axe cst dirigé dans la longueur du nerf. On voit que la gaine du nerf se continue avec l'enveloppe piale de l’œil. Latéralement dans la rétine apparait la couche moléculaire.

Puorocnapnig 17. Comme la précédente; une partie du derme est enlevée, les bátonnets sont pigmentés. Même combinaison óc: et méme grossissement que 18.

Puorocrapnig 48. OEil pinéal coupé longitudinalement. La tonnem & wot 93 y 1 £*L 4 FT. A.

i TUO NS H

une couche de fibres longitudinales serrées et hyalines s'épaississant *t prenant ce dernier aspect au-dessus de l'œil seulement, une couche. de cellules du derme; on voit ensuite l'enveloppe piale de l'œil.

( 840 Le cristallin et les différentes couches de la rétine se montrent fort bien; il n'y a pas de pigment dans les bâtonnets. Objectif NA = 0,95, 4 millimètres de foyer de Zeiss; oculaire 2, projecteur, grossissement 250 diamètres.

PuorocrapHIE 49. Coupe transversale de l'œil pinéal. Nous croyons inutile d'analyser cette figure. Même combinaison optique et méme grossissement que 17 et 18.

PnorocnaPeuig 20. Coupe transverse de la tige proximale de l'épiphyse e et du plexus choroide S. - Objectif NA = 0,50 et oculaire 4, projecteur de Zeiss, 85 dia- mètres. 2 PuorocnaPHig 24. Comme 20, à un niveau un peu plus bas; E e, section de la tige proximale; S, cavité principale du plexus; . remarquer l'extension des replis du plexus. T3

PnorocRAPHiE 22. Comme 90 et 24, à un niveau plus bas - encore; e, cavité réduite de l'épiphyse proximale; s, cavité principale : du plexus. :

Pour 21 et 22, méme combinaison optique et méme gronini 1 que pour 20. d

Pnorocnapnie 23. Embryon de lézard, coupe antéro-postérieure : E œil pinéal o, tige proximale e perpendiculaire à la direction de l œil; | cavité du ventricule b; plexus choroïde de ce ventricule. L'analyse du reste de la figure se fera facilement.

Paorograpuie 24, Embryou de lézard; œil pinéal o; tige épiphysaire proximale; b, cavité du troisième ventricule ; S, plexus | du troisiéme ventrieule. Commissure postérieure. Méme rent optique et même grossissement que 11 et 12. : t

Puorocrapmie 25. Comme 20, à un niveau supérieur, grossis- z sement 210 fois; e, épiphyse proximale; s, peus choroïde. Combi- E naison optique comme pour 7 et 8. ,

Puorocnarmte 26. Embryon de lézard; coupe longitudinal l'œil et de la tige proximale à un stade voisin de 7 et 8. Mème grossissement et méme eombinaison optique que 7 et 8.

——— Hc d ——

él

( 844 )

CLASSE DES LETTRES.

Séance du 5 décembre 1887. M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. LiacnE, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. P. De Decker, Ch. Faider, R. Cha- lon, Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, A. Wagener,

: P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Potvin,

J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gan- trelle, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Roersch, membres;

. Alph. Rivier, M. Philippson, associés ; et A. Van Weddingen,

correspondant.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'Agriculture adresse, pour la Biblio-

théque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage publié Par J. Van Droogenbroeck sous le pseudonyme de Jan Ferguut : Makamen en Ghazelen , proeven oosterscher

Poëzie. Remerciements.

La Classe recoit encore à titre d'hommages, les ouvrages Suivants pour lesquels il est voté des remerciements aux auteurs :

A. Dictionnaire d'étymologie française, d’après les

ji ( 842 j résultats de la science moderne, édition; B. Anhang zu j Friedrich Diez? etymologischem Wörterbuch der roma- nischen Sprachen, 5. Ausgabe; par A. Scheler; 2 Un chanoine démocrate, secrétaire du général Van- der Mersch; par Ernest Discailles (présenté par M. Le Roy, avec une note qui figure ci-aprés); Traduction annotée de la « Kaushitaki-Upanishad, » , traité indien de philosophie; par C. de Harlez (présenté par M. Le Roy, avec une note qui figure ci-après);

Des irrigations et des desséchements; par Detroz;

Dietsche Warande, tijdschrift voor kunst en zedege- schiedenis, nieuwe reeks, 1; par Paul Alberdingk-Thijm (présenté par M. Piot, avec une note qui figure ci-après).

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

M. Ernest Discailles, professeur à l'Université de Gand, : bien connu par ses études sur le règne de Marie-Thérèse, - s'occupe depuis quelque temps des hommes et des choses de la Révolution brabanconne. Il reste à glaner plus qu'on ne croit dans ce champ; mais le zèle des chercheurs est | parfois mis en défaut par la difficulté de recueillir des renseignements. Quand on aborde l'histoire d'une eg aussi voisine de la nótre, il faut s'attendre à des déco venues, tous les documents dont on aurait besoin trouvant pas déposés dans les archives publiques. : moins, dans le cas présent, par exemple, à patience et de clairvoyance, on arrive parfois à tables découvertes. C'est ainsi que M. Di tirer de l’oubli le chanoine démocrate De Bri

Battetins, Lt Série Tome AIV, D. 825

Ó / |

3 'ancotte | ; - : Photogrammes du Dr P. Franco | Phototypie Bruckmann, Munich

( 843 )

d'un égard, mais si peu connu aujourd'hui qu'on cher- cherait vainement son nom dans les colonnes de notre Biographie nationale. M. Théodore Juste ne le cite qu'en

belge, parmi ceux des prétres dont les tendances se rappro- chaient du vonckisme.

L'opuscule que j'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de l'auteur, est moins une biographie de De Broux qu'une analyse de sa correspondance. Aumónier et secré- taire du vainqueur de Turnhout depuis les premiers temps de la Révolution, le chanoine partagea toutes les disgràces du général, devénu suspect aux conservatistes. D'abord aux arréts chez les capucins de Bruxelles, il fut, de méme

Que celui-ci, transporté à Anvers par ordre du Congrès Souverain des provinces belgiques unies, et, malgré toutes ses protestations, il y resta sept mois enfermé dans la citadelle, exposé à toutes sortes de mauvais traitements. Conduits ensuite à Louvain, ils furent séparés au bout de quinze jours. C'est à partir de que s'engagea entre eux un échange de lettres dont l'activité persista jusqu'à la mort de Vander Mersch.

Les missives de De Broux sont absoloment inédites. Elles respirent un dévouement sans bornes, un respect profond qui n'exclut pas la familiarité, enfin une bonté d'âme compatibte avec l'énergie et la franchise dans les Conseils. Les Autrichiens étant rentrés, il semble que De Broux se préoccupa de la possibilité d’une transaction entre le Gouvernement et les vonckistes, « sur les bases de la liberté constitutionnelle ». Le comte de Mercy n'était

pas hostile à cette idée ; on est fondé à croire qu'il cher-

chait à gagner les chefs du parti démocratique. Mais pour

du général Vander m personnage intéressant à plus

passant, dans une note de la page 476 de sa République

( 844 )

aboutir à un résultat, selon De Broux, Vander Mersch, alors réfugié à Lille, devait prendre la résolution de repa- raitre à Bruxelles. De Broux s'épuise en instances et finit par triompher. Vander Mersch se montre un instant, puis repart; les lettres relatives à cet incident sont fort curieuses. Ce qui suit est relatif au mémoire entrepris par Dinne, avec la collaboration du chanoine, pour la réha- bilitation du général, qui a été en butte à des calomnies de toute sorte. Mais celui-ci décourage son ami par ses lenteurs et ses hésitations : le fait est qu'on lui avait pro- posé de prendre du service en France, et que statistes et démocrates commençaient à tourner les yeux de ce côté. Mais le róle du général était bien fini, et la Révolution belge avait dit son dernier mot. De Broux vécut daus une demi obscurité jusqu'en 1817.

Il faut savoir gré à M. Descailles d'avoir rendu justice à un bon citoyen, à un esprit éclairé et vraiment libéral, type de fidélité et patriote sincère, supérieur par l'intel- ligence à la plupart des politiques belges de cette malheu- reuse époque. Arpa. Le Roy.

J'ai l'honneur de présenter à la Classe, de la part de l’auteur, notre savant confrère Mgr. de Harlez, la traduc- tion annotée de la Käushitaki Upanishad, traité indien de philosophie, tirant son nom de celui d'un sage dont les commentateurs indous ne savent eux-mémes absolument

~ * rien. Ce document n'en est pas moins important, ne fût-ce

| qu’à raison de son antiquité légitimement présumée : ... Weber, qui le cite, fait remarquer, en effet, que pour celui qui l'a rédigé, le nord de l'Inde est l'univers. Il se rat-

e 2

( 845 )

lache d'autre part au Rig-Véda, le plus ancien des livres sacrés du brahmanisme, du moins en certaines parties. On y constate d'ailleurs la liberté de penser qui distingue toutes les compositions du méme genre. Les Upanishads sont à proprement parler des lecons de philosophie ajou- tées par les Brahmanes aux grands commentaires d'hymnes religieux et liturgiques : la spéculation et la théologie s'y rencontrent sans se heurter.

Celle-ci forme le troisième livre d'un bráhmana d'une étendue relativement considérable, portant également le nom de Kàushitaki. Ce troisième livre comprend quatre Chapitres, traitant respectivement du passage de l'âme dans le monde des bienheureux, c'est-à-dire arrivant à la Connaissance de la divinité, du prána, souffle vital ou énergie de l'être universel agissant dans tous les êtres partieuliers; de la lutte d'Indra, assimilé à ce souffle, contre les éléments; enfin, des enseignements donnés à un brahmane instruit par un kshatriya, Ajatacatru, roi de Kâci. Le chapitre I présente un singulier mélange d'idées philosophiques et d'exposés de pratiques supersti- leuses; les trois autres sont de petits traités spéciaux, jusqu'à un certain point méthodiques. Le point de vue est celui du panthéisme : « Brahma n'est pas le Dieu supréme, mais l'étre universel dont tous les étres finis et particu- liers ne sont que des ondulations ». La sagesse consiste à découvrir « que chacun est identique à Brahma, et n'en différe que par des formes illusoires ». Celui qui sait Cela est sauvé à jamais et exempt des métempsychoses. -Je ne puis iei qu'indiquer l'intérêt de l'ouvrage, plein d'idées et de figures ingénieuses, comme tous les monu- ments de la littérature.et de la philosophie indiennes. Cet Intérêt s'étend à l'appendice, l'on trouvera, traduit Pour premiére fois, le chapitre IX d'une Upanishad

( 846 )

composée par le sage Vidyáranya, dans le but de faire connaitre et de réunir en un corps les doctrines et les interprétations éparses dans une multitude de traités. L'auteur s'appuie sur Káàushitaki, mais laisse entrevoir des tendances éclectiques qui l'empéchent d'aboutir à un systéme suivi et laissent le champ libre à la fantaisie. Aussi bien, quand on y regarde de prés, on se convainc avec Mgr. de Harlez que toute la philosophie indoue est une cuvre d'imagination plutót que de réflexion; elle n'en a pas moins sa place marquée dans l'évolution de la pensée religieuse et de la haute métaphysique.

ALpH. LE Roy.

J'ai l'honneur de présenter à la Classe, au nom du directeur, la première livraison imprimée en Belgique de la Dietsche Warande. Elle inaugure, si je puis m'ex primer ainsi, la nouvelle série belge d'une ceuvre internationale.

Fondée par le frére de son nouveau directeur, M. Pau Alberdingk Thijm, professeur à l'Université de Louvain, cette revue d'archéologie, d'histoire et de littérature, dont la réputation n'est plus à faire, s'imprimait jusqu'à ce jour en Hollande. L'impression et la publication du recueil auront lieu désormais à Gand, le siège de notre jeune

émie

_ boration est réservée à nos archéologues, historiens et linguistes flamands.

= Qu'il me soit permis de voir une nouvelle preuve du

développement des lettres néerlandaises dans notre pays,

ii VUES NE ETTE

d AES Se c a

flamande. Une part plus importante de colla-

. 847 )

ÉLECTIONS.

Il est procédé à l'élection :

de quatorze noms pour le choix du jury chargé de juger la première période du concours décennal des sciences philosophiques, qui sera close le 31 décembre prochain. Ces noms seront communiqués à M. le Ministre de l'Agri- culture, de l'Industrie et des Travaux publics;

des membres de la Commission spéciale des finances de la Classe pour l’année 1888: les membres sortants sont réélus par acclamation.

RAPPORTS.

Sermons de caréme en dialecte wallon; travail présenté par M. Pasquet.

Rapport de M, Aug. Scheler, premier commissaire.

« Pour deux raisons, le travail sur lequel je viens ici émettre mon appréciation était de nature à m'intéresser Plus particulièrement. D'une part, il a trait à une branche d'étude qui, depuis de longues années, posséde toutes mes affections et qui, si dans tous les coins de l'Europe elle se développe et prospére étonnamment, ne se manifeste qu'à

* rares occasions parmi nous. D'autre part, le nom de l'auteur s'était récemment présenté à mes yeux au bas d'un article de philologie romane intitulé : « Quelques particu-

( 848 ) larités grammaticales du dialecte wallon au XIII* siècle », et inséré dans le tome XV de la Romania, de Paris, recueil dirigé par deux sommités de la science en question, MM. Paul Meyer et Gaston Paris.

En lisant cet article, je ne me doutais pas que, quelques semaines plus tard, ma qualité de membre de l'Académie me mettrait en présence d'un autre travail se mouvant sur le méme terrain et signé du méme nom, et encore moins que ce nom se révélerait comme celui d'un compatriote liégeois.

C'est donc avec empressement que je me suis mis à étu- dier le vieux texte wallon communiqué par M. Pasquet et les notes dont il l'a accompagné, et je suis heureux de pouvoir déclarer que son envoi, aprés un scrupuleux examen, m'a paru tout aussi digne d'étre accueilli dans nos publications académiques que le travail mentionné plus haut avait trouvé faveur auprès d'un critique aussi compétent et aussi sévére que M. Paris. Je n'ai pas la prétention de dire par que les Sermons de caréme jetteront de vives et surtout de nouvelles clartés sur la question relative au dialecte wallon dans ses rapports avec les dialectes circonvoisins, question prise en main dans ces derniers temps par des romanistes de premier rang, mais ils fourniront leur contingent d'enseignement aux savants engagés dans cette matière. M. Pasquet ne possède peut-être pas encore toute la force voulue, toute la süreté de jugement pour aborder de haute lutte la controverse provoquée par divers points se rattachant à son sujet; toujours est-il qu'il se fait connaitre comme initié suffisamment dans la science romane pour avoir la conscience des devoirs qu'assume aujourd'hui tout homme qui se charge d'exhumer un vieux texte francais quelconque au profit de la science.

( 849 ) Le fond de sa communication est le texte de quelques sermons de caréme en francais wallon, qu'il juge avoir été écrits au plus tard dans le premier tiers du XIII" siècle, et qu'il a découverts parmi les piéces d'un manuscrit de Gand, ayant appartenu jadis à l'abbaye de Saint-Jacques, à Liége.

Ce texte est précédé, outre une courte introduction, d'une série de notes philologiques sur des traits relatifs à l'orthographe, à la phonétique et à la grammaire qui carac- térisent la langue de ces sermons, comparés, d'une part, avec celle des textes littéraires wallons récemment mis au jour et qui leur sont antérieurs, d'autre part, avec celle des chartes qui sont de date postérieure. Il n'entre pas

dans notre mission de faire ici un examen minutieux du travail de M. Pasquet, et d'exposer tout ce qu'il y aurait à relever au point de vue de la critique; cependant j'ai cru faire chose utile en signalant à l'auteur un certain nombre de passages qui, à mon avis, me semblent mériter une retouche et je lui soumets, le plus succinctement pos- Sible, ma maniére de voir personnelle.

Je commence par une série d'observations relatives aux Notes philologiques ; mes citations se rapportent ici à la Pagination de la copie de M. Pasquet.

Page 10. Je cherche vainement, dans l'article cité de la Zeilschrift für rom. Philologie, l'opinion prêtée à M.Suchier à propos des deux formes puisons et puisiens. Il doit y avoir erreur. ee

Page 12. Chuintement de c devant eou i. Note mal rédi- 86e; elle laisse entendre que, si l'auteur du sermon a dit Comenchierent, il wa pas dit comencha, comenchons.

Page 15. Il fallait noter à côté d'avarize la concurrence d'avarisce (146 v.).

Sme SÉRIE, TOME XIV. 91

( 850 )

Page 15. La persistance de a p. e dans celestial, loial est,

je suppose, réservée aux cas de i + lat. alis. ` Page 16. Gleve (glaive); la bonne forme glaive se trouve deux lignes plus haut.

Page 17. E (bref) libre ie est juste, mais les exemples sont mal choisis : l'e dans lat. sequere (qu qv), d'oü siere, n'est pas libre, mais entravé, et mides (qui n'est pas médius, mais medicus) est issu de miede, qui, quoi que j'en aie dit dans mon Gloss. de la Geste de Liége, me parait étre la forme wallonne normale.

Page 21. Vermissiel étant fautif, c'est-à-dire anti-wallon, pourrait être un lapsus de copiste; il fallait citer une autre exception, plus frappante, celle-là, puisqu'il n'y a pas de sifflante en jeu à savoir : bel miracle (150 v.).

Page 21. Illos wall. eas n'est pas à sa place ici.

Page 22. A côté de lit (lectus), à l'appui de e + i i,

notre texte offrait aussi perfitement.

Page 24. Astalet installé, selon moi, est une modifi- cation de estalet, qui a préexisté, et qui repose sur le méme principe que anoier, anemi, astoit chascun côté de ches- cun), à savoir la position de l'i ou e sur la protonique. Aclin n'est pas lat. inclinis, mais acclinis.

Page 25. Je trouve aussi dans les Dial. Gregore le nom. soloz .

Page 26. I long o dans promier est, je pense, tout à fait exceptionnel et l'effet de la labiale voisine Cp. v. fr. provende prébende.

Page 26. Sous o il valait la peine de mentionner l'in- constance, dans le traitement de cette voyelle, qui régne

dans notre texte; jy trouve p. latin solus, en tonique sol,

soul et soule, à l'atone solement, soulement et seulement.

TM mS

"etenim LP

————s————Á——— TE VEHIT:

(891 ) Page 27. Présenter assegurer comme une forme exclu- sivement wallonne est inexact.

Page 51. Dans ensaieuet, n n'est pas intercalaire; ensayer appartient à tous les domaines du francais; mieux valait citer ici, bien que se trouvant aussi ailleurs, le mot laren- chin (152 v.) latrocinium.

Page 55. Astoit. Dans cette note, il était opportun de remarquer que la forme régulière esteve s'employait aussi dans notre texte (je trouve le plur. esteuent, 153 r.), mais qu'il était réservé (exclusivement?) au sens de lat. stare.

Page 55. Je tiens piiue pour une faute d'écriture.

Page 56. Les parfaits diet, rechiet, restent à mes yeux problématiques en tant que wallonismes, tant qu'il n'y a pas plus d'exemples à alléguer. En tout cas cette forme est isolée et étrangére à la langue des Dialoges Gregore. J'ai relevé comme digne d'attention le parfait prinst (150 v.) Poist (— potuit) est certainement fautif.

P. 46. Ajoutez aux exemples de l'adjectif encore non lléchi au fém. : grief chose, la viez loi.

P. 46. Pour le pronom possessif sua, ajoutez l'exemple à la soi honor (139 r.).

assons maintenant à ce qui me semble vicieux ou digne d'éclaircissement dans le texte même.

146 r. Maloit est impossible; corrigez soit maleit ou maloit. Cp. pl. loin fuoit.

146 v. Les tresors en (ou eu?) chiel la u ruinins nel (l. nes) porat courir ne vermisiaz de rore (l. ne verm. derore. Une explication, s. V. p., sur preuechiet. Doist p. doinst (— qu'il donne) est inadmissible.

147 r. Que la mort iert venue; l. mors. Uilhés, comme Plur. de uelhe (veuille), est-il admissible? peut-être, en raison de l'avancement de la tonique. et se voile].

( 852 )

147 v. aussi fa|i]tement. l'ausaut (p. l'assaut) est bien peu probable; j'accepterais plutót la forme nasalisée l'ansaut.

148 r. Plusemes plurimum est-il connu? prouehet (l. prouueket). Faut-il lire aiue par ajue ou par aive? ma question est fondée sur la concurrence de la graphie aiwe (150 v).

148 v. Malgré plusieurs cas de suppression de s devant consonne qui se rencontrent dans les Sermons, il m'est avis que atenir n'est guére acceptable, d'autant moins que nous trouvons astenons 150 v.(1). departes [de] uos liz. creit, corr. creat, comme je le trouve écrit 155 v. (un parfait crei est tout aussi peu présumable qu'un par- fait chargi). ne s'en pue[en]t partir. manance n'a pas de sens, corr. manasce. pi(i)ue. laissez subsister que aprés chastiement, la répétition est conforme à la syntaxe ancienne et méme moderne. esperir est fautif; l. espir. haime (— haine) est bien suspect. pst ne m'est pas clair, mais certes il ne représente pas poeste.

149 r. merchable, |. merchiable.

149 v. l. [en] offrande. et en travalh est, |. ert. atrait, |. a trait (en deüx mots). marte p. martre est acceptable. ne nes uuelent; il faut ne les uuelent. corace, |. corage (comme ailleurs). l'ennemi(s), l'anemi(s).

(4) Sur cet intéressant sujet, je ne puis m'empécher de signaler à M. P. une note pleine d'instruction, insérée par son compatriote lié- geois, le professeur M. Wilmotte, dans sa critique du Poéme oral (publié l'an dernier par le professeur Cloetta à Erlangen), Romania, t. XVI, pp. 118-128.

( 853 )

150 r. ki vous en puist; |. ke ou K'il. bon[e] merite. siwoi[en]t. spirit[u]el.

150 v. si fer[s] (= firmus) et enclos. de la gr. dochor ; l. et la gr. d. qui (l. ke) si astoit (ici un mot omis) et li (l. si) spirituez et couers [li] sens. XII corbel; |. corbias. qu'il nos [le] die. lauez [uos].

151 v. les (l. ses) commans acomplir. La conjonction que aprés lizant peut rester. et uos le(s] devez. desie- rement, |. desieramment ou desieréement. contre nostre mortel anemi(s). |

132 r. nostre mortel anemi(s). voil[h]ent.

152 v. poist ne peut traduire que potuisset (püt). por sauietet, quid ? je comprends et je lis por sa viutet ou viltet (= pour l'avilir).

155 r. bojure, mauvaise graphie p. boiuvre lire boivre = boisson). aisit p. aisil (vinaigre) m'est inconnu. eiissit; |. eissit, comme pl. h. (le texte donne aussi essit).

155 v. voi(s)ci ton fil. solés (soleil) étant répété pl. loin et correct, peut être conservé, bien qu'il se heurte contre la forme voisine del sololh. retrast p. retraist est bien douteux. giet, participe de gesir, donc p. geüt, est-il admissible? jen doute. à ceu(s) de la cite. que Se nos tort; |. qu'ele n. t. nos uuelh[e] releuer. `

La lecture des Sermons m'a mis en présence de quel- ques termes ou formes qui me paraissent dignes d'atten- Mon, et pour l'intelligence desquels l'auteur aurait bien fait d'éclairer les lecteurs. Ainsi le. mot ruinin (rouille) offre pour l'éymologie du mot français rouille un grand intérêt, De méme foink au sens de prairie. Comment expliquer delissier des tresors que li vermissiel delis- sent »)? Serait-ce avoir en delice? Descolchier « la flor

( 854 )

del foink » (150 v.), au sens de lat. conculcare, est inté- ressant. La valeur de porter dans la phrase « la lois que li pueles des juies porteuet » ne l'est pas moins. Il est curieux de voir soler lat. satullare remonter si haut dans la langue; de méme saurer, qui doit représenter saporare. Fer stat (— ferme stat) méritait aussi une petite observation. Je termine enfin par deux mots qui ont particuliérement eaptivé mon attention.

Le mot français desir est rendu alternativement par desier (qui est primitivement sans aucun doute de 5 syll. et lat. desiderium, v. fr. deseier, desier) el par desir. Cette dernière représentation doit-elle être considérée, pour la langue des Sermons, comme le subst. verbal de desirer, ou peut-elle se rapporter à desier comme mestir à mestier? Question délicate. Le mot juif ne nous apparait qu’au pluriel, et sous les formes variées suivantes :

Au cas sujet: li gyu (155 v.), li felon juyer (152 v.), li juier (152 r.), li felon gye (155 v.); au cas oblique : rois des guiz (155 r.), as juyers (451 v. et 152 r.), li pueles des juies (152 r., 2 fois), as felons juyers (152 v.). Il y a là, comme on voit, une difficile question de phonétique et de graphie à débrouiller, que nous abandonnons à M. Pasquet.

La polémique engagée parmi les étymologistes sur l'ori- gine et l’âge du subst. soif (voy. mon Append. au Diet. de Diez, éd. de 1887, ainsi que mon Dict. d'étym. franc., éd.) m'oblige à remarquer en dernier lieu que notre texte donne à la fois soit et soef. Cette derniére forme est insolite et me semble suspecte. »

( 855 )

Rapport de M. Bormans, second commissaire.

« Je me rallie avec empressement aux conclusions si bien justifiées de mon savant confrère. Pour les biblio- philes, j'ajouterai que le manuscrit de l'Université de Gand d’où M. Pasquet a tiré ses sermons wallons du XII”. siècle, figure sous le 184 dans le Catalogue des livres de la bibliothéque de la célébre abbaye de Saint- Jacques, à Liége, dont la vente se fera publiquement au plus offrant sur les cloîtres de ladite ex-abbaye, le 3 mars 1788, catalogue qui fut dressé par Paquot. Nul doute qu'on en retrouverait aussi la trace dans les deux listes des manuscrits de Saint-Jacques; beaucoup plus détaillées que le catalogue imprimé, faites au XVII* siècle, el conservées aujourd'hui à notre Bibliothèque royale, n 15995 et 15994 ».

La Classe vote l'impression du travail de M. Pasquet dans les Mémoires in-8*.

( 856 )

CLASSE DES BEAUX-ARTS,

Séance du 1*' décembre 1887.

M. Arpu. Bazar, doyen d'ancienneté, occupe le fauteuil. M. Lure, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Éd. Fétis, le chevalier Léon de Bur - bure, Ernest Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, G. Guffens, Jos. Schadde, Th. Radoux, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Ch. Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, Th. Vincotte, membres; Max. Rooses et J. Rousseau, cor- respondants.

MM. Fraikin et Robert, respectivement directeur et vice- directeur de la Classe, font savoir que leur état de santé les empéche de diriger les travaux de la séance.

CORRESPONDANCE.

M. le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre sui- vante, qu'il a recue de la famille Gallait, sous la date du 20 novembre dernier :

« J'ai la douloureuse mission de vous faire part, au

( 857 ) nom de la famille, de la mort de mon beau-père, M. Louis Gallait, membre de l’Académie.

» Celui que nous pleurons a manifesté le désir qu'aucun discours ne soit prononcé sur sa tombe.

Agréez, etc. » (Signé) CH. FAIDER-GALLAIT. »

Une lettre de condoléance sera écrite à la famille du défunt

M. Éd. Fétis se charge d'écrire, pour l’ Annuaire de l'Académie, la notice biographique de Louis Gallait. En attendant, la Classe décide publier l'éloge du défunt, que M. Fétis a bien voulu rédiger dans les termes suivants :

« L'Académie, l'art, le pays, viennent de faire une perte immense : Louis Gallait a cessé de vivre. L'altération de * santé inspirait, depuis longtemps, des inquiétudes à *'$ amis, c’est à-dire à tous ceux qui l'approcbaient, car de simples relations conduisaient rapidement, avec lui, à des sentiments affectueux ; mais on ne croyait pas, on ne voulait pas croire à une fin aussi prochaine. Sa modestie, en prescrivant l'absence de tout appareil officiel à ses funérailles, n’a pas permis à l'Académie de faire exprimer, Par l'organe de son président, la profonde douleur que lui cause une perte qu'on peut, cette fois, qualifier d'irrépa- rable. Ce suprême hommage n'ayant pu étre rendu au plus lllustre de ses membres, la Classe des beaux-arts tout entière vient Jui payer le tribut de ses regrets. Ce n'est Pas ici le lieu de retracer la brillante carrière du maître dont la renommée est européenne. L'accomplissement d’une pareille tâche demande un temps et un espace qui uous manquent en ce moment; elle sera religieusement remplie; mais l'Académie ne peut pas attendre jusque-là

( 858

pour rendre hommage à une mémoire gii lui est, qui lui sera éternellement chère.

» Gallait est du petit nombre des artistes dont la car- rière a été exempte de vicissitudes. Quelques-uns, accueillis d'abord par la faveur publique, sont tombés dans l'oubli pour n'avoir pas répondu aux espérances que leurs débuts avaient fait naître ; d'autres ont eu des alternatives de bons et de mauvais jours, suivant que, bien ou mal inspirés, ils produisaient des œuvres de plus ou de moins de valeur. Gallait n'eut pas de telles épreuves à subir. Les premiers tableaux qu'il exposa à Paris, il s'était temporairement établi, fixérent sur lui l'attention du monde artiste, et il eut l'honneur de voir l'un d'eux acquis par le Gouvernement francais pour le Musée du Luxembourg, honneur bientót suivi de la commande de plusieurs toiles importantes pour les galeries de Versailles.

» La fortune, qui avait souri à ses premières tentatives, lui resta tidéle jusqu'à la fin de sa longue et laborieuse vie artistique. La fortune, comme nous l'entendons ici, ce n'est pas un capricieux effet du hasard, c'est la continuité de celle force mystérieuse qu'on appelle le génie et que les artistes d'une trempe vigoureuse portent en eux-mêmes. A l’âge l'heure du repos a sonné pour la plupart des hommes, Gallait eut le courage d'entreprendre l'exécution d’une œuvre colossale, sa vaste composition de la Peste de Tournai, et il eut le bonheur de l'accomplir magistrale- ment. ll aura eu cette chance heureuse de ne pas avoir à waverser la période de décadence par laquelle se termine communément la carriére des artistes auxquels la nature accorde de longs jours. Ses œuvres sont partout en Europe, disons mieux, dans les deux mondes, et l'on peut affirmer

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qu 'il a plus fait pour la gloire de l'École belge qu'aucun des peintres de son temps. Chez lui, la haute faculté de la conception s'unissait a celle de l'exécution. Ses nombreuses et belles productions ont, à un degré supérieur, le mérite de l’idée et celui de la forme, qu’on rencontre rarement chez le même artiste.

» Lenom de Gallaita été, il devait être le premier inscrit sur la liste des membres de l’Académie, quand fut créée la Classe des beaux-arts. Ce n’est pas en ce lieu, ce n’est pas à ses collègues, qu'il est nécessaire de rappeler l'élé- vation des vues, la justesse des appréciations, la süreté des jugements dont il fit preuve toutes les fois qu'une question Importante était soumise, en sa présence, aux délibéra- lions de l'Académie. Bornons-nous à signaler deux cir- Constances où, par sa judicieuse et puissante initiative, furent prises, tant au sein de l'Académie elle-méme que par le Gouvernement, des mesures qui ont fait contracter à son égard, par les artistes de la famille belge, une dette de reconnaissance au devoir de laquelle ils ne sauraient se Soustraire sans une profonde ingratitude. C'est sur sa pro- position que fut créée la Caisse centrale des artistes, insti- tution de prévoyance qui a rendu et rendra de plus en plus, au fur et à mesure que s'aceroitront ses ressources, d'im- portants services aux familles de ses membres éprouvés par le sort. En second lieu, ce fut à la suite d'un discours prononcé par lui, en 4871, à une séance publique de la Classe des beaux-arts, dont il était le directeur, discours dans lequel il blàma l'absence d'un édifice affecté aux expositions triennales, que fut décidée l'érection du Palais des Beaux-Arts, un des monuments que la capitale montre avec orgueil aux étrangers.

*

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» La perte que l'Académie a faite d'un membre aussi éminent nous a causé une profonde et cruelle émotion. Notre admiration pour ses œuvres, notre haute estime pour son caractère, notre attachement pour sa personne, redou- blent en voyant vide aujourd'hui la place il venait s'as- seoir parmi nous et qui, toutes les fois qu'il l'occupait, : devenait un centre de sympathique et puissante attraction. L'Académie perd en Louis Gallait sa plus grande illustra- tion. Payer à ce glorieux maitre un tribut d'amers regrets est un devoir qu'elle accomplit pieusement et douloureu- sement. » :

M, le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publies transmet le premier rapport semestriel de M. Guillaume Vander Veken, lauréat du grand concours de gravure de 1886. Renvoi à la section de gravure et à M. Hymans.

M. Rousseau, correspondant de la Classe, fait hom- mage des quatre brochures suivantes :

Monuments et peintures de Pise, le Campo santo;

2% L’ Espagne monumentale et quelques architectes fla- mands ;

Le musée des plátres au Palais des Académies;

4 Les anciennes portes de Berchem et de Borgerhout, à Anvers. Remerciements.

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ÉLECTIONS.

Par acclamation, la Classe renouvelle à MM. Demannez, Fraikin, Pauli, Samuel et Slingeneyer, leur mandat de membre de la commission spéciale des finances pour l'année 1

RAPPORTS.

Il est donné lecture de l'appréciation faite par la section de sculpture et M. Marchal (rapporteur) du troisième rap- Port semestriel de M. Jules Anthone, lauréat du grand concours de sculpture de 1885. Ce document sera com- muniqué à M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics.

La Classe entend ensuite l'appréciation faite par la section de gravure de l'envoi-copie réglementaire de M. Lenain, lauréat du grand concours de gravure de

1881. Cette appréciation sera communiquée au méme Ministre,

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COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Fra Beato Angelico, par J. Rousseau, correspondant de l'Académie.

Le couvent de Saint-Mare, à Florence, a vu vivre ensemble, cóte à cóte, deux célébrités, deux génies, de caractères bien différents.

travaillait le doux frère Giovanni de Fiesole, ce peintre qu'on disait inspiré par les anges et qu'on a béatifié. préchait Savonarole, le grand apótre républicain, qui prétendait réformer du méme coup l'Église et l'État, et qui tonnait à la fois contre les Médicis et contre les Borgia.

Aujourd'hui le couvent est changé en musée. Ce n'est plus le souvenir de Savonarole qu'on y cherche; il ny reste rien de lui que son portrait, peint à fresque par son compagnon. C'est celui-ci, l'Angelico, le peintre séra- phique, qu'on y vient voir et admirer, car il a laissé ses plus belles peintures aux murs de ce cloitre s'est passée sa vie paisible.

Ces fresques du bienheureux frére Giovanni sont géné- ralement assez bien conservées. Chose naturelle, puisque, aprés sa mort, elles sont devenues des reliques.

Dans le nombre sont quelques-unes de ses ceuvres les plus vantées; je cite :

dod ide Kcu Ne A ali Lad MM I I M

t 863 )

En face de la porte d'entrée du premier cloître, un grand Christ erucifié, abaissant un regard de bonté sur le patron du couvent, Saint Dominique, qui embrasse la eroix de ses deux bras ;

Au-llessus de l'ancienne entrée de la foresteria (hospice des étrangers), le Christ encore, déguisé en pèlerin, et reçu par deux bons dominicains qui l’invitent à entrer au couvent ;

Au-dessus de la porte qui conduit à la sacristie, un Saint Pierre martyr, sévère, le doigt sur la bouche, invi- lant au silence. Sur une autre porte, un Saint Dominique, tenant dans la main droite la discipline et, dans la main gauche, le livre de la Règle; Dans le corridor supérieur, une délicieuse Annonciation, avec une de ces Vierges frêles comme des lys et divine- ment candides, dont les Madones de Raphaël lui-même n'égalent pas l’idéalité ; : Signalons encore une Nativité, une Présentation au Temple, dont on a eu la singuliére fantaisie de vouloir modifier le fond; une trés importante Adoration des Mages; Un grand et admirable Calvaire, dans la salle du chapitre; un Ecce homo très original : le Christ est assis sur un trône ‘vec une majesté toute royale, et l'on entrevoit, sous le bandeau abaissé sur ses yeux, son regard qui menace ses bourreaux et juge ses juges; et, finalement, un charmant Couronnement de la Vierge, car de toutes les visions chré- tiennes, la Vierge est celle qui a le mieux inspiré le doux Péintre-moine. Je ne parle pas d'une foule de petites fresques de moindre importance qui tapissent beaucoup de cellules, comme si fra Giovanni avait voulu laisser Un Souvenir à chacun de ses frères.

E

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Il serait oiseux de décrire toutes ces peintures, si belles qu'elles soient. Je renvoie aux pages enthousiastes du père Marchese, qui a tout dit. Je ne demande qu'à m'arréter un moment à une intéressante question qu'elles soulévent : je veux parler du róle de l'idée dans l'art.

Les croyants sont absolument extasiés.

Comme on voit, s'écrient-ils, que l'artiste avait la foi! Comme il a le respect des lieux sacrés qu'il veut orner, des scénes augustes qu'il représente! Tous ses person- nages, anges, moines, prélats, martyrs, sont-ils pour nous offrir SCRIBE. comme dans les toiles D rep un

de RS e et de costumes? Nullement, ils r ne s'inquiètent que de célébrer la gloire de Dieu, aux pieds duquel l'artiste lui-méme s'immole. Aussi voyez ! nulle recherche dans les attitudes des figures, ni dans la distribution des groupes; nul souci des élégances et des pompes ordinaires de la peinture ; la simplicité, la modestie, l'absence de toute prétention, voilà le premier caractère de cet art con- sacré au ciel et humble comme le servage. Les allures et les gestes ont cette retenue que les fidèles apportent dans les lieux saints. Les habits flottent sur les corps sans les dessiner, avec une chasteté monacale. Le nu est rare; il craint. d'étre indécent. Les morceaux les plus beaux et les plus étudiés sont les tétes, car tout le reste n'est que l'épanouissement de cette matière que le chrétien doit mépriser. Qne sont eux-mémes ces types se concentrent la vie et l'effet? De simples portraits, faits aussi naivement que possible et rayonnant d'une beauté toute morale par le caractère toujours sincère, le sentiment toujours tou- chant. Beauté bien supérieure à la beauté paienne des

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formes et des proportions, car elle n'éblouit pas seulement, elle remue, attendrit et gagnerait au bien les cœurs les plus rebelles. Cette action morale, voilà le vrai róle de l'art dans la société; sinon il n'est qu'un charmeur, un amuseur, et l'artiste n'est pas sensiblement au-dessus de l'histrion.

Là-dessus, et à bon droit, les artistes réclament.

Que de telles théories, objectent-ils, soient celles d'un moine, c'est logique, et sa robe ne lui laisse guère le droit de parler, de penser autrement. Mais qu'elles deviennent celles des peintres, et demain l'art aura vécu.

Combien d'éléments de beauté sacriliés, dans Angelico, à l’idée que poursuit l'artiste, et par cela seul qu'ils sem- blaient inutiles à la cause !

La composition d'abord. Fra Angelico, avec son tact d'artiste, en comprenait certainement les lois, et il a trouvé plus d'un beau groupe, plus d'une harmonieuse combi- naison de lignes. Mais il ne les cherchait pas, sa sincé- rité de chrétien dédaignait cet art théâtral de la mise en scène, cela se voit de reste. Combinées au hasard, à la grâce de Dieu, ses compositions sont d’un arrangement parfois banal, voire choquant. On trouve de lui à l'Académie de Florence, ce beau Musée des primitifs italiens, un Juge- Dent dernier divisé exactement en quatre compartiments ; dans le haut, à droite et à gauche du Christ, les bienheu- reux, tous assis; dans le bas, les âmes jugées; à gauche, les élus, à genoux ; à droite les réprouvés et les démons, tohu-bohu de contorsions et de grimaces. Les poses sont aussi uniformes que les groupes sont symétriques.

Je ne dis rien des erreurs de la perspective, souvent trés naïve. Je ne parle pas des inexpériences de la coloration, inhabile à combiner, à échelonner ses valeurs.

A SÉRIE, TOME XIV.

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J'ai parlé des nus. Ils ne sont pas rares seulement chez Fra Angelico; ils sont pauvres, maigrement, gauchement exécutés. Il n'en use qu'avec répugnance, et lorsque le sujet les réclame absolument, comme dans le Baptéme du Christ, la Flagellation, etc., et il les coule dans un galbe ascétique qui leur óte tout attrait profane. Son austérité redoute jusqu'à la nudité des enfants, si innocents dans l'indécence même. Il emmaillotte l'enfant Jésus. Il met des chemises aux petits innocents, massacrés par les sol- dats d'Hérode.

Quant aux costumes, il va de soi qu'il n'y attache pas d'importance : ce sont des voiles quelconques jetés sur la matière, rien de plus. Il habillera ses personnages sacrés de draperies idéales et flottantes, mais ne croyez pas qu'il perde à varier, à étoffer ses plis, un temps dont il doit compte à Dieu. Il endossera à d'autres figures les modes florentines de son temps; mais il s'inquiétera peu d'en faire valoir l'élégance et le pittoresque.

Par la méme raison, il négligera de méme les fonds de ses tableaux, paysages ou architecture; tout cela est nul, mesquin, sacrifié. Qu'importe le lieu se passe le miracle? C'est le miracle qui doit appeler les yeux.

Qu'importe, pour l'œil d'un chrétien, un raccourci bien rendu? Qu'importe la grâce d'un pied ou d'une main? Autant de beautés profanes qu'il ne faut point demander à Fra Angelico, absorbé dans des réves d'un ordre supé- rieur. Il y a des lacunes analogues jusque dans ses tétes, si adorablement parlantes. Il exprime à ravir la vertu, qu'il pratique; en revanche le vice, qu'il ne connait pas, le déroute visiblement; son Judas est le plus bénin des trai- tres, ses démons sont grotesques au point de sembler inof-

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fensifs, et jusqu'à : je vous hais! tout se dit tendrement dans ces évangéliques peintures.

C'est ainsi que l'horizon de Fra Angelico est borné, rétréci en toutes choses par les murailles de son couvent. Un petit coin de ee monde qu'il peint lui est à peine connu; du fond de sa cellule, il ne contemple avidement, il ne voit bien que les profondeurs étoilées de ce ciel auquel il aspire. Humble et naif religieux! Pendant qu'il traçait ces peintures timides, l'art hardi et capricieux de la Renaissance ouvrait ses ailes d'aigle; Donatello seulptait son fier S'-Georges, si bien campé sur ses jambes en compas; Ghiberti nouait et déliait librement ses groupes charmants sur les portes du Baptistère ; Masaccio retrou- vait les secrets du style; l'antiquité sortait des entrailles de la terre et rendait à l'art ressuscité ses modèles éternels de la grâce sans effort, de la grandeur sans emphase. Et l'on dirait que Fra Angelico, qui a vécu à côté de ces hommes et de ces merveilles, ne les a point connus. Ou plutôt il a fermé volontairement les yeux à ces progrès, car le moine, chez lui, commande au peintre, et avant de flatter les Yeux, il veut édifier les àmes.

Et pourtant, malgré tout, malgré ses lacunes, Fra Ange- lico n'en reste pas moins un maitre exquis, incomparable. Cette idée à laquelle il sacrifie tout et qui fait si souvent Sa faiblesse, fait aussi sa force. Ce peintre-apôtre, ce fervent, ce convaincu, est un des types de l'art sincère et Simple, de l'émotion vraie, profonde et pénétrante. Par cela méme qu'il cherche dans la peinture un moyen de Prédication, et qu'il concentre son talent sur les têtes, sièges de la pensée et de l’expression, ses têtes charment Presque toujours par l'intimité du sentiment et du carac-

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tère. Toute son âme serait montée à la face de ses per- sonnages, qu'ils ne seraient pas enflammés d’une charité plus vraie, d'une piété plus vive. Ces yeux levés semblent voir véritablement le paradis, et l'on comprend que le peintre qui sentait si bien ces naives extases, tombât lui-méme, en travaillant, dans les catalepsies des vision- naires. Bien que l'exécution soit d'une rare minutie, elle semble réellement inspirée, tant elle est süre et nette : aussi la tradition assure-t-elle que Fra Angelico peignait du premier coup et ne retouchait jamais ses tableaux, estimant, dit Vasari, que Dieu les voulait tels qu'ils étaient venus. |

Telle est la puissance de l'idée sur l'art. Elle porte en quelque sorte l'artiste qui se voue à elle. Par l'effort qu'elle fait pour s'exprimer, elle éléve le style, elle accentue les caractères, les types, elle met dans les gestes, dans les atti- tudes, un maximum de signification.

Ce n'est pas à dire assurément que l'art n'existe pas par lui-méme. Quiconque est sensible à une harmonie; à un effet, à la richesse d'une silhouette, à l'éclat d'un ton, au rhythme d'un contour, quiconque a entrevu seulement les mystères de cette beauté dont l'antiquité, éblouie, s'était fait une religion, quiconque a recu cette initiation premiére, sait que le beau tout seul est assez merveilleux pour étre un but et non un moyen. L'art pur, avec ses lois d'équilibre et d'harmonie, constitue déjà un spectacle fait pour grandir les âmes capables de le comprendre. Il reflète les grands prineipes d'ordre, de justice, d'unité, qui gou- vernent le monde créé. 1l résume à lui seul des idées d'un ordre supérieur et fonciérement civilisatrices.

Quelle est l'idée enfermée dans un de ces débris antiques

FRA NOS ENA

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qu'on ne se lasse pas d'admirer? Hier, quand la statue était entiére et debout sur son piédestal, dans son temple. elle incarnait peut-étre un dogme vénéré, une légende héroique, qui commandaient le respect; elle était Jupiter, elle s'appelait Thésée ou Achille. Mais voici que les siècles et toutes les dévastations du temps et des hommes ont passé sur elle; maintenant, la voilà par terre, mutilée, sans bras, sans visage, sans nom; ce n'est plus un héros ni un dieu, ce n'est qu'un torse. Et ce torse qui ne repré- sente plus rien, sinon le triomphe de la forme, ce torse restera cependant une des idoles et des modèles éternels de la statuaire !

Mais qui dira ce que doit sa prestigieuse beauté à l'idée qu'il exprimait d'abord? Qui dira ce qu'il y a gagné en hauteur de style, en. puissance, en pureté, en affinement de la forme?

Oui, l'art existe par lui-méme; mais il n'existe pas que par la forme extérieure et par l'enveloppe : il lui faut une âme. || ne vaut méme, disons-le bien haut, que par la quantité d'óme mêlée à l’œuvre, je veux dire par l'émo- lion ressentie et communiquée. L'œuvre d’où cette émotion est absente aura beau réunir toutes les perfections maté- rielles : elle ne sera que le dernier mot du métier. L'art la renie,

L'idée élève Part au-dessus de la pure copie des choses : aussi est-ce quand l'art remplit une fonction, religieuse ou Sociale, et non quand il n’est plus qu'un objet de luxe et de fantaisie au service de quelques Mécénes, qu'il produit ses plus purs, ses plus fiers chefs-d'œuvre. Phidias, dans son Parthénon, Michel-Ange, du fond de sa Sixtine, ne le proclament-ils pas assez haut?

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Seulement, prenons garde de nous tromper sur le róle de l'idée et sur ses moyens d'expression!

Défions-nous du tableau à thése et de ses rébus solennels! L'artiste peut et doit émouvoir, mais il n'est ni de son ressort, ni dans ses moyens de plaider et d'en- seigner. La ligne ne raisonne pas, la couleur ne prouve pas, un aspect n'est pas une démonstration, le pinceau se refusera toujours à ces besognes, faites par la plume.

Défions-nous aussi des idées qui changent les artistes en hommes de parti!

Savonarole aimait les arts; mais, comme les intran- sigeants de nos jours, il les aimait à la condition qu'ils servissent une idée, la sienne. Pour les épurer, il imagina une procession solennelle. Elle symbolisait le triomphe du génie chrétien sur le paganisme. Des enfants allaient de maison en maison, demandant qu'on leur livrât l'anathéme; Cétait le nom qui désignait el flétrissait tout objet d'art profane. Un bücher était dressé sur la place publique; on y jetait péle-méle des recueils de chansons licencieuses, des monceaux de gravures indécentes, les poésies érotiques de l'antiquité, les peintures et les sculptures qui repré- sentaient autre chose que des objets de sainteté. Jamais il ne se vit plus prodigieux autodafé. Ce bücher colossal était fait d'une accumulation de chefs-d’œuvre. Des statues antiques y brülaient; pour qu'on les regrettàt moins, on leur avait donné le nom de quelques prostituées du temps; les Vénus, les Minerve, les Diane s'appelaient la bella Bina, la bella Bencina, Lena Morella. Les peintures pro- fanes de Baccio della Porta et de Lorenzo di Credi brü- laient, et c'était la main repentante de leurs auteurs qui les livrait aux flammes; la Morgante de Pulci brülait,

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. Pétrarque brülait, Boccace brálait : de l'extréme rareté de leurs premières éditions. Pendant ce temps, on disait des prières, on chantait des hymnes, on sonnait les cloches, car l'idée chrétienne triomphait de ce grand holo- causte périssaient ensemble l'art paien et la littérature sceptique de la Renaissance.

Dieu nous garde de voir relever au nom d'une idée, quelle qu'elle soit, le bücher de Savonarole!

Dieu nous garde de l'art communiste qui déboulonne les colonnes triomphales et qui entreprend follement de raturer l’histoire !

Dieu nous garde de l’art orthodoxe qui voudrait expulser de nos églises, comme mondains, les chefs-d'œuvre des trois derniers siècles, comme si cette succession d'époques et de styles différents dans un monument ne contribuait pas à sa grandeur, en rappelant combien de générations se sont relayées pour le construire!

En politique et en religion, Dieu nous garde de l'art sectaire!

La Classe se constitue en comité secret pour dis- cuter les titres des candidats présentés pour les places vacantes.

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CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 15 décembre 1887.

M. J. De Tiey, directeur, président de l'Académie. M. Liacre, secrétaire perpétuel.

Sont présents : MM. Fr. Crépin, pice-directeur; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- champs, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candéze, F. Donny, Ch. Montigny, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van Bam- beke, Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, membres; E. Catalan, Ch. de la -Vallée Poussin, associés; A. Renard, correspondant.

CORRESPONDANCE.

Par une lettre du Palais, Leurs Majestés le Roi et la Reine font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique.

Des regrets semblables sont exprimés de la part de Leurs Altesses Royales le Comte et la Comtesse de Flandre.

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MM. les Ministres de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics; des Finances; des Chemins de fer; et de la Guerre, remercient pour l'invitation qui leur a été faite.

La Classe accepte le dépót, dans les archives de l'Académie, d'un. billet cacheté de M. G. Van der Mens- brugghe: Sur la pression électrostatique exercée par le fluide électrique contre le milieu ambiant.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'xamen de commissaires :

Étude expérimentale sur l'influence du magnétisme et de la température sur la résistance électrique du bismuth el de ses alliages avec le plomb et l'étain; par Edmond Van Aubel. Commissaires : MM. Spring et Van der Mens- brogghe;

2 Sur la détermination de la pression du vent en grandeur et en direction; par A. Damry. Commissaires : MM. Houzeau et Folie,

M. Folie, directeur de l'Observatoire royal de Bruxelles, fait hommage du Tome VI de la nouvelle série des Annales astronomiques, publié par cet établissement.

Ce volume renferme le catalogue de 10,792 étoiles observées à l'Observatoire royal de Bruxelles, de 1857 à 1878, et réduites à l'époque 1865,00, entrepris par Ernest Quetelet, astronome à l'Observatoire royal.

M. Hirn, associé à Colmar, envoie un exemplaire de sa brochure : Remarques sur un principe de physique d’où Part M. Clausius dans sa nouvelle théorie des moteurs à "apeur. Remerciements.

HU

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RAPPORTS

Sur un nouveau glucoside azoté retiré du LINUM vsiTA- TISSIMUM ; par À. Jorissen et Hairs.

Rapport de M, Stas,

« Dans un travail précédent, M. Jorissen a fait connaitre le dégagement de l'acide cyanhydrique qui se produit lors- qu'on écrase les plantules de lin. Ayant constaté que l'acide cyanhydrique ne préexiste pas dans ces plantules ou dans les plantes du Linum usitatissimum, et s'associant à M. Hairs, il a recherché la substance qui donne naissance à cet acide. Aprés avoir reconnu que celle-ci n'est ni l'amygdaline, ni la laurocérasine, qui, se dédoublant, four- nissent , ainsi qu'on le sait, de l’acide cyanhydrique, MM. Jorissen et Hairs ont institué des recherches directes pour isoler la matière en question. Ils ont découvert ainsi un glucoside nouveau, cristallisable, se dédoublant par l'aeide sulfurique dilué en acide cyanhydrique, en glucose, et en un troisiéme produit que, jusqu'à présent, ils ne sont pas parvenus à définir. Ils continuent leurs investigations, mais, afin de pouvoir s'assurer la priorité de leur décou- verte, ils adressent une note préliminaire à l'Académie.

J'ai l'honneur de proposer à la Classe de voter l'impres- sion de cette note dans le Bulletin de la séance et d'engager les auteurs à se livrer à une étude compléte du glucoside qu'ils ont découvert. »

La Classe a adopté ces conclusi quelles s'est rallié M. Alf. Gilkinet, second commissaire.

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Recherches sur les causes probables de lexplosion d'un récipient, laquelle a se faire à 10,000 atmosphères, quoique la pression interne ne düt pas théoriquement dépasser 60; suivies de nouvelles tables des pressions, densités et vitesses de sortie de la vapeur d'eau dans l'at- mosphére, en raison de la température, de ![, d'atmo- sphère à 524,000 ; par Delaurier.

Rapport de M, Spring.

« M. Delaurier a chauffé dans un récipient métallique composé de deux parties vissées l'une sur l'autre, du sucre en poudre, en vue de s'assurer si, sous la double action de l'élévation de la température et de la pression énorme qui devait en étre la conséquence, il ne se produirait pas un changement moléculaire intéressant, tel que la séparation du carbone des éléments de l'eau, soit sous forme de gra- Phite, soit sous forme de diamant.

uand la température eut atteint 245° environ, le réci- pient fit explosion.

M. Delaurier caleule que la pression due à la vaporisa- tion des produits de décomposition du sucre n'a pas pu dépasser 60 atmosphères, tandis que le récipient avait été Construit pour résister à 10,000 atmosphères.

M. Delaurier admet, pour expliquer cette explosion, que * des corps volatils, enfermés hermétiquement dans des ? Corps solides, acquiérent une température bien supé-

( 876 ) » rieure à celle des vases qui les enferment. » Ce serait la pression développée par suite de la dilatation qui serait la cause de l'excés de température.

Cette explication est inadmissible, car elle est contraire au principe de physique en vertu duquel la chaleur ne peut passer d'un corps froid à un autre plus chaud sans dépense de travail.

En conséquence j'estime que la note de M. Delaurier ne présente pas un intérét scientifique suffisant pour étre insérée dans le Bulletin de la séance.

Je dirai la méme chose des tables de pressions, etc., calculées par M. Delaurier.

Ces tables, qui s'étendent jusqu'à 524,000 atmosphéres de pression et 12,618? de température, ont été dressées dans l'hypothése la loi bien connue de Regnault sur les tensions de la vapeur d'eau serait encore applicable à ces températures excessives, et aussi dans l'hypothése l'eau ne subirait aucun phénoméne de dissociation; ceci est contraire au fait.

Le long travail auquel M. Delaurier s'est livré est donc destiné à rester sans emploi, aussi longtemps qu'on ne pos- sédera pas le moyen d'empécher l'eau de se dissocier par l’action de la chaleur. Dès lors, il est inutile de publier aujourd'hui les tableaux de l'auteur. »

Ces conclusions ont été adoptées par la Classe.

Bet NITE Ur my t Au S

IE rS UE rdi RES SON prr n

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À new philosophy; by John Barker Smith. Rapport de M. Howuzeas.

« La Classe a renvoyé à mon examen une note en anglais de M. J. B. Smith, intitulée « Une philosophie nouvelle » (A new philosophy). Cette note, qui se réduit à 3 pages, est d'une telle concision qu'il n'est pas facile de saisir le but de l'auteur. Le principe sur lequel il se fonde me parait celui-ci : les sensations ne sont pas uniquement personnelles au sujet qui les éprouve directement; elles sont susceptibles de se communiquer, bien que d'une maniére moins vive, aux voisins de ce sujet. Elles pas- Sent, dit l'auteur, à travers les corps opaques (opaque media).

J'ai eru devoir essayer l'expérience prineipale indiquée par M. Smith. J'ai prié M. A. Lemonnier, ingénieur, de la répéter avec moi. Sans le mettre au courant de ce qu'on attendait, je lui ai bandé les yeux et je l'ai fait entrer dans une chambre obscure. Aprés avoir attendu le temps néces- Saire pour dissiper les images accidentelles qui pouvaient Subsister dans l'organe, j'ai enlevé le bandeau, en recom- mandant à mon compagnon de conserver les paupiéres constamment fermées. J'ai alors, étant prés de lui, fixé trés attentivement les regards sur deux petites ouvertures brillantes de la chambre obscure. Mon compagnon, qui tenait toujours les yeux fermés, n'a rien vu. L'expérience, renouvelée avec l'assistance d'un tout jeune homme (ainsi

( 878 ) que l'auteur le conseille), n'a pas donné de meilleur résultat.

Mais si le sujet était introduit dans la chambre obscure les yeux ouverts, si, avant de commencer l'expérience, il voyait les points brillants qui vont en faire l'objet, il est manifeste qu'aprés avoir fermé les yeux et perdu l'image accidentelle, le souvenir lui représenterait encore, dans bien des cas, la mire brillante. Il pourrait prendre ce sou- venir pour une sensation actuelle; mais ce serait une erreur.

Dans les conditions j'ai essayé l'expérience, je me gardais contre une pareille confusion, et le résultat a été négatif. Je ne prétends pas en conclure sans réplique que l'auteur a été victime d'une illusion ou d'un entrainement, mais seulement qu'il y a lieu d'attendre avant d'accepter sa philosophie nouvelle.

J'ai done l'honneur de proposer à la Classe de déposer aux archives la note de M. J. B. Smith, et d'en donner avis à l'auteur. » Adopté.

Sur le rapport de M. F. Crépin, la notice de M. A. Cogniaux, Sur les Mélastomacées austro-américaines de M. Ed. André, paraitra dans le Bulletin de la séance.

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JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887).

Rapport de M. Spring, premier commissaire,

« La première question du programme de concours pour 1887 (section des sciences mathématiques et phy- siques), était formulée comme il suit :

On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement linéaire des liquides chimiquement définis, par des tubes capillaires, en vue de déterminer si l'on peut appliquer aux liquides l'hypothèse des molécules, telle que l'étude des gaz nous l'a fait connaître.

Un mémoire a été envoyé en réponse à cette question ; il porté pour devise : Numeri regunt mundum.

Avant de passer à l'examen de ce travail, je crois néces- saire de rappeler, en quelques mots, le but que l'Académie : eu en vue en provoquant des recherches nouvelles sur l'écoulement linéaire des liquides. J'aurai, en effet, quelques observations critiques à présenter sur la forme du Mémoire soumis au jugement de l'Académie; il me sera Plus facile, alors, de les justifier. :

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L'ensemble des propriétés des gaz, simples ou composés, a conduit à admettre que leurs atomes ne sont pas répartis uniformément dans l’espace, mais qu'ils sont groupés et serrés, plus ou moins nombreux, en masses (molécules) qui, elles, sont partagées de manière à réaliser l'homogénéité de la matière gazeuse.

: La raison des groupements se trouve dans les forces chimiques dont les atomes sont le siége, de sorte que les groupes eux-mémes, ou molécules, sont, pour ainsi dire, indépendants les uns des autres. De cette facon, l'idée de la discontinuité de la matiére, nécessaire pour l'explication des phénomènes physiques les plus constants, est la con- séquence, non seulement de la conception des atomes, mais encore de celle des molécules.

La grandeur de ces groupements est aujourd'hui connue pour tous les corps gazeux ou gazéifiables. Sa détermina- tion a d'ailleurs une importance capitale pour l'étude chimique des corps.

Mais pour les corps liquides ou solides, il n'en est pas ainsi, et bien que la connaissance des grandeurs molécu- laires pour les corps solides ou liquides ne paraisse pas impossible a priori, aucune tentative réelle de mesure n'a encore été faite. L'analyse chimique a permis seulement de nous renseigner sur le poids relatif de matiére, exprimé atomiquement, qni doit avoir la méme composition que le tout; mais elle n'a pu nous dire si cette grandeur exprime véritablement le groupement atomique aux forces moléculaires. Ainsi, par exemple, l'analyse démontre seu-

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lement pour la cellulose la formule brute C6H!905, tandis que les propriétés de cette substance font conclure à un polymère (C6H'905)'; mais le coefficient n est encore inconnu. ; Cependant, avant de faire un essai de détermination des grandeurs moléculaires pour les corps solides ou liquides, il est logique de s'assurer d'abord si la matière admet, dans ces états d'agrégation, une répartition des atomes en molécules telles que l'étude des gaz nous les a fait connaitre. Celte question. mérite d'autant plus un examen sérieux, qu'il s'agit précisément de savoir si la cohésion, caractéris- lique des liquides et des solides, ne pourrait étre, jusqu'à un certain point, la négation d'un arrangement d'atomes par groupes déterminés.

Dans le cas ces groupes ne seraient pas fictif, on doit s'attendre à trouver, dans l'étude du frottement inté- rieur des liquides, une manifestation de leur réalité. On conçoit sans peine, en effet, qu'un groupe d'atomes pourra se déplacer d'autant plus facilement, toutes autres condi- lions restant égales d'ailleurs, que sa complication ato- mique sera moins grande et, s'il est possible de tenir compte de l'influence de la température seule sur les mouvements moléculaires d’un méme liquide, la part du frottement intérieur qui reviendra à la grandeur molécu- laire devra varier seulement avec la dilatation du groupe atomique.

Ainsi, en résumé, le problème posé par l'Académie con- “Iste à résoudre la question de savoir si, dans les liquides, les atomes forment des groupements déterminés, caracté- "Isiques de chaque corps composé, et, comme moyen de “Soudre ce probléme, l'Académie indique l'étude du frot- lement intérieur.

9"* SÉRIE, TOME XIV. 59

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Voyons maintenant comment l'auteur du mémoire envoyé en réponse à celle question a traité la matière.

Abstraction faite d'un premier chapitre intitulé : Intro- duction, le mémoire comprend trois parties principales :

1* Une étude sur le frottement intérieur des liquides;

2^ Une étude sur le coefficient de diffusion ;

Un examen des tensions des vapeurs.

On le voit déjà, l'auteur ne s'est pas borné aux limites dans lesquelles l'Académie a eru devoir renfermer la ques- tion, car l'étude de la diffusion et de la tension des vapeurs ne figurait pas dans son programme. À mon avis, celte extension n'est pas un mal, au contraire; en poursui- vant dans d'autres directions la solution du probléme proposé, l'auteur a fourni un complément utile à son travail. Peut-étre bien a-t-il été amené à agir de la sorte parce qu'il s'est assuré, au cours de ses recherches, que, dans l'état actuel de la science, l'étude de l'écoulement linéaire des liquides n'était pas susceptible d'un dévelop- pement suffisant.

Quoi qu'il en soit, je pense qu'en ma qualité de rappor- teur, je dois rendre compte surtout du chapitre qui rentre le plus dans la voie indiquée par l'Académie.,

La pensée qui parait avoir guidé l'auteur dans ses recherches a été de vérifier si, pour les liquides, le frot- temer intérieur varie avec la température et avec la pres- sion, dans le méme sens que pour les gaz. Selon le résultat obtenu, il pouvait conclure à une similitude ou à une dif- férence dans la constitution de la matière dans ces deux états d'agrégation.

L'examen de l'influence de la température sur le frotte- ment intérieur des liquides ne comprend pas de recherches expérimentales nouvelles. L'auteur a été devancé, depuis

{ 885 )

le jour l'Académie a fait connaitre le programme du concours, par un travail de M. De Heen (1) qui complète des observations dues à MM. Pribram et Handl. Force lui à été de résumer les travaux de ces physiciens. Il les a soumis au calcul et il montre, par une formule simple, dont il est superflu de donner ici le développement, com- ment l'expérience et la théorie sont d'accord pour recon- naitre que, dans les liquides, le coefficient de frottement intérieur diminue quand la température augmente.

Ce résultat montre déjà l'impossibilité de reporter sur l'état liquide, sans les modifier profondément, les idées généralement recues sur la constitution des gaz. En effet, pour ceux-ci, le frottement intérieur augmente avec l'élé- vation de la température. Le passage de l'état liquide de la matière à l'état gazeux semble ainsi accompagné d'un changement de direction complet dans l'une des propriétés fondamentales de la matière.

Cependant, il ne parait pas encore établi à suffisance de preuves que, dans les liquides, la diminution de la Cohésion provoquée par l'élévation de la température n'absorbe pas l'action exereée par l'augmentation du mou- vement que l'on nomme chaleur, de sorte que l'on ne peut pas conclure nécessairement à une différence de constitu- tion de la matière.

C'est pour répondre à cette objection que l'auteur a entrepris de mesurer, cette fois, la vitesse d'écoulement des liquides en faisant varier la pression de manière que, malgré une élévation de la température, les liquides oceu- Passent cependant le méme volume. Ceci présuppose, bien

SRI RD RE RENE

(4) Bulletins de Acad. roy. de Belgique, sér., t. VIII, 8.

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ete quà égalité de one la cohésion demeure la méme, dans un méme liquide, malgré les changements de la température. Soit dit en passant, ce postulat est loin d'étre évident.

La méthode suivie est ingénieuse. Elle eonsiste à enfer- mer dans uu tube capillaire, en verre, le liquide à étudier, et à mesurer le temps inis par un petit cylindre de fer pour parcourir le tube placé verticalement à la tempéra- ture voulue. Il est évident que si le liquide a été empri- sonné à basse température, il se trouvera fortement com- primé à toute température plus élevée ; mais, à la vérité, son volume ne sera pas maintenu complétement constant, puisqu'on ne peut empécher le tube fermé qui le contient de se dileter. On opérait d'ailleurs toujours par compa- raison avec un tube identique mais laissé ouvert à son extrémité supérieure. Le coefficient de frottement inté- rieur du liquide est proportionnel au temps employé par le curseur pour parcourir le tube.

L'auteur a observé que, pour tous les liquides employés, « le coeflicient de frottement intérieur croissait avec la pression », mais moins vite qu'il ne diminue par suite de l'élévation de la température. Par conséquent, méme si

„lon tient compte de l'impossibilité de maintenir absolu- ment constant le volume du liquide, il demeure établi que les lois qui régissent le frottement des gaz ne peuvent s'appliquer en aucune facon aux liquides.

Dans la discussion de ces résultats, l'auteur émet l'opi- nion qu'il n'y a aucune continuité de constitution entre les gaz et les liquides. Bien plus, chaque pression, ou chaque température, engendrerait, pour ainsi dire, un liquide répondant à une autre définition physique.

Pour rendre sa pensée plus tangible, l'auteur Pepe

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en disant que les molécules telles qu'on les admet dans les gaz les molécules gazogénes ») se groupent en nombre plus ou moins grand lors du passage de l'état gazeux à l'état liquide; mais le coefficient de ce groupe- ment n'est pas constant pour chaque liquide, il varie avec la pression et avec la température, de maniére méme que, dans les régions voisines de la surface, il se ferait déjà un travail de simplification préparatoire à la vaporisation.

Suivre l'auteur dans les développements de sa pensée serait dépasser les bornes d'un rapport; mais je ferai remarquer qu'elle revient, en résumé, à la négation de l’idée de molécule telle que l'étude des gaz nous l'a don- née. Bien plus, si des groupes grossissent tandis que d'autres diminuent, on doit admettre un échange perpé- tuel d'atomes entre les groupements et, de cette facon, on revient à une conception que j'ai exposée, il n'y a pas longtemps, à l'occasion d'un travail sur la chaleur des alliages fusibles (1). Il me sera permis de rappeler le pas- Sage suivant :

« Les échanges d'atomes ne se produisent pas seule- » ment à l'état liquide entre des corps différents, mais il ? Se fait un transport de matière, de molécule à molécule ? méme à l’état solide. On serait porté à penser qu'entre » deux TOS il !y a un va-et-vient perpétuel d'atomes. D

» n me voit méme ique la raison de la tokian. iiis les corps solides, doit être cherchée dans ce mouvement. La cohésion ne serait qu'un cas particulier de la force * Qui unit les atomes : de l'uffinité chimique en un mot. » ddr one

» » »

(1) Bulletins de PA cad. roy. de Belgique, sér, t. XI, 5, 1886.

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Je passe maintenant à l'examen sommaire des deux der- niéres parties du mémoire. |

Je lai dit plus haut, l'auteur a tenu à vérifier si la dif- férence observée dans la constitution des gaz et des liquides se manifestait aussi dans le phénoméne de la diffusion.

A cel effet, il a placé, dans un liquide donné, grâce à un arrangement spécial, dans le détail duquel il est inutile d'entrer, une certaine quantité du méme liquide, teiut par addition d'une trés faible partie de matiére colorante. Le tout pouvait être maintenu à une température constante, plus ou moins élevée. La vitesse de diffusion était déter- minée en mesurant, par la méthode colorimétrique, la quantité de matiére colorante transportée dans la partie non teinte, aprés un temps déterminé.

Soit dit en passant, l'exactitude de cette méthode n’est pas tout à fait hors de question. On doit se demander si la matiére colorante, qui différe chimiquement du liquide qu'elle teint, n'a pas une diffusion propre en état de faus- ser le résultat final?

Quoi qu'il en soit, l'auteur a constaté que, pour un méme l:quide, pris à des températures différentes, la valeur du coefficient de diffusion est, à peu prés, inversement pro- portionnelle au coefficient de frottement intérieur.

Ce résultat, établi d'ailleurs aussi par le caleul, montre, à son tour, la différence que présentent le gaz et les liquides.

Enfin, dans la deruière partie de son mémoire, l'auteur montre que la volatilité d'un liquide est en relation simple avec le coefficient de frottement intérieur.

Pour cela, il se sert d'une formule démontrée par M. Stefan, formule reliant la quantité de liquide volati- lisée o, dans l'unité de temps, à la teusion de vapeur p et

( 887 ) à la pression p, de la vapeur; il introduit le frottement intérieur x et arrive à la relation simple:

1 log. p X const. : #

Faisant usage, ensuile, des mesures de volatilité exécu- tées par M. De Heen pour divers liquides, il calcule, pour chacun d'eux, la valeur de log. p et de $; il montre lac- cord de ces grandeurs. Il conclut ensuite à l'inadmissibi- lité de l'hypothése classique qui consiste à attribuer la vaporisation des liquides à la force vive de translation des molécules et à la nécessité d'admettre un travail préalable de division de la matière : en un mot, d'admettre qu'il n'y à pas continuité simple entre l'état gazeux et l'état liquide de la matiére.

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Celle courte analyse montre que l'auteur du mémoire a répondu, dans une certaine mesure, à la question posée par l'Académie. Cependant, il ne m'est pas possible de proposer à la Classe de lui décerner le prix.

Si, à la vérité, dans un concours académique, un auteur doit traiter son sujet avec une certaine latitude et dépasser les limites de la questiou posée quand les recherches l'exi- sent, il est néanmoins entendu que cette liberté ne peut Pas aller jusqu'à s'écarter, en quelque sorte, de l'objet lui- méme du concours. L'auteur ne parait avoir porté que par Occasion ses efforts sur la question posée, car j'ai tenu à le dire dés le début de ce rapport, l'étude de l'écoulement linéaire des liquides était inoins but que moyen dans le

( 888 ; probléme proposé. En outre, l'exposé des recherches laisse beaucoup à désirer.

Dés les premiéres lignes l'auteur développe ses vues théoriques sur la constitution des liquides sans que les bases sur lesquelles il s'appuie soient suffisamment éta- blies. Ensuite, dans chaque chapitre, les recherches expé- rimentales sont présentées comme étant la conséquence de ces vues, tandis que, en réalité, celles-ci viennent de celles-là. Enfin, l'objet de la question posée par l'Académie n'est pas tenu assez en évidence. Il résulte de que le lecteur éprouve une certaine difficulté à suivre l'auteur; il ne saisit pas sans effort l'ordre logique des diverses par- ties du travail et il peut se demander (cela a été le cas pour moi, je dois le reconnaitre) s'il a bien affaire à une réponse à la question posée par l'Académie.

S'il m'est permis d'exprimer mon avis, je dirai que la lecture du travail eût été beaucoup plus aisée si l'auteur, aprés avoir montré l'état de la question et exposé les moyens pratiques d'arriver à une solution, avait réuni, sous forme de conclusions, les vues théoriques que son travail lui a inspirées.

En résumé, malgré des mérites incontestables, ce travail ne réunit pas les qualités nécessaires pour étre couronné.»

Rapport de M. Van der Wensbrugghe, deuxième commissaire.

« Le rapport du premier commissaire fait connaitre d'une maniére précise le but que l'Académie a eu en vue en provoquant de nouvelles recherches sur l'écoulement linéaire des liquides; mon savant confrére, M. Spring, donne ensuite une analyse compléte du mémoire soumis

( 889 ) au Jugement de la Classe; je pourrai done me borner à l'examen de quelques points spéciaux qui ont particu- liérement appelé mon attention. L'auteur débute par quelques réflexions générales sur

la théorie cinétique des liquides, sans insister suffisamment sur la relation qui existe entre cette théorie et la question proposée par l'Académie : il rappelle l'hypothése de notre honorable confrère, M. De Heen, consistant à appeler molécules gazogéniques, les molécules isolées, douées de mouvements rectilignes, et molécules liquidogéniques les Systèmes moléculaires produits par la réunion de plusieurs moléeules gazogéniques; il admet, entre les molécules des deux espéces, une attraction sensible et s'exercant en raison inverse d'une puissance déterminée de la distance; seule- ment i! ne mentionne pas que les choses se passent comme “il existait aussi entre ces molécules une force répulsive; est-ce une lacune, ou bien veut-il exclure la force répul- sive ?

S'appuyant toujours sur les recherches de M. De Heen, l'auteur regarde comme démontrée la proposition que les molécules liquidogéniques doivent étre considérées comme se touchant entre elles; mais si elles exercent une attrac- lion sur les molécules gazogéniques, le contaet supposé ne pourra se faire, semble-t-il, que par l'intermédiaire des différentes couches de molécules gazogéniques.

Enfin, l'auteur déclare que l'étude de la compressibilité permet d'établir ee fait naturel que la densité des molé- cules liquidogéniques est plus considérable au centre qu'à la périphérie; c'est un point capital qui n'est pas mis en lumière; le lecteur ne voit pas finissent les molécules liquidogéniques et commencent à paraître les molécules 8e comportant comme gazogéniques.

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ll y a lieu de demander aussi à l'auteur du Mémoire : pourquoi la quantité de mouvement déduite dans l’hypothèse de mo'écules gazogéniques indépendantes, doit être remplacée par une autre plus grande, dès que l’on con- sidère des molécules comme faisant partie d'une molécule liquidogénique; pourquoi la grandeur p». diminue len- tement quand la température augmente pour se confondre avec la masse m d'une molécule gazogénique à la tempéra- Lure critique; quel est le sens de la variable x dans la dérivée A ; pourquoi le frottement intérieur est inver- sement proportionnel au diamètre D des molécules liqui- dogéniques ; comment, si p. et n diminuent, tandis que D et T augmentent, on est autorisé à conclure que le frottement intérieur n C X pnDT diminue quand la température augmente.

Je suis porté à croire que l'auteur trouverait sans doute aisément la solution de ces diverses questions; mais j'estime que cette solution devrait être indiquée dans le Mémoire, au lieu d’être abandonnée à l'initiative du lecteur.

Je regrette aussi de ne pouvoir approuver sans réserves leS5 du Mémoire, l'auteur cherche à établir une relation entre la volatilité et le coefficient du frottement intérieur des liquides.

Et tout d'abord, l'auteur ne justifie par la relation v—— X constante, entre le poids de la substance qui

s'échappe pendant l'unité de temps de l'unité de surface liquide, la vitesse moyenne U des molécules liquidogé- niques et le volume V du liquide; comment v change-t-il nécessairement avec V? pourquoi la volatilité varie-t-elle avec le volume total du liquide, la surface libre restant la

( 891 ) même? Le doute qui règne dans l'esprit du lecteur au sujet de la formule précédente augmente encore à propos d'une autre qui est déduite de la première, savoir v=! x constante, d’après laquelle le poids de la sub- stance volatilisée serait en raison inverse du frottement intérieur du liquide. Quelques mots d'explication suffiraient peut-être pour dissiper ce doute.

Pour obtenir une expression de v en fonction de la ten- sion de la vapeur du liquide et de la pression du gaz se produit vaporisation, l'auteur invoque une formule due à M. Stefan, qui montre comment le degré de volatilité dépend de la pression p, de l'enceinte et de la tension p de la vapeur du liquide.

Au lieu de se servir de cette relation sous la forme que lui a donnée M. Stefan, l'auteur suppose, sans invoquer aucun motif spécial, que p, peut étre négligé à cóté de p; mais dès lors, en cherchant à justifier cette supposition, il ue fait en réalité que prouver l'inexactitude de la formule de M. Stefan.

D'aprés cela, les conséquences énoncées à la fin du $ 5 ne permettent pas, à mon avis, de conclure qu'il n'y a pas continuité simple entre l'état gazeux et l'état liquide de la matière.

En résumé, si le Mémoire ayant pour devise : « Numeri regunt mundum » ne répond pas d'une façon claire et logique à la question proposée par l'Académie, il prouve du moins, selon moi, qne l'auteur serait en mesure de la résoudre d'une manière satisfaisante; pour atteindre ce but, il n'aurait qu'à recourir à une méthode plus rigoureuse, à ne pas présenter comme des vérités déjà démontrées, des Propositions qui doivent découler de ses expériences, et à ne formuler ses conclusions qu'aprés avoir fait connaitre

( 892 ) les résultats de ses observations. La rédaction méme de son travail exigerait aussi des soins plus scrupuleux. En conséquence, j'ai l'honneur de me rallier aux conclu- sions du premier commissaire, et de proposer à la Classe de maintenir la question au concours, »

Rapport de M. Stas, troisième commissaire,

« J'ai examiné avec attention le mémoire de concours portant pour devise : Numeri regunt mundum.

Je suis d'accord avec mes savants confrères MM. Spring et Van der Mensbrugghe que ce travail, quoique renfer- mant des recherches originales, ne satisfait pas aux con- ditions du concours. Je partage donc leur avis qu'il n'y a pas lieu de lui décerner la médaille d'or.

La conformité de la théorie cinétique des gaz avec tous les faits observés, étant contestée, je m'abstiens de me prononcer sur la convenance et l'opportunité qu'il y a de reporter la question au programme du prochain con- Cours. »

Conformément aux conclusions des rapports des com- missaires qui ont examiné ce travail, la Classe décide que le prix ne sera pas décerné.

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Onderzoekingen over de ontwikkelingsgeschiedenis van den Egel (ERINACEUS EUROPEUS).

Rapport de M. Van Bambeke, premier commissaire.

« Le mémoire soumis à notre examen porte pour épi- graphe : TnApo Qu rorut. Il a été envoyé en réponse à la question suivante :

« On demande des recherches sur le développement embryonnaire d'un mammifére appartenant à un ordre dont l'embryogénie n'a pas ou m'a guére été étudiée jusqu'ici. »

Comme l'indique le titre du mémoire, écrit en langue néerlandaise, l'auteur a choisi, pour objet d'étude, le Hérisson (ERINACEUS EUROPEUS). Le travail est divisé en huit chapitres; dix-neuf belles planches (dessins ct photo- graphies) accompagnent le texte.

Chapitre I** ou préface. L'auteur cherche à justifier Pourquoi il a choisi un représentant de l'ordre des insecti- vores, si intéressant au point de vue de la morphologie comparée, et il invoque, à l'appui de sa thèse, diverses ctations de Parker et de Huxley. Il fait allusion à la diffi- culté qu'il y a de se procurer, en quantité suffisante, le matériel nécessaire aux recherches. Toutefois, dans l'espace de trois étés, il a pu examiner deux cents femelles environ, dont plusieurs étaient pleines et à des stades trés divers

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de la gestation. En outre, de nombreux individus furent tenus en captivité pendant l'hiver, dans le but d'obtenir un rapprochement des sexes au printemps ; mais ces ten- latives, entourées de toutes les précautions voulues, restérent sans résultat. L'auteur regrette vivement cet insuccès, sans trancher la question de savoir s'il est à une influence fâcheuse de la captivité sur les fonctions génitales ou à certaines précautions négligées par lui. D'autre part, il a été assez heureux de rencontrer, chez certaines femelles en gestation, quelques phases primor- diales du développement. Aprés avoir signalé combien les difficultés que rencontre l'observateur sont moindres quand il s’agit de mammifères, comme le Lapin, la Souris, le Cochon d'Inde, se reproduisant en captivité, il termine le premier chapitre par cette remarque : Lorsque, aprés des années, on est parvenu à rassembler une série à peu prés compléte d'un matériel embryogénique rare et à confec- tionner les préparations se rapportant aux divers stades, le terme fatal est arrivé, le temps fait défaut pour étudier à fond les objets dont on dispose et en tirer tout le parti désirable. Cette remarque est suggérée à notre auteur par les conditions lui-méme s'est trouvé. Puis il ajoute : « J'ose espérer que les nouveaux résultats auxquels j'arri- verai peut-étre aprés l'envoi de ce mémoire et ils sont d'autant plus probables que la période de reproduction tombe en juillet pourront y étre intercalés avant son apparition. »

Dans le chapitre IT, l'auteur s'occupe des recherches antérieures aux siennes sur le développement des Insecti- vores. Aprés avoir cité les travaux de Needham, Rolleston, Nasse, Ercolani, sur la placentation du Hérisson, il a épuisé 'a liste des auteurs qui se sont occupés de l'embryogénie

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de cet insectivore. Il rappelle ensuite les recherches de Heape sur le développement de la Taupe, auxquelles il reviendra d'ailleurs au chapitre consacré à l'organogenése.

II. Description des stades de développement. Nous savons déjà pour quels motifs les tout premiers stades du développement, ceux notamment relatifs à la fécondation et à la segmentation de œuf, n’ont pu être observés. Le stade le plus jeune, quatre fois rencontré par l'auteur, était représenté par une vésicule blastodermique à plusieurs couches cellulaires à l'endroit du disque, à une seule rangée de cellules aplaties dans le reste de son étendue. Dans les quatre cas, la vésicule montrait de nombreux replis et occupait une cavité spéciale de la caduque mater- nelle, sans contracter d'adhérence avec cette dernière. Une particularité propre à ces vésicules blastodermiques est la facile séparation, au niveau du disque, des cellules écloblastiques d'avee la couche hypoblastique; ce qui rappelle une disposition décrite et figurée par Heape. Il est à remarquer, enfin, que certaines coupes tangentielles pourraient en imposer pour des stades plus précoces, tels que ceux de trés jeunes vésicules blastodermiques de ron- seurs figurées par Selenka.

L'interprétation donnée par l'auteur est-elle exacte, en d’autres termes a-t-il eu sous les yeux une vraie vésicule blastodermique ? Si nous ne nous trompons, ce qu'il décrit et figure comme vésicu!e blastodermique, c'est l'hypoblaste plus la portion épiblastique de la tache embryonnaire. Il rattache à la caduque le reste de l'épiblaste déjà uni, à cette époque, à la muqueuse ulérine modifiée. C'est une erreur d'autant. plus regrettable qu'elle met nécessaire- ment en question les résultats obtenus au sujet de la for- mation des caduques et de la placentation.

( 896 ) L'auteur a pu examiner également quatre exemplaires d'un deuxiéme stade de développement; malheureusement, trois de ces exemplaires furent en grande partie perdus par les manœuvres de préparation, mais le quatrième, laissé en place dans la eaduque maternelle, fournit une série de coupes en excellent état de conservation. Comme dans le précédent stade, la vésicule blastodermique, renfermée dans une cavité de la caduque maternelle, est maintenant plus étroitement appliquée contre la paroi de cette cavité; un espace libre existe seulement au-dessus du disque blasto- dermique, à l'endroit où, plus tard, apparaîtra l'amnios. Dans ce stade, le disque blastodermique, didermique sur la ligne médiane, au point d'apparition de la future lame médullaire, se compose, sur les parties latérales, de l'épi- blaste, du mésoblaste déjà divisé en deux lames, et de l’hypoblaste. Mais comme l'auteur n'a pu examiner des embryons en place, ni praliquer ses coupes avec toute la rigueur désirable, il a jugé inutile d'insister sur ces parti- cularités et de les comparer avec les résultats obtenus chez d'autres espèces. Il s'arréte plus longuement, par contre, à la partie périphérique du disque, elle s'applique contre les cellules déciduales. Elle consiste en un amas cellulaire à la formation duquel contribuent les cellules mésoblas- tiques et hypoblastiques. Cet amas mérite, dés à présent, le nom d'aire vasculaire (area vasculosa), avec cette réserve, toutefois, que l'apparition des vaisseaux y est plus tardive. Viennent ensuite des considérations snr le rôle et la signification de ce bourrelet périphérique; indépendam- ment de son róle hématopoétique, il contribuerait à la nutrition de l'embryon par l'intermédiaire de matériaux venus du dehors. Mais l'amas cellulaire dont il est ici question repré-

FPE WE DEUS e F4 DI

( 897 ) sente-t-il, en réalité, l'aire vasculaire? Ne correspond-il pas plutót à la région du sinus terminal, et l'opinion expri- mée par l'auteur, d'aprés laquelle les globules sanguins s'y formeraient aux dépens du mésoblaste et de l'hypoblaste, ne repose-t-elle pas sur les images que donnent les coupes obliques?

Dans un stade encore plus avancé, dont l'auteur eut également quatre exemplaires à sa disposition, nous trou- vons plusieurs organes à l'état d'ébauche. Ce stade se dis- lingue surtout des précédents par les particularités sui- vantes : a) L'existence, à l'état d'ébauche, des principaux organes ; b) La présence, trés évidente, d'un pro-amnios ; c) La fermeture encore incomplète, mais prochaine, de l'umnios définitif au-dessus de la région dorsale; 7) L'apparition de la première ébauche de l'allantoide; e) Le fonctionnement, comme telle, de l'aire vasculaire. Nous ne pouvons entrer ici dans de longs détails au Sujet de ces particularités. Signalons quelques points sur- tout intéressants. En ce qui concerne la fermeture de la gouttière médullaire, l'auteur attire notre attention sur le fait suivant : dans la région lombaire, au niveau du sinus rhomboidal, la gouttiére, encore ouverte, présente une

auteur à peu prés double de celle des somites mésoblas- liques auxquels elle touche; de résulte une forte saillie de cette gouttière au-dessus de la région dorsale, et une inflexion brusque et très prononcée de l'épiblaste. Comme cela ressort clairement de l'examen des figures, la corde dorsale, encore peu développée, surtout en arrière, est à l'état de corde-entoblaste. D'autres figures montrent l'ori- gine épiblastique du canal segmentaire. La cavité des

OM? SÉRIE, TOME XIV. <`-

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somites mésoblastiques ne se trouve pas en communica- tion avec celle limitée par les lames latérales (cavité coelo- mique). La première paire de somites, située un peu en arrière de la vésicule acoustique, diffère des paires sui- vantes par ses Caractères et par des dimensions plus petites; d'après l'auteur, cette particularité peut s'expli- quer de deux façons : ou bien, comme cela se constate ailleurs, cette première paire n'apparaît qu'après les paires H et JII, et reste ainsi en arrière au point de vue du dévelop- pement; ou bien, elle possède en réalité un caractère plus ou moins rudimentaire, ce qui ne peut étouner quand il s'agit d'un somite antérieur, et eu égard à la manière d’être des somites céphaliques visibles chez les vertébrés. Enfin, chez le Hérisson, la paroi supérieure du sac vitellin, loin de montrer la dépression observée par Bischoff et d'au- tres chez la Lapine, se ferme du cóté de la caduque mater- nelle, dés le moment celte paroi peut se tourner libre- ment vers la face dorsale; les échanges de matériaux entre la mère et le fœtus se font, par conséquent, à la face externe du sac vitellin, comme cela s'observe, d'aprés les récentes recherches de Selenka, chez l'Ópossum.

Dans le stade suivant, désigné par le chiffre IV, la sépa- ration entre les parties embryonnaires ventrales et sac vitellin est devenue plus nette. Des descriptions et des Apure nous net tant sur les caractères extérieurs que sur | les cou pes microscopiques.

Entre les stades IV et V, l'écart est considérable, Dans . ce dernier stade, l'allantoide se trouve définitivement reliée au tissu maternel. Un stade intermédiaire entre les stades IV et V, et montrant la toute première origine de celte union, n'a pas été vu par l'auteur. En ce qui con- cerne l'embryon du stade V, il insiste plus particuliérement

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sur la maniére d'étre de la vésicule vitelline, et sur la disposition des vaisseaux ombilicaux et omphalomésenté- riques. Renvoyant au chapitre V pour la description des < différenciations internes propres à ce stade, il s'attache ensuite à démontrer en quoi les stades VI-X se distinguent - de ce dernier. L'embryon revét de plus en plus sa forme définitive, les piquants deviennent visibles; mais il est surtout deux phénoménes qui méritent de fixer l'attention : a) une rotation de 90° exécutée par l'embryon ; 6) l'invo- lution progressive du sac vitellin. Au troisième stade, l'embryon est placé de telle sorte que la région dorsale regarde la partie voisine de la caduque, tandis que la région ventrale est tournée du cóté de la cavité du sac vitellin; sa position est donc parfaitement symétrique. Un changement, en relation avec le développement progres- sif de l'allantoide, s'observe au stade IV et atteint son apogée au stade V, l'embryon se placant alors sur le flanc, lune moitié du corps en regard de la cavité du sac vitel- lin, l’autre moitié tournée vers le placenta. Il en résulte que la ligne dorso-ventrale forme un angle de 90° avec celle du stade précédent. Mais telle n'est pas la position définitive de l'embryon. Dans les périodes qui précédent immédiatement la naissance, le dos se trouve, derechef, tourné du côté du placenta. Ce changement serait en relation intime avec le mode spécial suivant lequel dispa- rail la vésicule vitelline vers la fin de la gestation. Cinq Pages de texte avec renvor à bon nombre de figures sont consacrées à mettre en relief le processus dont il s'agit. L'auteur nous explique pourquoi il s'est abstenu d'envi- sager les stades VI-X au point de vue de l'ontogénie Comparée; mais ces stades lui fourniront des résultats importants concernant les enveloppes fœtales et la placen- alion.

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IV. Enveloppes fœtales et placentation. L'auteur a consacré une grande partie du temps dont il disposait à l'étude de la placentation, de l'involution et de la trans- formation de la vésieule vitelline, de l'allantoide et de la caduque. Si, plus que ces prédécesseurs, il insiste sur ces questions, s'il en a fait son étude de prédilection, c'est, d’après lui, grâce à la lecture des nombreux travaux d'Ercolani.

Il signale d'abord les divergences d'opinions au sujet du rôle des glandes utérines dans la placentation, et expose les vues d'Ercolani concernant la formation de la caduque. Comme le savant italien, il a constaté que, chez le Héris- son, le développement de la caduque précéde l'arrivée de l'œuf fécondé dans l'utérus. C'est sur la paroi utérine opposée au mesometrium que ce développement com- mence. ll décrit ensuite les caractères macroscopiques et histologiques de cette formation, les modifications éprou- vées par la cavité utérine; une sorte de bouchon, rap- pelant par ses caractères un coagulum sanguin, qui semble avoir pris naissance aprés la pénétration de la vésicule blastodermique dans la cavité de la caduque, et qui a sans doute pour mission de séparer cette cavité de la lumière utérine, Au milieu du tissu cellulaire nouvellement formé de la caduqué, on rencontre, par places, des eaillots, désignés par l'auteur sous le nom de caillots (coagula) nucléaires; leurs caractères rappellent, à maints égards, ceux du bouchon; ils se distinguent, par contre, tant au point de vue maeroscopique qu'au point de vue microsco- pique, des masses jaunâtres, formées aux dépens d'un. liquide coagulé, et qui renferment des éléments figurés de dunensions variables, mais pas de noyaux.

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( 901 ) Certaines parties de la néoformation déciduale présen- tent des points de ressemblance avec la formation désignée, chez l'Homme et les Primates, sous le nom de caduque réfléchie (decidua reflexa). | On distingue facilement, notamment dans les stades avancés, deux parties constituantes de la caduque : l'une amincie, caduque réfléchie (decidua reflexa), l'autre, plus épaisse, qui concourt à la formation placentaire, et que l'auteur désigne sous le nom de caduque placentaire (decidua placentalis) ; cette désignation lui semble préfé- rable, pour divers motifs, à celle de caduque sérotine (serotina). La caduque placentaire livre, à elle seulg, toute la portion maternelle du placenta, c'est-à-dire cette portion qui se distingue de la portion fœtale par sa couleur plus foncée, et que l'on pourrait appeler, avec Winkler, plaque basale. Elle est le siége de processus importants, trés analogues à ceux que montre la. caduque rélléchie dans les plus jeunes stades de développement. Parmi ces processus, le principal, décrit depuis longtemps par plusieurs observateurs, consiste dans la déliquescence ‘un grand nombre de cellules de la caduque, et dans l'utilisation. des produits de cette déliquescence, « le lait ülérin », comme nourriture de l'embryon. Dans une courte revue historique de la question, sont mentionnées tout partieuliérement les recherches de Masquelin et de Swaen. L'auteur décrit et figure les diverses phases de cette déli- quescence; celle-ci a nécessairement, pour conséquence l'augmentation du nombre des lacunes renfermées dans la caduque. La plupatt de ces lacunes se remplissent main- tenant de lait utérin. Celles qui limitent la cavité occupée par l'embryon sont à peine séparées, à l'endroit se développe l'aire vasculaire du sac vitellin, par l'épaisseur d'une cellule, des parois vasculaires.

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L'auteur nous fait connaître ensuite le développement progressif de l'allantoide, les caractères de texture de cel organe provisoire, son étalement à la surface de la caduque et son mode de fixation à cette dernière. Cet inté- ressant processus, capable de jeter quelque lumiére sur la maniére d'étre si controversée de la placentation chez l'homme; a éte suivi dans toutes ses phases. Chez le Héris- son, a) il n'existe pas d'espace intermédiaire entre la paroi allantoidienne et la caduque; b) les villosités choriales ne pénètrent pas dans des cavités préformées, cryptes glan- dulaires ou autres. Déjà, dans un stade précoce, ces der- niers ont perdu leur épithélinm et se sont transformés en des lacunes remplies de lait utérin.

Le contact immédiat des parois allantoidienne et déci- duale mérite d'autant plus de fixer l'attention, que Langhans et d'autres embryologistes admettent la persistance, entre l'allantoide et la caduque chez l'homme, de cavités desti- nées à se transformer plus tard en des lacunes vasculaires du placenta. Rien de semblable ne s'observe chez le Héris- son. La lente pénétration du tissu allantoidien vascularisé est interstitielle et se fait à l'instar de celle d'une plante parasite qui s'insinue entre les tissus sains de son hóte. La pénétration a lieu le long des parois de séparation encore persistantes de la caduque en partie liquéfiée ; on peut dire, avec Kólliker, qu'il s'agit d'une sorte de corrosion, ein von allen Seiten Anfressen, du placenta maternel.

A mesure du développement, la caduque placentaire produit de moins en moins des matériaux de réserve, et perd ainsi son caraetére glandulaire;*mais elle acqniert une haute signification, en servant de réservoir à une quantité importante de sang maternel et en facilitant le contaet entre ce dernier et le sang fœtal. Nous dépasse-

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( 903 ) rions les limites de ce rapport en suivant l'auteur dans les nombreux détails donnés par lut au sujet de ces divers processus. Rappelons simplement ici les conclusions aux- quelles il arrive :

a) On ne distingue l'allantoide, en dehors du corps de l'embryon, qu'à une époque très tardive (stade IV).

b) Sa paroi est d'abord épaisse et conserve ce caractère, d'une facon trés évidente, en certains endroits, en dehors du placenta.

c) Sa lumière persiste sous forme d'une cavilé spa- cieuse, dans laquelle saillent fréquemment les vaisseaux allantoidiens.

d) Dans les stades embryonnaires plus avancés, la por- lion extra-placentaire de l'allantoide est devenue mem- braneuse, la portion placentaire, par contre, de plus en plus épaisse.

e) Cet épaississement peut étre considéré comme un phénomène d'aeeroissement de la face allantoïdienne en Contact avec la caduque. A la suite de l'émigration (diapé- dèse) de leucoblastes, du tissu allantoïdien de nouvelle formation prolifère de plus en plus entre les cellules déci- duales en voie de déliquescence.

f) Les lacunes du tissu décidual déliquescent, remplies, à l'origine, de lait utérin, se mettent de plus en plus en communication avec les vaisseaux de la paroi utérine. Les lacunes les plus volumineuses forment une couche située immédiatement en dehors de la prolifération fœtale de l'allantoide. Du côté interne, elles se trouvent reliées aux espaces lacunaires, beaucoup plus petits, mais trés nom- breux, qu'entoure l'allantoide.

9) Déjà le mode d'accroissement du laji fætal démontre qu'il ne peu! être question de vraies villosités

( 904 ) ou bien d'épithélium. L'épithélium chorial primitif, (la couche cellulaire de la membrane séreuse) n'est déjà plus reconnaissable dés le moment débute la prolifération de l'allantoide à l'intérieur de la caduque.

La conclusion sub littera g pourra contribuer à élucider la question controversée de l'existence ou de la non-exis- tence, à la surface des villosités placentaires chez l'homme, d'un revétement épithélial, le soi-disant épithélium sub- chorial, comme aussi de l’origine de cet épithélium. L'au- teur rappelle que Éd. Van Beneden et Julin n'ont pu, de leur cóté, découvrir chez la Lapine une couche épithéliale intermédiaire entre les tissus fœtal et maternel.

Nous trouvons ensuite des considérations sur les villo- sités vitellines, la délamination du mésoblaste dans sa por- tion extra-embryonnaire, le rapport de ce processus avec l'extension des vaisseaux vitellins, l'union définitive de la paroi du sac vitellin diamétralement opposée à l'embryon avec la membrane séreuse, la non-division du mésoblaste au delà de l'endroit cette union a lieu. Il est fait un rapprochement entre la disposition rencontrée chez le Hérisson et celle décrite, chez les Cheiroptères, par Erco- lani, Robin et surtout par Éd. Van Beneden et Julin.

Le chapitre se termine par des remarques au sujet de la caduque réfléchie et de la membrane séreuse ; notre atten- tion est plus particuliérement attirée sur le peu d'impor- tance du róle de cette derniére chez le Hérisson.

Comme nous l'avons fait remarquer à propos du premier stade, la deseription de tout ce qui concerne les caduques et la placentation se ressent fatalement de l'interprétation erronée donnée par l'auteur de la vésicule blastodermique. Cette description pèche ainsi par la base.

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( 905 )

V. De quelques particularités sur le développement des systèmes organiques. L'auteur rappelle encore une fois qu'il n'a pa tirer tout le parti vouludesjpréparations dont il disposait, et cela surtout à cause du temps qu'ont absorbé ses recherches sur les annexes fœtales. Ainsi s'explique le peu d'extension du chapitre consaeré à l'or- ganogenése.

Il s'occupe d'abord du développement de la corde dor- sale. Ce qu'il a observé touehant ce développement rap- pelle, en grande partie, les résultats obtenus par Heape chez la Taupe. Une fois séparée de l'hypoblaste (stades IV et suivants), la corde se présente sous forme d'un cordon cellulaire qui se distingue de celui de la plupart des autres vertébrés par la petitesse de ses dimensions; sous ce rap- port, eile se rapproche, au contraire, de celle de la Taupe. La notocorde se termine, en avant, dans l’espace étroit compris entre la paroi inférieure du cerveau postérieur et celle du cerveau intermédiaire, par un renflement en bou- ton (stade IV); on ne rencontre aucune trace d'union entre celle extrémité renflée et l'invagination hypophysaire.

Vient ensuite l'exposé des résultats fournis, par l'étude des coupes mieroscopiques, au sujet du développement de - la moelle épiniére et des ganglions spinaux, points que Heape, jusqu'à présent, a passé sous silence dans ses recherches embryogéniques sur la Taupe. La première ébauche des ganglions spinaux se rencontre, dans le cours du troisiéme stade, sous forme d'une prolifération paire, Située de chaque côté du sommet (extrémité dorsale) du canal médullaire, prolifération déjà trés nelle en avant, alors qu'elle est encore peu distincte dans la région caudale. L'ébauche ganglionnaire s'insinue entre le canal médul- laire et la protovertèbre. En méme temps, on trouve, dans

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le voisinage immédiat du canal médullaire, des cellules isolées qui n'appartiennent pas aux ganglions. Certaines images correspondent à celles figurées chez la Taupe, et démontrent que des éléments étrangers de nature cellu- laire pénétrent, de bonne heure, entre les cellules du canal médullaire; peut-étre sont-ce les précurseurs des vaisseaux sanguins qui, à une époque plus avancée, s'engagent, en si grand nombre, dans le tissu de la moelle.

Sans plus s'arrêter au stade III, l'auteur fait remarquer que plusieurs figures auxquelles il renvoie pourraient fournir des indications eoncernant le développement des vésicules cérébrales, celui des vésicules oculaires primi- tives, l'inflexion céphalique, la genèse des vésicules acous- tiques.

Certains phénomènes apparaissant dans le cours du IV* stade l’occuperont davantage. Dans ce stade, comme le démontre l'étude des coupes transversales contrôlée par celle des coupes longitudinales, les proliférations latérales du canal médullaire constituant l'ébauche des ganglions spinaux forment une masse cellulaire continue; celle-ci se prolonge, à la facon de métamères, du côté ventral; elle prend de plus en plus le caractère fibrillaire pour s'unir ensuite, comme racine dorsale, aux fibr:s de la racine ven- trale, et se distribuer, plus tard, à l'état de nerf spinal complet, aux tissus de l'organisme. A l'exemp'e de plu- sieurs embryologistes, His, Sagemehl, Balfour, Onodi, etc., notre auteur admet que l'union primitive des ébauches ganglionnaires avec la moelle disparaît, pour faire place à une union secondaire.

Contrairement à une opinion trés généralement admise aujourd'hui, d’après laquelle les fibres nerveuses ou tout au moins les eylindres-axes de ces fibres sont. d'origine

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médullaire, l'auteur, retournant à l'ancienne opinion de

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v. Baer et de Remak. croit pouvoir attribuer à ces élé- ments une origine mésoblastique. I décrit et figure la prétendue transformation de cellules mésoblastiques en fibres. En admettant qu'une telle transformation ait lieu et je dois avouer que les figures de l'auteur ne me paraissent pas absolument démonstratives on pent encore poser la question de savoir : si les cellules en voie de transformation sont bien des cellules mésoblas- tiques. Je rappellerai, à ce propos, que le D" Lahousse a soutenu cette thèse que «les fibres nerveuses naissent aux dépens et par transformation du protoplasma de cel- lules d'origine médullaire et disséminées au sein des tissus, plus tard doivent exister des nerfs, transfor- mation qui ne se fait pas simultanément dans toute la longueur, mais graduellement du centre à la périphé- rie (1). » Or, on l'a vn, notre auteur décrit, dans le stade III, dans le voisinage de la moelle, des cellules iso- lées qui n'appartiennent pas aux ébauches ganglionnaires. Ces cellules sont-elles de nature mésoblastiqne, ou bien de nature ectoblastique? 2 dans l'hypothèse que les cel- lules en voie de transformation appartiennent au méso- blaste, vont-elles former réellement les fibres-axiles, ou bien donneront-elles simplement naissance aux enveloppes des fibres nerveuses, savoir la gaine médullaire et la gaine de Schwann? Quoi qu'il en soit, l'auteur attribue la méme origine mésoblastique à un cordon fibrillaire longitudinal qui sert d'union entre les racines dorsales de la moelle.

(4) Recherches histologiques sur la genèse des ganglions et des nerfs ‘Pinaux. BULL. pk L'Acap. ROY. DE MÉDECINE DE BELGIQUE, série, t. XIX, 5, Voir aussi notre rapport sur ce travail. Is.

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Ce cordon, d'abord situé en dehois du tube méaullaire, est annexé, plus tard, par ce dernier. A en juger par ce qui se passe chez le Hérisson, ce cordon serait ainsi une formation secondaire, correspondant à ce que l’on désigne, dans la moelle adulte des mammifères, sous le nom de cordon postérieur. Ajoutons toutefois que l'auteur, à l'exemple d'autres embryologistes, considère les fibres radiaires comme provenant du canal médullaire primitif. Puis, revenant à l'opinion qu'il défend chaleureusement, il décrit et figure des cellules mésoblastiques situées dans l'espace compris entre l'ébauche ganglionnaire et le tube médullaire, et qui montrent une grande tendance à s'ap- pliquer contre ce dernier; elles finissent par se transfor- mer en une sorte de manteau fibrillaire entourant la moelle. Ce manteau aussi serait, par conséquent, d'origine mésoblastique.

Une structure primitivement cellulaire est attribuée aux racines antérieures; l'attention. est plus particulière- ment attirée sur un processus de différenciation qu'on observe, au stade IV, à l'endroit ces racines sont reliées à la moelle, par conséquent de chaque côté de la face ven- trale de cette. derniére. Nous ferons remarquer que le D" Lahousse, dans le travail déjà cité, signale une sem- blable excroissance, au côté antéro-interne du canal médul- laire, chez le Poulet.

Au stade V, comme c'est le cas pour d'autres mammi- fères, on trouve les ganglions spinaux reliés à la moelle par plusieurs cordons. D’après l'auteur, cette disposition s'explique mieux dans l'hypothèse admise par lui su sujet de l’union définitive des ganglions spinaux avec le tube médullaire, qu'en admettant, avec His, Sagemehl et d'autres, que les fibres secondaires se dirigent du gan-

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( 309 ) glion vers la moelle ou de celle-ci vers le ganglion. La pénétration de fins capillaires sanguins à l'intérieur du tissu médullaire est très évidente à ce stade.

Le chapitre se termine par quelques considérations sur le ganglion du trijumeau au V* stade.

Le chapitre VI renferme, sous forme de propositions, le résumé des principaux résultats obtenus par l'auteur. Pour compléter l'analyse qui précéde et faciliter ainsi l'appréciation du mémoire, nous avons eru utile, au risque de nous répéter, de traduire le résumé susdit.

1) L'époque de la reproduction, chez le Hérisson, tombe surtout dans le arr des mois de juillet et iro. la portée est de quatre à dix jeunes.

2) La formation de la caduque précède la fixation de la vésicule blastodermique à la paroi utérine. Cette formation dela caduque résulte d'une prolifération cellulaire, trés active, sous-épithéliale. L'épithélium utérin et celui des glandes utérines disparaissent à l'endroit de la saillie déci- duile. En méme temps, le nombre des vaisseaux sanguins augmente.

5) La vésicule hlastodermique est reçue dans une cavité devenue plus volumineuse de la caduque; du côté de la lumière utérine, cette cavité est bouchée, non seulement par le tissu propre de la caduque, mais encore et surtout par un bouchon renfermant beaucoup de sang.

4) A une période plus avancée du développement, du lait utérin (et probablement aussi du sang) apparait dans la caduque à la suite d'une déliquescence du protoplasme des cellules déciduales. Les lacunes qui, dans les premiers Stades, ont pris naissance aux dépens de la lumière des glandes, se remplissent de ces produits de déliquescence,

€n méme temps que s'établissent des anastomoses entre

(. 910.) les plus fines ramifications vasculaires de la caduque et les lacunes.

5) Ce processus atteint sou. maximum de développe- ment dans la caduque placentaire entièrement développée; on trouve alors des lacunes nombreuses et minuscules circonscriles par le tissu fœtal allantoidien, et en même temps en communication directe avec les vaisseaux san- guins maternels.

6) La fixation de la vésicule blastodermique à l'intérieur de la cavité de la caduque a lieu, primitivement, à toute la face interne de cette cavité; au moment les trois feuil- lets blastodermiques sont ébauchés, une zone annulaire de cette face interne s'épaissit, et cela à l'endroit le disque blastodermique, resté libre, s'infléchit et s'applique à la caduque.

7) Cette zone épaissie est le précurseur de l'aire opaque (area opaca) ou aire vaseulaire (area vasculosa).

8) En méme temps que se montrent, dans cette zone, les vaisseaux omphalo-mésentériques, et que la circulation vitelline s'établit, de puissantes villosités vitellines vascu- larisées se développent, à partir de la zone, et pénètrent dans le tissu de la caduque.

9) On trouve, par conséquent, dans les jeunes stades de développement, une placentation omphaloïdienne très significative; la structure, le développement et le siège du réseau vasculaire qui lui donne naissance correspondent entièrement à la disposition de l'appareil vitellin chez le genre Opossum, décrite récemment par Selenka.

10) Dans la deuxiéme période de la gestation, cette placentation primaire diminue d'importance, pour faire place à la placentation secondaire par l'intermédiaire de l'allantoide.

4 E 1

( 911 ) - 11) La séparation des villosités omphaloidiennes d'avec le tissu de la caduque marche de pair avec la délamination du mésoblaste le long de la moitié inférieure du blasto- cyste; le sae vitellin, devenu libre, s'aplatit et se replie d'une facon toute spéciale, mais en méme temps trés réguliére. 12) L'allantoide, qui saille d'abord librement dans l'espace étroit compris entre la région dorsale de l'embryon et la caduque, et se trouve délimitée circulairement par la paroi du sae vitellin fixée à la caduque, se caractérise par une paroi montrant, en divers points, une assez grande épaisseur. A l'endroit elle s'applique contre la caduque, elle refoule, devant elle, la membrane séreuse; celle-ci n'est pas le siège d'une prolifération préalable, et s'insinue entre les lacunes déciduales dont les cloisons de séparation tombent de plus en plus en déliquescence. Ce mode d'aeeroissement ne peut se comparer à une formation de villosités. 15) Une émigration de leucocytes contribue activement à ce rapide accroissement d'une partie de la paroi allan- loidienne. Par suite de cette prolifération, les vaisseaux allantoidiens pénètrent, de toute part, entre les lacunes de la caduque. 14) La fin de ce processus de développement de l'allan- loide coincide avec le processus indiqué sub 5, et qui a son siège dans la caduque. La partie proliférée de lallan- loide, de méme que la caduque placentaire, affecte alors la forme d'un disque aplati. On ne peut méconnaitre divers points de ressemblance avec le placenta de mammifères lout à fait supérieurs.

15) Le bord de la caduque réfléchie se fixe à la caduque Planectaire. La caduque réfléchie est relativement beau-

912 } coup plus épaisse dans les stades précoces que dans les stades tardifs du développement. Dans les phases ulté- rieures, elle se soude à la membrane séreuse; entre les deux, existe une couche homogène et transparente.

16) L'embryon possède un pro-amnios très développé.

17) La limite entre le pro-amnios et l'amnios définitif est fournie par les deux veines vitellines (v. omphalo- mesentericæ) qui retournent au cœur; dans les stades plus avancés, le pro-amnios a disparu.

18) La corde dorsale nait trés distinetement de l'hypo- blaste. Dans les jeunes stades, le eordentoblaste est trés apparent; lorsque l'embryon a atteint son complet acerois- sement, la notocorde se présente sous forme d'un cordon cellulaire trés développé.

19) Le conduit du mésonéphros se développe aux dépens de l'épiblaste.

20) Le canal médullaire atteint, dans la région lom- baire, un développement tout spécial; le sinus rhomboidal est encore ouvert, alors que la gouttiére médullaire est fermée en avant et en arrière de lui; sur les bords du sinus, les parois de la gouttière médullaire s'élévent nota- blement au-dessus du niveau des somites mésoblastiques.

21) Un repli continu des bords supérieurs (dorsaux) du canal médullaire forme, à droite et à gauche, la bande- lette ganglionnaire, qui ne reste pas en continuité avec le canal. j

22) Pendant un certain temps, les ganglions spinaux sont reliés entre eux, par l'intermédiaire de cellules, dans le sens longitudinal.

25) Dans un stade plus avancé, les ganglions spinaux sont constamment reliós, au canal médullaire, par deux ou un plus grand nombre de cordons (connectifs), et, de

PROPRETÉ IN PP INNER UE PR PE NEGERI s ER TE AR SIN

(915 ) chaque côté, avec un faisceau fibrillaire longitudinal, situé, à l'origine, en dehors du canal médullaire.

24) Un processus spécial de différenciation de la paroi du canal médullaire précède l'apparition des racines ventrales.

25) Les troncs nerveux ne naissent pas sous forme de proliférations du canal médullaire, mais in loco, dans le inésoblaste; en général, la participation de ce feuillet à la formation de parties du système nerveux central est plus importante qu'on ne l'admet communément.

Dans l'appréciation du mémoire que nous venons d'analyser, nous devons surtout avoir en vue, eu égard à la teneur de la question, les deux points suivants :

L'espèce choisie par l'auteur comme objet de ses recherches appartient-elle à un ordre de mammifères dout l'embryogénie n'a pas ou n'a guére été étudiée Jusqu'ici?

2^ Quelle est la valeur des résultats obtenus et con- signés dans le mémoire?

À la première question, nous répondrons affirmati- vement. En effet, excepté les travaux bien connus de Heape sur le développement de la Taupe (Talpa europea), nous ne possédons pas de recherches embryogéniques suivies sur d'autres espéces de l'ordre des Insectivores; et, en ce qui concerne le Hérisson (Erinaceus europeus), espèce choisie par l’auteur, on ne peut guère citer, comme il le rappelle d’ailleurs, que les observations de Needham, Rolleston, Nasse et Ercolani sur la placentation de cet animal. C’est aussi avec raison que, dans sa préface et en . se basant sur diverses citations de Parker et de Huxley l'auteur fait ressortir toute l'importance morphologique

9"' SÉRIE, TOME XIV. 744

( 944 ) de l'ordre des Insectivores et celle du Hérisson en parti- culier.

2^ Quelle est la valeur des recherches consignées dans le mémoire?

Et d'abord, ferons-nous un grief à l'auteur d'avoir fourni une histoire incompléte du développement du Hérisson? Ceux qui -s'occupent d'études embryogéniques peuvent seuls comprendre les difficultés sans nombre dont ces études sont entourées : l'assemblage des matériaux nécessaires aux recherches, l'observation sur le vif, le durcissement des objets par des réactifs divers, leur colo- ration, leur débit en coupes microscopiques, l'étude de ces dernières, puis la reproduction des objets par le dessin ou la photographie; tout cela ce ne sont, en définitive, que des préparations préliminaires. Reste encore et c'est incon- testablement le travail le plus difficile la saine appré- ciation des objets qu'on a sous les yeux, leur comparaison avec les faits connus ou avec d'autres objets examinés déjà. Rien d'étonnant, dés lors, que l'auteur, comme il en fait la remarque en divers endroits de son travail, n'ait pu, le temps lui faisant défaut, tirer tout le parti voulu des nombreuses préparations dont il disposait. C'est ce qui justifie l'épigraphe en tête du mémoire : « Trado quæ polui. » :

Saus doute, nous eussions été heureux de rencontrer des détails sur la fécondation et la segmentation de l'œuf ; mais, on l'a vu, il n'a pas dépendu de l'auteur de ne pou- voir nous renseigner sur ces phases si intéressantes du développement ontogénique. Seulement, ne faut-il pas attribuer, en partie du moins, à cette lacune involontaire les erreurs signalées plus haut? N'est-ce pas par suite du manque des stades antérieurs que l'auteur a faussement A id PS 4 * IA ES dE $ 1 E ac

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(HS observés par lui? Quant à la placentation et à ce qui s’y rat- tache, elle est traitée avec un soin particulier; malheureu- sement, nous devons le répéter encore, tout le chapitre, y consacré, est entaché de l'erreur commise au début. C'est surtout l'extension donnée à cette partie de son mémoire qui u'a pas permis au concurrent de s'étendre longuement sur l'organogenése. En effet, la corde dorsale et les gan- glions spinaux sont seuls étudiés, sous ce rapport; mais, les renseignements fournis, au sujet des ganglions spinaux surtout, sont nombreux et intéressants. Si, comme cela ressort de ce qui précéde, nous ne partageons pas entiére- ment les vues de l'auteur sur ce point, il n'en est pas moins vrai que cette partie du travail peut étre considérée comme une utile contribution à l'étude de la genèse des nerfs et à certaines parties de la moelle épinière.

Si maintenant nous envisageons le mémoire dans son ensemble, nous pouvons affirmer qu'il est d'un travailleur sérieux, bon observateur, au courant de la technique et de la bibliographie. Il est écrit d'un style clair, avec ordre et méthode. Les figures dessinées jointes au texte sont trés belles; quant aux photographies, elles ne nous ont pas loutes paru également démonstratives.

Mais, certaines erreurs signalées dans le cours de ce rapport enlévent incontestablementau mémoire une grande partie de sa valeur. Il serait à souhaiter, dans l'intérét méme de l'auteur, de voir disparaître ces desiderata. Pour ces motifs, nous proposons à la Classe :

De surseoir à toute décision concernant le résultat du concours;

2^ De maintenir la question au programme, en enga- geant l'auteur, qui a pris pour devise : Trado que potui, à compléter et à corriger son œuvre. »

.

( 918.)

Rapport de FI. Éd. Van Beneden, deuxième commissaire,

« L'étude approfondie qu'il a faite de l'organisation des marmiféres vivants et fossiles a amené Huxley à formuler l'opinion queles Insectivores occupent «une position cen- trale parmi les mammifères placentaires ». « Celui qui ` connaitrait tous les degrés de variations de structure qui peuvent exister dans l'ordre des Insectivores et celui des Rongeurs, ainsi s'est exprimé l'éminent naturaliste, possé- derait la clef de toutes les particularités que l'on observe chez les Primates, les Carnivores et les Ongulés.» L'or- ganisation des mammifères supérieurs ou euthériens peut être déduite de celle des Insectivores, et, de tous les ani- maux de cet ordre actuellement vivants, le Gymnure et le Hérisson s'éloignent le moins du type euthérien. « Il n'y a pas de monothréme connu, dit Huxley, qui ne soit beau- coup plus différent du type protothérien, ni de marsupial qui ne s'éloigne davantage du type métathérien que le Gymnure et méme le Hérisson (Erinaceus) ne s'éloignent du type euthérien. »

ll v a longtemps déjà que Huxley a exprimé, pour la première fois, cette opinion dans ses lectures au Collège royal des chirurgiens. Il l'a étayée depuis, dans une série de publications, par quantité de faits que les découvertes paléontologiques des vingt dernières années ont mis en lumière, et l’on peut dire qu'à l'heure qu'il est tous les zoo- logistes et les paléontologistes, dont les noms font autorité, se sont ralliés à la manière de voir du chef incontesté de l'École biologique en Angleterre.

Un intérêt tout spécial s'attache donc à la connaissance du développement embryonnaire des Insectivores en géné- rai et du Hérisson en particulier. C'est. assez dire que,

(9 dans mon opinion, l'auteur du mémoire ne pouvait faire un meilleur ehoix, et qu'en prenant le Hérisson comme sujet de recherches il a répondu complètement aux vœux de la Classe.

Mon honoré confrère, M. Van Bambeke, a fait une ana- lyse étendue, chapitre par chapitre, du travail que nous sommes chargés d'apprécier : il a fait connaitre les résul- tats que l'auteur a obtenus et les conclusions qu’il a déduites de ses recherches. Je n'ai rien à ajouter à cet exposé et je me rallie sans restriction au jugement qu'il formule sur la valeur de l'ouvrage quand il dit : « nous pouvons affirmer que le mémoire émane d'un travailleur sérieux, bon observateur, au courant de la technique et de la bibliographie. » Je suis également d'avis que les planches sont fort belles : on y reconnait la main d'un artiste. Jen dirai autant des photographies : elles sont, en général, trés lines, bien détaillées et suffisamment démon- stratives. Elles témoignent de la valeur des préparations obtenues.

Japprécie hautement tout ce que l'auteur a se donner de peine pour recueillir et utiliser dans l'espace de trois ans le matériel précieux qui a servi à ses recher- ches. On ne peut que s'étonner qu'il ait réussi à se procurer des embryons de Hérisson en aussi grand nombre et à des stades de développement aussi différents. Mais il faut bien reconnaitre, d'autre part, que ce malériel est insuffisant pour justifier des conclusions quant à l'organogenése. Non seulement le mémoire présente d'immenses lacunes, mais il est défectueux à certains égards, en ce qu'il renferme des erreurs d'interprétation graves.

Le plus jeune stade que l'auteur ait réussi à se procurer est représenté par des vésicules blastodermiques avec embryon formé de deux couches cellulaires. Les recher-

918 ) ches que je poursuis depuis une série d'années sur l'em- bryogénie des Cheiroptéres me permettent d'affirmer que l'auteur s'est mépris sur la signification des couches con- stitutives du blastocyste; ses dessins ne laissent aucun doute à cet égard.

Au stade dont il s'agit la vésicule est formée dans toute son étendue de deux couches cellulaires : l'épiblaste fort épaissi est déjà intimement uni à la muqueuse utérine et l'hypoblaste formé de cellules plates, dans la plus grande partie de son étendue, est immédiatement accolé à la face interne de la vésicule épiblastique. Sous l'influence de beaucoup de réactifs employés pour durcir le blastocyste, l'hypoblaste se détache du feuillet externe et, tandis que celui-ci reste uni à la muqueuse maternelle, la vésicule hypoblastique se rattatine dans la cavité délimitée par l'épiblaste. Dans les mêmes circonstances, la partie épi- blastique de la tache embryonnaire se sépare très facile- ment du reste du feuillet externe du blastocyste.

L'auteur du mémoire a pris pour le blastocyste la vési- eule hypoblastique ratatinée et il considére à tort, comme faisant. partie de la caduque en voie de formation, l'épi- blaste épaissi du blastocyste. Il rattache donc aux tissus maternels le feuillet externe de la portion extraembryon- naire de la vésicule blastodermique el cette erreur à entrainé des conséquences graves dans l'interprétation des phases subséquentes du développement. Une partie importante du mémoire est consacrée à l'exposé de la for- mation des caduques et du placenta. Chacun comprendra combien tout cet exposé se trouve vicié par l'interprétation fautive des premières phases du développement.

Cette méprise, quelque regrettable qu'elle soit, est d'ailleurs fort excusable, en ce qu'elle résulte de l'impossi- bilité, dans laquelle s'est trouvé l'auteur, de se procurer des

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stades préalables à la fixation du blastocyste. Nul doute que chez le Hérisson, comme chez d'autres mammifères, la vésicule blastodermique ne s'unisse trés tót à la muqueuse maternelle, qu'elle ne remplisse complètement la cavité qui lui est réservée et que la limite entre l'épiblaste embryon- naire et l'épithélium utérin ne disparaisse de bonne heure, voire même avant l'apparition de la ligne primitive.

Une période fort importante du développement sépare < les stades II et I de l'auteur. C'est pendant cette période que se forment la ligne primitive et le mésoblaste, qu'ap- parait le canal chordal, que se constitue la plaque noto- chordale et que se montrent les premiers ilots sanguins. Ceux -ci sont groupés en un cercle assez rapproché des bords de l'embryon. La confluence de ces ilots amène la formation du sinus terminal, dont le diamètre croît avec l’âge, en même temps que l'aire vasculaire s'étend. L'auteur n'a pu fournir aucun renseignement sur cette période si importante de l'évolution. Il n'a pu étudier qu'un seul embryon se ratiachant à son stade II, et il ressort clai- rement des dessins et des photographies que cet embryon se prétait mal à l'étude. Soit à raison des manipulations auxquelles il a été soumis, soit par l'action des réactifs employés pour la durcir, il a été ployé en divers sens, déformé et, par suite, rendu peu propre à étre débité en Coupes orientées.

Ce que l'auteur considère comme étant l'ébauche de l'aire vaseulaire n'est que la région marginale de cette formation, c’est-à-dire la série circulaire des ilots sanguins àux dépens desquels se forme dans la suite le sinus ter- minal.

J'incline à croire que l'opinion d'aprés laquelle les pre- miers globules sanguins procéderaient à la fois du méso- blaste et de l'hypoblaste repose sur l'examen de coupes

( 920 )

obliques, faites à travers les îlots sanguins encore séparés les uns des autres, saillants dans la cavité blastodermique et recouverts par l'hypoblaste. Les premiers éléments du sang se forment à une période du développement nota- blement plus reculée, et les figures produites établissent que l’auteur n'a pas eu sous les yeux les stades de for- mation des premiers globules sanguins, mais bien des cavités vasculaires déjà fort étendues.

Il y a aussi un grand écart entre les stades H et HI de l'auteur. Pendant la période qui s'écoule entre ces deux stades, les ébauches des principaux organes se consti- tuent aux dépens des feuillets. L'auteur, n'ayant pas eu sous les yeux d'embryons d'âge intermédiaire entre les stades lI et IH, s'est trouvé dans l'impossibité de fournir aucun renseignement sur la genése de ces ébauches. S'il s'était borné à décrire objectivement les embryons du stade IT nous n'eussions eu quà constater et à regretter l'existence de cette lacune. Mais 1l a eu le tort de conclure, de l'étude des embryons qu'il a ens sous les yeux, aux pro- cessus génétiques de quelques-unes des ébauches et par- ticulièrement. de la notocorde et du canal segmentaire. Il fait dériver de l'hypoblaste la plaque notocordale et rat- tache à l'épiblaste le canal segmentaire. Or, en ce qui concerne la notocorde, il est bien démontré aujourd'hui qu'elle ne procéde pas de la couche interne de l'embryon et que le stade figuré par l'auteur résulte d'une inter- calation secondaire de la plaque notocordale dans l'hypo- blaste vitellin.

L'auteur conclut de ce qu'il trouve le canal segmentaire soudé à l'épiblaste, au voisinage de son extrémité anté- rieure, à l’o:igine ectodermique de cet organe. Je suis loin de vouloir révoquer en doute l'exactitude de cette opinion; mais les faits observés par l'auteur ne justifient pas sa

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( 991 )

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conclusion. Comment répondrait-il à quelqu'un qui, acceptant d'ailleurs la parfaite réalité des faits observés, exprimerait l'opinion que ce canal segmentaire procède du mésoblaste et qu'il se soude secondairement avec l'épi- blaste? Je cherche vainement aussi dans les observations de

l'auteur la preuve établissant que, au stade dont il s'agit, les échanges matériels entre la mère et le fœtus se font par la face externe du sac vitellin.

Les écarts sont tout aussi considérables entre les stades HI et IV, IV et V, ete., qu'entre les stades I et H et I et III, et je ne trouve rien qui ne soit déjà connu, pour plu- sieurs autres mammiféres, dans les observations de l'auteur relatives aux stades avancés du développement. J'en excepte les résultats qu'il annonce quant à la genése des nerfs. Sur ce point, l'opinion qu'il s'est faite est en oppo- sition formelle avec les idées qui ont cours aujourd'hui. Les faits justifient-ils la maniére de voir de l'auteur, qui en revient aux idées de Remak? Il faut bien reconnaitre qu'ils sont loin de suffire pour entrainer la conviction, et je souscris sans restriction aux réserves que l'honorable premier commissaire a cru devoir formuler à ce sujet.

Les critiques qui précèdent ne m'empéchent nullement de reconnaitre de grands mérites au mémoire qui nous est soumis. Elles établissent que plusieurs conclusions sont prématurées, que d'autres sont manifestement enta- chées d'erreur, Ces défauts sont dus à ce que l'auteur n'a eu à sa disposition qu'un matériel insuffisant et il est à désirer, non seulement dans l'intérêt de la science, mais ` dans l'intérêt de l'auteur lui-même, que ces premiers résultats soient complétés et revisés avant que le mémoire Soil livré à l'impression.

l’auteur s’est parfaitement rendu compte de l'étendue des lacunes que j'ai signalées, et il exprime l'espoir de les

( 922 ) combler à bref délai. « J'ose espérer, dit-il, que les nou- veaux résultats auxquels j'arriverai peut-étre aprés l'envoi du mémoire pourront y être inlercalés avant son appari- tion. »

Dans ces conditions, j'estime qu'il y a lieu de suspendre toute décision en ce qui concerne le résultat du concours; je propose à la Classe de maintenir la question à son pro- gramme et j'invite l'auteur anonyme du mémoire à com- pléter son œuvre. Nul doute qu'en poursuivant ses recherches il ne parvienne à combler des lacunes impor- . tantes et à mériter pleinement, non seulement le couron- nement de son mémoire, mais les félicitations de tous ceux qui s'intéressent aux progrés de l'embryologie. »

M. Félix Plateau déclare se rallier complètement aux conclusions formulées par ses savants confréres, MM. Van Bambeke et Ed. Van Beneden.

En conséquence des rapports qui précèdent, la Classe n'a pas jugé pouvoir décerner le prix au mémoire qui lui à été soumis ; mais elle a décidé que la question restera au concours pour l'année prochaine. Elle espére ainsi mettre l'auteur à méme de compléter ses recherehes, et de pro- duire un mémoire qui méritera, non seulement d'étre couronné, mais de recevoir les félicitations de tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'embryologie.

M. Gilkinet ayant accepté de remplacer M. Spring comme commissaire pour les Mémoires du concours extraordinaire sur le Repoissonnement des rivières, la lecture des rapports de MM. Gilkinet, P.-J. Van Beneden et de Selys Longchamps aura lieu ultérienrement.

( 923 )

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Sur un nouveau glucoside azoté retiré du « LINUM USITATIS- SIMUM. Communication préliminaire; par A. Jorissen et E. Hairs.

I| y a quelque temps déjà, l'un de nous signalait l'abon- dant dégagement d'acide cyanhydrique auquel donnent lieu les plantules de lin écrasées, et étudiait les conditions dans lesquelles ce phénoméne est le plus marqué (1). Nous rappellerons que le rendement le plus élevé en acide cyanhydrique s'obtient quand on opére sur des plantules dont l'accroissement a eu lieu à la lumière et dans une atmosphère normale, tandis que les plantules étiolées fournissent une quantité d'acide beaucoup plus faible. Nous comptons revenir prochainement sur l'étude de ces faits, qui présentent un réel intérét au point de vue de la physiologie.

Dans les divers essais pratiqués en vue de procéder au dosage de l'acide cyanhydrique produit par les plantules ou les plantes de Linum usitatissimum, il était aisé de constater que cet acide n'existe pas tout formé dans le végétal, mais qu'il provient de la décomposition d'une autre substance, comme c'est le cas, par exemple, pour l'acide cyanhydrique, qui, dans certaines conditions, prend naissance aux dépens de la laurocérasine du laurier-cerise. Il y avait donc lieu de supposer que le Linum usita-

(4) Voir les Phénomènes chimiques de la germination; par A. Joris- Sen, Mémoire couronné par l'Académie, 1885, coll. in-8°, t. 58.

( 924 ) lissimuin renferme soit de l'amygdaline, soit de ia lauro- césarine. |

La solubilité de l'amygdaline et de la laurocérasine dans l'aleool et la facilité avec laquelle ces deux glucosides voisins se dédoublent en présence de l'émulsion d'amandes douces, permettaient de rechercher aisément si l'acide cyanhydrique provenait iei du dédoublement de l'un ou de l'autre de ces glucosides.

C'est en vain, cependant, que l'extrait aleoolique des plantes de lin fut traité à diverses reprises par l'émulsion d'amandes douces; méme aprés vingt heures de contact, i| n'était pas possible de constater la formation d'aeide cyanhydrique dans le mélange.

Dans ces conditions, nous étions portés à croire que le glucoside se décomposait pendant la préparation de l'extrait alcoolique, lorsqu'une circonstance fortuite vint nous montrer qu'il n'en était rien. Avant de traiter cet extrait alcoolique par les acides dilués à l'ébullition, nous erümes devoir essayer l'action de la poudre de certaines graines, et notamment de la farine de lin, sur l'extrait pré- paré. A notre grand étonnement, le mélange dégagea une forte odeur d'acide cyanhydrique aprés quelques heures de contact. L'alcool enlevait done aux végétaux étudiés un composé susceptible de fournir de l'aeide cyanhydrique quand on le met en présence de la farine. de lin, mais résistant à l’action de l'émulsine des amandes.

Aprés de longues recherches, nous sommes parvenus à isoler ce produit à un état de pureté suffisant pour le sou- mettre à divers essais. Bien que les données que nous possédons sur la nature et les propriétés chimiques de ce composé soient encore incomplétes, nous avons tenu à prendre date et à communiquer à l'Académie les résultats

que nous avons obtenus jusqu'à présent en étudiant cette”

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( 925 )

substance. Comme on le verra, celle-ci semble devoir être ajoutée à la liste des rares glucosides azotés qui ont été retirés des végétaux.

Pour préparer ce produit, les plantes ou plantules de lin sont desséchées à une température aussi basse que possible, on les épuise par de l'alcool à 94°, puis on soumet la teinture obtenue à la distillation. On reprend le résidu sirupeux par l’eau, on filtre sur filtre mouillé et on ajoute au liquide de la levure de bière pour faire disparaître le suere dont la solution est chargée, quand on opère au moyen de plantules. Dès que la fermentation a pris fin, on filtre, on fait bouillir; puis on traite la liqueur par une solution de tanin.

Il se produit un précipité que l'on sépare par liltration. La liqueur est alors additionnée d’acétate plombique, on tiltre et on débarrasse le liquide filtré de l'excès de plomb par l'acide sulfhydrique.

La solution filtrée est évaporée à siccité. On reprend par l'aleool absolu, on filtre et on ajoute au liquide d'un demi à un volume d'éther officinal; on filtre et on répète au besoin ce traitement.

On évapore alors à siccité, on dissout le résidu dans l'eaa et on décolore par le charbon animal. La solution décolorée est évaporée jusqu'à ce que la masse coule difficilement et êst abandonnée à la cristallisation sons la cloche d'un exsiccateur à acide sulfurique, ou méme à l'air libre. Ce résidu ne tarde pas à se prendre en une masse d'aiguilles blanches groupées autour d'un centre commun; celles-ci se dissolvent aisément dans l'eau et l'alcool et possèdent une Saveur légèrement amère. L'acide sulfurique concentré ne les eolore pas en violet et leur solution aqueuse ne réduit Pas la liqueur de Fehliug. L'essai au sodium permet d'y Constater la présence d'une forte proportion d'azote.

( 926 ) : Quand on ajoute à la solution aqueuse du produiten queslion une pincée de farine de lin, le liquide renferme une dose notable d'acide cyanhydrique, aprés quelques heures. L'émulsion d'amandes douces est sans action dans les mémes conditions. 1 Lorsqu'on dissout cette substance dans de l'eau renfer- - mant deux centiémes d'acide sulfurique, puis que l'on fait bouillir le liquide pendant une ou deux heures dans un bal- lon surmonté d'un réfrigérant à reflux, la solution se charge d'acide cyanhydrique. Aprés évaporation et neutralisation par le carbonate calcique, elle réduit la liqueur de Fehling et fermente quand on l'additionne de levure de biére. L'acide cyanhydrique et le sucre glucose constituent donc deux des produits de dédoublement du glucoside; nous avons lieu de supposer qu'il en existe un troisiéme, mais d'aprés des essais comparatifs que nous avons faits en opérant sur l'eau distillée de plantes de lin et l'eau dis- tillée de laurier-cerise, ce troisième produit ne serait pas l'aldéhyde benzoique. | Nous avons, en effet, préparé de l'eau distillée de laurier- cerise et de l'eau distillée de plantes de lin, d'une égale richesse en acide cyanhydrique; or, tandis qu'en faisant bouillir l'eau de laurier-cerise rendue alealine,en présence de l'oxyde d' argent, il étail aisé d'en retirer une notable quan- tité d’acide benzoiqt filtrati idalation par l’acide sulfurique et agitation avec del éther, nous n'avons obtenu qu'un résidu insignifiant et d'une nature différente en opé- rant de la méme facon sur l'eau distillée de plantes de lin. Le produit en question se distingue donc de l'amygda- line, notamment par sa résistance à l'action de l'émulsine des amandes douces, par la réaction de l'acide sulfurique pesos et par la nature de l'un des produits résultant u dédoublement. | | *

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(C927 7 Dès que nous aurons préparé une quantité suffisante de ce composé, nous en ferons l'étude complète, et nous aurons l'honneur de soumettre à l'Académie les résultats de nos recherches.

Notice sur les Mélastomacées austro- américaines de M. Ep. Anpré; par Alfred Cogniaux, professeur à l'École normale de l'État à Verviers et vice-consul de l'Empire du Brésil.

Les Mélastomacées dont nous donnons ici l'énumération ont été récoltées par M. André en 1875 et en 1876, prin- cipalement dans la Nouvelle-Grenade et l'Équateur. Il y a plusieurs années, nous avons déjà fait connaitre les Cucurbitacées récoltées dans le méme voyage d'explo- ration. On a vu alors que la collection des plantes de cette famille était fort remarquable; celle des Mélastomacées ne l'est pas moins, car elle comprend cent trois espèces dis- linetes et une variété. Les nouveautés sont au nombre de vingt, dont dix-neuf espèces et une variété. : Nous avons donné une description détaillée de toutes les espèces inédites; de plus, pour les autres espèces, nous avons cru utile de reproduire les notes prises sur le vif par M. André et concernant généralement soit le port, soit la taille de la plante ou la couleur des fleurs, ete., en Un mot des caractères d'autant plus intéressants à con- ` naitre qu'on ne peut généralement les observer bien exac- lement sur les échantillons d'herbier. L'indieation du lieu natal est extraite littéralement de ses étiquettes, et les numéros entre parenthèses sont ceux des exemplaires de $&3 collection.

( 928 )

Pour ne pas toujours répéter les mots Nova Granata et

Ecuador, nous avons fréquemment fait usage des abré- viations N. Gr. et Ec.

3. Bucquetia glutinosa DC. Prodr. 111, 110, 8. rosea, nov. var.

Rami superne vix glutinosi. Pedicelli filiformes, 2-4 cm. longi. Flores rosci.

Ad colles prope Chipaque in Cordillera orientali Andium Novo-Granatensim, altit. 2800 m., Decembri 4875 (n° 1015). Ad Boqueron de Bogota, altit. 2900 m., 26 Januar. 1876 (n° 4265). « Frutex 2-5 m. altus, ramis numerosis, apice confertis; floribus eymosis, speciosis, roseis. »

Le type de cette espéce, qui se rencontre également dans les environs de Bogota, a les jeunes rameaux souvent très glutineux, les pédicelles longs de 1/,-2 em. et les fleurs violettes.

2. hhynchanthera grandiflora DC. var. microphylla Naud. in Aun. Sc. Nat. ser. 5. XII. 211. N. Gr. : Ad Alto del Potre- rito prope Vijés in valle Cauca, altit. 1780 m., 50 Mart. 1876; ad La Laguna in vall. flum. Dagna, altit. 1020 m., 2 April. 1876 (n° 1076). « In humidis montium, rara. Frutex 1-2 m. rarius 2-3 m. altus, floribus rubris vel rubro-violaceis. »

Cette variété n'avait encore été signalée que dans la Guyane hollandaise.

3. Arthrostemma campanulare Triana, Mélast. 55. Prope Ibagué, ad pedem orientalem montis Tolima in Cordillera cen- trali Novae Granatae, altit. 1410 m., 4 Mart. 1876 (n° 2021). « Herbacea; flores pulchre rosei, petalis medio dorso ruber- rimis. »

( 929 ,

4. Érnestia ovata, nov. sp.

Caule ramoso; ramis obscure tetragonis, brevissime denseque glanduloso-villosis; foliis ovatis, basi rotundatis et saepius leviter emarginato-cordatis, apice abrupte brevissime acuteque acuminatis, 7-nerviis,supra densiuscule breviterqueglanduloso- hirtellis, subtus breviter villoso-hirtellis praecipue ad nervos nervulosque; panicula densiuscula, multiflora; calycis tubo late campanulato, densiuscule breviterque glanduloso-villoso, seg- mentis lineari-subulatis, sparse pilosulis, tubo paulo longiori- bus; petalis anguste ovatis, apice subrotundatis, utrinque gla- berrimis vel apice vix glanduloso-pilosulis; staminibus subsi- milibus, majorum connectivo infra loculos longe producto arcuato !/; parte totius longitudinis a basi distincte genieulato nec calearato, ultra 1usertionem filamenti antice porrecto et longe biaristato, aristis simplicibus, minorum connectivo bre- vissino basi postice subealearato antice breviuscule biaristato; ovario 4-loculari, vertice leviter breviterque glanduloso-piloso. Suffrutex 1 m. altus. Rami robustiuseuli, longiuseuli, erecto- patuli, subrecti, fuscescentes, subsimplices. Petiolus satis gra- cilis, teretiuseulus, supra vix canalieulatus, brevissime den- Seque. glanduloso-hirtellus, cinereo-fuseus, 1 !/5-2!/, em. longus. Folia membranacea, patula, internodiis saepius duplo longiora, margine tenuissime serrulata, supra laete viridia et paca, subtus satis pallidiora, 3-8 cm. longa, 4-6 cm. lata; nervis satis gracilibus, supra vix impressis, subtus satis promi- nentibus, mediano satis crassiore, exterioribus caeteris multo 8racilioribus brevioribusque. Paniculae erectae, subpyrami- datae, subaphyllae, 1-2 dm. longae, ramis patulis, gracilibus, longiuseulis, diehotome ramulosis. Pedicelli subfiliformes, divaricati, densiuscule breviterque glanduloso-pilosi, 3-8 mm. longi. Bracteolac lineares, patulae, 1-2 mm. longae. Calyx fus- tescens, tubo obscure 10-sulcato, basi obtusiusculo, 5 mm. longo, apice totidem lato, segmentis patulis, leviter flexuosis, 3-4 mm. longis, basi vix 1 mm. latis, Petala pulehre rosea, patula, basi subrotundata, tenuiter multinervia, 8-9 min. longa, 5" SÉRIE, TOME XIV. 62

,

( 950 )

6 mm. lata. Staminum filamenta capillaria, leviter flexuosa, purpurascentia, 4-5 mm. longa; antherae lineares, paulo flexuosae, 5 vel 5 !/, mm. longae, !/, mm. crassac, connectivo infra loculos 4 vel 4-5 mm. longos producto, capillari, basi . dilatato, aristis tenuissimis, 1 !/ vel 5 mm. longis. Ovarium ovoideum, leviter 4-suleatum ; stylus filiformis, satis sigmoideo- flexuosus, superne non vel vix inerassatus, 8-9 mm. longus. Capsula ovoidea, bees. > mm. ionge; 4 mm. crassa. Semina fulva, creberri i lata, !/5 mm longa, !/, mm. crassa.

Habitat ad Cerro de Anvila prope Panche in descensu occi- dentali Andium occid. Novae Granatae, altit. 1400 m., 17 Februari 1876 (n* 1701).

Cette espèce doit se placer dans la section Euernestia, entre les E. tenella DC. et E. quadriseta O. Berg. En com- parant les descriptions que nous avons données de ces deux espèces (in Mart. Fl. Bras., Melast. I. 227), on verra qu'elle en différe beaucoup. Rappelons seulement que l'E. tenella a les feuilles oblongues, à 5 nervures, el le connectif des grandes étamines éperonné; VE. quadriseta a les feuilles ovales-oblongues et les arétes du connectif des grandes étamines profondément bifides.

5. Pterolepis pumila Cogn. var. y. ramosa Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. Y. 264. N. Gr. : in humidis prope Jamundi, ad mediam vallem « Cauca », altit. 1025 m., 12 Apri- | lis 4876 (n° 2028). « Herbacea, 5-5 dm. alta; floresalbi.»

€. Pterogastra divaricata Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XIII. ` 35 (pro parte). JV. Gr. : Ad Caqueza, in declivitate orien- tali Andium bogotensium, altit. 1800 m, 50 Decembr. 187

(n° 981). « Herbacea; flores rubri, fugaces. » .. On n'avait jusqu'ici signalé cette espèce que dans le 2^ nord du Brésil et la Mn anglaise.

3. Tibouchina Lindeniana Cogn. l. c. 1. 547. N. Gr. : Ad Cerro de Anvila prope Panche, altit. 4750 m., 17 Februar. 1876 (n° 1711). « Frutex 2-5 m. altus, habitu erecto, ramis apice confertis, floribus puleherrime rubris. »

Cette espèce a d'abord été décrite par Bentham (PI. Hartw. 181) sous le nom de Pleroma corymbosum ; mais des raisons de priorité nous ayant forcé d'employer le méme nom spécifique pour une autre espéce, nous avons dédié celle-ci au célébre explorateur belge M. J. Linden, qui l'a distribuée autrefois sous les numéros 103 et 753.

S. Tibouchina lepidota Baill. in Adansonia, XII. 74; Cogn. l. c. 572. In sylvis primævis ad Aguadita, in Cordillera orientali Andium Novæ Granatæ rara, altit. 2100 m., 4 Febr.1876 (n*1455). « Arbor 15 metr.alta, cyma rotundata, cortice caulino exfoliato (Arbuti Andrachne instar) cinnamomeo, floribus maximis cœruleis post anthesin violaceis. » Inter Salento et Tambores in declivit. oceid. montis Quindio, altit, 1380 m., 14 Mart. 1876, et ad San Pablo, altit. 1270 m., 22 Maii 1876 (n^ 2546 part). « Arbor 8-10 metr. alta, floribus novis pul- cherrime purpureis veteribus violaccis. » Ad Rio Roble prope Popayan, altit. 1810 m., 19 April. 1876 (n. 2546 part.).

9. T. lepidota, var. congestiflora Cogn. Pl. Lehm. in Engl. Bot. Jahrb. VIII. 47. Ec. : Prope San Nicolas ad ripas Rio Toachi, altit. 1080 metr., 21 Junii 1876 (n. 2546 part.). « Arbor 4-6 m. alta, floribus purpureo-violaceis. »

10. Tibouchina paleacea Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. I. 573. N. Gr. : Ad Pié de San Juan in decliv. orient, montis Quindio, altit. cire. 2500 m., 8 Mart. 4876 ( 22 " ina * Arbor 6-7 m. alta. cyma rotunda, floril yn violaceis, antheris luteis. »

(992.

11. Tibouchina Karstenii Cogn. /. c. I. 581. Prope Susumuco in regione Melastomaccarum dilectiss. Andium orient Novae Granatae, altit. 1200 m., 4 Januar. 1876 (n° 1126 et 915 part). « Frutex plur. metr. altus, floribus violaceis. »

12. Tibouchina bipenicillata Cogn. l. c. 1. 585. Inter San Miguel et Quetame Cordillera orient. Novae Granatae, altit. 1950 m., 31 Decembr. 1875 (n° 865). « Arbuseula 5-4 m. alta, ramis crassis erectis, floribus rubris. »

33. Tibouchina gracilis Cogn. var. 9. vulgaris, l. c. 1. 587. N. Gr.: In montibus Bogotensibus meridiem versus, altit. 2800 m., Decembri 1875 (n* 915 part.). « Frutex erectus, 2-5 m. altus, floribus rubris. »

14. Tibouchina longifolia Baill. in Adansonia, XII. 74; Cogn. l.c. 1. 402. In Venezuela ad littus maris prope La Guayra, altit. 12 m.; 25 Novembr. 1875 (n° 100); V. Gr. : ad Carare secus ripas fluminis Magdalena, altit. 550 m., 7 Decembr. 1875 (n° 409); ad Susumuco in declivit. orient. Andium Bogoten- sium, altit. 1240 m., 1 Januar. 1876 (n° 825). « Frutex 2 m. altus, ramosus. »

43. Tibouchina ciliaris Cogn. Meriania ciliaris Vent.! Choix de Pl., tab. 54. Chaetogastra ciliaris DC. Prodr. IM. 152. Micranthella ciliaris Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XIII. 548. Pleroma ciliare Triana, Mélast. 46, tabl. IH. fig. 51 o.

Prope Fusagasuga ad margines sylvarum Andium orient. Novae Granatae, altit. 1900 m., 6 Febr. 1876 (n° 1409). « Suffrutescens, 4 m. alta, floribus roseis. » Ad Panche in declivit. Andium orient. Magdalenam versus, altit. 1600 m., 18 Febr. 1876; propter urbem Ibague ad pedem occid. montis Quindio, altit. 4550 m., 6 Mart. 1876 (n° 1667). « Frutex 5 m. altus, paueiramosus, floribus a:bis, petalis obovatis. »

( 953 )

16. Tibouchina mollis Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. 1. 349 in adnot. In paludibus et locis inundatis prope Cumara! ad pedem Cordill. orient. Novae Granatae, altit. 410 m., 5 Januar. 1876, cum Mauritia flexuosa crescens (n° 1054). « Planta suffrutescens, 2 m. alta; rami assurgentes; corollae conspicuae violaceae. » Ad Paramo de la Union in alta valle Caucana, altit. circit. 9500 m., 27 April. 1876 (n° 2776 bis). « Frutex ramosus, 3 m. altus, floribus copiosis violaceis. » Ad Casapamba, prope lacum Andium Laguna Cocha dietum, altit. cire. 5000 m., Maio 1876 (n° 5085). « Arbuseula 4-5 m. alta, floribus roseo-violaceis.» Ad Alto de Chocorral in vicinitate montis ignovomi Cumbal, altit. cire. 2800 m., 20 Maii 1886 (n° 5257 bis) « Frutex 3-4 m. altus, ramosus, floribus violaceis. »

17. Tibouchina laxa Cogn. Melastoma laxa Desr.! in Lamk. Encycl. méth. Bot. IV. 41. Rhexia 'sarmentosa Bonpl.! Rhex. 25, tab. 10. Chaetogastra sarmentosa DC.!

Prodr. HI. 154. Pleroma laxum DC.! l. c. 151; Triana, Mélast. 47, tab. III. fig. 51 j. Lasiandra sarmentosa Naud.! in Ann. Sc. nat. ser. 5. XII. 150. L. laxa Naud. l. c. 159 et Melast. 720. Pleroma sarmentosa Hook. f.! in Bot. Magaz. tab. 5629,

In humidis apud pratos lomas in Andibus centralibus Ecuadorensibus, altit. 2800 m. (n° 4350). « Frutex dumosus, floribus violaceis » In Cordillera centrali Ecuadorensi, altit. cire, 5000 m. (n. 4362) « Frutex 2 m. altus, floribus albis Suavibus. »

18. Tibouchina pendula Cogn. PL. Lehm. in Engl Bot. Jahrb. VII. 18. Ece.: Ad ripas flum. Pilaton in decliv. occid. montis Corazon, altit. 1800 m., 21 Junii 1876 (n° 3765). « Flores magni, candidi, speciosi. »

( 934 )

19. Tibouchina arthrostemmoides, nov. spec (sect. Diotan- thera).

Fruticosa; ramis obscure tetragonis, junioribus breviuseule denseque adpresso-setulosis praecipue ad nodos, vetustioribus subglabris; foliis brevissime petiolatis, rigidiuseulis, ovatis, basi rotundatis et saepius leviter emarginato-cordatis, apice acutis, raargine integerrimis, 7-nerviis nervis intermediis basi breviter coalitis, utrinque brevissime subsparseque adpresso- strigillosis praecipue subtus ad nervos; floribus majusculis, longiuscule pedicellatis, basi minute bibracteolatis, ad apices ramulorum paucis subeymosis; calyce densiuseule longeque adpresso-strigoso, tubo eampanulato-oblongo, segmentis linearibus, breviuscule ciliatis, tubo paulo longioribus; stami- nibus satis inaequalibus, filamentis glabris, connectivo infra loculos breviuscule producto, glabro, basi valde incrassato; stylo longiusculo, glabro, superne non vel vix incrassato, apice truncato.

« Arbuseula 5-6 m alta, ramosissima. » Rami erecto- patuli, graciles, elongati, rigidiuseuli, cinerco-fusci, satis ramu- losi. Petiolus gracilis, teretiuseulus, longiuscule denseque adpresso-setulosus, 2-6 mm. longus. Folia patula vel subre- flexa, internodiis saepius breviora, utrinque siccitate viridi- fuscescentia, 4-6 em. longa, 2-5 !/, em. lata, ramealia satis minora; nervis crassiusculis, supra satis impressis, subtus valde prominentibus; nervulis transversalibus indistinetis. Pe- dicelli graciles, teretiuseuli, densiuscule breviterque adpresso- igillosi, 1-2 em. longi. Bracteolae erectae, rigidiusculae, oblongo-lineares, fuscescentes, subglabrae, 2-4 mm. longae. Calyx fulvus, tubo 6-7 mm. longo, apice 4 mm. lato, seg- mentis erecto-patulis, rigidiusculis, 7-8 mm. longis. Petala rubra vel violacea, patula, obovata, apice oblique subtruncata, margine vix ciliata, utrinque glabra, 15-17 mm. longa, 10-12 mm. lata. Staminum filamenta capillaria, purpurascen- tia, 6 vel 7.8 mm. longa; antherae lineares, superne salis attenuatae, plus minusve arcuatae, 4 vel 6 mm. longae, connect-

tivo infra loculos 1 vel 2 mm. longos producto. Ovarium ovoi- deo oblongum, superne densiuseule breviterque setulosum ; stylus filiformis, apice uncinatus, 8-10 mm. longus. spinis anguste obovoidea, leviter 6-suleata, superne 3-valvis, fere 1 em. longa. Semina fusea, leviter cochleata, tenuissime foveo- lata, !/; mm. longa, !|; mm. crassa.

Habitat ad Altaquer in Cordillera meridionali Andium Novo- Granatensium, altit. 990 m., Maio 1876; ad San Pablo in regione humidissima Andium Pastoensium, altit. 1970 m., 22 Maii 1876 (n. 5359).

Parmi les nombreuses espèces de la section Diotanthera, aucune n’a un port analogue à celle-ci, et au premier coup d'œil, on pourrait croire qu'elle appartient au genre Arthrostemma, quoiqu'elle ait absolument tous les carac- tères floraux du genre Tibouchina.

20. Tibeuchina cerastifolia Cogn. in Mart. FL Bras., Melast. L 405. Ec. : In declivitate occid. montis Corazon, altit. 1900 m., Junio 1876 (n* 1428 part). « Suffrutex ramis gracilibus, floribus roseis. »

La découverte de cette espèce dans la république de l'Équateur est trés remarquable, car elle n'était connue jusqu'ici que dans les provinces méridionales du Brésil et. l'Uroguay. Malgré le grand éloignement des habitations de l'Équateur et du Brésil, la seule différence un peu nolable que nous trouvons entre ces plantes est que celle du Brésil a les fleurs pourpres, tandis que M. André note pour la sienne des fleurs roses.

24. Tibouchina grossa Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. | l. 297. N. Gr. : Ad Boqueron de Bogota, altit. 2800 m., 21! Decembr. 4875 (n° 724). « Frutex 2-4 m. altus, ramis

( 956 ) assurgentibus, floribus atropurpureis.» Ad Paramo de Chim- balan in Cordillera meridionali Novae Granatae, altit. 5000 m., 4 Maii 1876 (n° 2247 part.) « Flores viride sanguinei. »

22. Tibouchina Andreana, nov. spec. (sect. Purpurella).

Fruticosa; ramis obscure tetragonis, breviter dense subad- presseque strigosis ; foliis parvis, rigidis, breviter petiolatis, basi rotundatis, apice obtusis et saepius subrotundatis, margine subintegerrimis, 5-nerviis nervis lateralibus basi breviter coalitis, supra breviter denseque bullato-strigosis asperri- misque, subtus pilis brevissimis patulis rigidiuseulis papillosis dense hirtellis praecipue ad nervos ; floribus magnis, breviu- seule pedicellatis, ad apices ramulorum aggregatis subcy mosis, basi bibracteatis; calyce longiuseule densiuseule subadpres- seque strigoso, tubo campanulato-ovoideo, segmentis anguste ovatis, apice subrotundatis, margine membranaceis glabris ciliatisque, tubo satis. brevioribus; petalis extus longiuscule denseque villosis; antherarum connectivo basi in calear bifi- dum producto.

« Frutex ramosus, 5 m. altus. » Rami erccto-patuli, robus- tiuseuli, satis breves, ferruginci, satis ramulosi. Petiolus gra- cilis, teretiusculus, breviter dense adpresseque strigosus, 2-4 mm. longus. Folia patula, internodiis saepius breviora, supra viridi-cinerea, subtus cinerca, 1-1!/2 cm. longa, 7-12 mm. lata; nervis erassiusculis, supra profunde impressis, subtus satis prominentibus; nervulis transversalibus nume- rosis, paulo distinetis. Pedicelli robustiusculi, breviter den- seque strigosi, '/,-1!/, em. longi. Bracteae rigidiusculae, adpressae, ovatae, apice rotundatae, fuscae, intus subglabrae, extus brevissime subsparseque hirtellae, 7-10 mm. longae. Calyx fuscus, tubo teretiusculo, basi rotundato, fere | em. longo, 7-8 mm. lato, segmentis erectis, 6 mm. longis, 5 mm. latis. Petala atrosanguinea, erecta, obovata, apice subrotun- data, inferne longiuscule attenuata, 2-2 1/5 em. longa. Stami- minum filamenta (imperfecte evoluta) glaberrima; antherae

(99r Jj

purpurascentes, oblongo-lineares, rectae, apice truncatac, 6-7 mm. longae, 1 1/9 mm. erassae, conneetivo infra loculos ^ mm. long. producto. Ovarium ovoideum, superne brevius- cule denseque caneseenti-setulosum ; stylus erassiuseulus, atropurpureus, subrectus, apice truncatus, 4 1/9 em. longus. Capsula perfeeta ignota,

Habitat ad Boqueron del Quindio, in Cordillera centrali Novae Granatae, altit. 5450 m, 40 Mart. 1876 (n° 2247 part.).

Le T. Andreana se distingue immédiatement des deux autres espèces de la section Purpurella par ses feuilles beaucoup plus petites, dont la face inférieure est couverte de poils papilleux et non simples.

23. Brachyotum rotundifolium, nov. spec. (sect. Dicentrae Cogn. in Monogr. Melast. ined.).

Ramis obscure tetragonis, superne pilis patulis longiusculis dense hirtellis ; foliis rigidis, subparvis, breviter petiolatis, suborbieularibus, margine subintegerrimis, 7-nerviis nervis intermediis basi "teri ne pre longiuseule subad- presse d e breviterque villosis praecipue e aer foribus 4-meris, ad apices ramulo- rum saepius aggregatis, ebractcatis vel interdum bracteatis; calyce dense longe adpresseque villoso, tubo campanulato- Obconico, segmentis ovato-triangularibus, apice acutis, basi contiguis, tubum aequantibus ; petalis margine vix ciliatis, apice subrotundatis ; antheris linearibus, basi longiuscule bicalea- ratis,

* Frutex ramosissimus, 2 m. altus. » Rami erecti vel erecto Paluli, satis graciles, breves, leviter tortuosi, ferruginei, inferne plus minusve excoriati, valde ramulosi. Petiolus robustiuseu- lus, teretiusculus, breviuseule denseque villoso-hirtellus, 2-7 mm. longus. Folia patula. internodiis subduplo longiora, supra viridia vel interdum dilute flavescentia. subtus satis pallidiora vel rufescentia, 1 1/,-9 em. longa ct fere totidem

( 958 )

lata; nervis crassiusculis, supra profundiuscule impressis, subtus satis prominentibus. Flores breviter vel brevissime pedicellati. Calyx fulvus et saepius dilute purpureus, tubo teretiuseulo, 6-7 mm. longo, apice totidem lato, segmentis erectis, 6-7 mm. longis, 4 mm. latis. Petala ut videtur pur- pureo-violacea, obovata, basi breviter unguiculata, tenuissime plurinervia, 15-15 mm. longa, 9-10 mm. lata. Staminum fila- menta subeapillaria, purpurea, 5-6 mm. longa; antherae pallidae, lineares, superne satis attenuatae, subrectae, 5-6 mm. longag. Ovarium anguste ovoideum, superne longiuscule den- seque setulosum; stylus filiformis, atropurpureus, fere 2 em. longus. Capsula ovoidea, fuscescens, 8 mm. longa, 5 min. crassa.

Habitat apud « Paramos » montium in Andibus Ecuado- rensibus frequens, altit. 5200-5800 m. (n° 4301).

Cette espèce doit être rapprochée du B. campanulare

Triana, qui s'en distingue facilement par ses feuilles étroi- |

tement ovales, à 5 nervures, les lobes du calice deux fois plus longs que le tube, etc.

24. Brachyotum cernuum Triana, Mélast. 48. Ad sum- mum montem ignivomum Azufral in Cordillera merid. Novae Granatae, altit. eire. 4000 m, 18 Maii 1876 (n° 5261). « Frutex 1-2 m. altus, ramis adpressis, erectis; calyce obscure miniato; corolla luteola. »

23. Brachyotum strigosum Triana, l. c. 49. VN. Gr. : Alto del Paramo in Cordillera Bogotensi, altit. 2850 m.,

14 Januar. 1876 (n° 1084); ad Guadalupe, propter urbem.

Bogota, altit. 5150 m., 25 Januar. 1876 (n° 1261). « Fru- tex 1-2 m. altus, pauciramosus; floribus urceolatis, atrovio- laceis. » : :

26. Brachyotum Andreanum, nov. spec. (sect. Adesmiae Cogn. in Monogr. Melast. ined.). : Ramis teretiusculis, superne subadpresse breviter denseque

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( 939 )

strigillosis; foliis rigidis, parvis, breviter petiolatis, ovato- suborbicularibus, basi rotundatis, apice obtusis vel subrotun- datis, margine subintegerrimis, 5-nerviis nervis lateralibus basi breviter coalitis, supra callis conieis brevibus apice subsetiferis dense onustis, subtus selulis brevissimis basi tubereulatis densiuscule hirtellis praecipue ad nervos nervu- losque; floribus 5-meris, ad apices ramulorum solitariis vel paucis, 4-bracteatis; calyee adpresse longe denseque sericeo, tubo eampanulato, segmentis ovatis, acutis, tubum aequantibus ; antheris inappendiculatis. : Frutex erectus, ramosissimus. Rami erecti, robustiusculi, satis breves, sordide fusci, inferne denudati, valde ramulosi. Petiolus robustiusculus, teretiusculus, breviuseule denseque hirsutus, 5-5 mm. longus. Folia patula, internodiis 9-5-plo longiora, supra fuscescentia, subtus cinerca, 12-17 mm. longa, 10-14 mm. lata; nervis crassis, supra profunde impressis, subtus valde prominentibus; nervulis transversalibus nume- rosis, supra indistinctis, subtus satis prominentibus. Bracteae imbrieatae, submembranaceae, ovato-suborbiculares, intus glabrae et fuscescentes, extus canescenti-cinereae et densius- cule adpresseque sericeae, 4 em. longae. Calyx canescens, tubo teretiuseulo, 6 mm. longo, «pice 7-8 mm. lato, segmentis erectis, rigidiusculis, 6 mm. longis, 4-5 mm. latis. Petala * viride sanguinea », suborbicularia, margine brevissime ciliata, 4 tls em. longa. Staminum filamenta filiformia, glabra, purpurea, 5-6 mm. longa; antherae flavescentes, oblongo- lineares, apice attenuatae, subrectae, 4 mm. longae. Ovarium anguste ovoideum, superne breviter denseque canescenti- setulosum; stylus filiformis, purpureus, 2 cm. longus. Capsula subglobosa, fere 1 em. crassa.

Habitat in Andibus centralibus Ecuadorensibus, altit. 3300 m. (sine n°). à Dans la section Adesmiae, le B. confertum Triana est le Seul qui ait, comme l'espèce que nous venons de décrire,

( 940 ) les fleurs entourées d'une sorte d'involucre de bractées, mais le B. confertum a six bractées au lieu de quatre; de : * f plus, ses feuilles sont beaucoup "plus petites, ovales- oblongues, à trois nervures, etc.

27. Brachyotum canescens Triana, Mélast. 48. N. Gr. : Ad « El Peñon », prope Sibate, in deeliv merid. Andium Bogotensium, altit. 2650 m., 4 Febr. 1876 (n? 1464). « Frutex 2-4 m. altus, ramis depauperatis; calycibus coloratis; corolla alba-luteola. » Ad Paramo San Fortunato inter Bogota et Fusagasuga, altit 2880 m. (n° 1018). « Frutex 1-2 m. altus, pauciramosus ; floribus urccolatis, rosco-citrinis. »

28. Chaetolepis microphylla Miq. Comm. Phytogr 72. Ad Boqueron de Bogota, in declivitate occidentali Andium orient. Novae Granatae, altit. 2780 m., 91 Decembr. 1875 (n° 756). x « Fruticulus, ramis gracilibus; floribus flavidis. »

29. Aciotis paludosa Triana, Mélast. 51. N. Gr. : Secus ripas Rio Guaro ad viam Tuquerres-Barbacoas, altit. 1650 m., 21 Maii 1876 (n* 5412 part.). « Suffrutex 1 m. altus, flori- bus albis. » .

30. Aciotis purpurascens Triana, l. c. 52. N. Gr. : In declivitate orientali Andium Bogotensium, altit. circiter 1600 m., Januario 1876 (n° 5412 part.).

34. Monochaetum multiflorum Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. IV. 52 tab 2. fig. 1 C, XIV. 162. N. Gr. : Ad Buenavista in monte ek altit. cire. 2000 m., 7 Mart. 1876 (n° 2129). « Flores albi

32. Monochaetum Benplandii Naud. /. c. IV. 51. tab. 2. fig. 1 B, XIV. 165. N. Gr. : Ad jugum montium Bogoten- sium in declivitate orientali, altit. 9800 m., Decembr. 1875 (n° 878). « Frutex 5-4 m. altus, ramis erectis, floribus roseis. »

| | | |

( 944 )

83. Monochaetum lineatum Naud. /. c. IV. 52, Ad Tocota, in alta valle flum. Dagna in Cordillera occid. Novae Granatae, alt. 1500 m., 2 April. 1876 (n. 2618). « Frutex ramosissimus, 2 m. altus., ramis gracilibus; floribus roscis. » In declivitate occid. montis Corazon Andium Ecuadorensium, altit. circ. 2500 m., 22 Junii 1276. « Flores pallidissime rosei. »

Cette espéce, déjà connue à plusieurs localités du Pérou et de l'Équateur, n'avait pas encore été signalée dans la Nouvelle-Grenade.

34. Monochaetum. Hartwegianum Naud. l. c. IV. 51, XIV. 161. NW. Gr. : Ad Fusagasuga, in declivitate septentrionali Andium Bogotensium, altit. 1800 m., 5 Febr. 1876 (n. 1428 Part). « Suffrutex ramis gracilibus; floribus roseis. » Ad alto de San Juan in monte Quindio, altit. cire. 2500 m., 8 Mart. 1876 (n* 2080). « Frutex ramosissimus, 2 m. altus; floribus rubris. »

35. Monochaetum myrtoideum Naud. l. c. IV. 54, tab. 2, ig. 4 D, XIV. 4164. Ad Boqueron de Bogota, in Andibus orient, Novae Granatae, altit. 2700 m., 21 Decembr. 1875 (n. 711). « Frutex ramosus, 2-5 m. altus, ramis assurgentibus. » Prope Moscofio, in decliv. orient., Cordillerae orient., altit. 1700 m., Decembr. 4875 (n° 4196). « Frutex 2. m. altus, ramosissimus, elegans, floribus pulchre roseis. »

36. Monochaetum Meridense Naud. l. c. XIV. 165 N. Gr.: Ad Barro blanco et Fusagasuga, altit. 1750-1800 m., 4 et 5 Febr. 1876 (n° 1449). « Frutex plur. metr. altus, ramis gracilibus, floribus rubris. »

( 942 )

37. Monochaetum Lindenianum Naud. /. c. XIV. 158, &. par- vifolium, nov. var.

Planta quam in typo villosior, foliis parvis, 12-22 mm. longis, 6-10 mm. latis.

N. Gr. : Ad Alto de Viota altit. 1150 m., et ad Paramo del Quindio, altit. 5200 m., Febr. ei Mart. 1876 (n° 2205).

3 ws ye t . : | « Frutex ramosissimus, 2-5 m. altus; floribus albis, antheris

luteis, connectivi append. violacea. »

35. Meriania speciosa Naud. /. c. XVIII. 128.— JV. Gr. : Ad Rio Roble prope urbem Popayan, altit, 1817 m., 19 April. 1876; alto de las Piedras prope Popayan, alt. 1815 m., 20 April. 1876 (n° 2620bis). « Flor de Mayo incolarum. Frutex 5-4 m. altus, ramis erectis; foliis nitentibus; floribus conspicuis, rubro-violaceis. »

39. Meriania Trianae Cogn. PL. Lehm. in Engl. Bot. Jahrb. "VHI. 19. Ad Alto San Antonio prope Tocota in Cordillera oecid. Andium Granatensiumn, altit. 1970 m., 2 April. 1876 (n. 2620). « Frutex 5 m. altus; ramis fastigiatis; floribus pulcherrimis, rubris. »

40. Meriania nobilis Triana, Mélast. 66. N. Gr. : Crescit apud Souson, in prov. Antioquia, altit. circiter 2500 m., « Amaruboyo d’ Antioquia» dieta (n° 811); ad vias propter urbem Popayan rara, altit. 1800 m., 17 April. 1876 (n° 2768 part.).— «Flor de Mayo del monte incolarum, Arbor 15-20 m. alta, petiolis foliisque subtus violaceis; floribus paniculatis, speciosissimis; corollis maximis, rubro-violaceis. »

Cette dernière note est reproduite sur toutes les éti- -quettes des feuilles qui appartiennent au Miconia majalis Cogn.; mais nous pensons qu'elle ne convient qu'au Meriania nobilis. :

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945 )

41. Centronia tomentosa, nov. spec. (sect. Brachycentrum). Ramis obtuse tetragonis, junioribus brevissime et densius- cule tomentoso-furfuraccis, vetustioribus glabratis; foliis rigidiusculis, longiuseule petiolatis, anguste ovatis vel ovato- oblongis, basi rotundatis, apicc acutiusculis, margine minu- tissime oberenulatis vel subintegerrimis, 7-nerviis, supra glabris et interdum leviter bullatis, subtus dense tomentosis; panieulis terminalibus, paucifloris saepius trifloris; floribus magnis, 5-meris, breviuscule Fee ins bibracteolatis ; alabastris ovoideo-oblongi: tratis rostro

profunde 5-fido; ira derisi toetad, tubọ campanulato,

limbo irregulariter rupto saepius bivalvi; antheris oblongo- linearibus, connectivo infra loculos breviter producto, postice appendice obtusa instructo, appendice superne tuberculato vel subealearato; ovario 5-loculari, glabro, vertice integro et rotundato; stylo crasso, stigmate non vel vix dilatato.

« Arbor 8-10 m. alta, ramis apice confertis,» robustiusculis,

, elongatis, leviter nodosis, inferne saepius denudatis, satis ramu-

losis, cinereo-fuscis. Petiolus robustiusculus, teretiuseulus, supra non canaliculatus, rufescens, dense tomentosus, 1-5 em. longus. Folia patula, internodiis multo longiora, supra laete viridia, subtus canescenti-cinerea vel interdum rufescentia, 1-1'/, dm, longa, 5-9 em. lata; nervis robustis, supra profun- diuseule impressis, subtus satis prominentibus, mediano leviter crassiore; nervulis transversalibus numerosis, robustiuseulis, supra profundiuscule impressis, subtus satis prominentibus et valde ramuloso-reticulatis. Peduneulus communis paniculae 'h-1 dm. longus, robustus, obtuse tetragonus, densiuscule tomentosus; pedicelli dense tomentosi, !/,-1 cm. longi. Brac- teolae lanceolato-lineares, rufescentes, utrinque tomentosae praecipue extus, 1-3 em. longae. Alabastrum 2 cm. longum. Calyx rufescens, tubo teretiuseulo, 4 em. longo et apice toti- dem lato. Petala atrorubra, late irregulariterque obovata, mul-

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tinervia, utrinque vix furfuracea, apice oblique subtruneata, 1 !/; em. longo lataque. Staininum filamenta subfiliformia, satis compressa, 12-15 mm. longa; antherae subrectae, apice bre- viter attenuatae, 10-12 mm. longae, i !/, mm. crassae. Ova- rium late ovoideum, fere usque ad medium adhaerens, 6 mm. longum; stylus purpureus, subrectus, glaber, 2 cm. longus. Capsula perfecta ignota.

Habitat ad margines sylvarum primaev. in Andibus Ecua- dorensibus rara, altit. 5000 m. (n° 4475).

Cette espèce a des rapports avec le Centronia excelsa Triana, Mélast. 72; mais ce dernier, d'aprés Bonpland, est seulement une herbe multicaule haute de 2 à 5 mètres; de plus, ses feuilles sont espacées et un peu cordées à la base; le bouton floral, au lieu d'étre rostré, est obtus au sommet, elc.

42. Calyptrella cucullata Triana, Mélast. 72. In sylvis humidis regionis temperatae Andium central. Ecuadorensium, altit 2000 m. (n° 4656). « Arbor 5-6 m. alta, pauciramosa, floribus albis. » Secus viam Barbacoas in Andibus meridion. Novae Granatae, altit. 1040 m., Maio 4876 (n° 5422). « Arbor

6-8 m. alta, ramis divaricatis; foliis conspicuis, junioribus

coloratis. »

43. Diplarpea paleacea Triana, Mélast. 80 (nomen tantum). Prope Altaquer, pagum Cordillerae meridion. occid. Novae Granatae, altit. 990 m., 25 Maii 1876 (n° 5500). « Planta herbacea, erecta, 5-10 dm. alta, floribus roseis. »

MM. Bentham et Hooker, qui ont décrit le genre nou- veau Diplarpea Triana (Gen. Plant., |. 756), ne donnent ni le nom, ni la description de l'unique espèce qui com- pose ce genre. M. Triana (/.c.) en donne le nom, mais ne

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l'accompagne non plus de l'indication d'aucun caractère; de sorte que nous n’avons pu connaître sa plante que par les très maigres exemplaires qui se trouvent dans quelques herbiers. En étudiant ces exemplaires ainsi que ceux de M. André, nous avons constaté une erreur assez grave dans la description générique de MM. Bentham et Hooker. Nous lisons, en effet, dans le Genera: « Calycis... lobi 9... cum dentibus minoribus alternati. » Nous trouvons bien au limbe du calice cinq lobes plus grands et cinq plus petits; mais ces derniers, au lieu d'alterner avec les pre- miers, sont extérieurs et insérés exactement sur le dos des plus grands, particularité qui se retrouve dans la plu- part des genres de la tribu des Miconiées.

44. Monolena ovata, nov. spec.

Glaberrima; rhizomate crasso, tuberoso, brevi; foliis longe petiolatis, tenuiter membranaceis, ovatis, basi rotundatis, apice acuminalis, margine subintegerrimis et breviter ciliatis, 7-plinerviis, utrinque concoloribus; scapo gracili, glaberrimo, petiolo paulo breviore, apice 2-5 floro; floribus brevissime pedicellatis, basi subebracteolatis; calycis lobis triangularibus, apice obtusis, tubo paulo brevioribus; petalis late obovatis. Petiolus satis gracilis, laevis, viridis, 1 dm. longus. Folia laete viridia, plana, 1 '/ dm. longa, 8-9 em. lata, nervis satis gracilibus, non prominentibus; nervulis transversalibus satis distantibus, gracilibus, flexuosis. Scapi erecti, 7-8 em. longi. Pedicelli crassiusculi, 1-2 mm. longi. Calyx viridis, tubo 5 mm, longo, apiee totidem lato, lobis erectis, 2 mm. longis. Petala pulehre rosea, tenuiter membranacea, utrinque glaberrima, Ssubenervia, fere 2 cm. longa. Staminum filamenta capillaria, Tecta, 5-6mm longa; antherae oblongae, apice obtusae, rectae, ? mm, longae, connectivo infra loculos fere 1 mm. long. pro- ducto. Capsula perfecta ignota. gme SÉRIE, TOME XIV. 65

( 946 )

Habitat ad Quebrada Parada, prope Villavicencio ad pedem orient. Cordillerae Bogotanae altit. 600 m., 5 Januar. 1876 (n? 1185).

Cette espéce est voisine du M. primulaeflora Hook. f., qui en différe principalement par ses feuilles coriaces, 5-5 plinerves, pourpres à la face inférieure, et par les lobes du calice arrondis.

A5. Leandra melanodesma Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast.

H. 115. Ad El Cascajal in decliv. occid. montis Corazon Andium Ecuadorensium, altit. 1370 m., 22 Junii 1876 (n° 5750). « Frutex 3-4 m. altus, ramis elongatis, floribus

pallide roseis, »

46. Leandra subseriata Cogn., |. c. 75. N. Gr. : In sylvis prope Upin et ad Hacienda de Salitu in regione dicta Ilanos de San Martin ad pedem orientalem Andium Bogotensium, altit. 410-450 m., 5-7 Januar. 1876 (n° 1151). « Arbuscula ramosa, 4-5 m. alta. »

47. Conostegia speciosa Naud. in Ann. Sc. nat., ser. 5. XVI. 109. Panama, in sylvis umbrosioribus humidis, altit. 75 m., 4 Augusti 1876 (n° 450157s). « Frutex ramosus, 5-4 m. altus, floribus laete violaceis. »

48s. Miconia Benthamiana Triana, Mélast. 102. Ad Que- brada de Pususquer in Cordillera meridionali Andium Novo Granatensium, altit. 1800 m., Maio 1876 (n° 5391). « Frutex ramosus, 5-4 m. altus, floribus albis, corollis extus roseo- pietis. »

49. Miconia notabilis Triana, l. c. 105. N. Gr.: Ad - Timbio in valle Cauca, altit. 1890 m. (n° 2809). « Arbor 5-8 m. alta; foliorum nervis subtus rubris; floribus albis; baccis pulchre roseis demum nigro-violascentibus. »

(947.)

$0. Miconia macrophylla Triana, l. c. 105. N. Gr.: Islitas prope Nare ad ripas fluminis Magdalena, in sylva pri- maeva umbrosa eum Martinezia caryotaefolia erescens, altit. 160 m., 9 Decembr. 1873; sicus ripas Rio Guatiquia ad pedem Andium orient., altit.. 600 m., Januar. 1876 (n° 416). « Arbor 4-6 m. alta, conspicua ; foliis subtus canis vel cinna- momeis ; floribus paniculatis, roseis. »

$1. Miconia caudata DC. Prodr. HI. 187; Triana, l. c. 104 (pro parte exel. syn.). Prope Ibague, ad pedem montis Tolima, in Cordillera centrali Novae Granatae, altit. 1500 m., 3 Mart. 1876 (n° 1956). « Arbor 6 m. alta, ramosa, cyma pulchre disposita; foliis majoribus; floribus paniculatis, pallide roseis; antheris luteis. »

52. Miconia aponeura Triana, l. c. 106. JV. Gr. : Prope Villavicensio, ad pedem orientalem Andium Bogotensium, altit. 505 m., 12 Januar. 1876 (n° 1178). « Arbuscula 9-k m. alta, ramis paucis, erectis; floribus paniculatis, roseis, »

53. Miconia smaragdina Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XVI. 186. N. Gr.: In sylva Salitre ad pedem orientalem Cordil- lerae Andinae Bogotensis, altit. 400 m., Januar. 1876 (n° 1060). * Arbor 5-6 m. alta, ramis gracilibus ; floribus paniculatis, albis. »

$4. Miconia symplocoidea Triana, .Mélast. 108. N. Gr.: Ad Barro blanco prope Fusagasuga in Andibus orient., altit. circit, 4850 m., 4 Febr. 1876 (n° 1496). « Arbuseula 5-4 m. alta, ramis elongatis, floribus albis. » Ad Pasco in Andibus orient., altit. 9200 m., 41 Febr. 1876 (n° 1554). « Frutex. 2 m. altus, ramis divaricatis, floribus albis. »

( 948 )

55. Miconia lhbaguensis Triana, l. c. 110. JY. Gr.: Ad Caqueza in declivitate orient. Andium Bogotensium, altit. 2070 m., 51 Decembr. 1875 (n° 905). « Frutex ramosus, 2-4 m. altus.» Ad Arbalaez prope Pandi, altit. 1400 m., 8 Febr. 1876 (n° 1452). « Arbuscula 5-5 m. alta, ramis erectis; floribus albis. »

56. Miconia eriodonta DC. Prodr. II. 185, var. B. oblongi- folia DC. JV. Gr. : Prope pagum Villavicensio, ad pedem orientalem Andium Bogotensium, altit 505 m., 2 Januar. 1876 (n° 958). « Arbuscula 5-6 m. alta, ramosa, in sylvis montium. »

57. Miconia decipiens, nov. spec. (sect. Eumiconia).

Ramis leviter compressis, junioribus petiolis peduneulisque brevissime denseque stellato-tomentosis demum scabriusculis ; folis magnis, submembranaceis, breviter petiolatis, late oblongo-lanceolatis, inferne satis attenuatis basi acutis et ad petiolum leviter decurrentibus, apice subabrupte breviter acuteque acuminatis, margine integerrimis, 5-plinerviis, supra glabris laevibusque, subtus brevissime et densiuscule stellato- pilosis; panieulis magnis, terminalibus, late pyramidatis, multifloris; floribus 5- meris, sessilibus, minute fasciculatis, basi breviter bractcolatis; calyce brevissime denseque stellato- piloso, fructifero subglabro, tubo campanulato-suburceolato, limbo brevissime 5-lobato, lobis obtusis extus vix tuberculatis.

Arbor 10 m. aita, ramis divaricatis, robustiusculis, elongatis; subrectis, ferrugineis, simplicibus. Petiolus robustus, angulato- sulcatus, supra non vel vix canaliculatus, ferrugineus, circiter 1 em. longus. Folia erecta vel erecto-patula, internodiis multo longiora, supra siecitate nigricantia et opaca, subtus. ferru- _ginea, in eodem jugo saepius inaequalia, 1 !/,-2 '/, dm. longa,

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6-11 em. lata; nervis ere le di ipiam impressis, subtus satis p

exterioribus margini proximis; nervulis transersalibes numerosis, crassiusculis, subrectis, supra leviter impressis, subtus valde prominentibus et leviter reticulato-ramulosis. Panieulae erectae, sordide ferrugineae, satis trichotome ramosae, 2-5 dm. longae: rami patuli, satis graciles, elongati, leviter compressi, valde ramulosi, basi saepius bracteati. Bracteac caducae, patulae, rigidiusculae, lineari-subulatae, den- siuscule stellato-pilosae, !/,-1 em. longae; bracteolae subulatae, leviter flexuosae, caducae, 2-3 mm. longae. Flores « albi », perfecti ignoti. Bacca nigricans, subglobosa, sparse stellato- puberula, 5 mm. crassa. Semina fulva, nitidula et laevia, breviter angulato-pyramidata, */5 mm. longa et fere totidem ata.

Habitat in sylvis regionis humidissimae ad Rio Nembi, in Cordillera meridionali Andium Novo-Granatensium, altit. 900 m., 23 Maii 1876 (n° 5455).

An premier abord, cette espéce pourrait étre prise pour le Miconia impetiolaris Don, dont elle a tout à fait le port; mais il est facile de l'en distinguer à ses feuilles pétiolées et assez longuement atténuées-aigués à la base, tandis que le M. impetiolaris a les feuilles sessiles, aurieulées à la base et presque amp:exicaules.

Flle a aussi quelques rapports avec le Miconia phaeo- phylla Triana, qui a des feuilles coriaces, plus longuement pétiolées, à veines transversales à peine visibles, et des fleurs pédicellées.

35. Miconia versicolor Naud. in Ann. Sc. nat. ser 5. XVI. 189. N. Gr. : Ad Tocaima iu decliv. montium flumen Mag- dalena versus, altit. 510 m., Februar. 1876 (n° 1568). ;

( 950 )

59. Miconia spicellata Bonpl. Msc. ex Naud, l c. 154. N. Gr. : Propter urbem Cartago in valle fluminis Cauca, altit. 990 m., 17 Mart. 1876 (n* 2458). « Frutex 5-4 m. altus. »

60. Miconia albicans Triana, Mélast. 416. N. Gr. : Ad Cañitas in valle Cauca, altit. 1250 m., 15 April. 1876 (n° 2759). « Frutex 1-2 m. altus, dumosus; floribus albis, petalis reflexis; baeeis viridibus, edulibus. Madroño incolarum. »

68. Miconia chlorocarpa, nov. spec. (sec. Glossocentrum).

Ramis obscure tetragonis superne leviter compressis, junio- ribus petiolis pedunculisque densiuscule furfuraceis, vetustio- ribus glabratis; foliis subparvis, coriaceis rigidisque, brevius- cule petiolatis, ovato oblongis, basi subrotundatis, apice obtu- siuseule longeque acuminatis, margine integerrimis et satis revolutis, paris sopra pen densiuseule stellato-furfu- raceis demu subtus tenuissime dense adpresseque ioxnentellis: paniculis PAPAS alaribusve, parvis, pyramidatis, submultifloris; floribus 5-meris, breviter pedicellatis, ebracteolatis; calyce dense furfuraceo, tubo cam- panulato-suburceolato, limbo brevissime 5-lobato, lobis obtusis, basi remotis, dorso obscure tuberculatis; petalis obovatis, apice retusis; antheris oblongo-linearibus, inferne satis atte- nuatis, eonnectivo brevissime producto inappendieulato ; stylo

brevi, superne satis incrassato, apice truncato.

Arbuseula 5-4 m. alta. Rami satis graciles, subrecti, fusces- centes, paulo ramulosi. Petiolus crassiusculus, obscure angu- latus, supra leviter compressus ct vix canaliculatus, ferrugineus, */-1 !/, em. longus Folia erecto-patula, internodiis duplo lon- giora, supra siccitate lurida et nitidula, subtus ferruginea, in eodem jugo saepius paulo inaequalia, 4-6 em. longa, 1 '/,-2 ‘/: em, lata; nervis crassis, supra profundiucule impressis, subtus valde prominentibus, mediano satis crassiore; nervulis trans- versalibus numerosis, crassinseulis, subrectis, supra leviter

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impressis, subtus satis prominentibus, Paniculae erectae, ferru- gineae, leviter ramosae, 4-5 em longae; rami erecto-patuli, erassiusculi, satis breves, obscure tetragoni, leviter ramulosi; pedicelli crassi, subrecti, 1-4 mm. longi. Calyx ferrugineus, tubo teretiusculo, basi subrotundo, superne leviter constricto, 3 mm. longo latoque. Petala alba, patula vel reflexa, 1 '/, mm. longa, 1-1 '/, mm lata. Staminum filamenta tenuissima, satis flexuosa, 2 mm. longa; antherae paulo arcuatae, 4 '/, mm. longae. Stylus filiformis, subrectus, 2 '/,-5 mm. longus. Bacca viridis, subglobosa, 4-5 mm. crassa.

Habitat ad Alta de la Cruz in Andibus Pastoensibus Novae Granatae merid., altit. 3560 m., 4 Maii 1876 (n° 5106)

Cette espèce est. voisine du M. sclerophylla Triana, qui en différe par son pétiole comprimé latéralement, ses feuilles notablement plus grandes et à 5 nervures, ses fleurs sessiles et fasciculées, ete.

62. Miconia longifolia DC. Prodr. III, 184 (non Naud.). W. Gr. : Secus ripas Rio de la Vieja propter urbem Cartago in valle Cauca, altit. 990 m. et propter urbem Buga secus ripas fluminis Cauca, altit 1020 m.,47-99 Mart. 1876 (n° 2454 part.). « Arbor 10 m. alta, ramosa, floribus albis, paniculatis, suaveo- lentibus. » In pratis humidis prope Jamundi in valle Cauca, alti. 1040 m., 11 April. 1876. (n° 2736). « Frutex 3 m. altus, floribus albis. »

63. Miconia fulva DC. L. c. 180. V. Gr. : Ad Carare secus flum. Magdalena, altit. 445 m., 7 Decembr. 1875; secus ripas Guaitara ad pedem orient. Andium Bogotensium, altit. 500 m., 5 Januar, 1876 (n° 279). « Arbuscula 4-5 m. alta, ramis assurgentibus; foliis erectis, subtus pulchre einnamomeis; floribus... »

( 952

64. Miconia Andreana, nov. spec. (sect. Amblyarrhena).

Ramis obtuse tetragonis superne leviter compressis, junio- ribus tenuiter furfuraceis vetustioribus glaberrimis laevi- busque; foliis magnis, rigidiusculis, breviuscule petiolatis, ova- tis, basi rotundatis et intcrdum leviter emarginatis, apice brevi- ter acuteque acuminatis, margine minute serrulatis et breviter ciliatis, 7-9 nerviis, supra glaberrimis laevibusque et elegante bullatis, subtus ad nervos nervulosque leviter furfuraceis cae- teris glabris; paniculis majuseulis, pyramidatis, multifloris, satis congestis; floribus 5-meris, brevissime pedicellatis, basi minute bracteolatis; calyce densiuscule furf@racco, tubo cam- panulato, dentibus minutissimis, late triangularibus, acutis; petalis obovatis, apice subtruncatis; antheris oblongo-lineari- bus, connectivo basi vix bituberculato; stylo subeapillari , glabro, apice leviter dilatato.

Frutex vel arbusenla 5-5 m. alta, robusta, pauciramosa, ramis erectis vel patulis, fuscescentibus, leviter ramulosis. Petiolus erassus, angulato-sulcatus, leviter furfuraceus, supra leviter barbatus non vel vix canaliculatus, 2-6 cm. longus. Folia patula, pulchre purpureo-metallica, 2-5'/, dm. longa, 12-22 em. lata; nervis robustis, supra profundiuscule impressis, subtus valde prominentibus, mediano satis crassiore, exterioribus caeteris multo gracilioribus brevioribusque; nervulis transver- salibus numerosissimis, crassiusculis, leviter arcuatis, supra profunde impressis, subtus valde prominentibus, valde ramu- loso-retieulatis, Paniculae erectae, satis ramosae, 4 '/, dm. longae; rami patuli, satis graciles, longiuseuli, leviter com- pressi, densiuscule furfuraceo-puberuli, valde ramulosi, basi interdum bracteati; pedicelli saepius vix 4 mm. longi. Brac- teolae caducae, adpressae, oblongae, acutiusculae, 1-2 mm. longae. Calyx dilute roseus, teretiuséulus, 2 mm. longus, 4 !/, mm. latus. Petala rosea, patula, tenuiter membranacea; 2 mm. longa Staminum filamenta tenuissima, flexuosa, 1 ‘/2-

[A \ ( 953 J 2 mm. longa; antherae subrectae, 1 !/; mm. longae. Ovarium subglobosum, glaberrimum; stylus subrectus, 4 mm. longus. Bacca nigro-coerulea, late subglobosa, 4-5 mm. crassa. Habitat in declivitatis occident. montis Quindio Novo-Graha-

lensium ad Salento (n? 2525) et ad Rio Boquia (n? 2808 1800 m., 12-15 Mart. 1876.

altit.

m

Parmi toutes les espèces de la section Amblyarrhena qui ont les feuilles et les rameaux glabres ou presque glabres et les fleurs en panicule, celle-ci se reconnait sans difficulté à ses trés grandes feuilles munies de 7-9 ner- vures, élégamment bullées et d'un beau pourpre à reflets métalliques.

65. Miconia asclepiadea Triana, Mélast. 191. N. Gr. : Ad Quebrada Tulpas in Andibus meridionalibus, altit. 975 m., Maio 1876 (n° 1167). « Frutex ramosus, gracilis; floribus albidis. In regionc pluviosissima Cordillera vigens. » Ad San Pablo, apud viam Barbacoas, alti. 4970 m., 22 Maii 1876 (n° 3556). « Frutex 2-3 m. altus; floribus albido-cocrulescen- tibus (petalis albis, ovariis coeruleis). »

66. Miconia difficilis Triana, Mélast. 192. N. Gr. : Ad La Ceja del Quindio, aliit. 5140 m., 10 Mart. 1876 (n° 2485 part ). « Flores albi, antheris luteis. »

657. Miconia majalis, nov. spec. (sect. Amblyarrhena). *

Ramis obtuse tetragonis et leviter quadrisulcatis superne paulo compressis, junioribus petiolis pedunculis calycibusque tenuissime furfuraceis, vetustioribus glabris laevibusque ; foliis longiuscule petiolatis, magnis, submembranaceis, siccitate Valde fragilibus, ovatis, basi subrotundatis et ad petiolum breviter decurrentibus, apice abrupte breviterque acumi- natis, margine minutissime remoteque denticulatis, 7-nerviis,

c 954 )

supra glaberrimis laevibusque, subtus ad nervos nervulosque tenuissime punctato-furfuraceis caeteris glabratis; panieulis terminalibus, amplis, late pyramidatis, multifloris; floribus amplis, 5-meris, breviter pedicellatis, basi bibracteolatis; calycis tubo hemisphaerico, limbo brevissime 5-lobato, lobis late rotundatis, dorso minute denticulatis; petalis late irregu- lariterque suborbicularibus, utrinque tenuissime punctato- furfuraceis ; staminum filamentis crassis, superne densiuscule glandulosis, connectivo dorso inerassato basi non producto ; stylo robusto, brevissime et densiuscule glanduloso, stigmate amplo peltato. |

Rami robusti, elongati, fuscescentes, Petiolys robustus, late- raliter leviter compressus, supra non canaliculatus, siccitate fuscescens, 5-7 em. longus. Folia patula, supra laete viridia et nitidula, subtus viridi-cinerea, 1 !/,-2 !/» dm. longa, 10-16 cm. lata ; nervis robustis, supra vix impressis, subtus valde pro- minentibus, exterioribus caeteris multo gracilioribus ; nervulis transversalibus numerosis, gracilibus, leviter flexuosis, supra vix impressis, subtus leviter prominentibus, tenuissime valde ramuloso-retieulatis. Panieulae erectae, satis ramosae, 2-2'/, dm. longae; rami patuli, robusti, elongati, satis com- pressi, leviter ramulosi, basi ebracteati; pedicelli crassi, 9-7 mm.longi. Bracteolae caducae, rigidae, adpressae, oblongo- lineares, 5-9 mm. longae. Calvx teretiusculus, siccitate atro- fuseus, 10-11 mm. latus. Petala patula, obscure pluriner- vulosa, leviter asymmetrica, basi non vel vix unguiculata, circiter 4 em. longa lataque. Staminum filamenta subrecta, 6 mm. longa; antherae oblongae, subrectae, apice subrotun- datae et minute uniporosae, 4 mm. longae. Ovarium 5-loculare, | ovoideum, glabrum, apice leviter intrusum, usque ad medium liberum; stylus subrectus, 4 em. longus, stigmate 4 mm lato. Bacca ignota.

Habitat ad rivos propter urbem Popayan Novo Granaten- sium, altit. 1800 m., 17 April. 1876 (n° 2768 part.).— « Flore de inayo del monte » incolarum.

( 955 )

Cette espèce a de grands rapports, pour l'aspect et l'or- ganisalion de la fleur, avec les Miconia macrantha Triana (Mélast., 195) et M. grandiflora Cogn. (Pl. Lehm. in Engl, Bot. Jahrb. VII. 95); mais ces deux derniers ont les feuilles plus étroites, oblongues ou oblongues-lancéolées et seulement à 5 nervures; de plus, le M. macrantha en diffère encore par les feuilles aiguës à la base et les pétales oblongs, et le M. grandiflora par les feuilles trés entiéres, la panicule pauciflore, les fleurs dépourvues de bractées et les dents du calice plus longues.

65. Miconia Pichinchensis Benth. PL Hartw. 182. £c. : In declivitate occid. montis Corazon, altit. circit. 2500 m., 21 Junii 1876 (n° 5748 bis). « Frutex ramosus, ramis clon- gatis, floribus albis. »

69. Miconia hymenanthera Triana, Mélast., 150. Ec. : Ad Mindo, in sepibus sat frequens, altit. 2900 m., 2 Junii 1876 (n° 5812).

20. Miconia hematostemon Naud. in Ann. Sc. nat., ser. 5. XVI. 193. NW. Gr. : ln sylvis umbrosis humidisque ad La Paila in valle Cauca, altit. 930 m., 26 Maii 1876 (n° 2426 bis). * Frutex 3-4 m altus, floribus albis. »

71. Miconia hematostemon, var. glabrata Triana, Mélast., 124 (nomen tantum). JY. Gr. : Ad Paramo de la Union, in valle fluminis Cauca, altit. 1840 m., 27 April. 1876 (n° 2957) * Frutex 9.5 m. altus, ramosus ; floribus albis ; staminum filamentis rubris, antheris aureis ; fructu baceato, viridi-roseo, punctis albis verrucosis consperso. »

Cette variété, dont M. Triana n'a donné que le nom,

( 956 diffère du type, non-seulement parce que la plante est presque glabre au lieu d'être assez densément hérissée, mais encore par plusieurs autres caractères, tels que les feuilles plus longuement pétiolées, aiguës à la base et non arrondies, etc. Nous pensons qu'il y aura lieu de l'élever au rang d'espéce.

22. Miconia scabra, nov. spec. (sect. Amblyarrhena).

Ramis obtuse tetragonis superne leviter compressis, junio- ribus petiolis peduneulis foliisque subtus setulis patulis bre- vibus densiuseule hirsutis, vetustioribus glabratis scabrisque; foliis longiuscule petiolatis, rigidis, ovato-oblongis, basi subro-

tundatis, apice acutiuseulis, margine tenuissime crenulatis, 7-nerviis, supra densiuscule breviterque bullato-strigosis, subtus crebre rcticulato-foveolatis; paniculis terminalibus, parvis, congestis, multifloris; floribus 5-meris, sessilibus, basi ebracteolatis; calyce setulis patulis longiuseulis rigidis densius- cule hirsuto, tubo eampanulato-suburceolato, limbo obscure 5-lobato; petalis late triangulari-obovatis, apice truncatis et saepius leviter retusis; añtheris oblongis, connectivo basi non producto dorso incrassato; ovario apice leviter setuloso; stylo glabro, stigmate peltato.

Rami robustiusculi, breviusculi, erecto patuli, cinereo-fusci, satis ramulosi. Petiolus robustiusculus, teretiusculus, supra non canaliculatus, fuscus, 2-2 !/, em. longus. Folia erecto- patula, internodiis 5-4-plo longiora, supra siecitate nigricantia et opaca, subtus cinereo-rufescentia, 7-10 em. longa, 4-5 cm.

lata; nervis erassiusculis, supra profundiuseule impressis, |

subtus satis prominentibus, exterioribus caeteris multo graci- lioribus; nervulis transversalibus numerosis, crassiusculis, subrectis, supra leviter impressis, subus satis prominentibus valde ramuloso-reticulatis. Paniculae erectae, paulo ramo- sae, 4-6 em. longae. Calyx cinereo-fuseus, terctiusculus, .2; 1/2 mm. longus latusque. Petala ut videtur alba, patula; 2 mm. longa lataque. Staminum filamenta filiformia, glabra;

l SDI)

satis compressa, subrecta, 2 mm. longa; antherae subrectae, apice obtusae et minute 1-porosae, 1 1/3 mm. longae. Stylus subfiliformis, rectus, 4 mm. longus. Bacca ignota.

Habitat in Cordillera centrali Ecuadorensi haud procul a monte Chimborazo, altit, circit. 3060 m., Julio 1876 (n° 5880 part.).

Cette espéce a certains rapports avec le Miconia asper- rima Triana, qui s'en distingue par ses rameaux, ses pétioles, ses pédoneules et son calice couverts de soies apprimées, ses feuilles à face supérieure couverte de soies plus fines et à base non ou à peine bullée, ses fleurs tétraméres, etc.

73. Miconia Radula, nov. spec. (sect. Amblyarrhena). Ramis teretiuseulis, junioribus petiolis pedunculis foliisque subtus setis brevissimis inferne incrassatis dense hirtellis; foliis breviuscule petiolatis, rigidis, ovatis, basi rotundatis, apice obtusis, margine subintegerriimis, 5-nerviis, supra appen- dicis brevibus pyramidatis apice apiculatis dense onustis asperrimisque; paniculis terminalibus, minutis, paucifloris ; floribus 5-meris, brevissime pedicellatis, basi minute bracteo- latis; calyce strigis brevibus inferne valde incrassatis dense hirsuto, tubo campanulato, limbo distincte 5-lobato, lobis brevibus, obtusis, dorso minutissime denticulatis; petalis late ; irregulariterque suborbicularibus, apice subtruncatis; antheris 0voideo-oblongis, connectivo basi non producto dorso incras- sato; ovario apice brevissime setuloso; stylo brevissime et densiuseule glanduloso-pilosulo, stigmate peltato. Rami satis graciles, breviusculi, erecto-patuli, fuscescentes, Satis ramulosi. Petiolus erassiuseulus, lateraliter leviter com- Pressus, supra non canaliculatus, rufescens, 1J2-1 cm. longus. Folia patula, internodiis du plo longiora, supra siccitate cinereo- fusca, subtus rufeseentia, 5 !ja-5 em, louga, 4 !/2-5 em. lata; nervis crassis, supra profundiuscule impressis, subtus satis

-<

( 958 )

prominentibus; nervulis transversalibus numerosis, paulo distinetis, Paniculae erectae, leviter ramosae, 2-5 cm. longae; pedicelli crassi, rigidi, 2-5 mm. longi. Bracteolae caducae, rigidae, lanceolato-lineares, dense hirsutae, 2-5 mm. longae. Calyx cinereus, teretiusculus, basi obtusus, 5 mm. longus latusque. Petala erecto-patula, subenervia, 2 1/2 mm. longa lataque. Staminum filamenta filiformia, paulo compressa, brevissime subsparseque glanduloso-pilosula, 4 1/2 mm. longa; antherae subrectae ; apice rotundatae et minulissime 1- porosae. Stylus subfiliformis, rectus, 3 mm. longus. Bacca ignota.

Habitat in Cordillera centrali Eeuadorensi haud procul a monte Chimborazo, altit. cire. 5000 m., Julio 1876 (n° 5880

part.).

74. Miconia suborbicularis, nov. spec. (seet. Amblyarrhena).

Ramis obscure tetragonis superne paulo compressis, junio- ribus petiolis pedunculis calycibus foliisque subtus setulis brevissimis patulis inferne leviter incrassatis dense hirsutis; foliis breviter petiolatis, rigidis, suborbicularibus, margine subintegerrimis, J-nerviis, supra appendicis brevibus pyrami- datis apice apiculatis densissime onustis asperrimisque; pani- culis terminalibus, minutis, paucifloris, late pyramidatis; floribus 5-meris, subsessilibus, basi ebracteolatis; calycis tubo late campanulato, limbo insigniter 5-lobato, lobis pellucidis, glaberrimis, late obovato-cordiformibus, basi satis constrictis, apice profundiuscule emarginatis, extus basi denticulatis, tubo dimidio brevioribus; petalis late irregulariterque suborbicula- ribus, apice interdum leviter retusis; antheris oblongis, connectivo basi non producto dorso incrassato; ovario glabro ; stylo densiuscule breviterque hirtello, stigmate subpeltato.

Frutex 5-4 m. altus. Rami breves, robustiusculi, patuli, leviter flexuosi, inferne denudati, atro-fusci, satis ramulosi. Petiolus robustus, teretiusculus, supra non canaliculatus,

( 959 )

7-12 mm. longus. Folia patula, internodiis subduplo longiora, supra siccitate atro-fusca et opaca, subtus rufescentia, 2 !/,- 3 !/ em. longa lataque; nervis crassis, supra leviter impressis, subtus satis prominentibus, exterioribus caeteris satis gracilio- ribus; nervulis transversalibus numerosis, gracilibus, rectis, supra paulo distinctis, subtus leviter prominentibus. Pani- culae erectae, paulo ramosae, 2-4 cm. longae; rami patuli, breves, robusti, vix ramulosi, basi ebracteati. Calyx siccitate fuscescens, tubo teretiusculo, basi subaeuto, 4-5 mm. longo, apice totidem lato, segmentis erectis, pallide fulvis, 2-2 1/2 mm. longis. Petala alba, erecta, satis asymmetrica, basi distinete unguiculata, 4 mm. longa, 4-5 mm. lata. Staminum fila- menta subfiliformia, brevissime subsparseque glanduloso- pilosa, inferne dilatata et satis compressa, 2 !/a-5 mm. longa; antherae subrectae, apice obtusae et minute uniporosae, 2 mm. longae. Ovarium fere usque ad apicem adhaerens; stylus crassiusculus, 4-5 mm. longus. Bacca ignota.

Habitat in regione frigida Andium Ecuadorensium, altit. circit. 3700 m., Julio 1876 (n° 5989 bis).

Ces deux Acrnières espèces n’ont guère d’affinité qu'avec le Miconia scabra, décrit plus haut, et il est facile de les distinguer en comparant leurs diagnoses. Il nous suffira de faire remarquer ici que le M. scabra se distingue nettement des deux autres par les filets des étamines et le Style glabres; pour les M. Radula et M. suborbicularis, il suffit de comparer la forme des feuilles et des lobes du- Calice, qui chez le dernier sont tout à fait étranges et uniques dans le genre.

35. Miconia goniostigma Triana, Mélast. 124. Ad Rio Cuaiquer et ad San Pablo, in Andibus merid. Novae Granatae, altit. 1040-1270 mm., 22-25 Maii 1876 (n° 5568). « Arbor 0 m. alia, floribus albis, calycibus violaceis. »

( 960 )

26. Miconia cardiophylla, nov. spec. (sect. Amblyarrhena.)

Ramis obscure tetragonis, junioribus petiolis peduneulisque brevissime denseque stellato-puberulis et sparse longeque setulosis praecipue ad nodos, vetustioribus glabratis et sca- briuseulis; foliis longe petiolatis, submembranaceis, ovato-cor-

diformibus, basi profundiuseule emarginatis, apice longiuscule

acuteque acuminatis, margine subtiliter serrulatis, 7-9-nerviis, supra brevissime et densiuscule bullato-strigillosis, subtus cre- berrime minuteque foveolatis et brevissime densiusculeque hirtellis; panieulis terminalibus alaribusve, majusculis, pyra- midatis, subdiftusis, multifloris; floribus 5-meris, sessilibus vel brevissime pedicellatis, basi subebracteolatis; calyce den- siuscule furfuraceo-puberulo, tubo campanulato-suburceolato, limbo obscure 5-denticulato; petalis ovato-suborbicularibus ; antheris oblongis, connectivo basi non producto, postice vix calearato vel inappendiculato; ovario glabro; stylo glabro, apice truncato.

Frutex 3-4 m. altus, ramosus. Rami graciles, elongati, erecto- patuli, leviter flexuosi, cinereo-fusci, leviter ramulosi. Petiolus robustiusculus, teretiuseulus, supra non vel vix canaliculatus, rufescens, 4-6 em. longus. Folia patula, internodiis 3-5-plo longiora, supra siceitate atro-fusca et opaca, subtus satis palli- diora, in eodem jugo interdum satis inaequalia, 9-15 em. longa, 6-10 em. lata; nervis satis gracilibus, supra profundiuscule impressis, subtus leviter prominentibus, exterioribus caeteris multo gracilioribus brevioribusque; nervulis transversalibus numerosis, gracilibus, paulo flexuosis, supra satis impressis, subtus leviter prominentibus, valde ramuloso-reticulatis. Paniculae erectae, leviter ramosae, !/,-1 !/, dm. longae; rami patuli, graciles, elongati, paulo compressi, leviter ramulosi, basi interdum minute bracteati. Calyx siccitate atro-fuscus, teretiuseulus, 2 !/, mm. longus latusque. Petala siccitate fusca, reflexa, 1!/; mm. longa. Staminum filamenta filiformia, glabra,

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1 tl, mm. longa; antherae subrectae, apice obtusae et minute 1-porosae, 1 !/,-1 ‘/2 mm. longae. Stylus filiformis, subrectus, 5-4 mm. longus. Bacca nigricans, subglobosa polysperma, 3-4 mm. crassa.

Habitat in sylva umbrosiore ad Mediacion, in declivitate orientali montis Quindio, Cordillera centrali Novae Granatae, altit. eireit, 2300 m., 7 Mart. 1876 (n° 2065).

Les feuilles et les rameaux de cette espéce ont beaucoup de ressemblance avec ceux du M. Lechleri Triana; mais ce dernier a ses inflorescences et son calice trés glabres et, de plus, la structure de ses fleurs en diffère notablement.

353. Miconia papillosa Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XVI. 216. Ec. : In declivitate montis ignivomi Pichincha, versus urbem Quito, altit. circit. 3000 m., 5 Julii 1876 (n° 3880 part.).

35. Miconia acalephoides Naud. l. c, 207. N. Gr. : Ad Quebrada Agonia, inter Tuquerres et Barbacoas, altit. 1460 m., 22 Maii 1876 (n° 5028bis) « Herbacea; caulis simplex; flores albi; baccae coeruleae. »

29. Miconia ochracea Triana, Mélast. 127. N. Gr. : Ad Alto del Tabano prope Pasto et ad Piedra Ancha, inter Tuquerres et Barbacoas, altit. 1940 m., Maio 1876 (n° 3307bis). « Frutex ramosus, plur. metr. altus, floribus albis, baccis . albis. »

$0. Miconia salicifolia Naud. l. c. 254. N. Gr.: Ad Paramo de Chipaque in Cordillera orient., altit. 2800 m., 14 Januar. 1876 (n° 1081). « Frutex 2-5 m. altus, ramis depau- peratis; in locis ventosis, passim. » Ec.: In Andibus Qui- lensibus ultra lineam vegetationis arboreae, altit. 4000 m, (n° 5634). « Frutex 1-2 m. altus; flores obscure ignei vel lateritii. »

O"* SÉRIE, TOME XIV. 64

( 962 )

$1. Miconia crocea Naud. l. c. 245. N. Gr.: Ad Azufral prope El Paramo in regione frigida Andinm, altit, 5000 m., 18 Maii 1876 (n° 525661s). « Frutex 5-6 m. altus, floribus albis. » Ad Ipiales, altit. 5080 m., 1 Jun. 1876 (n° 2185 part.). « Planta tinctoria, colorem luteum proebens. Vernaculi Ama- rillo. » Ec.: Ad San Florencio, altit. 1580 m.; prope Niebli ad pedem montis ignivomi Pululagua, altit. circit. 2000 m.; ad El Tambillo prope Quito, altit. 2800 m. ; ad ver- tices montis Corazon, altit. circit. 5200 m. (n° 2185part., 5771 bis).

$2. Miconia squamulosa Triana, l. c. 128. N. Gr.: In montibus Bogotensibus, in declivitate occidentali Andium orientalium, altit. circit. 2800 m., 24 Decembr. 1875 (n° 758). « Frutex dumosus, floribus albis. »

$3. Miconia nodosa, nov. spec. (sect. Cremanium).

Ramis obscure tetragonis superne leviter compressis, nodosis, ad nodos densiuscule et longiuscule setulosis caeteris glabratis demum glaberrimis, ad insertionum petiolo distincte callosis; foliis breviuscule petiolatis, rigidis, ovatis, basi leviter attenuatis acutisque, apice subacuminatis obtusisque, margine subintegerrimis et saepius leviter revolutis, triplinerviis vel subtrinerviis, utrinque primum sparse stellato-furfuraceis praecipue subtus demum glaberrimis laevibusque; paniculis terminalibus, parvis, pyramidatis, submultifloris; floribus 5- meris, sessilibus vel brevissime pedicellatis, ebracteolatis ; calyce glabro, tubo campanulato-suburceolato, lobis brevissi- mis, late triangularibus, obtusiuseulis, dorso minutissime den- tieulatis; petalis late obovatis, apice subtruncatis; antheris obverse oblongis, connectivo infra loculos brevissime producto, basi postice breviuscule acuteque calcarato.

Rami lignosi, satis graciles, elongati, erecto-patuli, leviter

( 965 )

flexuosi, satis ramulosi, juniores purpurascentes, vetustiores cinereo-fusci. Petiolus satis gracilis, teretiusculus, supra leviter canaliculatus, primum vix emum glaber, 8-15 mm. longus. Folia erecto- patula, internodiis 2-5- plo longiora, sicci- tate nigricantia et nitidula, 3 {/2-6 em. longa, 2-5 cin. lata; nervis crassiusculis, supra profundiuscule impressis, subtus satis prominentibus; nervulis transversalibus numerosis, te- nuissimis, paulo flexuosis, supra tenuiter impressis, subtus paulo distinetis. Paniculae erectae, paulo ramosae, 4-6 em. longae; rami erecto-patuli, satis graciles, longiusculi, acutius- cule tetragoni, leviter ramulosi, basi ebracteati. Calyx siccitate nigricans, obscure 5- costatus, basi rotundatus, apice leviter constrictus, 2 !/2 mm longus latusque. Petala subreflexa, - 1/2-2 mm. longa lataque. Staminum filamenta filiformia, 1 !/2- 2 mm. longa; antherae paulo arcuatae, apice truncatae et late biporosae, 1 !/2 mm. longae. Bacca perfecta ignota. Habitat ad Alto del Tabano prope Pasto. in Cordill. merid Novae Granatae, altit. 5200 m., Maio 1876 (n° 5201bis). Etiam in sylvis prope Pasto (Jameson n. 447 in herb Boiss. et Deless.)

Celle espéce a de grands rapports avec le Miconia linifolia Naud.; mais ce dernier a des feuilles beaucoup plus étroites et plus acuminées; ses rameaux sont abso- lument glabres aux nœuds et dépourvus d'un rebord cal- leux à l'insertion des pétioles.

S4. Miconia ligustrina Triana, l c. 128. N. Gr. : Ad Boqueron de Bagota, altit. 2850 m., Decembri 1873 (n° 744 bis). * Frutex 2 m. altus, ramosus, floribus albis, » In regione frigida Andium centralium republicae Ecuadorianae, altit. circi, 2900 m. (n° 3094). « Frutex ramosus, 2-3 m. altus. »

( 964 )

$3. Miconia theaezans Cogn. in Mart. Fl. Bras. Melast. II. 419, var. x. parvifolia Cogn. l. c. 422. N. Gr. : Ad Fusa- gasuga, in declivitate Andium, flumen Magdalena versus, altit. eircit. 1600 m , 5 Febr. 1876 (n° 1533). « Frutex ramosus, floribus albis. »

$6. Miconia corymbiformis, nov. spec. (sect. Chaenopleura).

Glaberrima; ramis acute tetragonis, subquadrialatis, alter- natim hine et inde leviter compressis; foliis majuseulis, bre- viuseule petiolatis, coriaceis rigidisque, oblongis vel ovato- oblongis, basi rotundatis, apiee obtusis vel subacuminatis, margine integerrimis et leviter revolutis, 5-5-nerviis; paniculis terminalibus, majuseulis, corymbiformibus, multifloris, con-. gestis; floribus 5-meris, breviuscule pedicellatis, basi ebracte- olatis; calveis tubo suburceolato,lobis tenuiter membranaceis, brevibus, late rotundatis, extus basi minute denticulatis; peta- lis late rotundatis; antheris late cuneatis, apice latissime uni- porosis et antice fere usque ad basim rimosis, connectivo infra loculos satis producto et incrassato, basi antice leviter bifido, postice breviter calcarato; stylo glaberrimo, crasso, apice truncato. .

Arbor 5-6 m. alta. Rami robusti, breviuseuli, subrecti, sim- plices, siccitate fuscescentes. Petiolus robustus, terctiusculus, supra leviter canaliculatus, 4 !/,-4 em. longus. Folia erecta vel erecto-patula, internodiis multo longiora, supra laevia siccitate opaca et nigricantia, subtus paulo pallidiora, 4-2 dm. longa, 4-9 em lata; nervis crassis, supra profundiuscule impressis, subtus valde prominentibus, mediano satis crassiore; nervulis transversalibus numerosissimis, crassiuseulis, subrectis, supra profunde impressis, subtus valde prominentibus et tenuiter ramuloso-retieulatis. Panicula erecta, robusta, regulariter tri- chotome ramosa, 1-1 !/, dm. longa; rami erecti vel erecto-

atuli, elongati, robusti, tetragoni, basi ebracteati, superne

( 965 )

valde ramulosi; pedicelli crassi, rigidi, apice articulati, 4-8 mm. longi. Calyx violaceus, tubo teretiusculo, 6 mm. longo latoque, lobis erectis, pallidioribus, 1!/-9 mm. longis, basis 5 mm. latis. Petala flavida, erecta, satis concava, 4-5 mm. longa lataque, Staminum filamenta crassa, valde compressa, glaberrima. 2 mm. longa; antherae pallidae, rectae, 2 '/ mm. longae, apice 1-1 ‘} mm. latae. Ovarium subglobosum, triloculare, fere usque ad medium adhaerens, glaberrimum, apice minute den- ticulatum; stylus rectus, 5 mm. longus. Bacca perfecta ignota. Habitat ad Alto del Tabano in Andibus Pastoensibus Novae Granatae, altit, 5500 m., 4 Maii 1876 (ne 5061). Ad Casa- pamba in Cordill. orient. Andium Novo-Granatensium, altit. 5000 m., 5 Maii 1876 (n° 5051).

Nous avons décrit les fleurs comme dépourvues de brac- téoles parce que nous n'en avons pas vu, méme chez celles qui sont encore à l'état de bouton; cependant comme, dans les espéces qui ressemblent le plus à celle-ci, les brac- téoles sont extrêmement caduques, il se pourrait qu'ici elles fussent déjà tombées. Il semblerait méme qu'au sommet du pédicelle on en voit les cicatrices.

Le M. corymbiformis n'a d'espèces analogues comme port que les M. quadrangularis Naud. et M. Sintenisii Cogn.; mais ces derniers s’en distinguent surtout en ce qu'ils ont les rameaux obtusément quadrangulaires et que le connectif des étamines n’a, ni antérieurement ni posté- rieurement, aucun des appendices que nous avons décrits plus haut, `

$3. Tococa Guyanensis Aubl. PL. Guian, I. 458, tab. 174. In sylva primaeva prope Upin, ad pedem Cordillerae orientalis Novae Granatae, altit. 450 m.,.7 Januar. 1876 (n° 1189). * Frutex 1-2 m. altus. In partibus umbrosioribus sylvarum. »

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88. Tococa platyphylla Benth. PL. Hartw. 481? Ad que- brada de Altaquer, in Cordillera merid. Andium Novo-Grana- tensium, altit. 990 m., Maio 1876 (n° 3460). Arbor 5-6 m. alta, caule simplici; foliis maximis; floribus paniculatis; fruc- tibus pulchre roseis, baceatis. »

' Une seule feuille de la plante portant le 3460 se trouve en herbier, et encore a-t-elle peut-étre le pétiole incomplet; c'est pourquoi nous conservons des doutes au sujet de sa détermination.

$9. Clidemia hirta D. Don in Mem. Wern. Soc. IV. 509, var. elegans Griseb. Fl. Brit. W. Ind. Isl. 247 (excl. syn). N. Gr. : Ad. Carare prov. Magdalena, altit. 540 m., 7 Decembr. 1875 (n° 288) « Frutex dumosus, 3 m. altus, floribus albis. »

90. Clidemia dentata D. Don, l. c. 508. Ec.: Propter Rio Pisagua, in declivitate occid. montis Chimborazo, altit. cireit. 500 m., 44 Julii 1876 (n° 4074). « Frutex 5-4 m. altus, floribus albis. »

91. Clidemia spicata DC. Prodr. III. 159 (non D. Don). N. Gr. : Ad Susumuco, in Cordillera orient. Andium Bogo- tensium, altit. 1240 m., 1 Januar. 1876 (n° 817). « Arbuscuia 2.5 m. alta, floribus albis. » Ad Ibagué, ad pedem orient. montis Tolima, altit. 1500 m., 3 Mart. 1876 (n° 1965). « Fru- tex 2 m. altus; floribus minoribus, albis. Inter Altaquer et 'El Paramo, secus viam Barbacoas, altit. 1050 m., 24 Maii 1876 (n° 5295). « Arbuseula 4-6 m. alta, dumosa ; floribus albis; fructibus baccatis, violaceis. »

( 967 )

92. Clidemia rariflora Benth. in Hook. Journ. of Bot.Il. 508? N. Gr. : Prope Cumaral ad pedem orient. Andium Bogo- tensium, altit. 380 m , 5 Januar. 1876 (n* 1057).

Il y a en herbier trois exemplaires de la plante qui porte le n°1057; mais tous sont dépourvus de fleurs et de fruits, de sorte qu'il nous reste quelque doute sur leur exacte détermination. Si celle-ci était bonne, la découverte de M. André serait fort intéressante, car le Cl. rariflora n'avail encore été observé précédemment que dans le nord du Brésil et la Guyane anglaise (voyez Coen. in Manr. Fl. Bras., Melast. M. 499). :

93. Clidemia pilosa D. Don, in Mem. Wern: Soc. IV 308 (Calophysa pilosa Triana, Mélust. 140). N. Gr. : Ad. Susu- muco, in Cordillera orientali Andium Bogotensium, altit. 1160 m., 1 Januar. 1876 (n° 829) « Frutex dumosus, 3-4 m. altüs, floribus albis. »

94.Clidemia rubra Mart. Vov. Gen. et Spec. III. 152, tab. 281. YN. Gr. : Ad Susumuco, in declivitate orientali Andium Bogotensium, altit. 1460 m., 4 Januar. 1876 (n° 821). « Frutex dumosus, floribus albis. »

95. Bellucia grossularoides Triana, Mélast. 441. N. Gr. : Ad Servita in decliv. orient. Andium Bogotensium, altit. 650 m Januar. 1876 (n° 1214). « Arbor 10 m. alta, ramis paucis, erectis, fronde conspicua. »

96. Henriettella trachyphylla Triana, l. c. 144. XN. Gr.: Inter Quetame et Susumuco, in Cordillera orientali, altit. 1300 in., 51 Decembr. 1875 (n° 801). « Frutex ramosus, 2-5 m. altus, ramis divaricatis, floribus candidis. » -

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97. Ossaea diversifolia Cogn. (Melastoma diversifolia Bonpl. Mélast. 158, tab. 59; Clidemia? diversifolia DC. Prodr. HI. 159; Staphydium diversifolium Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XVII. 522; Octopleura diversifolia Triana., Mélast. 145). N. Gr. : Ad Isla Brava secus ripas fluminis Magdalena, altit. 70 m., Decembr. 1875 (n° 536). « Arbuscula 5-6 m. alta; ramis multis, gracilibus; floribus albis. »

Le genre Octopleura de Grisebach ne différe absolument du genre Ossaea DC. que par son calice fructifère muni de huit ou dix cótes longitudinales plus ou moins pro- noncées, qui manquent chez le second. MM. Bentham et Hooker (Genera, I. 770) le trouvent trés naturel, mais difficile à caractériser. M. Triana (Mélast. 21) juge son caractère distinctif assez faible; mais il admet cependant le genre comme distinet. Pour nous, nous préférons sur ce point suivre l'opinion de M. Baillon (Hist. des PL., VII. 20), qui ne le trouve pas distinct des Ossaea. Il est, en effet, beaucoup plus faiblement caractérisé que bien des genres que tout le monde s'accorde aujourd'hui à réunir aux Miconia.

98. Blakea caudata Triana, Mélast.148.— In sylvis primaevis propter Upin ad pedem Andium orient. Novae Granatae, alti. 400 m., 5 Januar. 4876 (n° 1112). « Arbor 4-5 m. alta, ramis elongatis, sparsis et decumbentibus. » Secus ripas Rio Nembri, in Cordillera occid. merid. Novae Granatae, alt. 990 m., 22 Maii 1876 (n° 3398 part.) « Arbor 10 m. alta, ramis paucis; floribus campanulatis, albis. In regione humid. | crescens, »

( 969 )

Blakea subconnata O. Berg ex Triana, l. c. £c. : Ad Balsapamba, in sylva primaeva ad pedem montis Chimborazo, altit. cireit. 500 m., Julio 1876 (n° 3598 part. et 4045). * Arbor 10 m. alta, ramis elongatis; floribus speciosis, roseis. »

100. Blakea Andreana nov. spec. (sect, Eublakea).

Ramis glaberrimis, acutiuseule tetragonis; foliis magnis, crasse breviterque petiolatis, erassiuseulis, ovatis vel ovato- ellipticis, basi apiceque subrotundatis, margine integerrimis, praetermisso utroque nervulo marginali trinerviis, supra glaber- rimis laevibusque, subtus sub lente tenuissime sparseque fur- furaceo-puberulis ; floribus amplis, 6- meris, ut videtur axilla- ribus solitariisque, crasse longeque pedunculatis ; bracteis 4, magnis, crassis rigidisque, arcte imbricatis, late suborbicula- ribus, concavis, interioribus liberis utrinque glaberrimis apice subtruncatis, exterioribus usque ad medium connatis intus glabris extus’ leviter furfuraceis apice subrotundatis; calyce glabro, tubo campanulato, lobis brevissimis latisque, apice truncatis; petalis late obovato-triangularibus, apice truncatis vel emarginatis ; antheris late dolabriformibus, pendulis, apice oblique subtruncatis, connectivo postice longiuscule acuteque calcarato; stylo incluso, crasso, glabro, apice leviter attenuato. * Arbor 6-8 m. alta, pauciramosa, ramis elongatis, sparsis », robustis, cinerco-fuscis, nodosis, subrectis. Petiolus obtuse angulatus, supra subcanalieulatus, glaber, 1-2 cm. longus. Folia ut videtur patula vel subreflexa, internodiis 5-4-plo longiora, supra ut videtur laete viridia et opaca, subtus paulo Pallidiora et ad nervos rubescentia, 2-2!/9 dm. longa, 12-16 em. lata; nervis crassis, supra leviter impressis, subtus satis prominentibus; nervulis transversalibus gracilibus, leviter flexuosis, supra subimpressis, subtus paulo prominentibus, 5-5 mm. inter se distantibus. Pedunculus subreetus vel

( 970 ) recurvus, obscure Pica rita super dia vix PRES 3-D cm.

longus, 4-5mm. crassus. B tes,ener viae,

2-5 cm. longae. Calyx siccitate fuscus, obscure eoa laias, basi subrotundatus, 2 1/5-5 em. longus latusque. Petala albido-rosea et rubro-marginata, patula, subenervia, siecitate coriacea et rigidiuscula, valde asymmetrica, basi longiuscule unguiculata, 9 1/9-4 em. longa lataque. Staminum filamenta crassiuseula, leviter compressa, glabra, 1 1/9 cm. longa; antherae 1 cm. longae, 4-5 mm. crassae, caleare 1-1 1/5 min. longo. Ovarium 6-loculare, vertice subplanum; stylus subrectus, 4 1/9 cm. longus. Bacca ignota.

Habitat ad Alto del Potrerito prope Vijes in valle fluminis Cauca Novo-Granatensium, altit. 1800 m., 50 Martii 1876 (n° 2691). Incol. « Amaraboyo. »

Cette espèce nous paraît voisine du Blakea quadran- gularis Triana, seule des espéces rapportées jusqu'ici au genre Blakea que nous n'avons pu étudier dans les herbiers, et dont M. Triana n'a d'ailleurs recueilli qu'un seul exemplaire incomplet. D'aprés sa description, le B. quadrangularis différe de notre espéce par ses feuilles un peu p/us étroites (oblongues ou obovales-oblongues), briévement acuminées, ses pédoncules plus longs (8 cm.), ses bractées externes caudalo-acuminées, les internes oblongues-subaigués et plus longues que les fleurs.

Nous devons aussi rapprocher l'espéce que nous venons de décrire des Amaraboya princeps et A. amabilis J. Lind., figurés dans l’AHlustration horticole de cette année (vol. XXXIV, 1887, tab. IV et IX). Si nons nous en rap- portons aux deux planches qui représentent ces espéces, l'A. princeps diffère du Blakea Andreana par ses feuilles sessiles, d'un rouge carminé en dessous; ses fleurs d'un rouge carmin uniforme, en cyme terminale pauciflore, et

(7E ) son style beaucoup plus robuste. L'A. amabilis paraît avoir les rameaux cylindriques, les fleurs également terminales et pourvues d'un style longuement saillant au delà des élamines.

Toutefois, il importe de remarquer que, d’après ce que M. Lucien Linden a bien voulu faire répondre à une demande de renseignements que nous lui avions adressée, ces deux Amaraboya ne sont connus que par des aquarelles peintes par M. Wallis dans ses voyages d’exploration. Il faut done voir jusqu’à quel point les caractères botaniques ont été fidèlement reproduits dans ces aquarelles, qu'aueun botaniste n'a pu contrôler par l'étude des plantes elles- mêmes.

Le genre Amaraboya, dont il vient d’être question, est pour nous absolument identique aux Blakea. L'examen des deux planches citées ne nous laisse pas le moindre doute à cet égard. Nous ne pourrions toutefois discuter les Caractères du genre, car M. Naudin, qui est l'auteur de la description générique (/. c., p. 15), ne décrit guère que l'aspect de la plante et non ses caractères botaniques réels ; aussi sa description ne nous apprend-elle rien des affinités du genre, ni de sa place dans la série naturelle, ni méme de la tribu à laquelle il appartient.

Nous ferons remarquer en outre que quand il dit : « le coloris (des pétales) contraste avec la teinte blanche des étamines rangées en cercle autour de l’ovaire », il a évi- demment pris le style pour l'ovaire, comme on peut le voir par l'examen de la planche IX. Si c'était bien l'ovaire que les étamines entourent dans la planche IV, le style serait nul, el nous trouverions ici deux caractères qui ne se rencontrent pas ailleurs dans toute la famille des Mélas- lomacées.

( 972 )

Il est à remarquer que le nom vulgaire d'Amaraboyo, donné par les habitants de la Nouvelle-Grenade aux plantes dont nous venons de parler, ne les désigne pas spécialement, ` puisque c'est aussi le nom du Meriania nobilis Triana, comme nous l'avons dit plus haut (voyez 40), et ainsi que M. Triana l'a signalé bien avant nous en décrivant son espèce (Mélast., p. 67).

101. Blakea Pyxidanthus Triana, Mélast. 149. NW. Gr. : Ad El Hatico in valle Cauca, altit. 1800 m., 14 April. 1876 (n* 2725). « Arbor 5-6 m. alta, floribus albis, extus roseis, staminibus semicoronantibus. »

102. Topobea Ándreana, nov. spec.

Ramis obtuse tetragonis, glaberrimis vel apice vix furfu- raceis; foliis breviter petiolatis, rigidiuseulis, ovato-oblongis, basi rotundatis vel leviter emarginato-cordatis, apice abrupte longeque caudato-acuminatis, margine integerrimis, adjecto utroque nervo marginali 7-nerviis, supra glaberrimis laevi- busque, subtus brevissime subsparseque hirtellis, nervulis transversalibus prominulis; floribus 6-meris; bracteis ealyce aequantibus; calyce glabro, tubo campanulato-suburceolato; ovario libero, apice subrostrato tenuiter 12-costato; stylo gracili, stigmate truncato.

« Arbor 7-8 m, alta, ramis perpaucis », satis gracilibus, arcuatis, sordide cinereis. Petiolus satis gracilis, tortuosus, obscure sulcatus, lateraliter leviter compressus, supra anguste canaliculatus, tenuiter furfuraceo - puberulus, 2-21/a cm. longus. Folia patula, supra siccitate intense viridia et opaca, subtus rubro-fusca, 17-22 em, longa, 9-12 cm. lata; nervis robustis, supra profunde impressis, subtus valde prominen- tibus, mediano satis crassiore, exterioribus caeteris multo gracilioribus; nervulis iiaieenlibui crassiusculis, subrectis, supra distincte impressis, subtus satis prominentibus, 1 1/9-2 mm. inter se distantibus. Flores perfecti ignoti.

( 973 ) , Habitat ad Quebrada Cuyambe in Cordillera merid. Andium Novo-Granatensium, altit. 990 m. (n* 4586). « In sylvis primaevis humidissimis. »

Cette espèce a l'aspect du T. subscabrula Triana, Mélast. 150, qui s'en distingue en ce qu'il a les rameaux couverts d'une pubescence trés courte et étoilée, la face inférieure des feuilles couverte d'une fine poussiére éparse et étoilée, les bractées de moitié plus courtes que le calice, etc.

103. Topobea punctulata Triana, Mélast. 150. N. Gr. : In regione humidissima apud Rio Nembi Andium meridionali- occid., altit. 990 m., 25 Maii 1876 (n° 3570) « Arbor 14-15 m. alta, pauciramosa, floribus albis. »

104. Topobea gracilis Triana, l. c. 150. Y. Gr. : Secus ripas Rio Guavo in Cordillera occidentali, altit. 1650 m., Maio 1876 (n° 5434 bis). « Frutex plur. metr. altus, ramis elongatis, raris. »

ÉLECTIONS ET PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE.

La Classe procéde, en comité secret, aux élections pour les places vacantes. Les résultats en seront publiés dans le compte rendu de la séance publique.

MM. De Tilly et de Selys Longchamps donnent lec- lure, conformément au réglement, des discours qui com- Poseront le programme de cette solennité, fixée au 16 de ce mois,

———— sue OQ C ——

( 974 )

CLASSE DES SCIENCES.

Séance publique du 16 décembre 1887.

M. J. DE TiLLy, directeur de la Classe, président de l'Académie. M. Lure, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; P. Mansion, A. Renard et Léo Errera, correspondants.

Assistent à la séance :

CLASSE DES LETTRES : MM. P. De Decker, P. Willems, Ch. Potvin, P. Henrard, membres; Alph. Rivier, associé.

CLASSE DES BEAUX-ARTS : MM. Éd. Fétis, le chevalier Léon de Burbure, Ernest Slingeneyer, Godfr. Guffens, Joseph Jaquet, Jos. Demannez, P.-J. Clays, Gustave Biot, H. Hymans et le chevalier Edm. Marchal, membres.

( 973 )

La séance est ouverte à 4 heure et demie.

Sur les notions de force, d'accélération et d'énergie, en mécanique ; discours par J. De Tilly, directeur de la Classe, président de l'Académie (1).

Mespames, MESSIEURS,

Lorsque le directeur de la Classe des sciences (astreint par l'usage, sinon par le règlement de l'Académie, à pro- noncer un discours en séance publique) (2), appartient à la section des mathématiques pures, le choix du sujet à traiter constitue pour lui un embarras sérieux. Un ancien adage dit que les mathématiques régissent le monde, mais elles le régissent sans l'amuser, et en bornant méme mon ambition à me faire écouter avec indulgence, je sens combien la tàche exigerait un autre talent que le mien. Aussi ma première pensée fut-elle de recourir à nos annales, pour y rechercher comment certains de mes pré- décesseurs se sont tirés du pas difficile qu'ils ont fran- chir avant moi. Jai vu qu'is y ont réussi, tantót par le choix des parties les moins abstraites, touchant aux applications physiques, astronomiques ou techniques; d'autres fois, par un compte rendu succinct de quelques-uns des travaux importants accomplis pendant la période de leur direction, des principales questions soulevées; enfin, par des généralités intéressantes sur l'histoire ou l'enseignement des mathématiques.

e ces moyens, il semble que le premier, c'est-à-dire le choix d'une application pratique, soit pour moi le n naturellement indiqué. On sait, en effet, que l'enseignement technique iint àux ingénieurs, civils et militaires, est basé principalement

IM et AR

( 976 ) sur les sciences mathématiques, et, réciproquement, il serait trés facile d'indiquer des questions de théorie pure, sur lesquelles l'étude des applications a exercé, en - quelque sorte, une influence réflexe. E

En me bornant à celles la science belge peut reven- diquer une part, plus ou moins directe et plus ou moius importante, je citerai trois exemples, empruntés au métier que je professe.

Les appareils électro-balistiques ont appelé l'attention, méme des théoriciens purs, sur ]a possibilité de mesurer des temps extrémement petits, qu'on s'était borné jusque- à introduire, dans les formules de mécanique, d'une maniére abstraite, sans avoir aucune idée nette de leur grandeur ni de leur mesure.

L'étude du mouvement des projectiles allongés dans l'air a conduit à simplifier et à perfectionner, en certains points, la théorie du mouvement de rotation des solides en général.

Enfin, l'étude du mouvement des projectiles dans l'in- térieur des bouches à feu est généralement basée aujour- d'hui sur la théorie mécanique de la chaleur, dont elle peut n'être pas seulement une application remarquable, mais aussi une cause de progrés.

Sur la premiére de ces questions, je ne pourrais rien dire qui n'eüt été dit déjà par les éminents inventeurs.

La seconde présenterait un vif intérêt scientifique; mais, malgré l'invitation bienveillante qui m'a été faite à cet égard (5), je ne pense pas que le moment soit venu d'en entreprendre l'exposé et, dans tous les cas, je m'en déclare - actuellement incapable.

C'est donc à la troisième seule, c "est-à-dire à à la théorie - de chaleur, que je puis m'arréter, mais je n'aborderai qu'une seule discussion parmi toutes celles que ce sujet

OMS Em

(977) pourrait amener : c’est la comparaison entre les notions de force, d'accélération et d'énergie.

Je disais tout à l’heure qu’en réfléchissant aux divers sujets possibles de mon discours, j'avais trouvé dans les précédents de l'Académie l'indication de quatre voies dif- férentes : les applications, le compte rendu des quon: soulevées, l'enseignement, ou l'histoire.

Les circonstances me permettent de suivre simultané- ment ces quatre voies, en traitant de la force, de l’accélé- ration et de l'énergie.

Je viens de montrer comment elles se rattachent aux applications.

Elles rappellent aussi, mais indirectement, une partie des questions soulevées devant la Classe. Je dis ?ndirec- lement, car, dans le débat auquel je fais allusion, il s'est ägi de la nature méme de la force, tandis que je me bor- nerai à examiner si sa notion doit étre maintenue ou aban- donnée en mécanique rationnelle, et je ne m'occuperai nullement de sa nature.

En outre, la question choisi pporte de deux manières à l'enseignement. C'est, d'abord, dais mon cours à l'École militaire que javais introduit, il y a longtemps déjà, un exposé, fait d'aprés mes idées, des premiers principes de la théorie de la chaleur, comme préambule du mouvement du projectile dans la bouche à feu. Mais, ensuite, la ques- tion de la force, de l'accélération et de l'énergie, a une importance capitale dans l'enseignement de la mécanique rationnelle.

Quant au point de vue historique, c'est le plus délicat de tous, et j'aurai soin de n'y toucher que par des cita- tions empruntées à des autorités imposantes. Pour com- prendre le danger de s'aventurer davantage sur ce terrain, 9"* SÉRIE, TOME XIV, 65

(C378 ) il suffira d'observer que, dans la théorie méme de la chaleur, dont nous parlons, la désignation des véritables inventeurs du principe fondamental a donué lieu à une polémique trés vive, et qui n'est pas épuisée.

Avant de comparer les notions de force, d'accélération et d'énergie, il conviendrait peut-ètre de les définir; mais je me bornerai à prendre les précautions nécessaires pour qu'on ne puisse les confondre entre elles et considérer ces trois mots comme synonymes, surlout le premier et le dernier (force et énergie), ce qui pourrait arriver si l'on s'en rapportail au langage usuel.

Sans m'arréter aux nombreuses définitions possibles, jadopte, pour distinguer la force de l'énergie, l'énoncé de l'ouvrage dont j'aurai principalement à combattre les ten- dances. |

Chaque fois, dit l'auteur, qu'un transport d'énergie à lieu d'une portion de matière sur une autre, il y a mouve- ment relatif des portions de matière correspondantes, et ce que l'on nomme valeur d’une force, dans une direction quelconque, est tout simplement-la valeur de l'énergie transportée, par unité de longueur du déplacement effectué dans cette direction.

Seulement, je retournerai cet énoncé, car, pour l'auteur, l'énergie est le principal et la force l'accessoire. Je suis d'un avis contraire, et je dirai donc qu'une énergie com- muniquée est le produit de la force qui la communique par le chemin déerit dans le sens de l'effort exercé.

Quant à l'accélération, c'est, comme le mot l'indique, l'augmentation de vitesse qui serait communiquée au bout - d'une seconde.

Pour parler un langage plus pratique, la force est un nombre de kilogrammes, l'accélération un nombre de |

( 979 ) mètres, l'énergie un nombre de kilogrammètres. Il n'y a donc, entre elles, aucune confusion possible.

Nous nous demanderons maintenant si la notion de la force doit réellement subsister dans la mécanique ration- nelle, ou si elle peut être complètement remplacée par la notion des effets produits (accélération et énergie).

Aux yeux de ceux qui n'ont fait aucune étude méca- nique, le choix paraitra peut-étre indifférent; mais la plupart des autres s'étonnerout de m'entendre dire qu'il pourrait être question de supprimer, en mécanique, la notion de force. Pour justifier ce qu'ils seraient tentés de consi- dérer comme une énormité, je devrai ny'appuyer sur des citations; mais, bien que le nombre des adeptes de la sup- pression de l'idée de force soit aujourd'hui cousidérable, je ne citerai que des noms célèbres.

Je diviserai ces adeptes en deux catégories, snivant qu'ils veulent remplacer la force par l'accélération ou par l'énergie; je prendrai comme type du premier systéme les écrits de feu M. de Saint-Venant, membre de l'Institut de France et l'un des physiciens-mathématciens les plus éminents de notre temps; comme type du second, les con- férences de M. Tait, professeur de physique à l'Université d'Édimbourg, dont le nom fait également autorité.

Voicile système de M. de Saint-Venant, expliqué par lui-méme (4) :

* Dans le fait, quel que soit un probléme de méca- nique terrestre ou céleste proposé, les forces n'entrent jamais ni dans les données, ni dans le résultat cherché de la solution. On les fait intervenir pour résoudre, et on les élimine ensuite , afin de n'avoir finalement que du temps, des distances, ou des vitesses, comme en commençant. On conçoit très bien qu'un jour, à la place de ces sortes

( 980 ) d'intermédiaires d'une nature occulte et métaphysique, on puisse n'introduire et n'invoquer, pour la solution des divers problémes de l'ordre physique, que ces lois avérées des vitesses el de leurs changements, suivant les circon- stances... Ce ne sera pas bouleverser la science, ce ne sera qu'en modifier le langage... Il est done possible que les forces, ces sortes d'étres problématiques, ou plutót d'ad- jectifs substances, qui ne sont ni matière, ni esprit, êtres aveugles et incouscients, qu'il faut douer cependant de la merveilleuse propriété d'apprécier les distances et d'y proportionner ponctuellement leur intensité, soient de plus en plus expulsées et écartées des sciences mathématiques. Elles feraient place aux lois, non seulement géométriques, mais aussi physiques, qui réglent les circonstances, les durées et les grandeurs des changements de vitesse et de situation; et cela, quel qu'en soit l'agent excitateur... Le temps n'est peut-être pas bien loin, où, sans nier aucune- ment le principe de causalité, qui appartient à une sphére d'idées plus élevée, mais en laissant la cause ou les causes à leur vraie place, qui n'est point la physique, on renon- cera à la prétention d'en faire un sujet de calculs... on trouvera sans doute le moyen... de n'exprimer plus, en mécanique, que les faits réels de temps et d'espace, en énoncant et en appliquant les lois de leur succession. » Entre ce système de M. de Saint-Venant et celui de M. Tait, que nous rencontrerons tout à l'heure, il y a deux points communs. L'un et l'autre refusent de considérer la force comme une réalité objective. C'est, dit M. de Saint- Venant, un être problématique à expulser; c'est, dit M. Tait, une idée destinée, avec le progrés de la science, à étre reléguée dans les limbes. L'un et l'autre, donc, pensent que l'on peut construire toute la science mécanique sans parler de forces.

(CONT

Voilà ce qui leur est commun. Mais voici ils dif- érent : D'abord, comme je l'ai déjà dit, le premier remplace la force par l'accélération et le second par l'énergie. Mais ensuite, le premier s'attache principalement à prouver qu'il est possible de faire un traité de mécanique sans y parler des forces; il n'insiste pas longuement sur la ques- tion des réalités objectives et n'indique pas un moyen clair de distinguer les quantités constituant de semblables réa- lités de celles qui n'en sont pas. Le second, au contraire, donne trés peu de détails sur ce que deviendrait la mécanique rationnelle dans son système; mais il explique clairement ce qu'il entend par une réalité objective. En un mot, tous les deux expulsent la force, mais M. de Saint-Venant s'a pplique surtout à montrer comment on peut l'expulser, et M. Tait à montrer pourquoi il faut le faire. De méme, en discutant leurs idées, je ne prendrai d'abord, dans chacun des deux, que sa partie la plus développée. Ensuite, je m'attacherai, au contraire, à signa- ler les défauts de l'idée qui leur est commune, et les incon- Yénients qu’il y aurait, d’après moi, à supprimer la notion de force, qu'on la remplace d'ailleurs par celle d'accéléra- lion ou par celle d'énergie. J'ai done à examiner d'abord le systéme de M. de Saint- Venant, dans lequel l’auteur, tout en supprimant la force, la remplace partout par un simple symbole analytique, dans lequel entrent la masse, la vitesse et le temps, et trans- forme les énoncés en conséquence. Sans doute, cela est possible, mais on peut aller plus loin. D'abord la distance, la masse et le temps sont seuls ds idées irréductibles, ou paraissant telles. La vitesse n'est, au fond, que le quotient d'une distance par un temps.

( 982 ) Màis ce n'est pas tout :-les distances, les masses et le temps peuvent, comme les vitesses et les forces, étre éli- minés du discours et remplacés par de simples nombres.

Pour bien le comprendre, il convient de penser d'abord à la géométrie. La position d'un point peut y être déter- minée par trois nombres (coordonnées). Une surface peut s'y représenter par une équation; une ligne, par deux équations. Or, une théorie géométrique quelconque étant ainsi traduite, on peut y faire abstraction des idées con- crêtes de point, de ligne, de surface, pour ne plus voir et ne plus nommer que les nombres et les équations.

Ainsi entendue, la géométrie n'est plus que l'exposi- tion de certaines propriétés spéciales des groupes de trois nombres. C'est méme dans ce sens qu'il faut absolument comprendre les géométries à » dimensions, que certains auteurs ont développées, en supposant x plus grand que trois.

Ces géométries ne sont pas autre chose que l'exposé de certaines propres spéciales des groupes de n nombres; mais, tandis qu'ici l'on trouve avantage à donner une forme concrète à des résultats purement analytiques, la poursuite des idées de M. de Saint-Venant, au delà du point l'au- teur a eru devoir s'arrêter, nous aménerait, au contraire, à chasser de la géométrie et de la mécanique toute idée con- crête, pour ne plus y voir que des nombres abstraits.

Je viens de montrer comment cela est évidemment pos- sible et même déjà fait en géométrie. Ce ne serait pas beaucoup plus difficile en mécanique. En effet, l'état méca- nique complet d'un point comprend sa position actuelle, ou ses trois coordonnées; sa masse ; les trois composantes de sa vitesse, qui ne dépendent pas des quantités précé- dentes, mais que l'on peut cependant exprimer par les variations des coordonnées relativement au temps; les

985 ) trois composantes de la force motrice, également indépen- dantes, mais exprimables au moyen de la masse et des dérivées secondes des coordonnées par rapport au temps. De résulte que l'état mécanique actuel d'un point est déterminé par cinq nombres au moins et par onze au plus, selon la manière d'envisager la question.

Et si, dans les formules, on fait ensuite abstraction. du sens concrel des quantités introduites, la mécanique ne sera plus que l'exposition de certaines propriétés spéciales des groupes de cinq ou de onze nombres, dont l'un (la masse) reste constant dans chaque groupe. Il faut bien observer qu'il s'agit de propriétés spéciales, c'est-à-dire que mécanique, ainsi entendue, ne serait nullement l'équivalent de la géométrie à cinq ou à onze dimensions.

On voit donc que l'idée de M. de Saint-Venant peut être développée, de maniére à franchir de beaucoup les bornes que son auteur lui assignait.

Si la notion de force doit étre éliminée parce que la force n'est qu'un produit ou un quotient d'autres quantités, il . Semble que la notion d'accélération et celle de vitesse, tout au moins, doivent être éliminées pour le méme motif. Ne disons pas que cela compliquerait le langage, car ce n'est qu'une question de plus ou de moins : la suppression de la force complique déjà le langage, et d’une manière très sensible. Ne disons pas non plus que la force n'est pas une réalité objective, ear cette qualité peut étre contestée tout aussi bien à l'aecélération et à la vitesse. D'ailleurs, nous savons pas encore bien ce que c'est qu'une réalité objective; M. Tait nous l'apprendra tout à l'heure.

En attendant, reconnaissons que l'introduction des idées de M. de St-Venant, même considérablement ampli- fiées, est parfaitement possible, légitime, logique, et deman-

( 984 ) dons-nous seulement si elle est utile, el en quoi consiste son utilité, car elle en a une, même d'après moi, mais il importe de la préciser et de la limiter.

La réduction de la géométrie, de la mécanique, et méme de certaines questions physiques à de simples problémes d'analyse, permet de déméler nettement, dans l'exposition de ces sciences, la part réelle de l'expérience et celle du raisonnement.

Une science exacte se compose essentiellement de deux parties distinctes : l'une, qui est fondée sur l'observation et l'expérience, consiste à rassembler des faits, et à en con- clure, par induction, les lois et les principes qui serviront de base à la science; l'autre, qui n'est qu'une branche de la logique générale, s'occupe de combiner ces principes fondamentaux, de maniére à en déduire la représentation des faits observés, et à prédire en outre des faits nou- veaux (5).

Mais la distinction entre la partie expérimentale et la partie logique de la science n'est pas toujours aisée.

En analyse, nous raisonnons sur des symboles que nous avons, en quelque sorte, créés nous-mêmes; c'est pourquoi les difficultés que l'on peut y rencontrer n'ont pas le caractère de postulats proprement dits. Il n'y a point de partie absolument expérimentale; la logique y régne seule ou presque seule. Mais en géométrie, en mécanique, en physique surtout, on se trouve en présence, non plus de symboles, mais de faits, dont il faut tenir compte, si l'on veut que le développement ultérieur de la science théo- rique corresponde aux observations et à l'expérience.

Ces faits nous sont si familiers que nous sommes tentés de les considérer comme évidents et nécessaires, et cepen- dant ce serait prétendre que l'univers n'eüt pas pu étre créé autrement qu'il n’est,

( 985 ) De résulte qu'en cas de doute sur la validité d'un raisonnement, il y a toujours un grand avantage à réduire les questions à l'analyse pure, pour échapper à la tentation de confondre des faits révélés par l'expérience seule (et qui peut-étre ne sont qu'approximatifs) avec des vérités démontrées, ou, si l'on veut, avec des conséquences pure- ment logiques de faits antérieurement acceptés. Les traités de mathématiques, méme de mathématiques appliquées, ne peuvent pas étre de simples catalogues de vérités expérimentales; une fois quelques faits posés, on démontre par le raisonnement l'existence d'autres vérités qui en dépendent; mais quand il s'agit de prouver des faits que l'expérience journalière nous montre comme presque évidents et se rattachant aux notions premières, le sens mathématique, méme le plus incontestable et le plus développé, n'a pas toujours suffi pour éviter les erreurs de raisonnement; et l'on a vu, par exemple, des géométres justement célébres donner, de bonne foi, dans leurs ouvrages, de prétendues démonstrations du postulatum d'Euclide, lequel, on le sait aujourd'hui, ne peut pas se démontrer, et doit étre, ou bien adopté sans démonstra- tion comme un fait expérimental simplifiant la géométrie, ou bien rejeté comme douteux et superflu, mais alors au prix de grandes complications, et pour aboutir à des for- mules équivalentes à celles de la géométrie usuelle, dans les limites de nos moyens de mesure. La cause qui rend si difficile la distinetion du vrai et du faux, dans la démonstration des faits que l'on est habitué à considérer comme évidents par l'expérience journalière, à été résumée par M. Bertrand en ces termes (6) : * La géométrie... conserverait, méme aprés ce succés (Cest-à-dire aprés la démonstration du postulatum d'Eu-

( 986

clide), des difficultés bien autrement insolubles; la préten- tion de faire reposer la science sur le raisonnement seul, sans y laisser intervenir le sentiment intime relatif aux idées d'espace, semble absolument chimérique; l'évidence, quoi qu'on fasse, doit être invoquée; c’est sur elle, seule- ment, que peuvent reposer les idées premières de ligne droite et de plan. Un étre autrement organisé que nous et privé de ce sens commun que l'on invoque, sans parfois le dire explicitement, pourrait posséder les facultés du rai- sonnement les plus développées, sans devenir capable d'étudier la géométrie d'Euclide, la logique lui mon- trerait clairement des lacunes, que la claire vue des pre- miers principes ne saurait combler pour lui. »

Il y a certainement du vrai dans ce passage; mais l'au- teur en fait immédiatement une application abusive, qui le conduit à provoquer l'insertion, dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, d'une démonstration contenant les paralogismes les plus criants.

Sans doute, en voulant tout expliquer, on est très ex posé à tomber dans la pesanteur, l'obscurité, la minutie (7); mais ce n'est pas une raison pour ne pas rechercher conscien- cieusement, lorsque des doutes surgissent sur la valeur d'une théorie, quels sont les principes réellement invoqués et employés, comme l'a fait M. Darboux à propos du parallélogramme des forces (8); ce n'est pas une raison, non plus, pour introduire, sous prétexte d'évidence, des notions douteuses ou inutiles.

L'erreur commise, par un grand nombre d'analystes, dans la question des fonctions continues, a contribué à ramener beaucoup d'esprits vers des idées plus rigoureuses, parce qu'iei l'erreur portait, non seulement sur la démon- stration, mais sur le fait méme que l'on prétendait démon-

Uf so T cape EE i C rat gi

(CIT) trer; tandis quen géométrie le raisonnement seul est reconnu vicieux : le fait matériel n’est pas démontré inexact.

Mais à l’époque M. Bertrand écrivait son article, aussi tranchant dans la forme (car j'en ai cité seulement les parties les plus anodines) que contestable pour le fond, il existait en France, malgré les efforts de mon ami bien regretté M. Hoüel, une véritable prévention contre les théo- ries développées en Allemagne, en Hongrie, en Russie et en [talie, par des géométres éminents. La science francaise à Su se dégager aujourd'huide cette prévention et je me féli- cile d'y avoir contribué en présentant, sous une autre forme, des théories au fond identiques. Je m'en félicite, non par un vain amour-propre, mais à cause de la satisfaction intime d'avoir contribué, dans la mesure de mes forces, au triomphe de ce que je crois étre la vérité scientifique. Puissent les considérations nouvelles que je développerai aujourd'hui avoir le méme succès, le seu! que j'ambi- lionne.

Après avoir parlé, un peu longuement peut-être, du postulatum d'Euclide, pardonnez-moi de citer encore un autre exemple, le problème de la quadrature du cercle. Mais ici je serai très bref et me bornerai à deux remarques. D'abord, si l'on est parvenu aujourd'hui à démontrer que la quadrature géométrique du cercle est impossible, c’est précisément en traduisant ce problème en analyse pure, et en faisant complètement abstraction de sa signification géométrique. Ce fait vient done à l'appui de l'idée générale que j'exposais.

Mais, en dehors de cette idée, on peut signaler un fait piquant : c’est que l'opinion publique a devancé la science positive dans cette question de l'impossibilité de la qua-

( 988 )

drature du cercle. En 1869, alors que l'Académie des scien- ces de Paris accueillait encore une démonstration du postu- latum d'Euclide (et quelle démonstration!), elle rejetait depuis longtemps, sans examen, tout ce qui se rapportait à la quadrature du cercle. Eu égard aux travaux qui avaient paru à cette époque, les décisions inverses eussent été plus logiques. Mais aujourd'hui on peut, sans hésitation, jeter au panier toutes les prétendues solutions de ces deux pro- blémes : la preuve du caractére purement expérimental du postulatum, déjà sérieusement ébauchée en 1869, a été absolument complétée depuis (9), et la preuve catégorique, scientifique, de l'impossibilité de la quadrature du cercle, avec la régle et le compas, a enfin été trouvée, il y a six ans, par M. Lindemann (10).

Je citerai un troisiéme et dernier exemple à l'appui de ma pensée, c'est la démonstration, si longtemps cherchée, de ce prétendu théoréme analytique que toute fonction continue aurait une dérivée. Mais ici, je m'attends à ce que ceux d'entre vous qui m'ont conservé leur bienveillante attention, trouvent l'exemple mal choisi : Comment, me diront-ils, les idées expérimentales nous poursuivent donc jusque dans l'analyse? N'est-ce pas le renversement de votre thése?

Je vais prouver que c'en est, au contraire, une confir- mation nouvelle. Plusieurs membres de notre Aca- démie, dont l'un me fait l'honneur de m'écouter en ce moment, ont soutenu, avec beaucoup d'autres savants, que toute fonction continue devait avoir une dérivée. Moi-méme, j'ai essayé de le soutenir. Nous nous sommes trompés. Pourquoi? Parce que nous faisions le contraire de ce qu'il faut faire pour éviter les paralogismes expéri- mentaux. Nous parlions de fonctions continues, mais, au

989 ) fond de notre pensée, il y avait une courbe continue, et la vue intérieure de cette courbe faussait nos raisonnements. Nous nous imaginions à tort que la fonction continue, telle que la définissent les meilleurs auteurs, était l'équi- valent ou la traduction analytique de la courbe continue.

Nous introduisions les idées concrètes elles n'exis- taient pas, tandis qu'il faut au contraire les supprimer elles existent, quand on veut juger de la valeur mathé- matique d'un raisonnement.

Telle est donc, exposée aussi nettement que j'ai pu le faire, la véritable utilité de cette abstraction que M. de Saint- Venant appliquait simplement à la suppression de la force, mais que l'on peut compléter par la suppression des idées d’accélération, de vitesse et de beaucoup d'autres encore. i

Mais dans quelle mesure de pareilles abstractions doi- vent-elles étre introduites dans l'enseignement? Voici, à cet égard, le résultat de mes réflexions.

Je crois, d'abord, qu'il faut reprendre la question d'un peu plus haut et se demander, en thése générale, si l'on doit, dans un cours, adopter les méthodes les plus scienti- fiques, ou bien les inéthodes les plus élémentaires, les plus simples, les plus rapides, celles qui se greffent le plus facilement sur les notions vulgaires?

On peut soutenir le pour et le contre. On a soutenu le pour et le contre. Je dirai méme : J'ai soutenu le pour et le contre, et si cette déclaration n'est pas de nature à aug- menter l'autorité de ma parole, elle est du moins un gage de mon impartialité, et elle me servira d'excuse pour les “deux citations que je vais emprunter à deux de mes ouvrages.

Jai dit que l'exposition la plus élémentaire d'une

( 990 ) question ne doit différer de son exposition la plus scienti- fique que par des suppressions (11).

Avec la signification que j'attachais à ce principe, à l'époque j'écrivais ces lignes, je l'admets encore; mais jai reconnu depuis qu'on peut lui donner un sens plus étendu, et alors je le répudie. La signification réelle qu'il avait dans mon esprit élait déterminée par l'ensemble de l'article d’où il est extrait. Mais, à la rigueur, dans l'expo- sition la plus scientifique, il pourrait ne rester, comme je l'expliquais tout à l'heure, que de l'analyse pure. On pour- rait exposer, non seulement toute la mécanique, en se passant de la force (et de bien d'autres idées), mais aussi toute la géométrie en se passant du point, qui ne serait qu'un groupe de trois nombres (et naturellement en se passant aussi de tout le reste). Quand ces sciences seraient ainsi terminées, dans l'analyse, on ferait observer que si l'on admet les notions vagues possédées par le vulgaire sur l'espace, la masse, le mouvement et la force, on peut y adapter les calculs déjà faits, et qu'alors chaque théorème d'analyse se transforme en un théoréme de géométrie, de cinématique ou de mécanique. :

Ce n'est certes pas à une pareille exposition scientifique que l'on pourrait, suivant la lettre de ma citation précé- dente, supprimer encore quelque chose, pour la trans- former en exposition élémentaire : il ne resterait plus rien du tout. :

J'étais, je le crois, plus près de la vérité pratique, quand j'écrivais ces autres lignes : « Si, d'une part, l'emploi des trois dimensions, pour parvenir à des propositions degéo-

-métrie plane, peut être critiqué; d'autre part, il est cepen- dant avantageux de ramener les théories habituellement réservées au plus haut enseignement spéculatif, à d'autres

(991 théories, plus complexes au fond, mais que leur utilité pratique a fait entrer, depuis longtemps, dans l'enseigne- ment ordinaire (12). »

On saisira, sans doute, l'analogie entre ce cas et celui de la mécanique.

Certes, on n'a pas besoin de la géométrie descriptive pour établir la géométrie supérieure. Mais les éléves à qui l'on veut donner quelques notions de géométrie supé- rieure connaissent déjà la descriptive. N'est-il pas évident que son emploi fera gagner beaucoup de temps?

De méme en mécanique, on n'a pas besoin de la force, voire de l'accélération; mais les élèves les connaissent (surtout la force), et leur emploi donne aux théorèmes une forme plus tangible, une signification plus matérielle, plus en rapport avec des notions déjà acquises.

On peut adopter un système mixte, consistant à suivre le second principe à la dons méme et dans legrand texte du cours écrit, seule part Lire lesélèves ordinaires; mais à faire remarquer, dans les parties en petits caractères, les notes au bas des pages, les notes finales, les appendices, qu'il existe des méthodes plus scientifiques et plus compli- quées, au moyen desquelles on pourrait éliminer certaines idées, simplifiant les raisonnements en les rattachant à des choses connues, et préparant en outre aux applications, mais qui en elles-mémes ne sont pas indispensables; et aussi éliminer certains principes que l'on a admis pour simplifier, mais que l’on peut rattacher à d'autres, ou sup- primer complètement. Ces notes et appendices pourront alors renvoyer aux ouvrages spéciaux qui ont traité les matiéres au point de vue philosophique ou logique.

MM. Rouché et de Comberousse, dans leur géométrie, ont suivi la marche que je viens d'esquisser; mais, jusqu'à

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ces derniers temps, ils ne l'appliquaient pas aux fonde- ments mémes de la science; ils ne disaient pas à leurs lecteurs qu'en dehors du systéme usuel et simple, il existe d'autres systémes de géométrie plus compliqués, mais tout aussi logiques, et renfermant une constante inconnue que l'on prend égale à zéro dans la géométrie usitée; que les postulatums (d'Euclide et autres) ne sont pas indispen- sables, mais ont simplement pour effet de masquer l'exis- tence d'autres voies de raisonnement, et d'annuler subrep- ticement la constante; qu'enfin, nous n'avons el n'aurons probablement jamais le moyen de savoir si la constante est mathématiquement nulle, ou seulement physiquement nulle, c'est-à-dire trop petite pour être mesurée par nous; peut-être un jour le microscope ou le télescope jettera-t- il de nouvelles lumiéres sur cette question, mais actuel- lement c'est difficile à admettre (15).

Tout cela, dis-je, MM. Rouché et de Comberousse le laissaient ignorer à leurs lecteurs; ils ont comblé cette lacune depuis la cinquiéme édition, et leur ouvrage offre aujourd'hui un des modèles les plus complets de ce système mixte auquel je faisais allusion.

C'est surtout dans nos grandes écoles techniques, dont le but n’est pas précisément de former des savants, mais bien moins encore de former des routiniers, que ce sys- ième doit, me semble-t-il, prévaloir : Exposer la science par des raisonnements aussi rigoureux que possible; cependant marcher droit vers les parties supérieures et vers les applications, puisque le temps est limité et, pour cela, introduire au besoin des idées auxiliaires ou prati- ques, dont on pourrait se passer dans un cours dont la logique pure serait le seul but; mais ensuite,dans les notes et les appendices d'un texte imprimé ou autographié, remis

(-995)

aux élèves, justifier la marche suivie et faire voir, en renvoyant aux sources, comment on pourrait la rendre plus philosophique, en la compliquant.

Ces notes, je l'ai déjà dit, ne feraient pas partie du cours enseigné. Elles pourraient servir aux trés bons éléves, qui apercoivent quelquefois le défaut de logique consistant à introduire, dans une théorie, une idée inutile et sont alors déroutés, ou perdent confiance dans le cours. Elles auraient en outre l'avantage de faire apprécier le cours au dehors, d'augmenter son utilité pour les anciens élèves et de ne pas laisser supposer que sa simplicité soit le résultat de l'ignorance du professeur.

Mais, m'objectera-t-on, vous ne défendez pas l'idée de force en elle-même; vous faites, pour l'enseignement, une simple concession à la nécessité résultant des idées pré- concues de l'éléve et des limites imposées au cours. Si vous pouviez, d'un coup de baguette, extirper du cerveau des élèves l'idée de force et y substituer l'idée complète d'aecélé- ration, n'y aurait-il pas lieu de le faire et de remplacer la force, idée inutile, par l'aecélération, qui seule est réelle, qui seule est la manifestation de ce que vous appelez la force ? Méme dans ces termes, je ne pourrais pas répondre affir- malivement. Mais le moment n'est pas encore venu de m'expliquer complétement à cet égard.

J'ai discuté surtout jusqu'à présent (et j'en ai dit la rai- son) la question de savoir comment et dans quelle mesure on pourrait supprimer l'idée de force. Je vais discuter maintenant le pourquoi d'une élimination plus compléte, et comme j'arriverai à conclure que j'y suis opposé, il en résullera que je me garderais bien de détruire, si même je le pouvais, la notion première de force que les élèves possèdent.

3% SÉRIE, TOME XIV. 66

( 994 )

Voici donc, maintenant, le résumé des idées de M. Tait sur la question qui nous occupe (14) :

« De méme que l'or, le plomb, l'oxygéne, etc., sont des espèces différentes de matières, de méme le son, la lumière, la chaleur, etc., sont des formes diverses d'énergie, celle-ci constituant, comme nous le verrons bientót, une réalité objective, au méme degré que la matière... La grande preuve de la réalité de ce que nous appelons matière, la preuve de son existence objective, est l'impossibilité de la détruire ou d'en créer, par aucun des procédés qui sont à la disposition de l'homme... Cette indestructibilité de la matiére doit... étre considérée comme la preuve de sa réa- lité objective.

» ll nous reste encore à parler de la force... Cette notion nous est suggérée directement par ce que l'on nomme « sens musculaire » ; c'est lui qui nous donne la sensation

de la pression, quand nous déplaçons un corps avec la

main ou avec le pied.

» Mais nous devons être circonspects avec les données de nos sens dans ces matières... La définition de la force, telle qu'on l'entend en physique, est comprise implicitement dans la première loi du mouvement de Newton; elle peut s'énoncer ainsi :

» Onappelle force,la cause qui modifie ou tend à modifier l'état naturel de repos d'un corps ou son mouvement recti- ligne et uniforme. |

» La seule difficulté sérieuse que nous sentons ici, pro- vient du mot cause; ce mot, dans les choses matérielles, implique ordinairement une existence objective. Mais nous n'avons absolument aucune preuve de l'existence objective de la force, dans le sens que nous venons d'expliquer. Ce que nous observons réellement dans chaque cas l'on dit

H

(995)

qu'une force agit, en dehors du sens musculaire, c'est un transport, ou une tendance à un transport, de ce qu'on appelle énergie, d'une portion de matière sur une autre. Chaque fois qu'un tel transport a lieu, il y a mouvement relatif des portions de matières correspondantes, et ce que l'on nomme valeur d'uue force, dans une direction quel- conque, est tout simpiement la valeur de l'énergie trans- portée, par unité de longueur du déplacement effectué dans cette direction. La force n'a done pas nécessairement une réalité objective, pas plus que la vitesse ou la position. Cependant l'idée de force est encore trés utile; elle intro- duit un terme nous permettant d'abréger les énoncés, qui autrement seraient longs et fastidieux ; mais avec le pro- grès de la science, elle est très probablement destinée à être reléguée dans ces limbes, sont déjà relégués les Spires de cristal des planètes et les quatre éléments, ainsi que le calorique et le phlogiston, le fluide électrique et la force odique ou psychique.

» Ce n’est que depuis relativement peu d'années qu'on a généralement reconnu l'existence dans le monde physique de quelque chose, qui a une réalité objective au méme titre que la matière, quoiqu'elle ne soit pas aussi tangible; aussi sa conception a-t-elle mis beaucoup plus de temps à pénétrer dans l'esprit humain. Ce que l'on appelait « les impondérables », que l'on considérait comme de la matière tels que la chaleur et la lumière ont été reconnus, Par une méthode purement expérimentale la seule sûre —, pour différentes variétés de ce que nous appelons énergie, quelque chose qui, sans ètre matière, doit tout aussi bien être reconnu, à cause de son existence objec- live, que n'importe quelle portion de matière. Le grand Principe de la conservation de l'énergie, d’après lequel

(. 996 ) aucune portion d'énergie ne peut étre ni détruite ni créée paraucun des procédés à notre disposition, est simplement une affirmation de l'invariabilité de la quantité d'énergie dans l'univers, une proposition faisant pendant à celle de l'invariabilité de la quantité de matiére. »

Voilà encore une citation un peu longue, mais impor- tante, car elle montre nettement la tendance de l'auteur, et je crois devoir en discuter quelques points essentiels, afin de montrer pourquoi elle me laisse dans le doute, et m'oblige à m'appuyer sur des considérations toutes diffé- rentes pour décider si la notion de force doit ou non être conservée.

L'auteur dit que, dans la définition qu’il donne de la force, la seule difficulté sérieuse provient du mot cause. J'estime, au contraire, qu'il y en a une autre, trés grave, à laquelle il ne songe point, et que je me réserve de déve- lopper à propos du principe de l'inertie, car ce principe et la définition de la forcesont intimement liés.

ll dit ensuite que l'on ne peut observer réellement qu'un transport d'énergie, ou une tendance à un tel transport. Je ne me rends pas bien compte de maniére dont on observe la tendance au transport, quand le transport lui- méme ne se produit pas. Il me semble que si, dans ce cas, on peut observer quelque chose, c'est une pression ou une force. Mais continuons. « Chaque fois qu'un tel transport a lieu,... ce que l'on nomme valeur d'une force... est tout simplement la valeur de l'énergie... » Et quand il n'y a que tendance au transport, quelle est la valeur de la force? Deux hommes également robustes tirent aux deux bouts d'une barre rigide. Il n'y a pas de mouvement. Y a-t-il ou n'y a-t-il pas de forces? L'auteur s'en explique ailleurs, et je suis obligé de le citer encore, ear dans une discussion avec

( 997 )

des esprits que je dois reconnaître comme supérieurs, la moindre erreur de texte pourrait me valoir l'accusation, ou bien de dénaturer leurs idées, ou bien de combattre des chiméres.

Voici done ce que dit M. Tait de l'état d'équilibre (15) :

« ... Une force produit toujours un effet. Il n'y a pas de forces se détruisant mutuellement, l'une, prévenant, pour ainsi dire, l'action de l'autre... la science que l'on appelle statique n'existe pas pratiquement. Il n'y a pas de destruc- tion de forces, il y a neutralisation des effets des forces, ce qui est tout autre chose. Une force produit toujours son effet, eL si deux ou plusieurs forces produisent des effets qui se neutralisent, nous avons un équilibre permanent. Mais ce ne sont pas les forces, ce sont simplement leurs effets qui se détruisent. Nous en avons l'exemple le plus commun dans un poids qui repose sur une table. La Pesanteur agit toujours : le poids est constamment tiré vers le bas par l'attraction de la terre, mais en méme temps il est constamment tiré versle haut par la résistance de la table, et les deux efforts produisent à chaque instant une certaine quantité de mouvement : l'un produit une quantité de mouvement dirigée verticalement de haut en bas, l'autre produit la méme quantité de mouvement de bas en haut. Ces quantités de mouvement correspondent à des vitesses égales el contraires, mais ce sont les vitesses et non pas les forces qui se neutralisent mutuellement. » M. Taitattribue ces idées à Newton, mais il les approuve; quant à moi, elles me paraissent bien peu claires; j'y vois bien peu de réalité objective; pour moi, c'est la résistance de la table qui neutralise le poids, et quant aux vitesses, elles ne se produisent pas, et n'ont donc pas besoin de se neutraliser.

( 998 )

Mais n'anticipons pas; nous n'avons pas épuisé encore les remarques à faire sur la citation principale empruntée à l'ouvrage de M. Tait.

« La force » dit l'auteur, « n'a donc pas nécessairement une réalité objective, pas plus que la vitesse ou la posi- tion. » Pas plus que la vitesse ou la position! C'est bien cela, et je trouve la comparaison tout à fait juste, au point de vue de l'auteur, mais compromettànte dans sa sincérité.

Si l'idée de force, l'idée de vitesse et l'idée de position sont équivalentes sous le rapport de la réalité objective, pourquoi la première seule doit-elle aller rejoindre les spires de eristal et le phlogiston?

Et d'ailleurs, examinons de plus prés cette réalité objec- tive que l'on concéde à l'énergie, au méme titre qu'à la matiére, mais à elles deux seulement. Tout le monde comprend ce que l'on entend par l'indestructibilité de la matiére, ou par cette proposition que la somme des masses contenues dans l'univers, ou dans une partie de l'univers supposée complétement séparée des autres par- ties, reste toujours constante. Mais je doute fort que tout le monde comprenne aussi bien la constance de la somme des énergies.

L'énergie effective d'une molécule, ou, pour étre plus précis, d'un point matériel, se mesure en faisant le pro- duit de la moitié de sa masse par le carré de sa vitesse. Admettons qu'il n'y ait aucune difficulté à mesurer ainsi toutes les énergies effectives et à en faire la somme, qui comprendra donc, d’après les théories nouvelles, outre les mouvements visibles, la chaleur, le son, l'électricité dyna- mique, et les autres mouvements vibratoires.

Quelques-unes, la majorité peut-étre des personnes qui ont une teinte vague de la physique moderne, s'imagi-

( 9995

neront que c'est cette somme des énergies visibles et des énergies vibratoires qui doit rester constante dans la suite du temps.

I| n'en est rien cependant. Elle peut augmenter ou diminuer. Nous supposerons, pour fixer les idées, qu'elle diminue; mais cela ne peut pas arriver sans un change- ment dans les positions relatives des molécules (ou des points matériels); la diminution étant due à ce changement de position, et un changement de position inverse pouvant restituer ultérieurement l'énergie perdue, on considére fictivement cette partie perdue elle-même comme une énergie spéciale, qu'on appelle énergie de position ou potentielle, et dés lors il est tout naturel que la somme de toutes les énergies, y compris celte énergie potentielle, devienne constante.

Si, au reste d’une soustraction, on ajoute le plus petit nombre, on retrouve le plus grand. C'est tout le secret du « grand principe de la conservation des énergies. »

Pour ceux qui admettent l'idée de force, l'énergie potentielle est le maximum possible de la somme des travaux futurs des forces intérieures; méme sans la force, mais avec l'aecélération, on peut démontrer que l'énergie potentielle est une certaine fonction déterminée des coor- données des points ; mais ces deux explications, d'ailleurs fort abstraites, ne peuvent étre données en ces termes si l'on ne veut considérer que les deux prétendues réalités objectives : masse et énergie. Il faudra donc dire de l'énergie potentielle ou latente ce que l'on disait autrefois de la chaleur latente : c'est une énergie actuellement dis- parue, mais qui reparaitra tôt ou tard, et ce n'est qu'en ajoutant cette énergie disparue à celle qui subsiste que l'on obtient un total constant.

( 1000 )

Insistons sur la réapparition de l'énergie latente, pour éviter jusqu'à l'apparence d'exagérer les cótés faibles de l'opinion adverse.

J'ai dit qu'un changement de position, contraire de celui qui a eu lieu, pourra restituer ultérieurement l'énergie perdue. Non seulement cela est possible, mais cela est probable, d’après tous les faits connus. Il est probable que toute énergie réelle, qui aura été pérdue par des change- ments de position des molécules, sera regagnée plus tard, tandis que l'inverse n'est pas vrai : une énergie réelle gagnée, surtout à l'état de chaleur, a beaucoup moins de probabilité d'étre reperdue.

Il est donc assez naturel de considérer les énergies per- dues comme devant étre regagnées tót ou tard, comme étant des énergies futures, latentes, potentielles.

Disons donc que les auteurs de la théorie de la chaleur (ou plus généralement des énergies) ont eu une idée heu- reuse, juste et utile; qu'ils ont créé une fiction ingénieuse; mais ne disons pas qu'ils ont découvert une réalité objec- tive au méme titre que la matière.

Il résulte de tout ce qui précède que ni les idées de M. de Saint-Venant, ni celles de M. Tait, ne suffisent pour me convertir à la suppression de la notion de force.

Mais à toutes les raisons que j'en ai données, je dois en ajouter deux autres, que je crois importantes.

D'abord, ni dans l'un ni dans l'autre de ces auteurs, je ne trouve rien qui se rapporte à la question du mouvement absolu, ou de l'immobilité absolue dans l'espace. Or, je ne crois pas qu'il soit possible de se passer de cette idée.

Le célébre Duhamel a exprimé, à ce sujet, une opinion tout à fait contraire à la mienne :

« Pour nous, dit-il (16), le repos absolu est, non plus une

( 1001 )

chose impossible à reconnaitre, mais tout simplemeut un non-sens, car ce serait la coincidence avec les mémes points immobiles de l'espace, auxquels nous n’accordons aucune existence, et dont la fixité prétendue est une chi- mére, dont la simple notion ne pourrait étre ni définie, ni senlie, c'est-à-dire, ne pourrait s'acquérir ni par l'esprit, ni par les sens.

» On ne pourrait, en effet, définir l'immobilité de ces points qu'en. l'admettant déjà dans d'autres, c'est-à-dire par un cercle vicieux. Et quant à l'évidence obtenue par les sens, on ne peut l'invoquer, puisque les hommes n'apercoivent que des repos ou mouvements relatifs, de sorte que la conception de repos ou de mouvement absolu, loin de pouvoir étre rangée parmi les idées pre- miéres, admises par le sentiment de l'évidence, ne serait qu'une vague réverie dont le fond serait un cercle vicieux.

> Abandonnons donc cette fausse notion, dont l'inutilité est d'ailleurs évidente, car tous les principes que l'on établirait en l'admettant, ne pourraient jamais être fondés que sur des observations et des expériences relatives. Et à quoi bon partir du relatif pour établir par induction un absolu imaginaire, d'oü l'on tirerait ensuite des principes applicables au relatif, qui est la seule chose réelle?

» Ne vaut-il pas mieux, aprés avoir établi les principes sur le relatif, les appliquer directement au réel, sans remonter à un absolu fantastique, pour l'abandonner immédiatement aprés? »

Il semble que, dans ce passage, Duhamel ait voulu dire, non seulement que l'immobilité n'existe nulle part dans l'univers matériel, mais en outre qu'il est méme impossible de la concevoir et de la définir scientifiquement.

Or. il suffirait évidemment de la concevoir et de la

| 1602 ) définir, pour pouvoir introduire en mécanique un système d'axes immatériels, invariables et immobiles, auxquels on rapporlerait tous les mouvements, sans prétendre pour cela que certains points matériels partagent l'immobilité de ces axes.

La définition d'un système immobile comprendrait deux définitions : celle d'un systéme sans translation et celle d'un systéme sans rotation.

Sur le premier point, je me range à l'avis de Duhamel. ll est impossible, à l'aide des notions généralement admises, de définir un systéme sans translation. En trans- lation, tout est relatif : le mouvement et le repos absolu sont indéfinissables pour nous.

En rotation, il n'en est pas de méme; car si tout y était relatif, que signifieraient les expériences du corps tombant librement (mines du Freiberg), du pendule de Foucault et du gyroscope?

Qu'entendrait-on par la manifestation dynamique du mouvement diurne du globe?

La question de savoir si c'est la terre, ou si c'est le sys- téme des étoiles fixes, qui tourne, serait une question vide de sens, si l'on ne comprenait que les mouvements relatifs. On répondrait que chacun des deux tourne par rapport à l'autre, et c'est tout ce que l'on pourrait savoir (17).

Évidemment, il n'en est pas ainsi. En géométrie el en cinématique, il est impossible de définir le mouvement absolu, mais les notions dynamiques, c'est-à-dire celles de masse et de force, nous en fournissent le moyen.

Ce moyen, il faut nécessairement l'employer; et les auteurs qui croient pouvoir se soustraire à cette obli- galion, qui croient pouvoir se passer à la fois de la notion de force et de la notion d'immobilité dans l'espace, sont

adsiduis Mt aM Eua LC c ue s ct i s T A

( 1005 ) obligés, ou bien d'éviter l'étude approfondie des questions analogues à celles que je viens d'indiquer (pendule de Foucault, par exemple), ou bien d'introduire dans cette étude des erreurs de raisonnement qui se compensent; et leur compensation n'a rien d'étonnant, puisque l'on con- nait presque toujours d'avance le résultat auquel on doit arriver.

Leur première erreur consiste dans la manière dont ils expliquent le principe de l'inertie; la seconde, dans la manière dont ils appliquent ce méme principe.

Son énoncé étant à peu prés le même partout, je prendrai le plus explicite.

« Si un point matériel est en repos dans l'espace, il reste en repos tant qu'aucune force n'agit sur lui;

2 Quand un point matériel est en mouvement, si aucune force n'agit sur lui, son mouvement est rectiligne et uniforme (18). »

Ainsi, d'aprés ces auteurs, le principe de l'inertie con- siste en ce qu'un point matériel, sur lequel n'agit aucune force, doit rester immobile, ou décrire une droite d'un mouvement uniforme.

Mais tout point, répondrai-je, décrit une droite d'un mouvement uniforme, pourvu que cette droite elle-même possède un mouvement convenable. I| manque donc quelque chose à la définition, tout au moins un mot important.

Ce n'est pas seulement une droite que le point doit décrire, mais une droite fixe, une droite immobile, et dont tous les points sont immobiles, c'est-à-dire qu'elle est méme dépourvue de tout glissement dans le sens de sa longueur.

( 1004 )

C’est évidemment cela que l’on veut dire, mais si on le disait, on aménerait immédiatement une question cap- tieuse. Qu'est-ce qu'une droite fixe ou immobile? Nous sommes à la premiére page de la mécanique. Comment vous assurez-vous qu'une droite, ou méme un point, est immobile? Quel est le systéme de comparaison auquel vous les rapportez pour juger de leur immobilité ou de leur mouvement?

La plupart des auteurs ne répondent pas à cette ques- tion; ils restent dans le vague; mais, heureusement, il n'y a que trois hypothéses possibles, et en les adoptant suc- cessivement, nous ne pourrons être accusés d'interpré- tation fautive.

Ou bien le principe de l'inertie se rapporte à un sys- tème invariable arbitraire, qui est simplement considéré comme immobile, par convention; ou bien il se rapporte à un systéme déterminé pris dans l'univers matériel; ou, enfin, il se rapporte à un système réellement doué de l'immobilité absolue (que l'on considére celle-ci comme notion premiére, ou qu'on en donne une explication).

La première méthode est celle qu'on serait tenté d’autri- buer à la plupart des auteurs (car leurs intentions ne se devinent pas toujours). Alors les forces qu'ils mettent en jeu sont, si l'on peut s'exprimer ainsi, des forces relatives au système qu'ils considèrent conventionnellement comme immobile; on peut, bien certainement, continuer la dyna- mique théorique dans cet ordre d'idées; on obtient ainsi une espèce de mécanique relative ou idéale, assez ana- logue à ces exposés purement analytiques auxquels j'ai fait allusion au début de ce discours, et tous les calculs réussiront, sans nul doute, jusqu'au bout.

C'est le cas de dire, avec M. Tait, que l'on peut tout admettre, tant que l'on ne fait pas d'expériences.

( 1005 )

Mais il est bien entendu que, dans cette méthode, quand on parle d'une translation ou d'une rotation quelconque, ` elle est relative à des axes invariablement liés au systéme arbitraire de comparaison.

Il en résulte qu'aucune application n'est possible. On en fait cependant, mais alors on répudie l'hypothése fonda- mentale, ou du moins on n'y reste pas fidèle. Quand, par exemple, on traite du mouvement du pendule à la surface de la terre, et que l'on attribue à celle-ci une rotation déterminée, on change de systéme; car ce n'est certai- nement pas par rapport à des axes arbitraires que la terre posséde cette rotation.

Sans doute, on n'avertit pas du changement, pas plus que l'on n'a expliqué tout d'abord le systéme adopté; mais ces rélicences ne sauraient influer sur ma critique, puisque je vais admettre toutes les hypothéses possibles sur ce que l'on ne dit pas.

Dans la seconde méthode, on prend un systéme de com- paraison (admis comme invariable de forme), dans l'uni- vers matériel. En pratique, on n'a jamais fait jouer ce rôle qu'à la terre, au soleil, ou au système des étoiles fixes.

Mais si les lois dynamiques étaient rigoureuses par rap- port à la terre, la trace laissée sur le sol par le pendule de Foucault devrait être une ligne droite invariable, que la terre tourne ou qu'elle ne tourne pas. Or cette trace varie pendant l'expérience; donc l'hypothése est inadmissible.

Je n'insiste pas, puisque sur ce point il y a accord una- nime.

On ne peut pas non plus attribuer raisonnablement à la terre une rotation (diurne) par rapport au soleil.

Considérons donc le systéme des étoiles fixes. Celui-ci a été adopté, comme terme de comparaison, par des auteurs

( 1006 ) éminents, et malgré cela il est presque aussi inadmissible que les précédents. C'est ici le fond de ma thèse et le point j'ai surtout besoin d'attention.

Les lois dynamiques ainsi comprises ne sont plus en opposition avec l'expérience de Foucault, mais celle-ci, au lieu d'étre contradictoire, devient insignifiante.

Rappelons, en effet, ce que nous avons remarqué tout à l'heure, que quand on parle d'une translation ou d'une rotation quelconque, elle est relative au systéme de com- paraison.

Vous donnez done à la terre, dans votre analyse du mouvement du pendule, une rotation par rapport au systéme de comparaison, ou aux étoiles fixes. L'analyse vous indique qu'alors le pendule doit décrire sur le sol une certaine trace, qui n'est pas une ligne droite. Vous constatez par l'expérience qu'il en est ainsi. Que pouvez- vous en conclure? Que la terre possède effectivement le mouvement que vous lui avez attribué, c'est-à-dire une rotation... relative, par rapport aux étoiles fixes. Mais per- sonne n'en doutait. Ce n'est pas cela qu'on est en droit de vous demander de conclure de l'expérience de Foucault. Vous devez pouvoir en déduire logiquement que la terre tourne d'une maniére absolue, sans quoi votre logique, votre mécanique et votre analyse se montrent inférieures au simple bon sens de la masse du public.

Je puis encore m'expliquer autrement, bien que je ne le eroie pas indispensable. Admettez pour un instant que la loi d'inertie, telle que vous la posez, soit absolument vraie par rapport au système des étoiles fixes, mais que cependant ce systéme tourne, et que la terre soit immo- bile. L'expérience de Foucault réussirait encore.

Ce n'est done, ni par rapport à des axes arbitraires, ni

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coupe c ae cc. La E rad D ES lo ie

( 1007 )

par rapport à la terre, ni au soleil, ni méme par rap- port aux étoiles fixes, mais bien par rapport à des axes absolument immobiles (au moins en rotation), qu'il faut élablir le principe de l'inertie; sans quoi, aprés avoir manqué de logique dans l'explication du principe, on est condamné à en manquer une seconde fois dans l'applica- lion, ou bien à n'aboutir qu'à des résultats inexacts ou insignifiants.

En partant, au contraire, d’un système de comparaison immobile, les conclusions deviennent rigoureuses. La terre tourne d'une manière absolue dans l'espace ; el comme la vitesse de rotation absolue que le calcul lui assigne est égale, dans les limites des observations, à sa vitesse de rotation relative par rapport au systéme invariable des étoiles fixes, nous en concluons que ce dernier est aussi, sensiblement, un systéme immobile.

La notion d'immobilité absolue est donc, non pas inu- tile, comme le disait Duhamel, mais au contraire indispen- sable.

Et ne dites pas non plus, avec ce savant, qu'elle est inintelligible pour vous, puisque vous pouvez l'expliquer, la matérialiser en quelque sorte, dés le début de la méca- nique, comme je l'ai montré il y a longtemps, par la notion de force, ou simplement de point libre (19); ne dites pas davantage que cette notion vous est elle-même étrangère, Car on l'emploie aussi dans l'explication habituelle du principe de l'inertie; et d'ailleurs, vous la possédiez dans votre enfance, vous n'avez pu vous en affranchir que par un effort contre nature (20), et il vous faudra moins de temps et de travail pour y revenir qu'il ne vous en a fallu pour la perdre.

Et pourquoi cette propriété, que possède la notion de

*

( 1008 )

force, de nous conduire à l'idée indispensable d'immobilité dans l'espace (au moins en rotation), n'est-elle pas partagée par les notions d'accélération et d'énergie?

Ceci encore mérite d'étre examiné de prés. |

Au lieu de considérer des points libres, on pourrait prendre des points sans accélération, ou des points à énergie constante, ou à énergie nulle.

Mais commencera-t-on par définir l'aecélération et l'énergie? Alors on retombe dans le relatif.

Supposons qu'on ne le fasse pas et qu'on invoque réel- lement des notions premières. Celle d'accélération nulle 3 équivaut au point libre, tout en étant moins claire; celle

d'énergie nulle équivaut à l'immobilité, et celle d'énergie simplement constante ne suffirait pas pour définir Pim- mobilité, méme en rotation, car il faudrait y joindre la constance de la direction, ce qui ramènerait aux idées antérieures.

En résumé, on se représente plus facilement un point matériel débarrassé de l’action de toute force, de toute pression, de toute influence externe, que dépourvu de tout - mouvement; parce que, dans le second cas, il faut un terme de comparaison et non dans le premier. L'emploi de l'idée de force, pour arriver à celle d'immobilité, ne constitue donc pas une vaine question de mots, mais peut aider réel- lement certaines intelligences à ramener des notions com- pliquées à d’autres plus simples pour elles. :

Il reste entendu que si l'on accepte à priori, comme notion claire, celle de l'immobilité absolue, l'idée première de force n'est plus nécessaire et peut étre supprimée par- tout, sauf les réserves que nous avons faites en ce qui con- cerne l’enseignement, et celles que nous ferons encore relativement à l'intervention possible des volontés.

* .

( 1009 )

J'ai dit que si l'on commence par définir Paccélération et l'énergie, on retombe dans le relatif.

En effet, l'accélération d'un point matériel varie suivant le système de comparaison adopté. Elle ne reste la méme, par rapport à deux systèmes différents, que si l'un de ces systémes posséde, comme seul mouvement par rapport à l'autre, une translation uniforme.

La variation d'énergie d'un point et son énergie totale sont plus relatives encore. Elles sont différentes, par rapport à deux systémes de comparaison quelconques, si ces derniers ne sont pas reliés invariablement l'un à l'autre. On ne pourra done définir ni l'accélération, ni surtout la variation. d'énergie ou l'énergie totale, sans dire par rapport à quel systéme on les considére (21).

Enfin, je désire présenter une dernière remarque. On trouvera peut-étre qu'elle s'écarte, plus que le reste, des sciences purement mathématiques, mais il me semble qu'elle s'impose à notre esprit, lorsque nous réfléchissons aux lois mécaniques qui régissent l'univers.

Jai admis qu'on peut, en théorie pure et abstraction faite de l'enseignement, se passer complètement de l'idée de force, pourvu que celle d'un systéme immobile la rem- place, soit directement, soit par l'intermédiaire de la force et du point libre, que l'on abandonnerait ensuite.

Mais, si je l'ai admis, c'est parce que je vois clairement que tout énoneé méeanique usuel, comprenant des forces, pourra étre facilement trausformé de maniére à ne plus comprendre que des accélérations ou des énergies.

Par exemple, la loi de la gravitation universelle peut, conformément aux idées de M. de Saint-Venant, se trans- former en disant que, lorsqu'un point matériel donné est animé d'une certaine vitesse (ou d'une certaine (ero n et

3"° SÉRIE, TOME XIV. 67

( 1010 )

que les autres points matériels occupent des positions données par rapport au premier, il en résulte des varia- tions déterminées de la vitesse (ou de l'énergie). Dans l'énoncé ordinaire, les positions relatives des points maté- riels déterminent les forces, et celles-ci déterminent les mouvements; mais on peut supprimer la force, comme un intermédiaire inutile.

Cet exemple comprend méme, au fond, tous les cas possibles, si l'on admet, avec Laplace, que l'état présent de l'univers est le résultat nécessaire de son état passé et la cause unique de son état futur (22).

Mais ici apparait une difficulté sur laquelle on tenterait vainement de fermer les yeux. Si l'état futur de l'univers, aprés un temps quelconque, était déterminé par son état actuel; si tout se réduisait à un jeu de molécules ou de points matériels, que nulle volonté libre ne viendrait jamais moditier; toutes nos actions, tous nos mouvements, tous les résultats de nos travaux seraient aussi déterminés d'avance, et il serait bien inutile de nous imposer à nous- mémes des actions parfois pénibles, pour atteindre un but sur lequel nos peines n'auraient aucune influence. Mais ceux mémes qui admettent aveuglément la doctrine résu- mée par Laplace se gardent bien d'y conformer leur con- duite. Cette doctrine conduirait droit au fatalisme, et pour y échapper, il faut tout au moins ajouter quelque chose à l'idée de Laplace : « l'état de l'univers à chaque instant résulte de son état dans l'instant qui précéde, modifié par les lois naturelles qui ont exercé leur action dans l'inter- valle des deux instants, et par l'intervention incessante de volontés qui s'imposent à la matière et qui modifient ses lois ordinaires ».

Parmi ces volontés figure en premiére ligne, ou le plus » habituellement, la volonté ou le libre arbitre de l'homme,

A:

( 40H 7 qui modifie à chaque instant les lois naturelles, en produi- sant des mouvements qui ne se fussent certainement pas produits d'eux-mêmes, sans son intervention, et qu'il a choisis à son gré.

Mais comment et dans quelles limites le libre arbitre de l'homme produit-il ces mouvements ?

Lorsqu'une volonté se traduit en acte, il faut bien qu'un premier point matériel, pris, par exemple, dans le cerveau, se melle en mouvement, ou modifie la trajectoire qu ^l allait décrire. Comment la volonté donne-t-elle le mouve- ment à ce premier point matériel, ou simultanément à plusieurs points matériels qu'elle déplace ou fait dévier en premier lieu ?

-Rassurez-vous. Je n’essaierai pas de vous l'expliquer. Je ne veux toucher ni à la métaphysique, ni à la philosophie, ni à la physiologie, sciences qui ne sont pas de mon domaine. Mais les explications que l'on en a données et celles que l'on pourra proposer encore se divisent en deux catégories bien tranchées, suivant que l'on introduit, ou non, une force, comme moyen d'action de la volonté.

Comme exemple bien remarquable de la possibilité d'une explication l'on n'introduit pas de force, je citerai la théorie de M. Boussinesq (25), basée sur une idée brillante, mais dont la justesse est controversée. Dans ce Système, l'usage du libre arbitre ne modifierait que les positions, les distances, les vitesses, mais non l'énergie totale, y compris celle de l'organisme. Dans l'autre, au contraire, la somme des énergies varie d'une quantité égale au travail de la force introduite, au moins si l’on n'en introduit qu'une seule à la fois (24).

C'est à l'expérience à se prononcer, si elle le peut, entre les deux systémes. Mais ce serait empiéter sur ses droits qu de supprimer, dès aujourd'hui, la notion

( 1012 )

premiére de force, comme cause d'un mouvement ne provenant pas nécessairement d'un autre mouvement antérieur, ni de la disposition relative des molécules; car alors l'une des deux explications possibles serait con- damnée à priori, à moins de dire que la volonté produit directement l'acecélération ou l'énergie, ce qui ne serait que remplacer un mot par un autre.

Résumons donc, en quelques paroles, cette discussion peut-être un peu longue.

La notion première de force est aussi réelle et moins relative que celles qu'on voudrait y substituer. Elle aide à concevoir et à définir dés le début l'immobilité absolue, qui est elle-méme une notion indispensable. Elle peut enfin devenir nécessaire pour expliquer l'action des volon- tés extérieures sur le monde matériel.

Quant à la suppression momentanée de l'idée de force, et d'autres idées concrétes, elle peut avoir son utilité dans la partie philosophique des sciences, mais ne saurait étre conseillée pourla pratique, ni pourl'enseignement ordinaire.

En dehors du cas spécial que je viens d'indiquer, la suppression de l'idée de force parait désavantageuse, et la suppression du mot ne serait qu'un tour de force inutile.

J'en conclus que la mécanique rationnelle, basée sur l'idée de force et sur la statique, telle qu'elle a été créée par les travaux de tant d'hommes illustres, depuis Archi- mède jusqu'à Lagrange (25), n'est pas à la veille d’être rem- placée par une autre mécanique, n’entreraient que des accélérations ou des énergies.

Faisons servir toutes les idées nouvelles au complément et au perfectionnement de l’ancien corps de doctrine, mais ne renversons pas, sous prétexte de le reconstruire avec

des matériaux neufs, le plus beau monument scientifique que les siècles nous aient légué.

|

Le " RAT derum C CEDERE UMEN RE en DST E x Nessun qu pins aoi icr eder oves sic ded ne

( 1043 ) Surtout, soyons modestes. Ne croyons pas posséder la vérité tout entière, ni la posséder seuls. Accueillons toutes les idées scientifiques qui nous paraissent pouvoir con- tribuer au progrés tel que nous le comprenons, et respec- tons celles que nous n'accueillons pas. E

Pratiquons cette philosophie simple et sincére qui con- siste à ne jamais nous payer de mots et à aller toujours au fond des idées et si, sur le terrain de la discussion scientifique, nous rencontrons des adversaires, ne disons pas qu'ils ne sont pas sérieusement convaincus; qu'ils sont curieux de disputer, non de s'instruire; qu'ils poursuivent le caprice d'une débauche de logique; que leurs théories sont la preuve d'une folie inoffensive ou d'une bétise per- nicieuse,

Ces expressions malsonnantes sont, malheureusement, des citations empruntées à quelques-uns des auteurs célèbres que j'ai eu l’occasion de nommer dans ce discours.

La science n'y peut rien gagner. Ceux qui lui auront apporté le plus de faits, le plus d'idées, le moins d'erreurs, et le moins d'injures, auront le mieux mérité d'elle et de l'humanité. (Applaudissements.)

NOTES.

(1) Les parties les plus abstraites de ce discours ont été suppri- mées lors de la lecture en séance publique.

(2) D’après les statuts organiques, adoptés par arrélé royal du 1 décembre 1845, la Classe doit rendre compte de ses travaux dans Sa séance publique annuelle (art. 18).

(5) Annales de la Société scientifique de Bruxelles, année, 1877- 1878, seconde partie, p. 259.

) Mémoires de la Société impcriale des seint, de l’agriculture ct des arts de Lille, année 4805.

( 1014 )

On peut voir aussi les Principes de mécanique, fondés sur la cinématique du méme auteur, lithographiés en 1851 chez Hayet, avenue de S'- Cloud, 19, Versailles; notamment le chapitre V (p. 64 à 85).

(8) Hoüzr. Du rôle de l'expérience dans les sciences exactes. Prague, 4875.

(6) Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, 4869, 2* semestre, p. 1265

(7) Giiserr. Cours d'Analyse infinitésimale, éd., 1887, p. VI.

(8) Cours de mécanique, par M. Despeyrous, avec des notes par M. G. Darboux. Paris, Hermann, 1884-1885.

(9) Hoürr. Note sur l’impossibilité de démontrer par une construc- Lion plane le principe de la théorie des paralléles, dit postulatum d'Euclide. Procés-verbaux de la Société des sciences physiques et natu- relles de Bordeaux. Séance du 50 décembre 1869. (Mémoires, Are série, t. VIII, 1872).

De Tiiiv. Compte rendu d'un ouvrage de géométrie non eucli- dienne de M. Flye-S'-Marie (Bulletin des sciences mathématiques et astronomiques, publié par MM. Darboux et Hoüel, t. III, 4872). Rapport sur une lettre de M. A. Genocchi à M. A. Quetelet (Bulletin de P Académie royale de Belgique, 2* série, t, XXXVI, 1875).

Essai sur les principes fondamentaux de la géométrie et de la mécanique (Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 2* sér., t. IH, 1873).

Je ne cite que les ouvrages dans lesquels l’ impossibilité de démon- trer le postulatum est établie d'une maniére formelle et explicite; mais il est bien entendu qu'elle l'était déjà implicitement dans des travaux antérieurs, notamment ceux de Lobatchefsky, Bolyai, Riemann et Beltrami. .

(10) Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, t. XCV, et Mathematische Annalen, t. XX, 1882.

(11) Mémoire sur diverses questions de balistique, 1876, p. 29 (Revue belge d'art, etc., 4"° année, 1876, t. II). Cette opinion avait, d'ailleurs, été formulée, à peu prés dans les mémes termes, par M. Hoüel (Essai critique sur les principes fondamentaux de la géométrie élémentaire, Paris, Gauthier-Villars, 1867).

(42) Rapport sur les travaux de l'Académie, 1872, p. 116.

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Euh Rene

( 1015 )

(15) L'idée que le microscope ou le télescope pourrait jeter un jour de nouvelles lumiéres sur les relations géométriques rigoureuses qui régissent l'espace est, jusqu'à présent, purement spéculative, méme pour le télescope. En effet, d’après les calculs de Lobatschefsky, les observations astronomiques indiquent que, pour un triangle dont les côtés seraient à peu près égaux à la distance de la terre au soleil, la somme des angles ne diffère pas, de deux droits, de trois dix- millièmes de seconde.

Quant au microscope, je n'en ai parlé qu'à titre de curiosité, et voici ce que j'ai voulu dire :

Aprés Cauchy (5* lecon de physique générale), M. de Saint-Venant fait observer (Annales de la Société scientifique de Bruxelles, 2 année, 1877-1878, supplément, pages 27 et 28), que l'on pourrait, à la rigueur, mesurer l'étendue par un comptage des points ou des atomes d'éther, ete. ll n'y a pas contradiction à supposer que l'on puisse ainsi, gráce au perfectionnement indéfini des instruments d'optique, arriver à une évaluation de la distance de deux points, d'une exactitude incomparablement supérieure à celle que l'on peut obtenir aujourd'hni. Or, la mesure rigoureuse des distances détermine le Système de géométrie qui existe réellement.

En effet, il y a, entre n points, zei distances, et à partir de n = 5, il existe une relation entre ces distances, relation qui n'est pas la méme dans les divers systèmes de géométrie, et qui con- tient le paramètre constant de la géométrie réelle. De résulte que la mesure rigoureuse de dix distances ferait connaître ce paramètre.

(14) Conférences sur quelques-uns des progrès récents de la physique, par P.-G. Tait, professeur de physique à l'Université d'Édimbourg ; traduit de l'anglais, sur la troisiéme édition, par M. Krouchkoll; Paris, Gauthier-Villars, 1887, pp- 8 et suivantes.

(45) P. 42.

(16) Des méthodes dans les sciences de raisonnement, t. IV, p. 224.

(17) Il en est tout autrement de la question de savoir si c’est la lerre qui tourne autour du soleil, c'est-à-dire qui posséde un mouvement de translation autour du soleil, ou bien si c'est le soleil qui possède le mouvement correspondant autour de la terre. lei l'on possède un terme de comparaison et la question se résout en mou - vement relatif, par rapport au système des étoiles fixes.

1016 )

(18) Desreyrous, Cours de mécanique déjà cité, t. I, p. 194.

(19) C'est en 1878 que j'ai exposé cette théorie, dans mon ouvrage déjà cité: « Essai sur les principes fondamentaux de la géométrie et de la mécanique ». Je l'ai basée sur la considération de trois points libres. On pourrait essayer de n’en: prendre que deux, mais alors les équations obtenues seraient insuffisantes et laisseraient quelque chose d'indéterminé.

Aulieu de points libres, on pourrait aussi considérer des points uniquement soumis à leurs actions mutuelles, exprimer celles-ci par des fonctions des masses et des distances, et mesurer un nombre de distances suffisant pour déterminer toutes les inconnues. Ce systéme est évidemment plus compliqué, au point de vue analytique, que celui des points libres; mais peut-étre plus facile à réaliser prati- quement, surtout pour trois points, puisque l'on pourrait prendre le soleil, la terre et la lune. Ainsi, une étude minutieuse du mouvement de ces trois corps (supposés réduits à trois points) pourrait conduire à la construction d'un systéme sans rotation ni accélération, et faire constater directement le mouvement de rotation de la terre.

Lorsqu'un pareil systéme de comparaison a été construit d'une maniére quelconque, par exemple au moyen de trois points libres, ce qui est la méthode la plus simple, il faut admettre que les autres points libres décrivent aussi des droites, d'un mouvement uniforme, par rapport à ce systéme de comparaison, et c'est en cela que consiste le principe de l'inertie. J'ai donné des détails à ce sujet dans mon ouvrage précité. Ce principe, habituellement exprimé en disant que les points libres déerivent des droites, se trouve ainsi complétement expliqué quant à la partie qui était inintelligible à priori; et quant à l'autre partie, c'est-à-dire la notion de point libre, je n'ai fait, au fond, que la conserver.

Mais ce n'est pas seulement le principe ou l'axiome de l'inertie qui se réduit à la considération ze e stémes sans rotation ni accéléra- tion; il en est de méme du dinaire de la dynamique: celui de l'indépendance des effets. simultanés des forces et du mouve- ment antérieurement acquis.

Voici done, d’après ma manière de comprendre les choses, les véritables énoncés des deux premiers axiomes de la dynamique.

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(4067 )

I. Axiome de l’inertie. Un système sans rotation ni accélération étant obtenu au moyen de trois points libres, tous les autres points libres décrivent également des droites, d’un mouvement uniforme, par rapport à ce système, et par conséquent aussi par rapport à tous les autres systèmes sans rotation ni accélération, lesquels ne possè- dent, relativement au premier, qu’une translation uniforme,

II. Axiome de l'indépendance. La seule loi déterminée de com- position d'une vitesse acquise et d'une foree agissante, qui puisse rester la méme pour tous les systèmes sans rotation ni accélération (ou, plus généralement, pour tous les systémes ne possédant, l'un par rapport à l'autre, qu'une translation uniforme), est celle qui oblige la vitesse acquise et la force résultante à produire séparément leurs effets, et qui amène finalement le point matériel à l'extrémité de la diagonale du parallélogramme construit sur les deux droites qui seraient décrites séparément, ce point matéricl décrivant en réalité, non pas cette diagonale, mais bien une parabole dont la diagonale est ]a corde.

Nous ne considérons qu'une seule force, car s'il y en avait plusieurs, on pourrait d'abord les réduire à une, par le principe de la composition des forces (établi comme il l'est par M. Darboux), et l'introduction d'un système de forces en équilibre.

Nous devons done accepter ces deux axiomes de la dynamique, non seulement comme des résultats d'expérience, mais comme des résultats d'une seule et méme expérience: eelle qui nous montre qu'il n'y a jamais pour nous, ni utilité, ni possibilité, de distinguer entre un systéme absolument immobile et un autre qui ne posséderait, par rapport au premier, qu'une translation uniforme.

Ainsi, la seule partie qui reste admissible des idées de Duhamel sur le mouvement absolu et le mouvement relatif, domine en réahté toute la dynamique et en constitue presque l'unique principe fonda- mental; car le troisiéme axiome, celui de l'action et de la réaction, est d'une nature toute différente ct appartient presque autant à la mécanique physique qu'à la mécanique rationnelle.

Le procédé employé pour nous rendre compte de l'immobilité en

( 1018 ) rotation consiste, au fond, à faire la mécanique à rebours, et à prendre des données telles que les lois mécaniques se vérifient pour ces données.

Depuis la publication de mon mémoire de 1878, j'ai reconnu qu'en Angleterre on est allé plus loin dans cette voie. J'en ferai juger par la citation suivante (The laws of molion, by R. F. Muir- head; Philosophical magazine, june 1887), que je traduis librement :

« Que l'on concoive un systéme matériel divisé en une infinité de particules, dont les plus grandes dimensions linéaires soient toutes infiniment petites. Attribuons à chaque particule une certaine valeur, que nous appellerons sa masse conventionnelle. Adoptons un systéme de comparaison invariable, mais arbitraire, et une mesure, aussi arbitraire ou conventionnelle, du temps. Appelons le produit de l'aecélération de chaque particule multipliée par sa masse conventionnelle, la force apparente de cette particule. Il devient alors possible de choisir les masses conventionnelles, la mesure arbitraire du temps et le systéme de comparaison, de maniére que les masses conventionnelles et les forces apparentes aient entre elles des rapports susceptibles d'étre exprimés par les lois des sciences physiques, par exemple la loi de l'indestructibilité de la matiére, la loi de l'égalité de l'action et de la réaction, la loi de la gravitation universelle, les lois des actions électrique, magnétique, élastique, capillaire, ete. Un pareil systéme étant choisi, les masses con- ventionnelles et les forees apparentes qui en font partie sont alors de véritables masses et de véritables forces. La mesure arbitraire du temps indiquera des temps absolus, et le systéme de comparaison n'éprouvera absolument ni rotation, ni accélération. »

J'ignore complétement si ces idées ont été émises, pour la premiére fois, avant ou aprés la publication de mon mémoire de 1878, et j'attache d'ailleurs peu de prix à cette circonstance.

Mais je ferai observer que l'on accepte assez facilement, comme notions premières, les mesures des distances, des temps, des masses et des forces, que l'on peut, d'ailleurs, réduire à trois, tandis que la notion de l'immobilité est d'une autre nature. En ne cherchant à définir que celle-ci, j'ai pu en faire une détermination précise et en quelque sorte géométrique. L'auteur que je viens de citer, en voulant

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( 1019 )

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aller plus loin, doit se borner à affirmer la possibilité de régler ses données de manière à satisfaire aux lois dynamiques, mais il ne saurait en effectuer de détermination. « Qui trop embrasse, mal étreint. » Malgré cela, j'ai cru devoir appeler l'attention sur cette idée, qui est incontestablement plus générale que la mienne.

(20) Moreno, Statique; Préface, p. xxu.

(21) On remarque cependant que bien des auteurs parlent, non seulement de variations d'énergie, mais des quantités totales d'énergie existant dans un systéme matériel. Il serait alors nécessaire de fixer un terme de comparaison, car l'énergie est aussi relative que la vitesse, plus relative que l'accélération ou la force.

(22) LapLace (Théorie analytique des probabilités, édition; Paris, Ve Courcier, 1820; Introduction, pp. 1 et ut), s'exprime ainsi :

« Nous devons donc envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaitrait toutes les forees dont la nature est animée, et la situation respective des étres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait, dans la méme formule, les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. »

Je ne prétends pas, bien entendu, qu'en écrivant ces lignes, Laplace ait voulu exclure complétement les mouvements volontaires et le libre arbitre, mais il est certain que les expressions dont il s’est servi ont été souvent comprises dans ce sens, et celles qui les précédent, à la méme page de l'introduction, sont de nature à justifier cette interprétation.

(25) Conciliation du véritable déterminisme mécanique avec lexis- tence de la vie et de la liberté morale, par M. J. Boussinesq, professeur à la faculté des sciences de Lille. Paris, Gauthier-Villars, 1878.

(24) Mais rien n'empéche de supposer que la volonté agisse simultanément sur plusieurs points, et cette idée peut servir à lever bien des contradictions apparentes. Déjà en agissant sur deux points, on pourrait conserver la somme des énergies. Mais, au moyen des

( 1020 ) actions simultanées sur trois points, on peut satisfaire à toutes les intégrales connues des équations de la dynamique, c'est-à-dire à celle des forees vives, à celles des aires, et à celles de la conservation du mouvement du centre de gravité général; car il suffit, pour cela, de résoudre une seule équation, contenant trois indéterminées, En effet, dans le plan des trois points d'application, prenons un point arbitraire, ce qui introduira deux indéterminées. Joignons les trois points d'application à ce point arbitraire, et suivant l'une des droites ainsi obtenues, introduisons, au sommet correspondant, une certaine force, qui sera notre troisiéme indéterminée. Suivant les deux autres droites, appliquons les forces qui feraient équilibre à la première si le système était rigide. Il est visible que ces forces, transportées au centre de gravité, ne modifieront pas le mouvement de ce point; de même, la somme de leurs moments étant nulle par rapport à un axe quelconque, elles n'influeront pas sur les intégrales des aires; il ne restera qu'à annuler la somme des travaux des forces, e'est-à- dire à relier nos trois indéterminées par une seule équation. Les trois forces agissantes seraient, à chaque instant, réglées de cette maniére.

Ainsi done la vérification, méme parfaite, pour l'univers entier ou une de ses parties séparée des autres, des trois grandes lois qui régissent les systémes matériels livrés à eux-mémes, ne prouverait encore rien contre l'action incessante de forces émanant des volontés libres.

(28) Je m'arréte à Lagrange, sans méconnaitre les mérites de ses successeurs. Aprés lni, d'autres hommes éminents ont pu perfectionner les principes, ou développer les résultats, surtout en ce qui concerne la rotation des solides, l'intégration des équations dynamiques, l'introduction de forces vives réelles qui étaient autrefois considérées comme des agents spéciaux; mais il n'en est pas moins vrai qu'à partir de Lagrange la mécanique peut étre considérée comme finie, en tant que corps de doctrine, puisqu'elle est réduite à l'analyse.

( 4091 )

M. le baron Edmond de Selys Longchamps vient prendre place au bureau pour faire la lecture suivante :

Révision des poissons d'eau douce de la Faune belge.

I.

La connaissance des poissons d’eau douce européens est restée assez longtemps stationnaire après les grandes publications d'Artédi (1738), de Linné (1766) et de Bloch (1782), toutes du siècle dernier.

Çà et là, il est vrai, on décrivait isolément des espèces nouvelles que les ouvrages généraux, tels que ceüx de Gmelin (13° édition du Systema naturæ) de Lacépède (1789-1803), et de Sonnini (1803-1804), enregistraient à leur place systématique mais c'était souvent une ceuvre de compilation édifiée sans critique suffisante et sans com- paraison directe des espèces admises de cette facon, sur la foi des auteurs qui les avaient établies. -

ll en est autrement des ouvrages ichthyologiques publiés dans la premiére moitié de notre siécle. Cuvier élabora les siens non plus par voie de compilation, mais d'aprés ses observations personnelles, d'abord daus son Règne animal, puis dans l'Histoire naturelle des poissons commencée en 1828 avec la collaboration de Valenciennes, et continuée par ce dernier jusqu'en 1849. C'était une ére nouvelle que le grand naturaliste inaugurait.

En méme temps, Louis Agassiz, qui avait acquis une connaissance profonde des poissons et qui créait, on peut

( 1022 ) le dire, l'Ichthyologie fossile, mettait au jour dans divers mémoires (1828-1859) ses recherches sur les poissons d'eau douce, et le prince Charles Bonaparte publiait (1832- 1841) sa Fauna italica, dans laquelle beaucoup d'espéces nouvelles sont décrites et splendidement figurées.

Bon nombre de Faunes locales virent le jour, proposant des espéces nouvelles d'aprés les principes alors admis, et qui dirigérent également Heckel et ses collaborateurs dans leurs importants mémoires.

Mais, à partir du commencement de la seconde moitié du XIX* siècle, la connaissance des procédés de piscicul- ture et les études des spécialistes et des biologistes, ont fait faire un nouveau pas en avant à la science ichthyolo- gique en constatant l'existence fréquente de l'hybridité et la variabilité de plusieurs espéces.

Il fallait done réaliser une réforme tenant compte de ces observations nouvelles. Le résultat fut une réduction dans le nombre des espéces admises par Agassiz, Bona- parte, Heckel et Valenciennes. Le professeur Th. Van Siebold, de Munich, en a été le promoteur principal dans son excellent livre : « Les poissons d'eau douce de l'Eu- rope moyenne (1865). Le pasteur Joh. Andreas Jàckel (1864-1866) et M. Victor Fatio (1882) ont travaillé d’après les mémes principes, qui, espérons-le, pourront étre con- sidérés comme les bases définitives de la science.

J'ai pensé qu'il était temps aujourd'hui de rectifier d'aprés ces données nouvelles ce que j'ai dit de nos poissons dans la Faune belge, qui date de quarante-cinq ans (1842).

Dans ma Faune belge (1842), qui n'avait pas la préten- tion d’être autre chose qu'un catalogue raisonné de nos

( 1025 )

animaux vertébrés, j'avais accordé une place à part à la famille des Cyprinides, en donnant une courte diagnose des genres et des espéces qui la représentent chez nous. J'avais fait cette exception au plan général de l'ouvrage, parce qu'il y avait à faire connaitre la nouvelle classifica- tion et les découvertes, toutes récentes alors, faites par les ichthyologistes les plus célébres de ce temps. Il y avait aussi à fournir des diagnoses de plusieurs formes que j'avais recueillies dans nos rivières et que j'avais commu- niquées successivement à ces savants illustres : Agassiz, Bonaparte, Heckel. Ils furent unanimes pour les déclarer nouvelles et voulurent bien aussi contróler la détermina- lion des espéces déjà connues. Leur gracieuse interven- uon, d'un prix inestimable pour moi, couvrait en méme temps ma responsabilité.

À cette époque, ces savants spécialistes étaient générale- ment portés à admettre parmi les Cyprinides un grand nombre d'espéces représentatives, cantonnées en général d’après les grands bassins hydrographiques, l'altitude, et dans certains lacs.

L'existence de formes résultant de l'hybridité était à peine soupconnée ou méme absolument révoquée en doute, lorsque les pécheurs de profession les qualifiaient de bátardes.

De le rang d'espéces attribué à ces croisements dont la véritable origine est aujourd'hui reconnue. Les études auxquelles on s'est livré depuis une trentaine d'années sont venues, en effet, contredire en partie les appréciations des maitres de la science que j'avais consultés en 1840 et 1841. Il est juste cependant de reconnaitre qu'en décrivant et en nommant ces formes, nouvelles selon leur maniére

( 1024 ) de voir, ils ont appelé sur elles l'attention des observa- teurs et provoqué de nouvelles investigations, qui ont eu pour résultat de faire connaitre jusqu'à un certain point l'influence des milieux, l'existence de l'hybridité et les limites de la variabilité.

C'est ainsi que se construit et se contróle avec le temps l'édifice du progrès scientifique, auquel chacun apporte successivement des matériaux de plus en plus éprouvés.

En comparant en détail les Cyprinides d'un méme groupe, provenant de riviéres, de laes ou d'étangs de diverses contrées européennes, on constatait que plusieurs des caractéres sur lesquels on avait cru pouvoir fonder de de nouvelles espèces, en quelque sorte géographiquement cantonnées, étaient plus ou moins variables, non seulement selon les riviéres dont elles provenaient, mais encore dans un méme cours d'eau, de sorte que les différences observées se comblant peu à peu, il fallait réduire bon nombre de

ces prétendues espéces nouvellement décrites au rang de

races locales ou méme de simples variétés.

Je citerai parmi les caractéres employés, variables dans une certaine mesure, la taille, le profil (longueur et hau- teur du corps), l'épaisseur, la coloration générale, la lar- geur et la couleur de l'œil, et méme, dans une limite étroite il est vrai, le nombre des rayons des nageoires dorsale et anale et celui des rangées d'écailles au-dessus de la ligne latérale et dans la série longitudinale qui la constitue.

On reconnaissait encore, quant aux proportions du corps et de l’œil, qu'elles subissaient souvent des modi- fications leur donnant un aspect particulier à l'époque du frai, et pouvaient induire en erreur sur l'identité d'indi- vidus appartenant cependant à la méme espèce.

( 1025 )

Aprés avoir éliminé les espéces nominales fondées sur des variétés, des races locales, des individus à l'époque du frai ou sur des hybrides, il faut encore considérer une. derniére catégorie de poissons d'un aspect spécial, qui ont parfois été décrits comme espéces séparées : ce sont des exemplaires stériles. On les a observés surtout parmi les carpes et les salmones. La différence avec les types est notable notamment à l'époque ces derniers frayent. La cause de celte anomalie est encore inconnue.

C'est au pasteur Jäckel et au professeur von Siebold que l'on doit principalement les recherches qui les ont conduits à reconnaitre de simples hybrides en des formes qui avaient été décrites comme espéces, telles que la carpe bâtarde (Cypr. Kollarii, Heckel C. striatus, Holandre). Lorsque l'illustre von Siebold me fit l'honneur de venir visiter ma collection aux vacances de Pâques en avril 1867, il préjugeait d'avance quelle serait la disposition générale des dents pharyngiennes des hybrides présumés que je lui présentais, et j'ajoute que l'examen prouvait qu'il ne se trompait pas. Chez les hybrides les dents participent plus ou moins de celles des deux espèces mères, et sont souvent variables d'individu à individu. ll. en est de méme des rangées d'écailles, de la manière parfois irrégulière dont elles se terminent à la crête du dos, enfin du nombre des rayons des nageoires les plus caractéristiques.

La quantité d'individus hybrides que l'on rencontre est en général restreinte. On ne les observe que dans les eaux existent les deux espèces dont ils proviennent.

Une expérience que j'ai faite m'a prouvé l'exactitude de €es principes relativement à la prétendue Bréme de Leuckart (Abr. Leuckarti, Heckel Abr. Heckelii Selys). J'ai introduit un certain nombre de Brémes ordinaires

O"* SÉRIE, TOME XIV. 68

( 4026 )

(Abr. brama) dans un étang, à Longchamps-sur-Geer, celte espèce n'existait pas auparavant. Ils s'y sont pro~- pagés, el trois ou quatre ans après, j'y trouvais quelques Brémes de Leuckart, qui sont le produit du croisement de i3 Brême ordinaire et de la rosse (Leuciscus rutilus).

Les procédés de la fécondation artificielle en usage dans la pisciculture ont aussi fourni la preuve de la possibilité des croisements que l'on y a obtenus entre des espéces voisines dans la famille des Salmonides.

A mon avis, la fréquence des croisements à l'état spon- tané chez les Cyprinides démontre combien sont rappro- chés les genres nombreux qu'on a établis en subdivisant, je dirais presque à l'infini, le grand genre Cyprinus de Linné, que Cuvier (Régne animal, 1828) laissait encore nominalement intact, puisqu'aprés en avoir exposé les caraetéres généraux, il ajoutait. « Nous le subdivisons en sous-genres, ainsi qu'il suit, elc. »

Pour arriver à créer les nombreux nouveaux genres entre lesquels on l'a démembré, on a poussé à l'extréme l'usage du caractère tiré des dents pharyngiennes, qui a pour premier inconvénient d'étre un caractére de l'organi- sation interne, qui ne peut étre constaté que par la dissec- tion. On a reconnu d'ailleurs que ces dents sont parfois un peu variables chez une méme espéce; qu'elles s'usent avec le temps, sont souvent caduques, et capables de se renou- veller aprés leur chute.

Afin de rendre la connaissanee de nos Cyprinides acces- sible à tout le monde et considérant que ces animaux forment des groupes si voisins et de mœurs si semblables, je préfère ne voir dans l'examen des dents pharyngiennes que des caractéres confirmatifs, qui du reste ne sont jamais en opposition avec les caractères externes.

( 1027 )

Nous possédons en Belgique vingt et une espèces de Cyprinides. Or, en s'appuyant sur des différences souyent minutieuses, fournies par les dents pharyngiennes, on en est arrivé à constituer pour elles autant de genres qu'il y a d'espéces! Ne devrait-on pas en conclure qu'il s'agit de caractéres bien plutót spécifiques que génériques?... Valenciennes classe nos espéces en 6; Günther en 14; Blanchard en 13; Bonaparte en 16; Fatio en 16 ou 17; von Siebold en 17 coupes. C'est en cumulant les coupes proposées par eux que l'on arrive à 21 genres.

Quant à moi, me bornant aux caractéres externes recon- naissables, je trouve 11 genres, dont plusieurs peuvent être répartis en petites sections.

Si, pour désigner les formes hybrides, on acceptait la nomenclature adoptée par von Siebold et Heckel, le nombre des genres se trouverait encore augmenté. Ces auteurs, ayant constaté qu'ils présentent des caractères mixtes, différant en conséquence de ceux des deux types dont ils proviennent, proposent de les ériger en genres particuliers et d'intercaler ces nouvelles coupes dans le Systéme. | Ce sont :

Carpio, Heckel (Cyprinus. x Cyprinopsis). Abramidopsis, Siebold (Blicca. x Leuciscus). Bliccopsis, Siebold (Blicca. x Scardinius). Scardinopsis, Heckel (Scardinius. x Leuciscus).

En tenant compte de la combinaison des caractères qu'offrent d'autres hybrides provenant des genres Alburnus, Squalius, Telestes, Chondrostoma, etc., il faudrait créer encore de nouveaux genres et de nouveaux noms.

( 1028 )

Je regrette de ne pouvoir me rallier à cette manière de voir d’un maître tel que von Siebold, qui place ces genres hybrides au même rang que les coupes normales : Elles sont d’une nature toute différente. On ne peut, non plus, les intercaler toujours entre les deux genres parents, puisque nous voyons, par exemple, les Alburnus produire des croisements avec quatre genres divers.

Geoffroy-Saint-Hilaire, dans sa Tératologie, a édifié, il est vrai, pour les monstres, une nomenclature par familles, genres et espéces; mais ces cas tératologiques ne s'y trouvent pas mélangés avec les types normaux. C'est une étude spéciale, qui forme un tout homogène.

M. Victor Fatio a proposé un autre systéme pour la nomenclature des hybrides. Il construit le vocable qui équivaut à la désignation générique par la combinaison du nom des deux genres dont l'hybride provient, et celui de l'espéce par une combinaison analogue des noms spéci- fiques des deux espéces parentes. L'exemple d'un des hybrides les mieux connus, le Cyprinus Buggenhagii de Bloch (Abramis Leuckarti, Heckel Abr. Heckelii, Selys) fera bien comprendre la formation et l'application de la nomenclature de M. Fatio. Le poisson en question provient du eroisement de l' Abr. brama et du Leuciscus rutilus, de sorte que M. Fatio le nomme : Leucisco-Abramis rutilo- brama.

C'est un systéme logique, mais qui nécessite pour désigner un hybride l'emploi de quatre mots dont la con- traction, deux par deux, n'est pas toujours euphonique. La place à donner à ces espéces bàtardes et leur dénomina- tion peuvent méme soulever des difficultés, ear il est pres- que certain, à en juger par ce qui se passe chez d'autres classes d'animaux, que chaque hybride peut se produire

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( 1029 )

ce que j'appellerai en partie double. Je m'explique : Je suppose, partant toujours du méme exemple cité plus haut, que les œufs de l'Abramis brama, fécondés par le mâle du Leuciscus rutilus, donneront naissance à un hybride un peu différent de celui qui est produit lorsque ce sont les œufs du Leuciscus rutilus qui sont fécondés par le mâle de l'Abramis brama.

Tout le monde connaît des exemples de ces croisements en deux sens différents, témoin le Mulet, produit de l'àne et de la jument, et le Bardeau, produit du cheval et de l'ànesse.

Dans la Révision de nos poissons qui se trouve à la fin de ce discours, j'ai trouvé plus simple d'énumérer tous les hybrides à la suite les uns des autres, et de les désigner de la facon suivante : prenant toujours pour exemple le pré- tendu Abramidopsis Leuckarti cité plus haut, je le signa- lerai done ainsi : Abramis brama. x Leuciscus rutilus.

Les poissons hybrides sont-ils féconds, soit entre eux, soit avec des individus de race pure? On ne possède pas de données certaines pour répondre à cette question. Ces produits étant peu fréquents, on peut croire, se basant d'ailleurs sur ce qui se constate chez les mammifères et les oiseaux, que la stérilité est la loi, la fécondité l'excep- tion. Il faudrait instituer des expériences au moyen de l'isolement des hybrides d'une méme sorte dans des étangs séparés, pour s'assurer si ces formes peuvent se repro- duire au point de constituer des races fécondes.

Je viens de signaler des questions d'ordre scientifique qui pourront être élucidées par les procédés de piscicul- ture actuellement en usage. Je n'ai pas à m'étendre aujour- d'hui sur les avantages que cette industrie nouvelle prómet aux populations, en facilitant le repeuplement de nos

( 4050 ) rivières. J'ai résumé son histoire rétrospective chez nous jusqu’en 1866, dans le discours Sur la pêche fluviale en Belgique, que j'ai prononcé à la séance publique de notre Classe, le 16 décembre de la méme année. Plus tard, en 1883, dans un article sur le Repeuplement de nos cours d'eau, inséré dans les Bulletins de la Société natio- nale d'Acclimatation de Paris, j'ai exposé quelle était alors la situation, et ce que l'on projetait de faire pour y remédier. J'annoncais la constitution par le Gouvernement (en 1882) d'une commission chargée d'étudier les ques- tions qui se rattachent au repeuplement des cours d'eau.

Cette commission, composée d'abord de dix membres, n'est pas restée inactive. Elle a examiné un grand nombre de documents relatifs à ce qui a été fait à l'étranger, et donné son avis sur ce qui pouvait étre tenté chez nous.

Depuis 1884, des quantités notables d'alevins de plu- sieurs espéces de salmonides ont été déposées dans les petites riviéres de la rive droite de la Meuse qui, par la nature de leurs eaux et du sol sur lequel elles coulent, ont été jugées favorables aux salmonides. Des échelles à saumons, dont l'aménagement sera successivement amé- lioré, ont été établies à plusieurs des barrages de la Meuse qui formaient obstacle à la remonte des saumons.

Nos Chambres législatives avaient enfin voté en 1877 une loi sur les cours d'eau non navigables ni flottables, puis une autre loi sur la pêche fluviale en 1881.

Lorsque leurs dispositions auront été bien exécutées et que le respect qui leur est sera entré dans nos mœurs (ce qui malheureusement n'est pas encore arrivé), ces lois pourront protéger le poisson contre le braconnage, et contre la pollution des riviéres par les matiéres qu'on y déverse et qui font périr le poisson.

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( 1031 )

Je viens de prononcer le mot : pollution des eaux! C'est malheureusement la plus grande pierre d’achoppe- ment, l'obstacle véritable auquel viennent se buter les efforts du Gouvernement et de la Commission de repeuple- ment.

Notre regretté collégue de cette Commission, feu M. de Clereq, inspecteur général des Ponts et Chaussées, dans un travail important rédigé à la demande de M. le Ministre des Travaux publics, écrivait à ce sujet : « Il ne peut être question d'interdire les industries dont le sort est lié à l'intérêt général; mais il importe de ne déverser les maliéres dans les cours d'eau, qu'aprés qu'elles ont été traitées par les moyens les plus efficaces pour les débar- rasser de leurs principes malfaisants pour les poissons, et qui le sont dans une proportion au moins aussi grande pour les animaux qui boivent ces eaux corrom- pues.

» On ne peut done considérer la pollution. comme suffisamment atténuée, (ant qu'on ne pourra pas y faire vivre le poisson. »

Le principe essentiel de la pisciculture pratique c'est de ne répandre les alevins que dans les eaux ils peuvent vivre; autrement ce ne seraient pas des poissons, ce serait de l'argent que l'on jetterait à l'eau en pure perte.

En conséquence on ne peut songer à peupler de Salmo- nides les riviéres de la rive gauche de la Sambre et de la Meuse, ni celles du bassin de l’Escaut, ce qui embrasse les deux tiers du territoire de la Belgique. Si leurs eaux n'étaient pas contaminées, elles seraient excellentes pour recevoir une population de Cyprinides, de perches, de brochets et d'anguilles, en choisissant les espèces appro- priées à la nature du terrain, de la végétation aquatique et

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( 1032 )

des petits animaux dont les poissons forment leur nourri- ture. :

Mais la Commission de repeuplement n'a pu jusqu'ici proposer aucune mesure de ce genre au Gouvernement, parce que presque toutes ces riviéres (si pas toutes) et une grande partie de leurs affluents sont polluées ou méme empoisonnées par les eaux et les résidus qu'y déversent les usines, à un tel point que le poisson a disparu, de méme que la plus grande partie des végétaux et des petits ani- maux (insectes, vers, coquillages) nécessaires à sa sub- sistance.

C'est frappé de cet obstacle, qu'on n'a pas essayé

jusqu'ici d'écarter ou d'atténuer par des mesures efficaces, que, peu de mois aprés le vote de la loi surla péche fluviale, à la fin de 1881, j'offris à l'Académie d'instituer un prix à décerner au concours de 1884, dont la condition prin- cipale à remplir était : « La recherche et l'indication des moyens pratiques de purifier les eaux à la sortie des fabriques pour les rendre compatibles avec la vie du poisson sans compromettre l’industrie, en combinant les ressources que peuvent offrir la construction de bassins de décantation, le filtrage, enfin l'emploi des agents chimiques. » L'Académie voulut bien accueillir la proposition dans sa séance du 1°" avril 1882; mais à l'époque fixée, qui était le 1°" octobre 1884, aucun mémoire ne lui étant par- venu, l'auteur proposa de proroger le concours jusqu'au 1°" octobre 1887, en écartant au besoin quelques condi- tions subsidiaires du programme primitif.

Cette fois des Mémoires en réponse à la question de concours ont été envoyés.

-

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( 1033 ;

Nous ignorons encore quelles seront les conclusions des rapporteurs auxquels ils sont soumis en ce moment.

Quoi qu'il en soit, il est de fait qu'après la mise en vigueur des règlements établis en Angleterre, plusieurs riviéres contaminées ont été assainies, et que, d'aprés des documents communiqués à la Commission de repeuple- ment, certaines usines allemandes ont réalisé le méme “résultat et ont utilisé avantageusement les produits de la purification. Pourquoi n'en serait-il pas de méme chez nous ?

L'industrie, qui en somme est la propriété particulière et le profit de ceux qui l'exploitent, est une des sources principales de la prospérité publique. Il ne peut étre question de prendre des mesures qui en empécheraient l'exercice.

Mais il est juste qu'elle soit astreinte, dans la mesure du possible, à ne pas étre nuisible aux autres intéréts en jeu qui, dans leur ensemble, sont également respectables, puisqu'à titres divers ils sont l'apanage de toute la popula- tion. C'est la thése qu'énoncait naguère, mais d'une facon beaucoup plus absolue, un hygiéniste éminent, membre de l'Académie de médecine.

ll est pénible, en effet, d'avoir à constater que dans une étendue considérable du pays, les habitants qui possédaient des sources, des ruisseaux et des puits d'eau pure indis- pensable à l'alimentation, à la salubrité et à l'hygiéne publique en voient successivement frustrés.

Là, les eaux sont taries par les travaux souterrains des mines; ailleurs les usines les confisquent pour leurs chau- dières et leurs lavages et en déversent le résidu corrompu dans les cours d'eau. Les grandes villes s'étendent ; elles

| 14054 )

réclament sans cesse une augmentation dans leur distri- bution d'eaux, qu'elles veulent capter par le drainage du sous-sol, ou bien prétendent les amener de fort loin, en ` accaparant les sources ou les riviéres si nécessaires cepen- dant aux campagnards victimes de ces expropriations pour cause de nécessités urbaines, dommages que rien ne peut compenser. La cause de ces exigences s'explique par l'augmentation excessive de la population dans notre* pays, l'émigration est difficile et répugne à ses instincts.

Comme conséquence de cette situation économique, le travail manque fréquemment et manquera davantage à mesure que cet excès de population croîtra et que les mines marcheront vers leur épuisement. E

Quant aux poissons, cette nourriture saine, qui fut si abondante et à la portée de tous les habitants riverains de nos cours d'eau, ces poissons qui faisaient en méme temps le bonheur du paisible pécheur à la ligne et le délassement de l'ouvrier en ses jours de féte ou pendant ses moments de repos, il n'existent presque plus dans nos provinces les plus fertiles, et si la science, qui accomplit, il est vrai, des miracles inattendus en ce siècle de progrès, ne parvient pas à concilier les intérêts et les exigences dont je viens d'esquisser le tableau, les poissons d'eau douce ne se verront | bientôt plus que dans les aquariums ou dans les musées, ils prendront place parmi les espèces éteintes, à la suite des animaux préhistoriques.

( 1035 )

iH.

Catalogue raisonné des poissons d'eau douce de la Faune belge.

Dans la Faune (1849) j'ai suivi la classification du prince Charles Bonaparte, qui avait adopté plusieurs des ordres établis par Agassiz, fondés sur le caractère des écailles, notamment les Cténoïdes et les Cycloides.

Les études faites depuis ont prouvé que l'emploi de ce Caractère souffrait différentes exceptions, de sorte que ces deux ordres ont été généralement abandonnés, bien que d'une maniére générale ils répondissent aux Acan- thoptérygiens et aux Malacoptérygiens de Cuvier.

La classification de Jean Müller semble aujourd'hui la plus naturelle. Celles de Siebold et de Günther n'en différent guére.

C'est pourquoi je suivrai presque tout à fait cette der- nière, adoptée dans son grand ouvrage Catalogue of Fishes, dans lequel se trouvent déerites toutes les espèces de poissons connues jusqu'en 1870.

Dans la Faune belge, les noms vulgaires des poissons en dialecte flamand n'étaient pas indiqués. Gràce à M. le pro- fesseur P.-J. Van Beneden, qui les a donnés dans la Patria belgica, j'ai pu, en le copiant, combler cette lacune; c'est donc à lui que l'on est redevable de ce complément.

J'ai pu compléter ou corriger an petit nombre de noms Wallon-liégeois d'après le vocabulaire des noms wallons

è

( 1056 ) d'animaux de feu Charles Grandgagnage (1857). Ceux-là sont signés : Gggg., entre parenthéses.

M. le D* Victor Fatio ayant décrit avec un soin serupu- leux les dents pharyngiennes des Cyprinides, je lui ai emprunté plusieurs de ces signalements pour la diagnose des genres, en ayant soin d'ajouter sa signature à ces emprunts.

Dans la Faune belge se trouvaient les diagnoses de toutes les Cyprinides. Je n'ai pas eru nécessaire d'en faire la réimpression, mais j'ai ajouté naturellement la descrip- tion sommaire de ce qui est nouveau, notamment pour les hybrides.

Cependant, les formules numériques des rayons pour les nageoires dorsale et anale, ainsi que pour les rangées d'écailles au-dessus et au-dessous de la ligne latérale et le nombre d'écailles sur cette ligne sont si utiles pour la détermination, que je n'ai pas hésité à les reproduire aprés le nom de chaque espéce.

Les abréviations pour ces formules sont les suivantes :

D. Nageoire dorsale;

A. Nageoire anale;

Super. Le nombre de séries d'écailles au-dessus de la ligne latérale;

INrER. Celui des séries d'écailles au*dessous de cette ligne;

Later. Le nombre des écailles (en longueur) sur cette ligne.

( 4037 )

ORDRE 1. ACANTHOPTÉRYGIENS. (Cténoides, Agassiz, en partie.)

Famuze l. PERCIDES.

GENRE : PERCA. Perche. 1. Perca fluviatilis, L. Perche de rivière. En wallon Perco et Piche. En flamand Baes.

Commune dans presque toutes nos riviéres, mais préfére les eaux vives, sans exiger cependant comme la Truite un fond pierreux. En général ces deux poissons semblent s'exclure. On ne trouve pas la Perche dans l'Ambléve ni le Bocq, la Truite est commune.

GENRE : ACERINA, Cuv. Gremille.

92. Acerina cernua, L. Gremille goujonniere. En wallon Oggi. En flamand Post,

Commune dans la Meuse et plusieurs de ses affluents à fond pierreux. Elle existe cependant dans la Néthe, la Lys et autres cours d'eau du bassin de l'Escaut, tels que les aflluents de la rive gauche du Démer.

Fiame IL TRIGLIDES. GENRE : COTTUS, L. Chabot. 3. Cottus gobio, L. Chabot tétard. En wallon Chabot. En flamand Clabotskop.

Trés commun dans la Meuse et les rivières à fond pier- reux qui s’y jettent; aussi dans la Lys, le haut Escaut les afluents de la rive gauche du Démer, les ruisseaux des environs d'Anvers; se tient sous les pierres.

( 1058 )

Fauze IL. GASTÉROSTÉIDES. GENRE: GASTEROSTEUS, L. Gastéroste. À. Gasterosteus aculeatus, L. Gastéroste épinoche.

En wallon Spinette. En flamand Stekebok, Paddesteker, Kraeyvisch.

Une grande divergence d'opinions existe entre les auteurs sur la question de savoir s'il y a en Europe une ou plusieurs espèces d'Épinoches à trois épines dorsales, qui seraient confondues sous le nom de G. aculeatus, L.

Cuvier et Valenciennes ont d'abord établi quatre espéces : chez le trachurus, Cuv. (aculeatus, Blanchard), les côtés du corps sont entièrement armés de plaques osseuses jusqu'à la nageoire caudale, les dernières formant une carène prononcée. F

Chez le semiarmatus, Cuv. (de même que chez le semi-loricatus, Cuv. Val. et le neustrianus, Blanchard), l'armature ne va que jusqu'au niveau de la première partie de la nageoire dorsale pour reparaitre ensuite sous la forme d'une caréne de petites plaques avant la nageoire caudale.

Chez le leiurus, Cuv. et Val., les plaques latérales ne dépassent pas le bout des nageoires pectorales. Le reste des flanes est nu jusqu'à la nageoire caudale. L'armature est analogue chez argyropomus, brachycentrus, tetra- canthus, Cuv. et Val., et chez les Baillonii, argenta- lissimus et elegans, Blanchard, qui ne seraient que des sous-races. ;

Pour proproser ses nouvelles espéces, le professeur Blanchard a utilisé les caractères fournis par les plaques de l'armature latérale, la forme des épines du dos, du ventre et celle du prolongement postérieur du bassin.

Enfin, M. H.-E. Sauvage, dans sa révision des Épinoches

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( 1059 ) (Nouvelles archives du Museum, 1874), admet pour les deux continents arctiques trente-deux Gastérostes à trois ou quatre épines, et douze Épinochettes à huit ou onze épines dorsales.

Siebold, Fatio, Canestrini sont, au contraire, partisans de n’admettre qu'une seule espèce pour le groupe de l'aculeatus, mais variable selon les localités (1).

Le D” Günther rapporte aussi à une seule espèce les trois races principales européennes mentionnées plus haut; mais il admet quelques autres formes, entre autres le spi- nulosus, Yarrell, qui a quatre épines dorsales.

Pour moi, d'aprés l'examen de nombreux exemplaires belges des trois races principales, je les considére comme appartenant à une seule espéce, et M. Gehin est du méme avis pour les Épinoches de la Lorraine, qui se rapportent toutes à la race leiurus, qu'il répartit en six variétés principales, parmi lesquelles se rencontre la variété à quatre épines.

En Belgique la race (type) aculeatus ne se trouve que vers la côte dans les eaux sanmâtres, les huitriéres aux environs d'Ostende et dans le bas Escaut.

La race semiarmatus provient des mémes localités, de méme que sa sous-race semiloricatus. Ces Épinoches des eaux saumâtres sont toutes mieux armées de plaques latérales que celles des eaux douces. Le blane des cótés du corps est nacré, argenté. Cependant j'ai trouvé dans les fossés saumâtres, derrière les dunes, de petits exem- plaires également brillants, mais un peu moins armés.

La race leiurus est commune dans un grand nombre

(4) Voyez le Prospetto critico de Canestrini ainsi que les obser- vations du D” Paolo Bonizzi : Sulle varietà della specie G. aculeatus, dans les Arch. pour la zoologie, ete. (Florence, 1869, page 156).

( 1040 ) de sources et de ruisseaux de l'intérieur de la Belgique. Cependant, je ne l'ai pas rencontrée dans les cours d'eau à Truites qui descendent de l'Ardenne et du Condroz.

Cette race existait dans le Geer en nombre immense avant l'établissement des sucreries. Aujourd'hui elle est reléguée dans les sources attenantes à cette rivière.

J'ai trouvé dans des paniers d'éperlans quatre exem- plaires de cette race, trés argentés, à épines dorsales trés denticulées, mais pas un seul sans ces dentelures. Dans la Meuse, à Liége, trois individus à épines longues par rapport au sternum. Dans le Geer, au contraire, les épines du sternum sont généralement courtes par rapport à celui-ci; les épines dorsales sont fortement mais irréguliérement denticulées. Il y a cinq ou six plaques laté- rales, il s'y trouve des exemplaires encore plus grands que le Baillonii, Blanchard (brachycentrus), dont un a sept plaques latérales.

Enfin, au milieu de ces nombreux exemplaires recueillis autrefois dans le Geer, j'en ai pris un pourvu de quatre épines dorsales non dentelées, ce qui le ferait rapporter au spinulosus de Yarrell; mais je suis porté à croire que ce n'est qu'une aberration individuelle et non une race, puisque je n’ai vu que ce seul exemplaire (1).

Le D" Bamps, parmi beaucoup d'exemplaires ordinaires - dn bassin du Démer, en a pris (dans le Stiemer) également un à quatre épines non dentelées (les deux antérieures longues) et un individu (Étang de Curange) n'ayant que deux épines dorsales, qui sont trés fortement dentelées, la troisième étant avortée. Ce serait une variété nouvelle, que l'on pourrait nommer biaculeatus.

.(4) H y a lieu toutefois de faire de nouvelles recherches sur- cette forme singulière de méme que sur.les autres races citées.

RS SRE PO SR

( 404 )

5. Gasterosteus pungitius, L, Gastéroste épinochette,

En flamand De Tiendoornige Stekelbaars.

Je n'ai rencontré jusqu'ici en Belgique que la race sans caréne caudale, séparée par Cuvier sous le nom de G. levis laquelle M. Fatio rapporte les G. levis lotharingicus etl breviceps du professeur Blanchard). Elle se trouve dans le Geer. Je l'ai rencontrée également dans les fossés derriére les dunes d'Ostende et dans de petits ruisseaux de la rive droite de la Meuse prés de Maestricht. M. le D" Van Bambeke me signale l'Épino- - chette aux environs de Gand, et M. le D' Bamps dans les affluents du Démer. La race type (G. pungitius, L.) que je n'ai pas encore trouvée, se distingue, dit-on, de la /evis par une mince carène latérale de cinq très petites écailles ou plaques s'étendant du niveau postérieur des nageoires dorsale et anale jusqu'à la caudale. M. Fatio n'admet qu'une seule espéce. La burgundianus de M. Blanchard serait aussi une SOus-race du type, ayant comme lui une petite caréne caudale. Nos Épinochettes ont d'ordinaire 10 rayons à la nageoire dorsale et 9 à l'anale. Les épines dorsales sont au nombre de huit ou neuf. Il m'est impossible de les rap- porter absolument à l'une des formes de la levis décrites par M. Blanchard. La taille est trop faible pour son levis proprement dit. D'aprés la courbure du bout de la mâchoire inférieure et la branche montante de l'armure thoracique non élargie, elle ressemble à son breviceps des environs de Caen, mais les épines dorsales ont une petite SÉRIE, TOME XIV. 69

( 1042 )

membrane en voilure comme son lotharingicus des ruis- seaux de la Moselle, affluents de la Meuse prés de Saint- Mihiel. M. Blanchard a recu des environs de Lille la forme typique (pungitius) à caréne caudale. Il lui attribue dix épines dorsales, quelquefois onze. Il est probable qu'elle existe dans quelques-uns de nos ruisseaux affluents de l'Escaut en Hainaut ou en Flandre. La lotharingicus n'aurait que huit épines; la breviceps, neuf ou dix. Pour M. Géhin, la forme habitant les affluents de la Meuse en Lorraine est la levis.

ORDRE Il. ANACANTHIENS.

( Malacoptérygiens Jugulaires)

Familie l. PLEURONECTIDES. GENRE : PLEURONECTES, L. Pleuronecte. 6. Pleuronectes flesus, L. Pleuronectes flet.

En flamand Bot, Botje.

Trés commune dans les eaux saumâtres de l'Escaut, qu'elle remonte assez haut, dans la Lys jusqu'à Gand, la Néthe jusqu'à Westerloo et la Dyle jusqu'à Malines. Observée accidentellement dans la Meuse et à l'embou- chure de l'Ourthe, également aussi, mais très rarement, dans la Moselle.

L'aberration P. passer Bloch (exemplaires sénestres) n'est pas trés rare.

Fame d]. GADIDES. GENRE : LOTA, Cuv. Lote. 7. Lota vulgaris, Cuv. Lote commune, En wallon Boulotte, En flamand Lomp. Meuse, Ourthe, Escaut, Lys, assez commune.

*

, (104)

ORDRE lll. PHYSOSTOMES. (Malacoptérygiens Abdominaux et Apodes). Faunus L CYPRINIDES. Sous - famille]. COBITINES. GENRE : MISGURNUS, Lacép. Misgurne.

8. Misgurnus fossilis, L. Miszurne d'étang. D. 7. A. 6. Dix barbillons. En flamand Weeraal, Donderaal.

Se trouve dans les eaux vaseuses affluentes de l’Escaut, la Lys, la Néthe, ete. Assez commune aux environs de Louvain et en Campine, dans les ruisselets d'irrigation de toute la vallée du Démer, d’après le D" Bamps. Aussi dans le bassin de la Moselle. Je ne l'ai pas encore observée dans celui de la Meuse.

Je me rallie à l'opinion de Günther qui adopte pour cette espèce le genre Misgurne proposé par Lacépède. Par ses dix barbillons, il se distingue facilement des Cobitis et des Acanthopsis qui n'en ont que six.

GENRE : COBITIS, L. Loche. 9. Cobitis barbatula, L. -- Loche franche. D. 40. A. 8. Six barbillons. En wallon Mosteye.

Vit dans la vase et dans les herbes aquatiques de la plupart des rivières et même dans des ruisseaux qui sont presque à sec pendant l'été.

Autrefois, en Hesbaye, on faisait d'excellentes fritures avec ce petit poisson. Mais il est devenu rare et disparaît des cours d’eau contaminés par les industries agricoles.

( 4044 )

GENRE : ACANTHOPSIS, Agassiz. Acanthopsis. 10. Acanthopsis tænia. Aeanthopsis rubanée, D. 8. À, 7. Six barbillons. En wallon Popicale (6ggg.).

Commune dans l'Ourthe, aussi dans la Meuse et dans cerlains affluents de l'Escaut. Elle a disparu de la Vesdre depuis que cette riviére est empoisonnée. Elle se tient sous les pierres. M. Van Bambeke me l'indique dans la Lys.

M. Géhin dit que c'est à tort que Holandre a rapporté les exemplaires de la Moselle au Cobitis spilura de Carlier, de Liège (MSS), attendu que ce sont bien des tenia, ce qui est vrai. Mais l'erreur provient de Valen- ciennes, qui avait écrit à Carlier que ses C. tenia for- maient une espéce nouvelle.

Sous-famille I. CYPRININES. GENRE : GOBIO, Ag. Goujon. 11. Gobio fluviatilis, Ag. Goujon fluviatile. D. 10. A. 9. Super. VI. Infer. IV. Later. 43. En wallon Govion. En flamand Geuve,

Commun dans les rivières ; aussi dans les étangs.

GENRE : BARBUS, Cuv. Barbeau. 12. Barbus fiuviatilis, Ag. Barbeau fluviatile. D. 11. A. 8. Super. XI. Infer. IX. Later. 60. En wallon Barbai. En flamand Barbeel. Habite la Meuse et ses affluents à fond pierreux ; se trouve aussi dans des affluents de l'Escaut. Dans le bassin du Démer, d’après le D" Bamps.

( 4045 )

Variété. Le BARBEAU JAUNE (B. var. auratus, Fatio).

Tout le corps d'une couleur orangé-coriacé, excepté le dessous jusqu'à l'anus qui est blane. Toutes les nageoires d'un rouge carmin. Décrit d'aprés un exemplaire de grande taille, pris dans l’Ourthe-en 1750 et peint d’après nature pour le comte d'Horion, alors grand maitre du prince- évéque de Liége. D'autres poissons de l'Ourthe étant admirablement peints par le méme artiste, je ne doute nullement de l'exactitude du tableau, d'autant plus que M. Fatio signale un exemplaire. presque semblable pris dans un affluent de l'Aar en 1878.

GENRE : TANCA, Ag. Tanche. 15. Tinca chrysitis, Ag Tanche doree. D. 12. A. 11. Super. XXXI. Infer. XXI. Later. 95.

En wallon Tinche, En flamand Laauw.

Se trouve dans presque toutes les riviéres; aussi dans certains étangs marécageux. C'est dans les bassins et les - abreuvoirs alimentés par des eaux pluviales grasses que l'on multiplie le mieux cet excellent poisson, le meilleur à mon avis de toutes les Cyprinides. Je n'ai pas vu en Belgique la variété allemande nommée Tanchor (Cypr. tincauratus, Lacép.); nos tanches ont toutefois des cou- leurs vives, et l'oeil en général rouge carmin.

( 1046 )

GENRE : CYPRINUS, L. Cyprin. 14. Cyprinus carpio, L. €yprin carpe D. 22-24 A. 8-9. Super. VI (v). Infer. VI Later. 37-58. En wallon Cápe. En flamand Karpel.

CrPRinus REGINA, carpio et etaTUs, Selys, F. belge, nos 12, 13 et 14.

Commun dans les étangs; en petit nombre dans les rivières, C'est un poisson d'origine étrangère, importé sans doute dans le pays vers la fin du moyen âge.

La Carpe ne se multiplie pas dans les eaux de source, à moins qu'elles ne soient réchauffées par des écoulements d'abreuvoirs ou de champs cultivés. En Campine on l'éléve en grand. 1l faut trois ans pour qu'elle parvienne à la gros- seur nécessaire pour étre livrée au commerce. On réserve certains étangs gras pour l'alevinage; l'année suivante on péche les alevins pour les distribuer dans un second étang, puis dans d'autres un an aprés. On prétend que dans les - derniers il ne faut pas placer beaucoup plus d'une centaine de Carpes par hectare. On les péche pour la vente la qua- wiéme année et l'on séme des céréales au fond de l'étang mis à sec, c’est une sorte d'assolement successif.

Le nombre de ces étangs en Campine a singulièrement diminué depuis cinquante ans, par suite de l'extension des plantations de pin sylvestre et de la culture.

L’espèce est fort variable. Dans la Faune belge j'ai décrit séparément deux races, que Bonaparte, Agassiz et Heckel considéraient comme espèces distinctes :

C. regina, Bp. (hungaricus, Heckel), de forme allongée, à dos peu élevé;

2 C. elatus, Bp., forme ramassée, à dos élevé.

( 1047 )

A côté de ces races, qui se croisent entre elles, il existe de simples variétés qui se maintiennent lorsqu'on les isole. Telles sont la Carpe à grandes écailles (C. macrolepidotus, Klein; C. Rex cyprinorum, Bloch; specularis, Lacép.) qui a été importée d'Allemagne dans quelques étangs de la province de Namur et des Flandres, et la Carpe sans aucune écaille (C. nudus, Bloch; coriaceus, Lacép.). Je ne crois pas que cette derniére existe en Belgique.

Le C. striatus, Holandre; Selys, F. belge, n* 15, pl. 9, est un hybride avec le carassius, de méme que le C. Kol- larii, Heckel. (Voyez plus bas le ehapitre: Hybrides.)

En France on nomme Carpeaux des individus stériles. Ils sont, dit M. Fatio, remarquables par leurs formes ramassées, le dos charnu, les lévres épaisses et le corps trés comprimé vers l'anus. Les organes de la reproduction sont atrophiés.

GENRE : CYPRINOPSIS, Fitzinger. Cyprinopsis. 15. Cyprinopsis carassius, L. €yprinopsis carassin, D. 18-21. A. 8-9. Super. VII. Infer. V. Later. 54. Cyrnisus ciser1o, morxs et carassius, Selys, F. belge, n°s 16, 17 et 18.

Vulgairement Carpe à la lune, En flamand Maankarpel,

On éléve cette espéce et ses races dans la plupart des étangs vaseux. Elle a l'avantage de pouvoir vivre et se mul- liplier dans de petites mares et des abreuvoirs d'eau plu- viale; c'est done une ressource pour les localités qui ne possèdent pas d'eau courante. On ne la:rencontre que rare- ment dans les riviéres. :

Dans la Faune belge j'ai décrit comme espèces distinctes le C. gibelio (Gibèle) de Bloch, qui se distingue par un dos beaucoup moins élevé et moins comprimé, en un mot par

( 4048 )

`

une stature analogue à celle du C. carpio, type; puis le C. moles, Agassiz, qui est intermédiaire entre les deux races, dont il n'est probablement qu'un métis.

Il ne faut pas s'étonner de ces variations chez des pois- sons qui sont vraisemblablement d'origine étrangére. Les variétés que l'on rencontre chez le poisson rouge de la Chine (C. auratus, L.), qui est du méme groupe, sont bien plus extraordinaires.

Je suis porté à eroire que la forme primitive est la race gibelio, dont le profil est plus conforme à celui des espèces exotiques du méme genre, et que les carassius à dos excessivement bossu et comprimé sont plutót une aberra- tion produite à la suite de la culture.

M. Blanchard maintient pourtant la distinction entre le carassius et le gibelio, s'appuyant sur la forme des écailles de cette derniére, dont le bord basilaire n'offre que de légéres sinuosilés et non les festons si prononcés du carassius. Il en donne la figure pages 238 et 241.

Malgré la grande similitude entre les Cyprinus et les Cyprinopsis, je me décide à accepter aujourd'hui cette derniére coupe parce qu'elle se distingue facilement par le manque de barbillons.

GENRE : RHODEUS, Ac. Bouvière. 16. Rhodeus amarus, Àg. Bouvière amère, D. 12. A. 11#12. Super. XI. Infer.' XL. Later. 50 environ. En wallon Plgtte mouse, En flamand Bittervoorn.

Se trouve dans la Meuse, à Liège, etc. Aussi dans le bassin de la Moselle. Les pécheurs disent qu'elle vit dans la vase. Commune à Gand daus la Lys.

( 1049 )

GENRE : ABRAMIS, Cuv. Brême.

Heckel a réparti nos deux espéces de Brémes en deux genres : les Abramis (A. brama) ayant les dents pharyn- giennes sur un seul rang, et les Blicca (A. bjorkna) ayant ces dents sur deux rangs. Siebold a adopté ce démembre- ment.

M. Fatio s'y est soumis, tout en avouant que les deux poissons sont excessivement voisins et qu'il ne les aurait considérés que comme simples sous-genres, s'il n'avait cru à l'importance de ce caractère des dents. J'ai déjà dit dans mon discours préliminaire pourquoi je ne pouvais me rallier à ce systéme, d'autant moins que pour les Blicca ces dents sont fort variables'en nombre. Dans la Faune belge j'ai donné comme caractéres génériques des Brémes : dents sur un double rang, ce qui n'est pas exact pour l'A. brama. On a dit que j'avais donné les caractéres d'aprés un Blicca. Pour me justifier je cite la note que j'ai insérée page 192 je dis : « Pour ce qui est des carac- » tères génériques tirés des dents pharyngiennes, je me » suis borné à les transcrire d'aprés M. Agassiz, n'ayant » paseu l'occasion de les vérifier sur toutes les espéces. »

SOUS-GENRE I. ABRA MIS, Cuv. Heckel, Siebold, Fatio.

Dents pharyngiennes sur un seul rang.

17. Abramis brama, L. Brême ordinaire. | D. 12. A. 27-50. Super. XII-XIV. Infer. VI-VIII. Later. 55-58. En wallon Grande Bráme. En flamand Brasem. Commun dans la Meuse et les affluents de l'Escaut; se multiplie beaucoup dans les étangs, les canaux, etc. C'est, je crois, le poisson qui était établi au moyen àge

i

( 1050 ) dans les étangs des abbayes, avant l'introduction de la Carpe.

Il varie beaucoup pour la coloration et les proportions suivant l’âge et la nature des eaux (Voyez le signalement des variétés dans la Faune belge, page 217). |

On considère maintenant comme identiques à PA. brama:

Abramis vetula, Heckel. microlepidotus, Agassiz. -— farenus, Linné. arg reus, Agassiz. Gehini? Blanchard.

M. Géhin, qui se borne à reproduire dans son ouvrage la description de l'A. Gehini du professeur Blanchard, parait douter que l'espéce soit réellement distincte ; ce serait plutôt selon lui une variété ou race nommée haute Brême par les pécheurs de la Moselle.

SOUS-GENRE ll. BLICCA, Heckel.

Dents pharyngiennes sur deux rangs.

18. Abramis bjorkna, L Brême bordeliere, D. 14. A. 22-90. Super. X. Infer. V. Later. 48-52. En wallon Bráme. En flamand Blei, Bliek. Asrams nLiccA, Bloch; Selys, F. belge.

Commun dans la Meuse et les cours d'eau du Brabant.

Facile à distinguer de la brama par le nombre des ran- gées d'écailles au-dessus de la ligne latérale, au nombre de dix seulement (au lieu de 12 à 14).

Dans la Faune j'ai adopté le nom de blicca, Bloch, qui était généralement admis, mais on a constaté que celui de bjorkna, Linné, appartient à la bordeliére, de sorte que

( 1051 ) je me soumets à la loi de priorité, suivant eu cela les auteurs récents. Les noms synonymes, d'aprés M. Fatio, sont : latus, Gmelin. laskyr, Pallas. aryyroleuca, Heckel. plestja, Leske.

GENRE : ASPIUS, Agassiz. Aspe.

Agassiz a fondé le genre. Aujourd'hui on l'a démembré, réservant le nom d’Aspius à PA. rapax, dont je n'ai pas à m'occuper, et chez qui le ventre, après les ventrales, est écailleux, tandis que Heckel et les auteurs plus récents nomment Alburnus les espèces chez qui les écailles n'atteignent pas la créte du ventre dans cette partie.

Il m'est impossible de trouver un caractére assez important pour y voir autre chose qu'un sous-genre.

M. Fatio a proposé un troisiéme démembrement sous le nom de Spirlinus pour le bipunctatus qui est, dit-il avec raison, intermédiaire sous plusieurs rapports entre les Abramis et les Alburnus. Le principal caractére réside dans les dents pharyngiennes. Par les motifs que j'ai déjà invoqués, je ne l'admets qu'en qualité de sous-genre.

Sovs-cENRE I. SPIRLINUS, Fatio.

Dents pharyugiennes en ongle crochu au sommet et sur deux rangées : 2,5 4,2 (2,4 ou 5,2) ; une arête nue en arrière des ventrales. La dorsale un peu en arrière des ventrales (Fatio).

Le D' Günther place parmi les Abramis l'espèce type. Je serais tenté d'adopter cette opinion, en prenant en considération la forme générale du poisson.

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19. Aspius bipunctatus, L. Aspe biponctué, D. 11. A. 18-19. Super. IX-X. Infer. IV-V. Later. 50-52, En wallon Goge. En flamand Zwart gestipte alvertyen.

Je l'ai observé dans la Meuse, l'Ourthe, l'Ambléve. Comme M. Van Beneden indique le nom flamand, je sup- pose qu'il existe dans quelques affluents supérieurs de l'Escaut. Il fréquente les eaux vives. M. le D‘ Bamps ne l'a pas observé dans le bassin du Démer. |

Le Baldneri de Valenciennes est de la méme espéce, mais revétu de la coloration plus brillante de l'époque du frai.

SOUS-GENRE ll. ALBURNUS, Heckel.

Dents pharyngiennes allongées franchement pectinées et sur deux rangs 2,5 5,2, une aréte nue en arriére des ventrales. La dorsale trés en arrière des ventrales (Fatio).

20. Aspius alburnus, L, Aspe able, D. 11. A. 18-21. Super. VHI Infèr: IV. Later. 50. En wallon Abl»tte. En flamand Alvertje. Aspivs ALBURNOIDss, Selys, F. belge, 52.

Commune dans l'Ourthe et autres affluents de la Meuse à eaux vives, moins fréquente dans le fleuve. Parait rare dans quelques cours d'eaux du bassin supérieur de l’Escaut. Commune cependant dans la Lys ainsi que dans la Herk et le Mombeek, affluents de la rive gauche du Démer.

Dans la Faune je l'ai décrite comme espèce distincte sous le nom d'Aspius alburnoides, Selys, parceque Agassiz et Heckel ont considéré comme nouvelles les Ablettes que

( 1053 ) je leur avais communiquées; maintenant Siebold et Fatio réunissent à l'alburnus cette forme et d’autres, qui pas- sent de l'une à l'autre; ce sont, selon Fatio :

ochrodon, Fitzinger. obtusus, Heckel. lacustris, Heckel. mirandella, Blanchard. breviceps, Heckel. Fabræi, Blanchard.

GENRE : LEUCASPIUS, Heckel et Kner. Leucaspe.

Corps ramassé, subcylindrique; dos arqué, ventre caréné entre les nageoires ventrales et l'anale. Bouche ascendante, la mâchoire inférieure redressée, son extré- mité pénétrant dans un enfoncement formé par les inter- maxillaires, la mâchoire supérieure comme échancrée au milieu. Caudale fourchue. Dorsale courte, l'anale un peu plus longue que la dorsale.

Écailles non striées, trés caduques. Ligne latérale incompléte s'arrétant à la huitiéme ou au plus à la douziéme écaille.

Dents pharyngiennes variables, sur un ou sur deux rangs; leur rangée interne ayant à droite quatre, rarement cinq dents; à gauche cinq dents, quelquefois une petite en plus devant la rangée interne de droite. Couronnes des dents internes comprimées dentées en scie et courbées en crochet au bout.

Ce genre n'était pas connu lors de la publication de la

aune,

Par la direction de la bouche il se rapproche des Aspes, mais s’en distingue facilement par la nageoire anale courte et la ligne latérale incomplète. Ce dernier caractère l'éloigne des Leuciscus qu'il rappelle par la nageoire anale courte.

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+

( 1054 )

21. Leucaspius delineatus, Heckel. Leucaspe déligné. D. 11. A. 14. Super. IV. Infer. VII-VIII. Later 48.

Synonymie : Squarrus pELiNEATUS, Heckel Leuciscus srympnaticus, Valenc., pl. 495. Aspius owslanxa, Czernav, Kessler, Leucaspius AsnuPrUs, Heckel et Kner Owsranxa Czensav, Dybowsky.

Yeux grands. Dessus du corps verdâtre, les côtés et le dessous argentés avec une nuance obscure à la place serait la ligne latérale vers la queue. Nageoires pâles.

Cette espéce si intéressante et tout à fait nouvelle pour notre Faune, a été découverte pour la premiére fois en Belgique, par M. Émile Gens. Il a publié une notice fort intéressante à ce sujet sous le titre de Note sur un poisson d'eau douce nouveau pour la Faune belge (BULLET. ACAD, BELG., février 1886). Il l'avait trouvée, en 1880, dans les eaux du fortin 4 de l'ancienne enceinte des fortifications d'Anvers, prés de la Longue rue d'Argile. Ce poisson, dit-il, nage à la surface de l'eau en troupes nom- breuses.

M. le D" Bamps, dont l'attention fut éveillée par la découverte de M. Gens, a eu la chance heureuse de retrouver le delineatus, au printemps de 1886, dans une perite mare appelée Begyne Poel aux portes de Hasselt. C'est un étang minuscule, tourbeux, qui n'est alimenté que par les eaux pluviales. Le delineatus y est fort nombreux et n'a pour compagnon que quelques carpes et de très petites tanches (voyez la notice du D" Bamps, Sur quelques espéces rares de Vertébrés de la Belgique observées dans le Limbourg belge. BULLET. DE L'Acap. ne Bere. Août 1837).

L'espèce n'a été observée jusqu'ici que dans quelques

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contrées de l’Europe orientale, centrale et méridionale : en Russie méridionale, Moravie, Gallicie, Poméranie, Cour-

lande, Prusse orientale, lac Zaraco (Stymphale) en Morée,

presque toujours dans des localités isolées.

Au premier abord on la prendrait pour un alevin d'une espèce de Leuciscus ou Aspius.

D'un autre cóté, par sa taille excessivement petite (6 centimétres au plus), elle rappelle le véron (Phoxinus).

GENRE : LEUCISCUS, Cuv. Meunier.

Je ne puis me décider à considérer comme des genres tranchés les coupes nombreuses qui ont été proposées en démembrant ce genre, dont les formes diverses passent de l'une à l'autre. Pour moi ce sont de simples sous-genres. Dans les caractères donnés dans la Faune il faut corriger celui attribué (d'aprés Agassiz) aux dents pharyngiennes. Elles ne sont pas toujours sur deux rangs : il n'y en a qu'un dans le sous-genre Leuciscus (type : rutilus).

SOUS-GENRE I. ADUS, Heckel. Dorsale naissant au-dessus des ventrales. Dents pharyn- giennes un peu erochues au sommet, non pectinées, sur deux rangées 5,5 —5,5 (Fatio).

23, Leuciscus idus, L. Meunier ide. D. 11. A. 13 (12 à 14). Super. IX (VIII). Infer. IV-V. Later. 55-60. En wallon Wenne. Cremiaus ies et 1omanus, L. Juses, Bloch. Commun dans plusieurs cours d’eau du bassin de l’Escaut, rare dans la Meuse. Non observé jusqu'ici dans la Lys ni dans le Démer.

( 1056 )

Heckel a eru voir deux espèces parmi celles que je lui ai communiquées. La seconde que j'avais indiquée avec doute sous le nom de L. neglectus aurait la téte plus longue, le corps moins haut, la bouche étroite, les écailles moins nombreuses (VIII au lieu de IX rangs supérieurs; 55 latérales au lieu de 60); mais il existe des intermé- diaires. Ces variations se rencontrent surtout chez les espèces possédant des écailles nombreuses comme l'idus.

La superbe race érythrine (Cypr. orfus, L.), considérée longtemps comme distincte, n’a pas été encore trouvée chez nous. C'est par erreur que Valenciennes a dit qu'elle existait dans les riviéres de la Hollande (voyez ma lettre dans la Revue zoologique, janvier 1845).

Sous-cENRE ll. SCARDINIUS, Bonaparte.

Bouche oblique. Dorsale en arriére des ventrales. Dents allongées trés pectinées, sur deux rangs 5,5—5,5 (Fatio).

25. Leuciscus erythropthalmus, L. Meunier rotengle. D. 11 (12). A. 15-15. Super. VII (VIH). Infer. IV. Later. 40-45.

En wallon Rossette et Rosse di fond.

Commun dans presque toutes les riviéres, mais surtout dans celles d'eau vive. Aussi dans les étangs. Se distingue bien du rutilus par la bouche ascendante et la nageoire dorsale en arrière de 3 à 5 écailles par és aux ventrales.

Malgré son nom spécifique, l’œil est en général jaune, rarement rougeàtre.

Je posséde une variété érythrine. C'est un jeune exem- plaire des environs de Broxelles, analogue pour la couleur à la var. orfus de l'ide, et à la jaune du barbeau. L'ceil est rouge vif, le dessus de la tête rougeâtre, le dos brun-jau-

ASR AES MG TN TETN ve Vie

( 1057 )

nâtre, la dorsale et l'anale rouges, les autres blanches à rayons rouges.

Appartiennent comme synonymes, races ou variétés de l'erythrophthalmus, selon M. Fatio : *

L. corulescens, Yarrell.

macrophtalmus, id.

SOUS-GENRE I. LEUCISCUS, Cuv. (Leucos et Gardonus, Bp., 1846). Bouche terminale ou subinfére. Nageoire dorsale nais- sant au-dessus des ventrales. Dents pharyngiennes ramassées, recourbées, un peu ou non pectinées, sur un seul rang 6 ou 5—3 ou 6 (Fatio).

24. Leuciscus rutilus, L. Meunier rosse, D. 13 (12). A. 15-14. Super. VIH (VII). Infer. VI. Later. 45-46. En wallon Rossette, Blanc Pehon, En flamand Gewoone voorn. Leuciscus Sezysn, Heckel, Selys, F. Gin 27, pl. 6 Jeses, (excl. syn.), F. yod À

nuriLus, L., F. belge, 2

3 RUTILOIDES, Saj, F. belge, 30, j 7.

28, pl.

Très commun partout, excepté dans les ruisseaux de l'Ardenne.

Espéce trés variable. | D'aprés les études de von Siebold, Fatio, etc., il y a

lieu de supprimer presque toutes les espéces que l'on a D" SÉRIE, TOME XIV. 70

( 1058 ) établies à ses dépens, et de ne les signaler qu'à titre de simples races plus ou moins locales qui passent encore parfois de l'une à l'autre, probablement par le métissage. Telles sont celles qui figuraient dans la Faune belge en 1842, avec l'approbation de Hanau. Agassiz, Heckel et Valenciennes :

1* Leuciscus rutiloides, Selys à dos plus arqué, élevé, comprimé. Tête étroite. OEil plus petit, jaune pâle. Aucune des nageoires n'est jaune ni orangée. Ces cou- leurs sont remplacées par de l’ocracé terne, surtout aux ventrales et aux pectorales. Rare; observée dans la Meuse.

2 Leuciscus Selysii, Heckel. Corps peu élevé, presque cylindrique. OEil trés grand, jaune. Tête large. Le rouge des nageoires moins vif que chez le rutilus type. Le plus souvent orangé; dos bleuátre.

Cette forme est la plus commune dans les étangs de la Hesbaye. La grande largeur apparente de l’œil et le dos et le ventre amincis, peuvent étre en partie attribués à l'amaigrissement qui se produit dans ces parties à l'époque du frai.

Dans l'explication. des planches de la Faune belge, page 295, je disais déjà à propos de la planche 6 repré- sentant le Jeses et le Selysii : « Ces deux espéces, telles qu'elles sont figurées ici d’après nature, sont bien diffé- rentes quant à la proportion de l'œil et de la tête, et cependant, malgré l'opinion de M. Heckel sur leur diver- sité, je soupçonne toujours que le L. Selysii n'est qu'un état différent de la Jesse, peut-étre ce poisson au moment du frai, car j'ai trouvé dans les étangs à Long- champs-sur-Geer beaucoup d'individus que je ne sais à laquelle des deux espéces rapporter. Tous deux ont la méme formule numérique et les yeux jaunes. »

"v v U o 9? vy V

——"

( 1059 )

Le jeses, Selys (excl. syn.), se trouve dans les mêmes localités que le Selysii et lui ressemble par la coloration, mais l'eeil est plus petit et le corps plus épais. Ce serait une sous-variété, se rapportant peut-étre à la variété crassa, de Fatio, si ce n'est que ceux de cet auteur ont l'ail rouge comme la forme type 4;

4 Mon rutilus; L. (type) est apporté en grand nombre au marché de Bruxelles. Les yeux sont rouge-aurore, les nageoires ventrales et anale orangées, à rayons rouges, presque comme chez l’erythrophthalmus, On trouve aussi dans la Meuse cette forme. Le dos est verdâtre (bleuâtre chez le Selysii).

Selon Siebold et Fatio, il faut réunir au rutilus :

L. jaculus, Jurine. prasinus, Ag. decipiens, Ag. Selysii, Heckel. jeses, Selys. ruliloides, Selys, Valenc.

pallens, "rom

Sous-cENRE IV, SQUALIUS, Bonap.

Bouche terminale ou subinférieure, nageoire dorsale naissant au-dessus des ventrales. Dents pharyngiennes crochues au sommet, pectinées ou non, sur deux rangs : 5,5-5,5 (Fatio).

Bonaparte divise encore ce groupe, appelant celui du Chevaine Squalius, et appliquant le nom de Leuciscus (Sensi strictiori) à la vandoise (C. leuciscus L.).

( 1060 >

25, Leuciscus cephalus, L. Meunier chevaine. D. 10-11. A. 10-1 t. Super. VII. Infer. IV. Later. 45 En wallon Gvenne (Givenne, Gggg.) et Mouni. En flamand Schieter,

L. »osura, Cuv. -- F., belge, 24.

Trés commun dans la Meuse et ses affluents, mais pas dans les eaux dormautes ni les étangs; aussi dans les affluents supérieurs du bassin de l'Escaut, du Démer etc.

J'ai adopté maintenant le nom de cephalus, parce que c’est bien l'espéce de Linné, au dire des naturalistes suédois, tandis que son C. dobula est synonyme de son C. leuciscus (la vandoise).

Suivant Siebold et les auteurs récents, il faut réunir au cephalus

L. idus, Bloch (excl. synon.). dobula, Cuvier, Ag., Bp., Selys. jeses, Jurine. frigidus, Valenc. latifrons, Nilss. chlatratus, Blanch. meridionalis, Blanch.

26. Leuciscus grislagine, L. Meunier vandoise. D. 10-11. A. 1t. Super. VIII-IX. Infer. IV. Later. 51-55. En wallon Raiion et Raignon. En flamand Witvisch L. ancenraus, Ag., Selys, F. belge, 25.

Commun dans les riviéres d'eau vive et limpide comme l'Ouríhe, l'Ambléve, et aussi dans la Meuse et certains affluents supérieurs de l'Escaut. Rare dans le Démer.

L'espéce est assez variable d'apparence. J'avais cru

( 1061 ) d'abord y distinguer deux races, trouvant des exemplaires à bouche plus étroite, à corps plus comprimé et ayant en général moins d'écailles en hauteur (7 rangs supérieurs au lieu de 8), mais je n'ai pu constater de ligne de démarea- tion.

Les noms de Linné ayant la priorité, j'adopte celui de grislagine. Dobula du méme auteur y appartient égale- ment parait-il, mais il a l'inconvénient d'avoir été géné- ralement attribué au cephalus. Quant à la dénomination d'argenteus Ag., il faut bien y renoncer comme étant plus récente.

A cette espèce les auteurs rapportent :

L. Lancastriensis, Yarrell.

; AS. burdigalensis, Blanch. lepusculus, Heckel. chalybœus, Heckel. Bearnensis, Blanch.

GENRE : PHOXINUS, Ag. Véron. Ajouter aux caractéres : ligne latérale incompléte; dents phar$ngiennes un peu crochues an sommet, non pectinées ; sur deux rangs: 2,5-4,2 ou 2,4-4,2 (Fatio).

27, Phoxinus levis, Ag. Véron lisse. A. 10. A. 10. Super. XVII. Infer. XIV. Later. environ 88. En wallon Grevi, Trés commun dans la Meuse, l'Ourthe et les ruisseaux des Ardennes. Je l'ai vu également dans les flaques d'eau des tourbiéres aux environs de Bastogne.

TREES

( 1062 ) A Liège, dans la Meuse, il se plait au débouché des égouts.

GENRE : CHONDROSTOMA, Ag. Chondrostome.

Ajouter aux caractères : dents pharyngiennes en couteau plus au moins effilé; sur un seul rang, variables en nombre: 5-6; 7-7; ou 6-5 (Fatio).

28. Chondrostoma nasus, Chondrostome nase. D. 12-15. A. 13-14. Super. IX. Infer. VI. Later. 60-66. En wallon Hotiche (le jeune, Balowe, Gggg.). En flamand Neusvisch.

Excessivement commun au mois de mai dans la Meuse, l'Ourthe et autres affluents de la Meuse à fond pierreux; moins fréquent pendant les autres saisons.

VARIÉTÉ : Chondrostoma auratus, Schäfer (Mosel Fauna).

Corps brun-doré, ventre plus clair; écailles bordées de blanc argenté.

Un autre exemplaire, signalé par M. de la Fontaire, est analogue, mais il y a 15 rayons à la dorsale et à l'anale et 67 écailles sur la ligne latérale.

M. de la Fontaine dit que les pécheurs luxembourgeois donnent le nom de Goldmakrele à cette aberration, que l'on trouve quelquefois dans la Moselle et son affluent, la Sure.

( 1063 )

Famire Il. SALMONIDES. GENRE : COREGONUS, Artedi. Corégone. 29. Coregonus oxyrhynchus, L. €Corégone oxyrhynque Satwo Lavarsrus, Bloch. En flamand Houting.

Habite avec l'Éperlan l'embouchure de l'Escaut et les eaux saumâtres du canal de Terneuzen.

Il remonte accidentellement la Meuse. M. le professeur Édouard Van Beneden en a reçu un individu de taille rela- tivement grande, péché non loin de Liége. Ceux que j'ai recueillis au marché de Bruxelles se trouvaient mélés iso- lément dans les paniers d'Éperlans, avec quelques Gaste- rosteus aculeatus type, qui habite aussi les eaux sau- mátres.

Les autres espéces de Corégones habitent, au contraire, les laes profonds de la Suisse et du Nord.

GENRE : THYMALLUS, Cuv. Ombre. '50. Thymallus vulgaris, Nilss, Ombre commune. En wallon Ombe.

Se trouve dans quelques cours d'eau de l'Ardenne et du Condroz, tels que l'Ambléve, l'Aisne, affluents de l'Ourthe; l'Eau Noire, à Saint-Hubert, dépendant de la Lesse; le ruisseau d'Hamois, affluent du Bocq. Accidentellement dans la Meuse et dans l'Ourthe.

Le chaulage des terres est considéré comme principale cause de sa diminution et de son extinction partielle.

*

( 4064 )

N.-B. C'est par une fàcheuse distraction que, dans la Faune belge, en adoptant pour ce poisscn le nom spéci- fique vexillifer, proposé par Agassiz, je l'ai traduit en francais comme O. chevalier.

Le poisson nommé en francais Omble chevalier est du genre Saumon (Salmo umbla L. et Salmo salvelinus, id.). Il n'existe pas en Belgique, mais se rencontre accidentelle- ment dans la Moselle, descendant des lacs des Vosges. En ce moment, on essaie de l'aeclimater dans le nouveau lac formé par le barrage de la Gileppe.

GENRE : OSMERUS, Artedi. Éperlan. 51 £perlan ordinaire. Osmerus eperlanus, L. Commun à l'embouchure de l'Escaut, qu'il remonte en automne pour frayer parfois en amont d'Anvers. M. Van Beneden (père) cite Rumpst comme le lieu de la pêche principale de cet excellent petit poisson.

GENRE : SALMO, L. Salmone. On a voulu subdiviser le genre Salmo en autant de genres que nous possédons d'espèces, sur de légères diffé- rences dans la disposition des dents vomériennes. Il m'est

impossible de me rallier à ce système.

32. Salmo salar, L Salmone saumon, En wallon Sámon, le jeune âge, Ailon et Spiterai (Gggg., en ancien liégeois, Ancrawe (Gggg.). En flamand Zalm., Remonte réguliérement et en assez grand nombre la Meuse en automne, pour aller frayer dans ses affluents à fond pierreux, jusque dans l'Ardenne, lorsque les moulins à eau ne l'en empéchent pas.

( 1065 )

Le nombre des saumons a singulièrement diminué depuis l'établissement des barrages et la canalisation d'une partie de la Meuse. On s'occupe de l'établissement d'échelles à saumons aux barrages, pour obvier à ce grave préjudice causé à une péche qui était fort lucrative. Il est trés rare que le saumon remonte l'Escaut.

Ceux que les mœurs du saumon intéressent trouveront tous les renseignements voulus dans le livre de M. Gens sur la pisciculture (voir les notes bibliographiques).

Note. Salmo trutta, L. Siebold. Salmone saumonée, Vulgairement Truite de mer, Truite saumonée.

Sarwo argenteus, Valenciennes, Sazmo LacustRis et Samo TRUTTA, L.

Une grande confusion existe relativement à divers pois- sons appelés vulgairement Truites saumonées.

Il est encore très douteux si le S. rutta qui habite la mer et remonte les riviéres pour frayer se rencontre dans la Meuse. C'est possible, mais ce n'est pas bien constaté. On le confond peut-être avec le saumon à l'époque (fin automne) la chair de celui-ci est trés pâle.

Le poisson que les pécheurs de nos ruisseaux appellent Truite saumonée est tout bonnement la truite ordinaire, mais à chair un peu jaunâtre ou rose. On ne connait pas bien la cause de cette coloration, qui n'est pas rare et qui S'observe chez des individus pris au milieu de cenx à chair blanche, dont ils ne diffèrent nullement sous d'autres rapports Ilestà remarquer d'ailleurs que M. Van Bemmelen ne l'admet pas parmi les poissons des cótes de Hollande. .

( 1066 )

55. Salmo fario, L. Salmone truite, En wallon Treutte.

Espèce commune autrefois dans tous nos cours d’eau à fond pierreux du bassin de la Meuse.

Aujourd'hui elle a tout à fait disparu de la Vesdre à cause de l'empoisonnement de l'eau par les fabriques de Verviers; elle a été chassée de la Sambre de la même manière; mais elle existe encore dans différents ruisseaux de la rive droite de la Meuse, notamment dans la Berwinne, l'Ourthe, l'Ambléve, le Bocq, la Lesse, la Semois et d'autres cours d'eau du Luxembourg.

On. connaît des variétés obscures (S. sylvaticus) et d’autres pâles.

Pour des détails sur cette espèce, je renvoie également à l'ouvrage de M. Gens sur la pisciculture.

Fazze I. CLUPÉIDES. GENRE : ALOSA, Cuv. Alose. 54. Alosa vulgaris, Cuv, Alose commune.

En wallon Aloïe et Abeye, à Namur, Oubie, En flamand Elfte.

Remonte la Meuse en grand nombre du 10 avril au commencement de mai. Elle était fort commune à Liège à cette époque avant l'établissement des barrages et arrivail jusqu'à Huy, parfois jusqu'à Namur. Comme elle ne peut plus franchir ces obstacles, on ne la péche plus qu'eu des- sous du barrage de Visé, et bon nombre de celles qui se vendent à Liège proviennent de la Meuse hollandaise. Elle se trouve aussi dans le bas Escaut.

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( 4067 )

55. Alosa finta, Cuv. Alose finte. En flamand Meyvisch (Schot à la Panne).

Très commune dans l'Escaut qu'elle remonte dans le mois de mai, un peu plus tard que l'alose commune; M. Van Beneden constate que l'on en prend aussi à la côte et dans l'arriére port d'Ostende, et que les petits poissons connus à Ostende sous le nom de Scardegnes, que l'on prend en abondance à l'estacade du port, ne paraissent étre en général que des jeunes de cette espéce.

Il la signale aussi dans la Meuse, probablement dans la basse Meuse; car les péchenrs à Liége ne connaissaient qu'une sorte d'alose.

Comme le dit le professeur Blanchard, Cuvier, le pre- mier, distingua la finte qui se caractérise par sa forme plus allongée, ses dents plus fortes aux deux mâchoires, et cinq ou six taches noires le long des flancs. M. Blan- chard appuie avec raison la séparation d’après l'observa- tion de M. Troschel, professeur à Bonn, qui reconnut que chez la finte les ares branchiaux portent un nombre de lamelles bien moins considérable, 39 à 43 chez les deux premiers, 55 à 34 sur le troisième, 23 à 27 sur le qua- trième ; tandis que chez l'alose commune il y en a 99 à 118 sur le premier are, 96 à 112 sur le deuxième, 74 à 88 sur le troisième, enfin 56 à 65 sur le quatrième.

( 1068 :

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Famnze IV. ÉSOCIDES. GENRE : ESOX, L. Brochet. 56. Esox lucius, L. Brochet commun. En wallon Béchet, En flamand Snoek.

Se trouve dans les rivières et les étangs de toute la Belgique.

Famire V. MURÉNIDES. GENRE : ANGUILLA, Cuv. Anguille. 57. Anguilla vulgaris, Cuv. Anguille commune,

En wallon Aweïe, En flamand Paling et Aal.

Commune dans toutes les eaux, également sur la cóte et à l'embouchure de l'Escaut.

On eroit généralement que la reproduction n'a lieu que dans l'eau salée ou saumátre, descendent à la fin de l'automne beaucoup d'anguilles; cependant, M. le profes- seur Van Beneden pense qu'elles se reproduisent égale- ment dans l'eau douce, qu'elles sont ovovivipares et déposent leurs jeunes dans une espéce de nid au milieu de la vase.

Je n'ai pas connaissance toutefois qu'on ait jamais trouvé dans nos étangs ni dans nos riviéres supérieures ces filaments si petits qu'on appelle la montée, qui sont de très jeunes anguilles et qui se voient par myriades au printemps à l'embouchure des fleuves dans les eaux saumâtres.

Dans des étangs sans issue l’on place de jeunes

( 1069 ) anguilles, elles y prospérent et deviennent énormes, mais ne produisent pas. Dans ceux qui ont une communication avec une riviére ou un ruisseau, de jeunes anguilles ont l'instinet de pénétrer, mais toujours aprés avoir atteint une certaine taille, au moins celle de la petite lamproie.

Dans la Faune j'ai admis comme espèces les trois formes acutirostris, mediorostris et latirostris, démembrées de la vulgaris par Yarrell. On a méme poussé plus loin encore la subdivision en espéces.

Mais des intermédiaires existent dans la forme apparente de la téte et des máchoires, de sorte que Siebold ne recon- nail qu'une seule espèce; Günther en admet deux : la vulgaris (acutirostris) et la latirostris, s'appuyant princi- palement sur la situation du commencement de la nageoire anale et sur le développement des lévres.

Je ne me permets pas d'émettre une opinion entre ces deux grandes autorités.

ORDRE IV. GANOIDES. Fame : ACIPENSERIDES.

GENRE : ACIPENSER, B. Esturgeon.

58. Acipenser sturio, L. Esturgeon ordinaire.

Commun à l'embouchure de l'Escaut et de la Meuse, qu'il remonte au printemps, assez souvent jusqu'à Liège et quelquefois plus haut.

N. B. Rien n'est venu confirmer l'apparition d'une seconde espèce, que feu le D" Constant Van Haesendonck pensait avoir vue à Anvers, et que j'avais d'abord soup- conné pouvoir se rapporter à lA. latirostris de Yarrell et Parnell.

( 1070 )

Note.

Aucun poisson de l'ordre des Plagiostomes n'habite les eaux douces de la Belgique. Cependant, M. le professeur Édouard Van Beneden a constaté à Liége méme la capture d'un jeune individu de la Raie bouclée (Raïa clavata, L.).

C'est un fait accidentel fort curieux.

ORDRE V. CYCLOSTOMES.

Fauinue: PETROMYZONIDES. GENRE : PETROWYZON, L. Lanproie. 59. Petromyzon marinus, L. Lamproie de mer. En flamand Zeelamprey.

C’est un poisson de mer qui remonte assez souvent l'Eseaut et méme la Meuse belge en avril et mai. M. Van Beneden mentionne qu'on l'a pris aussi dans le Démer; M. Van Bambeke m'indique qu'on l'a trouvé accidentel- lement dans la Lys.

Le jeune àge est encore inconnu.

40. Petromyzon fluviatilis, L. Lamproie de rivière. En wallon Amproie, En flamand Ragenoog.

Se trouve dans la Meuse, l'Ourthe, l'Escaut et quelques- uns de leurs affluents. Peu commune. Rare dans le Démer. On ne connait pas le jeune âge.

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. N. B. M. le professeur P.-J. Van Beneden (Bullet. Acad. Belg., 1875, M, p. 549, fig. 1-5) a décrit une espèce nouvelle de Lamproie qu'il a dédiée a feu M. d'Omalius, sous le nom de Petromyzon Omalii. Elle est commune, dit-il, entre Nieuport etla Panne, et feu M. Eug. Coemans l'a vue à Blankenberghe. Les pécheurs de crevettes la prennent communément dans leurs filets. M. Malm l'a trouvée en Norwége.

Cette forme, qui n'a pas encore été observée dans les eaux douces, est voisine de la fluviatilis. M. Günther pré- tend méme qu'elle n'en est pas spécifiquement distincte. Les pécheurs belges la nomment en flamand Lamprey, et Prikkel.

Dans ses additions à la faune ichtyologique de nos cótes (Bullet. Acad., 1885), M. le professeur Édouard Van Beneden fils dit, à propos de l'opinion de Günther et d'autres ichtyologistes : « J'hésite beaucoup à croire que ces doutes (sur la validité de l'espéce) soient fondés. e P. Omalii a un tout autre facies que le fluviatilis. Il a le corps comprimé transversalement; il a du côté du ventre et des flancs des reflets argentés trés accusés; la téte est comprimée et beaucoup plus petite que chez le flnviatilis. La bouche a une autre forme et une autre position; les papilles labiales sont trés différentes. » Il donne ensuite des renseignements sur la taille, qui varie de 13 à 59 centimétres, et sur les organes sexuels qui, chez le plus grand, n'étaient encore qu'au tiers de leur dévelop- pement, de sorte que chez cette espèce (si elle subit une métamorphose) l'adulte continuerait à s'accroitre. L'intes- tin est aussi trés large, tandis qu'il est trés gréle chez le fluviatilis.

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( 1072 )

M. Édouard Van Beneden étant un excellent observa- teur, je suis fortement porté à croire à la validité de l’es- pèce, qui assez probablement sera observée plus tard dans le bas Escaut, ce qui lui donnerait droit à figurer parmi nos poissons de rivière.

41. Petromyzon branchialis, L. Lamproie branchiale. En wallon Trawpire (Troue pierre). Psrromyzon Praneni, Bloch., Selys, F. belge, no 52 (Adulte). ÅMMOCÆTES BRANCHIALIS, L. Selys, F. belge, 53 (Larve).

Habite la Meuse et une partie de ses affluents; je lai trouvée jusqu'aux environs de Virton dans les eaux cou- rantes. Commune dans le Bocq. Également dans certains affluents de l’Escaut, Dyle, Démer. Pas encore observée dans la Lys.

L'adulte s'attache aux pierres, surtout à celles des bar- rages el des vannes, en s'y fixant par sa bouche formant ventouse à la manière des sangsues.

La larve, dontla bouche a une toute autre conformation, a été décrite par Linné sous le nom de P. branchialis, nom spécifique qui a la priorité sur celui de Planeri, Bloch. Duméril a constitué pour cette larve le genre Ammocetes. C'est à M. Aug. Müller que l'on doit la découverte inatten- due de la métamorphose étonnante que subit cette espèce et qui a lieu sans doute aussi chez les autres Petromyzon. Cette larve ressemble à un ver de terre et se tient dans la vase pendant deux ou trois ans, puis la métamorphose s'accomplit en peu de temps. L'adulte transformé fait sa ponte et meurt probablement bientót aprés.

Dés 1808 (dans le Journal de physique, de chimie et d'histoire naturelle de Paris, page 549), M. d'Omalius d'Halloy a publié un mémoire sur la Planeri et la bran-

( 1073 ) chialis, dont il avait observé les mœurs dans le Bocq à Halloy. Il fit connaitre la grande différence dans les formes et les habitudes de ces deux espèces nominales, dont on n'a constaté que cinquante ans aprés l'identité spécifique, par la découverte de ce genre de métamorphose, unique jusqu'ici parmi les poissons.

HT.

CYPRINIDES HYBRIDES. A. Cyprinus carpio, L. x Cyprinopsis carassius, L. D. 23. A. 8-9. Super. VII-VIII. Infer. VI. Later. 56.

YrniNUs Korranir, Heckel, Blanchar - srüiaTUS, Holandre; Selys, F. i 15, pl. IX.

Canasso-Cypnixu RE em Fatio. Vulgairement, Carpe blanche ou bâtardée. En wallon, Moldusse (Gggg.j Ces hybrides sont assez communs dans les étangs se trouvent ensemble le C. carpio et le C. carassius. Leur dos est moins élevé lorsqu'ils proviennent de la race gibelio du carassius. Tel est l'exemplaire que j'ai figuré dans la Faune belge sous le nom de striatus olandre. Le C. Sieboldii, Heckel, provient de la variété rex cypri- norum du C. carpio. Les barbillons sont excessivement courts. L'une des deux paires est parfois tout à fait atrophiée. Valenciennes et Blanchard n'ont pas eru à l'hybridité.

Heckel forme un genre spécial pour cet hybride, sous le nom de Carpio.

Ó"* sÉRIE, TOME XIV. 11

( 4074 )

B. Cyprinus Carpio, L. x Cyprinopsis auratus, L.

J'ai vu ce produit dans un étang, à Hontaine (province de Namur), chez M. le baron d'Huart.

Il atteint une taille plus forte que le poisson rouge de la Chine (C. auratus). Il possède de petits barbillons. Sa cóloration est d'un brun doré plus rougeátre que la carpe.

M. Géhin l'a également observé.

C'est ici le lieu de noter que le Cyprinopsis auratus, L. s’acclimate facilement dans nos étangs, et se multiplie abondamment surtout dans les bassins dont l'eau à une température assez élevée. Je n'ai pas numéroté cette espéce parmi celles de notre Faune, parcequ'elle a été importée de la Chine et n'existe pas à l'état spontané dans nos cours d'eau.

C. Cyprinus Carpio, L. x Tinca Chrysitis, Agassiz.

M. Émile Gens (dans son rapport sur l'Exposition de Berlin en 1880) en a vu des exemplaires produits artificiel- lement chez M. Robert Echardt, à son établissement de pisciculture de Lubhinchen, prés de Guben.

N.-B. Pas encore observé en Belgique.

D. Abramis brama, L. x Leuciseus erythropthalmus, L. D. 15, A, 20-21. Super. X-XI. Infer. V. Later. 48.

Bleuàtre en dessus, blanchâtre sur les côtés et en dessous. Dorsale gris clair; lobes de la caudale mélés d'ocracé au bout; anale gris pâle, un peu ocracée au bord basal, ainsi que les ventrales. Pectorales un peu olivàtres.

( 1075 )

Museau peu renflé, mâchoires égales, la bouche fendue vers le bas comme chez l'erythrophthalmus. OEil blanc jaunâtre clair, avec une tache supérieure foncée, compris deux fois entre son bord postérieur et celui de l'opercule. Corps modérément MODE Dos peu tranchant; sa crête bien garnie d'écailles.

La position de la nageoire dorsale rappelle l'erythroph- thalmus, étant plus en arrière que chez l'hybride de brama avec rutilus, dont il diffère encore par la tête plus courte, l'œil plus grand et les deux mâchoires égales.

J'en ai observé quelques exemplaires dans l'étang à Longchamps-sur-Geer, depuis que j'y ai introduit lA.

brama. ^

E. Abramis brama. x Leuciseüs rutilus, L. D. 12-15. A. 18-20. Super. X (rarement XI\. Infer. V. Later. 48-53.

Asrams Leucxarri, Heck. Vanlen

A. Hzcksrr, Selys, F. belge, 55, LAN

Cyrrus Buccennaent, Bloch. Valence. MNA Asnaurporsis Leucxarri, Siebold.

Leucisco-asnams RUTILO- BRAMA, Fatio.

Se rencontre assez souvent dans nos rivières et nos étangs. En 1849, je l'ai décrit comme espèce nouvelle sur l'avis de Heckel, qui le croyait distinct de son Leuckarti, parce qu'il lui trouvait le corps plus svelte, le dos moins arqué et le nez plus charnu.

Maintenant on sait que l’un et l’autre ne sont que des croisements de brama et de rutilus. I a paru dans mon étang, à Longchamps-sur-Geer, peu d'années après l'intro- duction du brama. Il faut ajouter comme un des caractères propres à le distinguer de brama, l'absence de ligne dénudée sur le dos.

( 1076 )

? F. Abramis brama, L. x Aspius alburnus, L.

M. Géhin parle d'un poisson que les pêcheurs de la Moselle appellent Ablette-bréme qui, selon eux, n'est qu'un métis de l'alburnus et du brama et qui serait beau- coup plus haute que l'alburnus. Elle atteindrait, selon Holandre, 6 pouces sur une hauteur de 1 pouce 4 lignes. On la péche souvent dans les fossés de Metz et dans la Moselle. Il ajoute qu'elle doit être identique avec mon alburnoide. En cela il y a erreur, la race que j'ai nommée ainsi n'ayant pas le corps notablement plus élevé que le type.

Ciest probablement un hybride, comme le pensent les pêcheurs.

G. Abramis bjorkna, L x Leuciscus erythrophthalmus, L. D. 11. A. 19 (20). Super. VIII, Infer. V. Later. 44.

ABRAMIS ABRAMORUTILUS p Holandre. Buiccorsis ABRAMORUTILUS, . Briccorsis eRYrHRoPHTHALMOIDES, Jäekel. ABRAMIS CENOMANENSIS, Anjubault (in litteris). SCARDO-BLICCA ERYTHRO-BJORENA,

Apparence du Leuciscus erythrophthalmus, mais le rouge des nageoires ventrales et pectorales terne. Museau pointu (non renflé comme chez le bjorknaæt le rutilus). Màchoires égales, houche penchée en bas. OEil grand, blanc jaunètre.

Nageoire dorsale commençant un peu après le niveau des ventrales. Dorsale et anale enfumées, les pectorales gris pâle, ventrales et anale rougeátre terne; cette dernière fort pointillée de noiràtre, surtout à sa base. La ligne médiane du dos et la caréne ventrale couvertes par les écailles. Dents pharyngiennes sur deux rangs, pectinées

( 1077 ) ou denticulées, moins fortement que chez l'erythroph- thalmus.

J'ai recueilli quelques individus au marché de Bruxelles. Feu M. Anjubault, du Mans, m'en a adressé des exem- plaires de la Sarthe. C'était un observateur excellent qui avait parfaitement distingué (mais comme espèces distinctes) les hybrides marqués E, G, H de cette notice. En 1855 il publia les poissons qu'il connaissait alors, dans le département de la Sarthe.

H. Abramis bjorkna, L. x Leuciscus rutilus, L. D. 11. A. 18. Super. VIII, Infer. V. Later. 45-46.

ABRAMIS ABRAMORUTILUS, Holandre (Pars), Blanchard. A. Buccennacn, Selys, F. belge, 54 (nec Bloch.) Brıccorsis asramoruTiLus, Siebold.,

Lxvcisco-Bricca nvriLo BJIoRENA, Fatio,

Ressemble beaucoup à l'hybride de Bjorkna et d'ery- throphthalmus, mais ee dernier a la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure, le museau moins obtus et la nageoire dorsale placée plus en arriére; enfin les dents pharyngiennes sur deux rangs et bien pectinées. Ici, au contraire, elles sont sur un rang ou deux rangs selon les individus, d'aprés Fatio; les principales un peu crochues avec un sillon médian et peu ou pas pectinées.

Selon M. Fatio, cet hybride et le précédent ont été confondus par Holandre et même par Siebold.

J'en ai rencontré quelques exemplaires au marché de Bruxelles.

( 1078 )

I. Abramis Bjorkna, L. x Aspius alburnus, L. D. 11. A. 22. Super. VIII. Infer. IV. Later. 47.

Brıccorsıs aLsurNiFoRmIS, Siebold, page 108.

M. le professeur von Siebold mentionne un poisson dont il trouva un exemplaire au marché de Kænigsberg en septembre 1860. Il lui sembla intermédiaire entre bjorkna et alburnus. Il était long de 5 !/, pouces sur 4 1/, de haut. Il le désigne dans cette note sous le nom de Bliccopsis alburniformis. La direction de la bouche est ascendante sans aucune échancrure à la mâchoire supé- rieure et sans renflement au menton. Le corps ramassé parait trés comprimé. Le dos n'a pas de créte nue, tandis que la caréne ventrale montre une raie sans écailles.

Les dents pharyngiennes dans la formule 2,5 5,2 de méme que le nombre des écailles rappellent l'hybride entre bjorkna et rutilus, tandis que les rayons des nageoires dorsale et anale, comme le profil aprés la nageoire posté- rieure, le rapprochent de l'alburnus.

J. Leuciscus erythrophthalmus, L. x Leuciscus rutilus, L. D. 15 (52-10). A. 12 (24-10). Super. VIII, Infer. IV. Later. 45.

ScanpiNopsis anceps, Jäek ScARDINOPSIS AMPHIGENUS, ii: Congres de Chartres, 1869.

^ L Lzvcisco SCABDINIUS R P Fati

Différe extérieurement de rutilus par le corps plus com- primé, la bouche assez ascendante (moins que chez l'ery- throphthalmus) et la dorsale commençant deux écailles plus loin que le niveau des ventrales. J'ai rencontré ces exemplaires dans l'étang à Longchamps-sur-Geer, produits par le croisement de l'erythrophthalmus avec la race

$

[1079 Selysii du rutilus. Comme coloration ils différent de cette race par les nageoires ventrales et anale rouge vif (orangé chez le Selysii), le dos verdâtre, l’œil jaune vif. C'est ce croisement que j'ai signalé sous le nom d'amphigenus. (Congrés de Chartres.)

J'ai trouvé aussi un exemplaire qui se rapprochait davantage de l'erythrophthalmus par la dorsale de onze rayons seulement, mais reconnaissable toujours par cette dorsale placée moins en arrière.

M. Jàckel, qui a étudié avec soin cet byki, dit que les dents pharyngiennes sont variables, étant parfois sur un rang, d'autres fois sur deux rangs; les principales sont plus gréles que chez le rutilus; leur couronne généralement pincée et pectinée.

Ses exemplaires n'ont que onze rayons à l'anale, sept rangs supérieurs d'écailles et quarante à quarante-deux à la ligne latérale. Les nageoires ventrales et anale jaune rougeâtre. [ls proviennent du rutilustypeet de lerythroph- thalmus; c'est ceux-là auxquels il a donné le nom d'anceps.

K. Leuciseus erythrophthalmus, L. x Aspius alburnus, L.

D, 11. A. 17-18. Super. VIII Infer. IV. Later. 45-46.

Leuciscus Rosenmaver, Jäckel. ScarDo-ALBURNUS ERYTHRO-LUcIDUS, Fatio.

Bouche ascendante,à màchoire inférieure fort redressée, plus longue que la supérieure, qui est un peu échancrée. Yeux assez grands, blanc verdàtre avec une tache supé- rieure foncée; tout l'iris pointillé d'obscur ainsi que l'opereule et l'espace entre les écailles (peut-étre effet de la saison printaniére).

Dessus du corps verdâtre, les côtés et le dessous blanc

( 1080 ) assez argenté. Dorsale et caudale olivàtres; pectorales plus pàles; ventrales à peine ocracées; anale notablement jaune orangé à son bord ventral et dans sa première moitié. La dorsale commençant 3-4 écailles plus loin que les ventrales.

Cet hybride est impossible à confondre avec la van- doise (Leuc. grislagine) dont il a assez la stature, si l'on considère sa bouche ascendante à mâchoire inférieure plus longue que la supérieure, son corps plus comprimé et les rayons nombreux de la nageoire anale (17-18 au lieu de 11). |

Distinete de l'hybride dolabratus par ce grand nombre de rayons à l'anale, de l'idus par ce méme caractère la bouche ascendante et le petit nombre d'écailles de la ligne latérale.

Je n'ai rencontré que trois exemplaires de ce rare croi- sement. C'était au printemps, au marché de Bruxelles.

L. Leuciscus cephalus, L. x Aspius alburnus, L. D. 11. A. 14. Super. VIII. Infer. IV. Later. 44-45.

Levciscus pocasrarus, Holandre ; Selys, F. belge, 25, pl. 5. ArsunNUs porasnaíTUs, Siebold, Blanchard.

ALBURNUS DOBULOIDES, Günther.

Sovario -ALBURNUS CEPHALO-LUCIDUS, Fatio.

Ressemble beaucoup à l'Aspius alburnus, mais s'en dis- tingue bien par la máchoire inférieure ne dépassant pas la supérieure, et la nageoire anale plus courte (14 rayons au lieu de 19-21).

Signalé d'abord par Holandre dans la Moselle et ses affluents.

( 1081 )

M. Leuciseus grislagine, Ag. x Aspius alburnus, L. Squaricis Axivsavrri, Selys, Congrès scient. de Chartres, 1869, page 113.

Feu M. Anjubault, naturaliste trés distingué du Mans, auteur d'une Revue des poissons de la Sarthe m'a envoyé en 1860 différents poissons de cette riviére parmi lesquels il avait déterminé les hybrides dolabratus (du cephalus et de l'alburnus).

Le professeur Siebold les ayant examinés chez moi, en 1867, a reconnu que l'un d'eux y appartenait en effet; mais qu'un autre, par le diamétre de la téte et la bouche plus étroite, ainsi que par la forme des nageoires anale et dorsale, appartenait à un croisement non encore décrit entre le L. grislagine et l'alburnus; c'est pourquoi je l'ai signalé au Congrès scientifique de Chartres en 1869 en le dédiant à M. Anjubault.

D'aprés le systéme de nomenclature de M. Fatio, on devrait le nommer Squalio-Alburnus leucisco-lucidus.

N. Chondrostoma nasus, L. x Leuciscus cephalus, L.

D. 11-12, A. 12, Super. VII-IX. Infer. III-IV. Later. 52.

SQUALIO-CHONDROSTOMA cePHALO-NASUS, Fatio, pages 706 à 723.

Cet hybride n'a pas encore été observé en Belgique, mais il est presque certain qu'il doit s'y produire, car les deux espéces parentes sont communes dans la Meuse, et, d'aprés les renseignements fournis à M. Fatio, il n'est pas trés rare dans le haut Rhin, à Bâle. Cet auteur a donné de longues et judicieuses descriptions de trois individus, un peu différents les uns des autres, qu'il a examinés. Je ne puis mieux faire que de renvoyer à son ouvrage pour les détails.

Qu'il me suffise de dire que le museau et la bouche sont plus ou moins intermédiaires, se rapprochant cependant

( 4082 ) davantage de ceux du nasus. ll en est de méme du nombre des rayons des nageoires dorsale et anale. Les rangées d'écailles sont dans le méme cas, et le nombre pour la ligne latérale est franchement intermédiaire ; 45 chez le cephalus. 52 chez l'hybride. 60 chez le nasus.

D'autres hybrides sont encore mentionnés parmi les Cyprinides européennes, notamment par MM. Siebold, Günther et Fatio dans leurs ouvrages respectifs; mais comme les espéces dont ils sont issus ne se trouvent pas en Belgique, ce n'est pas le lieu d'en donner le signalement. L'un des mieux connus est le croisement du nasus et du Leuciscus Agassizii. ll a été décrit comme espéce par Agassiz sous le nom de Chondrostoma rysela.

Günther décrit encore :

Alburnus Alborella. X Leuciscus aula,

A. alborella. x L. ukliva.

Chondrostoma polylepis. X Barbus Bocagei. Ch. polylepis. X Leuciscus Arcasii.

Ch. Miegii. x Barbus Graellsii.

L'Abramis erythropterus, Agassiz, décrit par Valen- ciennes, d’après un dessin, est probablement, selon Fatio, un hybride d'un Abr. Bjorkna avec un autre genre de Cyprinide. Sa formule est celle-ci :

D. 10. A. 15. Super. VI. Infer. VI. Later. 40.

Mais si le nombre des rangées d'écailles figurées sur le dessin est exact, il serait absolument insolite en tant qu'Abramis. Je dois croire que le dessinateur s'est trompé; je suis porté à penser que le dessin est inexact et que le prétendu Abr. erythropterus est une simple variété de l'erythrophthalmus. Le nombre de rayons me semble Pindiquer.

QUELQUES NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

ll est à propos, pour terminer cette revision, de fournir quelques renseignements sur différents ouvrages, mémoires Ou notices, que j'ai eu à consulter relativement aux pois- sons d'eau douce qui se trouvent en Belgique; en com- mençant par ceux qui ont été écrits et publiés chez nous.

Je parlerai ensuite de plusieurs publications relatives aux poissons du Bassin de la Moselle, dont certains affluents prennent leur source dans nos Ardennes; puis de la Hollande, vers laquelle nos deux fleuves, la Meuse et l'Escaut, se dirigent.

Enfin je citerai un petit nombre d'ouvrages généraux concernant la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Angleterre.

ll ne s'agit pas, on le voit, d'une véritable bibliographie, mais simplement d'appeler l'attention sur ce qui sera le plus utile à étudier pour les Belges qui voudraient s'occu- per encore de nos poissons d'eau douce.

Il est presque certain que l'on ne rencontrera plus d'es- pèces à ajouter au présent catalogue, mais il reste encore beaucoup à faire pour l'étude des races ou variétés locales et surtout pour celle des hybrides (dont la liste est sans doute incomplète). ll y a aussi à rechercher l'origine sexuelle de chacun d'eux, puisque l'on doit croire qu'ils se produisent en partie double, ainsi que je l'ai expliqué dans le discours préliminaire.

( 1084 )

BELGIQUE.

Epu. DE SELYS LONGCHAMPS.

FAUNE BELGE. 4"° partie. Indication méthodique des Mammifères, Oiseaux, Reptiles et Poissons observés jusqu'ici en Belgique. Liège 1842. (La partie n’a pas paru).

Quoiqu'une révision détaillée de nos poissons ait été donnée plus haut, je pense utile de cumuler ici le sommaire des Addilions et rectifications qu'il y a à faire à la Faune de 1842, pour l'usage des personnes qui la possèdent. 1l s’agit des poissons d'eau douce, qui sont énumérés dans les pages 185 à 229. Leur total s'éléve à 55 espéces.

I| faut commencer par éliminer les numéros suivants, qui sont de simples races :

12. Cyprinus regina, Bp. (Race de C. carpio). ` M. C. elatus, Bp. (Race de C. carpio). 16. C. gibelio, Bl. (Race de Cyprinopsis carassius). 17. C. moles, Ag. (Race de Cyprinopsis carassius). 26. Leuciscus neglectus, Selys (Var. de L. idus). 27. L. Selysii, Heckel (Race de L. rutilus). 28. L. jeses, excl. syn. (Race de L. rutilus). 50. L.rutiloides, Selys (Race de L. rutilus). 92, Aspius alburnoides, Selys (Var. d'A. alburnus). A1. Salmo trutta, L. (Apparition non constatée). 47-48-49. Les trois espèces d'Anguilla ne sont peut-être que des races d’À. vulgaris.

( 1085 ) Il faut également écarter les suivants qui sont des hybrides :

45. Cyprinus striatus, Holandre (C. carpio x C. carassius). 25. Leuciscus dolabratus, Hol. (L. dobula X A. alburnus). 94. Abramis Buggenhagii (abramorutilus, Hol. = Abramis blicca X Leuciscus rutilus). 95. A. Heckelii, Selys (Leuckarti, Heck. = Abramis bra- ma x Leuc. rutilus, b

Le genre Ammocætes étant reconnu maintenant comme fondé sur la larve du Petromyzon Planeri, Bloch, le 52 est à supprimer. Mais le nom de Planeri étant plus récent que celui de branchialis de Linné, l'espèce doit s'appeler P. branchialis.

Au contraire, il faut ajouter aux poissons d'eau douce :

Leucaspius delineatus, Heckel, et les deux espèces ana- dromes des eaux saumâtres : Osmerus eperlanus, L., et Coregonus oxhyrhynchus, L. qui dans la Faune sont pla- cées à l'Appendice parmi les poissons de mer 35 et 36.

Peut-être aussi le Petromyzon Omalii, P.-J. Van Beneden, s'il remonte dans l'Escaut, et s’il est réellement distinct du P. fluviatilis.

En janvier 1845 (Revue zoologique publiée par M. Guérin Meneville), j'ai publié une lettre ayant pour objet la recti- fication de plusieurs erreurs qu'avait commises M. Valen- ciennes dans le tome XVII de son Histoire des poissons, qui venait de paraitre, à propos de différentes Cyprinides de ma Faune belge, dont je lui avais communiqué les types.

( 1086 )

En 1854, dans un discours prononcé à l'Académie Sur la Faune de Belgique, je n'ai rien changé à ce que j'avais publié dans la Faune. M. le professeur Cantraine m'avait indiqué par erreur l'Aspro vulgaris qui figure aux addi- tions. Il faut l'effacer.

En 1867, dans un autre discours académique Sur la pêche fluviale en Belgique, „jai déjà indiqué presque toutes les corrections à faire à la liste de 1842, en élimi- nant les simples races et les hybrides, comme je le fais aujourd'hui. |

Les indications sur les mesures à prendre pour s'oppo- ser à la destruction du poisson sont encore à recommander. Seulement j'ai parlé des poissons de la riviére du Geer au moment ils allaient disparaître. Il n'y en a plus.

Au Congrès scientifique de Chartres en 1869 (Chartres, 1870), j'ai donné (page 110) une liste rectifiée de nos Cyprinides, les répartissant en trois catégories :

20 espèces trés certaines ;

9 races ou variétés locales;

9 hybrides, dont plusieurs n'avaient pas été signalés jusque-là.

Dans le Bulletin de la Société nationale d'acclimatation de Paris (mars 1885) se trouve un article que j'ai publié Sur le repeuplement des cours d'eau en Belgique. ll avait pour objet de faire connaitre l'état de la question en Bel- gique : pisciculture; causes du dépeuplement; appuyant sur le résultat de la corruption des eaux par les résidus

wf eorr ad

( 4087 ) industriels ; enfin, appel à l'attention des hommes compé- tents sur un prix que j'ai mis à la disposition de l'Académie pour obtenir la solution de cette question, sans laquelle toute autre mesure restera inefficace.

Avant 1842, il a paru deux listes des poissons de la province de Liège. La première par le botaniste RICHARD COURTOIS dans ses Recherches sur la statistique de la pro- vince de Liège (Liège 1828). Cet auteur indique 23 espèces avec jes noms wallons. Ce n'est pas complet, mais c'est exact. On voit qu'à cette époque la Truite pouvait encore vivre dans les eaux de la Vesdre.

La seconde liste fournie par ALExawpRE CARLIER, conservateur de l'Université de Liége, se trouve dans le Dictionnaire géographique de la province de Liége, publié par Philippe Van der Maelen (Bruxelles, 1851). Elle con- tient 55 espèces; c’est le fonds de celle de Courtois com- plétée par l'auteur et par l'indication de quelques espéces que je lui ai indiquées.

M. le professeur P.-J. VAN BENEDEN a publié des Mémoires d’une grande importance sur les poissons de mer de nos cótes.

Le premier : Les poissons des cótes de Belgique et leurs commensaux (Mém. DE L'Acap£mmg, t. XXXVII, 1870), fait avec tout le soin qui caractérise les travaux de notre illastre confrére, comble un grand vide; car dans la Faune

elge je n'avais été à méme de donner qu'une liste trés incompléte de nos poissons de mer, 41 espéces en tout, dont quelques-unes y sont inscrites à tort. M. Van Deneden en signale plus de 90.

( 1088 )

Dans un second travail, l’article : Poissons et Pêche (publié en 1873 dans la ParRiA BELGICA de M. Eug. Van Bemmel) il entre dans de nouveaux détails sur les espéces marines, leur péche et le commerce auquel elle donnent lieu. Quant aux poissons d'eau douce qui y figurent éga- lement, l'auteur ne les signale que briévement. Ce sont les mêmes que celles que j'ai mentionnées dans la Faune belge, si ce n'est qu'il n'a pas eru devoir parler de ceux des Cyprins qui ne sont que des races locales, des variétés ou des hybrides. On peut regretter qu'il n'en ait pas donné la synonymie et la critique. 1! faut au contraire se féliciter de ce qu'il ait été à méme de donner les noms vulgaires en flamand pour tous nos poissons marins et fluviatiles.

En 1885, M. Én. VAN BENEDEN a publié dans les BULLETINS DE L'ACADÉMIE une notice: Additions à la Faune ichtyologique des côtes de Belgique, qui ajoute sept espéces au catalogue de M. P.-J. Van Beneden et donne de nouveaux renseignements sur beaucoup d'autres.

Avant de terminer la citation des principaux auteurs belges qui se sont occupés de nos poissons, j'ai à faire connaître en quelques mots les travaux persévérants et éminemment pratiques de M. ÉmLe GENS, docteur en sciences naturelles, professeur à Verviers. Je suis l'ordre de publication :

1879. De la protection des poissons d'eau douce en Belgique. C'est un petit mémoire écrit peu de temps avant la discussion de la loi sur la pêche. Il indique les meilleurs moyens à prendre pour atteindre le but désiré.

( 1089 )

1880. Rapport au Ministre de l'Intérieur sur l'Expo- . sition de.péche et le Congrès de pisciculture de Berlin. Il a vu dans les aquariums de l'Exposition des hybrides de

Salmo salar, O x S. fario, cy. S. salvelinus, O x S. lacustris, cy. S. fario, Q x S. salvelinus, Cj,

tous produits de l'établissement de Hunningue, puis de l'établissement de Lübbinchen : Cyprinus Carpio x Tinca. Vient ensuite une liste des poissons d'eau douce de Bel- gique, mais qui n'est pas tout à fait complète (34 espèces).

1885. Notions sur les poissons d'eau douce en Belgique, la pisciculture, l'entretien, le repeuplement des eaux, suivies de la nouvelle loi sur la péche.

Les deux pages d'introduction résument parfaitement l'urgence de s'occuper du repeuplement des eaux et les moyens d'y arriver.

Ce qu’il dit de la viciation des eaux (p. 50) est à retenir.

La seconde partie du livre qui traite de la pisciculture pratique est un excellent manuel pour tous ceux qui voudront s'occuper de celte industrie.

1886. Notice sur un poisson nouveau pour la Faune belge (Burr. Acan. BELG., février 1886).

M. Gens fait connaître en détail dans cet article le Leucaspius delineatus, qui est certainement la découverte la plus curieuse qui ait été faite depuis quarante ans parmi nos poissons d’eau douce. C’est en effet la seule espèce à ajouter à ceux que j'ai signalés dans la Faune belge en

18

je SÉRIE, TOME XIV. . 72

( 1090 )

1887. M. le D" Cu. BAMPS : Note sur quelques espèces ` rares de la Faune des Vertébrés de Belgique (BuLL. Acap. Bere., août), a.publié un article dans lequel il donne l'histo- rique du Leucaspius delineatus qu'il venait de retrouver à son tour aux portes de Hasselt, découverte d'autant plus intéressante, qu'il est probable que l'espéce n'existe plus à Anvers. Les notes manuscrites qu'il a bien voulu m'adresser récemment sur les Poissons du bassin du Démer m'ont permis d'indiquer avec certitude les espèces de la Campine limbourgeoise.

BASSIN DE LA MOSELLE.

Quelques petits cours d'eau qui prennent leur source dans la province de Luxembourg, notamment la Witz prés de Bastogne, la Sure prés de Neufchâteau et l'Attert non loin d'Arlon, appartiennent au bassin de la Moselle, dans laquelle ils se jettent un peu en amont de Tréves par la Sure, aprés avoir traversé le Grand-Duché de Luxembourg.

Nous ne savons pas au juste quels sont les poissons de la Moselle qui peuvent remonter jusqu'en Belgique par ces minces affluents; mais ce que nous savons, c'est que la Faune de la Moselle est identique avec la nótre.

Le point de départ de l'étude des poissons de la Moselle, c’est l'excellente petite Faune du département dela Moselle par feu M. HOLANDRE (Metz 1856). C'était un obser- valeur consciencieux et judicieux, avec lequel je me trouvai en rapport dés cette époque, et dont j'utilisai les travaux en 1842, à raison des quelques ruisseaux de la province de Luxembourg qui se jettent dans la Moselle, comme je l'ai dit plus haut.

ENA PEE NENNI EP L N OMEN B TO CSS NUN EE T

Ai i a Do el

( 1091 )

En 1844,a paru, à Trèves, un ouvrage en allemand : Moselfauna oder Handbuch der Zoologie, parM. SCHAFER (1 partie : Vertébrés). Quarante-huit espèces sont énu- mérées, concordant avec celles de Holandre et de ma Faune belge.

En 1866, M. J.-P.-J. KOLZ, garde général des forêts du Grand-Duché de Luxembourg, publie, à Paris, la 9* édition de son Traité de pisciculture pratique, fort utile pour ceux qui s'occupent du repeuplement.

i En 1868, parait, à Metz, la Revision des poissons qui

vivent dans les cours d’eau et dans les étangs du dépar- tement de la Moselle, par M. J.-B. GÉHIN. Ce livre, qui ne

Contient qu’une centaine de pages, est fondé sur de bonnes ,

observations originales.

I. Géhin constate (comme nous le faisons chez nous) que les barrages, et surtout les produits insalubres déversés par l'industrie, sont la cause de la destruction du poisson,

On lira avec intérét les considérations étendues de l'auteur sur le Darwinisme, les variétés, les races, les hybrides, ete., théories qu'il adopte. Vient ensuite la revi- sion des espèces de la contrée, d'accord en général avec la réforme de von Siebold, à laquelle je me suis également rallié.

M. Azpnonse DE LA FONTAINE, luxembourgeois, a publié une Faune du pays de Luxembourg. La partie qui concerne les poissons a paru en 1872. Il décrit et figure la variété du Chondrostoma nasus nommée aurata par Schäfer, et continue à considérer comme espèces propres les hybrides décrits parmi les Cyprinides. Les descriptions sont correctes.

B

1092 )

PAYS-BAS.

,

Le bassin de la Meuse et de l'Escaut se prolongeant en

Hollande, il est intéressant de comparer notre Faune avec celle des Pays-Bas.

M. A.-A. VAN BEMMELEN nous fournit pour le faire un excellent document publié dans les Bouwstoffen voor eene Fauna van Nederland (tome HI, 1866), sous le titre de Lijst van visschen in Nederland waargenomen.

Les poissons d'eau douce qui y sont mentionnés sont les mêmes que ceux de la Belgique, si ce n'est qu'on n'a pas encore constaté la présence du Leucaspius delineatus, et que celle du Phoxinus levis et du Petromyzon branchia-

` tis (planeri) sont douteuses. Il faut ajouter toutefois que quelques Silurus glanis ont été observés dans l'ancienne mer de Harlem, mais cette partie du pays dépend plutôt du bassin du Rhin, et ils avaient peut-être été importés (1).

Les poissons de mer énumérés se retrouveront sans doute presque tous sur nos cótes.

De la concordance, on pourrait dire compléte, entre les poissons d'eau douce de la Belgique avec ceux de la Hol- lande et du bassin de la Moselle, je conclus qu'ils consti- tuent une seule Faune, et que nous devons supposer que toutes les espéces en sont maintenant connues.

(4) Plusieurs Siturus glanis placés il y a longtemps dans l'étang du Jardin botanique de Bruxelles y ont parfaitement vécu ; mais c'est un poisson trés destrueteur dont on ne peut conseiller l'introduetion dans nos eaux.

RU LS eS. PEE MEQUE IDE RETI T Qd SES SEL NI Nur Re de CE IN e ET Gsm

( 1095 )

FRANCE.

Histoire naturelle des poissons, par Cuvier et Valen- Ciennes, ouvrage général en 18 volumes, commencé en 1828, continué depuis la mort de Cuvier (en 1832) par Valenciennes, mais non achevé.

Le tome XVII, publié en 1844, contient les Cyprinides. Ce volume laisse à désirer. Il s'y trouve un certain nombre de races, décrites comme espéces, de méme que des hybrides, que l'auteur n'a point reconnus comme tels.

Dans la Revue zoologique de Guérin-Méneville (janvier 1845), j'ai fait à ce volume quelques rectifications concer- nant les espéces de ma Faune belge, telles que je les considérais alors.

Les poissons d'eau douce de la France, par le professeur ÉmiLe BLANCHARD (Paris, 1866).

Ouvrage indispensable à ceux qui s'occupent de la Faune francaise. [l est accompagné de bonnes figures dans le texte. A consulter avec fruit les pages 1 à 119 contenant l'histoire générale des poissons depuis les auteurs anciens jusqu'à nos jours; l'anatomie, l'ostéologie, la classification. La description des genres et des espéces occupe les pages 195 à 523. Enfin, la partie économique et la législation (pages 554 à 641) sont d'un intérét général.

Il ne m'appartient pas de discuter ici la valeur de cer- taines espèces. Je me contente d'émettre l'opinion que, d'accord avec Siebold et Fatio, je ne puis admettre pour le moment les nombreuses espèces décrites dans le genre

( 1094 )

Gasterosteus, et que j'adopte la maniére de voir de ces auleurs, qui est également celle de Günther, en ce qui concerne les hybrides de la famille des Cyprinides. M. Blanchard, suivant en cela Valenciennes, Bonaparte, Agassiz (et Heckel dans ses premiers travaux), n'a pas accepté l'intervention de l'hybridité, de quelques espéces sont à éliminer.

ALLEMAGNE,

Die Susswasserfische von Mittel Europa, par le profes- seur C.-TH.-E. VON SIEBOLD (Leipsig, 1865).

C'est un traité d'une valeur capitale pour la connais-

sance des Poissons de l'Europe moyenne. De trés bonnes figures se trouvent dans le texte. . L'exposé de la Littérature est des plus importants, de méme que les parties il est question des hybrides et des caractères tirés des dents pharyngiennes des Cypri- nides. Ce livre est absolument au courant de ce qui a pu étre observé jusqu'alors. Il est bien regrettable que la tra- duction francaise qui avait été prévue n'ait point paru.

AnpREAs-Jonannes JACKEL, pasteur à Sommerdorf, prés de Thann, a donné dans les Correspondenz Blatt der zoologisch-mineralog . Verein in Regensburg (Ratis- bonne), en 1865 et 1866, d'excellentes observations sur les Cyprinides hybrides,

Re ee + TM

( 1095 )

SUISSE.

Faune des Vertébrés de la Suisse (volume IV, Poissons), par le D" Vicror FATIO, Genève, 1882.

C'est une première partie qui contient les anciens Acanthoptérygiens et les Cyprinides, avec 5 planches et 178 figures dans le texte.

Il est impossible de louer assez ce travail. Le déve- loppement qui est donné aux descriptions minu- tieuses et à l'histoire particulière de chaque espèce est tel que les vingt-neuf espéces de Suisse, dont vingt-six Cypri- nides qui y figurent, occupent un volume de 786 pages; certaines espèces des contrées limitrophes y sont, il est vrai, ajoutées pour comparaison.

Les descriptions sont absolument parfaites. Le seul re- proche qu'on pourrait leur adresser est d'étre trop longues, parce qu'elles sont minutieusement complètes, ce qui en rend l'étude un peu faligante; mais l'article de chacune étant précédé d'une diagnose assez détaillée obvie à cet inconvénient.

Ce traité offre encore le grand avantage de vulgariser en langue francaise une bonne partie des recherches de Siebold, en les complétant par ce qui a été observé pendant les dix-huit années qui se sont écoulées depuis la publi- cation du livre magistral du professeur de Munich.

Nous attendons avec impalience le seconde partie des poissons de Suisse.

( 4096 )

ITALIE.

Quelques années aprés l'achévement de la Fauna italica, si riche en observations nouvelles sur les Vertébrés de ce grand pays, le prince CmarLes BONAPARTE a publié différents mémoires ichthyologiques. Je citerai comme spécialement bons à consulter pour les Cyprinides :

Cyprinidarum Europe catalogus methodicus dans les Atti du Congrès des savants italiens de Milan en 1844. Il est suivi de rectifications nombreuses sur le XVII* vo- lume des poissons de Valenciennes concernant les Cypri- nides italiennes. L'auteur s'y livre à une critique excessi- vement vive de la maniére dont ces espéces sont traitées dans ce volume.

Catalogo methodico dei Pesci europei (Atti du Con- grès des savants italiens de Naples en 1846).

Le trop grand nombre d'espéces de Cyprinides que Bonaparte admet semble principalement à la pro- pension qu'avait le grand zoologiste à croire à une grande diversité d'espéces de ce groupe, selon les bassins hydro- graphiques et les laes elles seraient cantonnées. Il n'a pas eu connaissance de l'hybridité ou tout au moins il n'y a pas cru. :

Le professeur GIOVANNI CANESTRINI, chargé de la classe des poissons dans la nouvelle Fauna italica, répartit les Cyprinides d'Italie en quatorze genres, com- prenant vingt et une espéces. Ce travail est important à consulter, parce qu'il réforme celui du prince Bonaparte, conformément aux observations de Siebold, en citant, comme simples synonymes,les espéces nominales beau- coup trop nombreuses établies par Bonaparte.

( 1097 )

ANGLETERRE.

Catalogue of Fishes in the British Museum, par le D' Azeerr GUNTHER.

Travail colossal en 8 volumes, commencé en 1859, ter- miné en 1870.

6,843 espèces sont décrites avec soin. Le nombre des poissons connus en 1870 était évalué par l'auteur à 9,000 espéces environ.

C'est pour le moment le travail général le plus complet que je connaisse et que je puisse recommander.

v. CONCOURS POUR LA PURIFICATION DES EAUX.

A titre de document, je reproduis ici le programme du Concours pour la purification des cours d'eau, tel qu'il a été adopté par l'Académie en 1882.

« Le Gouvernement a proposé, et les Chambres ont adopté une loi qui a pour objet la conservation du poisson et le repeuplement des rivières,

» L'obstacle capital qui empêche actuellement d'at- teindre ce but, c'est la corruption des eaux dans les petites riviéres non navigables ni flottables, qui sont contaminées par des matiéres solides et liquides, déversées par diffé- rentes industries, et incompatibles avec la reproduction et l'existence des poissons.

» L'Académie fait appel à la science pour faciliter l'aecomplissement des vues des pouvoirs publics.

( 1098 )

» Acceptant la proposition d'un de ses membres, qui

met généreusement à sa disposition une somme de trois mille francs, elle demande une étude approfondie des questions suivantes, à la fois chimiques et biologiques :

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« Quelles sont les matières spéciales aux princi- pales industries qui, en se mélangeant avec les eaux des petites rivières, les rendent incompatibles avec l'existence des poissons et impropres à l'alimentation publique aussi bien qu'au bétail ;

» La recherche et l'indication des moyens pratiques de purifier les eaux à la sortie des fabriques pour les rendre compatibles avec la vie du poisson, sans coinpro- mettre l'industrie, en combinant les ressources que peuvent offrir la construction de bassins de décantation, le filtrage, enfin l'emploi des agents chimiques;

» Des expériences séparées sur les matières qui, dans chaque industrie spéciale, causent la mort des poissons et sur le degré de résistance que chaque espéce de poisson comestible peut offrir à la destruc- tion; ,

» Une liste des rivières de la Belgique qui, actuelle- ment, sont dépeuplées par cet état de choses, avec l'indi- cation des industries spéciales à chacune de ces rivières, et la liste des poissons comestibles qui y vivaient avant l'établissement de ces usines. »

Lorsque la question a été remise une seconde fois au

concours, dont le délai fut prorogé au octobre 1887, il a été ajouté que, si le mémoire est jugé satisfaisant pour la solution des deux premiers paragraphes (1° et 2), une somme de deux mille francs pourra lui être décernée, quand méme aucune réponse ne serait faite aux $$ 5? et de la question.

( 1099 )

M. le secrétaire perpétuel proclame, de la maniére suivante, le résultat des concours et des élections :

CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE (1887).

Un mémoire portant pour devise : Numeri regunt mundum, a été envoyé en réponse à la question suivante des sciences mathématiques et physiques :

On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement linéaire des liquides chimiquement définis, par des tubes capillaires, en vue de déterminer si l'on, peut appliquer aux liquides l’hypothèse des molécules, telle que l'étude des gaz nous l'a fait connaitre, |

Conformément aux conclusions des rapports des com- missaires qui ont examiné ce travail, le prix n'a pas été décerné.

Un mémoire portant pour épigraphe : Trado qu& potui, a été envoyé en réponse à la question suivante des sciences naturelles :

On demande des recherches sur le développement em- bryonnaire d'un mammifére appartenant à un ordre dont l'embryogénie n'a pas ou n'a guére été étudiée jusqu'ici.

Les commissaires chargés d'examiner ce mémoire ont été unanimes à lui reconnaitre de grands mérites; mais quelques prémisses sont erronées, d'oü résultent quelques conclusions prématurées.

( 1100 )

En conséquence, la Classe n'a pas jugé pouvoir lui décerner le prix ; mais elle a décidé que la question reste- rait au concours pour l'année prochaine, Elle espère ainsi mettre l'auteur à méme de compléter ses recherches, et de produire un mémoire qui méritera, non seulement d’être couronné, mais de recevoir les félicitations de tous ceux qui s'intéressent aux progrés de l'embryologie.

ÉLECTIONS.

La Classe des sciences a eu le regret de perdre, cette année, deux de ses membres titulaires : LAURENT-GUILLAUME DE Koninck, de la section des sciences mathématiques et physiques, et Françors-LéoroLD Corner, de la section des sciences naturelles.

Ont été élus :

Membres titulaires, MM. Paur Mansion, professeur à l'Université de Gand, et Josera DELBoEur, professeur à l'Université de Liège.

Correspondants, MM. CHarLes LAGRANGE, astronome à l'Observatoire royal de Bruxelles, et Léo ERRERA, profes- seur à l'Université de la méme ville.

La Classe a élu, en outre, en qualité d'Associé étranger : M. Juuius THomsen, professeur à l'Université de Copen- hague.

( 4401 )

PRIX QUINQUENNAL DES SCIENCES NATURELLES.

Sur le rapport du jury chargé de juger la huitième période (1882-86) du concours quinquennal des sciences naturelles, le Roi, par arrêté du 29 novembre dernier, a décerné le prix de cing mille francs à M. Édouard Van Beneden, membre de la Classe des sciences de l'Académie, professeur à l'Université de Liége, pour son ouvrage intitulé : Recherches sur la maturation de l'euf, la fécon- dation et la division cellulaire.

——— Qi -

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

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Scheler (Aug.). Dictionnaire d'élymologie francaise d’après les résultats de la science moderne, éd. Bruxelles, 1888; vol. gr. in-8*.

Anhang zu Friedrich Diez’ etymologischem Wörterbuch der romanischen Sprachen, 5. Ausgabe. Bonn, 1887; in-8* (143 p.).

( 1102 )

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Istituto lombardo di scienze e lettere, Milano. Rendiconti, vol. XVIII. Memorie (scienze matematiche XV, 4; XVI, 1. Memorie (lettere) XVI, 5.

Zoologische Station zu Neapel. Sock Jahresbe- richt, 1885, I-IV. Naples ; in-8°.

Società veneto-trentino di scienze naturali. Din. t. IV, 4. Padoue; in-8°.

( 1112 )

Circolo matematico di Palermo. Rendiconti, I, 4

Società toscana di scienze naturali, Pisa. Atti, vol. VIII, 1, 2. Processi verbali, 1887. Pise; in-8°.

R. Accademia dei Lincei. Memorie de la classe di science morali e fisiche, ete., ser. 5*, vol. XII; ser. 4^, vol. l. Rendi- conti, vol. III. Rome; in-4°,

R. Accademia delle science di Torino. Atti, vol. XXII. Turin, 1887; in-8*.

Pays-Bas, LUXEMBOURG ET INDES NÉERLANDAISES.

Verwijs en Verdam (D° J.). Middelnederlandseh woor- denboek, deel II, 9% tot 12% aflevering. La Haye, 1887 ; in-8°.

De dietsche Warande, deel V, aflevering 76. Amsterdam, 1886; in-8*. Nieuwe reeks, eerste jaargang, n? 4. Gand, La Haye, 1887; in-8*.

Bataafsch genootschap der proefondervindelyke wijsbegeerte te Rotterdam. Steven Hogendijk herdacht, 1787-1887 (Huet). Rotterdam, 1887 ; in-4° (26 p.).

Catalogus van de militaire geneeskundige Bibliotheek te Weltevreden. Batavia, 1887 ; in-8*.

Bataviaasch Genootschap van Kunsten en Wetenschappen, Batavia. Tijdschrift, deel XXXI, 4-6. Notulen, deel XXIII, 5 en 4; XXV, 1. Catalogus der archeologische en numisma- tische verzameling. Dagh-register gebouden int Kasteel Batavia (1640-1641).

École polytechnique, Delft. Annales, 4886, et 4* livr.; 1887, 2* livr., 1-5. Leyde; in-4°.

Jardin botanique de Buitenzorg. Annales, vol. VI, 2; VII, 1. In-8°.

Instituut voor de taal-, land- en volkenkunde van Neder-

andsch- Indié, Bijdragen, 5** reeks, II, 2-4. La Haye; in-8*.

Société hollandaise des sciences, Harlem. Archives néer-

(1115) landaises des sciences exactes et nalureiles, te XXI, 2-5; XXII, 1-5. Mémoires, IV, 4; V, 1. Nederlandsche entomologische Vereeniging. Tijdschrift, deel XXX. La Haye; in-8°.

Russie.

Esperanto (D"). Langue internationale, préface et manuel complet. Varsovie, 1887; pet. in-8° (48 p ).

Société impériale des amis d'histoire naturelle, etc. Bulletin, 1887, 2. Moscou; in-8°.

Société des naturalistes ma la Nouvelle Russie. Mémoires, t XII, 1. Odessa, 1887 ;

Physikalisches ile bah Annalen, 1886, I. Saint-Pétersbourg, 1887 ; in-4°.

Société impériale des naturalistes de Moscou. Bulletin, 1886, 3 et 4; 1887, 1, 2, 3. Mouveaux mémoires. t. XV, 4.

Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Mémoires, t. XXXIV, 4-15; XXXV, 1-7. Bulletin, 1887. Repertorium für Meteorologie, Band X ; Supplementband, II, IIT, IV. In-4°,

Société ouralienne des sciences naturelles, Ekatherinebourg. Bulletin, t. X, 1. In-4*,

Comité géologique à Saint- Pétersbourg. Mémoires, vol. IH, 2; IV, 4. Bulletin, 1886, 7-11; 1887, avec supplément.

Suèpe, NonwEcE ET DANEMARK.

Institut géologique de la Suède. Carte géologique, textes et cartes, série Aa, n** 92, 94, 97-99, 101 et 102; série Ab, n^ 11 et 12. Textes: série Bb, 5; série, C, n% 65, 78-91. Stockholm, 1887.

(M4)

Socielé royale des sciences à Upsal. Nova acta, seriei tertiae, XIII, 2. In-4° Institut méléorologique danois. Annuaire météorolo-

gique pour 1884. partie; 1885, 1"° et parties. Copenhague; in-4°,

K. Vitterhets, Historie och Antiquitets Akademien, Stock- holm Antiqvarisk Tidskrift, Delen IX, 1, 2; X, 1-4. Manadsblad, 1886. In-8*.

Académie royale de Copenhague. Mémoires, Classe des sciences, 6* série, vol. IV, 5-5. Oversigt, 1886, 5; 1887, 1, 2. Regesta diplomatica historiae Danicae, ser. secunda, t. I, 5. Copenhague; in-8° et in-4°

Société des antiquaires de Copenhague. Aarboger, 1886, 4; 1887, 4, 2.

SUISSE. Commission géologique suisse. Carte géologique de la Suisse; feuilles V, XXI, XXV et titre. Matériaux pour la

carte géologique de la Suisse. 22° livraison, texte et atlas. Supplément à la 24* livr. IL Genève, Berne, 1887; 4 feuilles in-plano et 3 volumes in-4°.

Astronomische Mittheilungen. (R. Wolf), LXVII- LXX. - Zurich; in-8°.

Société vaudoise des sciences naturelles. Bulletin, n** 95 et 96. Lausanne; in-8°

Imperial University of Japan. Journal of the college of sciences, vol. I, 5, 4. Tokyo, 1887; in-4°.

Deutsche Gesellschaft für Natur-und Völkerkunde Ost- asiens. Mittheilungen, Heft 56 und 37. breue. 1887; in-4*.

“Age

( 4115 )

En outre, durant l année 1887, l'Académie a recu les recueils ainsi que les publications des Sociétés savantes dont les noms suivent : a

Anvers. Chronique des beaux-arts et de la littérature.

De vlaamsche school. Société de géographie. Société de

médecine

Bruxelles. Z’ Abeille, revue pédagogique. Annales d'ocu- listique. Association belge de photographie. Bibliographie de la Belgique. Ciel et Terre. Commission royale d'histoire. Commissions royales d'art et d'archéologie.

Moniteur industriel belge. Institut de droit international

et de législation comparée. Sociétés d'Anthropologie, de Botanique, d'Electriciens, d'Entomologie, de Géographie, de

` Malacologie, de Microscopie, de Médecine publique, de

Numismatique, de Pharmacie, des Sciences médicales et naturelles. Société scientifique.

Enghien. Cercle archéologique.

Gand. L'Illustration horticole. Messager des sciences historiques. Revue de l'instruction publique. Société de médecine.

Liège. L'Écho vétérinaire. Société des Bibliophiles lié- geois. Société médico- chirurgicale.

Louvain. Journal des beaux-arts et de la littérature.

Berlin, Deutsche chemische Gesellschaft. Geologische Gesellschaft. Gesellschaft für Erdkunde. Gesellschaft für pee set und Urgeschichte. Physio- logische Gesellsc

Giessen. paaa über die Fortschritte der Chemie.

Halle. Vaturwiss. Verein für Sachsen und Thüringen.

Iéna. Medic.-naturwissenschaftliche Gesellschaft.

Leipzig. Astronomische Gesellschaft. Archiv der Mathe- matik und Physik. Zeitschrift für algemeine Sprachwis- senschaft.

Strasbourg. Société des sciences, agriculture et arts de (a Basse- Alsace.

Ld

( 116

Buenos-Ayres. Sociedad cientifica Argentina.

New-Haven. Journal of sciences and arts.

Philadelphie. Franklin Institute. Historical Institute. Academy of natural sciences.

Rio de Janeiro. Club de Engenharia. Observatorio. Sociedade de geographia.

Madrid. Sociedad geografica. Academia de la historia.

Amiens. Société industrielle.

Caen. Société des beaux-arts.

Lille. Bulletin scientifique du Département du Nord. Société géologique,

Marseille, Société scientifique industrielle.

Paris. L'Astronomie (Flammarion). École normale supé- rieure. Journal de l’agriculture (Barral). Le Cosmos. La Nature. Le Progrès médical. Moniteur scientifique.

Revue britannique. Revue des questions historiques. Revue politique et littéraire. Revue scientifique de la France. Revue numismatique. Revue internationale de

l'électricité. Semaine des constructeurs. Société nationale d'agriculture. Société zoologique. Société de géographie. Société mathématique. Sociélé philomatique. Société d'anthropologie, Société méléorologique.

Saint-Omer. Société des antiquaires de la Morinie.

Toulouse. Société franco-hispano-portugaise. Société d'histoire naturelle,

Valenciennes. Société d'agriculture, sciences et arts.

Édimbourg. Royal physical Sociely.

Londres. Anthropological Institute.— Astronomical Society. Chemical Society.— Entomological Society. Geographical Society. Geological Society. Historical Society. Insti- tution of mechanical engineers. Institution of civil engi- neers. Institution of Great Britain. Numismatic Society.

D NS en een Lie Vr daa TN OR

(4147)

Mathematical Society. * Meteorological Society. Micro- scopical Soctety. Statistical Society.

Brescia. Ateneo.

Florence. Società entomologica italiana. Rivista scien- lifico-industriale. Biblioteca nazionale centrale.

odéne. Società dei naturalisti.

Rome. Bulletin del vulcanismo italiano. Comitato di artigliera e genio. Ministerio dei lavori publici. Biblio- teca nazionale centrale Vittorio Emanuele.

Saint-Pétersbourg. Société de géographie. Société de chimie.

Stockholm. Entomologisk Tidskrift. Nordiskt medicinsk Arkiv.

Genéve. Société de géographie. Zurich. JVaturforschende Gesellschaft,

BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. a

ne

TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME QUATORZIEME DE LA TROISIÈME SÉRIE.

tat. ead

1881.

TABLE DES AUTEURS.

o

A.

Académie des lettres, seiences, arts et agriculture de Metz. Adresse son programme de concours pour 1887-1888,

Académie de Stanislas, à Nancy. Adresse le programme : du prix de chimie (fondation Paul Bonfils), 187; % du prix Herpin à décerner en 1889, 311.

Alberdingk-Thijm (Paul). Hommage d'ouvrage (Dietsche Warande, nieuwe reeks, 1), 842; note sur ce fascicule par Ch. Piot, 846. Alvin (La famille) Remerciements pour l'hommage rendu aux

funérailles de Louis Alvin, 177.

Anonymes. Rapports de MM. Spring, Van der Mensbrugghe et Stas sur le mémoire de concours concernant l'écoulement linéaire des liquides ehimiquement définis, par des tubes capillaires, 879, 888, 892; rapports de MM. Van, Bambeke, Van Beneden, Éd. et F. Plateau sur le mémoire de concours concernant le développe- ment embryonnaire du Hérisson, 893, 916, 922.

(J.). Envoi de son troisième rapport semestriel, 388; communication au Ministre de l'appréciation faite sur ce travail par la section de sculpture (M. Marchal, rapporteur), 861.

Aubel (Edmond Van). Soumet une étude expérimentale sur l'in- fluence du magnétisme et de la température sur la résistance élec- trique du bismuth et de ses alliages avec le plomb et l'étain, 813.

HARE T PE AM AUCUNE M PANNE RP NAN TR i È PAR v

TABLE DES AUTEURS. 1119

B.

Baird (Spencer Fullerton). Annonce de sa mort, 534.

Bambeke (C. Van). Rapports : voir Anonymes, Corin, Francotte, Henrijean, Julin.

Bamps (C.). Note sur quelques espèces rares de la faune des vertébrés de la Belgique, observées dans le Limbourg belge, 369; avis exprimé sur ce travail par M. Edm. de Selys Longehamps, 194.

Va

des Tuniciers, 19; nouvelles recherches sur la fécondation et l préliminaire, 215; lauréat psa la huitième période di du concours

quinquennal des sciences naturelles, 690, 1401 ; élu ee e l’Académie royale des sciences de Berlin, 690; félicitations au

sujet de ces distinetions, 690. Rapports: voir Anonymes, Francotte, des Pelsener, Pergens.

Beneden (P.-J. Van). Membre du jury pour le fads Guinard, 398, 455; délégué : (i célébration de ai D* Donders, 536;

réélu membre de la Commission finances, 692. Rapports : voir Drion, Julin, Pelsener, Pergen

Bertolotti (A.). Propose de donnée le nom de Rubens à une des rues de Rom Y

Biot (Gust.). er voir Lenain.

Borlée (Le Dr). PME ens

Bormans (Stanislas). urs prononcé aux funérailles de J.-F. Tielemans, PAT es e: Classe des lettres, 311. Rapport :

. voir Pasquet.

(Philippe Van). Lauréat (mention honorable) du grand

concours d'architecture de 1887, 387,

Briart (Alp.). Membre du jury pour je prix Guinard, 398, 455; hommage d'ouvrages, 691. Rapport : voir Klément et etra

` Brunin (Charles). Avis favorable sur son buste en marbre

- Louis Melsens, 178.

Burbure (Le chevalier Léon de), Rapport : voir Martin.

4120 TABLE DES AUTEURS.

C.

Casembroot (L. de). Lauréat du concours des cantates françaises, 485, 504; Les suppliantes (cantate nee avec traduction

Catalan (Eug.\. Présente pour la collection des Mémoires in-4° un travail intitulé : Nouvelles propriétés des fonctions X,, 709, Chalon (R.). Réélu membre de la Commission spéciale des

finanees, 841.

Clays (P.J.). Son portrait lui est demandé pour la galerie des peintres célèbres du Musée des Offices à Florence, 611.

Cogniaux (Alfred). Description de quelques eucurbitacées nou- velles, 346; notice sur les Mélastomacées austro-américaines de M. Ed. André, 927; rapports sur ces travaux par F. Crépin, 198, 818; hommage d'ouvrage, 691.

Corin (J.). Sur la circulation du sang dans le cercle artériel de Willis, 90; rapport sur ce travail par MM. Fréderieq et Van Bambeke, 1,8; action des acides sur le goût, 616; rapports sur ce travail par MM. Delbœuf et Frederieq, 536, 539

Cornet (Feu F.L.). Hommage d'ouvrage ait en son nom, 691.

Crépin (F.). Rapports : Voir Cogniaux.

Cumont (Franz). Rapports de MM. Wagener, Willems et Roerseh sur son travail imprimé dans les Mémoires in-8 et intitulé : Alexandre d'Abonotiehos : Un épisode de l'histoire du paganisme au Ile siecle de notre ère, 124, 198,

D.

d'Aguiar (Antonio-Augusto). Annonce de sa mort, 534.

Damry (A.). Soumet un travail sur la détermination dela pression du vent en grandeur et en direction, 813.

Daniel (Nic.). Dépôt aux archives de sa lettre relative au mouve- ment perpétuel, 194.

d'Aumale (S. A. R. le duc). Aceuse réception de son diplôme d'associé, 108.

De Decker (P.). Réélu membre de la Commission des finances, 847.

De Ball (L.). Soumet un travail intitulé: masse de la planéte Saturne déduite des observations des satellites Japet et Titan, faites en 1885 et 1886 à l'Institut astronomique de Liège, 188; rapports de MM. Houzeau et Folie sur ce mémoire imprimé dans le Reeueil . in-4°, 403, 405

TABLE DES AUTEURS. \… 178

De Braey (Michel). Lauréat (2e prix) du grand concours d'architec- ture de 1887, 387, 504.

De Groot (Guil.). Rapport : voir Anthone.

De Heen (P.). Détermination de la loi théorique qui régit la compressibilité des gaz, 46; hommage d'ouvrages, 187.

De Keersmaecker (Le Dr). Dépose un billet cacheté, 399.

De Keyser (Nicaise). Annonce de sa mort, 386.

De Koninck (L.-G.). Annonce de sa mort, 186 ; discours prononcé

à ses funérailles par J. De Tilly, 189.

culpe enri). Hommage d'ouvrage, 618.

Del H.). Hommage de travaux manuscrits déposés aux idt. 2, 194, 399.

Delaurier. Soumet une note intitulée : Recherches sur les

causes probables de l'explosion d'un récipient, ete. s deco = de M. Spring sur ce travail qui est déposé aux archiv

de la Vallée Poussin (Ch.). Rapport : voir Klément et Riar Delbæuf (J.). Hommage d'ouvrages, 2, 691; élu membre titoli

Demannez (Joseph). Réélu mémbre e la Commission spéciale des finanees, 861. Rapport : voir Lena

Deruyts (Jacques). bidoya sur la théorie des formes binaires, 53; rapport sur ce travail par MM. Le Paige et Mansion, 4, 5. ;

Deruyts PEER Sur la représentation des involutions unicur- sales, 322; sur la théorie de l'involution, 650; rapports sur ces travaux par MM. Le jer et ar 199, 543, 544.

Detroz. Hommage d'o

De Wulf (Ch.). Landa de; prix) da grand concours d'architecture de 1887, 387, .

Discailles (Ern.). Hommage d'ouvrage (Un chanoine démocrate, secrétaire du général Vander Mersch), 842; note sur cet opuscule par Alp. Le Roy, 842.

Donders (F.-C.). Souscription pour la fondation d'une institution scientifique à l’occasion de son soixante-dixiéme anniversaire, 399.

Dormal (V.. Remis en possession de son billet cacheté,

` déposé en juin 1887, 691. Voir Malaise (note sur les poissons

- devoniens).

$7* SÉRIE, TOME XIV. Er

1122 TABLE DES AUTEURS.

Drion (fils. Des races et des variétés dans l'espéce MUSTELA PUTORIUS, 365; avis exprimé sur ce travail par MM. P. J. Van Bene- den et de Selys Longchamps, 1

Droogenbroeck (J. Van). Lauréat du concours des cantates flamandes, 485, 504

, 904. Ducretet (E.). Sa nôte manuscrite sur un enregistreur mécanique et automatique de signaux, ete., est déposée aux archives, 535.

E e

Errera (Léo). Élu eorrespondant, 1100. Évrard (F.). Hommage d'ouvrage, 691.

F.

Faider (Ch.). Chargé de faire la notice de feu J.-F. Tielemans, 315; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 841. Faider-Gallait(Ch.).— Annonce la mort de son beau-père Louis Gallait,

Faye (Il). Hommage d'ouvrage, 3.

Ferron (Eug.).— Remis en possession de son travail it concer- nant l'insuffisance du système suivi par Cauchy (Théorie de la lumière), 536.

Fétis (Éd.). Délégué auprès de la Commission administrative, 178;

se charge d'écrire la notice de Louis Gallait, 857; éloge de

Louis Gallait, 851. Rapport : voir Verbrugge.

Fievex (Ch.). Nouvelles recherches sur le spectre du earbone, 100; rapport sur ee travail par M. Stas, 9.

Folie (Fr.). Note relative à la troisiéme partie de sa Théorie des mouvements diurne, annuel et séeulaire de l'axe du monde, 202; hommage d'ouvrages, 400, 873; délégué à la célébration de l'anni- versaire du Dr Donders, 536. Rapports : voir De Ball, Ronkar, Stroobant.

Forir (H.). Hommage d'ouvrage, 187.

Fraikin (Ch.) Avis favorable sur son buste en marbre de L.-P. Gachard, 109, 178; discours prononcé aux funérailles

d’Auguste De Man, 388; les prix de Rome, leur institution et leur .

but (diseours), 492; réélu membre de la Cikonio spéciale des finances, 861. Rapport: voir Anthone. Fraipont (J.). Hommage d'ouvrages, 3, 187

Francotte (P.). Hommage d'ouvrages, 3; Contribution à l'étude du |

DCUM

TABLE DES AUTEURS. 1125

développement de l'épiphyse et du troisième œil chez les reptiles. Communieation préliminaire, 810; rapport sur ce travail par MM. Éd. Van Beneden et Ch. Van Bambeke, 699, 7

Fredericq (Léon). Hommage du tome I des tnde de son labo- ratoire, 2; délégué à la eélébration de l'anniversaire du Dr Donders, 36. Rabon voir Corin, Henrijean.

G. Gallait (Louis). Annonce de sa mort, 856; son éloge par Éd. Fétis, 857.

Gevaert (F. A.). Membre du jury du grand concours de composi- tion musicale de 4887, 178. Rapport : voir Mart

Gilkinet (Alf.). 1er commissaire pour l'examen jes Mémoires sur le concours Mona à la purifieation des eaux, 922. Rapports : voir Hairs, Joris

Giovanni (V. di). ne Free a 110, siis note sur ses opus- cules intitulés : Topografia antica di Palermo. Critica religiosa e filosofica, par Alph. Le Roy, 110.

Gluge (Th.) Réélu membre de la Commission des finances, 692.

Goblet d'Alviella (Cte Eug.). Hommage d'ouvrage,

Gouvernement anglais. Hommage d'ouvrage (Challenger Reports), 690.

Guffens (Godfr.). Son portrait lui est demandé pour la galerie des peintres eélébres du Musée des Offices, à Florence, 488.

H.

Hairs (E.). Sur un nouveau glucoside azoté retiré du LINUM USITA- TISSIMUM, 923; rapports sur ce travail par MM. Stas et Gilkinet, 874.

Harles (C. de). Hommage d'ouvrages : Le texte originaire du Yih-King, sa nature et son interprétation, 456; note sur ce volume par P. Willems, 456; % Kaushitaki-Upanishad, 842; note sur cet opuseule par Alph. Le Roy, 844. Note bibliographique : voir Monseur.

Heckers (Pierre). Lauréat (1er prix) du grand concours de compo- sition musicale de 1887, 485, 505; exécution de sa cantate, 506.

Henne (Alexandre). Chargé d'écrire pour l'Annuaire de 1888 la notiee d'Alph. ad, 456.

Hennequin (Émile). Hommage d'ouvrage, 534.

4124 TABLE DES AUTEURS.

Henrijean (F.). Application de la photographie à l'étude de l'éleetro- tonus des nerfs, 80; rapport sur ce travail par MM. Frederieq et Van Bambeke, 6,1.

Hiel (Em.). De Smeekenden, traduction de la eantate eouronnée « Les suppliantes », 516,

Hirn (G. A.) Hommage dirigés 400, 873.

Holtzendorff (Franz de). Hommage d'ouvrage (Principes de la poli- tique), 110; note sur ee volume par Alp. Rivier, 4

Houzeau (J. C.). Hommage d'ouvrage, 691. Rapports ; voir De Ball, Jenkins, Smith (John Barker), Stroobant.

Hymans (H.). Remet pour l'Annuaire sa notice sur J. Franck, 485; fait part de la proposition de M. Bertolotti de donner le nom de Rubens à une rue de Rome, 487; s'engage à écrire la notiee de N. De Keyser, 618. Rapport : voir Lenain.

I.

Ibâñez (Charles). Hommage de livraisons de la carte topographique de l'Espagne, 534.

J.

Jaquet (Jos.). Rapport : voir Anthone.

Jenkins (J.). Soumet une note intitulée : On Forecasting the Weather, 535; leeture du rapport fait par M. Houzeau sur ce travail déposé aux archives, 693.

Jorissen (A.). Sur un nouveau glucoside azoté retiré du LINUM USITATISSIMUM, 923; rapport sur ce travail par MM. Stas et Gilkinet,

rt^

Julin (Ch.). Avis exprimés par MM. Van Beneden, père et fils, et Van Bambeke sur sa demande de subside à l'effet de pouvoir se rendre à Manchester, au Congrès de l'Association pritannique pour l'avancement des sciences, 194.

K.

Kervyn de Lettenhove (Le baron J.-B.-M.-G.). La dernière séance -du Conseil avant le Supplice, 671.

Kirchhoff (Gustave). Annonce de sa mort, 534,

Klément (C.). Sur la nature minérale des silex d la craie de -

. Nouvelles, contribution à l'étude de leur formation, 113; rapport sur ce travail par MM. de la Vallée Poussin et Briart, 695, 699. et

Kolliker (A. von). Hommage d'ouvrage, 3. :

TABLE DES AUTEURS. 11235

E.

Lagrange (Ch.). Hommage d'ouvrage, 3; élu correspondant, 1100.

Lapon (Edmond) Lauréat (second prix) du grand concours de composition musicale de 1887, 485, 5

Laurent (É.) Remis en possession de son pli cacheté déposé le 1er aoüt 1885, 399,

Laveleye (Ém. de). Remercie pour les félicitations qui lui ont été

. adressées à l'oecasion de sa nomination de membre du Sénat académique de l'Université de Saint-Pétersbourg, 315 jury pour le prix Güinard, 398, 455. Notice bibliographique : voir Monge (L. de).

Leboucq (H.). Hommage d'ouvrage, 536.

Lebrun (Paul). Lauréat (second prix) du grand concours de compo- sition ina de 1887, 485, 5

.. Lenain (Louis). Communieation[au Ministre de l'appréciation, faite

. par la section de gravure, de son envoi-copie réglementaire, 861.

Le Paige (C.). Sur les éléments neutres des invohuipiis, eM. Rapports : voir Deruyts.

Le Roy (Alp.) Rapport : voir Weddingen (Van). n bibliogra- phiques : voir Discailles, Giovanni (di), Harlez (de), Wiliquet.

Liagre (J.-M.-J.). Membre du jury pour le prix des 7 398, 455.

Lindelóf (L.). Hommage d'ouvrage (Trajectoire d'un corps assujetti à se mouvoir sur la surface de la terre sous l'influence de la rotation terrestre), 400; note sur ce travail par M. Van der Mensbrugghe, 400. oomans (Ch.). Remet le manuscrit de sa notice sur G. Nypels, 666.

M.

Mailly (Éd.). Réélu membre de la Commission des finances, 692. Malaise (C.). Dépose un billet cacheté, 186; sur la découverte de poissons devoniens dans le bord nord du bassin de Namur, 171. Mansion (P.). Hommage d'ouvrage, 400; élu membre titulaire, 1100.

Rapports : voir Deruyts. Marchal (Le chev. Edm.). Remet pour l'Annuaire sa notiee sur J. Geefs, 489. Rapport : voir Anthone. Martin Ce. Avis de la section de musique sur sa note déposée . aux archives et intitulée : Proposition d'une base harmonique, 490. Maus (H.). iia membre de la Commission des finances, 692.

1126 a TABLE DES AUTEURS.

Middeleer (J.). Lauréat du concours d'art appliqué (sujet de peinture), 486, 503; remercie, 489.

Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics. Envoi d'ouvrages, 2, 109, 316, 398, 455, 534, 665, 841; fait savoir qu'il a commandé à M. Vinçotte le buste de M. Alvin, 177

Ministre de la Guerre. Hommage d'ouvrage, 535.

Monge (Léon de). Hommage d'ouvrage (Études morales et littéraires. Épopées et romans eard, 666; note sur ce volume par Ém. de Laveleye, 668.

Monseur (Eugène). Hommage de l'ouvrage suivant : Canakya. Recension de cinq recueils de stances morales, 316; note sur cet opuscule par Ch. de Harlez, 384.

Montald (C.). Allocation de sa pension de lauréat du grand concours de peinture de 1886, 387. Montigny (Ch.). Réélu membre de la Commission spéciale des

finances, 692; influence des bourrasques sur la scintillation des étoiles, 703.

Mourlon (Michel). Sur une nouvelle interprétation de quelques dépôts tertiaires, 15; sur les dépôts rapportés par Dumont à ses systèmes laekenien et tongrien au S. E. de Bruxelles, 598.

Murray (John). Hommage d'ouvrage, 690.

Musée d'histoire naturelle. Hommage d'ouvrage, 2

N.

Neyt (Adolphe). Nouvelles recherches sur la fécondation et la division mitosique chez l'Asearide mégaloeéphale, 24

Niesten (L.). Remarques au sujet de l'éclipse totale de soleil du 19 août 4887, 449; soumet un travail intitulé : Les plans plané- taires et l'équateur solaire, 535,

0. O'Dru de Revel (J.). Hommage d'ouvrage, 316. P.

Pascaud (H.). Hommage d'ouvrages, 316.

Pasquet (Em.). Soumet un travail intitulé: Sermons de carême en dialeete wallon, 666; rapports de MM. Scheler et Bormans sur ce travail qui sera imprimé dans les Mémoires in-8», 847, 855.

Pauli (Adolphe). Réélu membre de la Commission spéciale des finanees, 861.

TABLE DES AUTEURS. 41127

Pelseneer (Paul). Envoi à l'examen de son rapport sur les pur e ses études à la Station zoologique de Naples, 186; com nication au Ministre de l'appréeiation de ce rapport faite p . MM. Van Beneden, père et fils, et Plateau, 402. Pergens. Demande à pouvoir occuper, en 1888, la table reservée aux Belges à la Station zoologique, à Naples, 534; eommu- cation au Ministre des rapports faits sur cette demande par . Van Beneden, père et fils, et Plateau, 692. : pin (Martin). Note bibliographique : voir Voligra Piot (Ch.). Délégué au Congrès de la Fédération hisforiquá et archéologique de Belgique, 109 ; remet, pour l'Annuaire de 1888, le manuscrit de sa notice sur L.-P. Gachard, 315 ; réélu membre de la Commission des finances, 847; hommage, avec note bibliogra- phique, du tome VI de la Correspondance du Cardinal de Granvelle, 316, 319. Voir aussi Alberdingk-Thijm.

.. Plateau (F.). Hommage d'ouvrage, 399, 536; recherches expéri-

mentales sur la vision ehez les Arthropodes (premiére partie). a. Résumé des travaux effectués jusqu'en 1887 sur la structure et le fonctionnement des yeux simples; b. Vision chez les Myriopodes ; (deuxiéme parti e). c. Vision chez les Arachnides, 545. Rapports: voir Anonymes, Pelsener, Pergens

Poskin (Ach.). Hommage d'ouvrage, 188.

Prost (Eug.). Sur le sulfure du cadmium colloïdal, 312; rapport sur ce travail par MM. Stas et Spring, 197, 1

R.

Radoux (J.-T.). Membre du jury du grand concours de composition musicale de 1887, 178.

Renard (A.-F.). Sur la nature minérale des silex de la craie de Nouvelles, contribution à l'étude de leur formation, 113; rapport sur ee travail par MM. de la Vallée Poussin et Briart, 695, 699.

Reychler (A.). Sur un mode de epist de la phénylhydrazine, 450; rapport sur ce travail par MM. Stas et Spring, 403.

Rivier (Alp.). Membre du jury pour le prix Guinard, 398, 455. Note bibliographique : voir nr

Robert (Alex.). Rapport : voir Verbrugge.

Roersch (L.). Barthélemy Latomus, le premier professeur d'élo- ~ quence latine au Collège royal de France, 132. Rapport: voir

Cumo

1128 TABLE DES AUTEURS.

Ronkar (E.). Note sur les oscillations d'un pendule produites par le déplacement de l'axe de suspension, 996; rapport sur ce travail par M. Folie, 195; hommage d'ouvrage, 400.

Rousseau (Jean). Chargé de faire la notice de feu G. De Man, 381; : hommage d'ouvrages, 860; fra Beato Angelico, 862,

S.

Samuel (Ad.). Membre du jury du grand concours de composition

musicale de 1887, 478; réélu membre de la Commission spéciale - des finances, 861. Rapport : voir Martin.

“Scheler (Auguste). Hommage d'ouvrage, 842, Rapport: voir Pasquet.

Selys Longchamps (Le baron Edm. de). Hommage d'ouvrage, 399; revision des poissons d'eau douce de la faune belge, 1091, Rapports : voir Bamps, Drion.

"Siret (Ad.). Désigné pour écrire une notice sur feu N. de Keyser, 381; regrette de ne pouvoir accepter cette mission, 678.

Slingeneyer (Ernest). Son portrait lui est demandé pour la galerie des peintres célèbres du Musée des Offices, à Florence, 488; réélu isse de z Commission spéciale des finances; 364 Rapport : voir

Smith din Barker) Soumet une note intitulée : A new philosophy,

. 694; rapport de M. Houzeau sur ee travail qui est déposé aux selves, 871.

Société des sciences naturelles de Hambourg. Annonce la célébration de son einquantiéme anniversaire de fondation, 398.

Souillart (L.). Hommage d'ouvrage, 536,

Spring (W.). Sur une relation entre l'élastieité optique et l'aetivité chimique dans un cristal de spath d'Islande, 13; sur la vitesse de réaction du spath d'Islande avec quelques acides, 725; simple Observation au sujet d'un travail de M. W. Hallock intitulé : The Flow of Solids, ete., 595; de l’action du chlore sur les combinaisons

~ sulfoniques et sur les oxysulfures organiques (4e communication), 136. Rapports : voir Anonymes, Delaurier, Prost, Reychler, Winssinger.

“Stallaert (J.). Lecture d'une note relative aux modifications réglementaires des grands concours (Prix de Rome), 487, 682; rapport sur le eoneours annuel d'art appliqué (peinture), 679.

TABLE DES AUTEURS. 1129

Stas (J.-S.). Rapports : voir Anonymes, Fievex, Hairs, Jorissen, PA Reychler, Winssinger. her (J.). Vondel et la Belgique, 460. ad (Ludolphe). Annonce de sa mort, 108. Stroobant (Paul). Observations physiques de Saturne, CHE en 1881, à l'Observatoire royal de Bruxelles, 638; rapport sur ce travail par MM. Folie et Houzeau, 544, 543.

T:

Tahon (Victor). Hommage d'ouvrage (Les origines de la métallurgie au pays d'Entre-Sambre-et-Meuse), 666; note sur ce volume par

Terby (F.). Dépose. un billet cacheté, 2; soumet un travail intituté : Études de l'aspeet physique de Jupiter (2e partie). Observations faites à Louvain à la lunette de Secrétan, de 1882 à 1885, 535.

Thomsen (Julius). Élu associé, 1100.

Thonissen (J.-J.). Réélu membre de la Commission des finances,

Tiberghien (G.). Hommage d'ouvrage, 110. Rapport: voir Weddin-

. gen (Van).

Tielemans (J. Frangois. Annonee de sa mort, 315; discours prononeé à ses funérailles par s. Bormans, SI

Tilly (J. De). de L.-G. de Koninck,

189 ; sur les notions de force, d'accélération et d'énergie en méca- ape (discours), 975. Truyman (Ferdinand). Lauréat (2e prix) du grand concours d de de 1887, 387, 504.

y.

- Van der Mensbrugghe (G.). Remet, pour l'Annuaire, le manuscrit de sa notice sur F. Duprez, 186; petite expérience relative à l'influence . del'huile sur une masse liquide en mouvement, 205; dépose un billet cacheté, 873. Rapport : voir Anonymes. Note bibliogra- phique : voir Lindelöf. Vander Straeten (Edmond). Envoi à l'examen d'une 1re série de Bulletins formant le résultat de ses recherches à Leyde et à

489. Van der Stricht (0.). Hommage d'ouvrage, 400,

1150 TABLE DES AUTEURS.

Vander Veken (Guillaume). Envoi à l'examen de son premier rapport semestriel, 860.

Verbrugge (E.). Rapport de MM. Fétis, Slingeneyer, Robert et Verlat sur son 6e rapport semestriel, 178; communication d'une lettre de l'Aeadémie royale des beaux-arts d'Anvers relative à son envol réglementaire, 392.

Verlat (Ch.). Son portrait lui est demandé pour la galerie des peintres eélébres du Musée des Offices, à Florence, 488. Rapport : voir Verbrugge.

Verstraete (Léopold). Dépose un billet eacheté, 399.

Vinçotte ( T.). Chargé d'exéeuter le buste de Louis Alvin, 171. Rapport : voir Anthone.

Vollgraff (J. C.). Hommage d'ouvrage (M Tvllii Ciceronis pro M. Cœlio oratio ad ivdiees), 666; note sur ee volume par M. Phi- lippson, 669.

Ww. Wagener (Aug.). Rapport: voir Cumont. Wauters (Alph.). Hommage, avec note bibliographique, de la

de livraison (canton de Léau) de sa Belgique ancienne et moderne, 113; sur l'Épistémonomie de feu Philippe Van der Maelen, ancien membre de l'Académie, 129. Note bibliographique : voir Tahon.

Wauters (Ém.). Élu correspondant de l'Institut de France, 488 ; son portrait lui est demandé pour la galerie des peintres célèbres du Musée des Offices, à Florence, 488.

Weddingen (A. Van). Lecture des rapports de MM. Tiberghien et Le Roy sur son travail (imprimé dans les Mémoires in-80) intitulé : Les tendanees spontanées, dans leurs rapports avee l'objeetivité et la certitude des connaissances rationnelles, 385.

Wiliquet (C.). Hommage d'ouvrage (Le mien et le tien), 458; note sur cet opuseule par Alp. Le Roy;

Willems (P.). Rapport: voir Cumont. —Note bibliographique : voir Harles (de).

Winssinger (C.). Sur quelques dérivés nouveaux de l'aleool hepti- lique normal, comparés à leurs homologues, travail par MM. Spring et Stas, 693, 694; de l'action du chlore sur les combina isons sulfoniquet et sur les oxysulfures organiques (4* communication), 736.

M 606000——

TABLE DES MATIÈRES.

A

Anatomie. Voir Zoologie. Astronoms: amo s de Ball soumet ı un travail intitulé : Masse de la Japet et Titan, faites en 1885 et en 1886 à l'Institut astronomique de Liège, 188; rapports faits par MM. Houzeau et Folie sur ce Mémoire imprimé dans le recueil in-4o, 403, 405; théorie des mouvements diurne, annuel et séculaire de l'axe du monde, Ile partie, par F. Folie, . 202; observations physiques de Saturne, faites en 1887, à l'Obser- vatoire royal de Bruxelles, par Paul Stroobant, 638; rapport sur ce travail par MM. Folie et Houzeau, 541, 543; remarques au sujet de l'éelipse totale de soleil, du 19 août 1887, par L. Niesten, 449; M. Terby soumet un travail intitulé : Études sur l'aspeet physique . de Jupiter (deuxième partie). Observations faites à Louvain, à la lunette de Seeretan, de 1882 à 1886, 535; M. Nysten soumet un travail concernant les plans planétaires et uses solaire, 535. Voir Météorologie (pour la seintillation: et Spectroscopie

B.

Beaux-arts. Voir Concours (Grands). Prix de Rome, Histoire des beaux-arts, Musique.

Bibliographie. Notes sur les ouvrages suivants : Dietsehe Warande, nieuwe reeks, 4 (Alberdingk-Thijm, P.*, par Ch. Piot, 846; un chanoine démocrate, secrétaire du général Vander Merseh (Dis- cailles, Ern.), par AME Le Roy, 842; topografia antiea di Palermo. Critica religiosa et filosofica (V. di Giovanni, par Alp. Le Roy, 110; le texte originaire du Yih-King, sa nature et son interprétation (C. de Harlez), par P. Willems, 456; Kaushitaki-Upanishad (C. de Harlez), par Alp. Le Roy, 844; Principes de la politique (Holtzen- dorff (F. de), par A. Rivier, 115; trajectoire d'un corps assujetti à se mouvoir sur la surface de la terre sous l'influence de la rota- tion terrestre (Lindelöf, L.), par G: Van der Mensbrugghe, 400; études morales et littéraires. Épopées et romans ehevaleresques (Léon de Monge), par E. de Laveleye, 668; Canakya. Recension de cinq recueils de stances morales (Monseur, Eugène’, par Ch. de

ODER ER AE om : n lie mor E

1152 TABLE DES MATIÉRES.

Harlez, 381; Correspondance du cardinal de Granvelle (tome VI par Ch. Piot), par l'auteur, 379; les origines de la métallurgie au pays d'Entre-Sambre-et-Meuse (V. Tahon), par Alph. Wauters, 666; M Tvllii Cieeronis pro M. Coelio oratio ad ivdices (Vollgraff, J. C.), par M. Philippson, 669; Belgique ancienne et moderne. Can- ton de Léau (Alp. Wauters), par l'auteur, 113; sur l'Épistémonomie de feu Philippe Van der Maelen, par Alp. Wauteurs, 199; le mien et le tien (C. Wiliquet), par Alp. Le Roy, 458.

Billets cachetés déposés par MM. Terby, 2; Malaise, 186; le Dr De Keersmaecker, 399; Léopold Verstraete £399; Van der Mensbrugghe, 813; M. Émile Laurent est remis en possession de son billet cacheté déposé dans la séanee du 1er aoüt 1885, 399; M. Dormal remis en possession de son b llet cacheté déposé le 4 juin 1887, 694.

Biographie. Barthélemy Latomus, le premier professeur d'élo- quence latine au Collège royal de France, par L. Roerseh, 132; diseours prononeés aux funérailles : de L.-G. de Koninek par J. De Tilly, 189; % de J. F. Tielemans par S. Bormans, 371; d'Auguste De Man par C. A. Fraikin, 388; éloge de Louis Gallait par Éd. Fétis, 851. Voir Notices Wogrüphignes pour l Annuaire.

Biologie. Voir Physiologie et Zoologie..

Botanique. Description de quelques Cucurbitacées nouvelles, par A. Cogniaux, 346; sur les Mélastomacées austro-américaines de M. Ed. André, par A. Cogniaux, 927; rapports sur ces travaux

Buste des académiciens décédés. Avis favorable sur le buste en marbre de L.-P. Gachard, exécuté par Ch. Fraikin, 409, 178; le buste de L. Alvin a été commandé à Th. Vinçotte, 177; avis favorable sur le buste en marbre de L. Melsens, exécuté par Ch. Brunin, 178.

C.

Chimie. Sur une relation entre l'élasticité optique et l'aetivité chimique dans un cristal de spath d'Islande, par Walthére Spring, 13; sur la vitesse de réaction du spath d'Islande avec quelques acides, par W. Spring, 125; simple observation au sujet d'un travail de W. Hallock intitulé : The Flow of Solids, ete., par W. Spring, 995; sur le sulfure de cadmium, par Eug. Prost, 312; rapport sur ee

. travail par MM. Spring et Stas, 197, 198; sur un mode de prépara- tion de la phénylhydrazine, par A. Reychler, 450; rapport sur ee tra- vail par MM. Stas et Spring, 403; de l’action du chlore sur les combi- naisons sulfoniques et sur les oxysulfures organiques, quatrième | communication, par W. Spring et C. Wissinger, 136; sur quelques

TABLE DES MATIÈRES. 1155

dérivés nouveaux de l'aleool heptilique normal eomparés à leurs homologues, par C. Wissinger, 760; rapport de MM. Spring et Stas sur ce travail, 693, 694; sur un nouveau glueoside azoté, retiré du « Linum usitatissimum », par MM. Jorissen et Hairs, E., 923; rap- port sur ce im r MM. ee et Gilkinet, 814. oc Concours de la Classe des , Spectroscopie.

Commission Pons M. Fétis, membre, 178. chargée de la

publication des œuvres des anciens musiciens belges. Renvoi à son xamen d’une première série de Bulletins formant le résultat des

recherches faites par M. Edm. Vander Straeten à Leyde et à Munich, spéciale ek finances. Réélections : sciences, 692; lettres,

847: ; beaux-arts,

Concour rs. Les re Mb suivantes adressent leurs programmes : Académie des lettres, sciences, arts et agriculture de Metz, 187; Académie de Stanislas, à Maney (prix de Miian Fondation Paul Bonfils et prix Herpin), 187, 311. Voir Pri

Mere de is Classe des hissar (1887). rate (art appliqué),

rt de M. J. Stallaert sur les sujets de peinture, 619; remerciements de M. J. Middeler, lauréat, 486; proclamation du résulta

Er de la Liai des lettres. Programme pour 1889, 117.

quement définis, par des tubes capillaires, 819, 888,892; rapports de MM. Van Bambeke, Éd. Van Beneden et F. Plateau sur le mémoire concernant le développement embryonnaire du Hérisson, 893, 916,

. 992; proclamation es “résultats, 1099. Concours extraordinaire Hirilsation des eaux). Mémoires reçus, 402 ; M. Gilkinet, premier commissaire pour T examen de ces mémoires, 922.

Concours des cantates (4881). Lauréats, 485; Les Suppliantes, par L. de Casembroot (cantate couronnée), 506; De Smeekenden, Miche t Em. Hiel, 516.

rands). Prix de Rome. Lecture par M. Stallaert d'une ` note ples aux modifieations réglementaires, 487; renvoi de

' eette note à l'examen de la Commission des prix de Rome, 682; les Prix de Rome, leur institution: et leur but; diseours par

“C.-A. Fraikin, 492. ARCHITECTURE (1887). Lauréats, 381; procla- mation des résultats, 504. GRAVURE (1881). omi pitstion. au Ministre de l'appréciation de l'envoi-copie réglementaire du lauréat

115^ TABLE DES MATIÉRES.

Lenain, 861; (1886) envoi à l'examen du premier rapport du lauréat Vander Veken, 860. MusiQuE (18871. MM. Gevaert, Samuel et Radoux désignés pour faire partie du jury, 178; lauréats, 485; proclamation des résultats, 505; exécution de la cantate de M. Heckers, 506. PEINTURE (1883,. Appréciation du sixième rapport du lauréat É. Verbrugge, 178; lettre de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers relative à l'envoi réglementaire du méme lauréat, 392; (1886) arrêté conférant à M. Montald sa pension de 5,000 franes, 387. SCULPTURE (1885). Envoi du troisième rapport du lauréat Anthone, 388; communieation au Ministre de l'appré- eiation de ce rapport, 861.

Concours décennal des sciences philosophiques. Formation de la liste double des eandidats pour le choix du jury, 398, 454

Concours quinquennal des sciences sociales (premiére période). M. le Ministre adresse des exemplaires du rapport du jury, 316; de littérature française (huitième période). Formation de la liste double de eandidats pour le choix du jury, 455, 610; des sciences naturelles (huitiéme période). M. Éd. Van Beneden, lauréat, 690,

1101.

Concours triennal de ovs dramatique en langue française (dixième période). Formation de la liste double de candidats pour le choix du jury, 455, n

Congrés. M. Piot, délégué au Congrés de la Fédération historique et arehéologique de Belgique, 109.

D.

Dons. Ouvrages imprimés par : Alberdingk-Thijm (P.), 842; Borlée (Le Dr.), 187; Briart (Alp.), 691; Cogniaux, 691; Cornet (feu F.-L.), 691; De Heen, 187; Delaborde, 618; Delbœuf, 2, 6H; Detroz, 842; Discailles, 842; Évrard (F.), 691; Faye, 3; Folie, 400, 813; Forir, 187; Fraipont, 3, 187; Francotte, 3; Fredericq (L.), 2; Giovanni (V. di), 110, 456; Goblet d'Alviella (le Cte Eug.), 316; Gou- vernement anglais, 690; Harlez (C. de), 456, 842; Hennequin (E.), 534; Hirn, 400, 813; Wloltzendorff (F. de), 410; Houzeau (J.), 691; Ibanez (Ch, 534; Kolliker (A. von), 3; Lagrange (Ch.), 3; Leboueq (H.), 536; Lindelôf (L.), 400; Mansion (P.), 400; Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des "Trovaux publies, 2, 409, 316, 398, 455, 534, 665, 841; Ministre de la Guerre, 535; Monge {Léon de), 666; Monseur (Eug; » 916; Murray (J.», 690; Musée royal d'histoire materelle, 2; 0' Dru de Revel, 376; Pascaud (H.), 316; Piot (Ch.), 376; Plateau (F.), 399, 536; Poskin (Ach.), 188;

4 TABLE DES MATIÈRES. —— 1155

E. bp EL "d E

Ronkar (E., 400; Rousseau (J.), 860; Scheler (Aug.), 849; Selys Longehamps (le baron Edm. de), 399; Souillart (L.), 536;

. Tahon 'V.), 666; Tiberghien, 410; Van der Stricht (0.), 400; Voll- graff (J.-C.) 666; Wauters (Alph.), 409, 110; Wiliquet (C.), 456. Ouvrages manuscrits, par C.-H. Delaey, 9, 194, 399.

E. Élections, nominations, distinctions. CLASSE DES SCIENCES : ; Beneden lauréat pour la huitième période du concours

quinquennal des seiences naturelles, et correspondant de l’Académie royale des sciences de Berlin, 690; MM. Paul Mansion et J. Delbœuf élus membres titulaires; MM. C. Lagrange et Léo Errera élus correspondants; M. J. Thomsen élu associé, 1100. CLASSE DES LETTRES : Mgr le duc d'Aumale accuse réception de son diplôme d'associé, 108; M. Ém. de Laveleye remercie ses con- fréres pour leurs félicitations au sujet de sa nomination de membre du Sénat académique de l’Université de Saint-Pétersbourg, 375.

Ém. Wauters et Clays sont demandés pour la galerie des peintres ` célèbres du Musée des Offices, à Florence, 488, 611. Voir Commissions.

G.

Géologie, minéralogie et paléontologie. Sur une nouvelle interpré- tation de quelques dépóts tertiaires, par Miehel Mourlon, 15; sur J A2 28 H n A 1 L mi ++ "+

au S.-E. de Bruxelles, par Michel Mourlon, 598; sur la nature minérale des silex de la craie de Nouvelles, contribution à l'étude de leur formation, par A. F. Renard et C. Klément, 773; rapport sur ce travail par MM. dela Vallée Poussin et Alp. Briart, 695, 699;

- sur la découverte de poissons dévoniens dans le bord nord du bassin de Namur, par C. Malaise, 771.

H. - Histoire. La dernière séance du Conseil avant le Supplice, par le baron Kervyn de Lettenhove, 671.

Histoire des beaux-arts. Fra Beato Angelico, par J. sn 862; nom de Rubens donné à une rue de Rome, 487,

1156 TABLE DES MATIÉRES.

Histoire des religions.—Rapports de MM, Wagener, Willems et Roersch sur un travail de M. F. Cumont, imprimé dans les Mémoires in-8e et intitulé : Alexandre d'Abonotichos : Un épisode de l'histoire du paganisme au Ile siècle de notre ère, 124, 498

Histoire littéraire. Barthélemy Latomus, le premier professeur d'éloquence latine au Collège royal de France, par L. Roersch, 132; Vondel et la Belgique, par J. Stecher, 460; M. Em. Pasquet soumet un travail intitulé : Sermons de carême en dialecte wallon, 666; rapports de MM. Seheler et Bormans sur ce mémoire qui figurera dans le Recueil in-8e, 847, 855.

J.

Jubilés et Fétes. Cinquantiéme anniversaire de la fondation de la Société des sciences naturelles de Hambourg, 398; liste de sous- cription pour la fondation d'une institution 'seientifi que à l’occasion de la célébration du soixante-dixiéme anniversaire du professeur Donders, 399; MM. P.-J. Van Beneden, Folie et Frederieq délégués à ce jubilé, 536.

M.

Mathématiques. Développements sur la théorie des formes binaires, par Jacques Deruyts, 53; rapport sur ce travail par MM. Le Paige et Mansion, 4, 5; sur la représentation des involutions unieursales, par Francois Deruyts, 322; rapport sur ce travail par C. Le Paige, 199; sur la théorie de l'involution, par Fr. Deruyts, 650; rapport sur ee travail par MM. Le Paige et Mansion, 543, 544; sur les éléments neutres des involutions, par C. Le Paige, 211; M. Ferron est remis en possession de son manuscrit intitulé : Sur l'insuffisance du système suivi par Cauchy (Théorie de la lumière), 536; M. Catalan - présente pour les Mémoires in-4° une suite à ses précédents travaux intitulée : Nouvelles propriétés des fonctions X,, 102. Voir

Mécanique.

Mécanique. Note sur les oscillations d'un pendule produites par le : déplacement de l'axe de suspension, par E. Ronkar, 296; rapport » sur ce travail par F. Folie, 195; sur les notions de force, d'accélé- ration et d'énergie, discours par J. De Tilly, 975; dépôt aux archives d'une lettre de M. Nie. Daniel, Mal-Mets de (Asie mineure, relative- : au mouvement perpétuel, 194:

et physique du pa * B.-G. Jenkins soumet une-

TABLE DES MATIÈRES, 1137

note intitulée : On Foreeasting the weather, 535; avis de M. Houzeau Kaval dépose D cune ication d'atéire 693; influence des bourrasques sur la scintillation des étoiles, par Ch. Montigny, 103; M. Damry soumet une note concernant la pression du vent en grandeur et en direction, 813. Musique. Avis de la seetion de musique sur une note de M. J. Martin de Visé intitulée : Proposition d'une base harmonique, 490. Voir Concours (Grands). Prix de Rome.

N.

Nécrologie. Annonce de la mort de MM. Ludolphe Stephani, 108; Laurent-Guillaume de Koninck, 186; J.-F. Tielemans, 315; N. De Keyser, 386; G. De Man, 387; Louis Gallait, 856; G. Kirchhoff, 534 ; Spencer Fullerton Baird, 534; Antonio-Augusto d'Aguiar, 534.

Notices biographiques pour l'Annuaire. F. Duprez par G. Van der Mensbrugge, 186; L.-P. Gaehard par Ch. Piot, 315; Alp. Vanden- peereboom par Ch. Henne, 456; Joseph Franek par H. Hymans, 485; J. Geefs m le chev. Edm. Marchal, 489; G. Nypels par Ch. Loomans, 666 ; M. Ch. Faider écrira la notice dd -F. Tielemans, 375; M. Éd. Fetis celle de Louis Gallait, 857; M. J. Rousseau celle de G. De Man, 387; M. Siret désigné pour faire une notice sur N. De Keyser est remplacé par H. Hymans, 387, 678.

o. Ouvrages présentés. Juillet, 179; août, 392; octobre, 521; novembre, 83; décembre, 1101. ~ Philosophie. Lecture des ei de de MM. Tiberghien et Le Roy sur

mémoire de M. A. Van Weddingen intitulé : Les tendances RS 6 dans leurs rapporte avec Tobjestvite et la certitude

= B.

M. John Barker Smith so te intitulée : A new philosophy, 691; rapport de M. Houzeau sur ee travail qui est déposé aux archives, 818. Bloiographie. Voir Physiologie (travail de M. Henrijean). Physiologie. Application de la photographie à l'étude de l'électro- - tonus des nerfs (communication préliminaire), par F. Henrijean, Ta

oo m SÉRIE, TOME XIV.

ani

1158 TABLE DES MATIÈRES.

80; _rapport sur ce travail par MM. L. Frederieq et Van Bambeke, 6, 1; sur la cireulation du sang dans le cercle artériel de Willis, par I. Corin, 90; rapport sur ce travail par MM: L. Frederieq et Yan Bambeke, 7, 8; action des acides sur le goût par J. Corin, 616; rapports sur ce travail par MM. Delbœuf et Frederieq, 536, 539. Voir Zoologie.

Physique. Détermination de la loi théorique qui régit la compres- sibilité des gaz, par P. De Heen, 46; petite expérience relative à l'influence de l'huile sur une masse liquide en mouvement, par G. Van der Mensbrugghe, 205; dépôt aux archives d'une note de M. E. Dueretet sur un enregistreur mécanique et automatique des signaux transmis par les télégraphes et par les projecteurs optiques, 535; M. Delaurier soumet une note sur les causes proba- bles de l'explosion d'un réeipient, 691; rapport de M. Spring sur ce travail déposé aux arehives, 815; M. Edm. Van Aubel soumet un travail intitulé : Etude expérimentale sur l'influence du magnétisme et de la température sur la résistanee éleetrique du bismuth et de ses alliages avee le plomb et l'étain, 813. Voir Chimie et Concours de la Classe des sciences. ;

Poésie. Voir Concours des Cantates.

Prix Castiau. Programme (troisième période), 120.

Prix de Saint-Genois. Programme de la première pe; 193.

Prir de Stassart. (Notice sur un Belge célébre.) Programme de la cinquième période, 122. Big d'histoire nationale.) Programme de la quatrième md

Prix Guinard. Envoi au Ministre d'une ; liste supplémentaire de noms pour le choix du jury, 375; membres du jury, 398, 45

Prix Joseph De Keyn. Programme (4* concours, deuxième période), 119.

Prix Teirlinck. Programme de la première période, 124.

S...

Séances. P e DES SCIENCES : 2 juillet, 1; 6 août, 185; 8 octo- bre, 397; 5 novembre, 524; 3 décembre, 689; 15 décembre, 812;

16 décembre aee conia ei, 914. CLASSE DES LETTRES : 4 juillet, 108; , 914; 10 octobre, 454; 1 novembre, 665; 5 décembre, d. i „ASSE DES BEAUX-ARTS : T juillet, ATT; -

4 août, 386; 6 octobre, 484; 97 oetobre, 488; 30 octobre (séance publique', 491; 10 novembre, 617; 1er décembre, 856.

TABLE DES MATIÈRES. 1159

Spectroscome. Nouvelles recherches sur le spectre du carbone, par ievez, 100; rapport sur ce travail par M. Stas, 9.

Sub. bsides. Avis favorable sur la RESIN de abside faite par M. Julin à l'effet de pouvoir participer au congrès organisé, à Manchester, par l'Association eec pour l'aviiceieiit des sciences, 19.

Z.

Zoologie. Les genres ÉcreNAsGIdrA Herp. RHOPALEA Pau. et SLUITERIA (nov. gen.). Note pour servir à la classification des des Tunieiers, par Éd. Van Beneden, 19; nouvelles recherches sur la féeondation et la division mitosique chez l'Asearide mégalocé- phale, Communication préliminaire par Éd. Van Ben óden et Adolphe Neyt, 915; contribution à l'étude du développement de l'épiphyse et du troisième œil chez les reptiles. Communication enis par P. ag 810; rapport sur ce travail par M . Éd. n Beneden et Ch. V n Bambeke, 699, 702; recherches

Myriopodes; % partie. Vision chez les Arachnides, par F. Plateau, 407, 545; revision des poissons d’eau douce de la Faune belge par le baron Edm. de Selys Longchamps, 1021; des races et des variétés dans l'espèce MusTELA PUTORIUS, par A. Drion, 365; avis exprimé sur ee travail par MM. P.-J. Van Benedet et Ed. de Selys Longchamps, 194 ; note sur quelques espèces rares de la faune des vertébrés de la Belgique, observées dans le Limbourg belge, par le Dr Bamps, 369; avis ex juge sur ce pier iae le baron Edm. de Selys Longehamps, 194; i à l'examen du rapp e M. Paul Pelseneer sur le Hour y ses inis Re Station zoolo- gique de Naples, 186; communication au Ministre de l'appréeiation faite de ce travail par MM. Van Beneden, pére et fils, et F. Plateau, ; M. Pergens demande à pouvoir occuper, en 1888, la place réservée aux Belges à la Station zoologique de Naples, 534; communication du Ministre des rapports faits sur cette gp . Van Beneden, père. et fils, et F. Plateau, 692. Voi Concours de la Classe des Science:

TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES.

Pages 40, 41, 42, Série de coupes transversales de l'organe car-

pue 886, tome XIII. Ligne 4 en remontant, au lieu de : Depuis hd

diaque de RHOPALÆA NEAPOLITANA (Éd. Van Beneden»).

86. Dispositif pour l'étude de l'éleetrotonus des nerfs (F. Henrijean)

90. Inscription photographique de l'éleetrotonus |F. Henri- ean

207 Influence d'une quantité minime d'huile sur le mouve- ment d'une masse d'eau (entonnoir); G. Van der Mensbrugghe

291. Fécondation et division métosique chez l'Asearide

mégalocéphale (Éd. Van Beneden et Adolphe Neyt).

296. Oscillations d'un pendule ipie per le déplacement de l'axe de suspension (E. Ronk

448, 594. Recherches sur la vision dix les Arthropodes (F. Plateau).

598. Sur les dépôts rapportés par Dumont à ses systèmes laekenien et tongrien au S.-E. de Bruxelles (coupes) par Michel Mourlon.

638. Observations physiques de Saturne, faites en 1887, par Paul Stroobant.

840. Développement de l'épiphyse et du troisième œil chez les reptiles (P. Francotte».

ERRATUM.

et desormais, lisez : Dupuis et Des Ronais.

TABLE DES MATIÈRES.

CLASSE DES SCIENCES. Séance du 3 décem*re 1887. Van Beneden, lauréat pour la! 8* période du concours. Le eos

ne E Restitution à M. -Dormal de son billet cacheté déposé

«n nee

SION SPÉCIALE DES FINANCES. - Résodtion. o. URS ANNUEL. Lecture des rapports . c E Communication a u Ministre des rapports faits jar MM. Yan! et fils et F. Plateau sur la deman de adre ore per r M. Pe rge ans cet d’être re à la station zoologique de Naples . M Houzeau sur un "M de M. 2-6. Jenkins, On fori rüsiing " weat : ort ei MM. Spring et St nssinger concernant ues dérivés nouveaux bs l'alcool entyique peram v" es.

h. "IM Vallée-Poussin et niet sur un aval d med concernant la nature minéral ia ~l i à à l'étude epa ur for mation.

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n: aret nieuwe ARENE ne 1. sienne da diu us note

n SCIENCES ds Liste de quatorze nons: pour le choix du jus. £d ğ P COMMISSION SPÉCIALE DES FINANCES. -. Réélection i Rapports. Rapports de MM. Scheler et Bormans sur un EH. de M. Pasquet intitulé : Sermons de caréme en dialecte wallon, . CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 1e décembre (887, 2 CORRESPONDANCE. Annonce de s mort de Louis pr a du i e par Ed. Fétis. "Envoi à l'examen du 1*r rapport de M. Vander Veken, lauréat du grand concours ded “rad e de 1886. poses d’ ouvrages. COMMISSION SPÉCIALE DES FINANCES. Réélection . . . i s Rarporrs. Com munication au Ministre des appréciation 1e du 5x SUM de M. Anthone, grand prix de sculpture en 1885; de Femoi-terie scs de M. Lenain, grand prix de gravure en 1881 . COMMUNICATIONS ET LECTURES.. Fra em n Ange par J. Roussesd.

eid u eter Rapport de M. | Spin sur n trava il de M ce Fa concernant. les causes TT obesse idi duh récipient, etc.

e M. veg sur un travail de libe. Barker Smith inti vm; a

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PUBLICATIONS DE L'ACADENIE ROYALE DE BELGIQUE.

ux Mémoires, lomes XIX (Ha 1845); in-4^, Mémo oires, nt XX. XLVI, (1846-1856); in-4°. Prix : 8 fr. par volume à partir du tome X. Mémoires couronnés, lomes I-XV (1817-1842); in-4», Mémoir

couronnés et Mémoires des savants étra ngers, tomes XVI-XL VII: XLIX, ter fasc. Dm APP A Poe :8 fr. par vol. ere tome XI] uronnés,in-85, t. I-XXXIX: XL. 4er fase. Prix : 4 fr. par vol.

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Catalogue de la biche de l’Académie. 1850; hr édition, ire partie: Sociétés savantes et Recueils périodiques; 2de partie : sciences; lettres, 1881-87, 5 vol. in-8°.

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nds écrit OEuvres de chastettatn, paies par < "ers de Lettenhove. 1865-1? s l ^, Le 8*7 livre des Chroniqu Froissart, : publié par le méme. 1865, 2 vol. ee —€ 1 han le Bel, publiées par M. Polain. 1865. 2 vol. in Cléomadès, publié par M, Va: ae It. 1866, 2 vol. in-89, Bits e entes d Jean et | audouin de Condé, publiés et M Augie Scheler. e 5 vol. in-8*. Lin coe pos ete., publié par M. J. Petit. 1866- 1872, 2 vol. in- (md

OEuvres de Froiss "A Chr roniques , dame Mie M Ker ah de L hove. 1867-1577, 26 vol.in-8°; Poésie publiées par M. Scheler. 1870-1875. wki -

Bits de VW airiquet de Couvin, publies par M A. Scheler. Put ,1 vol. in-8°, Les Enfances Ogier, publiees par le méme. 1874, . in-8.— Bueves de Commarchis, par Adenès li Rois, publié par le ions 1874

me. 1874, F vol. í = pubes par le ae ha 1 vol. in-8°, Nouvelle série, de 1 vol. pr |. Li Bastars ^; publi par le 1377, 1 vol. in-8", Récits d'u PASS AMA biles - ri le baron Kervyn d de Tetenore TNT, 1 vol. i rud paper- uvres de Ghiti Laon liées pa . Potvin. iSTS, 1 vol. in-3°. Poési: tuper li imis p i M. Kervyn de nn pn. 2 e

SONA Commission ro "— d'histoire. Collection de Chroniques belges inédites, publiées par ordre du es dd Weisen 74 vol. Sir eel ce liste sur la couverture des Chroniques.) 00 [re série, avec hice 1 vol.in-80, (— 2m le 850-1850), 15 vol. 1 jme : mw 13. "e Tek: iu-8°. 4me série, tomes LXI «18 15-1880). LN S ; mes in-8v, (Voir la li cid " couverture.

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