ADANSONIA — 7. RECUEIL D'OBSERVATIONS BOTANIQUES RÉDIGÉ Par le BE) E. BALELLON TOME ONZIÈME | 8 PARIS 5, RUE DE L'ANCIENNE-COMÉDIE ET CHEZ F. SAVY, 77, BOULEVARD SAINT-GERMAIN MARS 1873 — JUIN 1876 ADANSONIA — RECUEIL D'OBSERVATIONS BOTANIQUES XI : ee ADANSONIA RECUEIL D'OBSERVATIONS BOTANIOUES SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D'ACCROISSEMENT DANS LE THALLE DU METZGERIA FURCATA Par M. €. DUTAILLY Licencié ès sciences naturelles. I La famille des Hépatiques, par la place précise qu'elle occupe entre les Algues, les Champignons et lés Lichens d'une part, vé- gétaux amphigènes dont elle offre souvent, au moins en apparence (chez les Anthoceros, par exemple), le mode de végétation, et les Mousses d'autre part, Cryptogames acrogénes qui, par leur sys- tème végétatif, conservent avec les Jungermannes des liens étroits de parenté; la famille des Hépatiques, disons-nous, est à coup sûr l’une des plus intéressantes du règne végétal. Il n'est guère en effet, au point de vue général, d'étude plus instruclive, plus riche en faits que celle de ces familles de transi- tion, sorte de pont jeté entre d'autres groupes qui semblent fort éloignés au premier abord. xi. (16 avril 1873.) 1 2 SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D'ARCCOISSEMENT Et si l'on réfléchit que, dans certains types intermédiaires, ces familles présentent fréquemment juxtaposés les caractéres des différents groupes qu'elles réunissent, ne peut-on point, avant tout examen et sans trop de présomption, penser, en s'en tenant à la famille des Hépatiques, que le double accroissement des Am- phigénes et des Acrogénes, à la fois régulier et indéfini, doit se trouver réalisé dans une ou plusieurs Hépatiques placées à la limite exacte entre les Cryptogames amphigènes et les Cryptogames acrogènes, confinant aux uns et aux autres? C'est en prenant cette idée comme point de départ, que nous nous sommes demandé de quelle nature était l'accroissement du thalle du Metzgeria furcata Raddi (Jungermannia furcata Linn.), s'il était en totalité celui des plantes acrogènes, ou bien s'il ne procédait point encore à un degré quelconque de celui des Amphigènes. Il Cette petite Hépatique que l’on rencontre fort communément sur les troncs d'arbres, parmi les Mousses, se présente à l’état adulte sous forme d’une mince bandelette plusieurs fois bifurquée, parcourue d’une extrémité à l’autre par une nervure divisée en autant de branches qu'il y a de bifurcations, et proéminant princi- palement à la face inférieure du thalle. De chaque cóté de cette nervure, la plante s'étale en une expansion membraneuse d'un vert clair, à bords entiers, d'une largeur variable suivant l'üge du végétal, et constituée par des cellules irréguliérement polygo- nales, disposées en une couche unique, ce qui rend facile l'étude de leur production. Ces éléments paraissent, à l’âge adulte, entre- mêlés sans ordre et sans qu'aucune loi ait présidé à leurs cloison- nements successifs. Chacune des bifurcations s'arrondit en forme de spatule, tandis que l'extrémité unique, par laquelle le thalle a débuté à sa sortie de la spore lors de la germination, s'atténue au contraire en une pointe assez fine, constituée par quatre cellules dont les deux mé- DANS LE THALLE DU METZGERIA FURCATA. à dianes, plus allongées que les autres, représentent la portion la plus âgée de la nervure. On le voit, cette nervure s’est dessinée de prime abord, au début méme de la germination ; et, fait curieux, que le thalle se 1 montre à peine long de + de millimètre, ou qu'il ait atteint tout le développement dont il est susceptible, cette nervure, examinée à la superficie de la plante, sans pénétrer, bien entendu, dans les détails internes de son organisation, s’offre partout réduite à deux séries linéaires de cellules ayant toutes mêmes proportions et même di- rection d'une extrémité à l'autre. Je me trompe, cela n’est abso- lument vrai que durant la jéunesse du thalle. A cette époque, aussi bien à la face inférieure qu'à la face supérieure, la nervure se montre ainsi constituée. Mais vienne le temps où paraissent les premières bifurcations, et l'on verra ces mêmes rangées linéaires se subdiviser à leur tour, à la face inférieure seulement, chacune en deux nouvelles séries; d’où, en définitive, quatre rangées de cellules qui vont donner insertion à un grand nombre de poils radicellaires, devenus nécessaires à la nutrition de la plante. En outre, aux points mémes oü la tige se bifurque, la nervure pré- sente généralement aussi quatre rangées de cellules, sur une face comme sur l'autre, gràce aux phénoménes intimes de division cel- lulaire qui s'aecomplissent pour la production de la bifurcation. Si maintenant, quittant la superficie du thalle, nous cherchons au moyen de coupes longitudinales et transversales à nous rendre un compte au moins sommaire de sa structure, nous reconnai- trons facilement que l'organisation de la nervure différe totalement de celle des lames membraneuses latérales. En effet, tandis que celles-ci ne se composent que d'une seule couche de cellules, la nervure offre par contre, dans l'arrangement réciproque de se éléments, une complication d'autant plus prononcée qu'on observe la plante à un âge plus avancé. Les figures 1, 4, 7 et 10 de la planche II, qui représentent des coupes transversales de nervures à différentes époques, donnent une idée trés-neite de cette com- plieation graduelle. Nous n'entrons point pour le moment dans 4 SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D ACCROISSEMENT plus de détails ; il nous suffit de faire remarquer ce que d'ailleurs l'œil le moins exercé peut saisir de prime abord : C'est que, dans chacune de ces figures, la distribution des cellules, quel qu'en soit le nombre, apparait manifestement réguliére, et par conséquent soumise à un accroissement régulier. | Ces éléments diffèrent d'ailleurs des cellules superficielles de la nervure par leur calibre de deux à quatre fois plus étroit et leurs parois notablement plus épaissies. Utilisant les quelques notions générales qui précédent, nous nous demanderons, en précisant davantage : Quelle différence existe-t-il entre l'accroissement de la nervure et celui des lames membraneuses latérales? Appartien- nent-ils, l'un à l'aceroissement acrogène, l'autre à l'accroissement amphigène ? Quelles lois président au développement des éléments de la nervure, en opposition avee celles qui régissent les cloison- nements cellulaires d’où dérivent les expansions latérales du thalle ? I Nous débuterons par l'étude de l’accroissement de ces dernières. Disons-le tout d'abord, de ce cóté la tâche nous sera légère. Dans un excellent mémoire, publié en 1863, dans le Journal de Botanique de Pringsheim (1), M. L. Kny a résolu cette question de la maniére la plus eompléte. Nous ne saurions trop louer le soin minutieux qu'il a mis à décrire le mode de formation des bifurcations et les sectionnements cellulaires qui s'effectuent à l'extrémité de ces dernières, sectionnements qui aboutissent à l'élongation et à l'élargissement du thalle. Nous n'aurons guère qu'à revenir le plus brièvement possible sur les faits constatés par cet observateur, en nous arrétant uniquement sur ceux qu'il nous importera plus spécialement de mettre en lumière. Les figures 1 à 8 de notre planche I, relatives à cet accroisse- ment superficiel, n'apporteront, nous tenons encore à le recon- (1) Beitrage zur Entwickelungsgeschichte der laubigen Lebermoose, von Dr. L. Kny. La DANS LE THALLE DU METZGERIA FURCATA. 9 naitre, aucune donnée nouvelle sur les différents cloisonnements qui se produisent pour donner naissance aux expansions latérales. Il nous a toutefois semblé utile de les reproduire, parce qu'elles représentent à leur début les faits que M. L. Kny avait plus parti- culièrement retracés dans leur plus grand développement. En effet, tandis que ee botaniste étudie à l'extrémité d'un thalle adulte toutes les modifications qui peuvent s'y passer, nous avons pu les saisir à leur début, alors que le jeune thalle n'était encore qu'à l'état d'innovation, alors méme que cette innovation, à son tout premier âge, se présentait conslitaée par une cellule unique; et, cloison par cloison, nous avons assisté aux premiers développe- ments de la plantule. Nous le répétons avec insistance : cette étude n'a fait que confirmer les travaux de M. Kny, et c'est à lui que revient tout le mérite de la détermination exacte de l’accrois- sement superficiel du Merzger:a furcata. Lorsque l'on examine attentivement et côte à côte un thalle adulte, plusieurs fois bifurqué , et un thalle jeune, long de 2 à 10 millimètres, on est frappé de ce fait que les bords du premier étant parfaitement droits et réguliers, ceux du second présentent généralement, de distance en distance, sans aucune symétrie d'ailleurs, de petites excroissances en forme de palettes, de tailles variables, et qui se différencient, au premier coup d'oeil, des bifur cations en ce que la nervure du thalle ne se divise point à leur niveau pour leur envoyer un rameau, comme elle le fait toujours pour les bifurcations. Leur extrémité adhérente, réduite à quatre cellules, n'a d'ailleurs aucune ressemblance avec la base élargie. solidement implantée, qui réunit les bifurcations au thalle. Ces bourgeons ont recu le nom d'innovations ; dés qu'ils auront atteint des dimensions suffisantes, ils se sépareront de la plante mère à la facon des bulbilles des végétaux supérieurs, pour vivre à leur tour d'une maniére indépendante. A son début, l'innovation est représentée par une utricule unique marginale (pl. I, fig. 1), qui se renfle et s'accroît de telle sorte qu'elle proémine légèrement en dehors du thalle. Bientôt, f 6 SUR L EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D'ACCROISSEMENT et méme longtemps avant que l'utricule ait triplé de volume, il s'y dessine une double cloison en forme d'Y (pl. I, fig. 2), qui la partage en trois autres, dont deux inféro-latérales et la troisjéme supérieure. Il est probable que la cellule-mére s'est sectionnée tout d'abord en deux parties par une simple cloison oblique, et que le second jambage de cette espéce d'Y ne s'est constitué que postérieurement à l'autre. Nous devons dire cependant que nous ne Jes avons jamais vus se présenter que tous deux réunis. Quoi qu'il en soit, peu aprés, les deux cellules inféro-latérales se subdivisent à leur tour chacune en deux nouvelles cellules (pl. I, fig. 3), et l'on se trouve alors en présence de cinq cellules : deux inférieures, que nous désignerons par les lettres O et O!, deux latérales que nous appellerons A et B, et une supérieure, de forme triangulaire. De ces cinq cellules, les deux inférieures, O et O', représentent les deux premiers éléments de cette nervure que nous avons déerite dans le thalle adulte comme formée de deux séries linéaires de cellules. Elles demeureront désormais telles que vient de les constituer ce mode de cloisonnement peu compliqué. Il en est de méme des cellules A et B; ce sont les deux premiers représentants des expansions membraneuses laté- rales et les seuls qui se produiront à ce niveau. Nous retrouvons d'ailleurs dans ces quatre cellules O et Ot, A et B, celles en nombre égal que nous avons décrites à l'extrémité du thalle adulte et qui se sont formées primitivement lors de la germination de la spore. Que la cellule terminale triangulaire (pl. I, fig. 3) devienne le siége de cloisonnements identiques, comme résultat définitif à ceux que nous venons de voir s'effectuer dans la cellule primitive de l'innovation (cloisonnements que représentent pas à pas les figures 4, M, N, et 5, pl. I), et il en résultera cinq nouveaux élé- ments dont les deux moyens (pl. I, fig. 5), O? et O°, se présentent en prolongement des cellules O et O5, et par conséquent eoncou- rent à l'élongation de la nervure, tandis que les deux utricules DANS LE THALLE DU METZGERIA FURCATA. 7 C et D sont destinées à produire l'agrandissement des ailes mem- braneuses du thalle. On comprendra facilement comment le méme phénoméne se reproduisant dans la cellule R d'abord (pl. 1, fig. 5), puis se répé- tant un nombre illimité de fois, le thalle doit s'allonger peu à peu en se présentant constitué comme il suit : 4° Une nervure médiane formée superficiellement de deux rangées de cellules accolées; 2 des lames latérales fort étroites, puisqu'elles résultent du dé- veloppement, suivant la largeur, d'une cellule unique de chaque côté de la nervure. Un semblable accroissement, d'une régularité si parfaite et si absolue, se trouve parfois réalisé dans certaines innovations presque complétement dépourvues de chlorophylle, douées conséquemment d'une vie peu active et qui se désséche- ront de bonne heure, sans pouvoir jamais atteindre à l'état adulte. Quant aux innovations normales, elles offrent un tout autre déve- loppement des ailes membraneuses. Nous y retrouvons, à la vé- rité, la nervure constituée par deux rangées cellulaires, telle que nous la décrivions plus haut et telle aussi que les figures 7 et 8 (pl. I) la représentent. Au contraire, de chaque cóté, les utricules se sont peu à peu mullipliées. S'il est exact de dire qu'à la base de toute innovation, il ne s'en trouve qu'une de part et d'autre, il faut également reconnaitre que ce mode de développement s'altére ou plutót se complique rapidement. Le thalle s'élargit en effet, et l'on peut alors compter deux, trois, quatre, et jusqu'à vingt cel- lules de chaque cóté de la nervure. Il faut done qu'au mode d’accroissement décrit plus haut vienne s’en surajouter un autre qui permette l'élargissement indéfini des lames vertes latérales. La fig. 6 (pl. 1) nous en offre l'exemple le plus simple possible. L'innovation qu'elle représente différe à peine de celle de la figure 5 (pl. 1). On peut voir cependant que la cellule € de cette dernière se trouve, dans la figure 6, subdi- visée en deux autres C' et C", par une cloison perpendiculaire à la nervure. On trouve une modification de méme ordre dans la figure 7 (pl. I), relativement aux cellules D' et D", formées aux 8 SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D'ACCROISSEMENT dépens d'un élément simple primitivement, la cellule D des fi- gures 5 et 6 (pl. I). Voilà donc un premier mode de multiplication cellulaire, en dehors de ceux que nous analysions il y. a. un instant. Il en est un autre d'un emploi plus fréquent encore. La figure 8 (pl. 1) en reproduit un exemple des plus démonstratifs. En effet, si l'on compare cette figure à la figure 7 (pl. I), on verra que tandis que dans la seconde les cellules constituantes de la ner- vure O* et O* ne présentent latéralement que les utricules E et F, dans la première elles en. offrent quatre : E’ et F, F' et F” , qui résultent de la division des cellules E et F par une cloison paral- léle à la nervure, cette fois. Si le thalle doit s'élargir encore da- vantage, il se formera successivement une, deux, trois, cte..... cloisons nouvelles au milieu de la cellule marginale, de dedans en dehors, cloisons encore parallèles à la nervure. Ainsi donc, et M. L. Kny l'a fort bien indiqué, l'élargissement des portions laté- rales du thalle s'opére par des. cloisonnements tantôt parallèles, tantôt perpendiculaires à la nervure. Et comme ces deux modes de segmentation ne sont soumis à aucune régularité, comme l'un d'eux fait souvent défaut dans une étendue plus ou moins consi- dérable, on est forcé d'admeltre que les expansions présentent un accroissement complétement abandonné au hasard, Aussi doit-on reconnaître que, de ce côté au moins, le Metzgeria furcata tient encore et bien réellement aux Cryptogames amphigénes. . IV Tandis que les cloisonnements cellulaires que nous venons de décrire se passent à la superficie du thalle, d'autres s'accomplis- sent dans son intérieur ou plutôt dans l'intérieur de la nervure, qui seule, nous le savons, prend un accroissement en épaisseur. Dans le chapitre qui précéde, nous avons suivi le développement superficiel de l'innovation. dés sa première apparition, et nous . Favons montré s’effectuant graduellement, régulier pour la ner- DANS LE THALLE DU METZGERIA FURCATA. 9 vure, indéfini pour les portions latérales du thalle : nous tiendrons, dans l'étude du développement de la nervure suivant l'épaisseur, une marche analogue, et nous passerons successivement en revue les différents degrés de complication de cetle nervure, en débu-. tant par les simples. Est-il bien nécessaire de le dire? Il ne s'agit point iei de l'un de ces modes d’accroissement que l'on puisse en quoi que ce soit comparer à celui des végétaux supérieurs chez lesquels on voit des faisceaux, formés à différentes reprises, venir s'ajouter aux fais- ceaux préexistants et concourir à l'augmentation de volume de la tige. Tandis que chez ces derniers végélaux, c'est à la partie in- férieure du tronc qu'il faut aller chercher les dimensions les plus considérables, chez le Me/zgeria furcata, au contraire, c'est au voisinage de l'extrémité des bifurcations que l'on trouve l'acerois- sement le plus compliqué. Dans les portions primitivement for- mées se montre la structure la plus élémentaire. A ce fait il convient d'assigner une double cause : c'est que d'abord tout le travail cellulaire qui doit aboutir à l'épaississement de la nervure en un point donné s'aecomplit d'un seul jet, pour ainsi dire. A peine cette derniére s'est-elle, dans la cellule trian- gulaire du thalle, aceusée par les deux cellules qui la caractérisent superficiellement, qu'elle se montre à l'intérieur tout aussi com- pliquée qu'elle le sera plus tard. En outre, le petit nombre d'élé- ments que présente la nervure à l'extrémité par laquelle a débuté le thalle, s'explique facilement si l'on songe qu'à l'époque où ils se sont produits, l'innovation, dépourvue de radicelles, ne com- muniquant d'ailleurs avec la plante-mére que par une sorte de pédoneule étroit, ne trouvait que difficilement les matériaux néces- saires à son développement. Plus tard, les éléments se multiplient au contraire; la nervure s'épaissit quand, par l'intermédiaire de poils radicellaires innombrables , la nourriture a pu affluer et donner à la végétation une plus vigoureuse impulsion. Partant de là, si l'on fait à travers le thalle de minces seclions transversales, en remontant peu à peu de l'extrémité opposée aux 10 SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D'ACCROISSEMENT bifureations jusqu'à ces dernières, on se trouvera successivement en présence de modes de cloisonnements de plus en plus compli- qués. L’accroissement interne de la nervure révèle-t-il une régu- larité égale à celle que nous avons vue présider à son aceroisse- ment superficiel? Telle est maintenant la question que nous allons nous efforcer de résoudre. Cette fois, M. L. Kny nous a laissé le champ libre et large- ment ouvert. Peut-être le but de ses recherches le portait-il d'un autre cólé, et l'accroissement en épaisseur de la nervure n'était-il pour lui que de mince importance. Il n'en est pas moins vrai que, dans son mémoire, à cólé de l'étude si approfondie du développe- ment des lames membraneuses, celle de l'épaississement de la nervure est demeurée dans l'ombre, à peine ébauchée. Il lui con- sacre, en effet, une figure unique entre beaucoup d'autres. Re- présentant une section longitudinale de la nervure, eette figure ne peut jeter aucune lumière sur l'arrangement réciproque de la tota- lité des éléments qui la constituent, puisqu'elle n'en montre qu'une quantité restreinte. Qui pourrait, d’après une coupe longitudinale, - déterminer le nombre, la distribution symétrique des faisceaux fibro-vaseulaires d'une tige de Dicotylédon? Or, toutes proportions gardées, dans cette étroite nervure du Metzgeria furcata, chaque cellule a l'importance d'un faisceau fibro-vaseulaire de Dicotylé- don ; c’est done, encore une fois, à la coupe transversale seule du thalle que nous devons nous adresser, car elle seule peut nous apporter des renseignements précis sur le sujet qui nous occupe. Si l'on fait une mince section transversale à travers une innova- tion étiolée, un peu au-dessus de son point d'adhérence au thalle, on s'assurera que presque toujours il ne s'est produit aucurfe segmentation intérieure, et que les cellules de la nervure ne se distinguent même en rien des utrieules latérales (pl. 1, fig. 9). Une section analogue prise au méme niveau, à travers une inno- valion vigoureuse, montre les deux cellules de la nervure subdi- visées par une cloison médiane (pl. I, fig. 10). De ces quatre cellules, deux regardent la face supérieure, les cellules M et N. DANS LE THALLE DU METZGERIA FURCATA. 11 Il n'en sera plus question, car elles ne subiront désormais aucune espèce de modification. Nous les retrouvons effeetivement, telles que nous venons de les décrire, dans les figures 10, 11, 12 (pl. I) et dans toutes celles de la planche II. Quant aux deux cellules inférieures, quelle que soit d'ailleurs la cause qui de préférence sollicite leur dédoublement, elles vont, mais successivement, en général, se cloisonner toutes deux par leur milieu (pl. I, fig. 11 et 19). Les deux cellules primitives de la nervure ont ainsi donné naissance à six autres, superposées deux à deux en trois plans distincts : 4° un plan supérieur définitivement constitué; 2° un plan inférieur dont les deux éléments se subdivisent plus tard (pl. II, fig. 5 à 40) pour fournir insertion à de nombreuses radi- celles; 3* un plan moyen qui seul dorénavant va nous occuper. Les deux cellules primitivement placées cóte à cóte qui le com- posent, empiètent bientôt un peu l'une sur l'autre (pl. I, fig. 42). Cette tendance s'accentue de plus en plus; elles finissent par se croiser et par chevaucher en quelque sorte (pl. IT, fig. 1). C'est alors que vers le milieu de chacune d'elles se produit une cloison. La figure 2 (pl. 11) ne présente qu'une cellule cloisonnée. La figure 3 (pl. H) les montre toutes deux segmentées. La couche cellulaire médiane compte ainsi quatre cellules dont les deux moyennes finissent par se superposer complétement l'une à l'autre, par suite de leur élongation (pl. H, fig. à). Bientót ces deux cel- lules, que nous appellerons B et b, se sectionnent à leur tour cha- cune en deux nouveaux éléments (pl. IL, fig. A), de sorte que si l'on compare la figure 4 avec la figure 1 (pl. I), on verra que la cellule A de la figure 1 a donné naissance aux cellules A, B, C, de la figure 4, et que pareillement la cellule a de la premiére de ces figures a produit les éléments a, b, e, de la seconde. Établissons une comparaison de méme ordre entre la figure 4 et la figure 40 (pl. H). Celle-ci, qui représente le degré de com- plication le plus élevé que nous ayons rencontré, ne diffère cepen- dant de la figure 4 que par des modifications de minime impor- tance. En effet, la couche cellulaire moyenne de la nervure qui, 13 SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D'ACCROISSEMENT dans la figure 10, se trouve représentée par quatre files de cellules, files perpendiculaires à la surface du thalle, l'est, dans la figure 4, parles rudiments de ces mémes rangées cellulaires. Nous pou- vons, sur cette simple observation, présumer que les dix-sept cellules moyennes de la nervure représentée dans la figure 40 résulteront de cloisonnements réguliers s'opérant dans les six utricules de la couche moyenne de l'autre figure. C'est, en effet, ce qui a lieu : les figures 5, 6, 7, 8, 9 (pl. 1) ne sont que les degrés divers par lesquels passe la nervure avant d'arriver à l'épaississement parfait tel que le représente la ligure 10. Les cloisons qui dans la cellule primitive A (pl. II, fig. 1) ont donné successivement naissance aux cellules A, B, C, se sont pro- duites de dehors en dedans; nous allons voir de nouvelles subdi- visions se former dans ces trois cellules avec une égale symétrie, et toujours de dehors en dedans. C'est ainsi que la figure 5 nous montre la cellule A de la figure 4 partagée en deux autres : les cellules A* et A?, tandis que les cellules B et C demeurent com- plétement simples. Dans la figure 7, la cellule B s'est dédoublée à son tour en deux éléments B* et B?. La cellule C, seule cette fois, reste telle qu'elle était dans la figure 4. La figure 6 repré- sente la coupe d'une nervure à peine différente. La cellule A ne s’est point scindée en deux autres, comme cela s'effeetuait dans la figure précédente. Mais, à ses dimensions exagérées, on recon- naît facilement qu'il n'y a là qu'une simple anomalie; au lieu de se eloisonner, elle s'est élargie outre mesure. Nous pourrions entrer dans des explications analogues relative- ment aux figures 8, 9 et 10. Mais outre que cela nous entrainerait trop loin, nous sommes certain que la distribution, dans ces trois dessins, des lettres désignant les cellules et leur mode de groupe- ment, distribution identique avec celle des figures précédentes, suf- fira. pour expliquer très-clairement la provenance de chacune d'elles. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple et le plus compliqué des trois. on reconnait à premiére vue que, dans la figure 40, les DANS LE THALLE DU METZGERIA FURCATA. 13 trois. cellules A!, A?, A?, les trois cellules Bt, B*, B?, les deux cellules C! et C?, proviennent respectivement de cloisonnements effectués dans chacune des cellules A, B, C, de la figure 4, etc. Ce que nous tenons principalement à faire ressortir des faits qui précèdent, c’est la symétrie remarquable avec laquelle se produi- sent les cloisonnements, de dehors en dedans. C'est de dehors en dedans, en effet, nous venons de le dire, quela cellule A de la figure 4 s’est, en premier lieu, segmentée en trois éléments, les cellules A, B, C, de la figure 4; c’est encore de dehors en dedans que ees trois cellules se sont partagées en cinq autres dans la figure 7, dans laquelle l’utricule C, la plus interne des trois, n'est pas encore subdivisée; c’est enfin par suite du même mode de cloisonnement que, dans la figure 10, où la cellule A de la figure 4 se trouve cette fois remplacée par trois nouveaux éléments, la cel- lule C de la figure 4 apparait elle-même divisée par une cloison en deux éléments C! et C?. En somme, il se passe là un accroisse- ment en épaisseur bien défini, un véritable aceroissement centri- pète. Tous les éléments se groupent dans un ordre évident; et s'il est exact d'affirmer, comme nous le faisions plus haut, que l'ac- eroissement de ses expansions latérales rapproche le Metzgeria furcata des amphigènes, il n'est pas moins juste de dire que l'ac- croissement de sa nervure, bien que tout spécial, l'en éloigne et suffit par contre pour placer celte Hépatique à côté des Crypto- games acrogénes. Nous avons, et à dessein, laissé de côté, sauf dans un seul cas, les anomalies de structure ; bien qu'assez fréquentes, elles n'ont en effet aucune importance. Il est toujours aisé de les expliquer et de découvrir l'élément méme qui, par une multiplication exagérée ou, plus souvent encore, par défaut de cloisonnement, doit être regardé comme la cause première de cette anomalie. Nous terminerons en appelant l'attention sur un fait simple et pourtant bien inexplieable dans sa simplicité. Quoi de plus curieux, en effet, que de voir deux éléments, les cellules O et A de la figure 3 (pl. 1), nés l'un à côté de l'autre des subdivisions d'une Al SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE MODE D'ACCROISSEMENT, ETC. méme utricule, semblables en tout point par leur contenu, par leurs formes, devenir le siége par subdivisions successives, l'un, d'un accroissement superficiel, irrégulier, qui produit l'expansion mewbraneuse et rapproche la plante des Amphigénes ; l'autre, d'un mode de cloisonnement défini, qui donne naissance à la ner- vure et rapproche le Metzgeria furcata des Acrogenes? SUR LES KRAMERIA ET LEUR SYMÉTRIE FLORALE Les fleurs des Krameria ressemblent beaucoup à celles de cer- taines Légumineuses-Cæsalpiniées ; elles différent beaucoup de celles des véritables Polygalacées, famille à laquelle on rapporte généralement le genre Krameria, comme type exceptionnel, il est vrai. Si l’on songe d'ailleurs qu'il y a un Krameria à feuilles composées, comme celles des Légumineuses, on comprend les hésitations des botanistes qui voudraient s'arréter à une décision düment motivée. Aussi avons-nous voulu faire une étude atlentive des fleurs de tous les Krameria conservés dans nos herbiers, établir exactement leur symétrie florale; et nous avons méme été assez heureux pour pouvoir suivre presque complétement l'orga- nogénie d'une espéce mexicaine de ce genre. Les fleurs les plus compliquées qu'il nous ait été donné de voir dans ce genre sont aussi celles d'une espèce mexicaine; elles appartenaient à des échantillons en bon état de la plante que les botanistes américains ont nommée K. lanceolata, et dans laquelle je ne vois aucune différence spécifique avec le K. secundiflora Sess. et Moc., décrit pour la première fois par De Candolle. Elles avaient cinq sépales imbriqués, dont deux postérieurs, deux laté- raux et un antérieur ; trois pétales rejetés du côté postérieur, dont un médian et deux latéraux, plus, en avant, les deux lames épaisses, obtuses et charnues, qu'on a décrites comme des pétales antérieurs ; enfin cinq étamines dont une médiane, et deux de chaque côté de celle-ci. Le gynécée avait un ovaire uniloculaire, à placenta pos- térieur portant deux ovules. Quelles étaient dans chaque verticille floral les relations des diverses parties entre elles? Les sépales étaient imbriqués et inégaux. Le plus grand, l'antérieur, était tout 16 SUR LES KRAMERIA à fait recouvrant, et ses deux bords enveloppaient les sépales latéraux. Quant aux postérieurs, leurs rapports étaient sujets à varier; toutefois, le plus ordinairement l'un d'eux était le plus intérieur de tous ; et l'autre, qui le recouvrait du cóté de l'axe, avait le plus souvent son autre bord reeouvert par le sépale latéral correspondant. Les pétales élaient tous unis entre eux dans une assez grande étendue, par une sorte de support commun, et le médian était recouvert par les deux latéraux. Quant aux étamines, elles avaient aussi un long support commun; aprés quoi leurs filets devenaient libres. Les principales modifications qui se pro- duisent sur la corolle et l'androcée de cette espéce, c'est que la pièce médiane vienne à manquer, soit dans l'une, soit dans l'autre; il n'y a alors que deux pétales latéraux ou deux paires latérales d'étamines ; le reste de la symétrie florale n'étant point altéré. L'espéce qui ressemble le plus à celle-ci par la disposition de ses organes floraux, mais qui em diffère en méme temps le plus par ceux de la végétation, est le K. cytisoides Cav. (con., IV, 490), espèce à feuilles souvent composées, dont on peut pour- suivre trés-loin l'étude sur d'excellents échantillons récoltés par M. Hahn dans les terres chaudes du Mexique. Son calice m'a paru constamment pentamére, avec des pièces inégales et étroitement imbriquées, qui présentent l'ordre suivant dans l'imbrication : Le sépale antérieur est le plus grand, et il enveloppe d'abord tous les autres. Le sépale 2 est l'un des postérieurs, soit celui de gauche, un peu plus petit que le sépale 1. Les sépales 3 et 4 sont latéraux, recouverts tous deux en avant par le sépale 1, et en arriére par le sépale 2, tandis qu'ils recouvrent dans le jeune bouton le sépale 5, qui est le plus petit, le plus mince de tous, et qui, dans le cas supposé, est à droite et en arrière, tout à fait enveloppé par les sépales 2 et 3. Les pétales, au nombre de trois, unis un peu infé- rieurement, sont disposés comme ceux du K. secundiflora; et les étamines sont au nombre de quatre seulement : deux postérieures, et deux latérales, un peu plus grandes que les précédentes à l’âge adulie, mais construites comme elles et unies entre elles et avec ET LEUR SYMÉTRIE FLORALE. 17 la base des pétales dans une courte étendue. Je ne décris pas ici comme pétales antérieurs les deux grosses plaques charnues qui alternent avec le sépale antérieur, qui existent dans toutes les espéces du genre et qui sont d'ordinaire représentées comme les pétales antérieurs modifiés. C'est qu'il m'a été possible d'assister à la naissance de ces singuliers organes et qu'ils ne se montrent pas dans la fleur comme devraient le faire les deux pièces antérieures de la corolle, ainsi que nous allons létablir actuellement. Le K. cytisoides est une plante dont les échantillons sees, comme ceux que nous avons étudiés, permettent de suivre, sans trop grandes difficultés, tout le développement de la fleur; et nous ne pouvons qu'engager les botanistes à vérifier de la sorte nos observations. Ils trouveront facilement, vers le sommet des jeunes rameaux, un âge où les fleurs n'ont que deux sépales : l'antérieur, et l'un des postérieurs, plus petit que le précédent. Puis, ils verront naître les deux sépales latéraux, presque en méme temps, et longtemps re- lativement aprés ceux-ci, le sépale 5, postérieur et latéral, ainsi que nous l'avons indiqué. Alors se montrent les trois sépales pos- térieurs, sous forme de mamelons à peu prés égaux et dont je ne saurais dire si l'apparition est exactement simultanée, quoique j'aie à cet égard presque une certitude. De méme, je ne puis rien affirmer d'absolu des quatre mamelons staminaux; mais dés qu'il m'a été donné de les apercevoir dans ces jeunes boutons, ils étaient sensiblement de méme grandeur, et tels ils demeurent bien long- temps, quoique dans la fleur adulte les deux étamines postérieures soient plus petiles que lesantérieures. Plus tard encore, le sommet du réceptacle conique, légèrement tronqué et se terminant par une étroite plate-forme, dépasse l'insertion des pétales et des éta- mines, sans pendant quelque temps présenter rien de particulier. Mais enfin on voit poindre sur lui les premiers rudiments du gynécée; ce sont bien manifestement deux feuilles carpellaires, l'une antérieure, et l'autre postérieure, deux petits croissants qui se regardent par leur concavité et qui à leurs extrémités devien- nent connés entre eux, et se soulévent, limitant deux fosseltes, Xi. (20 avril 1873.) 2 18 SUR LES KRAMERIA rudiments des loges ovariennes. Seulement, l'une de ces loges s'arrête bientôt dans son évolution ; une seule cavité, l'antérieure, se prononce chaque jour davantage, et cela par l'élévation pro- gressive des deux feuilles carpellaires qui finissent par recouvrir la cavité ovarienne d'une sorte de coiffe conique, mais qui très- longtemps demeurent distinctes au sommet sous forme de deux petites dents bien marquées. Pendant que l'unique loge qui persiste dans l'ovaire se ferme ainsi par sa portion supérieure, la surface du cône réceptaculaire qui est au côté antérieur de la fleur, et qui ne porte ni pétales, m étamines, commence à présenter des modifications d'autant plus faciles à constater qu'elle apparaît tout à fait dénudée à celui qui écarte délicatement le sépale antérieur. Cette surface s'épaissit, devient comme tapissée d'une couche jeune d'un tissu analogue à celui des disques à cet âge. Cette couche présente bientôt un peu plus d'épaisseur qu'ailleurs sur la ligne médiane, et plus encore en bas et de chaque côté du cône réceptaculaire, en avant de l'insertion des deux étamines latérales. C'est là, et bien aprés la constitution dela paroi de l'ovaire, l'origine des deux bosses, lesquelles de- viennent de plus en plus saillantes, puis aplaties, squamiformes, puis rayées ou gaufrées en dehors, charnues, glanduleuses, qu'on décrit comme deux pétales, mais qui, vu leur apparition aprés celle des carpelles, doivent sans doute étre placées dans la catégorie des disques hypogynes, et qui dépendent d'un épaississement tardif du réceptacle dans une portion où celui-ci ne porte aucun organe appendiculaire. Deux choses restent à suivre quant à leur développement dans le gynécée: le style, qui n’est qu'une élongation, en un tube conique fort étiré, du sommet des carpelles, avec une cavité étroite et des papilles stigmatiques tout à fait au sommet; puis le contenu de l'unique loge ovarienne. En arrière de celle-ci se forme un épais - sissement placentaire vertical. On sait que dans plusieurs espèces il fait saillie assez loin dans la loge, à la facon d'une fausse cloison rudimentaire. C’est sur chacun des côtés de cette sorte de crête ET LEUR SYMÉTRIE FLORALE. 19 que se montrent en haut les ovules. Ils sont descendants, anatropes, se recouvrent de deux enveloppes et ramènent finalement leur raphé contre le placenta, et leur micropyle en haut et en avant. Mais dans beaucoup d'espéces, ils portent un peu en dehors leur miero- pyle qui ne cesse cependant d'étre tout à fait supérieur, et dans le K. cytisoides le phénomène se prononce encore davantage; si bien qu'à l'âge adulte, le plan vertical bilatéral qui passe par le micropyle est postérieur au plan parallèle qui passerait par le'point d'attache de l'ovule et le raphé. Il y a une eonséquence à tirer de l'existence certaine de deux feuilles carpellaires dans le gynécée des Krameria. Leur fleur rappelle beaucoup celle de certaines Légumineuses-Cæsalpiniées. Des trois pétales postérieurs, le médian est recouvert par les deux autres, tout comme l'étendard des Cæsalpiniées. Les étamines sont monadelphes, et il y a des Cæsalpiniées dont l'ovaire uniloculaire ne renferme qu'un ou deux ovules anatropes et descendants. Le Zuccagnia, par exemple, qui, malgré l'amoindrissement de cer- tains de ses organes floraux, est si voisin des Brésillets eux-mêmes, a beaucoup des caractères des Krameria qui habitent la même région que lui ; il en a les fleurs irrégulières, l'ovaire uniloculaire l'ovule descendant, et même ordinairement solitaire, et aussi le petit fruit court, hérissé d'aiguillons rigides. Il en à surtout la fleur résupinée, comme celle des Kremeria qui par là se sépa- rent, on le sait, de toutes les autres Polygalacées. Il est vrai qu'il s'en distingue par ses feuilles composées. Mais quel cachet d'ana- logie plus grande avee les Légumineuses ne donnent pas tout à coup au K. cytisoides des feuilles qui, au lieu d’être simples, comme celles des espéces eongénéres, deviennent, pour la plu- part, formées de trois folioles articulées! Si l'on n'avait pas suivi le développement du gynécée et vu positivement sa composition, on pourraitse croire presque autorisé à joindre les Krameria aux Cæsalpinićes et non aux Polygalacées. Ils appartiennent cependant à ces dernières, mais ils rendent plus étroits les rapports qu'on a constatés entre ees deux familles et qui, on le sait, sont plus appa- 90 SUR LES KRAMERIA rents que réels quand il s'agit des véritables Polygalacées à la fleur non résupinée et à la earéne constituée par un sépale antérieur. On suit bien sur la méme espéce le développement des éta- mines. Longtemps elles ne constituent que des colonnes cylindro- coniques, homogénes et de méme hauteur à peu prés. Plus tard, vers leur sommet le tissu se modifie intérieurement suivant quatre colonneltes verticales, incluses dans la masse de l'anthére, alors continue avec le sommet du filet. Bientôt, ces colonnettes intérieures se rejoignent deux à deux ; elles sont formées des cellules pollini- féres, séparées alors en deux loges verticales par une cloison dont la coupe transversale a la forme d'un losange. Les deux angles aigus se continuent avec les parois de l'anthére, et les deux angles obtus, s'avancant plus ou moins suivant l’âge dans la cavité des loges polliniques, les divisent incomplétement en deux logettes. En haut, l'anthére ne présente d'abord qu'un sommet mousse. Plus tard, il se dilate, s'ouvre, s'évase en entonnoir à bords iné- galement déchiquetés, et au fond de cette ouverture unique on aperçoit le bord supérieur de la cloison qui sépare les deux loges, avec?un orifice de chaque côté, répondant au sommet de ces loges et donnant passage à une colonne de pollen. C'est là ce qu'on appelé la déhiscence biporricide des anthéres dans les Krameria. Il y a encore une autre espèce dont l'organisation florale se rapproche de celle du K. cytisoides, et dont les sépales postérieurs sont au nombre de deux, l'un d'eux, le sépale 5, étant le plus petit de tous et tout à fait intérieur. On y voit un androcée de quatre étamines; c'est le K. rosmarinifolia de Yherbier de Pavon, espèce remarquable par les glandes de son calice et la longueur du support commun de ses pétales et de ses étamines. Les K. parvi- folia et canescens, du Mexique, ont le méme diagramme, et chez eux le sépale 5 est toujours aussi l'un des deux postérieurs. Mais le type s'amoindrit dans l'organisation florale du Æ. Zzina et des plantes nombreuses qui se groupent autour de lui, soit ET LEUR SYMÉTRIE FLORALE, 91 comme simples formes ou variétés, soit comme espéces suffisam- ment distinetes. Ici, le gynécée, les glandes antérieures, les quatre étamines didynames, sont encore les mêmes ; mais la corolle peut perdre un de ses trois pétales, le médian, et constamment ou à peu prés, à ce qu'il m'a semblé, le calice est réduit à quatre fo- lioles. Deux sont sensiblement égales, recouvertes dans le bouton; ce sont les latérales. Le sépale 2 les enveloppe en arrière; mais il est le seul qui subsiste au cóté postérieur de la fleur ; le sépale 5 a disparu. Quant au sépale antérieur, il n'a pas cessé, dans le bou- ton, de recouvrir tous les autres. Cette organisation s'observe non-seulement dans les K. Zrina des Antilles et du Venezuela, mais encore dans ceux des autres portions de l'Amérique du Sud, qu'on a ordinairement désignés sous d'autres noms, et dont MM. Berg et Cotton ont multiplié les espèces, dans leurs travaux spéciaux sur ce genre. La plante que Grosourdy a récoltée à Angostura ; celle que M. Triana considère comme donnant le Ratanhia de Savanilles, et dont il fait avec rai- son une simple variété du AK. Zrina ; celle des collections mexi- caines de Galeotti (n. 3118) ; le K. grandifolia Berc, tel qu'il est dans l'herbier brésilien de Gardner (n. 925) ; enfin le K. tomen- tosa type de A. Saint-Hilaire, etc., présentent tous la méme fleur, avec des différences seulement dans la largeur et la longueur re- latives des fleurs, dans les dimensions des sépales, de l'onglet et du limbe des pétales, tous caractères qui ne peuvent méme pas toujours, vu leur inconstance, servir à distinguer des formes ou des variétés. Le diagramme est aussi le méme dans les deux autres espèces de Krameria décrites dans le Flora Brasilie meridionalis, savoir les K. ruscifolia ^. S. H. et grandiflora A. S. H. Je ne vois pas de différences spécifiques entre ees plantes, non plus qu'entre elles et le K. latifolia de Morieand. Je pense donc qu'il y a lieu de les confondre sous le nom unique de K. grandiflora, le plus ancien de tous; et quoique le port de ces plantes ait quelque chose de particulier, elles sont si voisines du A. Zrina que je ne sais 23 SUR LES KRAMERIA ET LEUR SYMÉTRIE FLORALE. trop si, un jour, des formes intermédiaires ne nous permettront pas de les réunir méme au K. tomentosa, c'est-à-dire au K. Irina. Le K. triandra mérite bien son nom spécifique, ear il est à peu prés constant que ses fleurs aient trois étamines, dont une médiane plus petite. Quand la corolle a trois pétales, elles leur semblent superposées;. mais quand le pétale médian vient à manquer, ce qui peut arriver, les trois étamines deviennent bien alternes avec les deux pétales qui subsistent. En même temps, le calice est nor- malement le même que celui du K. Izina ; on compte done ici: quatre sépales, deux ou trois pétales, trois étamines. Le gynécée, les glandes antérieures et le fruit sont comme dans le reste du genre ; mais les fleurs sont rapprochées au sommet des rimeaux (quoique solitaires dans l'aisselle des feuilles supérieures), de façon à constituer une sorte de grappe terminale et courte. Ce caractère ne se retrouve guère que dans une autre plante d’une région voi- sine, le Pacul des Chiliens, c'est-à-dire le K. cistoides Hook. et Anx.; celui-ci a la symétrie florale du K. Irina, mais avec cinq sépales, et ses quatre étamines sont presque entièrement libres à l’âge adulte. Si ces données sont confirmées, nous en tirerons pour la Matière médicale les conclusions suivantes. A part le véritable Patanhia du Pérou, espèce très-distincte, par la forme de ses inflorescences, son port et le nombre constant de ses étamines (dont elle a tiré son nom), tous les Ratanhia qui sont actuellement introduits et consommés en France, pour l'usage médical, sont le produit d’une seule et même espèce botanique, qui est le K. Zzina L. C'est à elle qu'appartiennent les R. de Savanilles et tous ceux vraisembla- blement qui sont récoltés dans la Colombie. C'est d'elle encore que proviennent les sortes des Antilles qui sont parfois expédiées en Europe, et c'est elle qui, au Brésil, produit, sous le nom de K. tomentosa, une racine dont la puissance astringente y est par- faitement reconnue. Cette plante existe, avee quelques variations, qui dépendent sans. doute des localités, dans le Para, à la Guyane el au. Vénézuela, et elle passe méme des Antilles à certaines por- SUR LA SYMÉTRIE FLORALE DES TRIGONIÉES, 23 tions austro-occidentales du continental américain du Nord. C'est donc l'espéce dont l'aire géographique est le plus étendue. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE II. Fi 4. Krameria secundiflora. Diagramme floral. Fic. 2. K. Ixina. Diagramme. Fic. 3. K. triandra. Diagramme. Fic. &. Fleur du K. triandra. Fic. 5. Même fleur, coupe longitudinale. Fic. 6. Méme fleur, le calice enlevé. Fic. 7. K. cistoidea. Fleur. Fic. 8. Méme fleur, coupe longitudinale. Fic. 9. Méme fleur, le calice enlevé. SUR LA SYMÉTRIE FLORALE DES TRIGONIÉES. Nous réunissons dans ce petit groupe de la famille des Vochy- siacées les deux genres Trigonia et Lightia. Ce dernier, établi par Schomburgk en 1846, diffère essentiellement du premier, qu'il rattache aux Vochysiées proprement dites, ou Salvertiées, par la plus grande profondeur de sa coupe réceptaculaire, ses pétales au nombre de trois et ses loges ovariennes biovulées. Tous deux semblent d'ailleurs inséparables, et tous deux présentent dans leur fleur irréguliére ce singulier mode de symétrie dont nous avons trouvé déjà des exemples dans les Cassia (Adansonia, IX, 212), dans les Cuspariées irréguliéres (Adansonia, X, 307; Histoire des plantes, IN, 332), et dont nous connaissons d'autres, tels que celui que nous fournira prochainement le type irrégulier des Chaillétiées, c’est-à-dire le Tapura. Dansle Lightia licanioides, il est facile de voir quel est le plan de symétrie du calice imbriqué ou quinconce. Ce plan passe naturellement par le milieu du 2h SUR LA SYMÉTRIE FLORALE DES TRIGONIÉES. sépale 2 et par l'intervalle de séparation des sépales 1 et 3, lais- sant d'un côté le sépale 4 et de l'autre le sépale 5. Au contraire, le plan de la corolle, de l'androcée et du gynécée passe par l'in- tervalle des sépales 2 et 4 ; il coupe, par conséquent, le précédent suivant un angle de 36°, Les étamines sont au nombre de six ou sept, et généralement quatre d'entre elles sont fertiles. Dans ce cas, deux sont plus petites et deux autres plus grandes. Puis il y a deux staminodes placés du cóté des grandes étamines contraire à celui des petites étamines fertiles, et quand il y a à l'androcée une septiéme piéce, laquelle est un staminode stérile, elaviforme, il est situé sur le plan de symétrie de l'androcée lui-méme, dans l'intervalle des deux petites étamines fertiles. Un peu plus compliquée est la fleur de la plupart des Trgonz«; mais la symétrie générale y est la méme. Dans le T. villosa, par exemple, le calice étant quinconcial, son plan de symétrie passe aussi par le milieu du sépale 2 et par l'intervalle des sépales 1, 3. Dans une fleur irréguliére des groupes voisins en général, et, par exemple, dans une Violette, un Polygala, le pétale antérieur et médian, qui se dilate en casque, en caréne, en éperon, etc., se trouve également coupé en deux par ce méme plan. De même, dans les Capucines, les Pelargonium, ete. il ny a qu'un seul et méme plan de symétrie pour le calice et la corolle, et c'est celui qui divise en deux moitiés droite et gauche l'éperon calicinal. Dans le Trigonia, le pétale éperonné ou cymbiforme répond à l'intervalle des sépales 2 et 4. Le plan qu'on ferait passer par cet intervalle irait donc couper en deux moitiés symétriques le sépale 3, et, par conséquent, irait former, avec le plan ealieinal, un angle égal au dixième de la circonférence. Ce plan de la corolle est aussi celui du gynécée et de l'androcée ; il laisse de chaque côté un pétale membraneux et un pétale glanduleux sur un bord, moitié des staminodes et moitié du faisceau des étamines fertiles, abso- lument, du reste, comme dans les Cassia. TRAITE DU DEVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT (CoNTINUE DU VOL. X, P. 9) —— IV QuassiÉES Ce nom est celui que nous donnerons de préférence au groupe qui renferme à la fois les Simarubées et les Picramniées des au- teurs les plus récents. Le Quassia amara nous semble, en effel, en étre le meilleur type, et nous avons été heureux que les cir- constances nous permissent d'en étudier complétement l'organo- génie florale. A vrai dire, celte étude, dans le Quassia lui-méme, ne nous fera guére connailre de points nouveaux, attendu que la plante, soit par son organisation florale, soit par la facon dont sa fleur se développe, est tout à fait analogue à l'Ailante glandeux, examiné organogéniquement par Payer (Traité d Organog. comp., 106, t. XXIV) ; mais alors cette plante était encore considérée par lui comme une Zanthox ylée. J'ai pu d'ailleurs observer, comparati- vement avec le Quassia, trois autres types du groupe : le Pzerena excelsa Lint., un T'ariri, cultivé à Paris sous le nom de Pzcram- nia polyantha, et le Brucea antidysenterica, plus connu dans nos serres sous le nom de B. ferruginea. L'inflorescenee du Quassia amara est une grappe. Chaque fleur occupe l'aisselle d'une bractée et est accompagnée de deux brac- téoles latérales. Sur son réceptacle, à peu prés globuleux, se mon- trent successivement cinq pétales dans l'ordre quinconcial, et c'est le sépale 2 qui est postérieur. A peine le calice est-il né que le réceptacle, s'aecroissant plus en largeur qu'en hauteur, devient presque plan supérieurement. Les cinq pétales naissent simultané- ment dans l'intervalle des sépales, et leur développement est long- temps bien plus lent que celui des étamines qui naissent par ver- ticilles de cinq, en face des sépales, puis des pétales. Ces derniéres semblent, dés le début, un peu plus extérieures que les cinq autres, 26 TRAITÉ dont l'apparition est, comme la leur, simultanée. Les cinq car- pelles se montrent aussi tous à la fois, en face des pétales, et il n'y a pas à cet âge d'intervalle entre eux et les pièces de l’androcée. Ce grand entre-nœud, de forme obconico-cylindrique, qui séparera plus tard les étamines du pied du gynécée n'est done que le résul- tat d’une élongation ultérieure du réceptacle. Bientôt, les carpelles s'élèvent, comme un verticille de petites feuilles, complétement indépendantes les unes des autres. Ce n'est que quand leurs por- tions stylaires se sont allongées et un peu renflées au sommet en une sorte de petite tête qui se chargera de papilles stigmatiques, que ces portions se colleront les unes aux autres, mais sans sou- dure véritable; si bien qu'une légère traction les détachera long- temps les unes des autres. Alors aussi, chaque feuille se sera à peu près formée dans sa portion ovarienne ; on ne verra plus sur l'angle interne de celle-ci qu'une fente verticale. En bas de cette fente, dans la eavité ovarienne, se montre le mamelon ovulaire, hémispbérique d'abord, puis obliquement ascendant, un peu allongé. Son sommet arrondi pointe alors en haut et en dehors ; et c'est là encore un exemple remarquable de ces ovules qui, adultes et desecudants, avec le sommet micropylaire supérieur et extérieur, portent ce méme sommet dans la méme direction, alors qu'ils ne sont encore qu'orthotropes ou peu s'en faut, et en méme temps ascendants. C’est assez dire que, le point d'insertion de l'ovule ne variant pas, la région chalazique seule se développe en bas et en dehors, le sommet du nucelle ne changeant pas non plus de place; et que si cet ovule est anatrope à l'état adulte, il n'est pas, à proprement parler, uu ovule réfléchi. Adulte, l'ovule s'est recouvert de deux enveloppes, l'intérieure tout à fait atrope, comme le nucelle au delà duquel elle se prolonge en un petit tube qui se dilate à son sommet dans l’intérieur de l'exostome. Il ne reste qu'un mot à dire des modifications légéres que subit le som- mel du gynophore, quand les pétales et les styles ont commencé à opérer leur mouvement de torsion. Le pourtour du bord supé- rieur de cet entre-nœud s’est découpé de cinq petits festons saillants DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 97 en face de chaque ovaire. A la base du gynophore s'insère le filet coudé des étamines, et c'est là aussi que se produit très-tardive- ment l'écaille dont le filet est intérieurement doublé. Quand le pre- mier rudiment de celle écaille se montre, sous forme d'une petite saillie transversale, le filet subulé est déjà trés-distinet de l'anthére dont on voit aussi les loges, le court apicule et les sillons verticaux de déhiscence. J'ai pu suivre pendant plusieurs années le développement de la fleur femelle du Picræna excelsa. Ce fut, la première fois, sur une sommité arrachée à un jeune pied parles éclats d'un obus prus- sien, en janvier 1871. La plante a survécu à cette mutilation, et deux fois depuis lors j'ai répété sur elle mes observations. Le périanthe se développe tout à fait comme celui du Quassia amara, tantôt avec quatre et tantôt avec cinq parties dans chaque verti - cille. Les étamines ne forment qu'un verticille, et elles se montrent toutes à la fois, dans l'intervalle des pétales. Elles sont souvent complètes en apparence, mais toujours je les si vues stériles. Aprés leur apparition, le sommet du réceptacle est plus large que dans le Quassia, et presque plan. Sur lui naissent ensuite, comme autant de petites feuilles isolées, formant un verticille de quatre ou cinq pièces, les feuilles carpellaires qui sont bien plus éloignées les une$ des autres que celles du Quassia. C'est en haut et en dedans de leur ovaire que se montre un ovule, plus tard descen- dant, à deux enveloppes, à micropyle extérieur et supérieur. Les feuilles carpellaires s'allongent supérieurement en styles gréles et révolutés, en forme de crosses. Or ces quatre ou cinq crosses, tout à fait indépendantes les unes des autres, finissent bien par se oucher et méme par se coller quelquefois par le point le plus con- vexe de leur saillie intérieure; mais il n'y a jamais de soudure, et l'union des parties est moins intime encore que dans les Quassia. Quand le gynécée est déjà trés-avancé en développement, la sur- face du réceptacle, jusque-là peu épaisse, s’accroît et se boursou- fle, en dessous et en dehors du point d'inserlion des ovaires. Telle est l'origine d'un disque glanduleux hypogyne qui prend parfois 95 ^. TRAITÉ beaucoup d'épaisseur, se partage en quatre lobes oppositipétales, et sécrète un nectar assez abondant. ; Une fleur mâle de Brucea antidysenterica se développe exacte- ment comme une fleur tétramère de Picræna. Y n'y a à noter comme particularité que le corps central qui présente quatre lobes saillants en face des pétales et qu'on serait tenté au premier abord de prendre pour un disque, vu sa consistance et sa nature glanduleuses. On voit cà et là, sur des pieds ordinairement mâles, les quatre angles de cet organe se relever de bonne heure, à la facon de jeunes feuilles carpellaires. Parfois même elles deviennent autant de carpelles parfaits, indépendants les uns des autres, et dont l'ovaire contient un ovule, semi-anatrope, descendant, à mi- eropyle supérieur et extérieur. J'ai vu, au Muséum, quelques-uns de ces carpelles devenir des fruits mûrs, avec une graine bien constituée, en tout semblable à une semence de Quassia ; et c'est ainsi, sur un pied qui ordinairement ne produit que des fleurs mâles, que j'ai pu établir que, dans cette espèce au moins, l'em- bryon des Brucea, qu'on a décrit comme entouré d'un albumen (« albumine sat copioso» ), en est totalement dépourvu. Dans le Tariri polyantha, dont je n'ai pu étudier que les fleurs d'un pied femelle, celles-ci naissent à l'aisselle d’une bractée et sont accompagnées de deux bractéoles latérales, souvent fertiles. Leurs cinq sépales naissent dans l'ordre quinconcial sur un étroit réceplacle convexe, et ils sont imbriqués, mais seulement dans leur trés-jeune âge. Dans l'intervalle des sépales se montrent ensuite simultanément cinq mamelons qui se dédoublent bientót chacun en deux masses séparées l'une de l'autre par un sillon transversal. L'un des lobes, l'extérieur, représente un pétale, lequel pendant trés-longtemps semble s'arréter totalement dans son développement. Le lobe intérieur, au contraire, s'accroît tel- lement vite qu'il est bientôt trois fois plus volumineux que l'exté- rieur ; et c'est lui qui sera une étamine. Mais dans les derniers temps qui précédent l'anthése, c'est l'inverse qui se produit : le pétale s'allonge tout d'un coup énormément ; l'étamine, au con- DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 29 traire, cesse de grandir; elle présente bien alors un filet et une anthére très-distincts ; mais cette dernière demeure ordinairement stérile, quoiqu'on lui distingue des loges et des sillons de déhis- cence. Le gynécée apparait sous forme de deux pelites feuilles carpellaires en croissant, qui se regardent par leur concavité. Bientót, contrairement à ce qui arrive dans les plantes précédentes, elles s'élèvent en devenant connées inférieurement par leurs bords. Une sorte de puits se creuse en dedans de chacune d'elles, et les deux fossettes sont séparées l'une de l'autre par une cloison épaisse et surbaissée. Ici, le développement du gvnécée rappelle totalement ce qui se passe dans les Euphorbiacées dicarpellées; et de méme que dans les Phyllanthées, sur la cloison de séparation des deux loges, il se produit à la même hauteur deux mamelons ovulaires. Bientót, les ovules descendent, deviennent anatropes et dirigent leur micropyle en haut et en dehors. Tardivement nait au-dessus d'eux un gros obturateur, qu'on prendrait d'abord pour un autre ovule, mais qui bientót descend sur le mieropyle pour le coiffer, C'est très-tardivement aussi que se montre le disque, re- présenté par cinq glandes alternipétales, qui naissent au pied de l'ovaire et demeurent en tout temps bien distinctes les unes des antrag DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES Par M. G. DUTAILLY. a Nous avons, dans le tome X de ce recueil (4), publié une note intitulée : « De /a signification morphologique de la vrille de la Vigne vierge », dans laquelle, rejetant comme insuffisantes ou peu justifiées les théories successivement émises par Aug. de Saint-Hilaire et par M. Prillieux, nous envisagions la vrille comme un bourgeon modifié, n'émergeant point au niveau de sa feuille axillante, mais demeurant conné avee la tige pour s'en détacher, tantôt au nœud immédiatement supérieur, tantôt deux nœuds plus haut que ce dernier. Quoique cette théorie nous parût rendre un compte exact et complet des phénomènes de distribution des vrilles et des bour- geons de la Vigne vierge, nous n'avions point la présomption de penser qu'elle pùt être à l'abri de toute critique. Ne laissait--elle point prise, par exemple, aux objections de M. Prillieux sous les- quelles avait succombé l'interprétation d'Aug. Saint-Hilaire ? En outre, et pour que l'explieation que nous proposions füt plus nette et plus lucide, nous nous étions renfermé dans d'étroites limites, nous bornant au simple exposé de la solution sans presque aborder le chapitre des objections, même celles que de prime abord il nous eüt été facile de résoudre, N'était-on point en droit par conséquent de nous demander compte du silence que nous gardions à propos de la Vigne et des autres Ampélidées? (4) Adansonia, X, 10-17. sie sites: AE POSPEXENIS EPIIT DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE DE LA VRILLE, ETC. 91 Aueune voix cependant ne s'étant élevée pour défendre les théories prééédemment émises, nous hésiterions à revenir sur cc que nous éerivions il y a deux ans si, en méme temps qu'une réponse aux objections possibles, de nouvelles études ne nous avaient apporté quelques faits curieux et révélé certaines anoma- lies qu'il nous semble utile de faire connaitre. Notre thèse se réduira à ceci : 1° prouver, en nous appuyant sur une étude complète des bourgeons normaux, des vrilles et des inflorescences dans la famille des Ampélidées, que les objections soulevées par M. Prillieux contre la théorie d'Aug. Saint-Hilaire se trouvent sans effieacité contre celle que nous soutenons ; 9? tout en constatant, grâce à cette étude, des variations nolables dans le mode de distribution des bourgeons et des vrilles, montrer que partout néanmoins cette distribution obéit aux lois, plus ou moins déguisées, qui président à l'arrangement réciproque des bourgeons et des vrilles de la Vigne vierge. Chemin faisant, nous aurons à signaler comme: particularités rares ou méme sans exemple jusqu'ici : la réunion des stipules avec la feuille, ou bien leur séparation absolue, sur la méme plante; l'existenee de bourgeons axillares à feuilles distiques placées exactement dans le même plan que celles de l'axe principal; plan qu'elles croisent d'ordinaire: Nous établirons les différences tranchées qui existent entre la vrille et l'inflorescence de la Vigne et qui ne consistent point seulement, comme on le dit, en une pro- duction plus considérable d’axes devenus fructifères. Nous exami- nerons enfin celles, très-caractéristiques, également, qui séparent l'inflorescence de la Vigne de celle de la Vigne vierge. I BOURGEONS DES AMPÉLIDÉES. On sait quelle importance nous avons, dans notre note sur la vrille de la Vigne vierge, attribuée au mode de répartition des bourgeons à l'aisselle des feuilles de cette plante. S'il est juste de 32 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE dire que la vrille, envisagée par rapport à sa distribution, a été l'objet de travaux assez approfondis, on peut d'autre part affirmer que l'étude des bourgeons des Ampélidées, à quelque point de vue que l'on se soit placé, a été par contre à peine effleurée. On jugera de l'incertitude qui règne à ce sujet par les citations suivantes extraites des. mémoires les plus récemment publiés sur la vrille de la Vigne eommune. M. Prillieux, décrivant les bourgeons de cette plante, écrit ce qui suit : (4) « M. Al. Braun est, sans contredit, de tous les auteurs qui ont écrit sur la question, celui qui l'a le plus scrupuleusement étudiée ; l'existence normale d'un bourgeon à l'aisselle de chaque feuille ne lui a pas échappé. » « Souvent, au lieu d'un seul bourgeon oxillaire, dit le méme auteur, deux pages plus haut (2), il semble qu'il y en ait deux ou méme trois colla- téraux...» — M. Lestiboudois, dont le mémoire parut six mois aprés celui de M. Prillieux, exprime une opinion quelque peu différente : « Dans les Vignes et les Cissus, dit-il (3), les feuilles sont distiques ; elles sont généralement munies d'un bourgeon à leur aisselle; méme on y voit souvent dans la Vigne un double bourgeon... » De ces différentes manières de voir, laquelle choisir ? Faut-il, avec M. Al. Braun, croire que les feuilles ne possèdent jamais qu'un seul bourgeon axillaire? Peut-on, avec M. Lestibou- dois, prétendre qu'au lieu d'un unique bourgeon elles en pré- sentent souvent deux ? Devons-nous, selon M. Prillieux, envisager comme n'en constituant qu'un seul en réalité, les deux ou trois bourgeons collatéraux qu'il décrit? Ou bien, les divergences qui séparent ces trois bolanistes ne tiennent-elles pas plutôt à de sim- ples erreurs d'appréciation, ou aux époques différentes auxquelles ont pu avoir lieu les observations? Telles sont les questions que nous allons essayer de résoudre. Nous diviserons l'étude des bourgeons en deux parties dis- tinctes. Dans la premiére, nous les envisagerons au point de vue (4) Bulletin de la Société botanique de France, MI, 649. (2) Ibid., ILE, 647. (3) Ibid., IV, 810. DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 33 de leur origine, de leur distribution; nous verrons par quels caraetéres importants ils se différencient les uns des aultres et ce qu'il faut penser de la question de l'unité du bourgeon axillaire. — Dans la seconde, entrant dans le détail du bourgeon méme, nous comparerons la direction des jeunes feuilles qu'il porte avec celle des feuilles adultes insérées sur l'axe principal. Par rapport à leur situation respective, les bourgeons des Ampélidées se rattachent à trois types bien différents que nous étudierons successivement: le premier, dans le Vis cordifolia Micux; le second, dans le Vztis vinifera L.; le troisième, dans l Ampelopsis quinquefolia Kern. H semble, à première vue, qu'à l'aisselle de chacune des feuilles du Vitis cordifolia, se trouve un bourgeon unique. Ce bourgeon, de la nature de ceux que l'on a appelés bourgeons anticipés, prompts bourgeons, s'aceroit sans intermittence depuis l'époque où ila paru jusqu'à l'hiver, qui vient mettre un terme à son élon- gation. A l'encontre des bourgeons hibernants qui se présentent revêtus de duvet ou d'écailles protectrices, il apparait compléte- ment nu. S'il est sorti de bonne heure et qu'il ait pu s'allonger de quelques décimétres, se charger de feuilles et constituer sur le rameau principal un rameau secondaire vigoureux, il traversera sans en souffrir la mauvaise saison. Si au contraire, aprés avoir pris naissance en automne, il n'a pu développer qu'à grand'peine deux ou trois entre-nœuds chétifs, il périt en entier, ne laissant qu'une cicatrice plus ou moins régulière sur la branche qui le portait. Les feuilles cordiformes de cette Ampélidée s'implantent sur la tige par une base renflée et élargie. Lorsqu'elles tombent, leur cicatrice présente la forme d'un fer à chevalà convexité inférieure. Dans sa concavité, on distingue deux petits mamelons verdâtres inégaux, le plus développé se trouvant en dessus de l'autre, et qui semblent dépourvus de feuilles ou d'écailles, méme rudimentaires. Si l'on détruit le tissu cicatrieiel en enlevant spécialement toute Ja portion la plus élevée de l'enceinte interrompue qu'il forme autour des deux mamelons, on découvre successivement de haut en bas xi. (20 avril 1873.) i 3 3h DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE deux ou trois autres élevures de moins en moins saillantes, ct dont tout d'abord on ne pouvait soupçonner l'existence. Une mince section longitudinale, passant à la fois par le prompt bour- geon ct par les différents mamelons, montre que ces derniers ne sont que des bourgeons dormants, admirablement préparés pour résister aux rigueurs de l'hiver. Ils sont en effet protégés par des écailles épaisses et charnues si intimement appliquées les unes contre les autres, dans le méme bourgeon ou dans les bourgeons adjacents, qu'elles arrivent presque à se souder. Ellesoffrent ainsi un abri sûr, un Aibernacle, suivant l'expression de Linné, pour les jeunes tissus stalionnaires au-dessus desquels elles s'étendent en une sorte de voûte qui parait simple, si on l'étudie, soit à l'oeil nu, soit méme à un grossissement de quelques diamétres. Ces bourgeons hibernants ont apparu de trés-bonne heure dans une cavité elliptique sous-péliolaire, qui ne communique avee l'extérieur que par une ouverture étroite. Cette particularité les rapproche de ceux du Platane, qui, on le sait, se creusent une cavité conique dans le pétiole de leur feuille axillante. Ils ne s'al- longent que dans l'année qui suit leur apparition, mais jamais on ne les voit tous ensemble arriver à bien. Tandis que le prompt bourgeon n'avorte jamais naturellement, l'avortement pour eux devient une 1ègle presque absolue. On peut méme poser en prin- cipe que leur degré d'avortement est subordonné au développe- ment plus ou moins complet du bourgeon anticipé. Que ce dernier, par exemple, se transforme en un robuste rameau, et l'on verra les bourgeons sous-pétiolaires avorter complétement ou ne donner qu'un maigre sarment. Que le prompt bourgeon au contraire soit détruit par la gelée, et au printemps suivant on pourra voir sortir de leurs écailles deux des bourgeons dormants qui ne sont en réalité que des organes supplémentaires, disposés comme une sorte de réserve à l'abri du pétiole, et qui, selon les circonstances, tantót devenant utiles, se produisent au dehors ; tantót demeurant super- flus, se dessèchent et périssent sans méme briser leur enveloppe écailleuse. DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 35 Il existe done, en somme, entre les bourgeons hibernants nés, nous le répétons, dans une cavilé sous-pétiolaire, protégés par d'épaisses écailles, avortant généralement, d'une part, et les bour- geons anticipés d'autre part, qui apparaissent complétement nus, en dehors dela cavité sous-pétiolaire, et subissent constamment une élongation évolutive plus ou moins prononcée; il existe, dis-je, entre eux, des différences assez tranchées pour que l'on soit fondé à les séparer complétement les uns des autres, réunissant en un seul groupe tous les bourgeons hibernants en opposition avec le bourgeon anticipé, toujours solitaire. Remarquons d'ailleurs que tous ces différents bourgeons, placés sur une méme ligne droite verticale, naissent indépendants les uns des autres, et que chacun d'eux s'insére directement sur la tige méme. Les bourgeons du Cissus hydrophora se distribuent de la même manière. Ceux du Vitis vinifera ne se trouvent plus situés exactement sur une méme ligne droite, comme les précédents. Au début de l'été, on observe à l'aisselle de chaque feuille deux bourgeons, l'un anticipé, l’autre dormant. Le premier est simple comme celni du Vitis cordifolia, dontil diffère par la situation : il s'insère, en effet, à côté et un peu au-dessous du second, tantôt à sa droite, tantôt à sa gauche, suivant le nœud auquel on le considère (pl. V, fig. 3, À, et fig. 11, A). Quant au bourgeon dormant, il se trouve libre et découvert à l'aisselle de la feuille, revêtu d'écailles bru- nâtres, et tandis que le bourgeon anticipé s'aplatit de haut en bas, on le voit de son côté s'amincir suivant l'axe du rameau qui le porte. En automne, obéissant à un accroissement à peine sensible, il écarte légèrement ses écailles inférieures, et apparait alors pres- que toujours subdivisé en trois bourgeons secondaires superposés (pl. V, fig. 41, B, B", B^), le moyen B se montrant constamment le plus développé, tandis que les deux autres, B", B", environ moitié plus petits, différent trés-peu l'un de l'autre. Ce caractère les sépare des bourgeons dormants sériés du Vitis cordifolia, qui, nous l'avons dit, vont croissant de taille de bas en haut et d'une maniére réguliére. En outre, ils s'en éloignent par rapport à leur 36 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE mode d'implantation sur la tige. Ils se réunissent en effet par leur base en un support unique, court et épais, qui, sur le point d'abou- ür au cylindre ligneux de l'axe principal, reçoit latéralement les faisceaux qui constituent la portion inférieure du bourgeon anti- cipé. L'insertion réelle de tous les bourgeons sur la tige s'effectue donc en définitive par l'intermédiaire d'une sorte de pied commun dont la section transversale oblongue présente son grand axe dirigé un peu obliquement par rapport à celui-ci de la tige (pl. V, fig. 10, G). H faut ajouter que les trois bourgeons secondaires dormants se trouvent soumis aux mêmes lois d'avortement que ceux du Vitis cordifolia, c'est-à-dire que leur avortement est cor- rélatif du développement du prompt bourgeon pendant l’année de son apparition. En résumé, nous pouvons répéter, pour les bourgeons de la Vigne commune, ce que nous avons dit plus haut de ceux du Vitis cordifolia, à savoir, qu'ils se divisent également en deux catégories tranchées : d'un cóté les bourgeons anticipés, de l'autre les bour- geons dormants ; les bourgeons qui n'avortent jamais, en opposi- tion avec les bourgeons de réserve, qui ne passent par toutes les phases d’une évolution naturelle que dans des circonstances parti- culiéres. Les :Vits persica Boiss., Labrusca Lmw.; les. Ampe- lopsis. serjaniefolia. Bas, bipinnata Micux ; le Cissus vitifolia Boiss., ete., présentent dans leur mode de bourgeonnement des faits semblables à ceux que nous venons de décrire dans la Vigne ordinaire. | | Toute différente est la disposition réciproque des bourgeons de l Ampelopsis quinquefolia. A Vaisselle de chaque feuille (excep- tion faite de toute feuille située au nœud immédiatement supérieur à celui qui se présente dépourvu de vrille), il n'existe dans les premiers temps que deux bourgeons, le bourgeon anticipé et le bourgeon dormant. Le premier, dont l'apparition toutefois a pré- cédé quelque peu celle du second, prend de bonne heure un acerois- sement prépondérant. Il est long déjà de 0,002, alors que l'autre ne présente qu'une hauteur moitié moindre, A partir de ce mo- DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 37 ment, il grandit rapidement et devient un rameau feuillé. Le bour- geon hibernant, de son côté, se gonfle et s'élargit lentement; ses écailles finissent par s'entr'ouvrir, etl'on voitalors qu'au lieu d’être simple, il se compose en réalité de plusieurs bourgeons secon- daires qui paraissent tout d'abord, comme ceux de la Vigne com- mune, n'étre qu'au nombre de deux ou trois. Mais que, par une dis- section facile d'ailleurs, on enlève une à une les principales écailles de ces bourgeons, et l'on finira par en découvrir trois ou quatre autres de plus en plus petits (pl. V, fig. 5, B', B", B", etc.), qui ne sont point superposés comme dans la Vigne, mais distribués sui- vant une ligne brisée en forme de zigzag dont la direction géné- rale est transversale. Les angles que constitue cette ligne brisée sont d'environ 90 degrés, et c'est à leurs sommets que se trou- vent alternativement placés les cinq ou six bourgeons secondaires qui dérivent du bourgeon dormant primitif (pl. V, fig. 6, B', B", B", etc.). Ce n'est, il est vrai, qu'en automne et sur des rameaux robustes que l'on peut trouver des exemples d'une pareille multiplication. Avec la force du jet diminue le nombre des bourgeons dormants secondaires ; et sur des rameaux trés-gréles, on le trouve parfois réduit à l'unité, Dans ce cas, le bourgeon anticipé existe toujours à côté de l'unique bourgeon dormant, et cette réduction ultime prouve clairement le peu d'importance de la plupart des bour- geons secondaires, puisque tous peuvent avorter, sauf l'un d'eux, destiné à remplacer le bourgeon anticipé ou à le suppléer l'année suivante, si la plante en a besoin. Rarement d'ailleurs, au niveau d'une feuille pourvue méme en cinq ou six bourgeons secondaires, il s'en développe plus d'un à cóté du rameau dérivant du bour- geon anticipé, Et quand a lieu ce développement anormal, on peut constater que le prompt bourgeon situé au méme niveau ne s'est généralement allongé qu'en un sarment de maigre venue. Les bourgeons de la Vigne vierge, pas plus que ceux de la Vigne commune, ne s'implantent direetement sur la tige, chacun par une base distincte, Si l'on enlève en totalité l'écoree qui se trouve 38 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE au niveau de la feuille axillante et des bourgeons, de manière que le cylindre ligneux se présente complétement à nu et laisse aper- cevoir ses connexions diverses avec ces derniers (pl. I, fig. 5), on verra que les faisceaux du prompt bourgeon devenu rameau se séparent nettement de ceux qui se rendent aux bourgeons hiber- nants ; que les uns, par exemple, se trouvant orientés à gauche, comme cela se voit sur la figure 5, tous les autres sont reportés simultanément vers la droite, où ils se réunissent en un tronc commun. Si, poussant plus loin cet examen, on fait une section transversale de la tige qui intéresse à la fois la partie inférieure du bourgeon anticipé et le point où se réunissent tous les bour- geons dormants secondaires (pl. V, fig. 7), on saisira mieux encore leurs relations avec l'axe ligneux principal. On reconnaitra en effet que de ce dernier se détache un très-court pédicule qui se bifurque pour former d'un cóté le prompt bourgeon A, de l'autre le bourgeon dormant multiple, dont on distingue alors à merveille les subdivisions alternantes B', B”, B"^, etc. Les bourgeons des Cissus Roylei Hort., pubescens Scaucur., qui ne différent pas sensiblement de ceux de la Vigne vierge, doi- vent, de méme que ces derniers, ceux de la Vigne et du Vi/is cordifolia, être séparés en deux classes bien distinctes : l'une renfermant les prompts bourgeons, l'autre comprenant les bour- geons multiples hibernants. A notre connaissance, il n'existe point, pour les bourgeons des Ampélidées proprement dites, de mode de groupement essentiellement distinct de ceux que nous venons de décrire. Il faut ajouter que la distribution générale des bourgeons le long des rameaux est complétement indépendante de celle qu'ils affectent à l'aisselle d'une même feuille. C'est ainsi que les feuilles du Cissus tuberculata Wart., comme celles de la Vigne vierge, se montrent de trois en trois dépourvues de bour— geons axillaires, tandis que dans les Ampelopsis serjanie folia, bipinnata; dans les Vitis Labrusca Linn., cordifolia ; dans les Cissus orientalis Lamk., vitifolia, etc., toute feuille porte à son aisselle des bourgeons hibernants et anticipés semblablement dis- DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 39 posés dans chaque espèce, quoi que l'on ait pu dire pour soutenir l'opinion contraire. Les faits que nous allons —Ó exposer se trouvent en contradiction formelle avec ce que l'on sait de l'orientation des feuilles du bourgeon axillaire par rapport à celles de l'axe princi- pal.il esten effet admis que, dans tout bourgeon axillaire, les points d'attache des feuilles se trouvent dans un plan qui eroise perpen- diculairement celui par lequel passent les feuilles de la tige. Or la famille des Ampélidées va nous montrer des exceptions indiscu- tables à cette loi qui semblait cependant s'appliquer à l'universalité des végétaux bourgeonnants. Dans le Vitis cordifolia, le Cissus hydrophora, les feuilles du bourgeon qui, comme nous l'avons “vu, se montre seul à découvert à l'aisselle de la feuille, sont exac- tement siluées dans le méme plan que celles de l'axe sur lequel il a pris naissance (pl. V, fig. 2, A). Il en est de méme pour le prompt bourgeon du Cissus discolor et de l Ampelopsis quinque- folia. Mais il faut, pour se rendre un compte exact de cette orien- tation, examiner le bourgeon dans sa jeunesse, alors qu'il n'a pas atteint plus de 1 ou 2 centimétres de long. Plus tard il se tord sur son axe, et ses feuilles reprennent, en apparence du moins, la direction ordinaire. Dans la Vigne vierge (Ampelopsis quinque- folia), le premier des bourgeons dormants secondaires (pl. V, fig. 5, b^) apparait à l'aisselle d'une trés-mince écaille située à la partie inférieure du bourgeon anticipé. Ses feuilles se trouvent insérées dans le méme plan (ou plus exactement dans un plan parallèle) que celles de l'axe principal et du bourgeon anticipé. Il en est de méme pour les autres bourgeons secondaires B", B"', etc., qui tous dérivent successivement les uns des autres. C'est ainsi que le bourgeon B"est né à l'aisselle d'une écaille protectrice analogue du bourgeon B’, ete. Cetle apparition de bourgeons axillaires dorii; de généra- tions différentes, développés successivement les uns sur les autres avant méme que le premier d'entre eux soit sorti de ses écailles, est un fait digne de remarque assurément, surtout quand on se 40 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE reporte à ce qui se passe d'habitude. On sait, en effet, qu'à Pais- selle des écailles des bourgeons dormants ordinaires, les axes n'existent guère qu'à l’état d'ébauche, sous forme d'un petit ma- melon celluleux, bien loin de se présenter eux-mêmes, comme dans la Vigne vierge, à l'état de bourgeons parfaits supportant à leur tour plusieurs générations différentes de bourgeons axillaires. Les feuilles des bourgeons dormants et anticipés des Cissus pubescens, Roylei, sont orientées de la même manière que celles de la Vigne vierge. M. Prillieux a fort bien montré que les feuilles du bourgeon anticipé de la Vigne se trouvent dans un plan per- pendiculaire à celui par lequel passent les feuilles de la tige; il a prouvé également que, dans cette plante, le bourgeon dormant nait à l'aisselle d'une écaille du bourgeon anticipé, et que les siennes propres ont leurs insertions dans le méme plan que celles de l'axe principal. Nous ne reviendrons done point sur ce sujet. Nous ferons seulement remarquer que les petits bourgeons B", B", décrits par nous de chaque cóté du principal bourgeon dormant B (pl. V, fig. 11), naissent à l’aisselle de deux de ses écailles infé- rieures, et que leurs feuilles par conséquent sont distribuées sui- vant un plan perpendiculaire à celui dans lequel se trouvent les feuilles du bourgeon B. Les Vitis cebennensis Jorn., persica, vulpina, etc.; les Cissus vitifolia, angustifolia, etc., offrent des faits analogues à eeux que M. Prillieux a observés sur la Vigne commune. Le mode d'orientation réciproque des feuilles de la tige et des bourgeons ne tient nullement à l'arrangement de ces derniers à l'aisselle d'une même feuille, puisque dans le Vitis cordifolia le bourgeon anticipé se trouvant surperposé à tous les autres, tandis que daus la Vigne vierge il est latéral, ces deux plantes n'en mon- trent pas moins les feuilles de leurs prompts bourgeons semblable- ment disposées. On ne saurait davantage prétendre qu'il existe un rapport queleonque entre ce méme mode d'orientation et la distri- bution générale des bourgeons à l'aisselle des différentes feuilles, puisqu'on le constate à la fois dans la Vigne vierge, dont les feuilles DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. : ht sont de trois en trois dépourvues de bourgeons axillaires, et dans le Vitis cordifolia, chez lequel toute feuille présente à son aisselle le méme nombre de bourgeons semblablement disposés. Si, maintenant, revenant sur les faits qui précédent, nous cher- chons quelles notions générales peuvent s'en dégager, nous ver- rons qu'elles se réduisent à deux principales : 1* Les bourgeons des Ampélidées proprement dites diffèrent constamment par un ou plusieurs caractères importants de tous ceux que l'on peut prendre comme terme de comparaison chez les autres Phanérogames. 2° [Is en différent à des degrés de complications divers. C'est ainsi que le Vitis cordifolia, par exemple, ne se différencie du Robinia Pseudoacacia, sous le rapport du mode de bourgeonnement, que par un caraetére de grande valeur : l'orientation des feuilles de son bourgeon anticipé identique avec celle des feuilles del'axe prin- cipal. Les bourgeons de la Vigne, de leur cóté, seraient tout à fait comparables à ceux de certaines plantes à bourgeons anticipés et hibernants, s'ils provenaient séparément de l'axe principal, au lieu de dériver successivement les uns des autres. Quant à ceux de la Vigne vierge, on doit reconnaitre que, sous le triple rapport de leur distribution générale le long de la tige, de leur arrange- ment réciproque à l'aisselle d'une méme feuille, de l'orientation de leurs jeunes feuilles, ils s'éloignent du type normal beaucoup plus encore que ceux de la Vigne commune et du Vis cordifolia. II VRILLES DES AMPÉLIDÉES, Aprés l'étude des bourgeons normaux, celle des bourgeons anormaux trouve naturellement sa place. Les botanistes, en. effet, s'accordent à reconnaitre que les vrilles des Ampélidées ne sont que des bourgeons modifiés. Dans le Cissus quadrangularis LINN., ces organes sont constitués par un filament simple, dépourvu de toute ramification, Dans le Vitis vinifera, la vrille se montre généralement bifurquée, l'une des deux branches [étant constam- A3, DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE ment plus longue que l’autre. Au point où s'opére la bifurcation, se trouve une petite écaille dont nous allons expliquer la nature réelle en. étudiant la vrille de la Vigne vierge. Souvent la plus longue branche de bifurcation porte vers son milieu une seconde écaille en face de laquelle il peut apparaitre une nouvelle branche de bifurcation. La vrille de la Vigne vierge est en général trois fois et fréquem- ment quatre fois bifurquée. Dans ce dernier cas, la dernière bifurcation est constituée par des branches longues à peine de quelques millimétres. En sa qualité de bourgeon modifié, la vrille doit à un certain degré rappeler la tige méme par des organes analogues, axiles ou appendiculaires, plus ou moins modifiés ; et comme la tige présente un axe principal, des feuilles, des bour- geons normaux, des vrilles, nous sommes fondé à rechercher dans la vrille les traces des mémes organes. En premier lieu, on y retrouve l'axe principal, rectiligne dans le jeune âge, prenant plus tard la forme d'une ligne brisée en autant de points qu'il y a de bifurcations, puis plus tard encore s'enrou- lant en spirale pour remplir son rôle définitif. Sur cet axe s’insè- rent, en alternant, de petites écailles distiques dont le nombre varie naturellement avec celui des bifurcations. Ces écailles, qui se terminent à leur sominet par une pointe plus ou moins aiguë de chaque côté de laquelle on voit une sorte de petite oreillette, sont sillonnées par trois nervures qui partent de la base pour aboutir, l'une àla pointe médiane, les deux autres aux Oreillettes latérales (pl. V, fig. 8). Parfois la pointe se dégage davantage des oreillettes, et l'écaille apparait nettement trilobée. D'autres fois encore toute adhérence cesse entre ces trois parties, et l’écaille se montre subdivisée en trois languettes libres, la lon- guette médiane élant plus longue que les autres. On reconnait alors aisément que cette derniére représente le rudiment de la feuille, tandis que les languetles latérales ne sont que les stipules modifiées. Si nous nous appesantissons sur la deseription d'un organe en apparence indifférent, c'est que le fait de stipules dis- DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. A35 tinctes du pétiole de la feuille bien développée, devenant connées avec ia feuille dégénérée, confirme d'une manière absolue la maniére de voir des botanistes qui identifient les stipules avec la gaine de la feuille. Les deux stipules adhérentes dans l'écaille de la vrille de la Vigne vierge rappellent d'une manière frappante la gaine de certaines Ombelliféres surmontée d'un limbe presque totalement avorté. Les écailles étant alternes et distiques, reproduisent exactement sur le rachis de la vrille la disposition des feuilles sur la tige. De plus, elles se trouvent dans le méme plan que les feuilles du sar- ment méme sur lequel s'insére la vrille, quoi que M. Lestiboudois ait pu dire contrairement à ce fait, facile à vérifier sur la vrille très-jeune, mais qui disparaît sur la vrille adulte (pl. V, fig. 4, O, T). Cette derniére, en effet, de méme que les bourgeons du Viris cordifolia, du Cissus hydrophora, de V Ampelopsis quinquefolia, Subit peu à peu sur sa base une torsion qui amène ses écailles dans un plan perpendiculaire à celui dans lequel elles se trouvaient tout d'abord. | Chacune de ces écailles se trouve, avons-nous dit, au niveau d'une bifurcation ; par conséquent, en face d'elle, se montre l'une des deux branches de bifurcation. Sur la tige, nous le savons, c'est à la vrille qu'est dévolue cette situation : nous nous trouvons done par analogie amené à considérer comme une vrille rudimentaire la branche de bifarcation oppositifoliée. Nous la nommerons vrille secondaire pour éviter toute confusion avec la vrille envisagée dans son ensemble, à laquelle nous réserverons le nom de vrille primaire. Remarquons encore, mais sans y insister pour le mo- ment, que sur la vrille primaire, il existe autant de vrilles secon - daires que d'écailles, lors méme que ces derniéres sont au nombre de trois ou quatre. Notons enfin qu'il n'y a jamais, à l'aisselle des feuilles avortées dela vrille, la moindre trace de bourgeons. - Les vrilles du Cissus Roylei, qui se bifurquent jusqu'à sept et huit fois, reproduisent plus clairement encore les faits que nous venons de décrire dans la Vigne vierge. ^ A^ DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE Ce qu'il importe principalement d'étudier dans la vrille, c'est à coup sûr son mode de répartition sur la tige. C'est ainsi que dans les Cissus pedata Lawx, angustifolia, orientalis, les Vitis Labrusca, vulpina, Y Ampelopsis serjaniefolia, etc., chaque nœud est pourvu d'une vrille oppositifoliée, tandis que dans Ja vigne commune, les Votis cordifolia, persica, les Cissus populeus et crenatus ; dans l Ampelopsis bipinnata, les Pterisanthes, les vrilles sont distribuées de la même manière que dans la Vigne vierge. Si distincts toutefois wils semblent à un premier examen, ces deux modes de distri- ution ne sont point tellement tranchés, qu'il soit impossible de trouver entre eux quelque rapport. L’Ampelopsis humulifolia Bc, cultivé à l'École de botanique du Muséum, est un type des plus singuliers et sur lequel nous ne saurions trop appeler l'atten- tion. Les vrilles, en effet, s'y montrent tantôt également, tantôt inégalement distribuées. Sur un rameau, par exemple, nous avons vu cinq vrilles se suivant sans interruption à cinq nœuds consé- cutifs (type du Vztis Labrusca) , puis un nœud dépourvu de vrilles, deux nœuds avec vrilles, etc. (type de la Vigne vierge). L'intérét qui s'attache à cette plante, envisagée comme type de transition, s’accroit encore quand on fait cette remarque que les bourgeons, dans leur distribution générale le long des rameaux, obéissent à des lois aussi peu fixes que celles qui président à la répartition des vrilles. il semble en définitive quel’ Ampelopsis humulifolia, oscil- lant sans cesse entre deux premiers types (Vigne et Vigne vierge) différents au point de vue de la répartition des bourgeons ; entre deux autres types ( Vitis Labrusca et Vigne vierge) également dis- tincts relativement à la distribution de leurs vrilles, et ne pouvant s'arréter ni à l'un ni à l'autre, soit une sorte de trait d'union entre ces différents types dont il résume les caractéres principaux. HI INFLORESCENCE DES AMPÉLIDÉES Les inflorescences des Ampélidées proprement dites sont, nul ne l'ignore, de la même nature que les vrilles; c'est-à-dire que, "1 DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. h5 comme ces derniéres, elles ne sont que des bourgeons modifiés. Aussi n'est-ce point pour démontrer ce fait universellement accepté que nous entreprenons ce chapitre. Ce que nous voulons nettement définir, ce sont au contraire les différences qui, sous d'autres rapports, existent entre les vrilles et les inflorescences. Pour préciser davantage, notre but est de montrer dans ces der- niéres une complication constante des phénoménes dont les vrilles sont le siége. Les auteurs définissent généralement la vrille : uneinflorescence dans laquelle les fleurs ont avorté; ce qui revient à dire que, pour constituer une grappe plus ou moins composée, la vrille n'a eu qu'à multiplier ses bifurcations et à les surmonter d'un nombre égal de fleurs. Si l'on s’en tenait à cette définition, on aurait une idée complétement inexacte des rapports et des différences qui existent entre les vrilles et les inflorescences. La vrille n’est cer- tainement point une inflorescence avortée, car elle apparait sur la jeune plante de très-bonne heure, longtemps avant l’époque où l’évolution naturelle doit y produire des fleurs et des fruits. On ne peut donc guère, croyons-nous, se hasarder au delà d’une propo- sition ainsi formulée : issues d’une origine commune, qui est le bourgeon, la vrille et l'inflorescence sont des modifications diffé rentes de ce bourgeon, simples dans le premier cas, parfois très- complexes dans le second. La Vigne vierge peut sans doute être classée parmi les types qui offrent les inflorescences les moins compliquées. Ces der- nières suivent, dans leur distribution le long des sarments, les mêmes lois que les vrilles. Elles sont (pl. IV, fig. 2) constituées par un axe principal qui porte de petites écailles alternes A, A’, ete., orientées comme celles de la vrille. En face de chacune d'elles s'insère un axe secondaire B, B', -qui tantôt, comme cela a lieu pour l'axe B', supporte directement les pédoneules floraux ; tantôt, comme l'axe secondaire B, se ramifie à plusieurs reprises avant de leur donner naissance. Les pédoncules fructiféres sont oujours groupés en petites cymes bipares ou unipares par avor- A6 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE tement, comme l’a démontré Payer, dans son Traité d'organogénie de la fleur, pour l'inflorescenee dela Vigne commune. — Les inflorescences des Cissus himalayana, vitifolia, populeus, du Vitis serrulata Roxs., sont construites d’après le même mo- dèle que celles de la Vigne vierge. L'inflorescence de la Vigne (pl. IV, fig. 4) se compose égale- ment d'un rachis qui porte des écailles ; mais celles-ci sont presque toutes opposées, décussées (A, A ; A’; A", A"), et les axes secon- daires, qui d'ailleurs se subdivisent souvent plusieurs fois avant de porter les cymes de fleurs, se trouvent d /'aisselle méme de ces écailles au lieu d'étre en opposition avec elles, comme cela se voit dans la Vigne vierge. Le Cissus quadrangularis présente des inflorescences qui tien- nent le milieu entre celles de la Vigne et celle de la Vigne vierge, puisque tantót leurs axes secondaires se montrent en opposition avec les écailles que porte le rachis, et tantôt s’insèrent à l'aisselle de ces mêmes écailles. L'inflorescence du Cissus serpens Hocusr. diffère plus profon- dément encore de la vrille que les précédentes. Ce ne sont plus seu- lement les pédoncules floraux qui s’y disposent en cymes bipares ; la dichotomisation se produit de meilleure heure, et la rafle elle- méme se termine par une fleur de chaque cóté de laquelle se dé- tachent des axes secondaires qui se ramifient à leur tour par dichotomisations successives. Enfin, c'est chez les Cissus trifoliata Linn., et rufescens, qu'il faut aller chercher les métamorphoses les plus profondes du bour- geon normal. En effet, l'axe principal de leurs inflorescences se couronne d'un verticille d'écailles étroites et serrées. De leur ais- selle partent en divergeant cinq ou six axes secondaires, subdivisés une ou plusieurs fois avant de se terminer par les petites cymes de pédoncules fructiféres. $ DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 47 IV . ETUDE COMPARATIVE DES RAMEAUX, DES VRILLES ET DES INFLORESCENCES. Nous avons, dans les trois chapitres qui précédent, retracé suc- cessivement les diverses modifications dont les bourgeons nor- maux, les vrilles, les inflorescences, sont le siége dans toute la série des Ampélidées proprement dites. On nous pardonnera les détails presque minutieux dans lesquels nous sommes parfois entré. Outre qu'ils font en quelque sorte toucher du doigt la singuliére diversité d'organisation d'espèces si voisines cependant, il était indispensable qu'ils fussent bien connus pour nous permettre d'en- treprendre avec succès la réfutation des objections possibles contre la théorie des soulévements. Toutefois, avant d'en arriver à ce point, il nous reste à exposer comment et par quelles complications, dans certains types déter- minés, on passe du rameau normal au rameau modifié pour consti- tuer, soit une vrille, soit une inflorescence. La premiére plante que nous envisagerons à ce nouveau point de vue sera la Vigne vierge. Son étude se trouve déjà faite presque en totalité tant dans notre premiére note que dans les pages précé- dentes. Nous avons, en effet, expliqué comment s'y montraient distribués les vrilles et les bourgeons ; nous avons également dé- crit le mode d'agencement des diverses parties axiles ou appendi- culaires entrant dans la constitution dela vrille. Il nous faut encore établir les différences qui existent entre ce mode d'agencement et celui des parties similaires sur le sarment ou sur l'inflorescence. Quel que soit le point du rameau que l'on considére, sur trois nœuds consécutifs il s'en rencontre toujours un dépourvu de vrille opposilifoliée. Si l'on se reporte, au contraire, au rachis de la vrille, on trouve que chaque nœud porte une vrille secondaire. Il faut en conclure que les lois qui président à l'arrangement des vrilles sur le sarment cessent d'exister quand il s'agit de la vrille. 48 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE En d'autres termes, il a suffi que le bourgeon, au lieu de naître normalement, s'accolàt à la tige et n'en émergeát que quelques centimétres plus haut que d'habitude, pour qu'une loi importante cesse de se manifester. Mais là ne s'arréte point la perturbation : ainsi que nous l'avons signalé, les écailles de la vrille ne portent jamais de bourgeons axillaires. On peut donc en conclure que, sur cette derniére, il ne s'est développé que des bourgeons anormaux sous forme de vrilles secondaires, En méme temps on est obligé de reconnaitre que, quelle que soit l'interprétation morphologique que l'on donne de la distribution corrélative des bourgeons et des vrilles sur le sar- ment, il est impossible de l'appliquer directement aux phénoménes dont la vrille elle-même est le siége. Si enfin on se rappelle que les écailles résultent de la soudure de la feuille avec ses stipules, on arrivera à cette premiére conclusion que les soulévements de faisceaux fibro-vasculaires dont l'axe du sarment était le siége se sont multipliés dans la vrille pour y déterminer, d'une part la sou- dure des stipules avec la feuille, d'autre part l'apparition régu- liére d'une vrille à chaque nœud. En passant de la vrille à l'inflorescence, on constate que les lois qui règlent la distribution des axes ou appendices sur le ra- meau s’y traduisent plus chscurément encore que sur la vrille méme, Les axes de troisième ou de quatrième génération se dis- posent finalement en cymes bipares pour porter les fleurs. H a fallu pour cela que le mode de distribution des feuilles, distiques sur le rameau, fùt modifié dans son essence méme, puisqu'elles deviennent opposées décussées dans les portions extrêmes de l'inflorescence. Les différences qui existent entre l'inflorescence et le rameau de la Vigne vierge sont donc tellement considérables, que si la vrille ne servait point d'intermédiaire entre ces deux parties d'une méme plante et ne rattachait l'organisation de l'une à celle de l'autre, il serait presque impossible de comprendre comment la première peut dériver de la seconde. Dans la Vigne commune, nous voyons ces DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. A9 dissemblances s'accuser davantage. Si la vrille de la Vigne vierge plusieurs fois bifurquée rappelle encore à de nombreux égards le rameau sur lequel elle a pris naissance, on ne saurait en dire au- tant de celle de la Vigne, qui, simplement bifurquée en général, ne représente évideminent le rameau qu'à un degré d'avortement beaucoup plus marqué. L'inflorescence, de son côté, se différencie complétement tant de la vrille que du rameau normal, ainsi qu'on peut s'en assurer méme dans le cas où le bourgeon transformé est passé à l'état. d’inflorescence par l'une de ses bifurcations, tandis qu’il est demeuré vrille par l'autre. ll n'existe plus alors entre les deux branches la moindre ressemblance. Sur l’une d' elles, en effet, on rencontre (pl. IV, fig. 3, B) les écailles et les pédoncules floraux azrillaires qui caractérisent la grappe, tandis que sur l'autre on voit l'écaille A' et la vrille secondaire oppositi folida B’, que montre toujours la vrille. Dans la vrille de la Vigne comme dans celle de la Vigne vierge, il y a toujours avortement des bourgeons normaux et développement exclusif des bourgeons anormaux sous forme de vrilles secondaires. C'est le contraire qui se produit constam- ment dans l'inflorescence de la Vigne. Les bourgeons auormaux y avorlenl sans exception, et par conséquent les axes opposi- tifoliés disparaissent. De plus, à l'aisselle de chaque écaille, il naît un bourgeon normal qui se ramifie plus ou moins avant de porter les fleurs. La grappe composée de cymes qui en résulte se distingue done d'une maniére absolue, radicale, non-seulement de la vrille de la Vigne vierge, mais encore et surtout de l'inflo- rescence de celte dernière. Il faut aussi rappeler ce fait que les écailles y sont déeussées dés les ramifiealions inférieures, tandis que chez la Vigne vierge cette modification ne se manifeste que dans les divisions ultimes. Partant de cette remarque que la vrille et l'inflorescence sont, dans la Vigne, des organes plus profondément modifiés ou méme plus dégradés que dans la Vigne vierge, on s'explique, dans la méme plante,le mode de distribution des bourgeons si différent de xI. (20 août 1873.) MISSOURI A BOTANICAL GARDEN. 50 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE celui de la Vigne vierge. On n'y voit point en effet l'arrangement corrélatif des vrilles et des bourgeons qui caractérise cette der- nière Ampélidée; et si les vrilles à la vérité y gardent une distri- bution identique, il n'en est pas de méme pour les bourgeons anticipés et dormants qui apparaissent au contraire à l'aisselle de chaque feuille. Dans les Vitis Labrusca, vulpina, ete., les vrilles, de leur côté, suivent le nouveau mode de répartition inauguré par la vigne pour ses bourgeons, et naissent également à chaque nœud: de la tige. On aurait grand tort toutefois de juger ces diffé- rents types irréductibles. L’ Ampelopsis humulifolia, qui reproduit tantôt le type de la Vigne, tantôt celui de la Vigne vierge ou du Vitis Labrusca, prouve d'une manière irréfutable que les mêmes lois qui régissent l'organisation de la Vigne vierge continuent d'exister plus ou moins dissimulées dans les autres Ampélidées pro- prement dites, et que, dans le cas actuel, il ne faut point s'adresser à des causes complétement distinctes pour interpréter des organi- sations différentes en apparence seulement. Que l'on mesure d'ailleurs les modifications extérieures pro- fondes qui, de degré en degré, de la tige principale à la vrille, de cette dernière à l'inflorescenee, se sont successivement produites, notons-le avec soin, dans une seule et même plante, que ce soit la Vigne, la Vigne vierge ou le Vztis Labrusca; qu'on les compare en outre à celles qui séparent les rameaux de deux Ampélidées quel- conques; et lorsqu'on aura constaté entre deux parties analogues d'une méme plante des différences plus profondes que -celles qui existent entre les organes sinulaires de deux plantes différentes, on se convainera de plus en plus de l'unité parfaite de plan qui a pré- sidé à l'organisation de végétaux qui, au premier abord et à certains égards, paraissent parfois si différents. V DES SOULÈVEMENTS AXILES ET APPENDICULAIRES. Il est en botanique peu de lois d'une application plus générale que celle des soulèvements ou empiétements. Nous avons entendu DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 51 M. le professeur Baillon la formuler ainsi : Les portions. axiles ou appendieulaires de la plante se présentent, suivant le point où on les envisage, tantôt nettement séparées, tantôt plus ou moins confondues. Plus, dansla production des différents organes, s'ac- centuent les métamorphoses des feuilles el des axes normaux, plus ces parties tendent à se confondre par empiétement réciproque. La plupart des botanistes cependant, ne voyant que le cas par- uculier où existe en réalité la loi générale, ne parlent guère des adhérences et des soulèvements qu'à propos de certaines inflores - cences dans lesquelles cette complication du plan primitif appa- rait tellement manifeste, qu'elle ne saurait échapper aux yeux mêmes des moins clairvoyants. Il s'agit pour nous de démontrer comment les Ampélidées proprement dites, plus eneore peut-étre que les plantes de toute autre famille végétale, se trouvent sou- mises à cette loi commune. En regard de l'opinion qui fait de la vrille l'axe principal déjeté, en face de celle qui y voit une parti- tion du rameau, nous exprimons contradictoirement celle-ci : 1° La vrille résulte toujours du soulèvement d'un bourgeon axil- laire, ainsi que nous l'avons admis pour la Vigne vierge. 2° Les feuilles, les bourgeons normaux, peuvent, comme les vrilles, offrir des exemples évidents de soulèvement. En d'autres termes, à ceux qui nient l'empiétement, nous répondrons que l'empiétement est la régle générale chez les Ampélidées proprement dites. Le Cissus granulosa du Pérou et le Cissus sycioides Linn., de Vile de Cuba, sont fréquemment attaqués par un Champignon du genre Ustilago. L'influence de ce parasite est des plus singulières. Les rameaux des Cissus deviennent méconnaissables ; les feuilles, les bourgeons, les vrilles disparaissent. L'axe prineipal apparait tout hérissé de ramuseules, qui, à première vue, semblent dispersés au hasard. Un examen plus attentif montre cependant qu'ils se groupent plus particulièrement en des points à peu prés équidistants, qui cor- respondent aux nœuds foliiféres des sarments épargnés. lls con- stituent là de petites touffes mal définies, qui tantôt s'allongent en séries irrégulières, tantôt s'élargissent en verticilles incomplets. 2 | DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE Entre deux nœuds consécutifs, on voit très-fréquemment un ou deux de ces petits rameaux avortés qui tirent leur origine de cer- tains faisceaux fibro-vaseulaires détachés de l'axe principal à des hauteurs variables et sans qu'il soit possible d'assigner un ordre quelconque à leur distribution. La perversion du plan primitif est telle qu'il n'existe plus la moindre distinction entre les fais- ceaux qui devaient. constituer les feuilles et ceux qui étaient des- tinés aux vrilles et aux bourgeons. Tous se sont indistinctement résolus en une quantité de petits organes qui naissent de préfé- rence, il est vrai, dans les points où auraient dû se montrer les organes axiles ou appendiculaires, mais peuvent également sc détacher de la tige dans tous les points intermédiaires. En un mot, le parasitisme de l’ Ustilago a pour effet la destruction com- plète de la coordination des faisceaux fibro-vasculaires. Quoi qu'il en soit, de cette curieuse monstruosité, nous ne tirerons que peu d'enseignements. On ne peut guère, en effet, en déduire autre chose que ceci : les Ampélidées proprement dites présentent une organisation peu stable, dont le principal caractère est une ten- dance naturelle des axes et des appendices à un empiétement réciproque. De cette notion vague et générale, passons à des faits mieux définis et qui expliquent plus spécialement l'empiétement normal. Nous étudierons tout d'abord ce dernier dans la feuille. Ici les faits abondent et nous les condenserons autant que possible. Les lolioles des feuilles digitées de la Vigne vierge apparaissent. du sommet vers la base, c'est-à-dire que la première foliole se trou- vant en prolongement direet du pétiole, les deux folioles voisines naissent plus tard qu'elle, mais avant les deux folioles externes ou inférieures. En somme, l'évolution de la feuille de la Vigne vierge a lieu d’après les lois reconnues et posées par Payer, étudiant le mode d'apparition des folioles sur le Rosier, le Lupin, les Mauves, ete. (1); et la foliole médiane étant de premiére géné- (1) Traité d'organogénie comparée de la fleur (texte), 402405, DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 523 ralion, les deux folioles latérales qui lui sont contigués ne sont que de deuxiéme, et servent de support aux folioles inférieures qui, elles, sont de troisiéme génération. Toutes les feuilles d'Ampélidées obéissent à cette méme loi d'évolution, et lors méme qu'elles deviennent décomposées, con- stituées par un pétiole principal supportant des pétioles secon- daires divisibles à leur tour, cette dernière n'en demeure pas moins manifeste : sur les pétioles, même secondaires ou tertiaires, les folioles sont. de plus en plus jeunes à mesure que du sommet on descend vers le point d'attache de la feuille. L'Arpelopsis bipinnata, dont les feuilles surdécomposées pennées rappellent celles des Thalictrum, montre l'indépendance des folioles portée à son plus haut degré. Dans les Cissus adenocaulis Meur. et pedata, les folioles s'élargissent, deviennent moins nombreuses, mais s'insérent cependant toutes encore sur des pétioles secon- daires ou tertiaires séparés. Dans la Vigne vierge, comme on le sait, les folioles se trouvent réduites à cinq, mais gardent égale- ment leur indépendance. Dans le Cissus tuberculata, au contraire, les deux folioles placées de chaque côté de la foliole médiane entraînent avec elles les deux folicles inférieures, de telle sorte que le pétiole primaire, au lieu de se subdiviser en cinq comme celui de la Vigne vierge, ne se partage plus qu'en trois courts pétioles secondaires, dont les deux latéraux portent ehaeun deux folioles de génération différente. La tendance à l'empiétement s'aecentue davantage dans le Cissus serrulata. Les quatre folioles latérales, demeurées indépendantes dans le Cissus tuberculata, se réunissent ici deux à deux pour n'en plus former qu'une seule de chaque cóté de la foliole médiane, et les folioles résultant de cette réunion présentent un limbe notablement plus élargi du côté où la foliole tertiaire est venue se juxtaposer à la foiiole de seconde génération. Le Cissus Duarteana est le siége de soulèvements encore plus considérables ; la foliole médiane cesse d'étre distincte des folioles latérales, et de ehaque cóté d'elle, sur son contour, on trouve trois lobes de moins en moins développés de haut en 5h DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE bas et qui indiquent clairement que le limbe continu de la feuille résulte de la coalescence de sept folioles, libres dans d'autres espèces. Le Cissus heterophylla Poir. porte des feuilles de deux sortes : les unes, nettement quinquélobées, rappellent celles du Cissus Duarteana ; les autres, vaguement trilobées dénotent une fusion plus intime des folioles primitives. Cette curieuse plante, par la configuration de ses feuilles dinorphes, qui en fait une espèce intermédiaire entre des espèces voisines, sert en quel- qué sorte de pendant à Ampelopsis humulifolia, type qui, nous l'avons vu, par la distribution ambigué de ses vrilles et de ses bourgeons, sert également de passage entre des espèces qui, sans ce trait d'union, sembleraient fort éloignées à certains égards. On arrive ainsi graduellement aux Ampélidées à feuilles cordi- formes entiéres, comme le Vitis cordifolia, chez lesquelles la fusion des folioles s'est opérée à un tel degré, qu'il devient impos- sible d'établir entre elles une ligne de démarcation quelconque. En résumé, la feuille des Ampélidées, par la réunion plus ou moins complète de ses folioles, offre des exemples indiscutables de soulévement et d'empiétement. Un soulévement plus eurieux peut-étre, et plus rare à coup sûr, est celui que nous avons décrit plus haut à propos des écailles alternes des vrilles et des inflorescences. Ainsi que nous l'avons fait voir, ces écailles résultent de la coalescence des stipules avec les feuilles, coalescence qui n'existe à aucun degré sur le rameau lui-même. : Les bourgeons normaux sont également le siége d'empiétements plus ou moins prononcés Ces derniers ne se manifestent point, il est vrai, dans le Vitis cordifolia, Ampélidée fort exceptionnelle, dont les bourgeons s'implantent séparément sur l'axe; mais on peut les constater dans la Vigne, et mieux encore dans la Vigne vierge. Dans cette dernière, le bourgeon composé dormant est constitué par cinq ou six bourgeons secondaires d'âges diffé rents, ee qui n'a jamais lieu dans les bourgeons ordinaires, qui ébauehent à peine à l'aisselle de leurs écailles inférieures quelques DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 55 rudiments de bourgeons de seconde génération, et n'arrivent jamais à eu émeltre une troisième génération avant qu'ils se soient allongés eux-mémes en un rameau déjà bien développé. Les bourgeons dormants secondaires de la Vigne vierge ont done apparu avant l'áge, en se produisant les uns sur les autres par un empiétement des plus évidents. L'axe aplati en forme d'ailes à lobes sinueux et élargis, qui, dans les Pferisanthes, supporte les fleurs, dérive également d'une coa- lescence manifeste. On peut s'en convaincre en étudiant compa- rativement les inflorescences du Cissus thyrsiflora Brune, et du Pterisanthes araneosa MiQ., qui tous deux croissent à Java. Les inflorescences de la premiére de ces plantes sont formées d'un axe principal qui supporte de nombreuses ramifications alternes, le long desquelles sont insérées les fleurs sessiles. En outre, à la partie inférieure de l'inflorescence, l'une des ramifications demeure stérile et se transforme en vrille. Si l'on suppose que les ramifications fertiles, au lieu de naitre isolées, se réunissent latéralement, on obtiendra à peu de chose près l'inflorescence du Pterisanthes araneosa, qui, elle aussi, porte une vrille à sa partie inférieure, et dont les fleurs hermaphrodites sont, comme on le sait, sessiles sur les expansions latérales de la rafle déformée. Quand aprés avoir constaté par les faits qui précédent que l'em- piétement des axes ou des appendices les uns sur les autres, cette loi générale chez les végétaux, se traduit chez les Ampélidées proprement dites, avec une persistance toute spéciale, nous disons que les vrilles obéissent à la méme loi, il ne faut point croire que nous arrivions à cette conséquence par simple généralisalion ou par une déduction purement théorique. Ici encore les faits viennent à notre aide. Il n'est point rare de voir sur l'Ampelopsis quin- quefolia, sur les Cissus pubescens et ÆRoylei, la. vrille naitre à À ou 2 centimètres, soit au-dessus, soit au-dessous du point précis où elle devrait s'insérer vis-à-vis de la feuille. Mais nous avons pu constater un fait encore plus probant. Sur un rameau de Vitis vinifera, nous avons vu les faisceaux qui se rendent à 56 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE la vrille se séparer complétement de l'anneau fibro-vasculaire de la tige, venir proéminer à la surface de cette dernière sous forme d'un cordon longitudinal semi-cylindrique, prenant son origine à Vaisselle d'une feuille et s'étendant sur une longueur de 3 à i centimètres. Puis l'accolement cessait subitement; mais la vrille, au lieu de s'écarter du rameau en formant eomme d'habitude un angle presque droit, suivait sa direction première et demeurait parallèle avec lui jusqu'au nœud supérieur. En ce point d'ailleurs elle s'écartait de la tige, reprenait la direction habituelle et l'aspeet des vrilles normales. Que ce fait soit une anomalie, nous en con- venons; mais encore admettra-t-on que cette anomalie ne laisse point place à des interprétations opposées, et qu'il n’est pas une seule théorie qui puisse l'expliquer, hormis celle des soulévements. Nous signalerons encore une anomalie fort curieuse que nous a présentée un rameau de Cissus pubescens, cultivé à l'école de botanique du Muséum, et qui consistait dans l'existence de deux vrilles au méme niveau. Séparés à leur base par un intervalle de 2 millimètres environ, ces organes s'inséraient en face d'une feuille dépourvue de bourgeons asillaires, et, par suite de la ressemblance parfaite qui existe entre le Cissus pubescens et la Vigne vierge sous le rapport de la distribution des vrilles et des bourgeons, corres- pondaient au bourgeon composé dormant. Or, puisqu'il. peut arriver que deux des bourgeons secondaires dormants se déve- loppent, tandis que les autres avortent, on comprendra sans peine que deux vrilles aient pu dériver également de deux des bourgeons secondaires dormants soulevés, et apparaitre ainsi côte à cóte, au méme niveau. VI EXAMEN DES THÉORIES PRÉEXISTANTES. Maintenant que, grâce aux études précédentes, il nous est per- mis de donner pour base à une discussion des faits certains et d'une vérification facile pour la plupart, arrivons à l'examen des théories DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 97 en présence pour juger, à la mesure des faits qu'elles interprétent, la valeur de chacune d'elles. L'explication de M. Prillieux, dont nous avons déjà dit quelques mots dans notre premiére note, s'appuie sur un fait réel et bien observé : l'existence, à cóté et un peu en dehors de ce qu'il nomme bourgeons stipulaires (bourgeon composé hibernant) de la Vigne commune, d'un premier bour- geon (bourgeon simple anticipé), dont les feuilles se trouvent comprises dans un plan perpendiculaire à celui par lequel passent celles du rameau. M. Prillieux en a tiré cette double conclusion que l'on pouvait regarder comme logique : 1* Les feuilles gardant un ordre distique tout le long des rameaux, chacun de ces derniers n'est point formé d'axes d'ordres différents superposés, mais il est un suivant toute sa longueur. 2° Les écailles des vrilles pré- sentant leurs insertions dans le méme plan que les feuilles du sar- ment, la vrille ne peut étre l'axe principal déjeté, et par conséquent elle résulle d'une simple bifurcation de ce dernier. Nous le répétons, il est permis de considérer ces To huieus comme logiques, mais à une condition, c’est que se livrant à un choix que rien ne justifie, on se renferme dans l'étude exclusive de la Vigne commune ou des Ampélidées que nous avons décrites comme ses analogues, abstraction faite de toutes les autres. Grâce à cetexamen limité, on aura effectivement le droit d'affirmer que, dans la Vigne commune, le sarment est un axe unique et la vrille une bifurcation de cet axe, c’est-à-dire, selon nous, le droit d'ac- coler l'erreur à la vérité. C'est là que M. Prillieux, malgré son talent bien connu comme observateur, devait fatalement aboutir, Où pouvait le conduire, en effet, sinon à ce résultat, l'étude isolée d'un type dégradé tel que la Vigne commune, privé déjà de quelques- uns des traits caractéristiques du type rationnel des Ampélidées, tel qu'on le retrouve dans l Ampelopsis quinquefolia, et qui seul, à notre sens, peul, ainsi que nous le prouverons bientót, éclairer celle question si controversée de la signification morphologique de la vrille des Ampélidées ? On s'en aperçoit vite d'ailleurs quand M. Prillieux, quittant le 58 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE champ cireonserit de l'observation, tente d'expliquer. l'inégale répartition des vrilles et invoque dans ce but certaines vues théo- riques d'Aug. Saint-Hilaire, qui regardait toute division comme le résultat d'une augmentation d'énergie vitale, et voyait dans cette dernière la cause probable de la partition. « Admettons celte asser- »lion, dit M. Prillieux (1). Il est avéré qu'au bas de chaque » pousse la végétation est faible, les feuilles n'y atteignent pas » tout leur développement, les entre-nœuds y restent courts. Nous » ne devons pas voir dans cette région de partition de la tize..... » Plus haut, la vie du végétal se manifeste plus active, plus puis- » sante ; c'est alors que la tige est dans des conditions convenables » pour se diviser..... Qu'y a-t-il de surprenant à voir qu'après » s'être à deux reprises partagée, la tige momentanément affaiblie » demeure un instant sans foriner de tiges accessoires, puis qu'a- » prés un moment de repos, retrouvant ses forces, elle recom- » mence à en produire de nouvelles? » Il nous sera facile de démontrer que les faits se trouventen con- tradiction formelle avec ces différentes hypothèses. Personne, sans nul doute, n'oserait prétendre que la vrille du Cissus puhe- scens, par exemple, ce rameau dégénéré, amoindri, soit un organe plus vigoureux et d'une plus luxuriante végétation que le rameau normal qui la porte. Et cependant qu'arrive-t-il ? Tandis que le sar- ment ne pourrait se bifurquer deux fois de suite sans en éprouver une sorte d'épuisement, la vrille présenterait, sans la moindre in- terruption, jusqu'à six ou sept bifurcations consécutives! Assuré- ment, il eût été plus juste d'envisager la prétendue partition des Ampélidées comme une preuve de faiblesse et d'amoindrissement. Mais alors comment expliquer sur le rameau l'absenee des vrilles à certains nœuds mathématiquement déterminés? D'autre part, si, en réalité et comme semble le démontrer ce qui précède, l'existence d'une vrille à chaque nœud est plutôt un signe d'affaiblissement, comment expliquer, dans la théorie de (1) Bulletin de la Société botanique de France, 651. DE LA VHILLE DES AMPÉLIDÉES. 59 M. Prillieux, l'absence de vrilles aux nœuds inférieurs du rameau? Ceux-là surtout ne devraient-ils pas en étre pourvus, eu égard à la végétation peu active que leur attribue ce botaniste ? La vérité est qu'il faut envisager les entre-nœuds inférieurs au point de vue de leur force de résistance, et se bien garder surtout de considérer leur briéveté comme une preuve évidente de faiblesse. Que les feuilles y soient notablement réduites et souvent presque écailleuses, peu importe. On sait que les feuilles inférieures des plantes sont en général moins bien développées que celles qui les suivront : la parlie inférieure du tronc n'en offre pas moins une végélation vigoureuse. C’est ce qui a lieu pour la Vigne. Que l'on compare ses entre-nœuds inférieurs ramassés, trapus, rigides, aux entre-nceuds supérieurs allongés, mais minces et débiles; et l'on ' reconnaitra aussitót que la vrille, indispensable pour maintenir ces derniers dans une posilion verticale, se trouverait complétement inutile à la consolidation des premiers. : L'étude comparative des sarments de la Vigne et de la Vigne vierge vient à l'appui de ce que nous venons de dire. Remarquant en effet que les seconds sont plus gréles et plus souples que les premiers, on sera, de prime abord, avant un examen plus appro- fondi, porté à émettre l'opinion que les vrilles doivent apparaitre de meilleure heure sur les jets de la Vigne vierge que sur ceux de la Vigne. Ici encore l'observation vient confirmer la théorie. On sait en effet que la vrille, à quelques exceptions prés, se montre sur le sarment de la Vigne du quatrième au sixième nœud, tandis que sur celui de la Vigne vierge, nous l'avons vue constamment apparaitre dés le deuxième ou le troisième. Le méme fait d'ailleurs se produit chez la plupart des plantes cirrifères, si méme il n'est général. Dressées à l'origine, elles se présentent alors dépourvues de vrille, qui, on le comprend, ne leur serait à celle époque d'aucune utilité. Mais que la croissance s'accentue, que l'axe trop flexible se courbe vers la terre, aussitôt apparait la vrille, devenue nécessaire. Chez les Cucurbitacées, par exemple, on ne la voit guère se montrer avant le troisième nead, 60 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE et encore n'est-elle tout d'abord que rudimentaire, bien qu'elle « puisse accompagner déjà des feuilles largement développées. Nous arriverons done à cette premiére conclusion : la théorie de la partition, füt-elle exacte, ne réussirait à interpréter qu'un nom- bre trés-restreint de phénoménes ; moins encore, notons-le bien, ceux dont la Vigne vierge est le siége que ceux que l'on a depuis longtemps signalés à propos de la vrille de la Vigne commune. Mais ce n'est pas tout : M. Lestiboudois (1) a démontré que les faisceaux fibro-vaseulaires de la vrille ne naissent point comme ils le feraient, s'ils résultaient d'une bifurcation de l'axe, mais sortent de la tige en se comportant comme ceux d'un bourgeon ordinaire. De la théorie de la partition que restait-il done aprés cette réfu- lation de M. Lestiboudois? Un seul fait, mais, il faut bien le dire, un fait inexpliqué. Comment pouvait-il se faire en effet que la vrille, n'étant point le résultat d’une partition del'axe, mais dérivant d'un bourgeon, püt présenter ses écailles ou feuilles modifiées dans le méme plan que les feuilles de l'axe principal ? C'est à ce fait, demeuré sans explication, que les idées de M. Prillieux ont dû de survivre, méme aux attaques de M. Lestiboudois. En montrant que dans l Ampelopsis quinquefolia , Yes Cissus pubescens, Roylei, les Vitis discolor, cordifolia, etc., les feuilles du premier bour- geon axillaire, ou prompt bourgeon, se trouvent dansle méme plan que celles du rameau sur lequel il s'insère, nous croyons avoir levé toute difficulté à cet égard. Maintenant qu'il est avéré que les bourgeons axillaires d'Ampélidées peuvent avoir des feuilles ainsi distribuées, l'exemple opposé tiré des bourgeons de la Vigne et invoqué par M. Prillieux perd toute sa valeur. Puisque, sans cause manifeste, l'orientation des feuilles peut présenter d'aussi considérables variations, il est évident qu'il ne faut plus, dans celte famille, lui attribuer aucune importance et qu'il n'y a plus lieu de s'étonner que la vrille offre ses écailles dans le méme plan que les feuilles de la tige. Eu égard au plan général d'organisation (1). Loc..cit,,, 815. DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES, 61 ` qui, nous l'avons démontré, est un pour les Ampélidées propre- ment dites, il est impossible de considérer comme inexplicable dans la Vigne ce qui est si logique et si compréhensible dans la Vigne vierge. Si, dans cette dernière plante, les vrilles ou bourgeons trans- formés ont leurs écailles comprises dans le même plan que les feuilles de l'are principal, c’est que celles des bourgeons normaux sont disposées de méme. Par contre, si cette corrélation ne se manifeste plus dans la Vigne, c’est que, par une certaine dégrada- tion, le plan général demeuré le méme pour la vrille a cessé de se reproduire dans les bourgeons normaux. Ces derniers, par lorien- tation de leurs feuilles, ont fait retour au type ordinaire des bour- geons axillaires et, ce faisant, ils se sont écartés du plan rationnel tel qu'on le retrouve dans certaines Ampélidées, particulièrement dans la Vigne vierge; plan d’après lequel bourgeons normaux et vrilles doivent subir des modifications de même ordre, et pour ainsi dire judicieusement coordonnées. Aussi, dût celte opinion sembler paradoxale, nous ne pouvons envisager ce retour des bourgeons à l'état habituel que comme une anomalie, une dégéné- ration, une dégradation du vrai type des Ampélidées, qui par son essence même diffère totalement de ce que nous présente la géné- ralité des végétaux. ! Nous le reconnaissons, les faits nouveaux que nous avons mis en lumiére apportent comme une sorte d'appoint à la théorie an- cienne d’après laquelle la vrille devait être considérée comme l'axe principal déjeté par le bourgeon axillaire. En effet, puisque dans la Vigne vierge le rameau principal, les vrilles, les bourgeons, présentent tous leurs feuilles dans le méme plan, rien ne s'oppose en principe à ce que l'axe du rameau puisse résulter de la super- position d'un certain nombre d'axes de degrés différents, ainsi que l'admettait Aug. Saint-Hilaire. Il subsistera néanmoins trop de faits contraires aux idées de ce savant pour qu'elles puissent espérer prévaloir de nouveau. Reporlons-nous en effet au dessin schématique que nous donnons d'un rameau de Vigne vierge 62 DE LA SIGNIFICATION. MORPHOLOGIQUE (pl. IV, fig. 4), et supposons pour un instant que la vrille 2 soit l'axe principal déjeté. Vis-à-vis d'elle se trouve la feuille B dont le bourgeon axillaire se sera développé pour continuer le rameau. Jusqu'ici l'interprétation est possible. Mais qu'au lieu de la vrille 2, on examine la vrille 1” et la feuille C qui lui est opposée. Ou trou- vera à Vaisselle de cette dernière deux bourgeons, un prompt bourgeon simple et un bourgeon dormant composé, lesquels n'existent point à l'aisselle de la feuille B. D'oà vient cette diffé- rence? La théorie ne peut que rester muette à cet égard. Mémes difficultés d’ailleurs relativement à la Vigne, de telle gorte qu'il n'existerait pas un seul type d'Ampélidée pour lequel cette théorie puisse apporter une explication compléte. Nous nous trompons ; il en est un pour lequel l'interprétation morphologique pourrait à la rigueur sembler satisfaisante. C'est celui que représentent les Vitis Labrusca, vulpina, etc., dans lesquels il existe à chaque nœud une vrille et des bourgeons semblablement disposés. On pourrait admettre que la vrille étant l'axe principal déjeté à chaque nœud indistinctement, chaque feuille porte un nombre égal de bourgeons axillaires, et que le rameau s'allonge grâce au dévelop- pement de l'un d'eux, phénomène qui se répéterait à chaque nœud. Mais on jugera bientôt de la valeur qu'il faut accorder à cette interprétation, et par conséquent de celle des idées d'Aug. Saint- Hilaire sur ce sujet trop longtemps débattu. M. Lestiboudois, qu'un examen plus complet aurait peut-être- conduit aux idées que nous soutenons ici, formule avee hésitation la théorie suivante, qu’il n'appuie d'ailleurs d'aucun argument convaincant : «ll serait, dit-il (4), plausible de penser que la » vrille est un deuxième bourgeon axillaire superposé au bour- » geon ordinaire, comme dans l’ Aristolochia Sipho, mais considé- » rablement élevé au-dessus de lui, et ne faisant éruption que » vis-à-vis de la feuille supérieure. » | Mais si l'on se reporte à l'organisation de la Vigne, et que pre- (f) Loc. cit., 816. DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES, 63 nant pour point de départ les idées de M. Lestiboudois, on tente de l'interpréter, on ne réussira pas à le faire. Comment expliquer en effet, d'une part la présence d'une vrille à certains nœuds spé- ciaux, tandis que d'autre part toutes les feuilles portent à leur aisselle des bourgeons partout identiquement constitués? L'organisation de la Vigne vierge n'est pas plus explieable que celle de la Vigne. Comment, si chaque vrille provient d'un bour- geon axillaire superposé au bourgeon ordinaire de la feuille immé- diatement inférieure, ainsi que le veut M. Lestiboudois, com- prendre que la feuille B (pl. IV, fig. 1) n'offre point de bourgeons axillaires, tandis que la feuille D présente à son aisselle tout à la fois un prompt bourgeon simple et un bourgeon hibernant com- posé? Assurément, le vice capital de l'explication de M. Lestibou- dois consiste en ce qu'il n'a vu dans la situation de la vrille, bien au-dessus de la feuille, qu'un fait analogue à celui qui se passe dans le Noyer, l'Aristoloche, etc., et non pas un phénomène de soulè- vement, le bourgeon demeurant conné avec l'axe principal suivant un trajet plus ou moins considérable; idée qui lui eüt permis de comprendre comment la vrille X (pl. IV, fig. 1), par exemple, pouvait répondre morphologiquement à l'aisselle de la feuille B, tout aussi bien que la vrille 1'. Comme celles d'Aug. Saint-Hilaire, les idées de M. Lestibou- dois ne trouvent leur application que dans un cas unique repré- senté par l'arrangement réciproque des vrilles et des bourgeons, tel que le montrent les ViZis Labrusca, vulpina, etc. Rien, en effet, ne parait plus simple et plus juste qu'une hypothése ainsi formulée : Les vrilles ét les feuilles étant distiques et chaque nœud présentant une vrille et des bourgeons pareillement disposés, chaque vrille est un. bourgeon anormal répondant morphologi- quement à l'aisselle de la feuille qui lui est immédiatement infé- rieure. Muis il se trouve qu'en dehors des théories d'Aug, Saint-Hilaire et de M. Lestiboudois, celle de M. Prillieux, envisagée en faisant abstraction de toute considération purement anatomique, suffit, 6^ DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE elle aussi, pour donner une interprétation morphologique satisfai- sante de la vrille dans un seul cas, un eas unique, le méme préci- sément. En effet, toutes les difficultés qui surgissaient à propos de la Vigne et de la Vigne vierge disparaissent ici grâce à la régularité parfaite que montrent les Vitis Labrusca et vulpina, et l'on peut admettre, sans qu'une réfutation directe soit à craindre, qu'à cha- que nœud il s'est produit une partition pour donner naissance aux vrilles qui apparaissent réguliérement vis-à-vis de chaque feuille. Si nous ajoutons que les idées soutenues par nous se confondent en quelque sorte avec celles de M. Lestiboudois, quand il s'agit des mémes Ampélidées, on se trouvera en présence de ce cas au moins singulier : l'interprétation d'un méme fait par plusieurs hypothéses diamétralement opposées, interprétation qui parait se déduire de chacune d'elles avec une logique presque égale. Les plantes en question sont en effet comme une sorte de point cen- tral où l'on peut aboutir par des voies différentes et complétement - opposées. Or, on en conviendra, quand dans toute une série de plantes constituées de telle sorte que l’on passe d'un terme à l'autre sans constater de lacunes importantes, il se rencontre un type d'une organisation assez ambigué pour que des théories bien dis- tinctes en puissent, presque à titre égal, revendiquer l'interpréta- tion, il n'y a qu'un parli à prendre pour qui veut une solution précise. Il faut de toute nécessité laisser de côté ce terme de la série comme ne pouvant conduire à rien de positif, et s'adresser à un autre qui, gràce à la complexité de son organisation, ne satis- fasse plus qu'à l'une des théories en présence et élimine toutes les autres. Si donc on peut affirmer que toute théorie dont l'unique crité- rium sera l'interprétation des phénomènes dont les Viris Labrusca, vulpina, etc., sont le siége, devra être considérée comme insuffi- sante ou fausse, el conséquemment non avenue, on doit par cela méme reconnaître que les hypothèses de M. Prillieux et d'Aug. Saint-Hilaire, celle même de M. Lestiboudois, qui cependant con- stituait un progrès, doivent être abandonnées. DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 65 En résumé, les faits exposés dans le courant de ce chapitre et des chapitres précédents nous autorisent à regarder comme dé- montré : 1*que les Ampélidées proprement dites, malgré les appa- rences, se trouvent nécessairement construites sur le méme plan, plus ou moins modifié, mais jamais essentiellement; 2* que la vrille ne peut étre et n'est en réalité qu'un bourgeon entrainé, répondant morphologiquement à l'aisselle d'une feuille inférieure. Il nous reste une dernière question à élucider. Dans l'étude générale des familles, on rencontre souvent des types floraux simples, autour desquels viennent se grouper les genres voisins, par complications ou dégradations successives. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour la famille des Ampé- lidées, envisagée seulement par rapport aux phénomènes dont la vrille est le siége? ! Pourquoi, au milieu des variations multiples des bourgeons, des vrilles, des inflorescences, parmi tant d'espéces qui semblent d'abord si disparates à certains points de vue, ne se trouverait-i] pas un type autour duquel viendraient se grouper tous les autres, qui expliquerait leurs degrés divers de perfectionnement ou d'amoindrissement, type enfin qui servirait de base à ce qu'on pourrait appeler la réédification morphologique de chaeun d'eux? À la vérité, le type en question peut avoir disparu, comme tant d'autres. On sait que les V/is et les Cissus ne datent point de Ja pé- riode actuelle, mais existaient déjà à des époques fort reculées. Il peut en outre s'être modifié; mais ce sont de simples hypothèses auxquelles un botaniste ne saurail s'arrêter tant qu'il n'a point, en nombre suffisant, des matériaux qui lui permettent de soutenir l'une ou l'autre de cesopinions, Nous avons d'ailleurs tout lieu d'espérer que ces matériaux pourront étre un jour réunis. On retrouve en effet la trace des Ampélidées dans la plupart des couches qui se sont succédé depuis l'origine des terrains tertiaires jusqu'à nos jours. Le terrain quaternaire nous montre le Vilis vinifera absolument tel, parail-il, qu'il croit encore aujourd'hui. Dans le pliocène infé- rieur, le marquis Carlo Strozzi a déeritle Vitis Ausonie d'après des XI. (15 novembre 1873.) Z 66 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE empreintes de feuilles recueillies dans les travertins de San-Vivaldo, en Toscane. Le miocéne inférieur renferme les Vitis feutonica AL. Braun, et Brauni R. Lowe. Dans les travertins de Sézanne, qui appartiennent à l’éocène inférieur, M. de Saporta a rencontré les empreintes des feuilles de deux Ampélidées qu'il a nommées Cissus primæva et ampelopsidea, Tout récemment enfin, dans la méme localité, M. Munier Chalmas a découvert non plus seule- ment de simples empreintes de feuilles, mais des vrilles gardant encore leur enroulement primitif, et un fragment de tige présen- tant un nceud vers le milieu de sa longueur. Sur ce fragment les stries longitudinales caractéristiques des Vignes avaient gardé toute leur netteté primitive ; malheureusement la cicatrice laissée par la vrille en se détachant demeurait seule visible, et nous n'avons pu, à notre grand regret, faire aueune observation sur la répartition des bourgeons. L'habile géologue à qui l'on doit cette découverte ayant pu, en coulant du plâtre dans certaines excavations de la roche, obtenir des moules d'insectes admirablement conservés et de fleurs munies de toutes leurs étamines, il parait presque certain que de nouvelles recherches donneraient lieu à de nou- velles trouvailles plus complètes et plus instruclives. Il n'est pas douteux en effet qu'une roche qui a gardé l'empreinte d'un animal aussi peu consistant qu'une chenille et celle d'un organe aussi délicat que l'étamine, ait également pu conserver avec tous leurs détails les robustes bourgeons d'une Ampélidée. Quoi qu'il en soit, puisque nous en sommes réduils aux conjec- tures sur le type primordial des Ampélidées, et que nous ne pouvons actuellement savoir s'il se rapprochait de celui dela Vigne vierge ou de celui dela Vigne commune, s'il était régulier comme celui du Viis Labrusca, ou bien s'il réunissait en une méme plante des formes diverses, comme celui de l'Ampelopsis humu- lifolia, à défaut de documents paléontologiques, nous devons con- sulter ceux que n ous offre la nature actuelle. Or, nous l'avons montré, il n'existe aucune Ampélidée qui se préte aussi facilement que la Vigne vierge, malgré son apparente DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 67 complication, à une interprétation morphologique satisfaisante. La distribution corrélative des bourgeons et des vrilles s'y expli- que par l'hypothése du soulèvement de certains bourgeons axil- laires, et ne saurait s'expliquer, remarquons-le bien, par aucun autre. On retrouve en outre, soit dans les inflorescences, soit dans les vrilles de cette plante, certaines particularités d'organi- sation analogues à celles des ramifications d'autres Ampélidées et grâce auxquelles on peut, par transitions à peine sensibles, passer de l'organisation de la Vigne vierge à celle de la Vigne commune, et de cette dernière à celle du Vitis Labrusca. L’ Ampelopsis humulifolia, en reproduisant fréquemment sur le méme pied, ainsi que nous l'avons fait connaitre, les phénoménes dont les plantes précédentes sont le siége, prouve d'ailleurs qu'il n'existe aucune différence radicale entre des formes trés-variées cepen- dant. Nous nous trouvons ainsi amené à cette conclusion, que si la Vigne vierge est la plante qui traduit avec le plus de netteté le type de l'Ampélidée, l Ampelopsis humulifolia est celle qui repro- duit le plus complétement les modifications secondaires éprouvées par ce type. On peut done dire que l'étude de ces deux végétaux résume, à quelques détails prés, et au point de vue spécial auquel nous nous sommes placé, celle de toutes les autres Ampélidées. VII DE L'INFLORESCENCE DES LEEA. C'est à juste titre que les Leea ont été rangés dans une section spéciale, différente de celle des Ampélidées proprement dites, laquelle comprend, comme on le sait, les Cissus, les Vitis, les Ampelopsis et les Pterisanthes. Ils s'éloignent en effet de ces der- niers genres, non-seulement par leur ovaire quinquéloculaire, leur corolle monopétale, leurs stipules transformées en ailes connées avec le pétiole, mais encore, et c'est ce qu'il nous reste à montrer, par la nature de leur inflorescence: Quand on caractérise les Leea et qu'on les représente comme 68 DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE dépourvus de vrilles, on admet néanmoins que si leurs inflores- cences sont oppositifoliées, elles le sont pour la méme cause que celle des Ampélidées proprement dites. Conséquemment, d'après les idées que nous soutenons, il faudrait supposer que, chez les Leea, l'inflorescence, répondant morphologiquement à l'aisselle d'une feuille inférieure, s'est, par une sorte d'entraînement, élevée jusqu'au niveau d’une feuille supérieure. Les faits toutefois nous semblent en désaccord avec cette hypothèse. Pour nous, s'il n'existe pas de vrilles chez les Leea, c'est que les bourgeons entrainés y font défaut. Aussi l’inflorescence ne nous parait-elle étre que l'axe primaire déjeté. : Etudions comparativement, pour mieux nous en rendre comple, ce qui se passe chez les Leea et chez les Ampélidées proprement dites. Quand, dans un Viris, par exemple, une inflo- rescence se trouve en opposition avec une feuille, toutes deux s'inséren sur un axe peu différent comme taille, au-dessus. de leurs points d'attache, de ce qu'il est au-dessous. En d'autres ter- mes, l'axe principal s'effile insensiblement de bas en haut et ne se termine jamais subitement au niveau de l'inflorescence. Chez les Leea, les choses se passent autrement. Le Leea sambucina Wirin. a des feuilles décomposées-pennées trés-développées. Au point où une inflorescence se montre en opposition avec l'une des feuilles, cette dernière, bien que située presque à l'extrémité du rameau, a conservé des proportions considérables, Au lieu de l'axe allongé qui, dans le Vizis, continue le sarment au-dessus de la grappe et de la feuille, on ne trouve plus en général entre la feuille et l'in- llorescencé, méme bien développée, qu'un bourgeon, souvent . encore caché dans la gouttiére, longue de 2 ou 3 centimètres, que constituent les stipules adhérentes à la base du pétiole. Peut-on considérer ce bourgeon comme la continuation du sar- ment? Comment supposer qu'une feuille largement étalée puisse avoir son insertion réelle sur l'axe d'un bourgeon caché dans son aisselle? Ne prend-elle pas attache au contraire sur celui que ter- mine l'inflorescence, et le bourgeon n'est-il point un simple bour- DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES, 69 geon axillaire, au lieu d'étre le bourgeon terminal du rameau? Ce que nous avons observé chez le Leea staphylea Roxs. vient encore à l'appui de cette opinion. Dans cette plante, le bourgeon placé entre l'inflorescence et la feuille s'est lui-même transformé en une inflorescence que la feuille, très-robuste dans cette espèce, rejette sur le côté. Au lieu d'une seule inflorescence oppositifoliée, il parait alors exister deux inflorescences latérales, dont le dépla- cement se trouve ainsi sous la dépendance de la feuille dela facon la plus manifeste. Quelle que soit d'ailleurs la valeur des faits qui précédent, nous ne nous dissimulons pas qu'il appartient à l'organogénie seule d'infirmer ou de corroborer en dernier ressort notre manière de voir. Elle seule en effet peut nous apprendre si l’inflorescence est l'axe primaire déjeté, ou bien un simple bourgeon axillaire. La vrille et l'inflorescence sont latérales chez les autres Ampélidées, dés leur premiére apparition sous forme d'un mamelon celluleux. En est-il autrement chez les Leea? L'inflorescence y est-elle pri- mitivement terminale? Telle est la question facile à trancher pour qui disposerait de Leea vivants et pourvus de bourgeons florifères, mais qu'il nous a été impossible de résoudre d'aprés des échan- tillons d'herbier, les seuls que nous ayons eus à notre disposition, EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE IV. Fic. 4. Dessin schématique représentant un rameau de Vigne vierge et indi- quant les rapports qui existent. entre les feuilles dépourvues de bourgeons axillaires normaux et les différents systémes binaires de vrilles. — Les vrilles 4°, 2', dérivent des bourgeons de la feuille B; les vrilles 4”, 2", de ceux de la feuille E; les bourgeons des feuilles H et L ont donné respec- tivement naissance aux systèmes de vrilles 1” et 2°”, 4°” et 2". Les feuilles A, C, D, F, G, I, K, M, O, présentent toutes deux bourgeons axillaires normaux, tandis que les feuilles B, E, H, L, P, en sont naturel- lement dépourvues. Fic, 2. Schéma de l'influence dela Vigne vierge. — À, À’, écailles alternes sur l'axe principal de l'inflorescence, en face desquelles s'insérent les axes secondaires B, B’, qui sont des vrilles secondaires fructifères, L'axe secon- 70 Fic. Fic, Fig, Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE daire B porte lui-même, vis-à-vis de l'écaille A", un axe tertiaire B", qui n'est qu'une vrille tertiaire devenue fructifère. 3. Schéma d'une vrille de Vigne commune dont la branche de bifurcation B est passée à l'état d'inflorescence et ne présente plus que des bourgeons normalement développés (en forme de fleurs) à l'aisselle des écailles A", A”, A”, L'autre branche de bifurcation, en sa qualité de vrille, porte seulement un bourgeon anormalement développé et soulevé pour constituer la vrille secondaire B’, située en face de l'écaille A’, qui n'offre point de bourgeons axillaires normaux. 4. Schéma de l'inflorescence de la Vigne commune. — Le rachis porte les écailles opposées A, A et A", A". Les axes secondaires n'apparaissent plus, comme dans la Vigne vierge, en face des écailles, mais à leur aisselle méme, et dérivent par conséquent de bourgeons normaux, contrairement à ce qui a lieu dans la Vigne vierge. PLANCHE V. A. Portion de rameau de Vigne vierge montrant le bourgeon anticipé A et le bourgeon dormant B. — Les deux stipules de la premiére feuille du bourgeon anticipé sont situées dans un plan perpendiculaire à celui des feuilles du rameau. Donc les feuilles du bourgeon anticipé qu'elles tiennent cachées se trouvent dans le méme plan que celles du rameau. — Gr. ?. :2. Fragment de rameau de Vitis cordifolia. —V , vrille; F, feuille; A, bour- geon axillaire anticipé dont les feuilles sont orientées comme celles du rameau. — Gr. à. 3. Fragment de rameau de Vigne commune. — A, prompt bourgeon; B, bourgeon hibernant. Les feuilles du bourgeon A sont dans un plan perpendiculaire à celui des feuilles du rameau. — Gr. 3. 4. Dessin montrant que les écailles O, T, de la vrille trés-jeune sont situées dans le méme plan que les feuilles du rameau, M étant une de ces feuilles. — R, vrille secondaire née sur la vrille primaire. — Gr. *?. 5. Fragment de rameau de Vigne dépouillé de son écorce. — A, bourgeon anticipé déjà développé en un rameau allongé. B', B", B'”, bourgeons de générations différentes qui constituent le bourgeon dormant, et dont toutes les feuilles sont orientées comme celles du rameau principal. O, O, deux des faisceaux qui se rendent à la feuille, laquelle a été enlevée avec l'écorce. — Gr. $. 6. Section oblique pratiquée sur un rameau de Vigne, vierge et passant par la base des bourgeons axillaires, pour montrer leur distribution réciproque. — A, prompt bourgeon. B', B", B'"', etc., bourgeons de générations diffé- rentes qui composent le bourgeon hibernant. — Gr. 2.1 7. Section analogue à la précédente, mais prise en un point inférieur pour faire voir comment l'axe ligneux principal se relie aux axes ligneux du Fic. Fic. Fic. Fic, DE LA VRILLE DES AMPÉLIDÉES. 7A bourgeon anticipé A et des petits bourgeons B', B", B'", etc., qui entrent dans la constitution du bourgeon dormant, — Gr. ?. 8. Écaille de la vrille de la Vigne vierge, — P, pointe médiane correspon- dant à la feuille, tandis que les deux oreillettes latérales, dans chacune desquelles se rend une nervure spéciale, représentent les stipules qui ont contracté adhérence avec elle; — Gr. 2. 9. Portion de rameau de Vigne vierge dépouillé de son écorce. — G, sec- tion du pédicule qui sert de support commun aux bourgeons axillaires. Le grand axe de ce pédicule est transversal. — Gr. 1. 10. Dessin analogue au précédent, représentant les mémes parties dans la Vigne commune. — Le grand axe du pédicule G est à peu prés longi- tudinal. — Gr. 1. 41. Fragment de rameau de Vigne commune dépouillé de son écorce. — À, bourgeon anticipé. B, B", B", bourgeons de deux générations diffé- rentes qui constituent le bourgeon dormant. Les feuilles du bourgeon B sont orientées comme celles du rameau. Celles des bourgeons B”, B", au contraire, leur sont perpendiculaires. — Gr. à. ERRATUM. — La planche numérotée planche III doit être considérée comme portant le n° V. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES EUPHORBIACÉES Depuis la publication de nos premiers travaux sur cette famille, notamment de l Étude générale du groupe des Euphorbiacées, qui date de 1858, nos idées se sont, on le concoit, modifiées sur plusieurs points. Sur beaucoup d'autres, elles se sont au contraire fortifiées, malgré les opinions contraires énoncées par les auteurs qui se sont le plus occupés de ces plantes. M. Mueller d'Argovie est sans contredit le principal, puisque son travail sur les Euphor- biacées, comprenant la description des genres et des espèces, remplit toute la deuxième partie du volume XV du Prodromus de De Candolle. J'ai généralement suivi cet auteur dans les réduc- tions de genres qu'il a proposées et que j'ai assez souvent poussées plus loin encore, comme on le verra tout à l'heure. La science; je pense, ne pourra que gagner à cette simplification qu'on de- vrait peut-être, comme je le ferai voir, accentuer davantage sans inconvénients pour elle. Mais je cesse de partager la manière de voir de l'auteur du Prodromus quant à la valeur générique. qu'il accorde à la forme des anthéres, au degré de développement de la caroncule, et quant aux caractères de tribus qu'il fonde sur la préfloraison, Je pense qu'en limitant, on briseraità chaque pas les liens les plus naturels. Jen'ai pu eonserver non plus les grandes coupes primordiales qu'il fonde sur l'embryon et la largeur des colylédons. Le moindre inconvénient de ces caractères, c’est que, vu la rareté des graines mûres dans la plupart des collections, on ne peut méme pas les constater dans la pratique ; de sorte qu'on se trouve tout d'abord empéché de savoir à quelle grande division de la famille il faut rapporter la plante qu'on a sous les yeux, NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES EUPHORBIACÉES. 73 Donnons d’abord, à propos du premier des caractères dont nous contestons la valeur, un exemple, choisi parmi beaucoup d'autres, de la variabilité de forme des étamines dans un genre d'ailleurs naturel; ce sera le genre Phyllanthus, tel que le comprend le Prodromus (qui en a méme fort étendu les limites). Sans nous étendre sur des détails descriptifs, nous renvoyons, dans une question de formes, aux figures qui accompagnent ce travail. Il y a des Phyllanthus dont l'androcée est formé de trois étamines libres; d'autres où elles sont tout à fait monadelphes; d'autres encore oü elles le sont dans une étendue variable. Certaines espéces ont ainsi trois filets divergents au moins dans leur portion supérieure, supportant chacun une petite anthére bien distincte, ou une anthère plus longue que large. D'autres ont pour andro- cée une sorle de triangle équilatéral, dont le plan est horizontal (et qui représente le connectif), et sur chaque côté du triangle deux loges adnées, placées horizontalement bout à bout et constituant par leur réunion une anthère. En laissant de côté les formes intermé- diaires, qui sont nombreuses, que l'on compare les anthéres à loges linéaires, dressées, apiculées et monadelphes du P. Fagueti (pl. IX, fig. 4), avec les anthéres à demi-loges confluentes, entourant comme un anneauleconnectif orbiculaire du P. cyclanthera (fig. 5), ou avec les étamines libres, divergentes, récurvées, à petites anthères globuleuses du P. Niruri (fig. 6), et l'on verra si, dans un genre où tout est d'ailleurs semblable quant aux caractères importants, ces formes des pièces de l'androcée ne sont pas infi- niment variables. Comment. veut-on alors qu'on tienne compte, pour séparer génériquement, par exemple, des autres Mercurialis le M. alternifolia qui a tout à fait leur port et leurs autres traits essentiels, de ce fait que ses loges d'anthéres, indépendantes les unes des autres, au lieu d'étre descendantes dés le bouton, sont à tout âge ascendantes, comme celles des espèces ligneuses » | constituent le groupe C/aozylon? Par suite du peu de valeur qu'on doit accorder à la cosi. tion des étamines, au genre Codieum , tel que l'a compris le Pro- 7h NOUVELLES OBSERVATIONS dromus, doit se rattacher le Szeigeria qui n'en est séparé que parce que ses étamines comportent « antherarum loculi omnino discreti, longitrorsum cruribus reclinatis filamenti dorso adnati » , tandis que les vrais Codiæum sont supposés avoir les loges de lan- thère totalement adnées suivant leur longueur au connectif, Mais ce dernier caractère n'est pas absolu. Il existe, il est vrai, dans certaines fleurs mâles du Baloghia lucida (rapporté au genre Codiœum). Mais dans d’autres fleurs, on aperçoit trés-distincte- ment ce qui suit : le connectif est partagé en Y, jusqu'au-dessous méme du milieu de sa hauteur dans certaines anthéres; et natu- rellement les loges sont libres dans toute cette étendue de leur portion supérieure; il en résulte que la section S/eigeria ne sera méme pas limitée d'une façon bien tranchée dans le genre Codiœum. A cette section se rapporteront plusieurs plantes néo-calédoniennes ; d'abord la seule espéce connue jusqu'ici : 1. ConiÆum montanum. — Séeigeria montana M. Arc., Prodr., 1121 (Vieillard, herb., n. 35). Puis, les cinq espèces suivantes, qui font partie des dernières collections de M. Balansa, 2. CODIÆUM (STEIGERIA) BUREAVI. Frutex (4, 5-metralis, ex Balansa) glaber ; ramis sub-2-cho- tomis rugulosis nigrescentibus. Folia alterna ad summos ramulos conferta, breviter (ad 1 cent.) petiolata, longe lanceolata (ad 10 cent. longa, 2, 3 cent. lata), ad apicem breviter acuminata, summo apice obtusiuscula, basi longe in petiolum angustata, supra dense viridia, subtus pallidiora, integerrima subcoriacea ; costa utrinque valde conspicua pallidiori; nervis remotiusculis ad margines anastomosantibus vix conspicuis. Flores diceci ; mas- culi terminales longe (ad 40 cent.) racemosi; in axillis bractearum singularum solitarii v. pauci longiuscule (1-3 cent. ) pedicellati ; sepalis petaloideis petalisque multo longioribus reflexis imbricatis. Stamina in columnam brevem basi disco subannulari cinctam SUR LES ÉUPHORBIACÉES. 75 connata; filamentis mox liberis ; antheris basifixis extrorsis ; loeulis obovatis ab apice ad medium v. paulo ultra liberis. Flores fœminei breviter racemosi v. subumbellati terminales; pedicellis quam in flore masculo crassioribus braeteolisque varie insertis majoribus stipatis; perianthio fere marium ; germine brevi subgloboso, extus setis (pallide lutescentibus) appressis hirsuto; styli ramis 3, his, terquaterve partitis; laciniis linearibus fuscatis ; ovulo in loculis solitario ; obturatore crasse conico basi infra in eylindrum brevem intra exostomiumjpenetrantem ultraque dilatatum producto. — In Austro-Caledonia leg. cl. Balansa (exs. , n. 1202) martio florifer. , in sylvis ad summam viam inter Bourail et Kanala (herb. Mus. par.). 3. ConiæÆum (SrEIGERIA) DRIMIFLORUM. Frutex (1, 2-metralis, teste Balansa) ex omni parte glaber; ramis teretibus rugosis cicatricibus notatis. Folia ad summos ramulos approximate alterna subsessilia oblongo-obovata (ad 2-5 cent. longa, 1-2 cent. lata), basi in petiolum spurium valde atte- nuata, apice rotundata v. brevissime apiculata, integerrima coria- cea, supra dense, subtus pallide virescentia penninervia retieulato- venosa; nervis venisque supra vix conspicuis, subtus leviter prominulis; eosta conspicua. Flores (albi) monœæci in racemos terminales, nunc androgynos, sepius umbelliformes dispositi, longe (2-4 cent.) pedicellati (ea Tasmanniarum referentia, 4 + cent. longa lataque). Calyx imbricatns. Petala paulo longiora, imbri- cata v. torta, in flore masculo obovato-subspathulata, in flore fœmineo multo angustiora canaliculata. Glandulæ 5, parvæ alter- nipetalæ. Stamina oo , basi in columnam brevem connata, mox libera; eonnectivo 2-fido; loculis liberis obovoideis, extrorsum rimosis. Germen 3-loculare; styli ramis (nigrescentibus) mox 2-fidis. Capsula depresso-globosa (1 cent. lata), 3-sulca; semi- nibus pisiformibus nigro-maeulatis ;. arillo minuto. — Oritur in Novæ-Calcdoniæ montibus, ad Pume, inter terras eruptivas 76 NOUVELLES OBSERVATIONS (Balansa, exs., n. 3252), Gataupe et Taulé "lqplanche, n. 299), maio fructifer. (herb. Mus. par. ). h. CopuEuw (STEIGERIA?) BRONGNIARTII. Frutex (4, 2-metralis, ex Balansa), ramis terctibus robustis; ligno duriusculo; cortice cinerascente rugoso hinc inde cicatri- cibus latis foliorum occasorum notato. Folia alterna ad summos ramulos conferta, breviter (2-1 cent.) lateque petiolata oblongo- obovata (ad 10 cent. longa, 4 cent. lata), basi longe angustata, apice rotundato emarginata integerrima arcte reflexo-marginata glaberrima penninervia venosa; nervis supra vix conspicuis, subtus eum venis crebris reticulatis ad margines anastomosantibus valde prominulis et limbo paulo pallidioribus. Flores monæci v. dici (teste Balansa), masculi breviter racemosi ; racemis (an terminalibus?) breviter eum pedicellis ealycisque partibus exterioribus fuscescenti-hirsutis (ad 3, 4 cent. longis) ; calyce valde imbricato, demum siecato; petalis calyce paulo longioribus obovatis, imbricatis v. tortis, basi intus puberulis. Stamina oo , columns brevi centrali inserta et in. globum approximata ; fila- mentis ad apicem. recurvis ; antheris extrorsis glabris; loculis e medio ad apicem liberis ue, connectivo fere ad apicem 2-fido (fuscato). Florum fœmineorum in racemos brevissimos ter- minales congestorum perianthium circa fruclus persistens (ubi tantum notum), ei masculorum, ut videtur, conforme; capsulis brevissime crasseque pedicellatis subglobosis (ad 4 5 cent. longis latisque) sub-3-gonis, in sicco nigrescentibus setisque lutescentibus rigidis plus minus hirsutis ; coceis (demum glabratis) intus albidis; seminis obovati integumento dense fuscato, pallide lineato ; earun- cula depresse conica albida ; embryonis dite albuminosi cotyledo- nibus oblongo-ellipticis albumine 3- plo angustioribus. — In Austro- Caledonia, cirea Kana/a, in terris ferrugineis, ad alt. 500 metr. leg. Balansa (exs., n. 1907, in Herb. Mus. par.). SUR LES EUPHORBIACÉES. 71 9. Coniæum (STEIGERIA?) DEPLANCHEI. Frutex (1, 2-metralis, ex Balansa), precedenti valde affinis quoad ramos (fuscatos) et folia. Petiolus autem longior crassiorque sub-3-gonus, intus valde canaliculatus (2, 3 cent. longus). Lim- bus quam in C. Brongniartii multo longior basique angustior (ad 20 cent. long., 3-8 cent. lat.), apice obtuso rotundatus v. sub- emarginatus coriaceus glaberrimus, valde recurvo-marginatus, supra subavenius, subtus valde prominulo - reticulatus ; costa crassa (in sicco erubescente). Flores monœci in summis ramulis subumbellati, masculi fœmineique intermixti, longiuscule (ad 1 :-2 cent.) pedicellati ; sepalis valde imbricatis, induratis ; petalis calyce vix longioribus, basi intus villosis. Stamina cc , in globum congesta; filamentis basi 1-adelphis, mox liberis reflexis, apice geniculatis; antheris extrorsis compressiusculis ; loculis ultra medium connatis, apice ciliatis liberisque obtusis. Germen fruc- lusque densissime lutescenti-setosa subglobosa; stylis 5, ima basi connatis patentibus; lobis 2, lineari-compressis, intus stigmatosis apice obtusis. Capsula intus pallida; seminis ovati carunculati testa pallide grisea nigro-lineata; albumine copioso; embryonis albu- mine 2-plo brevioris 3-ploque anguslioris cotyledonibus oblongo- ellipticis. — In Austro-Caledonia legerunt cl. Deplanche (exs., n. 264) ad Puebo, et Balansa (exs., n. 1908, 1909) octobre llorif. in monte Humboldti, et novembre fructif. circa Kanala, in terris ferrugineis (herb. Mus. par.). : 6. Coniæum (SrEIGERIA) BALANSÆ. Frutex (4, 5-metralis, teste Balansa) ex omni parte glaberrimus; ramis teretibus rugosis. Folia alterna, longe (8-12 cent.) petio- lata; limbo sublaneeolato (ad 95 cent. longo, 5, 6 cent. lato), basi breviter acutato subtusque ad petiolum 2-glanduloso, ad api- cem longius angustato, summo apice obtusiusculo, integro sub- coriaceo, in siceo pallide virescenti, subtus pallidiore penninervio ; 78 NOUVELLES OBSERVATIONS nervis primariis subtransversis mox valde ramosis ad margines anastomosantibus retieulatis, subtus prominulis pallidis. Flores (albi) in racemos terminales laxe ramoso-cyniferos (ad 20 cent. longos) dispositis; cymis singulis androgynis; flore terminali uno v. paucis foemineis; reliquis masculis; bracteis lineari-subspa- thulatis pedicello longioribus. Sepala utriusque sexus crassiuscula, basi connala, extus puberula, imbricata. Petala calyci subæqualia, torta v. imbricata, basi longe attenuata. Glandulæ 5, alternipetalæ crasse (lutescentes). Stamina æ , columns centrali inserta ; fila- mentis demum liberis erectis ; connectivo 2-fido ; loculis introrsum rimosis, apice obtusis v. truncatis liberis erectis. Germen in flore feemineo 3-loculare; ovulo crasse obturato; styli brevis cruribus 9 ereclo-patentibus breviter 2-fidis, intus stigmalosis. Inflores- centia tota juvenilis in sicco cinerascenti-puberula. Capsula crasse stipitata ovato-acuminata (ad 4, 5 cent. longa, 3, k cent. lata! glabra; exocarpio tenui ; endocarpio crasse lignoso elastice dissi- liente. Semina (ea Æicinorum valde referentia, majora) oblonga (2-2 : cent. longa) dorso eleganter fusco-maculata; albumine copioso oleoso ; embryonis albumine brevioris et 2, 3-plo angus- tioris cotyledonibus oblongo-ellipticis foliaceis, basi 3-nerviis ; radi- cula cylindrica; arillo conoideo. — Species insignis, foliis Code genuina referens, inter sylvas austro-caledonicas, ad orientem loci diet. Table- Unio, altit. cire. 600 metr. a solo cl. Balansa (exs., n.1857) hucusque decembre florifera fructiferaque reperta est (herb. Mus. par.). Cette dernière espèce est tout à fait intermédiaire par son feuil- lage entre les précédentes et les Cod/ewm proprement dits dont le Muséum possède plusieurs espèces néo-calédoniennes, savoir le C. chrysosticlum ou variegatum, si commun dans nos cultures (Pancher, Vieillard, n. 3220, Balansa, n. 4901), et qui n'est pas non plus, à ce qu'il semble, originaire du pays; puis le C. inophyllum ou Synaspisma peltatum d'Endlicher, qui pré- sente, outre le type, plusieurs variétés ou formes, l'une à fleurs SUR LES EUPHORBIACÉES, 79 très-nombreuses et très-serrées (floribundum), Vautre à fruits tout hérissé de verrues, au lieu d’être lisses (verrucosum), et qui a été abondamment récolté par tous les explorateurs de la Nou- velle-Calédonie : Balansa, n. 256, Nouméa; 1195, Bourail; 1196, Kouétou- Kouéta, prés Nouméa; 1883, Lifu; 3258, ile Mouac, dans la baie Banaré ;. 3436, bassin du Dolto. — Pancher, Mus. cal., n. 459, vallées boisées. — Vieillard, n. 1132, Balade. — Deplanche, n. 44, 245, Lifu (vulg. La). Les Codicum de la section Baloghia sont représentés par de nouveaux échantillons du B. lucida d'Endlicher, récoltés à Lifu (vulg. Maada) par MM. Deplanehe (n. 27) et Balansa (n. 1890), et par ce dernier (n. 1192) dans les foréts voisines du sommet du Nékou àJa Nouvelle-Calédonie, vers 600 métres d'altitude. Le C. alternifolium (Baloghia alternifolia) présente aussi celte particularité que, sur un même pied, et dans une même fleur parfois, il y a des anthères dont les loges sont untes au con- nectif entier et entre elles jusqu'au sommet, tandis que d'autres ont les loges indépendantes jusqu'au milieu à peu prés de leur hauteur. Ses formes sont nombreuses dans les récoltes récentes de M. Balansa (n. 1891, 1895, 2793, 3255, 3440, 3441) et dans celles de M. Deplanehe (n. 300, 505); les pédoncules floraux varient beaucoup de dimensions, ainsi que les branches des styles, la surface de l'ovaire et du fruit jeune étant ou presque glabre, ou recouverte de poils jaunátres plus ou moins longs et abondants. Les inflorescences sont toujours arquées à un certain âge, mais à des degrés différents. Les feuilles présentent de grandes différences de forme, tantôt aiguës, tantôt obtuses ou rétuses au sommet, quel- quefois plus allongées, trés-atténuées à la base et obtuses en haut [ dans une forme (drimifolium) qu'on prendrait facilement au pre- mier abord pour une espèce distincte. Il y a un autre genre que je me vois forcé de réunir aux Codieum ainsi conçus : ce sont les Oséodes, dans lesquels je ne vois pas une seule différence de valeur générique, sinon celle qui RN NOUVELLES OBSERVATIONS se trouve invoquée dans le Prodromus : l'absence de caroneule dans ces plantes, tandis que les Codiæum en posséderaient une. Outre que ce caractére a, suivant moi, une valeur minime, je vois une petite masse arillaire, blanchátre, charnue, peu considérable, il est vrai, au sommet d'une graine jeune d'O. paniculata. J'en crois pouvoir conclure qu'il n'y aura pas d'inconvénient à faire rentrer les Os/odes à titre de section dans le genre Cod?eum. D'ailleurs l'analyse des fleurs de l'O. Helferi est instructive en ce qu'elle nous démontre, parmi ces plantes, l'existence des deux types d'organisation des anthéres qui ont suffi à M. Mueller pour séparer génériquement les Sfeigeria, par exemple, des Baloghia: Dans cet Ostodes, que le méme auteur a cependant eu l'heureuse inspiration de ne pas isoler dans un genre spécial, les anthères extrorses sont tout à fait celles de certains S/ezgeria et de certains Beyeriopsis, Claoxylon, ete. ; c'est-à-dire que le connectif dressé au sommet du filet se partage dans sa moitié supérieure, ou environ, en deux branehes égales; ce qui lui donne, vu de dos, l'apparence d'un Y. Chacune des divisions supérieures de la lettre répond à la moitié supérieure d'une des loges qui est tout à fait indépendante de la portion correspondante de l'autre loge. Deux espèces douteuses de l’ancien genre Baloghia, aujour- d'hui mieux connues, doivent en être exclues: ce sontle Codiœum? Pancheri et le C.? carunculatum du Prodromus. Le dernier, dont il sera question tout à l'heure, appartient au groupe des Euphorbiacées à loges biovulées. Le premier a été décrit par M. Heckel, dans sa thèse inaugurale (Montpellier, 1870), sous le nom de Fontainea Pancheri. M. Mueller a fait savoir à cet auteur que «ce n'est pas le Codicum, mais bien le genre Givotia qui en est le plus voisin; il en a presque les fruits et presque entière- ment l'organisation florale...» M. Mueller eroyait peut-étre alors quelecalice du Fontainea estimbriqué, comme le déerit M. Heckel (loc. cit., 44) :«laciniis (calycis maseuli) æstivatione imbricatis, nec valvatis » . Sinon, il aurait placé la plante dans un tout autre de ses groupes, bien loin du Givotia, Mais iei la considération de SUR LES EUPHORBIACÉES. 81 l'ensemble des caractéres l'a bien mieux inspiré que celui de la préfloraison du calice (ce qui démontre le peu de valeur de ce dernier). Nous laisserons le Fontainea prés du Givotia. Dans sa fleur mile, je vois le calice en forme de sac, presque entiérement clos, sinon qu'il présente au sommet quatre ou cinq très-petites dents ; elles me semblent valvaires comme le reste de l'enveloppe; et celle-ci se déchire inégalement ou également, souvent en quatre portions, pour laisser échapper les pétales. L'androeée est entouré d'un disque continu, à quatre ou cinq angles; et il est construit comme celui d'un S/eigeria, sinon que ses anthères extrorses ont les deux loges plus ou moins complétement séparées dans leur portion supérieure. Quelquefois la scission s'étend jusqu’au point d'insertion du filet, quelquefois beaucoup moins loin ; ailleurs ce n'est qu'une échancrure superficielle, Autre argument contre l'im- portance qu'on a accordée pour distinguer des genresà ce carac- tére de l'union ou de la séparation des loges. Les nouvelles loca- lités où M. Balansa a trouvé cette plante sont les « bosquets aux environs de Nouméa » (n. 243, 3433), où elle atteint 3 à l mètres de hauteur, et M. Deplanche (n. 47) l'a rapportée de Lifu, où on la nomme vulgairement C/oneouzeli. Quant à l'autre espèce à exclure actuellement des Codiæum, comme le genre d'Euphorbiacées, incomplétement connu, que j'avais autrefois dédié à M. Bureau, sous le nom de Bureava, a été reconnu par M. Mueller d'Argovie pour une Combrétacée à fleurs imparfaites, je erois devoir consaerer au méme botaniste, qui a ajouté de nouveaux travaux à ses premières recherches, un autre genre dela méme famille que je décrirai sous le nom de Bureavia. Le type de ce genre sera la plante néo-calédonienne que j'ai autre- fois rapportée avec doute au genre Baloghia, sous le nom de B.? carunculata, et qui, je le pense, appartient à un genre tout à fait nouveau d'Euphorbiacées. Les premiers échantillons que j'en avais vus étaient tellement incomplets, qu'on n'y pouvait méme pas savoir le nombre des ovules contenus dans chacune des loges ovariennes. Le grand développement de l'organe aril- XI. (15 novembre 1872.) f 82 NOUVELLES OBSERVATIONS laire était la seule chose qui püt frapper l'observateur ; mais la nature méme de cet arille et son point exact d'insertion n'avaient pu étre déterminés. Aujourd'hui que M. Balansa a récolté de trés- nombreux exemplaires de la plante, à tous les âges, il est certain : premiérement, qu'il s'agit d'une Euphorbiacée à loges biovulées, trés-distinete par là méme des Baloghia et qu'on ne saurait plus rapporter, comme l'a fait avec doute M. Mueller (Prodr., 1417), au genre Codieum; secondement, que la plante est. apétale et que l'androcée de la fleur mâle n'a aucun rapport avec celui des Codicum. En troisième lieu, l'épithète de carunculata, qui doit étre conservée, servira à rappelerla singuliére production arilli- forme dont la graine est surmontée et dont je ne vois pas d'ana- logue dans toute la famille des Euphorbiacées. J'ai pu en suivre le développement sur un bon nombre de jeunes graines, et voici ce qui s'y distingue facilement. Un peu avant la fécondation, cer- taines cellules de l'exostome deviennent proéminentes et s'allon- gent sous forme de poils épais, à peu près comme celles qui — doivent produire l'expansion arillaire des Ravenala. M en résulte — une sorte de chevelu, formé de laniéres jaunátres, analogues aux languettes les plus. ténues du macis. Mais non-seulement les cel- lules exostomiques présentent ce grand aecroissement ; il s'étend encore aux cellules qui bordent le point d’attache de la graine ; si bien que Parille devient finalement à la fois ombilical et miero- pylaire. Bien plus, quelques-unes des cellules dorsales de l'obtu- rateur (qui persiste et s'indure au-dessus de la graine) subissent la méme hypertrophie. ll en résulte qu'alors méme que la graine a été, avec son arille, arrachée de la columelle, celle-ci présente encore trois très-petits pinceaux de ces filaments jaunes, supportés: par les trois petits lobes dont est découpé le petit chapiteau dont elle est surmontée. La description technique qui suit montrera - d'ailleurs quelles sont les particularités d'organisation de la fleur mále et du fruit de ee genre. | SUR LES EUPHORBIACÉES, CA m4 BURÆA VIA. Flores diceci apetali ; maseuli 4-meri ; receptaeulo brevi depresse conico. Sepala 4, alternatim imbricata. Stamina 8-12; filamentis liberis erectis ; exterioribus circa glandulas in discum irregulariter l-6-gonum staminaque interiora 2, v. rarius 3, 4, cingentem aggregatas insertis ; antheris extrorsum 2-rimosis. Flores feminei 3, ll-meri ; receptaculo crasse conico ; sepalis brevibus, basi cras- siusculis, imbricatis. Discus hypogynus annularis submembra- naceus, apice inæquali-incisus v. fimbriatus. Germen erassum sessile, loculis 3, 4, oppositisepalis ; stylo brevi, mox in lobos crassos carnosos subellipticos, medio intus sulcatos, plus minus patulos, à, 4-fisso. Ovula in loculis singulis 2, collateraliter des- cendentia obturatoreque multo se majore earnosulo obtecta, Frue- tus subdrupaceus, 3, 4-coccus ; sarcocarpio coriaceo subcarnoso ab endocarpio demum solubili; coccis et a columella apice dila- tata lignosa solutis; seminibus 2, v. abortu 4, in coccis singulis descendentibus, arilli laciniis filiformibus ereberrimis comosis: non solum e micropyle sed postice ex hilo neenon ex obturatore persistente ortis coronatis; testa glaberrima; albumine carnoso copioso; embryonis (virescentis) cotyledonibus late foliaceis planis albumini æqualibus ; radicula tereti supera. — Arbores parvæ glabræ ; foliis oppositis petiolatis simplicibus coriaceis exsti- pulatis ; floribus masculis (parvis) in racemos crebros fascicu- latos composito-cymiferos ad axillam foliorum superiorum (nunc occasorum) ortis; bracteis bracteolisque oppositis ; fœmineis axil- laribus v. ligno ortis subsessilibus solitariis v. glomeratis paucis bracteatis; pedicellis fructiferis brevibus crassisque lignosis. Je connais jusqu'ici deux espèces de ce genre. L'une, dont les feuilles, un peu variables de forme, sont lisses, glabres, comme toutes les parties de la plante, généralement obovales, atténuées légèrement à la base, obtuses au sommet, et dont le fruit, plus petit, est ovoide, très-obtusément apieulé : c’est le Baloghia? ca- runculata, pourlequel je dois conserver ee nom spécifique. L'autre 8^4 NOUVELLES. OBSERVATIONS espéce a des feuilles plus grandes, plus solides, à nervures plus épaisses, plus ramifiées, plus saillantes, elliptiques ou obovales-elliptiques. Elles ressemblent assez à celles d'une Gut- tifère, pour que j'appelle la plante c/usiacea. Ici, les pétioles jeunes et les fleurs femelles sessiles sont chargés d’une pubes- cence couleur de rouille. La fleur mâle est inconnue; le gynécée est constamment tétramère dans les échantillons que j'ai sous les yeux, et le fruit, bien plus gros, quadricoque, globuleux, à mésocarpe épais, est surmonté de huit tubercules disposés par paires et qui représentent les restes du style. Voici mainte- nant les localités diverses où ces plantes remarquables ont été récoltées jusqu'ici. 1. B. clusiacea. — Balansa, n. 9&4, «arbre de 5 mètres de hauteur. Rives dela Dumbéa, au-dessus de Koé » ; n. 593, «arbuste de 5 à 6 mètres. Forêts de la baie du Prony» ; n. 1179, « mont Mi, dans les forêts», — Vieillard, n. 3994, « touffe de 3 mètres, large, arrondie. Cours d'eau ferrugineux à Dumbéa. » 2. B. carunculata. — Deplanthe, n. 37h bis, 383, 130, Taulé. — Vieillard, herb., n. 51, 52, 53, Balade; n. 324, 395, « Kanala, bois des montagnes ». — Balansa, n. 955, 956, « arbre de 5 mètres. Forêts de la baie du Prony; n. 4180, « bords de la Kouvélé, prés de Koé»; n. 1181, «arbuste de 4, 5 mètres. Collines argilo-ferrugineuses à l'est de Saint-Louis » ; n. 1891, « collines ferrugineuses, à 4 kil. au-dessus de l'embouchure de la riv. d'Ourai »; n. 189/*, « mont Humboldt, sur les coll. ferr., vers 800 mètr. d'alt. »; n. 1894, «arbre de 6 mètr., coll. ferr. situées à l’ouest de Messioncoué, près Port Bouquet»; n. 4894, Kanala ; n. 3262, «presqu'île Poume, dans les terrains éruptifs »; n. 3262, «ile Art, dans les terrains éruptifs»; n. 3464, « bords du Ngoi; n. 3452, mont Humboldt, vers 600 mètr. d'alt.». — Pancher, ile des ine. À côté des Codieum de la section Steigeria, la Nouvelle- Calédonie posséde un genre auquel j je donne le nom de M. Alphand pour rappeler les grands services rendus à la science et à l'horti- SUR LES EUPHORBIACÉES. e5 culture par cet habile ingénieur, et qui se distingue avant toat par la préfloraison de son calice; si bien que, dans la elassification du Prodromus, ce type se trouverait bien loin des Codiæum, dont il est cependant si voisin. Le calice est gamosépale,avec des dents courtes, obtuses dans une des espéces connues; bien plus longues et plus aiguës dans l’autre. Parfois il se rompt irrégulièrement lors de l'anthése, comme dans les Aleurites. L'une des deux espèces a les fleurs en grappes simples; l'autre, en grappes de cymes. Toutes deux sont monoiques. La première a ses jeunes organes recouverts de granulations jaunes, fines, résineuses, comme les Mappa ; la dernière, d'un duvet furfuracé de couleur rouillée pàle. Dans la premiére seule nous avons vu le fruit : c'est une capsule tricoque, avec deux sortes de crétes carénées verti- cales sur le dos de chaque coque. Le disque existe, mais peu développé ordinairement dans les fleurs femelles. Dans les fleurs mâles, ses glandes membraneuses, aplaties, peuvent être libres, mais parfois elles sont réunies en une collerette membraneuse qui encadre la base de l'androcée. ALPHANDIA. Flores moncci ; calyce masculo gamophyllo valvato, 5-dentato ; dentibus brevibus obtusis v. longiusculis aeutatis. Petala 5, ses- silia, imbricata. Discus e glandulis 5, alternipetalis, parvis sub- membranaceis, liberis v. in annulum brevem connatis. Sta- mina co , receptaculo centrali conico inserta ; filamentis liberis v. vix ima basi connatis, apice geniculato-recurvis ; anthe- rarum loculis apice discretis eruribusque brevissimis connectivi adnatis, extrorsum rimosis. Calyx femineus brevis gamo- phyllus valvatus, 5-dentatus. v. inæquali-rumpendus. Petala 5, calyce multo longiora, imbricata erassiuscula, demum recurva. Glandulæ disci hypogyni 5, alternipetalæ, nune minime. Germen 3-loculare ; ovulo in loculis solitario; mieropyle obturatore ma- juseulo obtecta ; styli brevis crassi 3-fidi lobis 2-fidis intus stig- 86 NOUVELLES OBSERVATIONS matosis. Capsula (in spec. 1) majuscula, elastice 3-cocca ; coctis crassis dorso longitudinaliter cârinatis; seminibus subteretibus levibus (maculatis) ; mieropyle in arillum conicum incrassata ; embryonis copiose albuminosi eotyledonibus foliaceis ellipticis radicula tereti multo latioribus. — Arbores parvæ v. frutices austro-caledoniei parce furfuracei v. (more Macarangarum) resinoso-glandulosi; foliis alternis petiolatis exstipulatis integris penninerviis venosis; floribus (parvis) in racemos longiusculos terminales ad folia suprema axillares dispositis ; racemis simpli- cibus v. alterne cymiferis; pedicellis bracteolatis articulatis; floribus v. eymis inferioribus racemorum fœmineis: ceteris masculis superioribus multo numerosioribus. 1. ALPHANDIA FURFURACEA. Arbor (5, 6-metralis); ramis junioribus, ramulis inflorescen- tiisque pallide ferrugineo-furfuraceis. Folia longe (7-9 cent.) petio- lata elliptico-ovata (10-20 cent. longa, 6-12 cent. lata), basi breviter aculata, apice plerumque breviter acuminata, supra lucida levia, subtus albida; costa, nervis obliquis parallelis. venisque transversim retiformibus. subtus prominulis et ferrugineo-pube- rulis. Racemi (ad 15 cent. longi) eymulis crebris bracteatis alter- nis, inferioribus paucis fæmineis crassius stipitatis, onusti. — Legit Balansa (exs. n. 8435) maio floriferam, ad montes ferrugineos supra Ouroue, prope ad ostium fl. otio (herb. Mus. par.). 2. ALPHANDIA RESINOSA. Frutex (2-metralis); ramulis summis foliisque junioribus gra- nulis luteo-resinosis conspersis, ceterum glabris. Folia longius- cule (4 cent.) petiolata obovata v. oblongo-obovata (41 cent. longa, 5 cent. lata) glabra, supra lucida Iævia, subtus glauces- centia; costa, nervis pinnatis venisque dite reticulatis subtus prominulis fuscatisque. Racemi longiuseuli (ad 42 cent.) juniores cum pedicellis germinibusque luteo-granulosi; bracteis 4-floris; floribus inferioribus fcemineis; cæteris masculis. Calyx sexus | SUR LES EUPHORPIACÉES. 87 ulriasque quam in spec. præcedente multo brevior obtusiorque den- latus. Capsula oblonga (2 $ cent. longa, 2 cent. lata) apice acumi- nata glabra ; coccis crassis ; carinis dorsalibus (ad 2 cent. longis, 4 millim. latis) apice obtusiusculis. Semina (2 cent. longa, 2 cent. lata) fusco-maculata ; arillo albido ($ cent. longo).— Legit Balansa (exs. n. 3256) in insula Art junio floriferam fructiferamque. Sans pouvoir déterminer leur position exacte, parce que les fleurs d'un seul de leurs sexes sont eonnues, je ne pense pas qu'on puisse jamais placer bien loin des. Baloghia les deux nou- velles plantes de la Nouvelle-Calédonie qui suivent et dont je pro- pose de faire un genre Cocconerion, parce que, avec les carae- téres d'ensemble des Euphorbiacées, elles ont les feuilles de plusieurs Apocynacées. Ces feuilles sont verticillées ; position bien rare dans cette famille, et elles ont à peu prés la forme de celles d'un Laurier-rose. Les fleurs femelles sont aussi en verticilles, dans l'aisselle de certaines feuilles; pédonculées, sans corolle et sans disque. Leur calice est valvaire, et leur gynécée est à peu prés celui des Codieum, des Jatropha. Le fruit est une capsule tricoque, plus rarement dicoque, avee des graines caronculées, assez sem- blables à celles des genres précédents. COCCONERION. Flores diœci; maseuli...?; fœminei 5-meri; sepalis valvatis. Corolla et discus 0. Germen 2- v. sepius 3-loculare; loculis 1-ovu- latis; imicropyle extrorsum supera obluralore tecta; styli ramis bis terve ad apicem 2-fidis linearibus exsertis. Capsula 2- v. sepius 9-cocca; seminibus glabris earuneulatis; embryonis copiose albu- minosi cotyledonibus ellipticis foliaceis radicula tereti latioribus. — Arbores v. frutices austro-caledoniei ; succo lacteo; ramis crassis nodosis; foliis verticillatis (6-10-natis) subsessilibus v. bre- viter petiolatis lanceolatis integerrimis coriaceis penninerviis; floribus masculis ad folia omnia vertieilli unius. Melanie axillaribus (inde verticillatis\. ei gs d 865 NOUVELLES OBSERVATIONS 1. COccoNERION BALANSÆ. ` Arbor (8-metralis, teste Balansa), ramis crassis nodosis; cortice fissili griseo inæquali-rugoso, aligno hinc inde solubili cicatri- cibusque verticillatis foliorum delapsorum notato. Folia ad summos ramulos approximate verticillata (6-10-nata) subsessilia elongato- lanceolata (ad 20 cent. longa, 4 cent. lata), basi longe angustata v. subspathulata, apice breviter acuminata, integerrima (margine revoluto) coriacea crassa, penninervia obscure reticulato-venosa: nervis primariis tenuissimis subtransversis; costa crassa subtus valde prominula; supra glabra (pallide virescentia), subtus bre- viter pallide ferrugineo-velutina. Flores fceminei in axilla foliorum evolutorum supremorum solitarii (inde verticillati 6-8); pedunculo crasso cum calyce dense ferrugineo- villoso (2 cent. longo). Sepala oblongo-lanceolata coriacea crassa (4 $ centim. longa). Germen 9-suleum villosum; styli ramis 3, bis terve ad apicem 2-fidis (in sicco nigrescentibus) linearibus calyce longioribus. — In declivis montium orientalium P/aenitiei lacuum dicta Austro- Caledoniæ, inter Ounia et S. Ludovicum frequens, ex Balansa qui (exs., n. 2999) plantam hane insignem legit decembre 1870 floriferam (herb. Mus. par.). 2. COCCONERION MINUS. Arbuscula (4, 5-metralis, teste Balansa) ex omni parte spec. precedenti similis sed minor; ramulis erassit. pennæ anserinæ cinerascentibus rugulosis elongato-denudatis. Folia ad summos ramulos valde approximata, ssepius per 6 verticillata, lineari- lanceolata (ad 40 cent. longa, 4 + cent. lata), basi in petiolum longiusculum (1 2-2 cent.) attenuata, apice brevissime acutata v. acuminata, coriacea crassa integerrima (margine revoluto), supra avenia pallide æneo-virescentia, subtus (uti petali et ramuli juniores) dense ferrugineo-villosa; costa valde prominula ; nervis subtrans- versis vix conspicuis. Flores feminei ad folia superiora (nec SUR LES EUPHORBIACÉES. 89 suprema) evoluta (nec omnia, sed tantum in verticillo 2) axillares ; pedunculo fructifero incrassato (ad 3 cent. longo). Sepala coriacea ferrugineo-villosula. Germen 2, 3-loculare. Capsula breviter ovoidea (2 cent. longa, 1 + cent. lata) fuscata glabra, calyce persis- tente basi munita; stylis calyce longioribus (nigrescentibus) plus minus persistentibus ; coccis crassis intus pallidis; semine (imma- turo) elongato glabro; caruncula breviter conica. — Oritur in sylvis autro-caledonicis, ubi septembre fructiferum leg. cl. Balansa (exs. , n. 2998), supra Ouroue, ad ostium fl. Dotio (herb. Mus. par.). Il peut y avoir, au premier abord, quelque inconvénient à sub- situer un nom générique, réellement antérieur en droit, à un nom plus récent, mais d'un usage général. Toutefois il est peut-être aussi préférable de suivre à cet égard une régle unique, celle de Ja stricte antériorité des noms. C'est ce qu'a fait M. Mueller d'Ar- govie, dans le Prodromus, en préférant, par exemple, le nom d’ Hevea à celui de Siphonia que tout le monde employait cepen- dant avant lui, et, de méme, Plukenetia à Sajorium, Bernardia à Adelia, Mallotus à Rottlera, Homonoya à Spathiostemon, Johannesia à Anda, Baccaurea à Pierardia, ete. Mais dans ce cas, il ne saurait y avoir d'exception, et je ne vois pas, par exem- ple, pourquoi on ne ferait pas passer avant Crozophora, si connu qu'il soit, mais qui n'a été établi par Necker qu'en 1790, Tour- nesolia que Scopoli avait proposé dès 1777. La Maurelle du Midi devra done, en vertu de ces principes, prendre le nom de Tour- nesolia tinctoria. i Une autre question s'élève au sujet du genre Towrnesolia. Peut-il ĉtre maintenu comme distinct des Argyrothamnia tels que M. Mueller les a compris, c'est-à-dire renfermant à la fois les Ditaxis, Aphora, Chiropetalum, Philyra, ete.? Je l'ai cru à une certaine époque à laquelle je séparais aussi génériquement les Argyrothamnia des Ditaxis et des Chiropetalum. Y ajoutais, il est vrai, alors qu'il n'y avait entre les trois types qu'une différence dans le nombre des verticilles staminaux et dans le nombre des 90 NOUVELLÉS OBSERVATIONS parties de chaque verlieille, puisque je considérais les CAzrope- talum comme des « Ditaxis isostémones », et les Argyrothamnia comme des « Chiropetalum à fleurs tétramères ». Mais aujour- d'hui je me range d'autant plus volontiers sur cette question à l'avis de M. Mueller er; que je le considère comme trés-sage, que je suis peu partisan de la multiplication des genres fondés sur de semblables caractères, et que même je suis de ceux qu’on accuse de l'excès contraire. L'avenir fera voir ce qu'il faut penser de la valeur de ce reproche. Pour le moment, je ne vois plus aucun caractère suffisant pour séparer génériquement le groupe Argyro- thamnia du type Tournesolia. Le seul qu'on puisse invoquer est tiré de la considération du disque, et il n'existe pas. On dit des Argyrothamnia : « discus. fœæmineus hypogynus », et des Cro- zophora : « discus fæmineus perigynus ». Qu'on vérifie les faits | sur nature, et l'on verra qu'il y a bien des fleurs femelles du der- — nier genre où le disque n'est pas plus périgyne que dans beaucoup de fleurs d'Argyrothamnia. Je ne suppose pas qu'on veuille invoquer des différences tirées du port, de la consistance des rameaux, de la spinescence des stipules, ete. Ces différences sont grandes, sans doute; mais qui pourrait contester qu’elles sont plus fortes entre certains des types du groupe Argyrothamnia eux-mêmes qu'entre certains autres de ces types et les Crozo- phora? N'y a-t-il pas, par exemple, des Argyrothamnia her- bacés, velus, trapus, qui sont bien plus semblables à nos Tournesols méditerranéens qu'aux Philyra épineux ou aux Ditazis améri- cains arborescents? | Les Tournesols sont plus semblables également à la plupart des Caperonia par le port et le feuillage. J'ai déjà proposé de con- fondre génériquement ces derniers avec les Di/azis, et je ne puis aujourd’hui me départir de cette facon de penser. Je sais bien que M. Mueller place les uns et les autres dans deux sous-tribus dis- linctes de la tribu des Acalyphées, se basant pour cela sur un seul argument que je reproduis tel quel : « Hzee subtribus (Caperonieæ) » a precedente (Crozophoreæ) tantum in co recedit quod rudimen- SUR LES EUPHORBIACÉES. 01 » tum ovarii evolutum, nec ipse rudimentarium, magnitudine » organis vicinis, e g. antheris comparandum, nec iis multoties » minus. » Ce à quoi il y a à répondre que si le rudiment de gynécée est nul ou à peu prés dans un grand nombre de fleurs prises parmi tous les types que réunit le genre Argyrothamnia du Prodromus, il y en a beaucoup aussi qui présentent cet organe, court, épais ou trapu, plus ou moins ovoide ou oblong, glabre ou chargé de poils, simple, entier ou plus ou moins profondément divisé en trois ou cinq branches de dimensions variables. Pour ces raisons, les Caperonia rentreront à titre de section dans le genre T'ournesola tel que nous le comprendrons. C'est sans doute très-près des Argyrothamnia, c'est-à-dire du genre Tournesolia, tel qu'il vient d’être conçu, qu'il faudra placer le nouveau genre. Pausandra, que décrit incomplétement M. Radlkofer (in Flora [1870], 81, t. 2). La fleur mâle. était seule connue dans l'espèce brésilienne qui constitue ce genre, le P. Morisiana, dont je crois que l'herbier de Kew a distribué l'in- dividu femelle dans les collections de Burchell (n. 3825). Mais il ne s’y trouve que des fruits mürs, permettant de voir que le ealice est aussi gamosépale et que les fleurs femelles sont aussi dis- posées sur un long axe commun. La capsule est tricoque, déhis- cente; et les graines, un peu comprimées, presque aussi longues que larges, ont un testa bigarré comme celui d'un Ricin et une surface oblique vers le micropyle, recouverte d'un reste de sub- stance arillaire. Ce genre est aussi représenté à la Nouvelle- Grenade, par une plante qui est bien voisine de celle du Brésil, qui n'en est peut-étre méme qu'une forme ; je lui donnerai provi- soirement le nom de P. Trianæ. Ses feuilles ont à peu prés la forme de celles de la plante brésilienne, et ses fleurs mâles, les seules connues, sont groupées aussi sur un long axe simple en. nombreux glomérules. Elles ont le réceptacle moins concave que celui du P. Morisiana, les étamines presque centrales, les pétales libres, tordus; les: pièces de l'androcée sont au nombre de six, dont une intérieure, ou seulement de cinq, exactement superposces 92 NOUVELLES OBSERVATIONS aux pétales. Il y a peut-être aussi une espèce de ce genre à la Guyane. Ses feuilles sont analogues à celles des autres espèces, par la taille et la forme, mais tout à fait glabres. Ses fleurs sont disposées également sur un long rachis, mais plus grêle que dans les autres espèces. Elles sont mâles dans l'échantillon que nous possédons, et je n'ai pu en étudier qu'une en mauvais état. Elle était trimère, avec des étamines au nombre de cinq à huit, dres- sées et à anthères introrses. En somme, nous connaissons les trois plantes suivantes : 4. P. Morisiana Raprx. , loc. cit. — Brasilia. 9. P. Triane, folis amplis oblongo-lanceolatis acuminatis argute serratis, basi longe angustatis, subtus pallidis villosis; glandulis imæ basis breviter arcuatis ; inflorescentiis masculis folio 3-plo brevioribus (pallide lutescentibus); floribus parvis in glo- merulis singulis crebris; staminibus 5, oppositipetalis; sexto in- teriore haud constante; filamentis erectis haud procul a centro receptaculi vix coneavi insertis. — Nova Granada, in planitieb. S. Martini, ad fl. Meta leg. cl. Triana (exs., n. 2597). — An præ- dentis forma ? 3. P.? Martini, foliis quoad formam iis spec. prec. omnino: similibus, sed uti planta tota glaberrimis, breviter acuminatis, basi longe attenuata minute 2-glandulosis, glanduloso-serratis ; nervis subtus parce fulvescentibus; inflorescentiis gracilibus folio vix brevioribus paulo supraaxillaribus ; floribus masculis 3-meris; staminibus 5-8. — Guiana, leg. Martin (herb. Mus. par.). C'est sans doute aussi parce que le nom générique de Gelonium est plus connu que celui de Suregada, et parce que ce dernier a été longtemps mal connu, que M. Mueller d'Argovie ( Prodr., 1427), . rompant avec tous ses principes, a préféré le premier au dernier. Cependant Gelonium n'a été publié pour la première fois par Willdenow (Spec. plant., IV, 831) qu'en 1805; il n'a paru dans le Flora indica (III, 829 qu'en 1832; tandis que Suregada a été indiqué par Willdenow (in Act. Soc, cur. nat. berol., IN, 206), 3 F 3! ; g SUR LES EUPHORBIACÉES. 95 d'aprés Roxburgh, dés 1803. Je crois étre le premier à avoir . montré, en 1862 (in Adansonia, II, 154), que le Ceratophorus africanus de M. Sonder, dont la véritable place était des plus incertaines et qu'on pensait pourvu d'un calice et d'une corolle, était une plante apétale qu'on devait rapporter aux Swuregada, sous le nom de S. ceratophora. M. Mueller a d'un trait de plume supprimé tout cela, en nommant la plante Ge/onium africanum. Le nom générique qu'il admet n'est plus acceptable; nous venons de dire pourquoi. Le nom spécifique ne l'est pas davantage, parce qu'il y a bien d'autres Suregada en Afrique ; et l'on peut bien con- server, si l'on y tient, àla plante le nom de Suregada africana, mais ce sera un nom très-défectueux et auquel il serait préférable de renoncer. De méme il n'y a aucun motif valable pour décrire comme Gelonium tous les Suregada si curieux que j'ai fait con- naitre comme espéces de la flore madagascarienne, comme mes S. adenophora, laurina, Boiviniana, etc. ; et, en un mot, tous les Gelonium énumérés dans le Prodromus devront prendre le nom de Suregada. Dans le Prodromus, le genre Sarcocliniuni fait partie d'une sous-tribu particulière de la tribu des Acalyphées, celle des Crozophorées. Le méme genre, sous le nom Agrostistachys, constitue, non loin de là, une autre sous-tribu, celle des Agrosti- stachideæ. À l'époque où j'étudiai d'abord les Euphorbiacées, le genre Agrostistachys n'était connu en Europe que par la descrip- tion qu'en donnait M. Dalzell, et je le placai tout prés des Sar- coclinium, en décrivant méme un S. Gaudichaudi que M. Mueller a fait depuis lors rentrer dans le genre Agrostistachys. Je n'avais pas tenu compte de la taille et de la consistance des bractées imbri- quées de l’inflorescence, et je ne crois pas encore qu'on doive accorder une valeur générique à ce caractère. Pour M. Mueller, ce qui fait la différence entre une Agrostistachydée et un genre quelconque du groupe des Crozophorées, tel que les Sarcoclinium, c'est que ces dernières ont autant de pétales que de sépales, tandis que les Agrostistachys en ont le double. C'est une différence dont 9 NOUVELLES OBSERVATIONS il ne faudra pas tenir compte, attendu qu'elle est loin d'être con- stante. Sur un épi tout entier de VA. Gaudichaudi de M. Mueller, je n'ai vu que des fleurs. mâles pourvues de cinq pétales, nombre égal à celui des sépales. Il s'y trouve en outre cinq glandes alter- nipétales, et je ne suppose pas qu'elles aient été prises pour des pétales supplémentaires. Le genre Agrostistachys ne peut done se maintenir, non plus que la sous-tribu des Agrostistachideæ; le tout doit rentrer dansle genre Sarcoclinium, comme sous-genre, si l'on veut, à cause de l'organisation du système de bractées qui pro- tégent les fleurs; mais encore celte section aura bien peu de valeur. Lenombre6, attribué autrefois comme constant aux fleurs des Agrostistachys, n'est pas plus absolu. Tous les Agrostistachys décrits jusqu'ici seront done pour nous des Sarcoclinium. Dans cette famille, comme dans beaucoup d'autres d'ailleurs, les genres dont les espéces sont distribuées à la fois dans les deux mondes sont plus nombreux qu'on ne le pense. Parmi les Euphor- biacées uniovulées, nous devons encore citer les Chœætocarpus, … jusqu'iei bornés à l'Inde. Il y en a une espèce aussi au Brésil, nommée par nous Amanoella, à cause de la ressemblance de ses organes de végétation avec ceux de quelques petits Amanoa du méme pays; elle a aussi l'aspect de plusieurs Myrsinées, parmi | lesquelles nous en avons trouvé dans les herbiers un assez bon nombre d'échantillons. M. Mueller est d'avis que celte plante peut — rentrer dans le genre C/«etocarpus; nous l'y plaeerons done, à titre de section, caractérisée par des fleurs mâles à 5-10 étamines, — dont les anthères sont primitivement introrses. L'ovairc est à L deux ou trois loges et les branches bifides du style sont chargées — presque jusqu'à la base de grosses papilles plumeuses. Les feuilles | sont accompagnées de stipules peu développées. | AmanogcLa (Chwætocarpi sect. americ.). Flores diceci apetali; calyce sexus utriusque 9-phyllo, quin- cunciali-imbricato. Stamiha in flore masculo 5-10, quorum bre- - viora 5, exteriora cum sepalis alternantia, longioraque 3-5, cum - SUR LES EUPHORBIACÉES, 95 præcedentibus alternantia et interiora; filamentis omnium erectis basique in columnam brevem centralem erectis; antheris intror-- sis, 9-rimosis. Glandulæ 5, staminibus minoribus exteriores eumque iis alternantis, Staminodia in flore fœmineo 0. Discus hypogynus breviter cupuliformis, subinteger v. inæquali- crenatus. Germen 2, 9-loculare, extus dense hirtello-aculeatus; stylo mox . 9, 8-partito; partilionibus plus minus alte nunc et fere ad basin 2-fidis linearibus. dense papilloso-subplumosis. Ovula in loculis solitaria ; mieropyle extrorsum supera, obturatore minuto obtecta. — Frutex (ut videtur) brasiliensis glaberrimus; foliis alternis integris penninerviis coriaceis breviter petiolatis; stipulis parvis caducis ; floribus axillaribus ; masculis paucis eymoso-fascieulatis ; fœmineis solitariis v. paucis eymosis longius crassiusque pedi- cillatis. | C. myrsinites, — Fruticosa, ut videtur ; foliis breviter (4 cent.) petiolatis ovato- v. ellipsoideo-acutis (5, 6 cent. longis, 3, 4 cent. latis), utrinque breviter acutatis integerrimis coriaceis crassis penninerviis parce venosis ; floribus maseulis parvis (2, 3 millim.) pedicello vix longioribus; bracteis imbricatis pedicello vix bre- vioribus ; floribus foemineis masculo majoribus (ad 4 millim.), longius (ad $ cent.) pedicellatis; staminibus subovatis, extus pla- niuseulis; conneetivo subelliptico (dense fuscato) subglanduloso ; germinis indumento ex aculeis aduncis incurvis basi in massam longe obovoideam incrassatis constante. Styli germini subæquales (in sicco nigrescentes). — Oritur in Brasiliæ prov. Jacobina, ubi leg. Blanchet, exs. n. 8595 (spec. masc.), 3297 (spec. feemin.). Parmi les genres à loges biovulées, il nous faut. principalement citer comme commun aux deux mondes les Anfidesma, jusqu'ici considérés comme tout à fait particuliers à l’ancien; et ce genre doit être en même temps noté comme un de ceux où le nombre des loges ovariennes est variable, ainsi que nous le verrons tout à l'heure dans les Drypetes et les Cyclostemon. On sait, en effet, que les vrais Antidesma sont tous des régions chaudes de l'ancien- eontinent et x 'on les a observés en Ae) en Afrique et en 96 NOUVELLES OBSERVATIONS Océanie. Il y en a aussi une espèce à la Nouvelle-Calédonie, dans les dernières récoltes de M. Balansa. On en a toujours jusqu'ici distingué génériquement les Hieronyma (Stilaginella), qui sont tous américains. Or quand on cherche quelle différence il yaentre ces derniers et les Anidesma vrais, on n'en trouve absolument qu'une seule : le nombre des loges ovariennes. A l’âge adulte, il y en à deux ou rarement trois dans les Hieronyma, et une seule dans les Antidesma. Mais ces derniers ont exceptionnellement deux loges dans le fruit, et nous savons que dans le jeune âge, leur gynécée possède deux ou trois feuilles carpellaires dont la portion stylaire ne subit pas, comme la portion ovarienne, un arrêt de développement. Cependant M. Mueller d'Argovie non-seulement ne conserve pas les Antidesma et les Hieronyma comme distincts, mais encore il les place dans des sous-tribus différentes du groupe des Phyllanthées. Les Hieronyma constituent à eux seuls la sous- tribu des Hieronymeæ, parce que, dit le Prodromus, ils ont les glandes du disque non opposées aux divisions du calice, tandis que les Antidesma appartiennent à une autre série où les glandes sont opposées aux divisions calicinales. Il y alà sans doute dans l'im- pression du texte un véritable /gpsus, car la caractéristique du genre Antidesma lui-même (p. 247) porte bien « Disci glandule Cum. filamentis et laciniis calycis alternantes. » Et, en effet, l'observation directe fait bien voir que le disque est situé tout à fait de méme dans les Hieronyma et les Antidesma. De plus, dans beaucoup d'espèces d'Anfidesma, les glandes du disque ne sont pas plus intérieures que celles des Hieronyma ; mais on comprend bien que lorsque, dans ces derniers, ces glandes prennent un peu plus de développement en. épaisseur, elles proéminent davantage du cóté du périanthe ; ce qui n'a au fond aucune importance. Pour nous, par conséquent, le nombre des loges ovariennes n'ayant pas ici non plus de valeur, les étamines, le disque et le rudiment de gynécée étant au fond les mémes, voici déjà deux seetions à réunir dans le genre Antidesma : les Hieronyma, espèces américaines à ovaire biloculaire, et les Stilago, espèces de l'ancien monde, à SUR LES EUPHORBIACÉES. 97 ovaire uniloeulaire. Nous y admettrons encore forcément deux autres sections : les Thecacoris et les Cyathogyne, qui ont les mêmes élamines à loges d'anthére distinctes, finalement redres- sées sur le sommet du filet et qui présentent des caractères diffé- rentiels d'un ordre tout à fait secondaire. Les Thecacoris sont placés par le Prodromus dans la sous- tribu des Antidesmées, oà les loges desanthéres sont d'abord pen- dantes dans le bouton, puis se relèvent sur le sommet du filet. Les Cyathogyne sont au contraire de la sous-tribu des Saviées, où dans les élamines se rencontre « an/Aerarum basis semper infera. » Mais il faut remarquer qu'en même temps le genre Cya- thogyne est ainsi défini : « Loculi antherarum ez apice penduli. » Toute différence importante disparaît donc entre les deux types. Le fait est. qu'entre la fleur du Cyathogyne viridis et celle d'un Thecacoris apétale, tel que le T. madagascariensis, il n'y a absolument aucune différence fondamentale. Dans certains Theca- coris, tels quele T. Manniana et le T. stenopetala (non constam- ment), il se surajoute à la fleur un petit pétale en dehors de chaque glande du disque ; mais cela ne modifie en rien la symétrie florale. Les glandes interposées aux étamines sont plus petites dans le Cyathogyne et, par suite, ne proéminent pas en dehors des filets staminaux; mais leur situation dans l'intervalle des piéces du calice et de l'androcée est la même ; ce qui. est l'important. Évi- demment les Cyathogyne et les Thecacoris sont du méme genre, etles premiers ne peuvent se distinguer à titre de section que par le peu de développement de leur disque et le grand volume de leur gynécée rudimentaire cyathiforme. Maintenant en quoi ces deux types différent-ils des Antidesma et des Hieronyma? En ce que leur gynécée a trois loges, au lieu d'une ou de deux ; diffé- rence qui s'observe, sans valeur aucune, dans un genre tel que le Drypetes. Peut-être aussi en ce que leur fruit est capsulaire ; ce qui n'aurait pas une valeur générique, quand méme le fait serait démontré. Mais on ne connait, je pense, le fruit mûr d'aueun Cyathogyne, ni Thecacoris, et de ceux du seul Thecacoris qui ait XI. (24 novembre 1873.) 7 98 NOUVELLES OBSERVATIONS * été observé, le T. (richogyne, on dit : « Capsule juniores carno- sulæ.» Nous ajouterons done comme section au genre Antidesma les Thecacoris et les Cyathogyne, ce qui nous donnera déjà dans ce genre (plus tard il s'enrichira encore du Leptonema) les quatre groupes secondaires suivants : ANTIDESMA. 4. Thecacoris. Glandulæ interstaminales majusculæ. Germen 8-merum. Gynæcei rudimentum apice dilatatum. 9. Cyathogyne. Glandulæ minute. Germen 3-merum. Gynæcei rudimentum evolutum cyathiforme. 3. Hieronyma. Glandulæ majuscule. Germen 2-merum, Gynæcei rudimentum minus evolutum. h. Stilago. Glandule et gynæcei rudimentum ut in Heronyma. Germen 1-merum. ^ Une dernière application de ce qui vient d’être dit de la valeur du nombre absolu des étamines peut être faite à trois types jusqu’à présent considérés comme distincts : les Drypetes, Cyclostemon et Hemicyclia. J'ai parlé, il est vrai, de leurs étroites affinités dans mon Étude générale du groupe des Euphorbiacées. Mais il n'en a guére été tenu compte dans le Prodromus, qui (p. 218) elasse le premier de ces genres dans la sous-iribu IX des Phyllanthées, celle des Securinegeæ, et les deux autres assez loin de celle-ci, dans la sous-tribu XII (Cyclostemoneæ). Est-ce parce que les Cyclostémonées sont de l’ancien monde qu'on n'a pas songé à leur comparer étroitement les Drypetes, qui sont tous américains? Cela est fort possible, pour ce groupe comme pour beaucoup d'autres, tant est grande la puissance des idées précongues. Si toutefois on ne tient compte que du port, des feuilles et de l'inflorescence, on peut facilement renouveler l'expérienee que je viens de faire plusieurs fois, et qui consiste à présenter à des botanistes expéri- mentés un mélange de rameaux choisis de certains Drypetes et de plusieurs Cyclostemon asialiques comme appartenant à une seule SUR LES EUPHORBIACÉES. 99 et même espèce, sans qu'aprés un examen superficiel, ils s'aper- çoivent de la supercherie. Le résultat est le même avec l'analyse des fleurs isolées. Les fleurs mâles ont dans toutes ces plantes un calice imbriqué, le plus souvent de quatre ou cinq folioles, et, en dedans des étamines, un corps central dont la périphérie présente autant d'échanerures qu'il y a d'étamines. Quand ces dernières sont en nombre à peu prés défini, les dentelures du corps central sont peu nombreuses, et l'on n'hésite pas à le décrire comme un gynécée rudimentaire (dont la présence caractérise la sous-tribu des Securinegeæ du Prodromus). Et quand les étamines sont plus nombreuses, alors aussi il y a plus d'échanerures sur les bords du corps central, plus large, plus étalé, et qu'on décrit dans ce cas comme un disque central (caractère qui appartient aux Cyclo- stemoneæ du Prodromus). Toutes ces différences disparaissent quand on compare certains Cyclostemon africains et indiens qui n'ont plus que de quatre à dix ou douze étamines, autour d'un corps central relativement peu large, à un Drypetes récemment déerit par M. Grisebach (in Nachr. d. Ges. Wiss. Gótting. (4865), 165), sous le nom de G. mucronata, et qui a de huit à douze éta- mines. Les Drypetes sont d'ailleurs connus pour avoir des ovaires et des fruits indéhiscents, tantôt à une, et tantôt à deux loges. La méme différence s'observe entre les Cyclostemon et les Hemicyclia, qui ont l'ovaire, les premiers à deux loges, et les der- niers à une seule, avec d'ailleurs le même calice, le méme disque hypogyne, le même feuillage et le même mode d'inflorescence. Le genre Drypetes, dont le nom prime tous les autres, datant de 1796, pourrait, dans l’état actuel de nos connaissances, être sub- divisé en quatre sections, dont deux américaines, et deux autres appartenant à l’ancien continent, et portant les noms de Cyclos- lemon et de Hemicyclia. Pour éviter une nomenclature inutile, j'établis seulement ici que j'énumérerai comme Drypetes toutes les espèces que le Prodromus décrit dans ces deux derniers genres. Nous avions eru devoir autrefois tenir compte, dans le classe- ment des genres biovulés, du nombre des étamines. C'est une 100 NOUVELLES OBSERVATIONS heureuse idée de l'auteur. du Prodromus d'avoir renoncé à ce caractère. Il était en effet tout à fait artificiel de séparer, à cause du nombre des étamines, les Wi/liamia, par exemple, des Phyl- lanthus à androcée généralement trimére. Dans les Excæcaria, dont l'androcée est aussi presque toujours di-ou trimére, il y a quelques espèces (Anomostachys, Dactylostemon, ete. qui ont des étamines en plus grand nombre, en nombre parfois presque indéfini; nous ne les séparerons plus génériquement des autres. Le curieux genre Langetia nous fournit un autre argument à l'appui de cette opinion. On ne connaissait jusqu'à présent qu'une espèce de ce genre, le L. buxoëdes ; elle avait des étamines en nombreindéfini, et par là rapprochait beaucoup le genre du groupe des Cylostémonées. Aujourd'hui, la Nouvelle-Calédonie nous en fournit une seconde espéce, inséparable génériquement de la pre- mière, dont elle a le port, le feuillage, et cette organisation toute spéciale du gynécée qui établit comme un lien entre les Longetia et les Buxacées. Mais le nombre des étamines s'y trouve considé- rablement réduit (quelquefois méme à deux ou trois), et c'est ce caraetére qui lui vaudra son nom spécifique. LONGETIA DEPAUPERATA. Arbuseula (2, 3-metralis) glaberrima; ramis gracilibus ramu- lisque sub-2-chotomis. Folia alterna, breviter (ad 5 cent.), petio- lata obovata (ad 4-8 cent. longa, 3-5 cent. lata), basi breviter plerumque euneala, apice rotundata v. emarginata, integerrima subcoriacea penninervia venosa glaberrima, supra lucida levia, subtus paulo pallidiora. Flores in summis ramulis v. sæpius in axillis foliorum supremorum cymosi ; cymis ramosis, ssepius e flo- ribus maseulis compositis, v. rarius androgynis ; flore fcemineo in cymulis centrali brevius crassiusque pedicellato; inflorescentia tota plerumque folio 2-midio breviore. Flores. masculi parvuli crebri, iis L. buzifolie cælerum haud absimiles ; sepalis valde inæqualibus arcteque imbricatis gynæceoque rudimentario integro SUR LES EUPHORBIACÉES, : 101 v. breviter 2, 3-fido, sed oligandri ; staminibus scilicet h-6, v. nunc 2, 3. Calyx floris fceminei longior; sepalis angustioribus. Staminodia ? (v. glandulee hypogynae) pauca sub germine inserta - breviter subulata. Germen sessile breviter obovoideum, apice concaviuseulum ; stylis 3 periphericis breviter conicis et ad apicem in massam ovoideam, intus sulcatam stiematosamque repente dilatatis. Ovula in loculis 2-na collateralia, quoad obturatorem erassissimum obtegentem minima. Cætera ut in generis prototypo. — Oritur in Nova-Caledonia ubi decembre florentem leg. Balansa (n. 48927), in collibus ferrugineis 'eirca ostium riv. dieti Ouailou (herb. Mus. par.). Parmi les genres dont la comparaison prouve combien les affi- nités naturelles sont brisées par le mode de classification adopté parle Prodromus, il faut citer surtout les T'etrorchidium (p. 1132) et les Hasskarlia (p.774). Leur organisation florale est tellement la méme, qu'on pourrait les confondre aisément les uns avec les autres en ne voyant que leurs étamines, ou leur disque, ou leur . gynécée. Une simple différence dans la position relative des parties les distingue. Toutefois, comme le calice de la fleur mâle est valvaire dans l'un de ces genres et plus ou moins imbriqué dans Vautre, on les place à une. énorme distance l'un de l'autre. Notre opinion est que ce sont deux types qu'on doit étroitement rapprocher dans la classification. Nous en dirons autant des Sumbavia et des Givotia, des Cheilosa et des Rottlera, aussi voisins que possible par le port, le feuillage, l’organisation florale, éloignés les uns des autres uniquement pour une question de préfloraison ealieinale. Toute l'organisation florale est la même dans les Argyrothamnia ( Ditaxis, Caperonia, etc.) que dans un Jatropha; la préfloraison du calice est seule différente dans la plupart des espèces. A la Nouvelle-Calédonie, il y a un genre nouveau que nous faisons connaître dans ce travail, l'AZphandia, très-voisin des Baloghia (Codicum); il n'en diffère guère que par son port, quelques détails d'organisation de son fruit, et par le mode de préfloraison de son calice ; nous ne pourrons que l'en 102 : NOUVELLES OBSERVATIONS rapprocher étroitement. Le Fontainea a tellement la fleur des Baloghia, qu'à l'époque où l'on ne connaissait bien que ses fleurs, on l'a fait rentrer (avec doute, il est vrai) dans ce dernier genre. Le Prodromus sera forcé de placer le Fontainea bien loin de là, maintenant qu'il sera établi que le calice est valvaire, et non imbriqué, dans la préfloraison. Les Bernardia de Houston etle nou- veau genre iicinel/a ont aussi la préfloraison différente; le Pro- dromus va les éloigner de beaucoup. Si grandes sont les analogies de toutes leurs autres parties, qu'on les avait jusqu'ici confondus dans un seul genre. Il est sans doute impossible de ne pas trouver les plus grandes affinités entre les Excæcaria, Sapium, etc., et le Pachystroma de Klotzsch (Acantholoma), qui est souvent, dans les cultures, rapporté aux deux premiers de ces genres ; il en a le feuillage, le suc laiteux, l'inflorescence, la fleur femelle, et à peu prés l'androcée, sinon que ses étamines sont unies dans une étendue un peu plus grande que dans la plupart des £rcæcaria. Mais son calice mále est valvaire; et voilà pourquoi le Prodromus relégue ce genre loin des Hippomanées, et parmi les Acalyphées. Les Zücinella et les Bernardia dont nous venons de parler sont restés unis dans un seul genre sous le nom d’'Adelia; les voici maintenant placés bien loin l'un de l'autre, le premier à cóté des Tournesols, parce que son calice est valvaire dans les deux sexes;l'auire, à prés de deux cents pages de distance dans les deseriptions du Prodromus, parce que ses sépales, valvaires dans la fleur mâle, s'imbriquent dans Ja fleur femelle. Je n'ajouterai qu'un mot : j'ai vu, sur une méme branche d'Amanoa guianensis, des sépales à bords épais, coupés droit, tout à fait valvaires, et d'autres trés-nettement imbriqués. C’est à propos de’ces études nouvelles sur la famille entière des Euphorbiacées que je me suis vu amené à analyser de près tous lesjreprésentants que comprennent nos collections de ce qu'on a appelé la famille des Chailletiacées, On connait de l'organisation de ce petit groupe un grand nombre de faits, faciles à observer et au sujet desquels il n'y a pas d'erreur possible, notamment la SUR LES EUPHORBIACÉES. 103 - structure des fleurs des types réguliers et hypogynes qui appar- tiennent aux espèces les plus communes du genre Cailletia. Mais il n'en est pas de même de la symétrie florale des types irréguliers dans lesquels l'union. des pièces de la corolle est un fait constant, les divisions du limbe étant inégales entre elles et le nombre des étamines fertiles étant moindre que celui des lobes de la corolle. On ne semble pas avoir étudié la symétrie de ces fleurs à périanthe et à androcée irréguliers; on n'a pas établi qu'il y a des types à androcée régulier avec irrégularité du périanthe ; que dans les fleurs monopétales, l'union des pièces de la corolle peut être poussée extrêmement loin ;.que des variations énormes dans la forme du réceptacle floral amènent dans ce groupe tous les modes d'existence possible de la corolle et de l'androcée ; que la famille des Chailletiacées ne peut être conservée comme autonome, et qu'au point de vue de la nomenclature, le nom même des Chailletia ne saurait être maintenu : tels sont les points qui vont être successivement examinés. Depuis l’époque où le genre Chaïlletia fat connu, la famille qui à pris son nom a été considérée comme distincte ; mais les opinions ont quelque peu varié, quant à la place à lui donner dans la clas- sification naturelle. Pour les uns, les Célastracées, llicinées et Rhamnacées; pour les autres, les Olacacées, Stackhousiacées et Euphorbiacées ; pour d’autres encore, les Méliacées, les Burséra- cées, etc., sont les groupes les plus étroitement rapprochés de celui-ci, C’est aux botanistes anglais qui, dans l'Inde, ont le mieux étudié le genre Moacurra de Roxburgh, et notamment à Royle Il. himal., 1, 396), qu'on doit la détermination la plus exacte, selon nous, des affinités de ce genre avec les Euphorbiacées ; mais On n'était pas alors fixé sur l'identité complète des genres Moacurra et Chailletia, établie définitivement en 1862 par MM. Bentham et J. Hooker (Gen., 1, 341). J'avais en 1858 (Et. gén. du groupe des Euphorb., 587) complétement confondu les Moacurra avec les Euphorbiacées, quoique leurs caractères ne me fussent pas entièrement connus. M. Mueller d'Argovie (Prodr., XV, sect. 1045 NOUVELLES OBSERVATIONS II, 227) adopta sans restrictions cette manière de voir, et placa le Moacurra entre les Payeria et les Secretania (A). Cela ne semblait point faire difficulté, parce que le Moacurra appartient à la dicli- nie; mais cela eüt soulevé sans doute bien des discussions, s'il avait été connu alors que la plante indienne est, avec quelques autres, exceptionnelle dans le genre Chailletia auquel elle appar- tient, et dont la plupart des espèces, asiatiques ou africaines, ont au contraire les fleurs parfaitement hermaphrodites. Il y avait alors une opinion solidement établie à priori, et comme une sorte de - parti pris, que les Euphorbiaeées ne sauraient avoir des fleurs hermaphrodites. On écartait donc tout d'abord de cette famille les Chailletia proprement dits, avec leurs fleurs hermaphrodites; et le Moacurra seul trouvait grâce, même devant les esprits les plus prévenus et les plus amoureux de routine, à cause de sa diclinie. Aujourd'hui, si l'on accorde qu'il appartient à la famille des Euphor- biacées, il faudra bien y faire rentrer tous les Chailletia et méme tout l'ordre des Chailletiacées. Je ne crois pas toutefois qu’on se décide à prendre ce parti avant de nouvelles difficultés et des objections nouvelles tirées de la monopélalie et des eas bien nets d'insertions périgynique et méme «épigynique » qu'on observe parmi les Chailletiacées. Quant à la monopétalie franche et même extrêmement prononcée de certains Tapura et Stephanopodium, elle n’arrêtera pas ceux qui savent que les Curcas sont simplement des Jatropha à corolle gamopétale et qu'on peut méme laisser ces deux derniers types dans un seul et même genre. De Candolle, ne consultant que les faits et l'observation directe, a bien pu placer dans un même genre son Chailletia pedunculata et son €. sessiliflora; dont l'étroite affinité est d'une évidence éclatante pour celui qui se borne à com- (1) Il me semble d'ailleurs que les matériaux de P'herbier,de De Candolle sur les- quels a été faite la description du Prodromus consistent en un mélange de deux plantes dont l'une doit sans doute étre rapportée au genre Cyclostemon (Drypetes), un certain nombre seulement des rameaux envoyés par Wallich sous le nom de Celastrus ? acuminatus (Cat. n 4342) se rapportant certainement au Moacurra gelonioides de Roxburgh. SUR LES EUPHORBIACÉES, 105 parer ces deux plantes. Mais est-il bien certain qu'imbu des idées régnantes sur les principes de la classification naturelle, il eût consenti à proposer cet étroit rapprochement, s'il eüt su alors que son C. sessiliflora était précisément ce Tapura guianensis, décrit et figuré depuis prés de quarante ans par Aublet (Pi. quian., 496, t. 48) comme une plante à corolle monopétale, ringente et presque bilabiée, avee un androcée irrégulier et méiostémoné , porté sur la corolle, et qui rappelle tant aussi celui des Labiées et des Scrofulariées ? Bien audacieux cependant, ou au moins bien léger serait aujourd'hui celui qui aflirmerait qu'on doit définitivement considérer comme distincts les deux genres CAailletia et Tapura! Il y a déjà, nous le verrons, des faits connus d'organisation inter- médiaire entre ces deux types, au premier abord si tranehés ; on en connaîtra peut-être d'autres encore, et le plus sage est, si, contrairement aux données de De Candolle, on conserve la dis- tinction générique, de ne point l'adopter sans retour. Quant au deuxiéme fait, celui de l'insertion, il surprendra davantage encore les botanistes enchainés par cette terrible «servitude de la coutume » . Puisque le premier CAailletia décrit comme tel, le C. pedunculata, a un réceptacle convexe et une insertion hypogynique, on accordera sans doute sans difficulté que toutes les espèces dont l'insertion est la même pourront être adjointes à ce genre; mais quoi qu'en ait fait, non sans hésitation, le professeur Oliver, dans son Flòra of tropical Africa (Y, 340), en laissant dans le genre Chailletia des espèces à insertion péri- gynique et hypogynique, voudra-t-on, comme nous le ferons, le suivre entièrement dans cette voie ? Voudra-t-on aussi se rappeller que, malgré l'hypogynie évidente d'un grand nombre d'Euphorbiacées, il y a maintenant bien des types appartenant incontestablement à cette famille et dans lesquels l'insertion péri- Synique est parfaitement évidente? Il nous faut maintenant exa- miner d'un peu prés ces questions. | | Rien n'est mieux connu que l'organisation d'une fleur-type, hermaphrodite, régulière, polypétale, de Chailletia américain. 106 NOUVELLES OBSERVATIONS Son réceptacle convexe, en forme de cóne surbaissé, porte un calice imbriqué, quinconcial, et cinq pétales égaux, plus ou moins échancrés ou fendus au sommet, libres et insérés sous l'ovaire aussi bien que les cinq glandes, de forme variable, qui leur sont superposées, et les cinq étamines, égales et fertiles, avec lesquelles ils alternent. Le gynécée supère est, comme celui de la plupart des Euphorbiacées, formé d'un ovaire à deux ou trois loges, surmonté d'un style plus ou moins profondément partagé en deux ou trois branches stigmatifères. Le fruit di- ou trimére, est trés-analogue extérieurement à celui des Euphorbiacées ; il en diffóre sans doute plus qu'on ne l'avait cru, alors qu'on le déeri- vait comme se séparant en deux ou trois coques, et qu'on avait pris pour une production arillaire de ses graines une couche pro- fonde, colorée, du péricarpe, qui n'apparait que par suite d'une déhiscence incomplète. Mais nous savons irés-bien aujourd'hui que la consistance, la composition et le mode de déhiscence du péricarpe ne sont pas, parmi les Euphorbiacées, des caractères d'une valeur constante et absolue. Ily a, non loin des Chaïlletia, des Euphorbiacées à loges biovulées, telles que les Drypetes et les Putranjiva, dont le fruit indéhiscent présente les plus grandes analogies avec celui des Moacurra. Il y a, au nombre des Euphor- biacées que nous considérerons comme étant les plus voisines des Chailletiacées, c'est-à-dire les Amanoa, des espèces, comme les Bridelia, dont le péricarpe, plus ou moins épais et charnu, ne s'ouvre pas, et d'autres, comme les Amanoaaméricains en général, dont le périearpe, plus dur ou plus coriace, ne s'ouvre pas ou ne le fait que tardivement et incomplétement ; d'autres enfin où l'en- docarpe est épais, élastique, tout à fait sec à sa maturité. D'ailleurs ce genre, dont la place parmi les Euphorbiacées biovulées ne saurait être, je pense, contestée, a presque toujours, quoique non constamment, des graines à embryon épais et charnu, dépourvu d'albumen et à tégument non épaissi en arille, absolument comme dans les Chailletia. Tout cela confirme ce que nous avons dit de l'impossibilité de trouver entre ces divers types des dissemblances SUR LES EUPHORRIACÉES, 107 constituant des caractères de familles. Pen puis dire autant de l'obturateur coiffant le sommet micropylaire des deux ovules col- latéraux et descendants. Cet organe, qui prend un si grand dévelop- pement dans un grand nombre d'Euphorbiacées et qui souvent méme dépasse en dimension les ovules, peut, on le sait, demeurer trés-petit, dans bien des espèces à loges biovulées. Il arrive de méme dans les Chaïlletia, où il est souvent nul ou minime, mais où il peut grandir davantage et coiffer à la fois le micropyle extérieur des deux ovules collatéraux, comme, par exemple, dans une espèce de l'Afrique tropicale occidentale, le C. oblonga. Dans toutes les espécesdu genre, de quelque provenance qu'elles soient, les organes appendiculaires de la fleur présentent absolu- ment les mémes caractéres, et le plus souvent il n'y a entre ces divers organes aucune différence spécifique. On ne saurait en dire autant du support axile de ces parties, quoiqu'il soit bien rare que, dans un genre donné, la forme du réceptacle puisse présenter de grandes variations d'une espéce à une autre. Quelques-unes de ees variations sont considérables parmi les espéces africaines; elles n'ont pas échappé à M. Oliver dans certaines espèces occi- dentales de l'Afrique. Mais quoique en comparant celles-ci avec les espèces continentales et insulaires de l'est, on trouve en somme tous les passages possibles entre un réceptacle tout à fait convexe et un réceptacle eomplétement ereux, nous ne prendrons ici comme exemple que quelques termes trés-neltement accentués, choisis parmi des plantes si semblables entre elles par le port, le feuillage, la forme et les dimensions du limbe, le mode d'inflores- cence, la structure de toutes les pieces des verticilles floraux, que, sauf les fruits, généralement inconnus, et Je plus ou moins grand développement des poils dont les rameaux, les ovaires sontchargés, on aurait beaucoup de peine, en dehors de l'analyse du gyné- cée, à distinguer les échantillons de ces différentes plantes autre- ment que comme des formes ou des variétés d'une seule et unique espéce, Ainsi dans le type méme du genre que Dupetit-Thouars avait nommé Dichapetalum, ou encore dans le Chailletia toxicaria de 108 NOUVELLES OBSERVATIONS Don, si commun à Sierra-Leone, en Sénégambie, au Gabon, etc., le réceptacle est tout à fait convexe, et l'ovaire tout à fait supere, comme dans les espèces américaines. Mais dans le C. Heudelotii, espèce fantót presque glabre, tantôt chargée de poils plus ou moins longs, le réceptacle prend la forme d'une coupe, à cavité obco- nique, et l'ovaire, inséré au fond de cette coupe, devient de ceux qu'on appelle «adhérents», et cela jusqu'au milieu environ de sa hauteur. Comme c'est à ce niveau que le réceptacle donne inser- tion au périanthe, à l'androcée et au disque, ces organes méritent à bon droit le nom de périgynes. Dans le C. ispida, del Afrique occidentale, dont, malgré son nom spécifique, le revétement pileux n'est parfois qu'à peine plus développé que celui du C. Heu- delotii (et cela suivant les localités), avec mêmes feuilles, même périanthe et mêmes organes sexuels, le réceptacle devient telle - ment profond, que, non-seulement l'ovaire occupe tout entier le fond de cette sorte de sac, mais qu'encore le bord de l'ouverture réceptaculaire, auquel correspond l'insertion du disque, de l'an- drocée et du périanthe, se trouve situé bien plus haut que le som- met de l'ovaire. Celui-ci est surmonté encore d'une cupule pro- fonde que traverse la base du style. Dans l'ancien langage, l'ovaire de cette espèce eût été, ainsi que celui de la plupart des Om- bellifóres, Rubiacées, Myrtacées, ete., décrit comme totalement «adhérent», et l'insertion comme absolument épigyne. De sorte que voilà un genre indissociable, dont les espèces cependant devraient, suivant les anciens errements de la classification, être rapportées à l'épigynie, à la périgynie et à l'hypogynie (4). Ces faits s'accorderaient difficilement avec les principes de la classification de Jussieu. On peut en dire autant de ceux qui con- cernent la corolle. On sait en effet que les deux genres rapprochés (1) Nous ne citons, bien entendu, que des exemples trés-tranchés, entre lesquels il y a, parmi les espéces africaines, beaucoup d'intermédiaires : ainsi le réceptacle du C. rufipilis OLIv. est légèrement concave, intermédiaire à cet égard au C. toxi- caria et au C. hispida. L'insertion du C. pallida est presque hypogyne, mais non complétement, et ainsi de suite, 3 SUR LES EUPHORBIACÉES. 109 dans ce groupe des C/hailletia polypétales ont une corolle franche- ment gamopétale, et, comme conséquence, donnant insertion aux étamines. Dans les Tapura, cette corolle est franchement irrégu- lière ; dans les S/ephanopodium d'Endlicher, elle est sensiblement réguliére. Jusqu'iei on ne connaissait de ce dernier genre que des espèces où letube de la corolle allait en s'élargissant graduellement de bas en haut, pour se continuer presque sans interruption avec la portion dilatée du limbe. M. Engler vient d'en découvrir au Brésil une nouvelle espèce qui doit constituer une seclion spéciale dans le genre et qui présente une corolle bien différente de forme. C'est un long tube cylindrique et dressé, tout d'une venue, en haut duquel s'insérent les cinq étamines. Sa gorge est surmontée de cinq petits lobes, à peu prés orbiculaires, égaux ou à peu prés, qui ne tiennent au tube que par un point d'insertion un peu rétréci (1). Les organes de la végétation sont d'ailleurs semblables à ceux des autres S/ephanopodium et des Tapura, dans cette espèce dont voiei la description sommaire : STEPHANOPODIUM (ISORTHOSIPHON) ENGLERI. « Arbuseula v. interdum fere frutex » glaber ; summis ramu- lis inflorescentiisque parce setulosis. Rami graciles teretes, ad folia subannulati ibique cicatricibus stipularum oceasarum notati. Folia alterna (« obseure viridia ») lanceolata (ad 10 cent. longa, 2, 5 cent. lata), basi et apice acutata integra submembranacea penninervia venosa, supra lueida, subtus paulo opaciora costa nervorumque rete ibi prominulis notata. Petioli supra canaliculati (7-5 cent. longi). Stipulæ lineares petiolo multo breviores, deciduæ. Flores axillares cymosi plus minus alte petiolo adnati ; calycis valde imbri- (1) Il y a de jeunes boutons dans les échantillons de M. Engler, et l'on y voit facilement qu'à un certain moment, la corolle est tout à fait polypétale, les cinq petits lobes du sommet existant seuls. Un peu plus tard, on les voit implantés sur un petit anneau commun qui n'a presque pas d'épaisseur ; et c'est lui qui, en peu de temps, s'allonge en ce tube étroit qui constitue la majeure portion de la corolle. A l'époque où ce long tube n'existe pas, les anthères sont plus longues que les lobes de la corolle, purearo jur 110 NOUVELLES OBSERVATIONS catis: foliolis basi connatis, valde imbricatis insequalibus; interio- ribus multo majoribus. Corolla gamopetala tubulosa (ad + cent. longa) ; summo tubo lobos 5 breviter orbiculares basi constrictos sessiles antherasque totidem alternas gerente; loculis introrsis linea- ribus rimosis ; connectivo oblongo erasso subglanduloso. Germen liberum, basi disci glandulis 5, inæqualibus suborbieularibus et inferne connalis einetum ; loculis 2, 2-ovulatis ; ovulis collateraliter descendentibus; mieropyle extrorsum supera, obturatore parvo carnosulo obtecla; stylo gracili erecto, mox in ramos 3, lineares, apice vix dilatato stigmatosos, fisso. Fruetus.. .?— Oritur in ditione brasiliana, ubi ad Lagoa Santa inter sylvas legit Engler (exs., n. 1091), aprili et decembre floriferum (herb. Warming). D'ailleurs les Sfephanopodium ont un nombre égal d'étamines et de lobes à la corolle. Dans les Tapura, il n'en est pas généra- lement ainsi. Les étamines fertiles sont en nombre moindre que les divisions de la corolle, deux ou plus rarement trois, et elles affeetent une position déterminée relativement aux grands lobes de la corolle. Cette symétrie florale des Tapura mérite d’être étu- diée d'une facon toute spéciale. Leur calice est gamosépale, à cinq divisions profondes, et, de plus, il est uni, dans une très-faible étendue, il est vrai, avec la corolle. Les cinq divisions calicinales sont disposés dans le bouton en préfloraison quinconciale, et sont d'autant plus courtes, plus épaisses et plus chargées de duvet qu'elles sont plus extérieures. Ainsi les sépales 4 et 2 sont les moins minces, et les sépales 4 et 5 sont les plus pétaloides, et glabres, ou peu s'en faut. La corolle est nettement gamopétale dans une grande étendue ; et l'on voit sur la surface intérieure de son tube cinq nervures longitudinales saillantes qui répondent aux filets staminaux. Le limbe se partage en cinq lobes qui sont inégaux et fort dissemblables. Trois d'entre eux sont étroits, aplatis, entiers en général au sommet. Ils répondent à l'intervalle des sépales 2 et 5, 2 et 4, 5 et 1. Et souvent encore le médian, c'est-à-dire celui qui alterne avec les sépales 2 et 5, est plus étroit que les deux autres ; appelons-le : le plus petit de tous les lobes de la corolle, m . t SUR LES EUPHORBIACÉES, 111 Les deux autres lobes de cet organe forment souvent une sorte de lévre bien distincte de celle que constituent les trois piéces dont nous venons de parler. lls sont pareils entre eux, de méme taille, bien plus grands que les trois autres ; et, de plus, leur limbe est partagé par une crête saillante qui résulte de l'inflexion de. son sommet, en deux sortes de capuchons doni la concavité regarde en dedans. Ces deux lobes à double capuchon alternent constam- ment avec le sépale 3. Il en résulte que le périanthe des Tapura a deux plans de symétrie : l'un pour le calice, qui coupe en deux le sépale 2 et passe entre les sépales 1 et 35 l'autre pour la corolle, qui coupe en deux le plus petit de tous ses lobes, et qui passe entre les deux grands lobes à double capuchon. Coupant en deux en méme temps le sépale 3, il forme avec le plan de symétrie du calice un angle de 36 degrés, comme dans les Cassia, les Cuspa- riées irrégulières, ainsi que nous l'avons récemment démontré, et comme il arrive encore dans plusieurs autres types irréguliers fort différents. Or l'androcée, qui est irrégulier, n'a également qu'un plan de symétrie, et ce plan est le même que celui dela corolle, encore comme dans les Casses. Les étamines sont au nombre de cinq. Leurs filets deviennent libres à peu prés au méme niveau que les divisions de la corolle. Ils représentent seuls les étamines alternes avec le petit lobe de la corolle, c'est-à-dire superposées aux sépales 2 et 4 ; tandis que les étamines superpo- sées aux sépales impairs, 1, 3, 5, c'est-à-dire allernes avec les deux grands pétales à double capuchon, sont pourvues d'une anthére fertile, introrse, biloèulaire, déhiscente par deux fentes longitudinales, et dont le connectf est épais, glanduleux et coloré, Le plan qui passerait entre les deux loges de la médiane de ces trois anthères serait donc bien celui qui passerait en même temps dans l'intervalle des deux grands lobes de la corolle. Mais outre les types à corolle irrégulière avec androcée isosté- moné (Stephanopodium) et ceux à corolle irrégulière avec inéga- lité dans le nombre des étamines, il peut y avoir, comme types de transition, des fleurs à androcée isostémoné avec corolle trés-irré- ' 442 ; NOUVELLES OBSERVATIONS guliére, comme celle des véritables Tapura. Aucune plante n'est plus intéressante à cet égard que celle qui dans les collections brésiliennes de M. Spruce porte le n. 3188, avee le nom manuscrit de Chailletia capitulifera. Elle s'éloigne cependant des Chailletia par ses fleurs sessiles vers le sommet du pétiole de la feuille axil- lante, et surtout par sa corolle gamopétale, complétement irrégu- liére. Des cinq divisions de cette derniére, trois sont étroites et entières, et les deux autres, plus larges et bilobées. L'androcée, au contraire, est celui d'un Chailletia en ce sens qu'il est isosté- moné et que ses cinq pièces sont fertiles. Toutefois, par le mode d'insertion des étamines sur la corolle et par ses organes de végé- lation, la plante se rapproche plus encore des Tapura que des Chailletia ; ce qui nous aide à sortir du doute où nous laisse son étude et qui aboutit à cette sorte d’alternative : ou bien il est pos- sible d'accorder plus d'importance à l'isostémonie qu'à tout autre caractère, et dans ce cas la plante deviendrait le type d'une section dans le genre Chailletia; ou bien la monopétalie et l'irrégularité de la corolle, plus la nature de l'inflorescence, seront considérées comme ayant une valeur plus considérable, et, sous le nom de Dischizolæna, ce végétal rentrerait comme section dans le genre Tapura, pour lequel l'irrégularité. de l'androcée cesserait de constituer un caractère absolu. C'est à cette dernière aliernative que nous nous arrêterons, et nous décri- rons l'espèce sous le nom de T. (Dischisolwna) capitulifera (4); (4) TAPURA (DISCHIZOLENA) CAPITULIFERA. — (haïlletia capitulifera SPRUCE, mss. — Frutex volubilis ramosissimus (Spruce). Rami subteretes ; cortice fuscato v. cinerascente longitudinaliterstriato. Ramuli juniores (in sicco valde striati) puberuli, Folia breviter (4-8 millim.) petiolata, elliptico -lanceolata (ad 8 cent. longa, 2-4 cent. lata), basi acuta, ad apicem breviter acuminata ; summo apice obtusiusculo ; inte- gra glabra subcoriacea penninervia reticulato-venosa, subtus pallidiora ad nervos parce pubescentia, tenuissime pellucido-punctulata. Flores parvi (ad 3 millim, longi) « eburnei odorati » summo petiolo supra adnati capitato-glomerati crebri ; singulis bractea 4 bracteolisque 2 lateralibus obtusis, uti sepala dense albido-puberulis, sufful- tis, Calyx 5-foliolatus ; foliolis basi connatis, valde inaequalibus, valde imbricatis. Corolla calyce longior, gamopelala ; tubo subcylindrieo ; limbo sub-2-labio ; lobis 5, valde dissimilibus, imbricatis ; majoribus 2 suberectis, apice 2-cucullatis obovato- subcordatis, intus carinatis ; minoribus 9 integris, apice leviter inflexis ; quinto SUR LES EUPHORBIACÉES. 113 mais nous nous demanderons en méme temps si De Candolle n'était pas plus sage en décrivant autrefois comme une espéce du genre Chailletia le plus connu des Tapura (dont l'organisation, il est vrai, semble lui avoir en grande partie échappé), et s'il ne serait pas possible de ne voir, dans toutes les Chailletiées aujour- d'hui connues, qu'un seul ensemble générique dont les sous-genres deviendraient les Chailletia, Stephanopodium, Dischizolena et Tapura. Mais alors, et il en est de méine d'ailleurs avec tout autre mode de groupement, il surgirait des difficultés bien graves dans la conception d'un genre qui renfermerait à la fois (sans parler des diversités de l'insertion) des corolles gamopétales et dialypétales, réguliéres et irréguliéres, un androcée isostémoné et méiostémoné, inséré sur le réceptacle ou sur la corolle. Est-ce bien d'ailleurs sous le nom de Chailletia que, conformément à tous les principes de la nomenclature, ce genre devrait étre actuellement désigné? Nous ne le pensons pas. Lorsque De Candolle, en 1812, décrivait comme nouveau un genre de plantes américaines auquel il donnait le nom de son ami, le capitaine Chaillet (in Ann. Mus., XVII, 153), il ne savait certainement pas que ce genre eût été autrefois nommé Sym- phyllanthus par Vahl (in Nat. Selsk., VI, 86). Mais il n'y a rien d'étonnant que ce travail posthume de Vahl, publié seulement en 1810 par son ami Lunel, ait échappé alors aux botanistes de l'Europe occidentale. Au contraire, De Candolle devait certaine- minimo vix incurvo, Dasi angustato ; tubo corolle intus longe villoso et sub lobis 2 majoribus leviter incrassato-glanduloso. Stamina 5, fertilia, cum lobis summo tubo corolle insertis; filamentis compresso-subulatis inaequalibus; uno maximo inter lobos 3 majores inserto ; minoribus lobis iisdem exterioribus minimis; 2 cum co- rollæ lobo minimo alternantibus; antheris omnium ovatis; connectivo crasso sub- glanduloso (nigrescente) ; loculis 2, introrsum linearibus, longitudinaliter rimosis. Germen depresso-turbinatum, glandulis parvis inæqualibus disci basi arcte cin- ctum, 3-loculare ; loculis 2-ovulatis; stylis gracilibus 3, in columnam erectam coa- litis, paulo sub apice liberis reflexis v. subrevolutis, apice haud incrassatis stigma- tosis. Fructus... ? — Hab. in Brasilia boreali ubi legit R. Spruce (exs., n. 3188), ad ripas fl. Cassiquiari, supra Vasivæ ortum (Herb. Mus Kew., Mart. et Mus. par. ). M, (15 décembre 1873.) 8 114 NOUVELLES OBSERVATIONS ment connaître les Vova genera madagascariensia de Dupetit- Thouars, publiés en 1806, et il est probable qu'il n'a pas songé à comparer un genre de la Guiane, qu'il croyait nouveau, avec deux genres africains caractérisés depuis six ans, mais dont l'identité avec son Chaïlletia lui échappait. Ce n'est pas une raison pour dépouiller, comme l'ont fait tous les botanistes de notre siécle, notre laborieux eompatriote d'une priorité que lui assurent toutes les lois de la nomenclature botanique. S'il était exact que, comme l'a avancé R. Brown (Obs. Congo, hh35; Misc. Works, ed. Benn., I, 125), le nom de Déichapetalum répondit à une organi- sation des pièces de la corolle qui n'est pas constante, encore fau- drait-il revendiquer l'antériorité du nom de Leucosia publié à une page d'intervalle de Dichapetalum et par le même auteur, Mais comme, en somme, je ne vois pas un seul cas où ce mot con- stitue un contre-sens, on ne saurait éviter de le conserver ; et désormais tout nous fait une loi d'énumérer sous le titre de Dicha- petalum toutes les espèces de Chailletia et de Moacurra qui ont été décrites depuis soixante ans. Donc il est juste que le mot de Chailletia disparaisse de la nomenclature, et il convient aussi que la famille des Chailletiacées cesse d'avoir une existence autonome. Les Dichapétalées (ou Chail- letiées) ne devront plus être considérées dans la famille des Euphorbiacées que comme une série ou tribu, remarquable par la fréquence, mais non la constance, de son insertion hypogynique et de son hermaphroditisme. Par le dernier de ces traits, elle rappellera celle des Euphorbiées à loges uniovulées que plu- sieurs auteurs ont considérées comme ayant des fleurs herma- phrodites, c’est-à-dire les Euphorbiées, parmi lesquelles les Euphorbia seraient les analogues des Chailletia dont la fleur est régulière ; les Pedilanthus constituant la forme irrégulière dont les Tapura sont les représentants parmi les types biovulés. Par la variabilité de l'insertion, les Dichapétalées se rapprocheront d'un petit groupe d'Euphorbiacées qui a pour prototype V Amanoa et qui, comme nous allons le faire voir, renferme à la fois des SUR LES EUPHORBIACÉES. 115 especes à insertion hypogynique ou à peu prés, et des espéces plus nombreuses à insertion plus ou moins périgynique, mais qui, très-analogue d'ailleurs aux Chailletiacées par ses organes de végétation, son inflorescence, l'organisation de son fruit, l'ab- sence fréquente d'albumen dans ses semences, et beaucoup d'autres traits, doit leur être, en somme, considéré comme infé- rieur par la constante diclinie de ses fleurs. Au premier abord, les Amanoa proprement dits, et nous entendons par là les espéces américaines du genre, ou encore celles de l'Afrique tropicale occidentale, sont bien différents des Bridelia asiatiques ou africains. Les premiers ont une insertion périgynique fort peu accentuée, quoique tous les auteurs l'aient reconnue, et les organes sexuels, tant máles que femelles, sont, ou presque sessiles, ou supportés par un pied court; ce qui fait que leur insertion est peu distante de celle du périanthe. Mais quand on a passé en revue tous les groupes génériques de cette famille et ceux de certaines autres familles voisines, on ne peut plus accorder à ces caractères une véritable valeur générique; l'élongation plus ou moins grande d'un androphore ou d'un gyno- phore et la plus ou moins grande concavité d'un réceptacle ne peuvent pas étre invoqués en pareille circonstance, surtout quand on trouve entre les diverses espéces tous les intermédiaires, tous les degrés possibles. Il n'y a guère, par exemple, à cet égard, qu'une nuance entre les Amanoa de la Guyane ou du Para et plusieurs plantes de Ceylan que certains auteurs, notamment M. Thwaites et nous, ont rapportées au méme genre. Il est vrai que ces Amanoa asiatiques, depuis lors attribués au genre C/eis- tanthus, ont des graines pourvues d'albumen, tandis que celles des Amanoa de la Guyane en sont dépourvues. C'est encore là un caractérenouvellement connu; et, les graines des Amanoa, n'ayant pu étre étudiées pendant longtemps chez nous à leur état complet de maturité, il avait méme passé ignoré. A l'époque méme «e la publication de notre Étude générale des Euphorbiacées, nous n'avions pu voir une seule semence dépourvue de périsperme 116 NOUVELLES OBSERVATIONS dans cettefamille. Aujourd'hui le nombre enest assez considérable. Mais alors encore, le seul Amanoa (?) américain qui fùt à l'état de graines müres dans les collections du Muséum de Paris, el qui est le Gonatogyne lucens Ku., nous avait montré un albumen bien développé autour d'un embryon à cotylédons foliacés. Nous saurons done désormais qu'il y a bien des Euphorbiacées dont la graine n'a pas de périsperme, et, dans cette famille comme dans beaucoup d'autres, il y a méme des genres dont certaines espèces ont des graines périspermées, et d'autres des semences sans albu- men. C'est pour cela que les /Vanopetalum Hassk., qui n'ont pas de périsperme, et qui ont d'ailleurs la méme fleur que la plupart des Bridelia de l'Inde, sont, par là méme, plus faciles encore à confondre génériquement avec les Amanoa américains que les espèces indiennes autrefois admises dans le méme genre. De ce qui précéde nous concluons qu'il nous sera impossible de ne pas réunir dans un méme genre (où, ilest vrai, on pourra distinguer des sections) les Nanopetalum, les Amanoa américains et africains et ceux de l'Inde qui ont des fruits capsulaires. Les véritables Bridelia de Y Asie et de l'Afrique tropicales, tels que M. Mueller d'Argovie les a limités dans le Prodromus, ne peuvent davan- tage être distingués génériquement de nos Amanoa asiatiques à fruits eapsulaires ; car à cet égard, les Amanoa américains à fruit semi-drupacé et difficilement ou tardivement déhiscent, sont des intermédiaires incontestables entre les deux groupes. Nous ne pouvons davantage conserver comme génériquement distincts les Cleistanthus etles Lebidieropsis du Prodromus, qui ne différent que par la forme et l'épaisseur des cotylédons. Je suis méme porté à croire qu'il faudra sacrifier également le genre que j'ai proposé (Et. gén., 578) sous le nom de Sfenonia. Il est, il est vrai, encore incomplétement connu. Mais ce que nous avons vu du peu de valeur de la forme du réceptacle et des varia- tions de l'insertion dans un genre à tous égards extrêmement voisin de celui-ci, celui des Dichapetalum, dont il a été question un peu plus haut, me porte à croire qu'il faudra aussi, comme les SUR LES EUPHORBIACÉES, 117 précédents, réintégrer ce type dans le genre Bridelia, qui est de tous le plus ancien. Dans le genre ainsi concu, on comprend faci- lement qu'on ne puisse accorder aucune valeur considérable à la configuration des pétales, et à la forme ou au nombre des épaissis- sements tardifs du réceptacle qu'on a décrits comme des disques ; nombre qui dépend en somme des développements variables que prennent, suivant les espéces, les coupes réceptaculaires plus ou moins creuses des fleurs de l'un ou de l'autre sexe. En somme, quoique le Prodromus ait placé dans des tribus différentes les Amanoa d'une part, et de l'autre les Cleistanthus, Bridelia, Lebidieropsis, ete., je ne puis croire aujourd'hui que ces divers types appartiennent à des genres différents. Il y a entre les uns et les autres tous les intermédiaires qui les relient entre eux par des nuances insensibles. Et de plus, quand, dans la tribu des Phyllanthées et dans la sous-tribu des Savieæ à laquelle appar- tiennent les Amanoa, je considère le Pentabrachion reticulatum, placé dans un groupe distinct à cause de l'albumen de ses graines, je ne trouve aucun caractére vraiment important qui puisse le séparer des Amanoa et des Bridelia. Je vois bien, il est vrai, dans le Prodromus (p. 216), qu'il est distingué des Cluytiandra, et des Lachnostylis par ce fait que ses étamines seraient alternes avec les sépales. Mais c'est là, je crois, une erreur ; la position des élamines est dans le Pentabrachion la méme que dans les Amanoa et les Bridelia, et je ne puis que leur rapporter généri- quement le Pentabrachion, qui, par ses graines albuminées, se rapproche davantage des Cleistanthus et des Lebidieropsis, mais qui, par l'imbrieation de son calice, est en méme temps inséparable des Amanoa proprement dits. Le genre Amanoa est donc désor- mais pour nous formé des six sections suivantes : Vanopetalum . Euamanoa, Pentabrachion, Lebidieropsis, Bridelia et Cleistan thus ; sections qui, ayantles mémes caractéres généraux importants, se distinguent les unes des autres par la consistance du péricarpe, la présence ou l'absence d'un albumen, l'épaisseur variable des cotylédons et le mode de préfloraison des sépales. | 118 NOUVELLES OBSERVATIONS Il y a encore deux [Euphorbiacées biovulées sur lesquelles une analyse plus exacte des (leurs a pu être faite par nous et modifier un peu les idées reçues. L'un est le Leptonema venosum A. Juss., plante de Madagascar jusqu'ici regardée comme voisine des Menarda, mais conservée comme genre distinct parce que ses anthères au nombre de cinq sont formées de deux loges en bissac. Elle demeurait néanmoins placée dans le même groupe que les Phyllanthus parce que son androcée passait pour n'étre pas inséré au-dessous d'un gynécée rudimentaire. Il n'en est pas ainsi : le centre de la fleur mâle y est occupé par un rudiment de gynécée à trois branches, trés-gréles, mais trés-nettes. L'existence réelle de ce pelit corps et la forme des anthéres font que cette plante à fruit eapsulaire 3-5-coque doit, malgré les particularités de son feuillage et de son inflorescence, rentrer dans le genre Theca- coris, c'est-à-dire, pour nous (p. 97), dans les Antidesma. L'autre est le Lachnostylis hirta Tuncz., dont j'ai pu étudier la fleur femelle et qui a sans doute des analogies avec les Andrachne, non loin desquels on l'a placé, mais qui en a bien plus avec les Stenonia, dont il a exactement le périanthe et le gynécée, quoiqu'il s'en écarte par l'imbrication de son calice. C'est done un genre trés-voisin à la fois des Andrachne et des Amanoa, et peut-étre un jour cessera-t-il d'être conservé comme autonome. Son gynécée est, comme l'a dit M. Mueller, tout à fait celui d'une Euphorbia- cée. Chacun des deux ovules y est surmonté d'un obturateur dis- tinct, volumineux, dur, coloré et tellement proéminent au-dessus du mieropyle, que l'ovule, inséré en réalité sur le placenta au-des- sous de l'obturateur, a l'air, au premier abord, d’être attaché à la face inférieure de cet organe. Celui-ci n'a pas du tout, dans cette plante, les apparences d'un ovule avorté. Parmiles Euphorbiacées biovulées australiennes se trouve encore un type intéressant qui doit probablement constituer un genre dis- tinct. TI s'agit d'une Euphorbiacée a feuilles opposées, comme celles des Dissiliaria. Mais comme la fleur mâle de ceux-ci est inconnue, je ne sais jusqu'où peuvent aller leurs affinités avec le genre que SUR LES EUPHORBIACÉES. 119 je propose sous le nom de Choriceras. Ce nom est tiré de la singulière confirmation du gynécée et du fruit, sans exemple, je crois, dans cette famille. |Les trois carpelles sont libres dans la moitié supérieure environ de leur étendue et représentent là un méme nombre de cornes divergentes. C'est donc là un premier pas vers un type euphorbiacé éleuthérogyne, tel qu'il s'en ren- contre dans beaucoup d'autres familles et qui fait que le Chori- ceras rappelle assez bien par son fruit celui de certaines Rutacées tricoques. En méme temps ce genre a des fleurs construites sur le lype ternaire répété ; elles ont trois sépales extérieurs, petits dans la fleur mále surtout, et trois intérieurs, bien plus développés, plus pétaloides. Il y a de plus, dans les fleurs femelles, trois glandes bacillaires (ou trois rudiments d'étamines ? ) sous le gynécée. CHORICERAS. Flores monœæci diceci, 6-meri; calycis imbricati foliolis 2-seria- lis; exterioribus in flore masculo brevioribus. Stamina 5-7 ; fila- mentis liberis circa basin leviter incrassatam gynæcei rudimentarii conico-cylindrici integri insertis, apice recurvis; antheris extror- sis; loculis rimosis connectivo longitudinaliter adnatis. Sepala floris fæminei 6, quorum interiora 3 tenuiora. Staminodia (v. glan- dulæ bacillares) 3, sepalis interioribus anteposita et sub germine inserta erecta, basi incrassata. Germen sessile; loculis 3, cum staminodiis alternantibus, superne ad medium liberis et singulis in stylum liberum revolutum intus stigmatosum attenuatis; ovulis in singulis 2-nis, ad medium anguli interni insertis collateraliter descendentibus; micropyle extrorsum supera obturatoreque crasso carnosulo fornicato obtecta. Fructus 3-coccus, apice eornubus 3 diseretis periphericis coronatus; columella tenui brevi; coccis demum 2-valvibus ; seminibus in singulis 4, 2, glabris exarillatis ; embryone...? — Frutex, ut videtur, australianus ; ramulis oppo- sitis, junioribus villosulis ; foliis oppositis breviter petiolatis exsti- pulatis penninerviis ; floribus in cymas axillares dispositis ; mascu- 120 NOUVELLES OBSERVATIONS lis crebris minutis ; fœmineis paucis longius pedicellatis, 2-cho- tome cymosis. C. australiana, — Ramuli graciles sub-/-goni ; indumento simplici pallide ferrugineo. Petiolus gracilis (ad 1 cent. longus). Limbus foliorum (ad 5 cent. longus, 2 cent. latus) ellipticus, apice rotundatus, basi obtusatus v. sæpius attenuatus (inde obovatus), crenulatus penninervius reticulato-venosus ; costa nervisque parce villosulis. Flores masculi minuti (ad 4 mill.) ; pedicellis gracilibus (ad j cent. longis) ; fæminei majores (ad 6 millim.); pedunculis petiolo longioribus crassiusculis. Fructus cocci parce villosuli (ad 8 millim. longi) ; cornubus rectis crassiuseulis ad 2-midium brevioribus. Semina compresso-pisiformia (fuscata) ; embryone. ..? — Ad Raffles — bay leg. Leguillou (Herb. Mus. par.). Je crois qu'il sera possible et commode de conserver l'ancienne tribu des Hippomanées, telle qu'elle était entendue dans le travail d'A.. de Jussieu, formée en général de plantes à fleurs en épis apétales, trimères, sans disque, à gynécée souvent di- ou trimére, à feuilles et à bractées glanduleuses. Ce groupe prendra plutót pour nous le nom d’Excæcariées, parce que le genre Excæcaria en serale prototype et le genre le plus important par le nombre de ses espèces (il en comprendra environ cent vingt-cinq). Dans ce genre auquel j'avais, à l'exemple de beaucoup d'auteurs modernes, conservé le nom de Stillingia (j'avoue que j'avais eu tort au poinl de vue purement historique), javais réuni un grand nombre de types conservés comme distincts par nos contemporains, tels que les Sebastiana, Stillingia, Microstachys , Gussonia, Sapium , Spirostachys, Gymnanthes, Maprounea, etc. De tous, j avais fait des Stillingia, lesquels j'ai déclaré depuis lors (in Adansonia, VI, 323) devoir être énumérés comme des Ercæcaria. M. Mueller a néanmoins conservé la plupart de ces genres comme distincts, et cela à l’aide de caractéres, ou si peu nombreux (le plus souvent uniques), ou si peu importants, ou si difficiles à constater, qu’il m'est tout à fait impossible de partager sa manière de voir. Cet SUR LES EUPHORBIACÉES. 191 auteur maintient séparés les St//lingia, Sebastiana, Maprounea | et Excæcaria, tous types dont les fleurs ne présentent aucune différence fondamentale d'organisation. Le port des plantes n’a pas pour lui de valeur; car s'il y a des types qui se puissent par là distinguer des Hippomanées ligneuses, ce sont les Microstachys proprement dits de A. de Jussieu, à petites feuilles et à tiges her- bacées; cependant il les englobe dans le genre Sebastiana. ll établit d'ailleurs, à cóté de ceux-ci, des genres nouveaux assez nombreux: les Tæniosapium, qui n'ont pour les distinguer des Excæcaria que l'aplatissement de leurs branches stylaires; les Conosapium qui, avec des styles aplatis, ont le réceptacle de la fleur måle plus élevé en cóne que la plupart des autres Hippo- manées; les Gymnostillingia, qui, avec la fleur et le fruit des Stillingia, sont dépourvus de calice femelle. Ces caractères nous semblent insuffisants ou parfois erronés ; nous ne pouvons adopter les coupes génériques qui reposent sur eux. Pour l'absence du calice dans les Gymnostillingia, nous avons déjà dit (in Adan- sonia, V, 339) qu'elle. n'était pas constante. M. Mueller suppose que nous avons sans doute pris la bractée florale et les bractéoles pour des sépales. Il n'en est rien. Dans une espèce que je crois être son G. macrantha, et qui est en abondance dans les collec- tions de Ghiesbreght, je vois presque toujours, au-dessus des bractées et bractéoles, trois petits sépales, parfaitement alternes avec les loges de l'ovaire et avec les cornes qui supportent les coques du fruit, et je répète qu'on ne peut ici distinguer un genre d'un autre, tout étant semblable, par une question de plus ou moins, telle que celle de la taille des sépales. Cette considération me méne plus loin encore; et je crois bien faire en ne séparant plus génériquement des S/i/lingia, comme je l'avais fait jadis, les Adenopeltis, qui ont le plus souvent aussi un calice, si petit qu'il puisse être, dans les fleurs des deux sexes, ni les Dactyloste- num et Actinostemon, qui sont dans le méme cas. Le nombre des élamines est, de plus, bien variable dans ces deux derniers types, mais ce n'est pas non plus une raison pour les séparer générique- 199 NOUVELLES OBSERVATIONS ment, si on laisse parmi les Ezcecaria l'Anomostachys, dont la fleur peut être 4-8-andre. Un autre caractère invoqué pour séparer des Séllingia les Sebastiana, c'est-à-dire les Gymnanthes (1), Microstachys, Gus- sonia, Cnemidostachys, Sarothrostachys, ete, c'est que les pre- miers ont une dilatation basilaire de la columelle « basi in cocco- phorum horizontaliter tricornutum valde dilatata », laquelle fait défaut dans les autres. Tout le reste de l'organisation est d'ailleurs le méme, notamment dans la fleur; et si ce caractère est facile à constater dans le fruit, il n'en est pas de méme plus tôt: il est d'ailleurs unique, il échappe dans les échantillons florifères; il ne saurait guére avoir qu'une valeur de section. S'il en avait davan- tage, pourquoi ne tiendrait-on pas compte aussi, tout autant et méme plus, pour faire des genres, de cet autre caractère que peut présenter la columelle : de se dilater en ailes ligneuses dans l'in- tervalle des coques, non-seulement à sa base, mais dans toute sa hauteur, au lieu de ne représenter qu'une étroite bandelette pris- matique et triangulaire? L'opinion que je eombats se dérobe à la critique avec une facilité remarquable, Aprés que j'ai fait remar- quer que l'espéce africaine la plus abondante dans les collections, celle qui comprend les Sapium obtusifolium, levigatum, linea- tum de Lamarck, citée au premier rang des Exrcæcaria, présente précisément ce support tricorne du fruit qui caractériserait les vrais Stllingia, on fait passer cette espèce dans ce dernier genre et l'on déclare qu'elle n'a plus rien d'un véritable Sapium. Qu'en conclure, sinon qu'il y a là des caractères isolés, trop peu consi- dérables pour constituer un genre et qui peuvent nous induire en erreur? Aprés cela, je ne parlerai pas d'autres traits, tels que le peu de consistance et d'épaisseur de la columelle, qui suffirait à disjoindre les Maprounea; ou la situation basilaire ou ven- (4) Le nom de Gymnanthes n’est peut-être pas excellent, puisqu'il s'applique à des plantes dont la périanthe est plus ou moins développé ; mais il ne s'agit ici que d'une apparence; et comme le mot date de 1783, il doit étre préféré à celui de Sebastiania que Sprengel n'a proposé qu'en 1821, SUR LES EUPHORBIACÉES. 123 ^ trale de la chalaze, qui suffirai à séparer génériquement les Actinostemon des Dactylostemon. Je n'attacherai pas plus d'im- portance à la présence ou à l'absence de la caroneule qui caracté- riserait d'une part les Sebastiana, Maprounea, Dactylostemon, et de l'autre les Colliquaja et Excæcaria, parce que, ainsi que je l'ai plusieurs fois répété, toutes ces plantes ont une méme enve- loppe molle autour de la jeune graine, enveloppe décrite dans plusieurs Euphorbiacées comme un arille généralisé, et que tardi- vement cette membrane s'épaissit plus ou moins vers la région micropylaire (1); ce qui n'a vraiment pas une importance géné- rique. Pour ces motifs, je crois ne plus pouvoir admettre désor- mais qu'un grand genre Ezcæcaria, avec des sections qui sont autant de genres distingués dans le Prodromus. Le Pémeleodendron amboinicum a été avec raison rattaché comme section au genre Carumbium, malgré la différence de port et de feuillage. Mais le Prodromus a rangé dans une sous- tribu différente de celle des Carumbiées le Stomatocalyx de Grif- fith, qui, dit-on, se séparerait des Pimeleodendron par l'insertion non centrale de ses étamines et son calice discifère. Quant au disque, c'est un épaississemen tplus ou moins considérable, suivant l'àge, de la base de la fleur, qui n'a pas iei d'importance ; et dans les fleurs d'un Séomatocalyx de Bornéo, j'ai vu les étamines insérées tout à fait au centre de la fleur à une certaine époque; elles ne s'en éloignent plus ou moins qu'avec l’âge. Done, tout en le distinguant à titre de section, je crois cependant qu'on ne peut placer le Stomatocalyx que dans le méme genre que le Pzneleo- (1) Il en résulte, on peut le dire, qu'on décrit généralement comme dépourvues d'arille celles de ces graines qui en ont le plus. Sans entrer dans les détails, rendons- nous compte, parexemple, dece qui se passe dans un Éxcœæcaria décrit comme pourvu d'une caroncule. C'est que la couche superficielle de sa graine s'est épaissie dans le seul voisinage de la région micropylaire, le reste demeurant mince et membra- neux. Et l'on décrit comme dépourvue d'arille la graine du Gluttier porte-suif, par exemple, dans laquelle cet épaississement est non-seulement plus considérable, mais s'étend à toute l'étendue du tégument externe, avec production de matériaux abondants dans les cellules, etc. En réalité, l'arille y est généralisé au lieu d’être partiel et localisé, mais non pas absent, comme on l’a souvent dit. 19^ NOUVELLES OBSERVATIONS dendron. Les particularités de port et de feuillage de ce dernier se retrouvent dans le Séomatocalyr, et ce n'est pas là, par conséquent, un motif pour n'en pas faire un Carumbium. Ce genre sera done formé pour nous de trois sections : les Carumbium proprement dits où Homalanthus, les Pimeleodendron et les Stomatocalyz, types en tout cas très-voisins de ceux qui consli- tuent le genre Ezcæcaria, Le P. amboinicum porte dans les col- lections javanaises de Zollinger (n 654), qui datent de 1842, le nom d'Antidesma coryloideum, de Quercus ? et d'Aporosa ? Le genre Dalembertia me parait demeurer bien distinct des autres types à fleur málemonandre décrits parmi les Euphorbiacées. La baguette, gréle et incurvée dans le bouton, qu'on décrit comme le filet staminal, porte vers le milieu de son dos une petite foliole qui peut étre considérée comme représentant le calice et au-des- sous de laquelle le support de l'anthére est articulé. Avec les idées reçues, la portion inférieure à l'articulation doit étre regardée comme un pédicelle. De plus, les sépales semblent se comporter ici comme les bractées des genres voisins, qui sont pourvues de glandes basilaires et stipulaires ; chaque. sépale, outre les glandes moins volumineuses. que peuvent porter ses bords, présente à sa base deux de ces saillies slipuliformes. Je crois avoir sous les yeux deux espèces de ce genre distinctes de celles qu'énumére le Pro- dromus. Elles sont différentes du D. populifolia, lequel se trouve dans les collections mexicaines d’Andrieux sous les n” 107 et 436. Mais elles n'ont pas les caractères du D. triangularis, que je n'ai pas vu. L'une d'elles se rapproche plutót de cette derniére par ses fleurs femelles axillaires, isolées, à pédicelles non réfractés. Ces pédicelles sont gréles et longs; ils atteignent jusqu'à 5 centimètres. C'est celle que j'ai décrite (in Ann, sc. nat. sér. h, IX, 197) sous le nom de D. platanoides, et que je ne vois pas mentionnée dans le Prodromus; elle a été récoltée par Galeotti (n. 3754), dans la cordillére d'Oaxaca, à 4000 mètres d'altitude. Elle n'a qu'un duvet bien court et rare. Ses feuilles ne sont pas cordées à la base, mais toujours limitées en ce point par deux bords angulairement SUR LES EUPHORBIACÉES. 125 unis en un coin obtus et court. La nervation est là quintuplinerve. Quant à la forme générale du limbe, elle est bien celle qu'on observe d'ordinaire dans ce genre : il y a un long lobe terminal triangulaire acuminé, denté; mais les deux lobes latéraux sont eux-mémes plus ou moins profondément incisés en deux ou trois grandes dents inégales. Nous n'avons vu de cette espèce que les fruits ; ce sont des capsules déprimées, triangulaires, encore sur- montées du style avec ses trois branches révolutées. Chacune de ses coques renferme une graine (vide) pisiforme, glabre, sans dilatation arillaire. Quand ces fruits ne sont pas trop âgés, on voit encore à leur base des restes de sépales; et ceux-ci sont pourvus de ces deux petites languettes stipulaires qui ne man- quent jamais, je crois, dans ce genre. La seconde espéce dont je veux parler a été récoltée par M. Hahn à Xochilcaco en 1866; d’où son nom de D. Hahniana. Ses caractères la rapprochent bien plus que l'espèce précédente du D. populifolia ; mais ses feuilles sont bien moins découpées; elles sont ou presque entières, ou inégale- ment trilobées, avec les lobes entiers, finement ciliés, le médian bien plus longuement acuminé que les latéraux. Obtus et arrondi à sa base, il est là quintuplinerve, puis réticulé, et le duvet dont il est chargé, surtout en dessous, est formé de poils blancs et simples. Les fleurs sont disposées en grappes terminales. Les : bractées sont apiculées ; et les pédicelles femelles, jeunes comme jeles ai vus, étaient dressés. Mais la fleur femelle, avec le calice du D. populifolia, possède un style dont les divisions sont bien plus révolutées, dilatées brusquement vers leur sommet en une masse blanchâtre oblongue, stigmatifère en dedans. Les deux espèces ont des rameaux glabres, d'un gris pâle quand ils sont secs, et peu consistanis. On peut à la rigueur conserver, dans cette série, les Senefeldera comme distincts des Excæcaria, à cause de leur inflorescence et de l'élévation de leur réceptacle mâle ; mais tous les caractères importants sont communs aux deux types. De même les Hippomane sont bien peu différents des Sapium, qui ont souvent le mésocarpe charnu jusqu'au dernier moment, 196 NOUVELLES OBSERVATIONS mais avec trois loges seulement au plus. Nous avons dit plus haut que le genre Gymnostillingia était sans valeur, parce que les fleurs femelles n'y sont pas constamment dépourvues de calice. M. Mueller d'Argovie n'en a jamais observé la moindre trace, et suppose que nous avons eu sous les yeux des bractées. Le Sapium acutifolium, dont nous n'avons pu étudier que peu de fleurs, nous a paru asépale; mais dans une autre espèce plus grande, qui est probablement le G. macrantha, nous avons pu analyser de nombreuses fleurs femelles sur des échantillons de Ghiesbreght, et souvent, nous l'avons dit, il y a de petits sépales exactement insérés dans l'intervalle des loges ovariennes et des cornes de la base triangulaire du fruit. C'est ce fait qui nous a porté à supprimer non-seulement le genre Gymnostillingia, mais encore plusieurs autres de ce groupe où le calice est nul ou peu déve- loppé, comme l Adenopeltis, le Gymnanthes, etc. (p. 121). Quant aux Anzhostema dont nous avons pu faire une nouvelle éLude trés-attentive sur la derniére espéce connue, que nous avons désignée sous le nom d'A. Aubryanum (in Adansonia, V, 366, not.), il nous parait tout à fait impossible qu'on les considére comme alliés aux Euphorbiées. Quiconque voudra les étudier directe- ment, au lieu de disserter théoriquement sur les analyses erro- nées qui en ont été données, se convaincra certainement que ces plantes ne peuvent étre réunies qu'aux Excæcariées ou Sapiées. Elles en ont le feuillage, les bractées biglanduleuses sur les cótés, le gynécée etméme la fleur mâle monandre qui s'observe dans trois ou quatre genres voisins de celui-ci. Seulement, leur inflo- rescence, au lieu d’être plus ou moins étirée, se trouve comme contractée et rentrée en elle-même. Les analogies établies entre les glandes ou bractées intra-involucrales des Euphorbiées et ce qu'on a considéré comme tel dans les Anthostema n'existent en aucune facon. En dehors des glandes épaisses et latérales des bractées que nous comparons à celles des Sapium, il n'y a pas de glandes à l’aisselle des bractées extérieures ou inférieures de l'inflorescence, mais seulement des bourgeons axillaires dont nous SUR LES EUPHORBIACÉES. 197 avons autrefois défini la véritable situation, et qui sont, dans l'A. Aubryanum, plus manifestement encore que dans les autres espèces, formés extérieurement de petites .bractées ou écailles imbriquées qu'on peut séparer les unes des autres. Le genre Bocquillonia, imparfaitement connu jusqu'ici, est, quant aux caractères essentiels, fort voisin de plusieurs autres dont les étamines sont nombreuses. Mais nous savons que ce caractère de nombre n'a pas une valeur réelle ; et si le port et l'inflorescence ne se joignaient aux autres traits d'organisation, il serait bien difficile de définir différentiellement ce genre, qui cependant semble devoir étre conservé comme autonome. Nous en connaissons actuellement deux espéces nouvelles dont voici la description. 1. BocQUILLONIA BRACHYPODA. Fruticulus (14, 2- metralis, teste Balansa), ramis teretibus pal- lide fuscatis griseo-maculatis. Folia alterna ad summos ramulos congesta breviter (ad + cent.) petiolata oblongo-lanceolata (8 cent. longa, 2 cent. lata), basi breviter, ad apicem longius acutata, summo apice obtusiuscula v. acutiuseula remote serrata; serra- luris apice glanduloso-nigrescentibus; supra glabris, subaveniis coriaceis, subtus opacis pallidioribus ; costa, venis pinnatis ner- visque reticulatis prominulis. Stipulae breves (1, 2 mill.) subulatæ fuscatæ caducæ. Flores diceci ; maseuli ereberrimi minimi in axilla foliorum et lateraliter ligno ramorum inserti dense glomerati ; feminei solitarii v. pauci laterales in glomerulos brevissime stipi. latos dispositi. Calyx maseulus membranaceus. Stamina 2, 3; antheris ovatis. Sepala in flore femineo ssepius 5, inæqualia ; exte- riora ovato-acuminata, lineari-subulata, omnia margine ciliolata, extus eum germine fulvido-villosula. Stylus ovulaque ut in genere. Capsula subglobosa v. paulo longior (ad $centim. longa), obtuse ö-sulca. Semen inæquali-compressum oblongum glabrum lute- Scens; integumento externo ad apicem in arillum minutum vix distinctum producto. — Oritur in Austro-Caledonia, ubi legii. 198 NOUVELLES OBSERVATIONS Balansa (exs., n. 1183), februario floriferum, ad « Daaoui de Mi», prope ad rivulos (Herb. Mus. par.). B. sessilifloræ proxima, differt ante omnia foliis vix petiolatis neenon floribus. 2. BOCQUILLONIA GRANDIDENS. Arbor (5, 6-metralis, teste Balansa), ramis crassis valde rugo- sis foliorum occasorum cicatricibus latis et inflorescentiarum basi- bus ad corticem persistentibus prominulis quasi tuberculátis. Folia ad summos ramos approximate alterna longiuscule (4-6 cent.) petiolata ; limbo (12-25 cent. longo, 10-15 cent. lato) e basi leviter cordata ovato, apice obiusiusculo, grosse remoteque serrato ; serraluris apice obtusiusculis; penninervió; nervis pri- maris parallelis obliquis utrinque in- sicco prominulis (palliter ferrugineis) ; venis tenuibus subtransversis. Slipulæ parvae squami- formes caducæ. Flores masculi ignoti; fæminei in spicas breves (1-3 cent.) crassas rigidas e ligno ortas dispositi; bracteis adpressis brevibus squamiformibus. Calyx brevis crassus, h, 5-partitus, extus, uti germen, pallide fulvescenti-villosulus. Germen subglo- bosum obtuse 3-lobum ; stylo subpeltato sessili ingequali-3-lobo ; lobis inæquali-dentatis subfoliaceis. — In Nova-Caledonia, « ad ripas fl. Doto, ultra Ouroué» legit. Balansa (exs. , n. 9/489, de- cembre floriferum (Herb. Mus. par.). La caractéristique que j'ai donnée autrefois (Ef. gén., h35) du genre Dysopsis est assez inexacte, et celle du Prodromus, bien plus encore. La fleur femelle, avec ses trois sépales et ses trois loges superposées, est celle d'une Mercuriale sans disque ; les styles et le fruit sont aussi les mêmes. Quant à la fleur mâle, elle a un ealice valvaire, trimére etordinairement six élamines, dont trois plus petites ; ces dernières peuvent même disparaître totale- ment. Mais les anthères ne sont pas extrorses, comme je l'ai dit et comme M. Mueller l'a répété ; leurs lignes de déhiscence répon- dent, dans les grandes étamines, au milieu de la largeur de la face SUR LES EUPHORBIACÉES. 129 interne des loges ; et si ces fentes se rapprochent un peu plus des bords dans les anthères des petites étamines, elles n'en sont pas moins introrses. M. Mueller attribue à ces anthères un caractère erroné qui a bien plus d'importance, d’après les principes à l'aide desquels il distingue ses genres ; il dit des loges : « loculi tota lon- gitudine connectivo adnati » . Or, les loges, pendantes à droite et à gauche du connectif, divergent un peu dans leur portion inférieure, où elles sont totalement indépendantes dans la moitié au moins de leur hauteur. Par là elles ont déjà quelque chose de l'organi- salion des anthéres des Mercuriales proprement dites; et les Dysopsis sont, en somme, fort peu distinets de ce genre. Le genre Cleidion est beaucoup plus abondamment représenté à la Nouvelle-Calédonie qu'on ne l'avait pensé; mais le nom- bre des espèces dece pays à ajouter à celles que l’on connait ne sera pas considérable; et elles semblent se relier les unes aux autres par tant d'intermédiaires que la fixation du nombre total des espèces sera bien difficile. De plus, ce genre si remarquable par sa présence à la fois dans l'Asie, l'Océanie et l'Amérique tropicales, existe aussi au Gabon, comme le prouve la description suivante. CLEIDION GABONICUM. Frutex glaber; ramis teretibus (griseis). Folia nune brevissime : ($ mill.), nune rarius longiuscule (2, 3 cent.) petiolata; limbo basi longe sæpius cuneato-atlenuala oblongo-obovato (ad 46 cent. longo, 8 cent. lato), longiuscule plerumque acuminato ; ima basi aculala v. sepius obtusata, nune subauriculata ; inæquali remo- teque crenato v. denticulato submembranaceo glabro penninervio ; basi sæpius sub-3-plinervio; nervis primariis remotis oppositis V. alternis paucis (sepius 6) late inter se haud. proeul a margine anastomosantibus; venis retieulatis parum conspicuis. Flores sexus utriusque aut in plantis distinctis, aut (certe e specim, suppet.) in ramis diversis racemosi v. spicati; masculi in spicas. (juniores lantum visi, an adulti pedicellati?) graciles elongatas (15-25 cent. longas, ad folia ramulorum superiora subaxillares v. laterales XI. (4 janvier 4874.) 9 - 130 NOUVELLES OBSERVATIONS oppositifoliasve dispositi; feeminei racemosi ; pedicellis brevibus, fructiferis longioribus (1, 2 cent.) Bracteæ masculæ crebræ parvae acutæ. Calyx valvatus. Stamina coo, ut in genere verticali- ter æ- seriata, arcte imbricata, juniora tantum visa et tunc. (an semper ?) apice mutica. Calyx foemineus 3-merus. Germen subglo- bosum, 2-loculare villosulum ; styli longiusculi (4 cent.) ramis 3, linearibus subfiliformibus, mox 2-fidis (in sicco nigrescentibus). Fructus subgloboso-3-gonus (ad 4 $ cent. longus latusque) glaber (in sieco nigrescens), stylo plus minus diu coronatus; seminibus (immaturis) subglobosis pisiformibus glabris. — In Gabonia leg. cl. Griffon du Bellay (exs., n. 2), anno 1863, prope ad Pyrat (Herb. Mus. par. et Mus. col. gall.). Dans le méme groupe naturel va se placer un genre nouveau, voisin des Cephalocroton, et qui, avec le feuillage de certains Mappa et Echinus (4), a des fleurs à deux, trois ou quatre éta- mines, et, dans la fleur femelle, un nombre indéfini de folioles représentant le calice. Ce qu'il y a de remarquable dans ce genre, c'est l'inflorescence mâle; elle consiste en petits capitules sphéri- ques et pédoneulés qui ressemblent tout à fait à ceux de certains Acacia. C'est dans les plantes de la collection Beccari que nous avons trouvé ce nouveau type. CEPHALOMAPPA. Flores monceci apetali; masculi capitati ; feeminei subsolitarii. Calyx masculus in alabastro obconico valvatus, apiee verruculo- sus, inæquali-2-/{-fidus. Stamina 2-4, sæpius 3, stipiti communi centrali inserta; filamentis cæterum liberis, in alabastro 2-plicato- inflexis, demum rectis longe exsertis ; antheris in alabastro introrsis 2-rimosis. Germen centrale summo stipiti inter filamenta inser- (1) Je ne vois pas de raison pour faire passer avant ce nom celui de Mallotus. M. Bentham a parfaitement tranché cette question dans son Flora australiensis (V, 284) pour le Doryphora, quoique, inconséquent avec lui-même, il rejette dans le volume suivant le nom d'Echinus. Pour moi, je ne crois pas qu'on s'avise jamais de supprimer le nom de la famille végétale des Protéacées, à cause de l'existence des Protées dans le règne animal, etc. SUR LES EUPHORBIACÉES. 134 tum, forma varium, aut tenue longiusculum, aut sæpius breviter obconicum papillosum. Floris fæminei calyx oo - merus ; sepalis inæqualibus subliberis v. plus minus basi connatis, valvatis, Ger- men sessile, 3-loeulare; stylo crassiusculo erecto, mox 3-fido ; partitionibus crassis erectis apice inæquali-incisis v. nunc 2-lobis, intus dense papilloso-stigmatosis. Ovula (euphorbiacea!) solitaria; micropyle extrorsum supera obturatoreque parvo obtecta.— Frutex v. arbor (?) borneensis, ex omni parte simpliciter et stellato-tomen- tosus; foliis alternis petiolatis smplicibus penninerviis ; stipulis parvis v. deciduis vix conspicuis; floribus in summis ramulis et in axilla foliorum supremorum laxe racemosis ; capitulis masculis globosis in ramis racemi lateralibus v. terminalibus pedunculatis ; floribus fcemineis solitariis v. paucis crassius pedunculatis in iisdem ramis lateralibus et masculis inferioribus v. rarius superioribus. C. Beccariana. — Rami teretes ; indumento simplici in ramis ramulis petiolisque densiusculo pallide ferrugineo ; stellato autem rariore et albido. Ramuli pennæ anserinæ v. corvinæ crassitudine teretes. Foliorum petiolus (ad 3-5 cent. longus), basi et apice leviter incrassatus; limbus ovato-acutus (12 cent. longus 7 cent. latus) ad basin sæpius brevissime cuneatus, basi articulata supra subglandu- losus, apice plerumque breviter acuminatus, basi sub-3-nervius ; costa, nervis venisque transversim reticulatis supra parce pilosis, subtus prominulis et uti pagina tota dense ferrugineo-tomentosis. Racemi folio 2-midio breviores petioloquescepiuslongiores; capitulis masculis globosis (ad ? cent. latis) longiuseule (12 cent.) pedunculatis; pedicello foemineo longiuscule (+ cent.) obconico ; calyce germine multo breviori; stylo germini subæquali. — In Borneo leg. cl. Beccari,'exs., n. 425 (Herb. Mus. par., ex comm. Mus. florent.). ll y a encore un autre genre à signaler parmi ceux de la Nou- velle-Calédonie, analogue à la fois aux Achornea, aux Cleidion et aux Mappa. Ses fleurs mâles ont deux ou trois étamines à filets incurvés dans le bouton, et ses fleurs femelles sont remarquables parla présence d'un grand style en cornet, presque membraneux 132 NOUVELLES OBSERVATIONS dans l'intervalle des lobes stigmatifères et qui ressemble à une sorte de corolle monopétale et charnue. Je dédie ce genre à M. Ramel, qui a si bien mérité de la science par son dévouement à la propagation des espéces végétales utiles à l'homme. RAMELIA. Flores monœci spicati ; spicis 1-sexualibus. Florum masculorum minimorum calyx valvatus, 2,3,-partitus. Stamina 2,3, centralia li- bera, cum sepalis alternantia ; filamentis incurvis ; antheris intror- sis, 2-rimosis. Calyx fœmineus 4-6-phyllus ; foliolis inæqualibus crassiusculis acutis imbricatis. Germen calyce longius ; loculis 3 (uno antico) v. rarius 4; stylo germini sabæquali basi integro obco- nico supra infundibuliformi et in lobos 3, v. rarius 4, basi conna- - los, crasse subpetaloideos elongato-3-angulares, intus et margine stigmatosos, diviso. Ovula in loculis solitaria ; micropyle extrorsum supera obturata. Capsula 3- v. rarius 4-cocca dehiscens ; seminibus parce arillatis; embryone albumine breviore et angustiore. — Frutex, foliis alternis spurie verticillatis simplicibus penninerviis ; spicis axillaribus, lateralibus et terminalibus ; masculis filiformibus remote glomeruligeris ; floribus fœmineis in axilla bractearum sepalis similium et basi in glandulas 2 minutas lateraliter incrassata- rum solitariis bracteolisque 2 lateralibus stipatis. RAMELIA CODONOSTYLIS. Frutex (1, 2-metralis, teste Ba/ansa) glaberrimus; ramisteretibus. Folia alterna ad summos ramulos v. hinc et inde approximata spu- rie verticillata, brevissime (ad $ cent.) petiolata oblongo-spathu- lata (10-15 cent. longa, 2,3 cent. lata), ad basin longe angustata, ima basi sepe subcordata, ad apicem longiuscule augustata, summo apice plerumque obtusiuscula grosse remoteque serrata coriacea penninervia tenuiter reticulato-venosa, subtus pallida. Inflorescentiæ terminales, axillares v. laterales folio subæquales v. paulo longiores graciles glabræ, Flos masculus minimus (ad $ mill. SUR LES EUPHORBIACÉES. 133 . latus); fæmineus major (ad 4 cent. longus) ; stylo germini subæ- quali. Capsula paulo longior quam latior (ad 4 cent. longa) glabra obtuse 3-sulea stylo, coronala, basi calyce persistente, bracteis bracteolisque persistentibus stipata. Semen oblongum glabrum (pallide griseum) extus tenuiter rugulosum. — Viget in ditione aus- tro-caledonica, ubi julio floriferum fruetiferumque legebat Balansa (exs., n. 3254), ad locum dietum « Cascade de Panié » (Herb. Mus. par.). Les Euphorbiacées biovulées, en dehors des Chailletiées et des Callitrichées dont la place dans cette famille est au moins et sera sans doute encore contestée, ont été partagées en un assez grand nombre de tribus, par A. de Jussieu d'abord, puis par nous, et enfin dans le Prodromus. Dans ce dernier ouvrage, ces tribus sont au nombre de trois : les Calétiées, Phyllanthées et Bridéliées. Les premières sont caractérisées par l'étroitesse de leurs cotylé- dons ; point auquel nous n’accordons pas plus de valeur ici que dans les Euphorbiacées uniovulées. Quant aux deux dernières, elles se distinguent les unes des autres par la préfloraison du calice, valvaire dans les uns, imbriqué dans les autres. Mais s'il y a des Amanoa dans lesquels on observe les deux modes de préfloraison ; si dans les Payeria, placés par le Prodromus parmi des genres à calice imbriqué, on ne peut vraiment déterminer le mode de préfloraison de dents trés-courtes qui ne se touchent méme pas; si les Putranjiva ont des fleurs où l'imbrication des sépales est plutôt admise théoriquement que constatée directement; si cer- tains calices d’'Hymenocardia sont positivement valvaires; si ceux des Bischoffia peuvent être valvaires-indæpliqués, ce carac- tère n'est pas assez absolu pour qu'on lui concède ici plus d'im- portance que parmi les genres uniovulés ; et il en résulte que nous ne ferons qu'une seule série dans les Euphorbiacées biovulées proprement dites, sans tenir non plus comple, pour la séparation en séries, de la forme du réceptacle, par conséquent de l'insertion, qui passent par tous les degrés possibles, ni de la présence ou de 134 NOUVELLES OBSERVATIONS l'absence, l’abondance ou le peu de développement de l'albumen, qui sont dans le méme cas. Je ne crois pas qu'il faille accorder une grande valeur à la con- sistance du périearpe. Dans la plupart des classifications admises pour cette famille, on suit à cet égard une marche qui n'est pas toujours conséquente avec elle-même. Il y a des genres qui ne sont guére distingués des genres voisins que parce qu'au lieu d'une capsule, ils ont un fruit charnu. Et d'autre part, nous voyons un genre comme les Securinega qui comprend des espèces à fruit eapsulaire et des espéces à fruit complétement charnu, tel que l'ancien Flueggea Leucopyrus. Or, tandis que dans cette dernière plante, il n'y a pas de columelle ligneuse qui se sépare du reste du péricarpe, les espéces à capsule peuvent au contraire présenter cet axe résistant, qui se sépare des coques elles-mêmes lors de la déhiscence. D’où il suit encore qu'on ne saurait accorder une grande valeur à la présence ou à l’absence d’une columelle dans le fruit. Appliquons ces principes, par exemple, aux Jatropha. M y a une plante qui, dans le Prodromus, figure à la fois dans deux genres bien distincts ; c’est notre J. Heudeloti, admis dans cet ouvrage comme ayant des feuilles lobées au delà du milieu du (p. 1083), et d'autre part, à ce qu'il nous semble, sous le nom de Fücinodendron africanus, comme une plante à feuilles compo- sées-digitées. Dans cette espèce, comme dans plusieurs autres Euphorbiacées à fruit charnu, il y a un endocarpe ligneux et un mésocarpe qui conserve jusqu'au bout une consistance charnue; si bien qu'il est, dit-on, comestible dans le J. Heu- delotii. Dans ce genre Jatropha, le Prodromus donne comme caractère constant l'absence d'un gynécée rudimentaire (autre- ment dit l'insertion centrale des étamines). S'il en est ainsi dans la plupart des espéces, cette disposition est loin d'étre générale, et il y a des Médieiniers où le rudiment de pistil prend un assez grand développement et présente même trois branches allongées, très-distinctes, répondant à autant de carpelles. Dans les Manihot, le gynécée rudimentaire existe souvent au centre du disque, dans SUR LES EUPHORBIACÉES. 135 une dépression profonde, au moins au jeune âge; plus tard il cesse en général de s’accroître. La présence [ou l'absence de ce corps n'a pas grande valeur. Je l'ai vu cà et là dans quelques Croton, Echinus, ete, qui en sont normalement dépourvus. Et cette varia- bilité n'est pas sans intérêt, quand on voit des genres tels que les Caperonia et les Argythamnia (p. 90, 91) séparés l’un de l'autre à cause de la présence ou de l'absence de ces organes. Il reste malheureusement encore beaucoup de types dont la place est incertaine parmi les Euphorbiacées. Je ne puis classer qu'avec doute dans cette famille un trés-curieux genre, observé, je crois, pour la première fois à la Nouvelle-Calédonie et dont les fleurs unisexuées-monoiques sont apétales. La fleur mâle se fait remarquer par un calice membraneux en forme de cornet obco- nique ; son ouverture est découpée en quatre ou cinq dents, et tout au fond s'insérent des étamines en nombre indéfini, à filet court et trés-gréle età longue anthère apiculée, subtétragone, légèrement introrse. Ces fleurs sortent d'un bourgeon écailleux axillaire ou latéral ; un pédoncule commun en supporte plusieurs, réunies en une petite cyme. Un peu plus haut, et sur les mêmes branches, se montrent les fleurs femelles, mais bien plus tard ; car les fleurs mâles sont déjà flétries que les pistils sont encore si peu développés que les loges ovariennes sont fort difficiles à apercevoir. C'est pour cela que je n'y puis constater la direction des régions de l'ovule, qui est descendant. Un style relativement trés-gros surmonte l'ovaire et se partage supérieurement en deux branches stigmati- féres. Il n'y a pas de véritable périanthe ; mais ces fleurs sont réu- nies par trois en un petit glomérule, comprimées l'une contre l'autre, les deux latérales plus jeunes que la médiane. Ces glomé- rules sont jplacés dans l'aisselle de quelques bractées alternes, échelonnées sur un axe rigide, enduit, comme les écailles du bourgeon, d'une couche résineuse mince et brune. Je connais deux espéces de ce genre, voisines l'une de l'autre, mais iieo en ce que l'une d'elles a les fleurs måles plus petites, dé méme que les bourgeons écailleux, et des feuilles crénelées, légérement 136 NOUVELLES -OBSERVATIONS coriaces, à nervures gréles peu saillantes, tandis que l'autre, à fleurs plus grandes, a des feuilles épaisses, à bords presque entiers, réfléchis ou presque révolutés, et de grosses nervures latérales qui, comme la médiane, proéminent fortement à la face inférieure du limbe. TRISYNGYNE. Flores moncci apetali. Flos masculus : Calyx alte gamophyllus tubulosus, apice 4, 5-dentatus, membranaceus, valvatus. Stamina 15-20, centralia; filamentis liberis subulatis erectis; antheris linea- ribus subapiculatis basifixis, demum exsertis introrsum 9-rimosis. Flos ftemineus : Sepala (?) 2 parva libera. Germen liberum; stylo crassitudine germini subæquali cylindrico erecto, apice 2-fido; lobis recurvis intus stigmatosis ; loculis 9, sepalis oppositis ; ovulo in singulis solitario descendente (?). Fructus... ? — Frutices au- stro-caledonici; foliis alternis petiolatis simplicibus integris penni- nerviis; stipulis parvis, deciduis (ut e cicatricibus videtur) ; floribus e gemma axillari v. (post occasum folii) laterali ortis; masculis in cymas plures inæquales pedunculatas, sæpius 3-floras, dispositis ; singulis in axilla squama scariosa insertis; fœmineis altius ramulo tenui insertis, alterne glomerulatis ; glomerulis 3-flo- ris; extus bracteis bracteolisque in axilla glanduligeris cinctis ; glandulis 2, compressis ad glomerulum lateralibus; floribus invi- cei compressis ; lateralibus paulo junioribus. * 1. TRISYNGYNE CODONANDRA. Arbor (10-15-metralis) glabra ; ramis uti planta tota. glabris inæquali-nodosis (pallide griseis) ; ramulis lucidis (pallide fuscatis) cum gemmis perulatis bracteisque tenuiter resinosis. Folia bre- viter (à cent.) petiolata oblongo-obovata (40 cent. longa, 4 cent. lata) subinlegra v. repando-sinuata ; margine valde reflexo v. subrevoluto ; costa nervisque obliquis parallelis crassis valde con- Spicuis, supra concavis, subtus valde prominulis (pallide ferrugi - SUR LES EUPHORBIACÉES., 137 neis). Inflorescentiæ pedunculi graciles calycibus masculis subæ- quales v. paulo longiores ($ -4+ cent.). Inflorescentiæ fœminæ rigidulæ erectæ resinosæ; bracteis parvis crassiusculis. — In Austro-Caledonia leg. Balansa, exs., n. 2749, in monte Mou, ad altit. 1100 metr.; n. 3557, in monte Humboldt, ad alit. 800 metr. | Herb. Mus. par.). 2. TRISYNGYNE BALANSÆ. Arbor (7, 8-metralis) glaberrima; ramis tenuibus (subalbidis) ramulisque glabris (pallide fuscatis). Folia breviter petiolata, elli- ptico-obovata (8 cent. longa, 3 cent. lata), basi breviter acutata, apice obtusa v. retusa subæquali-crenata, subcoriacea glabra, subtus pallidiora; costa subtus prominula ; nervis parallelis tenui- bus utrinque vix prominulis. Flores sexus utriusque iis speciei præcedentis subsimiles, sed minores; calyce masculo lenuiter membranaceo (ad £ cent. longo), juniore cum pedicellis gem- misque minulis tenuiter resinoso. Cætera ignota. — In Austro- Caledonia leg. Balansa (exs., n. 1377), «in sylvis supra Féné, prope ad Bourail » (Herb. Mus. par.). Le Secretania du Prodromus (p. 227) n'est peut-être pas non plus une Euphorbiacée. On n'en connait que les fleurs mâles, le plus souvent tétramères. Les pétales, alternes avec les sépales, assez semblables à eux , un peu plus petits, sont libres; ce qui est peut-étre une difficulté pour qu'on rapproche cette plante des Ardisiacées ; mais, comme dans celles-ci, les étamaines sont oppo- sitipétales ; et c’est à tort, je crois, que dans le Prodromus elles sont décrites comme alternes. Elles s'insérent autour d'un petit rudiment conique de gynécée; leurs anthères sont introrses, blanchátres, à déhiscence longitudinale. Il est difficile, sans doute, de se prononcer définitivement tant qu'on n'aura pu étudier le gynécóe; mais provisoirement le genre pourrait être placé dans le voisinage des Myrsinées polypétales. Le PAyllobotryum spathulatum n'est pas de cette famille. C'est 138 NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES EUPHORBIACÉES. une plante qui peut étre polygame ; et, dans une fleur qui avait un gynécée peu développé, nous avons vu trois placentas pariétaux pauciovulés. La plante doit done peut-être se rapporter aux Bixa- cées, parmi lesquelles elle semble étre l'analogue, quant au mode d'inflorescence, du Phyllonoma parmi les Saxifragacées. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE IX. Fic. 4. Phyllanthus Fagueti, fleur mâle. Fic. 5, Phyllanthus cyclanthera, fleur måle. Fic. 6. Phyllanthus Niruri, fleur mâle. Fic. 7. Dichapetalum pedunculatum, fleur, coupe longitudinale. Fic. 8. Dichapetalum Heudelotii, fleur, coupe longitudinale, Fi. 9. Dichapetalum hispidum, fleur, coupe longitudinale. Fic. 40. Stephanopodium Engleri, fleur, coupe longitudinale. Fic. 11. Tapura guianensis, fleur, coupe longitudinale. Fic. 42, Tapura guianensis, diagramme floral. SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES Par M. €. DUTAILEY. Les organes des végétaux, malgré leur apparente diversité, peuvent être tous rangés dans deux classes distinctes : ils sont axiles ou appendiculaires. La tige et la racine, avec leurs formes et leur structure variables, constituent les organes axiles ; la feuille, avec ses métamorphoses et ses dégénérations, représente les organes appendiculaires. Ona cherché à établir une ligne de démarcation précise entre les axes et les appendices. Toujours facile à tracer dans une plante donuée, pourvu que l'on se borne à l'étude de son systéme végé- talif, cette limite semble faire défaut quand il s'agit de séparer l'universalité des axes de l'universalité des appendices. Il ne parait pas exister un seul caractère qui appartienne en propre, soit aux uns, soit aux autres. Aussi M. J. Sachs se borne-t-il à dire que : «la tige n'est que ce qui porte les feuilles, tandis que la feuille n'est que ce qui se développe aux flancs d'une tige...» (1). Défi- nition qui n'est cependant point d'une exactitude irréprochable, puisque certains cladodes dépourvus de feuilles n'en sont pas moins des organes axiles, et que certaines étamines, par suite d'entrai- nement dont l'organogénie rend compte d'ailleurs, peuvent étre supportées par une corolle, sans cesser pour cela d'étre des feuilles transformées, M. Van Tieghem, toutefois, s'appuyant sur les données que fournit l'étude anatomique des végétaux, a, dans un travail (1) J. Sachs, Traité de botanique, trad. francaise, p. 183. 140 SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE récent (4), posé ce principe, qu'il eroit nouveau, que : « tandis que l'axe végétal dans les deux parties, racine et tige, qui le con- stituent, est tout entier symétrique par rapport à une droile, l'appendice n'est symétrique que par rapport à un plan. » Malheureusement, cette prétendue loi, dont la découverte eût été si précieuse pour la solution de tant de questions controversées, si elle avait pu s'appliquer à tous les cas sans exceplion, se trouve être en réalité beaucoup moins générale qu'on ne l'avait pensé tout d'abord. Fréquemment, d’après M. Tréeul, elle ne se manifeste pas au point d'attache des rameaux : «..... La ramification la mieux caractérisée, dit cet habile anatomiste, avec faisceaux autour d'un axe médullaire, commenee souvent par un are vasculaire semblable à celui par lequel s'insérent un grand nombre de feuilles (2). » De notre cóté, nous nous proposons de faire con- naitre, dans ce court mémoire, la structure de toute une calégorie d'axes qui, par leur symétrie, différent totalement des axes nor- maux, et rappellent, non plus seulement à leur point d'insertion, mais sur toute leur longueur, la symétrie bilatérale de la feuille. Nous voulons parler des ramifications de l'infloreseence de cer- taines Graminées, Nous venons de rappeler en débutant que les organes, chez les végétaux, se subdivisent en axiles et en appendieulaires, et que les organes axiles comprennent la racine et la tige. Les ramifica- tions de cette dernière ne sont pas toujours de méme nature ; elles se produisent. au contraire suivant deux modes tranchés : ou bien l'axe primaire se ramifie par bourgeons latéraux axillaires, et c'est le cas le plus général ; ou bien il se subdivise à son sommet par partitions ou dichotomies successives, ainsi que cela se voit chez les Lycopodes, les Sélaginelles, etc. Lorsqu'une plante se ramifie par bourgeons latéraux, ces der- niers doivent être considérés comme de nouveaux êtres entés en quelque sorte sur l'axe principal et semblables à lui. Lors de leur (1) Ph. van Tieghem, Rech. sur la symétrie des plantes vascul., p. 13. (2) Comptes rendus, LXXVI, p. 795. : DES AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES, 141 apparition, ils n'enlévent à ce dernier aucun des faisceaux qui le constituent, mais se bornent à mettre les leurs en relation directe avec les siens. Aussi, les faisceaux fibro-vasculaires, sauf dans certains cas spéciaux dont nous parlerons plus loin, s'y présen- lent-ils, comme dans l'axe principal, orientés symétriquement par rapport à une droite. La dichotomie vraie, à notre connaissance du moins, n'a point eneore été signalée dans la tige des Phanérogames. On a décrit, il est vrai, des phénomènes de partition, chez les Ampélidées, où ils donneraient naissance à la vrille ; mais on sait aujourd'hui que cvs prétendues branches de bifurcation ne sont que des bourgeons sonlevés. II faut d'ailleurs se garder de confondre les cymes bipares ` si fréquentes, avec ce que l'on observe chez quelques végétaux inférieurs, | Il arrive souvent que la dichotomie entraîne avec elle certaines particularités d'organisation des plus curieuses et qui ont été décrites avee détails par M. Van Tieghem (1) dans les ramifica- lions des racines des Lycopodiacées. Lorsque, chez ces plantes, s'effectue la bifurcation de la racine, les deux racines secondaires qui en résultent montrent dans leurs faisceaux un arrangement totalement différent de ce qu'il était dans l'axe avant sa division. Les faisceaux constitutifs de ce dernier passent dans chacune des deux branches de la dichotomie, par portions égales ou inégales, suivant les dimensions de ces branches. Ils subissent par consé- quent une véritable partition qui, se reproduisant à chaque bifur- cation, finit par réduire à l'unité le nombre des faisceaux que l'on rencontre dans les racines terminales. — On voit qu'en somme ce mode de ramification est essentielle- ment distinet de celui qui s'opére par bourgeonnement latéral ; car tandis que le bourgeon est un nouvel être surajouté au végétal, les ramifications de la racine primaire des Lycopodes ne sont plus que des subdivisions de cette dernière. Or, chez les Graminées, on retrouve simultanément des phéno- (1) Loc. cit., p. 83-84. t 142 SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE ménes de bourgeonnement et de partition, ces derniers trés-com- parables à la dichotomie des racines chez les Lycopodiacées, bien qu'en différant à certains égards. Pour préciser davantage, disons que les phénoménes de vrai bourgeonnement s'y observent fré- quemment à l'aisselle des feuilles normales, tandis que ceux de partition ne se rencontrent guère que dansles axesd'inflorescences dépourvues, comme on sait, de feuilles normales. Les bourgeons des Graminées, nés à l'aisselle de feuilles nor- males, qu'ils soient solitaires (Digitaria, Agropyrum), ou fascicu- lés (Bambusées), ressemblent complétement à l'axe principal qui les supporte. Ils ont des feuilles normales, qui obéissent au méme mode de distribution que les siennes. En outre, ils reproduisent sa structure anatomique dans tous ses détails, et sur une coupe transversale, ses faisceaux s'orientent de même vers le centre de la section. Les rameaux du Paspalum Michauxianum K., solitaires à l'aisselle des feuilles, peuvent être pris comme exemple. A un centimètre environ du sommet de leur cône végétatif, ils offrent une sction transversale oblongue qui montre les faisceaux distribués en deux anneaux non concentriques : l'un, extérieur, constitué par un nombre indéfini de faisceaux; l'autre, intérieur, qui n'en présente quesix ou sept, et qui d'un cólé se trouve séparé de l'anneau extérieur par un certain nombre de faisceaux totale- ment absents de l'autre côté. Ce manque de symétrie par rapport à une droite tient à ce que plusieurs faisceaux de la tige ont subi déviation, puis quitté celle derniére pour passer dans la feuille immédiatement inférieure. Comme d'ailleurs les feuilles sont régulièrement distribuées sur le rameau, et que chacune d'elles lui emprunte un nombre égal de faisceaux, il devient. évi- dent que ces derniers, dans leur ensemble, n'en sont pas moins rangés symétriquement par rapport à une ligne droite. Seulement, et ceci est un fait bien connu, la symétrie, au lieu d'être circu- laire comme dans les plantes à feuilles opposées ou verticillées, devient spiralée, comme c'est la loi générale pour les plantes vasculaires à feuilles alternes. LA DES AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES. 143 Les mémes phénoménes de distribution s'observant dans les faisceaux de l'axe principal étudié à la méme hauteur, on doil en conclure que, chez les Graminées, les bourgeons axillaires nor- maux ne se différeneient par aueun caractère important, au point de vue de la symétrie, de ceux de la généralité des végétaux. 1l n'en est plus de méme pour les axes d’inflorescence, qui se dis- tinguent des rameaux dérivés de bourgeons normaux tout à la fois par leur mode d'insertion, les organes qu'ils portent, et leur struc- ture intime. En premier lieu, ils apparaissent sur l'axe principal sans jamais offrir de véritables feuilles à leur base. Rarement méme, comme dans le Cinna arundinacea L., VArundo conspicua Forst., on trouve à ce niveau une courte et étroite bractée qui peu à peu se réduit et finit par avorter si complétement, qu'il est en général difficile d'en constater l'existence. Dans certaines Graminées, telles que l Andropogon halepensis Sistu., il est méme impossible d'en trouver la moindre trace ; de sorte qu'il parait logique de penser que les faiseeaux ordinairement destinés à la feuille ont iei recu une destination nouvelle, et sont demeurés accolés à l'axe prin- cipal ou plutôt encore à' ses ramifications. Il est à remarquer, en second lieu, que les axes d'inflorescence des Graminées ne portent jamais de véritables feuilles, mais de simples écailles (balles, paillettes, paléoles). Ce fait ne laisse pas que de paraitre intéressant, si l'on veut bien remarquer que ces écailles ne se trouvent presque jamais (les Lo/zwn, par exemple, font exception) au point d'insertion des ramifications, mais à une hauteur variable sur ces derniéres. En d'autres termes, l'organe appendiculaire, qui presque constamment avorte à la base des axes secondaires ou tertiaires, réapparait sur eux à un niveau déterminé et y constitue la glume, la glumelle et les paléoles. Mais la différence la plus considérable entre les bourgeons normaux et les axes d'inflorescenee git dans leur structure ; troi- sième point à examiner, et le plus important de tous, sans contre- dit. Nous opposions plus haut la bipartition des faisceaux dans les 147^ SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE racines des Lycopodiacées à leur production parfaitement symé- trique, lors de la formation d'un bourgeon axillaire normal. Les axes secondaires de l'inflorescenee des Graminées tiennent en méme temps et du bourgeon normal, et de la dichotomie : du pre- mier, puisqu'ils conservent en général dans leur distribution des rapports identiques avec ceux des bourgeons vrais sur le rachis; de la seconde, parce qu'ils résultent d'une subdivision des faisceaux de l'axe, analogue à celle que l'on observe dans les racines des Lyco- podiacées. Chaque fois, chez les Graminées, qu'un axe secondaire d'infloreseence se détache de l'axe principal, il lui enlève un nombre variable de faisceaux (d'autant plus considérable cepen- dant que l'axe secondaire est plus volumineux), que rien ne vient remplacer plus haut. La symétrie de l'axe principal n'est done plus, au-dessus de l'insertion de l'axe secondaire, ce qu'elle était au-dessous. Dans aucun cas, elle n'est circulaire par rapport à uue droite, Le plus souvent elle est spiralée. Toutefois il existe, et en nombre assez considérable, des axes d'épis chez lesquels elle n'est plus que bilatérale et reproduit par conséquent celle de la feuille. Enfin, il peut arriver que le nombre des faisceaux se trouve réduit à tel point, que leur arrangement révéle un organe anatomiquement inférieur, non-seulement à la tige ordinaire, mais encore à la feuille; un organe que le botaniste ne saurait placer qu'à côté de l'aréte des Graminées, à quelque distance et un peu au-dessus de cette production épidermique qu'on nomme le poil. L'inflorescenee du Bromus macrostachys peut être, sans nul doute, classée parmi les moins compliquées. L'axe principal y sup- porte des épillets alternes, brièvement pédonculés, au nombre de trois ou quatre, et se termine lui-même par un épillet. Si l'on fait une section transversale de cet axe au-dessous de l'insertion du premier épillet (pl. VH, fig. 1), on voit que les faisceaux se dis- tribuentsur deux circonférences concentriques. Les uns, beaucoup plus petits (B,B, etc.), au nombre de sept, situés en dehors des autres et alternant avec eux, répondent aux côtes qui relèvent lon- gitudinalement la tige et sont entourés de tous côtés par un tissu DES AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES. 145 à éléments prosenchymateux brillants et épaissis. Les autres (A,A. etc.), formant en nombre égal l'anneau intérieur, proémi- nent dans la moelle par leur moitié interne, tandis qu’extérieure- ment ils se trouvent en contact avec le tissu prosenchymateux. Au-dessus de l'insertion du premier épillet, la structure du rachis est déjà toute différente. Il se présente aplati sur l’une de ses faces (Pl. VII, fig. 3), et ne porte plus que cinq côtes. Consé- quemment le nombre des petits faisceaux se trouve également réduit à cinq. Il existe bien encore sept gros faisceaux ; mais l'un d'eux, le faisceau A se trouve visiblement amoindri. Au total, l'axe principal semble, à un premier examen, avoir perdu deux petits faisceaux et une portion de l'un des sept faisceaux intérieurs. Comme d'ailleurs à la base de l'axe secondaire il n'existe point de bractée qui pourrait les lui avoir enlevés, il faut de toute nécessité qu'ils aient passé dans l'axe secondaire. Si, pour s'en assurer, on fait une coupe transversale de ce der- nier (Pl. VH, fig. 2), on observe qu'il est parcouru par sept fais- ceaux dont deux petits. Par conséquent, si les sept petits faisceaux de l'axe principal, tel que le représente la figure 4, se retrouvent intégralement dans la figure 2 et la figure 3, on peut dire qu'il n'en est plus de méme des gros faisceaux, puisque dans ces dernières figures ils se montrent au nombre de douze. Au moyen de coupes longitudinales, il est aisé de trouver l'explication de cette apparente différence. On s'assure, en effet, par ce procédé, que certains faisceaux de l'axe principal, tantôt pénètrent sans modifications et tout entiers dans l'axe secondaire, tantót subissent à son niveau des subdivisions de deux sortes, suivant le rayon ou perpendieu- lairement à lui. Dans ce dernier cas, une portion du faisceau dédoublé reste en général dans l'axe principal, tandis que l'autre passe dans l'axe secondaire. | En nous reportant de nouveau aux figures 2 et 3, nous recon- naitrons facilement, gràce aux quelques notions qui précèdent, que le faisceau A (PI. VIT, fig. 3), de moindre taille que ses voi- sins, représente l'une des branches de bifureation d'un gros fais- xi. (45 janvier 1874.) : 10 146 SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE ceau, tandis que l'autre branche, pénétrant dans l'axe secondaire, s’est elle-même subdivisée en trois nouveaux faisceaux (Pl. VII, fig. 2. S, M, M). C'est ce que démontre la position oceupée par les petits faisceaux O,0, qui dans l'axe principal (Pl. VII, fig. 4) alternent toujours avec un gros faisceau, tandis que dans l'axe secondaireils se montrent séparés l'un de l'autre par les gros fais- ceaux S,M,M. Quant aux faisceaux R et R’, ils dérivent respectivement du dédoublement des faisceaux B et B',dont la figure 5 représente la seclion transversale. Si done nous rapprochons l'axe secondaire (Pl. VII, fig. 2) de l'axe primaire (Pl. VII, fig. 3) et que, par la pensée, nous réu- nissions en un. premier faisceau les trois faisceaux S,M,M, de l'axe secondaire avec le faisceau A de l'axe primaire ; en un deuxième faisceau, le faisceau B et le faisceau R ; en un troisième, le faisceau B’ et le faisceau R’, nous nous trouverons avoir reconstitué la tige telle qu'elle est représentée dans la figure 4. L'inflorescence sur laquelle ont été prises les sections 4,2,3, comprenait quatre épillets, dont trois latéraux et un terminal. Une coupe analogue passant au-dessus du second épillet sur l'axe principal, le montre de nouveau amoindri par la perte d'un cer- tain nombre de faisceaux qui se rendent à cet épillet. La figure 4 enfin le représente tél qu'il est constitué sous l'épillet terminal. Sa forme et sa structure y sont, comme on le voit, totalement différentes de ce qu'elles étaient plus bas (fig. 3 et fig. 1). Les épillets étant distiques, il arrive que, d'un côté, les faisceaux du rachis lui ont élé successivement enlevés par deux épillets super- posés, tandis que de l'autre il en a perdu moitié moins. C'est ce qui explique la distribution irrégulière des gros faisceaux dont l'un, le faisceau F, se trouve précisément du cóté opposé à celui qui donne insertion aux deux épillets superposés, On observe des faits analogues dans toutes les Graminées à rameaux solitaires sur l'axe principal. L'axe secondaire inférieur de l'inflorescence du Dactylis glomerata L., par exemple. les DES AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES. 147 reproduit avec la plus grande netteté. On voit les gros faisceaux s'y subdiviser de manières diverses avant de pénétrer dans l'axe secondaire. Quant aux petits faisceaux primitifs. on ne les trouve jamais sur les faces correspondantes de l'axe principal et du rameau; fait que d'ailleurs les figures 2 et 3 mettent en compléte évidence. lls passent toujours de l'axe principal à l'axe secondaire sans mo- difications possibles autres que des subdivisions radiales. Les gros faisceaux seuls peuvent subir des subdivisions radiales ou perpen- diculaires du rayon, et même souvent les deux à la fois. La partition des petits faisceaux que nous n'avons pas eu l'oeca- sion de signaler en décrivant la structure du Bromus macrosta- chys, s'observe fréquemment chez les Graminées qui portent plu- sieurs rameaux insérés au même point, telles que les Poa, les Bromus, les Agrostis, ete. La figure 5 représente les sections transversales de deux rameaux secondaires adjacents A et B, appartenant à une inflorescence de Poa pratensis L. Tous deux ont un squelette fibro-vaseulaire, constitué par trois faisceaux, un gros et deux petits. Il est manifeste que les petits faisceaux O et O' proviennent d'un seul faisceau subdivisé suivant le rayon. Par contre, dans la figure 7 qui représente la section transversale d'un axe d’inflorescence d'Avena sterilis L., prise à quelques milli- mètres: au-dessous de l'épillet, on peut constater que les deux faisceaux Let H résultent de la bipartition radiale d'un gros fais- ceau ; phénomène que ne nous avaient point encore montré les figures précédemment décrites. Dans les différentes Graminées que nous avons examinées jus- qu'ici, les axes secondaires nés au méme niveau ne s’insèrent sur lerachis que d'un seul côté; ils ne l'entourent jamais d'un verti- cille complet. Mais dans certaines autres telles que les Andropo- gon: halepensis Swru. ei saccharatus Rosg., i peut arriver que les axes secondaires forment, de distance en distance, un anneau com- plet autour de l'axe principal. Bien plus, ils s'insérent alors à des hauteurs un peu différentes sur une longueur qui. est souvent de prés d'un centimètre, et font suite à des côtes très-visibles au-des- 148 SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE sous d'eux sur l'axe principal, mais qui, au-dessus, disparaissent totalement pour faire place à des cannelures correspondantes. On reconnait sur ces tiges, mieux encore que sur celles de la plupart des autres Graminées, que les rameaux de l'inflorescence ne sont en rien comparables à des bourgeons normaux, mais résultent simplement de la différenciation de quelques faisceaux de l'axe principal, lesquels peuvent en outre devenir le siége de partitions variées. Se séparant du cylindre que forment les autres faisceaux, ils viennent tout d'abord proéminer à sa surface sous forme de cótes longitudinales; puis, entre eux et l'axe principal, se développe un épiderme séparatif qui les rend indépendants du rachis auquel ils appartenaient, Souvent dans l'Andropogon halepensis, cet épiderme n'apparait que tardivement, et par suite, l'axe secondaire demeurant comme soudé à l'axe primaire par l'intermédiaire d'une lame cellulaire trés-ténue, ne s'en dégage complétement que 2 ou 2 centimètres plus haut qu'il aurait dû le faire. Là encore, nous assistons à l'un de ces phénomènes de soulèvement, d'entrai- nement, qui, très-rares sur la plante jeune, apparaissent peu à peu à mesure qu'elle grandit, et finalement s'observent dans la généralité des fleurs. Chez les A/opecurus, la complication atteint un degré de plus. Les axes secondaires ne s'insérent plus en verti- cilles irréguliers. Ts s'échappent de tous les points du rachis, sur lequel leur décurrence est très-accentuée, et dont les faisceaux ne sauraient suffire à d'aussi abondantes ramifications, s'ils ne se mul- tipliaient pas eux-mêmes, grâce à de très-fréquents dédoublements. La comparaison que nous avons établie entre les subdivisions de faisceaux, telles qu'on les observe dans les inflorescences des Graminées, et celles qui caractérisent les racines des Lycopodia- cées, peut logiquement s'étendre à la feuille. Si l'on se reporte à ce qui se passe dans: ce dernier organe, lorsque les faisceaux de la tige y pénètrent pour s'y terminer, on reconnait que les phénoménes y sont à peu prés identiques avec ceux que l'on observe chez les Graminées. Une partie des faisceaux de l'axe principal s'épuise aussi bien en pénétrant dans la feuille que dans l'axe secondaire DES AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES. 159 d'inflorescence. De plus, i! peut s'opérer dans les faisceaux des dédoublements suivant le rayon ou perpendiculaires à lui, aussi bien dans un cas que dans l'autre. Par suite, les axes secondaires se détachant à la manière d'un pétiole, il est naturel qu'ils en offrent la structure. Aussi la symétrie que révèlent les figures 2,5,7, qui toutes représentent des sections transversales d'axes secon- daires ou tertiaires, est-elle en tout comparable à celle d’un pétiole, puisqu'elle est bilatérale. | Il n'en est pas de méme pour l'axe principal. S'il est vrai que les axes secondaires lui enlévent un certain nombre de faisceaux pour se constituer, ceux qu'il garde n'en sont pas moins distribués symé- triquement par rapport à une droite. Ce qu'il perd d'un cóté, il le perd également du cóté opposé, quand plus haut il émet un rameau nouveau. Les faisceaux disparaissent donc alternativement à droite et à gauche en portions égales, et la symétrie reste spiralée, comme dans toutes les tiges à feuilles alternes. Les axes d'épis, qu'il nous faut maintenant déerire, offrent une symétrie toute différente. Les uns sont alternes et supportés par un axe principal allongé (Paspalum dilatatum, etc.). Lesautres s'insérent presque au méme niveau, l'axe principal étant considé- rablement réduit, et constituent ce que l'on nomme des épis digités ou fasciculés (Justachys, Cynodon, Chloris, etc.). Chez tous, les fleurs se trouvent reportées au côté externe de l'épi, c'est-à- dire sur celui qui ne regarde pas l'axe principal. L'autre en est totalement dépourvu. Aussi, par suite de cette inégale distribution des épillets, peut-on rapprocher les épis par leur face interne et les réunir de telle sorte que, leurs différents axes n'en consti- tuant plus qu'un seul en apparence, tontes les fleurs se trouvent groupées à l'extérieur sur cet épi composé. Puisque d'ailleurs chacun des épis reçoit de l'axe principal les faisceaux qui le con- situent, il est clair que sa symétrie, étudiée en un seul point quel- conque, doit étre celle d'une feuille. C'est ce que démontrent les figures 6 et 10 qui représentent, la première, la section transver- sale d'un épi de CAloridopsis Blanchardiana Gay ; la seconde, 150 SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE celle d'un épi de Paspalum dilutatum. Cette dernière ressemble beaucoup à la coupe transversale de lépi du Paspalum Michautia- num dont nous avons déerit plus haut le rameau normal, au point de vue anatomique. Les différences considérables qui, dans cette dernière plante, existent entre la structure de l'épi et celle du rameau normal, suffiraient à elles seules, on peut le dire, pour démontrer qu'ils ont une origine totalement distinele. Quant à la symétrie générale de chacun des épis digités, elle n'est pas spiralée comme celle des épis de Triticum, Agropyrum, Lolium, ete. Bilatérale en un point quelconque, grâce à l'unitéra- lité des épillets, elle demeure bilatérale pour l'axe envisagé dans son ensemble. Aussi ne saurait-on les différencier, au point de vue purement anatomique, du pétiole d'une feuille ordinaire. Il devient facile, en s'aidant des faits que nous venons d'expo- ser, de montrer comment on peut passer anafomiquement, par transitions à peine sensibles, de l'organe le plus simple à l'axe le plus compliqué. L'étude des Graminées permet en effet de combler - la plupart des lacunes qui, sous ce rapport, existaient entre le poil, la feuille et la tige. Nous ferons tout d'abord remarquer que du poil pluricellulaire à ces organes que M. Martinet nomme glandes extérieures (4), et que l'on rencontre sur le Rosa rubiginosa, le Rubus odoratus, ete. , il n'y a en réalité qu'une distance minime. Si les poils dérivent seulement de l'épiderme, les glandes en question proviennent à la fois et de l'épiderme et des couches sous-jacentes uniquement cel- lulaires. Qu'un faisceau, extrémement réduit parfois, s'isole à son tour pour pénétrer dans les glandes extérieures, et l'on aura ce qui se passe chez le Cerasus griota, le Passiflora brasiliensis, ete. Les papilles décrites par M. Baillon (2) à la surface des pétales de VAsimina triloba Dux., et qui renferment des faisceaux détachés des nervures, sont des parties de même valeur morphologique. On en peut dire autant des arêtes des Graminées ou des poils que (1) Organes de sécrétion des végétaua (Ann. des se. nat., 5° sér., XIV, 1871). (2; Adansonia, VI, 253, TUE DES AXES D'INFLORESCENCÉ DES GRAMINÉES. 151 l'on trouve sur les feuilles des Bambusées au point de jonction de la gaîne et du limbe. La figure 9 représente la section transver- sale d'une arête d'Avena flavescens L., prise un peu au-dessus de son point d'insertion. On y voit vers le centre un faisceau mé- diocrement développé, mais dans lequel on distingue encore les deux vaisseaux caractéristiques. De chaque côté de l'aréte se trou- vent deux bandes de cellules à cholorophylle, tout à fait compas rables à ce que l'on observe dans la figure 8. Cette derniére, qui reproduit la section transversale d'un pédoncule d'épillet d' Agros- tis nebulosa Boiss. er Revr., révèle une structure anatomique tel- lement comparable à celle de la figure 9, qu'il est permis sans exagération de dire qu'il peut y avoir identité de structure entre une aréte, c'est-à-dire une simple nervure prolongée, et un pédon- cule d'épillet, c'est-à-dire un axe. Dans d'autres pédoneules un peu plus volumineux, pris sur cette máme Graminée, il arrive qu'au lieu. d'un seul. faiseeau, la section transversale en montre deux, de tailles inégales, distribués sans symétrie. Qu'il y ait d'ail- leurs deux faisceaux ou un plus grand nombre, du moment qu'ils apparaissent comme jetés au hasard, force est de reconnaitre que l'on se trouve en présence d'axes inférieurs par leur structure anatomique aux organes tels que les feuilles ou les axes de Gra- minées représentés dans les figures 2,5,6,7, et dans lesquels la symétrie est bilatérale. Un pas de plus, et l'on arrive aux tiges ordinaires à feuilles alternes, chez lesquelles la symétrie générale est spiralée, les fais- ceaux se trouvant orientés par rapport à une droite: Enfin, chez les plantes à feuilles opposées, Ja symétrie devient parfaitement cireulaire. Nous n'avons — à insister sur ces faits, d'ailleurs bien connus. cud TE Les ramifications des Graminées ne sont pas seules à s'écarter de la symétrie habituelle de la tige. Les cladodes des Ztuscus, Danaida, on le sait, reproduisent à s'y méprendre la structure anatomique des feuilles. Leurs faisceaux sont tous orientés sembla- blement, les vaisseaux et les fibres ligneuses étant tournés vers la 152 SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE face supérieure du cladode, le liber vers sa face inférieure. Il est en outre fréquent de rencontrer dans les faisceaux de rameaux stériles aciculaires des Asparagus un arrangement qui n’est, à pro- prement parler, ni celui de la tige ni celui de la feuille. La char- pente de ces cladodes se présente alors constituée par trois faisceaux inégaux et inégalement distribués au milieu des éléments ambiants. Or, toutes ces ramifications à structure anormale appartiennent àune méme catégorie, celle des axes qui s'épuisent et se terminent. Les différents modes de terminaison définitive des axes mériteraient une étude spéciale approfondie. Nous ne pouvons ici, on le com- prend, que les passer rapidement en revue. Tout rameau qui se termine le fait, soit par une pointe unique, Soit par subdivision ou partition. Quand il se termine par une pointe unique, tantót ses faisceaux gardent la symétrie habituelle à la tige, comme cela se voit dans presque toutes les épines, tan- tót ils la perdent, soit en conservant l'aspeet ordinaire de l'axe (cladodes d' Asparagus), soit en s'aplatissant en forme de feuilles (Danaida, Ruscus). Quand il s'épuise par subdivisions répétées, eomme on l'observe chez les Graminées, les axes secondaires per- dent, ainsi que nous l'avons démontré, la symétrie de la tige pour drendre celle de la feuille. | Certains botanistes, s'en tenant aux apparences, assimilent volon- tiers la fleur à un bourgeon normal. Cette comparaison nous semble peu exacte à beaucoup d'égards. Si Je bourgeon ordinaire est un rameau qui débute, la fleur est un rameau qui finit. Du bourgeon normal qui s'ouvre, on voit sortir des organes bien dif- férenciés : axe principal, feuilles, bourgeons axillaires. Dans la fleur qui s'épanouit, ces organes deviennent de plus en plus mécon- naissables, à mesure que de la périphérie de la fleur on gagne son centre. Les sépales, les pétales, les étamines, sont des feuilles amoindries ou métamorphosées. Les botanistes sont d'accord sur ce point. Mais dés qu'il s'agit de déterminer la nature morpholo- gique de l'ovaire, des placentas, de l'ovule, les dissentiments DES AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES. 153 apparaissent. M. Trécul, il y a quelques mois à peine, écrivait les lignes suivantes (1), preuve irrécusable de l'incertitude qui régne encore à ce sujet : « La constitution des fruits du Glaucium et de VEschscholtzia, montre, comme celle des Papaver et sous une autre forme, que le pistil de ces plantes n'est pas le résultat d'une modification des feuilles, mais plutót de la tige. » Les divergences d'opinion qui régnent à ce propos tiennent à . des causes multiples, parmi lesquelles deux principales : 1° la fré- quence des entrainements ou empiétements qui viennent dissimu- ler les véritables rapports primitifs des organes, tels que nous les fait les connaître l'Organogéniés 2° la structure anatomique des parties axiles ou appendiculaires, structure différente dans la fleur de celle des organes axiles ou appendiculaires normaux, et qui, par les confusions inévitables qu’elle amène, apparaît comme une source perpétuelle d'erreurs. Nous n’insisterons que sur cette dernière. Si la fleur, ainsi que nous le faisions remarquer plus haut, ne saurait être assimilée qu'à un rameau qui s'épuise, il est bien évi- dent qu'elle ne se termine pas à la facon d'une épine, ou d'un . eladode de Ruscus et de Danaida, mais plutòt à celle des inflores- cences des Graminées. On sait en effet que les faisceaux de l'axe floral se répartissent finalement entre les feuilles carpellaires, les placentas et les ovules. M. Trécul, parlant des carpelles des Renon- culacées, dit en propres termes que : « Les plus élevés sur l'axe reçoivent seuls les faisceaux extrêmes de la tige, tandis que les autres sont espacés le long de ces faisceaux extrêmes» (2). On constate qu'en vue de cette répartition, les faisceaux de la tige se ramifient de manières diverses en se subdivisant tantôt suivant le : rayon de l'axe floral, tantôt perpendiculairement à lui; dédouble- ments que nous avons signalés chez les Graminées. En outre, pas plus dans la fleur que dans les ramifications de l'inflorescence des Graminées, on ne rencontre de bourgeons axillaires normaux. (4) Comptes rendus, LXXVI, 188-189. (2) Comptes rendus, LXXVI, 795. 15h SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE Toutefois, leur absence, ni dans un cas, ni dans l'autre, ne satrait entraîner fatalement celle des axes secondaires. La fleur n'est point, eomme on le dit souvent, constituée uniquement par une sorte de bouquet de feuilles modifiées surmontant l'axe. Outre les parties appendieulaires, il y existe sans nul doute des portions axiles. « Lorsque chaque pistil est pluriovulé, dit Payer (4),...... les bords de la feuille carpellaire entraînent en s’élevant les côtés de l'axe sur lesquels elle est fixée par sa base et donnent par suite à cet axe l'aspect d'une lyre dont les branches se chargent d'o- vules..... » La tératologie, dont les indications parfois contradic- toires, doivent êlre accueillies avec tant de réserve, a cependant l'immense mérite de nous rendre souvent palpable l'existence de certaines parties axiles dans la fleur. En différenciant des organes confondus et fusionnés, elle nous fait voir, en mainte occasion, l'axe côte à côte avec l'appendice aux points méme où l'anatomie de la fleur normale ne montrait que des tissus à structure ambigué. Au total, il semble que l'on puisse, à beaucoup d'égards, rappro- cher les phénomènes de subdivision de la fleur de ceux que l'on observe ehez les Graminées. Dans la fleur, comme chez ces plantes, les parties axiles dérivées de l'axe principal doivent pré- senter la symétrie bilatérale de la feuille. Mais alors, il faut bien le reconnaitre, l'anatomie qui ne traduit aucune différence fonda- mentale entre l'orientation des faisceaux d'un pétiole et d'un axe d’inflorescence, ne peut que demeurer pareillement impuissante quand il s'agit de distinguer ce qui, dans la fleur, appartient à l'axe de ce qui relève de l'appendice. Ainsi s'expliquent les résul- tats inconeiliables auxquels ont abouti les savantes recherches des anatomistes les plus distingués : les uns classant parmi les axes ce que les autres n'hésitaient point à considérer comme appendieu- laire. De telles divergences d'ailleurs démontrent péremptoirement l'insuffisance totale des études — en tout ee qui touche à la morphologie de la fleur. (4) J. B. Payer, Traité d'organogénie comparée de ja fleur, 392. - x DES AXES D'INFLORESCCENCE DES GRAMINÉES. 455 Par suite, nous nous croyons en droit de formuler les conclu- sions suivantes : 1° L'anatomie ne peut, dans tous les cas, fournir un crilérium qui permette de distinguer l'axe de l'appendice. Comme preuves à l'appui de cette proposition, viennent prendre place les observations de M. Trécul sur l'insertion des rameaux et nos propres recherches sur les axes d'inflorescenee des Grami- nées, 2° Elle ne parait différencier l'axe de l'appendice que lorsque les organes dérivent d'un bourgeon normal, Dans le cas actuel, nous entendons par bourgeon normal tout bourgeon qui donne naissance à un axe feuillé, doué d'une élon- gation indéfinie. Presque toujours, quand le bourgeon est anormal el finit par s'épuiser, la structure se modifie et cesse de ressem- bler, dans les portions axiles, à celle d'un axe ordinaire. (Cladodes des Ruscus, Danaida, Asparagus; ele.) 9" Elle ne saurait différencier, dans la fleur, les parties axiles des parties appendiculaires. La fleur en effet ne dérive pas d'un bourgeon normal. C'est un rameau qui s'épuise et finit souvent en se subdivisant, pour four- nir aux placentas. Il est clair que les subdivisions de l'axe floral, pas plus que celles de l'inflorescence des Graminées, ne sauraient avoir la symétrie de la tige, puisqu'elles dérivent de cette e derniére en se parlageant ses faisceaux. Si l'anatomie, appliquée à l'étude des organes floraux, ne peut plus revendiquer ce qui semblait lui assurer une prépondérance incontestable sur l'organogénie, c'est-à-dire un eritérium lui per- mettant de distinguer, dans tous les cas, l'axe de l'appendice, la part qui lui reste, méme à ce point de vue, est encore considérable. Elle se place, non plus au-dessus, mais à côté de l'organogénie, toutes deux se prêtant un mutuel concours. Tandis que là première peut seule indiquer avec précision l'insertion des faisceaux les uns sur les autres, la seconde fournit de plus complétes nolions sur le mode d'apparition des organes, sur les transformalions exlé- 156 SUR LA STRUCTURE ANATOMIQUE rieures qu'ils éprouvent et les entraînements qu'ils subissent, enfin, et ceci est le plus important, sur leur nature véritable ; car il faut bien le reconnaitre en définitive : « C'est principalement, dit M. J. Saehs, par ses premiers états de développement et par la place qu'il oeeupe dans la série des phénomènes de l’accroisse- ment, que l’on reconnaitra la nature morphologique d'un mem: bre (4). » Nous ne pouvons que nous ranger à l'opinion du savant botaniste allemand. EXPLICATION DES FIGURES. PLancHe VII. Fic, 4. Section transversale de la tige du Bromus macrostachys au-dessous des ramifications de l'inflorescence, A, À, etc, gros faisceaux intérieurs. B,B, petits faisceaux extérieurs, alternant avec les premiers. Fic. 2. Section transversale de la ramification inférieure de l'inflorescence du Bromus macrostachys, un peu au-dessus de son point d'insertion sur l'axe principal. S,M,M,R,R', gros faisceaux orientés comme dans un pétiole. 0,0, petits faisceaux. Fic. 3. Section transversale prise sur la méme plante, et sur l'axe principal au- dessus du point d'insertion de la première ramification. Le faisceau A est plus petit que les autres gros faisceaux. L'axe a perdu deux petits fais- ceaux. à Fic, 4. Section transversale de l'axe principal de la même Graminée, prise sous le dernier épillet. Le nombre et la taille des faisceaux se trouvent considé- rablement réduits, l'axe en ayant fourni de droite et de gauche aux rami- fications qui s'en sont détachées, Fic. 5. Section transversale de deux ramifications A, et B, de l'infloresceace du Poa pratensis, contigués et insérées au méme niveau. O,O', petits fais - ceaux dérivés de la bifurcation d'un petit faisceau de l'axe principal. -Fic. 6. Section transversale de l'axe de l'un des épis digités du Chloridopsis Blanchardiana. Elle présente trois faisceaux, dont deux de moyenne taille, et un gros, inférieur sur la figure, qui est constitué par la réunion de deux faisceaux et se dédouble de distance en distance pour fournir des ramifica- tions aux fleurs unilatérales. Fie. 7. Section transversale d'un axe tertiaire d' Avena sterilis, à peu de dis- tance au-dessous de l'épillet. I,H, faisceaux dérivant du dédoublement d'un gros faisceau de l'axe secondaire. (4) Traité de botanique, trad. francaise, 176, Fic. Fic. Fic. DES AXES D'INFLORESCENCE DES GRAMINÉES. 157 8. Section transversale d'une ramification d'Agrostis nebulosa, prise au- dessous d'un épillet. L'axe fibro-vasculaire se trouve réduit à un faisceau unique. | 9. Section transversale d'une aréte de fleur d' Avena flavescens, passant un peu au-dessus de son point d'insertion. Elle présente, comme la figure précédente, un seul faisceau fibro-vasculaire central, notablement réduit. 10. Section transversale de l'axe d'un épi de Paspalum dilatatum. Les fais- ceaux, petits ou gros, y sont distribués plus irréguliérement que dans les figures précédentes. Toutefois, la symétrie se rapproche de celle d'une feuille, et est à peu près bilatérale. TRAITE DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT (SUITE) ANACARDIÉES. Il pouvait être intéressant d'étudier le développement de la plante qui a donné son nom à ce groupe de Térébinthacées, c’est-à-dire l'Anacardium occidentale L., dont l'organogénie est facile à suivre sur de jeunes inflorescences conservées dans l'alcool, telles que celles que m'a envoyées de Cochinchine M. de Lanéssan, jeune el zélé botaniste. Les inflorescences qui sont, dans les traités clas- siques, décrites comme des panieules terminales, sont des grappes ramifiées, tandis que celles des Mangifera, également dénom- mées panicules, sont formées de eymes, ainsi que l'a déjà reconnu Payer (Organog., 91). C'est déjà là un caractère différentiel entre les deux types dont les étroites affinités sont admises de tous et qui présentent dans le développement de leurs fleurs d'assez nom- breux points de ressemblances. Dans celles de l'Anacardier, le réceptacle, en forme de cône surbaissé, produit d'abord cinq sépales dans l'ordre quinconcial; aprés quoi, il présente une assez épaisse protubéranee en dedans du sépale 1 et exactement en face de sa ligne médiane. C'est le premier rudiment d'une étamine qui sera désormais à tout âge plus grande que toutes les autres, et il me semble que cette étamine se montre en même temps que la corolle ou peut-être un peu avant elle; ce que je ne puis affirmer jusqu'ici, l'apparition des pétales n'étant pas des plus nettes sur des fleurs conservées dans l'alcool. Leur apparition est d'ailleurs simultanée ; ils grandissent lentement, et se disposent dans le bouton en préflo- raison imbriquée. Après eux, se montrent quatre autres étamines alternipétales, puis cinq étamines, plus jeunes, superposées aux pétales et dont la naissance est simultanée. Alors, les dix pièces de l'androcée se voient disposées sur deux verticilles, représentées par TRAITÉ DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 459 des mamelons indépendants les uns des autres; mais toujours celui qui est superposé au sépale 1 est de beaucoup plus développé que les autres. Il en résulte un fait curieux pour la symétrie des ver- ticilles floraux. Un plan vertical qui passerait par le centre du réceptacle floral et par le milieu du plus gros des mamelons stami- naux partagerait évidemment l'androcée en deux moitiés symé- triques, laissant d'un côté : la moitié de la plus grande étamine, quatre petiles étamines et la moitié d'une petite. Ce plan, que nous pouvons appeler celui de l'androcée, couperait aussi la corolle en deux moitiés symétriques. Mais puisqu'il passe par le milieu du sépale 1 et par l'intervalle des sépales 2 et 5, il est facile de voir qu'il coupera suivant un angle de ;; de circonférence (ou de 36 degrés) le plan de symétrie du calice qui passe parle milieu du sépale 2 et dans l'intervalle des sépales 1 et 3. Ces deux plans, dans une fleur qui devient en partie irrégulière, sont done entre eux dans la méme relation que celui du calice d'une part, et, de l'autre, celui des corolle, androcée et gynécée dans plusieurs types irréguliers très-divers que nous avons signalés, comme les Casses, les Cuspariées, les Tapura, (Adansonia, IX, 212; X, 308; X1, 410) ; fait. assez surprenant et dont la véritable signification demeure encore inconnue. Les étamines sont longtemps libres ; bientôt on leur distingue une anthére introrse, biloculaire, déhis- cente par deux fentes longitudinales, et des filets indépendants ; mais. ceux-ci sont bientôt soulevés par un anneau basilaire qui les unit tous entre eux et qu'on décrit ordinairement comme un disque sur lequel ils seraient tous insérés, Toujours l'étamine née la pre- mière surpasse les autres en dimensions ; seule, trés-souvent, elle posséde une anthère fertile, les autres ne de à pas de pol- len dans leur tissu. Le gynécée n’est constitué que par une feuille carpellaire ; c'est d'abord un pelit croissant, légèrement excentrique, qui regarde par sa convexité la grande étamine fertile, son ouverture béante regardant la concavilé du pétale qui est diamétralement opposé au sépale 1. Puis ce jeune croissant s'élève comme une petite 160 TRAITÉ coquille, trés-analogue en ce moment au carpelle des Prunées ; après quoi, ses bords se rapprochent et ne sont plus séparés que par un sillon profond. C'est tout contre l'extrémité basilaire de ce sillon que se montre le placenta, sous forme d'un mamelon presque hémisphérique et dressé. Il s'éléve en un cóne dont le sommet s'incline légérement vers la concavité médiane de la feuille carpel- laire. Sur ce sommet se dessinent une, puis deux enveloppes. A cet âge donc, l'ovule est encore sessile, presque basilaire, presque orthotrope, avec le micropyle supérieur. Tout à l'heure, il va devenir le siége de modifications remarquables; en attendant, le sommet de la feuille carpellaire s'éléve et s'atténue en un style grêle, entier, dont l'extrémité, indivise, à peine renflée, se char- gera de petites papilles stigmatiques. L'ovaire prend rapidement une forme insymétrique. Comprimé d'un côté à l'autre de la feuille carpellaire, il présente deux bords, l'un ventral et placentaire, superposé à un pétale; l'autre dorsal, qui touche à la plus grande des étamines. Il n'y a donc dés lors qu'un seul plan de symétrie pour l'ovaire, celui qui coupe en deux moi- tiés le placenta et l'ovule lui-méme; et ce plan est encore celui de l'androcée. Suivant ce plan, les deux bords de l'ovaire s'élèvent inégalement, de facon que l'insertion du style cesse d'étre apicale. C'est le bord placentaire qui se développe le moins, tandis que l'autre se prononce au-dessous de la base du style en une gibbosité de jour en jour plus saillante. Cette déformation se produit simul- lanément dans l'intérieur de la loge ovarienne, et c’est là qu'elle présente un cul-de-sac dans lequel se loge la région la plus élevée de l'ovule. Celui-ci accomplissant alors un mouvement d'anatropie qui ramène son micropyle vers la base de la loge, tandis que du côté de la fente du carpelle se tourne son raphé, ce dernier serait exactement ventral si en méme temps la base de l'ovule ne présentait les particularités que nous allons maintenant exposer. L'ovule, en devenant anatrope, ne demeure pas longtemps sessile. Sa base d'insertion, sans changer de place, s'allonge en un funicule conique qui s'éléve presque verticalement dans la DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 161 cavité ovarienne, entrainant avec son sommet le hile ovulaire bientót presque aussi haut placé que sa chalaze. Alors l'ovule s'inclinant à angle presque droit sur le sommet de ce funicule, le raphé devient supérieur et quelquefois presque horizontal, tandis que le micropyle, dont la double ouverture tégumentaire est tou- jours distinete, vient s'appliquer contre le bord dorsal du funicule. Pendant ce temps l'ovaire n'a cessé de se déformer, le point d'in- sertion de son style se rapprochant toujours de la base de l'ovaire, ou, pour parler plus exactement, le point d'insertion du style ne changeant point de lieu, tandis que la gibbosité du bord non pla- centaire de l'ovaire se prononce et s'élève toujours davantage. ll se produit dans cette paroi ovarienne une inégalité d'accroisse- ment des diverses régions, avec courbure générale de l'organe suivant ses bords, de la méme facon que se produit la configura- ton réniforme de certaius ovules primitivement droits, comme ceux de beaucoup de Crucifères, par exemple ; de sorte qu'on peut dire que l'ovaire subit ici, et pour les mêmes raisons, un mouve- ment réel de campylotropie ; de méme que certains autres, à style finalement gynobasique, peuvent être considérés comme vérita- blement anatropes. Il y a, à ce moment, telle section presque transversale où légèrement oblique de l'ovaire qui présente une apparence particulière et dont on pourrait tirer cette conséquence que l'ovaire des Anacardiers possède deux cavités : l'une répon- dant à la loge fertile ; l'autre à une loge plus petite et stérile, comme il arrive effectivement dans plusieurs autres Térébinthacées. Mais il ne s'agit là que d'une apparence : les deux ouvertures appar- tiennent à une seule et même cavité ovarienne; la plus petite n'élant que la section de cette sorte de cul-de-sac qui répond à la gibbosité dans laquelle s'engage la région chalazique de l'ovule. Quant à l'ovaire considéré extérieurement, avec sa forme de haricot, et dont la dépression ombilicale porte la cicatrice du style détaché, il devient à la maturité la Noix d'Acajou, c'est-à-dire un achaine réniforme, rempli par une graine dont le micropyle et la radieule embryonnaire sont presque tout à fait inférieurs. Le funi- XI. (15 janvier 1874.) : 11 162 TRAITÉ cule ascendant. se retrouve jusqu'à la maturité, s'étendant de la base de la loge jusqu'au hile séminal, mais aminci, desséché et rejeté sur le côté de la base de la semence. Dans l'épaisseur du péricarpe, décrit comme tout à fait sec, se dessinent bientôt trois couches distinctes. Deux d’entre elles répondent à ses épidermes intérieur et extérieur qui, avec -les portions voisines du paren- chyme, s’épaississent et se lignifient ; si bien qu'il y a à l'extérieur un épicarpe résistant, et intérieurement une sorte de noyau mince dur et sec. Dans le mésocarpe se creusent de grandes cavités inégales à l'intérieur. desquelles s'amasse une gelée oléo-rési- neuse; jusqu'au bout le périearpe présente donc trois zones différentes. C'est à partir de l'époque où l'ovaire noue que commence le grand développement du pédoncule qui constituera la portion la plus considérable du fruit, celle qu'on appelle la Pomme d’ Ata- jou. Il s'agit au début d'un axe ordinaire dans lequel un étui de faisceaux fibro-vasculaires entoure une moelle parenchymateuse, et est lui-même enveloppé d'un parenchyme cortical. L'épaissis- sement du pédoncule est dù à l'aceroissement excessif de ces deux parenchymes, en même temps que les rayons médullaires s'élargissent aussi graduellement. Il en résulte une dissociation des faisceaux qui se portent en méme temps, sous forme d'anses à concavité interne, vers la périphérie de la Pomme. Ils sont alors distribués vers le milieu de la hauteur de l'organe, de la méme facon que ceux d'une tige de Monocotylédone, tandis que tout en bas, ou supérieurement, à la base du frait proprement dit, ils reprennent la disposition qu'ils doivent affecter dans un axe ligneux de plante dicotylédonée. Lorsqu'on cherche de quelle facon le tissu cellulaire de la moelle et des rayons médullaires subvient à cet énorme et rapide développement, on trouve que, de méme que dans bien des péricarpes charnus, les cellules, d'abord petites, serrées, toutes à peu prés égales entre elles, prennent ensuite, sans plus changer de nombre à partir d'un moment donné, des dimensions parfois énormes relativement DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 163 à celles qu'elles présentaient primitivement. Elles ne grandissent pas également dans tous les sens ; mais chaque faisceau fibro-vas- culaire est comme un centre à partir duquel elles s’accroissent ; de telle facon que leur plus grand diamètre est rayonnant par rapport à ce faisceau. En grandissant d'ailleurs, ces cellules accu- mulent dans leur cavité les matériaux qui donnent à la Pomme d'Anaecarde des propriétés médicamenteuses spéciales. CORYLÉES (1). M. Payer, qui fut mon maitre et le plus autorisé de nos organo- génistes, avait coutume de dire que « celui-là serait bien habile qui découvrirait le mode de développement des fleurs femelles des Coudriers ». Il y faut, à vrai dire, moins d'habileté que de méthode et de persévérance. Les voies de la nature sont ici sem- blables à elles-mémes, et l'évolution florale y suit la méme marche générale que dans les autres plantes. Les Corylées différent unique- ment des autres par une plus grande lenteur dans la succession des phénomènes ; si bien que c'est vers le mois de juin de cette année, par exemple, qu'il faut surprendre le début, puis suivre pas à pas l'évolution d'une fleur dont le fruit sera cueilli au mois de septembre de l'année prochaine. Les Noisetiers dont les fruits müriront en automne ont, dit-on, des fleurs femelles qui viis vers le mois de janvier de la méme année. Mais on sait qu'à cette époque, si l'on étudie les chatons femelles, on n'y voit les fleurs représentées que par deux longs styles, à extrémité pourprée et stigmatifére, unis à leur (1) Ce résumé est reproduit dans sa concision, tel qu'il a été présenté en 1873 à l'Académie des sciences (Comptes rendus, LXXVII, 61) et à l'Association fran- Çaise pour l'avancement des sciences (Comptes rendus, 1, 496, t. 9). Mais nous croyons devoir y joindre, pour la plus grande intelligence des phénomènes, quel- ques-unes des notes extraites du journal d'observations que nous avons tenu pen- dant plusieurs années consécutives sur ce sujet. Il y sera question, non-seulement de quelques espèces de Corylus dans lesquelles l'évolution est au fond la méme que dans le C. Avellana, mais encore des Charmes, dont lorganisation foncière n'est pas essentiellement différente. - 164 TRAITÉ base, dans une très-faible étendue, en une masse qu'entoure un très-petit calice et qui ne renferme ni cavité ovarienne, ni ovules. Les bolanistes ont remarqué avec étonnemeut cette singularité sans pouvoir se rendre comple du développement de la portion ovarienne du gynécée. Celui-ci obéit toutefois à celte sorte de loi qui veut que, dans un pistil, on voie d'abord émerger le sommet stylaire des feuilles carpellaires, puis la base des styles, et enfin la portion ovariennne. Les Corylus, rentrant dans la règle, ne différent de la plupart des autres végétaux que par la lenteur de l'évolution. Vers le mois de juin, ces fleurs femelles, qui montre- ront leurs styles rouges au mois de janvier suivant, naissent dans les chatons femelles, alors sessiles, dont l'axe porte des bractées alternes et imbriquées. Dans l'aisselle de chacune de ces bractées se développe un corps, d'abord entier, qui, né comme l'écaille des Coniféres, présente successivement les mêmes modifications de forme que cet organe, s'aplatissant de dehors en dedans, puis se partageant supérieurement en trois lobes, un médian et deux latéraux, Ces deux derniers l'emportent bientôt de beaucoup en volume, également comme dans les Abiétinées, et chacun d'eux devient le réceptacle d'une fleur femelle, réceptacle sur lequel se montre, dés l'été, un petit bourrelet circulaire, rudiment du calice. Puis, sur le sommet légèrement déprimé du même réceptacle, naissent deux petites feuilles carpellaires, opposées l'une à l'autre, limitant la fossette apicale, devenant connées à la base et ne pré- sentant alors qu'un sommet court et obtus; si bien qu alors le gynécée est tout à fait semblable à celui de la plupart des Coni- fères. Depuis ce moment jusqu'à la fin de l'hiver, les sommets des feuilles carpellaires ne font que s'allonger lentement et se gar- nir de papilles stigmatiques. Ce n'est qu'au mois de février ou de mars que; par suite de l'inégal accroissement de ses diverses portions, l'ovaire se creuse d'une cavité unique, de plus en plus profonde, béante au sommet, autour de laquelle les parois s'élévent lentement pour constituer en somme un ovaire uniloculaire. - Alors que cette sorte de puits qui représente la cavité ovarienne DU DÉVELOPPEMENT DE LÀ FLEUR ET DU FRUIT. 165 est complétement creusée; son fond, arrondi en cul-de-sac, répon- dant à la base même de l'ovaire: son ouverture, un peu plus étroite que le reste du tube, s'apercevant distinctement entre les bases écartées des styles, et sa paroi intérieure étant tout à fait lisse, les deux placentas apparaissent vers la fin du mois de mars. Ce sont deux cordons verticaux, ou deux piliers, alternes avec les styles, qui semblent se sculpter en saillie en face l’un de l'autre, mais dont la production est due à une inégalité d’accrois- sement dans l'épaisseur de la paroi. Ces piliers se terminent infé- rieurement par une extrémité obtuse, qui bientót présente plus d'épaisseur que le reste du placenta. Bientôt encore elle est par- tagée par un sillon vertical en deux saillies collatérales qui sont les premiers rudiments de deux ovules. On a donc alors, dans une cavité unique, quatre ovules qui se regardent deux à deux, sans se toucher encore, et, au-dessus d'eux, deux placentas pariétaux qui s'aplatissent en se rapprochant l'un de l'autre, et ne sont plus séparés sur une coupe transversale que par une fente en forme de boutonniére. Il est rare que les quatre ovules continuent de grossir égale- ment; le fait s'observe cependant, pendant une période assez lon- gue, dans certaines fleurs de Corylus et, plus souvent, dans celles des Carpinus. Plus ordinairement, un, deux ou trois des ovules s'arrêtent à une époque variable dans leur développement. Quand l'arrét de développement porte sur deux ovules, ce sont tantôt les deux ovules d'un méme placenta qui cessent de s’accroitre, et, plus fréquemment, un des ovales de chaque placenta, celui de droite pour le placenta postérieur, et celui de gauche pour l'anté- rieur, ou réciproquement. Il en résulte que la fente qui représente la coupe transversale de la cavité ovarienne, au lieu de demeurer rectiligne, comme dans la portion des placentas qui surmonte l'insertion des ovules, se trouve, au niveau de ceux-ci, avoir la forme de deux petits ares placés bout à bout et eoncaves du même côté, ou plus souvent celle d'une S. Quand done les deux placentas se sont rejoints sur la ligne médiane de l'ovaire, celui-ci présente 166 TRAITÉ deux loges, et les ovules qu'elles renferment appartiennent, ou au même placenta, ou à deux placentas différents. Quant aux défor- mations successives de l'ovule, elles sont telles qu'il est d'abord hémisphérique, avec son axe transversal; puis presque conique, obliquement descendant; puis anatrope, ovoide, avec une seule enveloppe et un mieropyle extérieur et supérieur. Quant au bourrelet calicinal, infère tant que le réceptacle sur lequel repose le gynécée représente supérieurement une plate- forme horizontale, il s'élève à mesure que ce réceptacle devient de plus en plus concave ; périgyne, quand le réceptacle est cupu- lilorme; épigyne ou à peu prés, quand l'inégal accroissement des parties a fait du réceptacle un véritable sac à ouverture relative- ment étroite, dans lequel est enchâssé l'ovaire devenu infére, et qui, à la maturité du fruit, constituera précisément la coque ligneuse qui entoure la graine des noisettes. Les mêmes phénomènes se produisent, avec des différences de détail, dans les autres genres de ce groupe, notamment dans les Charmes. Chez eux, seulement, la facon dont involucre se con- sütue autour du fruit, aux dépens des bractéoles latérales de la fleur, est bien plus manifeste, de méme que l'évolution de la masse molle interposée au péricarpe et à la graine et dont le mode de réósorplion a souvent été mal interprété, Dans toutes les Corylées, l'évolution des fleurs mâles, qui ne présente d'ailleurs aucune par- ticularité remarquable, commence avant celle des fleurs femelles. Voici maintenant les quelques détails d'observation qui peuvent servir à expliquer les faits sommairement rapportés ci-dessus. a. Corylus tubulosa. — Le 10 août 1869, l'ovaire avait la forme d'une petite coupe dont le bord était relevé à droite et à gauche en une courte corne obtuse et concave en dedans. À ce moment, l'ensemble de l'ovaire est exactement, comme forme et comme dimensions, ce qu'il est dans eertaines Polygonées et dans plusieurs Cupressinées. Autour de ce gynécée se voit un petit calice qui est un peu inégalement festonné. Les saillies correspon- DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 167 dent peut-être aux sommets de feuilles carpellaires, mais celles-ci n'étaient pas distinctes à une époque antérieure, quand le calice consistait en un pelit bourrelet circulaire et entier. Quand, sur le petit axe qui se trouve dans l'aisselle de la bractée, on voit les deux fleurs femelles à cet âge, on ne peut s'empêcher de comparer l'apparence générale de toutes ces parties avec celle des organes que nous considérons comme homologues dans les Coniféres, prin- cipalement dans les Abiétinées. b. C. Avellana. — Le h janvier 1865, le 1" février 1868 et le 16 février 1870, les deux fleurs placées collatéralement dans l'ais- selle de la méme bractée présentaient chacune : deux branches stylaires, à peine unies inférieurement, parcourues en dedans dans toute leur longueur par un sillon médian, et un réceptacle basilaire, en forme de cylindre court ou de tronc de cône ren- versé; le gynécée est posé sur la base supérieure, dont le pour- tour représente alors le calice, à peine saillant, beaucoup moins, en tout cas, qu'à une époque antérieure. c. C. Avellana. — Le2 avril 4868 et le 9 avril 1870, une sec- tion transversale de l'ovaire vers le milieu de sa hauteur présente la forme d'un anneau elliptique à paroi trés-épaisse. Le vide cen- iral, qui représente une ouverture à contour tout à fait parallèle à celui de la surface extérieure, est tout à fait régulier, sans aueune saillie intérieure; ce qui prouve qu'à ce niveau il n'y a qu'une loge à parois complétement lisses. Dans le Noisetier pourpré, à la méme époque, une section transversale pratiquée au niveau de la base des branches, présente une petite ouverture circulaire à.con- tour trés-net, répondant au sommet de la loge alors unique. : d. Le 24 avril 1868, quoique les placentas du C. Avellana ne ét pas très-saillants dans la cavité de l'ovaire, ou vit se des- siner, dans leur portion la plus large et la plus proéminente, un indice de sillon vertical très-peu profond, mais doni la teinte, 468 TRAITÉ relativement sombre, faisait ressortir en clair les deux lobes laté- raux séparés l'un de l'autre par cette sorte de rigole. Tout à faitau — bas du placenta, ces deux lobes s'arrondirent pendant les deux jours qui suivirent, et l'on put croire que chacune de ces extrémités arrondies et proéminentes allait devenir un ovule. Il n'en fut rien - deux jours encore aprés, lune des deux saillies s'était arrêtée dans son développement, tandis que l'autre avait doublé de volume. Cette dernière figurait un mamelon conique dont le sommet se portait déjà un peu en bas. Ce rudiment d'ovule était done dés lors descendant. Les mêmes modifications se produisaient en même temps sur l'autre placenta. Mais l'ovule qui, sur ce dernier, s'ar- rêtait dans son développement, était celui qui se trouvait vis-à-vis de l'ovule bien développé sur le placenta d'en face ; de façon qu'une coupe longitudinale du gynécée, pratiquée suivant la ligne médiane des deux styles, partageait l'ovaire en deux moitiés symétriques l'une de l'autre, dans le sens où l'entendent lesgéomètres ; et qu'en regar- dant par la face interne l'un queleonque des deux placentas, on voyait l'ovule le plus grand placé tout en bas à sa droite. e. Le 29 avril 1868, j'ai observé une singulière anomalie dans une inflorescence femelle du Coudrier à feuilles pourprées. Dans Vaisselle de la plus inférieure des bractées fertiles du chaton, il y avait, non pas deux, mais trois fleurs. Les deux fleurs latérales étaient normales. Leur ovaire contenait déjà des placentas saillants. Il en était de méme de celui de la fleur médiane. Mais ce dernier était surmonté, non pas de deux styles, mais d’un style ordinaire et d'une étamine biloculaire, parfaitement bien eonformée et regardant par sa face le style dont nous venons de parler. Cette étamine allait s'ouvrir, et l'on peut admettre qu'en dehors de tout autre organe mâle à cette époque, elle eût suffi à assurer la fécon- dation des fleurs femelles contenues dans ce chaton ou dans d'autres. En un mot, il peut arriver aux Coudriers, comme à toutes les plantes à sexes séparés, de présenter accidentellement des fleurs hermaphrodites. DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 169 f. Le 8 mai 1868, le Corylus macrocarpa avait un ovaire fertile, aussi large que long et tout couvert, dans sa portion supérieure, d'un duvet blane assez épais pour cacher complétement sa surface à ce niveau. Il renfermait deux loges, séparées l'une de l'autre par une épaisse cloison. Mais celle-ci n'était pas d'une seule pièce; on pouvait toujours, à l'aide d'une légére traction, la séparer en deux moitiés répondant chacune à un des placentas venus de la périphérie. Lorsque les ovules appartenaient, comme c'était le plus ordinaire, chacun à l'un de ees deux placentas, la surface de séparation de ces derniers était manifestement oblique. Chaque loge contenait un ovule suspendu, un peu rétréci à sa base, puis renflé et arrondi en bas à son extrémité libre, de manière à être irrégulièrement piriforme. A cette époque, on voyait un miero- pyle circulaire vers le bas de la face de l'ovule tournée du côté de la paroi convexe de chaque loge. Au fond de cette ouverture à parois circulaires très-épaisses, apparaissait le nucelle, à peu prés hémisphérique, à base intérieure, à grand axe horizontal, à som- met arrondi regardant directement en dehors. Deux jours plus tard, l'ouverture exostomique avait un peu changé de forme ; elle était devenue une sorte de boutonnière ver- ticale. Le nucelle présentait un sommet plus conique, et la direc- lion de son grand axe s'était éloignée de l'horizontalité, pour deve- nir plus oblique de haut en bas et de dehors en dedans. g. C. macrocarpa. — Le 40 mai 1869, l'ovule avait la forme d’une courte massue ovoide à manche supérieur. Tout près de son sommet obtus, un peu en dehors, trois ou quatre jours aprés, se montrait comme une petite papule surbaissée. Bientôt la base de ce petit cône était séparée du reste de l'ovule par un petit sillon circulaire dont le bord extérieur représentait la première trace de l'exostonie. Plus tard, ce bord, épaissi en bourrelet, entourait complétement le petit sommet du nucelle qui graduellement - avait remonté vers le milieu de la face extérieure de l'ovule. Dans le Carpinus orientalis, dont Vovule se développe, en somme, 170 TRAITÉ comme celui des Coudriers, cet ovule, vu de profil, avait, le 23 avril 1868, la forme d'un sein. Le 9 mai, il était déjà pendant, altaché par une assez large base, mais arrondi et tout à fait lisse dans sa portion libre. Deux ou trois jours plus tard, on voyait poindre sur celle-ci, en dehors, un mamelon obtus, lequel plus tard s'entourait aussi d'un petit bourrelet rudimentaire (exostome). - h. C. Avellana. — Au moment même où l'ovule est compléte- ment formé dans les fleurs de cette année (1873), c'est-à-dire où le micropyle est réduit à un petit pertuis, plus ou moins régulier, l'inflorescence mâle de l'année prochaine est en grande partie formée; elle représente un cône dont les deux tiers au moins sont chargés de petites bractées, insérées dans l'ordre spiral, tandis que son sommet obtus est encore glabre, lisse et sans appendices. Il y a des étamines rudimentaires dans l'aisselle des bractées inférieures. ; i. On a souvent considéré la cavité ovarienne des Noiseliers comme se creusant au milieu d'une mosse primitivement pleine et dans laquelle l'ovule se sculpterait, pour ainsi dire, aux dépens d'un parenchyme qui primitivement occuperait la totalité de la cavité de l'ovaire. Cette idée malencontreuse est surtout née de la eomparaison qu'on a faite des Noisetiers avec les Loranthacées dans lesquelles on avait inexaetement supposé l'existence primitive d'un ovaire plein; ce qui n'existe à aueune époque, l'ovaire des Viscum étant au premier àge formé de deux feuilles carpellaires coneaves etse trouvant largement béant à sa portion supérieure. Le tissu brun et mou, inégalement déchiqueté, qui se trouve entre la graine et la paroi du périearpe dans la Noisette müre, n'est autre chose, comme ou peut le voir par les figures qui accompagnent ce travail, que la plus grande portion de la paroi elle-méme, l'endo- carpe, par conséquent, et même, si l'on veut, une certaine partie des couches profondes du mésocarpe. Avant toute dislocation de ces couches, il est facile de voir que les loges ovariennes sont trés-exactement délimitées en dehors, et qué la paroi de l'ovaire DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT, 174 infére se distingue de celle de la plupart des plantes par sa très- grande épaisseur. Remarquons, par conséquent, que dans son évolution, la paroi du péricarpe se comporte ici tout à fait à Pin- verse de celle d'une drupe ordinaire. C'est ici en dehors que le tissu devient dur à l'égal d'un noyau, et en dedans, au contraire, que persiste la consistance molle primitive, laquelle, on le sait, se conserve et même se prononce davantage pendant la maturation dans un fruit drupacé. J. Nous avons dit que le développement des fleurs femelles était sensiblement le méme dans les Charmes que dans les Coudriers. On pouvait s'en douter, sachant les grandes ressemblances d'orga- nisation que présentent les fleurs adultes dans les deux types. Ils ne différent en réalité l'un de l'autre que par la configuration de la bractée qui accompagne le fruit, l'involucre étant fermé, en forme de sac, dans les Noisetiers, et représentant une lame trilobée, plus ou moins étalée, dans les Carpinus. Dans le C. orientalis, entre autres, cette bractée a une insertion très-variable comme largeur etelle est trés-inégalement découpée. L'ovaire arrive promptement, comme dans les Noisetiers, à une grande profondeur, et tel i! se présente à la fin d'avril et de mai où, sous forme d'un puits étroit, il arrive, par son cul-de-sac inférieur, jusqu'au-dessous du bord du calice. Celui-ci est aussi, comme celui des Coudriers, peu saillant et, comme on dit, adhérent à l'ovaire. Son bord supérieur, peu proéminent, au lieu de représenter un annean à peu prés horizon- tal, est obliquement et trés-inégalement déchiqueté, Au moment où les deux placentas sont bien visibles sur les parois de la cavité ovarienne, celle-ci n'oceupe guère en hauteur que le tiers ou le quart de la masse de l'ovaire; et toute la portion pleine, celle qui dans les Noisettes devient le détritus brun et mou de l'intérieur de la coque, est blanchâtre, résistante, parcourue suivant toute la hauteur de son axe d'une ligne blanche verticale. Les ovaires jeunes renferment souvent quatre petits ovules, disposés deux à deux, en bas et sur les côtés des placentas; souvent aussi trois, où 472 TRAITÉ deux, soit sur un même placenta, soit chacun sur un placenta dif- férent. Quand l'ovule est un peu grand, quoique réduit encore au nucelle, il prend la forme d'un sein légèrement tombant, et le sommet nucellaire, qui bientót sera séparé du reste de la masse par un petit bourrelet exostomique, répondra à peu prés au milieu du bord saillant et dorsal de l'ovule. L'ovule presque adulte a à peu prés la forme d'une poire suspendue, et c'est plus haut que le mi- lieu de son bord dorsal qu'on aperçoit la fente courte, souvent irréguliére, de l'exostome, entre les lévres duquel on voit le som- met obtus, légérement recourbé du nucelle. k. A-t-on fait remarquer dans les Corylus cette tendance au développement très-lent des parties, commençant par leur portion supérieure et se propageant tardivement vers leur base ? Dans les fleurs femelles, elle est manifeste, puisque la portion ovarienne du gynécée ne se constitue que de longs mois aprés sa portion stylaire. Elle ne l'est pas moins dans le support méme de l'inflo- rescence, puisque, tandis que les chatons femelles sont presque sessiles à l'époque de la floraison, les fruits sont portés tout à l'extrémité d'un rameau chargé de feuilles, dont l'évolution est, on le sait, trés-tardive. EXPLICATION DES FIGURES. Ptancae VI Vic. 4. Bourgeon foral femelle : coupe longitudinale, montrant l'axe de l'in- llorescence, les bractées, et, dans l'aisselle de certaines d'entre elles, un petit rameau qui portera deux fleurs femelles (observations du 45 juin au 20 juillet). Fie. 2. Une bractée et le petit axe qui occupe son aisselle, encore simple (du 20 juin au 40 juillet environ). Fic. 3. Le petit axe commençant à se trilober. Fic. 4. Les deux lobes latéraux du petit axe s'accentuant plus que le médian (ordinairement de beaucoup) et chacun d'eux devenant un eee floral latéral distinct. Fic. 5. Le pelit axe, dont les deux lobes latéraux (récoptacles d'une fleur) subsistent à peu près seuls. 2 Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. F P Fic. Fic. Fic, Fig, Fic. Fic. Fic, Fic, DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 173 6. Les deux réceptacles uniflores se sont entourés d'un petit bourrelet circulaire (calice). 7. Au-dessus du calice, les réceptacles floraux présentent à leur sommet une pelité dépression, premier indice de la cavité ovarienne (du 40 au 25 juillet environ). 8. Même groupe de deux fleurs; chacune d'elles présente au-dessus .du calice les deux feuilles carpellaires plus élevées, — connées infé- rieurement. 9. Une fleur femelle, plus âgée encore et dans laquelle, au-dessus du calice, les deux feuilles carpellaires se sont élevées davantage, connées inférieu- rement et séparées plus haut par une fente assez profonde (du 15 au 30 août). 10. Fleur femelle, en automne. Les deux feuilles carpellaires, réduites encore aux styles, se sont allongées en deux corps claviformes, chargés de papilles stigmatiques; elles sont portées sur une petite base commune, entourée supérieurement du calice, formant un bourrelet circulaire trés- oblus, et enveloppée inférieurement des bractéoles qui constitueront l'in- volucre ou sac de la noisette. 11. Fleur femelle, à l'époque dite de l'épanouissement. Il n'y a pas trace de loge ovarienne. Les deux styles, trés-longs et rouges, libres, surmontent une pelite masse réceptaculaire déprimée, que.couronne un bourrelet calicinal à peine développé (du 45 février au 8 mars environ). 12. Section longitudinale de la fleur femelle, passant par le milieu des styles et montrant que la base des sillons médians de la face interne de ceux-ci s'est dilatée en une petite poche ou puits unique (cavité ovarienne), ouvert supérieurement (fin mars à fin avril). 43. Section longitudinale perpendiculaire à celle de la figure précédente, et montrant la dilatation inférieure (demi-loge ovarienne) du sillon longi- tudinal d'un des styles. 14. Section transversale de l'ovaire, vers le haut du puits ovarien, dont on voit l'orifice, 15. Coupe longitudinale d'une fleur plus âgée. Sur la paroi de la loge, dans l'intervalle des deux styles, on voit la saillie placentaire verticale. Le fond de la cavité est à peu prés au méme niveau que le calice. 16. La base d'un des placentas commençant à se gonfler pour constituer le rudiment des deux ovules. L'insertion du calice est un peu cmm élevée que le fond de la loge (1*" mai environ). 17. Fleur à peine plus âgée, entourée de son involucre. Le calice s'est encore un peu plus élevé relativement à l'ovaire. 18. Section longitudinale d'une fleur du méme âge à peu prés, et dans laquelle un des ovules s'est déjà arrété dans son développement, l'autre s'étant seul allongé en forme de cône (26 avril). 19. Section transversale d'un ovaire dont les deux placentas pariétaux portent chacun deux dilatations ovulaires, latérales au début. 17% Fic. Fic, / TRAITÉ DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 20. Ovaire plus âgé. Le calice s'est élevé jusque vers le milieu de la hau- teur de la cavité. 21. Section longitudinale de la même fleur. Le fond de la loge est bien plus bas que le calice, Sur un même placenta, deux ovules égaux en déve- loppement et dont le cône nucellaire présente déjà, prés de son sommet, . un commencement d'enveloppe (7 mai). Fic. Fig; Fic Fig. Fie. Fig. Fic. Fic. Fic. Fic. 22. Section transversale d'un ovaire où deux ovules se sont développés également sur un méme placenta ; ceux de l'autre placenta ont avorté, 23. Section transversale d'un ovaire où chaque placenta n'a plus qu'un ovule, l'un à droite, l'autre à gauche (cas le plus ordinaire). 24, Ovule descendant. Apparition de l'enveloppe prés de son sommet nucellaire. 25. Ovule plus âgé. Le sommet du nucelle enveloppé déjà d'un bourrelet circulaire. 25'. Le gynécée, coupe longitudinale à l’époque où les ovules ont l'enve- loppe apicale. Le calice répond presque au sommet de l'ovaire. 26. Ovule plus âgé. Le micropyle, fermé, punctiforme, s'est rapproché de la base de l'ovule. 27. Ovule à nucelle recouvert ; section longitudinale. 28. Ovule plus âgé encore. Exostome fermé; coupe longitudinale. 29. Fleur dont le style flétri est entouré du bourrelet calicinal tout à fait supére (épigyne). En bas, la cicatrice de l'involuere enlevé. 30. Coupe longitudinale de là méme fleur. En bas, l'involucre coupé en long. Deox ovules dans l'ovaire, et, au-dessous d'eux, la masse parenchy- mateuse énorme qui consiitue le tissu du réceptacle floral, et qui, se raré- fiant plus tard, a été attribuée, à lori, à une masse intraloculaire dans laquelle se sculpteraient, pour ainsi dire, par résorption du tissu, les ovules ou les graines, STIRPES EXOTICÆ NOVJE (CONTINUE DU VOL. X, P. 345). 75. Mappia PogPPIGIANA. Frutex, ut videtur, ex omni parte glaber; ramis gracilibus (an scandentibus?) striatis. Folia remote alterna, breviter (1-12 cent.) crasseque (ad + cent.) petiolata, ample elliptica (ad 30 cent. longa, 12 cent. lata), basi æquali- v. leviter inæquali-rotundata, apice rolun- data v. brevissime acuminata, integerrima coriacea erassa penni- nervia reticulato-venosa, supra lucida lævia, subtus pallidiora. Flores polygami parvi crebri racemosi ; racemis terminalibus et ad folia Suprema ramuli supraaxillaribus, laxe ramosis; pedicellis apice articulatis pauloque subtus bractea subulata sepe munitis. Calyx brevis, 5-dentatus. Petala 5, valvata, apice inflexa. Stamina totidem (in flore fæmineo sterilia); filamentis gracilibus ; antheris ovato- apiculatis, introrsum rimosis. Discus parvus. Germen (in flore masculo rudimentarium) ovoideo- acutatum, pallide pubescens (ad 2 cent. longum), 2-ovulatum ; stylo subapicali germine paulo longiore filiformi, ad apicem incurvo ; summo apice leviter dila- tato oblique secto stigmatoso, convexitate longitudinaliter sulcato. Fructus... ? — Oritur ad Yuri maguas prov. Maynas, ubi leg. b. Peoppig, n. 2339 (Herb. Mus. par. et Endl., nunc Mus. vindob.). 76. ALCHORNEA DuPARQUETIANA. Frutex, ut videtur, glabrescens; ramis pallide fuscatis. Folia allerna ovato-acuta v. breviter acuminata (ad 6 cent. longa, 5 cent. lata), basi rotundata v. nune leviter cordata ; summo apice obtu- salo v, tenuiter apiculato ; subintegra v. remote serrulata submem- branacea penninervia, basi 3-nervia, reliculato- venosa, supra glabra, subtus pallida et ad costam parce setosa; petiolo brevi - 176 STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. (ad + cent, longo) uti rami juniores parce hispido-setoso ; stipulis seliformibus petiolo paulo brevioribus. Flores (viridi-lutescentes) terminales (an dioi?) spicati; spicis masculis cymiferis. Calyx valvatus, 4-partitus. Stamina 6-8, centralia inæqualia ; filamentis ima basi connatis; antheris subovatis, introrsum rimosis. Flores fæminei in axilla braetearum spicæ cordatarum basique 2-glandu- losarum solitarii sessiles; sepalis 4-7, inæqualibus, imbricatis ; germine subgloboso, 3-loculari ; styli ramis 3, dilatato- compressis longe (ad 4 cent.) triangulari-subulatis, ima basi connatis. Cap- sulæ subglobosæ ($ cent. longæ), 3-coccæ glabræ; semine pisiformi glabro exarillato. — In Gabonia leg. cl. Duparquet (exs., n. 146), ad planitiem dietam Bonando (Herb. Mus. par.). Ops. — Pycnocomatis minoris (M. arc., Prodr., 951) forma conspicua a cl. Griffon du Bellay (exs., n. 46, 78) in Gabonia bares est. 71. Uapaca Boseri. Frutex, ut videtur, ramis teretibus glabris, ad apicem leviter incrassatis ibique foliis congestis approximate alternis onustis. Folia obovata v. oblongo-obovala (ad 4-6 cent. longa, 2 cent. lata) subsessilia, basi plus minus, nunc longe angustata, apice rotundata, integerrima glaberrima subcoriacea ; costa nervisque primariis remolis obliquis vix prominulis. Flores diceci. Inflore- scentiæ mascule in axillis supremis solitariæ, longiuscule (ad 2 cent.) slipitatæ, pisiformes ; bracteis ad 8, valde imbricatis eo longioribus et tenuioribus quo interioribus ; exterioribus h, 2- cussatis, ovatis v. ovato-laneeolatis ; cæteris suborbicularibus. Flores sessiles ; calycis gamophylli lobis brevibus obtusis. Stamina circa gynæcei rudimentum crassum obconico-infundibuliforme et apice 2e-fidum inserta ; filamentis brevibus latiusculis ; antheris erectis subobovatis obscure li-gonis. Flores féminei subsessiles v. breviter stipitati ; germine 3-loculari ; styli ramis 3, summo germine recurvis, apice oc-fidis. Fructus (immaturus) obovoideus glaber carnosulus (ad 4 cent. longus), disco persistente annulari basi munitus. — Crescit in montibus provinciæ madagascariensis STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 177 Imamou, ubi leg. Bojer (Herb. Mus. par. et Kew) ubique verna- cule audit Thapia. 78. APOROSA FICIFOLIA, Arborea, ut videtur; ramis ramulisque, uti planta fere tota, scil. petioli, foliorum pagina inferior, cost? et nervi (ad paginam superiorem), inflorescentiæ, calyces fructusque, dite pallide ferru- gineo-villosis. Folia breviuscule (ad 2 cent.) petiolata, basi stipulis e cicatricibus ramulorum annulatis notatis munita, ample elliptico- ovala v. breviter sublanceolata (ad 18 cent. longa, 8 cent. lata), plerumque basi et apice breviter acutata v. nune acuminata, inte- gerrima; margine reflexo; subcoriacea penninervia venosa ; nervis reticulatis cum costa valde villosis subtusque prominulis. Flores, ut ingenere, parvi; amentis masculis axillaribus petiolo subæqualibus; bracteis brevibus obtusis arcte imbricatis plurifloris; sepalis 4, v. rarius 5, ciliatis. Stamina 2, 3, circa rudimentum gynæcei mini- mum (v. nunc sepius haud conspicuum) inserta ; antheris breviter ellipticis, leviter introrsum rimosis. Flores fœminei in axillis sub- capitato-congesti brevissime stipitati; calyce ssepius 4- partito ; germine parvo. globoso ; styli ramis 2-fidis valde papillosis recur- vis; ovulis 2 (succo puniceo imbutis), obturatore crasso sibi multo majore obteetis. Capsulæ globos: (1 + cent. longs) dense villosæ ; endocarpio ligneo pallido ; seminibus (immaturis) oblongis glabris (nigrescentibus). — Species eximia oritur in ditione cochinchi- nensi, hueusque, ut videtur, a solo Lefèvre in colonia gallica reperta. (exs., n. 986, 530, 537), liaud procul a Saigon, loco dicto Point A (Herb. Mus. par.). 79. XYLOPIA PANCHERI. Fruticosa glabra; ramis rugulosis v. verruculosis dense griseis V. fuscatis. Folia breviter (2- 1 cent.) petiolata, oblongo-ovata, basi breviter angustata, ad apicem longe aeutata; summo apice obtusiusculo; integerrima coriacea crassa glaberrima penninervia XI. (4 mars 1874.) 12 158 STIRPES ‘EXOTICÆ NOVAE, reticulato-venosa, supra lucida (pallide virescentia), subtus in sicco pallide ferruginea (ad 8 cent. longa, 3 cent. lata). Flores majus- culi (ad 2, 3 cent. longi) axillares, solitarii v. 2-ni; pedunculo petiolo longiore (ad 1 cent.), a basi ad apicém incrassato, cicatrici- bus paucis bracteolarum notato; perianthio fere X. æthiopicæ. Calyx brevis gamophyllus; dentibus 3-brevissime acuminatis. Petala calyce multo longiora ; interiora exterioribus conformia paulo breviora ; omnia valde elongato-cuneata, intus sulcata, extus costata albido-velutina, valvata, sub anthesi plus minus patentia. Stamina oo , erecta ; connectivo ultra loculos lineares dilatato sub- truncato v. Ares pyramidato. Carpella pauca (6-8) receptaculi concavitati centrali inserta ; germinibus omnino inclusis, 2-seriatim pauciovulatis; stylis e basi valde angustata subclavatis, ad apicem angustatis, incurvis intusque longitudinaliter suleatis. — In Austro- Caledonia leg. cl. Pancher (herb !). 80. XYLOPIA PALLESCENS. Frutex humilis (« 2, 3-metralis ») ; ramis pallidis cinerascen- tibus, uti planta fere tota glaberrimis; floribus ignotis, sed quoad fructum X. Vieillardi valde affinis (inde ad genus relatus). Folia (in sicco) pallescentia albido-virescentia, subtus glaucescen- tia elliptica (ad 5 cent. longa, 2 $ cent, lata), brevissime (3-5 mill.) petiolata, basi plerumque breviter angustata, apice obtusata sub- rotundata, integerrima coriacea crassa penninervia ; venis dite reticulatis in sieco utrinque prominulis; costa (fuscescente) subtus magis prominula. Fructus (ad 3 cent. longi, 2 cent. lati) breviter (1 cent.) erasseque (4 mill.) stipitati subumbellati pauci, e basi breviter angustata subovoidea inæquali-compressi, apice obtusi, in sicco coriaceo-subbaccali nigrescentes glaberrimi ; odore piperito grato; endocarpio düriuseulo (cinnamomeo) e dissepimentis spu- riis obliquis paucis locellato ; seminibus in singulis solitariis (imma - turis) nigrescentibus glabris, — Oritur in Austro-Caledoniæ collibus ferrugineis ad orientem « Messioncoué , prope Port Bouquet» , ubi legit Balansa (exs. , n. 1776), decembre fructiferain. STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 179 81. Evopia (MeuicoPe) ViriLLARDI, Frutex demum glabratus ; partibus omnibus junioribus tenuiter fulvido-velutinis. Folia opposita, longiuscule (3, 4 cent.) petiolata digitato-3 -foliolata; foliolis lanceolatis (ad 4-6 cent. longis, 4 cent. latis); terminali regulari, basi longe attenuato ; lateralibus autem sessilibus, basi inæqualibus; nervis venisque pinnatis fulvido-- villosulis. Flores axillares villosi pedicellati, solitarii v. pauci cymosi. Calyx h-phyllus; foliolis 2 exterioribus crassioribus valvatis ; interioribus autem 2, cum precedentibus decussatis, marginibus multo tenuioribus. Petala 4, valvata. Stamina 8, 2-seriata; filamentis complanatis ciliolatis; antheris introrsis subsagittatis mulicis. Carpella 4, disco continuo circumcincta ; germinibus liberis, 2-ovulatis ; stylis totidem apicalibus mox inter se coadunatis, apice capitellato stigmatosis. Fructus cocci 4 (ad 1 cent. longi), sepalis petalisque accretis linearibus persistentibus muniti, sublignosi ; valvis semi-ellipticis lignosis, intus purpuras- centibus levibus, extus pallidis venosis, Semina lævia ; testa extus glabra durissima ; albumine parco ; embryonis subæqualis radicula cylindrica supera; cotyledonibus foliaceis ellipticis. — Oritur in Austro-Caledonia, circa Balade, in montium sylvis, ubi leg. cl. Vieillard (exs., n. 941, 296). 82. Evonia (MELICOPEASTRUM) LASIONEURA. Frutex debilis (3-metralis); ramis junioribus cum petiolis costaque et venis ad limbi paginam inferiorem densiuscule fulvido- v. pallide fuscato-villosulis. Folia opposita longiuscule (2, 3 cent.) petiolata, digitatim 1-3-foliolata; foliolis oblongo-ellipticis, basi (in lateralibus inæquali) rotundatis v. angustatis, apice obtusis v. - rarius acutiusculis, penniveniis reticulatis (ad 10-15 cent, longis, 3-5 cent, latis). Flores axillares solitarii; pedunculo brevissimo (5-1 cent.), 2-bracteolato erecto. Sepala 4, alternatim imbricata. Petala multo longiora crassiuscula valvata ; apice inflexo. Stamina 1860 STIRPES EXOTICÆ NOVAE, 8, sub disco subannulari inserta ; filamentis compressis ad apicem paulo latioribus; oppositipetalis brevioribus; antheris ovatis, introrsum rimosis. Carpella 4, oppositipelala ; germinibus 2-ovu- latis, nisi ima basi liberis; stylis totidem terminalibus, apice globoso-capitatis, inter se cohærentibus, jure liberis. Fructus cocci li, basi tantum connati, demum stellatim patentes ; exocarpii solubilis parenchymate demum evanido ; reto nervorum persis- tente; endocarpii valvis elasticis subpergamentaceis (ad 1 cent. longis). — Viget in ditione austro-caledonica ubi julio floriferam fructiferamque legebat Balansa (exs., n. 3536), inter sylvas supra Ourou£, ad ostium fl. Dotio (Herb. Mus. par.). 83. CASSINOPSIS MADAGASCARIENSIS. Frutex, ut videtur, glaberrimus (adspectu | Ce/astracarum) ; ramis teretibus ad folia subnodosis. Folia opposita, breviter (ad. 1 cent.) petiolata elliptica v. subobovata (5 cent. longa, 2 + cent. lata) utrinque obtusata subintegra v. repande crenata penninervia, supra lucida lævia, subtus opaciora ibiqué costa nervisque promi- nulis notata. Flores ad folia ramulorum superiora axillares, in eymas repetito-2-chotomas, basi nudatas, dispositi parvi ; sepalis 9, imbricatis, basi connatis. Petala 5, imbricata, ima basi fila- mentorum ope leviter coalita. Stamina hypogyna 5; filamentis gracilibus; antheris introrsis, 2-rimosis. Germen breve superne in stylum brevem attenuatum ; ovulis 2, descendentibus; micropyle introrsum supera; summo stylo subæquali- v. sæpius latéraliter inæquali-stigmatoso, sæpe sub-2-lobo. Fructus...? — In Mada- gascariæ monte Antoungoun, prov, Emirne leg. b. Bojer (Herb. Mus. par.) — Species de qua forte cl. Bentham et Hooker (Gen., 854) verbum fecere. 8h. BALSAMEA ZANZIBARICA, Arbor balsameus (resinam odoratam scatens) ; ramulis teretibus ad folia nodulosis per menses nonnullos, ut aiunt, defoliatis, STIRPES EXOTICÆ NOVAE, 181 Folia alterna imparipinnata, pro genere magna (juniora visa ad IO cent. longa), ea Az/anti glandulosi nonnihil referentia ; foliolis ad 9, oppositis petiolulatis, e basi rotundata v. subcordata ovato- acuminatis (ad 10 cent. longis, 5 cent. latis) ; petiolulo glabro (ad 1 cent. longo); foliolo terminali basi æquali ; lateralibus subinze- quali-cordatis ; omnibus sinuatis v. repande crenatis, nunc subin- legris membranaceis penniveniis (læte viridibus). Flores ad folia suprema (vix evoluta) ramulorum axillares in racemos graciles (ad 10 cent. longos) glabros, basi nudatos, remote eymosi; cymis paucifloris. Flores (ad $ cent. longi) utin genere ; calyce gamophyllo valvato ; petalis 4, apice recurvis ; stylo apice capitato obtuse 2- lobo. Fructus (immaturus) ovoideo-compressus breviter apiculatus (ad 2 cent. longus); exocarpio glabro carnoso solubili ; putamine ligneo (albido). — Species in genere conspicua. E succo resinoso diu sub terra latente oritur, ut aiunt, substantia quae sub nomine Encens v. Gomme Copal legitur in patria, scil. in Zanzibaria, ubi ab incolis utitur uti remedium balsamieum vernac. audiens San- daroussi, et ubi legit b. Jablonski, anno 1867 (Herb. Mus. par.). 85. PISTACIA OCCIDENTALIS. Arbor glabra; ramis teretibus lenticellatis, griseis v. pallide fuscescentibus. Folia remote alterna imparipinnata, plerumque 7- foliolata ; foliolis magnis (ad 12 cent. longis, 7 cent. latis) breviter (ad 1 cent.) crasseque petiolulatis, ellipticis v. oblongo-ellipticis, utrinque rotundatis v. breviter acuminatis ; lateralibus basi leviter inæqualibus ; integris coriaceis crassis penniveniis ; nervis venis- que dite reticulatis, subtus prominulis. į Flores ignoti. Fructus in racemos axillares crassos inæquali-ramosos folio paulo breviores dispositi ; pedicellis lignosis apice orbiculari-dilatatis (ad 2 cent, longis). Fructus inæquali-ovoideus (ad 3 cent. longus, 1 + cent. latus) hine subcarinatus; mesocarpio parco; putamine tenui subpergamentaceo. Semen (immaturum) ut in genere, placentæ prominule subcarinatæ insertum. — Species, ut videtur, P. verc proxima (nisi hujus forma mera americana tropiea), nondum, 182 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. ut videtur, hucusque descripta, crescit in ditione mexicana australi ubi leg. Hahn, in Antillis (Sieber), necnon in Maracaibo (Plée). 86. SwopiNGIUM ÁANDRIEUXII, Frutex, utfvidetur, glaber; ligno molli, Folia ad summos ramulos conferta alterna imparipinnata longe petiolata, juniora tantum visa (ad 20 cent. longa) pinnatim co -foliolata; foliolis alternis elongato-subtrapezoideis sublanceolatis, basi et apice acutalis sessilibus argute serratis, subtus pallidis membranaceis (ad 3 cent. longis, 4 cent. latis). Inflorescentiæ fasciculato-ramosæ, foliis breviores; calycis persistentis gamophylli dentibus brevibus obtusis. Stamina calycis dentibus opposita persistentia brevia; - antheris, ut videtur effætis; flores inde verisimiliter polygami. Fructus fere ut in specie africana (ad 4 cent. longus latusque) compresso-2-dymus, margine suborbiculari membranaceo-alatus, apice emarginatus, glaberrimus valde lucidus levis, gracillime stipitatus ; putamine subchartaceo utrinque nigro-vittato; semine embryoneque generis. — Species in herbariis valde manca, in ditione mexicana, anno 1834, ab Andrieux (exs., n. 184) lecta fuit (Herb. Mus. par.). : 87. Swopiweuw VinLETII, Frutex v. arbor quoad inflorescentiam et fructus praecedenti et speciei capensi omnino conformis. Folia, ut videtur, valde diversa, ea Sapindacearum v. Terebinthacearum multarum referentia,longe petiolata ; petiolo basi inerassato ; foliolis 6-jugis sessilibus ; jugis inferioribus remotis; superioribus autem multo magis approxi- matis; limbo folioli articulato inæquali-obovato subtrapezoidali, apice rotundato, basi oblique cuneato, emarginato, cæterum coriaceo pennivenio ; foliolo terminali æquali-obovato, lateralibus 2 superioribus arete contiguo. — Species male nota (certe autem hujus generis) in prov. mexicana Sancti Ludovici legebat cl. Viret d Aoust (exs., n. 1044). | (Sera continué.) ` ORGANOGÉNIE DE LA FLEUR DANS LE GENRE SALIX Par M. P. L. AUBERT, Pharmacien de 1** classe. IxrLoRESCENCE. — Lorsque, au mois de mars ou au commence- ment d'avril, on examine une branche de Saule, on remarque : d'une part, des fleurs máles ou femelles en chatons, qui provien- ment des bourgeons floraux de l'année précédente ; d'autre part, de petits rameaux qui se sont développés dans les bourgeons, à feuilles également, de l'année précédente, et qui déjà eux-mémes portent des bourgeons, soit à fleurs, soit à feuilles, lesquels bourgeons ne donneront des fleurs ou de nouveaux rameaux foliacés que l'année suivante. Les bourgeons floraux qui ne doivent fleurir que l'année sui- vante, apparaissent déjà solitaires à l’aisselle des feuilles. Ils sont constitués par une enveloppe assez résistante, contenant, soit un chaton mâle, soit- un chaton femelle dont la surface est lisse au début; mais peu à peu et à partir de la base, il se forme de petits mamelons réguliérement disposés, alternes entre eux, qui finale- ment deviennent des écailles ou bractées membraneuses à la base desquelles naitra et se développera l'étamine ou le carpelle. C'est sur-ces chatons que nous allons suivre les progrès de ces deux organes jusqu'à leur complet développement. ! Au début, on n'apercoit à la base de l'écaille qu'un seul mame- lon qui a la méme forme dans les fleurs mâles et les fleurs femelles, mais qui, au bout de peu de temps, prend une forme différente, suivant qu'il est appelé à constituer l'androcée ou le pistil. Androcée. — Il y a ordinairement deux étamines à l'androcée ; dans les espèces plus élevées, leur nombre varie de trois à huit. Quelques auteurs citent méme des Saules à douze étamines. Enfin 184 , ORGANOGÉNIE DE LA FLEUR il arrive aussi quelquefois qu'on rencontre des Saules monandres, mais plus rarement. Voyons d'abord ce que devient le mamelon primitif dans le cas des Saules à deux étamines. A droite et à gauche naissent en même temps deux étamines qui, au début, sont constituées par deux sail- lies arrondies. Bientôt elles s'élèvent ; le mamelon primitif semble s'atrophier pour faire place aux deux étamines qui, à ce moment, forment de chaque côté deux mamelons ovoïdes qui deviennent un peu pointus vers l'extrémité supérieure, tandis qu'ils se renflent à la partie inférieure. Puis on voit se dessiner la ligne qui sépare les deux loges de l'anthére. Cette ligne, peu apparente d'abord, devient tout à fait nette un peu plus tard, et c'est à ce moment que la ligne de déhiscence de chaque loge de l'anthére apparait et que le filet des étamines commence à se montrer. Dans le cas des Saules à trois étamines, la méme chose se passe pour le développement; seulementles mamelons staminaux sont placés en triangle. Ils forment un carré si le Saulea quatre étamines, et lorsque celles-ci sont plus nombreuses, elles se développent circulairement et régulièrement autour du point central du mame- lon primitif qui, dans les espèces monandres, se transforme en une seule étamine sans rien offrir de particulier. Du reste, quel que soit le nombre des étamines, elles apparais- sent toutes en même temps ; aprés leur développement complet, elles se composent chacune d'un filet et d'une anthére biloculaire, introrse, dont la déhiscence s’opère par une S. longitudinale. Elles naissent plus tôt que le pistil. Pistil. — De méme que dans les fleurs mâles, on ne kot au début de l'aisselle de la bractée qu'un mamelon dont la surface est parfaitement lisse et qui jusqu'à ce moment n'a rien pour le faire distinguer de la fleur mâle ; mais, comme on va le voir, son aspect change bientôt. Deux bourrelets semi-lunaires forment primitivement tout le pistil : l'un est à droite, l'autre à gauche. Ils sont placés l'un vis- à-vis de l'autre, formés par les deux feuilles Carpe ttes de façon & DANS LE GENRE SALIX, 185 que leurs extrémités se touchent et circonserivent une Surface un peu elliptique. En grandissant, ils deviennent connés et forment une sorte de corbeille dont le bord est plus relevé à gauche et à droite. Cette corbeille pistillaire s'évase de plus en plus, et il en résulte un sac qui se gonfle en ovaire à sa base, s'étrangle à sa partie supérieure pour former le commencement du style, qui est peu allongé et présente ordinairement deux branches dont les extrémités sont recouvertes de papilles stigmatiques. En méme temps que ces changements s’opèrent dans la forme extérieure du pistil, d'autres modifications se produisent à l'inté- rieur. Si l'on fait une section longitudinale de l'ovaire àgé d'environ trois mois, le pistil a encore l'aspect d'une corbeille (un peu plus allongée cependant); on voit apparaitre sur’ sa paroi interne deux cordons placentaires. Ces deux cordons, qui s'étendent du haut en bas sur cette paroi, sont placés l'un en avant, l'autre en arrière ; ils alternent par suite avec les deux branches qui borde- ront plus tard l'ouverture du sae pistillaire; ils s'accroissent rapidement, et forment deux lames qui s'épaississent etau centre desquelles se creuse un sillon longitudinal. C'est sur ces placentas pariétaux que se développeront les ovules à partir de la base de l'ovaire uniloculaire. I! y a ordinairement deux rangées d'ovules, quelquefois plus ; mais dans tous les cas les placentas sont toujours creusés d'un sillon. Le développement des ovules a lieu ordinai- rement à la fin du mois de juillet. Dés cette époque on voit appa- raitre au fond de la loge des mamelons superposés et alternes qui s'allongent, se réfléchissent et finissent par constituer des ovules anatropes, ascendants, à raphé intérieur et mieropyle en dehors. - Du mois de juillet au mois de janvier de l'année suivante, le développement de l'ovaire se ralentit, tandis que les ovules se développent davantage. Tt EXPLICATION DES FIGURES. | PLANCHE X. - Fic, | A. Jeune inflorescence de Salix ; chaque petit mamelon, à partir de la base, 186 Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. ORGANOGÉNIE DE LA FLEUR DU GENRE SALIX, devient une écaille, et à l’aisselle de chaqueécaille naît une fleur mâle ou femelle. 2. Apparition du mamelon qui se développe à l'aisselle de chaque écaille; au début, il a le méme aspect pour les fleurs mâles et les fleurs femelles, 3. Apparition de deux étamines sur le mamelon primitif, 4. Les deux mamelons staminaux à un âge plus avancé. 5, Même âge pour un Saliz à trois étamines. 6. Le mamelon primitif s'atrophie. Les deux étamines semblent commencer à se détacher. 7. Age plus avancé d'un Salix à 3 étamines où le mamelon primitif a à peu prés disparu. On commence à voir sur chaque étamine la ligne médiane qui ' sépare les deux loges de l’anthère, Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic; Fic. `` partie étranglée tend à s'allonger. Fic. Fic. Fic. Fic. 8. Ligne médiane plus développée dans un Salix à 2 étamines. Apparition de la ligne de déhiscence longitudinale dans chaque loge de l'anthére, For- mation du filet. 9. Même âge pour un Salix à 3 étamines. 10. A un âge un peu plus avancé pour un Salix à 4 étamines, Le filet est plus développé. M. Jeune pistil composé de deux bourrelets semi-lunaires ou feuilles car- pellaires. 12. Pistil plus Agé. Réunion des feuilles carpellaires. 13. Pistil plus âgé. 14. Les feuilles carpellaires constituent un sac en forme de corbeille. 15. Age plus avancé, Le sac s'allonge et commence à s'amincir à la partie supérieure. 16. Même âge où l'on voit le commencement des. cordons placentaires. 17. Age plus avancé. L'ovaire s'enfle à sa base et tend à s "effiler vers le sommet, 18. Même âge avec une coupe v m un oü les. placentas sont complé- tement formés et oü l'on voit les ovules se développer sous forme de mame- lons superposés et alternes. | 19. Age plus avancé. L'ovaire est étranglé vers la partie agire et la 20. Même âge. Ovaire coupé longitudinalement — montrer i ovules plus développés. 21. Le pistil est tout aminci à sa partie supérieure ; le stigmate est consti- ` tué. La. coupe longitudinale montre les ovules = développés et tendant à se réfléchir. 22. Le style se divise en deux lanières plus ou moins étroites à l'extrémité desquellés sont les stigmates. A l'intérieur on voit les ovules dont l'évolution est terminée. On voit nettement le raphé intérieur et le mieropyle externe. 23, Coupe transversale de l'ovaire montrant la placentation pariétale. DEUXIEME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES (CONTINUÉ DU YOL. X, P. 282.) La flore de la Nouvelle-Calédonie renferme déjà, à notre con- naissance, trois espèces du groupe des Mappiées, et deux d'entre elles nous ont semblé devoir constituer chacune un genre à part, dont l’organisation est des plus intéressantes. La troisième ne peut être, à notre sens, rapportée qu'au genre Lasianthera, de Palisot de Beauvois, genre qui a été rencontré jusqu'ici dans l'Asie et l'Afrique tropicales, ainsi que dans les régions les plus chaudes de l'Oeéanie. Mais il ne nous a pas semblé que ce genre fût exactement observé et décrit, ni qu'il eût, dans les diverses espéces qu'on y réunit actuellement, l'homogénéité absolue qui semble indiquée par les descriptions les plus récentes. Il importe d'abord de bien établir la véritable organisation des fleurs et des fruits de l'espèce prototype du genre, celle de l'Afrique tropicale occidentale ; elle est assez abondante actuellement dans les collec- tions européennes, et cela grâce surtout aux matériaux récoltés par M. G. Mann, grâce plus encore à ceux que nos compatriotes, MM. Griffon du Bellay (exs., n. 336) et Duparquet (exs., n. 65) ont rapportés du Gabon. Le fruit a pu y être en partie observé, et la fleur, très-complète à ses différents âges, a pu être analysée à fond. L'étude que nous allons d'abord faire de cette plante va surtout nous révéler, comme fait nouveau, la présence dans l'inté- rieur dela fleur, non pas d'un seul corps qui serait le gynécée, mais bien celle de deux organes de signification trés-différente. Lasianthera africana Par. Beauv., FL. d'Oware et de Benin, 1/8, t^m? | ! Le calice est beaucoup plus court que la corolle, gamosépale et partagé supérieurement en cinq dents qui ne se touchent pas. La - corolle est polypétale, quoique les pétales, dans leur portion basi- 188 DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. laire, soient si intimement collés bord à bord, qu’on pourrait d'abord croire qu'ils sont véritablement soudés. Près de leur sommet, celte adhérence devient presque nulle ; la préfloraison est valvaire. Ici les étamines ne sont pas adhérentes avec la corolle; ce n'est pas par leur intermédiaire que se fait l'union des pétales. Quand on a enlevé ces derniers, on a sous les yeux un second sae intérieur qui est comme pétaloide, et qui semble d'abord d'une seule pièce. Il est formé par les filets staminaux trés-larges, trés-aplatis, pétaloides, et collés les uns aux autres par leurs bords, de la même façon que les pétales. Cette espèce d'enveloppe va un peu en s'élargissant vers le haut, parce que les filets sont plus larges à ce niveau que près de leur base. Là ils supportent chacun une anthére biloculaire, introrse, déhiscente de très-bonne heure par deux fentes longitudinales un peu obli- ques. Cette anthère n’est pas facile à apercevoir tout d’abord, parce qu'elle est entourée d'un grand nombre de poils ascendants qui naissent du filet sur les côtés, au-dessous de sa face interne et surtout sur la face dorsale de son connectif. Ces poils dorsaux sont les plus longs de tous, Quand la corolle s'est entr'ouverte, ils sortent par son ouverture supérieure et forment au-dessus d'elle une sorte de eouronne cotonneuse. En dedans, le filet staminal est concave ; il forme, sous les poils de la base de l'anthére, une sorte de capuchon qui enveloppe un cinquième de la surface exté- rieure du gynécée. Ce dernier est, sans contredit, l'organe le plus singulier de toute la fleur; etàu premier abord il semble qu'on ne rencontre rien de semblable à à lui dans tout le groupe de plantes qui nous occupe. Qu'on se figure deux masses, quelquefois presque égales, dressées parallèlement au centre de la fleur et appliquées exactement l'une contre l'autre, par les filets des étamines, dont on voit l'empreinte sur leur face extérieure. L'une de ces masses est l'ovaire, car, en l'ouvrant, on trouve dans son intérieur ùne cavité qui renferme deux ovules. La coupe transversale de cet _ovaire a la forme d'un triangle isocèle à base plus longue que ses deux cótés égaux. L base répond à l'autre masse centrale; les DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. 189 deux petits cólés, à la face interne de deux filets d'étamine. Il en résulte que l'angle qui réunit ces deux faces est superposé à un pétale; il répond en méme temps au dos de la loge. Celle-ci s'atté- nue à son sommet en un style court, conique, terminé par une . trés-petite téle stigmatifère, et incliné d'abord sur le sommet de la masse qui accompagne l'ovaire. Quelle est maintenant la struc- ture de cette masse qu'on prendrait d'abord pour un second pistil, ou pour un disque unilatéral trés-développé? Libre de toute adhérenee avec l'ovaire lui-méme, ce corps est plein, charnu, aplati ou concave du côté qui regarde l'ovaire, en contact par sa face extérieure avec trois filets d'étamines. L'intérieur de sa sub- stance est parcouru par des canaux longitudinaux blanchátres ; on n'y apercoit pas de cavité, Tout nous porte cependant à à eroire, en l'absence d'études organogéniques, que ce corps représente peut- être à lui seul les deux loges avortées du pistil, ou les deux cornes glanduleuses si développées que nous avons observées dans le Leptaulus citroides (Adansonia, WI, 375), et qui, ordinairement indépendantes les unes des autres, sont situées plus haut sur le pistil, et forment deux plaques glanduleuses latérales sur le fruit de l’Apodytes dimidiata, ainsi que nous le verrons plus loin, en parlant de ces singuliéres productions. Les ovules sont insérés tout prés du sommet de la paroi interne de l'ovaire, suspendus collatéralement et appliqués l'un contre l'autre dans toute leur hauteur. En haut, ils sont unis par un petit Suspenseur commun de forme losangique. Leur micropyle est Supérieur et tourné d'abord en dedans. Peu à peu il s'incline un peu vers les cótés, à mesure que les deux raphés ovulaires se rap- prochent, Finalement ils sont tout à fait disposés comme ceux du (1risollea. Nous parlerons tout à l'heure du fruit de cette plante, qui présente des particularités intéressantes. Son inflorescence est formée de capitules de glomérules, réunis eux-mémes er ombelles ; et, comme dans tant d'autres plantes de ce groupe, l'inflorescence totale est tellement entrainée jusqu'au niveau d'une feuille bien supérieure à celle à laquelleelle répond réellement, qu'elle devient, 190 DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES, ou tout à fait oppositifoliée, ou latérale par rapport à la feuille au niveau de laquelle elle devient libre. >On. a rapporté au méme: genre que la plante précédente le Stemonurus secundiflorus de Blume (Mus. bot. lugd.-bat., 1, t. 45), dont Miquel (FZ. ind.-bat., 1, p. L, 793) à fait son Lasian- thera secundiflora, et que-M. Thwaites a retrouvé à Ceylan, où il le décrit (Enumer. plantar. Zeylan., 43) sous le nom de S. api- calis. J'admets parfaitement cette adjonction, et la plante dont il s’agit est tout à fait comparable au L. africana quant au grand développement du faisceau de poils infléchis dont ses anthères sont surmontées. Mais on y trouve en méme temps des différences de détails sur lesquelles il faut s'arréter un moment pour voir com- ment sont comprises, méme par ceux qui les lui accordent aussi étroites que possible, les limites du genre Lasianthera. Les fleurs ont sur les divisions de l'inflorescence une disposition unilatéra- lisée qui à fait donner à l'espéce le nom de secundiflora; elles sont polygames, et leur gynécée est sensiblement symétrique à l'extérieur, terminé par un petit style subulé, à la base duquel il n'y a point de rudiments visibles de branches stylaires, qui répon- draient aux loges ovariennes disparues. Dans celle qui est fertile, il y a deux ovules descendants, à UNOrOpsin situé en haut et en dedans sous le point d'attache ; et à ce niveau, les deux ovules sont supportés par une petite lame commune qui descend du pla- centa, De plus, on n apercoil pas à côté du gynécée, comme dans le L. africana, une grosse masse unilatérale qui conslitue un disque excentrique; mais ce dernier organe est représenté, comme il arrive dans ün grand nombre d'espèces du genre Gomphandra, par une petite cupule circulaire, parfaitement régulière, en dehors el au-dessous de laquelle s'insérent les étamines. Dans celles-ci, le filet porte des poils, outre ceux de la région dorsale du connectif, sur le haut des cótés et de la face interne ; mais ils sont beaucoup plus courts que les poils dorsaux; et les deux loges de l'anthére s'unissent dans une grande icum (environ les deux tiers supé- rieurs) de-leur bord interne avec les bords du sommet subulé. DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES, 194 du filet, lequel tient. lieu à ce niveau de connectif. Par ce dernier caractère, la plante est assez analogue au L. africana ; et c’est là un trait commun aux espèces qu'on a jusqu'à présent réunies dans ce genre. On admet, au contraire, dans les ouvrages les plus récents, notamment dans le Genera de MM. Bentham et Hooker (544, 350), que les Gomphandra se distinguent du genre Lasian- thera par les caractères suivants: « Filamenta glabra v. breviter » pilosa, apice introrsum excavata v. rarius attenuata, antheras » pendulas recipientia... . Cymse axillares v. laterales. » La longueur des poils du sommet du filet ne peut, il me semble; suffire à dis- - tinguer un: genre; d'autant plus que, moins nombreux et moins allongés dans les Gomphandra , ils y existent cependant, occupant la méme place et présentant la même organisation. Ces traits pour- raient.servir, à la rigueur, à délimiter une section. Quant à ceux que présente le mode d'insertion des loges de l'anthére, dans le L. africana, À y a justement de chaque côté du connectif une petite dépression, quoique moins marquée que -celle:de certains Gomphandra, qui sert à recevoir les loges de l'anthére j jeune. Mais quelle importance ce fait peut-il avoir relativement à l'exis- tence dece gros disque unilatéral qui se rencontre dans l'espèce africaine. et qui manque dans le L. secundiflora, tandis que ce dernier a justement le court. disque circulaire de la plupart des Gomphandra? Or, et ce point mérite d'étré noté, dans le nouveau Lasianthera néo-calédonien que nous faisons connaitre aujour- d'hui, le disque unilatéral de l'espèce africaine existe; le fruit présente la méme organisation caraetéristique; mais les poils des élamines sont intermédiaires comme longueur à ceux des Goin - phandra et à ceux des Lasianthera ; les loges de l'anthére ne sont, ni adhérentes par toule la longueur de leur bord interne au filet, ni suspendues dans une fossette particulière; mais elles sont adnées en dedans au connectif jusqu'au milieu environ de leur hauteur, et libres inférieurement, et l'inflorescence tient à la. lois de celle des deux groupes, tantôt terminale, ei tantôt presque - axillaire. Pour toutes ces raisons, il nous est bien pate, de dis- - 492 DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES, tinguer, dans le genre Lasianthera, notre espèce calédonienne comme formant une petite section distincte; mais il en faudrait faire autant pour l'espéce indienne, et, sans doute, joindre aussi au genre, à titre de section seulement, les vrais GompAandra, qui désormais pour nous seront considérés comme congénéres du premier Lasianthera connu, c'est-à-dire de l'espéce africaine. Quant au fruit, il peut servir aussi à établir des distinctions entre plusieurs des groupes secondaires de ce genre unique. Dans le L. secundiflora, de méme que dans les Gomphandra où nous . l'avons pu voir, le péricarpe’a la forme cylindroide, plus ou moins atténuée aux deux extrémités, mais semblable à lui-même sur toutes ses faces, présentant partout un mésocarpe également mince au- tour de son noyau. Il n'en est pas de méme dans l'espéce africaine, pas plus que dans celle de la Nouvelle-Calédonie. Dans la pre- miére, nous n'avons pu étudier le fruit à sa compléte maturité. Cependant nous le connaissons assez avancé en âge pour constater qu'à une certaine époque, ce fruit, aplati, rappelant l'un des mé- ricarpes de certaines Ombelliféres, cesse d'étre plan et se courbe sur le plat, de telle facon que ses deux extrémités se rapprochent l'une de l'autre et que de ses deux faces, l'une devient concave et l'autre convexe. Sur l'uhe et l'autre se voient des stries et nervures longitudinales de l'endocarpe ; mais si du cóté de la concavité elles sont moins apparentes que sur la face convexe, cela tient à ce que celle derniére n'est recouverte que d'une lame trés-mince de mésocarpe, tandis que sur la face convexe, la couche charnue et pulpeuse est beaucoup plus épaisse. Le méme fait se présente avec plus d'intensité dans l'espéce néo-calédonienne, dont M. Balansa nous a rapporté des fruits tout à fait mûrs. lei le péricarpe est, par sa taille et sa forme, trés-analogue à celui que nous avons décrit et figuré (Adansonia, IV, t. h, fig. 8, 9) dans le Grisollea. Comprimé comme celui du L. africana, parcouru comme lui de cótes longitudinales, il demeure à tout âge rectiligne. D'un côté, il se recouvre d'une mince membrane qui laisse voir ses nervures ; de l'autre, il est enduit, à la maturité, d'une couche charnue con- DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. 193 tinue qui en fait de ce côlé une drupe, tandis que de l'autre il représente un achaine. Cette disposition est bien singuliére. On pourrait penser, au premier abord, que le gynécée de ces deux espèces étant d'un côté garni et doublé d'un disque charnu verti- cal, c'est celui-ci qui, plus tard, appliqué contre le péricarpe, le rend charnu et succulent d’un côté. Il n'en est rien : outre cette couche molle qui recouvre toute une face du noyau, on voit à la base du fruit le disque unilatéral qui a persisté, sous forme d'une petite écaille indépendante, mais qui n'a subi aucun accroissement à partir du moment de la fécondation. Voici maintenant le caractéristique sommaire du nouveau Lasianthera néo-calédonien : LASIANTHERA AUSTRO—CALEDONICA. Arbor (2-8-metralis, fide Vieillard et Balansa) glaberrima; ramis teretibus nigrescentibus ; ramulis junioribus in sicco sordide lutescentibus. Folia alterna, longiuscule (ad 2, 3 cent.) petiolata, obovata v. subelliptica (ad 9 cent. longa, 6 cent. lata), apice rotundata v. emarginata, basi plerumque breviter cuneata, rarius rotundata, integerrima coriacea crassa penninervia reticulato-ve- nosa, supra lucida kevia, subtus pallidiora opaca. Flores parvi (ad 6 mill. longi) composito-cymosi; inflorescentiis (ad 8-10 cent. longis) pedunculo petiolis 2-3-plo longiore stipatis, aut termina- libus, aut ad folia spurie axillaribus (jure lateralibus, quod sæpe in ramis vetustioribus e cicatrice quoad peliolum laterali recte noscitur). Calyx brevis, 5-dentatus, basi in eupulam brevem subtus excavatus ibique pedicello summoarticulatus. Petala multolongiora, valvata, apice incurva pendentia. Stamina 5; filamentis basi atte- nuatis, ad apicem dilatatis ibique intus lateraliterque pilis brevibus pallidis obsitis, apice repente in connectivum subulatum acumi- natis ; pilis longioribus dorso connectivi insertis incurvis; antheræ loculis lateraliter connectivo fere ad medium insertis obliquis. Germen hinc disco squamiformi basi stipatum, ovoideum ;stylo brevi obtuso (stylisque 2 abortivis brevissimis). Fructus subellip- XI. (15 mars 1874.) 13 19h DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. ticus valde compressus (ad 2 cent. longus, 1 £ cent. latus), hine subsiccus, inde drupaceus ; mesocarpio crassiusculo ; putamine crassiuscule sulcato longitudinaliterque nervoso ; seminis descen- dentis albumine carnoso copioso ; embryone subapicali minuto. — In Nova-Caledonia legerunt, ad sinum de Prony (Mus. neo-caled. exs., n. 22) cl. Vieillard et Pancher, etin sylvis circa Noumea cl. Balansa (exs., n. 600) octobre fruetiferum(Herb. Mus. par.). Les fruits du Awmmeria (Discophora), qui jusqu'ici sont demeurés inconnus, rappellent beaucoup ceux des Grisollea et ceux des Lasianthera proprement dits, c’est-à-dire qu'i* part la plus grande épaisseur d'une portion variable de leur sareocarpe, ils figurent assez bien un méricarpe d'Ombellifére, comprimé, comme il arrive si souvent dans cette famille, parallèlement à la cloison. Des cótes saillantes verticales réguliéremeut disposées et des vallées interposées achévent de compléter la ressemblance. On n'a pas décrit les graines des Xummeria, et méme le genre a été rapproché des Mappia, Icacina, ete, dont on. supposait qu'il avait l'embryon. Il. n'en est rien, et à cet égard le genre doit se rapprocher des Lasianthera, dont il diffère réellement bien peu. L'albumen s'y sépare en deux lames aplaties, simulant de grands cotylédons, et l'embryon tout petit n'occupe qu'une trés-faible élendue du sommet de l'intervalle de ces deux lames. Le fruit du Lasianthera africana a été récolté au Gabon par M. Griffon du Bel- lay : il a bien les caracteres généraux dont nous parlions tout, à l'heure, mais le péricarpe est mince et peu consistant ; aussi se courbe-t-il bientôt sur le plat ; ce qui contribue encore à lui don- ner de la ressemblance avec certains méricarpes d'Ombelliféres. L'endocarpe sec et dur porte aussi des côtes longitudinales. Quant à la portion charnue du sarcocarpe, elle y est aussi très-inégale- ment répartie, presque nulle sur la face convexe et bien plus épaisse sur la face concave, notamment vers le milieu de celle-ci, où elle forme une saillie verticale assez prononcée. La Nouvelle-Calédonie possède encore un type bien curieux du DEUXIEME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. 195 groupe des Mappiées, type dont les affinités avec les Apodytes sont assez considérables. On sait que dans ces derniers, l'évolu- tion du fruit, à partir du moment de la fécondation, est telle qu'on peut, dans certaines espèces, la comparer à une véritable anafro- . pie. Le style, qui était apical dans la fleur, arrive à rapprocher sa base de la base même du fruit, et cela à des degrés divers suivant les plantes observées. Il y en a méme où ce renversement du som- met organique du fruit est tel que les ovules étant descendants, comme il arrive dans tout-ce groupe, les graines mûres arrivent à être complétement ascendantes. De plus, il y a souvent dans ces plantes, à droite et à gauche du péricarpe, un léger épaississe- ment charnu de sa base, qui rappelle assez ce qu'on observe dans plusieurs Anacardiées. Dans la nouvelle plante néo-calédonienne dont nous parlons, ces deux caractères singuliers se retrouvent, mais avec des particularités encore plus singuliéres. L'ensemble du fruit rappelle beaucoup un marteau dont le manche est repré- senté par le pédicelle. Les deux lobes inégaux de sa téte sont : l'un une drupe véritable à sarcocarpe mince, devenue horizontale de la façon que nous allons voir tout à l'heure; l'autre un renflement charnu du support de la drupe, renflement qui, à cause de la nouvelle direetion prise par celle-ci, se trouve coiffer le sommet organique du véritable péricarpe. Le bel arbre qui porte ces fruits a des feuilles coriaces qui rappellent celles des Clusiacées, mais sont alternes; et ses fleurs sont disposées en cymes ramifiées dans l’aisselle des feuilles supérieures des rameaux. Nous désigne- rons cette plante sous le nom d' Anzsomallon clusiefolium. Ses fleurs sont petites et réguliéres, et leur périanthe est celui de la plupart des Mappiées : un court calice à cinq dents, et cinq pétales bien plus longs, triangulaires, épais et valvaires. Mais ici se présente une particularité qui n'est pas ordinaire dans ce groupe. Chacun des pétales est doublé intérieurement, sur la ligne médiane, d'une lame également aplatie et pétaloide, à peine pluscourte que lui, plus étroite, légérement adhérente avec lui dans sa portion inférieure, mais libre vers son sommet qui se termine en pointe et 195 DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. qui est chargée d'un fin duvet. A ce niveau, de chaque cóté de cette lame, il y a entre elle et la face interne du pétale une sorte de niche ou de logette latérale qui joue un róle particulier dans la fleur; elle sert à cacher complétement uneloge d'anthére. Les cinq anthéres, alternes avec les pétales, ont en effet la forme d'une . sorte de bissac, et chacune de leurs loges vient s'enfoncer dans une des fossettes dont nous venons de parler. Le filet, gréle, un peu aplati, demeure plus ou moins collé contre les pétales et les maintient légérement unis entre eux. Au centre de la fleur se voit un petit ovaire, ovoide, dressé, surmonté d'un étroit style subulé, un peu excentrique. Sa loge unique renferme deux ovules de Mappia, etil y a un certain âge où l'on voit vers sa base un léger épaississement unilatéral, une sorte de disque, dont l'évolution ultérieure mérite d'étre étudiée. i C'est ce petit disque basilaire qui prend, à partir de la féconda- tion, un développement rapide et représente bientót un renflement presque sphérique, charnu, gorgé de sues colorés, une sorte de fausse baie qui, extérieurement, simule un lobe du fruit. Quant au véritable péricarpe, il devient une drupe ovoide, à sarcocarpe peu épais et à noyau de méme forme, renfermant une grosse graine à embryon trés-petit, situé vers le sommet d'un abondant albumen . charnu. Mais peu à peu, et à mesure qu'elle mürit, cette drupe, au lieu de demeurer verticale, s'incline sur le sommet de son pédicelle de telle facon que son grand axe et celui de la graine finissent par étre dirigés à peu prés horizontalement. Dans ce mouvement, leur sommet organique se rapproche graduellement de l’exeroissance bacciforme basilaire qui, elle, n’a pas changé de situation. Il en ré- sulte un fruit de forme bien singulière et qu'il n'est pas facile de décrireavecles termes usités, composé, comme nous l'avons dit, de deux lobes fort dissemblables, supportés par le pédicelle commun qui s'insère inférieurement à leur point de réunion, et de consis- tance toute différente, puisque l'un d'eux, nous l'avons vu, est une sorte de gynophore bacciforme presque sphérique, et l'autre une drupe ovoide à paroi finalement presque sèche, Voici maintenant DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. 197 la description de l'unique espéce du genre qui nous soit jusqu'ici connue. ANISOMALLON CLUSLEFOLIUM. Arbor insignis (10-95-metralis, test. cll. Sébert et Balansa) ; trunco rectissimo ; cyma densa comosa subglobosa ; ligno duro ; ramis teretibus, uli planta tota glaberrimis ; cortice (in sicco pallide fuscescente v. griseo) striato. Folia ad summos ramulos alterna Jongiuscule (2-5 cent.) petiolata oblongo-elliptica v. oblongo-obo- vala(ad 15 cent. longa, 7 cent. lata), apice rotundata v. subemargi- nata, basi subinæqualia breviter angustata, integerrima (margine reflexo) coriacea crassa, supra lucida levia (in sicco colore sub- æneo), subtus opaea, penninervia tenuiterque venosa. Flores (pro Ordine majusculi, ad $ cent. longi) in cymas ramosas pedunculatas folio breviores ad folia suprema ramulorum subaxillares dispositi ; pedunculo communi petiolo subæquali v. longiore striato glabro ; pedicellis (ad + cent. longis) braetearum occasarum cicatricibus notatis, Calyx brevis, 5-dentatus. Petala valvata crassa sub-3-gona ; costa laminiformi intus verticaliter producta valde prominula, apice acutata libera. Stamina 5; filamentis subulatis cum petalo- rum alternorum marginibus coadunatis ; antherarum loculis libe- ris e conneetivo pendulis, introrsum rimosis, singulis in concavi- tate 1-laterali petalorum nidulantibus. Germen 1-loculare; stylo tenui subulato ; ovulis 2, collateralibus. Discus basilaris, 1-latera- lis, demum accrescens in massam subglobosam baceatam summo fruetuappositam. Fruetusinde inæquali-sub-2-dymus ; lobo altero e massa carnosa; altero e drupa vera ovoidea horizontaliter reflexa constante ; sarcocarpio drupæ tenui, demum vix carnoso ; putamine duriusculo 1-spermo. Seminis horizontalis integumentum tenue ; albumine copioso; embryonis minimi apicalis radieula brevi ad massam baceatam spectante. — Crescit in ditione austro-caledo- nica ubi legerunt cl. Sébert et Vieillard (herb.). Legit quoque Balansa, n. 601, in sylvis in prope ad sinum de Prony, sept. fruetiferum ; n. 1840, inter sylvas circa Kanala, ad alt, 800 metr., 198 DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES, novembre floriferum, et n. 1846, ad ripas fl. Fouanboui (Mes- sioncoué), prope ad ostium (Herb. Mus. par.). Un autre genre du même pays est voisin des Vi/laresia de l'ancien monde auxquels on a donné le nom de Pleuropetalum. C'est un arbuste sarmenteux dont les fleurs sont disposées en petites cymes scorpioides sur l'axe commun, allongé, terminal, d'une grappe simple ou peu ramifiée. Comme tant d'autres plantes du méme groupe, celle-ci a des fleurs sessiles dont le réceptacle est creusé en dessous d'une cavité conique tout en haut de laquelle s'attache par son sommet un petit pédicelle conique, tout à fait invisible quand la fleur est en place. Comme d'ailleurs celle-ci s'insère latéralement sur l'axe de l'inflorescence, le bord de cette cavité est plus ou moins oblique. Il est formé en somme par les décurrences inégales des cinq sépales au-dessous de leur point d'insertion. Cette portion décurrente est épaissie et glanduleuse, obtuse àson sommet. Toutefois les pièces du calice sont libres à ce niveau, comme elles le sont dans toute l'étendue de leur portion supérieure, membraneuse et imbriquée dans le bouton. La corolle est réguliére, plus longue que le calice. Ses piéces sont légére- ment imbriquées dans leur portion supérieure, et leur sommet pend en petite clef de voûte dans l'intérieur du bouton. Inférieu- rement, les pétales se touchent seulement ; et à l'époque où la corolle se détache en masse par sa base, comme une petite coiffe, les bases des pétales s’écartent plus ou moins les unes des autres, tandis qu’ils demeurent tous collés entre eux par la portion supé- rieure. Les cinq étamines alternipétales sont libres, formées d’un filet subulé et d’une anthère introrse dont les loges suspendues divergent inférieurement. Le gynécée est celui des Mappiées en général, composé d’un ovaire uniloculaire, biovulé, et d’un style assez long, grêle, arqué, terminé par un petit renflement stigmati- fére irrégulier et parcouru du côté placentaire par un sillon lon- gitudinal. Le fruit est dressé, oliviforme, avec un sillon vertical sur la graine et une saillie correspondante du péricarpe. L'em- bryon est apical, minime, comme celui des Villaresia. DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES, 199 SARCANTHIDION. Flores hermaphroditi; sepalis 5, inæqualibus, imbricatis, basi oblique decurrenti-glandulosis ibique carnosulis. Petala libera, inferne valvata, apice leviter imbrieata summoque apice inflexa, inter se calyptratim cohærentia et mox basi cireumeissa, Stamina 5, hypogyna libera; filamentis subulatis ; antherarum loculis liberis e connectivo oblique pendulis, introrsum rimosis. Germen 1-locu- lare in stylum arcuatum intus sulcatum productum ; summo stylo stigmatoso inæquali-capitellato, Ovula in loculo 2, collateraliter descendentia ; raphe dorsali; loculi dorso inter utrumque in disse- pimenti spurii rudimentum prominulo. Fructus drupaceus, basi calyce haud accretostipatus ; putamine intus ad placentam protruso, Semen inde longitudinaliter profunde sulcatum ; albumine copioso carnoso; embryone apicali minimo, — Frutex neo-caledonicus glaber sarmentosus scandensve ; foliis alternis integris petiolatis penninerviis venosis; floribus in racemos terminales simplices v. parce ramosos cymigeros dispositis; cymis spieiformibus pedicel- latis scorpioideis ; floribus basi concava articulatis. SARCANTHIDION SARMENTOSUM. Frutex alte scandens (ad 3, /-metralis, fide Balansa); ramis ramulisque sarmentosis teretibus, uti planta tota glaberrimis. Folia remote alterna oblongo-obovata (ad 8-10 cent. longa, 3-5 cent. lata), apice obtusa v. rotundata, nunc ad apicem abrupte acuminata sæpiusque summo apice obtusiuscula, basi subæquali-attenuata in petiolum (1-2 cent. longum) supra canaliculatum apiceque limbo decurrente submarginatum, subintegra coriacea glaberrima pen- ninervia venosa, supra læte viridia, subtus pallida. Flores herma- phroditi in racemos terminales elongatos graciles subcernuos, simplices, 2-natos v. parce ramosos (ad 10-15 cent. longos) crebre cymiferos, dispositis; cymis pedicellatis, basi breviter 1-bracteatis v. nudis; pedicellis (cire. 4 cent. longis) junioribus 200 DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. fulvescentibus apice flores 2-c , scorpioide 1-laterales sessiles lateraliterque breviter bracteatos, gerentibus. — Oritur in ditione austro-caledonica ubi legerunt cl. Deplanche (n.547) ad Pum, Yaté et Pic de Pueblo, et Balansa (n. 1509») in sylvis supra Daaoui de Ero, prope ad Bourail; (n. 1509), ad montem Mi, martio florif. ; (n. 2166) in sylvis austral. circa Kanala, ad 900 metr. alt., novembre fructif. ; (n. 21667) in sylvis austro-orient., ad Table- Unio, circ. 600 metr. altit., octobre fructiferum (Herb. Mus. par.). Nous avons encore découvert, parmi les Artocarpées de l'her- bier de la Guyane de M. Mélinon, une curieuse plante de ce groupe qui constitue un genre nouveau. Elle a, quant au feuillage, de grandes ressemblances avec certains Jaquiers à feuilles entières, mais elle ne posséde pas les stipules caractéristiques de ce genre et des types voisins. Ses fleurs sont, au fond, trés-analogues à celles des Mappia et des Lasianthera : même périanthe et méme androcée, méme symétrie florale, méme organisation de l'ovaire et des ovules. Seulement le style, à peu prés nul, est représenté par un petit bouquet de poils papilleux qui surmonte le sommet de l'ovaire, et la corolle se comporte comme celle des Vignes, ses pétales valvaires demeurant collés les uns aux autres jusqu'à l'époque de l'épanouissement et s'enlevant par la base d'une seule piéce, comme un capuchon que soulèvent les étamines, Ce qui achéve surtout de compléter la ressemblance avec les Artocarpées, c'est l'inflorescence singulière de ce genre (que nous nommons pour cette raison P/eurisanthes). Les axes en sont aplatis, comme fas- ciés, et ils ne portent de fleurs que sur une des faces de ces sortes de cladodes ; elles y sont pressées en grand nombre, sessiles où à peu prés, et semblent, en somme, disposées en petits glomérules. Elles sont polygames, mais nous ne savons si constamment, comme nous l'avons vu une fois, dans le seul échantillon. que posséde l'herbier du Muséum, les fleurs máles sont reléguées sur une inflorescence spéciale. DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES, 201 PLEURISANTHES. Flores hermaphroditi v. abortu gynæcei polygami minimi; calyce brevi gamophyllo,'4-5-dentato, valvato. Petala 4, 5, paulo longiora, valvata, apice in corollam spurie gamopetalam coadunata basique subeircumcissa (ut in Ampelideis). Stamina brevia petalo- rum numero æqualia cumque iis allernantia et cito decidua ; fila- mentis brevibus sub disco hypogyno annulari parvo insertis libe- ris subulatis ; antheris introrsis; loculis rimosis discretis adnatis, demum patentibus. Germen sessile breviter conicum (nune aborti- vum), apice papillis breviter piliformibus stigmatosis coronatum; ovulis in loculo unico 2, collateraliter descendentibus parietique sub apice insertis; altero seepe minimo v. omnino evanido. Fru- ctus... ?— Arbor guianensis; foliis alternis petiolatis penninerviis ; floribus ad ramos laterales nunc foliiferos racemoso-paniculatis creberrimis ; ramulis inflorescentiæ lineari - compressis striatis anguste fasciatis ; facie altera nudata; altera glomerulos pauciflo- ros alternatim 2-seriatos sessilesque gerente. . PLEURISANTHES ARTOCARPI. = Arbor, ut videtur (adspectu foliisque. Artocarpeas nonnullas referens); ramulis inæquali-compressis v. subteretibus ; ligno molli albido; cortice griseo striato. Folia alterna (occasa e cicatrice prominula cupulari in ramulis notata), breviter (ad 1 $ cent.) petiolata ovata (ad 42 cent. longa, 7 cent. lata in ramulis juniori- bus, verisimiliter autem in ramis adultis multo majora), basi rotundata, apice brevissime acuminata, brevissime crenulata v. denticulata subcoriacea penninervia dite reticulato-venosa ; nervis obliquis venisque transversis subtus valde prominulis ibique sca- briuseulis, supra concavis ; pagina superiore glabra densius vire- scente. Flores parvi (ad $ mill.) in glomerulis singulis parvis (ad 3, 4 mill. latis) pauci ; glomerulis omnibus ad ramulorum inflo- rescentiæ valde ramosæ (et, ul aiunt, paniculatæ) ancipiti-com- 202 DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES, pressorum faciem alteram 2-serialim lateralibus sessilibusque ; facie altera nudata striata. Calyx brevis, 4i-5-dentatus subcupularis, extus puberulus. Petala 4, 5, paulo longiora, erassiuscula valvata et in corollam spurie gamopetalam basi cireumcissam cito deciduam marginibus coalita. Stamina cito decidua, petalis breviora eumque iis alternantia ; filamentis brevibus erectis subulatis circa discum tenuem hypogynum annulatum. insertis ; antheræ introrsæ loculis discretis connectivo adnatis, rimosis demumque patentibus mem- branaceis subplanis. Germen breviter conicum androcæo brevius breviter hirsutum, apice papillis breviter piliformibus stigmatosis coronatum ; ovulis 2 ; altero sæpe abortivo v. minore. — Oritur in Guiana gallica, unde misit cl. Me/non, anno 1863 (Herb. Mus. par.). Nous sommes actuellement arrivés, quant aux affinités des Map- piées, à posséder des notions bien plus arrêtées que celles que nous avions acquises précédemment. Ces plantes ont été rapprochées des Ilicinées, des Ampélidées; elles en ont sans doute plus d'un caractère. Elles ont été unies dans une méme famille avec les Olacinées ; mais, à part les organes de la végétation, il nous semble maintenant qu'elles n'ont avec elles aucun caractère com- mun de quelque valeur, soit dans les fleurs, soit dans les fruits. Les élamines, oppositipétales dans. les Olacinées, sont alternipétales dans les Mappiées, qui ont un placenta pariétal, tandis qu'il est central-libre ou presque axile dans les Olacinées. De tout ce que l'on connait du gynécée des Mappiées, on peut déduire que celui-ci est tricarpellé et que deux de ses éléments ne se développent généra- lement pas; de sorte qu'avee une seule loge à l'ovaire, il y a sou- vent au-dessus de celui-ci deux cornes rudimentaires qui sem- blent représenter deux branches stylaires imparfaitement dévelop- pées. Une méme organisation fondamentale du gynécée s'observe dans les Anaeardiées à ovaire uniloculaire. Lorsque, dans cet ovaire, l'ovule inséré tout prés du sommet de la loge a la direc- tion descendante, son funicule plus ou moins arqué coiffe le mi- DEUXIÈME ÉTUDE SUR LES MAPPIÉES. 203 cropyle ovulaire dirigé en haut et en dedans, absolument comme dans les Mappiées. Cette disposition a sans doute frappé les auteurs qui ont autrefois rapporté une Mappiée, le Pennantia, au groupe des Anacardiées. Elle doit frapper davantage, il nous semble, ceux qui compareront aux Mappiées le Corynocarpus, genre quelque peu exceptionnel, il est vrai, parmi les Térébinthacées, mais qu'on ne peut guére en éloigner toutefois. Or, par ses organes de végé- tation, l'organisation de sa fleur, son fruit, la direction des parties de ses ovules, le Corynocarpus relie les Pennantia et plusieurs autres Mappiées aux Anacardiées, La présence d'un albumen et l'existence de feuilles constamment simples dans les Mappiées ne sont pas, on le comprend, des caractères d'une valeur telle qu'on puisse s'y arréter dans celte question. Il y a beaucoup d'Anacar- diées à feuilles simples ; et, parmi les Phytocrénées, à peine sépa- rables des Mappiées comme tribu, on sait qu'il y a des genres à graine sans albumen, d'autresdont l'embryon, entouré d'un albu- men, est à peine développé, et d'autres encore où il est si considé- rable, que pour se loger dans les enveloppes de la graine, il faut qu'il se replie sur lui-même un grand nombre de fois. TRAITE DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT (SUITE) VIII ZINGIBÉRACÉES. Plusieurs types qui, à notre avis, doivent étre définitivement rapportés à une méme famille naturelle que les Gingembres, ont été dans ces dernières années étudiés par les organogénistes : les Alpinia d'abord, dont Payer a fait connaitre le développement floral dans son Traité d'organogénie (67h, t. Alh); puis les Balisiers (Canna), dont on a fait généralement le type d'une famille bien distincte, mais qui pour nous ne sauraient constituer qu'une tribu dans la famille qui renferme les A/pinia ; leur organogénie a été également l'objet des recherches du méme auteur (op. cit., 677, t. 445). Enfin, en 1861, nous avons publié ( Adansona, I, 306, t. 11) l'organogénie compléte d'une espéce du groupe des Scitaminées qui se cultive fréquemment dans nos jardins, le Tha- lia dealbata, puis des Calathea, Maranta et Stromanthe; et les conclusions de ce travail ont été favorables à cette opinion que l'organisation fondamentale et la symétrie florale des Marantées sont de.tous points comparables à celles des Alpinia et des Can- nées. Il était toutefois bien désirable qu'on pùt étudier le dévelop- pement des Gingembres eux-mémes, parce que, malgré les travaux que nous avons rappelés, on avait, dans plusieurs publications pos- térieures, maintenu, quant à leur organisation florale, les théories en vogue dans la science classique; parce qu'on avait méme , dans le Zingiber Zerumbet, appuyé ces théories de l’observa- tion de certains eas tératologiques, observation d'ailleurs totale- ment erronée, comme on le verra tout à l'heure. Ce n'est done pas sans un grand plaisir que nous avons saisi l’occasion de suivre, sur une jeune inflorescence, l'organogénie complète du Z. officinale., TRAITÉ DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 205 Les fleurs sont disposées en épis et placées chacune dans l'ais- selle d'une des bractées alternes et imbriquées qui se produisent de bas en haut, dans l'ordre spiral, sur l'axe de l'inflorescence. On voit d'abord naitre dans l'aisselle de la bractée un petit récep- tacle floral, sous forme d'un mamelon lisse, presque hémisphé- rique, et qui bientôt porte une bractée postérieure, large et sur- baissée, interposée à lui-même et à l'axe principal de lépi. Un peu plus haut se montre ensuite un calice formé de trois sépales dont deux sont postérieurs et l'autre antérieur. lls naissent les uns aprés les autres, deviennent bientôt connés par leur portion inférieure et finalement s’élèvent en un sac allongé, membraneux, en forme de cóne étiré et seulement ouvert au sommet. A l'état adulte, ce sera comme une spathe délicate qui doit se déchirer pour laisser sortir les autres portions de la fleur. Le verticille intérieur du périanthe est formé de trois autres folioles, alternes avec les précédentes ei qui se disposent dans le bouton en préfloraison imbriquée. La postérieure enveloppe les deux antérieures, dont l'une est tout à fait recouverte par ses deux bords. Alors le récep- tacle se modifie quelque peu dans sa forme; il s'éléve sur son pourtour au-dessous de l'insertion du périanthe interne, en un pelit anneau complet ; c'est cette portion qui, plus tard continuera de s'allonger assez également pour former ce qu'on appelle le tube de la fleur. Aprés le périanthe, l'androcée se montre plus inté- rieurement sur le réceptacle floral, constitué par trois étamines disposées sur un seul verticille, naissant l'une aprés l'autre, la postérieure d'abord, puis les deux antérieures, successivement. Ce sont d'abord, comme les Canna, les Thalia, les Maranta, autant de mamelons distinets, superposés chacun à une des folioles du périanthe interne, et qui s'aceroissent d'une facon trés-inégale, le premier-né grossissant beaucoup plus rapidement que les autres, et se partageant avant eux en deux lobes que sépare l'un de l'autre une petite échancrure médiane. Dans cette étamine, chacun des deux lobes devient épais, arrondi et constitue finalement une grosse loge d’anthère dans laquelle se développe du pollen et qui pré- 506 TRAITÉ sente intérieurement un sillon longitudinal suivant lequel s'opérera la déhiscence. Quant aux deux étamines antérieures, aprés avoir présenté, ou toutes deux, ou l'une d'elles seulement, une légère échancrure apicale qui semblerait aussi indiquer la prochaine séparation de leur anthére en deux loges, au lieu de s'épaissir, elles s'amineissent, s'allongent en membrane, deviennent en un mot pétaloïdes, puis connées par la base; et c'est l'ensemble de ces deux pièces qui finalement constitue cet organe membraneux et coloré qu'on a si longtemps, sous le nom de labelle, considéré mais bien à tort, comme appartenant au périanthe proprement dit. Nous verrons plus loin que quelquefois une des moitiés de ce labelle, au lieu de subir dès le début cette transformation péta- loide, conserve plus longtemps que l'autre moitié une configura- tion extérieure qui révéle bien en lui une véritable piéce de l'an- drocée. Le gynécée apparait alors sur la portion centrale, un peu dépri- mée, du réceptacle, sous forme de trois petites feuilles carpel- laires, d'abord libres, bientôt connées inférieurement, qui répon- dent aux intervalles des étamines. On aperçoit ensuite, alternant avec les saillies des feuilles carpellaires et bientôt plus prononcées qu'elles, surtout au côté postérieur de la fleur, trois proéminences qui séparent les unes des autres un même nombre de fossettes, premiers rudiments des loges ovariennes. Celles-ci se creusent bientót en forme de puits assez profonds (ou plutót l'inégalité d’accroissement fait que les parois interposées s'élévent davan- tage) ; et c'est ainsi que se constitue la portion axile de cet ovaire infére qui sera plus tard si nettement visible en dessous du bou- ton des Gingembres. Quant à la portion carpellaire (appendicu- laire) du gynécée, les trois petites folioles qui la constituent s'é- lévent en se rapprochant par leurs bords, et forment ainsi une sorte de couverele conique, ouvert par le sommet. Ultérieure- ment, il s'allonge en un tube dont le sommet se dilate en un cor- net dont les bords supérieurs se garnissent tardivement de longs cils dressés, rangés régulièrement sur les bords d’un orifice trans- - DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 207 versal ou légèrement oblique, un peu triangulaire, puis presque circulaire. Quant aux trois loges ovariennes, fermées de la façon que nous venons de voir par la portion appendiculaire du gynécée, elles présentent bientôt dans leur angle interne une double bandelette verticale qui est le placenta. Sur celui-ci naissent en nombre indé- fini les ovules disposés sur deux séries longitudinales. Les pre- miers apparaissent un peu au-dessous du sommet de chaque cor- don placentaire ; après quoi l'éruption se propage lentement de baut en bas. Mais, en outre, il y a souvent encore, au-dessus de de l'ovule le plus âgé de chaque série, un ou deux ovules, relati- vement trés-jeunes et dont l'apparition est fort tardive. Tous deviennent légèrement ascendants, anatropes, en se recouvrant de - deux enveloppes; et un peu avant l'épanouissement, on les voit disposés sans ordre sur plusieurs séries vertieales. Ceci tient à ce que, nombreux sur chaque série verticale, ils se repoussent et se déplacent les uns les autres pour pouvoir se loger dans les cavités de l'ovaire. C'est un peu avant l'anthése qu'on voit se produire sur l'ovule le premier rudiment de l'arille. C'est un léger épaissis- sement du tissu cellulaire de l'exostome, qui se manifeste égale- ment et simultanément sur tout le pourtour de l'ombilie et du mi- cropyle. L'arille, au début et vu de haut, a done la forme d'un huit de chiffre ; plus tard, c'est, au sommet de la jeune graine, une sorte de coiffe commune sur laquelle on aperçoit deux dépres- sions : celle du mieropyle et celle du hile. On voit par là que c'est encore ici un exemple à ajouter à tant d'autres d'un arille à la fois vrai et faux, pour nous servir de ces expressions consacrées par l'usage et qu'il serait si nécessaire d'abandonner. | Trés-tardivement, et alors que la constitution de toutes les par- ties essentielles de l'androcée et du gynécée est compléte, on voit poindre, au-dessus du sommet de l'ovaire et de chaque cóté de la base de l'étamine fertile, une petite saillie mousse, glanduleuse, qui rapidement s'allonge en cóne étiré et dont le sommet vient finalement se porter en avant de la base du style; si bien qu'on se 908 TRAITÉ douterait difficilement à l’âge adulte de l'origine postérieure de ces cornes. Elles représentent, en somme, les glandes d'un disque « épigyne », organe dont, avec des formes trés- variables, lexis- tence est d'ailleurs si ordinaire dans les plantes de ce groupe. Les faits qui précédent démontrent encore que l'ensemble des plantes dont nous nous oceupons, composé d'une facon en somme homogène, avec seulement quelques modifications de détail, de séries secondaires dont les Zingiber, les Canna et les Maranta sont les types ; que cet ensemble, dis-je, est essentiellement form de genres à fleurs irréguliéres, isostémonées, tout. comme les Glaieuls, par exemple, parmi les Iridacées. Seulement, les éta- mines sont ici superposées aux pièces intérieures du périanthe, et non aux sépales extérieurs. Sauf une seule, elles sont stériles, pétaloides et plus ou moins profondément dédoublées en deux lames pétaloides qui répondent chacune à une loge de l'anthére. Ainsi se trouve, par l'exemple du développement des Gingembres eux-mêmes, renversée celte théorie spécieuse, éditée autrefois par M. Lestiboudois, et qui voulait que dans ces plantes, les étamines stériles ou non, fussent disposées sur deux verticilles et super-? posées, trois aux sépales intérieurs, et deux ou trois autres aux sépales extérieurs. Ce qu'il y a de plus singulier, et le fait suffirait seul à faire voir le danger des explications tirées, toujours et quand : méme, des données tératologiques, c’est qu'on a vu de nos jours un auteur (1), dont l'opinion, il est vrai, est sans valeur, croyant avoir découvert dans un Gingembre une monstruosité qui aurait été «une heureuse confirmation des idées émises par M. Lesti- boudois sur la symétrie florale de ces plantes » , C'est-à-dire d'une organisation normale qui en réalité n'existe pas. Il va sans dire, d'ailleurs, que la disposition des parties dans la monstruosité sus- dite n'avait pas été exactement déterminée; ce qui tient peut-être à la facilité avec laquelle se déplacent, vers l’âge adulte, toutes ces lames pétaloïdes qui représentent des éléments stériles de (4) Gris, Note sur quelques cas remarquables de pélorie dans le genre Zingiber, in Ann, sc. nat., sér. 4, XI, 265, t. 3. ; DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 209 l'androcée. De plus, il n'y a pas que des staminodes qui puissent, dans les fleurs incomplétement doubles de ces plantes, se trans- former en languettes membraneuses et colorées; les mémes mo- difications se produisent, dans certains cas, sur les glandes du disque dont l'ovaire est si fréquemment surmonté. De là des dif- ficultés considérables, insurmontables même, dans l'interprétation des parties pour ceux qui croient devoir préférer, pour l'explication dela signifieation morphologique des parties, l'étude des faits téra- tologiques à celle du développement des organes. Aussi se trouve-t-il des Zingibéracées plus favorables que les Gingembres, Balisiers, Maranta et Thalia, à l'interprétation par voie d'étude organogénique de la symétrie fondamentale des fleurs de celte famille. Les Costus sont particuliérement dans ce cas, et il est assez facile de suivre, dans nos serres, l'organogénie florale du C. arabicus qui fleurit tous les ans et dont l'inflorescence est un épi à boutons trés-nombreux sur lesquels on constate aisément tous les états successifs. Les fleurs y sont solitaires dans l'aisselle des bractées imbriquées. Là se montre un petit mamelon ou récep- tacle floral. Puis, sur le cóté gauche de celui-ci, nous voyons naitre une bractée latérale stérile; ce qui est déjà une différence avec ce que nous avons observé dans le Gingembre. Quant au petit réceptacle, il produit successivement trois sépales, dont deux postérieurs et un antérieur. C'est celui des sépales postérieurs qui se trouve du cóté de la bractée latérale qui nait le premier. Vien- nent ensuite l'autre sépale postérieur, puis l'antérieur. Is s'imbri- quent dans la préfloraison de telle facon que ce dernier est tout à fait enveloppé, celui des postérieurs qui est le plus âgé étant, au contraire , tout à fait enveloppant. Le sommet du réceptacle se creuse alors en une sorte de eupule ou tube court sur les bords duquel apparaissent les autres folioles du périanthe. Celles-ci sont au nombre de trois, dont une postérieure, plus âgée et recouvrant les deux autres dans le bouton. Les étamines naissent ensuite en face des foliolés intérieures du périanthe, et bientót leur sommet est plus ou moins profondément bilobé ; puis elles deviennent XI. (15 mars 1874.) td 44 210 TRAITÉ connées par leur base. Tandis que la postérieure se modifie supé- rieurement en une anthére à deux loges fertiles, les deux anté- rieures deviennent pétaloides, et ce sont elles qui, en s'unissant, constituent le labelle. Il n'y a pas d’autres pièces appendiculaires dans cette fleur pour représenter le périanthe et l'androcée ; et c'est ce qui explique la caractéristique attribuée à ce genre par la plu- part des descriptions. Les Costus, dit-on, n'ont pas de pièces inté- rieures latérales au périanthe : « /acinze interiores laterales nulle » (Endl., Gen., n. 1638). Cette apparence tient à ce qu'il n'y a pas de languettes pétaloides libres comme celles que représentent les staminodes dans beaucoup de plantes du méme groupe. De plus, le labelle est décrit comme fendu sur le dos, « dorso fissum » ; c'est- à-dire que les deux staminodes qui le forment sont en grande partie détachés en arrière du filet pétaloide de l'étamine fertile. Quant à l'ovaire triloculaire, il se développe de la méme facon que celui des Gingembres ; ses loges sont aussi pluriovulées ; et, tandis que, dans d'autres types, nous avons vu des cornes glanduleuses, parfois transformées en lames pétaloides, se développer vers le som- met de l'ovaire, ici le disque épigyne n'est pas une masse glandu- leuse plusou moins dédoublée. A un âge avancé seulement, l'ovaire se couronne de poils glanduleux-ciliés, seuls organes qui représen- tent le disque; et ces faits rendent compte de la complication moins considérable des fleurs des Costus, que tous les descripteurs ont remarquée, quoique leur organisation fonciére soit la méme que celle des autres Scitaminées. Dans les plantes cultivées dans les serres sous les noms de Globba marantina et de Curcuma longa, j'ai encore vu le méme mode de développement que dans les Z ingiber. La premiére a des sépales en capuchon, trés-longtemps inégaux, et seulement aussi trois étamines superposées aux pièces intérieures du périanthe, deux d'entre elles s'unissant pour former le labelle. L'ovaire a longtemps ses trois placentas parfaitement pariétaux et pluriovulés. Le disque épigyne parait trés-tard, sous forme de deux petites glandes, juste en face des lobes du labelle. Dans le Curcuma, ces DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 911 glandes deviennent rapidement des cornes gréles, aiguës, très- allongées, et l'arille se montre sur tout le pourtour du sommet dela graine, encadrant, comme dans le Gingembre, le hile et le micro- pyle. Nous avons pu voir très-jeune encore la fleur du Mantisia salta- toria, dont l'ovaire a aussi pendant longtemps une seule loge avec trois placentas pariétaux pluriovulés. Dans cette plante se manifeste de bonne heure une grande tendance à l'allongement des parties florales et, par suite, à l'entraînement dans le sens vertical de la plupart de ces parties. Le tube qui supporte le périanthe intérieur est trés-long et trés-gréle, de méme que celui qui se termine par l'étamine fertile. Les deux cornes du disque se trouvent aussi sou- levées trés-haut sur cette colonne, et figurent, à droite et à gauche du milieu environ de sa hauteur, deux cirres enroulés qui rap- pellent les vrilles de la feuille des Smilaz. Dans cette plante,. comme dans toutes celles qui ont fait l'objet de cette étude, léta- mine fertile étant à deux loges, c'est à un àge déjà avancé que le style s'insinue dans l'intervalle de celles-ci, se logeant dans une sorte de rigole qui se trouve à ce niveau et sortant au-dessus du sommet du connectif pour se dilater lui-même en tête stigmatifère. Dans les G/obba et Mantisia, l'inflorescence, qui semble, à l’âge adulte, être un épi comparable à celui des Gingembres et des Costus, est en réalité formée d’un certain nombre de cymes uni- pares pluriflores, échelonnées sur l’axe commun. Il nous reste à signaler, dans quelques-unes de ces plantes, les cas où l'on observe, au lieu: d'une étamine fertile, deux, ou même trois de ces organes. Ce que nous savons de l'origine du labelle rend trés-facile l'intelligence de ces cas exceptionnels. Au lieu de devenir pétaloides, un ou deux des staminodes, c'est-à-dire des moitiés du labelle, grandissent comme l'étamine postérieure, s'é- paississent comme elles dans leur portion supérieure et produisent du pollen dans cette portion qui se divise en deux loges (comme on le voit dans la fig. 25). Ces anthéres surnuméraires sont souvent plus petites que la postérieure; mais on sait qu'elles sont nées après elle ; et leur développement anormal explique, dans ces cas, 212 TRAITÉ la disparition d’une moitié ou de la totalité même du labelle péta- loïde, organe qui, nous l’avons vu, est une pure dépendance de l’androcée. EXPLICATION DES FIGURES. PraNcHE XII. ZINGIBER OFFICINALE L. Fre. 1. Sommet d'une inflorescence jeune. Autour de l'axe, dont l'extrémité Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fie. mousse est encore nue, se voient des bractées alternes bb, ayant dans leur aisselle, un mamelon floral, et, au côté postérieur de celui-ci, pour les fleurs les plus âgées, une bractée postérieure bp. 2. Un jeune bouton détaché de l'axe de l'inflorescence et vu par le. côté postérieur. Il occupe l’aisselle d'une bractée b, et il porte déjà en arrière une autre bractée bp; sur le reste de sa surface, il est encore complé- tement nu, 3. Côté antérieur du méme bouton, réduit à un réceptacle floral r. A droite et à gauche se voient inférieurement les bords de la bractée posté- rieure bp. &. Bouton plus âgé, occupant l'aisselle d’une bractée b. En arrière, la brac- tée secondaire bp. Au-dessous du sommet réceptaculaire un peu déformé sont nés les deux sépales postérieurs sp et l'antérieur sa. 5. Bouton plus âgé encore, sans les bractées. Les sépales s se sont unis et forment déjà une enveloppe continue autour du réceptacle, où l'on voit une première trace des sépales intérieurs et la saillie de la plus grande des élamines, la postérieure ep. : 6. Le même bouton en arrière, avec le calice continu s, à sa base st; plus haut, le pétale (ou sépale intérieur) postérieur pp, surmonté lui-même de l'étamine postérieure ep, vue de dos. 7. Bouton plus avancé en âge, vu par la.partie antérieure et entouré infé- rieurement du calice s. Au-dessus de celui-ci se voient les deux piéces antérieures du calice intérieur pa, et plus haut, déjà trés-grande, la face de l'étamine postérieure ep dans laquelle les deux loges de l'anthére fertile sont déjà distinctes. 8. Le méme bouton, à peine plus âgé, avec le résipléte déjà me" tout à fait au centre, là oü sera la cavité ovarienne, et entouré des éta- mines, dont deux antérieures ea, ea, qui seront stériles, moins développées, superposées chacune à une des folioles antérieures du calice intérieur, et une postérieure ep, superposée au sépale postérieur du verticille interne pp, ət ayant, à droite et à gauche, les toges de son anthère distinctes. ». Bouton un peu plus âgé, vu par le sommet dépouillé du calice extérieur. Là T i Fic. Fic. Fic. Fic. Fic, Fic. Fic, DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 913 Les det étámines ähtérieures stériles ea, légèrement bilobées, superposées chacune i une foliole du périanthe interne, ainsi que |’ étamine postérieure ep, bien plus développée. Au centre c du réceptacle, il ya déjà une cavité ova- rienne, bordée d'un léger bourrelet triangulaire. Les loges répondent aux trois sommets du triangle. 10. Bouton du méme âge à peu prés que le précédent, autour duquel on a laissé la bractée postérieure bp ; entre ses bords écartés on apercoit surtout le bord postérieur du calice extérieur s, les trois pièces du périanthe inté- rieur, et, en dedans de la plus développée de celle-ci, l'étamine posté- rieure fertile ep. ' . 11. Bouton à un âge un peu plus avancé encore, coupé verticalement suivant un plan antéro-postérieur ; ce qui permet de distinguer : le périanthe extérieur s, saillant surtout en arriére; la foliole postérieure du périanthe interne pp, plus élevée que les folioles antérieures, dont l'uné pa est demeurée intacte; l'étamine fertile ep, coupée par le milieu et superposée au sépale interne postérieur, tandis qué l’une des étamines antérieures ea est demeurée intacte. Au centre, la cavité de l'ovaire est déjà indiquée et entourée d'un rebord carpellaire en arrière. i 42. Jeune fleur vue par le côté antérieur et dont on ne peut apercevoir le périanthe extérieur, parce que les deux sépales internes antérieurs pa ont été rabattus sur lui en avant. Au-dessus de chacun d'eux, une des étamines antérieures stériles ea. En haut, le sépale postérieur du calice intérieur PP, avec l'étamine fertile superposée ep. Vers le centre de la fleur on aperçoit la saillie cp de la portion appendiculaire postérieure du gynécée, tandis que la portion ovarienne du gynécée ov, s'étant déjà développée inférieurement, se voit au-dessous du périanthe. 13. Coupe longitudinale, antéro-postérieure, de la jeune fleur représentée par la figure précédente. On a enlevé le calice extérieur ss. Des sépales inté- rieurs, l'un plus développé, le postérieur pp, a été coupé en long, ainsi que l'étamine fertile ep qui lui est superposée. A droite, le sépale antérieur pa, avec son étamine stérile superposée. Au centre, on apercoit la cavité ova- rienne, bordée d'une feuille carpellaire et de la moitié d'une autre. 14. Bouton un peu plus âgé, de la base duquel on a enlevé par une section circulaire les déüx périanthes et l’aridrocée. Il ne reste que le gynécée, dontla portion postérieure ép est bien plus développée que l'antérieure. A droite et à gauche, // indique l'orifice des deux loges postérieures de l'ovaire. 15. Même bouton vu par le sommet. On aperçoit l'orifice des trois loges ovariennes, en forme de petits puits. Le point le plus élevé du gynécée cp répond à la cloison de séparation des deux loges postérieures. 16. Bouton à l'âge où les organes reproducteurs sont totalement enveloppés por le périanthe. Le calice extérieur s a été coupé circulairement à sa base, et l'on voit les pièces imbriquées du‘ périanthe interne, la postérieure pp, recouvrant les deux antérieures plus petites pa, pa. 21/4 TRAITÉ DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. Fic, Fic. Fic, Fic, Fic, Fic, Fic, Fic, Fio. Fic, 17. Coupe longitudinale, antéro-postérieure, du même bouton. Le calice extérieur est coupé à sa base s. Le sépale interne postérieur pp est fendu suivant sa longueur, ainsi que l'étamine fertile superposée. Le gynécée est aussi coupé longitudinalement. En arrière, la coupe passe par le point le plus élevé cp de sa paroi postérieure. Au-dessous et à droite se voit ouverte la cavité ovarienne, déjà profonde, dans laquelle proémine l’un des placentas. 18. Un bouton un peu plus avancé en âge, vu par la partie antérieure. Les deux folioles antérieures du périanthe interne, pa, pa, sont rabattues sur l'ovaire ov, nettement infére. On voit ainsi les deux étamines stériles ea, ea. Au-dessus d'elles, la portion appendiculaire du gvnécée st s'est déjà élevée en une colonne à sommet inégalement dilaté, derrière laquelle on apercoit la face de la grande étamine postérieure fertile ep, ainsi que celui des sépales intérieurs auquel elle est superposée, pp, qui la coiffe en partie, 19. Age plus avancé, Coupe longitudinale, antéro-postérieure, d'un bou- ton dans lequel on voit la cavité de l'ovaire infère ov, avec un placenta qui porte déjà des ovules. Plus haut, le calice extérieur coupé s. p, sépale interne postérieur ; ep, l'étamine fertile superposée ; ea, l'une des étamines stériles antérieures; cp, la saillie postérieure du style. 20. Apparition des deux glandes dd du disque « épigyne », l'uneà droite et l'autre à gauche de l'étamine fertile dont l'anthére est coupée en travers et en avant de laquelle on voit la base, coupée en travers, du style. 21. Les glandes du disque dd, à un âge plus.avancé et alors qu'elles se sont portées, sous forme de cónes allongés, plus en avant de la base du style. F i 22. Loge ovarienne ouverte pour montrer les deux rangées verticales d'ovules ascendants, dont les inférieurs sont les plus jeunes, encore réduits au nucelle. En haut, une ouverture triangulaire par laquelle la loge commue nique encore avec les deux autres, 23. Ovules plus âgés, dans leur loge. Ils se sont garnis de deux enveloppes ; leur micropyle se recourbe déjà vers le bas de la loge ; et ils commencent à se déplacer pour former plus de deux séries verticales. 24. Bouton très-âgé, dont le périanthe a été enlevé, On ne voit plus que l'ovaire infére ov, le labelle formé des deux étamines antérieures stériles ea, ea, et l'étamine postérieure fertile ep. Entre ses deux loges commence à se loger le style st dont le sommet est dilaté en une sorte de cornet à ouver- ture oblique, triangulaire, nue. 25. Fleur à peu prés du méme Age {même lettres), dans laquelle, l'une des moitiés du labelle, au lieu d'étre pétaloide et stérile, comme l'autre ea, s'est développée en une étamine fertile eaf, moins grande que l'étamine posté- rieure, mais dont l'anthére a cependant deux loges distinctes, 26. Bouton très-âgé, entier, avec l'ovaire infére ov et le calice extérieur s, en sac conique dont le sommet seul est. encore ouvert pour laisser voir le périanthe intérieur p. NOTICE SUR QUELQUES PLANTES UTILES DU BRÉSIL, 915 Fic. 27. Méme bouton, le périanthe enlevé : ov, ovaire infére ; ea, labelle ; ep, étamine fertile ; st, style. Fic. 28. Sommet grossi davantage du style; son ouverture, presque circulaire, s’est garnie de papilles coniques. Fic, 29. Ovule au moment de l'anthése : r, raphé. L'épaississement axillaire ar occupe également le pourtour du hile h et de l'exostome, en dedans duquel se voit l'endostome end. Fic. 30. Diagramme floral : b, bractée axillante ; bp, bractée secondaire posté- rieure; s, calice externe gamophylle, en dedans duquel on voit les trois fo- lioles imbriquées du périanthe interne, la postérieure recouvrant les deux autres ; les trois étamines, dont la postérieure est seule fertile ; sur les cótés de celle-ci, les deux glandes d du disque épigyne ; au centre, l'ovaire trilo- culaire. NOTICE SUR QUELQUES PLANTES UTILES DU BRÉSIL Par M. J. DE SALDANHA # Il s'agit d'abord de deux plantes de mon pays qui appartiennent à deux familles assez différentes, mais dont les noms vulgaires sont pour ainsi dire à peu prés les mémes. — L'une, depuis long- temps classée parmi les Apocynées, mais encore peu connue des Européens au point de vue des propriétés, mérite de l'étre à cause de la renommée dont elle jouit parmi les habitants de la province de Saint-Paul (1). On ne la connait pas suffisamment à Rio-de- Janeiro, ni dans les autres régions du Brésil, malgré la quantité immense d'acide tannique qu'elle renferme. Il s'agit de P Echites peltata deVelloso, dont les feuilles se font remarquer par leur forme aussi bien que par leur situation relativement au pétiole ; fait, il me semble, exceptionnel parmi nos Apocynées. L'astringence est si forte et si prononcée dans cette espéce, que les habitants de Saint- Paul l'estiment comme produit pharmaceutique. C'est une liane, modeste dans son apparence, dont la tige est mince, et peu remar- (1) Je la dois à M. le professeur Capanema, qui l'a rapportée de cette province, 916 NOTICE SUR QUELQUES PLANTES UTILES DU BRÉSIL. quable d'aspect. On se sert de l'infusion des feuilles, ou plutôt de toute. la. plante, contre l'enflure. de quelques -parties du corps humain, et notamment pour faire disparaitre ou réduire à leur état normal les testieules volumineusement enflés, sous l'influence de certaines maladies. La force d’astringence supasse quelquefois le but de celui qui l'emploie, et de telle sorte que; selon les infor- mations qui nous sont fournies, il arrive que les testicules dispa- raissent sous l'action trop répétée et prolongée outre mesure de cet astringent. Voilà une propriété peu fréquente parmi les Apo- cynées , et sur laquelle nous pensons devoir appeler l'attention des botanistes. C'est par ce fait intéressant qu'on peut se rendre compte du nom vulgaire sous lequel on connait la plante dans la province de Saint-Paul. Elle y est employée sous le nom de Cipo capador, c'est-à-dire Jane castrante. Il faut néanmoins tenir compte de la confusion des noms yulgaires des plantes brésiliennes. On sait, par exemple, et nous avons pu le constater par nous-méme, que dans une des montagnes des environs de Rio-de-Janeiro, nous voulons dire de la Tijuca, le vulgaire rapporte beaucoup de choses au sujet d'une très-faible liane, qu'ils connaissent sous le nom de Capa-homem, ou Cipé capa-homem. Si l'on se contentait du nom vulgaire, on pourrait se tromper en rapportant à l'espèce précé- dente. la petite liane de Tijuca, qui se fait également remarquer par sa haute astringence, tandis que la plante en question, dont nous ayons recueilli plusieurs échantillons, appartient à la famille des Composées. Elle est du genre Eupatorium, et très-semblable (sinon. identique), par ses feuilles à double nervure basilaire, à l'Ayapana. Les pauvres de Tijuca s'en servent de la méme façon que nous avons décrite pour la première, et l’on y vante le pouvoir astringent de cette précieuse Composée. Nous l'avons vue dans un petit bois, ayant l'aspect d'une plante grimpante, dont la tige, de consistance herbacée, fort mince et verdátre, s'éloigne au premier coup d'oeil de la grandeur et de la consistance des lianes des foréts brésiliennes. Pendant les deux années et dix ^mois que ‘nous avoris vécu * NOTICE SUR QUELQUES PLANTES UTILES DU BRÉSIL. 211 comme surintendant à la fasenda de Santa-Cruz, partie impor- tante de la maison de l'empereur du Brésil, nous avons profité de quelques moments de loisir pour voir de plus prés quelques ornements de sa flore, peu riche en matériaux, mais d'un certain intérét pour la botanique appliquée. Ce serait trop étendre cette notice que de vouloir y mettre toutes les plantes utiles que nous avons pu étudier. Nous sommes heureux seulement de pouvoir mentionner pour le moment quelques-unes des plus remarquables. La premiére espéce qui a appelé notre attention est une Typhacée des terrains humides de Santa-Cruz, sur les bords des marécages et dés vallons; trés-élégante, soit par la beauté de son inflorescence rouge et veloutée, formée d'un amas de fleurs et de filaments soyeux, soit par la longueur de quelques feuilles. Elle se rapproche notamment du Typha latifolia , et c'est la seule espèce de cette famille que nous ayons pu voir dans celte région. Les habitants de Santa-Cruz'en font un objet de grand commerce et de journaliére exploitation en cueillant les feuilles pour en faire des | nattes, qui sont leurs matelas favoris; ce qui est bien en rapport avec les faibles ressources de cesgens si pauvres. Plus on larécolte, plus elle pullule; c'est une sorte de manne qui ne s'épuise jamais. On l’appelle Tabud en langage vulgaire. D'autres per- sonnes se livrent à un autre genre d'industrie. Elles ne craignent pas les fièvres si communes parmi les gens qui respirent constam- ment l'air peu salutaire des marécages, de ces amas d'eau immo- bile qui s’altère à cause des matières organiques qu'elle contient. Elles s'y plongent jusqu'à mi-corps, et, armés d'un grand couteau, coupent par la racine une graminée d'un aspect curieux et assez connue sous le nom d’ Uba. A la fin de chaque journée d'un tra- vail si pénible, ces pauvres entrepreneurs font de grandes piles des nombreux pieds d’ Uba et les placent sur leur dos afin de les transporter jusqu'à leurs habitations. En arrivant, ils en font le partage, quelquefois suivant la part du lion. Ils commencent par séparer les feuilles, avec lesquelles ils font les #pitis (sortes de longs et étroits paniers dans lesquels ils compriment les racines 213 NOTICE SUR QUELQUES PLANTES UTILES DU BRÉSIL, du Manioc pour en faire de la farine), en y ajoutant souvent les lamelles superficielles de la tige qu'ils enlèvent avec un couteau, Ensuite ces ouvriers exposent les chaumes au soleil pour les faire sécher, et les emploient sous les noms de flèches, pour en faire des cages et des baguettes de fusées, En étudiant cette plante, nous avons cru qu'elle pourrait étre comprise dans le genre Saccharum ; quoique, sous le méme nom vulgaire d'U5a2, Humboldt et Bonpland aient décrit une espéce de la région équinoxiale, nous ne dite pas qu'elle soit iden- tique à la nôtre, Un peu plus loin que ces terrains ingrats et humides, et plus prés dela mer, en s'élevant sur un sol sablonneux, on rencontre la célé- bre Bignoniacée, si connue à Santa-Cruz et si répandue partout dans cette ligne paralléle à la cóte, à laquelle on attribue la dénomina- lion de Pao tamanca (Bois à sabots), ou celui de Tabebuia, nom _ du genre auquel elle appartient. Ses belles fleurs blanches et ses feuilles coriaces couronnent une tige de 3 à 4 mètres de hauteur tout au plus dans la plupart des individus que nous avons vus. Cette espéce se fait remarquer par son port élégant et tout à fait différent de celui des autres végétaux qui l'environnent. Son bois est blane, mou, et jadis trés-exploité pour l'industrie des sabots, etaussi, nous a-t-on dit, pour la construction des grossiers instru- ments de musique (vio/as) au son desquels les gens pauvres dan- sent et chantent dans l'intérieur de leurs cabanes. (A continuer.) SUR L'ORGANISATION DES RHEUM ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE En 1867, M. le docteur Dabry de Thiersant a envoyé à Paris la plante thibétaine qui passe, parmi les Chinois, pour fournir les Rhubarbes de Canton et de Moscovie. Cette plante, cultivée depuis lors à Paris, dans le jardin botanique de la Faculté de médecine, et à Bouffémont, dans la propriété de M. Giraüdeau, y a pris en quelques années tout son développement. Elle nous a fourni les matériaux des recherches dont nous allons exposer les principaux résultats. Bien des notions admises et professées sur l'organisa- tion et les produits des Rhewm s'en trouveront modifiées ; mais il est bien entendu que l'on ne saurait encore donner le dernier mot de cette question, et que rien ne prouve que cette plante soit la seule qui donne à la pratique toutes les bonnes rhubarbes asia- tiques. Il n’y a aucune des espèces de Rhubarbes connues de Linné, qui n'ait été employée en médecine, Outre le Rheum Rhaponti- cum, qui a passé de tout temps pour donner le Rhapontie, l'auteur du Species plantarum admettait, en 1753, deux espèces : les R. Ribes et Rhabarbarum. La première produit peut-être quelque sorte de rhubarbe venant de Perse, mais en général elle n’est recherchée dans ce pays que comme alimentaire. La dernière était caractérisée par ces mots : R, foliis subvillosis undulatis, petiolis æqualibus, et c'est elle dont Linné changea plus tard le nom en celui de R. undulatum ; si bien que, en 1762, il connais- sait cinq espèces de Rheum : les R. undulatum, Ribes et Rha- 290 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM ponticum, plus le R. compactum etle R. palmatum, ainsi défini : R. folüs palmatis acuminatis. Toutes ces plantes, sauf la dernière, ont été longtemps-eultivées, et elles le sont encore cà et là pour la production des rhubarbes dites indigénes, de pays, etc. On leura attribué plus d'une. fois l'origine de la rhubarbe asiatique véritable, celle de bonne qualité qu'on recherche pour l'usage médical; qu'on devrait seule em- ployer, et qui porte principalement les noms de Rhubarbe de Chine et de Moscovie. Celle que le gouvernement russe achetait, vers le milieu dusiécle dernier, aux marchands boukhares, avait été attri- b ^ par Kauw-Boerhaave aux R. undulatum et palmatum. S_us le règne de Catherine la Grande, Pallas et Georgi la crurent produite par les R. compactum et undulatum. Pallas connaissait bien le R. palmatum ; quand il en montra les feuilles aux indi- gènes, dans le cours de son voyage vers l'est de l'empire russe, il lui fut répondu que telles n'étaient point celles de la plante à la vraie rhubarbe importée en Moscovie. Si, plas tard, il changea d'avis, e'est qu'il vit, comme il était arrivé à Kauw-Boerhaave, les graines envoyées à Moscou pour celles des plantes à rhubarbe produire des pieds des R: palmatum, undulatum et compactum. Il rapporta done à ces trois espèces l'origine du médicament. Plus tard encore la tneilleure des sortes de rhubarbes moscovites, celle qui, réservée pour la Cour, portait le nom d'zmpériale ou blanche, fut attribuée au R. leucorhizum de Pallas. Mais, dés lors, beau- coup de savants s'aecordaieht à reconnaître que la véritable plante a'la rhubarbe ‘de Chine et de Moscovie n'avait pas été observée. On cultivait en Europe bien des Rheum, les R. Rhaponticum, compaetum, undulatum; palmatum; ‘et surtout ‘en: Autriche, le Riz hybridum ; mais on ne les corísidérait plus que comme pou- vant produire de la rhubarbe indigéne, et non comme source des sortes moscovites et chinoises. : | " Guibourt s'était particulièrement attaché à la solution de cette question. Il savait bien qu'on « n'a jamais pu, avec le R. undula- tum, faire dé ta vraié rhubarbe », et quelà rhubarbe dite de Mos- ^. ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. . 221 covie appartient à un autre. Rkeum, qui croît dans les. pays montagneux et presque inaccessibles qui bordent la Chine au nord-ouest » ; il dit encore que le R. compactum « vit trés-bien dans les jardins, de méme que les R. undulatum et Rhaponticum, et que tous trois donnent des produits qui sont confondus, dans le commerce, sous le nom de R. de France ». Mais ayant cultivé, entre autres espèces de Rhubarbes, le R. palmatum, il fut con- duit à penser que c'était là l'espéce qui donne la R. de Chine, parce que la racine qu'il en obtint jouissait seule, exactement de l'odeur et de la saveur dé ce médicament, quoiqu'elle ne. craquàt point sous la dent. Toutefois, dans l'édition qu'il a donnée du Traité des drogues simples de Guibourt (III, 427), M. G. Planchon fait remarquer que « ce qui rend difficile d'accepter l'opinion émise par Guibourt, c'estla différence, qui existe entre la struc- ture anatomique de la rhubarbe d'Asie et de la racine du Rheum palmatum » , différence sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure, et que l'on conçoit facilement, quand on sait de quelle partie du végétal est surtout tirée la véritable R. de Chine et de Moscovie. i La découverte des Rheum indiens, dont quelques-uns donnent à la pratique des produits d'intérêt secondaire, détourna quelque temps les savants de l'étude des rhubarbes chinoises. Guibourt parle lui-même de l'abandon général dont parait menacé le R. pal- matum, par suite de la découverte du R. australe. C'est que, en effet, Wallich, dans son exploration des montagnes de l'Inde, avait rencontré à Emodus, dans les hauteurs himalayennes de Gossain-Tham, un Rheum qu'il nommait R. Emodi, et dont il envoya à Londres, en 1828, des graines comme étant celles de la véritable rhubarbe asiatique; il supposait que les racines de cette espèce étaient envoyées de Chine à Ormuz, à Alep, à Alexandrie, et queles navires anglais les apportaient alors, soit de Canton , SOIt d'Ormuz. Cette opinion fut immédiatement adoptée en Angleterre. Gobel fut aussi de cet avis. Mais il fut bientót démontré : 1° que la plante n'appartenail pas à une espèce nouvelle, et qu'elle était OH I 311 sq RE Pii 929 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM identique (au moins en partie) au R, australe de Don; 2° que la R. de l'Inde n'a aucun des caractères des sortes chinoises. Pereira a vu qu'elle était de si mauvaise qualité, qu'on n'en pouvait trou- ver le placement dans le commerce. La plupart fut vendue [à vil prix ou expédiée aux États-Unis. Il est vrai que cette rhubarbe élait avariée, et Guibourt, en brisant les morceaux, y trouva « quel- ques parlies saines qui, par leur belle marbrure rouge et blanche parleur saveur et par l'abondance des cristaux d'oxalate de chaux sensibles sous la dent, peuvent être comparées à la meilleure rhu- barbe officinale » ; mais nous verrons bientót que ce ne sont pas là des caractères d'une valeur absolue, quand il s'agit de cette dernière. Il y avait d'ailleurs de bonnes raisons pour que l'on considérá comme encore inconnue la plante qui donne la vraie rhubarbe, et elles étaient tirées des caractéres histologiques du médicament. Le principal parmi ceux-ci (nous verrons bientót que tous les autres sont d'une importance fort secondaire) consiste dans la pré- - sence, sur un fond d'une teinte jaunátre, d'un assez grand nombre de taches étoilées, que l'on a indiquées dans les ouvrages clas- siques comme « des cercles d'une structure particulière, qui pré- sentent, en petit, l'apparence de la racine tout entiére ». Nous reviendrons plus longuement sur ces taches, et l'on verra pour- quoi elles doivent exister normalement et en grand nombre sur la plupart des véritables rhubarbes de Chine, tandis que leur pré- sence dans les rhubarbes indigènes ne peut être qu'un fait acci- dentel. On aurait dà, pour d'autres motifs encore, s'apercevoir que les Rheum énumérés plus haut ne peuvent être les plantes à la véritable rhubarbe, pas méme le R. palmatum, qui est celle qui lui ressemble le plus, parce que les auteurs chinois, qui connais- saient bien la plante officinale, la décrivent comme ayant « des feuilles nettement vertes dés le début, avec la taille et la forme d'un éventail ouvert, quand elles sont bien développées, et tout à fait semblables à celles du Ricin commun. » Susung déclare d'ail- leurs que la partie employée comme médicament (et qu'il consi- ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. 293 dère à tort comme la racine) est grosse, longue d’un à deux pieds, revêlue de ce qu'il appelle une écorce noire, et qu’elle est molle, humide à l'intérieur avec un aubier jaune. Le R. palmatum a des feuilles toutes blanchátres à la surface; leur sommet s'allonge plus ou moins, la forme générale de leur lobe terminal étant ovale : et l'on n'a pas fait attention à ce que répondirent à Pallas les Bour- baskis qui avaient vu la plante à la rhubarbe de Moscovie, quand - il leur présenta des feuilles du R. palmatum. Elles leur étaient inconnues, et ils savaient bien que celles de la vraie rhubarbe étaient arrondies et non allongées, marquées sur les bords d'un grand nombre d'incisions. Comme, en même temps, il fallait une plante à feuilles franchement vertes, on concoit que Georgi ait cru reconnaitre dans les descriptions vagues de quelques Cosaques le R. undulatum; mais celui-ci, de méme que le R. compactum, donne un produit uniquement extrait de ses racines et qui diffère totalement des sortes officinales véritables. Les meilleures rhubarbes de Chine et de Moscovie se tirent, non pas des environs de la grande muraille de la Chine, comme on le pensait au temps de Linné, mais d'une plus grande distance au sud-ouest; et Guibourt supposait avec raison qu'elles viennent probablement du Thibet. Il y a là des raisons géographiques et politiques méme pour que la plante ait été si longtemps inconnue aux Européens et aussi à la plupart des Chinois. Les régions où elle croît sont presque inaccessibles. M. le docteur Thorel a peint, dans sa thése sur le Voyage d'ezploration du Mékong, cette « mer de montagnes » , qui défend l'accès du Thibet à ceux qui viennent du sud, et cette série de fortifications naturelles étagées les unes au-dessus des autres, dont la masse est pour ainsi dire inacces- Sible. C'est au sommet de ces gigantesques défenses naturelles que sont les plateaux des lamaseries où s'exploitent les rhubarbes thi- bétaines. C'est de là que revenaient ces caravanes qui, elles-mêmes, ont rencontré d'autres troupes de voyageurs et de trafiquants, dont nos compatriotes ont appris qu'ils étaient bien loin encore du pays de production de la Rhubarbe. Par le Yun-nan, les difficultés sont 22h SUR L "ORGANISATION DES RHEUM grandes aussi ; l'expédition française ne put arriver jusqu'à ces plateaux ant «La Zihubarbe de Chine, dit M. Thorel, provient principalement du Thibet; on en récolte pourtant un peu dans les quelques hautes montagnes du Yun-nan et du Se-tchouan quiavoi- sinent le Thibet : ainsi, on la rencontre sur la montagne de Likiang, qui n'a pas moins de 5000 mètres d'altitude, et dont le sommet “est couvert d'une neige éternelle. S'il faut s'en rapporter aux indi- génes, celte plante ne eroit vigoureusement qu'à la limite des neiges, à 4000 mètres environ. C'est au moment où nous aper- cevions dans le lointain cette belle montagne, qu'il nous à fallu, à notre grand regret, revenir sur nos pas ; de sorte que nous n’a- vons pas pu vérifier si c'est bien, comme on le suppose, le Rheum palmatum qui produit les racines expédiées en Europe. » A ces difficultés, qui tiennent à la configuration du pays, il s'en est joint de plus curieuses, qu'explique bien l'intéressante lettre écrite par M*' Chauveau, vicaire apostolique du Thibet, à l'auteur d'une thése récente et fort remarquable sur les rhubarbes, soute- nue, il y a deux ans, par M. E. Colin: «Il fut un temps, dit le prélat, où la rhubarbe formait une branche considérable du com- merce au Thibet. Les lamas, qui s’en aperçurent, et qui sont. les maitres souverains du pays, prétendirent et prétendent encore qu'il y a dans cette plante quelque chose du divum quid d'Hippo- crate; ils en conclurent que les montagnes qui fournissaient la rhubarbe sont des terrains áimés des dieux, et en conséquence . que cette médecine appartient aux lamaseries. La récolte est donc soumise à des cérémonies tout à fait particulières et terminée par des imprécations terribles contre tous ceux qui, jusqu'à la récolte prochaine, oseraient s'introduire sur la terre sacrée..... J'ai dit plus haut que la rhubarbe avait autrefois formé une branche très- importante de commerce dans ce pays; mais aujourd'hui, compa- rativement du moins, ce commerce a bien diminué. On a tellement torturé cette pauvre plante, que l'espèce va décroissant en quantité eten qualité. D'ailleurs le médecin chinois recourt beaucoup plus Lion tte à l'emploi dela rhubarbe dans sa thérapeutique. Le lama, ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. 925 perdant beaucoup de son ancien prestige, ne peut plus, comme autrefois, protéger ses forêts contre les pillages des Thibétains; et le Chinois, qui s'insinue partout et qui ne croit ni à Dieu, ni à diable, ne se fait aueun serupule de dévaliser la terre des dieux quand l'occasion s'en présente. » Et c'est par un Chinois probable- ment qu'elle s’est présentée, pour M. Dabry ou ses correspon- dants, de se procurer la fameuse plante à la rhubarbe officinale. Tout ce que nous savons, c'est qu'elle provient du Thibet et qu'elle est originaire de la portion orientale de ce pays, limitrophe de la Chine. C'est de là qu'elle est parvenue, par l'intermédiaire du P. Vincot, missionnaire du Setchouan, à M. Dabry, consul de France, qui l'adressa en 1867 à la Société d'acelimatation de Paris. Quand cet envoi arriva en France, M. L. Soubeiran constata avec chagrin que la vaste caisse où avaient été empilés les pieds de Rhubarbe ne renfermait plus qu'un énorme magma en putré- faction. Heureusement que le plus habile de nos horlieulteurs, M. L. Neumann, observa dans la masse quelques corps globuleux, rougeâtres, semblables à des bourgeons, qu'il essuya et placa sur terre de façon à leur faire développer des racines adventives. Bientôt les écailles qui enveloppaient ces bourgeons se déchirèrent, S'élalérent et laissèrent sortir quelques petites feuilles. Celles- ci tombèrent à l'arriére-saison, laissant à nu une trés-courte tige, brune, à peine saillante, laquelle, après le repos de l'hiver, s’allon- gea en produisant de nouvelles feuilles, des bourgeons axillaires ; on put alors étudier quelques-uns des caractères de cette espèce. Les premières feuilles qui se développèrent sur la plante présen- tèrent, avec de plus petites dimensions, tous les caractères que devaient avoir les feuilles plus âgées, et elles peuvent dès cet âge servir à caractériser l'espéce. Elles ont bien, avec une teinte vert clair uniforme, cette forme d'éventail étalé dont parlent les méde- cins chinois, ou encore l'apparence de celle des Ricins. Leurs dimensions peuvent être considérables, puisqu'on en a mesuré qui atteignent à peu prés 1",50 de longueur (dont 50 centi- mètres environ pour le pétiole, et le reste pour le limbe). Quant xi. (1*7 juillet 1874.) 15 226 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM ila forme générale du limbe, abstraction faite de ses découpures, on peut dire qu'elle est orbiculaire ; mais il faut ajouter qu'il est, dans les feuilles adultes, un peu plus large que long. Sa base est profondément échanerée. Là il est digitinerve, avec cinq grosses nervures qui s'étalent en divergeant, à peu prés à des distances égales. Le parenehyme ne s'étend pas en dehors jusqu'à la base des deux nervures les plus extérieures ; disposition qui s'observe dans plusieurs Rheum, mais qui est ici très-prononcée; si bien que le bord extérieur de ces nervures est nu dans une étendue de plusieurs centimètres, au-dessus desquels le parenchyme se termine par une sorte d'auricule arrondie trés-manifeste. Si done on vou- lait exactement définir la forme de ce limbe qui, largement échan- eré, cordéà la base, est un peu plus large que long, comme nous l'avons dit, il faudrait en somme le décrire comme réniforme. Quant aux découpures des bords, elles répondent d'abord aux grosses nervures primaires, si bien qu'elles forment cinq lobes peu profonds, le terminal moins saillant que les latéraux ; puis les bords de chacun de ees lobes sont eux-mémes NT incisés, leurs divisions répondant au sommet des petites nervures qui sont de divers ordres, leur disposition étant pennivéniée, puis ana- stomosée-réticulée, avec des mailles larges et inégales. Tout ce réseau de nervures épaisses et charnues proémine à la face infé- rieure du limbe, et là, sur les nervures aussi bien que dans leurs “intervalles, tandis que la face supérieure est glabre, d'un vert gai, légèrement luisante, tout le limbe est parsemé d’un duvet fin, mais court, formé de petits poils blancs et dressés, qui persistent jusqu'à la fin. Quant au pétiole, fortement dilaté à sa base (dont la largeur peut dépasser 5 centimétres) et épanoui en une ocréa d'abord lisse, verte ou rougeátre, membraneuse, plus tard. irré- guliérement déchirée, mais subsistant longtemps sur la tige et les branches, où elle devient finalement brun, il est presque cylin- drique, ordinairement un peu aplati sur le milieu de sa face interne, mais totalement dépourvu de sillon, et toute sa surface est lapissée de la fine villosité que porte le limbe. ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. 293 Les feuilles paraissent dès la fin de l'hiver, comme dans la plu- part de nos Rheum ; elles sont alors involutées-plissées-corruguées, rougeâtres et presque glabres, sauf le pétiole, qui est jaunâtre. Alors que ces feuilles ont déjà pris un grand développement, de jeunes rameaux herbacés peuvent sortir verticalement des tiges épaisses ; rameaux gréles qui sont chargés de quelques feuilles alternes, distantes, à limbe peu développé, tandis que l’ocréa l'est beaucoup. Je ne sais si ces petits axes ne sont pas des rameaux florifères qui, dans une plante encore trop jeune, s'arrêtent dans leur évolution. Lorsqu'il s'agit de véritables branches à fleurs, les axes herbacés qui les porteront, hauts de 2^,50 environ, épais, charnus, légèrement anguleux, s'élancent en avril ou en mai, chargés de feuilles alternes, assez distantes les uues des autres, semblables à celles de la tige, mais de plus en plus petites. Une seule plante, portant cinq ou six de ces inflorescences dont toutes les (leurs sont d'un blane verdâtre, rappelle de loin, par sa portion supérieure, ces beaux Gynerium qu'on cultive dans nos jardins. Les axes se ramilient beaucoup au sommet, et leur extrémité devient penchée, probablemeht sous le poids des milliers de fleurs qu'elle porte. Celles-ci sont disposées en grappes trés-ramifiées de cymes; leurs pédicelles gréles sont articulés vers leur base, accompagnés de bractéoles bien plus courtes qu'eux-méimes et qui finissent par brunir. Les fleurs sont à peu près celles de tous les Rheum, mais sur- tout de ceux où la périgynie n'est pas ou est à peine indiquée. Leur réceptacle a la forme d'un cône trés- surbaissé. Les six folioles ovales-oblongues du périanthe sont à peu prés toutes de méme longueur ; les intérieures sont seulement un peu plus larzes. Les neuf étamines, presque complétement hypogynes, comme le pé- rianthe, dont elles n'atteignent pas tout à fait la hauteur, ont un filet subulé et une anthére ovale, oscillante, introrse, jaune, avec deux loges déhiscentes suivant leur longueur, indépendantes inférieu- remen! l'une de l'autre. Le disque est représenté par trois glandes, ou à peu près égales el situées en face des sépales extérieurs, irré- * 9:8 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM guliérement trapézoidales, épaisses, charnues, à bord supérieur mousse, inégalement crénelé ou lobé, ou unies entre elles et plus ou moins confondues d'une facon trés-variable. Leur teinte est d'un vert foncé. Le gynécée, plus court que les étamines, est celui de tous les Rheum ; son ovaire trigone et glabre est surmonté d'un style à trois branches pâles, récurvées, dilatées chacune en une énorme tête stigmatifére, suborbiculaire ou échancrée en dedans et réniforme, souvent déprimée au centre. Le fruit nous est encore inconnu. Mais M. Dabry sait qu'il a été observé. A ces caractères, on reconnait une espèce du genre Rhewm qui doit être rangée dans le $ 1 de ce genre, tel qu'il a été défini par M. Meissner dans le Prodromus, en ces termes : « Racemi pani- culati. Folia dentata vel luciniata. » Deux espèces seulement y constituent ce petit groupe, le R. palmatum L. etle R. hybridum Munn., avec sa variété glabrum (ou dentatum de Martius). Cette dernière plante, par ce qu'on dit de-ses grandes dimensions et de sa floraison un peu tardive, me semblait devoir étre trés-analogue, sinon identique, à la plante de M. Dabry. Le pied vivant que nous en avons recu du Jardin royal de Munich est une plante toute dif- férente, et c'est elle sans doute qu'au Jardin de Berlin on a nom- mée R. compactum var. dentatum. La caractéristique du R. Ay- bridum, telle qu'elle se trouve dans le Prodromus, indique d’ailleurs, et avec raison, cette espèce comme pourvue de feuilles à pétiole canaliculé en dessus et à feuilles ovales; et, en effet, le lobe terminal s'y trouve plus long et bien plus saillant que les autres ; caraetére qui ne se retrouve pas dans la feuille plus large que longue de notre plante. Cette derniére est encore pubescente jusqu'au bout, tandis que la variété glabrum du R. hybridum lire précisément son nom de ses feuilles : « foliis demum qglaberrimis ». Le R. palmatum est décrit au contraire comme ayant des pétioles subcylindriques et des limbes suborbiculaires-cordés, palmatilo- bés, légèrement scabres. C'est lui qui ressemble le plus, sans con- iredit, à notre espèce, et il en est extrémement voisin, ce qui explique qu'on l'ait pris souvent pour la plante à la vraie rhu- ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. 299 barbe; mais la profondeur des échancrures et le revêtement blanc et rugueux de toute la surface de son limbe lui donnent un cachet très-différent. Maintenant il est possible, comme l'hy- pothése en a été, je crois, exprimée, que, de méme que le R. un- dulatum et ses formes, notre Rhubarbe ne soit qu'un hybride, un résultat du croisement du R. palmatum avec quelque autre espèce d'une autre section du genre, comme les R. Rha- ponticum, undulatum, ou tout autre. Nous n'en savons rien, pas - plus que de l’origine de la plupart des espèces ou de ce que l'on considére comme tel ; il fallait un nom particulier pour distinguer la plante que M. Dabry a importée comme produisant la rhu- barbe officinale, et c'est de là que nous avons provisoirement tiré son nom spécifique, dans la caractéristique sommaire que nous en avons donnée dans l'Adansonza (X, 246) et que nous modi- fions légérement. RHEUM OFFICINALE. Planta perennis e basi valde ramosa; eaule ramisque brevibus crassissimis (humani brachii v. cruris crassitudine) supra terram (25-40 cent.) prominulis frutescentibus, cicatricibus v. vestigiis pareis (atro-fuscatis) foliorum ocrearumque notatis, extus fuscatis, intus carnosis v. subpulposis succoque lutescente v. subauran- tiaco rhabarbari officinalis scatentibus. Folia alterna approximata ampla (juniora rubescentia), ocrea obovoidea glabra (pallide vires- cente v. nunc rubescente) sublucida, demum insequali-fissa, invo- luta; petiolo (ad £ metrali) e basi valde (lat. 4-5 7 cent.) dila- tata compressa subeylindrieo, intus haud suleato, nune paululum ad medium complanato, albido-pubescente; limbo (ad 4 metr. et ultra longo latoque) paulo latiore quam longiore, orbiculari-sub- reniformi, basi 5-nervio digitatim subflabellato, ambitu breviter 9-lobo ; lobis inæquali-incisis ; terminali lateralibus baud longiore v. paulo breviore; nervis venisque reticulatis subtus valde promi- nulis crassis, uli pagina infera tota, sed ditius, pube albida tenui vil- lusulis ; nervis inferioribus 2, extus ad basin (inde spurie cordatam) 930 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM nudalis ; parenchymate petiolum summum haud atlingente ibique nune inde subaurieulato. Ramuli nune juniores e stipite assur- gentes herbacei, foliis paucis parvis remote alternis instructi (inflorescentiæ (?), ut videtur, abortivæ). Inflorescentiæ fertiles (ad 2 $ metr. alie) erectæ foliatæ, ad apicem ramosæ ; ramis apice nutantibus flores crebros (pallide virescentes) cymosos gerentibus ! pedicellis gracilibus ad basin articulatis; bracteis brevissimis (pedi- cello 5, 6-plo brevioribus), demum fuscatis. Sepala subhypogyna oblongo-obovata; interiora 3 paulo latiora. Discus e glandulis 5 constans, sepalis exterioribus antepositis, aut omnino liberis, aut irregulariter inter se connatis, inæquali-obtrapezoideis carnosulis, apice crasso obtuso plus minus erenato-lobatis (dense viridibus). Stamina 9, subhypogyna, perianthio paulo breviora; filamentis subulatis, demum subæqualibus ; antheris ovatis, apice muticis v. marginalis; loculis (luteis) basi liberis, caducissimis. Gynæceum staminibus brevius; germine pyramidato-3-gono (viridi); styli 3-partili ramis (albidis) recurvis, apice stigmatoso suborbicu- lari-dilatatis, intus subreniformibus et centro nune nonnihil depressis. Ovulum ut in genere ; cæteris hucusque ignotis. (V. v. cult.) Les organes de la végétation de la Rhubarbe officinale se com- portent, pendant les premiéres années, comine ceux des autres espèces herbacées cultivées dans nos jardins depuis de longues années. Sur des pieds connus pour avoir environ un demi-siécle, les feuilles de l'année, une fois tombées, la plante n'est plus re- présentée que par une souche souterraine et par des racines quel- quefois énormes, tandis que les portions aériennes disparaissent pour tout l'hiver à peu prés complétement. C'est à peine si, sur certains pieds, on apercoit encore à fleur de terre le sommet bru- nâtre, entouré de squames sèches, d'une tige ou d’un rameau. Mais dés la troisième ou la quatrième année, notre plante a pré- senté un mode d'évolution tout à fait différent. Les racines péris- saient en partie l'hiver, si bien que le pied ne tenait plus solide- ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. 231 ment au sol, dont il eût été assez facile de l'arracher. Quant à la tige et à ses rameaux principaux, au lieu de demeurer sous terre après la chute des feuilles, ces parties s'étaient assez développées au-dessus du sol pour former de véritables axes aériens, dont le nombre augmente, bien entendu, avec l'âge, et qui persistent dans l'air pendant l'hiver, alors qu'il n'y a plus aucune partie verte sur la plante. Ces axes aériens, qui atteignent environ un pied de lon- gueur, et que pour leur forme, leurs dimensions et leur couleur, on compare vulgairement à des obus, ont déjà, à l'époque où nous les observons, jusqu'à la grosseur de la jambe de l'homme, et ils sont à peu prés noirâtres, Cette coloration est due à ce qu'on appelle leur écorce; mais si l'on regarde en quoi consiste cette derniére, on voit qu'elle constitue une sorte de revétement formé des bases des feuilles de l'année précédente et de leurs ocréas, des- séchées, brunies, plus ou moins étroitement imbriquées. Quelques- uns de ces appendices noiràtres sont çà et là soulevés par leur bourgeon axillaire, qui est globuleux, rougeâtre, de la grosseur d'une noisette ou à peu prés, et dont la présence démontre bien la signification de l'organe desséché dans l'aisselle duquel il est placé. C'est paree que quelques-uns de ces gros bourgeons axil- laires se développeront, dans la période suivante de végétation, que les axes aériens de notre Rheum iront chaque année en se ramifiant davantage. C'est aussi parce que quelques-uns d'entre eux, entourés de lames bractéales étroitement serrées et imbri- quées, avaient persisté dans la masse en fermentation qui arriva du Thibet à Paris, que la plante a pu être conservée. C'est grâce à eux aussi qu'elle pourra facilement se multiplier; car un de ces bourgeons, détaché et planté convenablement, peut, dans de bonnes condilions, développer sur la cicatrice de sa base des racines ad- ventives et reproduire aisément la plante. Quant à la base même dela tige, en partie détruite et tronquée sous le sol à mesure que les rameaux aériens prennent plus de développement, elle produit vers sa portion inférieure d'autres racines adventives qui sont destinées à nourrir la plante pendant les périodes de végétation. A propre- 989 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM ment parler, notre Rheum est done une plante frutescente, mais dont les tiges et rameaux aériens ont une épaisseur et une consis- tance toute particuliére. C'est d'eux sans doute que parlait Susung, quand il déerivait cette masse charnue, humide, d'un jaune intense, à aubier richement développé et succulent, qui s'emploie comme médicament. La substance usitée en médecine est ici en grande partie une portion de la tige et d’une tige aérienne. Quand on la monde de son écorce, dit-on, on n'enléve, en réalité, qu'une petite fraction de la véritable écorce, laquelle est trés-épaisse et trés-charnue, et, avec elle, les restes de feuilles, d'ocréas et de bractées qui s'implantent à sa surface; mais on laisse autour du bois la plus grande portion de la véritable écorce, et il est facile de trouver, sur la plupart des morceaux de rhubarbe du commerce, la limite qui sépare l'une de l'autre ces deux zones. Si, dans les Rhubarbes indigénes et dans plusieurs de celles que l'on substitue à la Rhubarbe chinoise, c'est la racine ou une souche souterraine qui fournit le médicament, tandis que dans cette derniére, ce sont surtout des axes aériens, la consé- quence doit en étre une différence considérable dans l'organi- sation anatomique de ces diverses substances; et c’est là ce qui explique précisément les particularités histologiques que nous observons dans bien des morceaux de la véritable Rhubarbe du Thibet. Alors que la plante introduite par M. Dabry nous était encore complétement inconnue, nous avions tenté, pour la Rhubarbe, comme pour beaucoup d'autres médicaments, de déterminer si la portion souterraine employée en thérapeutique presque constam- ment sous le nom de racine, est en réalité une racine et non une tige souterraine, Il y a un grand nombre de plantes médicinales pour lesquelles cette derniére alternative est la seule vraie ; et l'on sait bien aujourd'hui que de prétendues racines, comme celles des ris, Benoite, Tormentille, Fraisier, Bistorte, Chiendent, ete., etc., sont des rhizomes, c'est-à-dire des tiges souterraines. Pour les Rheum indigénes, nous étions, au contraire, arrivé à cette conclusion, ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. 933 que la portion souterraine employée est bien la racine, comme dans le Jalap, l'Aconit Napel, la Pivoine officinale, le Raifort, etc.; et cela grâce à une expérimentation de plusieurs années, dont nous ne croyons pas complétement inutile d'indiquer ici sommairement les principaux résultats. En semant les rhubarbes communes de nos jardins, comme les R. hybridum, compactum, etc., on obtient trés-facilement des germinations, et l'on constate que, dans ces espèces, il se forme rapidement un grand pivot qui persiste pendant plusieurs années successives et qui va toujours s'allongeant et s'épaississant. A voir ce fait, sur des pieds dont nous suivions le développement depuis cinq ou six années, nous avions dû admettre que la portion souter- raine des Rheum employée comme médicament est bien la racine, et non une tige souterraine. Aujourd'hui, il est vrai, nous avons appris qu'il n'en est ainsi que pour les Rhubarbes dites d'Europe; toutefois, l'étude longtemps poursuivie de ce long pivot n'a pas été sans profit et sans intérét. Elle nous a montré d'abord le siége de la substance active de la rhubarbe, laquelle, apparaissant dés les premiers temps de la végétation, se reconnait à tout âge à sa cou- leur jaune et à sa saveur amére. Alors que tout le reste du jeune pivot est semblable à celui d'une foule de racines potagères à écorce épaisse et charnue, et dont le parenehyme est seulement remar- quable par la présence dans ses cellules de grains d'amidon abon- dants ou de cristaux d'oxalate de chaux, il y a certaines cellules, situées dans certaines régions du pivot, qui se colorent en jaune ; elles sont situées, les unes dans le parenchyme central, les autres dans le parenehyme cortical; et il y en a qui relient les unes aux autres, c'est-à-dire qui suivent le trajet des rayons médullaires. Ces cellules à contenu coloré forment ainsi, sur une coupe trans- versale, des séries plus ou moins interrompues qui partent en rayonnant dela moelle et qui, parvenues dans l'écorce, s'inclinent ou s'arquent. plus ou moins brusquement à droite ou à gauche. Leur nombre augmente naturellement d'année en année, et bien- tôt tout le pivot en acquiert une teinte jaunâtre uniforme, même 935 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM à la surface. Il ne porte que de fines racines latérales ; et, à la fin de la première année, on voit près de sa base les cicatrices de quelques feuilles produites pendant cette période. Elles sont sur- montées de quelques jeunes feuilles qui ont une petite gatne mani- feste, s'emboitant étroitement les unes dans les autres el ne se développant qu'après le repos de l'hiver. Tantôt ce bourgeon prin- cipal, répondant au sommet de la tige primitive, persiste et s'al- longe pendant quelques années ; tantôt, au contraire, et j'en ai vu de nombreux exemples dans le R. undulatum, il se détruit pen- dant l'hiver. Dans ce cas, la végétation de la plante reprend au printemps avec la même racine qui grossit davantage ; mais les feuilles qui se développent alors appartiennent à un ou deux bour- geons latéraux qui répondent aux aisselles de la première ou des deux premières feuilles de l'axe principal. Ces mêmes bourgeons latéraux se développent aussi bien dans de jeunes pieds dont le bourgeon primaire n'a pas encore été détruit ; mais dans ce cas les feuilles qu'ils portent sont moins grandes et s'élévent, on le conçoit, moins rapidement. Il n'en est pas moins vrai que dés lors la très- courte tige de ces Rheum est déjà un sympode ; et si alors on fait une coupe transversale tout contre le collet, on y voit au moins deux sections transversales : l'une, trés-grande, est celle de l'axe prineipal, et l'autre, tout à fait excentrique, trés-pelite par rapport à la première, reléguée vers la surface du parenchyme cortical épaissi de celle-ci, est la coupe d'un rameau secondaire. On pourrait, bien entendu, voir deux ou trois de ces petites sec- tions transversales, s'il y avait deux ou trois bourgeons latéraux qui se développassent et que la coupe passât à un endroit conve- nable. Mais chacune de ces sections étant celle de la portion bàsi- laire d'un rameau qu'elle rattache à l'axe principal, son organisa- tion histologique doit étre la méme, et de là l'apparence rayonnée qu'on y constate et qui ne fera que s'accentuer avec l'âge. Cela étant posé, on s'explique aisément ce qui arrive dans les tiges et les branches aériennes, courtes et épaisses, de notre Rhu- barbe du Thibet, A chacun des bourgeons axillaires, vigoureux, ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE. 235 qui occupent l'aisselle des feuilles, et aussi à chacune des racines advenlives qui se produisent vers la base détruite chaque année de la portion souterraine, répondent des cylindres à structure ana- logue à celle d'une tige ou d'une racine, qui traversent oblique- ment l'écorce épaisse et charnue, pour aller se relier au bois de l'axe principal. Et comme c'est une erreur de dire que la rhubarbe est mondée de son écorce ; comme le couteau n'a fait qu'enlever les couches les plus superficielles de cette dernière, la lame a pro- duit en passant des coupes plus ou moins obliques de tous ces petits axes enchâssés dans la gangue corticale ; et ces coupes con- stituent les taches éloilées dont il a été si souvent question dans ces dernières aunées. Dans chacune de ces taches, il y a des rayons médullaires nombreux et des faisceaux interposés, tranchant les uns sur les autres, comme dans l'axe principal, par leur colora- tion et leur consistance différentes. C'est toujours, ici comme ailleurs, dans les cellules des rayons médullaires, disposées sur une ou plusieurs rangées parallèles, que se voit la substance active jaune et amére. Les conséquences de ce qui précéde sont nombreuses. Premié- rement, si les rhubarbes dites de Chine et de Moscovie (en dehors des mélanges que l'on peut considérer comme des falsifications) sont le produit d'une seule espéce botanique, produit issu du Thi- bet et dirigé, soit vers l'est, pour constituer de la rhubarbe dite de Canton, soit vers l'Occident, et devenant alors de la rhubarbe moscovite, il n'est pas étonnant que beaucoup d'auteurs, s'occu- pant de cette question et comparant certains morceaux de la drogue russe à certains fragments du médicament chinois, aient pu décla- rer qu'ils ne voyaient entre les uns et les autres aucune différence histologique constante et absolue. En second lieu, la disposition relative des différentes portions de la rhubarbe, la fréquence, la direction, la forme de la zone centrale, ou cercle pulvérulent de M. Berg, de la couche foncée annulaire extérieure au vrai bois, et des taches étoilées elles- mêmes, doivent être, dans une seule et même sorte commerciale, 936 SUR L ORGANISATION DES RHEUM extrémement différentes suivant le sens dans lequel a été opérée la division des morceaux lors dela récolte. Une branche peu volu- mineuse peut avoir été coupée seulement en travers, suivant deux plans perpendiculaires à son axe; et-les divers systèmes histolo- giques s'y agenceront régulièrement comme des étuis emboiltés, tandis que les grosses tiges ont été fendues par deux ou trois, quel- quefois par quatre sections, chaque morceau étant ensuite repris et taillé d'une façon variable, plus ou moins obliquement à ses extrémités. Alors souvent la rhubarbe prend cette forme en sabot de cheval, qui s'observe dans de très-belles sortes où les deux faces plane et convexe des fragments sont forcément dissemblables comme organisation. Sur la face plane (interne), les étoiles peuvent manquer, si la section à passé trop prés du centre de l'axe ; elles peuvent étre abondantes, si la grande épaisseur de ce dernier a permis qu'elle passàt vers le milieu de la couche corticale; elles peuvent étre à peu prés circulaires, si la section a été faite avec une certaine obliquité, c'est-à-dire perpendiculairement à la direc- tion des faisceaux. Et quant à la surface convexe (extérieure) de cette rhubarbe en sabot, elle peut aussi, çà et là, présenter des traces d'étoiles, quand cette opération, qu'on a qualifiée d'écorce- ment, a enlevé une épaisseur un peu considérable de l'écorce. Mais ee qui se remarque plus ordinairement à la surface des mor- ceaux, c'est la présence d'un fin réseau losangique, sur le peu de valeur duquel nous reviendrons tout à l'heure. Troisièmement, si la Rhubarbe du Thibet porte quelquefois, lorsqu'on l'arrache, de véritables racines assez volumineuses pour qu'on puisse les couper en eylindres étroits et les expédier en - Europe, ces portions ne sauraient avoir la méme organisation que les tiges, et c'est ce qui se voit bien dans la sorte commerciale que Pereira a décrite, en Angleterre, sous le nom de Canton stick Rhubarb. Ses morceaux sont cylindriques et n'ont pas un pouce de diamétre ; mais on ne peut guére douter qu'ils ne proviennent de la méme plante que la bonne rhubarbe de Chine ou de Moscovie, avec laquelle ils sont parfois mélangés. Et cependant ils ont au ET SUR LA RHUBARBE OFFICINALE; 237 fond tout à fait la structure anatomique de nos Rhaponties vulgaires, et cela paree qu'ils sont formés par de véritables racines, comme tant d'autres produits européens, dits rhubarbes de pays, longue- ment étudiés au point de vue anatomique par la plupart des auteurs classiques, et qui présentent toute la structure en couches concen- triques d'une racine, ordinairement écorcée. Il y a des caractères dont nous ne parlons pas, attendu que, d’après ce qui précède, leur valeur ne saurait être considérable. Le plus ou moins de substance colorante qui donne au médicament des teintes un peu variables, doit tenir, et à l’âge de la plante, et aux conditions dans lesquelles elle a végété, peut-être aussi à l'époque de la récolte. Il en est de méme de la proportion des cristaux d'oxalate de chaux, qui doit varier dans les mémes circonstances ; ce qui fait que certaines rhubarbes chinoises, les plus belles que lon püt voir comme sortes commerciales au dire des connais- seurs, ne eroquaient aucunement, ou seulement fort peu, sous la dent. Un autre caractére auquel autrefois on a accordé aussi une -valeur considérable, est celui du réseau à mailles losangiques qui se trouve vers la surface extérieure des morceaux, Comme il est dû à la disposition réciproque des faisceaux corticaux et des rayons médullaires interposés à ceux-ci dans l'écorec, on conçoit qu'ils se rencontrent aussi bien dans une racine que dans une tige, et qu'ils existent au maximum dans certaines de ces petites rhu- barbes en bâton dont la valeur commerciale est minime ; on con- coit aussi qu'ils se modifient suivant l'épaisseur de la couche exté- rieure qu'on enléve, quand, suivant une expression dont nous connaissons actuellement l'inexactitude, on dépouille une rhubarbe de son écorce. Ayant prélevé avec prudence, et à plusieurs reprises, des frag- ments de la tige du pied principal cultivé dans le jardin de la Faculté, j'ai pu constater que son tissu est charnu, pulpeux, gorgé d'un suc jaune orangé, très-odorant et amer, absolument comme les morceaux de la bonne rhubarbe officinale, et j'y ai rencontré de nombreuses taches étoilées, de méme qu'à la surface un réseau 238 SUR L'ORGANISATION DES RHEUM, ETC. losangique, mais à mailles peu apparentes. Si petits qu'aient dû être les fragments soumis à l'exameu, comme je m'y suis pris à des époques trés-diverses, j'ai déjà pu constater des faits qui prou- vent que des différences considérables doivent étre observées dans les produits destinés à la médecine, suivant l’âge de la portion employée, la saison de la récolte et le mode de dessiccalion, Selon que ce dernier varie, on obtient des fragments jaunes ou plus ou moins noirâtres, plus ou moins résistan's. Quand la tige est molle, aqueuse, qu'elle conserve longtemps son humidité, elle revient sur elle-méme en séchant lentement, et ses marbrures, blanches et d'un jaune un peu rosé au début, s'effacent plus tard en grande partie. fl est probable que la nature du sol doit aussi influer sur les qualités du produit, l'espèce botanique demeurant toujours la méme. Toutes ces conditions devront être prises en con- sidération, si l'on se décide jamais à cultiver chez nous cette plante pour ses produits. Elle commence à se répandre dans les jardins comme espèce à feuillage ornemental ; elle y produira un grand effet, et elle s'y vulgarisera bientôt, puisque sa reproduction par bourgeons est facile, et qu'elle supportera sans doute en pleine terre nos hivers les plus rigoureux. EXPLICATION DES FIGURES. Prawcmg VIII. Fic. 4. Port du Rheum officinale (3). PLancre IX. Fic. 4. Fleur (5). Fic. 2. Coupe longitudinale de la fleur. Fic, 3. Gynécée et disque, STIRPES EXOTICÆ NOVÆ (coNTINUÉ DE LA PAGE 182) 88. ERYTHROPHYSA ÆSCULINA, Arbuscula (ad 5-7 metr. alta, teste cl. A. Grandidier) ; ramis valde rugosis striatis (pallide cinerascentibus) florescentiæ tempore defoliatis. Folia inde adulta ignota ; juniora pauca sub floribus vix evoluta imparipinnata; foliolis paucijugis subelliptieis penniverniis albido-velutinis. Flores polygami (ad 4 * cent. longi) in racemos thyrsoideos ramoso -cymigeros (10 cent. longos) dispositi subter- minales (eosque Æsculorum quorumdam valde referentes). Sepala 5, basi connata subovata, extus cum inflorescentiæ ramis ramulis- que tenuiter villosula, imbrieata. Petala longiora (albida) 4,5, longe unguiculata villosula; limbo subsagittato intusque basi squamula ingequali- digitato-3-5-loba incurvo-suberistata aucto. Stamina 8, in flore masculo longe exserta; in feemineo breviora; filamentis pilosis; antheris oblongis subversatilibus. Germen (in flore mas- culo rudimentarium) leviter excentricum discoque tenui vix inæ- quali cinctum, crasse stipitatum longe conicum, in stylum subula- tum simplicem apice attenuatum, extus verruculosum ; loculis 2-ovulatis. — Species a prototypo gen. germine multo minus excentrieo, floribus (albido-lutescentibus) numerosioribus mino- ribus que valde distincta, quoad folia hucusque pessime nota (sed profecto huj. gen.), in Madagascuria austro-occidentali, octobre florifera, a cl. A. Grandidier reperta est, in regione Antanos- sorum exsul. dieta et in-sylva Lavanalu. 89. ERIANDROSTACHYS CHAPELIERI. Fruticulus elatus (teste Chapelier) ex omni fere parte dense ferrugineo-villosus. Folia alterna, longe (ad 30 cent.) paripinnata; 240 STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. foliolis oppositis 6-10-jugis brevissime petiolatis inæquali-lanceo- latis (majoribus 10 cent. longis, 3 cent. latis), basi mæquali-rotun- datis v. brevissime cuneatis, apiee longe acutatis v. acuminatis subintegris ciliolatis coriaceis penniveniis, Florum masculorum glomeruli crebri minuti in axilla braetearum brevium spicæ axil- laris nune. valde elongatæ (25-30 cent.) inserti. Sepala brevia ($-1$ mill.),5,6; quorum exteriora, 2,3, crassa minuta dense villosa; interiora multo longiora latioraque tenuiter petaloidea (rosea). Sta- mina 7,8, sub gynæcei rudimento minuto villoso inserta ; filamen- is liberis, in alabastro valde corrugato-plicatis, disco regulari 5-crenato interioribus, demum exsertis ; antheris ovoideis introrsis (roseis). Caetera haud nota. — Oritur in Madagasearia, ubi verna- cule audit Tsi-latsoc-anta-di, fide Chapelier, qui solus hucusque hane plantam in insulæ costa orientali collegisse videtur. (Herb. Mus. par.) 90. MACPHERSONIA PTERIDOPHYLLA. Arbor glabra; innovationibus vix tenuissime ferrugineo-pube- rulis. Folia ad summos ramulos conferta (ad 30-40 cent. longa), bipinnata multijuga; pinnulis in rachibus angulatis alternis crebris; foliolis in pinnulis singulis subalatis 7-10-jugis, oppositis v. alter- nis, ingequali-trapezoideis (ad 3 cent. longis, 14 cent. latis), basi articulata euneatis, apice acutatis v. breviter acuminatis, summo apice nunc obtusiuseulis, sinuatis v. erenulatis, coriaceis, supra lucidis levibus. Flores minimi (ad 2 mill. longi) creberrimi, in racemos axillares v. paulo supra-alares folio paulo breviores laxe ramosos cymigerosque dispositi ; sepalis obtusis imbricatis. Petala brevissima vix conspicua squamiformia disco breviora. Stamina 7, 8, disco annulari subeupulari erenato interiora ; antheris brevi- bus introrsis. Germen hine rudimentarium sterile, hinc fertile, 3-loeulare; stylo centrico erecto, apice subintegro stigmatoso; ovulo in loculis 1, adscendente. — Species adspectu Æ/icineo insi- gnis; foliis et Leguminosas quasdam nonnihil referens, ab Hippo- bromo imprimis foliis 2-pinnatis discrepans, viget in Malacassia STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 241 ubi ad Nossibé leg. olim (exs. n. 631) hortulan. Richard (Herb. Mus. par.). 91. CHYTRANTHUS PRIEURIANUS, Arbuscula (2-3-metralis) glabrescens ; ramulis foliisque junio- ribus, petiolis inflorescentiisque et alabastris puberulis. Folia ad summos ramulos alterna (ad 6 decim. longa) impari- v. paripin- nata ; foliolis oppositis, sæpius 5-jugis, breviter (è cent.) petiolu- latis; foliolis oblongo-obovatis (ad 20 cent. longis, 8 cent. latis), basi obtusis v. breviter cuncatis, apice acuminatis, subintegris v. sinuatis subcoriaceis glabris reticulato- penninerviis ; petiolo basi repente dilatato exstipulato. Flores polygami in racemos folio paulo breviores (ad 40 decim. longos), basi nudatos, apice cymigeros dispositis; floribus (ad. 1 cent. long.) in cymis singulis paucis (2-5), breviter ($ cent.) pedicellatis articulatis. Calyx tubulosus, subæ- quali-5-fidus pubescens; lobis leviter imbricatis (junioribus extus erubescenlibus). Petala 4, calyce longiora lineari-subspathulata (alba), basi breviter tubulosa; cavitate tubuli appendice brevi subulata erecta aucta. Discus 1-lateralis, extus inter pelala promi- nulo-3-lobus. Stamina 8, 9, disco interiora inæqualia, quorum inte- riora 3, 4 ; filamentis liberis; antheris introrsis. Germen excentri- cum ; loculis 3 v. 4 (quorum 2 disco opposita) ; ovulo in siñgulis adscendente ; micropyle extrorsum infera tenuiter obturata; stylo erecto, mox in ramos à, 4, erassos carnosos inter se coadunatos intusque stigmatosos diviso. — Planta longis ab annis in caldar. Hort. par. culta, olim a b. Leprzeur e Guiana gallica, ut aiunt (sed verisimiliter a Senegambia), allata est, certe C. Mann? congen., quoad folia et inflorescentiæ char. Ærioglosso caulifloro similis, differt aulem toto cœlo calyce alle gamophyllo tubuloso et petalis angustis nec squamula ampla corrugato-lobala auctis, Pancoviam eum Chytrantho (hucusque non bene ad Sapindaceas regulares relato) arete connectens. x. (15 juillet 1874.) 16 949 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 09. HARPULLIA AUSTRO-CALEDONICA. Arbor (7-metralis, teste Balansa); ramis junioribus cum petio- lis, costa et inflorescentiæ ramis, sepalis exterioribus et germini- bus pallide ferrugineo v. fulvido-villosulis. Folia alterna ad sum- mos ramulos conferta, longe petiolata (ad 2, 3 decim. longa), paripinnata ; foliolis 4-6-jugis oppositis petiolulatis ovato-acutis v. acuminatis (ad 10 cent. longis, 4 cent. latis), basi valde inæqua- libus subinte2ris v. ssepius repandis submembranaceis penniveniis, supra læte viridibus, subtus pallidis, dite reticulato-venosis. Flores polygami, ad folia suprema axillares v. paulo supraalares, in race- mos laxe ramosos cymigeros dispositi; pedicellis longiusculis (4, 2 cent.). Calyx 5-partitus ; foliolis ovato-suborbicularibus inæ- qualibus valde imbricatis. Petala calyce 3- plo longiora (ad 4 cent. ; obovata breviter unguiculata (albida) venosa, valde imbricata. Sta- mina 8, in flore femineo brevia, antheris brevibus (effcetis ?). Germen globosum, 3-loculare, basi disco vix conspicuo munitum ; stylo germine longiore erecto, apice simplici stigmatoso vix dila- tato, nune uncinatim recurvo ; ovulis in loculis 2, obliquis. Fructus majusculus (ad 3 cent. longus latusque), basi calyce vix accreto munitus suborbieulari 5-gonus ; coccis 3, dorso subcarinatis, locu- licidis, crassis lignosis, extus velutinis, columella 0. Semina inæ- quali-ovoidea (ad 1 cent. longa); testa crustacea (fuscata) ; arillo (miniato) semine paulo breviore et cum testa ad medium adhæ- rente, ostio obliquo ; embryonis exalbuminosi cotyledonibus crassis oblique superpositis ; radicula brevi uncata. — Species conspicua ob flores 5-meros fructusque lignosi 3-cocci indolem (sectionis unde novæ [ Harpulliastrum] prototy pus evadens), oritur in ditione austro caledonica ubi legerunt Balansa (exs. n. 149) in frutice- lis orientalibus cirea Port-des- Francais, haud procul a Noumea, augusto floriferam fructiferamque (Herb. Mus. par.), et Pancher (herb !). STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 243 93. PsEUDOPTERIS DECIPIENS. Arbor, ut videtur parva, ramis teretibus; cortice albido ; foliis allernis ad summos ramulos confertis (planta unde, verisimiliter haud v. pareeramosa, aut Fi/icem arborescentem aut Palmas non- - nulas æmulat). Folium longe (ad 70 cent.) pinnatum, longiuscule (8-10 cent.) peliolatum et ima basi incrassatum, abrupte v. imparipinnatum ; foliolis ad 20-95-jugis oppositis v. alternis inæ- quali-trapezoideis (2-8 cent. longis, 1-9: cent. latis), basi et apice acutatis inæquali-serratis v. erenulatis, nune subintegris sub- membranaceis glaberrimis reticulato-venosis. Flores polygami (?); masculi minimi (2 millim.) in racemos graeiles elongatos (20- 25 cent.) simplices et remote cymigeros (in ligno ortos ?) disposi- tis; pedicellis filiformibus brevibus (2-4 millim.). Calyx subæ- quali-S-partitus subimbricatus v. demum valvatus (puniceo colore imbutus". Petala 5, multo breviora, cucullata, glandulas totidem liberis oppositas concavitate foventia. Stamina 5, glandulis inter- riora cumque iis allernantia; filamentis liberis sub gynæceo rudimentario minuto insertis, exsertis; antheris ovoideis introrsis, 2-rimosis (puniceis). Folia variant ; foliolis aut majusculis subinte- oris v. crenalis, aut parvis argute serratis. — Viget in Madagas- caria, ubi legerunt olim Dupetit-Thouars (cujus fide folia decocta contra morbos articulorum adhibentur) et recentius Bernier (n. 102) circa S. Mariam necnon Boin absque numero (Herb. Mus. par.). Of. MELICOPSIDIUM TRIFOLIATUM. Fruticulus (3-metralis, teste Balansa); ramis teretibus glabris (fuseatis); innovalionibus eum petiolis costarumque pagina infe- riore et ramis inflorescentiæ pallide ferrugineo -strigillosis. Folia alterna in summis ramulis conferta, longiuscule (4, 2 cent.) petio- lata, 3-foliolata ; foliolis oblongo - lanceolatis (ad 5 cent. longis. 1: cent. latis), basi acutalis, apice sæpius obtusatis v, emarginati, PAU STIRPES EXOTICÆ NOVÆ, brevissime petiolulatis, supra dense viridibus, subtus subalbidis brevissime puberulis dense et tenuissime- reticulato-venosulis ; costula subtus valde prominula. Flores (albi) majusculi (ad è cent. longi) polygami in racemos ramoso-cymigeros corymbiformes terminales foliisque supremis paulo breviores dispositi ; sepalis inæ- qualibus valde imbricatis. Petala orbicularia concava, plerumque conspicue glanduloso-marginata ; glandulis subsphæricis (albidis). Slamina 5, disco regulari 5-gono interiora; filamentis valde corrugalo=plicatis, demum exsertis ; antheris ovoideis. Fructus capsulari-ó-/4-coecus (ad 12 cent. longus); endocarpio perga- mentaceo ; exocarpio demum tenui ‘fuscato) plus minus solubili ; columella lignosa, demum subfiliformi-3-partita. Semina sub- pisiformia hippocrepica (nigrescentia); embryonis exalbuminosi cotyledonibus valde convolutis ; radicula longa. tereli curvata. — Oritur in ditione austro-caledonica, ubi ad montem Pume, in terris eruplivis, legerunt. el. Deplanche (n. 301) ct Balansa (n. 3172) maio florigerum fructigerumque (Herb. Mus. par.). 95. AVERRHOIDIUM GARDNERIANUM, Arbor (?) glabra; ramis teretibus glabris (fuscatis\, lenticellis crebris notatis ; innovalionibus tenuiter puberulis. Folia ad sum- mos ramulos conferta abrupte pinnata; foliolis (junioribus) oppo- sitis subsessilibus inæqualibus (superioribus majoribus) inæqui- ovatis v. obovalis (ad 3, 4 cent. longis, 1-15 cent. latis), superne inæqui-serralis penniveniis. Flores bus gami in racemos graciles parce eymigeros terminales v. sæpius ad folia suprema axillares foliisque paulo breviores dispositi, parvi (ad 3 mill. longi); sepalis 5, ingequalibus imbricatis. Petala 0. Stamina 8, disco lobato inte- riora ; antheris brevibus, in flore femineo effætis. Germen 3-lo - culare stylo simplici reclinato ; ovulis in localis 2 ; altero sæpius adscenuenie ; descendente. altero. — Planta (adspectu AverrAoas v. Anacurdiaceas nonnullas referens) erescit in ditione brasiliana ct a Gardnero in prov. alagoensi (exs., n. 1260) lecta est (Herb. Mus. par. et kew.). STIRPES EXOTIC NOVAE, 245 96. CROSSONEPHELIS PERVILLEI. Arbor parva (18-pedalis, ex Pervillé), adspectu Sapindi, undi- que nisi ad innovaliones brevissime puberulas glabrata. Folia alterna ad summos ramulos conferta (ad 10-15 cent. longa) abrupte pinnata; foliolis 2-3-jugis oppositis subessilibus, ovatis v. ellipticis (ad 5 cent. longis, 3 cent. latis), utrinque obtusatis Subintegris submembranaceis valde reticulato-penniveniis, supra lucidis levibus, subtus pallidis opacis. Inflorescentiæ terminales spiciformes (ad 10 cent. longs) parce ramosæ. Flores masculi crebri parvi. (ad 2, 3 millim. longi); sepalis sub-3-angularibus crassis, extus villosis, valvatis et vix ima basi connatis. Discus crassus radiato-A-suleus. Stamina circa gynæcei rudimentum valde villosum inserta; filamentis subulalis arcuatis exsertis ; antheris subovatis parvis. Discus cupulari-4-lobus crassus. Calyx faemineus profunde 4-lobus, summo pedicello demumarete reflexus. Discus obtuse 4-lobus corollamque erassam breviter campanula- tam simulans, cum calyce arcte reflexus, Staminodia disco interiora crasse subulata ananthera. Germen sub-2-dymum ; styli ramis ad medium coadunatis, apice stigmatoso oblongo carnosulo divari- catis. — Oritur in Nossibé Malacassie, ubi januario floriferum leg. Pervillé (n. 448) cumque Boivin (n. 9166 communicavit (Herb. Mus. par.). 97. PopoxEPHELIUM DEPLANCHEI. Arbor parva (8-10 metralis), ramis demum glabratis striatis (pallide fuseatis v. cinerescentibus) ; innovationibus ferrugineo- puberulis. Folia ad. summos ramulos conferta, longe (ad 8-10 cent.) petiolata (20-40 cent. longa) abrupte pinnata ; foliolis ad 6-jugis alternis breviter peliolulatis valde inzequali-ovato-acuminatis falci- formibus (ad 40 cent. longis, 4 cent. latis), basi trapezoideis, intus valde dilatato-convexis v. subauriculatis, extus valde attenuatis, integris v. sinuatis coriaceis, supra lucidis levibus, subtus opacis 2546 STIRPES EXOTICÆ NOVAE, demum glabratis; costa nervisque crebris paralleli-obliquis ferru- gineis, subtus valde prominulis; venis dite reticulatis. Flores ad axillas supremas crebri racemoso-spicati polygamo-diceci ; inflore- scentia mascula valde ferrugineo-puberula ; calyce brevi cupulari 9-dentato. Stamina 5-8, exserta ; filamentis sub gynæcei rudimento centrico erecto depresse fusiformi tomentoso insertis, erectis libe- ris, demum exsertis; antheris oblongis versatilibus. Calyx fœmi- neus cupularis submembranaceus brevissime 5-dentatus v. subin- teger. Discus calyce subæqualis cupularis. Stamina disco interiora 1 v. pauca, sæpiusve 0, aut ananthera, aut nune fertilia. Germen 3-lobum ; carpellis summo podogyno crasso cylindrieo v. sub- clavato (ad 4 cent. longo) stipitatis et inde longe exsertis, ovulo in singulis 1 adscendente ; micropyle extrorsum infera ; Stylo brevi erecto, mox in ramos 3 recurvos et apice intus stigmatosos profunde fisso. Fructus maturi e carpellis 1 (v. rarius 2) fertilibus globoso- depressis (ad 4 + cent, longis latisque) apice longitudinaliter sul- catis et sub-2-dymis constans, basi coccis plerumque 2 sterilibus minutis stipatis ; cocco fertili drupaceo; sarcocarpio subcoriaceo ; putamine tenui. Semen adscendens pisiforme ; testa coriacea lucida fere ex omni parte (nisi ad spatium sub-3-gonum chalazæ proxi- mum) indumento (arilloideo) externo carnoso sibi adnato cinetum ; embryonis exalbuminosi cotyledonibus plano-convexis carnosis superpositis ; radicula brevi conica arcuata incumbente. — Planta hine Sapindo, inde NepAelio nonnihil affinis, ab utroque imprimis podogyno crasso elongato distincta, viget, ut videtur, haud infre- quens in insula Lifu, ubi vernacule audit Vé ibique a cl. Deplanche (exs. n. 58, 60) collecta fuit. 98. Cupania PANCHERI. Frutex (2-3-metralis, teste Pancher) ; ramis teretibus striatis ; novellis cum petiolis et ramis inflorescentiæ pallide lutescenti— puberulis. Folia ad summos ramulos conferta (ad 30 cent. longa) abrupte pinnata (apice sæpias quasi abortivo et foliolis destituto) ; foliolis oppositis, sæpius 5-6-jugis, longiuscule (4, 2 cent.) petio- STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 247 lulatis oblongis (ad 10 cent. longis, 4 cent. latis), basi angustatis, apice obtusatis integerrimis ; margine reflexo coriaceis, supra gla- bris lucidis, subtus opacis pallide lutescentibus penniveniis ditissime reticulato-venosis. Flores polygamo-diæci ad summa ramulorum folia axillares, in racemos ramosos composito-cymigeros folioque paulo breviores dispositi. Calyx 5-partitus; foliolis puberulis subac- erescentibus. Discus calyce brevior annulari-subcupularis ciliola- lus. Germen in flore fœmineo exsertum crasse substipitatum, 3-loculare. Fructus obcordato-3-gonus ; loculorum dorso carinato ; pericarpio sub-3-alato et apice styli basi conica persistente apicu- lato densiuscule lutescenti-tomentoso (ad 3 cent. longa, 2! cent. lata), basi calyce persistente aucto. — In Ausiro-Caledonia legit Pancher (herb. !), junio fructigeram. 99. CossiGNIA MADAGASCARIENSIS. Arbor (5-8-metralis) fere ex omni parte glaberrima; ramis (pallide cinerascentibus) striatis rugulosis et lenticellis crebris (albi- dis) undique conspersis. Folia alterna ad summos ramulos con- ferta (ad 20 cent. longa) basi nudata ; petiolo ad insertionem ineras - salo, paripinnata; foliolis ssepius à-4-jugis oppositis petiolulatis, elliptieis v. ovatis (ad 6 cent. longis, 3 cent. latis), basi (in late- ralibus inæquali) sepe breviter cuneatis, apice acutiuseulis v. obtusatis emarginatisve submembranaceis penniveniis tenuiter reticulatis, supra lucidis glaberrimis. Flores ad summos ramulos et in axillis foliorum supremorum in racemos composito-ramosos cymigeros (ad 10 cent. longos latosque) dispositi, in summis ramulis sæpius 1-laterales articulati ; bracteis bracteolisque mem- branaceis subfoliaceis (ad 4, 2 cent. longis). Sepala 5, nune subæ- qualia (in sieco pallide virescentia) membranacea acutata majus- cula. Petala 4, esquamata calyce multo breviora oblonga v. subspathulata membranacea. Stamina ad 8 sub gynæceo inserla ; filamentis in flore masculo longe exsertis, in fcemineo brevibus; antheris ovatis introrsis (in flore masculo minoribus sæpiusque effætis). Discus late et inæquali-cupularis excentricus, hine stami- 948 STIRPES EXOTICAE NOVÆ, nibus omnino exterior, inde deficiens. Germen (in flore masculo minutum effætum) 3-loculare ; stylo subulato simplici, apice haud incrassalo ; ovulis in loculis 2, medio axi affixis obliquis. Fructus cupularis, sepius 3-coccus (ad 3 cent. altus, 32 cent. latus) inflato- vesiculosus (dense purpurascens) glaber; coccis demum dorso rimosis et in centro solutis ; columella 0. Semina (immatura) pisi- formia exarillata nigrescentia (« venenata »). — Stirps in genere anomala et fructu Harpullias referens (unde sectionis in gen. nomen Zarpulliopsis) in variis herb. sub. nom. Tine madagas- cariensis haud infrequens, vigetin ditione madagascariea, ubi lege- runt Richard (n. 106), ad Vohémar ; Boivin (n. 2636), in sabulo- sis Malacassiæ ; Pervillé (n. 711), ad Nossibé; Bernier (n. 289), in insul. part. boreal., neenon in Zanzibaria, ubi invenit Boivin (Herb. Mus. par.). 100, ACRIDOCARPUS AUSTRO-CALEDONICUS. Frutex (1-3-metralis); ligno duro rubescente; ramis furcatis, novellis tenuiter ferrugineo-tomentellis; adultis cortice griseo cicatricibus foliorum prominulis hine inde notatis. Folia ad sum- mos ramulos approximate alterna v. nunc rarius subopposi!a, oblongo-lanceolata (8-12 cent. longa, 1-3 cent. lata), breviter (15 cent.) petiolata exstipulata, basi longe in petiolum attenuata, apice brevissime acutala v. acuminata, sepissime obtusata, inte- gerrima coriacea relieulato-penninervia, supra glabra, subtus densiuscule ferrugineo-tomentosa. Flores in racemos longius- eulos (ad 10 cent.) terminales dispositi; pedicellis gracilibus (ad cent. longis) cum rachi, bracteis calyceque ferrugineo-tomentellis. Sepala 5, sublibera erassiuseula, valvata. Petala (« lutea ») sub- integra unguiculata. Stamina 10 ; antheris cordato-ovatis; loculis summo apice libero aeutatis. Germen 3-loculare; styli ramis 2. elongato-filiformibus circinato-involutis; tertio autem brevissimo conico. Fructus samaræ parvæ ; nucleo subovoideo, intus planius- culo ; ala dorsali (ad 2 cent. longa, Ż cent. lata) oblique obtrape- zoidea submembranacea longitudinaliter venosa. Seminis testa STIRPES EXOTICÆ NOVÆ, 2149 tenuis; embryonis crassi carnosi radicula- supera brevi recta v. obliqua; cotyledonibus subæqualibus, medio plieatis; altera alteram involvente. — Oritur. in Austro-Caledonia, in collibus ferrugineis sæpeque haud proeul a mare, ubilegerunt cl, Balansa (exs., n. 1039, 1475, 1688) , Vieillard, Pancher (herb. !) aliique (Herb. Mus. par., Kew, Melbourne). 101. TRISTELLATEIA PUBESCENS, Frutex, ut videtur, volubilis sarmentosus ; ramis (fuscatis) tere- libus lentieellis prominulis crebris notatis. Folia (in specim. suppet., ut videtur, juniora) longiuscule (1 cent.) petiolata; petiolo dense pellide lutescenti-tomentoso, sub apice 2-glanduloso; sub- orbicularia v. breviter ellipsoidea (ad 3 cent. longa, 2: cent. lata), apice rotundata, basi subrotundata v. repente inæquali-attenuata penninervia reticulato-venosa, supra parce, subtus ditius præcipue ad nervos lutescenti-tomentosa. Flores in racemos terminales amplos (10-15 cent. longos) thyrsoideos opposite ramosos eymi- gerosque dispositi (e fructu solum noti); sepalis (sub fractu per- sistenlibus) ima basi connatis acutatis, extus lutescenti-setulosis. Filamenta staminum linearia reflexa, calyce paulo longiora et sub fructu persistentia. Columella persistens crasse 3-gona rigida. Samaræ 3, stylo gracili elongato apiculatæ, ovato-acutie, margine sæpius 6-alatæ v. ob alas usque ad basin nune partitas 7-10-alatæ: alis rigidis sublignosis inæquali-lanceolatis, basi angustatis, apice acuminatis v. ingequali-2-4-fidis. Crista dorsalis forma valde varia, superne in lacinias paucas superpositas lineari-tabulatas, inferne in aculeos breviores inordinatos divisa. — Species conspicua, nulli, ut videtur, hueusque affinis, viget in Madagascaria boreali, ubi ad sinum de Rigny leg. b. Boivin, exs., n. 2629 (Herb. Mus. par.). 102, TRISTELLATEIA ? PLURISETA. Fruticosa; ramis (fuscatis) ad folia subnodosis, junioribus ditius- cule, adultis parce setulosis. Folia opposita ; petiolis 1, 2 cent. lon- 250 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. gis), basi incrassatis; stipulis interpetiolaribus in setas plures lineares partitis ; limbo-ovato-acuminato {ad 10-42 cent. longo, 4 cent. lato), basi rotundato v. brevissime cordato integerrimo submem- branaceo penninervio venoso, supra demum glabrato, subtus palli- diore. Flores minuti (ad 2 millim. longi) crebri in racemos spurios subumbellatos basi longe pedunculatos terminales et ad folia suprema axillares dispositi. Calyx eglandulosus. Petala longiora suborbicularia membranacea longiuscule unguiculata. Stamina 40 ; filamentis liberis, persistentibus ; antheris oblongo-ovatis. Gynæ- ceum in florib. suppet. 0, — Species quoad genus nonnihil in- certa, ob flores 1-sexuales et inflorescentiæ indolem valde anomala (et forte olim ad gen. nov. referenda) oritur in Malacassia, ubi prope Nossibé, haud procul a mare, inter Rhizophoras, inter locos dictos Village des Arabes et Helville leg. Boivin (exs., n. 2188), augusto floriferam (Herb. Mus. par.). 103. TRISTELLATEIA STENACTIS. Frutex (ut videtur, haud scandens?); ramis gracilibus tere- tibus ad folia nodulosis; cortice (nigrescente) lenticellis parvis pallidis notato. Folia opposita (occasa cicatrice prominula hippo- crepiea gemmam axillarem involvente notata); petiolo tereti (ad 1 cent. longo) dense ferrugineo tenuissime verruculoso, ad basin 2-glanduloso. Limbus ovato-ellipticus (ad 4 cent. longus, 2 cent. latus) tenuissime crenulatus v. subinteger ; margine parce reflexo ; demum glabratus penninervius reticulato-venosus, supra dense viridis, subtus pallidus; costa tenui prominula (ferruginea). Inflo- rescentiæ foliis longiores (6 cent.) axillares racemoso-eymoss, basi nudatæ ; pedicellis gracilibus glabris (pallidis). Sepala (extus puberula) e basi connata ovata-acuminata, sub fructu persistentia. Samaræ 5, columellæ rigide conicæ inserta; alis marginalibus 5, 6, fere ad basin liberis valde inæqualibus sublignosis stellatim ra- diantibus, oblongo-linearibus, integris v. apice inæquali-2-3-fidis ; cristis dorsalibus inæquali partitis et alis marginalibus 2-midio v. multo brevioribus lineari-subulatis v. setiformibus. — Spec. STIRPES EXOTIC NOVAE. 951 adspectu celastrineo, in Madagascaria crescens, haud proeul a sinu de Rigny a Bernier lecta fuit et ab eo eum Boivin, nomin. specific. auctore (exs., n. 2625) communicata est (Herb, Mus. par.). 10^. ADANSONIA MADAGASCARIENSIS. Arbor eximia (ad 30 metr, alla) crassa, basi nonnihil dilatata nudata erecta; cortice levi ; ligno molli; coma, ut videtur, dense ramosa. Folia (adulta haud visa) longe gracileque petiolata; limbi digitati foliolis sæpe 7, lanceolatis glabris, Flores solitarii v. race- mosi (?) in ramulo laterali lignoso rigido pauci speciosi ampli (ad 10 cent. in alabastro adulto longi); sepalis lineari-elongatis coria- ceis crassis valvatis, extus dense (in sicco) fuscato-villosis, intus petaloideis (coccineis), demum reflexis. Petala (miniata) longe (ad 15-20 cent.) lineari-angustata aeuta, arcte sub anthesi cum sepalis reflexa apiceque spirali-contorta. Stamina æ , perianthio breviora; filamentis basi in tubum rectum subcylindricum (ad + decim. longum) connatis, superne liberis filiformibus ; antheris reniformi- suborbicularibus, versatilibus ; loculo marginali cireinali-rimoso. Germen breviter ovoideum, extus pilis rigidis rectis cum styli basi dense hirsutum ; stylo gracili androcæo longiore, cum germine inferne intra tubum androcæi vaginato, apice stellatim 5-lobo ; lobis patulis obovato-oblongis, intus dense stigmatosis. Ovula in loculis oc , 2-seriatim descendentia. Fructus (ut in genere) corti- cato- pulposus ellipsoideus (ad 15 cent. longus, 40 cent. latus); cortice duro, extus dense virescenti-villoso (in sieco fuscato); pulpa molli copiosa sapida (albido-violacea). Semina co , in pulpa nidulantia reniformia (ad 4 £ cent. longa); testa coriacea suberus- tacea nitida (fuscata); albumine mucoso inter plicas embryonis lamellato ; radicula conica leviter arcuata; cotyledonibus planis amplis valde eonvolutivo-plicatis. — Species insignis, hucusque, ut videtur, ignota, sat frequens in Madagasearia occidentali, haud proeul a mare invenitur ibique olim a Berner et “potins a cl. A. Grandidier colleeta est (Herb. Mus. par.). 259 STIRPES EXOTICÆ NOVEÆ, 105. Turræa RICHARDI Frutex ex omni parte glaberrimus; cortice ramorum pallide ariseo. Folia approximate alterna ad summos ramulos conferta, brevissime (ad 2, 3 millim.) petiolata, obovata (ad 4 cent. longa, 2 cent. lata), basi cuneata, apice plerumque rotundata v. rarius emarginata integerrima; margine reflexo; subeoriacea penni- nervia venosa, supra lucida levia, subtus vix pallidiora. Flores (ad 5 cent. longi) in axillis solitarii v. pauci (2, 3) cymosi breviter (3-6 millim.) pedicellati. Calyx saccatus, 9-coslalus, brevissime 5-dentatus. Petala longe linearia imbricata a tubo stamineo omnino libera. Stamina 10; antheris summo tubo insertis ab eo exserlis oblongis apiculatis; appendicibus tubi exterioribus 9-10, cum antheris alternantibus elongato-trapezoideis, apice obtuso inæquali- 2-fidis. Germen subglobosum, 5-loculare ; stylo gracili erecto ad apicem sligmatosum subsphærico: loculis 2-ovulatis. Früctus...? — Oritur in Madagascaria boreali, haud proeul a Diego-Suares, in monte dieto Windsor-Castle (Richard, Herb., n. 152, nune in Herb. Mus. par.). 106. TurrÆæa PenviLLEI Frutex (3-metralis); ramis striatis (pallide fuseatis) ; ramulis crassis brevissimis rigidis cicatricibus crebris foliorum occasorum notatis. Folia vix petiolata; limbo obovato (ad 3 cent. longo, 2 cent. lato) basi fere usque ad insertionem valde angustato, apice inæquali-rotundato v. nune. breviter lateque subspathulato sum- moque apice angulato v. retuso, ceterum integro subcoriaceo glaberrimo penninervio tenuissime venoso; nervis inferioribus subflabellatim adscendentibus. Flores subsolitarii in ramulis bre- vibus subterminales (jure ad folia suprema axillares) pedicello gracili subfiliformi (ad 4 cent, longo). Calyx saecatus, brevissime h-dentatus. Petala multo lorigiora (ad 2 , cent.) linearia libera, imbricata et post florescentiam plus minus torta (rubra). Stamina STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 253 8; filamenus superne liberis sed plus minus margine cohærentibus summoque apice liberis ibique. exappendieulatis; antheris erectis breviter apieulatis. Germen 4-loculare ; loculis 2-ovulatis; stylo gracili ad apieem in eonum superne papillosum dilatato. Capsula subpisiformis: glabra (ad + cent. longa lataque) obscure sulcata; seminibus 4 v. paucis (aurantiacis) arcuatis, ad hilum concavum ventralem arillo suborbiculari carnoso auctis ; albumine copioso; embryonis arcuati radicula teretiuscula longiuscula ; cotyledonibus oblongis albumini æquilatis. — Viget in Malacassia ubi februario floriferam fructiferamque circa Ambongo legebat b. Perviilé (exs. ,; n. 562). Species a proced. valde diversa flore 4-mero, tubo androcæi exappendiculato et ramulorum crassorum iid ari indole (Herb. Mus. par.). 107. Turræa Boivin. Frutex («2-metralis laxe ramosus »); cortice ramorum ramu- lorumque pallide fuscato striato ruguloso. Folia (adulta haud nota) juniora suborbicularia (4 4 cent. longa lataque) v. breviter elliptica breviter peliolata dense lutescenti-villosa costa nervisque pinnatis sub flabellatis, subtus prominulis. Flores e gemmula ligno orti solitarii, breviter (1, 2 mill.) pedicellati recti (3 cent. longi) ; calyce villosulo 5-dentato. Petala elongato-obtusata libera imbricata. Stamina 10; tubo reeto longe obconico sensim ad apicem dilatato; antheris 10, exapiculatis et extus exappendiculatis, alte 1-adelphis summoque tubo integro insertis. Germen breve; loculis 10-26 , 2-ovulatis ; ovulis demum subsuperpositis ; stylo gracili ad apicem in massam longe obeonieam summoque apice stigmatosam dila- tato. Fructus...? — Species ad 7”. sericeam a b. Boivin (exs., n. 2619) relata, a qua toto ecclo differt floribus brevibus, tubi recti forma, antheris exappendiculatis et styli figura; foliis, ut videtur, vix diversis, oritur in ditione Madecassium et ad sinum de Rigny macronesi borealis decembre florifera lecta est (Herb. Mus. par.). 951 STIRPES EXOTICÆ NOVAE, 108. TURRÆA TICOREOPSIS, ' Frutex, ut videtur; cortice inæquali rugoso (pallide griseo) cicatricibus prominulis notato. Folia ad summos ramulos alterna, breviter (2, 3 mill.) petiolata elliptico-ovata v. subobovata (ad 6 cent. longa, 3 cent. lata), basi breviter attenuata, ad apicem breviter acuminata; summo apice sepius obtusato brevissimeque 2-lobo; cæterum integerrima subcoriacea penninervia, subtus pallida ; nervis venisque reticulatis, marginibus parallele anasto» mosantibus. Flores (ad 2, 9 1 cent. longi) axillares, sepius soli- tarii; pedicello gracili (ad $ cent. longo). Calyx subeampanulatus, 9-dentatus. Petala 5 (alba ?), in corollam clavatam, apice dilatato obtusam, in alabastro approximata libera valde imbricata. Stamina 10, in tubum petalis æquilongum connata. Antheræ ovata? brevis- sime apiculatæ, extus processubus 20 tubi longe 3-angulari-subu- latis membranaceis radiantibus auctæ. Germen conicum villosu- lum, 5-loculare; stylo gracili, ad apicem in massam breviter lateque obconicam apiceque depresso stigmatosam dilatato. Fructus...? — Crescit in Mayotta Comorarum, ubi leg. b. Boivin (exs., n. 3842) propre Bouzi, ad ripas fl. Moussa-péré (Herb. Mus. par.). 109. TURRÆA PRODUCTA. Frutex, ut videtur, ramis teretibus; cortice glabro ruguloso striato (dense rubro-fuscato); ramulis junioribus cum foliis vire- scenti-tomentellis. Folia longiuscula (ad 2 cent.) petiolata ovato- elliptica (7 cent. longa, 3 cent. lata), basi et apice acutata v. ad apicem. brevissime acuminata summoque apice acuta v. obtusius- cula, subintegra membranacea penninervia (dense viridia). Flores ad folia suprema ramulorum axillares solitarii v. paucissimi; pedunculo brevi (.-1 cent.) angulato. Calyx angulato-subcampa- nulatus ; dentibus 5, longiuseulis subulatis. Petala valde elongata . (10-12 cent.) linearia. Stamina 10; tubo valde elongato lineari ; STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 255 antheris 10; connectivi apiculo subulato-acutato; appendicibus tubi glabris angustis plerumque 2-fidis. Germen ad 20-loculare ; stylo filiformi, ad apicem longe dilatato. Fructus...? — Species T. sericee nonnihil affinis; indumento tenuiore haud sericeo $ differt imprimis apiculo acutato antherarum et appendicibus tubi glabris angustioribusque, oritur in Madagascaria boreali-occiden- lali ubi leg. Pervillé (absque n°), anno 1841 (Herb. Mus. par.). 110, Quivisia TRICHOPODA. Frutex, ut videtur, ex omni fere parte glaber; summis ramulis tantum breviter fulvido-villosulis. Folia opposita obovata (ad 3 cent. longa, 4$ cent. lata), basi in petiolum brevissimum (circ. 1 millim.) cuneato-attenuata, apice sæpius rotundata v. nunc brevissime acutata, subintegra v. inæquali-repanda | sinuatave ; margine reflexo; subeoriacea glaberrima, subtus pallida, penni- nervia dite venosa ; nervis crebris tenuibus obliquis utrinque pro- minulis. Flores in axillis superioribus cymosi pauci (2, 3) ; pedun- culo cum pedicellis subæqualibus folio longioribus subeapillaceis. Calyx cupularis membranaceus 4-dentatus. Petala 4, ovato- aeutiuscula parva (2 millim.), ad apicem imbricata. Stamina 8 ; filamentis in eupulam suburceolatam connatis; antheris 8, oblongis erectis obtusiusculis haud procul a marginibus rimosis. Gynæceum a idrocæo paulo brevius; germine breviter ovoideo sericeo ; stylo recto sub apice stigmatoso capitato in annulum mollem glandu- losum dilatato; ovulis in loculis 2, subsuperpositis. Fructus...? — Species in genere valde conspicua, nulli floris indole nisi Q. heterophylle analoga, ceterum autem omnino diversa hucus - que in insul. orient. Afrieze trop., verisimil. in Mauritio, a solo Dupetit- Thouars reperta est (Herb. Mus. par.). : 141. Cipanessa BoiviNIANA, Frutieulüs ex omni parte glaberrimus ; ramis (fuscatis) striatis prominule lenticellatis ; novellis cum foliis in sicco lutescentibus: 256 STIRPES EXOTICÆ NOVÆ, Folia alterna v. nune subopposita, raro 1-foliolata, sæpius 3-fo- liolata; foliolis summo petiolo anguste alato articulatis obovatis (ad 1-3 cent. longis, 1, 2 cent. latis), basi longiuscule cuneatis, apice rotundalis retusisve integris; margine reflexo ; coriaceis glabris, supra pallidioribus penninerviis subflabellatim venosis. Flores parvi (ad 3 millim.) ad basin ramulorum juniorum v. haud proeul ab apice adultorum cymosi pauci (1-3); pedunculo pedi- cellisque rigidulis bracteatis. Calyx eupularis 5-dentatus. Petala 5, crassiuscula valvata; apice aento inflexo. Stamina 10, ut in genere; filamentis glabris; antheris oblongis et appendicibus subulatis fila- mentis lateralibus longioribus setosis. Germen subturbinatum, 1-3-loculare, apice in stylum brevem integrum anguste conicum attenuatum. Fructus...? — Stirps quoad flores Ma//ee Rothi valde affinis, foliis et inflorescentia omnino diversa, oritur in Ma- dagascaria ubi circa sinum de Rigny ad Lingraton inter sylvulas leg. Richard (exs. n. 196), cumque Boivin (exs. n. 2386) com- municavit, et ad Port-Leuven leg. Bernier (env. 2, n. 156) aprili lloriferam eumque Boivin (exs. n. 2622) comm. (Herb. Mus. par.). 112. CIPADESSA DEPAUPERATA, Frulicosa (?), ex omni parte glaberrima ; ramis teretibus lenticel- lalis; ramulis eompressiusculis striatis. Folia alterna v, ad summos ramulos Subopposita, longiuscule (2, 3 cent.) petiolata, 3-folio- lata ; foliolis sessilibus articulatis sublanceolatis (ad 8 cent. longis, 3 cent. latis), apice obtusatis, basi (in lateralibus inæquali) atte- nualis, coriaceis penninerviis reticulalis. Flores parvi (ad 3 millim. longi) in axillis foliorum ramuli superiorum et supremorum cymosi; eymis pedunculatis folio æqualibus ramoso-compositis ; pedicellis arliculalis. Calyx cupularis breviter /-dentatus. Petala 4, longiora ovato-oblonga crassiuscula, valvata; apice inflexo. Stamina 8; filamentis fere ad medium in cditio connatis, superne m— complanatis, apice in ligulas laterales subulatas parce sericeas antheraque longiores productis; antheris oblongis, introrsum ri- mosis. Germen disco vix conspicuo basi cinctum ovoideum, superne STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 957 in stylum brevem attenuatum ; summo stylo truncato integerrimo eupulari, paulo subtus annulo glanduloso (stigmatoso?) viscoso _Cylindrico cinctum. Germen 1-loculare ; ovulis 2, descendentibus subsuperpositis ; mieropyle extrorsum supera, Stirps conspicua, haud sine dubio ad Cipadessam (cujus ob germen 1-loculare sectio Malleastrum evadit, forteque, ubi fructus notus, generis novi prototypus erit), adspectu foliisque (epunctatis) £vodias nonnullas Zanthoxylearum veferens, viget in Comorarum insula majore ubi ultra fines sylvarum magnarum superiores maio floriferam legit b. Boivin (Herb. Mus. par.). 112. EpicHaRis BALANSJEANA; Arbor 20-metralis (teste cl. Balansa); ramis crassis rigidis ; ligno duro rubescente ; cortice (pallide fuscato) rugoso, cicatri- cibus latis obovatis v. ellipticis foliorum occasorum notato. Folia (adulta glabra, juniora cum innovationibus pallide fulvescenti- puberula) ad summos ramulos conferta alterna (ad 25 cent. longa), longe (ad 10 cent.) petiolata ; petiolo ima basi dilatato, 2-5-foliolata ; foliolis oppositis ellipticis v. elliptico-obovatis (ad 7 cent. longis, l cent. latis), apice rotundatis, basi in petiolulum brevem (1 cent.) inæquali-altenuatis, integris subcoriaceis, subtus pallidioribus, remote penniveniis. Flores (ad 4 cent. longi) in racemos axillares folio 2-medio breviores composito-cymigeros dispositi. Calyx breviter cupularis, basi articulatus, breviter h-lobus; lobis cras- siusculis rotundatis ciliatis, imbricatis. Petala (alba) multo lon- giora oblongo-acutata erassa pubercula, valvata. Stamina 8; tubo corolla paulo breviore, superne 8-fido; laciniis 2-lobis obtusis ; antheris arcte inclusis oblongis subapiculatis. Germen densiuseule setosum, 4-loculare, oblongum, superne in stylum gracilem, apice stigmatoso depresso-capitatum et obtuse 8-gonum, attenuatum. Discus tubulosus germine longior parciusque pilosus, ad apicem inæquali-crenatus, extus eum petalorum basi cohærens. — Crescit in Austro-Caledonia, ubi in sylvas circa Conceptionem boreales xt, (15 juillet 1874.) 17 958 STIRPES EXOTICA NOVAE, ad 500 metr. altit. februario floriferam leg. cl. Balansa (exs., n. 2813). Spec. Epicharides genuinas cum Dysozylis connectens. 113. EPICHARIS MINUTIFLORA. Arbor (5-8-metralis) glaberrima. Folia alterna ad summos ra- mulos conferta (20 cent. longa); petiolo longo, ima basi repente dilatato ; foliolis alternis 4-5-jugis oblongo-obovatis (ad 9 cent. longis, 5 cent. latis), apice rotundatis, basi in petiolulum brevein (4 cent.) inæquali-attenuatis subeoriaceis integris glabris parce remoteque venosis. Flores parvi (7 cent.) creberrimi (albi?) in ra- cemos axillares v. paulo supra-alares, folio 2-3-plo breviores basi nudatos et dite ramoso-cymigeros dispositi. Calyx brevis crassus inæquali-crenatus valvatus. Petala 4, longiora crassa, dorso sub- costata valvata. Stamina 8; antheris tubo a petalis libero, apice crenato v. ingequali-8-12-dentato insertis inclusisque. Discus late breviterque cylindricus crenulatus.. Germen 4-loculare, superne attenuatum in stylum summo apice depresso-capitatum orbiculari- angulatum, Fructus subdrupaeeus breviter (4-4 cent.) crasseque slipitatus inæquali-obovoideus (2 $ cent.), extus longitudinaliter ingequali-costatus cristatusque, breviter a piculatus, cæterum glaber; endocarpio suberoso. Semina 2, 3, in loculis solitaria ; hilo lineari; oblonga glabra (ad 4 cent. longa), basi in arillum brevem inæquali-cupuliformem (miniatum) dilatata ; testa inzequali-fusco- - maculata; embryonis exalbuminosi (pallide olivacei} cotyledonibus æqualibus plano-convexis ; radicula brevissima retracta supera. — Viget in ditione austro-caledonica, ubi aprili floriferam leg. Balansa (exs, u. 4834) et decembre fructiferam (n. 3009), inter sylvas haud procul a. rivulis partis superioris fluv. Boulari (Herb. Mus. par.). | 114. Ericmaris (Dysoxyium) Pancreni. Arbor (7-8-metralis); cortice rugoso (fuscato). Folia alterna; longe (juniora 80 cent. longa) impari- v. abrupte pinnata; rachi STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 259 eoslisque el nervis subtus pallide breviterque hirsutis; foliolis oppositis v. subalternis 10-15-jugis sessilibus oblongis (12 cent. longis, 4 cent. latis), basi valde inæquali-angustatis (eostula hine inferne nudata), ad apicem breviter acutatis v, acuminatis; summo apice oblusiuseulo; remote penniveniis parce reticulatis; Flores crebri in racemos graciles (ad 12 cent. longos) numerosos e ligno ortos dispositi, ad bracteas minutas solitarii y. pauci cymosi bre- vissime pedicellati articulati (1 cent. longi), extus puberuli, Calyx brevis 5-lobus subvalvatus corollaque multo longior, Petala valvata, extus parce remoteque pilosula. Stamina 40; antheris summo tubo cylindrico latiuseuloque. extus eum. petalis ad medium cohærenti inserlis oblongis. Germen l=5-loculare, diseo cylindrico apice crenalo inclusum et superne in stylum summo apice capitato- discoideum attenualum. Fructus parvi (1 cent.) subbaeeati, globosi v. ovoidei, breviter apiculati (extus in sicco ferruginei), 1- -o-spermi; seminibus oblongis breviter arillatis; embryonis exalbuminosi cotyledonibus plano-convexis, — In Austro-Caledonia leger, cl. Pancher (Mus; neocaled,, n. 228) ct Balansa (exs., n, 1433) inter sylvas ultra pagum Æéné, prope ad Bourail (Herb, Mus. par.), Species cum Dysozylis genuinis Epicharidem inviete con- neotens, 115. Epicmaris (DysoxÿLuw) PACHYPODA. Arbor 10-metralis; ramis crassis striatis; noyellis eum rachi petiolulis. eostulaque foliolorum pube tenui pallide fulvescente * villosulis, Folia alterna. ampla, abrupte pinnata (juniora visa ad 39 eent. longa) ; foliolis ad 8-jugis, longiuscule (4 eent.) peliolu- latis ovato-oblongis (ad 12 cent. longis, 4 cent. latis), basi inge- quali-rotundatis, apice acutiusculis v. brevissime acuminatis sub- coriaceis repandis penniveniis, in planta eadem aut oppositis, aut alternis. Flores. .. ? Fructus crasse (4 cent,) et brevissime (4 cent.) stipitali, in racemos (spurios) laterales breves (10 cent.) crassosque (4 4 cent,) villosulos dispositi, inæquali-ovoidei (2 : cent. longi latique) obtuse costati, 1-A-spermi; pericarpio tenui subbaecalo 260 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. glabro, demum fragili (an dehiscente ?). Semina oblonga (ad 1 cent. longa), utrinque obtusa glabra, basi parce arillata ; testa inæquali- fusco-maculata ; embryonis exalbuminosi (obscure viridis) cotyle- donibus collateralibus oblongis plano-convexis æqualibus ; radicula supera brevi retracta. — Oritur in Austro-Caledonia, aprili fruc- tifera, ubi supra Bourail, ad summum montem JVeAou, alt. circ. 600 metr. leg. Balansa (exs., n. 1437). — An præced. forma mera? 116. Epicnaris (DYSOXYLUM) ROSEA. Arbuseula (3-4-metralis, ex Pancher); caule nudato. Folia ad apicem conferta alterna, abrupte pinnata (70 cent. longa); rachi pube tenui lutescenti-fuscata villosula ; foliolis ad 12-jugis oppositis inæquali-oblongis (ad 10 cent. longis, 4 cent. latis) vix petiolulatis, basi inæquali-attenuatis, apice obtusatis v. brevissime acuminatis, subintegris v. repandis, subcoriaceis, supra glabratis, subtus precipue ad venas venulasque villosulis. Flores (+ cent. longi) in ligno caulis subsessiles v. in racemos rigidos brevissimos dispositi. Calyx cupularis; lobis 5, obtusis, valvatis v. subimbri- catis coriaceis. Glandulæ ? lineares 4-5, calyci interiores inæqua- les erectæ. Petala longiora (« rosea ») 5, valvata, extus villosula, apice demum recurva, basi tubi staminei ope connata. Stamina 10, ut in genere. Discus cupulari-tubulosus crassiusculus. Germen ^-5-loculare; stylo apice depresse capitato. — Species ob perian- thium basi connatum et appendices calyci interiores valde con- spicua, viget in ditione austro-caledonica ubi hucusque in sylvulis, septembre floriferam, a solo Pancher collectam. vidimus (Herb. Mus. par.). 117. CHISOCHETON ? CANALENSE. Frutex (3-4-metralis); ramis crassiusculis ; cortice griseo glabro striato, cicatricibus latis prominulis foliorum occasorum notato. Folia alterna paripinnata, longe (ad 5 cent.) petiolata; foliolis oppositis plerumque 4-jugis oblongo-obovatis (ad 6 cent. longis, STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 261 3 cent. latis), basi inæquali-angustatis, apice rotundatis coriaceis glabris penniveniis (in sieco pallidis); venis primariis remote alternis parce ramosis. Flores in racemos axillares v. paulo supra- alares foliis paulo longiores (15 cent.) dispositi; rachi simplici gracili; pedicellis obconicis brevibus (2-6 millim.) crassiusculis articulatis alternis v. suboppositis ; bracteolis 2 ad articulum mini- mis. Sepala 5, brevissima ( millim.) libera, cum summo pedicello continua, obtusa crassiuscula nequidem invicem contigua. Petala 5, longa (4 cent.) carnosula crassa valvata (alba). Tubus stami- neus corolla paulo brevior, apice inæquali-lobatus ; antheris 6-8, oblongis inclusis. Discus tubulosus germine longior, apice inæ- quali-dentatus. Germen 3-4-loculare, superne in stylum rectum cylindrieum apice capitato depresso stigmatosum attenuatum villo- sulum ; loculis 1-ovulatis. — Stirps Chisochelones cum Epicha- ride nimium arcte conjungens, oritur in Austro-Caledonia ubi circa Kanala in terris ferrugineis novembre floriferam leg, Balansa (exs., n. 2475). 118. Turræanraus Manni. Frutex (2), ramulis gracilibus uti planta tota glabris, minute lenti- cellatis. Folia remote alterna, longe (10 cent.) petiolata, pinnatim 3-foliolata ; petiolo gracili subangulato, basi nonnihil dilatato ; folio- lis amplis (ad 18-20 cent. longis, 12 cent. latis) ovato-ellipticis, basi rotundatis v. ima basi repente brevissimeque angustatis, ad apicem repente acuminatis; summo apice obtusato; terminali majore, basi articulato; lateralibus alternis; omnibus integris submembranaceis penniveniis transverse venulosis reticulatis ; venis primariis paucis remote obliquis, subtus prominulis. Flores in axillis foliorum v. lateraliter ad ramulos inserti, breviter (ad 2 cent.) racemosi ; racemis spuriis solitariis v. fasciculatis. Calyx brevis cupularis, /4-5-dentatus. Petala in corollam longiusculam (4 cent.) in alabastro clavalim inter se et eum tubo stamineo alte connata, summo apice libera crassiuscula, valvata. Stamina 8-10; antheris oblongis sessilibus summo tubo extus inæquali- 262 STIRPES EXOTICE NOVA. lobato petaloideo inelusis. Germen ovoideum parvum, superne in stylutn erectum cylindrieum attenuatüm; summo stylo depresse capitato discoideo stigmatoso (sümmisque cum petalis in alabastro adliserente) loculo iti germine 4 ; placentis 4, 5, septiformibus parietalibus plus minus intus prominulis; singulis 9-ovulatis. Ovula valde incomplete anatropa v. suborthotropa (jure deseen- déntia) ; mieropyle extrorsum supera. — Crescit in Africa tropica oecidentali, ubi ad O/d Cu/abar river leg. G. Mann (exs: , n. 2304), anto 1863 (Herb. Mus. kew. et par.). 119. TuRmJEANTHUS LONGIPES. Fruticosus, ut videtur; ramis petiolisque (in sicco nigrescenti- bus) glabris v. parce puberulis. Folia longe (ad 70 cent.) impari- pinnata, 9-foliólàta ; foliolis oblongo-lunceolatis (ad 18 cent. longis, 6 cent. latis) alternis, breviter (ad 4 cent.) petiolulatis, basi acu- tata leviter inæqualibus, apice acuminatis; summo apice obtusius- culo. Flores in racemo gracili ad axillam folii ramulorum supremi inserto alterne remoteque fasciculati (cymosi ?) brevissime stipitati articulati; pedicello rasse obeonieo. Calyx gamophyllus subcam- panulatus crassus, 5-dentatus. Petala 5, in eorollàm clavatam alle mier se et eum tübo stämineo connata, valvata. Stamina 40: antheris summo tubo apice crenato insertis sessilibus inclusisqué (prima setate apice exsertis). Germinis plaeentee 5, parietales, 2-ovulat:e; stylo erecto cylindrico, apice stigmátoso late dilatato discoideo. — Species a precedente foliolorum numero et forma necnon inflorescentiæ indole distinctissima, eum ea venus admo- dum conspieuum sistens, cujus flos, magnitudine valde diversa, eum Turreæ (nomen ünde generieum) in meritem valde revocat. Folia autem composita, ut in Tr/cAi/ieis eujus genus vindicat illa sectio in qua occurrunt genera qualia Dasycoleum, cujus, ut in Turræantho, tubüs stàmineus cum petalis connatus observatur; antheris inclusis, et discus hine inde deficit. Fructus infauste hù- cusque in specie utraque ignotus. Viget in ditione africana tropica STIRPES: EXOTICÆ NOVÆ. 263 occidentali, ubi ad latit, 4° legit cl. G. Mann (exs., n. 1840), anno 1862 (Herb. Mus. kew. et par.). - 190. DasycoLEUx ? BECCARIANUM. 517 Arboreum, ut videtur ; innovationibus tenuiter villosulis ; parti- bus omnibus in siceo ferrugineis. Folia alterna; nisi ad costam nervosque juniores subtus puberulos, adulta glabrata ; foliolis oppo- sitis paripinnatis, 4-5-jugis; supremis 2 rudimentariis ineurvis puberulis; cseteris breviter (4 cent.) petiolulatis e basi mæquali- attenuata ovato-oblongis (10 cent. longis, 5 cent. latis), apice breviter acuminatis subcoriaceis integris penniveniis reticulatis. Flores in axillis supremis axillares folio subæquales (10 cent.) racemosi, breviter (* cent.) pedicellati; pedicellis suboppositis ; alabastris tubulosis (ad £ cent. longis). Calyx cupularis subinteger coriaceus. Petala multo longiora 5, extus villosa; marginibus tenuioribus glabratis imbricatis. Stamina 5, alternipetala.; anthe- ris tubo elongato cylindrico vix crenalo extusque cum imis petalis connato inclusis lineari-elongatis subapiculatis. Germen villosum, longe conicum; stylo recto apice stigmatoso vix dilatato minute crenato ; loculis 2, incompletis; ovulo in singulis 1, peltiformi. Discus brevissimus annulari-stipitiformis vix eonspieuus.— Planta ad gen. (inde quoad char. paul. mutand.) non sine dubio allata, oritur in Borneo, unde attul, cl. Beccari Go an. 1845, i in herb, Mus. florent. et par.). 191. EKEBERGIA? CONVALLARIÆODORA, Frutex excelsus (fide Richard), in sicco saltem suaviter (more ere Convallariæ majalis) redolens ; ramis teretibus valde nodosis rugosis cicatricibusque prominulis foliorum notatis ; cortice (dense griseo) striato; ramulis novellis cum peliolis, foliorum pagina inferiore inflorescentiisque breviter rugoso-pubentibus ; ; pilis sim- plicibus et breviter stellatis pallide ferrugineis v. lutescentibus, Folia (ad 15 cent. longa) ad summos ramulos conferta alterna im- paripinnata ; foliolis oppositis, sæpius 6-jugis, brevissime petiolu- 26h STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. latis, e basi valde inæquali-trapezoidea ovatis v. oblongo-ovatis (ad 5 cent. longis, 2 cent. latis), apice acutiuseulis v. obtusiuseulis, supra glabris, submembranaceis penniveniis tenuiter reticulatis. Flores in summis axillisracemosi ; racemis folio multo brevioribus (2, 3 cent.) parce ramoso-cymigeris ; pedicellis articulatis. Calyx brevis cupularis, obtuse 5-dentatus. Petala longiora (3 millim. ovala, valvata (alba). Stamina 10; filamentis ultra medium con- natis, superne liberis; anthera oblongo-ovoidea extus utrinque processubus summi filamenti longe subulatis aucta. Discus annu- laris ; germine brevi, 2- v. rarius 3-loculari; stylo erecto, apice capitato breviter 2-3-lobo; ovulo in loculis solitario, Fructus baccatus subglobosus (ad 1 cent. longus latusque) indehiscens (?), extus densiuseule stellatim-puberulus; semine oblongo glabro exarillato. — Species ELebergiam inter et Trichiliam quasi media, generis ob fructum omnino maturum haud visum nonnihil incerti, ob æstivationem certe valvatam corollae conspicua, oritur in Mada- gascaria boreali ubi hucusque solus leg. hortul, Richard {exs., n. 179, 584), cumque Boivin (exs., n. 2624) communicavit (Herb. Mus. par.). 199. SanporicuM BECCARIANUM. Arboreum (?); ramis ramulisque in sicco ferrugineis. Folia remote alterna, uti planta fere tota glaberrima, longe (4-5 cent.) petiolata, pinnatim 3-foliolata ; foliolis ellipticis (ad 8 cent. longis, 5 cent. latis), basi breviter attenuatis, apice rotundatis, integerri- mis coriaceis crassis remote penniveniis evenulosis. Flores subter- minales parvi (4 cent. longi) in racemos composito-cymigeros folio breviores dispositi. Calyx cupularis subæquali - dentatus. Petala oblonga, valde imbricata. Antheræ brevissimæ summo tubo bre- viter dentato incluse, demum 1-seriatæ. Gynæceum ut in genere. — Oritur in Borneo, ubi leg. cl. Beccari (exs., n. 3411, in hbb. Mus. florent., par., etc.). STIRPES EXOTICÆ NOVAE, 265 128. SANDORICUM DASYNEURON. Arbor (?), ramis crassis nodosis; ramulis junioribus dense breviterque villosulis. Folia crasse longeque (8-10 cent.) petiolata ; foliolis 3, pinnatis ovatis (terminali longius stipitato, majore, ad . 45 cent. longo, 10 cent. lato), ima basi rotundatis, apice brevis- sime acuminatis, coriaceis, supra glabris, subtus parce et ad venas dite pallide ferrugineo-villosis. Flores (in alabastris 4 cent. longi) in racemum subterminalem racemoso -compositum petioloque subæqualem (5-6 cent.) dispositi ; calyce cupulari crassiusculo profunde 5-dentato. Petala oblonga, valde imbricata. Stamina 10 ; antheris oblongis summo tubo inclusis et manifeste 2-seriatim dispositis (inferioribus 5). Gynæceum nt in genere. — In Bor- neo leg. cl. Beccari (exs., n. 299, in herbb. iisd. ac præced.). 12^. Hevnea (WALSURA) COCHINCHINENSIS. Arborea, ut videtur, ubique glaberrima ; ramis teretibus lenti- cellis pallidis ereberrimis undique conspersis. Folia remote alterna, 1-3-foliolata ; foliolis oblongo-ellipticis v. lanceolatis; terminali (dum 3-foliolata sint) lateralibus multo majore (ad 20 centim. longo, 7 cent. lato); omnibus petiolulatis, basi subæquali-acutatis, apice acutis v. breviter acuminatis, supra dense viridibus , sub- tus pallidis (glaucescentibus v. albidis); venis pinnatis crebris obliquis, ad margines anastomosantibus; intermixtis nonnullis multo minoribus brevioribusque parallelis. Flores in racemos breves (3-5 cent.) terminales et ad folia suprema axillares slipi- latos et ramoso-cymigeros dispositi; pedicellis articulatis. Calyx o-dentatus, breviter imbricatus. Petala 5, oblonga, imbricata. Stamina 10; filamentis nisi ad apicem connatis ibique breviter 2-dentatis ; antheris oblongis exsertis. Germen disco annulari cin- ctum ; loculis 2, 3, 1-ovulatis ; stylo recto ad apicem stigmatosum capitato breviterque lobato. Fruetus (immaturus) pisiformis pallide ferrugineus, indehiscens, ut videtur; semine...? — Species con- 266 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. Spicua, /Teyneas legitimas cum Wa/suris arcte connectens (necnon T'richiliis proxima), viget in ditione cochinchinensi ubi cl. Æ. Le- füvre (exs., n. 106, 551) maio novembreque floriferam legit inter fruticet., loco dieto Pozn? A, inter Saigon et Bien-hoa (Verb. Mus. par.). | 195. MUNRONIA TIMORIENSIS, Fruticulus humilis (ad 3 decim. altus); radice longiuseula (ad 10 cent.) cum caule simplici ligneo rigido (crassit. pennæ anse- rinæ) pallide grisea v. subalbida, Folia ad summam plantam cæte- terum nudatam congesta approximate alterna (ad 19 cent. longa) glabra penninervia ; foliolis 9-11, oppositis (terminali majore h-cent. longo, 2 $ cent. lato) ovato-ellipticis brevissime petiolu- latis, membranaceis glabris penniveniis. Flores inadulti breviter (1-2 cent.) capitato-eymosi ; cymis terminalibus et ad folia suprema axillaribus stipitatis. Calyx ut in genere; foliolis 5, herbaceis foliaceis subspathulatis obtusis. Pelala 5, imbricata (juniora tan- tum visa). Stamina 10, juniora basi 1-adelpha. Germen 5-locu- lare; loculis 2-ovulatis. Fructus capsularis depresso-globosus glaber, longiuseule (12 cent.) stipitatus ; pericarpio tenui subper- gamentaceo subcordato (ad 4 cent. lato). Semina (immatura) hilo ventrali valde concava. — Species, adspectu Ozalidearum non- nullarum, oritur in insula Timor ubi olim in expedit. celeb. na- varchi Baudin ab hortul. Ried/é collecta est et hucusque, ut videtur, indescripta latuit (Herb. Mus. par. et Juss.). . 126. PTEROCELASTRUS MARGINATUS. Frutex glaberrimus dumosus; ramis gracilibus virgatis inæ- quali-striatis (griseis v. nigrescentibus, ea Erythrozylorum non- null. referentibus). Folia alterna conferta subsessilia, e basi valde angustata obovata (ad 4 cent. longa, 2 cent. lata), apice rotundata v. emarginata, inæquali-crenata penninervia reticulato-venosa. Stipulee glanduliformes (nigrescentes) minime. Flores in cymas terminales valde ramosas corymbiformes dispositi minimi ; pedi- STIRPES EXOTICA NOV, —— 267 cello elavato subangulato. Sepala parva obtusa crassiuseula. Petala crassa, valde imbricata. Stamina 5; filamentis brevibus subulatis arcte inter lobos disci cohærentibus; antheris suborbiculatis. Germen pyramidatum ; stylo brevi, apice obtuse lobato. Fructus obcordato-3-alatus (ad 2 cent. longus latusque); alis submem- branaceo-lignosis parce venosis. Semina adscendentia valde compressa inzquali-ovoidea, margine utrinque alata ; albumine carnoso albido; embryonis (viridis) cotyledonibus . lateralibus subellipticis. — Stirpsin genere ob semina haud arillata sed mar- ginato-alata conspicua sectionisque novæ (Peripteryqia) prototyp. nascitur in Nova-Caledonia ubi legerunt cl. Deplanche (exs., n. 46h) et Pancher (herb.). j 127. ELÆODENDRON CLUSIOPHYLLUM. Arbor (10-15-metralis), ramis crassis teretibus, foliorum delap- sorum cicatricibus prominulis crebris arcuatis v. suborbicularibus notatis, Folia alterna ad summos ramulos conferta ample oblongo- obovatà v. nunc subspathulata (ad 20 cent. longa, 8 cent. lata), apice rotundata, nunc emarginata v. brevissime apiculata, ad basin sensim in petiolum brevem (1-3 cent.) attenuata, integerrima coria- cea, uti planta tola glaberrima, supra levia, subtus paulo palli- diora ibique costa prominula (pallidiore) notata; nervis obliquis venisque laxe reticulatis parum conspicuis. Flores (ad 5 cent. longi latique) ad summos ramulos (basi innovationum) in axilla foliorum juniorum (adultis similium, vix autem evolutorum) cymosi ; cymis crasse longiusculeque (3-5 cent.) pedunculatis, in summo peduneulo spurie umbellatis ; pedicellis (jure 2-chotomis) basi articulatis. Receptaculum parce concavum; calyce et corolla (lute- scente) 5-meris ; petalis obtusis in alabastro valde imbricatis cor- rugatis. Stamina discusque ut in genere. Germen sterile disco profunde immersum, apice libero brevissime acutatum ; loculis 3, 2-ovulatis, Flores inde polygami videntur; feminei fructusque ignoti, — Species insignis, foliis C/usigcearum et Iicinearum nonnull. adspectu, nascitur in ditione austro-caledonica ubi leg. 268 | STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. cl. Balansa (exs., n. 3613), in ripis fl. Dorio, prope Ouroué, decembre floriferam (Herb. Mus. par.j. 198. Buxus HirpEBRANDTIU. Arbuscula (6-metralis) ramosissima glaberrima ; cortice gri- seo ; ramulis (pallide virescentibus) angulatis. Folia opposita vix petiolata obovata (ad 2 $ cent. longa, 4 £ cent. lata), apice rotun- data, basi in petiolum spurium attenuata, integerrima coriacea (in sicco glaucescentia) utrinque v. subtus tenuissime nigrescenti- punctulata ; nervis primariis oblique parallelis subtus vix conspi- cuis. Flores monœci terminales, solitarii v. pauci; masculi in ramulo axillari eodem sæpe 2, 3, bracteis sepalis consimilibus 2 v. paucis stipatis. Calyx A-phyllus ; foliolis obtusis, margine mem- branaceis. Stamina 4, opposita; filamentis compressis crassius- culis inter lobos germinis redimentarii cruciatim 4-Jobi insertis ; antheris oblongis ex parte exsertis subsagitlatis recurvis. Floris fæminei sepala inæqualia, imbricata. Fructus ovoideus (4 4 cent. longus, 4 cent. latus) glaberrimus haud sulcatus, stylis 3 circa apicem torulosum insertis coronatum ; singulis cornuformibus crassis 9-gonis, apice acutato leviter recurvis, intus suleo longi- tudinali marginibus stigmatosis revoluto notatis. Semina (imma- tura) oblonga nigrescentia (iis, ut videtur, 2. sempervirentis haud absimilia). — Stirps, ob patriam conspieua, nuperrime in Africa orientali ab indefesso viatore Hildebrandt reperta est, in montibus regionis Somali, circ. altit. 1500-2000 metr. Specieb. asiaticis europæisque: adspectu haud absimilis, a B. mada- gascariensi toto coelo differt. 129. VENTILAGO RBUXOIDES. Frutex, ut videtur, scandens ; ramis teretibus ramulisque graci- libus divarieatis v. reeurvis tenuissime pruinoso-villosulis. Folia in summis ramulis (basi nudatis) conferta subimbricata alterna, brevissime (1-3 millim.) petiolata, ovata v. subelliptiea (ea Buzi STIRPES EXOTIC NOVAE. 269 sempervirentis nonnihil referentia) parva (2-2 cent. longa, 4 cent. lata) , basi rotundata v. emarginata, apice acutiuscula, obtusiuscula v. retusa, integra v. inæquali-crenata, coriacea crassa, supra lucida levia (dense viridia), remote penninervia subavenia. Flores breviter (2-3 millim.) pedicellati, minuti (1 millim.), in axillis solitarii v. eymosi pauci; alabastro subgloboso, apice depresso. Sepala 5, 3-angularia crassiuscula, valvata. Petala breviora carno- sula, concava, apice retusa. Stamina petalis subæqualia ; antheris subovoideis, apice acutiusculis. Germen disco intus receptaculum vestienti cupularique omnino inferius. Fructus ut in genere, basi eupule brevi adnatus, subglobosus pisiformis; ala oblongo-elli- psoidea (2 cent. longa, cent. lata) subavenia, stylo in medio co- slata et apice minute apiculata. — Stirps habitu et foliis in genere admodum conspicua nascitur in Austro-Caledonia, ubi cl. De- planche (exs. n. 272) in insula Taule in ramis iisdem floriferam fructigeramque legit (Herb. Mus. par. et alior.). 130. EMMENOSPERMUM PANCHERIANUM. Frutex (1-2-metralis) multicaulis; ramis gracilibus (griseis). Folia alterna v. in ramulis brevissimis fasciculata ereberrima, bre- vissime (3-4 millim.) petiolata, obovata (ea Buxi sempervirentis nonnihil referentia) v. obovato-elliptica (ad 2-4 cent. longa, 1-2 cent. lata), basi plus minus longe cuneata, apice rotundata v. subemarginata, integerrima subcoriacea, uti planta tota glaberrima dense viridia, supra lucida levia, subtus opaciora, penninervia nervis primariis paucis alternis obliquis; venis parcis vix conspi- cuis. Flores minuti in axillis crebris spurie umbellati eymosi (albi odorati, ex Pancher) ; pedicellis filiformibus folio 2-midio brevio- ribus. Sepala 5, 3-angularia, summo receptaculo subeampanulato intus disco tenui vestito inseria, valvata. Petala staminaque ab iis involuta imis sinubus calycis inserta. Germen imo receptaculo insertum, nisi ima basi liberum erectum, 2-loculare; stylo crasso germine longiore in conum truncatum apice brevissime 2-dentatum 270 STIRPES EXOTICUE NOVA. producto. Ovula in loenlis 2-na suberecta. Capsula subpisiformis v. breviter ellipsoidea (ad 7 cent, longa lataque), basi annulo bre- vissimo receptaeuli cincta, compressiuseula, stylo apiculata, sub- 1-locularis, septicida (septis valde incompletis pallidisque). Semina plerumque 2, post occasum pericarpii persistentia, breviter stipi- tata erecta inæquali-ovoidea compressiuseula (ad 4-5 mill. longa, 2 + mill. lata) ; testa nitida ossea (dense rubra); albumine parco ; embryonis (viridis) axilis albumini subæqualis eotyledonibus elli- picis, basi auriculatis. — Species conspicua, a congener. austral., ut videtur, valde diversa, oritur in Austro-Caledonia ubi in sylvis collium januario floriferam leg. Puncher (Herb. ). 181. ALPHITONIA XEROCARPA, Frutex dense dumosus (1-metralis) ex omni parte glaberrimus. Folia alterna cum ramulis junioribus pallide virescentia, longius- cule (1-1 5 cent.) petiolata obovato- v. oblongo-elliptica (6 cent. longa, 3 cent. lata), basi sensim in petiolum decurrentia, apice plerumque rotundata v. emarginata, integerrima ; margine reflexo ; coriacea, penninervia; nervis venisque vix conspicuis ; costa (pal- lida) subtus prominula. Flores polygami, terminales v. ad folia summa axillares, in cymas pedunculatas plus minus ramosas dis- positi (parvi, albidi); receptaculo breviter obconico, intus disco glanduloso 5-gono cavitatem implente supraque subhorizontali ves- tito. Sepala 5, 3-angularia petalaque cucullata et stamina totidem ut in genere, Germen inferum cum disco omnino connatum; stylo eonieo, apice stigmatoso breviter 3-lobo ; loeulis 3, completis v. ineompletis, 4-ovulatis. Fructus longe ante maturitatem pedi- cellis reeurvis cernui, ovoideo-acuminati v. subeonici cum rece- ptaeuli cupula sibi 8-plo breviore breviterque obconica connati (ad 4 cent. longi latique), demum sicci eapsulares ; sarcocarpio gla- bro tenuissimo, demum siecato ægreque ab endocarpio soluto. Coeci sæpius 3, lignoso-apieulati, septicide demumque ab apiee ad medium loculicide elastice dehiseentes et basi (ut in genere) soluti STIRPES EXOTICÆ NOV.E. 971 seminaque nuda breviter stipitata relinquentes. Semen inæquali- obovatum (ad 4 millim. longum) sub-3-gonum ; testa durissima nitida (fusco-purpurascente) brevissime cupulari-arillata ; albumine carnoso (albido) ; embryonis vix brevioris cotyledonibus elliptieis (viridulis). — Species, ob fructum capsularem (pericarpit indo- lem ut eharaet. momenti parvi demonstr.) conspicua et. glabritu- dine coloreque ab omnibus congeneribus valde distineta, viget in collibus ferrugineis Novæ-Caledoniæ, ubi detexit cl. Pancher (Herb. Mus. nov-caled,, n. 608). 432. ALPHITONIA ERUBESCENS, Frutex (2-metralis) glaberrimus; ramis teretibus (nigrescenti- bus) alternis, basi nudatis. Folia ad summos ramulos conferta " approximate alterna subsessilia (limbo basi in petiolum compres- sum, vix 1-2 mill. longum, utrinque attenuato) obovata (5 cent. longa, 3 cent. lata) integerrima coriacea crassa glaberrima, apice sæpius rotundata penninervia; venis vix conspicuis; costa (eum petiolo erubescente) subtus prominula. Flores (fusco-rubescentes) in axilla foliorum ramuli superiorum cymosi; eymis paucifloris, sub-2-chotomis, longe pedunculatis (ad 3 cent. longis) glaberrimis ; receptaculo breviter obeonico; perianthio 5-mero ceterisque ut in A. zerocarpa (species unde, foliis valde affinis, verisimil. fructu capsulari gaudet, hucusq. haud cognito). — Oritur in Austro-Cale- doniæ monte Penari, ad alt. 800 metr., ubi februario florigeram leg. cl. Balansa (exs., n. 3491). A precedente distinguitur colore toto plantze imprimisque partium floralium neenon foliis crassiori- bus subsessilibus nee longiuscule petiolatis. 133. XIMENIA BORNEENSIS: Arborea, ut videtur, et ex omni parte glaberrima; ramis tere- tibus; ramulis junioribus siccitate nigrescentibus. Folia alterna pro genere ampla (ad 20 cent. longa, 9 cent. lata), breviuseule (2 cent.) petiolata; ovato- v. elliptico-acuta , basi subæquali-rotun- 272 STIRPES EXOTICÆ NOVAE, data, apice breviter acuminata integerrima subcoriacea penniner- via reliculato-venosa ; nervis primariis ad margines incurvis ibique anastomosantibus. Flores majusculi (ad 4 cent. longi) axillares, aut in racemis brevibus dispositi, aut simpliciter cymosi ; cymis ad 3-floris petiolo subæqualibus; pedicellis petiolo communi vix brevioribus. Calyx cupularis brevis, 4-crenatus. Petala multo lon- giora in alabastro conniventia valvata, apice demum recurva crassa, margine dile fimbriato-plumosa. Stamina 8; antheris lineari- oblongis. Germen breve, incomplete 3-loculare ; ovulis 3 elongatis e summa placenta libera pendulis ; stylo simpliei, basi in conum carnosulum incrassato, apice stigmatoso attenuato. — Species quoad flores congeneribus notis omnino similis, valde autem differt foliorum amplitudine et inflorescentiæ indole, in Borneo lecta fuit a cl. Beccari (Herb. Mus. reg. florentini). 13/4. SALACIA SAIGONENSIS. Arborea, ut videtur ; ramis teretibus (fuscatis) valde rugoso-len- ticellatis. Folia opposita et alterna, pulvinaribus prominulis inserta, brevissime (5-8 millim.) petiolata oblongo-lanceolata (ad 10 cent. longa, A cent. lata), basi et apice acutata v. nunc breviter acuminata summoque apice obtusiuscula, subintegra v. remote brevissi- meque serrulata, subcoriacea, uti planta tota glaberrima penniner- via retieulato-venosa, subtus paulo pallidiora costaque prominula percursa. Flores axillares subumbellatim eymosi ; pedicellis petiolo longioribus (ad 1 cent.) gracilibus subfiliformibus. Flores ut in genere, minuti (ad 2 millim.) ; alabastro subgloboso. Petala brevia concava imbrieata. Discus brevis. Stamina 3; antheris brevis- simis demum recurvis. Germinis loculi 3, pauciovulati. — Species adspectu Ce/astrinaceas genuinas omnino referens, ob folia hine opposita, inde alterna, nonnihil conspicua et Maytenis americanis nonnullis adspectu haud absimilis, oritur in Cochinchina gallica ubi cl. E. Lefèvre ‘exs., n. 294) haud proeul a Bien-hoa, loco dicto Point A, cirea Saigon, februario floriferam legebat (Herb. Mus. par.). ; SUR LES JABORANDI, 273 135. MACRORHAMNUS DECIPIENS. Arbuscula glaberrima; ramis erassiusculis, ad folia nodosis ; cortice (fuscato) striato rugoso lenticellato. Folia plerumque sub- opposila elliptica (ad 8 cent. longa, 6 cent. lata), utrinque rotundata integra membranacea glaberrima penninervia, paulo supra basin 9-7-nervia ; nervis primariis paucis (3, 4) remotis arcuatis ; supra dense viridibus, subtus (nisi ad nervos ferrugineos) pallidis subglau- cescentibus, tenuiter utrinque reticulato- venosis ; petiolo gracili (ad 4 cent. longo). Flores, ut e fructu noscitur, axillares (cæte- rum haud visi); pedunculo (fructigero) solitario, petiolo subæquali cernuo. Fructus breviter ovoideus (ad 4 £ cent. longus latusque), basi libera obtusatus, apice leviter acutatus, obtuse 3-gonus ; exo- carpio ( « rubro ») ab endocarpio in valvas 3, apice 2-fidas, soluto ; endocarpii loculis lignosis (pallidis), elastice intus usque ad basin et dorso ad medium v. paulo ultra dehiscentibus, 1-spermis. Semina suberecta orbiculari-subobovata (ad cent. longa lataque) valde compressa; hilo infero prominulo; testa crustacea nitida (fuscata) ; albumine carnoso (albo) ; embryonis (viriduli) cotyledo- nibus subobovatis ; radicula brevi infera, — Stirps conspicua, quoad periearpium coccorumque dehiscentiam fere omnino eupAor- biacea et char. nonnullas Buetinerieas simul nonnihil referens (indeque in herbar. diu vexata), nascitur in Madagascaria boreali ubi ad Diego-Suarés, in sylva Anbani-hala, leg. Bernier (2° env., n. 307) eumque Join (exs., n. 2661) communicavit (Herb. Deless, et Mus. par.). ( Sera continué.) SUR LES JABORANDI. On parle beaucoup des Jaborandi en ce moment, et il y en a au moins quelques-uns dont les propriétés thérapeutiques sem- blent trés-caractérisées. Mais celui des Jaborandi dont les prati- xI. (28 janvier 1875.) 18 271 SUR LES JABORANDI. ciens s'occupent le plus actuellement n'est aucun de ceux qui furent célébres parmi les anciens médecins, et il est probable que son emploi en médecine ne répondrait pas strictement aux mémes indications. Aussi jugera-t-on peut-être de quelque utilité la dis- tinction que nous nous proposons d'établir entre les divers Jabo- randi. M est probable que, dans l'Amérique du Sud, notamment au Brésil, c’est là une expression qui a été appliquée à toute une série de plantes, de familles trés-diverses, mais présentant un ensemble de qualités communes, comme d'étre aromatiques, stimulantes, diurétiques ou sudorifiques, alexipharmaques, etc. Pison et Maregraff, dans leur célèbre ouvrage « De medicina brasiliensi » , si souvent et si utilement consulté, ont fait, au milieu du xvn* siècle, connaitre trois Jaborandi ligneux, frutescents. Ce sont tous probablement des Piper. Le plus étudié d'entre eux, au moins quant à ses caractères botaniques, est devenu le type du genre Serronia de Gaudichaud. Cet auteur en a donné avec Guil- lemin une figure trés-suffisante dans les Jcones Delesserianæ (HE, 54, t. 90), sous le nom de S. Jaborandi. C'est le plus connu des Jaborandi brésiliens, et l'on està peu prés certain, en deman- dant dans le pays le médicament de ce nom, de recevoir préci- sément ce Poivre. Un spécimen qui m'a été communiqué par la Pharmacie centrale et qui lui avait été adressé du Brésil éomme véritable Jaborandi, était justement cette espèce. Pison lui attribue les mêmes propriétés à peu prés qu'à ses autres Jaborandi frutes- cents : « Tantum efficacia eaque nobilissima multum sibi similes » existant, quippe omnium radices (quarum vires Brasiliani Lusi- » tanis et nostratibus Belgis revelarunt) adeo commendabiles, ut » inter panaceas hodie habeantur, usumque in medicina præstent » eximium. » Tous ont une racine d'abord peu sapide ; mais quand on les mâche quelque temps, ils brülent la langue et le palais, comme les Pyréthres. Aussi les employait-on, à cette époque, comme odontalgiques et comme céphaliques. D'autres les prescrivaient, dans les cas d'empoisonnement, de suppres- sion d'urine, d'affections produites par un refroidissement. Le SUR LES JABORANDI. 975 second Jaborandi frutescent de Pison est signalé comme ayant des graines (il s’agit sans doute de la baie de ce Piper\ énergique- ment brülantes. Sa racine est chaude « au troisième degré». Le troi- sième, analogue par ses caractères extérieurs au Poivre long, a des feuilles linguiformes, acuminées, au'on employait au Brésil à la préparation de bains et de fomentations usitées « contra affectus frigidos ». Tous ces Jaborandi étaient aussi donnés comme ster- nulatoires, comme masticatoires, « pour dériver les pituites de la téte vers la bouche », et pour guérir les catarrhes oculaires. Il y a des Jaborandi qui appartiennent à la famille des Scrofu- lariées ; ce sont des Herpestes, autrefois rapportés au genre Gra- tiola. LH. gratioloides, herbe de l'Amérique du Sud, est sudori- fique, antirhumatismal. L'H. colubrina est un alexipharmaque employé par les Péruviens. L’Æ. Monniera de Kunth, ou Gra- tiola Monnieria de Linné, a des racines apéritives, diurétiques. Aublet, et après lui Descourtils, puis Martius, rapportent qu'on _les prescrit comme aromatiques, sudorifiques. diurétiques, fébri- fuges, et qu'on s'en sert aussi dans les cas de fièvres, d'empoi- sonnement et contre la morsure des serpents venimeux. Il y a un des Jaborandi de Pison et de Marcgraff qui, suivant l'habitude du temps, fut d'abord séparé, à titre d'herbe, des autres qui étaient des plantes ligneuses. Celui-là est aussi le plus facile à reconnaitre, et il est assez bien figuré pour l'époque dans l'ou- vrage dont il est question (quoique inférieur comme dessin à plu- sieurs des espèces utiles qui s'y trouvent décrites), D'ailleurs la plante entiére, vu ses faibles dimensions, a pu étre figurée avec sa racine, ses feuilles alternes, trifoliolées et ses petites inflorescences souvent bifurquées en cymes unilatérales. En outre, ce que Pison dit de ses fruits enfouis, comme ceux du Chanvre, dans des folioles persistantes et accrues, ne permet guère de méconnaitre le Mon- niera trifoliata de Linné, plus tard mieux figuré dans l'ouvrage d'Aublet sur les plantes de la Guyane (II, 730, t. 293). Celui-ci, bien éloigné par ses affinités des Jaborandi précédents, est une Rutacée de latribu des Cuspariées, qui croît dans toutes les : régions 276 SUR LES JABORANDI. chaudes et orientales de l'Amérique du Sud, commun surtout dans certaines portions dulittoral du Brésil, où il est connu sous le nom d' A/fovaca de cobra. C'est, comme la plupart des plantes du méme groupe, une espéce aromatique, stimulante, qu'aujourd'hui on préconise comme sudorifique, diurétique, sialagogue. Marc- graff dit que sa racine odorante est d'une saveur aussi forte que celle du Pyréthre, et la vante surtout comme un reméde puissant « des poisons froids ». De son temps, on broyait la racine fraiche et on la faisait prendre dans du vin. Pison cite entre autres un cas frappant de guérison dont il fut témoin, en méme temps que le prince de Nassau. Il s'agit d’un capitan qui s'était empoisonné avec des champignonset qui fut radicalement guéri. Aussi n'y avait- il plus à douter de la puissance de ee remède merveilleux, qui guérissait, dit-il, de la plupart des poisons, en provoquant la sueur et les urines : « Vix cujuscumque fere veneni per sudores et urinas » exturbat. Cujus portentosum specimen Barbaros edidisse vidi. » Quant au Jaborandi dont il est tant question aujourd’hui dans nos hôpitaux, je suis arrivé à l'assimiler par comparaison à une plante du méme groupe naturel que le Monniera trifoliata, culti- vée depuis un certain nombre. d'années dans les serres du Jardin des plantes, sous les noms de Pélocarpus simplex. Mon collègue M. Gubler, qui m'en avait remis une portion de feuille, n'avait pu me donner d'autres renseignements sur ce fragment que son nom vulgaire de Jaborandi et sa provenance brésilienne. Les Pilo- carpus connus sont, en effet, tous des végétaux de l'Amérique méridionale; mais il n'y en a pas beaucoup qui aient les feuilles composées-pennées ; par là se trouvait fort limité le champ de mes recherches. Seul Ch. Lemaire en a décrit une espèce qui füt dans ce cas, en 1852, sous le nom de P. pennatifolius, dans le vol. HI des Z/lustrations horticoles (t. 263), et c'est au P. pennatifolius que je rapporterais le P. simplex des serres du Muséum. C'est en 1847 que Libon recueillit les premiers pieds de P. pen- natifolius qui aient été envoyés en Europe, dans la province bré- - silienne de Saint-Paul, aux environs de Villafranca, Ils ont fleuri SUR LES JABORANDI. 97] peu de temps aprés à Dulmen en Westphalie, dans les serres du duc de Croy. Depuis lors les fleurs ont pu être observées fraîches en Belgique et à Paris. Mais il y avait longtemps que Bonpland avait récolté cette plante dans la province de Corrientes, et je la vois dans son herbier, en état fort imparfait, il est vrai, avec l'in- dication de « Picada de Trinidad ». La connaissance de cette localité est précieuse, parce que si, contrairement à tant de médi- caments dont la réputation n’a guère survécu, ce Jaborandi conti- nuait d’être recherché en thérapeutique, la plante pourrait sans doute être cultivée avec succès dans le midi de l'Europe ou dans notre colonie algérienne. C'est, dans nos cultures, un fort joli arbuste, haut de 2 à 3 métres, entièrement glabre à l’âge adulte. Ses tiges cylindriques sont recouvertes d'une écorce pâle, toute parsemée de taches lenticellaires saillantes et blanchâtres. Ses feuilles, alternes, sans stipules, sont composées-pennées, le plus souvent avec impaire. Elles ont ordinairement sept, plus rarement peuf folioles, articulées sur le rachis commun et supportées par un court pétiolule articulé à sa base. Leur forme estun peu variable suivant les individus et suivant les points occupés par la feuille, oblongue-lancéolée, avec la base atténuée en coin et le sommet subaigu ou plutôt ordinairement obtus, émarginé, échancré. Les dimensions d’une foliole, plus ou moins étroite, varient pour la longueur de 8 à 42 centimètres, et pour la largeur, de 2 $ à 5 centimètres. A l'état frais, on voit peu sur les folioles les ner- vures pennées dont les anastomoses sont bien plus évidentes sur la feuille sèche. La nervure médiane des folioles est seule bien proéminente en dessous; elle rougit souvent par la dessiccation. Le parenchyme est légérement charnu dans l'état frais; il.est tout criblé de fines ponctuations glanduleuses qui eorrespondent à autant de petits réservoirs d'huile essentielle. Le rachis est un peu renflé au niveau de l'insertion des folioles, et surtout à la base de celle qui termine la feuille. Les fleurs sont disposées en une longue grappe flexible qui peut atteindre prés d'un demi-mètre et en porter plus d'une centaine. 278 SUR LES JABORANDI. Chacune d'elles est supportée par un pédicelle grêle sur lequel se remarquent vers le milieu deux bractéoles. Je me rappelle avoir vu ces fleurs épanouies ; elles représentaient bien une petite étoile à cinq branches triangulaires , de la couleur d'un kermès un peu rougeâtre. Ces branches sont les pétales qui sont valvaires dansle bouton, assez épais et charnus, et cachent, lors de l'épanouissement, le calice beaucoup plus court, Sur la corolle épanouie on voyait souvent rouler une goutte de nectar sucré et aromatique, sécrété par un gros disque glanduleux dont le pied du gynécée est entouré. Dans l'intervalle des pétales, ce disque présente cinq sillons verticaux qui le séparent en lobes incomplets et qui logent chacun un des filets staminaux, Ceux-ei, presque aussi longs que les pétales, sont subulés et supportent une anthère d'un beau jaune d'or, ovale-cor- dée, introrse, à loges déhiscentes par deux fentes longitudinales, écartées l'une de l'autre inférieurement et finalement oscillantes sur le sommet du filet, Le gynécée est celui d'une Rutacée en général. Les cinq ovaires oppositipétales sont, suivant l'axe méme du pistil, séparés les uns des autres par un vide fusiforme peu con- sidérable. Mais de l'angle interne de chacun d'eux il naît, un peu au-dessous du sommet, un petit style qui va tardivement se coller - aux quatre autres styles, et leur ensemble constitue une petite masse turbinée et stigmatifére, qui dépasse un peu le sommet des ovaires, Dans l'angle interne de ceux-ei s'observent deux ovules descendants, à mieropyle primitivement supérieur et extérieur. Le fruit n'est pas connu; mais i| est probable que ses coques sont organisées comme celles de tous les autres Pz/ocarpus. Cette plante est, à l'état frais, un peu amère et aromatique. Ch. Lemaire a comparé à celle du Figuier commun l'odeur qu'elle répand quand elle est frappée par les rayons du soleil. Pour moi, je trouve que l'essence contenue dans ses réservoirs pellucides (organisés comme ceux des Aurantiées) est fort analogue pour le parfum à celle qui se rencontre dans certaines Rutacées et surtout dans quelques plantes du genre Citrus. De là aussi une saveur qui rappelle celle des Jaborandi du groupe des Poivriers ; celle-ci SUR LES JABORANDI, 279 est bien autrement chaude et piquante. On peut d'ailleurs tirer des affinités botaniques du Pz/ocarpus quelques indications thérapeu- liques que je me permets de recommander aux praticiens. Parmi les Rutacées, aujourd'hui trop négligées peut-étre dans la pra- tique et qui sont à notre disposition comme sudorifiques, on pour- rait soumettre à des expériences comparatives avec le Jaborandi, non pas la Rue commune, qui est une espèce trop dangereuse, mais les feuilles des Limoniers, Bigaradiers, etc., et aussi celles du Dictamnus Frazinella. m eas iiid. OBSERVATIONS SUR LES LIMITES DE LA FAMILLE DES CÉLASTRACÉES Les Célastracées comprennent aujourd'hui, sans contestation, je pense, les Évonymées de De Candolle, que MM. Bentham et Hooker (Gen., I, 358, 360) appellent Celastreæ, et les Hippocra- téées, que la connaissance de genres tels que les Campnosperma et les Ko£oona en rapproche totalement. On peut en dire autant du Catha edulis, dont le fruit, peu connu, est à peu près celui des Microtropis et des Frauenhofera, mais dont la graine est bien celle d'une Hippocratéée. Hochstetter est le seul qui l'ait fait à peu prés connaitre telle qu'elle est. Il n'est pas facile de suivre son évolution sur les échantillons de nos herbiers. Nous y àvons toutefois con- staté ce qui suit. Les ovules sont ascendants, avec le mieropyle . dirigé en bas et en dehors. Tandis que, dans tant d'autres Célas- tracées, cette extrémité inférieure de l'ovule s’épaissit en arille, ici elle se prolonge peu à peu en une aile membraneuse au-dessus de laquelle s'éléve graduellement le corps méme de la graine, contenant dans sa cavité l'embryon à radicule infére. Il y à une autre Célastracée dans laquelle l'évolution de la graine est tout à fait identique, la cavité de sa semence finissant par contenir un embryon dont la radicule estinfére, dans une graine anatrope qui paraitrait au premier abord descendante, parce qu'elle se prolonge aussi inférieurement en une longue aile membraneuse. C'est le Canotia, cette plante junciforme du Texas qui a jadis été rapportée à la famille des Rosacées, mais que nous avons démontré (Adan- sonia, X, 18) être une véritable Célastracée. Elle a d'ailleurs un fruit capsulaire dont le type n'est pas rare dans celte famille. Mais OBSERVATIONS SUR LES LIMITES DES CÉLASTRACÉES, 281 elle a un port tout particulier ; elle est presque aphylle; elle ne ressemble en rien par l'apparence extérieure, ni aux Rosacées, ni aux Célastracées de notre pays. Nous aurons à revenir sur le peu d'importance de semblables caractères. Il y a pour nous une autre Célastracée dont le port est bien dif- férent, mais dont Ja place est depuis longtemps tout aussi mécon- nue. C'est le Gezssoloma marginatum, placé jusqu'ici tout auprès des Pénæacées, sans doute parce qu'il a été primitivement déerit par Thunberg sous le nom de Penæa marginata. A. de Jussieu, dans son petit travail sur les Pénæacées, a bien dit du Geissoloma : « Il se distingue par plusieurs caractères trés-tranchés de cette famille, quoique je n'en voie pas d'autre avec laquelle il offre plus d'affinité. Je crois donc devoir, à l'exemple de M. Endlicher, le conserver provisoirement à sa suite. » Ce qui n'étaitpour Endli- cher qu'un groupe allié aux Pénæacées, devient, en 1850, pour M.Sonder, une famille des Geissolomacées que M. Alph. de Can- dolle adopte, mais qu'il place aussi immédiatement à la suite de celle des Pénzeacées (Prodr. , XIV, Ord. 166.) La caractéristique du genre, telle qu'elle est donnée dans le Prodromus, fort détaillée et fort soignée, ne demande que quelques modifications de détail. Le Geissoloma a des stipules ; elles sont peu prononcées, il est vrai; ce sont deux petites languettes latérales, glanduliformes et noi- râtres. La préfloraison du calice est variable, à ce qu'il parait, car j'ai vu les deux sépales antérieur et postérieur recouverts dans le bouton par les latéraux. Les deux intérieurs étaient tantót imbri- qués et tantót tordus. Des huit étamines, disposées sur deux verticilles, celles qui alternent avec les sépales sont un peu plus courtes que les quatre autres. Les quatre branches stylaires, aigués et subulées, sont tordues en spirale dans le bouton dans une éten- due variable de leur sommet. Les loges de l'ovaire et les branches stylaires sont exactement représentées alternant avec les sépales dans le diagramme qui figure dans la note d'A. de Jussieu. Les deux ovules collatéraux, qui descendent dans chacune des loges, ont le micropyle tourné en haut eten dedans; ils ont double tégument, 282 OBSERVATIONS et, en haut de leur raphé dorsal, se montre déjà dans la fleur une petite gibbosité qui est le premier rudiment d'un arille. Les fleurs axillaires et solitaires sont accompagnées de huit à dix bractées imbriquées, inégales, d'autant plus courtes qu'elles sont plus infé- rieures et exactement décussées au début, quoique les deux plus petites d'entre les latérales cessent souvent, à partir d'un certain âge, d'être exactement placées à droite et à gauche. De la capsule loculicide du Geżssoloma s'échappent une ou quel- ques graines qu'il n'est pas facile de rencontrer mûres dans les collections, et que M. Sonder a seul étudiées jusqu'ici. J'y revien- drai tout à l'heure, et je n'ai que deux mots à dire d'elles pour le moment, c'est qu'elles ont un albumen charnu, un embryon de méme longueur à peu prés, à cotylédons linéaires et charnus, et un testa dur, glabre et foncé, vers le sommet duquel se détache en blanc une petite excroissance arillaire charnue. Il n'y a qu'une famille, je pense, à laquelle on puisse rapporter une plante qui présente un pareil gynécée, avec des ovules à mi- eropyle dirigé de la sorte, avec un tel fruit capsulaire et une telle graine albuminée et arillée. C'est celle des Célastracées, à laquelle on n'a sans doute pas pensé à l'époque où l'on ne connaissait que des Célastracées isostémonées, et où toutes celles qu'on avait étu- diées avaient des pétales et un disque développé. Je ne parle pas du port, de Ja taille et dela forme des feuilles, qui sontsemblables à ce qui s'observe, non-seulement dans les Penæa, mais encore dans un grand nombre de genres des mêmes régions, appartenant aux familles les plus diverses. ; Voici maintenant une petite épreuve que je me permets de re- commander aux partisans de la vérité, Qu'on plaee sous les yeux d'une personne connaissant bien la semence du Buis celle du Geissoloma marginatum; elle dira qu'on lui montre une graine de Buxus, parce qu'il n'y a de différence ni pour la taille, ni pour la forme, ni pour la couleur, ni pour la quantité de l'albumen blanc et charnu, ni pour la configuration générale de l'embryon, pres- que égal en longueur à l'albumen et pourvu de cotylédons linéaires SUR LES LIMITES DE LA FAMILLE DES CÉLASTRACÉES. 983 charnus, ni pour la consistance crustacée du testa, ni pour cette petite saillie arillaire qui se dessine en blanc tout prés de son som- met. Arrétons-nous un instant à l'examen de ce dernier organe, nous verrons que c'est une petite exeroissance charnue qui se pro- duit tout prés du hile, principalement en haut et en dehors, et qui se prolonge en s'atténuant vers la portion supérieure du raphé. Là elle est logée en partie dans un petit sillon vertical dont les bords sont eonstitués par deux saillies paralléles du testa. En somme, l'épaississement arillaive du Geisso/oma, quoique différent de forme avec celui du Buxus sempervirens, a cependant une méme origine ombilicale, et c’est là le point important. Il y a une autre plante du méme groupe que le Buis où l'arille se comporte du côté du raphé comme dans le Geissoloma : c'est le Pachysandra procumbens. La graine de cette espèce est peu con- nue. Elle a été figurée dans le Traité général de Botanique de MM. Le Maout et Decaisne; mais sur la coupe longitudinale de la graine, telle qu'elle est représentée dans cet ouvrage, on ne voit pas que le tissu charnu del'arille se prolonge en une sorte de pointe vers la portion supérieure du raphé, soit parce que la figure a élé prise sur une semence altérée par la dessiecation, soit parce qu'elle est inexacte sous ce rapport, comme en ce qui con- cerne l'embryon, représenté comme indivis dans sa portion coty- lédonaire ; ce qui est tout à fait imaginaire. Les Buis eux-mêmes ont, nous l'avons dit, des semences trés- analogues à la fois à celles des Pachysandra et à celles des Geis- soloma. On n'aurait guére songé à invoquer cette analogie, alors qu'on faisait du Buis une Euphorbiacée. Quand je l'en ai distingué en 1858, c'était non pas par des traits extérieurs de peu d'im- portanee, mais à cause de différences d’une certaine valeur, tirées surtout du mode d'évolution du gynécée et de la direction relative des régions del'ovule. On a d'abord déclaré que jamais cette sépa- ration ne serait acceptée des botanistes. Le Prodromus la toutefois définitivement adoptée. Ensuite M. Decaisne a cherché à m'enlever le mérite de mon travail en donnant à la famille le nomde Buxinées, 981 OBSERVATIONS qui se trouve dans l'ouvrage de F. Plée, sur les Types de chaque famille (4), et en écrivant à ce sujet ce qui suit : « M. Plée, en 1853, a séparé les Buzus des Euphorbiacées pour en faire le type d'une petite famille. M. Decaisne devait savoir cependant : 1° Que Kirschleger avait, en 1851 (dans la livraison quinzième de sa Flore d'Alsace, p. 48), séparé le Buis à titre de famille dis- lincle, et que je l'ai dit dans ma Monographie (p. A6). 2° Que le mot Buxinées ne saurait être employé pour désigner celte famille, M. Dumortier ayant, dès 1829, appliqué ce nom à une tribu de la famille des Euphorbiacées, et Kirschleger ayant employé, à l'époque susdite, le nom de Zuzacées pour la famille qu'il distinguait comme nouvelle. Quand on cherche, au surplus, sur quels caractères importants F. Plée basait sa famille des Buxinées, on ne voit que celui-ci ; « Ovules 2, dans chaque loge, correspondant avec les stigmates par des filets pistillaires pariétaux traversant le parenchyme», et que de plus il la déclare « réduite au genre Burus ». Quant aux carac- léres lirés de l'ovule, il en avait si peu la notion, qu'il représente celui-ci comme suspendu à son sommet, par une sorte de rétré- cissement apical, sans aucune indication du siége du mieropyle ou du raphé. M. Decaisne n'a pu s'y méprendre, et il n'eüt certaine- ment pas accepté, comme il s'est vu forcé de le faire, la famille des Buis, si elle n'avait été fondée que sur de semblables caractères. Il ne reste done rien aujourd'hui de sa tentative; mais j'aurai soin désormais de repousser toutes les attaques, ouvertes ou non, qu'il dirigera contre moi. Il ne suffisait pas, d'ailleurs, de détacher les Buis de la famille des Euphorbiacées dans laquelle ils étaient comme enclavés de- puis si longtemps, de par la tradition et la coutume; car séparer est toujours facile. Il suffit pour cela de quelques caractères de plus ou moins grande valeur, souvent faciles à découvrir, et dont l'importance peut varier au gré des appréciations individuelles et (1) A l'avant-dernière planche du vol. II (1844-1860). SUR LES LIMITES DE LA FAMILLE DES CÉLASTRACGÉES. 285 des doctrines d'écoles. Mais réunir est souvent plus difficile, parce qu'il faut pour cela connaitre les rapports, peser leur valeur et sur- tout savoir résister au plaisir que certains éprouvent à faire suivre de leur nom celui d'une nouvelle coupe établie, qu'elle soit spéci- fique, générique ou de tout autre degré. Il était donc plus impor- tant de savoir à quel groupe les Buxacées devaient se rattacher, et j'avais proposé de les considérer comme une forme amoindrie, à fleurs diclines et apétales, des Célastracées. L'étude du Geisso- loma me devient iei d'un grand secours ; mais il nous faut d'abord analyser ses fleurs dans leurs détails. Elles sont situées dans l'ais- selle d'une feuille et accompagnées d'un certain nombre de bractées décussées, absolument comme les fleurs tétraméres de certaines Buxées. Il y en a ainsi jusqu'à trois ou quatre paires, d'autant plus petites qu'elles sont insérées plus bas sur le pédoncule extréme- ment court de la fleur. Les deux plus extérieures, qui sont latérales, se trouvent souvent, probablement par suite de la compression exercée par les organes ambiants, rejetées un peu en arriére. Plus intérieurement s'en voient deux autres, antérieure et postérieure, puis deux latérales, et enfin encore une antérieure et une posté- rieure. Les quatre sépales font suite aux bractées auxquelles ils res- semblent beaucoup. Je les ai vus, sur une fleur suffisamment jeune, exactement disposés comme ceux d'une fleur màle de Buis. Deux sont latéraux, ce sont les extérieurs ; ils sont imbriqués ou tordus au premier âge. Plus intérieurs étaient les deux sépales, antérieur et postérieur, qui s'enveloppent l'un l'autre. Tous sont unis infé- rieurement dans une très-petite étendue, et les pièces de l'androcée sont aussi un peu élevées sur cette base commune du périanthe, comme l’a figuré A. de Jussieu. Des huit étamines, ce sont les quatre plus grandes, ou du moins celles qui demeurent telles pen- dant très-longtemps, qui sont superposées aux sépales, et qui, par conséquent, sont les analogues des quatre étamines des Buzus. Celles de l'autre verticille, les quatre plus petites, alternent avec les sépales. Le gynécée est formé d'un ovaire à quatre loges al- ternes avec les sépales. Chaque loge renferme deux ovules colla- 986 OBSERVATIONS téraux, descendants, avec le mieropyle intérieur et supérieur, et est surmontée d'une branche stylaire libre. Entre les quatre bran- ches stylaires il y a done une petite dépression centrale, de fort peu d'étendueàl'àge adulte, qui répond au sommet de l'ovaire. Puis, les quatre styles subulés se rapprochent les uns des autres et en méme temps se tordent tous ensemble en spirale, comme les quatre brins d'un cordon. Ce n'est qu'à un àge assez avancé qu'ils se détordent et s'éloignent les uns des autres en devenant rectilignes ou à peu prés. Les quatre loges de la capsule loculicide s'ouvrent, comme celles des Buis, par des fentes dorsales qui, en se prolongeant, partagent en deux moitiés latérales les branches siylaires superposées aux- dites loges. Sansinsisler de nouveau sur les grandesanalogies que présentent tous ces caracléres avec ceux des parties correspondantes de la fleur et du fruit des Buis, recherchons par quel caractère important les Geissoloma pourraient se distinguer des Célastracées, et nous n'en trouverons presque aucun. Il n'y a guère que des ressemblances. Assez rarement les Célastracées ont un si petit réceptacle, à peine concave, et des fleurs apétales et diplostémonées. Mais enfin ces caractères peuvent se rencontrer chez elles, et c'est leur réunion qui fait la valeur du petit groupe (d'ailleurs assez peu nettement défini) que nous admettons, des Geissolomées considérées comme tribu ou série dans la familledes Célastracées. Leur port et leur feuil- lage ont, il est. vrai, quelque chose de particulier, mais qui tient peut-être surtout au pays et au milieu qu'habite le Geissoloma. Ces mêmes caractères extérieurs se retrouvent dans bien d'autres groupes, et notamment dans les Pénæacées, auxquelles était rap- porté jadis le genre Geissoloma, et dont il n’a même pas été éloigné depuis qu'on l'a considéré comme constituant une famille autonome. Il y a cependant de grandes différences d'organisation entre les Geissoloma et les Penea. La plupart ont été signalées, notam- ment celles qui ont trait à l'organisation du périanthe, au mode et au point d'insertion des étamines, à la direction. des ovules et de SUR LES LIMITES DE LA FAMILLE DES CÉLASTRACÉES. 287 leurs diverses régions, à l'organisation de la graine et surtout de l'embryon, Mais il en est une autre, peut-être bien plus considé- rable, que je voudrais pouvoir, pour essayer de l'expliquer, suivre dans les phases suceessives de l'évolution organogénique. Elle réside dans la strueture du gynécée, et je ne vois rien ailleurs qui mérite de lui étre exactement. comparé. Dans tous les types de celte famille, Penea, Sarcocolla et Endonema, elle est au fond strictement la même; il n'y a de différence que dans les dimen- sions ou la forme des parties. Supposons qu'il s'agisse des Pene proprement dits à gynécée ailé, Celui-ci est décrit partout comme formé d'un ovaire libre, à quatre loges oppositisépales, surmonté d'un style à quatre sillons verticaux et à quatre colonnes alternes saillantes, terminées chacune par une dilatation stigmatifére. C'est au dos de chacune de ces colonnes que répond l'aile verticale qui s'é- tend plus ou moins loin, en haut vers le stigmate, en bas vers l'o- vaire, On sait aussi que la capsule loculicide s'ouvre à sa maturité en quatre panneaux, à la lignemédiane desquels répondent, en dedans une cloison, et en dehors une des ailes verticales dontil vient d’être question. Il résulle de ce qui précède, que chaque panneau est couronné d'une branche du style, d'un lobe du stigmate, et que, par conséquent, ce lobe et cette branche surmontent, non les loges de l'ovaire et du (ruit, mais les cloisons interposées aux loges. Nous n'ignorons pas que, dans beaucoup d'autres familles natu- relles, il y a des styles et des stigmates placentaires, alternes, par conséquent, avec les feuilles carpellaires, et que dans certaines Cru- cifères, par exemple, ils peuvent prendre un grand développement. Mais si nous considérons l'organe femelle des Penæa,non-seulement dans le fruit mûr, mais encore dans ceux des divers âges de la fleur qu'on peut observer sur les échantillons d'herbier, nous verrons facilement que les fentes loculicides de la capsule ne se produisent pas iei, comme ailleurs, à l'époque de la maturitéde la capsule, mais qu'elles existent dans le pistil méme très-jeune. Celui-ci est formé de quatre feuilles carpellaires qui, inférieurement, dans leur portion ovarienne, se dilatenten un méme nombre de cuillerons à concavité 288 OBSERVATIONS intérieure, destinés à former chacun un quart de la cavité de l'o- vaire; mais ces quatre dilatations se touchent bords à bords, à la facon de quatre folioles, sépales ou pétales valvaires, sans con- tracter entre elles aucune adhérence; si bien qu'à tout âge elles sont contigués, mais séparées par une fente dont les bords peuvent être écartés avec l'aiguille à dissection, sans qu'on produise la moindre déchirure. On peut dire que la préfloraison des feuilles carpellaires est ici valvaire, et la déhiscence n'est que le résultat de l'écartement de ces quatre feuilles carpellaires devenues sèches. Plus haut, la fente se prolonge dans les quatre sillons de sépara- tion des colonnes stylaires. Celles-ci étaient rapprochées les unes des autres, mais non adhérentes ; elles s'écartent aussi les unes des autres, comme les lobes stigmatifères qui les surmontent. S'il en est ainsi, et si, contrairement à ce qui se passe dans les Buxus el les Geissoloma, les styles s'éloignent les uns des autres, mais ne se dédoublent pas en se fendant par le milieu, c'est au sommet et à la ligne médiane de la feuille carpellaire que répond la cloison de séparation des loges ovariennes des Pénæacées. Or, cette cloi- son est en méme temps, en apparence du moins, placentaire et ovulifère. En effet, les ovules, dont un se trouve de chaque côté de la cloison, n'ont ici aucun rapport apparent avec les bords libres des feuilles carpellaires. 11 faut done admettre, ou bien que ces deux ovales sont portés par la face interne de la feuille carpellaire, chaeun d'un côté de sa nervure médiane, proéminente en forme de cloison, ou bien qu'en dedans de la portion médiane de la feuille, il y a un organeaxillaire, uni avec cette cóte, qui sert de support placen- taire à deux ovules appartenant chacun à une loge différente. Il sem- ble en effet qu'en tout cas, les deux ovules collatéraux, ascendants, à micropyle inférieur et intérieur, qui se voient dans chacune des loges d'un Penea, appartiennent à deux feuilles carpellaires dif- férentes qui constituent chacune la moitié de la paroi dorsale de cette loge. Et en dehors de toute explication définitive, aujour- d'hui impossible à donner, de cette singulière organisation, nous SUR LES LIMITES DE LA FAMILLE DES CÉLASTRACÉES, 289 constatons du moins que celle-ci est caractéristique du groupe extérieur des véritables Pénæacées, lesquelles par là s’écartent bien plus encore qu'on ne l'a admis jusqu'ici de plantes dont le gyné- cée est construit comme celui des Geissoloma ou des Célastracées en général. Par ses autres parties, la fleur des Pénæacées me semble surtout analogue à celle des Collétiées. Le tube au sommet duquel s'in- sérent les étamines dans l'un et l'autre groupe parait avoir la méme signification morphologique. De méme aussi probablement dans les Thymélacées, qu'il est possible, par l'intermédiaire des Aquilariées et des Pénseacées, de relier à la grande famille des Rhamnacées, comme nous l'établirons dans un prochain travail. . Nous avons déjà proposé quelques adjonctions à faire à la fa- mille des Célastracées. D'abord celle du genre Canotia de Nuttall, qui s'en rapproche, nous l'avons dit (Adansonia, X, 18), par sa fleur qui n'a rien de celle des Rosacées. Depuis lors, nous avons pu en étudier le fruit qu'a bien voulu nous envoyer M. A. Gray, et cetle étude a pleinement confirmé notre premiére appréciation. Ce fruit a beaucoup des caractères de celui de plusieurs Célas- tracées et Hippocratéacées. Ses graines, ascendantes , mais pro- longées inférieurement en une aile membraneuse, sont analogues aussi à celles de certains Catha, Kokoona, Hippocratea, etc. Par son porf, ses branches presque aphylles, terminées cà et là en épines, le Canotia rappelle en méme tempsles Glossopetalon, d'une part, et d'autre part, les Crumenaria vivaces du Brésil. Ceux-ci sont des Rhamnacées, et l'on n'hésite pas le moins du monde à les ranger dans cette famille, pas plus que le Glossopetalon (et nous pourrons peut-être dire prochainement le Canotia) parmi les Célastracées. On n'est donc pas arrêté par cette question de port, de feuillage réduit aux plus simples proportions et de con- sistance herbacée des rameaux annuels ou de peu de durée. Pour- quoi donc hésiter, d'autre part, à faire rentrer dans la famille des Célastracées les Stackhousia qui ne différent du reste de celte famille que par leur port et quelques autres caractéres de peu d'im- xr. (8 avril 1875.) | 19 290 OBSERVATIONS portance? Je fais par là allusion à leurs fruits, pourvus d’une columelle dont les coques se séparent à la maturité, comme celles des Buxées, et de leur prétendue corolle gamopétale, qui n’est que le résultat de l’accolement bords à bords des pièces d’une corolle vraiment polypétale, ainsi que l'indique l'indépendance de ces piéces dans leur portion inférieure. Quant au port, aux rameaux aériens, ils sont, dans certains Tripterococcus, identiques à ce que nous voyons dans le Canotia; et Reissek, le monographe des Rhamnacées du Brésil, peint d'un coup, précisément, l'un des Crumenaria de ce pays, en disant qu'il est semblable à un Stackhousia. Je puis donc dire, il me semble, que ces derniers sont aux Célastracées ce que les Crumenaria sont aux Rhamnacées ; et si toutefois j'ai soin de conserver une tribu ou série distincte pour les Sfackhousia, tandis que les Crumenaria ne sont pas séparés des autres Gouaniées, c'est à cause des quelques parti- cularités présentées par le périanthe et le fruit et dont il a tout à l'heure été question. Il convient d'autant plus aujourd'hui de faire pour les Célastracées ce qu'on fait pour les Rhamnacées, que ces deux groupes collatéraux sont, d'aprés les nouveaux types connus parmi les premières, bien moins éloignés {l’un de l'autre qu'on a dù l’admettre à une certaine époque. Il y a, pour ainsi dire, trois phases distinctes dans l'étude de cette question. Dans la première, toutes ces plantes ne forment qu'une seule famille, celle des Nerpruns de Jussieu. Dans une seconde, R. Brown et M. Ad. Brongniart constatent entre les deux groupes des différences énormes qui les séparent bien l’un de l’autre ; notamment dans.les caractères tirés de la forme du réceptacle, du mode d'insertion, de la direction des ovules et de l'oppositipétalie des étamines. Au- jourd'hui nous sommes entrés dans une troisième phase où le der- nier des caractères invoqués subsiste seul. Mais à part la position des étamines, il y a dans la famille des Célastracées des genres, comme les Mortonia, dont le réceptacle est aussi concave que celui des Rhamnées et où l'insertion est aussi nettement péri- gynique que chez elles; comme les Perrottetia et Frauenhofera, SUR LES LIMITES DE LA FAMILLE DES CÉLASTRACÉES. 291 où la fleur, par son périanthe, son disque et son gynécée, est celle d’une Rhamnacée, avec des étamines alternipétales ; comme le Caryospermum enfin (probablement congénère du Perrottetia), où tout, port, feuilles, inflorescence, fleurs et fruits, est complé- tement d'un Colubrina du même pays (C. asiatica), mais avec des étamines non superposées aux pétales. Aujourd'hui, en somme, sans méconnaitre leurs affinités avec des groupes essentiellement périgynes ou épigynes méme, comme les Cornées, les Ombelliféres, les Cunoniées, les Bruniées, les Hamamélidées et les Rosacées, on doit dire que les Rhamnacées, plus souvent périgynes ou épi- gynes que les Célastracées, mais non constamment, pourraient, à la rigueur, en être à juste titre considérées comme une série à étamines oppositipélales. Il est encore un autre groupe dont la gamopétalie, quand elle semble exister, n'est pas réelle, et que nous avons autrefois (Adansonia, IX, 277,375) également introduit parmi les Célas- tracées : c'est celui des Salvadorées ou Azimées. De sorte qu'ac- tuellement, jusqu'à ce qu'on fasse mieux et quoi qu'en puisse penser un botaniste qui préfère la tradition à l'observation directe des faits, cette famille se composera, pour nous, des sept séries suivantes : Célastrées, Goupiées et Hippocratéées (rangées parm les Célastracées par MM. Bentham et Hooker), Buxées, Geisso- lomées, Stackhousiées et Azimées. STIRPES EXOTICÆ NOVÆ (CONTINUÉ DE LA PAGE 273) 136. TRECULIA ACUMINATA. Arbor, ut videtur, nisi ad innovationes tenuiter puberulas glabrata ; ramulis teretibus tenuibus, cicatricibus annularibus sti- pularum notatis. Folia alterna, breviter (ad cent.) petiolata, oblongo-lanceolata (ad 15 cent. longa, 6 cent. lata), basi inzequali- obtusata, hine rotundata, ad apicem repente acuminata, summo apice obtusato nonnihil dilatata, subintegra membranacea penni- nervia dite reticulato-venosa; costa nervisque subtus prominulis (erubescentibus). Stipulae oblongo-acutæ (ad 4 cent. longæ) in conum angustum approximatæ, deciduæ. Flores masculi capitati ; capitulis pisiformibus globosis, in axillis solitariis v. 2-nis subsessilibus, basi bracteis paucis inæqualibus involucratis. Flo- res œ, sessiles; bracteis linearibus tomentosis, apice capitatis et ingequali-fimbriatis, intermixtis. Calyx basi substipitata obconico- campanulatus membranaceus, apice inæquali-2-4-lobus; lobis obtusis, imbricatis. Stamina plerumque 2 ; filamentis centralibus inæquali-rhomboideis, ad basin longe angustatis, apice brevius cuneatis; anthera ovata; loculis inferne liberis, lateraliter v. nonnihil extrorsum, nunc superne subintrorsum rimosis. — Spec. a T. africana valde diversa ; staminum numero et indole distincta et inde sect. in gen. conspicuam (Pseudotreculiam) constituens, ob flores foemineos haud notos nonnihil dubia, crescit in Africa trop. occid. ubi leg. el. G. Mann (exs., n. 1804), anno 1862 (Herb. Kew et Mus. par.). í 137. MAQUIRA GRANATENSIS. Arbor, ut videtur, nisi ad innovationes tenuiter puberulas, gla- berrima; ramis teretibus; ligno debili; medulla arefacta exca- STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 203 vata; cortice glabro (rubescente), cicatricibus linearibus obliquis stipularum occasarum notato. Folia ampla (ad 25 cent. longa, 10 cent. lata) ; petiolo ad basin dilatato (ad 4 cent. longo); limbo elliptico-lanceolato, basi ssepius inæquali-angustalo, ad apicem longiuscule acuminato, summo apice obtusiusculo, integro sub- coriaceo penninervio ; nervis venisque (ferrugineis) in sicco utrin- que prominulis. Stipulae ovato-3-angulares (ad 4 cent. longo), deciduæ. Flores fœminei axillares; receptaculo communi bre- vissime stipitato folioque paulo breviore, orbiculari-pateriformi (ad 1 cent. lato), Squamæ involucri «c , inaequales, breviter ovato- acutæ rigidæ. Flores ut in genere; germine quoad receptaculum libero sessilique, quoad calycem proprium magna ex parte infero subgloboso ; ovuli lateralis descendentis hilo lato; mieropyle ex- trorsum supera. Calyx superus suburceolatus apice pervius ibique breviter A-lobus ; lobis crassiusculis obtusis. Stylus conicus paulo ultra germen dilatatus, mox conico-attenuatus; lobis 2, brevibus recurvis acutalis, intus stigmatosis. — Species calycis indole speciem inter guianensem prototypicam et Noyeram rubram Tréc. (cujus fl. masc. haud noti) quasi media, viget in ditione neo-granatensi ubi legit cl. Trzana (exs., n. 869). 138. Scyxpnosyce MANNIANA. Frutex (?), ramis teretibus rugosis striatis (nigrescentibus). Folia, uti planta tota, glabra, in summis ramulis approximate alterna (disticha ?), breviter (1-1 cent.) petiolata, oblongo-subspa- thulata (ad 10 cent. longa, 4 cent. lata), ad basin longe angustata, ima basi ingequali-rotundata, hinc subauriculata, ad apicem acu- minata, obtuse inæquali-crenata membranacea, supra viridia, subtus in sicco pallide ferruginea penninervia venosa ; nervis ad marginem anastomosantibus venisque reticulatis subtus prominulis ibique rubescentibus. Stipulæ petiolo subæquales v. paulo longiores acutatæ (nigrescentes), ante explicationem imbricatæ. Flores axil- lares in receptaculo concavo subcampanulato (4 cent. longo latoque) 294 STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. breviter (4 cent.) pedunculato ; femineo 4 , centrali sessili libero; masculis crebris perigynis sub-1 -seriatis, insertis cum involucri lo- bis paucis (4, 5)late membranaceis rotundatis, imbricatis, demum erectis. Flos masculus stipitatus; calyce angusteobconico, basi longe acutato, apice obtuso, demum subintegro oreque truncato, quoad involucrum exserto. Stamen 1, liberum; filamento centrali exserto; anthera basifixa oblonga (nigrescente), longitudinaliter 9-rimosa. Calyx (?) femineus germen involvens, 2-phyllus, imbricatus. Germen sessile oblongo-conicum liberum, 1-loculare; ovulo 1, sub apice loculi descendente; stylo terminali erecto, 2-fido; lobis subulatis recurvis, intus stigmatosis. — Planta quoad flores con- spieua, gen. nov., Bosqueie, ut videtur, proximum sistens, oritur in Africa trop. occid., ubi leg. G. Mann (exs., n. 1727), anno 1862 (Herb. kew. et Mus. par.). 139, PananTocanPUs BECCARIANUS. Arbor, ut videlur, nisi ad summos ramulos innovationesque albido-puberulos, glaberrima. Rami teretes striati, Folia alterna, longiuseule (3 cent.) petiolata, oblongo-lanceolata (ad 12 cent. longa, 4 cent. lata), basi subæquali-angustata, ad apicem acumi- nata, integerrima subcoriacea penninervia venosa, supra dense viridia levia, subtus opaciora. Stipulæ laterales oblongæ, cadu- cissimæ ; cicatricibus haud annularibus, Inflorescentiæ mascula axillares (?) globosæ (diametr. 4 * cent.); pedunculo glabro arcuato (1 $ cent. longo), ad apicem inerassato; involucro e paucis (2, 4) bracteis inæqualibus brevibus obtusis constante. Flores minuti cre- berrimi, receptaculum totum obtegentes bracteisque crebris inor- dinate intermixtis, apice obtuso crassiusculis, breviores 5 singuli 1-andri (?); stamine erecto; filamento brevi ; anthera subbasifixa erecta, apice obtusiuseula; loculis 2, longitudinaliter rimosis. Flos feemineus... ?—Stirps Artocarpo, ut videtur, proxima, stipu- larum indole, capitulis basi involucratis, antherisque brevibus inordinatis perianthioque proprio destitutis diversa, oritur in Bor- STIRPES EXOTIC NOVAE. 295 neo, ubi (exs., n. 2557) leg. cl. O. Beccari (Herb. Mus. florent. et par.). 4150. PSEUDOLMEDIA HIRSUTA. Arbor (v. frutex?); ramis distichis teretibus v. compressius- culis valde rugosis, stipularum occasarum cicatricibus annularibus obliquis pilorumque basi punctiformi notatis; ramulis junioribus, cum petiolis, costis involuerisque dense longeque ferrugineo-hir- sutis (hispidisve?). Folia alterna (2-sticha ?), subsessilia v. petiolo brevissimo (1-3 mill.) donata, e basi valde inzequali, hinc acutata, inde rotundata, ovato-acuminata (10 cent. longa, 6 cent. lata), summo apice obtusiuscula, integra v. repanda, coriacea crassa, approximate penninervia reticulato-venosa ; nervis venisque subtus valde prominulis; pagina inferiore rugosa (ferruginea). Flores monæci axillares; inflorescentiis subsessilibus ; mascula depresse capituliformi ; receptaculo orbiculari, superne vix convexo, dense hirsuto. Stamina «o , inordinate inserta inæqualia ; filamentis bre- vibus, bracteolis setaceo-hirsutis intermixtis ; antheris oblongis, apice penieillatis. Bracteæ involucri co , arcteimbricatæ; exteriores breviores obtusæque; interiores autem longiores angustato-sub- spathulatæ ; mediantibus nonnullis latis longisque, valde imbri- catis. Flores fceminei solitarii; perigonio anguste oliviformi (ad 2 cent. longo, 4 cent. lato), apice tantum pervio, basi bracteis imbricatis breviusculis involuerato. Germen ultra medium intus perigonio adnatum, apice conico liberum; stylo laterali gracili obliquo porumque perigonii petente. Semen (immaturum) hilo lato lineari parieti germinis insertum, apice tantum basique liberum; mieropyle extrorsum supera. Embryonis (inde umbilico paralleli) carnosi oblongi cotyledones valde inæquales ; altero minimo ; altero autem semen fere totum implente; radicula supera brevi. — Species seminis indole valde conspicua, inde Pseudolmedias genuinas (quarum ovulum pendulum) cum Pourouma arcte connectens, oritur in Columbia ubi leg. cl. Triana (exs., n. 855). 296 STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 441. Pseunosonocea BONPLANDI. Arborea v. fruticosa (?); ramis, uti planta tota, glaberrimis, teretibus ; cortice pallido, cicatricibus annularibus stipularum et lenticellis crebris albidis notato. Folia alterna, breviter (1-1 cent.) petiolata (ea Castaneæ vescæ referentia), oblongo-lanceolata (ad 10-12 cent. longa, 4 cent. lata), basi inæquali-angustata, apice acuminata, grosse spinoso-dentata penninervia venosa ; costa ner- visque primariis ad marginem anastomosantibus subtus valde pro- minulis pallidis. Flores, ut videtur diceci ; masculi in amenta axillaria subsessilia brevia (vix 4 cent. longa) dispositi crebri, secundum margines receptaculi oblongi-compressi inserti (facie autem utra- que floribus destituta) sessiles glomeratique. Calyx subglobosus, h-partitus ; foliolis decussato-imbricatis obtusis concavis. Stamina totidem opposita ; filamentis brevissimis circa centrum tori insertis dilatatis, ima basi connatis ;antheris adnatis extrorsis brevibus subovatis, longitudinaliter 2-rimosis. Flores fceminei... ? — Planta in prov. Corrientes olim a Bonpland lecia (« Campamento taya») ab eo cum Herb. Mus. paris. communicata fuit. 149, PsEUDOSOROCEA SPRUCEI. Arborea (?); ramis, uti planta tota, glaberrimis ; cortice pallido lenticellis prominulis notato; ramulis alternis. Folia alterna 42-Sticha?), breviter (* cent.) petiolata, elliptico -acuminata (ad 8 cent. longa, 4 £ cent. Tata) subintegra repandave membranacea penninervia, subtus pal idiora; costa nervisque primariis ad mar- ginem anastomosantib ıs, subtus prominulis pallidis, supra vix conspicuis. Stipulæ Ja.erales, inæquali-ovato-acutæ, petiolo subæ- quilongæ, caducæ. Flores masculi ad cicatrices foliorum occaso- rum amentacei; amentis brevibus (4, 9 cent.) subsessilibus, margine utroque glomeruligeris (facie autem utraque receptaculi oblongi floribus destituta). Calyx sessilis, in alabastro globosus; foliolis 4, orbiculari-concavis, decussatim imbricatis. Stamina 4, STIRPES EXOTICÆ NOVAE. 297 calyce paulo breviora ejusque foliolis opposita ; filamentis brevibus late subpetaloideis et ima basi connatis ; antheris extrorsum adna - tis ; loculis extus rimosis, connectivo obtusiusculo superatis. Ger- men rudimentarium in centro receptaculi vacuo 0. Flores fœminei ignoti. — Crescit in Peruvia orientali ubi leg. R. Spruce (exs., n. 4483), prope Tarapoto (Herb. Mus. kew., DC. et par.). 143. PsEUDOsOROCEA UAUPENSIS. Frutex, ut videtur, ex omni parte glaberrimus ; ramis alternis teretibus gracilibus. Folia alterna, brevissime (1-3 mill.) petiolata, anguste lanceolata (ad 10 cent. longa, 2 * cent. lata), basi inæ- quali-angustata, apice longiuscule acuminata ibique ssepius latera- liter incurvata, subintegra v. inæquali-crenata membranacea; costa nervisque pennalis ad margines anastomosanlibus, subtus prominulis (in sicco lutescentibus), supra vix conspicuis. Amenta 31 4 mascula axillaria solitaria v. 2-na brevissima (i-i cent. longa) oblonga compressa, margine utroque glomeruligera. Flores minimi ut in spec. præced. 4-meri, 4-andri ; antheris extrorsis crassis. — Slirps certe præced. congen. oritur in Brasilia boreali, ubi leg. el. R. Spruce (exs., n. 2715), prope Panuri ad rio Uaupés (Herb. Mus. kew., DC. et par.). 144. PsEUDOSOROCEA PorPricir. Frulex, ut videlur, sarmentosus ; ramis teretibus gracilibus flexuosis (scandentibus?) . Folia, uti planta fere tota, supra glaber- rima, breviter (ad 1 cent.) petiolata, oblongo-lanceolata (ad 10 cent. longa, 4 cent. lata), basi subæquali-angustata, apice acuminata, integra v. sub apice pauci-spinoso-dentata; nervatione ut in spec. præc. ; pagina inferiore puberula, demum subglabrata, nervis pro- minulis reticulata. Flores fæminei amentacei ; amenti receptaculo lineari-oblongo compresso, ad marginem utrinque flores sessiles gerente (facie utraque sulciformi floribus destituta). Calyx semi- superus urceolatus crassiusculus ; stylo 2-fido ; ramis recurvis; 998 STIRPES EXOTICÆ NOVA. germine semi-infero ovuloque Soroceæ. — Spec. cum præceden- tibus 3 florem femineum præbet Soroceæ (ad cujus sect. forte olim reducendæ sunt). Inflorescentia antem non racemiformis, sed flores sexus utriusque receptaculi elongati marginibus inserti ibique glomerati sessilesque observantur. Gen. unde (suadente cl. Bureau) quasi medium est Soroceam inter et Soaresiam cujus amenta mascula stamina gerunt calyce proprio destituta et fœminea flores pedicellatos. Oritur in Brasilia boreali, ubi leg, Pæppig absque numero (Herb. Mus. par.). 1545. LANESSANIA TURBINATA. Arbor (ut videtur), ramulis inæquali-angulatis, junioribus pal- lide fuscescenti-tomentosis, cicatricibus stipularum oecasarum no- tatis. Folia alterna, breviter (ad 4 cent.) petiolata, elliptico-lan- ceolata (ad 15 cent. longa, 5 cent. lata), basi subæquali-obtusata, apice acuminata, subintegra v. repando-sinuata subcoriacea, supra nisi ad costam ferrugineo-tomentosam dense viridia, subtus palli- diora tenuissime villosula ; nervis pinnatis valde reticulatis, subtus prominulis luteo-fuscescentibus. Stipulæ laterales liberæ (ad À cent. longæ) inæquali-3-angulares tomentosæ. Flores monceci axillares in receptaculo longiuscule (4 cent.) peduneulato inæquali-obpy: ramido angulato (ad 15 cent. longo, 4 cent. lato) congesti ; mas- culi crebri glomerulati basi superæ receptaeuli impositi; fœmi- neus 1, centralis ; germine interiore et centro receptaculi intus adnato ; stylo apicali intra canaliculum centralem verticalem erecto, mox in lacinias subulatas ultra flores masculos exsertas 2-fido; ovulo 3, paulo sub apice loculi inserto, descendente; micropyle supera.Flores masculi in alabastro ovoidei ; calyce gamophyllo, apice 3, AZ-fido, imbricato. Stamina, 2, 3, subcentralia, nunc gynæcei rudimento minimo subulato exteriora; filamentis crassis compressiusculis; loculis antheræ 2, intus ad apicem filamenti adnatis obliquis, rimosis. Squamule involucri breves crasse obtuse, circa flor. masc. (scil. circa basin superam receptaculi) oo, _ pauciseriatæ, nonnullæque paulo longiores summo pedunculo in- STIRPES EXOTICÆ NOV.E, 299 sertæ ; interpositis ad costas receptaculi paucis remotis. — Planta in Ordine conspicua, Brosimo nonnihil affinis (B. turbinatum Spruce, herb.), a quo differt toto cœlo receptaculi involucrique indole, perianthio floris masculi androcæoque, viget in Brasilia sept., ubi prope Barra, prov. Rio-Negro leg. Spruce (ess, n. 1825) octobre florif. (Herb. Mus. par., kew., DC. et alior.). 146. HeLIANTHOsTYLIS SPRUCEI. Arbor (?), ramis alternis, junioribus floccoso-tomentosis, demum glabratis. Folia alterna (disticha?), breviter (3 cent.) petiolata, elli- ptico-lanceolata (ad 10 cent. longa, 4 cent. lata), basi subæquali- aculata, ad apicem acuminata ; summo apice obtusalo ; integra membranacea, glabrata penninervia dite reticulato-venosa ; nervis venisque ad margines anastomosantibus, subtus valde prominulis (in sieco lutescentibus). Stipulæ parvæ (3 mill.) laterales in eonum brevem (pallidum) approximate; cicatricibus transversis haud confluentibus. Flores diceci (v. monceci?) axillares capitati ; capi- tulis breviter ( cent.) pedunculatis globosis parvis (t cent.). Flores masculi in singulis oo , brevissime stipitati ; calyce obconico membranaceo 4-fido ; lobis apice truncatis, imbricatis. Stamina h, lobis opposita ; filamentis brevibus, demum elongato-exsertis, basi inter se et cum germinis stipite connatis, mox liberis; an- theris extrorsis breviter ellipticis; connectivo suborbiculari (fuseato) ; loculis extrorsis adnatis. Germen sterile breviter slipita- tum effectum et productum in stylum accrescentem gracillimum longissimum (1 £, 2 cent.) hispidulum. Flos fcemineus...? Fructus globosus scaber (ad 4 cent. latus) ; pericarpio tenui fragili, extus scabrido. Semen subglobosum; testa tenui (fuscata); embryonis exalbuminosi recti cotyledonibus plano-convexis amygdalinis car- - nosis crassis (v. nunc à, æqualibus, intus angulatis) ; radicula supera brevissima. — Stirps quoad capitulorum adspectum Ma- cluras et Broussonetias nonnihil referens, oritur in Brasilia boreali, ubi ad Rio- Negro, circa S. Gabriel de Cachoeira leg. cl. 300 STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. Spruce (exs., n. 2097, 9219, 2242, 3775) a decembre ad mar- tium florif. (Herb. Mus. par., kew., Deless. et DC.). 147. TRYMATOCOCCUS AFRICANUS. Frutex (?) erectus; ramis teretibus glabris ; ligno duriuseulo ; ra- mulis junioribus cum foliorum pagina inferiore brevissime tomen- tosis scabridulis. Folia alterna (disticha), breviter (ad 1 cent.) pe- tiolata, oblongo-lanceolata (ad 48 cent. longa, 5 cent. lata), ad basin angustata, ima basi inæqualia, hine acutata, inde obtusata, ad api- cem longiuscule acuminata, summo apice obtusiuscula, subintegra membranacea penninervia reticulato-venosa, subtus pallidiora. Stipulæ laterales 2, in conum brevem (4 mill.) approximate liberæ cicatricemque linearem transversam in ramulo relinquentes. Flores moncci capitati; capitulis (2-6) axillaribus v. pulvinis paulo supra- axillaribus insertis, longiuscule (2, 3 cent.) pedunculatis turbi- nato-subcampanulatis (4 cent. longis, + cent. latis) extus cum pe- dunculo scabridis, sub involucro æ -bracteato nonnihil angustalis. Flores parvi crebri, summo receptaculo insidente ibique glome- rulati; staminibus in singulis 2-4; filamentis brevibus incurvis; antheris subglobosis. Germen, ut in generis spec. prototyp. , receptaculo immersum ; structura eadem. — Species (ab ameri- cana valde diversa) Dorstenias fruticosas nonnihil referens, viget in Africa tropica oceid. ubi leg. el. G. Mann (exs., n. 723) ad Cameroon-River (Herb. Mus. par. et kew.). 148. ZawrHoxyLoN (GENERA) BALANSÆ. Arbor pulchra (10-15-metralis) ; ramis teretibus striatis, uti planta tota, glaberrimis. Folia ad summos ramulos conferta alterna, lon- giuscule (2-4 cent.) petiolata oblongo-ovata v. obovata (45-20 cent. longa, 6-9 cent. lata), basi rotundata v. breviter attenuata, apice rotundata v. rarius emarginata, integerrima coriacea crassa pen- ninervia subavenia, subtus pallidiora pellucido-punctulata. Flores, ut videtur, dieci; feminei e ligno orti, in racemos breves STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 301 (3-5 cent. longos) fasciculatos parce ramosos dispositi ; pedicellis articulatis bracteatis. Sepala 4, 5, e cicatricibus nola. Germina totidem libera sessilia obovata glabra punctulata; ovulis 2, subsu- perpositis descendentibus; micropyle supera. Fructus cocci 1-5, subsessiles stellatim divaricati inæquali-obovoidei (12 mill. longi, 10 mill. lati) compressi, 2-valvi; exocarpio demuin siceato coriaceo rugoso,a putamine pergamentaceo soluto ; funiculo adscendente pallido persistente, a putamine libero. Semen 1, loeulo conforme, amarissimum, esummo funieulo descendens ; hilo lineari- elongato; inæquali-ovoideum compressum; testa nigra brevissima nitida crassissima durissimaque; albumine parco albido oleoso; em- bryonis earnosi oleosi cotyledonibus subplanis; radicula supera longiuscula recta v. subcurvata. — Species, ut e descript. patet, Geijeras cum Zanthoxylis arcte genuinis conjungens ( Gezjera unde pro mera generis sect. habenda est), viget in insula Lz/u, ubi ad Chepenehe leg. cl. Balansa (exs., n. 1801), in sylvis julio fructi- feram (Herb. Mus. par.). 149. Evonra (Mezicope) saRcoCOCCA. Frutex (4-6-metralis, test. Balansa); ramis teretibus glabratis; ramulis junioribus tenuissime ferrugineo-puberulis. Folia opposita simplicia ; petiolo supra canaliculato (1, 2 cent. longo) ad apicem incrassato articulatoque; limbo (folioli) elliptico v. subobovato (ad 9 cent. longo, 5 cent. lato), basi breviter attenuato, apice rotundato v. emarginato, integerrimo coriaceo glaberrimo penni- nervio dite tenuissimeque reticulato-venoso, pellucide punetulato. Flores solitarii, breviter ( £ cent.) peduneulati, 4-meri, Petala 4, calyce 3-plo longiora (ad 2 mill.) lanceolata imbricata (verisimil. alba, insieco rubescentia). Stamina 8, quorum oppositipetala 4, bre- viora ; antheris parvis (effætis?). Gynsecei carpella 4; germinibus ima basi connatis, mox liberis; stylis gracilibus, mox in unum coadunatis apiceque in caput latum stigmatosum dilatatis; ovulis in Joeulis singulis 2, descendentibus. Fructus (pro genere magnus, 2 cent. altus, 2 + cent. latus) e coccis 4 constans, cruciatim dis- 302 STIRPES EXOTICÆ NOVAE, positis, basi et ultra medium connatis, demum liberis at in drupam profunde 4-lobam approximatis ; sarcocarpio crasso valde carnoso, demum suberoso ; putamine tenui pallido ; seminibus ut in genere. — Spec. ob fructum procul dubio drupaceum et indehiscentem in gen. valde anomala, crescit in ditione austro-caledonica, ubi leg. cl. Balansa (exs., n. 2797), inter sylvas septent. circa Con- ception, ad alt. circ. 550 metr., februario florigeram fructife- ramque (Herb. Mus. par.). 150. DicRANoLEPIs Mann. Fruticosa (?), ramis tenuibus glabratis, junioribus tenuiter seto- sis; cortice fuscato striato. Folia, ut in genere, disticha subsessilia rhombeo-lanceolata, basi valde inæqualia, apice longe acuminata (ad 8 cent. longa, 4 cent. lata), glabra. Floresaxillares raro soli- tarii plerumque sessili-glomerulati folioque 2-midio breviores (adulti 2, 3 cent. longi); tubo gracillimo, basi vix dilatato; limbi patentis v. demum nonnihil reflexi lobis 5 lanceolatis (7 mill. lon- gis). Squamulæ lobis 2-midio paulo longiores inæquali-lanceolatæ pelaloideæ, aut usque ad basin liberæ, aut rarius plus minus alte per paria connatæ. Stamina jure 9-seriata, sub anthesi adspectu 1-seriatim fauci inserta ; alternisepalis brevioribus ; filamentis om- nium brevibus erectis ; antheris exsertis basifixis oblongis obtusis ; connectivo dorsali crassiusculo subglanduloso lanceolato. Germen brevissime stipitatum oblongo-obovatum ; stylo excentrico fili- formi, apice stigmatoso breviter erasseque clavato valde papilloso. Discus cyathiformis subregularis crasse carnosus germinisque stipitem arcte cingens, subæquali-5-lobus glaber. — Spec. a con- gener. floribus haud solitariis nec non tubo lineari valde distincta a G. Mann. (exs., n. 217) in Fernando-Po lecta est (Herb. Mus. par. a Mus, kew. comm.). 151. SrEPHANODAPHNE BoivINI. Frutex, ut videtur, glaber; innovationibus inflorescentiisque pallide fusco-sericeis, cortice (fuscato) striato; libro tenaci. Folia STIRPES EXOTICÆ NOVJE, 303 alterna oblongo-lanceolata (ad 20 cent. longa, 7 cent. lata), brevi- ter (ad 4 cent.) petiolata; petiolo crasso rugoso, basi articulato; limbo basi nonnihil inæquali-acutato v. obtusato, apice plus minus acuminato, integro membranaceo penninervio; nervis primariis crebris subtransversis haud procul a marginibus anastomosanti- bus; venis crebris tenuiter reticulatis. Flores in spieas abbreviato- subcapitatas dispositi arliculati; pedunculo paulo supra-axillari lon- giusculo (2, 3 cent.), basi sensim attenuato; calyce hypocrateri- morpho (1 2 cent. longo); limbi patentis lobis 5, obtusiusculis, imbricatis. Discus annularis crassus fauci insertus continuus, apice demum patenti-recurvo inæquali-fimbriato-lobatus. Stamina 10, disco inferiora tuboque 2-seriatim inserta ; alternipetalis 5, mullo inferioribus; antheris subsessilibus ovatis obtusis, introrsum 2-rimosis. Germen sessile, disco destitutum, longe conicum et sensim in stylum apice stigmatoso obtusum dilatatum, dense hir- sutum; ovulo 1, descendente. /— Stirps genus novum sistens, hine Gnidie, inde Synaptolepidi affine, ab utroque adspectu, foliis, inflorescentia, floris imprimisque disci indole distinguendum, ori- tur in ins. Mayotta Comorarum, ubi in sinubus montium Moussa- péré leg. olim Boivin (exs., n. 3135). 152. SrEPHANODAPHNE? CREMOSTACHYA. Frutex, ut videtur, glaber; innovationibus albido-sericeis ; ra- mis gracilibus virgatis; cortice fuscato striato; libro tenacissimo (albido). Folia alterna, vix petiolata, oblongo-v. elliptico-lanceolata (ad 8 cent. longa, 3 cent. lata), basi longa subæquali-angustata, ad apicem plus minus longe acuminata, summo apice obtusiuscula, subintegra v. minute crenulato-sinuata penninervia; nervis pri- mariis crebris obliquis; venis venulisque crebris lineatis subpa- rallelis. Flores spicati; spicis supra-axillaribus v. procul ab axillis lateralibus, longe (6-10 cent.) filiformibus, cernuis, basi nudatis; apice florifero sensim incrassatis longeque clavatis ebracteatis, flo- ribus minutis (2-4 mill.) pulvinaribus prominulis insertis articu- 304 STIRPES EXOTICÆ NOVEÆ. latis, deciduis, ebracteatis. Calyx (in alabastro) longe obovoideus, apice 5-lobo imbricatus. Discus fauci insertus annularis, margine crassiore inæquali-fimbriatus. Stamina 40, inclusa, 2-seriata ; antheris subsessilibus ovato-oblongis, introrsis. Gynæceum ut in spec. præced. quacum stirps (diu in herbb. vexata et plerumque inter Santalaceas collocata) congruit, haud segre distinguenda ob foliorum formam necnon indolem spicarum (quie eas Stychoneuri in mentem valde revocant). Oritur in Madagascaria ubi legerunt olim Commerson (Herb. Juss.) et Chapelier (Herb. Mus. par.). 153. AQUILARIA MICROCARPA, Stirps adspectu congeneribus. haud absimilis; ramis alternis teretibus pallide nigrescentibus. Folia breviter (+ cent.) petiolata, uti planta tota glaberrima ovato-aeuminata (5 cent. longa, 22 cent. lata), basi obtusata v. brevissime acutata minute undulato-crenu- lata subcoriacea pennivenia. Flores laterales pauci minuli (ad ;cent. longi latique); receptaculo hemisphærico-obconico brevi. Sepala 5, brevia obtusa reflexa. Glandulæ breves dense pilosæ, staminibus subæquales, haud v. vix caducæ; antheris parvis fila- mento vix angustioribus oblongis, intus connectivo basifixo dorso adnatis. Fructus breviter (2-1 cent.) stipitati, perianthio persistente basi cincti obcordati, paulo latiores quam longiores, pro genere parvi (ad 4 cent. longi latique), contrarie compressi (vix $ cent. crassi), basi brevissime attenuati, apice rotundato-emarginati, extus glabri (fuscati), margine rimosi indeque demum 2-valves; coccis intus obovatis, minus manifeste quam in speciebus cæt. transverse subseptatis ; locello superiore semini conformi scil. pisiformi; inferiore breviter obconico caudamque chalazicam brevem fovente. Semen nigrescens ; integumenlo externo crustaceo fragili scabrello; cauda chalazica fragili vix persistente ; albumini crassi carnosi cotyledonibus obeordatis. — Spec. conspicua fructus magnitu- dine et indole, ab omnibus notis diversa, cæterum A. secun- dariæ (e deseript. et ie. Rumphi lantum notæ) et A. malaccenst STIRPES EXOTICÆ NOVA. 305 forte conspecif.) valde affinis a qua periearpio mullo minore obeordato differt, oritur in Borneo ubi legit cl. Beccari (exs., n. 2886, in Herb. Mus. florent. et par.). 454. EurrELEA DAVIDIANA. Arbor (15-metralis, fide el. David); ramis alternis teretibus ; cortice glabro nigrescente, lenticellis erebris subprominulis latis pallide fuscis notato. Flores præcocissini ante folia explicati, ut in genere ex axillis foliorum anni preteriti cum foliis novellis orti el verisimiliter polygamo-diæci, fasciculali pauci, longiuscule (ad 4 cent.) gracillimeque ce Stamina in flore masculo 10-20, subumbellatim receptaculo tenui obeonico inserta; fila- mentis filiformibus, anthera lineari-elongata basifixa sub-4-gona, lateralitér 2-rimosa connectivoque conico carnosulo superata (2 cent. longa) paulo brevioribus. Carpella in flore masculo sterilia 5-10, stipitata, in germen inæquali-trigonum effætum valde compressum et hinc apice stigmatoso cristato-papillosum dilatata. Folia juniora tantum visa, scilicet gemmarum squamis inæquali- spathulatis fuscatis parceque ad margines pilosis vix longiora ovato- acula petiolata penninervia minule glanduloso-dentata parceque pubescentia. — Gen. Ewptelea, inter Magnoliaceas hucusq. enu- merata, vix in Ordine milit. videtur potiusque forsan in vicinit. Sazifragacearum (cum Cunonieis et Mysourandreis) collocan- dum est. Species, a congener. chinensi et indica valde diversa, viget in ditione tibetana orientali ubi martio 1867, inter sylvas ad Moupin, leg. abb. A. David (Herb. Mus. par.). 155. OLMEDIA LAURINA. Arborea (?) ex omni parte glaberrima ; ramis alternis teretibus; cortice (fuscato)striato. Folia alterna (disticha?), breviter(2-1 cent.) petiolata, e basi inæquali (hine obtusa, inde acutata) ovato-aeu- minata (ad 10 cent. longa, 5 cent. lata), integerrima coriacea crassa penninervia; nervis primariis vix obliquis ad marginem xt. (15 juillet 1875. 20 306 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. anastomosantibus, intermixtis minoribus paucis ; venis tenuiter reti- culatis, subtus cum costa prominulis; limbo supra levi (pallide virescente), subtus in sicco pallide fuscato. Stipulæ in conum brevem (ad £ cent.) approximate. Flores, ut videtur, diceci ; mas- culorum amentis subglobosis pisiformibus brevissime stipitatis, in axillis singulis solitariis v. paueis. Calyx breviter cupularis, apice l-lobus. Stamina totidem, calyce vix longiora; antheris ovatis ob- tusis. Flores feeminei, ut in genere, axillares 1, 2; pedunculo brevi; bracteis involucri paucis ovatis imbricatis. Bracteæ floribus inter- mixtæ, apice orbiculari-peltatee. Germen inæquali-ovoideo-acutum elabrum ; stylo brevi, mox 2-fido; laciniis lineari-subulatis (nigre- scentibus). Fructus (immaturus) germini conformis (ad 1 cent. longus) nigrescens. — Spec. foliis formas nonnull. Trophidis ame- ricani referens et quoad charact. nonnull. O. calophylle Poerr., ut videtur, affinis, oritur in ditione neo-granatensi ubi legit cl. Triana (Herb. Mus. par.). 156. Evopia POMADERRIDIFOLIA, Fruticulus (2-3-metralis, ex Balansa); ramis sub-2-chotomis ; cortice glabrato (griseo v. nigrescente) striato; ramulis novelliscum petiolis, foliorum pagina inferiore inflorescentiisque, dense ferru- eineo-lepidotis. Folia ad summos ramulos conferta, opposita, longiuscule (1-1-* cent.) petiolata, elliptico-obovata (ad 6 cent. longa, 3 $ cent. lata), basi sepius breviter attenuata, apice rotun- data, integerrima; margine reflexo, recurva coriacea, supra lævia, penninervia parce venosa. Flores parvi ($ cent.) crebri, in cymas terminales foliis supremis breviores densas corymbiformes com- positas dispositi; pedicellis sub flore 2-bracteolatis. Calycis gamo- phylli dentes 5, coriacei. Petala valvata v. subvalvata, calyce lon- giora. Stamina 10; alternipetala longiora ; filamentis sub disco cupulari breviter obconico germenque arcte cingente, 10-sulco, 10-crenato, insertis, ad apicem complanatis dilatatis, intus villosis et apice puneliformi antherigeris ; antheris ovatis apieulatis intror- STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 307 sis. Carpella 5, oppositipetala ; germinibus nisi basi liberis ; stylis centralibus, mox in columnam erectam apice stigmatoso capita- tam coadunatis et inter germina paulo supra basin eorum insertis; ovulis suborthotropis v. incomplete anatropis ; mieropyle extror- sum supera. — Species inter £vodias genuinas germinibus om- nino liberis donatas et Peleas quasi media (generisque hujus auto- nomiæ vanitatem demonstrans). Exstant in regione eadem £vodiæ legitimæ numerose quarum carpella usque ad basin omnino libera sunt, adspectu autem cum planta nostra omnino congruentes, ita ut e florum analysi tantum ab ea distinguantur, ceterum nonnun- quam conspecilicæ primo intuitu videantur. Sententia inde b. Aug. S.-Hilaire, a cl. Tulasne (in Ann. sc. nat., sér. 3, VIT, 280) memorata magis ae magis in dies confirmalur. Æ. pomaderridi- folia (subsectionis Hemipelea typ.) oritur in Nova-Caledonia, ubi ad alt. 800 metr., in monte Humboldt, leg. cl. Balansa (exs. n. 2493), februario floriferam (Herb. Mus. par.). 157. SPHENOSTEMON BALANSÆ. Arbor (6-7-metralis) ex omni parte glaberrima; ramis ramu- lisque alternis teretibus (griseis v. pallide fascescentibus). Folia ad summos ramulos alterna, longiuseule (ad 2 cent.) petiolata, obovata (9 cent. longa, 5 cent. lata), basi subsequali- v. inæquali- altenuata, apice rotandata v. subemarginala, crenata, subcoriacea peuninervia laxe venosa, supra dense ferruginea, subtus pallidiora ; nervis venisque reliculatis subtus prominulis rubescenti-fuscatis. Flores monæci, in racemos axillares, laterales v. terminales (3-5 cent. longos) dispositi; rachibus compressiusculis rigidulis ; pedicellis alternis (ad 4 + cent. longis). Sepala floris masculi 4, erassiuseula, decidua. Petala totidem alterna, vix longiora. (ad t cent.) erassiuscula, decidua, intus obtuse carinata, imbri- cata. Stamina eum petalis alternantia iisque numero æqualia, libera, sub gynæcei rudimento conico-subulato inserta eoque paulo longiora, dorso convexa earnosa erassa, intus angulato- 308 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. euneiformia, seeundum faciem utramque approximata | ibique antheræ loculum lineari-elongatuin sessilem rimosumque longitu- dinaliter adnatum gerentia. Flores maseuli (in specimine eodem) in racemum crassum ramulum lignosum terminantem dispositi ; pedicellis crassis lignosis deeumbentibus (5 cent. longis). Perian- thium (verisimil. utin flor. masc.) e cicatrieibus notum. Germen sessile ovoideo-compressiuseulum breve (4 eent.); styli brevis 2-partiti cornubus crassis recurvis, loculis 2; septo angusto, ger- mini compresso eontrario. Ovula in loculis solitaria, ab imo angulo interno descendentia, mieropyle introrsum supera ; funiculo crasso brevissimo supra micropylen in obturatorem parvum crassum subeonieum dilatato. — Arbor gen. novi, ex ord., ut videtur, Llicinearum, adspectu et florum indole nonnihil conspicuum, oritur in Austro-Caledonia, ubi ad summum montem | JVe£ow, supra Bourail legit cl. Balansa (exs., n. 1330), ad alt. 700 metr., aprili floriferam (Herb. Mus. par.). 158. SrHENOSTEMON PACHYCLADUM. Frutex (1-2-metralis) ex omni parte precedenti simillimus eique certe congener, a quo differt ramis ramulisque multo eras- sioribus; cortice fuscato v. nigrescente rugoso. Folia quam in præced. multo crassiora, elliptico-obovata (ad 8 cent. longa, h cent. lata); petiolo erassissimo compresso (1-3 cent. longo); limbo basi breviter angustalo, apice rotundato repande crenato, coriaceo crassissimo rigidissimo, supra dense viridi, sub!us lute- scente; nervis subtransversis erebris, subtus cum costa fusco- purpurascente prominulis. Flores masculi in racemum terminalem erasse rigidum (5, 6 cent. longum) dispositi ; perianthio stami- nibusque quam in præcedente 2-plo longioribus, cæterum omnino conformibus. Flos fœmineus ignotus. An spec. diceca ? — Stirps cum præcedente (cujus forle mera var?) eerte congruens, in spe- cimin. meliorib. olim investiganda, viget in ditione austro-cale- donica, ubi leg. Balansa (exs., n. 506), ad summum montem Kougui, novembre floriferam (Herb. Mus par.). STIRPES EXOTICÆ NOV.E. 309 159. Rourea BALANSÆANA. Frutieulus (1-metralis) ex omni parte glaber; ramis alternis teretibus; cortice ruguloso ; ramulis novellis glabris cum petiolis inflorescentiæque ramis in sicco erubescentibus. Folia alterna, in summis ramulis conferta (ad 5 cent. longa) imparipinnata ; foliolis oppositis v. rarius alternis ; lateralibus plerumque 3-5-jugis, bre- vissime (2, 3 mill.) petiolulatis, ovatis (1 5-2 L cent. longis, 1- 1 < cent. latis), basi inæquali-rotundalis, apice obtusiusculis, inte- gerrimis subeoriaceis, supra lucidis, subtus pallidis glaucescenti- bus; venis pinnatis reticulatis, utrinque vis conspicuis. Flores, ut in genere, parvi (ad 4 mill. longi), in alabastro ovoidei, in racemos terminales et ad folia suprema axillares dispositi et inde, ut aiunt, panieulati; inflorescentia tota 5, 6 cent. longa lataque; pedicellis longiusculis G cent.), artieulatis. Genitalia ut in genere. Fructus basi sepalis persistentibus et in calycem campanulatum (3 cent. altum) glabrum arcte imbricatis obtusis cinctus, oblongo-ovoideus (14 cent, longus), arcuatus, convexitate demum longitudinaliter rimosusfollieuliformis. Semen oblongum, loculo conforme, erectum orthotropum glabrum (fuscatum), basi angustata substipitatum. — Planta, ob calycis fructusque et seminis indolem certe hujus generis, et spec. nonnullis afrieanis haud absinil., viget in ditione austro-caledonica ubi legit el. Balansa (exs., n. 1360), januario floriferam, in collibus argiloso-ferrugineis insule interioribus inter S. Ludovicum et Yaté (Herb. Mus. par.). 160. RHIZOPHORA PACHYPODA, Arbor (6-8-metralis, ex Balansa) radices perlongas e ramis emittens. Ramuli patentes erassi, hinc inde subventricosi; cortice glabro (dense griseo), nune transverse inæquali-fisso, nunc cica- tricibus foliorum delapsorum late sigilliformibus et stipularum lineari-annularibus notato. Folia in summis ramulis conferta opposita; petiolo crassiusculo compresso (2, 3 cent. longo). Lim- bus ovato-acutus {ad 46 cent. longus, 10 cent. latus), basi repente 910 | STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. attenuatus et in petiolum utrinque decurrens, apice plus minus cuspidatus, integerrimus, crasse coriaceus pennivenius, utrinque glaber, basi autem superne parce setosus, subtus tenuiter nigro- punctulatus. Flores in axillis superioribus (nunc foliorum delap- sorum)2-ni, summo pedunculo brevi (ad 4 cent.) erassoque (5 cent.) inserti, bracteis crassis oblusis 2-natim involuerati et singuli involucello proprio (e bracteolis 2 crassis paulo longioribus connalis efformato) donati. Flos crassus (£ cent. longus) ; sepalis ovalo-lanceolatis coriaceis, valvatis (albis, ex Balansa). Petala subintegra induplieato-carinata, calyce multo breviora. Stamina ut in genere 8-12 (quorum nonnulla, ut videtur, minora effœta ?). Germen inferum, 2-loculare, 4-ovulatum, apice in conum stylum?) liberum sulcatum productum; lobis stigmatosis 2 parvis recurvis oblusiuseulis. Fructus crasse conicus (2 cent. longus, 44 cent. latus), infra medium sepalis haud aceretis reflexis stipatus, altius rugulosus et apice, ut in genere, radieula perlonga in germina- lione exserla perforatus. — Species, inter alias notas, pedunculis brevibus 2-(loris conspicua, a cl. Balansa (exs., n. 2341) in salsuginosis circa Kanalam N.-Caledoniæ novembre florif. ct fruclif. lecta fuit (Herb. Mus. par.). 161. ANISOFHYLLEA RHOMBOIDEA. . Fruticosa?, ramulis tenuibus teretibus, demum glabratis. Folia alterna (2-sticha?) sessilia, e basi valde inæquali trapezoidea (ad 8 cent. longa, 3 cent. lata), utrinque cuneato-attenuata, apice inæ- quali-aeutata integerrima subcoriacea, basi hinc 1-nervia, inde 2-nervia, supra dense viridia, subtus pallida glaucescentia tenuiter puberula; venis transversis crebris, Flores in racemos vix supra- axillares. dispositi crebri; pedunculo pedicellisque basi articulatis parce fuseato-setosis, Calyx masculus parvus valvatus; foliolis ovalo-aeutis, basi connatis, Petala 4, calyci subæqualia ingequali- 3-7-fida, flabellato-incisa, carnosula. Stamina 8, cum | glandulis totidem brevibus alternantia ; filamentis apice incurvis; antheræ STIRPES EXOTICÆ NOVE, 311 brevis loculis sub-2-dymis. Styli 4 breves subulati. Germen 0. Flos feemineus...? — Species quoad floris indolem et formam foliorum A. distiche (Halorugis disticha Jack) s. A. trapezoidali nostræ proxima, differt autem foliis multo majoribus erassiori- busque neenon eorum nervalione oriturque in Borneo ubi a cl. Beccari (exs., n. 1514) lecta fuit (Herb. reg. florent.). 162. ANISOPHYLLEA GAUDICHAUDIANA; Arbor, ut videtur ; foliis (suppetentibus) isomorphis, amplis (ad 25 cent. longis, 10 cent. latis), elliptico-lanceolatis, basi rotun- dala v. breviter angustata subæqualibus, ad apicem breviter acu- minalis summoque apice obtusiuseulis, integerrimis coriaceis gla- berrimis, supra dense viridibus, hinc et inde in sicco lutescentibus, subtus opacis, a basi subsequali-5-7-nerviis; nervis lateralibus marginibus parallelis, subtus. prominulis pallidioribusque ; nervis transversis crebris reliculatis. Petiolus crassus brevis (ad 4 cent.), basi articulatus. Gemmæ axillares 3, 4, superpositæ, ab inferiore ad superiorem majores. Flores ignoti. Fructus (e schedul. Gaudi- chaud?) magnus, oblique subpiriformis drupaceus; exocarpio corlicato, extus rufescenti-luteo, apice umbilicato sepalorumque cicatricibus 4 notato; putlamine crasso. Semen descendens; inte- gumento suberoso; embryonis crassi radicula carnosa maeropoda ; plumula e foliolis (roseis) 8, alternatim 4-natis constante. — Species insignis, certe e char. notis hujus generis, viget in Asia tropica austro-orientali, ubi ad Pulo-Pinang leg. Gaudichaud (exs., n. 100), initin. Bonite, martio fructiferam (Herb. Mus. par). 163. AwisoPHYLLEA BECCARIANA. Frutex (?) ; ramis teretibus glabris; cortice albido tenuiter nigro- punetulato. Folia (in specim. suppet. 1-morpha) alterna, breviter ($ cent.) petiolata, elliptica (8 cent. longa, 4 cent. lata), basi bre- vissime acutata, ad apicem longiuseule acuminata, vix inæquila- lera, inlegerrima penninervia, basi subæquali-5-nervia, supra kete 312 STIRPES EXOTICÆ NOVAE, viridia, subtus paulo pallidiora ; nervis supra concavis (lutescen- tibus), subtus prominulis fuscatis. Racemi axillares v. paulo supra- axillares faseiculati; pedicellis brevissimis tenuissimis. Flores polygami; hermaphroditi germine infero Z-loculari fertilique donati; masculorum receptaculo- breviter cupulari, sub calycis insertione haud producto. Sepala A, 3-angularia, valvata. Petala calyce breviora minuta inæquali-obovata, apice emarginata v. bre- viter 2-loba, marginibus incurva carnosa. Stamina 8, quorum oppositipetala 4, breviora sterilia ; filamentis anantheris v. apice minute glandulosis. Staminum fertilium flamenta crassiuscula subulata eompressa; antheris brevibus sub-2-dymis, introrsum rimosis. Styli in flore sexus utriusque 4, liberi, breviter subulati recurvique crassiusculi. — Species imprimis staminibus ex parte abortivis conspicua, sect. ejusd. est ac A. Griffithi Ou. (in Trans. Linn. Soc., XXII, A60, t. 48) cui proxima videtur, androcæi imprimis indole et foliis multo brevioribus discrepans, in Borneo lecta est a cl. Beccari (exs., n. 1001), cum herbariis Mus. par. et kew. ab herb. reg. florentino communicata. [Sera continué.) NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES AQUILARIÉES Le groupe des Aquilarinées a pendant bien longtemps été réduit aux deux genres Aquilaria et Gyrinops, et son histoire à, jusqu'au commencement de ce siécle, présenté peu de eompli- cations. Il n'y a qu'un point de cette histoire qui mérite d’être rappelé, mais il est bien instructif pour nos contemporains. Je veux parler de la nécessité où se trouva R. Brown, esclave malgré lui dela coutume et des régles de classification admises par ses contemporains, de faire des Aquilarinées une tribu des Chaillétiacées, alors qu'il déclarait, tout en témoignant la crainte d’être taxé de paradoxe, que leurs affinités avec les Thymélées étaient plus faciles à démontrer qu'avec tout autre des groupes auxquels on les avait pu comparer. Le paradoxe est devenu aujourd'hui une vérité acceptée par tous. Endlicher, dés 1836, place les Aquilarinées tout prés des Thymélées et relie les unes aux autres par l'intermédiaire du genre Phaleria. Tous les auteurs qui viennent ensuite maintiennent les deux groupes étroitement unis; la plupart, dans une seule et méme famille. A partir de cette époque, le groupe des Aquilariées (la règle veut que ce nom de tribu soit définitivement substitué à celui d'Aquilariacées et d'Aquilarinées) s'accroît de deux façons diffé- rentes, D'une part, les types déjà connus, observés d'une facon incomplète ou inexacte, sont dédoublés ou morcelés; le nombre des genres et des espèces est multiplié d'une facon inexplicable : cette prétendue richesse n'est, nous le verrons, qu'un véritable appauvrissement. D'autre part, des types vraiment nouveaux sont. découverts dans l' Asie et l'Océanie tropicales. Leur organisation s'éloigne beaucoup, à certains égards, de celle des Aquilaria; ol! NOUVELLES OBSERVATIONS mais bien souvent elle l'explique, la fait mieux comprendre, et doit nécessairement modifier l'interprétation la plus généralement acceptée de la valeur morphologique de leurs organes floraux, de ceux surtout des plantes de la famille des Thyméléacées tout entière. Prenons comme point de départ la structure, en grande partie bien connue, d'un Aguilaria indien, tel que lA. Agallocha. Dans ses fleurs, hermaphrodites et régulières, presque con- stamment pentamères, le gynécée central est entouré d'un sac à pen prés campanulé , dont l'ouverture. supérieure porte cinq divisions calicinales imbriquées en quinconce, dix étamines dis- posées sur deux vertieilles et dix languettes allongées, aplaties et obtuses, qui répondent aux intervalles des étamines. Quelle est maintenant la signification morphologique de la portion obconique et creuse de l'enveloppe qui s'étend du pied de l'ovaire au point dont se dégagent les étamines et les glandes alternes? L'analogie avec les Nerpruns semble ici indiquer qu'il s'agit d'un réceptacle, mince, il est vrai, mais semblable à celui de certaines Rhamnacées par la consistance, l'épaisseur, et aussi par les trainées que laissent sursa paroi les décurrences des filets staminaux, Si quelques doutes pouvaient subsister à cet égard dans notre esprit, ils seraient probablement levés par ce que nous observons dans les genres voisins. Ce tube, qui s'allonge davantage dans les Gyrinops, devient au contraire bien plus court dans le remarquable genre Gonistylus que Miquel a fait connaître il y a quelques années (in Ann. Mus. lugd.-bat., Y, 455, t. 4), et surtout dans l'Octolepis. Casearia, récemment déerit par M. Oliver (in Journ. Linn. Soc., VII, 161, t. 12). M. Oliver n'a pas manqué de faire ressortir les ressem- blances de structure que présente le gynécée du Geissoloma avec celui deson Octolepis. Le Geissoloma étant pour nousune véritable Célastracée, très-voisine des Buis, dont elle ne diffère guère, ainsi que nous l'avons démontré (Adansonia, XI, 981; Hist. des plantes, V1, 49, 32), que par son androcée diplostémoné, l Octo- lepis, qui est voisin du Geissoloma, non-seulement par son gy- nécée, mais encore par son périanthe tétramère imbriqué et son SUR LES AQUILARIÉES. 315 androcée diplostémoné, relie les Thyméléacées aux Célastracées mieux encore que les Aquilaria ne les rattachentaux Rhamnacées. De plus, l'Octolepis explique la: valeur des parties florales dans le Gonistylus el les autres Aquilariées. Son réceptacle floral a la forme d’un plateau circulaire, à face supérieure presque plane. Son pourtour donne insertion au périanthe età l'androeée à à peine périgynes. Dans le Gonistylus, ce même réceptacle prend la forme d'une coupe peu profonde, et la périgynie s’accentue davantage, C'est encore le méme organe qui devient dans les Aquilaria un sac obeonique, de méme forme que le réceptacle du Rhamnus cathartica, et dans les Gyrinops, un tube étroit et allongé, avec une périgynie de plus en plus prononcée. Nous n'avons pas tenu compte jusqu'iei des dimensions rela- tives des parties de la fleur, non plus que de leur nombre absolu dans les Aguilaria. Leur gynécée peut être formé de trois car- pelles, et il peut y avoir six sépales au calice et douze étamines au gynéeée ; variation qu'on n'aurait pas dù faire servir à la dis- tinction d'une espèce, ear elle se rencontre de temps à autre sur une méme plante, tout à cóté de fleurs normales, c'est-à-dire pentamères. Il y a méme des Aquilariées dont le gynécée est, du moins dans les échantillons que contiennent nos collections, aussi souvent uni- que dicarpellé, et l’on ne conçoit pas que M. Decaisne ait par inadvertance négligé de signaler le fait dans plusieurs des Drymispermum qu'il a décrits comme espèces nouvelles, alors que ce caractère est si important pour unir indissolublement les Aquilariées aux Thymélées. On peut dire que l'existence d'une seule loge ovarienne, et, par suite, d'un style latéral, est la. régle dans les fleurs du. Drymispermum rapporté de Manille par Per- rottet et qui a recu le nom de ce voyageur. Quant à la taille relative des organes floraux, on lui a accordé tant de valeur dans ce petit groupe, qu'elle a serviet qu'elle sert encore à établir des coupes génériques. Qui pourrait croire qu'on ait distingué deux genres l'un de l'autre parce que l'un d'eux avait le sac concave et obconique que nous venons de rapporter au réceptacle plus large et plus 316 NOUVELLES OBSERVATIONS court, et l'autre plus long et plus étroit? Les différences tirées de la longueur des organes reproducteurs sont plus spéeleuses. On leur a longtemps attribué une valeur absolue. Lamarck (IIL., t. 356) et Turpin (AZ. du Dict. desse. nat., t. 98) avaient déjà cependant observé que les étamines des Aguilaria pouvaient être trés-courtes et tout à fait incluses, avec des filets extrêmement courts ou nuls, comme ils l'ont figuré pour le Garo de Malacca. Meissner a décrit (Prodr., XIV, 601) les étamines de ce genre comme « subexsertes», et nous voyons, d'autre part, des fleurs où non-seulement les anthéres, mais une portion de filet s'éléve au-dessus de la gorge de la fleur épanouie. Il y a done là un caractère extrémement variable et à coup sûr sans valeur générique. C’est au plus dis- lingué des botanistes des États-Unis, M. A. Gray, que revient le mérite d'avoir réduit à rien ce caractère, en même temps que celui du type quaternaire ou quinaire des fleurs. « Flares 5-4- meri, dit ce savant (Journ. of Bot., IM, 3805), 10-8 andri, genitalibus , more quarumdam Rubiacearum, etc. , dimorphis. » B. Seemann, qui a également étudié ce groupe dans son Flora vitiensis (207, t. 53, 54), a rendu à la science un autre service, celui de réduire en un seul genre les Leucosmia et les Drymi- spermum (c'est-à-dire les Phaleria). C'est un savant des plus distingués de l'Angleterre, M. G. Ben- tham, qui avait proposé en 1844 le genre Leucosmia. Son L. Bur- nettiana était une plante des iles Viti, récoltée par Hinds et Bar- clay, et qui se distinguait des Drymispermum par la présence, à la gorge du périanthe, de cinq petites écailles ovales, lesquelles, à ce qu'on pensait alors, font défaut dans ce dernier genre. Mais quand il sut, par l'examen de véritables Drymispermum, que ce earac- tére estloin de manquer constamment dans ces derniers, M. Ben- tham renonca bien vite au genre qu'il avait proposé, et l'on vit ce consciencieux observateur supprimer de lui-méme et sans hési- lation le nouveau groupe générique qu'il avait fondé : c'était s honorer grandement en rendant spontanément à la vérité scien- ufique l'hommage qui lui est dù. SUR LES AQUILARIÉES, 3817 Que faisait pendant ce temps M. Decaisne, l'auteur qui, dans notre pays, a étéle plus à méme d'observerles types de ce groupe? En 1843, il avait publié sur ces plantes (in Ann. sc. nat., sér. 2, XIX) un premier travail. dans lequel il avait eru que la gorge des Drymispermum est constamment nue. Pour nes'étrepas suffisam- ment affranchi des idées erronées professées sur la nature du pé- rianthe de ces genres, il n'avait pu comprendre la signification morphologique de leur tube floral, et il avait méconnu la valeur de la couche glanduleuse dont il est tapissé; couche d'une minceur extréme et qui peut méme faire défaut dans la portion inférieure de ce tube, mais qui, vers la gorge, s'épaissit davantage et peut, à ce niveau, tantôt se terminer par un bourrelet cireulaire à peu près continu, et tantôt proéminer sous forme de lobes peu pro- noncés, sans que sa signification soit différente dans un cas ou dans l'autre. Il faut d’ailleurs reconnaitre qu'on ne tenait guère compte de ces faits à l'époque du premier travail de M. Decaisne. Pour moi, je ne me suis guère jusqu'ici occupé de ce dernier, quoi- qu'il n'ait cessé de m'attaquer et de me nuire depuis le jour de inon entrée dans la science. Mais si j'ai eru pouvoir négliger ce qui m'était personnel, il ne doit pas en étre de méme quand il s'agit de l'intérêt publie et de la vérité. Soit par crainte, soit par consi- dération pour la haute situation qu'oecupe M. Decaisne, on n'ose guère ne pas partager ses opinions, et là est le danger. Meissner, par exemple, qui fut chargé de traiter dans le Prodromus de De Candolle (XIV, 601), la famille des Thyméléacées, pour avoir admis sans contrôle les coupes sans valeur établies par M. Decaisne, fut amené à partager les Aquilariées, au même titre que les Thymé- lées, en deux tribus des Gyrinopeæ et des Drymispermeæ, distin- euées l'une de l'autre par la présence ou l'absence des écailles de la gorge de la fleur, et à placer le méme genre, sous des noms différents, dans les deux tribus à la fois. M. Decaisne a été plus loin, puisqu'il a fait, avec de véritables Phaleria, à la fois des Drymispermum, des Pseudais et des Leucosmia. C'est en 1864, dansla Botanique du Voyage de la Vénus, que 318 NOUVELLES OBSERVATIONS M. Decaisne a repris l'étude des plantes de ce groupe. Il commence (p. 17) par y établir une nouvelle espèce de ce genre Leucosmia de M. Bentham, que celui-ci déclare lui-même ne pouvoir subsister, et il lui donne le nom de L. ovata. Pour tout observateur non prévenu et qui n'est pas décidé d'avance à fonder quand méme des coupes génériques et spécifiques sur des caractères des plus minimes, ce L. ovata est un simple Phaleria des iles Viti. Mais pour qu'il devienne un Leucosmia, il faut qu'il ait des écailles à la gorge, etil n'en a pas. Seulement le revétement glanduleux du tube, si mince qu'il soit, présente à ce point un petit rebord, un peu inégal, comme nous avons vu qu'il arrive dans un grand nombre de Phaleria, et M. Decaisne transforme cette disposition en très- petites écailles deltoides ( « squamis deltoideis minimis»). Grâce à celle précaution, il eroit pouvoir faire figurer sa plante dans un autre genre que les Drymispermum, sans s'apercevoir que dans le méme travail, et à une page de distance, il décrit comme espèce nouvelle du genre Drymispermum le type méme du genre Leu- cosmia, c'est-à-dire le L. Burnettiana. à C'est de celte derniére plante que nous devons nous occuper un instant. Elle est des plus intéressantes, et il y a plus d'un siècle qu'elle a attiré l'attention des botanistes. Elle fut d'abord consi- dérée comme un ais. Forster, qui la récolta à Tongatabou, lui donna (Prodr., 33, n. 192), en 1786, le nom de D. disperma. Il est vrai que, sous ce nom, il a sans doute confondu deux plantes voisines et congénères, c'est-à-dire deux Phaleria; et Seemann d'une part, M. A. Gray de l'autre, ont bien (ait voir quelle distine- tion on devait établir entre ces deux espèces. Mais il n'est pas moins certain, d'après le beau dessin (4. ined, 136) que possède le - British Museum, et que Forster destinait à l'illustration de son Dais disperma, que c'était là pour lui le type véritable de T'es- pèce qu'il désignait sous ce nom, celle qui a été nommée Drymi- spermum Forsteri par Meissner, Leucosmia Burnettiana par M. Bentham, et qui devrait probablement prendre le nom de Phaleria disperma. SUR LES AQUILARIÉES. 319 M. Decaisne a encore été entrainé trop loin par le désir de di- viser, car il a dédoublé cette espèce. Il l'admet d'abord comme Leucosmia Burnettiana, puisqu'il discute les caractères qui séparent celui-ci de son L. ovata; puis il décrit encore comme Drymispermum Billardieri (Voy. Vénus, 16) une plante rapportée des iles des Amis par Labillardière et de Vavao par Hombron, plante qui est tout à fait identique à celle des cones de Forster ; de façon que, pour un seul végétal, bien connu depuis un siècle, il distingue à la fois deux genres et deux espèces : ce qui est tout à fait inadmissible. Gaudichaud avait décrit en 1826, dans la Botanique du Voyage de l Uranie, un autre Dais, analogue à celui de Forster, sous le nom de D. coccinea. C'est un végétal de l'ile Rawak, qui n'a, pas plus que le D. disperma les caractères d'une Thymélée. Aussi M. Decaisne en a-t-il fait (in Ann. sc. nat., sér. 2, XIX, 40) le type d'un nouveau genre d'Aquilariées, sous le nom de Pseudais. On ne voit pas trop, d'aprés les descriptions, en quoi ce genre se différenciedes Drymispermum etdes Leucosmia, quoique Meissner l'ait placé dans une autre tribu que ce dernier. Est-ce parce que ses fleurs sont pentaméres? Mais celles du D: Billardieri Done le sont également. Est-ce parce que ses étamines ont des filets courts ct des anthéres non exsertes? Mais celles de trois ou quatre des Drymispermum océaniens présentent souvent ce caractère dans certaines fleurs ou sur certains pieds, ainsi que l'a démontré M. A. Gray. Est-ce parce que, comme le pense M. Decaisne, l'in- voluere y aurait à peu prés complétement disparu? C'est là une erreur d'observation. Gaudichaud a représenté une portion de cet involuere. Il est vrai que sur l'échantillon type du Voyage de // Uranie qui est conservé au Muséum, toutes les fleurs ont disparu ; ce qui rend toute analyse et toute comparaison impossibles. Mais les cicatrices d'insertion des bractées de l’involucre sont encore visibles sur le réceptacle légèrement renflé du capitule ; et l'on tire le plus grand fruit de la comparaison qu'on peut faire de ces misé- rables restes de Ja plante type de Gaudichaud avec une autre plante 320 NOUVELLES OBSERVATIONS voisine, un Phaleria, qui a été récolté à Mindanao par MM. Hom- bron et Le Guillou, dans l'expédition de l Astrolabe et de la Zélée, On peut se convaincre que si celui-ci est différent spécifique- ment de celui dont il vient d’être question, il est néanmoins congénère et en tout cas trés-voisin ct du Pseudais de M. Decaisne, et de son D. Perrottetianum. Nous doutons méme que les fleurs aient une couleur coccinée dans le Pseudais, et peut-être y a-t-il là une erreur ; car. généralement le périanthe est blanc dans les Phaleria, et c'est le fruit qui est rouge dans ces plantes, ainsi que l'a bien indiqué Reinwardt pour son Drymispermum urens. Pour nous, le Pseudais est bien certainement un Phaleria, et quand on aura de nouveaux échantillons de cette plante de Rawak où Gaudi- chaud l'avait récoltée, on recounaitra sans doute qu'elle a déjà été décrite ailleurs sous le nom de Drymispermum, et qu'ici, comme ailleurs, M. Decaisne a poussé beaucoup trop loin son amour des divisions à l'infini. Si encore, tout minimes qu'ils soient, les caractères invoqués par M. Decaisne pour fonder des espèces distinctes étaient exac- tement observés, il n'y aurait là qu'une appréciation personnelle de la valeur de différences réellement constatées. Mais ces dif- férences sont souvent imaginaires; nous en donnerons ici-un exemple, relatif à l'espéce la plus commune de Java, laquelle se retrouve, avec des variations insignifiantes, dansun erand nombre d'îles des régions voisines. Blume lui avait donné le nom de Dais dubiosa et l'avait récoltée à Java méme. Les botanistes et les voyageurs hollandais l'ont retrouvée à Bornéo, à Sumatra, à Timor, ete. C'est dans l'herbier de Leyde qu'il faut étudier cette remarquable espéce, pour voir combien elle peut varier, avec toules les nuances possibles dans les caractères tirés de la forme des feuilles et dans les parties de la fleur, sur les échantillons, au nombre de plus de cent, qui sont réunis dans cette belle collection, et qui proviennent de Prætorius, de Zippel, de Korthals, de Rein- wardt, de Kuhle et Van Hasselt et de Blume lui-même. M. Decaisne a dédoublé le D. dubiosa de ce dernier en deux espèces, les Dry- SUR LES AQUILARIÉES. 321 mispermum Blumei et laurifolium, suivant que le périanthe est en dehors glabre ou pubescent ( « puberulo subincano»), et suivant aussi, il faut bien le dire, que les échantillons viennent de Java ou de Timor. Or, les nombreux échantillons de l'herbier de Leyde présentent tous les intermédiaires possibles entre des calices tout à fait glabres et des périanthes complétement chargés en dehors d'un duvet blanchâtre, mais encore (chose plus difficile à croire) l'échantillon javanais de l'espéce de Blume, qui a été rapporté par Leschenault et que M. Decaisne a eu sous les yeux dans l'herbier du Muséum, en trés-bon état de conservation, porte à la surface de ses fleurs un duvet qui est aussi épais dans bien des eas que celui de la plante de Timor qu'il a imaginé de nommer D. lauri- folium. Ce qui est probable, en somme, c'est que toutes ces formes ou variétés d'une seule et méme espèce, si largement répandue dans l'archipel Indien, doivent être rapportées au Dais octandra, tel que le représente Burmann dans son Flora indica (104, t. 32, fig. 2), et devraient strictement prendre le nom unique de Phaleria octandra, M. Decaisne a également distingué cette espèce de toutes les autres, sous le nom de Drymispermum Bur- manni; son principe étant, à ce qu'il semble, de toujours diviser. Ce qui est plus grave encore, c'est de changer le nom d'une espèce décrite antérieurement, et au su de tous, par un autre bota- niste, sans aucun motif plausible, En: 1857, Meissner a publié dans le Prodromus (XIV, 605) la plante qui dans les collections de Cuming porte le n. 763, sous le nom de Drymispermum Cumingii. En 186^, dans le Voyage de la Vénus (p. 17), M. Decaisne, qui devait avoir entre les mains le Prodromus, donne la même plante comme nouvelle sous le nom de D. Cumin- gianum ; il n'en avait certainement pas le droit, Comme conclusion, nous voyons que M. Decaisne a fait trois genres avec des plantes d'un seul genre. Son Leucosmia et son Pseudais ne sont que des Phaleria, c'est-à-dire des Drymisper- mum; et quant aux espèces de ce dernier genre, des quatre qu'il fait connaitre dans le Voyage de la Vénus, trois au moins, ses xt. (15 juillet 1875.) 21 522 NOUVELLES EXPÉRIENCES D. Cumingianum, Billardieri et laurifolium, ne sont pas nou- velles et doivent étre définitivement supprimées. Pour que la science se relève dans notre malheureux pays, l'erreur doit être énergiquement repoussée, si autoritaires que soient ses allures et quelque dommage personnel qu'il en puisse résulter pour chacun de nous. NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR L'ABSORPTION PAR LES RACINES DES PLANTES DU SUC DU PHYTOLACCA . DECANDRA (1). Parmi les expériences relatives à l'absorption parles plantes des liquides colorés, celles qui ont le plus excité la curiosité des bota- nistes et dont on a tiré le plus de conséquences pour la physiologie, sont sans doute celles dans lesquelles on a employé le suc rouge des fruits du PAytolacca decandra. L'état actuel de celte question se trouve nettement résumé dans l'ouvrage de M. Duchartre, en ces termes : « Dans les rares expériences où l'on a offert une infusion colorée à des racines vraiment intactes ou développées dans l’eau, le principe colorant, malgré son extrême division, n'a pas été absorbé par les organes... Cependant, dans un petit nombre de eas, la liqueur colorée parait s'étre introduite dans des plantes dont les racines semblaient réunir toutes les conditions désirables. Ainsi De Candolle dit l'avoir vue pénétrer par des radicelles qui s'étaient développées dans l'eau colorée, et qui étaient certainement intactes. Mais l'un des faits les plus remarquables à cet égard est celui qui, aprés avoir été signalé en termes trop peu préeis par Biot, a été vérifié plus récemment par M. Unger : ce fait est celui des Jacinthes à fleurs blanches qui, ayant été arrosées abondam- ment avec de l'eau rougie au moyen du suc des fruits du PAyto- lacca decandra, ont absorbé le principe colorant, La teinte rouge (1) Lu à l'Académie des sciences, le 45 février 1875 (Comptes rendus, LXXX, 426). SUR L'ABSORPTION PAR LES RACINES DES PLANTES. 323 due à cette absorption a pu être suivie le long des faisceaux vascu- laires; elle a formé des lignes nettement tracées dans les divers organes de ces plantes, et particulièrement sur les folioles blanches de leurs fleurs. Il est difficile de s’expliquer la contradiction qui existe entre ces diverses expériences (1), bien que, dans ce der- nier cas, un oignon enraciné ne puisse être comparé, pour l'absence de solution de continuité, à une jeune plante venue de graines. » Biot n'a pas indiqué exaetement de quelle facon il procédait, et n'a pu tirer de son expérience aucune conséquence physiologique. Il y a lieu toutefois de penser qu'à l'exemple de De la Baisse, dont il rappelait les observations, il opérait presque toujours sur des fleurs covpées.. Dans de pareilles conditions, l'absorption du suc de Phytolacca se produit trés-souvent, et quelquefois méme avec une étonnante rapidité. Des Jacinthes blanches coupées, dans une enceinte à 12°, ont pu, en une demi-heure et moins, se. colorer suivant toutes les cótes des sépales. Dans une atmosphére à 0°, l'absorption de la couleur rouge a été de trois à cinq fois: moins rapide, suivant les plantes employées. Une température basse, tout en retardant le phénomène, ne l'a pas empêché de se produire dans les plantes coupées qui l'auraient présenté dans une pièce chauffée. Mais, il y a des portions de plantes dont la section n'a pu, dans quelque condition que ee füt, admettre la substance colorante et la faire monter au delà du point en contact avec le liquide teinté. Peut-être que Biot, de méme que De la Baisse, dont il indique les expériences, a coloré des Jacinthes blanches en rose en substi- tuant de la teinture de Phytolacca à Veau dans laquelle on fait pousser ces plantes dans des carafes. En agissant dela sorte, on réussit assez souvent à colorer les fleurs en faisant poser sur la surface du liquide la base du bulbe, celui-ci se trouvant en contact (1). Cette contradiction est bien indiquée dans l'ouvrage classique dont je repro- duis ce passage, et cette citation d'un livre qui est entre les mains de tout le monde me dispense de comparer les résultats des travaux de ses prédécesseurs(De Candolle. Biot, Unger, Trinchinetti, Cauvet, etc.), énumérés par M. Duchartre (p. 234 . 32h | NOUVELLES EXPÉRIENCES avec la teinture, soit avant tout développement de racines, de feuilles et de fleurs, soit d'un jour à l'autre, à une époque où les fleurs sont épanouies et où l'on remplace tout d'un coup l’eau ordinaire par le sue de Phytolacca. Mais dans toutes les expériences oü l'on prend soin de ne jamais laisser la surface du plateau en contact avec le liquide coloré et où les racines seules plongent dans ce liquide, la colo- ration ne se manifeste pas. Il nous est même arrivé de plonger dans le suc de PAytolacca des bulbes ayant des racines de quel- ques centimètres de longueur, et, à l'aide de précautions conve- nables pour que le liquide ne s’altérât pas trop, d'y maintenir les bulbes pendant tout le temps qu'ils ont mis à développer leurs feuilles et leurs fleurs, et ces dernières se sont épanouies parfaite- ment blanches, sans qu'une parcelle de la matiére colorante ait été absorbée. Ce n'est done pas la racine intacte de la Jacinthe qui peut absorber le suc rouge du Phytolacca. C'est la surface cicatri- cielle du bulbe, c'est-à-dire une véritable solution de continuité. Et toutefois, point bien digne d’être noté, ce n’est pas la cica- trice elle-même qui, à son état normal, semble absorber la ma- tière colorante. Sans doute, son tissu est constitué de telle facon que si le contact prolongé d’un liquide ne le désorganise pas plus ou moins, l'absorption ne peut se faire. Car dans un certain nombre de nos expériences, avec cette surface en contact conti- nuel avec le liquide rouge, dans des bulbes dont l’entier déve- loppement des feuilles et des fleurs s’est fait dans une carafe, il n'y a pas méme eu absorption de la matière colorante. Unger a répété les expériences de De la Baisse et de Biot daus des conditions toutes particulières où elles réussissent toujours rapidement. Alors que les Jacinthes sont fleuries dans la terre d'un pot à fleur ordinaire, on place celui-ci sur un plat creux dans lequel on verse graduellement la teinture de Phytolacca. Mais cette expérience ne prouve rien pour la physiologie des racines intactes, attendu. que le liquide coloré monte par imbi- SUR L'ABSORPTION PAR LES RACINES DES PLANTES. 225 bition au travers de la terre jusqu'à la cicatrice d'un plateau, par laquelle il est absorbé, et surtout parce que les racines très- développées qui se rassemblent dans la portion inférienre du vase s'altérent rapidement au contact du liquide, et que celui-ci pénétre alors par les solutions de continuité de leur surface en partie putréfiée. Nous ne savons comment étaient installées les expériences à résultats positifs, telles que celles qu'a citées De Candolle (PAy- siol., 85) et qui l'ont conduit à penser que Bischoff « se trompe quand il croit que l’eau colorée ne pénètre que par des solutions de continuité », parce qu'il l'a « vue en particulier pénétrer par les spongioles de radicelles nées dans l'eau colorée et certai- nement intactes ». Nous ne connaissons pas de liquide coloré duquel, soit qu'on fasse plonger dans sa masse des racines de plantes en germination, soit qu'on en imbibe des éponges sur lesquelles germent des graines, on puisse dire qu'il n’altère pas plus ou moins le tissu de ces jeunes racines. Il faudra d’ailleurs revenir sur cette assertion que les racines intactes absorbent forcément avec l'eau les substances qu'elle tient en dissolution. Le suc du Phytolacca représentant une solu- tion, nous avons vu des bulbes qui développent normalement leurs racines, leurs feuilles et leurs fleurs sur un flacon de ce liquide convenablement renouvelé pour éviter qu'en s'altérant trop lui-même, il n'attaque les tissus de la plante avec lesquels il se trouve en contact. Ces bulbes prenaient à celte masse de liquide une grande quantité d’eau qui fournissait à leur évolu- tion; et cependant, dans les cas où les fleurs demeuraient parfai- tement blanches et où aucune parcelle de matière colorante ne pénétrait dans les plantes, il faut bien admettre que l’eau était séparée par dialyse de la substance rouge qu'elle tenait en solu- tion, et que plus la racine absorbait, plus la teinte du liquide devenait foncée. Les racines ne sont donc pas seulement des or- ganes d'absorption; ce sont encore des instruments dialyseurs, et l'on peut déjà prévoir le róle que joueront les faits qui précédent $26 SUR LES AQUILARIÉES DES HERBIERS DE LA HOLLANDE. dans l'explication des phénoménes physiologiques dont ces organes sont le siége, et peut-être aussi dans les applications industrielles. SUR LES AQUILARIÉES DES HERBIERS DE LA HOLLANDE ET SUR UNE AFFINITÉ PEU CONNUE DE CE GROUPE. Ea première question à résoudre dans l'étude de ces plantes était celle du Lachnolepis moluccana Mie. (in Ann. Mus. lugd.-bat., I, 132), dont le type n'existe que dans l'herbier d'Utrecht. Ainsi que nous l'avions d'abord supposé, ce genre ne doit pas être con- servé; il ne présente pas de différence notable. avec le Gyrinops. J'appellerai done la plante de Miquel G. moluccana, et l'espéce se distinguera facilement à Ia longueur de ses feuilles. Quant aux caractères tirés de l'organisation de l'ovaire, et qui auraient pu suffire, pensait-on, à séparer ce genre des Gyrinops, ils n'existent réellement pas. Sans doute, les deux placentas séparés du Lachno- lepis sont bien peu proéminents, mais ils ne le sont pas davantage dans certaines fleurs de Gyrinops, et il est probable méme qu'à l'état frais, les deux placentas se touchent et qu'on ne les écarte l'un de l'autre que par la dissection. L'ovaire serait done en réalité formé de deux loges; mais celles-ci sont séparées par une eloison extrémement étroite et qui se partage sous l'influence d'une légère traction. . Le genre Phaleria (Drymispermum) est représenté dans l'her- bier de Leyde par un très-grand nombre d'échantillons. Presque tous appartiennent, comme je l'ai déjà dit, à une seule et méme espèce, évidemment fort variable quant aux caractères tirés de la forme et de la laille des orzanes, et notamment des feuilles. Tout me porte à croire que le Dais octandra de Burmann, du moins celui de son £/ora indica (104, t. 32, fig. 2), est précisément ‘l'espèce si commune qui, avec les variations que je viens d'indi- quer, croit à la fois à Java, à Timor, à Bornéo, à Sumatra, etc. SUR LES AQUILARIÉES DES HERBIERS DE LA HOLLANDE. 327 Un autre type des plus intéressants du groupe se trouve à la fois dans l'herbier de Leyde et dans celui d'Utrecht : c'est le Gonistylus de Miquel (in Ann. Mus. lugd.-bat., IN, 132, t. A), dont j'ai pu analyser une fleur presque complète, et qui parait bien, comme on l'a déjà dit, intermédiaire par la forme de son réceptacle aux Octolepis de M. Oliver et aux autres genres connus d'Aquilariées. Le réceptacle y a la forme d'une eupule épaisse et peu profonde, sur les bords de laquelle s'insérent le périanthe et, un peu plus intérieurement, les étamines. En somme, celles-ci sont légèrement périgynes, de méme que les languettes qui les accompagnent. L'ovaire a quatre ou cinq loges contenant chacune un seul ovule descendant, et le style unique n'est partagé que tout prés de son sommet. Le fruit est charnu, d'aprés les dessins qu'en donne Miquel, et les feuilles, alternes, simples, entiéres, sont coriaces, penninerves et rétieulées. Ce type est, sans doute, fort anormal parmi les Aquilariées, mais il présente avec elles tant d'affinités, qu'il n'est guére possible de l'en séparer, eten méme temps il se rapproche, à certains égards, tout aulant de cer- taines Ternstræmiacées et Tiliacées, également exceptionnelles, il est vrai. Les Microsemma, dont l'organisation florale est trés-analogue à celle du Gonistylus, ont été classés parmi les Ternstraemiacées paree que la préfloraison de leur calice est imbriquée, et c'est en cela aussi qu'ils se différencient principalement des Gomistylus dont le calice est valvaire. Mais il n'en est plus de méme des plantes que nous avons décrites (in Adansonia, X, 3h) sous le nom de Solmsia. Elles ont presque tous les caractères des Micro- semma, mais leur calice est en préfloraison valvaire; ce qui nous a forcé de les placer parmi les Tiliacées. On peut dire qu'elles sont dans cette famille les analogues des Microsemma parmi les Ter- stræmiacées. Or leurs organes de végétation, leurs feuilles et aussi certaines parties de leurs fleurs, rappellent beaucoup les mémes parties dans les Gonistylus et dans certaines autres Aquilariées. Il est vrai que les Gonistylus se distinguent immédiatement à leur 328 SUR LES AQUILARIÉES DES HERBIERS DE LA HOLLANDE. gros fruit charnu, tandis que les So/msia ont un fruit capsulaire à trois ou quatre loges, rarement cinq. Sa forme, avant la déhis- cence, est à peu prés celle du fruit d'un genre de Rosacées où il est assez exceptionnel : je veux parler de l Erochorda (1), où il représente assez bien, comme on l'a dit, une de ces masses d'ar- mes anciennes à arêtes anguleuses et à base atténuée. Mais, d'une part, il y a aussi des Tiliacées à gros fruit charnu et lisse; et de l'autre, les fruits de l’ Zxochorda et des Solmsia ressembleraient assez à ceux des Aguilaria, si l'on supposait que ceux-ci ont le méme nombre de loges. En effet, dans les deux genres la déhis- cence de la capsule est la méme, et les graines descendantes du Solmsia ont à leur surface des poils clair-semés, moins abon- dants, mais analogues à ceux qui, sur la semence des Aquilaria, forment une sorte de pinceau au niveau de la région chalazique. La direclion des diverses régions de l'ovule et de la graine est la méme aussi dansles deux types. A l'intérieur, la semence diffère par la présence dans les So/nsia d'un albumen qui fait défaut dans les Aquilariées; mais nous savons que ce n'est pas là un carac- tère d'une importance absolue. Si maintenant on compare la feuille d'une des espèces connues de So/msia avec celle du Goni- stylus qui est seulement un peu plus grande, et si l'on remarque le grand développement et le degré de ténacité que présente le liber, aussi bien dans le Gonistylus que dans les SoZmsia, aussi bien, d'ailleurs, dans les Tiliacées en général que dans le groupe entier des Thyméléacées, on verra que les deux familles, cepen- dant si éloignées l'une de l'autre, présentent cependant un point de contact assez remarquable et qu'il n'était pasfacile d'apercevoir. Il faut, je pense, se montrer fort. réservé quant à la création de nouvelles espèces du genre Phaleria, principalement quand les / (1) Ce genre est probablement monotype. L'E? Davidiana, que j'ai indiqué avec doute (Adansonia, IX, 149 ; Hist. des plant., T, 400) comme appartenant à ce genre ou peut-être au g. Nuttallia, doit être rapporté à ce dernier (qui a exactement la méme fleur). Une étiquette erronée le donnait, dans l'établissement où je l'ai observé, comme rapporté de la Mongolie par le P. David, mais il vient certaine- ment des États-Unis. SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE, 329 échantillons des herbiers sont plus ou moins incomplets. I]. est probable cependant que le Musée de Leyde en renferme encore deux ou trois espèces distinctes de celles qui ont jusqu'ici été dé- crites. L'une est de la Nouvelle-Guinée et porte dans les collec- tions de Zippelius le nom de Dais macrophylla; on pourra lui donner le nom de Phaleria Zippelii. Ele se distingue par la ner- vation particulière de ses grandes feuilles et la grosseur de son fruit, semblable à une petite chàtaigne. Elle est voisine néanmoins du P. macrophylla de Yherbier de Labillardière; et il en est de méme d'une espèce de Ceram (P. Vriesii), récoltée par de Vriese el Teysmaun, et qui a des feuilles plus coriaces, atténuées à la base, à nervation également. différente, et des fruits charnus, apiculés, deux fois plus longs que larges et atteignant plus de 2 centi- métres de longueur. Forsten a encore trouvé aux Célébes un troisième Phaleria qui parait nouveau; mais toutes ces plantes demanderaient à être étudiées sur des échantillons plus com- plets. SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE ET DES ARILLES EN GÉNÉRAL (1). L'origine du macis de la museade est encore une de ces ques- tions qui, eomme toutes celles dont j'ai eu dans ces derniers temps l'honneur d'entretenir l'Académie, ont, depuis le commencement du siècle, le plus divisé les botanistes. Ce réseau, inégalement dé- coupé en lanières colorées, aromatiques, qui enveloppe la semence du Muscadier, est pour les uns un arille rai, c'est-à-dire procé- dant uniquement de l'ombilie ; c'était là l'opinion des anciens bota- nistes. Pour d'autres, notamment pour MM. Planchon et A. De (1) Je reproduis ici ce travail tel qu'il a été lu à l'Académie des sciences, le 23 mars 1874 (Comptes rendus , LXXVIII, 779), et je ferai suivre ce très-court résumé de quelques observations additionnelles et justificatives. 200 SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. Candolle, c’est au contraire un organe né du pourtour du micro- pyle, et, par conséquent, un de ceux pour lesquels on a créé l'ex- pression d’arille faux ou arillode. Une troisième hypothèse est celle de MM. J. Hooker et Thom- son, d'après lesquels le macis naîtrait à la fois et du hile et du micropyle : c'est: la moins généralement acceptée. On objecte à ses auteurs que, pour l'admettre, il faudrait concevoir que deux corps, nés l'un de l'ombilic et l'autre de l'exostome, se soudent à un certain moment pour constituer l'arille. L'idée de cette soudure entre deux organes âgés a dù être nécessairement repoussée. Cela démontre la toute-puissance des méthodes logiques d'in- vestigation pour la solution des problèmes de l'organisation végé- tale. Avec la plupart de celles auxquelles on a recours, il devient impossible de sortir d'incertitude. Les plus savants se partagent entre deux opinions absolues, également inexactes. La vérité, entrevue seulement, n’est pas acceptée, et cela en vertu de prin- cipes admis d priori et dont l'observation directe des développe- ments démontrerait seule l'application inopportune. La persistance de l'ouverture mieropylaire, indiquée comme démonstrative de l'arillode, est un caractère qui trompe toutes les fois que Parille né du hile est trop peu développé pour recouvrir l'exostome, ou quand ses divisions passent de chaque côté de cetle ouverture sans la masquer. D'ailleurs, un arille né du mieropyle n'en a pas moins, dans bien des cas, une origine ombilicale. Il fallait done absolument, dans la muscade comme ailleurs, voir naître l'organe pour se rendre compte de sa signification. C'est avant la fécondation, et alors méme que, dans cette plante à sexes séparés, elle ne pourra, faute de pollen, être accomplie, que le macis commence à paraître. L'ovule a deux enveloppes, et -Jes bords de son exostome, ouverture circulaire, sont trés-minces, ne recouvrent pas l'endostome. Jamais ils ne se réfléchissent, comme on l'a eru, pour constituer l'arille. Le début de celui-ci consiste en un léger épaississement cellulaire du tégument externe, qui se produit à droite et à gauche de la base de l'ovule, entre SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. 291 lombilie et l'exostome; il gagne ensuite horizontalement le pourtour du hile, puis remonte à droite et à gauche autour du micropyle. Il y a donc un moment où, comme celle d'une plante commune de notre pays, lEchallium Elaterium, la jeune semence du Mus- cadier présente autour du micropyle et de l'ombilie un double épaississement annulaire en forme de 8. Plus tard, l'aceroisse- ment, d'abord simultané et continu, des cellules de ces régions, devient indépendant pour quelques-unes ou pour certains groupes d'entre elles; si bien que l'arille commence à se partager en lanières. Que sont ces dernières, sinon des poils comprimés, rarement isolés, plus souvent unis bords à bords en languettes aplaties? Quelle estla raison de cet aplatissement? La méme qui donne à Parille une apparence telle que les botanistes Pont considéré .comme une portion réfléchiedu bord de l'exostome; ce qui n'existe pas en réalité. C'est que ces cellules étirées, nées du hile, du mi- cropyle et des régions voisines, ne peuvent se loger en grandis- sant que dans un intervalle très-mince, compris entre la jeune graine et le péricarpe, espace dans lequel elles s’insinuent en s'a- platissant forcément. L'étroitesse de cette cavité fait que, lorsque le macis, gorgé de sues à la maturité, s'écarte de la surface de la semence, ses lanières turgides et élastiques tendent à repousser en dehors les deux moitiés du péricarpe entr'ouvert. Par là, l'arille du Muscadier joue, comme la plupart des organes homologues, un rôle dans la dissémination des graines; et, chose remarquable, voilà un fruit totalement charnu qui présente à peu près seul le phénomène d'une déhiscence capsulaire très-nelte, et la graine .qu'il renferme se trouve pourvue d'un puissant arille ! Quelle est maintenant la signification morphologique du macis et des arilles en général? Il y a des graines dont toute la surface est couverte de poils (coton, etc.); ce sont des cellules allongées du tégument superficiel, qui jouent d'ordinaire un rôle dans la dissémination, et qui se font parfois remarquer par une coloration D323 SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE, particulière ou par la nature spéciale de leur contenu, mais qui s’accroissent indépendantes les unes des autres. Dans certaines autres semences, ce n'est pas toute la surface qui se recouvre de ces saillies, mais seulementles bords ou les faces, ou une extré- mité seulement, tantót la mieropylaire, et tantôt la chalazique (Épilobe, Apocyn). Il y a done des productions localisées de poils à la surface des semences, comme il y en a de généralisées. D'autres graines sont chargées d'ailes membraneuses qui ser- vent aussi (et plus puissamment encore) à la dissémination ; elles sont formées de cellules qui s'élévent au-dessus de la surface, non plus indépendantes les unes des autres, mais sans se quitter latéralement. ; En troisième lieu, il y a des semences dont toutes les cellules s'accroissent ainsi tardivement, mais sans se quitter dans aucun sens, produisant, par conséquent, une hypertrophie générale et continue de tout le tégument séminal externe. Alors, avec un con- tenu et des propriétés variables, ce tégument recouvre toute la graine d'une couche charnue, souvent colorée, élastique (Ozalis), renfermant dans ses éléments de la fécule ou de l'huile, ou l'une et l'autre (Magnolia), ou de la cire (Gluttier),ou des essences, des liquides sucrés, acidulés ( Pzerardia, ete.) , auxquels cas les anciens disaient de ces graines qu'elles étaient arillées ; caractère qu'on leur a dénié de nos jours, sans s'apercevoir qu'elles ont plus d'arille précisément que celles dans lesquelles cette hypertrophie est limitée à une ou à plusieurs régions. C'est ce dernier cas qui est le plus fréquent. Dans plusieurs Zingibéracées, l'hypertrophie ne s'étend qu'à l'hémisphére supé- rieur ou environ; dans certaines Iridées ( Vieusseuzia, etc.), à l'inférieur. Moins étendue du cóté de la chalaze, elle peut ne con- stituer qu'une saillie peu considérable en largeur, comme dans certaines Ochnacées, Trémandrées, le Dubouzetia, ete. De méme, du cóté du sommet organique de la graine, l'épaississement peut être tout aussi limité, entourant d'un bourrelet très-peu élevé le hile et le micropyle; ce qui arrive, on l'a vu, dans la graine de 3, SUR L ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. 299 VEcbalium, où, par suite, l'une des moitiés du 8 que représente l'arille, entoure l'ombilic, et l'autre l'exostome. L'hypertrophie partielle peut également se latéraliser, ayant pour siége, ou le raphé (Asarum, etc.), ou une portion seule- ment de cet organe, comme il advient de certaines strophioles (Chélidoine, Fumariées); ou, vers le sommet de la graine, ne se produire que d’un côté, soit au pourtour du hile, ce qu'on appelle Varille vrai, soit seulement du micropyle, ce qu'on avait proposé d'appeler arillode. Les conséquenees à lirer de ce qui précéde sont que : telles sont la signification morphologique et la fonetion des poils que portent les graines, telles sont celles des arilles; et qu'il y aura lieu de supprimer les expressions, souvent impossibles à bien définir, d'arilles vrais ou faux (arillodes), de caroncules, stro- phioles, ete. Il n'y aura à distinguer que des arilles généralisés et des arilles localisés de telle ou telle région : du funicule, du raphé, de la chalaze, du hile ou du micropyle, ou bien de plusieurs à la fois de ces régions de la graine. Dans la muscade, en particulier, comme d'ailleurs dans beaucoup d'autres végétaux, il y aura simultanément arille du micropyle et de l'ombilic. ApprrioNs, — A. Il est intéressant de voir que les personnes qui se sont le plus hautement prononcées contre la maniére de voir que nous venons d'exprimer, soient arrivées, sans s'en apercevoir peut-être, mais par une voie assurément bien différente, à des conclusions analogues. On lit à l'article Arz//e, dans le Traité général que M. Decaisne a publié avec M. Lemaout : « Il serait plus avantageux, dans la pratique, de eonserver ce terme en l'ap- pliquant d'une manière générale aux excroissances de nature variée qui se développent sur la graine, et d'en préciser la signification par un adjectif indiquant leur origine. On aurait ainsi Parille funiculaire (Saule, Nymphea, If ), Varille micropylaire (Fusain, 3514 SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. Euphorbe, Polygala, Asclepias), Varille raphéen (Chélidoine, Asarum), Varille chalazien (Epilobe).» Il est bon de prendre acte de cette déclaration, . B. M. Decaisne dit, dans le méme ouvrage, à propos de l'arille du Muscadier : «Nous avons conservé de préférence le nom d’arille à l'organe qui enveloppe la muscade, parce que, d'aprés l'examen de deux ovules, nous avons cru remarquer que cet organe naît plutôt de la base de l'ovule que de l'exostome, ainsi que l'admettent MM. Alph. De Candolle et Planchon. » On pensera peut-être qu'il ne suffit pas, pour se faire une idée exacte de l'origine précise d'un organe « d'avoir eru remarquer» qu'il naît plutôt de tel point que de tel autre. Il faut l'avoir vu. A l'époque où M. Decaisne écrivait ce qui précède, j'avais indiqué depuis quatre ans (Adan- sonia, V, 178) le mode d'apparition du macis, en ces termes : « Le début de cet organe consisteen un léger épaississement, etc. » M. Decaisne s'était procuré ce travail et le connaissait ; il l'avait méme critiqué publiquement, en méme temps que celui qui lui fait suite. Il aurait done dù le citer pour faire voir qu'il n'était pas le premier à revenir de l'opinion professée par la plupart des bota- nistes à cette époque. A l’âge où M. Decaisne a, dans son livre, représenté les ovules du Muscadier, le macis, si jeune qu'il soit, est beaucoup trop développé pour qu'on puisse apercevoir son origine primitive. C. La graine du Vieusseuzia que j'ai étudié (et qui portait le nom de V. Sisyrinchium) est intéressante, quant au développe- ment, au point de vue de la question ici traitée. Avec une forme à peu prés ovoide, elle présente du côté de l'extrémité chalazique un épaississement eharnu répondant à la moitié environ de lalon- gueur de la semence. Son mode de production est le suivant. Au début, les deux téguments séminaux ont partout la méme épais- seur à peu prés. Il en est de méme de l'intérieur jusqu'à la fin, Quant à l'extérieur, son parenchyme s'hypertrophie graduelle- ment dans toute l'étendue de l'hémisphére chalazique. Il en résulte finalement cette particularité, que le tissu propre de la chalaze se SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE, 335 trouve occuper à peu près le centre de figure de la graine, et que le tégument intérieur et l'albumen qu'il enveloppe sont relégués dans l'hémisphère ombilico-micropylaire. D’après l'examen exté- rieur de la graine müre, on serait porté à lui décrire un arille épais et charnu limité à l'hémisphére chalazique. ll y a une autre graine arillée que je puis comparer à la précédente, quoique la produc- tion arillaire oceupe une étendue un peu moindre de la surface séminale; c'est celle du Caltha palustris. En jetant les yeux sur les fig. h4 et 42 du vol. I* de l'Histoire des plantes (p. 26), on verra que le tégument superficiel de la graine s'est hypertrophié, à peu près de la méme facon du côté de la chalaze : telle est l'ori- gine de cette production eharnue et qui tranche comme un arille blanchâtre sur le fond noirâtre du reste de la graine et qu'on a quelquefois désigné sous le nom de « fongosité de la chalaze ». D. Dans les Zingibéracées dont la graine est généralement dé- crite comme arèllée, le mode de production de l'épaississement localisé du tégument séminal superficiel est au fond tout à fait le méme, mais il a pour siége l'hémisphère que nous pouvons nommer supérieur et dont le sommet répond aux régions micropylaire et ombilicale. Assez souvent il oceupe la totalité de cet hémisphére, comme nous l'avons fait voir dans le Gingembre (Adansonia, X, t. 1) etcomme Payer l'avait montrédansles AZpznia (Organog. fl. , t. 144, fig. 31). Et dans ces plantes, l'épaississement du tégument cellulaire superficiel se produit simultanément et avec une homo- généité presque parfaite dans toute l'étendue decet hémisphére. On pourrait à la rigueur le définir : un arille généralisé de l'hémisphère séminal supérieur et simultané du hile et du micropyle. A côté de ces plantes, nous pouvons ranger celle qui est généralement culti- vée dans les jardins botaniques comme: étant le Cardamome des officines (ce qui estau moins douteux) et qui y fleurit assez sou- vent. La graine ressemble tout à fait à un gland de Chéne peu allongé ; quelquefois méme elle est presque sphérique. L'arille représente la eupule du gland, et il est partout. également déve- loppé et saillant, avec un bord très-net, duquel sort l'autre hémi- 336 SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. sphéreséminal, plus petit, bien entendu, etcomme enchássé dans sa cavilé, mais comme lui égal à la moitié environ de la semence. L'arille de la plante qu'on cultive au Muséum sous le nom (?) de Curcuma longa est analogue à celui des plantes. précédentes, sinon qu'il est plus court, et qu'il n'occupe, au niveau des régions micropylaire et ombilicale, que le quart environ de la hauteur de la graine. Ici cependant personne n'hésite à donner à cet organe le nom d'arille (« semina arillata » Exoi.), et cependant en serait autorisé à dire que ces graines-là ont un peu moins d'arille que les précédentes. Dans les Calathea Warscewiczii Knckg et albicans Ap. Br., dont on peut également suivre le développement dans nos cultures, la production arillaire présente une nuance qu'il n'est pas sans intérét de signaler, parce qu'elle offre beaucoup d'analogie avee ce qui s'observe dans le Muscadier. Vers l'époque de la floraison, le tégument superficiel présente un épaississement, d'abord très- circonscrit, qui siége à droite et à gauche du raphé et dans l'in- tervalle qui sépare celui-ci des cótés du mieropyle. Plus tard lhypertrophie s'étend davantage, bien entendu. Dans le Calathea Warscewiczii, elle se propage des deux cótés vers l'exostemme, qu'elle épaissit à droite et à gauche. Mais ici encore cet épaississe- ment est eonsidéré par tous comme un arille, et, d'autre part, il nous est impossible de ne pas admettre que son essence est la méme que dans les Zingibéracées citées avant celle- ci. E. La famille des Euphorbiacées présente aussi sur cette ques- tion une série d'exemples instructifs. Elle est une de celles qu'on a toujours citées comme possédant des graines à arille micropylaire ou caroncule, et aussi une de celles où l'on a distingué des genres voisins les uns des autres, principalement parce que cette excrois- sance arillaire manquait dans les uns et existait dans les autres. Qu'arrive-t-il dans la plupart des graines de plantes appartenant à cette famille qu'on décrit comme dépourvues d'arille ; c'est que leur tégument superficiel demeure également mince dans tous les points de son étendue. Mais, dans beaucoup de genres à loges SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. 397 biovulées, cette couche, tout en conservant partout la méme épais- seur, a cessé de demeurer mince et membraneuse ; elle s'est par- tout également hypertrophiée. Tantôt elle s'est gorgée de sub- stancescolorantesou sapides(cert. Phyllanthées, les Pzera;dia, etc.), et tantôt d'un riche amas de matières grasses. C'est en particulier le cas de l'£rcæcaria sebifera(Stillingia sebifera L.), dont la graine est partout entourée d’une couche épaisse et continue, renfermant cette sorte de suif végétal qu'on emploie dans l'économie domes= tique. Je suppose que cet épaississement n'ait eu lieu, dans une semblable graine, que dans le quart ou le cinquième supérieur, vers la région micropylaire, et que le reste de la membrane eût conservé sa minceur primitive. La graine ressemblerait alors tout à fait à celle d'un Riein ou d'un Croton ; elle serait décrite comme ayant un arille caronculaire. Elle aurait cependant moins d'arille que celle qui est recouverte dans toute l'étendue de sa surface de la couche charnue et hypertrophiée dont nous venons de parler. Et cependant on la décrit généralement comme dépourvue d'arille, et elle en a beaucoup plus (on peut dire quatre ou cinq fois, à ne considérer que l'étendue) que celles qui sont données comme en possédant un. L'arille généralisé est done, dans ces plantes, de méme nature que Parille localisé, et les deux épithètes que nous venons d'employer suffisent pleinement à désigner cette différence. Dans V E. sebifera, toutes les cellules qui constituent le revéte- ment arillaire ont grandi également et simultanément sans se quitter suivant aucun point de leurs parois latérales. Dans la jeune graine de l'Épurge, on observe une évolution analogue, mais avec une petite nuance dont on se rendra compte en observant la coupe de cette graine, telle qu'elle est figurée dans l Etude géné- rale des Euphorbiacées (t. HI, fig. 1), et aussi en examinant atten- tivement le fruit de cette plante quelques jours avant la dessiccation et la disjonction de ses coques. Sur la figure précitée, on verra la coupe du tégument superficiel de la semence représentée par une bandelette blanchâtre, à bord profond non sinueux, tandis que son bord libre est irès-finement découpé d'un petit feston à xr. (15 mars 1876.) 22 398 ' SUR L'ORIGINE DU MACIS DE -LA MUSCADE: dents arrondies et trés-délieates. Ces dentieules répondent à autant de sommets cellulaires, indépendants les uns des autres, dans une étendue extrémement faible, il est vrai, mais qui, enfin, ont cessé de demeurer en contact en ce point. De là la différence de surface de cette graine, trés-finement rugueuse, et de celle de l'Ezcecaria sebifera qui est tout à fait lisse. Comme à cette époque la surface interne du péricarpe n'est pas encore très-consistante, elle a pu se mouler, pour ainsi dire, sur toutes ces . saillies délicates, etil en résulte qu'elle est criblée d'une foule de trés -minimes dépressions qu'on y peut observer directement. Notons bien que toutes ces fines saillies cellulaires de la graine ne sont que le premier état des productions pileuses de la surface séminale, telles qu'elles se rencontrent dans le Cotonnier et dans certaines plantes analogues. Il y a un âge où il est facile de le véri- fier; un peu aprés la fécondation, les graines de Gossypium sont chargées des mémes saillies, moins pressées, il est vrai, et moins régulièrement disposées. Si les choses n'allaient pas au delà, la surface séminale demeureraitce que nous Ja voyons dans l’ Épurge. De sorte que nous pouvons maintenant considérer l'arille géné- ralisé de cette dernière comme un intermédiaire entre l'arille généralisé et lisse de l’£xrcæcaria sebifera et la surface séminale, toute chargée de poils filiformes, des Gossypium barbadense ou herbaceum. ! Le contenu cellulaire de l'arille généralisé peut varier dans les Euphorbiacées biovulées ; de là des différences de consistance, de coloration même et de propriétés. L'enveloppe charnue et sapide des Baccaurea (Pierardia), décrite par les uns comme un arille, et par les autres comme un organe tout différent, n’a pas vraisem- blablement, d’après ce que nous avons pu voir de son origine (Adansonia, IV, 132), un mode de formation différent. D'autre part, quand l'hypertrophie arillaire, au lieu de demeurer faible alors qu'elle est généralisée, s’accentue davantage en se localisant vers l'exostome des Euphorbiacées, les saillies arillaires qui se. produisent, notamment vers les bords inférieurs de la caroncule, SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. 359 peuvent bien se prononcer davantage, en méme temps qu'un nombre variable de cellules prendra part (suivant la largeur) à la formation de chacune d'elles. Telle est l’origine des lobes ou den- telures que l'on décrit partout sur la caroncule de certains Médi- ciniers vulgaires et d'un grand nombre d'autres plantes de genres voisins. Ces lobes, quelquefois étroits, allongés et aplatis (qu'on a souvent, mais bien à tort, représentés comme les découpures d'une manchette formée par les bords retroussés de l'exostome), que sont-ils, sinon les premiers degrés de ces longues bandelettes qui constituent une grande partie du macis de la Muscade? Il est vrai que dans cette dernière, l'organe arillaire émane et du hile et du micropyle, tandis que dans les Jatropha, ete. , il provient de ce dernier seulement. Mais cette différence n'a pas en elle-même grande importance. Dans les Fusains, par exemple, il y a long- temps qu'on a vu l'arille naitre, non-seulement de la région mi- cropylaire, mais aussi des côtés de l'ombilie. Des phénomènes analogues s'observent dans les Euphorbiacées elles-mêmes. I nous suffira de citer ce très-curieux genre de la Nouvelle-Calé- donie auquel nous avons donné le nom de Buræavia (Adansonia, XI, 81). Contrairement à ce qui s'observe dans la plupart des plantes de cette famille, ici Parille, dont les lanières jaunes rappel- lent beaucoup celles du macis, résulte de cellules étirées en poils aplatis, isolées ou rapprochées bords à bords en nombre variable, qui partent non-seulement du pourtour du mieropyle, des cótés du hile et du trés-court funicule, mais encore, avec de moindres développements, il est vrai, des obturateurs qui coiffent le som- met de l'ovule; ce qui prouve bien que l'arille est une production piliforme qui peut se montrer partout oà des cellules sont sus- ceptibles de subir une élongation consécutive. F. On ne peut s'empécher de comparer ces expansions arillaires à certaines productions accessoires des organes de végétation, tiges et feuilles, qui s'observent dans plus d'un groupe naturel. Prenons pour exemple les Begonia. C'est tardivement que leurs axes, leurs pétioles, leurs limbes, etc., primitivement lisses à la 310 SUR L'ORIGINE DU MACIS DE LA MUSCADE. surface, se recouvrent, dans certaines espéces, de poils plus ou moins développés. Tantôt ils sont indépendants, et tantôt ils s'unis- sent bords à bords (et dès le début) en membranes, en lamelles, en manchettes plus ou moins déchiquetées et colorées. Mais l'origine de ces productions si variables est toujours la méme : une hyper- trophie pileuse, et heureusement on n'a pas jusqu'ici établi une dénomination différente pour chacune d'elles. G. Nous devons ici indiquer que dans les diverses espèces d'un méme groupe naturel, tel que le genre Viola, il y a des espèces dont l'arille débute par une hypertrophie de la région micropylaire, et d'autres où il se montre d'abord au voisinage du hile ou vers la base du raphé. H. Dans une méme famille naturelle et dans deux genres d'ail- leurs trés-voisins l'un de l'autre, un arille charnu peut être rem- placé par une aile de la région micropylaire, et réciproquement. Les Macarisia, dont la place a été si longtemps discutée, sont trés- analogues aux Cassipourea, et ils deviennent méme pour nous (Hist. des plantes, VI, 290) le type de ce groupe de plantes qui a recu longtemps le nom de Legnotidées et qui n'élait représenté d'abord que par les Cassipourea. Or, là où la semence des Legnotis (Cassipourea) présente un arille épais et charnu, celle des Macarisia porte une grande aile verticale qui a la méme signification morphologique. ÉTUDE SUR LE BOLDO Par M. €. VERNE, On trouve, dans les flores péruviennes et chiliennes, la des- criplion de deux plantes qui portent les noms de Boldu et de Boldo. Le Boldu appartient aux Lauracées, et a été étudié pour la première fois, en 1709, par Feuillée (4). Le Bo/do, le seul qui nous occupera dans ce travail, est une Monimiacée décrite par Molina (2), en 1782, sous le nom de Peumus Boldus. Nous con- serverons, d'aprés M. H. Baillon (3), cette dénomination comme étant la plus ancienne, et nous indiquerons ses synonymies, en citant les auteurs à qui elles appartiennent. En 1794, Ruiz et Pavon (4) donnent une description très-exacte de la méme plante, qu'ils désignent sous le nom de Ruizia fragrans. Leur étude très- approfondie se compléte par plusieurs dessins qui montrent la fleur et le fruit, suivant des coupes propres à faire distinguer net- tement les différents organes. Persoon (5), en 1807, l'appelle Peumus fragrans, et A. L. de Jussieu (6), en 1809, s'empare de tous ees travaux pour classer l'arbre sous le nom de Boldea fra- grans, dans la famille de Monimiacées. Des auteurs plus récents, Endlieher (7), Lindley (8) et Claude Gay (9), substituent au Boldea de Jussieu le nom de Bo/doa. Aprés eux, M. Tulasne (10) (4) Obs., 11 (ex part.), t. 6. (2) Chili (1872), 185, 350. (3) Hist. des plant., I, 298, fig. 324. (4) Fl. per. et chil. Prodr., 135. (5) Enchirid., 629. (6) In Ann. Mus., XIV, 127. (7) Gen., n. 2019 ; Icon., t. 21. (8) Veg. Kingd., ed. 1846, 298, t. 205. (9) Fl. chil., V, 351, (40) Monimiac., 410, t. XXXI, III. 312 ÉTUDE SUR LE BOLDO. conserve le nom de Bo/dea, et le Prodromus (1) de M. de Can- dolle, qui est à peu prés la reproduction de ce qu'a fait M. Tulasne, reprend pour le genre le nom de Peumus. Enfin, en 1869, dans son Histoire des plantes, M. H. Baillon présente l'étude complète du Boldo, auquel il rend la dénomination de Peumus Boldus. Nous citons textuellement l'auteur pour là partie botanique. DESCRIPTION BOTANIQUE. — « Peumus Mouin., loc. cit. — À. DC., loc. cit. — H. Bs, in Adansonia, IX, 193, 126. — Ruizia Pav., loc. cit, — Ewn., loc. cit. — Juss., loc. cit. — Tur., loc. eit. — FeuiLL. , loc. cit. — J., loc. cit. «— C. Gay, loc. citi» Caractères généraux. — « Les Peumus ont les fleurs dioiques. Leur réceptacle ala forme d'un sac (2), dont les bords portent les piéces du périanthe. Celles-ci sont. insérées dans l'ordre spiral, imbriquées dans la préfloraison, et elles se modifient graduelle- ment de dehors en dedans, de telle facon que les plus extérieures sont plus épaisses, plus courtes, et chargées en dehors du méme duvet que le sac réceptaculaire, tandis que les plus intérieures deviennent de plus en plus glabres, plug larges et plus membra- neuses, et finissent par présenter tout à fait Ja consistance et la coloration d'une. corolle. Dans la fleur mále, de nombreuses éta- mines s'échelonnent depuis la gorge du sac réceptaculaire jusqu'à son point le plus déclive, c'est-à-dire son sommet organique, d'autant. plus cour tes qu'elles se rapprochent davantage de. ce sommet, formées d'un filet incurvé, muni vers sa base de deux glandes latérales irréguliéres, et surmonté d'une anthére à deux loges, déhiscentes chacune par une fente longitudinale, presque marginale, mais un peu plus rapprochée de la face interne que de l'externe. Il n'y a pas de rudiment de l'organe femelle. Dans la fleur femelle, au contraire, en dedans du périanthe, qui est sem- (1) A. DC., Prodr., XVI, s. post., 673. (2) Ce sac est en entonnoir ou en cône renversé; il est chargé en dedans, surtout vers les parois latérales, de poils roides et dressés qui persistent autour du gynécée, après la chute de la portion sperie de la fleur, et qui deviennent rares et mous sur le périanthe. ÉTUDE SUR LE BOLDO. 345 blable à celui des fleurs mâles, le sac réceptaculaire supporte des languettes étroites et aiguës, en nombre variable, qui représentent des étamines stériles, Plus profondément, au voisinage de son sommet organique, ce réceptacle donne encore insertion à un petit nombre (1) de carpelles libres, composés chaeun d'un ovaire uni- loculaire, surmonté d'un style en forme de bandelette papilleuse, articulé à sa base. Dans l'angle interne de l'ovaire se trouve un placenta qui supporte un seul ovule, descendant, anatrope, avec le mieropyle dirigé en haut et en dedans. A peine la fleur s'est- elle épanouie, que la porlion supérieure du réceptacle se détache cireulairement, avec les pièces du périanthe et de l'androcée stérile, qu'elle entraine dans sa chute. Le fond du réceptacle seul persiste, sous forme d'une écuelle, bordée par une cicatrice annu- laire et encadrant la base du fruit multiple. Celui-ci est constitué par quelques drupes (2), supportées par un pied trés-court et renfermant, sous une chair peu épaisse, un noyau trés-dur et monosperme (3). La graine contient, sous ses téguments mem- braneux, un albumen abondant, charnu, oléagineux, dont le sommet est occupé par un embryon à radicule supére et à coty- lédons trés-écartés, entre lesquels l'albumen pénétre à la facon d'un coin. » On ne connait qu'une seule espèce du genre Peumus, c'est l'arbre que l'on a désigné sous le nom de Peumus Boldus ; d'où il résulte que les caractères du geñre se rapportent exactement à (1) Ordinairement de trois à cinq. (2) II n'y en a assez souvent qu'une seule, à la maturité. (3) Le mésocarpe est trés-aromatique. Le noyau est inégalement bosselé à sa surface, La graine a un double tégument mince. L'embryon n'est pas, comme le pensait Lindley, tout à fait extérieur à l'albumen ; mais ce dernier, comme le représente très-exactement Tulasne, entoure complétement l'embryon et le recouvre d'une couche trés-mince, il est vrai, dans sa portion supérieure. Les cotylédons divergents recouvrent bien une portion de l'albumen en forme detoit, sur laquelle ils sont directement appliqués par toute leur surface supérieure; mais ce n'est pas là le véritable sommet organique de l'albumen, qui se trouve un peu au-dessus du sommet de la radicule. Ainsi que dans plusieurs autres Monimiacées, une bande des téguments séminaux, répondant au raphé, est crustacée, au lieu d’être membra- neuse, comme le reste des enveloppes dont elle se sépare facilement, shh ÉTUDE SUR LE BOLDO. ceux de l'espèce sur laquelle nous aurons peu de particularités à donner. « Boldus Morin., loc. cit. — P. fragrans Pens, , loc. cit. m SPRENG., Syst. veg., M, 54h, n. 1870, — Ruizia fragrans R. et P., Prodr., loc. cit.; Syst. fl. per. et chil., Y, 267, — Boldoa fragrans C. Gay, op. cit., 363. — Linnz., Veg. Kingd., 298, fig. ccv, covi, — Boldea fragrans Tur., op. cit., 149, — Boldu, arbor olivifera Fevux.., loc. cit. (excl., te NI, ex A. DC.).» Caractères spécifiques, — « Le Boldo est un petit arbre aroma- tique, à feuilles opposées, dépourvues de stipules. Ses fleurs sont disposées en grappes de cymes, axillaires et terminales, à rami- fications et à pédicelles opposés, Il porte les noms vulgaires de Boldu et de Boldo.» Hisrocogie. — La substance active, c'est-à-dire l'essence dont nous faisons l'étude, ne se trouve pas dans des méats intercellu- laires, comme on l'avait déjà observé dans tant d'autres familles, mais bien dans la cavité méme de certaines cellules. RÉPARTITION DES CELLULES A HUILE ESSENTIELLE. — Ces organes se rencontrent dans le pétiole et le limbe de la feuille, dans le bourgeon, dans l'enveloppe herbacée de la tige el dans la moelle; en un mot, dans presque tout le végétal, Rien d'étonnant à cela, lorsque l'on considère la quantité d'essence qu'il fournit à la dis- tillation, Notre étude, faite sur un pied cultivé en pleine terre, dans la serre du jardin botanique de l'École de médecine de Paris, embrassera donc le végétal tout entier, STRUCTURE ANATOMIQUE DE LA FEUILLE, — Son limbe, dans une coupe transversale, se compose de deux épidermes entre lesquels s'étend le parenchyme. L'épiderme supérieur a une, deux et quel- quefois trois rangées de cellules, surtout au voisinage de l'insertion des poils que nous allons déerire, et ce nombre peut varier dans une méme coupe. Au milieu d'elles, dans la deuxiéme rangée, la troisième servant alors d'assise, prennent naissance des poils sim- ples, rarement bifides, en forme d'ongles d'oiseau, coniques, arqués et eouchés parallélement à la surface des feuilles; si la troisième manque, l'assise est sur le parenchyme. L'épiderme ÉTUDE SUR LE BOLDO. 345 inférieur, criblé de stomates, n'a qu'un seul rang de cellules, et ses poils étoilés, de méme forme que les précédents, s'enfoncent parfois au delà du tissu épidermique dans l'intérieur du paren- chyme, qui se divise en deux zones : 1° Ja zone des cellules ovales- oblongues, gorgées de chlorophylle, dont le grand axe est perpen- diculaire à la surface de l'épiderme supérieur; 2 la zone des cellules polyédriques, moins vertes que celles de la première, con- tenant à l'intérieur des grains de chlorophylle clair-semés. L'une et l'autre sont sillonnées par le tissu fibro-vasculaire provenant des nervures du limbe, et, dans la seconde, on rencontre souvent d'assez grandes lacunes. Les vésieules à essence prennent surtout place dans cette derniére zone; cependant on les trouve, rarement il est vrai, dans la première. VÉSICULES A HUILE ESSENTIELLE DE LA FEUILLE,— Ces vésicules (1) affectent des formes différentes de celles des cellules avoisinantes, et cette forme reste la même dans quelque milieu qu’elles se trou- vent. Elles sont parfaitement sphériques, d’un diamètre plus grand que les autres. Aucune trace de chlorophylle à l'intérieur ; quel- quefois, cependant, de petites granulations vertes, et le reste de la cavité est rempli d’un liquide réfringent, retenu par les parois épaisses de la membrane enveloppante. Celle-ci est unie à la sur - face et d’une épaisseur qu'il est facile de constater, lorsque sa paroi a été déchirée par la lame du rasoir. En pareil cas, non-seulement on observe sa texture serrée, unie, transparente, mais encore on voit le liquide s'écouler au dehors et former hernie autour de l'en- veloppe. Ce liquide est blane, transparent, dans la feuille verte; . dans la feuille sèche, il présente une légère coloration verte tirant sur le jaune, et ne remplit pas toute la cavité; il se divise en gout- telettes emprisonnées au fond de l'organe. Ces vésicules, bien qu'elles ne soient pas toujours de méme dimension, varient peu et sont toujours plus grandes que les cellules ordinaires, dont elles (1) Nous employons indifféremment les mots cellules et vésicules pour désigner l'organe à essence. 356 ÉTUDE SUR LE BOLDO. diffèrent totalement et par la forme, et par la texture de lenve- loppe, et par les matiéres qu'elles renferment. En: un mot, rien de plus facile que de les différencier des cellules voisines; tandis que celles-là sont plus ou moins gorgées de chlorophylle et comprimées sur leurs bords, celles-ci restent sphériques et toujours transparentes. STRUCTURE ANATOMIQUE DE LA TIGE. — Une section transversale faite sur une jeune pousse de l'année se compose, de l'extérieur à l'intérieur, d'un épiderme à plusieurs rangées de cellules, parmi lesquelles des poils étoilés prennent insertion. Ce que nous avons dit pour les poils de l'épiderme supérieur de la feuille s'applique également à ceux-ci; nous n'entrerons done dans aucun détail, La portion du parenchyme cortical qui constitue l'enveloppe her- bacée vient. ensuite, et au milieu de ses cellules ovoides, plus ou moins chargées de chlorophylle, apparaissent les vésieules à essence qui, si elles différent peu des voisines par la forme, s'en distinguent bien par la teinte. Nous reviendrons sur ce sujet. Passons à la troisiéme parlie de l'écorce, constituée par les fibres du liber, réunies en faisceau età peine apparentes. Un tissu utrieu- laire les entoure, et ce méme tissu forme la partie interne de l'écorce. De nombreux rayons médullaires, équidistants, qui par- tent de la moelle, sillonnent les couches du bois, simples et peu épaisses, et leurs intervalles sont garnis par des faisceaux ligneux au centre desquels on rencontre parfois des cellules de forme aréolée, présentant une ouverture au milieu et des parois trés- épaisses qui laissent voir, par transparence, des matiéres d'un aspect cristallin. L'étui médullaire, par son tissu utrieulaire vide, entoure la moelle située dans l'axe de la tige. Celle-ci a des eel- lules polyédriques au sein desquelles en apparaissent d'autres, de forme à peu prés ovale-allongée; ieur tissu est le méme que celui des cellules avoisinantes ; mais, quant au contenu, il diffère com- plétement. Lorsque les premières contiennent des cristallisations appelées raphides, ou des granulations vertes, et souvent de l'air seulement, au fond de celles-là s'étalent des gouttelettes dont le ÉTUDE SUR LE DOLDO. 517 nombre peut aller jusqu'à trois; nous nous trouvons ici en pré- sence de l'organe à essence de la moelle, VÉSICULES A ESSENCE DE LA MOELLE ET DE L'ENVELOPPE HERBACÉE. — Pour compléter ce travail et étudier sous toutes ses faces le sujet qui nous occupe, nous avons, sous la direction de MM. Faguet et Dutailly, et avec l'aide de leurs conseils, fait des coupes longitu- dinales de la tige et tangentielles de l'écorce. Au point de vue de la structure anatomique, rien de bien partieulier par rapport à la coupe transversale, si ce n'est la découverte des trachées dans l'étui médullaire et la ponctuation des fibres ligneuses déerites par M. H. Baillon (1), dans son Histoire des plantes; les vésicules, au contraire, offrent de grandes particularités. Dans l'enveloppe herbacée, àla premiére eoupe, elles se distinguaient à peine; ici, au contraire, elles apparaissent dans toute leur netteté, avec des proportions plus grandes que les cellules du tissu environnant. Leur forme, en ovale allongé, régulier, nous montre que leur grand axe est parallèle à l'axe de la tige, et, grâce à leur surface plus grande, la lame tranchante ayant déchiré leur paroi, nous avons vu la texture serrée de leur membrane unie, transparente et.trés-épaisse. Et, tandis que les autres cellules sont aplaties à leurs points de contact, celles-ci conservent leur forme à l'aide de la pression que le liquide de l'intérieur exerce sur leurs parois. Celiquide, sauf une légére coloration jaunátre, posséde les mémes propriétés physiques que celui du méme organe situé dans la feuille. Quant à la disposition des vésicules, elle est circulaire dans la coupe transversale, et spiralée dans la coupe tangentielle ; elles ont leur siége au centre de l'enveloppe herbacée; le plus souvent, cependant, elles se rapprochent dela périphérie. Les vésicules de la moelle se font surtout remarquer par la direction de leur grand axe, qui est perpendiculaire à celui de la tige. Là, du reste, ne sont pas leurs seules particularités. Au lieu de se présenter en longs rectangles à peu prés réguliers, comme les (4) Hist. des pl., loc. cit., 329, 380. 848 ÉTUDE SUR LE BOLDO. autres cellules, elles apparaissent en rectangles courts, arrondis dans les angles et dirigés inversement des premiéres. Nous n'a- vons rien remarqué dans leur enveloppe qui puisse les distinguer du tissu environnant. Leur cavité intérieure contient des goutte- lettes assez colorées, formées par un liquide réfringent, qui ne diffère de celui des vésicules de la feuille et de l'enveloppe her- bacée que par une teinte variant du vert au jaune; presque tou- jours des granulations vertes l'accompagnent, et jamais le tout ne remplit Ia cavité (4). Dansle bourgeon, les cellules à essence sont petites, mais elles présentent toujours des parois assez épaisses, laissant voir par transparence un liquide réfringent contenu dans leur cavité intérieure. Celles du pétiole se rapprochent beaucoup, comme forme, des vésicules de l'enveloppe herbacée. Tel est le résultat d'une longue série d'observations assez concluantes, mais pas assez, cependant, pour affirmer un fait d'une telle importance. Il fallait en venir aux réactifs de l'essence, et le choix devenait facile, par suite des essais chimiques (2) antérieurs faits par nous comparativement sur l'essence obtenue par distillation et sur celle provenant du traitement éthéré. Nous étions aussi fixé sur ce point : c'est qu'elle existe à l'état libre dans la plante ; nous connaissions l’action de la potasse et de l'acide sulfurique sur elle; par le fait, nous savions quelle direction donner à nos recherches. Réacrirs.— Po/asse. — Une goutte de liqueur titrée de potasse - caustique, versée sur une coupe de la feuille et examinée au mi- croscope, n'a agi que sur la chlorophylle, dont ellea foncé la teinte verte. I| ne s'est produit aucune coloration rouge, comme il arrive lorsqu'on met l'essence directement en contact avec le réactif. Ce seul fait nous prouve done que l'huile essentielle n'est pas diffuse, mais bien renfermée dans un organe spécial à parois trés-épaisses, à travers lesquelles le liquide n'a pu pénétrer. - Acide sulfurique monohydraté.— Une coupe de la même feuille, touchée légèrement avec l'acide et soumise à un examen au mi- (1) Voyez, pour plus de détails, l'explication des figures. (2) Bourgoin et Verne, in Journ. pharm. et chim., XVI, sept. 1872. ÉTUDE SUR LE BOLDO. 319 croscope, donne immédiatement par places la coloration rouge hyacinthe, déjà obtenue par le contact direct de celui-ci avec Fes- sence; mais le but n'est pas atteint. Le !issu, désorganisé par l’action du réactif, n'est nullement reconnaissable; on voit tout simplement une goutte colorée, d'abord du diamétre de la vési- cule, puis s'élargissant comme la goutte d'huile qui tombe sur le papier. Pour réussir, il faut avoir recours à des solutions titrées du méme acide, et agir par tàtonnement jusqu'à ce que la liqueur, pénétrant par endosmose, laisse le tissu assez longtemps intact pour qu'on voie ce qui se passe à l'intérieur. Nous avons employé des solutions titrées depuis un jusqu'à dix. Voici de quelle manière nous avons opéré. Une coupe, soigneusement faite el placée sur le champ du microscope, est observée jusqu'à la découverte d'une ou de plusieurs vésieules se présentant dans de bonnes conditions pour être soumises au réactif. Immédiatement aprés, on donne à l'instrument un angle d'inclinaison suffisant pour qu'une goutte de la liqueur placée au sommet de la plaque de verre puisse des- cendre el pénétrer lentement dans le tissu sans le désorganiser. L'observation alors devient facile: on voit le liquide de l'intérieur des vésicules passer par la nuance du jaune clair et arriver au rouge violacé. C'est en saisissant une de ces nuances que nous avons, dans la planche qui compléte notre texte, donné à l'essence une coloration, pour distinguer plus facilement sa cellule du tissu environnant. Les précautions à prendre avant d'arriver à un ré- sultat satisfaisant sont nombreuses; car les conséquences d'une bonne observation sont dues, soit à la coupe, qui ne doit être ni trop mince ni trop épaisse, soit à l'emploi du réactif, dont la goutte trop grosse, mue par l'inclinaison de l'instrument, déplace celle-ci et empêche de voir toutes les nuances par lesquelles passe le liquide vésieulaire en contact avec la solution acide. D'aprés ce qui précéde, nous pouvons done lirer les conclusions suivantes : 4° L'essence de Boldo existe à l'état libre dans l'arbre. 2° Elle est renfermée dans des cellules. — 3° Ces cellules à essence sont réparties dans le limbe de la 350 ÉTUDE SUR LE BOLDO. feuille, dans son pétiole, dans l'enveloppe herbacée de l'écorce, dans la moelle, dans le bourgeon. Les feuilles de deux plantes dela même famille, le Ca/ycanthus occidentalis, originaire d'Amérique, série des Calycanthées, et l'Hedycarya dentata, série des Hortoniées, soumises à un examen microscopique, nous ont démontré que ces vésicules à essence existaient dans d'autres végétaux. Celles du Calycanthus sont sphériques et petites; dans l Hedycarya, au contraire, elles sont de méme forme, mais grandes, et contiennent un liquide légère- ment coloré en jaune. En étudiant comparativement la famille des Lauracées, dont l'afinité avec les Monimiacées a été signalée autre- fois par A.-L. de Jussieu (1) et reconnue de nos jours par M. H. Baillon (2), nous avons observé, sur la feuille du Cinna- momum Camphora, dans le parenchyme compris entre lépi- derme supérieur et l'épiderme inférieur, des vésicules à essence accompagnées de particularités trés-remarquables. Leur siége est aussi bien au centre de la zone des cellules en palissade que dans celle des cellules polyédriques; ehose rare, elles existent inéme dans le tissu fibro-vaseulaire. Leur forme diffère suivant le milieu dans lequel elles se trouvent. Elles sont ovales dans la première zone et sphériques dans la seconde; dans l'une et l'autre, elles apparaissent toujours grosses. A l'intérieur, leur cavité est éga- lement remplie par un liquide réfringent, visible à travers l'épaisse membrane de l'enveloppe, sur laquelle il exerce une certaine pression. Maislà ne se bornent point les particularités dignes de remarque, et notre dessin en fait preuve. Les cellules qui entourent les vésieules, outre qu'elles sont aplaties en leurs points de con- tact, se groupent presque toujours autour d'elles en forme de couronne dans les deux zones, et, dans la première, leur grand axe, au lieu d'étre perpendiculaire à la surface de l'épiderme supé- rieur, est perpendiculaire au centre des vésicules vers lesquelles (4) In Ann. Mus, loc: cit.’ :(2) Hist; des pl., lac. cit. ÉTUDE SUR LE BOLDO, 354 celles-ci rayonnent (4). Le limbe de la feuille du Cinnamomum zeylanicum (Cannellier vrai), dans le parenchyme qui s'étend entre l'épiderme supérieur à surface unie et l'épiderme inférieur à sur- face raboteuse, parsemée de poils simples, tous dirigés vers son sommet, renferme des réservoirs à essence, analogues à ceux du Boldo, mais plus grands. De gros faisceaux fibro-vaseulaires, provenant des nervures de la feuille, sillonnent son tissu paren- chymateux, où l'on rencontre souvent d'énormes lacunes, qu'il faut attribuer sans doute à l'entrainement des vésicules par la lame durasoir. Le méme organe existe aussi dans la feuille du Laurus nobilis, mais en moins grande quantité que dans celles déjà étu- diées, et avee des dimensions moindres. Nos recherches de ce genre se terminent par le Boldu chilanum de Feuillée, dont nous devons un échantillon à M. Neumann. Ces vésieules, comme dans le Boldo des Monimiacées, se répartissent dans le limbe de la feuille, dans l'enveloppe herbacée de l'écoree et dans la moelle. Celles du limbe de la feuille sont plus espacées, mais plus grandes que dans le Boldo, et se tiennent surtout dans la première zone des cellules du parenchyme. Dans l'enveloppe herbacée, rien de particulier; au fond de celles de la moelle, uu liquide, divisé en gouttelettes, se fait remarquer par une belle coloration jaune clair; presque toutes les cellules avoisinantes contiennent des grains d'amidon. Les mémes cellules à essence existant dans les Monimiacées et les Lauracées, ces faits s'ajoutent à d'autres faits cites par les au- teurs pour établir le rapprochement des deux familles. En nous reportant aux ouvrages de M. H. Baillon, nous lisons dans son Adansonia (2) : « Quand une Lauracée à feuilles opposées, aroma- tiques, à réceptacle en forme de poche, enveloppant totalement le fruit, à étamines valvicides, est observée à l'époque de la maturité de sa graine, elle ne présente, avec une Monimiacée dont un seul (4) Voyez pour plus de détails l'explication des figures. (2) Adansonia, IX, 190. 392 ÉTUDE SUR LE BOLDO. carpelle serait fertile, qu’une seule différence dans la structure méme de cette graine : l'absence d'un albumen; et encore ce caractère n'est-il pas absolu, si l'on comprend dans la famille des Lauraeées, à l'exemple de plusieurs auteurs, le groupe des Adénostémées. » Ailleurs, lorsqu'il traite de l'affinité des Lauracées, M. H. Bail- lon s'exprime ainsi (1) : « Pour nous, les Lauracées, ayant un gynécée constamment réduit à un seul carpelle, sont aux Moni- miacées ce que les Prunées sont aux autres Rosacées. Aussi les Lauracées ont-elles, plus ou moins fréquemment, les feuilles oppo- sées, sans stipules, les organes aromatiques, le réceptacle floral concave, etles anthéres à panneaux des Monimiacées. » MATIÈRE MÉDICALE. — Cet arbre, que l'on rencontrait autrefois seulement dans les montagnes (2), pousse aujourd'hui sur les coteaux cultivés (3), et les embellit de son feuillage vert et de sa fleur à teinte jaune sur fond blanc. On ne le rencontre jamais en forêt; il vit isolé, et la bonne terre provoque chez lui un dévelop- pement rapide. Il appartient au nouveau monde, à une aire géo- graphique trés-restreinte de l'Amérique méridionale, c'est-à-dire qu'on ne l'a observé jusqu'ici qu'au Chili (4). Il est bon d'ajouter qu'aueune plante de la méme famille n'a encore été découverte en Europe ; tous les pieds que nous avons vus à Paris, soit au jardin botanique de l'École de médecine, soit au Muséum d'histoire na- turelle, poussent en serre tempérée. Sa hauteur moyenne est de cinq à six métres; il est toujours vert, et ses branches oylindri- ques portent des rameaux cylindriques aussi, opposés, naissant à l'aisselle des feuilles. Leur écorce mince, adhérente au bois et ridée longitudinalement, est d'un brun clair et trés-aromatique , (1) Hist. des pl., II, 459, (2) In Herb. Mus. Paris. — Vulgate in montibus arid. prope Valparaisó (Peeppig). — Mons la Leona (Bertero). — In Cordillera de Ramo, in arenosis ad Lagunosa (Lechler). (3) Nous tenons ce renseignement de Claude Gay lui-même, .. (4) Frequens in prov. Santiago (Germain). Valparaiso (Bertero 1), Concepcion (Philippi !). ÉIUDE SUR LE BOLDO. 35) le bois au contraire l’est trés-peu. Les feuilles, vertes quand elles sont fraiches, passent, en se desséchant, du vert au brun rou- geálre. Elles sont coriaces, à nervures médianes saillantes, à veines alternes, quelquefois opposées, et leur surface est couverte de glandules ; elles sont opposées, entières, ovales; mâchées sous la dent, elles laissent une saveur fraiche aromatique, et leur odeur rappelle celle des Lauracées ou des Labiées. La fleur, en grappes ou en panicule, naissant à l'extrémité des rameaux, par sa teinte pâle tranchant sur le fond vert luisant des feuilles, donne à l'arbre un ensemble agréable qui flatte l'œil et séduit assez pour lui faire trouver une place dans les jardins. Le fruit, d'un vert jaunâtre, qu'il ne faut pas confondre avec celui du Peumo des Lauracées vendu sur les marchés du pays, a un mésocarpe aromatique, succulent, un peu sucré, peu épais, et le noyau, trés-dur, sert . pour la parure des Chiliennes, qui en font des colliers. Le premier échantillon du commerce a été introduit en France, en 1868 ou 1869, par la maison Fabian du Chili. Le but de cet envoi était de livrer le produit à l'analyse et à l'expérimentation, aprés les cures de certaines affections du foie. Depuis le mois de mai de l'année 1872, époque à laquelle nous avons commencé nos recherches, des commandes importantes ont été faites à la méme maison par les Allemands ; mais les journaux scientifiques ne nous ont fait connaitre aucune publication de ces derniers. Cet échantillon se compose de feuilles ovales, d'un vert grisâtre, pas- sant quelquefois de cette teinte à la nuance brun rougeître, à ner- vures médianes saillantes, à veines allernes, rarement opposées. Leur surface est couverte de saillies blanchâtres qui se reprodui- sent sur la tige en moins grand nombre, et sont dues aux glan- dules à essence. Des débris de tige et des fruits drupacés, au mésocarpe sec, avec noyau osseux, les accompagnent loujours. Nous avons essayé de casser plusieurs de ces fruits pour faire l'étude de la graine; tous étaient vides. Le méme, comparé à ceux qui nous ont été donnés par le Muséum de Paris, ofíre des carac- téres exactement semblables. Si parfois le bois varie un peu de xi, (15 mai 1876.) 23 35h ÉTUDE SUR LE BOLDO. teinte, ainsi que la feuille; si les glandules sont moins apparentes, et la saveur moins fraiche, nous croyons devoir l'attribuer aux différentes époques de la récolte, peut-être aussi au changement du terrain dans lequel l'arbre a pris son développement. Il n'y a, en effet, qu'à passer en revue l'herbier du Muséum, pour s'assurer que l'arbre pousse dans des terrains d'une altitude différente, et souvent aussi diffère par quelques caraetéres physiques. D. Rivero, en 1856, envoie de la Conception plusieurs tiges qui toutes ont le méme aspect; les feuilles sont ovales, peu épaisses, planes et d'une couleur cendrée. Celles de Dombey ont des feuilles en général plus épaisses; l'une d'elles, inscrite dans l'herbier sous le n° 766, portant les noms de Boldo fragrans (Tulasne), Peumus fragrans Pers., avec cette annotation « Incolis o/doa ; in cordillera de Ramo, in arenosis ad. Lagunosa », a des feuilles à teintes entièrement rougeâtres. La Pharmacie centrale des hôpitaux de Paris nous a fourni, à l'hôpital des Enfants malades, quelque peu de Boldo d'une autre provenance; ce qui nous a permis de faire une étude comparalive, et cela avec d'autant plus de raison qu'il n'avait pas le même aspect que le premier. Contrairement à celui du commerce, les tiges dominent, et chacune d'elles porte de petites feuilles d'un brun rougeätre, peu glandulenses, et des fleurs à peine épanouies. Le produit, en général, bien moins chargé en principes aromatiques que le précédent, soumis à l'analyse, donne des résnltats plus sa- tisfaisants dans la recherche du principe que nous avons appelé boldine. Celle-ci y existe en plus grande quantité; par contre, fa quantité d'essence est beaucoup moindre ; et comme les essais thé- rapeuliques reposent, non sur un produit spécial retiré par l'ana- lyse, mais bien sur une infusion, une décoction aqueuse, ou une lixivialion aleoolique, il est préférable, et le produit, à notreavis, est le meilleur qui se trouve dans les conditions du premier. Aussi nous conseillons de choisir de préférence celui dont les feuilles sont le plus vertes et marquées de glandules aromatiques sail- lantes; el nous croyons que, pour avoir des feuilles dans écs con- ÉTUDE SUR LE BOLDLO. 855 ditions, il ne faut les cueillir ni trop tôt ni trop tard, c’est-à-dire un peu avant l'entière maturité du fruit, Le pied du Jardin botanique de l'École de médecine, sur lequel nous avons fait des coupes pour notre étude histologique, prenait au début peu de développement dans la caisse où il avait été planté. M. H. Baillon ayant eu l'idée de le faire mettre en pleine terre dans la serre, il a fait en peu de temps des pousses prodigieuses. Il atteint déjà la hauteur de plus de 2 mètres; des tiges, s'élan- cant vers le sommet de l'arbre, portent son feuillage vert foncé. La surface des feuilles est marquée de points blancs qui apparaissent des deux cótés, mais aucune glandule saillante, et si l'on proméne sa main de haut en bas, on éprouve un chatouillement produit par les poils en brosse décrits dans la partie histologique. 11 n'a pas encore porté de fleurs, mais ses belles pousses et sa bonne venue font espérer d'en avoir un jour. Pour ne pas entrer dans des détails botaniques déjà donnés pour les échantillons du Muséum, nous nous bornerons à dire qu'il a des tiges cylindriques, portant des rameaux opposés, avec feuilles opposées, ovales et pétiolées, à saveur fraîche et aromatique, à odeur forte; son bois est peu résistant : ne pourrait-on pas en attribuer la cause à sa croissance rapide? La méme serre possède aussi un Boldu des Lauracées. Lequel? Il serait difficile de le caractériser. Sa lige unique atteint à peine la hauteur de20 centimétres et porte des feuilles alternes, ovales-lancéolées, ne ressemblant en rien à celles des Boldu des Lauracées que nous avons vues dans l'herbier du Muséum ; mais il ne faut pas s'en étonner. D'abord l'arbre est petit; ensuite il pousse sous un climat dont la température n'égale pas celle du Chili. La serre lempérée du Jardin des plantes posséde cinq ou six jeunes pieds de Bo/do conservés en pols, ce qui nuit certaine- ment à leur développement. M. Neumann les a obtenus avec des graines envoyées du Chili. M. H. Baillon en a oblenu un pied en faisant une bouture; nous savons done que la plante se bim de boutures et de graine. Aprés avoir ainsi passé en revue les différents échantillons qui 956 ÉTUDE SUR LE BOLDO. nous ont élé soumis, nous croyons devoir émettre une opinion sur e choix du nom, du genre et de l'espéce à appliquer au Bo/do. WM a élé appelé Peumus Boldus par Molina; Ruizia fragrans, par Ruiz et Pavon; Boldea fragrans, par A. L. de Jussieu; enfin un grand nombre d'auteurs le désignent sous le nom de Boldoa jragrans. Nous conformant à l'autorité de M. H. Baillon en pa- reille matière, et à la classification du Muséum, nous avons con- servé le nom scientifique de Peumus Boldus de Molina ; mais ne serait-il pas préférable de le changer à cause de la confusion qu'il peut provoquer? En effet, en se reportant aux dénominations elles-mêmes du Muséum, on voit que le genre Peumus, consacré au Boldo des Monimiacées, devient l'espèce d'un Boldu de Lanra- cées ; certains auteurs l'ont même conservé comme genre. De là notre crainte qu'il n'y ait confusion, et cette erainte serait justifiée par celte seule raison que les naturels appellent vulgairement Peumon ou Peumo le Cryptocarya Peumus de Claude Gay, dont le fruit, en forme d'olive, à mésoearpe charnu et sueculent, est vendu comme comestible sur les marchés de l'Amérique du Sud. C'est pour un motif semblable que A. L. de Jussieu (1) a substitué le nom de Boldea au Ruizia, déjà consacré à un autre genre plus ancien de la famille des Malvacées. Voici ce qu'il a dit à ce sujet : «C'est avec moins de .répugnance que, ne partageant point l'opi- nion de Linné, qui rejetait les noms de pays comme barbares et adoptait ceux qui sont d'une prononciation facile, nous proposons de. substituer ici au nom de Rwizia celui de Bo/dea, qui rappelle celui de Boldo que la plante porte dans le Chili. » Claude Gay lui-méme, qui, par son long séjour au Chili, aussi bien que par sa qualité d'éminent naturaliste, peut faire autorité en pareille matiére, nous a donné de vive voix d'excellentes raisons venant à l'appui de notre proposition, et nous a en- gagé à conserver à l'arbre le nom scientifique de Boldea fra- grans ou Boldoa fragrans, avec de Jussieu, Lindley, Endlicher, M. Tulasne, ete. | (4) Ann. Mus., loc. cit. ÉTUDE SUR LE BOLDO. 357 Boldu des Lauracees. — Nous croyons utile d'exposer ici, à la suite, les caractères propres à distinguer ces Boldu du Boldo des Monimiacées ; et pour cela, nous nous inspirerons des auteurs, aussi bien que de ce que nous avons vu au Jardin des plantes. On en connaît deux espèces (1), à tiges verdâtres, avec écorce épaisse, non marquée de points b'anchâtres, à feuilles opposées, ovales-allongées, membraneuses, à nervure médiane saillante, courtement pétiolées. Aucune glandule saillante à la surface; au lieu de cela, des marbrures jaunes, dues à une agglomération d'es- sence, caractère particulier aux Lauracées. A la place d'une petite drupe arrondie, on a un fruit (2) en tout semblable à nos olives, charnu, doux, glaireux, de cinq lignes d'épaisseur. I renferme un petit noyau noir, osseux et rond ; dans sa parfaite maturité, il devient vert jaunâtre. Les Indiens en estiment tant le goût, qu'ils le mangent avec délices. La fleur, telle qu'elle est déerite par Molina, se compose de six pétales, six étamines, six sépales; mais il est prélérable, pour la botanique, de se reporter au travail récent de M. H. Baillon (3), qui en résume ainsi l'étude : « Ils ont tout à fait les fleurs des Cryptocarya : même réceptacle et méme périanthe, mêmes étamines, dont neuf fertiles et biloeulaires ; même gynécée, iuséré au fond du sae réceptaeulaire. Mais ce dernier, au lieu de s'épaissir comme dans les Cryptocarya, devient mince, sec et fra- gile. Aussi entoure-t-il d'abord le fruit d'un sac complet et clos, eouronné des eieatriees du périanthe. Mais il se brise sans le moin- dre effort, et c'est souvent le fruit lui-même qui, en grossissant, paraît le faire éclater et tomberà une époque variable. » M. Neu- mann nous en a montré un au Jardin des plantes, qui doit étre le Boldu chilanum de Necs, Boldu arbor olivifera de Feuillée, Boldus chilensis de Molina, Adenostemum nitidum de Persoon, (1) In Herb. Mus. Paris. — [Boldù chilanum Nees. — Adenostemum nitidum Pers., Mons la Leona, Chili, novembre 1828 (D. Bertero)] — [Cryptocarya Peumus, vulgo Peumon, Chili (CI. Gay).—Peumus fragrans; Laurus Peun:o, Chili (Dombey).j (9) Feuill,, Hist. pl. med., I, pl. VE (3) H. Bn, Hist. des pl., V, ^55. 298 ÉTUDE SUR LE BOLDO. Bellota Miersii de Claude Gay, vulgairement appelé par les Chi- liens Bellota ou Ulmo. On le conserve dans une caisse, où il alteint la hauteur de 2 mètres; son aspect est celui d'un arbre buissonnant. Mais la teinte jaunátre de ses feuilles indique qu'il est en souffrance, et tout porte à croire que, si on le mettait en pleine terre, il prendrait bientôt un développement considérable el un tout autre aspect. Nous possédons un dessin, envoyé du pays comme étant celui du Bo/do, mais qui représente un Boldu : il nous montre un arbre au port majestueux, avec des rameaux élancés. Les tiges de celui du Jardin des plantes, quadrangulaires et verlieales dans les jeunes pousses, s'arrondissent dans la suite et se recouvrent d'une écorce rougeátre, lisse, épaisse, trés- odorante. Les feuilles, glabres, opposées, ovales, courtement pétiolées vers le sommet de la tige, se rapprochent tellement les unes des autres, qu'elles eouvrent presque entiérement le bois; máchées sous la dent, elles n'ont pas la saveur fraiche, aroma- lique des premiéres. Usages du Boldo. — l n'est pas employé en Europe, ou du moins à peine, puisque les premiers essais thérapeutiques ont élé commencés dans les hópitaux de Paris par des médecins distingués, auxquels nous avons soumis le produit. Ne voulant pas anticiper sur les résultats définitifs, nous renvoyons à la fin de notre travail le compte rendu des expériences thérapeutiques. Dans le nouveau monde (1), dans l'Amérique du Sud principalement, la plante est trés-connue comme aromalique. On en prépare des infusions qui se preserivent comme digestives, carminalives, toniques et dia- phorétiques, de méme que le thé et le café. C'est méme un remède populaire contre la syphilis et les maladies du foie. Les feuilles sèches, réduites en poudre, servent de sternutatoire; d’après cer- tains auteurs, lorsqu'elles sont vertes, elles remplacent celles du Laurier pour épicer les aliments. Le bois, très-léger, brûle mal ; (1) R. et P., Syst. veg. fl. per. et chil., 1, 254,268, 269. — Bert., in Mere. chil. (1829), 685. — CI. Gay, Hist. física y politica de Chile, V. — MH. Bn, Hist. des pl., I, 336. ÉTUDE SUR LE BOLDO. 3.9 aussi en fait-on un excellent charbon pour les forgerons ; l'écorce sert au tannage des cuirs. On mange, dans le fruit, le mésocarpe sucré et aromatique; avec les noyaux, on fait des colliers pour la parure des femmes; de la graine on relire une huile fixe. Il existe aussi, dans la famille des Monimiacées, deux plantes plus où moins nouvellement connues : l’ Atherosperma moscha- tum (V) et le Nemuaron Vieillardi (2), jouissant de propriétés analogues à celles du Jo/do. L’ écorce de la première, en décoction, conslitue un tonique et un antiscorbutique puissant. En infusion légère, soit pure, soit coupée avec du lait, elle remplace le thé : sous celte forme, c'est, dit-on, un apéritif assez efficace. La seconde, par son écorce à odeur forte et camphrée, à saveur chaude, très-intense, fournit aux Kanaques, qui la mâchent sous la dent, un digeslif et un stomachique puissants. Elle leur sert, dit-on, à traiter les maux d'estomac. EXPLICATION DES FIGURES. PLaxcus XI. Peumus Boldus Mol. Fie. 1. Coupe transversale d'une feuille d'un âge moyen, — eps, épiderme supé- rieur à deux et quelquefois trois rangées de cellules ; epf, épiderme infé- rieur; pa, parenchyme supérieur; på; parenchyme inférieur ; !, lacunes du parenchyme inférieur pd; v, vésicules (3) sphériques, remplies d'huile essentielle, ayant leur siége dans les parenchymes pa et pd, mais plus spé- cialement dans le parenchyme inférieur på. Fic. 2. v, vésicule isolée et grossie, prise dans le parenchyme pá de la coupe précédente ; pd, quelques cellules de son entourage ayant subi le même grossissement, Fic. 3. Coupe transversale de la tige, représentant le quart de la circonférence (4) Voy. H. Bn, in Dict. encycl. des sc. méd., VIF, 79. (2) H. Bn, in Adansonia, X, 351. (3) La coloration de ces vésicules à essence, qui, du reste, s'étend à tous les mémes organes dessinés dans la planche, est la reproduction de ce qui se passe lorsqu'on verse sur une coupe examinée au microscope quelques gouttes de la liqueur titrée d'acide sulfurique. Avant la réaction, le liquide de l'intérieur de ces vésicules est blanc, transparent, parfois légèrement teinté de jaune. 360 Fic. Fic. Fic. ÉTUDE SUR LE BOLDO. d'une jeune pousse de l'année. — ep, épiderme de l'écorce; p, poils étoilés prenant insertion dans deux ou trois rangées de cellules; eh, enveloppe herbacée; v, vésicules ovales, gorgées d'huile essentielle, tantót trés-rap- prochées les unes des autres, tantôt un peu éloignées; fl, fibres du liber, réunies en faisceaux et entourées d'un tissu utriculaire; b, bois, une seule couche, représentant la pousse de l'année; m, moelle; v, vésicules à huile essentielle de la moelle m : ici le liquide ne remplit pas toute la cavité, il se divise en deux, quelquefois trois gouttelettes ; r, raphides. 4. Coupe longitudinale de la méme tige, — p, poils éta!és; eh, enveloppe herbacée; v, vésicules à huile essentielle de l'enveloppe herbacée eh; b, faisceaux ligneux ; va, vaisseaux annelés de l'étui médullaire ; tr, trachées de l'étui médullaire; m, moelle; v, vésicules à essence de la moelle m, dont le grand axe est perpendiculaire à celui de la tige, et en sens inverse de cclui des autres cellules, 5 Coupe tangentielle de l'écorce dela tige. — p, poils étoilés ; ep, épiderme; eh, enveloppe herbacée; v, vésicules à huile essentielle, de forme ovoïde, dont le grand axe est paralléle à celui de la tige. 6. Coupe transversale d'une feuille de Camphrier. — eps, épiderme supérieur ; epf, épiderme inférieur; pa, parenchyme supérieur; på, parenchyme inférieur; v, vésicules à huile essentielle du parenchyme supérieur pa, de forme ovoide, entourées de cellules allongées, dont le grand axe rayonne souvent vers leur centre, par suite du changement de direction ; v, mêmes vésicules, mais dans le parenchyme inférieur på, sphériques, toujours remplies, comme les premières, d'une huile essentielle réfringente. TRAITE DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT (SUITE) IX CHAM.ELAUCIÉES, L'organogénie florale des Myrtacées a été étudiée par Payer (Organog. comp. de la fleur, 459, t. 98) dans quelques types appartenant, les uns au groupe des Sarcocarpées; les autres, à celui des Leptospermées, etnous avons nous-même observé quel- ques points du développement de la fleur des Napoleona (Bull. Soc. Linn. de Par., 59). Dans tous ces types réguliers, l'évolution florale a présenté une grande constance quant aux points prin- cipaux, et il était intéressant desavoir si les faits fondamentaux se présentaient avec de grandes différences dans le groupe irrégulier des Chamælauciées. Nous avons pu examiner plusieurs années de suite un Darwinia, fréquemment cultivé dans les serres sous le nom de Genetyllis macrostegia. C'estune de ces espèces de la section Zedaroma dans lesquelles les fleurs sont disposées en courts épis ou capitules terminaux et où les bractées florales de- viennent grandes et colorées, de facon à étre plus ornementales que les fleurs elles-mémes. Dans cette plante les feuilles naissent par paires décussées et, au bout de quelque temps, présentent une articulation à leur base. Les bractées de l'inflorescence se con- duisent de méme et s'articulent aussi à une certaine époque. Mais l'articulation ne se produit plus en général dans les bractées fer- tiles; on sait donc quelles vont être celles dont l'aisselle sera occupée par un bouton et non par un bourgeon à feuilles. Ce bouton a d'abord la forme d'un petit hémisphére. Sur ses côtés se voient deux bractéoles latérales dans l’aisselle desquelles se développent, aussi bien que dans celle de la bractée-mére, de 362 TRAITÉ pelites saillies glanduleuses, plus tard squamiformes, dont la signi- fication nous est inconnue. Sont-elles de nature stipulaire? On ne saurait affirmer le contraire, puisqu'il y a quelques Myrtacées anormales dont les feuilles sont réellement accompagnées de petites stipules. Quoi qu'il en soit, le mamelon floral s'allonge bientót de facon à représenter assez bien un trone de cóne renversé, sur le pourtour de la grande base duquel naissent successivement les cinq sépales ; ils sont disposés en quinconce, et deux d'entre eux sont antérieurs, deux latéroux etle cinquiéme postérieur. A un moment où ils sont presque tous égaux entre eux et où ils entou- rent une cupule régulière, formée par la portion supérieure du réceptacle dont les bords ont grandi plus rapidement quele centre, les pétales se montrent tous à la fois. Ce sont autant de petits hémisphères, appliqués verticalement par leur base contre la paroi du réceptacle, au-dessous du sinus de séparation de deux sépales voisins. Les variations que présente ensuite leur forme pour qu'ils arrivent en peu de jours à former de grands appen- dices obovales, concaves en dedans, trois fois aussi longs que les sépales, sont des plus intéressantes à suivre. Ils se disposent dans le bouton en préfloraison imbriquée. Les étamines des Chamælauciées, et en particulier celles des : Darwinia, sont à tort, dans les ouvrages classiques, décrites comme disposées sur un seul verticille ; ce n'est là qu'une appa- rence de l'état adulte. Cinq d'entre elles sont superposées aux pétales, et cinq aux sépales, et elles se montrent en deux fois. De plus, les étamines superposées aux sépales sont les plus inté- rieures et elles naissent plus bas que les autres sur le tube récep- taculaire ; elles ont un filet incurvé dans bouton, ce qui fait qu'a- lors leurs anthéres ont la face dirigée en dehors, tandis que les anthéres des cinq autres étamines sont dressées. Quant aux loges, elles se comportent d'abord tout à fait comme celles d'une plante ou l'anthére est introrse avee deux loges séparées par un profond sillon vertical et deux sillons secondaires de déhiscence pour chaque loge, sillons qui occupent toute la hauteur de la face; DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. | 303 sauf le sommet, qui représente un pelit prolongement conique, surbaissé, du connectif. Mais, plus tard, l'ouverture que l'on a décrite comme un pore se fait dans la portion supérieure seule- ment des sillons latéraux. C'est une petite fente en réalité, et elle n'est supérieurement séparée de la fente correspondante de l'autre loge que par un pont élroit de la substance de la paroi. On décrit aussi dans la fleur de ces plantes dix staminodes en forme de ba- guetles stériles, qui alterneraient avec dix étamines fertiles; etle | fait est qu'à l’âge adulte, on ne saurait guère mettre en doute cette interprétation, ear ces baguettes ressemblent beaucoup, quant à la forme, à la coloration et à la consistance, aux filets des étamines fertiles. Si l’on veut toutefois remarquer que ces corps ne se montrent que fort tard en dehors de l'androcée, et alors que le gynécée est déjà en grande partie constitué, et qu'au début, les dix baguettes sont disposées par paires suivant la région dorsale des cinq étamines oppositipélales (les plus extérieures), on sera peut-être porté à admettre qu'elles représentent les lobes d'un disque épigyne à évolution tardive. C'est ce qu'il faudra vérifier encore sur d'autres genres de Chamælauciées. Car il est bien per- mis aussi de supposer que tandis que l'étamine oppositipétale demeure simple, il y a devant chaque pétale une ramification del'éla - mine qui parait primitivement et qui devient le centre d'une petite phalange formée de trois piéces d'àges différents. Ce que nous savons de la symétrie de l’androcée dans quelques Chamælauciées à androcée plus que diplostémoné, peut justifier jusqu'à un certain point cette hypothèse. Dans les Pi/eanthus, par exemple, dont, malheureusement, nous n'avons pu suivre le développement, l'androcée peut être formé de vingt étamines ; mais leur symétrie n'est pas celle qu'on a plus ou moins nettement indiquée dans quelques descriptions. Il y en a d'abord une en face de la ligne médiane de chaque sépale; puis en dedans de chaque pétale se trouve un groupe de trois autres étamines, dont une médiane et deux latérales. Chaeune de ces phalanges peut ailleurs étre formée de quatre, cinq piéces ou d'un plus grand nombre; disposition 2614 TRAITÉ qui n'est pas sans analogie avec celle que nous venons de supposer dans les Darwinia. Le gynécée est unicarpellé. Son ovaire est formé parle réceptacle devenu de plus en plus ereux, et son sommet seul, avec le style qui le surmonte, est de natüre appendiculaire. Trés-jeune, ce sommet n'est autre chose qu'un petit capuchon trés-surbaissé. Du cóté oü il est ouvert se montre surla paroi de l'ovaire une saillie placentaire répondant au côté antérieur de la fleur. Cette saillie se termine supérieurement vers le milieu de la hauteur de l'ovaire par une extrémité obtuse. A droite et à gauche de celle-ci se mon- trent à un méme niveau deux mamelonshémisphériques ; cesontles ovules. Bientôt ils s'allongent en forme de cornes épaisses, et leur Sommet regarde en haut. Plus tard ils se réfléchissent, et, dans leur mouvement d'anatrophie, dirigent leur micropyle en baset sur le côté. Ils sont alors tournés de telle facon que d'un côté ils re- couvrent-une portion du placenta ascendant, tandis que de l'autre cóté, c'est lui qui eache une portion deleur dos. En méme temps aussi ils se regardent par leurs raphés. L'évolution du style est aussi fort remarquable. Il s'allonge en cône assez étroit avant le moment de l'épanouissement ; puis il demeure stationnaire pendant quelque temps. A partir de l'anthése il s'accroît de nouveau et en peu de jours avec une intensité telle que sa longueur devient, en ee court délai, de huit à dix fois ce qu'elle était dans le bouton adulte. Tous les auteurs ont déerit ce bouquet de poils, d'abord trés-courts, qui entourent le style plus bas que son sommet. Ce sont d'abord de très-courtes papilles, formant par leur ensemble une sorte de manchon. Un peu avant l'anthése, elles s'allongent en grands poils en forme de cæcum. Dans certains Chameælaucium, leur élongation est trés-rapide ; ils sont cependant jusqu'au bout unicellulaires. On peut suivre encore le développement d'une autre Chamæ- lauciée cultivée, le Thryptomene que nous avons appelé Eremo- pyxis (Adansonia, Il, 329). Son axe floral est d'abord un petit mamelon qui devient claviforme. Sur les cótés, il produit deux DU DÉVELOPPEMENT DE LA FLEUR ET DU FRUIT. 365 bractéoles stériles, et plus haut einq sépales qui naissent dans l'ordre quinconcial. Ils deviennent imbriqués et pétaloides, tout comme les piéces de la corolle ; mais l'apparition de celles-ci est simultanée. Le mode de naissance des étamines, qui sont au nombre de huit à dix, nous a présenté dans l'observation tant de difficultés, que nous n'osons nous prononcer sur ce point d'une facon définitive. Dans eette plante, d'ailleurs si voisine des Lepto- spermées, les caractères successifs que présente l'anthére sont assez importants. Les deux loges deviennent globuleuses et inté- rieures ; mais peu à peu le sommet du connectif qui les unit s'al- longe supérieurement en une masse conique et charnue qui rap- pelle ce qu'on observe dans quelques autres Chamælauciées. L'ovaire est bien primitivement uniloculaire. La presque totalité est creusée dans les parois du réceptacle, ou plutôt le pourtour de - celui-ci s'aceroit et s'élève plus vite que son sommet organique. Quant à sa portion appendiculaire, c'est une petite feuille carpel- laire conique, à ouverture excentrique presque cireulaire, puis légérement arquée. Les deux ovules naissent comme ceux du Darwinia ; seulement leur insertion se fait plus prés de Ja base de la loge et ils tournent leur raphé à peu prés complétement du cóté dorsal de la loge. Le rudiment de fausse-cloison qui les sépare plus ou moins l'un de l'autre n'est autre chose que le placenta proéminent. Dans cette plante il y a certainement des slipules qui naissent aprés les feuilles; mais elles ne grandissent pas et tom- bent de bonne heure. D'aprés ce que nous venons de voir du déve- loppement de ces deux Chamælauciées, nous pouvons dire qu'elles sont aux autres Myrtacées ce que les Prunées sont aux Rosacées à gynécée formé de plusieurs carpelles réunis. | STIRPES EXOTICÆ NOVJE (CONTINUÉ DE LA PAGE 312) 165. MonTROUZIERA GABRIELLE. Arbor pulchra (10-metralis, ex Balansa); ramis teretibus v. inæquali-sub-h4-gonis; cortice rugoso fisso nigrescente, uti planta tota glabro. Folia ad summos raniulos cæterum denudatos conferta, opposita v. subverticillata, e basi longe attenuata oblongo- obovala (ad 20 cent. longa, 4-7 cent. lata), apice obtusata, rotun- data rariusve emarginata ibique nonnihil inæqualia, integerrima coriacea crassa, subtus pallidiora; costa subtus valde prominula (pallide fuscata); nervis primariis crebris tenuibus parallelis v. vix ad margines ramosis. Petiolus crassiusculus (ad 2 cent. longus). Flores terminales v. subterminales ampli (ad 8 cent. longi latique) coriacei crassi. Sepala 5, suborbicularia inæqualia (exterioribus 2, 3 minoribus), arcte imbricata valdeque coriacea. Petala calyce h-plo longiora inzequali-elliptica, basi crassa intusque insertionis cicatrice verticali notata, corollam (rubram) in alabastro ovoideam formantia, eito decidua. Stamina 5-adelpha, in fasciculis singulis 6-9, ad medium libera; antheris ut in genere. Germen staminibus paulo brevius, apice longe conico-attenuatum ; styli ramis brevi- bus crasse conoideis divaricatis; stigmate cæterisque ut in genere. Glandulæ eum sepalis et staminum adelphiis alternantes 5, verti- cali-ellipticæ crasse, staminum insertioni inferiores et cum cica- trieibus totidem petalorum occasorum alternantes. Ovula inloculis singulis oo . Fructus ignotus. — Species conspicua, Montrou- zieras eum Moronobeis sinceris simul et cum Pentadesmate africana arcle, ut videtur, connectens, oritur in ditione austro-caledonica, ubi septembre floriferam leg. cl. Balansa (exs., n. 2363), ad ripas fl. Ngo£, cire. 6 kilom. ultra ejus ostium (Herb. Mus. par.). STIRPES EXOTICÆ NOV.F. 3€ 165. Microsemma BALANSÆ. Arbor (6-metralis, ex Balansa) ex omni parte, nisi ad innova- tiones, calyces, pedunculos et fructus, glabra; ramis crassis; cor- tice fuscato rugoso. Folia in summis ramulis conferta alterna; petiolo crasso rugoso-striato (1-2 cent. longo); oblongo-elliptica (ad 10 cent. longa, 5 cent. lata), basi obtusala v. brevissime cuneata, apice rotundata v. nunc emarginata, integerrima ; mar- gine leviter reflexo, coriacea, supra lævia, subtus subopaca; costa erassa subtus valde prominula; nervis primariis pinnalis crebris lenuissimis venisque reliculalis vix conspieuis. Flores (in speci- mine ut videtur fcemineo) spurie (?) hermaphroditi , axillares v. paulo supra-alares solitarii v. faseieulati pauci ; pedicellis crassis petiolo longioribus (2-3 cent.), ad apicem sensim incrassatis cum calyce puberulis. Sepala 4, v. ssepius 5, inæqualia, arcte imbricata el sub fructu persistentia, coriacea, ad costam crassa, ad margines tenuiora glabrataque. Glandula sepalis singulis interior parva oblonga sericea. Stamina co , calyce vix longiora; filamentis linea- ribus; antheris (an fertilibus?) brevibus, 2-locularibus. Germen 8-10-loculare ; ovulo in loculis 4, descendente; mieropyle extror- sum supera. Fructus obovatus tomentellus (2 cent. longus latusque) longitudinaliter8-10-costatus, apice subumbilicatus, 8-10-rimosus. Semina oblongo-compressa; raphe intus prominula albida et ad chalazam producta; integumento exteriore cæterum tenui molli pallido; testa interiore. rugosa nigrescente crustacea ; albumine carnoso parco ; embryone (viridulo) apicali obliquo multo breviore. — Species pulchra oritur in Austro-Caledonia, ubi leg. cl. Balansa (exs. n. 2126) in monle Arago, ad aliit. 800 metr. (Herb. Mus. par.). 466. MICROSEMMA CERNUA. Arbor (5-6-metralis, teste Balansa) ex omni parte, nisi ad innovationes tenuissime puberulas, glaberrima. Rami teretes; cortice pallide griseo, cicatricibus suborbicularibus foliorum occa- 368 STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. sorum remotiusculis notato. Folia in summis ramulis conferta, longe (3-4 cent.) petiolata, obovata (ad 10 cent. longa, 4 cent. lata), basi breviter cuneata, apiee rotundata v. emarginala, inte- gerrima; margine reflexo, coriacea crassa, supra nitida, subtus pallidiora (in sicco lulescentia); costa subtus valde prominula crassa, nervis pennatis ad margines anastomosantibus; venis te- nuibus reticulatis. Flores masculi in summis axillis cymosi (5-10) subumbellati; pedicellis longis (3 cent.) nutantibus, ad apicem incrassatis, cum calycibus tenuiter puberulis ( flavicantibus). Sepala 4-5, erassa staminaque ut in genere creberrima ; antheris parvis; filamentis linearibus cirea gynæcei rudimentum (?) sub- orbiculare depressum dense villosum insertis. Glandulæ sepalis singulis interiores 3-næ (rarius 2-næ) subulatæ (albidae). Stirps a M. salicifolia gener. prototyp. valde, ut videtur, diversa ob folia lata et pedicellos cernuos. An tamen mera forma plantæ cæterum valde ludentis et mirum in modum variantis? Oritur in dilione austro-caledonica, ubi in monte Mileg. cl. Balansa (exs., n. 1371) februario floriferam (Herb. Mus. par.). 167. KAYEA MYRTIFOLIA. Fruticosa, ut videtur, adspectuque et foliis Myrtos vulgares nonnullos referens; ramis gracilibus teretibus uti planta tota gla- berrimis, ad nodos nonnihil incrassatis. Folia in ramulis graci- libus opposita subsessilia lanceolata (ad 5 cent. longa, 1-1 $ cent. lata), basi attenuata ibique petioli rudimentum compressum rugu- losum (fascatum) præbentia, ad apicem acuminata ibique aut emar- ginata obtusave, aut. sæpius costa apice denudata cuspidata, inte- gra subcoriacea glaberrima; costa prominula; nervis pinnatis creberrimis tenuissimis. Flores in summis ramulis composilo- racemosi ; racemis laxis paucifloris ; pedicellis gracilibus (1-2 cent. longis); alabastris subglobosis, in genere minimis (2 millim.). Flores nihilominus ut in genere; staminibus crebris exsertis. Germen 2, 3-merum; stylo gracili longe exserto. Fructus sub- globosus, sepalis persistentibus arcteque in massam pisiformem STIRPES EXOTICÆ NOVÆ, 369 imbricatis involutus (ad ? cent. longus latusque) ; sepalis extus ferrugineis. — Stirps, congener. omnino conformis parliumque omnium magnitudine tantum diversa, in Borneo acl. Beccari (exs., n. 2535, 2980) lecta fuit (Herb. reg. florent. et ab eo cum herbb. Mus. kew. et par. commun. ). 168. Kavea Beccariana. Arbor, ut videtur; ramis sub-A-gonis; cortice pallide griseo; ramulis ad nodos incrassatis. Folia, uti planta tola, glaberrima, opposita, breviter (ad 1 cent.? petiolata, elliptico-lanceolata (12cent. longa, 6 cent. lata), basi apiceque breviter acuminata, integerrima subcoriacea penninervia reticulato-venosa, subtus pallidiora ; costa subtus valde prominula ; nervis primariis arcuatis; superio- ribus ad costam valde recurvis. Flores terminales laxe composito- racemosi, in inflorescentiæ ramulis pauci, ezeterum omnino ut in genere (ad 1 cent. longi); staminibus calyce acereto coriaceo rugoso 2-plo longioribus. — in Borneo leg. cl. Bezcari (exs., n.5462, eum Mus. par. ab Herb. reg. florent. commun.). 169. KAYEA MACRANTHA. Arbor; ramis teretibus, uti planta tota, glabris; cortice levi griseo v.: pallide fuscato, facile solubili. Folia opposita; petiolo crasso, inzequali-rugoso, fissili (ad 2 cent. longo). Limbus longe lanceolatus (20 cent. longus, 7 cent. latus), utrinque breviter acu- latus, integerrimus coriaceus penninervius; costa. subtus valde prominula, Nervi primarii arcuati, inaequales, majores scilicet remoli, ad margines subanastomosantes ; interpositis inter singulos 1 v. 2, minoribus tenuioribusque. Flores pro genere maximi (ad 3 cent. longi) e ligno ramulorum orti, solitarii v. pauci, brevis- sime (2 cent.) peduneulati ; calyce coriaceo glaberrimo (ferrugineo); foliolis breviter ovatis, arcte imbricatis. Stamina ereberrima, calyce 2-plo longiora; filamentis tenuibus, apice exserto capillaceis ; antheris, ut in genere, brevibus (luteis). — Species ob insertionem magnitudinemque florum. valde conspicua, viget in ditione bor- xi. (15 juin 1876.) 24 370 STIRPES EXOTICÆ NOVAE, neensi, ubi cl. Beccari (exs., n. 2520) legebat (Herb. Mus. par., ab Herb. reg. florent. communic.). 170. OCHROCAREUS DECIPIENS. Frutex (10-pedalis, ex Pervi//£) ex omni parte glaber lute- scensque ; ramis teretibus ad folia annulari-nodosis. Folia opposita in summis ramulis compressiusculis congesta, elliptico-lanceolata (ad 8-10 cent. longa, 4-5 cent. lata), basi breviter angustata, apice breviter acuminata, integra subcoriacea penninervia ; nervis primariis oblique parallelis crebris; costa subtus. prominula lute- scente. Petioli brevissimi, supra concavi (2-1 millim. longi). Flores diceci ; feminei ignoti ; masculi terminales crebri in cymas densas dispositi ; pedicellis brevissimis (petiolo vix sequalibus). Calyx pisi- formis (ad 7 mill. longus latusque), breviter apieulatus, coriaceus glaber, valvatus demumque inæ quali-ruptus. Stamina creberrima circa gynæcei rudimentum centrale inserta et in fasciculos 5 v. rarius 6-8 disposita; filamentis apice tantum liberis; antheris interioribus exterioribusque extrorsis ; loculis oblongis rimosis, parallelis v. sepius divaricatis. Gynæcei rudimentum androcæu longius, crasse conicum glabrum, apice sligmatoso-capitatum ; capite depresso orbieulari-sublobato (nigrescente). — Planta in genere sectionis conspicuæ (an gener. proprii?) typus, ob florem fæmineum fructumque ignotos dubiæ sedis, attamen OcAhrocarpo quam generi cuilibet affinior, hine calyce omnino Mammeæ v. Ochrocarpi donata, inde gynæcei rudimento androcæoque lobato Garciniarum nonnullarum (sectionis v. generis unde nomen Paragarcinia nuueupat.), oritur in insula Madecassium JVossidé, "ubi (exs. n. 421) in terris humidis, januario 1841 meni ae erum b. Pervillé (Herb. Mus. par.). 171. SCHOUTENIA GopkFROYANA.. Arbuseula (2-3-metralis) a basi dense ramosa frondosaque; ramis gracilibus, apice flexuosis sæpiasque cernuis; corlice nigre- 'scente, in ramis novellis ramulisque pube tenui densa ferruginea "obsitis. Folia alterna (2-sticha?), breviter (5 mill.) petiolata. STIRPES EXOTICÆ NOV.E. 471 ovalo-acutata (ad 5-8 cent. longa, 2 $ cent. lata), basi inæquali- rotundata, hine subauriculata, summo apiee obtusata, subintegra v. insequali-sinuata, membranacea rigidula, supra in sicco saltem dense ferruginea glabrataque, subtus pallida tenuiterque tomen- tella, penninervia, ad basin sub-3-nervia, laxe retieulato-venosa ; costa cum petiolo nervisque subtus tenuiter ferrugineo-tomentellis. Flores erebri in racemos terminales et ad folia ramulorum su- prema axillares cymigerosque dispositi; pedicellis (ad $ cent. longis) gracilibus dense ferrugineo-tomentosis. Calyx 5-partitus, valvatus ; foliolis membranaceis reliculato-venosis, extus remote stellato- pubescentibus ferrugineisque, post anthesin nonnihil auctis et per dies nonnullos (non autem diu) persistentibus (ad 1 cent. longis). Petala calyce paulo breviora tenuioraque, basi longiuscule attenuata, imbricata (alba odoreque suavi donata). Stamina oo ; filamentis liberis capillaceis ; antheris oblongis basifixis; conne- ctivo incrassato ; loculis adnalis introrsis, sublateraliter rimosis, Germen liberum, 3-gonum ; stylo gracili staminibus petalisque paulo longiore, ad apicem elavato ibique 3-gono et 3-sulco; angulis lineari-stigmatosis. Placentæ 3, parietales, in loculo unico vix ad medium prominule; centro omnino vacuo. Ovula in placentis | septiformibus singulis 2-na, paulo supra basin utrinque inserta, adscendentia ; raphe introrsa; micropyle extrorsum infera. Fructus malurus pyramidato-3-gonus, ob basin breviter attenuatam sub- fusiformis (ad 2 cent. longus, 1 ; cent. latus), supernelongius an- gustalus, extus ferrugineo-tomentellus, maturus calyce haud sti- patus demumque secus angulos capsulari-dehiscens ; valvis medio intus placentiferis, 1-2-spermis. Semina suberecta; testa glabra (fuscata); embryonis (pallide viridis) eotyledonibus foliaceis valde corrugato-conduplicatis ; albumine carnoso (albido) haud parco. — Species certe hujus generis (charact. inde nonnihil refor- mand.), ob petala quam in typo longiora, stamina numerosiora, fructusque indolem calyce accreto haud diutius cinctum, valde conspicua seclionemque, ut videtur, peculiarem sistens, orilur in ditione siamensi, prov. Angkor. inque locis vicinis vigens, ad aquas ditius crescens ibique nonnunquam adeo fre juens ut nulla 372 STIRPES EXOTICÆ NOVAE. fere planta aliaobveniat. Nectar florum suavis, ab apibus quibusdam ardenter colligitur; mel unde regionis hujus preestantissimus , narrante cl. Godefroy qui stirpem legebat (exs, n. 603) junio julioque floriferam (Herb. Mus. par.). 172. STRASBURGERIA CALLIANTHA. Arbor (10-metralis, fide Balansa); ramis crassis; ligno, ut videtur, duriusculo (rubescente). Cortex crassus valde rugosus, extus ex parte albidus, cicatricibus foliorum ramulorumque (v. fructuum ?) oceasorum prominulis notatus. Folia in summis ramulis conferla, jure allerna, adspectu sæpe subopposita v. sub- verticillata, obovata v. oblongo-obovata (ad 15 cent. longa, 9 cent. lata) integerrima, uti planta tota glaberrima coriacea crassa utrin- que in sicco pallide virentia, apice æquali- v. subæquali-rotundata, rarius brevissime acuminata, basi in petiolum brevem (2 cent.) erassumque ($ cent.) attenuata. Stipulæ (?) intrapetiolares 2-næ et in squamam brevem subintegram v. 2-dentatam connatæ. Flores axillares solitarii; pedunculo crasso brevique (t cent.). Calyx coriaceus; foliolis 8-10, valde inæqualibus, ab exterioribus ad interiora majoribus tenuioribusque, arcle imbricatis, sub fructu persistentibus. Petala 5, calyce longiora (4-5 cent.), oblongo- subspathulata, basi angustiora, imbricata, venosa et, ut videtur, carnosula. Stamina 10, corollae subæquilonga; filamentis crasse subulatis; antheris introrsis subsagittatis versatilibus. Discus hypogynus basi erasse annularis et superne in lobos 10, cum stami- nibus alternantes, productus. Germen liberum, pyramidato-10- costatum superneque in stylum subulatam androcæo vix bre- viorem attenuatum, 5-loeulare. Ovula in loculis 2, subsuperposita descendentia; mieropyle extrorsum supera. Fructus subglobosus baccatus (in sieco suberoso-lignosus), indehiscens (ad 5-6 cent. longus latusque), stylo apieulatus. Semina in loculis 1, 2, inæ- quali-trigona compressa (ad 4 cent. longa lataque) ; testa crassa crustacea nitida (fuscata); hilo lato opaco aliformi. Albumen car- nosum ; embryonis axilis radicula supera brevi; cotyledonibus STIRPES EXOTICÆ NOVÆ. 373 erassiuseulis subelliptieis. Arbor in Austro-Caledoniæ monte Mou, ad altit. cire. 1450 metr., acl. Balansa (n. 2907) reperta, martio florifera fructiferaque et inter thesauros phytothecæ Musæi pari- siensis servata, hinc. Venaneis (Brexieis auctt.), ob floris impri- misque genitalium fabricam, nonnihil affinis, inde foliis et semi- nibus Sapotaceas quasdam referens, potius inter Ternstræmiaceas militare videtur, inde Ordines tres affinitate proxima hucusque, ut videtur, haud pollentes connectens. Antheris versatilibus ad Camellieas simul et Bonnetieas tendit, ab his fruciu haud capsulari recedens, Schime et Pyrenariæ ob loculos germinis pauciovulatos affinior, ab utraque imprimis staminum numero definito et disco glanduloso evoluto valde distincta. 173. PuyuraNTuUS (). CILIARIS. Arbor (56-metralis, teste Balansa), ramis teretibus, adultis glabratis, junioribus dense pallide fuscato- v. griseo-hirsutis. Folia remoliuseule alterna, brevissime (i-icent.) petiolata, oblongo- elliptica (10 cent. longa, 4 cent. lata), basi breviter cordata, apice rotundala v. nunc emarginata; margine integro densiuscule ciliato; subcoriacea penninervia venosa; venis tenuissimis; supra demum glabrata, subtus, præcipue ad costam prominulam (lutescentem), cum petiolis pedunculisque et calycibus pallide fuscato-hirsuta, Flores axillares v. paulo supraalares solitarii; pedunculo-ad 2 cent. longo. Sepala circa fructum (immaturum) persistentia eoque multo breviora (et ab eo tantum nota), Capsula (ad 2 cent. longa lataque) depresso-subglobosa, extus hirtello-tomentosa (dense lutescens v. pallide fuscata), obtuse 6-costata et 6-sulca; seminibus valde imperfeetis. — Species certe euphorbiacea, veri- similiter ad gen. PAyllanthum referenda, inter Mierosemmata herbar. cl. Balansa reperta (eaque mirum in modum ludens) ab eo in Austro-Caledonia aprili fructifera lecta fuit, in sylvis supra Balade, ad altit. cire. 800 metr. (exs. n. 3167). | ( Sera continué.) ETUDES SUR L'HERBIER DU GABON DU MUSÉE DES COLONIES FRANÇAISES. (CONTINUÉ DU VOL. X, P. 176.) Rurzopnoracées. — Il y a probablement plusieurs Mangliers au Gabon ; mais nous n'avons vude ce pays aucun échantillon authen- tique du Rhizophora mucronata de Lamarck, ni du R. Mangle L. Ce dernier existe cependant, dit-on, surla cóte africaine occidentale (Ouv., FL. trop. Afr., 11, 408). Est-il spécifiquement différent du R. mucronata que nous voyons trés-abondant, au contraire, dans les colleetions qui viennent de la cóte orientale? Le fait nous parait des plus douteux, et il y a deséchantillons où le mucron terminal des feuilles semble être le seul caractère distinctif entre les deux types. Le seul Rhizophora qui se trouve parmi les plantes de M. Griffon du Bellay (n. 193) est peut-être le R. racemosa G. F. Mev., espéee qui appartient aussi à l'Amérique tropicale. Nous n'en parlons qu'avec doute parce que cet échantillon ne consiste qu'en jeunes individus germant et qui n'ont au plus qu'un demi-métre de hauteur avec un très-petit nombre de feuilles étroites et allongées. Si cependant c'était là Je Red Mangrove des trafiquants de la Guinée, nous pourrions tirer de celte plante, riche engannin el utile à la préparation des peausseries, les mêmes avan- tages que les commerçants anglais. C'est, à ce qu'il semble, de ce Manglier que parle R. Brown dans l'Appendice du Voyage de Tuckey au Congo, p. h37 (Misc. Works, ed. Benn., I, 119). L'Oboountchoa des indigènes est un fort bel arbre qui atteint une vingtaine de mètres de hauteur. Sa base est figurée, d’après une photographie, dans le Tour du monde (XM, 300) et donne une idée de ses belles proportions; mais c'est à tort, je pense, que M. Griffon du Bellay l'a considéré comme un Figuier. Les échan- tillons défleuris qu'il a rapportés (n. 17, 688) et surtout des fleurs dela méme espéce, dues au P. Duparquet (n. 90), nous per- mettent d'affirmer que c'est une Rhizophoracée du genre Dactylo- ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON. 375 petalum et qu'on ne saurait séparer méme du D. Barteri Hook. F. Nous avons done trouvé là une occasion d'étudier à fond cette espéce intéressante qui produit, dit M. Griffon du Bellay, une a sécrétion résineuse abondante, succédant aux fleurs ». Le tronc «élevé, peu rameux, surmonté d'une tête trés-feuillue, est recou- vert d'une écoree d'un brun foncé ». Ses belles feuilles elliptiques, entières, coriaces, ont jusqu'à 20 centimètres de long, et leur ner- vure principale, ainsi que la base des secondaires, est souvent de couleur rougeátre. Les fleurs se montrent en octobre et en juin. Leur réunion au niveau des nœuds simule « une sorte de bracelet circulaire, et elles sont petites, blanches et d'une odeur nausceuse». Leur réceptacle a la forme d'une coupe peu profonde. Cependant l'insertion est périgynique. Le calice est à cinq ou six parties ; il est gamosépale, à dents valvaires et alternant avec un pareil nombre de pétales trés-singuliers. Ils ont un long onglet qui rap- pelle celui des Caryophyllées, et un limbe subflabelliforme, forte- ment lacinié, dont les divisions sont adhérentes et plus ou moins enchevêtrées à celles des pétales voisins. En réalité, chaque pétale est bi- ou trilobé, et chaque lobe est partagée en 3-5 laniéres subulées. Il y a deux verticilles d'étamines, dont cinq ou six super- posées aux dents du calice et autant aux pétales ; mais ces der- niéres sont certainement les plus longues. Il est tout aussi certain que tout à fait à la base, les étamines et les pétales sont unis avec. les glandes du disque en une seule et méme collerette profondé - ment divisée. Les lobes glanduleux de ce disque sont émarginés ou échanerés au sommet et ils alternent avec les pétales, Quant aux élamines, elles se composent d'un filet aplati, replié sur lui-méme vers les deux liers de la hauteur et ne se redressant qu'à l'époque de la floraison, L'anthére est introrse dans le bouton et elle s'ouvre longitudinalement par deux fentes. L'ovaire a souvent deux loges, quelquefois aussi trois. Il est situé au fond de la cupule récepta- culaire et surmonté d'un slyle finalement dressé, creux, légère- ment capité au sommet, où l'on distingue difficilement deux ou trois très-petits lobes, sligmatiféres en dedans. Les loges del'ovaire sont incomplètes à la partie supérieure, et la cloison qui les sépare 376 ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON. l'une de l'autre est échancrée en haut, au-dessus du point où se trouvent les obturateurs des ovules. Ces obturateurs sont une des particularités les plus remarquables de l' Oboountchoa. Dans cha- cune des loges, il v a deux ovales collatéraux, descendants, ana- tropes, à mieropyle extérieur et supérieur. Ce qui complète leur ressemblance avec des ovules d'Euphorbiacée, ee sont précisé- ment les obturateurs énormes, charnus, irrégaliérement coniques, qui eoiffent leur micropyle. Finalement, les fleurs ont des anthères exsertes et versatiles. Elles sont disposées en cymes, et leurs pédicelles sont articulés à une hauteur variable. Ce qu'on ne connaissait pas jusqu'ici, c'est le fruit des Dactylopetalum ; nous pouvons l'étudier sur l'Oboountehoa. C'est une petite capsule obovoïde, libre, mais entourée jusqu'à une assez grande hauteur du calice acera et inégalement tubuleux ; septicide et subunilocu- laire, chargée en dehors d'un fin duvet éeailleux, grisâtre. Elle n'a guère qu'un demi-centimètre de longueur et renferme une on deux graines, irrégulièrement fusiformes, à testa brun, lisse, revêtu au sommet d'un reste d'arille (caroncule?) et dont l'albu- men charnu, blanc, enveloppe un embryon presque égal à lui en longueur, rectiligne, verdâtre, à radicule cylindrique supere, à cotylédons oblongs. De tous les faits qui précèdent on peut con- clure, je pense, que les Dactylopetalum pourraient fort bien, comme nous l’indiquons dans notre Histoire des plantes (NY, 992) , ne représenter qu'une section dans le genre Cassipourea. L'Anisophyllea laurina R. Br., type d'une série particulière (AnisophyHées) de la famille des Rhizophoracées, a été observé dans un grand nombre de localités de l' Afrique tropicale occiden- tale. M. Oliver (F7. trop. Afr., V, 143) y a distingué trois formes (qui pourraient bien être, dit-il, des espèces distinctes). Il me semble plus probable qu'il n'y a là qu'une seule espèce. Nous eroyons avoir sous les yeux un représentant de la troisiéme forme qu'il admet et que Leprieur aurait récoltée en Sénégambie; elle appartient à la collection d'Heudelot (n. 645). C'est, dit-il, « un arbuste buissonnant, haut. de 2 à 3 mètres, à fleurs jaunes ct inodores, en décembre, janvier, el qui eroit dans les lieux élevés ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON. 317 des bords du rio Nunez.» Sur les branches floriféres de ces échan- tillons, les feuilles sont longues seulement de 4 ou 5 centimètres et larges de 2, peu insymétriques à la base et à sommet aigu peu allongé; mais ces feuilles sont jeunes et tendres, et sur un méme fragment on peut voir les feuilles des branchés qui portent ces jeunes rameaux. Celles-ci sont relativement grandes, plus lon- gues et plus coriaces, el elles ressemblent à celles des échantillons récoltés par M. Mann dans l'Afrique tropicale et auxquels M. Oliver fait aussi allusion. Sur ceux-ci les petites feuilles. stipuliformes peuvent manquer, et elles font aussi défaut sur les branches âgées des échantillons d'Heudelot, tandis qu'on les voit çà et là sur les rameaux tout à fait tendres. C'est pour ces motifs que je n'hésite pas à considérer comme appartenant aussi à la même espèce les deux rameaux que renferme l'herbier du Gabon de M. Duparquet (n. 164, 187). Le dernier est eneilli à une époque où la plante ne porte pas de fleurs, mais probablement à une certaine hauteur ; son bois est cylindrique, glabre, noirâtre, assez dur, et ses feuilles sont assez dures et eoriaces, longues d'une douzaine de centi- ` mètres, sur 4 de large, à pétiole court, à limbe aeuminé et arrondi, insymétrique à la base. Sur l'autre, au. contraire, les dimensions des feuilles sont bien plus considérables; elles mesurent une vingtaine de centimètres sur 10 de large; elles sont sessiles, insymétriques, eordées et subaurieulées à la base, mais encore tendres, herbacées, et le rameau qui les porte est entièrement chargé d'un tomentum velouté, dense et brun. Il est bien possible, toutefois, que ce dernier rameau ne soit qu'un rejet stérile, parli du pied de la plante méme qui a fourni l'autre échantillon. Dans l'un et dans l'autre, les petites feuilles stipuliformes existent, lon- gues d'un centimètre au moins, cordiformes-allongées. Dans les grandes feuilles, il y a cinq nervures secondaires, plus rarement quatre, qui s'élèvent parallèlement aux bords et qui proéminent fortement à Ja face inférieure du limbe. On trouve dans les fleurs de cette espèce tous les intermédiaires entre la fleur hermaphrodite et celle qui est simplement måle. La profondeur du réceptaéle, avec tous les degrés possibles, s'observe de telle sorté qu'elle est 378 ÉTUDES SUR L HERBIER DU GABON: presque nulle dans la fleur mále. Il n'y a pas alors de cavité pour loger l'ovaire, et celui-ci n'existe pas. La profondeur du récep- tacle s'aecentuant devantage, les loges ovariennes apparaissent, et quand elles sont assez grandes, il s'y développe un ovule. Est-il dés lors fertile? Le fait est au moins douteux. Il n'ena pas moins un micropyle extérieur et supérieur, assez facile à dislinguer. Le disque épigyne existe dans les fleurs des deux sexes, mais bien plus prononcé dans les femelles. Les pétales sont, avec de plus petites dimensions, ceux des Cassipourea et des Dactylopetalum ; ils sont flabelliformes, avec des divisions profondes et inégales. Comsréracées. — Sur les bords de la mer se récolte en assez grande abondance (Duparquet, n. 91 ; Griffon du Bellay, n. 270, 687)le LagunculariaracemosaG &wrN. ou Conocarpus racemosa L., c'est-à-dire le Schousbea commutata de Sprengel, plante qui existe de méme, parmi les Palétuviers, à Fernando-Po, au Grand- Bassan et à Sierra-Leone, et aussi dans le nouveau monde. M. Du- parquet indique que son bois est « trés-beau et recherché par les Anglais»; il y a donc là peut-être un produit intéressant à exploiter. Il croit, dit M. Griffon du Bellay, avec l'Aguirigui des Gabonais, avec lequel il présente des analogies (dans le mode de végétalion probablement). Or ce dernier est l'Avicennia tomentosa. Dans les fleurs adultes du Laguncularia, les ovules, au nombre de deux et sessiles, sont décrits comme insérés au sommet de la loge unique de l'ovaire; et c'est par ces caracléres surtout qu'on distingue ce genre des types voisins. Mais quand on observe des ovaires encore jeunes, comme il s'en rencontre beaucoup sur les échantillons d'herbier que nous possédons, on voit que l'organisation de ces parties est primitivement tout à fait la méme, c'est-à-dire que les ovules sont attachés, non pas au sommet méme de la cavité, mais sur la portion supérieure de deux placentas pariétaux. Seulement leur funicule ne s'allonge pas, comme celui des Combretum, et la portion inférieure de la loge ovarienne se développe beaucoup plus que la portion apicale. - Le Conocarpus erecta Jaco. (Amer., 78, t. 52) habite aussi en abondance les bords de la mer, parmi les Palétuviers. Perroltet l'a ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON, 579 récolté dans l'ile de BabagAé ; Vogel, à Sierra-Leone; Heudelot (n. 783), sur les bords dela mer, à la barre de rio Nunez; M. Mann (n. 505), sur la riviére Bonny. MM. Griffon du Bellay (n. 48) et Duparquet (n. 94) l'ont retrouvé au Gabon, sur la plage; ils le comparent aussi, tout en l'en distinguant, à l’Aguiriqui (Avi- cennia). Le Cónocarpus, qui est commun aussi sur les plages de l'Amérique tropicale, y passe pour amer et astringent; on l'a proposé comme succédané du quinquina et comme utile dans le traitement de la syphilis et du diabète. Peut-être pourra-t-on lirer parti au Gabon de ces indications. Les particularités que pré- sentent les fleurs et les fruits de cette plante ont élé fort bien figu- rées par M. Eichler, dans la monographie que nous lui devons des = Combrétacées du Flora brasiliensis. Une étude approfondie du Conocarpus nous a convaincu qu'à part la forme raccourcie de son inflorescence et les déformations tardives de ses fruits, ce type ne pouvait être génériquement séparé des Terminalia, surtout avec l'intermédiaire des Anogeissus que je ne vois pas figurer parmi les plantes du Gabon. i La plus belle Combrétacée de ce pays est le Kowlembén£, liane à rameaux peu fournis, à écorce d'un vert clair et à feuilles peu régulièrement opposées. Ses fleurs. sont réunies en magnifiques épis dont l'axe est vert, teinté de brun et dont les fleurs, très- caduques, sont d'un beau rouge orangé. Chacune d'elles occupe l'aisselle d'une bractée lancéolée, d'un beau rouge clair, noireis- sant par la dessiccation. C'est un Combretum qui ne semble pas rare dans le pays, quoiqu'on n'en signale aucun usage, et qui a été rapporté en fleurs par M. Duparquet (n. 93) et en fruits par M. Griffon du Bellay (n. 9). Chaque fleur oceupe l'aisselle d'une bractée, longue de 2 centimètres environ, lancéolée, d'un rouge clair, noireissant par la dessiccation, au dire de M. Griffon du Bellay. L'insertion de ces bractées est d'ailleurs fort irrégulière. L'ovaire infère a la forme d'une massue creuse, et sa surface exlérieure présente cinq pelites cótes verticales, anguleuses; ce sont les rudiments des ailes qui sont si développées sur le fruit. La dilatation réceptaculaire qui surmonte l'ovaire est colorée, comme 880 ÉTUDES SUR L' HERBIER DU GABON. le calice qui lui fait suite, en un: beau rouge orangé et finement pubescente en dehors. En dedans elle est doublée d'une couche glanduleuse assez épaisse qui n'existe pas sur le calice proprement dit. Il y a une sorte d'articulation au point d'union du sommet de l'ovaire et de la dilatation saeciforme du réceptacle, et là s'opère de bonne heure une séparation nette des parties. Le calice a cinq divi- sions, triangulaires, valvaires, assez profondes; il est très-légère- ment oblique. Aux cinq sinus correspondent autant de pétales qui sont légèrement exserts et dont la forme est ovale- lancéolée. L'en- semble du réceptacle et du périanthe, au-dessus du sommet de l'ovaire, a une longueur d'environ 3 centimètres. Il y à dix éla- mines à l'androcée, insérées sur deux verlicilles, comme elles le sont dans les Combretum. Au niveau de leur insertion, l'intérieur de la fleur est chargé d'une eouche « plumeuse» de poils. Ce sont les étamines oppositipétales qui s'insérent le plus haut. Toutes ont le filet d'abord replié sur lui-même dans le bouton ; plus tard il se redresse et devient exsert. Avant l'épanouissement même, les anthéres sont introrses. Leur couleur est d'un brun foncé et le pollen, dont les grains sont volumineux, est d'une couleur rouge- brun. Dans l'intérieur de l'ovaire, il y a de trois à cinq placentas pariétaux peu saillants ; ils sont plus développés à la partie infé- rieure et portent chacun un ovule descendant, à micropyle exté- rieur et supérieur. C'est le (ruit, dit M. Griffon du Bellay, qui, dans le pays, passe généralement pour la fleur. Il est samaroide et ordinairement pourvu de cinq ailes verticales et membraneuses. Son. corps. est étroitement. fusiforme, dur, indéniscent, long de 2 à 3 centimètres,- et il renferme une graine allongée dont l'embryon a d'étroits cotylédons amygdalins, ordinairement un peu dissemblables. Le funicule, trés-court, est accompagné des restes des autres ovules avortés. Les ailes sont finement striées en tra- vers, légèrement: soyeuses à la surface, et sur Ja plante vivante, . « d'un rougepelure d’oignon ». Les colylédons sont verts. Le fruit - parait tout à fait indébiscent. n ` (Sera continué.) FIN DU TOME ONZIÈME. TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planches. : 1, H. Accroissement du Metzgeria furcata. WI. Krameria secundiflora, Irina, triandra et cistoidea (fleurs). IV, V (sphalm. II). Rameaux, bourgeons, vrilles et inflorescences des Ampélidées. VI. Organogénie florale du Corylus Avellana L. VII. Structure anatomique des axes d'inflorescence des Graminées. VHI. Rheum officinale (port). IX. Rheum officinale (Neur). — Phyllanthus, Dichapetalum, Stephanopo- dium, Engleri et Tapura guianensis (fleurs). X. Organogénie florale des Saules. XI. Anatomie de la tige et des feuilles du Peumus Boldus Mot. XII. Organogénie florale du Zingiber officinale L. ` TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. M I. Sur l'existence d'un double mode d'accroissement dans le thalle du Metzjeria furcatà, par MUG Dura. . - : + + +: + + ++ oc 1 II. Sur les Krameria et leur symétrie florale. . . . . e 15 ME. Sur la symétrie florale des Trigonia. . . . + + « « - + > . mismos 1V. Traité du développement dela fleur et du fruit. V. Quassiées. . .. 25 V. De la signification morphologique de la vrille des Ampélidées, par M.G; DoraniYy. .. s. M A sep Rd Les ë semi VI. Nouvelles Observations sur-les Euphorbiacées . . . . . + - - E. sooo E VII. Sur la structure anatomique des axes d'inllorescence des Grami- — nées, par M. G. Duramev >. . . «518 muni) fleur et du fruit. VI. Anacar- diées. VII. -Corylées ..... . . eo s Ve T * + »QOID CRIS 158 XIII. Notice sur quelques plantes ut.les du Brésil, par M. J. pe SALDANHA. 215 XIV. Sur l'organisation des Rheum et sur la Rhubarbe officinale. . . . 219 XV. Stirpes exotice nove (suite). + «tt ttn Eih aile 239 XVL. Bur Jes.Jaborasdf: DABIS eue s es 507 4 .273 XVII. Observations sur les limites de la famille des Célastracées . +1. 5 380 XVIH. Stirpes exotice novæ (suite) + . + . . - - - . eti sibi de os rod XIX. Nouvelles Observations sur les Aquilariées . . . . .- CA s 882 TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES. XX, Nouvelles expériences sur l'absorption par les racines des plantes du suc du Phytolacca decandra . . XXI. Sur les Aquilariées des herbiers de la Hollande et sur peu connue de ce groupe XXII. Surl'origine du macis de la Muscade et des arill XXIII. Étude sur le Boldo, par M. C. Verse XXIV. Traité du développement de la fleur et du fruit. Chamælauciées. XXV. Stirpes eæoticæ nove (suite) an i XXVI. Études E lherbier du Gabon du Musée des colonies françaises nli). cours Sn ió , M x es en général . 3 LE -'es .« €-9 Wu V : =. + + TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES DONT IL EST TRAITÉ DANS CE VOLUME, Acridocarpus, 248. Adansonia, 251. Agrostistachys, 93. Alchornea, 475. Alphandia, 85. Alphitonia, 270. © Amanoa, 445. Amanoella, 94. Ampelidées, 30. Ampelopsis, 33. Anacardium, 158. Anisomallon, 495. . Anisophyllea, 340, 376. Anthostema, 426. Antidesma, 98. Aporosa, 177. Aquilaria, 304, 314. Aquilariées, 313. À mnia, 89. Averrhoidium, 244, Baccaurea, 338. Baloghia, 79. Balsamea, 180. Begonia, 339. Bernardia, 102. Bischoffia, 133. Bocquillonia, 127. Bridelia, 446. Bromus, 156. Brucea, 28. Buræavia, 83, 339. Buxus, 268. Calathea, 336. Caltha, 335. Canotia, 280. Caperonia, 90, Cardamomum, 335, Carpinus, 471. Carumbium, 124, Caryospermum, 291. Cassinopsis, 180. Cassipourea, 340. Catha, 280. Célastracées, 280. Cephalomappa, 130. Ceratophorus, 93. Chætocarpus, 94. Chailletia, 103. Chameælauciées, 364 . Chiropetalum, 90. Chisocheton, 260. Choriceras, 419, Chytranthus, 241. Cipadessa, 255. Cleidion, 129. Cleistanthus, 115. Cluytiandra, 117. Cocconerion, 87. Codiæum, 73. Combretum, 379. TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES. Conocarpus, 378. Corylus, 163. Corynocarpus, 203, Cossignia, 247. Crossonephelis, 243. Crumenaria, 289. Cupania, 246. Curcuma, 210. Cyathogyne, 97. Cyclostemon, 98. Dactylopetalum, 374. Dalembertia, 124. Darwinia, 361. Dasycoleum, 263. Dichapetalum, 114. Dicranolepis, 302. Dischizolæna, 142. Discophora, 194. Drimyspermum, 315. Drypetes, 98. Dysopsis, 128. Ecballium, 331. Echinus, 130. Echites, 215. Ekebergia. 263. Elæodendron, 267. Emmenospermum, 269, Epicharis, 257. Eriandrostachys, 239. Erythrophysa, 230. Eupatorium, 246. Euphorbiacées, 72. Euptelea, 305. Evodia, 479, 304, 306. Excæcaria, 120, 337. Exochorda, 328. Fontainea, 80. Geissoloma, 281. Gelonium, 92. Globba, 210. Gomphandra, 190. Gonatogyne, 416. Gonistylus, 315, 327. Graminées, 139. Gymnanthes, 122. Gymnostillingia, 124. Gyrinops, 314, 326. Harpullia, 242. | Hasskarlia, 404. — Helianthostylis, 299. Hemicyclia, 99. Heynea, 265. Hieronyma, 96. Isorthosiphon, 409. Jatropha, 134. Kayea, 368. Krameria, 15. Kummeria, 194. Lachnolepis, 326. Lachnostylis, 417. Laguncularia, 378. Lanessania, 298. Lasianthera, 487. Lebidieropsis, 116. Leea, 67. Leptonema, 118. Leucosia, 414. Leucosmia, 316. Lighia, 23. Longetia, 400. Macarisia, 340. Macphersonia, 240. Macrorhamnus, 273. Manihot, 134. Mantisia, 214. Mappia, 175. Mappiées, 187. Maquira, 292. Melicopsidium, 243. Mercurialis, 73. Metzgeria, 1. Microsemma, 327, 367. Moacurra, 103. Monniera, 275. Montrouziera, 366. Mortonia, 290. Munronia, 266, Myristica, 329. Nanopelalum, 416. Ochrocarpus, 370. Octolepis, 314. Olmedia, 305. Ostodes, 79. Pachysandra, 283. 383 38^ TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES. Parartocarpus, 294. Pausandra, 91. Penæa, 286. Pennantia, 203, Pentabrachion, 117. Peumus, 341. Phaleria, 313, 326. Phyllanthus, 73, 373. Phyllobotryum, 137. Phytolacca, 322. Pilocarpus, 273. Pimeleodendron, 123. Piper, 274. Pistacia, 181. Pleurisanthes, 2014. Podonephelium, 245. Pseudais, 319. Pseudolmedia, 295. Pseudopteris, 243. Pseudosorocea, 296. Pterisanthes, 55. Pterocelastrus, 266. Quassia, 25. Quivisia, 255. Ramelia, 132. Rheum, 219. Rhizophora, 309. Ricinella, 102. Ricinodendron, 134. Rourea, 309. Ruscus, 153. Salacia, 272. Salix, 183. Sandoricum, 264. Sapium, 122. Sarcanthidion, 199. Sarcoclinium, 93. Schoutenia, 371. Scyphosyce, 293, Secretania, 137. Securinega, 134. Smodingium, 182. Solmsia, 327. Sphenostemon, 307. Stackhousia, 289. Steigeria, 74, Siemonurus, 190. Stenonia, 116. Stephanodaphne, 302. Stephanopodium, 403. Stilago, 96. Stomatocalyx, 1 23. Strasburgeria, 372. Suregada, 92, Symphyllanthus, 143. Tapura, 109, Tariri, 28. Tetrorchidium, 401. Thecacoris, 97. Thryptomene, 364. Tournesolia, 89, Treculia, 292. Trigoniées, 23. Tripterococcus, 290, Tristellateia, 249. Trisyngyne, 136. Trymatococcus, 300, Turræa, 252, Turræanthus, 2614, Uapaca, 176. Ventilago, 268. Vieusseuxia, 334. Viola, 340. Vitis, 33. Walsura, 265, Ximenia, 271. Xylopia, 177. Zanthoxylon, 300. Zingiber, 204. FIN DES TABLES DU TOME ONZIÈME. PARIS, ~> IMPAIMERIÉ DE X. MARTINET, AUX WiGNON, $ PLOT PL. HH. Fic. 1. Krameria secundiflora, — Fic. 2. K. Ixina, - Fic. 3-6. K. triandra. — ue Fig 7-9, K. cistoidea, - Re du tL. PLIL | 8 Arnoul lith. Bourgeons et Vrilles des Ampélidées … : - - ; CORYLÉES PL. VI. Faguet del. Ares d "inflorescence des Graminees . í Imp. Lamoureus . Debray se. Pr. VIII. A. Faguet del. : Thiébault sc. RHEUM OFFICINALE | 8 1 Fic. 1-3, Rheum officinale. — Fia. 4-6, Phyllanthus, — Fic. 7-9, Dichapelalum. Fic. 10, Stephanopodium Engleri. — Fic, 11, 12, Tapura guianensis. PL. XI AMA a a da = É- Ve Pa ANS A CTXOROROS --AER DT) ASS ON rm, — YT Verne et Faguet del. Debray se. Mo . B oldu SF Peumus ‘à A ES Š ZINGIBERACÉES. -