pe + tier 1855. : ACTES LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE | DE BORDEAUX. HISTOIRE NATURELLE GÉNÉRALE. L Notes détachées sur quelques plantes de la flore de la Gironde, et description d'une espèce nouvelle d'Avena; Par M. DURIEU DE MAISONNEUVE. Ces Notes n’ont aucunement pour objet un supplément à la flore de la Gironde , ni même l’énumération méthodi- que des plantes ou localités nouvelles pour cette flore ré- cemment observées dans les environs de Bordeaux. Une pareille publication n'appartiendrait-elle pas de droit aux botanistes qui, dès longtemps , s'occupent spécialement de la flore de cette riche contrée, et qui ont déjà tant fait pour en compléter le tableau, que le sentiment de mon insuffisance m'interdirait encore une telle entreprise. En effet, avant d'écrire avec quelque chance d'utilité sur la flore d’un pays, faut-il d’abord le connaître, en avoir eau moins étudié les principales localités, avoir réun OME masse de matériaux et FR qui permettent de juger en connaissance de cause. C’est ce que je n'ai pu réa- liser encore. Quelques promenades dirigées sur un petit nombre de points des environs immédiats de Bordeaux, trois voyages directs à la Teste, ne donnent point la connais- sance du pays; des explorations aussi bornées ne permet- tent pas d’embrasser l'ensemble de la végétation aquitani- que et de se former une idée exacte de la distribution des plantes sur un sol déjà bien exploré par mes devanciers sans doute, mais dont certaines parties néanmoins n’ont pas encore été suffisamment étudiées. Ce sont donc, ainsi que le titre de cet article l'annonce, de simples notes ou des observations isolées et sans lien entr'elles que je réunis ici. Elles se rapportent, en général, à des plantes que le hasard a mis sous mes yeux pendant la dernière saison , ainsi qu’à un petit nombre d’autres dont j'ai été conduit à parler en traitant des premières. Je prie les botanistes bordelais de regarder cet essai, moins comme un travail purement personnel, que comme un fai- ble contingent offert à une œuvre qui ne m'appartient point. Je m'abstiendrai même de faire mention des acquisi- tions nouvelles dues aux recherches de cette année , lorsque des considérations particulières ne se lieront pas à l’ins- cription d’un nom nouveau. (f) (1) Ces Notes étaient terminées et prêtes à livrer à l'impression, lorsque j'ai eu la première connaissance d’une riche énumération de plantes du Sud-ouest, insérée dans le beau volume par lequel la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux vient d'i- naugurer si brillamment le cours de ses publications. Le temps me manque pour vérifier s’il n’y aurait pas dans mon travail quelque rectification à faire dans ce que je puis avoir avancé sur la décou- verte récente de certaines plantes pour la flore de la Gironde. Si j'avais à mon insu commis quelque erreur à ce sujet . ’on veuille : D'ailleurs , on attache généralement trop d'importance à la découverte d’une plante nouvelle pour une flore locale. I semble qu’on fasse d’une telle découverte le dernier terme de la science, et que du moment où une plante est signa- lée dans une localité où on ne la contiaissait pas encore, il ne reste plus rien à faire, quand , au contraire, c’est de ce moment que l'étude et l'histoire de cette plante devraient commencer. Pour certains botanistes, trouver une plante c’est le but de la botanique; savoir son nom, c'en est le dernier mot. Trop souvent encore ces découvertes de localités nou- _velles, très-rapprochées les unes des autres, restent sans valeur comme fait de géographie botanique , surtout si l’ex- plorateur n’a pas même embrassé l’ensemble d’une région botanique bien caractérisée, et s’il s’est renfermé dans un cercle arbitraire et très-borné, tel, par exemple, que les limites d’un département. Ainsi, qu’une plante connue dans le département des Landes jusques à ses limites sep- tentrionales , n'ait pas encore été vue dans les parties Jlimi- trophes du département de la Gironde , et qu'on vienne en- fin à l’y rencontrer , il peut y avoir pour l’auteur de la dé- couverte une petite satisfaction d'amour-propre bien natu- relle et bien ‘légitime sans doute, mais on conçoit que le fait par lui-même ne conserve en définitive qu'une impor- tance scientifique bien minime. Un fait plus singulier et dont les causes mériteraient d’être recherchées, ce serait, bien n’y attacher aucune importance, au moins au point de vue de la découverte ; car, je le répète, je ne m'occupe point ici d’ une ma- nière spéciale de supplément ou rt à notre flore. RE te flore n. rieurement publiées , lorsqu'on noise: > couverte et du nom de son. auteur. M cr vie. tæ ) au contraire , si la plante en question n'existait pas dans la localité contigüe à la première , et de même nature qu'elle. Nous verrons bientôt que deux ou trois plantes fort intéres- santes sont pour nous dans ce cas, peut-être. Quant à cel- les-ci, on ne saurait se livrer à trop de recherches, afin de les découvrir sur notre sol, car , si on parvenait à s'assurer que réellement elles n'y vivent point, leur absence, en effet, semblerait inexplicable. En étudiant notre flore, il est bon aussi de se tenir en garde contre les erreurs où peut facilement nous entraîner l'apparition d'espèces étrangères au territoire de la Gi- ronde. Je ne parle point des plantes purement exotiques que le hasard peut faire naître aux abords du port de Bor- deaux, celles-ci ne sauraient tromper personne. Mais dans ce port, qui a des relations partout, une foule de circonstan- ces diverses peuvent favoriser l'arrivée et la dispersion des graines de plantes indigènes ou européennes que nous ne possédons pas, en même temps que la Garonne dépose in- cessamment sur ses rives des graines de plantes sous-py- rénéennes entrainées par ses eaux. Îl est peu d'années où les botanistes bordelais ne voient apparaître quelques-unes de ces visiteuses étrangères ; mais il est bien rare aussi qu’elles se décident à se fixer chez nous. La plupart dispa- raissent bientôt des lieux où elles se sont montrées une première fois, où ne s’y maintiennent que dans un espace très-circonscrit, sans gagner du terrain; quand, au con- traire, un petit nombre d’autres s'emparent du sol avec une puissance Loujours croissante , se propagent rapidement et s'étendent au loin. Ces dernières acquièrent seules le droit d'admission dans une flore locale , quand leur natura- lisation est complète , bien constatée et déjà ancienne. Les premières n’appartiennent à aucun titre à la flore du Rs et doivent être mentionnées à part. L sa natura cette paturaldition est si franche, si nr si nn ‘ Un des plus remarquables exemples de naturalisation qu'on puisse citer , nous est offert par ce curieux Panicum qui, parti de Bordeaux où il fut apporté à une époque qui n'est pas encore bien précisée, mais qui ne paraît pas fort ancienne , s’est propagé avec une incroyable rapidité, par la Garonne et ses affluents , dans toutes les vallées du sud- ouest de la France et jusques au cœur des Pyrénées, pre- nant possession du terrain partout où il trouve ses condi- | tions d'existence et chassant les autres graminées qui l'oc- cupaient avant lui. Répandue dans les deux Amériques et dans toute l'Asie intertropicale, observée dans l'Afrique australe et jusques à la Nouvelle-Hollande cette plante, comme la plupart de celles dont la géographie est très-éten- due , a été décrite séparément et sous des noms divers par . une foule d'auteurs. Le nombre de ses synonymes, certains, probables ou douteux, est effrayant ; aussi le choix du nom qu'elle doit définitivement porter n’a pas été toujours facile. L'incertitude a cessé depuis que le regrettable Emile Des- vaux a montré que le nom le plus ancien qu'elle ait reçu, par conséquent le seul admissible, est celui de Paspalum vaginatum que lui imposa Swartz en 1795 (F1. Ind. occ. }, p- 155). Notre plante sera donc en définitive : Panicum va- ginatum Sw. ( sub Paspalo ). Puisque j'ai mentionné le fait si remarquable de la rapide et complète naturalisation du Panicum vaginatum dans le sud-ouest de la France, on voudra bien me pardonner si je prolonge encore cette digression en donnant quêl. ques détails sur une autre graminée, d’origine étrangère comme la première, et destinée , je crois, à jouer dans cer- taines contrées de la France, si ce n’est dans toutes, un rôle aussi intéressant et peut-être plus utile. Le champ de ralisation est encore fort limité sans doute, mais ‘(6 }, aux lieux où elle s’est manifestée, qu'elle ne peut manquer de s'étendre dans des sites analogues, partout où les graines de la plante réussiront à pénétrer, surtout si la main de l'homme vient aider à leur dissémination. C'est le 24 Mai 1849, dans les parties basses et maréca- geuses du bois de Meudon , que je vis pour la première fois cette graminée. Elle croissait en telle abondance et parais- sait si bien chez elle dans cette localité, que je ne soup- connai pas, je l'avoue, son origine étrangère. Mais elle m'intrigua beaucoup d’abord ; aussi mon premier soin fut-il d’en rassembler une forte provision. Néanmoins, comme à cette époque elle était-encore peu développée, que ses pani- cules commencaient à peine à se dégager de la gaîne supé- rieure, je me contentai de choisir trois ou quatre chaumes parmi les plus avancés, me promettant bien de revenir plus tard recueillir la plante en fleur et en fruit, et de l'étu- dier dans le cabinet. Cependant , trois années s’écoulèrent sans que je revinsse visiter les mêmes lieux en saison favo- rable , et ce fut seulement au bout de ce temps que les jeu- nes échantillons de 1849, ayant de nouveau passé sous mes yeux , furent soumis à l'analyse. Dès le premier examen, je reconnus que ma graminée n’était pas un Poa litigieux comme je l’avais supposé dans le principe, mais bien un Glyceria qui ne ressemblait à aucune de nos espèces fran- çaises. Les recherches que je fis immédiatement dans les li- vres me conduisirent bientôt au Glyceria remota Fries, Plante du nord de l'Europe’, dont la présence au cœur de la France était déjà assez surprenante. Or, un échantillon type de G. remota, étudié chez M. Puel dans l'Hérbarium normale de Fries, me prouva que la plante de Meudon, bien _ que voisine de la plante scandinave en était néanmoins très- mincte. Tr à (7 _ nouvelle , je dus croire un moment à la réalité de ce fait étrange. Mais lorsque je voulus m'occuper d’une description et qu’à cet effet je comparai mon Glyceria à toutes les espèces du genre, tant du nouveau que de l’ancien monde, je ne tar- dai pas à constater son identité avec le Poa striata Michx., devenu un Glyceria pour les auteurs modernes. Dès lors, il ne restait plus que le fait de naturalisation , et toutes les re- cherches que j'ai faites pour remonter à son origine ont été sans résultat et ne m'ont procuré aucun éclaircissement ; de sorte que je ne saurais dire si cette naturalisation est due au hasard ou à la main d’un amateur. MM. Weddel et Balansa, chacun de leur côté et par ha- sard également , retrouvèrent ensuite la même plante, et maintenant son premier centre de naturalisation est bien connu des botanistes parisiens. M. Weddel la regardait comme le Poa costata Schum. , trompé par une fausse dé- termination de M. Anderson, alors à Paris, qui donna ce nom sur un simple coup d'œil et sans doute par erreur de mémoire. Le Poa costata Schum., d'après la descrip- tion de l’auteur , est à coup sùr une plante fort différente. D'ailleurs ce n’est pas un Glyceria mais un vrai Poa, lequel même , d’après Rœper ( F!. Meckl. HW, p. 225), ne serait qu’une simple variété du compressa. Le nom spécifique de nervata, imposé par Willdenow , ayant l’antériorité sur tous ceux qu'a reçus notre graminée , doit seul lui être conservé. Voici du reste sa synonymie : GLyceRiA NERvaTA Trin. in Act. Petrop. Ser. IV. Ro Phys. 1, p. 36. — Steud. Syn. Glum. p. 285. ni G. Michauæii Kb. Gram. 1, p. 585, tab. 85. — En en PI. 1, p- sn er p. 304. "er 8 ) non Lamk. { Poa striata Lamk. I. 1,p. 183 [1783] — P. Lamarki Kth. Enum. 1, p. 562 ) — non Thbg. P. parviflora Pursh, in herb. Michx. C'est des Etats-Unis d'Amérique ( Virginie, Pensylvanie, etc.) , que le Glyceria nervata est originaire , et il n’est pas à ma connaissance qu'on l'ait indiqué ailleurs. Je n’ai rien à ajouter à l'excellente description de Kunth {voyez Suppl. p. 304) ; je noterai seulement une particularité de minime im- portance qu’on remarque sur la plante de Meudon et qui ne se retrouve sur aucun des échantillons assez nombreux et de localités diverses conservés au Muséum dans l'herbier de Michaux : c'est que, dans la plante naturalisée , les rameaux inférieurs de la panicule prennent naissance à l’aisselle d'une feuille rudimentaire réduite à une sorte d’ochrea très-courte que termine une languette longue de quelques millimètres , représentant l’une la gaîne , l’autre le limbe de la feuille. Je noterai encore que les gaines des deux ou trois feuilles infé- rieures se colorent à l’état de vie de pourpre violacé assez intense. Cette coloration est particulière aux gaines infé- rieures et n’atteint point celles qui les surmontent. Il ne me semble pas douteux que le Glyceria nervata ne soit susceptible d’une large naturalisation en France , là où il trouvera des marais à sa convenance. Ce sont des marais boisés qu'il s'est approprié à Meudon; mais peut-être l'ombre des bois ou des broussailles ne lui est-elle point indispensa- ble et prospérerait-il également dans des marais découverts. On connaît la mauvaise qualité du pacage que fournissent en général de tels lieux. Si on parvenait à substituer aux joncs et aux Careæ qui les remplissent, une plante qui don- nerait un fourrage excellent, on rendrait, je crois, un bon service au pays en introduisant un végétal utile dans ses _ marais nuisibles ou improductifs. Je ne connais pas encore (#} assez le département pour indiquer des localités propres à cette naturalisation, mais il en recèle sans doute de nom- breuses. Tout ce que je puis dire, c'est que j'ai remarqué à Lamothe, sur le chemin de la Teste, des marais boisés qui semblent choisis pour cet objet, et où le succès, je crois, serait assuré. Pour moi, je ne laisserai échapper aucune occasion de répandre, là ou ailleurs, les premiers germes dan Glyceria. Je passe maintenant aux plantes qui font pis particuliè- ment l'objet de ces Notes. Je ne m'occuperai pas dans ce premier article de crypto- games inférieures. J'ai eu peu d'occasions d’en observer cette année, et d’ailleurs, la sécheresse extrême du prin- temps et d'une partie de l’été n’a guère permis de se livrer à ce genre de recherches. Si pourtant j'entre dans quelques détails au sujet de deux petites espèces de champignons pa- rasites, c’est que leur présence, ou peut-être leur appari- tion nouvelle ne m'a pas paru sans analogie avec l'invasion de l'Erysiphe de la vigne. C'est surtout pour ces végétaux inférieurs que des addi- tions isolées ou partielles à une flore locale sont dépourvues d'intérêt. En quoi profite à la science l'annonce d’un Uredo ou d’un Botrytis non inscrits encore sur le catalogue des plantes d'un pays très-borné ? Le nombre de ces végétaux microscopiques est immense, et leur distribution géogra- phique n'étant point limitée comme celle des phanéroga- mes , la plupart peuvent se FRE à LE pres partant là au moins où se trouvent ditions météorologiques et autres indispensables à ps dé- veloppement éphémère. On sait donc à l'avance qu'ils tent ou peuvent exister dans le pays, bien qu’on ne 3 y ait pas encore aperçus. Une EEE étendue et rai- sonnée , une Los < : 0” + (10) encore des observations qui auraient suivi ces petits êtres dans leurs évolutions variées, dans toutes les phases de leur courte existence, offriraient à coup sûr plus d'intérêt que des additions isolées, et serviraient plus utilement la science. D'ailleurs , au lieu de nous efforcer d'accroître encore le nombre des cryptogames inférieures , c’est, au contraire, à sa réduction que désormais doivent tendre toutes nos re- cherches. C’est ainsi seulement que nous parviendrons à sortir d’une confusion de noms, d'un dédale de synonymes où nul bientôt n’eût pu se reconnaître. Grâce à de récents et admirables travaux, la mycologie entre enfin dans une phase nouvelle , et le moment est veuu de travailler à la simplifier. Une vive lumière a jailli au milieu du chaos, et si elle ne nous éclaire pas encore complètement, au moins nous indique-t-elle clairement la voie que nous devons sui- vre. Les belles recherches de M. Tulasne ont montré et mis hors de doute que la plupart des cryptogames parasites pos- sèdent jusques à trois modes de reproduction, représentés par trois états différents de la même plante et décrits par les auteurs comme espèces de genres distincts. Ainsi, ce n’est plus le nom d’un Uredo que nous rencontrons pour la première fois qu’il importe le plus de constater, maïs bien de quel Puccinia. de quel Phragmidium cet Uredo est la forme première. Au lieu de travailler péniblement, et le plus souvent sans succès , à la détermination d'une hypoxy- lée microscopique qui ne nous a présenté que des stylospo- res, recherchons plutôt à quelle forme thécasporée plus parfaite doivent être rapportés le Phoma , le Septoria, etc: que nous avons sous les yeux. Tout devient sujet de recher- Le ri IMéronRant æ ce terrain tout —. ga est un ‘mo pas trop des efforts Fans de tous les obs (26). commencer la reconstruction de l'édifice de la mycologie, prêt à s’écrouler sous le poids des matériaux inutiles dont on l'avait surchargé. Un pareil sujet d'observation et d'étude est bien digne de fixer l'attention des naturalistes, et s’il en était parmi eux qui craignissent de rabaisser la science en se livrant à de pareilles recherches, qu'ils veuillent bien lire et méditer ces belles paroles que le savant académicien, le philosophe vrai- ment sage , vient d'inscrire dans les prolégomènes de son dernier Mémoire : « Si, comme on n’en saurâit douter, il » n’est point d'être au monde si petit, si obscur qu'il soit, » qui n'ait sa place marquée parmi les créatures, et un rôle » défini à remplir, puisqu'il a été appelé à la vie, l'homme, » interprète de-toute la nature, ne fait pas un vain usage » de ses facultés: quand il les applique à l'examen de tels » objets. » ALcues.— Cette vaste et séniratle classe de végétaux est devenue, pour ainsi dire , un monde nouveau. L'Allemagne, l’Angleterre ; la Suède, l'Italie, la France surtout, nous montrent des savants de premier ordre livrés à peu près ex- clusivement à l'étude de cette belle branche de la botanique, devenue une.science à part. Leurs travaux nous révèlent chaque jour de nouveaux faits, de nouvelles merveilles, car le champ est immense et à peine exploré. Dans la plupart * des sé Re est tout _—— . reconstruire sur de Or, nous avons l'espoir que rats province sera l’une des premières, si ce n’est la première à posséder une histoire des Algues de son territoire , au niveau de tout ce qu’on sait, de tout ce qui a été fait sur la matière. Mon excellent collègue, nes tées, en instruments amplifiants, . tude désirables, a déjà rass da (12) matériaux, tous décrits par lui sur le frais , tous habilement figurés et accompagnés d'analyses correctes dessinées à la chambre claire sous les verres puissants du microscope de l'habile, je puis même déjà dire du célèbre ue Na- chet. Licuens.— Je ne pense pas que notre flore lichénographi- que soit destinée à s'enrichir jamais d'importantes additions. Un pays généralement plat, sablonneux, sans rochers , où le pin maritime est l'arbre dominant , est loin d’être favo- rable à la production abondante et variée de ces végétaux. Les recherches faites en commun cette année ont bien abouti à la découverte de quelques chétives espèces , négli- gées jusqu'alors , mais ce sont généralement des acquisi- tions sans importance , au moins comme raretés. Toutelois, je crois devoir mentionner une production li- chénoïde (je n'ose dire un lichen normal) assez fréquente dans nos environs, et qui présente la singulière particularité de croître exclusivement sur le Frullania dilatata , lorsque cette hépatique s’est elle-même développée sur les vieux troncs d’arbres: Ce lichen ambigu, admis par de savants li- chénographes dans les lichens gymnocarpes , et regardé par eux comme un Pannaria ou plutôt comme un état aty- pique du P. plumbea ou du P. rubiginosa , classé par d’au- tres lichénographes non moins éclairés parmi les lichens an- giocarpes , soit comme un Verrucaria, soit comme un En- docarpon , est connu depuis longtemps ; il est figuré sous le nom de Lichen Jungermanniæ dans le Flora Danica (tab. 1063, fig. 1). Delise le-premier en fit un genre qu'il dédia à son compatriote Lenormand , et notre plante devint le Lenormandia Jungermaniae. Ce serait aussi, sauf quelque doutes que je ne suis pas en mesure de lever ici : Verruca- ria puichella Borr. et Endocarpon pulchellum Hook. Je signale cette petite plante aux botanistes bordelais , afin (13) qu'ils ne se lassent point de rechercher si elle ne leur pré- sente pas quelques indices de fructification ; car, l’extrême divergence d'opinion que je viens de noter se fonde précisé- ment sur ce que des périthèces parfaitement normaux ayant été vus enchàssés dans l'épaisseur des petites feuilles arron- dies qui constituent le thalle du Lenormandia, ont été con- sidérés par les uns comme des périthèces de Verrucaria ou d'Endocarpon, c'est-à-dire, comme la fructification de la plantelle-même, et par d'autres, comme une sphérie para- site, étrangère au lichen. Le Rév. Leighton partage la pre- mière opinion; il a figuré la fructification présumée de la plante dans son splendide livre sur les Lichens angiocarpes de la Grande-Bretagne (PI. LE, fig. 1 : Endocarpon pul- chellum Borr.), tandis que notre Tulasne ne croit qu’à une sphérie parasite qu’il nomme Sphæria Borreri. Ces fruc- tifications normales ou cette sphérie n'ont été, que je sache, observées que très-rarement et par bien peu de lichénogra- phes. On conçoit que si ces organes venaient à être retrou- vés en certaine quantité, de manière à fournir le sujet de nombreuses observations, ilen pourrait résulter cette fois, la solution d’une question fort curieuse , l'une des plus con- troversées de la lichénographie européenne. Peronospora PEPpz1. — Pendant l'été de 1852, je remar- quai un jour dans mon jardin, à Paris, un pied d’Euphorbia Peplus dont la tige , les rameaux et quelques feuilles étaient attaqués par une mucédinée analogue au Botrytis parasi- tica Pers. | Peronospora Corda) , si fréquent sur le séneçon commun. L’euphorbe abondait dans ce jardin très-négligé , et pourtant les recherches auxquelles je me livrai dans le but d'étudier la mucédinée sur un plus grand nombre d'in dividus, n’aboutirent qu'à la découverte d’un ou deux au- tres pieds infectés. L'année suivante , dès le mois de Juin , l'envahissement devint général ; le plus grand nombre des (14) Peplus du jardin furent plus ou moins atteints : il fallait chercher longtemps avant de rencontrer un pied qui eût échappé au parasite. L'euphorbe ne paraissait pas souffrir notablement de la présence de celui-ci ; son développement en élait seulement un peu contrarié ; les tiges et les ra- meaux attaqués se contournaient sensiblement, mais les graines mürissaient encore, au moins celles des premières capsules, et ce n’est que plus tard , lorsque le champignon avait par ses organes ento-épiphytes épuisé en partie les sucs de la plante mère, que celle-ci prenait une apparence maladive et cessait de mener à bien ses fruits. L'Euphorbia Helioscopia et quelques espèces du même genre, tant an- nuelles que vivaces, cultivées dans ce même jardin, restè- rent parfaitement pures. Il était évident que le champignon qui venait ainsi s'emparer de l'E. Peplus était particulier à cette plante et ne s’attachait qu'à elle. La coïncidence de cet envahissement du Peplus avec l'invasion toujours croissante de l'Erysiphe de la vigne me parut digne de re- fourni. aucune lumière sur les Causes mystérieuses de l'ap- parition et de l'extension rapide du parasite dévastateur qui en ce moment étend ses ravages sur presque toutes les vi- gnes de l'ancien monde. Je me borne donc ici à la simple constatation d'un fait, qui prendra place à côté d’autres faits analogues observés en assez grand nombre dans ces derniers temps. L'observation faite en 1852 et pendane}' été de 1855, dans mon jardin de Paris, s’est reproduite dans des circonstan- : ces tout-à-fait identiques dans mon jardin de Bordeaux , c'est-à-dire que, dès la prise de possession de ce jardin, en Septembre 1853, examinant les Peplus qui y abondaient de même, je reconnus qu’un très-petit nombre. pe - (45) étaient frappés, tandis que cette année ils l'ont été à peu près tous. Si l'E. Peplus était une plante utile, qu'elle füt cultivée avec avantage pour ses produits, ne sé préoccuperait-on pas vivement de son état pathologique actuel? Et pourtant, qui oserait avancer que l'existence de cette plante insigni- fiante soit sérieusement menacée par le mal qui sévit sur elle aujourd’hui ? La mucédinée de l'E. Peplus appartient. au Peronospora Corda, genre dont les savantes et habiles recherches de M. Tulasne viennent de nous dévoiler la singulière organi- sation. (Voyez Comptes rendus des Séances de l’Académie des Sciences, XXXVIIT, séance du 26 Juin 1854.) Je ne possède en nature, ni ne connais aucune des espèces récem- ment rapportées à ce genre, aussi n'essaierai-je point de donner une description quelconque de celle qui s’attache au Peplus, description qui ne saurait avoir d’exactitude et de valeur, qu’autant qu'elle serait comparative. D'ailleurs, j'ai éprouvé de grandes difficultés dans l'examen des spores en- tophytes de ce Peronospora. Le suc propre de l’euphorbe, inondant et obscurcissant le champ du microscope , s'oppose à l'observation directe de ces spores , et il est encore plus difficile de les isoler en les recherchant dans les tiges dessé- chées de la plante. Des taches d'un brun rouge, éparses, rapprochées ou confluentes , à la fin un peu boursoufflées , indiquent d'abord les points occupés par le champignon dans l'intérieur des tiges et des rameaux. Plus tard, les filaments externes se manifestent. Clair-semés dans le principe , ils se condengen? bientôt, puis enfin ils s’affaissent sous l’influence de J midité, constituant , après l’évaporation, une sorte de brane feutrée qui revêt les parties attaquées. Ces élan se montrent également sur les feuilles , don, _ils tapi ( 16 } quelquefois la surface inférieure. La, ils ne reposent point sur une tache rougeâtre : on les dirait exclusivement épiphytes, et les feuilles ne paraissent avoir subi aucune altération. Ainsi que je viens de le diré, les matériaux me manquent pour me permettre de rechercher par des études compa- ratives si ce Peronospora est réellement nouveau. Je suis assez porté à le supposer tel à priori, car, parmi les espè- ces de ce genre , dont les citations ont passé sous mes yeux, je n’en ai point remarqué d'indiquées sur l'E. Peplus ; or, je viens de montrer que tout porte à considérer notre mu- cédinée comme particulière à cet euphorbe , et que l'invasion du parasite semble toute récente, au moins dans les propor- tions excessives que nous lui voyons atteindre aujourd’hui. Qu'on veuille bien, d’ailleurs, regarder simplement comme provisoire, ce nom de Peronospora Pepli, proposé sous tou- tes réserves, ét que je m'empresserais de rayer de la no- menclature mycologique dès-que j'aurais acquis la certitude que le champignon qu'il désigne ici poones est déjà inscrit ailleurs. ; COMMUNIS Link.— Lév. (Stutices mont |: Lite. ques l'été dernier, je rencontrai dans les prés salés duTeich, le Statice Limonium abondamment couvert d'un Erysiphe parfaitement développé et parsemé de périthèces , le fait me parut intéressant et tout nouveau , car je me rappelais que jamais aucun parasite de ce genre n’avait été signalé sur une plante de la famille des Plumbaginées. Les recherches que je fis immédiatement me confirmèrent d’abord dans cette opinion. La détermination rigoureuse d'un nn | étant impos- sible sans l'analyse microscopique , il était assez naturel de supposer que l'étude de celuf'qtre je-vemais de trouver dans des conditions toutes nouvelles, me révèlerait aussi une es- pèce nouvelle , à laquelle je réservais déjà le nom de salsu- (17) ginosa. I n'en a point été ainsi. J'ai été bientôt conduit , au contraire, à ne voir dans le parasite dû Starice Limonium qu'un Erysiphe communis normal, en tout semblable à la forme qu'il revêt sur le Convolvulus arvensis. Le fait n’en est pas moins intéressant à noter, à cause de l'abondance “excessive avec laquelle cet Erysiphe s'est montré cette‘an- née sur le Limonium. Les individus très-vigoureux de la Plumbäginée en étaient à peu près exempts, il est vrai, mais les pieds chétifs, rabougris, ceux surtout que leur apauvrissément avait empêché de fleurir, en étaient géné- ralement atteints et blanchis. Or, il me semble que si cet Erysiphe s'était montré chaque année avec une pareille pro- fusion sur le Statice Limonium , à coup sûr il eût été fré- quemment remarqué par les botanistes explorateurs, et il n'eût certes pas échappé aux recherches de M. Chantelat qui a exploré a vec tant de zèle et de succès le territoire de la Teste. L'apparition en grande abondance d’un £rysiphe sur des plantes que ce parasite semblait avoir toujours respec- tées , se rattacherait-elle aux mêmes causés qui ont couvert dans ces derniers temps lEuphorbia Peplus de Peronospora et qui nous ont apporté le fléau de la vigne ? On voit qu’il ne sera pas sans intérêt de chercher à s’as- surer, l'été prochain et les années suivantes, du rôle que joueront la cryptogame du Peplus et celle du Limonium, d'observer avec attention leur degré de fréquence , leur ab- _sénice temporaire ou leur disparition. Il ne faut pas considérer comme absolument nouveau le fait de la présence d’un Erysiphe sur une Pltibaginée” ré Mi fini par découvrir, perdue au milieu d’ane longue énuméra- tion de localités, la citation de l'existence de ce mème Ers À siphe communis sur le Stätice Gmelini Willd., en € | près Sébastopol. C'est à M. le D. Léveillé qu'est due cette découverte. Eu la mentionnañt das sa n des _ Tour XX. (18) Erysiphe | Ann. Sc. nat. 3.° sér. XV), il ajoute que c'est le seul exemple connu d’un Erysiphe sur une Plumbaginée. On remarquera en outre que le Statice Gmelini est exitrême- ment voisin du Statice Limonium. Mousses et Hépariques. — Les causes que j'assignais pré- cédemment à la pauvreté de la flore lichénographique de la Gironde expliquent également la médiocrité de nos richesses en Hépatiques et en Mousses pleurocarpes. En revanche , la nature du pays est extrêmement favorable à la production des Mousses acrocarpes ; aussi la prédominance de celles-ci sur les premières est-elle très-marquée. C'est en se livrant à la recherche des Mousses acrocarpes de petite taille qu'on aura la chance d'accroître encore de quelques espèces notre flore bryographique. On en doit déjà à M. Testas un certain nom- bre, qu'il observa le premier autour de Bordeaux. M. Les- pinasse et moi avons aussi reconnu le long des berges des chemins creux si fréquents sur les coteaux de la rive droite , des Tortula et des Phascum négligés jusqu'ici, plantes qui du reste ne pouvaient guère manquer dans les environs, tan- dis qu'il est permis d'espérer que nos landes et les sables humides de la rive gauche , nous donneront la plupart des espèces sous pyrénéennes découvertes par M. Spruce, dans les vallées des Basses Pyrénées et les plaines des Landes. La recherche de ces dernières espèces devrait surtout avoir pour but la fixation de leur limite septentrionale. Isogres Hysrrix. — Une des plantes les plus intéressan- tes à rechercher dans la Gironde, et qu’on finira probable- ment par y rencontrer, ainsi que dans les départements ma- ritimes limitrophes, c'est l’Isoetes Hystrix , espèce terrestre qui se fait remarquer et reconnaitre par les appendices cor- nés qui bordent la base de ses frondes , et qui, persistant après la destruction de celles-ci, donnent à la souche l'as- pect d’un petit hérisson. Ces appendices | phyllopodes Al. * (19) Braun) sont , il est vrai, très-variables ; ils peuvent même s'oblitérer jusqu'au point de se réduire à deux ou trois dents fort courtes , notamment dans les lieux humides et herbeux ; mais on en retrouve Loujours la trace, et ce caractère, ab- solument étranger aux espèces aquatiques et palustres, ‘joint à celui que présentent les spores, plus régulièrement sphé- riques et plus finement tuberculeuses que dans d'autres es- pèces , l'habitat terrestre surtout, feront reconnaître aussi- tôt celle-ci, du botaniste que le hasard favorisera le premier. D'après les indications que j'avais fournies sur la manière de procéder à sa recherche, celte curieuse plante a été suc- cessivement retrouvée sur divers points du littoral de la Mé- citerranée et de l'Océan hispanique, par MM. Requien, Ba- lansa, Bourgeau, Lange , , ete. Feu l'abbé Delalande la dé- couvrit aussi, il y a quelques années, à l'ile d’Houat, et M. Lloyd à Belle-Ile-en-Mer ; car la plante que ce savant bota- niste nomma /soetes Delalandei, avant d’avoir vu des échan- tillons de l’/soetes, primitivement découvert en Algérie, est complètement identique avec lHystriæ. On peut donc suivre celte espèce , par la Méditerranée, depuis les côtes de l'Asie mineure jusques en Bretagne, sauf de longues solutions de continuité où elle n’a pas été recherchée. En présence d'une géographie si nettement caractérisée, ne doit-on pas suppo- ser que l’/soetes Hystriæ se cache sur quelques points encore peu visités de notre littoral ? Il est vrai que M. Chantelat dont l'attention est depuis longtemps éveillée sur cette plante, et qui l’a cherchée avec le soin et la sagacité qu’on lui con- nait, dans les environs de la Teste, n’a pu parvenir encore à l'y découvrir ; ce qui, du reste me surprend peu, car la localité si bien explorée par M. Chantelat est loin d'être fa= vorable à la production de l'/soetes. Il aime le voisinage de > la mer, sans doute, bien que je l’aie rencontré ‘quelque- fois à plus de 100 kilomètres da rivages mais non . 20 } terrains salés comme le sont généralement les prés de la plaine &e la Teste. Je parlerai dans un second de l’/soetes de l'étang de Cazau. MansiLia. — Bumanis. — Le Marsilia quadrifolia L. est encore une de ces plantes dont on s'explique difficilement l'absence dans la Gironde, où abondent pourtant les sites qu’elle affectionne. Elle existe dans le département des Lan- des; on la récolte en quantité sur plusieurs points de la Vendée et de la Bretagne, comment se fait-il qu'elle fran- chisse le territoire entier du département sans laisser de traces autour de nos étangs ou des innombrables mares de nos landes ? Je sais que cette plante a été bien cherchée, qu’elle est de celles qui échappent rarement à l'œil d'un botaniste exercé ; il reste donc peu d'espoir, j'en conviens , de la découvrir chez nous. Toutefois, il ne faut pas déses- pérer encore. Nous n’avons pas tout exploré, tout vu dans notre Gironde, et il peut bien arriver qu'un jour le Mar- silia se présente inopinément au botaniste qui n'aura pas reculé devant les rudes herborisations du pourtour des grands étangs. Qu'on se rappelle ce qui est arrivé pour le Pilularia, cette autre Marsiliacée dont on a si longtemps ignoré la présence dans le cercle de la flore girondine, et qui n’y a fait son apparition que dans la troisième édition de la Flore Bordelaise ? A cette époque même, la pilulaire était encore regardée comme très-rare , et on ne la connais- sait que dans l'unique localité où notre honorable président l'avait découverte et signalée. Sans le hasard de cette pre- mière rencontre, peut-on savoir combien d'années se seraient encore écoulées avant que la pilulaire füt inscrite au nombre des richesses de notre flore? Et pourtant, je ne pense pas qu'on doive encore la qualifier de plante rare, car je l'ai rencontrée en Lelle abondance entre Facture et Lamothe , (21) dans les marais , les fossés et les mares, à droite et à gau- che de la route de poste, que je me crois fondé à supposer qu'on la trouverait aussi communément dans les sites ana- logues de nos landes. De même que le Marsilia , la pilulaire paraît indifférente sur la nature du terrain ; elle croit égale- ment sur les limons argileux , siliceux ou calcaires. Puisque je viens de nommer la pilulaire de nos contrées, Pilularia globulifera L., l'unique espèce du genre jusque$ à ces dernières années, qu'on veuille bien me permettre de faire mention en même temps, mais seulement au point de vue horticole , d'une seconde espèce, bien plus petite que la première et extrêmement jolie. Je l'ai figurée dans l’ou- vrage d'Algérie (pl. 38, fig. 1), sous le nom de Pilularia minuta, d'après les dessins, les analyses et la description que je dois à la bienveillance du savant professeur AL. Braun. Eh bien , c'est cette toute petite plante que je crois appe- lée à remplir un rôle fort intéressant dans les serres à toute température, comme gazon fin et délicat. J’ajouterai même que pour moi la question est déjà résolue : il ne resterait plus que des essais à faire pour l'application en grand dans les serres. Déjà, il y a peu a années, M. Al. Braun avait semé avec pleine réussite, le Pilularia minuta an moyen de quelques sporanges mürs que je lui avais envoyés. 11 n'avait obtenu la germination que d’une seule spore , mais cette spore ger- mante, plantée avec soin par l’habile expérimentateur, au centre d’une terrine de 50 centimètres de diamètre, en cou- vrit en entier tout le champ d’un gazon fin et serré, dans l'espace de deux mois et demi. A peu près vers la même époque, j'avais aussi essayé de cultiver cette miniature : (2) ordinaire, plongé dans un autre plus grand rempli d'eau. Les rhizômes ne tardèrent pas à s'étendre en se ramifiant en tous sens, avec une incroyable activité de végétation ; mais je ne pus parvenir à conserver ma précieuse culture. En éta- blissant mon appareil à découvert sur une terrasse au midi, j'avais disposé de véritables thermes pour les moineaux du voisinage, et il n’y eut ni piége ni épouvantail qui pussent les empêcher d'y prendre leurs ébats. C'est dire que la jeune plante ne tarda pas à disparaître. Cette année le semis a été recommencé à Bordeaux dans de meilleures conditions. J'ai obtenu sept germinations de spores tirées de mes récoltes de 1844 et âgées par consé- quent de, 10 ans. Les sept germinations ont été plantées dans un pareil nombre de terrines de grandeurs diverses, plongées dans l'eau jusques au bord. Les plus petites terri- nes ont été bientôt remplies par la pilulaire, puis complète- ment obstruées, de telle sorte que les produits se sont mon- trés d'autant plus beaux et vigoureux que les terrines étaient plus larges. La plus grande a donné des résultats superbes et pourtant était-elle encore de beaucoup trop étroite pour loger les innombrables expansions produites dans l’espace de trois mois par le développement d’une seule spore. Les rhi- zômes mille fois ramifiés, après s’être entre-croisés dans tous les sens, se sont ensuite plusieurs fois recouverts, for- mant ainsi un plexus inextricable d’un centimètre environ d'épaisseur. Je reste probablement au-dessous de là vérité en estimant que le produit d'une spore couvrirait, au bout de quelques mois, d’un gazon serré et continu, une super- ficie d’un mètre carré. Je ne connais pas et je ne crois pas qu’il existe un gazon comparable à celui de la petite pilulaire pour la finesse , l'épaisseur, l invariable uniformité de hauteur des brins qui le composent. Lorsque la plante a couvert le sol de ses rhi- (23) zômes plusieurs fois entrelacés, le gazon est alors si dru, qu’il résiste à la main comme la brosse la plus fournie. Les feuilles menues et aciculaires dont il est formé, hautes de 5 à 4 centimètres , s'élèvent régulièrement au même niveau. C'est une prairie courte, touffue et nivelée : c’est un tapis de billard. En outre, on peut trancher ce gazon avec une netteté parfaite ; ses bords se prêteraient avec une régularité géométrique à toutes les figures qu’on voudrait leur donner. C’est principalement dans les serres que les gazons de pilulaire me semblent avoir leur place marquée; ils y pour- raient former , autour des bassins, de délicieuses bordures du vert le plus frais, ou bien de petites prairies isolées dont on arrêterait les contours à volonté. Seulement, il serait in- dispensable que le sol de ces prairies fût correctement ni- velé, afin d'obtenir l'uniformité de végétation, de vigueur et de nuance. Il est nécessaire également que les racines plongent dans une terre constamment imbibée d’eau, sans en . étre inondée. Cet effet serait sans doute facile à obtenir au pourtour des bassins, mais s’il s'agissait d'établir des gazons isolés , il resterait à imaginer un procédé où un appareil qui déterminât une infiltration ascendante, unÿforme et continue dans la terre où plongeraient les racines de la pilulaire. J'ignore encore quelle serait la durée de ce gazon dans les serres : l’expérience l’apprendra. S'il ne conservait sa frai- cheur que pendant une année, on trouverait la compensation de cette courte durée dans la facilité d’un prompt renou- vellement. Peut-être aussi le gazon se renouvellerait-il lui- même par de nouvelles germinations. Bien que l'expérience de cette année me semble con- cluante , elle ne suffit =" néanmoins pur me An" : proposer un procédé de oici néanmoins quelques données qui serviront liter les premiers essais. (#4) La petite pilulaire fut rencontrée deux fois près d'Oran : d'abord sur un limon argilo-calcaire , et ensuite sur un li- mon formé de calcaire et d’humus. Je l'ai cultivée ici dans un mélange composé d’un tiers de limon argileux très-peu calcaire . et de deux tiers de terre de bruyère qui ne l’est pas du tout. Les spores furent semées à part, dans l'eau pure , à la fin de Mai seulement, parce que j'opérais à l'air libre, et qu'une chaleur soutenue est indispensable pour déterminer la germination. Celle-ci se manifestä au bout d’une quinzaine de jours. Environ 50 ou 40 heures après, lorsque la première fronde eut atteint 2 à 3 millim. de lon- gueur , je procédai à la transplantation. Des terrines per- cées et garnies dans le fond d'une couche de sable, furent remplies jusques à 15 millim. des bords du mélange pré- . paré, puis placées dans des vases pleins d’eau, de telle sorte que l’eau débordant tout juste les bords de la terrine, se maintenait constamment sur celle-ci à la hauteur de 15 mil- lim. Les choses ainsi disposées, je plantai une spore ger- mante au centre de chaque terrine au moyen de fines bru- celles, et là se termina l'opération. Le développement se fait ensuite tout geul. Il est lent d' abord , comme chez tou- tes les plantes naissantes; mais bientôt il devient très-actif et de nombreuses ramifications rayonnent dans tous les sens. Lorsque le jeuue rhizôme s’est allongé d’un centimè- \æ tre ou un peu plus, qu'il est fixé au sol par ses premiers. | nœuds et qu'il commence à se ramifier , il n’est plus néces- saire de le tenir inondé ; il vaut mieux au contraire ne plus laisser déborder sur la terrine l’eau du vase extérieur ; la pilulaire se développera parfaitement, sans autre eau que celle qu'elle reçoit par infiltration ascendante, On comprend que la voie du semis ne soit pas la ps prompte pour obtenir en peu de temps une pièce de gazon d’une certaine étendue. A défaut de pieds vivants, le : semis (2%) | peut être nécessaire une première fois ; mais dès qu’on pos- sède un pied de pilulaire on peut la multiplier à l'infini et avec une grande rapidité par des tronçons de rhizômes. Je ne sache pas qu'on ait jamais imaginé d'utiliser comme gazon la pilulaire commune, et en effet , elle n’est aucune- ment propre à cet usage. Je l'ai cultivée comparativement à côté de l'espèce algérienne et elle a réussi de même; mais sesgfeuilles longues, grosses, molles et fléchies en tous sens, très-inégales surtout et relativement peu fournies, ne rappellent en rien les feuilles courtes , fines, aciculaires et extrêmement touffues de sa petite congénère. Il n'y a donc pas lieu d'espérer que celle-là puisse convenir à l'usage au- quel la dernière semble si bien appropriée. Le nouveau Jardin%des Plantes de Bordeaux ne fonction- nant pas encore, je ne puis pas expérimenter dans des ser- res qui ne sont pas commencées, mais je me ferai un plaisir de distribuer des sporanges récents aux personnes qui dési- reraient reprendre dans leurs serres l'essai déjà pleinement satisfaisant que je n'ai fait qu'à l'air libre, par conséquent dans de plus mauvaises conditions de succès. IL n’est pas difficile d'ailleurs de s'approvisionner de ces sporanges, car ils sont bien plus abondants que chez la pilulaire commune , ce qui s'explique par la brièveté des mérithalles de la petite et par l’extrème multiplicité de ses ramifications. De plus, ces sporanges sont relativement très-petits; ils atteignent à peine le dixième du volume de ceux du P. globulifera et ne dépassent pas la grosseur de la tête d’une petite épingle. Ils se distinguent aussi par un caractère particulier qui a obligé d'apporter des changements notables dans la dia- gnose du genre : ils sont biloculaires, s'ouvrent en deux valves et ne renferment que deux spores, une dans chaque loge , tandis que les sporanges du P. globulifera s'ouvren en quatre valves , présentent quatre loges, dont deux con- ( 26 ) tiennent des spores nombreuses et les deux autres des mil- liers d’anthéridies. Enfin, notre petite espèce se fait encore remarquer par des frondes qui ne se roulent point en crosse, disposition si prononcée pourtant dans l'espèce européenne ; : elles n’en manifestent pas moins leur soumission à la loi commune à toutes les filicinées, par une légère inflexion de leur pointe, sensible seulement dans le jeune âge, et qui cesse de l'être dès que ces frondes atteignent quelquesmmil- limètres de longueur. ANTHoxanTAUM Puezu Lec. et Lam.— Cette plante, com- - mune dans la Gironde, n'y à été reconnue que dans ces dernières années. Je l’ai reçue de M. Eug. Ramey. récoltée à Gradignan en Juin 1852, et dès 1847 et 1849, MM. Des Moulins et Lespinasse l'avaient obserVée dans d’autres loca- lités de la Gironde , inscrites dans leurs herbiers. De toutes les espèces dont le genre Anthoxanthum s'est accru depuis une quinzaine d'années, l'A. Puelii est assuré- ment l’une des meilleures comme l’une des plus faciles à distinguer. Lorsqu'on a souvent et beaucoup observé cette plante dans la nature , qu’on l'a comparée sur les lieux à l'A. odoratum qui l'accompagne fréquemment , on a de la peine à s'expliquer comment des botanistes éclairés ont pu refuser de l'admettre comme espèce, et prétendre qu'à leurs yeux rien ne la distinguait de YA. odoratum. Peu de temps après la publication de l'espèce, j'assistais à Paris à une réunion de botanistes. Le hasard ayant amené la conversation sur cette plante, un de ces Messieurs, dont le nom est inscrit sur l’un des plus hauts degrés de l'échelle de la science, imagina un argument de coin du feu pour nous démontrer que l'A. Puelit n’était qu'une éspèce illu- soire. On ne rencontre, nous disait-il, cette prétendue es- pèce que dans les champs cultivés et très-meubles, là où nulle plante vivace ne saurait persister, puisque la terre est (27) retournée au moins nne fois chaque année. Or, lorsqu'une graine d'A. odoratum tombe dans un pareil sol, elle germe, monte et fleurit une première fois dans l’espace d’une sai- son, ainsi qu'il arrive à la plupart des graminées vivaces ; mais comme elle est toujours détruite par le labour pen- dant son état annuel, il s’ensuit qu’on ne la trouve jamais que dans cet état ; on la dit alors annuelle, et, sur ce sim- ple caractère, insuffisant et de plus, faux, on en fait une es- pèce : voilà l'A. Puelii. Si les choses se passaient telles que nous le déclarait le savant botaniste, que l'A. Puelü, en un mot, ne füt que l’état de première année de l’odoratum, certes, la question cesserait d'en êtré une ; il ne resterait plus qu’à fermer les yeux sur une’ de ces erreurs trop fréquentes dont les bota- pistes descripteurs les plus exercés ne se sont pas toujours tenus à l'abri. Mais il en est autrement. Il est bien vrai que l'A. Puelii croît parfois en abondance dans les moissons et dans les champs sablonneux. Je ne l'ai jamais rencontré dans de tels sites, mais je n'ignore pas qu’il y a été observé par plusieurs personnes, dans les en- virons même de Bordeaux. Rien de plus naturel, en effet, qu’une plante annuelle, aimant les terrains légers et sa- blonneux , se montre parfois en quantité dans les moissons et les champs à sol meuble où elle trouve, dans l'intervalle des époques de labour , le temps nécessaire à l’accomplis- sement de toutes les phases de son existence. Mais si l'A. Puelii foisonne parfois dans les cultures, on l'observe bien plus fréquemment encore dans les lieux in- cultes de nature siliceuse où rien ne s'oppose à son évolu- tion complète ; c'est là que je l'ai étudié. 11 abonde notam- : ment dans les parties les plus sèches de la lande du Tondu, ainsi que dans les grandes clairières des Lois MO sinage. L’A. sn een __—. : (2%) l'attention se porte sur ces plantes, on reconnaît bientôt que l’une n’est ni une modification, ni l’état de première année de l’autre, et que chacune d’elles se maintient inyaria- blement dans les limites spécifiques que la nature lui a tra- cées. En se livrant à quelques recherches, on finit par ren- contrer de jeunes pieds d'A. odoratum nés de l'automne précédent et fleurissant pour la première fois. A part le nombre et la hauteur des chaumes, rien ne distingue ces jeu- nes individus de leurs aînés. Déjà, on ne peut méconnaitre en eux une plante vivace ; leurs racines solidement établies dans le so!, résistent aux efforts de la main et se rompent au collet si l’on veut arracher la plante sans l’aide d’un instru- ment. L’4. Puelii, au contraire, faiblement fixé au sol par un chevelu fin et court, cède à la moindre traction. En un mot, la racine de la plante comme l’ensemble de sa végéta- tion ne laissent aucun doute sur sa durée annuelle. Aussi , dés la fin de l'été, toute trace vivante d'A. Puel a-t-elle disparu : il ne reste plus alors que les gazons épais deJ'o- doratum. La durée propre à ces deux espèces est donc par- faitement constatée, et cela, dans le même site et au milieu de conditions biologiques d’une complète identité. A ce caractère de durée vient se joindre un caractère de végélation particulier dans le genre à l'A. Puelii : c'est la ramification constante de ses chaumes. Ce u'est que dans les genres Digitaria, Crypsis, Tragus et Eragrostis que nous trouvons une disposition aussi marquée à la ramifica- tion parmi nos graminées annuelles. Lorsque VA. Pwelii croit isolément sur un sol nu et fertile, il émet de la racine un nombre considérable de chaumes grêles qui tous se ra- mifient à partir du nœud immédiatement supérieur au col- : let, et souvent ces rameaux eux-mêmes se subdivisent. à leur tour, chaque ramification se terminant Loujopes une panicule Dans les landes arides où Ja plante. ma :. (29 ) apauvrie, reste le plus souvent unicaule , les individus les plus chétifs se montrent rarement dépourvus de ramifica- tions, Jamais l'A. odoratum ne présente rien de sembla- ble. Constatons aussi la petitesse relative de la plante, la ténuité et la faiblesse de ses chaumes , ordinairement géni- culés à la base et ascendants, non droits et fermes, enfin le développement bien moindre à l’état sec de l’odeur parti- culière à l'espèce vivace. Si maintenant nous passons à des caractères d'un autre ordre, nous voyons une panicule plus allongée, plus lâche que dans les autres espèces du genre, les glumelles des fleurs neutres dépasser du double la fleur bermaphrodite qu’elles renferment, tandis que dans Ÿ 4. odoratum ces mè- mes glumelles sont seulement un peu plus longues que la fleur, l’arête de la glumelle neutre inférieure assez longue- ment exserté et dépassant la glume supérieure dans la pre- mière espèce, à peu près incluse et ne S’élevant qu’à la hauteur de la même glume dans la seconde. Les caryopsés, les feuilles et la ligule ne présentent point des différences assez appréciables pour en tenir compte. Les glumes ordi- nairement glabres, pêuvent aussi se revêtir de poils sur certains individus , de même que dans l’odoratum. Ces caractères sembleront légers , peut-être ; mais il faut, considérer qu'ils acquièrent une grande valeur pag leur coïncidence constante avec ceux de durée et de végétation que j'ai d’abord indiqués. Dans les Graminées de la Flore d'Algérie, qui sont sous presse en ce moment, tous les Anthoxanthum du pays sont rapportés à l’odoratum , l'A. Puelii comme les autres semble donc que je me sois mis dans le présent article contradiction avec moi-même, Cette contradict qu'apparente. Mon collaborateur et ami, M. le D , croit à une espèce unique : j'ai la conviction contraire. Le ( 30 Il n'y aurait point de collaboration possible si, en pareil cas, on ne s’empressait de fondre les deux opinions en une seule. C’est ce qu'on verra toujours dans la Flore d'Algérie, notamment dans le genre Anthoæanthum, où les espèces des auteurs, distribuées en variétés accompa- gnées chacune de leur diagnose caractéristique, peuvent être également considérées comme espèces ou variétés , se- lon le point de vue ou l'appréciation de chacun. Je ne terminerai pas celte note sur l'A. Puelii sans rap- peler qu’il eût été plus exact de conserver à cette espèce le nom de laxiflorum sous lequel feu Chaubard la désigna le premier, comme simple variété de l'odoratum , il est vrai, mais en faisant remarquer, { voy. S.t Am. F!. Agen. p. 13) que celte variété était « mieux caractérisée que beaucoup de nouvelles espèces de fétuque. » Je m'abstiendrai de passer en revue les autres espèces annuelles d’Anthoxanthum, d’abord parce que je n’ai pas avec moi mes échantillons d'étude, ensuite parce que ces espèces n'appartiennent ni à notre flore aquitanique ni même à celle de France. Je rater FRERE 1e le nom d'A. aristatum Boiss. que quelques aûteurs regardent comme synonyme d’À. Pub . et gu'ile Lébpertant même à cette espèce par droit d'antériorité, s'applique à une plante fort différente, très-voisine de l'A. ovatum Lag., et qui n’en paraît pas même suffisamment distincte. AvENA. — En traitant avec quelques détails des espèces de ce genre, je dirai peu de chose de celles de la deuxième section ( Avenastrum Koch), mais je me propose de passer en revue toutes celles de la première { Avenæ genuinæ Koch), dont l'A. sativa L. est le type. Je ne crois pas que le nombre des espèces de ce groupe observées jusqu’à présent dans le rayon de notre flore soit ue An Fame ment, au moins quant à celles réellement i , les- (51) quelles du reste sont peu nombreuses’et se réduisent à deux , ainsi que nous allons le voir. Ces plantes sont généralement nl connues, et il n'est pas une flore locale, datant de quelques années, où elles se trouvent clairement définies. L'auteur vénéré de la Flore Bordelaise, en présence des livres qui ne lui révélaient pas même l'existence de toutes les espèces qu’il avait sous les * yeux, a dû partager sur certains points l'erreur commune. Il est trop ami du vrai en toutes choses, trop sympathique aux efforts tentés en vue des progrès de la botanique borde- lise. pour ne pas m'excuser si je me permets ici un petit de rectifications , et si je hasarde en mème temps quelques observations sur l’ensemble des espèces qui en- trent dans la circonscription de sa flore. Les Avena sativa L. et orientalis Schreb., généralement cultivées dans la Gironde , surtout la première, ne donnant lieu à aucune rectification, ne m'arrêterent pas longtemps. Je ferai seulement observer que ces deux avoines, admises comme espèces par la généralité des auteurs, ne peuvent néanmoins se distinguer entre elles par aucun caractère im- portant tiré de la structure florale : une panicule lâche et étalée dans l’une, plus serrée et unilatérale dans l'autre, voilà à peu près où se réduisent leurs caractères distinctifs les plus marqués ; caractères bien légers, sans doute, tout- à-fait insuffisants même au point de vue scientifique , mais dont on est pourtant forcé de se contenter, dans certains cas , lorsqu'on a sous poux. .— plantes qui, considérées dans leur bl t l'empreinte de deux types spécifiques différonts. et qne tous les caractères de convention , admis par la science pour la distinction des es- F pèces, manquent à la fois. . L’Avena strigosa Schreb. n’existe nulle part < en “el à l’état spontané, ni même en ere ss je sache. Sa (#) patrie véritable est fort incertaine encore, de même que celle des deux précédentes, bien qu’il semble très-probable que ce soit de l'Orient que ces espèces sont originaires, et c’est de là qu’elles nous seraient venues avec la majeure partie de nos céréales et de nos plantes exclusivement messicoles. Or, l'A. strigosa est aussi une céréale ; on la cultive as- sez fréquemment dans quelques pays de l'Allemagne et même en France , selon M. Boreau, dans certaines contrées gra- nitiques et montueuses. L’extrême rareté de sa culture en France rend son apparition peu fréquente dans nos champs. Je me suis assuré que VA. strigosa, de certaines flores, n'est que VA. hérsuta Roth, plante indigène qui ne se trouve jamais dans les moissons ou ne s’y peut rencontrer qu’accidentellement: Aussi, en voyant dans la Flore Bor- delaise un À. strigosa indiqué comme plante commune, je dus supposer qu'il s'agissait encore là de VA. hirsuta, si fréquent autour de Bordeaux, et dont il n'est pas fait mention dans la Flore. En effet, c’est bien cette dernière espèce qui figure dans l’herbier type de la Flore Bordelaise comme dans le Catalogue des plantes de la Teste de M. Chantelat , sous l'étiquette de strigosa. J'ai appris qae ce fut M. Woods, botaniste anglais, qui, pendant un sé- jour qu'il fit à Bordeaux , il y à quelques années, signala aux botanistes du pays la présence de l'A. strigosa dans une excursion faite avec eux à Arlac. La vue d’un échan- üllon provenant de cette excursion , et qui n’était autre que l'A. hirsuta, devait me faire penser que M Woods, bien que très-versé dans la connaissance des plantes d'Europe , n'avait pas échappé cépendant à une erreur alors assez gé- nérale, lorsque M. Ch. Des Moulins vient de me communi- quer deux échantillons fort maigres de la plante de M. Woods, lesquels se rapportent parfaitement à l'A. stri- gosa. Il paraît, du reste, qu'un pré tro de pieds AE (35) appausris de cette plante furent trouvés seulemént à Arlac, de sorte que quelques-unes des personnes présentes crurent s’approvisionner d'À. strigosa en recueillant l’À. hirsuta qui sans doute foisonnait près de là. Dans l’excufsion que je dirigeai le 16 Juillet dernier, l'A. strigosa fut retrouvée en grande abondance dans les moissons des défrichements récents de la lande de Pezeu ; ce fut le j jeune Émile Ramey * qui le premier mit la main dessus. L’A. brevis Roth, bien moins cultivé encore que l'A. strigosa, et qui ne l’est nulle part en France, que je sache, se rencontre plus rarement encore dans les moissons et les lieux cultivés. Chez nous, il ne s’est offert qu’à bien peu d’explorateurs, et je n'ai pas été non plus assez heureux pour le rencontrer jamais. Aussi cette espèce, non moins que la précédente, a-t-elle donné lieu à de fréquentes er- reurs , accréditées même par des botanistes de renom. Ainsi, tandis que l'Æ4. hirsuta était bien souvent regardé comme l'A. strigosa, c'était celte dernière espèce qui à son tour était prise pour l'A. brevis, J'ai sous les yeux des échan- tillons de la plante-cultivée sous ce dernier nom au Jardin des Plantes de Paris, cueillis en 1838 et 1845 , et qui ne sont que del’A. strigosa. Le regrettable M. Webb a long- temps cultivé dans son jardin ce même À. strigosa comme un À. brevis, de graines reçues sous ce dernier nôm, en 1841, de M. Boreau, si bien versé cependant, dès cette époque, dans la connaissance des plantes françaises; j'ai également dans mon herbier, provenant de cette source, des échantillons récoltés en 1843 par feu M. Dubouché et par moi-même en 1845. En présence de ces méprises faites,au foyer même de la science, je ne pouvais guère douter que l'A. brevis de la Flore Bordelaise ne fût aussi un strigosa. Mais il n’en est point ainsi. M. Laterrade ayant eu l'obligeance de me montrer les Avena de mass typé de Toue XX. (34) sa Flore, j'ai aussitôt reconnu le vrai ä brevis dans la plante étiquetée de ce nom , et qui provient du lazareth de Pauillac. Il est probable qu’on la rechercherait en vain main- tenant aux mêmes lieux, tandis que le hasard peut la faire rencontrer encore sur tout autre point de notre sol. Si nousxpassons des avoines cultivées à celles qu ne le sont pas et qui même ne peuvent l'être à cause d’ uné parti- cularité de structure dont je parlerai plus loin, nous voyons d’abord VA. fatua L., plante que tout le monde croit bien connaître et qui pourtant a été, elle aussi, le sujet de bien des erreurs. Dans le midi de la France, c'est encore VA. hirsuta et même l'A. sterilis qui ont été souvent pris pour le fatua, tandis que dans l’ouest, une plante dont il va bientôt être question, et qui ressemble extrêmement à celle-ci, sans en être pourtant très-voisine , a dù, ainsi que j'ai déjà eu l’occasion de m'en assurer, causer aux botänis- tes de fréquentes méprises. Bien que très-répandue et très- abondante, l'A. fatua n’est pas une plante indigène : elle nous est venue d'Orient comme nos céréales, et avec elles, sans doute, On ne la voit que dans les moissons qu’elle . infeste trop souvent ; ce n’est que rarement et accidentelle- ment qu’on en rencontre quelques pieds isolés dans les lieux incultes où elle ne persiste pas longtemps. L’A. sativa lui-même se montre plus fréquemment hors des cultures , à l'état subspontané que l'A. fatua. L'A. hirsuta Roth, est l'espèce la plus répandue dans le sud-ouest comme dans le midi de la France. N’étant point mentionnée dans les flores locales de ces contrées, si ce n’est dans celle assez récente de M. Lagrèze-Fossat , et dans le Catalogue des plantes de Toulouse de M. Arrondeau, n'ayant été bien reconnue en ee que dans ces derniers Lemps il n’est pas surpren ue ce soit elle qui ait d dures à : CC nt d’err du FPS Pa sis AICU au VIUS SIau URL US UC (35) en même temps qu'elle représente l'A. strigosa dans l'her- bier de la Flore Bordelaise, un peu plus loin elle y figure encore comme À. sterilis L., plante essentiellement méri- dionale, qui n’a jamais été trouvée dans la Gironde et qu’on n'y rencontrera probablement jamais, si ce n’est peut-être accidentellement, à la faveur de graines apportées par hasard de la Provence, du midi de l'Europe ou de l'Algérie. ILest difficile de se faire une sin de: ce E ‘était le prétendu Loicelour.N À. sterilis que Loiseleur plus abondant encore dans les moissons Ps environs de Paris que l'A. fatua lui-même. (Voy. Lois. FI. Gall.,ed. 2.2, I, p. 63). La phrase de cet auteur, qui n’est guère que la reproduction légèrement amplifiée de celle de Linné, s'applique très-bien au vrai séerilis , sans doute , mais à coup sûr, la plante pari- sienne que Loiseleur avait en vue est tout autre chose. Ce n'est pas aux espèces que je viens d'énumérer que se bornent celles qui croissent sur le sol de la Gironde. Il existe aux portes mêmes de Bordeaux, dans la Dordogne et sur plusieurs points du sud-ouest, une autre espèce très-re- marquable , qui sans doute n’est restée jusqu'à ce jour ina- perçue ou plutôt méconnue, qu'à cause de sa ressemblance extrême avec l'espèce trop commune des moissons, et dont pourtant elle n’est pas même immédiatement voisine par ses caractères essentiels. . Si une espèce réellement nouvelle est chose à présent fort rare en France, je veux parler d'une espèce tout-à-fait à part et non pas de la plupart de celles que de nos jours ou pu- blie en nombre toujours croissant et véritablement effrayant pour des formes souvent insaisissables ou déjà bien connues et sur des caractères trop légers, trop fins, si l'on veut. pour que les botanistes antérieurs aient cru devoir en tenir compte ou les aient aperçus ; l'annonce que je viens de faire étonnera moins, peut-être, lorsqu'on r a que l'es- ( 56 ) pèce que je crois nouvelle appartient à un groupe de grami- nées qui, jusques à ces derniers temps, et peut-être à cause de sa vulgarité même , n'avait pas été étudié avec assez d’at- tention. Si une heureuse inspiration me fit entrevoir un jour les caractères importants, positifs, invariables qui dis- tinguent si nettement les espèces de ce groupe, ce n’est que plus tard que ces caractères ont été mieux compris, mieux définis et surtout plus clairement exposés par mon excellent collaborateur et ami, M! le D." E, Cosson. Je serais injuste si je ne citais aussi M. Balansa pour ses observations inté- us et fort ingénieuses sur les espèces algériennes de ce même groupe. Les communications de M. Balansa furent accueillies par nous avec empressement, et nous venons d'en tirer parti dans nos Graminées de la Flore d'Algérie. Une grande confusion a régné jusques à ce jour parmi les plantes qui nous occupent, et les botanistes les plus exercés ne se sont pas toujours montrés exempts d'erreurs dans leur détermination. Je faisais remarquer il y à peu d’instants les erreurs qui s’attachèrent aux A. strigosa ét brevis à Paris même , en pleine Ecole botanique dü Jardin des Plantes , erreurs qui se sont perpétuées sous mes yeux durant plusieurs années et qui pourront bien se perpétuer longtemps encore dans certains herbiers, par les nombreux échantillons distribués tous les ans et inscrits en toute con- fiance sous un nom faux , sur la foi de l'étiquette officielle. Et l'A. hirsuta , plante si commune dans le midi et le sud- ouest de la France , et si bien caractérisée ? Il ÿ a peu d’an- nées qu’elle n'avait pas encore été remarquée : c'était alors une plante nouvelle, nouvelle au moins pour le sol de la France. Confondue avec l'A. fatua ; à laquelle pourtant elle ne ressemble guère , ou même avec d’autres espèces aux- quelles elle‘ressemble encore moins , on ne diqoeitane s’en occuper, et cette vulgarité passa pour une précieuse (37) acquisition lorsque, en 1839 , je la récoltai à Toulon pour les centuries de M. Schultz, où elle parut sous le numéro 481 (n° 81 de la 4° centurie). La détermination de ces plantes est si peu sûre lorsqu'on néglige d’avoir recours aux caractères positifs si bien expo- sés par M. Cosson (Bulletin de la Société Botanique de France, 1, p. 11 et suiv.), que moi-même , familiarisé de- puis longtemps avec ces espèces et qui croyais les connaitre imperturbablement , je m’y suis laissé prendre et n'ai com- -pris que tout récemment la plante dont il va être question, pour avoir négligé observation rigoureuse et m'être fié au simple coup d œil. Qu'on veuille bien me pardonner des dé- tails trop oiseux sans doute, mais ils montreront une fois de plus combien il est nécessaire , en histoire naturelle sur- tout, d'observer em ©" et d'analyser à fond avant de rien affirmer. Peu après mon arrivée à Bordeaux, dans .les premiers jours de Septembre de l'année dernière, je remarquai à la Bastide , où l’arrivée de mes bagages m'avait appelé, un Avena d’une apparence assez particulière, mais que je pris néanmoins sans hésiter pour un À. fatua. Ayant détaché un épillet pour l'examiner , je reconnus que l’article supé- rieur de l'axe floral était parfaitement glabre, quant au “ontraire, il aurait dû être poilu dans le fatua. J'attribuai d’abord cette glabrescence à la saison humide et avancée, sans y attacher d'autre importance, tout en remarquant néanmoins avec quelque étonnement la petitesse relative de la plante, sa panicule unilatérale, sa présence en quantité otable hors des lieux où croit presque exclusivement Je ua: Je m'empressai d’en récolter bon nombre d’ LG 5540] lons , dont je jetai la presque totalité en rentrant € tant j'étais loin d'imaginer que je ns air aire à quelque chose de nouveau. (58) Je cessai de m'occuper de cette plante jusques au mois de Juin de cette année , époque où je la retrouvai en bonne saison et en belle végétation aux mêmes lieux d’abord, puis le long des berges de la Garonne et de l’avenue, sur le bord des chemins des coteaux de Cenon et de Floirac et, plus tard , en bien d’autres localités de la rive gauche, mêlée à -l' A. hirsuta ou dans son voisinage et non moins abondante que cette dernière. Les mêmes caractères, les mêmes indi- ces me frappèrent encore; toutefois, reconnaissant bien que cet Avena ne pouvait appartenir à aucune de nos espè- ces en dehors du fatua, et, d'un autre côté, n'admettant -pas la possibilité d’une avoine de ce groupe réellement nou- velle en France , dans des lieux si connus et si fréquentés que les environs immédiats de Bordeaux , je persistai dans mon aveuglement, ne pensant pas qu’il fût nécessaire de pousser l'examen plus loin, et, comme la première fois, je rejetai la plus grande partie de la récolte que EE d'a- bord faite. La chose en était restée à ce point lorsque, vers la fin du mois d'Août dernier, j'eus le bonheur de recevoir la visite de M. Cosson. Pendant la dernière heure du dernier jour où nous travaillâmes ensemble, un épillet égaré de mon avoine s'étant par hasard échappé des papiers que je maniais, je m'empressai de le montrer à M. Cosson comme un état fort étrange de l'A. fatua. Mon collaborateur ayant examiné un moment cet épillet et ses différentes pièces, de cet œil exercé et sûr qu’on lui connaît : « Mais vous n’avez donc pas remarqué le grand caractère , s’écria-t-il ; la fleur infé- rieure seule est articulée ; votre plante n’est donc pas m voisine de l'A. fatua : c’est une avoine nouvelle. » La ll mière avait jailli tout-à-coup, Il était bien vrai que dans mon aveuglement je n'avais pas songé à recourir à la vérification que je m'empresse pourtant de faire la première lorsque | (:39 ) j'étudie une espèce de ce groupe. En présence du caractère décisif qui venait d'apparaitre , le doute, l'hésitation n'é- taient plus possibles : la plante était nouvelle. Cette constatation était à peine terminée et la question résolue , quand M. Cosson, que j'espérais garder encore deux jours auprès de moi, me quittait précipitamment et réprenait en toute hâte la route de Paris, mû par l'élan gé- -néreux et spontané d’un dévouement dont mon cœur gar- dera à jamais le souvenir Si je rappelle cette circonstance -cruélle, dont la mention est déplacée dans ces Notes, c'est parce qu'elle se rattache fatalement au nom imposé à la :graminée nôuvelle , nom qui n’est pas justifiable sans doute _ selon les règles rigoureuses qui régissent ou devraient régir - Ja saine nomenclature botanique ; mais que les maîtres de la science me pardonneront et accepteront avec indulgence, j'en ai l'espoir certain. Plusieurs de ces maîtres m’honorent de leur amitié, tous m'ont comblé de marques d'intérêt et de bienveillance ; ah ! les plus rigides même ne rejetteront pas la prière que je leur adresse ici : qu'ils consentent à sanctionner malgré son irrégularité le nom que je propose, et le bien qu'ils me feront ainsi surpassera celui qu'ils m'ont déjà fait, et ils mettront le comble à mes sentiments d'affection et de reconnaissance. Un coup de foudre venait de me frapper ! Je n'étais pas encore revenu de la stupeur et de l’anéantissement des pre- miers jours, que déjà une idée fixe m'obsédait et ne me quit- tait plus : rattacher le souvenir de mon La bien aimé à la plante nouvelle reconnue et constatée à l'heure même de -son agonie , rattacher son nom à une plante à la fois Bor- * delaïse et Périgourdine , qui semble avoir choisi ses sites prédilection aux lieux où s’écoula son heureuse enfan e et sur les rives du beau fleuve qui lui était devenu si cher ! Il n’a aucun titre ; in “était pas Lotae on ne peut pas ( 40 ) attacher son nom à une plante dont il ne s'est jamais oc- cupé! C’est vrai, et c’est. aussi pour cela que je sollicite l'indulgence. Mais s’il n’était pas botaniste, n’appartenait-il pas en quelque sorte à la grande famille des botanistes ? N’était-il pas l'un des plus fidèles aux Samedis de M. Gay, depuis le jour où ce maître aimé et vénéré voulut bien l'y “admettre pour la première fois et l’autoriser à venir s’as- seoir désormais à côté de ces hommes d'élite et de cœur que chaque semaine il aime à réunir autour de lui? - Profondément touché des témoignages de bienveillance qu’il recevait de la part de tous ces hommes distingués, Louis se complaisait à nous le dire, et ses léttres étaient remplies de l'expression de sa reconnaissance. Et lui, de son côté, ne mettait-il pas de tout cœur ses rares moments de loisir au service de tous ? On à lu et admiré le beau travail de M. Grœnland sur la germination des Hépatiques. L’au- teur , peu familiarisé alors avec.la langue française dans la- quelle il a fait depuis de si rapides progrès, avait d’abord écrit son mémoire en allemand ; Louis fut heureux de Jui venir en aide en traduisant ce mémoire en français. Tout récemment il avait encore traduit pour moi le mémoire en- tier de M. Hugo Mohl sur le pollen. Il avait résolu d’em- ployer toutes ses veilles de l'hiver prochain à la traduction . des œuvres de M. Hofmeister, que je désirais beaucoup connaître et dont mon ignorance de la langue allemande m'empêchait de profiter (1). S'il ne faisait pas de la botani- (1) C’est Émile Desvaux qui avait prêté et devait prêter encore les livres à traduire : Desvaux enlevé de même à la première fleur de l’âge et sur le seuil d’un avenir qui s’annonçait pour lui brillant et glorieux ! Intelligence d'élite nourrie de hautes et saines : (41) que , ne semble-t-il pas qu'il y a au moins quelque justice # tenir compte de ce qu'il a fait, de ce qu’il se proposait e faire pour se rendre utile à ceux qui s’en occupent. Com- bien de dédicaces , acceptées et sanctionnées par l’univer- salité des botanistes, reposent sur des titres plus insigni- fiants encore ! AVENA LUDOVICIANA. A. annua; foliis vaginisque glabris vel pilosiusculis, ligulé brevi ovalé& vel truncaté, denticulato-fimbriaté ; paniculd secundä, subsecundä vel in planté vegetiori planè effusi Le simplici vel compositä; spiculis constanter bifloris cum tertii floris rudimento , 20 millim. vix longis, axe gla- bro ; glumis latiusculè lanceolato-acuminatis subæqualibus . : inferiore 7-9 superiore 9-11-nervia, flores superantibus ; flore inferiore articulato, callo obtuso villosissimo foveolt ovato-ellipticé insculpto ; glumell@ inferiore floris inferioris 17-18, floris superioris haud articulati 10-12 millim. cir- citer longâ. utrâque.in apicem bicuspidatum attenuatt, T-nervia, a basi ad medium pilis rigidis obsessd, aristam geniculatam sesquilongam gerente; caryopsi lineari atte- nuatd, basi rostellaté, maculé hilari angustissimé notatä. Has. Cette espèce est assez fréquente dans les environs de Bordeaux, aux lieux déjà cités; elle semble préférer les terrains calcaires aux siliceux, quand l'A. hirsuta se mon- tre à peu près également dans les deux terrains. Du reste, plus spécialement voué. Et pourtant qu’étaient ces rares avantages en présence des qualités du cœur ? Tous ceux qui l'ont connu, c’est- à-dire tous ses amis, se rappellent cette inaltérable douceur, cette bonté sans égale, ce caractère parfait, cette aménité . qui nous attirait tous vers lui. Ils savent aussi quels trésors de si Émile Desvaux laisse vouée à d’éternels regrets une dont “il fut si justement la joie et l’orgueil , il laisse aussi FRA es rent l’apprécier et à qui sa mémoire sera toujours chère! \ (42) elle recherche les mêmes sites que celle-ci, et se plait au bord des routes, sur les pentes incultes et découvertes@le long des berges herbeuses. Elle pénètre quelquefois dans les moissons , et là un examen altentif peut seul la faire distinguer de l'A. fatua. C'est ainsi que, le 29 Juin der- nier, à Coutras, elle fut prise et récoltée pour cette der- nière espèce sur le bord et dans l'intérieur d’un champ de blé. M. Cosson m'a communiqué un échantillon de la même ayoine, recueilli à Agen , en Juin 1852 , par M. Q. Debeaux. Je l'ai vue dans l’herbier de M. Ch. Des Moulins, venant de Manzac (Dordogne), récoltée en Juin 1842, par M. Dives , et envoyée sans nom spécifique. Enfin, mon jeune fils Elly vient , pendant ses vacances , de Ja retrouver dans ma terre du Périgord, à Blanchardie près de Ribérac. II l'a vue en immense quantité sur les terres crayeuses des enclos qui entourent la maison. À une époque aussi avancée, il n’était plus possible de la récolter en bon état; néanmoins, à force de recherches, mon fils est parvenu à rassembler un assez grand nombre d’épillets, dont la moitié environ ap- partiennent à l'A. fatua. La ressemblance entre ces épillets mêlés était même telle , que j'ai dû les faire passer tous à l'analyse pour parvenir à les séparer. À Bordeaux, la plante est en pleine floraison vers la mi-Juin, et elle peut se ren- contrer en état jusques en Septembre. Descr. Chaume haut habituellement de 3-4 décimètres , mais pouvant atteindre jusques à 6-8 décimètres et même un mètre dans les sols très-fertiles, grêle, lisse, à stries peu nombreuses et à peine sensibles , muni de trois nœuds glabres ou poilus, les deux inférieurs très-rapprochés. Feuilles linéaires, assez étroites, finement multinervées , avec trois nervures plus marquées, surtout la médiane, tan- tôt glabres, tantôt ciliées ou munies de quelques poils prin= _cipalement sur les gaines, celles-ci un peu rudes ou pres- que lisses , à limbe genéralement peu scabre sur les deux L2 (43) faces ; ligule courte, tronquée et lacérée , quekqéotbis briè- vément lancéolée-obtuse et inégalement denticulée. Pani- cule en général unilatérale, mais étalée en tous sens chez les individus très-vigoureux , assez courte et médiocrement fournie, à rameaux semi-verticillés, simples et divisés. Épillets constamment biftores (1), à fleurs aristées , l'infé- rieure seule articulée avec le rachis. Glumes presque égales, brièvement acuminées, larges , un peu ventrues , membra- -neuses et même à peu près scarieuses dans toute leur éten- due, marquées , l’inférieure de 7-9 , la Supérieure de 9-11 “nervures vertes très-prononcées , longues d’environ 20 milli- mètres et dépassant sensiblement les glumelles. Fleur infé- rieure très-nettement articulée avec le rachis; callus court, épais, très-velu , à cicatrice ou fossette insertionnelle ovale- elliptique très-régulière : la portion désarticulée du rachis persistant à la base de la glume supérieure sous la forme d'un cuilleron ovale-oblong, glabre et de la même forme que la fossette dans laquelle il était emboîté. Seconde fleur fertile non articulée, ne se détachant pas du rachis en un point déterminé et ne s'en séparant que par fracture, plus longuement stipitée que la fleur inférieure, l'entrenœud de l'axe long d’environ 4 millimètres , hérissé en haut et anté- rieurement de poils décroissants, la moitié inférieure en- tièrement glabre; pourtour de l'insertion de cette même fleur dépourvu de poils. Au-dessus des deux fleurs fertiles J'axe se prolonge en un mérithalle grêle , linéaire subulé, plane, glabre, sensiblement plus long que l’entrenœud immédiatement inférieur, et portant une troisième fleur pure Lobjoure réduite à l'état rudimentaire , au moins ne | les c: exceptionnels de végétation exubérante, et consistant (1) Last à pile le nombre des fleurs, il faut | TS Suit Dion rapid aides ins compte qué des fleurs fers et que je né- glige les fleurs rudimentaire (44) nairement en une membrane très-mince, blanche, presque hyaline , à nervures pourtant déjà distinctes , roulée en cor- net oblong , tronquée et dentelée au sommet, quelquefois bilobée ou simplement émarginée , et enfermant un dernier prolongement de l'axe de l'épillet sous l'apparence d’un filet hyalin fort court et d’une extrême ténuité. Glumelle infé- rieure de la fleur inférieure longue de 17-18 millimètres , celle de la fleur supérieure de 10-12, toutes deux roulées par leurs bords, surtout à la maturité, profondément bi- cuspidées au sommet, chaque pointe présentant fréquem- ment du côté extérieur une dent ou une déchirure, à 7 ner- vures peu prononcées vers la base et devenant presque des côtes au-dessus de l'insertion de l’arête , hérissées de longs poils gris ou roussâtres généralement peu fournis, sur leur face dorsale inférieure, dépourvues de poils, mais très-sca- bres supérieurement. Arêtes coudées à la hauteur des glu- mes, longues, l’une de 95, l’autre de 20 millimètres, insé- rées le plus souvent, celle de la fleur inférieure un peu au- dessous du milieu de la glumelle, celle de la fleur supérieure un peu au-dessus. Glumelle supérieure bidentée ou courte- ment bicuspidée , à carènes bordées de cils assez courts. Squamules à base ovale prolongée obliquement en appen- dice lancéolé. Anthères linéaires, courtement bilobées aux deux bouts, longues de près de 3 millimètres. Pollen irré- gulièrement ovoide , lisse. Ovaire très-jeune presque sessile, turbiné , caché sous les longs poils qui le couvrent tout en- tier, à sillon médian médiocrement ouvert. Styles verti- caux , plus longs que l'ovaire, à rameaux stigmatifères plutôt tuberculeux que denticulés. Caryôpse {de la fleur inférieure ) linéaire-oblong, sensiblement rétréci aux deux bouts, sur- tout inférieurement, long de 7, large de 1 !}, millimètre , un peu comprimé ou concave du côté de l'axe, et creusé de ce même côté d'un sillon étroit, ordinairement égal. dans toute son étendue ou rarement un peu plus ouvert au-dessus (45) du milieu; macule hilaire très-étroite, à peine élargie à sa ‘base, finement atténuée supérieurement, peu distincte et concolore ; base du caryopse dépassée par une saillie de la radicule en forme de pointe ou d’éperon court et ordinaire- ment un peu courbé vers le hile. Sommet couronné de deux pointes droites parallèles, restes persistants de la base des styles. Embryon relativemeut petit ; prolongement supérieur de l'hypoblaste brièvement lancéolé-obtus ; cotylédon (Ad. de Juss.) ellipfique-oblong , à fente gemmulaire peu apparente, close à l'état de repos de l'embryon; radicule saillante, étroitement mamelonnée et terminée par un mucro fin très- prononcé. Ainsi que je l'ai déjà fait pressentir, celte espèce est bien plus voisine de l'A. sterilis que de l'A. fatua avec laquelle on est d’ ie porté à la confondre à cause de l'extrême ressemblance des épillets. 11 devient inutile de faire ressortir toutes les différences qui distinguent l'espèce nouvelle de l'A. fatua, après avoir fait observer que ces deux plantes. n’appartiennent pas à la même subdivision. L’A. fatua, en effet, se classe parmi les espèces dont toutes les fleurs fer- tiles s’articulent avec le rachis, tandis que la première ap- partient au groupe d'espèces où la fleur inférieure seule- ment: est articulée, groupe dont l'A. sterilis peut être re- gardé comme le type. C'est donc à côté de l'A. sterilis que l'A. Ludoviciana vient naturellement se ranger. Elle en diffère par son chanme en général plus grêle, par ses feuilles plus étroites, moins rudes, à gaines ordinairement un peu scabres non très- lisses , à ligule plus courte et plus tronquée, par sa pani- cule plus fournie , étalée en tous sens sur les sujets vigou- reux non constamment unilatérale, à rameaux inférieurs plus longs et plus rameux, par ses épillets invari biflores non à 4-5 fleurs fertiles | les épillets de VA. que l'épuisement. ou tout autre cause mr à ré- dite à Arte dessus de celle-ci une série Rt 3 à 4 fleurs. avortées et & plus en plus rudimentaires ), ts ses glumes moins acumi- ( 46 ) nées , dépassant peu les fleurs et non pas notablement plus longues qu’elles, les arêtes coudées à hauteur des glumes dans la première , à hauteur des glumelles dans la seconde ; on la distingue surtout par toutes ses pièces florales bien plus courtes, de telle sorte que l'épillet de l’une paraît constamment plus petit de moitié que celui de l’autre. On remarque dans les caryopses de notables différences. Prenant pour sujet de comparaison le caryopse de la fleur inférieure , toujours le plus régulièrement développé, nous ‘trouvons celui de l'A. Ludoviciana bien plus étroit, plus aminci aux extrémités, l’inférieure surtout s’atténuant en un bec radiculaire pointu, tandis que la base élargie et toujours plus ou moins obtuse du caryopse de A, sterilis ne se termine point en bec saillant. Le caryopse de l'A. Ludoviciana se caractérise encore par son sillon ordinaire- ment égal non largement évasé du milieu vers le haut, par ses pointes,apicilaires ténues et verticales et non pas coni- ques et divergentes, par sa macule hilaire très-étroite, lon- guement et finement atténuée vers le haut et concolore, non évasée en bas, brièvement atténuée en haut et le plus sou- vent brunâtre ; enfin par un embryon de moitié plus petit, à prolongement supérieur de l’hypoblaste courtement lan- céolé-obtus, non PR obtusiuscule , à radicule saillante et terminée par un mucro très-prononcé, non lar- gement mamelonée obtuse et à pen _— par un mucro ponctiforme. L'A. Ludoviciana est doi toile non point dans ses caractères essentiels dont la constance au contraire est re- marquable , mais dans ses dimensions , dans la longueur et la direction des rameaux de sa panicule, dans la teinte des poils qui revêtent ses fleurs. J'ai déjà noté, en décri- vant la plante, les variations de taille dues aux localités. Les échantillons rapportés de Coutras par M. Ch. Des Moulins simulent à tel point l'A. fatua par la hauteur des chaumes, l'ampleur et l'égalité de la panicule, en un mot par le facies tout entier, qu'il serait impossible de les en distinguer sans l'examen du caractère décisif. M. Ch. Des Moulins aurait (47 } pu recueillir la même forme dans un état non moins luxu- riant sur les riches terrains de sa propriété de Vimeney, où M. Lespinasse en a vu des pieds atteignant et même dé- passant Î mètre de hauteur et déployant de même une am- ple panicule étalée en tous sens. Ces cas néanmoins doivent être regardés comme exceptionnels, car, dans son état ha- bituel, l'A. Ludoviciana est une plante de taille relativement moyenne , à panicule à peu près unilatérale et médiocre- “ment fournie, C’est ainsi qu'elle se montre constamment sur la rive droite en amont de la Bastide, sites très-favo- rables, comme on sait, au développement des graminées. On l'y trouve en grande quantité soit sur la berge de la jetée, soit sur le bord opposé de la route, en compagnie de TA, “hirsuta; “celle-ci, qui figure également dans le groupe comme une espèce de moyenne grandeur, se distingue au loin de la première par une taille presque toujours plus élevée. La couleur des longs poils des fleurs peut varier du blanchâtre au brun foncé, avec tous les intermédiaires. Dans les échantillons que mon jeune fils Elly vient de m'’en- voyer de Blanchardie, ces poils sont d’un gris soyeux lustré, tandis que l’un des échantillons récoltés à Coutras par M. Ch. Des Moulins , se fait remarquer par des poils presque noirs. Au reste, de telles variations sont fréquentes chez les graminées ; il n’est pas rare, en effet, de voir certaines es- pèces dont l'ensemble se colore normalement de vert foncé, de brun ou de rougeâtre, présenter une variation blonde, presque albine, dont la teinte pâle ou faiblement dorée se répand sur toutes les parties de la plante. Pour résumefla revue que je viens de passer des vraies avoines de la Gironde, je donne ici le tableau synoptique de ces espèces , en y comprenant, comme objet de comparaison seulement , l'A. sterilis des régions les plus méridionales de la France. J'assigne à chaque espèce un très-petit nombre de caractères faciles à saisir et suffisants pour les bien dis- tinguer entr’elles. + LL Panicule étalée, ample, lâche, glu- gr inférieure bidentée us Sativæ Goss. e Panicule unilatérale, “longue serrée , cales glumelle inférieure bident avec le rachis de l'épillet,/ Panicule unilatérale , che, glumelle ne se détachant que par la inférieure biaristée , fascieu de poils his lui ase de la fleur s ss anicule unilatérale, fleurs relative- ment très- courtes, obtuses, un fascicule de poils à la base des deux fleurs fertiles. . La Epillets 4-5 flores, cary- re Re Koch, * Fleur infé-\°PS€ obtus à la base, Le vem r Plantes ss Les gros, , rieure seule ar- Lsrpanre bo ah 28 dé : ndants, 2-3 rement 4-5 ue np < * Epillets s constamment ble flores, caryopse aminci à la Le APS a glumes à qui cd vures. Agrestes Coss. et DR. uriculécs. ase, radicule en nee re : Fleur inférieure arti- ant. à “ eulée avec le rachis de - Chaum re te ” L épillet. cule pre glumelle infé- * Toutes les\'ieure bidentée, fossette + FH fertiles/arrondie. . + + .. ; articulées. Chaume grêle , panieu icule uilatérié F glumelle infé- rieure bi nr , fossette ovale-oblongue K saliva L. ortentalis Schreb. strigosa Schreb. brevis Roth. sterilis L. Ludoviciana DR: fatua L. hirsuta Roth. { 87 ) # (49 ) Ces plantes ne se trouvent pas toujours dans les livres sous les noms portés au tableau, qui sont ceux qu'elles doi- vent conserver. L’À. sativa ayant, par l'effet d’une longue culture, donné naissance à plusieurs variétés assez cons- tantes, des auteurs ont cru voir des espèces dans ces va- ” riétés et les ont décrites comme telles. 11 est vrai que les noms attribués à ces prétendues espèces sont à peu près tombés dans l'oubli et ne peuvent plus causer d’erreurs. Nous avons vu que les À. strigosa, brevis, sterilis, fatua et Afrsuta ont donné lieu à de fréquentes transpositions de noms; dans ce cas, ce n’est guère que par l'examen des échantillons décrits par l’auteur qu'il est possible de s’assu- rer de la plante qu’il a eu réellement en vue. En outre, l'A. hirsuta ayant été bien distingué dès longtemps par des bo- tanistes étrangers à la France , cette plante a reçu d'eux des noms différents, chaque auteur de son côté l’ayant regardée comme nouvelle. C’est ainsi qu'après Roth, qui la fit connai- tre le premier, elle a été successivement nommée À. barbata par Brotero, A. hirtiila par Lagasca, À. atkerantha par Presi. A l’époque où ] ‘étui ais les Avena de l'Algérie, et où il m'importait d’être bien fixé sur l'A. pilosa de Marshal Bieberstein, je reçus un épillet de la plante de cet auteur par les soins de feu Fischer et à la faveur de lobligeante en- tremise de M. Gay. Get épillet appartient évidemment à l'A, hirsuta Roth; mais j'ai lieu de supposer que sous ce nom d'A. pilosa des auteurs, et pont dané Marshal Biebers- tein lui-même, ont confondu des av ( quoique d'espèces et même de subdivisions différentes, M. Kotschy a donné sous le n.° 59 de ses plantes d'Orient une plante nommée par M. Hoschtetter À. pilosa, laqu ne se rapporte plus à l'A. hirsuta, mais bien à une variété remarquable de l’une de nos espèces algériennes. Déjà la même plante avait été distribuée sous ce nom de pilosa dans les collections d'Aucher-Eloy, n.° 2929. : as Toue XX. 4 (50) Eu général, les longs poils dressés qui, chez certaines espèces , révêtent en partie la glumelle inférieure , ne four- nissent pas des caractères bien constants. Ils sont sujets à varier en étendue et en quantité dans une même espèce , et peuvent même disparaître tout-à-fait, ainsi qu'on le remar- que sur une variation de l'A. fatua, où la glumelle est de- . venue à peu près complètement glabre. Cette forme, qui n'est pas très-rare et qui pourrait se rencontrer dans la Gironde, a pourtant été élevée au rang d'espèce (A. hybrida Peterm. in Rchb. F1. Sax.) et admise comme telle par Koch lui-même (Syn. ed. 2.4 p. 927), tandis qu’elle mérite à peine de compter comme variété, car elle ne diffère en réa- lité de l’A. fatua que par l'absence de poils sur la moitié inférieure de la glumelle, et encore en retrouve-t-on pres- que toujours quelques-uns autour de la base de l'arête. Au contraire, les poils du callus et ceux du rachis, chez les espèces où ces parties en sont pourvues, paraissent d'une constance extrême. On en a un exem ple bien marqué dans cet À. hybrida que je viens de t dans lequel, malgré la glabrescence de la glumelle , * callus conserve toute sa villosité. On voit par ce qui | précède qu'on pourrait encore grouper les vraies avoines, abstraction faite du caractère d’articula- tion, d’après l'absence, la ec et la distribution des aux Sative. Le deuxième Rue ss espèces à ms melle revêtue dé poils jusque vers le milieu ou un peu au- dessus : ce seraient les À. sterilis, fatua, hirsuta et une où deux algériennes qui y prendraient place. Enfin, le troi- sième groupe réunirait les avoines à glumelle glabre ou seule- ment pubescente , mais à callus garni d’un faisceau de poils longs, épais, dressés et décroissants du haut vers le bas : (51) on y rangerait trois ou quatre espèces, toutes algériennes et jusqu’à présent étrangères à la France. L'absence, la présence et la disposition des poils sur le rachis donneraient ensuite des caractères qui pourraient suffire à la distinction des espèces. Il est inutile de s'arrêter plus Vongtemps sur une pareille classification, fondée seulement sur des organes purement accessoires, celle qui prend pour base le mode d’articulation des fleurs devant toujours prévaloir, puis- qu’elle s'appuie sur des caractères tirés de la structure même d'organes essentiels. Des soi spaces rest ca le es ie précède, la G:i- ‘en pos- sèdent due deux k l'état réellement spontané : ce sont les À. Ludoviciana et hirsuta. Sans doute on ne pourrait citer une espèce du genre plus répandue en Europe que l'A. fatua, mais on remarquera que cette plante ne s’est naturalisée en réalité que parmi les moissons , et j'ai déjà noté que si elle se montre parfois dans des lieux que la charrue ne sillonne jamais , elle n’y saurait persister longtemps. Pour qu'elle se propage , il lui faut la culture que réclament les céréales qu’elle accompagnés ordinairement. Dans les contrées où prévaut encore la coutume des jachères , comme le Lot-et- Garonne, par exemple, pays fertile et riche en froment, presque partout l’avoine folle infeste les moissons , et nulle part il ne s’en montre. plus un’pied l’année suivante sur le champ qui se repose ; mais elle reparaît en quantité souvent . désespérante avec le nouvel ensemencement. Cependant ses graines n'ont pas été répandues avec celles du froment : la semence de celui-ci en est toujours parfaitement pure, 0 la mes —— | l’avoine est moissonnée. Toutes les se dé t tàl'ép epoque de la. atu graines et tombant aussitôt, celles- «ci restent dans le’sol à l'état de repos complet et ne germeront ni pendant l'année (52) de jachère, ni pendant de longues années encore, si le ter- rain dépositaire de ces graines ne reçoit pas la préparation convenable. Le même phénomène s’observe chez d’autres plantes messicoles telles que le Centaurea Cyanus, V'Agros- temma Githaÿo, etc., d’origine étrangère comme l’À. fatua, et dont la naturalisation n’a pu également se compléter. Le coquelicot est aussi dans le même cas, mais il s'échappe plus fréquemment des moissons et des cultures , peut-être à cause de la prodigieuse quantité de graines qu'il produit et qui se répandent partout. D'ailleurs, la véritable patrie du coquelicot n’est peut-être pas aussi lointaine , aussi étran- gère que celle de ses compagnes habituelles ; il est possible qu'il soit réellement spontané dans le midi de l'Europe, et je l’ai vu en Algérie dans de telles conditions de spontanéité que je me crois fondé à le regarder comme appartenant à la flore originelle de ce pays. Quoi qu’il en soit, l'introduction de l'A. fatua, comme celle de la plupart des plantes de nos moissons , doit remonter à une époque très-reculée qu'il se- rait, je pense, impossible de déterminer. Déjà, au temps de Virgile, l’avoine folle était avec l’ivraie , autre graminée de mème origine , le fléau des moisson® de l'Italie, et tout le monde se rappelle ce vers où le fait est consrgné de la façon la plus positive : Infelix lolium et sleriles dominantur avenæ. Je sais bien qu’on peut aussi attribuer ce rôle à l'A. sterilis, plante spontanée. en effet et commune dans le midi de l’Eu- rope; il est même probable que ce fut au vers de Virgile que l'imagination poétique de Linné emprunta le nom de l'espèce. Or, c’est précisément parce que cette espèce est spontanée qu’elle ne se rencontre que rarement dans les moissons ; elle s'élève moins d’ailleurs que les froments, et ( 53 surtout que la folle avoine. C'est donc à celle-ci certaine- ment que doit s'appliquer, au moins d’une manière plus spéciale , le dominantur avenæ. Peu de temps après Virgile, Pline écrivait ( Hist. lib. XVIHIE, cap. 17) : Primum omnium frumenti vilium avena est. Il est vrai que cet auteur ajoute que cette même avoine était cultivée par les Germains et que la bouillie que ces peuples préparaient avec sa farine constituait leur principale nourriture. Ceci prouve que l'A. sativa n'était à cette époque ni cultivé en Italie, ni même connu de Pline. Le caractère tiré de l'articulation ou de la non articula- tion desgieurs. qui sépare si nettement les coupes de la des vraies avoines , est fixe, invariable et ne donne lieu à aucune exception. On a vu que les espèces cultivées constituent, à l'exclusion de toute autres la division carac- térisée par des fleurs non articulées avec le rachis de l'épillet. Ces fleurs ne tombant point spontanément à l’époque de la maturité, ne se détachant de l’épillet que par l'effet d’un choc exercé sur celui-ci et par la fracture du rachis, on conçoit que les espèces de ce groupe puissent seules être cultivées en vue du produit de leurs graines , car la récolte de ces graines n’est plus possible chez les espèces dont l’é- pillet tout entier se désarticule par la base ou dont les fleurs, toutes articulées, se détachent séparément. Si de tels carac- tères pouvaient varier, on serait fréquemment exposé à des” ‘ pertes partielles ou totales de récolte d'avoine, causées par la chute hâtive des grains , tandis qu’il n'y a point d'exem- ple de tels accidents. D'un autre côté, si les espèces à épillets cadues s'étaient montrées parfois avec des fleurs persistantes, les agriculteurs n’eussent pas manqué de chercher à tirer parti de ces races, ainsi devenues exploi- tables, et ils se seraient surtout attachés à la culture de l'A. sterilis qui, de toutes les espèces du genre, | ossède la ( 54) fieur la plus grosse et l’épillet le mieux fourni. Nous ver- rons bientôt que la culture de cette dernière a été effective- ment essayée. Ces observations ne sont pas tout-à-fait nouvelles, bien que tout récemment M. Cosson les ait le premier nettement formulées ( Bull. cité, p. 14). D'abord, il est curieux de voir comment Cupani désigna les avoines sauvages que de son temps il observa en Sicile. Voici la phrase qui s’appli- que à notre À. fatua : Avena elata, folliculis præ maturi- tate vacuis; celle de l'A. hirsuta : Avena gracilior, folli- culis præ maturitaie vacuis ; enfin celle de l'A. sterilis : Fes- tuca longissimis glumis vacuis. Plus de la moitié du chemin n'était-elle pas ainsi parcourue ? Ne semble-t-il pas qué, pour compléter l'observation, il ne restât plus à Cupani qu’à procéder à um examen facile, à se demander et à re- chercher par quelle particularité de structure les glumes de ses trois avoines sont vides avant la maturité complète, . quand, dans l'avoine cultivée, ces mêmes glumes ne laissent pas échapper les fruits qu’elles enferment? Question au- jourd” hui bien simple, sans doute, mais qui, au temps de pani, dépassait les bornes étroites de la science nais- sante. Au commencement de ce siècle, un expérimentateur ha- bile dont le livre mérite encore d’être consulté, Dumont de Courset décrivit ( Bot. cult. I, p. 124) une avoine qu'il croyait nouvelle, peut-être à cause de l'origine présumée exotique de ses graines , et qui n’est autre STAR ve l'A. sterilis. Tous les caractères qui distin celle-ci sont ceux que l’auteur attribue à sa ete et le genre ne renferme aucune autre espèce à qui ces caractères puissent s'appliquer. Eh bien, Dumont de Courset fait usage dans la courte diagnose de son À. Novæ Vellie, ainsi que dans la description et les observations qui suivent, du (55) ‘ caractère de l'articulation de la fleur inférieure. Il dit dans sa phrase diagnostique : Avena paniculate. calicibus 4-5- floris, seminibus hirsutis….…. spicuLis capuais ; et plus loin (J'évite de transcrire ce qui a moins de rapport au fait que je rappelle} : « L'épillet composé de 4 à 5 fleurs, a ses « balles calicinales égales, acuminées , striées et glabres ; « les 2 valves florales extérieures sont couvertes, jusques « aux deux tiers de leur longueur, de beaucoup de poils « roux et soyeux, et portent chacune une barbe fort tor- « tillée, qui s'insère un peu au-dessous du milieu de leur « dos, et qui se courbe au niveau de la pointe de la valve; « Ja troisième fleur a encore des poils, mais la quatrième « et la cinquième sont glabres et quelquefois avortées. Lors- « que les épillets sont parvenus à la maturité, ils quittent « les balles: calicinales et tombent; mais les grains restent « si fortement attachés à l'axe, qu'il faut les.en arracher « tomne ; elle rési « la France... « de cette avoine, la difficulté d'en séparer les grains, ne « permettent pas de la cultiver dans la vue de la laisser par- « venir à sa maturité. Ce serait une perte pour le cultiva- « teur, qui ne pourrait moissonner que son fourrage, et qui « serait obligé, pour avoir ses grains , de les faire récolter « sur la terre ». Ainsi l'essai de culture de l'A. sterilis a été fait déjà de- puis un demi-siècle, et on voit que la cause organique qui rend cette récolte improductive n'avait pas échappé à Du- mont de Courset. centre espèces suiement de la deuxième secs de genre Pr D PE | t4 nh ronde Fri d'entr' elles, les 4. pubescens et pratensis is ne sS tent aucune particularité. Ce sont des plantes en général | (56) assez répandues dans les terrains calcaires, et fort variables , surtout la dernière. Une troisième , A. Thorei Duby (A. lon- gifolia Thore non Req.), ; doit être considérée comme l’une des plantes les plus caractéristiques de la région aquitani- que. La quatrième est de même une plante exclusivement occidentale dont les limites paraissent plus étendues que celles de la précédente : c’est l'A. sulcata Gay, qui se ren- contre autour de Bordeaux presque partout où croit l’A Thorei, mais en quantité moindre. On la trouve assez com- munément à Arlac. Il n’est pas probable que cette plante, qui atteint souvent 1 mètre de hauteur, soit restée jusques .à ces derniers temps inaperçue dans nos environs; si elle n'appelait pas l'attention, peut-être est-ce parce qu'on la prenait pour l’une des deux premières. Par sa géographie connue, l'A. sulcata ne pouvait pas manquer dans la Gi- ronde. Au reste, ce n’est pas de la dernière saison que date sa découverte et son admission dans’ notre flore, car, dès 1852, M. Chantelat l’inscrivait dans le rime à son Catalogue des plantes de la Teste. Il faut reconnaître que les espèces de cette deuxième sec- tion s'associent mal à celles de la première. Il semble qu'elles devraient faire genre à part, au même titre que les Arrhe- natherum, Holcus, Aira,.Trisetum, Gaudinia, qu'on a successivement retirés de l'ancien genre Avena pour en former des groupes assez naturels et généralement adoptés. Les caractères sur lesquels s’appuierait le nouveau démem- brement ne seraient cerlainement pas plus faibles que la plupart de ceux dont on s’est servi pour l'établissement des autres genres, et on obtiendrait une association générique tout aussi naturelle, surtout si on pouvait en détacher l 4. Thorei pour le reporter à l'Arrhenatherum , ainsi que je l'a- vais proposé il y a déjà bien des années; mais le caractère constant des deux fleurs fertiles dans V4. Thorei exige que (57) cette plante reste dans le groupe Avenastrum, dont le genre Arrhenatherum ne diffère précisément que par des épillets dont la fleur inférieure est mâle, la supérieure seulement étant hermaphrodite et fertile. GLYCERIA PROCUMBENS Sm. — Le 18 Juin dernier, M. Lespinasse rencontrait à la Bastide, sur la jetée de la Ga- ronne, quelques pieds de Glyceria procumbens Sm. | Poa Curt., Sclerochloa P. B., Festuca Kth.), avec bien d’autres plantes évidemment trop étrangères au pays pour qu'il fût possible de se méprendre sur les causes de leur présence fortuite à Bordeaux. Toutefois, le Glycerie mérite une men- tion particulière. Cette espèce, répandue sur les côtes de presque toute l'Europe septentrionale, croît jusques dans les rues peu fréquentées du Hâvre. Elle est commune en- core sur le littoral du Morbihan et de la Loire-Inférieure, puis devient de plus en plus rare, et sa limite méridionale n’est pas, je crois, bien déterminée. Ce qu'il y a de positif, c’est qu’elle n’est pas spontanée autour de Bordeaux, et que les graines qui ont donné naissance aux individus trouvés par M. Lespinasse étaient à coup sûr venues d’ailleurs , pro- bablement de l’un des ports de Normandie ou de Bretagne. Néanmoins, on ne devrait pas regarder comme impossible qu’il en fût autrement , et que ces graines eussent été ap- portées par le flux de la Garonne des côtes mêmes du dé- partement. Il ne serait point surprenant, en effet, que le Glyceria procumbens descendit jusques aux rivages aquitani- ques, bien qu'il n'y ait pas été indiqué. Peu de graminées sont moins propres que celle-ci à appeler l'attention du bo- taniste ; elle croit ordinairement dans les lieux fréquentés et battus , et ressemble tellèment à un Poa piétiné, que l'ex- plorateur, s’il n’a pas l'éveil, n’est guère tenté de s'en oc- cuper. Il peut bien se faire que l'apparence peu séduisante de cette plante l'ait fait négliger jusqu'ici. Elle devra done + (58) être recherchée sur notre littoral; on comprend que sa dé- couverte ne serait pas sans intérêt, puisqu'elle nous per- mettrait peut-être de fixer avec plus de précision la limite méridionale de l'espèce. Bromus. — Je ne passerai point une revue complète de nos bromes. Si je m'’arrête un instant sur ce genre, c'est surtout pour faire remarquer que le B. sterilis L., si vul- gaire partout, si abondant autour des villes et parmi les dé- combres, sans être précisément rare dans la Gironde, s’y rencontfe cependant en quantité bien moindre que le B. Gussonii Parlat. Celui-ci, du reste , ne peut pas conserver le titre d'espèce, car il ne diffère réellement du B. rigidus Roth (ap. Rœm. et Usteri, Magaz. Botan. tom. IV, fase. X, p- 21, 1790), que par sa panicule plus fournie, à épillets penchés ou même pendants après la floraison, et par l’arête souvent plus courte. Dans les lieux fertiles voisins d’autres très-arides, nous le voyons passer, par des dégradations successives, de la première forme à la seconde, et devenir ainsi un vrai rigidus. Le B, maximus Desf. (F1. atl. I, p: 95, t. 26, 1798) est encore une troisième forme de la même plante ; elle a tout l'aspect du B. rigidus, c’est-à-dire une panicule peu fournie et toujours droite : elle s’en dis- tingue à peine par des épillets un peu plus gros, et l’arête plus longue encore. Cette dernière forme ne parait pas exis- ter dans la Gironde. Par droit d'antériorité, c ‘est le nom de Bromus rigidus Roth qui doit rester à l'espèce, , et le B. maæimus Desf. en devient une variété, tandis que, d’autre part, le B. Gussoni Parlat. et la plante de Roth constituent une variété unique sous deux formes qui passent de l’une à l’autre, selon les lieux. Je rappellerai cependant que E. Desvaux, dont l'opinion est toujours d’un grand poids sur une question de graminées, tenait le B. maximus Desf. comme une espèce à part. Îl est vrai qu'il s’appuyait alors ( 59 sur l'examen qu'il venait de faire d'échantillons exception- nels, rapportés de Tanger par M. Blanche, qui se faisaient remarquer par le volume de leurs fleurs et la longueur ex- cessive de l’arête. Triricum sect. Agropyrum (Acropyruu P. B.). — Je n'ai point à présenter d'observation qui me soit propre sur cette section difficile du genre Zriticum. Je me suis aperçu seule- ment que nous en avions des formes assez variées , et je les ai soumises à M. le D." Godron, Doyen de la Faculté des Sciences de Nancy, qui a fait de ce groupe une étude ap- profondie. C’est le résultat des déterminations du savant professeur que je donne ici. Je me bornerai à inscrire sim- plement des noms, sans les accompagner des observations intéressantes que M. Godron a bien voulu m'adresser au sujet de chacune de nos formes, car je ne crois pas devoir anticiper sur la publication prochaine de l’auteur des Gra- minées de la Flore Française, travail impatiemment attendu des botanistes, et qu’ils espèrent voir bientôt paraître avec le dernier volume de cette Flore. L’Agropyrum, si commun dans les prés salés du Teich, sur les bords de la Leyre et des réservoirs à poissons de mer, est le Tréticum pungens Pers., à fleurs longuement et courtement aristées ou tout-à-fait mutiques. Sa variété ma- crostachyum Godr. est aussi fort commune dans les mêmes lieux : elle se fait remarquer par un épi plus large, à épillets plus gros et disposés un peu obliquement sur le rachis. Le T. pungens à été pris récemment pour le T. acutum DC., mais nous avons aussi cette dernière espèce ; on la trouve dans les sables de la Teste, où elle paraît assez rare. Le T. repens L., polymorphe partout, se montre également chez nous sous des formes très-variées qui simulent parfois des espèces. Enfin , un autre Agropyrum , fort commun autour de Bordeaux, reconnaissable de loin à la teinte glauque de ( 60 ) toutes ses parties, n'est point, comme je l'avais cru, une simple variété glauque du T. repens ou le T. glaucum DC., mais bien une plante distincte de celles-ci, rapportée par M. Godron à son T. pycnauthum comme variété campestre. Ce rapprochement m'’ayant paru un peu forcé, je n’ai point hésité à communiquer mes doutes à M. Godron , qui a fran- chement reconnu que la plante de Bordeaux et du midi de la France se rattachait de trop loin, peut-être, à son 7. Pycnauthum , et qu’elle réclamait un nouvel examen. Atten- dons-en le résultat. Dans tous les cas, l’Agropyrum, en- core douteux, reste bien distinct, selon M. Godron, de toutes les formes du T. repens. Le T. pycnauthum Godr. se reconnaît à ses glumes et glumelles obtuses, à nervure médiane se terminant en une sorte de callosité ou de mucro épaissi. M. Godron a reçu cette belle espèce de divers points des côtes océaniques ; il est à peu près sûr que nous la trouverons sur notre lit- toral. Les T. junceum et caninum, sur lesquels il ne ee pas s'élever de doutes, n’ont point été soumis à M. Godron. En ajoutant ces deux Agropyrum aux quatre premiers , sur les- quels le savant botaniste a eu l’obligeance de nous rensei- gner, c'est en tout six espèces de ce groupe que compte déjà notre flore, en attendant la septième. Scnpus. — Ce genre, embrassé dans ses plus larges li- mites, c’est-à-dire en y comprenant tous ses démembre- ments , est richement représenté dans la Gironde, et pour- tant il se peut bien que nous ne connaissions pas toutes les richesses qu'il semble nous promettre encore. Rappelons- nous que les S. ovatus L., cæspitosus L., supinus L., Duvalii Hoppe, mucronatus L., Michelianus L. ne sont point inscrits dans notre flore, et qu’il n’y a pas de raison pour que la plupart de ces espèces , si ce n’est toutes, n’en ( 61 puissent faire partie , tandis qu'il faudra peut-être en effacer le S. compressus Pers., observé seulement à la Bastide, c'est-à-dire là où se montrent accidentellement tant d’autres plantes étrangères à nos contrées. Le S. compressus, en effet, est une plante du nord-est et du nord de la France, où elle est fort commune. Elle devient rare dans le nord- ouest, pour disparaître à peu près en Bretagne ; il est donc peu probable qu’elle arrive spontanément jusqu’à nous. Les $S, ovatus ( Helæocharis R. Br.) et supinus, assez rares partout, surtout le premier, sont des plantes canton- nées çà et là : elles semblent rechercher plutôt les stations à leur convenance , que se renfermer dans une région bo- tanique déterminée. Cependant, c’est encore dans l’est et le nord de la France qu’on les rencontre le plus fréquem- ment. Elles croissent aussi en Bretagne, et l’une d'elles, l'ovatus, plus au sud encore ; il se pourrait donc que leurs éclaireurs s’avançassent jusque dans les marais de nos lan- des. Il y a plus de probabilité qu'on y rencontrera le S. cæspilosus ; il est vrai que cette espèce habite ordinairement les hautes montagnes, mais elle descend volontiers dans les plaines marécageuses : on la trouve dans le département des Landes, ainsi on peut s'attendre à la retrouver dans les landes de la Gironde. Le S. Duvalü est encore une espèce ‘ probable, dont je ne parlerai pas autrement , attendu que M. Ch. Des Moulins a découvert l'été dernier à Vayres, sur les vases de la Dordogne, un beau Scirpus dont il n’a pas encore terminé l'étude, et qui paraît se rapprocher beau- coup du Duvalii, si ce n’est lui-même. Je ne veux donc rien préjuger sur les prochaines communications de M. Ch. Des Moulins. Le S. Michelianus ne devrait pas manquer dans la . Gironde, puisqu'il se trouve d'une pärt dans les Landes, * de l’autre en Vendée et en Bretagne. Le S. mucronatus n'est pas tellement méridional, qu’il ne puisse également croître (62) sur notre sol. Si cependant il n'y est point spontané, on doit s'attendre à le voir quelque jour apparaître dans les rizières de Cazau. J'en dirais autant du S. littoralis Schrad. si celui-ci n’était un peu plus méridional que le mucrona- tus, et si, par conséquent, ses chances de —— n'é- taient encore moindres. Si l'on considère que, grâce aux actives recherches des botanistes bordelais, notre flore s’est grossie de cinq es- pèces de Scirpus dans l’espace de quelques années : les S. uniglumis Link, Tabernæmontani Gm., pauciflorus Lighif. (S. Bæsthryon Ehrh.), Saviüi S. M. et parvulus R. S., on peut espérer, je crois , voir le nombre de ces espèces s'ac- croître encore d’une ou de plusieurs de celles que j'indiquais plus haut. On sait avec quelle profusion le S. parvulus est répandu dans les environs de la Teste, qu'il forme en cer- tains endroits baignés par les hautes marées’, de véritables prairies; eh bien, qu'on se rappelle que cette plante si abondante dans la localité maritime du département la plus fréquentée et la mieux connue , n’y a pourtant été bien dis- tinguée que depuis six à sept ans, et on comprendra qu’il reste beaucoup de chances de découvrir d’autres espèces de Scirpus, sur les points si nombreux encore qui sont de- ‘ meurés jusques à présent à peu près inexplorés. Le 9 Août dernier, M. Ch. Des Moulins et moi étions allés visiter les prés salés du Teich. En quittant les terrains salés pour nous rendre à Facture, nous commençâmes à rencontrer le . setaceus sur le sol d’eau douce, dès que l'influence immédiate des eaux salées cessa de se faire sen- tir, quand , bien entendu , nous n'avions vu que du S. Savii sur les terrains salés. Nous ne fûmes pas peu surpris de retrouver celui-ci en deçà de la dernière limite du S. seta- ceus, dans les fossés et sur les limons que l’eau douce seule avait baignés Il me parut intéressant de reconnaitre les (63) dermers points de contact de ces deux espèces et de cons- tater, si c'était possible, leurs empiètements mutuels. Le 20 Août suivant, je retournai aux mêmes lieux dans l’uni- que but de me livrer aux recherches minutieuses que de- mandait un pareil examen : je crois être arrivé au résultat que je cherchais. J'ai pu reconnaître# en effet, que le S. setaceus n’abandonnait jamais l’eau douce et ne pénétrait pas dans la station saline du Savii, tandis que celui-ci fran- chissait partout la limite extrème des terrains salés, la ligne même du partage des eaux, pour entrer dans les domaines du setaceus, auquel j'ai pu le voir mêlé dans les mêmes fossés. Juncus. — On trouve aux portes de Bordeaux, dans les parties les plus profondes des mares de la lande du Tondut, l’une des plus belles et des plus curieuses espèces du genre, le Juncus heterophyllus L. Duf., plante restée longtemps peu connue des auteurs, puisqu'ils ne l’admettaient point comme espèce distincte dans leurs livres, bien qu'elle soit l'une des mieux caractérisées du groupe des joncs à feuilles cloisonnées (1). Lorsque je rencontrai pour la première fois ce beau jonc dans les marais du Tondut , je ne connaissais pas encore bien sa géographie, et je la croyais plus limitée qu'elle ne l'est réellement ; aussi j'eus un moment l'idée d'étudier par- ticulièrement cette plante, et d’en faire le sujet d’une notice accompagnée de quelques figures. Je renonçai bientôt à ce (1) Le Juneus no lt fut publié en 1825, par M. L. Dufour, dans les Annales des sciences naturelles. Un peu avant cette épo- que, l'éveil avait été déjà donné sur cette belle espèce, par M. Guilland , ‘alors capitaine d'artillerie, qui, l'ayant observée dans les eaux des environs de Mimizan, l'avait en conséquence e J. Mimizant, nom resté inédit, mais qu’on retrouve encore dans quet- ques herbiers. (64) projet, en apprenant que le J. heterophyllus, aujourd'hui mieux connu des botanistes , n’était plus pour personne une espèce douteuse, que ses limites étaient plus étendues que je ne l'avais supposé, qu’on ne l'avait pas seulement observé dans les zones submaritimes, comme dans les quatre loca- lités d’où il m'étaitiglors connu , les landes aquitaniques , la Corse, la Toscane et la Calle en Algérie, mais qu’il péné- trait assez avant dans les terres et qu'on l'avait déjà signalé dans un grand nombre de lieux de l’ouest et du centre de la France. De plus, M. Cosson ayant, dans une courte note (PL, crit. p. 69), fait suffisamment ressortir les principaux caractères qui distinguent cette espèce de ses congénères les plus voisines, je n’aurai que peu de chose à ajouter sur ce point. Je rappellerai d’abord que la plupart des botanistes ont réuni le J. heterophyllus au J. lampocarpos, dont il diffère par l’ensemble de ses caractères , plutôt qu’au J. uliginosus avec lequel il a des rapports bien plus marqués. De tous les auteurs qui ont méconnu le J. heterophyllus, Kunth est, à ma connaissance, le seul qui ait rapporté cette plante à _ l'uliginosus, mais comme soit) synonyme et sans ” voir même une variété. Le J. heterophyllus diffère de l'uliginosus par ses feuilles aériennes très-grosses , cylindriques , nettement cloisonnées et fortement noueuses, non menues, légèrement compri- mées et canaliculées , faiblement cloisonnées, à diaphragmes non sensibles à l'extérieur ; par ses feuilles inondées et hi- bernales à diaphragmes très-espacés mais bien visibles, et non pas continues. Le J. heterophyllus ‘est constamment hexandre , l’uliginosus tantôt hexandre, tantôt triandre: les anthères mesurent deux fois la longueur du filet dans le premier, elles sont égales au filet ou un peu plus courtes dans le second; le style de celui-là égale la longueur de (65) l'ovaire et se divise en trois branches stigmatifères dressées, plus longues que leur support et dépassant la fleur; le style de celui-ci, beaucoup plus court que l'ovaire , se termine par des branches stigmatifères courtes; très-ouvertes et in- cluses. Les capsules de l’uliginosus s'arrêtent à hauteur des divisions du périanthe , leur sommet est très-obtus et briève- ment mucroné , quand celles de l’heterophyllus sont rétré- cies au sommet, un peu plus courtes que le périanthe, mais irès-longuement apiculées par le style persistant : nous trouvons des graines courtement ovoides dans l’inté- rieur de celles-ci, oblongues et atténuées aux deux bouts dans celles-là. Quelque importants que paraissent les caractères diffé- rentiels que je viens de rappeler, le port et la manière de vivre des deux plantes présentent des différences plus frap- pantes encore. Je ne chercherai point à les faire-ressortir toutes ; afin de ne pas surcharger cette Note de détails sans utilité, puisque la question spécifique n’est plus douteuse pour personne. Le J. heterophyltus aime les eaux profondes. ‘Il vient mal et fleurit peu au bord des mares, là où la couche d’eau est réduite à quelques centimètres de profondeur. Vers la fin du printemps, ses Chaumes jusque-là complètement submergés et munis seulement de feuilles filiformes, presque confer- voïdes , viennent apparaître à la surface, en se couronnant de 3 à 5 feuilles fort différentes des premières, grosses , roides , cylindriques, longuement pointues , très-nettement cloisonnées et fortement noueuses aux diaphragmes. Bientôt la cime florale se dégage de la gaine de la feuille supérieure. Lorsque la plante à mûri ses fruits, les feuilles aériennes Rime le chaume alers retombe au fond de l'eau et passe à l’état de rhizôme dont chaque nœud commence aussitôt à s’enraciner dans le limon et à émettre un faisceau Tome XX. 5 (66) de nouvelles tiges, qui se couvrent de feuilles confervoïdes. Au commencement de l'automne , lorsque ces jeunes pousses ont atteint quelques centimètres de hauteur, tous les mé- rithalles du rhizôme se détruisent rapidement, et chaque touffe constilue désormais un individu isolé. Ainsi, voilà une plante dite vivace qui ne conserve plus rien de vivant de l'individu dont elle procède : c'est moins une plante vi- vace qu'une plante renouvelée, Ce fait n’est pas sans ana- logie avec celui que présente l'Eryngium viviparum Gay, mais ce dernier est réellement vivace ; le pied ne meurt pas tout éntier après l’enracinement des gemmes, et l’indivi- dualité de la plante même se continue par une souche per- manente. Là ne se bornent point les évolutions du J. keterophyllus. Lés tiges que nous venons de voir surgir à l'automne des nœuds de la tige fructifère devenue rhizôme, ne sont point celles qui fleuriront plus tard. A peine longues d’un déci- mètre, elles s’affaissent sur le limon, et, à mesure qu'elles s’allongent, les nœuds prennent immédiatement racine. C'est de ce$ nœuds, et quelquefois aussi du bourgeon ter- minal, que s’élèveront, au printemps suivant, les tiges flo- rifères. Ces rhizômes de seconde formation et le nœud en- raciné dont ils sont sortis, meurent et se détruisent à l'épo- que où la tige qui a porté fruit passe à l'état de rhizôme gé- nérateur. Des évolutions à peu près semblables s’observent sur une variété très-remarquable du J. uliginosus, assez commune dans nos landes marécageuses. LesJ, uliginosus Roth est, comme on le sait, une espèce très-polymorphe. Il se présente dans la Gironde , sous trois formes ou races principales qui méritent d'être étudiées comparativement , non pas au point de vue spécifique , car il est assez évident que ces formes , bien que différentes de (67) port, ne sont que des variétés d’un type unique , mais sous le rapport de leur évolution hibernale qui n’est pas sembla- ble dans toutes. L'une de ces variétés force sur le sol humide ou rare- ment inondé, des touffes gazonnantes, quelquefois fort épaisses , d’où sortent de nombreuses tiges grêles, peu ou point renflées à la base , ordinairement couchées où à peine redressées ; la cime est peu fournie, les capitulés pauciflo- res, presque tous vivipares, à fleurs triandres ou rarement hexandres : c’est la plante à laquelle beaucoup d'auteurs ont particulièrement réservé le nom de supinus , nom que d’au- tres appliquent à l'espèce en général. Je n'ai pu encore observer en place la deuxième forme ou variété fluitans (J. fluitans Lam. et quorumd.) ; je l’ai vue seulement dans l'herbier de M. Ch. Des Moulins , recueillie par lui à Cestas. On sait que cette variété se reconnait à ses tiges longue- ment flottantes, à ses capitules clair-semés et pauciflores , et on est porté à considérer cet état comme l'effet de la submersion complète et constante de la plante. Cela est vrai sans doute jusqu'à un certain point, mais non pas d’une manière absolue, car la troisième variété dont il me reste à parler, et que j'aurais dù nommer la première, comme étant à mon sens l'expression la plus parfaite de l'espèce, croit ordinairement dans l’eau, au moins est-elle plus où moins inondée pendant la plus longue période de son existence , et toujours submergée en hiver. Or, cette forme est précisément celle qui s'éloigne le plus de la forme flaitans. Ses tiges peu nombreuses sont droites ou dressées, fermes, renflées en bulbe au collet, à cime composée, moins divariquée et plus fournie que dans les deux autres variétés , à capitules jamais on très-rarement vivipares for- més de 6-12 fleurs le plus souvent hexandres. C'est sur cette forme que j'ai observé une suite de développements - (68) analogues à ceux que m'a présentés le J. heterophylius Ce- pendant, si par le retrait ou l’évaporation de l'eau, la plante se trouve complètement mise à sec à l'automne, alors les tiges fructifères se dessèchent sans passer à l'état de rhizôme radicant, mais la vie ne s'éteint pas dans le vieux pied , et ses renflements bulbiformes émettent le plus sou- vent de nouvelles pousses: Je n'ai pas suivi les deux premières variétés dans leurs différentes phases de végétation; je n'ai surtout aucune donnée sur le développement. de la variété fluitans, et quant à la variété supinus, sa manière de vivre ne permet pas d'admettre pour elle un mode d’évolution semblable à celui que vient de nous présenter le J. heterophyllus. Deux autres espèces du même genre paraissent avoir été longtemps confondues dans notre flore, sous le nom de J. Gerardi : ce sont le J. bulbosus L. (J. compressus Jacq.) et J. Gerardi Lois. (J. nitidiflorus L. Duf. in Ann. sc. nat., 1825), espèces fort distinctes, qui ne se ressemblent que par le port. Leurs caractères différentiels étant générale- ment. connus, je ne les reproduirai point ici. On les trou- vera indiqués dans la plupart des flores nouvelles, et nulle part plus clairement exposés que dans la Flore du Mor- bihan de M. Le Gall, p. 626. Jusques à ces derniers temps , j'avais suivi l'exemple de la plupart des botanistes qui rejetaient le nom de bulbosus L. pour adopter le nom postérieur de: compressus Jacq., se fondant sur ce que Linné , darts la première édition du Spe- cies, avait confondu sons ce nom de bulbosus deux plantes fort différentes : celle que Jacquin nomma compressus et le J. uliginosus, créé plus tard également par Roth. Il parait que les phrases synonymiques des vieux auteurs amenèrent , en effet, cette confusion dans la première édition du Spe- cies ; mais on ne la retrouve plus dans la deuxième (p. 466) ( 69 ) où la phrase diagnostique, et surtout la courte description supplémentaire s'appliquent parfaitement au bulbosus, bien que certaines citations se rapportent encore à l’uliginosus , c’est-à-dire à. une plante que Linné n’avait probablement pas sous les yenx, puisqu'elle n’existe pas dans son herbier. Si nous n'avions que le texte du livre pour toute garantie , des doutes pourraient nous rester encore ; mais il y a des preuves bien autrement convaincantes. Déjà Smith, pos- sesseur de l’herbier de Linné, avait averti les botanistes de la concordance des échantillons de cet herbier avec la des- cripton du Species , et récemment le fait a été mis hors de doute par M. Hartman, dans son curieux travail critique sur les plantes de l'herbier de Linné, qui se rapportent à la flore scandinave (voy. Hartman Anteckning. vid de Skandin. Vaxtern. à Linn. herb. in Vetensk. acad. Handling., 1851). Nous lisons (p. 382) que tous les échantillons de cet her- bier, étiquetés bulbosus, appartiennent à cette espèce, telle que nous l’entendons, et que ce nom de J. bulbosus est écrit à côté des échantillons , de la main de Linné lui-même, propriä manu. En présence d’un fait si clair, il est évident que le nom de J. compressus Jacq. doit être définitivement abandonné , et qu'il est rationnel autant que juste de resti- tuer à la plante Linnéenne le nom de J. bulbosus qu'elle n'aurait jamais dû perdre. Les J. bulbosus et Gerardi s'exeluent mutuellement : c'est-à-dire que celui-ci ne croit que dans les lieux salés, soit maritimes, soit de l’intérieur. .Le J. bulbosus, au con- traire, ne quitte pas l'eau douce; on le rencontre assez fréquemment dans les pâturages battus qui bordent les ri- _vières, et il aime la compagnie du Potentilla anserina et du Nasturtium sylvestre. Le J. Gerardi foisonne dans certains prés salés du Teich; mais il est probable que la plupart des localités qu'on lui assigne dans les environs de Bordeaux se ( 70 ) rapportent plutôt au bulbosus. Néanmoins, il ne serait pas im- possible que le Gerardi eùt été trouvé sur les bords du fleuve, là où nous voyons si souvent remonter des plantes essen- tiellement maritimes et jusqu’au Glaux maritima lui-même. Deux espèces du même genre sont à rechercher dans la Gironde. L'une , Juncus tenuis Willd., plante commune aux Etats-Unis ,»vient toucher à plusieurs points de l'Europe occidentale, notamment à Nantes, où M. Lloyd l’a rencon- trée : elle pourrait bien se retrouver ici. L'autre, Juncus anceps Laharpe , outre ses localités méridionales, croît à Bayonne, au Mans et dans les plaines de la Sologne. Il est donc probable qu’elle existe aussi dans nos landes, où il se- rait intéressant de la constater, car cette découverte com- plèterait en quelque sorte la géographie connue de l'espèce. WorFFia, — SPIRODELA. — Pour les botanistes bordelais qui se livrent à l'exploration de nos contrées et qui ambi- tionnent l'honneur de nouvelles découvertes , il est un sujet de recherches bien digne d’exciter vivement leur ardeur, et dont le succès assurerait à celui qui aurait eu le bonheur de l'obtenir, une véritable renommée dans le monde botanique. Je veux parler des organes floraux et fructifères du Wolffia Michel Schleid. (Lemna arhiza L.), lesquels sont restés inconnus jusques à ce jour. Si, malgré l'ignorance où l’on est de la structure de sa fleur, le Lemna arhiza à été placé par M. Schleiden dans son genre Wolffa, c’est à cause de sa parfaite analogie avec deux espèces étrangères , types du genre , dont les organes reproducteurs sont parfaitement connus et ont été décrits et figurés par l’auteur du genre et par M. Weddel, Or, ce Lemna arhiza ou Wolffia Michelii Schleid., eroît en telle abondance dans nos environs , et jusque dans des fossés dé- pendants d'une rue de la ville, qu’un botaniste bordelais se trouve tout naturellement placé dans les conditions les plus (71) favorables d'observation et de réussite. Contrairement aux autres Lemnacées, notre Wolffia n'apparaît que très- tard dans la saison; c’est seulement vers la fin de Juillet qu'il commence à se montrer à la surface des eaux tran- quilles, et il disparaît à la fin de l'automne. Ce serait donc pendant une période de quelques mois seulement que le _Wolffia ne devrait pas être perdu de vue, qu'il faudrait l'examiner attentivement dans tous les lieux où son exis- tence sera connue, dans tous les sites comme à toutes les expositions. On peut espérer que des recherches faites avec ce soin et suivies chaque année avec persévérance, seraient quelque jour couronnées de succès. Si cet espoir se réalise, l’auteur de la belle découverte devra bien se garder de pro- céder par les moyens ordinaires à la dessiccation des précieux échantillons fructifiés, mais il les conservera dans des fla- cons remplis d'alcool, après les avoir débarrassés des corps étrangers, et surtout du Zelmatophace gibba, sous la pro- tection duquel le Lemna arhiza se place fréquemment. Le Wotffia Michelii n’est pas la seule de nos Lemnacées à rechercher activement en fructification. Il en est une autre plus généralement répandne, commune aussi autour de Bordeaux, dont il ne serait pas moins intéressant de décou- vrir la fleur, le fruit surtout; plus intéressant peut-être, puisque la place du Lemna arhiza est bien évidemment marquée dans le genre Wolffia. tandis qu'il n’est pas en- core bien constaté que le Lemna polyrhiza doive constituer un genre à part. ‘ M. Schleiden a créé pour cette plante le genre Spirodela ; il l'établit moins sur des caractères tirés des organes repro- ducteurs jusqu’à présent très-imparfaitement connus , que sur l'existence dans toute l'épaisseur du tissu de la fronde de nombreux vaisseaux spiraux qui manquent, où dont on trouve à peine des traces dans les autres Lemnacées. L'au- (m2) teur a pensé qu’une différence aussi essentielle dans la struc- ture des tissus devait coïncider avec des différences non moins marquées dans les organes de la fructification. Cette supposition n’est pas encore devenue une certitude, car le Lemna polyrhiza a été vu une seule fois en fleurs ; mais le fruit n’ayant été connu ni de M. Schleiden ni d'aucun autre botaniste, il en résulte que le genre Spirodela reste encore un peu hypothétique. Quel que soit donc le degré de proba- bilité qu’on accorde à l'hypothèse du célèbre organographe, il ne faut pas oublier qu’elle est encore à prouver et qu’elle ne peut être que par la découverte de la fructification par- faite du Spirodela polyrhiza. Les fleurs de cette plante n'ayant été aperçues qu'une fois seulement , dans un état très-imparfait et complètement nul pour l’étude du fruit et de la graine, on comprend l'intérêt scientifique qui s’attacherait à la découverte de ces organes. Cette découverte a été déjà faite pourtant ; par un botaniste . habile et des plus éclairés; mais uniquement occupé d’au- tres études botaniques, ignorant alors que la fructification du polyrhiza fût si peu conne, il ne tint pas assez de compte de sa belle trouvaille et négligea de s’en approvi- sionner., Feu E. Desvaux, dont je me suis plu à reproduire le nom dans ces Notes, rencontra un jour en abondance le Spirodela polyrhiza en pleine fructification dans le dépar- tement de Loir-et-Cher, près de la petite ville de Montdou- bleau qu’habite sa famille. Qu'on juge de ses regrets lors- que, de retour à Paris, il apprit qu'il venait de laisser échapper une des plus belles et des plus rares occasions qui puissent se présenter en France aux recherches d’un bota- piste! Il espérait ressaisir cette occasion plus tard, mais lorsqu'il se à Montdoubleau, ce fut pour se coucher sur sôn lit de mort! Zostera. — gi lit dans le n.° de Septembre du Bulletin (7%) de la Société botanique de France , l'annonce de la décou- verte que je venais de faire du Zosfera nana Roth autour du bassin d'Arcachon. Dans leur empressement à citer mon nom, empressement dans lequel j'ai reconnu avec bonheur la continuité de leur bienveillance , MM. les rédacteurs du Bulletin ont attribué à cette découverte, si découverte il y a, plus d'importance qu’elle n’en à réellement ; ils ont ou- blié un moment que le Z. nana a été déjà observé par plu- sieurs botanistes, notamment par M. Gay, sur de nombreux points de notre littoral océanien , et que cette même zostère est inscrite dans les flores de MM. Le Gall et Lloyd. J'ai simplement indiqué une localité de plus pour une plante qui se trouve probablement partout sur les rivages de nos deux mers, c'est-à-dire que je n’ai ajouté qu’un fait bien minime à l’histoire de sa géographie. Néanmoins, cette circonstance me fournit l’occasion de remonter à la première découverte de cette plante en France, et d'en faire connaître l'autèur. Cette découverte n'appartient à aucune des personnes que je viens de nommer, ni même à feu Delile qui, antérieure- ment encore, paraît avoir observé le Z. nana sur les côtes de la Méditerranée. Il y a un demi-siècle, c’est-à-dire plus de vingt ans avant que Roth publiât son espèce, laquelle avait été déjà observée avant lui d’ailleurs , et même figurée, dès 1792, par le botaniste napolitain Cavolini , sous le nom de Phucagrostis minor, il y a un demi-siècle, dis-je, un bordelais , M. le D." de Lamothe, la découvrait pour la pre- mière fois en France et la recueillait en abondance et bien fructifiée sur les bords de la mer, près Montpellier, où il suivait alors les cours de la célèbre Faculté de cette ville. La plante existe encore en grand nombre dans l’herbier de M. de Lamothe, malgré les libéralités qu'il en a faites; l'éti quette porte [a date de 1805, avec ce nom en doute : : Zos- tera meéditerranea? On comprend qu'il n'é était pas sc (74) alors d'arriver à une détermination plus exacte. C’est donc le nom de M. de Lamothe qui doit figurer en tête des bota- nistes qui les premiers observèrent et recueillirent en France le Z. nana. L'herbier de M. de Lamothe renferme bien d’autres plantes rares de la flore de Montpellier et des Cévennes, décou- vertes par lui de 1803 à 1806, lesquelles n'ont été retrou- vées que bien plus tard, ou dont il fit connaître l'existence dès-lors. Je citerai le Vallisneria qui, à cette époque, n'en- combrait pas comme aujourd'hui le canal du Midi, et dont les localités connues étaient encore peu nombreuses. Déjà pourtant, en 1805, cette plante croissait avec une extrême abondance tout près de Montpellier, dans le Lez, où per- sonne, pas même Gouan, ne l'avait aperçue. M. de La- mothe la remarqua le premier, et il en prépara de nom- breux échantillons qui, aujourd'hui encore, semblent frai- chement récoltés. Il en est de même de l’Aldrovanda, qui date du même temps, et dont on compte dans l'herbier des centaines “d'échantillons, seuls représentants aujourd'hui d’une plante qui a disparu des lieux où elle abondait alors. Bien différent des herbiers de cette époque, celui de M. de Lamothe remplit toutes les conditions qu’on exige mainte- nant de ces sortes de collections. Il ne se fait pas seulement remarquer par le nombre, la beauté, l'excellent état des échantillons, mais encore par la justesse des détermina- tions , l'inscription des localités et des dates, détails recon- nus indispensables aujourd'hui, mais auxquels on ne pen- sait guère il y a cinquante ans A la vue de cet herbier, si on se reporte au temps où il fut commencé, on est frappé de l'intelligence, du savoir, comme aussi de la prodigieuse activité qui durent présider à sa formation, et on regrette vivement que son possesseur ait abandonné sitôt une science où il avait si heureusement débuté et aux progrès de laquelle (75) il eût, à coup sr, efficacement contribué percer le demi- siècle qui vient de s’écouler. Le désir et le devoir de payer un juste tribut d’éloges au vieil herbier de M. de Lamothe m'’a entrainé hors de mon sujet : je me hâte d’y rentrer. Avant d'aller plus loin, je ferai remarquer que ke Z. nana devrait perdre le nom qu'il a reçu de Roth pour prendre celui de Z. uninervis Forskh. {Vahl, Enum. pl. 1, p. 14) que lui avait une première fois restitué Reichenbach ( F1. Germ. exc. 1, p. 137), s’il est bien vrai que le Z. uninervis de la mer Rouge ne diffère du Z. nana des mers d'Europe et d'Afrique que par des feuilles longues d’une palme au lieu de n'être que de la longueur du doigt. (Voy. Koch, Syn. ed. 2.2 p. 785. ). Nous verrons bientôt, en effet , que le Z. nana pousse , dans certaines circonstances , des feuilles bien autrement longues que celles attribuées au Z. uninervis. Ce dernier nom aurait de plus l'avantage d’être très-significatif, car les feuilles du Z. nana sont surtout caractérisées par une nervure principale unique, comme celles de l’angusti- folia par trois nervures et celles du marina par cinq. Toutefois, on peut se demander s’il ne serait pas plus juste, plus conforme aux règles de la nomenclature , d’écar- ter les deux noms qui précèdent, pour adopter définitive- ment celui de Z. minor Nolte (Rchb. Zcon. Germ. VIE, P- 2, tab. II), qui consacre le premier nom que l'espèce a reçu. La seule objection qui se présente, c’est que, pour Cavolini , ce nom de minor était relatif : il exprimait les di- mensions moindres de son Phucagrostis minor comparé à son Phucagrostis major. Or, celui-ci est devenu le Cymo- docea œquorea, plante qui a tout le facies d’un Zostera, _ mais qui en est bien différente par sa structure florale. Le nom de Z. minor, impliquant une idée de relation avec une “espèce qui n'appartient plus au genre, perd ainsi la plus (%) grande partie de sa valeur, malgré son antériorité incontes- table, et ne doit peut-être pas être repris. Le Z. nana n'existe peut-être nulle part en aussi grande abondance qu’au bassin d'Arcachon. La zone de verdure, quelquefois fort large qu’il forme autour du bassin , occupe la partie moyenne de la plage que la mer découvre, et se rap- proche des points couverts seulement par la haute mer. Cette zostère fructifiant partout, il semble qu'il n’y eût qu'à se baisser poyr ppéreerair les ques et être mis ainsi sur la voie; mais p iner la petite plante qui forme le gazon ces neue prairies, parce qu'on la prenait pour du Z. marina naissant, et arrêté dans son dé- veloppement par suite de son éloignement des grandes eaux. J'aurais à coup sûr partagé la même idée si le Z. nana ne m'eût été connu d'avance. : Les feuilles de cette espèce sont ordinairement assez courtes et ne dépassent guère 1 ou 2 décimètres ; mais si la plante croît exceptionnellement dans une eau profonde, dont le lit ne découvre jamais, ses feuilles s’allongent beaucoup et peuvent atteindre près d’un mêtre. C'est ainsi que je les ai observées une fois dans les eaux très-saumâtres des ré- servoirs à poissons du Teich, là où peut encore croître une petite forme de Nymphæa alba, dont je parlerai dans un second article. En cet état et dans de telles conditions, la zostère doit fructifier rarement ; néanmoins sa floraison n’en est pas absolument empêchée, car M. Ch. Des Moulins qui a vu la plante dans l'endroit même que je viens de citer, a trouvé quelques spathes florifères. Lorsque, à mer basse , on s’avance sur la plage, on com- mence à rencontrer le Z, nana par petits groupes épars, qui s'étendent et se rapprochent de plus en plus, puis il forme des bancs continus où se mêle, en faible nroportion d'abord, une autre zostère généralement regardée comme Car: une variété a Z. marina (Z. marina £. angustifolia auctt.) mais donnée et figurée par Reichenbach comme espèce dis: tincte sous le nom de Z. angustifolia ( Icon. FI. Germ. VIT, p. 5, tab. III) et admise également par M. Babington (Man. of Brit. bot. 2.4 ed. p. 346). En continuant de s'a- vancer vers la basse mer, on voit une graduellement la masse de ce Z, angustifolia et d le d jusqu "à ce que celui-ci Gibie par dispéristre et laisse la place libre au premier. Cependant , le Z. marina type n’a pas encore paru ; on ne commence à le rencontrer que sur les bas-fonds qui découvrent à peine aux plus basses marées, et il s’étend ensuite en vastes prairies sous-marines, qui cessent à une certaine profondeur. La manière de vivre de ces deux plantes est si différente , la station particulière à chacune d'elles si bien définie, qu’il est difficile, en les voyant en ee de ne pas croire à deux espèces. Si le Z. angustifolia n'est qu'une variété du marina, il ne faut pas supposer cependant que ce soit uniquement aux conditions biologiques particulières qui lui sont faites par sa situation amphibie, que doive être attribuée la réduction de toutes ses parties, c’est-à-dire un rhizôme moins épais, des feuilles moins longues, bien plus étroites, à trois nervures principales au lieu de cinq. Un fait bien constaté prouvera qu'il faut chercher ailleurs la cause de ces différences. J'ai rencontré le Z. marina végétant exceptionnellement et en petit nombre dans une clairière de la zone de l’angustifolia. Le type se faisait reconnaître à première vue, bien que sa situation exondée l’eût singulièrement appauvri. Le rhizôme était out aussi épais que celui des individus sous-marins ; les feuilles, quoique plus courtes et bien plus étroites que celles qui se développent en pleine eau, étaient encore du double plus larges que celles de la plante environnante , et munies des cinq nervures qui caractérisent constamment les (78) | feuilles du Z. marina. En un mot, il m'a paru démontré que ce dernier conserve ses caractères de végétation lors- que, par une rare exception , il sort de sa station naturelle et s'établit au milieu de celle de l'angustifolia. Il est donc bien difficile d'admettre que des plantes qui conservent leurs caractères particuliers de végétation dans des conditions aussi complètement identiques que celles de l'exemple que je vièns de citer, ne soient que des variétés l’une de l’autre. On voit, il est vrai, dans les analyses des figures que Reichenbach a données de ces deux zostères (1. c. tab. II et IV) des caractères différentiels bien suffisants, surabon- dants même, pour les distinguer comme espèces. Néan- moins, je n'ose formuler une opinion en ce sens avant d'a- voir pu vérifier ces détails sur les deux plantes du bassin d'Arcachon. Il ne m'a pas été possible cette année de les étudier comparativement dans un même état de floraison et de fructification. Cet examen, d'où dépend la solution de la queslion, ne peut guère être fait utilement sur le sec, et d’ailleurs je n’ai pas rencontré un seul pied fertile de Z. marina, et je n'ai pas vu le fruit mûr du Z. angustifolia. J'ai trouvé celui-ci en fleur, le 25 Septembre dernier, au nombre de quatre à cinq pieds seulement, sans aucune trace de fruits mûrs ou de floraison antérieure, de sorte que je ne sais pas encore si les rares fleurs que j'ai rencon- trées en Septembre, ne sont que des fleurs de seconde sai- son, comme bien des plantes en produisent en automne, ou bien si elles indiquent l’époque réelle de floraison de l'angustifolia. Dans ce dernier cas, nous aurions à consta- ter une différence de plus entre les deux plantes, car le Z. marina fleurit au printemps. Malgré toutes les apparences et le haut degré de proba- bilité qui en résulte, en l'absence d’études comparatives plus complètes, en présence surtout de l'opinion des bota- x (7%) nistes éminents qui ne regardent le Z. angustifolia que comme une variété du marina, je demeure encore dans le doute, et je termine cette Note sans rien conclure sur la question qui en faisait le principal objet. ZaNnicBELLIA. — En inscrivant le nom de ce genre, Je n'ai d'autre but que d'appeler de nouveau l'attention des botanistes bordelais sur l’une des deux espèces dont il se’ compose, espèce qu’on n'a pas encore rencontrée dans la Gironde ni dans les landes limitrophes, et qui pourtant ne devrait pas y manquer. Son absence sur notre littoral laisse- rait une lacune inexplicable dans la géographie de l'espèce ; aussi, dans une lettre adressée à M. Lespinasse, le 19 Mai dernier, M. Gay écrivait-il : « Cette plante ne peut pas ne pas se trouver dans la Gironde ». Les longs travaux de M. Gay sur les Potamées, travaux qui vont bientôt paraître et que les botanistes attendent avec une vive impatience, l'ont conduit à ramener à deux types spécifiques seulement toutes les formes connues de Zanni- chellia. Toutes ces formes, et les prétendues espèces aux- quelles elles ont donné lieu, viennent se ranger soit dans le Z. brachystemon Gay, soit dans le Z. macrostemon Gay; et le Z. palustris L. qui n’était que l'assemblage de ces formes variées et confondait les deux espèces vraies, n’a plus de raison d’être. Il ne m’appartient pas d'entrer plus avant dans l'histoire de ces deux plantes. Je dirai seulement que le Z. macroste- mon Se fait remarquer par de très-longs filets et par de grosses anthères à 4 loges. Ces signes suffiront pour faire reconnaître cette espèce et la distinguer du Z. brachystemon dont les filets sont plus courts, les anthères moins grosses et à 2 loges seulement. Toutefois, afin de faire mieux sentir l'intérêt qui s’attacherait à la découverte chez nous du Z. macrostemon , j'ajouterai quelques mots sur la distribytion ( 80) géographique des deux espèces. Je dois ces précieux rensei- gnements à l'amitié, à l’inépuisable obligeance de M. Gay, qui vient de me les adresser dans une lettre toute récente, en me permettant d'en faire usage. En voici le résumé : Le brachystemon est une plante cosmopolite, répandue à la fois dans les deux mondes et dans les deux hémisphères , plutôt en dehors qu'en dedans des tropiques. Il remplit l'Europe et le bassin de la Méditerranée, mais n’a pas en- core été observé en Algérie. L’aire du Z. macrostemon est comparativement très-res- tréinte, puisqu'elle se borne à l’ouest de l’Europe , prolongé sur la régence de Tunis, l'Algérie et l'archipel canarien, trois contrées où l’autre espèce n’a pas encore été rencon- trée, tandis que, partout ailleurs , le macrostemon a pour voisin le brachystemon , quelquefois dans les mêmes fossés. A l’est de son aire, il ne dépasse pas la latitude de la Pro- vence et du Languedoc. A l’ouest, où il paraît être partout sur le littoral (et vivant indifféremment dans les eaux douces et saumâtres) , il croît à Lisbonne, Bilbao , Bayonne , dans les Deux-Sèvres , la Vendée , etc. , et remonte jusque dans le voisinage de Cherbourg, suivant l'exemple de beaucoup d’autres plantes méditerranéennes qui, à la faveur du climat océanique, s’avancent plus on moins loin vers le nord, au- delà de leurs parallèles naturels. On voit que l’illustre botaniste à qui l’on doit ces indica- tions géographiques, a bien raison de nous demander avec tant d'instances le Z. macrostemon et d'écrire : Cette plante ne peut pas ne pas se trouver dans la Gironde. Elle y à pourtant été bien cherchée , et jusqu'à présent sans succès. Il est même probable qu’elle n'existe pas dans les eaux que nous avons fouillées et où le Z. brachystemon a élé trouvé quelquefois. Mais que sont encore les explora- (81) tions très-bornées que nous avons faites auprès de celles qui restent à faire ? La rareté du Z. brachystemon, si vulgaire ailleurs, dans une contrée qui pourtant lui semble si favorable, est déjà un fait assez singulier. On l’a rencontré seulement dans un petit nombre de localités aux environs de Bordeaux, et M. Comme l'a trouvé, il y a quelques années, mêlé aux deux Ruppia, dans les eaux très-saumâtres du Teich, là où on aurait supposé que devait croître uniquement le macroste- mon. Enfin, M. Lespinasse a recueilli, l’été passé, à Pom- pignac, un brachystemon qui a présenté au savant mono- graphe des anomalies d’inflorescence fort singulières, qui seront décrites et même figurées dans le travail de l’au- teur. PorTamoceron. — De tous nos genres de plantes aquati- ques , le Potamogeton est le plus largement représenté dans la Gironde. Les recherches des dernières années ont pres- que doublé le nombre des espèces mentionnées dans la der- nière édition de la Flore Bordelaise, et il semble que nous soyons arrivés au terme de tout ce qu’il nous était permis d'espérer. À la vue de ces richesses, j'avais conçu le projet de passer une revue complète de nos espèces, comme je l'ai fait pour le genre Avena, mais lorsque j'ai voulu me mettre à l'œuvre, je me suis bientôt aperçu que j'étais loin d’être en mesure de procéder à une pareille révision. Les maté- riaux d'étude me manquent; je n'ai vu ces plantes en place que dans bien peu de localités , je n’ai pu observer leur vé- gélation hibernale que sur un petit nombre d'espèces, et très-imparfaitement même dans celles-ci. Or, c’est précisé- ment sur ce point fort curieux et peu étudié que je désirais réunir et présenter une suite d'observations. Si je parviens en recueillir un certain nombre, elles. trouveront place à dans un article ultérieur. Tome XX. | 6 { 82) Parmi les espèces de Lstengiien nouvellement décou- vertes dans la Gironde , il en est deux qu'on ne devait guère s'attendre d'y rencontrer, au moins l’une d'elles : c'est d’a- bord le P. rufescens Schrad. , plante de l'est et du nord , qui n'avait pas été observée, que je sache, en decà de la Loire, et, en second lieu, le P. plantagineus Ducr. ( P. Horne- manni Mey.) ; celui-ci, un peu moins septentrional que le premier, franchit la Loire vers l'ouest, et se rapprochait déjà beaucoup de nos contrées, puisqu'il avait été vu jusque dans la Charente-Inférieure. La découverte du premier est due à M. l’abbé Revel qui la recueillit à Cestas, il y a déjà plusieurs années ; celle du second appartient à un jeune botaniste bordelais dont je regrette d'ignorer le nom. Le P. polygonifolius Pourret, Chloris Narbon. in Hist. et Mém. de l’Acad. roy. des Sciences, Inscript. et B. let. de Toulouse, WI, p. 325, n.° 904 (1788) — ( P. oblon- gum Viv. in Ann. Bot. LE, p. H, p. 102 [1802]), est très- commun dans les mares de nos landes. Partout où le sol est tourbeux où uniquement siliceux, il remplace le P. natans. D'ailleurs , il faut la pleine eau à celui-ei , tandis que le po- lygonifolius s’accommode parfaitement d’un limon inondé seulement pendant une partie de l’année , comme cela a lieu dans la plupart des marécages et des fossés des landes. La découverte des PP. trichoïides Cham., obtusifolius M. K. et acutifolius Link est d’une date plus récente. Enfin, l'espèce européenne la plus rare et la moins con- nue du genre, vient d'être tout nouvellement constatée dans notre département , où, du reste, elle ne pouvait guère manquer, puisque c'est une plante tout aquitanique. Le P. varüfolius Thore a été trouvé à Lamothe, dans la Leyre, et il existe probablement dans tout le cours de cette rivière et de ses petits affluents. Il est bien surprenant que les bota- nistes qui ont écrit sur la flore francaise se soient montrés {85 ) si peu préoccupés d'une espèce pourtant si remarquable. De Candolle et M. Duby l'ont admise, il est vrai, dans la Flore Française et dans le Botanicon ; hors de là, nous ne la retrouvons plus dans les livres des auteurs que rejetée comme synonyme douteux à la suite d'espèces disparates, telles que P. fluitans, gramineus, serratus, etc., confusion qui prouve que cés auteurs ne connaissaient pas le 2. varü- folius et qu'ils ne le jugeaient que d’après les descriptions fort incomplètes que nous en avons jusqu’à présent. Cepen- dant, Koch parait avoir eu connaissance de la plante de Thore , puisqu'il dit dans les deux éditions du Synopsis, à la suite du P. fluitans : « P. varüfolium Thore à P. fluitante longè differt. » Kunth , sans prendre aucun parti, se borne à reproduire textuellement la citation précédente de Koch (Enum. plant. WE, p. 153). mais en l'insérant à l suite de sa description du P. lucens , il semble vouloir rattacher le P. varüfolius à cette espèce. On voit que la description complète d'une plante aussi imparfaitement connue et si rare dans les herbiers, serait bien placée ici. Je m'empresserais de la donner, si l'organe le plus important à faire connaître , le fruit mûr, ne me far- sait défaut. Je n'ai pu me le procurer, peut-être à cause de la saison avancée, et je n’ai sous les yeux qu'un petit nombre de fleurs tardives et mal développées. À la fin de la cam- pagne prochaine je serai, je l'espère, en mesure de revenir sur cette belle plante. Le temps et l’espace qui me manquent à la fois, m'obli- gent d’ajourner également à cette époque les Notes qui con- cernent quelques dicotylédonnes de notre flore. Durteu DE MAISONNEUYE. | Bordeaux, le 14 hécanbre 1854. ( 84 ) IT. — Quelques mots de réponse à M. BOURGUIGNAT , à-propos de son Ancylus Janii (1). Par M. GASSIES, titulaire. Depuis nos publications sur l’histoire naturelle des Mol- lusques terrestres et d’eau douce indigènes , et les observa- tions que de 1847 à 1851 nous avons pu faire , en dehors de nos occupations journalières, nous avons reçu de la plupart des savants nationaux et étrangers, des notes rem- plies de critiques qui nons ont aidé depuis dans notre iso- lement provincial et nous ont permis d'étudier avec plus de fruit. Ces critiques bienveillantes nous ont encouragé et nous avons depuis lors utilisé nos rares loisirs à des observations se rattachant aux animaux qui nous occupent plus spéciale- ment. Nous nous proposions d'en publier quelques-unes , lorsque nous apprimes de plusieurs conchyliologistes de Paris, que notre dernier opuscule sur l'embryogénie des Ancyles (2) venait d’être attaqué dans la Revue de Zoologie par M. Bourguignat (3). N'ayant pas l'honneur de connai- tre ni d’être connu de cet honorable savant et ne recevant pas la Revue de Zoologie, nous n'avons pu consulter l’ar- ticle nous concernant qu’en ayant recours à l'obligeance d’un ami. Nous ne dirons rien de l'attaque ; M. Doninienes a le soin de nous dire qu'il ne sait pas flatter. Nous trouvons (1) Ancylus capuloïdes Porro. Anc. fluviatilis var. capuloidea Gass. in Act. Soc. Linn. Bord. (2) Quelques faits d’Embryogénie des Ancyles, en particulier de l'An. capuloïdes Porro, Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux. (3) Revue et magasin de Zoologie, publié par M. Guérin de Men- neville, n.° 5 , 1853. (85) seulement qu'il y a loin de sa critique à la flatterie : tout peut se dire, mais chacun a sa manière. Nous ne nous sommes jamais posé en savant, moins en- . core en érudit; il nous sièrait fort mal de le faire, nous, pauvre provincial dépourvu de bibliothèque et d'objets de comparaison ; ne pouvant consulter les collections typiques et les livres que lorsque un obligeant auteur veut bien nous les confier un instant ; aussi nous sommes-nous borné à ex- périmenter sur nature, à observer longuement et puis à dire ce que nous avions vu. C’est donc comme simple observateur que nous pouvons être jugé et nous ferons toujours cas des observations des savants qui auront assez de temps pour s'occuper de nous. Nous répondrons à M. Bourguignat sur les faits princi- paux qui sont l’objet de sa notice et nous espérons lui prou- ver que nous n’avons pas commis toutes les erreurs qu'il nous reproche. L'honorable critique veut que son Ancylus Janü soit une bonne espèce, tandis que nous avons dit qu'elle n'était qu’une variété plus grande de l’Ancylus fluviatilis. D'abord, qu'est-ce qu’une espèce ? Sinon un type constant d'un même genre. Qu'est-ce qu’une variété ? un individu d’une espèce déjà connue, mais s’en éloignant par des caractères saisissables. Or, l’Ancylus fluviatilis et l'Ahcylus Janü, ou plutôt capuloides, sont pour nous comme pour M. Moquin-Tan- don {1}, quoiqu’en puisse dire notre critique , une seule et même espèce variant par le plus ou moins de taille. (1) « Vos Ancyles sont arrivées vivantes, etc. J'ai déjà examiné un individu et reconnu (ce que je soupçonnais déjà) que cette pré- * tendue espèce n'aurait pas dû être distinguée du fluviatilis. Pauvre Noirs vaturelle!.…… ete. » (Toulouse, 21 Mars 1851), ( 86 ) Quant à l'anatomie (que nous n'avons pas la préten- tion d’enseigner), celle que nous avons faite des deux ani- maux, nous a présenté une telle identité d'organes que no- tre foi a été entière ; et, quoique l'honorable auteur de l'Anc. Janii en doute, nous affirmons ici que nous avons vu les deux mollusques en même temps, et semblables dans tou- tes leurs parties. Quant à la présence des branchies, tout nous le prouve; car le réseau yasculaire est pectiné et nous le croyons des- tiné à la respiration ambiante (1). Pour ce qui est de la dextrorsité ou sinistrorsité des Ancyles, si nous nous sommes étayé de l'opinion de M, Moquin-Tandon, c’est que nous pouvions le faire, et cette opinion en vaut bien une autre. Voici ce que nous écrivait le savant Professeur, le 10 Août 1853. « L'Ancyle fluviatile est un mollusque sénestre à coquille » dextre; VAncyle lacustre présente un animal et une co- » quille dextre. (t} Les auteurs anglais ont raison ; cepen- » dant je ne pense pas qu'il convienne de maintenir le genre » vellelia autrement que comme section ». . Quant aux termes monoïques et dioiques, nous da avons pris dans le Mahuel de Malacologie de M. de Blainville, et celui de monoïque appliqué aux Ancyles est une erreur de typographie qui n'a pas élé corrigée, car le travail prépa- ratoire porte le nom contraire; et, si nous ne nous sommes pas servi de celui d’androgyne, c'élait pour nous conformer à l'opinion du savant Auteur du Manuel de Malacologie. M. Bourguignat avance que nos observations, sur l’accou- plement, diffèrent de celles de MM. Bouchard Chante- ) L'expression recevoir Yair ambiant, etc., est impropre ; sr accusops avoir commis une erreur que la ‘simnle lecture devait : nous faire apercevoir , et qui pourtant à été vue par de nombreuses personnes avaut l’impression ï (87) reaux (1) et Moquin-Tandon (2). Nous avouons ne rien trouver dans les travaux de ces deux savants de contradic- toire aux observations émises par nous ; nous prions no- tre critique de bien relire ces auteurs, et il pourra juger alors si dans ce que nous affirmons avoir vu , nous sommes - en opposition avec eux. Le temps nous manque encore plus qu’à notre critique, et il le sait bien, voilà pourquoi nous suivrons son exemple en n'entrant pas dans de nouvelles analyses nous conten- tant de renvoyer aux auteurs sus-nommés. Nous voici arrivé au reproche qui nous a paru le Fr surprenant sur la va- leur de nos dessins (3). M. Bourguignat se trompe en disant que nous répro- chons à M. Bouchard une symétrie trop recherchée dans la position des embryons ; nous avons tout simplement dit ceci : « Les figures qui accompagnent lé mémoire de M. Bou- » chard sont trop régulières. J'ai vu une centaine de pla- » ques gélatineuses ; elles sont toutes spiriformes et sem- » blables aux dessins que je donne et que j'ai fait moi- » même sur nature. Les loges ne sont point symétriques, » mais diffèrent souvent entr’elles de grandeur, et la supé- » rieure plus évasée, semble se séparer à l'insertion, comme : » le fait l'ouverture des coquilles foraminifères que j'ai nom- (1) Ponte de l’Ancylus fluviatilis Drap. Extr. de deux lettres à M. Ch. Des Moulins, corresp t par M. Bouchard , naturaliste à Boulogne- sur-Mer. ( Actes de la Soc. Linn. de Bordeaux ) (2) Recherches anatomico-physiologiques sur l’Ancyle fluviatile _ Ancylus fluviatilis Mull., par M. Moquin-Tandon. Journal de nr liologie , tome 3, pag. 7-21. (3) Nous savons par expérience ce que coûtent les dessins faits à Paris ; nos mollusques de l’Agenais sont là pour le prouver. (88) » mées plus haut : souvent aussi, les loges sont au nombre » de 7 au lieu de 6. » Les figures 4, 5'et 6 de M. Bouchard présentent les » embryons placés avec une régularité que je n’ai jamais » observée. Je les ai vus au contraire lorsqu'ils ont atteint » celte taille tantôt vers le haut, tantôt vers le bas de la » loge ». On fera bien attention à ceci, nous disons toujours nous avons vu, nous avons observé. Or donc, sans heurter l’opi- nion d'autrui, nous disons nos impressions , le résultat de nos recherches et cela avec la plus scrupuleuse exactitude. Nous passons condamnation sur nos dessins ; nous avions voulu seulement donner une idée des faits passés sous nos yeux; et, si nous avions possédé un lithographe intelligent, nous n’aurions pas été atteint par le reproche de M. ur guignat, mais nous sommes en province. Nous terminerons avec notre honorable critique, en le priant d’agréer nos remerciments pour nous avoir rappelé à la règle Linnéenne ; mais nous avouons que jusqu’à pré- sent, nous avions été coutumier du même fait; nous nous étions persuadé que le nom de variété étant féminin, nous devions en conserver la consonnance à l'individu auquel nous l'appliquions : de là, le nom de var. capuloidea. Bordeaux, 20 Octobre 1854. J. B. Gassies. (39) +. : HE. — Coup-d'œil sur les Coléoptères des environs de la Teste (Gironde), ou Guide du Chasseur entomo- logiste dans cette contrée; Par le D.r SOUVERBIE, titulaire. À D DS La géographie entomologique est, sans contredit , une science à peine ébauchée et, sans parler des pays lointains sur lesquels on n’a encore que des ‘données nécessairement fort vagues, peut-on dire que l’on connaisse le chiffre, même approximatif, de la population entomologique de la France ? Sait-on quelles sont, à l’est ou à l’ouest, les limites de la dis- tribution de telle ou telle espèce, vers quel point du midi elle cesse de paraître, à quelle distance telle autre s’avance vers le nord ? Que signifient, par exemple , dans les catalo- gues, ces mots Gallié boreali, Gallid meridionali? Gallid boreali , est-ce l'Alsace ou la Picardie, dont les faunes sont si distinctes ? Gallid meridionali, est-ce la Provence ou les - landes de Gascogne, deux parties de la France dont les pro- ductions sont si essentiellement différentes ?..… Nous con- viendrons facilement que, dans l’état actuel de nos connais- sances sur ce sujet, il est difficile, sinon impossible, de donner des indications plus précises. Aussi voyons-nous avec plaisir les différentes Sociétés, dont le but est l'étude des sciences naturelles, accueillir avec la faveur la plus marquée non-seulement les catalogues détaillés, mais encore les sim- ples comptes-rendus d’excursions passagères. Tous ces mé- moires sont, en effet, des matériaux avec lesquels un esprit généralisateur pourra plus tard tracer, si nous pouvons nous exprimer ainsi, la carte entomologique de la France. Puisse le nombre de ces matériaux être utilement grossi par la , { notice que nous offrons à la Société, et qui a pour but de faire connaître les coléoptères de quelques points du littoral occi- dental, jusqu'ici si peu exploré par les entomologistes (4). Outre l'intérêt. que présente , au point de vue général de la géographie entomologique de la France, la faune coléoptéri- que de la Teste, elle offre encore un intérêt tout particulier comme faune locale. En effet, la position tout-à-fait occi- dentale de la Teste, sa sitwation sur le bord d’un grand bassin salé , et à quelques pas de l'Océan , la nature de son sol exclusivement sablonneux, la prédominance du pin ma- ritime sur toute autre espèce de végétation, font de ce point une des localités les plus spéciales. Il suffira, pour s’en convaincre , de jeter un coup-d’œil sur l’'énumération cons- ciencieuse que nous allons donner des richesses qu’on y rencontre, Mais avant d'entrer dans les détails de cet ex- posé, quelques mots nous semblent indispensables pour tâcher de donner une idée de ce pays un peu exceptionnel , à travers lequel nous sun promeurs Fentooagis. Der de , Sur toute la côte, un Fe ou nés is de vétitables: monta- gnes de sable (les dunes) , qui , autrefois mobiles sous l'ac- tion incessante des vents de mer et poussées par eux vers 1) Sous le titre d’Excursion dans les Grandes-Landes, M. E. Perris a publié en 1850 et 1852, deux notices pleines d’intérèêt, dans les- quelles il signale beaucoup d'espèces prises par lui dans les environs de la Teste. Mais, comme il le dit lui-même, M. Perris n’a fait qu’ef- fleurer les bords de la mer; notre mémoire, au contraire , roule pres- que entièrement sur les espèces maritimes ; les deux notices se com- plèteront donc très-bien l’une par l’autre , et en les consultant toutes deux on aura, nous ne craignons pas de le dire, une idée assez exacte de la faune coléoptérique , tant intérieure que littorale, de ces grands espaces arénacés de notre sud-ouest, couverts de. bruyères et de pins, que l’on nomme les landes. Fr: l'intérieur des terres, qu’elles menaçaient d'envahir, sont aujourd'hui, grâce au génie de Brémontjer et au pin ma- ritime , à peu près fixées. Quelques lieues plus au sud que la latitude de Bordeaux, ce cordon littoral est interrompu par une espèce de brêche étroite ou goulet à travers lequel se précipite l'Océan à cha- que marée et, qui, s'étendant en une vaste nappe d’eau de 7 myriamètres de circonférence, forme ce qu'on nomme le Bassin d'Arcachon. C'est au sud, et sur les bords mêmes de ce bassin, qu'est bâti le village de la Teste. Quand , en sortant de la petite gare du Chemin de fer qui de Bordeaux conduit à ce point reculé, on voit à sa droite ce grand bassin avec sa ceinture de tamarix et d'algues amoncelées , ces soudes, ces salicornes , toute cette végéta- Lion épaissie des terrains salins, quand on aperçoit devant soi cette forêt de grands pins d'un vert sombre, et, comme contraste, au-delà du bassin, ces dunes d’une blancheur éclatante qui le séparent de l'Océan ; quand on est frappé, en un mot, par cet aspect saisissant d’un pays qu'il est plus facile d’aller visiter que de dépeindre, on ne peut s'empé- cher de penser qu’à une localité si singulière doit nécessai- rement répondre une faune un peu exceptionnelle. Cette idée n’est pas tout-à-fait une illusion, — Là, en effet, et ceci est à remarquer, peu ou point de ces espèces banales que l’on rencontre inévitablement partout et qui fatiguent les yeux de l'entomologiste. Un fonds , au contraire, d’es- pèces exclusivement méridionales, quelques espèces boréales descendues le long du littoral, un certain nombre de spé- ciales à cette côte occidentale, beauconp que l'on n'aurait pas soupçonnées en France, telles sont, en résumé, les : richesses de ce coin de terre privilégié. | : et distincts se partagent he. | ment, à la Teste, l'atieption: de l'explorateur : ce sont : les (9) grands bois de pins. les bords du bassin et les bords de l'Océan. Nous allons successivement les passer en revue , supposant que l’on fait sur chacun d’eux une excursion par- ticulière, et que l’on est dans les premiers jours de Juillet. A cette époque on peut, en effet, rencontrer la presque Lo- talité des espèces que nous allons énumérer, les unes durant encore , les autres commençant à paraître. Bois DE pins. — Si, laissant à droite la chaussée pou- dreuse qui conduit les baigneurs au village d'Arcachon , l'on se rend aux bois de pins que l’on a en face de soi, en tra- versant les champs et les prairies qui séparent la Teste du dernier rang des dunes, bien que l’on ne soit pas encore sur un terrain bien favorisé, on pourra, tout en cheminant, recueillir quelques bonnes espèces, la Feronia aterrima (Fab.) et le Chlænius spoliatus | Rossi) sous les mottes de terre aux bords des fossés ; le Gronops lunatus (Fab.), cou- rant sur le sable aux bords des rigoles, en compagnie des Georissus pygmœus ( Fab.) et striatus (Dej.) ; l’Acylophorus glabricollis (Lacord.) et Bledius tibialis | Heer.) près des sources chargées d’oxide de fer qui viennent de la dune ; et sur les herbes aquatiques, la Phyllobotrica 4-maculata (Fab.) en compagnie de la Donacia appendiculata | Ahrens}. On arrive bientôt au pied de ces grands pins qui couvrent le dernier rang des dunes. Là, s'offre tout d’abord à l’en- tomologiste la nombreuse tribu des insectes pinicoles. Nous passerons assez rapidement sur ces espèces que M. E. Perris a signalées , pour la plupart, dans l'introduction à son beau travail sur les insectes du pin maritime et dont il nous don- nera l’histoire particulière et détaillée ; il a traité ce sujet en physiologiste, nous le traiterons en chasseur, nous bornant à donner pour ceux qui voudront explorer ces lieux après nous, l'indication de la station dans laquelle nous prenons chaque espèce avec le plus d’abondance et de facilité. Nous (95) dirons d’abord qu'on doit éviter de s’enfoncer trop avant dans cette forêt ; sur ces gros troncs, sains et vigoureux, peu d'insectes viennent se poser, et ceux qui y viendraient seraient, du reste, très-difficilement distingués sur ce fonds d'écorces grisâtres. On doit suivre le conseil donné par M. Lacordaire , dans son intéressant mémoire sur les habitudes des coléoptères de l'Amérique méridionale ( Annales des Sciences naturelles, tome XX), et se tenir de préférence sur la lisière, où dans les clairières, rechercher les souches, les troncs fraîchement équarris, et surtout les arbres ré- cemment abattus. Quand on a eu la bonne fortune de trou- ver quelque pin dans ce dernier cas, ce qui n’est pas rare, en demeurant stationnaire auprès de lui pendant les heures les plus chaudes de la journée , on est sûr de faire une chasse bien plus fructueuse qu’en se fatiguant, même très- longtemps , à travers les bois. Sur le tronc on ne tarde pas à voir s’abattre , si le temps est calme et le soleil ardent; le Rhagium indagator |{Fab.), l'Anthaæia morio, le Chryso- bothris solieri (Lap.) et le Monohammus Gallo provincialis (Oliv.) ; on y aperçoit bientôt, courant avec vivacité et agi- tant leurs longues antennes, les Ædilis montana (Serv.) et grisea (Fab.), mais plus rarement cette dernière ; de petits tas de sciure, fraichement sortie par les trous de l'écorce, annoncent que les Bostrichus typographus (Lin ) et curvi- dens | Germ.), ( Stenographus | Duftsh.] et laricis [Fab.], suivant M. Perris), ont déjà commencé leur travail destruc- teur; enfin, en secouant sur le filet, et mieux sur une uappe étendue au-dessous des plus jeunes rameaux, on en fera tomber l’Anobium molle | Fab.) le Magdalinus carbo- narius | Fab.), le Pissodes notatus | Fab.) et la Coccinella oblongo guttata (Lin.). Les Ancylocheira us (Lin) et flavomaculata (Fab.), que leur robe é e ferait. prendre pour des insectes tropicaux, y arrivent à aussi : mais { 94 ) pour les trouver plus sbundatéhett: on doit se rapprocher du village d'Arcachon, où, pour le besoin des construc- tions, sont journellement entassés des pins fraichement équarris, des poteaux récemment écorcés, des planches nouvellement débitées ; c’est sur tons ces bois que nous cap- turons principalement les jolis buprestides dont nous venons de parler, ainsi que le Melanophila tarda (Fab.) et Chryso- bothris solieri (de Laporte), FAylotrupes bajulus [Lin en quantité et, beaucoup plus rarement, le Zrogosita cæ- rulea (Oliv.); nous y avons aussi rencontré une fois l’Æc- mæodera f8-guttata (Hérbst.), eSpèce qui appartient aux régions les plus méridionales de l'Europe et qui n'avait pas encore été signalée comme habitant la France ; l'Ophonus ditomoides (Dej.) a été trouvé au même lieu, par M. L. Dert. auprès des maisons mêmes du village. Dans les souches , l’Ergates faber {Lin.) dort encore à l'étât de nymphe à l’époque où nous nous supposons, c’est-à- dire, au commencement de Juillet; mais, dans quelques se- - maines, il se réveillera et volera assez nombreux au crépus- cule. En fendant une souche d’un coup de hachette, il n’est pas rare de voir rouler à terre jusqu’à cinq ou six nymphes _ de cet insecte puissant, qui semblé destiné à réduire promp- tement en détritus les troncs écourtés et désormais inutiles des pins abattus. C’est également en éventrant les souches que lon met à découvert, l'Elater sanguineus {Lin.), le rare Athous rufus (Fab.), et la Leptura robro-testacea (Hlig.) qui, de même que l'Ergates, n’en sortira qu’un peu plus tard, et dont on verra alors les mâles , plus nombreux que les femel- les, voler au coucher du. soleil à la recherche de ces dernières. La Phihora crenata | Dej.), espèce qui semble propre à cette partie de la France occidentale, habite aussi les sou— ches d'une manière exclusive. Le Spondylis buprestoides | Fab.) aime à se réunir sous (95) les plus grosses pièces de bois et sous les souches arrachées ; et, si elles sont un peu vieilles, on a quelquefois le plaisir d'y découvrir l’Athous rhombeus (Oliv.}, ainsi que l’Agripnus atomarius (Fab.), espèces toutes les deux très-rares à la Teste. Le Criocephalus rusticus ( Lin.) et sa variété ferus (Dey.) qui ne sortent guère que le soir, se cachent pendant le jour sous les écorces à demi-soulevées des vieux pins, station qu'affectionnent aussi les Tenebrio curvipes (Fab.), Uloma culinaris ( Lin.) et Eucinetus hæmorrhoidalis (Germ.). Dans toute l'étendue des landes on pratique sur les plus gros troncs des pins une entaille longitudinale par laquelle suinte la résine, qu’on recueille au pied de l'arbre dans de petits réservoirs pratiqués à cet effet; on ne doit pas négli- ger de visiter ces entailles et réservoirs ; on y découvre sou- vent, empétrés dans la résine et prises là comme dans un piège, des espèces que l’on ne rencontre autrement que fort difficilement, C’est de cette manière que nous nous sommes . toujours procuré, par exemple, le Thanasimus 4-maculatus (Fab.). Le Triodonta aquila (Dej.) qui, le soir, bourdonne autour des pins, s'y englue aussi très-souvent. Les insectes ainsi enrésinés et que l’on serait tout d’abord disposé de re- jeter comme détériorés, doivent être plongés dans l’essence de térébenthine, ou mieux, dans l'alcool, pour les avoir nets et propres Quelques gros bolets poussent sur les pins, et l’on doit les emporter avec soin s'ils renferment des larves; c’est ainsi que nous avons recueilli le Triplaæ nigriceps | Dej. jet le Platydema Petitii (Perroud.). . Sous les fagots de pins qui reposent depuis quelque temps sur le sol abonde l'AHylobius abietis | Lin.) ; là-dessous se plaisent aussi deux Brachelytres, encore peu répandus en _ France, le Quedius mauro-rufus (Rund.) et l'Ocypus picipes ( % | (Nordm.), espèce facilement distinguée de toutes ses congé- nères par la tache dorée qui orne, en dessus, la base de chaque segment de son abdomen. En fauchant avec le filet sur les arbres les plus bas, on recueille le Brachyderes lusitanicus (Fab.), commun sur les jeunes pousses , la Coccinella oblongo-guttata | Lin.), espèce pinicole par excellence , l'Elater balteatus (Lin.\, le Mela- notus brunipes | Germ.), lAthous hirtus { Herbst.), le Co- rymbites. tessellatus { Lin.), le Campylus linearis (Fab. et le Cardiophorus atramentarius (Erich.), espèces d'élaté- rides qui vivent dans le pin à l’état de larve. — Dans les clairières se promènent au vol quelques espèces que leur station peu connue ou leur rareté rendent difficiles à rencontrer autrement, le Pogonocherus Perroudii (Muls.), la Leptidea brevipennis | Dej.), le Tarsostenus univittatus (Ross.) (1), et la magnifique Xanthochroa carniolica (Gistl.). Nous ne parlerons pas ici de ces nombreux Xylophages, les Bostrichus, Hylastes et Hylurgus, dont M. Perris, dans la continuation du travail mentionné en commençant, nous fera connaître les manœuvres diverses et nous dessinera les galeries, ni de toutes ces espèces corticoles, les Phlæopora, Plegaderus, etc. , parce que ces espèces se rencontrent in- différemment partout où il y a des pins maritimes , et qu’au- cune d'elles n'habite plus spécialement les environs de la Teste que le reste des landes. Nous citerons seulement, comme rencontrés à la Teste et ayant échappé à l'œil exercé de l’entomologiste de Mont-de-Marsan, les Bostrichus villosus (Fab.), Cerylon histeroides (Fab.), Paromalus parallelo- pipedus | Hbst.) et Bostrichus ss {Erich..). (1) D’après M Ed. Perris, cette hear vit dans le chène : je lai recueillie aussi dans de vieux sarm (97) | Si nous avons , dès le principe, conseillé de ne pas s'en- foncer trop profondément sous le couvert de ces grands pins, ce n’est pas seulement parce que:les insectes pinico- les y sont moins nombreux et plus difficilement aperçus que sur la lisière ; il y a encore une autre raison : Les têtes de ces pins forment , en effet, une voûte plus ou moins épaisse qui, interceptant l'air et la lumière, ne permet qu’à un très-petit nombre de plantes de se développer sous leur om: bre étouffante. Sur la lisière, au contraire, celles-ci retrou- vant les conditions qui leur manquent sous les pins, for- ment des espèces de halliers sur lesquels on promène avec fruit son filet. Sur le Genét à balais ( Sarothamnus scopa- rius) et l’ajonc { Ulex europæus), on peut recueillir les Si- tones griseus (Fab.), regensteinensis (Hbst.}, et crinitus (Oliv.), les Calomicrus cireumfusus (Marsh.), et Deilus fu- gax (Fab.). Les fleurs du genêt d'Espagne (Spartium jun- ceum) sont souvent couvertes de véritables essaims d'Anas- pis obscura {Gyll.), Le saule marceau (Salit caprea) offre le Rhamphus flavicornis {Clairv), et la bruyère à balais (Erica scoparia), le Nanophyes siculus (Schon.). Le Cystus salvifolius nourrit sur ses feuilles l’Hispa testacea | Lin.), sur ses fleurs l'Anthaæia inculta | Germ.) et dans ses calices pleins de graines, les Apion rugicolle | Germ. ) et tubiferum (Déj,); sur ses fleurs on trouvera encore {seulement en mai) le rare Cercus bicolor (Lucas.), espèce propre à l'Algérie et qui n'avait point encore été signalée en France. Les fleurs de ronces sont fréquentées par la Leptura hastata (Fab.), et un peu plus tard, par la L. rubro-testacea (Illig.) et les Chrysanthèmes par le Clytus trifasciatus | Fab.) el sa variété ferrugineus (L. Dufour) ; L'Anthaæia pratticola (Laferté) se plait dans la corolle des renoncules , et l'Acmæodera tæ- _ nüiata {Fab.), sur les ombellifères en compagnie des Anon- codes ustulata ( Fab.) et amæna mas _s sur les ” Tome XX. (98 | quelques chênes qui poussent dans ces sables, on prend le Rhynchites cœruleocephalus (Schaller.)}, et le Melolontha atbida |Dej.), qui, selon nous , n'est qu'une variété méri- dionale du Melolontha vulgaris (Lin.). Qu'il nous soit permis, puisque‘nous émettons un doute sur la valeur de cette espèce, d’emettre aussi, en terminant cette première partie de notre travail, notre opinion à l’ap- pui ; nous n’ignorons pas que la question est tout-à-fait en dehors de notre sujet, aussi ne Fl'abordons-nous ici que par occasion et en raison surtout de la persistance avec laquelle nous la voyons résoudre d'une manière affirmative dans tous les nouveaux catalogues. Notre opinion, partagée du reste par quelques natura- listes, bien qu'elle n'ait été, que nous sachions, consignée nulle part, est que le vulgaris (Lin.) et l'atbida (Dej.), constituent une seule et même espèce dont la deuxième pourrait tout au plus constituer une variété. Si en effet on examine un grand nombre d'individus, on ne remarquera, quant à la forme , nulle différence sensible ; on trouvera au contraire que les sinuvsités latérales du prothorax , la dila- tation des élytres, et enfin la proéminence du calus apical sont absolument les mêmes ; si l'on passe à la coloration plus ou moins écailleuse des élytres, à l'abondance et à la longueur plus ou moins grande des poids du corselet | carac- tères cepeudant spécifiques , suivant quelques auteurs), on remarquera , il est vrai, d'assez grandes différences, mais on ne pourra toutefois les considérer comme caractères spé- cifiques suffisants, en raison même de leur peu de cons- tance ; on pourra tout au plus les considérer comme carac- ‘ tères purement individuels, plus ou moins sensibles, et provenant sans aucun doute, d’un développement opéré dans des conditions plus ou moins favorables durant les deux premiers âges. — Avec la meilleure volonté, nous ( 99 ) n'avons donc pu trouver de délimitation exacte entre les deux prétendues espèces ; on passe en effet en prenant pour base le seul caractère variable, celui de la coloration plus ou moins albine des élytres ; on passe, disons-nous, par toutes les gradations, du poil à l’écaille, du type du vulgaris (Lin.), (élytres comme poudrées de poils courts et cendrés [Muls.])}, au prétendu a/bida (Dej.) (élytres couvertes de poils d’un blanc de lait et presque en forme de petites écaillettes [Muls.]). On pourrait donc tout au plus considé- rer l’albida (Dej.) comme simple variété, si encore ici on ne venait échouer devant la diffieulté, pour ne pas dire l’im- possibilité, de pouvoir assigner d’une manière précise le point où finit l'espèce et commence la variété. Quant à la cause de ces caractères différentiels indivi- duels, rappelons- nous que les Mélolonthiens étantsen géné- ral des insectes des pays chauds, ces caractères devront être, pour la même espèce, d'autant plus prononcés, que l'individu se sera développé dans un pays plus méridional , et où par conséquent auront dù se trouver pour lui les meilleures conditions d'existence : ne la cherchons donc pas ailleurs et faisons remarquer, en justification de la cause que nous lui assignons , qu'à Paris et plus au Nord, il ya parmi les. M. vulgaris peu ou point d'albida, dans nos contrées au moins la moitié, et, à Montpellier, la presque totalité. Bonps pu Bassins. — Ce qui se présente tout d’abord à l'entomologiste qui, arrivé à La Teste, veut visiter immé- diatement les bords du bassin, c’est une bordure de Tama- riæ, sur lesquels il s'empresse de promener son filet. Mais. s’il a chassé sur les bords de la Méditerranée et s’il espère. retrouver ici ces nombreuses espèces dont l'existence est. intimément liée à celle des Tamarix, les Apion tamarisci, = Siylosomus tamarisci, Nanophyes tamarisci, ele , elc., son ( 400 ) désappointement sera paie De tous ces insectes qui abon- dent sur le Tamarix , des environs de Cette, Montpellier ou Portvendres , il ne recueillera guère à la Teste que l’Anthi- cus humilis (Germ.) qui fréquente indifféremment les riva- ges de la Méditerranée et de l'Océan , la Coccinella 11-punc- tata (Lin.) qui ne s’écarte pas des plages maritimes , ainsi que le joli Coniatus chrysochlora | Lucas.), assez capricieux sur le choix de ses stations, et dont Ja présence lui sera révélée par les petites coques vides, collées, en masse ou séparément, aux plus faibles rameaux, et desquelles cet insecte est sorti à la fin de Juin après y avoir passé environ un mois et demi à l'état de nymphe. Quant aux Coniatus tamarisci | Fab.), et C, repandus {Fab.), nous ne les avons jamais pris à la Teste ni à Arcachon, bien que, chose assez - remarquable ! ils soient tous les deux très-abondants à 25 lieues plus au Nord , sur la même côte au-dessus de l’em- bouchure de la Gironde, à Royan. Aux abords de la Teste, la plage, exclusivement sablon- neuse presque partout ailleurs, devient vaseuse par suite du déversement de plusieurs petits cours d’eau dans le bas- sin. Ces endroits vaseux sont habités spécialement par quelques espèces que l’on chercherait vainement sur le sa- ble. En pressant le sol avec le pied on en fait sortir le Bte- dius tricornis | Herbst.) si commun sur les bord$ de la Mé- diterranée, mais assez rare ici, et le Bledius unicornis (Germ.}, qui, dans les belles soirées, vole par milliers après le coucher du soleil. Le genre Pogonus . si nombreux en espèces sur les bords des étangs salés du Midi , n’est re- présenté à la Teste que par une seule, le Pogonus halophi- lus (Dej.} qui affectionne aussi ces endroits vaseux et se tient de préférence aux places les plus herbeuses. Pour le trouver abondamment, on doit le chercher un moment après le retrait de la marée , surtout lorsque ce retrait coïncide (401) avec le manche du soleil, c’est en effet une des espèces, dont le nombre est plus grand qu’on le soupçonnerait au premier abord , qui se laissent couvrir par le flot. En s’avançant sur la plage sablonneuse qui aboutit à l’ex- trémité de la jetée, conduisant de la Teste à Arcachon, on voit bientôt s'élever devant soi les bandes nombreuses de la Cicindela 3-signata (Wlig.) mêlées de quelques-unes de ses belles variétés albines propres à notre littoral. Les Cicindela fleæuosa | Fab.) et littoralis ( Dej.) y volent aussi, mais en moins grande quantité. Les individus de cette dernière es- pèce, que l’on prend à la Teste, sont si différents de ceux des bords de la Méditerranée, qu’on croirait au premier aspect qu’ils appartiennent à une autre espèce. Ils sont plus grands, plus larges ; les taches én croissant de la base et de l’extré- mité des élytres sont beaucoup mieux marquées ; le premier point du milieu de l’élytre toujours lié à son correspondant du bord externe, forme avec lui une belle bande blanche, el Lous ces dessins mieux accusés, ressortant vigoureusement sur un fonds d’un noir légèrement bronzé. rappellent la couleur de la Maura. La Cicindela 3-sisnata , au contraire, présente chez quelques individus, comme je l'ai dit il n'y a qu'un instant, un phénomène de coloration tout-à fait in- verse sur lequel nous reviendrons. Tout en poursuivant ces trois Cisindèles que leur agilité rend difficile à capturer, on est naturellement conduit de- vant le village d'Arcachon que ses élégantes habitations, en forme de châlets, font ressembler à une colonie Suisse _ naissant sur les bords de quelque île lointaine. Là , un temps d'arrêt est nécessaire, car on a beaucoup à recueillir. On est d’abord impatient de visiter ces tas d’algues et de fucus que les vagues ont arrachés aux bas fonds du bassin, et étagés sur ses bords. Ces algues forment plusieurs : zônes, __. la hauteur différente des marées qui les ont suc- (19) cessivement poussées au rivage. Les plus éloignées de l'eau, déjà entièrement desséchées, et en partie dispersées par les vents, ne contenant plus de principes nutritifs dont les insectes puissent profiter, et reposant du reste sur un sable brûlant , ne servent guère de refuge qu'à une seule espèce , le Colotes rubriques (Perr.) qui semble affectionner ces stations. Celles qui se trouvent le plus près de l’eau, sans cesse roulées par la vague, ne sont naturellement fréquen- tées par aucun insecte. Mais les intermédiaires offrent à l’entomologiste un riche butin. La fermentation qu’elles sont en voie de subir et la chaleur humide qui en est le résultat attirent une foule d'espèces appartenant à des familles vivant de matières azotées. Sous ces algues s’agite toute unc population de Brachelytres ; Aleochara obscurella (Gra- venh.), Phytosus spinifer (Curtis }, Ocipus cupreus (Ross.), les Heterotops prævius (Er.) et dissimilis (Gravenh), Que- dius molochinus |Gravenh), Cryptobium fracticorne (Mannrh), et les Philonthus cinerascens, æantholoma (Gravenh.), et sericeus {Holm.), ces deux derniers de beaucoup les plus nombreux ; quelques Histerides, Saprinus rugifrons (Payk.) et Tribalus minimus | Rossi.); quelques Hétéromires, Mi- crozoum tlibiale (Fab), Phaleria cadaverina (Fab.), Tra- chyscelis aphodioides | Latr.); enfin quelques espèces pro- pres aux endroits salins, le Cercyon littorale (Gyll.), le Trichopteryx fucicola (Albert. le Prenidium alutaceum (Gyll.), le Bradycellus pubescens {(Payk,), le Bryaxis Hel- feri (Schm.). Sous les poissons pourris, que les pêcheurs ou la mer ont jetés sur le sable, grouillent de nombreux Wisterides, les Saprinus semi-punctatus | Fab.), speculifer { Latr.), con- jungens (Payk.) et rotundatus (Ilig.), et en leur compagnie les Corynetes rufipes { Fab.) et ruficollis jee et ti le bel Hister major (Lin.). {103 ) Le Psammobius poraicaltis (Hlig.) et l'Ægialia arénaria ( Fab.) s'enterrent dans le sable au pied des plantes, et la Nacerdes malanura | Lin.) aime à se blottir sous les troncs de pins renversés, les plus rapprochés de la mer. Cet habi- tat paraît d'abord singulier pour une OEdéméride que l'on croirait devoir, comme ses congénères , fréquenter de pré- férence les fleurs et nullement'une plage presque entière- ment dénuée de végétation. Mais on s'explique la présence de cette espèce dans cette localité, quand on a découvert sa larve et ses nymphes dans les bois qui ont été ou sont encore jonrnellement snbmergés par le flot. M. Ch. Coque- rel a déjà signalé cette particularité pour une espèce de Va- cerdes des côtes de Madagascar, qu'il a nommée N. mari- tima. Cette entière similitude de mœurs de deux espèces du même genre , habitant des pays séparés par une si grande distance , vaut la peine qu’on la remarque. Ces bois cariés par la marée sont en outre, à la Teste, la station presque exclusive d’un Curculionite, bien rare en France, le Me- sytes pallidipennis (Schh.), très-abondant sous certaines écorces , encore humides du flot qui les recouvrait naguères. Si le Pogonus halophilus, les larves de la N melanura et le Mesytes pallidipennis sont à la Teste à peu près les seuls insectes que la marée recouvre quelquefois impuné- ment pendant quelques heures , il en est d’autres, au con traire qui sont périodiquement immergés pendant la ma- jeure partie de la marée et mènent ainsi une ‘existence pour ainsi dire presque exclusivement sous-marine ; aussi, Si, choisissant surtout de préférence le moment où la marée basse coïncide avec le coucher du soleil, on s’avance une cinquantaine de pas au-delà de la ceinture d'algues qui marque la limite du flot, on verra, se traînant lentement sur le sable mouillé, la Digtossa mersa | Haliday ) et le Ble- dius arenarius Payk.). — Le Bembidinm (cillenum } laté- ( 104 ) rale (Curt.), y court au contraire avec vivacité, et, pour échapper à la main qui veut le saisir, s’y enfonce avec une . telle promptitude que l’on a beaucoup de peine à retrouver l'endroit où il vient de disparaître. En dépassant le village d'Arcachon , et en avançant tou- jours sur ce sable fin et mobile qui fuit sous le pied , après avoir en passant fait provision de la Nebria arenaria (Fab.) et après avoir ramassé le Phyllopertha campestris | Latr.) avec la belle variété rubro cupræa {(Muls.) de lEuchlora Julii (Payk.) suspendues aux grandes graminées de la pla- ge , on arrive à des sources chargées d’oxide de fer qui, sortant de la dnne, vont se perdre dans le bassin. Ces sources forment au milieu de ces sables brûlants comme . une petite oasis dont la fraicheur attire un grand nombre d'espèces qui y cherchent un refuge contre la chaleur. En pressant du pied le sable humecté par les eaux de la source, on en fait sortir les Dyschirius chalceus (Er.) et obscurus { Gyll.), le Bembidinm pallidipenne | Wlig.) et les Heteroce- rus femoralis (Kiesenw), lævigatus {Fab.) et flavidus (Rossi), espèces qui se plaisent sur les plages maritimes ; on en fera encore sortir le Bembid. callosum (Küst.) ( Lopha lateralis Dej.) commun du reste dans tout le Sud-Ouest , les Bledius verres (Erich) et arenarius (Payk), le Cyllidium seminu= lum | Payk). le Sphærius acaroïdes { Wall. }, l’Hyphidrus variegatus (Hlig.) et la belle variété sub-albine de l Omo- phrons limbatum. — C'est dans les quelques bouses dissé- minées autour de ces sources , que nous avons fait la ren- contre d'une jolie petite espèce d’Aphonius, bien rare en France , l'Aph. rufus {Illig.) signalé aussi depuis par M. J. Duval, comme habitant les environs de Montpellier. Ces sources, séparées d'Arcachon par une distance assez grande, sont le terme naturel d’une excursion entomologique sur les bords du bassin. ( 105) Bonos pe L'Océan. — Monter dans une des nombreuses - barques qui, d'Arcachon où de la Teste, portent les curieux au phare du Cap Ferret est le seul moyen d'ar- river promptement et sans fatigue au bord de l'Océan. Quand la barque vous dépose sur cette dune blanche el nue où poussent, pour toute végétation, des genêts, quelques pins rabougris par la violence de vents pres- que continuels, le Galium arenarium et quelques touffes d’immortelles (Helichryssum stæchas), on ne s'attend guère à une récolte bien abondante. Le bassin, avec ses algues entassées, sa ceinture de tamarix et de grands pins, ses plages aux expositions variées et mises par les dunes à l'abri des vents de mer , devait offrir et offre, en effet, une population entomologique bien plus nombreuse que cette grève tourmentée. Cependant, toute dénudée qu’elle soit, cette dune a aussi ses hôtes spéciaux, et si la moitié tout au plus de ses espèces se montrent au grand jour, et est facile- ment aperçue de l’entomologiste, c'est que celui-ci y dé- barque le plus souvent vers le milieu de la journée, à un moment où le sable échauffé par les rayons d’un soleil ar- dent a forcé le reste à se cacher. On ne saurait, en effet, se faire une idée du degré de chaleur qu'acquiert souvent ce sable blanc ; il y a des heures de la journée, pendant les- quelles on a peine à tenir plus d’une minute son pied à la même place, et nous avons vu des insectes, que nous je- tions sur ce sol embrâsé, tomber presque immédiatement asphyxiés. Aussi, beaucoup d'espèces de cette localité ont- elles pris forcément des habitudes nocturnes ou tout au moins crépusculaires; pendant les ardeurs de la journée , elles se dérobent par tous les moyens en leur pouvoir à ane température intolérable en s'enterrant dans le sable jus- qu'à ce qu'elles aient rencontré un peu d'humidité. té # ( 406 ) donc de préférence au pied des genêts et des touffes d'im- mortelles qu’il faut les chercher, car ce sont les places qui ont conservé le plus de fraicheur. En écartant avec les mains le sable qui entoure les racines de ces plantes, on met à découvert le Zabrus inflatus Déj., espèce tout-à-fait propre à cette eôte occidentale, l'Amara fusca Sturm., l'Harpalus decolor (Fairm.), les débris de lHelops testa- ceus Dej , qui ne paraît guère qu'en Automne et les nom- breux individus d’une Timareha qui pourrait bien être une espèce nouvelle si elle n’est pas, comme nous an porté à le supposer, la T. rugosula (Ramb.) propre à l'Espagne méridionale. La quantité vraiment étonnante de cette Ti- marcha. dans une localité si aride, s'explique par l'abondance du Galium arenarium, qui sert de nourriture tant à la larve qu'à l'insecte parfait. À ce propos, nous ferons une observation, que nous n’avons encore vue consignée nulle part, bien que la chose soit connue de beaucoup d’entomo- logistes , c’est que les espèces du genre Zimarcha vivent presque exclusivement aux dépens des Rubiacées ; la T. co- riaria (Fab.), sur les Galium verum et mollugo de nos champs et de nos pelouses; la 7. tenebricosa rie sur les asperula de nos coteaux secs, etc. Les quelques bois posés sur le sol, et les pierres bien rares, que les besoins du phare ont fait transporter sur ce point éloigné , servent aussi de refuge à quelques espèces, l'Harpalus neglectus | Dej.) les Calathus fuscus (Fab.) et ochropterus | Duft.). Le Melolontha fullo (Fab.) et l'Ano- æia pilosa | Heer ), qui voleront au crépuscule en troupes nombreuses, se cachent au plus épais des genêts et des pins , plongés dans une espèce de sommeil diurne, tandis que s'abritent sou$ les bouses à moitié desséchées , le joli Xyletinus récemment découvert et décrit, par otre! ami. M. P. Lareynie , sous le nom de X. rufithoraæ: (107) Un certain nombre d'autres espèces non-seulement sup- portent, mais encore préfèrent cette température élevée. Les Cicindela 3-signata et littoralis volent là comme par- tout ailleurs; la Tentyria orbiculata | Dej.) court sur le sable à la recherche des cadavres des Metol, fullo et de l'Anox. pilosa, dont elle se nourrit, en compagnie des An- thicus fenestratus [ Schm.) et tibialis (Walt.) ; le Stenostoma rostrata (Fab.} et la Chrysanthia viridissima (Lin.), buti- nent sur les fleurs de l'Eryngium maritimum ; enfin le ge- nêt, seul arbuste qui se développe avec vigueur sur cette plage aride, offre quelques belles espèces, le Cneorhinus albicans | Dej.), que l'on voit aussi cheminer sur le sable, avec lequel sa couleur le fait facilement confondre, le 7ro- Pideres undulatus (Panz.), l’Agrilus cinctus {Oliv.) et les beaux Lixus sparti (Oliv.) et bicolor { Oliv.). Telles sont en résumé les espèces de Coléoptères que des recherches longues et assidues nous ont fait trouver aux environs de la Teste. Nous regrettons bien vivement que le peu de recherches que nous ayons faites des autres ordres d'insectes ne nous ait pas permis de donner un aperçu plus général de la faune de cette localité (4); bien que ces autres ordres y soient représentés par moins d'espèces que les coléoptères, nous aurions pu citer cependant quelques Or- thoptères, Hyménoptères, etc., qui contribuent encore à donner à cette Faune une physionomie tout-à-fait méridio- nale , la Forficula maritima, la Scolia bicincta, les Bembex olivarea et oculata; etc., et peut-être eussions-nous jus- _tiflé cette assertion, de MM. Pierret et Boisduval, que les ‘(4 _. occasion nous re en conchyliologie terrestre, et n Mai, sous des bois de pins, les Helir nano fuloa Mül., radiatula (Alder } et acu- a (Müll.); ces deux dernières nouvelles , je crois, pose: la faune départementale. Lépidoptères des landes rappellent à beaucoup d’égards ceux de l'Italie. Une remarque que l’on ne peut guère s'empêcher de faire, pour peu qu’on ait recueilli d'insectes à la Teste, c'est qu’un grand nombre d’entre eux présentent une dégé- nérescence de couleurs que l’on croirait d’abord être le ré- sultat d’éclosions prématurées, mais qui n’est autre chose qu’un état spécial, une disposition particulière à l'a/binisme, inconnu dans sa cause , mais devant selon toute apparence se rattacher aux influences locales. Cette tendance à un albinisme plus ou moins complet a bien été signalée à l’at- tention des entomologistes, par MM. L. Fairmaire et Douë, mais pour une ou deux espèces seulement ; nous allons donc passer en revue les différentes espèces chez lesquelles elle se manifeste au plus haut degré. Sans parler de l’Harpalus decolor {L. Fairm.) dont la décoloration pourrait bien ne pas être un caractère typique , mais bien accidentel et tenant aux mêmes causes inconnues , nous citerons : 1° Cicindela 5-signata. Wlig. Nous ne rappellerons pas le type de cette espèce, trop connue pour nécessi- ter une description, et dirons seulement que de celle-ci à la variéte extrême . la seule dont nous nous occuperons, on passe par des dégradations de couleur et de dessins si peu limités, qu'il est impossible d'en donner une description exacte : nous dirons encore que pour former les variétés de transition, ce sont les taches blanches posté- rieures qui se dilatent les premières, puis les suivantes, et ainsi de suite jusqu’à la tache hu- mérale qui se dilate la dernière, pour donner alors la variété subsuturalis (Nob.). : Var. Subsuturalis. Couleur blanche des taches du type ( 109 ) devenant foncière par leur dilatation, de manière à rendre les élytres presque entièrement blan- ches; l’écusson , une tache triangulaire autour de ce dernier et se prolongeant le long de la su- ture conservent seuls leur couleur primitive; dans cet état notre variété rappelle , au premier aspect, la C. suturalis (Dej.), propre aux An- tilles et au Brésil. 2° Omophrons limbatum |Fab.). Disposition à l’albinisme caractérisée par l'interruption plus ou moins prononcée des bandes vertes ondées , en sorte que la couleur foncière venant à dominer sur le vert donne à quelques individus , ceux de la va- riélé A, par Ex. : l'aspect du variegatum (Oliv.), si ce n’était de la taille et de l’écourtement des bandes antérieure et postérieure. Var. A. Suture verte avec absence de la bande basilaire , celle-ci réduite à un point sur chaque élytre, en dedans du calus huméral; bande médiane in- terrompue de manière à laisser de chaque côté un point bien séparé, la postérieure fortement écourtée. B. Semblable à la précédente, mais bande posté- rieure remplacée par un point presque juxta su- +. ral. C. Fan à la variété À, moins le point basi- laire. 3° Nebria complanata | Lin.) (arenaria Fab.). Dans le type, les deux derniers intervalles des stries sont seuls complètement dépourvus de noir, celui-ci enva- hissant plus ou moins régulièrement tous les autres en affectant la forme de deux bandes transversales ondées , plus ou moins liées entre ( #10) elles; il serait à peu près impossible de décrire les différentes dégradations du type à l'albinisme complet; nous ne nous arrêterons donc qu'à celles qui, par la délimitation exacte des taches permettront d'en faire une courte description et de leur donner, au besoin, un nom repré- sentatif de leur aspect. Rappelons en passant que nous allons décrire ces différentes variétés dans l’ordre décroissant de leur fréquence. Var. À. 8-punctata. Un trait antérieur et postérieur, allongés, sur le 4e intervalle avec un point an- térieur et postérieur, noirs, sur le second ; le postérieur affectant la forme d’un V renversé. B. 6-punctata. Comme la var. A, moins tantôt le point antérieur, tantôt le postérieur, rien de fixe. C. A-lineata. Comme la variété À, mais avec ab- sence complète des points du 22° intervalle. D. 4-punctata. Comme le précédent, mais avec les lignes du 4% intervalle transformés en points. E. A-phrelaa Comme le précédent, mais avec n du point antérieur du 4%: intervalle. F. {mmaculata. Sans taches aucunes. 4 __ (Cillænum Leach.) laterale Curt. Disposition l'albinisme caractérisée par la couleur généra- jee roussâtre de son prothorax; aussi sou- vent le pourtour seul est de cette couleur ; très- rarement, il est entièrement d’un vert bronzé comme dans le type. 5° Bembid. pallidipenne | HL.) Andreæ | Dej.). Bande trans- verse des élytres jamais d’un vert bronzé, mais, au contraire constamment roussâtre. 6° Phytosus spinifer | Gurtis.). Noir à l’état normal; cet in- secte est, constamment à la Teste, d’un jaune ( 411 | päle, presque translucide , à l'exception des pé- pultième et antipénultième anneaux de l’abdo- men qui sont noirâtres. Erichson a eu connaissance de cette variété, mais il l'a prise, à tort, pour une éclosion pré- maturée ; à la Teste, elle est constante. RÉCAPITULATION GÉNÉRALE. Les espèces précèdées d’un astérisque ont été omises par erreur dans le texte. Fam. Cicipezx. Cicindela Lin Cicindela flexuosa F. — 3-signata Dej. _ var. sardæa Dej. — littoralis F. — germanica Lin. Fam. Cara. Omophrons Latr. Zabrus Clairv. — limbatum OI. — inflatus Dej Nebria Latr. Amara Bonel. ; — arenaria F — fusca Dei. Cymendis Latr. — ‘ convexiuseula Marsh. p. 106. — ‘miliaris F. p. 104. Ophonus Ziegl. Byschirius Bonel. — ditomoides Dei. — chalceus Er. Harpalus Latr — obscurus Gyll. —. decolor L. Fairm. Chlænius Bonel. . — neglectus Dej. _— spoliatus Ross. Bradyceilus Er. Pogonus. Zieg]. — pubescens Payk. — halophilus Dej. Cillenum Leach. Calathus Bonel. — Jaterale Curt — fuscus F. Bembidium Latr — _ ochropterus Duft. — pallidipenne Illig Feronia Latr. — callosum Küst — aterrima F. x ( 142 ) Fam. Dyrisci. Hyphidrus He — variegatus Dej Fam. Hypropuii. Cillidium Er. Cercyon Leach. — seminulum Payk. — littorale Gl. Fam. SpnÆru. den Waltl. — acaroïdes Waltl. Fam. Hereroceni. Heterocerus Bosc ; ra lævigatus F. — dos ice. : —. flavidus Rossi Fam. no Scaphisoma Leach. — * agaricinum Lin. Fam. TricHoPTERvx. Trichopteryx Kirby. … Plilium Er. — fucicola Alib. — alutaceum Gillm. Fam. Niripuzx. Cercus Latr. Er. Trogosita F. — bicolor Lucas. — cærulea OL Fam. Cozvou. Aulonium Er. Colydium F. — ‘ bicolor Herbst. — ‘filiforme F. Fam. Laruridn. Cerylon Latr. — histeroides F. Fam. CryPrToPnaGi. Triplax Payk. — nigriceps Dej. Fam. Georvyssr. Georyssus Latr. Georyssus striatus Dei. — pygmæus F. Fam. Hisrr. Platysoma Er. * Hister binottatus Dei. — ‘oblongum F. — ‘Sinuatus Payk. Lin. Tribalus Er. — major Lin. — minimus Rossi. Li LI Saprinus Paromalus Er. de Payk. — ntfrons Payk. — semi-punctatus F. — speculifer Latr. 7 Latr. 7. Schneiïd. oëas Lin. G Psammodius Gy — porcicollis Uig. Æfgialia Latr. — arenari Melolontha F. fullo F. rrorpesh e — (æ a F. — Fa tr Herbst. “or Sol. ‘ 9-maculata F. OSDE _——_. Esch. ‘(113 ) Saprinus reve ne — rotundatus IH. Plegaderus cd — discisus Er. — incisus Er. Fam. SCARABÆI Anoxia Muls. — _pilosa Heer. Euchlora Mac Leay. jui. AE Muls. a Kirb phiert ampestris Latr. uls. — *Reyi Muls. Fam. BuPREsTI. Chrysobothris Solieri Lap. etGory. — us OI. Mainephl Esch. — tardaF. anti mr — ce its de erm. — praticola Laferté. Fam. ELATERES. Cardiophorus Esch. — atramentarius Er. er L. — baltheatus L. — sangainens L, Drasterius Esch. * bimaculatus F. Corytbtes Latr. — tessellatus L._ . ( 114 ) Fam. CyPaones. Eucynetus Schüp. — hæmorrhoiïdalis Germ. Fam. Macacnir. Colotes Er: — rubripes Perris. Fam. CLen. Thanasimus Lat. Necrobia Latr. — 4-maculatus F. — rufipes F. Tarsostenus Spinola. — rufcollis F. — univittatus Rossi. Fam. Anopu. Anobium F. DE Latr. — molle F. ufithorax Lareynie. Fam. Bosrricm. Tomicus Latr Tomicus curvidens Germ. _ too Latr. — _ villosus F Fam. CurCuLIONES. Mesites Schon. Gronops lunatus F. — _ pallidipennis Schon. Silones Schon. Styphlus Schon. —. griseus F. : — ‘ unguiculare Laferté. — regensteinensis Herbst. M es Schon. — crinitus OI. — siculus Schon. Brachyderes Schon Magdalinus Germ — lusitanicus F ee bonari Cneorhinus Schon Pissodes Germ. — albi Dej — notatus F Rhamphus Clairv Lixus F — flavicornis Clairv Apion Herbst _— Frère me — rugicolle Germ ialus Germ. Rhynchiles Herbst. chrysochlora Lucas. — tt Schall. Hylobius Schon écause Scho — abietis LE mobs Pie Gronops Schon. Fam. Cerameyces. lus F. Ergates Faber Lin. — Fr psg F Prionus Geoff. =: Ergales Serv — ‘ coriarius Lin. (415) Criocephalus Muls. Ædilis montana Serx. — rusticus Lin — grisea F var. ferus Dei. . Pogonocherus Meg Clytus F. — Perroudii Muls — 3-fasciatus F. Monohammus Meg. var. ferrugineus L. Duffour. — gallo-provincialis O1. Leptidea Muils. Rhagium F. — nr Dei. — indagator F. Deilus Servil. Leptura Lin — fugax F0 — rubeciniess Iig. Ædilis Serx. ; Fam. Donacræ. Donacia F. — appendiculata Ahrens. Fam. CuysomELx. Hispa Lin. Colomicrus Steph. — testacea Lin. — circumfusus Marsh. Phyllobotrica Chevr.… Timarcha Latr. — À-maculata — rugosula ? Rambur. Fam. CocciNELLzæ. Coccinella Lin. Coccinella oblongoguttata Lin. — Af-punctata Lin. (Mysia. Muls Far. BLapes. Tentyria Latr. — Tentyria orbiculata Dej. Fam. Oparri. Microzoum Dej. — tibiale F. Fam. DiaPERIDES. Trachyscelis Latr. Platydema Petitü Perroud. — aphodioides Latr. Phaleria Latr. Platydema Lap...et Brulé. — cadaverina F. Fam. TENEBRIONES. no ke Redt._ Phiora crenata Dei. a Tenebrio Lin. ne Phtora Dei. — curvipes Lin. Fam. HELoPEs. Helops F. — Helops testaceus Dej. (446) Fam. MoR9ELLÆ. Anaspis Geoff. — obscura Geoff. Fam. ŒoEMER«. Nacerdes Stey. melanura Liun. Xanthochroa Wil. Gistl. Anoncodes amæna Schmidt. RE mes ma Lin. ou: LaË. — rostrafà F. Fam. Ruinosimi. Mycterus Clairv. — * curculionoides F. Fam. Antuici. Anthicus Geoff. — humilis Germ. Mycterus umbellatarum F. Anthicus fenestratus Schmidt. — tibialis Waltl. Fam Psezapat. Bryaæis Leach. — Helferi Schmidt. Fam. STAPAYLINI. Ph a Er. — corticalis Gravenh. Aleochara Gravenh. — obscurella Gravenh s Ru ns Rips: SR prævius Gravenh. lophorus No rdm. — glabricollis Lacord. Quedius Leach. — mauroru unde. — rer Gravenh. Cryptobium Mannerh. : — fracticorne Mannerh. Bledius Leach. tibialis Heer. _ — verres Er. _— arenarius Payk. — tricornis Herbst. — unicorniSGerm. SOUVERBIE. (117) IV.— Description de deux cryptogames nouvelles , dé- couvertes sur la NE éaie par M. Louis DE BRONDEAU , co ‘ 7. = + sh —— — Ces deux cryptogames appartiennent à l’ordre des hypo- xylées , et doivent prendre place dans le genre Dothidea Fries . trib. IV ***. Syst. Myc. vol. 2, pag. 558. ( Asteroma DC. Mém. Mus. III, pag. 329, 336). I. — DOTHIDEA VITIS Nos. Caulincola, epiphylla vel fructigena ; macul& ambiente primè rotundé vel oblongä, demüum irregulari. è badio fuscä. Cellulis prominulis, convexo-conoideis , centro de- pressis. Thecis cylindricis, sporis rotundis. * Has. In caulibus vivis, foliis et fructibus Vitis viniferæ. Oss. Maculæ ambientes primè rotundæ seriato-confluen- tes, demüm crustam dendritico-effiquratam efficiunt , ut in Dothide& vernicos4 DC. Flor. fr., vol. 6, pag. 138 (sub Sphærià). DOTHIDÉE DE LA VIGNE Nob. Caulicole, épiphylle ou fructigène : tache ambiante d’a- d ronde ou oblongue, ensuite irrégulière , passant du roux au brun. Cellules un peu proéminentes , convexes-co- noïdes, à centre déprimé. Thèques cylindriques, spores rondes Elle habite sur les tiges vivantes , les feuilles et les fruits de la vigne. Os. Les taches ambiantes d’abord rondes, réunies en série, forment ensuite une croûte de forme dendritique , comme dans la Dothidée vernissée DC. Flor. fr., vol. 6, _ pag. 138. | Sphérie). (118) Ces taches sont-elles ce que le célèbre botaniste alle- mand Hugo Mohl considère comme la base primordiale de l'Oïidium Tuckeri? Moi-même j'ai vu l'oïdium croître sur les taches des rameaux et des feuilles, mais il n'y était que superposé; la tache n’en fait pas partie intégrante. Puis l’oïdium se développe séparément entre les petites laches , sur les raisins presque sains. On ne peut guère se dispen- ser de reconnaître dans ces taches , formées par une sub- stance plus où moins épaisse, l’analogue du stroma de quelques Dothidées ; on retrouve la même forme de tache , mais en petit , dans la Dothidée vernissée. La forme que je viens de décrire est celke que cette cryp- togame offre le plus habituellement ; cependant on voit en- core sur les tiges de quelques espèces de vignes , et sur- tout des muscats, des taches d’un brun violacé, ou vineux, lesquelles examinées à la loupe, montrent à leur surface des fibrilles rampantes, allongées, droites ou sinueuses, entrelacées, qu'on ne doit pas confondre avec le mycelium de l'oïdinm; ces fibrilles qui se montrent dans beaucoup de Dothidées (Asteroma DC.) prouvent d’une manière in- dubitable, l'identité des taches rousses, sans fibrilles, obser- vées plus généralement sur la vigne, avec celles des Dothi- dées. IE — DOTHIDEA UVARUM Nos. Fructigena, maculé ambiente cæruled, Cellulis numero- sis, minimis, conico-prominulis. nigris nilidis, ostliois al- bis. Thiecis diffluentibus, sporis ovoideis. Has. In uvis, pediculos et basim acinorum involvens. DOTHIDÉE DES RAISINS Nos. Fructigène ; tache ambiante bleue. Cellules nombreuses , ‘ très-petites, un peu coniques-proéminentes , d’un noir lüi- sant; ostioles blancs. Thèques diffluentes ; spores ovoides | Has. Sur les raisins, dont elle enveloppe la base des gains, et leurs pédicules. - | Outre ces deux parasites, la vigne malade présente: à ( 159”) l'observateur l’Oiditrm leuconium. Desmaz., monilioides Link et Fries, considéré, mal à propos, par beaucoup de personnes comme la cause de la maladie de cette plante. e le mentionne ici pour rectifier sa due restée jusqu'ici incomplète. Le célèbre botaniste italien Savi a découvert que les glo- bules , qui terminent les filaments fertiles , sont des sporan- ges, s’ouvrant en long pour la dissémination des spores qu'ils renferment. L'honorable Président de la Société Linnéenne de Bor- deaux, M. Charles Des Moulins, dans son rappori au Congrès scientifique d'Orléans , sur la maladie de la vigne, mentionne aussi lés spores qui s’échappent des sporanges rompus. J'ai moi-même constaté l'existence des sporanges et de leurs spores dans l’oïdium de là vigne, de la renon- cule et autres plantes. Dans la description que je vais donner de l'oïdium , je me sers du mot sporidium , employé par Corda pour désigner les spores composées, c’est-à-dire qui en renferment d’au- tres ; je le préfère à celui de sporange que , pour simphifier la terminologie , on a, ce me semble , trop généralisé ; je pense qu'il devrait être réservé pour les conceptacles des spores des champignons d’une organisation plus complexe que celle des Mucédinées. Le mode de fructification de ces dernières est d’ailleurs si peu connu, qu’on ne saurait faire l'application du mot sporangium, qu'à un Sr e nom- bre d’entre elles OIDIUM. CHanacT GENER. — Filamenta simplicia aut subramosa, lenuissima , decumbentia aut erecla, distincta vel aggreqata, Cespitulos formantia, septata, articulis pellucidis in spori- dia dilabentibus ; sporidia rimé longitudinali cé " tentia. rs. Filamenta fertilia ex hyphopodio byssino . repente ramoso-reticulato | Mycelio | orta. ( 120 V.— Note sur le genre Conoplen de Persoon; par M. Louis pE BRONDEAU , correspondant. CONOPLEA. Ce genre établi par Persoon , a été considéré, très long- témps , comme douteux; Linck l’avait réuni à son genre Exosporium. M. Ehrenberg au contraire le regarde comme très-distinct, et le place auprès du Chloridium (byssacées , 4.%e trib. Adol. Brongniart , class. champ. pag. 51) Ayant eu moi-même l'occasion d'étudier deux espèces de ce genre, j'ai pu vérifier ses caractères, et surtout observer son premier développement, dont il n’est pas fait mention dans les auteurs. Dans une de ces espèces que je décrirai plus tard, les filaments qui composent en grande partie cette cryptogame, se développent sous l’épiderme des plantes mortes ; les unes croissent horizontalement sur l'écorce, forment üne sorte d'Ayphopodium | Corda), qui rayonne autour d’un corps conique , gélatineux-charnu ; les autres s'élèvent perpendi- culairement , et forment une enveloppe autour de ce même corps. D'abord réunis en une masse pointue , ils percent l'épiderme , puis s’étalent au dehors en une touffe arrondie, formée de filaments très-rameux ; le corps intérieur qui s compose d'une masse de spores ovoïdes, réunies par un mucilage épais, suit le développement des filaments, et parait à la surface de l'épiderme ouvert par le capillitium. A la maturité, les spores sortent à travers le centre des filaments, puis se répandent sur le capillitium entier. L'autre espèce que j'ai observée est le Conoplea gilva Pers., que M. Duby rapporte avec doute à ce genre | Bot. (121 ) Gall. pag. 929 ) et que j'ai figurée dans les Actes de la So- ciété Linnéenne de Bordeaux, T. 17, pl. 4, fig. 1. Je l'ai vue naître sur des tiges d'herbes mortes , que je tenais dans la mousse humide , pour l'observation d’autres cryptogames. Elle forme des petits tubercules gélatineux- charnus à là surface des tiges. Les filaments d'abord peu nombreux et courts, se multiplient ensuite, et s’allongent. Il y a donc cette différence entre les deux espèces , que dans la première , les filaments prennent plutôt leur accroisse- ment, tandis que dans la seconde, c’est au contraire Je corps central. Dans les deux, ce même corps se dessèche, et les spores qui le composent se dispersent. Dans le Cono- plea gilra, les spores sont très-nombreuses dans Ja jeu- nesse de la plante. | Explication de la planche ci-dessus mentionnée (T. XVII, pl. 4,f. 1). Fig. a. Conoplea gilva de grandeur naturelle. b La même grossie. c. Filaments et spores ; proces de ces spores paraissént dydimes. Quand j'ai fait cette figure, je n'avais pas observé le premier développement. Reignac, 5 Juin 1854. Louis DE BronpEau (1). ; (1) La maladie de la vigne ayant appelé mon attention sur les pa- rasites, j’ai eu l’occasion de découvrir de belles espèces. J'ai dessiné lUredo squama glumarum , qui avait atteint nos moissons; C’est : qui, en 1847, a porté la désolation dans la Saxe. ous avons eu du seigle ergoté, que les médecins regardent comme si redoutable. M. Roulin a vu, dans la Colombie, le Maïs atteint par l'ergot, (Mais peladero) ; il fait tomber les cheveux ee. 2 hommes qui en mangent. É Extrait d’une lettre de M. de Brondeau à HW. le D. Lafargue , + secr.-gén., en date du 6 Août 1854 ). (12) VI. — Extrait de l’Itinéraire du naturaliste-voyageur dans les Cevennes ; Par le Bon Hu. Membre correspondant de PInstitut et la Société Linnéenne de Bordeaux , etc. ss $— Saint-Martin d’Arênes , vers le S.S.-0. à 3,5 kil. d’Alais , fait partie de la commune de Saint-Christol. On peut s’y rendre en voiture par l’ancienne route d'Anduze. Le natura- liste, le géologue du moins , n’a rien à voir dans ce trajet ; ce sont des terres en culture, des vignes” des mûriers, des oliviers, jusqu’à la rivière d’Alzon. Une fois au pont, ou au château d’Arènes, quelques heures suffiront pour parcourir les champs , les bois, les ravins, les bords de l’eau ; herbo- riser, ou recueillir les fossiles et les échantillons des roches et terrains qui appartiennent au lias, aux étages inférieur et moyen du système oolitique. - Cette localité, que je regarde comme l’une des plus in- téressantes à explorer dans nos environs, n’est pas men- tionnée dans les ouvrages nouveaux- d'histoire naturelle ; je ne vois pas parmi les anciens naturalistes , que l'abbé de Sauvages , l'abbé Soulavie, Astruc, Gensanne, qui ont pu- blié leurs observations dans ce pays, aient parlé d’Arênes. Je l'ai donc signalé le premier dans plusieurs écrits présen- tés à l'Institut, à l’Académie de Nimes, ou autres acadé- mies dont j'ai l'honneur d’être associé, imprimés pour la plupart dans le recueil de mes mémoires, dont j'ai fait hommage aux grandes bibliothèques , à beaucoup de mes honorables Mas et à tous mes arnis so (1) Comptes-rendus ee séances, T, XXVI, p. 58, T. XXXVIL Bibl. univ., T. XIII, p. 45 ; Recueil de mém , T. IV, p. 128, 154, 187, 261 ; T. VI, p. ee (123 ) J'ai servi de guide à Arênes { comme dans plusieurs autres quartiers de mon pays) à MM. Requien, E. Dumas, de Malbos, Renaux , mes compatriotes , membres de la Société Géologique, à MM. Matthieu et Furgaud , lorsqu'ils étaient ingénieurs des inines à Alais, j'y ai conduit plusieurs natu- ralistes étrangers qui sont venus nous voir, enlr’autres MM. Lelièvre, Lemau, Théod. de Saussure. * Dans l'itinéraire que je traçai à la Société Géologique de France, qui me fit l'honneur de me nommer son président, lorsqu'elle se réunit à Alais, en 1846, je n'oubliai point l'excursion d'Arènes (1); le peu de temps que dura notre ses- sion, nos formations diverses , leur étendue , leur position, les minerais et les fossiles qu’elles renferment , nos grandes exploitations , les établissements métallurgiques, ne nous permirent pas de visiter tous les points que j'avais signalés. Je veux encore ajouter ici quelques notes pour les ama- teurs que je ne pourrai plus accompagner dans cette localité. Je ne parlerai point des riches moissons que peut y faire un Botaniste. La nature et l'exposition du sol, ombragé par dés bois, arrosé par une petite rivière , abrité par la monta- gne de Saint-Germain contre les vents froids du Nord , favo- risent certaines plantes; on admet qu’il en est de particuliè- res dans tel ou tel quartier, qu’on appelle leur habitat, Sans prétendre qu'elles ne se trouvent point ailleurs, elles y sont toujours plus abondantes , plus vigoureuses , et Fon n'a pas besoin de- les chercher: Ainsi, par exemple, le Daphne gnidium esl commun depuis Génerargues jusqu'à arênes, je n'en ai jamais vu en deçà de Saint-Germain. J'ai trouvé le Colutea arborescens sur le penchant du Sud de cette mon- (4) Recueil de mém., T. VE, p. 141. (124) tagne ; il n’est nulle autre part à ma connaissance du côté _opposé, daus l'arrondissement d’Alais. Les géologues recueilleront dans le calcaire à gryphées d’Arènes et de Vals, les coquilles fossiles qui caractérisent cette formation, et dans les marnes liasiques des ravins, une quantité de grosses bélemnites. Ils rencontreront beau- coup de ces corps pierreux généralement cylindroïdes, ou en cônes tronqués, de diverses grandeurs, traversés par deux siphons spathiques (rarement trois et plus) ; ils obser- veront, lorsqu'ils se divisent naturellement , ou lorsqu'on les casse en tranches plus ou moins épaisses, ces chevilles cristalisées entourées d'une couche ochreuse qui les décom- pose; on les détache, il reste alors deux trous à chaque tranche (1). On en trouve de semblables à /a C'anaou au S. S.-0. d'Anduze , à Fressac, proche Durfort, au pied du mont Saint-Loup, et dans toutes les formations analogues. Quoi- que très-communes , personne que je sache, ne les a décri- tes avant moi. J'avais envoyé de ces tranches il y a plus de cinquante ans à MM. l'abbé Hauy, Sage, de Lamarck, de la Métherie, Defrance, qui les trouvaient fort curieuses, et convenaient franchement ne pouvoir les expliquer, M. Bron - gniart m'écrivait le 9 Mai 1816, ne savoir à quoi les rap- porter. Les corps dont elles ont fait partie n’offrent aucune régularité , nulle trace d'organisation, point de pores ni de stries ; on ne saurait les prendre pour des mollusques , ni des madrépores , ni des tronçons de végétaux. M. Marcel de Serres les considère comme l'os intérieur d’un mollusque céphalopode gigantesque , analogue aux poulpes et aux sei- 2 PURES (1) Comptes-rendus, T. VHI, p. 46 ; Bibl. univ., T. XXVI, p. 65, T.XXX, p. 412, Recueil de mém., T. IV, p. 126, (425) ches et l’a nommé Tisoa siphonalis (1). J'ai été moins heu- reux que lui, quoique je cherche depuis plus longtemps ; je n'ai jamais vu cet os comme ce géologue le représente : deux pains de sucre joints par leur base ou un énorme concombre. | J'avais découvert à Arênes un gisement de ces empreintes d’ammonites si extraordinaires pour les paléontologistes , dont j'ai décrit quatre variétés qui sont dans mon cabi- net. Je les regarde comme très-rares: nous avons cassé beaucoup des schistes noirâtres qui les renferment; des fragments prouvent qu'il y en a, mais j'avoue n’en avoir rencontré que trois assez passables pour des cadeaux. Un jour M. P. Renaux qui était avec moi , en trouva une au bord de l'eau, qu’il a conservée, quoique un peu usée. Je me plais à indiquer ce gisement aux amateurs qui réussiront 2" peut-être mieux ; c'est entre Vals et Mainterargues, à gau- che du ruisseau. En 1817, je rencontrai à Arènes , dans une terre au Sud du château, des morceaux d'os longs et de côtes, avec quelques os courts; je choisis parmi les premiers ceux ayant une de leurs extrémités qui me servit à les détermi- ner, mais il m'était difficile de connaître à quels animaux ils avaient appartenu ; on pouvait seulement juger de leur taille qui approchait de celle d’un mouton ordinaire (2). Quelque temps après, je remarquai sur le talus d’un ravin, au S.-E., à environ 0,70 kil. du Mas de Montagnac, une Quantité d’ossements assez considérable pour supposer que plusieurs animaux y étaient enfouis ensemble ; l'éboulement des terres les ayant laissés à découvert, l'air, le soleil des (1) Comptes-rendus, T. IX, p. 361 ; Bibl. univ., T. AVI p. 54 Rec. de mém., T. IV, p. 1 (2) Annales des sciences ni. e, XIV, pb. ( 426 ) pluie les avaient décomposés ; ce n'étaient que des débris, mais il en restait encore des traces en 1850. Je les indique ici, comme une enseigne qu'il y a d'autres squelettes dans le voisinage (1). Dans une exploration faite avec MM. Reauien et les frères Renaux, nous rencontrâmes de larges vertèbres d'environ 7 centimètres de diamètre, sur 1,5 d'épaisseur et une, le double plus épaisse, mais seulement de 2,25 de dfamètre. J'en avais de pareilles; ce jour-là je ne rapportai qu’une astragale parfaitement conservée, que je joignis à un envoi d'échantillons minéralogiques, adressé le lendemain -à M. Brongniart. L'année suivante le hasard nous servit mieux , M. Requien et moi, Nous vimes vers l'E, de Montagnac, à 0,8 kil, de ce mas, au milieu d’un champ récemment effondré, une certaine quantité d'os, toujours fracturés à la vérité, point de crânes, pas une mandibule , pas une dent isolée. Les os longs et les os plats, sont plus fragiles et se con- servent moins entiers; les os courts et les dents roulent, sont entraînés et par conséquent plus rares, du moins dans cette localité; nous trouvâmes cependant des astragales, des vertèbres, des os métacarpiens, des phalanges , et nous choisimes de nombreux morceaux de fémur, d'hume- rus , de radius, de tibia, etc. Nous partageâmes d’abord , comme lorsque des amis explorent ensemble, mais dès notre retour je lui donnai ma part. C’étaient des échan- tillons de mon propre pays, je pouvais retrouver ceux qui sembleraient plus curieux, la plupart étaient des doubles pour moi, ainsi que pour lui vraisemblablement; mais ce bon Requien recueillait sans cesse, il avait des correspon- (1) Comptes-rendus , 4 er à 1839; 29 Juin ; 6 Juillet 4840; Recueil de mém., T. IV, p. 261. (427) dants partout, auxquels il se faisait un plaisir de distribuer les plantes , les coquilles vivantes , les minéraux et les fossi- les, tout ce qu'il rapportait de ses recherches, afin de pro- pager le goût de l’histoire naturelle; il mettait ses collec tions les plus rares à la disposition des savants étrangers. Je l'ai dit dans sa nécrologie, et j'ai répeté enfin, dans celle de Prosper Renaux, combien il était communicatif, C'est, je pense, une qualité distinctive des véritables natu- ralistes, et mes amis réunissant toutes celles de l'esprit et du cœur, on ne saurait être étonné si, à-propos de nos explorations, je laisse apparaître la sympathie qui nous unissait et mes regrets bien sentis. Parmi les morceaux moins communs que j'ai rapportés d'Arênes, je citerai une partie supérieure d’un fémur de Crocodile, un os métacarpien médian gauche du Palæo- therium crassum , et une astragale plus petite que celles dont j'ai parlé précédemment , que M. Laurillard à qui je l’appor- tai, reconnut être du Zragulotherium de M. l'abbé Croiset, espèce de Musc qu'il me fit voir aussitôt. Finalement, en Octobre 1839 , au fond d’un creux de mü- rier fait le matin même, dans une terre presqu’au bord du chemin, 0,5 kil. du mas de Montagnac, au point marqué par une * sur la carte géologique de M. E. Dumas, à la limite du grand bassin lacustre qui traverse notre dépar- tement , j'ai rencontré les os d’un Rhinoceros minutus. qui font le sujet du précédent mémoire (1), Je n'ai pas besoin de dire que je suis revenu assez fréquemment depuis dans cet endroit, seul ou avec des amis; je souhaite que ceux qui s'y rendront après moi soient plus heureux ou plus ha- biles dans leurs investigations; mais ce ne sera peut-être pas — la sh mue à laquelle étaieut les os de ce (4) Recueil de mém., T. VI, p. 370. - CS (128 ) pachyderme, me fait craindre qu'il ne soit nécessaire de fouilier le terrain jusqu’à 0,6 mètres pour en avoir de nou- VEAUX. Je vais continuer l’extrait de mon itinéraire, et dans le cas où les jeunes naturalistes et les amateurs étrangers aux- quels je le destine , ayant exploré ce canton, ne voudraient pas retourner à Alais par la même route, nous allons pren- dre celle de Saint-Jean-du-Pin. Après avoir fait halte au hameau du Provencal, je leur montrerai à Casevielle, 2 kil. vers l'Ouest, les dépôts de sable quartzeux, fin, blanchâtre, exploités pour les verre- ries (il y en a plusieurs analogues dans ce pays). Je les ferai passer à ces affleurements de plomb argentifère dont l'ana- lyse promettait une fortune au propriétaire du fond, quand des recherches plus suivies découragèrent les spéculateurs {à Cornules, 4 kil. plus à l'Ouest, il y avait des traces d’an- ciens travaux, on y a reconnu le même minerai plus riche et plus facile à exploiter; une compagnie en demanda la concession). Au lieu dit /a Mine ils reconnaïitront les amas des pyrites qui alimentaient Jon a une ne fabrique de sulfate de fer (depuis qu’on fait ce sel artifi t avec plus d’avan lage, on a essayé de tirer du soufre des pyrites , on les brûle pour faire de l'acide sulfureux, etc.). Proche le pont de Gis- quet , ils dégusteront les eaux minérales appelées d’Alais ou de Daniel, autrefois si en vogue ; ils observeront les Zi- gnites de la colline voisine, dite le Bois commu; puis en face la fraydronite de Traguette entre les formations de keu- per et de micaschiste. Non loin du pont sont les belles carrières de l'Hermitage au Sud de la montagne de Saint-Julien-d' Ecosse ; à Cham- debois qui est au pied du côté du S.-E., ils ramasseront quelques poignées de fer hydraté pisolitique et prendront / ( 129) dans les fissures de la roche des échantillons de la gangue qui renferme ces globules (4). À mi-côte sur le même penchant de Saint-Julien , est la grotte à ossements de M. Bonneau; sur le revers sont celles de M: Murjas et les carrières de Durat. J'ai dit en les fai- sant connaître qu'elles n'étaient séparées d’Alais que par le Gardon (2). On fera facilement cette tournée dans un jour, et je peux garaniir une bonne récolte aux paléontologistes, et aux géo- logues , ainsi qu'aux botanistes; plusieurs voudront la re- commencer. La fraydronite dont j'ai fait. mention ci-dessus est une nouvelle roche découverte par M. E. Dumas, il en a mar- qué plusieurs gisements sur sa carte géologique du dépar- tement du Gard. Celui de Traquette est le plus rapproché d’Alais et l’on peut sans trop se détourner le visiter en re- venant du Pin, Un motif particulier m'a cependant engagé à réserver cette exploration pour un autre jour, comme on le verra dans mon itinéraire, dont je joins ici un nouvel extrait : Je pars, avec mes amis, par la route de Cendras , Ta même que nous ayons suivie en revenant des mines de la Grand Combe et des fonderies du Tamaris, mais nous n’al- lons qu’à Rochebelle, un kilomètre au N.-N.-0. d’Alais; R, sont nos plus proches houillères. Nous observerons dans les grès qui les recouvrent des tiges et des troncs d'arbres Pétrifiés ; nous remarquerons les racines et les objets divers placés aux bords de la source et du canal de Russeau qui se recouvrent d’un dépôt pierreux, comme à la fontaine de (1) Comptes-rendus, T. XXVHH, p. 429. Rec. de mém., T.VI, p. 359. (2) Comptes-rendus, T. XXXI, p. 190. Rec. de mém., T. VI, pages Fox 8 à 9 ( 430 Saint-Allyre, en Auvergne ; tout à côté, au bord du chemin, nous choisirons de jolies dendrites en cassant les pierres qui les contiennent. Nous prendrons des échantillons d'une carrière de gypse , des ocres, des fers carbonatés, hydra- tes, lithoïdes de Trepalou où était naguère le plus beau et le plus grand chêne vert que nous ayons vu. En traversant l’Eouziére (bois de Yeuses), nous rencon- trerons diverses coquilles fossiles calcaires et un banc de gryphées, de pentacrinites et de bélemnites siliceuses re- couvertes d’orbicules (1). Les botanistes y recueilleront quelques plantes rares , ac- climatées depuis que le professeur De Sauvages les y semait en venant visiter son frère aîné. Leur successeur se félici- téra de recevoir et ” faire reposer les amateurs d'histoire naturelle chez lui, à mi-cote de la Cabane, l’une des monta- gnes les plus élevées des environs. Le Mas de Traquette est tout proche et dépendant du château de Sauvages. On observera la Fraydronite en des- cendant le soir; il ne faut que demi-heure pour arriver à Alais. SA ve, | Alais, le 25 Juillet 1854. Baron D'Houeres-Firmas. (4) Rec. de mém:; TV; p. 64: (131) VIT, — Appirion à la Note sur l'Erosion au têt chez les éoquilles fluviatiles univalves (1); Par M. PAUL FISCHER, auditeur. Dans notre mémoire sur l'érosion artificielle des Limnées, nous considérions comme peu probable l’action corrosive des œufs de Néritines. Notre assertion a été confirmée par lFexamen de nombreuses Néritines trouvées dans la rivière de l'Isle, le 29 Juin 1854. Les œufs des Néritines sont arrondis, légèrement aplatis à l'endroit où ils se fixent sur les coquilles. Ils paraissent plus durs et plus calcaires que les œufs des autres mollusques fluviatiles de France, et ne sont pas contenus dans un frai gé- latineux commun. Leur adhérence aux coquilles est remar- quable ; on ne peut les enlever complètement qu'après plu- sieurs essais. La partie soudée persiste presque toujours et présente la forme d’une cupule. Quelquefois, les bords seuls de cette cupule sont conservés et figurent un anneau cal- caire d’un blanc sale. La disposition des œufs sur les co- quilles est assez variable ; cependant la plus grande partie sont logés dans la suture et près de l'extrémité de la spire. En détachant avec précaution des œufs fixés sur une co- quille non érodée , l’épiderme nous a paru au-dessous par- faitement intact. Ce n’est donc pas l'enveloppe de l'embryon qui peut produire les érosions observées sur la coquille. L’épiderme était également intact sous les cupules aban- données par les petites Néritines après leur éclosion. On aurait pu cependant attribuer les Dora tk aux animaux , is ils brisèrent leurs es (1) Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux , 1. XVHE, De livrai- son , (132) Au contraire, sur des coquilles déj* érodées, l’enlève- ment de l’œuf ou de la cupule déterminait une érosion, à cause de l’adhérence des parois extérieures de l'œuf et dn calcaire mis à nu. Mais, dans ce cas, la dégradation est accidentelle, et la ponte n’en est pas la cause directe. Souvent, alors, des corps étrangers s'arrêtent dans les cupules , et le frottement du courant et des matières qu'il charrie attaque l’épiderme. C’est pour cette raison que les Néritines de rivières sont moins intactes que les Néritines qui vivent dans les étangs: Les dernières ne peuvent pré- senter d’érosions qu’à la suite du développement, près des cupules , d’algues fluviatiles, et des actions hostiles de cer- tains insectes et myriapodes. Chez les Néritines de l'Isle, les érosions se montraient surtout à l'extrémité de la spire, point où l'épiderme est le plus mince. De là, elles s’étendaient sur les autres par- ties du têt, recouvertes d’épiderme dans l’état normal. Le Ses était friable, grumeux ; la coquille paraissait, pour idire, morte extérieurement. A remarquait encore des érosions sur les points où l'ac- CHIENS avait été irrégulier ; É saillies de l'épiderme paraissent donc favoriser sa Les œufs de Néritines étaient plus nombreux sur les co- -érodées ; car ils pouvaient mieux adhérer sur une sas rugneuse que sur un épiderme lisse. Il ést probable que les Néritines se. placent à l'abri du courant lors de la ponte, soit près des bords de la rivière , soit sur les pierres. Les Néritines exotiques, ainsi que les Navicelles et les Mélanies, ont les mêmes habitudes que nos indigènes ; on en trouve souvent des individus chargés de cupules ou d’an- neaux calcaires. Du reste, le fait a été constaté depuis long- temps par les conchyliologistes de Bordeaux. Juillet 1854. Pauz Fiscaer. 20 Février 1855. 2: LH | EF] | | AGE + LA LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE ne “ Li a TOME XX. Deuxième Série : TOME X, nn im ms 2e et 3e Livraisons. — 20 Juin 1855. ST signets = à “1 ns e : je: Ca Resneil, ‘exclusivement are ea Le prix de la ne est de 10 fr.; franc de port, Bordeaux et ts toute la France, et de 11 FR ENe de. . chérie | qu cles ST de | Er à f ue bhtin j ; , ; . en tontes tetes par les Auteurs. Rs membres de la Société qui se trouvera à la fin de _votume des Actes. : (135 } VIIL. — CowPre-REenDu présenté à la Société Lol de Bordeaux ; dans son Assemblée générale du 6 Sep- tembre 1854, au nom de la Commission chargée d'étu- dier la Maïadie de 1a Vigne, dans la Gironde , en 1853 : Par M. Th. CUIGNEAU, Secrélaire-Rapporteur. * -Messieues, ‘ L Au commencement de 1853, préoccupée avec juste rai- son de la persistance incessante des phénomènes anormaux, auxquels avait été donné, entr'autres- noms, celui de Ma- ladie de la Vigne, la Société Linnéenne crut devoir former, uniquement parmi ses membres, une nouvelle Commission, “Chargée de continuer les travaux de celle qui l'avait précé- dée , et de confirmer ou rectifier par de nouvelles obser- vations , les résultats que notre honorable collègue , M. Ch. Laterrade avait consignés dans son rapport (1). Instituée réglementairement, cette Commission ao) se réunit pour la première fois le 26 Mai 1855, choisit pour président M. Cazenavette (3) et me confia la mission déli- se ) (Var. Actes de la Soc. Linn., T. XVII, —5.me lis. # à oy. le procès-verbal de la 1. séance de la Commission , Lo rarrèté pris par la Société. lait. (3) Vice-président de la Soc. Lion. Tos À. a (134) cate de rendre compte dle ses travaux. Ceux-ci sont termi- nés depuis longtemps déjà, et, malgré le long espace de temps écoulé depuis cette époque, le même embarras existe pour votre rapporteur, dont le travail devra, plus que celui _de son prédécesseur, encourir et mériter le reproche de ne présenter aucune conclusion, ni quant à la cause ou à la nature de la maladie, ni quant aux moyens nécessaires ou utiles qu’on pourrait employer contre elle. Toutefois, ce reproche devra perdre de sa gravité et de son importance auprès des esprits qui considéreront que votre Commission n’a pas la première accusé la terminaison de ses travaux et de ses études; que pendant les quatorze séances qu’elle a tenues, son rôle a surtout consisté à re- cueillir des observations, à enrégistrer et à contrôler des faits ; qu’enfin cette même coordination n’était pas encore achevée , quand la création d’une nouvelle assemblée , for- mée dans le même but , sous les auspices bienveillants de l'Autorité départementale , vous imposa le devoir de fournir votre contingent de connaissances ou d'observations positi- ves à celte réunion dans laquelle d’ailleurs la plupart d'en- tre vous se trouvaient des premiers inscrits. Dès-lors , Messieurs , le travail.que j'ai l'honneur de sou- mettre : votre approbation est plutôt un compte-rendu qu'un , une _—.. de documents qu’un résumé de dis- cussion ; mais t sera lètement atteint si j'ai con- signé des renseignements ou des détails qu'il pourra devenir profitable de consulter. * "Ce Ainsi que l’année précédente , vous aviez pensé qu'il'était utile de reproduire, dans les journaux quotidiens dela. ville, un simple aperçu, mais non un procès-verbal régu- lier de vos séances ; cette publicité quoique restreinte et ré serrée ne fut pas, il faut bien le dire , accueillie d'une ma- & (°135 } nière également sympathique par toutes les personnés qui étaient appelées à en prendre connaissance ; et, à cet égard, il n’eût tenu qu’à vous plusieurs fois d’entamer une polémi- que avec ceux qui, intéressés ou non dans la question, de- mandaient avec une sorte d’insistance DE QUI la Société Linnéenne tenait la mission de publier son avis sur la maladie de la vigne. On semblait insinuer en termes, même assez clairs, que cette mission, nous nous l’étions pour ainsi “dire arrogée. Aujourd’hui, que ces débats sont déjà loin de nous , je n’ai qu’à rappeler les considérants si nettement exposés par M. Ch. Laterrade, dans son rapport de 1853; j'ajouterai que la Société Linnéenne, ou du moins sa Com- mission spéciale, n'a jamais prétendu et ne pourra jamais prétendre à d'autre rôle qu'à celui de simple observatrice des faits qui se passaient sous ses yeux, sans vouloir, en aucune façon, donner des leçons sur un sujet où la réserve même de ses opinions était le plus sûr garant de la pru- dence avec laquelle elle faisait ses observations. Mais, Messieurs, si la sympathie que vous attendiez des organes de la publicité vous a manqué; d'autre part, l'Au- torité départementale supérieure avait. apprécié tout le dé- vouement, toute l’abnégation que vous apportiez dans des études entreprises et suivies assidûment depuis deux ans; et dès la fin du mois de Juillet, M. le Préfet vous donnait une preuve éclatante d'estime et de confiance, en vous de- mandant un rapport circonstancié sur l’état de la maladie de la vigne, dans la Gironde, en 1853. Immédiatement rédigé, ce travail fat maps par la né mission et remis le 9 Août. Comme cette pièce ne doit pas trouver place, ni das ce compte-rendu , ni dans la série des procès-verbaux ou des documents annexés, il est convenable de mentionner les conclusions qui la terminaient. ( 136 } « Les conséquences d’un pareil fléau (la maladie) », di- sions-nous , « seraient incalculables pour notre département, » de quelque côté que l’on veuille envisager la question, » soit sous le rapport de l’industrie vinicole elle-même, de » l'intérêt des fermiers et même des propriétaires grave- » ment compromis , soit sous le rapport des industries af- » férentes, du commerce et des transactions auxquelles » cette riche production donne lieu, soit enfin sous le rap- » port de la richesse territoriale. ° » Il suit de ces considérations qu'il ne nous appartient » pas de faire valoir, mais dont l’autorité se préoccupe » avec juste raison, il suit, dis-je, que l’on ne saurait assez » s’entourer de toutes les données, de tous les renseigne- » ments, de toutes les observations qui pourraient éclairer » une question aussi grave. Sans doute, les observations » particulières sônt respectables et doivent être accueillies » avec reconnaissance de tous ceux qui étudient, en raison » surtout des motifs louables et essentiellement patrioti- » ques, qui le plus souvent servent de mobile à ces initia- -» tives; mais, dépourvues de contrôle, ces données ne » peuvent être employées qu'avec la plus grande réserve et » qu'après avoir été soumises à l’examen le plus rigoureux. « L'Autorité seule peut fournir ces documents officiels » auxquels dès-lors on peut ajouter toute croyance et des- » quels on peut tirer tout le parti dont ils sont susceptibles. __» EN CoNSÉQUENCE de tous ces motifs, et après mûre et » soigneuse délibération, la Commission a l'honneur d'é » mettre auprès de vous, M. le Préfet, le vœu que le Gou- » vernement, par ses rapports avec les Sociétés agricoles, » scientifiques, etc., fasse étudier non-seulement dans le » département de la Gironde, mais dans toute la France » et même à l'étranger, les questions suivantes, dont la (437 ) » réponse réclamée à grands cris par la population agricole » en général, est d’une importance vitalé pour notre dépar- » tement en particulier. « 1.° A-t-on observé que les localités dans 14e » l'oïdium a fait invasion depuis 1845, en aient été déli- » vrées au bout d’un certain nombre d’années ; en d’autres » termes, la maladie at-elle eu quelque part une durée dé- » terminée? » 2:0 Quand la maladie atteint une localité ou même un » vignoble, y a-t:il dans les parties atteintes des exceptions » et de quelle nature sont ces exceptions ? Sont-elles sou- » mises à des règles fixes et déterminées ? » 3.° Dans le cas, où le mal aurait cessé d'apparaitre » dans certaines localités, y a-t-il eu emploi de moyens » curatifs particuliers ? Quels sont ces moyens? » 4.0 Quels sont les cépages, les terrains plus particuliè- » rement atteints ? » 5.0 En particulier, dans le département de la Gironde, » a-t-on observé depuis trois ans, des contrées plus atta- ” quées que d'autres? Y a-t-il des vignobles attaqués les » années précédentes et qui seraient, cette année, préservés » du fléau ? » 6.9 N'y aurait-il pas nécessité de la part du Gouverne- » ment, de provoquer, tant à Paris que dans les départe- » ments, des expériences faites et dirigées par des hommes » compétents et à publier à des intervalles rapprochés et » réguliers , les résultats officiels de ces expérimentations ? _» 7.0 N'y aurait-il pas nécessité de la part du Gouverne- » ment à établir dans chaque département vinicole une cor- » respondance administrative suivie entre le Préfet et les » Maires des communes , » de la communiquer à une Commis- (138) » sion centrale chargée d'examiner, de vérifier et de cons- » tater officiellement les faits annoncés? | » 8.0 En particulier, M. le Préfet ne trouverait-il pas » utile et convenable de prendre cette initiative dans le dé- » partement de la Gironde? » Sans doute, plusieurs de ces questions sont déjà réso- » lues aux yeux de notre Commission, mais les faits que nous observons sont isolés, particuliers, et ne peuvent » aboutir à ces résultats généraux et positifs auxquels » conduiraient infailliblement les mesures que nous solli- citons. » D'après les notions ainsi recueillies pratiquement et » réunies aux observations des Sociétés savantes, le Gou- » vernement donnerait à la population agricole avec l'auto- » rité et le crédit d’un caractère officiel, une juste satis- faction pour ses légitimes inquiétudes dans un sujet » d’une importance immense pour elle. » Nous espérons, Monsieur le Préfet, que vous voudrez » bien accueillir avec bienveillance, et votre sollicitude bien » connue pour les intérêts du département que vous êles » appelé à administrer, le rapport de nos travaux de cette » année et les vœux que nous vous avons adressés, et qui » nous sont inspirés surtout par l° ardent désir d’être utiles » à nos compatriotes ». Tels étaient les vœux que nous émettions auprès du premier magistrat du département, et c’est avec le plus vif sentiment de gratitude et de reconnaissance , que nous de- vons aujourd'hui consacrer dans notre rapport officiel, l'ex- pression de nos remerciements pour la suite que sa bien- veillance leur a donnés. Par une circulaire insérée dans le Recueil des Actes ad- ministratifs, MM. les Maires des diverses communes du département furent invités à envoyer immédiatement au Y 2 (159 ) siège de l'Autorité, les résultats des obsérvations faites dans les circonscriptions respectives, sur les principaux points qui intéressent la Commission. Cent-dix ont répondu à cette invitation; et c’est à votre Commission que M. le Préfet a envoyé ces documents à trois reprises différentes afin de les analyser et de les peser à leur valeur. A chaque envoi , vous avez répondu par un résumé analytique et détaillé, dans lequel on avait soin de mettre en relief les points spéciaux qui semblaient mériter une attention particulière. Depuis ce moment, j'ai pu disposer dans une série de tableaux méthodiques, l'extrait concis et surtout authentique de tous les détails contenus dans cette correspondance : de telle sorte que leur ensemble et quel- ques extraits de lettres qui y sont annexés comme docu- ments explicatifs et nécessaires représenteraient d’une ma- nière convenable et régulière, les résultats d’une enquête officielle faite sur la maladie de la vigne dans la Gironde, en 1553. : Cette volumineuse correspondance a donc été pour nous une mine fertile de renseignements , souvent contradie- _toires , il faut bien l'avouer , mais en même temps remar- quables par leurs contradictions. Telles n’ont pes été les seules sources où vous avez pu puiser : sans parler des nombreuses publications, émanées de Sociétés savantes di- verses avec lesquelles la Société Linnéenne entretient des relations amicales et dont vous avez chargé votre rappor- teur de faire le long dépouillement , sans parler des letires multipliées qui ont été communiquées à la Commission par chacun de ses membres, jé dois mettre en première ligne, la série des documents italiens , fournis par la So- ciété d'Agriculture de Turin ou la Société des Géorgophiles de Florenre ; les documents publiés déjà en vertu d'une au- torisation spéciale de Ja Société et connus sous le nom de { 140) Documents Tucker ; enfin , une seconde lettre adressée à no- tre collègue le docteur Desmartis fils, par le jardinier de Margate et qui devra nécessairement trouver place dans la série des pièces qui seront jointes à ce travail. | Tels sont les matériaux qui ont servi à la confection de mon travail; et bien que composé en partie et présenté longtemps après la clôture des séances de la Commission , j'ai dù me renfermer uniquement dans le cercle des choses connues dans le monde savant jusqu’au 13 Octobre 1853. Je suivrai d’ailleurs l’ordre établi déjà dans le rapport de la Commission de 1852, en faisant précéder , toutefois, de quelques explications sur les phénomènes climatologiques que l’année 1853 a présentés dans le département de la Gironde. $ 4er RÉSULTATS DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES BORDEAUX , EN 1853 « Si la vigne, pour donner un vin potable fuit les îles et -» presque toutes les côtes, même les côtes occidentales, ce » n'est pas seulement à cause de la faible température qui » règne en été sur le littoral , la raison de ces phénomènes » est ailleurs que dans les indications fournies par nos ther- » momèêtres quand ils sont suspendus à l'ombre. Il faut la » chercher dans l'influence de la lumière directe dont on » n'a guère tenu compte jusqu'ici, bien qu’elle se manifeste _» dans une foule de phénomènes... Il existe à cet égard , » une différence capitale entre la lumière diffuse et la lu- » mière directe, entre la lumière qui a traversé un ciel se- » rein et celle qui a été affaiblie et RAS en tous sens » par un ciel nébuleux (4) ». (1) À. de Humboldt, Cosmos, t. 1er, pag. 387. PA " (141) Je crois essentiel d'arrêter votre attention sur ces réfle- xions dues à un homme dont vous ne pouvez récuser le haut talent d'observation , l’illustre auteur du Cosmos, qui, comme il le dit lui-même, « avait depuis longtemps attiré » l’altention des physiciens et des phytologues sur cette dif- » férence (des deux lumières ) et sur la quantité de chaleur | » encore inconnue que l'action de la lumière directe déve- » loppe dans les cellules des végétaux vivants (4) ». Chose remarquable, c'était précisément à propos de la vigne, que M. de Humboldt faisait appel aux observations des savants. « Si dans l’Armorique, on ne peut cultiver la vigne, c'est parce que les plantes sont dépourvues, non-seulement, du stimulus de la chaleur, mais aussi de la lumière, qui plus intense sur les lieux élevés que dans les plaines , exerce sur les plantes une double action, la sienne propre et celle qui développe la chaleur à leur surface (2). » À Bordeaux, des observations minutieuses, dirigées dans ce sens, ont été faites avec le plus grand soin, par le sa- vant doyen de la Faculté des sciences, M. Abria , et voici les résultats auxquels il est arrivé et que nous extrayons des Actes de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux. La comparaison des divers tableaux qu'il a dressés mon- tre qu’il y a eu, en Juin 1853, 13 jours de pluie, 8 jours couverts, 15 j. nuageux ; en Juillet : 10 j. de pluie, 3 j. (1) Loc. cit. p. 388.— Voyez aussi même vol. la note 96. (2) Egent enim stirpes non solùm caloris stimulo, sed et lucis, quæ magis intensa locis excelsis quam planis, duplici modo plantas movet , vi suà tüm proprià tum calorem in superficie earum exci- tante. (Humboldt , de distributione geographicà plantarum ; 1847, p- 163, 164, cité dans le Cosmos, T. 1er, note 94). Voyez aussi Foissac, de la Météorologie dns ses rapports a0ee la science de l'homme; ete., T. 2, pag. 66. (142) couverts, 47 j. nuageux ; en Août, 12 j. de pluie, 4 J. couverts, 13 j. nuageux. Total pour l'été, 55 j de pluie, 15 j. couverte , 45 j. nuageux. Pour les deux premiers mois de l’antomne, c’est-à-dire , ceux qui avec le mois d’Aoùt , contribuent le plus à la ma- ” turation de la vigne, les chiffres obtenus, en 1853, s’éloi- gnent trop de ceux obtenus dans les deux précédentes pour qu'on n'en tienne pas compte. Eu 1853, Septembre et Octobre fournissent 33 jours de pluie, 4 jour de brouillard, 6 j. couverts, 37 nuageux, total 77; tandis que les moyennes de 1851 et 52 sont, 24, 9j 7,123; 63: Enfin, le nombre total des jours couverts qui pour toute l’année était en 1851 de 46 et en 1852 de 39, se trouve en 1853 de 94. Ainsi ces jours-là, la lumière à manqué; et à cause de celte persistance dans l'absence des rayons lumineux ‘di- rects, l’année 1853 a été, d'une manière générale, une année d’herbe et de foin et en pareil cas nos paysans répè- _tent le dicton : Année d'herbe Jamais superbe. Nous n’attachons, du moins quant au point qui nous occupe , qu'une médiocre importance au nombre de jours de pluie notés dans l’année, car, la quantité d'eau tombée peut, cela se concoit du reste, n'être nullement en rapport avec ce même nombre de jours, comparé d’une année à l'autre; mais ce qui est plus essentiel à connaître, c’est le degré hygrométrique de l’a atmosphère et celui de l'eau éva- porée qui sont en relation directe avec le nombre de jours couverts. Les résultats obtenus à cet égard sont tous aussi remarquables : pendant dix mois ; l'humidité relative s’est élevée à son maximum, pendant les deux autres mois Juil- * { 143) let et Août, elle s’est élevée à 93 et 98; et c'est le 3 Août” que cette même humidité a acquis son plus haut degré de tension, à midi (2104). Ainsi, vous le voyez, Messieurs, sous le rapport des conditions hygrométriques de l'air ambiant, cette année 1853, a été des plus fâcheuses, et tellement fàcheuse que, comme le faisait observer , l’un de vous, la vigne s’est trou- vée soumise , « à la fin de l’été et en automne , à un genre » d'influence extérieure semblable à celui du printemps et » du commencement de l'été; alors la vigne allonge ses » rameaux, pousse de nouvelles feuilles et le raisin dans » lequel affluent incessamment de nouveaux sucs, n'ayant » pas le temps de les élaborer, reste acide et ne màrit » pas (1)», Passons à un ordre de considérations. Dans l’article déjà cité, M. de Humboldt ajoutait : « Les limites géographiques » de la culture des plantes, en particulier de la vigne ne » sont pas exclusivement réglées par les moyennes tempé- » ratures annuelles. Ainsi, pour que la vigne produise du » vin potable, il ne suffit pas que la chaleur moyenne de » l’année dépasse % ‘},, il faut encore qu’une température » d'hiver supérieure à + 0,5 soit suivie d'une température », moyenne de 18° au moins pendant l'été. C’est ainsi que » dans la vallée de la Garonne, à Bordeaux | lat. 40° 50) » les températures moyennes de l'année, de hiver, de » l'été et de l'automne sont respectivement (2) 13°,8 — 60,9 — 210,7 — 14,4, » landis que dans les plaines du littoral de la mer Baltique (1) A. Petit-Lañitte, Résumé des obs. météor.agric., faites en 1852-55, dans le journal l'Agriculture. (2) Les moyennes relevées par M. Abria sur 10 années d'observa- tion, sont : 130,05 = 6r,27 — 200,52 — 13,29. (144 ) » (lat, 52° ‘/,) où le vin n’est plus potable {il y est consom- » mé cependant), ces nombres sont : 89,6 — 00,7 — 170,6 — 8, 6 Dans l’année agricole 1852-53, le même observateur (1) a trouvé que la température de l’année a été de 12° 90, un peu inférieure aux moyennes connues, et que si celte diminution sé fait surtout remarquer dans les moyen- nes du printemps et de l'été, elle se trouve compen- sée par celle de l'hiver qui est au contraire plus élevée (T°,52). Or, pour que la vigne arrive à produire des vins potables et de bonne qualité, il faut qu'en même temps que l'été a une température très-élevée, celle-ci s'éloigne considérablement de celle de l'hiver , et plus cette différence entre les deux températures sera prononcée, plus aussi, toutes choses égales d’ailleurs , les produits seront précieux en qualité ; ce qui fesait dire à l'illustre voyageur de Berlin : « Jamais dans aucune partie du monde, pas même dans » le midi de la France, en Espagne, ou aux îles Canaries, » je n'ai trouvé d'aussi bons fruits et surtout d'aussi belles » grappes de raisin qu'aux environs d’Astrakan sur les bords » de la mer Caspienne (lat. 46° 21). La température » moyenne de l’année y est d'environ 9%, celle de l'été y » monte à 210,2 comme à Bordeaux, mais en hiver, le » thermomètre y descend à — 25o et même à — 50° (2) ». Je suis loin d'avoir cité ces chiffres pour expliquer la maladie de la vigne, en particulier surtout dans notre dé- partement , mais ils m'ont paru intéressants à signaler, pour bien faire connaître la situation de la végétation de la vigne, situation tout-à-fait mr et résultant surtout de la (4) M. Abria, loc. cit. {2) Voy. A. de Humboldt , Cosmos , T. 1, p. 586, 587. (145 ) ; différence des températures de l'hiver avec celle du prin- temps et de l'été, qui en 1853 n’a été que de 30,79 et 120,55, tandis qu'en moyenne elle est de 6v,07 et 140,25 {Abria), ou 15°,5 ({ Humboldt). — Ces conditions ont dû réunir leur action à celle des influences hygrométriques déjà signalées , et le résultat final, c'est-à-dire, la persistance de la plante dans la seconde phase de sa végétation et sa non- -matura® tion, en a dù être la conséquence nécessaire. D'une manière générale, on peut donc conclure que la vigne pendant toute l’année 1855, en particulier pendant l'été et l’autonfne, a constamment végété, a présenté continuellement des parties vertes et de nouvelle forma- tion , c'est-à-dire, éminemment disposées à recevoir les ger- mes de loïdium, à en favoriser le développement et par conséquent à en éprouver aussi, les pernicieux effets (1). : D REMARQUES SUR L’HISTOIRE DE LA MALADIE. De nouvelles communications, le plus souvent reposant sur de très-simples et très-faibles données, avaient pu vous faire penser qu'à part les mentions connues et (1) Les conditions normales de la végétation de la vigne sont celles que l'observation fait connaître, car on n’est guère fixé en- core aujourd’hui, ni sur la véritable patrie de ce précieux végétal, ni sur l’espèce sauvage qui a été cultivée la première, à moins tou- tefois qu’on ne s’en réfère à l'opinion de Link qui raconte que Vi- viani indique - ne comme croissant à rs vf dans l'an- cienne Cyrénaiqu: des fruits gros, agréa ble. - (Voyez à cet RE une excellente analyse faite par M. Meyen travaux de Parrot, Link, Bujack, Pœppig, Gutzloff, sur la patrie de age dans les Ann. des sc. nat, 2 © s.ie Botan , T. IV, page 245 — Voyez aussi-Poiteau, dans les Ann. de la Soc. Imp. d'Hort. de Paris. — N.o de Février 1853, pag. 49 et 50). { 146 ) devenues classiques, de Pline, Théophraste, il ne serail pas impossible de Espanyee dans d'anciennes chartes ou actes les indices d bles altérations d fléaux et même causes obligatoires d’annulations de contrat. Malheureuse- ment , les titres que l’on avait prétendu exister dans les ar- chives du château d’'Eyquem, et conservés dans la famille le Lur-Saluces, ceux qui devaient, disait-on , se retrouver dans les minutes d'anciens notaires de la Réole, malheu- reusement , dis-je, malgré tout le zèle qu'ont mis à s'oc- cuper de cette recherche les personnes les plus intéressées, rien n'est venu confirmer ces espérances: Et notez bien. Messieurs , que ce n’est pas seulement parmi vous , que se sont produites ces mêmes illusions si agréables pour l'esprit des propriétaires et des cultivateurs, puisqu'elles lui pré- sentaient les accidents qui se manifestent aujourd'hui ; comme une réapparition d'accidents semblables, mais passagers et écartaient les craintes de l'avenir ; à Orléans, M. Brunet (1), faisait part à la Société d’Horticulture, qu'il connaissait un ouvrage datant de 200 ans, dans lequel la maladie était indiquée comme ayant déjà sévi dans l’Orléanais. M. Pesty, dans la même Société, indi- quait un autre ouvrage datant de 450 ans, sur l’art de cultiver la vigne dans l’Orléanais et dans lequel, disait-il, il croyait avoir lu quelque chose ayant trait à la maladie. À Paris, à la Société impériale d'Agriculture, M. Heuzé (2), déclarait qu’il avait trouvé dans un ouvrage déjà ancien, que dès l’année 1789 , on signalait l'existence d’un champi- gnon , qui constituait une véritable maladie sur les vignes , de telle sorte qu'il semblait résulter que ces affections (1) Bull. de la Soc. d’Hort. d'Orléans, e HE, no 42, p. 424. (2) Bull. des séances de la Soc imp. d'Agric., 2.me srie, T, VHH, pag. Do. (147) apparaissent à certains intervalles de temps entre lesquels on perd leurs traces. Malheureusement à ces assertions comme à beaucoup d’autres analogues, les preuves ont manqué. | Malgré toutes ces recherches infructueuses et ces désirs avortés, je voudrais méanmoins appeler votre attention , Messieurs, sur ce passage bien court, et que je n’ai vu si- gnalé nulle part, « L'année 1818 , dit l’auteur, a été très- » pluvieuse , et pendant le cours de cette année , j'ai observé » que les feuilles des vignes cultivées sur les coteaux au- » dessous de Vaugirard offraient une espèce d’erysiphe très- » fine qui couvrait partiellement la surface inférieure (1) » Jamais, on n’a, à ma connaissance, rien écrit de plus ex- plicite, de plus précis à l'égard de la couche blanche qui peut se montrer sur la vigne. Toutefois, ce peu de mots suffisent-ils pour caractériser quelque chose d’identique avec les phénomènes actuellement signalés ? M. Léman, membre , si je ne me trompe , de l’ancienne Société Philo- matique de Paris, collaborateur du grand Dictionnaire des sciences naturelles, édité par M. Levrault, était certes assez bon observateur et assez bon esprit pour ne pas se hasarder à insérer dans un ouvrage de haute valeur scien- tifique, un fait d’une véracité douteuse. Toutefois, si l'épo- que, à laquelle il écrivait, en 1819, avait le mérite d'être très-rapprochée du moment de l'observation, il est bon de noter aussi qu'à ce moment, l'étude des champignons d'un ordre inférieur et en particulier celle du genre Erysiphe n'était rien moins qu'élucidée; aussi, bien des esprits ne trouxeront pas dans cette simple mention, faile sans autres détails , assez de preuves de l'existence de l'Erysiphe sur la art Leman , art. Erysiphe, dans Dict, der nat. _. vrault ), T. XV, p. 247. et ( 148 } vigne : d’ailleurs, M. Leman ne le signale que sur les feuilles, et encore à la surface inférieure. Il n’ajoute pas que cette production se soit montrée ou puisse se montrer ailleurs. Encore moins, ajoute-t-il que sa production, quoique ex- traordinaire, ait occasionné quelque dommage. — On ne peut pas dire, d’un autre côté, que l'observateur se soit mépris au point de prendre un Erineum pour ce qui ne l'était pas; et tout en rejetant la possibilité de l'existence constatée en France à cette époque, d'un Erysiphe authen- tique sur la vigne , il faut néanmoins conserver ce dernier résultat, qu’en 1818, sur certaines vignes, les feuilles vivantes présentèrent des productions cryptogamiques blan- ches (Erysiphe ou mycelium d’autres champignons). Je n'ai pas voulu et je ne veux pas même encore donner à cette citation plus d'importance qu’elle n’en mérite ; mais je n’ai pas cru devoir laisser passer inaperçue une mention faite dans un ouvrage classique, et dont il me semble bien extraordinaire que personne n’eût parlé, soit pour l'ap- puyer, soit pour la contredire dans un moment où les étu- des nouvelles ont cherché à déplacer la funeste découverte de Tucker et à la transporter du genre Oïdium, dans les Erysiphe. $ 5. DE L'OÏDIUM ? OU ÉRYSIPHE ? TUCKERI (1). I y a déjà longtemps qu'avec le plus grand zèle , les sa- vants italiens ont étudié les diverses phases d'évolution of- fertes par le parasite observé en tous lieux sur la vigne ; et (4) Voici les diverses appellations qu'a reçues le champignon : Oïidium Tuckeri (Berkeley in Gardner's chronicle, 27 Novembre 1847. — cum icone. — C. Montagne, Hugo Mohl, D. Leveillé, et plupart des auteurs). Oïdium leuconium Desm., d’après P. Savi. (Note additionnelle au ( 149:) je n’en veux d'autres preuves que les résultats suivañis, extraits des documents reçus par la Commission à diverses époques. Le 5 Août 1852, M. Bérenger insérait dans le journal Il Cultivatore , imprimé à Conegliano, un article sur la - maladie de la vigne : « Ce travail, dit M. le marquis Ri- » dolfi (1), a un caractère éminemment scientifique... M. » Bérenger ne croit pas que le parasite qui attaque nos » vignobles soit l’Oïdium Tuckeri qui se montre dans les mémoire du professeur Cuppari (Relazione delle ricerche fin qui pra- ticate interno la dominante malatia dell’uva , 1851, p. 20). Leucostoma: infestans ( Cästagne), cité par Rendu, de la maladie de là vigne, etc., p. 83. Oïdium Targionianum (Giov. de Brignoli), dans Rendu, loc. cit. Mars 5 pré vilis (Dr J. ‘Crocq), dans Recherches sur la mala- ‘die, etc. Acrosporium micropus et Cacoxenus ampeloctonos , de M. Zu- _ maglini, cité . le D.r Bertola ( Relazione interno alla malattia delle uve, 1851 , p. 3 ? Nouveau genre, voisin du sporidesmium dans Savi, Lettre au professeur Amici, à la suite du ne intitulé : Sulla malaltia dell'uva (5 Septembre 1852), p Cicinobulus Florentinus . d’après les découvertes de M. Amici, dans Targ. Tozzetti, sulle relazione, etc., 1853. Erysiphe communis var.? Bérenger (mémoire inséré dans le Col- tivatore , 5 Août 1852 ). Oîdium? Cicinobolus ? Erysiphe? Targ Toetti, loc. cit. _ Quant à la représentation, voyez l’Oïdium, dans la première des- cription du Rev, Berkeley loc. cit ; et le Sporange du Cicinobolus, dans Amici, mém. cit. pl. I; Rendu , mém. cit. pl. Il, fig. ne rhin cit. plus loin pl. 1, fig. ({) Sulla crittogama parasita dell’uva considerazioni del march. C. Ridolf; letta alla R. academia dei Georgofili nell” ep _. 1.0 Agosto 1852. — Appendice, p. 21 et suiv. Tome XX. 11 150 } » serres chaudes du Nord, mais bien l'Erysiphe communis » qui s'attaque ordinairement chez nous, aux arbres et aux » herbes et qui, comme dit Mayen qu'il cite, est du plus » mauvais caractère, capable d'une diffusion tellement su- » bite qu’elle tient du prodige. Il se fixe sur les parties her- » bacées et molles, etc. (2); quelques faits, ajoute M. Bé- » renger, pourraient faire croire qu'il existe chez les indi- » vidus attaqués une cause prédisposante ; mais par contre, » des faits nombreux et contraires prouvent que ce cham- » pignon se répand avec le caractère contagieux ou épidé- » mique , se disséminant au moyen de ses corps reproduc- » teurs que transportent çà et là les vents les plus légers ». La maladie qui dérive du développement de cet Erysiphe serait l’Albugine | ce que les jardiniers appellent le Blanc), pour l’auteur que nous analysons , et qui conclut en disant que ces deux maladies de la vigne ont beaucoup d'analogie entr'elles, quoique naissant d'organes différents , l'une étant produite par l’oïdium dans les cultures forcées du Nord, l'autre dérivant de l’Erysiphe , dans les vignes à l'air libre des climats tempérés ; et de cette simultanéité dans les deux invasions , il résulte qu'il doit y avoir dans la vigne quelque prédisposition et dans les conditions climatologiques quel- que cause déterminante. M. Bérenger ajoute qu'ordinaire- ment di ne produit pas de sporoide gen RER (2) Je rappellerai à ce sujet, que dans un premier mémoire adressé à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, le 12 Février 1855, M. Dessoyé, secrétaire de la Chambre consultative Paper pour mere de Sono: prétend avoir étu- dié malade, de pensée, de. plantain, de lilas , etc., conjointement dec M. y, professeur de zoologie , à la Faculté des Sciences de Toulouse, et qu'ils ont re- connu sur les uns et les autres les caractères de l'Erysiphe com munis. (#7) ñomibre, que leur dispersion’et leur germination est diffi- cile; que si aujourd’hui il en est autrement, cela dépend de l’état luxuriant et spécial de leur végétation propre , en vertu de laquelle F'Erysiphe se résout en entier en corps reproducteurs incomparablement plus prompts à se propa- ger et plus faciles à se développer que les vrais spores ; et qu'ainsi aujourd’hui cette plante possède exceptionnellement des moyens infinis pour multiplier , non Le type de l'espèce, mais sa forme dégénérée. C'est là la cause immédiate, mais non unique de la maladie actuelle. Un mois s’était écoulé depuis la publication de ce docu- ment, quand l'illustre micrographe de Florence, le profes- seur Amici, exposant en détail à la même assemblée des Géorgofiles , les belles préparations en cire faites sous sa haute direction pour le musée impérial et royal, fut appelé à étudier et contrôler les idées de M. Bérenger, C’est qu’en effet, une voie toute nouvelle venait d’être ouverte dans l'étüde de cette trop fameuse mucédinée , et le malheureux Oïdium déjà appelé de tant de noms divers’, recevait du savant Ehrenberg la nouvelle désignation de Cicinobolus Florentinus. M. Rendu, dans son rapport, a pris soin de faire connaître le résultat de ces nouvelles découvertes et a joint à son mémoire la geproduction d’une partie des figu- res que M: Targioni Tozzetti avait dessinées pour le mé- moiïre de M. Amici et qui étaient la reproduction fidèle des préparations du musée de Florence. M. Amici n’admet pas que la plante parasite des vignes malades de la Toscane , soit l'Erysiphe communis (1). L'oi- " Sulla malattia dell’uva, memoria letta ai R. scans Ps Georgofili, nella seduta del 5 prof. Giov. Batt. Amici. — p. 3. (Estr., degli ‘ati dei Georgoft, Tom. XXX. “ * (152) dium décrit et caractérisé spécifiquement par le savant Ber- keley, est une plante stérile, et la vraie fructification n’ayant pas été reconnue par les premiers observateurs , il a dù nécessairement naître de ces fausses données des er- reurs de classification. Le véritable fruit (sporange du pro- fesseur Amici } tel qu’il est représenté dans la fg. "2 de M. Targioni Tozzetti, avec un grossissement de 600 fois (1), naît à l'extrémité des filaments ascendants : il est d'abord indiqué par une cellule assez transparente , de couleur jaune pâle clair ; celle-ci croissant peu à peu en dimension, passe au jaune orange et prend à la maturité une couleur plus _ foncée..; ces sporanges consistent en une membrane cellu- leuse colorée , à facettes polygonales, renflées , laquelle ren- ferme plusieurs centaines de spores, qui, quand le fruit est mür, sortent par jets sous l’action seule de l’eau. Ces spores assez transparents ont quelque ressemblance avec les sporidies de certains lichens. Ils sont réniformes, sub- ovales allongés, et si on se sert d'objectifs d’une très-grande puissance, on observe à leurs extrémités deux espèces de compartiments contenant chacun/un globule excessivement petit ou un noyau de matière plus dense (2). Ces spores pris isolément sont transparents comme du verre blanc ; et examinés en masse , ils ont une teinte jaunâtre très-légère. Sous l’action d’une légère quantité d’eau, ils germent , vé- gètent et émettent un filament à la manière d’un boyau pol- linique sortant d’une graine (3) ; mais = bout de quelaes (1) H a été reproduit | Rendu , PI. 2, fig. 3, et M. de La Vergne. PI I, fig. 4 (2) Comparez la ñlg. III Fe cité de M. Amici, et Rendu loc. cit. PI. 2, fig. 4. Ces représentations sont faites avec un grossisse- ment de 1800 fois. (5) Voy. Amici, Fig. IV — et Rendu, PI. 2, fig, 5. (Ep de 1000 fois (155) temps, la matière interne de la cellule cesse de leur fournir. un aliment nécessaire , ils manquent de vie et se dessèchent. . La membrane se déprime ; les extrémités de l'ovale renfer- mant une substance plus compacte résistent et il se forme ainsi trois côtes longitudinales, celle du milieu pouvant être prise par une illusion optique pour une ouverture et n’élant err réalité qu’un pli. De toutes ces observations , des recherches qu'il a faites . sur toutes les grappes de raisins recueillies dans un rayon de 20 milles autour de Florence , envoyéés de la province pontificale, par M. Ferrari; membre de la Société d’Agri- culture de Bologne , transmises de Bastia et des environs de Marseille par M. Rendu , inspecteur général de l’agricul- ture en France, le savant professeur ayant reconnu par- tout la même cryptogame, en conclut que dans tous les pays où on d'a signalée, elle appartient à une espèce identi- que, mais très-différente de l'Erysiphe comemunts que per- sonne encore n’a pu trouver sur les raisins. + On pourrait penser que cette fructification , le Cicinobo- lus en un mot, n’est ‘qu’un second degré d'évolution de la plante vers son perfectionnement , et que celui-ci survenant à la suite de circonstances favorables , offrirait alors les ca- ractères propres qui conviennent au genre. » Il n’est pas impossible , répond l'observateur, que ce cas survienne par aventure, mais c’est de toute improba- bilité , car, si on consulte les ouvrages qui traitent des Ery- siphe et spécialement le beau mémoire du docteur Leveillé, nous ne trouvons nulle part , au milieu de.toutes les espè- ces connues et bien analysées, aucun changement de struc- ture qui laisse soupçonner deux modes de fructification aussi divers, c’est-à-dire l’un représenté par un sporange pédonculé rempli de plusieurs centaines de spores libres, l'autre offert par un conceptacle sessile ou soutenu par (154) quelques filaments et contenant un petit nombre de spores volumineux renfermés dans un très-pêtit nombre* de spo- ranges. Aucun exemple ne prouve qu’on ait observé à pat- tir de l'apparition du mycelium , trois différents degrés de développement de la plante ; c’est-à-dire, le degré stérile avec des filaments moniliformes, le degré fructifère ana- logue à celui que j'ai décrit et enfin un autre degré fructi- fère de la manière que le comprend M. Bérenger. L'obser- vation simultanée de ces trois degrés, sous le microscope , ne serait pas une bonne preuve de l'opinion qne je combats; il faudrait démontrer à l'évidence l’origine de chaque par- tie, car il n’est pas rare de voir ces productions vivre l’une à côté de l’autre, entremêlées de manière à faire illusion et à paraître dériver d’un seul même mycelium. » De son côté, le professeur P. Savi (1), persistant dans l'observation qu’il a faite et signalée depuis longtemps , de la déchirure du sporange, a cherché à classer ce champi- gnon et bien qu'il admette que c’est quelque chose de tout- à-fait nouveau , voisin seulement d’après lui du genre spo- ridesmium , il renonce à le déterminer (2). Ainsi que vous le voyez, Messieurs, à mesure que les recherches se multiplient, que les observations sont plus rigoureuses , que les expérimentateurs sont plus’‘haut pla- cés dans la science, la eonnaissance exacte de la mucédi- (?) Voyez Relazione delli recerche fin quipraticate interno la domi- nante malatia dell’uva, del prof. P. Cuppari — Firenze — 3 ag.° és p..20. M. P. Savi, dans une note jointe à ce mémoire, admet li nn de l'Oïdium Leuconium (Desm.) et de l’Oïdium Tuckeri pat et le caractérise spécifiquement ainsi : Sporanges caduecs s’ouvrant par une fente longitudinale , etc. à L Voyez aussi Relazione interno alla malattia delle uve, Dottore Bertola, relatore. — Torino , 40 Settembre 1851 —p. 42, #5 : (2) Ridolfi , mém. cité, p. 15. ( 455 |} née devient plus difficile et plus obscure et les opinions les plus opposées se reproduisent soutenues chaque fois avec la même habileté, C’est ainsi que dans la même Société, l'illustre Académie des Geoggophiles , le docteur Targioni- Tozzetti, connu déjà par de nombreux travaux sur ce sujet spécial, lisait, dans la séance du 13 Février 1853, un long et beau mémoire sur les relations des Oïdium et des Ery- siphe avec la nouvelle forme végétale observée par M. J. B. Amici, etc. (1). Le titre seul de ce travail vous indique que l’auteur veut entrer dans le nœud même de la question. Il ne sera pas sans utilité de le suivre dans son examen et de voir à quoi ces recherches ont pu le conduire. : Déjà le premier observateur , le savant docteur Berkcley, en 1847, émettait en doute, il est vrai, que l'Oïdium Tuc- keri qu'il faisait connaître aux savants pouvait, appartenir à une espèce connue d’Erysiphe (2) et chose remarquable, en Italie’, cinq ans plus tard, un autre observateur niant l'identité de la mucédinée du Nord et de celle du Midi, n'ayant nulle connaissance des découvertes subséquentes de la forme d’être complète de cette dernière , arrivait néan- moins à en indiquer les particularités. Si nous entrons dans les détails, nous voyons que (3) d’une pari un l’Erysiphe et le Cicinobolus la fructification est par un mycelium horizontal , blanc, filamenteux , . plus où moins feutré sur lequel naissent des filaments plus (1) Sulle relazione degli Oïdium e dell’Erysiphe colla nuova forma vegetabile osservata dal cay. Amici, e sulle relationi di questi esseri collo stato delle piante autosite. — Memoria del socio ordinario Dott. Adolfo Targioni-Tozzetti, letta alla R. accademia dei Georgofili, nel!” adunanza del di 13 Febbrajo 1853. (Estr. dagli atti dei D ren vol. XXXI). (2) The Gardner’s chronicle , 1847 , p. 779. (5) Targ. Tozzeti, loc. cit., p. 5. | ( 456 ) libres , dressés, terminés par une série de cellules ovales, articulées entr’elles. Mycelium , filaments verticaux, séries moniliformes, en général et en particulier , ont .une apparence identique dans les deux plantes, varient dans chacune d’une manière toute semblable, de telle façon qu’on ne sait plus si on a affaire à des espèces différentes, où s’il y a des circonstances spéciales dans lesquelles, une gros, mème espèce peut produire l'une ou l'autre forme ». Voilà pour les analogies; d'autre part, nous constatons les différences suivantes , déjà signalées par M. Amici. Dans l'Erysiphe , Le conceptacle est : g. Sessile sur le mycelium ; { Globuleux , généralement dé- primé ; Plus ou moins coloré suivant l’âge; Muni d’un rayonnement de fi- laments simples ou bifurqués. Il se compose :” Dans l'Erysiphe, D'une membrane composée de | cellules, limitant une cavité oc cupée par { à 4 ou 24 asci ou sporanges, grandes cellules dans lesquelles sont de 2 à 8 spores Dans le Cicinobolus, Presque toujours porté sur 1 mycelium par un filament re ascendant ; “Ou, nr ou pyrifor- us couleur ne ls jaune am- bré au jaune Manque he raÿon- nants ; Régulier ou irrégulier : Régulier , il se termine par un petit flocon blanc, gonflé et ridé comme une L. cellules de la pe-. tite couronn Irrégulier, à est sessile, allon- ce Sem divisé en 2 ou 3 uxtaposés en série | inéireF ns sur l’autre. Dans le Cicinobolus , D'une membrane composée de | cellules , qui ne se désarticulent 2 près fesse, et qui sont une certaine ré- gularité, Feng a (457 ) simples et libres, ovales rade parents , de dimensions gigantes- ques par rapport aux spores des champignons. | des horizontaux , plus ou moins retrécis, à mesure qu’on se rap— proche des pôles ou des extrémi- tés du petit appareil. Cette membrane contient un nombre illimité de spores exces- sivement ténus, libres dans la cavité, et en contact immédiat avec ses propres parois! Toutefois, la ligne de démarcation de l’une et l’autre for- me et la nouveauté même de la dernière ne sont pas, ajoute le docteur T. Tozzetti, aussi absolues qu’elles le paraissent au premier abord. « Ainsi cette année, Amici et moi, nous avons vu des formes d’Erysiphe arrivées à un état parfait de développement sur diverses plantes couvertes d’autre part des filaments blancs et des fruits du Cicinobolus. D'autres aussi ont offert tantôt un Erysiphe quelconque, tantôt les sporanges du Cicinobolus ou les petites. couronnes de lOï- dium ». Si nous étudions les rapports naturels de l'Erysiphe et de notre mucédinée avec les autres productions de la série cryptogainique, nous voyons que Link a classé les Erysiphe dans les hyphomycètes où trouverait également sa place le Cicinobolus ; Que Linné n’a pas séparé l’Erysiphe du genre Mucor, dont le sporange renferme un contenu de nature très-voi- sine de notre plante ; Qu'’enfin pour Corda, les Erysiphe. sont le type f une petite famille où il a placé aussi le genre Couturea. Dans celui-ci, les appareils reproducteurs soût pour la forme, la position, la structure du contenant semblables à ceux se Erysiphes mais ces appareils sont dépourvus d’a rayonnants et pleins de petits spores composés , libres dans une cavité générale ; sans asci ou sporanges RE qui les (158 ) renferment. Prenons donc un des sporanges sessiles d’Amici au lieu de spores simples, remplissons-le de spores compo- sées, et à ce genre viendront converger, dans un groupe bien vaturel, d'un côté l’Erysiphe, et de l’autre le Cicinobolus(1). Sans prolonger plus longtemps la traduction presque lit- térale du travail de M. T. T ozzetti, j'en extrairai les points Jes plus saillants et les plus essentiels à connaître. - Quand on prend une feuille de citrouille ou d’autre plante couverte de da couche laineuse et cendrée de l'Oidium et du Cicinobulus, et qu'on l’abandonne à elle-même, les spo- ranges se multiplient , et si on enlève en soufflant légère- ment, les utricules blancs tombés des cimes des Oïdium sur la feuille, on trouve des petits pédoncules ou récepta- cles filiformes de ces mêmes cimes avec une ou deux cellules ou plus superposées. Parmi ces tiges, il en est toujours quelques-unes qui ne portent qu’une ou deux cellules. En tout semblables aux autres, elles en diffèrent parce que la cellule terminale peut être plus volumineuse, que le contenu n'est pas divisé en gouttelettes sphériques, que sans être limpide ou incolore , il ést légèrement granuleux, jau- nâtre ou opaque. Chez d’autres , la cellule terminale a aug- menté de volume, est plus colorée et sa membrane com- mence à donner des signes de réticulation (?), son contenu est ange finement sent mais plus dense et où 270 foncé. Ghez quelques-uns,enfin, les cellules terminales sont plus volumineuses , plus creuses , les surfaces sont plus évidem- ment réticulées , et elles sont pleines , non pas de granules amorphes , mais de véritables spores. Entre cette forme et le sporange parfait du Cicinobolus ras ou ou irrégulier). hs à » is CPE il est i mu lose nage LV LUVUTUE UN d (1) Targ. Tozzetti, loc. cit., p. 6. Li (159) Ainsi, tenant compte des premières observations d’Amici _sur le passage ; la transformation d’une des cellules oïdien- nes en sporange du Cüicinobolus, des variétés de formes indiquées par T. Tozzeti., on est en droit de conclure que la connexion organique entre les productions blanches et les fructifications du Cicinobolus est un fait indubitable. Quant à l'Erysiphe , la connexion devient évidente si l’on s'adresse pour l'observation au conceptacle très-jeune, alors -qu'il consiste en un très-petit globule jannâtre , très-homo- gène , dépourvu de rayons et de contenu distinet. Enfin, d’une part , il y a identité de rapports et de nature entre les productions blanches de l’Erysiphe et du Cicino- ” bolus; de l’autre, ce dernier paraît n’être qu’une modifica- tion de ces mêmes” productions blanches { oïdium ); il est donc rationnel de conclure que c’est là une dépendance, une forme de l'Erysiphe, intermédiaire entre la forme oïdiée et celle du type parfait. Je n’entrerai pas dans la discuss du fait extraordi- naire émis par M. T. Tozzetti, que le contenu des cellules n’est pas organisé tant qu'il y reste renfermé , mais qu'il s'organise seulement quand il s’échappe en jet au dehors et qu'il vient au contact de l'air et de l’eau. : Je me contente de le signaler , afin que de nouvelles ob. servations le contredisent ou viennent à l'appui. J'en dira; autant des observations indiquées seulement, mais non prouvées encore, par le même auteur, que les corps re- producteurs de beaucoup de plantes inférieures, comme ceux de l'oïdium , pourraient donner naissance à des cor- puscules divers organisés au moyen de leur contenu amor- phe ,ou même en germant, produire des formes es différentes dei corps desquels elles dérivent (1). : (Tag K Tometti, loc. cit.,p. 42 et 15 Va sur ce mème sujet Guéin-Méneville, de la mal. des vignes. { 160 ) Ainsi, conclut-il enfin, ces organismes inférieurs , l'Ery- siphe en particulier, ont une telle facilité de modification , que leur existence est possible en cent manières diverses. On ne peut donc pas avec MM. Leveillé, Talasne, Thu- ret, considérer les segments des chapelets blancs oïdiens comme l'appareil mâle d’un Erysiphe, mais seulement , ainsi que les sporanges des Cicinobolus, comme des formes particulières d'appareils reproducteurs secondaires moins parfaits que le type arrivé à une évolution complète. Ainsi étudiés, ces cellules moniliformes et ces sporanges pren- nent place à côté des sporules des mousses et des hépati- ques , des conidies des algues, des spermogonies des lichens, et sont des sortes de gonidies, comme les a considérées M. Trévisan. ._ Je ne me serais pas étendu aussi longuement sur ces do- cuments étrangers, sans deux considérations , la première qu'a déjà faite valoir M. Rendu ; c’est l'importance scienti- fique des travaux italiens et l'utilité qu'il peut y avoir à les répandre ; la seconde et c’est la plus importante, c'est que dans le sein mème de votre Commission, quelques faits se sont produits qui ne manquent pas de liaison avec les ob- servations de la péninsule. Ainsi, à peine la maladie avait-elle été signalée dans la Gironde, à peine avions-nous reçu quelques échantillons de grappes de feuilles soupconnées, que vous chargeâtes un de nos collègues, M. G. Lespinasse , dont tout le monde appré- cie à,sa juste valeur le rare talent micrographique, de véri- fier les véritables caractères de ces productions. Il résulte du travail consciencieux de notre zélé collègue, que sur certaines grappes (celles de e Barsac), il cs y avait que du mycelium, sans sp de Poden- sac, à la partie inférieure des Loillon: les filaments ara- néeux, non cloisonnés , formant le mycelium de la mucé- 161 ) dinée : sur les grappes de la même localité, au milieu d’une _ grande quantité de raphides , il n’en était plus de même; il y avait de nombreux filaments d’oïdium et une assez grande quantité de sporules; deux de ces derniers seule nent ont paru pédicellés, mais d’une manière assez obs- cure ; les autres étaient disséminés sans ordre et parais- saient simplement déposés sur les filaments. Le dessin des productions examinées fut immédiatement reproduit à la ” chambre claire ; et si cette représentation fidèle s'éloigne de celles que l’on connaissait alors de l’Oïdium Tuckeri , elle .se rapproche au contraire des faits signalés par MM. Amic; et Tozzetti : l'absence de pédicelle, la couleur jaune pâle de la grande cellule, la quantité considérable de granula- tions { spores) qui y est contenue, tout rapproche singuliè- rement cette production observée sur les vignes de Poden- sac, du second état oïdié décrit par M. Targioni. Les observations de M. Lespinasse ne se sont pas bornées là, et dans la séance du 18 Août, il vous communiqua un fait des plus importants qu’il venait de découvrir. Exa- minant au microscope des feuilles de Clematis flammula, couvertes d’une couche blanche, il reconnut manifeste- ment le Cicinobolus de M. Amici, avec son sporange, à parois cellulaires, jaunâtre, avec surtout le jet de spores caractéristique du genre créé par lé micrographe Florentin. Était-ce là l'Oïdium, était ce le Civinobolus d'Italie, était-ce enfin une autre espèce ? Si l’on veut bien revenir un peu en arrière et relire quelques passages du mémoire de M. Amici, on y trouve (1) la mention suivante : « Sur le Convolvulus arvensis, en outre der Erysiphe, jai trouvé en fructification une Ps bn ar ana (1) Amici , loc. cit. p. 9, en note. ( 162 logue à celle du raisin. Je dis analogue, mais non identique, puisque certaines différences qui y seraient reconnues en pourraient faire une variété. Et peut-être aussi ne sont-ce que des variétés, les formes que j'ai vu fructifier en grande abondance sur les feuilles des Chrysanthèmes , des Trèfles, de la Chicorée, du Plantago-major , de l’Artemisia campes- tris, du Houblon (1). » Ceci confirmerait l'idée de notre collègue sur la spécificité particulière de son Cicinobolus trouvé sur la Clématite. . Préoceupé moi-même de ces idées, je crus devoir au mois de Juin 4853, m'en référer au jugement et à l'expé- (1) En 1851, M. Guérin-Méneville, à trouvé à ‘SaitéTulle un oidium Lives sur le sainfoin; le professeur Balsamo-Cri- velli, vice-président de l’Académie des Sciences de Milan, l’a observé sur le Ranunculus acris, les Verbascum, etc. Les deux observa- teurs attribuent cette production à la même espèce, malgré quelques différences dans la forme. M. Guérin a retrouvé le même oïdium sur le Saule (feuilles) près de Gap, et sur le Seneçon et le Sainfoin ( échantillons cueillis près de Paris, le 14 Septembre 1851, par le D." Roboam ). Il signale surtout la différence de formes des sporules sur le même sujet ( Guérin-Méneille, note sur un cryptogame du genre oïdium , etc, dans les Comptes-rendus hebdom. de l’Acad. des Sciences , T. XXXIIF, p. 295 — 15 Septembre 1851). — Telle n’est pas pourtant l'opinion de M Letellier, qui pense que le cham- pignon de la vigne doit devenir le type d’un genre nouveau ( Letel- lier, note dans les Gomptes-rendus hebdom. de l’Acad. des Seiences, T. XXXIII, p. 521), et qui dans un autre mémoire conclut à ce que les oïdium observés sur diverses plantes par MM. Guérin-Méneville et Balsamo-Crivelli ( Comptes-rendus , etc., +. XXXIII, p. 296), sont probablement l'Oïdium leuconium ( Desm. } où le Monilia hyalina (Letell. suppl. à Bulliard, T. 658, p. 3). { Voy. Letellier, addition à une précédente communication , etc., dans les Comptes-rendus hebd. de l’Acad. des Sciences, T. xx » P. 555 — 29 Septembre 1851 ). (1463) rience de l’auteur-de là belle Monographie des Erysiphes, non-seulement , je lui demandais son visa sur des échantil- lons de vigne oïdiée, et non encore fleurie, mais encore je le priais d’éclaircir mes recherches quant à l'existence nor- male et aux caractères de l’Erysiphe mors uvæ de Schweinitz et aux conséquences qui en paraissaient probables pour l'Europe : la réponse obligeante du savant mycologue, ne se fit pas attendre; lui-même ne connaissait le parasite en question que d’après le synopsis du botaniste Améri- cain et l'absence de correspondants dans la Caroline ne pouvait lever nos doutés communs sur cet ennemi de la vigne de J’Amérique (1). : Dans cette même lettre , se trouve aussi cette observation intéressante à plus d’un titre. La spore terminale du cha- pelet oïdien n’est pas le seul moyen de reproduction du champignon. M. Leveillé a isolé un petit chapelet, qu’il a exposé à l'humidité, sur une lame de verre, sous une clo- che , le chapelet s’est desagrégé et tous les élémenits qui le composaient ont émis un mycelium aussi beau, aussi mani- feste les uns que les autres. Cette observation est d'autant plus importante à noter, qu'elle explique comment une simple segmentation des eha- pelets oïdiques, opérée par une des mille causes atmosphé- riques, peut donner naissance à des quantités énormes de mycelium abondant, lequel vient enveloppér toutes les par- ties sur lesquelles il s'applique et donner à quelques-unes d'elles (les jeunes feuilles par exemple), cet aspect d'a- bord blanc épais et plus tard jaune recoquevillé, tout-à- fait analogue à celui qu’offrent les jeunés pousses des Spi- res, des Érables et des Aubépines, quand elles sont envahies par le mycelium des — pannosa . bicornis ou clan destina. rt (1) Dr Leveillé , in litt. 13 Juillet 1853. (164) Un peu plus tard, c’est-à-dire, le 19 Août (1), l'un de vos plus célèbres correspondants, M. le docteur Montagne, qui, pour le dire en passant , a eu l’honneur de nommer le premier en France , le funeste champignon de la vigne (2), présentait à la Société Impériale et centrale d'Agriculture de Paris, un rapport sur le travail fait au nom d’une Commis- sion par MM. de Visiani et Zanardini, de Venise. La 1.r° conclusion des savants italiens, appuyée par M. Montagne est celle-ci : Que les points ou taches caractéristiques du raisin envahi par le cryptogame, ne PRÉCÈDENT point, mais SUIVENT son apparition. J'ai rapporté textuellement les expressions. telles qu’elles sont consignées dans la traduction du travail italien; en rai- son de l'importance que l’on a accordée dans ces derniers temps seulement à cette époque d'apparition. Intérioristes ou extérioristes , tous en tiraient parti, les uns et les au- tres pour étayer leur théorie. Le champignon précède la tache, donc il la cause ; la tache précède le-champignon , donc la plante est malade primitivement, donc la tache est la première expression de cette maladie. À cet égard, j'ai le regret de dire que parmi nous, une unanimité complète ne se rencontre pas. Vous avez observé l'Oidium Tuckeri, sur les boutons, sur les fleurs , sur les feuilles , sur les rameaux. Vous reconnaissez qu'il s’est offert à votre observation sur des parties vertes, herba- ‘ cées, annuelles, d'autant plus abondant que ces parties étaient plus j jeunes, ou de formation plus récente : mais si, tous, vous êtes d'accord que sur les grains, les jeunes grains surtout, l'oiïdium ae à 53 en tigelles se mon- (1) Voyez Bull. des séances de le se imp. et centr. d’agricult., 9.e s.ie T. VIII, p. 382. ee (2) V. même recueil, loc. cit., p. 381. ( 165 ) tre toujours avant ces taches , si petit que soit son diamè- tre, si peu distincte que soit sa couleur ; il n’en est plus ainsi pour ce qui regarde les rameaux, et quant à cette station, quelques-uns d’entre vous ont réservé leur opinion jusqu’à plus ample informé. Nous ne pouvons pas même mettre, un seul moment, en . discussion les autres conclusions des savants italiens : car, vos investigations, Messieurs, ne s'étaient pas dirigées de ce côté. Je me borne à les signaler. « 2.0 Ces taches ou points résultent d’une altération de la chlorophylle due à l’action continue d’excroissances très- petites, appelées crampons par M. Zanardini; » 8.0 Que ces crampons ne servent pas seulement d’or- ganes propres de fixation, mais qu'ils paraissent encore remplir l'office de suçoirs au moyen desquels ils puisent l’ali- ment dans les cellules superficielles du grain (1) ». De fines observations microscopiques faites à des grossis- sements très-puissants, dans les premiers temps de la végé- tation oïdienne, pourront seules élucider la question. : S 4. REMARQUES FAITES SUR LES DIVERSES PARTIES DES VIGNES OÏDIÉES. Je me bornerai à renvoyer à toutes les descriptions que renferment les divers mémoires qui traitent de là maladie, en particulier au $ I du rapport de M. Ch. Laterrade. Tou- tefois, en passant chaque partie en revue, j'aurai, non pas, de mon autorité, mais au nom de la Commission, à y ajou- ter ou rectifier quelques points, à l'égard ER de nou- (1) Voyez à ce sujet M. Hugo Mobl. — Mém. traduits dans tes FR de la Soc. d'Agriculture, par M. Montagne. : Tome XX. 12 { 166 ) velles observations ont modifié les résultats d'observations antérieures. + Racines et souches. — Des excroissances de nature spé- ciale ont dans la pensée de quelques observateurs été attri- buées à la maladie. Il n’en est rien ; d’ailleurs, nous y re- viendrons dans un paragraphe spécial. Sarments. — Ainsi que nous l'avons déjà dit, la présence des taches brunes et noirâtres avant l’évolution de l’oïdium n’est pas encore un fait admis unanimement. D’autres phé- nomènes se sont d’ailleurs présentés sur les rameaux ; vous avez cru devoir consacrer à ce genre d’aliération le nom de Carie noire : nous le signalons seulement pour mémoire. Feuilles. — La végétation des tigelles oïdiennes. était tel- lement abondante parfois sur les deux faces, que la plus légère impulsion en fesait envoler comme un nuage de pous- sière. Vous. avez constaté vous-même ce fait dans l’explo- ration que vous fites an commencement d’Août, à Carbon- nieux ; et d'autre part, un propriétaire écrivait de Ludon, ® qu’en travaillant une plante magnifique , il en sortait une poussière étouffante, qui déconcertait les paysans. D’autre part, M. Tinturier, observateur très-intelligent, remar- quait, à Cubzac {le 3 Août), que l’oïdium était tellement abondant sur les grappes , que les vêtements des femmes employées à relever la vigne, en étaient blanchis. Pédoncules et raffles.— Contrairement à l'opinion émise, que les accidents de ces parties sont analogues à ceux des sarments, vous avez observé que les tigelles blanches se montraient les premières, que plus tard on voyait des ta- ches pointillées et isolées d’abord, mais s’accumulant peu à peu en masse considérable, sous forme de plaque brunä- tre, qui pouvait couvrir la ‘/,, les ?/,, la totalité du frag- ment attaqué. — Enfin, sans ramollissement, survenait la flétrissure , la dessiccation et la mort des parties malades. { 167) Fleurs. — Avant même que la vigne fut en fleur, ainsi que le témoignent les échantillons soumis à l'examen rigou- reux de notre collègue M. Lespinasse et du savant docteur Leveillé, l’oïdium à l'état de mycelium , de cellules cicino- boliennes , de tigelles moniliformes, avait paru et causé les plus grands dommages ; et chose remarquable. quelque fut le moment, où, en raison de la spécificité du cépage, se montra la fleur, celle-ci put être attaquée. — Vous vous souyenez, en eflet, que le 7 Août, dans la visite que la Commission fit dans les beaux vignobles de Carbonnieux, un cépage, à produits très-volumineux, mais aussi très- tardifs, le raisin dit de la Zerre promise, était encore en fleur , et celle-ci présentait en abondance la couche pulvé- rulente de l'oïdiure. Grains.— En retraçant la succession des phénomènes qui se manifestent sur les grains de raisin, la Commission de 1852, signalait comme exception seulement, que de jeu- nes raisins étaient couverts d’oïdium, sans présenter la moindre déchirure et sans offrir cette tache noire dont la présence et la nature ont tellement aiguillonné les recher- ches des ‘observateurs. Nous devons aujourd’hui revenir sur cette assertion , et nous dirons qu'il résulte des obser- vations très-multipliées reproduites par tous les membres de Ja Commission, que sur les grains , la couche pulvéru- lente blanche s’est toujours montrée la première. Cette couche a été d'autant plus abondante, plus fournie, que les grains étaient, je ne dirai pas plus jeunes, ( car cetle idée de jeunesse imprimerait aux yeux de certaines personnes, celle d’une quantité de vie en puissance, que d’autres au contraire n’admettraient pas), mais de forma- tion plus récente ü). soit que le grain petit et ténu … (1) C'est surtout dans ce cas, comme dans celui des jeunes feuilles, 1168) suivi la floraison normale mais tardive de la plante, soit qu’il ne se fût formé qu'après un certain temps écoulé de- puis le développement des autres. A l'égard des grains, nous avons encore une autre ob- servation à signaler : quand à ûne certaine période de la maladie , le grain se fend et donne issue au pepin, celui-ci, surtout si le grain est jeune , celui-ci conserve encore pen- dant quelque temps certaines portions , qui, quoique expo- sées à l'air, sont encore vertes ; ordinairement c'est la par- ie la plus extérieure, la plus à découvert : celle au contraire, qui avoisine les faces du sarcocarpe éclaté , celle-là devient bien vite brune et meurt. Eh! bien, l’oidium ne se montre que sur la partie du pepin restée verte et diminue à mesure que celle-ci cesse de vivre. Quant aux autres cryptogames , qui se développent alors, soit sur les surfaces de la plaie béante , soit plus tard sur le raisin éclaté, pourri et dessé- ché, ce n’est plus l’oïdium, ce sont de véritables mucédi- nées , appartenant pour la plupart aux Stats Penicillium , Botrytis, Trichothecium, etc., (2). que les observations et la théorie de MM. Fourcault et Bonjean mé- . ritent de trouver une application. Ce n’est pas, en effet, ner de. logique que d’admettre que le champignon (au moyen de ses branches de mycelium et non au moyen d’excrétions Ra pere ou clot lappareil aérivore des parties attaquées. Il y a une certaine analogie entre ces résultats et les effets (asphyxiques) que M. Fourcault détermine par des enduits appliqués sur la peau des animaux. (Voyez Fourcault et Bonjean, Sur la maladie des raisins, etc , dans Comptes-rendus hebd. de l’Acad. des Se., T. XXXII, p. 309): (2) Voy. Montagne, Rapport sur une branche de vigne de malaga, dans Bull. des séances de la Soc. Imp. et cent. d’Agr., 2.e s.rie, tom. VIII, p. 632. (169) S5.. REMARQUES SUR L’INVASION ET LE DÉVELOPPEMENT DE LA MALADIE" EN 1855. L'année dernière, l’oïdium n’apparut dans la Gironde que vers la fin de Juillet; cette année , à la suite de circons- tances tout exceptionnelles et dont nous avons lâché de faire apprécier l'importance, les premières attaques du parasite sont signalées dès le commencement de Juin ; la commune de Podensac, déjà frappée la première en 1851 et 1852, et qui avait eu considérablement à souffrir des pluies torren- tielles du mois de Mai et des débordements de la Garonne, celle de Preignac (1) offraient de nouveau les indices visibles de Ja réapparition du mal; on émettait déjà des doutes sur quelques portions du Médoc ; mais il est vrai qu’à cette épo- que, bien des personnes prenaient pour l'oïdium des efflo- rescences blanches, sur lesquelles nous aurons à revenir plus loin ; il est vrai aussi que quelques esprits craintifs exa- géraient le mal qui ne faisait que commencer ; mais, il n'en est pas moins certain que dès cette époque, l'examen rigou- reux des échantillons parvenus à la Commission, fit recon- naître l’existence réelle de l’oïdium (2). u reste , tous les témoignages s'accordent à reconnaitre qu’en ce moment la vigne était à peu près partout dans un état de végétation exubérante remarquable ; dans l'immense majorité des cas , la force de végétation a paru être la même pour les pieds déjà attaqués en 1852 que pour les autres; et dans beaucoup d’endroits, on a même observé que is ba a rétenda que dans cette commune , des brouillards ayant 42 PRES (2) Voyez plus haut $ UL. Oïdium. ( 170 } parmi les pieds oïdiés en 1853, les premiers atteints ne l'avaient pas été l'année précédente. Quoiqu'il en soit, dès ce moment, l'invasion a paru se diriger du Sud-Est au Nord-Ouest , suivant à peu près le cours de la Garonne , s'étendant plus ou moins profondé- ment dans l’intérieur sur les deux rives du fleuve , en fesant irruption de chaque côté de la Dordogne. Pendant les mois de Juin et de Juillet, le mal fit des progrès incessants de rapidité et d’étendue ; chaque jour apportait la nouvelle qu'une localité jusques-là préservée payait son tribut au fléau dévastateur, et à la fin de ce même mois, il eût été plus facile de citer les vignobles préservés que d'énumérer ceux qui étaient atteints (1). Pour être complets et exacts, nous devons reconnaître que l'invasion générale dans quelques localités, a été inégale dans le plus grand nombre , rare enfin dans quelques communes privilégiées ; néanmoins, une sorte de témps d'arrêt parut se produire à cette époque et relever les espé- rances des propriétaires. Malheureusement, ce ne fut qu’une illusion de courte durée; et, à partir de la première quinzaine du mois d'Août, les désastres augmentèrent et les viticulteurs n’eurent sous les yeux que des champs dévastés. De tous les faits observés, on peut tirer es conclusions suivantes : (4) Voici quelques dates précises : Du 145 au 50 Juin : dans les Graves de la rive gauche de la Garonne , Preignac, Labrède , Martillac, Léognan; sur la rive droie, Loupiac; dans le Médoc, Arsac, Valeyrac, etc.; dans l'Entre-deux-Mers, Saint-Loubès, etc.; sur la rive droite de la Dordogne, Saint-Gervais. — Dans le mois de Juillet, les deux rives de la Garonne , l’Entre-deux-Mers , le Réolais; dans ere ment d’Août, les Landes. (11) Que, 1.° l'exposition n’a paru avoir aucune influence sur le moment de l'invasion, ou sur la rapidité du développe ment de la maladie. 2.° Très-souvent les vignes les mieux soignées , les vignes les plus jeunes , les plus vivaces, celles, en un.mot, où la force de végétation paraissait très-active, ont été de pré- férence attaquées ; 3.° Le mode de culture ( araire, bèche ) n’a paru ni favoriser ni enrayer le mal ; 4.° Parmi les cépages, les plus fins , les plus délicats, les raisins de table, les vignes de treilles, ont été frappés les premiers et le plus fortement (1) ; 5.0 La vigne sauvage n’a pas été épargnée (2), et cette ob- servation déjà faite en Italie, se trouve confirmée par un homme dont le nom fait autorité en matière de culture de vigne, M. Cazalis-Allut, de Montpellier { Observations sur la maladie des vignes, faites en 1852, p. 4). . 6.0 Les terrains ont ‘été le sujet d'opinions tellement controversées, qu’il est bon d’entrer dans quelques détails à ce sujet. Vous vous souvenez, Messieurs, de l’émoi que causa chez quelques personnes l'annonce de ce fait en apparence si extraordinaire, que la maladie s'était fait remarquer principalement, dans les terrains appelés graves : l'exagé- ration n'était pas le moindre reproche que l’on adressait aux résultats des communications faites dans vos séances ; et malheureusement, pour justifier les assertions émises, il aurait fallu sur ce point entamer une polémique avec la- quelle la nature même de vos discussions ne pouvait s’ac- corder: Depuis le dépouillement des documents, adressés (1) Voyez dans les Pièces à l'appui, la série des cépages atteints. (2) Lettre de M. le docteur Dubraca , de Barsac, (S.ce du 28 Juill.). 172 ) par les maires des communes à M. le Préfet, nous possé- dons des armes officielles et sérieuses qu'il faut bien accep- ter quand même , et auxquelles on doit donner dans le dé- bat toute la valeur qu’elles méritent. À Sauternes, par exemple, à Roaïllan, à Leogats, la ma- ladie se fait surtout remarquer dans les sables et les graves. On trouve fort peu de ceps malades dans les terres fortes et argileuses. Ces mêmes observations sont faites à Poden- sac, Illats, Budos, Virelade, Léognan. A Cadaujac, ce sont les terrains les plus secs et les plus élevés ; à St-Moril- lon , la maladie a sévi dans les sables et les gravés plus que dans les autres terrains. A Rions, c’est la même chose; et si à St-Loubès, les graves et les coteaux où dominent les cépages appelés Gros doux et Mancin ordinaire, paraissaient (le 14 Août) avoir moins souffert, c’est que ces deux cépa- ges étaient à la vérité presque dépourvus de fruits. . Dans quelques localités, les détails sont encore plus précis. À Montussan, la disposition du terrain où la vigne est attaquée est telle que les eaux s’écoulent avec facilité ; à Ste-Croix-du-Mont, on peut signaler les bizarreries les plus étonnantes , ainsi, d’une part, des terres d’alluvion trois fois couvertes par les eaux de la Garonne en Mai et Juin 18553, sont moins frappées que les parties du même sol garanties de l’inondation ; d'autre part, sur les mêmes cotéaux, les parties élevées, à sol mêlé de graves , sont plus oïdiées que les parties les plus basses et les plus humides. Dans le Médoc, les cantons de Barsac, de Langon, Fe Cadillac, etc., si le fait n’est pas aussi général, cela ne de- vra pas vous étonner avec les explications que vous a don- nées votre collègue M. Bouchereau, après son exploration dans plusieurs grands vignobles de cette mure {3}. (4) Voyez dans les procès-verbaux , la séance du 35 Août. ( 175 ) - À ces renseignements nous pouvons joindre ceux-ci plus concluants encore , c’est que dans le canton de Lesparre, à St-Christoly, les vignes. qui souffrent le plus sont situées dans les terrains arides et graveleux; à Gaillan, dans les sables, les petites graves; dans le canton de Pauillac, à St-Julien , le Malbec est plus attaqué dans les terrains les plus frais, les Cabernets dans les terres sèches et grave- leuses. En quittant les extrémités du Médoc et se rappro- chant de Bordeaux , l'invasion se généralise et la distinction entre les terrains devient difficile, en raison des irrégula- rités qu’en particulier signalait M. le Maire de Macau : «. D'un côté, écrivait ce fonctionnaire {17 Août), ce sont les bas-fonds qui sont le plus fortement frappés par la ma- ladie , tandis qu’à une distance rapprochée , les terrains bas et humides en sont affranchis jusqu’à ce moment et que des vignobles de graves sont attaqués... Il est à propos d'ajouter, écrivait-il encore, que dans nos graves, le mal est très-peu de chose, en comparaison des palus; mais aussi il faut dire que ce mal ne fait que commencer ». Je me suis étendu sur cette question des graves et des autres terrains, pour faire comprendre qu'añcune des as- sertions que votre Commission fournissait au public n’était émise avec légèreté, mais qu'au contraire, avant d'énoncer un fait de quelqu'importance qu'il fût, votre premier soin était de le constater. Aujourd'hui (7 Octobre 1853), munis de tous les ren- seignements que vous ont fournis et votre correspondance particulière et celle des maires, vous pouvez hardiment vous prononcer en disant qu’en 1853, comme en 51 et 52, la maladie à débuté dans la Gironde, sur les terrains dési- gnés sous le nom de graves, et que dans le cours de son développement , elle a sévi en général partout où la plante paraissait promettre des produits abondants, et ne mani- (173) festait au contraire une sorte d’indifférence que là où des accidents antérieurs (coulure , limaçons) avaient déjà enlevé une bonne partie de la récolte, quelle que fût la composi- tion du sol. Nous devons constater enfin ces résultats dbglorshltits que si dans quelques communes la perte est évaluée au ‘/., aù ‘/,, aux ?/, de la récolte pendante, dâns d’autres (Léo- gnan), on ne pense recueillir que le 10." d’un produit or- dinaire , ailleurs le 8.we seulement ; ailleurs enfin, les rava- ges sont tels, Le l'autorité municipale sollicite un dégrè- vement d'im Je termine eu bi resus par des faits plus consolants, mais _ malheureusement en trop petit nombre : des pieds, des pièces de vignes malades en 1852, ne le sont pas en 1853, sans qu’on ait appliqué aucune espèce de traitement ou de modification de culture (1). S 6. ALTÉRATIONS AUTRES QUE L'Oùdium Tuckeri. À. Excroissance. — 96 Mars, M. Je comte + Mon- badon adressait à M. Ch. Des Moulins , des ceps de vigne venant du Poitou , offrant des excroissances volumineuses , (1) Faits chbertés à Barsac, Podensac, Castillon, etc., etc. ul est bon d’en rapprocher les suivants : « Une treiïlle de muscat située à Balaruc-les-Bains , dans le jardin de M. Moulin , fut complètement envahie l’année dernière ; cette an- gnifiques…. En Dauphiné , même ôbservation sur une treille de chas- selas rose, appartenant à M. de Rivière. À Saussan, une petite vigne d’Aramon , située tout près d’une maison du village et fort grande tée l’année passée, n’a pas été malade cette année-ci ». CAZALIS-ALLUT. — Observ. sur la maladie des vignes, . en 1852. — Montpellier 1855, p. 14 et 45. (175) boséos:; à surface rugueuse et inégale, et situées à la partiéllu cep immédiatement appliquée sur le sol. : ‘ Examinés rapidement par MM. Des Moulins, Cuigneau et de Kercado, ces échantillons dans lesquels, en outre de champignons nombreux appartenant aux genres Hysterium et Sclerotium, on crut trouver des larves d'insectes incon- nus , furent incontinent adressés à notre illustre correspon- dant, M. le D." Léon Dufour, et plus tard, de nouveaux échantillons furent également soumis à l'examen de votre Commission entomologique. Déjà notre honorable collègue, le D.: T. Desmartis a reproduit dans lé consciencieux rapport qu'il a redigé au nom de cette Commission, les pe qu'ont produits ces examens. Qu'il me suffise de rappeler que dans l'opinion de notre savant confrère , ces tumeurs multi-loculaires, ces excrois- ‘ sances, ne sont que des exostoses végétales, qui ne compro- mettent en aucune facon le cêur du cep et par conséquent la vie de la plante ; que si, dans quelques-unes des cellules de ces tumeurs, on a pu rencontrer des larves de diptères appartenant à la grande famille des Museides, des chrysa- lides du genre Sciara (Meigen), les unes et les autres ne s’y rencontraient qu’à titre de locataires, et même tout-à-fait étrangères à l’évolution de ces excroissances (1). Notre collègue, M. Bouchereau a présenté, venant de son domaine de Carbonnieux, un pied de vigne , offrant également un tubercule énorme, que les membres présents de la Commission jugèrent être une production analogue à w Voyez pour plus de détails à ce sujet Résumé des travaux de la Commission entomologique, pendant l'année 1853 , par le doc- teur T. Desmartis, dans les Actes de la Soc. . T. XIX, p. 558 et suivantes. ( 176 ) celles qu'avait envoyées M. de Monbadon. L'examen posté- rieur qui en fut fait par M. Léon Dufour, n’a pu q@# nous confirmer dans notre appréciation (1). B. Mollusques. — Däns un grand nombre de communes, les limaçons et les limaces ont causé d'énormes dégâts, au commencement et pendant toute la durée du printemps. Les espèces qui, du reste, ont varié avec les diverses localités sont surtout les Helix variabilis, nemoralis, carthusia- nella , aspersa , etc. C. Insectes.— Nous avons dit déjà, et avec raison je crois, que beaucoup d’observateurs ou prétendus tels, appelant _ maladie de la vigne , tout ce qui s’y faisait remarquer par sa couleur blanche, avaient pu tomber dans d’étranges er- reurs et fournir de très-faux renseignements. La question de l'étude des insectes qui vivent aux dépens de la vigne, vient ici nous en fournir une nouvelle preuve. N'a-t'on pas, en effet, confondu avec la maladie de la vigne, les nidules du Coccus vitis? Tels étaient deux des échantillons soumis à votre examen par M. G...., de Bordeaux ; et que votre Com- mission entomologique, chargée d’élucider cette question, vous renvoya avec une note de laquelle nous extrayons les lignes suivantes : « Les corps globuleux ou plutôt caréni- » formes, répandus sur les feuilles de cette treille, n'étaient » autre chose que des femelles de Coccus vitis mortes et » desséchées après leur ponte et qui par suite de l’éclosion » et du développement acquis par les larves, avaient subi » une telle tension de leur peau , qu’elles offraient un cen- » timètre de longueur sur un demi de largeur , lorsque cette » cochenille n’est à l'état normal guère plus volumineuse » que la 10.” partie d'un grain de mil... Cet insecte n’at- » taque que les treilles, auxquelles il peut causer des dé- (1) Voyez les procès-verbaux des séances des 18 Août et 2 Sept. (177 » gâts incontestables, mais il n'a doit porté aucun dom- » mage aux vignobles (1) ». Si la cochenille ne s’en prend qu’à la petite culture, je ne puis malheureusement pas en dire autant d’un autre in- * secle, qui, quoique totalement étranger à la maladie de la vigne, n’en est pas moins venu à lui seul causer un véritable “fléau dans certaines Jocalités de notre département. En 1851, un petit coléoptère, _appelé Altise ( Altica oleracea Latr. ), assez commun dans le nord de la France, où il s'attaque à une grande quantité de plantes potagères, fut remarqué dans quelques vignobles du Médoc ; en 1852, il reparut dans les mêmes localités, et cette année, les communes de Saint-Julien, Saint-Laurent, Listrac, etc., en ont éprouvé de véritables et sensibles dommages. Notre collègue, M. Petit-Lafitte, qui plusieurs fois se ren- dit sur le théâtre de ses ravages, « constata non sans éton- » nement, non sans un véritable chagrin, le nombre in- » calculable de ces insectes : les carassonnes, les lattes, » les ceps, les sarments en étaient couverts, et la terre » elle-même n'en recélait pas moins ». Sans entrer dans plus de détails , je renvoie pour les re- mèdes qui peuvent être conseillés ou appliqués en vue de combattre ces dégâts, aux articles publiés par M. le Profes- seur d'agriculture dans la Gironde { N.° du 28 Avril 1853, dans le journal l'Agriculture | année 1853, passim ); en- fin, au rapport de la __— entomologique déjà cité, p. 363. D. Efflorescences salines. Dans les mois d'Avril et de Mai, l'attention des propriétaires fut appelée sur une pro- duction nouvelle recouvrant en forme de poussière ou de farine blanche, non pas les parties annuelles et vivantes de 1) Rapp. de la Comm. entomol., cité plus haut. (178 ) la vigne, mais au contraire la vieille écorce et le bois de l’année précédente. Signalée au public comme une nouvelle maladie, cette affection devint l’objet des investigations de la Société, et nous fûmes assez heureux pour rassurer les esprits dans un extrait de nos procès-verbaux imprimés dès . la première séance de la Commission dans les journaux de la ville. IL fut constaté en effet, grâce aux renseignements qua. : nous fournit avec son obligeance habituelle, M. Durieu de Maisonneuve, que cette production blanche n'est autre chose qu’une efflorescence saline, qu’elle se manifeste fré- quemment, au moins avec cette apparence , sur une foule de matières végétales en décomposition , ou tout au moins privées de vie { c’est le cas de la vieille écorce des ceps ob- servés }, qu'on n’a absolument rien à redouter de cette substance, au moins comme production envabissante des parties herbacées et vivantes de la vigne, et surtout du rai- sin frais; qu’enfin, si les vignobles de la Gironde sont frap- pés cette année de la maladie , ils ne le sont certes pas par le fait de cette production (1). Telle était notre déclaration, et quelques jours après, en effet, cette production avait A et personne n'en à trouvé le moindre vestige. Cette effl taie rtout t Po + bles blancs de la rive gauche de la Garonne ( Sauternes, Po- densac, Illats, Preignac, etc. ). E. Chlorose. À Saint-Estèphe , Aïllan, Verteuil, Saint- Chrystoly, Saint-Seurin, Civrac et autres communes du Médoc, les feuilles des vignes jaunissaient et devenaient comme chlorotiques. Les mêmes accidents se sont aussi montrés à Podensac. Toutefois, nous ferons remarquer que (1) Voy. 1re Séance. (479 } l'on a observé que ces phénomènes nuisent peu à la ré- colte. Ils ont été souvent notés et presque toujours les ‘feuilles décolorées reverdissent an bout de quelque temps. Quelques viticulteurs prétendent, en outre, que le saupou- drage de ces feuilles avec la chaux active la guérison et augmente la force de végétation. E. Carie noire. Une altération maladive nouvelle dont la _ cause et les effets sont encore inconnus , a sévi sur un grand nombre de vignes et mériterait ce nous semble une étude spéciale. Désignée à Bordeaux sous le nom de maladie noire ou mieux encore de.carie noire, elle consiste essentiellement en une ulcération de l'écorce de sarment vert et du pétiole encore vert vu de la rafle, ulcération qui est d’abord brune, puis noire, et qui forme des creux rugueux à l'intérieur dans la substance qu'elle attaque, absoltiment comme le ferait une ulcère. La madadie noire des Toulousains et des nier est celle dont parle M. Rendu dans son rapport, et qui avait, en 1851, été désignée au Congrès scientifique d'Orléans, sous le nom d'induration brune. Elle commence par de petits points rugueux, hoipa sur le grain du raisin ou sur le sarment. Ces petits points gros- sissent, deviennent confluents, d’un brun foncé, presque noir, et forment une tache avec épaississement de la peau du grain. L'expression de carie est d'autant plus nécessaire, que même ici on avait étendu le nom de maladie noire aux ta- ches fuligineuses qui se montrent si souvent sur les grains des raisins muscats et qui s’accompagnent du fendillement des grains et de la sortie des pepins. Ce mal est souvent concomitant de la vraie carie noire, mais ce n'esk pas la même chose et c'était une altération déjà connue. ( 480 ) À Gradignan , un grand nombre de pièces sont attaquées par la carie noire ; quelques faits avaient pu d’abord faire penser que l’oîdium et cette altération ne se montraient point simultanément ; mais des observations ultérieures ont démontré la simultanéité des deux affections. A Ambarès, à Castillon, les vignes , et surtout les plants les plus jeunes et les plus vigoureux, ont présenté cette altération à un très-baut degré. .. BEMÈDES. Comme pour tous les fléaux qui sont au-dessus des res- sources de l'intelligence humaine , on s’est adressé, dans le cas qui nous occupe , à tous les moyens possibles , à des agents aussi étranges que multipliés, à des procédés aussi bizarres qu'infructueux. Dans le département de la Gironde, on a répété , souvent en croyant inventer, les essais déjà expérimentés dans d’au- tres localités { Italie, Languedoc, Roussillon }, et malheu- reusement , je le répète , ici comme ailleurs, le succès n'a répondu ni au zèle des expérimentateurs, ni ayx brillantes promesses des inventeurs ou de ceux qui prétendaient l'être. Je n’entrerai pas dans lé détail de tout ce qui a été fait à cet égard; la description en serait trop longue et surtout trop dépourvue d'intérêt, je mentionnerai seulement les procédés ou agents qui nous ont paru avoir une influence bienfaisante. J'ai classé en deux ordres les remèdes ou traitements ex- périmentés dans la Gironde : les uns sont internes , si je puis m'exprimer ainsi ; ils s'adressent à la vie même du végétal qu'ils modifient ou doivent modifier d’une certaine manière. Ils préviennent et empêchent le mal plutôt qu is ne le combattent et le détruisent. : ( 181 ) Les autres que j'appelle externes s'adressent plutôt au parasite, soit pour empêcher sa venue, soit pour le dé- truire. Je vais passer en revue quelques-uns seulement des faits qui ont été signalés dans ces deux genres d'observations et de recherches. ARTICLE 1.« RBemèdes internes. IxocuLaTion. —M. Dufour, docteur en médecine à Lec- toure, écrivait au mois de Septembre dernier, que dans le Gers , un officier de santé avait cru inoculer l’oïdium à un pied de vigne en y pratiquant une blessure et y frottant un raisin _oïdié, pour le préserver de la maladie comme on guérit l'homme de la petite vérole par le vaccin. Ainsi qu'il était facile de le présumer , l’inventeur en a été pour ses frais d'imagination. Je n'aurais pas parlé de ces tentatives si l’un des membres de cette Commission, M. Tél Des- martis, n'avait essayé, à plusieurs reprises de généraliser l'inoculation comme système (1), dans le but de faire absor- ber à la plante-mère des substances capables d'empêcher ou de détruire le parasitisme oïdien. Une autre communica- tion, mais de beaucoup postérieure à celle de notre confrère, a été également faite à une de vos séances (2) ; mais quoi- (1) 3.me séance de la Commission. (2) 6.me et 8.me séances de la Commission. Comme rapporteur, j'ai dû faire connaître tous les faits accomplis au sein de la Commission, avec justice et surtout avec impartialité ; j'ai dû faire abnégation de toute opinion personnelle pour me bor- ner au simple rôle de narrateur ; et, si quelques personnes ont cru trouver dans la publication qui fut faite dans le journal la Guienne , le 50 Août 1855, et trouvaient encore aujourd’hui, dans la simple mention d’un fait, un motif d’ineriminer ou la Commission ou ses Tome XX. 13 ( 182 } que le même mot se trouve employé par les deux expéri- mentateurs, il y a une différence énorme entre les deux théo- ries et entre les agents inoculés; l’un M. Desmartis, fait absorber une solution titrée et déterminée d’un sel métalli- que ( mercuriel, par exemple) ; l’autre ; M. de Bonneval, s'adresse à l’homæopathie et conseille l’inoculation de l'oi- dium ou de la vigne dynamisée et triturée jusques à la 6.° atténuation (1). membres en les accusant de soutenir intempestivement des théories que tout le monde ne partage pas, je leur répéterai les quelques li- gnes qui accompagnaient la publication précitée : « La Commission reg t Len la core Linnéenne pour étudier la maladie de la sérieus ement l'attention du public, C’est dans ce but que j’ai l’hon- neur de vous adresser ce travail en vous priant de lui donner une place, dans les colonnes de votre journal, Il est inutile de vous dire, M. le Rédacteur , que la Commission n'accepte nullement la responsabilité né pans per l’au- teur. Elle désire vi 1 ède pro- pre à détruire ou du bois à atténuer Ale mul qui désole nos vigno- bles, et elle ne cesse d'engager les viticulteurs à expérimenter tous les moyens qui seront pi Agréez, je vous prie, Monsieur, etc. Le Président de la Commission, B CAZENAVETTE ». { Note du Rapporteur ). (1) A cette occasion, je ne crois pas inutile de citer pour terme de comparaison , le passage suivant, dans lequel un écrivain, qui s’est fait le champion de la théorie Hahnemannienne , dans la presse bordelaise, exposait le mode d'action des moyens ae rue 2 appliqués à la maladie de la vigne. » Pour guérir la maladie »', écrivait M, Saïnt-Rieul pus «il » est plus logique d’en épurer la sève, c’est-à-dire, la vie, par » l'absorption d'agents bien appropriés , autrement dits spécifiques , (183) A ce même principe se rattache le procédé de M. Soulé , de Labrède, qui, dit-on, a obtenu quelques bons résultats en incisant le vieux bois jusqu’à la moelle et introduisant dans cette incision un mélange de potasse et de cendre. Il n’est pas venu à votre connaissance , Messieurs , qu'en dehors de ce dernier fait, fort remarquable, s’il est justifié par de nouvelles expériences, aucun autre essai ait été fait de l’inoculation soit allopathique , soit homæopathique. Coucnace. — Bien que ce procédé ne se trouve pas men- tionné dans les tableaux ci-annexés , néanmoins une simple communication, qui vous a été faite à cet égard par le même membre que je citais plus haut, M. T. Desmartis (1), » capables de ranimer en elle ou d’y ramener, à ses conditions nor » males, le dynamisme épuisé par des causes diverses, miasmati- » ques , anormales. » Telles doivent être les bases de la théorie médicatrice sur l’oi- » dium que nous devons à M. de La Vergne ». .. ..... Dr ins Comme tout médicament spécifique , administré à .. » dose, produit sur l’homme sain , en vertu de la loi des semblables , » les mêmes effets qu’il doit guérir , il fallait en mesurer la force, » en atténuer ou en généraliser la puissance , le dynamiser en quel- » que sorte, pour parler lé langage homæopathique (&) ». Je ne pense pas que M de La Vergne crût faire de l’homæopathie en traitant l’oidium par des fumigations sulfureuses. Peut-être en faisait-1l comme M. Jourdain faisait de la prose. (a) Voyez le Journal du Peuple et le Courrier de la Gironde du 5 Septembre 14852."Nous voyons dans le même article une assertion que nous n'avons trouvée produite. . Pis et qui ne peut manquer de faire jeter les hauts cris à tous les e la reproduisons qu'à cause de sa singularité et nous en lais- rs reponse à son sf « mere . vieux comme le nn” ne il » où règne édésigenent , L'infortuné me Jacquemont qui a né . dans ses lettres à quelque peu des tionner ce fait. ( Notes du Rappor te » (1) Séance du 6 Octobre 1853. ; { 184) m'aûtorise à vous entretenir des travaux accomplis à ce su- jet et à vous éclairer sur la marche qu’on a suivie dans les expériences tentées pour élucider cette question , et le point où on est arrivé. Parmi les nombreux mémoires qui vous ont été adressés, Messieurs, nous en trouvons un d’ailleurs, dans lequel l'indication d’un fait particulier nous y conduisait naturelle- ment. » Un propriétaire des environs de Podensac », dit M. Sar- rail, « ne fait pas donner de façons à ses vignes depuis plu- » sieurs années ; il ne fait que la taille ordinaire , l'herbe y » est donc constamment ; un vigneron de ce pays fit l’an- » née dermère (1852) la demande à ce propriétaire de lui » laisser à ses frais une partie de ses vignes. La partie » cullivée a été dévorée par l’oïdium et n’a rien produit; et » celle qui n’a reçu aucune façon , a fourni une bonne ré- » colte (1) ». Je ne reproduirai pas l'explication que M. Sarrail donne de ce résultat ; je n’ai cité le fait qu’à cause de l’analogie qu'il offrait avec ceux sur lesquels s’appuie M. le docteur Robouam, de Montrouge, pour conseiller de « faire courir la vigne sur la terre, et au besoin l’engazon- » ner ou jeter un peu de terre dessus (2) ». C’est ce dernier , en eflet, qui en France a le plus cher- ché à donner une extension pratique à ces idées. Sans doute, dès 1850, dans une communication faite à la Société d'Agriculture, M. Bouchardat avait annoncé que les branches qui rampaient sur le sol étaient comparative= (1) Le mémoire de M. Sarrail a d’ailleurs été adressé à la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. — Voy. Séance du 21 Septembre 1855. (2, Voyez Comples-Rendus des séances de l'Institut. _ Séance du 12 Septembre 1853 (185) ment préservées (1), mais les observations de ce genre n’ont pris une véritable importance qu'entre les mains du D.r de Montrouge. Les premières remontent à la même année et sont consignées dans les comptes-rendus de l’Académie des Sciences (2), dèsA851. Un an plus tard , le même expéri- mentateur (3), dans une nouvelle notice, entrait dans de grands développements sur l'emploi du couchage des sar- ments sur la terre, auquel il conseillait de joindre , au be- ‘soin l’engazonnement. Dès la même époque des faits analogues étaient signalés en Italie; en reprenant en effet, le mémoire du marquis Ridolfi dont il a été déjà question, je trouve à la fin la ettre suivante qu'écrivait le professeur Cuppari. Pise, le 4 Août 1852. MONSIEUR LE MARQUIS, . L’année passée j’observal Un fait. 5 ie. D qui consiste dans la limitation du développement de Poïdium sur quelques grappes qui touchaient la terre dans ce Po... Voici les faits en détail : il faut que la grappe soit tout-à-fait placée dans un enfoncement de terre et qu’elle la touche immédiatement : tout alors sera préservé. Si la grappe reste étendue sur un rameau, le fait n’aura pas lieu. Si dans le trou, des herbes se développent spontanément, peu im- porte, il vaut: pourtant mieux que cela n’arrive pas. D’après (1) Voyez Boucharpar, Traité de la malad. de la vigne, p. 141. (2) RoBouam, Considérations sur quelques faits pouvant servir, etc., dans Comptes-rendus de l'Acad. des Sc.— 20 Octobre et 10 No- vembre 1851. — Cfr. PAYEN, Communication faile à l'Acad. des Sc. le 29 Septembre 1851 ps _ (5) Rogouaw, Moyen dninté et économique de préserver la vigne de la maladie spéciale, dans ee l'Acad. des Se, : 15 Septembre 1852. { 186 ) cela, il ne faut pas laisser les vignes par terre, si les grappes ne doivent pas venir placées dans les circonstances précitées. Enfin des grappes placées dans de légers enfoncements pré— sentent ce phénomène curieux, que tous les raisins qui sont en contact avec la terre sont préservés, tandis que les au- tres sont attaqués et que leur parenchymé se déchire. Si la grappe pend du rameau et se rapproche de la terre, de manière à ce que Pépaisseur d’un sow et même moins, les sépare, c’en est assez pour que la préservation n’ait pas lieu. J’ai vu des grappes dont le raisin placé à l’extrémité inférieure était seul enfoui dans la terre et celui-là seul était préservé de la mala- die. Quant aux pampres, la face qui touche la terre est pré- servée pareillement, mais non le reste, etc., etc. (1) ». Vous-mêmes , Messieurs, dans la lettre que Mgr. Della Fanteria que vous avez insérée à la suite du rapport de l'année dernière , aviez consignés des faits qui se rappro- chent singulièrement de ceux de M. Robouam (2). Enfin cette même année (1853) les communications se sont multipliées, et de toutes parts , les conclusions sont venues confirmer l’idée émise déjà par M. Bouchardat que, si ce moyen ne détruit pas la maladie, il peut dumoins être très-efficace pour augmenter la force de résistance de cer- tains cépages. Ainsi, on lisait dans le Parlamento {journal de Turin) , n.° du 16 Septembre 1853 : « Une Commission » nommée par le Conseil de la ville de Turin a examiné les » vignes traitées par un procédé particulier appliqué par » un vigneron nommé Vergnano. Ce procédé consiste à » coucher les vignes sur la terre. Le fruit jouissant alors (1) Marc. C. Rinozrt, Sulla critlogama, etc., appendice, p. 23 et 26. (2) Lettre de Mgr. DELLA FANTERIA, administrateur de l’Arche- vécheé de Pise, etc , dans Compte-rendu des travaux de la Commis- sion, etc , (1852), p. 115, 4.me et 5.me réponses. (187). » de l'irradiation terrestre est beaucoup moins sujet aux » changements subits de température atmosphérique qui » causent la maladie, et le contact avec la terre assainit Ja » vigne. Le professeur Borio, membre de la Commission, a » raconté à ce propos qu'il avait visité dernièrement des » vignes appartenant aù docteur Costa, dans le voisinage » de Turin. Le docteur a pratiqué le même mode de » culture , couchant ou étendant les vignes sur le sol; elles » ont été affranchies de la maladie et elles ont porté de » beaux fruits (1) ». Les travaux de MM. Leroy, de Marseille (2), Ern. Vincent et Jametel (5), Bouchardat (4), E. Fabre et F. Duval (5). Keller (6), Reybert, de Lyon (7), et plus tard Oudart (8), Bertola (9), sont venus ajouter de nouvelles preuves à l’ap- pui de ces recherches. Malheureusement chez nous et dans (1) Voy. le journal La Guienne, du 21 feuttiihee. 7 (2) M. Leroy, membre de la Chambre d’Agriculture de Marseille , a couché une certaine quantité de parties de ceps de vigne, et il a obtenu une bonne récolte, tandis que les parties voisines restaient dans un état de dépérissement complet. ( Voy. Soc. d'Encourag. pour l'Ind. nat., séance du 21 Septembre 1855). (5) MM. VaxcenT et JAMETEL ont observé que toutes les grappes situées près de la terre, arrivaient à parfaite maturité , tandis que celles placées plus haut étaient entièrement détruites. (Voy. Soc. d'Encowrag. pour l'Ind. nat., Séance du 19 Octobre 1833). (4) Bull. des séances de la Soc. Imp..et Cent. A , VIT, p. 628. (5) Obs. de M. Esprit Fabre, d'Agde, mises au jour par M. F. Duvaz, Montpellier , 1853. (6) IL bianco dei grappoli, p. 17. (7) Mém. sur la malad. de la vigne, Lyon, 1835. (8) Sur la maladie de la vigne, Turin, 17 Mars 4855. (9) Relazione seconda, Torino, 27 Aprile 1855. g (188) les départements voisins, le Gers, la Charente par exem- ple, où habituellement des cépages spéciaux (Enrageat ,' Piquepoult ) sont cultivés sans hautains et ont des rameaux littéralement enfoncés dans le sol, la maladie n’a pas été arrêtée dans ses ravages. Peut-être faut-il, pour expliquer ces contradictions , dis- tinguer les localités où les branches de vignes rampent sur un sol caillouteux, ce qui ne rentrerait nullement dans les conditions indiquées dans la note de M. Robouam, ainsi que le faisait remarquer avec juste raison M. Chevreul (1). Laissant de côté les explications vraies (2) ou probables, et de l’action du moyen employé et de ses résultats possi- bles ou réels , une autre difficulté se présente, d’une bien plus grande importance , et qui se reproduit ou se repro- duira sur la plupart des procédés les plus vantés : est-il ap- plicable dans toutes les localités ? Faut-il astreindre les cultivateurs dans certains pays à modifier en totalité un mode de culture , que l'expérience a appris être bon depuis des siècles ? C’est sous l'empire de ces idées, qu’un horti- culteur parisien , a conseillé un procédé en quelque sorte mixte, mais sur la bonté duquel l'expérience ne s’est pas prononcée , nous le croyons du moins. « Les grands pro- (1) Bull. de la Soc. Imp. et Cent. d'Agric., T. VIN, p. 601. . (2) On à cherché, en effet, à expliquer en vertu de quoi ce mode de culture pourrait empêcher la maladie. Ainsi, M. L. Oudart pense ainsi retenir sous les pampres toute la Chalet de la terre (loc. cit. p. 35); M. Reybert facilité l'écoulement dans le sol du fluide élec- trique dont la surabondance dans la vigne est regardée , par l’au- teur comme cause de la maladie (loc. cit., p- 16); le marquis G. de Calliono se range à cette dernière opinion. («I pergolati e le viti a me furono colpiti dal morbo assai più degli anguillari dei E pérchè cio ? Perchè trovandosi più elevate da terra, furono ut esposte all” electricismo, massime in quest’anno che ad. ogni apparente temporale , le Straordinarie detonazioni dimostra- (189) | » priétaires, écrit M. Le Guillou, ont raison de s’effrayer » de la main-d'œuvre pour l'emploi de certains remèdes: » la question si grave de la préservation de la maladie ne » peut donc être résolue d’une manière réellement satisfai- » sante qu'autant que le moyen préservateur s’identifiera, » en quelque sorte, avec les labours à donner aux ceps, » en automne et au printemps, en modifiant ces labours » d’une manière quelconque , soit en ce qui concerne la » laille, soit en ce qui concerne l’engrais, soit en ce qui » concerne le couchage. À cet égard, M. Bacot père, » conseille, dans les grands vignobles , au lieu d’enfoncer, » les échalas droits, de les piquer obliquement par un » angle d'au moins 45 degrés. On comprend de suite l’in- » comparable (sic) avantage de ce procédé , qui n’occasionne x aucune dépense de plus, et qui n'apporte qu’une légère » différence dans le mode de traiter le cep, mode qui rap- » proche les raisins du sol et les préserve du mal par ce » rapprochement que l'observation a reconnu efficace... le » procédé d’inclinaison des échalas doit avoir encore plu- » sieurs avantages qui sont loin d’être à dédaigner. Le rai- » sin se trouve plus à l'abri des coups de soleil qui souvent » le dessèchent et le brülent, et d’un autre côté, son rap- » prochement du sol, l’entretient dans une certaine frai- » cheur qui empêche la grappe de durcir et en active la » maturité (1) rono con tutta : — A. Aall'alattminità atmncforiea » Voy. Lo Spettatore del Monferrato , n.° 17 del anno 1855 , cité par Bertola, Relazione seconda, etc., p. #2 M. le docteur Robouam à tenu à notre sens nne conduite ah eh a observé les condi- tions plus ou moins favorables au dévcoppenent du mal, et, sans les expliquer, il a cherché à soustraire les parties de 1 a plante à ces conditions (0 Note du Rapporteur )- : Pa Voy. ani le journal La Patrie, la Revue d'Horticu Horticulture « de . Le Guillou.— Octobre 1855. ( 190 } En résumaut enfin tous les faits qui précèdent , il ne nous reste plus qu’à solliciter de nouvelles observations, faites sur la plus grande échelle possible , touchant l'application soit du couchage simple, soit du couchage combiné avec l'engazonnement du sol, engazonnement opéré naturelle- ment par l'herbe { Robouam) , ou artificiellement par l’avoi- ne, le trèfle rampant (Robouam}), les céréales telles que l'orge et le sarrazin ou blé noir { L. Oudart, p. 35), les lé- gumineuses telles que le lupin et le sainfoin ou esparcette (L, Oudart, id.). ARTICLE 2. Remèdes externes. Brossace. — Ce procédé préconisé par M. Barinco avoué à Bordeaux, dans une lettre adressée à l’Académie des Sciences (1), et expérimenté à Gradignan, parait avoir donné dans cette localité de bons résultats. A Sallebrun- neau, cela n’a pas empêché le mal de reparaître ; à Sainte- Croix-du-Mont, on n’a rien obtenu. Toutefois, je dois rap- peler que déjà M. Regnault, propriétaire à Neuilly, qui a eu la même idée que notre compatriote , se sert du premier ustensile venu, petit balai, plumes, brosses, etc. Par un temps sec, toute la question git dans la promptitude du procédé (2). Il faut toutefois renouveler l'opération huit jours après la première. M. Guérin Méneville, a appliqué à la grande culture ce procédé dans le département des Bas- ses-Alpes , sur la récolte 1853. Il faut, ajoute M. Regnault, dans une autre communication, une journée de dix heures pour qu'un homme nettoie trois cents pieds; c’est-à-dire, (1) 8 Août 1855. (2) Voyez le journal l’Indicateur., n s du 26 Septembre 1852. (197) trente-trois journées par heetare, en admettant que celui- ci contienne dix mille ceps (1). À côté du brossage, c’est-à-dire, à l'enlèvement du para- site par un corps sec, se range le LAVAGE , c’est-à-dire , l’en- lèvement du même corps par l’eau simple. Ce procédé fondé sur celte observation, vérifiée à plusieurs reprises, que la maladie diminuait après des pluies abondantes, après de fortes averses, et que les grains, blancs d’oidlum aupara- vant, reprenaient leur couleur brillante, a été essayé dans beaucoup de localités de la Gironde. Ses effets sont en gé- néral douteux, et à part la difficulté inhérente à ce pro- cédé comme au précédent , de. pouvoir être mis à exécution avec promptitude et sur une vaste échelle, une autre plus importante nous empêche de le conseiller. C’est qu'après une première opération le mal reparaît et qu’il est néces- saire de la réitérer une ou même plusieurs fois. Après avoir constaté cet effet purement palliatif, mais vrai, du lavage par l’eau simple , on a dû chercher à le ren- ‘dre complètement curatif en modifiant sa température et plus tard, en remplaçant l’eau par des soLurions plus ou moins concentrées de substances acides , alcalines , salines, etc., qui pouvaient, on l’espérait du moins , agir chimique- ment à la fois sur la peau du raisin et sur l’oïdium. Nous ne mentionnons ces résultats encore douteux que pour mé- moire, et nous en renvoyons l’énumération aux tableaux annexés à ce rapport (2). (1) Voyez les Comptes-rendus de la Société d'Encouragement Pour l'industrie nationale , séance d'Octobre 1853. (2) Parmi ces solutions, nous devons pourtant mentionner plus a de chaux, de soude (lessive de cendre), de po- “ tasse. Bien qué ‘cet ‘agent soit le même que éelui qui est men : tionné plus haut (Art: 4.2 jroc40é de M. Soulé, de Labrède), il n’y ( 192 ) Application de poupres diverses. — De même qu'on avait essayé d'enlever l’oïdium , on a essayé de le détruire ou d'en neutraliser les effets par la simple application de sables, de poussière (1) ou de substances chimiques réduites en pou- dre ténue { chaux vive , hydrosulfate de chaux, cendre, suie, etc.) ; dans ce dernier cas, on pensait que l’action des corps employés serait facilitée et augmentée par la rosée et les pluies qui opéreraient des solutions analogues à celles dont nous avons parlé précédemment. Nous n’avons malheureu- sement aucun motif de préconiser ces moyens plutôt que ceux que nous avons déjà énumérés et que beaucoup d’au- tres que nous passons également sous silence (2). Toutefois a, ce me semble , aucune analogie entre les deux actions produites. D’une part, dans l'introduction d’un mélange de potasse et de cen- dre au centre du bois, il y a absorption de la substance, mélange de celle-ci avec la sève, modification de cette dernière, et par suite changement ( possible) dans la texture ou la composition des tissus. C’est ainsi qu’agit l’eau de fumier répandue par M. Tucker sur les racines. Mrs FR art. he Sp necroné s vhs . Juin 1852). Dan ; la solution aide) n’est pas shoshée : elle ne se ss pas à la sève; elle agit simplement par une action toute chimique et locale sur le parasite qu’elle peut détruire et sur son substratum qu’elle peut rendre impropre à son développement. { Note du Rapporteur }. (1) M. Eug. Robert traite sa vigne malade avec de la poussière et prétend avoir réussi. (Voy. Bull des séances de la Soc. Imp. et Cent. d’Agric., T. VIII, p. 545.— 3 Août 1853 ). (2) Eau sinapique, de M. Vézu , pharmacien à Lyon; solution de savon vantée par MM. de Jonghe (de Bruxelles), et Bouvière Fleury (Bulletin de la Soc. d'Hort. d'Orléans, 12 Décembre 1832; T. 3, n.0 15, p. 454); la décoction d'Euphorbia Helioscopia (Bull. des des Seiences de la Soc. Imp. et Cent. d’Agric., T. VII, p. 545 et suiv.); le PETIT LAIT !!! employé par M. Foucher, à Britigny (Annales de la Soc. Impér. d’Hortic. de la Seine, 4 Août 1855 ) ; etc. « (19 ) je dois, sinon recommander, du moins mentionner d'une manière plus sérieuse l'emploi de la FuMÉE, et en parti- culier celle qui résulte du goudron ou d’autres substances résineuses. Ce procédé qui nous a été communiqué par M. Jullien Crosnier , d'Orléans , se trouve corroboré par la lettre que M. le D.r Géra, de Conégliano , écrivait à M. l'abbé Bertèze, et dans laquelle le savant rédacteur du journal itahen 2! Coltivatore disait que la fumée produite par la combus- tion vive de végétaux verts et surtout d'arbres résineux lui avait parfaitement réussi contre la propagation de l'oï- dium (1). J1 ne faut pas confondre ce moyen avec le FLAMBOYAGE ou FLAMBAGE des ceps , découvert par M. l’abbé Bonnet, cha- noine honoraire d'Uzès (2), qui a employé successivement de grandes feuilles de papier roulées dans leur longueur, des flambeaux d’étoupe. placés à l'extrémité d’un roseau et trempées dans des débris de cierges fondus , de la graisse, de la résine, de la crasse d’huile, de la poix, etc. Il ne faut pas oublier, dans les essais que l'on pourra tenter à cet égard que, comme l’a fort justement fait remarquer M. Chevreul, même sans flamme, on a souvent fait périr des arbres en faisant monter des courants-d’air chaud le long du tronc (3). UFRE ET PRÉPARATIONS SULFUREUSES. — Je suis enfin arrivé à l’agent qui a été le plus étudié de tous les côtés, (1) Ann. de la Soc. Imp. d’Hortic. de la Seine, volume XLIV, Juillet 1853 , p. 369. — M. Seguier a fait brûler des herbes sèches, des broussailles et autres matériaux, de manière à ce que la fumée enveloppät ue ar ceps, et ils ont été préservés. ( Bull. de la Soc. Imp. et Cent. d'Agriculture, t. VII, p. 545 ). (2) Lettre adressée à la Gazette du Midi, Août 1855. Re de la Soc. Imp. et Centr. d’Agric., t. VIE, p. 545. (194 ) de toutes les manières possibles, sous toutes les formes; dans une foule de combinaisons "diverses — ou moins compliquées. Je me garderai bien de les passer toutes en revue, et je me contenterai de vous signaler les deux points qui ont occupé la Commission à l'égard de cette étude (4). | À l’occasion d’une lettre que M. le Maire de Cubzac avait adressée à M. le Préfet, votre Commission fut consultée sur les mesures que l'administration départementale pouvait ou devait prendre touchant l'emploi du soufre, mis dans la pro- position de l’honorable fonctionnaire que nous avons cité, sur le même rang que l'échenillage. L'opinion émise à l'u- nanimité par les membres de la Commission présents à la séance du 11 Août 1853, fut immédiatement transmise à M. le Préfet par les soins de M. le Président de la Société Linnéenne. Tout en recommandant l'emploi du soufre , la Coninis: sion avait pensé que, dans l'absence de toute certitude de réussite infaillible et durable, il était absolument impossible de rendre obligatoire l'emploi de ce moyen (2). D'ailleurs, les considérants énumérés dans cette lettre sur les effets temporaires du soufre ont été confirmés par les détails suivants, qui furent communiqués à la Commission dans une des séances et qui avaient été recueillis avec le plus grand soin dans le Médoc (3). (1) Voyez sur le Soufre et ses préparations , la plupart des bro- chures publiées sur la maladie de Ja vigne ; et pour quelques détails en particulier, les communications faites à la Société Impériale : # Centrale d'Agriculture ( Bulletin, t. VIII, passim ), à la imp.le d’Horticulture de la Seine ( Annales, Bulletin des Travau), à la Soc. d’Horticulture de Macon ( Journal, années 1852, 1855). (2) Voyez, dans les Pièces à l'appui, le document A. (3) Sur l’emploi du soufre dans le Médoc, comparez : L. LECLERC, ( 195 } « À la Barde, château Giscours { propriété de M. Pes- » catore }, on a essayé en grand, l'emploi de la fleur ‘de » soufre sur des treilles d'abord, té sur cent mille pieds » ‘environ. » En particulier sur une vaste treille couverte de raisins » magnifiques, on a insufflé le soufre dès l'apparition de » l'oïdium ; trois applications des procédés ont été faites et » même aujourd’hui une quatrième est devenue nécessaire, » car le champignon reparait parfaitement visible à l’œil » nu. Après l'application du soufre, la couleur de la portion » de la peau du raisin oïdiée change et devient rougeâtre. » Plusieurs inconvénients ont été signalés dans l’appli- » cation de ce moyen : » 4.0 L'apport de l’eau nécessaire ; » 2.o La perte énorme de temps que l’on est obligé de » consacrer à cette partie de l'opération ; » 3.° Les dégâts que ce transport occasionne sur les » rameaux et sur les fruits; » À.o La.difficulté ou plutôt l'impossibilité d'opérer » consécutivement pendant toute une journée. Dans les cha- » leurs, les individus employés à ce travail sont affectés » » de picotements aux yeux, de larmoiement , d'oppression; » et dès le troisième jour, ils sont malades et ne peuvent » plus travailler. * » 5.0 L'emploi de manœuvriers nombreux nécessaires » pour opérer sur de grands vignobles, oblige de les distraire Les vignes malades, Appendice, p.75; À. PAYEN, Les maladies des pommes de terre, etc, p. 171 ; BoucmarDaT, Traité de la maladie de la vigne, p. 110; G. Heuzé, Traitement des vignes malades, p. 56 et 57; Annales de la Soc. imp. d’Horticulture, t. er 123 et 127. (Rapports de MM. Rousselon, Forest, Bossin ). ( 196 ) » de leurs occupations ordinaires et fait. négliger des tra- » vaux très-importants. » Depuis, à Giscours, on n’opère plus que le matin et » à la rosée. On a ainsi parcouru une pièce composée de » cent mille pieds. Le mal a été enrayé. En 1852, l'em- » ploi du même moyen avait amené un semblable arrêt » dans la marche de la maladie; mais, dans les pièces non » traitées comme dans les autres, les pluies avaient paru » conduire au même résultat, et il fut impossible de rien » conclure. En 1853, il pourrait y avoir la même incerti- » tude. Ainsi, deux pièces de vignes appartenant à un autre » propriétaire n’ont été traitées par aucun moyen; elles » sont entourées par celles de M. Pescatore où on a employé » le soufre. Les premières ne semblent pas plus altérées » que les secondes. Seulement, on peut dire que quand » huit ou dix jours après la première#nsufflation, le mal » reparaît, il est moins intense et s’attaque à un moins » grand nombre de pieds. » 11 a fallu 600 kilog. de soufre pour ces cent mille pieds » oidiés ou non. Quant aux frais, main-d'œùvre, etc., le » prix de revient a varié beaucoup en raison de la facilité » d'application. Le traitement de 1000 pieds est revenu à » Afr. 40, 5 fr. 09, 3 fr. 80, —_ 30 is 99; en » moyenne, 3 fr. 59. ( En admett nferme » 9000 pieds, cela revient à 3Zfr. 31 c. ) » Dans une propriété voisine (M. N...), on a traité les » vignes par le même agent. On opère aussi à la rosée, » mais on a supprimé le soufflet ventilateur et on a eu l’heu- » reuse idée de le remplacer par une houpe légère que l'on » plonge dans une boîte contenant de la fleur de soufre et » avec laquelle on saupoudre les raisins (1) »., (1) Extrait des procès-verbaux de la Commission, 8. séance ” 25 Août 1855. (197) | Pour quelques autres observations faites dans l'emploi du soufre, je renvoie au tableau qui accompagne ce rapport. En dehors enfin de tous les moyens publiés, soit dans les brochures ou relations spéciales, soit dans les Actes, Annales, eic.,-des diverses Sociétés savantes, votre Com- mission a été, à plusieurs reprises, invitée à donner un avis sur des procédés particuliers. À cet égard , plusieurs sous- Commissions vous ont soumis les conclusions qu’elles avaient prises après les explorations faites suivant les de- mañdes de MM. Laliman , Fautou, A. Sterguel, Dessarp. Vous avez, Messieurs ‘approuvé et adopté ces conclusions; mais comme ces rapports se trouvent insérés in eœlenso dans la série des pièces à l'appui de ce compte-rendu , je ne les mentionne ici que pour mémoire (1). S 8. f EFFETS DE L'OiDIUM SUR LA®IE DE LA PLANTE. — EFFETS DES RAI- SINS OÏDIÉS OU DU VIN QUI EN PROVIENT SUR LA SANTÉ. Avant de termine ce rapport il me resterait à examiner cette grave question : l'Oïdium peut-il tuer la plante sur laquelle nous l’étudions ? Malgré mon opivion person- nelle sur les effets purement locaux de ce parasite (2), je ne puis en aucune façon me prononcer au nom de votre Commission, cette discussion ayant été depuis longtemps réservée par elle. Toutefois, je ne puis m'empêcher, Mes- sieurs, de rappeler un incident qui s’est produit dans une de vos séances (3) et dont l'importance mérite qu'on le si- gnale. D'une part, la Société Linnéenne ayant eu communication (1) Voy: Document M. (2) Voy. Document F. (3) Séance du 15 Septembre 1853. Tome XX. | 14 (198) d’une lettre écrite à M. Gaschet par M. Tucker , de Margate, erut devoir la publier et la répandre en grand nombre en raison du fait si important qui.s’y trouvait mentionné et at- testé par un homme qui avait eu le triste privilège de cons- tater, le premier, la présence de la mucédinée sur la vigne : l'Oïnium NE TUE PAS LA VIGNE : phrase éminemment conso- lante pour les propriétaires, mais dont pourtant quelques cas particuliers pouvaient , aux yeux de quelques observa- teurs, amoindrir la vérité affirmée d’une manière trop géné- rale. : , Deux mois après la publication dé ce document, l’un de nous sollicitait et obtenait de nouveaux renseignements du même M. Tucker ; et si ces renseignements ne sont pas aussi explicites, ils sont-moins altaquables et tout aussi rassurants - que les premiers. « Ilya, écrit M. Tucker (1), dans les environs du lieu » que j'habite, des vignes qui ont été fortement attaquées » par l’oïdium, pendant ces six dernières années ; mais, » malgré cela, elles ont ge à dapner du fruit, quoi- » que les ceps eux-mêmes fussent évidemment affaiblis, par » les attaques réitérées du parasite. Néanmoins, pendant les » deux ou trois dernières années , la maladie a été en dé- » croissant, et quoiqu’elle ait apparu cette année (1853), » Son invasion a eu lieu d’une manière si Zégère, qu’elle a à » peine attiré l'attention ; les vignes se sont rétablies (reco- » vered) et poussent avec vigueur. Je crois que dans tout le » PAYS, LA MALADIE EST EN TRAIN DE DISPARAÎTRE ». Cette lettre vous a paru préciser de la manière la plus claire les effets que l'on pouvait attribuer au développement exagéré de l’oïdium. Sans doute , il y a affaiblissement dans la plante; pour les uns , il ‘est inhérent au cep lui-même ; TERESA (1) Voy. Document C. 199 ) pour les autres, il est dépendant de la présence du para- site; mais quelle que soit la cause de ce même affaiblisse- ment, il n'en reste pas moins vrai que la vigueur renaît dans ces mêmes pieds, et que s’il y a maladie, celle-ci u'amène pas nécessairement et fatalement Laprès elle la mort. Le très-regrettable, M. LecLerc , que vous eùtes le bon- heur, Messieurs , de posséder à l’une de vos’ séances, ne partageait pas votre sentiment à l'égard de la publication de ce document : tout en acceptant ce que M. Tucker disait avoir vu, le savant œnologue, qui venait de visiter les vignobles dévastés du Roussillon et du bas Languedoc, ne croyait pas que l'on pût assimiler les vignes cultivées en - Angleterre avec celles du midi de la France ou de l'Italie. Les deux observateurs s accordent à admettre que la pré- sence de l'oïdium éndommage la plante, l'affaiblit, porte atteinte à sa vitalité; d’un côté, malgré ces attaques suc- cessives, le mal n'est que passager; de l’autre, en raison de la différence de température et de climat, chsgpe: atta- que agit plus profondément, et peut, par conséquent, après une succession d'années mauvaises, non pas seule ment affaiblir, mais compromeltre sérieusement et même détruire le cep tout entier, La solution de la question se trouve ainsi ramenée à une simple différence de latitude ; mais, même réduite à Ce terme extrême, vous ne pouvez y répondre ni dans un sens, ni dans l’autre; il faut pour cela, dans notre département même , une série plus longue d'observations que celle que vous avez à votre disposition et, tout en tenant compte des deux assertions qui vous ont été soumises, vous ne pouvez que faire des vœux pour que les tristes prévisions de M. Leclerc ne se réalisent pas. Une autre question se présentait encore ; l’oïdium a4-il une influence nuisible à la santé ? Ici, mon rôle est plus à facile ; et de toutes parts , les documents abondent pour la ( 200 ) négative : je n’en parle donc que parce que cet objet est de la plus haute importance et pour répéter que c’est une question déjà jugée aux yeux de toutes les. Commissions qui s’en sont occupées soit à Bordeaux, soit ailleurs. Ainsi , dès la première apparition de la maladie dans ja Gironde , le Conseil d'hygiène publique et de salubrité du : département, ne crut pas devoir se rapporter aux docu- ments qui lui avaient été communiqués ; il renouvela les expérimentations, et constata que les animaux soumis èx- clusivement au régime des raisins malades, n’en éprouvaient aucun dommage (1). Parmi vous, Messieurs , il en est plu- sieurs qui ont goûté, mangé, des raisins fortement oïdiés et, mettant de côté le dégoût qu’un tel genre d’alimenta- tion devait amener , je n’ai pas besoin d'ajouter que nul d'entr'eux n’en a éprouvé de résultats fâcheux. | Ces résultats sont d’ailleurs conformes à ceux que vous avez déjà publiés sur la foi des documents italiens ( Bertola, Ridolf , etc.) traduits à la suite du rapport de la Commis- sion de 1852 (2/; ils sont corroborés par le procès-verbal du Conseil sc Le et de _— du département de l'Isére . + () a fut déjà « acquis à l'observation que les raisins ma- » lades né pouvaient donner lieu à aucun dérangement ni chez les » hommes , ni . Le animaux , néanmoins nous se cru a nnmAttén SUURLCELC » lapins, et après 48 heures d’un tel régime , nous t'Nvas rien COnS— » taté chez, ces animaux qui pût nous faire croiré qu’ils éprouvaient » le moindre dommage ». ( Rapp. sur la malad. de la vigne, pré- » senté à la séance du 27 Septembre 1851, par M. Petit-Lafitte, dans Travaux du Conseil d'Hyg. publ. et de __ du Re de la Gironde , T. I, p. 382 bis et suiv.). j (2) Expériencés du docteur LESSONE, dans P. BERTOLA , Relazione intorna alla malaltia delle uva, 1854, p. 51.— Relazione ( 201 } (Septembre 1851), par le rapport que M. le docteur Bour- guet a fait au Conseil d'hygiène et de salubrité de l’arron- dissement d’Aix (Bouches-du-Rhône), le 17 Septembre 1851 (1); enfin, on peut y joindre encore les observations particulières de MM. Cazalis-Allut, de Montpellier (2), Tis- serant, de Lyon , etc. En est-il de même du vin ? N'y at-il dans celui-ci aucun caractère spécial et de mauvaise nature ? Ici, les observa- tions ne présentent pas le même accord ; et cela tient peut- être au degré de maladie des raisins employés. Il est bien clair, en effet , que quand les raisins se sont complètement desséchés sur pied, il est complètement impossible d’en tirer aucun produit ; il est même très-raisonnable de pen- ser que ces rafles ajoutées à d’autres raisins , ne pour- raient que donner au vin produit un goût peu agréable. Si les raisins ne sont pas complètement perdus, on comprend parfaitement que le mélange des grains malades avec ceux qui ne le sont pas, donnera lieu à ‘un liquide dans lequel une odeur et une saveur oïdiennes domineront d'une ma ricérche fin qui praticate interno la dominante malattia dell’uva, del prof. P. Curpart, 1851. $ VI, p. 11 et 20. — Lettre de Mgr. DELLA Fanronta, 29 Décembre 1852, 13.e réponse. (1) Docteur BourGuEr , rapport cité, p. 7 et 13. (2) « J'ai laissé manger des muscats malades à mes volailles ; le » marc de ces muscats a été donné à mon troupeau , qui l'a mangé » avec avidilé, volailles et moutons n’ont éprouvé aucune incom- » modité de cette nourriture ». (CAZALIS-ALLUT, De la maladie de la vigne, dans le Bullet. de la Soc. d’Agricult. de l'Hérault, 4. trim. 1851). « Les bêtes à laine ont mangé les feuilles malades comme les au- : » tres et n’ont pas touché aux raisins malades desséchés sur pied ». (Le mème, Nouvelles observations. - Se Décembre rare p. 19). sr ( 202) nière fort irrégulière. Ces défauts varieront avec la pro- portion des deux sortes de raisins, et surtout avéc les. années , c’est-à-dire , avec le degré de maturité des grappes véritablement intactes , et la facilité de fermentation du li- quide fourni par elles. Ces considérations aideront, nous le croyons du moins, à faire comprendre les différences que l’on a observées dans les récoltes de l’année dernière. Ainsi, pour quelques viti- culteurs , « le vin fait avec des raisins malades est douce- » reu | sui generis) (1) »; pour d’autres acerbe et acide (2), sans arrière-goût, et ne présentant aucune saveur étran- gère au vin; pour d’autres , il a une odeur et un goût de moisi désagréable, et paraît renfermer d’assez fortes pro- portions de matière sucrée (3). L’honorable M. Heuzé à la suite d’une exploration qu'il a faite dans le Médoc, vient d’écrire ces mots : « le moût que » M. D... {à St-Laurent) a obtenu et que nous ayons dé- » gusté et qui provient de grappes aux trois-quarts mala- » des, ne nous a point paru désagréable (4) ». Cette obser- vation émanée d’un homme éclairé dans la matière nous pa- rait pour le moins un peu exagéréc ; celles que vous avez pu contrôler par vous-mêmes , Messieurs, vous ont amené à cette conclusion triste mais vraie, que le goût du vin provenant des raisins malades est désagréable ; c’est quel- que chose qui tient le milieu entre l'acidité et le moisi, se rapprochant plus ou moins de l’une de ces deux saveurs, (1) De St-ILDEPHONT .— Notes de voyage, etc., dans le Journal de la Société d’Horticulture de Macon. — Juillet 1852, 218. (2) Rapport au Conseil d'hyg. et de salub. de l'Isère : 1851. (3) Rapport du D.' BouRGUET, loc. cit. p. 10. (4) Voyez le journal la Guienne, n.o du 11 Octobre 1855: ( 203 } suivant l'état des raisins et la proportion du mélange (1). Nous pouvons ajouter que ce vin paraît contenir moins d'alcool que celui qui est produit par des vignes saines (2}, s’altère facilement (3), passe à la fermentation acide, et de celle-ci à la putridité : mais encore une fois, en dehors de ces défauts, il ne s’y trouve rien qui puisse porter atteinte à la santé (4). Nous ajouterons seulement à titre de rensei- gnements, mais sans en garantir en aucune façon l'impor- tance, que dans la contrée de Brescia , on emploie avec succès la méthode suivante pour modifier Ja qualité du vin obtenu avec des raisins malades : « Vendanger de bonne » heure , et introduire dans les barriques de vin nouveau, » de l'acide tartrique dans la proportion de 26 grammes » pour 100 litres ». (Voyez Courrier du Gers, reproduit par La Gironde, 17 Octobre 1853). (1) Comparez CazaALIS-ALLUT , De la maladie de la vigne en 1851. « Quand la fermentation a été établie, la saveur et l’odeur de ce » moût. étaient INSUPPORTABLES ». Loc. cit., p. 12. Et ailleurs, Nouvelles observations , etc., Décembre 1852, p. 22. « Malgré leur clarification, les vins blancs faits avec les raisins ma- lades ont gardé leur mauvais goût ». (2) De De St-ILDEPHONT , loc. cit.— D.'e BERTOLA , Inferno alla malat- tia delle uve relazione seconda , p. 71. — Cette absence d'alcool, de principes odorants , de matière colorante ( Académie des Géorgo ophi- les) est-elle une conséquence de la maladie, ou ne serait-elle plutôt que la suite nécessaire de la mauvaise maturation de la vigne ? (Com- parez à cet égard FAURE : Analyse chimique et comparée des vins de la Gironde, dans les Actes de l’Acad des Sc., Bell.-Lelt. et Arts de Bordeaux, 1845 , 4.e trim. p. 610). (5) Cette facilité d’altération s’oPherve ainsi pour le bon vin de la même année. (D.re BERTOLA , loc. cit.). (4) Rapports cités des Conseils d'hygiène ; = soc pot du docteur Bertola , etc. ( 204 ) S 9. CONCLUSIONS. ROLE DE LA SCIENCE, À PROPOS DE LA MALADIE DE LA VIGNE. Me voici arrivé au terme de ce rapport ; ainsi, que je le disais en commençant, comme mon honorable prédéces- seur , je ne puis présenter aucune conclusion positive, ni sur la nature spéciale ou la cäuse de la maladie de la vigne, ni sur les moyens que la grande culture pourrait employer avec profit, soit avant , soit pendant le développement du fléau. Nulle discussion approfondie n’a eu lieu au sein de votre Commission sur la cause essentielle de ces phénomènes anormaux ; ainsi, chacun de vous conserve encore aujour- d'hui les mêmes idées qui furent formulées à la fin du rap- port de 1852, Toutefois, si des faits que nous avons minutieusement et consciencieusement rassemblés , Si des communications que nous avons analysées, nous ne pouvons qu édifier chacun en notre particulier des théories plus ou moins plausibles, faut-il pour cela conclure que tout ce que nous avons fait jusqu’à ce jour’soit complètement dépourvu d'utilité même pratique ? Vous ne le croyez pas, Messieurs , et'lors même que l’histoire agricole du département devrait seule y trou- ver-plus tard des matériaux intéressants, ce serait déjà un motif de ne pas nous repentir d’avoir enrégistré les pro= duits de nos études, de nos explorations et de nos expéri- mentations journalières. Qui sait d’ailleurs si nous ne de- vons pas à l'absence complète où nous sommes de docu- ments fournis par les siècles qui nous ont précédés, les préoccupations bien naturelles qui font, aujourd'hui, le tourment incessant des viticulteurs ? | ( 205) » On peut comparer la vigne dans cette province-ci, à » cette matière avec laquelle les alchimistes se vantent de » faire de l'or, cette matière que tout le monde voit, que » tout le monde touche, que tout le monde foule à ses » pieds, qui est au pauvre comme au riche, et que pour- » tant personne ne connaît ». Si Montesquieu (1) pouvait, il y a 140 ans, s’exprimer ainsi avec juste raison au sujet . de la vigne, avec quelle plus grande vérité ne pourrait-il pas aujourd’hui employer les-mêmes termes à l'égard de la maladie ! Tout le monde en apprécie les effets, tout le monde. en souffre; et pourtant, qui peut se flatter de la bien connaître et de pouvoir dire ce qu’elle est ? II. Les propriétaires, les cultivateurs , les commerçants demandent à la science à grands cris la solution de ce pro- blème , et la science ne peut que le constater , sans aller au-delà. « Dans une circonstance aussi grave, où des in- _» térêts aussi majeurs , aussi généraux se trouvent com- » promis , il est urgent d'apporter la plus grande circons- » pection, pour ne pas entrer dans une voie douteuse et » pour éviler de s’exposer à tomber dans des erreurs pré- » judiciables. Souvent un faux pas, une illusion, passent » inaperçus, mais, dans ce cas-ci, un faux pas, une illu- » sion, peuvent avoir des conséquences trop fàcheuses pour » qu'on ne fasse pas tout au monde afin de ne point s'y » aventurer (2) ». Nous dirons donc aux agriculteurs, aux praticiens : Ne vous hâtez pas de condamner la science si elle ne vous ap- prend pas de suite ce qu'est le mal qui vous aflige, si (1) Ane. Acad. des Sc. Bell.-Lett. et Arts de Bordeaux. — Séance du 25 Août 1718. — Cité par F. JOUANNET , dans Statistique. du dé- parlement de la Gironde , T. 1 , p. 426. (2) C. M. Guiirou, Revue d'Horticulture, Septembre 1855. ( 206 ) elle ne vous conseille pas, de prime abord, un moyen spéci- fique véritablement curateur. Si d’une part, « dans un mo- » ment où tous les esprits sont dirigés vers le fléau qui me- » nace de détruire une des plus riches productions de notre » sol, il ne faut dédaigner aucune opinion, la plus étrange » en apparence pouvant avoir son importance pratique, soit _» qu'on la néglige , soit qu'on l’adopte (1) », d'autre part, il faut qu'une Société, plus quign individu isolé, n'agisse qu'avec la plus grande prudence dans ses appréciations et surtout ses recommandations. Sans doute, celte prudence entraîne des lenteurs ; mais ces lenteurs mêmes donnent les moyens de rejeter les expériences insignifiantes, de por- ter une sage lumière sur les résultats douteux, et surtout de signaler les faits bien constatés, bien prouvés, bien concluants qui doivent apporter dans nos cultures des armes sûres sinon des préservatifs certains contre des accidents aussi funestes (2). D'ailleurs, sous le point de vue théorique, il ne faut pas croire que dans ces études entreprises sur la maladie de la vigne , non-seulement par la Société Linnéenne , mais par une foule de Corps savants , la nullité ou l'incertitude conclusions ôte toute valeur aux prémisses , c’est-à-dire , la série des travaux opérés. La triste apparition du se de la vigne a fait mieux observer, mieux apprécier des faits nombreux qui, sans lui, seraient complètement passés ina- percus ; chimistes , agriculteurs, naturalistes , tous se sont mis à l’œuvre, étudiant sous toutes leurs faces tous les phénomènes produits, multipliant leurs recherches et leurs analyses en raison même des difficultés incessantes qui se (4) Der C. MONTAGNE , extrait d’un rapport, etc , dans Bullet. des séances de la Soc. Imp. et cent. d'agric., 2e sie T. V, p. 585. (2) C. M. DE GuiLov, loc. cit. passim. ( 207 ) renouvelaient à chaque pas. Leurs travaux sont immenses ; aujourd’hui pour beaucoup d'individus, cette constatation de faits divers peut paraître futile ou tout au moins inu- tile, mais qui peut dire que dans un jour, peut-être peu éloigné, cette mème constatation ne servira pas à obtenir la connaissance plus parfaite de phénomènes plus impor- tants, d'organisations plus compliquées que celles de l’Oï- déum Tuckeri, l'élueidation même enfin de quelques-unes des causes qui conservent tous les êtres organisés dans leur constante reproduetion et leur arrangement harmonieux ? ï Le Secrétaire-Rapporteur , . D.' Tu. Cuieneau. L ( 208 ) PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA COMMISSION chargée d'étudier la MALADIE DE LA VIGNE, en 1853 . Séance pu 26 Mar 1853 (Ne 1. Dans sa séance générale du 27 Avril dernier, la Société Linnéenne a formé dans son sein une Commission chargée d’étudier, pendant l’année 1853, la maladie de la vigne dans le département de la Gironde et de continuer ainsi les travaux de la Commission de 1852, . Aux termes du réglement administratif de la Société Linnéenne , son Président‘a composé cette Commission de : D: Th. Cuigneau , et Bouchereau , membre correspondant … la Société. Les trois premiers sont membres de droit. tte Commission S’est réunie pour la première fois, ce jour, 26 Mai; étaient présents : MM. J.-F. Laterrade père, Ch. Des Mou- _lins, Cazenavette, Eug. Lafargue, Petit-Lañtie Bouchereau, V." Rau- lin, De Kercado, D.r Cuigneau M. Lespinasse, en ce moment à Paris pour affaires urgentes, 2 peut assister à la séance M. le Dr T. Desméstis retenu chez Ini par un accident très-grave a chargé M. Lafargue de présenter ses excuses à la raie pour cette absence forcée. Après avoir a. à Ja réunion l’objet s études qui doivent Li ( 209 ) Voceuper, M. le directeur de la Sociêté, président provisoire , invite à procéder au scrutin pour l'élection du Bureau définitif. Nombre de votans : 9; — majorité absolue : 3. M. Laterrade père, obtient 8 voix ; M. Ch. Des Moulins , 1 voix. En conséquence, M. Laterrade père est proclamé président. D’après le refus de l’honorable Directeur, refus motivé sur les oc- cupations extraordinaires que doit lui occasionner cette année la translation projetéeædu Jardin des Plantes, et malgré les instances réitérées de tous les membres de la réunion, il est procédé à un nou- veau scrutin, dont voici le résultat : es Moulins, 7 voix. ; ‘ Voix dre 2. Après un refus de la part de M. Ch. Des Moulins , une nouvelle opération qui donne à M. Bouchereau , 5 voix ; Cazenavette , 1 ,— Raulin, 4 , —Ch. Dés Moi: 1.— Lafargue, 1. Nouveau refus de la part de M. Bouchereau. Quatrième scrutin : M. Cazenavette obtient 3 voix, M. Petit-Lafitte , 2 voix. «MM. Cuigneau , de Kercado , Lafargue, Raulin ; chacun 1 voix. Aucun des deux candidats n’ayant réuni la majorité , une cinquième opération donne pour résultat : MM. . 4 voix, Petit-Lafitte, 2 voix, MM. Lafargue, éros Raulin, chacun 1 voix. , après un scrutin de ballotage entre les deux candidats qui ont obtenu le plus de voix dans les deux précédents : M. Cazenavette obtient 6 voix, M. Petit-Lafitte, 3 voix. ence, M. Cazenavette , acceptant , est proclamé prési- dent de la Commission de la maladie de la vigne pour 1855. La réunion procédant à l’élection d’un secrétaire-rapporteur, les suffrages se répartissent ainsi : MM. Cuigneau. 7 voix, 7 ca Raulin, 1 voix Lafargue, { voix. (210 ) En ti M. Guignen est proclamé sesrétaire-rapporteur de la Commission. Fe ns (président et secrétaire) sont installés dans leurs fonctions par M. Laterrade père. Présidence de M. CAZENAVETTE, président. M. le Président remercie les membres de la géunion de l'honneur qu’ils viennent de lui faire en lui offrant la présidence ; il leur pro- met son concours le plus dévoué et les invite à conserver le zèle dont ils ont déjà fait preuve pour le sujet si important de leurs travaux. * M. le Président donne lecture de l'arrêté pris par la Société Lin- néenne dans sa séance générale du 27 Avril dernier, relatif à la composition de la Commission et à la tenue de ses séances. Cet arrêté est ÿ La Société Re de Bordeaux , au moment où-elle constitue dans son sein une Commission de la maladie de la vigne pour 1853, ARRÊTE : ARTICLE PREMIER. — Les membres de la Société ( honoraires, titu- laires, correspondants) sont seuls susceptibles d’être membres de la Cisnniont Fe ission. ART. 2. — Il est interdit à la Commission de s’adjoindre aucun membre. ART. 5. — Nul ne peut avoir voix délibérative, si ee n’est les membres de la Commission. — Si la Commission jugeait utile d’ap- peler à une dé ses séancés un membre de la Société, il ne pourrait avoir que voix consultative. — S'il s’agissait d’une personne étran- pape à la . elle ne — être entendue qu’à titre de ren- ART. 1. si une personne étrangère à la Société demandait. à assister à Pine des séances de la Commission, l'autorisation ne pourrait lui en être donnée que par un écrit signé du pres ‘du secrétaire et de deux membres de la Commission. ART. 5 — La Commission présentera un . rapport de ses travaux à la Société avant le 1er Janvier 1854. (211) Délibéré en Conseil, le 26 Avril 1853. Adopté en séance générale, le 27 Avril 1853. Le président, Le directeur, Ca. DES MouLixs 5 ° J.-F. LATERRADE père. Le secrétaire général : Le secrétaire du Conseil, Dr EuG. LAFARGUE , Dr TH. CUIGNEAU. COMMUNICATIONS ET DÉPÔTS. M. Ch. Des Moulins remet à la Commission les pièces suivantes, à titre de documents, qui seront déposés aux archives, cons au besoin, et remis aux dépositaires après emploi : 1° Guienne du 25 Janvier 1833. — Lettre de M. Ch. Des Moulins contre la brochure de M. Fléchet. 20 Guienne du 16 Février 1853. — Rapport de M. Noulet. 3° Courrier de la Gironde du 22 Mars 1853. — Lettre de M. Pau- lus Troccon. Due | 4 Trois numéros du Courrier de la Gironde, 25, 24 ct 25 Mars 4853. Articles de M. Guérin-Méneville. 5o Indicateur du 27 Mars 1853. — Article de M. Norbert se extrait de l’Aigle. 6o Fragment de la Gazette de France du 13 Mai 1853, — Lettre de M. le Bo de Rivière. To Guienne du 18 Mai 1853. — Nouvelle maladie de la vigne. — Documents Bartolommei. 80 Guienne du 24 Mai 1853. — Article de M. Ant. St-Marc sur le rapport de 1852. M. Laterrade père dépose au mème titre les journaux suivanis : Agriculture numéros du 7 et du 21 Avril, et 24 Mai derniers. Guienne numéro du 30 Avril 1853. Chacun de ces journaux contient quelques renseignements sur la marche de la maladie de la vigne dans le Maconnais et le Midi de la France. M. Ch. Des Moulins remet encore : : 4° Une lettre de M. le si dé ho tnsion, out celle de 80m _ homme d’affaires ayant trait aux excroissances dore; ceps de vigne dans le Poitou. (2%) 20 Une lettre de M. Barbet Lartigue annonçant l'apparition d’une efflorescence . sur les ceps et les rameaux morts et taillés, de la vigne , à Podensa 3° e lettre \e “ Dupeyra, ro de : Pn des Lan- n 1852; 40 Un paquet d'échantiliôns de vignes du Poito ou, nr par M de Monbadon, le 26 Mars dernier, et . des Galles (vides), des Scterolium nidulans , des Histerium Ces altérations ont déjà été l’objet de travaux et de recherches sous le rapport nr de la part de MM. xs aîné et le Dr Léon Dufour 5° Des sarments de P les bl (non cidium ) reçus par M. bitichere reau. Cette efflorescence blanche a fait craindre à quelques personnes une précocité tout-à-fait anormale dans l'apparition de l’oïdium Tuc- keri : en raison du retentissement que cette nouvelle a eu dans le” public cette production a été examinée scrupuleusement par M. Du- rieu de Maisonneuve, à Paris; une lettre adressée par lui à l’un des membres de la réunion (M. Cuigneau) pige à cé sujet de pré- cieux détails. En voici un extrait : « Cette ee blanche n’est autre one qu’une efflorescence » salin au moins avec cette appa- » rence sur une foule de matières végétales en décomposition, ou » tout au moins privées de vie (c’est lé cas de la vieille écorce des » ceps observés...) On n’a absolument rien: à redouter de cette » substance, au moins comme production envahissante des parties » vivantes et herbacées de la vigne, et surtout du raisin frais... » Il est impossible à qui que ce soit de prévoir déjà si les vignobles » de la Gironde seront ou non frappés de la maladie cette année ; » mais , ce qu’il y a de bien positif, c’est que, s'ils sont attaqués, » ils ne le seront certes pas par le fait de cette production. » 69 Des sarments de la treille oïdiée en 1852, dont les raisins affec- tés ont été présentés à la Commission dans la séance du 31 Juillet ‘dernier. Ces sarments ont été donnés le 6 Mars 1853, à M. Ch. Des mé au moment où ils venaient d’être séparés du tronc. Leur supérieure est morte, Dar verte en dedans ; . vivante, ( 213 ) M. le D' Eug. Lafargue communique à la Commission deux lettres adressées à M. le D.r T. Desmartis par MM. Maurin et Despujols de Preignac. D’après ces renseignements, une efflorescence blanche se serait montrée dans cette localité. L'absence d'échantillons empêche la réunion de formuler une opinion à cet égard M. Bouchereau fait hommage à la Commission d’une brochure de M. Mathias, membre correspondant de la Société Impériale et Cen- trale d'Agriculture, et ayant pour titre : Considérations sur la Mala- die de la Vigne dans le département de la Côte-d'Or. Des remer- ciements sont votés à M. Bouchereau. M. De Kercado dépose aux archives et distribue aux membres présents des exemplaires du rapport fait par M. Bossin à la Société Impériale d'Horticulture de Paris, sur la maladie ré - vigne et son traitement par la pompe Gontier. Le même membre présente à la Commission un des instruments imaginés par M. Gontier Fe le traitement de la maladie de la vigne par l’insuflatio M. De Kercado entre Le des détails nombreux sur cet instru ment et son emploi; il rappelle qu’un rapport des plus honorables et des plus avantageux a été présenté à ce sujet à la Société d’Hor- ticulture de Paris, et que ces inventions ont mérité à leur auteur une des médailles d’or accordées par l'Empereur. La Commission remer- cie M. De Kercado de ses intéressantes communications. M. le Secrétaire est autorisé à faire réclamer à M. Ch. Lutértade 5 secrétaire-rapporteur de la Commission de 1852, les documents, pièces diverses, etc., qui ont servi aux travaux de ladite Commission et à la rédaction de son rapport. DÉCISION ADMINISTRATIVE - Sur la proposition de M. Cuigneau, la Commission renouvelle la décision prise par la précédente Commission dans sa séance du 31 Juillet 1852 et ainsi formulée : * « Pour répondre aux vœux manifestés par de nombreux intéressés, » me est ne pe la Ares publiera dans les journaux quoti- attendant » Ale cac céanppe en a ae , g. Nr du APRES égénéenl de ses travaux. » La ne penpiion de SHRNE E RER il est décidé que le pro ghaîin avtpaît a: Liz 4. k s caractères L LÉ 3 Tour XX. 1 {214 ) distinctifs de l’Erineum vilis, production aussi inoffensive que com mune. La séance est levée et ke Commission décide qu'à l'avenir elle ne se réunira que sur vocation spéciale du secrétaire , et quand le nom- bre ou l'importance des nai sitations l’exigera. Le secrétaire-rapporteur de la Commission , Dr Tu. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 25 Juin 1853 Le president de la Commission , B. CAZENAVETTE. SÉANCE DU 95 JUIN 1853. (No 2): Présidence de M. CAZENAVETTE. Présents : MM. Ch. Des Moulins, Laterrade père, Petit-Lafitte, V7 Raulin, T. Desmartis fils, Lespinassé , Lafargue , et a ET , secrétaire. La séance est ouverte à 11 heures et demie. Le procès-verbal de la séance du 26 Mai est lu et adopté. CORRESPONDANCE. - M. Ch. Des Moulins communique quelques passages d’une lettre que lui adresse M. Daunassans de Toulouse, et dans laquelle sont conseillés l'épamprage et l'effeuillage comme moyens applicailes à la guérison des vignes malades. M. Despujols, de Preignac, écrit à M. Desmartis fils que déjà fe Juin) « dans les grâves, nous avons remarqué plusieurs pieds de Sauvignon, dont la plupart des feuilles sont recouvertes dessus » et dessous d’un duvet blanchâtre en tout pareil à celui de l'an der- » nier... Nos palus, moins avancées que les Graves, n’ont pas en- » core donné signe de maladie ; mais, hélas ! elles ont été cruélle- » ment traitées depuis un mois; les limaces et les limaçons ont dé- » voré la moilié de la récolte et le débordement pin de les » submerger aura probablement perdu le reste. » M. Grangeneuve de. HORS: adresse à Ja Commission des r2- ra meaux de vignes (treilles sur lesquelles il bas l'avis de la Commission. Ces proivctiens (215) 7 attribuées an Coccus vilis et renvoyées à l'examen des membres a Commission entomologique qui feront à cet égard un sise. cr circonstancié DÉPÔTS D'ÉCHANTILLONS DE VIGNES PRÉSUMÉES malades. À propos de quelques échantillons venant du Médoc et de Barsac, une discussion s'élève entre plusieurs membres sur cette question posée par M. Petit-Laflitte : La maladie existe-t-elle déjà ? MM. Cazenavette, Petit-Lafitte, Ch. Des Moulins, Lespinasse et Cuigneau prennent tour à tour la parole. Il résulte des explications fournies que jusqu’à ce jour, d’après les specimens produits, la présence de l’oïdium n’a pas été encore cons- tatée dans le Médoc; quant aux grâves, le mal qui existe est si peu de chose, qu'il faut garder la plus grande réserve à l'égard des dommages que cette présence pourrait occasionner aux vignobles. M. le Secrétaire-Rapporteur est invité, dans l’aperçu de la séance, qui sera ultérieurement imprimé dans les journaux de Bordeaux , à ‘insérer sans exagérations, les faits vrais et constatés , ainsi que les résultats de l'examen microscopique > M. Lespinasse est chargé de faire sur les échantillons produits. COMMUNICATIONS. M. Desmartis fils a exploré les vignobles de Blaye, il y à peu de temps et n’a pas reconnu la présence de l’oïdium Le même membre raconte qu'il existe , à dvi, une treille . mesurant un espace de 20 mètres de longueur sur 4 mètres de lar- geur et fournie par un seul pied de Sauvignon blanc. * En 1852, la partie située au Nord et mesuranit 4 mètres, fut seule oïdiée. - Les 16 autres mètres situés au Sud, ne furent pas attaqués et produisirent environ 200 litres de vin, c’est-à-dire presqu’autant sr la treille toute entière. , À Marcillac, la vigne a aussi été atteinte, mais la portion Est a été plus frappée que l’autre. ques ne” remercie l'honorable membre de son no M Lara père _ ee . de source à certaine que des pets (216 ) M. Petit-Lafltte demande que la Commission se mette en rapport avec quelques-unes des personnes qui, dans le département s’occu- pent avec activité des recherches sur la maladie de la vigne. La Commission adhère à ce vœu et chaque membre est invité à à y donner suite dans l'étendue de ses relations. La séance est levée: à 2 heures. _Le Secrétaire-Rapporteur, Dr TH. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 28 Juillet 1853. ' Le président de la Commission, B. CAZENAVETTE. ADDITION AU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE OÙ 23 JUIN 1853. Résultats de l'examen fait par M. Lespinasse des échantillons de pampres oidiés communiquées à la Commission dans la séance précilée. 1° Pampres de verdot venus de La Barde. — Pas d’oïdium ; — quelques rameaux sont atteints de ce qu’on appelle maladie noire, c’est-à-dire, de petites taches punctiformes, saillantes, charbonneu- ses, nr au ee Vaspect. e productions résineuses , dures, | Ce serait, selon M. Rendu Dr au ininistre de l'instruction), le ‘premier élat des vignes malades et l'indice certain de l'invasion prochaine de l’oidium. 2 Pampres de Merleau (même localité). — Altérés et dévorés par les limaçons , avec quelques filaments douteux à la face inférieure ‘des feuilles 30 Pampres de Gourdoux, {même localité } — - Feuilles attaquées par l’Erineum vilis dans son deuxième état. 4 Grappe de Barsac. — Elle provient probablement du voisinage d’une — der on y trouve opt, sans doute par les re tions vs auel- es- même sont des poils animaux. Capadant au milieu, an reconnaît le mycelium de l’oïdium, mais pas de sporules.… (A7) 50 Pampres de Podensac. — « Je n’ai trouvé, sur la partie infé- rieure des feuilles que les filaments aranéens non cloisonnés , for- mant le mycelium , mais sur les grappes , il n’en a pas été de même ; et au milieu de productions cristallines, qui avaient d’abord attiré mon attention, et qui ne sont autre chose que des raphides ou cris- taux d’oxalate de chaux, renfermés dans certaines cellules végétales, j'ai pu reconnaître de nombreux filaments d’oïdium et un assez grand nombre de sporules, dont deux seulement m'ont paru pédicellées , Mais d’une manière assez obscure , les autres étaient disséminées sans ordre et paraissaient simplement déposées sur les filaments ». à - G. LESPINASSE. SÉANCE DU 21 JUILLET 1853. (Ne 5). ‘Présidencé de M. Cazenavette. La séance est ouverte à midi. Sont présen . Bouchereau, Télè èphe Desmartis, Charles Des Moulins, (trs père, Petit-Lafitte , Vr Raulin, 7 Kercado et Lespinasse. La lecture du procès-verbal de la dernière Séance ne peut avoir lieu, vu l'absence du secrétaire de la Commission , M. Cuigneau qui est remplacé au bureau par M. T. Desmartis. M. Lafargue , secrétaire-général , écrit pour s’excuser de ne pou- ; voir assister à la séance M. Cazenavette FRA sur le bureau des feuilles et des grappes de vigne , entachées d’oïdium et provenant de Pessac. M. Desmartis dé- pose également des pampres de vigne oïdiés qui ont été pris les uns au village de la Forèt commune de Mérignac, les autres à S-Médard- en-Jalle. M. Cazenavette expose les motifs pour lesquels la Commission a été convoquée. M. Ch. Des Moulins est venu lui communiquer une lettre de M. Petit-Lafitte qui lui faisait connaître que l’on ne pouvait plus uter de l'invasion de la maladie dans les vignobles du Médoc. M. Cazenavette lui-même a parcouru Dimanche dernier (17 Juillet), cette contrée j jusqu’à Saint-Julien , et il a malheureusement trouvé beaucoup de pieds oïdiés , même dans les a tait l'existence de la maladie. (218) CORRESPONDANCE. 40 M. Petit-Lafitte communique deux lettres qu'il a reçues au sujet de la maladie de la vigne , la première (1) de M. Delons de Lesparre qui lui annonce qu’à Saint-Estèphe , Aïllan, Vertheuil, Saint-Chris- toly, Saint-Seurin , Civrac et plusieurs autres communes du Bas-Mé- doc , il est des plantiers où les feuilles sont toutes jaunes et comme ictériques. ll évalue à 40 hectares l'étendue de vignes ainsi malades, et il ajoute que l’oïdium s’est déjà montré dans plusieurs endroits environnants. 20 La seconde lettre est de M. Aleaume jeune , jardinier, route de Bayonne, 164, qui a perdu l’an dernier tous les raisins d’un jardin qu'il it affermé et dont il avait pris possession au mois de Septem- bre. M. Aleaume à fait des observations intéressantes que nous croyons devoir rapporter en entier. — 4° « J'ai observé , dit-il, sous » des vignes malades, des violettes sous les feuilles desquelles la » maladie s’était en quelque sorte retranchée , et à d’autres herbes » la même maladie que la vigne, et cela après la chute des feuilles ; » il résulte de cette observation très-importante qu'il faut enlever le » feuillage et les treilles des vignes malades, et qu’il faut tailler » avant la chute des feuilles, afin de pouvoir enlever immédiatement » toutes les parties malades. Je crois ceci très-important , l'observa- » tion suivante en fournit la preuve. 2 J'ai taillé en hiver ; j'ai COns- » taté à la pousse que des sarments qui étaient sains au moment de » la taille , étaient morts par suite de la maladie. Je prétends donc : » que la maladie a continué ses ravages malgré l'hiver ; pour la taille » prochaine , il faudra supprimer entièrement toutes les parties ma- » lades et n ’allonger la vigne que sur les parties entièrement sai- » nes : l'observation qui suit en fait preuve. 3° Sur un pied de vigne » malade, je fus obligé à la taille, de couper tous les coursous , » vu que non-seulement le jeune bois était mort, mais encore les » Coursous eux-mêmes ; je laïssai à l’extrémité du cordon un sarment » assez long qui était vert et qui avaît peu de tracé de maladie afin » de fairé un provin qui puisse remplacer le vieux pied Ce vieux » pied a repoussé € et D — ne V3 pas anus __. le pro- (1) Datée du 12 Juillet 1855. ( 219 } » vin l’a eue tout de suite que la pousse a commencé à paraître. 4° » On à proposé de tailler tard afin d'affaiblir la vigne : là maladie at- » taque indistinctement les ceps faibles et les forts ». De toutes ces observations ; M. : Aleaume conclut qu'il faut tailler la vigne avant la chute de la feuille , enlever immédiatement tous les débris de la taille, supprimer entièrement et sans réserve toutes les ? parties malades , chose qui à notre avis ne paraît pas facile D’après lui, les pieds rabattus ont été atteints les derniers et encore l’ont-ils été d'une manière peu intense 3° M. Bouchereau lit une lettre de M. Cazalis-Allut, de Fronti- gnan, propriétaire du domaine d’Aresquès. M. Cazalis dit qu’en 1852 la maladie à sévi peu sur sa propriété et qu’il fit de bons vins, mais qu'après les vendanges, ses vignobles furent fortement attaqués par dés piqüres d'insectes. Cette année (1853), tout le raisin, excepté le chasselas, est ravagé et entièrement perdn. M. Bouchereau ajoute que dans son domaine de Carbonnieux, les vignes sont attaquées * depuis trois ou quatre jours seulement par l’oïdium, et que déjà presque tous les pieds se trouvent envahis. Les raisins rouges le sont moins que les blancs, et il fait re juer que cette année il y a peu de traces d’oidium sur les feuilles , maïs qu’il semble se développer d’abord sur les grains et à la partie inférieure des grappes, il craint que sa récolte ne soit tout-à-fait perdue ; il fait obsérver aussi que l’an dernier une faible partie de ses vignes seulement était oïdée , et que maintenant, ce sont précisément celles-là qui sont les moins ma- ladés ; il ajoute enfin, qu'après les vendanges dernières, Poïdium a continué ses ravages, ce qui est conforme à ce qu'a déjà dit M. Aleaume et à ce que M. Cazenavette a recueilli d’un observateur du 40 M. Ch. Des Moulins communique une lettre de M. de Kercado relative à la maladie noire et à son envahissement sur les teilles et sur les vignes en plein champ. L'auteur de cette lettre a observé que sur plusieurs pieds attaqués et dont l’extrémité des tiges est morte et: RE des boutons pa se Sssnsra à ces des illes F M. de Kercado dit avoir irrdisise cètte maladie à l’aide du micros- cope et avoir vu qu’elle n’attaque d’abord que l’épiderme sous la forme d’un ulcère qui grandit peu ÿ peu et _— arrêter la sève et faire périr l'extréniié des se wi (220 ) M. de Kercado n’a encore nullement trouvé de trace d’oïdium sur les vignes qui dépendent de son château de Lestonac. 50 Lettre de M. le D" de Lamothe sur ce qu’il a observé dans un vignoble de son domaine d’Ambarès. L'an dernier , la maladie noire frappa presque tous les ceps ; aussi la végétation y fut-elle toujours fort triste et par suite la récolte très-médiocre. La taille de cette pièce de vigne a été très-difficile à cause de la grande quantité de bois mort ou altéré. Dernièrement, M. de Lamothe a trouvé dans les sarments coupés et qui avaient été atteints de la maladie noire, que l'écorce était tout-à-fait noire et ridée, ne tenant presque plus au bois qui ne la remplissait pas. M. de Lamothe ajoute que la pièce de vigne atteinte l'an dernier, présente encore cette année , l’aspect le plus triste par ses pousses languissantes ; et, quoiqu'il ignore si ce mal s’est répandu dans le pays, il certifie néanmoins que tout le monde s’est plaint de la très-grande quantité de ceps entièrement morts depuis l'an dernier. Un des amis de M. de Lamothe qui habite les coteauxau-delà de Castillon, a vu cette année (1833) ses vignes envahies par cette même maladie et surtout les plantes jeunes et les plus vigoureuses. M. de Lamothe a également dit qu'ayant fait enter au printemps de 1852 , des ceps sur le bord de la même pièce avec des sujets pris dans un autre vignoble très-éloigné et où il n'y avait point de maladie, les entes ont poussé en 1853 presque toutes at- teintes de la maladie noire. 60 Lettre de M. l'ambassadeur de Sardaigne remerciant la Société Linnéenne de l'envoi qu’elle lui à fait. L'Académie des Géorgophiles adresse en même temps à la Société les trois mémoires suivants écrits en Italien. 1° Sulla mellatia dell’uva mémoria letta alla R. Accadémia dei géor- gofili nella séduta del 5 settembre 1852 del socio onorario, Cav. prof. Gio. Batt. Amici. 20 Sulle relazione — oidiume delle Erysiphe , etc., memoria _ socio Targioni Tozze - 5° Relazione delle re. finqui praticate, etc. par M. Ridolf. Les deux premiers mémoires sont remis à M. Lespinasse qui est prié d’en faire l'analyse. Quant au troisième , il a déjà été traduit l'an dernier par M. le Dr Cuigneau, et un extrait en a été publié dans n0- tre travail sur la maladie de la v Te Lettre de M. le Vie de Malélèu , écrite di Castel 4 Anselmo près sr ) Livourne , en date du 15 Juin 1853, et adressée à M. le comte de Bony. Voici le passage de cette lettre ayant trait à la maladie qui , en Toscane , frappe si fortement les végétaux. « 40 Cette année, la maladie commence beaucoup plus tôt que l’année dernière et menace d’être beaucoup plus terrible. J'ai vu des bourgeons et des petites grappes déjà complètement desséchés et présentant l’odeur de la maladie; 2° Les vignes dépérissent beau- coup et la végétation après l’année dernière qui a été très-mauvaise, est très-faible. De magnifiques vignes qui recouvraient des arbres entiers sont réduites à deux ou trois branches fort maigres; ce qui me fait craindre d’être obligé de les renouveler dans un temps donné ; 3° on a remarqué .que plus les vignes étaient plantées dans des lieux élevés et moins elles étaient malades. Sur le Poggio delle Sogliole qui est planté de vignes qui ont maintenant 5, 4, et 5 ans, celles du bas présentaient des symptômes de maladies qui diminuaient daus celles du haut , et les vignes de la plaine étaient complètement per- dues , tandis que celle du Campanale étaient presque exemptes de maladie. Du reste, on ne connaît ici aucun reméde. Le plus terrible est que cette maladie semble vouloir s'attaquer à tous les végétaux : les pommes de terre, les pommes et les fèves sont perdues ; heu- reusement, les oliviers en sont encore quitte. Tout ici est dans l'état le plus déplorable. Les pluies qui tombent depuis le mois d’Avril ont développé les mauvaises herbes au point que les céréales en ont été étouffés , et si la pluie qui continue couche les blés, les mauvaises herbes les recouvrant , ils seront complètement perdus ». 8° Lettre de M. Despujol de Preignac, datée du 15 Juillet et adres- sée à M. Télèphe Desmartis. M. Despujol dit que l’oïdium envabit chaque jour ses vignes de plus en plus, et que déjà presque tous les vignobles sont recouverts d’une moisissure blanche à odeur nau- séeuse. Il dit aussi que bien des localités qui jusqu'ici avaient été à l'abri du mal, sont maintenant oïdiées. Ce propriétaire n'ayant pu réussir à détruire la maladie par plusieurs moyens qu’il a employés, M. Desmartis de lui communiquer s'il s’en trouve , quelque pro- cédé meilleur. M. Desmartis Ini a immédiatement répondu qu'il son geait a essayer un nouvel agent et qu'il était prêt à aller à Preignac commencer en grand ses expériences. * COMMUNICATIONS VERBALES, M. Cazenavette rend compte de ce qu’il a observé dans le Médoc; il a parcouru plusieurs communes dont quelques-unes avaient été attaquées l’an dernier , et il a vu sur la pluplart des vignes ancien- nement malades qui lui ont été signalées par quelques personnes, le mycelium en abondance sur les feuilles et sur les grains. Les culti- vateurs qu’il a consultés lui ont tous dit que la vigne était malade comme l’an dernier, et qu’un des beaux domaines de Saint-Julien entr'autres , se trouve envahi par le même mal qu’en 1852, et que l'on ne le remarquerait pas, disent les vignerons , si déjà on n’avait rien vu précédemment. Un seul propriétaire niait l’existence de l’oï- dium chez lui et sur le premier pied que M. le Président a examiné, il a trouvé la moisissure sur le grain mieux caractérisée que partout ailleurs. Les vignobles en général, et à peu d’exceptions près , offraient un aspect languissant , les pousses sont loin d’avoir la vigueur habi- tuelle , il y a beaucoup de Coulure occasionnée par les ravages des limaçons qui ayant mis les mannes à découvert, les ont exposées à ètre brûlées et desséchées par l’ardeur du soleil. Il a remarqué aussi et presque partout un grard nombre de pieds de vigne dont les feuilles sont toutes jaunes et comme chlorotiques. Les paysans du pays disent que ces pieds sont perdus, et M. Cazenavette regrette de n’avoir pas pu savoir si ce dernier état morbide était une consé- quence de l’oïdium de 1852. M. le Président dit encore que ce matin mème il est allé faire une _ excursion du côté de Pessac , et qu'il n’a rien vu de malade dans les Les qui bordent la route et qu’il a pu visiter. Seulement , sur un es domaines importants de cètte contrée, on lui a signalé un coin du, ire où la maladie avait sévi l’année sereine il a visité cette partie et il à trouvé l’oïdium dans tout son dé t; Les pieds sur lesquels il l’a aperçu , végétaient avec : bessrous de: force quoi- qu’ils eussent été fortement frappés en 1852. IL n’a pas vu que l'oï- dium se fut étendu plus que l’année dernière, M. Ch. Des Moulins dit que dans les environs de Montferrand, il et d’Izon, et qu’il n’a trouvé non plus aucune trace de la mucédinée r { 299 ) dévastatrice. D’après les renseignements qu’a reçu M. le Directeur de la Société , la partie du département située entre nos deux fleu- ves n'aurait pas d’oïdium. M. le Président montre à la Commission des feuilles de vigne auxquelles il ne reste guère plus que les nervu- res et qui ont été ainsi dévorées par les larves d’Altica oleracea qui les recouvrent encore , et qu’il a apportées du Médoc où on lui a dit que sur une propriété il y a plus de six journaux de vignes ainsi ravagés par ces larves. M. le Comte de Kercado a observé qu’à son domaine de Lestonnac, ilest un vingtième de ses vignes attaqué par la maladie noire. M. Bouchereau a remarqué à Carbonnieux que, cette année, la ma- ladie noire n’a que très peu attaqué ses vignobles ; on dirait que l’oï- dium tient à se montrer seul. M. Desmartis a observé, l’année des nière , le même fait. M. Ch. Des Moulins établit la différence entre les deux se mor- bides de la vigne qui portent le nom de maladie noire. — La ma que nous avons appelé noire , à Bordeaux, dit M. Ch. Des _ et q ignea e mienx encore sous le nom de Carie noire, est cette ulcération de l’écorce du sarment vert et du pétiole encore vert ou de la rafle, qui est d’abord brune , puis noire , et qui forme des creux rugueux à l'intérieur dans la substance qu’elle attaque et qui accompagnent le fendillement des grains, et à la sortie du pepin. Ce mal est souvent concomitant de la vraie carie noire du sarment de la rafle et du pétiole ; mais ce n’est pas la même chose, et Le Stat nor maladie sé connue. I dociens au contraire, est celle dont parle le rapport de M. Rendu: c'est une toute au- ire chose que notre maladie noire, C’est ce que lon a appelé au Congrès scientifique d'Orléans, induration brune : elle commence par de petits points rugueux , bruns, sur le grain de raisin où sur le sarment. Ces petits points grossissent , deviennent confluents et d'un brun foncé presque noir, formant tache el épaississement , mais non Pas ulcère. 1 n’y a pas de creusement ni de destruction de substance D no M. Desmartis fait un rapport sur deux articles des bulletins dé a ( 224 ) Société d'Horticulture de la Seine (ne d'Avril 4855). Dans le premier de ces articles, M. Rochefort d’Availlon dit avoir essayé une solution de sulfate de fer et un autre soluté de sous-carbonate de potasse ou sel de tartre pour détruire l’oïdium , mais il paraît que l’action de ces liquides aurait complètement détruit le raisin. Mais des aspersions faites avec un liquide contenant 125 grammes de potasse de ménage pour 12 litres d’eau, auraient très-bien détruit l'oïdium ;-et, deux aspersions faites à quinze jours de distance, au- raient débarrassé de ce cruel fléau e second article, M. Étienne Gentil, jardinier en chef au château Se Ce aurait Fees employé contre l’oïdium 10 le seringage avec de l’eau tous les soirs; 2 la suppression de la grappe ; 5° la taille PR Pat à deux époques , Juillet et fin d’Août, mais à mesure que les jeunes bourgeons se développaient, ils étaient envahis par le champignon ; 4° la chaux éteinte, etc. — Ce jardinier n’a pas employé le soufre parce que, dit-il , celle substance lui ré- pugnait ; mais une pâte semi-liquide faite avec de l’eau et de la cendre et dont il barbouillait foutes les grappes d’une treille aurait fait disparaître l’oïdium. M. Desmartis ajoute, que l’an dernier, M. Despujol de Preignae, lui dit qu'ayant saupoudré des pieds de vigne avec de la cendre, il avait nm sh disparaitre l’oïdium partout où il avait mis cette Jui a plus réussi. M. Des pujol sis également alors Ssupbedrdent avec le soufre mais } Sois: | DER . n “he ont agi commeun rstrbmslant ete par suite de leur serièns: corrosive, mais qu’elle n’a été nullement neutralisante. Il faudrait done, dit M. Desmartis une substance qui modifie l’oïdium et l'endroit où il se trouve , de manière à détruire la mucédinée et à rendre son stratum inapte à se recouvrir de moisissure. Eh bien! ajoute-t-il, il est des substances sur lesquelles, non-seulement il ne se développe jamais de mucédinées , maïs qui encore , mises à des doses presque hom®æo- pathiques avec des matières qui se recouvrent le plus facilement de moisissures , leur donnent la propriété de ne plus avoir sur elles de développements cryptogamiques. Les différentes combinaisons mer- Chrielles, comme pa prouvé M. Dutrochet, empêchent toujours le développement des mucors, le mercure métallique cependant ne (925) l'empêche pas plus que le sulfure de mercure ; mais on peut se ren- dre compte de cela parce que ce sulfure est plutôt un mélange qu’une combinaison. M. Desmartis a fait -des expériences à ce sujet, et il a toujours réussi à faire disparaître les mucédinées par les combinaisons de mercure et à empêcher pour toujours leur développement. Des branches et des grappes de vigne recouvertes d’oïdium , et la- vées avec une solution mereurielle, ont été débarrassées de ce mal et même du mycelium cryptogamique, tandis que d’autres branches lavées avec de l'eau simple, se sont recouvertes au bout de peu de jours, d’une sorte de moisissure , il se propose donc d’expérimenter en grand et sous différentes formes, les préparations dont il vient de parler. Il songe à les employer en lotion sur les branches et sur les grappes, en arrosement au pied, en fnmigation, en tnoculalion, pour que la sève charrie le sel mercuriel dans tout le végétal. Il se propose encore d’essayer de combiner le remède à une matière glu- tineusé ou graisseuse pour en recouvrir les parties malades. M Desmartis a écrit à M. Despujol, de Preignac, qu’il était prèt à aller expérimenter chez lui ce nouveau moyen qu’il ne lui a pour- tant pas fait connaître. La Commission remercie M Desmartis de sa communication , bien que plusieurs membres émettent des craintes sérieuses sur l'emploi du moyen (préparation mercurielle) qu’il indique. ë M. De Kercado lit un rapport analytique sur l’ouvrage de M. Payen, intitulé : Maladie des pommes terre, des betteraves, des blés et des vignes. La séance est levée à 3 heures. Pour le Secrétaire Rapporteur, Dr TÉLÈPHE P. DESMARTIS. Lu et adopté dans la séance du 28 Jnillet 1853. Le Président de la Commission , B_ CAZENAVETTE. “ { 296 } SÉANCE DU 28 JUILLET 1853. (No 4). Présidence de M. CAZENAVETTIE. Présents : MM. Bouchereau, Ch. Des Moulins, De Kercado , Later- rade père , Lespinasse , Petit-Lafitte, Raulin, et Cuigneau , secrétaire. M. Lafargue, ze l'organe de M. Laterrade , prie ses collègues d’ex- cuser son absence Le RATER de la dernière séance est lu et adopté. Celui de la séance du 25 Juin est lu et adopté. CORRESPONDANCE M. Petit-Lafitte communique une lettre de M. le D' Sébileau, de Saint-Martin, près Blaye (25 Juillet 4853). Il signale l'apparition de l’Oïdium dans cette localité et ajoute : « Ce qui nous déroute com-- » plètement, c’est la santé apparente des ceps. Tous sont beaux et » vigoureux jusqu’à l’exubérance, car, je n’en ai vu que fort peu où » le bois parut malade; le feuillage ou le raisin seul est atteint du » moins jusqu'ici, Tous les cépages paraissent l’être également, le: » blanc comme le rouge , le Muscat, la Chalosse, comme le Teintu- » rier et le Merlot qui forment la base de nos vignobles ». Le même membre lit une lettre de M. l'abbé Buchou (28 Juillet), annonçant que depuis le 25, l'oïdium a paru dans les vignes de V'É- tablissement des Orphelins qu’il dirige et quep un ou deux jours, tous les vignobles ont été envahis. £ Le même membre a reçu une lettre de M. Delocque , maire d'Eÿ- nesse (canton de Sainte-Foy), qui lui signale l'invasion du fléau depuis le 23 ou 24 Juillet. M. Petit-Lafitte ajoute qu'en sa qualité de Professeur d’Agricul- ture , il a écrit officiellement à M. le Préfet de la Gironde pour l'é- clairer sur l’état des vignes du département et solliciter de lui la formation d’une Commission spéciale chargée d'étudier la marche et les symptômes de la maladie, M. Petit-Lafitte a saisi cette occasion de rappeler à M. le Préfet les travaux auxquels se livre à ce sujet la Société Linnéenne. M. Ch. Des Moulins remet sur le bureau des échantillons de raisins oïdiés venant de Latresne. Il a visité les vignes de Floirac, qui, ai qu'à ce + ne présentent rien d’anormal. asie membre com- (227 munique une lettre de M, le D: L. De Lamothe, dans laquelle celüi- ci s'engage à donner à la Commission tous lés détails qui seraient de nature à l’intéresser ou à l’éclairer dans ses études Le même membre adresse aux archives de la Commission les deux numéros de La Guienne du 25 et 26 Juillet. Le dernier renferme un article de M. J. Dupuy sur la maladie de la vigne dans la Gironde et la traduction d’un article publié en 1852 par M. E. Tucker dans le Gardner's chronicle sur les mucédinées parasites de beaucoup de végétaux. M. J.-F. Laterrade père dépose aussi le numéro de Juin des An- nales de la Société Impériale d'Horticulture de Paris. Ce numéro ren- ferme une lettre de M. le Dr Montagne, dans laquelle ce savant ob- servateur annonce que ses recherches lui ont donné la conviction, _ comme à MM. Decaisne et Leveillé, que les filaments mycéliques de FN sont tout-à-fait Ro “a ne noms point entre les pour sortir ensuite par les stomates. M. Cuigneau on Léfadtition de l’oïdium : A Bordeaux ; A Blanquefort , chez M. J. B. C .… et M. Courrejeoles, etc. A Sainte-Croix-du-Mont, Fee M. Lafon ; À Sauternes (Baumes), chez M. Mayé; A Bègles, dans la propriété du Petit-Séminaire ; À Montferrant ( Palus ); les échantillons ont été envoyés par M. de Chalus. ri Le même membre communique une lettre de M. le Dr Léveillé (de Paris), dans laquelle ce savant expose que d’après ses expériences , il est arrivé à conclure que l’oïdium se reproduit non-seulement par la dissémination des spores, mais aussi par le développement de frag- ments du mycelium , mis dans des circonstances spéciales de chaleur et d'humidité. M. Bouchereau donne des détails sur les observations js ‘il a faites sur la marche de la maladie. A Léognan , à Saint-Morillon , les Graves sont ho attaquées que: les autres terrains, les raisins blancs sont plus frappés que les rou- ges; le cépage appelé Enrageat paraît résister davantage; dans l'Entre-deux-Mers, au contraire, les cépages mnsidipse le plus PJ (2928 ) M. T. Desmartis fils a reçu une lettre de son oncle, notaire à Mon- ségur, lequel a essayé de traiter la vigne malade par un mélange de fleur de soufre et d’huile de noix; mais le correspondant ajoute que ce moyen n’a pas réussi. M. Penot des Graves, de Saint-Loubès, a écrit au même membre pour lui annoncer la réapparition de la mucédinée, attaquant indis— tinctement tous les cépages , surtout les pieds les plus vigoureux, et plus considérable dans les palus humides. Il résulte des observations faites à Saint-Médard , au village de La She (Mérignac) que l’oïdium s’y est montré et a frappé d’abord les eds préservés l’année dernière Preignac ( 26 Juillet }, on a essayé sans succès la chaux en poudre. La venue de l’oïdium a été précédée dans cette localité de brouillards ayant une odeur de moisissure bien caractérisée. “: Les cépages frappés sont : te Blancs). Muscadet, Prueras , Sauvignon, Blanc Verdet ; (C. Rouges). Grosse vidure , Cruchinet, Arribet. Le Sémilion est très-peu atteint. .… Les vignes auxquelles on a donné très ee de façons, dit M. Des- à pujols, sont moins malades, À Saint-Loubès (27 Juillet), les cépages Jurançon ; Merlot , sont fortement atteints. Le Mancin, l'Isabelle, sont intacts jusqu'ici. M. Desmartis ajoute à toutes les observations précédentes qu'il pense que la vigne à besoin auprès d'elle , de quelques plantes amies qui exercent sur elle une influence salutaire, probablement par les sa Es we elles renferment | DÉCISIONS. Sur là sopsss de M. dvttbeséeis la Commission adopte les résolutions suivantes : 1° Réunion sans nee en des TR de la Com- mission , tous les Jeudis, à ls - pe grue dans _ — non rene procès-verbaux , mais éance ; ( ceux des dernières Séanedk : 21 et 28 Juillet sébont publiés simultanément) ; 3° Les membres sont invités ; et M. Bouchereau en particulier, à étudier les propositions que la Commission devra faire à M. le Préfet, à l'effet d'organiser les recherches que nécessite l'étude de la vigne { 299 } dans la Gironde, de centraliser les travaux , et d'éclairer la question par tous les moyens possibles. Les propositions seront discutées dans la prochaine séance. PUBLICATION DE DOCUMENTS. M. Ch. Des Moulins , en communiquant à la Commissiofÿ le numéro , de La Guienne du 26 Juillet, fait observer que l’article de M. Tucker dont ce journal renferme la traduction et la lettre dont il est fait men- tion dans le préambule, lui ont été remises pour être présentées à la Commission par M. Gaschet, propriétaire à Martillac, et membre de la Commission de 1852. M. Ch. Des Moulins est chargé de remercier M. Gaschet de ses intéressantes communications. Ces deux documents sont destinés à propager cette observation du savant jardinier de Margate que l’oidium ne tue pas la vigne; ils étaient en outre accompagnés de dessins au trait dans le numéro du Gardner's chronicle et d’une peinture de M. Tugker lui-même , envoyée avec etre: Vu l'importance de ces documents , l'utilité qu'ils présentent, la Commission décide, sur la proposition de Ch. Des Moulins, qu’ils seront {texte et figures) dès ce moment imprimés à part et tirés à un nombre considérable d'exemplaires pour être mis sous les yeux des intéressés. La Commission soumettra cette décision à la Société Linnéenne ( en assemblée générale ), en observant qu’on joindrait aux dessins anglais la représentation de l’oïdium actuellement observé dans la, sironde , et faite par notre collègue M. G. Lespinasse, à un grossis- sement de six cents diamètres. Le Secrétaire-Rapporteur de la Commission, Dr. TH. CUIGNEAU. Lù et adopté dans la séance du 4 Août 1853. Le Président de la Commission, B. CAZENAVETTE. Tome XX. 16 C2 ( 230 ) SÉANCE DU 4 AOÛT 1855. ( No 5.) Présidence de M. B. CAZENAVETTE, Présents : MM. Bouchereau , Ch. Des Moulins, de Kercado, Lafargue , Raulin, Petit-Lafitte, et Cuigneau , secrétaire. M. Laterfade père , retenu par le concours des Élèves de Botani- que écrit pour s’excuser de ne pas assister à la séance. M. T. Desmartis s'excuse également de ne pouvoir s’y trouver. Le Procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Sur la demande de M. Bouchereau, les procès-verbaux des deux dernières séances seront distribués dès ce soir aux journaux de la Sur la proposition de M. Ch. Des Moulins et l’apport qu’il fait du compte demandé par le lithographe pour le tirage à mille exemplai- res des planches qui doivent accompagner les lettres de M. Tucker, compte évalué à 58 fr. et accepté par le Trésorier de la Société , la Commission autorise ce tirage ainsi que l'impression du préambule de cette publication, lequel préambule est lu et adopté en séance. On remarque, sur le bureau, des échantillons de. raïsins oïdiés venant des localités suivantes : Bordeaux, Cubzac, Saint -Selve, Cambes , Fronsac , Margaux ; CORRESPONDANCE. M. Laterrade père écrit pour annoncer que, dans une visite faite par lui à la Pépinière , M. Jaumard Jui a fait voir aujourd’hui que quelques raisins oïdiés, sans que l’on ait fait usage d’aucun traitement. M. Laterrade pense, d’après cela, que la persis- tance des chaleurs amoïindrirait le dommage de nos vignobles. M. Ch. Des Moulins ajoute qu’à Floirac , l'oïdium est stationnaire. M. Bouchereau observe que les raisins oïdiés les premiers ont suivi les périodes ordinaires de la maladie, et par conséquent sont aujourd’hui dans un état affreux ; que sans doute, depuis l'invasion, | il y a eu de nouveaux raisins attaqués; mais sur ces derniers, le mal paraît moins sérieux. A la suite de ces intéressantes Mie. une discussion s'élève pour savoir s’il en est de l’oïdium comme de beaucoup d’épi- démies, c’est-à-dire , s’il frappe d’abord largement et sur une vaste (251 ) échelle, et si-ses attaques se disséminent çà et là, mais avec d'autant moins de force que l’on s'éloigne du moment de l'invasion ? ou bien, si l’oïdium serait par lui-même aussi grave à toutes les époques et s’il n’y aurait pas de différence produite dans les résul- tats par l’âge ou l’espèce des raisins attaqués ? Cette discussiou qui ne peut être actuellement parfaitement élu- cidée , sera reprise ultérieurement. M. Ch Des Moulins lit une lettre de M. le Dr Bertini, de Turin’, en cmt _— RÉ à ju Société Linnéenne de l’envoi des ribution qu’il en a faite. M. Bertini ajouté: : « L’oïdium qui garisiait vouloir ééergue nos vignobles , a » reparu au commencement de Juillet, Une course faite dans les » provinces de Pignerol et de Saluces, ces jours derniers, m'a » convaineu de cette triste vérité. Pendant un séjour d'une semaine » dans ces régions, j’ai eu lieu d'observer les progrès rapides de » l’oïdium, contre lequel aucun des remèdes proposés jusqu'à ce » jour p’a été utile. Il en est de même dans le reste de l'Italie conti- » nentale et insulaire d’après les rapports RE nous recevons jour- » nellement ». M. Bouchereau mentionne à ce sujet, d’après un journal, qu'à Madère, la récolte est regardée comme tellement perdue, que les vignerons ont demandé au Gouvernement français l'autorisation d’émigrer en Algérie. M. Lafargue lit une lettre de M. Zédé 36 (de Margaux }. Il yest indi- qué que tous les cépages ( carmenet, sauvignon, merlot, malbec, verdot } sont indistinctement atteints. La mème observation se fait - Sur les terrains : sablonneux, bas et humides, $ecs et aérés , argileux , graves et cailloutés. Le même membre dépose aussi des échantillons de muscat de treille et malbec de côte , couverts d’oidium. Ils viennent du domaine de Lacoste (commune de Fronsac ) et sont adressés par M. Noguey. M. Cuigneau communique des échantillons oïdiés venant de Cubzac et une lettre de M. Mallac , maire de cette commune. M. Mallac si- gnale dans l'invasion de la maladie plusieurs bizarreries , telles que ‘le ep produit sur des treilles situées au sommet du coteau et ex au S. et à l'E. ; l'invasion presque générale de certains do- {De Kercado) alors que dans des propriétés voisines , identi- quement: et complantées en de de — er À | 232 ) peu près, le mal est loin d’être aussi considérable. IL en est mème qui sont presque préservées. A l'appui de cette lecture, M. De Ker- cado lit une lettre de M. Tinturier , homme d’affaires de M. le comte Alfred de Kercado, à Cubzac , qui fournit des détails analogues. M Cazenavette fait part d’une lettre de M. Testas, de Bordeaux, annonçant que loïdium a été reconnu sur des vignes situées dans le jardin de M. Sompeyrat , rue Fondaudège, 184. Notre honorable Président s’y est transporté avec M. T. Desmartis fils. Ils ont trouvé que les raisins étaient fortement oïdiés : on leur a dit que l’an dernier, il y avait dans ce jardin des pieds de plantain, qui s'étaient recouverts d’une couche farineuse blanchâtre , attribuée à l'oïdium | M. Bouchereau se rappelle, en effet, avoir visité en 1852, les mêmes treilles au mois d’Août ; mais à cette époque, l’oïdium avait diminué sur la vigne , tandis ee les feuilles de plantain étaient blan- hes , comme on l’a mention : Chez lui, à Carbonnieux , des pods. de melilotus sont attaqués de Ja même façon. M. Ch. Des Moulins ajoute que dans une communication déjà a ancien- ne, M. Durieu mentionnait uu fait analogue observé chez lui à Paris. Il y a deux ans, la vigne fut fortement oïdiée ; l’an dernier, on put cueillir et manger quelques raisins, mais par contre , toutes les petites herbes étaient couvertes de mucédinées diverses. Cette année, au contraire, la vigne y est devenue très-malade. M. Ch. Des Moulins dépose aux archives, un numéro de La Guienne, contenant l’iadication d’un nouveau remède. COMMUNICATIONS VERBALES. L Petit-Lafitte a examiné les vignes de M. Buchou; le lavage à eau de chaux paraît avoir produit de bons résultats. Le même Bec a observé dans cette même culture , que le côté Ouest est moins attaqué cette année. C’était le contraire en 1832. D’après M. de Kercado , à Canéjean et Léognan, le mal a fait depuis 15 jours de très-grands progrès. Il mentionne aussi que dans cet espace de temps, une vingtaine de pieds atteints de là maladie noire sont, dit-on, morts. Ce fait qu’il n’a pu vérifier , soulève des doutes nombreux, l'influence de l’oïdium comme cause de lité des ceps n'étant nullement prouvée aux yeux des membres de e Ba Commission. 933 ) M. Bouchereau rappelle d’ailleurs que parmi les nombreux cépages de vignes que l’on cultive, il en est de plus ou moins délicats, dont la longévité par conséquent varie, et que très-souvent la mort d’un pied doit être attribuée à toute autre cause qu’à la fatale mucédinée. MOYENS CURATIFS. M. de Kercado annonce qu'il a, concurremment avec M. Ramey père , employé (31 Juillet ) le procédé Gontier sur une treille oïdiée et que jusqu'ici, le traitement a parfaitement réussi. Chez M. Pesca- tore , à La Barde , ce moyen à été trouvé supérieur à l'emploi de l’hydrosulfate de chaux. . Ch. Des Moulins apprend que M. de Bonneval à essayé sur sa vigne un traitement nt era dont les résultats seront commu- niqués à la Commission. .. La Société Linnéenne a envoyé à la Commission le n.° des pre- mier et deuxième para des er de la Société d’Agricul- ture de là Gironde. Ce n e un long mémoire de M. de La Vergne sur la maladie de la vigne. Ce travail, qui est la critique sévère du Compte-rendu de la Commission de 1852, renferme l’indi- cation d’un procédé pour le traitement de l’oïdium. Il consiste dans le mélange de la fleur de soufre avec le coltar qu’on a l'habitude d'employer pour la conservation des échalas. : RAPPORT, . La Commission entomologique avait été saisie de l’examen des productions trouvées sur les vignes de M. Grangeneuve , à Bordeaux. Ainsi que le _—. le eg Ju ne la séance de ce jour, il a été reconnu par elles sont le résultat de la présence de Coccus vilis (Fabricius ). Des remerciments sont votés à la Commission entomologique {pour son intéressante com munication. DISCUSSION. M. Boychereau rappelle que si la maladie est connue dns son mode parition et dans ses résultats, il n’en est pas de même quant à la durée de son invasion. En d’autres termes, la préoccu- pation actuelle des viticulteurs est celle-ci; à savoir, s’il est es démontré que l'oïdium n’attaque que la récolte de l'année; _ Si la maladie envahit plusieurs récoltes successives ; eg ( 234) Si un vignoble , atteint une année , peut être préservé l’année sui- Ces diverses questions qui ne peuvent être résolues que par suite d’investigations et de documents officiels, recueillis non-seulement dans le département, mais encore dans le reste de la France et à l'étranger , ne peuvent être fournis que par l'autorité supérieure. A ce sujet, M. Ch. Des Monlins donne lecture de deux lettres qu’a reçues le Président de la Sogiété Linnéenne de M. le Préfet de la Gironde et dans lesquelles cet honorable fonctionnaire réclame de la Commission un rapport sur l’état actuel des Lime et sur les atta- ques de l’oidium cette année. Vu l'urgence , la Commission charge M. le Secrétaire-Rapporteur de rédiger ce travail dans le plus bref délai, et d’y insérer la de- qui intéressent à un si haut degré la situation actuelle et surtout l'avenir de la viticulture de la Gironde. : Après délibération, la Commission décide que la lecture de ce rapport, sera faite Dimanche prochain, chez M. Bouchereau, à Car- bonnieux. La séance est levée à 3 heures. Le de la Commission , D. TH. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 11 Août 1853. . s - Le Président de la Commission : - É B. CAZENAVETTE. SÉANCE DU 11 AOUT 1853. (No 6.) Présidence de M. B. CAZENAVETTE. Présents : MM. Bouchereau , T. Desmartis fils, Ch. Des Moulins, Lafargue , Laterrade père; Cuigneau secrétaire. . _M. Petit-Lafitte ayant été appelé à Paris pour affaires urgentes , M. de Kercado à Vichy, et M. Raulin en tournée de Fatuké , se font excuser de ne pouvoir assister à la séance. Le procès-verbal de la dernière séance (4 Aoùt) est lu et adopté. M. le Président fait la relation de la réunion extraordinaire de la ( 235 ) Commission le Dimanche, 7 Août, à Carbonnieux. Il mentionne l’ac- cueil plein de délicatesse et de bienveillance que le propriétaire a fait à ses collègues. Tous les membres s'associent à ces éloges mérités. La Commission dans l'exploration qu’elle a faite des vignes de M. Bouchereau à signalé les faits suivants 1° Les cépages blancs sont plus fortement attaqués que les rouges. 20 Certains cépages paraissent complètement rebelles aux végéta- tions cryptogamiques ; tel est l’Isabelle , sur les immenses feuilles de laquelle on ne découvre pas même vestige d’Erineum 3° Le passage libre de l’air au travers des pampres a paru favori- ser la propagation de la maladie. Ainsi la Commission a vu une pièce de vigne qui n’a été relevée que fort tard, et en moins de deux jours, cette pièce, qui jusques-là était demeurée intacte, a été envahie ne par l’oïdium. ; M. le Président ajoute qu'après “un repas splendide offert par M. ss la Commission a entendu et approuvé le Rapport demandé par M. le Préfet. M. Cuigneau complète ces détails, en mentionnant qu’il y a à Car- bonnieux une treille de Muscadelle, remarquable par la couleur blan- che et farineuse qu’ont prises les grappes, les deux faces des feuilles et mème le jeune bois. as Ce cépage d’ailleurs , suivant l'observation de M, Lafargue , paraît être très-facilement attaquable par loïdium ; même dans la variété rouge , il se distingue des autres par un degré plus avancé de la ma- ladie M. Cuigneau ajoute que sur certaines feuilles, la couche oïdienne est tellement abondante qu’elle s'envole par la plus légère impulsion, sous forme de poussière blanche parfaitement visible à l’œil nu. Sur un cépage tardif et remarquable par le volume énorme de ses pro- duits, le Raisin de la terre promise , les fleurs et mème les boutons sont aujourd’hui (7 Août) couverts d’oïdium. Enfin les cépages du Midi sont surtout frappés à la maladie (carie) noire; chez quelques- uns , il y a même coïncidence de cette altération et de l’oïdium. M. Ch. Des Moulins rend compte d’une exploration qu'il a faite Lvsdi (8 Août) dans les vignobles de Vayres. I signale spécialement nm ; propagation atteint simultanément plusieurs vignobles de la mème Li { 236 ) localité dans diverses expositions , sans que l’on puisse attribuer ce développement à une communication de proche en proche. Ce mème jour, M. Ch. Des Moulins a reçu de M. le Préfet une lettre annonçant que la Commission serait reçue le lendemain par ce fonctionnaire. En conségnence , MM. Ch. Des Moulins, Cazenavette, Boucherèau, Desmartis fils, Lafargue et Cuigneau ont eu l'honneur d’être intro— duits Mardi, 9 Août, à Midi, dans le cabinet de M. le Préfet. M. le Président de la Société Linnéenne lui a remis une lettre et le rapport que ce magistrat avait ar > la ion. M. Re Préfet a accueilli avec la pl ts, s’est entretenu avec le plis vif intérêt de la grave Question: qui nous est soumise et a attaché une importance singulière à la demande faite par la Commission que le Gouvernement intervienne officiellement dans la constatation et l’étude du fl M. Ch. Des Moulins a donné lecture à M. le Préfet du document suivant, qui Se trouve dans le Dictionnaire œconomique de M. De La Marre, 1767 : « IV. — Depuis environ quarante ans, les vignes d’Autriche sont » attaquées d’un mal épidémique, nommé dans le pays Gabler (ou » Fourchu). Cette maladie attaque indifféremment , et sans distinc- » tion de terroir , les vieux et les jeunes seps (sic.). Dans le temps » que la vigne commence à pousser, on s’aperçoit que les seps doi- » vent devenir fourchus : ils font la fourche, les sarments semblent _» se raccourcir, et les feuilles se froncent et se rident. Ils portent » ainsi, pendant trois ou quatre ans ; mais ils donnent moins que » les autres; et leur grappe est moins grosse et le grain plus pe- _» tit. Tout va en dégénérant d'année en année; jusqu'à ce que le » feuillage se flétrisse tout-à-fait, et que les sarments viennent à » rien et se dessèchent. On n’a pas encore trouvé (que je sache), » de remède à ce mal. Nombre de propriétaires ont crn n’avoir » d'autre ressource que d’arracher ces vignes, et ÿ substituer du » blé, qui est bien venu. Le froid, le chaud, le sec et l'humide, » qualités accidentelles, qui, d'ailleurs influent si sa rene » sur les vignes, paraissent med ie rues ns us e æconomique » nouvelle édition, par M. De La Marre, in-P, sr 1767, T: un, » p. 789, 2e colonne. » (237 } Le soir du mème jour, M. le Préfet adressait à M. le Président de *. la Société Linnéenne , une nouvelle lettre dans laquelle il lui an- nonçait avoir lu avec intérêt le Rapport de la Commission et deman- dait qu'il lui en fût adressé un extrait destiné à être inséré dans la feuille du Dimanche. M. le Secrétaire-Rapporteur de la Commission a été chargé de ce travail, et dès le lendemain, cet extrait était remis à M. le Préfet. M Ch. Des Moulins soumet à la Commission une autre lettre de M. le Préfet (2e division de la Préfecture) demandant à la réunion son avis sur les deux pièces suivantes : 1° Lettre de M. Mallac, maire de Cubzac, à M. le Préfet de la Gironde ; 20 A du même à ses administrés. M. Mallic sollicite M. le Préfet de prescrire l’application du pro- . cédé Gontier, comme traitement de la maladie de la vigne, au même titre que l’échenillage. M Ch. Des Moulins pense que comme on ne peut affirmer abso- lument le succès obtenu par l’insufflation du soufre, comme ce moyen serait dans les grands vignobles de la Gironde d’une exécu- tion parfois très-difficile , il n’y a pas lieu d’en commander, mais seulement d’en conseiller l'emploi. Tous les membres de la réunion se rangent à cet avis, et M. le Président de la Société Linnéenne est chargé de répondre en ce sens à M. le Préfet. CORRESPONDANCE ET DÉPÔTS. 1° Lettre de M. le Préfet de la Gironde à M. Cazenavette. Ce fonctionnaire annonce qu'il a soumis à M. le Ministre de l’Agricul- ture les mesures proposées dans le rapport de la Commission. 20 M. Ch. Des Moulins remet aux archives de la Commission deux numéros de La Guienne, contenant l’un (10 Août) l'indication de quelques faits.ayant trait à la maladie re la RE l’autre (6 Août), le compte-rendu de la séance du 28 Jui 5 Lettre de M. Petit-Lafitte au secrétaire de la Commission. L'honorable membre a parcouru le Bazadais, la maladie y est géné- rale ; la lettre est accompagnée d'échantillons de raisins oïdiés pris à Langon, et de branches de Prunus spinosa couvertes d'un myce- 4 lium d’une espèce indéterminée. pi à ( 238 ) 4 Lettre de M. Ch. Laterrade. Il annonce avoir. observé l’oïdium à Bordeaux, chez M. Sompey- rat, rue Fondaudège; à Caudéran, près chez M. Cutler ; à Bègles, chez M. le D.r Abadie; à la Souyes , Chez M. Lambert ; à Rions, chez M. Bordes. Dans cette dernière localité, en 1851 , il y avait deux ou trois pieds atteints; en 1852, une cinquantaine ; Me de vingt à vingt-cinq mille. M. le Secrétaire est chargé de remercier M. Laterrade de ses inté- ressantes Communications. 3.0 Lettre adressée à M. Ch. Des Moulins par M. Jullien Crosnier, membre correspondant de la Société Linnéenne , directeur du Jardin des Plantes et vice-Président d’Horticulture d'Orléans. « Les treilles » des environs d'Orléans, dit M. Crosnier , sont attaquées aussi forte- « ment que l’an dernier ». Il indique l’apparition de la maladie dans le Blaisois , à Beaugency, et ajoute : « Dans notre dernière séance » ( de la Société d’Horticulture ), un de nos horticulteurs a annoncé » qu’il avait préservé ses treilles en les enfumant avec du goudron, » Voici comment il opère : il place du goudron dans un chaudron, » y met le feu à l’aide d’un petit fagot de paille et place sous ses » treilles ce chaudron enftlammé dont l’épaisse fumée qui se dégage » du goudron brülant, se projette sur toutes les treilles et les enfume. » Il dit avoir détruit la maladie de ses es À ce procédé. En » somme , il doit l’expérimenter chez M. Che , Premier Avocat- » général et Secrétaire-général de la ads à nie dont les » beaux cordons de treilles sont perdus sur une étendue consi- » dérable ». 6. M. Laterrade père dépose aux archives le n.° de Juillet des Annales de la Société Impériale d'Horticulture de Paris , renfer- mant une note de M. Cappe et des observations de M. Gontier sur la maladie de la vigne. 7.0 M. de Bonneval, adresse à la Commission , par l'intermédiaire de M. Ch. Des Moulins, la première partie d’un Mémoire sur le traitement de la maladie de la vigne par l’inoculation de l'oidium. M. Desmartis fils revendique la priorité pour l’idée d’ Dans la séance du 21 Juillet. En effet, ce membre a exprimé l’inten- tion be avait d'employer des solutions mercurielles en lotions ; arrosages , fumigations , onctions et inoculations , pour que la sève, at-il ajouté, charrie le sel mercuriel pus tout le végétal. Toutefois, # (9239) a une différence énorme entre l'introduction dans le système circulatoire végétal d’une substance minérale, et l’inoculation de l’oïdium lui-même. Suivant M. Bouchereau , cette dernière idée ir à M. le D.r Léon Marchant qui avait voulu l’employer e eneore que sur des théories , il y a lieu de l’engager à continuer ses travaux , à faire des expériences, lesquelles seront contrôlées par la Commission. En conséquence, la Commission adopte l'avis de l’honorable préopinant. M. Ch. Des Moulins est chargé de remercier M. de Bonneval et de de 54 à faire part de la suite donnée à ses tra- vaux. COMMUNICATIONS VERBALES-. M. Tarenavette présente des échantillons de rameaux et de troncs de vignes recouvertes d’excroissances, de 1 à 3 centimètres de long , fibreuses , prenant issue au travers de la vieïlle écorce et sè prolongeant intérieurement avec les diverses couches du bois. Ces excroissances se dirigent toutes de haut en bas, comme des racines adventives dont elles ont la texture. M. Bouchereau fait observer à ce sujet que depuis deux ans ses treilles de la ville présentent le même phénomène. Il les attribue à une trop grande quantité d'humidité : ce qui serait le cas des ceps de M. Cazenavette. M. J. F. Laterrade père, signale l’état stationnaire de la maladie au Jardin des Plantes, à la Pépinière départementale. Les mêmes remarques ont été faites à Léognan par M. Bouchereau; à Latresne et à Floirac, par M. Ch. Des Moulins. Par contre, M. Lafarge apprend que le fléau s’est montré à Gujan, bien que la position maritime de cette localité ait pu ètre regardée par quelques personnes comme un préservatif du éau. Se M. Bouchereau observe que les vignobles de Frontignan se trou vent placés dans les mêmes conditions que ceux de Gujan , et _ là aûssi, la maladie sévit depuis plusieurs années. M. Desmartis fils, rapporte qu’il a fait une excursion du côté de Belin La maladie ÿ est générale, avec plus ou moins d'intensité (240 ) dans les communes de Belin, Sœuze, Lugo, etc. Il signale aussi l'invasion de l’oïdium à Monségur. Il ajoute que la fameuse treille d’Étauliers dont il a été parlé dans une des précédentes séances, n’est pas encore oïdiée cette année. M. Cazenavette communique des échantillons de pampres de vignes venant de la commune de Tresse , portant à la fois l’oïdium et la maladie noire. D’après l'honorable membre de la Commission , on donne le nom de Maladie noire, dans le Languedoc, à une des- siccation des pampres qui s’accomplit dans l’espace de 2 ou 3 jours. Cette observation, dit M. Bouchereau , n’est pas nouvelle; elle est faite depuis longtemps sur certains cépages ; sur le sauvignon en par- ticulier , toutes les fois qu’à l’époque de la formation de la manne il y a de la chaleur et de l'humidité, Ces phénomènes sont d’ailleurs annoncés par de petites taches noires qui se montrent sur les jeunes grappes. C’est uu mauvais signe , que les paysans indiquent en disant que la grappe est {acherade. + M. Cazenavette mentionne encore, d'après des renseignements à lui donnés par un propriétaire , que dans une localité du départe- ment du Gard, on a observé une certaine quantité de ceps qui ne poussaient pas. L’extrémité du vieux bois a été coupée et il s’en est écoulé une sorte d’humeur épaisse et comme bitumineuse ; que, du reste, la mort des pieds a suivi de près cette opération. Ces accidents doivent être évidemment attribués à quelque lésion { bles- sure d'insectes ou autres ) dans la racine ou le tronc du cep. F . MOYEN CURATIF. M. Bouchereau a le, que ses treilles de la ville sont parfai- tement intactes et il attribue cet avantage à l'influence produite sur elles par la fumée épaisse que leur di charbon de terre qui est brûlé dans une forge voisine. Il ajoute que M. Doussous, de Méri- gnac , applique à ses vignes la vapeur de goudron qu’il fait brûler le soir. Ce fait est la confirmation de ceux annoncés par M. Julien Crosnier dans sa lettre ( voyez plus haut ). é A propos du procédé Gontier, dont des essais d'application ont . été faits sur le domaine de Lagrange, M. Bouchereau fesant obser- ver que le prix de revient est très-élevé , ajoute que d’ailleurs dans les grands vignobles de la Gironde, ce moyen présente de grandes . ( 94€ ) difficultés d'application, en raison de la pénurie générale des tra- vailleurs et du besoin que lesspropriétaires en ont pour les travaux ordinaires de cette partie de l’année, soit dans les vignes elles- mêmes , soit dans les autres cultures et que l’on ne pourrait négliger sans préjudice. Le Secrétaire-Rapporteur de la Commission : .D.r TH. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 18 Août 1853. Le Président de la Commission : B. CAZENAVETTE. SÉANCE DU 18 AOÛT 1853. * (No 7). Présidence de B. M. CAZENAVETTE. Présents : MM. Ch. Des Moulins, E. Lafargue , T. Desmartis fils, Lespinasse , Laterrade père ; Cuigneau , secrétaire. M. Bouchereau s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. sé CORRESPONDANCE ET DÉPÔTS. M. Ch. Des Moulins remet aux archives les numéros des 12 et 18 Août de La Guienne, ainsi que la lettre qu’il a répondue à M. le Préfet, à la fin de la dernière séance. Il mentionne aussi la découverte faite par notre collègue, M. G. Léspinasse , du Cicinobolus Florentinus ( Ehrenb. ) sur des feuilles de Clematis flammula , en pleine fructification. Les dessins obtenus à l’aide de la chambre claire sont identiques avec la représentation qu’en ont: donnée en Italie MM. Amici et Targioni-Tozzetti. Cette production sera, du reste, le sujet d’un Mémoire spécial de M. Lespinasse pour les Actes de la Société Linnéenne. M. éraue lit une lettre de M. Bouchereau qui*donne les détails suivan À Toulon à Août), Ke vignes sont très-malades et plus que l’année dernière ; la végétation , malgré cela, est très-belle ; et sous un épais feuillage, tous Lo sont couverts d’une sr Li ( 242 ) générale et nue noirâtre. Dans ce dernier cas, les raisins sont restés p: ‘ A Paris xs ne ), dans une petite propriété sise à Chaillot, les vignes sont attaquées pour la cinquième fois depuis cinq ans, avec perte totale des fruits. ”_ M. Bouchereau fait remettre à la Commission un tubercule énorme pris sur un pied de vigne de son jardin à Bordeaux ; les membres présents le regardent comme analogue avec ceux que M. le comte de Monbadon avait reçus du Poitou ( voy. la 1.re séance ). M. le Secrétaire l’adressera à M. le D" Léon Dufour, en le priant de l’'examiner à l'effet d’y rechercher les larves d'insectes qui pourraient y être . M. ù lit une lettre qu’il a reçue de M. Léon Poudès, d’Eauze ( Gers ). La maladie, signalée dans cette localité depuis les derniers jours desJuillet, a continué ses rayages et paraît à peu près générale vers le 15 Août. Presque tout le plan rouge est cou- vert de cette poussière blanchâtre qui caractérise le commencement de la maladie. Dans le blanc , il n’y en a de traces que sur le muscat, le clairet ou autres raisins dits gourmands. Le Piquepoult paraît être épargné. M. de Bonneval adresse à la Commission la seconde partie de son Mémoire sur l’inoculation oïdienne, M. Cazenavette se charge de faire un rapport à son sujet. M. Ch. Des Moulins a reçu de M nbinet , de Rheiïms, un Mémoire sur la maladie de la vigne. C’est une analyse du rapport de M. Leclerc. L’oïdium a été reconnu à Rheims. A Lanquais ( Dor- dogne be d’après une lettre de M. le comte A, de Gourgues ( 17 Août), le mal fait des progrès sensibles. COMMUNICATIONS VERBALES. M. Desmartis fils, à lavé et essuyé des grappes oïdiées et le cryptogame n’a pas reparu; il a constaté la présence de l’oïdium à Saint-Hilaire de la Noaille, près Monségur ; à Saint-Loubès , il a trouvé l’Erineum sur lisabelle, mais ce cépage paraît jusqu'ici réfractaire à la maladie ; par contre , le Chasselas rose , le Teinturier en atteints. Il a fait des essais d’inoculation de l'oïdium introduisant sous l’épiderme des branches , et dans l'intérieur ss rameaux , en les perforant avec une vrille, * ( 245 ) PUBLICATION. . La Commission charge M. le Secrétaire-Rapporteur d'insérer dans le Compte-rendu de cette séance destiné aux journaux , une note générale destinée à faire comprendre au public l'importance relative que l’on doit attacher aux observations contradictoires et isolées faites par des particuliers. Il y sera rappelé aussi l’influence négative des raisins malades et du vin qui en est le résultat , d’après les documents que la Com- mission a entre ses mains, et en particulier , d’après ceux qui ont été publiés dans le Compte-rendu de l’année dernière. Le Secrétaire-Rapporteur de la Commission , Dr Tn. CuIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 25 Juin 1855. Le président de la Commission, B. CAZENAVETTE. » SÉANCE DU 25 AOÛT 1853. (No 8.) Présidence de M. B. CAZËÉNAVETTE. Présents : MM. Bouchereau, Desmartis fils, Ch. Des Moulins ; .Cuigneau, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 18 Août est lu et adopté. MM Laterrade père, Lafargue et Lespinasse, s’excusent de ne pouvoir assister à la séance M. Lafargue envoie des échantillons de raisins oïdiés : _ 1° Muscat de treille, venant de La Tresne, offrant l’oïdium et la maladie noire réunis sur la même grappe. 2 Raisins dits de la Madeleine, provenant de la rue Capdeville, à Bordeaux. Les raisins presque mûrs sont med bien que l’oïdium n’y soit qu’én couche blanche. 3 Raisins oïdiés pris dans la propriété du Petit-Séminaire, au Pont-de-La-Maye. Ces vignes sont horriblement attaquées, et le lavage à l’eau de chaux employé comme moyen a; n'a pui paru y produire de bons résultats. ( 244 ) 40 M. Lafargue mentionne encore qu'à Sadirac { canton de Créon), chez M. Bruneau, son beau-père, les vignes , suivant l’expression du propriétaire, s’en vont en puanteur M. Cuigneau annonce que, suivant ce qui avait été convenu dis la précédente séance , il a adressé à M. Léon Dufour, le*tubercule pris sur un pied de vigne de M. Bouchereau. Sur ces mêmes pieds, dit M. Cazenavette , il y a d’autres tubercules , mais plus petits. Cuignean donne lecture d’un rapport qu’il a fait d’après les renseignements officiels que les maires de vingt et une communes du département ont adressés à M. le Préfet, en réponse à la circu- aire de ce magistrat. Ce rapport sera transmis immédiatement à M, le Préfet avec une lettre de M. le Président. M. Ch. Des Moulins annonce que M. l'abbé Sabathier a employé, dans son École des mousses (chemin de Saint-Genès }, l’éffeuillage le lavage sur des raisins oïdiés, et depuis un mois et demi que l'o- pération est faite, la maladie n'a pas reparu. L’honorable membre ajoute que dans cette localité, les vignes très-abritées du soleil étaient les plus malades. ù CORRESPONDANCE. M. Ch. Des Moulins communique à la Commission : 1° Une lettre de S. Ex:M le Ministre de l’Agriculture et du Com- merce remerçiant la Société Linnéenne de l’envoi de vingt exemplai- res de son comp 2% Une lettre de M. de Kercado , membre de la Commission. F Notre honorable collègue , en ce moment à Vichy, pour raisons de santé, a reconnu le premier la présence de l’oïdium sur les treilles et dans les vignes de Vichy, alors qu'ancun propriétaire ne s’en doutait encore. Les vignes qui sont sur les bords de l'allée et sur les bas-fonds sont beaucoup plus attaquées que les autres. Le cé- page le plus attaqué est celui qu’on appelle Lavache et qui d’après M. De Kercado a de l’analogie avec le Merlot du Bordelais. 5° Une lettre de M. Tinturier, homme d’affaires de M De Kercado; à Cubzac (153 Août). Il mentionne une sorte de temps d'arrêt dns la propagation de la maladie ; un fait assez curieux, c'est que l'oïdium est tellement abondant sur les grappes, que les vêtements des femmes employées à relever Îles vignes, en sont blanchies. La maladie a envahi les-côtes (-249 }: coteaux de Cubzac comme les plaines et toutes les communes envi. ronnantes. Le mal est plus grand dans les palus, moindre sur les hauteurs, insignifiant dans les terrains de sable. Les vignes rouges sont plus maltraitées que les blanches. Il n’y a pas encore d'oïdium Sur le versant méridional de quelques coteaux. — Une vigne située sur les bords de la Dordogne est épargnée, tandis que celles qui l'entourent sont envahies. 4° Lettre de Mme de B....., cs à Ludon (18 Août 1853), et adressée à Mme Ch. Des Mou « La maladie marche, de A) J'ai une plante magnifique » (3 ans); on la travaille, et il en sort une espèce de poussière » étouffante qui déconcerte les paysans qui ne croyaient guère à » tout cela » ‘So Lettre de M le Préfet de la Gironde à M. le Président de Ja So- ciété Linnéenne. Ce fonctionnaire communique à la Commission une lettre de M. Delorme, pharmacien à Saint-Dizier (Haute-Vienne), ayant trait aux moyens de préserver les vignes de l’oïdium. M. Delorme conseille l’emploi du liquide suivant : Prenez : Sel marin . : . . .... . - . . .: Sr. 6500 200 grani. Sel de nitre : és 4 NN es 125 do. Huiles essentielles de Thym, Romarin, Lavande aû gttes X. Eau ordinaire froide... : « : . . . . : . : :. Un kilogr. On fait dissoudre à froid, dans une bouteille , les sels dans l’eau; on ajoute les essences, on bouche et on agite fortement. Pour préparer l’eau destinée à laver la vigne, Prenez : Liquide précédent bien agité. . . . . . . . . . Une partie Eau ordinaire froide . . . . . . se en à. 100 Mêlez avec soin dans un baquet ou pour une plus grande quantité dans un tonneau, et à l’aide d’une seringue ou d’un irrigateur à jet très-divisé , on asperge fortement la vigne : bois, feuilles et fruits. Deux aspersions en vingt-quatre heures, dit M. Delorme , suffisent surtout, si on opère quand la vigne est déjà mouillée par la rosée de la nuit. Ce liquide antiseptique ne coûte pas plus de 25 centimes l’hectolitre. . M. Delorme prétend en avoir obtenu d’excellents ho 6° Lettre de M. Gaschet , propriétaire à Martillac, membre de la Commission de 1832. Toue XX. 17 { 246 ) M. Gaschet confirme les observations de la Commission qu’en gé- néral, c’est-à-dire, à peu près partout , l’oïdium ne s'était montré, au 28 Juin, que sur les mannes; il ajoute qu'aujourd'hui dans beau- coup de localités qu’il a observées, la feuille, au contraire , est plus attaquée que le raisin et que la vigne a l'air d’ètre recouverte d’une gaze légère. — À Martillac, le mal est très-borné dans les terrains argileux ou argilo-calcaires , tandis que dans les terres légères , gra- veleuses , tout est à peu près perdu , et chose remarquable, l’inten- sité du désordre paraît être en raison directe de la pauvreté du ter- rain, — La maladie noire et l’oïdium se rencontrent aussi simulta- nément sur les mêmes pieds, fait déjà reconnu par la Commission préférence aux suivants (nous suivons l’ordre d'intensité du mal) : Muscadet , Coutors, Blanc verdet, Prueras, Sémilion. L’Enrageat est le plus rebelle, et des pieds de ce cépage sont conservés intacts quoique entourés de toutes parts d'autres variétés très-affectées. Parmi les rouges, il les classe ainsi : Merlot, Vidure, Cabernet, Malbec et, en dernier lieu , Enrageat rouge M. Gaschet admet que l’oïdium ne végète sur la vigne, sur tel ou tel cépage, sur telle ou telle grappe , sur telle ou telle graine enfin, qu’autant que les sucs de la plante sont préparés à son action , sont aptes à le nourrir; en d’autres termes, il rapporte la maladie de la vigne à la présence d’un vice latent inappréciable, sans l'hypothèse duquel, ajoute-t-il, on ne bâtit que dans le vide. L’honorable viti- culteur signale aussi la recrudescence amenée par les pluies de ces _ jours derniers. Il a essayé’, dans son vignoble, l'emploi de liquides particuliers remis à lui par M. le Comte de Bonneval , mais il ne peut se pe sur les résultats futurs. Un procédé, qu'il a en outre essayé et ce semble avec succès , c’est le suivant : IL abandonne la feuille et le rameau aux PRES et ne __. que du raisin qu’il recouvre au moyen d’un fort mélange d’hydrosul- fate de chaux et de gélatine. Toutefois , palgsé le bas prix des ingré- dients qui entrent dans la composition de ce. remède, l'expérimen- tateur redoute la main-d'œuvre pour son application en grand. Toutes ces communications sont écoutées avec le plus vif intérêt par la Commission , et M. le Secrétaire est chargé de remercier ofli- # (247) ciellement M. Gaschet , et de l’engager à vouloir bien multiplier ses observations et en faire part à la réunion. M. Cazenavette lit un extrait d’une lettre à Ini adressée par un propriétaire de Margaux; il y est annoncé qu'à Macau, dans la pro- priété dite de Cantemerle en particulier, on trouve dans les graves plantées de Verdot et de Cabernet-Sauvignon, des marques de l'inva- sion de l’oïdium. Çà et là, la maladie existe sans distinction de sol ou d'exposition en plus ou moins grande quantité. M. Cuigneau donne lecture d’une lettre de M. Boisset, pharma- cien, à Bordeaux. En voici le résumé : Dans un vignoble situé com- mune de Fronsac, exposition Sud-Est, l’oïdium a fait son apparition dans les premiers jours de Juillet sur une treille de chasselas de Fontainebleau. Il y a eu dans la première quinzaine d’Août un temps d'arrêt , mais depuis les derniers jours, au contraire, une aggravation notable s’est manifestée. Cet état est à peu près le même sur toutes les côtes du Fronsadais, mais plus considérable dans les palus. Les plants attaqués sont le Malbec , le Bouchet , le Merlot. M. Desmartis fils, communique une lettre de M. Cazade, maire de Montagoudin (17 Août 1855 ). Il y a peu de mal causé par l’oïdium, mais la coulure à donné lieu à un dommage des plus sérieux et la récolte sera presque nulle. Le même membre annonce que, d’après sa Correspondance , à Andernos , les raisins oïdiés se dessèchent ; qu’à Thiviers, dans le Périgord, la maladie a été reconnue. M. Bouchercau a obtenu des renseignements sur l’état des vignes du Beaujolais ( Lettres datées de Lyon, 18 et 25 Août La maladie apparut en 1851 dans le Beaujolais mais d’une manière légère. Elle ne prit réellement le caractère épidémique qu’en 1852, époque où beaucoup de pieds furent atteints. En 1853, le mal sem- ble décroître sur les vignes atteintes l’année précédente ; mais, sur les pieds nouvellement attaqués , le mal est plus considérable et agit plus rapidement ; les progrès d’une part l'emportent sur la dé- croissance de l'autre. Des plants avaient paru souffrir du fléau, mais aucun n’est mort. La récolte sera , dit-on, très-mauvaise par suite de la grêle, de la coulure et enfin de l’oïdium qui vient détruire le peu qui avait été épargné. Parmi les moyens employés dans ces se on cite le chlorure de chaux , le procédé Vézu, à mentionné les journaux de Lyon et reproduit ceux de L } ( 248 ) un troisième procédé enfin, qui consiste à arroser les vignes avec de l’eau alcalinisée par l'addition de l’ammoniaque. COMMUNICATIONS VERBALES. M. Bouchereau expose à la Commission les résultats d’une explo- ration qu’il a faite les 18 et 19 Août derniers dans les vignobles de de Macau et de Margaux. A Macau, on trouve partout de l’oïdium; mais dans les graves, où il y a certainement des pieds atteints, ces pieds sont disséminés çà et là; il n’en est pas de même dans les palus, qui sont dans l'état le plus déplorable. Dans les palus de Gironville ( propriété de M. Duffour Dubergier ) en particulier, les cépages Merlot et Cabernet- Sauvignon sont perdus ; le bois vert présente des taches noires longues de 8 à 10 centimètres ; le Malbec ou Gros-noir, où il y à du reste peu de raisins , paraît aussi moins attaqué. Dans les graves, c’est surtout sur le Verdot et le Cabernet-Sauvignon que l’on trouve l’oïdium ; une pièce appartenant à M. Guichard et située près de la palus est complètement envahie a Barde, château Ghcours | propriété de M. Pescatore ), on a essayé en grand l’emploi de la peux du soufre, sur des treilles d’abord , puis sur cent mille pieds environ. En particulier sur une vaste treille couverte de raisins magnifi- ques, on a insufflé le soufre dès l'apparition de l’oïdium; trois applications du procédé 0 ont été faites, et même aujourd'hui, une est devenue nécessaire , car le champignon reparaît par- faitement visible à l'œil nu. Après l'application du soufre, la couleur de la portion de la peau du raisin oïdiée change et devient rougeître. Plusieurs inconvénients ont été signalés dans l'application de ce moyen : 1.0 L'apport de Peau. nécessaire ; 2.° La perte énorme de temps que l’on est obligé de consacrer à cette partie de l'opération ; ; 3.0 Les dégâts que ce transport Occasionne sur les rameaux et sur les fruits ; 4.0 La difficulté ou plutôt l'impossibilité d’opé tivement pendant toute une journée, Dans les chaleurs, Îes individus ref à ce travail, sont affectés de picotements aux yeux, de larmoie- ( 249 ) ment, d'oppression; dès le troisième jour, ils sont malades et ne peuvent plus travailler 5.° L'emploi de manouvriers nombreux nécemaires pour opérer sur de grands vignobles, oblige de les distraire de leurs occupations ordinaires, et fait négliger des travaux très-importants. A Giscours, ou n’opère donc que le matin et à la rosée. On a ainsi parcouru une pièce composée de cent mille pieds. Le mal a été enrayé. En 1852, l'emploi de ce moyen avait amené un sembla- ble arrêt dans la marche de la maladie ; mais, dans les pièces non traitées comme dans les autres, les pluies avaient paru conduire au même résultat et il fut impossible de rien conclure. En 1853, il pouvait y avoir la même incertitude ; ainsi , deux pièces de vigne appartenant à un autre propriétaire, n’ont été traitées par aucun moyen; elles sont entourées par celles de M. Pescatore où on a employé le soufre ; les premières ne semblent pas plus altérées que les secondes. Seulement, on peut dire que quand, 8 ou 10 jours après la première insufflation , le mal reparaît, il est moins intense et s'attaque à un moins grand nombre de pieds. Il a fallu 600 kilogrammes de soufre pour ces 100 mille pieds oïdiés ou non : quant aux frais, main-d'œuvre , etc., il a varié beaucoup d’après la facilité de l’application : le traitement de mille pieds est revenu à 1 fr. 40 c. — 5 f. 09. — 3 f. 80. — 4f. 50. — 5 f. 35; en moyenne, 5 f 59 c. (1). i Chez M. Neveu, on a traité les vignes par le même agent. On opère aussi à la rosée, mais on a supprimé le soufflet ventilateur et on à eu l’heureuse idée de le remplacer par une houpe légère que l’on plonge dans une boîte contenant de la fleur de soufre et avec laquelle on saupoudre les raisins. Médoc en général. — 11 résulte des informations prises, que la Plupart des communes du Médoc sont dans la situation des vigno- bles de Macau et de Ludon. En général, il paraît beaucoup plus de mal dans les palus que dans les graves; mais il est aussi vrai, d'ajouter que la coulure et les limaçons ayant occasionné des dégâts énormes, le nombre des fruits est excessivement restreint. dj: En admettaut que l’'hectare renferme 9000 pieds, cela reviendrait à Sfr. 31e { Note du Secr rélaire). # ( 250 ) Dans certaines portions de quelques communes { Cissac, Verteuilh, Saint-Julien }), rien n’est épargné. Le cépage nommé Cabernet-Sauvignon , attaqué partout, paraît protégé sur certains sols; c’est ce que M. Bouchereau a observé chez lui à Carbonnieux , chez M. Duffour, à Smith; dans des pièces situées sur des croupes de terrain sec et aride, il y a bien quelques pieds de ce cépage attaqués, mais ils sont très-rares. En général encore , les graves, avec sous-sols argileux et humides, celles que l'on à- SEE remuées et amendées depuis quelques années, sont phis env À Carbonnieux, sur bon nombre de pieds rouges, l’oïdium a disparu ; mais à la place, il reste de petits points noirs qui parais- sent vouloir se fendiller : la grappe est fortement tachée de mème que le bois où l’épiderme paraît aussi près de se fendre. Dans la même localité, sur des pieds de sémilion, le raisin quoique taché et oïdié, continue de se développer. Par contre , une pièce de Mus- cadelle, plantée en terrain fort et entourée de Sauvignon et de Merlot intacts, est toute envahie ; dans une pièce d'Enrageat, les pieds de Guilan sont seuls atteints, M Cazenavette communique que M. Noguey à observé que l’oïdium se porte surtout vers une des extrémités du grain; ét, qu'à la suite de sa présence , il y a déformation de ce même grain qui prend l'aspect d’un gland muni de sa cupule. DÉPÔTS ET RAPPORTS. La Commission a reçu le programme des prix proposés par la Société d'encouragement pour l’industrie nationale avec le rapport du savant président , M. le professeur Dumas.— Renvoi aux archives. M. Cazenavette lit le rapport qu’il s'était chargé de faire sur le Mémoire que M. de Bonneval avait adressé à la Commission et ayant trait à l'application d’un traitement homæopathique ( inoculation } de la maladie de la vigne. L’honorable président, après avoir donné des éloges à ce travail qu’il à analysé avec le plus grand soin et de manière à en faire ressortir les idées principales, conclut à ce que ce Mémoire soit envoyé à l’un des journaux de la ville pour qu’il l’insère dans ses colonnes. (251) Après une discussion sur les principes du Mémoire et les conclu- sion du rapport, à laquelle prennent part MM. Bouchereau, Caze- navette, Cuigneau et Des Moulins, il est décidé que le travail de M. de Bonneval sera envoyé à chacun des journaux de la ville à titre de simple communication et avec une lettre ou préambule du prési- dent de la Commission, et dont la teneur est discutée et convenue en séance , ainsi qu’il suit : « Monsieur le Rédacteur, » La Commission nommée par la Société Linnéenne pour étudier » la maladie de la vigne, vient de recevoir un Mémoire relatif à » cet objet. Peut-être l’idée générale d'inoculation émise dans ce » Mémoire, et qui l’a déjà été par d’autres praticiens d’écoles diver- » ses, mérite-t-elle de fixer sérieusement l'attention du public. » C’est dans ce but que j'ai l'honneur de vous adresser ce travail en » vous priant de lui donner une place dans les colonnes de votre » journal. “ » Ïl est inutile de vous dire, Monsieur le Rédacteur, que la Com- » mission n’accepte nullement la responsabilité dés théories émises » par l’auteur. Elle désire vivement qu’il soit trouvé au plus tôt un » remède propre à détruire ou du moins à atténuer le mal qui désole » nos vignobles, et elle ne cesse d'engager les viticulteurs à expé- » rimenter tous les moyens qui seront proposés. » Agréez, je vous prie, Monsieur, etc. » Le Président de la Commission, « B. CAZENAVETTE ». Là séance est levée. Le Secrélaire-Rapporteur, Dr TH. CuIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 2 Septembre 1855. Le Président de la Commission, B. CAZENAVETTE. (252) SÉANCE DU 2 SEPTEMBRE 1853. (No 9.) Présidence de M. B. CAZENAVETTE. - Présents : MM. Ch. Des Moulins ; Laterrade père, Petit-Lafitte, Lafargue , T. Desmartis, Bouchereau ; Cuigneau, secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 25 Août est lu et adopté. M. Ch. Des Moulins remet aux archives de la Commission trois numéros de La Guienne, contenant des articles ayant trait à la ma- ladie de la vigne Le mème membre communique à la Commission une lettre qu’il a reçue en sa qualité de Président de la Société Linnéenne, de M. Laliman , propriétaire à Floirac. Ce viticulteur sollicite la nomi- nation de Commissaires chargés d’apprécier une méthode nouvelle inventée par lui pour l'application de quelques agents sur la vigne. Cette sous-Commission se compose de MM. Ch. Des Moulins, Lafar- gue, Desmartis et Cazenavette, et doit se rendre Lundi prochain, 6 du courant , à midi, sur le domaine de M. Laliman. M. Cuigneau donne lecture d’une lettre qu’il a reçue de M. Léon Dufour, correspondant de la Société , et ayant trait à ces excroissan- ces hypertrophiques, envoyées par M. Bouchereau, à la séance du 18 Août. Suivant notre zélé collègue, ces productions sont analogues à celles que M. le comte de Monbadon avait reçues du Poitou. M. L. Dufour ne croit en aucune façon qu’elles soient l'indice de nouvelles _altérations. Il les assimile à ces tumeurs énormes que l’on observe fréquemment sur les troncs de chène , et qui loin de leur nuire, leur pee parfois au contraire de salutaires exutoires. M. Ch. Des Moulins remet un mémoire sur la maladie de la vigne, par M. Louis Oudard, lu dans la séance du 17 Mars 1853 de l’Aca- démie royale d'Agriculture de Turin, et adressé par l’auteur à la Société Linnéenne. M. le D.r Cuigneau est chargé d’en rendre compte à la Commission. M Bouchereau donne quelques détails sur la maladie de la vigne dans le Beaujolais et sur les côtes du Rhône. Ce n’est pas en 1851 seulement, mais bien il y a cinq ans, que les vignes du Beaujolais ont été oïdiées. Depuis cette époque , le mal a été en croissant chaque année, et aujourd’hui même les ravages sont plus considérables que l'an passé. (255) Les côtes du Rhône sont moins envahies que le Beaujolais ; mais le mal va en progressant et on ne peut appliquer aucun remède sur les vignobles d’une grande étendue. Dans le Jura {Arbois, Salins, etc.) , l’oïdium qui existait en 1852 aurait, dit-on, aujourd’hui disparu sans l'emploi d’aucun traitement ; mais la nouvelle date déjà de quinze jours et aurait besoin de con- firmation : M. Petit-Lafitte a parcouru re points éloignés du départe- ment. Il a reconnu à Bazas, à Langon, que les vignes des palus, qui sont de véritables arbres , sont envahies par l’oïdium en quantité considérable. + À Castillon, M Paquerée, un de nos correspondants , à observé qu'une treille fortement malade l’année dernière était saine cette année. Les Enrageats de l’'Entre-deux-Mers ( Pellegrue , Monségur), jusqu’à ce moment à peu près préservés, sont attaquées depuis trois ou quatre jours Dans le Bec-d’Ambès, les vignes des palus sont dans un état af- freux , et le mal est arrivé un degré tel, qu’il est difficile d’y trou- ver un raisin sain. Enfin, chez M. Buchou, par le lavage à l’eau de chaux, qui avait paru d’abord exercer une influenee sur la maladie, on n’a rien obtenu. Le même membre communique .encore à la Commission quatre lettres : 4° L’une de M. le D.r Arthaud , de Tonneins. En 1851 , il n'eut que deux pieds oïdiés; en 1832, une soixantaine environ ; en 1853, le nombre en est devenu effrayant. La végéta- tion des pieds malades de 1851 a toujours été en diminuant en 1852 et 1855; au contraire , les pieds malades en 1852 sont aujourd’hui dans un magnifique état ; l’oïdium a paru dans cette localité dans la dernière quinzaine de Juillet. M. Arthaud conseille l'amputation et la combustion des premiers raisins oïdiés. 2% Lettre de M. Sauboua ( maire de Leogats, canton de Langon). Les trois-quarts des vignes de la commune sont attaquées. : 3 Lettre de M. Letourneur, maire de Saint-Romain, canton de Fronsac. - La maladie a paru d’abord , vers le 15 Juillet, dans lés palus de la rive droite de là Dordogne, et de là s’est étendue sur les coteaux et dans les vallées voisines qui sont calcaires et argileuses. Tous les” (254) terrains ont été envahis. Quant aux cépages blancs, le Verdot- Colon blanc, la Chalosse commune , la Chalosse courante et le Bouillaud, sont les plus atteints. L’Enrageat qui, à lui seul entre pour les neuf dixièmes, de la culture , est à peu près épargné. Les cépages rouges sont au contraire envahis en totalité. Quelques per- sonnes ont employé le soufre ; ce moyen a paru atténuer et enrayer la maladie , mais non la guérir. Les feuilles et les pampres sont aussi sérieusement atteints. à 4° Lettre de M. Guillorit, maire de Périssac (canton de Fronsac). La maladie date dans le Fronsadais de la dernière quinzaine de Juillet, mais elle ne s’est manifestée que plus tard (6 Août) à Pé- rissac. Elle s’est produite simultanément sur tous les cépages et a fait , depuis son apparition, d’effrayants progrès. M. Desmartis rappelle qu’à Saint-Loubès, le mal va en augmen- tant. Il a fait des expériences dont il rendra compte prochainement. Le Secrétaire-Rapporteur de la Commission , Dr Tu. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 8 Septembre. Pour le Président de la Commission , BOUCHEREAU. SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1855. (No 10.) Présidence de M. BOUCHEREAU. Présents : MM. Petit-Lafitte , Lafargue , Desmartis fils , Laterrade père , Ch. Des Moulins, Raulin; Cuigneau , secrétaire. En l’absence de M. le Président , M. Bouchereau est invité à pré- sider la séance. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. CORRESPONDANCE. {° M. le Président de la Société Linnéenne remet un mémoire de M. Ch. Perrier, d'Épernay, sur la maladie de la vigne , et adressé à la Société. M. A. Petit-Lafitte est chargé de faire un rapport à ce sujet. ( 255 ) 2 Le secrétaire général de la Société Linnéenne remet à la Com- mission un mémoire de M. Sarrail père , de Bordeaux. M. Petit-La- fitte fera également un rapport à ce sujet. 3° M. Cuigneau remet de la part de M. Ch. Laterrade , une lettre de M. Benech , à Bordeaux. Il est donné lecture de cette lettre ou mémoire; mais considérant que la première partie (théorique ) n’est qu’une amplification de la lettre de M. L. Dufour, sur la maladie des raisins, que la seconde (pratique } n’est que l’exposé d’un procédé analogue à celui de M. De La Vergne, et plus compliqué , la Commission se borne à une sim- ple mention de cette communication et charge le Secrétaire d'en remercier l’auteur. . B. Cazenavette, Président, entre en séance et reprend ses fonc- tions ordinaires. Présidence de M. B. CAZENAVETTE. # M. _. ces En # une lettre de M. Laliman, de Floirac : ée déjà chez lui ; le procédé dont il est l'inventeur à été spé : mais la Sous-Commission ne doit présenter son rapport qu'après une seconde visite. 50 M. Arnaud-Sterghel, lithographe chez M. Charriol, demande là nomination d’une Sous-Commission pour examiner et apprécier l'utilité d’un procédé dont il est l'inventeur. La réunion accède à ce vœu et compose la Sous-Commission de MM. Lafargue, Ch. Des Mou- lins et Bouchereau. 60 M. De Here: nt ss de la bee " actuellement à Paris, fournit 70 M. Julien Lrokiér, molilire ot de la Société et di- recteur du Jardin Botanique d'Orléans , signale l'envahissement de la maladie dans les vignobles d'Orléans, et l'insuffisance des moyens employés. 8 M. Daunassans, de Toulouse, repousse le procédé de M. de Bonneval , et le croit impraticable. DÉPÔTS ET COMMUNICATIONS. M. Laterrade père remet aux archives deux numéros du journal L’Agriculture (50 Août et 1er Septembre 18553), et M. Ch. Des Mou- lins , le numéro du journal La Guienne (8 Septembre ). (256) M. Bouchereau annonce que vers le 5 Septembre, la maladie ne paraît pas faire, aux environs de Genève, des progrès aussi étendus que dans le Bordelais. Elle paraît plutôt vouloir décroitre , et dans quelques localités très-restreintes , on remarque que des ceps atteints en 1832, sont préservés en 1833. M. Petit-Lafitte ajoute qu’une pareille observation a été faite par M. Dubroca , à Barsac. M Bouchereau à remarqué en outre que chez lui, à Léognan, la maladie fait de nouveaux progrès, mais qu’elle s’attaque plus aux feuilles et au bois qu'aux fruits. Il fait aussi remarquer la diminution notable qui à lieu cette année dans la récolte des champignons comestibles (ceps, Boletus edulis). Cette observation avait déjà été faite par M Desmartis fils, l’année dernière. M. Petit-Lafitte annonce que d’après un bruit assez répandu, on pourrait, peut-être , retrouver certains actes déposés entre les mains de quelques notaires, en particulier de la Réole, etc., dans lesquels serait mentionnée la condition de nullité de vente, si la Maladie blanche reparaissait. La Commission invite M. Petit-Lafitte à vouloir bien faire des re- cherches à ce sujet. : M. Desmartis a reçu des nouvelles de Lugo et de Salles, par len- tremise de M. Meliet, curé de Lugo. La maladie y est très-intense, les grains sont noirs, fendillés, desséchés; les sarments tachés de noir, bien que la vigne ait une apparence très-gaillarde. La séance est levée. Le Secrétaire-Rapporteur , Dr T4. CUIGNEAU- Lu et adopté dans la séance du 15 Septembre 1853. Le Président de la Commission , B. CAZENAVETTE. 1957) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 1855. (N° LIBRE Présidence de M. B. CAZENAVETTE, Présents : MM. Bouchereau, Desmartis fils, Ch. Des Moulins, de Kercado , Lafargue , Lespinasse ; Cuigneau , secrétaire. M. J. F. Laterrade père, en ce moment occupé à une excursion destinée aux élèves qui se préparent au prochain examen du Jury médical , s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. Le Ds el de la dernière séance est lu et adopté. CORRESPONDANCE. M. Ch. Des Moulins annonce que M. T. Desmartis fils, membre de la Commission, a reçu de M. E. Tucker, une lettre dont le même M. Ch. Des Moulins a fait obligeamment la traduction et qui est pos- térieure de deux mois environ à celle que M. Gaschet avait reçue, et que la _—_— a déjà publiée ( voyez Document C }. E on de l'importance du fait qui y est mentionné comme dañs la déjà indiquée , M. Ch. Des Moulins a cru devoir adres- ser cette traduction à M. le Préfet de la Gironde , en accompagnant cet envoi de la lettre suivante : ( voyez Document B. — Lettre n. 110 ). : Pendant la lecture de ces pièces, M. Bouchereau entre en séance et présente à la Commission M. Louis Leclerc, de passage à Bor- deaux. Tous les membres de la réunion accueillent avec le plus vif empressement l'honorable œnologue , et conformément à l’arrêté réglementaire de la Commission , l’autorisation d’assister à la séance est accordée à M. Leclerc, sur a demande présentée et signée par MM. Cazenavette , Président, Cuigneau , Secrétaire , Bouchereau et Lespinasse, membres de la Commission. M. Leclerc à la parole touchant les deux lettres qui viennent d’être lues. Il n’attache aucune importance au document reçu de M. Tucker. C’est, dit-il, un renseignement curieux, mais dépourvu à ses yeux de tout crédit scientifique. Il fait surtout remarquer qu’en Angleterre , où le mal a pris naissance ou du moins a été connu et observé pour la première fois, il n’y a que des cultures forcées et il ne peut en & tre autrement en raison de la situation topographique et du pays. Là, on a combattu dès 258 ) son apparition, et on ne cesse de combattre la maladie en quelque sorte pas à pas, et à chaque instant. Là, par conséquent, on à pu obtenir des invasions de plus en plus restreintes; en un mot, on a pu constater la décroissance de la maladie. Mais il n’en est pas de même dans les vignes du Midi de la France, de la Provence, du Roussillon surtout. Là, non-seulement le mal s'attaque au raisin, mais ses attaques annuelles successives, portent atteinte à l'économie du végétal tout entier et finissent ou finiront par produire un effet opposé à celui que l’on observe ailleurs. M. Leclerc ajoute que tout en refusant du crédit scientifique à la lettre de M. Tucker, il re- connaît que son nom aura de l'influence , et que c'est précisément pour cela , qu’il ne voudrait pas voir appliquer ces assertions vraies quant au lieu d'observation, à des vignes de départements et de localités qui ne se trouvent pas dans les mêmes conditions. Il ne voudrait pas enfin que l’on rassurât trop les populations. M. Ch. Des Moulins répond à M. Leclerc qu’il croit, au contraire, cette publication bonne et opportune à raison de l'influence du nom de l’auteur d'abord, et surtout de la gravité des inquiétudes de la population vinicole du département et de la nécessité où se trouve placée l'autorité de rassurer les esprits par tous les moyens qui sont en son pouvoir. M. Ch. Des Moulins communique une seconde lettre qu'il a écrite à M. le Préfet, et dans laquelle il demande à ce magistrat que la Commission de la Société Linnéenne soit, par lui, revètue d'un caractère officiel ; en un mot, soit reconnue et patronée directement et officiellement par l’administration départementale. ( Voyez Docu- ment D. — Lettre n.0 114 ). M. obtanies rappelle à ce sujet les conclusions formulées ré- cemment auprès du Conseil-Général par M. Legris de Lassalle dans son rapport sur la maladie de la vigne au nom de la Commission d'agriculture. Ces conelusions ont été adoptées par le Conseil et suivies du vœu émis par lui, que M. le Préfet nomme une grande Commission dite Sanitaire , pour l'étude de la maladie dans Gironde et composée d'éléments scientifiques , commerciaux , admi- nistratifs et viticoles. M Leclerc envisage la question sons un pitt de- vue général et comme relevant directement de l’action de S. Ex. le Ministre de l'Agriculture. I ajoute qu’à l'occasion du vœu émis par d'autres { 959 ) Conseils-Généraux, que le Gouvernement veuille bien accorder un prix d’un million à l'inventeur d’un moyen propre à guérir la mala- die; il a inséré dans la presse parisienne quelques considérations tendant à pronver la nécessité _ nommer par les diverses régions vinicoles de la France, d pratiques et d’appli FA des moyens indiqués. M: Ch. Des Moulins lit une lettre de M. Laudet, de Laballe , près Eauze ( Gers), à la date du 12 Septembre. Cet observateur titifine le mal aux Acarus , mais les détails qu’il donne , se rapportent tous à l’Erineum vitis. Cette lettre sera communiquée à la Commission entomologique. M. de Kercado donne lecture d’une lettre de M. Tinturier { de Saint-André-de-Cubzac ). Elle renferme des détails intéressants sur la période actuelle de la maladie. Renvoi aux archives. PEMANDE DE SOUS-COMMISSIONS D'EXAMEN. MM. Dessarps, jardinier chez M. le B.on de la Bastide , au Tondut ; Astruc aîné, rue de l’Ormeau mort Es demandent qu’une Sous-Commission soit envoyée chez eux pour constater les effets de procédés particuliers dont ils se RARIEAPNt les inventeurs. La Commission désigne MM. Cazenavette, Ch. Des Moulins , Lafar- gue , Bouchereau et Desmartis fils, pour procéder à ces examens. RAPPORTS. M. Desmartis fils, lit au nom d’une Sous-Commission dpnt il est l'organe , un rapport sur les procédés secrets employés par M. Lali- man , à Floirac. En voici les conclusions : « 1.0 L’encollage demeurant Ne + jours fixé sur les grains, » peut , en interceptant le contact de l'air, empêcher le développe- » ment de l’oïdium ou mettre un obstacle à son apparition , s’il ne » s’est pas encore manifesté... M, Laliman a expérimenté les » lotions avec l'huile soufrée, mais il s’est déclaré alors une espèce » d’asphyxie. » 2.0 Lorsque l’encollage se détache, il nous a paru entrainer avec » lui la mucédinée. { 260 ) » 3.° Le soufre se trouvant fixé pendant un certain temps sur la » mucédinée peut, par conséquent, mieux produire son effet neu- » trali » 4.0 Le frottement exercé au moyen d’un pinceau, peut encore » contribuer dès le début à modifler le développement à la moisis- » sure de Tucker. Nous ajouterons que parfois, M. Laliman à » additionné sa composition de chlorure de chaux; mais cela n'a » paru ni augmenter ni atténuer les effets — La Commission regrette » qu’on n'ait pas évalué le temps qu'il faut à un certain nombre de » personnes pour opérer ainsi sur une étendue déterminée de vignes. » Elle regrette encore, qu’on n’ait pas dans un même lieu , opéré » sur un pied et laissé d’autres intacts. On aurait pu de cette ma- » nière bien mieux constater la valeur du procédé ; néanmoins, la » Commission croit que le remède proposé par M. Laliman mérite » de fixer l’attention des viticulteurs. » Ces conclusions sont adoptées. Le même membre lit au nom de la même Sous-Commission , un rapport sur les moyens employés par M. Fautou, à Floirac et qui ont paru avoir une action favorable sur l’issue de la maladie. Ce procédé consiste en lotions faites avec un balai de roseau d’un liquide ainsi composé : Prenez = PAU SR nn Le... 4 parties UÉMWE se) . ‘partie Cendré de Dos". : . . - . + 1 partie Mêèlez et employez. M. le Préfet a renvoyé au Président de la Société Linnéenne une lettre de M. le D. Troncin, de Saint-Fargeau-sur-Seine (Seine et Marne). Cet expérimentateur compose trois solutions n° 1 de sul- fure de chaux , n° 2 de sulfure de potassium, n° 5 de chlorure de chaux. Il les mélange aux doses suivantes : Eau; 6 5 ue D 42 Litres Solution n° 4... .. :. “à + ‘fe: De litre Re 42 Litres : Pa ns. ‘ae De litre, et il asperge les vignes avec une brie — (261 ) La Commission n'ayant pas vu expérimenter ce procédé qui exige, dit l’auteur, l'emploi de 2,500 litres d’eau par hectare et deux journées d'homme , se contente d’en faire mention. Le Secrélaire-Rapporieur , Dr. TH. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 30 Septembre 1853. Pour le Président de la Commission : M. DE KERCADO. ” SÉANCE DU 50 SEPTEMBRE 1855. (No 42.) Présidence de M. De KERCADO. Présents : MM. De Kercado, Laterrade . Lafargue, Ch. Des Moulins, Petit-Lafitte ; Cuigneau , secré é lecture d’une sas: de M. n ei te, pue 2 de la Commission , et adressée à M. le Président de la Société néenne. Obligé de nues pour quelques jours de DORE, l’honorable Président exprime à ses collègues les vifs regrets qu’il éprouve de cette séparation momentanée, et le vœu que M de Ker- cado le remplace dans les fonctions intérimaires de la présidence. En * conséquence de ce vœu auquel les membres de la Commission don- nent leur adhésion, M. de Kercado prend place au fauteuil et la nce est ouverte, * Le procès-verbal de la séance du 15 Septembre est lu et adopté. CORRESPONDANCE. 40 L'Académie des — de Lyon adresse à la Société Linnéenne un mémoire de M. Tisserant, sur les observations faites sur la ma- ladie de Ia vigne, en At à Lyon. — Rapporteur M. le D.r Lafar- gue. 2° M. Cazalis-Allut dans une lettre jure de Den 2 43 Septembre , à M Bouchereau , d et Lans clones ou. Li iétertis cents pt » les deux premières années (le Cabernet sauvignon est de ce nom- Tome XX. 18 (262 ) » bre); mais à présent, tout est pris dans les localités où la maladie » apparaît pour la troisième fois ; Aresquiès est dans cette catégorie. » Peut-être ne trouverait-on pas un cep parfaitement sain sur les » 150 hectares qui composent mon vignoble... Ma récolte de cette » année est évaluée aux trois-dixièmes du produit ordinaire... ; » Un de nos anciens plants du pays, le Ferret, est tellement mal- » traité , que feuilles et fruits ont presque entièrement disparu, et » comme ses sarments ne s’aoûteront pas, nous serons forcés de les » couper entre deux terres... J'ai acquis la certitude que les insec- » tes sont la cause première de la maladie... » Il ajoute qu’au contraire des localités environnant Aresquiès ont une apparence de récolte magnifique. 3o M. le Préfet de la Gironde écrit à M. le Président de la Société pour le remercier de l’envoi de la lettre de M. Tucker à M. Desmar- tis fils, et il ajoute que cette lettre va être insérée dans les jour- naux de la ville , la Feuille du Dimanche, et adressée aux maires des communes. 4o M. le Préfet, répondant à une lettre à lui adressée par le Pré- sident de la Société Linnéenne , annonce qu’il s’occupera incessam- ment de la formation d’une Commission générale d’étude de la ma- ladie, d’après le vœu émis par le Conseil généra Dans une réunion tenue en effet, à la Deéloiure Mardi dernier, 27 seine d’après l'invitation et sous la présidence de M. le Préfet , réunion composée de délégués de la Société Linnéenne , de” la Société d'Agriculture et de l’Académie des Sciences , les éléments de la composition de la Commission générale ont été réunis et éla- borés. M. le Préfet a promis de donner suite aux vœux émis par ces diverses Sociétés… 5° M. Dosquet, Sous-Préfet de Bordeaux, écrit à M. le Président de la Société Linnéenne pour lui adresser une lettre qu’il a reçue de M. Mallac, maire de Cubzac. M. Dosquet demande à la Société quelle suite la prudence permettrait de donner actuellement au vœu émis par le fonctionnaire cité. M. le Président a répondu provisoire- ment, le 48 Septembre, et la Commission ayant donné aujourd’hui Ë Ja confirmera auprès de M. le Sous-Préfet. 60 M. O. de Lavernelle, dans une lettre à M. Ch. Des Moulins, écrit (le 46 Septembre ) que la maladie à été très-capricieuse dans ( 265 ) le Périgord, se montrant en quelque sorte au hasard, et à la fois dans les vallons humides et sur les coteaux secs. 7.9 M.'Hauche Corne ( d’Avensan, dans le Médoc }, annonce à M. Cazenavette, à la date du 42 Septembre , qu’il a trouvé un moyen de guérir la maladie, mais qu’il ne le fera connâitre que si un concours a lieu à ce sujet. 8° M. Desmartis fils, membre de la Commission , fournit à M. Des Moulins les . gé pa . En voici les principaux : « La f: , appartenant à M. Fontaine Moreau » (voy. la deuxième eee , ne présente cette année que quatre » ou cinq raisins oïdiés ; la moitié des grappes affectées se trouve » dans la partie malade l’an dernier , et l’autre moitié dans la partie » qui était saine en 1832 ». D’après les conseils de notre collègue, un propriétaire a encollé ses vignes avec de la bouse de vache et a obtenu de bons résultats. Les vignes à végétation luxuriante ont paru à M. Desmartis plus malades que les autres. 9o M. H. Coudert , envoie à M. Ch. Des Moulins une istive et une brochure de M. Quarles Harris, de Londres, intitulée : Remarks, and observations on the wins diseases, eic. Des remerciments seront adressés à M. H. Coudert; maïs la brochure en question, paraissant en définitive rentrer dans la classe des articles, auxquels on donne le nom de Réclame, il ne sera donné aucune suite à cette publication. DÉPÔTS ET COMMUNICATIONS. M. Laterrade père remet aux archives plusieurs journaux renfer- mant des articles ayant trait à la maladie de la vigne. M. Ch. Des Moulins donne communication d’une brochure de M. cer de Toulouse, et entre dans quelques détails critiques à ce M. Ati fait un rapport verbal sur la lettre ee” à la Société Linnéenne par M. Sarrail père. Celui-ci regarde la pourri- ture des raisins de la vigne comme la cause de la maladie et comme conséquence ; il demande des façons fréquentes. Quant à l'observation que’ des vignes abandonnées à elles-mêmes n’ont pas été oïdiées , M. Sarrail explique ce fait par la présence surabondante de mauvaises herbes qui soutirent au sol sa trop grande quantité d'humidité , et les ramènent ainsi presque naturelle- ment aux conditions que les façons fréquentes tendent à lui donner. M. de Kercado lit une communication faite par M. Giqueaux aîné, propriétaire en Queyries. Une vigne de 10 ans, exposée à l'Est, à deux bras, l’un ‘à Pair libre le long d’un pré, l’autre dans la serre ( tempérée ) elle-même. La première a eu ses grappes oïdiées d’une manière extraordinaire ; re n’a pas eu de mal tant que la serre a été close. Du reste , les raisins sains ont été exposés au Jardin- Public par la Société Penh sous le n.0 28. La séance est lev Le Secrétaire-Rapporteur de la Commission , Dr, TH. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 6 Octobre 1853. Pour le president de la Commission , DE KERCADO. SÉANCE DU 4 6 OCTOBRE 1855. (No 15.) Présidence de M. De KERCADO. PRÉSENTS : MM. Bouchereau , Ch. Des Moulins, Lafargue , Later- rade père , Lespinasse ; Cuigneau , secrétaire. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. + CORRESPONDANCE. 40 Lettre de M. Desmartis fils, membre de la Commission. Il s'excuse de ne pouvoir assister à la séance, et, à propos d’un pro- cédé particulier employé par un jardinier des environs de Bordeaux (M. P. Dessarps, chez M. le baron de la Batide , au Tondut }, et sur lequel une Sous-Commission doit faire un rapport, il ajoute que le fauchage des tigesŸdes pommes de terre, alors qu'elles se courbent et se dessèchent sous l'influence du Botrytis, est un moyen héroïque comme préservatif et augmente souvent la ré colte (1). M. Desmartis mentionne encore que ss l'oseille est (4) Au sujet de ce moyen, voici ce qu’en dit en particulier M. Payen : « L'ex- et » maintenant les cultivateurs éclairés y ont généralement recours ». ( PAyEN, Les Maladies des Pommes de terre, etc. p. 39). — Note du Secrétaire-rapporteur. ( 265 ) ravagée par l'altise, le fauchage des pieds empèche la propagation des insectes qui continuent de,mailtraiter les pieds non taillés mais respectent les repousses des plantes coupées. IL a enfin observé quelques faits qui sembleraient militer en faveur de l’opinion de ceux qui prétendent que le couchage des vignes à terre, les préserve des atteintes de l’oïdium. A propos de ces communications, M. de Kercado rapporte que dans un jardin de la rue Delurbe , à Bordeaux , chez M. Ferrari, une vigne effeuillée dès la floraison a été préservée de la maladie tandis qu’autour d’elle , les plants non effeuillés ont tous été oïdiés. M. Ch. Des Moulins ajoute que dans la propriété de M. Delpech, les feuilles se détachent et tombent , mais que les raisins sont ma- nifi Par contre , chez M. Bouchereau , on a effeuillé environ 200 pieds dès l’apparition de la maladie , et, celle-ci est aussi grande sur les pieds dégarnis que sur les autres. M. G.i Drouyn (de Saint-Sulpice d’Yzon), dans une note commu- niquée par M. de Kercado annonce qu’il à essayé sans résultats : 1.0 La suie délayée dans l’eau tiède , 2,0 La suie sèche appliquée sur la grappe mouillée , 3.° De fortes lessives, 4,0 De la cendre sèche 5.0 Une solution de 30 aie sulfate de fer sur un kilog. d’eau. Chacun de ces procédés a du reste été continué pendant 15 jours. M. Petit-Lafitte communique les trois lettres suivantes : (A\M. Désiré Aleaume (Bord. 4 Septembre 1853), renouvelle l’ex- position de son procédé pour le traitement des vignes malades dont il a été question dans la séance du 21 Juillet. Réduit à sa plus simple expression, dit-il, il consiste au moment de la pousse, à supprimer tous les bourgeons inutiles , effeuiller au fur et à mesure du dévelop- pement des jeunes sarments , effeuiller complètement le côté nord : plus tard , étêter tous les sarments et supprimer les faux bourgeons. M. Aleaume s’est bien trouvé de l'emploi du soufre, mais là où il n’a pas employé ce moyen, le soleil a été plus efficace. (B). M Malembic, propriétaire à Bayon ( 26 Septembre), croit à la présence des insectes comme cause de la maladie. H conseillé de faire le mélange suivant : s:: PAU emo afete cal cariiires af 50 litres. Solution épaisse et très coneente de savon. 600 grammes. Oasis res copie de 20R22 30 id. Tabac en feuilles, bouilli dans un litre d’eau CNE à sen rm Pro Sons, id On introduit le raisin dans un vase plein de cette composition et on achève de l'imprégner à l’aide d’un petit pinceau. M. Malembic évalue les frais à 40 fr. par hectare. Journées de femmes ou d’enfants. 10 fr. Frais de composition du remède. 30 fr. On peut , ajontet-il, peut-être aussi heureusement employer l’eau de cendre ou forte lessive , en y ajoutant seulement 500 grammes de savon en solution dans 50 litres d’eau. (C). M. Perrogon, à Avensan, (2 Octobre), demande que le Gouvernement opère un dégrèvement d'impôts sur les propriétaires qui ont le plus souffert de la maladie. Il dit que chez lui, au lieu de 50 tonneaux , il n’én récoltera peut-être pas 5, et qu’une pièce de vignes qui ordinairement fournit 12 tonneaux, donnera tout au plus 2 barriques. (D). M. Moussillac, à Saint Hilaire de la Noaille, (3 Octobre), a fait des recherches dans les minutes des anciens notaires de la Réole, à leffet de reconnaître s’il était possible d’y retrouver quelque bail à ferme , mentionnant la convention que dans le cas, où sur- viendrait la maladie blanche , il y aurait une diminution dans le prix des fermages. Ces recherches ont toutes été infructueuses. Le mème correspondant rapporte que les ceps malades l’an dernier, se ressen- tent cette année du fléau ; mais que le raisin quoique moins abon- dant , rendra plus de vin qu’en 1852. M. Ch. Des Moulins remet aux archives la lettre (n.o 112) qu’il a répondue à M. le Sous-Préfet de Bordeaux , et dont la teneur avait été approuvée dans la dernière séance. | M. Lafargue lit au nom d’une Commissiôff un rapport sur le pro- cédé appliqué par M. Arnaud Sterghel. En voici les conclusions : « Le remède employé par M. Sterghel , et que votre Commission ne » connaît pas, ne lui a pas paru être efficace pour détruire le fléau » qui a ravagé si cruellement cette année nos vignobles ». Le mème membre lit un rapport analytique sur la brochure de ( 267) M. Tisserant , intitulée : Observations sur la maladie de la vigne, dans le département du Rhône en 1852. La Commission remercie M. le Rapporteur du soin et de la lucidité qu’il a mis dans son rap- port. La séance est levée. Le Secrétaire-Rapporteur de la Commission , Dr. TH. CUIGNEAU. Lu et adopté dans la séance du 13 Octebre 1853. Le Président de la Commission , B. CAZENAVETTE, SÉANCE DU 13 OCTOBRE 1855. (N° 44) Présidence de M. B. CAZENAVETTE. PRÉSENTS : MM. Petit-Lafitte , ME , Laterrade, E. Lafargue, : De Kercado ; Cuigneau, MM. Ch. Des Moulins et Bosehaséad; s’excusent de ne pouvoir assister à la séance. COMMUNICATIONS VERBALES. M. Cazenavette a visité les départements de Maine-et-Loire, Indre-et-Loire et Loire-Inférieure. Les vignobles sont peu malades , mais les treilles sont dans un état déplorable. Les traces de l’oïdium sont très-irrégulières ; à Angers, il a reconnu que des treilles situées au couchant, étaient atteintes quoique très-légèrement , tandis que celles qui étaient situées au levant et au nord en étaient exemptes. La même irrégularité se remarque près du Pont-de-Cé. IH a remar- qué également sur les bords de la Loire , la maladie noire avec ulcé- ration. Toutefois, ajoute M. Cazenavette, il n’y a pas de maturité et probablement le raisin n’y arrivera pas cette année. Il conclut en émettant l'opinion que les vendanges seront cette année à peu près nulles dans la Touraine. M. Petit-Lafitte rend compte d’une exploration qu’il vient | dé faire es 1" Mise: FA environs de Saint-Julien, les vignes ne sont pas très-malades ; il y a des places fortement attaquées et en particulier des bordures: “jusqu’à Saint-Laurent , il n’y à que peu où rs de ( 268 raisins : mais c’est par suite des ravages qu'ont occasionnés l’altise et les chenilles : la première sur les feuilles, les secondes sur les mannes. a coulure a causé dans ces vignobles les plus grands dommages: Dans quelques localités , on a détruit les insectes avec des pallettes enduites de coltar et la vigne est en assez bon état de production. Dans quelques propriétés (chez M. le Cte. Duchâtel, par exemple), le soufrage et le drainage n’ont amené aucune amélioration. A Lesparre, sur les bords des marais, les vignes sont détestables. En se dirigeant vers Saint-Estèphe, on ne trouve pas de mal; mais au delà de Lesparre ( dans les anciennes parties marécageuses }, Poïdium réapparaît en abondance. M. Petit-Lafitte, à propos des cé- pages, remarque que les chasselas blancs sont perdus, et que les chasselas roses sont intacts. Cette observation est confirmée par une . analogue de M. Lafargue. D Marmande , nu encore Se béprmente à le raisin rouge est attaqué ; mais le tité de récolte. k 1 | RAPPORTS. M. T. Doninett. enverra les rapports sur les visites faites par les Sous-Commissions dont il est l’organe, dans les vignes traitées par MM. Lalliman et Dessarps. DÉCISION ADMINISTRATIVE. _ M. Cuigneau propose et l’Assemblée adopte, que le rapport des travaux de la Commission qu’il sera chargé de arm soit mis à l'ordre du jour de la prochaine séance géné M. Cazenavette ajoute que vu pe a d’une Commission nouvelle formée sous la présidence de M. le Préfet de la Gironde, la Commission de la Société Linnéenne mette un terme à ses réu- nions et que cette réunion soit la dernière. Cette a adoptée. La séance est lev Le Scréareegprr de la Commission : Dr TH. CuIGxE AU. Lu et adopté en séance. : Le Président de la Commission : B. CAZENAVETTE. ( 269 Extrait des Registres des Procès-verbaux des Séances e la Société Linnéenne. SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1854. Présidence de M. Ch. DES MOULINS. Cuigneau donne lecture d’une partie de son rapport sur la maladie de la vigne, comme rapporteur de la Commission de l’an- née 1853. ” M. le Président remercie M. Cuigneau, et l’Assemblée vote l’im- ee de la partie du rapport dont elle vient d’entendre la lec- “a Commission, dite nn est chargée ee la lecture de la suite du rapport Pour extrait conforme : Secrétaire-Général , : Dr Eug. LAFARGUE. La Commission , dite d'Agriculture, n’ayant pu, pendant le temps où elle est en fonctions, c’est-à-dire les vacances de la entendre la lecture des autres parties du rapport anses plus hat, le Conseil d'administration de la Société Linnéenne à depuis, p plusieurs décisions motivées, autorisé l'impression de la totalité cm ee des ee des documents dont voici l’'énumé- ie " C. D. E. — Lettres pi comprenant celle que M. le Dr Desmartis fils a reçu de M. T F. — Note sur les de sEt à causés par les Erysiphes. G. — Note sur la composition chimique de loïdium ou des parties oïdiées. H. — Note sur le rôle des insectes dans la maladie de la vigne. I. — Extraits de la correspondance des maires du département. 3. — Note sur les cépages attaqués. K. — Note sur les remèdes employés. + ivers “à Pour extrait : LA Le Secrétaire du Conseil, Mars 1855. Dr Th. GUIGNEAU. ( 270 ) DOCUMENTS ET PIÈCES À L'APPUI. ES D Dan RSOD LS Document A. Lettre de M. le Président de la Société Linnéenne à M. le Préfet de la, Gironde, sur les mesures admi- nistratives à prendre dans l'application du Procédé- Gontier. { Voy. Séance de la Commission du 11 Août 1853 ). Bordeaux , le 11 Août 1855. MONSIEUR LE PRÉFET, En réponse à la lettre que vous m’avez fait honneur de m’écrire le 9 de ce mois, et en vous remettant la lettre de M. le Maire de Cubzac, dont vous m’avez chargé de donner com- munication à la Commission de la maladie de la vigne, je m’empresse de vous faire connaître l’opinion émise, A L’UNA- NIMITÉ, par les sept membres pré à la séance, qui vient à l'instant d’être close. La Commission est d'avis : 1.9 Qu'en l’absence de toute certitude de réussite, et surtout de réussite durable, par l’emploi d’un moyen curatif quel- conque, il est absolument impossible de rendre obligatoire Vessai de ce moyen. — En effet, le rendre obligatoire comme Péchenillage, ce serait attacher une pénalité au refus que fe- raient les propriétaires de se conformer à la prescription de VPautorité; et une pénalité ne peut être invoquée qu’à la condi- : tion de la certitude ou du moins de la condition { lesquelles ne sont pas acquises ) de l’utilité réelle de la mesure 7. serait appelée à sanctionner. — Or, l’'insufflation du so tageux, quoique momentané, exigerait dans la Gironde, lém- (271) ploi simultané d’un nombre de bras tel que la majorité, peut- être, des propriétaires se trouverait, par force majeure, en état de contravention, ce à quoi l'autorité ne peut absolument pas les exposer. 2.0 Que cependant, le soufre ayant constamment offert, lors- qu’il a été employé, le résultat avantageux de faire, au moins momentanément, disparaître l’oïdium , il y a lieu de la part de lPautorité à en recommander vivement l'emploi aux pro- priétaires qui auront les moyens de le mettre en usage. Le moyen proposé par M. Mallac ne remplirait pas même complètement le but que ce zélé magistrat a en vue; en effet, il offre cet inconvénient grave, qu’il faudrait le rendre obliga- toire non-seulement pour la commune de Cubzac, non-seule- ment pour tout le département, non-seulement encore pour les départements voisins, mais même pour les pays limitro- phes, à cause de la facilité du transport, par les vents, des spores de loïdium. Sans cela, la prescription pourrait être illusoire, et son extension à ce point est impossible. La Commission regrette vivement de n’avoir aucun rensei- gnement précis sur la pratique manuelle et le prix de revient du soufrage qu’elle sait être, en ce moment même, employé en grand dans la propriété de M. le C.te Duchâtel, à Lagrange, et probablement dans celle de M. Pescatore , à la Barde (Médoc). Recevez, Monsieur le Préfet, etc. . CH. DEs Mouxins. Document B. Lettre du Président de la Société Linnéenne M. le Préfet de la Gironde, sur la publicité à donner auæ documents fournis par M. Tucker. Bordeaux , le 14 Septembre 1853, | MONSIEUR LE PRÉFET, Un de mes collègues dans la Société Linnéenne et dans la Commission de la maladie de la vigne, M- le D.r T. Desmartis fils, ayant eu occasion d’écrire à l’auteur de la découverte de (272) loidium, M. Ed. Tucker, jardinier de M. Slater, à Margate, en a recu la réponse ci-jointe, de deux mois postérieure à la lettre que M. A. Gaschet avait recue de lui et que la Société Linnéenne vient de publier et de répandre à grand nombre. Cette nouvelle lettre est extrêmement importante en ce qu’elle annonce wne diminution notable dans l'intensité de la maladie après les six années de ravages exercés par elle sur les cultures forcées de l’Angleterre; et, sous ce rapport entr’autres , il nous paraitrait extrêmement utile qu’il fût donné le plus de publi- cité possible à un document qui peut ainsi relever les espé- rances de nos viticulteurs. Plusieurs de MM. les Maires dont vous avez eu la bonté de nous communiquer les lettres, vous ont demandé, Monsieur le Préfet, de tenir leurs administrés au courant de ce qui pour- rait ranimer leur confiance et leur inspirer le courage de tra- verser plus patiemment les idées pénibles qui, probablement, s’ouvrent encore devant nous. La lettre du célèbre jardinier de Margate nous semble susceptible de contribuer à ce résultat désirable, et nous nous empressons de mettre à votre disposi- tion la traduction que j’en ai faite moi-même. Né en Angle- terre pendant l’émigration de mes parents, mes premières paroles ont été bégayées dans l’une et l’autre langue, et si je dois avouer qu’à la longue , il m’est devenu difficile de soutenir couramment une conversation en anglais, j’ai conservé du moins assez d’habitude de le lire et de l'écrire pour pouvoir accepter la responsabilité toute entière de la fidélité des tra est < que je fais ou que je revois. rait-il permis d’espérer, Monsieur le Préfet, qu’accueil- lant 2 avec intérêt le document ci-joint, vous auriez la bonté de le faire insérer dans le Recueil des Actes administratifs, dans la Feuille du Dimanche et dans les cinq grands journaux de la ville, où j’oserais vous demander de le faire suivre du mot communiqué, afin qu’il attiràt plus spécialement l’attention des lecteurs, comme émanant men en: de Le sollicitude pater- nelle de l'administration ? Jai honneur, etc. CHARLES DES MouLins. (275) Document C. Lettre de M. Éd. Tucxer à M. le D T. DesmarrTis fils, à Bordeaux ; traduite par M. Cu. Des Mouuxs. Margate , 7 Septembre 1853. MONSIEUR, En réponse aux questions renfermées dans la lettre que j'ai eu l'honneur de recevoir de vous, permettez que je commence par vous assurer que je serai véritablement heu- reux de vous fournir tous les renseignements qui sont à ma disposition. I y a dans les environs du lieu que j'habite, des vignes qui ont été fortement attaquées par l'oidium pendant ces six dernières années ; mais , malgré cela , elles ont continué à donner du fruit, quoique les ceps eux-mêmes fussent évidemment affaiblis par les attaques répétées du parasite. Néanmoins, pendant les deux ou trois dernières années , la maladie a été en décroissant, et, quoiqu’elle ait apparu cette année { 1853 ), son invasion a eu lieu d’une manière si légère, qu’elle a à peine attiré l’attention ; les vignes se sont rétablies ( recovered ) et poussent avec vigueur. JE CROIS QUE, DANS TOUT CE PAYS, LE MAL EST EN TRAIN DE DISPARAÎTRE. Dans le petit nombre de cas où j'ai pu, cette année, observer des vignes attaquées un peu plus fortement (in a rather more malignan manner |, j'ai employé avec un suc- cès complet le remède suivant : Sur une livre de fleur de soufre et la Sr à quantité à peu près, de chaux non éteinte (uns laked lime), j'ai versé ( 274 ) trois gallons ( mesure anglaise#peur les liquides } d'eau bouillante. Puis ayant étendu cette solution de dix gallons environ d’eau froide , j'ai décanté lorsque le liquide a été parfaitement clarifié. Les grappes de raisins y ont été trem- pées | dipped ), et maintenant elles mûrissent et sont en parfaite santé. En ce qui concerne la maladie noire, je n’en connais absolument aucune sous ce nom, et je n’ai observé aucune autre maladie que celle qui a été le resultat de l’oidium. Au printemps de cette année , j'ai pu observer le mode de reproduction de cet insidieux champignon; elle a eu lieu par division spontanée , et aussi par le moyen de zoospores, à la manière des organismes inférieures de la famille des algues. C’est ce que j'ai vu de plus rapproché des phéno- mènes de la vie animale; excepté pourtant à une période avancée de la maladie. Alors et au moment où, les raisins ont commencé à se décomposer | have begun 10 decay ), des insectes ont apparu, qui, semblables aux magistrats d’un ordre inférieur, chargés de maintenir la propreté des rues ( Scavengers) (4), sont venus hâter la disparition de cette matière dégoûtante | offensive mass ). Permettez-moi de vous dire que j'ai été mal compris par les personnes qui croient que j'ai attribué la cause de la majadie à un défaut de soins dans la culture de la vigne; jamais je n’ai eu, même pour un instant, pareille opinion. (1) Un dictionnaire très-estimé en Angleterre , le Sheridan im- proved , % édition , publiée à Londres en 1804 , par Stephen Jones, explique ainsi le mot scavenger employé par Tucker : À petly ma gistrate , whon province is to keap the streels"clean. J'ai traduit littéralement cette explication faute d’une appellation univoque et applicable à cet agent subalterne de la police administrative. (Note du Traducteur ). ( 275 ) En terminant, Monsieur, laissez-moi vous dire que, tout en m'affligeant profondément , ainsi que mes compa- triotes , de la calamité qui nous menace, j'espère encore qu'elle pourra n'avoir pas des conséquences aussi désas- treuses qu'on le craint. J'ajoute enfin , que si j'ai été ou si je suis à l’avenir en position de vous fournir quelque information qui vous puisse être le moindrement utile , je m'en trouverai vraiment heu- Teux. Je suis, Monsieur, etc. ; Epovarp Tucker. Document D. Lettre de M. le Président de la Société Linnéenne à . le Préfet, sur des mesures administratives à prendre à l'occasion de l'état des vignes dans Le département. Bordeaux , le 14 Septembre 1853. MONSIEUR LE PRÉFET, Je viens au nom de la Société Linnéenne, et de la Commis- sion de la maladie de la vigne, soumettre à votre haute appré- ciation une question pour laquelle je vous demande une solu- tion dont les suites peuvent n’être pas sans importance. L'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bor- deaux, à promis une médaille d’or de 500 fr. à l’auteur du meilleur mémoire qui lui serait adressé sur la maladie de la vigne, sur ses causes et sur les moyens efficaces de la com- battre ou de la prévenir. La Société d'encouragement pour l'Industrie nationale sié= geant à Paris, rue Bonaparte, n.° #4, a promis un prix de 10,000 fr., à celui qui trouverait un remède réel à Me à à au es fléau ( 276 ) Enfin, on dit que le Gouvernement, prenant en considéra- tion l’importance immense de cet objet d’études, ainsi que le précédent qui nous a été donné en exemple, au commence- ment de ce siècle, relativement aux métiers à filer le coton, — enfin le vœu qui lui a été soumis et que le Conseil général de l'Hérault a déjà appuyé de son vot&, — on assure que le Gou- vernement, dis-je, se propose de consacrer #n million à lin- venteur d’un remède eficace; et certes, jamais récompense nationale n’aurait été plus légitimement méritée. Dans ces circonstances, Monsieur le Préfet, il était facile de prévoir que de nombreux efforts seraient tentés pour obtenir place dans le concours et dans les chances favorables qu’il offre au double désir de faire le bien général et d’obtenir une récompense. Je n’ai à vous entretenir de ce concours, Monsieur le Préfet, qu’en ce qui se rapporte à la très-modeste sphère des travaux de la Société Linnéenne. Plusieurs demandes vous ont déjà été adressées, à l'effet d'obtenir le transport d’une Commission chez les inventeurs de procédés, et nous nous sommes fait un rigoureux devoir de répondre à ces appels. Les procès-verbaux des visites de ces Sous-Commissions, après avoir été approuvés par la Commission, puis adoptés par la Société Linnéenne, donneront droit aux impétrants d’en obtenir me a La sS posé de prix, et n'ayant pu en proposer, vu la modicité de se ses ressources, là s’arrêtera son action directe. Mais là aussi, Monsieur le Préfet, vient se placer la ques tion dont jai eu l’honneur en Een regre me de vous ee la solution. Fe Les témoignages Ps ser mi a pente contenus dans les procès-verbaux de t entreront-ils pour quelque éhôke dans té éléments ts officiels des décisions qui seront portées par les juges des Core pour les diverses récompenses proposées ? (35) 2. De quelles formalités ces procès-verbaux devraient-ils être entourés pour que, le cas échéant, il pût en être ainsi? 3.0 Notre qualité de Société scientifique approuvée par le Gouvernement ( Ord.ce roy.le du 25 Juin 4828 }, subventionnée régulièrement par le Conseil général et par le Conseil municipal, et irrégulièrement (de loin en loin } par le Ministère de l’Ins- truction publique, — cette qualité, dis-je, suffit-elle pour assu- rer à nos témoignages favorables ou contraires, un caractère officiel capable de leur donner place dans les éléments du jugement des concours ? 4.0 Si vous ne pensez pas qu’il en soit ainsi, une délégation spéciale de votre part nous conférerait-elle cette qualité offi- cielle et incontestée? 5.0 Enfin, auriez-vous la bonté, Monsieur le Préfet, si ce n’est de prendre, du moins de provoquer les mesures qui au- raient pour effet d’atteindre ce but utile ? Je dis wtile et je crois pouvoir le dire; car il se peut que la Providence fasse naître une bonne idée dans la tête du plus humble cultivateur. Supposez que cet homme s’adresse à nous qui sommes à sa portée, et ne songe pas à s’adresser ailleurs pour faire constater l’efficacité de son procédé; il pourrait arriver qu’il se trouvàt dépourvu de témoignages suffisamment officiels pour lui donner droit à une enquête plus élevée en définitive, si nos procès-verbaux ne devaient être considérés que comme de purs et simples renseignements. Cet inconvénient se présenterait d’autant plus probablement, qu’il y aurait plus de prétendants à la découverte du remède et à son bénéfice, d'autant plus probablement que ce concours multiplierait davantage les rivalités et les jalousies. Déjà, et vous l’avez remarqué peut-être, Monsieur le Préfet, déjà , dans la presse bordelaise , il a £té demandé avec quel- que insistance pe QUI /@ Société Linnéenne tenait la mis- sion de publier son avis sur la maladie de la vigne. On sem- blait insinuer en termes assez yes 2 que cette mission, nous nous létions pour ainsi dire : arr 14 Cependant, il n’est pas difficile d 1 approuvée par le Gouvernement, sboénhohiide par jo il Tome XX. (278 ) tration, regarde comme son premier devoir de se mêler, selon la mesure de ses forces et de ses ressources, des objets duti- lité publique qui concernent sa sphère d’études. Il est tout naturel qu’un journaliste et ceux qui dirigent sa plume, ignorent les rapports officiels dont vous avez agréé l'établissement entre vous et notre Commission de la maladie de la vigne; mais j’ai cru devoir mettre ces observations sous vos yeux, Monsieur le Préfet, comme prouvant d'avance que Particlesde la Société Linnéenne sera critiqué et contredit par ceux dont elle pourrait contrarier les opinions ou.les inté- rêts, si elle n’est pas revêtue, dans cette grave circonstance, d’un caractère officiel ? Jai l’honneur d’être, etc. " Cu. DES Mouuins. Document E. Lettre de M. le Président de la Société Linnéenne, à Monsieur le Sous-Préfet de Bordeaux. ( DES EFFETS DE L’OÏDIUM OU DES PARTIES OÏDIÉES SUR LA SANTÉ; DE L'USAGE QUE L’ON PEUT FAIRE DES RAISINS OU DU VIN OÏDIÉS }). Bordeaux , le 18 SRE 1855. some LE SOUS-PRÉFET , J'ai Vhonneur de vous accuser réception de la lettre que vous avez bien voulu m’adresser hier avec une proposition émise par M. le Maire de Cubzac. Bien que mon opinion personnelle, résultant de l’ensemble des études faites jusqu'ici sur la maladie de la vigne, soit fixée. sur,le point qui fait l'objet « de la lettre de M. Mallac, je ne puis cependant me permettre de vous le présenter comme une réponse réelle à la question que vous me faites l'honneur de m'adresser. Je ne dois, en effet, vous exposer comme têlle, que la réponse de la Commission. EMe se réunira Jeudi, et dès Vendredi, 23, cette réponse sera mise sous vos yeux. (279 ) Mais comme j’ai lieu de croire que, puisée dans. les mêmes faits et les mêmes documents que la mienne, l'opinion de mes collègues n’en diffèrera pas essentiellement , je crois devoir vous dire officieusement, dès aujourd’hui, ce que je pense: 4.0 Il n’y a pas lieu. d’espérer qu’avec ce qu’on pourra ré— colter de raisins cette année, on obtienne un vin d’une belle qualité ; 2.0 Il sera même impossible d’obtenir du vin avec les raisins très-fortement attaqués ; 3.0 Ceux qui le seront moins, donneront un produit qui, du moins, ne sera pas d'un usage dangereux (Conseil de salubrité de Lyon; rapport de M. L. Leclerc au Ministre; documents piémontais et pe Pme reçus par la Société Linnéenne , etc.). La pus d’Agriculture du Congrèsgscientifique de France, en 1852, à Toulouse, à été un peu plus craintive; elle a fait la recommandation (bien superflue à mon sens), de ne pas manger de raisins oïdiés, par prudence et en l’absence de dangers constatés; - 4.0 M, Mallac a raison de penser que les acheteurs de vins feront tous leurs efforts pour exploiter la panique qui s’empare déjà des petits propriétaires, et obtenir des prix très-bas : ma mœæuvyre contre laquelle les vendeurs devront se tenir Ssoigneu- sement en garde. . J'ai l'honneur, etc. . CH. DES MOULINS. N. B. — La Commission, dans sa séance du 29 Septembre, a adhéré antérieurement à la lettre précédente. Document F. L 7 sur la composition chimique de l'Oïdium et des parties oïdiées. «M. Carlini, Dé à Borgomasino , a remis à notre collègue, M. Ca les résultats de quelques € qu’il a faites sur ne “hr du cryptogame parasite, des. ( 280 ) quelles il ressort que l’eau de chaux et la lessive de cendres, exercent aucune action dissolvante sur lui, et qu'avec Peau bouillante on en obtient un extrait amer, nauséeux, dune nature résineuse. » Des analyses chimiques de M. Griseri, il résulte que le champignon parasite, abstraction faite de l’eau de végétation, commune à toutes les plantes, est composé des matériaux constituants suivants : 4.0 Matière grasse; 2.0 Résine; 3.0 Matière azotée rent : 4,6 e: 5. Albumine ER 6.0 Acide fungique — acétique vs 7.° Fungine. A cela, on peut ajouter que du raisin gravement affecté, il s’exhale une odeur repoussante, de nature ammoniacale ; laquelle est ou une excrétion du champignon lui-même ou le produit de sa décomposition spontanée et naturelle. « Cette mucédinée (lOidium), isolée avec soin des grains de raisin malades, et calcinée dans un creuset de platine, laisse une cendre d’une couleur blonde-rousâtre, qui, exa- minée € chimiquement, se trouve composée des substances sui- va A on ht avec la potasse, la chaux, la magnésie, l’'ammoniaque ; Oxide de fer a des traces. » « Sels : chlorures....:.::#.... sulfates. in. 2 phosphates | (Extrait de BERTOLA , tone rm lt malade 1854, p. 30.) ( 281 ) D’autre part (1), les-pellicules brunes des raisins malades sont composées, d’après Borsarelli (2), de 1.0 Une matière colorante, jaune-rougeàtre, soluble à l'eau (3); 2.° Une matière rougeâtre , sguble dans l'alcoot (4); © 3,0 Fibre végétale UR tissu cellulaire, insoluble dans l'eau et . l'alcool (5); 4.0 Une matière azotée et potasse (6). Plus récemment, les recherches de ce genre ont été pous- sées plus loin par MM. Cozzi, Thomas Funck et Em. Becchi, à Florence; en voici les résultats tels qu’ils sont insérés dans les Comptes-rendus des séances de l'Académie des. Géorgo- Dhiles (4 Septembre 1853, p. 578 et suiv. ): » 4.0 Les parties non-oïdiées contiennent toujours une plus forte dose d’eau que celles qui sont attaquées; ainsi l’eau des rameaux sains : celle des malades... :: 7.160 : 6.988 Dans les feuilles :: 7.380: 4.960 — les raisins :: 8.754: 8.180 » 2.0 Les matières organiques prévalent toujours dans les parties oïdiées, et sont aux matières organiques qui se trouvent dans les parties saines : Dans les rameaux “ADI: LI — les feuilles :: 4.670 : 2.493 — les raisins vs. MA : 14182 (1) Voyez sur la maladie de la vigne, mémoire de M. L. Ouparp, p. 10 et 11. (2) Membre de l’Académie royale d'Agriculture de Turin. (3) Elle est regardée par M. L. Oudard comme l’analogue de la matière gommeuse , trouvée, par Sennebier, dans l’eau exhalée par la vigne. (4) Analogue de la matière résineuse de Sennebier. (5) Analogue de la matière insoluble de Sennebier. (6) Ces substances cs être fournies rep les débris de loi visqueuse , et qu'il y ares) a PE OS orgat en pellicules (L, Quparp , loc, cit. }. ( 282 ) -» 3.0 Sur cent parties de cendres, leS sels alcalins sont tou- jours en plus forte dose dans les parties saines de la vigne. Ainsi les sels alcalins sont entr’eux : Dans les rameaux 06.201 : 23410 — Jes feuilles st :: 45.067 : 14.850 :: 252.838 : 45.667 » 4.0 Enfin, parmi les principes constituants, la matière orga- nique, l’azote se trouve toujours prévaloir dans les parties affectées d’oïdium,. d’après les proportions suivantes : Dans les feuilles 55 2.645 : 2.005 — les raisins 55 2.449 : 4,043 — les raisins L'analyse de la matière organique des rameaux manque , parce que les recherches comparatives n’étaient pas encore terminées. » Quelques personnes ont cru voir dans la plus ou moins grande quantité de chlorophylle, que contient la peau du grain, l'explication de la facilité du raisin à être attaqué. Ainsi, le Chasselas de Fontainebleau présente des plaques nombreuses et communiquant entr’elles ; ainsi, le Malaga offre, au con- traire, des taches plus petites; le raisin se sèche, mais il ne fend pas ; mais là, les jeunes pousses sont le plus attaquées. (Voyez ORMANCEY, Observations sur la maladie du raisin, de : les Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l' Aca- ie des Sciences. T. XXXIII, p. 320. ) D. Th. CuIGNEAU. “ Document G. | Note sur le rôle des Insectes dans la maladie de la vigne Parmi les causes présumées de la maladie de la vigne, il en est une dont il n’est plus en usage de parler, et qui, aux yeux de presque tous les observateurs, est, passée à l’état de cause jugée, je veux parler des Insectes. Je pourrais donc à là rigueur me borner à rappeler les — lignes que lui con ( 283 ) sacrait l’année dernière, l’honorable collègue qui rédigea le compte-rendu de la Commission. Toutefois, cette question s’est reproduite daté avec une telle instance, que j’ai cru devoir la mentionner de nouveau à cause surtqut dela part considérable que notre zéké président a prise dans le début, Dès le mois de Septembre 1851, M. Robineau-Desvoidy, membre du Congrès scientifique d’Orléans découvre un Acarus sur les vignes malades, et dès-lors la cause de la maladie jus- ques-là attribuée à un champignon est définitivement connue, c’est un acarus. En présence de tous les faits qui se sont pas- sés depuis, je me plais à espérer que le savant entomologiste Bourguignon aura beaucoup diminué de limportance énorme de sa découverte; mais par malheur, le principe émis par lui, a trouvé de nombreux approbateurs, et maintenant encore, ces mêmes idées sont vigoureusement soutenues par un des sy habiles viticulteurs du Midi, M. Cazalis-AHut. Mais au milieu de toutes ces observations , il est loin de régner une uniformité parfaite : le même animal, ou du moins celui que l’on prétend le même, est un véritable caméléon; il change de couleur, il change de peau, il change dé formes; à Lyon, il est jaune, à Orléans, il est rouge; à Montpellier, il est gris de fer, etc. 1 Sans entrer dans de plus longs détails, je rappellerai la let- tre si pleine d’esprit et de vérité que M. Des Moulins insérait dans La Guienne, le 23 Janvier 1853 en réponse à la brochure que M. Fléchet, de Lyon, avait publié sur la maladie de la vigne. «M. Fléchet a observé un acarus sur la vigne, à Lyon, et il le décrit de manière à faire reconnaitre en lui, d’une manière indubilable, un animal connu depuis bien longtemps, tar il est . par Linné, — l’acarus fleur (Acarus telarius), ainsi nommé des nombreux fils blancs qu’il dépose sur les végétaux _cela dont il fait son habitation. L'observation de M. Fléchet a cel d’’intéressant qu’elle montre la vigne envahie; à Lyon, par un animal qui, d'ordinaire, attaqué d’autres ge et particu- ( 284 ) lièrement le Tileul, auquel il est bien reconnu qu’il ne fait aucun mal. » C’est à lui pourtant que M. Fléchet attribue EXCLUSIVEMENT la maladie de la vigne, comme M. Robineau-Desvoidy avait attribué SA CAUSE première à un acarus décrit par lui dans les Comptes-rendus de l’Académie des Sciences de Paris, et par moi dans ceux du Congrès d'Orléans (vous avez bien voulu insérer ce dernier rapport dans La Guienne, à la fin de 4851 ). Or, ces deux acarus fort distincts {car l’un est jaunâtre et allongé; autre rouge-groseille et globuleux) n’ont paru ni lun ni l’autre sur les vignes du Bordelais, et HORS nous le sa- vons trop, elles ont été malades ! » Ilest vrai que M. Fléchet déclare que cet atôme a été mal » nommé en l’appelant Oidium, parce qu’au lieu d’être une » végétation parasite, c’est un animal nuisible. » Ceci veut dire en bon français, que les naturalistes ont pris un animal pour un végélal, un acarus qui se meut pour un champignon qui ne peut pas se mouvoir, en un mot, que les naturalistes n’enten— dent absolument rien à l’histoire naturelle. » En vérité, si les naturalistes avaient commis une erreur aussi lourde, je ne pourrais les excuser aux yeux de M. Flé- chet, qu’en le priant de remarquer : . Qu'il a pris un acarus pour un insecte, c’est-à-dire qu’il a pris un animal qui a huit pattes, qui ne fait que changer de peau en grandissant, qui ne subit pas de métamorphoses, c’est-à-dire qui ne passe pas par l’état de larve ou de ver, — pour un animal qui n’a que six pattes, qui ne change pas de peau, mais bien de formes, c’est-à-dire qui subit des méta- _morphoses et qui passe par l’état de /arve ou de ver avant de devenir insecte parfait. » 2. Que, puisqu'il a observé des acurus et des vers, ce Sont deux animaux différents, appartenant à deux classes différen- tes, et non un seul animal à divers âges, qu’il a observés et décrits. » 30 Qu'en PODaRE «de son propre mouvement » (sie) eet animal acaruæarachnide ; il a prouvé que la nomenclature de ( 285 ) l'Histoire naturelle lui est aussi parfaitement étrangère que les principes de cette science; car, l’acarus fait partie de la classe des arachnides de Lamarck, et on ne peut pas lui donner pour nom spécifique, le nom de sa classe : c’est comme si, pour dis- tinguer un perroquet d’un autre, on l’appelait perroquet oiseau. Il est vrai qu’une bruyante fanfare d’appellations empruntées à la zoologie sert de-carillon à ce singulier baptême scientifique : elle dit que cet acarus est de la nature des ixodes, « familles arachides acarides, presque semblables au genre sarcople »; mais qu’est-ce que cela prouve, si ce n’est qu’il y a des phra- ses intraduisibles ?... ce sont celles qui ne présentent aucun sens précis. : » Encore une fois, Monsieur le Rédacteur, si les naturalistes ont commis la faute que M. Fléchet leur reproche, il faudra croire que l’histoire naturelle porte malheur à tous ceux qui s’en mêlent » Je ne veux pas dire par là que la publication de M. Fléchet soit entièrement inutile. Ce qu’il dit de l’acarus jaune, montre une des faces de la redoutable maladie de la vigne, comme POidium, vrai végétal, vrai champignon, en montre une autre (la plus répandue et la plus terrible), comme la maladie noire en montre une troisième; et c’est précisément de cette variété de formes , de symplômes , que plusieurs naturalistes et viticu)- teurs tirent une conclusion, — à savoir, que la vigne est en ce moment atteinte d’une prédisposition maladive qui la rend susceptible d’être, plus qu’à l'ordinaire, attaquée par les para- Sites animaux ou végétaux. » Il est possible que l’acarus jaune, très-multiplié, fasse du mal aux vignes lyonnaises, comme le croit M. Fléchet, et comme il la très-ingénieusemént expliqué, physiologique- ment et chimiquement; mais les vignes sont malades à Bor- deaux et dans mille endroits où cet acarus n’existe pas. Donc, IL WEST PAS LA CAUSE DE LA MALADIE DE LA WIGNE! Donc en- core, le remède proposé par M. Fléchet pour détruire Pacarus, remède imité de celui qui a réussi au célèbre Audouin pour détruire la Pyrate, n’affranchira pas nos vignobles du fléau qui les menace! Donc enfin (et ceci s'adresse à d’autres qu’à ( 286 }) M. Fléchet), le remède qui ne détruirait que l’Oidium, ne nous délivrerait que d’une des faces de la maladie, et non de la ma- ladie elle-même ! PS RS 50 AN me La D en aie APN Ge UN PS SR SR RS DOS DS Gé ON A de 2 5. | CH. DEs Mouuiss, dans la Guienne, du 23-Janvier 1853. » Quelque temps aupa nt, au sein d’une autre Sogjété sa vante, le même membre s’exprimait ainsi à l’occasion de la découverte (sic) faite sur ce même sujet par M. Paulus RUE de Lyon : « Ce n’est pas, disait comme Rapporteur, M. Ch. Des Mou- lins, dans la séance de l’Académie des Sciences , le 25 No- vembre 1852, notre vieil acarus rouge, découvert à Orléans, par M. Robineau-Desvoidy. Ce serait d’après une longue note communiquée à M. Troccon, par M. Bidault, un acarus jaune et translucide qui file une espèce de bourre blanche et que M. Bidault ne nomme pas. D’après sa description, je lai re- connu pour une espèce bien connue des naturalistes, Pacarus telarius, de Linné, que j’avais eu loccasion d’observer en abondance dans le département d’Eure-et-Loir sur les feuilles de Tilleul. | | « M. Bidault croit que cet insecte peut sauter, ce qui est possi- ble; puis, il affirme qu’il vole, ce qui ne se peut guère, puisque les animaux de la classe des acaridiens n’ont pas d’ailes (4)..» ns une publication postérieure à celle que faisait M. Flé- chet, qui persiste plus que jamais dans son acarus, dans là toile que produit cet acarus, laquelle toile asphyxie la plante, en annulant la sève plongeante !! l! M. Fléchet, dis-je, conseille un remède qui, comme moyen de fixation du soufre, semble mériter quélqu’attention. Il consiste en une sorte d’embrocation faite à l’époque de la taille, en des endroits D ÉTr mais toujours sur la vieille écorce, avec un mélange, à parties égales , de fleur de souffre et d'huile de choux ( Le de colza. L (1) Actes del Acad: des Se, de PS 14e an. 1852, puTS8.et suiv- ( 287 | telle qu’elle est retirée de dessous le pressoir). M. Fléchet prétend en avoir obtenu des résultats magnifiques ; dûs aux émanations sulfureuses qui s’exercent, dit-il, dans un de dun mètre autour du cep ainsi traité. Je ne fais que mentionner, pour mémoire, la lettre de M. le D.r Léon Dufour, déjà publiée, il y a long-temps, dans les Actes de la Société Linnéenne. Mais, à ces détails, je crois utile de joindre l’observation suivante, qui vient singulière- ment corroborer les idées de notre grand entomologiste, et que je traduis littéralement des Comptes-rendus des séances de PAcadémie royale des nn ? rédigée par M. Luigi Ridolfi, secrétaire. « Les Acarus et le cryptogame de la vigne. Le R te ASONER RE TS SU RAT ST ND ue ee ur , » Durant tout le cours de l'Été passé, re penfest Amici » avait eu l’occasion d'observer le mode particulier de fruc- » lification de la cryptogame de la vigne, dont la science » Jui devait la découverte, mais qui est encore &n sujet de » discussion entre les savants pour savoir si elle constitue ». la forme complètement développée d’un sporange d'oi- » dium, ou si elle ne représente que la forme picnidigère ». d'un érysiphe dont on n’a pas encore découvert le véri- » table et. propre fruit conceptaculaire, Quoi qu'il en soit, » dès le commencement de l’Automne, la rareté des spo- » ranges cessa complètement { celle-ci était telle qu’elle »_ rendait difficile au prof. Amici de satisfaire aux demandes ». qui lui étaient faites par ses correspondants, et pourrait, » en quelque sorte, faire présumer une reproduction plus » limitée pour l’année prochaine ); l’abondance fut telle » qu'il arrivait fréquemment d'en trouver plus de dix dans » le champ étroit du microscope... , + ++ - «.#: » d'en s NC “ HUE N LS 288 }) » Sur quelques échantillons de pampres où se trouvait » son sporange en très-grande abondance, le profess. Amici » a observé tout d'abord avec étonnement que ceux-ci » étaient au bout d’un certain intervalle ou tout-à-fait dis- parus ou bien diminués. S’appliquant à ce singulier phé- » nomène , le profess. Amici n’a pas tardé à s'assurer , par l'ebservation directe, que les sporanges étaient, dans ce cas, dévorés par ces mêmes acarus que divers observa- » teurs avaient annoncés comme se trouvant très-fréquem- » ment sur les vignes malades, et auxquels quelques per- » sonnes, surtout dans le midi de la France, avaient attribué » une part active dans la production de la maladie. D’après » les observations actuellement exposées par le profeseur » Amici, ces petits êtres doivent être considérés sous un » aspect bien différent, et il y a plutôt lieu de se plaindre » que l'aide qu'ils prêtent à l'homme pour combattre la » maladie, ne soit pas plus efficace. Déjà, on avait dit que la présence de ces insectes sur les vignes malades devait » sed un es Re à consécutif, mais on croyait qu'ils » iques de l’épiderme pour » hébe utilité propre. Aujourd’ € que la première induction » mi SRE on pu ‘de is que ces ce ne » dommager » les vignes ou les raisins, mais qu’au contraire ils font » une rude guerre à leurs organes reproducteurs , offrant » ainsi un nouveau et admirable exemple dans sa petitesse » extrême, de Ja manière dont sont intimément liés en- » tr’eux les organismes qui composent le sublime système » de la création. # » Lurcr Rinouri, [4 wm ht s À A ie DS : «UE % hiles. » { Voyez Rendi-conti delle adunanze della R. Accademia dei Georgofili, — ns: - 1855, p. Bab} ( 289 ) Si quelques personnes étaient tentées de connaître les prin- cipaux mémoires publiés à l’égard du rôle qui a été attribué aux insectes, nous leur indiquerons les suivants : RoBINEAU-DESVOIDy. — Mémoire sur la maladie de la vigne el sur celle de la pomme de terre, dans les comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences. T. XXXHI, p. 313 et suiv. LETELLIER DE SAINT-LEU TAVERNY. — Voile sur da maladie de la vigne, et addition à une précédente communication, dans Comptes-rendus hebdomadaires » ete. T. XXXIHI, p. 231 et 355. CAZALIS—ALLUT. — 4.0 De la maladie de la vigne, dans Bulletin de la Société d’agricuiture de l'Hérault, 4.me trim. 1851; 2.0 Nouvelles observation®? etc. (Montpellier, Décembre 1852): 3.0 Observation sur la maladie des vignes en 1852 (Montpellier, 1853). GUÉRIN MÉNEVILLE. — 1,0 Notice lue à l'Académie des Scien- ces, le 6 Septembre 1852 ( Voyez le journal la Patrie, n.° du 7 Septembre 41852); 2.0 sur la maladie de la vigne, dans le Journal d’'Agriculture-pratique, du docteur Bixio, 3.me série. T. V1, p. 156. — Tout en se défendant de l’opinion qu’on lui avait prêtée, que certains insectes étaient la première cause de Pinfluence morbide à laquelle était soumise la vigne, il ajoute ( p.158 ): « Quand les vignes commencent à être malades, il serait » possible que les nombreux insectes, plus ou moins micros- » Copiques, qui vivent à leurs dépens, et ne leur font éprouver » qu’un faible dommage en temps ordinaire, deviennent des » agents plus actifs du développement de la maladie spéciale, » et que leurs piqüres, en inoculant un ferment particulier, ne » fussent pas étrangères à l’éruption cryptogamique. » On. DEs MouLins. — Rapport au Congrès scientifique d'Or- léans , A854. IpEw. — Rapport sur la lettre de M. Ch. Laterrade, dans les Actes “de FAcadémie des Sciences d Bordeaux. sh L de certains insectophiles est partis :énétbe et digne d’une meilleure cause. « Oui, s’écrie M. Paulus Troccon, { 290 ) » de Lyon, dans une lettre adressée au Salut Public, et publiée » par la Gironde (22 Mars 1853), oui, je suis dans le vrai, » et l’important problème, créé par une calamité publique, est » enfin résolu pour Putilité et le bonheur de tous! » O wti- nam M. le Mano Bonnet, curé d’Uzès, a fait des observations et tiré des conclusions analogues à cellés de M. Cazalis-Allut. — Voyeza LETTRE insérée dans le Messager du-Midi, (24 Mars 1853) -et le procédé qu’il indique dans une communication faite au même journal { Août 1853 ). Document H. Extrait de la correspondamce des Maires du département, 4. BRUGES ({ ). — Ilest notoire que c’est surtout dans les terrains sablonneux que l’oïdium exerce .ses ravages. Il est une autre particularité sur laquelle les opinions sont unanimes : c’est que les ceps des bordures et des allées sont plus maltraités que ceux de l’intérieur, sur lesquels la maladie ne laissera pas que de sévir très-rigoureusement. 2. Macau (17 Août. } — D’un côté, ce sont les bas fonds qui sont le plus fortement frappés par la maladie, tandis qu’à une distance rapprochée, les terrains bas et humides en sont af- franchis jusqu’à ce moment, et que des vignobles de graves sont attaqués... Il est à propos, cependant, d’ajouter, que dans nos graves, le mal est très-peu de chose, en comparaison des nds mais aussi il faut dire que ce mal ne fait que com— mencer. 3.: Le TAMEAR (AT Août L — Le mal se manifeste dans les terrains légers, comme dans les terrains forts, sur les hauteurs comme dans les bas-fonds. 4, Lupon (18 Août ). ess Les vignes où POidium s’est montré d’abord et sur lesquelles il s’est étendu le plus, sont. situées dans les terrains argileux de la palus et dans Jes terres fortes aux confins des palus etsdes graves. Dans les graves-pro- prement dites, on ne trouve l'Oîdium que sur des pieds de vigné isolés, près des habitations, dans les jardins;, dans.les * (291 ) fonds les moins élevés, et dans les terres récemment fumées et généralemént sur les vignes les plus vigoureuses. 5. PAREMPUYRE { 419 Août). — Pour ce qui est des terrains, POidium se trouve partout également, soit dans les terres légè- res, soit dans les terres argileuses. 6. LiSrRae (20 Août). — On a remarqué que la maladie avait plus tard envahi les graines des raisins qui avaient été poudrées de soufre et qui, avant cette opération, n’étaient pas attaquées par la maladie. : Les terrains humides sont ceux où la maladie s’est dévelop- pée avec le plus de force, et a fait les progrès les plus rapides. On a remarqué que, dans les graves et les terres maigres, la maladie avait attaqué les mêmes cépages, mais avec moins de force. Le mal n’est pas: aussi général dans ces terrains que dans les terrains humides 7. ARsAC (17 Août). — “Lie terrains bas et humides sont les plus maltraités. Les vignes qui ont été fumées et qui ont le plus de vigueur, sont les plus atteintes. 8. AvENSAN (19 Août). — J’en ai vu beaucoup dans les terres fortes, dans les terres douces, dans les graves; on re- marque qu’elle sévit d’autant plus fortement, que les vignes sont plus gaillardes. Les propriétaires ne pourront que diffi- cilement, l’année prochaine, acquitter leurs impôts. 9. LABARDE (20 Août). — Les cépages les plus atteints de la maladie.sont situés tant dans les bas-fonds que dans le haut. 10. Mouus (22 Août). — L’exposition de la vigne et la da- ture du terrain n’ont aucune influence sur la maladie; les nes des graves, des terres fortes, des hauteurs, des bas- foffds sont généralement atteintes. M. Pusozs (21 Août). — Nous voyons des pièces de vignes auxquelles les façons ont été très-régulièrement observées plus - malades qu’en d’autres endroits de la même localité, et. dont le terrain est de la même nature, mais, où les travaux ont été ‘ négligés..Nous vous supplions, Monsieur le Préfet, de vouloir envoyer des Commissaires sur les lieux, pour constater, le. mal qu’éprouvent certains propriétaires, qui se verront dans impossibilité de payer Pimpôt. . ps £ » ( 292 ) 12. PonensAc (13 Août). — Le terrain de la commune où la maladie se déclare (depuis deux ans) est graveleux. 13. Izzars (17 Août). — Les terrains sablonneux et grave- leux sont les plus attaqués. Les terres fortes ont résisté jusqu’à ce jour davantage. 14. BansAc (16 Août). — Quelques pieds malades l’année dernière ne le sont pas celle-ci. En général, on dirait que la maladie les a fortifiés; leur végétation est plus normale et plus active Au FA meurant, il est démontré que le terrible fléau ne tue pas la vigne. — Dans le Haut-Barsac, le sol est argileux et repose sur une couche de pierres ou rochers. Dans le REPAS le terrain est plus léger et graveleux. Il semble celle-ci souffre plus que l'autre. Souvent pratiqués, cer- tains moyens {soufre et chaux, combinés ou séparés) pour- raient atténuer le mal. Mais alors, sur une grande échelle, ils deviendraient {rop coûleux et presque impossibles. En ne le faisant qu'une fois , le mal reparait toujours. 45. Bupos (16 Aoùt). — Les vignes sont plantées dans des terrains de toute nature , tels que: sables, graves et argiles, et atteintes dans tous ces terrains; mais cependant avec moins de développement dans les terrains argileux. 46. VIRELADE (18 Août). — La maladie a commencé par quelques pieds , les plus vigoureux, situés dañs la grave. 17. Le Teicx (19 Août). — Les vignes qui se trouvent dans les terrains argileux souffrent moins que celles qui sont dans des terrains sablonneux. Dans les-premiers, il n’y a que de rares grappes attaquées; dans les derniers , il n’y à pas moins . la ps soient ares DS US EE ES UE ES CU ES ES ST Se mt DR US Nu sue Aie 2 | doses piBes de Chimebé, : très itwqués l'annés derniére sont très-beaux et sains cette année, sans qu’on enr chose que les tailler à l'ordinaire, 19. Pessac (18 Août). Tous les cépages sont dtitiemet { 295 | attaqués, n’importe sur quelle nature de fonds, terrain fort, graveleux, sablonneux, haut ou bas, la maladie est partout : à la vérité, elle paraît plus forte et plus répandue sur les vignes vivaces et encore plus principalement sur les jeunes. Voici le prix de revient du lavage à l’eau de chaux : pour 30 à 40 ares, il a fallu, durant une semaine et uniquement pour ce lavage, deux manœuvres, et à peine est-on parvenu à sauver le tiers de la récolte qui existait sur cette étendue de vigne; c’est-à- dire, qu’on a dépensé ce que l’on pourra retirer en fruit, en supposant qu’il n’y ait pas de réapparition de la maladie. A part cela, tous les frais faits jusqu’à ce moment, et ceux qui restent à faire jusqu’aux vendanges seront entièrement perdus. 20. Monrussan (20 août). — La nature du terrain où se trouve la vigne malade est argile, terre rouge, terre légère; tous terrains disposés de sorte que Les eaux s'écoulent avec facilité. 24. sfpere (44 Août). — Les graves et hi coteaux, où dominent les cépages appelés le Gros doux ou Balouzat et le Mancin ordinaire, ont moins souffertjusqu’ici de l’invasion ; ces deux cépages sont, à la vérité, presque dépourvus de fruits. 22. Lesriac (20 Août). — Les vignes sont atteintes indis— tinctement dans quelque nature de terrain que ce soit; cepen-— dant les gravés ont un peu plus de mal. 23. Rions (24 Août). — Les terrains sablonneux des Dao ont été le plus attaqués. 24. Sawre-Crorx-pu-Monr {24 Août). — Là où des arbres fruitiers, tels que pêches et abricotiers couvrent de leurs bran- ches des vignes ( cépage Chalosse ), le mal est moindre. + Des terres d’alluvion trois fois couvertes par les eaux de la Garonne, en Maiet Juin dernier, sont moins frappées de la ma- ladie que les parties du même sol, garanties de l’inondation. D’un autre côté, des coteaux à sol mêlé de graves, sont plus oïdiés que les parties des mèmes coteaux plus basses et plus humides. 25. SAINT-Genvais (47 Août ). — Les palus ont plus de mal; mais sur les côtes, les vignes blanches sont se cm atteintes. Tone XX. 20 - ( 294 ) 26. La BRÈDE (25 Août). — Un propriétaire a pratiqué des incisions jusqu’à la moëlle dans le vieux bojs de pieds malades. Il y à introduit à plusieurs reprises de la potasse et des cen- dres, et prétend avoir guéri. Il est très-vrai que les branches incisées ne sont pas malades, et que celles où l’on n’a rien fait, sont atteintes. 27. SAINT-MORILLON (48 Août). — Dans les graves et dans les sables, la maladie a sévi avec plus de force que dans les au- tres natures de terrain. ; 28. CapausAC (23 Août). — Les vignobles les plus maltrai- tés sont situés sur les terrains les plus secs et les plus élevés. Les vignes situées en terre forte, les palus principalement, sont fort peu atteintes. 29. LÉoOGNAN (18 Août ). — Les terrains les plus atteints sont les terres fortes, les fortes graves; en général, les terrains eù la végétation est la plus active. 30. CANTON et C.ne pe Bazas (27 Août). — On pense que la maladie ne porte pas atteinte à l’existence même du pied de vigne, et cette opinion est fondée sur ce que des cépages qui furent atteints en 4852, ne le sont pas en 14853, qu’ils sont au contraire d’une végétation magnifique, et garnis de raisins exempts jusqu’ici de la maladie. .La maladie sévit sans avoir égard à la nature des terrains, ni à son exposition. 34. Léocars ( 29 Août). — Tous les cépages en général sont atteints sans exception, mais beaucoup plus dans les sables. 32. SAUTERNES (25 Août). — La maladie s’est montrée cette année , dans tous les vignobles à la fois et même avec plus d’in- tensité dans les localiéés où on l’avait remarqué Pan dernier. On a même observé que les vignes qui avaient été fumées cet hiver avec beaucoup de soin, étaient plus spas que celles qui ne l’ont pas été du tout... Tous les cépages blancs, sans distinction, sont atteints par l’'Oidium ; cependant la Chalosse et le Verdet sont placés en pre- mière ligne. La maladie se fait remarquer surtout dans les sables et les graves. On observe fort peu de ceps malades dans les terres fortes et argileuses. ( 295 | 33. RoaïLLaN (22 Août). — Tous lés terrains et toutes les expositions sont atteints par l’Oîdium; cependant il semble que les terrains légers et sablonneux le sont plus que les terrains argileux. — On a remarqué que dans les terrains humides mêlés de graves et d’argile, où la coulure a enlevé les 5/6.es de la récolte, les raisins sont plus particulièrement atteints de la maladie noire. 34. Escoussans (23 Août). — Les terrains les plus frappés sont les terres douces ou sablonneuses, les graves, surtout celles qui sont exposées au nord, et les terres rouges; il semble que les terrains froids en sont plus particulièrement atteints. Les terrains argileux et froids exposés au midi, et même au levant, sans en être préservés, ne sont pas aussi attaqués que les autres. 35. SAINT-MACAIRE ( 25 Août). Dans le canton, comprenant vingt-six communes, le mal est immense. Plusieurs communes seront totalement privées de récolte, et parmi elles, les plus étendues et les plus fertiles. On peut affirmer sans exagération, que le canton de Saint-Macaire récoltera à peine le 4/20.e d’une. année ordinaire. 36. Sr-Carisrory et CONQUÈQUES (16 Août) Les cépages plus particulièrement atteints sont : le Cabèrnet-Sauvignon. Le Malbeck est moins affecté que les autres. Ces cépages sont situés dans toutes les natures de terrain, et ceux qui souffrent le plus de la maladie, se trouvent dans les terrains arides et graveleux. 37. GAILLAN ( 44 Août). — Les cépages attaqués sont situés dans les sables, dans des terrains de petites graves, et, enfin, dans les terres fortes. : 38. ST-JULIEN DE REIGNAC { 20 Août). — Le Malbeck est plus attaqué dans les terrains les plus frais; le Cabernet-Sauvignon et le Cabernet gris, dans les terrains graveleux, plus secs. Pour extrait : : Dr Th. CuIGNEAL. Document I. Enumération “ ro (*) atteints par l'Oïdium dans le département de la Gironde, en 1853 , rangés par e d'après la correspondance officielle des Maires adressée à M. le Préfet. RIVE DROITE |ENTRE-DEUX ES B * ‘ Observations, GRAVES BLANCHES. GRAVES ROUGES de la Garonne. MERS. MÉDOC | dr: Mu}, :} Chalosse:. |. 5. j &) J'ai dû supprimer beaucoup de synonymes ce e : APE © gone n'auraient pu qu'embrouiller la liste, déjà Chasselas. . . . . . .| Chasselas . . . . .| Chasselas.. .| Chasselas. . Ghagéelas. . . «| bien longue, de ces cépages. Virgile a dif, il y at 2... Must :., , a longtemps déjà : , .. . .| Muscadère, .| Muscadère | . . ... ... « La vigne est 0 #s Muscadère (c;. . . . .| Muscadère VA 5 ss Sauvignon., , 2,1 en. 4. Sauvignon. .} Sauvignon..| . . . . . . .: F op voit LR, e . | Semillon , . . . . . .| Semillon. . . . . .| Semillon. . . Semillon. .| Semillon. . . . La Li si 8 Couetor : Re Dal à edit Des sx tu nl die nie + is 0 (Trad. d'Olivier de Serres.) # |Prueras . . . . . . .| Prueras. , . . . | Prucras... | .......1......, 1 (3) Me comte Odart lui donne pour syno- 5 Cruchinet blanc. . . .| Cruchiñet blanc. .|. + .: .. .[.......1.. ,.,.,.. | nÿme Prucras. (Ampélog. univ., 2 éd., p. 124.) - : : \ .. .l Blanc Verdot.! ... : . . :h.:. , . . . . 2 (ce) Ce-cépage est un de ceux qui ont le à y Blanc-Verdet {d) . . .| Blanc Verdet “pin 7 AR rs Blanquette. . . . . AR ne Dee es ele She mas sm mascadel dos, Ge A vlc (ronde) scade ( Sauterne) ; ”muscat fou (Bergerac blanc en bas. PT M Pre Rte © OMR mscei ct G. ge QE ie Tarn, € etc. } Rochelais. {f}| ... Æ os 20 6 4 Ctoyer Odart, lac: cit. D, 122.) à ae : ee ct ri ui À) qu sé aussi Courbin dans quelques loca- d Bouillaud. . e e) Cè cépage, appelé aussi Folle blanche banc doux (). ps “Charente"et qui fournit des produits deleine , . . shoes À pee 7 high A convertis « 124.) af Est-ce le SE ( Voyez Odart, loc. |! rares Te Vitis gran ne me . | Merto A rome à () gnonne idures. . .| Carmenet sauv.(n). rust. Qu le Vifis lanala, CAROL. sTErx. 'prad. Verdot (m).. . . . Verdot. . .| Vérdot . . . 7 Var ir D riu EEE : ah Baure ein hine j ar. Bord er, p. xiv) cultivérent le cépage us «et Oruchitéls 0, +, . . .| Cruchinet.i|. de vigne appelé Bituri a (1), qui, selon su M pa et Pline, avait la propri té de doerie en LR LR D 2 L LÉO 0 CE + Petite Vidure. . . . .| Petite Vidure , , .| . . . . . . .| P. vidure. .| Petit Carmenet. our. Quelques savants, du temps de Vinet, ont La retrouver quelques vestiges de la déno- don es se + - | Grosse Vidure, 1.7, , Gr. vidure. | Gros Carmenet. ; n de cet ancien cépage dans celle de DR oo decé se 0, OO : : Manon, 1.554... Bidure pose dure) que nos paysans de Gra- Carmenère, . , , 1... ...|Carmenère. . Le bre pe mn à PORN se 6 0 0 0 NN EE 4) Anpelé aussi regie (Voyez W. 2 Monsanguin, | ...... A Frank Traité sur les vins du Médoc, 3e éd. p. 1 Graput, . . .|.......1.4 ......] M/Odart blâmeM. Jouannet, dans sa statis- à Piquepoult. .| . M oe vo Ad d'avoir donné ce nom comme synonyme $ hit «RD NE LL. Di M à 1) er Ù M gd or Jurançon ne a les Graves), , Noir de D PR A RE CR CET ER CR do on à Presse, Luens, Cd queue roue, à ere Guilan ‘k verle, Pied rouge, perdrix, Côle rouge, | SC SR OO D CON CONTE PR RS PR doudous (Voyez We Frank loc. cit., p. 38, | Malbeck (l}. . . . . .| Malbeck ::. : . : Guilan. . . | Malbeck.. .| Malheck.. . . . : aps Odart, loc. eit., p. 117, 119, 108 el 1 1 Balouzat.. . . . 1. .....:|.... SM RE Il serait bon d’élucider si la désignation — éninée par Miller dans son “dictionnaire : Vitis ñ prœæcox potes La acinis dulcibus nigrican- ë Isabelle et autres cé-| : .., .., Jul «| Isabelle... .|[. . , . . . . .| tibus, se rapporte à ce cépage ou aux vidures. = latos | : n)Les Carmenels où Cabernels, appelés CE Lx ca eue set ANR CESSE SR nt RG nn vllutes ht grands Va le fond vignobles À op vins au Médoc commé dans les Graves.!Parm ent qui est situé sous le e Sauvignon ( vidure sauvi ps ne ps Fa pi. use de la couleur de son bois et de ses feuilles qui le font Sntondre e avec le Sauvignon blanc, a pare nt té atteint le Se fortement on TT oïdium. Il le à remarquer que ce Cabernet t très productif, vient ogg -vite, coule UE contrairement aux autres Cabernets ( pile k: proue mel des Graves ne certaine fraîcheur dans . Air ne lui dé i ure Ce n’est que td 1814 que la eulture de ce ern ne grande extension ; jusque-là, elle était très streinte, Le Cabernet UIpEn a joui du “ins triste privilège que le Sauvignon blanc, a Fa tà Qu Musosdire: eg _ aussi Raisinoite et Muscadet ons. Il est bon de constater aussi que le dernier cépage ( muscadelle Vient vite, produit jeune, abondamment, et dure p QG) « « Genus est vitis Biurica apud Columellam et Plinium ;, quam à Biturigibus Viviscis , quos nunc esse Burdigalenses suprà dixim velus- + À 6 hong Le ves. ue pi agricolas agnoscere se dictüabat Lucas Frenellus Picto, unus ex Burdigalensibus Ré pére à » " rt Vinet | ‘ue ” cit., p. av.) Suite du Document S. — ÉNUMÉRATION DES CÉPAGES, ETC. + - LIBOURNAIS RÉOLAIS. BAZADAIS. et LANDE, OBSERVATIONS. FRONSADAIS. Chasselas . . . . . ,| Chasselas. : , . : . .| Chasselas . . . .| Chasselas. , . : Ven ess: 2-00 D UD. à, . . Muscadère.: ,.... 1,0, 0 0 0 7 Nuscadère. . . . Muscadère. . . A : #0 0 ch Obalnsge.. . . Hide ho 0 DONNE. . . . . 1 AN nes » ei Ni uscat.. . dre 000.1 Bouilaud, . .. . Fe x] Dani ie. 1... LA £ or rt, vues. + . .| Blanc Verdet, : 04% re # boue sr... “. «.| Rochelais, . : PoA " Enragea. . . . «+ «| Enragea. ; Enragea. . ne k Piquepoult rouge. . Frs . DR nu el ds à + «à. “de oi Mancin.… . POUR S A ra tu. ‘ .. Mini S. Pet dre + + ee ue” | Document J. r Résultat des espérimentations faites dans le Da ement de la Gironde, en 1852 et 1853, d'après les apports officiels des Maires, adressés à M, le Préfet. & I.er — REMÈDES 0% MOYENS S’ADRESSANT À LA VIE DE LA PLANTE. LOCALITÉS OU LE MOYEN A PARU oO de potasse et de cendre (2) INDICATION DES MOYENS. OBSERVATIONS. Bon. Nul, Mauvais. Douteux, I Bègles. Mourens. INGISION au pied de la vigne. . » ra » : à St-Martin-de- Lers Bègles. TAILLE des pousses, . . . .. » S Au ni » » » Lers. so Cleyrac. » . 77 répétée... ..... » op cé » » à — tardive.; : . :. 4 | » Sauternes. » » » leyrac. re 2 EFFEURLLAGR,. ... . . . .. Talence (1). tr ï* 4 (4) Par un vent de N.-E. Mourens. INGISION du vieux bois avec (2) Procédés de M. Soulé. introduction d’un mélange | exit » È : (3) Plutôt douteux que bon. ( 668 ) $ 2. — REMÈDES EXTERNES. ( 00€ | LOCALITÉS OU LE MOYEN À PARU L INDICATION DES MOYENS. re De | OBSERVATIONS. Hon. | Nul. Mauvais. Douteux. { Gradignan (1). {Sallebruneau (2) (4) Procédé Barineou. Dhossamiu 1, 47: Ste-Croix du » » Est-il applicable en grand ? Mont (2) Le mal reparaît. | Beliet (5,. Bourg. Les Esseintes. | Macau. * (3) Dès le rat St-Genès de (4) ss AMP à plusieurs reprises. sé Panne et Eau froide. . ; . ES elles nanas (4) Roaillan (4). Bourg. ! — ‘tiède; .:.7. 4: » Preignac et » a. » o azelles È Lau es St-Pardon. 2 | salée. . . . | St-Gervais. ” : , : — vinaigrée .: . . | St-Loubès (5) | Mongouzy. » Martillac. (5) Vinite EUR la ax in F 6) Si | | est récent. sédative étendue | St-Aubin (6). . » à à nent ion en pr difficile. — de lessive.. . . | » Eyzines | » » » Eyzines. (7) Le mal disparaît, — de savon, . . .. » St-Sulpice. » Cadillac (7). Came a St-Gervais. ÿ st- gr Les he » » | > D RI coù rise ra À PousuBRE à ane |. ro (1) Après lavage. PR TON ES | Camus. - -- -. | » Bazas. Blanquefort. Boum... ie à » Bourg. Preignac et Cazelles. CHAUX vive. , , . , . POUDRÉ DE Bazas. Bègles. Pondaurat. (2) Sur le raisin mouillé. éteinte. . COTE Bourg. Preignac et Cazelles. Barsac. EATF dé CHAUX, :.. . , . Pessac (4). St-Aubin (5). n (G. Eau de chaux. , . . ,. Preignac. À Montussan (3). | S | Sa uterne HYDROSULFATE dé chaux. . . » (3) Versé sur le tal Aùc la Aéhnt lp + Les Esseintes. Eynesse Cadillac (1). Martillac (7). pi Labrède. b 4 (4) Dès Le début; moyen très-dispendieux, 1 Arras en grand, difficile. (6) Le mal repara (7) Effet A ec ul == Blanquefort. Macau (db). Avensan (c). (a) Chez M. Pescato Eau En per ou en n solution. une pr Ce . ER 80 g Fleur de soufre. .} 4 LOCALITÉ OU LE MOYEN A PARU INDICATION DES MOYENS —_—— a —— OBSERVATIONS. Hon. Nul. Mauvais. Dbouteux. Moulis. Quinsac. Listrac (7). : Mann en Ambarès (4). Le Tourne. (9). (2) Dès ice. ut; application en grand, St-Aubin (2). | Cameyrac. En suspension das l'eau. FLEUR de soufre. . ... .. LL St-Christoly et onquèques (3). | =] © urg. St-André de ubzac. Es (4). Preignac et en (6). Bass udon. St-Christoly et Conqu êques. St-Julien (12). St-Romain (6). (3 (D Procéd Gontie (8) pgieer died une opération ést 8 Simpl e asper “ Age es souités perévntivement, été oi (8) Par Souflet ou ps moyen (9) Chez » Fosse, enraie le mal. ao Enra mal, 11 Fe: $ guérit pas. (12) Chez M. Duchatel. SOUFRE brûlé sb be St-Genès de Macau. (13) Application en grand, difficile. sulfureuse) . ( le Avensan (15). | Lombaud. » Le St-Louis de Sourre et chaux dans l’eau. . St-Macaire » Montferrant. » Ste-Croix du Mont. Sourre et huile de, noix. . = » Monségur. » » » proc ” chaux ma 4 " ÿ Martillac (14). | (4) Procédé de M. Gasehet. | . » » ( 303 ) Document K. L RAPPORTS DIVERS. $ Rapport fait par M. le docteur E. LAFARGUE (1), sur les procédés employés par M. A. Sterguel. MESSIEURS, Dans votre séance du 8 Septembre dernier, une Commission composée de MM. Ch. Des Moulins, Bouchereau et moi, fut nommée pour constater l’efficacité d’un moyen qu'avait em- ployé M. Sterguel, lithographe, pour combattre l’affreuse mala- die de la vigne (Oïdium Tuckeri). Cest M. Sterguel lui-même qui vous priait dans une lettre de nommer, à cet effet, une Commission. Le lendemain, 9 Septembre, les membres que vous avez désignés se transportent au domicile de M. Sterguel, rue Terre-Nègre, près du Dépôt de Mendicité. Après avoir traversé la maison d’habitation, nous fümes in- troduïts dans un petit jardin, situé au Nord de celle-ci et ‘dont le terrain était de nature excessivement sèche M. Sterguel nous raconta d’abord qu’il avait employé son procédé, il y avait environ un mois, sur des pieds de Chasselas,, lorsque le verjus était du volume d’un gros plomb de chasse, Ce verjus était en général couvert d’une poussière blanche . (textuel), mais il y en avait beaucoup aussi qui présentaient une ‘couleur marron (deuxième degré de la maladie); et le lendemain même, qu’il eut employé son remède, M. se (1) Au nom d’une Sous-Commission composée de MM. sole: reau, Ch. Des Moulins , dat. E. Lafargue. { 804 ) c reconnut que les progrès du mal s’étaient arrêtés; quelques jours plus tard, il acquit la certitude que dre avait entiè— rement disparu. Après ce récit, invités à examiner le raisin sur lequel l’in- venteur avait expérimenté, on nous fit voir de jeunes ceps de Chasselas, considérablement chargés de raisins, presque arri- vés à l’état de maturité et dont la végétation annonçait une grande vigueur. Nous constatèmes que plusieurs raisins conservaient, non-— seulement sur la baie, mais encore sur la grappe proprement dite et sur quelques portions du sarment, les traces noirâtres et si caractéristiques que laisse l’oidiuwm lorsqu’il est parvenu au second degré de son développement. Les feuilles ne présentaient pas de traces de la maladie. On remarquait encore sur quelques graines, Papparition blanchâtre de l’oidium. A côté de ces pieds de Chasselas, était une vigne en tonnelle qui présentait la maladie avec les caractères les plus effrayants. M. Sterguel voulut essayer son remède sur deux grappes où Voidium était parvenu à son second degré. La graine du raisin de la grosseur d’un petit pois, était rugueuse , de couleur noire grisâtre et non fendue. L’inventeur passa une éponge humide sur les deux grappes et nous dit que l’opération était faite et qu’elle devait réussir. M. Sterguel fut prié par nous, d'employer son procédé sur un raisin où la maladie n’était encore qu’à son premier,degré, et passa sur cette grappe l'éponge qui lui avait servi pour les deux premiers. . M. Sterguel nous assura que son proche était peu coûteux , facile à employer et non etre on ss à la rigueur, le confier à un enfant. é Tel fut l’objet de cette a © “les Huit jours après, c’est-à-dire, le 46 du courant, les mêmes membres de la Cémmission accompagnés de MM. Cazenavette et Télèphe Desmartis, se transportèrent sur le lieu de lexpéri- mentation, où M. Sterguel ne se trouva pas et où nous recon— nûmes que les deux grappes sur lesquelles on avait en pre ( 305 | mier lieu expérimenté, présentaient le même aspect de mal que lorsqu’on avait employé le procédé dont nous étions char- gès d’apprécier la valeur curative. Ce résultat ne nous étonna pas, car il était très-difficile, pour ne pas dire impossible, de faire revenir à l’état sain un verjus si fortement compromis par le champignon désastreux. (Oidium Tuckeri). Mais il était très-intéressant, pour votre Commission, d’exa- miner la grappe sur laquelle on avait agi, lorsqu’elle ne pré- sentait l’oïdium qu’à son premier degré. La maladie y était moins répandue, il est vrai, mais elle s’y trouvait néanmoins, et, encore, je dois ajouter que la pluie qui tombait à torrents, au moment de notre examen, avait bien pu laver le raisin et enlever provisoirement la couche blanchètre de l’oïdium. Pour nous résumer, nous pouvons donc conclure que le ren employé devant nous par M. Sterguel, et que votre Commission ne connaît pas, ne lui a pas paru être efficace pour détruire le fléau qui a ravagé si cruellement cette année nos vignobles, Bordeaux, le 6 octobre 1853. . E. LAFARGUE, D.-M. La Commission a adopté les conclnsions de ce rapport. Le Président, B. CAZENAVÉTTE. $ IL. Rapports faits par M. le Docteur T. DESMARNIS, sur les procédés employés par MM. Laliman, Fautou et mit MESSIEURS, ; Le Président de la Société Lianéense: reçut, en Sepiembre, une lettre par laquelle M. Laliman, propriésaire à Fieirses le rs ART priait de faire visiter des vignes : avait e ( 506 ) un procédé, dont il est l’inventeur, pour détruire loïdium. À la suite de cette demande, une Commission fut nommée pour se rendre au désir de M. Laliman. MM. Cazenavette, E. Lafargue et T. Desmartis se rendirent, le 5 de ce mois, de l’autre côté du pont, et furent reçus par M. Laliman sur sa propriété de la Bastide. Là, les vignes sont tellement malades, qu’il est très peu de pieds exempts d’oidium. Sur certains ceps de vigne, on voit des grappes dont les grains sont noirs, rugueux et à peine gros comme du plomb de loup; par fois même, ces grains sont desséchés et fendus. Le fléau a marché avec rapidité, puisque, d’après les observations du propriétaire, la première apparition de HE sur son bien, ne date que du-commen-— cement d’Aoù La Commission a remarqué que sur des grappes qu’on avait frottées, au moyen d’un pinceau, trempé dans un liquige par- ticulier, assez épais, la marche de l’oïdium paraissait-arrêtée. Les grains, nous a dit ce propriétaire, avaient positivement grossis depuis l’application de l’enduit qu’il avait commencé à employer le 20 Août. Cette médication, appliquée à la vigne, datait donc de seize jours. M. Laliman nous indiqua, en nous priant de la tenir secrète, la recette du liquide dont il se servait; ce propriétaire ajouta que, sur un autre domaine, situé dans la commune de Floirac, il avait également obtenu, par son même procédé, des résul- tats satisfaisants. La Commission décida qu’elle reviendrait dans quelques jours examiner les vignes qu’elle venait de voir, et qu’alors, elle porterait aussi son examen sur celle de Floirac dont on lui parlait. Le 13 de ce mois, la Sous-Commission, à laquelle s’était joint M. Ch. Des Moulins, s’est de nouveau transportée à la Bastide, où elle a constaté, en effet, qu’il y avait de lPamélio- ration dans Pétat des raisins qu’on avait soigné, qu’ils pa- raissaient avoir grossi; que sur certains , l’oîdiwm avait plus ou moins disparu, et que sur beaucoup, il ne restait plus ee iéger épaississement noir et partiel sur l’épiderme. ( 507 ) Les membres de la Sous-Commission sont aussi allés visiter le domaine de M. Laliman, situé à Floirac. Là, ils ont vu des raisins qui, leur a-t-on dit, étaient fortement attaqués et qui paraissent maintenant en vue de guérison. Chose remarquable, on n’a pu trouver, ni à la Bastide, ni à Floirac, un seul pied de vigne atteint par la maladie noire. Le moyen, employé par M. Laliman, paraît offrir les avan- tages suivants : 1.0 L’encollage, demeurant plusieurs jours fixé sur le grain, peut, en interceptant le contact de l’air, empêcher l’oidium de se développer davantage ou mettre un obstacle à son appari- tion, s’il ne s’est pas encore manifesté. Lorsque cet encollage est sec, il se forme des fissures et des écailles qui laissent assez d’air pour le raisin; mais la moisissure superficielle se trouve encore assez comprimée pour qu’on puisse espérer qu’elle soit atrophiée et même détruite. M. Laliman a expérimenté les lotions avec l’huile soufrée; mais, il s’est produit alors une sorte d’asphyxie, parce que, précisément, il ne s’établissait pas de fissure sur le grain; 2.0 Lorsque l’encollage se détache, il nous a paru entraîner avec lui l’oîdium ; 3.0 Le soufre qui est le moyen qui, jusqu'ici, a le mieux réussi à détruire loidium, se trouve fixé pendant un certain temps sur la mucédinée, et peut, conséquemment mieux, produire son effet neutralisant; _&o Le frottement, exercé au moyen d’un pinceau, peut encore contribuer, dès le début, à modifier le développement de la moisissure de Tucker. Nous ajouterons que, parfois, M. Laliman a additionné sa composition de chlorure de ‘chaux, mais que cela n’a paru ‘ni en augmenter ni en atténuer les effets. La Célehithion regrette qu’on n’ait pas évalué le temps qu’il faut, à un certain nombre de personnes, pour a ainsi sur une étendue donnée de vigne. dm Elle regrette encore qu’on n’ait pas opéré dans un ue espace alternativement sur un pied, tandis qu’on aurait laissé { 508 l’autre sans y rien faire. On aurait pu, de cette manière, bien mieux constater la valeur du procédé; néanmoins, la .Com- mission croit que le remède proposé par M. Laliman mérite de fixer l'attention. Le Rapporteur de la Sous-Commission , Télèphe P. Desmarris fils, D.-A. 45 Septembre 4853. % Le 13 septembre, la Commission a visité, aussi à la Bastide, le domaine de Perpignan, appartenant à M. Fautou, contigu à celui de M. Laliman. Ce propriétaire nous a montré des pieds de vigne, lesquels, nous a-t-il dit, étaient très-attaqués par loidium , et qui, comme nous l’avons vu RAR sont en voie de guérison, M. Fautou a employé un procédé ou plutôt une variante d’un procédé dont nous avons parlé dans nos publications hebdomadaires. C'est le 2 Septembre qu’il a commencé à lotionner ses vignes, et il s’est servi d’un liquide composé de la manière suivante : Eau salée 4 litres, Chaux vive A litre. Cendre de bois A litre. Il a étendu cet enduit sur les raisins, et, au lieu de pinceau, il s’est servi d’un petit balais, fait avec des sommités fleuries de roseau (arundo phragmites). Les balais de roseau nous paraissent préférables aux pinceaux en crin, d’abord parce qu’ils ne piquent point le raisin, et , ensuite, parce que, dans - nos contrées, ils sont bien meilleur marché. Le Rapporteur de la Sous-Commission , Télèphe P. Desmarris fils, D.=M. Bordeaux, le 44 Septembre 1853. La Commission a, dans sa séance du 14 Septembre 1855, adopté les conlusions des se rapports précédents. ë F0 Le Président , , B. CAZENAVETTE. { 309 ) Extrait de deux lettres (rapport) adressées à M. le Président de la Commission. « Une Sous-Commission s’est transportée, le 45 Août, chez M. le baron de La Batide, à l'effet d’y examiner les vignes traitées par son. jardinier, M. Dessarp. Le procédé de ce jar- dinier, pour préserver de l’oidiwm , consiste à couper les tiges de la vigne et à effeuiller. Cette taille doit être faite de ma- nière à ce qu’on ne laisse que les parties nécessaires pour la taille d’hiver, et les flages où se trouvent des raisins. Il faut encore enlever les petites tiges des pampres, mais il faut ce- pendant laisser à la partie supérieure de la plante suffisam-— ment de feuilles pour préserver, dit-il, du grillage, en sorte que la vigne semble ainsi avoir un chapeau. » Maintenant, M. P. Dessarp vient prier la Commission de vouloir aller visiter de nouveau ses vignes qui, assure-t-il, sont dans un état très-satisfaisant ». 6 Septembre 1853. Le Rapporteur, D.r T. DESMARTIS. » La Sous-Commission s’est transportée, hier, de nouveau . chez M. le baron de la Batide ; elle a observé que l’oidium pa- raissait exister en moins grande abondance que le 46 Août; que la maturité ayait marché depuis lors, mais que générale- ment le grain était loin d’être aussi mür que les années pré- cédentes à pareille époque. Les vignes de M. de la Batide ne Sont pas dans un bon état, il est vrai, mais elles nous ont Paru moins dégarnies de grains qu’en bien d’autres vignobles oïdiés. Ajoutons que la maturité du raisin est en 4853, fort en retard, et que le procédé du jardinier Dessarp ne peut avoir activé le moment convenable à la cueillette; on ne doit donc rien dire au sujet du peu de développement actuel du grain. Beaucoup de graines sont fendues , mais ceci tient-il à Poidium où à la pluie? Les muscats surtout ont éclaté; les Ce TouE XX. 21 (310 ) sont wilcérés, mais ce phénomène s’observe toujours dans les temps humides. J’ajouterai enfin qu’il pleuvait au moment de l’inspection des vignes de M. de la Batide, et que par suite du lavage, loïdium paraissait avoir disparu à des endroits où il existait peut-être en quantité. En comparant les vignes dont nous venons de parler, avec d’autres que nous avons vues depuis peu, nous . P. era. 5 P. non RE PR 4 ar. limosa. GP. id. nucleus 6. P. + . Pr EE À A 2 8. P. cinereum var. sinuala. 8. P. globulosu 9. ». pr Dr “roraemens À 10. P. pallidum. à 10. P. nitidum. 11. P. pusi (354 ) XI. NoTE sur les moyens de détruire les Termites ; par M. Ér. LEGRAND , titulaire, Commissaire de la Marine, en retraite. M. le Secrétaire-général, dans la séance solennelle du 4 Novembre dernier, en donnant lecture de son rapport sur les travaux de la Société Linnéenne pendant l’année 1853-54, a relaté le mémoire de M. Boffinet père, de Saint- Savinien ( Charente-Inférieure }, sur les dégâts qui sont causés au port de Rochefort pour le travail des Termites. Il a ajouté que ces insectes n'étaient pas restés renfermés dans le port de Rochefort, qu'ils avaient envahi plusieurs localités de la Charente-Inférieure et qu'ils avaient été ob- servés à Bordeaux, ville dans laquelle plusieurs maisons avaient été attaquées. Absent de Bordeaux depuis 14 ans, je n'avais pas eu connaissance de la communication faite par M. Boffinet dont je connaissais cependant le travail depuis plusieurs années par suite de mon séjour à Rochefort de 1846 à 1854. Pendant ces huit années , j'ai été à même, par ma posi- tion administrative, d'étudier les travaux vraiment extra- ordinaires des Termites qui, pendant un certain temps, étaient si considérables que des personnes, par trop timo- rées, craignaient qu'on ne fût dans l'obligation d’abandon- ner cet arsenal. Mais en même temps que je constatais avec tout le monde le mal produit par ces insectes, je suivais avec la plus grande attention les efforts que l’on faisait pour y rémédier. ( 355 } Bien des essais ont été tentés sans aucune réussite , lors- qu'enfin on eut l’idée d'enduire de coltar ou goudron miné- ral | que l’on obtient dans des usines à gaz), les poutres, la surface inférieure des planchers . enfin tous les objets en bois qui se trouvaient dans les établissements infestés par les Termites. Ce moyen que l'on doit peut-être au hazard plus qu’à l'étude, a pour ainsi dire complètement réussi. Partout où l'on a employé le coltar, les Termites ont disparu, soit qu'ils aient cessé d’exister , soit qu’ils aient fait une de ces migrations si fréquentes chez les animaux de cet ordre. Je ne citerai qu’un petit nombre d'exemples. Au magasin des vivres , plusieurs salles étaient attaquées et l’on a été obligé d'en changer les planchers. En le fai- sant, on a employé le coltar ainsi que je l’ai dit plus haut ; les Termites ont disparu de ces salles. Au magasin-général, la salle des toiles à voiles est divisée au moyen de poutres perpendiculaires formant des sépara- tions pour les diverses espèces de toiles. Quelques-unes de ces poutres étaient rongées intérieurement par les Termites qui causaient des dégâts dans.les toiles. On les a enduites de coltar, le mal a cessé et les Termites ont disparu pres- que entièrement. Dans les chantiers de construction, les acores des vais- seaux et les bois-debout dont la base reposait sur la terre étaient fréquemment rongés par les Termites , bien que les bois employés fussent en essence de chêne. On a couvert la base de ces acores et de ces bois-debout d’une couche de coltar jusqu’à deux mètres environ au-dessus du sol; les bois n’ont pas été attaqués par les Termites. D'après le désir que la Société a bien voulu me manifes- ter, je me fais un véritable plaisir de lui communiquer ces notes succinctes, qui pourront diriger MM. les architectes { 556 ) dans les moyens à employer pour préserver les bois des attaques des Termites et pour les éloigner des lieux où ces insectes ont déjà fait irruption. Je ne peux donner l'emploi du coltar comme un moyen absolu , car il faut auparavant expérimenter si l'odeur et la saveur du coltar conservent assez énergiquement les pro- priétés indiquées ci-dessus, pour préserver pendant long- temps les bois de la présence des Termites. Ce n’est donc - que plus tard qu’on sera fixé sur ce point ; mais il demeure établi, dès à présent, que le coltar doit être considéré comme un moyen curalif et préservatif. La coltar est à très-bas prix. Il ne coûte que 6 à 8 fr. les cent kilogrammes , et couvre une surface considérable. Les usines à gaz en fournissent une grande quantité. Bordeaux, 2 Mars 1855. Ép. Lecranr. 0 Juin 1955, DAGIES) DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DS BOMDESUS. | re | | TOME XX. ”- Deuxième Série : TOME X. 3e Livraison. — 1° Oriobre 1855. A PARIS, | A BORDEAUX, | CHEZ 3.-B. BAILLIÈRE, | ÇCugz Ti. LAFARGUE, | | N. B. Messieurs les souscripteurs et les personn. qui vou- dront s'abonner aux Actes de la Société Linnéenne de Bor- deaux , sont prévenus qu’à l'avenir, MM. J.-B, Baunière, - à Paris et à Londres , et Ta. LAraRGuE , à Bordeaux , rece- vront le montant de leurs abonnements et se chargeront de l'envoi des Acres de la Socièté. Les membres correspondants qui négligeraient de payer le monlant de leur souscription, seront considérés comme dé- missionnaires et leurs noms seront effacés. de la liste des membres de la Socièté qui se trouvera à la fin de chaque vo'ume des AcTss. O1 Gt | XIE. Mél de Chchiotagé par M FisCHEr , membre auditeur. N.0 1. — ÉTUDES sur LE Faret noir | Teredo nigra ). 2me PARTIE. sh Acer. Dans la première partie de ce travail, nous avons signalé le Taret noir parmi les pilotis du nouveau débarcadère d'Arcachon. Depuis cette époqué, ‘$es ravages ont été assez considérables pour miner tous les pieux en contact perma- nent avec l’eau de mer; on a dû les changer, et l’un d’eux a été envoyé à M. H. Coudert, de Bordeaux. °P L'examen dé cette pièce de bois nous à prouvé qué les Tarets s'étaient d abord introduits par son extrémité infés rieure reposant sur ‘une pile de pierres , et qu ils s'étaient ensuite élèvés das l'intérieur du bois, en suivant le séns ” fibres. D * jours après leur départ d'Arcachon , ils étaient encore pleins de vie et se contractaient au moindre attou- chement. La sensibilité des syphons paräissait extrême. de à animal est blanchâtre, d’un aspect gélatineux. La masse . viscérale où domine le foie est marbrée de bleu, de jaune et de noir ; les parties noirâtres indiquent la présence de : Pintestin. Au-déssous ét en arrière dé Ki masse viscérale, se présente l” ovaire , blanchâtre et conique ; puis sr Tome XX. ‘ : (358) sent les branchies qui flottent dans la cavité du manteau. Leur coloration varie beaucoup ; elles sont bordées de brun près de l’ovaire, puis de rouge, rose , jaune, de rose enfin près des palettes. On peut dire que les véritables syphons commencent à partir de l'ovaire. L'anneau musculaire des palettes paraît très-puissant. L'organe sécréteur de celles-ci renferme leur pédoncule dans une gaine profonde dont la surface externe fait deux fortes saillies triangulaires un peu au-dessus de l'anneau charnu des palettes. Chez les individus âgés, la saillie est plus marquée, à cause de l'épaisseur du pédoneule. Les syphons sont longs; leurs extrémités digitées sont teintes le plus souvent en rose. Ils se bifurquent vers la moitié de leur longueur, à partir de l'anneau des palettes ; le syphon branchial est plus court que le syphon anal. Quoique nous ayons déjà vu un très-grand nombre de palettes de ce Taret, nous en avons encore trouvé dont les formes étaient nouvelles. Celles de l'individu le plus âgé (1} offraient cette particularité, que le pédgpeule épaissi, se prolongeait sur la palette. D’autres étaient portées par un pédoncule arqué ou tordu; ce qui provient sans doute des accidents du bois. A l'état frais, un épiderme très-fin recouvre Ja face ex- terne des palettes et se prolonge au-dessus fée la partie cal- 7 28 Plus grande largeur . .. .. 8 Longueur du pédoneule. .. 6 ( 359 ) caire. L'extrémité interne est encore plus cartilaginense, et d'après son degré de solidification, paraît fourchue, tri- dentée, cordiforme , etc. La figure réduite que nous donnons du Teredo nigra, a été faite d’après un individu vivant, communiqué par M. Coudert. $ 2. Nous avions rapporté le Teredo senegalensis de Blain- ville à l'espèce d'Arcachon , d’après les figures et la des- cription d’Adanson ; mais aujourd’hui nous sommes obligés de reconnaître notre erreur, car M. Petit de La Saussaye nous a adressé récemment deux exemplaires du Zeredo senegalensis, recueillis dans la localité même indiquée par Adanson. Feu M. Charbonnier, chirurgien de marine, fut l’auteur de cette importante découverte. L'examen du mollusque confirme la validité de l'espèce et la sépare nettement de ses congénères. L'animal contracté dans l'alcool paraît assez court; la masse viscérale est peu volumineuse. L'anneau musculaire des palettes est saillant, renversé ; les syphons de très- petite taille ont la même longueur. La coquille, presque aussi haute que large, est mince, blanche, délicate, L’oreillette antérieure présente 25 à 28 stries, comme l’a signalé Adanson. L’oreillette postérieure est relevée et son bord inférieur est sur la même ligne que le bord inférieur de l'oreillette antérieure. L'apophyse sty- loïde est mince, étroite. Dimensions des valves. Longueur. Fier 7.) NME AOFBEUE ser eue rer . 19 { 360 ) Les palettes ont beaucoup de rapport avec celles du Te-’ redo navalis. Le pédoncule est eylindriqué, uni peu applati, aussi long que la palette. Celle-ci présenté sur sa face ex- terne, et à sa base, deux éminences d'où partent deux rayons qui rendent la palette bicorne. Ces éminences sont beaucoup plus près de l'extrémité supérieure que dans les palettes du Teredo navalis, dont la taille, du reste, est comparativement inférieure. * Dimensions des palettes. Longueur totale . NIUE 10 millimètres. Plus grande largeur. ... 3. — Longueur du pédoncule . 5 — Cette espèce est parfaitement distincte du T. nigra par la forme des palettes bicornes et le nombre très-restreint des stries de l'oreillette antérieure ; du T. navalis par le nombre des stries, le peu de largeur de l'oreillette posté- rieure , et la position des tubereules des je Ne 2. — OBSERVATIONS RELATIVES AU. Pholas canaids. ‘On voit à nAtée basse. (visacvis la chapelle d' pape un banc de sable quartzeux agglutiné par de la glaise. Ce. . banc est assez étroit: et s ne tous les j jrs Ha tré râtre : des cor mortes ‘roulées ja la mér, y sontin= crastées, Sa consistance est assez faible pour qu ‘on puisse en détacher, soit avec la main, soit avec un | couteau, des fragments considérables. C’est là que vivent des milliers de __— sans qu cun autre mollusque perforant leur dispute le terrain. : On reconnait leur présence aux trous arrondis, d’un x ” (361 | faible diamètre , disséminés à la superficie du banc (1). Les pêcheurs ont fait depuis longtemps cette. craque car ils sont friands de yitts ou dails. Les Pholades sont toujours enfoncées por 2 ment au sol; la partie antérieure de la coquille située en bas. Dès qu’on enlève les couches supérieures de leur habi- tation, on voit l'extrémité de leur syphon se contracter rapi- dement et expulser avec force un filet d’eau. Les plus petites Pholades habitentles premières couches du banc, et s’enfon- cent d'autant plus que leur âge et leur taille s’accroissent (2). (i) En voyant Éeagé aigu + Em on ne croirait pas que les A , les Ne RE en TE ht lnve de on fend le bois. Cet instinet qui porte les res à pns leur ouvrage, existe aussi chez les insectes et surtout chez les Ter- mites. CF. Notices sur les Termites, par M. Boffinet. Act. de la Soc. Linn: t. xx, 3 et 4e livr., p. 145 (1854), et Souvenirs d’un Naturaliste , par par M. de de (1854). .(2). Nous n'avons pas encore remarqué uue seule fois des Pholades + entrecroisant et détruisant ainsi, soit les parois de leurs alvéoles, -soit des parties de leurs propres coquilles. Elles semblent être aver- ties du voisinage des autres mollusques par la résistance plus ou moins grande du corps qu’elles perforent. La même observation s'applique. aux Tarets, et nous avons pu admirer l'instinct qui les -portent, à respecter leurs demeures , en faisant plusieurs coupes, qu'une quille de navire criblée de tubes enchevêtrés les uns dans les rutres et dont le diamètre variait entre 2 et 3 millimètres. Cependant , quelques naturalistes admettent les perforations des enveloppes testacées des Tarets vivants par des individus de la même espèce. « Les canaux que les Tarets pratiquent, finissent même par » se rencontrer ; les deux canaux se confondent pour lors en un seul, » qui sert de demeure à deux individus.» (Marcel de Serres ; De l'Action exercée sur les roches parles mollusques pren ele, tn 1854, DE) 5 7 : L'observ De né. dés: moe er { 362 ) Le blanc pur de l'animal est encore rehaussé par la coloration noirâtre de la coquille, provenant du séjour dans le banc. Mais un simple lavage rend aux valves leur couleur näturelle. En suivant les bords du bassin et se dirigeant vers la passe , on retrouve parfois des Pholades dans la même ro- che; mais à 3 où 4 lieues d'Arcachon, vis-à-vis le cap Ferret et un peu avant la pointe du sud, leur habitat s’est modifié. Cà et là, se présentent, au milieu de blocs d’alios que les Pholades n'osent point attaquer, des masses terreu- ses d’une nature particulière, habitées par plusieurs mol- lusques perforants (Pholades , Pétricolés, Vénérupes). D'après l’examen et l'analyse de M. A. Barbet, cés roches se composent de sable quartzeux, d'oxyde de fer hydraté, et de détritus végétaux : le tout uni par de l’humus ou de la glaise. C’est probablement de l’alius modifié par un long séjour dans l’eau de mer, et augmenté de débris roulés par la vague. Les alvéoles de Pholades sont tapissées d’une couche de couleur ochracée , d’une épaisseur de 2 millimètres environ, et où l’oxyde de fer hydraté prédomine, à cause du contact permanent avec la mer. Les valves sont comme rouillées. Les épines de la coquille abondent surtout à la partie an- térieure. En les examinant à la loupe, on les trouve émous- ‘sées dans cette région, et presque intactes à la partie pos- térieure. L'écusson est usé antérieurement; de plus, les” alvéoles offrent des stries concentriques bien marque traverser le tést d'animaux de la même espèce, mais seulement quand ceux-ci sont morts. Ils attaquent des coquilles d'autres genres même pendant la vie, et l’on trouve daïis les ‘huîtres perlières, les strombes, etc. des gastrochônes , des lithodomes, des pétricoles. ( 363 ) Ne pourrait-on pas croire, d’après ces simples observa- tions, qu'ici et pour cette Pholade, la perforation est méca- nique ? La matière transpercée est si tendre, que nous avons pu y creuser promptement un trou profond en HApEiAA à une Pholade vivante et sous l’eau, un Du reste ; nous avons vu les Donaces , les Myes, les Bu- cardes , les Solens s’enfoncer dans le sable ; et quelques- uns de ces mollusques accomplissaient cette action avec tant de promptitude, qu’il est difficile de comprendre leur manière d'agir. Dans les bancs à Pholades, presqu’aussi mous que le sable, le mollusque à des années pour creuser son alvéole. Un autre fait qui pourrait confirmer notre opinion, c’est la rondeur exacte du trou lorsque les contours de la coquille ne sont pas circulaires. Il n’est guère possible d'admettre ici un acide comme cause de la perforation. Aucun acide organique n’a de pou- voir dissolvant sur le sable uni par la glaise, et s’il existe, c’est par des courants rapides qu’il désagrégera la roche ; l’eau peut alors le remplacer sans désavantage. L'action d’un acide ne peut d’ailleurs être limitée assez exactement pour qu’elle produise une alvéole de la dimension des Pholades ; enfin, s’il agit sur les roches terreuses de la Poïnte du sud, Pourquoi n’exerce-t-il pas sa puissance sur les blocs d’alios, plus durs quoiqu'identiques chimiquement, et où l'on ne trouve pas une seule Pholade ? On accumulerait sans peine des objections.contre.la per- foration au moyen d’un acide. Celui-ci devrait être insolu- ble dans l’eau , sans action sur l'animal et sa coquille cal- caire , mais efficace sur la roche calcaire, propre à dissou- dre bois, sable, gneiss, calcaire, argile, etc. A-t-on recueilli cet acide ? Non; il n’existe donc pas scientifiquement. ( 364) Nous n'irons pas conclare de la perforation ; prébable- ment mécanique, par les Pholadés de la Pointe du sud, à la perforation néeeéssairement mécanique par tous les mollusques lithophages. Nous avons voulu seulement faire quelques objections à cette proposition que MM. Deshayes et Thorrent ont énoncée d'une manière absolue : Aucun mollusque ne TEMRON la pierre à l'aide d'un moyen méca- nique ess joe dos ei N.v 8. — Nork Sun LE Pullastra Senesatensts Gel. Le genre Pullastre de Sowerby est représenté à Arcachon par quelques espèces (P. decussata L., aurea Gmel.) dont les caractères sont, conformes à ceux énoncés dans Ja diag- _nose générique (2). Mais il existe aussi dans cette localité une coquille classée dernièrement dans les Pullastres et qui en diffère beaucoup quoiqu'’elle en ait l'aspect : c’est la Venus perforans. Mont. (Venus saxatile de Fleuriau). Ses valves sont baillantes antérieurement et postérieure= ment , les dents parallèles , rapprochées, aiguës et minces se relèvent en dessus (pl. 3, fig. 8 a)..Le sinus externe de l'impression palléale est profond, ovale et s’élargit en s’en- fonçant (b); ses, parties Atérles, sont presque parallèles : au bord de la coquille Ge }». La languette ; ou sinus interne (c ) est: ‘étroite, allongée. F4 - termine, éohstis l'impression ie Aura t nine £a MUR p: 47." js pt pos k uille.… ia ue Peer clos, charnière por tant rois dents médiocres , souvent hiese où. paies. au S0mM- PRE musculaires, LL (365) Nous recûmes ; en 1850, cette espèce, de Cordouan où elle perfore les roches calcaires ; en 1853, nous la retrou- vâmes dans une pierre déposée sur le rivage d'Arcachon, et en septembre 1854, dans les blocs sablonneux de la Pointe du sud. Jusqu’alors , elle méritait le nom de Venus perfo- rans; mais, dans la même année, nous la rencontrâmes à l'etat libre: (pl. 3, fig. 9) dans les crassats de La Teste (1), et M. le D’ Souverbie en rapporta de Royan un grand nom bre ayant vécu des deux manières (2), ce qui démontre combien la perforation est un saragière. de peu de eue pour la formation des genres. La Venus perforans se distingue également et dés Véné- rupes et des Pullastres. Une section de Vénérupes (V. trus L., crenata LK., carditoïdes LK., etc.) a quelques rapports avec elle par la forme du sinus interne (pl. 5 fig. 14 a). Mais le sinus interne est beaucoup moins profond (b) ; la direction, de l'impression palléale (c): et la charnière sont différentes . | (1 } Les crassats « qui forment une partie de la plage de La Teste, Gujan, Arès, ainsi que les îles du bassin, sont d'immenses dépôts de boue noire sans consistance, recouverte de sible, et d’une végéta- tion abondante quoique peu variée. On recueille surtout les Zostera nana Roth, angustifolia Roth, et marina Linn. Parmi les mollus- ques propres aux crassats , On peut citer des Syndosmyes, des Telli- nes, des Pullastres. Quelques Troques se nourrissent des plantes qui y poussent , et que les Aplysiés recherchent particulièrement. On y trouve des Moules ‘et des Huîtres , mais établis artificiellement. Parmi les poissons , les pe de. NE Re nbiRee wy sont pas rares. Les crassats disp s'approche de la grande mer. - (2 Les Saxicaves vivent tantôt dns les roches qu'elles ont perf. pes » tantôt dans anfractuosités ; les Tarets posts habiter dans t. Ces faits s0 sont uc adliges à coté té S présédité ke P: phase: { 366 } Deux autres sections de Vénérupes qui peuvent prendre pour types le V. Lajonkairii. Payr. -et le V. (Saxidomus) Nuttalii Conr., s'en éloignent complètement. Le V. Lajon- kairii est plutôt une Pétricole par sa charnière et ses im- pressions (pl. 3, fig. 15 a b }. Un caractère commun nous est offert par les Pullastres : (P. decussata, aurea, virginea, floridella). La portion supé- rieure de l'impression palléale a la même direction { pl. 3, fig. 12e, 13e) chez la P. decussata (fig. 12 a); mais le sinus interne est large , triangulaire (b) et ne vient pas se terminer à l'opposite de l'impression musculaire postérieure (o), les dents s’épaississent et divergent (d), la postérieure prend la direction de la nymphe. Le sinus externe de la P. aurea devient plus étroit à son extrémité (fig. 13 b). La P. geographica Gmel. présente des dispositions ana- logués à celle de la Venus perforans , dans la charnière et les impressions. De plus, la coquille est baïllante aux mêmes points (pl. 3, fig. 11). Il résulterait de cet examen critique, que les Venus per- forans et geographica forment une section bien tranchée dans le genre Pullastre , si du moins elles appartiennent à à ce genre ; l'étude approfondie des animaux nous donnera l-dessus un résultat définitif. Cette section est intermédiaire entre les vraies Vénérupes (V. trus, ete.) et les Pullastres. Elle peut très-bien se ran- ger avec elles dans la famille des Conques. Le Venerupis, Lajonkairii et le Saxidomus Nuïttali resteraient alors dans les Lithophages. Nous avons dit que la Vlé pullastra n'était que le V. perforans à l'état libre. Nous n’avançons cette opinion qu'après avoir vu des centaines d'individus recueillis en Bretagne, à La Rochelle, Rochefort, Royan, Cordouan, (367 ) Arcachon, sur nos rivages méditerranéens et sur ceux de l'Espagne. Aucune différence appréciable et constante n'existe entre la hbre et la perforante. Quelquefois, la pre- mière a des couleurs plus variées et ses stries sont plus régulières ; de même que la partie postérieure de la seconde est plus lamelleusé et plus épaissie. L'existence d’un mollusque libre ou lithophage est une nouvelle énigme pour ceux qui cherchent dans un procédé chimique la cause de la perforation ; elle confirme l’hypo- thèse de ceux qui croient qu’un mollusque peut s'enfoncer dans un milieu compact et dur comme il s’enfonce dans le sable. L'action est la même; sa force et son intensité sont variables d’après la résistance qui leur est opposée. Synonymie spécifique. PULLASTRA SENEGALENSIS, Gmel. a, Coquille libre. Venus senegalensis Gmel. p. 3282, n° 67 (1788). _— — Blainv., Dict., sc., t. 57, p. 275 (1828) Pullastra senegalensis.Petit de la Sauss. Cat. coq. mar. Fr., p. 297 (1851). | so Fimo... Adanson. Seneg., p. 227, pl. 17, ie fig. 11 (1757). Panis a. . Mont., Test. Brit., p. 125 (1805). Mat. et Rack., Trans., Soc. linn., t. 8, p. 88, pl. 2, fig. 7 (1804). sn pa, Lamk. Anim., sans vert, t. 5 p. LA 598 (1818). "Hire = #00 Blamv: uses sc., t. 57,:p. 275 (1828). ( 268 ) : b. Coquille perforante. ; Venus saxatilis . . . . Fleur: de Bellev, Mém. du Journal de phys., t. 54 (1802). — perforans. .. Mont. Test. Brit., p. 127, pl. 3, Ha fig. 6 (1803). — — Mat. et Rack... Soc. linn., t. 8, p. 89 (1804). 2 5 certe perforans. Lamk. Anim; sans vert., 15! | AUS p. 506 (1818). ; D 25: 0 Blainv., Dict. sc, 4 57, D. 258 | As "1 (4828). qe — Desh.. Encyclop. méthod. Vers:, t. 3, p- 1110 (1832). Pullastra perforans. Petit de la Sauss., Cat. coq. mar. Fr.;, p.298 4841). ©. Coquille perforante. Variété ou jeune individu. - Venerupis nucleus. . . Lamk. Anim. sans vert., t. 5., P. 507, (1818). he Œu Blainv., Dict. se., # 57, P. 939. musique Pubs 2 IR.) ÉCRAN A SR Delessert, Recueil un. Rs 5, dé se À | fig. 1. (1841) - s rake: y des le EL: 1 , d’après Blainville qui Va recueilli à La Rochelle, “parait être: à peine. anorésiéé du PER La. variété de eyes tranchée de nous. sl (pl: be fi. 10). Elle est . ou. para: abonde à Royan et.se montre à la Pointe du sud … Enûn , les Verus florida et catenifer de Là ess dés Méded Poe Sr de: AS û = # me us hey h:+ PRE À Pet de Fs P. senegal: 'enit de: ; SE A ; Fo UM = 4 369 ) No 4, DU SOMMEIL ET DE 'L'HIBERNATION DES héiiies ‘TERRESTRES. Dit la vie des animaux , comme dans celle des plantes, on trouve des époques où plusieurs des fonctions physiolo- giques sont suspendues. Ces moments ont reçu le nom de sommeil chez les êtres supérieurs, quand ils reparaissent périodiquement ,: qu'ils alternent avec les veilles et que leur durée ne dépasse: guère vingt-quatre heures. L'hiber- nation, au contraire, consiste en un sommeil prolongé durant une saison entière : celle-des froids ou des pluies. : Les gastéropodes terrestres offrent à la fois et un état analogue au sommeil et une véritable hibernation ; mais le sommeil ordinaire est surtout diurne , et l Hipernation peut arriver dans l'été. $ 1. Sommeil. ll se déclare presque tous les jours. Dès que le crépus- cule paraît et que l'animal a terminé ses courses noctur- nes :” celui-ci cherche un endroit abrité contre la lumière ; tantôt il se glisse sous une pierre, derrière un ’pieu, auquel il devient ‘adhérent en enduisant dé mucus les bords de sa coquille ; tantôt il s'enfonce ‘profondément dans la: terre ou le sable. Puis il se rétracte dela manière suivante : lés tentacules sont retournés, la tête passe au travers du collier ainsi que le pied, le collier PE et protège FAR: l'orifice respiraoires reste béant. : Quanta is, ils s’enf t dans la terre, se contractent sous M Iégr Énirédié se (Arions, Limaces ). Les Testacelles: SRE ri gen 50 ant ‘la con estforté: sis 015: Lnerotiastitres : “Mr | Nous retrouvons ‘dm cet état” la serre caractères du sommeil ;:et surt s des organes des sens. © { 370 |) Le sommeil suit un repas abondant, car l'animal expulse plusieurs fèces avant de reprendre son activité. S'il est excité, il ne se développe pas et bave abondamment. L’eau seule versée, soit naturellement soit artificiellement, le ré- veille. La durée du sommeil est variable ; elle peut se pro- longer durant deux ou trois jours si le temps est très- sec, et alors l'animal entre en hibernation, ou peut se réduire à quelques heures si l'air est humide et chargé d'électricité. Dans la saison des amours, les mollusques sont très-éveillés. Outre le mucus qui enduit les bords de la coquille, les Hélices et les Bulimes sécrètent dans le sommeil un faux épiphragme , elôture toujours imparfaite et perforée vers le centre, transparente, ne se mouillant pas à l'eau, compo- sée de mucus solidifié. $ 2. Hibernation. Dès que les premiers froids se font sentir, sous notre climat, les Hélices, les Bulimes, etc., s’enfoncent à quel- ques centimètres au-dessous du sol, se réfugient dans les troncs d'arbres creux, sous les broussailles, les amas de pierres. On trouve souvent une grande quantité d'Hélices bibernant pour ainsi dire de compagnie. Elles vivent deux ou trois mois, davantage même , si la saison est très-froide, dans une immobilité complète. _ Mais cette immobilité, ce sommeil particulier, les expo- seraient sans défense aux attaques de leurs ennemis et à la rigueur de l'hiver, si elles ne se protégeaient pas en fer- mant l'ouverture de leur coquille, au moyen d’une cloison tantôt mince et cartilagineuse, tantôt opaque et calcaire. L'épiphragme est donc une partie accessoire de la coquille, qui se montre seulement pendant une saison, et (371) qui n’a aucune adhérence avec l'animal. Ces caractères le distinguent à priori de l’opercule. Lorsqu'un mollusque veut construire son épiphragme, on le voit se retirer dans sa coquille, dont il affleure les bords. Le collier recouvre l'animal en entier et présente une sur- face lisse, un peu bombée vers le centre. On y remarque trois légères dépressions dont l'influence est assez notable sur la constitution de l’épiphragme : 1° près de la réunion du bord droit avec la columelle , un sillon circulaire corres- pondant à l’orifice respiratoire ; 2° au-dessous de celui-ci, une petite ride indiquant l'anus: 3° vers le centre, une fisssure provenant de la réunion des bords du collier et sous laquelle se trouve la tête de l’animal. L'orifice pulmonaire étant fermé, on voit bientôt appa- raître une pellicule transparente qui s’épaissit peu à peu, excepté aux points correspondants aux trois dépressions signalées chez l'animal et qui peuvent rester quelque temps ouvertes. Mais dans la suite, les fissures se comblent et l'épiphragme est partout également résistant. | $ 3. ‘On a constaté des épiphragmes chez la plupart des gas- téropodes terrestres testacés et non operculés; Hélices , Bulimes, Agathines, Ambrettes, etc. Ils deviennent plus rares dès que la bouche est rétrécie, soit par un osselet, soit par des dents; comme on le voit chez les Maillots, Clausilies ; ils n'existent plus dans quelques coquilles où . l'animal ne peut être contenu qu'à er peine ; les Vitrines _par exemple. L'épiphragmé offre la Le épaisseur que la codiéile et une grande blancheur chez certains Bulimes et Agathines {Bul. hæmastomus. Scop., ovatus. Brug., Achat. perdix. ( 572 ) Lamk., purpurea. Lamk). De même chez les Helix pomatia, L., aperta, Born., tristis Pfr. Il est d’un brun roussâtre et cartilagineux chez l'Helix aspersa L , le Bul. Zebra M. ‘Lorsqu'il commence à se former, on y voit une ouver- ture ronde et ovale chez les Hélices { Æ. aspersa. L., ne- moralis L.,) et quelques Bulimes ( Bul. acutus. M., ventro- sus. Fer.); d’une fente oblique et très-régulière chez les grands Bulimes, les: Agathines, les Ambrettes, Les petites espèces n'offrent pas toujours des traces de fissures. lest d'autant plus convexe et affleure d'autant plus le péristome que l'animal est gras ({..aperta. Born., tristis. Pfr., pomatia. L.). Il.est: au contraire profond quand le mollusque est maigre { H. lactea. M., candidissima. Drap.). $4.. . Sa présence “is les pulmonés aquatiques est un fit des plus curieux et que MM. Durieu et Des Moulins consta- tèrent d’abord sur le Planorbis leucostoma, Millet (1), De- puis, cette. époque, M. Bouchard- Chant annonça l'avoir remarqué chez le Planorbis marginatus, Drap. | Les mœurs de ces Planorbes expliquent la formation d'un épiphragme. On les. rencontre le plus souvent dans des mares . d'eaux pluviales. que: le soleil dessèche durant. re été: sohes-Elanorbes. s ‘enfoncent. alors are la vase humide un om sist nt, soyeux, brillant et qui. adhère a au. bourrelet. interne. Ils. peuvent vivre à l'air plusieurs. mois sans. périr, et dès 4084 les jette dans l'eau, chassent leur. épiphragme. di es . Des: bmp, et des P Physes, prises, dans es mêmes Gp ditions q Age: . deu Ch.:Des Moulii$ : sers rene er toma. Act. Soc. Linn. Bord,, t, 5, ( 1832). \ ( 375 ) différent de celui des pulmonés terrestres. Les mollusques fluviatiles sont dans l’hiver plus actifs que jamais. $ 5. Souvent des Hélices passent des hivers entiers sans for- mer d'épiphragmes complets. On le remarque lorsqu'elles s’agglutinent entr’elles. Celles dont l'ouverture repose sur une autre coquille unissent solidement le têt étranger à leur péristome , en secrétant la matière de l’épiphragme sur les bords: de leur bouche. Dans ce cas, une portion de la coquille remplit les fonctions de l'épiphragme qui a pour but seulement d’intercepter la communication entre l'air et le système cutané du mollusque. J'ai trouvé cependant une Hélice dont le tét brisé en partie n'avait pu être réparé, et qui, malgré la PRE de sa clôture, n’était pas par- faitement à l'abri. Quelquefois , des Hélices s’accolent bouche à Liebe et soudant leurs deux épiphragmes , forment ainsi une clô- ture commune. Mais la particularité la plus curieuse survenue dans l'hi- bernation, a été observée par M. Jaudouin de Bordeaux, qui a bien voulu confier les pièces à notre examen. Deux Hélices, âgées d'environ 8 ou 10 mois, hibernèrent ensemble et s’accolèrent de ‘telle sorte que l’une était fixée sur le bord droit et l’avant-dernier tour de l’autre. La pre- mière vint à mourir sans cesser d’être adhérente ; sa com- pagne, au contraire , continua son développement, en le déviant un peu et en s’enroulant sur la coquille étrangère. Devenue adulte, elle fit son bourrelét, mais sans que le bord droit püt rejoindre la columelle, à cause de lobstacle qu'elle n'avait pu détacher. Elle fut donc forcée de se servir d'une partie de l’autre coquille en. 2er are cd la recouvrit d’une mince callosité. 2 Tous XX: Ms res «D ( 374 ) Malgré la gène qu'il éprouvait, l'animal dut vivre assez longtemps. Lorsqu'il était enmarche, la partie de la spire de la coquille morte portait sur le sol, et ses derniers tours détruits par le frottement témoignent d’un long usage. $ 6. L’épiphragme clot parfaitement la coquille ; 1l est non- seulement imperméable à l’eau, mais l’air- ne peut le tra- verser. Il ne sert pas de réservoir d'air, car, en l'enlevant sous un liquide , on ne voit pas partir les bulles d’air, qui, dans cette hypothèse, devraient exister entre l'animal et lui. S'il existe de l’air, il est renfermé dans l’intérieur de la coquille , les replis de la tête et du pied, enfin dans la cavité respiratoire, comme on le démontre en excitant l'animal qui, en se contractant, expulse par la fissure palléale des . bulles, puis un mucus écumeux. Malgré de nombreux attou- chements, la poche pulmonaire en contient toujours et le conserve. Ce peu d'air suffit à la respiration de l'animal pendant un temps très-long ; aussi, cette fonction est-elle très-ralentie ainsi que la plupart des autres. La digestion, la défécation n’ont pas lieu, car l'animal jeûne. La sécrétion de la coquille est complètement interrompue , et ne recom- mence qu'au printemps ; la sensibilité se conserve par le collier, tandis qe ‘elle “us chez certains rep hibe rnants. En effet si l'on exit lépiphragme s sans sn le mol- lusque, il ne parait pas d’ l'air; mais après quelques minutes, l'orifice pulmonaire s’ouvre afin de renouveler sa provision d'air. Un nouvel épiphragme se forme plus tard. La sensibilité du collier est aiors remar- quable ; if{suffit d’un léger choc de la coquille, de l'agita- tion passagère de l'air, pour déterminer la fermeture de l'orifice pulmonaire. (375 ) Indépendamment de l'épiphragme qui affleure le péristo- me, et lorsque le froid est très-vif, le mollusque construit d'autres clôtures en se retirant peu à peu dans sa coquil- le (1). Les nouvelles pièces sont toujours plus minces que la première. Chez l’Helix pomatia L., le deuxième et le troisième épiphragmes sont jaunâtres ou verdâtres, malléa- bles; le premier, au contraire, est d’un blanc mat et d’une consistance dure et cassante. Le dernier sécrété ressemble à une pelure d’oignon. CE À La formation de l’épiphragme n’est pas seulement la conséquence du froid, car une trop grande sècheresse ou une abstinence prolongée , la déterminent aussi bien. Des Bulimes tronqués (Bul. decollatus. Brug.) que nous élevions, s’enfonçaient dans le sol dès que l’on passait plu- sieurs jours sans les arroser, et formaient leur épiphragme. Ils le chassaient aussitôt qu'on humectait la terre. Douze heures leur suffisaient pour construire ensuite une nouvelle clôture. ; Si l'on négligeait de leur donner Le la nourriture, ils se renfermaient de nouveau. En les plaçant alternativement dans une terre très-sèche, où ils construisaient leur épiphragme , et dans une terre humide où ils le déjetaient, nous avons constaté qu’ils pou- vaient former dix à quinze épiphragmes par mois. En un mot, ils se clôturaient et se déclôturaient à volonté, Sous des latitudes plus chaudes, l’hibernation commence avec l'été. Quand les chaleurs persistent, l'Helix tristis. (1) M. Ch. Des Moulins a consteté M fétonce ie: LD Éd mes chez l'Helix livæpes. ( Note sur un limaçon de la côte de Malabar , in Act., Soc, Linn., Bord, t. 5. 4829) (376 ) Pfr., de Corse, s'enfonce à plus de 60 centimètres au-des- sous du sol, et passe plusieurs mois dans l'immobilité (1). Elle reparaît à la fin de l'automne, la nuit seulement. L’Helix Durieui. Moq.-Tand., découverte à la Calle par M. Durieu, hiberne également pendant l'été et s'enfonce dans le sable pur en ne laissant passer extérieurement que le sommet de la spire, qui, par sa couleur noire, tranche sur le sable blanc des dunes, et met l'explorateur sur sa trace. $ 8. Passons à l'examen physiologique de la production de l'épiphragme. Chez les Gastéropodes à coquille extérieure, le bord ex- terne du collier ou manteau sécrète l’épiderme et les cou- ches sous-jacentes de la coquille, ornées parfois de couleurs les plus agréables. Mais tout l'organe sert à la sécrétion, et les autres parties donnent une matière calcaire d’un blanc ‘sale où brunâtre, qui, souvent, répare des fractures et se dépose par couches successives à l’intérieur de la coquille. Dans l’hibernation, la face externe du collier est étalée sur le corps, et les bords contractés et rapprochés se touchent et ne peuvent rien produire; aussi l'épiphragme est-il une matière unicolore , le plus souvent blanchâtre, formée de toute pièce et ne s’accroissant qu'en épaisseur. - Cette sécrétion épuise l'animal qui est très-maigre au printemps et presque dépourvu de son mucus. Il engraisse rapidement et dans quelques jours agrandit beaucoup sa coquille , s’il est jeune; et l'épaissit, s’il est adulte. à) Note;sur les mœurs de l'Heliz tristis à (Pre, par M. Lecog, in Journal de Conchyliologie, t. Il, p. 146 (1851). f ( 377 } N.0 8. — REMARQUE SUR LE SAC BUCCAL DES AMPULLAIRES. L'animal des Ampullaires est connu depuis longtemps, et la science possède bon nombre d'observations sur son organisation et ses mœurs. Notre savant ami, M. Gassies, nous ayant communiqué un certain nombre d'Ampullaires de l'Inde, nous avons pu les disséquer et noter ce qu’elles présentent d'intéressant, L'animal est voisin des Paludines par ses organes prin- cipaux; aussi ne décrirons-nous que sa singulière poche buccale. L'ouverture buccale n’offre pas de dents, mais plusieurs rides longitudinales. La poche buccale est volumineuse , allongée , bosselée*extérieurement , terminée par un cul-de- sac étroit, sur lequel s’insère le muscle rétracteur. Si l’on fend l'enveloppe de la poche par une incision di- rigée de l’ouverture œsophagienne à la bouche, on met à découvert l'appareil masticateur. Son ouverture supérieure est formée par les parois internes de la poche, et deux . bandeleites fibreuses circulaires, s’attachant à l’extrémilé supérieure du premier cartilage lingual. Celui-ci a la forme d’un capuchon renversé , dont la face intérne serait fendue jusqu’à l'extrémité. Il est composé de . deux pièces convexes extérieurement, arrondies soudées longitudinalement. Au centre de ces portions, on trouve un point blanc ossifié. Le premier cartilage lingual recouvre le sommet du se- cond bien différent par son aspect. Étalé, il est ovoïde, terminé à ses extrémités par des prolongements étroits. L’appendice supérieur, membraneux, s'engage dans l'ou- _verture du premier eh et mo saillie os de la ( 378 }) bouche. L'appendice infinies se termine au cul-de-sac de la poche buccale. On distingue dans la deuxième plaque linguale deux par- ties latérales et une médiane. Les premières sont lisses, minces, transparentes recourbées en arrière et embrassant le muscle épais de la poche buccale; la seconde est ornée d’une infinité de denticulations; c’est elle qui forme les deux appendices décrits. Ces denticulations sont disposées sur cinq faces : deux antérieures et externes , deux latérales et internes, une antérieure et interne; de sorte qu'elles forment une gouttière hérissée de pointes dirigées de haut en bas et étalées dans une régularité admirable. On en compte cinquante environ sur chaque face antérieure ex- terne. Les Le me de la face aginiene et interne offrent la ol D’ Re cette disposition , le mécanisme de la préhension et de La mastication des aliments n’est pas difficile à com- prendre. L'extrémité supérieure du deuxième cartilage lingual s’allonge , dépasse le premier et les lèvres, enlève enfin des portions d'aliments à l’aide de ses spinules. Par sa rétrac- tion, le bol alimentaire saisi entre les denticulations de la deuxième plaque et la face interne résistante du premier cartilage, est divisé promptement. La mastication est encore accélérée par des contractions du muscle buccal , qui res- serrent la rainure de la deuxième plaque linguale. Dès que les aliments ont été triturés , ils tombent dans l'æsophage et la digestion commence. l’est ainsi que les plaques linguales exécutent les actes de préhension, mastication et déglutition. La structure de cette poche buccale se > rapproche de celle des Cyclostomes et des Paludines. Teredo mêra.Bl. 3 Pl3 - æ mur : (379 } EXPLICATION DE LA PLANCHE IL. Palette du Me noir, très-vieux, face externe : à saillie du pédon Palette du ae individu , face interne. . Palettes, face interne. . Palettes du mème individu , face externe et interne. Animal du Taret rés a-a valves ; b manteau; c masse viscérale ; d ovaire ; e-e branchies; f anneau musculaire des palettes; h-h palettes; ? syphon branchial ; j sy- phon anal. Valve de Venus perforans ; a charnière ; b sinus externe; c-d portions d'impression palléale; e sinus interne; f impression musculaire postérieure Valve de Venus pullastra. Valve de Venus pullastra ; variété. Valve de Venus geographica : a charnière ; b sinus exter- ne; € sinus interne; d impression musculaire posté- rieure. Valve de Venus decussata : à sinus externe ; b sinus in- + : + +: ct 1 charniàüre : , LÉ e portion d'impression palléale. Valve de Venus aurea: a sinus externe ; b sinus ipterne ; c portion d'impression palléale; d charnière. Valve de Venerupis irus : a sinus interne; b sinus ex- terne ; € portion d'impression palléale ; d charnière. Valve de Venerupis La Jonkairii : a impression palléale ; b charnière. EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. Valve du Ter. navalis, grossie, Valve du Ter. Senegalensis , grossie. Valve du Ter. Senegalensis, grandeur naturelle. Palette du Ter. Senegalensis, face interne , grossie. _ Palette du Ter. Senegalensis, face externe, pee À Palette du Ter. Senegalensis , grandeur naturelle. Epiphragme delHelix pomatia : face interne : a sure respiratoire ; b fissure anale; c fissure rio 8. 9. 10. 11. ( 380 | Epiphragme du Bulimus decollatus. Epiphragme de l’Helix aspersa. Epiphragme du Succ. Putris. Epiphragme du PI. leucostoma. 12-15. Monstruosité produite dans l’hibernation : & coquille dont 14. 15. 16. +6 18. l'individu est mort. Poche buccale d’ampullaire : a système nerveux ; b ouver- ture orale; € glandes salivaires ; d œsophage. Poche buccale ouverte : 4 ouverture buccale ; b cartilage supérieur ; € cartilage inférieur ; d cul-de-sac de la poche; e muscle rétracteur ; f parois internes de la poche Cartilage lingual supérieur. Cartilage lingual inférieur étalé : a extrémité supérieure; b parties latérales ; c extrémité inférieure; d zône ex- terne de la gouttière hérissée; e zone antérieure et interne de cette gontuere Denticulation vues :b interne. Mai 1855 N06— Parmacella Deshayesii. & 4er. L'exploration scientifique de l'Algérie a produit des ré- sultats importants au point de vue de la malacologie; par- mi les espèces nouvelles est uné Parmacelle trouvée dans la province d'Oran, et répandue dans les collections de France, grace à la générosité de M. Durieu de Maisonneuve, auteur de la découverte. Cette espèce ne figure pas malheureusement dans les ps et le texte de la partie conchyliologique de l'explora- n. Elle a été indiquée sous la désignation de « Parma- LE Sp. nov. » et distinguée du P. Valenciennii, par . de PFigcher at nat Del. { 381 ) M. A. Morelet (1). M. Moquin-Tandon a figuré sa mâchoire et lui a donné le nom de P, Deshayesii (2). Cette appella- tion a été consacrée par plusieurs auteurs ; toutefois dans le Catalogue de J. Jay (3), on trouve le mollusque sous le nom de P. Algerica, Deshayes. |: Quoiqu'il en soit, il n'existe pas de figure et de descrip- tion publiées de la Parmacelle d'Oran; les exemplaires que nous tenons de M. Durieu, nous permettent de combler cetie lacune. $ 2. L'animal est assez allongé, brunâtre, sans taches; sa coloration s'éclaircit sur les côtés et sous le pied. Le manteau très-développé n’est libre qu’en partie, et forme un abri sous lequel se réfugie le mollusque contracté. Une partie de la masse viscérale recouverte par le manteau adhé- rent, constitue en arrière un mamelon séparé du pied par uu sillon profond. Cet organe est prismatique, caréné supérieurement et aigu à son extrémité. L’orifice respira- toire formé par un repli du manteau, est sensiblement plus postérieur que dans les Arions et les Limaces. Le manteau présente encore au point correspondant au nucleus de la coquille, une petite ouverture circulaire qui se retrécit de plus en plus avec l’âge, et finit quelquefois par disparaitre. On trouve sur l'animal contracté deux sillons dorsaux , parallèles, aboutissant aux grands tentacules, et deux sillons latéraux obliques, se terminant près des petits tentacules. uw) Cat. mol. Portug., p- er (18 - (2) Act. Soc. Linn., Bord., p. 261, pl. 4, fig. 5 (1848). (5) Cat. of the shells., sapplement , p. 471 (1852). ( 382 } En enlevant le manteau avec soin, on voit que sa par- tie adhérente forme une sorte de diaphragme en arrière duquel est placée la coquille. Celle-ci se compose d'un nucleus formé dans les dernières périodes de la vie embryonaire, et d’une plaque calcaire, véritable limacelle. Le nucleus ovale, lisse, brillant, d'un jaune d'ambre, présente 1 tour 1/2 de spire ; dans l’âge adulte il est comblé par une ma- tière calcaire amorphe, et loge une petite expansion du foie. La limacelle, à sa surface extérieure, est convexe, lisse, striée concentriquement au nucleus , épidermée, de forme losangique; à sa face inférieure , le calcaire est mat, grenu, d'un aspect cristallin dans le jeune âge (1). Sur le bord supérieur et droit de cette plaque, existe un sillon oblique, bordé d’une lame partant de la columelle du nucleus, et devenant plus marqué avec l’âge. Une épiderme très-mince déborde la limacelle. $ 3. Le P. Deshayesi, habite dans les ravins, sous les pierres ; il est herbivore, et exhale une odeur extrêmement forte qui avertit de sa présence etrend sa chasse facile (2). Cette odeur sui generis, n’est comparable qu’à celle d’une plante découverte également en Algérie par M. Durieu, le Putoria brevifolia. Les singulières métamorphoses des Parmacelles, nous sont connues depuis les observations de MM. Webb et (4) I a l'aspect brillant du sucre candi, en cristaux extrèmement (2) On connaît peu de gastéropodes terrestres, odorants ; ; quelques Vitrines et Zonites exhalent une faible odeur d'ail; l’Helix fætens de Studer, répand des émanations repoussantes. ( 583 ) Berthelot sur le Cryptella canariensis (1). Faute d'œufs, nous n'avons pu constater la présence de l’opercule qui clot le nucleus de l'embryon ; mais nous avons eu sous les yeux plusieurs individus âgés de quelques jours. Le plus jeune ressemble parfaitement à une Hélice ; il peut être contenu dans sa coquille ; le manteau n’est encore qu'un collier ; l’orifice respiratoire n’apparait pas à l’exté- rieur. Chez un autre, un peu plus âgé, le collier remonte sur le bord externe de la coquille, et envoie une expansion an- térieure, véritable bouclier analogue à celui des Limaces. Un troisième offre déjà un développement considérable du bouclier ; l'expansion postérieure recouvre la moitié du nucleus et l'orifice respiratoire est extérieur. Les animaux sont alors d’un bleu clair avec quelques taches noirâtres (2). 4, Organes digestifs. La bouche, triangulaire, présente sur les lèvres quelques fortes rides, qui se continuent jusqu'à l'extrémité du sac buceal. A 4 ou 5 millimètres des lèvres, se montre une machoire cornée, légèrement arquée, (1) Synops, moll. canar. (1833). — D’Orb. in Webb et Berthel. Hist. nat. canar. t. 2, p. 50. (2) L'animal est Cyclostome dans l'œuf, Hélice, en sortant , puis Vitrine, Limace enfin à l’état adulte. Cet ordre de faits si curieux chez les gastéropodes se rapproche de ce qui a été observé chez les acéphalés par MM. D'Orbigny et Léa. Le Mulleria est semblable à une anodonte dans le jeune âge, puis devient Ethérie, et conserve son nucleus fixé sur le talon de la coquille adulte. Cf. Revue zo0lo- logique. p. 39 et 185. (1831 : — um. Sa bé ee (1855). ( 584 ) noirâtre sans stries ni bec bien évidents. Un repli de sà face interne est tapissé d'une membrane muqueuse qui en part et aboutit à l'œsophage. Celui-ci commence aux 3/4 inférieurs du sac buccal, et vis-à-vis son ouverture, se montre la langue, si l'on peut ainsi nommer un organe qui diffère si notablement des langues des autres animaux, que plusieurs naturalistes, Adanson entr’autres, l'ont comparée avec raison à une se- conde mâchoire. Cet appareil se compose, d'un muscle interne prenant son point d’appui à l'extrémité postérieure du sac buccal, épais, arrondi et libre à son bord supérieur. Une plaque cornée, insérée à sa base l’engaine, et se repliant sur elle-même, forme la paroi inférieure du palais. Elle est résistante, d’un jaune d’ambre et ornée de dessins très-réguliers ; vue au microscope, elle présente une suite de lignes horizontales chargées de denticulations applaties, triangulaires, ayant chacune 0,003 à la base (1). Lorsque la mastication commence, le muscle semi-cireu- laire se dilate, agrandit ainsi la poche buccale, étend la plaque cornée, la relève et la fait appliquer sur les parois de la bouche. Elle sert alors à protéger la muqueuse contre les aspérités des aliments, et entraîner ceux-ci dans l’œso- phage en s’abaissant ; son grand développement chez quel- ques mollusques où elle acquiert même plusieurs fois la longueur de l'animal, a fait supposer à Cuvier que la por- tion inférieure remplace la supérieure lorsqu'elle est usée. #0: M. Webb et Van Bénéden (Mag. 2001. 4836) d’après l’anato- mie du Parm. Valencienni, regardent ces dessins comme des caractères spécifiques, piste sd ils ne décrivent pas ceux de leur Parmacelle. ( 885 } Peut-on donner le nom de langue à ces parties de la poche buccale ? Le muscle semi-circulaire n'est jamais en contact avec les aliments, et la plaque cornée n'offre aucune trace de vaisseaux, ni de nerfs. ee ne sont pas des organes de gustation ; onpeut] d palais de certains poissons. Îl est des molluques où la plaque cornée est parsemée de véritables dents, tout-à-fait résistantes, criant sous le scalpel : l’usage de la prétendue langue n'est pas alors douteux. L'œsophage assez court , recoit à sa naissance les con- duits excréteurs des glandes salivaires. Celles-ci sont apla- ties, divisées en 3 ou 4 lobules, foliacés, s'appliquant sur l’estomac. L'estomac volumineux ne se sépare pas distinctement FA l’œsophage ; sa longueur est égale aux 4/10 du tube diges- tif, ses parois sont minces et transparentes. On trouve en le fendant des débris de graminées. Au-dessous du pylore s'ouvrent deux larges canaux hépa- tiques. L'intestin fait 3 ou 4 circuits dans le foie dont les lobules très-développés sont au nombre de 8 ou 10, et constituent la moitié environ de la masse viscérale. Le rectum est court et retréci ; l'anus s'ouvre sur le bord de l'orifice respiratoire. Le rein (1) recouvert par la limacelle est renfermé dans une poche fibreuse résistante. Sa constitution est glandu- leuse, un grand nombre de vaisseaux le sillonnent et lui donnent un aspect lamelleux. « Rein (lacohson]. — Organe de la raté (vien À sue præcordiale (Moq.-Tand., Saint-Simon. } ( 386 ) $ 5. Circulation. — Nerfs. Le péricarde protégé par le bord de la limacelle est situé en avant du rein. Le ventricule présente la forme d'un tétraëdre ; à l'intérieur, des fibres longues et fortes constituent son tissu. Celles de l'oreillette sont moins développées ; le poumon n'est qu'une vaste poche tapissée d’un réseau de vaisseaux sur un fond spon- gieux. L'anneau œsophagien est très-développé, non renflé à sa partie supérieure et médiane, mais latéralement. Les deux ganglions sous-æsophagiens fournissent leurs filets aux organes des sens et à la bouche. Outre les gan- glions sous-æsophagiens dont les filets se rendent aux organes génitaux et aux muscles du plan locomoteur, on trouve un deuxième anneau nerveux inférieur. $ 6. Système sexuel. L'organe en grappe (1) entouré par le foie consiste en deux glandes noirâtres, ayant chacune un canal excréteur, dont la réunion forme un canal commun allongé (2) non plissé, aboutissant à la glande albuminipare (3) dont le volume est extrêmement variable. | Cette glande est blanchâtre, épaisse, granuleuse , ses cel- lules laissent échapper un Hquide albumineux destiné à en- tourer les ovules. D (4) Organe en grappe (Moq.-Tand). — Ovaire (Cuvier). — Organe hermaphrodite (Souleyet). — Ovospermagène (Duvernoy). — Organe mâle et femelle (Wagner, Vogt, Siebold, etc. } (2) Canal déférent (Gratiolet ). (5)Glande albuminipare (Gratiolet). — Testicule postérieur (Guvier). Organe de la glaire (Mog.- Tand., Saint-Simon). — Sac de la glu (auct. antiq } ( 387) Le canal déférent et l'oviducte qui seraient emboîtés dans le conduit excréteur de l'organe en grappe, d’après quelques anatomistes, se séparent après s'être enfoncés dans la glande albuminipare et deviennent distincts. L’oviducte se gonfle, se boursoufle comme l'intestin des animaux supé- rieurs, et forme une partie considérable de l'appareil repro- ducteur : la matrice (1). Le canal déférent ou prostate se dilate et s'applique contre l'organe femelle, qu’il suit dans ses circonvolutions. Enfin les deux conduits se séparent complètement ; le canal déférent aboutit au cul-de-sac de la verge, et la matrice au vagin (2). La verge assez longue, tuberculeuse est munie à son cul-de-sac d’un muscle rétracteur s’insérant près de la cavité respiratoire. Son orifice est situé en arrière du grand tentacule droit. L'orifice femelle communique d’une part avec la poche du clitoris , de l’autre avec le vagin, Cuvier a signalé la poche du clitoris sous le nom de sac aveugle , appendice de la bourse commune; mais ne l'a pas ouverte (3). Cet organe musculeux peut être comparé à un large fuseau comprimé vers le centre et divisé sur ce point en deux cavités. La poche gauche renferme une la- melle fibreuse, plissée plusieurs fois sur elle-même, ru- gueuse à l'une de ses faces, quadrangulaire quand elle est étalée, son bord libre est opposé à l'ouverture de la poche, autour de laquelle elle s’insère. Elle fait saillie par l’orifice commun de la génération, pendant la saison des amours ; comme nous avons pu le constater sur un des exemplaires fournis par M. Durieu. La poche droite n’est remarquable (388 ) que par sa taille moindre, et une forte ride aboutissant à son extrémité. Le vagin a la forme d'une cornue. La panse (1) commu- nique avec l’orifice femelle, et la partie étroite avec le sac de la pourpre. Ses paroïs épaisses, musculeuses sont tapis- sées de papilles innombrables ; MM. Webb et Van Bénéden y ont trouvé un œuf. Les aspérités indiquent que cet organe est en contact avec la verge dont la structure extérieure est semblable. La poche copulatrice (2) est volumineuse , ovale, à parois minces. Elle contient une matière blanchâtre, savonneuse , non calcaire , qui encroûte le stylet. Il est douteux que la verge pénètre dans cette poche copulatrice, à cause de sa distance considérable de l’orifice commun de la génération. Le stylet (3) de consistance cornée, élastique, brunûtre, affecte diverses formes ; tantôt son extrémité inférieure est droite , mousse , tantôt recourbée en crochet et aiguë ; l’ex- trémité supérieure forme trois tours de spire séparés en- tr'eux et terminés par un long appendice filiforme, mem- braneux, orné d'un renflement terminal, et que s'engage dans la partie étroite du vagin. Le stylet doit être introduit dans le vagin lors de la copu- lation. Son existence n’est pas constante; sur un individu nous ne l'avons pas | trouvé; d'un autrecôté, MM. Webb et Van Bénéden en ont rencontré deux, Il n'existe pas dans de gaine de la verge ; peut-être se (1) Prostate vestibalaire (Moq. -Tand.). (2) Poche copulatrice, vessie au long col (Moq. -Tand.). — Sac de la pourpre, vessie (Cuvier). — Organe excitateur (Blain ille). liforme (Blainville). —Stylet ( Van Bénéden ). — Capreolus ( Moq. Tand. à 389 } developpe-t-il dans la petite portion du cul-de-sac du clito- ris, qui serait alors comparable à la poche du dard des Hélices. ST Le genre Parmacelle se range naturellement dans le voi- sinage des Limaces, des Vitrines , des pays chauds ({Hélica- rions ) et des Omalonyx. Borné longtemps à une espèce, représentée elle-même par un seul individu, il s’est accru notablement, par suite des recherches des voyageurs, et une espèce fossile a même fé découverte récemment dans L’anatomie que Blainville a faite du P. palliolum, à démontré des différences organiques assez grandes pour séparer cette espèce et motiver la formation d’un nouveau genre : Peltella { Webb et Van Bénéden). Les observations de MM. Blauner et Shuttleworth, nous apprennent que les Peltelles sont carnivores , tandis que les vraies Parmacelles sont herbivores. La coquille est formée d’une seule pièce et se termine en spire, le manteau est très-petit. Nous proposons une nouvelle coupe, qui, sous le nom de Parmarion, renfermerait les Parmacelles à crypte mu- queux caudal, et à coquille homogène, mince, cornée, sans apparence de spire , légèrement convexe en dessus (1). Les Parmarions offrent du reste les caractères généraux et extérieurs des Parmacelles : un bouclier développé, pou- (4) M. de Férussac avait indiqué cette coupe dans son ouvrage, en séparant trois espèces d’Arions. Dans sa collection, nn de ces individus portait le nom générique de Rangia , et était placé en- tre les Parmacelles et les Cryptelles. Mais la désignation de Ran- gia ne peut subsister , car elle a été consacrée antérieurement à une coquille de la famille des Mactracés par M. Ch. Des Moulins (Actes de la Soc. Linn. Bord., 1831). Tome XX, 27 ( 390 } vant abriter l'animal , une masse viscérale séparée du pied par un espace sénsible et terminée en mamelon, une carène à la partie supérieure du pied. La partie du manteau qui recouvre le têt n’est pas toujours close et laisse subsister un trou plus ou moins grand, qui doit, nous le croyons, disparaître avec l'âge. Nous avons signalé cette particularité chez le P. Deshayesü. Le pied parait tronqué à cause du pore muqueux terminal et de l'action de l'alcool. Ainsi l'on remarque à côté des Parmacelles, des indivi- dus porteurs de cryptes muqueux; comme on en a trouvé à côté des Limaces (les Arions }; des Vitrines (les Hélica- rions) et des Hélices (les Ariophantes ). $ 8. Quelques naturalistes ont donné la liste des espèces du genre Parmacelle (1). Nous avons profité de leurs travaux en les complétant dans la note suivante. : PARMACELLIDÆ. : A: PARMAUÉEES, Cuvier (1804). Parmacellus Fér., Rang. — Testacellus (pars) Fér. — A € ryptella Webb et Bert. 1.0 » Para, Ouen. .. Cuv. Ann. mus. Paris, t. V, . p. 455, pl 29, fig. 15 (1804), () es et ie nes Notice sur les Moll. du genre Par- spèce nouvelle Mag. zool. ar Morelet, ne Porèu ail Éants Moqi-Taïidon, Note sur une Heu espèce de Parmacellé , P quelques consi ic ne Mém. de l'Acad. def Se. de rontonse( 1860 ).— Je Conchytiol. (1851 ). (39) Parm. Olivierü. : . .. Fér. Hist. moll., p.. 79, pl, 7 fig. 2-5 (1820). Testacellus ambiguus ? (À). Fér. Hist. moll., p. 95, pl, 8. fig. 4, (1820) Parm. Mesopotamiæ. . . Ocken, Lehrb. naturg, p. 307, pl. 9 (1816). Has. La Mésopotamie, dans les plaines de l'Euphrate (Olivier). 2.° Par. cALYCüLATA . . Sow. gen. of sh. fasc. 13, fig. _ 103 (18253). ; Cryptella canariensis , Webb et Berth. Synop. moll. Can. in Ann. Sc. nat., t. 28, p. 510 (1853). -_ Parm. ambigua. . . . D'Orb. in Webb et Beérth. Hist. ‘mat. Can,, t.2, p: 50, n.° 36, pl. t , fig. 1- -12 (1842). Has. Les Canaries, à Lancerotte, Fortaventure (Webb , Berthelot, Gonzalès, ge er 3. Paru. ALexanDRINA , . Ebrenb. Symb. physic.. Berlin. dec. 4 (1828 + 4 — Moq.-Tand. Note sur Parm. in Journ. conchyl., p. 145 (1851). Has. L'Egypte, les jardins d'Alexandrie (Roppel_ Hem- prich, Ébrenberg |. (1) H existe dans Férussac deux figures différentes du Test. ambiguus ; celle de la pl. 8, fig. 4, est brisée et peut apparteni aüx P. Deshaÿesii, Valenciennii où Olivieri; mais non à-la calyculata ; celle de la pl. 8 D. fig, ” manière, un des bords de la limacelle est ondulé. Nous ne savons & porter. ( 392 ) 4.0 ParM. VaLENGIENNI. Webb et Van Bénéd. Notice sur Parm.. in Mag. z0ol., pl. 75 et 76 (1836). — — Morelet, Moll. Port. p. 40-44, pl. 4 (1845), Has. Rive droite du Tage, plaines de la Séjà ( Webb, Morelet}, environs d'Arles (Faïsse). 5.° Parm. Desnaysir. . Moq.-Tand., Anat. moll. in Act Soc. Linn. Bord., p. 261, t. 15, pl. 1, fig. 5 (1848 ). —. Algerica. .. Deshayes in Jay. Cat. of the shlles. ets : Suppl. p. 471 (1852). — sp. nov. . . Morelet. moll. Port., p. 44 (1845). Has. Province d'Oran (Durieu, Morelet ). G.° Parm. Gervaisn : Moq.-Tand. Note sur Parm. in Mem. Acad. Toul, p. 56 (1850). rats — Mog.-Tand., Hist. nat. moll. France, pl. IV, fig.19-20 { 1855 ). — sp. nov... Gervais. Journ. inst. n.° 750 (1847). Has. La plaire de la Crau. (Faïsse ). | Le Par. NUGUIFORMIS . Gervais. — — Marcel de Serres, Revue et mag. ee __200l., p. 460 (1853). Has. Fossile Eee marnes argileuses blanchâtrès de forma- tion d’ ‘eau douce, à Montpellier. SP. EXCLUDENDÆ. a Parm. virescens, Schultz, vol. 1, p. 125, Tab. VIT, Me moe le ds 4 non cime Maravigna, Mém. pour His, 1 nat. Scie, Sn ee Hp. . 59 (1838). : Philippi. Enumér. moll. Sicile, F 4, p: 125 (18536). Limax — Pelle Chiaje. Mem. sulla storia , etc. (1825-30 ). — — Philippi. Enumer. moll, Sicil., t. 2, p. 101 (1844) Has. Sicile. b Parm. nigricans, Schultz. loc. cit. p. 125. ba — Maravigna, loc. cit. p. 59 (1838). — — Philippi, loc. cit., p, 125 (1836). Limax, -...— Delle Chiaje, loc. cit. (1825-56). i—— = Philippi, loc. cit. p. 102 (1844). Has. Sicile. ce Parm. variegata, Philippi. Enumer., t. 4, p.125 (1836). Limaz umbrosus, Philippi, t. 2, p. 102 (1844). Han. Sicile. G Oss. Ces 3 espèces Siciliennes n’offrent pas les caractères des Parmacelles. Le têt dans les deux premières, présente à son sommet une légère torsion ; dans la troisième , un sim- ple épaississement : le manteau est plus développé qu'à l'ordinaire. ce, M. Delle Chiaje rapporte judicieusement les P. vires- cens et nigricans de Schultz au genre Limax. M. Philippi, a suivi cet exemple dans le tome second de son Enumeratio; aussi doit-on rayer définitivement du catalogue des Par- macelles , les trois espèces que nous venons de citer. B. PELTELLA ; Webb et Van Bénédén (1856 ): Parmacellus, Fer. Rang. — Parmacella, Blainv., Desh. — Pectella, Gray. — Gœotis, Shuttleworth. 8.° Peur. pauioiuu. Fér. Hist. moll., p. 25, pl. TA, fig. 1-7 ( 1825). | Parn. TE Blainv. Dict. ser pat. 25). 4 1.57, pe 555 {894 ) Has, Dans les bois des environs de Rio-Janeiro (Taunay). 9.0 Pecr. Maurimius, Fér. Bull. sc. nat., t. 10, p. 300 (1827). os — Cat. coll. coq. Fér., p. 1 (1837). Rang. Man., pl. IV, fig. 5-7 (1829). Has. L'Île-de-France, au bord des torrents ( Rang.). 10.° PELT. NIGROLINEATA, Shuttlew. Diagn. neuer Mollusk. n.° 6, p. 127 (1854) ee — H, and A. Adams. gener. of recent moll.… t. 2, p. 124; pl. 72, fig- 6, 6 a. (1855). « - Has. Porto-Rico à Sierra de Luquillo , sous les troncs et les feuilles de bananiers (Blauner). 11.0 PecT. MiGRoLINEATA , Shuttl. loc. cit. , p. 127 (1854). Sééasne + H. and A. Adams. a. cit., P- 124 (1855). Has. Porto-Rico à Sierra de Luquillo, Rio Blanco (Blaunér). 12.0 Peur. aLsopuncruLaTa, Shuttl. loc. cit., p. 128 (1854). — — H. and A. Adams. loc. cit. p. mes : 194 (1855). à Has. Porto-Rico à x 29 nl }. / SP. INCERTÆ (1). .° Peur. spears: He and + + creme loc, ds pe 124 (1855). Vitr. — Beck. Mss. 25 ra se Pfeifer. Proced. 200). si - P- 107 Le ee Aa , 2 (1) Ces doux espen aan, ke mi été desire pit: M. Pfeiffer sont douteuses, car l'animal ’est pas mentionné dans la diagnose { 39: — Pfeiffer. Mon. Hél. viv.; & 5, p. 3 Has. Île Luzon {Cuming. ). 14.0 Pecr. Cumwenr, H. and A. Adams. loc. cit., p. #24 Parm. — Pfeiffer. Proced. zool. Soc., p. 109 ; (1846). Succin. — Pfeiffer. Mon. Helic. viv., t. 3, p. 20 (1853 Pelta — Beck. Ind., n.° 100 (1837). Has. Ile Juan Fernandez ( Cuming.). | G: PARMARION, Nobis (1855). Arion, Férussac (olim). — Rangia, Fér. in coll. —Limax, Deshayes. — Parmacellus, Rang. — Parmacella, H. et A. Adams. Te 15. Parmar. INFUMATUS (1), Fér. Hist. moll., p. 96? pl. 8F. ñg 1-5 (1823). dé ant anleur, MM. Adams qui les ont examinées. Le. la ein Cumipg, les rapportent au genre Peltella , nous croyons qu’elles appartiennent plutôt au genre Omalonyx de D'Orbigny : démem- bré des Succinea. La coquille des Omalonyx occupe sur l'animal la mème place que chez les Pellelles ; elle a relativement les mê- mes dimensions; mais elle est extérieure. Plusieurs espèces ont s l'ile Juan F ÉRnEE et dans les ee die des Peltella aperta et Cuming {1} M. Deshayes rapporte avec nids les és infuma- lus, extramus ei problematicus , au genre Limace; M. Rang, découvrit à Bourbon , un mollusque qui, a ses yeux, avait les caractères des Parmacelles et que Férussac décrivit comme un Arion, lout en mentionnant la préseuce d’un rudiment :testacé ; ce qui explique les figures des singuliers rudiments des trois au- tres espèces, regardées par M. se comme miormiu (pl 8 E. fig. 6, 16, 15). are La particularité la plus intéressante de geure Pschrien est ( 3% } Has? (1) 16.0 PaRMAR. EXTRANEUS , Fér. Hist. moll., 8: 96? pl8F. fig. 5-7. (18 Rangia extraneus; Cat. coll. coq. #4 p. 1 (1837.). Has.? 17.0 Parmar. Rançranus, Fér. Bull. sc. nat., t. 10, p. 300 (1827). Parmac. . Rang. Man., p. 155 (1829). Parm. Rangiana, H. and A. Adams. gen. of recent. moll., t. 2, p. 122 (1855). Has. Au bord des torrents, à Bourbon et Madagascar (Rang.). 18.0 PaRMAR. PROBLEMATICUS , Fér. Hist. moll., p. 96°, fig. 13-17 (1893). Has.? N.o 7, — Hélicarion. & 1. Le genre Hélicarion (2), institué par Férussac, forme plus que les Vitrines le passage des Hélices aux Parma- celles, Les types qui motivèrent sa création, étaient deux mollusques rapportés des terres Australes et qui diffèrent surtout des Vitrines par la présence d’un pore muqueux Me F oNertnre dorsale, .… soie de la coquille, et qui relie les Parmacellidés à coquille interne où presque interne aux Suc- cininés , à coquille en partie couverte (Omalonyx), et aux Lima- ces à manteau percé. (Limax noctilucus, Fér., Sr nottilunie. D'Orb 1) MM. Webb et Van Bénéden , assurent avoir ciminé dans la eee de sn des htm améronThes: Séraient-0 oh ae A pes Mb noesinet du nom pri Héti- 2 ( 397 ) M. Desmartis, membre de la Société Linnéenne, nous a communiqué généreusement quelques individus d’une Vitrine du Sénégal, rapportés avec le mollusque et conservés däns l'alcool. Cette espèce est voisine des Vitrina grandis. Beck ; Sigaretina. Recluz. L'animal paraît brunâtre, avec quelques taches foncées, irrégulières ; il ne peut être contenu dans sa coquille. Le manteau, ainsi que chez les Parmacelles, se divise en deux portions , l’une antérieure, considérable, formant un abri pour l'animal ; l’autre courte, se relevant sur les bords de la coquille qu'elle protège. L’'orifice respiratoire est situé assez en arrière, l’appendice spathuliforme ou lobe polis- seur est développé, large à sa base. Le pied comprimé latéralement, caréné supérieurement est tronqüé à son extrémité, où se ed un pore mu- queux, étroit et allongé. $ 2. La mâchoire courbe, présente un bec comme celle des Arions et des Zonites ; la poche buccale offre à son ex- trémité un tendon qui va s’insérer au diaphragme, près de l’orifice respiratoire, et qui est formé de deux lames fibreu- ses s’attachant latéralement sur la poche. L'œsophage est long, étroit ; l'estomac contient des ma- tières probablement animales et de nombreux grains de sable. ; 3 Les systèmes nerveux et nue se rapprochent de ceux des Parmacelles. Le canal excréteur de l'organe en grappe, est APR sinueux ; la glande albuminipare = allongée. La mauries est très-développée, et ses boursou ais ment divisés ; elle remonte “2 de lorifce commun de la { 398 ) génération, La canal déférent s'en sépare sous la forme d'un conduit tortueux très-long, aboutissant à une portion de la verge où se montrent deux cæcums, minces, allongés et recourbés en crochet {1}. La poche copulatrice, arrondie , possède un canal musculeux qui constitue à proprement parler le vagin, et qui s'ouvre à peu de distance de l'orifice commun de la génération. g3. Les Hélicarions diffèrent extérieurement des Vitri- nes par la troncature du pied, la présence du pore mu- queux, le développement plus considérable du manteau et de ses annexes. Les différences anatomiques se trouvent surtout dans les organes de la génération. La verge est plus simple chez les Vitrines, elle n’a pas de cœcums; le vagin est très-long , tandis qu'il existe à peine chez l'Hélicarion ; il offre une dilatation à sa jonction avec la matrice ; la poche copula- trice ätrès-long canal s'insère äune grande distance del’orifice commun ; chez l'Hélicarion , elle débouche près de Y'ouver- ture extérieure ; et sa vessie assez développée, rappelle Fe sa forme l'organe analogue des Parmacelles. Nous croyons que ces caractères suffisent pour confirmer le genre ; malheureusement il n’existe pas de moyen propre à distinguer d'après les coquilles seules, les Vitrines des Hélicarions, et cet obstacle empêchera, peut-être , bien 2e aturalistes d'adopter une coupe fondée Red qu l'examen d du pou TA À - + 34 re comparés au Flagellun. des # mn Ces deux cœcums as peuvent Hélices ( 399 ) N°8. — Helix Bomhayana. Le sous-genre Ariophante a été établi en 1827 par M. Ch. des Moulins pour un limaçon de la côte de Malabar ( Hel. lœvipes ]. L'animal de cette espèce portait un pore muqueux caudal. Beck et Albers ont conservé cette coupe , et en forment un sous-genre des Nanina. Nous avons reçu en communication de M. le D° Souver- bie , quelques individus de lHel. Bombayana {de Grateloup) provenant de Mahé et conservés dans l'alcool. : L'animal ne déborde pas sa coquille ; il est d’un gris sale , avec quelques taches noirâtres au-dessus du collier. Cet organe très-épais, se bilobe à son bord libre et forme deux prolongements qui peuvent s'appliquer contre le corps du mollusque , mais non faire saillie au dehors et recouvrir la coquille. La mâchoire présente les caractères de celle des Zonites, ainsi que la poche buccale et les organes de la reproduction. A l'extrémité de la queue, existe un pore muqueux assez considérable , triangulaire , à sommet dirigé postérieure ment, et ne produisant pas de troneature. L'Hel. Bombayana placé à côté des Het. lævipes a Ari- fasciata par M. Pfeiffer ( Mon. Hel. t. 3) appartient donc à la même section par sa coquille et son animal. C'est un Zonite à pore muqueux. 1 Rien au pres er abord ne pouvait faire supposer une ille organisation : aussi le genre Zonite qui renferme aujourd’hui les coquilles les plus disparates { Hel. candi- dissima, algira, lucidæ, lychnuchus, Bombayana) ne peut-il être adopté que dans des faunes locales , dont tous les __. sont connus. = ( 400 ) EXPLICATION DE LA PLANCHE V. Fig. 1. Parmacella Deshayesii: & manteau; b tête; c orifice iratoire ; d ra correspondant au sommet de la coquille ; € qu 2, Fe d'inde er: a nucleus; b limacelle. pie - 3-4. ere d'individu ag Face extérne et interne. 5. Très-jeune Parmacelle grandeur naturelle. 6. La même grossie. 7-8 9-10. Jeunes Parmacelles ppareil reproducteur de M Parmacelle : aa re . albuminipare ; d oviducte; e canal déférent ; f canal rh rent à sa partie libre; g cul-de-sac de la verge; À son muscle rétracteur; à verge; j oviducte : partie libre; _k poche copulatrice D le stylet; !-m vagin; n-0 poche du clitoris; p ori ommun 12. Vagin et ses dépendances : a pe: faisant saillie ; b-c poche du clitoris; d vagin 12,12. a. a Coupe du vagin. 13. Parties de l'appareil digestif : a ouverture babe © che buccale; c. son cul-de-sac ; d œsophage ; e-f és mac ; s conduits des glandes silivaires : h glandes sali- 14, stlét: a son filament. 15. Plaque linguale ; après la dégintitiqu.! 16, Aspérités de la plaque linguale vues au PEER, 17. Mächoire de la Parmacell e- 18 Mâchoïre dé l'Hélicarion. * 19. Hélicarion : a coquille ; nd ue dois : D e orifice respiratoire; f pore muqueux ; Parmacella Deshayesii. Mo, PI.e n Lu ; LS P Fischer. at nat. Del. TLith 6 Chart. ee {401 ) XII. OBSERVATIONS BOTANIQUES diverses (Extrait d’une lettre adresséé, de Wissembourg [ Bas-Rhin], le 2 Juin 41854, à M. Cnances Des Mouuns ), par M. le D." F. ScuuLrz, correspondant. A. — Influence . ta température du printemps de 1854 sur le développement de la végétation. .....-. Je viens de faire deux voyages dans les envi- rons de Sarrebruck, de Deux- Ponts et de Bitche, pour tâcher de réparer en partie les pertes que mon herbier a essuyées par suite de l'orage du 6 septembre dernier, lors- que je le faisais transporter de Bîtche à Wissembourg. Ces deux voyages ont été loin de produire pour moi les résultats que mes recherches auraient amenées dans une année or- dinaire. En eflet, voici ce que j'ai constaté REDPRRES La seconde excursion, du 11 au 31 mai : 14° Plusieurs plantes annuelles qni abondent nr les pays que j'ai parcourus (par exemple des Cerastium, Moenchia , Myosotis), n'avaient pas paru à cause de la sécheresse ; 20 Le Scheuchzeria , les Carex limosa, filiformis, para- doæa et autres, s'étaient desséchés sans développer leurs fleurs ; | 3° Plusieurs arbres des forêts montagneuses près de Bit- che (Fraæinus excelsior, Sorbus aria) u’ont pas fleuri cette année ; | 4° Le Caen sylvaticum , qui a fleuri le 1°" avril dans mon jardin à Wissembourg, n'avait pas encore de fleurs { 402 ) le 13 mai dans les forêts de Bitche, non plus que son com- pagnon ordinaire le Rubus saxatilis, et ils ne feuriront point cette année , à cause de la sècheresse de l'hiver et du prin- temps. Les marais de Bitche sont tellement desséchés, que les Sphagnum n'ont plus ni verdure ni vie, et le Scirpus radicans ne s’est pas montré celte année. B. — Sur l'AJIUGA GENEVENSIS Linn. Pendant ce dernier voyage, j'ai eu J’occasion d'observer encore une fois cette plante si commune dans les terrains sablonneux incultes et dans les friches (et qui n'existe pas à Wissembourg). Je me suis convaineu de nouveau, par la plante vivante, de l'exactitude des découvertes que M. La: grèze- Fossat a faites à son sujet. Il dit dans sa Flore du Tarn-et-Garonne, p, 305 (1847) : « AJUGA CRYPTOSTOLON , » Bugle à stolons souterrains (A genevensis Linn. et auctôr.) » — Siolens SOUTÉRRAINS, RADICIFORMES , grêles, allôngés, » émettant de loin en loin des bourgeons ascendants ter- « minés à la surface du sol par 2 à 5 feuilles (premières « feuilles radicales) wvales ou oblongues , pétiolées , obtu- « ses, crénelées-dentées , caduüques , etc. » J'ajoute que ce bourgeon qui porte ces feuilles rédicaléé produit, l’année suivante, une où plusieurs tiges portant des fleurs , et que de la base de ces tiges partent de nou- veaux stolons soutérrains ou racines allongées qui poussent dé loin en loin des bourgeons. La plante est extrèmement difficile à extraire avec ces racines allongées, ces bourgeons et ces feuilles radicales. Sans aucun doute, c'est à cause de cette difficulté que les botanistes qui n’ont pas de pa- tience et qui ne font qu'arracher les plantes sans précat- tion, — ainsi que les auteurs qui ne font que copier les ouvrages ancièns sans connaître les modernes, — ignorent ( 403 ) la découverte que M. Lagrèze-Fossat a faite et publiée en 1847; et c'est ainsi que l Ajwga genevensis est encore décrite comme AsTOLONE, dans une flore locale publiée en 1851 ! C.— Remarques sur les FRAGMENTS DE BOTANIQUE CRITIQUE de M. Chaubard, ( Actes de la Soc. Linn. de Bordeaux, t. XIX , 1853- 18354 } Je suis du même avis que M. Chaubard, sur les points suivants : L'Aira éopitiiré de Loiseleur et dé Duby n'est pas celui de Host {mais probablement une des dix espèces décrites par M. Jordan dans son Pugillus de 1852). Le Varianella eriocarpa de Dufresne, de Reichenbach, de Koch, de mon Flora exsiecata ét de tous les auteurs que je connais, n’est pas celui de Desvaux. Le Veronica latifolia L. n’est pas une varièté du V. Teu- crium L. Le Veronica agrestis de Fries n’est pas ecifi de Linné. L'Erica decipiens St-Am. n’est pas l'E. vagans LL. Mais je ne puis admettre que le Veronica præcox AI. soit une variété du V. triphyllos L. J'ai observé le F. præ- coæ vivant et je n'ai jamais trouvé de formes intermédiai- res entre cette plante et le V. triphyllos. . Je ne puis admettre non plus le nom de Polygonum hy- bride. car celui de P. mite Schranck est le plus ancien et a été donné longtemps avant celui de Persoon (qui appar- tiént au P. hydropiperoides Mich.} à notre plante. Je ne puis RE Los Re _ = corn et mite (P. rar Chaub.) s P. Persicaria et hy- LE hpéropiper. Mais en revanehe , le P. minus produit une ( 404 ) hybride stérile avec le P. Persicaria | P. minore-persicaria AL. Braun; P. Braunianuw F. Schultz, Flora der Pfalz, 1845, p. 394), que mon ami Alexandre Braun a observé. le premier à Carlsruhe et que j'ai trouvé une fois à Bitche dans des champs humides et sablonneux qui étaient tout remplis des P. minus et Pcrsicaria, et où ne croissaient ni le P. mite, ni le P. hydropiper. De son côté, le P. mite produit une hybride stérile avec le P. Persicaria (P. mite- persicaria F. Schultz; P. dubio-persicaria Al. Braun ; P. condensatum F Schultz, Flora der Pfalz, p. 393), qu'Al. Braun a observé à Carlsruhe et que j'ai trouvé partout où les P. mite et Persicaria croissent abondamment ensem- ble , surtout dans les départements de la Moselle et du Bas-Rhin et dans le Palatinat bavarois (1). J'ai comparé des échantillons de Cerastium obscurum Chaub. venant de M. Chaubard lui-même avec un échan- tillon de C. glutinosum Fries, que feu mon ami Koch avait reçu directement de Fries, et j'ai reconnu que c’est abso- lument la même plante. Le nom de M. Chaubard doit être conservé , et celui de Fries doit passer dans la rss 86 ainsi que je l'ai dit dans le Flora de 1853, n° 35. J'ai cultivé Le. bien des années dans des pots à @) A l'appui et comme dévelop} les observations ci-dessus, relatives anx Polygonum, M. le Dr Schuliz a adressé à la Société Lionéenne , le 22 avril 1835, une traduction française, ou plutôt un remaniement complété par de nouvelles observations, du Mémoire qu’il a publié sur cette matière, dans un se scientifique ue alle- mand , très-peu répandu en France. La Société. avait voulu publier cette nca et importante pro= ‘duction de son laborieux ‘correspondan nt de Wissembourg ; mais Ce savant vient de la faire paraître lui-même dans son nouveau journal (Archives de Flore), ce qui en interdit Pimpression dans nos Actes Note du président de la Soc. Linn. ( 405 ) fleurs, et je cultive maintenant en pleine terre les Ceras- tium brachypetalum, viscosum, tetrandrum, sylvaticum, pallens, litigiosum, petræum, aggreqatum et semidecan- drum, et ils ont toujours conservé leurs caractères sans produire de formes intermédiaires. F. Scauzrz. 0 LD e—— XIV. NOTE sur la fructification du kysimacnia nummuilaria L. Sp. (1);epar M. Alph. TREMEAU DE RoCHEBRUNE fils, Rs Vers l’année 4850, dans une herborisation aux environs de Paris, je remarquai pour la première fois le Lysima- chia nummularia L. en fruit; mais, pressé par les circons- tances , je n’eus pas le loisir de l’étudier d’une manière sérieuse, et je classai les échantillons sr mon es sans m'en occuper davantage. Depuis lors, je cherchai souvent à m'en procurer, et ce ne fut que le 25 août 1853 que je fus assez heureux pour rencontrer quelques pieds fructifères de cette primulacée dans la forêt de Basseau, non loin d'Angoulême. (1) Vulg.t Nummulaire, herbe aux écus. De tous les auteurs que j'ai pu consulter, j'en ai trouvé un seul qui dit quelque chose du fruit de la Nummulaire ; c’est l'abbé Rozier dans son Dictionnaire universel d'agriculture (1793), tom. vu, p- 110 (pl. ur, p 102), éd. in-4°. Voici la description assez inexacte qu’il en donne: « Capsule sphérique, divisée en cinq valves conte- nant des semences menues et à peine visibles. » (Voir la fig. 43, a, b de la planche ci-jointe extraite de l'ouvrage de l'abbé Rozier. . 1 s dans cette note ont été faites sur dé échantillon que je possède dans mon herbier, Tome XX. { 406 ) Ce sont donc les fruits recueillis dans cette localité que je vais essayer de décrire ; mais je crois devoir préalable- ment dire quelques mots sur la fleur, afin de faire remar- quer les divers changements qui s’opèrent sous l'influence des deux principaux états de la vie de ce végétal. Lorsque la fleur ne commence qu’à apparaître ou comme on le dit vulgairement , lorsqu'elle est en bouton, les pédi- celles des fleurs sont tous sans exception et constamment de la longueur des feuilles. Quand la fleur est tout-à-fait développée, on remarque que ces pédicelles ont augmenté de longueur et qu'alors ils dépassent tous les fleurs sous lesquelles, dans le principe, ils semblaient être cachés à dessein. Ce changement, uniforme sur tous les échantillons ob- servés, favorise sans aucun doute la fructification de la plante en élevant graduellement au-dessus des herbes envi- ronnantes les germes d’un nouvel être, pour les exposer peu après aux rayons d’une source de chaleur et de vie, et les soustraire à la dent destructrice de certains gastéropo- des communs dans nos bois, tels que les Limaæ agrestis, Arion ater, etc., que l'humidité fait éclore. I est à remarquer qu’à l’époque de la matàrité des fruits, le pédicelle augmente encore de longueur. C’est là un ca- ractère constant et invariable que le Nummularia partage avec quelques plantes de familles. très-différentes de Ja sienne. Une particularité que je crois devoir signaler, est L pré- sence sur les feuilles , les pédicelles , les sépales, et même sur les pétales, de glandes vésiculaires d'un brun rose Ms répandues en très-grand nombre sur toutes ces parties : ces glandes renferment une huile essentielle, un prie r particulier. { 407 } Le filet des étamines est couvert de glandes jaunâtres, pédicellées , terminées par une tête globuleuse. Le fruit du Lysimachia nummularia est complètement . mûr vers le mois d'Août. Ce fruit consiste en une capsule sphérique soudée au tube du calice, enveloppée de ses cinq divisions.ovales-ai- guës et cordées à la base. Les capsules ont le volume de celles de VAnagallis tenella L. ; elles sont surmontées du style persistant et s'ouvrent en cinq valves ovales-aiguës, en laissant échapper 8 à 10 graines petites, cunéiformes, chagrinées , anguleuses , disposées sur un placenta central. L’embryon est placé dans un périsperme corné, dirigé parallèlement au hile ; la radicule se trouve éloignée du jue, de la moitié à peu près de la longueur de la graine. Lors de la déhiscence, les divisions du calice, qui avaient jusque-là tenn la capsule enveloppée, s'ouvrent , les pédi- celles se courbent au sommet et font incliner vers la terre les capsules qui s'étaient tenues jusqu'alors exposées aux rayons du soleil. Dans les différentes localités où j'ai pu observer la plante, *j'ai remarqué qu'elle fructifie de préférence dans les lieux peu ombragés , et que les pieds qui portent le fruit out une végétation beaucoup moins belle que Les autres. Les feuilles sont plus petites, jaunâtres ; la plante a un aspect souffrant. Sur les berges des fossés humides qui bordent les prai- ries des environs de Châteauneuf, à 12 kilomèt. environ d'Angoulême, et où le Lysimachia croit avec un luxe de vé- gétation remarquable, il n'offre jamais de fruits; tandis que dans la forêt de Basseau, dans un terrain argileux qui repose sur V'oolite moyenne , dans un lieu exposé aux rayons du soleil , mie chire: étapes on a assez grand nombre. ( 408 } + Il est probable que là, les sucs nourriciers de la plante n'étant pas absorbés complètement au profit des feuilles et des tiges qui, dans des endroits très-humides , acquièrent des proportions considérables, se portent avec plus de force vers les ovaires, et contribuent à faire prospérer et grandir ces parties si délicates et en même temps si précieuses du végétal. Des observations précédentes on peut donc conclure que les conditions nécessaires à la fructification de la Nummu- laire sont : un terrain légèrement humide; un lieu ombragé mais où néanmoins peuvent arriver de temps en temps les rayons solaires. On ne doit pas s'étonner de voir une étendue considéra- ble tapissée par les tiges et les feuilles de cette primulacée et de la voir se reproduire avec tant de rapidité, lorsqu'on en trouve avec peine quelques pieds en fruit : les tiges, radicantes dans toute leur longueur et à chaque articula- tion, implantant dans le sol leurs fibres radicales et don- nant rapidement naissance à de nouveaux pieds. La Nummulaire ne fait en ceci que ce que font une foule de plantes dont il est facile de suivre et d'observer la e. tation au milieu même de nos jardins. Je termine en donnant une description détaillée de la plante qui fait le sujet de cette note. Sect. — Lysimastrum. _LYSIMACHIA NUMMULARIA L. Sp. 211. « Tiges de 1-4 décimètres, couchées, radicantes Es toute leur longueur à chaque articulation, simples ou rameuses, glabres. Feuilles brièvement pétiolées, opposées, ovales-suborbiculaires , sis “couvertes , ainsi que les # ALE ; E *} #i léme: A. T° de Rochebrinie del. Lità. Chälenel Ang { 409 ) tiges et les sépales, de glandes vésiculaires rougeâtres. Fleurs solitaires, assez grandes, d’un jaune doré, naissant à l'aisselle des feuilles, à pédicelles égalant ou dépassant les feuilles suivant le degré d'accroissement des fruits; pétales couverts, comme les feuilles, de glandes vésiculaires ; pé- dicelles se courbant vers le sommet après la matürité des fruits; calice à cinq divisions ovales-aiguës, cordées à la base ; étamines à filets soudés seulement à la base, présen- tant, sur le filet, des glandes pédicellées, globuleuses et jaunâtres. Capsule sphérique, soudée à sa partie inférieure au tube du calice qui l'enveloppe de ses cinq divisions, surmontées du style persistant, s’ouvrant en cinq valves de haut en bas, contenant de 8 à 10 graines petites, cunéiformes, angu- leuses , noirâtres, grossièrement chagrinées , rugueuses au toucher, disposées sur un placenta central, globuleux, charnu. Embryon placé us un périsperme corné , dirigé paral- lèment au hile ; radicule éloignée du hile de la moitié envi- ron de la longueur de la graine; cotylédons au nombre de deux, ovales-lanceolés. — % F1. Juin-Juillet. Fr. Août- Septembre. sn EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1 Lysimachia turelle : a fruit mûr ; b fruit; après la maturité; c fruit pendant l'émission des graines Z Feuiltes montrant les glandes a. 3 Etamines montrant les glandes du filet a. 4 Fruit de grandeur naturelle, 5 Le même, _grossi. = 6 Une des valves de a capsule. - 7 Foliole du calice. D 8 Fruit ouvert pit émis à flic âu aie; : ves de la capsule ; CE . hs di { 410 ) 9 Piacenta grossi. 10 Graine de grandeur naturelle. 11 La même, grossie. 12 Fruit ouvert, servant à montrer l'embryon, £ tégument ; : p périsperme ; e embryon ; e cotylédon ; À hile. 45 Figure extraite du Dictionnaire de l'abbé Rozier ; a capsule; b semences. ê Angoulême , 25 Août 1854. : © Alpb. pe RocREBRunE fils. RG -G————— XV. Anpirion à mon Mémoire sur la Frataronite: par M. le B°* D'Housres-FrrMaAs, correspondant. . Parmi un assez grand nombre ae morceaux de fraidro- nite que je m'étais fait apporter de Traquette, le hasard m'en a fait rencontrer un plus extraordinaire. En le cas- sant , j'ai découvert à son bord une empreinte végétale, une sorte de roseau ou de calamite, absolument semblable à celles qu’on voit fréquemment dans les schistes qui re- couvrent nos mines de bouille. C’est une tige applatie et convexe de 0,03 m. dé large; dans les parties non ébré- chées, de 0,09 m. de longueur {la grandeur du morceau), rayée dans ce sens de lignes parallèles à 0,002 m. d'inter- valle ; la pâte qui. la compose est moins micacée que le res- tant de l'échantillon, qui l'est moins lui-même que d'autres pris vers le milieu du filon. J'ai montré cette empreinte à MM. les ingénieurs des mines , à MM les p d'histoire naturelle du collége d’Alais et du Lycée de Nîmes, à plusieurs amateurs de géo- _logie: j'en ai envoyé la description à quelques-uns « de mes correspondants. Tous l'ont trouvée fort curieuse et m'ont engagé à la faire connaître, avec quelques détails , dans un supplément à mon Mémoire sur la fraidronite. cn Ce) Il y à dans le quartier de Traquette, de la houille ter reuse qui s'étend à l'est dans le vallon vers le pont de Gis- quet et au-delà du ruisseau où elle est exploitée pour le chauffage et particulièrement pour les magnanéeriés. Cette houille, au milieu d’un terrain triasique, à coulé jusques dans des fissures étroites et forme des veines et des amas assez rapprochés du filon de minette ; mais ce dernier est évidemment dans le schiste talqueux, ainsi que M. Dumas l'a marqué dans sa carte géologique de l'arrondissement d’Alais. J'ai annoncé que deux de mes savants correspondants ne reconnaissaïent point cette roche pour de la vraie minette. Ce ne peut être ma faute, ou celle des échantillons que je leur avais envoyés : j'en avais choisi dé plus ou moins noirs ou brunâtres du milieu et des bords du filon, plus ou moins chargés de paillettes de mica, et j'y avais joint en même temps des échantillons de micaschiste, de grès fins et grossiers , de keuper, de toutes les variétés de roches de ce quartier; j'avais cherché, en rassemblant les divers élé- ments formant le terrain de Traquette, à le faire juger par les géologues qui ne pouvaient venir la visiter. Ils savent tous combien il est facile de se méprendre, si l’on n'a qu’un simple échantillon de cabinet; mais il est hors de doute pour moi, comme pour ceux de nos confrères qui - connaissent M. Emilien Dumas, qu'ayant très-soigneuse- ment exploré nos montagnes, il n'a pu confondre la fraidro- nite avec une autre roche. Je reviens à mon empreinte végétale sur la minette. En admettant qu il y avait des éruptions plutoniques de diffé- rentes ue (1). de Lis natures, même des granits (4) C’est comme les laves; et pour ne citer que celles die nous connaissons , il y en à en Auvergne et en Vivarais d’un temps immé- ( 412 ) modernes, c'est-à-dire injectés depuis les formations sédi- mentaires et recouvrant des terrains tertiaires; on peut sans difficulté supposer la fraidronite de Traquette plus ré- cente que le terrain houiller qui l’avoisine ; elle a donc pu rencontrer la calamite déjà modelée et la remplacer par une nouvelle empreinte. Mon ami M. Jules Teyssier m'a fourni un fait analogue, qui peut s'expliquer de la même manière : il a trouvé au Rocaa, près d’Anduze, un Pecten parfaitement imprimé sur de la wacke rougeâtre qui est aussi une roche plutoni- que dans laquelle il ne peut pas plus exister de corps orga- niques que dans la minette, ou dans d’autres roches pri- mitives (1). Je trouvais donc la coquille de M. Teyssier (2) et ma calamite fort extraordinaires , d’après nos vieilles théories, morial ; l’histoire nous a conservé la date de l’éruption qui ensevelit Herculanum et d’autres villes en Italie; en gravissant le Vésuve et PEtna, les guides nous font remarquer des maisons, des vignes, des. champs cultivés sur des laves dont ils gardent le souvenir ; ces der-. nières recouvrent en partie, parfois en entier, les terres conquises pe les agriculteurs, qui recommencent ke travaux ; quoique tou jours exposés à tout perdre Par : 2 “ (1) M: Dufrénoy, à qui j'avais communiqué ces détails, m'écrit qu'il les trouve pleins | d'intérêt et compare l'échantillon, que je considérais couime infiniment rare, à certains porphyres des Vosges, des Mi- qui portent aussi caractérisée L'Ecole des nes, me dit-il, en possède plusieurs échantillons. (2) MM, Elie de Beaumont et Dufré noy, En passant. SL virent ce fossile peut-être unique par sa nature ; M. Teyssier | Ya montré : à ; plusieurs naturalistes , dont quelques-uns venus après nous et qui plus simple de mettre ce Pecten dans sa poche !.… M Tessier s'est : pas le seul à qui on ait fait de pareils tours. es (413) qui sont celles de mon âge ; mais, je l'avoue, je n'y suis pas plus attaché qu'il ne faut; j'adopte avec empressement et je tâche de propager les nouvelles doctrines de géogno- ie, lorsqu'elles me sont démontrées. Alais, 11 Novembre 1854. Le Baron »’HouBres-Firmas. 00 en— XVI. Norice sur les Fumaria de la Gironde, par M. À. DocTEUR, titulaire. En publiant cette notice sur les Fumaria de notre dé- partement, ma seule intention est de combler une lacune qui existe à ce sujet dans la flore de la Gironde, Depuis sa pu- blication, une étude sérieuse des espèces de ce genre en a considérablement augmenté le nombre; mais de malheureux malentendus en ont embrouillé la synonymie, de telle sorte qu'il faut se livrer à une étude spéciale des Fumaria pour pouvoir les classer d’une manière certaine. Depuis trois ans je les étudie avec soin, et c’est le résultat de mes recherches que je viens livrer à la publicité. Abandonné à mes seules ressources, dans une ville de province dont Ja bibliothèque n'est rien moins que riche en ouvrages botaniques, je n'aurais jamais pu accomplir ce travail ; mais la bienveil- lance de plusieurs de mes collègues est venue à mon aide. La riche bibliothèque de M. Lespinasse; la précieuse collec- tion de brochures de M. Durieu, et le bel herbier de M. Ch. Des Moulins, mis à ma disposition avec la plus gracieuse obligeance, m'ont fourni les moyens de consulter les au- teurs les plus compétents à ce sujet, et de compulser bon nombre d’ échantillons typiques, Le F. densifora. qu'on trouve entre Meschers et Royan, dans la Charente:Inférieure (Lloyd). et que je n'ai pure- ( 414 ) trouver dans la Gironde, ce qui est fort extraordinaire, car toutes les flores limitrophes en font mention, est venu na- turellement s'ajouter à ma liste, cette localité se trouvant comprise dans l'arrondissement subsidiaire de notre champ d'étude. Le Corydalis bulbosa DC. { Solida Smith) qui n'avait pas encore été rencontré dass le département, vient d’être découvert à Budos par M. le docteur Théry, et envoyé à la Société Linnéenne par M. l'abbé Carros, correspondant à Langon. Quoique cette espèce soit complètement en dehors de mon sujet, je constate avec plaisir son introduction dans le catalogue de notre flore locale. 1. Fumaria capreoLara. L. sp. 985. — DC. f1. fr. 4 p. 639. IC. rar t. 1,34! (mala! } (4). — Reich. ic.fl. Germ. XIE. n° 4456 !! — Parlat. monogr. delle fumar. 76! — Grtor. de fructib et seminib. pl. IE. 162, t. 115, . 2. — Eng]. bot. 1. 943. — Curtis fl. Londin VE. t. 47. — Savi medic. bot. t. 1, fig. Te de 2 à 8 décim. , anguleuse, rameuse; pétioles légèrement canaliculés, s ‘enroulant en forme de vril- les ; feuilles glauscescentes, 2 ou 3 fois ailées , à folio- larges, cunéiformes ; pédicelles fructifères arqués et réfléchis, dépassant la bractée ; sépales ovales, den- ticulés, à dentelures très-ténues, égalant à peu près la … moitié de la longueur de la corolle et dépassant sa (1) Le point affirmation (!} est employé pour désigner les ouvrages qu’il m’a été donné de consulter, et le double point d’affirmation {! ! } pour les échantillons ou er dr ques que j’ai pu examiner. (M5) largeur ; pétales blancs, légérement teintés de jaune, d'un pourpre noir au sommet, l'inférieur verdâtre à la pointe ; capsules orbiculaires, lisses, obtuses, et pré- sentant au sommet deux petites fossettes, très-mar- quées à la maturité. Mars à Juillet, AR. Caudéran ! Mérignac ! Bordeaux ! Cadillac ! etc. Obs. — La fig. 54 de l’Ic. rar., DC., ne me parait pas exacte et je ne puis l'appliquer avec certitude à aucun des Fumaria qui me sont connus. L’énorme dimension de ses corolles (23 millimètres !} la rapprocherait peut-être du F. agraria, si c'était là un caractère suffisant; mais celui-ci d’ailleurs n’a nullement les sépales entiers comme ceux de la figure de de Candolle. De plus, les pédicelles sont dressés el non réfléchis comme ils devraient l'être dans Je F. capreolata. Walpers (Repert. bot. syst. t. 5. fasc. 1, p. 30 ! ) rap- porte au F. capreolata le media de Bast (fl. M. et L. Suppl) en le désignant comme variété avec la lettre +. Je comprendrais plutôt qu'il y rapportât le F.- Boræi, car les sépales, les fruits de ce dernier sont à peu près semblables à ceux du capreolata ; mais dans le media. Bast, { Bas- tardi, Boreau) les sépales sont bien différents, ainsi que nous le verrons à l’article qui traite de ce Fumaria. Quant au Boræi, il ne peut lui être rapporté : l'attitude de ses pédicelles florifères droits, et fructifères étalés mais non ré- fléchis, s’y op Dans presque toutes les descriptions du F. capreolata, l'épithète de lisse, donnée à la capsule est en italique et par conséquent cet état [constitue un des principaux carac- tères spécifiques. Je ferai remarquer que les capsules des autres espèces sont lisses à l'état frais, et qu ‘elles ne deviennent chagrinées qu'en mûrissant, ce ae m'arrive jamais pour le caprealata. ( 416 }) FuM. CAPREOLATA, V. ff. speciosa. — Fum. speciosa. Jordan in Cat. Jard. Grenoble, p. 2, (1849), Plante plus ferme que le type ; fleurs grandes, d’un beau jaune vif ; fruits un peu plus obtus que chez le type RR. Saint-Martin-du-Bois, près Saint-Ciers-La- lande! (canton de Guitres) (1849). — Billot, exsic- cata, n.* 708 (Perpignan) ( Companyo ). Nouvelle pour la Flore de la Gironde. Os. M. Jordan dans le catalogue du jardin de Grene- ble a publié le Fum. speciosa, qu’il détache du capreolata, de tous nos auteurs. Les caractères de ce Fumaria ne me paraissent pas avoir une importance assez grande pour en motiver la spé- cifité. Mais je ne le regarde pas moins comme une variété bien tranchée, remarquable par l’élégance et la beauté de ses corolles. M. Jordan établit, en effet, la diagnose de sa plante, sur les fleurs qui sont plus grandes et plus agréablement colorées que dans le capreolata ; sur les sépales moins den- tés et dépassant la moitié de la longueur de la corolle, etc., caractères qui ne me paraissent pas assez puissants pour constituer une bonne espèce. » À, Fum. capreolata L. differt præsertim : floribus ma- » joribus, speciosüsque coloratis, sepalis magis integris » dimidium corolla tubum haud superantibus, fructu obtu- » siore , stipite hujus paulo longiore et latiore, habitu ro- » bustiore ». (Jord., loc. cit. ). 2. Fumarta orricmauts. L. Sp. 984. — Reich. Ic. fl. Germ. XII. €. HE, n° 4454 et 4455! Tige de 2 à 4 décim. et plus, droite où coude glabre, ferme, anguleuse , rameuse , diffuse ; ( 417) légèrement canaliculés ; feuilles décomposées, à folio- les planes , ovales lancéolées , incisées, glaucescentes ; pédicelles fructifères droits; bractées un peu plus courtes que les pédicelles ; sépales ovales aigus, plus larges que les pédicelles , et de la longueur du tiers de la corolle; capsules rétuses, plus larges que longues, échancrées au sommet et très-légèrement chagrinées. Fleurs rouge pâle, plus foncées au sommet. Mars à Septembre. AR. Bordeaux ! Libourne ! Bruges! Cau- déran! ete. F. OFFICINAL IS, v. B. major. Boreau in Rev. bot, 2. p. 361! Plante glauque , tige droite ou redressée , rameaux diffus, allongés ; feuilles à segments planes, écartés en éventail; pétioles un peu volubiles ; fleurs d’un rose pâle, pourpres au sommet, capsule du type. RR. Arlac! (Des Moulins, 23 Mai 1842). Nouvelle pour la Flore de la Gironde. F. OFFICINALIS , v. y. minor. Koch. édit. 2 add. 1018. — Bor. in Rev. bot. 2. p, 361! Plante glauque, de moitié plus petite que le type dans toutes ses parties. Fleurs très-pâles, très grèles ; capsules du type. Avril à Août. RR. Bassens. Loupiac de Cadillac ( Des Moulins). Nouvelle pour la Flore de la Gironde. F. orricivauis, v. Ô. densiflora. Parlat. monogr. delle Fumar. p. 55! — F. off. v. 5. floribunda. Boreau. in. Rev. bot. 2. p. 562! Tige de 1 à 2 décim., droite, peu rameuse; folio- les plus épaisses que dans le type, plus petites; grap- _pes florifères plus denses, plus fournies, pétales lie de vin; capsule du type R. Pépinière départementale ! (418) Villenave d'Ornon | Lespinasse }. Nouvelle pour la flore de la Gironde. Ogs. Je rapporte le Fum. media. Loisel. not: p. 101. au Fum. officinalis. La figure qu’en donne Reich. (Ic. fi, Germ. XHIT, n° 4450 !!) a les capsules échancrées et le port de l’officinalis ; la seule différence appréciable consiste dans la dimension de la fleur , qui est un peu plus petite dans le media, ainsi que les sépales. Caractères que je ne crois pas assez importants pour constituer une espèce distincte. Du reste la description de Loiseleur lui-même peut aussi bien s'appliquer à l’officinalis qu'à son media et vice-versà. J'avais vainement cherché la variété minor que M. Boreau indique à Bordeaux avec le point de certitude, lorsque je la découvris dans l'herbier de M, Lespinasse. Elle lui avait été donnée par M. Ch. Des Moulins, chez lequel je l'ai retrouvée , ainsi que la variété major. Le Fum. densiflora DC. prodr. 1. p. 150 et Cat. hort. Monsp. 414! et de Duby bot. Gall. 1 p. 25! ne saurait être portés comme synonymes à Ja variété densiflora. Parlat. Les deux auteurs lui attribuent des capsules globuleuses (Siliculis crane à ce ne peut nullement s'appliquer à l'officinalis. % La dénomination de floriburda donnée à cette dernière variété par M. Boreau (/. c.) paraît mieux caractériser cette plante que celle de densiflora. Cependant j'ai | conservé la dernière © comme étant antérieure. 5. Pébéin BoræÆi. Jordan (1849) et Pugill. pl. 4 exclus. _ Syn. Bastardi, — Fum. ie né Jordan ir in He — Fum. muralis. Boreë FL du te cas: 9°< n° 95. Non Sonder. — F. Munbyi, Boiss. Pugill. ( 419) Tige de 1 à 8 décim., dressée d'abord, puis tom- bante ou grimpante à l’aide des pétioles; feuilles deux ou trois fois découpées en folioles cunéiformes incisées, à segments oblongs ou lancéolés obtus ; fleurs d’abord grandes , d’un rose prononcé surtout au sommet , s’at- ténuant et palissant dans la plante plus âgée; pédicelles pRoITs, les fructifères tendant à s’étaler ou même à se réfléchir, dépassant peu la bractée; sépales grands, ovoïides peltés, denticulés, dépassant en longueur le tiers de la corolle et à peine sa largeur, leur base débordant largement leur point d'insertion; éperons allongés , paraboliques ; capsules orbiculaires, un peu comprimées, peu rugueuses à l’état frais, rugueuses en mürissant, très-obluses, avec deux petites fosset- tes au sommet. — Mars à Septembre. — CC Caudéran (Des Moulins), Bordeaux! Bouscat ! Mérignac ! Libourne ! etc. —F. Boræi. — Le Jolis, à Cherbourg !! (herb. Lespinasse), — Nouvelle pour la Gironde. | Legerunt Ch, Des Moulins, 28 Février 1850, et Lespinasse, Mai 1859, sous le nom de Fum. muralis. Sonder. 4. Fumaria Bastarni. Boreau in Rev. bot, 2, p. 358 et FI. du centre, édi. 11, n° 96. — F. media Bast., Suppl. fl. M. et L., p.33 — Certé non Loisel. — F. confusa. Jordan! (1848).— Fum. muralis Son- der in Koch Synops ? Tige de 2 à 8 décim., tombante et grimpante; feuilles décomposées en folioles cunéiformes , incisées, à segments oblongs, élargis, obtus ; fleurs grèles, blanchâtres ou d’un rose pâle mêlé de verdâtre, un peu plus foncé au sommet ; pédicelles droits, les fruc—. tifères quelquefois élalés, dépassant beaucoup la brac- { 420 ) tée ; sépales ovales, dentés surtout à la base, n'attei- gnant pas le tiers de la corolle, peu ou point prolon- gés au-dessous de leur point d'insertion , presque aussi larges que la corolle, seulement dans les jeunes fleurs, plus étroits ensuite; éperons allongés, paraboliques; capsules orbiculaires, un peu comprimées, peu ru- gueuses à l’état frais, rugueuses en mürissant , très- obtuses, avec deux très-petites fosseites au sommet. Mars à Septembre. C. Bordeaux ! Caudéran! Méri- gnac ! Bouscat ! etc — F. Bastardi. Schultz exsic- cata, n° 1206 !! (Kralik), Corse (herbier Lespinasse), — Balansa, n° 627 !! (Kralik) Algérie {idem). Nou- velle pour la Flore de la Gironde. Ors. — Ce sont surtout ces deux espèces qui sont ou en litige, ou confondues dans notre département. Je n'ai pas à discuter si, par leur valeur propre, les caractères diffé- rentiels de ces deux Fumaria sont assez puissants pour les conserver comme indépendants lun de l’autre; mais LES CARACTÈRES TIRÉS DES BRACTÉES SONT CONSTANTS ! Je m'en suis assuré en semant séparément les deux Fumaria; les individus obtenus par ce semis ont été identiques avec les échantillons qui ont fourni les graines : les caractères se sont conservés intacts dans chaque espèce. Je crois que dès que l’on a pu comparer attentivement les deux espèces à l'état frais, il devient impossible de les confondre. Le Fum. Boræi est plus vigoureux, plus trapu, s'étale moins que le Bastardi. Dans ce dernier, la corolle est sen- siblement plus petite, d’un rose pâle mêlé de verdâtre et le pourpre de la poinie est plus mât ; les bractées sont sen- siblement plus courtes que les pédicelles ; les sépales sont plus petits, ne dépassant point où dépassant peu leur point d'insertion, plus profondément dentés: leur contour est ( 421 ) moins régulier et l’ovale de leur base finit plus brusque- ment; quelquefois même il est comme tronqué. En un mot, si quelques botanistes ne veulent pas à toute force les ad- mettre comme distinctes, ils ne peuvent nier qu'il n’y ait au moins deux variétés bien tranchées. Je rapporte au Fum. Bastardi, d'après l'échantillon que m'a offert l’herbier de M. Ch. Des Moulins, le Fum. media, distribué en 14836 par M. Durieu (Plant. Ast. n° 413). La synonymie des deux espèces est positive. M. Jordan avait confondu , en 1848, les Fumaria que lui avait envoyés “M. Boreau. Ce dernier rectifie les faits dans des Notes, publiées il y a environ un an {broch. in-8°. Angers, imprim. Cosnier et Éachèze) , et dont j'ai un exemplaire sous les yeux. Du reste, M. Jordan avait été le premier à proclamer son erreur {Catal. gr. Jardin Grenoble 1849, p. 2!!). M. Boissier lui-même / Diagn., pl. orient. nov., sér. 11, n° 4, p. 17, 1850!) rapporte son Fum. Munbyi au Fum. « Boræi. : « Fum. Munbyi. B. et R. Pugill. tandem nuper « exemplaria nuculis ferè obtusis vidimus, hæc species « ideù à Fum. Boræi forsàn non satis differt. » Comme nous l'avons vu à l'observation de l'article Fum. capreolata, Walpers rapporte le Fum. Bastardi au capreo- lata comme variété . 5.‘ Fumara npensircora. DC. Cat. Monsp. (1813), p. 115 et F1. fr. 5, p. 588!— Fum. micrantha. Lag. Elench. pl. hort. Matrit. (1816) 21, n° 281. — Fum. Ægyptiaca. Steinh. Arch. bot. soc. [. 145. Fum. calycina. Babington. Transact. of the Edin- brgh. bot. Soc. I. 34. Plante de 2 à 8 décimètres, d’un vert pâle ou glau- cescent, faible, tombante ou redressée, rameuse ; feuilles décomposées en segments linéaires , un peu Toue XX, 29 (422 ) canaliculés , aigus ; pétioles partiels divariqués, quel- quefois un peu accrochants ; grappes serrées; bractées lancéolées aiguës, dépassant légèrement les pédicelles; pédicelles courts , les fructifères dressés; sépales blan- châtres, très-grands, ovales peltés, denticulés tout autour, dépassant la largeur de la corolle et au moins le tiers de sa longueur ; fleurs courtes, à gros éperons arrondis, blanchâtres à la base, d’un rose purpurmn, puis brunes et un peu verdâtres au sommet ; capsules globuleuses, un peu plus longues que larges, d’abord apiculées, puis obtuses ou subapiculées, lisses d’'a- bord, puis rugueuses et offrant au sommet deux petites fossettes confluentes. — Avril à Juillet. — RR. Entre Meschers et Royan (Lloyd. Flore de l'Ouest. ) O8s. — M. Boreau refuse de reconnaître dans cette plante le Fum. densiflora DC. Voici la manière dont s'exprime ce savant observateur dans la Revue botanique : « De Candolle (F1, fr.6. p. 588!) dit de son Fum. densiflora : « Ses tiges sont droites, peu rameuses, ses pétioles ne » s’entortillent point autour des corps voisins; les calices » ont leurs folioles un peu dentées, etc. » Or la Fum. » micrantha se ramifie beaucoup , ses tiges sont très-faibles » et tombantes, ses pétioles partiels sont très-étalés, » divariqués et ont une légère tendance à s’enrouler ; les » sépales sont très-fortement denticulés et non subdentata, » comme le dit DC. dans le systema en parlant de sa » Fum. densiflora. » Voici maintenant l'observation que publie M. Grenier (EL. fr. Gren et Godron, t.1 p. 6. 1848), à la suite de sa description du Fum. densiflora, et qui me parait mériter de fixer l'attention. Pour moi, j'accepte entièrement la manière de voir de cet auteur : « DC. a décrit en 1813 son ( 425 ) » Fum. densiflora sur des échantillons communiqués par » Ziz et la plante qui a servi à faire la description est encore » dans son herbier. Il n’est donc pas possible de substituer » au nom de DC. celui de Lagasca ( F. micrantha ) qui » n’est que de 1816. Koch, qui a aussi la plante de Ziz lui- » même, admet l'identité des Fum. densiflora et micrantha » et conserve ce dernier nom, contre la règle puisqu'il » est postérieur. De plus , DC. distingue cette espèce de » l'officinalis par ses capsules. 11 dit du densiflora : capsules » globuleuses / Cat. 113!) et de l’officinalis : capsules » échancrées { F1. fr. 4. p. 639). Les caractères assignés » par DC. au densiflora et que M. Boreau regarde comme » en partie incompatibles avec cette espèce, conviennent » bien à la plante du chaud climat du midi, et demandent » à être un peu modifiés pour s'appliquer à la plante des » régions plus froides du Nord et de l'Ouest, sans qu'il » soit possible d’en conclure qu'il n’y ait pas identité entre » les Fum. densiflora et micrantha. Quelques botanistes refusent d'admettre le Fum. ana- tolica. Boiss. in Pinard pl. exs. (1842) ( Fum. micrantha v. pedunculis recurvis. Boiss. Diagn. 5. p. 80) et le placent à la synonymie du Fum. micrantha. Je crois que cette espèce , dont je possède un échantillon (1), doit être con- servée comme indépendante de ce dernier. J'ai constaté sur le frais les caractères différentiels des deux Fumaria et je ne puis mieux formuler mon opinion qu'en citant le para- graphe suivant : « Priüs eam | Fum. anatolica) pro Fum. (1) H m'a été donné par M. Durieu de Maisonneuve qui le cultive dans son jardin. Il provient d’un premier semis, résultant des cap- sules d’un échantillon qui lui avait été envoyé l’année dernière de Smyrne par M. Balansa. ( 424) » micrantha varietate habueram, sed nuper in Palestina » eam vivam observavi, e seminibus relatis colui et ab ea » sepalorum proportione (corolla dimidia longioribus) » pedicellis constanter et eximiè recurvis, seminibus paul » minoribus vix carinatis distinctissimam esse vidi. » (Boissier Diagn. pl. Orient. nov. n° 8. p. 14). On a fait bien des espèces dont les caractères spécifiques n’ont pas autant de valeur. 6 Fumaria Vaizzanru. Loisel. Notice, p. 102.— Reich. IC. pl. Germ., xmt. 4, n° 4452 !!, — F. parviflora Y. 8. Vaillantit. Gaud. Ench. 588. Plante de 2 à 3 décim., glauque ; tige rameuse, dressée; feuilles décomposées, à lobes linéaires- oblongs et planes; pédoncules fructifères et florifères plus courts que les feuilles ; fleurs petites, rosées, plus foncées au sommet, grappes courtes, lâches , pauciflores ; bractées linéaires acuminées, égales aux pédicelles ou les dépassant peu; sépales très-petits en forme d’écailles, régulièrement dentés, plus étroits que le pédicelle; capsules rugueuses à la maturité, globuleuses, obtuses, un peu mucronulées seulement dans la jeunesse, le mucron disparaissant toujours à la maturité. — Avril à Juin, AC. Bordeaux! Tondu ! la Bastide! etc. — F. Vaillantii Deux-Ponts (Bavière) Schultz exsiccata 106 !! (herb. Ch. Des Moulins |. 7. Fumaria PaRviIFLoRa. Lamk. Dict. 2. p. 567. — F. spi- cata, Gorter ? FI. prov. Belg. 188. Plante de 2 à 4 décim. glauque , rameuse, difluse ; feuilles bipinnatifides, à laciniures trifides, linéaires, un peu canaliculées ; pédoncules florifères plus courts que les feuilles, fructifères un peu plus longs; brac- (425) tées linéaires aiguës, membraneuses, blanches, égales aux pédicelles florifères, plus courtes que les pédicelles fructifères; sépales presque aussi larges que la corolle, dentés, quelquefois même offrant de véritables laciniu- res; capsules rugueuses à la maturité, arrondies, toujaurs mucronulées. — Mai à Juillet. RR. Bordeaux! Tondu ? Entre-deux-Mers ! Toulenne près Langon, Lespinasse }.— Nouvelle pour la Flore de la Gironde. (Trouvée en 1850 par E. Ramey). Os. Ees sépales de ce Fumaria, dans la plupart des cas assez réguliers, m'ont offert sur quelques fleurs, de vérita- bles laciniures. A. DocrTeur. ( Voir le Tableau ci-après ) ) FUMARIA. L. ( 496 ANALYSE DES ESPÈCES. Capsules rétuses, échancrées au sommet, tige diffuse Sépales peltés , capsules apiculées dans la jeunesse ,puis obtuses ou SUDADICUSOR 140 in A oi, Caps. globu- Base des sépales leuses , non dépassant lar- échancrées gement leur : au sommet, point d’inser- tion. Sépales non peltés. Base des sépales dépassant peu ou point leur point d'insertion. 30 Septembre 1855, dune Ne ace Pédicelles étalés mais non réflé- i Caps. non api- culées. RUE OS AS RER DAT PAR er 2 RES | ne nn F. officinalis. L. F. densiflora. DC. Re _. . F. capræolata. L. Éd M à . F. Borœæi. Jord. F. paroviflora. Lamk Capsul. apiculées dans leur jeunes- se, très-obtuses à la maturité. . . F. Vaillantüi. Lois. Caps. toujours ob- tuses. .. . . . . F. Bastardi Bor. (427) XVIL. De l'introduction des Termites dans la ville de Bordeaux. Le Termes lucifugum dont la présence fut signalée par moi à la Société Linnéenne, il y a plus de deux ans, dans certains quartiers de Bordeaux, étend aujourd'hui ses ravages sur plusieurs points opposés, et de nombreuses maisons en sont infestées. La plupart des personnes qui, à Rochefort, à Saint- Savinien et à La Rochelle , ont été à même d'observer ces animaux destructeurs, pensent que les navires de l'Inde y ont importé les premiers individus qui se sont parfaitement acclimatés sous notre latitude, et cette opinion est la plus accréditée dans nos contrées. Je crois qu'une cause plus directe et bien moins loin- taine, a aidé à l'introduction de ces insectes dans notre ville, et voici sur quoi je me fonde. Les vieilles souches des pins maritimes de nos landes sont constamment habitées par les Termites; il n'est pas un tronc jeté à terre ou simplement brisé, qui ne recèle une colonie de ces étranges travailleurs, parfaitement iden- tiques à ceux qui ont élu domicile dans plusieurs hôtels et maisons de Bordeaux. Eh bien, n’est-il pas plus naturel de penser que, parmi les bûches de bois de chauffage apportées en ville, on aît ainsi introduit chez soi cet ennemi caché, et que le séjour dans les bûchers ou les caisses à bois des salons, des chambres à coucher ou des comptoirs (1), leur ait permis d'attaquer les boiseries, les planchers, les montants des (1) J'ai vu deux maisons où le fléau s’est déclaré dans des caisses à bois, par des pins venant de Pessac et de Mérignac. ( 428 ) croisées, enfin tout ce qui pouvait leur assurer sécurité et abondance ? Je crois donc que la cause principale et première de l'in- troduction du Termes lucifugum , ne saurait être attribuée aux navires venant de l'Inde, et qu'il est bien plus simple de penser que cet insecte, indigène, vivant à deux pas de nous, a êté apporté avec les bois qui le recélait déjà, et s’est parfaitement reproduit dans les lieux où les substances ligneuses ne lui manquaient point. Notre honorable lauréat, M. Boffinet père, nous a initiés aux mœurs de ces animaux, et notre collègue, M. Legrand, nous a indiqué , dans l'emploi du coltar, un moyen curatif. Nous leur devons de sincères remercünents ; mais après la connaissance de l'ennemi et des moyens préservatifs, il est encore une mesure plus efficace à prendre : c'est de s'assurer le pouvoir de prévenir le mal; et pour cela, nous émettons le vœu que la plus grande publicité soit donnée à ces diffé- rentes notes, et cela sous le patronage de l'autorité, sau- vegardienne des intérêts de la ville, afin qu’elle prenne telles mesures qu’il conviendra, pour empêcher l'entrée des bois avariés par les Termites. Ces avaries sont toujours facilement visibles, tandis que l'introduction des animaux eux-mêmes dans les habitations, ne se révèle que par la migration des individus ailés aux mois de juin et juillet; mais tout le monde ne saurait pas les distinguer des fourmis ailées ordinaires , et on évitera , en empêchant l'entrée des bois attaqués , un mal qui, à défaut de cette précaution ; resterait sans remède. 22 Août 1855. J.-B. Gassies. (129) XVIII. ComPpre-RENDu des Travaux de la Société Lin- néenne de Bordeaux, pendant l'année académique 1854-55 ; par le D.' EUGÈNE LAFARGUE, secrétaire- général. Messieurs, De même que les familles sont d'autant plus puissantes qu’elles sont plus anciennes, plus nombreuses, plus unies et plus honorables ; de même, les Sociétés savantes sont d'autant plus durables, plus fortes et plus méritantes, que leurs ramifications sont plus étendues et plus profondes et que leur existence est scellée du cachet impérissable qu travail. La Société Linnéenne, qui compte bientôt quarante ans de durée, est une des premières compagnies d'histoire naturelle qui se soit organisée en France ; elle est peut-être aujourd'hui la seule en province qui se soit maintenue si longtemps , malgré l'esprit centralisateur des savants de la capitale qui s’empressent toujours de glaner parmi nous, les plus petits grains d’une découverte, pour les entasser dans le boisseau du grand centre politique de la France. Oui, Messieurs , la Société Linnéenne est vieille et ses ongues et importantes publications sont pour nous, non- seulement le symbole de son passé, mais encore la certi- tude d’un avenir prospère. Pas une des villes de France qui ne renferme un de vos représentants : : Paris, Lyon, Marseille et Toulouse vous _ donnent MM. Montaigne , J. Gay, Moquin-Tandon Pyetry, - Tome XX. 30 ( 430 ) Puel, Aucapitaine, Cosson, Graves, Michaud, Roux, Arrondeau et Timbal-Lagrave. Le Lot-et-Garonne vous fournit MM. de Brondeau, de Trenqueléon, Capgrand , Debeaux , Lespiant et Combes. Les naturalistes Bergeret, Darracq, Gaston Sacaze et Philippe explorent, pour vous , ces grandioses pd si fertiles en découvertes pour le botaniste ! Les départements de l'Aude, du Gard et de l Hérault, tous trois baignés par les eaux salées de la Méditerranée, sont représentés par MM. Roland de Rocan, Astier, Viramont, d'Hombres-Firmas, Dunal, Marcel de Serres et Dumas. Les deux rives de la Loire , depuis les Cévennes où cette rivière prend sa source jusqu'au point où elle va mêler ses eaux à celles du vaste Océan, sont minutieusement obser- vées par vos associés correspondants, MM. Aymard, au Puy, Julien Crosnier et de Tristan, à Orléans, le C.‘ Odart, dans l'Indre-et-Loire ; Boreau, Guillorit et Millet, à Angers ; enfin, Bertrand-Geslin et de Boissy, à Nantes. Vous recevez de MM. Blutel, Marc-Arnaud, Trémeaud de Rochebrune père et fils, de Dives, Hugues, Mauduyt et Laporte fils, le fruit de leurs excursions dans les deux Cha- rentes , la Dordogne et la Vienne. MM. Léon Dufour et Péris vous font connaître toutes les richesses entomologiques de l’un de nos départements voi- sins, où abondent les pins et les bruyères { Landes), MM. Dupuy, dans le Gers ; l'abbé Mitreau, au Puy-de-Dôme; Irat, dans le Lot ; l’abbé Revel, dans l'Aveyron, Lagrèze- Fossat, dans le Tarn-et-Garonne , et le V. de Narcillac, dans la Lozère, vous font part de leurs découvertes dans ces départements. Ce ne sont pas seulement vos voisins dk centre et + du Sud- Ouest de la France qui entretiennent des relations avec vous ; le Pas-de-Calais, le Calvados , le Nord , la Manche ; ( 451 ) le Finistère et l'Ile-et-Vilaine, inscrivent au tableau de vos membres, MM. Chantereau, Normand de Caumont, Macquart, Lejolis, Collard des Chères, Borchard fils, Le Gall et Arrondeau. Enfin, Messieurs, pour terminer cette longue série de de vos correspondants, permettez-moi de vous citer le dé- partement de l'Aube représenté par M. Drouet; celui du Doubs, par M. Grenier; celui de la Côte-d'Or, par MM. les docteurs Lorey et Vallot; enfin, ceux de la Moselle et de la Meurthe et du Bas-Rhin , par MM. Malherbe, Schultz, Soyer-Villemet et Godron. Dans cette rapide énumération des savants qui veulent bien vous prêter leur concours , j'allais oublier le capitaine Loche, que les devoirs militaires conduisent tantôt en France et tantôt à l'étranger; puis, un dé vos membres honoraires les plus aclifs, le capitaine d'infanterie Mayran, ce militaire en garnison depuis déjà longtemps sur le sol d'Afrique, dont vous avez récompensé les travaux en his- toire naturelle. Les environs de Tlemcen, ville aux ruines imposantes , située au-dessous d’une chaine de montagnes du sommet desquelles, naissent des sources d'eau vive qui viennent en festons irréguliers, se réunir et former des ruisseaux, ont été surtout explorés par notre honorable collègue. Il y a quelques jours à peine, qu'il vous faisait parvenir un riche butin en conchyliologie , fruit de ses loisirs, comme délassement aux fatigues inévitables de la vie de soldat. . Je croyais avoir fini de vous citer des noms, Messieurs , et j'entends des voix étrangères et amies qui me crient ; Nous aussi, sommes associés à vos travaux, et voulons occuper une petite place au milieu de cette avalanche de naturalistes distingués. ( 432) C'est justice : la place que vous réclamez vous est dûe; elle doit être spacieuse pour être en rapport avec vos talents. Le cardinal Spada-Médici, Zantédeschy, le D." Bertola et le professeur Ponzi, correspondent avec vous, d'Italie. La Suisse, l'Autriche et la Prusse vous sont représentées par les naturalistes Duby de Steiger, Ami Boué, Biasoletto et Hæœninghaus. MM. Graels , don Ramon de la Sacra, Wallays, Westen- dorp et Marissal sont inscrits au tableau de vos membres comme associés pps Es de l'Espagne et de la Bel- gique M. Théophile Laterrade explore l’ile de Cuba; MM. Léa père et fils et Henry, vous ont fait connaître leurs décou- vertes dans les États-Unis. Enfin le R. P. Montrouzier , ce missionnaire apostolique qui a quitté le sol français pour aller dans la Nouvelle- Calédonie , instruire les peuples et les initier dans la prati- que des vertus chrétiennes , est aussi inscrit au nombre de vos correspondants. Le R. P. Montrouzier, dans ses longs a au milieu des contrées les plus sauvages et les plus incultes, ne se contente pas de prêcher la foi catholique et de faire des adeptes à ses croyances, il se rend encore utile à la science en étudiant les végétaux qui croissent dans cette contrée et en récoltant pour l’envoyer en France , tout ce qu'il trouve de rare dans ce pays lointain et presque vierge de toute exploration, car M. Labillardière est le seul bota- niste qui l'ait visité. Vous avez encore présent à la mémoire, le beau fascicule de fougères que vous a envoyé notre honorable collègue par l'intermédiaire du capitaine de Lascazas à qui vous sabre tous vos remerciements bien sincères. Cet envoi de er précieuses, dont didlau: -unes { 435) étaient inconnues, ont excité l'admiration de tous les natu- ralistes qui les ont vues. M. Graves, le directeur général des forêts, votre compa- triote et votre correspondant à Paris, versé spécialement dans l'étude des fougères, vous a écrit que les plantes soumises à son examen, l'avaient vivement intéressé, Il vous recommandait instamment de prier le R. P. Montrouzier de continuer ses utiles et fructueuses recherches. Je demande pardon à nos associés correspondants de la Gironde si j'ai tardé si longtemps à les remercier du concours si actif qu'ils s’empressent de vous donner tous les ans, dans les questions d'histoire naturelle ou d'agri- culture qui intéressent notre département. Ce n’est pas un oubli : leurs découvertes et les rensei- gnements qu'ils nous fournissent sur tout ce qui touche à nos populations rurales, sont trop utiles et trop précieux pour nous rendre coupable d'une telle lacune. MM. Ardusset et Baccanérac vous représentent dans le Bazadais. Les environs de Libourne sont explorés par MM. Boutin et Douhet. M. Paquerée, que vous avez le plaisir de voir souvent à vos séances générales, et M. Aymen, vous rendent compte de leurs observations aux alentours de Castillon. MM. les abbés Lagane , Papetaud et Carros visi- tent Saint-Savin, Beyssac et Langon; et M. Lagarde, instituteur à Martillas, vous envoie souvent les coquilles fossiles qu’il découvre dans ses excursions. C’est toujours avec plaisir, Messieurs , que vous recevez de M. Bouchereau tous les minutieux détails qu’il peut vous communiquer sur le vaste champ de synonymie de la vigne que vous avez fondé à grands frais et depuis M sur la magnifique propriété de Carbonnieux. M. Chantelat, pharmacien, naturaliste, che pour vous, les plantes qui croissent dans les forêts de pins de ( 434 ) Gujan et de la Teste, et sur le rivage sablonneux du bassin d'Arcachon. Enfin, Messieurs, et pour terminer cette longue série de naturalistes qui vous aident dans l’accomplissement de l'œu- vre que vous avez entreprise pour être utiles à vos conci- toyens, je citerai M. Ivoy qu’une voix plus éloquente que la mienne vient de vous faire connaître. La Société est heureuse de récompenser aujourd'hui la création si utile et si importante que M. Ivoy vient de fon- der sur sa propriété du Pian. L'école forestière de notre honorable collègue est aussi riche par la beauté et le nombre des arbres qui y croissent , que par la variété des espèces qu'il y a groupées avec dis- cernement. Tel est le tableau des naturalistes et des agriculteurs dont les noms sont inscrits au frontispice du vingtième vo- lume de vos Actes que vous publiez en ce moment. Ces nombreux savants de la France et de l'étranger qui ne forment qu’un tout avec vous, assurent à la Société Lin- néenne un avenir digne de son présent et de son passé. El n’y a que quelques instants encore, Messieurs, que je comparais avec vous, les Sociétés savantes aux familles ; eh bien! plus je les examine , et plus je trouve de ressem- blance entre elles : les unes sont, en petit, l'image des au- tres. C’est le soir, au foyer, que se réunit la famille où chacun se fait un véritable devoir de communiquer ses impressions. C'est Le soir aussi, à des époques déterminées que les mem- bres des corps savants se donnent rendez-vous pour échan- ger leurs idées et apporter le fruit de leurs observations Toutes les deux ont pour unique but le progrès, ce mobile puissant qui fait marcher les peuples dans la voie franche et certaine de la civilisation. ( 455 ) La Botanique, la plus aimable des sciences naturelles, vous occupe toujours avec intérêt. C’est elle qui déroule devant vous ces tableaux variés, pleins de vie et de frai- cheur qui captivent votre attention et élèvent l'âme vers Celui qui les a créés. L'amour des plantes procure de si douces jouissances , qu’elles deviennent quelquefois une véritable passion. J.-J. Rousseau disait vers la fin de son existence : Qu'on me mette à la Bastille quand on voudra, pourvu qu’on m'y laisse des mousses. Votre directeur, M. Laterrade père , étudie toujours avec le même charme les végétaux si nombreux qui croissent dans la Gironde. M. Durieu de Maisonneuve a publié, dans le dernier volume de vos Actes, sous le titre modeste de Notes, un très-intéressant mémoire sur quelques plantes de la flore de notre département ; on y trouve aussi la description d’une espèce nouvelle d’Avena à laquelle il a donné le nom d’Avena doviciana, en mémoire de Louis, son fils bien-aimé que la mort enlevait brusquement au moment où notre collègue savourait tout le bonheur qu’un botaniste éprouve lorsqu'il découvre une plante nouvelle. M. Anatole Docteur a fait une étude spéciale des Fumaria qui vivent dans la Gironde; M. Comme vous a présenté un mémoire sur les Amaryllidacées cultivées au Jardin des Plantes , et M. de Rochebrune fils vous à fait parvenir un opuscule sur les fruits du Lysimachia nummularia. Il ne suffit pas à un botaniste de connaitre le nom des végétaux ; il faut encore qu'il sache le sol et l'exposition qui leur conviennent, l’engrais qu'ils préfèrent, la saison à laquelle on doit les confier à la terre; en un mot, il faut que le botaniste soit cultivateur. M. A. Docteur vous a lu deux mémoires sur la culture 436 ) de deux plantes, le thé et le tébier dont l’une vient d’être introduite dans l'arrondissement de Bordeaux. D’après le rapport remarquable présenté au Conseil gé- néral par M. le Préfet , les terrains de ne gras , dits de Bruyère, sont ceux qui plaisent le mieux à la culture du Nicotiana tabacum. C’est ainsi que les plantations des communes de Biganos, du Bouscat, d'Eysmes, de Cabanac , de Gujan, de Pessac, etc., etc., présentaient un développement et une végétation magnifiques. L'économie rurale , a dit le baron de Morogues, consiste à tirer le meilleur parti possible du sol, en y appliquant de la manière la plus avantageuse, tous les moyens d’exploita- tion dont on dispose. « L’agriculteur qui veut arriver à ce résultat, est donc obligé d'étudier d’abord le sol qu’il veut exploiter ; puis, d'apprécier les moyens qu’il pourrd employer pour retirer de la terre le plus de profit, car, comme l’a dit le même auteur, en agriculture, comme en toute espèce d'industrie, le profit est la raison définitive de toute entreprise. Cependant , tout en améliorant le sol qu'il cultive, l’agri- culteur doit toujours songer à la conservation de ce même sol, et par conséquent ne pas se laisser aller à des entre- prises folles vers lesquelles, un enthousiasme trop grand tendrait à l’entrainer. MM. Durieu de Maisonneuve, Ch. Laterrade et E. Lafar- gue, chargés d'examiner les travaux de drainage exécutés par M. le Marquis de Bryas, se transportèrent au Taillan, au mois de Mars dernier. M. Ch. Laterrade , interprète de votre Commission, vous a présenté un rapport, plein d'intérêt, sur les avantages réels que M. de Bryas avait obtenus des opérations qu'il avait conduites avec le discernement d'un à Sven expé- rimenté. (437) Les résultats obtenus déjà par M. de Bryas, dit M. le rapporteur, sont au-dessus de tout ce qu'on pouvait espérer. Ceux d’entre vous qui ont visité, autrefois, la propriété de M. de Bryas, soit pendant l'hiver , soit au commencement du printemps, continue M. Ch. Laterrade, ne peuvent se lasser d'admirer les changements qu'y s’y sont opérés. Il y avait là des vignes souffreteuses, peu productives , aujour- d'hui pleines de vigueur ; il y avait là des terres dans les- quelles jusqu’au mois d'Avril on ne pouvait pénétrer qu'avec la plus grande difficulté, et ces mêmes terres sont celles sur lesquelles après plusieurs semaines d’une pluie abondante , nous promenions à pied sec au commencement de Mars. En un mot, là comme ailleurs, la terre drainée est méta- morphosée pour ainsi dire : l'abondance est à la place de la médiocrité et quelquefois de la nullité des produits. Votre Commission terminait ainsi son rapport : Le drainage est une pratique essentiellement propre à accroître la fécondité du sol, et par suite, le bien-être des cultivateurs et la richesse du pays. Les travaux de drainage dirigés par M. le Marquis de Bryas , sur son domaine du Taillan , ont été exécutés avec un discernement et une habileté qui méritent, les plus grands éloges. Une société ayant pour but l'extraction de l'alcool du topinambour , se constituait vers le commencement de cette année. Les hommes honorables qui étaient à la tête dé cette association , vous prièrent d'examiner attentivement les avantages que pourrait offrir la culture de l'Helianthus tuberosus dans notre département. MM. le C.: de Kercado, Ch. Laterrade et J. Comme furent chargés de ce soin. Votre Commission, convaincue d’abord de l'abondance et de l'excellente qualité de l'alcool que donne le topinambour , ( 438 ) vous a soumis ses idées bien arrêtées sur les résultats im- portants que fournirait la culture de ce végétal dans nos contrées. ; La Société Linnéenne, engage donc les propriétaires à cultiver la plante qui réussirait si bien dans les terrains même les plus pauvres , et qui est peut-être appelée, par cela seul, à changer la face de nos landes, Vous avez eu malheureusement encore à vous occuper cette année, de la maladie qui sévit si cruellement sur nos vignobles depuis déjà quelques temps. Vous avez cependant constaté avec satisfaction que, mal- gré l’Oïdium , la coulure et le ravage des limaçons, la récolte en vin a été plus abondante que celle de l’année pré- cédente. Dieu veuille que cette amélioration continue et que nous soyons au plutôt définitivement délivrés, du fléau qui frappe si fort le produit le plus important de la Gironde. Nous avons parmi nous des conchyliologistes qui nous ont soumis cette année des travaux importants. M. Gassies vous a offert la description des Pisidies obser- vées à l’état vivant dans la région aquitanique du S.-0. de la France ; travail consciencieux qui livre à la publicité, des observations plèines d'intérêt sur un genre qui n’a été adopté en France que très difficilement. Notre honorable collègue a publié aussi dans vos Actes une réponse ferme et pleine de dignité, à propos d’un article sur l’Ancylus Jani que M. Bourguignat avait inséré dans la Revue de Zoologie. Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que l’Acadé- mie des Sciences et Belles-Lettres de. Bordeaux a entière- ment partagé les idées de notre collègue. Nous sommes fiers aussi de pouvoir constater que la Société Linnéenne est habituée à trouver chez les savants ( 439 ) nationaux et étrangers, une critique bienveillante et digne des mémoires qu’elle publie depuis quarante ans, M. Jaudoin, que nous allons couronner dans cette séance solennelle, vous a fait part des découvertes prises en conchyliologie qu’il a faites dans la Gironde. M. Paul Fischer, votre jeune et zélé collègue vous a donné-lecture d’un mémoire du plus haut intérêt , intitulé : Mélanges de Conchyliologie. M. Fischer s'occupe d’abord du Taret noir, du Pholas candida et du Pallustra senegalensis ; puis il présente des considérations curieuses sur le sommeil et l’hibernation des Gastéropodes terrestres. Ces observations de M. Fischer étaient trop intéressantes pour ne pas être immédiatement insérées dans vos publica- tions, où vous pourrez les lire dans le dernier cahier de vos Actes. Enfin, M. Hyppolite Coudert vous a présenté la faune conchyliologique du Plateau des Pics, au Bouscat. Ce que je vous disais l'an dernier, à pareil jour, sur les ravages qu’avaient occasionnés les Termites dans plusieurs maisons de Bordeaux, a suscité de notre collègue, M. Le- grand, une note précieuse sur le moyen se détruire ces insectes ROUES Par sesf mmissaire de one À Legrand a été à même , pendant les huit années qu'il a habité Roche- fort, d'étudier et les dégâts surprenants des termites, et les moyens les plus sûrs de les détruire. Après bien des essais sans résultats, le coltar a paru seul complètement réussir à les chasser des endroits où ils étaient établis. : ; Je dois ajouter, Messieurs, que dans une excursion, nous avons découvert à Factures, un tronc de pin entière- ment rongé par les insectes dont nous nous entretenons dans ce moment. 440 Ces termites, très nombreux LAS entièrement sem- blables à ceux que la Société Linnéenne avait observés à Bordeaux. M. Gassies vous a signalé, du reste, que deux maisons de notre ville avaient été dévastées par des termites logés dans des troncs de pins venant de Pessac et de Mérignac, et qu'on avait portés à Bordeaux pour servir de bois de chauffage. Une Commission composée de MM. Gassies, Souverbie et Docteur, se rendait le 13 Août dernier, à Cadillac-sur- Garonne, pour y examiner la collection d’Ornithologie de M. Barrère , peintre-décorateur. C'est dans des vitrines bien emménagées , dit M. le Rap- porteur de votre Commission , que M. Barrère a placé ses oiseaux, au nombre de 230 individus, représentant en- viron 180 espèces d'oiseaux du pays ; on y trouve aussi une collection d’ovologie disposée dans une série de 80 à 90 nids. Votre Commission, ajoute votre rapporteur, ne peut que donner des éloges bien mérités au goût et à l'intelligence qui ont présidé au montage des pièces et à leur arrangement. Un grand nombre d'espèces ne sont pas seulement repré- sentées par un sujet isolé ; M. Barrère s’est attaché autant que possible à posséder le nid, les œufs, le jeune individu avant là première mue et l'oiseau adulte. Rarement, on a vu des formes aussi correctes et des poses aussi naturelles que celles que M. Barrère a su donner à ses oiseaux. Je dis donner, car c'est M. Barrère, seul, guidé par son goût naturel, qui a procédé à la mise en peau et au montage des individus qui forment sa collection. Au milieu de plusieurs pièces dignes de fixer l'attention, dit M. Docteur, nous citerons surtout deux groupes, l'un de Chardonnerets, l'autre de Troglodytes du plus gracieux effet. ( AA ) Les jeunes chardonnerets placés dans le nid qui les a vu naître, les ailes déployées et frémissantes, reçoivent la becquée du père et de la mère posés sur les bords du nid. A côté, un buisson épineux supporte les Troglodytes, représentés au moment où ils abandonnent l'abri qui a protégé leur premier âge ; le père et la mère inquiets , sem- blent guider les premiers pas de cette petite famille. La Société Linnéenne , toujours heureuse d'encourager tous ceux qui se livrent à l'étude de l'histoire naturelle, décernera une récompense à M. Barrère. Puisque nous avons en ce moment notre attention fixée sur ces êtres si nombreux et si variés qui semblent plutôt appartenir à l'air qu'à la terre, de ces êtres qui, par ins- tinct de conservation, traversent l'atmosphère à des époques déterminées, pour passer d’un pays chaud dans des régions glaciales , disons qu’une Commission s’est transportée au Castel-d'Endorte et a admiré une belle collection d'oiseaux vivants, appartenant à M. Malivert, médecin-adjoint de cette maison de santé. Cette collection se compose de 60 individus exotiques granivores dont quelques-uns se sont reproduits, puis, d’une trentaine d'espèces du pays, comprenant des oiseaux dont la conservation jusqu'à ce jour était regardée comme très difficile. Votre Commission, basée sur la beauté et l'importance de cette collection ornithologique et sur les résultats curieux que M. Malivert a obtenus, vous a proposé de BRERRE aujourd’hui une récompense à ce jeune médecin. Tel est, Messieurs, l’ensemble des travaux de l’année académique qui vient de s’écouler. Vous avez accordé le titre de membre honoraire à MM. Blatairou et Laporte, comme récompense de leur zèle et des services qu'ils avaient rendus à la Société. ( 442 ) Vous avez inscrit au nombre de vos titulaires, MM. H.'° Coudert, conchyliologiste , J. Comme et Anatole Docteur, botanistes. Vous avez envoyé des diplômes d’associés correspondants à MM. Montrouzier, Graves , Millet, Normand, Astier, de Narcillac et Borchard fils. Enfin , il y a quelques jours , la Société Linnéenne s’est empressée d'accorder à MM. P. Fischer, Trimoulet et Janvier, auditeurs, le titre de membre titulaire , justement mérité par les travaux importants que ces jeunes naturalistes lui avaient communiqué. Si ce rapport n’était pas déjà trop long et si je ne crai- gnais pas d'abuser de la bienveillante attention que vous vou- lez bien me prêter, je vous parlerais de la fête d’été que vous avez célébrée cette année à Lamothe et à Factures, ét je déploierai devant vous les richesses botaniques et conchy- liologiques que vous avez récoltées dans les prés salés du Teich et sur les bords sinueux de la Leyre. Mais je m'ar- rête...; certain, d’ailleurs , que vous avez encore présent à la mémoire tout ce que vous avez recueilli de rare et de précieux dans cette journée. Un mot encore cependant ; car si les sociétés savantes ont leurs fêtes , elles ont aussi leurs jours de deuil. La mort nous a enlevé cette année quatre membres cor- respondants : M. J. Turman, en Suisse ; le Baron de Vallier, dans les Basses-Pyrénées ; M. Clavé, dans l'Algérie, et le Baron d'Haussez, ancien ministre et ancien préfet de la Gironde, décédé au châtean de Saint Saens{ Seine inférieure ) le 40 Novembre dernier. Vous regrettez aussi la perte de l’un de vos membres titulaires le plus actif, M. Dumoulin aîné, qui assistait en- core à vos séances il y a quelques jours à peine. M. Dumoulin est entré dans la Société, comme membre ( 443) auditeur en 1829. Il prononça son discours de réception le jour de la 12.me fête d'été célébrée dans la lande d’Arlac, le 25 Juin de la même année. Il fut proclamé titulaire le 30 Juin 1831, et vous le nom- mâtes archiviste en 1833. Le 25 Juin de la même année, votre regretté collègue vous donna lecture d’un discours sur l’histoire naturelle de l'homme, discours qui pouvait être considéré comme la suite de celui qu’il vous avait communiqué à la fête Lin- néenne précédente. M. Dumoulin était resté archiviste depuis 1833, et pendant ces vingt-deux années, jamais le zèle de votre collègue n’a faibli un seul instant, dans les fonctions pénibles et minu- tieuses que vous étiez heureux de lui confier tous les ans. Notre collègue aimait l'histoire naturelle, et c’est principa- lement dans l’étude de la botanique et de la conchyliologie, qu’il trouvait un délassement aux fatigues de ses occupa- tions journalières. M. Dumoulin est mort le 10 Septembre dernier, et M. Cazenavette, en l'absence du Président et du vice-Président de la Société , a prononcé sur sa tombe l'éloge du défunt. Interprète des sentiments de la Société Linnéenne , j’ex- prime ici la douleur profonde que nous avons tous ressentie à la mort de celui qui se distinguait par l'aménité de son caractère, par la bonté de son cœur et par sa bienveillante Il laisse parmi nous, un impérissable souvenir qui sera, nous le désirons, une douce consolation pour sa famille éplorée. Merci à M. le Préfet et aux Membres du Conseil général pour le puissant appui qu'ils veulent bien nous donner. ( 444 ) Merci à M. le Maire et au Conseil municipal pour tout l'intérêt qu'ils nous portent, et pour les encouragements qu'ils nous accordent. Merci enfin, à cette assemblée nombreuse qui a bien voulu répondre à notre invitation. Ce public réuni près de nous, est le gage le plus certain et le plus flatteur de toute l'estime que trouve la Société Linnéenne auprès de la population bordelaise. Nous sommes trop fiers de votre patronage et de vos sympathies, Messieurs, pour que nous ne nous efforcions pas d'y répondre dignement. Lararçue , D.-M. XIX. Note sur les animaux de deux espèces d'Am- brettes; par M. Paul Fiscuer , titulaire. G Aer Une section des Succinea a été désignée sous le nom d'Omalonyz (1 ), par M. D'Orbigny, en 1841 | Voy. Amér., p- 250) et érigée plus tard en genre par quelques natura- listes. Le type de cette coupe était déjà connu de Férussac, mais non publié. Une figure en existe dans la planche 86 (inédite } de son grand ouvrage. Les caractères du genre ‘sont principalement : la dé- pression extrême de la coquille, qui ressemble à une Tes- tacelle ; et la grandeur relative de l’animal qui ne peut être contenu dans son têt. L’individu figuré par Férussac était (4) Ou mieux Homalonyx. Cf. Herm., Ind, gen. (445) contracté dans l'alcool, mais la planche de M. D'Orbigny est faite d'après le vivant. M. Petit de la Saussaye, qui s’est occupé spécialement des espèces des Antilles, nous a communiqué généreuse- ment plusieurs exemplaires de l'Omalonyx unguis, prove- nant de la Guadeloupe : ceux de Férussac avaient été rap- portés de la même localité. L'animal est allongé , limaciforme , acuminé postérieu- rement. Deux sillons aboutissent aux tentacules; le sillon du côté droit se termine un peu au-dessous de l'orifice générateur. La masse viscérale fait une légère saillie sépa- rée en arrière, par une excavation, des téguments du pied. Une suite de taches irrégulières forment 2 bandes longitu- dinales, se réunissant à l'extrémité du pied , et sur la tête, où elles noircissent davantage. Le manteau fait une saillie circulaire et enchâsse les bords de la coquille # excepté à la partie postérieure , au-dessous de la spire. I} s'épaissit vers le milieu ou le tiers antérieur du bord droit de la coquille, et est percé sur ce point d’une fente oblique, orifice respira- toire externe. Ses tentacules sont assez gros et ont presque partout le même diamètre. La coquille applatie, ovale, présente de 1 tour à 1 tour et demi de spire. Celle-ci est à peine apparente , médiane, terminale. On remarque des stries très-fines concentriques au sommet , et des rugosités légères disposées en rayons. Le têt est fragile , transparent, de couleur ambrée. ç 2. Système digestif. — Analogue à celui des Succinées et des Hélices. La poche buccale mince , laisse voir par trans- , parence, la mâchoire caractéristique du genre. Le peigne dentaire est courbe, garni de plusieurs saillies, et sur- Tome XX. 31 ( 446 ) monté d'un appendice quadrangulaire de consistance plus molle , sillonné longitudinalement. Plaque linguale semblable à celle des Suceinées; denticu- lations médianes quadrifides, latérales bifides , disposées sur des lignes assez obliques. Estomac et intestin fort minces. Système générateur. — Les organes de la reproduction offrent de grandes analogies avec ceux des Succinées. L’organe en grappe est volumineux. Le conduit excréteur, tortueux et long ; la glande albuminipare , la matrice, le canal déférent se confondent et ne peuvent s’isoler qu'avec beaucoup de peine. A sa partie libre, la matrice devient étroite , longue, tortueuse ; elle se renfle à peine , en abou- tissant à une poche commune peu développée. Avant de se séparer du canal déférent, elle s’unit au col d’une poche copulatrice allongée, mince , terminée en boule. Le canal déférent s'iusère à l'extrémité d’une verge étroite, longue , sans apparence de cœcums. & 3. D'après cet examen des principaux organes, on peut conclure que l’animal des Omalonyx est évidemment une Succinée. Aussi, doit-il rester dans le genre, au titre de légère division. Ce résultat fait nn rectifier la synonymie du Succinea unguis décrit sous divers vocables génériques et spécifiques. SUCCINEA UNGUIS. H. ( cochlohydra ) unguis. Fér. in coll. et mus. —_ _ — Fér. Hist. gen. pl. 86 (ined.) = “2 °— D'Orb. in Mag. zool. p. ? (1835). ( 447 ) Amphibulina — Beck. ind. p. 98. n° 1 (1837). Testacella — Lesson in Rev. zool. p. 249 1838). — Guadeloupensis. Lesson , loc. cit. (1838 ). — Matheronü.. . . Pot. et Mich. Gal. 1. pl. 11. fig. 1-2 ( 1838 Succinea haliotidea, . Mittre, Rev. zool, p. 65(1841). S. ( Omalonyæ } unguis. . D'Orb. Voy. Amér. p. 229 (1841). Succinea . Pfeif. Mon. helic. 2. p. 527 (1848 ). Omalonyx — H. and A. Adams. gen. p. ; ; 130 (1855 ). S. ( Helisiga) — Pfeif, in Zeitschr. p. 113 1855 ( Testacella Antillarum. Grat. Limac. p. 16 (1855). Has. Guadeloupe ( Férussac, Lesson , Petit, Grateloup }; Martinique ( Mittre ) ; Rio-Janeiro { Gaudichaud }, Bolivie, Paraguay ( D'Orbigny ). Cette espèce se plaît auprès des ruisseaux et meurt bientôt si elle en est éloignée. MM. Adams ont donné une liste des espèces d’Omalonyr. Cette classification fondée presque uniquement sur la forme de la coquille ne peut être qu'hypothétique. Les 8 espèces rapportées au genre Omalonyx ont été plus récemment dis- tribuées entre les 3 coupes suivantes de Succinea : Helisiga Lesson; Brachyspira Pfeiffer ; Amphibulima Blainville. { Voy. L. Pfeiffer, Versuch einer anordung x.* in Zeitschr. p. 113. 1855). $ 4. M. Petit de La Saussaye nous a éotdtitiniqué encore, l'animal d’une Succinée x x — net 2 a ht Rang), qui est extérie S. unguis. { 448 ) Le mollusque est allongé, trop grand pour être contenu dans sa coquille. La masse viscérale forme un mamelon plus élevé que dans l'espèce précédente, et séparé du pied par une excavation plus profonde. Orifice générateur immédiatement au-dessous du grand tentacule droit, portant intérieurement de fortes granula- tions. Le manteau enchâsse la coquille, comme dans le S. unguis ; mais la partie qui correspond au bord droit du têt est très-épaissie, Position semblable de l’orifice respiratoire. Coquille mince, fragile, ambrée , ovale , un peu atténuée à sa partie supérieure. Spire déprimée , offrant de 1 tour ‘/, à deux tours. On ne peut mieux la comparer qu'à une Bullée. > $ 9. Jusque-là les animaux des deux espèces semblent appar- tenir au même genre ; mais quand on ouvre celui du S. de- pressa, on est frappé du développement plas considérable du système musculaire. Système digestif. — Masse buccale épaisse , entourée de deux languettes tendineuses, très-fortes. Mâchoire sem- blable à celle des Limaces , et portant une quantité de den- ticulations. Plaque linguale se rapprochant de celle des Ambrettes. Épines médianes trifides ; latérales bifides. Glandes- salivaires, larges, embrassant l'estomac. Œso- phage long, étroit, ridé intérieurement ; les rides se pro- longent jusqu’au tiers supérieur de l'estomac. Celui-ci est membraneux vers le pylore. Rectum très-rétréci, garni de sillons longitudinaux qui s’épanouissent sur l'orifice anal. Système générateur.— Organe en grappe et glande albu- minipare volumineux. Matrice aboutissant à une partie étroite (ou vagin) très-épaisse, ridée intérieurement, courte ; en en en bas# avec une pee copulatrice presque { 449 ) sessile, pourvue d'un muscle rétracteur ; en haut , avec une poche commune à parois charnues. La verge est courte, noduleuse, terminée par un renflement où s'attache le mus- cle rétracteur , et où elle recoit le canal déférent non tor- tueux. 8 6. L'animal du Succinea depressa diffère donc des véritables Ambrettes , par la mâchoire et le système digestif, en gé- néral ; par la briéveté et la grosseur de la verge, le peu de longueur de la poche copulatrice, la présence d’un muscle rétracteur de cet organe , la forme de la partie libre de la matrice, etc. La coquille enfin a une forme spéciale, qui ne peut être comparée qu’à celle des Bullées. Nous croyons ces caractères suffisants pour autoriser la formation d’un nouveau genre que nous placerons dans le voisinage des Limaces et des Ambrettes. Voici la synonymie du type du genre : PELLICULA Nob. Pellicula depressa. Succinea — Rang, Mag. z0ol., p. 55. ( 1834). — _ Pfeif., Mon. helic., t. 2. p. 531. (1848 ). — appendiculata. Pfeif., Zeitschr., p. ie Pol ns — Pfeif., Mon. helic., t. 2. p. (1848 ). Omalonyz — H. and A. Adams. gen., p. 130(1855). Helisiga — Pfeif., Zeitschr., P- 452. (1855 ). — depressa. : _ Pfeif,, Zeitschr., p. 118 1855 ). Has. Guadeloupe ( Rang , Petit F “Frès-aquatique. 450 | Nous réunissons ici au P. depressa, le P. appendicu- lata Pf., décrit d’après les exemplaires communiqués par M. Petit de la Saussaye. Le genre Pellicula doit s’accroître de quelques espèces vivant dans les îles de l'Amérique méridionale et de l'O- céanie. EXPLICATION DE LA PLANCHE VI. Fig. 4. Coquille du S. unguis. Fig. 2. Mâchoire du S. unguis. Fig. 3 Plaque linguale du même mollusque. Fig. 4. Appareil reproducteur du même. a organe en grappe ; b son canal excréteur ; c glande albuminipare; d matrice; e canal déférent ; f le même à sa partie libre; g poche copulatrice ; À son col; # matrice, partie libre; j vagin; k verge ; l orifice externe. Fig. 5. Animal du Pe/licula depressa. a coquille; b manteau; € orifice respiratoire ; d orifice générateur. Fig. 6. Coquille du mème mollusque. Fig. 7. Mächoire du même. Fig. 8. Tête du mème. Fig. 9, Poche buccale. 4 muscle rétracteur. Fig. 10. Plaque linguale. Fig. 11. Appareil reproducteur du même. «a organe en grappe; b son _excréteur; c glande albuminipare ; d matrice ; / 6 enst défércnt: f le même à sa partie libre; g poche d copulatrice ; h son muscle rétracteur ; & matrice , partie se k verge 1 son muscle rétracteur ; m ori- fice externe, Fu, Janvier 1856. PauL Fiscner. LdeL a. Sther an: FA